Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Finances
Crédits du ministère des Finances et du
Conseil du trésor
Séance du mardi 1er juin 1971
(Quinze heures et cinquante-cinq minutes)
M. HOUDE (Limoilou) (président de la commission permanente des
Finances): A l'ordre, messieurs!
Curatelle publique
M. GARNEAU: Le poste 17, les crédits de la Curatelle publique.
Etant donné que ces gens viennent de Montréal, je me demandais si
la commission accepterait que nous commencions par étudier ce poste 17,
dans l'espoir d'en compléter l'étude, si ce n'est pas cet
après-midi, ce soir pour ne pas les forcer à coucher à
Québec ou encore de revenir demain. S'il n'y avait pas d'objection on
pourrait peut-être...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'objection mais je demanderais au
ministre, avant que nous entamions les crédits, s'il voulait bien
être gentil de nous présenter ses fonctionnaires en nous donnant
leur nom et leur titre.
M. GARNEAU: Je vais commencer par le sous-ministre des Finances, M.
Cazavan; M. Lefebvre, sous-ministre adjoint; M. Bernier, comptable au
ministère; M. Claude Vézina, du Bureau du contrôleur des
Finances; M. Saint-Laurent, du Centre de traitements électronique des
données; M. Lussier, de la Curatelle publique; le monsieur à
côté de M. Lussier, malheureusement je ne me rappelle pas son nom,
M. Desjardins de la Curatelle publique; M. Mon-fette, du Régime des
rentes et M. Goyette, sous-ministre adjoint aux Finances également et M.
Forest, de la Curatelle publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors je remercie le ministre. C'est un test
pour savoir si le ministre, en plus de reconnaître la compétence
de ses collaborateurs, connaît aussi leur nom et leur fonction.
M. GARNEAU: Ah! J'ai reconnu l'habileté du député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'objection, M. le
Président, poui ma part, à passer à ce poste 17 afin de
libérer les fonctionnaires qui s'occupent particulièrement de la
Curatelle publique. Etant donné que nous avons un projet de loi devant
la Chambre, je demanderais au ministre comme première question,
après l'adoption du projet de loi, quelles seront les principales
modifications dans les effectifs, dans les responsabilités, dans le
mandat qui sera confié à la Curatelle publique?
M. ROY (Beauce): Si vous voulez me permettre. Avant de passer à
l'étude des crédits de la Curatelle publique je ne veux
pas retarder quoi que ce soit je veux dire que nous aussi, de notre
groupe, allons accepter que ces crédits soient étudiés le
plus vite possible mais à la condition cependant que l'on puisse venir
au poste 1 dans les questions générales.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, on le sait.
M. ROY (Beauce): Alors, je ne voudrais pas qu'un précédent
soit crée et que ceci puisse nous empêcher de discuter de
politiques générales regardant le ministère des
Finances.
UNE VOIX: Certainement.
M. ROY (Beauce): Alors si ce point est observé, nous n'avons
aucune objection. Au contraire nous sommes prêts à
procéder.
M. GARNEAU: Pour répondre à la question du
député de Montmagny, c'est évident que la nouvelle Loi de
la Curatelle publique élargira considérablement le champ d'action
de la curatelle, particulièrement dans l'administration des successions
vacantes et de tous les interdits, malades mentaux. Les prévisions de
personnel ne sont pas encore complétées. La Fonction publique est
actuellement à procéder à l'analyse du plan d'effectifs.
Il faudra certainement ajouter un bon nombre de personnes pour être
capable de faire face à ces nouvelles obligations. Mais en chiffres
absolus, je ne pourrais pas vous le donner, parce que l'analyse des effectifs
n'est pas complétée encore.
M. ROY (Beauce): La liste pourrait inclure à peu près
quoi, selon vos prévisions?
M. GARNEAU: Sur une période d'un an et demi, ça voudrait
dire certainement doubler le personnel à la Curatelle publique.
M. ROY (Beauce): Doubler le personnel à la Curatelle
publique...
M. GARNEAU: Oui, pour faire face à ses nouvelles obligations.
M. ROY (Beauce): Alors ça voudrait dire qu'en ce qui a trait
à ce poste il y aurait possibilité d'un budget
supplémentaire au cours de la présente année?
M. GARNEAU: Dans le budget de l'an prochain surtout, il y aurait
possibilité d'avoir des accroissements dans les budgets.
M. ROY (Beauce): Mais là, sur 81 postes que vous avez, combien en
avez-vous actuellement qui sont remplis? Est-ce qu'il y a des postes
vacants?
M. GARNEAU: Attendez un peu, je vais vous donnez ça. Alors en
février 1970, il y avait 75 postes d'occupés à la
curatelle; en février 1971, il y en avait 81 postes d'occupés,
fonctionnaires en place à la curatelle, c'est la comparaison entre les
deux annés. Il y en a encore 81.
M. ROY (Beauce): Les postes sont tous occupés?
M. GARNEAU: Non, le dernier effectif accepté était de 93.
Mais, comme je viens de l'indiquer, la Fonction publique est à refaire
cette analyse et le chiffre de 91 n'a pas de véritable signification si
vous l'utilisez comme point de comparaison.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les engagements du nouveau personnel seront
faits en cours d'exercice, est-ce que le ministre prévoit que les
effectifs seront complets avant le 31 mars 1972.
M. GARNEAU: Si on se base sur l'expérience passée et
accumulée dans la Fonction publique, il est très rare qu'on
puisse combler les postes rapidement, surtout lorsqu'il s'agit d'une
augmentation d'effectifs. La période de description des tâches,
les annonces dans les journaux, la tenue des concours, concours écrits
et oraux, quel sera le pourcentage exact? D'habitude, on le calcule comme
étant à peu près 60 p. c. des effectifs autorisés
qu'on peut remplacer, surtout lorsqu'il s'agit de nouveau personnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quelle catégorie seront surtout les
fonctionnaires à recruter? Est-ce qu'il y a du personnel de cadre?
M. GARNEAU: Peut-être que M. Lussier pourrait répondre plus
précisément à la question, si vous le permettez. Etant
donné qu'il est responsable de l'administration, il pourrait
définir mieux les qualifications des gens dont il faudra retenir les
services.
Nous prévoyons engager des fonctionnaires de classe
professionnelle, comme des vérificateurs. Nous prévoyons que les
cadres généraux seront tout simplement grossis, comme tels.
Alors, les fonctionnaires augmenteront en nombre dans la même proportion
que les professionnels. En prenant pour point de départ que c'est le
double que nous prévoyons au maximum, alors ce serait tout simplement un
accroissement de la pyramide. Il y a un nouveau service que nous allons
couvrir, soit la vérification de l'administration des curateurs
privés, des tuteurs. A ce moment-là, nous prévoyons
engager des vérificateurs et des comptables vérificateurs. A ce
service, étant donné qu'il y a 5,000 tutelles et curatelles par
année, plus celles déjà en exercice, nous prévoyons
engager cinq ou six vérificateurs avec les secrétaires et les
agents de bureau.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y aura une
décentralisation? Est-ce qu'il y aura des effectifs à
Montréal et à Québec?
M. GARNEAU: Actuellement, c'est seulement à Montréal. Le
siège social est à Montréal. Maintenant, il y a des
projets que nous élaborons. Le ministre décidera s'il y a une
décentralisation à faire.
M. JORON: M. le Président, il y a 5,000 nouvelles curatelles ou
tutelles...
M. GARNEAU: Tutelles et curatelles.
M. JORON: ... qui viennent s'ajouter annuellement, en plus de celles
déjà en exercice. Combien y en a-t-il en exercice,
globalement?
M. GARNEAU: Si on prend la moyenne, les tutelles, évidemment,
sont temporaires. Lorsque la personne, le pupille, devient majeure, latutelle tombe. En principe, les curatelles demeurent jusqu'à la
fin de la vie du malade, en règle générale. Nous
prévoyons, actuellement, qu'il y aura 20,000 tuteurs et curateurs en
exercice.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une question qui s'adresserait
plutôt au ministre. Est-ce que la nouvelle loi de la psychiatrie en
préparation au ministère qui est un travail assez volumineux,
pourra venir changer quelque chose dans la responsabilité
particulière confiée à la curatelle?
M. GARNEAU: Je ne pourrai pas répondre à la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que c'est une question assez
particulière. Je pourrais la poser au ministre des Affaires sociales, au
moment où nous discuterons de ses prévisions
budgétaires.
M. GARNEAU: Probablement. Malheureusement, je ne suis pas suffisamment
au courant des détails pour pouvoir vous répondre.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a un comité interministériel
au ministère des Affaires sociales qui revise toutes les lois qui
concernent les hôpitaux psychiatriques, et les patients psychiatriques.
Alors, il est possible que certaines modifications envisagées dans la
loi aient une répercussion, évidemment, sur la curatelle, en ce
qui concerne les patients. A ce moment-là, je suggérerais au
ministre, ou à la Curatelle publique, de se tenir en communication avec
ce comité, en particulier, du ministère des Affaires sociales. Si
cela n'a pas été fait jusqu'à maintenant, ce serait une
bonne chose que cette communication soit établie.
M. GARNEAU: Je retiens la suggestion du député de
Montmagny. Peut-être y a-t-il eu
des consultations avec le ministère des Affaires sociales au
niveau des fonctionnaires. Il y a déjà eu des consultations au
niveau des fonctionnaires des deux ministères. La Curatelle publique, au
niveau du ministère des Finances a été confiée au
ministre d'Etat aux Finances, M. Parent et d'ailleurs, c'est la raison pour
laquelle...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas le député de
Matane?
M. GARNEAU: C'est le député de Matane. Il a surtout la
responsabilité de représenter le ministère des Finances au
comité de législation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suppose que le député de
Matane va venir nous voir au moment de l'étude des crédits.
M. GARNEAU: Oui, il m'a demandé de prendre une quinzaine de
minutes pour passer à son bureau. Il y avait des gens qui l'attendaient,
puis il venait nous rejoindre tout de suite après.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que je voudrais faire dire au
ministre quelles fonctions et responsabilités particulières il
réserve à cet homme de talent qu'est le député de
Matane. Il a eu une préparation, je pense, très adéquate
avant d'entrer au sein du cabinet des ministres.
M. GARNEAU: Sa compétence comme avocat étant certainement
reconnue, c'est la raison pour laquelle la première fonction qui lui a
été confiée fut de représenter le ministère
au comité de législation et de suivre les implications
financières qui peuvent se présenter lors de la
préparation de projets de loi. Il y aura d'autres fonctions qui lui
seront également confiées un peu plus tard. Evidemment, il est
l'adjoint du leader parlementaire du gouvernement en Chambre, il siège
sur la commission de l'Assemblée nationale.
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne faudrait pas que le ministre
élabore trop, à ce moment-ci. Je voudrais que ce soit dit en
présence du député de Matane.
M. GARNEAU: Ah! Il est au courant!
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai une autre question. A la lumière
des renseignements qui viennent de nous être donnés par le
ministre et M. Lussier, prévoit-on que, en cours d'exercice, ce budget
supplémentaire pourra être augmenté de moitié ou du
tiers? Quelles sont les prévisions que le ministre entrevoit quant
à l'augmentation?
M. GARNEAU: Je n'ai pas encore reçu du ministre d'Etat aux
Finances, responsable de la Curatelle publique, de demandes précises en
vue de l'augmentation du budget de la Curatelle publique. Evidemment, la
première étape était certainement l'adoption de la loi.
C'était difficile de pouvoir dire avec précision à quel
moment la loi serait adoptée. Les demandes et les évaluations
seront faites par la suite. Si jamais il a besoin de crédits
additionnels, de crédits supplémentaires, nous les
présenterons devant l'Assemblée nationale. Jusqu'à
maintenant, je n'ai pas eu de demande de la part de M. Parent pour un tel
budget.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une autre question. A la Curatelle publique,
évidemment, il y a des fonds à administrer, aussi des placements
à surveiller. Quelle sera la liaison entre la Curatelle publique et les
mécanismes ordinaires de surveillance des placements, ou d'indications
quant aux façons de placer, soit avec la Caisse de dépôt ou
d'autres organismes?
M. GARNEAU: Actuellement, la communication se fait entre le curateur
public, M. Lussier et le sous-ministre des Finances. Ils discutent ensemble des
possibilités de placements et me font rapport. Evidemment, plusieurs de
ces placements doivent être faits, la presque totalité, dans des
titres assez particuliers. C'est un peu comme les compagnies d'assurance qui
gèrent les biens d'autrui. Un certain nombre de décisions doivent
quand même être prises rapidement. Par exemple, lorsqu'un courtier
vous offre un titre avec un bon taux d'intérêt, avec une
échéance qui vous convient, il ne le garde pas des semaines, il
faut que la décision se prenne rapidement. La communication se fait
alors entre M. Lussier et le sous-ministre des Finances au niveau des
placements. Je ne crois pas qu'il y ait eu trop de problèmes de ce
côté.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quel ordre sont les fonds qui peuvent
être sous surveillance?
M. GARNEAU: II y a $8 millions, actuellement, gardés par le
curateur public, sous son autorité.
M. JORON: Est-ce que ces placements sont essentiellement liquides? Ce
sont toujours des placements immédiatement négociables?
M. GARNEAU: Evidemment il y a un "turn over". Quand on achète des
obligations, soit des titres gouvernementaux ou des municipalités, il y
a une date d'échéance.
M. JORON: Mais c'est négociable quand même.
M. GARNEAU: C'est négociable.
M. JORON: Comme, par exemple, les prêts hypothécaires.
M. GARNEAU: Non, sur obligations. Il n'y a pas de placements sur
hypothèques.
M. JORON: Est-ce qu'il y a une partie du portefeuille qui est
placée en actions? Aucune?
M. GARNEAU: Non.
M. JORON: La loi à l'exemple de celle des compagnies
d'assurance-vie ou pour répondre à la qualification de bon
père de famille du code civil, le permet pourtant.
M. GARNEAU: Oui. Nous sommes assujettis à l'article 981o) du code
civil qui dit qu'il faut placer dans les obligations du gouvernement du Canada,
des provinces et des municipalités. Nous pouvons également aller
sur le marché des actions pour autant qu'on n'excède pas 5 p.c,
etc. Jusqu'à maintenant, nous ne sommes pas allés sur le
marché des actions. Nous ne sommes pas prêts actuellement à
y aller. Nous n'avons pas pris le risque d'y aller parce que même s'il
faut prendre des actions qu'on appelle "blue chips", c'est-à-dire des
actions qui auraient rapportés des dividendes depuis cinq ans
cinq ans auparavant à un tel pourcentage, c'est trop compliqué
pour nous actuellement, nous ne sommes pas prêts. On trouve que
c'est trop risqué d'y aller.
M. JORON: Est-ce que cette gestion de portefeuille demande une
administration? Un portefeuille de $8 millions n'emploie peut-être pas
des gens quotidiennement. Est-ce que la possibilité est
envisagée, soit de le faire administrer, par exemple, par la Caisse de
dépôt dans la mesure où peut-être
éventuellement celle-ci offrirait un tel service ou par les compagnies
de fiducie ou des conseillers en placements...
M. GARNEAU: Pour le faire administrer par la Caisse de
dépôt, il faudrait...
M. JORON: Avoir un amendement à la loi.
M. GARNEAU: Actuellement, nous n'avons pas envisagé cette
mutation parce que ce sont des types de placement assez particuliers. En fait,
il y a un "turn over" assez fort là-dedans.
UNE VOIX: Cela serait pas mal difficile de...
M. GARNEAU: Evidemment, un fond pourrait tout probablement être
administré par une compagnie de fiducie, en tenant compte de ces
exigences-là. Mais la relation entre les besoins de liquidité de
la curatelle publique si l'administration était faite par les gens de
l'extérieur cela pourrait compliquer la vie. On ne va pas soulever... Je
pense que ça colle plus aux besoins de l'administrateur, le curateur
public.
M. JORON: Est-ce qu'il y a un responsable, en particulier, des
placements de ce portefeuille? Un officier...
M. GARNEAU: Oui. Nous avons une personne qui a de l'expérience
dans une maison de courtage et qui voit à l'étude des
obligations. Mais je prends toutes les décisions, personnellement.
M. JORON: C'est un employé permanent...
M. GARNEAU: C'est assurément un employé permanent. H
occupe son emploi depuis dix ans.
M. ROY (Beauce): C'est un peu sur le même sujet, mais c'est
relativement au portefeuille. Actuellement, ce portefeuille est en
dépôt dans une société de fiducie? C'est un compte
séparé. Autrement dit tout l'argent que la Curatelle publique
administre est déposé en fiducie, globalement, quelque part?
M. GARNEAU: Non. Il est à la curatelle. C'est la curatelle qui
administre elle-même...
M. ROY (Beauce): Oui, la curatelle administre, mais la curatelle
elle-même doit faire affaires avec une banque, j'imagine.
M. GARNEAU: Oui.
M. ROY (Beauce): Elle dépose ses titres quelque part.
M. GARNEAU: C'est cela. Voici. Les actions et les certificats sont tous
à la garde au bureau-chef de la banque provinciale. C'est la pleine
responsabilité de la banque. Si jamais il y avait un vol à main
armée, il n'y aurait pas de problème puisque tout est
assuré à 100 p.c. Us ne sont pas à la merci d'un coffret
de sûreté.
M. ROY (Beauce): N'y aurait-il pas avantage pour la Curatelle publique
même si on en a discuté tout à l'heure, j'aimerais
avoir encore plus de précisions à faire administrer ce
portefeuille par la Caisse de dépôt et placement? H me semble, que
la Caisse de dépôt et placement a tout de même un personnel
compétent, un personnel spécialisé dans ce domaine. Alors
qu'il y a des placements à faire, la Caisse de dépôt et
placement fait nécessairement des placements elle aussi. A ce
moment-là, il y aurait lieu, je pense, d'éviter le
doublage...
M. GARNEAU: C'est une suggestion. C'est un problème qui ne m'a
pas été présenté encore de la part du curateur
public ou de la part des hauts fonctionnaires du ministère des Finances.
L'idée avancée peut être intéressante et, si vous me
le permettez, je la retiendrai comme suggestion. Je pourrai poursuivre les
discussions avec le curateur public et la Caisse de dépôt et
placement ainsi qu'avec les hauts fonctionnaires des Finances pour faire
étudier plus à fond... Il m'apparaît à
première vue que les besoins du curateur public sont un peu
spéciaux. Il admi-
nistre pour autrui des biens et il est difficile d'avoir, comme, par
exemple, dans le cas de la Régie des rentes, des études
actuarielles qui démontrent comment vous aurez besoin de
liquidité dans deux ans, dans trois ans.
Et toutes choses étant égales, vous pouvez faire vos
placements compte tenu des études actuarielles avec des brefs
d'échéance.
Pour le curateur public, c'est peut-être un peu plus embarassant.
D'abord la clientèle est plus restreinte et ça pose certainement
des problèmes particuliers. Si vous me permettez, je retiendrai quand
même, à titre de suggestion et je pourrai en discuter plus
à fond avec M. Lussier. Disons que le problème ne m'avait pas
été présenté encore comme étant une
complication sur le plan administratif.
M. ROY (Beauce): Disons que je suis conscient que ça peut
représenter peut-être certaines difficultés techniques
à cause de l'obligation de faire du placement à très court
terme à l'intérieur de la Curatelle publique. Mais par contre si
on tient compte du volume des affaires de la Caisse de dépôt et
placement, ce ne serait pas un problème, même au point de vue de
la liquidité de la Caisse de dépôt et placement, de donner
ce service à la Curatelle publique en tenant compte...
M. GARNEAU: Chose certaine, si la Caisse de dépôt
administrait le porte-feuille, il faudrait certainement entrevoir de payer pour
ça. La caisse n'aurait pas le droit dans le fond d'utiliser l'argent qui
appartient aux cotisants du Régime de rentes pour donner des services.
Même si ce sont des services offerts à une institution
gouvernementale, il faudrait quand même que les coûts soient
portés par les institutions qui administrent chacun des services.
Mais personnellement je n'ai certainement pas d'objection de principe.
Il s'agirait de voir sur le plan de la mécanique si ça peut
fonctionner et voir exactement quels seraient les avantages au point de vue
placement, au point de vue financier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: Sur le même sujet, en supplémentaire, par
expérience personnelle. Avec les restrictions qu'a mentionnées M.
Lussier de l'article 981o) du code civil sur les placements des biens d'autrui
qui sont sous l'administration. Si le montant était encore plus
important, ça vaudrait peut-être la peine de les étudier,
mais je me demande avec un montant semblable... En fait on déplace le
problème, on prend la Curatelle publique on l'envoie à la Caisse
de dépôt. Cela prendra le même personnel, il n'y aura pas
tellement d'économie de ce côté-là.
Toujours avec les restrictions qu'on mentionne, on aura encore besoin de
plus de surveillance. Cela ne serait pas tellement une améliora- tion et
il semble que globalement la Curatelle publique doit être
administrée de la même façon qu'elle l'est. Etant
donné que tous les services sont groupés au même endroit,
je pense que ce ne sera pas une amélioration de transporter ça
à la Caisse de dépôt.
Du fait que les placements sont très difficiles, ce n'est pas la
question de la qualité des placements, de court terme, comme question de
restrictions légales des placements. Moi, je rie vois pas
l'utilité.
M. LE PRESIDENT: Poste 17, sous-article 1, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qu'on entend par communications, le
téléphone?
M. GARNEAU: C'est le téléphone. On prévoit des
crédits pour $9,000 et les postes pour $6,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Sous-article 7.
M. CLOUTIER Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Sous-article 9. M.
CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. ROY (Beauce): Assurances, taxes et indemnités. Est-ce qu'on
pourrait savoir de quel genre d'assurances il s'agit?
M. GARNEAU: Assurance-incendie.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'on pourrait savoir à quelle compagnie
d'assurance?
M. GARNEAU: Ce sont les meubles qui sont en garde par le curateur et qui
sont mis dans des entrepôts et qui doivent être assurés
contre le feu.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas l'assurance du mobilier utilisé par
les employés de la curatelle.
M. GARNEAU: C'est l'assurance des biens qui sont administrés, qui
sont sous la garde.
M. ROY (Beauce): Parce que, selon la première réponse que
j'avais eue, c'est un peu l'impression que ça nous avait
laissé.
De quelle compagnie d'assurance s'agit-il? Est-ce que ce sont diverses
compagnies d'assurance ou une en particulier?
M. GARNEAU: C'est négocié par le contrôleur des
assurances, M. Faure, mais malheureusement je ne peux pas vous dire quelle
compagnie assure le risque. Si vous voulez l'avoir je pourrais le demander.
M. ROY (Beauce): Cela nous intéresse toujours de savoir si ce
sont des compagnies de chez nous. C'est toujours intéressant de le
savoir.
M. LE PRESIDENT: Article 10 : Loyers. M. ROY (Beauce): Adopté. M.
LE PRESIDENT: Article 11. UNE VOIX: Adopté.
M. GARNEAU: Au nom du curateur public, je remercie les membres de
l'Opposition.
Ça va lui permettre de rentrer chez lui pas trop tard. Je pense
même qu'on vous avait fait casser une période de vacances! Alors,
merci infiniment. Je remercie les officiers de la Curatelle publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, nous allons
revenir à l'article 1...
M. LE PRESIDENT: A l'article 1, sous-article 1.
M. GARNEAU: Je m'excuse. Vous avez demandé un renseignement.
C'est la compagnie La Prévoyance.
M. ROY (Beauce): Très bien. M. GARNEAU: Le député
de Matane... Administration
M. CLOUTIER (Montmagny): En présence du député de
Matane, ministre d'Etat attaché aux Finances, nous allons revenir
à l'article 1, à la discussion générale.
Evidemment, vendredi soir dernier, nous n'avions fait qu'entamer la discussion.
Sans mettre en doute les propos du ministre, je voudrais, pour le
bénéfice de tous les membres de la commission et de tous ceux qui
sont ici, que l'on reprenne au tout début la première question
qui avait été posée à ce moment-là par le
leader de l'Opposition, le député de Maskinongé. Il avait
demandé au ministre à la suite de l'adoption du projet de loi no
55, la Loi de l'administration financière, quelles avaient
été les réformes et quel avait été le
prolongement de cette loi dans l'action et les programmes du ministère?
J'aimerais entendre le ministre dans un exposé général sur
cette question.
M. GARNEAU: La nouvelle Loi de l'administration financière, comme
je l'ai dit vendredi soir dernier, a amené un certain nombre de
mutations et de réajustements au point de vue des responsabilités
dans le cas des hauts fonctionnaires et des fonctionnaires du ministère
des Finances. Le changement principal de la loi en ce qui regarde la section
que nous étudions présentement est certainement l'aspect du
contrôleur des finances, le rôle joué par le
contrôleur des Finances et le fait qu'il est responsable maintenant de la
vérification avant paiement des comptes gouvernementaux, des factures et
des paiements gouvernementaux. Cette nouvelle responsabilité du
contrôleur des finances a amené un déplacement je
parle de mémoire d'une cinquantaine de personnes qui ont
été transférées de l'ancien bureau de l'auditeur
vers le contrôleur des finances puisque c'était l'auditeur de la
province qui assumait cette responsabilité antérieurement.
Il y a aussi comme changement dans la loi le fait que les
représentants du ministère des Finances dans les
différents ministères qui ont la responsabilité de la
comptabilité gouvernementale, n'ont plus à porter de jugement sur
l'opportunité de la dépense comme telle. Ce sont les
administrateurs des ministères qui, en vertu de la nouvelle Loi de
l'administration financière, portent un jugement sur
l'opportunité de la dépense. Si, par exemple, le ministère
des Affaires sociales décidait de faire une dépense qui
relève de sa juridiction, le contrôleur des finances, par son
représentant, certifie le crédit, certifie qu'il y a
disponibilité de crédit mais il n'a pas à porter un
jugement sur l'opportunité de la dépense. Autrefois, il portait
ce jugement jusqu'à concurrence de $25,000. Il approuvait, en quelque
sorte, une décision d'un sous-ministre bien souvent. Au niveau du
degré de responsabilité à l'intérieur du
ministère, le sous-ministre était peut-être beaucoup plus
en mesure de prendre une décision de cette nature-là. Parmi les
autres changements que la nouvelle loi du ministère des Finances a
apportés il y a évidemment le rôle joué par le
Conseil du trésor dont nous aurons un peu plus tard les crédits.
Evidemment, l'autre facteur, l'autre responsabilité, celle du
contrôleur, du vérificateur général qui, lui, est
maintenant relié à l'Assemblée nationale et dont,
j'imagine, on a étudié le travail lors de l'analyse des
crédits de l'Assemblée nationale. Malheureusement, je ne
siégeais pas à cette commission-là.
Parmi les autres projets que le ministère des Finances est
à mener, il y a toute la question de la mécanisation des
opérations budgétaires et
comptables. En 1969, le gouvernement précédent avait
confié à la Société générale
d'informatique le contrat d'agir comme consultant dans la préparation de
tout le service d'informatique nécessaire pour mécanographier
toutes les opérations budgétaires et comptables. Le programme va
de l'avant.
Nous pourrons voir tout à l'heure en passant l'étude des
crédits du contrôleur des finances, peut-être plus en
détail, les différentes phases qu'on a franchies, celles qui
restent à franchir. Le ministère des Finances a également
assumé par une direction générale, la coordination dans le
financement des hôpitaux et des CEGEP. L'an dernier le
député de Montmagny ou le député de Bagot avaient
souligné ce problème de la coordination du financement des CEGEP
et des hôpitaux. A la suite d'une analyse de la situation, la
coordination est maintenant assumée par le ministère des
Finances. Nous avons retenu les services d'un spécialiste dans le
domaine du financement qui agit comme coor-donnateur avec M. Grandguillot.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand le ministre parle du financement, c'est
du financement obligataire.
M. GARNEAU: C'est ça. C'est le financement à long terme
des CEGEP, des universités et des hôpitaux. Disons que, dans
quelques mots, ce sont là les principales préoccupations qui ont
retenu notre attention au cours de la dernière année et qui vont
certainement retenir notre attention au cours de la prochaine année et
particulièrement le projet MOBEQ et l'implantation de la nouvelle Loi
des Finances. Comme je l'ai indiqué vendredi soir dernier, nous avons
voulu laisser les fonctionnaires prendre quelque peu le pouls de la nouvelle
loi, dans son application. Nous aurons, d'ici probablement la fin de juin, une
séance de travail avec les officiers du contrôleur des finances de
chacun des ministères, de même que de l'officier du
ministère qui s'occupe du budget pour faire le point de la nouvelle loi,
voir si les règlements qui ont été mis à la suite
de cette loi sont bien compris, sont suffisamment précis, s'il y a des
lacunes qui doivent être corrigées, etc. Nous croyons
qu'après deux mois avril et mai d'application de la
nouvelle loi, c'est suffisant pour faire au moins un premier test et voir s'il
y a des choses qui devraient être corrigées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est la seule nouvelle direction
générale, celle dont le ministre vient de parler pour le
financement des institutions du secteur parapublic ou s'il y a eu d'autres
directions générales à la suite du projet de loi 55?
M. GARNEAU: C'est la seule qui a été ajoutée. La
loi 55 décrivait en particulier les responsabilités du
contrôleur des finances. En dehors de l'application de la loi, c'est
l'addition qui a été faite. Actuellement, il n'y a que l'officier
responsable et une secrétaire. Avant ça, il y avait M.
Grandguillot qui a été transféré du
ministère des Affaires sociales au ministère des Finances et qui
travaille en coopération avec M....
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une direction générale qui
commence très modestement.
M. GARNEAU: Très modestement. Il faut bien comprendre aussi que
le rôle du ministère des Finances dans ce domaine en est un de
coordination. On voulait éviter qu'à des dates très
rapprochées, un certain nombre d'institutions viennent sur le
marché, soit deux jours avant que le gouvernement du Québec ou
l'Hydro aille lui-même sur le marché, essayer d'assumer une
coordination. Egalement, le responsable de cette section vérifie avec le
ministère des Affaires municipales pour voir qu'il n'y ait pas trop
d'émission durant la même semaine, essayer de faire dans les
mêmes régions...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, même si la
direction générale est modeste, elle ne disparaîtra que
lorsque le ministre des Finances n'aura plus besoin d'emprunter sur le
marché des...
M. GARNEAU: Cela serait un gros fardeau d'enlevé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Se rattachant à la même question,
découlant du bill 55, je me souviens que le ministre des Finances, au
moment de l'étude de ce projet de loi, avait parlé de la
nécessité de mettre sur pied un service quelconque je ne
sais pas comment le qualifier visant à faire des études de
conjonctures économiques, etc. de façon à rapatrier
peut-être au sein du ministère des Finances un certain nombre de
choses qui existent ailleurs, notamment l'Industrie et le Commerce et
peut-être le service de la statistique et le bureau de recherche
économique, etc. Cela m'appara^^it assez fondamental. Je suis
étonné un peu peut-être que je l'ai mal vu de
ne pas l'avoir revu dans les crédits qui sont devant nous.
La question m'apparat assez fondamentale. C'est toute la vocation du
ministère qui est en cause à savoir si on a un ministère
des Finances qui doit en fait s'occuper. Sans caricature, je ne veux pas
déprécier ce qu'a été le ministère dans le
passé mais il s'est fait des opérations de trésorerie ou
de petite caisse. Il y a une vocation à un ministère des Finances
qui est essentielle, surtout dans la situation dans laquelle on est
placé. Par exemple, qu'il s'occupe non seulement de l'analyse de la
conjoncture écono-
mique mais qu'il nous aide à prévoir nos besoins
d'emprunt. Il devrait y avoir aussi, dans ce cadre, une unité quelconque
qui se penche plus particulièrement sur la politique monétaire.
Malheureusement, c'est un domaine qui échappe à la
compétence de Québec mais il faudrait que le ministère des
Finances puisse être en communication directe avec la Banque du Canada
pour influer sur les décisions de la Banque du Canada, à
défaut, évidemment, d'avoir une Banque du Québec.
En fait, sur toute cette question qui implique finalement un
élargissement considérable du rôle même du
ministère des Finances, est-ce qu'il y a quelque chose qui s'en
vient?
M. GARNEAU: Evidemment, je suis très conscient de cette
orientation du ministère des Finances. J'ai demandé à MM.
Cazavan et Goyette, sous-ministre et sous-ministre adjoint, d'analyser une
structure éventuelle de ce côté. En réalité,
M. Audet, qui était autrefois attaché à l'exécutif
c'est un économiste a été chargé de
faire l'étude de la question et de suggérer des structures. Si je
n'ai pas mentionné cette question en faisant rapport des
activités du ministère des Finances, c'est que je
considère que ce n'est pas assez avancé encore pour pouvoir
parler d'une façon définitive de projets précis. Je ne
parle pas de la nécessité d'avoir cette direction
générale. Personnellement, peut-être en raison de ma
formation scolaire je pense que, pour les besoins du ministère, c'est
important.
Il faut dire quand même que le ministère des Finances a
toujours eu un service de recherche fiscale, d'analyse fiscale, de recherche de
revenus...
M. JORON: J'allais vous demander si le service en question est encore
bien vivant. Il va falloir répondre à ce que M. Benson va nous
servir sur la réforme fiscale, là.
M. GARNEAU: Au point de vue de la réforme fiscale, c'est une
tâche d'une telle envergure qu'il va falloir des représentants de
différents ministères, entre autres du ministère du Revenu
à cause des projections, de l'impact, par exemple, d'un changement de
taux de taxation sur le revenu total. Evidemment, il va falloir avoir recours
certainement aux spécialistes du ministère du Revenu.
Mais pour revenir à la question première, c'est qu'il
existait, il a toujours existé un service de recherche fiscale. A
l'approche du budget l'an dernier et à défaut d'une structure et
d'un personnel prêt à faire tout le travail au ministère
des Finances, lorsque nous avons voulu faire des analyses de conjonctures,
ç'a été un regroupement des différentes
compétences des ministères à qui on a demandé de
faire l'ensemble de l'analyse de la situation économique. Cela
comprenait des gens du ministère de l'Industrie et du Commerce; entre
autres, je pense à M.
Vézina; ça comprenait également les gens de
l'Office de planification; M. Poulin était là; du Conseil
exécutif; il y a M. Bélanger et M. Audet; du ministère des
Finances; il y avait le service de recherche fiscale.
On ne part pas de rien, il y a quand même ce service du
ministère des Finances avec la Banque du Canada. Les relations se font
en fait au plus haut niveau. C'est le sous-ministre des Finances lui-même
ou son adjoint, M. Goyette qui établit les contacts avec M. Boily ou
encore avec M. Rasminsky directement. De ce côté, je dois bien
reconnaître que la coopération que nous avons du ministère
des Finances fédéral et des autorités de la Banque du
Canada a été totale. Il est évident que la Banque du
Canada ne peut pas nous informer à l'avance d'une modification dans son
taux de réescompte, ce qui serait évidemment contraire aux
intérêts d'une politique monétaire bien gérée
lorsque, par exemple, nous empruntons sur les marchés étrangers.
Il y a toujours des négociations ou des échanges de propos pour
être bien certain que nous allons effectuer le transfert des monnaies
étrangères en devises canadiennes sur une période de temps
qui ne vienne pas en contradiction avec la politique monétaire de la
Banque du Canada.
On vient d'emprunter $100 millions sur le marché
américain. Si on changeait ça demain matin d'un coup sec,
ça donnerait une moyenne pression sur les taux de change, ce qui ne
servirait les intérêts de personne en fait.
Alors, cette consultation au niveau de la Banque du Canada se fait au
niveau des fonctionnaires supérieurs. En tout cas depuis que je suis
là j'imagine que c'était comme ça avant on a
toujours eu une excellente collaboration.
M. JORON: II est question d'influer sur la politique même
monétaire du gouvernement fédéral. Ce qui nécessite
évidemment une analyse de la conjoncture assez poussée et enfin
un communiqué. Je suis d'accord avec vous que la Banque du Canada n'a
pas à vous aviser à l'avance d'un réaménagement de
son taux de réescompte, par exemple. Mais d'autre part, c'est
sûrement le rôle du ministère des Finances du Québec
de lui dire ce qu'il souhaiterait comme taux de réescompte...
M. GARNEAU: A chaque conférence des ministres des Finances, il y
a toujours un article à l'ordre du jour qui est pratiquement toujours le
premier. Moi, ça fait deux ou trois auxquelles j'assiste et j'imagine
que ça a toujours été comme ça la revue de la
situation économique. A ce moment les ministres des Finances des
différentes provinces et les représentants de la Banque du Canada
sont présents, et qu'on fait part de notre point de vue sur la situation
économique. Par exemple, avant que la décision soit prise par la
Banque du Canada de relâcher la politique monétaire, nous avions
exprimé
notre point de vue, tant à Winnipeg qu'à Ottawa sur la
nécessité qu'il y avait de relâcher cette politique
monétaire, et comme question de fait, la masse monétaire au
Canada a augmenté, je crois, sur un taux de croissance de 14 p.c. par
année, au premier trimestre.
Evidemment, si on continue à ce rythme pendant longtemps et
pendant au moins quatre ou cinq trimestres de suite, il y aurait des dangers de
reprise de l'inflation. Mais c'est aux conférences des ministres des
Finances que l'on expose les points de vue du gouvernement. J'imagine bien
qu'on en tient compte puisqu'il y a eu ces changements de politique
économique. H sont tout de même influencés par la situation
internationale.
M. JORON: Quand on a décroché le dollar de cette
parité fixe, est-ce qu'à ce moment-là,
préalablement, vous aviez eu l'occasion de faire valoir la position que
le Québec défendait à l'égard de cette
décision. Quelle était en gros votre position?
M. GARNEAU: La décision de faire fluctuer le dollar comme tel,
prise par la Banque du Canada, nous n'avons pas été
consultés à ce niveau.C'est une décision, encore
là, qui doit être prise très rapidement et même
secrètement. Autrement, ce serait une spéculation
considérable sur les devises étrangères. Donc...
M. JORON: Vous avez été aussi déculotté que
tout le monde.
M. GARNEAU: Cela se peut. Evidemment, on sent bien que tout le monde
savait, à cause des pressions exercées sur le dollar, qu'il y
aurait quelque chose. Les réserves de change du gouvernement
fédéral étaient très fortes et il fallait qu'il se
passe quelque chose. Soit que les autres monnaies soient
dévaluées ou que la nôtre soit
réévaluée. Ce qui est arrivé, c'est qu'on a eu une
réévaluation de près de 8 p.c.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'ai cru comprendre lors de la discussion, que vous
avisiez la Banque du Canada des décisions que le gouvernement provincial
entendait prendre relativement à ses emprunts. Vous annonciez vos
emprunts un certain nombre de jours à l'avance. Mais j'ai cru comprendre
que vous aviez dit que la Banque du Canada ne vous donnait pas d'indications,
que vous ne preniez pas consultation auprès de la Banque du Canada avant
de décider de faire un emprunt pour savoir quand ce serait plus
favorable ou non.
J'imagine que la Banque du Canada doit avoir des données et des
indications qui pourraient être très utiles au gouvernement de la
province.
M. GARNEAU: Sur ce plan, nous n'avons pas.. Je ne veux pas dire que nos
consultations portent aur la façon de négocier nos emprunts et de
savoir si le taux d'intérêt serait meilleur dans deux mois ou dans
une semaine. Ce n'est pas le type d'échange de propos que nous avons
avec la Banque du Canada. Nous avons au ministère des Finances une
équipe de fonctionnaires compétents qui ont une connaissance du
marché et qui suivent l'évolution des taux
d'intérêt, soit à court terme, à moyen terme ou
à long terme, et qui sont en mesure de conseiller le gouvernement sur la
politique d'emprunt.
Nos échanges de vues avec la Banque du Canada ont surtout lieu
à l'occasion d'emprunts à l'extérieur du pays.
M. ROY (Beauce): Je ne mets pas en doute la compétence des hauts
fonctionnaires du ministère des Finances, loin de là, ce que je
voulais savoir est ceci: Je pense que la Banque du Canada pourrait justement
jouer un rôle en vue d'aider les provinces. Je suis étonné
que le Québec ne prenne pas certaines consultations avant d'annoncer des
emprunts comme les $100 millions, par exemple. Il y a tout de même une
chose qui accroche un peu, c'est que le dernier emprunt de $100 millions que le
gouvernement provincial vient de lancer sur la marché américain
avait été annoncé pour quinze jours, c'est-à-dire
qu'il avait été annoncé pour quinze jours
antérieurs. Le gouvernement avait fait une annonce
antérieurement. Si l'emprunt avait été
négocié à ce moment-là! C'est la période qui
a précédé la crise monétaire qui a existé en
Europe et qui a duré à peu près une dizaine de jours,
quoi!
M. GARNEAU: Non, non!
M. ROY (Beauce): Disons qu'il n'est pas réglé mais que les
plus hautes pressions sont faites jusqu'à maintenant.
M. GARNEAU: Quand on a annoncé...
M. ROY (Beauce): Du moins si on en juge par les rapports qui nous sont
soumis.
M. GARNEAU: Vous référez au communiqué de presse
qui avait été émis. Ce communiqué de presse
indiquait que le gouvernement s'inscrivait auprès de la Security and
Exchange Commission en vue d'un emprunt aux Etats-Unis lequel emprunt, si ma
mémoire est bonne, devait être négocié le 16 mai.
C'est ça le communiqué?
M. ROY (Beauce) : Le communiqué de presse dit ceci: Québec
emprunte $100,000,000. Le ministre des Finances par intérim, M. Oswald
Parent, a annoncé que la province de Québec vient de
déposer auprès de la Security and Exchange Commission de
Washington, D.C. le prospectus relatif à un emprunt de $100,000,000 qui
serait lancé sur le marché
américain. Alors, on disait que le Québec a
remboursé le 1er avril 1971 un emprunt de $50 millions d'obligations qui
étaient payables en dollars des Etats-Unis. La nouvelle émission
d'obligations portera la date du 15 mai 1971 et viendra à
échéance le 15 mai 1997 Cette annonce a paru dans le journal Le
Devoir, si ma mémoire est bonne, le 21 avril dernier. Alors, suite
à une question que je vous ai posée à la Chambre, je vous
avais demandé le taux d'intérêt et vous m'aviez dit que le
Québec n'avait pas emprunté. Je suis revenu deux ou trois jours
après en Chambre pour le demander, parce qu'il y a eu une nouvelle
annonce qui a été faite dans les journaux disant que vous aviez
déposé aux Etats-Unis un prospectus pour négocier à
nouveau un emprunt. Mais, au moment où vous avez négocié
l'emprunt avec les Etats-Unis, c'était à peu près dans la
pire période de négociations où le taux
d'intérêt était le plus élevé. Il y avait eu
énormément de débats, il y a eu beaucoup de discussions en
Europe à ce moment-là. Ceci nous permet de nous interroger un peu
sérieusement. Comment se fait-il que le Québec n'aurait pas pu
à ce moment-là consulter les organismes intéressés
sans mettre en doute les hauts fonctionnaires du ministère des Finances
et à ce moment-là faire appel à la Banque du Canada? Je
suis certain que les officiers supérieurs de la Banque du Canada ont
dû être certainement avisés parce qu'ils ne sont pas seuls
pour prévoir lorsqu'il arrive des situations de ce genre. A ce
moment-là le gouvernement du Québec aurait pu retarder son
emprunt peut-être d'une quinzaine de jours ou l'avancer de quinze jours.
Ils ont négocié pendant la pire période.
Je pose au ministre cette question: Pourquoi cette période
plutôt qu'une autre?
M. GARNEAU: Bien,écoutez. On a déposé le budget au
mois de mars. L'année financière s'est terminée le 31
mars. Nous avions fait une émission d'obligations de $50 millions pour
la province à moyen terme. Evidemment, notre programme d'emprunts
s'échelonne au cours de l'année. D'abord nous ne pouvions pas
emprunter sur le marché américain avant que ne soient
renouvelés les accords sur la taxe de péréquation
"Equalization Interest Tax" entre les Etats-Unis et le Canada qui ont
été signés, si ma mémoire est bonne, le 1er ou le 2
avril, le 3 avril vers cette date. Lorsque, dans notre programmation d'emprunt,
nous avons envisagé la possibilité d'emprunter sur le
marché américain, nous avons déposé un prospectus
comme l'indique le communiqué de presse. Il faut déposer ce
prospectus prélimilaire auprès de la Security and Exchange
Commission avant que nous puissions négocier un emprunt.
M. JORON: Est-ce qu'il était question de la baie James dans ce
prospectus?
M. GARNEAU: Dans le premier prospectus il n'était pas question de
la baie James et nous ne pouvions pas l'indiquer parce que l'annonce officielle
n'en avait pas été faite.
M. ROY (Beauce): Dans le deuxième prospectus, est-ce qu'il
était question de la baie James?
M. GARNEAU: Dans le deuxième prospectus nous avons ajouté
le renseignement relatif à la baie James. Mais comme je l'ai
indiqué à ce moment-là en Chambre, il n'y avait pas de
relation entre notre décision de retarder... Vous-même vous avez
dit: Pourquoi n'avez-vous pas retardé? C'est justement ce qu'on a fait.
On a retardé de quinze jours. Le député de Gouin me dit
qu'on avait payé plus cher parce qu'on avait retardé de quinze
jours. Vous voyez que c'est beaucoup plus facile dans l'Opposition qu'au
pouvoir. Notre décision de retarder de quinze jours était
justement due à cette instabilité qui existait sur les
marchés financiers et je pense qu'au taux d'intérêt que
nous avons payé nous avons payé le prix du marché
C'est une émission qui a été bien accueillie.
M. ROY (Beauce): A ce taux-là, j'imagine!
M. GARNEAU: Bien, écoutez. Si on l'avait titrée, je ne
sais pas, moi, à un taux inférieur et que l'émission
était restée sur les tablettes, si elle ne s'était pas
vendue, vous m'auriez dit: Le crédit de la province n'est pas bon. Ce
n'est pas facile de pouvoir plaire à tout le monde. En ce qui me
concerne, tant sur le plan financier de la province que sur le plan technique,
je pense qu'il s'agit d'une émission qui a été bien
cotée au point de vue du prix. Elle s'est écoulée d'une
façon normale, elle indique chose certaine que les
Américains ont certainement confiance dans l'avenir du Québec
puisqu'ils ont accepté, en fait, de nous financer et avec des taux
d'intérêt dont les différences en ce qui regarde les titres
de même calibre, plus faibles que nous avions pu le constater dans le
passé.
M. JORON: Tout ça malgré que ce soit sous un gouvernement
libéral, c'est formidable!
M. GARNEAU: Ah! Je ne l'ai pas dit.
M. ROY (Beauce): Je reviens maintenant à l'emprunt
américain parce que je vais revenir à d'autres sujets du
même ordre un peu plus tard. L'émission comporte deux tranches, je
pense. Une tranche qui a été négociée pour une
période de moins de dix ans...
M. GARNEAU: Une période de sept ans. $30 millions sur sept
ans.
M. ROY (Beauce): Sept ans et une autre tranche qui a été
négociée pour une période de 27 ans...
M. GARNEAU: Vingt-six ans, c'est ça.
M. ROY (Beauce): Vingt-six ans. Bon, maintenant nous remarquons que le
taux d'intérêt pour la tranche de 26 ans est de 1 p.c.
supérieur à celle qui a été négociée
pour sept ans. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer pourquoi à
ce moment-là le gouvernement n'aurait pas négocié son
emprunt pour trois courts termes? D aurait économisé 1 p.c.
d'intérêt si on parle d'emprunt aux Etats-Unis. Sur la question
d'emprunter aux Etats-Unis, j'ai d'autres opinions là-dessus que je
ferai connaître tout à l'heure. Mais si on parle d'emprunt aux
Etats-Unis, pour quelles raisons avoir emprunté à ce
moment-là à long terme alors que le taux d'intérêt
était de 1 p.c. supérieur au taux à moyen terme?
M. JORON: En même temps, si vous permettez, sur la même
question. Pourquoi la division 30-70? Qu'est-ce qui a guidé ce partage
en deux?
M. GARNEAU: C'est la situation du marché. C'est la
possibilité d'absorption du marché. Au départ, nous
étions peut-être d'avis que la tranche à long terme serait
peut-être un peu moins forte, peut-être de $10 millions. La
situation s'est modifiée quelque peu et, quand on a vu qu'on pouvait y
aller pour $70 millions on l'a accepté parce que l'objectif visé,
évidemment, c'est d'étendre sur la plus grande période
possible la dette du Québec. Autrement, lorsque vous arrivez avec des
pics très élevés, si on avait suivi la suggestion du
député de Beauce et emprunté $100 millions à sept
ans, vous vous inaginez... je ne sais pas quel parti politique formera le
gouvernement du Québec en 1978, mais au point de vue de
l'administration...
M. CLOUTIER (Montmagny): II pense tout haut.
M. GARNEAU: Je pense tout haut mais...
UNE VOIX: ... poser une question.
M. GARNEAU: Non, non. De toute façon peu importe le parti
politique qui formera le gouvernement, cela aurait constitué un
véritable problème dans une seule année et à si
brève échéance de devoir emprunter $100 millions
uniquement ou rembourser un montant aussi considérable. Alors, au point
de vue de l'administration de la dette publique, les longs termes sont
certainement plus avantageux. On essaie d'étendre l'emprunt et de
choisir des annés d'échéance qui font que le remboursement
à chaque année soit à peu près équivalent
pour qu'il n'y ait pas des hauts et des bas qui engagent des charges
financières considérables sans constituer des dépenses
pour des programmes nouveaux au niveau de...
M. ROY (Beauce): Ils ne seront certainement pas plus avantageux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parfaitement raison quand il
parle des pointes de remboursements parce que je ne conçois pas
qu'aucune administration que ce soit dans le secteur privé aussi bien
que dans le secteur public, s'expose à des fluctuations aussi
considérables dans les remboursements. C'est un des critères, je
ne dis pas que c'est le seul, mais c'est certainement un des critères
dont on devrait tenir compte dans la programmation de l'emprunt parce
que...
M. GARNEAU: ... sept ans au lieu de huit ans, par exemple...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... il y a déjà aussi des
engagements dans le service de la dette, il y a déjà des
engagements qui sont échelonnés... Alors il faudrait voir quels
étaient déjà les engagements de la province pour cette
période-là, car je pense que c'était tout de même
une précaution à prendre. Je ne dis pas que la proportion est
idéale mais, de toute façon, c'était un critère
à retenir. Cela m'amène à une autre question que je
voudrais poser au ministre.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse. J'avais d'autres questions à poser
sur le même sujet.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. ROY (Beauce): On a justement négocié sur une
période de 26 ans. Je remarque que, pendant la période où
les taux d'intérêt sont élevés, le gouvernement
fédéral c'est pourtant dans le même pays si ma
mémoire est bonne ne semble pas vouloir faire des emprunts
dépassant 20 ans. Le dernier emprunt de $475,000,000 du gouvernement
fédéral est daté du 1er avril 1971 et cet emprunt ne
dépasse pas 1980. Il y a une partie qui est à 5 p. c. jusqu'en
1974 et la deuxième partie des obligations est à 51/2 p. c.
à cinq ans et six mois échéant le 1er octobre 1976 et la
troisième partie est à 61/4 p. c. à neuf ans
échéant le 1er avril 1980. A peu près à un mois et
demi d'intervalle, le gouvernement de la province emprunte sur le marché
américain $100,000,000 à 9 p. c. d'intérêt dont
$70,000,000 pour une période de 26 ans, alors que le gouvernement
fédéral a fait, il y a deux mois, comme je viens de le dire, un
emprunt à 6 1/4 p.c. C'est tout de même un taux de 2 3/4 p. c. de
différence. Le ministre disait tout à l'heure que le
crédit de la province est bon. Je suis bien d'accord que le
crédit de la province est bon mais c'est parce que nos
Québécois sont capables de travailler.
M. GARNEAU: En fait, toute une argumentation pourrait peut-être
s'éliminer par ceci: à chaque conférence des ministres des
Finances,
c'est un autre point sur lequel nous revenons
régulièrement et sur lequel nous insistons et toutes les
provinces prennent la même attitude. Nous voulons justement c'est
là la division du champ des emprunts que le fédéral
laisse le financement à long terme aux provinces et même nous
insistons beaucoup pour que le gouvernement fédéral vienne le
moins possible avec des émissions à long terme justement pour
laisser le financement à long terme aux provinces. Vous posez la
question! Même si les taux étaient différents, dans 95 p.
c. des cas les émissions du fédéral sont des
émissions à court terme ou à moyen terme. Lorsque le
Fédéral est venu sur le marché il est venu pour des
termes de deux ou trois ans, c'est du court terme c'était, parce
qu'il était convenu en quelque sorte qu'on se répartisse le champ
des emprunts possibles. C'est pour le fédéral plus facile via
tout le réseau des banques, via la Banque du Canada, de se financer
à court terme. Il prend ce champ-là. Les actions des provinces
dans le domaine de la construction de routes, de la construction
d'écoles et d'hôpitaux sont des immobilisations qu'il est beaucoup
plus concevable d'échelonner sur plusieurs années et nous prenons
le champ de financement à long terme.
M. ROY (Beauce): II y a tout de même le fait que le gouvernement
fédéral fait lui aussi des immobilisations dans bien des secteurs
économiques. A ce moment-là, il fait des immobilisations qui sont
amortissables sur une période qui peut être aussi longue que celle
que peut faire le Québec. Est-ce que le Québec a fait des
représentations auprès du gouvernement fédéral de
façon à pouvoir utiliser un peu comme le dit le ministre, le
marché à court terme plus de façon a le répartir ou
si le Québec a accepté la politique d'incitation qui a
été annoncée ou qui a été appliquée
par le gouvernement fédéral?
M. GARNEAU: Je ne vois pas pourquoi nous ferions des pressions pour
pouvoir utiliser le marché à court terme. Personnellement,
j'insiste toujours pour que nos emprunts soient des emprunts à long
terme. Si nous faisons un emprunt de $20 millions et que cet emprunt-là
a une date d'échéance de cinq ans, sur une période de 20
ans, il va falloir payer quatre fois la commission pour refinancer les frais
d'émission et la commission pour financer le même montant
d'argent. Lorsque le gouvernement fédéral renouvelle ses emprunts
à tous les trois ans, il est obligé de payer un demi-point de
commission sur la vente de ces titres-là. Quand vous additionnez
ça, disons six fois un demi-point, et que vous mettez dans l'ensemble du
coût le financement de $50 millions à 20 ans répartis en
six renouvellements, vous allez peut-être avoir des coûts plus
élevés que le financement à long terme.
Non seulement je ne tiens pas à ce que l'on fasse des pressions
pour avoir accès plus facile- ment au marché à court
terme, quoique nous pourrions y aller dans le marché à court
terme, je trouve qu'il est beaucoup plus avantageux de financer nos
activités à long terme.
M. ROY (Beauce): Si vous faites le calcul de ce que peut coûter
une commission pour la vente d'une émission d'obligation, il y a une
différence de 2 3/4 p. c. Je pense que vous pouvez payer plusieurs
commissions. D'ailleurs si le gouvernement voulait économiser sur des
commissions...
M. GARNEAU: Six fois un demi-point, c'est trois points.
M. ROY (Beauce): ... je pense qu'on pourrait faire une bonne suggestion
au ministre. Je veux d'ailleurs revenir sur le sujet plus tard, mais on
pourrait tout de même commencer à cesser de payer des commissions
sur les emprunts que le Québec fait avec les obligations qu'il vend
à la Caisse de dépôt et placement.
M. GARNEAU: Absolument.
M. ROY (Beauce): Si on veut retenir le sujet au point de vue de la
diminution des frais des émissions d'obligations, je pense qu'il
faudrait tout de même être logique et maintenir le même
principe à tous les niveaux des emprunts.
J'aurais une autre question à poser sur le même sujet.
M. GARNEAU: Est-ce que vous admettez que répéter six fois
un emprunt pendant vingt ans, à un demi-point de commission, cela fait
trois points d'intérêt?
M. ROY (Beauce): M. le Président, je n'ai pas parlé de six
fois trois ans. J'ai parlé d'une émission d'emprunt, tout
à l'heure, sur une période de sept ans avec vingt-sept ans,
alors, cela ne fait pas six fois.
M. GARNEAU: Cela fait presque quatre fois. Trois fois et demie à
un point, cela fait trois points et demi.
M. ROY (Beauce): Si vous prenez sept ans avec quinze ans ou avec vingt
ans, cela fait deux fois et cela fait trois fois, mais on oblige les
municipalités du Québec qui font des emprunts à revendre
une partie de leurs obligations, parce que, lorsqu'une municipalité fait
des obligations à long terme, vous le savez, on vend les obligations
pour une période de dix ans. Il reste alors à peu près 80
p.c. ou 85 p.c. du montant global qui est refinancé et on oblige les
municipalités à faire une nouvelle émission d'obligations
pour refinancer la dette, ce qu'on appelle une "baloune", à la fin. Je
suis bien conscient de ce que le ministre nous avance, mais j'y vois beaucoup
de contradictions dans tous les autres secteurs de l'administration
financière du secteur public dans le gouvernement de la province,
que ce soit au gouvernement, que ce soit au niveau des municipalités ou
des commissions scolaires.
On nous présente aujourd'hui un principe qui n'est pas
appliqué par le gouvernement fédéral, sous prétexte
d'économie. On nous présente un autre principe qui n'est pas
appliqué au niveau des commissions scolaires. On nous présente le
même principe qui n'est même pas appliqué par les
municipalités du Québec, et pourtant, le Québec paie pour
cela.
Pourquoi donc une chose d'une façon, lorsque cela regarde la
province, alors qu'on nous présente un taux d'emprunt de 2 3/4 p.c. plus
élevé, alors que les municipalités viennent tout de
même à bout d'emprunter à meilleur marché parce
qu'elles empruntent à plus court terme et que la politique
générale veut que lorsque les taux d'intérêt sont
élevés les emprunts soient moins longs pour justement avoir
à payer des taux d'intérêt moins élevés
pendant moins longtemps?
C'est dans tout cela, au fond, à mon sens, que je trouve qu'il y
a énormément de contradictions.
M. GARNEAU: Je pense que les contradictions sont plutôt dans
l'esprit du député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous admettez que les municipalités
n'émettent pas leurs obligations? Est-ce que vous l'admettez?
M. GARNEAU: Ce n'est quand même pas le gouvernement du
Québec qui fait le financement des municipalités, ce ne sont pas
les mêmes montants et ce n'est pas pour les mêmes fins.
M. ROY (Beauce): C'est pour des fins publiques quand même. C'est
l'administration des fonds publics quand même.
M. GARNEAU: Est-ce que vous voulez qu'on enlève toute l'autonomie
aux municipalités et qu'on s'occupe de leur financement
nous-mêmes?
M. ROY (Beauce): II ne s'agit pas d'autonomie. C'est que les
municipalités, avant d'émettre une émission d'obligations,
se font approuver par la Commission municipale du Québec. Est-ce que
c'est exact?
M. GARNEAU: Oui, en ce qui regarde la valeur des garanties
données, le certificat de validité, mais ce n'est pas le
ministère des Affaires municipales qui va nécessairement
négocier, ce sont des soumissions publiques.
M. ROY (Beauce): C'est-à-dire qu'on ne les oblige pas, mais on
donne des indications en ce sens, on le recommande dans ce sens-là.
M. GARNEAU: Quelles indications?
M. ROY (Beauce): De faire des emprunts qui ne soient pas à trop
long terme, de façon à garder une "baloune"!
M. GARNEAU: II n'y a pas de danger! C'est tout simplement que le
marché n'est pas prêt à absorber des titres d'une petite
municipalité à vingt ans sans savoir ce qu'elle sera dans vingt
ans, c'est le risque qui n'est pas le même. Prêter au gouvernement
du Québec ou au gouvernement d'Ontario et prêter à
"Saint-en-Arrière", ce sont deux crédits différents!
M. ROY (Beauce): Je pense que le ministre joue un peu sur les mots.
M. CLOUTIER Montmagny): J'ajouterais même là-dessus, M. le
Président, qu'il y a une différence entre les emprunts faits par
les commissions scolaires et les municipalités. Bien souvent, la
municipalité ne se voit octroyer qu'une faible partie de son emprunt
obligataire pour certains projets municipaux, tandis qu'une commission scolaire
emprunte pour les fins d'immobilisation, et il y a toujours à ce
moment-là, 80 p.c. à 85 p.c. de son emprunt qui est garanti par
une subvention échelonnée sur un certain nombre d'années.
Il est donc exact de dire que la municipalité, quand elle discute ou
étudie un projet d'émission d'obligations, jouit d'une autonomie.
Ce qu'elle reçoit des Affaires municipales ou de la Commission
municipale n'est qu'une indication afin de savoir quelles seraient les
modalités. Elle est libre toutefois, tenant compte du jeu de l'offre et
de la demande et des conseillers en placement, d'effectuer l'emprunt aux
meilleures conditions qu'elle détermine. Les deux émissions,
l'émission municipale et scolaire et l'émission de la province ne
se font pas du tout dans le même contexte.
M. ROY (Beauce): Elles ne se font peut-être pas dans le même
contexte, mais disons que c'est un principe de bonne administration d'avoir
à éviter justement de payer des taux d'intérêt trop
élevés pendant trop longtemps, qui veut qu'on renouvelle les
emprunts après un certain nombre d'années au niveau
municipal.
Il y aurait de multiples exemples que nous pourrions apporter.
M. le Président, j'aurais une autre question à poser au
ministre sur le même sujet. Est-ce que le gouvernement du Québec a
fait des représentations auprès de la Banque du Canada pour
pouvoir se prévaloir d'un mode de financement qu'on appelle les bons du
Trésor, financement à court terme, comme s'est déjà
prévalu le gouvernement de la province? Si j'en juge par le rapport qui
nous a été soumis, les états financiers du 31 mars 1970,
il apparaît encore au bilan de la province à l'article passif, que
le
Québec avait pour $53 millions de bons du Trésor, payables
au gouvernement fédéral.
M. GARNEAU: Les bons du Trésor dont on parle dans les
états financiers ne sont pas des bons du Trésor du type de ceux
qui sont émis par le palier gouvernemental canadien. Ce sont tout
simplement les emprunts que nous faisons à court terme auprès des
banques pour couvrir les périodes d'entrées fiscales. Il y a des
mois de l'année où les entrées fiscales sont moins
importantes, moindres que les dépenses, les déboursés. Il
y a d'autres périodes de l'année où les entrées
fiscales dépassent le niveau des dépenses. H y a un
équilibre à maintenir. Les emprunts à court terme que nous
faisons pour combler les périodes où l'entrée fiscale est
plus basse que les dépenses sont des emprunts parfois sur une
période de quinze jours, un mois, un mois et demi. Peut-être que
ce qui paraît dans les états financiers est un emprunt qui a
été remboursé trois jours après. Mais on appelle
cela des bons du Trésor. C'est uniquement un emprunt
négocié à court terme auprès d'une banque.
M. ROY (Beauce): Alors il ne s'agit aucunement de bons du Trésor
semblables à ceux qu'utilise le gouvernement fédéral
auprès de la Banque du Canada?
M. GARNEAU: Absolument pas.
M. ROY (Beauce): C'est parce qu'il n'y avait pas d'explication.
M. GARNEAU: II ne porte pas de taux d'intérêt.
Peut-être que le terme est mal utilisé Cela m'a frappé moi
aussi quand j'ai regardé.
M. JORON: La question du député de Beauce me fait
penser... Pourriez-vous nous donner un ordre de grandeur des variations du
crédit bancaire dont le Québec a joui au cours de la
dernière année, le minimum et le maximum? Quel a
été l'ordre de grandeur et quelle serait la tendance à
l'heure actuelle? Sommes-nous dans un maximum ou dans un minimum? Je veux
savoir si les comptes sont payés.
M. GARNEAU: Peut-être pourrais-je demander à M. Cazavan de
répondre à cette question, parce qu'il y a un mouvement
considérable...
Je ne sais pas si je réponds très bien à votre
question, mais notre marge bancaire auprès des sept banques à
charte est de $100 millions, répartis...
M. JORON: Le maximum?
M. GARNEAU: Oui, pas également. Le maximum, je ne pourrais pas le
dire, parce que si, à l'occasion, nous voulions négocier un
emprunt particulier avec une banque, disons que cela est ouvert sans
discussions. Autrement, on pourrait en parler dans un terme que vous comprenez
très bien, je pense, C'est un "stand by", un crédit qui est
là quand on en a besoin. Demain matin, nous pouvons demander $50
millions, $75 millions, si on n'a pas dépassé ces $100 millions.
Ils sont là à notre disposition dans des proportions diverses
selon l'importance des banques.
M. JORON: Au cours de la dernière année, qu'est-ce que
c'est le plus haut qu'on peut...
M. GARNEAU: A certaines périodes de l'année cela peut
aller presque à $100 millions. A certaines périodes de
l'année, comme dans le moment, nous sommes à zéro.
M. JORON: Parce que vos comptes sont... Ce n'est pas parce que vous
n'avez pas payé tous vos comptes?
M. CLOUTIER (Montmagny): Avec les allocations familiales aujourd'hui,
vous devez avoir... Vous pouvez utiliser...
M. GARNEAU: Au contraire, nous avions à la fin du mois
passé des placements temporaires. Là, c'est assez difficile de
vous dire jusqu'au 15 juin. Mais je ne pense pas que nous devions aller aux
banques d'ici la fin du mois de juin. Nous avions les allocations familiales,
pour un montant de $37 millions qui sont sorties ce matin, qui sont
livrées, en fait, qui doivent être reçues en
général aujourd'hui et demain dans les familles. Mais nous avons
cet emprunt américain dont une tranche devrait être
transférée le 8 juin en dollars canadiens. Nous avions des
placements temporaires au lieu des emprunts à une certaine
période, ce qui fait que les allocations familiales, à quelques
dollars près, devraient être couvertes d'ici le 15 juin. Est-ce
que cela répond à votre question?
M. JORON: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette marge de crédit de $100
millions vous apparaît suffisante, étant donné l'ampleur du
budget provincial? Elle était de $50 millions, il y a trois ans. Elle a
été doublée.
M. GARNEAU: Ce que je peux peut-être ajouter à ce sujet est
qu'on a une marge de crédit de $100 millions. Quand elle est
épuisée, évidemment, il y a un autre arrêté
en conseil qui est renouvelé. Je veux dire que jamais on ne
dépasse à un moment donné $100 millions d'emprunts
à court terme. Ça m'a paru suffisant, même si on avait
un... La seule obligation que ça nous donne, est de faire accepter un
autre arrêté en conseil ce qui devient une question de routine.
Mais la marge de crédit est de $100 millions.
M. GARNEAU: Ce qui ne nous empêche pas
à l'occasion... Il arrive à l'occasion que la Caisse de
dépôt peut avoir des fonds. Cela ne veut pas dire qu'on ne
pourrait pas emprunter à court terme plus que $100 millions si le besoin
s'en faisait sentir. Je dis qu'en général les $100 millions sont
un...
M. ROY (Beauce): A quel taux d'intérêt cette marge de
crédit est-elle consentie? Le taux varie.
M. GARNEAU: II ne varie pas, c'est le taux préférentiel
des banques. Là il est à 6 1/2 p.c. dans le moment, s'il passe
à 6 p.c. ou à 7 p.c, nous payons ce taux-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé tantôt des
consultations entre les ministres des Finances lors des conférences et
aussi en dehors des conférences fédérales-provinciales. Il
a parlé de la dévaluation au moment d'un rajustement du dollar
canadien ou si vous voulez l'établissement du taux de flottement du
dollar; cela a eu des conséquences sur certaines industries en
particulier.
Est-ce que depuis ce temps-là étant donné
que le ministre a dit tantôt qu'il n'y avait pas de consultation, parce
que ça se fait dans la grande discrétion pour éviter toute
spéculation le ministre des Finances et ses fonctionnaires ont eu
l'occasion de faire part au gouvernement fédéral des
conséquences particulières que ces mesures peu-vent avoir sur
certains secteurs de l'économie du Québec, en particulier le
secteur des pâtes et papier, le secteur du bois dans lequel nous sommes
des exportateurs? Il y a d'autres domaines aussi que nous pourrions mentionner,
entre autres des types d'industrie telle que la motoneige ou certains secteurs
plus particuliers au Québec, exportation de matière
première.
Est-ce qu'on a eu l'occasion de faire valoir auprès du
gouvernement central quelles pouvaient être les conséquences sur
l'économie d'une province comme celle du Québec, à la
suite de mesures telles que celles-là?
M. GARNEAU: Le ministère de l'Industrie et du Commerce s'est
surtout fait le porte-parole du gouvernement dans cette question de l'industrie
des pâtes et papier. Je sais que M. Levesque en a causé à
plusieurs reprises avec M. Pepin, ministre de l'Industrie et du Commerce. Via
les ministères des Finances, la consultation s'est faite et les
représentations se sont faites au niveau des fonctionnaires lors de la
dernière rencontre du comité permanent des fonctionnaires qui
préparent les conférences des ministres des Finances.
M. Bélanger et M. Cazavan étaient là. Il y avait
également M. Audet, je crois, qui ont transmis les points de vue du
gouvernement.
Il faudrait comprendre que c'est une situation assez difficile que toute
la question des échanges internationaux et les taux de change des
monnaies. Personnellement, je serais porté à croire qu'on ne
pourra pas, sur le plan international, persister longuement dans ces taux de
change flottants. Il va falloir trouver un nouvel équilibre avant
longtemps parce que tout le commerce international risque d'être
fortement atteint.
Vous avez vu par exemple l'influence que peut avoir la
réévaluation du mark allemand sur les exportations agricoles
à l'intérieur du Marché commun, les exportations agricoles
de la France vers le marché allemand. C'est la même chose sur le
plan canadien.
Evidemment, c'est un problème qui dépasse largement les
frontières du Québec et depuis des années on essaie de
trouver un accommodement à l'étalon de change-or, du dollar
américain, mais je suppose que les hommes n'ont pas encore
été suffisamment intelligents pour trouver une solution à
ce problème-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement ce genre de décision
décision unilatérale, il faut bien le dire qui rend
un peu difficile et qui est un handicap au fonctionnement d'une
fédération d'Etats provinciaux qui ont une structure
économique différente. Cela arrive à certains moments et
je pense que, dans le cas du dollar, alors qu'en fait fonctionnant dans le
régime canadien et utilisant le dollar canadien, quand des mesures sont
prises à l'échelon canadien, sans qu'il y ait aucune consultation
ou aucun avertissement, que ce soit dans ce domaine du dollar ou dans d'autres
domaines, la lutte contre l'inflation et toutes les mesures économiques
d'importance, alors que des législations ou des programmes sont
établis à l'échelle fédérale avec
uniformité, les conséquences ne sont pas les mêmes dans
toutes les provinces.
Je me demande si on a assez exploré la possibilité de
mettre en place certains mécanismes. On a la péréquation.
La péréquation, c'est pour égaliser les revenus,
l'état de fortune entre les individus qui composent une province. C'est
un mécanisme, d'accord, on l'a, il fonctionne et il rétablit une
certaine répartition de la richesse. On a une structure
économique, on a une structure industrielle qui est faite de telle
façon et qui s'est construite avec les années. Cette
structure-là, même si on peut tenter de l'influencer par certaines
mesures, il faut la prendre telle qu'elle est.
Je me demande s'il ne pourrait pas y avoir certains mécanismes
beaucoup plus précis, beaucoup plus efficaces dans toutes ces
matières économiques parce que c'est bien souvent de là
que naissent les problèmes qui engendrent d'autres difficultés
sur un plan plus vaste, sur un plan constitutionnel. Mais les
difficultés sont nées de ces problèmes économiques,
de ces disparités. C'est un problème que je voulais soulever
devant la commission, étant donné que le ministre des Finances,
par sa loi d'administration financière, a rapatrié une section du
ministère de l'industrie et du Commerce qui est
une analyse de la conjoncture qui va l'autoriser à faire des
recherches.
Je me demande si cela ne devrait pas être là aussi,
toujours en liaison avec le ministère de l'Industrie et du Commerce,
parce que je ne pense pas que ce ministère ne doive pas s'occuper de ces
questions, cela reste encore de son domaine. Je pense bien qu'en liaison les
deux ministères pourraient entreprendre là-dessus une action
beaucoup plus énergique que celle que l'on a connue jusqu'à
maintenant. Je voudrais entendre là-dessus la réaction du
ministre à première vue.
M. GARNEAU: Ma première réaction est que les
problèmes que l'on a au Canada, qui a une structure politique
fédérale, ne sont pas uniques à notre pays. Si le
Québec était séparé du reste du Canada, il y aurait
également des problèmes de balance commerciale probablement
déficitaire qui influeraient sur les taux de change et qui auraient des
répercussions de même nature que celles que l'on connaît
actuellement sur le plan canadien. Ces répercussions pourraient
être d'autant plus vives que notre appareil serait plus faible et notre
diversité de production plus réduite. Donc, sur le plan des taux
de change des monnaies, que l'on ait une devise monétaire
québécoise, je pense que les problèmes seraient encore
plus grands que ceux que l'on a actuellement.
Sur le plan de la politique monétaire, il est bien difficile
d'envisager un taux de réescompte différencié par
région. Cette question a fait l'objet de plusieurs études. La
question a été posée et reposée. Compte tenu de la
grande fluidité de la monnaie, des échanges entre les banques
uniquement par traites, télex, etc. qui s'effectuent et qui passent d'un
coin du pays à l'autre sans changer de propriétaire fait en sorte
qu'il est bien difficile d'avoir une politique monétaire
différenciée par régions du Canada.
Les mesures qui ont été prises pour essayer de
contrebalancer ces effets l'ont été en partie par le gouvernement
fédéral par la création du ministère de l'Expansion
économique régionale et des zones spéciales dont le
Québec a bénéficié très largement. Une des
raisons pour lesquelles on en a bénéficié plus que dans
d'autres régions du Canada, c'est justement parce qu'on avait
été plus influencé par des politiques monétaires
anti-inflationnistes qui s'étaient exprimées surtout par la
politique monétaire de la Banque du Canada. Il y a eu également,
sur le plan fédéral, le minibudget de M. Benson. Ce budget a
permis au Québec, en vertu d'une politique qui visait à
rééquilibrer les occasions d'investissements ou de relance
d'activités économiques dans certaines régions, de
bénéficier de prêts à des taux
d'intérêts plus avantageux. Les montants que le Québec a pu
retirer de ces $150,000,000 de prêts étaient, en proportion, plus
considérables que ceux retirés par les autres régions du
Canada, mais encore là parce que nous avions été
affectés.
Le gouvernement du Québec a lui-même fait adopter la Loi
sur la société de développement industriel pour donner
plus de latitude encore au ministère de l'Industrie et du Commerce
d'intervenir dans certains secteurs.
Mais je voudrais émettre le point de vue suivant : il ne faudrait
pas croire que la situation qui prévaut actuellement sur les taux de
change des monnaies et sur les taux d'intérêt disparaîtrait
ou est due uniquement à notre structure politique
fédérale. Au contraire, je pense que la situation serait encore
plus précaire si nous étions séparés, parce que
notre appareil économique serait moins puissant.
Evidemment, nous avons, par contre, bénéficié de
certaines politiques sur le plan régional, mais il faut bien comprendre
que c'est encore assez récent, que l'on retrouve des périodes
inflationnistes qui concordent avec un chômage très
élevé. Ce sont des situations qui ont été rarement
vérifiées au cours des quinze ou vingt dernières
années. D'habitude, une période de chômage correspondait
à une période de ralentissement économique et, justement,
de déflation. Ce qu'on a vécu, c'est probablement le changement
de la structure industrielle canadienne et québécoise qui a
suscité de tels types de situations où nous avons une très
forte poussée à la hausse des prix en même temps qu'un taux
de chômage élevé.
Je dois bien admettre que les instruments les plus convenables, les plus
adéquats n'ont peut-être pas encore été mis au
point, et c'est la situation que l'on rencontre dans d'autres pays du
monde.
Le point que je voulais souligner, c'est qu'au départ le
député de Montmagny semblait vouloir indiquer que cette situation
était peut-être due à notre structure politique, alors que
si vous allez dans des pays unitaires, où il y a seulement un
gouvernement central fort, vous avez de ces poches de sous-développement
qui existent quand même et qui subissent le contre-coup de la pression
des prix qui a amené une politique monétaire plus restrictive
dans les métropoles; par exemple, Paris par rapport au sud de la France.
Vous avez cette même constation, pourtant ce n'est pas un régime
fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici, je n'ai pas voulu attribuer à la
structure, au système politique tous les inconvénients, mais
c'est évident que ça comporte en soi certains dangers et certains
inconvénients auxquels il faut essayer d'apporter des remèdes. La
suggestion à laquelle j'avais pensé n'était pas un taux de
réescompte régionalisé. Mais en me basant sur la
péréquation qui assure une certaine répartition des
richesses, je me demande si, dans des politiques qui doivent être
uniformes, comme la politique monétaire étant donné
que nous vivons dans la fédération canadienne qui peut comporter,
à l'endroit de certaines provinces, des inconvénients plus graves
si on tient compte
du type d'industrie que nous avons je me demande s'il n'y aurait
pas possibilité d'apporter certains mécanismes qui pourraient
assurer une transition sans trop de heurts pour ces individus-là.
M. GARNEAU: Je comprends la question du député...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre m'a dit: II y a des programmes, il
y a le ministère de l'Expansion régionale, il y a la loi pour
assurer le développement industriel et tout ça. Cela est sous
forme de prêts ou même d'assistance à certaines industries.
D'accord, mais pour un secteur. Je vais prendre un exemple en particulier,
prenons le secteur des pâtes et papier. On sait que c'est le
Québec qui va nécessairement subir les plus graves
inconvénients d'une politique comme celle que nous connaissons
actuellement.
Je ne sais pas si, à l'intérieur de la
fédération canadienne, justement, comme nous pouvons le faire
à l'intérieur d'une province à un moment donné,
pour une législation ou une programmation qui aurait une certaine
influence néfaste sur certains secteurs, il pourrait y avoir une sorte
de compensation ou de péréquation qui assurerait une
période de transition. C'est dans ce sens-là que j'ai ait la
suggestion.
M. GARNEAU: II faudrait être conscients d'une chose, il faudrait
que cette aide qui serait donnée aux entreprises ne soit pas
incorporée comme étant une aide à l'exportation. A quoi
aurait servi alors une politique de taux de change, une politique
monétaire qui favorise une restriction des exportations parce que
c'est ça, en fait: pour diminuer les pressions sur le dollar canadien
si, d'un autre côté, on compense au niveau de l'entreprise
par des subsides?
Et encore là, s'il était souhaitable, dans une
période transitoire, de trouver un mécanisme de
réajustement, il faudrait trouver une formule qui n'aille pas en
contradiction avec les accords internationaux du GATT, puisque ces accords
internationaux auxquels le Canada adhère prévoient qu'on ne peut
pas donner de subventions à l'exportation d'une façon directe,
sauf pour les produits agricoles dans un certain nombre d'exceptions.
Il y a eu toutes sortes de formules d'utilisées sur le transport:
couvrir une partie du coût du transport des marchandises à partir
de l'usine jusqu'à un point de livraison dans un port, etc. Mais, de
plus en plus, sur le plan international, on a voulu amender ces accords du GATT
pour éliminer les interventions gouvernementales pour que ce soient
réellement les avantages comparatifs de chaque pays qui puissent jouer
dans l'établissement des prix et des taux de change des
marchandises.
Alors, s'il y avait une possibilité de trouver un
mécanisme comme le dit le député de
Montmagny il faudrait en inventer un qui n'aille pas à
l'encontre des accords internationaux au point de vue des échanges et
qui soit, évidemment, transitoire dans des types d'entreprises.
M. CLOUTIER (Montmagny) : Est-ce que le ministre pense qu'un
dégrèvement fiscal serait un encouragement à
l'exportation?
M. GARNEAU: Non.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Dans le même sens, M. le Président, le
député de Gouin est en train de parler d'allocations du
ministère des Finances. Une question au ministre: Lorsqu'il y a
consultation entre les ministres des Finances, surtout dans le cadre de la
politique de l'expansion régionale et pour aller dans le même sens
que le député de Montmagny, il me semble qu'on devrait viser un
peu plus les politiques fiscales. Je ne sais pas à quel niveau vous
allez me répondre au sujet des consultations.
Je suis dans une région où on fabrique des pâtes et
papier, et s'il y avait des mécanismes, comme on parlait tantôt,
soit pour aider d'autres entreprises de la région ou soit que la
politique économique ou la politique d'expansion régionale
viserait plus la région qui est affectée si on n'a pas
donné d'encouragement à l'exportation, on pourrait faciliter
peut-être l'expansion d'autres industries existantes pour absorber une
partie de la main-d'oeuvre. Dans ma région, dernièrement, les 150
employés de Domtar ont été mis à pied. Le bonhomme
qui est papetier dans une usine atteint un très bon salaire. Lorsqu'il
en sort, à un moment donné, son métier n'est pas reconnu
dans une autre entreprise, il ne peut pas être absorbé par une
autre entreprise.
On devrait établir des politiques de main-d'oeuvre et des
politiques fiscales qui s'appliqueraient à une région,
plutôt qu'une politique d'expansion régionale comme à
Berthier et jusqu'en Gaspésie. Je ne pense pas que la politique de
développement régional dans la Mauricie soit identique à
celle de la Gaspésie.
M. GARNEAU: Quand vous parlez de...
M. BACON: Ce que je veux surtout, c'est qu'il y ait des consultations
à ce niveau avant qu'on parle de politique.
M. GARNEAU: Cela devient évidemment une question de juridiction
plus exclusivement du Québec de mettre au point certaines de ces
politiques. Mais quand vous parlez de politiques fiscales, est-ce que vous
parlez...
M. BACON: Je parle de dégrèvement.
M. GARNEAU: ...vous songez au dégrèvement de l'impôt
ou au droit de coupe...? Ils perdent de l'argent, quand bien même on
dégrèverait leur impôt...
M. BACON: Peut-être pas nécessairement affecter l'industrie
des pâtes et papier. Disons qu'on l'exclut, puisque vous dites que ce
serait un encouragement à l'exportation, selon les ententes du GATT.
M. GARNEAU: Les subventions à l'exportation?
M. BACON: On pourrait s'appliquer, peut-être, à aider
à l'expansion d'autres industries favorisées par des politiques
plus massives que générales, comme on fait actuellement de
l'implantation dans un secteur donné. Je comprends qu'on devient
à ce moment zone spéciale et un tas d'autres choses. Mais on ne
favorise pas nécessairement l'implantation massive par une politique qui
est beaucoup plus générale parce qu'en fait l'industrie, à
ce moment-là, a aussi bien le choix d'aller, disons, à Granby ou
dans la région de Québec. Cela ne veut pas dire
nécessairement qu'elle ne viendra pas dans la région la plus
affectée.
Si on avait des politiques qui pouvaient favoriser de telles
implantations, on pourrait au moins faire absorber une partie de la
main-d'oeuvre qui serait mise à pied.
M. GARNEAU: Evidemment, quand vous parlez d'un autre secteur industriel,
c'est un peu ce que visait la Loi de la société de
développement industriel: donner plus de souplesse, plus de terrain de
manoeuvre au ministère de l'Industrie et du Commerce dans l'octroi de
ses subventions et de prêts. Maintenant, pour ce qui est des avantages
fiscaux aux entreprises, disons dans les pâtes et papier, quand
l'entreprise perd de l'argent, c'est difficile de la taxer moins puisqu'elle ne
paie pas d'impôt. Alors, l'autre aspect le député de
Montmagny en a parlé également j'imagine que vous faites
allusion à la baisse des droits de coupe éventuellement. C'est
l'autre charge...
M. BACON: Cela a créé des incidents...
M. GARNEAU: ...où il y avait encore des subventions. Le reste
demeure des subventions. On ne peut pas diminuer les impôts de ceux qui
n'en paient pas, si l'entreprise perd de l'argent. Et, encore là, au
niveau du Québec, l'impact sera relativement faible.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là, ce serait une politique
commune. Il faudrait que le fédéral participe à une telle
politique parce qu'il est, en fait, par les mesures qu'il a prises, responsable
en grande partie du déséquilibre qui s'introduit dans certains
secteurs. A ce moment-là, il faudrait que ce soit une politique commune
parce que, si on prend comme remède le dégrèvement fiscal
ou des mesures d'aide par le ministère de l'Expansion régionale,
il reste que c'est encore le fédéral parce qu'il collecte 88 p.c.
de l'impôt sur les corporations qui peut créer le plus d'impact
avec de telles mesures.
M. GARNEAU: Mais ça prend des subventions. Comme je le dis, dans
la situation présente si on donne des dégrèvements
fiscaux, nous ne donnons pas grand chose parce que, lorsqu'une entreprise perd
de l'argent, elle ne paie pas d'impôt, ni au provincial ni au
fédéral. C'est au régime de subventions qu'il faut
penser.
M. CLOUTIER (Montmagny): Que la loi leur permette en temps de
prospérité, de créer des fonds de réserve
spécialement pour prévoir ces difficultés.
M. BACON: C'en est un.
M. JORON: M. le Président, à ce sujet, visiblement
d'après les interventions, personne n'est satisfait du taux de change.
Tout le monde essaie de trouver des façons de pallier les dommages que
cela est en train de faire au Québec et qui sont considérables.
Ils sont en train de foutre par terre la première industrie du
Québec. Rien de moins que cela. Je me demande si...
M. GARNEAU: Toutes les entreprises canadiennes qui exportent,
l'entreprise d'automobiles aussi...
M. JORON: C'est cela, en commençant par la plus importante au
Québec. Alors, j'avais compris tout à l'heure l'intervention du
député de Montmagny à savoir s'il y avait
possibilité de mettre en place un mécanisme qui coordonnerait,
par lequel la politique monétaire, notamment en fait de caractère
ou taux de change, par exemple, pourrait être élaboré,
tenant compte des représentations que les différentes provinces
du Canada feraient. Je me demande que si faire cela ce n'est pas essayer
d'établir la quadrature du cercle dans un sens, dans la mesure où
il y a des oppositions de structure entre différentes parties du pays
qui sont des contradictions irrémédiables. Il y en a un qu'il lui
faut $1 à $1.20 et l'autre, il lui faudrait $1 à $0.75. Il est
clair que, si on doit avoir un seul dollar, il faut établir une
compensation. Il y a un choix politique qui doit être introduit quelque
part. On ne résoudra pas non plus le problème en essayant de
compenser soit par des subventions, des dégrèvements. On a
parlé tout à l'heure qui si, d'une part, la politique du taux de
change décidée par Ottawa nuisait au Québec, d'autre part,
pour pallier cela, on parle de péréquation, on parle des fonds
que le ministère de l'Expansion régionale accorde. Justement
la
question des fonds accordés par le ministère d'Expansion
régionale tourne, dans un sens, à vide. Si, justement, on ne
trouve pas les occasions de faire ces investissements industriels, si c'est
taxé en bonne partie sur l'exportation et qu'on n'est pas concurrentiel,
dès le départ, à cause de notre taux de change, on a beau
mettre tous les fonds qu'on souhaitera à la disposition des entreprises,
il n'y a personne qui va s'en prévaloir. On se demande dans quelle
mesure si ce n'est pas cela qui est en train de se passer. Cela fait cinq ans
que les investissements manufacturiers sont plafonnés au Québec.
Pourquoi? Il y a une question de structure au fond de cela. On disait, d'autre
part, qu'on compenserait par la péréquation, il n'y a rien de
plus dangereux, à long terme, que de s'appuyer sur cette forme de
compensation. Finalement, qu'est-ce que c'est la péréquation? Si
vous voulez, c'est de l'assistance sociale ou de l'assurance-chômage dans
un certain sens.
Vouloir s'appuyer davantage sur plus de péréquation
encore, c'est très dangereux. Cela risque de faire du Québec une
province complète d'assistés sociaux en cette matière.
Justement, au lieu de s'attaquer à la racine du mal qui est la refonte
de la structure même de l'économie, on va payer de l'assistance
sociale et on va laisser se dégrader notre structure économique.
Ce n'est pas une solution. Le problème central est le problème du
taux de change. Il n'y a aucun doute que c'est cela.
Je voudrais demander au ministre si, lui, tenant compte uniquement de la
conjoncture du Québec, comme c'est son devoir de le faire il
n'est pas un ministre des Finances au fédéral, donc il n'a pas
à peser les intérêts de toutes les parties du pays; il a
à peser les intérêts du Québec s'il y avait
en fonction de la conjoncture québécoise uniquement, une
décision à prendre, quelle sorte de taux de change penseriez-vous
souhaitable pour le Québec dans le moment?
M. GARNEAU: Pour être capable d'établir un taux de change
au Québec, il faudrait d'abord avoir des chiffres précis sur les
échanges qui se font entre le Québec et le reste du monde.
M. JORON: Alors, pour être en mesure de faire des
représentations à Ottawa sur le taux de change qui nous serait
souhaitable, il faut avoir ces données, il ne faut pas attendre...
M. GARNEAU: On ne peut pas avoir un taux de change différend pour
le Québec du reste du Canada. Alors, si vous voulez,... dans votre
théorie, vous proposez une union monétaire avec le même
taux de change.
M. JORON: Disons que moi, je suis le ministre des Affaires
fédérales. Je vous demande: Vous, Québec, c'est une
piastre à combien qui ferait votre affaire pour simplifier, étant
donné la conjoncture? ...
M. GARNEAU: Vous ne pouvez pas raisonner comme ça...
M. JORON: ...$0.85, la Colombie-Britannique $10.95, l'Ontario $18.20.
Là vous faites une compensation, et vous arrivez à une
décision politique.
M. GARNEAU: ...puisqu'en fait l'entreprise - on parle de pâtes et
papier elle est principalement au Québec, mais il y en a ailleurs
aussi. Le contrôle de ces entreprises est réparti à travers
le pays au point de vue des actionnaires. Vous ne pouvez pas morceler comme
ça et dire au Québec ça sera $0.70 et ailleurs $1.20, je
ne pense pas que ça puisse se faire.
M. JORON: Justement, mais vous, vous n'êtes pas ministre des
Finances fédéral. Alors, tenant compte uniquement de la
conjoncture québécoise, il me semble que vous devriez avoir au
moins une opinion arrêtée de ce qui serait favorable au
Québec.
M. GARNEAU: Le député de Gouin sait fort bien que le taux
de change est tributaire d'une situation économique de l'ensemble du
pays et que ce n'est pas Ottawa qui décide, c'est le gouvernement qui
prend la décision finale, mais il s'appuie sur une situation
économique donnée, sur des facteurs économiques
donnés. Et je ne vois pas comment je pourrais en tant que ministre des
Finances du Québec dire à Ottawa: Vous allez établir un
taux de change de $1.05 ou de $0.70.
M. JORON: Dans notre conjoncture à nous, c'est ça qui nous
serait souhaitable, quitte à faire votre arbitrage tout seul, ce n'est
pas mon problème.
M. GARNEAU: Le gouvernement fédéral lorsqu'il prend une
telle décision est conscient de l'ensemble de l'économie
canadienne.
M. JORON: Ce n'est pas votre responsabilité à vous.
M. GARNEAU: Ce n'est pas ma responsabilité à moi, mais
d'un autre côté, c'est ma responsabilité en tant que
Canadien d'avoir une situation monétaire au pays qui soit bonne. Si le
taux du dollar n'avait pas été modifié et qu'à
court terme les réserves de change avaient été
complètement réduites à zéro parce que le
gouvernement fédéral les aurait utilisées pour essayer de
maintenir de force le taux de change de monnaie à $0.92 contre un dollar
américain, tout ce que nous sommes en tant que Canadiens, à plus
ou moins brève échéance, nous en aurions payé
l'écot. A un moment donné, la période arrive où il
faut que la vérité soit établie dans les termes de change
et elle s'est présentée d'une façon froide au public, avec
la décision de faire flotter le dollar.
Autrement il y aurait eu une autre possibilité
qui aurait été de fixer une autre parité du dollar
canadien, faire une réévaluation comme le mark a subie il y a un
an et demi ou deux ans et cette fois-ci ils ont décidé de le
laisser flottant pour une période indéterminée qui va
durer je ne sais trop combien de temps.
C'est une référence à la situation
économique, ce n'est pas un choix, c'est en vertu d'une décision
politique uniquement que moi je me lève demain matin et que je dise: Le
taux de change au Québec devrait être de $0.70. A moins
évidemment qu'on se sépare et qu'on ait une unité
monétaire. Notre taux de change, encore là, il va falloir qu'il
s'appuie sur des termes d'échange entre les pays au point de vue de la
marchandise, au point de vue de la circulation des monnaies.
M. JORON: Votre double loyauté à titre de ministre des
Finances du Québec et votre état civil de Canadien d'autre part
vous empêche d'avoir...
M. GARNEAU: Ma double loyauté vise le même
intérêt qui est celui des Québécois de la même
façon que celui des Canadiens. Je comprends qu'actuellement la politique
monétaire crée des problèmes à une industrie, mais
j'aime beaucoup mieux l'approche du député de Montmagny lorsqu'il
dit qu'il y a eu un soubresaut du côté des exportations dans ce
type d'entreprise, essayons de découvrir quel mécanisme on peut
mettre en place pour corriger la situation. Soit il semblait
référer par une baisse des droits de coupe par de l'aide
quelconque dans l'entretien des réserves forestières qui
coûtent quand même assez cher aux entreprises, essayer de compenser
d'une autre façon...
M. JORON: C'est un sacrifice de revenus fiscaux que vous faites à
ce moment-là, vous payez pour cela.
M. GARNEAU: Ce n'est pas un sacrifice de revenus fiscaux, c'est une aide
au développement d'une entreprise pour faire en sorte qu'elle s'adapte
aux situations concurrentielles nouvelles. C'est ça qui est la
période initiale.
M. JORON: Vous ne l'aidez pas à long terme si vous lui fournissez
des béquilles pour prolonger son agonie.
M. GARNEAU: Ce que je ne comprends pas dans l'argumentation du
député de Gouin, c'est qu'il expose une situation difficile que
j'admets, mais il ne propose pas de solution. Et si je me réfère
à la théorie politique du député de Gouin, c'est
qu'il propose justement que, dans un Québec qu'il conçoit selon
une structure politique nouvelle, il y ait une monnaie unique, donc la
même situation sur le plan des taux de change, la même situation
sur le plan des taux de réescompte.
M. JORON: D'accord, si ça peut s'avérer à
l'avantage des deux, si on s'aperçoit que ça ne s'avantage pas.
Faisons le rapport.
M. GARNEAU: A ce moment-là, ça veut dire que vous auriez
une politique monétaire au point de vue intérieur et une
politique de taux de change au point de vue extérieur qui seraient
reliées à un accord qui pourrait être cassé à
n'importe quel moment.
Et là, vous l'auriez cassé parce qu'on ne l'a pas eu
avant?
M. JORON: Ecoutez. A ce sujet-là, tout accord quel qu'il soit ne
peut jamais être considéré comme permanent. Vous pouvez
renoncer à n'importe quoi n'importe quand.
M. GARNEAU: Mais comment voulez-vous, par exemple, appuyer le
développement économique du Québec sur deux
éléments aussi importants. On voit que seulement une
réévaluation peut-être que le terme est
peut-être mal choisi, je devrais peut-être en utiliser un autre
fait que le taux de change du dollar canadien soit devenu flottant. Vous
voyez l'impact que cela a eu sur une seule entreprise qui est celle de
l'exportation du papier-journal. Vous imaginez quel serait l'impact sur
l'ensemble du développement industriel québécois s'il y
avait toujours cette espèce d'épée de Damoclès qui
pendait au-dessus de la tête de chaque industriel, de chaque institution
financière si demain matin le gouvernement du Canada décidait
d'accroître son taux de réescompte d'un quart de point ou de le
baisser d'un quart de point! Le Québec dirait: Non cela ne marche pas et
hop! tout casse. Qu'est-ce que vous voulez?
M. JORON: Cette épée de Damoclès pèse
partout sur les industriels qui peuvent être à la merci de
l'inflation, du contrôle des changes, d'une dévaluation...
M. GARNEAU: Oui, mais au moins ils peuvent le prévoir parce que
c'est une situation économique qui ne se crée pas du jour au
lendemain et qui évolue tandis que là cela pourrait être
tout simplement l'entêtement de deux structures politiques qui, pour des
raisons électorales ou pour toutes sortes de raisons pourraient dire:
Non, nous, on bloque ce matin.
M. JORON: Bien, dire ça, ce sont des niaiseries. Si on voit
toutes nos industries en train de tomber par terre...
M. GARNEAU: Mais qu'est-ce que vous auriez fait face à la
situation, par exemple, dans l'entreprise d'exportation du papier-journal?
Est-ce que vous auriez dit: Non, nous on n'accepte pas que le taux de change
devienne flottant?
M. JORON: Cela aurait peut-être conduit à deux monnaies
différentes. Vous avez peut-être
raison. Cela aurait peut-être été le test qu'il y a
une contradiction tellement grande entre les deux que les taux de change
doivent être différents.
M. GARNEAU: Est-ce que c'est votre opinion qu'on aurait dû
maintenir à bout de bras si on peut dire la parité du dollar
comme elle existait avant?
M. JORON: Ah bien! C'est peut-être au sacrifice économique
dans d'autres parties du Canada, mais je pense que cela aurait
été à l'avantage du Québec par contre.
M. GARNEAU: Mais qui vous dit que ce n'est pas à l'avantage du
Québec à plus long terme aussi, parce que la poussée
inflationniste on la subit de la même façon que le reste,
peut-être en termes moindres, mais proportionnellement on la subit
également.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là-dessus je voudrais dire que, dans
d'autres périodes, évidemment, cela a joué en faveur du
Québec parce que le temps où le dollar canadien ne valait que
$0.92 par rapport au dollar américain, le secteur des pâtes et
papier, le secteur de l'industrie forestière en général
évidemment en a profité. C'est justement ça, il faudrait
prévoir ces périodes pour ces entreprises. Je pense que ça
n'a pas été fait suffisamment jusqu'à ce jour, il n'y a
pas eu de provisions ou de prévisions suffisantes pour prévoir.
Enfin, c'est une conséquence aussi grave que les changements
technologiques. Mais je pense que, jusqu'à maintenant, on a vécu
dans la sécurité quant au taux de change du dollar. A l'avenir
ça devrait être un avertissement pour ces entreprises, pour les
secteurs industriels et pour les gouvernements qui ont une comptabilité.
Je comprends que le gouvernement fédéral a une
comptabilité beaucoup plus précise des exportations mais tout en
tenant compte de la structure de l'entreprise, de ces marchés, je pense
qu'il y aurait possibilité d'étudier ou de discuter de certains
mécanismes qui pourraient parer à ces
éventualités.
De toute façon, je pense que la question est bien posée.
Je ne voudrais pas, M. le Président, qu'on...
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je crois qu'on s'éloigne un peu de
l'étude des articles du budget.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, c'est très
intéressant et le ministre des Finances...
M. LE PRESIDENT: Je sais que c'est très intéressant le
discours du...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... apprécie beaucoup cette discussion,
M. le Président, et...
M. GARNEAU: D'habitude, au début des crédits du
ministère des Finances il y a toujours une discussion qui porte sur
l'ensemble de l'économie, la politique d'emprunt, la politique des taux
de change...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part je préfère beaucoup
faire une discussion plus longue d'ordre général quitte à
passer beaucoup plus rapidement sur chacun des articles que les fonctionnaires,
en collaboration avec le ministre, ont indiqués. On a parlé,
tantôt, M. le Président, de la politique des emprunts.
M. ROY (Beauce): M. le Président, cela fait un bon bout de temps
que j'ai demandé la parole.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez posé un bon bout de
question.
M. GARNEAU: Vous avez eu votre heure de gloire au début.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Beauce a
parlé beaucoup de la politique d'emprunt, tantôt. Je voudrais
savoir s'il a terminé, j'aurais une question à poser sur ce
sujet.
M. ROY (Beauce): Cela continue sur le même sujet.
M. JORON: Si vous permettez, j'en avais une à l'intérieur
du cadre... Nous allons essayer de planifier la discussion. C'est cela qu'on
veut. Nous en étions au sujet des relations
fédérales-provinciales, au point de vue de la fiscalité.
Je voudrais enchaîner sur ce sujet et après cela, aussi, en
même temps que vous, j'aimerais parler des emprunts. Cela dépend
comment on veut ordonner la discussion générale.
M. BACON: Cela ne vous ferait rien si on voulait parler à un
moment donné!
M. JORON: Non, je vous en prie! Il ne faudrait pas froisser le
député de Trois-Rivières!
M. BACON : Non, je vais laisser aller le député de
Gouin.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin. Vous pouvez
parler des emprunts.
M. JORON: Si vous me permettez que je dise quelque chose au sujet des
relations fédérales-provinciales, tout à l'heure, on
parlait de la vocation du ministère des Finances, au tout début,
une vocation fondamentale et générale. Dans un Etat
fédéral, de type fédéral, il m'apparaft qu'une des
vocations des ministères des Finances des différents Etats
participant à cette fédération est de surveiller les
incidences fiscales, les incidences financières du fait que nous vivons
dans une fédération. Je me demande je voudrais savoir si
le ministre serait d'accord avec cette optique si l'étude et
la
supervision quotidienne des effets fiscaux, des effets financiers et des
effets économiques, du fait de vivre dans une fédération,
ne devraient faire l'objet d'une direction. Cela pourrait se rattacher, comme
on disait au début, de la direction générale de la
recherche, mais ne devrait pas faire l'objet constant d'une évaluation
au jour le jour. Je pense au rapport que le ministère des Affaires
intergouvernementales a produit et qui portait sur un certain nombre
d'années. Est-ce qu'il n'appartiendrait pas plutôt au
ministère des Finances non seulement de faire ces rapports à
l'occasion mais de les tenir à jour continuellement?
M. GARNEAU: C'était une préoccupation à laquelle je
m'étais référé lorsque nous avions analysé
article par article le projet de loi 55. A venir jusqu'à maintenant,
c'est le ministère des Affaires intergouvernementales qui a
coordonné cette recherche en collaboration avec le service de recherche
fiscale du ministère des Finances.
M. JORON: Est-ce que cela continue de se faire d'ailleurs?
M. GARNEAU: Tout à l'heure, au début de mes remarques,
lorsqu'on m'a posé une question sur la mise en application de ces
éléments de la loi qui donne l'autorisation au ministère
des Finances d'engager des recherches sur les plans économique, fiscal
et budgétaire, j'ai indiqué que j'avais demandé aux
fonctionnaires du ministère des Finances et finalement le mandat
a été donné à M. Michel Audet de faire une
analyse de l'ensemble de la structure. Un des points de l'analyse que M. Audet
doit faire est de rattacher au ministère des Finances la section
d'analyse du ministère des Affaires intergouvernementales qui touche aux
effets, aux implications financières, soit des nouvelles lois, soit des
nouveaux accords, soit du fait que nous vivions dans un régime
fiscal.
En fait, toutes ces données servent à la
préparation des dossiers lorsque nous discutons avec le gouvernement
fédéral de différents programmes comme, par exemple, celui
des Affaires sociales lorsque nous allons entreprendre, au début de
l'automne, j'imagine bien, toute la question de l'étude du
renouvellement des accords de 1972 sur la péréquation, justement
pour rattacher ces services au ministère des Finances et laisser au
ministère des Affaires intergouvernementales le soin uniquement de la
coordination interministérielle. Comme cela existe dans d'autres
domaines, sur le plan des Affaires sociales, le ministère des Affaires
intergouvernementales a une équipe très restreinte. Son but n'est
pas de faire de la recherche pour le ministère des Affaires sociales,
mais uniquement de coordonner les interventions du ministère des
Affaires sociales avec les interventions qui peuvent se faire dans d'autres
ministères de sorte qu'il y ait une unité face aux
négociations avec le gouvernement central.
C'est un peu l'objectif que nous voulons atteindre, que toute la
recherche fiscale soit ramenée au ministère des Finances, quitte
à ce qu'il reste au ministère des Affaires intergouvernementales
une équipe de coordination de la même façon qu'il en existe
une pour les Affaires sociales, une pour l'Education. Dans bien des cas, c'est
une ou deux personnes, mais pour que cette coordination se fasse, la
préparation du dossier devrait se faire je suis bien d'accord avec
vous au ministère des Finances.
M. JORON: Vous êtes d'accord aussi que, dans un régime
fédéral, cette préoccupation de tenir compte des recettes
que les différents ordres de gouvernement viennent chercher sur un
territoire et y redépensent, doit être une préoccupation
majeure des ministères des Finances des différents membres de la
fédération.
M. GARNEAU: Pour autant qu'on puisse...
M. JORON: C'est la vôtre, si j'ai bien compris.
M. GARNEAU: Pour que ces chiffres veulent dire quelque chose, il faut
s'entendre sur leur signification. C'est une des tâches qui a
été confiée au comité des fonctionnaires,
même sur le palier fédéral-provincial, d'en arriver
à des critères sur lesquels on peut être d'accord.
Cela a été fait à la dernière
conférence des ministres des Finances. Cette question a
été abordée de mémoire c'est à la
dernière ou à la précédente justement pour
en arriver à une entente sur les termes. Evidemment, cela s'analyse sous
différents aspects. Ce n'est pas uniquement une comptabilité en
partie double que de vivre à l'intérieur d'une
fédération.
M. JORON: Comme vous parlez de la dernière conférence. Il
y en aura de très importantes, j'imagine, cette année puisque les
arrangements fiscaux de 1966 viennent à échéance à
la fin de l'année. D'autre part, sans reprendre tout ce que vous disiez
au sujet du budget, vous rappelez certaines positions traditionnelles du
Québec. Je reprends une citation aussi que j'ai devant moi, de ce que
vous disiez devant l'Institut des comptables agréés du
Québec au mois de novembre 1970: "Ces mesures quoique
appréciables ne peuvent représenter une solution à long
terme" quand vous parlez des programmes conjoints et ces choses-là,
"comme le serait la péréquation ou une forme d'aide
conjoncturelle ou encore mieux un transfert fiscal net". Ce qui m'amène
à vous demander si à l'heure actuelle, vous êtes en mesure
de nous dire l'ordre de grandeur du transfert que vous recherchez. Quelles sont
les propositions dans ce cas-là en particulier que vous entendez faire
avant la fin de l'année?
M. GARNEAU: Quand on parle de transfert fiscal net, évidemment,
on peut référer à deux
types d'opérations, soit par des points d'impôt qui ne
seraient rattachés à aucun programme ou encore à des
points d'impôt rattachés à un transfert de programme. Je
pense, par exemple, à l'éducation postsecondaire où
actuellement c'est partagé 50 50, les programmes
d'assurance-hospitalisation, etc. S'il y avait un transfert de 100 p.c. du
programme sous juridiction québécoise en ce qui regarde le
paiement, évidemment, cela prendrait un certain nombre de transferts
d'impôts. Quand on parle de transfert net de points d'impôts,
évidemment, c'est un transfert qui ne serait pas en relation avec une
partie correspondante de responsabilités financières.
Dans ce discours, j'imagine que je devais référer
également, comme source possible d'accroissement des recettes du
gouvernement du Québec, à des changements à la formule de
péréquation pour y ajouter certains autres types de taxes. Je ne
sais pas si je l'avais exprimé clairement dans le discours, mais c'est
sûrement à cela que je référais. Cela a
été notre argument à Winnipeg au mois de juin l'an
dernier. Nous l'avons repris à la conférence subséquente
tenue à Ottawa, où on aimerait qu'on indique que les taxes
municipales et scolaires puissent être intégrées dans la
formule de péréquation. Ce qui donnerait évidemment des
revenus additionnels assez sensibles au Québec. Les études se
poursuivent de ce côté. Evidemment, il y a des complications
techniques considérables à la mise en application de cette
formule. Actuellement, les fonctionnaires travaillent à essayer
d'éclaircir tous les points. Mais c'est un peu à ce que je
référais dans le texte du discours.
M. JORON: Toujours en fonction de ces réaménagements
fiscaux et en fonction aussi des positions déjà exprimées
par le ministre des Affaires sociales qui souhaiterait la
récupération de certains pouvoirs, certaines
responsabilités qui impliqueront des dépenses, la même
chose dans le domaine du travail et des communications, il y a peut-être
moins d'incidence budgétaire dans ces domaines. En fait, en fonction de
cela qui est une position, si je comprends bien, officielle du gouvernement,
à combien estimez-vous, comme ministre des Finances, les montants
nécessaires pour donner suite à ces responsabilités et qui
devraient être transférées?
M. GARNEAU: Le député de Gouin admettra que... Supposons
que nous sortions de la conférence de Victoria avec l'assurance d'un
aménagement constitutionnel qui donnerait toute la question de la
politique de la formation professionnelle sous l'autorité du
gouvernement du Québec avec les fonds correspondants, je ne peux pas lui
donner un chiffre précis. On parle, d'un ordre de grandeur de $90
millions. Il faut tenir compte de l'accroissement, des changements des
coûts pour les années à venir et l'interprétation
que cela signifierait en points d'impôts additionnels. Malheureusement,
je ne suis pas en mesure de le dire avec précision.
C'est avec la suite des négociations qu'on pourra
l'établir parce qu'il va sûrement y avoir des arguments des deux
côtés. Je n'ai pas de chiffres précis à donner.
M. JORON: Je le comprends bien et je ne vous le demanderai pas non plus.
Mais j'imagine que, quand le cabinet a arrêté une décision
disant que sa position était de réclamer le transfert de tel, ou
tel pouvoir, que de son côté le ministre des Finances est en train
de faire des chiffres pendant que les autres parlent il est en train
d'évaluer ce que ça représente il y a un ordre de
grandeur qui est rattaché à l'ensemble de ce que le Québec
réclame à l'heure actuelle.
Est-ce que vous pourriez nous...
M. GARNEAU: Je n'ai pas...
M. JORON: ...à $100,000,000 près.
M. GARNEAU: Tout à l'heure, je parlais de l'ordre de grandeur. De
mémoire, il me semble que la politique sociale dans le domaine de la
formation de la main-d'oeuvre, est de $90 millions l'ensemble des
coûts de cette politique mais je ne voudrais pas avancer de
chiffres de peur de me tromper parce que je n'ai pas ces données devant
moi présentement. Evidemment, ce sont des coûts qu'on peut
évaluer pour cette année parce qu'on retrouve les sommes dans les
différents programmes gouvernementaux actuels, soit sous forme
d'imputations de transfert du gouvernement fédéral. Evidemment,
ce sont des statistiques qui sont assez faciles à recueillir.
M. JORON: D'autre part, pour ce qui n'est pas relié à des
transferts de nouvelles juridictions, repartons de l'argument qu'a toujours
fait valoir le Québec et que vous avez répété
vous-même. Partant du fait que les dépenses des gouvernements
provinciaux s'accélèrent beaucoup plus rapidement que celles du
gouvernement fédéral et qu'il y a une disproportion qui devient
de plus en plus grande entre les recettes et les obligations auxquelles on a
à faire face, partant uniquement de ce
phénomène-là, est-ce que ça, en soi, ne justifie
pas un certain transfert inconditionnel, un certain transfert net et à
combien l'évaluez-vous?
M. GARNEAU: Même si j'avais...
M. JORON: Vous nous avez déjà dit je ne me souviens
plus à quel moment que le fédéral
bénéficie d'une marge de manoeuvre considérable que nous
n'avons pas. Les provinces devraient avoir droit à une marge de
manoeuvre aussi grande. Si c'est le fédéral qui a toute la marge
de manoeuvre à l'heure actuelle et que les provinces sont dans une
camisole de force, sortir de cette camisole de force pour obtenir une certaine
marge de manoeuvre ça
impliquerait quoi, selon vous, comme ordre de grandeur?
M. GARNEAU: Ce serait difficile à dire. Evidemment, je pourrais
peut-être avancer $100 millions, $50 millions ou $75 millions. Je ne
voudrais pas pour le moment dire que $50 millions ou $100 millions
satisferaient le Québec parce que, je pense, on se placerait dans une
bien curieuse de situation pour négocier à quelques jours de la
conférence de Victoria, même...
M. JORON: Ne vous gênez pas, mettez-en!
M. GARNEAU: ...à quelques mois. Je ne voudrais quand même
pas indiquer... c'est un peu comme une négociation dans le domaine des
relations de travail. Je me sentirais passablement mal à l'aise par la
suite si j'indiquais un montant qui pouvait varier à l'occasion des
négociations, et plus particulièrement à la hausse. Disons
que ce serait difficile d'avoir plus. S'ils disent $50 millions,
évidemment c'est le plus possible qui serait la réponse la plus
facile à donner. Je pense bien que le député de Gouin va
comprendre la situation délicate dans laquelle on se trouve.
Mais je voudrais quand même ajouter ceci. Il faudrait même
comprendre une chose. C'est que, depuis 1952, je vois que le
député de Gouin a derrière lui un fonctionnaire avec qui
il m'a déjà été donné de travailler. Si on
fait l'évolution depuis plusieurs années des revenus du
gouvernement fédéral et des revenus et dépenses des
gouvernements provinciaux et des municipalités, on s'aperçoit
quand même qu'il y a eu des correctifs d'apportés. Je ne pensais
pas que ce sujet serait l'objet de la discussion cet après-midi, je n'ai
pas les statistiques ici, mais je pense que c'est à partir de 1952. Si
on fait l'évolution de 1952 à 1971, on s'aperçoit qu'en
1952 le fédéral avait à peu près 60 p.c. des
revenus et 40 p.c. des dépenses et que maintenant c'est l'inverse. Ce
sont les gouvernements provinciaux et les municipalités qui ont ces 60
p.c. des revenus et le fédéral qui a la proportion de 40 p.c.
C'est donc dire qu'il y a eu quand même un correctif au cours des
années qui a été apporté, soit par des transferts
à l'occasion de points d'impôts, soit par des transferts à
l'occasion de programmes à frais partagés qui ont
été redistribués. Il y a donc eu quand même une
évolution de la fiscalité vers le palier provincial et municipal
et d'une façon encore plus sensible, je pense, au cours des sept ou huit
dernières années.
Il s'agit, je pense, de continuer dans le même domaine et de
trouver une solution. Là-dessus, le gouvernement du Québec et le
gouvernement de l'Ontario s'entendent pour régler une fois pour toutes
le problème du "spending power" du gouvernement fédéral.
Si ce pouvoir de dépenser était précisé et
délimité d'une façon plus grande, je pense que nous nous
oriente- rions sur une base un peu plus longue, mais vers une solution
définitive à ce problème de la répartition des
revenus, des recettes entre le palier qui relève de l'autorité
provinciale, y compris les municipalités, et le palier
fédéral. Je voulais bien souligner au député qu'il
y avait quand même eu un correctif du fédéral vers les
provinces.
M. JORON: Oui, mais ce dont j'ai peur, c'est que l'attraction semble
peut-être avoir tendance à diminuer par rapport à ce qu'on
a connu pendant les années glorieuses en ce sens-là, de 1960
à 1966.
M. GARNEAU: Non, cela s'est quand même poursuivi par la suite
également parce que les accords de 1967 ont marqué
certainement...
M. JORON: Si je comprends bien, quand on vous demandait tout à
l'heure de le chiffrer en termes de centaines de millions...
M. GARNEAU: Peut-être qu'on aurait dû prendre le per capita
sur certains des programmes au lieu de prendre le cinquante-cinquante, mais
ça ne fait rien.
M..JORON: Cela vous place peut-être dans une drôle de
position de vouloir le chiffrer par centaines de millions, mais le reprenant
d'une autre façon, vous faites état qu'à l'heure actuelle
le partage est de 60-40 en faveur des provinces et municipalités. Pour
satisfaire les dépenses que le gouvernement du Québec doit
assumer, vers quoi cette proportion-là pourrait-elle évoluer
à votre avis?
M. GARNEAU: Evidemment, il faut...
M. JORON: Je sais. Là, je me reporte à des formules qu'on
a entendues. H y avait le 100-100-100 de Daniel Johnson, il y a eu ensuite le
50-75-100 d'un autre, et le 50-50-50 et ainsi de suite. Quel serait le
vôtre?
M. GARNEAU: Je pense qu'il faut être prudent du côté
des points d'impôt parce que ce n'est peut-être pas de cette
façon-là que nous, au Québec, nous pouvons retirer le plus
d'avantages sur le plan financier, à cause du rendement de ces points
d'impôt. Il faut peut-être envisager d'autres formes de transfert
aussi à part les points d'impôt, soit de
réaménagement de la formule de péréquation. Je
comprends que le montant que nous retirons, comme le disait le
député de Gouin tout à l'heure, est un signe que notre
rentabilité fiscale est moins grande que dans les autres provinces. Mais
si, compte tenu de la situation économique qui existe et qu'on ne peut
pas changer du jour au lendemain, on réussit à obtenir des
amendements à la formule de péréquation qui vont apporter
plus de revenus au Québec, on n'aura pas modifié à la
baisse la situation économique. On ne pourra
pas dire qu'il y a plus de chômage. Mais si on y ajoute par
exemple les taxes municipales et que ça puisse signifier au point de vue
de la péréquation entre $60 millions et $80 millions de plus de
revenus, c'est un correctif peut-être plus avantageux dans le fond que
d'avoir quatre ou cinq ou six points d'impôt.
M. JORON: Les points d'impôt sur le revenu, par exemple, n'ont
quand même peut-être pas au Québec la même
élasticité qu'ils ont en Ontario mais ils en ont quand même
une considérable; je veux dire que l'augmentation de ce que ça
rapporte est quand même assez forte. Elle n'est pas la même qu'en
Ontario, nous le savons, mais je veux dire que le fait qu'elle ne soit pas
aussi élastique ici n'est pas un argument en soi pour la juger non
souhaitable.
M. GARNEAU: Non, mais ce que je veux souligner au député,
c'est que si on avait à choisir entre deux formules, soit d'avoir quatre
points d'impôt de plus comparativement je pense qu'un point
d'impôt est de $17 millions, c'est à peu près ça $17
millions c'est que si j'avais par exemple, la possibilité d'avoir
quatre points d'impôt j'aurais $68 millions ou d'ajouter
les taxes municipales dans la formule de péréquation, je pense
qu'il serait peut-être plus avantageux de prendre les taxes
municipales.
M. JORON: Ou de prendre les deux. Seulement, dans le cas des transferts
d'impôts, c'est que ces points d'impôt ne représentent pas
chaque année le même montant; ils vont croissant terriblement, si
c'est de l'impôt sur le revenu par contre.
M. GARNEAU: Oui, c'est de l'impôt sur le revenu mais, comme on ne
connaît pas l'élasticité, il faudrait quant même
être prudent de ce côté-là et ne pas...
M. JORON: On ne la connaît pas? On n'a pas de chiffres
là-dessus?
M. GARNEAU: C'est-à-dire que vous ne connaissez pas la situation
économique qui existera demain et disons que d'habitude...
M. JORON: Non, mais sur le "trend", si vous voulez,...
M. GARNEAU: Sur le "trend" aussi on suppose une courbe de
développement économique. On peut toujours l'évaluer mais
c'est quand même aléatoire.
Il est six heures, M. le Président.
M. JORON: On pourrait peut-être...
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à huit
heures et quart.
Reprise de la séance à 20 h 18
M. HOUDE (Limoilou) (président de la commission permanente des
Finances): A l'ordre, messieurs. Poste 1, sous-article 1.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous avions dit, avant
l'ajournement de 6 heures, que nous voulions poser quelques questions
additionnelles au ministre sur la question des emprunts. Le
député de Beauce avait des questions, pour ma part j'en avais une
au sujet des obligations d'épargne. Je voulais demander au ministre,
même si la campagne ne fait que commencer, s'il a des chiffres à
jour et si les rapports qu'il a, indiquent que cette initiative sera
couronnée de succès.
M. GARNEAU: Cela fait uniquement neuf jours que la vente est
commencée. Les rapports qu'on a à ce jour sont assez
encourageants. Ce matin, je m'informais de la progression, et on me dit que,
normalement, on devrait atteindre l'objectif implicitement visé,
c'est-à-dire environ $50 millions. Peut-être qu'il peut avoir un
changement dans le cours de l'émission qui fait que ça
dépasse ce montant, mais normalement, on devrait atteindre le montant
visé.
M. JORON: Est-ce que vous aviez songé, on en a déjà
parlé, au mécanisme de perception à la source qui peut
être déduit par l'employeur sur la feuille de paye de
l'employé?
M. GARNEAU: Cette question m'avait été posée, je ne
sais pas si c'est vous qui l'avez posée.
M. JORON: En Chambre?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est moi qui l'ai posée.
M. GARNEAU: En Chambre, oui. C'est vous qui l'aviez posée. Avant
de mettre en branle tout ce mécanisme, il y a un des hauts
fonctionnaires du ministère qui a pris des informations auprès de
la Banque du Canada qui administre les obligations d'épargne du
gouvernement fédéral. Le pourcentage de vente par retenue sur le
salaire est très bas. A peu près 10 p.c...
M. JORON: Du total?
M. GARNEAU: Du total. Cela coûte assez cher au point de vue
administratif, et ça diminue... Cela ne vaut presque pas la peine,
d'autant plus que la retenue sur le salaire donne encore une plus grande
liquidité au titre détenu puisque beaucoup de personnes
retiennent sur leur salaire, et rendues au terme, quand elles ont l'obligation,
elles la vendent pour financer une voiture ou aller en vacances. C'est un peu
ce qui se fait souvent au niveau fédéral.
L'objectif que l'on vise est peut-être un peu plus de permanence
dans l'émission des titres.
M. ROY (Beauce): Je pense aussi que de ce côté ça
devient aussi un fardeau pour les employeurs. Les employeurs sont
obligés de faire les retenues, de comptabiliser tout ça, de faire
parvenir les montants, comme vient de le dire le ministre, certaines personnes
désirent retirer, changent d'idée en cours de route. Ce qui fait
que, pour seulement 10 p.c, ça peut représenter la retenue
à la source, il est évident que cette forme est trop
dispendieuse, et de...
M. GARNEAU: Et d'autant plus qu'il faut qu'il y ait une promotion de
faite. Il n'y a pas de commissions de payées pour l'administration du
plan. Les courtiers qui doivent faire la promotion auprès des
entreprises doivent être payés, ce qui augmente aussi le prix
de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier ministre avait parlé
déjà, l'an dernier, lors de l'étude des prévisions
budgétaires du ministère des Finances, de la possibilité
de mettre sur pied l'épargne-salaire, ou d'encourager
l'épargne-salaire. Est-ce qu'il y a des études additionnelles? Le
premier ministre s'était prononcé en faveur d'une telle
mesure.
M. GARNEAU: Je ne me rappelle pas de ces propos. C'est fort possible que
dans un échange de propos, il ait considéré l'idée
comme valable. Evidemment, il y a différentes façons de le faire.
Moi-même, j'ai déjà causé avec certains
fonctionnaires de cette possibilité. Quand on regarde tout ce qu'il y a
à faire au Québec, peut-être qu'il y aurait une
possibilité d'amener une plus grande participation de l'épargne
québécoise à la réalisation de ces objectifs. Il y
a la Caisse de dépôt et placement, le Régime de rentes qui
pourraient accroître les bénéfices et accroître les
contributions, ce qui dégage une partie plus grande d'épargne.
Sur la base d'épargne-salaire, vous considérez, j'imagine, des
caisses spéciales de placement à terme par retenue sur le
salaire?
M. CLOUTIER (Montmagny): On avait parlé, à ce
moment-là, d'une possibilité: celle de relier les exemptions
fiscales à l'épargne-salaire.
C'était une des possibilités d'incitation et
d'encouragement. Le premier ministre avait déclaré l'an dernier
qu'il était favorable, en principe, à l'idée, mais qu'il
préférait attendre que les études en cours se terminent ou
soient plus avancées pour proposer une telle mesure.
M. GARNEAU: Evidemment, je ne peux pas citer précisément,
je ne me rappelle pas dans quels termes il l'avait dit, mais je dois informer
la commission que nous n'avons pas commandé d'étude
spéciale de ce côté, du moins pas au cours des derniers
mois.
M. JORON: Sur la question des emprunts, quelquefois à l'occasion
d'une annonce faite par vous d'une émission du Québec, j'avais,
dans les commentaires qui nous sont permis de faire à ce
moment-là, exprimé l'idée, surtout quand il s'agissait
d'émissions sur le marché canadien, de la nécessité
de mettre en place le plus rapidement possible un système quelconque qui
permettrait de suivre l'écoulement de nos émissions
d'obligations, comme le fait la Banque du Canada; je n'en connais pas le
mécanisme exact, mais elle arrive à retracer assez
fidèlement où vont ses titres.
Je vois d'ailleurs que vous avez repris le même thème, que
vous êtes sensible au même problème puisqu'à
Longueuil, au mois de janvier, vous disiez, tel que rapporté dans la
Presse et je vous cite: "Ainsi, j'ai demandé à mes fonctionnaires
d'étudier la possibilité d'établir un système en
vue d'une évaluation de la distribution de nos titres lors de nouvelles
émissions." C'est évidemment très important à mon
avis, c'est même une donnée de base essentielle de savoir qui nous
finance. Si on devait s'apercevoir comme c'est peut-être le cas,
et c'est justement ce qu'on aimerait savoir qu'essentiellement ce sont
des institutions financières québécoises, par exemple, qui
achètent une grande partie de nos titres, le syndicat financier et les
commissions qu'on lui paie tomberaient, elles seraient beaucoup plus difficiles
à justifier. Si, d'autre part, on s'apercevait aussi que, même
lorsqu'il s'agit d'institutions financières ou d'acheteurs canadiens
dont le siège social ou dont l'adresse est à l'extérieur
du Québec, si on savait que ces achats-là sont faits dans la
mesure où ces institutions financières perçoivent de
l'épargne au Québec, là, on s'apercevrait encore
qu'essentiellement ce sont les Québécois, par le biais de
l'épargne qu'ils remettent à un certain nombre d'institutions
financières, qui financent les émissions du Québec.
Alors où est-ce qu'on en est dans la mise en marche de...
M. GARNEAU: Depuis le 1er janvier 1971, il existe ce qu'on appelle le
rapport de performance qui donne le montant des émissions vendues par
chaque courtier d'obligations. Maintenant, on sait qui est le premier preneur,
c'est-à-dire s'il est vendu au Québec ou à
l'extérieur du Québec, mais on ne sait pas ce qui a pu être
transigé sur le marché secondaire, ce qui peut faire varier
disons...
M. JORON: Les premiers acheteurs, ça, vous en avez la liste.
M. GARNEAU: C'est-à-dire les premiers acheteurs
québécois ou à l'extérieur du Québec. On
sait s'il a été acheté par un acheteur du Québec ou
un acheteur de l'Ontario ou de la Colombie-Britannique. Il y a tout le jeu des
sociétés de fiducie qui achètent pour d'autres personnes
et, à ce moment-là, comme l'indique M. Cazavan, on n'a pas les
noms des personnes
pour qui la fiducie peut acheter un montant, je ne sais pas, disons de
$100,000 d'obligations qu'elle répartit dans différents comptes
pour différents clients. Mais, normalement, on connaît l'acheteur
québécois ou étranger, le premier preneur.
M. JORON: Vous avez la localisation géographique de l'acheteur.
L'avez-vous par types d'acheteurs ou si c'est tel genre d'institution ou des
acheteurs individuels ou...?
M. GARNEAU: On a évidemment les caisses populaires, les
compagnies d'assurances, les fonds de pension, les corporations ordinaires.
M. BIENVENUE: Pas les individus?
M. GARNEAU: Les ventes individuelles, oui. Et puis en plus de ça
par montant, disons par catégorie de $5,000 à $25,000, de $25,000
à $100,000 et de $100,000 à $1 million. Evidemment, on pourrait
avoir un formulaire que les gens seront capables de remplir, et même
là on trouve qu'il y a certaines difficultés, mais il ne faut pas
qu'il soit trop compliqué, trop long.
Surtout pas trop long parce que c'est quand même une compilation
assez longue à faire après chaque émission et ça
couvre la période de la négociation de l'emprunt jusqu'au moment
de la livraison. Alors dans les livres des courtiers assez gros ce sont quand
même plusieurs pages de transactions et ça demande un travail
assez long.
M. JORON: Et ça donnerait quoi comme image ce qu'on a pu retracer
des dernières émissions faites sur le marché canadien?
M. GARNEAU: On a eu deux émissions depuis ce temps-là. Je
ne sais pas si vous avez saisi les propos de M. Cazavan, c'est que pour la
deuxième qui était du moyen terme, dix ans, qui a
été détaillée, assez étendue, on n'a pas eu
de rapport complet. C'est-à-dire que, pour avoir un portrait réel
à mon avis, les titres du Québec se vendent en dehors du
Québec lorsque ce sont des titres institutionnels; alors nous avons la
première émission qui était 8. 94 p. c, qui était
une émission à long terme sur une base actuarielle, c'est le
genre d'émissions que les fonds de pension, les compagnies d'assurances
ou autres organisations de ce genre préfèrent. L'émission
suivante, c'était 7. 5 p. c, dix ans, qui était faite dans le but
évidemment... C'est une question, premièrement, d'administration
de la dette, deuxièmement, des écarts avec les autres provinces,
on sentait qu'on devait faire un court terme. Alors ça, ce n'est
définitivement pas une émission populaire en dehors du
Québec parce que c'est le Québec, par les épargnes et puis
par l'habitude des gens d'acheter plutôt des obligations ou du moins la
forte tendance à acheter des obligations plutôt que des actions
qu'ils ont préféré ce genre d'émissions-là;
puis ça, on le savait. On a les chiffres ici.
La première émission, 8. 94 p. c, il s'était vendu,
c'était $42 millions... Ce que le rapport couvre est en deux parties. La
première partie traite des ventes, on veut savoir où ils ont
vendu leurs obligations et, la deuxième partie, les achats. Dans les
achats, il y a la part initiale que les courtiers reçoivent comme part
pour leur participation dans le syndicat et comprend aussi les achats sur le
marché secondaire, mais avant la livraison, jusqu'à la date de la
livraison. Par conséquent, les chiffres que nous avons de la vente
totale excèdent le montant de l'émission.
Alors il y avait $42 millions de titres à long terme vendus parmi
lesquels, je suis certain je ne me souviens pas du montant que la Caisse
de dépôt a pris il y avait 22 p. c. de l'émission qui
avait été vendue hors du Québec. Hors du Québec,
là, ce n'est pas localisé dans l'ouest, dans l'est, ça
peut même être en Europe en certaines occasions.
M. JORON: Bien, en fait, quand un acheteur en particulier prend, disons,
plus qu'un certain montant, connaissez-vous les acheteurs individuels?
M. GARNEAU: Vous voulez dire le nom de l'acheteur?
M. JORON: Oui.
M. GARNEAU: Non, sauf que...
M. JORON: Dans la mesure où ils enregistrent les titres...
M. GARNEAU: Ah, bien! On peut d'une façon détournée
le savoir.
M. JORON: Il n'y en a pas beaucoup qui enregistrent les titres.
M. GARNEAU: Cela commence à se populariser plus qu'autrefois,
mais ce n'est pas encore...
M. JORON: Les institutions ne le font pas.
M. GARNEAU: Généralement pas. Moi, j'ai discuté
à quelques reprises de ce problème avec des courtiers, mais
évidemment il y a le domaine de leur clientèle qu'ils
n'aiment...
M. JORON: Secret professionnel...
M. GARNEAU: ... pas nécessairement dévoiler parce qu'ils
sont en concurrence avec d'autres courtiers et on était un peu prudent
de ce côté, peut-être un peu inquiet même.
Personnellement, je n'aimerais pas me servir du moyen de
l'enregistrement pour donner un rapport sur qui a acheté, parce qu'en
somme je trouve qu'à ce moment-là nous agissons comme fiduciaire
et non plus comme émetteur ou comme...
M. JORON: C'est vrai que c'est là une expérience quand
même assez limitée, ça ne touche qu'à deux
émissions, comme M. Cazavan le disait, il y en a une d'une nature un peu
spéciale. Mais disons que, d'ici la fin de l'année, pour avoir
une période qui permettra de faire des chiffres valables, il serait
intéressant d'avoir un rapport détaillé là-dessus.
Je ne sais pas si le ministre est prêt à s'engager à le
sortir.
M. GARNEAU: Certainement décrit dans des termes
généraux parce qu'on ne voudrait quand même pas que, demain
matin, je ne sais pas, les caisses populaires commencent à se faire
engueuler parce qu'elles n'en achètent pas assez ou des choses comme
cela.
Mais en termes généraux, je pense qu'il n'y aurait
certainement pas d'objection. Soulignons quand même que l'objectif
premier qui a été visé était que tous les courtiers
en valeurs mobilières du Québec participent à
l'émission, à la vente d'obligations. Evidemment, c'est
divisé en quotes-parts, ce qu'on appelle la participation. Beaucoup
disaient: Notre participation n'est peut-être pas assez forte. On en vend
plus que ce qu'on a comme quote-part dans l'émission. Alors, on voulait
savoir exactement quelle était la performance de chacun des courtiers
pour que leur participation dans l'émission soit proportionnelle aux
ventes antérieures qu'ils avaient faites, à leur performance dans
le passé. Evidemment, les autres informations arrivent comme addition,
mais l'objectif premier était ce que je viens de décrire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Sur la même question je reviendrai
à l'autre question tout à l'heure lorsque le gouvernement
fait une émission d'obligations et qu'une partie est achetée par
la Caisse de dépôt et placement, on l'avait souligné
un peu avant le souper est-ce que le gouvernement a l'intention de
modifier sa politique à l'effet de continuer à payer ou non une
commission aux courtiers qui achètent les émissions d'obligations
de la province?
M. GARNEAU: J'en ai causé à quelques reprises avec les
autorités de la Caisse de dépôt et placement. Si vous me
parlez à court terme, peut-être d'ici quatre ou cinq mois, ce
n'est pas notre intention de modifier ce système. D'ailleurs, dans la
conférence que j'avais faite à Longueuil et à laquelle le
député de Gouin se référait tout à l'heure,
je m'étais forcé d'expliquer les raisons qui motivaient cette
attitude du gouvernement. La Caisse de dépôt et placement
achète sur le marché public des obligations. Elle peut transiger
à l'occasion une émission à titre privé, un emprunt
disons de l'Hydro-Québec ou du gouvernement, mais quand elle arrive sur
le marché public, la Caisse de dépôt et placement
achète son émission; elle prend sa commande du groupe de
courtiers qui achètent ferme l'émission et non pas du
gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous croyons qu'ils sont en
concurrence à ce moment-là, ils sont sur le marché des
obligations. Evidemment, les courtiers qui transigent ces titres-là,
c'est un peu comme les caisses populaires, c'est la même affaire, ils
veulent quand même intervenir sur le marché public. Dans ce
sens-là, on doit payer, je pense bien, la commission aux courtiers
puisque, dans la négociation, s'ils ont une commande ferme de la Caisse
de dépôt et placement, cela influence sur la détermination
du prix également de l'émission.
M. ROY (Beauce): Cela peut influencer la négociation du prix.
Mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu pour le gouvernement de rencontrer les
dirigeants de la Caisse de dépôt et placement avant
l'émission d'une série d'obligations, avant d'effectuer un nouvel
emprunt, pour étudier et déterminer les possibilités de la
Caisse de dépôt et de placement? A ce moment-là, au lieu de
faire une émission d'obligations de $50 millions et d'en faire acheter
une partie de $25 millions par l'entremise de syndicats privés, par la
Caisse de dépôt et placement, et l'autre partie de $25 millions ou
encore $15 millions par les caisses populaires et $10 millions vendus par le
public, n'y aurait-il pas lieu de faire une émission complète,
une émission totale qui serait achetée globalement par la Caisse
de dépôt et placement du Québec? A ce moment-là, le
problème ne se poserait pas.
M. GARNEAU: Oui, mais ce ne serait plus alors une émission sur le
marché public, ce serait une émission privée,
transigée seulement avec la Caisse de dépôt et
placement.
M. ROY (Beauce): Qu'est-ce qui empêche le gouvernement de
transiger privément avec la Caisse de dépôt et placement ou
même avec une institution paragouvernementale?
M. GARNEAU: D arrive que nous le faisions aussi. D'ailleurs,
l'Hydro-Québec l'a fait. Mais d'une façon générale
nous intervenons. Nous ne voulons pas non plus forcer la Caisse de
dépôt et placement à négocier des emprunts avec
nous. Elle a son indépendance. Je pense bien que c'est normal qu'elle
garde ce caractère d'indépendance. Ce n'est pas une entreprise
qui a pour but uniquement de financer le gouvernement. Elle administre des
fonds qui sont en quelque sorte la propriété de tous les
Québécois, qui en bénéficieront par le
Régime de rentes. Dans ce sens, nous ne pouvons pas lui dicter de
conduite. Evidemment, il y a une très bonne collaboration avec la Caisse
de dépôt et placement. Avant les émissions, c'est
évident que les hauts fonctionnaires du ministère des Finances
discutent avec les hauts fonctionnaires de la Caisse de dépôt et
placement qui ont une expertise assez considérable du marché et
qui
indiquent par exemple quelles seraient d'après eux les conditions
du marché, à quel taux l'émission devrait se faire,
évidemment compte tenu de leur point de vue comme acheteurs. Cela
influence certainement.
M. Cazavan me rappelle un autre argument que je développais
à la conférence et que j'ai d'ailleurs déjà
expliqué en Chambre, en réponse à une question. La caisse
de dépôt achète et vend aussi des titres sur le
marché d'obligations. Ces transactions se font avec les courtiers qui ne
sont pas intéressés à transiger des titres qui seraient
achetés privément puisqu'ils n'ont pas participé à
la distribution de ce titre.
M. ROY (Beauce): Oui, mais on ne parle pas de la même chose, M. le
ministre, à ce moment-là...
M. GARNEAU: Je pense qu'on parle exactement de la même
affaire.
M. ROY (Beauce): Non, non, on ne parle pas de la même chose du
tout. Moi, je parle, non pas de petites transactions que la Caisse de
dépôt pourrait effectuer. Je parle tout simplement qu'à
l'occasion la Caisse de dépôt pourrait regrouper ses achats.
Lorsque la Caisse de dépôt et placement du Québec a
été fondée, elle a été fondée pour
deux raisons. Pour administrer la Régie de rentes du Québec et
pour disposer de capitaux pouvant servir d'une part à financer les
besoins de la province et financer le secteur public, autrement dit en faisant
des investissements dans d'autres secteurs de l'économie.
Pour ce qui a trait à la partie qui sert à financer le
gouvernement de la province de Québec, pourquoi faut-il que le
gouvernement... Je repose la question parce que je ne suis pas satisfait de la
réponse qu'a donnée le ministre à ce sujet. La caisse de
dépôt, à mon sens, elle aura tout simplement...
C'est-à-dire non pas la Caisse de dépôt et placement parce
que ce n'est pas un reproche que je fais à la Caisse de
dépôt et placement, ce n'est pas elle qui paie la commission.
C'est le gouvernement du Québec qui paie la commission. Alors, pour
quelle raison le ministre des Finances du Québec ne prend-il pas les
dispositions en vue de rencontrer et discuter, avec les gens de la Caisse de
dépôt et placement, le marché? Il n'est pas
nécessaire de l'offrir au public pour connaître les prix du
marché. Les prix du marché sont publiés tous les jours,
dans tous les journaux. Alors le prix du marché, je pense qu'il est
suffisamment connu. Quand bien même il y aurait une différence de
1/4 ou de 1/8 de 1 p.c. d'intérêt, à ce moment-là,
ceci ne pourrait constituer un obstacle au gouvernement du Québec
d'émettre une émission spéciale qui serait achetée
globalement par la Caisse de dépôt et placement du Québec.
De ce fait, éviter d'avoir à payer des commissions à des
syndicats privés.
M. GARNEAU: On a fait ces émissions privées à
l'occasion. Dernièrement, j'ai annoncé que la Caisse de
dépôt et placement, en avait transigé une avec
l'Hydro-Québec. Mais disons que la Caisse de dépôt et
placement, dans ses prévisions de placements, au début de
l'année, indique qu'elle achètera disons, pour $100 millions
d'obligations du Québec et $50 millions d'obligations de l'Hydro.
Supposons que c'est ça. Si on fait ce que vous dites, normalement, sur
le marché public canadien, on a des émissions de $50 millions, on
en transige deux avec la Caisse de dépôt et placement. Elle aura
son quota alors quant au montant qu'elle avait prévu ou affecté
au financement des émissions du gouvernement du Québec,
après deux émissions, et qu'elle n'agira plus sur les
émissions. Alors, pour les émissions suivantes qu'on mettrait sur
le marché par exemple, cette année, on a un programme
d'emprunt de $300 millions il resterait quand même $200 millions
à emprunter sur le marché canadien ou américain et dans
ces émissions la Caisse de dépôt n'en prendrait plus. Ce
qui, évidemment, rend plus difficile, jusqu'à un certain point,
la négociation de ces emprunts, parce qu'il est clair et net qu'il n'y
aura pas de participation de la Caisse de dépôt.
Deuxièmement, la Caisse de dépôt aime bien mieux,
elle-même j'en ai parlé à quelques reprises avec le
président de la caisse, M. Prieur avoir des titres qui se
transigent facilement. Quant aux titres qui se transigent facilement, soit
parce qu'à un moment donné les prix sont meilleurs, la cote monte
sur des valeurs d'obligations, elle peut les vendre et en tirer un
bénéfice pour la Caisse de dépôt. Mais elle ne
pourra pas transiger avec autant de facilité les titres qui ont
été émis privément avec la caisse. Il va falloir
que ce soient des titres qui soient connus sur le marché. Pour que ces
titres soient connus sur le marché, il faut des émissions
publiques.
M. JORON: Justement sur l'argument qui veut laisser la caisse libre
d'agir sur le marché secondaire, de pouvoir réécouler des
titres qui auraient pu être achetés privément en
négociant directement avec le gouvernement, on peut quand même
s'inspirer de ce qui se passe aux Etats-Unis, en tout cas dans le domaine des
actions. Je ne sais pas si cela se fait autant dans le domaine des obligations.
Il se développe à New York un "third market", ce que les
courtiers appellent un "third market" entre les institutions financières
il semble qu'il y ait des anglicismes dans ce secteur mais qui
"by-pass" les courtiers, si vous voulez, contournent les circuits normaux.
On pourrait imaginer qu'un type de marché semblable pourrait
éventuellement se développer entre un certain nombre
d'institutions financières québécoises, marché
auquel participerait la Caisse de dépôt.
D'autre part aussi, dans le domaine...
M. GARNEAU: Nous aurons les courtiers
canadiens-français qui viendront nous plaider l'inverse de ce que
vous dites.
M. JORON: Peut-être. Dans le domaine des actions,
également, il existe une cédule de commissions qui varie selon le
montant de la transaction. On pourrait imaginer, possiblement, une
négociation qui impliquerait que ce qui est vendu directement à
la Caisse de dépôt ne serait pas sujet au même taux de
commission.
M. GARNEAU: Actuellement, c'est un demi-point. La commission est d'un
demi-point au lieu d'être d'un point.
M. JORON: Oui, oui... M. GARNEAU: Oui, oui...
M. GARNEAU: Déjà, il y a un correctif qui est
apporté compte tenu de leurs grosses commandes.
M. JORON: Depuis quand cette distinction existe-t-elle?
M. GARNEAU: Depuis trois ans.
C'est le même problème avec les caisses populaires.
Autrefois, les caisses populaires plaçaient des commandes par
l'entremise des courtiers, mais ces commandes venaient d'un peu partout. Alors
pour être en mesure de mieux répondre aux besoins, les caisses
populaires, en ce qui regarde leurs besoins de placement, à savoir si
elles veulent avoir, par exemple, des quantités sériées
sur dix ans, ou des douze ans, des treize ans ou des huit ans, il y a toujours
avant chaque émission des discussions entre les hauts fonctionnaires du
ministère des Finances et les responsables des placements aux caisses
populaires. Ils nous disent: Si c'était telle sorte de titres,
probablement que nous pourrions avoir une commande de telle ou telle nature
parce qu'ils ont leurs besoins de portefeuille eux aussi. Mais c'est
évident qu'elles passent par les courtiers. Je serais même
porté à croire que les caisses populaires, qui transigent
beaucoup avec les courtiers et qui ont besoin des courtiers, ont indiqué
clairement qu'elles aimaient mieux passer par l'entremise des courtiers parce
qu'elles en ont besoin dans leurs transactions continuelles,
journalières. Evidemment, si elles les "by-pass", pour employer votre
terme, à l'occasion d'une émission gouvernementale, ces
mêmes courtiers ne seront peut-être pas aussi désireux de
les servir lorsque viendront les périodes moins
intéressantes.
Evidemment, ce sont toutes les transactions sur le marché qui
sont en cause. Vous connaissez cela bien mieux que moi.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'aux caisses populaires les achats
d'obligations se font à deux niveaux principaux: premièrement,
ils se font au niveau des fédérations, autrement dit des caisses
centrales. Alors là, il y a une masse d'achat assez volumineuse.
Deuxièmement, vous avez les caisses populaires individuellement qui,
elles, achètent des titres de un à cinq ans, entre autres. J'ai
travaillé dans des caisses d'épargne et de crédit. Alors
je suis un peu au courant de ce qui se passe là-dedans. Mais les caisses
individuelles comme telles en achètent. Elles en achètent des
courtiers et elles en achètent aussi, je pense, de leur
fédération. Elles peuvent en acheter de leur
fédération parce que leur fédération leur donne
certains services. Tout d'abord, elle leur donne des conseils...
M. GARNEAU: Je pense bien que ce qui est important dans la discussion
présente, c'est de savoir si les caisses populaires veulent passer par
les courtiers ou si elles ne veulent pas passer par les courtiers. Les
indications, jusqu'à maintenant, sont qu'elles veulent passer par les
courtiers.
Nous pourrions dire la même chose. Sur une émission de $50
millions, les caisses populaires en prennent $10 millions et la Caisse de
dépôt, disons, en prend $15 millions. L'argument que vous
développez pourrait être le même avec les caisses populaires
et avec la Caisse de dépôt.
M. ROY (Beauce): Je pense que le problème est complètement
différent avec les caisses populaires et avec la Caisse de
dépôt parce que les caisses populaires sont tout de même des
organismes autonomes, des organismes qui ne dépendent pas directement du
gouvernement alors que la Caisse de dépôt et placement est une
institution gouvernementale.
M. GARNEAU: Oui, mais qui est autonome aussi.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas la même chose. Elle a une certaine
autonomie, d'accord.
M. GARNEAU: Non pas une certaine autonomie mais une autonomie qui est
donnée par la loi.
M. ROY (Beauce): La Caisse de dépôt et placement est tout
de même responsable devant...
M. GARNEAU: Devant la Chambre. M. ROY (Beauce): Devant la Chambre. M.
GARNEAU: C'est cela.
M. ROY (Beauce): Les caisses populaires ne le sont pas. C'est à
ce niveau que je pense qu'il y a une nuance qui est tout de même assez
importante à apporter.
M. le Président, sur les placements, je ne sais
pas si mes collègues ont d'autres questions, ainsi que sur les
emprunts.
M. JORON: J'avais des questions sur les emprunts.
M. ROY (Beauce): J'ai également des questions sur les emprunts.
J'aurais bien aimé savoir du ministre quelle est son opinion
relativement au financement de la province, concernant tous les besoins que
nous avons au secteur gouvernemental pour la province, les besoins de nos
municipalités, de nos commissions scolaires et autres pour les cinq
prochaines années. Quelles sont les perspectives à ce niveau?
Le ministre aurait-il des indications à nous donner? Je peux me
permettre de suggérer quelques sous-questions.
Est-ce que nous approchons de la fin des déficits
budgétaires? Est-ce que nous pouvons prévoir augmenter
l'équité de la province, autrement dit augmenter l'actif net de
la province dans un avenir rapproché? Est-ce que l'on peut
espérer réellement avoir une véritable relance
économique prochainement?
Je pose la question au ministre des Finances. Etant donné que
nous n'avons pas de ministère de l'Economie, je pense que le grand
économiste, la personne qui a un grand rôle à jouer dans
l'avenir économique de la province, c'est tout de même le ministre
des Finances, parce que tous les ministères dépendent de lui pour
leur budget. C'est pourquoi j'aimerais bien avoir ses observations et ses
commentaires et de bonnes nouvelles, s'il en a à nous communiquer.
M. GARNEAU: Tout ce que je pourrais indiquer, c'est évidemment
une question d'opinion. Je n'ai pas d'objection à donner mon point de
vue sur la possibilité de croissance économique au cours de
l'année, mais de là à faire des projections sur cinq ans,
même si j'en faisais, cela aurait quand même une signification bien
relative parce que, sur ce qui se produira d'ici deux ou trois ans les
économistes peuvent peut-être faire des interprétations,
mais...
M. ROY (Beauce): Mais le ministre ne pourrait-il pas nous donner les
grandes lignes?
M. CLOUTIER (Montmagny): II serait plus facile pour le ministre de nous
faire connaître des prévisions de dépenses sur une
période de cinq ans que des prévisions de revenus.
M. GARNEAU: Les prévisions de dépenses, au niveau du
ministère des Finances et maintenant au niveau du Conseil du
trésor, sont toujours faites sous forme de projections pour les
années à venir. Nous travaillons actuellement à la
préparation du budget de 72/73 en tenant compte d'un certain nombre
d'hypothèses de croissance tant du coût des programmes existants
que de la possibilité de nouveaux programmes à être
ajoutés. Nous voulons séparer les deux opérations pour
commencer par voir ce que l'on peut prévoir comme coût
d'administration des programmes existants pour l'an prochain, compte tenu des
augmentations normales de la clientèle comme par exemple dans le domaine
de l'éducation, dans le domaine de la santé et du
bien-être. Nous pouvons prévoir des augmentations de
clientèle et également des augmentations de coûts, à
cause des effectifs normaux dont on a besoin, etc., et nous faisons des
prévisions de dépenses pour l'administration des programmes
existants.
Dans une deuxième étape, nous allons commencer à
préparer les prévisions de dépenses pour des programmes
nouveaux qui pourraient être ajoutés, mais disons qu'il est encore
trop tôt pour donner des chiffres précis sur...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai posé la question au ministre parce
que le ministre des Institutions financières aimait bien poser ce genre
de questions au ministre des Affaires sociales: Quelles sont vos
prévisions de coûts pour cinq ans? Avez-vous fait des
prévisions de dépenses pour cinq ans? D posait cette question
à tous les ministres. Il faisait le tour de l'étude des
crédits de tous les ministères. Avant qu'il ne vous la pose, j'ai
préféré la poser moi-même.
M. GARNEAU: Vous avez changé de côté de la
table.
M. TETLEY: Je vais me défendre, M. le Président.
M. GARNEAU: Au sujet de la question du député de Beauce,
il y a un certain nombre de points que je n'ai pas bien saisis.Lorsqu'il parle
du programme d'emprunts et de l'actif net, je ne sais pas au juste ce qu'il
entend par actif net.
M. ROY (Beauce): Je vais préciser ma question et la rendre
extrêmement simple. Où allons-nous au Québec sur le plan
économique?
M. GARNEAU: Sur le plan des prévisions pour l'année 1971,
je pense avoir indiqué dans le discours du budget certaines tendances de
l'économie qui devraient se concrétiser. Si on compare le taux de
croissance du produit national brut pour le premier trimestre de 1971 avec le
premier trimestre de 1970, on a un taux de croissance brut qui dépasse
11 p. c.
Il faut évidemment comprendre que la reconstitution des
inventaires dans le secteur de l'industrie automobile a peut-être
joué un rôle important à la suite du règlement de la
grève de General Motors. Je pense qu'il y a lieu de prévoir pour
l'ensemble de l'année un taux de croissance de l'ordre de 8 p. e.
à 9 p. c. du PNB. Si on défalque la croissance des prix, le fait
qu'il y a eu une augmentation dans les prix de l'ordre de 3 1/2 p. c. on aurait
en termes réels un taux de croissance X qui serait donc supérieur
à celui de l'an passé. Les prévisions du
côté des investissements, du taux de croissance des
investissements pour l'année 1971 comparativement à
l'année 1970 sont beaucoup plus fortes. Ce taux est de 11 p. c.
comparativement à 4 p. c. ou 4. 8 p. c. en 1970 par rapport à
1969. Le gouvernement a mis dans le dernier budget un accent assez important du
côté des investissements, des investissements publics aussi, soit
pour la construction de routes, d'immeubles.
Si l'on ajoute les investissements dans le secteur parapublic comme
Sidbec, qui quand même va réaliser les investissements à la
suite de la loi de l'an dernier, comme l'Hydro-Québec qui a un programme
d'investissement de l'ordre de $250 millions, tous ces facteurs-là
devraient faire en sorte qu'il y ait une reprise véritable de la
croissance économique au cours de l'année 1971. Le seul danger
qui nous guette évidemment, c'est la reprise du côté de la
croissance des prix qui pourrait être un facteur, qui irait à
l'encontre de cette croissance qui pourrait être un peu plus stable.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce un oubli, le ministre n'a pas
mentionné la baie James?
M. GARNEAU: Au sujet de la baie James, c'est que je veux être le
plus honnête possible, c'est l'an prochain que les investissements
véritables sont supposés commencer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. L'honorable
député de Montmagny a mentionné le système du
budget de planification à long terme, quinquennal etc. Je voudrais tout
simplement noter que c'est le ministre actuel des Finances qui a mis en oeuvre
lui-même le système de PPBS dont notre gouvernement, qui est
en effet un système de planification à long terme, une
programmation à long terme et je dois féliciter le ministre de
son initiative qui est très importante à mon avis dans tous les
ministères, pas simplement aux Finances.
M. JORON: M. le Président, sur la question des emprunts, devant
la cédule des emprunts de l'Hydro-Québec, que nous communiquait
M. Giroux le 20 mai à la commission des Richesses naturelles, programme
d'emprunts tenant pour acquis la réalisation des trois rivières
sud de la baie James qui monte en 1977 jusqu'à $800 millions d'emprunts
et ce en augmentant les tarifs d'électricité de 4 p.c. par
année, malgré tout le besoin d'emprunts est de $800 millions, si
c'est l'Hydro directement qui fait les travaux et tel semble être
le souhait de l'Hydro puisqu'elle a proposé une cédule d'emprunts
étant donné que le gouvernement donne sa garantie aux
emprunts de l'Hydro, il ne reste pas une grande marge de manoeuvre au gouver-
nement. Si les emprunts de l'Hydro seuls atteignent $800 millions en 1977,
quelle est la marge de manoeuvre qui reste au gouvernement proprement dit
à ce moment-là? Est-il raisonnable de croire que c'est
réaliste, si nous prenons le montant de quelque $300 millions pour
lequel le gouvernement a fait appel au marché financier cette
année? Ce montant pourrait croître avec une progression normale
jusqu'à $400 millions ou $500 millions en 1977. Nous sommes rendus
à des appels de $1,300,000,000 par année alors qu'une somme de
quelque $600 millions semble être pour l'instant du moins le plafond.
Est-ce que ce programme d'emprunts dont l'Hydro faisait part signifie
qu'à toutes fins utiles ça élimine le gouvernement du
marché des emprunts à ce moment-là? Et que ça le
force soit à hausser ses taxes, soit à équilibrer
autrement ses budgets...
M. GARNEAU: Je ne voudrais pas donner des informations qu'au niveau de
la commission des Richesses naturelles. Le premier ministre qui y était
et les autres officiers de PHydro n'ont pas voulu en donner pour diverses
raisons. Il est évident que le programme d'emprunts pour la
réalisation de la baie James est un programme important qui devra,
à mon sens, être considéré en dehors des
activités normales d'emprunts du gouvernement et de PHydro. C'est un
projet particulier comme l'a été celui de Churchill Falls, comme
l'a été, par exemple, le financement lors de l'achat des
compagnies privées d'électricité, qui a été
un emprunt fait précisément pour une fin bien précise. Je
pense qu'il faudra considérer tout le développement de la baie
James comme étant un programme spécial et considérer son
financement en dehors des opérations normales de l'Etat, mais dont nous
tiendrons quand même compte dans l'établissement des programmes
d'investissements.
Cette année, nous avons été un peu forcés
d'aller très lourdement sur le marché des emprunts parce que nous
voulions que les dépenses de l'Etat aient un impact sur la reprise de
l'activité économique. Mais lorsque les travaux de la baie James
seront lancés, il y aura là une participation du secteur
parapublic quand même, au niveau du développement
économique qui exigera moins d'interventions de la part du gouvernement
dans d'autres secteurs.
UNE VOIX: Très bien.
M. JORON: Quand vous dites que l'affaire devrait se financer en dehors
des programmes d'emprunt réguliers, pour ne pas les affecter, cela peut
vouloir dire qu'il n'y a pas de garantie du gouvernement rattachée
à ces emprunts. S'il n'y a pas de garantie du gouvernement, il est
impensable que l'Hydro-Québec ou le gouvernement soit majoritaire dans
soit une régie ou soit une corporation. Appelez cela comme vous voudrez.
Cela veut donc dire que, majoritaire-
ment, cela devient une corporation privée. A ce moment-là,
si l'Hydro ou le gouvernement...
M. GARNEAU: Pourquoi tirez-vous cette conclusion?
M. JORON: Parce que si l'Hydro ou le gouvernement est majoritaire dans
la régie ou la corporation publique, je vois mal l'emprunteur ne pas
exiger, pour une filiale, la même garantie qu'il exige pour la compagnie
mère. Pourquoi est-ce qu'il n'exigerait pas la garantie du gouvernement
dans le cas de l'emprunt d'une filiale de l'Hydro alors qu'il l'exige pour
l'Hydro elle-même?
M. GARNEAU: C'est un point de vue que vous émettez mais que vous
me permettrez de ne pas partager parce...
M. JORON: Disons que cela ne me convainc pas quand même.
M. GARNEAU: Je comprends que vous ne soyez pas convaincu mais c'est une
question d'opinion.
M. JORON: Quel moyen le gouvernement où l'Hydro reste majoritaire
sans que le gouvernement soit obligé...
M. GARNEAU: II n'y a pas de relation. Le financement de tout ce projet
est relié évidemment à la rentabilité
économique qui est elle-même basée sur les
possibilités de vente de cet électricité. Tout cela est
intimement lié. Que ce soit l'Hydro-Québec qui l'achète,
que ce soit l'Hydro-Ontario ou Can-Edison, c'est basé sur la
rentabilité du projet. Vous me permettrez de ne pas être tout
à fait d'accord sur l'opinion que vous émettez, du moins avec les
informations que je possède.
M. JORON: Moi, de la même façon. Il y a un certain nombre
de choses qui avaient été assez clairement établies, du
moins de la part de l'Hydro devant la commission des Richesses naturelles et
qui permettent de croire le contraire. Enfin, nous n'avons pas à ouvrir
ce dossier. Peu importe, de toute façon la question reste. Quel que soit
l'organisme en question qui ait ces emprunts à effectuer, que ce soit
une corporation privée, que ce soit n'importe quoi, il reste que cela va
taxer le marché des capitaux d'un...
M. GARNEAU: Oui, oui.
M. JORON: ... montant de tant, qui se soustrait forcément de ce
que le gouvernement ou l'Hydro, aurait pu aller chercher en dehors. Cela reste
des titres québécois. Ce sont des emprunts affectés,
géographiquement, si vous voulez, au Québec. Alors, dans le
portefeuille des acheteurs ou des prêteurs, qu'ils soient
Américains ou autres, il reste que, s'ils inondent leur portefeuille de
titres de la baie James, pour les appeler de cette façon, ils seront
moins portés à continuer d'accumuler les titres de l'Hydro ou du
gouvernement. Alors, cela restreint votre marge d'emprunt d'autant.
M. GARNEAU: J'imagine que nous pourrions reprendre cette discussion
lorsqu'il y aura une loi de présentée à l'Assemblée
nationale pour ce qui est de la structure juridique qui sera appelée
à administrer la baie James. Peut-être qu'à ce moment, nous
serons en mesure d'être plus loquaces sur le sujet que nous pouvons
l'être maintenant.
M. JORON: Bien, je comprends votre embarras. Je suis bien d'accord avec
vous que le moment sera peut-être mieux choisi. Dans la mesure que c'est
un grand débat d'intérêt public, il aurait peut-être
avantage à être aéré un peu dans l'opinion publique
avant. Je pense à la façon de procéder du gouvernement
Lesage du début des années soixante qui faisait aérer,
justement, les grands projets de loi et les grands débats dans le public
avant de prendre position. Je pense que c'est...
M. GARNEAU: Mais à ma connaissance, en 1962,...
M. JORON: ... une attitude qui favorisait le consensus...
M. GARNEAU: ... lorsqu'on a parlé de nationalisation de
l'électricité...
M. JORON: ... dans certains débats.
M. GARNEAU: ... le gouvernement était embarqué,
c'est-à-dire le premier ministre du temps était embarqué
réellement quand il a eu l'assurance d'un placement privé avec un
certain nombre d'institutions financières américaines qui ont
acheté pour $300 millions d'émissions d'obligations. Mais cette
discussion du montant de $300 millions, à ma connaissance, n'a pas eu
lieu sur la place publique avant que des ententes aient été
prises.
M. JORON: Je suis bien d'accord. Reportons la discussion au moment
où cela viendra en espérant que cela va venir avant qu'on ajourne
pour l'été. D'autre part, est-ce que cela va venir
bientôt?
M. GARNEAU: Bien, j'imagine que le premier ministre a dû vous
donner des réponses à ce sujet lors de la séance de la
commission des Richesses naturelles.
M. JORON: Non, il n'a pas été très loquace à
ce sujet.
M. GARNEAU: Ah bon! Alors, cela sera difficile pour moi d'aller plus
loin.
M. JORON: D'être plus loquace que lui! Bon, d'accord.
Juste une chose si le député de Beauce me permet. Quand
même, à ce moment-là, il sera difficile toute la
discussion portera dans le cadre d'un projet de loi précis
d'évaluer les conséquences de ça sur les besoins
d'emprunts proprements dits du gouvernement à long terme. La question
que je voudrais vous poser à vous à laquelle, semble-t-il, vous
ne pouvez pas répondre, c'est dans quelle mesure ça affecte toute
votre cédule d'emprunts pour un certain nombre d'années à
venir et quelles perspectives fiscales et surtout quelles obligations fiscales
cela va vous imposer. C'est malheureux mais nous ne pourrons probablement pas
en parler à ce moment-là alors qu'ici nous pourrions.
M. GARNEAU: Nous pourrions en parler volontiers peut-être lors de
l'analyse des crédits du ministère des Finances de 72/73.
M. JORON: Oui, mais c'est loin.
M. GARNEAU: Je ne suis pas en mesure de...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, depuis le début de la
séance cet après-midi, je pense bien qu'on a fait un tour
d'horizon assez général, mais assez complet quand même en
regard des disponibilités actuelles dans le système actuel. On se
rend compte que pour l'assiette fiscale le gouvernement a trois sources de
revenus et je demande au ministre de me corriger si je ne suis pas exact. Le
gouvernement dispose de trois sources de revenus, il a l'assiette fiscale,
autrement dit le système de taxation, les taxes, les impôts et la
répartition fiscale du gouvernement fédéral qu'on peut
appeler la fiscalité. On parle de faire des réaménagements
fiscaux, de redistribuer l'assiette fiscale entre les municipalités
selon une nouvelle formule entre le fédéral et le provincial.
Mais il reste tout de même que nous demeurons avec la même limite,
peu importe la façon dont l'assiette va se distribuer, dont la
fiscalité va être distribuée. Il reste que le montant
disponible demeure le même, alors que les besoins sont là. Je me
demande si on peut justement espérer, dans le cadre de la politique
actuelle, que l'assiette fiscale va nous permettre de faire le
développement nécessaire.
Quant à nous, en ce qui nous concerne, nous sommes convaincus que
l'assiette fiscale ne peut pas relancer et permettre de financer la province et
permettre à l'économie de la province de se relancer, d'avoir une
véritable relance économique. C'est un premier point. Il y a
également un deuxième point, c'est le marché de
l'épargne. Je pense que nous en avons discuté suffisamment pour
nous rendre compte tous ensemble que ce marché a des limites. Le
député de Gouin disait tout à l'heure il a
entièrement raison que si on prend $1,300,000,000 par
année pour financer le projet de la baie James, il est évident
que l'épargne qui va être investie dans ce domaine ne sera pas
disponible pour financer les municipalités et elle ne sera pas
disponible pour financer les autres besoins du gouvernement. Alors, le
gouvernement va être en concurrence avec lui-même et le
gouvernement va être en concurrence avec les municipalités et va
être en concurrence bien plus avec le secteur privé.
Il y a une troisième possibilité pour le gouvernement, ce
sont les emprunts à l'étranger. Les emprunts à
l'étranger, nous estimons que c'est extrêmement dangereux en ce
qui nous concerne parce qu'à chaque fois que l'on emprunte $100 millions
à l'étranger et je vais prendre comme exemple le dernier
emprunt de $100 millions qui nous coûte 9 p.c. d'intérêt
il est évident qu'au bout d'une douzaine d'années environ,
les $100 millions vont être retournés aux Etats-Unis sous sorme
d'intérêt alors que nous allons continuer à devoir
l'emprunt nominal. Qu'est-ce qui va se produire à ce moment-là?
Un deuxième emprunt pour continuer à payer l'intérêt
du premier et payer l'intérêt du deuxième en plus et de
quelle façon va-t-on finir par être en mesure justement
d'acquitter ses dettes parce que toute dette normalement, dans une bonne
administration, doit finir par se payer? Cet après-midi, le ministre
nous disait avant l'ajournement pour le souper, avoir emprunté à
long terme pour financer les immobilisations à long terme du
Québec.
Je suis entièrement d'accord que les immobilisations à
long terme doivent être financées à long terme. Alors, je
ne discute pas cela malgré qu'il y aît des nuances à
apporter lorsqu'il s'agit par exemple de périodes où les taux
d'intérêt ou les capitaux sont plus rares, il y a peut-être
des politiques, des moyens et des méthodes à adopter en vue
justement de ne pas avoir à payer des charges supplémentaires.
Mais je pense qu'il y a une chose qu'il est bon de se rappeler, $280 millions
d'emprunts ont été annoncés pour 70/71 alors
qu'effectivement il y a eu $324 millions d'emprunts. Là j'ai pris les
chiffres ce soir que j'ai vus dans le discours qu'on nous a prononcé,
dans les documents que le ministre des Finances nous a remis lors du discours
sur le budget.
Au cours de la même année, il y a eu des immobilisations
pour $275,750,000. Cela veut dire que nous avons tout de même
emprunté $50 millions de plus à long terme pour financer des
dépenses courantes. A ce moment-là, il n'est plus question de se
limiter exclusivement à une politique d'emprunt à financer des
immobilisations. On finance des dépenses courantes à long
terme.
La même chose se répète cette année. En
71/72, on nous a annoncé $415 millions d'emprunt et le montant total des
immobilisations,
selon les prévisions budgétaires qui nous ont
été remises, est de l'ordre de $357,698,000. Encore là, il
s'agit d'un emprunt supplémentaire de $55 millions au montant total des
immobilisations.
M. GARNEAU: Vous semblez oublier les extrabudgétaires et les
remboursements d'emprunts que l'on finance en partie par des nouvelles
émissions.
M. ROY (Beauce): Par des nouveaux emprunts. Bien oui, c'est justement
là où je veux en venir. C'est là où j'en viens.
C'est qu'on refinance les emprunts. On fait l'inverse. C'est justement ce que
je viens de dire. Avec les Etats-Unis, on ne paiera jamais, on va faire de
nouveaux emprunts. Nous irons jusqu'où à ce moment-là? De
quelle façon...
M. GARNEAU : Est-ce que je peux poser une question au
député de Beauce?
M. ROY (Beauce): Certainement.
M. GARNEAU: Est-ce que vous êtes propriétaire d'une
maison?
M. ROY (Beauce): Oui.
M. GARNEAU: L'avez-vous payé en argent comptant?
M. ROY (Beauce): Vous êtes un peu indiscret, mais disons que je
suis dans la même situation que 98 p c. des gens...
M. GARNEAU: Moi, j'ai une maison et je l'ai financée à
long terme auprès d'une caisse populaire et je paie de
l'intérêt. C'est clair qu'à la fin, je vais avoir
payé le coût en capital, le coût d'emprunt, environ $15,000
plus les intérêts, je pense, 8 1/4 p. c. ou 8 1/2 p. c. pendant
vingt ans. C'est évident que je vais avoir payé deux fois, mais
pendant tout ce temps-là, je vais avoir utilisé le capital. C'est
parce que vous faites abstraction de l'utilisation de l'argent qu'on a,
évidemment qui doit se payer. Si vous me donnez une maison de $15,000,
je vais vous payer un loyer. Pourquoi, si vous me donniez $15,000 ou si vous me
prêtiez $15,000, je ne vous paierais pas de loyer? C'est le loyer de
l'argent.
M. ROY (Beauce): Je ne discute pas de cela.
M. GARNEAU: Bien, qu'est-ce que vous discutez alors? Vous parlez de
l'intérêt...
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas encore parlé de la
possibilité de ne pas payer de l'intérêt, mais je vais y
venir.
M. GARNEAU: Bien, cela fait trois fois que vous le dites.
M. ROY (Beauce): Je pense que le ministre vient au-devant des autres
questions. Il n'est aucunement question de cela. Le ministre rapporte, par
exemple, un problème privé, un problème personnel dans une
caisse d'épargne, dans lequel les gens utilisent l'épargne pour
des besoins personnels. Ce n'est pas du tout la même chose. Je pense que
le ministre devrait tout de même faire une distinction.
M. GARNEAU: Qu'est-ce qui n'est pas la même chose? Je m'excuse, je
n'ai pas saisi.
M. ROY (Beauce): Pardon?
M. GARNEAU: Ce n'est pas pareil emprunter de l'argent d'une caisse
d'épargne et l'emprunter d'une autre personne que lors d'une
émission d'obligations?
M. ROY (Beauce): Si le ministre veut me permettre. Lorsque le
gouvernement emprunte une émission d'obligations et que cette
émission d'obligations, est vendue sur le marché de
l'épargne, nous n'avons jamais discuté et je n'ai jamais
discuté qu'il ne fallait pas qu'il y ait d'intérêt sur
cette émission d'obligations. Lorsque nous avons parlé de
prêt sans intérêt, parce que le ministre va un peu plus vite
que j'avais l'intention d'y aller, tout de même c'est dans l'utilisation
du crédit. Ce n'est pas la même chose.
Lorsqu'on utilise le crédit...
M. GARNEAU: Qu'est-ce que vous appelez le crédit, vous?
M. ROY (Beauce): Qu'est-ce qu'est le crédit, d'après vous,
M. le ministre? Vous parlez du crédit de la province.
M. GARNEAU: Quand j'emprunte $100 millions sur le marché
américain, je l'emprunte sur le crédit de la province , parce que
notre crédit est bon et qu'il y a une possibilité de rembourser
ces émissions au terme de l'avis de cette émission. C'est
ça qu'est le crédit de la province. Je ne sais pas ce que vous
entendez par crédit.
M. ROY (Beauce): Vous empruntez avec le crédit de la province.
Mais le crédit de la province, c'est quoi?
M. GARNEAU: C'est ça que je vous demande.
M. BACON: C'est la capacité de payer.
M. ROY (Beauce): Bon, c'est la capacité de payer. C'est
ça.
M. GARNEAU: Votre définition. Je vous ai donné la mienne.
Dites-nous la vôtre.
M. ROY (Beauce): II y a l'utilisation du crédit et il y a le
crédit lui-même. Le crédit
lui-même existe. D'accord. C'est la capacité de payer, la
capacité de produire un bien, un service et de le livrer à un
date déterminée. C'est le crédit. Maintenant ce
crédit peut être utilisé et peut ne pas être
utilisé. C'est une distinction, je pense, qui est assez importante
à apporter. Alors le crédit peut exister en fait mais sans qu'on
l'utilise. Il y a tout de même une chose. Lorsque des emprunts sont faits
dans les institutions financières qui sont alimentées par
l'épargne, je pense qu'à ce moment-là, ce sont des
transferts de capitaux qui se font.
M. GARNEAU: Mais pouvez-vous nous donner un exemple? Supposons que vous
êtes ministre des Finances, demain matin, et vous voulez emprunter sur le
crédit de la province, dans votre définition du crédit,
sans qu'on ait à payer de l'intérêt, comment feriez-vous
cela?
M. ROY (Beauce): Vous avez, à l'heure actuelle, le gouvernement
fédéral qui emprunte. Ici, j'ai un document daté du 1er
avril, $475 millions. J'en ai un autre de $525 millions, du 15 décembre
1970. Il est dit ceci en bas: "La Banque du Canada convient d'accueillir un
minimum de $150 millions des nouvelles obligations à affecter à
n'importe quelle échéance". Et dans l'émission
précédente...
M. GARNEAU: Avec quel argent pensez-vous qu'elle achète cela,
vous? Vous pensez qu'ils font tourner la machine à piastres.
M. ROY (Beauce): Il n'en a jamais été question...
M. GARNEAU: Avec quel argent, pensez-vous?
M. ROY (Beauce): ... de faire tourner la machine à piastres pour
acheter cela. La Banque du Canada ouvre un crédit au gouvernement
fédéral.
M. GARNEAU: Oui mais... Donnez-nous...
M. ROY (Beauce): Quand une banque à charte fait un prêt,
qu'est-ce qu'elle fait?
M. GARNEAU: Oui, mais ce n'est pas du tout la même affaire. Quand
la Banque du Canada agit comme courtier et qu'elle finance une émission
d'obligations, elle achète des obligations.
M. ROY (Beauce): Elle achète des obligations...
M. GARNEAU: Bien oui.
M. ROY (Beauce): ... et elle crée un dépôt.
M. GARNEAU: Comme la Caisse de dépôt.
M. BACON: Comme la Caisse de dépôt, de la même
façon.
M. GARNEAU: Ce n'est pas une émission de crédit dans le
sens que vous dites où la Banque du Canada va escompter, par exemple,
des valeurs, des billets à terme des banques à charte et que
là, il y a une émission de crédit, de nouveaux pouvoirs
d'achat sans qu'il y ait nécessairement une émission de billets
de banque. Pas lorsque le gouvernement du Canada fait une émission
d'obligations à moyen terme.
M. ROY (Beauce): Lorsque la Banque du Canada fait une émission
d'obligations, je ne voudrais pas interpréter les faits, lorsqu'elle
achète une partie des obligations, il y a un article dans l'état
de l'actif et du passif de la Banque du Canada que l'on appelle l'article
"dépôt" où l'on marque:"dépôts"des banques
à charte: $1,352,794,788.
M. GARNEAU: Oui, mais c'est de l'argent qui a été
déposé...
M. ROY (Beauce): Oui, ce sont des dépôts, ce sont des
chiffres.
M. GARNEAU: ... par les banques à charte.
M. ROY (Beauce): Admettez-vous que les banques à charte...
M. GARNEAU: Ce ne sont pas des chiffres, ce sont...
M. ROY (Beauce): ... créent du crédit?
M. GARNEAU: Bien oui!
M. ROY (Beauce): Elles en créent?
M. GARNEAU: Oui, du crédit à court terme.
M. ROY (Beauce): Elles en créent à court terme et à
moyen terme.
M. GARNEAU: L'ensemble des banques.
M. ROY (Beauce): L'ensemble des banques. Alors, vous admettez cela?
M. GARNEAU: Bien oui, c'est évident!
M. ROY (Beauce): Alors, elles détiennent leur pouvoir de qui?
D'une loi fédérale?
M. GARNEAU: C'est le jeu du système bancaire, en somme...
M. ROY (Beauce): Le jeu du système bancaire qui est
régi...
M. GARNEAU: ... à cause de l'impact d'une banque sur
l'autre...
M. ROY (Beauce: ... qui est régi par une loi
fédérale. C'est cela? La loi fédérale a
été adoptée par le gouvernement fédéral et
la Banque du Canada sert de mécanisme. Etes-vous d'accord?
M. GARNEAU: Oui, oui.
M. ROY (Beauce): Lorsque la Banque du Canada fait des profits à
la fin de l'année, à qui remet-elle ses profits? Au fonds
consolidé du revenu du gouvernement fédéral, à ce
que je sache.
M. GARNEAU: C'est parce que le montant du profit...
M. ROY (Beauce): A ce que je sache.
M. GARNEAU: Ce n'est pas une corporation à but lucratif.
M. ROY (Beauce): Non, justement. M. GARNEAU: C'est pour cela...
M. ROY (Beauce): Mais elle remet ses profits. Combien cela
coûte-t-il à la Banque du Canada pour administrer les obligations
du gouvernement fédéral, la partie qu'elle achète?
M. GARNEAU: Je n'ai pas les chiffres ici, à savoir combien cela
coûte, pour les frais de l'administration... Ce que je veux vous faire
ressortir, c'est que les montants il y a aussi les pertes
éventuelles qu'on me souligne qui doivent être prises quelque
part...
M. ROY (Beauce): Je ne pense pas qu'il y ait des pertes sur les
obligations achetées du gouvernement fédéral.
M. GARNEAU: Là, on va s'éloigner complètement de
votre question de départ, et on risque de se perdre. Au point de
départ, vous soutenez que la Banque du Canada, qui achète des
obligations du Canada dans les dernières émissions qui ont
été faites, vous soutenez que c'est une ligne de crédit
qu'elle ouvre au gouvernement du Canada et je vous dis que non. C'est de
l'argent qu'elle achète soit avec ses réserves qu'elle
possède de la part des banques à charte qu'elle a ou encore des
dépôts qu'elle a.
M. ROY (Beauce): Elle les achète contre des dépôts
des banques.
M. GARNEAU: Bien oui, mais ce sont des dépôts, c'est de
l'argent déposé, c'est la réserve légale,
ça. Bien écoutez, pour quelle raison les banques à charte
détiendraient-elles unique- ment des comptes? Elles sont obligées
de déposer, suivant la loi, des réserves variant entre 8 p.c. et
12 p.c. qui ne peuvent pas varier plus que 1 p.c. par année ou par
période. Je pense que c'est ça, c'est un an. Peut-être
qu'il y en a qui peuvent me corriger, mais il y a toute la loi des banques qui
prévoit des variations de réserve qui dépendent de la
situation économique, de l'ampleur que la Banque du Canada veut que le
système, l'appareil bancaire émette comme crédit, comme
masse monétaire parce que, dans la masse monétaire
évidemment, il y a tout le crédit à court terme des
banques. Alors c'est du "cold cash", ce n'est pas une machine à piastres
qui est tournée.
M. ROY (Beauce): Alors vous avez admis que les banques pouvaient
créer du crédit?
M. GARNEAU: Bien, c'est évident, on n'a jamais nié
ça.
M. ROY (Beauce): Vous admettez que la Banque du Canada peut donner des
services au gouvernement?
M. GARNEAU: Oui, oui.
M. ROY (Beauce): Admettez-vous que la Banque du Canada peut donner des
services au gouvernement de la province de Québec?
M. GARNEAU: Elle pourrait en donner.
M. ROY (Beauce): Est-ce que la province de Québec s'est
déjà prévalue des services que pourrait lui offrir la
Banque du Canada?
M. GARNEAU: Bien disons que, je ne sais pas de quel, comme agent
financier vous parlez?
M. ROY (Beauce): Pas comme agent financier, pour acheter des titres du
gouvernement des provinces, elle peut en acheter.
M. GARNEAU: Elle n'en achète pas.
M. ROY (Beauce): Non, mais elle peut en acheter.
M. GARNEAU: Elle n'en achète pas, j'imagine bien qu'elle pourrait
en acheter, est-ce que la loi a été amendée
là-dessus?
M. ROY (Beauce): Article 18 de la Banque du Canada.
M. GARNEAU: Elle a pris comme attitude de ne pas en acheter, à ce
qu'on me répond.
M. ROY (Beauce): Oui, mais est-ce que Québec l'a
demandé?
M. GARNEAU: Mais comment pourrait-il...
M. ROY (Beauce): Est-ce que Québec l'a demandé?
M. GARNEAU: Non.
M. ROY (Beauce): Ah bon! Québec ne l'a pas demandé, alors
c'est assez difficile de discuter là-dessus, Québec ne l'a pas
demandé.
M. GARNEAU: Mais qu'est-ce que votre affaire changerait?
M. ROY (Beauce): Si le Québec l'avait demandé.
M. GARNEAU: Ce n'est pas qu'ils disent non. Même s'ils disaient
oui, qu'est-ce que cela changerait?
M. ROY (Beauce): Ne pensez-vous pas...
M. GARNEAU: Dans notre système monétaire, il y a deux
choses. Disons que la Banque du Canada décide d'acheter des obligations
du Québec, pour une année, $50 millions, pour l'autre
année, $25 millions. Elle en achète de l'Ontario. Evidemment, il
faudra qu'elle en achète de toutes les provinces. Fondamentalement,
qu'est-ce que cela change?
M. ROY (Beauce): Si le gouvernement est capable de se financer à
l'intérieur du Canada...
M. GARNEAU: Vous me dites vous-même que, parce que les chiffres
que vous avez, soit $1,700,000,000 en réserve...
M. ROY (Beauce): J'ai donné un chiffre. Ce ne sont pas
$1,700,000,000 en réserve. La Banque du Canada a un actif de
$5,185,000,000 dans l'état de l'actif et du passif du 12 mai 1971.
M. GARNEAU: Je n'écoutais plus, je m'excuse.
M. ROY (Beauce): J'ai dit que l'actif de la Banque du Canada, dans le
rapport de l'état financier du 12 mai 1971, était de
$5,185,000,000.
M. GARNEAU: Oui, oui.
M. ROY (Beauce): Alors, elle détient des bons du Trésor du
Canada pour $647 millions. Elle détient des titres émis et
garantis par le Canada, échéant dans les trois ans,
$1,665,000,000. Elle détient d'autres titres, garantis par le Canada
encore, de $2,026,000,000.
H y a un autre article, soit l'article b), on dit: Titres émis et
garantis par une province du Canada. Il n'y a rien sous cet article. Mais tout
de même, on a prévu que la Banque du Canada pourrait le faire. A
ce moment-là, je parle à l'intérieur du système
actuel, je ne parle pas des modifications qui pourraient être
apportées au système actuel. Il y a tout de même des
modifications que nous avons proposées, que nous avons
préconisées et que nous préconiserons encore. Mais
à l'intérieur du système actuel, elle pourrait le
faire.
Je demande au ministre, à l'intérieur du système
actuel, si la demande a déjà été faite par le
gouvernement de la province de se prévaloir de l'article 18 la
Banque du Canada afin d'émettre une partie de leurs obligations
et de les faire acheter par la Banque du Canada. La Banque du Canada
s'organisera au point de vue du passif. C'est son problème.
UNE VOIX: C'est justement là qu'est le problème.
UNE VOIX: Le député de Beauce n'est pas
sérieux.
M. ROY (Beauce): M. le Président, quand vous émettez une
émission d'obligations à des courtiers, vous ne direz tout de
même pas que ce n'est pas le problème des courtiers que de
s'occuper de les vendre. Vous les passez à un courtier pour que,
justement, le courtier s'occupe de les vendre parce que le gouvernement de la
province ne les vend pas. Alors c'est la même chose. C'est
déplacer le problème. C'est vouloir jouer sur les mots que d'en
arriver là. Alors il y a tout de même des articles qui sont
prévus. Dans la Loi de la Banque du Canada il y a des articles de la loi
qui le prévoient. On prévoit même dans les états
financiers de la Banque du Canada que l'affaire pourrait être faite. Le
ministre me dit que le gouvernement de la province ne le demande pas, alors
qu'on a de la difficulté à vendre nos obligations sur le
marché américain, alors que ceci produit des dettes...
M. GARNEAU: On n'a pas eu de difficulté à les vendre sur
le marché américain.
M. ROY (Beauce): Bien, difficulté à 9 p.c. ça
commence à être des difficultés.
M. GARNEAU: Mais à ce moment-là ce que vous me
suggérez, c'est de dire que la Banque du Canada en achète
puisqu'elle les revend. Pour qu'elle soit en mesure de les revendre, il va
falloir d'abord que ce soit à un taux du marché qui soit
convenable. Si elle en achète et les gardait en portefeuille,
évidemment la Banque du Canada a une limite qu'elle ne pourrait pas
à un moment donné dépasser. Comme ce sont des titres
à long terme, il va y avoir pour l'ensemble, le gouvernement de
l'Ontario a un programme d'emprunt de $1 milliard cette année, nous en
avons un de $550 millions ou $600 millions, mais le gouvernement de l'Ontario
en a un programme d'emprunt de $1 milliard.
Si la Banque du Canada en achetait à un moment donné, elle
serait dans son portefeuille à cause de ses liquidités, à
elle, dont elle pourrait disposer. Elle aurait un portefeuille de valeurs
obligataires des gouvernements des au-
tres provinces. Puis, là, elle serait figée à cette
chose et ça ne changerait rien au point de vue du système, sauf
que, pour un an ou deux, on serait peut-être capable de vendre de la
Banque du Canada pour $50 millions ou $75 millions d'obligations, mais
fondamentalement, ça ne changerait rien dans le système.
M. JORON: Parce qu'il y a un avantage.
M. ROY (Beauce): M. le ministre, je m'excuse, monsieur...
M. GARNEAU: D'un autre côté, là je ne le sais pas,
si c'est le moment, il y a une motion d'inscrite au feuilleton où on
pourra discuter de toutes les théories monétaires.
M. ROY (Beauce): Une mesure qui est inscrite depuis un an. Je ne sais
pas si on pourra en discuter cette année, alors c'est pour ça que
je profite des crédits.
M. GARNEAU: Je ne sais pas au juste... Je n'ai pas d'objection à
discuter indéfiniment, mais on pourrait discuter toute la nuit de la
théorie monétaire du Crédit social.
M. ROY (Beauce): On ne discutera pas des théories
monétaires toute la nuit, je puis vous en assurer. Mais, tout de
même il y a certaines choses qui méritent d'être
soulignées, qui mériteraient d'être
étudiées.
Tout à l'heure vous avez parlé que tout le problème
du Québec et du problème international, des problèmes
internationaux, autrement dit que c'est la conjoncture internationale et nous
dire bien que...
M. GARNEAU: Excusez, là, il ne faudrait tout de même pas
indiquer...
M. ROY (Beauce): ... pour être en mesure... Bien écoutez,
vous avez parlé par exemple du taux de la parité du dollar. Bon
alors...
M. GARNEAU: Bien oui, mais ce que je vous...
M. ROY (Beauce): ... vous avez parlé de conjoncture.
M. GARNEAU: Vous concluez que toute la situation économique du
Québec est reliée presque uniquement à la conjoncture
internationale. D'accord, c'est un des éléments. Je ne veux quand
même pas que vous me fassiez dire par vos propos que j'ai indiqué
qu'il y avait uniquement cela, qu'on était "encarcané" puis qu'on
ne pouvait rien faire, absolument rien. C'est un élément, il y a
plusieurs éléments politiques-monétaires, politiques des
taux de change, les accords internationaux auxquels le Canada participe. Ce
sont là des éléments qui font partie de l'ensemble.
Mais je ne peux pas vous laisser dire que j'ai conclu, moi, que
c'était la situation internationale qui était notre camisole de
force et uniquement ça qui orientait l'économie du
Québec.
Je pense qu'il faut quand même faire cette nuance-là.
M. ROY (Beauce): Tout de même vous avez apporté beaucoup
d'arguments lors de la présentation du budget cette année et vous
en avez discuté tout de même passablement, avant le souper, de la
conjoncture économique nationale.
M. GARNEAU: C'est un des éléments.
M. ROY (Beauce): Maintenant, le problème du Québec
à l'heure actuelle on ne touche pas souvent le problème du
Québec se situe à quel endroit, à quel niveau? Nous
avons une main-d'oeuvre abondante au Québec, nous sommes aux prises avec
des taux de chômage jamais vous au Canada et par contre nous avons des
ressources abondantes à développer que nous ne pouvons
développer avec une main-d'oeuvre en chômage. Et nous avons de
plus l'équipement pour pouvoir développer ces ressources et nous
avons la main-d'oeuvre pour pouvoir justement les développer.
Et nous avons des besoins domestiques à satisfaire et nous sommes
aux prises, nous sommes dans une camisole de force et nous sommes
obligés d'avoir recours à des emprunts étrangers pour
pouvoir développer des ressources québécoises pour
satisfaire des besoins québécois et pour employer de la
main-d'oeuvre québécoise. Alors, M. le ministre j'ai
souligné tout à l'heure les trois limites que le gouvernement
avait à l'heure actuelle: l'assiette fiscale, le marché de
l'épargne et les emprunts étrangers et j'ai tenté de
démontrer quelles conséquences avaient les emprunts
étrangers à moyen et à long termes sur l'économie
québécoise, avec des dettes qui ne s'éteindraient
jamais.
Maintenant, j'aurais une question à poser au ministre à la
suite de ça. Supposons que le marché américain et que le
marché européen nous seraient complètement fermés
demain matin. Qu'est-ce que le ministre des Finances envisagerait pour
développer l'économie du Québec afin de satisfaire les
besoins de nos Québécois?
M. GARNEAU: M. le Président, si les marchés financiers
nous étaient fermés, nous serions - à moins que l'on
impose l'épargne forcée aux citoyens du Québec dans
la même situation que le député de Beauce qui voudrait
s'acheter une automobile, puis qui ne serait pas capable d'avoir de
crédit pour l'acheter, il faudrait qu'il s'en passe. Cela serait
à un moment donné ce que l'on appelle se serrer la ceinture
à double tour, à moins que l'on utilise des politiques
coercitives pour forcer les gens à dégager l'épargne pour
nous permettre de cons-
tituer ce qu'on appelle le capital, pas nécessairement du capital
financier, le capital technique, puisque c'est à ça que vous
référez.
M. ROY (Beauce): Alors le ministre n'admet pas qu'à ce
moment-là il y aurait possibilité d'utiliser le crédit de
la province avec un système de comptabilité
québécois en vue d'être capable de mettre en valeur nos
ressources, d'augmenter notre commerce, de développer notre
économie chez nous. Je vais vous donner un exemple. En 1939, et je me
permets de citer l'exemple, parce que c'est à peu près le plus
bel exemple qu'on peut citer, même s'il a été cité
à plusieurs reprises. La dette nationale du Canada était de $3
milliards $710 millions, j'ai les chiffres officiels et, en 1946, la
dernière année de la guerre, la dette nationale du Canada
était de $18 milliards $959 millions et à ce que je sache, ceci
s'est fait sans avoir recours à aucun emprunt étranger.
D'accord?
M. GARNEAU: Je ne pourrais pas...
M. ROY (Beauce): Aucun emprunt étranger, parce que...
M. GARNEAU: ...C'est bien facile, mais avec des mesures coercitives.
M. ROY (Beauce): ...le même problème se produit dans les
autres pays. Qu'est-ce qui s'est produit au Canada à ce
moment-là?
M. GARNEAU: Cela a été l'effort de guerre.
M. ROY (Beauce): Cela a été l'effort de guerre et
ça été l'effort des institutions financières. Et
justement on a permis au système bancaire canadien...
M. GARNEAU: Non, non. Vous aviez les obligations, les bons de la
victoire vous vous rappelez, tout le rationnement qui a été
imposé ... en réalité ce qu'on a fait c'est d'obliger les
gens à ne pas dépenser pour être capable...
M. HARVEY (Jonquière): C'est l'avance des chiffres.
M. JORON: On a baissé la consommation pour...
M. GARNEAU: C'est ça, pour alimenter l'épargne...
M. ROY (Beauce): On a augmenté, ils ont augmenté l'actif
des banques, on a augmenté l'actif des institutions financières
et on a augmenté la dette nationale du Canada et on a augmenté la
dette des provinces pour pouvoir financer l'effort de guerre chez nous, sans
avoir recours à des emprunts étrangers, pour pouvoir faire notre
effort de guerre. Moi on ne me fera tout de même pas admettre qu'on a
réussi à vendre $12 milliards ou $13 milliards de bons de la
victoire, alors qu'il y avait une masse monétaire au début de la
guerre d'environ $2 milliards et quelque $100 millions.
Alors il y a eu tout simplement des ouvertures de crédit.
M. BIENVENUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
ne l'ai pas invoqué souvent jusqu'ici, mais j'ai nettement l'impression
et la certitude que nous sommes très loin, de plus en plus loin, des
crédits du ministère des Finances pour l'année fiscale
71/72...
M. LE PRESIDENT: Je suis parfaitement d'accord avec vous. D'ailleurs on
n'a pas à régler tous ces problèmes-là.
M. BIENVENUE: Remarquez bien, je trouve extrêmement
intéressant ce que dit le député de Beauce, ces rappels de
l'histoire de la dernière guerre, etc. il y a trente ans, mais je ne
vois pas comment à ce rythme, nous allons adopter les crédits ni
ce soir, ni cette semaine, ni la semaine prochaine, ni avant les vacances
d'été.
M. le Président, j'aimerais avoir une décision. Mon
collègue de Beauce peut se faire entendre et tous les autres sur mon
point de règlement, mais si j'ai raison, je pense qu'on devrait revenir
à l'étude des crédits de 71/72 dans la province de
Québec.
M. LE PRESIDENT: Je suis de votre avis.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je m'excuse, mais sur le rappel
aux règlements, je pense que lors de l'étude des crédits
de quelque ministère que ce soit, il y a une coutume établie dans
cette Chambre et qui a été pratiquée largement
l'année dernière. J'ai assisté à plusieurs
séances de commissions parlementaires lors de l'étude des
crédits et au début de chaque séance, on discute de la
politique générale du ministère. Or, comme le
ministère des Finances du Québec est le ministère
numéro 1 pour permettre la relance de l'économie, le financement
de l'économie le développement de notre province,
l'administration de notre province, je pense que c'est justement le temps de
discuter l'économie, de financement. Je pense que le moment est opportun
et c'est l'endroit voulu où nos règlements permettent de le
faire. M. le Président, je ne veux pas abuser de mon droit de parole,
mais je pense que, à la séance de la commission parlementaire des
Richesses naturelles, on a permis tout de même à un parti
politique de faire beaucoup d'interventions. Lors d'autres séances de
commissions parlementaires, on a également permis à d'autres
partis politiques de faire beaucoup d'interventions. Or, lorsque j'arrive pour
faire des interventions lors de l'étude des crédits ou quelque
part, je trouve curieux qu'on ait toujours des objections pour ne pas avoir
à discuter des opinions que nous avons à émettre. M. le
Président, j'en fais
appel à votre décision et j'aimerais avoir une directive
de votre part.
M. BIENVENUE: M. le Président, toujours sur la question des
règlements, d'abord je ne vise aucun parti politique, c'est absolument
inexact. La preuve, c'est qu'on a entendu, je pense, aussi abondamment, sinon
plus, le député de Beauce que n'importe quel parti de
l'Opposition depuis le début de nos séances cet
après-midi. Premièrement, je ne vise aucun parti et ce n'est pas
mon genre de viser des partis. J'ai dépassé cet
âge-là. Deuxièmement, la coutume à laquelle fait
allusison le député de Beauce, je pense que nous l'avons suivie
et amplement depuis cet après-midi, parce que c'est depuis 4 heures cet
après-midi que l'on parle de politique fiscale, de prévisions
pour l'avenir, de théories monétaires et de tous les mots savants
qu'on voudra. Je pense que l'honorable député de Gouin et le
député de Montmagny n'ont pas à se plaindre de ce
côté-là. Je pense que tout le monde est satisfait. On a
amplement parlé de ces sujets. D'ailleurs, je n'ai pas soulevé le
règlement avant, mais tout bonne chose a une fin et on peut facilement
passer d'un échelon à l'autre, d'une période à
l'autre, d'une partie de siècle à l'autre, on pourra passer
bientôt d'un siècle à l'autre. A un moment donné,
où nous arrêterons-nous? Avant qu'il ne soit trop tard, j'ai
invoqué le règlement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: II faut revenir à l'étude des articles au
budget.
M. JORON: M. le Président, au sujet du règlement, si vous
me le permettez, il y a en fait, une question de bonne volonté des
participants, semble-t-il. D'accord, d'une part, il y a un
précédent qui veut qu'on fasse le tour des questions d'ordre
général. On est en train de compléter ce tour mais c'est
évident que si chacun se met dans la tête d'entretenir la
commission de ce qui l'intéresse plus particulièrement, on n'en
sortira jamais. Vous vous imaginez que sur les relations fiscales
fédérales-provinciales, les représentants du Parti
québécois auraient pu durant des journées entières
retarder le travail de la commission. Je pense que d'une part on pourrait
peut-être se dire entre nous quels sont les sujets d'ordre
général qu'on veut encore aborder, se fixer plus ou moins une
limite de temps, les vider et aller à l'étude des crédits
le plus rapidement possible par la suite. On achève, j'ai l'impression,
les questions d'ordre général.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, depuis neuf ans que
j'assiste à l'étude des crédits des ministères, il
est exact que la méthode que plusieurs préfèrent
pour ma part, c'est celle-là que je préfère est de
faire une discussion d'ordre général sur le poste 1, quitte
à le réserver pour intervention ultérieure en Chambre et
procéder par la suite à l'étude plus rapide des autres
sujets spécifiques. Sur la discussion d'ordre général, il
est évident que l'Opposition peut à loisir soulever des
problèmes d'envergure plus générale et c'est ce qui a
été fait depuis l'étude des crédits. Mais il y a
tout de même une question de discernement.
Je pense que, quand on discute de sujets d'ordre général,
si le sujet présentement en discussion comme le
député de Gouin vient de le dire il y a un instant ou les
théories monétaires ou d'autres sujets analogues se prêtent
facilement à des extensions du débat, des extensions de
délais, ce n'est pas le rôle de la commission de vider la question
des théories monétaires. Il a été
intéressant tout de même d'entendre des échanges de points
de vue.
Je crois que c'est une question de discernement. Quand il y a eu
échange raisonnable de part et d'autre, je pense qu'à ce
moment-là il y a d'autres sujets d'ordre général et je
crois que c'est le rôle de l'Opposition officielle ce n'est pas
statutaire d'indiquer sommairement les sujets qu'on aimerait
discuter.
J'ai demandé tantôt au député de Beauce
et je pense que c'était une gentillesse de ma part de le faire
s'il avait d'autres questions sur le problème des emprunts.
J'avais l'intention, après que nous aurions eu vidé la question
des emprunts, d'indiquer moi-même, sans brimer le droit de parole des
autres parlementaires du côté de l'Opposition, les sujets que
j'aimerais voir discuter à cette commission, comme la réforme
fiscale, sans entrer dans une élaboration trop poussée du sujet
mais tout de même d'aborder avec le ministre des Finances la question de
la réforme fiscale, la question de la réforme administrative. On
a parlé de la politique des emprunts, on aurait pu parler d'autres
organismes qui relèvent plus particulièrement du ministre des
Finances. Mais je crois que, sans brimer le droit de parole des
députés, il y a aussi une question de pondération et une
question de mesure. Quand on s'aperçoit qu'il n'est
définitivement pas possible autour de la commission de régler un
problème qui a autant d'envergure que la question des théories
monétaires ou des systèmes économiques, je pense bien que,
quand on en a fait une discussion raisonnable, M. le Président, on
devrait passer à la discussion d'autres articles.
Pour ma part, je n'ai le droit de brimer le député de
Beauce en aucune façon. Mais je crois que l'échange que nous
avons eu à ce moment-ci est suffisant, étant donné qu'il y
a encore trois ans pour vider la question avec le ministre des Finances; nous
pourrions normalement réserver le sujet pour ultérieurement, dans
d'autres commissions. Si la motion du député de Beauce
était appelée à un moment donné, je crois
qu'à ce moment-là ce serait le temps de faire une discussion de
fond sur le système économique et sur la théorie
monétaire. D'autre part, je crois bien que le député de
Beauce a posé une problème, il a apporté à l'appui
de son argumentation des opinions qui sont intéressan-
tes, qui étaient intéressantes à écouter. Je
pense bien que la commission en tirera profit et poussera plus loin, que chacun
poussera aussi plus loin son examen de conscience sur le meilleur
système économique et monétaire que le Québec
pourrait adopter.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce qu'on me permettrait
seulement un bref commentaire?
On parle de réforme fiscale, on parle de réforme
administrative. J'ai tenté de démontrer tout à l'heure par
les questions que j'ai posées au ministre, par les preuves que j'ai
tenté de donner, on m'a reproché d'être venu en
arrière, c'est un exemple que j'ai donné, ce n'est pas la
question que je voulais faire le bilan arrière j'ai donc
tenté de démontrer la nécessité qu'une
réforme financière soit faite au Québec pour pouvoir
permettre au Québec de se développer, de développer ses
ressources, d'utiliser sa main-d'oeuvre et de mettre en valeur les actifs que
nous avons chez nous sans avoir pour cela à nous endetter et à
endetter les générations futures.
C'est tout simplement ça que j'ai tenté de
démontrer. Je suis très surpris et je le regrette
de l'attitude qu'on a adoptée à cette occasion. Je ne veux pas
faire le malin, M. le Président, mais je n'ai pas l'habitude d'abuser de
mon droit de parole. Dans les séances des commissions parlementaires, je
ne l'ai jamais fait. C'est la première fois que je me permets autrement
dit de faire une intervention assez soutenue et j'avais justement gardé
cette année l'occasion de l'étude des crédits du
ministère des Finances pour pouvoir le faire.
M. le Président, je vais donc me prêter de bonne
grâce à votre directive mais je compte revenir sur le sujet parce
que j'estime encore une fois qu'on aura beau parler de réforme fiscale,
qu'on aura beau parler de réforme administrative, tant et aussi
longtemps qu'on ne parlera pas de réforme financière, qu'on ne
voudra pas en entendre parler, on n'aura pas réglé nos
problèmes chez nous et nous allons continuer à battre les records
du chômage, nous allons continuer de nous endetter et nous allons
continuer d'être mal pris.
Et nous nous réveillerons un bon matin avec des problèmes
sociaux beaucoup plus aigus que ceux que nous avons à ce jour.
Malheureusement à ce moment-là, on pourra dire une chose:
Peut-être que nous avons oublié de regarder la
réalité de vouloir nous pencher pour regarder le problème
où il était.
M. le Président, je termine mon intervention là-dessus.
Mais soyez assuré d'une chose, je ne termine pas le sujet, là. Je
vais certainement y revenir à d'autres occasions. Vous pouvez être
assuré que je vais me prévaloir de mon droit de parole et je vais
revenir l'an prochain, si je suis encore vivant, à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère des Finances. A ce
moment-là je prendrai deux jours, si c'est nécessaire, pour faire
valoir notre point de vue à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Je crois que le ministre des Finances s'est
prêté de bonne grâce à répondre à vos
questions.
M. GARNEAU: Pour autant que nous sommes d'accord, ça devient une
question d'opinion, une question de théorie...
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas une question de théorie, c'est une
question de monnaie, on parle de réforme fiscale. Pour quelle raison
peut-on parler de réforme fiscale si on...
M. GARNEAU: M. le Président, j'avais le droit de parole. Je ne
nie pas au député de Beauce de pouvoir proposer des
modifications, proposer une politique qui pourrait remplacer celle que nous
avons actuellement. Si jamais le parti qu'il dirige est élu et qu'il
occupe une fonction dans un gouvernement, il pourra mettre en application les
politiques qu'il suggère, mais ça devient une question d'opinion.
Il pourra parler pendant une heure, je pourrais parler pendant une heure, mais
nous ferions des discours sur des théories qui pourraient être
mises en application.
Pour ma part je n'ai pas d'objection, si le député veut
faire un long exposé théorique. Mais je ne voudrais pas m'engager
dans un débat sur le fond de la question aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Si le député de Beauce le veut bien, nous
allons revenir à l'étude des articles du budget.
M. ROY (Beauce): Je vais me soumettre, M. le Président. J'avais
encore quelques remarques à faire, je les ferai à une autre
occasion.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Finances est prévenu,
l'an prochain, un débat sur la réforme fiscale.
M. GARNEAU: Ce serait peut-être une bonne chose de vider la
question, peut-être pourrait-on...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a la motion. Tantôt le leader
parlementaire du gouvernement était ici, je regrette qu'il n'ait pas
entendu la dernière partie. A ce moment-là il pourrait faciliter
l'étude de la motion...
M. GARNEAU: Du député de Saint-Maurice, je crois.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... du député de Saint-Maurice.
Et ça permettrait à chacun des députés d'aller au
fond des choses, au fond du problème, et ça évitera
à la commission des Finances de se prononcer sur le système.
M. ROY (Beauce): Relativement à la motion que nous avons
inscrite, je voudrais faire remarquer que l'année dernière nous
avions inscrit notre motion et que celle du député de Saint-
Maurice a été discutée l'année
dernière. Cette année le député de Saint-Maurice a
reposé la même question au feuilleton et on discutera encore la
question du député de Saint-Maurice, au lieu de discuter la
motion que nous avions inscrite.
M. GARNEAU: Elles sont appelées dans l'ordre de l'inscription.
L'année prochaine, prenez-vous de bonne heure pour déposer vos
questions au début.
M. ROY (Beauce): M. le Président, quand bien même nous
aurions inscrit notre motion je ne voudrais même pas laisser
passer cette petite phrase sans rien dire au tout début, nous
sommes encore à discuter la première motion qui a
été inscrite au feuilleton. Et je ne crois pas que la
deuxième pourra être discutée d'ici l'ajournement de la
Chambre, avant le 23 juin.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, comme autre sujet que
je voulais suggérer à la commission... Le ministre a parlé
de réforme fiscale je ne voudrais pas qu'on prenne tout le reste
de la séance pour parler de ce problème mais je voudrais
qu'il nous expose, comme il l'a fait la semaine dernière devant les
municipalités, un projet de réforme partielle. Dans quel contexte
global de réforme cela s'inscrit-il et peut-on prévoir à
plus ou moins longue échéance un projet de réforme fiscale
de plus grande envergure?
M. GARNEAU: ... fiscalité. D'ailleurs, je pense l'avoir
déjà indiqué dans le discours du budget. La
fiscalité québécoise s'inscrit dans un contexte fiscal
canadien. On ne peut pas avoir des lois fiscales qui soient complètement
disparates, extrêmement différentes de l'ensemble de la
fiscalité canadienne. Dans des choses aussi importantes, comme par
exemple de savoir si on va taxer les gains de capitaux, la façon
d'incorporer les revenus que l'individu perçoit des compagnies à
titre de dividendes dans son propre calcul d'impôt sur le revenu, si on
parle de cet ensemble de philosophie sur la fiscalité, le point de
départ est assurément le livre blanc qui a été
déposé par le ministre fédéral des Finances, M.
Benson.
A la suite du dépôt de ce document, il y a eu plusieurs
séances de travail pour nous conduire finalement à la
conférence des ministres des Finances de Winnipeg, où le premier
ministre, qui était à ce moment-là ministre des Finances,
a fait valoir la position du Québec concernant un certain nombre des
principaux points majeurs de la réforme fiscale proposée par le
gouvernement fédéral. Entre autres, la question de
l'intégration, la question des gains de capitaux j'ai
demandé qu'on aille me chercher le mémoire de Winnipeg, on
pourrait reprendre les différents points qui ont été
soulevés par le gouvernement du Québec.
Le gouvernement du Québec, comme le gouvernement des autres
provinces, ayant fait connaître son point de vue, il y avait
évidemment à attendre la réponse du gouvernement
fédéral pour savoir quelle serait son attitude et nous avons
indiqué à quelques reprises qu'indépendamment de la
décision du gouvernement fédéral, nous du Québec,
nous pourrions aligner ou ne pas aligner nos lois fiscales sur celles du
fédéral selon qu'il aurait tenu compte ou non de nos
recommandations.
Il y a eu, à la suite de Winnipeg, une autre réunion des
ministres des Finances et, à ce moment-là, on nous a
indiqué qu'étant donné que ce serait relié au
discours du budget, il était difficile pour le ministre des Finances
d'indiquer d'avance le projet de loi qui serait déposé, pour les
mêmes raisons que l'on utilise un grand degré de prudence et de
confidentialité lorsqu'on présente un budget, parce que son
impact est considérable. Evidemment, ça pourrait prêter
à toutes sortes de spéculations.
On a été informé et d'ailleurs, je pense que
ça été repris dans la presse que le discours du
budget du gouvernement fédéral serait donné le 18 juin et
qu'à ce moment-là le ministre des Finances fédéral
ferait connaître sa politique à la suite de son livre blanc du
rapport de la commission qui à siégé un peu partout
à travers la province, des nombreux mémoires des gouvernements,
des associations, d'entreprises, d'individus, etc.
A la suite de ce dépôt du budget fédéral et
de la législation qui va être présentée, il y aura
une première rencontre au niveau des fonctionnaires, qui sera suivie
probablement par une rencontre des ministres des Finances vers la mi-juillet. A
ce moment-là, quand on aura en main les principes de la loi
fédérale, nous serons plus en mesure de dire si nous pourrons oui
ou non aligner notre politique sur celle du Fédéral. Les
principaux points ont été à maintes reprises
soulevés, en particulier la question de l'intégration, la
question du droit de taxer les gains de capital. Nous nous sommes dits d'accord
en principe sur la taxation des gains de capitaux, avec différentes
formules que nous avons proposées, mais fondamentalement il y avait
toute la question également de la taxation des compagnies
minières, point sur lequel il y a eu une entente préliminaire. Le
fédéral a accepté une entente qui a permis
évidemment de donner une certaine garantie aux compagnies
minières pour que la formule qui avait été
suggérée dans le livre blanc ne soit pas complètement
retenue, mais qu'elle soit modifiée plutôt dans le sens de
maintenir une possibilité d'amortissement pour ce qui est de
l'épuisement minier; il s'agit évidemment de l'amortissement du
capital qui a été réellement dépensé. Si une
compagnie fait une dépense pour installer, un appareil pour
réduire le minerai brut en minerai semi-fini, en
dépense-là il s'agit d'une dépense qui a été
réellement effectuée. Cette concentré, pourrait être
dépréciée sur une période plus courte
comparativement, par exemple, à ce qui existe dans les autres
entreprises. C'est ce qu'on appelle de l'épuisement gagné qui
pourra être déprécié. Evidemment, cela a aidé
le lancement des investissements d'Iron Ore et de Cartier Mining. C'est un
point extrêmement important. Pour le reste, il faudra attendre de voir la
législation fédérale pour être en mesure de dire si
oui ou non on pourra s'aligner sur cela.
De même, par exemple, on a parlé à quelques reprises
de la question de la taxation sur les droits de succession. J'ai indiqué
dans le discours du budget pourquoi nous n'avions pas procédé,
c'est parce que les droits de succession sont intimement liés à
la taxation des profits de capitaux et on a préféré
attendre afin d'être en mesure de le faire globalement à la suite
du dépôt du livre blanc, de la loi fédérale sur la
fiscalité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Excusez, j'aurais d'autres commentaires
à faire à ce sujet. Evidemment, le ministre vient de nous
décrire le mécanisme, sa position d'attente, vis-à-vis de
certains gestes ou de certaines décisions que prendra le gouvernement
fédéral. Faisant abstraction de cela, est-ce que tout de
même le ministre songe ou est-ce que des études se poursuivent au
ministère actuellement pour répartir différemment le
fardeau fiscal à l'intérieur du Québec? En tenant compte,
évidemment, que peut-être certaines classes de contribuables
seraient peut-être trop imposées par rapport à d'autres un
réaménagement comme nous l'avions fait à l'occasion de
l'adoption de la Loi des allocations familiales, alors qu'on a commencé
un processus de réalignement, de nouvelle répartition du fardeau
fiscal. Faisant abstraction des négociations avec le
fédéral, est-ce que c'est possible ça? Est-ce que le
ministre a quelques commentaires à nous faire à ce sujet?
M. GARNEAU: On a eu l'automne passé, à partir de la fin
d'août, un comité qui a étudié différents
aspects de la fiscalité. Un certain nombre de dossiers ont
été compilés. Une des suggestions retenues avait
été faite évidemment à la suite d'autres
études antérieures. Mais finalement on a décidé de
la retenir de façon définitive pour la mettre en application
je pense que ça s'incorpore un peu dans la fiscalité
est la question des plaques d'immatriculation des camions selon la
charge brute au lieu d'être selon le poids net du camion. C'était
une suggestion faite par la commission Bélanger. On a eu une autre
série de recommandations qui ont été faites. Comme le
discours du budget ne comportait pas d'augmentation de taxes, on n'a pas voulu
faire de réaménagements. Un point, par exemple, sur lequel nous
aimerions apporter un correctif, est justement ce fait qu'à la suite de
la Loi des allocations familiales provinciales, il y a eu une exemption
à $4,000 pour les personnes mariées et à $2,000 pour les
célibataires. Etant donné que la coupure se fait brusquement,
pour ceux qui gagnent $4,200 ou $4,150, il y a peut-être une injustice ou
une inégalité. Il faudrait corriger cette inégalité
en ayant une courbe de taux qui soit un peu plus lisse, qu'il n'y ait pas un
soubresaut, à un moment donné, dans cette catégorie de
contribuables. Mais nous croyons qu'entreprendre tout un changement de taux
uniquement je prends cet exemple en particulier puisque c'est ce que le
député de Montmagny m'a demandé nous croyons qu'il
est préférable d'attendre et de faire le correctif d'une
façon plus globale lorsque nous aurons à reprendre
peut-être certaines lois fiscales, à la suite des
législations fédérales. Il y a d'autres points, comme les
droits de succession, où après le comité de travail,
après avoir repris les études qui étaient en marche, on en
est venu à la conclusion qu'il valait mieux attendre.
Maintenant, les activités du comité ont été
suspendues à la suite du discours du budget. On s'est dit, avant d'aller
plus loin, qu'on attendrait le dépôt de la législation
fédérale. M. Marcel Bélanger, qui agit encore comme
conseiller fiscal du gouvernement, est disposé, les gens du
comité sont avisés. Dès que la loi fédérale
sera déposée, on va reprendre le travail d'une façon
beaucoup plus intense, avec le comité comme il existait au mois de
septembre avec la représen-taiton des gens du ministère du
Revenu, pour voir quelle attitude prendre. Mais,tous les dossiers qui
étaient en marche, comme nous n'avons pas voulu changer la
fiscalité dans le budget, nous avons préféré
attendre et le faire d'une façon globale, mais plusieurs dossiers sont
en marche en droit de succession. On sera prêt à agir dès
qu'on aura eu la loi fédérale. Quant à cette question des
$4,000 qu'on voudrait hisser au niveau des taux d'imposition pour qu'il n'y ait
pas une charge trop bursque, je ne suis pas en mesure d'aller beaucoup plus
loin, à ce moment-ci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, après avoir relu la
déclaration de M. Bourassa à Winnipeg et les déclarations
subséquentes, notamment certaines des vôtres dans le discours du
budget c'est une interprétation peut-être de jugement, me
direz-vous mais j'ai toujours l'impression que le gouvernement du
Québec est en train de se faire entraîner dans une réforme
fiscale, qu'il va y aller dans la mesure où le fédéral va
ouvrir le chemin. Comme ça, vous allez y être
entraîné; vous êtes bien prêts à marcher un
peu.
Vous êtes contre une intégration entre autres, si on prend
deux aspects en particulier. D'autre part, vous avez une position plus souple
par rapport au gain de capital. Vous n'êtes pas nécessairement
contre le gain de capital.
Je me demande, si le gouvernement fédéral n'avait pas
parlé de réforme fiscale, si vous en
parleriez, à ce moment-ci. Par exemple, advenant que le 18 juin
on apprenne de la bouche de M. Benson une petite réforme seulement,
seriez-vous prêt à envisager le gain de capital seul même si
le fédéral ne l'envisage pas, dans la mesure où l'Ontario
l'envisage? Je me demande si le ministre des Finances de l'Ontario n'a pas dit
qu'il y songeait de toute manière indépendamment de ce que ferait
le gouvernement fédéral. Dans cette optique, est-ce que vous
seriez prêt à le considérer?
M. GARNEAU: Evidemment, le Québec seul, je pense, dans le
contexte économique dans lequel on vit, pourrait difficilement taxer les
gains de capitaux si les autres provinces ne le font pas parce qu'on serait
dans une situation extrêmement défavorable au niveau des
investissements, au niveau des Québécois eux-mêmes qui se
verraient dans une situation qui les désavantagerait comparativement aux
citoyens des autres provinces. Je pense bien qu'il serait difficile pour nous
de le faire, de taxer les gains de capitaux seuls même si on est d'accord
en principe. Si jamais la loi fédérale ne le prévoyait pas
nous procéderions plutôt à un réaménagement
des droits successoraux pour qu'ils soient plus conformes à la situation
présente. Mais je ne crois pas, en tout cas, je ne serais pas prêt
à recommander que nous y allions seuls.
M. JORON: Seriez-vous prêt à considérer, par
exemple, d'introduire la notion de progressivité dans la taxe de
vente?
M. GARNEAU: C'est une question qui a des conséquences
administratives considérables, qui n'est pas facile d'application.
Déjà, le fait qu'il y ait un certain nombre de denrées, un
certain nombre d'articles qui ne soient pas taxés provoque une certaine
évasion fiscale. Si nous étions assez brillants pour trouver une
formule qui s'applique selon les catégories de biens disons que
les vêtements seraient taxés à 3 p. c. et les automobiles
à 8 p. c, etc ça deviendrait une loi extrêmement
complexe. En principe, je pense bien que c'est une chose sur laquelle on
pourrait être d'accord. Mais c'est au point de vue de son application...
d'ailleurs le premier ministre l'a répété à
quelques reprises. La taxation des biens de luxe! C'est la formule
d'application qui demande à déterminer où commence et
où arrête le luxe. Est-ce que la télévision est un
luxe ou pas?
M. JORON: C'est une notion qui change évidemment au cours des
années.
M. GARNEAU: C'est une notion qui change. C'est extrêmement
difficile à figer dans une loi.
M. ROY (Beauce): Au niveau de la réforme fiscale, est-ce que
Québec je reprends un peu la question, je serai peut-être
un peu plus direct que le député de Montmagny a fait
valoir son point de vue directement? Est-ce que Québec a fait des
recommandations précises ou si dans les rencontres qui ont eu lieu il y
a eu seulement de la négociation, de la discussion, certains points de
vue d'exprimés?
M. GARNEAU: Nous avons fait une proposition concrète en ce qui
regarde, par exemple, la formule d'intégration du livre blanc. Je
pourrais peut-être référer le député de
Beauce au document qu'on a déposé je l'ai devant moi
à la conférence de Winnipeg. Je pourrais peut-être
lui en envoyer une copie pour qu'il puisse prendre connaissance de ce qu'on a
suggéré comme contre-proposition à cette conférence
de Winnipeg.
M. ROY (Beauce): J'apprécierais recevoir une copie de ce
document.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne sais pas s'il y a
d'autres questions d'ordre général. Pour ma part, je serais
satisfait... évidemment, il y aurait bien d'autres sujets qu'on aurait
pu traiter. Nous aurons l'occasion, lors de l'étude des
prévisions budgétaires des Institutions financières ou du
ministère du Revenu les crédits du ministère du
Revenu sont adoptés de revenir sur des questions d'ordre
général. Pour ma part, je serais prêt à commencer
l'étude des prévisions budgétaires article par
article.
M. JORON: Moi de même, M. le Président.
M. ROY (Beauce): Alors, comme première question... c'est
évidemment une question que le député de Matane, ministre
d'Etat, attend avec impatience depuis cet après-midi, après
l'avoir félicité évidemment d'avoir accédé
au cabinet ce que j'ai fait cet après-midi après
une période de préparation qu'il a utilisée
intensément. Quelles sont les tâches spécifiques que le
ministre a déjà annoncées à son ministre d'Etat, et
les autres tâches qu'il ne lui a pas annoncées encore, mais qu'il
apprendra ici, ce soir, officiellement?
M. GARNEAU: Lorsque le député de Matane a
été assermenté comme ministre d'Etat aux Finances, il
avait été convenu à l'avance que son rôle premier
serait de représenter le ministère au comité de
législation, et deuxièmement, d'assister le leader parlementaire
en Chambre, au niveau des travaux lorsque celui-ci doit s'absenter. D'ailleurs,
il a dû le faire une journée lorsque le ministre de l'Industrie et
du Commerce était dans son comté. Ce sont là les deux
premières préoccupations, les deux premières fonctions qui
ont été confiées au député de Matane.
D'autres responsabilités pourront lui être confiées un peu
plus tard. Les détails ne sont pas encore arrêtés. Il doit
y avoir des discussions au niveau du Conseil des ministres à
ce sujet. Mais déjà, il est à organiser son bureau,
l'organisation des locaux...
UNE VOIX: A-t-il du personnel?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une bonne question, on pourrait vous
demander si vous en avez trouvé.
M. BIENVENUE: Pour répondre au député de Montmagny,
actuellement, je n'ai pas de chef de cabinet, pas de secrétaire
particulier adjoint à Québec, pas d'attaché de presse, pas
de secrétaire principal, pas de chauffeur payé par les Finances,
pas de messager. Mon seul personnel à Québec étant ma
bonne, coutumière et traditionnelle secrétaire de
député.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai parlé des êtres humains, je
pourrais faire une suggestion au ministre. Actuellement en Chambre, on discute
des crédits de la Fonction publique. Si le ministre veut s'absenter une
dizaine de minutes pour aller poser des questions en Chambre.
M. BIENVENUE: J'attends qu'on ne parle plus de moi pour m'absenter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, ça va venir.
M. GARNEAU: Le temps de trouver le personnel...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'à ce moment-là le
député de Hull qui est déjà aussi un adjoint au
ministre des Finances continuera à assister...?
M. GARNEAU: Oui. Pour le moment, il n'est pas question qu'on change. Il
y aura d'autres types de responsabilités qui seront ajoutées au
ministre d'Etat aux Finances. Peut-être que le premier ministre sera en
mesure de l'annoncer d'ici une quinzaine de jours. Mais, pour le moment, le
ministre d'Etat aux Finances, M. Parent, s'occupe particulièrement des
questions relatives à la Curatelle publique, et également
à celles relatives à l'administration du régime de
retraite des enseignants et des fonctionnaires. Ce sont là deux secteurs
desquels j'avais demandé à M. Parent de s'occuper, de même
que représenter le Conseil du Trésor. M. Parent agit comme
vice-président du Conseil du Trésor maintenant, à la
commission des engagements financiers. En ce qui regarde le ministère
des Finances, c'étaient les trois secteurs qui avaient été
confiés à M. Parent, et dont il s'occupait. Maintenant, son
personnel était plutôt rattaché au ministère des
Affaires intergouvernementales, puisqu'il est également ministre d'Etat
aux Affaires intergouvernementales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le mi- nistre des Finances est le seul
ministre, sauf erreur, qui a deux ministres d'Etat attachés à son
ministère. Est-ce déjà l'indication d'un
superministère, remarque que nous avions faite à l'occasion de
discussions de certains projets de loi?
M. GARNEAU: Je ne pense pas que ce soit relié à ça.
C'est peut-être le fait que nous procédions à la
réforme de Loi de l'administration financière, la nouvelle
structure du Conseil du Trésor. J'en avais causé avec le premier
ministre pour essayer de me dégager de certaines fonctions
administratives et de certains secteurs qui se détachent assez bien,
comme la Curatelle publique et le Régime de retraite des enseignants et
des fonctionnaires. Cela m'enlève autant de documents à signer et
de consultations avec les hauts fonctionnaires pour l'établissement des
politiques.
M. CLOUTIER (Montmagny); S'il y a un ministère important au sein
du gouvernement, quelle que soit l'opinion que l'on puisse avoir de certaines
législations, de certaines tâches, de certaines
responsabilités, je crois bien que c'est le ministère des
Finances. C'est un des ministères importants, sinon le plus important,
où se fait la coordination, en fait, où se prennent les
décisions les plus importantes et je crois que, à ce
moment-là, le ministre...
M. GARNEAU: C'est que cela nous oblige à siéger sur une
quantité de commissions de travail qui intéressent plusieurs
ministères et c'est pour cela qu'avec la venue de M. Bienvenue, entre
autres le comité de législation c'est rare les lois qui
n'ont pas d'impact financier, il y en a très peu même je
pense qu'il est bon que nous soyons représentés. Cela me
dégage d'une commission, d'autant plus que les compétences
juridiques du député de Matane sont pas mal supérieures
aux miennes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre d'Etat n'a pas de personnel
à son cabinet, est-ce que le ministre en a? Est-ce que vous voulez nous
donner des précisions?
M. GARNEAU: Au personnel de cabinet j'ai cinq secrétaires
particuliers et particuliers adjoints; M. Lortie, qui est mon chef de cabinet,
M. Lambert et M'. Roy, qui agissent comme secrétaires particuliers
adjoints, de même que M. Letarte, à mon bureau, et un
secrétaire particulier adjoint de comté, qui est M. La-gueux.
Evidemment, il y a le personnel de soutien, le personnel de bureau, les
secrétaires, qui s'ajoutent à cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'administration, je vois sur le document que
l'on nous a donné, document de synthèse de tous les
ministères, qu'il y aurait une diminution de
personnel à l'administration. Il y en avait 155 en 1970 et en
février 1971 il y en aurait 151. Par contre, il y aurait une
augmentation de l'ordre de $300,000 dans les traitements. Est-ce que le
ministre peut faire un commentaire?
M. GARNEAU: II y a eu le transfert du personnel au niveau du service de
la paye qui relevait du ministère des Finances et qui a
été tranférë au ministère de la Fonction
publique. Ceci affectait six personnes du bureau du personnel qui sont
disparues.
En fait, c'est une diminution de quatre personnes, entre février
1971 et 1972; quand vous parlez des crédits, maintenant, c'est une autre
affaire, puisqu'il s'agit de couvrir le plan d'effectifs qui va être
approuvé. Si on se reporte au dernier plan d'effectifs approuvé
par l'ancien Conseil de la trésorerie, puisqu'on était prêt
à reprendre ces plans d'effectifs-là, il y avait, pour cette
section I, des postes autorisés de 178. Il y en avait 155 ou 151 de
remplis, les autres étaient en voie de mutation. Il y a eu,
également, des transferts pour le bureau du personnel, six personnes,
affectation de cinq nouveaux postes. Il y a eu également le transfert au
Conseil du trésor de vingt personnes du service du budget qui
étaient au service du budget du ministère et qui ont
été transférées au Conseil du trésor, ce qui
donne, sur la.base des effectifs prévus suivant l'ancienne
méthode: 171. Là-dessus, il va y avoir un programme d'embauche
additionnelle qui va devoir être effectuée et il y a les
augmentations de traitements, les augmentations de classes, ce qui donne le
montant prévu.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'imagine que la dépense réelle
pour 70/71 a été supérieure à $1 million.
M. GARNEAU: Elle a été de $1,215,000. M. CLOUTIER: C'est
ce qui explique...
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 1, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 3?
M. ROY (Beauce): En quoi consistent honoraires et commissions au
sous-article 3? Il y a une diminution de $100,000.
M. GARNEAU: II y a une diminution. D'abord la commission Thinel qui
émargeait au budget du ministère des Finances a fourni son
rapport et pour laquelle on n'aura pas à payer. C'était $90,000,
dans des dépenses approximatives, qui ont été
prévus cette année, ça explique la principale diminution
du budget.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4? Adopté. Sous-article 5?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 6?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 7?
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une augmentation, je suppose que c'est
pour équiper les...
M. GARNEAU: C'est un appareil à microfilmer qui doit être
acheté pour la question des chèques, pour microfilmer les
chèques. A ce sous-article, "mobilier, équipement de bureau," un
complément est prévu à l'achat d'un lecteur-imprimeur qui
est inscrit à ce sous-article ce qui explique l'augmentation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous êtes le seul
ministère qui microfilme des chèques ou si le ministère
des Affaires sociales...?
M. GARNEAU: Nous ne sommes pas les seuls à nous servir du
microfilm.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais est-ce que le ministère des
Affaires sociales ne microfilme pas ses chèques?
M. GARNEAU: Le ministère du Revenu. Est-ce que le
ministère des Affaires sociales microfilme les chèques
séparément du ministère des Finances? Ses propres
chèques d'allocations, on me dit que oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ses propres chèques?
M. GARNEAU: Ses chèques d'allocations, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 9?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 10? Adopté.
Sous-article 11?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on
pourrait avoir des détails sur les services contractuels?
M. GARNEAU: Sous-article 11, c'est le traitement électronique des
données. C'est la conciliation des chèques, c'est ce qu'on me
donne.
La conciliation des chèques, c'est une machine qu'ils ont au
centre de traitement qui fait la conciliation des chèques pour le
ministère des Finances.
Alors le service contractuel est un service à l'intérieur
du gouvernement. C'est au centre de traitement des données. C'est parce
qu'on a une imputation, le ministère des Finances est usager du centre
de traitement. Vous retrouvez dans le centre de traitement la
récupération ou l'imputation.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. M. LE PRESIDENT: Sous-article 15?
M. ROY (Beauce): En quoi consiste cette charge
d'intérêts?
M. GARNEAU: Les $668,000 se divisent essentiellement en deux parties. La
première prévision est de $600,000 pour les frais de services
bancaires parce que, lorsque les chèques transigés par les
banques, la conciliation, alors ce sont des frais bancaires. La deuxième
partie est pour les taux de change des devises étrangères pour
les achats que le gouvernement effectue, disons,dans un autre pays, aux
Etats-Unis, en France, en Angleterre. Si on achète de
l'équipement, évidemment il y a un taux de change sur la monnaie.
C'est ce qui est inclus là.
M. ROY (Beauce): Alors c'est inclus à l'intérieur de
ça. Maintenant sur les prévisions de $850,000...
M. GARNEAU: C'est pour tous les ministères, ça.
M. ROY (Beauce): Tous les ministères. Maintenant sur les
prévisions de $850,000 de l'année dernière, est-ce qu'on
pourrait nous dire quel montant a été dépensé sur
cette somme?
M. GARNEAU: La dépense approximative les livres, je ne
sais pas s'ils sont complétés jusqu'à présent,
c'est fermé est $527,500. C'est la raison pour laquelle on
demande un crédit moindre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous disiez, il y a un instant, que
c'était pour tous les ministères mais vous ne faites pas
d'imputation aux autres ministères?
M. GARNEAU: Non, parce que nous sommes les payeurs de comptes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous êtes les payeurs de comptes,
d'accord.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 32? UNE VOIX: Adopté.
M. ROY (Beauce): Comment se fait-il qu'il y a moins de remboursements
cette année qu'il y en avait de prévus l'année
dernière?
M. GARNEAU: Vous voulez dire le poste 1, sous-article 15?
M. ROY (Beauce): Non, le sous-article 32, moins: Remboursements.
L'année dernière il y avait une somme de $224,700 et cette
année la somme est de $58,600.
M. GARNEAU: Excusez, M. Lefebvre vous répondra sur cette question
technique.
Oui, c'est le remboursement qui est fait par la Régie des rentes,
pour l'émission de chèques de la Régie des rentes. S'il y
a une diminution avec l'an passé, c'est qu'une partie a
été enlevée et est aujourd'hui sous les crédits de
la Fonction publique. Tout le personnel qu'on faisait autrefois aux Finances
est fait aujourd'hui à la Fonction publique.
M. ROY (Beauce): En somme, il n'y a pas eu de diminution des charges, il
y a eu tout simplement une imputation qui va se faire ailleurs.
M. GARNEAU: Qui va se faire à la Fonction publique.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission ajourne donc son travail
à demain matin, parce que l'Assemblée nationale siège
à dix heures trente. Immédiatement après l'ordre du jour,
nous viendrons continuer notre étude.
M. JORON: Excusez...
M. ROY (Beauce): Le poste 1, je voudrais qu'on le réserve comme
on en avait discuté tout à l'heure...
M. GARNEAU: Je pense que c'est toujours convenu pour...
UNE VOIX: Parfait.
M. GARNEAU: Je comprends qu'on vous a informés que la Chambre
siège à dix heures et demie, demain matin...
UNE VOIX: C'est ça.
M. GARNEAU: C'est donc dire probablement vers onze heures et quart.
(Fin de la séance: 22 h 14)
Séance du mercredi 2 juin 1971
(Onze heures trente minutes)
M. HOUDE (Limoilou) (président de la commission permanente des
Finances): A l'ordre, messieurs!
Poste 2: Centre de traitement électronique des données.
Sous-article 1.
Centre de traitement électronique des
données
M. ROY (Beauce): Le sous-article 1, M. le Président, indique 321
postes. Il y a une diminution du nombre des postes cette année parce que
je remarque dans la demande de crédits qu'il y a un montant
légèrement supérieur à celui de l'année
dernière, c'est-à-dire environ $12,000 sur $2.5 millions. Est-ce
que cela veut dire, M. le Président, que le montant de l'année
dernière n'a pas été complètement
dépensé ou si cette année on prévoit une diminution
dans le nombre des personnes?
M. GARNEAU: La dépense prévue pour la
rémunération cette année est de $2,103,000. La
dépense prévue pour 70/71 a été moindre
qu'estimée. C'est pourquoi l'augmentation, même si elle est faible
par rapport au montant de l'année dernière, elle est quand
même plus importante par rapport à la dépense qui a
été réellement faite.
M. ROY (Beauce): La dépense avait été de $2
millions?
M. GARNEAU: $2,103,000.
M. ROY (Beauce): On ne prévoit pas une diminution du
personnel?
M. GARNEAU: M. Saint-Laurent pourrait donner plus de précisions
sur le nombre de postes, mais vous voyez dans les chiffres qui vous ont
été transmis qu'il y avait 321 personnes qui travaillaient au
Centre de traitement électronique des données en février
1971 comparativement à 301 en février 1970. Maintenant le plan
d'effectif de ce service est de 374 et il y avait 321 personnes en place au
début de juin 1971.
Peut-être que M. Saint-Laurent pourrait ajouter d'autres
commentaires sur la rotation du personnel au Centre de traitement
électronique des donnés qui revêt un caractère assez
spécial. Ce sont des fonctions très techniques et pour
lesquelles, à ce qu'on me dit, il y a toujours des périodes
d'embauche au terme des cours des CEGEP. M. Saint-Laurent, vous pourriez
peut-être ajouter d'autres renseignements.
Il y a une vingtaine de personnes qui sont déjà
recrutées et qui vont entrer en fonction d'ici un mois: 15
diplômés universitaires, de 5 à 12 des CEGEP. Vers la fin
de l'année, il y aura un groupe imposant de perforatrices et d'agents de
bureau qui seront aussi recrutés pour effectuer le travail du projet
MOBEC. On avait prévu d'engager ces personnes plus tôt, mais comme
le projet MOBEC est un peu retardé, on ne prévoit pas de les
engager d'ici le mois de septembre ou d'octobre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous donnez des services à
d'autres ministères? Je vois les imputations au sous-article 33. Est-ce
que ce sont des imputations faites seulement à l'intérieur des
Finances?
M. GARNEAU: Non. Il y a tout le ministère des Affaires
intergouvernementales, les Affaires municipales, l'Agriculture et la
Colonisation. Les montants varient: les Affaires intergouvernementales, $5,000;
Affaires municipales, $17,300; Agriculture et Colonisation, $372,000; l'Office
du crédit agricole, $120,000; Tourisme, Chasse et Pêche, $120,000.
Le contrôleur des finances a peut-être l'imputation la plus
importance, soit $1,372,000. Les répartitions se font entre chacun des
ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les ministères qui ont des
centres de données?
M. GARNEAU: II y a le ministère de l'Education...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministère des Affaires
sociales...
M. GARNEAU: ... le ministère des Transports en a un pour le
contrôle de l'émission des plaques d'immatriculation d'automobiles
et des permis de conduire. Le ministère de l'Education et le
ministère du Revenu en a un aussi. Evidemment, il a des fonctions
très spéciales qui sont en voie de mise en place
déjà depuis quelques années. Est-ce qu'il y en a d'autres?
Le ministère de la Voirie en a un aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministère des Affaires
sociales est servi par le centre? Est-ce qu'il est question que le
ministère des Affaires sociales ait son propre centre?
M. GARNEAU: Je ne suis pas en mesure de répondre à cette
question. Je ne sais pas s'il y a des analyses qui ont été faites
au niveau technique. M. Saint-Laurent pourrait peut-être répondre.
Je n'ai pas encore été informé de ce projet. Actuellement
il y a une imputation de $240,000 aux Affaires sociales pour services rendus
par le Centre de traitement électronique des données. Est-ce
qu'il y a des projets de ce côté-là?
L'étude se fait présentement. Etant donné que la
conjoncture change, il y a des travaux qui étaient faits auparavant au
ministère des Affaires sociales et qui sont maintenant faits à la
Régie des rentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les allocations familiales...
M. GARNEAU: Les besoins changent. Nous sommes en train de regarder tous
les besoins d'informatique du gouvernement au comité de coordination et
ça inclut le ministère des Affaires sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'actuellement votre centre
répond à toutes les demandes? Est-ce qu'il y a des délais?
Est-ce qu'il y a engorgement au centre des données du ministère
des Finances?
M. GARNEAU: Nous croyons qu'il n'y en a pas. Nous croyons que les
clients sont très bien servis et satisfaits.
Il n'y a pas eu de plaintes non plus concernant l'engorgement qui
pourrait exister.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1, adopté. Sous-article 2?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3?
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4?
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 9?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10?
M. JORON: C'est le loyer de la machinerie?
M. GARNEAU: C'est la machinerie. C'est Xérox et la location
d'ordinateurs évidemment, parce que l'équipement
électronique dont se sert le centre, c'est de l'équipement
loué, non acheté; à cause des changements technologiques
considérables, il n'est pas avantageux d'acheter. Certaines compagnies
ne les vendent pas non plus. Elles les louent.
M. JORON: Le centre n'est propriétaire d'aucune machine?
M. GARNEAU: Non. Tout est loué.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 11?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre peut me donner des
détails sur le sous-article 11? Est-ce que ce sont des imputations qui
sont faites, parce qu'à d'autres sous-articles, ce sont des imputations,
les services contractuels, mais dans ce cas-là, est-ce que ce sont des
services contractuels, des imputations au centre lui-même?
M. GARNEAU: Le montant important, c'était $110,000. Ce sont des
contrats donnés à des firmes pour l'entraînement du
personnel qui est prévu pour $85,000 et pour les programmes qui sont
achetés. Mais peut-être que M. Saint-Laurent pourrait mieux
définir quels sont ces types de programmes achetés par le
centre.
Ce sont des programmes très complexes à tout faire,
programmes omnibus qui nous coûteraient une somme énorme à
programmer nous-mêmes. Alors, on les achète de différents
fournisseurs. On regarde ce qu'ils ont à offrir et on choisit ce qui
nous est utile.
Il y a un montant de $25,000 prévu pour cet équipement,
pour ces programmes et un montant de $1,000 de transport qui complète
les $111,000. Pour les autres articles, il y a $1,700, c'est l'entretien de la
réparation de deux camionnettes qui sont utilisées par le centre
pour le transport de leur matériel et l'entretien et la
réparation d'équipement de bureau et d'informatique pour
$5,500.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant à la formation vous avez
parlé d'un montant de $80,000 ou $85,000 pour la formation, est-ce que
c'est la formation en cours d'emploi ou avant que le personnel n'entre chez
vous?
M. GARNEAU: En cours d'emploi. Le programme, par exemple, quand les
étudiants rentrent, est-ce que c'est compris dans ce sous-article aussi?
J'ai justement signé hier un CT pour la formation des
diplômés de CEGEP qui arrivent et qui subissent un cours
d'entraînement intensif d'un certain nombre de semaines et c'est pris
à même ces crédits-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les entreprises dont vous achetez les
services..
M. GARNEAU: Des entreprises dont on achète les services...Surtout
chez IBM et chez CENTI aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est le contrôle? Est-ce que le
contrôle a été renforcé au centre des données
quant aux chèques qui reviennent, quant au contrôle des
chèques et la vérification? Il y avait un manque de personnel
à un moment donné pour effectuer ces opérations. Est-ce
que c'est complété? Est-ce que maintenant cette partie-là
est assez étanche?
M. GARNEAU: C'est si étanche que c'est une des bâtisses
à Québec où il est le plus difficile de
pénétrer présentement.
Il y a eu des mesures importantes prises depuis deux ans
déjà, de sorte que le contrôle de la papeterie, de
l'équipement, d'accès à la bâtisse a
nécessité des investissements imposants dans ce domaine. On peut
dire que la sécurité de toute nature est énorme au CTED
présentement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez des personnes spécialement
responsables de tout ce qui entoure les opérations du centre?
M. GARNEAU: Nous contrôlons même jusqu'à
l'intérieur des projets pour qu'il n'y ait pas de fuite, de
problèmes avec les personnes qui oeuvrent dans le domaine de
l'informatique.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 32.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 33.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous avons eu des détails tout à
l'heure.
M. GARNEAU: C'étaient les imputations d'un ministère.
M. LE PRESIDENT: Adopté. 33.
Assurance collective de garantie
M. GARNEAU: II n'y a pas de détail prévu. C'est
l'assurance collective de garantie pour tenir lieu du cautionnement des
fonctionnaires ou employés publics. C'est en vertu des lois du
Québec où on doit prendre de telles garanties.
M. ROY (Beauce): Avec quelle compagnie cette assurance est-elle
négociée?
M. GARNEAU: Vous allez poser la même question pour l'assurance-vie
collective des fonctionnaires. Il serait peut-être bon d'avoir les noms
des compagnies...
La Continentale détient l'assurance collective de garantie. Pour
ce qui est de l'assurance-vie au poste budgétaire S4, il s'agit de
l'assurance-vie Desjardins, l'Industrielle, les Prévoyants, la Mutuelle
des fonctionnaires, la Solidarité du Québec.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'il y a des raisons particulières pour
le choix de la compagnie Continentale?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est Continental Casualty.
M. GARNEAU: C'est la Continentale, com- pagnie d'assurance. Les
assurances sont placées à la suite d'appel d'offres, soumissions
publiques. La société qui souscrit le meilleur contrat, compte
tenu des devis indiqués à la demande de soumission obtient le
contrat.
M. LE PRESIDENT: S3, adopté. S4.
Assurance collective sur la vie des
fonctionnaires
M. CLOUTIER (Montmagny): S4 couvre-t-il l'ensemble des
fonctionnaires?
M. GARNEAU: C'est $2,000 pour les célibataires et $3,000 pour les
personnes mariées. Cela couvre l'ensemble de ceux qui sont reconnus
comme fonctionnaires par la Loi de la fonction publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sens de la loi.
M. GARNEAU: Au sens de la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela ne couvre pas la députation. Cela
prendrait un amendement...
M. GARNEAU: C'est en vertu d'une loi de l'Assemblée
nationale.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... à la Loi de la
législature.
M. GARNEAU: D'ailleurs, je pense qu'il en a été question
lors de l'analyse des crédits de l'Assemblée nationale.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Quelle est la prime individuelle?
Est-ce une prime globale?
M. GARNEAU: C'est une prime payée par le gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela représente quoi, par fonctionnaire,
$3 et quelque chose?
M. ROY (Beauce): C'est enlevé sur le bordereau de paie.
M. GARNEAU: Le fonctionnaire ne contribue pas. On me dit que c'est 2/10
de 1 p. c. de la masse salariale.
M. ROY (Beauce): C'est 2/10 de 1 p. c. M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste budgétaire 5.
Autres assurances collectives
M. GARNEAU: Autres assurances collectives des fonctionnaires ou
employés publics. Est-ce
que vous avez des détails là-dessus? Ce sont les
assurances prises en vertu des conventions collectives, tout à l'heure
cela regardait les fonctionnaires. IL y a l'assurance-maladie et
l'assurance-vie qui sont négociées lors des conventions
collectives.
M. ROY (Beauce): Ces autres assurances collectives, est-ce qu'elles ont
été négociées avec les mêmes compagnies
stipulées au poste budgétaire S4 ou si ce sont d'autres
compagnies?
M. GARNEAU: Dans les compagnies d'assurances, il y a la Croix Bleue, la
Mutuelle d'économie, les Services de Santé du Québec,
ça c'est pour l'assurance-maladie; pour l'assurance-vie, la Mutuelle-Vie
des fonctionnaires a le contrat d'assurances.
M. LE PRESIDENT: Adopté? DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 6.
Contributions au Régime de rentes
M. GARNEAU: Ce sont des contributions au Régime de rentes du
Québec par le gouvernement en sa qualité d'employeur. Evidemment,
il faut verser...
M. ROY (Beauce): C'est statutaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 7.
Contributions au Régime de
l'assurance-maladie
M. GARNEAU: C'est la même chose pour ce qui regarde le plan
d'assurance-maladie.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 8.
Indemnités pour vacances et congés de
maladie
M. GARNEAU: Le poste budgétaire 8 est une provision pour payer
aux fonctionnaires régis par la Commission de la fonction publique,
ainsi qu'aux membres de la Sûreté du Québec,
émargeant au budget des dépenses de la province, des
indemnités pour vacances et des gratifications en espèces pour
congés de maladie, à leur départ, à leur mise
à la retraite, ou à leur décès. C'est tout
regroupé au ministère des Finances. Par exemple, lorsqu'un
fonctionnaire prend sa retraite, il a droit à un certain nombre de
gratifications, soit des jours de maladie qui ont été
accumulés et qui n'ont pas été payés, soit à
l'occasion du décès. C'est une question prévue par les
conventions collectives et elles sont toutes accumulées au
ministère des Finances.
M. ROY (Beauce): Peu importe le ministère où la personne a
été affectée.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Sur la prévision de $1.5 million de
l'année dernière pour l'exercice 70/71; quel est le montant qui a
été dépensé?
M. GARNEAU: II a été dépensé $1,627,000.
M. ROY (Beauce): Comment se fait-il qu'on ait retenu cette année
comme prévision seulement $1,570,000?
M. GARNEAU: C'est une analyse qui est faite sur les possibilités.
On peut se tromper. La prévision a été faite à
$1,570,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le gouvernement avait à rembourser
totalement ces sommes en une opération, cela représenterait quoi
en millions?
M. GARNEAU: Que voulez-vous dire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les congés de maladie accumulés,
etc.
M. GARNEAU: C'est énorme.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait quoi en millions, $100 millions?
M. GARNEAU: Je n'ai pas de chiffres précis. Certainement
qu'à ce point de vue-là le régime qui est octroyé
par le gouvernement du Québec à ses fonctionnaires est un des
plus généreux qui existent au Québec et ailleurs aussi. Il
n'y a pas de limite sur les congés de maladie accumulés.
Ailleurs, dans la plupart des cas, il y a des limites, disons qu'il peut y
avoir une caisse de jours de maladie d'accumulés jusqu'à six mois
ou un an. Ici, vous avez des gens qui sont en congé de
préretraite pendant deux ans parce qu'ils ont accumulé,
après 35 ans de service, deux ans et demi ou trois ans de congés
de maladie et cela crée des problèmes au point de vue
administratif, c'est évident, puisque les postes demeurent
occupés tant et aussi longtemps que le type n'est pas à sa
retraite de façon complète. Quand il est à se
préretraite, le poste demeure occupé et il est payé
à plein salaire pendant tout ce temps-là. C'est une complication
au point de vue administratif et ça coûte très cher
à l'Etat.
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y a pas de
provisions, de réserves qui peuvent être
créées parce que c'est un passif éventuel. Là, on
n'a pas de chiffre, on lance des chiffres comme ça, je dis $100
millions. Si on compte 65,000 fonctionnaires, évidemment à partir
de leur entrée dans la Fonction publique les congés de maladie
commencent à s'accumuler. Il y a des fonctionnaires qui prennent leur
retraite et qui ont droit à deux ans de salaire, deux ans de
congés de maladie. Ils peuvent prendre leur retraite deux ans plus
tôt. Il n'y a pas de provisions pour ce passif éventuel.
Cela n'a pas fait l'objet déjà d'une étude? Ce
n'est pas seulement à l'intérieur de la Fonction publique. Il y a
aussi les hôpitaux, dans le secteur hospitalier: Dans le secteur de
l'éducation, je pense que ça représente...
M. GARNEAU: II y a tous les régimes de retraite aussi. Le passif
éventuel du régime de retraite des enseignants et des
fonctionnaires est beaucoup plus considérable que ça parce que
c'est un "pay as you go". De ce côté-là, le
ministère de la Fonction publique en collaboration avec le régime
de retraite du ministère des Finances a poursuivi des études pour
voir comment le système pourrait être amélioré.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous êtes un peu dans la position d'une
banque où tous les déposants voudraient retirer à la fois
leurs épargnes.
M. GARNEAU: Quoique dans le cas qui nous intéresse au poste
budgétaire 8, pour que ces gratifications puissent être
versées, il faut que le type prenne sa retraite, qu'il ait un
congé de préretraite. Il y a moins d'aléas, moins de
décisions unilatérales qui peuvent affecter le budget. Il faut
qu'il y ait un certain nombre de conditions. Soit qu'il ait été
malade et on paie un congé de maladie ou soit qu'il prenne sa retraite,
et pour prendre sa retraite, il faut qu'il ait un certain nombre
d'années de service. Alors, disons que ce serait pratiquement impossible
de prévoir qu'ils puissent être pris d'un coup sec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ça entraîne des
délais au moment où le fonctionnaire prend sa retraite? Il est
question, à ce moment-là, de congés de maladie, il est
question d'établir tout ce qui lui revient. C'est fait à
l'intérieur du ministère par le directeur du personnel mais
est-ce qu'il peut arriver déjà des cas ont
été soumis des cas où, semble-t-il il y aurait
certains délais? Est-ce que les délais sont occasionnés
dans le ministère même? Est-ce que c'est le dossier qui est un peu
compliqué?
M. GARNEAU: Au poste budgétaire 8, pour ce qui est des
congés, peut-être qu'on pourrait poser la question tout à
l'heure à M. Moffet lorsque nous arriverons au Régime de retraite
des fonctionnaires? Mais, à ma connaissance, il n'y a pas eu de
problèmes de posés là-dessus. Il se peut qu'il y ait des
cas isolés parce qu'il manque des documents au dossier, on n'est pas
certain, par exemple, des dates précises. Aussi, il y a des
employés qui sont en fonction depuis 42 ou 43 ans. Parfois, il peut y
avoir des délais. Mais, d'une façon générale, il
n'y en a pas. Même les documents nous sont toujours
présentés d'avance. On sait que l'employé va prendre sa
retraite, disons, le 1er septembre et toute la documentation est
complétée avant le 1er septembre. Quand on signe des choses on
s'aperçoit des dates.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, l'an prochain, on pourra avoir une
idée des sommes que ça implique dans le secteur de la Fonction
publique et dans le secteur hospitalier? C'est difficile...
M. GARNEAU: Est-ce que vous référez au régime de
retraite plutôt qu'aux congés de maladie?
M. CLOUTIER (Montmagny): Aux congés de maladie.
M. GARNEAU: On peut peut-être essayer de voir si l'étude...
c'est une étude qu'il serait possible de compléter. Je n'ai pas
d'objection personnellement à l'avoir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que ce serait intéressant
comme...
M. GARNEAU: Pour ce qui est du régime de retraite, il y a eu une
analyse de faite.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'imagine que, dans les négociations, on
tient compte aussi un peu de cet aspect-là.
M. GARNEAU: C'est certainement un bénéfice marginal
très important pour l'employé, qui a une valeur financière
considérable.
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné que la négociation se
fait dans l'ensemble du secteur public et parapublic.
M. GARNEAU: C'est ça. Mais je prends note de la suggestion de
voir cette analyse du coût éventuel du programme pour le personnel
en place. Supposons qu'il n'y aurait pas d'évolution, qu'est-ce que
ça signifierait au point de vue du coût? Je n'ai pas
d'objection.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 8, adopté. Poste
budgétaire 9.
Augmentation des crédits
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez une augmentation assez sensible au
poste 9.
M. GARNEAU: C'est que pour le fonds de secours, le montant était
de $1,500,000. Le montant de $251,800 indiqué c'est le solde au 30
septembre du fonds de secours qui a été remboursé au cours
du budget supplémentaire pour tout montant qui était en haut de
$50,000.
M. ROY (Beauce): Ce fonds de secours sert à quoi?
M. GARNEAU: C'est une réserve qui est utilisée pour
combler, pour faire face à des situations urgentes. L'Assemblée
nationale se trouve à voter un montant de $1.5 million qui est
gardé en réserve au ministère des Finances et on peut s'en
servir pour augmenter des crédits qui ont déjà
été votés dans d'autres secteurs. Par exemple, au point de
vue des feux de forêt. A un moment donné, il y a plus de feux que
prévus et ça coûte $200,000. On peut alors puiser dans le
fonds de secours pour augmenter les crédits de la protection contre les
incendies. Par la suite, à l'occasion de budgets supplémentaires,
on augmente les crédits prévus au ministère des Terres et
Forêts et on rembourse le fonds de secours. La politique qu'on a suivie a
été de rembourser le fonds de secours pour tout montant, tout
emprunt en haut de $50,000. Pour des montants en bas de $50,000, on n'a pas
présenté de budgets supplémentaires pour accroître
les crédits.
M. ROY (Beauce): Vous ne faites pas de publicité
là-dessus. Chaque ministre est obligé de le découvrir. Je
me souviens d'avoir trouvé ça...
M. GARNEAU: La norme ne dépasse pas le montant le plus
élevé, de $25,000 ou 10 p.c. du crédit ainsi
augmenté. Mais de toute façon, comme je l'ai indiqué,
quand ce sont des montants supérieurs à $50,000, à moins
que l'appel au fonds de secours ait eu lieu tard durant l'année
financière, on les rembourse par des budgets supplémentaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Poste 10.
M. CLOUTIER (Montmagny): La taxe scolaire.
Contribution à la taxe scolaire sur les
fermes
M. GARNEAU: C'est le remboursement aux cultivateurs pour la contribution
de 35 p. c. de la somme qu'ils ont versée à titre d'impôt
foncier scolaire.
M. ROY (Beauce): Maintenant, est-ce qu'il y a des changements, des
modifications que vous prévoyez au cours de l'année relativement
à cette politique de contribution à la taxe scolaire sur les
fermes?
M. GARNEAU: Pour ce qui est du bénéfice aux cultivateurs,
ce n'est certainement pas l'intention du gouvernement de diminuer cet avantage.
Est-ce qu'il sera maintenu de cette façon ou modifié par la
façon d'établir l'évaluation foncière? La
commission Bélanger, si ma mémoire est bonne, suggérait
que l'évaluation soit baissée de 50 p.c. pour fin d'impôt
foncier scolaire, pour les cultivateurs. Ce qui coïncidait à peu
près. D'abord, c'était eux qui avaient fait la recommandation de
rembourser 35 p.c. comme mesure transitoire, qui était
l'équivalent au point de vue des bénéfices aux
cultivateurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si, dans la nouvelle Loi d'évaluation
foncière, on tenait compte de la recommandation de la commission
Bélanger, à ce moment-là, est-ce que ça obligerait
le ministre des Finances à revoir cette partie?
M. GARNEAU: Si on tenait compte de la recommandation de la commission
Bélanger, l'avantage que les cultivateurs reçoivent actuellement
leur serait fourni au niveau de leur évaluation. Ce qui voudrait dire
qu'on éliminerait cette subvention de $6,300,000 qu'ils retiraient
directement, par le fait qu'ils auraient des comptes de taxe scolaire moins
élevés à payer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne suis pas convaincu que le cultivateur
interpréterait ça comme une équivalence.
M. GARNEAU: De toute façon, il existe un problème.
Même si on maintenait cette subvention telle qu'elle est, il y a
certainement un problème au niveau de la définition de
l'agriculteur. Est-ce qu'on doit continuer à rembourser 35 p.c. des
impôts fonciers des "gentlemen farmers" par exemple, qui ne sont pas des
agriculteurs professionnels, mais plutôt des gens qui gagnent leur vie
ailleurs et qui se servent bien souvent de la ferme comme une façon de
diminuer leurs impôts.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les versements sont à
jour?
M. GARNEAU: Je n'ai pas eu de plaintes de ce côté. Le
ministère des Finances effectue seulement le paiement. Tout est
préparé par le ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 11.
Subventions en guise d'impôt foncier
municipal
M. ROY (Beauce): Article 11: Subventions en guise d'impôt foncier
municipal. Est-ce que le ministre pourrait me donner des explications?
M. GARNEAU: Depuis quelques années, en
vertu de la loi, les édifices qui appartiennent au gouvernement
ne sont pas imposables par les municipalités. Mais, depuis quelques
années, le gouvernement verse en guise d'impôt foncier
l'équivalent de ce qu'il aurait dû normalement payer pour
l'impôt foncier s'il avait été un propriétaire ou
une personne ou une société. Pour les édifices
gouvernementaux à Québec, pour prendre un exemple,
l'évaluation est faite conjointement par le ministère des Travaux
publics et le service d'évaluation de la ville de Québec. La
subvention correspond au même montant que nous aurions eu à payer
si ces édifices avaient été taxés selon le taux
normal de la taxe foncière de la ville de Québec.
M. ROY (Beauce): Alors, c'est l'équivalent en quelque sorte d'une
imposition foncière sur l'évaluation immobilière.
M. GARNEAU: C'est ça. En ce qui regarde ses
propriétés, le gouvernement paie ses taxes foncières, non
pas directement, mais en guise de subventions parce que la loi...
M. CLOUTIER (Montmagny: Quel a été le montant réel,
en 70/71?
M. GARNEAU: $2,450,800.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre se souvient des remarques que nous
avions faites en Chambre récemment, la semaine dernière, à
l'occasion de l'étude du projet de loi d'imposition des institutions
d'enseignement. Le même principe s'applique ici, évidemment. Ce
sont des édifices gouvernementaux qui assurent un service à
l'échelle régionale. Là, c'est seulement la ville ou la
municipalité dans laquelle sont établis ces centres qui retire
les produits de l'évaluation, la contribution gouvernementale.
Je crois que le ministre a retenu notre argumentation à l'effet
que, quand ce montant sera plus imposant, quand il s'agira d'édifices
gouvernementaux, d'édifices d'institutions hospitalières,
d'institutions d'enseignement et peut-être aussi d'autres institutions
à caractère régional, d'assurer une meilleure distribution
par un système qu'il reste à déterminer, je crois, dis-je,
que le ministre m'a fait cette remarque que lui-même était
sensibilisé à l'importance...
M. GARNEAU: Si on peut trouver une formule qui pourrait être
acceptable à tout le monde. Mais si on prend le cas pratique de la ville
de Québec, il y aurait une bataille épique à mener avec
les autorités municipales de Québec si on entendait distribuer
sur une base régionale...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne voudrais pas que le ministre, qui est un
député de la ville de Québec, soit pris entre
l'écorce et l'arbre. De toute façon, il pourra étudier le
problème dans une perspective plus vaste. Pour
Québec, cela pose un problème réel. Il y a 30 p.c.
du rôle d'évaluation qui n'est pas imposable. La ville doit donner
des services publics quand même et cela impose certaines dépenses
en immobilisation et en entretien, dépenses de sécurité et
de protection. De toute façon, je crois qu'on est d'accord sur le
principe. Il reste à trouver, en pratique, une formule qui pourrait
s'apparenter à la taxe de vente. Même dans la nouvelle
répartition de la taxe de vente, peut-être y aurait-il
possibilité de concilier non seulement sur le plan des principes, mais
sur le plan de l'application pratique, une nouvelle répartition. Je
crois que les municipalités sont maintenant sensibilisées
à cette répartition d'impôt à l'échelle
régionale.
M. GARNEAU: Pour la taxe de vente, le problème est de trouver une
formule qui soit plus avantageuse. Actuellement, c'est 50-40-10. Si on baisse
la partie qui va au local, les villes plus importantes qui se trouveraient
surtout affectées et déjà ce sont les villes où le
taux d'imposition foncière est le plus élevé. Si on baisse
le régional pour le provincial, les petites municipalités qui
financent une bonne partie de leur budget avec la taxe de vente il y en
a qui financent jusqu'à 100 p.c, 90 p.c. de leur budget seraient
encore avantagées. C'est pour cela qu'on essaie de trouver une formule.
D'ailleurs, à la conférence municipale-provinciale, j'ai
suggéré qu'il y ait un comité de travail qui soit mis sur
pied avec les municipalités et le gouvernement pour essayer de trouver
cette formule qui tiendrait compte d'un effort fiscal. Le gouvernement, pour sa
part, retourne le montant de 2 p.c. de la taxe de vente aux
municipalités. Si on est capable de trouver une formule qui convienne le
mieux aux municipalités, on n'a pas d'objection. C'est pourquoi, avant
le mois d'octobre prochain, ce comité devra faire des suggestions. Comme
je l'ai indiqué à un des maires qui me posait une question, si le
comité ne peut pas en arriver à une entente, il faudra trancher
nous-mêmes pour essayer de tenir compte un peu au moins de l'effort
fiscal qui se fait au point de vue de l'impôt foncier dans les
municipalités, avant de songer à augmenter la contribution et le
retour de la taxe de vente à ces municipalités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais ajouter un commentaire à ce
que le ministre vient de dire. Il y a des petites municipalités qui se
financent largement avec le produit de la taxe de vente. D'accord. Ces petites
municipalités ne fournissent à peu près pas de services
municipaux. Alors il faudrait aussi tenir compte de ce facteur. Je connais
personnellement et tous les députés ont peut-être
dans leur comté, du moins ceux qui représentent un comté
mi-rural, mi-urbain des petites municipalités dont le produit,
dont le revenu, la majorité, une grande partie du revenu provient de la
taxe de vente. Mais par contre, ils n'ont pas de services municipaux,
d'égouts, d'aqueducs, de rues, de
protection. Le ministère des Affaires municipales devrait tenir
compte en étudiant un nouveau système de répartition,
peut-être de leur faciliter l'installation de ces services à un
prix tout de même abordable. Il ne s'agit pas d'équiper une
municipalité qui n'a aucune possibilité de survie. D ne s'agit
pas de l'équiper avec des services municipaux coûteux. Mais tout
de même, il y a des municipalités de 1,500, 2,000, 2,500
âmes et même, on pourrait ajouter jusqu'à 5,000 de
population, qui n'ont absolument pas de services municipaux appropriés.
Avant de leur enlever une trop grande partie de la taxe de vente, il faudrait
peut-être leur faciliter l'accessibilité à des services
municipaux un peu mieux organisés.
M. GARNEAU: L'objectif visé n'est pas tellement de diminuer la
contribution que ces municipalités reçoivent au point de vue de
la taxe de vente, mais plutôt de faire en sorte que ces montants aient un
plafond basé sur les années 70/71, 71/72. Pour pouvoir
bénéficier de l'accroissement de redistribution de la taxe de
vente et c'est ce qu'on suggère comme schéma de travail au
comité dont j'ai parlé tout à l'heure on pourrait
voir comment ces municipalités pourraient être appelées
à faire un effort fiscal additionnel au point de vue foncier. Il y a des
municipalités qui ont un taux d'imposition de $0.10 les cent dollars. Ne
devrait-on pas tendre à ce que cet effort foncier soit un peu plus
considérable avant que ces municipalités puissent recevoir
davantage alors qu'elles reçoivent déjà jusqu'à 75
p.c. de leurs dépenses sous forme de redistribution de la taxe de vente.
Les remarques du député de Montmagny indiquent à quel
point le problème est complexe. Evidemment, il y a deux groupes de
municipalités qui s'affrontent; il y a les grosses et les petites. Les
grandes municipalités, celles de 10,000 et plus, auraient des avantages
à retirer d'une redistribution de la taxe de vente qui serait
évidemment prise au niveau des petites municipalités. C'est ce
qui complique énormément le changement de la formule. Nous
croyons qu'une des façons de diminuer la difficulté serait de
mettre un "proviso" qui signifierait qu'aucune des municipalités ne
recevrait moins l'an prochain qu'elle n'a reçu en 71/72. Pour recevoir
davantage, pour avoir une plus grande part de la taxe de vente, il devrait y
avoir un certain niveau d'effort fiscal au point de vue foncier qui serait fait
par cette municipalité-là. 11 s'agirait de le déterminer
et ce sera le mandat du comité d'essayer de voir quel serait cet effort
foncier minimal qui devrait être fait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire s'il a consulté son collègue, le loquace ministre des
Affaires muni- cipales sur cette redistribution de l'assiette fiscale et de la
taxe de vente. Je n'ai pas encore complété la lecture de ce
"classique moderne" que l'on appelle "mon livre blanc" dans le domaine
municipal, mais je sais que le ministre traite, dans son livre blanc, de ce
problème de la taxe fiscale, de la redistribution de la taxe de vente.
Sûrement que ce regroupement municipal va obliger le ministre des
Finances, sans doute sur les recommandations de son collègue, le
brillant ministre des Affaires municipales, à reviser toute la politique
de distribution de la taxe de vente. Est-ce qu'au niveau des hauts
fonctionnaires du ministère je ne voudrais pas commettre
d'indiscrétion en posant une question au ministre pour savoir si au
niveau du cabinet des ministres, il en a été question il y
a eu un échange de vues? Est-ce qu'il y a un travail
interministériel qui se fait pour reconsidérer tout ce
partage?
M. GARNEAU: Depuis le début de la préparation du discours
du budget un tel comité a existé. Son activité a
été intensifiée à partir même du mois de
février en vue de la préparation du document de travail que j'ai
déposé à la conférence provinciale-municipale:
comité auquel siégeaient les gens du ministère des
Affaires municipales, du Revenu, parce que c'est le ministère du Revenu
qui a la responsabilité d'effectuer les paiements pour la redistribution
suivant la formule qui est indiquée. Il y avait également des
représentants du ministère des Finances et de l'Office de
planification et de développement. Le rapport a par la suite
été soumis au conseil des ministres. C'est ce rapport que j'ai
déposé à la conférence provinciale-municipale.
M. PAUL: Nous ne sommes pas en mesure ce matin de connaître
davantage toute la philosophie du ministre des Affaires municipales sur ce
problème particulier.
M. GARNEAU: II serait peut-être intéressant de lui poser
des questions lors de l'analyse de ses crédits...
M. PAUL: Je pense que ça vient la semaine prochaine. Mais
c'était pour me donner un avant-goût ce matin.
M. GARNEAU: Je m'aperçois que j'aurais peut-être avantage
à assister et à défendre ces crédits-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): La question du député de
Maskinongé est peut-être prématurée parce que le
ministre des Affaires municipales est en constante évolution et sa
philosophie aujourd'hui n'est peut-être pas celle de la semaine
prochaine.
M. PAUL: D'autant plus que son deuxième volume sur le livre blanc
n'est pas encore paru.
M. GARNEAU: II faudra lire attentivement son livre blanc.
M. LE PRESIDENT: Poste 11, adopté? M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 11 adopté. Poste 12, sous-article 1.
Service des régimes de retraite
M. ROY (Beauce): Le Service des régimes de retraite est-il un
service pour administrer les différents régimes de retraite? En
quoi consiste ce service?
M. GARNEAU: Si vous me permettez, je vais demander à M. Parent,
qui est ministre d'Etat aux Finances et qui s'occupe particulièrement du
régime de retraite des enseignants et des fonctionnaires, de même
qu'à M. Monfette, qui est directeur du service, de répondre aux
questions qui pourraient être posées à ce sous-article.
M. PARENT: Le régime de retraite a l'administration de la Loi du
régime de retraite des fonctionnaires, des enseignants, de la
Législature et voit à son administration.
M. JORON: Quel feu a été donné à certaines
recommandations du rapport Reynault?
M. GARNEAU: Le rapport Reynault a d'abord des implications à la
Régie des rentes du Québec, qui a la surveillance de
l'administration des régimes supplémentaires de rentes. A la
suite de son dépôt, nous l'avons transmis à la Régie
des rentes qui nous a fait un rapport. Ce rapport a été
donné au ministre qui est comptable de la Régie des rentes devant
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire le ministre des Affaires
sociales.
Nous devons prendre connaissance de ce rapport incessamment.
Personnellement, je n'ai pas encore eu le temps de le lire et M. Castonguay m'a
signifié qu'il voulait organiser une rencontre le plus tôt
possible pour voir quelle attitude nous allons prendre définitivement
à ce sujet.
M. JORON: II y a deux recommandations principales dans le rapport, celle
de modifier la charte de la Caisse de dépôt pour lui permettre de
recevoir et d'administrer des régimes de retraite particuliers et,
d'autre part, la recommandation d'un régime provincial de retraite
devant être institué à l'intention des
municipalités.
Je remarque que vous en avez parlé au mois de mars. Vous ne
pouviez dire à cette époque-là si cela ferait dès
cette année l'objet d'une mesure législative, par mesure
de...
M. GARNEAU: Nous voulons profiter de l'inter-session si nous
ajournons à une date convenable au cours de l'été
pour compléter cette question et présenter la législation
qui pourrait s'imposer à la reprise de nos travaux à l'automne.
Mais je ne voudrais pas prendre d'engagement d'une façon précise
et après ça me faire reprocher de ne pas y donner suite. Il
faudrait auparavant qu'il y ait eu ces rencontres pour pouvoir
déterminer quelle sera l'attitude du gouvernement d'une façon
précise à la suite du rapport de la Régie des rentes sur
le rapport Reynault.
Il y a plusieurs aspects du rapport Reynault des suggestions
qui peuvent être traités et réglés
directement par la Régie des rentes.
M. JORON: J'espère que vous êtes sensible à
l'urgence de ce problème. Il y a déjà deux ans
bientôt que le rapport Parizeau sur les institutions financières a
été déposé. Il faisait largement état de
tout ce problème des différents régimes de retraite qui
sont éparpillés à gauche et à droite, dans
l'optique de constituer à même la Caisse de dépôt le
plus grand réservoir possible de capitaux où l'Etat puisse
puiser.
D devient quand même inadmissible que des régimes de rentes
émargeant de budgets de l'Etat trouvent leur chemin dans les
institutions financières privées et que l'Etat perde
lui-même le contrôle de fonds qui émargent directement de
son budget.
M. GARNEAU: II s'agit des fonds de retraite accumulés par les
employés municipaux et entre autres le corps de police de
Montréal. Je dois vous dire qu'en ce qui regarde la police de
Montréal, elle tient à administrer elle-même son fonds, un
fonds qui a été bien administré d'ailleurs d'une
façon générale. Ce ne sont pas directement des fonds du
gouvernement, ce sont quand même des fonds des municipalités qui
au point de vue législatif émargent de l'Etat.
Personnellement, je n'ai pas d'objection à ce que ces fonds
soient administrés dans la mesure du possible par la Caisse de
dépôt et placement puisqu'ils ont l'expertise et peuvent
l'administrer à des coûts assez avantageux.
D'autre part, il y a aussi des sociétés de fiducie
sociétés québécoises qui ont leur raison
d'exister, je pense à la Société de fiducie du
Québec, le mouvement Desjardins, qui administrent un certain nombre de
ces programmes et qui donnent d'excellents services. Il s'agit de trouver le
partage entre ce qui doit être contrôlé par l'Etat et ce qui
doit être laissé à l'entreprise privée dans ces
cas-là.
M. JORON: En fait, je ne demande pas des mesures qui les envoient
obligatoirement à la Caisse de dépôt mais qui au moins
habilitent la Caisse de dépôt à les recevoir. A ce
moment-là, la Caisse entre en compétition avec les autres
sociétés.
M. GARNEAU: Au point de vue des frais d'administration, je suis
d'accord.
M. JORON: Et même l'élargir davantage aussi pour qu'elle
puisse recevoir les fonds de pension privés. Je ne vois pas pourquoi la
Caisse ne pourrait pas être habilitée par exemple, les
fonds de pension des employés de CPR s'ils voulaient s'en aller
du Royal Trust je ne sais pas s'ils sont là à la Caisse de
dépôt le plus tôt possible à pouvoir drainer
le maximum d'épargnes possible. En fait, cela devient de plus en plus le
pilier du financement de l'état du Québec. Qu'est-ce que vous
pensez d'autre part du rapport Reynault, si ma mémoire est exacte, qui
semble préférer nettement les régimes con-tributoires par
rapport au "pay as you go"? Est-ce que vous envisagez peut-être des
modifications dans le régime des enseignants et des fonctionnaires
à ce sujet-là?
M. GARNEAU: Au mois de septembre l'an passé, il y a eu une
étude de faite par le ministère de la Fonction publique et les
représentants du service de retraite du gouvernement en vue de faire une
analyse complète du coût du régime actuel et de calculer
aussi quelles seraient les réserves actuarielles qui devraient
être accumulées pour faire face aux obligations et suggérer
éventuellement des amendements à apporter au régime actuel
et peut-être aussi de l'étendre aux employés
d'hôpitaux qui commencent à s'organiser de ce
côté-là. Il y a eu un rapport préliminaire qui nous
a été transmis. Je n'ai pas eu le rapport final encore. Je sais
que ce sont des études actuarielles assez longues et que peut-être
M. Monfette pourrait ajouter quelques renseignements là-dessus.
L'étude actuarielle définitive en ce qui concerne les
fonctionnaires sera présentée le 4 de cette semaine. Pour les
enseignants, il reste à peu près un mois de travail et les
employés d'hôpitaux à peu près deux mois de
travail.
M. JORON: Le ministre des Finances va avoir beaucoup à
réfléchir pendant l'été. On peut espérer la
législation à l'automne.
M. GARNEAU: Dans le domaine des hôpitaux, je pense qu'il y a tout
avantage à avoir un régime qui soit uniforme et évidemment
qui pourrait constituer des bénéfices marginaux
intéressants pour l'ensemble des employés d'hôpitaux et
constituer des réserves d'épargnes qui seraient aussi
significatives.
En principe, je l'ai déjà indiqué à quelques
reprises, je favoriserais certainement l'établissement d'un tel
système.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 1: Traitements, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 4, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 5, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 7, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 10, a-dopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 11, a-dopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 13, statutaire.
Régime de retraite des fonctionnaires
M. ROY (Beauce): Le poste budgétaire 13: Régime de
retraite des fonctionnaires, au sous-article 14: Pensions et remises de
contributions $15,326,000. Est-ce que c'est uniquement la contribution
payée par les fonctionnaires ou si cela comprend également la
partie payée par le gouvernement?
M. PARENT: II s'agit dans ce cas-ci des pensions payées à
ceux qui sont à leur retraite et dans d'autres cas, pour des
employés qui quittent le service gouvernemental, de remboursements de
contributions qu'ils ont effectués au plan. Or, au sous-article 34, en
bas, vous voyez : Contributions des fonctionnaires, $15,325,000.
M. ROY (Beauce): C'est-à-dire que la contribution perçue
au cours de l'année des fonctionnaires équilibre en quelque sorte
les déboursés du Régime de retraite des fonctionnaires. Ce
qui voudrait dire que la part du gouvernement à ce régime de
retraite est extrêmement minime puisqu'on réclame le crédit
de $1,000. Est-ce que c'est exact?
M. PARENT: Cela revient à ce dont le député de
Gouin a parlé tout à l'heure dans le rapport du Comité
d'étude sur le financement des caisses de retraite. On suggérait
justement à la troisième recommandation: Nous recomman-
dons que l'écart actuariel total établi lors de chaque
évaluation du régime soit amorti sur toute la durée
d'existence future du régime et suivant une proportion uniforme des
salaires prévus.
Actuellement, le gouvernement procède ainsi: s'il y avait
déficit au régime de retraite, le gouvernement en assumerait le
déficit pour éviter justement de faire sa contribution
actuellement. Il s'agit de convenir si, dans l'avenir, il y aurait lieu pour le
gouvernement d'effectuer sa contribution de la même façon que le
fonctionnaire est appelé à le faire.
M. ROY (Beauce): Alors cela veut dire que le Régime de retraite
des fonctionnaires n'a aucune réserve mathématique. Les
crédits sont votés directement par la Chambre et sont
payés directement, ce qui revient à dire que le gouvernement
provincial ne contribue pas en tant que tel à alimenter le régime
de retraite des fonctionnaires.
M. GARNEAU: Ce ne serait pas tout à fait juste. C'est vrai et ce
n'est pas vrai ce que vous dites là.
M. ROY (Beauce): Je suis d'accord.
M. GARNEAU: C'est vrai pour cette année, mais les charges que le
gouvernement accepte de payer en vertu de la loi actuelle, telle qu'elle est
édictée, avec les contributions qui sont fournies de la part de
l'employé, cela voudrait dire un déficit actuariel très
considérable qui dépasse...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela rejoint l'observation qu'on a faite
tantôt.
M. GARNEAU: C'est ça. Un déficit actuariel dans ce cas-ci
qui serait, d'après les rapports préliminaires que j'ai eus,
d'environ de $1 milliard, cela voudrait dire que le coût à l'Etat
serait ça. Sur une période de 50 ans, si on prenait la
génération actuelle de fonctionnaires, si on ne la
remplaçait pas, si on la laissait vieillir et qu'on versait les
pensions, cela voudrait dire que ça coûterait ça à
l'Etat, $1 milliard.
M. ROY (Beauce): Les fonctionnaires qui sont à leur retraite
actuellement...
M. GARNEAU: Le régime est nettement déficitaire si on
prend cet exemple.
M. ROY (Beauce): Si on le prend avec un calcul actuariel, c'est
évident.
M. GARNEAU: Mais c'est un coût réel à la province
pour lequel on s'est engagé à payer.
M. ROY (Beauce): Mais c'est peut-être plus avantageux pour le
Québec, la province même, de procéder de cette
façon-là que de procéder avec un régime
actuariel...
M. GARNEAU: A court terme, oui.
M. ROY (Beauce): ... parce qu'à ce moment-là... à
court terme...
M. GARNEAU: Mais à long terme...
M. ROY (Beauce): D'accord, mais même à long terme, la
tendance favorise le maintien...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre va être obligé de
présenter un budget supplémentaire.
M. ROY (Beauce): Oui, il va faire des nouveaux emprunts aux Etats-Unis.
Je ne veux pas qu'il le fasse. Je veux suivre les réserves.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 13, adopté?
M. ROY (Beauce): Un instant, s'il vous plaît. Pour les
fonctionnaires qui sont à la retraite depuis dix ans environ, est-ce que
leur pension est augmentée? Je vais prendre l'exemple de dix ans. Est-ce
qu'il y a une augmentation statutaire tenant compte de l'augmentation du
coût de la vie qui se fait à certaines périodes?
M. GARNEAU: La loi prévoit cela, l'augmentation annuelle, selon
l'indice du coût de la vie.
M. ROY (Beauce): Selon l'indice du coût de la vie?
M. PARENT: En 1969, le gouvernement du Québec a voté un
amendement à la loi qui a permis d'ajuster les pensions pour les
personnes qui avaient eu des pensions accordées avant 1952; on les a
augmentées de 16 p.c. et ça décroît de 2 p.c. par
année jusqu'à concurrence de celles qui étaient en 1968.
Chaque année, le 1er janvier, qui est la date à laquelle la
Régie des rentes augmente ses prestations, on augmente automatiquement
les pensions du même pourcentage que celles de la Régie des
rentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Elles sont indexées.
M. PARENT: Elles sont indexées annuellement. Au cours des trois
dernières années, l'indexation a été de 2 p.c.
M. ROY (Beauce): Mais c'est tout de même inférieur au taux
d'augmentation du coût de la vie.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le taux général
accepté, 2 p.c.
M. ROY (Beauce): C'est le taux général accepté,
mais il reste tout de même qu'il est inférieur au taux
d'augmentation.
M. PARENT: Les pensions avaient aussi été
augmentées en 1961, majorées jusqu'à 3 p.c. Elles ont
été majorées en 1969 et, depuis 1969, à tous les
ans, c'est majoré.
M, ROY (Beauce): Vous voulez dire qu'il y a une augmentation qui se fait
tous les ans?
M. LE PRESIDENT: Adopté? UNE VOIX: Adopté. M. LE
PRESIDENT: Poste 14 statutaire.
Régime de retraite des enseignants
M. ROY (Beauce): J'aurais à peu près la même
question à poser au ministre au sujet du Régime de retraite des
enseignants. C'est à peu près la même chose.
M. GARNEAU: L'an dernier, le taux d'augmentation des prix à la
consommation a été de 2.1 p.c. au Québec. Alors à 2
p.c, on n'est pas loin.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est arrivé une fois.
M. GARNEAU: Une fois, mais on parlait de l'an passé, alors...
M. ROY (Beauce): D'ailleurs, le taux de 2.1 p.c. l'année
dernière... le ministre a été terriblement chanceux. Le
ministre peut se compter chanceux qu'il y ait eu une guerre au niveau des prix
à la consommation. Autrement dit, la guerre des prix dans l'alimentation
à la fin de l'année, qui a été corrigée au
début de l'année avec une accélération.
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne signera pas de contrat pour les
années futures.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'il n'est pas en mesure de le faire. Est-ce
que le ministre est en mesure de le faire?
M. GARNEAU: Pourquoi? De signer un contrat pourquoi? Pour garantir que
ce ne sera pas plus que cela? Je voudrais bien être en mesure de le
faire.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. ROY (Beauce): Excusez. Sur le Régime de retraite des
enseignants, c'est exactement le même principe...
M. GARNEAU: Oui.
M. ROY (Beauce): ... qui s'applique avec le Régime de retraite
des fonctionnaires. Est-ce qu'il y a des représentations qui ont
été faites par les anciens enseignants aujourd'hui à leur
retraite en vue d'augmenter leur pension et est-ce que leur pension a
été effectivement augmentée?
M. PARENT: En 1960, les pensions des retraités de l'enseignement
étaient calculées sur une moyenne de dix ans de service, dix ans
de traitements et cela a été réduit à cinq ans.
Cela a majoré considérablement les pensions. En 1961, les
pensions des enseignants ont été indexées globalement,
cela a varié de 30 p.c. à 3 p.c. selon les années. En
1969, elles ont eu les mêmes augmentations que celles des fonctionnaires
cela veut dire de 2 p.c. à 16 p.c. d'augmentation et
chaque année depuis 1969 elles sont aussi majorées de 2 p.c.
M. ROY (Beauce): Elles sont aussi majorées de 2 p.c, de la
même façon que les pensions des fonctionnaires peuvent être
majorées.
M. PARENT: Que l'indice de la Régie des rentes augmente.
M. ROY (Beauce): J'aimerais vérifier certaines choses, parce que
j'ai eu des communications avec les dirigeants d'une association des
enseignants à leur retraite, à l'effet que...
M. PARENT: Ce à quoi le député veut faire allusion,
c'est un mémoire qui m'a été présenté par
les enseignantes religieuses qui sont sorties de communauté et qui
demandent un amendement à la loi pour que leurs années
d'enseignement soient reconnues au moment où elles étaient en
communauté.
M. ROY (Beauce): Le même règlement ne s'applique pas pour
ces personnes et pour les autres personnes que j'ai mentionnées tout
à l'heure.
M. GARNEAU: Le coût de ce service avait été
évalué l'an passé avant qu'on apporte des amendements
à la Loi du Régime de retraite des enseignants. Donner suite
à la proposition qui nous est faite coûterait $400 millions
à la province. C'est la raison pour laquelle on n'y a pas donné
suite l'an dernier, on essaie de trouver d'autres formules qui pourraient
peut-être compenser, mais le député de Beauce ne veut pas
que j'emprunte aux Etats-Unis, c'est difficile de trouver $400 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les communautés pourraient
peut-être financer cela, $400 millions!
M. ROY (Beauce): Les $400 millions ne comprennent pas uniquement les
enseignants. Cela peut comprendre les fonctionnaires aussi.
M. GARNEAU: Ce sont uniquement les anciens religieux qui enseignent
maintenant. C'est le coût du service.
M. ROY (Beauce): Ce sont $400 millions pour une période d'un an
ou pour une certaine période d'années?
M. GARNEAU: Non, non. Sur la période de vie du bloc qui est
considéré. Je ne sais pas combien il y en a. Il y a eu 22,000
enseignants religieux au total. Il y en aurait 10,000 qui seraient
présentement impliqués dans l'opération de $400
millions.
Les religieux qui sortaient de communauté avant 1965 et qui
enseignaient comme laïcs ont acquis le droit de rachat, tandis que ceux
qui sont sortis de communauté après le 1er juillet 1965 n'ont pas
le droit de rachat, de même que ceux qui sont encore en communauté
présentement.
M. JORON: Vous n'avez pas un truc pour les empêcher de sortir? A
ce rythme-là, ça va nous ruiner!
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté. Le poste budgétaire no 15.
Pensions spéciales.
Pensions spéciales
M. CLOUTIER (Montmagny): Au poste budgétaire 15, de qui
s'agit-il? Est-ce qu'il s'agit des deux veuves qui ont été
indemnisées?
M. PARENT: Ce sont les femmes de deux chefs de police.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mme Tau-razas et Mme Martin.
M. PARENT: J'ai signé un arrêté en conseil il n'y a
pas tellement longtemps pour leur accorder cette pension.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela m'amène à poser l'autre
question. J'aurais pu la poser au ministre de la Justice, mais je demanderais
au ministre des Finances s'il y a progrès accompli dans l'étude
du problème de l'indemnisation des victimes du crime. Nous avons deux
cas particuliers.
M. GARNEAU: Malheureusement, je ne suis pas en mesure de donner une
réponse au député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y a évidemment aucune
prévision. Si un projet de loi était présenté, ce
serait payé sur le fonds consolidé de l'exercice.
M. GARNEAU: C'est cela. Ces deux pensions tomberaient sous le coup de la
loi générale.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le poste 16, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
Contrôleur des finances
M. LE PRESIDENT: Le poste 18. Contrôleur des finances,
sous-article 1: Traitements, salaires et allocations.
UNE VOIX: Pas de questions.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2, adopté? -
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3, adopté?
M. ROY (Beauce): Les honoraires et commissions consistent en quoi?
M. GARNEAU: C'est le projet MOBEC, ce sont les honoraires pour la
mécanisation des opérations budgétaires et comptables,
plus d'autres types d'honoraires...
M. Châtelain pourrait peut-être répondre sur les
autres travaux qui doivent être faits au point de vue de la paie, de la
vérification de l'audition des projets MOBEC et de la taxe de vente.
Il y a des honoraires de prévus pour la paie elle-même, le
nouveau système intégré de gestion du personnel; l'on doit
s'assurer de certaines mesures de contrôle sur ce nouveau système,
il y a aussi à l'intérieur du projet MOBEC, un autre projet qui
s'y rattache, nous l'appelons tout simplement "Audit Tape" pour s'assurer que
les transactions comptables à l'intérieur du système, bien
que la programmation soit faite par des techniciens, il faut quand même
s'assurer que les mêmes transactions comptables sont faites d'une
façon correcte, de la même façon que si elles
étaient faites manuellement. C'est pour s'assurer que le résultat
obtenu par la machine est le même que le résultat que l'on
obtiendrait si on le faisait manuellement.
Il y a des honoraires de prévus pour ça, il y en a aussi
de prévus pour des vérifications externes. Sous la nouvelle Loi
de l'administration financière, le contrôleur des finances a
été chargé de la vérification avant paiement ce qui
comprend les vérifications de contrats à coût plus
honoraires et comme le contrôleur des finances n'a pas tout le personnel
voulu en ce moment, il sera peut-être avantageux à un moment
donné de faire appel à des firmes de l'extérieur pour
faire certaines de ces vérifications. C'est là le solde des
honoraires.
M. ROY (Beauce): Maintenant, sur le montant de $873,500 de
l'année passée, quel est le montant qui a été
dépensé?
M. GARNEAU: $860,200. Il y avait évidemment te projet de
l'enquête Mineau sur la réforme de l'administration
financière qui a été terminée l'an dernier, mais ce
qui explique en partie la diminution de $873,000 des crédits à
$800,000; par contre, il y a une augmentation du projet MOBEC qui entre dans
les dernières
phases de travail et ça va coûter probablement un peu plus
cher à ce niveau-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plusieurs ministères sont sous le coup
de la réorganisation suggérée par le rapport Mineau?
M. GARNEAU: J'en ai justement causé avec le contrôleur des
finances il y a peu de temps. D'ailleurs le ministère des Affaires
municipales serait disposé à servir de ministère pilote,
ce que j'ai dit l'autre soir en Chambre pour le paiement des factures; nous
tenterions l'expérience avec un autre ministère pour ce qui est
de l'imputation des crédits d'une façon mécanique pour ne
pas entreprendre les deux opérations dans le même
ministère. Après cela l'on ferait les deux autres
opérations inverses dans ces ministères-là parce que nous
voulons procéder en parallèle pendant un certain temps pour ne
pas arriver avec un système qui débouche sur un engorgement. On
veut être certain qu'une fois que le système sera en marche il
pourra fonctionner normalement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le contrôle des
opérations budgétaires des ministères sera fait à
partir du ministère des Finances ou s'il sera fait à
l'intérieur de chacun des ministères?
M. GARNEAU: II est fait à l'intérieur de chacun des
ministères, mais par l'officier du contrôleur des finances qui est
responsable de la comptabilité gouvernementale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un officier qui est chez vous, au
ministère des Finances.
M. GARNEAU: Qui est dirigé par le contrôleur des
finances.
L'ensemble est un système intégré, mais il sera
alimenté à partir de services qui sont localisés dans les
ministères. L'information pourra être transmise aussi à ces
services-là dans les ministères, mais le tout sera
contrôlé si vous voulez par l'instance centrale au
ministère des Finances.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour le budget en cours, avez-vous
déjà des systèmes de contrôle suffisants?
M. GARNEAU: Pas encore mécanographiques. L'implantation
débute.
M. LE PRESIDENT: Etant donné qu'il dépasse midi trente,
les membres sont-ils d'accord pour continuer? Il ne reste que quelques
articles.
M. ROY (Beauce): M. le Président, quant à moi je suis bien
d'accord, je n'ai pas d'autre question à poser.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous pour- rions terminer les crédits du
ministère des Finances et ensuite il y a le Conseil du trésor
qu'on pourrait remettre à...
M. GARNEAU: Le Conseil du trésor à deux heures trente.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce le député de Hull qui est
particulièrement responsable de cette section du contrôle des
finances?
M. GARNEAU: Non, c'est moi qui suis responsable avec les officiers du
ministère. Le député de Hull agit comme
vice-président du Conseil du trésor et de la commission des
engagements financiers, du Régime de retraite des enseignants et des
fonctionnaires et de la Curatelle publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et de la communauté urbaine.
M. GARNEAU: La communauté de Hull.
M. PARENT: C'est important. Cela sera la commission de la capitale
nationale, ça !
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 3, a-dopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4?
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 4, a-dopté. Article 6,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté. Article 10, adopté.
Article 11?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
A S 19,...
Subvention à la Régie de la Place des
Arts
M. GARNEAU: S 19, c'est la subvention à la Régie de la
Place des Arts. Evidemment, en vertu de la loi qui a créé la
Régie de la Place des Arts les déficits sont payés
à moitié par la ville de Montréal et à
moitié par le gouvernement du Québec. Le déficit est de
$2,860,000. C'est ça. La part du gouvernement du Québec
prévue, d'après un budget approuvé par la ville de
Montréal et le gouvernement du Québec, au cours de l'année
71/72, est de $1,400,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministère des Affaires
culturelles exerce un certain contrôle sur le budget?
M. GARNEAU: Sur la programmation, sur le budget également.
Lorsque le budget nous est envoyé par la Régie de la Place des
Arts, avec les commentaires de la ville de Montréal, il est
étudié conjointement par les ministères des Affaires
culturelles et des Finances. On fait le
service du paiement. Le programme, le budget lui-même est
adopté, évidemment, simultanément...
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans ce déficit de $2,800,000 dont vous
assumez 50 p.c, quelle est la partie qui se réfère à
l'administration et la partie qui se réfère au service de la
dette, à l'immobilisation?
M. GARNEAU: Service de la dette obligataire, $2,173,948;
excédents des dépenses; le revenu, $789,200; provisions pour
dépenses contigentes, $200,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, c'est le service de la dette,
c'est...
M. GARNEAU: C'est le service de la dette qui...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le coût d'immobilisation...
M. GARNEAU: ... défraie le coût des immobilisations...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... qui entraîne...
M. GARNEAU: ... qui entraîne la plus grosse partie du
déficit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur combien c'est un renseignement que
vous n'avez peut-être pas d'années est réparti le
service de la dette de la Place des Arts?
M. GARNEAU: Je ne l'ai pas ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux savoir pendant combien d'années
le budget sera grevé d'au moins $1 million pour le service de la
dette.
M. GARNEAU: Je prends cela dans le prospectus. Il y a $20 millions qui
ont été émis en 1965 et $13 millions en 1966. J'ai la date
d'émission et je n'ai pas la date d'échéance. On va
l'avoir dans les comptes publics.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, $33 millions.
M. GARNEAU: Oui. Nous l'avons quelque part, mais nous ne l'avons pas
avec nous. Est-ce que je peux m'offrir d'aller vous donner le
renseignement?
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous pourrez me le donner à un concert
où nous assisterons à la Place des Arts.
M. GARNEAU: Pour compléter le budget du ministère des
Finances, il y a toujours le statutaire, par la suite, qui est le service de la
dette.
M. LE PRESIDENT: Service de la dette, statutaire...
M. GARNEAU: A la page... UNE VOIX: A la page 225.
M. GARNEAU: ... deux cent vingt-cinq. Evidemment, ce sont tous des
statutaires.
M. ROY (Beauce): A quel poste de la page 225?
M. LE PRESIDENT: SI, statutaire 1, intérêts sur dette
obligataire, $147 millions.
M. CLOUTIERS(Montmagny): J'aurais une question à poser au poste
SI, article 2, les obligations d'épargne. Il y a eu des remboursements
prévus, en 70/71, de $18 millions. Quel a été
effectivement le remboursement?
M. GARNEAU: Un remboursement de $12 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cette année, vous avez prévu $14
millions.
Après le remboursement des $12 millions il restait... on pourra
le vérifier aux comptes publics...
M. GARNEAU: C'étaient $146 millions...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'étaient $146 millions qui restaient en
circulation.
M. GARNEAU: A $100,000 près, $146 millions, $147 millions,
à un million près... Alors, je comprends qu'on prendrait le
Conseil du trésor à la reprise à deux heures trente; je
vais demander aux fonctionnaires du Conseil du trésor d'être
présents.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue à deux heures
trente cet après-midi.
M. ROY (Beauce): Je voudrais remercier le ministre ainsi que le
sous-ministre et les officiers de son ministère qui ont bien voulu
accepter de se rendre à la commission et de nous avoir fourni tous les
détails en réponse aux questions que nous avons
posées.
M. JORON: Moi de même, M. le Président.
M. GARNEAU: Je dois indiquer que cette année j'ai demandé
aux fonctionnaires de répondre à plusieurs questions. Je pense
que c'est peut-être normal, dans le fond, que certaines indications
soient données par les fonctionnaires eux-mêmes puisqu'il s agit
des questions administratives et que je pense qu'il serait
pédant de la part d'un ministre de penser connaître tous
ces secteurs administratifs et les réponses les plus précises,
à part évidemment lorsqu'il s'agit d'orientation des politiques,
qui peuvent venir d'une façon beaucoup plus directe de la part des
fonctionnaires. Je les remercie d'avoir collaboré dans ce sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ajouterai qu'un
mot pour me joindre à mes collègues et remercier surtout les
fonctionnaires de la façon qu'ils ont répondu aux questions que
nous avons posées. Je voudrais dire que, même si c'est un
ministère qui a un jeune ministre et qui est assisté de deux
ministres d'Etat ils ont besoin de la compétence de toute cette
armée de fonctionnaires parce que ce sont assurément des
fonctionnaires clés.
M. GARNEAU: La jeunesse du ministre est compensée par je
n'oserais pas le dire...
M. ROY (Beauce): La sagesse du sous-ministre.
Reprise de la séance à 14 h 44
M. HOUDE (Limoilou) (président de la commission permanente des
Finances): A l'ordre, messieurs !
Etude des crédits du Conseil du trésor pour l'année
71/72. Poste budgétaire no 1, sous-article 1.
Conseil du trésor
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ai pas l'intention
de faire une longue intervention ou une longue discussion
générale sur le dernier-né des ministères du
gouvernement. Est-ce qu'il est exact de le désigner comme le
ministère du Conseil du trésor?
M. GARNEAU: Non. C'est un peu pompeux!
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que j'ai trouvé cela sur des
documents qu'on nous a remis au sujet du personnel. On appelle cela le
ministère du Conseil du trésor.
M. GARNEAU: Ce n'est pas un ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, mais de toute façon, il y a
certainement, chez les fonctionnaires du ministère, de la qualité
suffisante pour atteindre, à un moment donné, le degré de
ministère ou justifier l'appellation de ministère. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire, brièvement, étant donné que
c'est un nouvel organisme qui est né du projet de loi no 55, depuis
l'adoption de la loi, quelles ont été les principales
étapes franchies, l'organisation, les responsabilités qui ont
été assumées et ce qu'il envisage, au cours de la
présente année, pour le développement de cet
organisme?
M. GARNEAU: La première étape, à la suite de
l'adoption de la loi, au mois de décembre 1970, a été de
structurer, au point de vue du personnel, le Conseil du trésor. M.
Michel Bélanger, qui était conseiller économique du
gouvernement, a été nomme' secrétaire
général du conseil. Il s'est agi de regrouper certains des
services d'autres ministères, entre autres le service du budget du
ministère des Finances, qui était sous la direction de M. Guy
Langlois, sous-ministre adjoint aux Finances. Celui-ci a été
transféré avec son groupe au Conseil du trésor, et M. Guy
Langlois agit comme secrétaire adjoint du Conseil du trésor.
Il s'est agi aussi de regrouper le personnel qui travaillait au niveau
du ministère des Finances et d'affecter à l'ancien Conseil de la
trésorerie qui effectuait les recherches, l'analyse des dossiers, des
demandes de CT qui parvenaient de différents ministères. Ensuite,
nous avons songé à regrouper aussi, au Conseil du trésor,
un groupe d'analystes qui étaient rattachés à l'Office de
planification et de développement et qui
faisaient de la recherche au niveau de l'implantation du PPBS, le groupe
de M. Perlstein. Une fois ce personnel regroupé, nous avons passé
près de trois semaines, certainement un mois, à la
révision des principaux règlements de l'ancien Conseil de la
trésorerie qui devait être modifié pour donner suite
à la nouvelle loi, étant donné qu'antérieurement le
contrôleur du Conseil de la trésorerie approuvait jusqu'à
$25,000 le bien-fondé des dépenses de chacun des
ministères. Il s'agissait de faire les changements aux règlements
pour que ces dépenses puissent être approuvées maintenant
par les administrateurs des ministères, c'est-à-dire les
sous-ministres en titre ou les sous-ministres adjoints responsables de
l'administration du budget, également apporter certaines modifications
aux règlements qui existaient et qui ont été
publiés dans la Gazette officielle.
Nous avons fixé les conditions, d'une façon standard, et
le cheminement des demandes des ministères vers le Conseil du
trésor. Un certain nombre d'amendements ont été
apportés aux règlements qui existaient antérieurement,
entre autres en ce qui concerne les soumissions publiques. Autrefois, les
demandes de CT pour des soumissions publiques devaient toutes venir au Conseil
du Trésor. Maintenant, s'il y a appel d'offres, que la plus basse
soumission est acceptée, qu'elle est conforme et que le contrat ne
dépasse pas $100,000, le ministère est autorisé à
octroyer le contrat au plus bas soumissionnaire sans venir devant le Conseil du
trésor.
Nous croyons que c'est une façon d'accélérer
l'administration puisque, de toute façon, le Conseil du trésor ne
changeait presque jamais lorsque c'était un plus bas soumissionnaire,
conforme aux plans et devis et aux exigences des ministères.
Pour ce qui est des appels d'offres, nous les avons standardisés
également à $25,000. Avant cela, certains ministères
étaient autorisés à donner des contrats sans soumission
à partir de $5,000; d'autres, à $50,000. Nous avons établi
une moyenne. Maintenant, tous les contrats, que ce soit le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ou des Travaux publics, doivent
être donnés à la suite d'appels d'offres si le contrat
dépasse $25,000. La Voirie devait en faire, avant cela, à $5,000;
maintenant le montant a été augmenté à $25,000,
d'une façon standard.
Nous avons également dû reformuler certains
règlements pour les contrats d'achat qui, autrefois, étaient
approuvés par le contrôleur du Conseil de la trésorerie et
qui, maintenant peuvent être approuvés dans les ministères.
C'est $5,000 pour les achats, je ne sais pas les chiffres par coeur. Si le
montant payable en vertu du contrat est inférieur à $5,000 ou
supérieur à $1 million dans un cas cela peut être
approuvé par le ministère, dans un autre cas, il faut que cela
aille au conseil des ministres le Conseil du trésor approuve les
contrats d'achat entre $5,000 et $1 million. En fait, on pourrait
peut-être reprendre tous les règlements, mais ils ont
été publiés dans la Gazette officielle, cela pourrait
peut-être répondre à des questions plus
spécifiques.
Nous avons également entrepris, à partir du 1er avril, les
préparatifs en vue de la présentation du budget "Programmes".
Nous sommes allés chercher du personnel de l'extérieur, une
personne entre autres, M. Guy Coulombe, qui a été, pendant
plusieurs années, fonctionnaire au gouvernement du Québec et qui
a été sous-ministre adjoint à Ottawa au ministère
de l'Approvisionnement. M. Coulombe agit comme secrétaire adjoint du
conseil et il sera particulièrement responsable de tout le travail
concernant la budgétisation par programme, l'analyse des programmes, et
par la suite, la vérification des dépenses en conformité
avec ces programmes.
Vous m'aviez demandé le programme "Préoccupations".
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment, il y a plusieurs questions
spécifiques qui se rattachent à l'exposé que le ministre
vient de faire. Comme première question: est-ce qu'il y a un
organigramme dont dispose l'organisme du Conseil du trésor? Disons que
si vous ne l'avez pas ici, le ministre peut le noter et nous le faire
parvenir.
M. GARNEAU: Je pourrais peut-être donner les grandes lignes. Le
secrétaire général du conseil est M. Bélanger; le
greffier du conseil est Me Yvon Marcoux, qui était au ministère
des Finances, autrefois. Il y a trois secrétaires adjoints: M. Coulombe,
qui est responsable des budgets-programmes. Il y a également M. Guy
Langlois, qui était au service du budget antérieurement et qui
est responsable des enquêtes spéciales. M. Langlois a une longue
expérience au niveau de la préparation des budgets du
gouvernement et aussi du contrôle des dépenses. Il travaille
actuellement sur des projets spécifiques dont l'analyse de la
possibilité d'imputer à chaque ministère les
dépenses que font les Travaux publics.
Actuellement, tous les budgets des Travaux publics: construction,
aménagement d'immeubles, se trouvent dans les crédits du
ministère des Travaux publics. Nous croyons qu'il y aurait avantage
à ce qu'il ait des imputations dans les ministères de telle sorte
que les gestionnaires des ministères puissent être responsables de
leur administration, s'ils doivent faire la réfection d'un immeuble,
l'aménagement, l'achat de différents équipements, que ce
soit dans leur budget ou qu'ils puissent le contrôler autrement. C'est la
deuxième année que j'ai la responsabilité de ce
secteur-là et je m'aperçois que c'est très difficile de
prévoir les crédits aux Travaux publics parce que les
ministères, sachant que ces montants sont pris à même les
crédits des Travaux publics, ne font pas toujours des analyses
très détaillées de leurs
besoins et on arrive toujours avec des budgets supplémentaires
à adopter. M. Langlois est responsable de cela.
Egalement, comme secrétaire adjoint du conseil, il y a M. Roch
Bolduc, qui est sous-ministre de la Fonction publique. Le Conseil du
trésor est également responsable de l'analyse des plans
d'effectifs. Plutôt que de reconstituer au niveau du conseil toute une
équipe de fonctionnaires pour faire l'analyse des plans d'effectifs,
toutes les questions relatives à l'administration du personnel
comme, d'ailleurs, c'est la responsabilité du ministère de la
Fonction publique d'agir comme expert du gouvernement au niveau des structures
administratives relèvent de M. Roch Bolduc qui siège au
Conseil du trésor et c'est lui qui a les dossiers techniques pour
pouvoir informer les membres du conseil.
Au sujet de la direction du budget-programme, je pense que M.
Bélanger pourra peut-être continuer pour ce qui est des sections
sous le sous-article "secrétaires particuliers adjoints".
En ce qui concerne les questions de la fonction publique, il n'y a pas
de personnel sauf le secrétaire adjoint puisqu'il se sert du personnel
de son ministère de la Fonction publique. Pour ce qui est des programmes
spéciaux, en plus de M. Langlois il y a M. Masson, qui était un
des ses adjoints au service du budget, et il y a M. Carigny.qui était
autrefois à la direction de l'analyse du Conseil de la
trésorerie. Ce sont les trois professionnels pour les projets
spéciaux. L'ensemble du personnel se trouve à l'intérieur
de la direction des programmes, qui est dirigé par un secrétaire
adjoint pour les programmes.
Il y a là actuellement six unités, une qui est l'ancienne
direction de l'analyse du contrôleur de la trésorerie dont les
fonctions dans l'ensemble n'ont pas été jusqu'à maintenant
particulièrement modifiées, et ensuite il y a quatre sections qui
sont une extension de ce qui se faisait au service du budget,
c'est-à-dire des groupes qui vont analyser non seulement les budgets
mais éventuellement aussi les demandes conformément au programme.
Je dis éventuellement parce que, actuellement, ils ne le font pas.
Il y en a une qui s'occupe du ministère de l'Education, une qui
s'occupe du ministère des Affaires sociales, une qui s'occupe des
ministères à vocation administrative, une autre des
ministères à vocation économique, l'ensemble suivant
à peu près la définition qui avait été faite
dans la première analyse du budget-programme par grande mission. Ce
n'est pas tout à fait exact parce que, vu les disponibilités des
personnes, par exemple, celui qui s'occupe des Affaires sociales s'occupe aussi
du Travail pour l'instant et celui qui s'occupe d'Education s'occupe aussi de
l'Immigration et des Affaires culturelles, avec quelques ajustements pour tenir
compte des circonstances.
En plus de cela, il y a une unité qui s'occupe plus
particulièrement d'études sur le budget-programme, c'est le
groupe qui vient du conseil d'orientation dirigé par M. Perlstein.
Et, enfin, il y a l'unité technique pour la préparation
des crédits qui est dirigée par M. Drouin qui faisait ce travail
auparavant au service du budget.
Les gens qui sont là viennent principalement des services
antérieurs, mais également d'autres ministères, par
exemple la section de l'Education. Elle est actuellement la
responsabilité de Jacques Maillé qui faisait cela au service du
budget. Celle des Affaires sociales est la responsabilité de Denis
Bédard qui était auparavant au ministère des Affaires
intergouvernementales. Celle des ministères administratifs est la
responsabilité de Michel Poitras qui était chez le
contrôleur de la Trésorie. Celle des ministères
économiques, pour l'instant, est dirigée par Jean Pintal qui
était au ministère des Richesses naturelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela représente actuellement des
effectifs de combien?
M. GARNEAU: Un effectif autorisé de 61, en fait de 62: 61 postes
plus 1 poste de congé préretraite. Il y a actuellement 45
personnes qui sont en place dont 10 venaient du service du budget; 20 venaient
du personnel du contrôleur de la Trésorerie, c'est-à-dire
de la direction de l'analyse et de la section des engagements financiers; 3
viennent du Conseil exécutif, c'est-à-dire moi-même, ma
secrétaire et la téléphoniste; 3 viennent de l'OPDQ, en
fait on en a 5 de l'OPDQ, mais les deux autres sont des contractuels, alors ils
ne sont pas comptés dans l'effectif; 4 viennent du ministère des
Finances, du personnel de soutien plus le greffier; 1 vient du gouvernement
fédéral, Guy Coulombe; 1 vient des Affaires
intergouvernementales; 1 du ministère de l'Industrie et du Commerce; 1
du ministère de la Fonction publique, une secrétaire, et 1 du
ministère des Richesses naturelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, 61 postes autorisés actuellement.
Une fois que l'organisation sera complétée, disons vers la fin de
l'année, c'est-à-dire au 1er avril 1972, cela voudra dire combien
de personnes pour tout organiser le...
M. GARNEAU: A la fin de l'année, normalement, il ne devrait pas y
en avoir plus de 61.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, 61, mais pour la nouvelle année,
pour compléter votre organisation?
M. GARNEAU: Pour l'année subséquente?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour l'année subséquente.
M. GARNEAU: En toute honnêteté, c'est seulement à
l'automne, quand on aura passé six mois, qu'on aura
débrouillé l'histoire de budget-programme, qu'on pourra voir si,
l'an pro-
chain, cela va nous en prendre dix de moins ou dix de plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'actuellement cette direction des
budgets-programmes a commencé son travail en fonction des budgets
72/73?
M. GARNEAU: Une première étape qu'on vient de franchir
était de reconstituer le budget 71/72 par programme. De telle sorte que
les ministères qui, évidemment, ont déjà
été sensibilisés à certains niveaux à la
budgétisation par programme puissent voir d'une façon
concrète de quelle façon leurs crédits auraient
été présentés si nous avions fait le
budget-programme 71/72. Il y a déjà deux ou trois
ministères, la Santé par exemple...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les Affaires sociales...
M. GARNEAU: ... les Affaires sociales ont déjà
commencé par programme; les Terres et Forêts également, en
suivant des formules un peu diverses qui vont peut-être devoir être
amendées un peu, mais déjà, ils sont sensibilisés
et très avancés. La Fonction publique peut présenter
elle aurait pu le faire l'an passé et aurait pu le faire cette
année le budget par programme et par direction
générale, par centre de responsabilité. Mais pour
l'ensemble des ministères, on veut franchir cette première
étape qui, normalement, devrait être complétée vers
la fin de juillet.
Vers la mi-juillet, on va avoir un programme de programmes,
c'est-à-dire qu'on va savoir où on veut aller. Vers l'automne, on
connaîtra tous ceux qu'on peut vraiment compter faire de façon
définitive comme structure de programmes cette année. Si on
atteint tous les objectifs qu'on veut, ce seront tous les ministères,
mais on ne se fait pas trop d'illusions sur la possibilité de tout
couvrir d'un coup.
Mais l'objectif, c'est qu'en 72/73, soit au prochain budget, on ait
réellement les programmes. Je pensais être en mesure de le faire
cette année, mais avec la réforme de la Loi de l'administration
financière et la mise en place des structures, il aurait
été trop risqué, je pense, de le faire.
Déjà, on voit que l'étape que l'on a franchie, par
exemple, en identifiant mieux les natures et les sous-natures des
dépenses, est une étape importante et qui aurait dû
être franchie. Cela va nous permettre de l'expérimenter cette
année. Le député de Chicoutimi va probablement me
blâmer encore l'an prochain.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous blâmer pourquoi?
M. GARNEAU: Pour avoir modifié certains mots par "nature des
dépenses". Je lisais cela dans le journal, tout à l'heure. Il
fallait quand même franchir cette étape-là et, l'an
prochain, on aurait quand même la présentation du budget en deux
sections, soit en annexe incorporée au livre du budget ou encore dans un
document séparé, le budget avec centre de responsabilités,
natures et sous-natures de dépenses, c'est-à-dire comme il est
là, et les ministères qui sont prêts, par programmes.
Cela permettra aux membres de l'Assemblée nationale de commencer
à se familiariser avec le budget 73/74 qui, lui, devrait être
structuré par programmes, ce qui va coïncider également avec
la fin des travaux de MOBEC. Normalement, on devrait être en mesure
d'emboîter ou d'imbriquer les deux sections pour nous permettre et de
contrôler les dépenses suivant la méthode
mécanographique et également de préparer les programmes et
le contrôle de ces programmes-là en même temps. C'est
là l'objectif que l'on vise. Disons que je me croise les doigts,
espérant que cela puisse se faire normalement. Je touche du bois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends les réticences du
député de Chicoutimi. C'est plus difficile, dans le domaine de la
culture, de séparer cela dans des programmes, étant donné
que la culture se répartit dans tellement de champs d'action. A tout
événement, si ce sont des objections comptables, ce sera moins
admissible.
M. GARNEAU: Non, sa plainte était formulée dans le sens
que nous avions changé la subdivision des centres de
responsabilité, les natures et sous-natures des dépenses. Je ne
sais pas, cela a peut-être été exagéré dans
les journaux, mais il indiquait que cela avait été fait dans le
but d'essayer de camoufler... C'était relié à la caisse
électorale et je ne sais pas trop quoi. De toute façon, je prends
cela avec un grain de sel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Affaires culturelles est un
livre ouvert. Il saura tout ce qu'il veut savoir.
M. JORON: Il est peut-être bon que l'on prenne notre temps de
façon que ce soit bien compris parce que j'ai l'impression que si
ça ne vient pas des ministères eux-mêmes, si c'est
imposé, finalement il n'y a pas grand chose de changé. Vous
faisiez votre budget selon telle formule, voici la nouvelle formule, remplissez
les cases. Finalement, on n'atteint pas l'objectif d'une plus grande
rationalité ou d'une plus grande efficacité.
M. GARNEAU: On risque tout simplement que les gens changent les
étiquettes sur les boîtes et qu'on ait les mêmes
boîtes. C'est ce que nous ne voulons pas.
M. JORON: Oui, exactement. Quelle sorte de travail la direction PPBS,
à l'intérieur du
Conseil de la trésorerie, fait avec les ministères? Enfin,
c'est plus ou moins un programme d'éducation.
M. GARNEAU: L'une des tâches principales de cette
équipe-là va être de sensibiliser chacun des
ministères à la détermination de leur objectif, de
décrire les objectifs qu'ils veulent réaliser et d'identifier les
programmes en place pour réaliser ces objectifs-là. C'est une
tâche quand même assez importante de changer la philosophie parce
que, jusqu'à maintenant, cela a toujours été soit par une
direction générale ou un centre de responsabilités.
Il faut essayer d'obtenir ce changement de mentalité pour faire
fonctionner la recherche par objectifs et c'est, je pense, l'étape la
plus difficile à franchir, celle de la description ou de bien
déterminer l'objectif. Autrement, le programme n'a pas de sens, il n'a
pas de signification réelle. On peut décrire un beau programme,
mais il ne collera pas à une réalité. C'est certainement
la première étape à franchir et c'est pourquoi, en
reconstituant le budget 71/72 par programmes, cela sera certainement un outil
de référence dans les ministères qui va permettre de
développer le degré de sensibilité nécessaire pour
orienter les changements.
La deuxième étape, je pense bien, sera celle de bien
identifier les programmes aux objectifs, faire le mariage entre les deux. Cela
aussi, ce sera une tâche assez complexe, mais je pense qu'avec
l'équipe que nous avons au ministère, au Conseil de la
trésorerie, c'est une équipe de fonctionnaires qui a quand
même une bonne expérience et qui connaît bien aussi
l'ensemble des hauts fonctionnaires, soit le secrétaire
général ou M. Coulombe, les autres fonctionnaires qui sont
là également, qui, à ma connaissance, ont certainement la
confiance des hauts fonctionnaires dans la plupart des ministères.
J'espère que ça va pouvoir continuer de fonctionner comme
ça. Cela aidera évidemment, je pense, le changement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a de la réticence
à l'intérieur des ministères? Comment se fait l'approche
par le Conseil du trésor avec le ministère concerné, une
fois que vous aurez converti le budget 71/72 en budget par programmes? Quelle
est l'approche? Comment procédez-vous avec le ministère? A quel
niveau? Au niveau des sous-ministres?
M. GARNEAU: Les premiers contacts seront avec les sous-ministres. On en
a discuté un peu pour programmer justement ce dont vous parlez. Nous
pensons que la première étape serait la conférence
interministérielle de planification qui réunit les sous-ministres
des différents ministères pour faire un exposé global de
la situation et de l'objectif qu'on vise. Après, les équipes de
travail du Conseil du trésor rencontraient les responsables, des
sous-ministres ou directeurs généraux des services qui sont res-
ponsables des budgets des ministères parce que, dans des
ministères, ce sont des sous-ministres, dans d'autres, ce sont des
directeurs généraux.
M. CLOUTIER (Montmagny): -C'est une question un peu plus délicate
à partir du moment où cette programmation est
acceptée, il reste à établir à l'intérieur
du ministère des priorités. On sait que chacune des directions
générales dans chacun des ministères va vouloir mettre de
l'avant certains programmes. Il arrive nécessairement à
l'intérieur d'un ministère qu'il y ait des conflits entre
certaines directions générales quant à l'importance,
à l'impact ou à la nécessité de conserver certains
programmes, de les modifier ou même de les éliminer, de les
remplacer, de les substituer par d'autres programmes. A ce moment-là, en
cas de conflit majeur à l'intérieur d'un ministère, quelle
sera la procédure? Est-ce que ce sera le Conseil du trésor qui,
finalement, va trancher le débat?
M. GARNEAU: Autant que possible, on essayera certainement de faire en
sorte que la décision soit prise par le ministre et le sous-ministre
responsable. D'une façon certaine, je pense que c'est à eux
qu'appartient la première responsabilité de faire l'arbitrage
entre leurs directions générales. Au Conseil du trésor et
au conseil des ministres, on va plutôt se garder l'arbitrage entre
ministères. C'est déjà une tâche assez complexe,
assez difficile. Mais pour éviter qu'il y ait un trop grand tiraillement
au point de départ, nous procédons encore là par
étapes. Dans une première étape, on attribue
d'ailleurs, on avait commencé ce système-là l'an
passé à chaque ministère une enveloppe globale pour
administrer les programmes existants. On demande également au
ministère de faire le recensement des programmes qui pourraient
être remplacés par des nouveaux programmes. Dans la
deuxième étape, on demande aux ministères de nous
soumettre les nouveaux programmes qu'ils aimeraient voir réaliser et les
objectifs qu'ils veulent atteindre.
La disponibilité budgétaire pour les nouveaux programmes
serait de $100 millions. Si on reçoit des demandes de ministères
pour $400 millions de nouveaux programmes, il y a un arbitrage qui doit se
faire et cet arbitrage, l'an dernier, nous l'avons fait à partir des
priorités que le gouvernement s'était données, soit celle
du développement économique et celle en particulier de mettre
l'accent sur les dépenses d'immobilisation qui étaient le plus
susceptibles de créer de l'emploi. Cela a été, au point de
départ, le premier critère pour l'adoption des nouveaux
programmes. Cette année, il y aura également un tel rapport qui
devra être présenté au conseil des ministres vers la fin de
septembre, le début d'octobre. Quand on sera plus avancé dans
l'année, on aura plus d'indications en ce qui regarde les
possibilités d'entrées fiscales pour l'an prochain.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai posé cette question parce que le
ministre sait qu'en pratique cela peut poser certains problèmes. Le
conseil des ministres, tenant compte des suggestions du Conseil du
trésor, établira les priorités. La priorité no 1,
c'est la priorité économique, la création d'emplois. C'est
une priorité qui est retenue. Il peut arriver aussi que le
ministère, étudiant ses programmes, ait de la difficulté
à discerner à quel endroit, à quel degré se situe
la création d'emplois dans ses propres priorités.
Alors en pratique, il peut y avoir des difficultés. On l'avait
souligné lors de l'étude du projet de loi no 55, le Conseil du
trésor, surtout au début de son action, doit évidemment
prendre certaines précautions, tenant compte de la liberté que
vous laissez aux ministères avec l'enveloppe globale, avec la
présentation de ces programmes, les arguments à l'appui de ses
propres objectifs, et aussi laisser une certaine marge de manoeuvre aux
ministères parce qu'en pratique ça peut créer de
sérieuses difficultés. On ne voulait pas qu'on ait l'impression
que l'action de l'organisme qui s'appelle le Conseil du trésor, et qui
possède des pouvoirs très considérables, se traduise en
pratique par des difficultés accrues auprès de chacun des
ministères.
Alors c'est une question d'approche, je pense bien que la
première année, il s'agit de roder tout le système; je
pense bien que les relations, la deuxième année, ayant
été établies, seront beaucoup plus faciles, les
idées prônées par le Conseil du trésor seront
beaucoup mieux acceptées. C'était une mise en garde qu'on avait
faite au ministre et je suis satisfait de voir que certaines précautions
sont prises par le Conseil du trésor afin que chacun des
ministères puisse aussi véritablement exercer son action.
Quels sont les ministres qui siègent au Conseil du
trésor?
M. GARNEAU: M. Parent qui agit comme vice-président, M. Bernard
Pinard; M. Kevin Drummond, M. Jean-Paul L'Allier et moi-même
évidemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la fréquence des
réunions du Conseil du trésor?
M. GARNEAU: A tous les mercredis à huit heures et demie, neuf
heures moins quart.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors c'est un conseil des ministres en
miniature. Quelle est la possibilité pour les autres ministres de se
faire entendre, de faire des représentations au Conseil du
trésor?
M. GARNEAU: Une des raisons pour lesquelles nous tentons toujours de
tenir la réunion à la même heure, c'est justement pour que
les ministres sachent que le mercredi matin à cette heure-là il y
a une réunion du Conseil du trésor et ceux qui veulent venir sont
les bienvenus. Lorsqu'il y a des problèmes particuliers, disons une
demande qui nous apparaît discutable, nous la gardons en suspens pour
obtenir des renseignements additionnels et, si c'est nécessaire, nous
demandons soit au ministre, soit au sous-ministre de venir expliquer plus en
détail sa demande. Mais en général, quand il y a un
programme particulier sur lequel on sent qu'il y a une objection du Conseil du
trésor, les ministres responsables, quand on les voit arriver le matin
à la réunion, on s'imagine qu'il y a quelque chose de bien
important dans le dossier du conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne sais pas si mon collègue voudrait
ajouter autre chose sur cette question mais le ministre a parlé
tantôt d'un sujet extrêmement important à mon point de vue:
c'est toute la question des arrêtés en conseil pour uniformiser
certaines procédures de demandes de soumissions de la part des
différents ministères; il y a également, en ce qui
concerne les achats, un arrêté en conseil qui a été
passé.
Evidemment, c'est là où le Conseil du trésor peut
infléchir sensiblement, de façon assez marquée,
l'encouragement ou l'incitation à l'industrie québécoise.
Cela dépend des clauses qu'on pourrait inclure dans les demandes de
soumissions ou dans les conditions d'achat. Est-ce qu'au moment où on a
étudié ces nouveaux arrêtés en conseil, on s'est
penché sur cette question? Cela prend d'autant plus d'importance dans le
contexte actuel qu'on a annoncé évidemment des projets importants
tels que celui de la baie James. Je me souviens d'avoir lu une analyse de ces
arrêtés en conseil et des possibilités que pourrait
permettre un genre d'arrêté en conseil qui tiendrait compte de,
appelons ça une contrainte, si vous voulez, je préfère
plutôt appeler cela l'encouragement à l'industrie afin qu'elle
achète des produits du Québec. Je ne sais pas, je me demande si
à ce moment-ci on a suffisamment apporté d'attention à
cette question, avant que des projets importants soient lancés, de
façon qu'on encourage le plus possible l'industrie du Québec
aussi bien en ce qui concerne le matériel qui est fabriqué ici
que pour les achats.
M. GARNEAU: Sur le plan des règlements auxquels je
référais tout à l'heure, ce sont plutôt des
questions de procédure concernant l'approbation des contrats
d'achat.
Pour ce qui est de la politique d'achat elle-même, c'est le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui est responsable du service des
achats. Un comité de travail a été mis sur pied, cela a
pris un certain temps avant de regrouper tout le personnel, disons le personnel
qu'on pouvait juger qualifié pour faire ce travail, mais le
comité a finalement été mis sur pied. Justement, je
demandais à M. Bélanger à quel moment il avait
commencé à siéger. La première réunion a eu
lieu hier ou a lieu aujourd'hui.
Le groupe de travail est formé de représentants du Conseil
du trésor, M. Coulombe, justement, qui était sous-ministre
adjoint au ministère de l'Approvisionnement au fédéral et
qui a une bonne expérience de ce côté; du directeur
général actuel des achats, M. Brissette; du sous-ministre de
l'Industrie et du Commerce; du directeur des achats de l'Hydro-Québec;
du directeur des achats de la ville de Montréal; et de M. André
Bisson, qui était professeur à la faculté d'administration
de Laval et directeur de l'Institut d'administration des banquiers canadiens.
Le comité est présidé par M. Paquin, un industriel de
Québec. Je ne peux pas donner plus de précision sur M.
Paquin...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Paquin de l'Office du crédit
industriel?
M. GARNEAU: Non, ce n'est pas le même Paquin, c'est son
frère. En tout cas, je ne le connais pas personnellement, mais c'est un
industriel qui a une bonne expérience dans ce domaine. Alors ce groupe
de travail, formé de représentants du gouvernement, des services
des achats de l'Hydro et de la ville de Montréal, deux gros acheteurs,
plus des gens de l'entreprise et du monde universitaire, a pour mandat
d'établir, de préparer un dossier en vue de recommander au
gouvernement une politique d'achat à être approuvée.
J'indiquerai uniquement comme détail additionnel jusqu'à
quel point c'est difficile d'établir des règlements au Conseil du
trésor. J'ai été à même de le vivre depuis
quelques années, je ne sais pas si le député de Montmagny
siégeait au Conseil du trésor sous l'ancien gouvernement...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, j'y allais occasionnellement.
M. GARNEAU: ... vous y alliez occasionnellement. C'est toujours
extrêmement difficile de déterminer le contenu
québécois dans certains produits puisque, dans bien des cas,
surtout lorsqu'il s'agit de matériaux ou de biens assez complexes sur le
plan de la production, il y a toujours des contenus québécois qui
varient. Je pense, par exemple, à l'achat des chemises qui peuvent
être pliées par une entreprise de l'Ontario, mais tout le carton
est acheté à Québec et le contenu carton est
peut-être de 80 p.c. alors que le reste du travail comprend à peu
près 20 p.c, alors est-ce que c'est un produit québécois
ou si ce n'est pas un produit québécois? Et cela se voit dans une
foule de productions et c'est toujours extrêmement difficile
d'établir des normes. On risque d'être injuste envers certains
industriels québécois.
Aussi il y a tout le problème des entreprises à industrie,
si on peut dire, ou à secteurs multiples. Vous pouvez avoir une
entreprise, par exemple, un genre de consortium qui a quinze usines
réparties au pays; elle peut en avoir sept au Québec, deux en
Ontario et une au Nouveau-Brunswick et une autre je ne sais trop où, et
lorsqu'il arrive des productions de cette entreprise-là, on dit:
Ecoutez, d'accord, le produit que vous achetez là, il n'est pas
fabriqué spécifiquement au Québec, mais on a sept autres
entreprises qui emploient 3,000, 4,000, 5,000 ou 6,000 personnes au
Québec et qui produisent des biens qui sont achetés par les
autres provinces. Alors on m'a fait souvent des représentations que
ça pouvait être injuste à leur endroit que de ne pas tenir
compte de ce facteur dans notre politique d'achat.
Alors ces indications, j'espère qu'elles vont pouvoir être
analysées par le groupe de travail qui a été mis sur pied,
de telle sorte qu'on puisse avoir des suggestions quant à ce
problème extrêmement complexe du contenu québécois
de certains produits, et également de ces entreprises qui ont plusieurs
usines réparties à travers le pays, et à quel moment on
considère qu'on encourage ces entreprises ou qu'on ne les encourage pas,
étant donné qu'elles emploient des Québécois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense à un programme en particulier
qui va nécessiter d'ici quelques années des dépenses assez
considérables de la part du gouvernement du Québec, c'est la
lutte contre la pollution. J'ai fait la remarque moi-même aux
intéressés, lors d'une séance du conseil des ministres
à laquelle j'assistais, qu'avant de mettre en marche un programme aussi
important en 1969, je pense que les projections du coût de la
lutte contre la pollution étaient de $600 millions, probablement que,
depuis ce temps-là les coûts...
M. GARNEAU: Non, c'est pas mal le même ordre de grandeur.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...de $600 millions. J'avais posé la
question. Avant de lancer un tel programme, est-ce que ce ne serait pas
important qu'un inventaire soit fait de ce que le Québec actuellement
peut fournir dans ce domaine? De sorte qu'en mettant en place un tel programme
d'investissements, on puisse aussi en retirer directement des avantages sur le
plan des investissements, sur le plan création des emplois. Alors c'est
ce genre de programme que le Québec est, à un moment
donné, appelé à mettre sur pied, c'est ce genre de
programme qui demande beaucoup d'attention autant que les dépenses de
consommation que peuvent faire les institutions hospitalières ou les
institutions d'enseignement ou l'Hydro-Québec qui ont aussi des budgets
très considérables. C'est pour ça que j'attire l'attention
du ministre sur ce problème et je suis très satisfait de voir
qu'un comité spécial a reçu mandat d'étudier toute
la question et de suggérer au gouvernement certaines recommandations
pratiques et retenues tantôt dans l'argumentation du ministre. C'est vrai
que le problème est complexe et il ne faut
pas non plus perdre d'un côté ce qu'on pourrait gagner en
avançant certaines incitations qui pourraient aller même plus loin
que l'incitation, certaines directives. Je pense bien qu'il y a une marge de
manoeuvre entre ce que l'on fait actuellement et ce qu'une autre province peut
faire, disons l'Ontario, qui le fait sans le dire ou sans le crier, sans faire
de publicité, qui, à tous les jours par certaines
décisions administratives oblige ou fait en sorte que l'industrie de la
province est encouragée.
Je pense que ça nous donne tout de même une marge de
manoeuvre assez considérable encore, avant qu'on soit accusé de
vouloir faire du dirigisme ou de vouloir dresser des barrières
économiques entre les provinces ou entre les Etats voisins.
Est-ce que ce comité a un délai pour remettre ce...
M. GARNEAU: Je ne pourrais vous dire quelle est la date qui a
été suggérée pour la remise du rapport, mais je
retiens un point. Je dis que justement une des tâches de ce
comité-là est d'analyser l'ensemble de la politique des achats
des secteurs public et parapublic et non pas uniquement du secteur du
gouvernement du Québec parce que c'est quand même une portion
minime si on regarde ce qui passe par le service des achats, c'est à peu
près $80 à $100 millions par année. Mais si on ajoute
à ça les achats de 1'Hydro et les achats des hôpitaux et
des commissions scolaires, là on frappe véritablement le gros
montant d'achat et les achats peut-être les plus significatifs sur le
plan de l'entreprise ou de la création d'emplois parce que,
évidemment, au plan gouvernemental, il y a beaucoup d'achats de papier,
de crayons, d'ameublement. Mais lorsque vous passez à 1'Hydro là
vous faites appel à de l'équipement technique qui demande une
haute technicité. Dans le domaine des hôpitaux, c'est la
même chose. Tout l'équipement technique des hôpitaux et, je
pense, le gros des achats, le montant important peut venir de là. Si on
parle sur le plan des achats de consommation, les hôpitaux
évidemment sont de très gros acheteurs, mais les hôpitaux
jouissent d'une très grande autonomie en ce qui regarde leurs achats et
leur politique d'achats. Le comité aura à analyser
également ces secteurs. C'est la raison pour laquelle, pour revenir
à l'Hydro, le directeur des achats de l'Hydro siège à ce
comité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela me paraît un problème
extrêmement important et je précise une remarque que j'ai faite
tantôt. J'ai lu pour ma part un article de M. Normand Girard dans le
journal Le Soleil sur ce problème à l'occasion des travaux
annoncés pour la baie James. Il avait touché là je
ne sais pas si le ministre a lu cet article un point assez précis
et très important. Cela fait suite évidemment...
M. PARENT: Nouveaux emplois avec la politique d'achats.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sans poser à l'expert évidemment,
il lui paraissait à ce moment-là que certaines commandes seraient
données pour de l'appareillage et il mentionnait quelques-unes des
industries du Québec qui seraient certainement en mesure...
M. GARNEAU: II y a une industrie de Québec ici qui construit des
tours de transmission, General Dynamic.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, il en a même mentionné une de
Montmagny qui est une entreprise très bien connue dans le domaine de
l'électricité...
M. GARNEAU: Elle n'est pas fermée celle-là toujours!
M. CLOUTIER (Montmagny): ...la compagnie Montel qui déjà
équipe des pays du Tiers-Monde en tableaux de distribution. Alors c'est
un exemple qu'on donne.
Evidemment, il y a beaucoup d'industries du Québec. Par la
sous-traitance aussi, cet organisme qui met en relation les entreprises plus
considérables avec des entreprises de petite et de moyenne dimensions,
à ce moment-là il s'établit un contact qui permet à
ces petites entreprises, ces moyennes entreprises de fabriquer pour le compte
d'entreprises plus considérables. Alors, de toute façon, le
problème est posé. Pour ma part, je suis satisfait de voir que le
ministre des Finances sensibilise ses collègues à cette
question.
M. JORON: J'ajouterai même une chose, j'irai peut-être
même plus loin. Il n'y a pas que l'encouragement des entreprises
déjà existantes et la création d'emplois
supplémentaires que ça peut occasionner. Mais, à
l'occasion, il y a des programmes qui, véritablement, justifieraient que
le gouvernement mette lui-même sur pied une entreprise nouvelle,
inexistante auparavant. Dans la mesure où ça implique une
technologie, il est obligé de se trouver un associé ou un
partenaire quelconque, mais je ne vois pas pourquoi le gouvernement refuserait
les occasions. Par ses propres commandes, il pourrait donner naissance à
un certain nombre d'emplois.
M. GARNEAU: C'est ce qui est arrivé avec la SGF.
M. JORON: Des exemples comme ça, on peut les multiplier
drôlement. Il ne faudrait pas que le gouvernement, à ce
moment-là, ait peur de devenir lui-même entrepreneur par
contre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas voulu aller aussi loin que le
député de Gouin, et pour cause. J'ai certaines difficultés
à croire que le gouvernement, par ses entreprises, puisse atteindre,
sauf exception, le même degré d'efficacité qu'une bonne
entreprise qui n'est pas liée
à toutes les contraintes gouvernementales dans son
fonctionnement. Sur la question de principe, on pourrait discuter longtemps.
Mais, en pratique, il faut examiner chacun des faits. Le député
de Gouin, lui aussi, ayant déjà été
mêlé de près à l'administration des affaires, ne
serait pas disposé à accepter ça comme principe
général sans se pencher sur chacun des cas particuliers et voir
s'il y a des possibilités de succès.
M. JORON: D'accord, la réserve est à propos.
M. LE PRESIDENT: Alors sous-article 1: Traitements, salaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, M. le Président,
c'étaient à peu près toutes les questions que je voulais
poser. Je voudrais souhaiter à ce nouvel organisme et à ses
responsables tout le succès qu'on attend d'un organisme de cette
importance. Et l'an prochain, évidemment, on sera heureux d'entendre le
ministre des Finances nous faire part des progrès accomplis durant cette
année.
M. GARNEAU: Et d'un autre budget sans augmentation de taxes.
M. LE PRESIDENT: Alors sous-articles 1, 2, 4, 5, 7, 10 et 11,
adoptés.
M. JORON: Cela a fait combien d'augmentation...
M. LE PRESIDENT: Alors, je remercie les membres de la commission de la
façon que la discussion s'est faite et je remercie aussi le ministre et
ses adjoints de la façon aussi qu'ils ont répondu.
L'assemblée est levée.
M. GARNEAU: Merci beaucoup.
(Fin de la séance: 15 h 28)