Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)
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Le
mardi 25 novembre 2025
-
Vol. 48 N° 5
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail
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10 h 30 (version non révisée)
(Dix heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la
bienvenue à tous. J'espère que vous avez passé une belle semaine en
circonscription. Alors, mais aussi prenez le temps, là, d'éteindre l'ensemble
de vos appareils électroniques, s'il vous plaît. On est plusieurs dans la
salle, donc ce serait apprécié.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
numéro trois, Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le
processus démocratique de diverses associations en milieu de travail.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Thouin (Rousseau) est remplacé par Mme Schmaltz
(Vimont); MmeRotiroti (Jeanne-Mance—Viger) par Mme Cadet (Bourassa-Sauvé); et M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la secrétaire. Avant de commencer les remarques préliminaires, simplement
vous indiquer l'ordre du jour de ce matin. Donc, on va recevoir dans un premier
temps l'Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations
industrielles agréés du Québec.
J'ai déjà besoin d'un consentement de
votre part. Donc, j'ai besoin de votre consentement pour permettre au député de
Saint-Jérôme de faire des remarques préliminaires avec nous. Donc, il pourra
disposer de 45 secondes. Est-ce que je n'ai pas de consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Allaire) : Consentement.
Merci, tout le monde. Donc, on commence les remarques préliminaires. M. le
ministre, on débute avec vous. Donc, je vous cède la parole pour vos remarques
préliminaires. Vous avez six minutes. La parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Je comprends que je dois vous regarder, hein?
Le Président (M. Allaire) : ...
M. Boulet : Idéalement.
Alors, bienvenue, tout le monde. C'est le début de... d'une commission
parlementaire. La première phase, comme tout le monde sait, ça consiste en des
consultations particulières. C'est une étape qui m'apparaît vraiment fondamentale.
On va la faire tout le monde en équipe : j'ai des collègues
gouvernementaux, que je salue, les collègues de l'opposition, les collègues de
mon cabinet, de mon ministère, et les personnes qui vont venir, des groupes,
des associations. C'est une étape où je pense que nous devons discuter de façon
sereine, de façon constructive. Moi, j'apprécie beaucoup les recommandations
qui sont faites par les groupes...
M. Boulet : ...et elles
doivent être analysées avec attention et considération. Évidemment, il y a un
nombre de groupes aussi qui soumet des mémoires, puis les mémoires vont faire
l'objet de la même attention, de la même réflexion. C'est un projet de loi, je
le répète, qui n'interdit pas aux syndicats d'agir, c'est un projet de loi qui,
dans sa pensée sous-jacente, reconnaît le rôle crucial que les syndicats ont
joué dans l'histoire des relations de travail au Québec, dans l'avancée, dans
le progrès social, dans les avancements que nous avons faits au plan
économique, dans les conditions de travail qu'on retrouve dans les conventions
collectives de travail au Québec. Donc, l'objectif n'est pas de museler, comme
souvent on m'accusait de vouloir le faire, c'est de permettre, mais de donner
la capacité aux travailleurs et travailleuses qui doivent payer une cotisation
syndicale, d'influencer et de s'exprimer.
• (10 h 40) •
Donc, il y a des dispositions qui
concernent la transparence syndicale, ce n'est pas nouveau, je l'avais intégré
dans le projet de loi n° 101. Il y avait eu des consultations qui me
permettaient de croire que nous devions moduler en fonction du nombre de
personnes dans les unités d'accréditation syndicale. On est encore ouvert à
discuter, à éventuellement faire des amendements.
Il y a des dispositions qui concernent les
règles de gouvernance, notamment la tenue des votes pour ratifier des
conventions collectives de travail, pour décider si on fait une grève ou non,
pour élire des personnes et pour déterminer si les cotisations facultatives
font l'objet d'un assentiment collectif des travailleurs, travailleuses pour
éviter les défis d'opérationnalisation pour les PME et, donc, cette notion-là
de cotisation facultative, elle est selon nous importante. Encore une fois, pas
pour empêcher, mais pour permettre aux travailleurs, travailleuses de
s'exprimer dans le cadre d'un processus démocratique qui est ouvert, qui se
veut le plus agile possible pour permettre la meilleure participation de tous
et de toutes.
Alors, encore une fois, je suis venu ici
avec mon équipe, avec tout le monde ici autour de la table, je vois qu'il y a
pas mal de personnes des milieux syndicaux. Je sais que ça vous interpelle, ma
porte est ouverte, je suis favorable au dialogue, je suis favorable aux
recommandations et les groupes qui vont se présenter devant nous aujourd'hui,
on va les accueillir avec respect et beaucoup d'estime. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le ministre. On enchaîne avec la députée de Bourassa-Sauvé, qui est
la porte-parole officielle pour l'opposition officielle, donc vous avez
3 minutes, 36 secondes. La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, président.
Je vais commencer mon allocution, donc, en citant, donc, un communauté... un
communiqué du Barreau du Québec du 13 novembre 2025 : «Devant la
multiplication des gestes politiques susceptibles de porter atteinte à l'État
de droit, le Barreau du Québec dénonce certaines mesures envisagées par le
gouvernement du Québec qui auront des conséquences importantes et nuisibles à
notre régime démocratique. Le projet de loi 3, notamment, comporte des
dispositions qui s'écartent de manière importante des valeurs et des traditions
de la société québécoise au profit d'un renforcement du pouvoir de l'État.
Considérant l'accroissement des régimes autoritaires et l'affaiblissement de
plusieurs régimes démocratiques partout dans le monde, l'heure n'est pas à
l'affaiblissement des libertés publiques d'expression et d'association ou des
mécanismes de contre-pouvoir.»
Donc, M. le Président, donc, il s'agit
ici, donc, des termes employés, donc, par le Barreau du Québec, donc, par le
biais d'un communiqué publié le 13 novembre dernier. Je suis membre du
Barreau du Québec. M. le ministre est membre du Barreau du Québec. Donc, vous
comprendrez que ce à quoi nous sensibilise cet ordre professionnel, donc, ayant
à cœur et étant motivé par la protection du public, vient teinter, donc,
teinter mon appréciation et l'appréciation, donc, de notre formation politique
quant à ce qui se retrouve dans ce projet de loi. Vous comprendrez, M. le
Président, qu'en l'espèce, que bien des aspects, et particulièrement, donc,
ceux qui sont mentionnés dans le cadre de ce communiqué seront... feront
l'objet, donc, de plusieurs questionnements de ma part.
Maintenant, le projet de loi 3 aborde deux
enjeux, hein, donc ceux de transparence et ceux, disons, donc, de gouvernance.
En matière de transparence, sur le principe, manifestement, donc, ce qui est
proposé dans le projet de loi fait consensus et le ministre pourra compter sur
mon entière collaboration pour nous assurer d'améliorer certaines des
dispositions ou quant aux moyens...
Mme Cadet : ...si, donc, sur
les moyens, donc, qu'il y a, donc, certains points, donc, d'achoppement, donc,
nous serons là pour s'assurer, donc, d'améliorer ce qui est proposé dans le
projet de loi pour veiller, donc, à une plus grande transparence. Je pense
qu'il y a, donc, un consensus social, incluant toutes les parties, donc, qui
souhaite qu'il y ait, effectivement, donc, plus de transparence. Donc, ça, il
n'y a pas d'enjeu. Le ministre vient de le dire, ça faisait l'objet de
dispositions au sein du projet de loi n° 101.
Maintenant, les dispositions qui
concernent, disons, donc, les aspects de gouvernance, vous m'avez entendu
parler de... du contenu du communiqué publié par le Barreau du Québec il y a
quelques semaines. Vous comprendrez que, s'il y a des dispositions qui vont
jusqu'à l'ingérence ou des dispositions qui mettent de l'avant, donc, une
érosion de l'État de droit au Québec, à ce moment-là, donc, nous serons
également là pour challenger le ministre sur ces dispositions et nous assurer
que nous préservions un État de droit qui soit, donc, à la hauteur de nos
traditions juridiques et politiques ici, au Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez une
minute 15 secondes. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Vous savez, d'habitude, le mardi, on commence à 9 h 45,
d'habitude on finit à 12 h ou 12 h 30, je ne me rappelle plus
très bien, mais on a donc le temps, d'habitude, d'avoir trois groupes le matin,
trois groupes qui viennent nous présenter des mémoires, et des présentations, et
des échanges. Mais là, récemment, on a eu six désistements pour la commission,
principalement des associations patronales qui ont décidé de ne pas venir. Ça
leur appartient, c'est leur droit. Mais ça veut dire qu'il y a six plages
libres pour aujourd'hui, demain et jeudi. Et ça fait des jours qu'on court
après le gouvernement de la CAQ pour leur dire : Peut-on remplacer ces
plages libres? Nous sommes ici, nous sommes disponibles, nous avons des
ressources pour entendre d'autres groupes. Et il y avait une file d'attente
phénoménale de gens qui voulaient venir s'exprimer ici et parler de leurs
réalités. Ça a été refusé. Ça a été refusé par le gouvernement, M. le
Président. Moi, ça fait huit ans que je suis parlementaire ici, je n'ai jamais
vu ça. D'habitude, on s'entend facilement, les partis, pour trouver des
remplacements, puis là il y en a six. On était... supposés commencer à 9 h 45,
ça n'a pas été possible. C'est regrettable. La CAQ n'aime pas se faire dire des
choses qu'elle n'aime pas entendre, elle décide de couper court. C'est très
regrettable. La démocratie mérite mieux que ça. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. On enchaîne avec le député de Jean-Talon.
La même chose, une minute 12 secondes. La parole est à vous.
M. Paradis : Merci. J'ai
écouté les remarques préliminaires du ministre, et il a dit : Ma porte est
ouverte. J'espère que c'est bel et bien le cas, parce que, lorsque le Barreau
du Québec pointe spécifiquement des dispositions de ce projet de loi, les met en
lien avec d'autres projets de loi qui viennent d'être déposés par le
gouvernement et parle de «geste politique susceptible de porter atteinte à
l'État de droit», ça demande beaucoup de considération et beaucoup de prudence.
Dans quelle mesure le ministre a consulté avant de présenter son projet de loi?
J'ai parlé à beaucoup d'organisations et de parties prenantes dans les derniers
jours, et toutes me disent la même chose : Il nous a dit : Voici ce
que je vais faire, mais il ne nous a pas vraiment consultés. Et, lorsqu'on
arrive avec un projet de loi qui vient de nouveau modifier le modèle de
relations de travail du Québec, il faut beaucoup de prudence, autant sur le
plan de la transparence, où là, tout le monde, je pense, est ouvert à renforcer
les meilleures pratiques... mais, sur la question, donc, de cette cotisation
facultative, quels vont être les impacts pour les parties concernées, c'est ce
qu'on va entendre dans les prochains jours. Et j'espère que le ministre va
vraiment être à l'écoute de ce que vont nous dire les experts et les parties
prenantes. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le député de Jean-Talon. On enchaîne avec le député de Saint-Jérôme.
45 secondes. La parole est à vous.
M. Chassin :Merci. Bonjour, tout le monde. Évidemment, c'est un sujet
qui m'intéresse. J'en ai parlé longuement au premier ministre avant ma sortie
du parti au pouvoir. Puis j'ai déposé aussi un projet de loi, 993, le 30 avril
dernier, qui concerne le Code du travail. Je suis déçu de voir qu'il n'y a pas
les mécanismes que je recommandais. Ceci étant, on va voir aussi avec les
invités comment on peut essayer de réfléchir à pour qui, pour quoi, pour
corriger quelle injustice est-ce qu'on modifie le Code du travail pour
l'évolution de... du mode de gouvernance syndicale.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Alors, ça met fin aux remarques préliminaires. On
est prêts à débuter les auditions.
Donc, bienvenue. Alors, bienvenue à
l'Ordre des conseillers en ressources humaines et relations industrielles
agréés du Québec. Donc, je vous cède la parole pour votre exposé de 10 minutes.
Prenez soin aussi de vous présenter, s'il vous plaît, à tour de rôle et... vous
pouvez y aller. Merci.
Mme Poirier
(Manon) :M. le Président, Mesdames et
Messieurs de la commission, merci de nous recevoir ce matin. Mon nom est Manon
Poirier. Je suis la directrice générale de l'Ordre des conseillers en
ressources humaines agréés et je suis accompagnée de ma collègue Noémie Ferland-Dorval...
Mme Poirier
(Manon) : ... directrice des
communications des affaires publiques pour l'Ordre qui partagera nos remarques.
Comme vous le savez, l'Ordre assure la protection du public, notamment par
l'encadrement de ses plus de 12 000 conseillers en ressources humaines et
conseillers en relations industrielles au Québec. Nos interventions visent
toujours le maintien de l'équilibre entre la réussite des organisations et le
bien être de la main-d'œuvre, et ceci toujours dans l'intérêt général de la
société. Notre analyse s'est faite à travers, justement, bien sûr, la prise de
la protection du public qui, dans le contexte du projet de loi 3, concerne
principalement les travailleurs syndiqués et également avec un regard neutre et
avisé sur les relations de travail. Le projet de loi touche directement les
pratiques internes des syndicats, donc l'Ordre émettra certains commentaires
sur les dispositions proposées, mais estime toutefois que les instances
syndicales seront les mieux placées pour exposer en détail les effets sur leurs
mécanismes internes. Ce sera ensuite au législateur de considérer l'ensemble
des facettes de cette question afin de prendre une décision éclairée sur ce
texte de loi.
• (10 h 50) •
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Donc,
de façon générale, l'Ordre accueille favorablement les dispositions relatives à
la gouvernance. Les articles 1, 2 et 3 visent à préserver le caractère
démocratique, à uniformiser les processus syndicaux, à assurer la légitimité
des décisions prises et, par le fait même, à conforter aussi la confiance du
public. Ces dispositions reflètent les bonnes pratiques de gouvernance tout en
offrant aux organisations syndicales, également, la latitude de les appliquer
en fonction de leurs réalités particulières. Par ailleurs, l'Ordre tend, en
général à soutenir les dispositions liées à la transparence financière. Elles
favorisent la compréhension des syndiqués et une saine gestion des finances.
Par rapport à l'article 8, il est légitime que les personnes syndiquées puissent
avoir accès aux états financiers vérifiés des organisations qu'ils financent
par le biais de leurs cotisations. Notons que, sans même y être contraints
actuellement, plusieurs syndicats divulguent déjà leurs états financiers, bien
que le niveau de détails et la fréquence varient d'une... sont à géométrie
variable. Toutefois, comme on l'a mentionné dans notre mémoire sur le PL 101,
la vérification des états financiers représente quand même un coût non
négligeable et l'accès aux firmes comptables peut parfois constituer un défi.
L'Ordre salue le fait que le gouvernement ait pris acte de cette
préoccupation-là en proposant, dans son nouveau projet de loi, une
modilation... une modulation, pardon, des exigences de fiabilité en fonction de
la taille des syndicats.
Maintenant, quant au rapport sur
l'utilisation des ressources financières, les exigences des paragraphes 1, 1 et
3 de l'article 47.1.2 apparaissent raisonnables. À titre de comparatif, la
divulgation de la rémunération de la Direction générale et des membres de
conseils d'administration dans le secteur des ordres professionnels, bien, elle
est déjà obligatoire depuis 2017. En revanche, les exigences des paragraphes 4,
5 et 6 vont loin. Par exemple, la dépense de 5 000 $ pour un syndicat local
de très petite taille est certainement significative et, peut-être, mérite
d'être soulevée, effectivement. Par contre, pour une association de moyenne ou
de grande taille, ce montant peut être dérisoire. Il y a un nombre élevé de
dépenses qui atteignent ce seuil, hein, ici, on peut penser à réserver une
salle, faire venir un traiteur pour un événement, des frais de consultation
pour un dossier, l'implantation d'un logiciel, l'achat de matériel pour le
bureau, le coût pour des formations pour une équipe, bref, l'exercice peut
devenir rapidement interminable. Évidemment, l'ordre est en faveur de la
transparence financière, ceci étant dit, un niveau trop détaillé d'informations
peut avoir l'effet de noyer ce qui est important et de complexifier la
compréhension et l'appréciation. Donc, c'est sûr que ça, ça pourrait être
contraire à l'objectif du gouvernement. C'est pourquoi on recommande à
l'article 8 du projet de loi, relativement spécifiquement au rapport de
l'utilisation des ressources financières, de retirer les exigences liées aux
dépenses de fonction de chacune des personnes élues et du plus haut dirigeant
non élu, soit le paragraphe 4, celles relatives aux renseignements sur chacune
des dépenses issues des cotisations, le paragraphe 5, et l'obligation de lister
toutes les dépenses de plus de 5000 $, soit le paragraphe 6 où, minimalement,
on pourrait prévoir des modulations pour atténuer le caractère qui pourrait
être disproportionné dans certains cas, d'ailleurs, on en a suggéré dans notre
mémoire.
Mme Poirier
(Manon) :
Maintenant, la fameuse
question de la cotisation facultative. C'est la proposition la plus sensible du
projet de loi 3, alors qu'elle touche à la liberté et à l'autonomie d'action du
mouvement syndical. L'analyse de cette disposition doit être réalisée avec
prudence. Bien sûr, le principe d'obliger le vote des syndiqués sur des
activités spécifiques permet une liberté des choix dans un contexte où
l'affiliation syndicale et le paiement des cotisations sont obligatoires. Ceci
favorise une saine utilisation des fonds et leur attribution à des enjeux qui
sont basés sur les valeurs auxquelles les syndiqués adhèrent et priorisent.
Toutefois, au-delà du principe via cette disposition du projet de loi trois, on
vient écorcher, de manière volontaire ou non, le rôle sociétal qu'assume les
syndicats depuis longtemps et on pose un regard sévère sur leur capacité de
gestion. L'Ordre reconnaît l'engagement historique...
Mme Poirier
(Manon) :...syndicats sur un large
éventail d'enjeux et les effets positifs notables qui en ont découlé, et ce,
non seulement au bénéfice des syndiqués qu'ils représentent, mais sur
l'ensemble des travailleurs et travailleuses des milieux de travail. Pardon.
Tout comme les organismes patronaux et
d'autres secteurs tels que l'ordre lui-même, les syndicats jouent un rôle
pertinent dans l'équilibre des décisions et la recherche de solutions, que ce
soit au plan organisationnel ou législatif.
Nous croyons que l'acceptabilité de la
disposition sur les cotisations... facultatives réside dans l'interprétation
qui en sera faite. Selon les définitions actuelles, nombreux questionnements
persistent quant à la portée de l'article sept. Les experts consultés par
l'ordre avaient tous une interprétation différente du texte. Cet... Cette
interprétation se confirmera au fil du temps par les tribunaux, ce qui prendra
un certain temps. Et, pendant ce temps-là, le niveau d'incertitude entourant
ces définitions complexifiera la tâche de ceux qui devront s'y conformer sous
peine d'amende substantielle en cas de compréhension différente.
En plus des thèmes plus évidents, comme la
santé et sécurité et l'équité salariale... l'ordre estime que toutes les
activités touchant les dynamiques du travail, par exemple, la discrimination à
l'embauche, le salaire minimum, la diversité et l'inclusion, la précarisation
des emplois à cause de l'intelligence artificielle, devraient pouvoir être
financées par les cotisations dites principales, considérant qu'elles
s'inscrivent dans le cadre normal des activités des syndicats et de la
représentation globale des travailleurs et travailleuses.
L'ordre recommande donc de revoir la
définition de l'article sept afin d'assurer que les activités liées aux
dynamiques du cadre du travail puissent être supportées par la cotisation
principale.
Par ailleurs, la portée du premier libellé
qui concerne la contestation d'une loi, d'un règlement ou d'un... d'un décret,
et ce, peu importe leur nature, est large et pourrait affecter de manière
disproportionnée la capacité des syndicats à assumer leur rôle sociétal. C'est
ainsi que l'ordre suggère le retrait du paragraphe un.
Dans son mémoire, l'ordre soulève des
points de vigilance quant à la mécanique d'application de ces dispositions. Le
ministre exprimait, dans sa conférence de presse, que, si un syndicat souhaite
en cours d'année réaliser une activité de nature facultative qui ne figurait
pas à la liste initialement approuvée, un nouveau vote devra être effectué,
faute de quoi l'utilisation des cotisations pour la financer serait réputée
interdite.
Considérant qu'il est impossible, on
aimerait ça... mais de pouvoir prévoir l'actualité sociale et politique pour
laquelle les syndicats n'ont aucun contrôle, la multiplication des votes, la
charge et les coûts que cela représente constitue un enjeu à prendre en compte.
Certains pourraient d'ailleurs s'inquiéter d'une possible... de... baisse de
participation des syndiqués en raison de votes fréquents, ce qui est contraire
à l'objectif poursuivi par le gouvernement. Il est crucial de s'assurer que la
mécanique que sous-tend cette nouvelle obligation ne vienne pas freiner ou
diminuer la capacité des syndicats à jouer leur rôle sociétal, ce qui
ultimement constituerait un risque pour la protection du... public et
l'équilibre des relations de travail.
Considérant la lourdeur de la mécanique,
là on se questionne s'il y a une autre avenue qui permettrait d'augmenter la
transparence et l'implication des syndiqués dans les orientations de leur
association syndicale, sans pour autant venir segmenter la cotisation et les
activités en deux volets, ce qui nous apparaît comme un terrain glissant.
Dans notre mémoire, nous avons notamment
identifié une alternative qui propose que les syndicats définissent de façon
générale les types d'interventions et catégories de sujets hors de leurs
activités habituelles et pouvant nécessiter leur action, et qu'il fixe un
pourcentage maximal de la cotisation destinée à ces activités. Nous
encourageons la commission, avec l'aide des différentes parties concernées, à
se pencher sur l'identification et l'évaluation d'alternatives.
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Pour
conclure, le projet de loi trois, s'il est adopté comme tel, entraînera
nécessairement certains coûts et exigera des efforts pour les organisations
syndicales. Les centrales et les fédérations disposent probablement de
ressources financières, de moyens ou d'expertise qui vont venir faciliter
l'application de ces nouvelles obligations, mais on s'inquiète encore plus
précisément pour les syndicats locaux ou indépendants. Mais, en fin de compte,
il faut quand même qu'on soit conscients qu'il s'agit d'argent et de temps qui
vont être consacrés dorénavant à la conformité plutôt qu'à la... à la défense
directe des droits et des intérêts des travailleurs du Québec.
C'est pour ça qu'on vous invite, membres
de la commission, à considérer ce projet de loi là de manière holistique dans
son ensemble. Voilà.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci beaucoup pour votre audition. Donc, on va débuter la période
d'échange. M. le ministre, vous avez 16 minutes 30 secondes. La parole est à
vous.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Merci, Mme Poirier. Merci, Mme Ferland-Dorval. Vous avez passé du
temps, vous avez écrit un mémoire que je n'ai pas eu le temps de lire dans sa
totalité. Donc, quand on nous invite à l'analyser de façon holistique, on va
tenir compte évidemment de l'ensemble des mémoires et de l'ensemble des
dispositions de ce projet de loi trois.
Merci d'accueillir plutôt...
M. Boulet : ...les
dispositions qui concernent la transparence et la gouvernance. Merci aussi
d'exprimer des réserves sur la cotisation facultative. C'est un concept qui est
relativement nouveau.
Mais sur la transparence notamment. Là,
j'ai un peu plus de temps pour m'exprimer. Souvenez-vous, dans le projet de loi
n° 101, on avait demandé des états financiers audités pour l'ensemble des
accréditations syndicales. Il y en a à peu près 8 400 des unités
accréditations syndicales au Québec et les centrales syndicales sont venues
exprimer leurs réserves, les réserves quant à la disponibilité des conseillers,
des CPA notamment, ainsi que des coûts. Et il y en a de ces centrales-là qui
nous ont fait des recommandations. J'en ai véritablement tenu compte dans l'élaboration
du projet de loi n° 3. Comme vous avez vu, on a retiré du projet de loi
n° 101 ce qui concernait la transparence et les intégrer dans le projet de
loi n° 3. Et je serai ouvert, là, je ne sais pas si une de vous deux a des
commentaires à faire sur l'escalier que nous proposons : moins de 50,
entre 50 et 199 puis 200 et plus. Je présume que certains syndicats vont faire
des recommandations. Est-ce que, de votre côté, il y avait une recommandation
particulière pour la transparence?
• (11 heures) •
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Non.
En fait, on saluait ce principe là de modulation, mais on n'a pas fait cette
analyse-là. On va laisser le soin aux syndicats qui... qui sont mieux à même
de... de savoir ce qui est pertinent selon leur réalité. Donc, on n'a pas fait
cette analyse-là dans le détail, non.
M. Boulet : Excellente
réponse. Maintenant, pour la transparence, c'est sûr qu'il y a un niveau de
détail, mais... puis je veux être prudent dans mes propos, mais souvenons-nous
que, depuis 1977, il y a une obligation légale qui est intégrée dans le Code du
travail, qui impose aux employeurs de retenir à la source le montant des
cotisations syndicales et de les verser aux syndicats. Et la transparence
s'inspire aussi de cette obligation-là qui est faite aux employeurs, qui
devrait normalement permettre aux travailleurs qui paient les cotisations de
savoir comment sont utilisées ces cotisations. Et c'est ce qui nous guide dans
tout le volet transparence. Et je sais que vous avez des réserves pour le
montant de 5 000 $. Ça aussi on sera attentifs. Mais j'ai toujours
été à la quête d'un équilibre entre la transparence et l'efficacité
administratif parce que je ne veux pas imposer un fardeau administratif indu.
Probablement que certaines centrales syndicales vont me dire que c'est le
corollaire de certaines dispositions en matière de transparence, mais je vais
être attentif. Puis on ne peut pas me dire de ne pas mettre dans le rapport sur
l'utilisation des ressources financières des salaires, des frais de voyage, des
frais d'hébergement et des dépenses au-delà d'un certain montant, parce qu'il
me semble que ça, c'est à la base de ce qu'un travailleur qui est obligé de
payer devrait normalement avoir accès à. Oui, vous vouliez...
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : ...en
fait, tu sais, par rapport à ces mesures-là, on suggère soit de les enlever ou
de les moduler. Puis là peut-être que, tu sais, c'est vers là peut-être que
vous voudrez tendre par rapport aux dépenses, parce que, dans la... la
formulation, c'est chacune des dépenses. Donc, nous, notre... notre
interrogation, tu sais, sur les dépenses de fonction, entre autres, c'est
: Est-ce qu'on va devoir lire Sylvie a dépensé 150 $ en restauration,
250 $ en frais d'hébergement? Tu sais, c'est cette multiplication-là qui
ne fait pas sens. Est-ce que, pour le moduler, on pourrait s'assurer davantage
que les dépenses soient agrégées, soit donc condensées pour l'ensemble de
ces... de ces personnes-là, à la limite segmentées par poste, mais, au moins,
pour l'ensemble de ces personnes-là. Évidemment, là, le salaire, là, ça, on le
comprend qu'il faut qu'il soit individualisé. Ça fait qu'il y a des mesures de
modulation qui sont possibles pour atténuer. Tu sais, vous l'avez mentionné, M.
le ministre, dans la recherche de l'équilibre, il faut juste s'assurer que
l'effort qu'on va demander va en valoir la chandelle au bout du compte, là.
M. Boulet : Ah, absolument,
puis c'est une très bonne recommandation. Puis, comme j'ai mentionné un peu
plus tôt, on va demeurer attentifs. Puis je veux saluer, hein, dans la... de
façon contemporaine, au dépôt du projet de loi à l'Assemblée nationale, la
FTQ-Construction a déposé une nouvelle politique de contrôle des dépenses pour
éviter ce qu'on appelle, ce qu'eux appelaient les factures salées et pour
éviter le remboursement de frais qui sont parfois exorbitants. Ça me va pour la
transparence.
La gouvernance, je pense que j'ai bien
compris aussi pour la gouvernance.
La cotisation facultative. Puis là,
Mme Poirier, vous dites, oui, vous nous invitez à la prudence, puis on
essaie d'être prudent. Puis le but, ce n'est pas d'écorcher...
11 h (version non révisée)
M. Boulet : ...je pense que c'est
le terme que vous utilisez, l'autonomie syndicale, ce n'est jamais d'écorcher l'autonomie
syndicale. On connaît tous les relations de travail pour la plupart d'entre
nous, c'est important ce que les syndicats font, c'est important de respecter
leur monopole de représentation, leur capacité de négocier, de représenter, de
contribuer à la formation des travailleurs et je suis tout à fait conscient qu'il
va y avoir du travail d'information et de sensibilisation et ce n'est pas de
complexifier ce qu'est une cotisation facultative, ce n'est pas de revenir avec
des votes. D'ailleurs, les syndicats en organisent des votes quand les
cotisations sont augmentées, quand il y a des cotisations spéciales, là c'est
de faire un vote sur ce qui est considéré comme étant facultatif et ce n'est
jamais des montants importants, mais c'est le principe de permettre aux
travailleurs d'influencer et de s'exprimer s'ils ne le veulent pas, qu'il en
soit ainsi, mais au moins c'est un levier qui leur permet de s'exprimer.
Puis il y a quatre catégories, Mme Poirier.
Et c'est comme présenter un budget, tu sais, c'est comme en début d'année à ton
assemblée générale annuelle, ce n'est pas d'aller dans le fin détail, ce que tu
n'es pas en mesure de dire ou de planifier, tu t'assures dans la présentation
de ton budget, en fonction des catégories, d'identifier ce que tu anticipes
dépenser et qui fait partie de ce qui... ce qu'on appelle les cotisations
facultatives. Et ces quatre catégories-là sont bien définies, sont bien libellées.
Je sais qu'il y aura toujours des problèmes d'interprétation ou d'application,
mais faut y aller de la façon la plus souple possible et respecter ce que vous
appelez l'autonomie des syndicats. Ce qui est important, encore une fois, c'est
de permettre à ce que ce processus-là soit le plus sain, le plus simple et le
plus démocratique possible. Donc c'était... c'était ce que... Puis, ce n'est
certainement pas notre intention que, évidemment, s'il y a des dépassements de
coûts, s'il y a des catégories dont on n'a pas parlé lors de l'assemblée
générale annuelle, ça pourrait, mais dans des cas exceptionnels, requérir la
tenue d'un autre vote. Mais outre ça, il va y avoir l'année suivante, à l'assemblée
générale annuelle qui va suivre, un rapport sur l'utilisation des ressources
financières, puis, vous l'avez bien compris, Mme Poirier, puis Mme Ferland-Dorval,
qui vont permettre aux travailleurs de savoir. C'est simplement ça.
Puis je veux surtout que les consultations
particulières nous permettent de décomplexifier un projet de loi qui ne s'intéresse
qu'à de la transparence, à de la saine gouvernance et à un processus qui permet
à ceux qui sont contraints par une loi de payer une cotisation, de pouvoir s'exprimer,
puis il y aura certainement une nouvelle culture, je le souhaite, qui va
imprégner les milieux de travail et qui va permettre d'atteindre les objectifs,
je pense, qu'ils sont tout à fait sains et louables. Alors, moi, ça... alors,
merci beaucoup à vous deux.
Mme Poirier
(Manon) :...avons encore un petit peu de
temps, juste... juste un commentaire en fait, ce que vous exposez, puis votre
désir de simplicité, moi, je vois une mécanique plus lourde, puis c'est ce qu'on
a soulevé, puis le... on aurait pu s'arrêter au fait qu'on donne plus d'information,
plus de transparence, puis des mécanismes démocratiques existent déjà pour les
syndicats, pour les syndiqués, de rendre imputables leurs dirigeants et tout ça,
donc il y avait déjà ces mécanismes-là, donc c'est vraiment la lourdeur de la
mécanique qui s'ajoute qui, selon nous, n'était peut-être pas essentielle.
M. Boulet : OK. Permettez-moi
d'être un peu en désaccord parce que j'ai rencontré beaucoup de leaders
syndicaux dans mes années de carrière, puis depuis que je fais de la politique,
puis beaucoup m'ont dit qu'ils ont déjà en place des pratiques similaires à ce
qu'on a dans le projet de loi, puis ils ne m'ont jamais parlé de lourdeur. Quand
c'est pour le bénéfice d'une saine démocratie, je pense que ça s'impose et si
dans des centrales ou des confédérations ou des fédérations, il y a déjà des
pratiques similaires, ce n'est pas si imposant que ça au plan administratif.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le ministre. On enchaîne avec la députée de Bourassa-Sauvé, vous
avez 8 minutes, 35 secondes.
Mme Cadet : ...
Une voix : ...
Mme Cadet : Voilà, prise deux.
Merci, M. le Président. Donc, voilà, ça fonctionne. Merci, donc, à vous deux.
Merci pour la présentation, donc, de votre mémoire. Donc, dans votre
présentation et dans ce qu'on peut lire dans votre mémoire, donc, vous nous
dites, donc, et là je vais me concentrer, donc, sur l'aspect, donc, de la
cotisation...
Mme Cadet : ...facultative
parce que vous avez quand même, donc, une section importante de votre mémoire,
donc, qui s'y consacre. Et donc vous nous dites que « la portée, donc, du
premier libellé, donc, qui concerne les contestations d'une loi, d'un règlement
ou d'un décret, et ce, peu importe leur nature, est très large et pourrait
affecter de manière disproportionnée la capacité des syndicats à assumer leur
rôle sociétal ». Donc, je vous laisserais peut-être cette opportunité pour
élaborer sur ce point-ci en particulier, parce que c'est celui que j'ai d'abord
évoqué aussi dans mes... dans mes propres remarques préliminaires.
Mme Ferland-Dorval (Noémie) :
Oui, bien ,en fait c'est la notion de toute nature, ça fait qu'on... si le
projet de loi, la contestation est liée avec la nature directe des activités
d'un syndicat, on ne comprend pas pourquoi ça devrait faire partie de la
cotisation facultative. Ça fait que 'est vraiment le toute nature, là, ici qui
nous pose... qui nous pose problème. C'est ça.
Mme Cadet : Aussi, Mme Poirier
dans votre présentation un peu plus tôt, donc, vous disiez, donc, pour vous,
donc, il y a certains éléments, donc, du rôle sociétal, donc, que jouent ces
organisations, que jouent, donc, les syndicats... vous dites : bon, il y a
peut-être certains aspects qui devraient peut-être se retrouver dans le concept
de cotisation principale. Donc, si le gouvernement souhaite aller de l'avant
avec la mise sur pied de cotisations facultatives, pouvez-vous donc nous étayer
un peu votre position là-dessus?
• (11 h 10) •
Mme Poirier
(Manon) : Oui, les vocables utilisés sont conventions
collectives et conditions de travail. Et ça, ce que... pour vous, pour moi, on
a peut-être une définition différente de ce que ça inclut. Donc, à son sens
strict, je pense que de limiter les syndicats à pouvoir intervenir sur les
conditions de travail des gens qu'il représente et sur la convention
collective, c'est un... C'est un champ d'action très limitatif. Pour nous, dans
une optique comme professionnels en ressources humaines, en relations
industrielles, bien, on comprend de ça un... des sujets, par exemple sur
l'équité salariale, sur l'équité des genres, l'équité en emploi. On comprend la
discrimination à l'embauche, donc beaucoup plus large, donc tout ce qui
touche... on a essayé de trouver un terme englobant, là, les dynamiques du
travail devraient être partie de la cotisation facultative. Et ça, tel que
libellé, ce n'est vraiment pas... En fait, ce n'était pas clair pour nous ni
pour les gens qu'on a consultés. Et ça pourrait être dangereux de venir
circonscrire à des termes très spécifiques comme conditions de travail et
convention collective qui probablement empêcheraient donc les syndicats de
pouvoir intervenir sur des sujets qui sont directement liés au travail, mais
peut-être pas directement sur l'application, par exemple, d'une convention
collective. Donc, on invite la commission à revoir le deuxième libellé pour
s'assurer que tout ce champ-là des dynamiques du travail ou du cadre du travail
puissent être incluses dans une... dans une cotisation dite principale.
Mme Cadet : D'accord. Merci.
Parce que, dans le fond, bien, en fait, vous répondez à la question suivante
que j'avais, c'est de voir donc si votre interprétation ou celle de ceux que
vous avez consultés, donc, alimentaient donc cette perception qu'il s'agissait
donc d'une définition extrêmement restrictive. De ce que je comprends, c'est
qu'en bout de ligne, c'est qu'il y a un peu... Il y a surtout donc de
l'incertitude quant à la portée de cette disposition-ci. Et je pense aussi que
vous mentionniez, étant donné, donc, le niveau d'incertitude du libellé actuel,
que cela pourrait donc causer des... certains litiges qui pourraient se
retrouver devant les tribunaux au niveau de l'interprétation de la disposition.
Mme Poirier
(Manon) : ...vous savez, ça prend un certain temps avant qu'on
vienne clarifier une interprétation et peut-être que l'interprétation qui sera
donnée par les tribunaux n'est pas équivalente à l'intention du ministre par
son projet de loi. Donc, le plus qu'on peut le clarifier en amont, bien, plus
que ça donne de clarté, ça enlève l'incertitude et ça permet aux gens d'agir au
quotidien en sachant qu'ils respectent le cadre de la loi.
Mme Ferland-Dorval (Noémie) :
Parce que les amendes prévues sont quand même importantes. Donc, ce qu'on
voudrait éviter, c'est que, surtout dans les premiers temps, quelqu'un qui
tente de l'appliquer, mais qui n'a pas la fine connaissance des vocables, de
bonne foi n'a pas utilisé le bon cadre, et là se retrouve éventuellement, tu
sais, soumis à des amendes, alors que ce n'était pas son intention initiale. Ça
fait que c'est ce genre de situation là qu'on veut éviter.
Mme Cadet : Et dans votre
interprétation, donc vous le mentionnez, Mme Poirier, donc, vous... donc, tout
ce qui concerne, par exemple, donc, l'équité à l'emploi, donc les situations,
donc, de discrimination à l'embauche, donc, pour tout motif, donc, pour vous,
donc, ça, ce sont... Vous parlez donc de dynamique du travail, là, je pense que
c'est le terme que vous avez utilisé. Donc, pour vous, tout ce qui entre à
l'intérieur, donc, de cette nomenclature, donc, devrait se retrouver, donc,
dans le cadre d'une dite cotisation principale. Donc, encore une fois, si le
ministre qui va de l'avant avec la proposition qui se retrouve dans la mouture
actuelle du projet de loi. Donc, vous, c'est votre... c'est votre
recommandation, en fait. Donc, au-delà de l'incertitude, vous dites :
Bien, ces éléments-là, pour vous, ça fait partie du rôle inhérent et du mandat
de base de... des différentes unités qui représentent des salariés.
Mme Poirier
(Manon) : Exactement. On va parler très clairement de l'IA, de
l'impact sur les emplois, de l'impact sur les tâches et tout ça. Donc, pour
nous, ça fait partie de ces dynamiques du travail là. Il faut absolument que
les syndicats, sans avoir à consulter en amont ou à avoir une préapprobation,
puissent...
Mme Poirier
(Manon) :...rapidement réagir et faire
porter leur voix.
Mme Cadet : Vous avez aussi
parlé de lourdeur. Donc, selon vous, donc, le mécanisme qui... qui est
présenté, donc, apporte une certaine lourdeur, qui pourrait diminuer l'intérêt
de certaines personnes salariées à se représenter, donc, en différentes assemblées.
C'est ce que vous évoquez?
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Bien,
c'est surtout dans un contexte de votes répétés. Donc, si les syndicats, par
exemple, sont capables, une fois par année, d'inclure des projets non
prévisibles, puis tout ça, c'est une chose. S'il faut vraiment qu'ils soient
précis... Puis, en cours d'année, il se passe tellement de choses qu'on ne peut
jamais le prévoir, puis des fois, les délais, aussi, de réaction sont
excessivement rapides. Ça fait que c'est... c'est dans la multiplication de ces
processus-là, qui... pour nous, est caractérisé de lourdeur.
Tu sais, si, par exemple, il se passe
quelque chose dans l'actualité, ils veulent pouvoir intervenir, ça tombe sous
la cotisation facultative, ils ne l'ont pas prévu, là, il faut qu'ils envoient
l'avis de convocation, il faut qu'ils fassent la présentation, je pense qu'il
faut qu'ils attendent, si je ne me trompe pas, 72 heures avant de les
faire voter, puis, après ça, le vote est de 24 heures, ça fait que, tu sais, ça
peut venir retarder la réaction d'une semaine, une semaine et demie, voire deux
semaines, tu sais, c'est au syndicat à déterminer exactement combien de temps
ça leur prendra. Ça fait que c'est plus dans cette multiplication-là de votes
que la lourdeur finit par se... s'additionner, et que là, ce qu'on craint si ça
se concrétise... c'est parce que M. le ministre ne semblait pas, tu sais,
penser que ça pourrait être des votes fréquents... mais, si ça se concrétise,
bien, évidemment, les gens vont se tanner, tout simplement, d'aller voter, puis
ils ne participeront pas, puis là, bien, la décision ne sera pas non plus
légitime si les gens ne participent pas. Ça fait que c'est... c'est cet
aspect-là, entre autres, qui devient lourd à gérer, de notre perspective.
Mme Cadet : Est-ce que ce que
vous avez mentionné, donc, ce que le ministre... M. le ministre, donc, vient
d'ajouter, que la cotisation facultative, donc, pourrait se retrouver, donc, en
début d'année... est-ce que vous pensez que c'est, disons, réaliste, là, selon
votre appréciation du terrain, que des événements n'ayant pas été prévus en
début d'année... parce que, vous l'avez dit, donc, l'actualité politique, donc,
avance, donc, à un certain rythme, donc c'est... on aimerait pouvoir prévoir ce
qui s'en vient, mais ce n'est pas toujours le cas... est-ce que vous pensez que
c'est réaliste, donc, pour des associations, donc, de dire : Bien, voilà,
donc si d'aventure il fallait, donc, contester certains éléments, donc, dans
l'actualité, donc, à venir, bien, nous... nous allons l'inclure, donc, dans
notre vote annuel sur la cotisation facultative? Est-ce que vous pensez que
cette façon de fonctionner est au diapason avec le terrain?
Mme Poirier
(Manon) :Oui, en fait, si on doit garder
la notion de cotisation facultative, notre suggestion va vers ce que vous
expliquez, qui est... Notre compréhension, pour l'instant, c'est : voici,
dans la prochaine année, on va dépenser 20 000 $ sur X, 30 000 $
sur l'autre, 5 000 $ sur tel autre élément et on doit le présenter
pour le vote. Nous, ce qu'on propose, c'est que les syndicats viennent
identifier le type de sujets sur lesquels ils seraient sujets à intervenir qui
dépassent le cadre, là, des dynamiques de travail, en amont, sans savoir
exactement s'il y a nécessairement toujours une initiative ou une activité. Et,
après ça aussi, on peut fixer un moment... un maximum de la cotisation qui sera
attribuée à ça, donc, qui donne plus de clarté, et moins de retours.
Mme Cadet : D'accord. Je
comprends que c'est terminé? Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Oui,
merci. Et je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous
avez presque trois minutes, 2 min 52 s. La parole est à vous.
M. Leduc : C'est parti. Merci,
M. le Président. Bonjour à vous deux, toujours un plaisir de vous avoir en
commission, puis votre mémoire est vraiment intéressant, vous avez des
propositions pointues, puis on aime ça, ça va nous aider pour l'étude
détaillée.
Je veux rester un peu sur le même thème que
ma collègue, là, sur les cotisations facultatives, là, qui... Vous avez utilisé
un terme plus poli, peut-être, que moi, là, le point de tension. Je ne me
souviens plus trop ce que vous avez dit, mais je vous ai trouvé très bonne
diplomatiquement. Je me demande, moi, si ce n'est pas un... une forme de
cauchemar bureaucratique. Parce qu'il y avait la première version qui avait
coulé, sur le fait que c'était un «opt out» individuel. Ça, je pense que tout
le monde aurait été contre, incluant toutes les associations patronales, parce
que ça aurait été inapplicable. Là, c'est le «opt in» collectif. Pour les
employeurs, ça ne change pas grand-chose, j'ai l'impression, mais pour le
milieu du travail, ça demeure un cauchemar administratif, non?
Mme Poirier (Manon) :Bien, en fait, c'est un peu ce qu'on évoquait, c'est...
Donc, si... si on est capables d'y aller avec les grandes thématiques pour
l'année, voici ce qu'on... ce sur quoi... versus à la pièce, anticipé, c'est là
que la mécanique... le cauchemar administratif devient ce que ma collègue
décrivait, de devoir retourner au vote, la consultation, un vote de
24 heures. Le principe est excellent, mais, tu sais, concrètement, là, tu
sais, il faut que tu aies une salle, il faut que tu aies quelqu'un. S'il le fait
électronique, ça... il y a des coûts. Bref, si on doit revenir dans l'année
pour... avoir l'autorisation, là, ça devient très lourd, et ça enlève de
l'agilité aux syndicats. Ça, c'est notre lecture actuelle. Le ministre
décrivait quelque chose qui semblait plus... qui... qui était plus ouvert que
ça. Tant mieux si on peut... vers... tendre vers ça, si, encore une fois, on
doit maintenir la cotisation facultive... facultative, qui n'est peut-être pas
nécessaire, parce qu'avec plus de transparence les travailleurs ont droit à
l'information pour interpeler leurs dirigeants.
M. Leduc : Avec des critères
aussi...
M. Leduc : ...est-ce qu'il n'y
a pas un danger qu'il y ait 150 cas particuliers de comment on intègre dans nos
comptabilités respectives ces critères-là, puis qu'au final ça n'aura
absolument rien changé, à part une lourdeur bureaucratique puis plusieurs
contrats de comptabilité?
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Bien,
disons qu'il y a des gens qu'on a consultés qui nous ont dit que peut-être une
porte de sortie serait justement un exercice comptable pour venir, en tout cas,
étiqueter différemment. Ça fait que je ne sais pas si c'est ça que vous
entendez?
M. Leduc : Bien, dans le
sens, c'est que pour un syndicat local ou un autre, tel ou tel cas de... va
participer à dire : Oui, ça, nous, on pense que c'est une cotisation
facultative. Puis le syndicat voisin, il va dire : Bien, non, ça, c'est
une cotisation normale. Qui va trancher? Ce n'est pas le ministre dans son
bureau un bon matin qui va dire : Non, non, non, ça, c'est une
facultative.
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Bien,
c'est pour ça, en fait, et ça, c'est la crainte qu'on évoquait quand nous on
lisait la définition, on avait des questionnements. Donc, on s'est dit que les
gens vont avoir des questionnements, puis ils vont possiblement avoir des...
des interprétations différentes.
M. Leduc : Le fait que ça
soit contestable, que le DPCP s'en mêle, c'est-tu une autre forme de 47.2 où
est-ce que des membres quérulents pourraient ankyloser un syndicat local?
Mme Poirier
(Manon) :C'est toujours une possibilité.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci. Ça met fin à cet échange avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député de Jean-Talon. 2 minutes 52 secondes. La parole est à vous.
M. Paradis : Merci beaucoup
pour votre témoignage. Je pense que c'est la septième fois que j'ai la chance
de siéger avec le ministre sur des projets qui touchent les relations de
travail. Vous êtes toujours là puis vous arrivez toujours avec une vision
nuancée. J'aimerais savoir si le ministre vous a parlé pour préparer son projet
de loi?
Mme Poirier
(Manon) :Non, on n'a pas eu l'occasion
d'échanger avec lui en amont.
M. Paradis : Bon, dommage
parce que vous avez avec des propositions intéressantes. Je vous ai bien écouté
sur la partie qui concerne les cotisations facultatives. Quand on lit votre
mémoire, on lit des phrases très sévères. Est-ce que je comprends que vous
préféreriez que le projet de loi ne contienne pas ces dispositions relativement
à la cotisation facultative?
Mme Poirier
(Manon) :On comprend le principe et c'est
dur d'être contre le principe. Toutefois, la mécanique étant très lourde, telle
qu'on la comprend, telle qu'elle est décrite présentement, effectivement, on
croit qu'on aurait pu ne pas aller vers la cotisation facultative.
M. Paradis : Vous dites dans
votre mémoire, vous le dites au début et vous le répétez à la fin, que le
projet de loi n° 3 discrédite de manière volontaire ou non, le rôle sociétal
qu'assument les syndicats depuis longtemps. Et à cet égard, vous invitez le
gouvernement à la prudence et à ne pas emprunter une voie qui risquerait de
détériorer le dialogue social déjà particulièrement tendu. Vous faites aussi
référence au fait que souvent, quand on prend les dispositions une par une, on
peut dire, bon, bien ça a bien du sens. Mais quand on regarde l'ensemble de
l'action du gouvernement, notamment le projet de loi n° 89 devenu la loi 14,
ensemble, ça a pour effet de modifier l'équilibre des relations de travail et
un débalancement des pouvoirs de rapports de force. Pourriez-vous nous en dire
plus?
Mme Ferland-Dorval (Noémie) : Ce
qu'on entend par débats, je vais vous donner un exemple, là, de ce qu'on
entendait par débalancement des contre-pouvoirs de force. C'est dans ce projet
de loi-là, on n'est pas dans les relations de travail, tu sais,
organisationnelles, on est plus macro. Donc, si par exemple, un organisation
patronal puis un organisation syndical souhaitent intervenir sur le même enjeu
et que l'organisation syndicale doit procéder à ce mécanisme-là pour avoir le
droit de pouvoir se positionner puis faire des représentations, bien, il va
partir nécessairement, comme je le mentionnais tout à l'heure, avec une... il
ne partira pas au même moment, disons sur la ligne de départ, tu sais. Il va
partir un petit... il va avoir des délais associés à ça. Donc, dans l'équilibre
des contre-pouvoirs, bien, lui, nécessairement, a plus d'étapes à franchir pour
être capable de se faire entendre. Puis, on le sait, les choses vont très vite
quand qu'il y a des enjeux qui arrivent. Tu sais, je suis en affaires
publiques, là, je peux en témoigner. Quand il y a un enjeu qui arrive, quand il
y a un projet de loi qui arrive, chaque journée est essentielle pour être
capable de creuser les choses. Donc, c'est un peu dans cette optique-là
qu'on... qu'on mentionnait ça, je ne sais pas si tu veux compléter?
Le Président (M. Allaire) : Cinq
secondes. Ça va? Merci, M. le député de Jean-Talon. On enchaîne avec le député
de Saint-Jérôme. 2 minutes 12 secondes.
M. Chassin :Permettez que je vous pose une question? Merci d'abord, de
votre présence. Permettez que je vous pose une question vraiment très générale,
mais que j'aimerais vous poser à vous en particulier, parce que vous avez,
justement, un peu cette neutralité, cette nuance. La formule Rand, est-ce que
c'est assez unique en matière d'organisation, dans le fond, privée, d'avoir
cette espèce de délégation d'un pouvoir de taxation, à votre connaissance?
Mme Poirier
(Manon) : Je n'ai pas fait une revue diligente de tout ce qui
se passe au Canada ou à l'international, alors je serais, je serais mal à
l'aise. Certains experts qui étudient ça, d'ailleurs, vous avez des professeurs
en relations industrielles qui viendront. Ça fait que ça serait une belle
question à leur poser, je voudrais leur laisser partager leur expertise.
M. Chassin :D'accord. Mais vous n'avez pas...
M. Chassin :...quelque chose assisté de... de similaire, à prime abord,
mais vous n'avez pas fait une recherche exhaustive, on va... s'entendre
là-dessus. D'accord. Puis c'est bien normal. Est-ce que, selon vous dire, il y
a normalement... il devrait y avoir comme principe une correspondance entre les
responsabilités des pouvoirs qu'une organisation détient puis ses devoirs, par
exemple, de transparence, de consultation puis de gouvernance démocratique?
Mme Poirier
(Manon) :...sûr. Et je pense que sur certains
éléments, on... on soutient plusieurs des recommandations au niveau de la
gouvernance, au niveau de la transparence. Vous comprenez que là où on... on
sent qu'il y a un glissement... Ça fait que ça, c'est des... c'est... Les
pratiques de gouvernance qui sont proposées, c'est des pratiques de gouvernance
qu'on voit dans plein de milieux, c'est des pratiques de gouvernance qu'on
connaît dans les ordres professionnels, donc, tu sais, je pense que là-dessus,
c'est difficile de... d'être contre certaines mesures. Il faut évoluer. Et
plusieurs syndicats ont déjà ces pratiques-là. Le fait de les encadrer va
permettre que tout le monde soit sur le même pied d'égalité. Alors, oui, bien
sûr, on croit à ces principes-là et on doit les actualiser, oui.
M. Chassin :En terminant, un syndicat d'infirmières qui se prononcerait
sur la gouvernance du système de santé, puis là c'est le problème de
définition : Est-ce que ce serait des relations de travail, pas des
relations de travail? Projet de loi 15, mettons, avec Santé Québec.
Mme Poirier
(Manon) :Oui. Bien, dans notre définition
des relations de travail macro et le rôle sociétal, pour nous, ça en fait
partie.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci. Mais désolé, c'est... ça met fin à l'ensemble des échanges. Mme Poirier,
Mme Ferland-Dorval, merci pour votre belle contribution à cette commission.
Alors, merci à l'ensemble des
parlementaires pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux
jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions. Merci, tout le
monde. Bon dîner.
(Suspension de la séance à 11 h 25)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît!...
Le Président (M. Allaire) : ...la
Commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Donc, merci de
prendre quelques secondes pour éteindre la sonnerie de vos appareils
électroniques, moi le premier. Merci.
Donc, nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 3, Loi visant à
améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de
diverses associations en milieu de travail.
Alors, l'ordre du jour pour cet après-midi
et le début de soirée, on va commencer avec la Confédération des syndicats
nationaux, on enchaîne avec la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec, ensuite la Centrale des syndicats du Québec, on poursuit avec la
Centrale des syndicats démocratiques et on termine la journée avec le Syndicat
québécois de la construction.
Alors, on a avec nous notre premier groupe
de l'après-midi. Donc, bonjour. Bienvenue à cette commission. Je vais vous
laisser le soin de vous présenter et commencer votre allocution, là, de 10
minutes. Va s'ensuivre l'habituelle période d'échange, là, avec l'ensemble des
parlementaires. Donc, la parole est à vous.
• (15 h 20) •
Mme Senneville (Caroline) : Bonjour.
Donc, je suis Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats
nationaux. Je suis accompagnée de notre premier vice-président, M. François
Enault, de Roxanne Gosselin, conseillère juridique...
Mme Bisson (Roxanne) : Bisson.
Mme Senneville (Caroline) :
Ah! excuse-moi, Roxanne Bisson, excusez-moi, conseillère syndicale au service
juridique de la CSN, et Samuel Courtemanche, hein, voilà, conseiller syndical
au service de recherche de la CSN.
Alors, nous voici pour le projet de loi n°
3, projet de loi qui n'est rien de moins que la mise sous tutelle des syndicats
québécois. Parce que, quand on nous dit comment tenir une assemblée générale,
quand puis de quelle manière, quand on nous dit comment vous allez payer...
qu'est-ce que vous allez faire de votre argent puis ce que vous ne pourrez pas
faire de votre argent et imposer des contraintes sur l'argent que nous
amassons, quand on dit que la cotisation syndicale... bien, imaginez-vous donc,
vous êtes syndiqué, mais il y a un bout de votre cotisation qui va être
facultatif, quand on fait tout ça, pour nous, c'est l'équivalent de mettre les
syndicats sous tutelle, alors que l'idée même à la base du syndicalisme, c'est
l'idée, révolutionnaire, rien de moins, que les travailleurs, les
travailleuses, ils peuvent s'unir, se mettre ensemble et se donner un rapport
de force et un pouvoir sur leurs conditions de travail. Imaginez-vous que, dans
un lieu où il n'y a pas de syndicat, les travailleurs, les travailleuses ne peuvent
pas se réunir entre eux et entre elles sans la présence d'un patron. Ça
n'existe pas hors d'un syndicat. Et c'est basé aussi sur une idée
révolutionnaire, le syndicalisme, que les travailleurs et les travailleuses
sont le mieux parlé... le mieux placé pour parler de leurs emplois et qu'ils
sont capables de le faire. Bien sûr, nous avons l'appui de personnes qui ont
des maîtrises, des doctorats, des bacs en droit, mais nous, on est maîtres de
notre destin et on l'est encore plus quand on se syndique. Et c'est pour ça que
ce projet de loi là nous vise au cœur. À notre avis, la dernière fois qu'on a
vu un tel florilège de projets de loi antisyndical, c'était lors du règne de M.
Duplessis.
Alors, ce que le projet de loi nous dit,
il dit aux syndiqués : Vous avez un syndicat, mais votre syndicat ne vous
appartient plus. Pire, le ministre du Travail, présent en cette pièce a
dit : Moi, je ne fais pas ça contre les syndiqués... contre les syndicats,
moi, je ne fais pas ça contre les syndicats, je fais ça pour les syndiqués.
Est-ce à dire que moi, comme représentante syndicale, François comme
représentant syndical, il y en a quelques-uns dans la salle aussi, nous, on ne
travaille pas pour les syndiqués et qu'on a besoin du gouvernement pour venir
sauver les pauvres petits syndiqués de leurs méchants représentants syndicaux,
qui de toute évidence ne font pas la job? On a besoin d'un projet de loi pour
nous encadrer, comme si nous étions des enfants mineurs. Ça crée une division
entre les travailleurs et les travailleuses. Ça crée de la méfiance envers les
représentants syndicaux élus. Et, vraiment, c'est quelque chose qui est néfaste
pour tout le... je dirais, l'ambiance sociale au Québec.
Ce projet de loi là, en plus de nous
infantiliser, il nous impose des carcans. À la CSN, on a 1 600 syndicats.
Je suis allée rencontrer, lors de la semaine santé et sécurité, un de nos plus
petits syndicats, les neuf travailleurs et travailleuses, plus un 10e
saisonnier, à la magnifique municipalité d'Aumond. J'ai aussi, cet été, pris
plusieurs hot-dogs dans un barbecue d'un de nos plus gros syndicats,
10 000 membres, ici, à Québec, le CHUQ. Chaque syndicat a sa façon de
fonctionner parce que, comprenez-vous, une municipalité de neuf personnes puis
un syndicat dans la santé qui travaille 24/7, de 10 000 personnes, ils
n'ont pas le même fonctionnement. Devinez quoi, ceux qui sont à même de décider
de leur fonctionnement, c'est ceux qui sont dans le milieu de travail et qui
décident pour eux-mêmes et par eux-mêmes ce qu'ils veulent avoir comme
structure...
Mme Senneville (Caroline) :
...comment qu'on prend ça, nous autres, un vote en assemblée générale, puis
comment on tient ça.
Ce projet de loi là vient rogner les ailes
à toute activité syndicale, activité syndicale que, comme société, on prend
peut-être pour acquise, mais, il y a à peine 100 ans, les syndicats ont eu
une existence légale. Avant ça, là, ce n'était pas reconnu légalement. La
deuxième bataille, hein... parce que, d'abord, on était illégal. Après ça, on
est devenu légal. La deuxième bataille, là, c'était de se syndiquer contre des
fiers à bras patronaux qui refusaient. Puis, quand on était syndiqués,
d'obliger le patron à négocier avec nous et à prélever une cotisation
syndicale. La fameuse formule Rand dont tout le monde parle, pourquoi c'est
arrivé? C'est arrivé parce que, pendant les années 30 et les
années 40, il y a eu de gros conflits importants avec de la violence sur
les lignes de piquetage parce que la première demande syndicale, c'était de
dire au patron : Vous allez recueillir la cotisation syndicale et vous
allez nous la remettre. Ça, ça a été une bataille syndicale, et là on vient
rogner ça.
La loi anti-scabs, ça aussi, c'est une
bataille syndicale parce qu'il y avait des violences sur les lignes de
piquetage. La loi sur la santé-sécurité du travail, c'est venu parce
qu'imaginez-vous donc, il y a du monde qui sont morts. Et on a obtenu le droit
de grève grâce à l'arrêt Saskatchewan en 2018, ça ne fait pas... ça ne fait pas
1 000 ans, et tout ça est en train de se déliter sous nos yeux avec
le projet de loi n° 89, qui est devenu la loi n° 14, la loi n° 101
qui prive les travailleurs et travailleuses de la santé, des services sociaux
et de l'éducation de la même protection que leur contre part du privé en
matière de santé et sécurité avec le projet de loi n° 3,
et là on entend des rumeurs, c'est des conventions... des décrets de
conventions.
Puis, pendant ce temps-là, les
associations patronales, il y en a probablement qui seront entendues ici, je ne
sais pas pourquoi d'ailleurs, parce que l'article 12 du Code du travail
est très clair, les patrons n'ont pas s'ingérer dans les affaires syndicales.
Quand ils font local, on dépose des plaintes qui sont déclarées coupables par
le TAT, mais, pendant ce temps là, patrons, eux autres, ils conservent toute la
liberté d'action, totale. Ils peuvent acheter toute la pub qu'ils veulent, ils
peuvent engager des tonnes de lobbyistes. Ils ne seront pas poignés comme nous
autres à se battre avec une main dans le dos. On va se le dire, soyons clairs,
soyons honnêtes, les avancées sociales au Québec ne viennent pas grâce au
patronat. Il y a eu zéro patron qui s'est battu pour des CPE. Zéro. Je me
souviens d'avoir été dans cette salle-ci, en 2018, devant la prédécesseure de
M. Boulet, la ministre libérale du Travail, qui voulait réformer les
normes du travail pour mettre, imaginez-vous dont, deux jours de congés de
maladie et responsabilité familiale payés, parce qu'avant on en avait, mais pas
payés. Là, elle a dit : On va en mettre deux. Ça a toujours défilé ici,
là, les associations patronales. Puis tout le monde disait que ce n'était pas
une bonne idée puis que l'économie du Québec allait à sa perte. À chaque fois
qu'on augmente le salaire minimum, les patrons sont là pour dire : Ah!
c'est trop, alors qu'on sait très bien qu'on ne peut pas vivre dignement puis
se payer un trois et demi à Montréal, ou à Québec, ou même dans plein de villes
de la région avec le salaire minimum.
Je vous dirais, et je termine là-dessus,
mon vice-président fera un autre bout, ce projet de loi là aussi,
malheureusement, il montre... il démontre beaucoup une méconnaissance de
comment fonctionnent les syndicats. Il fonctionne par a priori. Et je vous
dirais que cette ignorance-là, à mes yeux, est teintée d'un peu de mépris, je
l'ai dit, je le répète, nous touche au cœur, puis je vais laisser mon
vice-président vous donner des exemples concrets.
M. Enault (François) : Écoutez,
le ministre Boulet justifie cette loi-là sur trois éléments, hein? Le recours
juridique de la FAE sur la loi n° 21, une assemblée
générale de la FAE qui s'est terminée dans la nuit. C'était drôle quand même
pour un gouvernement qui passe des bâillons souvent la nuit. C'est épouvantable
pour les FAE. Et le fameux scotch à 55 $. Ces trois justifications là sont
trois anecdotes reprises par le ministre pour tenter de faire passer les
organisations syndicales pour des profiteurs, des tricheurs et des sans
scrupules. Le gouvernement préfère s'attaquer aux syndicats plutôt que
s'occuper des vraies priorités des gens : Le coût de la vie, le logement,
les services publics.
Quand on regarde... les statuts règlements
types adoptés par les syndicats de la CSN comporte déjà des mécanismes de
modification. Le gouvernement ne semble pas comprendre comment fonctionnent les
assemblées générales. Parce que, revenir 23 heures plus tard, après une
délibération, en tout cas, bravo pour la conciliation travail-famille. En plus,
il va falloir louer une salle pendant 24 heures. Encore des coûts
supplémentaires pour le syndicat. Lorsqu'on nous parle de cotisations
facultatives, bien, moi je rêve au jour d'avoir l'impôt facultatif également,
comme ça on ne paiera pas des games de hockey au ministre des Finances pour
rien. Je pourrai dire : Non, non, moi, je ne paie pas ça. Quand on
regarde...
M. Enault (François) : ...sur...
quand on regarde tout ce qui s'est fait présentement, qu'on nous dit qu'on a
peur, qu'on dépense mal notre argent, de la façon que le gouvernement a fait
des scandales dans SAAQCLIC, dans Northvolt. Je trouve ça un peu cheap de venir
nous dire ça à nous de comment qu'on doit se gérer. Finalement, alors que les
employeurs comme Amazon dispensent littéralement des milliards de dollars pour
contester des lois québécoises, quelles seront... quelles seront les
organisations qui pourront leur offrir un contre-pouvoir? Il est odieux de
constater que ce même gouvernement qui n'a pris aucune action pour défendre ces
4000 travailleurs sauvagement licenciés ... s'en prend... s'en prend
maintenant, je m'excuse, s'en prendre maintenant à la capacité des syndicats de
s'opposer à des employeurs voyous. En conclusion, l'unique objectif de ce
projet de loi est d'affaiblir le contre-pouvoir que jouent les syndicats depuis
100 ans au Québec.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci, merci beaucoup, ça met fin à votre allocution, donc on débute la période
d'échange, M. le ministre, vous avez 16 min 30 sec, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. D'abord, merci à la CSN pour le temps consacré à la préparation du
mémoire. Et, évidemment, votre participation, elle est appréciée et
appréciable. Évidemment, il y a beaucoup de commentaires politiques, c'est
certain qu'on va lire avec attention et considération votre mémoire, tenir
compte des recommandations que vous nous faites pour améliorer ce projet de loi
là. Mais d'emblée, on reconnaît le rôle sociétal des syndicats. On reconnaît
que dès qu'une accréditation syndicale qui est émise, le syndicat a un monopole
de représentation. Et c'est tout le contraire de mettre sous tutelle. En fait,
un syndicat qui est ouvert devient plus crédible. Un syndicat qui est plus
transparent accroît sa légitimité. Donc ce projet de loi, ultimement, il peut
atteindre des objectifs de cette nature-là. Quand vous mentionnez que le
message que vous recevez, c'est que le syndicat n'appartient plus aux
travailleurs, au contraire, le message qu'on veut faire, c'est que le syndicat
appartient aussi aux travailleurs. Les travailleurs peuvent déterminer comment
les actions d'un syndicat peuvent s'articuler. Ce n'est pas, manifestement, le
but d'infantiliser, c'est de répondre à des impératifs qui sont exprimés de
façon fréquente sur la place publique, puis je ne veux pas utiliser des
anecdotes, mais quand on réfère aux associations patronales, la formule Rand,
elle a été intégrée en 1977 dans le Code du travail. Puis c'est un conflit, Mme
Senneville, vous en avez fait référence, en 1946 en Ontario, dans le secteur
automobile où il y avait un arbitre, Ivan Rand, qui a rendu une décision, puis
la problématique, c'était que les syndicats devaient s'occuper des personnes
qui ne payaient pas les cotisations, donc devaient aller solliciter pour
récolter les cotisations, puis il s'était développé un phénomène de ce qu'on
appelait «les parasites». Il n'est pas question, ici, de remettre en question
la formule Rand que plusieurs peuvent souhaiter dans la société québécoise.
Mais cette possibilité là de bénéficier d'une retenue obligatoire faite par les
employeurs, qui est prévue dans le Code du travail à même le salaire des
travailleurs, à notre avis, requiert un corollaire, un certain corollaire de
réciprocité en matière de transparence, de gouvernance et de processus
démocratique. Encore une fois, souvent, on m'a répété : on a des pratiques
similaires de transparence et de gouvernance. Donc, si le projet de loi peut
servir à harmoniser ces pratiques-là pour le bénéfice des travailleurs,
travailleuses, bien qu'il en soit ainsi. Je vais revenir à la cotisation
facultative, mais la transparence, on l'avait présentée dans le contexte du
projet de loi n° 101 des états financiers audités. On vous avait tous entendu
en consultations particulières, puis vous faisiez des recommandations que nous
avons entendues, que nous avons intégrées dans le projet de loi 3, évidemment,
qui est modulé en fonction du nombre de travailleurs dans chaque unité
d'accréditation syndicale. Donc, moi, je m'attends à ce que vous nous fassiez
des recommandations à savoir si cette modulation-là est compatible avec la
capacité de payer...
15 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...des
accréditations syndicales et qui respectent la pénurie de comptables
professionnels agréés.
L'utilisation des ressources financières.
Il me semble que quand tu es obligé de payer, disons une moyenne de 1 000 $
par année, c'est normal que tu puisses avoir le droit de savoir comment c'est
utilisé. C'est normal que tu puisses avoir le droit de t'exprimer. C'est normal
que tu puisses avoir le droit d'influencer comment les cotisations syndicales
sont utilisées. Ce n'est pas d'infantiliser, c'est de responsabiliser et d'envoyer
un message aux travailleurs qu'on peut, au Québec, développer une culture de
démocratie syndicale nouvelle et moderne qui répond à leurs besoins. Et je
connais, parce que vous référez Saskatchewan, oui, le droit de grève fait
partie intégrante des chartes tant canadiennes que québécoises des droits et
libertés de la personne. Et, en constitutionnalisant, entre guillemets, le
droit de grève, ça a eu un certain effet quant à la nature puis les impacts des
conflits de travail. Puis le projet de loi n° 89 qu'est devenu la loi
n° 14, c'est devenu un impératif social. Je pense qu'il faut trouver un
équilibre, constamment, entre l'exercice d'un droit et le respect des besoins.
Un droit de grève constitutionnel et des besoins parfois fondamentaux de
personnes qui sont souvent en situation de vulnérabilité. Donc, c'est ça qu'on
fait en matière de transparence, ce n'est pas d'infantiliser, ce n'est pas de
mettre sous tutelle. Et, en matière de gouvernance, c'est la même chose. Puis, c'est
important. Je pense, c'est vous, M. Enault, qui le mentionniez, le droit
de grève, il doit s'exercer dans un contexte qui favorise un taux de
participation. C'est la même affaire quand on entérine une convention
collective de travail, ou qu'on élit des personnes à des postes électives... à
des postes électifs, et qu'on détermine comment certaines cotisations qui ne
sont pas au cœur de la mission d'un syndicat sont utilisées. Et c'est ça que
nous faisons dans ce projet de loi là. Et le... le moment minimal de 24 heures,
il peut, étant discontinu, on ne dit pas le vote, il doit être de la première à
la 24e heure. L'intention, c'est manifestement de permettre qu'il soit
étalé dans le temps, de façon à respecter les statuts et règlements d'un syndicat,
et de respecter la volonté des salariés, et surtout de favoriser un taux de
participation qui est élevé. Il me semble que, quand on décide de faire une
grève ou de ratifier une convention, c'est normal qu'on cherche le moyen le
plus souple, le plus agile pour favoriser la participation du plus grand nombre
possible. Ce n'est pas d'empêcher quoi que ce soit. Ce n'est pas de museler, ce
n'est pas d'interdire. Il y a quatre catégories de dépenses à partir des
cotisations syndicales qui font partie de ce qu'on appelle les cotisations
facultatives. Il s'agit de les présenter en assemblée générale annuelle en
début d'année comme un budget : on a l'intention d'utiliser tel montant d'argent
dans la première catégorie, contester le caractère opérant ou la constitutionnalité
d'une loi adoptée par l'Assemblée nationale. Faire des dépenses qui n'ont pas
de rapport avec la formation, la représentation, la négociation, l'application
de lois ou de conventions collectives de travail, c'est d'expliquer aux
travailleurs et de leur permettre de s'exprimer, ce n'est pas comme a... faisait
référence mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve par un opting-out individuel qui
aurait été extrêmement difficile à opérationnaliser. Vous faites des votes,
vous le faites pour des augmentations de cotisations, pour des cotisations
spéciales, on le fait pour des cotisations facultatives. Et je vous ai même
entendu, à plusieurs reprises, Mme Senneville, M. Enault dire «ce
n'est pas des montants importants». J'en suis fier que ce ne soient pas des
montants importants. Ce n'est pas ça qui nous concerne, c'est le principe que
les travailleurs puissent s'exprimer, puissent influencer. Et ce n'est
certainement pas d'affaiblir les syndicats, je le dis avec profonde conviction,
c'est un projet de loi qui, s'il est bien appliqué, de façon simple et pas de
façon complexe...
M. Boulet : ...pour contribuer
à donner une nouvelle légitimité aux syndicats au Québec et d'assurer une saine
démocratie. Et là, je ne ferai pas référence aux autres commentaires sur Amazon
et sur d'autres dossiers à connotation plus politique, mais si j'avais... il me
reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : 7
miniutes.
M. Boulet : 7 minutes. Si
j'avais... je vais poser une question, je ne sais pas qui peut y répondre, sur
la modulation quant au nombre de personnes parce qu'il y a des accréditations
syndicales qui regroupent un certain nombre de salariés, il me semble que vous
vous étiez exprimés lors du dépôt ou lors des consultations particulières du
projet de loi n° 101, quelle était la modulation que vous souhaitiez? Je
ne sais pas si c'est vous, Mme Senneville ou M. Enault.
• (15 h 40) •
Mme Senneville (Caroline) : Je
vais faire un début de réponse. Je vais vous donner des exemples, dans votre
projet de loi, vous dites qu'à partir de 50 membres, hein, il faut faire
examiner nos états financiers. Un syndicat d'autobus... de chauffeurs d'autobus
scolaire, ça, c'est du monde qui sont mis au chômage tout l'été. Pas de
cotisations syndicales qui rentrent en juillet, puis en août. C'est du monde
qui travaille en moyenne 25 heures semaine, pas grand monde à temps plein.
Ça fait qu'eux autres, là, qu'ils soient 50 personnes, ça ne veut rien
dire. Avec ce qui est sur la table, là, ça obligerait le syndicat à deux
choses : faire faillite ou augmenter la cotisation syndicale. Puis quand
vous dites que vous ne touchez pas la formule Rand, ce n'est pas vrai parce que
vous dites : vos cotisations syndicales, il y a un bout qui est
facultatif. Le gouvernement va mettre dans un projet de loi : les amis,
votre cotisation syndicale, il y a un bout qui est facultatif, mais qui êtes
vous pour dire ça? Ça appartient à mes membres, puis quand je me présente avec
mon budget, puis que je dis : regarde, c'est ça que je vais faire, y
compris le party de Noël, y compris la fête pour les retraités. Si les gens
sont contre, ils votent contre, puis tout devient facultatif.
M. Boulet : Simplement un
commentaire. Oui, ça appartient aux membres et non, ça n'affecte pas la formule
Rand. Quand on lit bien le Code du travail, on voit que l'obligation faite à un
employeur, comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, c'est de retenir à la
source, sur le salaire versé au salarié, le montant de la cotisation déterminée
par le syndicat. Mais quand vous me dites ça appartient à vos membres, oui, je
suis totalement d'accord avec ça, il y a une partie des cotisations qui vont
faire l'objet d'une consultation et d'un vote permettant aux membres de
déterminer si oui, ces membres-là acceptent que leur cotisation soit utilisée
aux fins qui sont visées par la définition des cotisations facultatives. Donc
ce n'est pas un accroc à la formule Rand, au contraire.
Mme Senneville (Caroline) : Mais,
les membres... les membres, ils se prononcent sur 100 % de la cotisation
syndicale. Pas juste sur un petit bout, c'est ça. Puis, je vais rajouter un
petit bout sur les audits, là...
M. Boulet : OK, mais là...
Mme Senneville (Caroline) : Je
vais rajouter un petit jeu sur les audits parce que je veux revenir au scotch à
55 piastres, là.
Le Président (M. Allaire) : Juste
un instant, Mme Senneville.
Mme Senneville (Caroline) :
Oui.
Le Président (M. Allaire) :
Juste un instant, il faut se rappeler que c'est toujours le temps de la partie
gouvernementale, il peut l'utiliser comme il le souhaite. Le ministre souhaite
reprendre la parole, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci. Ça va
compléter mes commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec la députée de Bourassa-Sauvé, donc la parole
est à vous, Mme la députée, allez-y.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Senneville, bonjour à vous tous. Dans votre mémoire,
vous nous dites le Code du travail définit d'ailleurs les buts, les objectifs
des associations de salariés comme étant l'étude, la sauvegarde et le
développement des intérêts économiques, sociaux, éducatifs de ses membres, et
particulièrement la négociation et l'application des conventions collectives.
Est-ce que, selon vous, donc, le projet de loi qui est présenté, certains
aspects du projet de loi présenté en l'espèce iraient en contravention, donc, du
principe établi au sein du Code du travail? Je vous laisse élaborer.
Mme Senneville (Caroline) : Oui.
Bien, oui, la réponse c'est oui. Parce que les droits sociaux, les droits
économiques, c'est très large. Quand je vais rencontrer le ministre fédéral du
Transport pour dire qu'il faut que... fasse partie de la stratégie maritime, ce
n'est pas la convention collective, ça? Mais c'est bizarre, hein, je suis
accompagnée du maire de Lévis, puis du maire... du député de Lévis, aussi,
provincial. Ça, ça, c'est facultatif, ça, ce n'est pas dans la convention
collective. Puis je veux juste dire un petit bout aussi sur les audits parce
qu'on a parlé des anecdotes, là, les verres de scotch à 55 piastres. Un
audit ne règle en rien cela. Parce qu'un comptable, ce qu'il va faire, il va
dire M. a pris des verres de scotch à 55 $, est-ce qu'il y a des reçus? Il
y a des reçus? Parfait, ça balance. C'est ça que ça fait un comptable. Le
comptable...
Mme Senneville (Caroline) : ...porte
un jugement mathématique sur les états financiers. Il ne porte pas de jugement
moral. Savez-vous c'est qui qui porte un jugement moral? C'est les trois
personnes qu'on élit dans chacun de nos syndicats, chacune de nos fédérations,
chacun de nos conseils centraux. Moi-même, j'ai un comité de surveillance des
finances. Ils peuvent vous dire que ce que je commande chez A&W. Ils ont
toutes les factures.
Une voix : ...
Mme Senneville (Caroline) : Non,
ils le savent, je suis de... de l'équipe Teens, je ne suis pas l'équipe Mozza.
Ça fait que vraiment, ce comité de surveillance des finances là, lui, il
connaît les politiques de remboursement, il connaît les politiques de
libération, les politiques d'utilisation de cartes de crédit, trois membres
élus indépendamment. Quand notre trésorier de la CSN présente ses états
financiers, les trois membres du comité de surveillance des finances sont assis
à côté de lui. Les gens peuvent lui poser des questions. Jusqu'à mon
congrès : je vais être au congrès au mois de mai, on va avoir 2 000 délégués
dans la salle, bien, c'est la même façon, on va présenter nos états financiers,
on va présenter notre budget avec le trésorier, les membres du comité de
surveillance des finances.
Ceci étant, à la CSN, on est assez gros,
on fait auditer nos... nos états financiers, là, à la grosseur qu'on a, mais...
Et... Et ça aussi, quand je dis qu'on vient... On ne touche pas la formule
RAND. On dit aux syndicats : Je vous... Je vous mets des bâtons dans les
roues pour faire un don à Centraide, parce que ça, c'est facultatif, mais je
vous oblige à payer un comptable, par exemple. Si ce n'est pas de l'ingérence
dans les affaires syndicales, je me pose la question, là, de ce que... ce que
ça pourrait être, de l'ingérence.
Mme Cadet : On va revenir sur
les audits, mais je vais retourner, donc, à la question des cotisations
facultatives parce que c'était l'objet de ma question principale. On vient
d'entendre le ministre nous dire que le vote pourrait se faire en assemblée
annuelle, donc... donc au préalable. Je ne sais pas si vous m'avez entendue ce
matin auprès de l'Ordre des CRHA, je leur demandais, donc, si c'était réaliste,
en fait, donc, de penser que des membres pourraient voter sur une éventuelle
contestation, donc, d'un projet de loi qui n'aurait pas encore été déposé.
Donc, vous, donc, dans... de façon concrète, là, si le projet de loi est
appliqué, est-ce que vous pensez que... que ce serait réaliste, donc,
d'apporter, donc, ce type de point là dans une assemblée générale annuelle puis
leur dire : Bien, écoutez, on ne sait pas s'il va y voir un projet de loi
qui va arriver, qu'on va pouvoir contester ou sur lequel on va être appelés à
se prononcer, mais voici, votez sur cet élément-ci sans avoir eu l'ensemble des
éléments? Donc, qu'est-ce que vous, vous répondez à ça?
Mme Senneville (Caroline) : Ce
que vous exposez est très clair. Puis il y a 1600 syndicats à la CSN.
Avant que je fasse le tour, là, je veux dire, j'ai pété mes délais, je ne peux
plus rien contester.
Mme Cadet : Puis ce matin
aussi, dans son mémoire, l'Ordre des CRHA nous parlait, donc, du taux de
participation aux différentes assemblées. Donc, s'il y a des assemblées
successives, parce qu'en cours de route, donc, au-delà d'une assemblée
annuelle, donc, si... pendant le... le quart d'une année, bien, il y a un
élément comme ça qui arrive, vous venez de mentionner, bien, à ce moment-là,
donc, il y aurait, donc, les... les différents délais, qu'il pourrait y avoir
une certaine fatigue de la part des membres et donc, donc, une baisse du taux
de participation. Vous, est-ce que vous... vous êtes en accord avec ça?
Mme Senneville (Caroline) : Nous,
ce qu'on craint surtout, c'est une baisse de gens qui vont vouloir s'impliquer
syndicalement parce que ça va devenir compliqué. C'est déjà, je vous dirais,
là, trouver des gens... Puis quand... Plus les syndicats sont plus petits, plus
c'est difficile parce que... Puis il faut tenir les livres, puis il faut faire
des procès-verbaux, puis il faut plaider des griefs, puis il faut s'occuper de
tout ça. Il faut entendre les doléances de tout le monde, ce n'est pas toujours
facile. Puis c'est clair que tout le «red tape» qu'on rajoute, ça va faire en
sorte que, je vous dirais, devenir délégué syndical, s'impliquer dans son
syndicat, ça va être beaucoup moins sexy.
Mme Cadet : Puis ça crée plus
de bureaucratie, vous venez de le mentionner.
Mme Senneville (Caroline) : Tout
à fait.
Mme Cadet : Puis quelles
seraient les autres... Ah... vous vouliez rajouter.
M. Enault (François) : Non, mais
c'est clair, c'est oui, que ça fait plus de démocratie. Puis moi, je le répète,
quand on me dit : J'ai parlé à des travailleurs puis ils m'ont dit ça,
combien d'assemblées générales le ministre a faites? Des assemblées générales,
j'en fais à la pelletée, j'en ai fait, ça fait 31 ans que je suis à la
CSN, si les membres ne sont pas contents de ce qu'on dépense ou qu'ils trouvent
qu'on a une orientation plus à gauche, bien, ce qu'ils font, à un moment donné,
dans une période de maraudage, ils changent d'allégeance. Ça, c'est un choix
qu'ils ont à faire s'ils n'aiment pas ça. Mais, sinon, nos membres décident, il
y a des états financiers, tout est vérifié, on a nos comités de surveillance.
Ça fait que c'est... Il est où le problème? À qui il a parlé? À qui il a parlé?
Sûrement pas aux travailleurs de chez Olymel. Il n'y a pas grand monde qui
veulent lui parler, chez Olymel, dans les travailleurs. Donc, à qui qu'il a
parlé? C'est ça qu'on ne comprend pas.
Mme Cadet : Donc,
concrètement, donc, ce serait quoi, l'effet... l'effet du projet de loi, de
façon pratico-pratique, là, sur le fonctionnement des syndicats puis la
lourdeur que ça pourrait apporter?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
encore une fois... puis.... L'exemple, là, ça peut être 24 h qui ne sont pas
nécessairement contiguës. Mais c'est les membres qui savent ce qui est
intéressant pour eux. On ne prend pas le vote de la même façon dans... dans une
petite shop de 40 personnes où tout le monde a à peu près le même cadre
horaire que dans le système de santé. Et, tu sais, je veux dire, si tu as tenu
une assemblée générale, tu as 40 membres, tu en as 36 qui se sont
présentés, tu es obligé de garder la boîte de scrutin fermée, «tapée», sous...
Mme Senneville (Caroline) :
...surveillance pour être sûr que le vote ne soit pas contaminé, je veux
dire... Et c'est là que je dis que ça vient comme une tutelle puis que ça vient
infantiliser. Les gens des syndicats, ils font ça correctement, ils savent ce
que c'est, un vote à scrutin secret, ils savent comment garder la boîte. Vous
allez me dire, ils peuvent faire des votes électroniques. Hé! Ce n'est pas
gratuit, des votes électroniques, c'est très cher. Nous, on a tenu, pendant la
pandémie, on a tenu un congrès, six mois de virtuel, ça nous a coûté une
fortune pour que les gens puissent voter pour que nos mille quelques...
Mme Cadet : ...combien...
Mme Senneville (Caroline) :
Ah! pour la CSN, c'était des centaines de milliers de dollars. Dans la santé,
quand on a fait des votes électroniques sur l'entente de principe, il y a des
syndicats qui ont dépensé des dizaines de milliers de dollars pour faire un
vote électronique. Alors, encore une fois, l'idée... Puis on en a fait, des
votes électroniques. On a tenu, pendant la pandémie, on a tenu des assemblées
générales dans un cinéparc, pour faire en sorte que les gens participent. Les
gens, là, tu ne veux pas un vote de grève ou ceux qui sont contre la grève ne
viennent pas voter. Parce que ça ne fait pas beaucoup de monde sur la ligne de
partage, ça ne fait pas un bon rapport de force. Tu ne veux pas de convention
collective qui n'est pas adoptée par le plus de monde possible, parce qu'après
ça, il faut que tu vives avec la convention collective.
• (15 h 50) •
Alors, tout le projet de loi, c'est comme
s'il prenait pour acquis que les syndicats, les syndiqués, les élus syndiqués
faisaient tout en sorte pour que mon dou, ça se fasse en douceur puis que ce ne
soit pas clair, que ce ne soit pas démocratique, ça l'est, et ça l'est à
géométrie variable dans les moyens, parce que c'est aux membres de décider
c'est quoi, les meilleurs moyens pour aller chercher ce vote-là. Dans le projet
de loi, là, un employeur qui veut forcer un vote sur une proposition de
l'employeur, le Code du travail prévoit qu'il peut le faire une fois,
l'employeur a moins d'obligations, pour caller son assemblée générale, que nous
autres, sur une entente de principe, avec ce projet de loi là. Ce n'est pas
rien, ça, là.
Mme Cadet : Ah! merci. On me
dit qu'il y a une minute. Dans le fond, si le projet est adopté, qu'est-ce que
vous pensez des délais qui sont prévus pour se conformer aux nouvelles
obligations?
Mme Senneville (Caroline) :
On ne sera pas capables.
Mme Cadet : Pourquoi?
Mme Senneville (Caroline) :
Parce que j'ai 1 600 syndicats qui vivent toutes des réalités différentes.
J'ai des syndicats saisonniers. Tu sais, le centre de ski, si la loi est
adoptée puis que la saison de ski est finie, là, bien, ils ne feront pas
d'assemblée générale avant un petit bout.
M. Enault (François) : ...puis
je vous poserais la question aussi : On a-tu la certitude que l'Ordre des
comptables est capable de tout prendre les organisations syndicales pour faire
des audits dans six mois?
Mme Cadet : ...l'unité d'accréditation...
M. Enault (François) : Non, là
on parle de la CSN, là il faut parler de la planète syndicale au Québec. La
réponse, c'est non. Il n'y a pas assez de comptables au Québec pour faire tous
ces audits-là présentement. Donc, soit les prix vont augmenter, soit qu'on va
être hors délai, qu'on va être contre la loi, où on dit aux enfants qui nous
écoutent : Allez étudier comme comptable, là... va être là.
Le Président (M. Allaire) :
Cinq secondes.
Mme Cadet : Écoutez, je ne
suis pas sûre que les facultés de comptabilité seront en mesure d'absorber
toute cette demande. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) :
Merci à vous. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
2 min 52 s.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. J'aimerais... Bonjour à vous. J'aimerais vous amener à votre annexe,
dans votre mémoire, vous parlez de l'impact sur la caisse syndicale, les fonds
disponibles pour les activités syndicales. Si je comprends bien, vous donnez
quelques exemples de réalités locales, puis ça pourrait impacter. Pouvez-vous
nous présenter un peu ça rapidement?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, je pense que les chiffres sont parlants, là. Puis on a pris le coût d'une
mission d'examen ou d'audit, puis on a des comptables à la CSN, ça fait que
c'est des coûts qui sont... qui sont mesurés. Puis, après ça, bien, c'est ce
qui reste dans la caisse syndicale. Parce que, quand on est syndiqué à la CSN,
puis ça va être le cas de mes camarades de la FTQ et de la CSD, puis la CSQ,
quand tu es un syndicat local, la majorité de tes revenus s'en vont à la
confédération, à ta fédération ou à ta région. Donc, c'est les revenus annuels
des cotisants qui restent dans la caisse... dans la caisse locale. Et là tu n'as
rien fait, là, tu n'as pas... tu n'as pas de téléphone cellulaire pour qu'on
soit capable de rejoindre... tu n'as pas plaidé un seul grief, tu n'as rien,
rien fait. Et donc les chiffres sont parlants eux-mêmes, là.
Et je tiens à le dire, ce n'est pas juste
le nombre de membres, parce que ce n'est pas tout le monde... Tu sais, les gens
d'un petit hôtel ne gagnent pas la même chose que les gens dans Alcoa, que j'ai
visitée la semaine dernière.
M. Leduc : Prenons l'exemple
justement ici, vous dites : Syndicat d'un hôtel de la région de Montréal,
56 cotisants, revenu annuel 8 000 $, mais là, woups, ça passe
toutes dans l'audit...
Mme Senneville (Caroline) : Tout
à fait.
M. Leduc : ...eux autres, ils
n'ont plus de marge de manœuvre, soit...
Mme Senneville (Caroline) :
Ils augmentent la cotisation syndicale.
M. Leduc : Bien, avec un
référendum compliqué, qui va coûter de l'argent à organiser.
Mme Senneville (Caroline) :
C'est ça, mais ça, c'est les travailleurs que le ministre veut sauver.
M. Leduc : Parlons de ça, moi,
ça me semble être un cauchemar administratif, son affaire. Parce que là il
faut... L'assemblée locale, elle doit faire une assemblée pour décider si elle
augmente des cotisations ou si elle approuve des dépenses. Vous, comme
centrale, vous devez faire aussi une espèce de tournée, puis ça, ce n'est pas
clair dans le projet de loi, comment ça va être organisé. Est-ce que... parce
que, dans une... locale, on assume que la décision est prise à majorité, mais si
vous, vous voulez faire une manifestation, comme celle de samedi contre le
projet de loi, là, est-ce qu'il faut que ce soit...
M. Leduc : ...100 % des
sections locales d'une centrale qui disent oui à une dépense pour qu'elle soit
autorisée, ou la moitié, ou le trois quarts? Est-ce que ça dépend de vos
statuts règlements? C'est le flou total, dans son application, là, ce projet de
loi là.
Mme Senneville (Caroline) :
C'est inapplicable.
M. Leduc : C'est inopérable,
OK. En terminant, peut-être, sur le Barreau, bombe atomique, là, la semaine
passée, le Barreau qui parle des risques de dérives autoritaires, qui demande à
retirer les aspects précisément sur la cotisation facultative. Avez-vous été
surpris de cette sortie-là coup de poing du Barreau?
Mme Senneville (Caroline) : Non.
On a été contents, mais pas surpris, puis je vous invite à regarder celle de la
Commission des droits de la personne et de la jeunesse qui est sortie
aujourd'hui aussi.
M. Leduc : ...pouvez-vous
nous dire ce qu'il s'est passé?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
c'est dans le même sens. Elle dit que la Cour supérieure reconnaît aux
syndicats un rôle fondamental dans les débats sociaux et politiques puis que,
ce que le projet de loi... ce qu'il y a dans le projet de loi, ça pourrait
miner la capacité des syndicats de continuer à faire ça et que ça brime... ça
pourrait brimer leurs droits.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci, merci. Désolé, ça met fin à cette période d'échange. M. le député de
Jean-Talon, 2 min 52 s. La parole est à vous.
M. Paradis : Mme Senneville,
la CSN existe depuis 1921. Vous représentez 330 000 travailleurs. Ce
projet-là, vous l'avez dit, ce projet de loi risque de bouleverser la façon
dont fonctionne une organisation comme la vôtre. Est-ce que le ministre Boulet
vous a consultés avant de déposer son projet de loi?
Mme Senneville (Caroline) : En
fait, le ministre nous a parlé après qu'il y a eu des fuites et qu'on en a
appris dans les médias. Puis il a rencontré, en tout cas, les quatre centrales
syndicales, puis... j'ai appris après qu'il les avait rencontrées, pour nous
informer qu'il n'y aurait plus dispositions financières dans le projet de loi n° 101 et qu'il y aurait d'autres choses qui s'en viendraient.
C'est tout.
M. Paradis : Donc, il vous a
informé de ses intentions. Est-ce qu'il vous a consultés?
M. Enault (François) : La
réponse, c'est non. Consulter, là, je veux dire, l'apôtre du dialogue social,
d'habitude, là, on se parle. On est au CCTM, on donne des mandats, on a
travaillé sur des régimes de retraite, sur le travail des enfants. On a une
problématique sur la table puis on le fait. Là, ce n'est pas ça qui est arrivé.
On nous informe, puis on nous informe grâce à du monde qui ont fui des
documents également, que Québec solidaire n'a pas rien qu'un document, mais
c'est de même qu'on est informés, là. Ce n'est pas de même... Lorsque ça fait
l'affaire du ministre, on nous consulte. Lorsque ça ne fait pas son affaire, on
nous le rentre dans la gorge.
M. Paradis : Très bien. Je...
puis on voit qu'aujourd'hui le dialogue a été quand même assez limité, hein?
Donc, vous avez eu une question du ministre. Vous avez parlé du dossier Amazon.
Amazon a ouvert un entrepôt ici, a eu des juteux avantages fiscaux, blocs
d'électricité, contrat d'achat du gouvernement...
Mme Senneville (Caroline) :
Dézonage de zone agricole.
M. Paradis : Dézonage. Amazon
a contesté des dispositions du Code du travail, vous avez défendu ces
dispositions-là. Si le projet de loi avait été en vigueur à ce moment-là,
est-ce que vous auriez pu défendre le Code du travail du Québec contre une
multinationale étrangère, oui ou non?
Mme Senneville (Caroline) : De
ce que j'en comprends, non, difficile, ardu.
M. Paradis : Est-ce que les
dispositions Code du travail dont on parlait à l'époque sont importantes pour
les travailleurs et les travailleuses que vous représentez?
Mme Senneville (Caroline) : Tout
à fait, puis j'ajouterais qu'il y a beaucoup de choses qui sont dans ce projet
de loi ci qui sont déjà dans le code, ce qui fait que le projet de loi n'en a
pas besoin.
M. Paradis : Alors, est-ce
qu'il serait vrai de dire que, si le projet de loi avait été en vigueur à ce
moment-là, vous auriez eu les mains menottées face à une multinationale
étrangère qui conteste les lois du travail du Québec?
Mme Senneville (Caroline) : Certainement
au moins une main dans le dos. Il m'en serait peut-être resté une, mais
j'aurais eu une main dans le dos certain.
M. Paradis : Avez-vous
quelque chose à ajouter? Il vous reste quelques secondes.
Le Président (M. Allaire) : 20 secondes.
Mme Senneville (Caroline) :
J'ai trop de choses à rajouter. C'est... Les membres sont extrêmement en colère
par rapport à... Puis, on les voit, les membres puis je sais que la mode, c'est
de dire : Oui, mais il y a des syndiqués que... mais...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. Malheureusement, ça met fin à cette période d'échange. M. le député de
Saint-Jérôme, vous avez 2 min 12 s. La parole est à vous.
M. Chassin :Merci. Désolé, je suis arrivé en retard, je vous le
signale, là, ce n'est vraiment pas volontaire. Je voudrais savoir, de votre
point de vue... s'il y a des cotisations qui sont obligatoires pour une
association d'employés, bien, évidemment, on présume, puis c'est un peu le sens
du jugement du juge Rand, que c'est parce qu'ils sont tous bénéficiaires des
conditions qui sont négociées, par exemple. Il y a... comme économiste, je ne
peux pas m'empêcher, mais il y a le concept du resquilleur, le «free rider»,
donc on veut éviter un «free rider». Est-ce que c'est le cas avec, par exemple,
des combats ou des luttes qui, parfois, sont peut-être effectivement à la
frontière? Puis parfois, c'est des questions de valeurs où on prend des
positions puis nos membres ont peut-être en parti d'autres positions.
Mme Senneville (Caroline) : LA
FAE, là, ils sont allés en Cour suprême...
Mme Senneville (Caroline) : ...ils
ont eu un congrès, il y a eu des élections, la présidente a été réélue. Moi, je
constate, là, qu'à la FAE ça a dû faire la job. Puis le monde, s'ils avaient
été insatisfaits, ils auraient pu défaire leurs représentants syndicaux. C'est
ça.
Après ça, bon, moi, je ne veux pas payer
pour la partie de Noël parce que je ne viens jamais, tu sais, moi, je ne veux
pas payer pour la montre du retraité parce que là, je ne l'aime pas, moi, je
suis une shop de gars, je ne veux pas qu'on participe au 8 mars, ça s'arrête
où, là?
M. Chassin :Bien, quand c'est une obligation de cotiser, c'est presque
une délégation de pouvoirs, taxation.
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
écoutez, l'impôt fonctionne comme ça, les CDEC fonctionnent comme ça, les CDEC
fonctionnent comme ça. Si vous êtes sur une rue commerçante, puis qu'il y a une
CDEC, vous êtes obligés de cotiser à la CDEC. Donc, c'est... à partir du moment
où il y a une majorité, c'est ça, la démocratie, c'est à partir du moment où il
y a une majorité, bien, c'est comme ça. M. Legault, j'ai voté pour lui pu
pas pour lui, c'est mon premier ministre.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député de Saint-Jérôme, allez-y.
M.
Chassin :...
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
oui, oui. Et on est...
M. Chassin :Si chacun se dit : Bien, moi, je voudrais avoir telle
affaire, je l'ai, parce que ce n'est pas une décision collective. Est-ce qu'on
n'atteint pas l'objectif aussi?
Mme Senneville (Caroline) : ...parce
que le syndicalisme, c'est un droit collectif, c'est le droit de s'unir, c'est
le droit de faire valoir ses droits comme collectivité.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci, merci. Ça met fin à l'ensemble des échanges. Merci à la Confédération
des syndicats nationaux. Merci pour votre collaboration, votre présence
aujourd'hui.
On suspend les travaux pour permettre à
l'autre groupe de s'installer. Merci, tout le monde!
(Suspension de la séance à 16 heures)
(Reprise à 16 h 04)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes maintenant avec la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec. Bienvenu à cette commission. Donc,
je vous cède dès maintenant la parole, peut-être vous présenter. Vous pouvez
commencer votre allocution de 10 minutes. La parole est à vous.
Mme Picard (Magali) : Merci,
M. le Président. Magali Picard, présidente de la FTQ. Je suis accompagnée de
Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ...
16 h (version non révisée)
Mme Picard (Magali) : ...Guillaume
Lavoie, avocat à la FTQ et de M. Collin L'Ériger qui est directeur de la
recherche à la FTQ. Je suis toutefois également accompagné par tous les grands
syndicats affiliés, tous les membres du bureau de la FTQ, qui est notre conseil
d'administration à la FTQ. Alors, rapidement, à la FTQ-Construction, notre
représentant, le Président des conseils régionaux, l'AIMTA, SEPB Québec,
Unifor, TUAC, SCFP, Métallos, SQEES, AFPC, les Teamsters, les VP actions
féministes de la FTQ, également, sont avec nous et le CTTP, notre syndicat des
postes.
Pourquoi je les nomme, M. le Président? C'est
parce qu'on a un projet de loi, ici, qui vient s'ingérer dans la gouvernance
des syndicats. Et croyez-le ou non, tous ces syndicats-là ont demandé d'être
entendus en commission parlementaire et on leur a refusé l'accès. C'est assez
pathétique de penser que les gens qui sont concernés, les premiers intéressés,
qui, advenant le cas où ce projet de loi là serait adopté, aurait à mettre ça
en application, ne puissent même pas venir expliquer au ministre pourquoi c'est
impossible, impossible, même si on était tous avec la meilleure foi du monde,
on ne peut pas mettre ce projet de loi là en application dans nos syndicats.
Alors, le ministre n'est pas intéressé à les entendre. Par contre, le ministre
a invité l'Institut économique de Montréal, la Fédération des chambres de
commerce, à inviter le patronat. Vous savez qu'au Québec, actuellement, si le
patronat s'ingérait dans la gouvernance des syndicats, on pourrait les
poursuivre, c'est illégal de faire ça. Mais pour le ministre, ça semble être
tout à fait acceptable.
De plus, M. le Président, je dois vous
dire que cette semaine, c'est une semaine extrêmement importante pour la
démocratie syndicale. La FTQ est en congrès, c'est notre congrès triennal ici,
juste à côté, au Centre des congrès de Québec. On a 1000 délégués, un peu
plus de 1000 délégués, avec des observateurs et des invités, donc environ
1300 personnes cette semaine. Et croyez-le ou non, hein, on a eu une
résolution d'urgence, résolution d'urgence qui a été adoptée à l'unanimité,
hein, les délégués, j'ai demandé un vote debout pour être... pour ne pas me
faire accuser après de dire que j'ai manipulé la salle et voici ce qui a été
adopté aujourd'hui même par les 1000 délégués en congrès, qui représentent
bien sûr les 600 000 travailleuses et travailleurs au Québec :
«Attendu qu'il soit résolu que la FTQ, en
collaboration avec ses alliés, réponde aux attaques du gouvernement anti-travailleuses
et anti-travailleurs de François Legault, en soutenant toutes les campagnes de
communication, recours légaux et autres outils afin de freiner les initiatives
législatives comme la loi 14 qui s'attaque aux instances démocratiques
syndicales, qu'il soit aussi résolu que la FTQ s'oppose à toute réforme visant
à faire augmenter ou à rendre facultative la cotisation syndicale, réaffirme
son droit d'utiliser en toute légitimité les cotisations syndicales à des fins
d'activités politiques et sociales, entre autres, et demande au gouvernement de
respecter l'indépendance des organisations syndicales qu'il soit de plus résolu
que la FTQ réitère le rôle essentiel des conseils régionaux dans l'action
politique du Québec afin de représenter ses affiliés et qu'ils soient
finalement résolus que la FTQ, de concert avec les autres organisations
syndicales mette sur pied une équipe de choc en communication pour formuler des
messages communs pour les médias sociaux et traditionnels sous la bannière l'Union
fait la force afin de faire connaître le rôle des syndicats et dominer la
réplique aux attaques anti-travailleurs, travailleuses et antisyndicales du
gouvernement du Québec.»
Ça a été adopté aujourd'hui en Congrès à
notre instance suprême. Et là, laissez-moi vous dire que j'entends déjà le
ministre nous dire : Oh comme ça, la FTQ, vous êtes contre la transparence
syndicale, la FTQ... la présidente veut continuer à aller à Dubaï payée par les
membres, vous êtes d'accord avec les scotchs, avec les... avec les steaks ou le
filet mignon? Alors, tout ça pour dire que c'est vraiment insultant, vraiment
insultant qu'on prenne des anecdotes... en passant, mon voyage à Dubaï, je
tiens à le dire, ça va me faire du bien, c'est un voyage qui avait été décidé
par les congressistes de la FTQ, que la FTQ s'occupe de l'environnement et j'avais...
bien sûr, on avait partagé par communiqués de presse qu'on allait là et lorsque
le ministre prend l'argent des contribuables, lorsque le ministre prend l'argent
des contribuables pour faire une vidéo, lorsqu'il lance son PL 3 en disant
la présidente de la FTQ à Dubaï pendant qu'ils sont... des gens sont en grève,
il sait très bien qu'il n'y avait aucun, aucun membre du Front commun qui était
en grève pendant cette période-là. Donc, on voit tout de suite, là, la mauvaise
foi du ministre.
Alors là, ce qui est assez pathétique,
également, c'est qu'on a un ministre du Travail qui est dans la même chaise
depuis sept ans et il y a deux choses, M. le Président, c'est soit qu'il est
innocent ou il fait l'innocent, parce que vous ne me ferez pas croire que le
ministre en 7 ans, il n'a pas eu le temps de comprendre les structures
syndicales.
Les cotisations syndicales sont divisées
par 3, 4, 5 tranches. Il y a une partie qui va bien sûr à leur syndicat, à
la section locale, à leur syndicat québécois, des fois au syndicat canadien, d'autres
fois au syndicat international et aux fédérations auxquelles ils font partie.
Alors, ce qui est dans le projet de loi actuellement, j'aimerais bien, moi,
voir les Métallos dire à Washington...
Mme Picard (Magali) : ...qu'ils
ne peuvent pas investir d'argent au Québec pour faire de l'action... politique
et qu'on ne puisse plus jouer notre rôle, hein, de défenseurs du revenu social.
Ça dérange vraiment la CAQ lorsque les syndicats se mêlent d'action politique
et d'action sociale. Pourtant, c'est ensaché que dans notre Constitution. C'est
clair, clair et net que les syndicats, on regarde la création de la formule
RAND en 1946 au Canada, dans les années 70 au Québec, c'est pour amener
une paix sociale. Notre job, ce n'est pas juste de... de négocier le revenu de
travailleurs, travailleuses. On doit aussi négocier le revenu social. Si on ne
veut pas que les gouvernements comme la CAQ privatisent, hein... l'électricité,
si on ne veut pas non plus se retrouver avec des filets sociaux abandonnés,
bien, il faut que les syndicats continuent à jouer ce rôle-là, qui est
essentiel présentement. Alors, tout ça, c'est assez scandaleux.
• (16 h 10) •
Puis aujourd'hui, bien, la CAQ a essayé
d'amener une motion pour dire : La présidente, la méchante présidente de la
FTQ veut créer le chaos au Québec, elle veut faire une grève sociale.
Moi, je vais avoir une question pour M. le
ministre Boulet. Bien, de toute façon, habituellement, lorsque c'est le temps
de questions, il prend tout le temps qui est accordé. J'aimerais quand même
qu'il réponde à ma question : Quelle devrait être... Quelles devaient être
les actions que les contre-pouvoirs devraient avoir encore le droit de prendre?
On n'est pas entendus en commission parlementaire, les premiers intéressés ne sont
pas là, on n'a plus le droit d'utiliser les cotisations syndicales pour faire
de l'action politique. Vous voulez nous museler. Vous voulez encore une fois
prendre les travailleurs, les gens qui ont besoin le plus d'être accompagnés et
défendus devant le 1 % de riches et le gouvernement. Puis malheureusement,
on n'a plus de moyens de faire ça.
Le Président (M. Allaire) : Juste...
Mme Picard (Magali) : Oui.
Le Président (M. Allaire) : Juste
un petit instant. Je vous coupe un petit peu. Mme la députée, vous souhaitez...
députée de Vimont.
Mme Picard (Magali) : Est-ce
que... mon temps va quand même être protégé?
Le Président (M. Allaire) : Mme
la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : En fait, on
prête beaucoup d'intentions actuellement. Il faudrait peut-être un petit rappel
à l'ordre à Mme pour juste... s'il vous plaît.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme députée.
Oui, votre temps, il est protégé. Juste un
petit rappel. Je pense que toutes les opinions sont bonnes à être reçues ici, à
l'entour de cette commission, merci de le faire avec respect, ce serait
apprécié.
Mme Picard (Magali) : C'est
ce que je fais. Je pense que je ne peux pas avoir des attaques plus directes à
mon égard. Donc, je pense que...
Le Président (M. Allaire) : Non,
non...
Mme Picard (Magali) : ...au
Québec, on a encore le...
Le Président (M. Allaire) : Mme
Picard, je pense que vous avez joué quand même avec la ligne, puis je tiens
quand même à vous rappeler à l'ordre. Faites attention. Assurément, vous pouvez
émettre n'importe quelle opinion, mais dans le respect. Je vous le demande.
Merci. Vous pouvez continuer.
Mme Picard (Magali) : ...encore
le droit...
Le Président (M. Allaire) : Allez-y.
Mme Picard (Magali) : Alors,
merci. Alors, tout ça pour vous dire que c'est drôle parce qu'il y a plein
d'autres associations patronales qui ressemblent drôlement aux syndicats. Je
pense à l'ACQ au Québec. Le ministre Boulet... ce n'est pas... ce n'est pas une
présomption, là, a mis dans la loi R-20 une cotisation obligatoire pour ces
organisations-là. Mais c'est-tu parce qu'il juge que l'Association des
constructeurs du Québec a une cotisation obligatoire, hein, les constructeurs
sont obligés de payer une cotisation, mais ils ne sont pas touchés par un
pl 3 comme on vit actuellement, c'est-tu parce que les constructeurs sont
plus intelligents que les travailleurs? Ils vont être capables de se défendre
auprès de leur association qui... Vous ne me ferez pas dire qu'elle ne fait pas
d'action politique et de lobby politique. Sur les 10 lobbyistes les plus actifs
au Québec, ils ont trois sièges. Donc, l'ACQ fait de l'action politique, a une
cotisation obligatoire de leurs... de leurs... des constructeurs du Québec,
mais elle, on la... on ne s'ingère pas dans leur gouvernance. On ne leur
demande pas où ils vont manger et s'ils participent à des lobbies importants
sur l'environnement. Eux, ils sont capables eux-mêmes de se gérer, mais le
gouvernement veut réagir d'une façon très paternaliste avec notre monde puis
dire : Bien, comme vous n'êtes pas assez intelligents pour vous-mêmes vous
assurer que vos syndicats utilisent votre argent correctement, vous n'êtes pas
capables d'aller en assemblée pour, bien sûr, voter, ce qu'on fait à longueur
d'année dans chacune de nos organisations, où ce sont des membres de A à Z qui
adoptent les états financiers, bien, écoutez...
Qu'est-ce qui se passe, là?
Le Président (M. Allaire) : Juste
un instant. Mme la députée de Hull souhaite intervenir.
Mme Tremblay : ...raison
pour... On prête des intentions, on traite injustement le gouvernement.
Mme Picard (Magali) : ...
Le Président (M. Allaire) : Non.
Là, je pense que vous pouvez continuer votre intervention. Ça va. Merci.
Mme Picard (Magali) : ...je
continue. Tout ça pour vous dire qu'on... on est en train de dire, là, qu'il y
a deux poids, deux mesures au Québec : il y a le monde ordinaire puis il y
a les riches, il y a les patrons, il y a les avocats, il y a les comptables.
En passant, le projet de loi sur la
transparence, on avait déjà dit au ministre qu'on était d'accord avec ça au
projet de loi n° 101. Il ne devait pas être content de voir qu'on avait
amené une mesure qui était tout à fait intelligente et légitime, qui est une
que lui-même avait mis en place pour les organismes sans but lucratif, donc il
a décidé de le retirer. Il le ramène à nouveau. Il nous avait dit, en
commission parlementaire, au projet de loi n° 101 : Oui, je comprends
ce que vous dites, je n'avais pas conscience qu'il y avait des petites sections
locales. On a dit : Prenez votre tableau de la CAQ, que vous avez adopté
en 2024, pour les organismes sans but lucratif, entre zéro et 250 000 $ de
revenus, un audit, 250 000 $ à 500 000 $, à l'intérieur de ça, ce que ça
disait, c'est que ça prend une mission d'examen, 500 000 $ de revenus et plus.
Bien non. Le ministre revient avec 50 à 100 membres. Une section locale qui a
50 membres, qui rentre 50 000 $ par année puis qui paye ses quatre cotisations,
il reste 5000 $, 6000 $ dans son compte de banque pour louer une salle pour
faire des réunions dans l'année. Alors là, ce n'est pas ça qui va arriver. Ces
sections locales là vont mourir de leur belle mort parce que ça va coûter plus
cher d'être...
Mme Picard (Magali) :
...capable d'embaucher les comptables pour faire les états financiers que ce
qui reste dans leurs comptes de banque par année. Puis là on dit aux
travailleurs du Québec, on dit aux travailleurs : Moi, je vous amène ça
parce que vous allez sauver, hein... on va... vous allez avoir le choix de
payer ou non, mais on va faire en sorte que ça va coûter plus cher à tous les
syndicats au Québec, juste avec la mesure de base, pour payer les comptables
que ça va prendre, payer les salles supplémentaires pour faire des milliers de
votes à travers le Québec. Donc, ça va coûter une fortune pour les
travailleurs, puis on les induit en erreur.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va?
Mme Picard (Magali) : Bien
là, je pense que j'ai atteint mon...
Le Président (M. Allaire) : Il
vous resterait 10 secondes.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Non, non, non.
Mme Picard (Magali) : Ah! il
me reste 10 secondes?
Le Président (M. Allaire) :
Oui.
Mme Picard (Magali) : Très
bien. Bien... de toute façon, je pense qu'en 10 secondes je n'aurai pas le
temps d'en dire davantage, mais merci. On répondra maintenant aux questions.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le ministre, la parole est à vous. Seize minutes 30 secondes.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Écoutez, d'abord vous remercier d'être ici et d'avoir préparé un
mémoire. Je sais que vous y avez mis du temps, et on va bien sûr l'analyser
puis tenir compte des recommandations, comme nous avions fait, d'ailleurs, pour
les états financiers, même si ce n'est pas tout à fait compatible avec ce que
vous souhaitiez.
Il y a juste quelques éléments
préliminaires, là, que je veux éclaircir, là. Les groupes qui viennent en
consultations particulières, ce n'est pas le gouvernement qui décide, c'est
négocié par les bureaux de leaders parlementaires autour de la table. Donc, ce
n'est pas nous qui décidons, puis les syndicats... les centrales syndicales
sont présentes, et il y a d'autres syndicats qui vont venir présenter un
mémoire lors des consultations, et d'autres groupes, indépendamment de leurs
allégeances, peuvent préparer des mémoires, qui sont aussi étudiés.
Je veux aussi féliciter la
FTQ-Construction, là, qui, de façon contemporaine au dépôt du projet de loi, a
soumis à l'attention de ses membres une politique pour contrôler les dépenses,
pour éviter ce que les médias appelaient des factures salées. Donc, je veux
quand même souligner ce geste-là de la part de la FTQ-Construction.
L'autre élément préliminaire que je veux
aussi bien éclaircir, c'est que, quand on parle d'ingérence dans les droits de
gestion des syndicats puis qu'on ne le fait pas dans les droits de gestion des
employeurs... Je regrette, mais la vaste majorité des lois que j'ai parrainées,
on s'immisce aussi dans les droits de gestion des employeurs, ne serait-ce que
l'encadrement du travail des enfants. La vaste majorité des employeurs ne
faisaient pas travailler des personnes de huit ans, neuf ans, 10 ans, jusqu'à 14
ans, mais il y a des impératifs sociaux qui requièrent l'intervention de
l'État. Et, dans le cas présent, c'est un projet de loi qui est relativement
simple.
Puis je sais qu'on essaie de le
complexifier, là, mais la transparence, ce n'est pas nouveau. Puis il y a déjà
un article, 47.1, du Code du travail qui réfère à des états financiers mais pas
vérifiés. Donc, ici, on prévoit l'obligation d'avoir des états financiers et de
les présenter en assemblée générale annuelle. Et ça, c'est au sein de chaque unité
d'accréditation syndicale locale, ça appartient aux travailleurs, travailleuses
qui paient les cotisations, ce droit-là de savoir et de s'exprimer, et donc des
états financiers qui tiennent compte du nombre de personnes par accréditation
syndicale. Est-ce que ça peut tenir compte du revenu? Je pense que c'est une
recommandation qui mérite certainement d'être analysée.
Et il y a aussi un rapport sur l'état des
ressources financières, parce qu'il y a une assemblée générale annuelle, puis,
à la prochaine assemblée générale annuelle, il y a un rapport sur l'utilisation
des ressources financières, des cotisations qui appartiennent aux travailleurs.
Or, qu'on leur dise à quoi ont servi les cotisations, il me semble que c'est
sain puis c'est démocratique, puis c'est les salaires, c'est les frais, aussi,
d'hébergement, puis c'est les montants des cotisations facultatives. Donc, ce
qui a été budgété au départ, ce qui a été anticipé au départ est précisé à
l'assemblée générale annuelle suivante. Et ça, ça s'applique à la personne qui
est syndiquée à Trois-Rivières, qui paie une cotisation syndicale à son
syndicat local, et il y a une partie de la cotisation qui va à la fédération.
Et il a le droit de savoir c'est quoi, le pourcentage de sa cotisation qui va à
la fédération. Il a le droit de s'exprimer sur la capacité aussi de la
fédération d'utiliser ce que lui paie pour des raisons, ce qu'on appelle,
facultatives. Et ce n'est pas des montants importants, je le répète, c'est le
principe de donner l'opportunité à quelqu'un de savoir.
Quant à la gouvernance, je l'ai dit au...
M. Boulet : ...groupe qui
précédait, c'est d'avoir une période minimale de 24 heures pour exercer un
vote, que ce soit pour ratifier une convention collective. Ça s'exerce à Trois-Rivières,
que ce soit pour élire des personnes, ça s'exerce au sein des accréditations
locales, que ce soit pour voter, pour élire une personne, que ce soit pour
déterminer ce qui peut être utilisé à ce qu'on appelle des fins facultatives,
les personnes ont la capacité de s'exprimer. Puis, que ce soit sur une période
minimale de 24 heures, ça va permettre un taux de participation qui est
plus élevé, ça va permettre d'intégrer une culture de mobilisation et ça va
être bénéfique aux syndicats, parce que les organisations ouverte et
transparente deviennent plus crédibles et plus légitimes. Et quand vous
demandez : Qu'est-ce que pourront faire les contre-pouvoirs au Québec?
Tout, littéralement tout. La forme... est une forme de privilège légal puis je
comprends son sens. On ne remet pas en question la... mais c'est des
cotisations obligatoires, les associations patronales. On va revenir sur le
secteur de la construction. C'est des cotisations...
• (16 h 20) •
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Absolument pas. C'est la parole qui est à M. le ministre. Il vous posera une
question s'il le souhaite.
Une voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Continuez, M. le ministre.
M. Boulet : ...retraite, Mme
la présidente, j'ai demandé à tous les présidents et présidentes de centrales
et fédérations de me partager leurs saines pratiques en matière de transparence
et de gouvernance. Il y en a qui l'ont fait. Donc, quand vous dites : On n'a
pas été consulté, puis ça, c'est monsieur... je ne sais pas qui le mentionnait,
oui, j'ai posé des questions. Il y avait... Oui, il y a des cas qui ont été
documentés par les médias. Je rencontre les leaders des quatre centrales
syndicales. J'ai demandé à plus qu'une reprise : Est-ce que vous avez des
scènes pratiques à partager avec moi? Et il y en a qui l'ont fait, puis je vous
l'assure, Mme Picard.
Et les... Donc, les contre-pouvoirs, vous
pouvez tout faire. Vous bénéficiez d'une cotisation qui est obligatoirement
payée par tous les travailleurs, travailleuses syndiqués. Est-ce que c'est sain
qu'ils puissent s'exprimer sur un faible pourcentage des cotisations qui
peuvent servir à contester la constitutionnalité d'une loi dument adoptée par
l'Assemblée nationale, de faire des choses qui ne relèvent pas de la défense ou
de l'application d'une loi en matière de travail ou l'application d'une
convention collective? Est-ce que c'est sain qu'on demande que ces personnes-là
puissent s'exprimer à une assemblée générale annuelle? Ce n'est pas pendant
l'année, c'est lors d'une assemblée générale annuelle. S'il y a des dépenses de
cotisation facultative qui n'avait pas été anticipée. Il s'agit de les
présenter en cours d'année. Et il y a une association, puis ce n'est pas l'ACQ,
là, ce n'est pas l'Association de la construction du Québec, c'est
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Puis dans la
loi r-20, dans la Loi sur les relations de travail, le développement de la
main-d'œuvre et la formation, il est prévu clairement le mandat de cette association-là,
qui est de négocier les clauses communes dans le renouvellement des quatre
conventions collectives, des quatre secteurs d'activité dans le domaine de la
construction. Les clauses communes, c'est les procédures de grief, l'arbitrage
et les régimes d'assurance collective et les régimes de retraite. Donc, la
mission de l'AEC, de l'Association des entrepreneurs en construction, est bien
définie dans la loi R-20.
Puis les contre-pouvoirs, encore une fois,
le but, ce n'est pas d'empêcher. Le but, ce n'est pas de museler, ce n'est pas
d'interdire, c'est simplement de dire : Obtenez l'adhésion d'une majorité.
Dans une démocratie, c'est sain que la majorité des travailleurs qui sont dans
une unité, que ce soit à Saguenay, à Gaspé ou à Rouyn-Noranda, puissent
s'exprimer sur l'utilisation qu'on fait des cotisations syndicales. Et, quand
c'est évidemment dans la mission d'un syndicat, ça fait partie de la cotisation
principale.
Puis, tout à l'heure, on parlait d'Amazon,
les contestations relèvent de la cotisation principale. C'est important de dire
qu'il ne faut pas complexifier un projet de loi qui est simple, qui s'intéresse
à la transparence, à une information qui est plus fiable, parce que c'est un
audit, ou une mission, ou un état financier sommaire, c'est forcément une...
une information qui est plus fiable et plus complète à partager...
M. Boulet : ...partager avec
les travailleurs. En matière de gouvernance, c'est sain qu'un travailleur
puisse savoir qu'il peut s'exprimer, qu'il peut voter pour ratifier une
convention et avant de déclarer une grève, donc qu'il puisse le faire...
M. Leduc : M. le ministre. M.
le ministre...
Le Président (M. Allaire) :
Oui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : M. le ministre a
dit tantôt qu'on avait consenti à inviter des gens ici. Ça s'appelle une
période d'échanges. Il a accepté à ce qu'on invite des gens. C'est très
impoli...
Le Président (M. Allaire) :
Non, non, non. Je vous arrête. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve... M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous arrête tout de suite. Vous connaissez
très bien les règles puis je pense que vous étiez leader quand ça a été
négocié. C'est les règles qui nous gouvernent comme parlementaires. La
partie...
M. Leduc : ...
Le Président (M. Allaire) :
Monsieur... M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous arrête tout de suite.
Vous savez...
M. Boulet : ...
Le Président (M. Allaire) :
Non, M. le ministre. M. le ministre. M. le ministre, vous connaissez tous les
règles. La partie gouvernementale et l'ensemble des autres parties peuvent
utiliser leur temps comme ils le souhaitent. Ça a été voté ici à l'Assemblée
nationale. C'est comme ça qu'on fonctionne. Ça ne changera pas aujourd'hui.
Donc, M. le ministre, je vous invite à poursuivre. Merci.
M. Boulet : Non, mais
permettez-moi quand même, M. le Président, quand un groupe vient ici puis me
fait des recommandations puis il s'exprime dans la sérénité et le caractère constructif,
ça me fait plaisir. Mais quand on vient ici, puis je n'ai pas besoin de
qualifier la manière dont la présentation a été faite, mais il n'y a pas eu de
recommandation spécifique qui requiert que je questionne ou que j'obtienne des
informations complémentaires. Mais sur la civilité et le respect, j'essaie de
faire du mieux que je peux, puis je souhaite que tout le monde fasse de la même
manière.
On discute d'un projet de loi qui est
relativement simple. On essaie parfois de compliquer la façon dont il sera
appliqué. Moi, je suis intéressé à la façon dont il va être appliqué puis qu'on
me fasse des recommandations. On en a eu des discussions, puis ma porte est
encore ouverte à la FTQ. Bon, je suis allé les saluer tout à l'heure. Bon, il
n'y avait pas une volonté réciproque de salutations, mais moi, ma porte est
ouverte. On fait des... on fait des consultations particulières. Je fais des
rencontres. On va faire une étude détaillée. Il va avoir des propositions
d'amendements. Ça fait... vous vous évertuez à dire que ça fait 15 projets de
loi qu'on fait. On va continuer à le faire de la même manière. Alors, merci à
vous tous et à vous toutes. Et évidemment, je salue les représentants des
syndicats affiliés. Alors, je vous souhaite une bonne journée puis une bonne
continuité. Puis Mme Picard, vous savez que vous êtes capables de me parler
n'importe quand.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, M. le ministre. On poursuit. Je vous rappelle encore une fois que si
jamais vous souhaitez utiliser de votre temps pour des réponses, vous pouvez le
faire. Mme la députée de Bourassa-Sauvé. La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président, je souhaite certainement utiliser une partie de mon temps pour
obtenir des réponses de la part du groupe que nous avons invité ici. J'en
profite également, donc, pour commenter, donc, les propos du ministre à
l'égard, donc, des invitations qui sont faites au groupe. Je rappelle que
l'ensemble des groupes qui ont demandé à être entendus de notre côté au Parti
libéral du Québec, donc, nous avons donné notre assentiment. Et, lorsque c'est
les demandes, donc, qu'il y a ces négociations-là au niveau, donc, des groupes,
donc, ils doivent être entendus, bien, certains groupes qui sont ici, qui
avaient été invités, donc, de notre côté, donc, je veux rectifier ce que le
ministre a mentionné en début de son allocution.
Maintenant, donc, je me tourne vers vous,
Mme Picard. On vient d'entendre le ministre dans son laïus, dans son monologue,
nous parler des droits des travailleurs, des droits des personnes syndiquées en
disant qu'elles ont le droit de savoir ce sur quoi elles vont voter, qu'elles
ont le droit d'être tenues au courant, que les membres, donc, peuvent
s'exprimer, notamment, donc, sur la part de la cotisation qui vise à, par
exemple, à contester le contenu... Vous avez vous-même parlé des... du Barreau
du Québec, là, de son intervention, du communiqué qui est sorti un peu plus
tôt. Je suis membre du Barreau du Québec, donc ce sont des préoccupations que je
partage. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse a également
émis des préoccupations aujourd'hui.
Je vais revenir, donc, peut-être sur
quelque chose que le ministre a dit plutôt en disant cet avant-midi, et même
dans l'intervention précédente, il nous disait : Bien, écoutez, ça ne
change rien, ça peut être simple, parce qu'en bout de ligne, il peut y avoir
une assemblée annuelle où les syndiqués vont pouvoir se prononcer sur
d'éventuelles cotisations facultatives. Mais en bout de ligne, si l'objectif du
projet de loi, selon le ministre, est de permettre à ses membres de s'exprimer,
et là, je reprends les propos qu'il vient de vous mentionner sur la part de la
cotisation qui vise à contester une loi dûment adoptée par l'Assemblée nationale,
c'est quoi la différence avec le cadre actuel, où ils ont déjà l'opportunité de
se prononcer sur l'ensemble, donc, des cotisations qui seront prélevées de
façon obligatoire au cours de la prochaine année?
Mme Picard (Magali) : La
réponse, c'est qu'il n'y en a pas différence. La réponse, c'est que le
ministre, et je l'ai dit d'entrée de jeu...
Mme Picard (Magali) : ...comme
s'il ne connaissait pas les structures syndicales, mais, écoutez, il est très
mauvais comédien ou vraiment en anglais ils disent c'est un slow learner parce
que ça fait 7 ans qu'il est là. Alors on est... on a...
Le Président (M. Allaire) : Juste,
Mme Picard, juste un instant. Juste un instant. Mme Picard, je vous demande
honnêtement de faire vos interventions avec respect quand vous visez... Mme
Picard, quand vous visez directement les collègues ici, peu importe lesquels,
vous vous adressez à nous avec respect. Je vous rappelle que vous êtes ici par
invitation, c'est un privilège. Vous avez la chance de l'exprimer, votre
opinion, mais faites-le avec respect. Merci. Vous pouvez poursuivre.
• (16 h 30) •
Mme Picard (Magali) : Vous
savez, là, c'est très difficile de me contenir, puis je m'excuse à ceux que ça
pourrait blesser, mais c'est une campagne de salissage de la part du
gouvernement actuellement de venir laisser entendre que les syndicats, on ne
parle pas à nos membres, qu'ils n'ont pas le choix présentement de voter sur
leurs cotisations, les mandats qu'ils nous donnent, les positions politiques,
il n'y a pas une... il n'y a pas une organisation au Québec qui est plus
démocratique que les syndicats. À tous les niveaux des structures, pas juste
une assemblée générale annuelle dans une section locale, dans toutes les
structures, ce sont les membres qui viennent en assemblée et qu'ils décident de
nos budgets ligne par ligne, ce qu'on ne fait pas comme contribuables au
Québec, laissez-moi vous dire ça. Donc, nos membres ont accès à tous nos états
financiers. À la FTQ, si vous allez sur notre site, actuellement, tout est là.
Oui, on a des états financiers vérifiés par..., ils sont sur nos sites
Internet. Les membres choisissent en congrès ce qu'on fait cette semaine, ligne
par ligne. On a des mandats qui nous demandent de faire des contestations sur
des projets de loi qui sont des attaques directes, ça ne change pas, c'est de
laisser croire... Ce qui est... ce qui est dangereux là-dedans, c'est qu'on
parle aux travailleurs syndiqués, mais on ne parle pas à ceux qui participent à
la vie syndicale. On parle aux travailleurs syndiqués pour toutes sortes de
bonnes raisons, qu'ils font confiance à leur exécutif ou encore qu'ils ne
participent pas parce qu'ils ont des enfants, la conciliation travail vie
personnelle quand ça va mal au Québec, t'as de la misère à payer ton loyer,
t'as souvent deux, trois jobs pour arriver à la fin du mois. Donc ils ne
viennent pas dans les réunions syndicales. Et là, il y a un ministre du Travail
qui connaît très bien nos instances extrêmement démocratiques et on vient leur
laisser entendre qu'on fait des choses sans vous demander la permission. On
donne accès, vos syndicalistes ont accès aux syndicats, à votre... à vos
cotisations, puis ils ne vous demandent pas la permission. Ça ne peut pas être
plus faux. C'est ça une campagne de salissage et c'est ça qui nous blesse d'une
façon fondamentale. C'est profond comment ça nous dérange.
Le Président (M. Allaire) : Juste,
juste un instant. Un instant. Un instant! Un instant, tout le monde. On se
tourne vers moi. On se retourne vers moi. J'ai compris que la députée de Vimont
voulait intervenir, vous avez un appel aux règlements à faire?
Mme Schmaltz : ...intentions,
propos injurieux, parce que, en déplaise aux collègues...
Le Président (M. Allaire) : Parfait.Merci. Juste... juste avant de me positionner... juste avant de me
positionner sur l'appel au règlement, vous savez très bien que c'est le droit
des parlementaires d'évoquer des points de règlement, donc, vous l'avez fait
tantôt, maintenant, c'est la partie gouvernementale qui l'a fait. Je vous
demande simplement de faire attention, encore une fois, pour ne pas prêter des
intentions. Vous pouvez poursuivre, merci.
Mme Picard (Magali) : OK,
merci. Bon, je suis comme un peu intimidé parce que, là, je ne sais même pas ce
que j'ai pu dire d'intimidant autre que la vérité. Tu sais, je décris ce qui se
passe dans nos organisations, puis de laisser croire, puis d'induire
volontairement, consciemment la population dans l'erreur, pour moi, c'est une
campagne de salissage. Puis si je ne peux pas le dire ici, bien là, je n'aurais
plus le droit de le dire tantôt dans les médias sans demander la permission.
Vous dites il faudrait que les gens votent avant de vous laisser le droit de
faire des recours juridiques. Il faudrait qu'on ait une boule de cristal et
qu'on sache en début d'année, quand on... on adopte un budget quel lapin va
sortir du sac du gouvernement? Est-ce qu'on va nous sortir une constitution?
Est-ce qu'on va nous sortir un projet de loi qui veut venir s'ingérer dans nos
organisations? On ne le sait pas. Vous dites un vote de 24 h, ça démontre
à quel point on ne comprend absolument pas comment ça fonctionne. Un vote sur
24 h sur une convention collective, là, vous n'avez même pas idée, vous
n'avez même pas idée comment nos syndicats, lorsqu'on présente une convention
collective ou une négociation, ce qu'on vient dire à nos membres, c'est
pourquoi on n'a pas gagné 100 % de leurs attentes. Pourquoi on leur
suggère quand même de l'accepter? Parce qu'on est allé au bout de ce qu'on
pouvait faire. Moi, si demain matin, nos organisations prennent les ententes de
principe et qui les déposent sur les tables pendant 24 h, je vous dis
qu'on n'a pas fini d'en voir, des conflits au Québec. Ce monde-là viennent
vendre des conventions collectives, viennent expliquer pourquoi on est allés au
bout du rouleau pour eux, pourquoi on a laissé tomber telle ou telle
recommandation. Donc, ce qui est invraisemblable, et je le dis, là, puis je ne
sais pas, je vais sûrement aller à un autre appel au règlement, mais ce qui me
dérange, là, c'est qu'on est en train d'essayer de cacher un bilan
catastrophique. Ça va mal, ça va mal partout au milieu du travail, on a un
président américain qui nous attaque, on devrait être en train de travailler,
on devrait être en train de travailler avec le gouvernement pour aider les
travailleurs et travailleuses et, ça, on ne le fait pas, on est en train, au
lieu de ça, de faire diversion, d'amener une méfiance, de diviser. Et ça, c'est
pathétique. Moi, ma demande aujourd'hui, M. le Président...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Picard (Magali) : ...c'est
ça, on n'est pas capables, on n'a pas assez d'envergure puis d'imagination pour
aider les travailleurs face à l'ennemi, bien, au moins, ne nuisez pas. C'est ça,
notre demande, ne nuisez pas, ne faites pas de faux débats. On n'a pas besoin
de ça au Québec. On a besoin de travailler ensemble, et ça, c'est pathétique de
voir qu'on n'est pas capables de faire ça, puis de laisser croire à notre monde
qu'ils sont pris en otage puis qu'ils n'ont pas le choix présentement, de
décider sur quoi va être utilisé leurs cotisations syndicales. C'est faux, M.
le Président, ça ne peut pas être plus faux que ça.
Une voix : Si je peux
ajouter...
Le Président (M. Allaire) : Mme
la députée de Bourassa-Sauvé, allez-y.
Mme Cadet : Sur le 24 heures,
parce que vous venez d'amener, donc, un aspect, donc, intéressant, donc, vous nous
dites, donc, si le... les propositions, donc, sont déposées comme ça, donc,
pendant une période de 24 heures, qu'il y a des risques qu'il n'y ait pas
de ratification des conventions collectives?
Mme Picard (Magali) : Quand
on s'en va en négociation collective, là, on écrit à tous les travailleurs,
travailleuses d'une unité d'accréditation puis on leur dit : On arrive en
période de négo, votre convention collective vient à échéance bientôt, faites-nous
parvenir vos demandes, vos doléances, vos attentes. On reçoit ça... des fois,
on en 200, 300, 500 demandes. Alors là, on se présente en négociation, puis
bien sûr qu'on doit... bien, on ne s'en va pas là avec 500 demandes, on doit
prioriser. Et là on vient s'asseoir, on négocie, puis, à la fin, il y a des
choses qu'on n'est pas capables d'atteindre, puis on est capables de lire des
états financiers, il y a des entreprises qui ont des défis, d'autres, ça va
bien. C'est ça, la négociation.
Mais, une fois, là, qu'on a une entente de
principe... Lorsqu'on signe une entente de principe, c'est parce qu'on est prêts
à la recommander à nos membres. Et pourquoi on exige d'avoir une rencontre avec
nos membres, pouvoir leur parler, c'est parce qu'on sait très bien que si on
envoie ça dans le champ, comme ça, ils vont la refuser, parce qu'ils ne retrouveront
pas leurs demandes à l'intérieur de ça. Ça doit être accompagné d'une
rencontre. Puis je ne connais pas un de mes syndicats que c'est : oui, un
coup, il y a une présentation, puis ils vont voter. On fait des... on en fait,
des rencontres. Incroyable, le nombre de sessions d'information qu'on fait. Parce
que, oui, on l'a négocié puis on veut... on veut que nos membres comprennent
jusqu'où on s'est rendus et on les recommande, ces négociations-là.
Donc, ce que le ministre nous demande dans
son projet de loi, là, c'est qu'il n'y ait plus de conflits au Québec. Parce
que, si on fait ça, si on envoie les ententes de principe, on dit : Prononcez
vous, je vous le dis, ce sera des refus, après refus, après refus. C'est parce
que les membres font confiance à leur équipe de négociation lorsqu'ils leur
disent : On est allés au maximum de ce qui était possible. Et,
malheureusement, ce projet de loi là va annuler ça.
Le Président (M. Allaire) : Cinq
secondes.
Mme Cadet : ...pas d'autre question.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé. On continue avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
2 min 52 s. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre et à tous ceux et celles qui vous
accompagnent. Mme Picard, c'est la deuxième fois aujourd'hui que le
gouvernement essaie de transformer le salon rouge en tribunal, où vous êtes
accusés, dans une motion déposée par le gouvernement, de différentes choses. Et
là, évidemment, vous ne pouvez pas venir vous défendre ici quand on vote ces
motions-là. Nous, on s'est opposés, donc, à ces deux reprises, là, de
transformer... tentatives de transformer l'Assemblée en tribunal. Comment vous
vous sentez quand vous êtes l'objectif... l'objet d'une cible comme ça?
Le Président (M. Allaire) : Juste...
juste un instant, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Mme la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : ...excusez-moi,
là, on ne peut pas prêter des intentions et de dire qu'on a transformé ça en
tribunal là, c'est... Non, non.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Juste...
juste un instant. Mme la députée, je comprends votre intervention, là, mais là
je souhaite qu'on continue. On est dans les auditions. J'ai rarement vu autant
de points de règlement soulevés. Donc, je vous invite à vous recentrer pourquoi
on est ici. Il y a un projet de loi qui a été déposé, donc on est en auditions,
on pose des questions sur, justement, les mémoires, notamment, qui ont été
déposés par la fédération. Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous
invite à poursuivre.
Mme Picard (Magali) : ...pour
les éclaircissements. Je trouve ça difficile, monsieur.... M. le député.
Pourquoi? Parce que là, on me cible personnellement puis, en même temps, je
trouve qu'on me donne beaucoup d'importance, puis on me donne beaucoup de
tribunes. Je ne pense pas que c'est payant, actuellement, pour personne. Chose
certaine, c'est que... ce qui est clair, c'est que moi... c'est un mandat qu'on
reçoit de nos membres, de nos militants, de nos dirigeants qui sont écœurés de
ce qui se passe, qui sont déçus, qui sont inquiets. Ils connaissent très bien
les répercussions, à court, à moyen puis à long terme, d'un projet de loi comme
celui-là.
Là, vous m'avez entendu parler dans une
assemblée, où je dis aux membres : Ce n'est pas le 29 novembre, lors
du grand rassemblement, qu'on s'en va dans un... On me parle de grève sociale,
de... de chaos. Si je laissais aller notre branche la plus militante, là, on ne
parlerait pas du 1er mai. On parlerait de dans les prochains jours. On ne
veut pas ça, parce qu'on le dit, on a lancé les états généraux du syndicalisme
pour dire qu'on doit se mettre au goût du jour, on veut travailler
différemment. Mais pour faire ça, il faut qu'on ait un dialogue social
intelligent, que ce ne soit pas sur des anecdotes qu'on fasse des projets de
loi, que ce ne soit pas pour essayer de remonter dans les sondages, que ce ne
soit pas d'attaquer le monde ordinaire. Il faut arrêter d'attaquer le monde
ordinaire puis leur laisser croire qu'on fait ça pour eux, c'est épouvantable.
Donc, on ne restera pas silencieux.
Est-ce que je veux une grève sociale? Qui
veut une grève sociale? Personne ne veut ça, on n'en veut pas. Mais c'est quoi,
nos autres options? Le ministre nous dit qu'on va avoir toutes les options...
Mme Picard (Magali) : ...bien,
qu'il relise son projet de loi, parce que ce n'est pas ça que ça dit. Hein, les
syndicats, on ne devrait plus faire d'action politique. C'est dangereux ce qui
est écrit là-dedans.
M. Leduc : Aujourd'hui, le gouvernement
a annoncé une baisse de cotisation du RQAP plutôt que de bonifier le RQAP,
c'est une décision politique. Est-ce que les payeurs de taxes, les gens qui
cotisent au RQAP ont été consultés? Est-ce qu'ils vont pouvoir voter sur ce
changement-là?
Mme Picard (Magali) : Non,
puis je peux vous dire que si les contribuables pouvaient voter sur les
décisions du gouvernement dans les sept dernières années, on serait peut être
moins dans le trou au Québec, là, tu sais. Donc, ce que je peux vous dire,
c'est que non, ce gouvernement-là a de la misère à gérer. Puis là, bien, il
faut... il faut tout simplement faire diversion. Donc, non, les travailleurs
n'ont pas été... les gens qui ont besoin du RQAP n'ont pas été consultés et
c'est ça, notre job à la FTQ. Puis souvenons-nous que c'est l'assurance
maladie, des programmes sociaux, des garderies subventionnées, ça a été négocié
par les syndicats. Si on nous empêche de faire ça, bien, les filets sociaux
vont descendre puis...
• (16 h 40) •
Le Président (M. Allaire) :
Merci, merci. Ça met fin à cet échange avec le deuxième groupe de l'opposition.
M. le député de Jean-Talon, la parole est à vous. Deux minutes,
52 secondes. Merci.
M. Paradis : Mme Picard, La
FTQ, c'est 600 000 membres, environ. C'est un regroupement qui existe
depuis 1957. Je pense que vous avez beaucoup d'expérience et d'expertise.
Est-ce que le ministre Boulet vous a consultés avant de déposer son projet de
loi?
Mme Picard (Magali) :
Absolument pas. C'est pour ça que le ministre parle autant du travail sur les
enfants, parce qu'on n'a eu aucune consultation. J'aimerais bien entendre mes
collègues, voir qui a été consulté par le ministre pour dire : On veut
amener une loi qui va s'ingérer dans votre gouvernance, on veut amener une loi
qui va vous demander... la transparence syndicale, on a été consultés dans le
PL 101, puis on a fait nos devoirs. En conseil général de la FTQ, parce
qu'on n'était pas en congrès, on a eu une adoption à l'unanimité pour la
recommandation, dire : Bon, ça va, plusieurs le fait déjà. Des petites
sections locales qui ont 5000 $, 6000 $ nous disent : Bien,
écoute, des audits, ça peut fonctionner avec la grille que la CAQ avait mise en
place pour les OSBL on a fait ce travail-là.
Le ministre nous avait dit : Ah! Je
prends bonne note, je n'étais pas au courant que vous aviez des petites
sections locales. C'est enregistré, ça s'est passé ici. Puis là, on l'enlève,
puis on nous revient avec cette formule-là qui, et je vous le dis, il y a plus
de 5000 sections locales affiliées à la FTQ, et plus de la moitié de ces
sections locales là ne survivront pas au projet de loi actuel, parce qu'il
reste dans leurs finances moins que ce que ça coûte. D'ailleurs, je dois aussi
vous dire que les comptables du Québec nous disent qu'ils ne seraient même pas
capables de répondre à cette demande-là. Il y a... ils n'ont aucune capacité
pour faire ça. On va être obligés d'enrichir les comptables puis d'augmenter
les cotisations de base pour répondre à des besoins qui sont complètement
inexistants. C'est très triste tout ça.
M. Paradis : Le projet de loi
prévoit la création de ce qu'on appelle une partie facultative à la cotisation
syndicale. Et si vous voulez aller en cour, devant les tribunaux, il faut que
vous ayez prévu dans l'année d'aller devant les tribunaux. Par exemple, vous,
dans votre... dans votre historique, là, c'est arrivé combien de fois que le
gouvernement vous a avertis au début de l'année, là : Ah! on va faire un
nouveau projet de loi, puis ça se pourrait que vous ayez besoin d'aller en
cours pour le contester? C'est arrivé combien de fois, ça?
Mme Picard (Magali) : Ce
n'est jamais arrivé, M. le ministre... M. le député, jamais.
M. Paradis : Puis, des fois,
il y a des entreprises privées aussi, j'ai parlé d'Amazon tout à l'heure, qui
contestent des lois, puis là vous allez à la défense des lois du Québec. C'est
arrivé combien de fois, vous, que ces entreprises-là vous avertissent à
l'avance : L'année prochaine, on va contester?
Mme Picard (Magali) : Jamais
arrivé, M. le député.
M. Paradis : Donc, est-ce que
c'est vrai de dire qu'en réalité, les dispositions du projet de loi, si elles
étaient adoptées, si elles étaient en vigueur, vous seriez souvent menottés
pour aller faire valoir les droits des travailleurs et des travailleuses devant
les tribunaux?
Mme Picard (Magali) : Vous...
je ne pourrais mieux dire.
M. Paradis : Puis ça se
passerait comment, là, quand il arrive quelque chose en cours d'année, là, puis
que ça n'a pas été prévu, là? Qu'est-ce que vous pourriez faire?
Mme Picard (Magali) : Bien
là, ce qu'il faudrait faire, c'est de demander une assemblée générale
d'urgence, louer des salles, amener des copies, mobiliser tout le monde, être
capable... On parle de beaucoup de dépenses, là, pensez-y, 600 000...
M. Paradis : Ça coûte
combien?
Mme Picard (Magali) : Bien,
juste une assemblée, lorsqu'on loue une salle, ça peut coûter 800 000 $
pour louer une salle, puis là je ne parle pas des plus grandes sections locales,
là, et ensuite avoir une expertise...
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Merci, M. le député de Jean-Talon. Ça met fin à cet échange. M. le
député de Saint-Jérôme, la parole est à vous, deux minutes, 12 secondes.
M. Chassin :Merci. Ça va être agréable.
Mme Picard (Magali) : Comme
d'habitude.
M. Chassin :
Absolument. J'ai une question très, très simple. Quand vous parlez de défendre
l'indépendance des syndicats, puis ce sont des organisations privées, n'est-ce
pas, est-ce que vous considérez qu'il y a quand même des liens? Par exemple, la
formule... qui donne l'équivalent d'un pouvoir de taxation délégué, parce que
c'est des prélèvements obligatoires, ou encore quand il y a des crédits d'impôt
qui sont donnés par rapport à certaines dépenses...
Mme Picard (Magali) : Vous,
c'est des crédits d'impôt qui vous fatiguent?
M. Chassin :
Ah non, mais ça fait partie des liens, je pense, entre l'État puis les
syndicats qui font que ce n'est peut-être pas complètement indépendant. Est-ce
que vous voyez dans le fond cette indépendance-là comme étant peut-être
partielle?
Mme Picard (Magali) : J'ai de
la misère à suivre où vous voulez aller avec ça.
M. Chassin :
S'il y a des pouvoirs et des responsabilités...
Mme Picard (Magali) :
Êtes-vous en train de me dire... OK... qu'il y a des entreprises...
Le Président (M. Allaire) :
Juste... juste, Mme Picard, je pense que M. le député de Saint-Jérôme
souhaitait poursuivre pour clarifier sa question.
M. Chassin :
...c'est ça, vous avez peut-être compris...
M. Chassin :
...allez-y. Donc, s'il y a des pouvoirs, il y a une responsabilité.
Mme Picard (Magali) : ... les
entreprises qui ont droit à des crédits, hein, des crédits fiscaux, c'est que
le gouvernement pourrait s'ingérer dans toutes ces entreprises-là qui ont droit
à des crédits. Donc, toutes les...
M. Chassin :
...
Mme Picard (Magali) : Ah! ils
le font comment? Sous leur gouvernance.
M. Chassin :Oui, oui, ils demandent... ils demandent des redditions de
comptes puis il y a des...
Mme Picard (Magali) : ...des
redditions de comptes.
M. Chassin :Absolument.
Mme Picard (Magali) : Oui.
Alors, vous êtes en train de me dire que toutes les Power Corporation de ce
monde, tout ça, doivent venir présenter leurs états financiers, dire au
gouvernement où ils vont manger, à quelle organisation ils participent parce
qu'ils ont droit à des crédits...
Une voix : ...
Mme Picard (Magali) : C'est
ça. C'est ce que vous nous dites, là?
M. Chassin :En fait, d'ailleurs, les obligations des entreprises qui
sont inscrites en bourse sont assez géniales, là.
Mme Picard (Magali) : Vous
allez ailleurs, là, ne faites pas diversion.
M. Chassin :
Non, non, mais ça fait partie, en fait...
Mme Picard (Magali) : ...vous
parlez des entreprises qui ont droit à des crédits fiscaux, là.
Le Président (M. Allaire) : Encore
une fois, Mme Picard, laissez M. le député de Saint-Jérôme préciser, s'il
vous plaît. Merci.
M. Chassin :...impression que, dans la défense de l'indépendance, moi,
je suis d'accord, mais il y a, de la part du contribuable, quelque chose qui
est exigé aussi puis, de la part des syndiqués, quelque chose qui est
obligatoire. Pour moi, avec ce pouvoir-là vient une certaine responsabilité.
Mme Picard (Magali) : Avez
les syndiqués, je suis d'accord avec vous. Avec les syndiqués, je suis d'accord
avec vous, sauf qu'on le fait déjà, on le fait déjà. Ce sont les syndiqués
eux-mêmes, les payeurs de cotisation qui décident chaque ligne budgétaire.
Chaque bataille que l'on fait est décidée par les membres.
M. Chassin :
Puis, en terminant, le vote secret pour l'accréditation, êtes-vous pour ou
contre?
Mme Picard (Magali) : Bien,
ça, ça me surprend que vous demandez cette...
Le Président (M. Allaire) : Malheureusement,
malheureusement, ça met fin à cette période d'échange, donc ça termine
l'ensemble des échanges. Merci à la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec. Nous allons suspendre les travaux quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
(Reprise à 16 h 56)
Le Président (M. Allaire) : Alors
nous allons maintenant reprendre les travaux. On accueille maintenant la
Centrale des syndicats du Québec. Bienvenue à cette commission. Donc, je vous
cède déjà la parole pour votre allocution de 10 minutes, peut-être prendre
le temps de vous présenter au préalable et la parole est à vous.
M. Gingras (Éric) : Merci.
Donc, Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec, la CSQ,
accompagnée à ma gauche par mon collègue Jean-François Piché qui est conseiller
à la recherche-action en relation du travail et à ma droite, Marc Daoud qui est
avocat au service juridique de la CSQ.
Aujourd'hui, effectivement, on vient
commenter le projet de loi n° 3, projet de loi qui visent les syndicats,
mais que malheureusement, comme d'autres projets de loi, a été fait sans les
syndicats. Encore une autre belle occasion de ne pas initier le dialogue social
au Québec, c'est-à-dire d'asseoir tous les partis, puis si ça ne marche pas,
bien on trouve des solutions, on propose des choses. Malheureusement, c'est une
autre occasion de manquée, on l'avait déjà dit dans le passé, mais là,
malheureusement, c'est le cas. On va proposer quelques éléments quand il y a
place à amélioration et on va dénoncer quand malheureusement on pense que ça
doit être mis de côté.
Ce qui nous a guidés tout au long de notre
analyse et dans notre présentation, c'est oui à la transparence, mais non à
l'ingérence. Et malheureusement, dans le projet de loi, il y a un peu de
transparence et beaucoup d'ingérence. Et ça, bien sûr, c'est ce qu'on va tenter
de mettre en lumière. Et je vais céder, donc, la parole à mon collègue Marc Daoud.
M. Daoud (Marc) : Un
syndicat, c'est le résultat de la volonté des travailleuses et des travailleurs
de s'organiser en vue d'atteindre des objectifs communs. S'ils peuvent
revendiquer de meilleures conditions de travail, c'est grâce à la liberté d'association
qui constitue un droit fondamental au sein d'une société libre et démocratique.
La liberté d'association, ça n'appartient pas aux syndicats, ça appartient à
leurs membres et quand on s'attaque à ce droit, on s'attaque aux travailleuses
et travailleurs. Pour faire entendre leurs revendications, les salariés doivent
avoir la possibilité de s'organiser, de négocier, d'exercer des moyens de
pression. S'attaquer directement ou indirectement à leur financement et à la
manière qu'ils s'organisent, c'est chercher à briser leur rapport de force.
La liberté d'association, c'est également
la possibilité de s'unir pour mieux faire entendre sa voix dans le débat
public. Les travailleuses et travailleurs ont le droit de s'exprimer sur le
modèle de société souhaitée et ont le droit de défendre des causes. Les choix
de la société ont des impacts sur leur avenir et débattre publiquement n'est
pas le monopole des partis politiques. Les tribunaux ont d'ailleurs reconnu
l'importance pour toutes les associations, y compris les syndicats, de prendre
part aux débats politiques, sociaux et économiques. C'est le reflet d'une
société saine et démocratique. Il ne revient pas aux employeurs, il ne revient
pas aux partis politiques et pas aux gouvernements de s'ingérer dans la prise
de décision des travailleuses et travailleurs. Ils ont des institutions
démocratiques, participatives et autonomes qui fonctionnent très bien.
Le projet de loi n° 3 pose pour
prémisse que les syndicats sont inaptes à exercer leur droit civil et
juridique, il cherche à limiter leur capacité juridique et leur faculté de
s'exprimer sur les enjeux de la société. Le projet de loi trois cherche à
marginaliser les syndicats comme acteurs légitimes de la société civile et à
les évacuer de la place publique. Tout ça, ça s'inscrit dans l'effritement de
l'État de droit qu'on observe à l'heure actuelle.
M. Parent (Jean-François) : Alors,
moi, je vais y aller sur les recommandations qui sont contenues dans notre
mémoire. Alors, à la recommandation un, qui parle des états financiers,
notamment sur la vérification des états financiers, bien, écoutez, dans le
PL 101, on avait amené une proposition qu'on reprend, essentiellement,
aujourd'hui, c'est-à-dire que...
M. Piché (Jean-François) : ...nous,
ce à quoi on est ouverts, c'est qu'il y ait une mission d'examen seulement,
donc pas un audit, je vais vous expliquer pourquoi, et pour les associations de
salariés qui ont minimum 250 000 $ de revenus de cotisations, en
prenant en compte la part de cotisation qu'ils voient à la fédé ou à la
centrale qui lui est affilié. Donc, il reste 250 000 $ dans les
coffres du syndicat. C'est ça qui détermine si oui ou non il y a une mission
d'examen qui va être exigée.
• (17 heures) •
Pourquoi? Bien, parce qu'on pense qu'il y
a des petits syndicats chez nous qui ont... juste la vérification d'une mission
d'examen coûterait 20 % de leur budget, juste cette dépense-là. Et
l'audit, on n'en parle pas, c'est trois fois plus cher qu'une mission d'examen.
On nous a également confirmé, dans les
bureaux de comptables, que, si on mettait ça en application, il y aurait une
pénurie d'auditeurs au Québec. Donc, pour... On pense que ce n'est pas un
projet de loi qui est pour les travailleurs, parce que c'est un fardeau trop
lourd et ça aurait pour effet carrément d'augmenter les cotisations syndicales.
Sur la... toujours sur les finances, le
rapport financier, alors, oui, sur le principe de produire des rapports
financiers, on le fait déjà, on fait des rapports d'activité, on fait des
prévisions budgétaires, mais le contenu de ce rapport-là doit être laissé aux
membres parce qu'on juge qu'une association de salariés, ça appartient à ses
membres, c'est à eux à décider les renseignements qu'il y a dans ces états
financiers là et dans les rapports sur l'utilisation des ressources
financières. Ils peuvent également poser des questions en assemblée sur les
détails, certains détails de dépenses. Donc, une imposition de ce contenu
constitue à nouveau une ingérence que l'on juge inacceptable, d'où la
recommandation 2.
Recommandation 3 sur la procédure de
vote. Écoutez, vote de 24 heures, c'est trop long, c'est irréaliste. Même
dans notre démocratie, les bureaux de vote ne sont pas ouverts aussi longtemps.
Ça impose l'ouverture d'un local pendant pendant 24 heures avec des
libérations syndicales au coût de l'employeur. Et si on y va avec un vote en
ligne, parce qu'on pense que c'est un peu ça qui est anticipé, bien, écoutez,
je vous rappelle les données qu'il y a dans vos documents. 60 % des unités
d'accréditation ont moins de 50 membres. C'est un autre fardeau financier
parce qu'il faut mettre en place une technologie, il faut avoir une expertise
technologique que les petits syndicats n'ont pas et ça pose des enjeux
d'intégrité du vote, d'où l'idée d'avoir des compétences technologiques que,
malheureusement, ils n'ont pas.
Alors, notre proposition est à l'effet
d'offrir une période raisonnable de vote, c'est notre proposition dans la
recommandation 3, et laisser cette période-là à la discrétion des membres.
Parce qu'on le rappelle, les associations appartiennent à leurs membres.
Sur la recommandation 4, cotisations
facultatives, on juge également que c'est une ingérence acceptable. Écoutez,
depuis 1872, ce qu'on fait, c'est les activités qui sont listées dans le projet
de loi. Et on a eu, par ces activités-là, de nombreuses victoires pour la
société québécoise. Il y a eu des améliorations de conditions de travail et de
vie à l'ensemble des travailleurs et travailleuses. Vous avez plusieurs exemples
à la page 11 de votre notre mémoire, droits parentaux, équité salariale,
ce sont des luttes syndicales et, pour ça, on ne peut pas avoir... et se faire
mettre des bâtons dans les roues sur la manière d'utiliser les cotisations pour
financer ces activités-là, et c'est exactement là où le projet de loi s'en va.
Et que dire de ne pas avoir le droit de
contester une loi, une loi spéciale, un décret qu'il faut passer par les
cotisations facultatives pour faire ça et tout ce que ça implique? Il faut
faire une assemblée, procédure de vote sur 24 heures. C'est très lourd,
comme processus, et on pense que c'est carrément inacceptable, ça constitue
aussi de l'ingérence et même, j'oserais dire que même le Barreau, sur cette
question-là, vous met en garde que ça va trop loin, que, là, c'est une attaque
à l'État de droit. Alors ça, c'est majeur.
Finalement, recommandation 5.
Écoutez, on est absolument contre toute forme d'intimidation, ça, c'est clair.
La seule chose, c'est que le libellé de l'article 1 parle de salariés. Or,
les termes qui sont utilisés, de réunion et de vote, ce sont des activités qui
sont uniquement aux membres. Donc, pour nous, il faudrait impérativement
remplacer le mot «salarié» par le mot «membre», c'est notre
recommandation 5. Et, là-dessus, je redonne la parole à Éric.
M. Gingras (Éric) : Pour
revenir sur les cotisations facultatives, vous le savez, ça a été nommé par mon
collègue, par d'autres groupes aussi, c'est quelque chose qui fait très mal. On
pense que l'ingérence, là, arrive énormément. Écoutez, à la CSQ, là, on a
démontré dans le passé que quand il y avait des décisions à prendre, elles
étaient prises par les membres. Toute la notion d'aspect politique, la CSQ,
avant 1995, pouvait prendre position politiquement. Qui a décidé de faire
autrement? Qui a décidé, finalement, de dire qu'il ne pouvait pas y avoir de
prise de position sur un parti politique ou un appui? Ce sont les membres qui
en ont fait la demande. Alors, de dire que ça ne pourrait pas...
17 h (version non révisée)
M. Gingras (Éric) : ...nécessairement
être fait de cette façon-là, bien, on le répète, on pense qu'un syndicat appartient
aux membres et c'est à eux de se prononcer ce sur quoi leurs syndicats
interviennent.
Les aspects sociaux. Puis je pense que cet
élément-là nous tient à cœur. Ça a été nommé par d'autres avant moi, je n'en
doute pas, mais je vous rappelle que le Code du travail est clair, un regroupement
de salariés a pour but l'étude, la sauvegarde, le développement des intérêts
économiques, sociaux et éducatifs de ses membres, et particulièrement la
négociation et l'application des conventions collectives. Donc, les aspects
sociaux sont importants, et à la CSQ, le militantisme et le fait d'avoir
mobilisé, participé, intervenu dans l'espace public, c'est très important.
Et quand j'entends, malheureusement, le
ministre, le gouvernement qui parle de cotisation facultative... Je vais
terminer, parce que j'espère être en mesure de sortir d'ici et d'avoir la
réponse aux questions suivantes, ou les réponses aux questions suivantes. Parce
que je demande clairement au ministre : Est-ce qu'il considère que le fait
que la CSQ ait été la première organisation syndicale à affirmer son soutien,
son... au droit à l'avortement, en 1973, était facultatif dans l'histoire
sociale du droit des femmes au Québec? Est-ce qu'il considère comme... comme
facultatif le fait que la CSQ, qui représente 80 % de femmes, ait milité
pour l'équité salariale avant, bien avant le projet de loi, et encore aujourd'hui?
Est-ce qu'on considère qu'il est facultatif que la CSQ, qui représente
80 % des femmes, milite contre les violences faites aux femmes? Et ça, est-ce
que c'est facultatif?
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. Gingras. Je tiens à dire que toutes les opinions peuvent être entendues ici.
Vous venez de faire la belle démonstration qu'on peut le faire avec respect, donc
je tiens à le souligner. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Merci pour votre présence, merci pour la préparation de votre
mémoire, merci pour les recommandations. J'aime bien que, d'entrée de jeu, vous
mentionniez que, oui, pour la transparence, il y en a un peu, peut-être pas
assez à votre goût. Non à l'ingérence, il y en a trop. Ce que je retiens aussi,
puis je l'ai écrit à plusieurs reprises, la liberté d'association, ça
appartient aux membres, négocier. Le débat politique, le débat social, les
prises de décision, c'est par les travailleurs et les travailleuses. Les
associations, l'association appartient à ses membres, bien sûr. Les périodes
raisonnables pour le vote, c'est à décider par les membres, le vote membre.
Puis vous dites : les membres versus les salariés. Mais les salariés, ils
sont aussi membres de l'unité d'accréditation syndicale, ils sont aussi
contraints de payer une cotisation, donc, pour la cotisation facultative. Je
pense que ces personnes-là devraient normalement avoir le droit de s'exprimer.
Le dernier : le syndicat appartient
aux membres. Donc, sur ce fil conducteur de votre mémoire, on se voit, on est
véritablement sur la même longueur d'onde. Un syndicat, ce n'est pas une entité
qui est détachée de ses membres, et c'est vrai que ça appartient aux membres, puis
c'est le même principe qui m'a, qui nous a guidés dans l'élaboration du projet
de loi. Ça fait que, je le dis avec respect, on a, au moins, cet intérêt commun
là de permettre aux membres de savoir, de permettre aux membres de s'exprimer
et de permettre aux membres d'influencer la façon dont certaines cotisations
sont utilisées.
Et je vais répondre peut-être à votre
question de façon générale, mais dans la définition de cotisation facultative,
il y a quatre catégories. Puis c'est sûr que, si on s'attaque à la constitutionnalité
d'une loi comme... bon, évidemment, je ne veux pas banaliser aucun cas, mais
dûment adoptée par l'Assemblée nationale, on doit obtenir, selon le projet de
loi, l'aval d'une majorité des travailleurs, qui s'expriment de manière
collective. Mais quand c'est une autre intervention, qui concerne la
négociation ou l'application d'une convention collective et les autres
conditions de travail des salariés qui sont représentés, ce n'est pas des
cotisations de la nature de ce qu'on appelle facultative, c'est la cotisation
principale. C'est quand même assez simple. Donc, ça relève de la cotisation
principale quand ça concerne la négociation ou l'application d'une convention
collective ou de ce qu'il...
M. Boulet : ...puis les autres
conditions de travail des salariés que vous représentez ou que l'association
syndicale représente. Ça fait que je pense que, là-dessus, on a véritablement
une communauté d'intérêts. C'est les membres, les membres et les membres. Et
c'est ça, constamment, qui nous intéresse.
Puis j'aime beaucoup votre recommandation,
là, parce que... notamment sur la modulation pour les états financiers. Je veux
traiter de ça. Ce que je comprends, parce que je n'ai pas eu le temps de lire
votre mémoire, c'est que vous y allez... vous préféreriez qu'on y aille selon
les revenus annuels de l'association accréditée. Est-ce que c'est bien ça, Éric
ou Me Daoud ou Piché, là? Est-ce que c'est... C'est Me Daoud, vous, hein?
• (17 h 10) •
M. Gingras (Éric) : Daoud, et
M. Piché, effectivement, mais pour...
M. Boulet : Daoud et Piché.
Il me semble que c'est Me Piché ou Éric... M. Gongras, excusez-moi.
M. Gingras (Éric) : Oui. Oui.
Oui. Bien oui, effectivement, ce qu'on veut regarder puis... qu'on est arrivé
avec ce montant-là, de 250 000 $, qui reste au local comme étant le
montant qui permet de garder l'équilibre entre l'intervention, la défense des
membres et la capacité, justement, de produire ce qui serait à ce moment-là une
mission d'examen. On ne va pas jusqu'à l'audit, mais donc ça nous permet
d'avoir... Et on a questionné, on est allés voir, là, différentes personnes
pour notre monde, pour voir qu'est-ce qu'on peut faire avec ce montant-là puis
on a établi la barre à 250 000 au niveau local, plutôt qu'au nombre de
membres, parce qu'en fonction de la catégorie d'emploi d'où proviennent les
différents membres, ça a un impact. Il y a des membres, écoutez, là, qui sont à
temps partiel, qui sont à horaire variable, et 50 versus 102, en fonction du
salaire obtenu, il y a un... il y a un impact.
Je vais quand même me permettre de vous
dire que sur l'autre bout que vous avez mentionné, il y a peut-être une
compréhension que les membres doivent décider, mais vous devez comprendre quand
même que ce projet de loi là met beaucoup le ministre au centre des décisions.
Puis nous, ce qu'on aimerait, c'est que ce soient les membres. Et, dans ce
cas-ci, le ministre vient imposer des sujets, et c'est là-dessus que,
malheureusement, on ne s'entend pas.
M. Boulet : Non, mais il y a
des sujets qui sont déjà concernés, visés par le Code du travail, comme les
ratifications de conventions, l'élection à des postes électifs, les droits de
grève aussi, la cotisation facultative. Mais, M. Gingras, je veux juste finir,
avant, là. Donc, vous dites, mettons... Puis c'est quoi, les revenus annuels
générés par l'association? C'est, mettons, en bas... entre 250 et 500...
M. Gingras (Éric) : À
250 000 et moins, c'est le statu quo par rapport à ce que c'est maintenant.
M. Boulet : Des états
sommaires.
M. Gingras (Éric) : Des états
sommaires, et 250 000 $ et plus, mission d'examen.
M. Boulet : OK. Et puis il
n'y a pas, mettons, un audit à 500 000 $, donc, c'est une mission
d'examen.
M. Gingras (Éric) : Oui.
M. Boulet : Puis une mission
d'examen, ça doit être fait par un CPA.
M. Gingras (Éric) : Absolument.
M. Boulet : OK. Sincèrement,
puis je le dis rarement dans les consultations particulières, je trouve ça
intéressant. Puis je ne dis pas qu'on va nécessairement faire ça, mais je
trouve que c'est une proposition qui est intéressante. On jugeait que c'était
peut-être préférable d'y aller en fonction du nombre de salariés dans l'unité
d'accréditation syndicale, mais je trouve ça intéressant. Vous, de toute façon,
vous... à la CSQ, c'est un état financier audité, hein, je pense bien?
M. Gingras (Éric) : Je sais
qu'il y a des audits de services, là, en tout cas, c'est... Ça, je vais laisser
mes collègues à la comptabilité pouvoir vous revenir avec une réponse, M. le
ministre.
M. Boulet : OK. Pour le
rapport annuel faisant état de l'utilisation des ressources financières, quel
serait, M. Gingras, votre commentaire? Est-ce que... Tu sais, parce qu'on
s'entend, Je pense qu'on a un intérêt commun, c'est les membres. Est-ce que les
membres devraient normalement savoir le salaire ou les dépenses de fonction,
les frais de voyage, les frais de ci? Est-ce que vous pensez que c'est les
membres qui devraient avoir accès à cette information-là?
M. Gingras (Éric) : Écoutez,
on part sur la prémisse, à la CSQ qu'étant donné qu'il y a des rapports qui
sont faits, qu'il y a des missions d'examen déjà qui sont menées chez beaucoup,
puis il y a probablement des audits aussi qui sont faits, là, je veux dire,
c'est... avec l'autonomie des différents syndicats, il y a du travail qui est
fait. Après ça, les états financiers sont remis, et c'est là-dedans qu'on les
trouve. Et il y a des questions qui sont posées.
C'est pour ça que, vous savez, cette
question-là... Je sais qu'on parle de situations qui se sont produites, sauf
que la réalité du terrain qu'on représente, plus de 250 syndicats comme chez
nous, c'est que...
M. Gingras (Éric) :
...quand
même un document qui est remis, et ça, là-dessus, on le dit, on est d'accord
qu'il soit remis en assemblée, on est d'accord qu'il soit rendu disponible,
tout comme les états financiers et les éléments, donc, le rapport de la CSQ.
Mais qu'est ce qu'on y retrouve? Écoutez, quand le rapport est fait puis qu'on
suit les normes, quand le comptable, quand il y a des états financiers qui sont
proposés avec une mission d'examen, on les retrouve. Maintenant, on voit que
certains, par exemple, qui vont avoir deux membres de l'exécutif rémunérés, ça
va être écrit en bloc, le salaire avec tous les avantages sociaux. Mais en
assemblée générale, quelqu'un peut se lever puis dire : mais c'est quoi le
salaire? La part de chacun? Et en assemblée, quelqu'un peut poser une question,
à savoir dans tel... et ça, on est d'accord pour que ça reste comme ça, que ça
soit là et que ça soit disponible.
M. Boulet : C'est parfait,
moi, je suis à peu près sur la même longueur d'onde que vous.
M. Gingras (Éric) :
Mais
on ne veut pas imposer des éléments.
M. Boulet : Mais vous avez des
pratiques, à la CSQ, qui sont similaires à ce qui est contenu dans le projet de
loi en ce qui concerne le bloc de transparence, c'est ma compréhension. Puis,
quand vous me posez la question...
Des voix : ...
M. Boulet : ...on va, on va...
oui?
M. Gingras (Éric) : ...être
certain, pour qu'il n'y ait pas de malentendu, désolé. Juste... parce que je ne
voudrais pas prétendre que tout le monde fait ça, là. Je veux juste qu'on
s'entende.
M. Boulet : Je comprends.
Mais évidemment, le but, c'est d'avoir des pratiques les plus compatibles avec
la volonté des membres, comme vous appelez, partout au Québec. Parce que dans
toutes les lois qu'on fait, la majorité des entrepreneurs ou des employeurs, ou
des travailleurs ou des syndicats les respectent déjà. Quand l'État intervient
et fait une loi, c'est pour régler des problématiques sociales. On a été
confrontés, malheureusement, à des problématiques sociales dont la pointe de
l'iceberg a été révélée par les médias, et il y a d'autres cas qui sont moins
connus, là. Mais je vais juste revenir sur l'aspect facultatif. Le
facultatif... tout ce qui concerne la campagne de publicité, le mouvement
social, y compris les activités de nature politique, ça fait partie de la
cotisation principale quand ça concerne la promotion ou la défense des droits
conférés par une loi ou par une convention collective. On dirait que tout le
monde essaie de compliquer ce qui est simple dans la définition. Puis, je le
répète, il y a un syndicat qui, sur la... tu sais, il y a, des fois, des
syndicats qui me disent : c'est peu, la cotisation facultative. C'est peu,
tant mieux, mais le principe est important de pouvoir obtenir l'aval d'une
majorité des travailleurs. Je pense que ça va être important, en étude détaillée,
là, je réalise que le niveau d'absorption du contenu du projet de loi, on a
tous ensemble à l'augmenter. Oui, je vous laisse aller, vous voulez intervenir,
oui?
M. Gingras (Éric) : C'est
parce que je vous ai posé une question sur le droit des femmes, là, je vais
vous... je vais arriver avec la même question parce qu'effectivement, écoutez,
peut-être qu'on se trompe, là, mais quand on lit ça, il y a une partie de nos
interventions qui, pour nous, sont importantes. Par exemple, au dernier congrès
de la CSQ, où il y a une orientation pour intervenir sur les logements sociaux,
sur le problème de pénurie de logements. Ce n'est pas un problème de convention
collective, par contre, quand on représente des cégeps dans les régions, quand
on représente des... des milieux urbains, quand on pprésente des gens qui ont
des salaires plus bas, ils ont des problèmes de logement. Je pourrais
intervenir seulement sur les conventions collectives, mais on n'arrive jamais
exactement au montant qu'on aimerait, hein, quand on négocie? Mais quand on
travaille là-dessus, ça touche nos membres.
M. Boulet : Mais la réponse
est simple, si ça concerne la promotion ou la défense des droits conférés par
une loi ou une convention, c'est... ça relève de la cotisation principale,
sinon ça relève d'une cotisation facultative. Et la cotisation facultative, M.
Gingras, vous m'avez entendu souvent le dire, ce n'est pas d'interdire, ce
n'est pas d'empêcher, c'est de faire, mais d'informer et de permettre, en
assemblée générale annuelle, de voter. C'est comme un budget. Puis je...
j'entendais, tout à l'heure, des collègues... ce n'est pas d'intervenir à tous
les deux mois pour faire voter, non. C'est de bien présenter ça comme un budget
en début d'année à l'assemblée générale annuelle, puis quand il y aura un
premier cycle de complété, tu représentes, mais là, tu as un rapport sur
l'utilisation des ressources financières que tu auras présenté aussi à ta
première assemblée générale annuelle, et ça, ça va contenir des détails sur les
dépenses de fonction, sur les salaires et sur c'est quoi la cotisation
facultative. Donc, il va y avoir un détail additionnel, parce que tout à
l'heure, on se...
M. Boulet : ...Bien là, on
ne refera pas les lois qui vont être à... Poser la question, c'est comme...
Donc, la loi permet de contester. La loi permet de faire des choses, mais après
avoir obtenu l'assentiment d'une majorité de travailleurs.
Je veux vous entendre aussi,
M. Gingras, sur le 24 heures. Est-ce que, parce que je pense que j'ai
exprimé l'intention qu'on avait, là, que ce 24 heures-là, dans le fond,
c'est pour permettre une participation accrue des membres. Vous appelez ça les
membres, puis j'aime ça, les membres. Mais moi, j'aime mieux la notion de
salarié qui est dans le Code du travail, parce que vous riez, parce qu'il y a
des gens qui ne sont pas membres de la CSQ, mais qui sont des salariés inclus
dans l'unité d'accréditation syndicale et qui sont obligés, en vertu de la
formule Rand, de payer la cotisation. Mais mettons que j'adhère à votre concept
de membre. Est-ce qu'un 24 heures discontinu ou un 24 heures où on
donne les coordonnées d'où on peut s'exprimer sans que ça soit nécessairement
électronique, où on peut aller exprimer un vote, ce que j'ai compris tout à
l'heure, est ce que vous avez dit que ça devrait, plutôt qu'être une période
minimale de 24 heures, je pense c'est vous, Me Piché, une période
raisonnable.
• (17 h 20) •
M. Piché (Jean-François) :
...raisonnable.
M. Boulet : OK. Puis
c'est quoi la durée raisonnable pour vous?
M. Piché (Jean-François) :
C'est aux membres à décider.
M. Gingras (Éric) : Bien,
justement, le membre...
M. Boulet : Donc on les
fait voter.
M. Gingras (Éric) : Le
membre va décider dans ses choix... ses règlements. On reconnaît qu'il faut
être diligents puis avoir une période importante. Mais de là à faire du
mur-à-mur à 24 heures, on impose des problèmes à des endroits où ça va
bien. Et ça, je pense que le législateur fait fausse route quand on essaie de
régler un problème qui, dans bien des cas, n'en est pas un. Donc, la notion de
temps raisonnable, ça va obliger tout le monde à se questionner. Mais bon an
mal an, ça va permettre aussi d'avoir quelque chose qui n'est pas mur à mur,
là, en assemblée.
M. Boulet : Tout à fait.
Je comprends bien. Puis la durée raisonnable, ça part avec la prémisse que de
faire un vote à une heure spécifique qui n'est pas accessible à une majorité de
travailleurs, n'est pas nécessairement l'idéal, disons.
M. Gingras (Éric) : J'ai
confiance en mon assemblée générale qui va se concentrer là-dessus.
M. Boulet : Vous avez
très bien compris ma question, mais écoutez, moi, j'aimerais ça que... En tout
cas, j'ai adoré votre présentation. C'est raisonné. Non, mais moi, j'aime faire
des consultations, M. Gingras, dans une relative sérénité, dans une
ambiance où on peut construire ensemble, puis ne serait ce que pour les états
financiers modulés en fonction des revenus annuels, évidemment, je vais
travailler avec les groupes, mais c'est une hypothèse que je vais travailler.
Le rapport sur l'utilisation des ressources financières, je pense que vous avez
bien compris qu'on... On ne demande pas dans le projet de loi de faire des
interventions à tous les x mois, puis que les informations qui sont données là,
pour une bonne part, la CSQ a des pratiques qui sont compatibles avec ça. Pour
la gouvernance, le cœur de ça, c'est les votes, j'aime aussi votre opinion,
puis les cotisations facultatives.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Merci, M. le ministre. Ça met fin...
M. Boulet : Merci
beaucoup de votre présence...
Le Président (M. Allaire) :
...au bloc d'échange avec la partie gouvernementale. On enchaîne avec
l'opposition officielle, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à
vous.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Gingras, Me Daoud, M. Piché. Merci pour
votre présentation. Je vais commencer avec le concept de cotisation
facultative. Vous m'avez peut-être entendu un peu plus tôt. Donc, moi, je suis
membre du Barreau du Québec et on a entendu. Donc, j'ai pris acte de la mise en
garde, donc, qui a été présentée par le Barreau du Québec et également celle
qui est arrivée, donc, aujourd'hui de la part de la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse quant à vos... à un certain risque, donc,
d'érosion de droits. À l'égard de la cotisation, donc, facultative, donc, vous,
donc, vous dites, donc, il y a un certain rôle que vous jouez, donc, qui est
scellé, donc, qui est présenté, donc, dans le cadre du Code du travail. Et je
comprends de votre présentation que, selon vous, l'introduction de cette notion
dans le cadre du projet de loi n° 3 viendrait en...
serait un peu en contravention avec le rôle qui est celui des syndicats tel que
présenté dans le Code du travail. C'est bien ça?
M. Gingras (Éric) : Oui.
Puis ça me permet justement de donner l'exemple, là, que j'avais... Puis j'ai
posé une question. J'ai eu une réponse malheureusement pas assez claire, là,
mais prenons l'exemple de l'équité salariale à la CSQ. Je le prends comme
exemple parce que c'est un dossier qui a été très, très important avant qu'il y
ait une loi sur l'équité salariale au Québec. Et il y a eu du travail qui était
fait de mobilisation, d'intervention pour travailler sur l'équité salariale. La
CSQ, on représente plus de 80 % de femmes dans beaucoup... dans des
métiers du prendre soin, donc, des métiers...
M. Gingras (Éric) : ...souvent
avec un salaire plus bas en comparaison aux hommes... ceux des hommes. Donc, on
est vraiment intervenus à ce niveau-là, mais si on prend l'exemple où en
1995-1996, avant la loi sur l'équité salariale, il y avait eu cotisation
facultative. Ça, ça aurait été une cotisation facultative. Du moins, c'était ma
question, je présume. J'espère que non, mais je présume. Et donc on aurait fait
le tour des syndicats et peut-être, disons, que les deux tiers auraient dit
oui. Ils étaient d'accord avec ça. L'autre pas qu'ils auraient été contre le
principe de l'équité. Mais ils n'y auraient pas cru parce qu'il y a beaucoup de
femmes à ce moment-là, fin des années 90, n'y croyaient pas à la Loi sur
l'équité, avant qu'elle soit adoptée ici. Bien, à ce moment-là, les deux tiers
auraient adopté, on aurait continué. Éventuellement, on l'aurait eu, et tout le
monde en aurait bénéficié.
Donc, quand on dit qu'on vient jouer dans
le principe de la formule Rand, en voilà un bel exemple. Les free riders
auraient à ce moment-là bénéficié de ça. Et là, j'amène à dire : Est-ce
qu'au Québec, la cause de l'équité salariale et du droit des femmes ne valait
pas la peine et nécessitait d'être facultatifs? Pour moi, à sa face même, ça
devait et ça doit continuer à être fait. Puis je donne l'exemple, par exemple,
de présentement, avec le droit des femmes, les dangers reliés notamment aux
violences à caractère sexuel. On doit continuer à militer dans ce sens-là puis
ça, ce n'est pas facultatif à la CSQ.
Mme Cadet : Justement, vous
venez de le dire. Donc, vous avez posé une question au ministre, ça aussi, il
vous a répondu, que, si l'intervention concerne des droits conférés par une loi
ou par une convention, bien, cette intervention, donc, ferait l'objet d'une
cotisation principale. Est-ce que vous êtes rassurés par la réponse du
ministre?
M. Daoud (Marc) : En fait, pour
répondre à ça, dans le premier... le premier paragraphe du... de l'article
proposé 47.0.1, on parle que « toute intervention qui serait de
nature à contester la constitutionnalité d'une loi doit faire l'objet d'une
cotisation facultative ». Et ça, ça pose pour prémisse que les syndicats,
ce sont des gens inaptes à... des personnes morales inaptes à exercer leurs
droits fondamentaux. Limiter le droit d'une entité, d'une personne qui a la
personnalité juridique, ce n'est pas rien. C'est extrêmement encadré dans le
droit québécois. On peut penser par exemple aux personnes quérulentes ou qui
doivent aller demander l'autorisation d'un juge par exemple, ou d'une juge pour
pouvoir exercer un recours. Dans ce cas-ci, si on a le désir de contester parce
que survient un problème et qu'il y a une urgence pour contester une loi,
constitutionnellement, par exemple, qui concernerait le droit des femmes, le
droit des travailleurs ou toute autre cause qui est reliée au travail, on
serait obligé de passer par la cotisation facultative. Et ça nous empêcherait,
si on n'a pas passé par ce processus-là, qui est un processus qui doit se
répéter à toutes les années, qui nous considère aussi comme des personnes étant
inaptes, mais à ce moment-là, on ne peut pas exercer un droit qui est garanti
fondamentalement.
Mme Cadet : Bien, justement,
Maître Daoud, vous venez de parler de droits garantis fondamentalement, vous
l'avez dit, les syndicats disposent de la personnalité juridique. Est-ce que,
dans notre cadre législatif, il existe donc d'autres exemples, hormis donc
l'exemple des personnes quérulentes, où le droit donc de pouvoir contester la
constitutionnalité, donc, une loi ou d'un règlement est encadré donc de façon
aussi stricte que ce que propose le projet de loi 3?
M. Daoud (Marc) : Absolument.
Les personnes... des personnes qui sont inaptes, qui sont sous tutelle, sous
curatelle, on peut penser aux enfants mineurs, pour x raison, ils pourraient
contester la constitutionnalité d'une loi, mais ils seraient obligés de passer
par un... par exemple une curatelle ou une tutelle, un conseil, etc. Donc, ce
sont les cas qu'on retrouve et les syndicats, ils ne sont pas inaptes. Nos
membres sont capables de prendre des décisions, ils sont capables de se
gouverner et on doit avoir tous les moyens d'exercer notre rôle pleinement. Et
ce n'est pas au gouvernement à décider que... ou à nous restreindre notre droit
de contester constitutionnellement une loi.
Mme Cadet : Est-ce que vous
pensez que ces dispositions précises qui se trouvent dans le projet de
loi 3 passeraient les tests des tribunaux? Parce que... si on n'a pas de
clause dérogatoire qui présentée dans ce projet de loi.
M. Daoud (Marc) : J'ai une
forte opinion là-dessus. J'ai une forte opinion là-dessus.
Mme Cadet : Puis justement,
donc, vous avez entendu les échanges précédents. Donc, le ministre donc, plus
tôt, donc, nous disait, donc, c'est assez simple, une fois par année, donc, les
syndicats, donc, peuvent présenter, donc, un budget, donc avec ce qui ferait
l'objet d'une cotisation facultative. On s'entend que, pour un don à Centraide,
par exemple, si c'est annuel, donc c'est... c'est assez simple. Mais si on
reprend l'exemple de la contestation de la constitutionnalité, donc, d'une loi
ou d'un règlement, c'est un petit peu plus difficile à budgéter de façon très
précise.
Je vais prendre les questions que j'ai
posées à d'autres intervenants. Donc, est-ce que vous pensez que... d'une part,
que c'est réaliste...
Mme Cadet : ...pour les membres,
donc, de se faire présenter, donc, un budget comme celui-ci, avec un potentiel
de contestation, en disant. Bien, voici ce que l'on réserve, ce qu'on met dans
notre fonds, et voter en faveur de ce que vous ne connaissez pas d'emblée
d'abord.
M. Gingras (Éric) : Bien,
c'est ça qui est paradoxal, c'est qu'on cherche à informer les membres et à les
faire... à les faire décider avec de l'information, c'est comment on fonctionne
comme organisation syndicale, et là on nous dit... Parce que notre prémisse
c'est de dire : Bien, moi, habituellement, quand je présente un budget, je
dis aux membres qu'est-ce qui va être dedans. Là, ce qu'on nous dit, c'est que,
pour éviter justement de retourner les voir, bien, on va dire : Bien,
voici quelque chose s'il y a contestation.
• (17 h 30) •
Puis là je vais aller encore plus loin, en
assemblée, habituellement, l'assemblée est souveraine, donc les gens peuvent
décider d'amender des propositions, dans la salle. Imaginez où la centrale, là,
va voir ses 250 syndicats, présente ce qui est facultatif, ce qui ne l'est pas,
et qu'après ça, dans chacun de ces 250 syndicats là, qui, des fois, ont
plusieurs accréditations, donc, là, je peux être à 1 000 accréditations,
1 000 assemblées, et que chacun décide de faire des amendements. Parce
que, sinon, l'inverse, c'est-à-dire : vous n'avez pas le droit de faire
d'amendements, je suis désolé, à la CSQ, quand tu fais une assemblée générale,
tu as le droit d'amender. Donc, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, à
sa face même.
Alors, ce qu'on dit, la meilleure façon
d'y arriver, c'est de revenir avec l'élément de base, qui est de donner de
l'information sur les états financiers, sur ce qu'on fait, et ça, cette
transparence-là, on est d'accord, mais lorsqu'on vient jouer sur les
cotisations, on rentre dans quelque chose qui devient complexe, mais, après ça,
qui, à sa face même, ne donne pas beaucoup plus... je donne cet exemple-là,
même qu'on enlève la possibilité. Moi, si je présente en assemblée générale...
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci. Désolé, ça met fin à ce bloc d'échange. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
allez-y.
M. Leduc : Terminez donc, là,
vous étiez bien parti. Terminez donc, rapidement, là, vous étiez bien parti.
M. Gingras (Éric) : Non,
j'allais juste dire que ça veut dire qu'en assemblée, on a le droit de
dire : Bien, moi, mon argent, je ne le mettrais pas là, je le mettrais là,
et donc l'amender. Et ça, c'est le pouvoir de l'assemblée de pouvoir le faire.
M. Leduc : Merci. À votre
recommandation un, le 250 000 $ comme meilleure façon de distinguer
les grosses, petites sections locales, l'échange que vous venez d'avoir avec le
ministre, il disait que c'était bien intéressant, on va regarder ça, mais je me
suis rappelé que, dans votre mémoire du projet de loi n° 101, d'il y a à
peine quelques semaines, vous recommandiez la même chose. Ça fait que le
ministre, il l'a eu, là, le temps de le regarder puis de l'examiner. Il n'y a
pas de surprise aujourd'hui avec cette position-là, là.
M. Gingras (Éric) : Non.
Bien, il y a deux choses. Premièrement, on est conséquents, c'est ça qu'il faut
se dire.
M. Boulet : Oui, ça...
M. Gingras (Éric) : Donc, déjà
là, c'est bon. Puis je dirais que, malheureusement, au lieu de regarder notre
mémoire, il a préféré peut-être regarder ailleurs, mais là, dans ce cas-ci, je
pense qu'on a une position qui est intéressante. On l'a retestée, d'ailleurs,
soit dit en passant, dans notre conseil général, pour voir si encore une
fois... Et sachez une chose, là, c'est que les collègues des différentes
fédérations nous ont dit : Attention, là! Si c'est adopté tel que présenté
dans le projet de loi, c'est majeur, ça va... ça va vraiment amener de petites
organisations... J'ai des fédérations qui me l'ont dit, tu sais : Nous,
là, ça vient, ça vient... ça vient empêcher notre pouvoir d'action, et ils sont
derrière, donc, cette représentation-là qu'on vient refaire, puis on est
contents de venir la refaire parce qu'on a encore une chance de le faire
changer.
M. Leduc : C'est de
l'éducation. Des fois, il faut répéter les mêmes choses, puis, à un moment
donné, ça...
M. Gingras (Éric) : Exactement.
Om est habitués.
M. Leduc : C'est ça. Ça fait
que, pour le bénéfice du ministre, c'est les recommandations sept, huit et neuf
du mémoire de la CSQ, du projet de loi n° 101, dont nous avons traité ici
il y a quelques semaines.
L'application, moi, de ce projet de loi n° 3
me semble complètement cauchemardesque, pour avoir été syndicaliste longtemps
moi-même. Ce que j'ai compris, c'est que votre présence à vous ici aujourd'hui,
par exemple, postapplication du projet de loi, serait une dépense facultative.
Il faudrait que vous preniez votre salaire pour les heures de ce que ça prend,
les heures de préparation, le transport, le kilométrage, la chambre d'hôtel,
potentiellement, que vous mettiez ça avec le salaire de vos deux collègues
aussi, peut-être, s'il y a quelqu'un des coms qui vous accompagne, que vous
fassiez une espèce de calcul, que vous mettiez ça dans le facultatif, puis là,
que vous deviez deviner d'avance combien de fois vous allez vous faire
convoquer ici en commission parlementaire l'année prochaine. Est-ce que vous
aviez compris la même chose que moi?
M. Gingras (Éric) : Bien, je
vous dirais qu'on espère que ce n'est pas ça. Parce que le problème, il est un
peu là, c'est que, quand on fait la lecture de ça, pour avoir donné à notre
service juridique la possibilité, justement, de nous faire un retour là-dessus,
c'est qu'effectivement on pourrait lire ce que vous venez de dire, là, et je
trouve qu'on est très loin, de un, de l'esprit de ce qui a été présenté dans
l'espace public, mais, de deux, l'enjeu, l'enjeu qu'on tente de régler pour
nous, bien, c'est un enjeu qui n'est pas présent. Si on donne la possibilité
aux membres de se prononcer sur le budget...
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci. Désolé, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve...
17 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Allaire) : ...ça
met fin à votre bloc, à vous. M. le député de Jean-Talon, la parole est à vous,
2 min 52 sec.
M. Paradis : Merci. Vous
écrivez, dans votre mémoire, que vous êtes d'accord avec la transparence, mais
pas avec l'ingérence, que le gouvernement, avec ce projet de loi, vient s'ingérer
dans la façon dont vous organisez vos affaires. Vous dites que ça va à l'encontre
d'une décision de la Cour suprême du Canada, l'affaire Lavigne, vous dit que...
vous dites que ça va créer... vous écrivez que ça va créer beaucoup de
paperasse, vous venez de nous dire que ça va créer des processus interminables,
vous ne savez même pas comment ça va se gérer. Mais vous écrivez aussi que c'est
une ingérence totalement inacceptable et même une attaque inqualifiable visant
les activités réalisées par les organisations syndicales depuis 150 ans. Est-ce
que vous avez des comparables, récemment, dans l'histoire récente du Québec,
là, de projets de loi qui viennent faire ce que vous dites dans le... dans le
projet de loi?
M. Gingras (Éric) : Pour le
monde syndical, non, là. Puis, écoutez, là, je veux dire, on est contents et
fiers des batailles qu'on a menées à travers les différentes décennies. Je le
répète, la CSQ est une organisation à majorité de femmes et les batailles qu'on
a menées, tant au niveau social, on a juste à penser au congé parental, qui
était, à ce moment-là, des congés de maternité. Quand les profs, au tournant
des années 80, n'avaient qu'un mois, 30 jours après ça, 60 jours, sinon ils
perdaient leur emploi. C'est des batailles qu'on a menées, ça, qui ne sont pas
dans une convention collective, mais qui étaient menées pour les femmes du
Québec.
M. Paradis : Vous parlez de
celle-là. Vous avez parlé de plein d'avancées sociales dans votre mémoire puis
dans votre intervention. Si la loi, le projet de loi 3, avait été en vigueur à
ce moment-là, est-ce que vous auriez pu mener ces combats-là, qui ont mené à
des grandes avancées sociales au Québec?
M. Gingras (Éric) : La
réalité, c'est que, si on se fie au texte, la réponse est oui, si les gens
votent pour. Mais vous le savez comme moi, là, lorsqu'il y a des idées qui sont
mis de l'avant, encore faut-il qu'on soit capable d'avancer, puis
malheureusement, là, ce qui est là, ça nous empêche de fonctionner avec tous
les exemples que j'ai donné, là, de problèmes organisationnels, d'arriver à
avoir une décision alors que, présentement, les décisions sont prises en
assemblée et on est capables de faire avancer les choses.
M. Paradis : ...
M. Gingras (Éric) : Exactement.
M. Paradis : ...la paperasse,
les coûts puis les décisions que ça va prendre, que ça n'arrivera pas, ces
avancées sociales...
Le Président (M. Allaire) : 30
secondes.
M. Paradis : Vous représentez
225 000 travailleurs et travailleuses, je pense, depuis de très nombreuses
décennies. Est-ce que vous avez été consultés par le ministre Boulet avant qu'ils
déposent ce projet de loi?
M. Gingras (Éric) : Je l'ai
dit d'entrée de jeu, c'est une belle occasion manquée pour faire du dialogue
social. On aurait pu asseoir les partis et se concentrer sur ce qui n'allait
pas et donc trouver des solutions. On aurait été au rendez-vous.
M. Paradis : ...jamais eu l'occasion
de présenter les très nombreuses suggestions que vous faites dans votre mémoire?
M. Gingras (Éric) : Malheureusement,
non.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci, ça met fin à ce bloc d'échange avec le député de Jean-Talon. M. le
député de Saint-Jérôme, 2 min 12 sec, la parole est à vous.
M. Chassin :Merci. Bonjour. Désolé, j'ai manqué votre présentation,
mais néanmoins, il y a un aspect, pour moi, qui me semble intéressant puis...
puis porteur. L'affaire Lavigne, je pense que ça date de 91. Depuis, il y a eu
des changements dans d'autres parties du monde, notamment, moi, je pense
surtout, en fait, à une décision de la Cour européenne des droits de l'homme,
en 2006, 2007, quelque chose comme ça. Aujourd'hui, est-ce que vous pensez que
si les cours étaient saisies de la même question, de l'affaire Lavigne, bien,
ça serait plus difficile de dire : c'est une limite à des droits
fondamentaux qui se justifient dans le cadre de sociétés libres et démocratiques,
vu qu'on est clairement l'exception dans les sociétés libres et démocratiques quant
à l'utilisation des cotisations syndicales à d'autres fins que les
négociations.
M. Gingras (Éric) : Bien, sur
l'aspect plus légal, mon collègue peut répondre.
M. Daoud (Marc) : Oui, oui,
tout à fait. En fait, ce qu'on constate au Canada de manière générale, au
Québec aussi, c'est... ces dernières années, il y a eu, en fait, depuis... depuis
la décision Lavigne, il y a eu un renforcement, il y a une protection de plus
en plus évidente du droit d'association en général, mais aussi du droit d'association
dans le cadre des relations de travail. Et on le sait maintenant, par exemple,
les...
Une voix : ...
M. Daoud (Marc) : Oui, je
sais, mais... mais je parle du droit... puis la... la Cour suprême, en fait, la
cotisation syndicale est un outil sans... Sans la cotisation syndicale, les
syndicats ne peuvent pas exister, les salariés ne peuvent pas exercer leur
rapport de force. C'est quelque chose qui est... tout à fait nécessaire et qu'on
ne peut pas tout simplement briser en deux, essayer de... essayer de diviser.
M. Chassin :En fait, c'est un peu le concept du resquilleur, là, le free
rider... comme économiste, je comprends tout à fait...
M. Chassin :...la nécessité de faire cet ensemble-là, mais, en même
temps, la liberté de s'associer, ça doit aussi être la liberté de ne pas
s'associer, n'est-ce pas?
M. Gingras (Éric) : ...si je
peux me permettre. Tu sais, quand on compare, là, vous avez comparé avec
d'autres décisions...
Le Président (M. Allaire) : Malheureusement,
malheureusement, ça met fin à ce...
M. Gingras (Éric) : Ah! ça
s'en allait bien.
Le Président (M. Allaire) : Oui.
Ça met fin à ce bloc d'échange. Merci aux trois représentants de la Centrale
des syndicats du Québec. Encore une fois, merci pour vos interventions dans le
respect.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 17 h 45)
Le Président (M.
Allaire) :Alors, nous allons reprendre
les travaux. On accueille avec nous les trois représentants de la Centrale des
syndicats démocratiques. Donc, bonjour à vous. M. le ministre, on a commencé.
Mais c'est des salutations d'usage, donc c'est bien, c'est parfait. Messieurs,
donc, je vous laisse le soin de vous présenter, peut-être débuter votre...
votre allocution, pardon, de 10 minutes. La parole est à vous.
M. Vachon (Luc) :Alors, merci. Je suis Luc Vachon. Je suis le président de
la Centrale des syndicats démocratiques, donc la CSD. Je suis accompagné de
Carl Dufour, qui est le président de la CSD-Construction, et de Francis Fortier
qui est conseiller syndical à la recherche à la CSD.
Alors, bien, bien entendu, bonjour, M. le
Président, M. le ministre, mesdames, messieurs les parlementaires. Merci de
nous permettre de faire entendre la voix de la CSD et de ses membres sur le
projet de loi n° 3.
J'avoue cependant être ici avec un
sentiment partagé. Nous devons prendre la parole parce que nous ne pouvons pas
rester silencieux, parce que ça touche directement à la démocratie syndicale,
mais je ne peux pas cacher ma déception de constater qu'un gouvernement
québécois choisit de procéder de cette façon au lieu de favoriser le dialogue.
Maintenant, sur le PL 3, Loi visant à
améliorer la transparence, la gouvernance, le processus démocratique de
diverses associations en milieu de travail, il suffit d'une connaissance
minimale du fonctionnement syndical pour constater que rien dans ce projet de
loi ne correspond véritablement à ce que prétend son titre. Lorsqu'on jumelle
le contenu du projet de loi avec les déclarations à l'emporte-pièce du premier
ministre de discours politiques ambiants, s'il existait encore un doute sur les
véritables intentions de ce projet de loi, il disparaît immédiatement.
Examinons ces véritables intentions. Il
faut dire que ce projet de loi là ne vient pas seul. Il s'inscrit dans une
idéologie, une lignée d'actions prises depuis environ deux ans par le gouvernement
et qui sont bien traduites dans les propos du premier ministre lui-même,
c'est-à-dire de s'attaquer aux syndicats. Il faut se souvenir que, déjà en
2018, c'était dans les cartons, les intentions étaient annoncées de s'en
prendre aux syndicats. M. Legault avait alors annoncé qu'il ne le ferait pas
dans un premier mandat. Nous en sommes à la fin du deuxième.
Le ministre du Travail utilise une
stratégie qui est efficace, un ton calme, rassurant, semblant montrer une
ouverture, la répétition en boucle de quelques cas isolés, une stratégie habile
qui a fait ses preuves, qui réussit à créer dans la population, population qui,
malheureusement, ne connaît pas bien le fonctionnement des syndicats, une
perception... donc crée une perception erronée ou incomplète de leur
fonctionnement. Dépeindre un portrait des organisations syndicales et des
syndicats un peu comme un repère d'abus, d'opacité, voire de malhonnêteté,
c'est un discours qui peut bien plaire aux oreilles, avouons-le. Et
reconnaissons aussi que les syndicats n'ont pas assez mis de l'avant leurs
réalisations collectives. Ça a laissé place à un discours antisyndical.
Mais qu'en est-il vraiment des problèmes
avec les syndicats? Sur le volet de la transparence financière et de
l'imposition des vérifications comptables : deux seuls cas soulevés de
mauvaise utilisation des fonds et ne visent qu'une organisation. Je ne viens ni
ici la défendre ni la juger. Ça appartient à ses membres de le faire. Il faut
d'ailleurs noter que cette organisation, comme la plupart des grands syndicats
et des grandes organisations, procède déjà à des vérifications comptables, soit
une mission d'examen ou une mission d'audit. La dénonciation des actes
reprochés qui ont été utilisés pour soutenir le projet de loi ne provient pas
de ces...
M. Vachon (Luc) :...de ces vérifications comptables, mais bien de personnes
de l'interne de l'organisation. La CSD l'a déjà soulevé au ministre, que le
meilleur outil pour assurer une saine gestion des finances syndicales, ça ne
provient pas d'une vérification comptable, qui, dans ce qui est proposé,
d'ailleurs, sera souvent disproportionnée avec les revenus du syndicat, mais
par la désignation d'un comité de vérification interne composé de personnes
nommées par les membres.
Nous avons ça à la CSD, du plus petit au
plus grand syndicat, et pour la CSD elle-même. Nous n'avons jamais fait les
manchettes en 53 ans d'existence pour des cas de mauvaise utilisation des
fonds syndicaux. Que l'on veuille renforcer ou normaliser ce processus de vérification
interne, nous en sommes. Nous sommes même ouverts à l'instauration, dans
certains cas, d'une vérification comptable qui tienne compte de la réalité
structurelle et qui ne vienne pas miner la capacité des syndicats d'assumer
adéquatement leur rôle, leur représentation, voire, dans certains cas, de tout
simplement continuer d'exister.
• (17 h 50) •
Quant à la suite du projet de loi, nous
nous y opposons. Le fondement premier de notre opposition est à l'effet que le
ministre du Travail et le gouvernement n'ont rien à faire dans le
fonctionnement des syndicats. De venir ainsi s'immiscer dans la structure que
les membres veulent se donner, dans les règles de fonctionnement qu'ils
choisissent, en connaissant la meilleure manière de fonctionner, en considérant
leur réalité, c'est, d'une part, une ingérence nuisible et, d'autre part, ni
plus ni moins qu'une forme de mépris envers l'intelligence des travailleuses et
travailleurs.
La CSD exerce depuis 53 ans d'autres
organisations depuis plus longtemps encore. Tout au long, les membres ont pris
des décisions de fonctionnement qui leur convenaient le mieux et les ont
ajustées au fil du temps. Il y a sûrement eu des cas de distorsion, quelques
cas d'insatisfaction, des choses qui ont été commises, mais ils ont été
corrigés. Les personnes ont agi, elles ont pris leurs décisions, ajusté le
fonctionnement. Elles n'ont jamais attendu que le gouvernement s'en mêle.
Bien que, pour certains éléments, comme
d'inscrire le lieu et l'heure de l'assemblée dans une convocation semble
banale, dans mes 34 années d'implication syndicale, je n'ai jamais vu une
convocation d'assemblée qui n'indiquait pas le jour, le lieu et l'heure. Rien
que d'y penser, c'est ridicule. C'est justement parce que c'est à ce point ridicule
et inutile que ça démontre le désir d'ingérence du gouvernement.
Puis la procédure de vote, qui, sous des
airs de démocratie, ne vise qu'à créer des tensions, ça ne va aucunement
générer de meilleures prises de décision, en plus de créer un modèle dysfonctionnel
pour plusieurs organisations et l'antithèse de la démocratie. Le fonctionnement
d'un syndicat, les règles qu'il se donne, ça doit appartenir aux membres
uniquement de ce syndicat. Le gouvernement n'a pas d'affaire là.
Quant à la fameuse cotisation facultative,
là, j'avoue que ça dépasse l'entendement. Ce n'est pas une question financière,
ce n'est pas une question de droit des membres, c'est une question de fracture
de la solidarité collective. Les organisations syndicales sont structurées un peu
sur le même modèle que les gouvernements et que plusieurs organismes dans la
société en général. Leur format repose sur la force collective, la capacité de
défendre la cause de quelques salariés, voire d'une seule personne, en
partageant les coûts et les efforts que ça peut représenter, et ça, ça ne peut
se soutenir que par la collectivité. La société est construite comme ça. Le
gouvernement lui-même fonctionne sur cette base. Les filets de protection
sociale sont soutenus par la collectivité, pas par la participation
facultative.
Si le gouvernement croit que de décider de
se retirer du collectif dans les organisations syndicales, avoir le droit de
choisir si on soutient une cause ou non, c'est un bel exercice démocratique, je
l'invite à donner l'exemple. Qu'il soumette à la population du Québec la liste
des soutiens financiers qu'il veut accorder aux entreprises, qu'il permette aux
gens de choisir ce qu'il accepte ou pas de financer avec leurs impôts et leurs
taxes. Je serais tenté de dire que certains projets auraient moins de votes que
d'autres, mais, sans égard à ça, que le gouvernement donne l'exemple
d'exercices démocratiques et qu'il le donne, ce choix, et qu'on ne me dise pas
que c'est parce que les cotisations syndicales sont obligatoires parce qu'à ce
que je sache les impôts et les taxes, ce n'est pas volontaire. Mais ce qui doit
vraiment être retenu, c'est qu'une fracture de la collectivité dans les
organisations syndicales comme dans la société, ça ne doit jamais être
introduit. Ce serait une catastrophe sociale.
Quant aux contestations juridiques
tributaires de cotisations facultatives, la véritable intention transparaît
dans le discours, c'est rendre tellement difficile et complexe la possibilité
pour les organisations de financer ces contestations que ça deviendrait quasi
impossible. On se retrouve alors pratiquement sans aucun groupe social en
mesure d'opposer une voix face au gouvernement...
M. Vachon (Luc) :...si le gouvernement est tellement convaincu que ce qu'il
fait est bon pour tout le monde, il ne devrait pas craindre de voir des groupes
soulever des doutes, s'y opposer ou les contester juridiquement. De tenter de
réduire ces possibilités, c'est une forme de démonstration que le gouvernement
sait consciemment qu'il commet une dérive et qu'il ne veut pas se soumettre au
test des contestations des tribunaux.
Je terminerai en insistant que mon message
n'est pas une défense du statu quo. Pas du tout. On est prêts. Nous avons la
volonté de réfléchir à de nouvelles façons de faire, nous le faisons avec les
membres depuis longtemps et couramment. Il en est de même, j'en suis convaincu,
pour mes collègues des autres organisations. Chaque organisation évolue jour
après jour avec ses membres pour un meilleur fonctionnement, mais c'est à eux
d'en définir le fonctionnement, et à eux seuls. Nous sommes prêts aussi à
apporter une contribution plus grande, plus participative encore à la société
québécoise, à nous asseoir aux tables de dialogue avec les associations
patronales pour travailler conjointement à trouver des solutions nouvelles qui
vont respecter les droits des travailleurs et travailleuses, qui vont respecter
les principes à la base des lois actuelles qui visent à les protéger, mais,
pour ça, il faut que le contexte soit favorable puis il faut que cesse le
discours antisyndical. Il faut que les syndicats ne passent plus une grande
part de leur temps à se débattre juste pour revendiquer le droit d'exister. Les
organisations syndicales peuvent mieux contribuer encore qu'elles ne le font aujourd'hui,
mais il faut favoriser le développement de ce dialogue et non le déconstruire
comme le fait le gouvernement, actuellement. Il faut que le discours et les
actes changent, et vite.
Le Président (M. Allaire) : Merci
beaucoup. Ça met fin à votre allocution. Donc, M. le ministre, on enchaîne avec
votre section à vous. 16 min 30 s, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Merci à la CSD. M. Vachon, M. Dufour, M. Fortier, pour votre
présence, pour la préparation de votre mémoire et les énoncés, que je considère
particulièrement raisonnés. On peut être en désaccord puis s'exprimer dans la
sérénité et dans la civilité et le respect, puis j'apprécie beaucoup. D'emblée,
puis on se côtoie depuis un certain nombre d'années, M. Vachon, j'espère que je
n'ai pas un profil antisyndical. J'ai fait 15 lois, c'est ma 15e, puis on en a
fait en matière de violence, de harcèlement, de santé et sécurité,
d'encadrement du travail des enfants, on en a fait beaucoup. La loi n° 14,
qui était le PL n° 89, ce n'était pas pour le gouvernement, on a fait ça
pour le bien-être de la population, puis on en a eu, des conflits de travail,
malgré Saskatchewan, qui ont fait mal à une population souvent placée en
situation de vulnérabilité.
Le projet de loi n° 3, où on se
rejoint, puis vous l'exprimez de façon aussi raisonnée, ça appartient aux
membres, puis ce n'est pas le gouvernement. Il n'y a aucune reddition de
comptes à faire au gouvernement dans ce projet de loi là, zéro information à
transmettre. On donne des outils, on donne un stylo puis un crayon aux
travailleurs pour leur permettre de se mobiliser puis de s'exprimer. Puis je
crois fermement, puis c'est compatible avec mes convictions, que les syndicats,
plus ils seront transparents, plus ils seront crédibles. Et je pense que c'est
un projet de loi qui va contribuer à accroître la légitimité des syndicats. Ça,
je le crois fondamentalement.
Puis, si vous me demandez : Est-ce
que je crois au rôle social des syndicats? Bien sûr, que j'y crois. Bien sûr,
aussi, il faut reconnaître que le projet de loi là, loi n° 3, n'interdit
pas, il permet de faire, mais avec les membres, on peut-tu le faire avec les
membres. Est-ce que c'est 4 %, 5 % du montant des cotisations qui est
utilisé aux fins décrites à quatre paragraphes, ce sera à déterminer, mais que
le syndiqué ou la syndiquée CSD à Trois-Rivières puisse savoir c'est quoi, le
pourcentage de ma cotisation qui reste à Trois-Rivières puis le pourcentage de
ma cotisation qui s'en va à la centrale. Ça varie d'une à l'autre. Il y a des
syndicats, c'est 70 %, puis d'autres, c'est 30 %... bien, je pense
que vous ne me l'avez jamais dit, mais, si je suis un syndiqué CSD de
Trois-Rivières, il y a combien en pourcentage de ma cotisation qui va à la
centrale? Je ne le sais pas, mais est-ce que j'ai le droit de le savoir? Je
suis obligé de payer la cotisation. Ça fait que ce n'est certainement pas dans
une perspective antisyndicale. C'est dans une perspective de donner à des
travailleurs, travailleuses des moyens...
M. Boulet : ...de s'exprimer
et de... d'avoir un mot à dire dans la façon dont les cotisations sont
utilisées. On va y aller... Le bloc transparence, M. Vachon, je pense que vous
référez... puis je l'ai devant moi, votre modulation. Est-ce que c'est bien
moins de 80 000, excluant la cotisation à la centrale? C'est quoi? Est-ce que
vous pouvez me le dire, là, en général, le pourcentage de la cotisation payée
par moi, syndiqué à Trois-Rivières, qui va à la centrale? C'est-tu 20 % ou
40 %?
• (18 heures) •
M. Vachon (Luc) :
En fait, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne à la CSD, c'est un montant
fixe, le syndicat... Chaque syndicat fixe sa propre cotisation en fonction de
ce qu'il souhaite avoir pour accomplir son... son mandat.
M. Boulet : OK. Donc, est-ce
que les syndiqués de l'unité CSD à Trois-Rivières pourraient décider que tout
reste au local?
M. Vachon (Luc) :
Ils ne pourraient pas décider que tout reste à Trois-Rivières, parce qu'il y a
une redevance...
M. Boulet : Une redevance, OK.
M. Vachon (Luc) :
...obligatoire qui est versée. Il y a une redevance qui doit être versée à la
CSD en contrepartie des services qui sont offerts.
M. Boulet : Et ça correspond à
quel pourcentage, à peu près, M. Vachon? C'est-tu entre 20 % et 40 %?
M. Vachon (Luc) :
Bien, comme je vous dis, ça dépend des... ça dépend des syndicats, mais je vous
dirais qu'on paye autour... peut-être autour de 50 %, 60 %.
M. Boulet : OK. Le but du
projet de loi, c'est de donner le pouvoir aux membres dans les unités locales
de s'exprimer. Si je paye 100 $ puis que je sais que 50 % va à la
centrale, bien, j'aimerais ça le savoir, un, que c'est 50 %. Puis vous me
dites qu'ils le savent. Puis je trouve ça honorable en plus, parce que vous
avez probablement des pratiques à cet égard-là qui sont équivalentes à
l'objectif qui est visé par le projet de loi. Mais j'aimerais ça savoir ce
qu'on va faire avec. Puis la cotisation principale, quand c'est la promotion,
la défense de mes droits puis tout ce qui est prévu dans la définition, ce
n'est pas problématique. C'est ce qu'on appelle la cotisation principale. Et
donc, pour les états financiers, vous dites : Moins de 80 000 $ de
revenu net excluant la cotisation à la centrale. Aucune exigence. Entre
80 000 et 150 000 excluant la cotisation à la centrale, mission d'examen.
Puis, plus de 150 000, excluant la cotisation à la centrale, il y a un audit,
donc entre 80 000 et 150 000, il y a une mission d'examen, puis en haut de
150 000, c'est un audit. C'est bien ça?
M. Vachon (Luc) :
Ce qu'on pourrait appeler revenu... revenu net, on va dire, là, mais ce n'est
pas... je ne suis pas sûr que le terme est excellent, là, mais c'est ça.
M. Boulet : Moi, je... Moi,
personnellement, j'aimerais mieux comme cotisant obligé de payer la cotisation
de... qu'on... qu'on tienne compte du montant de ma cotisation qui est versée à
la centrale, mais ça, on peut diverger d'opinion là-dessus.
M. Vachon (Luc) :
Bien, ce n'est pas une question de divergence d'opinions, si vous permettez,
c'est que la redevance, la CSD va déjà faire une reddition de comptes
là-dessus, elle fait déjà des états financiers qui vont tenir compte de
qu'est-ce qui est fait de ce montant-là.
M. Boulet : C'est parfait.
C'est ce qui est...
M. Vachon (Luc) :
... fait déjà un audit.
M. Boulet : C'est ce qui est
dans le p. l., exactement. Puis, quand vous dites, M. Vachon, la vérification
comptable, puis le rapport, bien, le rapport sur l'utilisation des ressources
financières, il faut que ça tienne compte de la réalité structurelle. Je veux
juste... Est-ce que la réalité structurelle, c'est ce à quoi vous faites
référence? parce que vous dites : respecte davantage la capacité
financière des syndicats puis la capacité... La réalité structurelle, c'est le
mot que vous avez utilisé. C'est... c'est ce que vous avez dans votre
recommandation sur les états financiers.
M. Vachon (Luc) :
Bon, là, vous me... Vous m'amenez sur plusieurs terrains, puis je ne peux pas
répondre à aucun, là, à peu près. Mais, ceci dit, il y a des structures
différentes dans les syndicats. Tu vas prendre un syndicat qui... un syndicat,
mais qui a 60 accréditations différentes. Bon, il va avoir un mode de
fonctionnement qui va correspondre, soit un état financier qui va tenir compte
du global. Il y a certains syndicats, un syndicat de 13 membres... Quand
je parle de structurel, c'est... puis on en a déjà jasé. Je prends... un
syndicat d'un marché d'alimentation, qui va avoir 125 membres, il a en
théorie 125 membres. Dans la pratique, puis je l'ai vérifié, c'est un
noyau d'à peu près 25 % qui sont des permanents. Le reste, c'est du
partiel, de l'occasionnel.
M. Boulet : ...pas que le
montant, ce que vous recommandez, est peut-être plus compatible avec ce que
vous appelez la réalité structurelle. Ça fait que je le comprends. Je reviens,
parce que je l'ai écrit, là, une ingérence du gouvernement. Il n'y a pas
d'ingérence du gouvernement, il y a un pouvoir qui est remis dans les mains des
travailleurs et travailleuses. Le mode de convocation, c'est...
18 h (version non révisée)
M. Boulet : ...à vous de le
déterminer dans vos statuts et règlements. Puis, vous dites : Je n'ai
jamais vu une convocation de ma vie où il n'y avait pas le jour, l'heure et l'endroit.
Mais tant mieux, tant mieux. Si on vote une grève, moi, si je suis un membre de
l'unité d'accréditation syndicale, je veux être convoqué puis savoir le jour, l'heure
et l'endroit. Il me semble que c'est sain démocratiquement. Puis je pense que c'est
une culture de démocratie syndicale qui est tout à fait au bénéfice des
syndicats parce qu'il y a eu des votes de grève. Puis M. Vachon, vous avez
assez de vécu pour savoir qu'il y a peut-être eu ici et là, moi, je pense que c'est
plus souvent qu'ici et là, des votes de grève ou des votes de ratification où
il n'y avait pas des avis de convocation. Est-ce qu'on... est-que vous... Vous pouvez
être en désaccord avec moi.
M. Vachon (Luc) :Jamais vu ça.
M. Boulet : OK. Mais...
M. Vachon (Luc) :Je n'ai jamais vu ça. Puis honnêtement, si c'est arrivé, là,
je suis sûr que les... le comité syndical puis les personnes conseillères, ils
auraient passé un mauvais quart d'heure. Moi, je n'ai jamais vu ça en 34 ans.
M. Boulet : OK. Mais ça me
va. Et moi, je comprends ça tout à fait. Mais je pense qu'il y en a eu, des
fois, des votes où il n'y avait pas eu d'avis de convocation avec le jour, l'heure
et l'endroit.
Pour la cotisation... Bon, pour la
gouvernance, il y a la période minimale de 24 heures, je pense que je... j'en
ai discuté avec d'autres intervenants. Aviez-vous un commentaire bref à me
partager là-dessus?
M. Vachon (Luc) :Mais, vous savez, là, il y a des différences entre la
question d'un vote de 24 heures pour voter une cotisation facultative,
cotisation syndicale, puis ces patentes-là, puis... puis la question de... du
vote pour certaines dispositions, puis...
M. Boulet : ...par exemple.
M. Vachon (Luc) :Bien, prenons pour une grève, on va s'amuser à jaser d'une
situation un peu loufoque. Dimanche dernier... samedi dernier, l'employeur a
fait le dépôt d'une proposition au syndicat. Le syndicat tient une assemblée
générale le dimanche matin, vote sur le champ. Lundi matin, ils sont au
travail. Si je prends le principe que vous soumettez, il faut que le vote se
tienne 24 heures, ils ne seront pas à la job lundi. Ça a réglé un
problème, ça, hein, ça a en aurait vraiment réglé un. Ça a causé un problème, si
on avait eu ça. Alors, les gens étaient convoqués, le lieu et l'heure étaient
sur la convocation. Et ils sont allés. Les gens étaient là et y participaient.
Ils ont eu les explications sur le champ. Ils ont pris... ils ont posé les
questions et ils ont voté. Imaginons-nous, puis là, généralement, dans un cas
de vote sur des offres, sur une convention collective, il y a un taux de
participation qui est plus élevé, qui est... on frôle le 100 % dans la quasi-totalité
des cas. Mais imaginons-nous, là, qu'on est sur le budget, là, puis on fait une
assemblée, puis il y a 50 % du monde qui sont là, puis là, après ça, on part
sur un vote de 24 heures. Le 50 % qui n'est pas là, il vote sur quoi?
M. Boulet : C'est pour ça...
Mais vous avez raison, il faut l'adapter. Puis il y a un groupe qui disait...
qui recommandait que ce soit une période raisonnable, déterminée par les
membres. Mais il y a des événements qui sont fondamentaux dans la vie
collective de travailleurs, travailleuses syndiqués, c'est notamment les votes
de grève, de ratification de conventions, les élections, puis ce qu'on appelle
la cotisation facultative. Puis, je veux juste un petit peu démystifier M. Vachon,
je vais finir là-dessus, là, les cotisations facultatives, ça peut être bien,
bien compliqué si on veut que ce soit compliqué dans l'application, mais ça
peut être simple parce que c'est défini. Il y a quatre catégories. Puis
essentiellement ça s'articule autour de ce qui concerne la promotion ou la
défense des intérêts des travailleurs, travailleuses en vertu d'une loi ou d'une
convention collective de travail. C'est de la nature d'une cotisation principale,
ce qui représente 90 %, 95 % des cotisations. Les activités de nature
sociale, ou de nature publique, ou de nature politique qui s'articulent autour
de ça, ce n'est pas ce que nous considérons comme étant une cotisation
facultative, mais on aura à travailler ces aspects-là en étude détaillée. Puis,
je peux, juste, en terminant, vous dire : On va parcourir votre mémoire,
puis on va analyser avec toute la considération que ça mérite, vos
recommandations.
Puis j'apprécie votre ton, M. Vachon,
vous avez fait référence à mon temps. Est-ce que je peux vous renvoyer le
compliment? Parce que vous avez un ton qui est propice à la discussion puis au
dialogue. Puis je vous ai toujours connu comme ça puis je vous en félicite...
M. Boulet : ...merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole
est à vous. Vous avez 8 min 35 sec.
Mme Cadet :
Merci, M.
le Président. Bonjour, M. Vachon, bonjour, messieurs. Je vais peut-être, avec
vous, commencer sur la question du 24 h, parce que souvent, on a moins le temps
de l'aborder, puis vous venez de donner quelques exemples en répondant au
ministre, donc, vous dites, donc, par exemple, tel que libellé, donc, le projet
de loi rendrait beaucoup plus compliqué le retour au travail, donc, après un
vote de grève. Donc, c'est ce que vous nous dites?
M. Vachon (Luc) :On vient de le vivre en fin de semaine.
Mme Cadet : En fin de semaine
là, là?
M. Vachon (Luc) :En fin de semaine, un groupe qui était conflit de travail,
si on avait appliqué la règle, là, au lieu d'être de retour au travail lundi,
là, bien, il aurait fallu tenir le vote sur une période de 24 h. Alors, même si
le monde avait voté... dimanche, étaient prêts à voter, on aurait dit :
non, non, vous ne pouvez pas.
• (18 h 10) •
Mme Cadet : ...après la
présentation?
M. Vachon (Luc) :Ça fait que là, tu vas attendre, tu vas faire le processus,
puis après ça, tu vas voter pendant 24 h, savoir si tu reviens au travail.
Mme Cadet : Ça, j'imagine que
ça ne doit pas être très...
M. Vachon (Luc) :
Bien, si j'avais proposé ça à cette gang-là, ils m'auraient... probablement
qu'il y aurait eu des mécontents dans la salle.
Mme Cadet : Vraisemblablement.
M. Vachon (Luc) :
Parce que lundi matin, ils travaillaient, là. Ça fait que tu sais, à vouloir
réparer ce qui n'est pas brisé, des fois on... des fois, on crée des affaires.
Alors, il y a eu, puis on... soulever des cas de figure qui se sont produits,
il y a un cas isolé... La vraie réalité, là, dans le milieu syndical, c'est que
quand tu te comportes tout croche avec ton membre, il te le rappelle, puis il
te ramène à l'ordre. Puis la réalité, dans le milieu syndical... après 34 ans,
des situations... des affaires un peu bizarres, on en a eu...
(Panne de son)
M. Vachon (Luc) :...c'est... Des assemblées de nuit, là, je veux dire, je n'ai
jamais vu ça en 34 ans, moi. Ça existe, je comprends que ça peut être arrivé
mais... je n'aurais jamais fait ça. Je n'ai pas besoin d'une loi pour me dire
ça, tu sais? Ça fait que... c'est ça. Mais enfin, c'est ça...
M. Dufour (Carl) : C'est
juste pour rajouter sur le 24 h de votes, là. Quand on arrive avec une entente
de principe, on explique de long en large à nos membres, mais nos membres ont
des attentes. Ils ont bâti des cahiers de revendications à la grandeur du
Québec. On ne peut pas toutes les prendre, sont catégorisées de 1 à 3. On garde
les 1, qui est priorisé par la grandeur du Québec, on va les débattre. Mais
quand on arrive à une entente de principe, je vais prendre la dernière, la
convention de la construction, on a gardé trois points : les salaires, les
déplacements, les... pensions. Pensez-vous vraiment que si on n'avait pas expliqué
le pourquoi à nos membres, ils auraient dit oui? Ils en voulaient plus, ils en
voulaient beaucoup plus. Surtout à la période économique qu'on a là, on a été
capable de leur faire comprendre qu'on avait de quoi sur la table qui était
super bien pour eux autres, ça fait que si on laisse aller un vote pendant 24
h, 72 h, ça va partir à gauche puis à droite, des grèves, vous allez en avoir
encore plus parce qu'ils vont dire : ils n'ont pas fait la job, on n'a pas
eu ce qu'on voulait. Mais quand on leur explique, l'entente a été signée, on a
eu une grève dans la construction, puis c'était simple, on demandait la même
chose que les autres partis, puis ils ont décidé d'aller en grève. Mais ça, il
faut le dire, on l'entend partout dans les médias : ah, les syndicats en
grève, ah, les syndicats en grève. Ce que M. Vachon a dit, là, pour le syndicat
d'en fin de semaine, ce n'était pas une grève, c'était un lock-out, on a oublié
de dire la patronale, on est deux pour danser dans cette danse-là. Ça fait que
c'est pour ça que la période de 24 h peut être critique si les membres n'ont
pas l'explication au grand complet. Puis chez nous, la démocratie, là, c'est
très important. Moi, je suis un affilié de la CSD, je suis membre du conseil de
direction. Tous les états financiers, là, ligne par ligne, il n'y a pas un
point qu'on ne passe pas dessus. Ces 500 $, c'est pourquoi? On sait tout. Nos
membres savent tout. C'est la même chose dans la construction, mes états
financiers, la redevance de la centrale, c'est clair, tout le monde le sait.
Puis on passe point par point, puis chaque membre qui veut avoir nos états
financiers, on leur donne, c'est déjà là. Il n'y a personne, à la CSD, qui est
contre la transparence. On est pour ça, mais on le fait déjà, avec ..., on est
déjà encadrés là-dessus. Les votes sont callés, c'est dans la loi, on ne peut
pas s'en défaire. Là, on le fait. Tous nos membres sont callés. S'il y en a qui
ne veulent pas venir, qui ne sont pas là, c'est leur choix, c'est la
démocratie. Ça fait que c'est pour ça que sans transparence, il n'y a personne
qui est contre...
Une voix : Merci beaucoup. M.
Vachon?
M. Vachon (Luc) :Mais pour revenir sur la question, le... l'idée d'avoir un
processus qui est démocratique, là, puis qui laisse plus d'espace, en théorie,
c'est beau, en théorie, ça semble fonctionner. La réalité, c'est... mon exemple
de tantôt, j'ai 50 % des gens qui sont à l'assemblée générale pour
laquelle on leur donne les explications, on fournit toutes les explications
puis après, on se dit : bien OK, parfait, dans 72 h, on va commencer un
vote qui va durer 24 h. Le 50 % qui n'est pas là... c'est quoi l'exercice
démocratique? De pouvoir voter simplement sur quelque chose qu'ils ne
connaissent pas? Je veux dire, je ne comprends pas, je ne comprends pas. Puis...
puis quand on amène ça sur des principes... sur la cotisation facultative, bien
là c'est pire, parce que là, ce que je vous amène, c'est la question du...de
la... facture du collectif. Quelqu'un qui n'a pas assisté aux explications de
pourquoi on... on souhaite, par exemple, une cotisation facultative pour...
M. Vachon
(Luc) : ...telle affaire. Puis là elle faisait... Trois jours
plus tard, on lui demande de voter. Es-tu d'accord pour donner 1 $ par
mois ou par semaine puis, en même temps, sais-tu quoi? Tu vas avoir à payer
2,50 $ de plus par semaine pour financer la vérification comptable. Mais
es-tu capable... Es-tu prête pareil, à remettre 1 $ de plus pour financer
quelque chose qu'on ne sait pas encore? Aïe oui! Où je peux cocher? Bien oui,
tout le monde va faire ça. C'est sûr.
Mme Cadet : C'est
carrément... J'ai manqué ça tantôt. Non seulement vous dites, mettons, le
24 heures en particulier, mais non seulement, donc, il y a un défi, donc,
par exemple, il y a aussi un retour au travail, donc, ça, ça l'allonge, donc,
le salarié et l'employeur, donc, sont mécontents du processus, que ça ne
fonctionne pas, donc, ça pourrait se régler très rapidement, mais le processus
actuel, étant donné ce qui est assujetti à ce... cette période de scrutin, il
est à... ça crée des complications, ça crée des problèmes là où est-ce qu'il
n'y en a pas. Mais en plus de ça, comme le groupe précédent, bien, vous me
dites, il est... La présente... Le cadre actuel, donc, permet une présentation
de ce qui a été négocié, donc, par exemple, dans le renouvellement d'une
convention collective. Puis ça... ça... le cadre actuel permet une ratification
beaucoup plus aisée que si on... on laissait tout ça, donc, disons, donc,
partir en vrille, que les gens puissent commenter sur les réseaux sociaux puis
qu'en bout de ligne, ils ont pensé qu'il y aurait moins ratification des
conventions collectives. Et donc il y a là un allongement des conflits de
travail et des impacts sur la population.
M. Vachon
(Luc) : ...tu sais, c'est... Si c'est rejeté, là, dans le vote,
là, qui a lieu trois jours plus tard, là, 72 heures plus tard, avec... Si
c'est rejeté aux 24 heures, on fait quoi? On reconvoque une autre
assemblée? On pose quoi comme question aux membres? Avez-vous pensé dans quel processus
on s'embarque? Je ne sais pas ce que ça va donner. L'adoption de convention...
Le budget, c'est pareil. La question de la transparence, Carl l'a bien
mentionné, ce n'est pas une question de vouloir être opaque ou transparent. On
le fait. On a les gens en assemblée, ils posent des questions, on donne les
réponses, ils regardent toutes les questions. Le «autre», là, il y a 75 $
dedans. C'est quoi, ça, là? Ils vont le savoir. La personne qui n'est pas là,
soit au congrès, soit à l'assemblée, elle va voter sur ça? Sur quoi? Elle va
voter sur le budget. Elle ne sait absolument rien de ce qui s'est passé. Elle
ne sait absolument aucune... On présume que, ça, c'est un exercice
démocratique? Non.
Le Président (M. Allaire) :
Une minute.
Mme Cadet : Ah! Merci. Ça
revient à la question que je posais un peu plus tôt qu'en bout de ligne, c'est
la personne qui se fait présenter, donc, un budget sur une potentielle, disons,
contestation, elle n'a pas plus d'information que dans le cadre actuel, mais ça
compliquerait le processus d'adoption, donc, de cette potentielle, donc,
contestation. C'est ça?
M. Vachon
(Luc) : À la CSD, nous, les principes de défendre les lois,
défendre les droits sont adoptés sur une base générale, puis les gens ont une
solidarité là-dessus. Il y a des causes où est-ce qu'on a faites... Il y a des
causes qu'on a faites pour peu de personnes. Puis les principes sont adoptés en
congrès ou en plénière. Ce n'est pas le comité exécutif, ce n'est pas la
direction, ce n'est même pas le conseil de direction, c'est le congrès ou la
plénière qui prend ces mandats-là de quels sont les champs de contestation que
la CSD peut faire.
Mme Cadet : Donc, ces
causes-là ne donnent pas plus d'information. C'est ce que vous me dites.
M. Vachon
(Luc) : Mais... Mais j'ai... Mais d'arriver puis de dire qu'on
va avoir une cotisation facultative puis de ne pas savoir ce qui va se passer
dans l'année, c'est de demander un chèque en blanc.
Mme Cadet : Et de
potentiellement hausser les cotisations.
M. Vachon
(Luc) : Bien oui...
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Malheureusement, ça met fin à ce blog d'échange. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
2 min 52 . La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonsoir? Bonjour? Bonsoir. On est mardi soir. Bonsoir à vous trois.
J'avoue que je suis surpris et je ne sais pas si vous partagez ma surprise. On
a un ministre qui travaille un projet de loi sur les cotisations syndicales,
qui crée des catégories, qui crée toutes sortes de patentes pour que ça
s'applique à vous. Mais il vous demande comment ça marche, votre cotisation
syndicale. Il ne sait pas comment ça marche, votre cotisation syndicale? Ce
n'aurait pas été l'inverse plutôt, que de savoir comment ça marche votre
cotisation syndicale, avant d'inventer un système spécial?
M. Vachon
(Luc) : Bien, en fait, je vais vous dire... Je vais dire quelque
chose, puis je ne sais pas si ça va être apprécié, mais c'est quand même ça.
Dans le premier mandat du ministre, honnêtement, je n'ai rien à dire. Je n'ai
rien à dire, c'était excellent. Les deux dernières années, moi je ne le
reconnais plus. Sur le ton, sur la... Sur le ton, je le reconnais. Mais sur
l'approche, je ne le reconnais pas. Et...
M. Vachon (Luc) :...et je sens investis en mission, là. Puis les différents
projets de loi, on peut avoir des divergences d'opinions là, moi, je pense même
à le PL 89, quand on dit que c'était pour... PL 89, les organisations
syndicales sont au rendez-vous si on avait eu à discuter, on a tendu la main,
on a pu... puis je me rappelle d'avoir dit une phrase au ministre, de
dire : Si l'idée c'était de nous faire un électrochoc, c'est correct, il
est fait, on était en discussion en projet de loi, arrêtons ça là, on va y
aller travailler, on va trouver des solutions innovantes, des solutions
actuelles, des solutions respectueuses des droits, puis qui vont faire en sorte
que, oui, on pourra intervenir sur les conflits de travail, puis sur le
bien-être de la population. On est peut-être en 2025, il faut peut-être qu'on
trouve des solutions différentes en gardant l'idée que les principes doivent
protéger les travailleurs et les travailleurs.
• (18 h 20) •
Le Président (M. Allaire) : 45 secondes.
M. Leduc : Drôle de période,
là. Restriction du droit (panne de son), restriction des cotisations syndicales
avec le PL 3, abolition de la loi sur les décrets qu'on a révélée hier,
rumeurs de fin du paritarisme à la CNESSST que j'ai appris hier aussi, c'est un
sale temps, là, pour les travailleurs.
M. Vachon (Luc) :Ce n'est pas très, très joyeux, puis je vais vous dire,
moi, la CSD, j'ai de plus en plus de difficultés à convaincre les membres de la
CSD que le dialogue social, c'est une formule à succès au Québec. Ils me... ils
commencent à me demander ce que je fais, là.
Le Président (M. Allaire) : Dix
secondes.
M. Leduc : C'est beau, merci
beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député de Jean-Talon, 2 minutes, 52 secondes, la parole est à
vous.
M. Paradis : Vous représentez
depuis 53 ans, aujourd'hui, maintenant, 71 000 membres des travailleurs,
particulièrement dans le secteur privé. Est-ce que le ministre Boulet vous a
consulté avant de déposer son projet de loi?
M. Vachon (Luc) :Ah, il n'y a plus de consultations depuis quelques projets
de loi. Puis... je suis prêt à dire que, des fois, notre temps n'a pas été...
n'a pas été des plus accueillants, mais c'est plus facile de parler avant
d'avoir reçu un coup qu'après. Alors, puis... est-ce qu'on avait besoin, est-ce
qu'on avait à faire des choses que le niveau des organisations syndicales. Mais
moi, j'ai été un de ceux qui tenaient, je suis au comité consultatif travail
main-d'œuvre, les associations patronales sont devant nous. Vous ne m'avez
jamais entendu ici, jamais entendu, dénigrer les organisations patronales. Ce
sont des partenaires avec qui nous devons et nous devrions travailler. Et
malheureusement, les discussions sont rompues par cette ambiance, cette ambiance
qui est là, qui est... qui est une rupture du dialogue social. Puis il ne nous
a pas consultés. C'est la réponse, c'est ça, à la question, c'est : nous
ne sommes plus consultés depuis un bon bout.
M. Paradis : Plusieurs des
travailleurs que vous représentez, donc dans le secteur privé, notamment des
PME et certaines des petites PME et ce gouvernement se targue d'essayer de
simplifier la vie des PME. Mais vous, quand on lit votre mémoire, là, de bout
en bout, vous dites : Bien, s'il nous avait consultés, on lui aurait dit
qu'il va créer une quantité phénoménale de bureaucratie, de paperasse, de
coûts, de procédures dont vous dites à plusieurs endroits que ça va être
carrément impossible à gérer, non seulement pour les syndicats, mais pour les
employeurs aussi, par exemple, qui gère la cotisation syndicale.
M. Vachon (Luc) :Bien, puis au-delà de la cotisation syndicale, ça va
empoisonner les relations de travail, ça va empoisonner les relations de
travail. Le syndicat a besoin de sa latitude pour être capable de fonctionner,
puis ce n'est pas en le menottant ou en lui complexifiant la vie dans les cas
où on n'en a pas de besoin qu'on va faciliter ça. Puis il faut comprendre la
réalité, là, dans les milieux de travail...
Le Président (M. Allaire) : 30 secondes.
M. Vachon (Luc) :...quand on a un syndicat de 20 membres, là, puis
qu'il y a une direction syndicale, on a des fois de la misère à la trouver
cette... les personnes, à les trouver les personnes. Puis, là, on va trouver
une personne pour assumer la trésorerie du syndicat, pour lui dire en plus,
toi, tu as une reddition de comptes, puis là tu as un double rapport à faire,
puis que là va falloir que t'ailles défendre le rapport de la CSD qui va être
présenté? Je suis désolé, il n'y a personne qui va vouloir embarquer dans ça.
Terminé.
M. Paradis : Étant donné que
le ministre, vous le dites dans votre mémoire, a une attitude paternaliste
parce qu'il pense que les syndiqués ne sont pas capables de s'organiser
eux-mêmes.
Le Président (M. Allaire) : Merci.Merci, M. le député de Jean-Talon, ça met fin à votre bloc à vous. Donc, M.
le député de Saint-Jérôme, 2 minutes, 12 secondes, la parole est à
vous.
M. Chassin :Merci. Alors, je vais peut-être juste commencer par un
petit mot pour le ministre qui citait, en fait, quelques moments clés de la vie
syndicale, hein? On vote au scrutin secret pour les élections, un mouvement de
grève, par exemple, entériner des conventions collectives, mais pas pour
l'accréditation, parce que le ministre il n'a pas mentionné l'accréditation, il
me semble que c'est le plus fondamental de tous les moments de la vie d'un
syndicat. Alors j'insiste, encore, sur...
M. Chassin :...un vote au scrutin secret pour l'accréditation. Ceci
étant, pas assez pour le ministre et son équipe.
J'ai bien entendu, puis je trouve ça
intéressant, vous avez soulevé une question qui était dans mes remarques
préliminaires : Quel problème on cherche à régler? Puis, moi, c'est un
petit peu ces éléments-là qui me font dire qu'il manque des choses dans le
projet de loi.
Puis permettez... puis là c'est un peu
émotif, mais Michel Jutras, le débardeur qui s'est suicidé, qui contestait un
exécutif syndical, qui demandait des comptes sur la transparence financière à
son syndicat puis que la CSST, finalement, a dédommagé et indemnisé sa veuve et
son fils, c'est une terrible histoire, est-ce qu'il n'y a pas là un
enseignement à retenir? Ça, c'est un problème.
M. Vachon (Luc) :Oui. Écoutez, loin de banaliser...
M. Chassin :Ce n'est pas vous, là, hein, le Port de Montréal, là...
M. Vachon (Luc) :Non, mais loin de banaliser une situation comme celle-là,
il peut y avoir des situations bien spécifiques, il peut y avoir des cas, puis
l'exception doit être traitée en exception puis pas forcément devenir une
règle. Et je me rappelle d'avoir entendu ça, là, en commission parlementaire...
Le Président (M.
Allaire) :30 secondes.
M. Vachon (Luc) :
...puis... mais, tu sais, en tout cas... Mais il y a des choses qui doivent
sûrement être ajustées. Je ne connais pas bien la situation, mais, maintenant,
s'il fallait qu'on se base sur des cas comme ça pour tout changer pour tout le
monde qui n'ont pas de problème... Moi, quand j'avais entendu quelqu'un dire
que les syndicats avaient du sang sur les mains... Bien, je vous annonce qu'il
y a 220... 216, 220 morts par année, accidentés du travail, maladies
professionnelles. Je n'ai jamais dit que les employeurs avaient tous du sang sur
les mains.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à l'ensemble des échanges. Merci à vous trois de la Centrale des
syndicats démocratiques. Et merci encore plus pour le respect dans l'ensemble
des échanges. Merci beaucoup, c'est apprécié.
On suspend les travaux quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 26)
(Reprise à 18 h 32)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes avec le... dernier groupe de la
journée. On accueille le Syndicat québécois de la construction. Bonsoir,
messieurs. Donc, je... je vous laisse le soin de vous présenter. Et vous pouvez
d'ores et déjà commencer votre allocution de 10 minutes. La parole est à
vous.
M. Gendron (Sylvain) : Parfait.
M. le Président, M. le ministre, membres de la commission, merci beaucoup de
nous recevoir. Mon nom est Sylvain Gendron. Je suis président du Syndicat
québécois de la construction. Je suis accompagné par M. Picard, Charles-Olivier
Picard, qui est directeur général. Je vais faire l'introduction, M. Picard va
faire le... le... présenter le mémoire, puis après ça, on répondra aux
questions.
Alors, le Syndicat québécois de la
construction, c'est une association qui est constituée en vertu de la Loi des
syndicats professionnels et qui est reconnue dans la Loi de la construction.
C'est une des cinq associations syndicales représentatives. Évidemment, nous ne
sommes pas une centrale syndicale, nous sommes un syndicat composé d'environ
48 000 membres de différents corps de métiers et occupations, et ce,
partout dans la province de Québec.
Alors, le mémoire ce soir va émettre nos
recommandations sur le projet de loi numéro trois en fonction de la réalité et
des intérêts des travailleurs et travailleuses de l'industrie de la
construction au Québec. Nos écrits reposent principalement sur les axes mis de
l'avant par le ministre du Travail lors de la présentation du projet de loi, à
savoir la gouvernance syndicale, la transparence financière et la détermination
des paramètres applicables aux cotisations facultatives.
Ces principes, bien que présentés comme
des objectifs de modernisation, soulèvent des enjeux importants quant... à
l'autonomie des organisations syndicales et à l'équité dans le traitement des
acteurs et actrices du secteur de la construction. À ceci, il apparaît
pertinent d'ajouter un axe supplémentaire visant à corriger le déséquilibre
créé par l'absence de réciprocité dans l'application des mesures de ce projet
de loi aux associations patronales également régies par la loi R-20. Cette
lacune soulève des enjeux majeurs quant au respect du principe de paritarisme,
qui est le principe le plus cher dans notre secteur l'industrie de la
construction. Toute la loi est basée sur le paritarisme.
Alors, je vais laisser la présentation du
mémoire...
18 h 30 (version non révisée)
M. Gendron (Sylvain) : ...à
mon collègue Charles-Olivier.
M. Picard (Charles-Olivier) : En
matière de gouvernance, nous soulevons que les mesures de standardisation
proposées dans le projet de loi présentent, selon nous, une forme manifeste
d'ingérence sur la vie associative des syndicats, négligeant ainsi la diversité
des réalités syndicales et compromettant son autonomie. De plus, cette volonté
de standardisation semble reposer sur une présomption mauvaise et néfaste à
l'effet que les gouvernances dans le milieu syndical ne sont pas... ne sont pas
adéquates et créent ainsi une méfiance institutionnelle.
Le projet de loi introduit un système
menant à une dysfonction élective qui permettrait le vote à l'extérieur d'une
assemblée et, dans ce contexte, pouvant compromettre la qualité du processus
démocratique. Les élus syndicaux, tout comme leurs électeurs, doivent provenir
exclusivement des membres actifs à la vie syndicale. La tenue des votes amène
une rigidité et une lourdeur que d'autres groupes ont également soulignées.
En matière de transparence financière, le
SQC adhère totalement à ce principe depuis sa fondation et présente à ses
membres de son assemblée générale annuelle ses états financiers vérifiés,
audités, selon lesquels une firme comptable indépendante leur donne
l'assentiment. Conformément à la loi R-20, de plus, nous ajoutons qu'en
vertu de l'article 93.1, à chaque année, nous donnons l'ensemble de ces
informations financières au Secrétariat du travail. Alors que faire de plus?
Nous croyons que le projet de loi amène
des enjeux intéressants en matière de déclaration des salaires, mais néglige
l'équité, l'équité envers les associations patronales et l'équité envers les
structures syndicales. Le projet de loi manque de clarté et devrait être
beaucoup plus réfléchi en ce sens. Un projet de loi qui manque de clarté,
également la déclaration utile des dépenses, donc, par ailleurs, ne définit pas
avec précision la nature des dépenses visées, créant une incertitude
réglementaire. Si l'obligation devrait s'étendre à des divulgations, en dehors
des états financiers, comme par exemple des dépenses liées aux immobilisations,
aux amortissements ou aux investissements en capital, on ne remplit pas
l'objectif de transparence visé. Et, encore une fois, il est légitime de se
questionner pourquoi il n'y a pas de réciprocité envers les associations
patronales sur cet enjeu.
À travers les cotisations facultatives, il
y a une atteinte à la liberté d'association. Le projet de loi à l'étude vise à
réduire de manière significative l'autonomie des syndicats sur l'utilisation de
leurs ressources provenant des cotisations syndicales. Cela inclut notamment
les lois spéciales, les décrets gouvernementaux et restreint le droit de grève.
À titre d'exemple, est-il nécessaire de vous rappeler qu'en 2017 le SQC a été
affecté par une loi spéciale formant le retour au travail des salariés de la
construction, a contesté cette loi de pair avec l'Alliance syndicale, et a
gagné, et a eu gain de cause? Il est nécessaire aujourd'hui de faire ce rappel.
En matière d'affaire sociale et de
promotion, il est nécessaire de vous mentionner que les cotisations
facultatives servent également à une implication sociale importante pour le
SQC. Il est essentiel de pouvoir continuer à devenir un acteur important à
notre société. Et, encore une fois, pourquoi ces cotisations facultatives là ne
sont pas également mises de l'avant au sein des associations patronales? Le SQC
dénonce cette asymétrie syndicale.
En bref, nos recommandations. Nous
demandons de retirer tous les articles du projet de loi sur la régie interne du
syndicat en lien avec sa gouvernance, les élus et ses assemblées. Nous
demandons que le... de permettre que le vote des administrateurs soit seulement
dédié aux membres présents lors d'une assemblée afin d'éliminer toute
modification contraire à ce principe. Nous demandons d'éliminer les balises sur
la tenue des votes, des moyens de pression et de ratification des ententes
menant à des conventions collectives, notamment en soulignant que toutes ces
obligations-là ne sont pas liées aux associations patronales qui, soulignons-le,
ratifient la même convention collective que des associations de salariés. En
matière de transparence financière, nous demandons de retirer les éléments
donnés à la déclaration des salaires dirigeants afin de ne pas créer d'iniquité
entre les structures syndicales et les associations patronales sous l'égide de
la loi R-20. Ceci dit, en passant, nous sommes ouverts à discuter pour
trouver la meilleure façon. Revoir les éléments liés aux dépenses liées de
5 000 $ et plus afin de cibler exactement l'exercice voulu. Nous voulons
également révoquer tous les articles du projet de loi sur la mise en place des
cotisations facultatives. Et, nous le soulignons, l'asymétrie syndicale de ce
projet de loi est à dénoncer. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On débute la période d'échange. M. le ministre, je vous cède la parole
pour 16 minutes 30 secondes. Allez-y.
M. Boulet : Oui. Merci.
D'abord, merci, M. Gendron. Merci, M....
M. Boulet : ...Picard, de
votre présence et du temps que vous avez passé à préparer votre mémoire. Sachez
qu'on va analyser les recommandations qui y sont contenues, mais c'est sûr que
notre intention, ce n'est pas d'affecter l'autonomie. Notre intention, c'est
vraiment de donner du pouvoir aux membres, c'est vraiment de s'assurer que les
travailleurs syndiqués puissent s'exprimer, puissent savoir et puissent
éventuellement influencer la façon dont les cotisations syndicales sont
utilisées.
• (18 h 40) •
Il ne faut pas que ça crée de la méfiance.
Je l'ai dit, c'est à mon avis ce qui va permettre d'accroître la légitimité et
la crédibilité de certains syndicats. Parce que, disons que le SQC, je vous
connais bien, je connais plusieurs... en fait, je connais tous les syndicats,
pour éviter des problèmes d'interprétation, du secteur de la construction, je
fais un clin d'oeil à mon collègue mais... et il y en a qui n'ont pas les mêmes
pratiques que d'autres. Souvenez-vous, de façon contemporaine au dépôt du
projet de loi, il y a un syndicat de votre secteur qui a déposé une politique
pour contrôler les dépenses, pour ne plus rembourser l'alcool... Puis je ne
veux pas banaliser non plus, de toute manière, mais je pense que les
travailleurs veulent savoir, puis les travailleuses, ont le droit de savoir.
Ça fait que je... Ce n'est certainement
pas dans un objectif d'accroître une méfiance ou d'engendrer une méfiance
institutionnelle, c'est plutôt l'inverse, une confiance. Puis je sais que vous
faites bien les choses, puis il y a plusieurs syndicats qui sont venus,
aujourd'hui, finalement, pour à peu près m'expliquer qu'en matière de
gouvernance et de transparence, ils font à peu près tout ce qui est dans le
projet de loi. Tout le monde est pour la transparence, tout le monde est pour
la saine gouvernance. Maintenant, il faut s'assurer que ce soit harmonisé
partout. Puis tous les projets de loi, puis ça implique souvent les employeurs
visent à s'intéresser à ceux qui sont déviants, parfois, dans la société.
Il y a un élément qui me préoccupe, c'est
quand vous faites référence aux associations patronales de la loi R-20. Ça, je
vous ai entendu, M. Picard, et pour l'Association de la construction du Québec,
c'est à adhésion volontaire, pour l'APCHQ aussi... Bien, vous me dites non.
Bien, moi, c'est toujours... c'est de ma connaissance, ainsi que l'ACRGTQ, les
grands travaux. Il y a l'AEQ, l'association des entrepreneurs en construction
du Québec, oui, eux, c'est une cotisation obligatoire, et eux, ils ont des
états financiers audités, et eux, leur mission est bien définie. Bien, écoutez,
c'est la lecture que nous faisons de la loi, leur mission est délimitée à
négocier les clauses communes : arbitrage, grief et les régimes
d'assurance collective et les régimes de retraite dans la loi. R-20. Or, c'est
sûr que c'est de quoi qui... sur lequel je suis constamment attentif. Je ne
veux pas que ça crée de l'iniquité, mais j'ai compris ce que vous m'avez dit
sans que vous n'élaboriez là-dessus, j'ai compris que dans votre esprit, il y
avait un potentiel d'asymétrie.
Puis, dernier élément, puis je vais
conclure là-dessus, là, mais ce n'est pas un projet de loi qui vise à empêcher,
qui vise à restreindre l'utilisation des cotisations, mais qui vise à obtenir
l'aval des travailleurs, que les travailleurs sachent et puissent s'exprimer.
Puis, M. Picard, allez-y, vous me dites... est-ce qu'avec votre hochement de
tête, pour l'APCHQ, l'ACQ, la CRGTQ, ce n'est pas adhésion volontaire, c'est à
adhésion obligatoire? Est-ce que c'est ce que vous mentionnez? Parce que je
vais le vérifier, si c'est le cas, moi... Oui?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Bien, en fait, en précision à votre question... travailler dans un secteur
vient avec une cotisation obligatoire à l'association sectorielle paritaire...
sectorielle patronale... non paritaire...
M. Boulet : Oui, ça, c'est
autre chose.
M. Picard (Charles-Olivier) : ...chargée
de négocier la convention collective. Donc, vous l'avez bien dit, l'AEQ fait
les clauses communes, mais il y a quatre autres conventions collectives qui, en
fonction des heures déclarées... Il y a des revenus récurrents qui rentrent, à
ces associations-là, pour lesquels, par exemple, une association pourrait
prendre ces sommes-là et faire des recours qui débordent de la convention
collective.
M. Boulet : Totalement. Puis
ça, je le comprends bien, mais pour être membre de...
M. Boulet : ...APCHQ et payer
une cotisation, c'est facultatif, c'est volontaire. Il y a... En fait, l'ACQ,
l'APCHQ, pour ceux qui connaissent moins le secteur, Association de la
construction du Québec, c'est le commercial industriel institutionnel surtout,
l'APCHQ, c'est le résidentiel, l'ACRGTQ, c'est les grands travaux et la voirie.
Mais on peut, comme on peut ne pas être membre, ça, je le comprends. Et, si on
est membre, on est contraint de payer une cotisation, alors que pour... il y a
une adhésion qui est obligatoire. C'est cette nuance-là, là, que je voulais
faire avec vous, là.
M. Picard (Charles-Olivier) : Si
vous me permettez.
M. Boulet : Oui, allez...
M. Picard (Charles-Olivier) : Le
fait d'être membre à un panier de services supplémentaires de ce que... déclaré
dit, c'est une chose. Mais l'entrepreneur qui déclare dans un secteur doit
quand même voter et ratifier une convention collective avec des mesures qui
seraient différentes des nôtres.
M. Boulet : Vous voulez dire
pour le vote?
M. Picard (Charles-Olivier) : Pour
le vote sur les moyens de pression, car une asso patronale peut faire également
un vote sur les moyens de pression et également pour ratifier une convention
collective. Donc, la procédure que vous introduisez dans le projet de loi fait
en sorte que l'association syndicale, le SQC, les quatre autres associations
de... syndicales de la construction auraient un mécanisme de ratification
différent de celle chez les associations patronales.
M. Boulet : La nuance
fondamentale, c'est que vos membres sont obligés de l'être, alors que pour
l'ACQ, l'APCHQ et puis l'ACRGTQ, ils ne sont pas obligés d'être membres. Donc,
ce n'est pas la même mécanique, ce n'est pas la même procédure puis ce n'est
pas une asymétrie. Mais je comprends votre point, mais ce n'est pas du tout la
même réalité. Et la formule RAND, qui s'applique aussi dans le secteur de la
construction, bien, vous le savez, la Commission de la construction du Québec
doit prélever, puis les cotisations sont remis aux syndicats, là, en fonction
des rapports mensuels qui sont fournis à la CCQ par les entreprises en fonction
des secteurs. Mais, oui.
Écoutez, moi, ça compléterait. Mais, merci
beaucoup à vous deux, M. Gendron, M. Picard. Content de vous avoir revus. Puis
merci encore pour votre mémoire. Puis ce n'est pas fini. C'est un projet de loi
qui est perfectible. On va discuter en équipe lors de l'étude détaillée puis on
apportera les amendements qui s'imposent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On poursuit avec la députée de Bourassa-Sauvé. Allez-y. La
parole est à vous.
Mme Cadet : ...M. le
Président. Bonjour, M. Gendron. Bonjour, M. Picard. Merci beaucoup pour la
présentation que vous venez d'effectuer ainsi que pour le dépôt de votre
mémoire. Je vais me concentrer donc sur la portion de votre mémoire qui porte
sur les cotisations facultatives.
Le ministre, dans son échange avec vous,
vient de mentionner, comme il l'a fait précédemment, là, mais je... je le
cite : «Il faut que les travailleurs sachent et puissent s'exprimer.»
Donc, je... En remettant en contexte, donc, cette citation, donc, sachent,
donc, évidemment, donc, ce... ce sur quoi ils votent et puissent s'exprimer,
donc, sur, donc, certaines dispositions qui feraient l'objet, donc, de
cotisations facultatives. Selon vous, dans le cadre actuel, est-ce que vous
avez l'impression que le... le contexte législatif actuel ne permet pas à vos
membres travailleurs de savoir ce sur quoi ils votent et de pouvoir s'exprimer
sur les... lesdites décisions, là, que vous pourriez prendre en leur nom?
M. Picard (Charles-Olivier) : Bien,
il m'apparaît assez logique d'anticiper que lorsqu'on passe au vote, une
cotisation facultative sur des projets de contestation légale à venir démontre
un... un certain niveau d'inconfort. Je dois présenter en assemblée une volonté
d'aller contester une loi à venir que je ne connais pas. À titre d'exemple, en
2017, lorsqu'on a eu une loi spéciale de retour au travail, lorsqu'il a fallu
engager les sommes juridiques, une chance qu'on n'avait pas ce mécanisme-là
parce qu'il a fallu se retourner de... de bord très rapidement. Donc, nous devons
jouer avec une certaine agilité. Puis, lorsque je considère le contexte du SQC,
qui est uniquement lié à l'industrie de la construction, aujourd'hui on parle
uniquement pour les travailleuses et travailleurs de la construction, je trouve
que cette mécanique-là de cotisation facultative s'inscrit un peu mal dans
notre contexte.
Mme Cadet : Donc, ça vous
rendrait moins agile comme organisation. C'est ce que vous nous dites?
M. Picard (Charles-Olivier) : Absolument.
Mme Cadet : OK. M. Gendron,
vous vouliez ajouter?
M. Gendron (Sylvain) : Non,
c'est beau. J'étais pour dire : Effectivement, ça... ça empêche cette
agilité-là. Puis les membres, ils sont bien informés au SQC, là, à... à tous
les égards, au niveau de la cotisation syndicale ou ce qu'on...
M. Gendron (Sylvain) : ...on
va entreprendre. Nous, ce qu'on fait... Il y a des réunions... Mais j'anticipe
peut-être une question. Allez-y.
Mme Cadet : Bien non, non,
mais c'est...
M. Gendron (Sylvain) : Mais
je réponds effectivement à votre question.
Mme Cadet : OK. Mais c'est
ça... Et, dans les échanges qu'on a eus précédemment, donc, évidemment, donc,
il y a deux scénarios, hein, qui sont sur la table. Il y a d'abord, donc, le
scénario où, un peu comme vous venez de mentionner, M. Picard, donc, il y
aurait, donc, la possibilité, donc, de présenter annuellement aux membres
l'éventualité de prélever, donc, une cotisation facultative en disant :
Bien, voici ce qu'on budgète mais pour des projets à venir dont nous ne connaissons
pas l'identité. Et il y a un scénario B, où, effectivement, donc,
l'organisation, donc, pourrait se retourner vers ses membres et dire :
Bien, voilà, donc, on a, donc, un projet de loi qui est déposé ou un décret
gouvernemental, donc, qui arrive, et là, donc, on veut, donc, obtenir, donc,
votre assentiment, donc, sur un projet plus précis. Dans un cas comme dans
l'autre, pouvez-vous nous expliquer un peu ce que ça amènerait soit comme
lourdeur bureaucratique ou comme... comme conséquence? On a parlé d'agilité,
là, mais concrètement, là, qu'est-ce que ça signifierait pour votre
organisation?
• (18 h 50) •
M. Picard (Charles-Olivier) : Bien,
concrètement, convoquer une assemblée de tous les membres du Syndicat québécois
de la constitution, on est une association indépendante qui frôle le
48 000 membres, c'est beaucoup pour une association non affiliée à une
centrale, ce qui fait notre force et notre agilité normale. Mais de faire ce
que vous me demandez, d'aller consulter, par le biais d'une ou plusieurs
assemblées, tous ces membres-là, en dehors d'une assemblée générale annuelle,
pour aller dire : Bien, j'ai tel projet de loi à contester, exemple la loi
142 en 2017, ça implique une exécution qui nous aurait ralentis dans nos
volontés. À l'inverse, demander à l'avance de créer un fonds, hein, c'est... on
pourrait dire... un peu comme un gouvernement passé avait créé le Fonds des
générations, là, mais on pourrait dire que c'est un fonds qu'on crée pour des
contestations futures en matière de reddition de comptes, je ne pense pas qu'on
rend l'objectif parce qu'on va chercher le fonds avant de faire l'action, ce
qui est contraire à l'esprit de la transparence.
Mme Cadet : Donc, ça signifie
que les membres ne seraient pas nécessairement mieux informés ou plus informés,
donc, de la démarche, parce qu'ils ne sauraient pas ce sur quoi ils votent, en
bout de ligne...
M. Picard (Charles-Olivier) : C'est
littéralement donner l'opportunité de nous octroyer un chèque en blanc sur des
contestations à venir. Et ça pourrait être pour d'autres choses, pour des
causes sociales qui nous tiennent à cœur également. À titre d'exemple, le SQC
investit chaque année dans Nez Rouge. Nez Rouge, on est loin de notre mission,
mais c'est quand même un beau geste d'investir dans cette organisation-là et de
le faire à même nos cotisations régulières, qui sont à taux fixe et votées à
chaque année, parce que nos cotisations, au SQC, ne sont pas à pourcentage
d'une heure travaillée. Donc, on fait déjà l'exercice transparent à chaque
année lorsque vient le temps de modifier...
Mme Cadet : ...ce que vous
dites, vous, vous n'êtes pas à taux fixe? Qu'est-ce que... Comment vous vous
distinguez?
M. Picard (Charles-Olivier) : On
n'est pas... On n'est pas à pourcentage. On est à taux fixe, nous ne sommes pas
à pourcentage d'une heure travaillée. Donc, chaque membre, à chaque année,
lorsqu'il y a une assemblée générale annuelle, a l'opportunité de déterminer la
cotisation pour l'année suivante, ce qui est un exercice démocratique assez
important que nous faisons déjà.
Mme Cadet : OK, d'accord. OK.
Donc, c'est comme ça que vous vous distinguez d'autres organisations. Donc,
dans la perspective, donc, qu'on a deux scénarios, donc, il y en a un où les
membres ne sont pas nécessairement mieux informés, parce que c'est ça,
l'objectif présenté, donc, du projet de loi, donc, vous, ce que vous répondez,
c'est qu'en bout de ligne, donc, ça ne changerait rien, donc, au niveau
d'information, parce que, si on dit que les travailleurs, donc, doivent savoir
ce sur quoi ils votent, bien, dans la perspective où c'est fait annuellement,
l'objectif n'est pas atteint. Mais, dans la perspective où ce qu'il y aurait,
donc, des votes répétés, on a entendu l'ordre des CRHA ce matin nous dire que
ça pourrait causer, donc, un déficit démocratique, c'est-à-dire que les
membres, donc, pourraient être un peu fatigués, là, donc, ne reviendraient
pas... Je sais que, vous, donc, dans votre cas, évidemment, donc, vous êtes un
syndicat simplement dans la construction, vous n'êtes pas une fédération, donc
c'est... c'est peut-être un... une mise en garde qui était peut-être plus
propice à d'autres de vos collègues, mais, dans votre cas, est-ce que c'est
aussi une préoccupation que vous avez?
M. Picard (Charles-Olivier) : C'est
absolument une préoccupation parce que de revenir de façon répétée comme ça
pour aller chercher un mandat alourdit le processus, tandis que, lorsqu'on a
une cotisation qui est fixée annuellement, comme on fait déjà l'ensemble des
cotisations fixées annuellement et qui nous permet de remplir 100 % de nos
engagements, c'est important. Puis il y a également à considérer que l'ensemble
des services qu'on offre représentent des dépenses de fonctionnement qui sont
récurrentes d'une année à l'autre. Ce genre de situation là, qui est soit les
affaires sociales, la promotion ou des contestations constitutionnelles, il
reste ce que c'est un caractère qui est... je ne veux pas dire marginal, mais
c'est un caractère qui, somme toute, ne prend pas l'essentiel de la cotisation
actuelle, là.
Mme Cadet : D'autres
organisations nous ont parlé du vote...
Mme Cadet : ...sur 24 h.
Donc, vous, est-ce que c'est... c'est parce que... c'est parce que votre
mémoire n'en parle pas. Donc, vous, est-ce que vous avez une opinion là-dessus?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Oui. En fait, l'opinion qu'on a là-dessus, c'est que ça vient aussi alourdir le
processus. Nous, ce qu'on vous dit, c'est que lorsqu'on fait une assemblée, on
tient le vote à la suite. Si l'assemblée, elle est physique, on tient le vote à
la suite. Si le vote, il est virtuel, par une assemblée virtuelle, on tient le
vote à la suite. Dans les négociations collectives qu'on vient de passer, on a
tenu 16 assemblées en personne partout au Québec et deux assemblées
virtuelles. On a donné l'opportunité aux gens de se présenter, d'avoir une
explication suffisante des enjeux et de voter ensuite. Si nous disons à
l'ensemble de nos membres : voici une plateforme pour dire oui ou non, vous
êtes en accord avec le texte de l'entente de principe, comme d'autres groupes
nous ont dit...
Le Président (M. Allaire) :
30 secondes.
M. Picard (Charles-Olivier) :
...je ne pense pas que je réussis à répondre à l'objectif de rencontrer mes
membres, donner une explication suffisante des enjeux et de leur faire
comprendre pourquoi cette offre est la meilleure.
Mme Cadet : Donc, vous pensez
qu'il y aurait une diminution des taux de ratification des conventions
collectives?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Soit qu'il y a une diminution du taux de ratification des conventions
collectives, soit qu'il y a une diminution aussi de l'intérêt qu'on peut y
porter et de compréhension également.
Mme Cadet : ...au travail, ça
pourrait le retarder, comme d'autres l'ont dit?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Ça pourrait le retarder...
Le Président (M. Allaire) :
Merci, merci. Malheureusement, ça met fin à ce bloc d'échange. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à vous.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Bonsoir à vous deux. Toujours un plaisir de vous voir. Juste avant vous, la CSD
parlait d'un potentiel ralentissement du retour au travail dans des cas de
grève. C'est un peu ce que vous étiez en train de discuter sur les votes des 24 heures?
Est-ce que vous faites la même lecture?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Bien, non seulement je fais la même lecture. Dans la construction, on sait que
nous n'avons pas eu de longues grèves dans notre histoire. La dernière grève au
secteur résidentiel a duré quelques semaines et lorsqu'il a été le temps de
faire le protocole de retour au travail, nous avons été bien agiles et surtout
plus agiles que de réussir à faire ça en l'espace de deux ou trois jours, on a
été capable de faire ça très rapidement. C'est essentiel de rester là-dessus.
D'ailleurs, à ce sujet, j'inviterais aussi le gouvernement à réfléchir à loi
anti-scab, ce que nous... ce que nous n'avons toujours pas dans l'industrie de
la construction.
M. Leduc : On avait essayé...
M. Picard (Charles-Olivier) :
On a essayé.
M. Leduc : ...on avait essayé
au p.l. 51, ça n'a pas marché. Mettons, là, de 1 à 10, à quel point ça va être
compliqué à mettre en pratique, là, la cotisation facultative puis les
finances? Puis qu'est-ce qu'il en est un, qu'est-ce qui n'en est pas? Comme
vous, aujourd'hui, votre présence, là, ça va être une cotisation facultative,
parce que ce n'est pas une condition de travail, là, de venir parler du projet
de loi trois.
M. Picard (Charles-Olivier) : Ce
n'est pas une condition de travail, mais je peux vous dire, je l'aurais fait
bénévolement, parce qu'il y a beaucoup d'enjeux là-dedans qui ne sont pas...
qui ne sont pas... qui ne sont pas corrects. Mais de 1 à 10, je vous répondrai
11.
M. Leduc : 11. Qu'est-ce qui
va être le plus compliqué, selon vous?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Bien, qu'est-ce qui va être le plus compliqué, c'est de faire comprendre à des
membres de voter à l'avance pour des sommes, pour des contestations juridiques
dont on ne connaît pas la nature. Si on veut parler de transparence, on rate
complètement.
M. Leduc : Ça fait que là
vous... vous, vous venez aujourd'hui, ça fait que votre salaire, les frais de
transport, le salaire de votre collègue, c'est du facultatif. Mais si vous
allez après ça en soirée à une assemblée syndicale de convention collective,
là, la chambre d'hôtel, on la facture, quoi, dans le facultatif ou on la
facture à moitié dans le régulier. Comment ça va marcher?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Ça fonctionnerait de façon décousue comme vous me le décrivez.
M. Leduc : Puis est-ce que le
projet de loi, selon vous, est clair sur la méthodologie qu'il va falloir
utiliser?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Absolument pas.
M. Leduc : Bon. Dernière
question peut-être. Malgré qu'ils aient été invités, à peu près toutes les
associations patronales, sauf la FCEI, je crois, on finit par se désister.
Selon vous, pourquoi ils ne sont pas venus ici?
M. Picard (Charles-Olivier) :
Parce que de parler de cotisations syndicales, de gouvernance syndicale, ça ne
devrait pas les concerner, la mesure où ça devrait les concerner, si les mêmes
obligations s'appliqueraient à eux, ce qui n'est manifestement pas le cas dans
ce projet de loi.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Vous... Vous
l'avez dit, vous représentez 48 000 membres dans un secteur important,
celui de la construction. Est-ce que le ministre Jean Boulet vous a consultés
avant de déposer son projet de loi sur les mécanismes qu'il propose?
M. Gendron (Sylvain) : On...
je vais... On a eu une convocation, on s'est rencontrés par visioconférence. Ce
n'est pas vraiment un échange. Le ministre nous a expliqué le projet de loi,
les grandes lignes. On a été choqués, les cinq associés... en fait, les cinq
associations syndicales de la construction étaient réunies dans cette même
réunion. Et on a tous été choqués. Puis effectivement, il est difficile de
répondre ou d'amener des idées à ce moment-là. On s'est mis plutôt en
mode : ça n'a pas de sens, tu sais, là, on vient s'insérer dans nos
organisations. C'était cela la rencontre.
M. Paradis : Donc, il vous a
présenté, mais vous dites : Ça n'a pas été un dialogue.
M. Gendron (Sylvain) : Ça n'a
pas été un dialogue. Il y a eu une invitation à le contacter par la suite, mais
il n'y a pas eu de dialogue à ce moment-là.
M. Paradis : Bien. Et
pourtant, il y a beaucoup de suggestions puis...
M. Paradis : ...il y a beaucoup
de points pratico-pratiques dans le mémoire que vous avez déposé qui indiquent
que dans le secteur de la construction, ce projet de loi-là, c'est ce que vous
nous dites, va venir déséquilibrer un système qui est très important, c'est le
paritarisme. Donc, vous dites, non seulement on a l'air de dire dans le projet
de loi, les syndicats ne sont pas transparents, donc, malgré le fait que le
ministre dit qu'il ne veut pas créer de la méfiance, je le... tout à l'heure,
vous dites, c'est ce qu'il fait dans son projet de loi. Mais il ne dit pas la
même chose des associations, donc des employeurs, puis il vient déséquilibrer
le paritarisme. Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus sur ce déséquilibre
qui est créé par le projet de loi?
• (19 heures) •
M. Picard (Charles-Olivier) : Bien,
en fait, la loi R-20 a des fois des forces, des fois des faiblesses. La
première force qu'elle a, c'est qu'elle a créé un équilibre paritaire. Les voix
syndicales, les voix patronales sont traitées à juste titre en équité, avec un
projet de loi comme celui-là, en imposant des balises sur un vote, sur de la
gestion financière et sur la façon de collecter des cotisations qu'on dit
obligatoires, moi, je vous dirais sectorielles pour M. le ministre, dans
certains secteurs. En ne trouvant pas ces formes d'équité-là, on vient tuer
dans une quelque sorte, le paritarisme, l'équilibre sur lequel l'industrie de
la construction s'est bâtie et se régule, somme toute, assez bien depuis
plusieurs années.
M. Paradis : Le ministre
dit : Moi, je ne cherche pas à empêcher, je ne cherche pas à restreindre,
je veux juste donner plus de voix aux travailleurs. Êtes-vous d'accord avec
lui?
M. Picard (Charles-Olivier) : Absolument
pas. Absolument pas. On vient limiter notre capacité d'agir. Ça fait que si on
limite la capacité d'agir d'une association, on limite la voix du membre dans
cette association.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député de Saint-Jérôme. 2 minutes 12 secondes. La parole est à vous.
M. Chassin :Le dernier. Moi aussi, je suis le dessert. Voilà. J'ai une
question comme ça pour peut-être plus grand angle, mais ça me... ça me reste en
tête après d'autres intervenants, puis vous êtes en construction. On nous a
souvent mentionné que, notamment l'organisation avec R-20, c'était pour
préserver une certaine paix sociale dans le secteur de la construction. Puis je
comprends que c'est une industrie particulière. Est-ce qu'aujourd'hui, dans le
fond, vous pensez que les syndicats ont évolué puis que les comportements de
d'autres décennies précédentes, bien, ça ne passerait peut-être plus de toute
façon, là? On est encore en train de vous dépeindre comme une gang de Rambo
Gauthier.
M. Gendron (Sylvain) : Non,
c'est... c'est loin d'être ça, là. On est rendu dans un autre ère, là.
L'industrie de la construction, puis M. le ministre faisait mention d'une des
associations qui auraient eu des erreurs, et ils l'ont... ils l'ont reconnu et
ils font les corrections. Je ne vais pas plus loin parce que je n'ai pas
tendance à habituellement parler pour les autres, mais dans l'industrie de la
construction, là, on est rendus dans un autre monde. Les associations
syndicales, ce sont tous des associations qui sont démocratiques, bien gérées
maintenant puis qui ne sont pas là...
M. Chassin :...justifié d'avoir R-20, un système séparé pour
l'industrie de la construction, selon vous?
M. Picard (Charles-Olivier) : Bien,
à beaucoup d'égards, je vous dirais que ce n'est pas justifié, notamment quand
on parle de lois anti-briseurs de grève, par exemple. Mais c'est des points
qu'on a amenés à la modernisation de la loi 20, au PL 51. On a été entendus, on
n'a pas réussi ce qu'on voulait avoir, mais effectivement, j'imagine... mais à
plusieurs égards, est-ce que ce modèle-là réussit à vivre dans le temps? En ce
moment, il vit bien. Est-ce qu'il pourrait être perfectible? Absolument. On
n'oublie pas qu'on a des salariés qui sont affectés à une multitude
d'employeurs pour lequel ils sont régis par quatre conventions collectives
nationales.
M. Chassin :
Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci aux deux représentants du Syndicat québécois de la construction. Merci à
tous pour votre belle collaboration, mais surtout à vous pour les échanges
respectueux. C'est très apprécié. Donc, la Commission ajourne ses travaux au
mercredi 26 novembre 2025 à 12 h 05, où elle poursuivra son mandat. Bonne fin
de soirée, tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 03)