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Etude des crédits du ministère des
Finances et du Conseil du trésor
(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des finances et des comptes publics est
réunie pour l'étude des crédits budgétaires pour
l'année 1978/79.
Les membres de cette commission sont: M. Bordeleau (Abitibi-Est), M.
Charbonneau (Verchères), M. Gagnon (Champlain), M. Garneau (Jean-Talon),
M. Goulet (Bellechasse), M. Grégoire (Frontenac), M. Michaud
(Laprairie), M. Parizeau (L'Assomption), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud). Les intervenants sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Caron (Verdun), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Guay (Taschereau), M. Jolivet
(Laviolette), M. Martel (Richelieu), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Russell (Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda).
J'aimerais avoir le nom d'un rapporteur.
M. Michaud: M. le Président, je pourrais vous proposer, le
député de Champlain, M. Gagnon.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon,
député de Champlain. Adopté.
M. le ministre, on va commencer tout de suite. On a quorum, M. le
député de Jean-Talon.
Préliminaires
M. Parizeau: M. le Président, je ne voudrais pas faire une
introduction très longue, en ce sens que le ministère des
Finances, chaque année, a l'occasion de présenter une longue
introduction à ses opérations, qui s'appelle le discours du
budget, mais qui, habituellement, comporte toute une série
d'orientations, comme chacun le sait.
Ce que je suggérerais, cependant, si nos collègues sont
d'accord, c'est l'ordre dans lequel nous pourrions aborder les divers
programmes des crédits d'abord, et ensuite, les sociétés
qui relèvent du ministère des Finances, si tant est que l'on
voulait en discuter.
Je proposerais, M. le Président, qu'on prenne les programmes dans
l'ordre où ils apparaissent dans le livre des crédits et
qu'ensuite on passe à la caisse de dépôt puis, à la
Loto-Québec.
Je voudrais cependant souligner que le président de
Loto-Québec ne pourra pas être ici aujourd'hui, parce qu'un
engagement à Vancouver pris il y a déjà un bon moment fait
qu'il ne pourra pas être avec nous dans le courant de cette
journée. Si tant est que l'on voulait qu'il soit ici à l'occasion
de l'examen des activités de Loto-Québec, je pense qu'il faudrait
l'envisager à un autre moment. Si, cependant, on préfère
aborder Loto-Québec à la fin de la journée d'aujourd'hui,
bien sûr, je suis à la disposition de la commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, vous avez des remarques à faire sur la proposition du
ministre?
M. Garneau: M. le Président, mes remarques d'ouverture
seront brèves moi aussi. J'en ai fait pendant deux heures, à
l'occasion du même processus dont parlait le ministre des Finances il y a
un instant. J'aurais plutôt des questions à poser, surtout dans le
programme 1 ; les autres programmes, étant des programmes
administratifs, ne méritent pas de très longs débats. Il y
a peut-être le programme 4 où j'aurai certaines explications
à demander. Je n'ai pas d'autres propos à tenir à
l'occasion de l'ouverture des travaux de cette commission.
Je suis bien prêt à accepter la recommandation du ministre
des Finances. J'allais même lui faire une contre-proposition en ce qui
regarde la Curatelle publique. Je n'ai pratiquement rien, personnellement. Je
ne sais pas si mon collègue de l'Union Nationale en a. Mais, comme ce
sont des gens qui viennent de l'extérieur de la ville, je serais
prêt, quant à moi, à commencer par le programme 6 et
à bâcler cela assez rapidement. Je n'ai qu'une ou deux questions
à poser. Cela libérerait ces gens qui pourraient retourner vaquer
à leurs occupations, si cela peut les accomoder.
Je n'ai pas d'autres commentaires à faire à l'ouverture.
Si nous sommes prêts à commencer par le programme 6, quant
à moi, je n'en aurai que pour quelques minutes.
M. Parizeau: Parfait.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de Bellechasse,
avez-vous des remarques préliminaires?
M. Goulet: Dans le même ordre d'idées que celui de
l'honorable ministre et du député de Jean-Talon, cela va
très bien, à la suite des remarques préliminaires du
ministre. A la demande du député de Jean-Talon, en ce qui regarde
le programme 6, je n'ai aucune objection.
Le Président (M. Laplante): Avant de commencer le
programme 6, est-ce que le député de Jean-Talon voudrait avoir
une position claire en ce qui a trait à Loto-Québec?
M. Garneau: On verra à quelle heure on va terminer. Si on
était capable de trouver un moment qui conviendrait à tout le
monde pour avoir la présence du président, j'aurais
préféré. On verra à quelle heure on va terminer cet
après-midi et on pourra peut-être en discuter à ce
moment-là.
M. Parizeau: Je m'excuse. Le président de...? M.
Garneau: Le président de Loto-Québec.
M. Parizeau: De Loto-Québec. On peut faire cela. Mais, de
toute façon, cet après-midi, M. Vandry, un des commissaires, sera
ici.
M. Garneau: S'il y a des fonctionnaires de Loto-Québec, je
n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): Pas d'objection?
D'accord. J'appelle le programme 6, Curatelle publique. M. le
ministre.
Curatelle publique
M. Parizeau: J'ai, à ma gauche, le curateur, Me Lussier.
Le dernier rapport annuel de la Curatelle publique du Québec, comme on
le sait, s'applique à 1976. Je suggère, s'il y a des questions
quant aux opérations de la Curatelle, que nous partions de là,
quitte à avoir des renseignements du curateur lui-même pour la
période plus récente.
M. Garneau: M. le Président, quand je regarde
l'évolution budgétaire du programme 6, il y a seulement deux
catégories sur lesquelles je voudrais avoir des explications. C'est
à la catégorie 4, services, et à la catégorie 7,
fournitures. Est-ce que le ministre ou le curateur pourrait nous donner les
raisons pour lesquelles il y a, dans un cas, une baisse de $12 millions
à $9 millions et, dans l'autre cas, une augmentation de $23 millions
à $29 millions, à la page gauche?
M. Parizeau: Des milliers de dollars, ce ne sont pas des
millions.
M. Garneau: Des millions de dollars. M. Parizeau: Des
milliers.
M. Garneau: Excusez-moi, des milliers de dollars. Qu'est-ce qui
explique ces changements? Dans le cas des services, il y a une baisse de $12
300 à $9000 et, dans l'autre cas, celui des fournitures, il y a une
augmentation de $23 400 à $29 000. Ce sont des montants relativement
minces, mais comme les autres paraissent avoir subi des variations...
Demandez-le.
M. Parizeau: On me dit, M. le Président, que c'est une
redisposition selon les besoins entre les deux postes.
M. Garneau: II n'y a pas de variation dans le personnel,
d'après ce que je constate, à part cela? Il n'y a pas de
changements de prévus dans les...
M. Parizeau: La seule chose, dans le cas du personnel, oui, les
règles applicables, enfin, le contrôle des effectifs, si vous
voulez, tels qu'établis par le Conseil du trésor, s'appliquent
à la Curatelle, n'est-ce pas, comme au reste, c'est-à-dire que,
comme ils sont un des services du ministère des Finances, ils sont
assujettis au type de contrôle sur les effectifs que le Conseil du
trésor a mis en place.
M. Garneau: Je n'ai pas d'autre question à poser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
Une Voix: Déficit.
M. Parizeau: Si vous me permettez, M. le Président, pour
compléter ma réponse, on me dit d'autre part qu'il n'y a pas de
changement dans le personnel.
Le Président (M. Laplante): Pas d'autres questions?
Programme 6, élément 1... Oui, M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je m'excuse, c'est que le ministre a répondu au
député de Jean-Talon. Seulement deux questions, à savoir
l'évaluation totale des biens administrés par la Curatelle
publique et le nombre de personnes que cela peut toucher.
M. Parizeau: Nous avons $50 millions en 1976 qui touchent environ
10 000 malades mentaux. Il faut ajouter à cela 1500 successions
vacantes, biens sans maître, etc. Maintenant, le curateur me dit que le
rapport de 1977, même s'il n'a pas été rendu public en
Chambre, était prêt le 31 décembre 1977. Alors, on pourrait
donner les montants correspondants ou les chiffres correspondants pour le 31
décembre 1977; $3 millions le 31 décembre 1977 pour à peu
près le même nombre de cas que l'année
précédente. Ces chiffres, évidemment, ne sont pas encore
publics. Ils sont publics pour la première fois.
M. Goulet: II y a seulement une question, M. le Président.
La semaine dernière, en Chambre, nous avons adopté un projet de
loi en première lecture du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Il était
question des compagnies dissoutes qui, après trois ans, peuvent aller
à la Curatelle publique. C'était une forme, si vous voulez. Etant
donné que ce nouveau projet de loi a été adopté et
qu'on donne un temps indéfini, on ne pourra plus aller à la
Curatelle publique. Est-ce que cela pouvait compter il y a des compagnies
dissoutes dont vous êtes obligés d'administrer les biens et
souvent il ne reste pas de biens à ces compagnies est-ce qu'il y
en avait là-dedans? Je ne me souviens plus du nom ou du numéro du
projet de loi, mais il a été présenté par Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
M. Parizeau: II ne s'agit que de compagnies qui, au moment de
leur dissolution, ont encore des biens.
M. Goulet: Est-ce qu'il y en avait beaucoup à ce
moment?
M. Parizeau: II devait y en avoir à peu près une
centaine.
M. Goulet: Avec cette nouvelle loi, désormais il n'y en
aura plus. (10 h 15)
M. Parizeau: On dit que cela va plutôt augmenter, en vertu
de la nouvelle loi...
Non. M. le curateur, M. le Président, me dit de retirer ce que je
viens de dire. Il n'y en aura pas nécessairement davantage; d'accord.
C'était une erreur.
M. Goulet: C'est ça. Je ne comprenais pas... M.
Parizeau: C'était une erreur, d'accord.
M. Goulet: Est-ce que cela pourrait amener une diminution du
personnel?
M. Parizeau: Non.
M. Goulet: Cela ne vaut pas la peine. C'est simplement une goutte
d'eau dans...
M. Parizeau: Ce ne sont pas des montants suffisamment importants
pour que...
M. Goulet: D'accord.
Cela va pour le programme 6, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 6,
élément 1, adopté? Programme 6, élément 2,
adopté?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le programme 6, en son entier,
est adopté.
Est-ce qu'on retourne au programme 1?
M. Parizeau: Oui, programme...
Etude des politiques économiques et
fiscales
Le Président (M. Laplante): Programme 1. Etudes des
politiques économiques et fiscales. Ce programme vise à
conseiller le gouvernement en matière de politique financière,
économique et fiscale, ainsi que de relations financières avec le
gouvernement fédéral.
M. le ministre.
M. Parizeau: Je comprends l'intérêt du
député de Jean-Talon, M. le Président, pour ce poste,
parce que c'est vraiment de ce côté que les études
préparatoires au discours du budget, les études d'orientation de
politique économique ou financière sont faites. A bien des
égards, il conviendra avec moi que la qualité du travail ou des
propositions faites par les ministres des Finances dépend, pour une
bonne part, de la qualité des travaux qu'ils ont faits de ce
côté-là.
C'est, à bien des égards, dans ce secteur, que
passablement d'idées nouvelles apparaissent, que des études
permettent, à un moment donné, soit de modifier les politiques
financières du gouverne- ment, soit de leur donner un caractère
inédit ou une certaine originalité.
Ce n'est pas un service très considérable, compte tenu de
ce qu'on trouve normalement dans les opérations gouvernementales. On
sera sans doute un peu étonné de constater que le nombre de
postes autorisés dans l'ensemble de cette direction
générale ne dépasse pas 35. L'important, c'est d'y trouver
des spécialistes très au fait de leur discipline, beaucoup plus
que de construire des empires et, dans la mesure même où des
exigences de qualités assez exceptionnelles existent de ce
côté, le recrutement n'est pas une chose aisée.
C'est ce service qui, bien sûr, a été responsable
des études qui ont été faites à l'occasion du
budget et qui ont donné lieu à la réforme fiscale qui a
été annoncée. C'est aussi cette direction
générale qui est responsable de la préparation de la
réforme de la fiscalité municipale avec l'aide, bien sûr,
du ministère des Affaires municipales, réforme qui sera
présentée en juin à l'occasion de la réunion du
gouvernement du Québec et des municipalités.
C'est ce service qui procède aux études de conjoncture et
d'analyse économique du ministère. C'est lui aussi qui suit un
certain nombre d'études sur le fonctionnement des institutions
financières, qui fait une partie des études du gouvernement sur
l'épargne, par exemple, et je pense que je vais m'arrêter
là à titre d'introduction, quitte à ce qu'on entre de
façon plus spécifique, dans un certain ordre d'études
nouvelles qui sont en cours et dont on pourra discuter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Comme vient de l'indiquer le ministre des Finances,
c'est un programme dont les conséquences sont très importantes
sur les politiques fiscales d'un gouvernement et les postes budgétaires
qui sont touchés où les montants qui sont impliqués sont
réellement une goutte d'eau dans l'ensemble du budget et ne traduisent
pas l'importance de cette section, mais, en abordant l'étude du
programme qui vise à conseiller le gouvernement en matière de
politique financière et économique, le ministre des Finances ne
se surprendra pas si j'aborde la question de la taxe de vente et de l'imbroglio
qui a été suscité entre le fédéral et le
gouvernement du Québec.
M. Parizeau: J'eus été étonné du
contraire.
P olitique fiscale de relance
économique
M. Garneau: Je voudrais demander au ministre des Finances s'il
pourrait nous expliquer comment et dans quel contexte le gouvernement
fédéral ou le ministre des Finances du gouvernement
fédéral a fait savoir au ministre des Finances du Québec
son intention de proposer à l'ensemble des Canadiens une politique
fiscale ayant pour but, suivant les propos du ministre, de relancer
l'économie et de créer des emplois. Dans quel contexte, de
quelle façon et vers quelle époque le ministre des Finances du
Québec a-t-il été mis au courant et consulté
à ce sujet, s'il l'a été?
M. Parizeau: Le premier coup de téléphone que j'ai
reçu à ce sujet date du 23 mars. On en était, à ce
moment, à ce qu'on a appelé la proposition originale,
c'est-à-dire une réduction générale de trois points
de pourcentage des taxes de vente dans toutes les provinces qui en avaient,
donc à l'exclusion de l'Alberta, pour six mois, payée
intégralement par le gouvernement fédéral dans les
provinces maritimes et à raison de deux points sur trois dans les autres
provinces. C'est donc le 23 mars que cette proposition m'a été
présentée au téléphone. Il y a eu, dans les jours
qui ont suivi, plusieurs autres échanges téléphoniques.
Mon impression est qu'au cours de ces premières journées, les
appels téléphoniques émanant d'Ottawa allaient
essentiellement vers l'Ontario et le Québec. Je dis que c'est mon
impression. Ceci a abouti à une réunion entre le ministre
fédéral des Finances, celui de l'Ontario et celui du
Québec à Montréal, le 30 mars. Mon impression, c'est aussi
que les provinces de l'Ouest ont été approchées les unes
après les autres.
Il est évident que cette proposition pour le Québec venait
très tard, puisqu'on avait prévu le dépôt du
discours du budget le 18 avril. Le député de Jean-Talon se
souviendra des échéanciers d'imprimerie de toute espèce
qui existent dans ce domaine. Le budget du gouvernement du Québec,
à toutes fins pratiques, le 23 mars était à peu
près fait.
Dans le cas de certaines provinces de l'Ouest, les délais
étaient encore plus courts, c'est-à-dire que l'Ontario
était passé. Mais dans les provinces de l'Ouest, mon impression
est que certains ministres des Finances ont été avertis trois ou
quatre jours avant la date qu'ils avaient prévue pour leur discours du
budget. Dans ce sens, je ne m'étonne pas du tout de la réaction
des premiers ministres des provinces de l'Ouest à cet égard; ils
étaient à quelques jours de leur budget.
Je pense que c'est ce qu'on peut dire du démarrage de
l'opération.
M. Garneau: Le ministre des Finances pourrait-il nous dire si,
dans ses conversations, en dehors du mécanisme budgétaire,
constitutionnel, etc., il considérait, à ce moment-là, la
possibilité de travailler ou de faire des propositions de relance
économique qui s'appuieraient sur une réduction de la taxe de
vente. D'une façon générale, quelle était l'opinion
transmise à ses homologues ontariens et fédéral concernant
la visée économique du projet? Quels étaient les points de
vue du ministre sur le fond de la question en dehors des mécanismes
comptables ou constitutionnels qui pourraient être envisagés? Le
ministre des Finances du Québec voyait-il, dans ce projet, une
façon valable de relancer l'économie?
Le but de ma question, c'est d'essayer de toucher au fond de la question
avant d'en arriver à la forme ou au contentieux
fédéral-provincial sur cette question pour savoir s'il
considérait qu'une baisse de la taxe de vente de quelque nature que ce
soit pouvait être un élément positif de relance
économique. J'imagine qu'il a dû y avoir une question de fond
avant la question de forme.
M. Parizeau: II y a eu de très longues discussions par
téléphone essentiellement, sauf cette réunion à
trois, justement sur le fond. J'étais et je reste persuadé qu'une
réduction pour six mois de trois points de taxe de vente va provoquer
une espèce d'excitation temporaire sur le plan des achats de biens
durables de consommation, et surtout d'équipements comment dire?
coûteux, probablement et surtout à la fin de la
période, au cours des deux derniers mois. On va avoir, à supposer
que cela ait commencé le 15 avril, comme c'était l'intention du
ministre fédéral à ce moment-là... Donc, cela
remonte au 15 octobre. On va avoir en août et en septembre des ventes
d'automobiles considérablement accélérées, des
ventes de réfrigérateurs, des choses comme celles-là. Les
3% représentent quand même un montant relativement important quand
on sait que la taxe de vente va remonter sur les autos le 15 octobre; 3%, c'est
quand même $200 sur un certain nombre de modèles courants. On va
avoir des ventes brillantes, en août et en septembre, de ce genre de
produits, mais les ventes vont probablement diminuer une fois que la taxe aura
remonté.
Il y avait, pour moi, quelque chose de profondément artificiel
dans ce genre de chose, qui est sur le plan de l'activité
économique elle-même; une partie de cette opération me
paraissait largement artificielle.
D'autre part, je dois dire que nous avions, dans notre propre budget,
prévu de toucher à la taxe de vente au moins sur une chose, mais
de façon permanente, c'est-à-dire les chambres d'hôtel,
mais là, pas pour six mois, pas pour un an, mais en permanence. Cela
était déjà dans notre budget. On ne s'étonnera pas
de le revoir dans la proposition que le gouvernement de Québec a faite
par la suite. On ne s'étonnera pas de le voir apparaître
là.
M. Garneau: Ce n'était pas la taxe de vente?
M. Parizeau: Oui, c'était 8% de taxe de vente sur les
chambres d'hôtel.
M. Garneau: Oui, mais c'est la taxe de repas et
hôtellerie.
M. Parizeau: Je comprends, c'est le même principe.
M. Garneau: Une taxe sur la consommation.
M. Parizeau: Une taxe sur la consommation.
Alors, j'ai exprimé, sur le fond, à cet égard, une
série de réticences, continuellement au téléphone,
et à l'occasion de cette réunion à trois. Je suis un peu
surpris d'ailleurs qu'on n'ait pas
sondé M. McKeough là-dessus; comme c'est dans les journaux
depuis maintenant quinze jours que cette réunion a eu lieu, je n'arrive
toujours pas à comprendre qu'on cherche à interpréter les
conversations téléphoniques, quand il y a au moins une rencontre
entre plus de deux personnes. Enfin. (10 h 30)
Ces réserves, je les ai exprimées à travers toute
cette période, de la même façon que j'ai exprimé des
réticences certaines au processus qui consistait à essayer de
m'imposer une charge de $100 millions, alors que la préparation de mon
budget était terminée.
Dans ce sens, M. le Président, j'ai l'impression à travers
cette période, d'avoir exprimé clairement, non seulement mon
point de vue, mais le point de vue du gouvernement du Québec, puisque
nous avons eu l'occasion, bien sûr, de mettre le cabinet au courant de la
proposition qui venait du gouvernement fédéral. Je voudrais,
d'autre part, indiquer ceci qui, je pense, n'a pas été
suffisamment souligné.
La proposition du ministre Chrétien, pendant toutes ces
journées, est une hypothèse. Le cabinet fédéral n'a
pas statué sur cela. Au moment où toutes ces conversations
s'engagent, on n'a pas encore de confirmation du cabinet fédéral
que cela va être adopté. C'est une hypothèse. Puisque le
ministre fédéral des Finances téléphone à
tout le monde, à un moment donné, on a l'impression que les
lignes bourdonnent partout. Forcément, on se téléphone
aussi entre nous, les ministres des Finances. Et là, il apparaît
que des ministres des Finances de l'Ouest ne sont pas du tout d'accord, mais
pas du tout.
Au cours des quelques journées qui précèdent le
dépôt du discours du budget à Ottawa, c'est-à-dire
dans les quatre ou cinq jours qui précèdent le 10 avril, les
conversations téléphoniques que j'ai avec ces ministres des
Finances de l'Ouest me révèlent que, l'un après l'autre,
et graduellement, ils cèdent. Deux des opposants, en particulier les
plus vocaux au téléphone, en tout cas, si je peux
m'exprimer ainsi au début, finissent par me rappeler en disant:
De toute façon, il semble qu'étant donné la pression, on
finira par accepter. Tu as bien des chances de rester tout seul.
C'est une chose que nous avons bien connue, c'est-à-dire que
plusieurs provinces puissent s'opposer à un programme
fédéral et que, petit à petit, sous la pression, l'une
lâche et l'autre encore. J'imagine que c'est un scénario que le
député de Jean-Talon a connu lui-même, à quelques
reprises.
Finalement, dans les quelques jours, dans les deux ou trois jours qui
ont précédé le 10 avril, j'étais persuadé
que je restais tout seul, mais la confirmation officielle que le gouvernement
fédéral allait procéder, je l'ai eue le 10 avril vers 15
heures, c'est-à-dire sept heures avant que ce ne soit
présenté à la Chambre des communes.
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas voulu toucher
encore à la forme, mais restant sur le fond de la question, à ma
connaissance j'ai occupé la fonction qu'occupe le
député de L'Assomption pendant six ans et demi c'est la
première fois qu'un ministre fédéral des Finances
j'en ai connu trois ou quatre consulte d'une façon aussi directe
ses collègues provinciaux sur une mesure de nature
économique.
Demeurant sur le fond, dans le cadre de la préparation
immédiate d'un budget, est-ce qu'à l'occasion des discussions et
en particulier de cette rencontre entre M. Chrétien, M. McKeough et le
ministre québécois des Finances, à laquelle a
référé le ministre tout à l'heure et hier à
l'Assemblée nationale, d'autres hypothèses ont pu être
avancées par le ministre des Finances du Québec comme mesures que
pourrait prendre le gouvernement fédéral dans le cadre d'une
relance économique ou d'aide à la relance économique
canadienne pour les fins du discours du budget fédéral?
Y a-t-il eu d'autres propositions de la part du ministre des Finances du
Québec proposant de baisser l'impôt sur le revenu des particuliers
ou de toucher à certains autres plans qui sont strictement de
juridiction fédérale ou est-ce que le ministre des Finances du
Québec n'a pas fait de recommandations précises de nature
économique, encore là sur le fond, compte tenu qu'il s'agissait,
me semble-t-il, d'un précédent, en tout cas, que je n'ai pas
connu dans le cadre de la préparation d'un discours du budget? Il y
avait bien les conférences fédérales-provinciales
où chaque ministre des Finances exposait ses pronostics de
l'économie, ses prévisions de revenus, de dépenses d'une
façon assez générale, mais dans des mesures
précises, concrètes de nature fiscale, c'était la
première fois que cela se produisait.
Le ministre des Finances du Québec a-t-il fait des
contre-propositions encore là basées sur le fond et non pas sur
la forme, ni sur les problèmes constitutionnels, ni sur l'implication de
mécanismes comptables, mais uniquement sur le fond au point de vue
économique? Le ministre des Finances a-t-il profité de cette
circonstance pour suggérer au ministre des Finances
fédéral d'autres mesures qui lui auraient apparu plus propices
sur le plan de la relance économique ou encore de l'administration?
M. Parizeau: M. le Président, il y a une raison bien
simple pour laquelle c'est un précédent extraordinaire, cette
consultation, si l'on peut dire, du ministre fédéral des Finances
avec ses homologues provinciaux. C'est que c'est la première fois que le
gouvernement fédéral fait son budget à même des
taxes provinciales. Cela ne s'est jamais vu avant. Je comprends bien que c'est
un précédent. Je ne suis pas certain que ce soit un
précédent heureux.
Dans ces conditions, bien sûr que non, je n'ai pas fait de
contre-propositions, j'avais un budget. J'ai même fait comprendre
à M. Chrétien, comme d'ailleurs à mes collègues
provinciaux, qu'on avait une marge de manoeuvre à Québec. Il y a
des provinces qui n'en avaient pas, l'Ontario n'en avait
pas. Non seulement l'Ontario n'a pas de marge de manoeuvre, mais il
vient d'augmenter ses impôts. Je leur ai fait comprendre qu'on avait une
marge de manoeuvre, qu'on prenait une orientation très différente
dans notre budget que celle qui était prise par le gouvernement
fédéral, qu'on avait l'intention de réformer, comme on
l'avait annoncé d'ailleurs, l'impôt sur le revenu. Ce qu'on a
fait. Il n'y avait rien de nouveau là-dedans. Cela faisait longtemps que
cela se discutait.
Encore une fois, pendant toute cette période de tractations
bizarres, d'ailleurs, comme je l'ai déjà dit, je reviens
là-dessus, M. Chrétien n'a pas l'air de savoir que les
appels-conférences existent à Bell Canada. C'était le deux
à deux, à part la réunion à trois qu'on a eue, qui
était d'ailleurs destinée à essayer de me convaincre; il
ne faut pas se faire d'illusion. Cela a été, à toutes fins
pratiques, une réunion de M. McKeough et de M. Chrétien pour
essayer de me persuader. M. McKeough avait l'air de tenir à cela. Je
comprends. Il était le premier à en profiter. De plus, les
conversations se sont déroulées deux à deux, au
téléphone. Ils existent les appels-conférences à
Bell Canada. Ils sont annoncés à la télévision tous
les soirs.
M. Garneau: Si je comprends bien, le ministre des Finances n'a
fait aucune proposition concrète pour aider...
M. Parizeau: Je n'étais même pas persuadé que
ce truc passerait.
M. Garneau: Oui, mais en dehors des questions, on pourra revenir
tout à l'heure sur la mécanique. Sur le fond, en termes de
relance économique et de l'impact que pourrait avoir un budget
fédéral dans ces mesures fiscales sur l'économie du
Québec, le ministre des Finances n'a fait aucune contre-proposition qui
lui serait apparue plus acceptable. Je comprends que c'est le sens de ses
propos. Maintenant, dans le cas de la taxe de vente...
M. Parizeau: Ce n'est pas tout à fait le sens de mes
propos. J'ai fait comprendre à M. Chrétien que sur le plan de la
relance économique, le gouvernement du Québec allait faire deux
efforts exceptionnels: L'un qui a été le programme de relance de
l'automne dernier, et l'autre, la réforme de notre impôt. Les
réductions d'impôt au Québec annoncées, dans le
budget du gouvernement du Québec, sont assez exceptionnelles au Canada.
Il n'y a pas beaucoup de provinces qui ont fait ce que nous avons fait. Des
coupures d'impôt comme celles qui ont été annoncées
dans le budget, il y en a d'une importance presque égale en
Saskatchewan, mais il n'y a pas beaucoup de provinces qui ont fait cet
effort.
En outre, j'étais très conscient et j'ai souligné
à plusieurs reprises à M. Chrétien que cela correspondait
très exactement à sa suggestion lors de la conférence
fédérale-provinciale des ministres des Finances. Il l'avait
lui-même suggéré. Le gouver- nement fédéral
n'avait pas beaucoup de marge de manoeuvre, à cause de son
déficit. M. Chrétien, à la conférence
fédérale-provinciale des ministres des Finances, avait
à la conférence, et devant les journalistes ensuite
suggéré que les provinces fassent un effort exceptionnel pour
relancer l'économie, parce que le gouvernement fédéral ne
pouvait pas faire grand-chose. Je le cite presque au texte. Si bien que sur le
plan du fédéralisme bien compris, j'ai l'impression que le
Québec s'est conduit beaucoup plus fédéralistement que,
par exemple, l'Ontario. C'est une drôle de façon d'aider la
reprise de l'économie au Canada que d'augmenter les impôts. Celui
qui a le mieux répondu au voeu du ministre fédéral des
Finances, sur le plan de la relance, ce n'est pas l'Ontario, c'est le
Québec. Présenter le gouvernement du Québec comme une
espèce de saboteur, comme on l'a fait dans certains milieux, est non
seulement une grossière exagération, mais c'est faux.
M. Garneau: M. le Président, le ministre des Finances n'a
pas ajouté à mon interprétation de ses propos. Il n'a pas
fait de recommandation dans le cadre de la marge de manoeuvre dont pouvait
disposer le gouvernement fédéral, marge de manoeuvre qui aurait
pu être appliquée d'une façon différente pour
contribuer à la relance de l'économie. Pour ce qui est de ses
propos, concernant l'effort des autres provinces, le ministre des Finances
n'est pas sans savoir que sans qu'il y ait de modification fiscale en Ontario
ou dans aucune des autres provinces canadiennes, l'indexation automatique des
tables d'impôt, des échelons et des exemptions de base,
l'indexation véritable, pas celle que le ministre des Finances a
annoncée, mais une indexation véritable, signifiait et signifie
à chaque année, par rapport au Québec, s'il ne touche pas
à ses tables d'impôt, compte tenu que l'indexation
véritable n'était pas incorporée, une baisse des
impôts automatique, et que cette baisse des impôts...
M. Parizeau: ...
M. Garneau: Bien, c'est parce que ce que le ministre des Finances
vient de dire n'est pas tout à fait juste...
M. Parizeau: M. le Président, dans ces conditions...
M. Garneau: ... pour la compréhension du débat et
surtout pour M. McKeough. un de ses collègues pour qui. faisant son
budget et sachant de quelle façon joue lindexation automatique des
tables, ce n est pas très agréable de ne pas avoir à
prendre au moins une partie du bénéfice de cette indexation
automatique. Je reviens au point de départ sur le fond, c'est que le
ministre des Finances, considérant la marge de manoeuvre qui pouvait
être disponible au niveau du gouvernement fédéral, n'a pas
fait de contre-proposition quant à I'utilisation de cette marge de
manoeuvre.
Je voudrais maintenant toucher un autre point...
M. Parizeau: M. le Président, avant qu'on passe à d
autres points...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: ... est-ce que je peux intervenir sur ce qui vient d
être donné?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Parizeau: Je suis bien aise de constater que le
député de Jean-Talon reconnaisse que I indexation automatique
représente une baisse des impôts. J en conclus donc qu au
Québec, pendant plusieurs années successives, nous nous sommes
trouvés en face d augmentations annuelles d impôt, ce que j'ai
toujours soutenu, d ailleurs.
M. Garneau: M. le Président, le ministre des Finances fait
abstraction, en tenant de tels propos, des décisions qui ont
été prises annuellement, et, entre autres, à une des
années où il y avait eu tout près, je pense que c est 480,
si ma mémoire est fidèle, de baisses d impôt. Il y a une
différence entre une indexation automatique et ne rien faire du tout, ce
que le ministre des Finances du Québec a fait lan dernier, cela a
été rien du tout et ça signifiait une augmentation des
impôts. S'il avait annoncé...
M. Parizeau: Mais l'année qui est suggérée
par le député de Jean-Talon remonte déjà à
plusieurs années...
M. Garneau: Cela remonte à 1975.
M. Parizeau:... si bien que, depuis ce temps...
M. Garneau: Quand on faisait...
M. Parizeau: ... les impôts augmentaient.
M. Garneau: Quand on fait I'analyse... D ailleurs, vous avez tout
à Iheure vanté la qualité des travaux faits par le service
des recherches économiques et fiscales. Si vous regardez les travaux qui
ont été faits par ces gens dans le passé, ils ont fait une
analyse de I'indexation automatique par rapport aux modifications
apportées annuellement ou à tous les deux ans aux tables d
impôt, et cela signifiait, à toutes fins utiles, un retour aux
contribuables québécois des produits de la non-indexation
automatique des tables...
M. Parizeau: Je suis très heureux d avoir pu, M. le
Président...
M. Garneau: Mais il reste...
M. Parizeau: ... cette année, faire les deux
opérations à la fois.
M. Garneau: Monsieur...
M. Parizeau: C'est-à-dire, d'une part, réduire les
impôts, et, d autre part, introduire une formule d indexation qui est
évidemment assez différente de celle qui existe dans le reste du
Canada, mais qui est une forme d indexation aussi.
M. Garneau: J'ai eu I'occasion de dire dans ma réplique au
discours du budget comment je trouvais que ça prenait beaucoup de culot
pour utiliser le mot "indexation" suivant la formule utilisée par le
ministre, mais je ne veux pas m'étendre là-dessus, parce que je
veux demeurer sur la question de la taxe de vente. J'ai donc pris note du fait
qu il n'y avait pas eu de contre-proposition... Et le ministre nous a dit qu il
était...
M. Parizeau: Ainsi que je lai dit à plusieurs
reprises.
M. Garneau: Bien, cela a pris du temps avant que vous le
confirmiez ce matin, mais...
M. Parizeau: Pardon! Non. Je l'ai dit hier en Chambre. Je l'ai
dit, je ne sais pas combien de fois, devant les journaux. Ce n'est pas la
première fois.
M. Garneau: II y a une différence entre une
contre-proposition, par rapport à la taxe de vente, et une
contre-proposition, parce que, jusqu à maintenant, même si le
ministre a voulu toujours revenir sur la forme, mes questions portaient
toujours sur le fond en termes économiques, à savoir si... Et
compte tenu du fait qu il n était pas d accord, nous dit-il, avec la
proposition concernant la taxe de vente, c était intéressant de
savoir si le ministre des Finances, profitant du fait que son homologue
fédéral voulait le consulter, avait fait d'autres propositions
touchant d'autres formes de fiscalité qui. cette fois, auraient
touché uniquement le budget fédéral et qui auraient pu
également avoir un impact sur le plan de la relance économique au
Québec. Il n'y a pas eu de telles propositions.
Revenant maintenant un peu plus sur la question de forme, le ministre
nous a dit tout à I'heure que. son budget étant sur le point d
être réalisé, il ne pouvait pas disposer d'une marge de
manoeuvre de $110 millions, si ma mémoire m'est fidèle, qui
était le montant, la dot que devait apporter la province de
Québec, comme les autres provinces qui ont participé au
programme, la dot du mariage de la taxe de vente. Le ministre nous a dit
à la veille de son discours sur le budget, qu il n'avait pas de telle
marge de manoeuvre pour financer c était une de ses remarques
pour modifier sensiblement... Comment peut-il expliquer que, quelques
jours avant son discours du budget, il trouvait, à toutes fins utiles,
les $110 millions qui étaient nécessaires pour apporter les
modifications à la taxe sur les chaussures, les vêtements et les
meubles qu il a proposées à l'Assemblée nationale dans une
déclaration ministérielle un mercredi soir? Quel a
été le tour de passe-passe qui lui a permis de trouver tout d'un
coup ces $110 millions? (10 h 45)
M. Parizeau: Je n'ai pas dit que je n'avais pas la marge pour
cela, mais que cela se prenait à même la marge de manoeuvre;
d'autre part, je n ai pas parlé de la marge de manoeuvre d'un an, j'ai
parlé de la marge de manoeuvre.
Il est évident que la proposition fédérale a, entre
autres conséquences, celle d'abaisser artificiellement l'indice du
coût de la vie parce que les taxes au détail des provinces sont
incorporées à l'indice du coût de la vie. Il y avait
là quelque chose cousu de fil blanc dans l'hypothèse où on
envisageait une élection fédérale, vers la fin juin, et
disons qu'il y avait quelques personnes qui y pensaient à cette
époque. Le truc était amusant. On baissait les taxes provinciales
de vente au détail. Cela devait normalement avoir un impact d'à
peu près 1,4% sur l'indice du coût de la vie, partiellement
constatable au mois d'avril, mais pour quinze jours seulement, et totalement au
mois de mai. L'indice du coût de la vie serait sorti au milieu du mois de
juin indiquant une chute de 1,4%. Vraisemblablement, l'indice du coût de
la vie aurait baissé pour la première fois depuis 17 ans ou
quelque chose comme cela et le scrutin serait arrivé une semaine
après.
C'était amusant! Cela a eu une conséquence, cependant,
pour le gouvernement du Québec. Nous avons, comme le
député de Jean-Talon le sait, une foule de conventions
collectives qui sont indexées au coût de la vie et elles le sont
justement de juin à juin. Donc, nous aurions eu moins à payer
cette année au titre d'indexation pour les syndicats, mais dès
que les indices du coût de la vie auraient remonté parce que les
taxes auraient réapparu, c'est l'année suivante que cela nous
aurait coûté plus cher.
Donc, l'effet que cela avait était d'augmenter ma marge de
manoeuvre cette année, mais de la réduire l'an prochain. Je suis
très conscient qu'en me retournant de bord comme je me suis
retourné... j'ai bien sûr ce qu'il faut cette année pour
payer ma part, mais je ne l'aurai pas l'année prochaine. Ce que je fais
est d'utiliser cette année une partie de la marge de manoeuvre de l'an
prochain.
M. Garneau: C'est bien beau le long discours que vient de faire
le ministre...
M. Parizeau: ... de la comptabilité, monsieur.
M. Garneau: ... mais le fait qu'il ait baissé de $340
millions, nous dit-il, les taxes de vente si ma mémoire m'est
fidèle, compte tenu de la disparition complète de la taxe pendant
une certaine période sur les meubles, les chaussures, et les
vêtements les conséquences seront les mêmes
concernant son budget provincial. Evidemment, ce qui va jouer au moins pour le
Québec, c'est l'indice des prix à Montréal et comme c'est
l'indice des prix à Montréal, j'imagine que cela aura des
conséquences également et tous les savants propos du ministre ne
m'indiquent pas qu'il pose là un geste très très
généreux à l'endroit... Si c'était son désir
de protéger le gain des fonctionnaires, il ne le protégera pas
plus.
Il reste quand même qu'il a trouvé ces $110 millions...
M. Parizeau: ... marge de manoeuvre de l'année suivante,
pour une bonne part.
M. Garneau: Pas dans la marge de manoeuvre de I'année
suivante puisque les taxes sont soustraitées cette année. Vous
avez enlevé les taxes sur les chaussures, les vêtements et les
meubles et c'est applicable maintenant. Votre manque à gagner est cette
année. Il ne sera pas I'an prochain.
M. Parizeau: Je comprends, mais des dépenses seront moins
élevées qu elles ne I'auraient été cette
année, mais plus élevées qu'elles ne l'auraient
été I'an prochain.
M. Garneau: Oui, mais l'impression que j'ai eue, c'est que vous
vouliez présenter la proposition fédérale comme
étant celle qui aurait pénalisé les fonctionnaires
provinciaux. Ils le seront quand même étant donné que c'est
I'indice des prix à Montréal qui sert de base.
Il reste quand même que vous avez trouvé ces $110
millions.
Je voudrais toucher maintenant la question des ententes ou des
règlements de ce contentieux. Quelques jours après le discours du
ministre des Finances fédéral, le ministre... D'abord, dès
le lendemain, on a déchiré notre linge sur la place publique pour
s offusquer et le ministre des Finances annonçait un choix
différent de celui proposé par le ministre des Finances du
gouvernement fédéral. Il proposait d'enlever pour une certaine
période la taxe sur les vêtements, les chaussures et les
meubles.
M. Parizeau: Et les chambres d'hôtel.
M. Garneau: Cela, je le mets séparément parce qu'il
ne faisait pas partie du programme fédéral et il était
déjà dans le discours du budget, suivant les propos qu'a tenus le
ministre tout à I'heure, c'est-à-dire une taxe à la
consommation.
M. Parizeau: Mais cela faisait partie du programme
fédéral.
M. Garneau: La taxe sur les chambres d'hôtel? Non, c'est la
taxe de vente, ce n'est pas une taxe de vente. Elle ne faisait pas partie,
à ma connaissance...
M. Parizeau: Je ne crois pas. Je crois que, dans les autres
provinces, cela s'applique aussi.
M. Garneau: II faudrait vérifier, mais...
M. Parizeau: Cela touche aussi, je pense, les chambres
d'hôtel et les télécommunications dans les autres
provinces. Je le pense. Oui, c'est exact.
M. Garneau: Mais il reste quand même, qu'il y ait ou qu'il
n'y ait pas les chambres d'hôtel, que la contre-proposition que faisait
le ministre plaçait
ou maintenait le contentieux fédéral-provincial en termes
de règlement. Je pense que le ministre des Finances sera d'accord sur
cela.
M. Parizeau: Qu'est-ce que vous voulez dire: maintenait le
contentieux?
M. Garneau: Si le fédéral avait répondu au
ministre des Finances: Oui, nous acceptons, au lieu de faire une coupure
générale de 3% de la taxe de vente, la taxe de 8% à 5%, si
M. Chrétien avait répondu au ministre des Finances: Nous
acceptons votre contre-proposition et nous sommes prêts, quand
même, à verser les $226 millions en question au trésor
public provincial ou à régler le contentieux de la même
façon que s'il avait appliqué le programme... Le ministre des
Finances du Québec sera d'accord avec moi pour dire que tout le
problème était identique en termes du règlement de la
note, sur le plan comptable ou autrement, du paiement de ces $226 millions, du
transfert de ces $226 millions; le problème était le même.
Le ministre des Finances sera d'accord avec moi là-dessus,
j'imagine?
M. Parizeau: Bien sûr qu'il...
M. Garneau: Compte tenu de ce fait, comment interpréter la
réaction du ministre des Finances par rapport à la proposition
fédérale de retourner aux contribuables québécois
les $85 dont il est question dans la déclaration de M. Chrétien
de lundi dernier, je crois?
M. Parizeau: Oui, c'est lundi.
M. Garneau: Comment expliquer la réaction du ministre des
Finances à ce propos?
Parce que, dans le fond, que ce soit applicable...
M. Parizeau: Le ministre des Finances n'a pas eu de
réaction là-dessus.
M. Garneau: C'est-à-dire que son gouvernement en a eu. Il
y a eu un débat en Chambre. Comme moi, vous étiez absent; vous,
pour une conférence; moi, pour des funérailles, mais nous
étions absents tous les deux de la Chambre. Il y a eu un débat
assez virulent et le gouvernement du Québec...
M. Parizeau: Mais une proposition unanime.
M. Garneau: Mais il reste quand même qu'il y a des points
qui n'ont pas... J'aurais aimé être présent parce qu'il y a
des points qui n'ont pas ressorti dans le public.
M. Goulet: Unanime parce qu'il y avait des absents.
M. Garneau: Certainement que le les aurais fait ressortir, en
tout cas à l'intérieur de mon groupe parlementaire. Il reste que,
si le ministre fédéral des Finances avait dit au gouvernement du
Québec: D'accord, nous sommes prêts à accepter votre
contre-proposition, le règlement du contentieux, en termes de
fiscalité, demeurait exactement le même et, à moins que le
ministre des Finances du Québec dise que le gouvernement
fédéral agit d'une façon totalement différente avec
le Québec qu'il n'agit avec les autres provinces, il n'y avait pas
d'autres façons que de procéder par le biais de la
fiscalité. Si je comprends bien, l'ensemble de la mécanique
et c'est comme cela que je l'ai compris dès le début
c'est que, dans les autres provinces, il n'y a pas de paiement qui sera
fait par le trésor public fédéral au trésor public
des provinces. Il n'y a aucun paiement qui sera fait. Ce que le gouvernement
fédéral fait, c'est qu'il se retire, il baisse les
impôts.
En Ontario, je crois que cela doit être à peu près
une centaine de dollars, $100, $110 par contribuable, par personne qui paie de
l'impôt; le gouvernement fédéral baisse son impôt sur
le revenu des particuliers de $100 et l'Ontario augmente le sien de $100 et,
finalement, les provinces utilisent ce gain additionnel à l'impôt
sur le revenu des particuliers pour financer la baisse de leur taxe de vente.
Je pense que le ministre des Finances est au courant, s'il a discuté
avec M. McKeough, de la mécanique qui a été
utilisée dans les autres provinces. Finalement, ce que propose M.
Chrétien, en dehors du fait qu'il aurait dû ou n'aurait pas
dû agir de la façon qu'il a agi dans son discours du budget...
Pour le moment, je mets cela de côté, parce que je tiens pour
acquis et je prends comme étant un fait que le gouvernement du
Québec avait fait une contre-proposition, dans sa déclaration
ministérielle à l'Assemblée nationale, le mercredi ou le
jeudi suivant la date du discours du budget, suivant laquelle il allait baisser
d'autres taxes à la consommation, et le contentieux, en supposant que le
ministre des Finances fédéral aurait dit: Je suis d'accord sur
cela, en termes de paiements devenait identique à celui des autres
provinces. A ce moment-là, comme le Québec n'a pas d'entente de
perception comme les gouvernements des autres provinces ce avec quoi je
suis bien d'accord il n'y avait pas d'autre possibilité pour le
gouvernment fédéral que de baisser son impôt sur le revenu
des particuliers et que le Québec augmente le sien selon une même
proportion et un même montant. L'application, par le jeu de la
fiscalité sur les revenus des particuliers, se faisait mutatis mutandis
pour le Québec. C'est dommage que l'hypothèse demeure une
hypothèse, j'aurais bien aimé connaître la réaction
du gouvernement du Québec si le gouvernement fédéral avait
dit oui à la contre-proposition, et voir comment on aurait pu
régler le contentieux fédéral-provincial en ce qui regarde
le Québec sans toucher, en fait, à l'autonomie du Québec
et à l'autonomie des provinces. C'est cela qu'on a respecté dans
les autres provinces en jouant sur la fiscalité des particuliers
plutôt que sur les paiements fédéraux directement aux
provinces, ce qui, à mon sens, aurait été mauvais et
contraire aux attitudes qui ont toujours été prises
par les gouvernements provinciaux en cette matière.
M. Parizeau: Reprenons tout cela, M. le Président.
Premièrement, le gouvernement fédéral, étant le
seul percepteur d'impôt pour toutes les autres provinces, leur fait
effectivement un transfert de trésor à trésor. Le
gouvernement fédéral baisse un peu son impôt, le
gouvernement de la province augmente un peu le sien et, donc, le montant que le
fédéral paie directement aux provinces augmente. C'est comme cela
que cela se passe dans les autres provinces; il n'y a qu'un seul
percepteur.
M. Garneau: Mais...
M. Parizeau: Si vous me le permettez, vous avez parlé
assez longtemps.
M. Garneau: Oui, mais quand vous parlez d'un seul percepteur, de
paiements faits aux provinces, vous le faites en termes de paiements pour
retourner l'impôt perçu à cause de l'accord de
perception.
M. Parizeau: C'est bien exactement ce que je dis.
M. Garneau: Ce n'est pas une dépense...
M. Parizeau: J'ai laissé longuement le
député de Jean-Talon parler. J'aimerais bien qu'il me rende la
pareille.
M. Garneau: Oui, mais pour la compréhension dans le
journal des Débats, je pense que c'est important.
M. Parizeau: Disons que le journal des Débats prendra tout
ce que j'ai dit avant, le répétera et il verra que c'est la
même chose que ce que le député de Jean-Talon vient de
dire.
Ceci dit, dans les discussions préliminaires avant le 10 avril,
le ministre Chrétien était prêt à faire la
même chose, exactement la même chose à l'égard du
Québec. C'est-à-dire qu'il baissait son impôt, nous on
augmentait le nôtre. Le fédéral percevait au même
taux et nous rendait la balance. C'était cela même que le
fédéral nous proposait. Cela aurait donné lieu à
l'envoi d'un chèque. Parce que, en somme, une partie de I impôt
aurait été perçue par le fédéral au
Québec pour nous.
C'est d'ailleurs un peu le sens du dernier paragraphe de la lettre que
j'ai envoyée au ministre Chrétien le 27 avril parce que,
en plus des conversations téléphoniques, on s'est écrit.
Je termine ma lettre en disant: "Votre proposition concernant le mode de
paiement de la contribution fédérale prévoit que cette
contribution prendrait la forme d'un transfert fiscal plutôt que
financier. Le gouvernement du Québec ne s'y oppose pas et je demeure
disponible pour discuter des modalités de cet aménagement
fiscal".
Il ne faut donc pas me présenter comme une espèce d'ogre.
Mais là, c'est complètement différent. Ce qui se passe est
en train de devenir si on me passe l'expression totalement
aberrant. D'abord, le gouvernement fédéral a beaucoup
évolué. Première étape: il présente au
Québec une offre finale. On voit que M. Chrétien n'a pas souvent
négocié des conventions collectives; il commence par une offre
finale: $40 millions payables sur un chèque par un transfert financier.
Il envoie le chèque directement à Québec. On ne parle
même plus de changement de taux d'impôt, de taxe ou quoi que ce
soit; il envoie le chèque de $40 millions. Deuxième étape:
on est devenu plus prudent; c'est une deuxième offre, mais elle n'est
pas finale. $186 millions seront distribués sous forme de chèques
de $85 en plus des $40 millions. Mais on va toujours nous envoyer $40 millions
sur un chèque; on a $40 millions sur un chèque et $85
envoyé aux particuliers. (11 heures)
Comme tenant de ce que je considère comme les derniers
balbutiements du fédéralisme on est encore dedans; je vais
jouer les règles du jeu je me place dans la situation de
l'Alberta où il n'y a pas de taxe de vente, et qui ne peut avoir une
réduction de taxe de vente. Mais pourquoi ne pourrait-elle pas avoir les
$85? Les Albertains paient de l'impôt sur le revenu comme tout le monde.
Le fédéral s est mis dans une position absolument
invraisemblable. S il paie $85 à chaque Québécois,
pourquoi ne paie-t-il pas $85 à chaque Albertain? Des
sténodactylos et des vendeuses, en Alberta, il y en a. Ce n'est pas
parce qu'ils ont du pétrole que chaque sténodactylo a du
pétrole dans ses poches. Elles aimeraient bien avoir $85 de
réduction.
Je comprends que le fédéral ne veuille plus que sa
deuxième proposition soit finale. Le premier ministre du Canada dit
qu'il veut rencontrer le premier ministre du Québec, peut-être
pour une troisième proposition. On verra. Là, je laisse
évoluer les choses. On me parlait tout à I'heure de la position
du ministre des Finances. Pour le moment, la position du ministre des Finances
consiste à regarder cela avec un intérêt profond.
M. Garneau: Le ministre des Finances pourrait-il nous dire
comment I'application ou la solution de l'entente à laquelle il s'est
référé, lettre dont je ne connaissais pas la teneur...
M. Parizeau: Elle a été rendue publique.
M. Garneau: Je m'excuse, je ne I'ai pas lue. je n'en fais pas
grief au ministre des Finances. Comment une telle proposition peut-elle se
négocier si les deux hommes ne se parlent pas? Est-ce que le ministre
québécois des Finances a fait au ministre des Finances
fédéral, une proposition quelconque pour le règlement de
ce contentieux, à savoir comment il allait procéder, comme on n a
pas d'accord de perception, pour retourner ou percevoir les $85, avoir les
bénéfices du $85? Si je comprends bien, il n'y a eu aucune
démarche de la part du ministre des Finances. Son attitude de
regarder passer le train est celle qu'il a appliquée depuis la
contre-proposition qu'il a faite en Chambre, quelques jours avant de
présenter son budget. Cela a été son attitude.
M. Parizeau: Oui. M. le Président. Effectivement, il y a
des moments où il faut bouger très vite.
M. Garneau: On a entendu cela.
M. Parizeau: Comme entre le 10 et le 12.
M. Garneau: On a entendu cela.
M. Parizeau: Oui, je comprends. Mais vous avez entendu aussi
autre chose à I'Assemblée nationale hier et vous y êtes
revenu aujourd'hui aussi.
M. Garneau: Mais ce que je souligne au ministre des Finances, c
est que, peu importe l'attitude qu aurait pu prendre le ministre
fédéral des Finances concernant la contre-proposition du
Québec c'est bien beau me parler des contribuables de I'Alberta,
mais nous ne sommes pas ici pour défendre les intérêts des
contribuables de I'Alberta, mais bien ceux des contribuables
Québécois...
M. Parizeau: Pour ceux qui se considèrent
fédéralistes, je trouve que c'est important.
M. Garneau: D'ailleurs, je n'ai pas entendu de réplique
très virulente de ce côté, de la part de l'Alberta...
M. Parizeau: Mais les Albertains viennent de le savoir.
M. Garneau: Ils viennent de le savoir mais il y a
déjà assez longtemps.
M. Parizeau: Le montant de $85? Cela fait juste deux jours.
M. Garneau: Ils le savent depuis tout le temps, puisque, depuis
le discours sur le budget fédéral, c'est connu de tout le monde
qu'il y a une baisse de I'impôt sur le revenu des Ontariens au
fédéral, et une augmentation de l'impôt sur le revenu des
Ontariens au provincial. Comme il y a un accord de perception, les gens ne s'en
rendent pas compte, parce que c'est sur le même rapport d'impôt qui
est perçu par le gouvernement fédéral. Mais,
j'espère que le ministre des Finances du Québec ne veut pas s'en
aller dans une direction qui amènerait une perception commune des
impôts, et je pense bien, qu'il n'y a aucun gouvernement des provinces
qui ait voulu faire cela. Cela ne m'a pas I'air à...
M. Parizeau: Cela m'étonnerait que ce soit ma
position.
M. Garneau: Cela I étonnerait. Donc, il faut qu'il y ait
une entente et tout le but de mon argumentation est d essayer de
démontrer et je pense que les propos du ministre des Finances
I'ont confirmé que, peu importe que le gouvernement
fédéral ait accepté ou refusé la contre-proposition
du Québec, il restait que le problème du versement des sommes,
des $186 millions, demeurait entier. Pour qu'il soit réglé entre
les deux ordres de gouvernement, il fallait qu'il y ait, pour cette
année, dans le cadre de la fiscalité du revenu des particuliers,
une entente spéciale qui aurait pu être réalisée
très rapidement, à mon sens, pour éviter qu'il y ait une
complication dans la perception des impôts. A ce moment-là, il y
aurait eu satisfaction, jusqu à un certain point, à l'endroit de
la contre-proposition du gouvernement provincial et aussi un règlement
qui aurait été, à mon sens, beaucoup plus conforme aux
intérêts de l'ensemble des Québécois.
M. le Président, je suis content d'avoir eu les remarques et les
réponses que le ministre des Finances a faites, puisqu'elles confirment
en tout point ce que j'avais dit, que cela prenait, pour régler le
problème, une entente entre les gouvernements, peu importe que le
gouvernement provincial ait dit oui ou non à la première
proposition. Comme il avait fait une contre-proposition, cela prenait une telle
entente de perception, et comme il n'y avait pas eu entente entre les
gouvernements, puisque, comme semble le dire le ministre des Finances, il ne
voulait pas discuter, mais il regardait passer le train, il n y avait pas d
autre option si. dans le cadre d'un fédéralisme, comme il le
mentionne, il devait y avoir un retour de ces sommes aux contribuables
québécois.
M. le Président, je n ai pas d autre question à poser pour
le moment, sur cet article.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais conclure de mon
côté. Il ne peut manifestement pas y avoir une entente entre deux
gouvernements quand l'un d'entre eux annonce que le second recevra $40 millions
et que c'est final. Ce n'est pas moi qui ai inventé cela. Une entente
qui consiste à dire: Nous allons accepter $40 millions comme paiement
final, aurait été un marché de dupes. Il n'est donc pas
question d'accepter. On a eu sûrement raison de ne pas accepter $40
millions. La preuve, c'est que, quelques jours plus tard, on offre $186
millions de plus. On l'offre croche, on l'offre n'importe comment. On l'offre
d'une façon qui est odieuse sur le plan des rapports
fédéraux-provinciaux, mais c'est quand même une
deuxième étape. Dans ce sens, j'ai l'impression que,
d'étape en étape, le gouvernement fédéral s'en
vient bien. Il lui reste beaucoup de chemin à faire et, en particulier,
à reconnaître, je pense, qu'en offrant $186 millions comme il l'a
fait, il va créer, sur le plan non pas seulement de ses rapports avec le
Québec, mais avec les autres provinces canadiennes, une situation
extraordinairement dramatique.
Bien sûr, l'Assemblée nationale du Québec a reconnu
le caractère aberrant de cette formule. L'Assemblée nationale l'a
reconnu tout entière.
J'ai été, de mon côté, agréablement
surpris de voir le chef du Parti libéral, en dehors de la Chambre,
soutenir aussi que cette formule n'a pas de sens. Mais enfin, le moment
à choisir pour en arriver à une entente... Il faudra que ce
moment soit choisi. Les choses évoluent tellement vite depuis le 10
avril et les rebondissements sont tellement nombreux que je pense qu'on
laissera... Il faut laisser au gouvernement du Québec le choix des
moments et le choix des tactiques qui, je pense, jusqu'à maintenant,
n'ont pas tellement mal réussi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Toujours sur la taxe de
vente, est-ce que, d'après le ministre des Finances, la proposition
initiale du fédéral avantageait d'autres provinces que
l'Ontario?
M. Parizeau: Non.
M. Goulet: C'est peut-être une question d'opinion.
M. Parizeau: Oui, la majeure partie des gains de la proposition
fédérale était vraiment... C'est la raison, d'ailleurs,
pour laquelle plusieurs provinces de l'Ouest s'opposaient à cela. Il
faut bien comprendre à quel point, pour une province comme la
Saskatchewan, une proposition comme celle-là ne présente à
peu près aucun intérêt sur le plan de l'activité
économique, même si, évidemment, pour le consommateur, cela
représente une réduction du coût de la vie. Qu'est-ce qu'on
vend en Saskatchewan? De l'uranium, du pétrole, du gaz, de la potasse.
C'est effrayant comme la taxe de vente affecte les ventes de ces produits. Les
ménagères ne vont pas chercher de la potasse à la livre
dans les épiceries.
M. Goulet: Cela a été les autos, les frigos...
M. Parizeau: Les provinces de l'Ouest ont très mal
réagi, essentiellement parce qu'elles comprennent cela. Elles
comprennent que la première province qui allait tirer les marrons du
feu, celle qui allait en tirer une bonne moitié sur le plan industriel,
c'était l'Ontario. De la même façon, la solution
adoptée par le Québec consiste à tirer, pour certaines de
nos industries, autant d'avanta-tages que ceux que l'Ontario a tirés de
la formule fédérale et, dans l'ensemble, pas plus.
J'ai eu l'occasion de dire à quelques reprises qu'à peu
près 40% des ouvriers au Canada qui travaillent dans le meuble
travaillent au Québec, qu'à peu près 50% des ouvriers qui
travaillent dans la chaussure et dans le textile au Canada travaillent au
Québec et qu'à peu près 60% des ouvriers au Canada qui
travaillent dans le vêtement travaillent au Québec. Cela nous
donne à peu près 50%, en gros, de l'activité
économique dans ces quatre secteurs.
En détaxant, comme nous l'avons fait, nous donnons 50% des
avantages au Québec, de la même façon que la formule
fédérale donnait 50% des avantages à l'Ontario. Dans ce
sens, comme Québécois, nous nous sommes traités comme le
fédéral traitait les Ontariens, ni mieux, ni moins bien.
M. Goulet: Est-ce que vous pouvez interpréter le
texte...
M. Parizeau: Je m'excuse. Ce que la Saskatchewan ne pouvait pas
faire, quelle que soit la combinaison qu'il pouvait essayer en Saskatchewan, il
ne pouvait pas faire cela.
M. Goulet: A la réunion que vous avez eue avec le ministre
fédéral et le ministre des Finances de l'Ontario, vous
étiez seulement trois, est-ce que vous pouvez interpréter la
seule présence du ministre des Finances de l'Ontario comme une
façon de vous convaincre?
Lors de cette réunion, est-ce que vous avez lancé,
à M. Chrétien le défi de convoquer ou de faire venir
à une réunion semblable les ministres des Finances des autres
provinces? Etant donné qu'à peu près le seul qui tirait
avantage de cela, c'était l'Ontario qui, assurément, était
là probablement dans le but de vous convaincre. Vous l'avez dit
antérieurement. Est-ce que vous avez demandé, lors de cette
réunion, pourquoi on n'y invitait pas d'autres ministres des Finances?
Est-ce qu'il en a été question ou non?
M. Parizeau: Non, parce que vraiment, cela s'est passé en
l'espace de quelques heures entre l'invitation...
M. Goulet: Peu importe.
M. Parizeau: Si je me souviens bien je parle de
mémoire les invitations se sont confirmées le matin pour
18 heures, le soir. On me dit qu'en fait, les invitations ont été
confirmées au début de l'après-midi pour une
réunion à 18 heures. On ne pouvait pas...
M. Goulet: Si vous étiez conscient que les autres
provinces ne tiraient pas avantage de cela, est-ce que lors de cette
réunion, je ne parle pas de la convocation de cette réunion, il a
été question de dire: Pourquoi ne pas inviter les autres à
venir ici, vous allez voir que votre formule n'est acceptable par personne,
sauf l'Ontario?
M. Parizeau: Ce n'était presque pas possible, en raison
des dates de budget dans les autres provinces. Les derniers jours se sont
passés dans une atmosphère extraordinairement bizarre où
des discussions avaient lieu, dans certains cas, deux jours avant qu'un
discours de budget de provinces de l'Ouest ne sorte. J'ai eu des conversations
avec un des ministres des Finances de l'Ouest, et une fin de semaine plus tard,
il sortait son budget, soit le lundi. Il était encore obligé, ce
brave homme, de transformer les feuilles imprimées de son discours du
budget pour tenir compte de ce qui s'en venait.
Sauf erreur, il y a eu une province qui a été
obligée de retarder de quelques jours. Il n'y avait pas physiquement de
moyen d'organiser une conférence fédérale-provinciale dans
ces conditions. C'est là le sens vraiment très curieux de
l'opération lancée par le ministre Chrétien. Il voulait
cela pour son budget. Il a littéralement, sous prétexte de
consultations, bousculé tout le monde. Il fallait qu'il sorte son
budget. Il s'était mis une date en tête et il a fallu que les
autres s'alignent sur elle. Il ne faut pas s'étonner des
réactions de mauvaise humeur des quatre premiers ministres de l'Ouest.
Certains d'entre eux, je comprends, devaient être furieux d'avoir
à faire des sparages. Quand on sait ce que représente un discours
du budget, quand on sait le temps que cela prend à le préparer,
et qu'en l'espace de 48 ou de 72 heures, vous êtes obligé de
refaire toute une série de choses, je comprends très bien que des
gens soient furieux de la façon dont cela s'est passé. On
présente cela comme étant un premier exercice de
coopération fédérale-provinciale, mais présenter
cela ainsi, c'est de la blague. Cela a été une bousculade sans
nom.
M. Goulet: M. le Président, si cette offre était
inacceptable, je comprends que pour certaines provinces, il ne restait que deux
jours, il me semble que cela aurait donné au ministre des Finances
québécois je ne sais pas quel terme employer un
genre de "bargaining power", même s'il restait seulement deux jours pour
dire au ministre fédéral: Tu n'es pas correct dans ton affaire.
C'est un peu cela que je voulais dire, c'est à peu près le sens
de ma question.
M. Parizeau: Oui, je sais. C'est toujours un peu difficile de
bousculer les gens soi-même pour essayer d'avoir ou de tirer un avantage
à court terme. Les rapports que nous entretenons avec plusieurs autres
provinces sont des rapports finalement assez cordiaux. Si nous avons,
très souvent, des bagarres avec le gouvernement fédéral,
il ne faut pas se faire d'illusion. Avec beaucoup de provinces, y compris
l'Ontario, nos rapports directs sont assez cordiaux. Or, essayer d'en faire des
espèces d'otages de dernière minute, pour essayer de renforcer la
main dans une opération comme celle-là, pour des gens dont je
savais qu'ils étaient pris à la toute dernière minute par
des modifications majeures dans leur système, à mon sens, je ne
trouve pas cela correct. Je tiens quand même à garder avec un
certain nombre de mes collègues des rapports cordiaux. J'admets que
peut-être sur le plan d'une pure partie d'échecs, il a fait
quelque chose par rapport à ce que vous dites.
M. Goulet: M. le Président, une dernière question.
Il y a peut-être des hypothèses dans mes questions. Le ministre
Chrétien a offert au ministre québécois $40 millions.
C'est une offre finale. Dans une offre demi-finale, il a offert $186 millions,
mais par le biais d'un chèque de $85, non pas à chaque
contribuable, mais à chaque per- sonne qui avait payé de
l'impôt. Au train où ça va la, on peut s'attendre à
avoir une autre offre. Si le ministre fédéral... (11 h 15)
M. Parizeau: Ce serait le quart de finale. On procède
à l'envers, la finale, la demi-finale, le quart de finale...
M. Goulet: A l'envers. Si au lieu de $186 millions aux
Québécois, par chèques de $85, plus $40 millions, le
ministre fédéral offrait, par exemple, $186 millions, un
chèque total au ministre québécois, est-ce que le
gouvernement québécois accepterait?
M. Parizeau: Ah! Sur un chèque, bien sûr. Ecoutez!
Si cela consiste à... Comment?
M. Goulet: Non, pas $226 millions. Je parle bien... Au lieu des
$40 millions...
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: ... monter ça à $186 millions, au lieu
de $226 millions, mais $186 millions, un chèque total. Non, vous ne
l'accepteriez pas?
M. Parizeau: Ah! Un instant! Quand on s'embarque dans une
négociation, on n'annonce pas ces choses à l'avance. On
m'excusera, mais, dans la partie de poker en question, je ne vais pas commencer
à mettre toutes les cartes sur la table en partant. Je m'excuse
auprès du député, M. le Président, mais, ça,
vraiment...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Goulet: Vous auriez pu en faire part à M.
Chrétien. Vous auriez peut-être eu l'offre cet
après-midi.
M. Parizeau: Attendons le quart de finale.
M. Garneau: Comment le ministre des Finances pourrait-il
entreprendre sa "game" de poker, s'il regarde passer le train?
M. Parizeau: Parce qu'il y a des fois où les silences, au
poker, sont extrêmement productifs.
M. Garneau: Mais, à un moment donné, il faut se
mettre à la table si on veut miser.
M. Parizeau: Ah! A certains moments, il faut se mettre à
la table.
M. Garneau: Ce que je trouve difficile dans la discussion de
cette question, c'est que, en écoutant parler le ministre des Finances,
il maintient dans le problème de règlement la même attitude
que tout le monde avait prise, ainsi que moi-même, sur le fond de la
question.
Quand le ministre des Finances du Canada a proposé ça et
que j'ai eu l'occasion d'en discuter, ma réaction a été
bien simple, moi aussi. Si j'avais
été à la veille de mon discours du budget, j'aurais
été furieux. C'est évident que la taxe de vente... Cela
n'a jamais été dans mon esprit, ni dans les propos que j'ai
tenus, je n'ai jamais voulu soutenir que le gouvernement fédéral
devait, à la dernière minute, faire son budget en utilisant les
fonds provinciaux. Je n'ai jamais eu d'hésitation de ce
côté- là, et je l'ai dit publiquement dès le
lendemain ou dès l'annonce du discours sur le budget. Mais, à ce
moment-là, les propos que je tenais avaient moins de publicité
que ceux que je tiens aujourd'hui, ce qui est malheureux, dans le fond, parce
que j'avais soutenu moi aussi que la question de la taxe de vente était
de juridiction provinciale et que ce n'était certainement pas une
façon de procéder sur le strict plan comptable, je dirais en
dehors de toute question constitutionnelle.
C'est évident... C'est un peu comme les augmentations de charges
aux municipalités que l'on retrouve, parfois, dans des budgets, ou
encore certains aspects du livre vert sur les loisirs. Au lieu de se faire
entre le fédéral et les provinces, ça se fait entre le
Québec et les municipalités, et ça crée
certainement des problèmes. Quant à moi, je n'ai jamais
hésité... D'ailleurs, je l'ai dit et redit à plusieurs
reprises. Mais là où je ne saisis toujours pas l'attitude du
ministre des Finances du Québec, c'est qu'il a fait une
contre-proposition. S'il a fait une contre-proposition, c'est qu'il
délaissait à ce moment-là le strict débat
constitutionnel. Or, délaissant le strict débat constitutionnel,
il doit s'imbriquer à ce moment-là dans la mécanique d'un
règlement, parce qu'autrement, s'il avait voulu, comment dirait-on
ça?, se rabattre uniquement sur les questions de principe, ce sur quoi
j'aurais été d'accord avec lui et j'aurais défendu
certainement les mêmes principes que lui. Mais il a fait une
contre-proposition qui faisait en sorte que le gouvernement du Québec
acceptait de facto le principe d'un remboursement fédéral, de
quelque nature que ce soit, contre une baisse de taxe, qui est de juridiction
strictement provinciale. Il se plaçait donc lui-même dans
l'obligation de s'asseoir à la table et de jouer au poker, comme il dit,
pour employer ses expressions fort imagées que je n'aime pas beaucoup
utiliser dans un débat aussi sérieux. Il reste que, comme il a
fait une contre-proposition et qu'il s'obligeait, par le fait-même,
à en arriver à un règlement, il était
obligé, à toutes fins utiles, à moins que ses principes
soient utilisés uniquement pour des fins partisanes et
électorales, il se devait d'accepter un règlement qui ne touchait
pas directement à la taxe de vente, mais qui devait se faire, à
mon sens, pour respecter les principes, par le biais d'un retrait de
l'impôt sur le revenu des particuliers, qui est un impôt
fédéral, et une compensation, par le fait même, par le
niveau provincial, qui incorpore le même champ et qui n'augmente pas le
fardeau du contribuable fixé ou touché, à l'impôt
sur le revenu et régler ainsi le contentieux.
Si le ministre des Finances n avait pas fait de contre-proposition, je
pense que le débat de ce matin aurait pris une toute autre allure, mais
comme il a fait sa contre-proposition, c est qu il acceptait de facto I
idée. Comme il la acceptée, il faut bien, à un certain
moment, qu il s assoit pour le faire le règlement. Ce règlement,
dans les autres provinces... c est pourquoi j'ai soutenu que cette formule
respectait l'autonomie des provinces. La seule façon de respecter
l'autonomie des provinces, c'était justement de se retirer d une partie
d'un champ d impôt conjoint et sur lequel les deux niveaux de
gouvernement peuvent jouer, soit I'impôt sur le revenu des particuliers.
Cela a été fait en Ontario et dans les autres provinces, en ce
sens que le gouvernement a baissé son impôt sur le revenu des
particuliers et que les provinces ont repris immédiatement ce champ. Par
la suite, elles ont exercé leur propre juridiction dans le domaine de la
taxe de vente.
J'ai de la difficulté à suivre la dialectique du
gouvernement actuel et du ministre des Finances du Québec parce que tout
le débat se trouve placé nettement et strictement sur le plan
électoral et dans le contexte actuel, cela a I'air d'être la
même affaire du côté fédéral. C' est devenu
une question de politique partisane. Il reste que cela se fait, d'une part et
d'autre, sur le dos des contribuables québécois et c'est pourquoi
j'ai de la difficulté à accepter I'attitude du gouvernement du
Québec actuel parce qu'encore une fois il a fait une
contre-proposition.
Je suis bien d accord avec lui sur le principe. J'ai toujours dit que le
fédéral n'avait pas à intervenir dans un domaine de
juridiction provinciale en ce qui regarde I'impôt. Comme le gouvernement
du Québec avait fait une contre-proposition, il devait s'asseoir
à la table de négociation, ce qu'il n'a pas fait. Comme il ne l'a
pas fait, s'il y a une erreur qui a été commise, à mon
sens, cela a été les $40 millions, cela n'a pas été
les $186 millions. Les $40 millions viennent dire à un gouvernement, qui
a I'entière autonomie dans un domaine de juridiction provinciale qui est
celui de la taxe de vente: Baisse cela et on va te payer à ta place sans
utiliser les mécanismes qui respectent l'autonomie provinciale. C'est
cela que je déplore dans tout le débat qui est devenu un
débat politique et non pas un débat de fond.
M. Parizeau: On reprend des choses qui ont déjà
été dites, alors reprenons-les. Je suis ravi de constater que sur
le plan des principes on s'entend. Donc, c'est sur le plan de la tactique qu'on
ne s'entend pas.
M. Garneau: Cela dépend de la tactique..
M. Parizeau: Vous dites qu à partir du moment ou j'ai fait
une contre-proposition le 12 avril j'ai négligé ou
j'ai laissé de côté l'aspect constitutionnel. Pas du tout,
mais pas du tout. Je suis un peu surpris de constater que le
député de Jean-Talon n'a pas l'air de comprendre à quel
point justement l'application de la constitution au Canada a toujours
été, comme plusieurs journaux anglophones le font remarquer
depuis quelques jours, viciée par ces questions d'argent. A partir
du moment où le gouvernement fédéral faisait sa
proposition, il était hors de question que j enlève au
Québec la possibilité de recevoir $226 millions. Il fallait que
je fasse une contre-proposition.
Autrement, le Québec aurait perdu $226 millions. Cela a toujours
été comme cela, les rapports entre le gouvernement
fédéral et les provinces ont toujours été
marqués d une intrusion du gouvernement fédéral, d'un
chantage sur le plan de l'argent et cette fois-ci cela a joué de la
même façon.
Pourquoi les provinces de I'Ouest ont-elles lâché
finalement? Les provinces de lOuest ont lâché parce qu elles
avaient peur de perdre le montant qui était sur la table pour elles. C
est pour cela qu elles ont lâché.
M. Garneau: Comme vous. M. Parizeau: Non. Bien non.
M. Garneau: Bien oui. Vous avez fait la contre-proposition.
M. Parizeau: J'ai fait la contre-proposition. J'ai arrangé
cela en fonction des intérêts du Québec.
Après la contre-proposition, on entre dans la façon de
négocier. Le député de Jean-Talon me dit qu'il n'aime pas
ma façon de négocier. C'est une question de goût et des
goûts et des couleurs... mais tout ce que je peux dire, c est que la
situation a évolué pas mal depuis la proposition finale.
On me permettra simplement d apprécier les résultats.
C'est tout. On verra comment cela évolue, mais sur le plan de la
façon de négocier, là...
M. Garneau: Je pense bien qu on ne s entendra jamais.
M. Parizeau: Un simple mot là-dessus avant de finir, si le
député de Jean-Talon me le permet. Me dire maintenant qu il faut
aller ou que j aurais dû aller à la table de négociation...
M. le Président, où est-elle la table de négociation? C
est bien joli d aller à une table de négociation, mais où
est-elle? Il y en aura peut-être une. Il y a des rebon-dis'sements
à prévoir. Il y a une conférence probable, enfin une
conférence appréhendée des ministres des Finances au
début de juin, conférence fédérale-provinciale.
Là. peut-être que c est une table. Pour aller à la table,
il faut qu il y en ait une.
M. Garneau: M. le Président, si j'ai employé cette
expression, c'est que le ministre des Finances, depuis hier, nous parle de
"game de poker"; pour moi, s il y a une "game de poker", elle se joue de
quelque façon, il y a une table fictive ou réelle. De toute
façon, ce que je n'admets pas et je pense qu'on ne s'entendra jamais,
c'est que le ministre des Finances, avec lequel je suis d'accord sur le
principe, dévie en disant: Je suis prêt à accepter un
chèque direct en contrepartie d'un geste qu'on me force à poser,
alors que je dis que si on veut jouer le principe en sauvegardant tout au moins
les apparences, on ne devrait pas accepter de paiement direct, mais uniquement
le faire par le biais d'impôts sur le revenu. Cela a toujours
été l'attitude des gouvernements, peu importe les partis
politiques, de dire: Retirez-vous d'un champ fiscal et on va l'occuper.
C'est cela ma position et c'est de cela dont je parle depuis le
début. C'était cela mon objectif, la démonstration que je
voulais faire aujourd'hui. C'était le sens des deux phrases que j'ai
déjà dites. S'il n'y a pas d'accord entre les provinces et
pour moi un accord entre les provinces, entre le Québec et le
gouvernement fédéral signifie un accord au niveau de
l'impôt sur le revenu... Comme il n'y a pas eu un tel accord je me
demandais quelle était l'autre attitude possible, le faire
unilatéralement. Autrement les Québécois...
Comme il ne pouvait pas y avoir de paiement direct à mon sens
parce que cela ne respecte pas l'autonomie, j'aurais refusé le paiement,
le chèque de $40 millions, j'aurais plutôt forcé pour qu'il
y ait un accord au niveau de l'impôt. Cela aurait respecté
totalement, je pense l'esprit du fédéralisme, la
vérité aussi, on peut le dire, des positions qui ont toujours
été prises par les gouvernements du Québec, peu importe
les partis politiques qui se sont succédé.
Je sais bien qu'on ne s'entendra jamais et c'est pourquoi, quant
à moi, je serais prêt à passer à d'autres aspects du
programme de politique économique et fiscale, à moins que le
ministre ait des choses à ajouter. Je voudrais lui poser des questions
plus techniques, à savoir comment...
M. Parizeau: J'aurais quelque chose à ajouter, seulement
pour terminer.
M. Garneau: Oui.
M. Parizeau: II y a, je pense, dans l'esprit du
député de Jean-Talon, une confusion qui me fait peur.
M. Garneau: II n'y a pas de confusion du tout.
M. Parizeau: Chez tous les gouvernements du Québec
et il a raison, il y a une certaine continuité dans les gouvernements
depuis une quinzaine d'années que je suis cela presque
vingt maintenant il y a une continuité qui, je pense,
invariablement a été la suivante: Lorsqu'un programme permanent,
établi par le gouvernement fédéral, est mis en place, les
gouvernements du Québec demandent normalement une
récupération de points d'impôt pour les financer
eux-mêmes. Ils ne demandent pas de chèques, ils demandent des
points d'impôt pour des programmes permanents.
Pour des programmes temporaires, je ne sais pas, la construction de la
route transcanadienne, le programme de construction des écoles
techniques, pour reprendre des cas historiques qu'on a connus, pour des
programmes temporaires, bien délimités, représentant une
somme d'argent, on a, à Québec, normalement, adopté
l'attitude suivan-
te: un transfert financier, un chèque est la façon normale
de procéder.
Or, en face de quoi sommes-nous à l'heure actuelle? D'un
programme déterminé dans le temps, représentant une somme
d'argent définie qui ne se poursuivra pas par la suite. Alors, dans ce
sens, que l'on dise que le champ est ouvert, soit pour un transfert fiscal,
soit pour un transfert financier sur un chèque, il n'y a pas
d'aberration là-dedans.
C'est d'autant plus vrai que si l'on suivait, à supposer que l'on
suive, la formule proposée par le gouvernement fédéral...
le fédéral va dépenser à peu près $1 500 000
pour expédier ces chèques et à supposer que le
gouvernement de Québec cherche à récupérer chacun
de ces chèques, cela va coûter encore $1 500 000. Ce sont $3
millions de dépenses inutiles pour les contribuables, alors qu'un timbre
de $0.14 aurait suffi. Entre $3 millions et S0.14, seulement sur le plan de
l'efficacité des opérations gouvernementales, on peut se poser
des questions. (11 h 30)
M. Garneau: Là, le ministre entre dans un tout autre
domaine. Il remet en question la double perception, les deux systèmes de
perception d'impôt. Si c'est vrai pour une opération comme
celle-là, ce serait vrai pour tout le temps. Pour être logique
avec ce qu'il dit, il faudrait que le Québec ferme son ministère
du Revenu et accepte un accord de perception, avec lequel je ne suis pas
d'accord du tout. Cela me fait bien rigoler d'entendre cet argument dans la
bouche d'un ministre des Finances du Québec qui, certainement, devait,
en 1954 si cela fait une vingtaine d'années soutenir la
position du droit du Québec d'avoir son propre ministère du
Revenu et percevoir ses propres impôts. En tout cas.
Le gouvernement du Québec a pris un choix. Celui de vouloir
baisser la taxe sur les chaussures, les vêtements et les meubles.
J'imagine que, pour évaluer... Si ma mémoire est fidèle,
c'est $340 millions, le montant de la baisse de la taxe à la
consommation. Est-ce le montant exact?
M. Parizeau: $334 millions, $337 millions? Un instant.
M. Garneau: C'est $226 millions plus $110 millions.
M. Parizeau: $336 millions ou $337 millions.
M. Garneau: Le ministre pourrait-il transmettre aux membres de
cette commission je ne demande pas qu'il le fasse maintenant, mais
j'aimerais quand même si c'était possible de les avoir les
détails techniques de cette évaluation? En d'autres mots, sur
quelle base de vente au détail de meubles au Québec, de
chaussures et de vêtements? Quels étaient les estimés de
vente de ces produits au Québec par les marchands détaillants sur
lesquels il s'est appuyé? J'imagine que le service de recherche fiscale
n'a pas tiré du chapeau le montant de $340 millions. M. Bédard,
vous avez dû même si vous portez une casquette d'habitude
prendre autre chose pour évaluer cela à $334 millions.
J'imagine que vous avez dû évaluer à peu près
l'évolution de ces ventes. Est-ce que le ministre des Finances pourrait
transmettre soit maintenant ou plus tard j'imagine qu'il ne doit pas
avoir ces renseignements ici dans ses valises les documents ou les
statistiques de vente au détail de ces produits pour les quelques
années passées et l'année 1978/79, pour pouvoir
s'appuyer... Je pose cette question, parce que certaines personnes ont mis en
doute les montants que le ministre des Finances a avancés. Je crois que
certains économistes ont dit que ces montants étaient
surestimés et qu'ils ne représentaient pas autant que cela.
Uniquement pour une meilleure compréhension, j'imagine que le travail a
certainement été fait sérieusement et cela pourrait
favoriser un débat plus sain sur les sommes en cause si on avait ces
chiffres.
M. Parizeau: Non seulement je le ferai volontiers, M. le
Président, mais cela me donne l'occasion d'ailleurs de faire quelques
commentaires à ce sujet. Effectivement, certaines personnes semblent
avoir mis en doute ces chiffres. Je voudrais simplement souligner ceci. A
l'occasion des discussions qui ont eu lieu au niveau des fonctionnaires
après la décision du 12 avril, voyant la voie que le
Québec adoptait, les fonctionnaires fédéraux ont voulu
justement examiner ces chiffres avec les fonctionnaires du gouvernement de
Québec pour effectivement constater que le montant dont nous faisions
état correspondait au montant si je peux m'exprimer ainsi
que le ministre Chrétien a mis sur la table avec sa première
proposition. Ces discussions au niveau des fonctionnaires ont été
suffisamment satisfaisantes pour les deux côtés pour que
comme on le constate d'ailleurs si M. Chrétien n'est pas d'accord
avec moi sur bien des choses ces jours-ci, sur la question des chiffres, il ne
les remet pas en cause. Mais je fournirai les chiffres demandés.
M. Garneau: Sur cette question également, quelles mesures
administratives ont pu être prises ou seront prises pour s'assurer que,
dans les magasins à succursales où on vend une foule d'articles,
le contrôle va pouvoir se faire, pour s'assurer de la définition
d'un meuble, par exemple? Comment ce contrôle va-t-il être suivi,
parce que les projets de loi ne sont pas encore adoptés? De quelle
façon l'opération technique va se faire pour s'assurer que les
articles taxables sont bien taxés et les articles non taxables ne seront
pas taxés?
M. Parizeau: M. le Président, cette question relève
davantage du ministère du Revenu que du ministère des Finances,
mais je n'ai pas d'objection à y répondre. Je note simplement que
je change de chapeau. Le type d'inspection des magasins n'est pas un
problème nouveau. On a toujours eu des éléments non
imposables dans notre système. Les inspections qui sont faites par
le ministère du Revenu sont basées sur une habitude,
effectivement, dans une foule de magasins, d'établir la distinction et
le contrôle entre ce qui est imposable et ce qui ne l'est pas. En somme,
pour le ministère du Revenu, ce n'est pas un nouveau
problème.
On n'a pas vraiment besoin de changer les méthodes de
contrôle existantes sur les inventaires, les ventes par catégories
de produits, par exemple. C'est une technique que les gens du ministère
du Revenu ont toujours très bien connue. Pour reprendre un exemple qui a
fait couler beaucoup d'encre: lorsque les vêtements d'adultes
étaient imposables et que les vêtements d'enfants ne
l'étaient pas, on avait le même genre de problème.
L'inspection, par le ministère du Revenu, devait se faire dans les
magasins de vêtements ou les magasins à succursales pour
établir une distinction entre ce qui était imposable et ce qui ne
l'était pas et établir un contrôle.
Pour le ministère du Revenu, encore une fois, ce n'est pas un
nouveau problème. C'est l'application d'une technique que ces
gens-là ont toujours connue. La seule chose, c'est qu'ils l'appliquent
à des produits différents, cette fois-ci, pendant un an.
M. Garneau: C'était surtout ma préoccupation. Comme
c'était pour une période de temps, il n'y aurait pas la
possibilité d'établir... Quelquefois, lorsque cela s'applique sur
un nombre d'années, ce qu'on perd au cours d'une année, on le
récupère par des analyses des états financiers les
années suivantes. Mais il ne semble pas qu'il y ait eu de directives
spécifiques données.
M. Parizeau: Non, il n'y a pas de directives spécifiques,
parce que, de toute façon, les commerçants savent très
bien que, même si l'inspection se fait deux ans après, par
exemple, ce qu'ils auraient dû payer et qu'ils n'ont pas payé, ils
auront à le payer, avec intérêts d'ailleurs. Dans ce
sens-là, l'inspection n'a pas besoin d'être faite pendant la
période d'un an. Entre nous, on n'aura jamais suffisamment d'inspecteurs
pour être capables d'inspecter tous les magasins chaque année.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, concernant les meubles,
vêtements et chaussures, dans la taxe de vente, on n'a pas enlevé
les 8% sur ce qu'on appelle la literie, par exemple draps de lits, serviettes,
etc. Il y a les textiles. Pour ce qui est des draperies, je comprends pourquoi
le ministre ne l'a pas fait, parce que cela peut devenir un luxe.
Mais pour ce qui est de la literie que beaucoup de
ménagères achètent parce que c'est fabriqué
au Québec, en grande partie, par des compagnies assez importantes comme
Dominion Textile, Tex-Made et Wabasso, est-ce qu'il y a une raison pour
laquelle on n'a pas enlevé la taxe sur ces articles en particulier? Je
ne parle pas de tissu à la verge. Je parle de literie et de serviettes.
Je n'ai pas de chiffres devant moi, mais cela représente tout de
même un chiffre d'affaires assez important, surtout que c'est
fabriqué par des compagnies situées, l'une dans la région
de Québec et l'autre...
M. Parizeau: Vous pourriez dire la même chose des rideaux,
vous pourriez dire la même chose des tapis. Mon problème est le
suivant. L'explication est très simple. Elle n'est pas plus rationnelle
que des tas de choses auxquelles on a assisté depuis le 10 avril. Cela
aurait dépassé largement l'enveloppe des $337 millions. Il
fallait que je me monte, en somme, une corbeille, représentant le
même montant que celui que le ministre Chrétien avait mis sur la
table. Il n'y a pas d'explication plus rationnelle que cela. J'en suis
désolé. Mais que voulez-vous? Je n'avais pas le choix. La
contrainte, c'était d'entrer dans ce montant.
Par exemple, on a songé, à un moment donné, aux
rideaux, aux tentures, etc. Cela ajoutait $17 millions. Cela ne pouvait pas
entrer dedans. Je m'excuse de dire quelque chose d'aussi plat que cela, mais
c'est l'explication. Il n'y a pas d'autre explication que celle-là. Il
fallait que cela entre dans le montant.
M. Goulet: J'en conviens. C'est parce que la différence
entre la literie, les tapis et...
Une Voix: Les manteaux de fourrure.
M. Goulet: Non, pas les manteaux de fourrure. Mais les tapis et
les draperies, cela peut être considéré, à un moment
donné, comme un luxe et non pas une nécessité. Par contre,
les serviettes et les draps pouvaient être une nécessité
pour la ménagère. C'est pour cela que je posais ma question.
M. Parizeau: Encore une fois, je pense que, sur le fond, vous
avez parfaitement raison. Une politique qui n'aurait pas été
encarcanée à l'intérieur de ce montant, du montant qu'on
avait, forcément, se serait présentée de façon
différente. Je reconnais que votre argument sur la literie est
parfaitement valable.
M. Goulet: M. le Président, une dernière question.
Le ministre a dit hier, en Chambre: On a dû prendre des décisions
très rapides. Quand c'est le temps, nous en prenons. C'est
peut-être prétentieux de la part de celui qui va poser cette
question, mais est-ce que le ministre s'est inspiré de certaines
suggestions qu'avaient faites les députés de l'Opposition en
Chambre, il n'y a pas tellement longtemps?
M. Parizeau: Oui, M. le Président. Ce que nous avions dans
les 48 heures qui ont séparé la décision du gouvernement
fédéral, le 10, et notre annonce, le 12, effectivement, à
partir du moment où on acceptait le principe de l'élimination
temporaire de la taxe de façon sélective, l'on pouvait
jouer avec plusieurs blocs. Ce n'était pas nécessaire de
placer cela inévitablement dans la chaussure, le vêtement ou le
meuble en gros. On aurait pu imaginer d'autres choses. On aurait pu imaginer
les matériaux de construction. Il y avait plusieurs autres
possibilités d'élimination de taxe.
Or, à cet égard, comme vous le savez, dans le sillage des
mini-sommets, on a eu, à plusieurs reprises, des propositions en ce sens
venant d'industriels impliqués dans ces secteurs. On en a eu de certains
députés de l'Assemblée nationale à l'occasion de
débats que nous avons déjà eus. Il semblait y avoir, en
somme, beaucoup de gens qui arrivaient tous à la même conclusion,
c'est que, dans ces secteurs traditionnels, une des façons de les aider
était justement de faire porter, dans la mesure où on s'en allait
vers des réductions de taxes sélectives, dans ces coins.
Dans ce sens, je dois effectivement dire que le débat qui a
entouré notre examen des secteurs traditionnels au cours de
l'année passée a eu une influence, je pense, assez directe sur le
choix des produits.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur le programme 1.
M. Garneau: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
Création d'une monnaie
M. Garneau: II y a quelques jours, le ministre des Finances a
fait une déclaration, dans l'hypothèse de l'indépendance
du Québec, concernant la création d'une nouvelle monnaie. Cela a
fait l'objet de nouvelles dans les journaux, même encore ce matin. On
attribue même la baisse de la valeur du dollar canadien à cette
question. Comme j'ai eu cent fois l'occasion de débattre cette question,
je ne veux pas reprendre tout le fond et dire mes points de vue
là-dessus. Je l'ai déjà fait à je ne sais pas
combien de reprises. Je voudrais simplement demander au ministre si
l'augmentation au poste traitements, dans le programme 1, de $523 000 à
$801 000, est reliée à de l'embauche de personnel pour faire les
analyses reliées... Je pourrais poser ma question différemment.
Dans ces fonds qui sont demandés au programme 1, y a-t-il des
appropriations pour des études concernant l'implantation d'une monnaie
nouvelle au Québec, d'une monnaie distincte de l'ensemble de la monnaie
canadienne?
M. Parizeau: Non, M. le Président, pas
spécifiquement. Je pense qu'effectivement il y a un certain nombre
d'études techniques à faire qui m'intéressent, mais je ne
vois pas la nécessité d'embaucher du personnel
spécifiquement affecté à ce genre d'études. Dans ce
sens, il n'y a rien dans le poste traitements qui consiste à
créer une section, ou un service, ou à embaucher
spécifiquement des fonctionnaires pour faire des études de ce
genre. Ce sera fait dans la mesure où ces études sont faites dans
le cadre général...
M. Garneau: Le ministre nous dit-il que, sans avoir
créé une direction spéciale ou un "task force "
spécial, un groupe de travail bien spécifique, pour employer le
qualificatif utilisé, dans les appropriations de crédits de $912
800 des travaux seront financés à même ces crédits
qui sont reliés à l'implantation d'une nouvelle monnaie distincte
séparée, advenant l'indépendance du Québec?
M. Parizeau: Actuellement, non.
M. Garneau: II n'y en a pas actuellement et il n'y en aura pas de
créé à l'intérieur? Je pose la...
M. Parizeau: Dans la mesure où nous avons un personnel
dans cette direction générale, un personnel dans ce genre de
domaine d'une qualité exceptionnelle, dans la mesure où, à
un moment donné, je serais intéressé à faire faire
des études techniques de cet ordre, je lui renverrais, comme je lui
renvoie des tas d'autres études.
M. Garneau: Ce que le ministre nous dit, c'est qu actuellement,
il n'y a rien qui se fait au ministère et il n'y a rien de prévu
pour l'année 1978/79 dans l'affectation des employés ou des
professionnels qui travaillent dans cette section, pour des études qui
concerneraient l'implantation d'une monnaie séparée pour un
Québec indépendant.
M. Parizeau: Non, rien de spécifique, M. le
Président.
M. Garneau: Comment expliquer l'augmentation? (11 h 45)
M. Parizeau: Encore une fois, je ne ferme pas la porte. Pour
chacun de ces techniciens, laffec-tation de leur travail offre plusieurs types
d études qui peuvent changer en cours d année. Je suis à
peu près persuadé que, dans le cours de l'année qui vient,
à un moment donné, je vais passer une couple de commandes.
M. Garneau: Dans le budget 1978/79, il se fera des études,
des travaux sur la création d une monnaie nouvelle?
M. Parizeau: Non, je n'ai pas encore pris de décision
à ce sujet, mais la seule chose, comme je ne voudrais pas mentir par
anticipation et qu il reste encore dix mois dans I'année fiscale en
question, ce que je dis simplement, c'est que je n'exclus pas cela. Il m'arrive
de réfléchir en me disant: Quel genre d'étude serait
utile? A ce moment, habituellement, je passe des commandes. Je n'ai pas de
projet spécifique et détaillé en tête, à
I'heure actuelle, mais je n'exclus rien.
Questions générales
M. Garneau: Le nombre d'employés passe de 29 à 35
et la catégorie des traitements passe de $523 000 à $801 000,
est-ce que les $278 000 sont affectés au paiement de six
fonctionnaires?
M. Parizeau: II y a trois choses différentes qui
expliquent cela. D'une part, les augmentations de salaire prévues par la
convention collective; deuxièmement, I'augmentation des postes de
l'effectif, et troisièmement, la restructuration du service, qui
implique davantage des postes de cadres.
M. Garneau: Quel est le salaire moyen versé aux six
employés dont il est question? Est-ce qu'on a l'analyse? Est-ce qu'on
sait à quel poste ils seront affectés ou dans quel secteur? Dans
quelle division?
M. Parizeau: Sur les six postes supplémentaires, il y a
trois postes de cadres supplémentaires à la direction des
études fiscales, et deux postes de professionnels. Je ne sais pas
exactement ce que cela fait comme salaire moyen, mais il est évident que
cela fait une proportion importante de postes de cadres par rapport aux six
postes de plus.
M. Garneau: II faudrait avoir la différence entre les
deux. Cela ferait des salaires de $46 000 par année. Il doit y avoir une
différence. Le montant affecté à I'indexation... Je crois
que j'aurais plus de chance en entrant à ce service.
M. Parizeau: Oui, vous voyez! Si on tient compte des salaires
réguliers, de I'accroissement des salaires prévus, du temps
supplémentaire, il resterait de non engagés, parce que ces gens
ne sont pas encore recrutés, $89 000. On calcule, en gros, $90 000 pour
le recrutement de trois cadres, $36 000 pour le recrutement de deux
professionnels. Cela ne fait pas des postes à $40 000.
M. Garneau: Je n ai pas d'autre question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, depuis trois ans, ce budget a
augmenté de tout près de $266 millions, sauf quelques...
M. Parizeau: Des mille.
M. Goulet: Oui, je m'excuse.
M. Parizeau: Dès que cela touche les finances, tout de
suite, on ajoute des zéros. Ce ne sont pas des services chers, ils sont
importants, mais ils ne sont pas chers.
M. Goulet: Le ministre des Finances a augmenté de $587
000, j'ai les chiffres ici, il y a $800 000 à $912 000 pour les
dépenses consacrées à des études politiques,
économiques et fiscales. Il a dit tantôt qu'une partie de cette
somme est attribuée à de meilleures relations financières
avec le gouvernement fédéral. Une autre partie est pour
I'étude sur la fiscalité municipale et sur I'épargne.
Où est allée surtout la majeure partie ou la grosse partie, si
vous voulez, du budget, dans ces trois points? Vous avez dit que
c'étaient les trois principaux, il y en a d'autres de moindre
importance.
M. Parizeau: Je pense que ce serait, justement, parce qu'il y a
très peu de personnel à des fonctions très nombreuses. On
parle d'une trentaine de personnes, y compris le personnel de soutien. Ce n'est
pas beaucoup de monde. Il y a une très grande polyvalence dans le
travail de chacun. Par exemple, c'est plus, si vous voulez, presque sur une
base saisonnière qu'il faut répartir le travail de beaucoup
d'entre eux. Il est évident que la préparation de la
réforme fiscale, telle qu'elle est apparue dans le discours du budget, a
mobilisé, à la direction des études fiscales, un nombre
considérable de l'effectif, enfin, considérable par rapport au
monde qu'il y a là, pendant plusieurs mois, mettez d'octobre à
mars. Là, c'est télescopé à travers ça, mais
travaillé, dans un bon nombre de cas, par les mêmes gens. Le
projet de réforme municipale, lui, démarre un peu plus tard. Les
premières rencontres avec les municipalités datent du
début de décembre. Ce projet s'accélère et,
à l'heure actuelle, mobilise beaucoup du travail de ces gens qui,
d'autre part, viennent d'être dégagés du travail de
préparation du budget. Alors, c'est presque... Si on voulait faire une
décomposition significative du travail de ces chercheurs ou de ces
fonctionnaires très polyvalents, c'est presque sur une base de saison
qu'il faudrait examiner ça.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir si, dans ces
études, il y a des dossiers qui ont été confiés
à des bureaux, à des entreprises privées ou si c'est
seulement à l'intérieur des études?
M. Parizeau: Je ne trouvais pas de mémoire à ce
sujet, mais c'est vrai. On me signale que oui, il y a eu un consultant
d'embauche sur la question des droits successoraux
M. Goulet: M. le Président, pour le bien du journal des
Débats, j'étais correct tantôt lorsque j'ai parlé de
$266 millions d'augmentation du budget du ministère comme tel.
M. Parizeau: Ah bon! Excusez-moi.
M. Goulet: Je voulais dire qu'il n'y avait eu que $300 000
d'augmentation. Cela a l'air drôle qu'un député de
l'Opposition dise ça; d'habitude, c'est toujours trop, mais,
comparativement à ça, les $266 millions d'augmentation depuis
trois ans à votre ministère, il n'y a eu que $300 000
d'augmentation cette année prévue au poste 1. C'est pour
ça que je disais que c'était peu, comparativement. C'est
peut-être drôle qu'un député de l'Opposition dise
ça, mais il me semble que ce n'est pas beaucoup. Je ne veux pas
occasionner de dépenses inutiles, je voulais comparer les deux
chiffres.
M. Parizeau: II est évident qu'on a quelques postes
à pourvoir. Néanmoins, je pense qu'on trouvera, à la fois
aux Finances et au Conseil du
trésor, d'autant plus qu'il y a une certaine circulation de
personnel entre les deux organismes le sous-ministre des Finances
aujourd'hui était sous-ministre adjoint au Conseil du trésor et
venait des Finances avant alors, il y a une certaine circulation... Les
ministères qui ont l'habitude de contrôler les dépenses
dans les autres ministères s'appliquent à eux-mêmes une
autodiscipline que vous comprendrez. Il serait très difficile
d'être exubérant sur le plan de l'effectif aux Finances et au
Trésor et, d'autre part, de passer le reste de l'année à
chercher à contrôler les exubérances de personnel dans les
autres ministères. Il y a une espèce d'autodiscipline qu'il faut
s'imposer à soi-même.
Deuxièmement, il est, je pense, beaucoup plus important qu'on
ait, dans ces deux directions générales, un petit nombre de gens
hautement spécialisés et de remarquable qualité
plutôt que beaucoup de monde à des standards un peu moins
élevés. Vous comprendrez que les fonctionnaires qui sont
là ont sur leurs épaules une responsabilité
écrasante. Des erreurs qui seraient faites dans ces études
pourraient avoir des conséquences dramatiques sur les équilibres
financiers du gouvernement. Alors, comme toujours, on a le choix: ou bien on a
un petit nombre de gens de qualité exceptionnelle, ou bien on ouvre les
vannes, on contrôle un peu moins la qualité du travail et on
risque de faire des erreurs tragiques.
Il faut bien comprendre ce que ça veut dire. Pour ceux qui sont
à l'intérieur de ces directions générales,
ça représente un volume de travail, à certains moments,
écrasants. La préparation du budget enfin, ça, je
pense que le député de Jean-Talon peut en témoigner
représente, pour ces gens-là, des journées absolument
folles en termes d'heures de travail. Mais, l'alternative, c'est-à-dire
de mettre beaucoup de personnel, rendrait le contrôle de la
qualité du travail plus problématique. Alors, là, c'est un
choix qu'il faut faire.
M. Goulet: Dernière question, M. le Président. Sur
l'étude de la réforme fiscale, ne croyez-vous pas qu'il serait
appréciable qu'une étude d'autofinancement soit mise en place et,
en plus de cela, un nouveau mécanisme de péréquation et de
subvention qui viendrait en aide aux municipalités dont les revenus sont
insuffisants? Les formules de fusion, à ce moment, seraient
appréciables si une politique économique de
régionalisation était établie. Cela pourrait créer
un meilleur équilibre économique au niveau des régions. Y
a-t-il beaucoup d'études qui se font dans ce domaine à votre
ministère?
M. Parizeau: Oui. A l'occasion de la proposition de
réforme fiscale qui sera présentée aux
municipalités au début de juin, je pense qu'on va constater qu'un
des principes fondamentaux de la réforme est de chercher d'une part
à donner davantage d'autonomie à chacune des municipalités
et, d'autre part, d'établir une péréquation de ressources
entre elles sur une base du Québec dans son entier et des
possibilités de régionalisation. Je n'irai pas plus loin que cela
pour le moment.
Je ne voudrais pas aller plus loin que cela pour le moment, parce que je
pense qu'on a besoin de discuter de la question assez longuement avec les
municipalités elles-mêmes avant de se brancher. La proposition qui
sera faite au début de juin n'est pas coulée dans le
béton. Elle ouvre des portes ou des choix et on veut être en
mesure de consulter les municipalités essentiellement pour leur demander
ce qu'elles préfèrent sur le plan de ces choix.
Je pense que, comme on le constatera, c'est un document qui, un peu tout
au long, ouvre des choix. C'est pour cela que, sur le plan d'une
régionalisation des taxes foncières ou tout au moins des
ressources des municipalités, je ne peux aller plus loin que ce que j'ai
dit. Je veux voir comment cela tourne, comment la réaction va venir.
M. Garneau: Dans le domaine municipal, l'hypothèse d'un
droit d'imposition offert aux municipalités sur l'impôt sur le
revenu fera-t-elle partie des hypothèses de travail ou si cette
hypothèse n'a pas été retenue?
M. Parizeau: Elle n'est pas retenue.
M. Garneau: Le ministre des Finances lui-même ne l'a pas
retenue pour des questions de principe ou si...?
M. Parizeau: Oui. Il me paraît important qu'on ne multiplie
pas les partages de champs de taxation. A cet égard, je
préfère consolider les champs ou réserver des champs
plutôt que de partager des champs. C'est peut-être le
résultat de pas mal d'années de négociations
fédérales-provinciales qui fait que, lorsqu'il s'agit de
relations provinciales-municipales, je me méfie des partages,
mais...
M. Garneau: Avec le même esprit que le gouvernement
fédéral a vis-à-vis des provinces?
M. Parizeau: Oh non! Cela ne peut s'appliquer de la même
façon. Les municipalités sont des créatures du
gouvernement provincial. Je ne sache pas que les provinces soient des
créatures du gouvernement fédéral. J'ai toujours
pensé que c'était le contraire.
M. Garneau: II y a plusieurs municipalités, peu importe
qu'elles soient de jolies, de belles créatures ou de laides
créatures, mais il y a beaucoup de municipalités qui demandent
à l'Etat provincial d'ouvrir le champ de l'impôt sur le revenu des
particuliers.
M. Parizeau: II y en a une en particulier.
M. Garneau: Oui. Il y en a d'autres qui emboîteraient
rapidement le pas, mais cette hypothèse ne sera pas retenue...
M. Parizeau: Non.
M. Garneau: Elle n'a pas été retenue après
étude des considérations et non pas uniquement mise de
côté, parce que j'avais été un peu surpris
d'entendre à la radio et à la télévision le
ministre des Affaires municipales réagir plutôt favorablement
à la demande du maire de Montréal. Je demandais si c'était
une opinion personnelle ou si cette opinion était partagée par le
ministre des Finances.
Cela me satisfait.
Sur le sujet de la conférence provinciale-municipale, vous dites
qu'elle a été reportée au début de juin?
M. Parizeau: C'est les 8, 9, 10? C'est cela? Non, les 9, 10, 11
juin.
M. Garneau: Le ministre des Finances doit-il lui-même faire
une présentation des propositions ou est-ce le ministre des Affaires
municipales?
M. Parizeau: II semblerait, d'après ce que j'ai entendu
hier, que le ministre des Finances sera mis à contribution.
M. Garneau: Ce sera le ministre des Finances qui fera les
propositions fiscales, si je comprends bien?
M. Parizeau: Encore une fois, c'est ce qui semblait hier... C'est
ce qui m'a été dit hier. Je sais que les derniers détails
de la conférence, quant à son déroulement, ne sont pas
totalement arrêtés. Cela pourrait changer. Remarquez que je n'ai
aucune espèce d'objection. Bien au contraire. (12 heures)
M. Garneau: Revenant à une question qui...
M. Parizeau: Je vais seulement ajouter une chose. Le projet de
réforme ayant été travaillé très
étroitement, en collaboration entre le ministère des Affaires
municipales et le ministère des Finances, c'est une question de pure
forme dont on parle, parce que ces deux ministères ont travaillé
ensemble depuis des mois sur la question et les documents, les mesures, etc.,
tout cela a été examiné par les deux boîtes dans un
état de coordination particulier.
M. Garneau: Dans le domaine des études, tout à
l'heure, j'ai demandé au ministre s'il pouvait nous donner les
informations sur lesquelles s'appuyait son montant de $340 millions environ. Il
m'a dit qu'il le ferait. Dans le cadre de la réforme ou des
modifications qui ont été apportées à l'impôt
sur le revenu des particuliers, j'imagine également que des
études ont été faites et je suis persuadé qu'elles
ont été faites pour mesurer quelle est la situation, la
comparaison entre les niveaux de revenus et les niveaux de taxation, au niveau
provincial, entre le Québec et l'Ontario, à la suite de
l'intégration de la prime d'assurance-maladie, des soins de santé
à l'impôt sur le revenu. Est-ce que le ministre des Finances
pourrait nous donner les résultats de cette étude comparative
pour voir quel est... Parce qu'il y a plusieurs entreprises qui nous ont fait
parvenir des documents j'imagine que tous les députés ont
dû les recevoir pour faire l'analyse comparative de la taxation de
leurs cadres, en particulier, et cela a été le cas de grandes
entreprises. J'en ai reçu, certainement, pour une entreprise cela
avait l'air adressé à tous les députés qui a
son siège social à Montréal et qui faisait une comparaison
de la charge fiscale entre... Vous avez donné quelques exemples
là-dedans, mais je crois qu'ils s'arrêtent à un montant
relativement bas. mais, si on allait, par exemple, dans $35 000, $40 000, $50
000, qui est souvent le niveau de traitement des cadres supérieurs des
grandes entreprises, et la même chose s'applique aux centres de
recherches qui font appel à des personnels très
spécialisés, évidemment, on peut toujours le calculer,
mais si cela a été fait, on pourrait voir de quelle façon
cela se compare avec les documents qui nous ont été transmis par
ces entreprises. J'imagine que les députés de l'Opposition ont
dû recevoir cela, parce que cela m'avait l'air être une formule
circulaire envoyée à tous les députés.
M. Parizeau: Oui, effectivement...
M. Garneau: On pourrait toujours le calculer, mais ce serait
très long.
M. Parizeau: Effectivement, nous avons, dans la
préparation du budget, procédé, non seulement à des
comparaisons avec l'Ontario, mais avec toutes les provinces canadiennes.
L'idée centrale de la réforme était basée sur ce
que le député de Jean-Talon connaît bien,
c'est-à-dire un fardeau fiscal beaucoup plus élevé au
Québec que partout ailleurs au Canada; c'est la position de
départ. Donc, toutes les transformations que nous avons apportées
aux impôts ont été comparées à l'ensemble de
celles des autres provinces canadiennes et, quand je dis l'ensemble, c'est avec
chacune d'entre elles, avec la moyenne du Canada, pour savoir comment certains
écarts étaient réduits et, dans quelques cas, comment ils
étaient complètement éliminés par rapport à
la moyenne canadienne. Je pense ici à ce qui a été fait
pour les personnes âgées. On constate, par exemple, que, pour les
personnes âgées mariées, on est maintenant au niveau de la
moyenne canadienne, ce qui n'était pas le cas avant. Alors, bien
sûr, ces études ont été faites. Non seulement elles
ont été faites, mais il y en a tant et plus. Le seul
problème, c'est qu'on avait l'idée de la possibilité d'une
étude qui sortirait en cours d'année, résumant tout cela,
mais, si le député de Jean-Talon veut un certain nombre de
tableaux, il va falloir les choisir, parce qu'il connaît la technique,
les ordinateurs nous en sortent des piles considérables.
M. Garneau: Parce qu'avec la programmation, cela peut prendre...
Choisir quelques exemples, c'est surtout pour savoir si les chiffres qui nous
ont été transmis par ces entreprises sont vrais.
M. Parizeau: Oui, il n'y a pas de...
M. Garneau: II y avait deux types; c'est une entreprise ce
n'est pas parce que je ne veux pas dire son nom...
M. Parizeau: Ce que je suggérerais, c'est qu'on envoie aux
membres de la commission un certain nombre de tableaux. On en prendra un
certain nombre de significatifs, six ou sept et, s'il y a une demande
pour plus...
M. Garneau: Non. en fait, c'est un...
M. Parizeau: On peut aller très loin là-dedans. On
en a tellement.
M. Garneau: Non, ce à quoi je pense, c'est au salaire des
cadres des grandes entreprises dont le siège social... Je parle des
postes de directeurs généraux, des vice-présidents
d'entreprise, pour voir comment cela peut affecter ces grandes entreprises.
M. Parizeau: Ce que nous avons, ce n'est pas cela. On n'a pas
établi de distinction entre les médecins et les cadres
d'entreprises. Si un médecin et un cadre d'entreprise gagnent tous les
deux $50 000. c'est $50 000 qu'on a examiné.
M. Garneau: C'est évident.
Ce qu'on peut sortir essentiellement, ce sont les niveaux de taxation
dans différentes provinces, à différents niveaux de
revenus...
M. Garneau: ... au niveau des cadres.
M. Parizeau: ... chacun regardera son salaire et il verra
où il se place par rapport à ce qu'il gagnerait dans les autres
provinces. Donc, on va simplement sortir un certain nombre de feuilles, il n'y
a pas d'inconvénient particulier. Mais quant à ce que disait le
député de Jean-Talon, aux pressions qui sont faites par certaines
compagnies, je voudrais simplement noter ceci. Il faudrait savoir de quoi on
parle.
Si on parle simplement des gens qui gagnent $40 000, c'est vrai qu'il y
a un certain nombre de cadres à $40 000, l'augmentation d'impôt,
par rapport à la situation antérieure, est pour ces gens, de
l'ordre de $350. $350 de plus pour des gens qui gagnent $40 000; si on utilise
ça comme raison pour aller en Ontario, je les plains. Parce que le gars
qui se transférerait de Montréal à Toronto pour $350 de
différence de taxes, compte tenu de ce qu'il va payer pour sa maison
à Toronto, par rapport au prix qu'il va avoir pour sa maison à
Montréal, le pauvre, il ne mérite vraiment pas d'être un
cadre d'entreprise.
Parce que clairement, il ne sait pas compter. Il ne faut pas oublier
qu'une maison qui coûterait $50 000 à Montréal, à
Toronto, elle se vend $100 000 ou $125 000. C'est un élément dont
ces entreprises ne tiennent pas compte quand elles font les pressions qu'elles
font à l'heure actuelle.
M. Garneau: Si c'était $350, je serais d'accord avec le
ministre...
M. Parizeau: A $40 000, c'est ça, par rapport à la
situation antérieure.
M. Garneau: ... les chiffres qui nous ont été
transmis nous apparaissaient fort différents.
M. Parizeau: Est-ce qu'on a...
M. Garneau: Aussi, pour la revente des maisons, quand on paie une
maison $100 000, on la revend $100 000 aussi. On ne peut pas mesurer selon le
prix d'achat. Mais il faudrait peut-être mesurer les taxes
foncières, ce serait peut-être plus juste. Je parle de
l'impôt sur le revenu des particuliers.
M. Parizeau: Les taxes foncières... A $41 100,
contribuable marié vous l'avez dans les renseignements
supplémentaires, page 19 la réforme de l'impôt, pour
1978, fait en sorte que cet homme paye $345 de plus que l'an dernier et, en
1979, à cause de l'indexation, ça ne va plus être $345,
ça va être seulement $239.
M. Garneau: De plus.
M. Parizeau: De plus. A $41 100. Si ce gars-là veut aller
à Toronto, il va se faire massacrer par le prix des maisons.
M. Garneau: Ce n'est pas le montant de $240 de plus, c'est
l'augmentation. Si, avant, l'écart était de $1200, ça fait
$1500. C'est ça que...
M. Parizeau: M. le député de Jean-Talon, je n'y
étais pas, ce n'est pas moi qui ai fait ça.
M. Garneau: Vous y étiez pour l'an passé. M.
Parizeau: L'an passé...
M. Garneau: Bien oui, mais vous n'avez rien fait.
M. Parizeau: ... on n'a rien changé pour quoi que ce
soit.
M. Garneau: Justement, vous n'avez pas indexé, vous n'avez
donné aucune baisse, ne venez pas me blâmer pour il y a deux
ans.
M. Parizeau: Je n'ai pas plus indexé que mon
prédécesseur.
M. Garneau: Vous n'avez pas plus indexé, mais vous n'avez
rien fait d'autre. Cette fois-ci, étant donné que vous
intégrez les contributions d'assurance-santé, sans plafond,
ça tord la table d'impôt vers le haut et certainement, ça
augmente la progressivité. Je ne veux pas blâmer le ministre sur
le fait, je veux simplement avoir les chiffres, il m'a dit qu'il me les
donnerait. Quant à moi...
M. Parizeau: Pour $41 100, on s'entend, c'est $345. Comment
ça se compare à l'Ontario, encore une fois, on sortira ça
pour toutes les provinces. Ce ne serait pas mauvais que le portrait soit
complet.
M. Garneau: Parfait.
M. Parizeau: Deuxième chose à ce sujet... Non, je
m'excuse, ça m'est sorti de l'esprit, ça va.
M. Garneau: C'est la seule question que j'avais à poser.
Je n'ai pas d'autre question là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y aurait d'autres
questions au programme 1? Programme 1. Adopté. Programme 2, Gestion de
la caisse et de la dette publique. Ce programme vise à gérer la
caisse gouvernementale, ainsi qu'à effectuer et à administrer les
emprunts du gouvernement et de certains organismes parapublics.
M. le ministre.
Gestion de la caisse et de la dette publique
M. Parizeau: II s'agit essentiellement, M. le Président,
ici, des opérations de gestion de la caisse et de la dette. Evidemment,
la majeure partie des dépenses est statutaire. Il s'agit des taux
d'intérêts à payer sur la dette, comme on le voit à
l'élément 2, qui est l'essentiel du montant de ce programme. Il a
trait essentiellement aux intérêts à payer.
Pour ce qui est du reste, je ne sais pas si je dois faire une
espèce de présentation du genre de politique qui a
été suivie par le gouvernement depuis un an. L'année
1977/78 s est terminée avec une légère avance sur le
programme d'emprunt nécessaire pour l'année; je pense que c est
une avance de $87 millions. Le programme d'emprunt que nous envisageons pour
1978/79 est déjà largement commencé. Il a
été caractérisé d'abord par cet emprunt
placé auprès des compagnies d'assurance qui a donné $85
millions; un emprunt en Deutschemark a rapporté $82 millions et le
dernier emprunt, en yens, qui a été signé la semaine
dernière va rapporter approximativement $150 millions.
Ceci veut dire que sur le programme d'emprunt de cette année,
qu'on évalue à environ $1 250 000 000, on avait I avance de $87
millions, et il y en a $317 millions de fait. Si on ajoute à cela le
fait que nous irons tirer de la caisse de dépôt à peu
près $600 millions cette année, on constatera, M. le
Président, qu'un montant de $1 milliard est déjà en poche
réellement, ou à terme, si bien que, compte tenu de la campagne
d'obligations d épargne que nous commençons bientôt, le
programme d'emprunt pour l'année 1978/79 est virtuellement à peu
près terminé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, concernant cet aspect du
programme 2, j'ai fait pas mal tous mes commentaires lors de ma réplique
au discours du budget au mois d'avril. Je n'ai pas l'intention de revenir
uniquement pour réinscrire dans le journal des Débats ce que j'ai
dit à l'Assemblée nationale ainsi que les remarques que j'ai
faites concernant la politique d'emprunt du gouvernement actuel. Les points qui
m apparaissaient douteux, je les ai soulignés.
Je voudrais simplement poser une question concernant les
échéances à court terme. Dans son discours du budget,
à la page 33, dans l'avant-dernier paragraphe, le ministre des Finances
dit qu'il a l'intention de poursuivre les expériences déjà
effectuées à deux reprises consistant à émettre des
obligations à court terme d environ trois à six ans d
échéance. Ces obligations seront mises sur le marché par
le ministère des Finances.
Je voudrais lui demander s il a l'intention de rouler un montant d un
certain nombre de millions ou de dizaines de millions de dollars dans ces
emprunts à court terme ou si ce n est pas son intention de le plafonner.
La raison pour laquelle je mentionne cela, c est qu'il pourrait y avoir
l'émission de bons du Trésor à plus court terme. Je
comprends pourquoi il ne veut pas le faire, mais en allant de trois à
six ans, il y a aussi le danger des très longues
échéances. Est-ce qu il a l'intention de laisser ouvert ce
montant qu'il entend financer par ces échéances à
coût terme émises directement par le ministère ou a-t-il
l'intention de le laisser ouvert, en ce sens que s'il a $500 millions, $800
millions, $1 milliard, cela ne le préoccuperait pas ou s'il dit: Je vais
essayer de rouler un montant de $300 millions, $400 millions ou $500
millions.
M. Parizeau: Si on avait $1 milliard, si on montait rapidement
à $1 milliard qui se mettait à rouler, je n'aimerais pas cela. Ce
serait trop. Non, mais je pense qu'il y a un marché pour ces
émissions courtes. Il y a un marché dans les caisses populaires.
Cela fait singulièrement leur affaire, soit dit en passant. Elles ont
toujours eu besoin d'un type de titre comme celui-là. Cela fait
l'affaire aussi d'un certain nombre d'institutions financières. C'est un
titre qui peut se révéler aussi intéressant, pour ceux qui
ont l'habitude de placer dans des certificats de dépôt, pour des
particuliers qui ont l'habitude de placer dans des certificats de
dépôt de trois, quatre, cinq ans. Il y a donc un marché
pour cela. (12 h 14)
Dans ces conditions, j'ai l'intention de continuer à faire des
expériences d'émissions, par exemple de $50 millions à la
fois, d'une part pour satisfaire à cette demande, d'autre part, pour
nous donner une expérience de ce type de marché et,
troisièmement, pour donner au gouvernement du Québec
l'expérience du placement direct des émissions.
Le fait que ces émissions ne passent pas par le syndicat
financier a une signification considérable au Québec. C'est la
première fois que, sur le
marché canadien, le ministère des Finances assure sa
propre distribution d'obligations. Je pense, qu'au fond, pour n'importe quel
ministère des Finances, et, à plus forte raison, pour un
ministère des Finances qui pourrait devenir celui d'un pays
indépendant, il est important qu'il ait cette connaissance intime des
marchés qui fait qu'il prenne l'habitude du placement direct.
Evidemment, il ne faut pas monter cela à $1 milliard. C'est clair
que cela doit se faire avec une certaine prudence, justement parce que les
échéances sont relativement courtes.
Ceci étant dit, il y a un autre aspect de la question qu'il faut
soulever, qui me paraît très important et qu'on n'a pas
suffisamment soulevé. Je saisis justement l'occasion d'en parler un peu.
Tous ceux qui s'occupent de finances au Canada et qui n'auraient pas
dépassé soixante ans sont nés dans une espèce de
"gentlemen's agreement" entre le gouvernement fédéral et les
provinces, à l'effet suivant: Le gouvernement fédéral
n'irait pas sur les marchés étrangers; d'autre part, il n'irait
pas souvent sur les marchés à long terme; il laisserait donc aux
provinces l'accès aux marchés étrangers et l'accès
au long terme, disons 20 ans ou 25 ans.
A l'opposé, il se concentrerait presque exclusivement sur le
marché à court terme, commençant aux bons du Trésor
et allant jusqu'à dix ans. Nous sommes tous nés dans ce... Cela
n'a jamais été signé. Ce n'est pas une entente
fédérale-provinciale sortie d'une conférence, mais tout le
monde a été habitué à procéder comme cela.
On s'est rendu compte qu'à cause des inflations très rapides, le
marché à long terme n'était plus aussi épais qu'il
l'était autrefois. C'est clair. Quand l'inflation est très
rapide, le nombre d'acheteurs de 25 ans a tendance à se
réduire.
Deuxièmement, les besoins du gouvernement fédéral
sur le plan de la trésorerie ont atteint, à un moment
donné, un niveau tel que le gouvernement fédéral a
été obligé d'aller à l'étranger, si bien que
ce à quoi on assiste, depuis un an à peu près, c'est une
transformation formidable des règles du jeu traditionnelles. Le
fédéral va à l'étranger. Le marché à
long terme est nettement moins épais qu'il pouvait l'être il y a
dix ou douze ans. Dans ces conditions, les règles se mêlent. Donc,
il est tout à fait normal, au point où nous en sommes
aujourd'hui, de voir le fédéral et les provinces en concurrence
à l'étranger sur les mêmes marchés, et de voir les
provinces et le fédéral en concurrence sur le marché
à court terme canadien. Il faut bien comprendre que c'est très
nouveau dans notre système. Cela fait un an qu'on commence à
percevoir que les anciennes règles du jeu se sont
effrondrées.
M. Garneau: Le ministre des Finances dit que $1 milliard, ce
serait trop?
M. Parizeau: Oui, cela dépend. L'avenir dure longtemps,
comme disait le général De Gaulle. Dans dix ans d'ici, ce sera
peut-être une autre paire de manches. Si on disait $1 milliard d'ici un
an ou deux ans, je dirais que c'est beaucoup trop.
M. Garneau: Vous n'avez pas fixé le plafond pour les deux
ou trois prochaines années?
M. Parizeau: Non.
M. Garneau: Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Une très courte question. A cette
catégorie, on voit $500 000, autres dépenses, comparativement
à l'an passé, $175 000, qu'est-ce qui change? C'est vrai que,
dans le budget total, c'est peut-être encore, nous dira le ministre, une
goutte d'eau.
M. Parizeau: C'est une provision qui a été mise
là, étant donné la baisse du dollar, à un moment
donné. La baisse du dollar canadien, à un moment donné,
semblait suffisamment forte pour qu'on pense à établir une
réserve. On s'en servira ou on ne s'en servira pas.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Goulet: Non, pas pour moi.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 1, adopté. Programme 2, élément 2,
adopté. Programme 2 dans son entier, adopté. Programme 3,
comptabilité gouvernementale. Ce programme vise à exercer le
contrôle dans la régularité des dépenses,
préparer les états financiers et apporter aux gestionnaires toute
information comptable pertinente. M. le ministre.
Comptabilité gouvernementale
M. Parizeau: Je pense que c'est suffisamment clair comme
explication. M. Lefaivre, le contrôleur des finances, va venir à
cette table. C'est le contrôleur du gouvernement. Il jouit de ses
fonctions!
M. Garneau: Sur ce programme, j'aurais seulement une question
à poser. Elle est très générale. C'est de savoir
comment fonctionne la mécanisation des opérations. Est-ce qu'elle
est complétée dans tous les ministères ou à quelle
place en est-ce rendu?
M. Parizeau: C'est terminé dans tous les
ministères.
M. Garneau: Est-ce que la mécanisation est poussée
jusqu'au point d'avoir des écrans cathodiques au niveau de chacun des
départements? C'est complété aussi?
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: Cela fonctionne bien? Fonctionnez-vous encore en
double système ou si c'est assez expérimenté pour
fonctionner en simple?
M. Parizeau: C'est en simple.
M. Garneau: Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Au programme 3, il n'y a absolument rien.
Le Président (M. Laplante): Bon. C'est un travail bien
accompli. Programme 3, élément 1 adopté. Programme 3,
élément 2 adopté. Programme 3, en son entier,
adopté.
Fonds de suppléance
Programme 4: Fonds de suppléance. Ce programme vise à
pourvoir aux dépenses imprévues qui peuvent survenir dans
l'administration des programmes gouvernementaux.
M. le ministre.
M. Garneau: Sur ce programme, si je peux dire un mot avant de
commencer, si le ministre doit nous donner des informations sur
l'élément 2, pour moi, ce serait le seul point sur lequel
j'aurais... Je comprends que, sur l'ensemble de la mécanique, il n'y a
pas grand-chose à dire, mais...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Parizeau: C'est une provision d'indexation pour les
augmentations du 1er juillet.
M. Garneau: Excusez! Tout à l'heure, vous nous avez dit,
au programme 1, à la catégorie traitements c'est pour
ça que j'avais posé la question que ce sont uniquement les
augmentations prévues dans le cadre des échelles, tandis que
là, vous faites la provision pour lorsque vous allez connaître le
montant exact qui est à payer en vertu de la formule d'indexation.
M. Parizeau: Non, il n'y a pas que ça. Il y a
ça...
M. Garneau: Oui, mais c'est...
M. Parizeau: C'est le point important.
M. Garneau: Oui, mais les augmentations... C'est parce que, tout
à l'heure je m'excuse au programme 1, quand je vous ai
demandé... On disait que ça passait de 523 000 à 801 000,
vous m'avez dit qu'il y avait les augmentations de traitements.
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: Ces augmentations de traitements, calculées
sur les échelles négociées...
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: ... tandis que là, c'est...
M. Parizeau: C'est l'indexation. M. Garneau: L'indexation
est là.
M. Parizeau: On ne le sait pas et on ne le savait d'autant moins
que cela a été imprimé pour être
déposé le 21 mars, alors que le premier coup de fil de M.
Chrétien est du 23.
M. Garneau: Vous voyez M. Chrétien partout. Moi, je ne le
vois pas partout pour le moment...
M. Parizeau: Non, mais il faut le voir. C'est à cause des
changements dans l'indice du coût de la vie que ça
représente...
M. Garneau: Oui, mais...
M. Parizeau: ... cette provision...
M. Garneau: II y a donc la provision pour l'indexation. Elle est
de quel montant? Dans les $127 millions, quel est le montant prévu pour
l'indexation et, aussi, les sommes qui pourraient être prévues
pour l'embauche de personnel qui n'était pas prévu...
M. Parizeau: Ecoutez! A ce sujet, M. le Président,
traditionnellement... Je dois dire que je n'ai pas le détail des
chiffres ici, parce que l'habitude veut que le fonds de suppléance soit
discuté au moment où nous examinons le Conseil du
trésor...
M. Garneau: Je n'ai pas d'objection.
M. Parizeau: ... en même commission. Si le
député de Jean-Talon n'a pas d'objection, comme il n'y a personne
du Conseil du trésor aujourd'hui...
M. Garneau: Aucune objection.
M. Parizeau: ... parce que, normalement, on examine ça
après les Finances...
M. Garneau: Moi, je suis prêt à considérer le
programme adopté, pour autant qu'on puisse...
M. Parizeau: ... qu'on y reviendra quand on examinera le Conseil
du trésor.
M. Garneau: ... on y reviendra, c'est ça.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, l'an passé, on avait
prévu, à l'élément 2, tel qu'a mentionné le
député de Jean-Talon, $44 millions. Cette année, on est
rendu à $127 millions. D'accord, il y a des prévisions et
provisions, mais est-ce qu'on peut s'attendre à savoir le... Il faut
croire que le ministre connaît le pourcentage d'augmentation qu'il va
offrir aux...
M. Parizeau: Ah non! On tient tout simplement compte du fait que
lorsque le budget 1977/78 a été préparé on ne
s'attendait pas à une augmentation aussi forte que celle qui s'est
produite. Alors, on a pris une provision assez importante cette année
sur ce plan; mais encore une fois, si vous n'avez pas d'objection,
j'examinerais cela avec le Conseil du trésor.
Pourrais-je dire quelques mots sur le fonds de suppléance et
comment il fonctionne?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Parizeau: J'aurais peut-être
préféré commencer à fonctionner ainsi.
Le Président (M. Laplante): Cela peut renseigner tout le
monde.
M. Parizeau: Le fonds de suppléance est en somme pour
l'élément 1, la petite caisse du gouvernement et, pour
l'élément 2, sa réserve quant à deux choses,
plusieurs choses, mais surtout deux: Les clauses d'indexation qui sont dans
toutes nos conventions collectives et les modifications de personnel, en cours
d'année. Si on ouvre un nouveau service, une nouvelle direction, une
nouvelle régie il n'y a rien de prévu dans les comptes. Il faut
que cela soit tiré de quelque part.
Ce fonds de suppléance donne lieu, à l'occasion d'un
budget supplémentaire on va voir comment la formule des budgets
supplémentaires se combine à un remboursement,
c'est-à-dire si entre le budget principal et un budget
supplémentaire, le fonds de suppléance a avancé de
l'argent à un ministère, pour une dépense imprévue,
le ministère reçoit les fonds dont il a besoin et rembourse le
fonds de suppléance. Donc, la petite caisse se renouvelle.
Dans ces conditions, c'est lié directement au travail du Conseil
du trésor. La tradition veut que la même commission à
laquelle nous siégeons aujourd'hui examine d'abord, les crédits
du ministère des Finances, ensuite passe au Conseil du trésor et
que l'examen du fonds de suppléance soit fait à l'occasion de
l'étude des crédits du Conseil du trésor.
C'est pourquoi je suggérais que lorsqu'on abordera la question du
Conseil du trésor, comme le dit le député de Jean-Talon,
on pourrait le voir à ce moment.
M. Goulet: Y a-t-il eu un montant important de prévu
là-dedans pour un nouveau personnel de la Société
nationale de l'amiante?
M. Parizeau: Non. Un instant. Je reviens à ce que je
disais tout à l'heure. Le fonds de suppléance ne consiste pas
à se dire: Voici des montants connus que nous n'avons pas mis dans les
crédits.
M. Goulet: Très bien.
M. Parizeau: Cela consiste à se dire: L'année
dernière, on avait une petite caisse de tant de millions et elle a
suffi. Cette année, on la laisse au même montant. Ou bien,
l'année dernière, on avait une caisse de tant de millions et
puis, vraiment cela a été un peu serré en cours
d'année. Alors, il est peut-être mieux d'en ajouter un peu. Mais
c'est tout ce jugement global dans la projection. On ne se dit pas ce
serait futile comme exercice, parce que ce serait impossible à
déterminer voici tous les éléments, pensons-nous,
qui peuvent arriver et mettre un chiffre en face de chacun d'entre eux. On n'a
certainement pas, en établissant le montant du fonds de
suppléance, à se dire: La Société nationale de
l'amiante, effectivement, le projet de loi sera voté à peu
près à telle époque et les premiers employés vont
entrer à peu près à telle époque. Il va y en avoir
à peu près tant. C'est infaisable. Ce serait de la fantaisie.
M. Garneau: ... c'est extra-budgétaire, la
Société nationale?
M. Parizeau: C'est vrai que la Société nationale de
l'amiante, de toute façon, c'est extrabudgétaire. Mais cela
s'appliquerait à n'importe quoi d'autre du budget. Quand tel projet de
loi sera-t-il adopté par la Chambre; quand les premiers entreront-ils?
C'est infaisable.
Le Président (M. Laplante): Mais les fonds que les
ministères ne dépensent pas, est-ce qu'ils retournent
là-dedans?
M. Parizeau: Non.
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi, je n'ai pas
l'habitude, mais cela me piquait...
M. Parizeau: Les fonds inscrits dans les crédits de chaque
ministère qui ne sont pas dépensés sont
périmés à la fin de l'année. Au contraire, lorsque
la dépense, je ne sais pas... On avait prévu une dépense
pour douze mois de $3 millions pour un poste quelconque et le ministère
arrive au dixième mois et il est à $3 millions et il faut qu'il
continue ses activités, il se tourne vers le fonds de suppléance
pour avoir l'argent. Il n'y a pas de crédits périmés, il
est déjà rendu à son plafond.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse. Est-ce que le
programme...
M. Garneau: C'est toujours le temps d'apprendre.
Le Président (M. Laplante): ... 4 est adopté?
M. Garneau: Comme je l'ai dit, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Sous réserve de
l'étudier au...
M. Parizeau: Au Conseil du trésor.
Le Président (M. Laplante): ... Conseil du
trésor.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
A la supercatégorie transfert, on voit $30 millions l'an passé et
$109 millions cette année. Juste une note explicative, peut-être,
du ministre.
M. Parizeau: Non, je pense...
M. Goulet: Cela se rapporte à la même chose.
M. Parizeau: C'est la même chose, c'est l'indexation.
M. Garneau: Pour ce qui est des commissions scolaires et des
hôpitaux, ce sont des transferts. Alors, c'est pour cela...
M. Parizeau: Ce sont des budgets. Les clauses d'indexation ne
s'appliquent pas seulement aux fonctionnaires.
M. Goulet: Pour le parapublic.
M. Parizeau: II y en a dans toutes les conventions qui ont
été signées, ou à peu près. Quand je dis
toutes, il y en a peut-être une ou deux où il n'y en n'a pas, mais
je veux dire que, dans l'ensemble, toutes les grosses sont indexées.
M. Goulet: D'accord.
M. Parizeau: Alors, quand on indexe le salaire des
infirmières et des employés d'hôpitaux, c'est par
l'augmentation de leur budget qu'on le paie.
M. Garneau: Tandis que, dans les ministères, c'est
payé directement.
Le Président (M. Laplante): Programme 4, adopté en
entier, éléments 1 et 2. Les travaux sont ajournés sine
die.
M. Goulet: M. le Président, si vous me permettez, avant
d'ajourner les travaux, je voulais consulter le député de
Jean-Talon.
Le Président (M. Laplante): On va considérer qu'il
est midi et demi et que ce n'est pas ajourné.
M. Garneau: De toute façon, on peut attendre. On va finir
à 18 heures quand même quant à moi.
M. Goulet: C'est parce qu'il restait seulement...
M. Garneau: A moins que le diable prenne en Chambre et qu'on ne
vienne pas.
Le Président (M. Laplante): S'il y a une entente à
la table, on peut siéger jusqu'à 12 h 45, si vous voulez.
M. Goulet: C'est parce qu'il reste seulement un programme, je
voulais faire la proposition...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a
unanimité pour qu'on continue jusqu'à 12 h 45?
M. Goulet: Le programme 6 est déjà adopté.
Il reste seulement le programme 5. Quant à nous, on n'a pas grand-chose,
je me demande pourquoi on reviendrait ici cet après-midi.
M. Garneau: On revient quand même pour le Conseil du
trésor, la Caisse de dépôt et Loto-Québec.
M. Parizeau: C'est ça. Ce que j'aurais
suggéré, c'est d'abord Loto-Québec...
M. Goulet: En premier.
M. Parizeau: Non, excusez-moi. Caisse de dépôt,
Loto-Québec, si tant est que le fait que le président ne soit pas
là ne vous choque pas; de toute façon, il y aura M. Landry, et,
ensuite, le Conseil du trésor.
M. Garneau: ... on ajourne maintenant. De toute façon, il
restera un programme, on n'aura pas le temps de le faire.
M. Parizeau: Ce qu'on n'avait pas prévu aujourd'hui,
puisqu'on soulève la question du Conseil du trésor, ce qu'on
n'avait pas décidé aujourd'hui et là, on pourra
peut-être le faire avant d'ajourner, c'est est-ce qu'on peut passer...
puisque le Conseil du trésor est un autre ministère, mais qui
relève de la même commission, est-ce qu'on peut parler du Conseil
du trésor tout de suite aujourd'hui, à supposer qu'on le puisse,
ou si on reporte ça à une autre séance du ministère
des Finances?
M. Garneau: Personnellement, M. le Président, au Conseil
du trésor, sur les sommes impliquées, de toute façon, je
n'ai pas de question sur les mécanismes. Ce seront uniquement des
questions d'ordre général sur la réglementation. J'imagine
bien que, dans trois quarts d'heure ou une heure, on aurait
complété, s'il nous manque un peu de temps et s'il y a
consentement, on pourrait filer jusqu'à 18 h 30, j'aimerais autant
essayer de terminer.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Jean-Talon pourrait donner, avec les membres de la
commission, un mandat au leader du gouvernement pour faire siéger le
Conseil du trésor, parce que je n'ai pas ce mandat.
M. Garneau: Ah bon! Si on l'avait cet après-midi, on
pourrait régler ça cet après-midi.
Le Président (M. Laplante): On pourrait régler
ça cet après-midi.
M. Parizeau: Moi, je pourrais avertir les fonctionnaires du
Conseil du trésor d'être ici.
Le Président (M. Laplante): D'accord. J'informerai le
leader du gouvernement qu'il y a consentement unanime pour faire siéger
le Conseil du trésor.
M. Garneau: Si on n'avait pas terminé à six heures,
soit en prolongeant ou en revenant à huit heures, on pourrait le faire.
Quant à moi, je n'ai pas l'intention de faire d'obstruction
systématique. Ceux qui sont des amateurs de hockey pourront regarder la
joute.
M. Goulet: Le Conseil du trésor, M. le Président,
est-ce que cela irait après les trois autres? Dans l'ordre
énuméré?
Le Président (M. Laplante): On finirait
l'élément 5 du programme 5 et ensuite...
M. Parizeau: On finirait le ministère des Finances, les
sociétés qui relèvent du minitère des Finances et
on ferait ensuite, le Conseil du trésor.
M. Garneau: La Société des alcools est maintenant
étudiée au ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Parizeau: Au ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. Garneau: Comme je le mentionnais tout à l'heure au
député de Bellechasse, la Régie des loteries et courses
relève du ministère de la Justice, n'est-ce pas?
M. Parizeau: Non, pas la régie. On parle de la
société.
M. Garneau: Oui, mais la régie elle-même?
M. Parizeau: La régie, c'est le ministère de la
Justice.
M. Goulet: C'est parce que, l'an passé, il avait
été question longtemps de courses. C'est pour cela que j'y
faisais allusion.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 34)
Reprise de la séance à 16 h 2
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des finances et des comptes publics poursuit
I'étude des crédits budgétaires 1978/79.
Les membres de cette commission sont: M.
Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M. Godin (Mercier), M.
Charbonneau (Verchères), M. Gagnon (Champlain) remplacé par M.
Jolivet (Laviolette), M. Garneau (Jean-Talon), M. Goulet (Bellechasse), M.
Grégoire (Frontenac), M. Michaud (Laprairie), M. Parizeau
(L'Assomption), M. Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Caron (Verdun), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Guay
(Taschereau), M. Martel (Richelieu), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Russell (Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Nous étions rendus au programme 5, gestion interne de soutien. Ce
programme vise à planifier, diriger et coordonner les ressources
humaines, physiques et financières essentielles à la gestion des
programmes du ministère.
M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, avant que nous abordions le
programme 5, je voudrais seulement faire une mise au point sur la
dernière phrase que j'ai prononcée ce midi, au moment où
on me demandait si la Régie des loteries et courses appartenait au
ministère de la Justice. Comme nous venions de parler de la
Société des alcools, j'ai pensé, à ce moment, qu on
me parlait de la Régie des alcools qui, bien sûr, est au
ministère de la Justice. La Régie des loteries et courses,
évidemment, relève du ministère du Revenu et non pas du
ministère de la Justice. Je tenais simplement à préciser
pour le journal des Débats.
M. Garneau: Parce que vous I'avez dit après que le journal
des Débats...
M. Parizeau: Je l'ai dit après que I'enregistrement du
journal des Débats s'est terminé.
Gestion interne et soutien
Au sujet de ce programme 5, qui a trait à la gestion interne et
au soutien du ministère des Finances, vous noterez qu'il y a une
réduction appréciable, je pense, du nombre d employés, qui
tombe d environ 10%. Il s'agit simplement d'une sorte de tassement utile,
où on remet en cause, de temps à autre, I'efficacité
générale de ce genre de service, et où on l'adapte en
fonction des tâches qu'il a à accomplir. Cela fait partie de ces
efforts que I'on fait périodiquement pour chercher, au plan de la
gestion générale des services gouvernementaux, une
efficacité aussi grande que possible.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer,
justement, si ce sont des postes qui étaient devenus vacants et qu on a
abolis, ou si ce sont des transferts de personnel?
M. Parizeau: II y a une partie où ce sont des transferts.
Je pense que la Régie anti-inflation avait certains postes qui
relevaient de là et qui ont été
retransférés; il y a dans certains cas des transferts, dans
d'autres, des départs.
M. Garneau: Le ministre vient de dire que c'était un
effort pour diminuer les dépenses, mais...
M. Parizeau: Non, ce n'est pas un effort pour diminuer les
dépenses, c'est qu'on pourrait fort bien dire: Les postes sont
là, on les occupe, même si des gens sont transférés
ailleurs, même si des gens partent; on a 103 postes, on garde 103
postes.
M. Garneau: Mais, est-ce qu'essentiellement ce sont les suites de
l'abolition des postes reliées à l'abolition de la Régie
anti-inflation?
M. Parizeau: Non, je pense qu'il y en a un...
On me dit qu'effectivement j'ai fait une erreur tout à
l'heure il n'y a pas de transferts de postes de la Régie
anti-inflation, seulement des transferts.
M. Garneau: Seulement des transferts de postes de services qui
relèvent d'autres ministères... de personnel ou de services?
M. Parizeau: Non, de personnel d'abord, correspondant ensuite
à l'abolition du poste.
M. Garneau: Ce ne sont pas des services qui étaient
exécutés par le ministère des Finances?
M. Parizeau: Non.
M. Garneau: Je ne sais pas si le député de
Bellechasse a des questions à poser sur le même sujet.
Est-ce que c'est au programme 5 que sont regroupés les
dépenses afférentes au cabinet du ministre?
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: Combien y a-t-il de personnes affectées au
cabinet du ministre?
M. Parizeau: II faut comprendre que le cabinet du ministre...
M. Garneau: Je ne parle pas du personnel de bureau, je parle des
adjoints, combien...
M. Parizeau: On va faire le tour assez rapidement. Le cabinet du
ministre,il faut s'entendre, c'est le cabinet de trois ministères
à la fois, c'est-à-dire: le ministère du Revenu, le
Conseil du trésor et le ministère des Finances. Il n'y a pas
trois cabinets du ministre; il y en a un seul. Donc, l'effectif dont je vais
parler couvre l'ensemble du personnel du ministre pour les trois
ministères.
Il y a donc un chef de cabinet, un chef de cabinet adjoint et trois
secrétaires particuliers adjoints. Cinq personnes pour les trois
ministères.
Je pense que le député de Jean-Talon conviendra que ce
n'est pas abusif.
Quant au personnel de bureau, nous allons donner les résultats
tout de suite: cela comporte six secrétaires ou sténodactylos, un
documentaliste, deux commissionnaires, deux téléphonistes et une
réceptionniste.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Bellechasse?
M. Garneau: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Parizeau: J'aurais attendu quelques commentaires
là-dessus, M. le Président. C'est très peu de monde.
M. Garneau: Je m'aperçois que les ministres des Finances
qui se succèdent semblent appliquer à peu près les
mêmes... Je n'avais pas trois ministères, j'en avais deux et
j'avais à peu près le même personnel.
Le Président (M. Laplante): Le programme 5...
M. Garneau: Finalement, ceux qui servent la même personne
ne peuvent pas être en contact direct s'il y en a 25 ou 30.
Alors, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): Le programme 5, adopté.
Maintenant, le programme du ministère des Finances est adopté au
complet. Je prierais le rapporteur de faire rapport de l'étude des
crédits budgétaires à l'Assemblée nationale.
C'est la première fois que cela m'arrive... On a eu l'ordre de
l'Assemblée nationale de commencer l'étude du Conseil du
trésor. C'est que les membres de cette commission sont les mêmes
que ceux de la commission des finances et des comptes publics.
M. le ministre, si vous voulez débuter par un exposé sur
les crédits du Conseil du trésor.
M. Parizeau: Avant de passer au Conseil du trésor, M. le
Président, on avait dit qu'on examinerait d'abord les
sociétés qui relèvent du ministère des Finances,
c'est-à-dire la Caisse de dépôt et Loto-Québec.
Le Président (M. Laplante): Je suis parfaitement d'accord,
c'est ce qui avait été entendu, M. le ministre.
M. Parizeau: Alors, je commence là-dessus?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Caisse de dépôt et placement
M. Parizeau: Alors, prenons, l'une après l'autre. On
pourrait peut-être commencer par la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Ce que j'ai à rapporter, essentiellement, de
la Caisse de
dépôt et placement du Québec et de son
fonctionnement, jusqu'à maintenant, c'est qu'au cours de la
dernière année, nous avons tenté de maintenir le mode de
fonctionnement, à la fois les règles du jeu et le cadre juridique
dans lequel la Caisse de dépôt et placement du Québec
traditionnellement a fonctionné.
Il s'agit d'une institution qui a acquis, je pense, sur les
marchés financiers une autorité morale importante. Une autonomie
aussi consacrée à l'égard d'interventions gouvernementales
dans ses activités et qui, traditionnellement, a réparti ses
fonds. Il est important de le souligner, parce que dans plusieurs articles de
journaux ou commentaires, récemment et cela ne m'appa-raît
pas toujours très clair on a cherché à maintenir au
Québec cette idée, ou ce principe que la Caisse de
dépôt et placement du Québec ne place qu'une partie de ses
fonds dans des titres du gouvernement ou, disons, de la dette garantie,
essentiellement, dans les titres de l'Hydro-Québec.
Il y a eu, cependant un certain nombre de modifications quant à
certaines caractéristiques de la Caisse de dépôt et
placement du Québec dans le courant de l'année. Nous avons
amendé la Loi de la caisse et je pense que l'amendement le plus
important, peut-être, avait trait nous avons eu l'occasion d'en
discuter à l'Assemblée nationale à l'exclusion de
la Commission de la fonction publique du personnel de la Caisse de
dépôt et placement du Québec.
Cela a été fait pour des raisons que j'ai eu à
expliquer en Chambre et qui tenaient essentiellement à la fois au mode
de recrutement et aux caractéristiques du personnel professionnel qui
existent à la caisse, d'un type qui n'existe à nulle part
ailleurs dans la Commission de la fonction publique, mais qui est en
très grande demande sur les marchés financiers par les
institutions financières ce qui fait que la Caisse de dépôt
et placement du Québec n'est pas vraiment en concurrence avec des
ministères pour recruter ce genre de personnel mais en concurrence
directe avec les institutions financières elles-mêmes.
Deuxièmement, à l'occasion du discours du budget, j'ai
procédé à un commentaire qui, à bien des
égards, est original, il est inédit. C'est-à-dire que j'ai
indiqué je pense que c'était la première fois que
cela se faisait ce que le gouvernement attendait comme fonds de la
Caisse de dépôt et placement du Québec pour le financement
du gouvernement et de l'Hydro-Québec.
Je disais tout à l'heure que le Québec est dans une
situation tout à fait spéciale par rapport à toutes les
autres provinces canadiennes à cet égard, c'est que partout
ailleurs au Canada les fonds de la Régie des rentes ou du régime
des pensions, "Canada pension plan" vont en totalité dans le
trésor public des gouvernements provinciaux et sont prêtés
aux provinces.
Au Québec, nous avons toujours adopté une solution
différente. La Caisse de dépôt et placement du
Québec reçoit l'argent qui est déposé chez elle. On
place dans le secteur pubiic, bien sûr, mais on place aussi dans toutes
espèces d'obligations quasi publiques ou locales: municipalités,
hôpitaux, universités etc. On place en obligations industrielles
et en actions de compagnies. C'est cela la grande originalité de la
formule québécoise et en pratique, dans l'ensemble, les
gouvernements du Québec n'ont jamais cherché à tirer
beaucoup plus que 50%, soit pour eux-mêmes comme gouvernement, soit pour
l'Hydro-Québec, de l'entrée de fonds à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. En somme, année
après année, de ce qui rentrait à la Caisse de
dépôt et placement du Québec ou de l'augmentation des fonds
disponibles à la Caisse de dépôt, pas beaucoup plus que la
moitié allait aux prêts gouvernementaux ou à des
prêts à l'Hydro-Québec. (16 h 15)
Ce qu'il y a de nouveau dans ce qui s'est fait dans le discours du
budget, c'est d'indiquer à l'avance à la Caisse de
dépôt, comme au public, comme aux institutions financières,
sur quel montant on pouvait compter. Non pas regarder le résultat ex
force, mais l'annoncer à l'avance. Dans un certain sens, je ne suis pas
du tout certain que cela ait été une heureuse initiative. Je
pense que c'était très heureux pour l'administration de la caisse
de le savoir mais il est évident que, d'après une certaine
opinion publique, on a mal compris cela. On a dit: Remarquez, quand le
gouvernement annonce des fonds pareils, c'est qu'il annonce une grosse
augmentation des fonds qu'il va aller tirer de la Caisse de dépôt
et placement du Québec.
En fait, si on tient compte des projections de revenus de la caisse ou
d'entrées de fonds à la caisse, venant du régime de rentes
ou de quelque autre déposant, si on tient compte de l'entrée de
fonds qui va venir de la Régie de l'assurance automobile, les montants
que j'ai annoncés dans le discours du budget que nous irions chercher
soit pour le gouvernement, soit pour l'Hydro-Québec, c'est-à-dire
$750 millions à $800 millions, représentent en fait 50% de
l'accroissement prévu des biens sous gestion par la Caisse de
dépôt et placement, c'est-à-dire à peu près
$1 500 000 000.
On prévoit $1 500 000 000 d'entrées de fonds à la
Caisse de dépôt et placement; on va aller en chercher $750
millions à $800 millions et on le dit. Cela fait à peu
près 50%. Je vous rappelle des pourcentages des années
antérieures: l'année dernière, c'était 48%;
l'année précédente, 47%; en 1975, c'était 53,5%; en
1974, c'était 50,2%. On conviendra qu'il y a une espèce de
continuité à cet égard et que, dans l'ensemble, le
gouvernement ne va pas aller chercher à la Caisse de dépôt
et placement, cette année, une plus forte proportion des fonds qui y
entrent, ce qui était le cas avant.
Donc, même s'il y a eu certains changements de modalités
dans le fonctionnement de la caisse, je pense que, sur le plan de l'orientation
des politiques générales, il y a une continuité tout
à fait nette à cet égard.
M. Garneau: M. le Président...
Le Président (M. Lapiante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: ... l'analyse du rapport de la Caisse de
dépôt et placement peut être faite en détail, en
posant toute une série de questions au ministre qui, au fond, n'est pas
membre du conseil d'administration de la caisse. Ce qui, personnellement,
m'intéresse d'une façon générale, c'est la
politique de placement. Le rapport annuel de la caisse, pour l'année
1977, n'indique pas qu'il y a eu des modifications substantielles dans la
politique de placement. J'avais noté également, dans le discours
du budget, les remarques que le ministre avait faites; c'était
évident qu'il y avait une continuité dans la politique de
placement et dans l'affectation des fonds de la caisse, en financement de la
province et de l'Hydro-Québec.
Je n'ai pas beaucoup de questions. En fait, je n'en ai aucune à
poser concernant la politique de placement. Quant aux détails des sommes
affectées à l'administration, le personnel est quand même
relativement réduit, ce n'est pas une boîte énorme. Le seul
aspect que je voudrais soulever si le ministre veut me
répondre, il pourra le faire, peut-être qu'il pourra me dire
également que cela relève d'un autre ministère,
peut-être lors de l'étude des crédits de la Régie
des rentes, au ministère des Affaires sociales, j'imagine. Il y a eu un
comité de formé qui portait un nom assez curieux, on a
l'impression que c'est un nom de médicament, je ne sais pas comment il
s'appelait; c'était un comité qui étudiait
l'évolution des entrées et des sorties de la Régie des
rentes et de la Caisse de dépôt et placement, pour voir si les
contributions à la Régie des rentes étaient suffisantes.
On indique qu'à la Caisse de dépôt et placement, s'il n'y a
aucun changement dans les...
M. Parizeau: Ce n'est pas COFIRENTES?
M. Garneau: II y avait un COFIRENTES... Il avait un nom assez
curieux, c'est le comité...
M. Parizeau: C'est COFIRENTES.
M. Garneau: L'étude actuarielle qui avait
été faite et déposée par la Régie des
rentes, suivant les prescriptions de la loi, indiquait que la Caisse de
dépôt et placement n'aurait plus de fonds et qu'elle se viderait
pour atteindre à peu près zéro, vers l'an 2000, selon les
hypothèses que l'on faisait au point de vue démographique et
selon les analyses actuarielles.
Ce comité a fait rapport; j'ai déjà eu des
échos, je me demande si ce n'est pas de la part du ministre des Finances
qui avait commenté certaines de ces situations; même des articles
de journaux avaient été écrits, parlant d'une augmentation
de la contribution. Est-ce que le rapport a été remis et de
quelle...
M. Parizeau: II a été déposé en
Chambre.
M. Garneau: ... façon le gouvernement entend-il y donner
suite? Est-ce qu'il a, d'abord, l'intention d'y donner suite? Si oui, à
quel moment de telles décisions seraient-elles prises pour re-
médier à l'épuisement des fonds de la Caisse de
dépôt et placement? Je parle de son fonds relié à la
contribution de la Régie des rentes.
M. Parizeau: Comme je disais, M. le Président, le
comité de COFIRENTES a été créé par un
arrêté en conseil qui le faisait relever du ministre des Affaires
sociales. Bien que cela touche directement la Caisse de dépôt, je
vais répondre à la question, je vais faire un certain nombre de
commentaires, mais sur certains plans, j'irai avec prudence parce qu'il est
évident qu'il y a des décisions qui ne peuvent être prises
qu'avec l'approbation du ministre des Affaires sociales.
L'épuisement des fonds à la Caisse de dépôt
qui proviendrait de la Régie des rentes est connu et projeté
depuis la création de la Régie des rentes.
Il faut bien comprendre que, lorsque la Régie des rentes a
été créée avec la Caisse de dépôt en
1965, c'était le résultat d'un compromis historique comme
on dirait dans d'autres pays entre une formule fédérale
qui consistait à vouloir établir un système de "pay as you
go", c'est-à-dire que les contributions du public seraient, chaque
année, déterminées à un niveau tel qu'elles
couvriraient simplement les sorties de fonds et, évidemment, au fur et
à mesure que la population vieillirait, ces contributions du public
augmenteraient assez rapidement, et ce, par opposition à une autre
thèse du gouvernement du Québec qui voulait, dès le
départ, avoir un niveau de contribution plus élevé et une
accumulation de fonds suffisante pour faire en sorte qu'à ce niveau de
contribution, le fonds pourrait payer les pensions indéfiniment.
Entre ce "pay as you go" du gouvernement fédéral et un
fonds totalement capitalisé comme celui que suggérait le
gouvernement du Québec, on a fait un compromis et on est arrivé
à une solution à moitié capitalisée,
c'est-à-dire qu'il y aurait une accumulation de fonds importante pendant
plusieurs années, mais qu'il arriverait un moment donné où
il faudrait remonter les taux de contributions parce que le fonds, à
mesure que la population vieillit, se mettrait à se vider.
Les projections qui ont été faites quant à
laugmentation de I'accumulation de fonds à la Caisse de
dépôt et à sa diminution jusqu'à l'an 2000 ont
été, évidemment, un peu changées depuis 1965 parce
que les taux d'intérêt qui ont été utilisés
à cette époque ont changé, mais dans l'ensemble,
l'évolution générale de la courbe est restée la
même.
Donc, le fait que la Caisse de dépôt doit se vider quant
à ce qui lui vient de la Régie des rentes, cela fait maintenant
13 ans qu'on le sait. On sait, d'autre part, que le Canada Pension Plan qui est
basé exactement sur les mêmes principes va suivre exactement la
même courbe.
On sait donc que dans les années quatre-vingt, cela va commencer
à baisser; je pense que c est en 1983. La Caisse de dépôt
dit: A partir de 1983, je ne peux plus faire d investissements à long
terme parce que je dois préparer la baisse.
M. Garneau: Cela commence à décaisser.
M. Parizeau: Quand doit-on augmenter le niveau des contributions?
Le premier ministre des Finances qui a soulevé cette question ce
n est pas moi, d'ailleurs c'est M. Darcy McKeough en Ontario qui est
placé devant le même genre de problème, mais pour qui cela
arrive un peu plus tôt qu'au Québec parce que le taux de rendement
qu'il a sur ses obligations est plus bas que celui que nous avons dans notre
fonds.
La Caisse de dépôt place, même quand elle prête
de largent au gouvernement du Québec, au taux d'intérêt du
marché. Le Canada Pension Plan prête aux provinces au taux de la
dette fédérale à court terme plus un quart de un pour
cent; ce qui est un taux inférieur.
Donc, ils sont menacés un peu plus tôt que nous. L'Ontario
a annoncé qu'éventuellement, il faudra augmenter cela. Je suis
bien d'accord, comme tous mes collègues, d'ailleurs. Est-ce que cela se
fera plutôt tôt ou plutôt tard? Aucune décision n est
prise. Mais, une chose est claire, c'est que ce sera dans deux ans, trois ans;
quatre ans, ce serait déjà bien loin. Il faudra faire ce qu'on
sait qu'on devra faire depuis 1965, c'est-à-dire, à un moment
donné, augmenter les taux de contributions.
Mon impression si je peux simplement laisser une impression
c'est que vraisemblablement, tous les gouvernements provinciaux
augmenteront leurs taux de contributions exactement du même pourcentage,
exactement le même jour, ce qui minimisera les possibilités
d'interprétation politique du geste et rendra la situation de chaque
ministre des Finances éminemment confortable par rapport à celle
de ses collègues. Mais, aucune décision n'est prise à cet
égard à ce jour.
M. Garneau: Est-ce que, suite au dépôt du rapports
de COFIRENTES, des discussions ont été entreprises avec les
autres provinces et le gouvernement fédéral qui administre le
fonds canadien pour que des modifications soient apportées aux
contributions ou s'il n'y a pas eu de rencontres encore qui ont
été cédulées à un niveau ou à un
autre, soit au niveau des fonctionnaires ou au niveau des ministres?
M. Parizeau: II a y un comité
fédéral-provincial qui existe à ce sujet, qui attendait
justement le rapport COFIRENTES. J'ai eu l'occasion de discuter de cette
question avec mon collègue de l'Ontario à quelques reprises
d'ailleurs, mais il n'y a pas encore de processus formel
fédéral-provincial d'organisé pour préparer la
révision. Remarquez que ce n'est pas urgent en termes de mois; il ne
faudrait pas s'imaginer non plus qu'on peut retarder la décision
indéfiniment.
M. Garneau: Tout dépend si on veut...
M. Parizeau: Ce n'est pas de la dernière urgence mais il
ne faut pas laisser filer.
M. Garneau: Tout dépend jusqu'à quel point on
considère importants, non seulement la solva- bilité du
régime tout cela n'est pas mis en doute, même si c'est
retardé...
M. Parizeau: Ah! non, il faut le faire.
M. Garneau: ... mais aussi l'accumulation des fonds en termes de
financement public. Comme le disait le ministre tout à l'heure, à
partir de 1983 si ma compréhension du rapport de la caisse est
juste il y aurait des sorties nettes, c'est-à-dire que les
entrées, les contributions ne compenseraient pas les versements qui
doivent être effectués à la Régie des rentes pour le
paiement des prestations. Cela veut dire que la croissance ne viendrait que des
autres fonds spécialisés que la Caisse de dépôt et
placement administre. Tout dépend, évidemment, de l'importance qu
on attache à ce facteur ou à ce point, qui avait
été abondamment mis de l'avant lors de l'acceptation du projet
québécois en 1965, de contribution au financement des
activités publiques et, au Québec, d'activités du secteur
privé.
Evidemment, le retard à apporter un correctif
nécessiterait sans doute des augmentations plus importantes si on veut
continuer de maintenir un fonds, tant pour le Québec dans ses
financements publics et privés que pour les autres provinces dans le
financement de l'ensemble du secteur public. Je comprends que ce sont des
discussions qui peuvent être assez longues mais je retiens de notre
conversation que le mécanisme n'est pas officiellement engrené,
sauf des consultations préliminaires qui ont dû être
retardées à cause du rapport québécois. Je n'ai pas
d'autres questions.
M. Parizeau: Je voudrais ajouter, si vous me permettez, M. le
Président, qu'il faut se rendre compte cependant, mon impression, c'est
que cela va plutôt se produire plus tôt que plus tard, pour la
raison suivante: C'est que les autres provinces sont plus pressées que
le Québec, d'abord, parce que le Québec ne tire que la
moitié de ses besoins financiers de la Caisse de dépôt et
placement. Quand j'annonce que le gouvernement du Québec, par exemple,
va tirer $600 millions de la caisse sur $1 250 000 000, à toute fin
pratique, je n'attends que 50% de la couverture de mes besoins. L'Ontario
couvre la totalité de ses besoins avec le "Canada Pension Plan".
Alors, le fait que l'accumulation dans le "Canada Pension Plan" se mette
à se réduire, pour l'Ontario cela a des conséquences plus
dramatiques que pour le Québec. Deuxièmement, la Caisse de
dépôt et placement du Québec reçoit l'accumulation
des fonds de la Régie de l'assurance automobile. Il n'y a rien
d'équivalent en Ontario. Cela n'a l'air de rien mais en 1978, c'est $250
millions de plus à la Caisse de dépôt.
Je ne suis pas du tout étonné à cet égard
que, d'une part, les premières interventions soient venues de l'Ontario
et que, dans l'ensemble, ce soit elle qui soit pressée et qui fasse
pression pour que cela aboutisse le plus vite possible. Mon impression
là-dedans, c'est que cela va se faire plutôt tôt que tard,
pas tellement à cause de
l'intervention du Québec mais à cause de l'intervention
des autres provinces; elles sont plus pressées que nous.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, j'avais deux courtes questions
et le ministre y a répondu lors de sa conversation avec le
député de Jean-Talon. Alors, cela va.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, j'ai quelques questions
à vous poser relativement à cette institution. Depuis le rapport
Wheeler Dupont qui décrivait l'économie du Québec et
surtout ses besoins en capitaux comme étant le fait, presque, d'une
dépendance, d'un pays dépendant de capitaux venant d'ailleurs,
est-ce que la création de la Caisse de dépôt et placement a
changé de façon significative ce qu'on pourrait appeler le
rapport de force entre le Québec et le marché financier? Est-ce
que cela se refléterait d'une façon palpable?
M. Parizeau: Oui. Il est clair que dans les rapports, en
particulier, entre les syndicats financiers qui ont administré les
placements, les emprunts du Québec, pendant des
générations, leur position de marchandage, leur influence
pas seulement financière d'ailleurs, mais politique historiquement sur
le Québec était d'autant plus grande que ces syndicats
financiers avaient le monopole des emprunts du gouvernement. La création
de la Caisse de dépôt et placement du Québec a voulu dire
essentiellement on s'en est rendu compte de façon remarquable,
par exemple, au moment du changement de gouvernement en 1966 que dans la
mesure où à un moment donné un syndicat financier refusait
enfin faisait des difficltés pour émettre des obligations
du gouvernement du Québec ce gouvernement du Québec avait,
à même les fonds disponibles à la Caisse de
dépôt, une alternative: la possibilité d'aller chercher des
fonds.
On aura vu il y a certaines années qui restent à
mon esprit, je les ai suivies de très près
l'évolution de la situation en 1966, 1967, 1968 au moment où un
gouvernement arrive avec un slogan "Egalité ou Indépendance" et
les marchés financiers menacent de se fermer, on a vu à ce moment
apparaître un rôle de la Caisse de dépôt et placement
du Québec absolument remarquable, tout à fait nouveau au
Québec où le gouvernement de Québec cessait d'être
dépendant d'un syndicat financier qui, à toutes fins pratiques,
était le monopole de ses émissions.
A cet égard, la Caisse de dépôt à
profondément et manifestement changé, non seulement les
règles du jeu sur les marchés financiers, mais le degré de
dépendance qu'avait le gouvernement du Québec à leur
égard. La Caisse de dépôt et placement du Québec,
à cet égard de toutes les sociétés d'Etat
que les gouvernements successifs au Québec ont créées
est probablement l'instrument le plus révolutionnaire qui ait
été créé au Québec.
M. Godin: Ma deuxième question, M. le ministre, portera
sur l'importance de la caisse en tant que détenteur d'actions. Si on
faisait une espèce de comparaison entre les différents "holdings"
au Canada, quelle place la Caisse de dépôt occuperait-elle? On a
comparé cet après-midi l'Hydro-Québec aux autres
utilités publiques pour employer un anglicisme du continent
au Canada. Si on comparait la Caisse de dépôt, en tant
qu'institution financière détentrice d'actions, à d'autres
institutions financières privées ou publiques, quelle serait sa
place dans l'échelle de comparaison?
M. Parizeau: Ecoutez, M. le Président, je n'ai pas fait de
comparaison récente. Les comparaisons auxquelles je réfère
datent de deux ou trois ans. Mais, la Caisse de dépôt,
déjà à ce moment, était le plus gros portefeuille,
le plus gros détenteur d'actions ordinaires de compagnies au Canada,
publiques ou privées; au Canada, pas au Québec.
M. Godin: D'accord. Troisième question. Le mouvement
syndical a déjà fait état, plusieurs fois dans des
rapports et dans des congrès, du fait que bien des fonds de pension des
syndicats ou des unions suivant l'organisme auquel ils appartiennent,
étaient placés dans des fonds hors du Québec, dans des
entreprises privées. Est-ce que le mouvement qui s'est dessiné
depuis quelques années, visant à ramener ces fonds au
Québec et en particulier à la Caisse de dépôt, s'est
concrétisé totalement ou s'il reste encore des paquets d'argent
à venir qui s'ajouteraient justement aux fonds disponibles et qui
retarderaient, peut-être d'autant, la fameuse échéance des
années quatre-vingt. J'en parlais à mon collègue de
Jean-Talon, tout à l'heure.
M. Parizeau: Non, l'élargissement des pouvoirs de la
Caisse de dépôt pour l'administration des fonds de pension est
limité aux fonds de pension du secteur public ou parapublic. Au
départ, on commence avec la Régie des rentes puis petit à
petit on ouvre la Caisse de dépôt au fur et à mesure
que les années passent à des régimes publics ou
parapublics. On n'en est pas encore rendu au point où on ouvrirait la
Caisse de dépôt à des régimes de syndicats
opérant dans des entreprises privées, sauf l'Office de la
construction où, là, il y a quelque chose d'assez spécial,
cela a été prévu par une loi. les fonds de pension de
l'Office de la construction ont été placés à la
Caisse de dépôt. Ce que je veux dire, c'est que l'option pour
je ne sais pas une entreprise d'embouteillage de boissons
gazeuses, ou n'importe quoi, de placer ses fonds de pension à la Caisse
de dépôt n'existe pas encore. Il reste
qu'on est largement sorti de la Régie des rentes, à
proprement parler. Il y a la Régie des rentes, bien sûr, mais
à l'heure actuelle, il y a toute une série d'organismes publics
ou parapublics qui maintenant placent leurs fonds à la Caisse de
dépôt. Mais dans l'ensemble, à l'exception de l'Office de
la construction, pour des raisons assez exceptionnelles, cela reste public ou
parapublic.
M. Godin: Le ministre a-t-il l'intention d'explorer d'autres
avenues semblables un peu à celle de l'Office de la construction?
M. Parizeau: Je pense que c'est une des décisions les plus
importantes sur le plan financier, qu'on aura à prendre. Il va falloir
se décider là-dessus. Depuis 1965 je ne pourrais pas
parler du gouvernement qui nous a immédiatement
précédés, parce que je ne l'ai pas vu agir les
trois gouvernements que j'ai connus se sont posé longuement la question.
Le nôtre se la pose de la même façon et il va falloir,
à un moment donné, se décider. Est-ce qu'on ouvre la
caisse ou non à d'autres fonds de pension que le secteur public,
parapublic et l'Office de la construction? Je ne suis pas en mesure aujourd'hui
même d'exprimer mon sentiment là-dessus. Cela serait susceptible
d'avoir des conséquences majeures sur les marchés financiers, sur
le développement des institutions financières privées, sur
leur approvisionnement en fonds, sur la canalisation de l'épargne du
secteur privé vers le secteur public. Il y a peu de décisions que
nous aurons à prendre qui auront autant d'importance que
celle-là.
Et, soit dit en passant, vous constaterez à quel point, quand on
parle de réglementer les placements de telle institution
financière ou de telle autre, ce n'est, dans la plupart des cas, pas
toujours des cas comme la Sun Life... Dans un très grand nombre de cas
c'est peu de choses à côté de la décision dont vous
parlez.
M. Godin: Une dernière question, M. le ministre.
Prenons-le dans cette perspective. Quelle pourrait être l'influence de la
Caisse de dépôt, financièrement parlant, sur
l'économie canadienne hors Québec? Je mets cela dans la
perspectice "asociation économique". Est-ce que cela a un certain poids,
ou un poids tellement mineur que ce n'est d'aucune importance?
M. Parizeau: Cela dépend de ce qu'on entend par poids. La
Caisse de dépôt ne gère pas. Il faut faire bien attention
à une chose. Elle possède des titres. Elle achète des
titres, mais normalement je dis normalement, parce qu'il y a des
exceptions dont je parlerai tout à l'heure elle ne nomme
même quand elle arrive à la limite des actions qu'elle peut
posséder dans une compagnie, c'est-à-dire 30% pas
d'administrateurs. Il y a des exceptions, comme, par exemple. National
Cablevision, mais dans I'ensemble, elle ne va même pas jusqu'à
nommer des administrateurs.
Si on parle de l'influence corporative qu'elle pourrait avoir sur des
compagnies dans l'écono- mie canadienne, il n'y a pas de canal
corporatif habituel par lequel son influence peut se faire sentir.
Néanmoins, il y a un certain nombre de compagnies dont le principal
actionnaire est la Caisse de dépôt. Un principal actionnaire,
même quand il n'a pas de membre sur le conseil d'administration, cela
n'élimine pas les déjeuners. C'est-à-dire que l'influence
formelle n'est pas plus grande que celle d'un fonds mutuel dans les placements
qu'elle fait. Néanmons, la capacité de placement et la
capacité de financement de la Caisse de dépôt a, en fait,
en pratique, une influence qui va très loin.
Il est évident, par exemple, que pour certaines grandes
compagnies dites nationales, dans le sens canadien du terme, faire une
émission d'actions sur le marché consiste d'abord à aller
voir la Caisse de dépôt pour savoir si elle va en acheter, parce
qu'on sait bien que si elle en achète, le reste va se vendre. La caisse
a acquis une espèce d'autorité morale où le fait, pour
elle, de prendre une participation dans une émission fait marcher
l'émission ou, au contraire, la rend beaucoup plus difficile. Ce n'est
pas formel comme poids mais en pratique, cela peut être
considérable, très réel.
M. Godin: Merci.
M. Garneau: C'est tellement vrai ce que le ministre des Finances
dit c est peut-être dans la même veine que la question que
le député vient de poser qu'il est toujours
extrêmement important que les transactions de la caisse, dans le domaine
du marché des actions, se fassent de la façon la plus
discrète possible, parce que quand la caisse décide de vendre
pour des raisons strictement d'administration, d'affaires, ou de se
départir d'un bloc d'actions d'une entreprise et que cela se sait, cela
peut déclencher une ruée sur les marchés, une panique,
parce qu'on dira: Si la caisse s'en débarrasse c'est parce que ce n est
pas bon. Alors elle a cette importance énorme qui s'est
vérifiée à plusieurs reprises. C'est pourquoi les
administrateurs de la caisse la politique que je suivais semble
être la même pour le ministre actuel sont toujours
très réticents à vouloir publier leurs transactions parce
que cela a l'effet dont le ministre parlait tout à I'heure.
M. Parizeau: Je dois dire, pour être tout à fait
correct à cet égard, que dans la mesure où on envisagerait
I avenir immédiat de la caisse, je voudrais examiner, dans
l'année qui vient, la possibilité, avec la caisse, de faire une
chose qui n'a jamais été faite jusqu à maintenant,
c'est-à-dire de publier la liste des entreprises dans lesquelles la
caisse a des actions, mais avec un retard suffisant pour que cela n ait pas
d'influence sur la bourse.
Ce que je veux dire, c'est que si on publie avec, par exemple, un an de
retard, la liste des actions de la caisse, cela ne veut rien dire quant
à ses positions aujourd hui; cela ne peut pas influencer les
transactions sur la bourse.
D'un autre côté, je pense que cela pourrait avoir un
certain avantage pour que le public
québécois sache dans quoi il est actionnaire. Il faut
comprendre que cet organisme appartient à tous les
Québécois.
La caisse a toujours été assez réticente à
ce sujet, je dois le reconnaître, pour les raisons que le
député de Jean-Talon expliquait, mais il nous reste à voir
dans quelle mesure on pourrait s'entendre sur le fait qu'un délai assez
long n'aurait aucune espèce d'influence ou serait incapable d'avoir une
influence quelconque sur les marchés. C'est une des idées
qui...
M. Godin: C'est pour bientôt?
Régie des loteries et courses
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on peut
procéder tout de suite à la Régie de la
Loto-Québec? La Société d'exploitation de la loto.
M. Parizeau: M. le Président, ainsi que je l'indiquais ce
matin, le président de la Société des loteries ne peut pas
être avec nous aujourd'hui puisqu'il est en congrès à
Vancouver pour lequel il avait pris un engagement il y a déjà
assez longtemps, mais M. Vandry, qui est commissaire de la
société, est à ma droite et me donnera un coup de main
dans l'évolution de cette discussion.
Je voudrais simplement dire quelques mots pour commencer. Nous avons,
ainsi que cela a été longuement expliqué, modifié,
cette année, a la Loto-Québec, le système de distribution;
le système des concessions, comme il existait autrefois, a
été aboli et remplacé par des grossistes et j'avais
indiqué que cette réforme pouvait économiser au
trésor québécois environ $8 500 000.
La dernière estimation, telle qu'elle m'a été
présentée par la Loto-Québec, semblerait être un peu
plus considérable. Il semblerait que l'économie possible du
changement du système de distribution pourrait aller jusqu'à une
dizaine de millions de dollars sur une année d'activités
complète et courante. (16 h 45)
Deuxièmement, dans ce changement de la méthode de
distribution, nous avons cherché à établir, dans le choix
des distributeurs, des techniques qui mettraient le choix à l'abri de
pressions ou de nominations à caractère politique. Je dois dire
à ce sujet que j'ai été placé entre Charybde et
Scylla, en ce sens que ceux qui avaient des fonctions auraient voulu les garder
automatiquement, et que ceux qui condamnaient sévèrement l'ancien
système auraient voulu que tout individu, lié de quelque
façon que ce soit à l'ancien système, disparaisse
automatiquement.
Je pense que les deux propositions étaient incompatibles avec un
choix objectif des meilleurs distributeurs. Nous avons eu au-delà de
4000 candidatures et nous avons cherché, à partir de
critères publiés, à recruter ceux qui semblaient
être les meilleurs.
Il ressort de cette sélection qu'environ la moitié, non
pas des anciens concessionnaires mais dans la quasi-totalité des cas, la
moitié de ceux qui travaillaient pour d'anciens concessionnaires ont
été retenus comme grossistes et que l'autre moitié n'avait
aucun rapport quelconque avec Loto-Québec avant.
Alors, selon le principe qu'un verre peut être à
moitié vide ou à moitié plein, je me fais condamner soit
par un côté, soit par l'autre; mais dans la mesure où on me
condamne également des deux côtés, je pense que la solution
était probablement assez bonne. Néanmoins, dans ce nouveau
système de distribution, ceux qui sont nommés le sont pour un
mois, je veux dire que leur poste peut être annulé avec un mois
d'avis. Après cette première sélection qui a
été faite, tout renouvellement, à l'occasion d'un renvoi
pour des raisons d'inefficacité, par exemple, ou de désistement,
ou de démission, est comblé maintenant par un recrutement qui se
fait selon la voie normale, c'est-à-dire par les Centres de
main-d'oeuvre du Québec.
Nous avons, d'autre part, associé au fonctionnement de la
distribution à la Loto-Québec les sociétés sans but
lucratif, d'une part pour faire fonctionner la Lotomatique, qui est maintenant
réservée exclusivement à des sociétés sans
but lucratif et, d'autre part pour tenir, graduellement, les kiosques de
Loto-Québec, au fur et à mesure que les baux viennent à
échéance. Cette exploitation est très avancée;
au-delà de 600 associations ont demandé des renseignements
à Loto-Québec. Nous avons commencé... Depuis lundi
dernier, la Lotomatique, organisée et montée avec l'aide de
sociétés sans but lucratif, est en place. Pour ce qui a trait aux
150 kiosques qui sont la propriété de Loto-Québec, ils
seront passés à des associations sans but lucratif, au fur et
à mesure que les baux viendront à échéance.
Voilà à peu près, M. le Président, ce que je
voulais dire à titre d'introduction.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, toute cette question de
l'évolution dans la façon de distribuer les billets de
Loto-Québec avait été discutée d'une façon
assez âpre l'an dernier; évidemment, c'est tellement facile de
vouloir en faire un débat politique. Voulant la regarder d'une
façon plus objective, et si cela réussit, tant mieux, le ministre
aura eu raison. Pour être en mesure de porter un jugement, j'aimerais
plutôt, pour discuter du bien-fondé de cette décision... Je
pense qu'il était nécessaire d'avoir des modifications dans les
modes de distribution. Les travaux avaient été entrepris avant
l'arrivée de l'actuel ministre pour modifier, certainement, les zones de
distribution, rapetisser les territoires et rendre, à un niveau plus
acceptable, les potentiels de marchés, accélérer, tenter
d'augmenter le niveau des ventes.
Pour porter un jugement sur la nouvelle formule, il faut attendre une ou
deux années complètes et voir comment les sociétés
sans but lucratif vont maintenir l'enthousiasme dans le travail de promotion.
Si elles le font, ce sera tant mieux; ce sera un succès et on dira:
Bravo! Si,
évidemment, cela ne produit pas les fruits espérés,
on aura à les analyser et possiblement que le successeur de l'actuel
ministre refera un grand discours pour dire que cela aurait été
mieux d'une autre façon.
Quant à moi, je ne suis pas en mesure de juger,
véritablement, de son efficacité, tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas vu les chiffres. Je ne dis pas que je souhaite que cela ne
réussisse pas; si cela réussit, tant mieux. Mais pour être
capable de porter un jugement, il faudra voir l'effet, voir comment les ventes
des différentes lotos vont évoluer, comment les
différentes promotions vont se faire, comment le "turnover" du personnel
sera véritablement administré. On parle d'intrusion politique: on
verra, un peu plus tard, dans l'administration, dans un an ou deux, comment les
bons principes de départ auront été respectés.
Le président, tout à l'heure, me suggérait une
question; pour respecter sa neutralité, il ne voulait pas la poser,
j'imagine.
Quel est le "turnover" ou le taux de remplacement des personnes que vous
appelez les grossistes depuis l'implantation de ce système? Est-ce qu'il
y a un très fort niveau de changement?
M. Parizeau: Depuis que la méthode est en place, que le
nouveau système de distribution est en place, il y a eu six
remplacements sur 145 postes.
M. Garneau: Alors, le mécanisme sera long, M. le
député président. Je pense que vous comprenez ce que je
veux dire.
M. Parizeau: Je voudrais simplement... Je m'excuse, moi je ne
comprends pas.
M. Garneau: Lui a l'air d'avoir compris.
M. Parizeau: Alors, il faudrait me faire un dessin.
M. Garneau: Je pense que les députés
comprennent.
M. Parizeau: Je dirai simplement ceci, M. le Président: Si
je continue de ne pas comprendre ce dont il s'agit, je pense que je suis sur la
bonne voie.
En ce qui a trait au rôle des sociétés sans but
lucratif, je voudrais seulement dire une chose au député de
Jean-Talon: C'est que l'efficacité de ces sociétés sans
but lucratif va être, évidemment, très inégale; on
sait cela. Mais, comme la Lotomatique ne vient que s'ajouter au système
de distribution de la Loto-Québec, tout ce qu'on fait du
côté de la Lotomatique est une sorte de gain. C'est une forme de
promotion qui s'ajoute à la promotion que fait Loto-Québec.
Dans ce sens, certaines, j'imagine, sont très efficaces, d'autres
moins, mais il n'y a rien de perdu par rapport à l'ancien
système. Cela ne fait que s'ajouter à la promotion qui se faisait
norma- lement. En somme, dans ce sens, on ne peut pas perdre à
réserver la Lotomatique aux sociétés sans but lucratif.
Cette formule ajoute. On peut toujours discuter, mais ce sera toujours un
débat un peu théorique de savoir si cela aurait pu ajouter
davantage, ou moins. Mais cela ajoute par rapport à la promotion qui se
fait déjà. C'est tout ce que je voulais...
M. Garneau: Oui, parce qu'il n'y aura pas de point de
comparaison, c'est ce que vous voulez dire.
M. Parizeau: Non, malheureusement; il ne pourra jamais y avoir de
point de comparaison étant donné que c'est une formule
d'abonnement.
M. Garneau: Peut-être qu'avant de passer la parole au
député de Bellechasse... Evidemment, la qualité du papier
y est et le nombre d'informations contenues dans le rapport annuel de la loto,
cette année, est plutôt mince. Sans vouloir nécessairement
inciter les gens à mettre la photo du président du conseil
d'administration et de la publicité qui pourrait être
intéressante pour les individus en place, n'y aurait-il pas lieu d'avoir
un rapport un peu plus détaillé parce qu'il y a très peu
de statistiques? Je ne sais pas au juste si c'est à cause de
problèmes administratifs particuliers, mais je sais que, d'habitude, un
peu plus d'information était transmise que dans le rapport actuel qui a
uniquement, en fait, les notes comptables et les états financiers
à toutes fin utiles.
M. Parizeau: Oui, monsieur, c'est exact. Le rapport annuel cette
année porte sur l'année 1976/77. Je vous rappellerai qu'il y a
eu, à travers cette époque c'est-à-dire dans les
trois mois qui ont suivi un changement à la direction de la
Loto-Québec en date du 1er juillet 1977. Je crois qu'il faut laisser
à la nouvelle direction le soin de déterminer le cadre de ses
rapports annuels. Si, à un moment donné, comme ministre de
tutelle, je croyais que c'est vraiment insuffisant, évidemment, il
faudrait que je fasse des remarques à ce sujet. Mais, enfin, le rapport
de 1977/78 sera bientôt déposé à l'Assemblée
nationale et on pourra voir comment il se présente.
M. Garneau: Quand on compare le rapport de la Caisse de
dépôt où cela évite une foule de questions puisque
les réponses sont déjà dedans. C'était un voeu que
j'exprimais tout simplement. Quant à moi, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Parizeau: Je m'excuse, M. le Président. On me signale
quelque chose qui est relativement important à ce sujet. La
présentation de 1976/77, même si elle est sortie assez longtemps
après le 31 mars 1977, avait été déterminée
par l'ancien président. Alors, pour juger...
M. Garneau: Je ne blâme personne; tout simplement c'est
que...
M. Parizeau:... du nombre et de la qualité des
renseignements qu'exige le nouveau président, attendons qu'il sorte son
premier rapport.
M. Garneau: J'imagine aussi que le conseil d'administration doit
avoir un mot à dire. De toute façon, ce n'est qu'une remarque que
je faisais, un voeu que j'exprimais. Je n'ai pas envie d'engager un
débat sur l'épaisseur du rapport.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Le ministre a dit qu'avec un lavis d'un mois, on
pourrait suspendre un permis ou le maintenir. Quelle est
l'autorité...
M. Parizeau: Pas suspendre, mais annuler.
M. Goulet: Annuler. Quelle est l'autorité suprême
pour dire qu'on annule un permis à un moment donné? C'est le
président?
M. Parizeau: C'est le conseil d'administration.
M. Goulet: Le ministre des Finances n'a rien à voir
là-dedans.
M. Parizeau: A un point tel que, quand on me demandait quel avait
été le "turnover" tout à l'heure, j'ai dû consulter,
parce que sur les 145 je n'avais pas la moindre idée combien il y en
avait qui avaient pu être remplacés depuis ce temps-là.
M. Goulet: Ce que je voulais dire, M. le Président, c'est
que, si on s'adresse au bureau des députés pour que ces derniers
fassent pression même s'ils ne s'en mêlent pas, j'imagine ce que
cela doit être au niveau du bureau d'un ministre; ce doit être
terrible.
M. Parizeau: Pas vraiment. A partir du moment où le
ministre ne veut pas s'en mêler une fois que vous avez dit un
certain nombre de fois que vous ne voulez pas vous en mêler cela
finit par être connu.
A cet égard, j'allais dire qu'on subit un peu les pressions qu'on
veut, enfin qu'on accepte de subir.
M. Goulet: A ce moment-là, je ne veux pas dire qu'il y a
du patronage, M. le Président, loin de là. Il y a toujours quand
même le danger des pressions. Si, par exemple, quatre individus ou quatre
groupements sociaux font appel pour l'émission d'un permis et qu'on ne
peut émettre qu'un permis dans une région, à un moment
donné, les critères de sélection, etc., c'est le bureau
d'administration...
M. Parizeau: Les critères de sélection sont assez
précis. Il y a une chose qui est claire, c'est que la sélection
sur ce plan-là ne va pas au-delà du conseil d'administration de
la Loto. Tout à l'heure on a glissé devant moi la liste des
premières organisations sans but lucratif qui ont été
choisies. Je n'ai pas eu le temps parce que cela s'est fait il y a trois
minutes d'y jeter un coup d'oeil; je ne l'avais jamais vue avant. Je ne
sais pas de quoi elle a l'air. (17 heures)
Je m'excuse, on vient de me glisser une chose, c'est que, pour la
Lotomatique, pour les sociétés sans but lucratif, il n'y a pas de
territoire au Québec. Il n'y a pas de limite au nombre qu'on peut
donner. Encore une fois, tout ce qu'il y a de fonds sur le plan de la
Lotomatique vient s'ajouter au reste. S'il y en a 100, il y en a 100; s'il y en
a 200, il y en a 200. Ce sont des organismes d'abonnement. Il n'y a pas de
territoire réservé, il n'y a pas de monopole.
M. Goulet: M. le Président, pour le journal des
Débats, je veux que le ministre s'assure et le vice-président
également que je ne fais allusion à aucune accusation, c'est tout
simplement une question, c'est un danger qui peut guetter... Parce que je sais
que, seulement au niveau d'un bureau de comté, des gens ou des
organismes viennent nous voir et essaient que le député fasse
pression. Alors, je m'imagine ce que cela peut être au niveau... C'est
tout simplement cela. Si le ministre est protégé contre
cela...
M. Parizeau: Encore une fois, on subit les pressions qu'on veut
bien accepter. Il faut habituer les gens autour de soi à une certaine
façon de fonctionner. Il est clair que, sur le plan des pressions
à caractère téléphonique ou des genres de visites
ou de trucs comme cela, si on accepte, non pas seulement de céder, mais
d'accepter toute espèce de pression, on dévie le système.
Il faut qu'à un moment donné, cela se sache. Cela ne sert
à rien d'en faire, cela ne donne rien.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions? M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: Non, je n'ai pas de question. J'enregistre tout
simplement. On verra. Parce que les réponses que donne le ministre, je
les avais déjà données dans le passé et elles
étaient aussi vraies que celles qu'il donne présentement. Je
n'avais pas, moi non plus, de liste et, parfois, il y a des gens qui font le
tour, et j'espère que le ministre aura les mêmes attitudes dans
l'avenir. C'est le même danger qui guette tous les gouvernements. Je ne
mets pas en doute la bonne foi du ministre, loin de là. C'est pour cela
que je n'ai pas voulu aller plus loin et, avec le temps, on verra
jusqu'à quel point il réussira à dompter tout le monde en
même temps. Il ne s'agit pas uniquement de la bonne volonté d'une
personne, mais de la bonne volonté de plusieurs millions de
personnes.
M. Parizeau: Nous avions, M. le Président, je pense qu'il
faudrait établir là-dessus une distinc-
tion entre deux choses. Nous avions, au niveau de la Loto-Québec,
deux types possibles enfin, deux types de travailleurs dans le
réseau de distribution. Des gens dont le rôle était
largement parasitaire et qui faisaient énormément d'argent, et
qui avaient d'autant plus d'intérêt à essayer de faire des
pressions que cela était extraordinairement payant pour eux. Ecoutez, il
y a des gens qui ont fait $80 000 par année, à peu près,
à faire pas grand-chose. Il y en a d'autres qui faisaient $125 000
à faire pas grand-chose. Le maximum devait être $200 000, à
peu près, à faire pas grand-chose. Quand vous faites $100 000 ou
$125 000 ou $150 000 par année, à ne rien faire, vous êtes
prêt à vous battre en diable pour essayer de préserver
cela...
M. Garneau: Ce n'est pas là qu'une impression...
M. Parizeau: La première opération a
consisté à mettre une croix là-dessus et à abolir
cela. Ces parasites ne sont plus là. Cela économise, encore une
fois, on a fait une première estimation de $8 500 000 et on a
l'impression que cela peut aller, pour une année complète
d'activité, à $10 000 000; enfin, on verra, comme disait le
député de Jean-Talon, on va attendre que les chiffres sortent.
Enfin, c'est considérable. D'autre part, il y a des nominations,
maintenant, à des postes de grossistes, qui représentent un
travail continu. Pour avoir ce poste, il faut travailler, on ne peut pas
l'avoir et passer le travail à quelqu'un d'autre. D'autre part, ces
postes ne sont pas payants comme les autres pouvaient l'être. Ces gens
font un salaire, en moyenne, de $24 000; $24 000 pour un homme qui travaille.
On le sait bien par la Commission de la fonction publique, par les centres de
main-d'oeuvre, il y a moyen de monter un système de recrutement qui est
à l'abri de la politique avec des gens qui font, dans l'ensemble, $24
000 par année. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de pressions, je ne dis pas
qu'il n'y a pas des gens qui veulent avoir des emplois, exactement comme
quelqu'un qui veut essayer de couper le gazon pour le ministère, pour
prendre un exemple; je suis d'un comté, un peu rural, le
député de Bellechasse doit savoir encore mieux que moi ce que
veut dire...
M. Goulet: C'est bien vrai.
M. Parizeau: ... ce genre de choses. Donc, de la même
façon qu'il y aura des gens qui vont essayer d'avoir, de faire des
pressions...
M. Goulet: Justement, M. le Président...
M. Parizeau: ... pour des choses comme celles-là. Il reste
que l'on sait, quand on veut, comment organiser une sélection correcte
de gens qui travaillent pour gagner un salaire correct aussi. C'est un type de
pression bien différent que les types de pressions qui pouvaient venir
des gens dont je parlais tout à l'heure, qui tiraient $100 000, $125 000
ou $150 000 par année à ne rien faire et qui avaient un
sacré fromage à défendre. Mais cela, c'est aboli, il n'y
en a plus.
M. Garneau: M. le Président, je ne veux pas
d'ailleurs, je pense l'avoir dit l'an dernier et je le répète
cette année, les modifications au régime de distribution
étaient engagées par des études qui avaient
été entreprises; d'ailleurs, j'ai déjà eu
l'occasion de le dire, j'avais fait la demande par écrit parce que je
trouvais que cela prenait un peu de temps à se faire, au niveau de
l'administration, uniquement par les échanges de propos qu'on avait
tenus blâmer le ministre d'avoir apporté des modifications;
si elles réussissent, tant mieux et tout le monde dira: Bravo. Sur la
question du recrutement, je suis prêt à donner au ministre le
bénéfice du doute et prendre sa parole lorsqu'il dit que cela
s'est fait en dehors de toute intervention politique.
Pour le reste et c'est uniquement le sens de mon message
on va attendre, avec le temps on pourra voir comment tout cela va tourner. On
fera des commentaires peut-être plus prolongés l'an prochain ou
dans deux ans mais, j'en suis convaincu, certainement avant la fin du mandat.
On s'aperçoit que dans bien des secteurs et dans bien des régions
du Québec peut-être pas celui de Loto-Québec encore
étant donné que cela a fait l'objet de tellement de discussions
publiques, c'est peut-être un peu comme celui de la Société
des alcools, on est plus prudent où il n'y a pas eu enquête
ou débat public, on s'aperçoit que les élargissements
commencent à se faire sentir. C'est pourquoi, dans le cas qui nous
intéresse, je vais attendre l'an prochain pour faire des commentaires
plus prolongés. Si cela s'avère bon, je ne me gênerai pas
pour dire bravo au ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je remercie le
député de Jean-Talon de ce qu'il vient de dire mais je
suggère aussi que les élargissements qu'il voit
déjà, il devrait les présenter immédiatement aux
commissions des crédits des secteurs concernés.
M. Garneau: Je veux me laisser le temps de vous disiez, ce
matin, l'endroit regarder passer le train un peu avant de choisir
l'endroit et la tactique.
M. Parizeau: Tiens, tiens, je ne suis pas le seul à
regarder passer le train.
M. Garneau: Je n'ai pas les contribuables du Québec
immédiatement sur le dos. Pour ma part, ce secteur est fini.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y avait une autre
régie ou si nous nous dirigeons tout de suite vers le Conseil du
trésor?
M. Parizeau: Le Conseil du trésor.
M. Garneau: ... une autre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne crois pas que ce
soit mon rôle.
M. Parizeau: S'il y en avait une autre et que je ne le sache pas,
ce serait grave pour moi.
Conseil du trésor
Le Président (M. Laplante): J'appelle le Conseil du
trésor. Je crois qu'il y a seulement un programme en bloc, c'est le
programme 1: Gestion budgétaire et politique administrative. Ce
programme vise à déterminer l'allocation des ressources
conformément aux priorités du gouvernement et à veiller
à ce que les ministères et les organismes qui en dépendent
utilisent efficacement ces ressources humaines, matérielles et
financières dans l'exécution de leurs programmes. M. le
ministre.
M. Parizeau: M. le Président, dans tout western, il faut
normalement un vilain. Le vilain, c'est le Conseil du trésor,
c'est-à-dire l'organisme qui dit non plus souvent qu'à son tour,
selon l'expression consacrée, et certainement le ministère le
plus impopulaire du gouvernement.
M. Garneau: C'est peut-être pour cela qu'on ne l'a pas
appelé un ministère.
M. Parizeau: II a, d'autre part, la caractéristique
d'être tout petit par rapport à d'autres ministères, en ce
sens que son personnel n'atteint pas 200 personnes; en fait, nous disposons de
181 postes, y compris ceux à temps partiel.
Je suggère qu'on examine, d'une part le Conseil du trésor
en tant que tel et qu'on revienne, comme on se l'était dit ce matin, sur
le fonds de suppléance.
Le Président (M. Laplante): D'accord... C'est le programme
4.
M. Garneau: M. le Président, en termes de montants
impliqués, les variations importantes que l'on note à
l'élément 3, j'imagine qu'elles se réfèrent
à l'augmentation du personnel relié au programme de formation.
Est-ce cela?
Je vois, par exemple, à l'élément 3: Politique de
personnel et relations de travail ou, si ce n'est pas du tout relié
à cela...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'avant de
répondre, vous me permettriez, MM. les membres de la commission... Je
crois que j'ai fait une petite erreur: celle de ne pas avoir nommé de
rapporteur pour ce programme du Conseil du trésor.
Est-ce que je pourrais vous suggérer le même rapporteur
qu'à l'étude des crédits des Finances?
M. Garneau: Certainement, il aura fait un gros travail.
Le Président (M. Laplante): Adopté. M. Gagnon,
Champlain. Je m'excuse.
M. Garneau: Ma question était reliée...
M. Parizeau: Par rapport à 1976/77? Parce que 1977/78, ce
n'est pas...
M. Garneau: II y a ce programme de formation des jeunes cadres
qui donnait une augmentation de personnel sans accroître
définitivement le personnel. Le travail n'est plus relié à
cela, il est à la fonction publique. Les variations entre 148 et 182, ce
sont les totaux d'années-homme qui... Ce sont les employés
permanents qui passent de 139 à 173. Est-ce bien cela?
M. Parizeau: Cela vient essentiellement de ceci: C'est que, comme
la coordination des négociations de travail et la détermination
des mandats sont assumés par le Conseil du trésor, que les
premières rondes de négociation viennent, qu'on s'est
engagé à développer considérablement l'analyse des
conditions de travail, non pas seulement dans le secteur public, mais en
comparaison avec le secteur privé, il y a là une direction, au
Conseil du trésor, qui est en train de s'étoffer
considérablement et qui demande beaucoup plus de ressources.
M. Garneau: Tous les travaux seront faits davantage au Conseil du
trésor qu'au ministère de la Fonction publique.
M. Parizeau: Oui. Par exemple, il est très net que la
politique déclarée par le gouvernement à savoir essayer de
ne pas précéder le secteur privé, essayer de se comparer
à lui dans ses négociations de travail, implique un travail
considérable, parce qu'il ne s'agit pas seulement de faire des
comparaisons-maisons par rapport au secteur privé, mais d'être en
mesure, puisque cela devient un des pivots de la politique salariale,
d'être capable de défendre cela en public en toute
circonstance.
Un travail considérable est en train de se faire dans ce domaine,
de façon que, quand on parle de tel poste dans la fonction publique ou
tel poste dans les hôpitaux et qu'on compare cela au secteur
privé, on ne compare pas cela à trois ou quatre entreprises, ou
à cinq ou six entreprises, ou à tout un éventail. Il y a
un travail de manipulation de données et d'établissements
donnés qui est considérable.
M. Garneau: J'espère que le groupe de travail relié
au Conseil du trésor sera plus chanceux dans l'établissement de
la moyenne généralement observée que ce que le
ministère de la Fonction publique avait réussi à faire
à l'occasion du dernier voyage. Il y avait toujours des discussions
à savoir quelle était la véritable moyenne
généralement observée d'après tous les rapports et
toutes les analyses qui étaient faites. Alors, on va leur souhaiter
bonne chance dans ce secteur.
M. Parizeau: Je prends ces voeux en bonne part.
M. Garneau: Surtout... Ils en auront besoin. M. le
Président, dans la politique administrative, on voit également
une augmentation des
budgets et je suis content de noter qu'il y a un effort qui est fait
peut-être de façon plus substantielle de ce côté. Je
ne sais pas si cela correspond surtout à l'augmentation du personnel ou
des...
M. Parizeau: Je m'excuse, je ne comprends pas très bien.
J'ai une légère diminution, en fait, à
l'élément 2: $765 000 à $738 000.
M. Garneau: Je n'ai pas le bon livre, c'est pour cela que cela ne
marchait pas. Je n'avais pas regardé la couleur du livre. Je
m'excuse.
M. Parizeau: C'était vrai, aussi, pour
l'élément 3. (17 h 15)
Ma question, en fait, peu importe le préambule, visait à
savoir s'il était possible d'obtenir une mise à jour de
l'ensemble de la réglementation qui est administrée par le
Conseil du trésor en termes de politique administrative. Il y avait des
documents qui étaient montés. Je ne sais pas si l'ensemble de ces
documents sont codifiés dans un volume quelconque et s'il est possible
d'en obtenir des copies qui doivent être disponibles; ce ne sont pas des
documents confidentiels, je ne le pense pas. Il y a tellement de modifications
à apporter continuellement à ces choses que j'aimerais, s'il
était possible, en avoir une copie pour les membres de la commission.
Etant donné que ce document peut être assez volumineux,
pourrions-nous obtenir une copie par parti d'Opposition.
M. Parizeau: Oui, je pense qu'il est temps de faire une
codification générale, une nouvelle codification.
M. Garneau: Est-ce une chose possible à obtenir dans des
délais relativement restreints ou si c'est une question
d'années?
M. Parizeau: Normalement, je pense qu'il serait difficile de
faire cela avant décembre.
M. Garneau: Avant le mois de décembre?
M. Parizeau: En décembre, on pourrait avoir une
codification.
M. Garneau: En tout cas, mieux vaut tard que jamais. Je ne
voudrais pas revenir l'année prochaine et ne pas l'avoir encore parce
que cela pourrait...
M. Parizeau: Non, je pense que non. Il faut que cela se fasse
dans l'année en cours. On s'entend bien sur cela.
Le Président (M. Laplante): Donnez-lui votre adresse tout
de suite.
M. Garneau: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Donnez-lui votre adresse.
M. Garneau: Oui, je donne mon adresse. S'il tarde trop, je vais
être obligé de changer d'étage.
M. Parizeau: II faut comprendre que c'est un travail
considérable. Mais je pense qu'il est temps qu'on fasse une nouvelle
codification générale. Cela doit se faire au cours de
l'année prochaine.
M. Garneau: M. le Président, dans le cas de
l'élément 5, on avait engagé un montant à cet
élément de programme dans les politiques administratives des
différents ministères ou d'expériences pilotes
destinées à améliorer la gestion. Est-ce que le montant de
$96 000 c'est bien cela? j'ai le bon chiffre? oui est
déjà affecté ou s'il ne l'est pas? Si ce montant est
affecté ou qu'une partie le soit, dans quels projets est-il
affecté?
M. Parizeau: Pour le moment, il n'est pas affecté.
M. Garneau: Je n'ai pas d'autres questions à poser
à ce sujet. Si vous me dites que vers le mois de décembre j'aurai
les règlements dont je parlais tout à l'heure...
M. Parizeau: Une codification.
M. Garneau: Une codification. A moins que mon collègue
veuille poser des questions à ce sujet, je voudrais revenir sur le
programme 4 qu'on avait mis de côté, ce matin. Est-ce exact?
Le Président (M. Laplante): Programme 4. M. le
député de Bellechasse, et après on reviendra, si vous
voulez.
M. Goulet: J'ai une question d'ordre général
concernant le programme du Conseil du trésor. Au cours de
l'année, le vice-président a été remplacé. Y
avait-il une raison pour qu'on le remplace et qu'on en nomme un autre? Le
député de Charlesbourg a été remplacé.
Est-ce une promotion? Est-ce une je ne sais pas si le mot peut
être utilisé "dépromotion"?
M. Parizeau: A cet égard, valablement, il faudrait poser
la question au premier ministre, parce que le poste de vice-président du
Conseil du trésor est une nomination ministérielle et, comme
toutes les nominations ministérielles, c'est le premier ministre qui les
fait. Je pense que demander à un ministre de commenter les nominations
d'autres ministres du cabinet, je ne m'y risquerais pas.
M. Goulet: M. le Président, je m'adressais au
président du Conseil du trésor. Peut-il nous affirmer que ce
changement n'a rien à voir je dis bien peut-il nous affirmer que
ce changement n'a rien à voir avec le fameux dossier Le
Bourg-neuf?
M. Parizeau: Je n'ai aucune espèce de raison de croire que
cela a un rapport quelconque avec
Le Bourgneuf. Vraiment, cela me... Rien des échos, des
conversations ou quoi que ce soit me donne quelque indication de ce genre.
Le Président (M. Laplante): Pas d'autres questions?
M. Garneau: Qui fait les demandes au Conseil du trésor
à part vous?
M. Parizeau: Le ministre d'Etat à
l'aménagement...
M. Garneau: Qui est le vice-président.
M. Parizeau: ... qui est le vice-président, le ministre de
l'Environnement, le ministre des Travaux...
M. Garneau: Cela doit être long? M. Parizeau:
Pardon?
M. Garneau: Cela doit être long? Parce que ses
réponses en Chambre sont toujours très longues. Ensuite?
M. Parizeau: En Chambre, en commission, en réunion, les
gens ne sont pas les mêmes.
M. Goulet: Ce n'est pas lui qui répond.
M. Parizeau: Le ministre des Travaux publics et le ministre des
Transports.
M. Garneau: Alors, dans les conventions collectives, le ministre
de la Fonction publique va venir au Conseil du trésor comme un ministre
sectoriel?
M. Parizeau: Exactement, c'est-à-dire comme le ministre de
I Education et le ministre des Affaires sociales.
M. Garneau: Vous allez en avoir trois en demande au lieu de
deux?
M. Parizeau: Bien, en demande, il faudrait préciser le
sens de I'expression.
M. Garneau: Bien, celui qui défend ses
clientèles.
Sur les questions de fonds de suppléance de ce matin, est-ce que
le ministre serait maintenant en mesure de nous dire quelle est la proportion
de l'élément 2 du programme 4 qui correspond à
Indexation?
M. Parizeau: M. le Président, on me dit et
contrairement à ce que j'ai pu laisser sous-entendre ce matin que
cest intégralement l'indexation correspondant à environ 3%.
Alors, $125 200 000.
M. Garneau: Les variations dans le personnel qui pourraient
survenir au cours de l'année, les appropriations de crédit seront
pourvues soit par budget supplémentaire, voire même
l'élément 1?
M. Parizeau: Oui, essentiellement, ou à l'intérieur
des crédits du ministère eux-mêmes.
M. Garneau: Alors, les $127 millions sont essentiellement
l'indexation?
M. Parizeau: L'indexation.
M. Garneau: Prévue à 3% au-delà de ce qui
était...
M. Parizeau: De la formule prévue dans les conventions
collectives.
M. Garneau: ... la formule prévue dans les conventions
collectives.
M. Parizeau: Pas de la formule prévue...
M. Garneau: Bien, cela fait partie de la formule.
M. Parizeau: ... Les taux prévus.
M. Garneau: Alors, je n'ai pas d'autres questions à poser,
étant donné que cela va entièrement là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse, avez-vous d autres questions?
M. Goulet: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur tous les programmes? Le
programme 1 du Conseil du trésor adopté. Ce qui me fait dire que
les crédits budgétaires du Conseil du trésor ont
été étudiés et je prierais le rapporteur de faire
rapport à l'Assemblée nationale.
Les travaux sont...
M. Garneau: Avant de terminer...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur...
M. Garneau: ... je l'ai oublié ce matin parce que je l'ai
appris immédiatement après... J'aurais aimé le faire lors
de I'analyse des crédits du programme relié au contrôleur
des finances. J'ai appris que l'épouse du contrôleur adjoint des
finances était décédée. J'aurais aimé,
à ce moment-là, pouvoir offrir, au nom de la commission qui
étudie ces crédits, à M. Breton qui travaille au
ministère des Finances depuis des années, nos plus
sincères condoléances. J'aurais aimé le faire ce matin
mais je l'ai su tout à l'heure, au moment de notre conversation. Si vous
étiez assez aimable, M. le ministre, de lui transmettre nos
sincères condoléances à cette occasion, je
l'apprécierais.
M. Parizeau: Je le ferai très volontiers, M. le
Président, et je remercie le député de Jean-Talon de son
intervention.
Le Président (M. Laplante): Je remercie les membres pour
leur coopération. Les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 17 h 24)