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Commission permanente des Finances
Bill 55 Loi de l'administration
financière
Séance du samedi 19 décembre 1970
(Onze heures vingt-huit minutes)
M. HOUDE (Limoilou) (président de la commission permanente des
Finances): A l'ordre, messieurs! Article 2.
Ministre des Finances
M. GARNEAU: M. le Président, vous vous rappelez qu'à
l'article 2, il y avait eu un très long débat et j'avais
suggéré qu'on suspende cet article-là pour me permettre de
consulter mes collègues et d'examiner les lois organiques d'autres
ministères. C'est ce que j'ai fait. Et après avoir
constaté que, parmi les lois organiques des ministères même
à caractère économique comme ceux de l'Industrie et du
Commerce, des Richesses naturelles, des Terres et Forêts, de
l'Agriculture, il n'y avait aucune loi organique qui confiait à un
ministère la responsabilité d'effectuer des recherches et de
conseiller le gouvernement en matière de politique économique, je
suggère que l'article 2a) demeure tel quel, comme une des
responsabilités du ministère.
M. PERREAULT: II y a un point important à rappeler aussi, c'est
qu'il y ait une synthèse de ces différentes études qui se
font dans les différents ministères. C'est beau d'avoir plusieurs
études dans tous les ministères, mais, à un moment
donné, il faut qu'une synthèse soit faite.
M. ROY (Beauce): Est-il bien nécessaire que la synthèse se
fasse au niveau du ministère des Finances seulement?
M. PERREAULT: C'est là que va se développer la politique
économique du gouvernement.
M. ROY (Beauce): En somme, le ministère des Finances, ce n'est
pas le ministère directeur, c'est un service, un ministère de
service.
M. PERREAULT: C'est un ministère clef.
M. GARNEAU: C'est justement parce que c'est un ministère de
service qu'il doit être en mesure de faire la synthèse de la
situation sur le plan économique telle que conçue dans le
développement des terres et forêts, dans le développement
des mines, de l'agriculture et de formuler une politique globale et aussi
être en mesure, à la suite des recherches et d'analyses, de porter
un jugement de valeur sur l'évolution de l'économie, d'une
façon globale. C'est surtout dans ce sens-là que cet article a
été inscrit tel qu'il l'est.
M. ROY (Beauce): Remarquez bien que nous ne sommes pas opposés,
au contraire, à ce qu'il y ait des politiques globales mais je me
demande réllement s'il n'appartiendrait pas, au cabinet
d'élaborer toutes les politiques globales qui devront être
élaborées et que le ministère des Finances, à ce
moment-là, ne devienne pas le ministère directeur, mais le
ministère qui coordonnera tous les services, de façon à
pouvoir mettre à la disposition des ministères les crédits
nécessaires en vue d'appliquer les politiques du gouvernement.
M. GARNEAU: D'effectuer des recherches et de conseiller le gouvernement.
Ce n'est pas de l'établir mais de conseiller le gouvernement, parce
qu'il faut que quelqu'un qui prépare les documents sur lesquels le
conseil des ministres se penche pour prendre une décision, pour ou
contre.
M. JORON: On semble craindre l'autorité morale du ministre des
Finances sur le cabinet.
M. ROY (Beauce): Non, je pense qu'il y a une différence entre
l'autorité morale du ministre des Finances et l'autorité
réelle du gouvernement. Je ne voudrais pas que mes paroles soient
prises...
M. GARNEAU: De toute façon, à notre point de vue, c'est le
conseil des ministres qui prend la décision.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je vais faire un bref
commentaire. Evidemment, je n'ai pas l'intention de reprendre le débat
qui a été fait en Chambre, un débat très
élaboré sur ce paragraphe a), je voudrais faire la
considération suivante: Devant le mandat principal qui est donné
au ministre des Finances qui est celui de s'occuper de la fiscalité
surtout et des considérations budgétaires, il est exact de dire
que le point de vue où les considérations économiques de
l'établissement d'une politique fiscale et budgétaire tenant
compte des implications économiques... Cela va de soi! Nous nous
étions interrogés, cependant, sur la rédaction de cet
article. Nous nous étions interrogés afin de savoir si le fait
d'inclure dans cet article des pouvoirs au ministre des Finances en
matière d'économique n'entraînerait pas, plus tard, des
demandes de la part du ministre des Finances pour revendiquer ou
réclamer des pouvoirs en matière sociale, parce qu'on comprendra
que tout le secteur des affaires sociales a aussi une incidence très
considérable sur la politique budgétaire et la politique
fiscale.
Nous nous sommes aussi demandé, une fois que le
précédent est créé, si, du côté de
l'Education, du côté des autres ministères
importants du gouvernement, il n'y aurait pas là, aussi, à un
moment donné, nécessité, pour le ministre, ou le ministre
ne pense-t-il pas à demander des pouvoirs plus étendus?
Nous voulions éviter surtout le dédoublement, nous
voulions éviter qu'au sein du ministère des Finances on
crée des sections très élaborées de recherche. Cela
commence par le secteur économique et ça aurait pu aussi
s'élargir, à un moment donné, et inclure le secteur
social, le secteur de l'éducation et les autres secteurs.
Je parle en mon nom personnel, ce n'était pas pour diminuer les
pouvoirs du ministre. Nous comprenons que sa responsabilité au sein du
gouvernement, au sein d'un ministère central qui rejoint les
préoccupations de tous les ministères, c'est le point central
parce qu'il y a d'abord la politique fiscale et la politique
budgétaire nous n'avions pas l'intention de restreindre ses
pouvoirs pour le plaisir de les restreindre. Je comprends qu'il doit avoir des
instruments pratiques et des instruments les plus complets possibles pour que
son ministère puisse élaborer inévitablement une politique
et satisfaire les autres ministères.
Pour notre part, nous avons fait valoir nos considérations. Le
ministre maintient sa position et nous sommes prêts à accepter la
rédaction de l'article tel que proposé. Mais nous avons voulu le
mettre en garde contre des conflits d'intérêt, ou contre la
possibilité pour son ministère de gêner, ou de venir en
contradiction avec l'élaboration de politiques et de recherches qui
pourraient être faites par les ministères à vocation
économique et particulièrement le ministère de l'Industrie
et du Commerce qui, depuis longtemps, est équipé pour faire des
recherches.
C'était le sens de nos observations. Je ne voudrais pas que le
ministre y voie un aspect péjoratif. Mais je crois que les
considérations que nous avons faites le porteront à être
plus prudent dans l'exercice ou dans l'usage de ce pouvoir que la loi lui
confère.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 2, adopté. Article 6,
adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 7, adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 8, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demanderais au ministre des Finances,
lorsqu'il s'agit de nouveaux articles, quand il y aura lieu, de nous en donner
la philosophie et la nécessité de les introduire.
M. GARNEAU: Dans cet article 8 il y a de nouvelles choses. Par contre,
il y a des choses qui ont été inscrites dans des lois organiques
des ministères qui ont été crées récemment
comme, par exemple, dans la Loi créant le ministère des Affaires
sociales. L'article 8 du ministère des Affaires sociales donne
également ce pouvoir de délégation de signature à
un fonctionnaire, soit un sous-ministre adjoint ou un sous-ministre
associé pour signer certains documents. A ce moment-là, on doit
pour le bénéfice des tiers le publier dans la
Gazette officielle.
Pour ce qui est du ministère des Finances, il y a une
série de documents qui auraient un caractère un peu
spécial, c'est la signature des coupons et des obligations
elles-mêmes. Cela représente des milliers de signatures et, dans
le cas de ces obligations ou coupons, le fac-similé de la signature a la
même valeur que la signature elle-même. Dans les autres cas, elle
n'a cette valeur que si le document est contresigné par une personne
autorisée par le ministre. C'est la politique qui est suivie dans
l'entreprise privée, lorsqu'on fait des émissions d'obligations
de plusieurs millions de dollars. Parce que, autrement, ça prendrait un
gars qui signerait des documents pendant des jours et des jours. On emploie
cette signature automatique pour compenser.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends parfaitement les observations du
ministre, parce que j'ai vécu le problème surtout en ce qui
concerne la signature des obligations. Comme question de principe, il est
parfaitement compréhensible que le ministre veuille
déléguer à ses fonctionnaires certaines
responsabilités surtout pour se dégager d'une foule de
tâches qui sont d'abord administratives, pour autant que ce ne sont pas
des questions d'orientation du ministère ou d'établissement de
politiques.
Surtout au ministère des Finances, nous avons peut-être du
côté pratique moins d'objections, parce que le ministre est
entouré d'une excellente équipe de sous-ministres qui ont
reçu une formation dans l'une de nos meilleures facultés
universitaires de la province, les Hautes études commerciales...
M. GARNEAU: Si vous me permettez, M. Cloutier, pour le
bénéfice des députés qui n'ont pas eu...
M. DEMERS: Qui n'ont pas eu l'avantage de prendre leur cours avec M.
Cloutier.
M. GARNEAU: Je veux vous présenter M. Cazavan qui est
sous-ministre des Finances, M. Goyette, sous-ministre adjoint, et M .
Châtelain, qui est actuellement contrôleur de la Trésorerie.
Je ne sais pas s'il va perdre sa "job" une fois le projet de loi
adopté...
M. CLOUTIER (Montmagny): M . le Président, le ministre nous a
parlé...
UNE VOIX: Continuez donc votre éloge de pro domo.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que les considérations que j'ai
faites sur la formation qu'ils ont reçue est suffisante, et le seul fait
de mentionner l'institution est déjà en soi une
référence très acceptable. Le ministre nous a
parlé, il y a un instant, de la question des coupons et des obligations.
J'aurais peut-être dû poser la question à l'article 2, mais
je voudrais savoir si le ministre des Finances et le ministère des
Finances continueront de coordonner toutes les émissions d'obligations
qui sont faites par les différents ministères et notamment le
ministère des Affaires sociales, en ce qui concerne les hôpitaux,
et aussi le ministère de l'Education, en ce qui concerne la construction
d'écoles.
M. GARNEAU: Les CEGEP aussi?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les CEGEP.
M. GARNEAU: Comme vous le savez, actuellement la coordination des
émissions d'obligation des CEGEP, universités et hôpitaux
est faite par le président de l'Hydro M. Giroux, qui avait
été affecté à cette fonction-là, il y a
quelques années. M. Giroux est un expert dans le domaine du financement,
et c'est la raison pour laquelle il avait été nommé
là, à ce moment-là. Maintenant, j'ai causé avec M.
Giroux et également avec les officiers du ministère, et tout le
monde est d'accord pour que cette coordination-là se fasse par le
ministère des Finances, étant donné que, si du jour au
lendemain M. Giroux tombait malade ou décédait de façon
subite, la coordination s'effectuerait difficilement. Alors, j'ai
demandé à M. Cazavan, sous-ministre des Finances, et à M.
Goyette, après en avoir parlé avec M. Giroux, de préparer
un schéma de structure, pour voir à peu près le nombre de
personnes qui devaient être affectées à ce
service-là et comment les relations s'établiraient avec le
ministère de l'Education ou de la Santé. Et aussitôt que le
rapport aura été complété et adopté par le
conseil des ministres ou le Conseil de la trésorerie, nous mettrons en
place ce service de coordination. Je pense qu'il sera plus logique de
fonctionner comme cela.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 8, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 9?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 10?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 11?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 12?
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 11, M. le Président
là il s'agit de publication d'un état sommaire de revenus et
dépenses pour l'année financière...
M. GARNEAU: A l'article 11?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Est-ce que le ministre a pensé
à faire publier aussi d'autres états quant à la situation
financière de la province en plus des états que l'on
connaît actuellement, dont on connaît la publication.
M. GARNEAU: Evidemment, c'était une surprise probablement pour
quiconque arrivait au ministère des Finances pour être responsable
de ce ministère pour la première fois de constater qu'une vieille
résolution de l'Assemblée législative de 1895 obligeait le
ministre des Finances à publier dans la Gazette officielle l'état
sommaire des revenus et des dépenses du gouvernement, ainsi qu'un
état de la dette consolidée. Cette année, il y avait cette
résolution-là qui nous y obligeait, et nous avons fait publier
ces états dans la Gazette officielle.
Mais nous avons également publié des états beaucoup
plus détaillés j'en avais une copie dont un
exemplaire avait été envoyé à tous les
députés. C'était en quelque sorte comme un bilan
d'entreprise. C'était un état financier d'une trentaine de pages
donnant le détail des revenus, des dépenses, le bilan, et
beaucoup plus d'indications que celles données par la Gazette
officielle. Nous avons l'intention de poursuivre cette politique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ces documents, paraissant dans le volume des
comptes publics, sont évidemment publiés...
M. GARNEAU: Avec retard.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...avec retard; c'est normal. Au moment de leur
publication, cela perd énormément d'intérêt parce
que l'autre année fiscale est largement entamée. Une publication
partielle des états financiers du Québec et des documents
pertinents à l'appui, au soutien de ces documents
généraux, est donc très importante. J'attire l'attention
du ministre. J'ai lu, il y a quelques semaines, un excellent article paru dans
la revue "L'actualité économique" publiée encore... Vous
m'excuserez, M. le Président.
M. GARNEAU: Par les Hautes études?
M. CLOUTIER (Montmagny): ...de mentionner les Hautes études
commerciales, encore une fois. Un expert a fait l'analyse des renseignements
qui pourraient être communiqués au public et aussi des
modifications importantes. Je crois que cet article, si ce n'est
déjà fait,...
M. GARNEAU: Quel numéro?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le mois de juillet.
M. DEMERS: Juillet - septembre 1970.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, cet article pourra faire...
M. DEMERS: ...aux corollaires...
M. CLOUTIER (Montmagny): ...l'objet d'études par les officiers du
ministère des Finances et voir jusqu'à quel point, en pratique,
cela pourrait se concrétiser.
M. GARNEAU: Une autre raison pour laquelle nous avons publié
cette année cet état plus complet, plus détaillé,
c'est que, lors de la présentation du discours du budget au mois de
juin, le ministre des Finances du temps avait indiqué que, dans les
rapports qu'il remettait, il ne donnait pas de bilan, on pourrait appeler cela
pro forma, parce qu'il y avait des mois où les chiffres n'étaient
pas complétés. Il avait alors dit qu'au lieu de donner un bilan
approximatif ou avec des évaluations, il attendrait pour publier un
document complet vers le mois de septembre. C'est ce que nous avons fait. Nous
allons continuer de le publier. Si dans cet article-là, il y a des
suggestions additionnelles, nous n'aurons pas d'objection...
M. DEMERS: La valeur d'un emprunt, par exemple,...
M. GARNEAU: Oui.
M. DEMERS: ...lorsque vous préparez un prospectus, vous devez
être obligé...
M. GARNEAU: C'est le "full disclosure", comme ils appellent cela.
M. DEMERS: Comme cela votre affaire est à point.
M. GARNEAU: Quand on emprunte, autant sur le marché canadien que
sur le marché américain, c'est le principe du "full disclosure".
Maintenant, en Allemagne, cela ne va pas aussi bien que cela allait. Les
marchés sont beaucoup plus resserrés.
Dans le dernier prospectus de l'Hydro, par exemple, vous avez tous les
états financiers du Québec et les autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de mentionner que le
marché allemand était moins ouvert. Est-ce que l'on peut
interpréter cela actuellement, comme l'impossibilité, ou presque
d'emprunter sur le marché allemand?
M. GARNEAU: Cette année, le marché n'était pas
propice du tout. Il y a des emprunts qui ont été faits il y a
quelques années et qui arrivent à échéance en 1971.
C'est bien notre intention d'essayer de renouveler ces emprunts. Cela va
dépendre de la situation sur le marché...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a continué
d'explorer les possibilités du marché japonais?
M. GARNEAU: Nous le surveillons étroitement. Mais
malheureusement, il n'est pas encore ouvert pour les emprunts. Il y a des
restrictions quant à la sortie des capitaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai une autre question
qui reviendra j'aime autant la poser tout de suite un peu plus
tard ou qui aurait peut-être dû venir avant. Est-ce que les
mécanismes qui avaient été mis sur pied pour la
préparation du budget, notamment par l'ancien ministre des Finances, M.
Beaulieu, comme l'appel des consultants de l'extérieur qui ont
formé une équipe avec les fonctionnaires du ministère des
Finances ainsi qu'avec cinq ministres cela rejoint l'idée du
Conseil du trésor et aussi des personnalités, des experts
en différentes matières, ont été retenus ou s'ils
ont été retenus partiellement par le nouveau ministre des
Finances ou si seulement les fonctionnaires à l'intérieur du
gouvernement et le Conseil du trésor prépareront les estimations
budgétaires?
M. GARNEAU: Nous n'avons pas retenu l'idée des consultants de
l'extérieur.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était une participation
bénévole.
M. GARNEAU: Pour ma part, compte tenu d'une certaine expérience
vécue par un certain ministre fédéral des Finances en ce
qui regarde la consultation de personnes à l'extérieur du
gouvernement, j'ai préféré être prudent.
Je ne voudrais pas parler pour les années qui ont
précédé immédiatement 1970. Pour ce que j'ai connu
avant 1966, alors que j'étais au bureau de M. Lesage, qui était
ministre des Finances, le budget était préparé sous
l'autorité du sous-ministre adjoint aux Finances, M. Langlois. Cette
année, nous avons formé un comité de hauts fonctionnaires
comprenant M.
Tremblay de l'Office de planification, le conseiller économique
du gouvernement, M. Bélanger, le sous-ministre de la Fonction publique,
M. Bolduc, le contrôleur de la Trésorerie, M. Châtelain, M.
Guy Langlois, évidemment, du ministère des Finances, et M. Michel
Audet, qui agit comme secrétaire.
Ce comité agit comme conseiller auprès du Conseil du
Trésor pour la préparation des estimations de dépenses. En
premier lieu, nous avons présenté au conseil des ministres un
document émanant du Conseil du Trésor pour offrir des suggestions
en ce qui regarde les possibilités de priorités gouvernementales
dans différents secteurs. Une fois que le document de principe a
été adopté, le Conseil du Trésor a
été chargé de préparer des estimations de
dépenses suivant le principe de l'enveloppe globale. A partir de cela,
les ministères préparent leur budget, leurs estimations de
dépenses qui doivent nous parvenir il y en a qui sont
entrés d'ici le 1er janvier. Normalement, les premières
estimations de dépenses des ministères, compte tenu de
l'enveloppe globale, vont nous parvenir et vont être
étudiées par le comité de hauts fonctionnaires, revues par
le Conseil du Trésor et présentées au conseil des
ministres.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y avait un travail assez
élaboré évidemment c'était la
première année, l'an dernier, que cela se faisait sur les
critères qui permettaient de retenir des priorités. Est-ce que ce
travail a été continué et précisé? On
comprend en effet que c'est la première année qu'un groupe de
spécialistes, de fonctionnaires et de ministres se penchent sur un
document aussi technique que celui de l'établissement de critères
qui serviront de base à l'établissement des priorités.
Evidemment, c'est un document qui demandait d'être précisé
et discuté davantage. Est-ce qu'il y a eu des travaux faits sur ce
document qui ont permis au ministre actuel des Finances d'élaborer des
critères assez précis?
M. GARNEAU: Si le député de Montmagny se
réfère à un document préparé par l'ancien
gouvernement ou par des fonctionnaires qui travaillaient pour l'ancien
gouvernement, malheureusement...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela a été préparé
par ce comité spécial qui avait été crée
l'année passée...
M. GARNEAU: Je n'en ai pas pris connaissance.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... provenant des gens de l'extérieur.
Il y a des documents assez importants qui discutaient ou proposaient des
critères permettant d'établir des priorités. Je comprends
que ces critères qui permettent de déboucher sur des
priorités dans le cadre de l'étude d'un budget particulier
peuvent être modifiés les années suivantes.
J'attirerais l'attention du ministre sur ce travail de base qui a
déjà été accompli, travail extrêmement
intéressant, et qui lui permettra véritablement de comprendre
l'amorce du travail, des priorités, qui a été fait les
années passées.
M. GARNEAU: On m'informe que M. Michel Bélanger faisait partie de
ce comité...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est exact.
M. GARNEAU: ... je n'ai pas, personnellement pris connaissance de ce
rapport mais j'imagine que, dans les deux ou trois projets de documents qu'elle
a préparés, l'équipe dirigée par M. Bélanger
s'en est inspirée. Personnellement, j'ignorais l'existence de ce
rapport, je n'en ai pas pris connaissance mais j'ai bien l'impression que les
fonctionnaires qui travaillaient et qui nous ont conseillés sur
différentes solutions étaient au courant de l'existence de ce
rapport. J'imagine qu'ils ont dû s'en inspirer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que M. Bélanger continuera
d'assumer toute la coordination de la préparation des budgets?
M. GARNEAU: Cette année, c'est lui qui assure la coordination de
la préparation des estimations de dépenses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bien, adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Aritcle 11, adopté. Article
12.
Contrôleur des finances
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 12, est-ce que le ministre a des
commentaires?
M. GARNEAU: Actuellement il existe un contrôleur de la
Trésorerie. C'est un fonctionnaire du ministère des Finances et
qui, quant à son travail, relève pour une bonne part du Conseil
du trésor; mais à l'avenir le contrôleur des finances
demeurera essentiellement un fonctionnaire du ministère des Finances, et
les responsabilités qui lui sont confiées et que nous verrons aux
articles qui vont suivre correspondent en partie à ce qu'il faisait
déjà, sauf que le contrôleur des finances n'aura plus
à porter de jugement sur le bien-fondé des dépenses.
Vous savez qu'actuellement, en vertu de l'arrêté en conseil
1556, le contrôleur des finances approuve, c'est-à-dire que les
ministères n'ont pas le droit, n'ont pas l'autorité pour
approuver les dépenses de $0 à $25,000. Le bien-fondé de
la dépense doit être ratifié par le
contrôleur de la Trésorerie; de $25,000 à $1 million
par le Conseil de la trésorerie et pour plus de $1 million par le
conseil des ministres.
Aujourd'hui, dans cette nouvelle proposition que nous faisons à
la section II sur le contrôleur des finances, ce dernier n'aura plus
à porter de jugement sur le bien-fondé de la dépense. Le
jugement sur ce bien-fondé sera porté par le ministère
par le ministre et ses hauts fonctionnaires suivant les
directives qu'il restera à établir parce qu'il y aura un
arrêté en conseil qui répartira cette
responsabilité. Est-ce que le nouvel arrêté en conseil dira
que de $0 à $25,000 ou $50,000 le bien-fondé de la dépense
est ratifié par le ministre et le sous-ministre, ou probablement par le
sous-ministre des ministères; de $50,000 à $1 million par le
Conseil du trésor et pour plus de $1 million par le conseil des
ministres? Je ne veux pas présumer de la décision du conseil des
ministres, mais cette responsabilité sera confiée aux
ministères.
Maintenant, le contrôleur des finances sera également
chargé de suivre l'imputation des crédits sur chacun des
crédits votés par l'Assemblée nationale. Il sera
également chargé, comme nous le verrons plus tard, de faire la
vérification avant paiement, ce qui était fait jusqu'à ce
jour par l'Auditeur de la province qui faisait la vérification avant
paiement et après paiement.
M. DEMERS: L'Auditeur de la province, son rôle sera réduit
à très peu.
M. GARNEAU: Le rôle de l'Auditeur de la province sera le
même que celui d'un vérificateur ou d'un comptable
agréé pour les actionnaires d'une compagnie.
M. DEMERS: II prend le bazar à la fin de l'année et il
fait le bilan.
M. GARNEAU: Ah bien! Dans une grande opération, cela va
être continuel...
M. DEMERS: Oui, il va en venir...
M. GARNEAU: ... comme cela se fait à l'Hydro-Québec, par
exemple.
M. DEMERS: Vous avez un contrôleur adjoint aussi.
M. GARNEAU: Oui. C'est parce que je ne sais pas, le conseiller
juridique, je voudrais qu'on me corrige suivant la Loi de
l'interprétation, il fallait indiquer un contrôleur adjoint,
contrairement à ce que nous verrons tout à l'heure lorsque nous
arriverons au vérificateur général, le vérificateur
général ayant le rang de sous-ministre... En vertu de la Loi de
l'interprétation est-ce bien ça, M. l'avocat on
indique que le fait d'avoir un sous-ministre veut dire automatiquement qu'il
peut y avoir un député, c'est-à-dire un sous-ministre
adjoint; alors que dans le cas du contrôleur des finances, comme il n'est
pas nécessairement sous-ministre, n'a pas rang de sous-chef, il fallait
indiquer dans le texte de loi qu'il peut avoir un adjoint advenant le cas
où il serait malade. D'ailleurs, c'est ce qui existe
présentement, il y a un contrôleur adjoint.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les contrôleurs des finances sont rares.
Evidemment, dans chacun des ministères il y aura des officiers qui
contrôleront...
M. GARNEAU: En vertu de l'article 17, si ma mémoire est bonne,
comme nous le verrons, le contrôleur a la responsabilité de
fournir aux ministères du gouvernement les services de
comptabilité requis. Et, suivant l'article 15, il peut placer un
fonctionnaire dans chaque ministère et organisme qui émarge au
budget de la province.
M. DEMERS: Tout cela en partant de la mutation de la Fonction
publique.
M. GARNEAU: C'est ! Sur ce plan, en réalité il n'y a pas
de changement. C'est ce qui existe présentement...
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Le député de
l'Assomption, s'il vous plaît!
M. PERREAULT: Vous parliez de l'Hydro-Québec, est-ce que le
contrôleur des finances a pour tâche la vérification interne
de l'Hydro-Québec?
M. GARNEAU: C'est ça! Comme le contrôleur à
l'intérieur d'une compagnie, versus le bureau de comptables, de
vérificateurs de l'extérieur, qui est engagé en quelque
sorte ou nommé par les actionnaires de l'entreprise. Dans le cas de
l'Hydro-Québec, c'est le gouvernement qui nomme le vérificateur
des comptes comme à la Régie des alcools.
M. PERREAULT: Si je comprends bien, le contrôleur des finances
fait de la vérification interne et le vérificateur
général, c'est un auditeur.
M. GARNEAU : II fait de la vérification externe.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Le contrôleur des finances, auparavant,
était nommé par le gouvernement?
M. GARNEAU: C'est ça!
M. ROY (Beauce): Maintenant, le contrô-
leur des finances va être nommé par la Fonction
publique.
M. GARNEAU: C'est-à-dire que c'est la même chose.
M. DEMERS: Elle n'a plus le droit de le nommer.
M. GARNEAU: C'est-à-dire que le contrôleur de la
Trésorerie était autrefois un fonctionnaire nommé suivant
la Loi de la Fonction publique, si ma mémoire est bonne.
M. ROY (Beauce): Nommé par le gouvernement mais engagé par
la Fonction publique ou engagé par la Fonction publique à la
suite de concours. Pourquoi?
UNE VOIX: Parce que, lorsque la loi a été
votée...
M. ROY (Beauce): Je pense que c'est assez important.
M. GARNEAU: Quand l'ancienne Loi du ministère des Finances a
été adoptée elle remonte à 1961 la
Loi de la Fonction publique, telle qu'elle existe présentement,
n'existait pas et maintenant ce sont les sous-chefs ainsi que les
sous-ministres adjoints qui sont nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil sur recommandation du premier ministre. Les autres fonctionnaires des
cadres supérieurs, c'est ce qui se produit dans le cas du
contrôleur des finances ainsi que les fonctionnaires et ouvriers de tout
organisme visé au paragraphe 7, sont nommés par le
leiutenant-gouverneur en conseil.
M. ROY (Beauce): Ils seront encore nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GARNEAU: Oui, c'est ça. En vertu de l'article 33 de la Loi de
la Fonction publique.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'il est assez important de savoir un peu de
quelle façon...
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 13.
M. GARNEAU: Comme c'est un article nouveau, je peux peut-être
indiquer, en lisant, je pense bien... "Le contrôleur des finances doit
tenir la comptabilité du gouvernement, il doit aussi,
conformément à la présente loi, enregistrer les
engagements financiers imputables, sur chaque crédit et voir à ce
que ces engagements et les paiements qui en découlent n'excèdent
pas les crédits et leur soient conformes. Il accomplit aussi les autres
fonctions qui lui sont dévolues en vertu de la loi."
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelles sont les mesures que le
contrôleur peut prendre s'il constate que des ministères et des
organismes qui dépendent des régies, ou des organismes, des
hôpitaux, dans le secteur parapublic ne respectent pas, sauf pour des
raisons incontrôlables, les normes, ou les budgets déjà
approuvés? Quelles sont les mesures que le contrôleur des finances
ou le Conseil du trésor peut prendre alors?
M. GARNEAU: D'après la loi, aucun engagement ne peut être
pris s'il n'y a pas un crédit sur lequel cet engagement peut être
imputé. Si, dans un ministère, le comptable qui va
vérifier l'imputation des crédits constate qu'un tel
crédit est épuisé, il ne pourra pas certifier le
crédit et l'engagement ne pourra pas être pris par le
sous-ministre ou par le ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord, cela va assez bien pour certains
postes qui relèvent plus particulièrement du ministère.
Mais quand il s'agit d'administration par délégation, par
exemple, les hôpitaux, les institutions de bien-être, les services
sociaux, les commissions scolaires, les CEGEP, les universités, nous
savons qu'ils ont un budget, ils sont subventionnés, soit totalement,
soit partiellement, alors il peut se poser des problèmes, comme nous en
avons vécu dans le domaine des hôpitaux, après
l'approbation d'un budget...
M. GARNEAU: Je sais cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...en fin d'année. Et c'est un
problème qui existe depuis longtemps. Les administrateurs des
hôpitaux nous donnent toutes sortes de bonnes raisons pour ne pas avoir
pu fonctionner à l'intérieur du budget déjà
approuvé et, parfois, ces raisons sont fort valables. Soit parce que le
volume des services rendus est supérieur aux prévisions initiales
du début de l'année. Alors, quels seraient les pouvoirs du
contrôleur des finances, ou du ministre des Finances, afin de corriger la
situation, une fois que le déficit a été communiqué
au ministère, et afin de prévenir que cette situation ne se
répète?
M. GARNEAU: Le contrôleur des finances comme tel certifie les
crédits qui sont votés pour le ministère de la
Santé pour payer le bénéfice de la Loi de
l'assurance-hospitalisation, mais le contrôleur des finances n'a pas
l'autorité actuellement, en vertu de la loi, il ne l'aurait pas non
plus, d'aller contrôler l'utilisation du budget de l'hôpital X qui
a été accepté par les officiers du ministère de la
Santé.
Je comprends à quoi réfère le député
de Montmagny. Je pense qu'il a eu à faire face lui aussi à des
problèmes. Et je me rends compte, en préparant le budget de cette
année que ce n'est pas toujours facile de contrôler exactement les
prévisions de dépenses...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est la même chose dans le domaine de
l'éducation.
M. GARNEAU: Mais l'avantage dans le domaine de l'éducation ou, si
l'on peut dire, le cran d'arrêt, c'est que, si ce ne sont pas des
dépenses admissibles, les commissions scolaires seront obligées
d'augmenter les taxes tandis que, dans les hôpitaux, on ne peut pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils ne peuvent pas changer les patients qui
sont passés par l'hôpital.
M. GARNEAU: Alors, on est pris...
M. DEMERS: On ne peut pas changer les patients et les faire...
M. GARNEAU: Cela crée un problème spécial et il
faudrait presque trouver des méthodes de sanction au niveau des
administrations quand il y a réellement un abus. C'est un
problème parce que si on était prêt à faire la
révision, on saurait le montant de ces dépenses qui ont souvent
été effectuées sans que le ministère de la
Santé le sache. Quand la situation devient réellement
corsée au niveau de l'hôpital, ils sont alors obligés de
demander de l'argent additionnel. C'est à ce moment que le
ministère de la Santé constate qu'il y a eu dépassement de
budget. Bien souvent, on est devant des faits accomplis et le
député de Montmagny le sait bien et cela cause toujours certains
problèmes. Il va falloir trouver des méthodes de contrôle
beaucoup plus strictes dans l'utilisation des budgets des hôpitaux.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de le faire par un
arrêté ministériel quand vous aurez trouvé la
formule?
M. GARNEAU: Oui. D'établir...
M. DEMERS: Pour établir les normes exactes, et un
règlement qui obligerait les contrôleurs d'hôpitaux à
équilibrer leurs affaires. Vous devez avoir le même
problème avec les foyers?
M. GARNEAU: C'est le ministère lui-même qui pourrait
actuellement utiliser...
M. DEMERS: Comme ces actuaires... M. GARNEAU: ... qui pourrait
avoir...
M. CLOUTIER (Montmagny): II est délicat pour le contrôleur
des finances d'ailleurs il n'a pas ces pouvoirs et aussi pour le
ministre des Finances de s'introduire dans les différents
ministères et de rejoindre les organismes, les institutions du secteur
parapublic.
M. GARNEAU: II serait très difficile de passer par-dessus la
tête des ministères dans ce cas-là. Nous pouvons leur faire
des suggestions.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je crois que les
ministres sont sensibilisés à ce problème difficile et qui
est loin d'être réglé. Il y a différentes mesures de
contrôle qui ont été prises et il y en a d'autres qui
étaient en discussion. Quand on délègue des pouvoirs
à des corporations, que ce soit à des commissions scolaires,
à des hôpitaux ou à des institutions de bien-être, il
est évident qu'ils doivent aussi avoir une certaine marge de manoeuvre
et que les contrôles directs, à l'intérieur d'institutions,
doivent être faits avec une certaine approche. Cela doit se faire sous
forme de dialogue et d'échanges mutuels afin que ces mesures ne soient
pas considérées comme une mainmise directe sur l'administration.
Je vois que le ministre est conscient de ce problème et il a, il a eu et
il aura l'occasion d'en discuter avec ces collègues, au sein du conseil
des ministres, et j'espère qu'il trouvera des formules qui, tout en
laissant une certaine marge de manoeuvre aux institutions, permettront un
contrôle gouvernemental tout de même assez efficace. De toute
façon, je n'ai pas l'intention d'en faire un débat. La question
sera beaucoup plus pertinente quand nous discuterons des prévisions
budgétaires de chacun des ministères. Du moment que le ministre
en est conscient, cela me satisfait.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 13. Adopté. Article
14. Adopté.
M. PERREAULT: M. le Président, à l'article 14, est-ce que
ça comprend toutes les régies gouvernementales?
M. GARNEAU: Non. Si vous lisez l'article attentivement, on dit: "Le
contrôleur a droit de prendre librement communication de tous les
dossiers, documents et registres concernant les engagements financiers de
chaque ministère, ainsi que de chaque organisme désigné
par le lieutenant-gouverneur en conseil et dont les dépenses
d'administration sont payées à même un crédit
voté ou inclus dans le budget." On est obligé de procéder
par cette formulation. Il y a eu une très longue discussion avec les
conseillers juridiques et j'en ai fait part dans mon intervention en
deuxième lecture. Il n'y a pas au Québec une classification des
organismes qu'on peut appeler paragouvernementaux, régies, offices,
commissions, qui établit dans chaque cas quel est le degré
véritable d'autonomie sur le plan des responsabilités qui leur
sont confiées comme en matière d'établissement de
politiques. Ainsi la Régie des transports émet des permis de
camionnage; la Régie des alcools et l'Hydro-Québec sont des
régies commerciales. Vous avez toute une série... il y a plus de
105 offices, organismes ou régies. Comme ils ne sont pas
classifiés, on ne peut pas référer à ce type
de classification qu'on veut faire. D'ailleurs, il y a une équipe
en place, depuis une couple de semaines, pour travailler là-dessus. Nous
avons été obligés de dire: "ainsi que de chaque organisme
désigné par le lieutenant-gouverneur en conseil et dont les
dépenses d'administration sont payées."
Pour répondre à votre question, je ne peux pas dire que
toutes les régies sont incluses. Par exemple, la Régie des
alcools et l'Hydro-Québec n'y sont pas.
M. PERREAULT: Ce qui veut dire que les régies qui sont
indépendantes du budget ne seraient pas là-dedans?
M. GARNEAU: Non, elles ne seraient pas là-dedans.
M. PERREAULT: Ce sont celles qui émargent au budget de la
province.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): L'article 14, adopté?
M. CLOUTIER: Oui.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): L'article 16, adopté?
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 17, adopté. Article
18...
Conseil du Trésor
M. CLOUTIER: M. le Président, sur toute cette section du Conseil
du trésor, est-ce que le ministre pourrait faire des observations?
M. GARNEAU: Des amendements apportés à la Loi du
ministère des Finances en 1961 prévoyaient l'existence d'un
Conseil de la Trésorerie (section III du chapitre 64 des Statuts
refondus de 1964) et d'un contrôleur de la Trésorerie. Ce dernier
avait la responsabilité de fournir la comptabilité aux
ministères qui le demandaient. Mais comme tous les ministères
l'avaient demandé, c'est pour cette raison que, dans le projet de loi,
on a dit: Ce qui existe, c'est aussi bien de le mettre tel quel (article 17).
Ce contrôleur de la Trésorerie avait aussi l'autorité
d'approuver, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, le
bien-fondé des dépenses de zéro à $25,000 pour les
ministères. Il s'occupait également de l'imputation des
crédits, c'est-à-dire qu'il tenait un registre de l'imputation
des crédits. Ce contrôleur de la Trésorerie
répondait à un Conseil de la trésorerie qui approuvait, en
quelque sorte, pour le compte du Conseil exécutif, une série de
dépenses, mais sans pouvoirs statutaires. C'est-à-dire que tout
ce qui était fait par le Conseil de la trésorerie était
repris par la suite par le conseil des ministres. Il y avait deux
possibilités: soit que le conseil des ministres reprenne chacun des
documents qui avaient été approuvés par le Conseil de la
Trésorerie et les approuve un à un, mais, à ce
moment-là, c'était une perte de temps, soit encore qu'il les
ratifie tout simplement, sans en prendre connaissance, par un
arrêté omnibus; à ce moment-là, c'était
encore charger inutilement l'ordre du jour du conseil des ministres. Etant
donné la charge de travail et l'ordre du jour toujours extrêmement
rempli du conseil des ministres, et pour permettre également au conseil
des ministres d'être dégagé de certaines questions
administratives afin d'avoir le temps de se pencher plus sur les questions
véritablement importantes, sur les orientations majeures et de prendre
les décisions sur des sujets de très grande importance, nous
avons pensé donner au Conseil du trésor suivant d'ailleurs
les recommandations de plusieurs commissions d'enquête des
pouvoirs statutaires. Ces pouvoirs statutaires permettent donc de
dégager le conseil des ministres d'une foule de responsabilités
administratives. D'un autre côté, pour bien indiquer que le
Conseil du trésor, même s'il avait des pouvoirs statutaires, ne
devenait pas un organisme puissant sur lequel, éventuellement, le
Conseil des ministres n'aurait eu aucun recours, nous avons maintenu dans le
projet de loi un article qui est l'article 26 et qui indique si le conseil des
ministres jugeait opportun, pour des raisons difficiles à établir
maintenant, que tel ou tel pouvoir devrait être soustrait au Conseil du
trésor pour une période de temps et qui devrait être
attribué au Conseil des ministres, il pourra le faire en vertu de
l'article 26 du présent projet de loi.
Pour résumer, nous le verrons tout à l'heure
les pouvoirs qui sont confiés au Conseil du trésor ont pour but
de dégager le conseil des ministres des questions administratives et de
permettre à un comité spécialisé du conseil de se
pencher sur ces questions administratives, normes, règles, formes de
comptabilité dans les ministères, responsabilité de
préparer les estimations de dépenses. Encore là, on a fait
certains commentaires à la Chambre l'autre fois sur les
responsabilités ou le fait que le ministre des Finances devenait un
tzar.
M. CLOUTIER: II y en a qui ont dit cela! M. GARNEAU: II y en a qui ont
dit cela. M. MASSE : Certains se sont sentis visés.
M. GARNEAU: II va y avoir de la jalousie parce qu'il y aurait deux tzars
dans le même conseil des ministres. Il y a aussi M. Castonguay qui a
été accusé dans ce sens-là.
En fait, dans l'économie générale du projet de loi,
le ministre des Finances, en ce qui concerne la préparation du budget et
le contre-
le du budget, aura moins de pouvoirs que dans l'ancienne loi. Ces
pouvoirs sont plutôt confiés à un comité du conseil
des ministres c'est-à-dire cinq membres du conseil des ministres
qui va avoir cette responsabilité autrefois était
placée beaucoup plus sous la responsabilité du ministre des
Finances.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels ministres feront partie du Conseil du
trésor? Est-ce que le ministre des Finances peut les nommer?
M. GARNEAU: Je ne peux pas les nommer parce que c'est le premier
ministre qui va les désigner par arrêté en conseil.
M. JORON: A ce sujet-là, dans la mesure où le travail du
Conseil du trésor n'est pas purement technique et qu'il voit à la
préparation des estimations budgétaires de l'année
suivante, dans quelle mesure, dans la pratique, est-ce que les suggestions du
Conseil du trésor présentées devant le Conseil
exécutif influencent en grande partie celui-ci finalement?
M. GARNEAU: Très largement.
M. JORON: C'est donc indirectement, dans ce sens-là, un centre de
décision, ça devient en partie un centre de décision au
Conseil du trésor. Comme la préparation d'un budget implique des
choix d'ordre politique, il pourrait arriver qu'un Conseil du trésor
soit dominé par des types de ministres par exemple, les ministres
de la Voirie, des Travaux publics ou autres ministères de ce type
et oriente considérablement les priorités du gouvernement par
autorité morale. Est-ce qu'il ne serait pas prudent de prévoir
statutairement que le ministre je pense à deux disciplines entres
autres de l'Education et celui des Affaires sociales en feraient
automatiquement partie?
M. GARNEAU: Pour les estimations de dépenses c'est du
moins la procédure qui a été suivie cette année
un mandat a été confié au Conseil du trésor
à partir d'un document établissant les priorités du
gouvernement. Le conseil des ministres a d'abord accepté les principes
suivant lesquels les estimations de dépenses de l'année 71/72
seraient préparées.
M. JORON: II y a des instructions qui sont d'abord transmises...
M. GARNEAU: Qui sont d'abord transmises, c'est ce qui est arrivé.
On a eu des instructions du conseil des ministres pour la préparation
des estimations de dépenses indiquant dans quel sens et sous quel aspect
nous devions placer les priorités. C'est à partir de ce
document-là que le Conseil du trésor, le comité de
fonctionnaires, a préparé des suggestions d'enveloppe globale
pour chacun des ministères. Ces suggestions ont été
ratifiées par le conseil des ministres, après consultation avec
la commission interministérielle de planification. Elles ont
été approuvées par le conseil des ministres et
distribuées dans les ministères.
M. JORON: Est-ce que ce même mécanisme-là est inclus
dans le présent projet de loi?
M. GARNEAU: Non, parce que ce sont des modalités, et il se
pourrait que pour un autre gouvernement, les principes que nous avons
essayé de mettre de l'avant dans l'économie
générale de la loi puissent paraître peut-être un peu
simples. Nous avons voulu essayer de faire une distinction entre le
gouvernement et l'administration prise dans le sens de l'exécution. Nous
avons essayé de faire un effort pour qu'un principe assez fondamental
puisse être appliqué, à savoir que le gouvernement
gouverne, c'est-à-dire qu'il donne des directives, établit des
orientations générales, prend les décisions importantes,
mais, d'un autre côté, une fois cela fait, que l'on ait des
administrateurs qui puissent administrer, c'est-à-dire qu'ils aient des
pouvoirs pour exécuter le plus rapidement possible, suivant des normes
établies par le Conseil du trésor, les décisions prises au
niveau gouvernemental.
Les deux grands principes qu'on a essayé de mettre de l'avant,
c'est de faire une loi qui permettait au gouvernement de gouverner et aux
administrateurs d'administrer. C'est dans cet esprit-là que la loi a
été faite: ce n'est d'ailleurs pas quelque chose que nous avons
inventé. Les recommandations du rapport Glassco étaient à
cet effet-là. Les recommandations du comité de fonctionnaires qui
avisait M. Mineau et qui a présenté certaines suggestions
techniques étaient dans ce sens-là également.
M. JORON: Ce serait prudent de prévoir que le conseil des
ministres soit obligé de fournir des instructions au Conseil du
trésor avant que celui-ci ne se mette en marche.
M. GARNEAU: Nous pourrons peut-être l'inclure dans le projet de
loi, mais ce serait peut-être l'alourdir inutilement, puisque, par
l'article 26, le conseil des ministres peut réduire, annuler tous les
pouvoirs du Conseil du trésor. Disons que, sur un conseil de ministres,
quand un groupe de ministres abuse un peu, il y en a plusieurs qui sont
là pour les ramener un peu à l'ordre, s'ils semblent vouloir trop
s'accaparer de pouvoirs.
Mais, dans le sens de ce que vous ditez,si je peux me permettre
je suis peut-être un peu en dehors du projet, mais j'en avait dit
quelques mots en réplique lors de mon intervention en deuxième
lecture actuellement il existe ce qu'on appelle un comité des
priorités au sein du gouvernement.
Ce comité est composé de tous les ministres qui
siègent en dehors de la réunion, avec des
ordres du jour. J'avais indiqué que moi, personnellement,
j'envisageais, j'approuvais, je recommandais même la formation d'un
comité des priorités qui siégerait très
régulièrement en permanence, même s'il est un comité
restreint, et qui pourrait être appuyé dans son travail par
l'Office de planification comme expert auprès de ce comité. A ce
moment-là, je pense qu'on pourrait établir, si cela pouvait
être mis de l'avant assez rapidement, un certain équilibre entre
la préparation des politiques générales et leur
application, la préparation étant la responsabilité du
comité des priorités et, par la suite, de décision du
conseil des ministres, transmise à un autre comité qui a la
responsabilité de les appliquer dans la préparation des
estimations de dépenses.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Mon collègue de Rouyn a mentionné qu'on
aurait peut-être dû, dans la loi, mentionner ou de stipuler de
façon plus précise que le Conseil du trésor devrait
peut-être permettre certaines normes en vue de déterminer si, de
telle catégorie, par exemple, le budget au ministère, devrait
faire partie du Conseil du trésor. Maintenant, je remarque que la loi
est assez large...
M. GARNEAU: Tous les ministres font partie. Le point d'interrogation, ce
sont les organismes qu'on appelle paragouvernementaux. Certains sont sous le
contrôle, d'autres, ne le sont pas.
M. ROY (Beauce): Ce que je voulais dire c'est ceci: Supposons, par
exemple, que le Conseil du trésor est constitué.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, tandis que le premier
ministre est ici, j'aurais une question à lui poser. Si le premier
ministre veut venir répondre.
La question que je veux lui poser, M. le Président, part d'un bon
motif. Le ministre des Finances nous a dit, il y a un instant, nous sommes
à discuter l'article 18 pour la formation du Conseil du trésor
qui va être formé de cinq membres du Conseil exécutif, le
ministre des Finances nous a dit que la responsabilité de nommer les
membres du Conseil du trésor appartient au premier ministre.
Le premier ministre pourrait nous indiquer sur quels critères il
va se baser pour faire appel aux services d'un ministre en particulier pour
faire partie du Conseil du trésor: est-ce l'importance du budget
consacré à ce ministère ou sont-ce les priorités du
gouvernement, ou est-ce le souci d'équilibre entre les différents
ministères? Sur quels critères le premier ministre se basera-t-il
pour faire appel à cinq ministres en particulier?
M. BOURASSA: Je peux dire les critères que j'ai choisis pour la
situation actuelle. Il faut également cinq ministres au Conseil du
trésor. Il y avait le ministre des Finances, évidemment, il y
avait le ministre des Affaires sociales parce que 40 o. c. du budget du
gouvernement ont trait aux Affaires sociales. Il y avait le ministre des Terres
et Forêts à cause de son expérience particulière
alors qu'il était au Conseil du trésor au gouvernement
fédéral. Il y avait le ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales, M. Parent, parce qu'il avait une expérience dans
ce secteur et qu'il avait une certaine disponibilité, et le ministre de
la Voirie à cause, également, de son expérience.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le ministre de l'Education ne sera pas
au Conseil du trésor?
M. BOURASSA: Tous les ministres peuvent lorsqu'ils sont
intéressés ou impliqués assister aux réunions du
Conseil de la trésorerie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le premier ministre a terminé
son...
M. BOURASSA: Les cinq que j'ai choisis, ce seront un peu les mêmes
critères. Le ministre des Finances, certainement... Ce seront un peu les
mêmes critères qui vont présider au choix du Conseil du
trésor. La disponibilité, également, est importante.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le premier ministre a l'intention de
faire une certaine rotation à l'intérieur du Conseil du
trésor ou si ceux qui seront nommés là exerceront un
mandat de quatre ans? Ou si, chaque année...
M. BOURASSA: II arrive que dans les comités du cabinet, les
ministres se font relever. Par exemple, il y a quelques semaines un ministre
s'est fait relever du comité de la législation, à cause du
temps que cela comprenait et à cause de nouvelles responsabilités
qu'il avait à assumer.
Alors, il n'y aura pas de rotation systématique. Mais si nous
constatons que certains ministres sont plus disponibles pour discuter de ces
questions que d'autres, il y a des changements qui se feront. Mais encore
là, comme je le disais tantôt, tous les ministres
intéressés peuvent assister aux réunions du Conseil du
trésor.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le premier ministre pourrait nous
dire si dans les priorités gouvernementales, à partir de certains
critères, qui peuvent être mobiles, qui peuvent être retenus
à certains moments et à d'autres moments changés pour
d'autres, le conseil établira d'abord un ordre par le choix du Conseil
du trésor ou des officiers spécialement
chargés d'élaborer les documents techniques et soumis
ensuite au conseil des ministres, dans son entier, avant d'être retenu et
décidé par le Conseil du trésor? Est-ce que le conseil des
ministres, dans son entier, sera appelé à trancher cette question
importante?
M. BOURASSA: Le comité de la réforme administrative nous
avait fait deux propositions pour établir les priorités, soit
former un comité des priorités au sein du conseil des ministres
avec quatre ou cinq ministres, soit que le conseil des ministres, comme tel,
siège pour examiner les priorités. Alors, j'ai opté pour
la deuxième solution plutôt que de choisir quatre ou cinq
ministres. Cela pouvait créer certains problèmes parce que les
ministères sont tellement impliqués les uns avec les autres. J'ai
opté pour que le conseil des ministres, au cours de réunions
spécifiques, discute des priorités, notamment lorsque nous nous
rencontrons. Nous avons eu une rencontre de deux jours au mois de septembre.
Nous en aurons une autre de deux jours vers la mi-janvier pour que les
ministres établissent les priorités et donnent des directives au
Conseil du trésor.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là, le conseil des ministres
prendra ses décisions à partir des documents de base...
M. BOURASSA: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...qui lui auront été soumis.
M. BOURASSA: Préparés. Non seulement par le Conseil du
trésor mais également par d'autres organismes.
M. CLOUTIER (Montmagny): On est satisfait.
M. BOURASSA: Vous êtes satisfaits de mes réponses? Merci,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le premier ministre.
M. GARNEAU: Merci de ne pas m'avoir contredit!
M. LE PRESIDENT: Article 18, adopté?
M. GARNEAU: Non, c'est parce que c'est bon. En fait, il aurait pu mettre
des éclairages différents, mais c'étaient les
mêmes.
M. ROY (Beauce): Je pense que l'intervention que le député
de Montmagny a faite auprès du premier ministre a répondu en
partie à mes questions. Ce que je voulais souligner au gouvernement,
c'est que tout de même il y a un danger, et je tiens à le
souligner, qu'à un moment donné, au Conseil du trésor, ne
siègent que les ministres importants en vertu des montants d'argent qui
pourraient être alloués, à tel ou tel ministère. Je
pense qu'on devrait tenir compte, par exemple, de cinq facteurs dans la
nomination des membres du Conseil du trésor, à déterminer
dans les cinq groupes de ministères qui oeuvrent dans les
différents secteurs économiques de la province. Si l'on
considère seulement les ministères de service, il est
évident que l'Education, les Affaires sociales prennent à peu
près 75 p. c, je pense, du budget total du gouvernement. Alors, il est
évident que la province sera en mesure de donner des services à
la population à condition que l'économie soit capable de le
faire. Si l'économie ne le permet pas, cela ne sert à rien, on va
s'en aller vers la ruine et on va y aller plus vite, tout simplement. Alors, on
devrait accorder une importance de plus en plus accrue vis-à-vis des
ministères à vocation économique et les ministères
qui, d'autre part, assurent le développement comme, par exemple, le
développement sous le ministère des Travaux publics, le
ministère de la Voirie qui, en somme, travaillent à
développer l'infrastructure de la province. Autrement, on va s'en aller
vers une économie de services et on n'a qu'à regarder les
états financiers de la province, cette année, pour se rendre
compte qu'au cours de la dernière année financière la
situation s'est détériorée. On n'a pas de preuve encore,
à l'heure actuelle, qui nous permet de croire qu'il y aura un
redressement au cours de l'année.
Alors, c'est simplement une observation que je voulais faire. Mais je
pense que c'est important que le gouvernement y songe.
M. GARNEAU: Je ne voudrais pas allonger le débat
là-dessus. Mais la seule chose que je voudrais dire, c'est que
peut-être une des responsabilités que je considère
très importante au Conseil du trésor, ce sera d'établir
les politiques administratives, d'établir les normes et règles
à l'intérieur desquelles les ministères vont pouvoir
prendre leurs propres décisions. Pour ma part, je pense, par exemple,
que le ministre de la Fonction publique devrait siéger au Conseil du
trésor, étant donné que les politiques administratives
touchent de très près le personnel, les structures de
ministères, comme le ministre de la Fonction publique est responsable de
tout ce secteur-là. Là, je donne un exemple de fonctions qui
devraient, à mon sens, être représentées au Conseil
du trésor. Evidemment, les gros ministères, c'est peut-être
intéressant aussi qu'ils y soient.
D'un autre côté, les ministres sont tellement
débordés de travail dans ces ministères-là, et
quand on sait le temps que les réunions du Conseil du trésor
exigent, actuellement on siège à toutes les semaines. On commence
vers neuf heures et on finit vers une heure et demie ou deux heures de
l'après-midi, on siège le mercre-
di... Et le mercredi , quand on a eu le Conseil du trésor le
matin, et le conseil des ministres durant l'après-midi ou le soir, cela
veut dire que les ministres qui sont membres de ce comité de travail,
sont une journée complète absents de leur bureau. Il y a certains
types de ministères... Actuellement, M. Castonguay siège au
Conseil du trésor et je sais quelles heures de travail il est
obligé de fournir le mercredi pour être capable de joindre les
deux bouts! Alors, cela crée certainement une difficulté. Il y a
aussi l'autre aspect, d'après le type de fonctions, le type de
responsabilités. Je mentionnais la Fonction publique comme étant
un type de responsabilité ministérielle qui, à mon sens,
pourrait être...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier ministre n'a pas fait allusion
tantôt...
M. GARNEAU: Non, il ne l'a pas indiqué. Mais le
député de Beauce me demandait une opinion personnelle.
Actuellement, le ministre de la Fonction publique siège au Conseil du
trésor.
M. ROY (Beauce): II siège actuellement. M. GARNEAU: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, si le ministre des Finances pense que le
ministre de la Fonction publique doit occuper un poste et, d'après les
indications du premier ministre, il serait peut-être mieux d'indiquer
qu'il y aura six ministres au Conseil du trésor au lieu de cinq. Ce
serait le temps de faire l'amendement.
M. GARNEAU: Bien, s'il a dit qu'il utiliserait à peu près
les mêmes critères, il l'avait déjà
nommé!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, si vous me permettez d'ajouter deux
mots sur le même sujet, mes craintes sont un peu à l'inverse de
celles du député de Beauce. Ce n'est pas que je ne réalise
pas l'importance des ministères à vocation économique. Ce
que je crains, c'est que si c'est un Conseil du trésor qui est
formé uniquement de gens de la même spécialité, de
la même mentalité, si vous voulez, c'est que finalement on
pourrait aboutir à un pouvoir moral de ces gens-là sur le budget
global du gouvernement qui, lui, doit réfléter bien d'autres
réalités que des réalités purement
économiques et de développement. Les ministères de
l'Education et des Affaires sociales ne sont pas uniquement des
ministères de services, dans la mesure où ils influencent la
formation des valeurs dans notre société. Ils sont
également très importants et c'est surtout à
ceux-là, à la sous-représentation de ce type de
ministères-là que je pensais, plutôt que le contraire, pour
que cela ne devienne pas un Conseil du trésor formé uniquement de
"businessmen" qui influencent toute l'action du gouvernement. Il faut qu'il
tienne compte des autres réalités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Montcalm s'interroge
sur l'absence du ministre des Affaires municipales au sein du Conseil du
trésor. Est-ce que le député de Montcalm aurait des
observations?
M. MASSE (Montcalm): J'aurai des observations d'un autre ordre.
M. LE PRESIDENT: Article 20, adopté?
M. MASSE (Montcalm): Juste une petite question. Est-ce que l'on ajourne
à midi et demi ou à une heure? De cela va dépendre ma
question.
M. GARNEAU: Bien, j'ai envoyé quelqu'un voir s'ils ajournaient
à une heure ou bien à midi trente.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'ai écouté
attentivement le ministre des Finances, depuis plusieurs minutes, exposer
l'importance du Conseil du trésor. Cela m'amène à une
question qui peut être double. D'une part, on a décidé que
le Conseil du trésor ne soit plus un comité du conseil des.
ministres mais que ce soit un organisme, en soi. Cela aurait pu fort bien
continuer à être un organisme découlant du conseil des
ministres et avoir exactement les pouvoirs qui sont là. On sait qu'en
pratique cela ne changeait pas grand-chose, de toute façon. Alors, il ne
faudrait pas donner trop d'importance au fait que cela devient un comité
"in se" alors qu'en pratique, cela n'a pas changé tellement de choses.
Maintenant...
M. GARNEAU: Ils ont ajourné à deux heures. On peut
peut-être finir l'article 20, comme l'article 21, concerne le quorum du
Conseil du trésor, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de questions. On
pourrait peut-être finir ces deux articles-là.
M. MASSE (Montcalm): Bien, je ne dis pas ça pour le quorum, pour
faire exprès. Mais il y a toute la question du quorum par rapport au
quorum du Conseil exécutif. Alors, le quorum du Conseil du trésor
est moins important que celui du Conseil exécutif.
M. GARNEAU: Trois sur cinq.
M. MASSE (Montcalm): Oui, le Conseil exécutif est de...
M. GARNEAU: Cinq.
M. MASSE (Montcalm): ... quatre ou cinq.
M. GARNEAU: Cinq sur vingt-deux ministres.
M. MASSE (Montcalm): Disons que je ne ferai pas une lutte
énorme.Mais il reste quand même qu'il y a un principe de pouvoirs
délégués à un comité qui n'est plus un
comité mais un groupe de ministres qui a des pouvoirs
délégués par le conseil des ministres...
M. GARNEAU: Statutaire.
M. MASSE (Montcalm): ... qui a un quorum moins fort que le groupe du
conseil des ministres.
M. GARNEAU: Cinq contre cinq sur vingt-deux.
M. MASSE (Montcalm): Le quorum ne peut pas être le même
puisque l'autre est de cinq.
Mais il eût peut-être mieux fallu qu'il n'y en ait pas du
tout.
M. GARNEAU: De quorum?
M. MASSE (Montcalm): Oui. Cela aurait été presque plus
logique qu'il n'y en ait pas...
M. GARNEAU: Je peux vous dire que, par ma petite expérience
j'ai présidé le Conseil du trésor depuis le 12
mai j'aime autant qu'il y ait un quorum. Autrement ça obligerait
le président à prendre souvent seul des décisions. Je vous
avoue que, dans bien des cas, je n'aimerais pas être obligé de
prendre seul des décisions.
M. CLOUTIER (Montmangny): II y a aussi les membres substituts.
M. GARNEAU: Oui, dans le cas présent, tous les autres membres du
conseil des ministres.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 20, adopté. Article
21, adopté.
Comme il est midi trente, nous allons ajourner à deux heures.
M. GARNEAU: A deux heures. Pour le bénéfice des membres et
comme on s'attaquera à l'article 22 tout à l'heure, j'ai
préparé un amendement à la suite des remarques qu'avait
faites le député de Montcalm dans son intervention de
deuxième lecture. Je vais en distribuer des copies s'il y en a qui
veulent le regarder.
Reprise de la séance à 14 h 6
M. HOUDE (président de la Commission permanente des Finances)
(Limoilou): A l'ordre messieurs.
Article 22.
M. GARNEAU: L'amendement que je suggère, que j'ai fait
distribuer, a pour but de corriger une erreur qui s'était glissée
dans le troisième alinéa de l'article 22. Nous indiquions dans le
texte original "qu'il le Conseil du trésor ne peut
toutefois exercer le pouvoir que lesdites lois attribuent au
lieutenant-gouverneur en conseil relativement à la nomination des
sous-ministres ou autres fonctionnaires ou employés à la retraite
des sous-ministres ou autres fonctionnaires de rang équivalent ou
à l'approbation ou autorisation d'accords ou ententes."
Tel qu'il était rédigé, ça n'incluait pas le
fait que dans la Loi organique du ministère de la Fonction publique aux
articles 2 g), 4, 7, et dans la Loi de la Fonction publique, aux articles 11,
18 et 19, il est indiqué que "le lieutenant-gouverneur en conseil peut
attribuer d'autres fonctions, soit au ministre de la Fonction publique, soit
à la Commission de la Fonction publique." Pour bien indiquer que ces
pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil ne sont pas affectés par
l'article 22 et pour les inclure dans les exceptions, nous suggérons de
reformuler le dernier paragraphe, pour dire: "il ne peut toutefois exercer le
pouvoir que lesdites lois les lois qui sont mentionnées
antérieurement attribuent au lieutenant-gouverneur en conseil
relativement à l'approbation et à l'autorisation d'accords ou
ententes avec des gouvernements étrangers ou le gouvernement des autres
provinces, à la retraite des sous-ministres ou autres fonctionnaires de
rang équivalent et à l'assignation de pouvoirs ou de devoirs,
ainsi qu'en matière de nomination ou de destitution."
D'après les conseillers juridiques, cela comprend le cas que le
député de Montcalm avait soulevé dans son exposé de
deuxième lecture et aussi les autres articles qu'il n'avait pas
indiqués mais qu'une recherche plus approfondie déterminait
qu'ils devaient être couverts, soit les articles 4 et 7 de la Loi du
ministère de la Fonction publique et les articles 11, 18 et 19 de la Loi
de la Fonction publique.
M. MASSE (Montcalm): La relation est dangereuse, c'est peut-être
la seule légalement possible, mais elle est dangereuse parce qu'au fond
elle nomme ce qui ne peut pas être fait, donnant l'impression que tout ce
qui n'est pas nommé là peut être fait. Il faut être
bien certain que tout ce qu'on ne veut pas, ce soit bien inclus dans la liste.
C'est toujours un danger d'avoir une liste au fond.
M. GARNEAU: C'est la vérification qui a été faite
après que vous ayez soulevé le point dans votre exposé de
deuxième lecture. M. Normand, le conseiller-légiste a revu
l'ensemble des deux lois pour être bien certain qu'il n'y avait pas
d'erreurs et c'est là qu'il a constaté que ça pouvait
peut-être toucher aussi les articles 4 et 7, et les autres articles que
j'ai mentionnés tout à l'heure.
Je crois que ça couvre l'ensemble du problème. M. Normand
devait être ici.
DES VOIX: Il vient d'arriver.
M. GARNEAU: M. Normand, nous discutions l'amendement qui a
été préparé relativement au dernier alinéa
de l'article 22 pour couvrir les points de la Loi du ministère de la
Fonction publique et la Loi de la Fonction publique. J'indiquerais au
député de Montcalm que cette formulation à notre sens,
couvre les points soulevés dans son exposé de deuxième
lecture.
M. MASSE (Montcalm): On soulignait le danger de cet article qui
détermine une liste de ce qui peut ou ne peut pas être fait,
donnant toujours l'impression que tout ce qui n'est pas dans la liste peut
être fait ou ne pas être fait.
M. GARNEAU: C'est un principe qu'une énumération
restreint.
M. MASSE (Montcalm): C'est dans ce sens qu'on s'interrogeait pour savoir
si effectivement tout est bien là-dedans. On n'a pas tous les autres
textes de loi pour vérifier.
M. GARNEAU: En ce qui regarde l'assignation de pouvoirs et de devoirs,
ça demeure la responsabilité du lieutenant-gouverneur en conseil
comme pour ce qui est des nominations et des destitutions.
M. MASSE (Montcalm): Tenons pour acquis que l'expérience de M.
Normand devra nous servir d'autorité. Si jamais il y a un accroc, on
reviendra devant la Législature pour amender la loi.
M. LE PRESIDENT (Houle) (Limoilou): Adopté.
M. MASSE (Montcalm): Attendez. Ce qui avait été
soulevé en deuxième lecture, et le ministre là-dessus
pourrait peut-être nous donner plus d'information en comité, c'est
toute la question de confier au Conseil du trésor trois secteurs. Si je
comprends bien la portée de la loi, le Conseil du trésor couvre
trois domaines. D'une part, ce que l'on appelle les CT, c'est-à-dire les
demandes des ministères pour dégager des fonds à
l'intérieur des budgets déjà approuvés, le Conseil
du trésor a, dans ce domaine le pouvoir de faire le budget.
Deuxième secteur dans lequel le Conseil du trésor va avoir des
pouvoirs et un secteur des fonctionnaires, c'est toute la question concernant
la Fonction publique, plans des ministères, organismes, effectifs,
conditions de travail, etc. Troisième secteur, c'est toute la
portée que vous donnez au Conseil du trésor concernant
l'élaboration des politiques dans l'administration, soit des normes de
stationnement, soit des modes de procéder pour divers domaines de
l'administration. Il y a réellement trois secteurs dans le Conseil du
trésor. Ces trois secteurs sont dirigés par cinq ministres. Je ne
veux ouvrir la discussion sur l'article 18 mais tout le chapitre est
englobé au fond.
Ma première question est: Pourquoi former un Conseil du
trésor? Pourquoi ne pas avoir un ministère du Trésor avec
un ministre responsable de la politique générale dans le domaine
de l'administration? Cela pourrait fort bien se concevoir comme tel. Etant
donné la besogne écrasante des ministres, en plus de leurs
responsabilités dans leurs ministères, voilà qu'on leur
confie au fond, à temps partiel, une responsabilité dans un
organisme qui pourrait aussi être un ministère.
Nous pourrons peut-être discuter de cette partie-là, et
nous reviendrons sur les trois responsabilités. Si le ministre aime
mieux qu'on englobe tout cela en même temps, cela m'est égal.
M. GARNEAU: C'est que...
M. MASSE (Montcalm): II faut peut-être mettre un peu d'ordre dans
notre discussion.
M. GARNEAU: Pour répondre à la première question:
Pourquoi ne pas confier cette responsabilité à un ministre, mais
plutôt à un comité de ministres? Comme je l'ai
indiqué dans mon exposé de deuxième lecture, il y avait
deux choix: ou c'était le conseil des ministres, ou c'était
laissé aux ministères ou à un ministère. Si c'est
laissé au conseil des ministres, quand on connaît la somme de
travail ou les ordres du jour d'un conseil de ministres et le nombre d'heures
relativement restreint même si le conseil des ministres
siège trois ou quatre heures par semaine il doit se pencher sur
les orientations générales, prendre des décisions majeures
importantes, et il y a bien des questions de détails, qui sont des
détails importants, j'en conviens, mais qui ne sont pas
nécessairement de nature à être présentées au
conseil des ministres.
L'autre possibilité, c'était de laisser la
responsabilité à un ministère et, à ce
moment-là, ça imposait à un ministre la
responsabilité ou le devoir d'établir des normes qui doivent
être suivies obligatoirement par tous ses collègues. Comme il est
convenu que tous les ministres sont égaux, il aurait été
extrêmement difficile à
un ministre d'imposer des normes, des directives administratives devant
s'appliquer à tous les ministères.
Alors, nous avons décidé, suivant les recommandations de
la commission Glassco, et les recommandations que formulait M. Mineau dans son
étude, comme l'administration était un sujet qui relevait de la
politique gouvernementale et suivant le principe que le gouvernement doit
gouverner; mais doit se pencher sur le contenu de ses politiques
administratives de la même façon qu'il doit se pencher sur le
contenu de la politique de l'éducation ou sur le contenu d'une autre
politique et comme il ne s'agissait pas nécessairement de questions
d'importance toujours majeures, nous avons décidé de confier cela
à un comité du conseil. C'est là la réponse
à la question que vous m'avez posé.
M. MASSE (Montcalm): ... Si vous me permettez, je suis d'accord avec une
partie de vos principes, la responsabilité du Parlement, c'est de
légiférer, c'est de passer des lois de portée
générale pour l'ensemble de la population. La
responsabilité première du gouvernement c'est d'assurer
l'orientation. Il est divisé en ministères qui ont comme
responsabilité première d'appliquer cette orientation. La
solution que le gouvernement et que certains rapports de comités
d'étude ont avancé, c'est une solution de compromis entre les
deux. Ils est certain que dans le ministère du Trésor
appelons-le hypo-thétiquement comme cela il y aura des domaines
de portée générale, comme lorsqu'on a décidé
que le ministère de l'Education avait l'ensemble de la
responsabilité en matière d'éducation, on a enlevé
les autres responsabilités d'éducation dans les autres
ministères. On l'a confiée à un seul ministre qui ne peut
pas faire ce qu'il veut, il doit avoir des mandats du conseil des ministres en
matière d'éducation. On peut fort bien concevoir qu'il y aurait
un ministère du Trésor, dans lequel la responsabilité,
l'organisation administrative de l'Etat... mais il ne peut pas faire ce qu'il
veut. Il doit le faire à l'intérieur de la loi qui lui est
donnée et à l'intérieur des directives ou des politiques
émises par le conseil des ministres, dans ce domaine-là. Et sa
responsabilité, c'est d'appliquer cela dans son domaine,
l'administration, comme l'autre dans l'éducation, dans le tourisme, dans
le revenu, etc.
Là, on prend la solution entre les deux. C'est-à-dire
qu'on se dit: Cela déborde un peu la responsabilité d'un seul
ministre, on ne veut pas la confier à la totalité des ministres
qui n'ont pas le temps de ne s'occuper que ce cela. On forme un comité
de cinq plutôt qu'un comité d'un, mais le moins que je puisse
direvc'est une solution un peu bâtarde, entre l'ensemble de ce
qui pourrait être choisi. Je suis d'accord que cela a été
recommandé, mais le ministre va être aussi d'accord avec moi. La
responsabilité et la gestion administrative auraient pu être
confiées à un seul ministre, comme on a confié la
responsabilité en matière d'éducation à un seul
ministre.
M. GARNEAU: Pour ce qui est de la politique administrative, cela aurait
sans doute pu être une possibilité que nous n'avons pas retenue,
mais le Conseil du trésor a également d'autres
responsabilités, qu'on aurait pu difficilement confier à un seul
ministre, comme l'approbation par exemple du bien-fondé des
dépenses. Supposons que le conseil des ministres détermine que
toutes les dépenses n'excédant pas $25,000 pourront être
approuvées dans chacun des ministères et qu'entre $25,000 et $1
million elles devront être approuvées par un comité de
ministres. Il aurait quand même fallu créer le Conseil du
trésor et ce Conseil du trésor ayant existé, il aurait
peut-être été aussi bien de lui confier cette politique
administrative. A ce moment-là, les directives émises, concernant
les normes et règles de gestion, seront des directives émises par
un comité de ministres et, dans ce sens-là, je pense que cela a
beaucoup plus de poids que si c'est un seul ministre.
A tout bout de champ, ses collègues pourraient en appeler de sa
décision au conseil et finalement, on se ramasserait presque toujours au
conseil des ministres.
M. MASSE (Montcalm): Au même titre que le cabinet forme ou peut
former un comité des ressources humaines qui regroupe un ensemble de
ministres concernant les domaines de ressources humaines: Affaires sociales,
Education, Main-d'Oeuvre et autres, le cabinet aurait pu créer un
conseil de l'administration, c'est-à-dire une espèce de conseil
consultatif du ministre qui élabore, au nom du Cabinet, l'ensemble des
politiques.
Le Conseil du trésor, comme tel, pourrait être une
espèce de comité consultatif. Je parle de la
responsabilité administrative confiée à cinq qui se
nomment un président, lequel porte une responsabilité
administrative. Mais, i1 ne peut pas l'administrer sans s'entourer de son
quorum de tout à l'heure, de trois membres, pour prendre sa
décision.
C'est un peu comme si, dans le cas du ministre de l'Education, on avait
pris la solution mitoyenne: on va créer un conseil de l'Education. Il y
a un ministre qui, effectivement, va être responsable mais il ne pourra
rien faire à moins qu'il n'ait son quorum autour de lui, d'autres
ministres.
M. GARNEAU: La différence, c'est que les politiques du ministre
de l'Education, lorsqu'elles sont de nature suffisamment importante viennent au
conseil. Ces politiques sont dirigées vis-à-vis des tiers,
vis-à-vis des personnes qui sont à l'extérieur du
gouvernement. Tandis que là, les politiques administratives
qu'émettrait un seul ministre devraient être
appliquées par ses collègues. C'est un peu comme les politiques
dans le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui
devient l'expert, en quelque sorte, avec les fonctionnaires vis-à-vis du
gouvernement pour recommander des politiques précises et les mettre en
application. Tandis que, dans l'autre cas, ce sont des politiques qui
s'adressent aux membres du conseil des ministres, à ses
collègues, dans les responsabilités qu'ils ont en vertu de leur
loi organique comme administrateurs, comme chefs de ministère dans leur
ministère. On pourrait avoir une très longue discussion.
Peut-être que l'autre solution aurait eu certains avantages aussi. Nous
avons retenu cette formule qui semble être heureuse dans d'autres
juridictions et qui a été recommandée à la suite
d'analyses assez poussées de la commission Glassco et que le
comité Mineau a recommandée également.
M. MASSE (Montcalm): II est clair que le gouvernement, et même
ceux qui font les rapports des commissions d'enquête, sont pris à
l'intérieur du système dans lequel on administre. La
donnée que j'apporte s'installerait beaucoup mieux à
l'intérieur d'un autre système. C'est toujours le problème
du pouvoir délégué par le Parlement entre les mains de ce
qu'on appelle le lieutenant-gouverneur en conseil.
On remarque que, dans l'ensemble de nos lois, le ministre comme tel n'a
presque généralement aucun pouvoir. C'est toujours le
lieutenant-gouverneur en conseil qui a tous les pouvoirs même celui de
décider de la date de l'ouverture de la chasse aux perdrix, dans le
Québec. Le ministre du Tourisme n'a même pas ce pouvoir.
Il est clair que c'est à l'intérieur de ce système
de non-délégation de pouvoirs, autre qu'entre les mains du
lieutenant-gouverneur en conseil, que le gouvernement et les rapports Mineau,
Glassco et tous les autres, ont toujours été obligés de
faire leurs recommandations. Sans mettre en doute, quant à moi, le
fondement même de la délégation de pouvoirs entre les mains
du lieutenant-gouverneur. Il est certain que ce n'est pas la proposition
que je fais l'analyse que nous avançons présentement tient
compte de l'abolition de la délégation des pouvoirs entre les
mains du lieutenant-gouverneur. Il est clair qu'il faudrait que ça se
place à l'intérieur d'un système dans lequel le ministre a
un pouvoir véritable, c'est-à-dire que le Parlement confie au
ministre le pouvoir administratif de son ministère. Actuellement,
ça ne l'est pas. Le pouvoir administratif du ministère est
confié au sous-ministre et le pouvoir d'orientation du ministère
est confié au lieutenant-gouverneur, le pouvoir de réglementation
au lieutenant-gouverneur, le pouvoir... Enfin, tous les pouvoirs
d'autorité entre les mains du lieutenant-gouverneur.
A l'intérieur de ce système, lorsque les rapports Glassco,
Mineau et autres, font une recommandation dans un secteur du Conseil du
trésor, ils sont obligés de s'en tenir à cette
espèce de dogme qu'on a mis de l'avant au Québec, à Ottawa
et dans les systèmes britanniques, de la délégation du
pouvoir entre les mains du cabinet, au sein duquel le premier ministre n'est
que le premier parmi les autres.
Il est évident que, par la création du Conseil du
trésor, on ne peut pas chambarder toute l'économie de notre
système. Il y aurait peut-être à un moment
donné à se poser des questions. C'est dans ce
sens-là qu'en deuxième lecture je faisais la recommandation d'un
comité d'étude qui étudierait l'ensemble de notre
système Tant qu'on ne remettra pas en cause les bases mêmes de
notre façon de gérer, les bases mêmes de notre situation
où on situe les décisions, on ne s'en sortira jamais. Qu'est-ce
que l'on voit présentement? Etant donné que tout le
système est bloqué entre les mains du lieutenant-gouverneur en
conseil... Parce qu'il est réellement bloqué, c'est-à-dire
que le lieutenant-gouverneur en conseil a des pouvoirs importants comme
déterminer la date d'ouverture de la chasse aux perdrix et, en
même temps, il est responsable, à l'autre bout de la ligne, de
fixer les priorités de la nation. Il est responsable de tout ça,
il a tant d'heures pour se réunir... de sorte qu'à un moment
donné les machines bloquent. Résultat, on a vu apparaître
dans notre système à un moment donné, la demande de
création de ministères pour tous les comités qui viennent
nous voir. Toutes les commissions, que ce soit la Société
Saint-Jean-Baptiste, la CSN ou la FTQ qui viennent régulièrement
étudier un problème ne préconisent qu'une structure: la
création d'un ministère. Comme si ça réglait tout
le problème. On crée le ministère, à
l'intérieur du ministère, les fonctionnaires réalisant
qu'ils ne peuvent pas mettre de l'avant, ne peuvent pas mettre en pratique les
politiques qu'ils préconisent parce que le système est
bloqué, étant donné qu'il faut que ça monte trop
haut pour prendre une décision, prennent une voie d'évitement,
depuis quelques années, et tentent de créer des offices.
Créer des offices pourquoi? Parce qu'ils se disent: Avec la
création d'un office, le pouvoir d'appliquer la politique ou d'appliquer
la loi que le Parlement nous donne, nous ne serons pas obligés de tenir
compte de l'ensemble de la hiérarchie et de faire prendre notre
décision même de détails par le lieutenant-gouverneur,
créons un office, c'est-à-dire une corporation publique qui
prendra elle-même sa décision.
On voit alors la prolifération, ou la montée à
l'intérieur de l'administration, des recommandations d'à peu
près tous les fonctionnaires pour avoir à
l'intérieur de leur ministère non plus une direction
générale mais de faire de cette direction générale
un office, ou d'autres qui appellent ça une régie, ou une
commission.
C'est-à-dire que les fonctionnaires pour appliquer la loi, ou
pour appliquer la politique, pour éviter tout le secteur qui monte:
Conseil du trésor et jusqu'au lieutenant-gouverneur, pour prendre la
décision la plus petite je cite l'exemple parce que ça
frappe et parce que c'est aussi vrai, la fixation de la date d'ouverture de la
chasse aux perdrix pour éviter tout ça, ils se dirigent
vers la corporation publique qu'ils appellent "office".
Or, la question que je posais dans le texte de deuxième lecture
est la suivante: N'y aurait-il pas lieu de demander à un certain nombre
de personnes, pendant que l'ensemble de l'administration fait autre chose, de
se pencher sur cet important problème? D'une part, la
délégation des responsabilités entre le Parlement, le
gouvernement, les administrations, les commissions, les régies, les
offices. Après avoir décidé de la répartition des
pouvoirs "décisionnels" faire également l'inventaire de ce qu'on
a pour voir l'ensemble je m'excuse de l'anglicisme mais c'est celui qui
illustre le mieux d'"overlapping" entre les ministères, les
directions générales, les régies, les commissions et les
offices, tous les pouvoirs qui ont été
délégués. Parce qu'au bout de la ligne tout ce
monde-là s'annule. On l'a vu un peu quand on a effectué les
recherches et conseillé le gouvernement en deuxième lecture. Il
s'annule à l'intérieur de ça et il s'annule dans
l'ensemble du reste.
De sorte qu'à la fin, on a beaucoup d'allocations, d'argent
public pour 255,000 fonctionnaires, environ $3 milliards de budget, mais je ne
crois pas que ça produise exactement les montants qu'on a investis
là-dedans. Une des raisons c'est que ces gens s'annulent parce qu'ils
ont des responsabilités identiques et parce qu'à un moment
donné le pouvoir "décisionnel" est réparti.
Il est clair que l'article 22 ne règle pas tout ça. Il est
clair que le ministre par l'article 22 ne voulait pas résoudre tout ce
problème mais, à l'occasion de ça, cela pose le
problème. Je ne pense pas que ce soit pour le gouvernement une grande
dépense que de demander à un certain nombre de personnes de se
pencher sur ce problème même si ça prenait un an, deux ans,
pendant qu'on administre selon l'ancien système, pour se demander si,
à un moment donné, il n'y aurait pas un autre système.
De toute façon, comme on a beaucoup d'agents de recherche au
gouvernement, on pourrait peut-être en placer un certain nombre
là-dessus qui publieraient leur pensée et on verrait
peut-être mieux, dans le système, s'il y a des régies qui
sont de trop, s'il y a des offices qui sont de trop, devrait-on en créer
de nouveaux ou combien devrait-on en abolir?
C'est une responsabilité qui, de toute façon, pourrait
être rattachée au Conseil du trésor, parce que vous avez la
responsabilité de l'application de la politique administrative
générale de tout le système. Par le biais de cette
affaire-là, ce que je demande au ministre ce serait de penser...
M. GARNEAU: C'est qu'il existe actuellement depuis à peu
près un mois et demi un tel comité qui relevait
directement du conseil des ministres et dont j'étais responsable. A
l'avenir, ce même comité va relever du Conseil du trésor,
et ce sont justement les responsabilités que vient
d'énumérer le député de Montcalm qu'a ce
comité. En plus, étant donné que l'ensemble de la
réforme administrative est une tâche assez vaste, nous avons
formé un sous-comité pour régler le problème de la
classification de tous les organismes, offices et régies
déterminés. D'ailleurs le ministère de la Justice avait
commencé, il y a un an et demi ou deux ans, à faire une analyse
de leurs pouvoirs. Maintenant que cette analyse est complétée,
nous allons pouvoir passer à l'étape suivante qui est celle de la
classification. Et, dans ce sens-là, je suis complètement
d'accord avec le député de Montcalm et je peux l'assurer que
c'est déjà en place et c'est ce que nous essayons de faire.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Le député de
l'Assomption, s'il vous plaît.
M. PERREAULT: Le député de Montcalm est très
intéressant. Mais, étant donné que c'est une question de
principe d'administration gouvernementale et que le principe du bill a
été adopté en deuxième lecture, ici, je crois qu'on
devrait revenir aux articles du bill.
M. MASSE (Montcalm): Non, M. le Président, il n'est pas question
de faire de la procédure parce que c'est la plus belle façon
d'allonger énormément les débats. Mais je pense
qu'à l'occasion de la création du Conseil du trésor, avec
l'importance qu'a le Conseil du trésor et qu'étant donné
qu'on est à l'article 22 où on établit les pouvoirs du
Conseil du trésor, je pense que c'est à ce moment que de telles
discussions se placent le mieux.
M. GARNEAU: C'est ce que nous essayons de faire. C'est la raison pour
laquelle nous avons voulu suivre dans l'économie générale
de cette loi les recommandations qui nous avaient été faites par
les commissions d'enquête qui ont précédé, par les
hauts fonctionnaires qui ont siégé sur un comité de
travail spécial chargé de faire des recommandations au conseil
des ministres. C'est dans l'esprit que vous avez exprimé.
M. MASSE (Montcalm): Et vous me permettrez, M. le ministre,étant
donné votre grande disponibilité cet après-midi et qui
semble pour autant aller à l'encontre de la procédure mise de
l'avant par le député de l'Assomption, je voudrais soulever en
quelques minutes un autre problème qui est également réel
et qui touche la question d'administration générale. On sait
que
régulièrement l'Etat, à tous les vingt ans, publie
les statuts refondus, les derniers sont de 1964, ce qui représente la
codification des lois jusqu'à ce moment-là.
Un des problèmes qui est soulevé
régulièrement je ne dirais pas uniquement dans la
population mais plutôt chez les spécialistes c'est qu'il
n'y a pas de codification des règlements. Alors, comme le Conseil du
trésor a la responsabilité...
UNE VOIX: Cela n'a pas été fait.
M. MASSE (Montcalm): ... parce que je veux l'accrocher avec l'article
22, de l'administration générale pour...
M. GARNEAU: Si le député me permet, votre gouvernement
avait commencé ce travail...
M. MASSE (Montcalm): Ah oui!
M. GARNEAU: ... et il est à se compléter.
M. MASSE (Montcalm): C'est ce que je voulais savoir.
M. GARNEAU: II est à se compléter.
M. MASSE (Montcalm): Pour continuer cette idée... Il faudrait
arriver avec une espèce de code de la réglementation pour que le
citoyen puisse en prendre connaissance.
M. GARNEAU: Cela se poursuit. Je ne sais pas à quel moment cela
pourrait être complété. Je ne sais pas si Me Normand a le
dossier. Cela devrait être fait d'ici le prochain budget.
M. MASSE (Montcalm): Pourtant nos lois sont de plus en plus larges, on
prévoit beaucoup de réglementation. On publie des lois, mais on
ne publie pas les règlements. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de
code de règlements, je crois.
M. GARNEAU: C'est très difficile.
M. MASSE (Montcalm): Ce serait très intéressant pour toute
la population de posséder son code.
M. PERREAULT: Cela aurait bien figuré dans votre discours en
deuxième lecture.
M. GARNEAU: II en a parlé, d'ailleurs.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 22, adopté.
M. MASSE (Montcalm): Si vous me permettez, M. le Président, je
m'excuse, c'est la première partie...
DES VOIX: Adopté. Adopté.
M. MASSE (Montcalm): ... on a confié au Conseil du trésor,
et je reviens à la première partie, au fond, trois
responsabilités: responsabilité à l'intérieur du
budget où on dégage les fonds; responsabilité en
matière de fonction publique; responsabilité en matière de
gestion générale. Est-ce que le ministre ne croit pas que ce sont
là trois pouvoirs qui peuvent fort bien, à un moment
donné, découler du même principe, mais quand même
trois pouvoirs assez larges, et particulièrement celui du centre
concernant la fonction publique? Pour quelles raisons le gouvernement
conserve-t-il un ministère de la Fonction publique et confie-t-il au
Conseil du trésor une partie assez importante quand même des
responsabilités en matière de fonction publique?
M. GARNEAU: En fait les pouvoirs du ministère de la Fonction
publique ne sont amendés en aucune façon. La seule
différence qui existe, c'est que le ministère de la Fonction
publique devient l'expert du comité qui s'appelle le Conseil du
trésor en ce qui regarde la gestion du personnel et la
préparation des organigrammes.
Je pense qu'il convient difficilement au Conseil des ministres de se
pencher sur un organigramme de ministères pour analyser les effectifs
requis, lorsqu'il y a 20 ou 25 ministres autour de la table. C'est une des
raisons pour lesquelles nous pensons que c'est plus efficace de
référer les pouvoirs que détenaient le
lieutenant-gouverneur en conseil en ces matières, au Conseil du
trésor. Ceci est dans le but d'atteindre l'objectif qu'exprimait le
député de Montcalm tout à l'heure, celui de dégager
le Conseil des ministres de certaines formalités administratives. Ce
sont là des formalités administratives, mais ça ne change
en rien les pouvoirs du ministre de la Fonction publique qui, dans ces
domaines, devient l'expert-conseil auprès d'un comité du Conseil
des ministres.
M. MASSE (Montcalm): Si vous me permettez, M. le ministre, si on suit
une logique en matière de fonction publique, on pourrait arriver
à la compartimenter rapidement de la façon suivante : un
organisme quelconque a une structure et dépose son plan
d'administration. Il prévoit des effectifs, ce qui amène une
classification de fonctionnaires, ce qui oblige à un recrutement, ce qui
fait qu'il y a des traitements, ce qui amène une négociation et
ce qui finit avec une pension. J'essaie de tracer rapidement la ligne des
responsabilités. Or, en vertu de quel principe le ministre, à un
moment donné, tronque-t-il cette ligne de responsabilités?
J'aurais cru que, à un moment donné, pour avoir un
véritable ministère de la Fonction publique, on confie à
ce dernier l'ensemble de cette question allant de l'approbation de la structure
du ministère jusqu'à la mise à la retraite ou à la
pension du gars. Au même titre
qu'en matière d'éducation, on a confié à un
seul ministre l'ensemble de la question de l'éducation, allant de la
détermination des programmes, de la classification des maîtres
jusqu'au bout de la ligne, à la construction des écoles. C'est
l'ensemble du tuyau "éducation", si je puis dire, qui est confié
à un seul ministre, le ministre de l'Education. Pour quelle raison
est-ce que, au Québec, le gouvernement actuel je ne dis pas
qu'actuellement, il tronque le ministère de la Fonction publique
ne poursuit-il pas l'idée de faire un véritable ministère
de la Fonction publique qui a l'ensemble de la responsabilité dans ce
secteur-là?
M. GARNEAU: Si la durée de la session nous l'avait permis, le
projet de loi aurait été apporté à cette
session-ci. Mais comme le temps manque nous travaillons
déjà à des heures assez indues pour pouvoir
compléter le menu législatif cela va être
présenté au début de la prochaine session. D'ailleurs, ce
qui est arrivé aussi il faut bien le souligner, je pense que ce
n'est pas blesser mon successeur au ministère de la Fonction publique de
le dire lorsque j'ai été muté du ministère
de la Fonction publique à celui des Finances, et que M. L'Allier a pris
la responsabilité du ministère de la Fonction publique, il
convenait qu'il renvoie l'ensemble du problème. Peut-être avait-il
des recommandations différentes et le mémoire de principe, qui
était prêt à ce moment, a donc été
retardé dans son approbation. Il a été approuvé par
le comité de réformes administratives dont je parlais tout
à l'heure. Il est maintenant au conseil des ministres et la
législation devrait venir au début de la prochaine session. Cela
va compléter, dans le sens indiqué par le député de
Montcalm les réformes dans les deux branches, si on peut dire, qui
touchent la politique administrative, soit les Finances et le Conseil du
trésor d'une part, pour les ressources financières et le
ministère de la Fonction publique en ce qui regarde les ressources
humaines.
M. MASSE (Montcalm): Si je comprends bien le ministre, il y aura plus
tard des amendements législatifs qui vont transférer une partie
de ces pouvoirs à la Fonction publique pour en faire un véritable
ministère?
M. GARNEAU: Non. Il y a une distinction du fait que le ministre ou le
ministère de la Fonction publique demeure l'expert du gouvernement en ce
qui regarde toute la politique de gestion de personnel, à partir du
moment où la personne entre dans la Fonction publique. Je ne suis pas
prêt à accepter que le recrutement venant de l'extérieur se
fasse par un ministère. Une commission indépendante doit toujours
demeurer pour faire ce recrutement afin d'éviter le plus possible les
questions de politique partisane qui pourraient facilement s'introduire si la
structure n'était pas complètement indépendante.
Mais, à partir du moment où une personne s'est
qualifiée dans la fonction publique par des concours administrés
par un organisme indépendant, du moment où elle est
engagée par le ministère et jusqu'à la retraite, ça
devrait être la responsabilité du ministère de la Fonction
publique.
Le ministère de la Fonction publique, dans ces matières,
qui sont des matières de politique administrative, en ce qui regarde la
gestion de personnel, au lieu d'être l'expert directement au niveau du
conseil des ministres, est l'expert au niveau d'un comité du conseil des
ministres qui s'appelle le Conseil du trésor; cela n'enlève aucun
de ses pouvoirs, aucune de ses prérogatives.
M. MASSE (Montcalm): II est évident que nous sommes en face de
deux conceptions. Une conception qui insiste sur la donnée gestion
administrative d'une politique et l'autre conception qui confie à un
ministre l'ensemble des responsabilités dans un domaine. On l'a fait
dans l'éducation, on a de la difficulté à l'accepter dans
le domaine de la fonction publique à cause des implications
administratives et d'une...
M. GARNEAU: Dans les deux ministères.
M. MASSE (Montcalm): ... lutte sourde mais existante, pas uniquement
à Québec, mais dans l'ensemble des gouvernements de structure
britannique, entre les responsables du Conseil du trésor et la
montée d'une nouvelle conception du secteur de la fonction publique
comme étant une politique en matière publique, la conception de
la fonction publique. Et on l'a vue, cette montée de deux conceptions,
entre les données de la commission Glassco et du rapport interne au
Québec, le rapport Mineau, par rapport à la commission
d'enquête du lord je ne me souviens plus du nom en
Angleterre...
M. GARNEAU: Fulton.
M. MASSE (Montcalm): ... le rapport Fulton qui a une conception
beaucoup plus près de celle que je défends par exemple, et qui
confie un véritable ministère à la Fonction publique.
C'est que là il y a une mutation des esprits à l'intérieur
de deux groupes, de deux tendances d'hommes.
M. GARNEAU: En tout cas, je ne voudrais pas commencer une discussion de
principe là-dessus, mais je ne suis pas tout à fait
d'accord...
M. MASSE (Montcalm): ... Selon moi, le Québec opte
malheureusement pour la tendance Glassco plutôt que pour la tendance
Fulton.
M. GARNEAU: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député de Montcalm, parce
que, dans l'ensemble de ces rapports, je trouve que la philosophie de
base est pas mal la même dans le sens de la décentralisation dans
l'administration: donner le plus possible de pouvoirs aux administrateurs pour
prendre leurs propres décisions, mais, par contre, maintenir une
uniformité dans l'administration. Car, en fait, même si les
gouvernements sont constitués d'un ensemble de ministères, il
faut qu'il y ait une unité administrative. Or, cette conception de
politique administrative qui est une, elle est faite à partir de
recommandations d'un ministère de service, un ministère qui
touche l'ensemble des ministères, mais par un comité du pouvoir
réel, qui est le conseil des ministres.
Je ne sais pas si on a compris dans le même sens ces
différents rapports, mais, à mon avis, ils vont tous dans la
même direction, c'est-à-dire vers une décentralisation, de
telle sorte que le gouvernement gouverne dans la prise des décisions,
dans les orientations majeures, tant dans le domaine administratif que dans les
autres domaines, et qu'ensuite de ça, les administrateurs administrent,
suivant les normes et directives données par le gouvernement. Lorsqu'il
s'agit de matières suffisamment importantes, c'est le gouvernement
lui-même; lorsqu'il s'agit de matières qui sont importantes, mais
moins importantes, c'est par un comité de ce pouvoir réel qui est
le conseil des ministres.
M. MASSE (Montcalm): Disons que je ne voudrais pas qu'on poursuive une
grande discussion. On a peut-être l'impression de s'éloigner, mais
en réalité, nous sommes très près des
responsabilités qui sont confiées au Conseil du trésor,
contrairement à ce que pense le député de
l'Assomption.
J'aimerais terminer sur ces quelques remarques, autant pour les
journalistes que pour d'autres personnes. La rédaction de ce projet de
loi, M. le Président...
M. BACON: II a au moins la franchise de le dire.
M. MASSE (Montcalm): C'est très important de le savoir, ça
expliquera peut-être certaines choses que les personnes...
M. GARNEAU: Je viens de comprendre. Ce matin ça allait vite,
parce qu'il n'y avait pas de journalistes, mais il y a des journalistes cet
après-midi, je comprends.
M. MASSE (Montcalm): Je tiens à le dire. M. BACON: II va le dire
quand même.
M. MASSE (Montcalm): Si vous me permettez de m'exprimer, vous allez
comprendre pourquoi. La rédaction de ce projet de loi no 55
derrière ce projet de loi-là, il y a approximativement pour $1
million en temps-hommes, travail, recherche, et tout a pris deux ans. Il
y a même plus que $1 million. Je dis $1 million, mais il y a plus que
ça, je suis certain. Cette rédaction a pris deux ans, au fond,
entre le moment où a débuté l'ensemble des recherches pour
l'amener à ce projet de loi, et le moment où il a
été déposé en Chambre.
M. GARNEAU: Beaucoup plus de deux ans.
M. MASSE (Montcalm): II a été déposé il y a
quinze jours. Je suis content que le ministre...
M. GARNEAU: II faudrait remonter au début...
M. MASSE (Montcalm): ... en mette plus que j'en mets pour montrer que je
ne le dis pas de façon partisane. Mais j'essaie d'être très
objectif.
A un moment donné, le projet de loi est déposé
à l'Assemblée nationale. On demande aux gens de l'Opposition,
qu'ils soient du Ralliement créditiste, du Parti Québécois
ou de l'Union Nationale, d'être capables de répondre en quinze
jours, si je peux dire de façon aussi technocratique et
aussi technique, au projet de loi comme tel, sans pour autant avoir deux ans
pour préparer leur réponse et sans pour autant avoir $1 million
pour faire de la recherche ou de temps d'hommes.
Il est facile de prétendre que le Parlement agit souvent en
bouffon. Mais, après avoir dit cela, on n'a pas fait avancer le
problème d'un pouce parce qu'on ne s'est pas demandé pourquoi les
parlementaires, à un moment donné, agissent ainsi. Je crois,
quant à moi, que le jour où on se sera posé des questions,
à savoir pourquoi le Parlement, quelquefois, discute avec
difficulté des projets de loi, on aura fait avancer beaucoup plus le
système parlementaire qu'uniquement en le qualifiant ou en le
caricaturant.
Je suis convaincu que tant pour le Ralliement créditiste, le
Parti Québécois et l'Union Nationale, si, entre le
dépôt d'un projet de loi et la discussion en Chambre, il se
passait un temps beaucoup plus long, sauf pour des projets extrêmement
urgents, la discussion serait d'autant plus sérieuse et si, en plus de
cela, les oppositions, quelles qu'elles soient, étaient mieux
équipées pour faire une discussion technique ou technocratique de
certains projets de loi, l'apport de l'Opposition en général
serait beaucoup plus valable que celle uniquement basée sur notre
expérience et une lecture rapide des projets de loi avec les principes
que cela met en cause.
J'en profite pour le dire lors de ce projet de loi, parce que ce projet
loi est réellement technique. Si l'Opposition a un rôle autre que
d'approuver béatement, toujours, les projets de loi, je crois que nous
sommes prêts à le jouer. Mais il faudrait quand même que, de
part et d'autre, on accepte que nous puissions le jouer
avec les meilleurs moyens et de la meilleure façon possible. Je
pense que ce projet de loi est un exemple.
M. GARNEAU: Le député de Montcalm conviendra quand
même que le rapport Glassco est depuis longtemps sur les tablettes de la
plupart des bibliothèques ainsi que le Plowden Report et le Fulton
Report.
M. MASSE (Montcalm): Uniquement sur l'apport de cette chose-là,
certes tout cela existe dans les bibliothèques, mais si cela a pris deux
ans à des dizaines de fonctionnaires pour digérer l'ensemble de
cela, et ce en plus des rapports que nous n'avons pas entre les mains et que le
gouvernement a, si ces rapports étaient au moins publiés ou
donnés en annexe de la loi, que ce soit le rapport Mineau ou d'autres
études qui ont amené ce projet de loi-là, les discussions
seraient beaucoup plus nuancées, peut-être, les discussions
seraient beaucoup plus scientifiques que celles que nous sommes souvent
obligés de faire parce que nous n'avons pas les données. Que ce
soit pour une loi des mines ou n'importe quoi, on arrive à la
dernière minute avec un projet de loi et on demande d'en faire une
discussion sérieuse. Je pense qu'on nous demande là quelque chose
d'impossible! Qu'on réfléchisse sérieusement sur cela et
cela va sûrement aider le système.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant d'aller voter, ce que le ministre des
Finances a retenu surtout dans l'argumentation du député de
Montcalm et ce que je souhaite qu'il ait retenu c'est
l'importance des services mis à la disposition des partis d'opposition,
des services techniques, des services de recherche, des budgets de recherche,
pour faire un travail véritablement en profondeur ...
M. GARNEAU: II faut dire qu'il y a eu une amélioration
là-dessus depuis l'année dernière...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, étant donné que...
M. GARNEAU: ... mais, actuellement, le premier ministre a confié
à M. Oswald Parent, ministre d'Etat, le soin de faire une analyse pour
en arriver à des recommandations précises de ce
côté. Je crois que son rapport sera bientôt prêt mais
il est évident que c'est possible d'avoir plus d'aide. D'un autre
côté, les députés comprennent j'ai
été dans l'Opposition, non pas comme député mais
comme fonctionnaire de l'Opposition et le problème c'est d'avoir le
temps de lire tout cela pour les députés. Plus ils auront
d'agents de recherche...
M. MASSE (Montcalm): Tout le monde en profiterait. Et surtout que le
gouvernement ne craigne pas de rendre publics en tout cas, ce que j'ai
toujours fait sans aucune espèce de crainte des rapports qui sont
à la base. Le député de Trois-Rivières gronde sans
même savoir ce qui s'est passé à l'époque.
Mais le ministre Garneau est là pour le prouver. Je n'ai jamais
craint de rendre publics des rapports dans ce domaine-là.
M. GARNEAU: Non, je vais faire la liste parce qu'il y a eu de longs
débats.
M. LE PRESIDENT (Houde - Limoilou): Nous allons à la Chambre et
nous reviendrons.
Reprise de la séance à 15 h 02
M. MASSE: Ce que je veux dire là-dessus et je termine, je crois
que pour un projet de loi semblable prenons par exemple un endroit
où il y a des parlementaires comme au Congrès
américain le moins qu'il prendrait comme temps de discussion,
c'est au minimum quinze jours de travail en journées normales d'un
député. Il aurait été permis de demander des
témoignages d'experts, des fonctionnaires responsables, de ceux qui ont
fait des études, et ceux-ci auraient pu venir expliquer aux
parlementaires les pourquoi de la redistribution des pouvoirs, les raisons
profondes qu'il y a derrière le projet de loi.
Or, ce contre quoi je m'élève ici, sans lever le ton
aucunement, c'est qu'on a toujours l'impression au Québec, pour des
raisons que je m'explique difficilement, que la rapidité ou
l'efficacité du Parlement est proportionnelle à la
rapidité avec laquelle l'Opposition accepte un projet de loi. Je ne
crois pas que ce soit là l'efficacité et le rôle premier
d'un Parlement et j'espère qu'il sera possible, un jour, de faire en
sorte que le Parlement joue son rôle, peut-être différemment
de celui qu'il joue actuellement. J'aimerais mieux que ceux qui ont la critique
facile envers les parlementaires s'interrogent sur les façons
d'améliorer le système, plutôt que de s'interroger sur la
qualité de leurs qualificatifs et de leurs quolibets. Je crois qu'on
réussirait beaucoup mieux ainsi à faire avancer le
parlementarisme. Là, on demande aux oppositions, quelles qu'elles
soient, en quinze jours, d'avoir fait une étude du projet de loi sans
avoir les instruments voulus pour la faire, et on s'oppose à ce que,
pendant une heure, deux heures, trois heures, quatre heures peut-être,
ils interrogent le ministre, avancent des raisons, font la critique de certains
principes. Régulièrement, on sent continuellement, tant chez les
observateurs de la scène parlementaire que chez certains
députés, leur aigreur parce que, à un moment donné,
des questions ou des principes sont mis de l'avant.
Je ne crois pas et je le dis très sincèrement
que ce soit ainsi qu'on fasse avancer le
parlementarisme. Qu'on se pose des questions sur son équipement,
sur ses méthodes de travail, je suis d'accord. Ainsi, on réussira
à faire avancer le parlementarisme. Je ne crois aucunement avoir fait de
l'obstruction, parce que, pendant quelques heures, j'ai tenté de faire
porter la discussion à un niveau élevé, qu'on a
tenté de discuter du projet de loi.
On aurait pu facilement dire: D'accord. Mais on n'aurait rien fait de
positif. Avec les moyens qu'on a, les moyens du bord, on a tenté de
faire non pas une lutte, mais une discussion du projet de loi. C'est dans cet
esprit que je l'ai fait et c'est dans cet esprit que je veux la poursuivre.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté.
M. JORON: A mon avis, juste pour ajouter un mot, on aura
amélioré le parlementarisme quand on l'aura remplacé par
un système présidentiel.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): A l'ordre! A l'ordre! Article
23...
M. MASSE: Article 22, M. le Président, tel qu'amendé?
M. GARNEAU: Tel qu'amendé, oui. M. MASSE (Montcalm): Tel
qu'amendé.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 23.
M. GARNEAU: On en a discuté tout à l'heure dans les
principes généraux. Je pense qu'on a pas mal couvert dans la
discussion les articles 23 et 24 aussi. En tout cas, s'il y a des questions
à poser.
M. MASSE (Montcalm): L'article 23 confie au Conseil du trésor la
responsabilité "de soumettre au Conseil exécutif, chaque
année, un projet de prévisions budgétaires." Evidemment,
il faut que le texte soit de portée générale. Mais est-ce
que le ministre peut, en quelques mots, nous dresser le calendrier qui
amène le Conseil du trésor à soumettre son projet
budgétaire?
Deuxièmement, quelles sont les méthodes de travail du
Conseil du trésor pour réaliser ce projet de prévisions
budgétaires? Méthodes actuelles ou les méthodes que le
ministre voudrait apporter au Conseil du trésor.
M. GARNEAU: J'ai expliqué tout à l'heure, peut-être
avant que le député de Montcalm n'arrive à la
réunion, la façon dont nous avions procédé cette
année. Je pense qu'on ne peut pas déterminer cette façon
de procéder dans un projet de loi, parce qu'il y a le style du
gouvernement aussi, la façon dont le gouverne- ment entend travailler.
C'est pourquoi le projet doit être assez général. Cette
année, ce que nous avons fait, nous avons d'abord préparé
quelques choix dans des documents de travail, pour suggérer à
l'attention du conseil des ministres des priorités sur lesquelles nous
devions nous pencher d'une façon spéciale. Une fois que le
conseil des ministres eut accepté un ordre de priorités, il a
confié au Conseil du trésor la tâche de préparer une
estimation des enveloppes budgétaires qui pouvaient être
confiées, à l'intérieur du projet global des
priorités, à chacun des ministères et des services.
Avant que ce projet d'enveloppes globales ait été
adopté par le conseil des ministres, j'ai tenu une réunion de la
commission interministérielle de planification pour consulter les
sous-ministres sur cette façon de procéder le principe
d'enveloppes globales et par la suite nous avons fait rapport au conseil
des ministres qui a approuvé les enveloppes globales pour chacun des
ministères, et chaque ministère a reçu les instructions
pour préparer les documents, sous quelle forme les préparer, les
délais, et nous avons fixé au 15 janvier la date limite pour le
retour de l'ensemble des documents.
Je suis informé qu'il y a quelques ministères qui ont
demandé des jours de grâce, comme cela se produit tout le temps,
j'imagine. Dès la période des Fêtes terminée, le
Conseil du trésor, qui a un comité d'experts formé de
représentants de la Fonction publique, de l'Office de planification, de
conseillers économiques du gouvernement, pourra se pencher sur les
rapports qui nous sont parvenus des ministères et soumettre à
l'attention du conseil des ministres un projet d'estimations et de
dépenses pour l'ensemble des ministères et l'ensemble du
gouvernement.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a un rôle spécifique
pour l'Office de planification dans l'élaboration des budgets? Est-ce un
rôle de participation?
M. GARNEAU: Une des raisons pour lesquelles j'ai demandé au
directeur général de l'office, M. Arthur Tremblay, de participer
à ce comité, c'est qu'il est un homme d'une longue
expérience de l'administration provinciale et, deuxièmement,
qu'il pouvait s'appuyer, dans les jugements qu'il portait, sur les expertises
et les études qui sont faites par l'office.
La même chose du côté de la fonction publique. Quant
au sous-ministre de la Fonction publique, qui est responsable de recommander au
Conseil du trésor les plans d'organisation des ministères et les
plans d'effectifs, il convenait qu'il soit membre de ce comité de
travail pour bien faire la jonction entre les responsabilités du
ministère de la Fonction publique et les responsabilités du
Conseil du trésor.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce l'intention du ministre de nommer le
sous-ministre de la Fonction publique contrôleur des Finances?
M. GARNEAU: Contrôleur des Finances? Non.
M. MASSE (Montcalm): Secrétaire général du Conseil
du trésor?
M. GARNEAU: Cela sera la décision du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il y a un comité ou si le Conseil
du trésor remet en cause certaines politiques? Je dis ça comme
cela.
M. GARNEAU: Voulez-vous répartir les pouvoirs des services de M.
Choquette?
M. MASSE (Montcalm): Non, c'était pour lui permettre de passer un
bon Noël. A l'occasion du budget, il y a un comité qui remet en
cause les politiques actuelles, soit dans le domaine des subventions ou dans
d'autres domaines, à l'occasion du budget. On sait que le gouvernement
verse toutes sortes de subventions à des organismes ou à toutes
sortes de politiques. Est-ce que le ministre des Finances ou le Conseil du
trésor profite du budget pour remettre en cause ces politiques?
M. GARNEAU: Nous n'avons pas l'intention de déterminer
arbitrairement au Conseil du trésor les priorités que chaque
ministère veut déterminer dans ses subventions.
Si le ministère des Affaires culturelles a un budget de $12
millions et détermine comme priorités des subventions aux
musées ou à les types d'action culturelle quelconque, ce n'est
pas nous qui allons lui dire: Donnez-le à X au lieu de le donner
à Y. La seule chose, c'est qu'il a l'enveloppe globale et c'est à
lui à déterminer ses priorités, à
l'intérieur de cette enveloppe globale.
M. MASSE (Montcalm): Bien. Dans l'article 23, il est également
inscrit: "Analyse les implications financières, les plans et programmes
des ministères et organismes du gouvernement". Est-ce que par organismes
du gouvernement le ministre entend des organismes du gouvernement comme
l'Office du crédit agricole ou bien s'il va jusqu'à des
organismes plus éloignés mais qui sont des organismes du
gouvernement, de l'Etat, au sens général?
M. GARNEAU: Ce sont des organismes qui émargent au budget de la
province.
M. MASSE (Montcalm): Oui, les hôpitaux, par exemple, les
commissions scolaires.
M. GARNEAU: Si le ministère de la Santé nous arrivait avec
un programme spécial d'ambulance pour transporter à
l'hôpital quiconque tombe malade, avant de dire oui, nous discuterions
certainement avec lui du coût du programme, des implications
financières de ce nouveau programme. D'ailleurs, le ministre des
Affaires municipales l'a indiqué en Chambre lui-même. Une des
raisons qui retardent quelque peu la déposition de son livre blanc,
c'est que, après avoir établi les principes d'un programme
d'action, on veut en analyser les coûts. C'est ce type d'expertise de
coûts que l'on fait avec les officiers du ministère des Affaires
municipales, pour savoir exactement si on s'entend, si les données que
nous avons correspondent avec les données que le ministère des
Affaires municipales a et faire préciser les coûts sur des
programmes à plus long terme.
M. MASSE (Montcalm): Pour l'Hydro-Québec, par exemple, l'on sait
que les investissements doivent être assurés par l'approbation de
l'Etat. On sait que l'administration de l'Hydro-Québec émarge aux
fonds publics dans le sens que c'est payé par le public. Est-ce que,
sans avoir le pouvoir légal, une espèce de pouvoir
ancillaire...
M. GARNEAU: II faut étirer le terme "fonds publics".
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le gouvernement va...
M. PERREAULT: Son budget...
M. MASSE (Montcalm): Oui, le budget, en fonction des immobilisations,
mais, je parle du budget de l'administration.
M. GARNEAU: Non. Actuellement, ce n'est pas notre intention de nous
rendre à ce niveau. La seule chose qui pourrait se produire, c'est que
nous voulons essayer de standardiser le plus possible pas tellement les
méthodes comptables que les types d'information qu'il nous faut obtenir
pour pouvoir faire une véritable comptabilité nationale
québécoise. Dans ce sens-là, nous allons essayer de
demander la collaboration de l'Hydro. Je n'ai pas de détails qui me
viennent à l'esprit, mais si on veut savoir le type de dépenses,
le montant des dépenses d'investissements faits dans tel type de
construction, si on veut essayer d'avoir la collaboration de l'Hydro pour que,
dans son système comptable, elle puisse dégager ces
informations-là pour avoir une comptabilité nationale mieux
structurée, c'est dans ce sens-là que nous pourrions avoir des
contacts avec l'Hydro, mais sur le reste, ce n'est pas mon intention de le
faire.
M. MASSE (Montcalm): J'insiste sur l'étendue du mot "organisme",
parce que ce qui arrive, en pratique, c'est que le Conseil du
trésor, supposons, à titre hypothétique,
détermine qu'un fonctionnaire de cadre Y a droit à une
secrétaire sténodactylo de type Z. Or, l'ensemble des organismes
de l'Etat tente, par divers moyens, de se sortir des normes
générales en créant des offices, mais non en se disant:
Nous sommes la Régie de l'Hydro-Québec.
Résultat, c'est qu'un même cadre a droit à des
avantages ou à des bénéfices différents dans son
travail ou dans la façon de travailler, par rapport à ceux qui
oeuvrent à un niveau identique dans les ministères. Et s'il n'y a
pas possibilité à un moment donné de voir à ce que
tout le monde qui émarge au budget public soit à
l'intérieur des mêmes normes et que ceux qui émargent
directement au budget de l'Etat dans les ministères ont des normes plus
précises et plus rigides que ceux qui ont la possibilité ou la
chance parce que ce sont des régies de faire ce qu'ils
veulent, voilà une tentative de la part de tous les fonctionnaires de se
ramasser dans des régies ou des offices.
Et est-ce que vous ne croyez pas que ce serait une bonne façon de
contrôler les fonds publics que les fameuses normes administratives que
vous avez élaborées s'appliquent le plus possible pour l'ensemble
de ceux qui travaillent pour l'Etat?
Je vais vous donner un exemple qui arrive régulièrement:
Vous financez les CRD, (Conseil régional de développement)
à 100 p. c. ou à peu près. Or, vous travaillez à
l'Office de planification. Comme directeur des CRD, vous avez droit à
une sténodactylo qui gagne Z, vous subventionnez vous-même les CRD
qui engagent une sténodactylo à meilleur salaire.
Résultat, le fonctionnaire qui travaille à l'Office de
planification se sent lésé par rapport à ceux qui sont
dans les CRD, financés à 100 p. c. Egalement pour les agents de
recherche pour d'autres mécanismes.
M. GARNEAU: J'avais l'intention de faire une blague, mais je ne la ferai
pas. La sécurité d'emploi n'est peut-être pas la même
aux CRD qu'au gouvernement.
M. MASSE (Montcalm): Peut-être avec le nouveau ministre.
Indépendamment de l'actualité des politiques, je parle au
point de vue de la politique générale et ça cause un grand
nombre de problèmes, de sorte que tous les ministères ont
tendance à se créer, à travers le territoire, des
organismes qui sont libres eux, libres du service des achats, de la Fonction
publique, des directives du Conseil du trésor et subventionnent à
100 p. c. ces organismes, qui après ça font ce qu'ils
veulent.
M. GARNEAU: C'est pourquoi je mentionnais tout à l'heure, au
député de Montcalm, le travail que nous avons entrepris de
classifier tous ces organismes pour établir des règles qui
s'appliquent à tout le monde, suivant le type d'entreprise, d'office ou
de régie et le degré d'autonomie qui pourrait être
confié à tel type au fédéral, je crois,
qu'il y a A, B, C, D il y a quatre types de régie, de
commissions, plus ou moins autonomes qui, dans certains cas, comme par exemple
Air Canada et Canadien National, ont un très large degré
d'autonomie, par contre, d'autres types de commissions doivent se soumettre
plus directement à des normes qui s'appliquent à l'ensemble des
ministères. C'est ça que nous voulons faire.
Pour éviter les anomalies ou les difficultés que
crée bien souvent ce que le député de Montcalm mentionnait
tout à l'heure évidemment les difficultés que j'ai
constatées, comme il le faisait sans doute lorsqu'il était
responsable du ministère de la Fonction publique, c'est toujours un
problème, par exemple, avec la Caisse de dépôt qui a des
types de fonctions pour des expertises tout à fait spéciales et
il y a une compétition très forte sur le marché à
Montréal les analystes financiers...
M. MASSE (Montcalm): Ils vous ont formulé les mêmes
demandes?
M. GARNEAU: ... m'ont formulé les mêmes demandes. Dans le
fond, je me demande jusqu'à quel point ils n'ont pas raison, parce
qu'ils font face à une compétition très grande sur le
marché. Le gouvernement est le seul endroit où on a besoin de ce
type d'experts. Il y a deux possibilités: ou on rend beaucoup plus
souple les classifications à la Fonction publique pour répondre
à des besoins tout à fait précis ou encore on les
soustrait de la Fonction publique et on les met...
M. MASSE (Montcalm): C'est très important et je sais
l'intérêt du ministre à contrôler les fonds publics.
Je vais vous donner un autre exemple et cela se produit à moult
exemples. Je ne fais cela que pour attirer l'attention du ministre sur
l'importance de tout ça versus le Conseil du trésor. Il y a
à travers la province, le ministère du Tourisme qui subventionne
des agents-informateurs en matière de tourisme et qui explique à
la population... Le ministère en a quelques-uns. Il les paie un montant
Y et il leur donne l'équipement Z. Les gens ont réalisé
qu'une des façons de contourner tout le mécanisme de l'Etat,
c'est de faire transférer par exemple le kiosque d'information à
une municipalité qui, elle, ou la chambre de commerce, fait une demande
de subvention. La subvention est accordée et automatiquement, le
bonhomme augmente son salaire, augmente ses services, peinture son kiosque. A
partir de là, il fait ce qu'il veut, de sorte que le truc, si je puis
dire, se répand à travers la province. A un moment donné,
on s'aperçoit que le budget d'information de l'Etat, en matière
touristique, augmente de 10 p. c. , 15 p. c. par le biais, de cette
façon.
Cela se produit dans d'autres domaines ailleurs. Lorsque le ministre,
dans l'article 23, parle d'organisme du gouvernement, je m'informe donc pour
savoir jusqu'à quel point il a l'intention de voir à ce que ces
façons de contourner les directives générales, soient
surveillées de très près et comment va-t-il s'y prendre,
etc.
M. GARNEAU: Je pense que...
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté. Article 24,
adopté. Article.
M. MASSE (Montcalm): Attendez un peu, là. Avant d'adopter
l'article 24, il faudrait au moins avoir le temps mathématique de lire
l'article.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Vous devez l'avoir lu.
M. MASSE (Montcalm): Nous sommes censés l'avoir lu, M. le
Président, mais il n'y a rien qui empêche de le relire au moment
où on l'étudie, car c'est ici qu'on l'étudie, en
réalité. Je sais que tout le monde est pressé, mais quand
même, soyons un peu sérieux. Dans l'article 24, M. le
Président, on dit que le gouvernement déterminera par
règlement du lieutenant-gouverneur les pouvoirs, etc., au sujet de la
question des dépenses et des engagements financiers.
UNE VOIX: Article 56, ça?
M. MASSE (Montcalm): Article 24: "Le Conseil du trésor exerce les
pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil en ce qui concerne les
dépenses et les engagements financiers du gouvernement dans la mesure et
aux conditions qui sont déterminées par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil." Est-ce que ces règlements seront
rendus publics par la Gazette ou autrement ou si ce n'est pas là un
pouvoir qu'on donne au lieutenant-gouverneur et les règlements ne seront
pas connus?
M. GARNEAU: D'après l'article 27, ils seront publiés dans
les journaux.
M. MASSE (Montcalm): Même ceux de l'article 24?
M. GARNEAU: Oui.
M. MASSE (Montcalm): C'est ce que je voulais savoir. Très
bien.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté. Article 25?
M. MASSE (Montcalm): La même chose au sujet de l'article 25, des
règlements concernant les systèmes de comptabilité. Est-ce
que ça va être publié également?
M. GARNEAU: Cela va être publié également. L'article
27 prévoit que les règlements...
M. MASSE (Montcalm): Pour l'ensemble de ces
règlements-là?
M. GARNEAU: Les règlements des articles 24, 25, 26 vont
être publiés dans la Gazette Officielle.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté. Article 26?
M. MASSE (Montcalm): Evidemment, l'article 26, c'est l'article
clé des articles 24 et 25. C'est la détermination des
pouvoirs...
M. GARNEAU: On tenait à ajouter cet article pour bien indiquer
que le conseil des ministres a l'autorité suprême...
M. MASSE (Montcalm): Garde, en somme, les pouvoirs de les
déterminer.
M. GARNEAU: ...garde, en fait, les pouvoirs s'il le veut ou encore un
autre gouvernement pourrait établir un autre style de gestion.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté. Article 27?
M. JORON: Vous prévoyez que le gouvernement pourrait changer?
M. AUDET: II faut tout prévoir de nos jours.
M. MASSE (Montcalm): D'après l'article 27, qui parle de la
publication dans la Gazette officielle, est-ce que le ministre, s'il a des
règlements prêts, va les publier bientôt ou s'il
préfère...
M. GARNEAU: Vous verrez à la fin que la loi entrera en vigueur le
1er avril, c'est justement pour permettre d'établir tous ces
règlements et de préparer les structures. Je pense que trois mois
c'est loin d'être trop pour faire tout cela.
M. MASSE (Montcalm): Présentement, les règlements ne sont
pas faits.
M. GARNEAU: II y a des règlements qui existent...
M. MASSE (Montcalm): Les normes sont élaborées, mais les
règlements ne sont pas rédigés.
M. GARNEAU: ...il va falloir les reviser dans certains cas et les
adapter aux structures nouvelles.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre aurait la bonté
d'attirer mon attention de façon particulière lorsque les
règlements seront publiés dans la Gazette officielle? Je n'ai pas
le temps, à toutes les semaines, de lire l'ensemble de la Gazette
officielle.
M. GARNEAU: Je pensais que le député de Montcalm se tenait
régulièrement au courant de tout ce qui se passait dans la
Province.
M. MASSE (Montcalm): Je me tiens fort bien au courant, mais j'avoue, en
toute humilité...
M. GARNEAU: Avec toute l'équipe qu'il va avoir pour son
congrès de leadership, il aura tout le monde qu'il lui faut.
M. MASSE (Montcalm): Je ne lis pas tous les matins la Gazette officielle
de A à Z...
M. GARNEAU: Je peux vous dire que ce n'est pas mon livre de chevet non
plus, peut-être que...
M. MASSE (Montcalm): Je ne suis pas seul. Le ministre
également.
M. GARNEAU: Est-ce que la Gazette officielle est envoyée à
tous les députés?
M. MASSE (Montcalm): Oui, c'est envoyé à chaque
député.
M. GARNEAU: Vous voudriez qu'on vous mette un petit papier rouge.
M. MASSE (Montcalm): Non, mais avec vos nombreux secrétaires,
vous pourriez peut-être demander à l'un d'eux, quand ce sera
publié, de m'envoyer ça avec une petite note
particulière.
M. GARNEAU: Cela me donne l'idée qu'on augmente le nombre de
secrétaires particuliers.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, M. le Président,
j'ai eu l'occasion, avec le ministre, au moment de s'en aller en Chambre
tantôt, de discuter de la possibilité, à la suite de
l'adoption du projet de loi, de vulgariser un peu ce projet de loi à
l'attention des députés.
Il s'agit d'un projet de loi extrêmement important et qui a trait
à des mécanismes assez complexes. Je crois que ce serait
intéressant pour les députés de voir comment ce projet de
loi se traduit en pratique et quel est le rôle des organismes de gestion
centrale. Il s'agit du Conseil du trésor, il s'agit du conseil des
ministres, du Conseil de la trésorerie.
Evidemment, quand on n'a pas passé dans l'administration, cela
paraît extrêmement complexe et ça l'est aussi. Alors, le
ministre a retenu la suggestion et je pense qu'à cette occasion il y
aurait peut-être lieu aussi d'associer cette idée d'attirer notre
attention sur la Gazette officielle, la réglementation qui
paraîtra dans la Gazette officielle. Je pense que ce sera une excellente
initiative.
M. GARNEAU: J'ai demandé au sous-ministre de le prendre en note
afin qu'on ne l'oublie pas.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté. Article 28,
adopté. Article 29?
Fonds consolidé du revenu
M. MASSE (Montcalm): Dans l'article 29, M. le Président, on peut
étudier la section IV ensemble. Cela pourrait peut-être aider
plutôt que de répondre. Est-ce que le ministre peut exposer
brièvement la question du fonds consolidé du revenu et les
mécanismes qu'il se donne pour gérer cette question-là?
Est-ce qu'il y aura de nouvelles politiques? Est-ce que le ministre peut faire
un résumé de cela?
M. GARNEAU: En ce qui concerne le fonds consolidé, il n'y a pas
de changements considérables. D'abord, peut-être pour le
bénéfice de certains membres de la commission, le fonds
consolidé, c'est l'ensemble des revenus. C'est difficile de trouver des
formulations juridiques. Je sais que les brillants légistes se sont
penchés pour analyser la question des revenus publics pour essayer de
rajeunir le texte.
En fait, le fonds consolidé, c'est le fonds qui est à la
disposition de l'Etat et provenant, soit des taxes, soit des emprunts, soit de
toute source de revenu qui est utilisée par le gouvernement pour remplir
ses obligations budgétaires. On dit que le fonds consolidé est
grevé constamment des charges qui sont nécessaires pour sa
perception en ce sens que, par exemple, les mandataires du ministère du
Revenu perçoivent la taxe de vente, reçoivent une commission pour
la perception et retournent le montant net. Donc, le fonds est constamment
grevé des charges pour sa perception. Il est également
grevé des emprunts en ce sens que, lorsque des emprunts sont
effectués, le remboursement de ces emprunts est puisé à
même le fonds consolidé et c'est là une garantie qui est
demandée par les prêteurs parce que ceux-ci seraient dans une
situation fort délicate si, pour une raison ou pour une autre, une
Assemblée nationale qui succède à une autre
Assemblée nationale décidait de ne plus voter les fonds requis
pour rembourser les emprunts. Alors on dit que ce fonds consolidé est
également grevé des sommes requises pour rembourser ces
emprunts-là. On dit également que le fonds consolidé est
placé dans les banques, dans des institutions financières...
M. JORON: Vous le déposez au crédit du ministre.
M. GARNEAU: Au crédit du ministre... malheureusement...
M. JORON: Vous ne vous sauvez pas avec!
M. GARNEAU: ... je pourrais difficilement signer des chèques,
parfois c'est...
UNE VOIX: II n'y a pas de fonds! UNE VOIX: ... M. Cazavan!
M. MASSE (Montcalm): C'est ce que M. Cazavan veut nous signifier.
M. ROY (Beauce): Maintenant, est-ce que le ministère du Revenu
dépose uniquement ces sommes dans des comptes de banque ou s'il en
dépose également dans les caisses populaires?
M. GARNEAU: C'est à quel article... "peut déposer
auprès des institutions financières qu'il désigne". Alors,
il y en a auprès des caisses populaires, il y en a auprès des
banques, selon l'endroit où sont les gens.
M. ROY (Beauce): Je veux dire, par exemple, je ne parle pas au niveau
des régions...
M. GARNEAU: On m'informe...
M. ROY (Beauce): ... le gouvernement même.
M. GARNEAU: Lorsqu'il y a des perceptions de revenus les comptes de
transfert sont placés dans des institutions financières les plus
près, mais seulement uniquement les comptes de transfert. Chez vous,
à Saint-Georges, disons, le bureau des véhicules moteurs peut
percevoir ses fonds, les transmettre à la caisse populaire qui, elle, ne
fait que les recevoir et elle les transfère immédiatement dans
d'autres comptes de banque. Mais là où les chèques sont
tirés... les chèques sont tirés uniquement auprès
des banques à charte.
M. ROY (Beauce): Y a-t-il des raisons particulières pour
lesquelles le gouvernement tire ses chèques uniquement sur ses comptes
de banques à charte?
M. GARNEAU: C'est à cause des marges de crédit
substantielles que l'ensemble de l'appareil bancaire, l'ensemble d'une banque
à charte, par exemple, peut...
M. ROY (Beauce): Comme cela, vous admettez que les banques à
charte peuvent donner des extensions de crédit à un moment
donné au gouvernement?
M. GARNEAU: C'est-à-dire qu'il y a une marge bancaire de $100
millions à court terme qui peut être renouvelée
après épuisement.
M. JORON: Est-ce que vous pouvez nous dire dans quelle mesure elle est
exploitée à l'heure actuelle?
M. GARNEAU: Elle est exploitée régulièrement du 1er
au 15 du mois, parce que cela dépend de l'entrée des revenus. Il
y a toujours une période de...
M. ROY (Beauce): Maintenant, indépendamment, il est
évident que, comme dans les entreprises, on fait affaires... Disons
qu'à un moment donné on a des comptes dans les banques. Je
remarque que le gouvernement a des comptes non seulement dans une banque parce
qu'il y a différents ministères qui tirent des chèques.
Par exemple, il peut en tirer sur son compte à la Banque canadienne
nationale, il peut en tirer sur d'autres comptes à d'autres banques
également. Maintenant, y a-t-il une raison particulière pour
laquelle le gouvernement ne pourrait pas transférer une partie de ses
dépôts et tirer des chèques aux caisses populaires? Pour la
chambre de compensation, il n'y a pas de problème parce qu'elle le fait
pour les autres.
M. GARNEAU: C'est à cause de la marge bancaire que les banques
nous accordent alors que c'est beaucoup plus difficile pour les caisses
populaires. On m'informe aussi qu'avant cela il n'y avait pas de chambre de
compensation pour les caisses populaires et que maintenant c'est
réglé.
M. ROY (Beauce): Mais là disons que c'est mieux, cela a
été réglé. C'est une situation qui a
été réglée.
M. GARNEAU: Mais il reste que les banques peuvent accorder une marge de
crédit plus facilement que les caisses populaires qui sont, comme vous
le savez, des organismes indépendants complètement autonomes.
Alors une caisse populaire de Saint-Martin-de-Beauce, par exemple, pourrait
peut-être faire une marge de crédit au gouvernement jusqu'à
un maximum de $2,000.
M. ROY (Beauce): Non, ce n'est pas du tout le sens de ma question.
Je ne voudrais pas que le ministre déforme ma pensée,
parce qu'à ce moment-là ce serait une décentralisation qui
deviendrait tout à fait incontrôlable. Je voulais parler au niveau
global. Je comprends que le ministre nous dise que les banques à charte
peuvent donner au gouvernement des extensions de crédit pour lui
permettre à un moment donné d'être dans le rouge.
M. GARNEAU: Le sous-ministre m'informe
qu'au niveau de la chambre de compensation, les caisses populaires
actuellement doivent passer par la Banque provinciale et que ça
complique un peu le système.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la marge de crédit
accordée?
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas la marge de crédit qui entre en
ligne de compte. Apparemment, vous l'utilisez assez souvent.
M. GARNEAU: Nous l'utilisons très souvent, surtout du 1er au 15
du mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est encore $100 millions la marge
de crédit accordée par les banques?
M. GARNEAU: C'est-à-dire accordée par
l'arrêté en conseil du lieutenant-gouverneur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par les banques à charte, au
gouvernement provincial.
M. GARNEAU: Si le lieutenant-gouverneur pouvait donner une marge de
crédit de $150 millions et que les banques étaient prêtes
à nous accorder le crédit à court terme, elles pourraient
le faire.
M. CLOUTIER (Montmangy): La marge a été augmentée
en 1967, si ma mémoire est bonne. Elle était de $50 millions,
elle a augmenté à $100 millions. Le budget de la province
était alors de $2.5 milliards, maintenant il est à $4
milliards.
M. GARNEAU: En fait, le seul inconvénient est que nous sommes
obligés de passer des arrêtés en conseil très
fréquemment, parce que les arrêtés en conseil
s'épuisent. Vous avez une marge de crédit de $100 millions.
Lorsqu'elle est épuisée, il faut avoir un autre
arrêté en conseil, même si on n'avait pas un sou d'emprunt
à court terme. Cela ne crée pas de problème
particulier.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Articles 29 à 36
adoptés?
M. ROY (Beauce): Concernant l'article 30, je remarque: "Le fonds
consolidé du revenu est grevé en permanence de toutes les charges
et dépenses occasionnées par sa perception et sa régie."
Je remarque dans la publication des états financiers du gouvernement,
qu'on donne les revenus bruts: $3,300,000,000. Moi, je lis "non
encaissés". Est-ce que c'est un changement que la loi va faire dans la
comptabilité ou si c'est...
M. GARNEAU: Non.
M. ROY (Beauce): ... ni plus ni moins que la continuation? Cela veut
dire quoi "les dépenses occasionnées par sa perception et sa
régie". Est-ce que ça veut dire...
M. GARNEAU: Supposons que vous êtes un mandataire du gouvernement
pour percevoir la taxe de vente ou les licences d'automobiles. Dans le cas de
l'émission de licences d'automobiles vous avez droit de recevoir $0.50
du gouvernement comme commission. A ce moment-là, vous retourniez le
montant net. Si c'était $2, vous retourniez au gouvernement $1.50 alors
que vous auriez dû retourner normalement $2. Alors on dit: Le fonds
consolidé du revenu est grevé en permanence de toutes les charges
et dépenses occasionnées pour sa perception. Vos $0.50 de
commission que vous aviez pour percevoir les $2. vous les gardez et vous
retournez $1.50. C'est dans ce sens là que le fonds consolidé qui
normalement aurait dû être augmenté de $2 va l'être de
$1.50, parce qu'il est continuellement grevé des charges
nécessaires pour sa perception.
M. ROY (Beauce): Dans un autre ordre d'idées, par exemple dans la
perception d'un compte d'impôt sur le revenu ou de collection de taxes,
taxes d'hôtel, différentes sortes de taxes, si le gouvernement est
dans l'obligation d'avoir recours à des bureaux d'avocats, est-ce que
les dépenses chargées par les avocats pour percevoir ces comptes
peuvent être déduites du compte?
M. GARNEAU: Dans ce cas-là ce doit être une dépense
qui doit être inscrite à un poste budgétaire.
M. ROY (Beauce): A un poste budgétaire, très bien, je
pense que ça répond à ma question.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, à même son
fonds consolidé, est-ce que le gouvernement prête à des
institutions?
M. GARNEAU: Prêter, ça dépend de ce que vous
entendez.
M. MASSE (Montcalm): Des avances. A des organismes en
général.
M. GARNEAU: Si vous parlez de la Régie de l'assurance-maladie, on
a fait des avances à même le fonds consolidé.
UNE VOIX: C'est indiqué dans la loi de chaque organisme.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que ça arrive fréquemment le
cas où l'organisme emprunte au fonds?
M. GARNEAU: C'est arrivé particulièrement
dans le cas de la Régie de l'assurance-maladie, jusqu'au moment
où elles ont commencé à percevoir ses fonds.
M. MASSE (Montcalm): A l'article 34 le gouvernement fait donc ses
dépôts auprès d'institutions financières
approuvées par le lieutenant-gouverneur.
M. GARNEAU: Article 34, vous dites? M. MASSE (Montcalm): Articles 34 et
36.
M. GARNEAU: "Toute personne qui perçoit des deniers publics doit,
en attendant d'en faire remise, les déposer auprès d'une
institution financière conformément aux règlements
adoptés à cette fin par le Conseil du trésor."
M. MASSE (Montcalm): A l'article 36, c'est un peu la même chose,
mais dans un autre domaine. Le lieutenant-gouverneur établit des
règlements qui spécifient où l'Etat doit faire ses
dépôts.
M. GARNEAU: C'est-à-dire que l'article 36... Prenons d'abord
l'article 34. Cela dépend, nous sommes obligés de le
déposer suivant les règlements adoptés par le Conseil du
trésor, selon l'endroit où se trouve l'agent percepteur. Dans le
cas de l'article 36, si on le relit attentivement, c'est que "le ministre peut
placer à court terme toute partie du fonds consolidé du revenu
qui n'est pas requise pour le paiement des dépenses, pour l'achat de
titres émis ou garantis par le gouvernement," etc. C'est du placement de
surplus de fonds consolidé à court terme. Ce sont des placements
temporaires. Cela arrive. Parfois pour trois ou quatre jours.
M. MASSE (Montcalm): Enfin cela arrive suffisamment pour être
prévu par les règlements.
M. GARNEAU: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Quelles sont les normes de base des
règlements concernant le choix des institutions?
M. GARNEAU: C'est la solvabilité des institutions. Comme ce sont
des placements à court terme et qu'on ne peut pas prendre de chance, il
faut certainement que ce soit... La plupart du temps ce sont les banques...
UNE VOIX: C'est souvent le taux d'intérêt...
M. MASSE (Montcalm): Le taux d'intérêt qui est payé
par la banque, cela entre en ligne de compte en plus de la
solvabilité.
M. GARNEAU: Les billets de l'Hydro.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté?
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 37?
M. GARNEAU: Nous ne changerons pas l'année financière.
Prévisions budgétaires, engagements et
contrats
M. MASSE (Montcalm): Non, mais nous pourrions faire la même chose
avec la section V. Nous pourrions peut-être la prendre globalement et
l'étudier telle quelle. Afin de nous permettre de la prendre
globalement, est-ce que le ministre peut nous expliquer les normes qui l'ont
amené à préconiser cette section V concernant les
engagements et les contrats?
M. GARNEAU: La section concerne l'utilisation des crédits.
D'abord, les prévisions budgétaires qui doivent être
votées par la Législature et le pouvoir pour le
lieutenant-gouverneur en conseil d'adopter des mandats spéciaux lorsque
la Législature ne siège pas. Le contrôleur des finances
prépare un état du rapport des mandats spéciaux, comme je
viens de le mentionner. La section indique aussi les obligations pour le
contrôleur des finances de tenir... Vous savez comment les budgets sont
préparés. Ils sont préparés par articles et
sous-articles. Le contrôleur doit être en mesure de tenir un
registre de tous ces engagements article par article et il doit voir à
ce que les crédits qui ont été votés par
l'Assemblée ne soient pas dépassés, c'est même une
condition pour qu'un contrat soit valable. Pour que le contrat soit valable, il
faut qu'il y ait des disponibilités de crédit. Cela peut
même annuler la valeur d'un contrat.
Je pourrais peut-être attirer votre attention sur l'article 49 de
façon particulière. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
faire des règlements touchant les conditions des contrats faits au nom
de Sa Majesté, et il peut déterminer en quels cas ces contrats
sont soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil et du
Conseil du trésor." C'est l'arrêté en conseil 1556 avec
lequel le député de Montcalm a eu à se débattre
comme la plupart des ministres.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre suppose des choses.
M. GARNEAU: Pour résumer très rapidement cette section, je
pense bien qu'il n'y a pas grand-chose à ajouter. On va le voir en
passant article par article.
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons qu'il y
a des mandats spéciaux qui ne sont plus soumis, sauf erreur,
à l'approbation du vérificateur des comptes.
M. GARNEAU: C'est-à-dire qu'ils vont l'être dans leur
utilisation...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas avant l'émission du mandat...
M. GARNEAU: Non, c'est le contrôleur des Finances qui va avoir
cet...
M. CLOUTIER (Montmagny): II est dit spécifiquement dans la loi
qu'un mandat spécial devient une attribution de crédit. C'est un
article nouveau.
M. GARNEAU: Oui. C'est un article nouveau, mais ça ne change pas
la réalité. Cela simplifie la rédaction de la loi par la
suite. On était toujours obligé dans les articles de loi
de faire une distinction entre les crédits votés et les
crédits attribués par mandat. A la suite de cet article on parle
de crédit et ça simplifie la rédaction du texte.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce qui se produisait dans les discussions en
Chambre, c'est que, lorsque nous parlions des crédits attribués
à un ministère pour l'exercice en cours, on était
obligé de faire la distinction entre les crédits attribués
initialement et les mandats spéciaux. Tandis que là, je pense
bien qu'avec cette nouvelle disposition, au fur et à mesure qu'il y aura
des mandats spéciaux, ils seront incorporés dans les
crédits.
M. GARNEAU: C'est ça. Au point de vue législatif et au
point de vue juridique, cela simplifie énormément la
rédaction et dans les faits c'est ce qui se produisait de toute
façon.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Autre question sur le chapitre?
M. MASSE (Montcalm): Une question très populaire et je pourrais
dire que beaucoup de gens se la pose. Ce serait pour leur information. Pour
quelle raison est-ce que l'année financière du gouvernement est
fixée au 31 mars, 1er avril plutôt qu'au 1er janvier? Je suis
convaincu que c'est une question que beaucoup de gens se posent. Il doit y
avoir des raisons.
M. GARNEAU: Est-ce qu'il y en a qui sont assez âgés autour
de la table pour savoir ça? J'imagine que tous les gouvernements sont
comme ça.
M. MASSE (Montcalm( : On ne s'est jamais posé la question.
M. GARNEAU: On ne s'est jamais posé la question et ce serait
difficile d'avoir une année financière qui ne correspondrait pas
à l'année financière des autres gouvernements pour les
fins de comparaison de budget, mais à l'origine...
M. MASSE (Montcalm): Le ministre ignore pourquoi tous les gouvernements
ont commencé le 1er avril?
M. GARNEAU: Je l'ignore.
M. MASSE (Montcalm): Alors, la population continuera à l'ignorer
elle aussi.
M. GARNEAU: Aux Etats-Unis, on me dit que c'est le premier juillet.
M. MASSE (Montcalm): Et à Ottawa, c'est la même date que
nous.
M. GARNEAU: C'est la même date que nous et dans les autres
provinces...
M. MASSE (Montcalm): Enfin, si jamais le ministre trouve...
M. GARNEAU: On m'informe qu'Ottawa nous a copiés sur le choix de
la date.
M. MASSE (Montcalm): C'est Ottawa qui nous a copiés. Cela ne
s'est certainement pas fait sous le gouvernement actuel.
M. ROY (Beauce): Nous avons servi de modèle.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aurais une autre
question.
M. GARNEAU: Le gouvernement du Québec existait avant celui
d'Ottawa.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sérieusement, dans
ce secteur, c'est la question des engagements de l'Etat aussi et, le ministre
le sait fort bien, le problème se pose régulièrement pour
des gens de l'extérieur ou des organismes de l'extérieur,
concernant la question: Que valent les engagements de l'Etat lorsque le
gouvernement change ou lorsque le ministre change, ou lorsque le fonctionnaire
change? Il serait bon on dit qu'il y aura des règlements ou qu'il
y a des règlements que cette question-là soit presque une
fois pour toutes réglée. Jusqu'à quel point un
gouvernement peut-il s'engager pendant trois, quatre ou cinq ans, à
verser des subventions? Il arrive un changement de gouvernement ou même
un changement de ministre ou de sous-ministre, enfin, de quelqu'un dans
l'organisme. Les gens qui avaient tenu compte dans la municipalité,
l'organisme de loisirs, l'organisme quelconque du gouvernement qui avait tenu
compte dans une prévision
de quatre ou cinq années, de cet engagement de l'Etat, de la
signature du ministre ou du sous-ministre ou du président de l'Office.
Et apprennent, à un moment donné, pouf! que, pour une raison ou
pour une autre, la personne qui avait autorisé l'engagement par lettre
disparaît et l'organisme visé est pris avec le
problème.
M. GARNEAU: Juridiquement, les conditions de l'engagement de l'Etat
à moins que je ne me trompe, je ne suis pas avocat sont
assez bien établies. Ce qui posait un problème ou ce qui en pose
un, c'est le pouvoir qu'ont les membres d'un gouvernement d'engager le
gouvernement. C'est là que se pose le problème.
M. MASSE (Montcalm): C'est là qu'est...
M. GARNEAU: Si, par exemple, il existe un arrêté en conseil
ou un CT qui crée un engagement du gouvernement, il n'y a pas de
problème. Si le ministre, par exemple, envoie une lettre d'intention,
c'est-à-dire une lettre disant: J'octroie telle subvention à
telle institution et que, auparavant, il n'y a pas eu de certification, de
disponibilités de crédit, et qu'il n'y a pas eu de CT, s'il
s'agit d'un montant dépassant $25,000, c'est clair que l'engagement, peu
importe qu'il y ait eu changement de gouvernement ou non, n'est pas un
engagement qui lie juridiquement les parties.
M. MASSE (Montcalm): Il est difficile à l'intérieur d'une
loi...
M. GARNEAU : Ah! c'est pour les tiers?
M. MASSE (Montcalm): A moins que ce soit une loi qui dit que, pendant
tant d'années il y aura des engagements, ça ne peut pas toujours
être une loi. Il y a 75,000 choses qui arrivent et ce ne sont pas des
lois.
M. GARNEAU: Le reste, c'est de la tradition.
M. MASSE (Montcalm): Mais le tiers en question est, à un moment
donné, pris avec ce problème. Il n'a pas été
avisé au fond que ce n'était pas légal, puisque le
gouvernement n'est pas obligé, et cela crée un tas de
problèmes dans toute la province. Il y aurait peut-être une
façon quelconque de mettre de l'ordre là-dedans pour que tout le
monde soit au courant de ce qu'est la loi, de ce qu'est l'engagement et de ce
que n'est pas engagement.
M. PERREAULT: II ne faudrait pas qu'il y ait d'engagement pris avant
qu'on soit autorisé par le Conseil du trésor.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais, prenons un exemple qui ne peut pas
être dans la loi. Quelqu'un est ministre, supposons, des Loisirs.
Il discute avec un conseil municipal. Ils s'entendent. Plutôt que
de verser une subvention, disons, de $300 par année ad vitam aeternam
pour faire fonctionner le système, il prévoit une subvention
partiquement d'immobilisation. Il dit: On va vous donner $2,000 par
année pendant cinq ans et là, vous construirez un abri.
L'organisme des loisirs emprunte de la caisse populaire $10,000, réalise
son abri, prend à sa charge les intérêts et tient compte de
l'engagement de l'Etat. Arrive un changement au Haut-Commissariat des sports
qui change de ministère. Cela peut être à
l'intérieur même du gouvernement, parce que ce n'est pas une
question de politique. Le nouvel organisme n'est pas d'accord avec cette
politique antérieure. Au bout de la ligne, la corporation des loisirs
est prise avec la caisse populaire. La bâtisse est construite et il reste
trois années à payer mais on n'a plus les $2,000. Donc, tout le
monde est dans l'embarras.
M. GARNEAU: Ce que le député de Montcalm soulève
est certainement un problème véritable, parce que même
quand on donne des subventions aux hôpitaux et aux commissions
scolaires...
M. MASSE (Montcalm): Je donne cet exemple-là, mais c'est vrai
pour tout le monde.
M. GARNEAU: ... c'est indiqué dans les contrats "à
même les crédits votés annuellement".
M. MASSE (Montcalm): Si on ne vote pas les crédits...
M. GARNEAU: Oui.
M. MASSE (Montcalm): ... elles n'auront pas leurs subventions.
M. GARNEAU: Le problème fondamental, c'est l'annualité du
budget. Dans la législation actuelle, je pense que ça existait
également dans l'autre, c'est qu'on peut voter des crédits pour
plus d'une année. L'article 38 dit: "Les prévisions
budgétaires soumises à la Législature doivent porter sur
les services dont la liquidation s'effectuera au cours de l'année
financière, ou d'une autre période expressément
visée". C'est la répétition d'un article qui existait dans
l'ancienne loi. On aura les pouvoirs de voter les crédits pour plus
d'une année mais, pour des raisons que j'ignore, est-il arrivé
qu'on ait des crédits votés pour plus d'une année,
à votre connaissance? On me dit que c'est une question de tradition. On
ne l'a jamais utilisée. C'est un problème qui existe, qui est
véritable...
M. MASSE (Montcalm): C'est même un très grave
problème parce qu'il y a eu des engagements de toutes sortes pris envers
des corps
publics de bonne foi, que ce soit pour des constructions, que ce soit
pour des allocations ou que ce soit pour des subventions. Et là, il
arrive un changement. Tout le monde est embêté avec ce
problème-là.
M. GARNEAU: Le contrôleur de la Trésorerie me dit que,
jusqu'à présent, tous les engagements pris par
arrêté en conseil ou par CT sont toujours respectés dans
les estimations de dépenses des années ultérieures.
M. MASSE (Montcalm): Je suis d'accord. Mais vous allez également
admettre qu'il y a des pouvoirs qui sont donnés à des
fonctionnaires ou à des ministres de prendre ces engagements et qui ne
requièrent pas d'arrêté en conseil. Et il y a de nombreux
engagements dans ce genre-là.
M. GARNEAU: Mais le député de Montcalm conviendra qu'il y
a toujours un CT puisque, actuellement, avant que la loi ne soit amendée
et que les nouveaux règlements ne soient faits, le ministre ou le
sous-ministre n'avait pas le droit d'engager une somme d'argent, et
c'était une anomalie complète. C'était le contrôleur
de la Trésorerie qui approuvait le bien-fondé de la
dépense. Il y avait un CT à ce moment-là.
M. MASSE (Montcalm): Alors, comment se fait-il que l'Auditeur n'a pas
protesté dans son rapport? Prenons un exemple très concret
mon collègue est ici, il était au ministère de la
Santé il y a eu, dans le Québec, particulièrement
dans ma région, des autorisations tout à fait légales
puisque personne n'en a contesté la légalité, concernant
la construction d'une clinique ou d'un centre hospitalier. Tous les contrats
ont été donnés, tout le monde a signé son contrat,
les sous-traitants ont acheté leur matériel et, pour des raisons
X, à un moment donné, l'Etat parce que je parle du
principe décide: On ne fait plus la construction pour des raisons
X. Vous voyez l'ensemble du problème qui est causé. Là, je
donne l'exemple d'un centre hospitalier, mais il y en a des milliers
d'exemples: construction de routes, subventions aux municipalités qui
ont pris des engagements Elles sont allées au ministère des
Affaires municipales. Le ministère des Affaires municipales a dit:
D'accord, on va subventionner...
M. GARNEAU: II ne faudrait pas entreprendre un débat sur
les...
M. PERREAULT: Les subventions aux municipalités sont toujours
payées, peu importe...
M. GARNEAU: On m'informe que les engagements qui ont été
pris par CT sont respectés. Mais, ce qui est difficile au niveau des
organismes de contrôle que constituent le ministère des Finances
et le Conseil de la Trésorerie pour la préparation des budgets,
c'est que si des engagements sont pris dans des ministères et qu'ils ne
sont pas portés à la connaissance des organismes de
contrôle de la gestion financière, juridiquement, ils ne sont pas
valides.
Je ne voudrais pas soulever un débat politique ..
M. MASSE (Montcalm): Je ne le place pas du tout sur le plan
politique.
M. GARNEAU: Moi non plus, mais je vais vous donner un exemple
précis. Il y a eu un engagement de pris, à un moment
donné, par lettre vis-à-vis d'une municipalité envers
laquelle le ministère des Affaires municipales s'était
engagé à verser une somme de $2 millions. Au Conseil de la
Trésorerie, on ne le savait pas. A un moment donné, le maire
arrive et dit: J'ai une lettre du ministre ici comme quoi il y a eu un
engagement de pris de nous verser une subvention de $2 millions à
l'occasion d'une fusion. Il n'existait rien au Conseil de la Trésorerie
et il n'y avait aucun arrêté en conseil garantissant cette
chose-là. Evidemment, c'est peut-être une erreur et ça
aurait peut-être été confirmé par la suite par CT,
mais, dans la préparation du budget, rien n'avait été
prévu parce qu'il n'y avait aucun renseignement. Il s'agit de savoir
jusqu'à quel point on peut payer ces affaires-là.
De toute façon, cela prendrait des budgets supplémentaires
pour les voter parce qu'on ignorait même leur existence. Cela crée
des problèmes qui surviennent surtout à l'occasion de changement
de gouvernement ou de changement de ministre à l'intérieur d'un
même ministère.
M. MASSE (Montcalm): M. le ministre admettra...
M. GARNEAU: Nous soulevons là un problème très
important pour les tiers qui, eux, ne sont pas partie de toutes ces
décisions à l'intérieur et qui, à un moment
donné, prennent des engagements devant des banques, des caisses, qui
avancent l'argent, et finalement tout le monde est embêté avec
cela.
M. PERREAULT: II ne faudrait surtout pas qu'il y ait de lettre
d'intention.
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai pas d'objection, si vous dites que
désormais, il n'y aura plus de lettre d'intention, à ce que le
règlement connu de tout le monde spécifie qu'il n'y a que tel
genre d'acte de l'Etat qui constitue un engagement, et tout le monde le
sait.
M. GARNEAU: L'article 49 explique les conditions dans lesquelles les
contrats doivent être faits pour lier le gouvernement. On dit que tout
règlement adopté en vertu du présent article entre en
vigueur à la date de sa publica-
tion dans la Gazette officielle. Et la Gazette officielle devient, en
quelque sorte, la façon d'informer le tiers.
M. MASSE (Montcalm): Je ne veux pas allonger le débat
là-dessus. C'est un secteur des plus importants de l'Etat, et cela
montre encore jusqu'à quel point il est dificille de faire une
discussion de fond à la dernière minute sur un projet de loi
fondamental.
M. GARNEAU: Le problème que soulève le
député de Montcalm est le suivant: Comment faire pour informer
les tiers d'une façon générale? Est-ce qu'il faudrait
passer des annonces à la télévision?
M. LAFONTAINE: Cela va plus loin que cela. Il y a eu des
arrêtés ministériels, des arrêtés du Conseil
de la trésorerie passés en bonne et due forme je pense,
entre autres, aux services professionnels d'ingénieurs, je pense que mon
ami, le député de Montcalm, appelle les
ingénieurs-conseils des tiers mais lors d'un changement de
gouvernement on n'a plus respecté les arrêtés
ministériels, les arrêtés du Conseil de la
trésorerie.
M. MASSE (Montcalm): Ces gens-là ont engagé du personnel
pour réaliser leur contrat. Alors, ces gens-là se sont
équipés en personnel ou en machinerie parce qu'ils avaient
l'autorisation de l'Etat, et voilà qu'à un moment donné
l'Etat décide autrement.
M. GARNEAU: On me dit que les clauses du contrat le permettent.
M. LAFONTAINE: II y a toujours eu, au ministère de la Voirie, une
clause disant que le ministre peut annuler un contrat. Je peux dire qu'entre
1966 et 1970 celui qui vous parle n'a jamais utilisé cette clause pour
annuler un contrat. Il y a tout de même une chose à souligner au
sujet des entrepreneurs, par exemple, pour l'entretien des chemins d'hiver.
S'ils ont un contrat signé en bonne et due forme pour cinq ans, je pense
qu'il est un peu amoral et même immoral d'arriver d'un geste
administratif et de dire: Nous n'avons plus besoin de vous! Même si la
clause existe dans le contrat.
M. MASSE (Montcalm): A moins qu'il y ait des raisons
d'incompétence ou des choses semblables.
M. LAFONTAINE: Si vous avez un ingénieur-conseil qui a
été engagé et qu'il est en train...
M. GARNEAU: II s'agit de savoir quelle façon prendre pour
informer les tiers.
M. LAFONTAINE: Au bout de trois ans on annule tout simplement ce
contrat-là, cela veut dire que, pendant trois ans, cette firme
d'ingénieurs-conseils a travaillé, a produit un ouvrage qui a
été payé à même les deniers de l'Etat et,
malgré cela, on ne se sert pas de l'ouvrage préalable. Je
comprends qu'il y a peut-être des recours légaux pour les
professionnels, mais c'est certainement une perte qui est dure à
admettre dans les conditions économiques actuelles du Québec.
M. MASSE (Montcalm): Ce que je veux dire, c'est que le pouvoir
discrétionnaire de l'Etat de faire ce qu'il veut dans ce
domaine-là est trop large, même uniquement au point de vue des
affaires et de l'efficacité. C'est évident qu'il va y avoir des
règlements et là où j'attire l'attention du gouvernement,
c'est sur leur importance. Deuxièmement, il faut les faire
connaître. C'est évident qu'il ne s'agit pas de payer des
émissions de télévision, mais, au moins que les tiers
normaux de l'Etat, les conseils scolaires, les conseils municipaux, les
banques, enfin, les diverses personnes qui font affaires
régulièrement avec l'Etat, reçoivent au moins de
façon même spéciale, des informations pour attirer leur
attention sur la politique de l'Etat dans ce domaine-là. Lorsqu'ils sont
pris avec des engagements de l'Etat il faudrait qu'ils sachent si c'est un
supposé engagement ou un engagement réel. Tout le monde le saura
et pourra en tenir compte.
M. GARNEAU: Je pense que la meilleure façon, c'est de bien
informer les membres du Conseil exécutif.
M. MASSE (Montcalm): II faudrait peut-être commencer par
ceux-là!
M. GARNEAU: Une fois que cela est bien déterminé, je pense
que le reste crée beaucoup beaucoup moins de problèmes.
M. PERREAULT: Je suis d'accord avec le député de Montcalm.
En tant que maire, je sais que les banques avancent même de l'argent sur
des lettres d'intention. C'est cela qui est dangereux.
M. MASSE (Montcalm): C'est cela qui arrive. Je suis bien heureux que le
député de L'Assomption corrobore mon avancé.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai un problème
réel. J'entendais le ministre, tantôt, quand on parlait de
l'enveloppe globale qui sera accordée à chacun des
ministères dans le corps de l'étude des budgets. Prenons un
ministère qui va recevoir une enveloppe de $12 millions et qui va
préparer son budget à l'intérieur de ce montant total. Le
ministère peut prendre des initiatives du genre de celle dont on vient
de parler, qui entraînent, pour le gouvernement, un engagement, non
seulement un engagement dans l'année pour
laquelle on fait un budget, mais aussi pour les années
ultérieures.
Si le principe de l'enveloppe globale est accepté et que l'on
pousse tout le temps plus loin de ce côté-là de
façon à laisser une marge d'initiative plus grande au
ministère, là-dessus, je suis d'accord à la condition que
les priorités aient été établies. A ce
moment-là, il faudra que les mécanismes soient d'autant plus
étanches parce que les prévisions budgétaires seront
étudiées ou approuvées moins par poste que par
priorité, par enveloppe et par programme. D'où l'importance de la
remarque du député de Montcalm voulant que des contrôles
soient trouvés ou des façons claires et nettes d'avertir les
responsables, soit à l'intérieur des ministères ou
à l'extérieur des ministères, de la signification des
engagements qui sont pris.
M. GARNEAU: Je ne voudrais quand même pas que l'on se
méprenne sur le principe de l'enveloppe globale. Cela a
été une technique de préparation des dépenses.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. GARNEAU: Cela ne veut pas nécessairement dire qu'une fois que
l'enveloppe globale aura été approuvée, l'utilisation des
crédits sera entièrement libre. A l'intérieur de cette
enveloppe globale, des crédits devant être présentés
soit par direction générale, soit par nature des dépenses
et on ne pourrait passer à côté et engager des
crédits n'importe comment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends le système mais tout de
même le ministère a plus de marge de manoeuvre à partir du
moment où il sait quelle est la masse totale dont il dispose. Il peut
jouir d'une certaine manoeuvre pour établir ses propres
priorités, des développements et des programmes.
C'est ainsi que certains programmes amènent plus que d'autres la
possibilité de contracter des engagements. On parlait des loisirs, c'est
facile de voir que le ministère de l'Education, disposant d'une
enveloppe globale à la section des loisirs, peut prendre des engagements
qui peuvent amener aussi des contraintes budgétaires pour les
années ultérieures. C'est pourquoi les contrôles
mentionnés par le député de Montcalm, ou
l'élaboration de normes plus précises à l'intérieur
de cette réglementation, sont plus importantes.
M. GARNEAU: La diffusion des règlements...
M. LE PRESIDENT ( Houde) (Limoilou): Les articles 49 et 50 sont
adoptés? Ce n'est pas ça. Ce sont les articles 37 à
50.
M. MASSE (Montcalm): Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 50.
Paiement des deniers publics
M. MASSE (Montcalm): A la section VI, on pourrait faire comme dans les
deux autres. Le ministre pourrait-il nous fournir quelques données
préliminaires concernant ce secteur-là?
M. GARNEAU: Cette section concerne le paiement des deniers publics. Dans
la section précédente, on avait vu comment les crédits
doivent être engagés, comment la comptabilité de ces
crédits engagés devait être tenue, qui en était
responsable et on passe à l'autre section qui est le paiement à
la suite de l'engagement de crédits.
On remarquera que, dans cette section des paiements des crédits,
la vérification avant paiement, au lieu de se faire par l'Auditeur de la
province, va se faire maintenant par le contrôleur des Finances qui va
devoir s'assurer de la régularité du paiement, à savoir si
le montant qu'il paie avait fait l'objet de l'engagement de l'imputation de
crédit, si au moment où il paie il a des crédits
disponibles. Le contrôleur des finances va également voir à
ce qu'aucun mandat de paiement soit émis pour un paiement de deniers
publics. L'article 54 explique une bonne partie des devoirs au niveau du
contrôle. C'est l'essence résumée très
brièvement de cette section.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Autre question?
M. GARNEAU: Si on peut le reprendre article par article. Il y a une
suggestion que je voudrais faire à l'article 51. On dit ceci: "Aucun
paiement sur le fonds consolidé du revenu ne peut être fait sauf
à la demande écrite du chef ou du sous-chef d'un ministère
ou organisme ou de tout fonctionnaire indiqué par le Conseil du
trésor. Cette demande doit être faite suivant la forme prescrite
par le Conseil du trésor et être accompagnée des documents
qu'il détermine". Je voudrais suggérer que l'on enlève le
mot "écrite" parce que dans la mécanisation des
opérations, il se peut que l'on doive formuler la demande
différemment. Il va y avoir la commande qui va être signée
par le responsable du ministère, il va aussi y avoir la demande
d'imputation de crédit et, si on gardait le mot "écrite" à
cet article, le contrôleur de la Trésorerie m'indique que
ça pourrait compliquer dangereusement l'implication des données
mécanographiques.
Il suggère que l'on enlève le mot "écrite" pour
"cette demande soit faite suivant les formes prescrites par le Conseil du
trésor." Ce qui donnerait plus de souplesse pour s'adapter aux exigences
de la mécanographie. Est-ce que vous seriez prêts à
l'accepter?
DES VOIX: Cela va.
M. MASSE (Montcalm): Au sujet du paiement des deniers publics, est-ce
que le ministre a l'intention de donner plus de pouvoirs au ministère ou
aux fonctionnaires afin de centraliser davantage?
M. GARNEAU: Pour le paiement, ça va être centralisé,
de même que dans la vérification avant paiement. Je pense que pour
la mécanisation des opérations il faudrait presque avoir une
comptabilité séparée dans chaque ministère. A la
suite de la mise en place du programme MOBEC les études se poursuivent.
L'implantation va se faire à peu près à partir de quel
temps?
UNE VOIX: A partir d'avril.
M. GARNEAU: A partir d'avril, ça va être centralisé
et dans un certain temps, peut-être un an ou deux, on va mettre en marche
un système de comptabilité à partir de terminus dans les
ministères qui vont transmettre les données comptables dans un
cerveau électronique géant. A ce moment-là, ça ne
servirait à rien de décentraliser le paiement dans les
ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette centralisation peut apporter
des délais additionnels dans le paiement des comptes? Non?
M. GARNEAU: Je pense que ça va plutôt
l'accélérer, parce que cela va être
mécanographié dorénavant. Cela va sortir...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que je voulais faire dire au
ministre.
M. MASSE (Montcalm): Juste une parenthèse...
M. GARNEAU: Est-ce que M. Cazavan est capable de nous avoir des fonds
toujours disponibles?
UNE VOIX: Oui.
M. PERREAULT: M. le Président, je pense bien que le plus
important, c'est le fait d'autoriser les ministères à autoriser
les paiements.
M. GARNEAU: Ce sont eux qui vont les autoriser dorénavant.
M. PERREAULT: C'est cela surtout qui va accélérer.
M. MASSE (Montcalm): Juste une parenthèse, M. le
Président. Je m'en excuse, je suis hors d'ordre, mais je la fais quand
même. Dans le paiement des deniers publics cela n'a rien à
voir avec le rapport, mais c'est une suggestion qui a été faite
à maintes reprises par les députés et qui ne semble pas
avoir encore atteint les organismes d'exécution les
députés sont payés tous les mois présentement. Or,
l'ensemble des fonctionnaires le sont tous les quinze jours et je sais
ce n'est pas du tout mon problème personnel que cela pose des
problèmes à un grand nombre de députés. Ils ne
savent pas...
M. GARNEAU: Le député de Montcalm veut souligner qu'il est
assez à l'aise financièrement.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le hasard a fait que mon
père est venu au monde avant moi et nous ne sommes pas ici pour discuter
de ma situation financière. Je connais l'intérêt du
ministre à cette question, et il y a des députés qui ne
savent pas à qui poser cette question. Nous n'avons pas encore de
syndicat ni de convention collective, et je profite de l'occasion pour attirer
l'attention sur le fait qu'il y aurait peut-être possibilité de
payer les députés tous les quinze jours comme tous les autres
fonctionnaires.
M. GARNEAU: On m'informe que, pour le traitement, il n'y aurait aucune
difficulté.
M. MASSE (Montcalm): II faudrait amender peut-être la Loi de la
Législature, je ne sais, mais...
M. GARNEAU: Nous avons amendé la Loi des régimes de
retraite des enseignants et des fonctionnaires pour pouvoir verser l'allocation
de...
M. MASSE (Montcalm): Je demande au ministre, au nom de la
majorité silencieuse des députés, de discuter de cela,
parce que souvent, ceux qui sont aux prises avec ce genre de problèmes
sont très souvent des députés qui ne parlent jamais et ils
ne savent pas à qui s'adresser.
M. PERREAULT: Le ministre prendra la parole.
M. MASSE (Montcalm): Dans la majorité silencieuse, il y a
beaucoup de libéraux, de toute façon.
M. PARENT: Je vais prendre en note la suggestion du député
de Montcalm en faisant l'étude de la révision du bill de la
Législature.
M. MASSE (Montcalm): Je ferme la parenthèse. Je suis convaincu
que le président était d'accord, même si j'étais
hors d'ordre pour faire cette demande.
M. GARNEAU: Je pense que...
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Non, monsieur.
M. GARNEAU: Le président est dans la même situation,
mais...
M. MASSE (Montcalm): Oui, il est dans la même situation...
M. GARNEAU: ... que le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): II ne veut pas me donner son accord, mais...
M. GARNEAU: C'est qu'il a bâti lui-même son entreprise.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, pour revenir au projet de
loi même, est-ce que le gouvernement va établir une politique
quelconque au sujet du paiement des intérêts pour ces paiements
retardés dans le secteur des deniers publics? On sait que ça se
produit régulièrement. A un moment donné, dans les
conventions collectives, il y a des problèmes pour payer les enseignants
et on paie des intérêts. Il y a des entrepreneurs dont les
paiements sont retardés. Parfois, il se paie des intérêts,
parfois, il ne s'en paie pas. Est-ce qu'il y aurait moyen, pour la
Trésorerie, d'établir une espèce de règlement qui
dit que si le paiement doit être fait dans les trente jours et qu'il
n'est pas fait dans les trente jours, à partir du trentième jour,
l'intérêt normal sera ajouté au capital qui doit être
versé, si je puis m'exprimer ainsi? Il y a actuellement une
espèce de pouvoir discrétionnaire là-dedans. Je me
souviens, par exemple, des enseignants des institutions techniques du
Québec, à qui on devait de l'argent en vertu des conventions
collectives. Il y a eu des discussions nombreuses qui ont tramé. Est-ce
qu'on va verser des intérêts, compte tenu du fait qu'on les
versait après l'année fiscale, que ça comptait sur l'autre
année fiscale, et faire compter cela sur la première? Enfin, il
s'est soulevé toutes sortes de problèmes et il s'en
soulève régulièrement là-dessus. Est-ce qu'il y
aurait moyen, de la part du Conseil, d'établir une espèce de
règle qui dit que si on doit notre paiement et s'il n'est pas
payé dans les trente jours qui suivent le moment où on le doit,
on paiera des intérêts, ou enfin une règle quelconque qui
fait que tout le monde est informé de ce qui se produit?
M. GARNEAU: II y a différentes raisons qui peuvent retarder les
paiements, soit par exemple que l'entente entre les parties n'est pas conclue.
Mais, dans le système de mécanisation des opérations
budgétaires et comptables, le système est conçu de telle
sorte qu'il va y avoir, par le fait de l'informatique, un "follow-up". On va
pouvoir suivre beaucoup plus facilement le moment entre lequel la marchandise a
été reçue et acceptée par le ministère et le
moment où elle va être payée. De la sorte on va pouvoir
je vois plus loin que le député de Montcalm, mais c'est
là l'optimisme du contrôleur de la Trésorerie actuellement
bénéficier même des escomptes que les fournisseurs
peuvent accorder si on paie avant trente jours, avant 60 jours, avant 90 jours,
selon le type d'achat de biens ou de services.
Actuellement il se paie des intérêts sur certains paiements
en retard, lorsqu'il y a des expropriations par exemple...
M. MASSE (Montcalm): C'est parce que là il y a une espèce
de pouvoir discrétionnaire dans le sens qu'on ne sait pas quand...
Alors, il arrive malheureusement et ce n'est pas tel ou tel parti
que le gouvernement se finance à même ce qu'il doit à des
organismes. Quand on doit $1 million, $2 millions, à quelqu'un qu'on a
obligé à déposer un chèque certifié et puis
qu'en fin de compte le gars a fait tout son travail, mais on lui doit encore $1
million. Lui, il emprunte de la banque et, il est obligé de payer les
intérêts à la banque sur l'argent qu'on lui doit. En plus
de ça on retarde son paiement et il ne reçoit pas les
intérêts sur ce qui lui est payé.
Je suis convaincu qu'il y a beaucoup d'organismes ou d'entreprises qui
souffrent énormément de ce système, et il y aurait lieu
dans ce domaine de mettre de l'ordre dans l'affaire et que même si,
à un moment donné, le gouvernement, pour une raison ou pour une
autre, parce qu'il n'a pas la liquidité, ne peut pas verser l'argent,
mais qu'au moins le gars sache, puisqu'il a emprunté à la banque
et qu'il paie l'intérêt sur son emprunt, que le gouvernement va
payer l'intérêt de la banque où il a emprunté pour
continuer à diriger son commerce. Si le gouvernement avait payé,
il n'aurait pas été obligé de faire ça.
Là nous sommes dans un système qui est faux sur le plan
économique. Je suis convaincu que le ministre des Terres et Forêts
sera d'accord avec une suggestion où on saurait exactement où
sont les droits et les limites de chacun. Bon. Etant donné que j'ai
l'accord des autorités importantes du parti ministériel...
M. CLOUTIER (Montmagny): Du Conseil du trésor!
M. MASSE (Montcalm): ...du Conseil du trésor sur le principe, le
problème est réellement sérieux, et il y aurait lieu... Ce
que je préconise ce n'est pas telle ou telle sorte de solution, mais que
nous ayons au moins un règlement et que tout le monde sache à
quoi s'attendre dans ce domaine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, dans la formulation, il ne faudrait pas
oublier que ce taux d'intérêt pourrait être basé sur
le taux de la banque du Canada plus un pourcentage excédentaire.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Alors, messieurs, avant de nous
rendre en Chambre...
M. LAFONTAINE: Juste un instant, M. le Président, c'est
simplement pour souligner au ministre un problème qui arrive très
souvent, et j'en parle par expérience, relativement aux
réclamations sur les contrats de voirie, par exemple,
réclamations qui peuvent parfois durer deux ans, trois ans et quatre
ans. A ce moment, l'entrepreneur, lorsque la note est réglée,
n'est jamais heureux parce qu'il réclame toujours
l'intérêt. On ne paie même pas l'intérêt au
taux légal de 5 p. c.
M. MASSE (Montcalm): D'autant plus que, lorsqu'il fait son contrat, on
l'oblige à déposer un chèque certifié pendant tant
de jours. Et il y a l'autre question qui est un peu connexe à ça
: quand on oblige un entrepreneur à déposer un chèque
certifié pour tant de jours et que l'Etat ne prend pas sa
décision dans le nombre de jours voulu, bien qu'on lui remette au moins
son chèque certifié ou qu'on lui paie l'intérêt de
son chèque certifié en attendant que le gouvernement prenne sa
décision, je pense que, sur le plan des affaires uniquement, il y aurait
une mise en ordre dans cette histoire qui aiderait tout le monde.
M. GARNEAU: II y a beaucoup de plaintes, je suis d'accord...
M. MASSE (Montcalm): II y a beaucoup de plaintes et beaucoup de
discrétion dans cette affaire-là à un moment donné.
C'est dangereux parce qu'il y a des millions en jeu.
M. GARNEAU: C'est certainement le type de problème sur lequel
devrait se pencher le Conseil du trésor dans l'établissement des
règles de gestion.
M. MASSE (Montcalm): Je suis bien heureux dans mon rôle de
parlementaire d'avoir attiré l'attention du gouvernement sur cet
important problème.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Avant de nous rendre en Chambre,
êtes-vous d'accord qu'on accepte les articles 50 à 59?
M. MASSE (Montcalm): Oui, M. le Président.
M. GARNEAU: Pour revenir à la suggestion du député
de Montcalm le conseiller juridique m'informe que...
M. MASSE (Montcalm): II faut amender la Loi de la
Législature.
M. GARNEAU: La Loi de la Législature, l'article 94.
M. MASSE (Montcalm): Mais, comme nous sommes à travailler aux
amendements à la Loi de la Législature, il aurait peut-être
lieu d'en tenir compte.
M. GARNEAU: Le ministre d'Etat en a pris note.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Les articles 50 à 59.
Adoptés.
Reprise de la séance à 16 h 26
M. LE PRESIDENT (Houle) (Limoilou): A l'ordre, messieurs!
Section VII: Dette publique, article 59.
Dette publique
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, dans la section de la dette
publique, nous pourrions faire comme pour les autres sections.
M. GARNEAU: Dans la section de la dette publique, M. le
Président, étant donné qu'il y a beaucoup d'articles qui
ont fait l'objet d'une certaine jurisprudence à la suite des
négociations d'emprunt, soit sur le marché canadien ou sur le
marché américain, nous avons essayé dans la mesure du
possible de garder les mêmes dispositions. En fait, il y a très
peu de changement. Ce sont les mêmes articles à cause, justement,
du fait de cette jurisprudence, pour ne pas créer de
problème.
Il y a un changement à l'article 64, je pense que, dans la
feuille que l'on vous a distribuée, on suggère de
remplacer...
M. MASSE (Montcalm): II y a un amendement.
M. GARNEAU: Oui, justement, c'est cela, de remplacer, à la
neuvième ligne d'un de ces articles "l'écrit constatant" par les
mots "tout document relatif à".
M. MASSE (Montcalm): Pour quelle raison?
M. GARNEAU: Je vais relire l'article pour me rafraîchir la
mémoire. A l'article 8, on prévoit une possibilité de
délégation de signature à des fonctionnaires. On voudrait
indiquer que, "Nonobstant...
M. MASSE (Montcalm): "Nonobstant l'article 8, l'écrit constatant
cet emprunt peut être signé..."
M. GARNEAU: Ce qui arrive, c'est que lorsqu'on emprunte sur le
marché américain ou si on emprunte en Allemagne, si on gardait
l'article tel quel, on ne pourrait pas déléguer, par exemple, une
personne qu'on pourrait choisir pour aller signer des documents sur place. Il
faudrait envoyer un fonctionnaire automatiquement, alors qu'en
remplaçant les mots "nonobstant l'article 8" par les mots "tout document
relatif à cet emprunt", on ne serait pas obligé de
déléguer nécessairement un fonctionnaire. On pourrait
prendre quelqu'un sur place là-bas qui ne serait pas un fonctionnaire.
C'est ça?
UNE VOIX: Un membre d'une délégation.
M. GARNEAU: Un membre d'une délégation pourrait aller
signer. C'est la raison pour laquelle on suggère de remplacer ces mots
pour donner un peu plus de souplesse.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous avez abordé la
question des emprunts. Quelle est la politique du gouvernement concernant la
diversité de ses sources d'emprunt. Est-ce que le gouvernement a une
politique ou bien s'il va au hasard des marchés?
M. GARNEAU: Vous comprendrez que cela dépend beaucoup des
marchés financiers. Nous pourrions être très
intéressés, par exemple, à pouvoir contracter un emprunt
sur les marchés français, allemand, italien, ou japonais, comme
le mentionnait tout à l'heure le député de Montmagny.
Cela dépend des règlements qui régissent la
possibilité de sortie de capitaux de ces pays-là. Les
spécialistes du ministère des Finances sont toujours à
l'affût pour profiter des meilleurs conditions possibles sur les
différents marchés.
Evidemment la politique qui dit qu'on emprunte
régulièrement à l'extérieur du pays ou dans tel
pays, on pourrait l'établir mais si, à un moment donné,
pour une raison de situation de balance des paiements en Allemagne, on est
obligé de réévaluer le mark, le gouvernement impose
certaines limitations à la sortie de devises. On ne pourrait pas
appliquer cette politique-là.
M. MASSE (Montcalm): Jusqu'à maintenant les sources d'emprunt du
gouvernement du Québec ont été le Canada et les
Etats-Unis. Cela pose quand même un certain danger. Au fond, si le
prêteur est toujours le même et que nous avons beaucoup d'emprunts,
il finit par peser indirectement, énormément sur l'orientation
politique du client. Je pense que cela s'applique pour des particuliers comme
pour le gouvernement. Je crois qu'il y aurait intérêt, pour
assurer au gouvernement du Québec une marge de manoeuvre, une marge dans
son orientation politique de faire des efforts constants pour diversifier nos
emprunteurs. Non pas pour appliquer le vieux principe que celui qui divise y
règne mais, au contraire, pour permettre au gouvernement du
Québec de régner dans son propre domaine qui est l'orientation
politique. Le ministère des Finances devrait faire constamment des
efforts inouïs pour assurer la diversité de ces emprunts et
éviter de revenir aux emprunteurs traditionnels qui sont très
puissants au point de vue du gouvernement du Québec, à cause des
nombreux emprunts qu'ils ont faits au gouvernement.
M. GARNEAU: C'est ce que les hauts fonctionnaires du ministère
font continuellement. Lorsque le marché du deutsch-mark a
été alléchant, M. Cazavan m'informe que le
ministère des Finances avait été le premier à en
bénéficier...
M. MASSE (Montcalm): Et cela permet aux municipalités comme
Québec de continuer.
M. GARNEAU: II y a peut-être l'inconvénient que bien
souvent les marchés sont ouverts surtout à moyen terme, alors
qu'il y a beaucoup d'avantages pour le Québec d'emprunter à long
terme II y a d'abord l'inflation et il y a aussi le fait qu'on n'est pas
obligé de revenir constamment sur le marché pour refinancer des
émissions au bout de trois, quatre, cinq ou six ans.
M. MASSE (Montcalm): Quelles sont les règles qui existent au
ministère des Finances concernant la mise en marché d'obligations
pour permettre à des particuliers de prêter à l'Etat par
rapport à des ventes globales d'obligations sur des marchés
européens ou américains?
M. GARNEAU: Pour la plupart des émissions, la méthode de
financement s'effectue ainsi: le gouvernement emprunte sur le marché
public et un syndicat achète ferme l'émission et ensuite, elles
sont revendues sur le marché.
M. MASSE (Montcalm): Je suis parfaitement d'accord là-dessus,
mais disons qu'à un moment donné il y a des émissions
d'obligations qui sont plus particulièrement dirigées vers le
public en général. Il est clair que tout le monde peut toujours
acheter une émission d'obligations mais il y en a qui sont
contractées avec des syndicats, parce qu'on sait que l'emprunteur va
être aux Etats-Unis ou ailleurs; mais il y en a d'autres où on
attire particulièrement l'attention de la population par une
publicité, comme le fait le Canada et quelquefois le Québec, pour
une vente chez le citoyen en général. Est-ce que le gouvernement
ou le ministère des Finances a une certaine politique qui dit: Tant pour
cent de nos emprunts vont être dirigés vers le contribuable, si je
puis dire, et tant pour cent vers les grandes agences financières?
M. GARNEAU: La question du député de Montcalm se pose de
la façon suivante: Est-ce que le Québec devrait reprendre son
initiative du côté des émissions d'obligations
d'épargne?
M. MASSE (Montcalm): Le Canada le continue quand même. C'est
ça.
M. GARNEAU: Mais à ce moment-là, ce sont des emprunts qui
doivent être remboursables à demande et cela crée des
problèmes de financement surtout lorsque nous sommes en période
instable au niveau du taux d'intérêt. Il y avait eu des
émissions d'obligations d'épargne qui avaient été
lancées antérieurement. Y a-t-il eu quatre émissions?
UNE VOIX: Oui.
M. GARNEAU: Quatre émissions puis, à partir de 1966, quand
la situation est devenue beaucoup plus corsée sur les marchés
financiers, le gouvernement fut obligé d'intervenir
régulièrement pour augmenter les taux d'intérêt,
parce que, autrement, les détenteurs des titres...
M. MASSE (Montcalm): Ils les échangeaient.
M. GARNEAU: ... les échangeaient, évidemment, pour
profiter de meilleurs taux ailleurs. Au point de vue de la stabilité de
la dette publique québécoise, ça peut créer un
certain problème. Par contre, personnellement, je suis loin d'être
en désaccord avec cette forme de financement et vous pouvez être
assurés que, même si les taux d'intérêt dans les
milieux financiers commencent à baisser et que certains veulent en
profiter...
M. MASSE (Montcalm): En plus de permettre des rentrées de fonds,
si je puis m'exprimer ainsi, pour le domaine public, même si ça
pose quelques problèmes, ça permet aux citoyens de contribuer
à la construction de leur pays, non pas uniquement par leurs
impôts pour lesquels ils ne reçoivent rien, au point de vue de
l'intérêt, mais en plus, de prêter de l'argent à leur
gouvernement pour lequel ils reçoivent de l'intérêt.
Alors, le citoyen normal le fait à l'intérieur d'un
processus où l'Etat attire son attention sur le fait qu'il y a des
obligations. Les employeurs sont prévenus, les syndicats
préviennent les ouvriers et puis il y a tout le mécanisme de
retenir sur le chèque de paye un pourcentage de tant, ou à la
caisse populaire, ou autrement.
M. GARNEAU: Je ne veux pas me placer en désaccord avec le
député de Montcalm, loin de là. Mais il faut bien
comprendre que ce type de valeurs intéresse les citoyens qui sont
désireux de faire des placements monnayables très rapidement,
c'est-à-dire avec une très grande liquidité. Pour
l'Etat...
M. MASSE (Montcalm): Cela cause un problème.
M. GARNEAU: ... cela pose des problèmes. Le
fédéral, par contre, joue énormément sur ce
marché parce qu'il laisse le marché à long terme, d'une
façon générale, aux provinces et aux municipalités.
Il va surtout sur le marché à court terme et, dans ce
sens-là, c'est plus facile pour lui de faire appel massivement à
des obligations d'épargne. Il a aussi un autre objectif: selon les
situations de la conjoncture économique, cela devient une façon
de diminuer en quelque sorte la liquidité et la demande pour enrayer un
peu l'inflation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez eu connaissance s'il s'est
produit, à l'occasion d'événements que l'on a connus, une
demande de remboursement d'obligations d'épargne en dehors de
l'ordinaire?
M. GARNEAU: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela n'a eu aucune influence. Est-ce que les
demandes de remboursement d'obligations d'épargne entrent à un
rythme régulier ou s'il se produit des fluctuations importantes?
M. GARNEAU: On m'informe que le remboursement est plus bas que ce qui
avait été prévu au début de l'année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plus bas que ce qui avait été
prévu.
M. GARNEAU: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre, par son...
M. GARNEAU: Ce qui aide, c'est que les taux d'intérêt sont
à la baisse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre ou son sous-ministre
pourrait nous dire s'il se souvient, par un calcul rapide, des montants
d'argent qui ont pu être empruntés sur le marché allemand,
soit directement par la province, ou par les hôpitaux ou par les
municipalités? Est-ce qu'on a emprunté $100 millions?
M. GARNEAU: Par les hôpitaux et les municipalités, s'il y
en a eu, on n'a pas les renseignements. Par la province...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est seulement un renseignement, je ne demande
pas un chiffre exact. Je demande une approximation.
M. GARNEAU: 520 millions de deutsch-marks. 520 divisé par quatre,
cela donne à peu près $130 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après mon calcul, ça aurait
été au moins $100 millions.
M. GARNEAU: C'est 520 millions de deutsch-marks et c'est à peu
près quatre deutsch-marks, c'est à peu près cela. Ils ont
réévalué, je ne sais pas...
M. GARNEAU: C'est un prospectus qu'on a distribué tout à
l'heure. M. Deniers, le député de Saint-Maurice, est parti
avec.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était juste pour avoir un ordre de
grandeur.
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, M. le Président, je ne veux pas
faire le débat...
M. GARNEAU: Dans tous les organismes, en 1969, le montant a
été de $175 millions, alors que le marché du deutsch-marks
à ce moment-là était accessible pour tous les organismes,
tous les emprunts à l'extérieur du Canada, sauf aux Etats-Unis.
Cela veut dire un deutsch-mark en euro-dollar. En 1970, il n'y en a pas eu.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne veux pas faire le
débat au nom des représentants du Ralliement créditiste
qui ne sont pas ici présentement, mais je suis convaincu qu'ils
poseraient une question dans ce domaine des emprunts.
M. GARNEAU: Je ne sais pas si le député de Montcalm
accepterait de leur laisser poser la question.
M. MASSE (Montcalm): Comme ils vont certainement lire le journal des
Débats, j'aimerais avoir posé la question. Pour quelle raison
mais de façon sérieuse, sans soulever de débat
politique le gouvernement du Québec ne tente-t-il pas d'emprunter
de la façon que les gens du Ralliement créditiste
régulièrement le suggèrent en Chambre lorsque le ministre
annonce un emprunt, c'est-à-dire d'emprunter de la Banque du Canada,
sans intérêt, et tout, et tout?
M. GARNEAU: Parce qu'on emprunte d'abord à long terme et la
Banque du Canada n'augmente pas la masse monétaire pour des emprunts
à long terme. Cela pourrait être une des réponses.
Contrairement à ce qui existe au Canada où la Banque du Canada
est l'agent financier du gouvernement, la Banque du Canada n'est pas l'agent
financier des provinces et elle ne pourrait pas faire de prêts à
long terme, aux provinces, parce qu'à ce moment-là il faudrait
qu'elle aille, elle-même, l'emprunter sur le marché pour le
reprêter. Vous savez fort bien que, s'il y avait une augmentation de la
masse monétaire pour faire des prêts à long terme, il y
aurait une inflation qui s'ensuivrait et qui serait très néfaste
pour le pays. D'ailleurs, quand la Banque du Canada prête au gouvernement
canadien, elle prête avec intérêt, elle ne prête pas
sans intérêt.
M. MASSE (Montcalm): L'argument que les députés du
Ralliement créditiste avancent régulièrement, c'est que le
gouvernement canadien, la Banque du Canada, prête
régulièrement à divers pays à travers le monde, des
montants importants de plusieurs millions, sans intérêt.
Quelles sont les raisons qui motivent le gouvernement canadien à
prêter à des pays étrangers et à ne pas prêter
au gouvernement du Québec?
M. GARNEAU: Ce sont des raisons commerciales. Ce que la Banque du Canada
fait, elle prête. Elle pourrait subventionner, en quelque sorte. C'est le
gouvernement d'ailleurs qui, par son agent financier, est la banque. Elle
pourrait prêter jusqu'à huit pour cent d'intérêt et
donner une subvention pour compenser au chapitre de l'intérêt,
mais ce n'est pas de la monnaie nouvelle qui a été
imprimée pour prêter aux pays étrangers. C'est un
prêt du gouvernement qui, en fait, aide les exportations canadiennes,
parce que ces pays qui ont des devises canadiennes peuvent les utiliser pour
acheter nos produits.
M. MASSE (Montcalm): Les arguments du ministre des Finances sont
facilement compréhensibles. Pour quelle raison ne les donne-t-il pas aux
représentants du Ralliement créditiste lorsqu'ils posent ces
questions?
M. GARNEAU: J'ai discuté longuement avec eux hors des micros de
l'Assemblée nationale. Evidemment, c'est une théorie que nous
n'admettons pas et qu'eux défendent.
M. MASSE (Montcalm): Mais si le gouvernement avait permis la convocation
de la commission concernant l'étude des données théoriques
du Crédit social, cela aurait permis au ministre des Finances de faire
son exposé et de persuader, j'en suis convaincu, à cause de sa
dialectique sérieuse, les représentants du Ralliement
créditiste du bien-fondé de ses données.
M. GARNEAU: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est-à-dire que c'est une
théorie que vous admettez qu'on discute mais que vous ne partagez
pas?
M. GARNEAU: C'est cela. Je ne la partage pas.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Les articles 59...
M. CLOUTIER (Montmagny): Au nom du
député de Montcalm, je dirai, si je peux
l'interpréter, qu'il est, en son nom personnel, satisfait de la
réponse, mais au nom des créditistes, il n'est pas satisfait.
M. PERREAULT: Moi, je suggère, M. le Président, que le
député de Montcalm recommande aux créditiste de remettre
la question au parti créditiste fédéral.
M. MASSE (Montcalm): Sérieusement, il y a eu une demande d'une
commission parlementaire pour étudier cette question-là, et je ne
vois pas pourquoi le gouvernement devrait s'opposer à cela. Cela
permettrait à des spécialistes de venir expliquer les dangers ou
le bien-fondé de cette théorie.
M. GARNEAU: Je comprends que le député de Montcalm ne
voudrait pas violer le règlement, mais comme c'est un débat qui a
eu lieu au cours de la présente session...
M. MASSE (Montcalm): C'est un débat ex parte que nous faisons
présentement, parce qu'il n'y a pas ici en ce moment de
représentants du Ralliement créditiste.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Les article 59 à 70 sont
acceptés avec amendements.
Comptes publics
M. GARNEAU: Je pense qu'on devrait remonter.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut adopter 70.
M. MASSE (Montcalm): Le député de Montmagny a
attiré l'attention du gouvernement ce matin sur certaines modifications.
Il a fait certaines suggestions au nom de notre parti. Pour notre part, nous
serions d'accord pour approuver la section VIII également.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Section VIII, article 70 à
73, adoptés.
Vérification des comptes
M. MASSE (Montcalm): Pour ce qui est de la section IX, comme je sais
qu'il y a des députés d'autres partis qui ont des suggestions
à faire, il vaudrait peut-être mieux reporter le débat
après le...
M. GARNEAU: On me dit qu'il y a quelqu'un qui surveille en Chambre.
M. JORON: C'est à 73 que nous sommes rendus?
M. GARNEAU: ... Aussitôt qu'on sera prêt à prendre le
vote en haut, on viendra nous avertir, ce qui veut dire que nous pouvons
continuer, je pense.
M. MASSE (Montcalm): Pour ce qui est du vérificateur
général, lors du débat en deuxième lecture, nous
avions attiré l'attention du gouvernement sur certains dangers que nous
avons perçus dans la rédaction de cette loi. Le
vérificateur général est un personnage très
important de notre système parlementaire. C'est lui qui, au fond, au nom
des députés, au nom de la population, vérifie la
dépense faite par le gouvernement à l'intérieur des
crédits votés ou des lois approuvées par le Parlement,
enfin, des documents publics connus et déjà approuvés. Or,
nous cherchons à ce que le vérificateur général ait
tous les pouvoirs qui lui sont nécessaires pour éclairer tant la
population que les parlementaires sur l'action qu'a posée le
gouvernement à l'intérieur du budget que le Parlement lui avait
accordé. Pour ce faire, nous croyons que le vérificateur
général doit, d'une part, avoir la plus grande
indépendance possible devant l'exécutif, soit dans l'engagement
de son personnel, soit dans sa structure d'administration interne. Nous croyons
également que le vérificateur général doit avoir
des pouvoirs très étendus pour ce qui est d'exiger une tenue de
comptabilité qui lui est particulière pour ses fins propres dans
les domaines où il veut faire une vérification et qu'il aurait
besoin d'une comptabilité propre. Or, dans le document que vous nous
présentez, cette comptabilité est évidemment mise de
l'avant par le contrôleur des finances pour ce qui touche son domaine
à lui. Est-ce que le vérificateur ne pourrait pas avoir aussi une
comptabilité propre? On aura l'occasion d'en discuter, j'en suis
certain, dans ce débat. Nous croyons également, que le
vérificateur général doit avoir un pouvoir très
large pour ce qui est d'exiger des rapports dans des domaines où il
croit qu'il y a lieu de faire une étude particulière. Finalement,
le vérificateur général doit pouvoir soumettre dans la
forme qu'il entend les remarques qu'il désire à l'attention et
à l'adresse du Parlement.
Ce dernier, doit avoir un large pouvoir dans la demande de la commission
où il entendrait le vérificateur général exposer
ses vues sur ce qu'a fait ou sur ce que n'a pas fait le gouvernement dans le
domaine de la dépense publique.
C'est ainsi que nous croyons que le vérificateur
général jouera réellement son rôle. Reste à
voir à l'étude de ce projet de loi si le Parlement par ce texte
donne au vérificateur général tous ces pouvoirs.
Nous insistons pour le dire parce que le vérificateur est, selon
le langage de l'administration, le chien de garde des deniers publics. On
connaît son rôle important. On connaît également la
tentation, en principe, de tout gouvernement de limiter les pouvoirs du
vérificateur général parce que c'est un gêneur,
c'est quelqu'un qui empêche de tourner en rond. Cela est
fondamental dans notre système parlementaire d'autoriser le
vérificateur général à jouer pleinement son
rôle avec les moyens dont il a besoin pour le jouer.
M. JORON: Si vous me permettez. On les étudie globalement...
M. GARNEAU: J'ai compris. C'est parce que je voulais savoir
juridiquement ce que ça représentait.
M. JORON: Est-ce que l'on étudie globalement les articles?
M. GARNEAU: Etant donné qu'il y a des suggestions à faire,
je me demande si nous ne pourrions pas le prendre article par article. Cela
avancerait peut-être plus vite.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 73.
M. JORON: A propos de l'article 73, j'aurais un amendement à
soumettre à l'attention des membres de la commission. A propos de ce que
disait le ministre des Finances que l'on peut comparer le vérificateur
général au chien de garde, il a dit cela plus tôt dans le
débat. De la même façon que dans l'entreprise privée
les actionnaires choisissent un vérificateur si on veut respecter
l'esprit de ce que doit être le véritable vérificateur
général, si on veut respecter le principe de faire de la
transposition que les actionnaires de l'Etat, que la population du
Québec par le truchement bien entendu de ses députés, il
me semble qu'il serait normal que l'Assemblée nationale ait les pouvoirs
de nommer directement le vérificateur général plutôt
que le conseil des ministres. Que cette nomination serait approuvée par
un vote des deux tiers. C'est de cette façon-là que l'on
procède pour nommer le protecteur du citoyen.
C'est dans cet esprit que l'on soumettait une modification à
l'article 73 et à 73 a) qui a trait à la destitution, enfin
à la démission.
M. GARNEAU: Sur l'amendement du député de Gouin,
après les remarques qui avaient été formulées en
Chambre et à la suite de certaines suggestions d'amendements dont on
m'avait parlé en dehors de la Chambre, en dehors des commissions,
j'avais demandé au conseiller juridique de voir quelle comparaison on
pourrait faire entre la nomination du protecteur du citoyen, qui est aussi un
fonctionnaire de l'Assemblée nationale, et celle du
vérificateur.
A propos du protecteur du citoyen on dit ceci, au chapitre 11 des
statuts de 1968: "L'Assemblée législative nomme sur proposition
du premier ministre une personne appelée protecteur du citoyen et fixe
son traitement. Une telle nomination doit, pour être valide, avoir
été approuvée par les deux tiers des membres de
l'Assemblée législative."
Je n'aurais pas d'objection à accepter une formulation semblable
mais à la condition que ce soit le gouvernement qui propose une
candidature, autrement il faudrait quand même que quelqu'un...
M. JORON: Alors, suggestion de la même formulation que pour le
protecteur du citoyen?
M. GARNEAU: L'Assemblée nationale nomme, sur proposition du
premier ministre, une personne appelée vérificateur
général et fixe son traitement donc l'Assemblée
nationale. Une telle nomination doit, pour être valide, avoir
été approuvée par les deux tiers des membres de
l'Assemblée nationale.
Le vérificateur général peut en tout temps
démissionner en donnant avis par écrit au président de
l'Assemblée nationale. Il ne peut être destitué que par une
résolution approuvée par les deux tiers des membres. Maintenant,
il s'agirait de savoir si, dans cet esprit, on doit le nommer comme le
protecteur du citoyen qui avait été nommé pour une
période déterminée. Est-ce que le vérificateur
général devrait être nommé pour une période
de dix ans? Personnellement, je serais prêt à accepter cette forme
d'amendement.
M. JORON: Sur la période, quel est l'usage à Ottawa, par
exemple?
M. GARNEAU: Ils sont nommés à vie, je crois. A Ottawa il
est nommé par le gouvernement.
M. JORON: Et il est nommé à vie?
M. GARNEAU: II peut être muté. Comme c'est un fonctionnaire
du gouvernement, il peut être muté. Alors, je serais
disposé, si ça convenait à la commission de l'accepter,
comme article 73, le texte suivant: "L'Assemblée nationale nomme, sur
proposition du premier ministre, une personne appelée
vérificateur général et fixe son traitement. Une telle
nomination doit, pour être valide, avoir été
approuvée par les deux tiers des membres de l'Assemblée
nationale. Le vérificateur général peut en tout temps
démissionner en donnant avis par écrit au président de
l'Assemblée nationale et il ne peut être destitué que par
une résolution approuvée par les deux tiers de ses membres. La
durée du mandat du vérificateur général est de dix
ans. Nonobstant l'expiration de son mandat, il demeure en fonction
jusqu'à ce qu'il ait été nommé à nouveau ou
remplacé". Si cela convenait...
M. MASSE (Montcalm): Nous sommes parfaitement d'accord. C'est exactement
dans l'es-
prit des remarques que nous avons formulées en deuxième
lecture ou même en dehors de la Chambre, et le seul petit problème
sur lequel j'aimerais avoir des éclaircissements, c'est sur sa
durée. S'il atteint 65 ans ou s'il atteint l'âge normal de la
retraite et qu'il avait été nommé à 62 ans,
devrons-nous le garder jusqu'à 73 ans ou s'il ne vaudrait pas mieux
prévoir qu'à l'âge de la retraite, même si ça
ne fait que trois ans ou cinq ans qu'il est vérificateur
général, bien, comme tout le monde, il soit mis à la
retraite.
M. PERREAULT: Le problème sera pour sa pension.
M. GARNEAU: On m'a dit que le problème ne se pose pas uniquement
pour le vérificateur général. Il se pose pour d'autres
membres des commissions ou régies gouvernementales...
M. MASSE (Montcalm): Etant donné l'importance de la tâche
du vérificateur général, peut-être plus importante
au point de vue de l'esprit du parlementarisme que d'autres commissions qui
sont dans le domaine de l'administration pure, il y aurait peut-être
lieu, je ne sais pas, là, de donner quelques minutes de répit
à tout le monde pour voir avec M. Normand, le légiste, si on peut
trouver une clause ou je ne sais quoi qui résoudrait ce
problème.
M. GARNEAU: Ce qu'on me dit, c'est qu'il serait peut-être
préférable qu'on le nomme pour dix ans et qu'on règle par
une loi générale tous les présidents de régie,
office, qui ont des mandats de dix ans et qui sont nommés à 54 ou
55 ans ou 60 ans et dont le terme se termine... On m'informe qu'il serait
peut-être préférable de procéder par une
législation générale qui, me dit-on, est en voie de
préparation.
M. MASSE (Montcalm): Et qui prévoirait, par exemple qu'à
65 ans, celui qui l'a nommé peut le renommer, sans quoi il prend sa
retraite s'il n'est pas nommé. Ce serait dans cet esprit-là que
serait la loi?
M. GARNEAU: M. le Président, l'article 73, tel qu'indiqué
au projet de loi numéro 55, serait biffé et remplacé par
le suivant je vais le dicter pour qu'il soit bien noté au journal
des Débats: "L'assemblée nationale nomme, sur proposition du
premier ministre, une personne appelée vérificateur
général et fixe son traitement. Une telle nomination doit, pour
être valide, avoir été approuvée par les deux tiers
des membres de l'Assemblée nationale. Le vérificateur
général peut en tout temps démissionner en donnant avis
par écrit au président de l'Assemblée nationale, il ne
peut être destitué que par une résolution approuvée
par les deux tiers de ses membres. La durée du mandat du
vérificateur général est de dix ans nonobstant
l'expiration de son mandat. Il demeure en fonction jusqu'à ce qu'il ait
été nommé de nouveau ou remplacé."
M. MASSE (Montcalm): Le vérificateur adjoint, vous allez...
M. GARNEAU: Cela va être dans l'article, celui-là.
M. MASSE (Montcalm): ... le régler comment? Au sujet de la
rémunération et au sujet de la nomination? Cela pose le
problème qui était soulevé il y a quelques instants. C'est
que le vérificateur général peut être en fonction;
mais si, pendant un temps plus ou moins long, il ne peut exercer ses fonctions,
elles sont exercées par le vérificateur adjoint. Je crois qu'il
serait peut-être préférable que les deux soient
nommés par le Parlement.
M. GARNEAU: Pour ce qui est du vérificateur général
adjoint, on suit la formule qui avait été retenue pour
l'ombudsman. L'adjoint à l'ombudsman n'avait pas été
nommé par l'Assemblée nationale. L'article 74, qui devra
également être corrigé, se lirait comme ceci: "Le
vérificateur général relève de l'Assemblée
nationale. Il en est de même du vérificateur général
adjoint ainsi que des autres fonctionnaires et employés du
vérificateur général. Ceux-ci sont nommés et
rémunérés conformément à la Loi de la
Fonction publique." On établirait la concordance avec un autre
fonctionnaire de l'Assemblée nationale qui est l'ombudsman.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 73...
M. GARNEAU: Et l'article 74.
M. LE PRESIDENT: ... et l'article 74, adoptés, tels qu'ils sont
amendés.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aimerais remercier le
gouvernement d'avoir agréé les suggestions, les propositions et
les amendements qui ont été formulés concernant la
nomination du vérificateur général. C'est, de la part du
gouvernement, accepter l'importance du rôle que nous attribuons au
vérificateur général.
M. JORON: Si vous me permettez également de remercier le
gouvernement d'avoir retenu les suggestions.
Nous sommes rendus à l'article 75.
M. LE PRESIDENT: Article 75?
M. JORON: J'aurais également un amendement à proposer qui
apparaît sur la même feuille que j'ai distribuée et qui va
un peu dans
le sens d'un élargissement des pouvoirs du vérificateur
général. Cet amendement lui accorderait non seulement le droit de
prendre communication des dossiers, mais de les réclamer, de les exiger
un peu comme on l'accorde au contrôleur des finances dans l'autre
section.
M. GARNEAU: Nous ne l'avions pas indiqué à l'article 75,
parce que dans les articles transitoires, on disait que suivant la Loi de la
commission d'enquête, l'Auditeur de la province avait ces pouvoirs. Dans
un des articles, on dit: Partout dans les lois où c'est indiqué
qu'on utilise les mots "Auditeur de la province," c'est remplacé par
vérificateur général, mais on n'a pas d'objection à
l'indiquer d'une façon plus précise dans la loi. C'est bonnet
blanc, blanc bonnet. D avait déjà ces pouvoirs et on avait
préparé un amendement au cas où cette question serait
soulevée et que certains auraient préféré le voir
indiquer dans le texte même de la loi. On ajouterait donc à
l'article 75, qui se lit comme ceci: "Le vérificateur
général a droit de prendre communication des dossiers, documents
et registres concernant les comptes de chaque ministère ainsi que de
chaque organisme dont il est, en vertu de la loi, chargé de
vérifier les comptes."
On ajouterait le paragraphe suivant: "II a aussi droit d'exiger de tout
membre de la Fonction publique, ainsi que de tout fonctionnaire ou
employé d'un orgamisme visé au premier alinéa, les
renseignements, rapports et explications qu'il juge nécessaires pour le
fidèle accomplissement de ses fonctions."
M. JORON: D'accord. C'est le même esprit. Cela me convient.
M. MASSE (Montcalm): Parfaitement d'accord.
M. GARNEAU: Alors l'article 75 comprendrait deux alinéas que je
transmets au président.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 75, deuxième
alinéa, adopté?
M. MASSE (Montcalm): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 76?
M. JORON: A l'article 76 également, si je peux me permettre, j'ai
d'autres amendements et ils sont tous à la suite. Je peux
peut-être vous les distribuer. A l'article 76, c'est pour amplifier le
rôle du vérificateur général, toujours dans le sens
des pouvoirs qui appartiennent au contrôleur des finances de poster, dans
un ministère ou organisme, des personnes chargées de
vérifier les comptes, etc.
M. PERREAULT: C'est le contrôleur des finances qui peut
poster...
M. JORON: Oui.
M. PERREAULT: Poster quelqu'un, c'est...
M. JORON: Bien, poster, cela peut être temporairement. Il peut
envoyer quelqu'un en d'autres mots.
M. GARNEAU: On me dit que l'amendement tel que suggéré, le
deuxième paragraphe, ne changerait pas grand-chose aux pouvoirs qu'il
détient déjà, étant donné qu'on comprenait
qu'il avait les pouvoirs d'un commissaire-enquêteur et qu'on a
ajouté à l'article 75 un deuxième alinéa. Comme il
peut y aller, il peut obtenir, il peut recevoir tous les documents.
M. JORON: Cela implique qu'il peut déléguer
quelqu'un...
M. GARNEAU: II peut déléguer quelqu'un et il peut y aller
en permanence.
M. JORON : Très bien. Vous avez raison. M. GARNEAU: II le fait
actuellement.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 76, adopté.
Vérification et rapport: Article 77.
Vérification et rapport
M. GARNEAU: J'attire l'attention du député de Montcalm sur
l'article 77 je ne sais pas si c'est le député de Montcalm
ou le député de Gouin lorsqu'on parlait, tout à
l'heure, de s'assurer que le vérificateur général puisse
voir à ce que les règles de comptabilité suivies lui
forunissent suffisamment de renseignements, dans cet article, au paragraphe 2,
on dit que le vérificateur général doit vérifier
les comptes et doit indiquer si, à son avis, on a pertinemment rendu
compte de tous les deniers publics et si les règles et procédures
appliquées sont suffisantes pour assurer un contrôle efficace de
la cotisation, de la perception et de la répartition
régulière du revenu.
Je pense qu'il pourrait et ce serait son devoir de le faire
souligner toute irrégularité en ce qui regarde les
techniques comptables utilisées et en faire rapport à
l'Assemblée nationale.
M. MASSE (Montcalm): Même s'il y a une critique des règles
administratives.
M. GARNEAU: Absolument. C'est cela. Même, c'est son devoir de le
faire.
M. MASSE (Montcalm): Oui, oui.
M. LE PRESIDENT (Houde-Limoilou): Adopté?
M. MASSE (Montcalm): Je pense qu'avant de l'adopter, il vaudrait
peut-être mieux discuter de la proposition d'amendement à
l'article 78 parce que ces deux articles vont ensemble. Nous pourrions
peut-être suspendre l'article 77, discuter l'article 78 et adopter les
deux ensemble, par la suite.
M. JORON: C'est cela. A l'article 78, on dit que le vérificateur
général doit remettre chaque année, au ministre, le
résultat de ses vérifications et indiquer toute
irrégularité. En fait, l'amendement qu'on proposait à
l'article 78 précise davantage jusqu'où peut s'étendre ce
pouvoir d'indication.
M. GARNEAU: C'est un article de la loi fédérale que vous
suggérez, n'est-ce pas?
M. JORON: Je m'en suis inspiré, effectivement, en grande partie.
Il faut prendre tout ce qu'il y a de bon ailleurs.
M. MASSE (Montcalm): L'article 78 donne le pouvoir
général. L'amendement proposé restreint peut-être un
peu le pouvoir.
M. GARNEAU: La suggestion du député de Gouin, comme le
conseiller juridique me le rappelle, avait été
étudiée par le comité de législation en comparaison
avec les pouvoirs que le vérificateur avait déjà et on
avait cru, en le formulant de cette façon-là, que cela couvrait
plus largement tout l'ensemble. En fait, il peut faire à peu près
n'importe quoi, il a les pouvoirs...
M. MASSE (Montcalm): C'est pourquoi l'article 78, tel que
rédigé, donne plus de pouvoirs au vérificateur que
l'amendement que propose le député de Gouin. L'amendement
explique les pouvoirs et donne l'impression que ce n'est que cela.
M. GARNEAU: C'est restreint.
M. MASSE (Montcalm): Tandis que là, il est d'intérêt
général. Moi, je préférerais adopter l'article 78
tel que rédigé et qui dit "remettre au ministre le
résultat de ses vérifications et indiquer toutes les
irrégularités qu'il a constatées". Si on approuvait
l'amendement proposé, cela donnerait peut-être un pouvoir
limité à ces types de suggestions qu'on avance dans
l'amendement.
M. ROY (Beauce): Pourriez-vous énumérer les pouvoirs, M.
le Président? On est toujours mieux avec une clause
générale parce que, c'est d'abord moins dangereux de
l'interpréter et ensuite, c'est moins restrictif.
M. GARNEAU: Je pense qu'il va nous falloir monter pour aller voter une
autre fois.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Articles 77 et 78,
adoptés.
M. GARNEAU: Oui, tels quels.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 79?
M. JORON: C'est assez bref. C'est que le vérificateur
général fasse rapport à l'Assemblée nationale
plutôt qu'au ministre des Finances qui, lui, le soumet à
l'Assemblée nationale; il le présente directement à
l'Assemblée nationale.
M. GARNEAU: La question a été soulevée aussi sur le
plan juridique et il faut qu'il y ait quelqu'un chargé de le
déposer à l'Assemblée nationale. Cela prend un membre de
l'Assemblée pour présenter le rapport. Le ministre des Finances
ne peut pas amender ce rapport-là parce que, de toute façon,
c'est un rapport certifié et il est obligé de le déposer
si la Chambre siège, au plus tard le 31 décembre, et si la
Chambre ne siège pas, dans les quinze jours qui suivent la reprise.
M. JORON: II est écrit ailleurs que le vérificateur doit
le remettre au ministre des Finances. Je ne sais pas quel article.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. JORON: C'est dans le projet de loi actuel, mais...
M. GARNEAU: II faut qu'il le soumette. Je pense que c'est un peu...
M. JORON: Oui, il y a une obligation dans le projet de loi actuel de le
soumettre au ministre des Finances avant telle date...
M. GARNEAU: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Le ministre des Finances n'a pas le droit de le
changer.
M. GARNEAU: II n'a pas le droit de le changer. C'est
certifié.
UNE VOIX: C'est normal, d'ailleurs. M. LE PRESIDENT: Article 79,
adopté. M. ROY (Beauce): Parfait.
M. MASSE (Montcalm): Pour l'article 79, je suis d'accord. Pour l'article
80, également.
M. JORON: M. le Président, je m'excuse de revenir en
arrière. L'article 79 a) qui permettait au vérificateur
général, en tout temps, de soumettre à l'Assemblée
nationale, on pourrait encore prévoir le mécanisme de la
même façon,
un rapport qui peut être intérimaire si à un certain
moment donné...
M. PARENT: C'est trop restrictif, à ce moment-là. Son
mandat lui donne le pouvoir d'agir en toute circonstance. Il n'est pas
obligé d'attendre la présentation de son état financier
pour souligner qu'il y a des irrégularités. Il a
déjà le pouvoir de le faire.
M. GARNEAU: Chez l'ombudsman, cela venait cas par cas. Le
vérificateur peut porter un jugement sur une année
financière. C'est comme un vérificateur de compagnie.
M. MASSE (Montcalm): Alors, l'article 79 et l'article 80, est-ce qu'on
peut les adopter?
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Oui, adopté. Article 81.
M. MASSE (Montcalm): Maintenant, à l'article 81, on dit que le
vérificateur doit faire rapport chaque fois que le lieutenant-gouverneur
en conseil, ou le Conseil du trésor, lui en fait la demande. Je ne crois
pas que ce soit dans l'intention du gouvernement, mais j'aimerais bien que ce
soit spécifié que ce n'est pas un pouvoir limitatif par rapport
à son pouvoir de faire des rapports.
M. GARNEAU: C'est cela. Disons que le vérificateur...
M. MASSE (Montcalm): En plus de ceux qu'il veut lui-même faire, il
peut arriver que le gouvernement lui en demande. C'est dans ce sens-là
qu'on doit comprendre l'article.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Adopté?
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 82.
M. MASSE (Montcalm): Dans l'article 82, il est évident que les
comptes du secteur "vérificateur des comptes" doivent être aussi
vérifiés et il est toujours difficile de trouver qui va nommer le
vérificateur. Le gouvernement prend option et dit: C'est le Conseil du
trésor qui nommera le vérificateur du vérificateur. Il y a
toujours un petit danger. Comme c'est le vérificateur qui vérifie
les comptes du trésor, il peut toujours y avoir un danger que le Conseil
du trésor se dise: On va lui en nommer un dur pour essayer de l'amadouer
un peu!
M. GARNEAU: J'espère que le vérificateur
général va être suffisamment honnête pour avoir une
bonne administration.
M. MASSE (Montcalm): C'est évident que ce serait difficile de
trouver qui devrait vérifier, mais nous y reviendrons, après
avoir voté.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): La séance est suspendue.
Reprise de la séance à 17 h 27
M. MASSE (Montcalm): Sur l'article 82, il est évident que le
secteur du vérificateur des comptes doit être à son tour
vérifié. Le gouvernement a opté pour que ce soit le
Conseil du trésor qui nomme un vérificateur pour vérifier
le vérificateur.
Cela peut présenter des dangers, mais je suis convaincu que si
des dangers existent et que s'il y a de la part du Conseil du trésor une
tentative indirecte d'amadouer ou de forcer le vérificateur des comptes
à s'amadouer dans ses critiques, je suis convaincu que celui-ci aura,
avec la loi telle qu'amendée, suffisamment de pouvoirs pour informer le
Parlement des tentatives du Conseil du trésor.
Quant à moi, compte tenu de l'ensemble des autres pouvoirs qui
sont donnés au vérificateur, je serais d'accord pour adopter
l'article 82.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): L'article 82 est adopté.
Comptes rendus par les institutions subventionnées. Articles 83 à
86.
Comptes rendus par les institutions
subventionnées
M. MASSE (Montcalm): L'article 83 nous pose un principe
général que chaque établissement ou institution ou
association qui reçoit une subvention doit, chaque année, dans
les quatre mois qui suivent la clôture de son année
financière, transmettre au Conseil du trésor un rapport financier
vérifié par un comptable public comprenant son bilan, son compte
des revenus et dépenses ainsi qu'un état détaillé
de l'utilisation de la subvention. Chaque établissement, institution est
également ouvert au vérificateur général pour
l'application de la loi. Comment le gouvernement va-t-il décréter
que c'est une institution qui reçoit une subvention suffisamment forte
pour entrer dans l'article 83?
M. PARENT: Cela existe déjà, $5,000 et plus.
M. MASSE (Montcalm): Je suis d'accord que cela existe déjà
mais vous comprenez qu'il est facile de dire qu'un organisme qui reçoit
une subvention qui finance 100 p. c. l'organisme, entre manifestement
là-dedans.
Jusqu'où cela descend-il? Prenons les CRD, par exemple, les
Conseils régionaux de développement qui sont subventionnés
à un
pourcentage important allant à 50 et, dans certains cas, allant
jusqu'à 100 p. c, entrent-ils ou n'entreront-ils pas dans cet article?
Il en est de même un autre exemple, à première vue
des organismes de loisirs. C'est la même chose pour les organismes
de loisirs. Il sera nécessaire et d'ailleurs l'article 84 va le
prévoir je ne dirais pas une norme ou pourcentage de la
subvention ni au montant absolu de la subvention, mais qu'il y ait moins de
pouvoirs discrétionnaires parce que cela peut toujours être
interprété par l'institution comme étant une espèce
d'épée de Damoclès. Vous serez, à un moment
donné, si vous n'agissez pas comme on le veut, soumis à la loi ou
vous ne le serez pas. Ce que j'aimerais d'ailleurs l'article 84 va le
prévoir c'est qu'il y ait une norme, ou une règle connue
de tout le monde encore dans ce domaine-là, pour permettre l'exercice le
plus libre possible de la loi et, pour les organismes intéressés,
d'agir en connaissance de cause.
M. PARENT: Cela se fait déjà actuellement. Au moment
où une subvention est transmise, l'indication est faite à
l'organisme en question qu'il devra soumettre son état financier. Cela
existe déjà.
M. GARNEAU: En vertu de l'article 84, le Conseil du trésor peut
faire des règlements, publiés dans la Gazette Officielle, pour
dispenser, en raison du montant de la subvention ou dans des cas particuliers,
certaines catégories d'établissements, d'institutions ou
d'associations de l'obligation de produire un rapport visé à
l'article 83.
Il existe déjà un arrêté en conseil qui fixe
ce montant à $5,000, c'est le même qui existe depuis le
début et qui a été amendé par l'arrêté
en conseil 2298. Il s'agirait de faire le même type de règlement
pour tenir compte des différentes situations.
M. MASSE (Montcalm): D'accord, mais uniquement pour une question
d'information, est-ce qu'il a déjà été
publié jusqu'à maintenant dans la Gazette officielle un texte qui
mettrait en vigueur l'article 84 au sujet de l'explication des
institutions...
M. GARNEAU: II a été publié dans la Gazette
officielle en vertu de l'article 27 de la Loi de la vérification ces
comptes.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'effectivement il a déjà
été publié dans la Gazette officielle?
M. GARNEAU: Apparemment, le premier arrêté en conseil
l'aurait été c'est le no 1178 mais le no 2298 ne
l'aurait pas été.
M. MASSE (Montcalm): Ah bon!
M. GARNEAU: Je vais avoir le renseignement...
M. MASSE (Montcalm): Je vois, au regard interrogateur de tout le monde,
qu'il y a beaucoup de gens autour de la table qui lisent la Gazette Officielle.
Cela va peut-être assurer une plus grande connaissance de ladite gazette,
du moins de son existence.
M. GARNEAU: On a fait dactylographier l'amendement des articles 73 et 74
tout à l'heure.
M. MASSE (Montcalm): On sera d'accord; 84,83, 84, et 85
adoptés.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 83, adopté, article
84, adopté. Article 85,adopté. Article 86.
Dispositions diverses transitoires et finales
M. MASSE (Montcalm): On entre dans les dispositions.
M. GARNEAU: L'article 86 a pour but de donner au contrôleur des
finances le pouvoir de commissaire enquêteur, alors qu'on ne l'avait pas
mis spécifiquement pour l'Auditeur, étant donné qu'il y
avait un article qui va changer à tous les endroits, mais on l'a
déjà inclus à l'article 75 de toute façon.
A l'article 87, il n'y a pas de problème. Article 88...
M. MASSE (Montcalm): Article 88, il s'agit d'assurer la concordance des
lois, c'est ça?
M. GARNEAU: C'est ça.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 87, adopté. Article
88.
M. MASSE (Montcalm): Article 88, c'est le titre de la Loi du
ministère des Finances ainsi que les titres suivants.
M. GARNEAU: C'est parce qu'on sort les articles 49 à 78 qui, dans
l'ancienne loi du ministère des Finances, concernaient les
dépôts et consignations. Ce qui reste de ces articles constitue
maintenant une loi qui va porter le nom de Loi des dépôts et
consignations, qui mériterait d'être revue. Or, comme ça
demande passablement d'analyse de concordance avec toutes sortes de lois qui
existent au ministère de la Justice dans d'autres lois, on a
préféré ne pas y toucher présentement et le laisser
tel quel, quitte à le faire analyser par les conseillers juridiques et
à apporter les amendements. On m'informe en effet qu'il y a plusieurs
articles dans cette loi qui datent de tellement longtemps qu'ils ne trouvent
plus leur résonnance aujourd'hui. Il y aura donc sans doute, soit au
cours de la prochaine session ou dans les sessions à venir, une loi qui
rajeunira en quelque sorte cette Loi des dépôts et
consignations.
M. MASE (Montcalm): J'espère, M. le Président, que
ça ne sera pas en fin de session.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 88, adopté. Article
89.
M. MASSE (Montcalm): Alors à 89, étant donné que la
rédaction qui est là ne nous dit absolument rien...
M. GARNEAU: La Loi des dépôts et consignations était
une section de l'ancienne loi du ministère des Finances. Maintenant,
ça va être une loi. C'est pour ça qu'on remplace le mot
"section" par "loi": il y a concordance.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 90, la même chose.
Adopté.
Article 91, même chose, adopté. Article 92, adopté.
Article 93, adopté.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 94, adopté. Article
95, adopté. Article 96, adopté. Article 97, adopté.
Article 98, adopté. Article 99, adopté. Article 100,
adopté. Article 101, adopté. Article 102, adopté. Article
103, adopté.
M. MASSE (Montcalm): Pour l'ensemble de ces articles de la loi rendent
d'autres secteurs de l'administration sous la tutelle du vérificateur
des comptes, du contrôleur ou des choses semblables.
M. GARNEAU: C'est de concordance, c'est ça.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): Article 104, adopté. Article
105, adopté. Article 106, adopté.
Remerciements
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, avant de terminer, je tiens
à dire en quelques mots l'importance de cette loi et l'importance qu'il
y avait pour les parlementaires d'avoir un débat de fond et
également d'un débat sur la forme de la loi.
Je suggère au ministre des Finances, pour d'autres lois de cette
importance qu'il aura à soumettre d'ici quelque temps, de soumettre au
préalable aux parlementaires un document de travail du projet de loi
avec des rapports ou des informations qui découlent de ce projet de loi,
de tenir s'il y a lieu un comité de travail avec les parlementaires qui,
avec peut-être moins de brouhaha, peut-être moins poussés
par l'heure du travail législatif, permettra une réflexion et une
discussion sur l'ensemble de ce que comporterait ce document de travail et ce
projet de loi.
Cela faciliterait certainement la discussion et permettrait aux
parlementaires un travail plus positif. Egalement que tout cela ne se situe pas
dans une fin de session parce qu'il est difficile, après avoir pris des
années à rédiger un texte de loi, après l'avoir
fait à la suite de nombreux rapports, de demander aux parlementaires
quinze jours pour former un jugement, faire une critique positive au nom de la
population. J'espère que le ministre des Finances saura tenir compte de
ces remarques, des plus positives, selon moi.
M. GARNEAU: M. le Président, je voudrais également
remercier les membres de cette commission pour leur collaboration dans
l'analyse de ce projet de loi. Je voudrais aussi souligner d'une façon
spéciale le travail ardu et difficile qui a été fait par
l'équipe de fonctionnaires du ministère des Finances et des
conseillers légistes qui, depuis le 24 juillet, le lendemain de
l'ajournement pour les vacances d'été, se sont mis à la
tâche pour faire les analyses des rapports de la commission Glassco, des
différentes études qui étaient disponibles, des
recommandations qui avaient été formulées également
par M. Mineau, pour faire un tour d'horizon et préparer les premiers
documents qui ont fait l'objet des mémoires de principe, qui ont
été adoptés par la suite par le Conseil du trésor
et le conseil des ministres.
Il y a un nombre d'heures considérable de travail derrière
ce projet de loi, et inutile de vous dire que je ne puis faire autrement que de
souligner la collaboration du sous-ministre des Finances, de ses adjoints et
également des membres du comité de législation ainsi que
des conseillers légistes du gouvernement.
Je ne peux pas prétendre d'ailleurs je l'ai indiqué
en deuxième lecture que ce projet de loi règle les
problèmes par le fait qu'il ait été adopté.
Je pense que ce que nous avons voulu faire, c'est de donner suite aux
recommandations du rapport Mineau ainsi que des autres commissions
d'enquête. Nous avons essayé d'adapter un peu plus la gestion
financière aux besoins de notre époque, donné un peu plus
d'autorité aux ministères en permettant, par une
législation, au Conseil du trésor et au conseil des ministres de
déléguer certains pouvoirs aux ministres, aux gestionnaires des
ministères pour qu'ils soient en mesure d'activer en quelque sorte
l'administration publique, la rendre plus efficace et plus conforme aux besoins
des années 1970. Merci, M. le Président, pour votre
collaboration.
M. LE PRESIDENT (Houde) (Limoilou): J'ajoute mes remerciements aux
remerciements du ministre. L'assemblée est levée.
(Fin de la séance 17 h 39)