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(Onze heures quarante minutes)
Le Président (M. Bordeleau): La commission des finances et
des comptes publics reprend ses travaux aux fins d'étudier article par
article les projets de loi nos 68 et 70.
Les membres de la commission ce matin sont: MM. Blais (Terrebonne),
Bourbeau (Laporte), de Belleval (Charlesbourg), Forget (Saint-Laurent), French
(Westmount), Gagnon (Champlain), Grégoire (Frontenac); Guay (Taschereau)
gui sera remplacé par Lachance (Bellechasse); Lincoln (Nelligan),
Paguette (Rosemont); Parizeau (L'Assomption) qui sera remplacé par
Bérubé (Matane).
Les intervenants sont: MM. Assad (Papineau), Fallu (Groulx), Mme
Lachapelle (Dorion), MM. Lafrenière (Ungava), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Pagé (Portneuf), Ryan (Argenteuil),
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce). Il y a d'autres remplacements. M. Assad
(Papineau) sera remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert); M.
Pagé (Portneuf) sera remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M.
Forget (Saint-Laurent) est remplacé par M. Rivest (Jean-Talon); M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) est remplacé par M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges).
M. Bérubé: M. le Président, si je comprends
bien, vous remplacez un fantâme par un autre; vous remplacez M. Forget
par le député de Jean-Talon.
Le Président (M. Bordeleau): Je réponds aux
demandes des partis, M. le ministre, sans commentaire. Nous en étions
à l'ajournement d'hier soir, à l'article 14.
Projet de loi no 68 (suite) Remarques
préliminaires (suite)
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... si vous voulez me donner la
parole...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, je vous la donne.
M. Bérubé: ... je voudrais répondre à
une guestion de l'Opposition. À la suite de la présentation d'un
tableau qu'on nous avait glissé - je pense que c'est un tableau gui
devait appartenir au chef du Parti libéral ici, si je ne m'abuse - on
nous avait posé la question sur la comparaison de la croissance de
rémunération au cours de la convention collective 1975-1979 par
rapport à celle de 1979-1982 si vous vous en souvenez. On nous avait
donc tendu un tableau venant du Bureau de la recherche sur la
rémunération, dont les chiffres étaient inconciliables, de
prime abord, avec ceux que j'avais présentés à la
commission où j'avais souligné, en fait, l'augmentation beaucoup
plus rapide des coûts des conventions à cause de l'inflation en
1975-1979 par rapport à aujourd'hui. J'avais souligné cependant -
et cela est guand même important - dans mon intervention gue le secteur
privé également en 1975-1979 avait été plus
généreux, bien gue moins généreux gue le
gouvernement, pour essayer de rétablir les faits.
Or, peut-être que l'Opposition libérale serait
intéressée à voir cette conciliation au moins
versée au journal des Débats. Essentiellement, la raison vient de
ce gue l'étude du BRR à laquelle faisait référence
le chef de l'Opposition avait pour but essentiel d'illustrer la
mécanique de détermination des salaires dans les secteurs public
et parapublic; par conséquent, elle ne tenait compte que des taux
généraux d'indexation. Elle ne tenait pas compte, par exemple, de
tous les correctifs et de la stabilisation qui également avaient
été acceptés lors des conventions collectives. (11 h
45)
Je vais juste concilier vos chiffres. Le chiffre cité par le chef
de l'Opposition était que, de 1975 à 1979, le coût des
conventions avait amené une augmentation de l'indice des salaires de
142,4% en prenant comme point de référence 100% en début
de convention, donc 42,4% d'accroissement. Cependant, on n'avait pas inclus
là-dedans le redressement de 5,4% payable au 30 juin 1979 et
prévu dans les conventions, il faut ajouter 5,4% à 142. On avait
également exclu toutes les harmonisations et restructurations
d'échelles gui ont eu cours pendant cette convention collective et qui
ont amené une augmentation de 7,2% des salaires en 1976 et, en 1978, une
autre restructuration a amené 0,8% d'accroissement des salaires. Le
chiffre réel est donc de 162,08% pour le coût des conventions de
1975 à 1979. Par exemple, à titre de comparaison, l'indice
des
prix à la consommation aura augmenté de 138,19%. On
compare 162% avec 138%, une augmentation beaucoup plus rapide que
l'inflation.
Maintenant, si on prend 1979-1982, le chiffre cité par le chef de
l'Opposition est de 151,86%. Cependant, on y a inclus le redressement de 5,4%
payable au 30 juin 1979 négocié dans la convention
précédente. Ce n'est pas une erreur, c'est simplement qu'il
s'agissait de comparer sur une autre base. Il ne s'agissait pas de faire une
comparaison de convention collective à convention collective mais de
regarder une évolution année après année. Cela
explique pourquoi la comparaison n'est pas tout à fait fondée.
Donc, le redressement de 5,4% payable au 30 juin a, par suite d'une erreur du
chef de l'Opposition, été exclu du coût des conventions de
1975-1979 et incorporé au coût de nos conventions, alors
qu'évidemment cela ne faisait pas partie de nos conventions; il faut
donc enlever 5,4%. Par contre, il faut exclure le redressement de 2,8% payable
le 31 décembre 1982; il faut donc ajouter 2,8% au chiffre cité
par le chef de l'Opposition. Il faut exclure la stabilisation
équivalente de 0,5% en 1979 et de 1,07% en 1980. Il faut exclure les
modifications aux heures de travail des ouvriers, qui impliquent 0,26%. Il faut
également souligner que l'inflation postulée pour juillet 1982
est de 11% au lieu de 10,4%, ce qui amène une diminution de 0,6% dans le
calcul, pour un coût final de 145,52% au lieu de 151,86%. Ces 145,52% se
comparent avec une croissance de l'inflation de 143,48%.
En d'autres termes, si on compare la croissance sous la convention de
1975-1979, elle est de 162,08% contre une inflation de 138%, alors que la
dernière convention donne 145,52% contre une inflation de 143,48%, donc
un rapprochement très net entre l'augmentation des salaires et
l'augmentation des prix. Il s'agissait donc tout simplement de ramener les
chiffres sur une base comparable de conventions collectives. Les chiffres que
vous aviez ne tenaient compte que de la protection de base, de l'enrichissement
et de l'indexation, mais ils avaient exclu le facteur des harmonisations ou
restructurations d'échelles, comme je le soulignais. Ils avaient exclu
également certains redressements de fins de convention, qui excluaient
la stabilisation et des modifications aux heures de travail. Cela expligue
pourquoi, lorsque vous faites la comparaison en rémunération
globale et que vous tenez compte de l'ensemble, on s'aperçoit que les
chiffres que j'ai cités hier sont parfaitement cohérents avec les
chiffres qu'avait le chef de l'Opposition. Toutefois, les chiffres que le chef
de l'Opposition avait étaient des chiffres qui ne visaient pas à
comparer les deux conventions; ils visaient simplement à montrer comment
les salaires progressaient à l'intérieur des conventions
collectives, sans pour autant traiter des autres questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
Avant d'aller plus loin, j'ai une demande de remplacement. Avec le
consentement des membres, que M. Ryan (Argenteuil) soit remplacé par M.
...
M. Bérubé: On pourrait peut-être remettre le
tableau au chef de l'Opposition.
Le Président (M. Bordeleau): J'ai une demande de
remplacement. M. Sirros (Laurier) remplacerait M. Ryan (Argenteuil). Est-ce que
cela va?
M. Blais: Là, cela dépend du caucus libéral,
cela ne dépend pas de nous.
Le Président (M. Bordeleau): Cela dépend de
l'ensemble des membres. Si vous dites oui, cela va.
M. Grégoire: Cela va.
Le Président (M. Bordeleau): On remplace M. Ryan
(Argenteuil) par M. Sirros (Laurier).
M. Bérubé: Oui, oui.
Le Président (M. Bordeleau): Bon!
M. Bérubé: On a fait preuve de la plus grande
magnanimité.
M. Grégoire: M. le Président, ce n'est pas comme
chef de parti?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, s'il
vous plaît! II y a consentement; c'est donc accepté.
M. Bérubé: Oui, oui, M. le Président. On ne
fera pas de vaine querelle sur ce point.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Westmount, non.
M. French: En réplique sur cela?
Le Président (M. Bordeleau): Non, c'est juste une
discussion. De toute façon, on est sur l'article 14.
M. Doyon: Simplement à la suite des remarques du ministre
sur les tableaux qu'il vient de nous remettre et que M. le chef de l'Opposition
avait déposés entre les mains du président du Conseil du
trésor. Je comprends bien qu'il fait des rajustements, sauf que ce que
je veux souligner, c'est qu'hier le
président du Conseil du trésor disait assez clairement
que, selon lui, ces chiffres avaient été manipulés par le
chef de l'Opposition. Ce que je veux souligner, c'est qu'ils n'ont pas
été manipulés. Ce sont vraiment des chiffres qui
étaient disponibles et qui ont été tirés de
très bonne source. Il manquait peut-être d'explications pour les
situer dans leur contexte, ce qu'a fait le président du Conseil du
trésor. Mais ce que je veux souligner, c'est qu'il n'y avait eu aucune
manipulation et si le président du conseil ne l'a pas dit, tant
mieux!
M. Bérubé: Non, non. M. le Président, on me
prête une affirmation que je n'ai pas faite. J'ai simplement dit qu'avant
de commenter directement les chiffres du chef du Parti libéral, qui
étaient passés par les mains des analystes du Parti
libéral, je voulais m'assurer que je pouvais les réconcilier avec
des données objectives provenant directement du secrétariat du
Conseil du trésor, ce qui a été fait. Donc, nous avons les
bonnes données de base pour entreprendre la discussion.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Est-ce que l'article
14 sera adopté?
M. Blais: Adopté.
M. Bérubé: Je suis convaincu, M. le
Président, que quiconque lira notre journal des Débats ne
comprendra rien.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 14, M. le
député de Louis-Hébert?
Étude article par article (suite)
M. Doyon: À l'article 14, M. le Président...
M. French: Avant que mon collègue de Louis-Hébert
commence ses commentaires sur l'article 14, je pense qu'on a établi une
certaine procédure qui était, compte tenu de la situation dans
laquelle l'Opposition officielle se trouve à la fin de la session, que
le ministre nous donne un bref exposé de chaque article et je voudrais
bien qu'il commence comme cela.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
Contribution de l'employeur
M. Bérubé: Nous en sommes à l'article 14. Je
vais le lire, c'est plus facile pour moi parce que, dans certains cas, il y a
certains de ces articles que j'ai vus il y a quelques semaines et il faut que
je me les remette à l'esprit. "L'article 121 de cette loi est
remplacé par le suivant: "121 La contribution de l'employeur est
égale aux cotisations des employés." Je pense que c'est clair. Il
s'agit tout simplement d'un article qui prévoit le nouveau partage
à 50-50 par rapport au partage antérieur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je pense qu'il faut souligner . les conséquences
de cet article qui est très court, mais qui est fondamental et qui est
le pivot même de ce que propose le gouvernement comme
réaménagement, pour être gentil, des régimes de
retraite du secteur public. Ce sur quoi je veux attirer l'attention du ministre
et en même temps de la commission, c'est qu'actuellement, au RRE, les
renseignements dont je dispose indiquent que la contribution de l'employeur est
de l'ordre de 14,75% et que la participation du cotisant - c'est important de
le souligner - au régime RRE est de 6,24%, ce qui fait, d'après
les renseignements dont je dispose, un coût total des régimes en
pourcentage de la masse salariale de l'ordre de 20,99%.
Après l'adoption du projet de loi, si le gouvernement persiste
à vouloir faire accepter ce projet de loi, il faut réaliser que
le gouvernement ou les employeurs en général, en ce qui concerne
le RRE, auront une cotisation qui diminuera, à toutes fins utiles, de
moitié, de 50%. La cotisation du côté de l'employeur,
d'après les renseignements dont je dispose, passera à 7,58%.
M. de Belleval: Dans le cas du RRE. M. Doyon: Oui, du RRE.
M. de BeUeval: Et le RRF?
M. Doyon: Je vais revenir au RRF tout à l'heure. Ce n'est
pas tout à fait les mêmes chiffres, d'après ce que
j'ai.
M. de BeUeval: D'accord, mais c'est à peu près les
mêmes proportions. Vous avez raison.
M. Doyon: Et la participation des cotisants augmentera, elle,
passant de 6,24% à 7,58%.
M. de Belleval: C'est tout à fait juste.
M. Doyon: Ce qui fait un total des cotisations de 15,16%. Et je
pense que cela, c'est important de le souligner parce que cela implique des
diminutions de coûts pour le gouvernement qu'il faut établir et
reconnaître, et cela implique aussi des
augmentations pour les cotisants. Je vais faire le tour des deux autres
régimes où on retrouve des effets similaires. Si on parle du
RREGOP maintenant, les informations dont je dispose m'indiquent,
qu'actuellement la participation de l'employeur au RREGOP est de 7,83%.
M. de Belleval: Non.
M. Doyon: La participation du cotisant se situe à 5,59%,
ce qui fait un coût total des régimes en pourcentage de 13,42%.
Ces pourcentages sont modifiés avec le projet de loi, passant, dans le
cas de l'employeur, de 7,83% à 5,29%, ce qui fait une diminution
considérable. Je ne sais pas le pourcentage que cela donne, mais c'est
quand même considérable. Il y a une légère
diminution à l'avantage du cotisant, étant donné que sa
participation passe de 5,59% à 5,29%.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Doyon: Ce qui fait que le total de la masse salariale
affectée actuellement, telle que cela existe avant le projet de loi,
s'établit à 13,42%, tandis qu'à compter de l'adoption du
projet de loi ce total s'établira à 10,58%.
Maintenant, pour ce qui est du Régime de retraite des
fonctionnaires, ce n'est pas exactement ce qui se passe dans le RRE. Il y a une
légère différence puisque l'employeur avait une cotisation
établie à 12,25% et elle passera à 6,91% avec le projet de
loi, selon les renseignements dont je dispose, quelque chose qui s'en
approche...
M. de Belleval: C'est cela, oui, oui, c'est cela.
M. Doyon: ... et les cotisants de 6,12% à 6,91%; encore
là, une augmentation.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Doyon: De tout cela, M. le Président, il résulte
des coûts qu'il faut traduire en dollars pour les personnes qui vont
être affectées par ces nouveaux partages de cotisations. Je tiens
à en faire la démonstration ici, à la commission
parlementaire, de façon qu'on ne soit pas seulement dans des chiffres
abstraits où on parle de pourcentages sans voir ce que cela implique
pour les gens qui vont payer ces cotisations. Les calculs qui m'ont
été soumis, M. le Président, ont pour effet, dans le cas
d'un salaire... Parlons du coût approximatif pour une personne qui cotise
à divers régimes de retraite et regardons ce qui se passe selon
le salaire qu'elle reçoit. Dans le cas d'un salaire de 20 000 $...
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Blais): Un instant, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Bérubé: ... est-ce que le député
de Louis-Hébert me permettrait simplement de lui dire que les chiffres
qu'il s'apprête à citer à partir d'un texte syndical sont
faux?
M. Doyon: Bon, c'est cela. Je vais les exposer, puisque ce sont
des chiffres qui m'ont été fournis.
M. Bérubé: Parfait.
M. Doyon: Le ministre aura sûrement l'occasion de
rétablir les faits si ce n'est pas le cas.
M. Bérubé: On les corrigera.
M. Doyon: Si je comprends bien, jusqu'à maintenant, M. le
ministre, puisque j'avais l'assentiment et que le député de
Charlesbourg opinait continuellement dans le même sens que moi, les
chiffres que j'ai exposés jusqu'à maintenant sont exacts.
Maintenant, si les calculs qui découlent de ces chiffres-là pour
différentes hypothèses de salaires sont faux, il appartiendra au
président du Conseil du trésor, s'il peut le faire, de
rétablir les chiffres et de dire où s'établissent les
erreurs qui ont été faites.
Évidemment, je ne suis pas un actuaire, je ne suis pas un expert.
Je dois me baser sur certains calculs qui ont été faits par
d'autres et je suis sûr que le ministre a aussi ses experts qui se feront
un malin plaisir de rétablir des erreurs qui pourront s'être
glissées quelque part. Ce que je veux soumettre à la commission,
c'est que, selon les chiffres qui me sont soumis, M. le Président, pour
une salaire de 20 000 $, actuellement la contribution au RREGOP est de 1118 $
et, qu'il y aurait une légère diminution le 1er juillet 1982,
passant à 1058 $. Si on regarde maintenant, toujours pour le même
salaire de 20 000 $, M. le Président, ce qui se passe dans le cas du
RRE, actuellement la cotisation de l'employé est de 1248 $ et qu'elle
est...
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Terrebonne. Je m'excuse, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Sur quoi? Une question de règlement ou...
M. Blais: Est-ce que vous permettriez que je vous pose une petite
question avant de continuer?
M. Doyon: Bien, M. le Président...
M. Blais: Si vous ne me le permettez pas, vous dites non, c'est
tout. Me le permettez-vous?
M. Ooyon: Je ne veux pas vous frustrer de quoi que ce soit, mais
je suis déjà dans des chiffres et c'est assez compliqué
comme cela de suivre la ligne de ma pensée.
M. Blais: Vous répondez non.
M. Doyon: Je ne vois pas l'utilité...
M. Blais: Répondez non.
M. Doyon: Cela peut tout simplement mêler mon...
M. Blais: C'est parce que je ne voyais pas l'utilité de
votre intervention; je voulais vous poser une question, c'est tout.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, continuez, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Alors, M. le Président, avant d'être
interrompu par le député de Terrebonne, j'établissais que,
pour un salaire de 20 000 $, un cotisant au RRE verrait sa contribution passer
de 1248 $ à 1516 $, donc, une augmentation assez considérable.
Alors, on verra ce que cela donne, vous allez sûrement m'expliquer
pourquoi c'est faux.
M. Bérubé: Peut-être que le
député de Louis-Hébert me permettrait d'attirer son
attention sur le document qu'il a sous les yeux. Il va voir
immédiatement la preuve que cela est faux. Il verrait, par exemple, que
pour un salaire de 30 000 $, actuellement on inscrit 1677 $ au RREGOP. Vous
retrouvez le chiffre? RREGOP, 30 000 $, 1677 $. C'est bien cela?
M. Doyon: Oui, oui. (12 heures)
M. Bérubé: Or, si vous prenez toujours votre
document et que vous allez au tableau 7 de la page 10, regardez la note au bas
du tableau: pour un salaire annuel de 30 000 $, c'est 6,06% ou 1816,88 $ qu'il
doit payer au RREGOP. Vous voyez que le chiffre de 1816,88 $ est connu de la
CEQ puisqu'elle le cite correctement, et c'est vraiment le bon chiffre, dans sa
note en bas de page. Mais, lorsqu'elle le reprend dans son tableau, elle le
fausse et inscrit non plus 1816,88 $, mais 1677 $. Voyez-vous, même la
CEQ a dans ses données les chiffres exacts du coût; elle le met
dans un bas de page: pour un salaire annuel de 30 000 $, c'est 1816,88 $ qu'il
faut payer au RREGOP et, dans son tableau, pour un salaire de 30 000 $, elle
met 1677 $. Tout le reste est à l'avenant, c'est-à-dire que la
CEQ a les chiffres exacts, mais son tableau est totalement erroné du
début à la fin et, dans les documents qu'elle distribue à
la population et à ses syndiqués, elle a même une autre
citation où elle a fait l'erreur de citer le bon chiffre. Alors, vous
pouvez continuer votre intervention, M. le député de
Louis-Hébert, mais elle n'a aucune valeur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Je suis bien prêt
à reconnaître que les chiffres qui me sont fournis ne sont pas
exacts. Je ne les endosse pas, je les soumets au président du Conseil du
trésor pour qu'il établisse les véritables chiffres. Je
vais donc reformuler mon intervention, M. le Président. Je vais demander
au président du Conseil du trésor de nous dire de combien
à combien va passer la cotisation au RREGOP pour un salaire de 20 000 $
d'un fonctionnaire ce qu'il paie actuellement en comparaison de ce qu'il va
payer à compter du 1er juillet 1982.
Je vais lui demander de faire la même opération pour le
Régime de retraite des enseignants, de même que pour le RRF, afin
que l'on comprenne mieux l'évolution, ce que cela veut dire en cents et
dollars, puisque c'est sa spécialité. Je vais également
lui demander de nous établir cela pour des salaires de 25 000 $ et 30
000 $. Il doit avoir les bons chiffres, puisqu'il peut me dire que ceux-ci ne
sont pas bons. Une chose qu'il va quand même reconnaître, c'est
qu'il va de soi et qu'il tombe sous le sens commun que les pourcentages de
cotisation que j'ai établis tout à l'heure et sur lesquels le
député de Charlesbourg était totalement d'accord sont,
dans le cas du RRE et dans celui du RRF, augmentés alors que,
contrairement à ça, la participation gouvernementale ou de
l'employeur est diminuée. Il tombe sous le sens commun qu'il est normal
et prévisible et qu'il ne peut se faire autrement que, dans les cents et
dollars, si on calcule les cas concrets sur un salaire de 20 000 $, il y a des
augmentations que subissent les cotisants. Là-dessus, M. le
Président, si on parle d'augmentation de coûts, j'aimerais que le
président du Conseil du trésor, par la même occasion, nous
dise s'il est exact que l'impact financier, pour une période d'un an, en
ce qui concerne les engagements financiers du gouvernement pour la
période de juillet 1982 à juin 1983, pour les trois
régimes regroupés, est une diminution de l'obligation de payer ou
de s'engager à payer, de la part du gouvernement, de l'ordre de 188 605
000 $, alors que, si on veut évaluer, comparer, si vous voulez, l'impact
favorable au gouvernement, qui est de l'ordre de 188 000 000 $ pour une
année entière, avec l'impact défavorable,
c'est-à-dire le coût réel pour les syndiqués, il
faut
tenir compte d'un certain nombre de facteurs qui sont les suivants: la
diminution de l'indexation de 3%; ça, c'est un coût que les
syndiqués vont avoir à subir tôt ou tard.
M. Bérubé: Une perte de bénéfices.
M. Doyon: C'est un impact financier... M. Bérubé:
Oui.
M. Doyon: ... défavorable. Il y a aussi un autre facteur
dont il faut tenir compte en ce qui les concerne, c'est l'indexation
proportionnelle pour la première année d'indexation de la
pension. Le président du Conseil du trésor, lors de son discours
de présentation en deuxième lecture, a qlissé très
rapidement là-dessus en disant qu'il y avait là quelques millions
de dollars qui pouvaient être éparqnés au gouvernement. Il
pourrait être plus précis en commission parlementaire et nous dire
ce qu'il en est de cette épargne que va réaliser le gouvernement
pour ce qui est particulièrement de l'indexation proportionnelle pour la
première année d'indexation de la pension et des autres
coûts à être portés par les
bénéficiaires ou les cotisants actuels du régime de
retraite. Comme je le disais tout à l'heure, c'est le nouveau partage
des coûts des régimes de retraite.
Il faut tenir compte de ces trois éléments pour savoir ce
que les syndiqués vont avoir à supporter comme impact financier
défavorable, désavantageux pour eux. Les chiffres que j'ai
là-dessus - le président du Conseil du trésor pourra me
contredire là-dessus comme il dit pouvoir me contredire sur autre chose
- c'est que finalement le coût total en perte de bénéfices
encouru à tout moment donné va s'établir à 381 000
000 $. Alors, qu'on ne s'étonne pas, dans ces circonstances, devant un
tel impact financier défavorable, que les bénéficiaires,
que les cotisants fassent un peu la grimace et qu'ils ne soient pas totalement
heureux. Le gouvernement nous fait valoir une épargne de 188 000 000 $
d'après les calculs, mais, si on regarde le coût réel pour
les cotisants - je pense qu'il faut en tenir compte - on arrive à
près de 400 000 000 $. C'est ce que je soumets et j'attends les
explications du ministre là-dessus. On verra après quelle
conclusion il faut en tirer.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Louis-Hébert a cité un total qu'il
extrait du même document, après que je lui ait fait la
démonstration que le document lui-même était erroné.
En fait, tout récemment, une institutrice écrivait dans un
journal une lettre ouverte dans laquelle elle se plaignait de l'information
souvent faussée sciemment par sa centrale syndicale, ce qui ne lui
permettait pas de se faire une opinon. Je suis incapable de dire si le
document, qualifié de document d'information de la CEQ, est
faussé sciemment; je ne pourrai donc pas affirmer que l'institutrice a
raison. Mais une chose est sûre, c'est qu'il est faux. Qu'il ait
été faussé sciemment ou qu'il soit faux, ce sont deux
choses distinctes, je le concède, et je laisserai à
l'institutrice le soin de faire sa propre analyse, mais il est faux. Le
député de Louis-Hébert le reprend à son compte en
disant: Vous voyez, 380 000 000 $, c'est épouvantable.
Évidemment, c'est une façon de soulever des foules, mais
c'est erroné. Non seulement est-il faux, mais le problème,
lorsque l'on fausse des chiffres, c'est qu'il faut être d'une
cohérence totale pour être certain qu'on ne fasse pas un jour
l'erreur de se contredire soi-même.
J'ai dirigé de la recherche pendant des années et, lorsque
vous dirigez des chercheurs, vous apprenez à ne pas
répéter toutes leurs expériences, ce n'est pas possible.
Vous apprenez à vérifier la cohérence interne d'un
ensemble de données, de telle sorte que, lorsque vous découvrez
des incohérences internes, vous pouvez les retracer. Je dois vous dire
que c'est malheureusement assez fréquent que certains chercheurs
prennent leurs rêves pour des réalités et on a tendance
à forcer la réalité pour qu'elle donne ce qu'on voudrait
qu'elle donne, et il arrive parfois qu'effectivement il y a des données
scientifiques de faussées. Une des seules façons de le
vérifier, c'est de vérifier la cohérence interne, de
s'assurer que si, effectivement, tel type de calcul conduit bien à tel
résultat, il doit également entraîner telles
conséquences et aller vérifier les conséquences. Or,
lorsque, dans un même document, on nous cite le chiffre exact des
cotisations pour un salaire annuel de 30 000 $, cotisations qui totalisent
1816,88 $ et que, subséquemment, on bâtit une argumentation sur un
chiffre qui n'est plus le même, mais qui devient 1677 $, je ne peux
malheureusement pas répondre à l'argumentation du
député de Louis-Hébert, parce que je me retrouve devant un
fait typique d'incohérence et d'inconsistance dans les
données.
D'ailleurs, je rappellerais au député de
Louis-Hébert que, tantôt, j'ai dû justement reprendre les
chiffres du chef du Parti libéral pour bien lui montrer que je lui avais
bel et bien donné la bonne réponse, que les données qu'il
avait en main étaient incomplètes et qu'il fallait effectivement
les compléter pour pouvoir avoir une base valable de comparaison.
Je ne peux donc pas répondre à
l'argument du député de Louis-Hébert, parce qu'il
repose sur des assises erronées, fausses et dont la fausseté est,
j'imagine, attribuable sans doute à de mauvais calculs, à de
mauvaises hypothèses mais qui ont été faites de bonne foi.
Donc, je prendrais tout simplement le dossier d'information de la CEQ et je le
mettrais à la poubelle en disant: II devrait être retiré
normalement. On devrait tout simplement admettre qu'on s'est trompé et
essayer de voir comment on aborde la question maintenant sur une base
rationnelle et objective.
Reprenons l'argumentation du député de Louis-Hébert
en termes de principes plutôt que sur la base de chiffres qui n'ont pas
de signification. Indéniablement, à partir du moment où le
gouvernement réduit son taux de cotisation, il diminue sa contribution
et fait des économies. Ceci est indéniable. Je ne le conteste
pas, c'est réel. Cependant, lorsqu'on réduit la
générosité des régimes et que,
simultanément, on réduit les taux de cotisation, l'employé
n'a rien perdu. En d'autres termes, si vous en obtenez moins et que vous payez
moins, vous en obtenez toujours autant pour votre argent. Donc, assimiler
à une perte de bénéfices une réduction d'avantages
d'un régime de retraite compensée par une réduction des
cotisations, c'est totalement erroné parce que, d'un côté,
on a baissé les bénéfices, mais, de l'autre
côté, on a baissé les taux de cotisation, le prix à
payer. Ceci s'annule. Donc, le seul moment où, effectivement, il y a
réduction des avantages, c'est lorsque le gouvernement réduit son
taux de cotisation, lorsque nous passons du rapport 5-12, 7-12 à
50-50.
Je n'ai pas le taux sous les yeux, mais je l'ai donné dans un des
communiqués de presse qui a été cité. Je vais vous
le donner, je dois l'avoir sous les yeux. Lorsque, par exemple, au RREGOP, nous
défrayons, à l'heure actuelle, 58% des bénéfices et
que nous baissons à 50%, indéniablement, on vient de perdre 8% de
contribution gouvernementale. C'est inattaquable, je le reconnais. Quand on
passe de 67% à 50% dans le cas du RRF, c'est également la
même chose. Quand on passe de 70% à 50%, c'est également la
même chose. Là-dessus, je suis absolument d'accord avec vous. On
s'entend: Lorsque nous baissons notre taux de participation au régime de
retraite, nous réduisons les avantages dont bénéficie
l'employé. Lorsque nous baissons, cependant, les avantages du
régime et que nous baissons les cotisations en conséquence, il
n'y a nulle perte pour l'employé. Les deux s'annulent. Je pense que cela
devrait répondre aux questions que vous avez posées.
Je voudrais fournir des chiffres plus exacts pour quelqu'un qui voudrait
les citer correctement. Je suis convaincu que le député de
Louis-Hébert ne voudrait pas se promener avec les chiffres de la CEQ sur
ses "hustings" pour dénoncer l'incurie gouvernementale quand il sait que
ces chiffres sont faux. Je suis convaincu de son honnêteté
intellectuelle et qu'il voudra prendre les bons chiffres. Il me fera plaisir
maintenant de lui donner les bons chiffres.
Un salarié de 20 000 $, suivant le RREGOP actuel, paie 1066,88 $.
Suivant le nouveau RREGOP, il paiera 1009,98 $. Il va donc payer moins
qu'avant. Attention! Retenez bien ce que je viens de vous dire: il a moins de
bénéfices aussi, c'est évident. Ce que l'employé du
RREGOP perd, ce sont les 8% de contribution gouvernementale
excédentaires aux 50%. C'est la seule chose qu'il perd. Pour le reste,
quand il perd des bénéfices, il baisse son taux de cotisation. Il
y a deux effets imbriqués les uns dans les autres. D'une part, le
gouvernement diminue son taux de cotisation, son taux de participation, mais,
comme en même temps il diminue les bénéfices,
l'économie que l'employé fait en termes de cotisation par suite
de la réduction des bénéfices compense complètement
et même davantage l'augmentation de cotisation qui aurait dû
résulter de la baisse de la participation gouvernementale. Donc, 20 000
$, ancienne cotisation, 1066 $; nouvelle cotisation, 1009 $. S'il vous
plaît, ne manipulons pas les chiffres qui se promènent autour et
qui sont faux! (12 h 15)
Dans le RRE et le RRF, pour 20 000 $, le taux de cotisation est de
1149,80 $; le nouveau taux de cotisation est 1417,80 $. Donc, il y a une
augmentation de 268 $ pour le RRE. Pour le RRF, 1307,80 $ contre 1149,80 $ que
je vous citais antérieurement. Donc, augmentation du taux de cotisation
de 158 $. Voilà la réalité. Un employé du RRE et du
RRF voit son taux de cotisation augmenté, dans un cas, pour les
enseignants, de 268 $ sur 1400 $ ou sur 1150 $ devrais-je dire plutôt,
puisque la base est de 1150 $; le fonctionnaire augmente sa cotisation de 158 $
sur la même base de 1150 $. Donc, son taux de cotisation s'accroît
pour des bénéfices moindres. C'est l'effet combiné de la
réduction des bénéfices et de la diminution de la
participation gouvernementale. La diminution de la participation
gouvernementale entraîne une augmentation des taux et la réduction
des bénéfices entraîne une diminution des taux et c'est
l'effet combiné des deux que je viens de vous décrire.
Tout effort factice de la CEQ pour tenter de jouer avec les chiffres et
de leur faire dire ce qu'ils ne disent pas est dangereux. Je donnerais un
conseil au député de Louis-Hébert, c'est de manipuler
très soigneusement les chiffres de la CEQ et de toujours garder à
l'esprit la lettre ouverte de cette institutrice parue dans tous les journaux,
il y a deux jours. Si je prends le
chiffre de 30 000 $ de salaire annuel, sous le RREGOP, la cotisation
totale était de 1816,88 $, elle baisse à 1719,98 $. Donc, 281 000
employés de l'État font partie du RREGOP et ces 281 000
employés de l'État vont voir leur cotisation, s'ils gagnent 30
000 $, passer de 1816 $ à 1719 $. Qu'arrive-t-il aux enseignants au
nombre de 45 900?
M. Polak: Une réduction de bénéfices.
M. Bérubé: Absolument. Soyons de bonne foi. Ayons
les données correctes et, après cela, nous pourrons nous engager
dans un débat. C'est toujours dangereux de s'engager dans un
débat sur la base de données fausses. Je pense gu'à ce
moment-là on induit la population en erreur, mais inconsciemment on
s'induit soit-même en erreur. Donc, c'est dangereux. Dans le cas des 45
900 enseignants gui font partie du RRE, s'ils gagnaient 30 000 $, leur
cotisation passerait de 1858 $ à 2260 $ et, dans le cas des
fonctionnaires, au nombre de 26 000, s'ils gagnaient 30 000 $, leur cotisation
passerait de 1858 $ à 2095 $, soit 237 $ d'augmentation. Voilà
véritablement la réalité. La réalité, c'est
que les participants au RRE et RRF en petit nombre, reconnaissons-le, vont voir
leur taux de cotisation augmenter alors gue les bénéfices
diminuent. Tandis gue ceux du RREGOP vont voir leur taux de cotisation baisser
parce que les bénéfices diminuent, mais également parce
gue le gouvernement diminue sa contribution. Voilà véritablement
la réalité des faits.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Le président du Conseil du trésor fait
grand état de la fausseté des chiffres de la CEQ. À
l'entendre, il y aurait disproportion et cela n'aurait aucun commun rapport
avec la réalité. Je ne ferai pas une bataille de chiffres, parce
gue ce n'est pas ma hache, sauf que, lorsque le président du Conseil du
trésor nous dit qu'au lieu de 2274 $ gue je verse pour un salaire de 30
000 $ comme étant la nouvelle cotisation au RRE et gu'il m'apporte comme
étant un argument absolument dévastateur gui devrait m'obliger de
m'écraser et de passer en dessous de la table, le véritable
chiffre est 2260 $, une différence de 14 $, je m'excuse beaucoup, mais
il n'a pas changé grand-chose. Je comprends qu'il est à la
"cenne" près et tout ça; c'est très bien. Il est en train
de prendre un canon pour tuer une mouche. On parle de 14 $ sur 2260 $; cela ne
m'impressionne pas outre mesure. Sur cela, le président du Conseil du
trésor est beaucoup moins volubile que quand il s'agit de
détruire des documents syndicaux qui sont faits avec les moyens du bord,
pas avec une batterie d'experts, pas avec toutes sortes de gens qui sont
payés à même les fonds publics. Ce sont les travailleurs
qui sont obligés de se cotiser à même leurs cotisations
syndicales pour se payer les instruments qu'ils peuvent avoir. Ils font ce
qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont et quand le président du
Conseil du trésor vient nous dire: Ça, c'est de la cochonnerie,
jetez-moi ça au panier, ça ne vaut pas la peine qu'on s'en
occupe, je le remercie beaucoup pour le respect qu'il porte aux cotisants des
syndicats, aux employés de l'État. Ils font ce qu'ils peuvent
avec ce qu'ils ont. Alors, ils n'ont pas les moyens dont dispose le
président du Conseil du trésor, c'est bien certain. Qu'on vienne
nous faire un plat avec une différence de 14 $, M. le Président,
je pense que les syndigués seront en mesure de juger de la bonne foi du
président du Conseil du trésor. Je laisse cela à leur
jugement, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Sur la guestion du député
de Louis-Hébert, sur l'intervention du député de
Louis-Hébert gui vient de terminer...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. le ministre.
Le député de Louis-Hébert n'a pas terminé.
M. Doyon: Je n'ai pas fini, moi. Ce n'était pas une
question, c'était tout simplement une différence d'opinion sur
l'espèce de grande argumentation...
M. Bérubé: En somme, il parlait au
député de Laurier.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
ministre. Laissez continuer le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: C'était tout simplement une mise au point, M. le
Président, pour situer comment peut parfois être avantagé
d'une façon absolument disgracieuse le gouvernement, l'espèce de
disproportion des moyens dont disposent les deux camps qui doivent faire valoir
leur point de vue. Je pense, M. le Président, qu'on devrait, du
côté du gouvernement, être un petit peu plus tolérant
et être un petit peu moins triomphaliste là-dessus. C'est entendu
qu'ils disposent de meilleurs experts, qu'ils ont de meilleures calculatrices
et de plus beaux bureaux, et plus de monde. Vous n'avez pas besoin de nous
faire la preuve de ça. On est certain de ça. Les syndicats sont
certains de ça aussi. Ils savent cela. Ils font ce qu'ils peuvent avec
le peu de choses qu'ils ont.
Ce sur quoi le président du Conseil du
trésor se garde bien de s'étendre, cependant, c'est:
Comment concilie-t-il la perte de bénéfices avec l'augmentation
des coûts? Il nous dit: II y a diminution de coûts, par exemple,
dans le cas du RREGOP. Il y a aussi, et c'est normal qu'il nous le dise,
diminution de bénéfices. M. le Président, une fois qu'on a
dit ça, on n'a rien dit puisque ce qu'il faudrait savoir du
président du Conseil du trésor, c'est comment se compare une
diminution de coûts qui passe, dans le cas, par exemple, du RREGOP, pour
un salarié de 20 000 $, d'après les chiffres du président
du Conseil du trésor, de 1066 $ à 1009 $, si j'ai bien pris ses
chiffres, comment se compare cette diminution de coûts, qui est
absolument négligeable, minime, avec la diminution considérable
des bénéfices. Cela est beaucoup plus considérable, M. le
Président, parce que le gouvernement diminue sa contribution non pas en
proportion de la perte de bénéfices, c'est-à-dire que les
pertes de bénéfices par les cotisants du RREGOP, de même
que par les cotisants du RRE et du RRF, ne sont pas proportionnées avec
les rajustements de coûts dont, dans certains cas, ils peuvent profiter
ou dont ils sont victimes, dans d'autres cas.
Qu'on vienne nous dire, M. le Président, qu'on augmente ou qu'on
diminue les coûts et qu'à ce moment les bénéfices
sont ajustés à la hausse ou à la baisse - dans ce cas-ci,
c'est toujours à la baisse - pour un cotisant X qui gagne 20 000 $ et
qui paie actuellement 1066 $, ce cotisant voyant sa contribution passer
à 1009 $, l'obligation que je prétends que le président du
Conseil du trésor a, c'est de nous établir que cette faible
baisse dans sa contribution, dans sa cotisation, équivaut à ce
que cela va lui coûter quand il va voir son indexation diminuer de 3%,
quand il va voir l'indexation proportionnelle selon le moment de son
entrée à la retraite.
Le président du Conseil du trésor doit établir une
adéquation entre ces deux éléments. Il n'est pas
suffisant, M. le Président, de jeter de la poudre aux yeux et de dire:
II est vrai que les bénéfices baissent. Vous devez
reconnaître aussi que les cotisations baissent. Ce qu'il doit faire,
c'est nous prouver, nous amener sur la table nous n'avons pas les experts dont
il dispose; tout ce dont on peut se contenter, et c'est le rôle de
l'Opposition, c'est de poser des questions - l'adéquation de la perte
des bénéfices versus la diminution des cotisations. C'est ce
qu'on n'a pas vu.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... la réponse est très
simple. Pourquoi je n'accepte pas le document de la CEQ? C'est que lors des
rencontres techniques, on lui a fourni tous les chiffres et la plus belle
preuve qu'elle a tous les chiffres, c'est qu'elle a fait l'erreur d'en citer un
certain nombre d'exacts dans son propre document. Donc, le reproche que je fais
- d'ailleurs, je ne prétends pas que c'est fait de mauvaise foi - c'est
qu'il est faux. Malheureusement, la CEQ a les données exactes. Que
quelqu'un se soit trompé en recopiant les chiffres ou ayant fait de
mauvais calculs, c'est son problème. Si vous voulez acheter
automatiquement les données que vous avez sous les yeux, c'est votre
problème également, mais la poudre aux yeux, malheureusement, je
pense qu'elle n'a pas été jetée du côté du
gouvernement. Tout dossier doit être traité correctement.
Pour permettre au député de Louis-Hébert d'orienter
sa réflexion - parce que je pense qu'il est parti sur une mauvaise voie
-je le ferais de la façon suivante. Il est facile de calculer
réellement ce qui est perdu par le syndiqué. Je dis bien: Lorsque
je baisse des bénéfices et que je baisse les taux de cotisation,
l'employé n'a rien perdu, parce que, s'il veut se le payer, il n'a
qu'à avoir un régime privé et à s'en payer plus.
C'est son droit le plus strict. Il n'a rien perdu. Là où il perd,
c'est effectivement lorsque le gouvernement réduit sa cotisation, parce
que là, évidemment, c'est quelque chose dont il ne profitera pas,
la contribution gouvernementale. Prenons, par exemple, votre employé,
votre fonctionnaire qui gagne 20 000 $ par année et qui devrait payer
dans le nouveau régime 1307,80 $. Comme on sait que ceci
représente 50% du coût, il est relativement facile de calculer le
coût réel. C'est 2615,60 $. Vous n'avez qu'à multiplier par
deux. C'est le coût réel -c'est bien simple - réparti sur
les deux partenaires. Suivant l'ancien régime où l'employé
aurait payé 100% de primes et le gouvernement, 236%...
M. Doyon: Ai-je bien compris que c'était pour le
RREGOP?
M. Bérubé: Non, vous avez mal compris. J'ai bien
dit le RRF.
M. Doyon: Non, vous avez dit le RREGOP.
M. Bérubé: Ah, je m'excuse. Reprenons les chiffres
exacts. Il est très facile, quelle que soit la prime, que ce soit
1417,80 $ ou 1307,80 $, dans le nouveau régime, les chiffres que je vous
ai donnés tantôt, vous n'avez qu'à multiplier par deux pour
obtenir le coût réel et, si vous voulez savoir comment ce
coût aurait été partagé suivant l'ancien
régime, vous n'avez qu'à prendre les taux de contribution qui
existaient dans l'ancien régime. Je vous les donne. Par
exemple, dans l'ancien régime RRF, l'employé payait 100%
et l'employeur, 236%. Dans le cas du RRE, l'employé payait 100% et
l'employeur, 200%. Dans le cas du RREGOP, l'employé payait 100% et
l'employeur, 140%. Il est donc très facile, si je vous dis qu'une prime
est de 1307,80 $, de multiplier par deux pour obtenir le coût du
système et après de répartir les primes suivant les
anciennes proportions, de calculer quelle aurait été la prime que
l'employé aurait dû défrayer, de voir combien il va
défrayer et la différence entre les deux, c'est ce qu'il
perd.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Viau.
M. Polak: De Sainte-Anne.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, de Sainte-Anne.
Avant de vous donner la parole, M. le député de Sainte-Anne, je
voudrais avouer un oubli que j'ai fait au début, c'est-à-dire que
le député de Sainte-Anne remplace le député de
Nelligan, M. Lincoln. Cela va? M. le député de Sainte-Anne. (12 h
30)
M. Polak: Oui, merci. D'accord. M. le Président, je
voudrais essayer de réduire cela à la formule la plus simple. Des
deux côtés, on a les sommes d'argent qui entrent, la part des
contributions, des cotisations et, d'autre part, on a une enveloppe pour payer
à un moment donné les pensions, les bénéfices.
Ai-je bien compris qu'il y a un équilibre entre ces deux
côtés, en d'autres termes, en termes simples, que l'argent qui
entre, la masse qui est disponible, équivaut au paiement que le
gouvernement doit effectuer? Je sais qu'il s'agit d'années et que c'est
très difficile au point de vue actuariel, mais j'en arrive à ma
question au ministre. Le but de cette loi, est-ce que c'était pour
redresser un équilibre qui n'existait plus ou est-ce que
l'équilibre existait et que, par cette loi, on cherche des fonds pour
les transférer dans d'autres activités déficitaires du
gouvernement? Si j'ai raison, cela voudra dire qu'avec ces cotisations on
finance une partie du déficit du gouvernement dans d'autres enveloppes.
Ou est-ce que le but de ce projet de loi est plutôt pour redresser un
déséquilibre qui se trouve dans ce fonds de retraite? Il y a des
employés qui m'ont dit: Ils prennent une partie de notre argent, de
notre contribution, pour financer les déficits d'autres secteurs de
l'activité gouvernementale; tandis que d'autres disent: Non, le
régime de retraite de ces fonctionnaires était à un point
où il y avait un déséquilibre; donc, pour redresser cela,
au lieu que le gouvernement prenne tant de millions de dollars pour les mettre
dans le pot, vous allez régler cela ainsi. Il y a donc deux
possibilités, j'aimerais avoir une réponse là dessus.
M. Bérubé: II y a des deux...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... dans l'explication, si j'ai bien
compris le sens de l'intervention du député de Sainte-Anne. D'une
part, il y a un déficit actuariel accumulé qui peut être
évalué autour de 9 000 000 000 $ que l'on éponge, au moins
pour l'équivalent de 6 000 000 000 $ ou 7 000 000 000 $ -c'est bien
cela? - pour 6 900 000 000 $ sur 50 ans. La différence entre les 6 900
000 000 $ et le reste, on n'y touche pas pour l'instant. Elle est dans les
limbes. Donc, on me dit que le processus d'amortissement du déficit de 6
900 000 000 $ s'applique également à celui de 9 000 000 000 $ et
celui de 9 000 000 000 $, dont on parle de temps à autre, va être
effectivement amorti sur 50 ans. Donc, d'un côté, vous avez le
passé qu'on est en train d'amortir. D'un autre côté, vous
avez un déficit courant à l'heure actuelle qui continue de
s'amplifier.
Je m'explique. Lorsque le ministre des Finances a décidé
de pleinement comptabiliser les vieux régimes, RRE et RRF, qui ne
l'étaient pas avant, ce que nous avons expliqué à
l'Assemblée nationale, c'est ceci. Lorsqu'on regarde combien le
gouvernement mettait, en 1977, dans les vieux régimes, on
s'aperçoit qu'il y injectait - je vais arrondir les chiffres parce que
je ne les ai pas sous les yeux - mettons, autour de 200 000 000 $. Aujourd'hui,
on doit injecter autour de 1 100 000 000 $. Ce que l'on constate, c'est que le
ministre des Finances a pris la décision à l'époque
d'inscrire les contributions gouvernementales aux régimes de retraite
dans ses dépenses, ce qui n'était pas fait antérieurement,
sauf pour le RREGOP. Pourquoi faire cela? C'est pour bien faire ressortir les
engagements que l'État prend vis-à-vis de l'avenir, puisque
devoir payer une pension dans 25 ans, c'est la même chose que devoir
rembourser un emprunt que nous contractons maintenant. C'est exactement la
même chose. Donc, il est important de regrouper globalement ce que nous
devons à nos régimes de retraite comme ce que nous devons
à d'autres créanciers, à d'autres prêteurs, excusez.
C'est la première partie de la réponse.
La deuxième partie de la réponse, c'est que cette
contribution que le gouvernement injectait dans ses régimes de retraite
n'était même pas suffisante. Il aurait fallu en inscrire davantage
encore et de l'ordre de centaines de millions pour tenir une
comptabilité parfaite. Or, la seule façon de faire cela aurait
été d'aller couper dans
d'autres dépenses ou d'augmenter les impôts, enfin trouver
une façon d'équilibrer. Donc, il y avait, pour assainir
correctement les régimes de retraite, une obligation de
réinjecter de nouvelles sommes dans ces fonds avec les implications que
cela a au niveau des autres dépenses, forcément.
C'est sur la base de ce constat que l'on a été
amené à se poser la question: Est-ce que nos régimes ne
sont pas trop généreux? Est-ce que, par exemple, nous ne donnons
pas une protection contre l'inflation qui excède une véritable
protection contre l'inflation? Est-ce que, par exemple, lorsque nous donnons
l'indexation en début d'année, nous ne donnons pas, dans le cas
de quelqu'un qui a simplement eu sa pension depuis une journée, une
indexation pour un an, alors qu'il n'y a eu qu'une seule journée
d'écoulée, donc, une indexation 365 fois trop grande? En d'autres
termes, notre régime lui-même n'est-il pas trop
généreux? Et, avant de réinjecter de nouveaux fonds dans
les régimes de retraite pour véritablement assainir leur
financement, ne devrait-on pas regarder comme il faut de beaucoup plus
près les conditions d'existence du régime et de les corriger
à la base? C'est le sens du projet de loi no 68 qui va nous permettre,
en réduisant la générosité de ces régimes de
retraite, de les ramener à un niveau que nos concitoyens sont davantage
en mesure de défrayer maintenant et plus tard.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Maintenant, si on compare cela avec le régime
dans le secteur privé, n'est-il pas vrai que dans le secteur
privé il faut y avoir un équilibre entre l'argent qui entre et
les déboursés qui sont effectués, parce qu'eux n'ont pas
d'autres pages pour tenter d'éponger un déficit dans
l'opération de tels fonds? Mais si, dans le secteur public, il y a un
déficit assez substantiel, est-ce que vous ne serez pas forcés
d'admettre que ce qu'on fait maintenant, c'est peut-être juste un petit
pas et que vous serez obligés de continuer pour finalement arriver
à une formule d'autofinancement comme si on mettait l'argent à la
banque et que le fonds de retraite s'administrait par ce propre fonds? Le but
que l'on recherche, c'est de redresser, de trouver un équilibre entre
l'argent qui entre et les déboursés qui se font. Est-ce que vous
ne serez pas obligés d'aller beaucoup plus loin dans les années
qui viennent ou si cette mesure qu'on présente aujourd'hui
réglera le problème? Et là, je reviens à ce que
j'ai dit hier soir, parce qu'on n'a même pas prévu dans un projet
de loi la possibilité d'une grande fluctuation dans le taux
d'intérêt; le coût de la vie, on n'a pas de contrôle
là-dessus.
M. Bérubé: On en a tenu compte. Dans les projets
actuariels, on en a tenu compte indéniablement, même avec la
présente réforme. Nous allons voir dans les années qui
viennent une augmentation importante des dépenses gouvernementales au
chapitre des régimes de retraite, de beaucoup supérieure à
l'inflation, même avec la réforme que nous avons là. Si
vous me posez la question: Est-ce que cette réforme sera suffisante dans
l'avenir, je ne peux pas vous donner de réponse parce que je ne
contrôle pas l'avenir. En effet, s'il devait y avoir un effondrement de
l'économie radical au point que notre société en soit
rendue à choisir entre garder des universités ouvertes ou avoir
des régimes de retraite moins généreux, notre
société fera ses choix à ce moment-là; je ne peux
pas les faire à l'avance. Je peux, cependant, vous confirmer qu'à
l'intérieur d'un avenir prévisible, avec des chiffres somme toute
raisonnables de croissance économique, le Québec n'aura pas
à faire de tels choix à une condition, c'est qu'il prenne un
certain nombre de mesures radicales dès maintenant. En ce sens, la
réforme annoncée avant la campagne électorale par le
ministre des Finances de comprimer les dépenses de 1 000 000 000 $, on a
pu en réaliser à peu près 85%, avec les compressions de
cette année de 670 000 000 $. Un réalignement de la croissance
des masses salariales au gouvernement, un réalignement de la croissance
de certains programmes gouvernementaux sont absolument nécessaires pour
garantir l'avenir, pour faire en sorte que ces choix dont on parle, nous
n'ayons pas à les faire. Mais si on ne devait pas opérer le
redressement maintenant, les choix dont vous parlez deviendraient
inévitables.
Ce que nous faisons à l'heure actuelle, c'est que nous planifions
l'avenir.
M. Polak: Vous ne pouvez pas donner la garantie que ce qu'on fait
ici, avec ce projet de loi, peut-être que c'est seulement un premier pas,
une ouverture de porte, et qu'il est possible que le gouvernement soit
forcé d'ouvrir cette porte beaucoup plus largement. C'est cela gui
inquiète énormément les employés. Je pense qu'ils
pourraient dire: Les changements qu'on nous propose, on ne les aime pas, mais,
s'il y avait une sorte de garantie que cela arrêterait là, ils
accepteraient cela beaucoup plus facilement. La peur qu'ils ont, c'est que cela
est le tout début et qu'en commençant avec cela on va aller plus
loin et que, l'an prochain, il y aura d'autres mesures qui vont suivre. Vous
serez obligés de venir avec d'autres mesures.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Non, non. Là, vous parlez
du court terme. Dans la planification à court terme, je peux vous
répondre non. On ne peut pas imaginer à l'heure actuelle qu'on
puisse avoir à court terme à retoucher aux régimes de
retraite. Je pense que la réforme que nous faisons assainit
complètement les finances de ces régimes en ne camouflant aucun
déficit, en en réduisant la générosité, de
telle sorte que la croissance du coût des régimes va être
beaucoup moindre dans l'avenir. Mais je continue à vous dire qu'elle
sera encore plus rapide que l'inflation, à cause du vieillissement de la
population.
Je n'ai pas de contrôle sur la situation économique et vous
non plus, d'ailleurs, M. le député de Sainte-Anne. Par
conséquent, je ne peux pas vous dire quelle sera la situation
économique l'année prochaine. Des économistes disent
redressement. Si effectivement il y a redressement, il n'y a pas de
problème. S'il y a effondrement, qu'arrive-t-il, M. le
député de Sainte-Anne? Il y a des remises en question, d'autres
remises en question. C'est que, face à l'inévitable, il faut
prendre les mesures qui s'imposent. Si j'avais un reproche à faire
à la critique de l'Opposition dans tout le débat auquel nous
avons assisté, c'est justement l'absence d'alternatives,
c'est-à-dire qu'on ne peut pas être contre les taxes, contre les
déficits, contre les coupures et penser qu'on est cohérents. Il
faut être cohérents.
M. Polak: On a une réponse.
M. Bérubé: C'est cela qui est fondamental dans le
débat d'aujourd'hui.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Voulez-vous
continuer?
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je ne voudrais pas
répondre en détail au ministre, mais tout de même je
n'accepterai pas sa thèse suivant laquelle l'Opposition critique, mais
n'a pas de réponse. On a une réponse. La réponse, c'est
que cela prend vraiment un changement de gouvernement. C'est que l'attitude de
votre gouvernement fait apparaître le manque de confiance chez les gens.
C'est très important, le facteur psychologique. Vous allez perdre avec
cela encore plus. L'année prochaine, vous serez forcés
d'élargir même le principe de ce projet de loi, justement à
cause de votre politique. Chaque fois qu'une compagnie quitte la province de
Québec - il y a une semaine, on parlait d'une compagnie d'assurances -
on dit: Mais qu'elle s'en aille ailleurs. C'est bien beau de le dire, mais cela
est un raisonnement dangereux. Si le climat était différent, je
peux vous assurer que la base de taxation serait beaucoup plus forte et que
vous seriez beaucoup moins forcés de prendre ces mesures.
M. Rivest: Exactement.
M. Bérubé: M. le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: Cela, c'est juste un point. Je peux vous donner dix
autres points de redressement. Je n'ai pas encore parlé du gaspillage
des fonds publics, c'est une autre enveloppe énorme. Le ministre dit
toujours, aux engagements financiers: Le député de Sainte-Anne
critique 1 000 000 $ ici et 1 000 000 $ là, qu'est-ce que cela veut
dire? Mais si on trouve 100 fois 1 000 000 $ ou 200 fois 500 000 $, on trouve
déjà alors 100 000 000 $. Mais on n'a pas encore commencé.
J'ai lu un peu le rapport de la commission Bisaillon sur la productivité
de la fonction publique. Il y a de très bons points dans ce rapport.
Rien n'a été fait encore. Vous êtes au gouvernement depuis
cinq ou six ans. C'est là que le gaspillage se trouve. Ce n'est pas en
congédiant ces gens qu'on va obtenir de la productivité. Je crois
qu'aussi longtemps qu'on sera sous un régime péquiste nous serons
dans le pétrin, dans la misère, on ne s'en sortira pas. À
un moment donné, on va prendre votre boutique en faillite et on va
rebâtir cela, le nouveau Québec 1983.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Sainte-Anne vient d'affirmer deux choses
erronées. Le député de Sainte-Anne, d'ailleurs, par
l'attention qu'il porte continuellement au débat cherche à nous
corriger, justement. Chaque fois qu'il y a une fausse donnée, il cherche
à la corriger.
II a dit tantôt: II faut changer de gouvernement parce que c'est
le gouvernement qui est responsable de l'effondrement de l'économie.
Une voix: Cela crève les yeux.
M. Bérubé: Première affirmation, et elle est
erronée.
M. Polak: J'admets que le fédéral porte
partiellement le blâme aussi. (12 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: J'ai sous les yeux la part des
investissements par secteurs, où l'on compare le Québec à
l'ensemble du Canada, depuis 1956. Il est très intéressant de
constater des diminutions continues. C'est-à-dire que les départs
d'entreprises du Québec n'ont rien à voir avec l'élection
du Parti québécois. Le député de Sainte-Anne
pourrait trouver ces données dans le bouquin
d'économie de Fréchette. Vous avez cela ici.
M. Sirros: Cela commence à fléchir. C'était
pour quelles années, cela?
M. Bérubé: Cela remonte à partir de 1970
jusqu'en 1975. Si vous voulez, je vais vous répondre tantôt.
M. Sirros: Je vais garder l'autre.
M. Bérubé: Je vais vous donner la réponse
tantôt, si vous voulez avoir de la remontée. Parce qu'il y a un
tableau subséquent, très intéressant, sur la
période en question, la comparaison des investissements publics par
rapport aux investissements privés et la remontée que l'on
observe à partir de 1970 vient tout simplement de l'augmentation des
investissements publics. De fait, on y arrive. On arrive entièrement
à l'analyse. Ce départ des investissements privés du
Québec, nous le vivons depuis 1956-1960. On pourrait avoir toutes sortes
d'interprétations, expliquer que c'est le déplacement vers
l'Ouest. Il faudrait, cependant, voir si ces départs affectent autant
les Maritimes que le Québec, parce que s'il y a plus de départs
dans les Maritimes qu'au Québec, cela pourrait sous-tendre la
thèse que c'est une question de déplacement vers l'Ouest et, plus
vous êtes à l'Est, plus vous êtes affecté. Attention.
Les données de Statistique Canada ne vous permettront pas de tirer cette
conclusion. Vous allez constater que cela baisse plus vite au Québec que
partout ailleurs au Canada depuis les années soixante. Cela est une
réalité et cela continue sous l'administration libérale de
M. Bourassa.
Qu'est-ce qu'il se produit à partir de 1970? Le gouvernement se
met à investir directement, de façon massive. C'est
l'intervention de l'État, l'action des sociétés
d'État. C'est là qu'on a commencé à renverser la
tendance. C'est-à-dire que, constatant que notre économie est en
train de se saigner à blanc en perdant toutes les entreprises
canadiennes qui s'en vont vers le reste du Canada anglais, soit vers les
Maritimes soit vers l'Ontario, le qouvernement libéral de
l'époque a décidé d'utiliser les instruments de
l'État pour investir directement. Et là vous constatez -c'est
très frappant - une augmentation phénoménale des
investissements publics au Québec, que ce soit les Jeux olympiques, le
métro, la Baie-James.
D'ailleurs, j'ai souligné en Chambre que, sous le régime
libéral, il y a eu 100 000 nouveaux fonctionnaires à
Québec, alors que, sous le régime de l'actuel gouvernement, il y
en aurait eu, jusqu'à l'année dernière, 980 et, si on
tenait compte des réductions, il y en aurait à peu près
5000 à 6000 de moins. Donc, 100 000 nouveaux fonctionnaires sous
l'administration libérale contre essentiellement aucune croissance
depuis que nous sommes là et même une diminution. Qu'est-ce cela
veut dire? Cela veut dire qu'effectivement la croissance factice de notre
économie résultant de l'action gouvernementale a permis de
masquer pendant cinq ou six ans l'inévitable, c'est-à-dire qu'il
y a des départs continus d'entreprises du Québec qui ne voient
pas dans le Québec une partie du Canada, qui se sentent
aliénées lorsqu'elles vivent au Québec et qui ont tendance
à quitter. Ce n'est pas un problème qui date de quatre ou cinq
ans, contrairement à ce qu'a affirmé le député de
Sainte-Anne, mais c'est un problème qui date de vingt ans, de vingt-cinq
et trente ans même, puisque cela remonte à 1960. C'est connu,
c'est démontré par des chiffres, par des analyses; ce
phénomène est connu de tout le monde. Et il n'y a que le
député de Sainte-Anne qui prétend ne pas le
connaître. Mais je pense que, s'il voulait vraiment être
honnête, il serait obligé de reconnaître que, de 1970
à 1976, on a réussi à renverser la situation grâce
essentiellement à une augmentation de l'appareil de l'État. Et
quand il se plaint qu'il y a trop de fonctionnaires, c'est la
conséquence des actions qui ont été posées.
Ce n'est pas terminé. Là, le gouvernement change, en 1976,
et il décide de mettre l'accent sur une nouvelle révolution qui
est, cette fois, la révolution économique et il tente d'amener
les Québécois à investir directement. Qu'est-ce que nous
constatons? Ce que nous constatons est très, très
intéressant. Par exemple...
M. Sirros: 36% du chômage canadien.
M. Bérubé: ... l'enrichissement collectif... Je
regrette, j'entends le député de Laurier qui dit: "36% du
chômage canadien". Mais ce que le député de Laurier n'a pas
dit, c'est quel était le pourcentage du chômage canadien il y a 15
ans. C'était la même chose.
M. Sirros: II y a combien d'années? M.
Bérubé: II y a 15 ans.
M. Sirros: Et cela est resté la même chose?
M. Bérubé: D'ailleurs, tout récemment, on a
vu dans la Presse un article où on a comparé le pourcentage du
chômage occupé...
M. French: M. le Président, on va reprendre le
débat.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, la cloche sonne, on nous
appelle à un vote en Chambre.
Une voix: C'est quoi? Un vote?
Le Président (M. Bordeleau): Un vote! Nous le saurons
là-bas. La commission suspend ses travaux jusqu'à cet
après-midi, 15 heures.
(Suspension des travaux à 12 h 51)
(Reprise de la séance à 15 h 24)
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, s'il vous
plaît! La commission des finances et des comptes publics reprend donc
l'étude article par article des projets de loi nos 68 et 70. Sur le
projet de loi no 68, que nous avons commencé à étudier,
nous en étions, à la suspension de ce midi, à l'article
14, et nous reprenons donc l'étude à l'article 14. Est-ce que les
discussions sur l'article 14 sont terminées? L'article 14 pourrait
être adopté? Cela va, adopté?
M. Doyon: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. M. le ministre,
l'article 15, est-ce que vous voulez le présenter?
Modalités de paiement des prestations
M. Bérubé: Oui. Je pense que ce n'est pas
compliqué de voir que l'article 127 reprend essentiellement les
mêmes dispositions que l'article précédent aux premier,
deuxième, quatrième et cinquième alinéas.
Là-dessus, il n'y a absolument aucune modification. Toutefois, aux fins
de paiement, il tient compte du nouveau partage du coût du régime
à parts égales. C'est véritablement la seule
différence.
Une voix: Concordance.
M. Rivest: C'est un député ministériel, cela
concorde tout le temps.
M. Bérubé: Voyez-vous, essentiellement, à
l'alinéa a, 1er paragraphe de l'article 127, vous allez constater que,
pour les années de service qui sont créditées avant le 1er
juillet 1982, on utilise la proportion 5/12 et 7/12, toutefois, pour les
années de service créditées pour les années
subséquentes, c'est une proportion égale. C'est la
différence fondamentale. On a repris le texte de l'article 127;
toutefois, on l'a rédigé de façon différente avec
127.1 et 127.2; enfin, vous allez voir qu'on développe les
paragraphes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a un sous-alinéa,
si je comprends bien, pour chacun des très longs alinéas qu'il y
avait dans l'autre texte. Cela l'a nettoyé considérablement.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Par ailleurs, je pense bien
qu'effectivement vous soulignez qu'il n'y a pas de changement fondamental, mais
une mise à jour de 127.2, je présume, qui se réfère
à 106, celui-ci étant lui-même une adoption
ultérieure à l'adoption originale du RREGOP?
M. Bérubé: 127.2...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les syndicables non
syndiqués?
M. Bérubé: ... c'est: "La rente annuelle acquise en
vertu de l'article 106 est payée sur le fonds consolidé du
revenu" Oui, c'est exactement la même chose. On reprend la disposition de
l'article 107 que l'article 12 avait abrogé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Oui.
M. Bérubé: Si vous revenez à l'article 12
antérieur, vous allez voir que nous avons abrogé l'article
107.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est Ça.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va?
M. Rivest: À moins que le député de
Terrebonne n'ait des commentaires, M. le Président, quant à nous,
c'est adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 15 sera
adopté?
M. Blais: Adopté, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division. M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Alors l'article 15 est
adopté sur division. L'article 16?
Évaluation actuarielle et partage du coût
du régime
M. Bérubé: II s'agit tout simplement de modifier le
titre de la section pour l'intituler "Évaluation actuarielle et partage
du coût du régime" au lieu d"'Évaluation actuarielle".
À notre avis, c'est un changement de titre qui est adoptable.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. Rivest: On
pourrait en discuter, M.
le Président, mais on va en convenir avec le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, adopté sur
division?
M. Bérubé: Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, adopté. Pas de
division.
Le Président (Bordeleau): Non?
M. Bérubé: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de
division de l'Opposition.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas de division de
l'Opposition sur le titre.
M. Bérubé: En général, l'Opposition
est plutôt divisée sur elle-même mais, dans ce cas-ci...
Le Président (M. Bordeleau): Adopté tel quel. S'il
vous plaît, M. le ministre!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est de l'Opposition
positive.
Le Président (M. Bordeleau): Article 17?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On pourrait avoir un partage
des coûts de 5/12 et 7/12 dans ce cas-là, le titre ne signifie
rien.
M. Bérubé: L'article 17...
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 17, M. le
ministre.
M. Bérubé: ... porte finalement sur la
création des articles 138.1 et 138.2. Il n'y avait pas de texte
antérieur. L'article 138.1 indique que "le coût du régime
est partagé également entre l'employé et l'employeur".
C'est simplement que, dans l'évaluation actuarielle, il faut tenir
compte du partage du coût entre les parties; il ne s'agit pas simplement
d'en tenir compte dans les cotisations, mais également dans
l'évaluation actuarielle. C'est ce qui est indiqué au chapitre de
l'évaluation actuarielle, par rapport à l'article 140, qui va
être abrogé à l'article 18. L'article 140 prévoyait
un partage 5/12-7/12, enfin un partage de 100-140, si on veut.
Nous avons abrogé dans les articles 7 et 18 les articles 50 et
140. Pour ne pas perdre ces dispositions, nous les reprenons dans l'article
135.2. Il s'agit donc de la reprise exacte des paragraphes antérieurs
que nous venons d'abroger. On ne devrait pas faire d'obstacle là-dessus.
(15 h 30)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est encore drôle...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Bérubé: Alors, rigolons!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... dans la mesure où
les mots "par règlement" étaient dans l'ancienne loi. L'article
138.2 dit: "Le gouvernement peut, par règlement, à des
intervalles d'au moins trois ans réviser le taux".
M. Bérubé: Oui, je vous lis l'article 50
antérieur: "Nonobstant l'article 47, le gouvernement peut, par
règlement, à des intervalles d'au moins trois ans, réviser
le taux de la cotisation en se basant sur les évaluations actuarielles
prévues par la présente loi." Comme vous voyez, c'est le
texte.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais, évidemment, le
problème qui se pose ici, selon les employés du secteur public,
c'est que cette révision du taux faisait, quant à eux, partie
intégrante du processus de négociation, c'est-à-dire qu'il
y avait un engagement séparé pour le gouvernement de rencontrer
les syndicats et de discuter avec eux à cette fin. D'ailleurs, vous
étiez là, M. le ministre, lorsque, par voie de questions et de
réponses, les gens, notamment la FTQ, vendredi dernier, ont fait valoir
leur position à cet endroit, leur opinion quant à l'état
du dossier, quant à la qualité, à l'importance ou à
l'ampleur de la négociation qui devait avoir lieu entre le gouvernement
et les employés de l'État guant à la révision du
taux de cotisation. Si j'ai bien compris leur intervention, ce qu'il y a en
filigrane de tout, c'est que, lors de la signature de la convention qui est
toujours en cours, il y avait une compréhension très nette de la
part des employés du secteur public que toute révision du taux
n'aurait lieu qu'après des discussions et des rencontres avec les
employés. En commission parlementaire, l'autre jour, ils ont dit qu'il
n'y avait jamais eu véritablement de rencontres et de discussions au
sens où ils avaient cru le comprendre en 1979 et en 1980. Je me
demandais si vous aviez des commentaires à cet égard.
M. Bérubé: Je pense qu'on a longuement
discuté de cette question hier et j'ai eu l'occasion de souligner
l'échéancier des rencontres et des discussions en rappelant
l'annonce faite par le ministre des Finances avant le budget et
également le discours inaugural qui avait repris l'ensemble de la
problématique en allant beaucoup plus loin.
Quand le député de Sainte-Anne entre, il est difficile de
ne pas le remarquer!
M. Polak: C'est la manière péquiste d'arranger les
chaises!
M. Bérubé: Oui, et c'est surtout la manière
libérale de s'enfarger dedans!
M. Polak: J'ai une réponse prête pour vous, ce
matin!
Une voix: II ne faudrait pas généraliser!
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, vous pouvez
continuer. S'il vous plaît! M. le ministre, vous avez terminé?
M. Bérubé: Donc, le discours inaugural avait repris
l'énoncé. À la suite du discours inaugural, il n'y a pas
eu de contact, si ce n'est une demande de rencontre avec le premier ministre,
à l'automne de l'année dernière. Lorsgue le gouvernement a
décidé de reporter l'adoption du projet de loi, on a fait
comprendre qu'il n'y avait peut-être pas d'urgence immédiate pour
une rencontre et on a suspendu le tout.
Toutefois, lorsgue nous avons annoncé clairement notre intention
de procéder dès la reprise de la session en janvier, nous avons
à nouveau eu une demande des centrales pour nous rencontrer. Nous avions
également aménagé des rencontres techniques au niveau des
tables de concertation pour rencontrer l'ensemble des parties impliguées
dans une réforme des régimes. Il y eu, je crois, une
première rencontre technigue le 2 mars, au cours de laguelle nous leur
avons expliqué l'ensemble. Soulignons également gu'il y a eu une
rencontre au sommet entre le premier ministre, le ministre des Finances et
moi-même, ainsi que les chefs des trois centrales, alors qu'on nous a
demandé de surseoir à l'approbation du projet de loi sur les
régimes de retraite, en prévision du sommet, et également
en prévision d'une réflexion que les syndicats pourraient faire
sur leurs régimes de retraite. En particulier, lors de cette rencontre,
un des syndicats a insisté sur le fait gu'il avait contribué, en
1973, de façon très significative, à l'amélioration
du projet gouvernemental des régimes de retraite, du RREGOP, qu'il
n'était pas du tout exclu qu'il puisse en être de même
encore aujourd'hui, qu'il était effectivement approprié qu'on en
discute et que les centrales examinent le tout.
C'est donc à la suite de cette rencontre qu'il y a eu
dépôt de tous les documents techniques qui avaient
été demandés et, subséquemment, nous n'avons pas eu
de nouvelles demandes de la part des centrales pour approfondir tel point ou
nous faire une proposition. En fait, la réponse syndicale, nous l'avons
obtenue lorsque, à la suite de notre proposition un peu globale de
révision des salaires, on nous a indiqué qu'on rejetait
l'ensemble.
Donc, en ce qui a trait aux discussions, elles ont effectivement eu
cours conformément, si vous voulez, à l'article 5b de la lettre
annexe aux conventions. Maintenant, je rappellerai que cette lettre annexe aux
conventions, on cherche à lui donner un sens qu'elle n'a certainement
pas si on se réfère au type de clause qui existait
précédemment. On ne peut certainement pas prétendre que,
telle que rédigée, la lettre d'intention définit une
prohibition de législation que le gouvernement accepterait de s'imposer
comme on l'a fait en 1973 et en 1976. Indéniablement, c'est très
différent à cet égard.
Également, je pense gu'il y a un élément important
de l'article 5 de la lettre annexe sur lequel l'Opposition passe vite. Il faut
comprendre que, lors de la dernière ronde de négociations, nous
avons accepté qu'il y ait une participation au conseil d'administration
de la Commission administrative du régime de retraite d'un nombre de
syndiqués, en ce sens que le nombre de membres de la commission sera
accru de cinq - je lis directement la clause - dont au moins trois en
provenance du milieu syndical. Donc, lors de la négociation, nous avions
convenu d'incorporer des représentants syndicaux au conseil
d'administration. Cela explique aussi pourquoi on retrouve la clause 5 qui
porte sur le mécanisme de la réévaluation actuarielle. En
effet, la loi le prévoit, comme on le voit à l'article 138.2 gui
reprend l'article 50 de la loi précédente. On voit bien dans
l'article 50 de la loi précédente que "le gouvernement peut, par
règlement, à des intervalles d'au moins trois ans, réviser
le taux de cotisation en se basant, etc." Donc, c'est un droit, un pouvoir de
l'État de réviser les évaluations actuarielles et
d'ajuster les taux de cotisation en conséguence. Donc, ceci était
un droit prévu dans la loi qui n'avait jamais fait l'objet
véritablement de discussions. Alors, la seule clause qu'ajoute l'article
5a, finalement, c'est de dire que le gouvernement, en consultation avec les
membres de la Commission administrative du régime de retraite provenant
du milieu syndical, nommera un actuaire-conseil dont le mandat sera de se
prononcer quant à la pertinence des hypothèses utilisées,
etc. En d'autres termes, ce que l'article 5 dit tout simplement, c'est que le
pouvoir qu'a le gouvernement de confier à un actuaire le soin
d'évaluer les hypothèses actuarielles et d'ajuster les taux de
cotisation n'est pas contesté.
Toutefois, on dit: Désormais, même si la loi donne ce
pouvoir au gouvernement, le gouvernement s'engage à ne pas le faire sans
consulter les syndicats. C'est cela
véritablement l'article 5. Il ne faudrait pas inférer de
l'article 5 que le gouvernement changeait des pouvoirs législatifs, au
contraire. La seule chose que l'article 5 faisait, c'était encadrer, si
vous voulez, son pouvoir législatif en disant: Écoutez, oui,
c'est vrai, vous en avez le droit, mais il faudrait quand même consulter.
Je pense qu'il est très important de bien voir que l'article 5 fait
simplement introduire l'aspect de consultation des syndicats, du moins des
milieux syndicaux, quand il s'agira de nommer un actuaire-conseil, alors que la
loi antérieurement nous permettait de le nommer n'importe quand. Je
tiens à insister sur ceci - je relis - "Le gouvernement, en consultation
avec les membres de la Commission administrative du régime de retraite
provenant du milieu syndical, nommera un actuaire-conseil." Même dans
l'article 5, c'est le gouvernement qui nomme et il consulte. Si on ne s'entend
pas sur l'actuaire-conseil, on dit: Merci, et on nomme. Donc, ce pouvoir
qu'avait le gouvernement, il l'a toujours eu et il continue de l'avoir. Je
pense qu'il ne faudrait pas donner à l'article 5 un sens restrictif pour
essayer d'enlever des pouvoirs au gouvernement. Il faut plutôt voir
l'article 5 comme étant, de la part du gouvernement, la volonté
expresse de consulter les milieux syndicaux advenant des changements à
apporter à la loi, au taux de cotisation, par exemple.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On peut également y voir
que les syndicats, le front commun, ont laissé aller cela. La
disposition dont ils bénéficiaient autrefois dans les conventions
collectives, ils l'ont laissée aller en faveur d'une lettre d'entente
qui ne couvre que les aspects que vous avez mentionnés.
M. Bérubé: C'est cela. Las! las!
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce moment-ci,
j'aimerais voir si dans l'esprit du gouvernement, ce pouvoir-là, de la
façon dont il a été réintroduit, de la façon
dont il est exercé, équivaut à retirer, à toutes
fins utiles, pour l'avenir, toute considération lors des
négociations sur les régimes de retraite, sur les cotisations et
ces choses-là. Est-ce que le gouvernement a l'intention, à
l'avenir, de s'en tenir au texte de loi qui est là, de ne jamais donner
plus qu'une lettre d'entente? Mais, entre nous, il n'a même pas besoin de
faire cela la prochaine fois, dans l'état actuel des choses, si je
comprends bien, quand on voit la façon dont le gouvernement fonctionne.
Est-ce que c'est dans ce sens-là que le gouvernement envisage de retirer
du champ de la négociation tout ce qui a trait aux régimes de
retraite?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Non, je n'oserais pas conclure
entièrement de cette volonté gouvernementale. Disons que le
gouvernement, dans son droit de légiférer, n'aime pas lier le
Parlement, en partie par respect pour l'Opposition. Il est bien clair
d'ailleurs...
M. Rivest: Question de règlement, M. le Président.
Ce n'est quand même pas le gouvernement qui légifère, c'est
l'Assemblée nationale. Vous ne nous faites pas de cadeau. On prend nos
responsabilités, point, à la ligne.
M. Bérubé: Exactement et si le député
de Jean-Talon ne m'avait pas interrompu, j'aurais pu continuer et apporter une
nuance avec laquelle il se serait montré entièrement d'accord. Il
est clair que le Parlement est souverain et qu'un gouvernement ne peut pas lier
le Parlement, mais un gouvernement peut se lier lui-même à ne pas
présenter de législation et c'est le sens des clauses
antérieures, c'est-à-dire qu'un gouvernement peut dire: Je
m'engage comme gouvernement à ne pas légiférer.
M. Rivest: C'est fort.
M. Bérubé: Toutefois, il n'y a pas de
subtilité là-dedans, mais il faut dire que je n'y peux absolument
rien si le député de Jean-Talon ne veut pas jouer dans les jeux
de la subtilité. Mais enfin...
M. Rivest: Le ministre est en train de faire un
"filibuster"...
Une voix: Sur son propre projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! C'est
le ministre qui a la parole. Quand il aura terminé, je vous donnerai la
parole, M. le député de Sainte-Anne. S'il vous plaît!
M. Polak: II veut que je pose une question. Il s'attend à
cela.
Le Président (M. Bordeleau): On va le laisser terminer
d'abord et vous pourrez poser toutes les questions tantôt.
M. Bérubé: Je pense qu'il n'est pas bon, pour un
gouvernement, d'une façon générale, dans une
négociation et par voie
contractuelle de lier son pouvoir législatif, parce qu'on ne peut
pas préjuger de l'avenir et l'intérêt public peut, un jour,
amener un gouvernement dans des circonstances de crise, des circonstances
dramatiques, à vouloir modifier des lois. S'il s'est engagé
contractuellement à ne pas modifier ses lois, il peut se trouver,
à ce moment-là, dans une situation très délicate
où l'intérêt public sera en cause. C'est le danger de lier,
dans un contrat, le pouvoir d'un gouvernement de proposer des
législations à l'Assemblée nationale, parce qu'il va de
soi que le gouvernement ne légifère pas, il propose à
l'Assemblée nationale des lois et, évidemment, tout le monde sait
que c'est l'Opposition qui en dispose.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je présume que c'est le
même principe qui prévaut lorsque le gouvernement par contrat
signé en 1979 se lie à rémunérer les
employés de l'État d'une façon ou d'une autre. Je
présume que, malgré ce que vous avez dit, le gouvernement ne
s'est pas alors engagé à ne pas légiférer dans un
sens contraire à la convention signée.
M. Bérubé: C'est exact.
M. Rivest: Alors retirez 70.
M. Bérubé: Absolument pas, ce n'est pas la
même chose. La convention collective prend fin le 31 décembre 1982
- dois-je vous le rappeler - et après le 31 décembre 1982, le
contrat arrive à échéance. Vous me demanderez: Est-ce que
le gouvernement s'est engagé à ne jamais décréter
les conditions de travail? Je regrette. Il n'y a aucun gouvernement qui ne
s'est jamais engagé à ne pas passer de loi spéciale. Il y
a une certaine tradition de lois spéciales au Parti libéral et je
n'oserais pas discuter de la tradition qui prévaut chez nous. Alors, je
dois donc tirer comme conclusion...
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement,
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le ministre, dans le domaine des lois
spéciales, puisque vous avez mis encore en cause le Parti libéral
- le Parti libéral n'est pas dans le projet de loi -vous en avez fait
plus que le régime libéral précédent.
M. Bérubé: Que ce soit en plus ou en moins, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): De toute façon, ce
n'était pas une question de règlement, M. le député
de Jean-Talon. M. le ministre, continuez.
M. Bérubé: En effet, ce n'était pas une
question de règlement. Donc, M. le Président, la seule chose que
je soulignais, c'est que jamais un gouvernement ne s'est lié, dans le
passé, à ne jamais présenter de législation pour
décréter des conditions de travail, jamais. De fait, dans des
situations sans issue, où on n'obtenait pas de règlement
négocié, le gouvernement a décrété, dans le
passé, des conditions de travail. Par conséquent, il est
très différent de rouvrir par loi une convention collective en
cours d'exercice... (15 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, je voudrais
simplement vous rappeler que vous êtes maintenant sur la loi 70.
J'aimerais que vous reveniez à la loi 68.
M. Bérubé: Je regrette, M. le Président,
c'est parce qu'il s'agissait de la question directe et spécifique du
député de Vaudreuil-Soulanges, mais, si vous me dites, M. le
Président, que je ne dois pas répondre aux questions du
député de Vaudreuil-Soulanges, je m'astreindrai à
obéir à vos directives.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, sur le projet de loi no 68?
M. Polak: Oui. Merci, M. le Président. Je veux m'excuser,
je suis arrivé un peu trop tard parce que, comme le ministre, je n'ai
pas d'attaché politique, je n'ai pas de recherchiste, je n'ai pas
d'assistant, je n'ai pas de préposé. Je ne sais pas combien cela
coûte dans un cabinet tout ce monde; cela coûte cher en maudit. Je
fais ma propre recherche. Après l'intervention du ministre ce matin,
d'une heure moins quart jusqu'à une heure moins cinq, quand on a
voté, j'ai dit juste pour résumer pour ceux qui n'étaient
pas ici ce matin, que ça prend un autre gouvernement. Vraiment,
ça prend un changement d'équipe. Nous, on va changer cette
équipe pour redresser le tort causé par le gouvernement. M. le
ministre, ne commencez pas à regarder votre règlement, vous avez
parlé de cela et je vais vous répondre. J'ai autant de droits que
vous. Je respecte le gars de Matane, respectez le gars de Sainte-Anne
aussi.
Savez-vous ce qu'il a répondu? Je ne vais pas donner le
résumé de ce qu'il a dit. Je vais vous dire une chose, M. le
ministre, et je vais arriver à une question à la fin. Il a
parlé de statistiques; il a dit que le mouvement de la population et des
commerces vers l'Ouest, en dehors du
Québec, c'est une affaire qui était déjà
commencée avant le régime libéral.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, je m'excuse, mais je ne voudrais pas que vous reveniez sur la
discussion que nous avons eue, assez longue, d'ailleurs, sur l'article 14. Je
vous rappelle que nous sommes sur l'article 17.
M. Polak: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous inviterais à
parler sur l'article 17.
M. Polak: Je vais aboutir exactement à l'article 17 et au
projet de loi no 68 parce que je suis le seul qui s'en tienne au sujet, pas le
ministre. Je voulais l'inviter la semaine prochaine, alors qu'on sera
libéré ici, à venir à Montréal à mon
bureau d'avocat. Il y a dix avocats là et je vais lui parler. Qu'il
oublie toutes ses belles statistiques, par exemple, parce que j'ai
vérifié pendant l'heure du lunch, j'ai
téléphoné et on a eu 40 incorporations de
Québécois, de compagnies qui voulaient se lancer en affaires et
il y en a 35 qui ont demandé une charte fédérale.
Savez-vous pourquoi? Et les cinq qui restaient, c'est parce qu'elles
étaient convaincues d'avoir une charte provinciale parce qu'elles ont
dit: On ne veut rien savoir, on n'a pas confiance...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, je vous demande de revenir à la pertinence de l'article
17.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): C'est une étude
article par article.
M. Polak: ... j'exige d'avoir le droit de répondre. Moi,
j'ai posé une question au ministre et il a répondu. Il est parti
sur une tangente parce qu'ils voient rouge, eux autres, quand ils parlent de
fédéralisme. Je vais répondre parce que c'est
peut-être un homme que je peux convaincre.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Sainte-Anne, je vous rappelle à l'ordre, tout
simplement. Je vous laisse le droit de parler mais sur l'article 17.
M. Polak: Merci, M. le Président. Ce matin, on a
parlé de l'article 17 du projet de loi no 68 et des changements
apportés aux régimes de retraite. J'avais posé une
question - c'est comme cela qu'on a commencé - Si on n'a pas d'argent
pour financer tout ça, s'il faut exiger de l'argent des
fonctionnaires... Invoquez votre article, M. le Président.
M. Bérubé: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, question de
règlement. S'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le Président, en vertu de
l'article 99, "il est interdit à un député qui a la parole
de revenir sur une question qui a été décidée
pendant la session en cours." Or, si je reviens sur ce qui s'est passé
antérieurement, l'article dont parle le député de
Sainte-Anne a été adopté. Également, à
l'article 98, "un député qui a obtenu la parole doit limiter son
discours à la question dont l'Assemblée est saisie et il ne peut
s'en écarter." Donc, M. le Président, il est très clair
qu'en vertu et de l'article 98 et de l'article 99 le député de
Sainte-Anne viole doublement le règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Je
voudrais simplement rappeler vous m'avez ouvert la porte, M. le ministre -
qu'il y a aussi l'article 154 qui est encore beaucoup plus pertinent aux
commissions parlementaires et qui dit textuellement, au premier paragraphe: "En
commission plénière ou élue, après la
deuxième lecture, on ne peut discuter que les détails d'un projet
de loi et il ne peut y avoir d'audition, etc." C'est en vertu de l'article 154,
M. le député de Sainte-Anne, que je vous ai rappelé
à l'ordre.
M. Polak: M. le Président, j'accepte, pour le
bénéfice de la population de Matane, les pêcheurs de belles
crevettes, les travailleurs qui ont les deux pieds sur terre, mais lui se cache
derrière un règlement. Je n'ai pas peur des règlements,
savez-vous, M. le Président? Je concède le point. Vous avez peur
de faire le débat, qu'on ne vous "truste" pas, qu'on n'ait pas
confiance. Vous, vous êtes à diriger notre gestion publique vers
la faillite et nous on va reprendre cette faillite, on va recommencer à
neuf.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît: S'il
vous plaît:
M. Polak: M. le Président, je suis d'accord avec votre
décision...
Le Président (M. Bordeleau): Je vous demanderais d'en
tenir compte.
M. Polak: ... parce que je vous respecte
énormément.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous demanderai donc, M.
le député de Sainte-Anne, d'en tenir compte.
M. Polak: On va revenir à l'article en question. M. le
Président, je m'attendais à
cela. Je m'attendais à une petite défense d'un article du
règlement parce qu'il a peur des grands débats. Je vais le
rencontrer à Matane, je suis prêt à faire un débat
chez vous. Pas de problème. Mais là, je reviens à
l'article du projet de loi.
Une voix: L'article 17.
M. Polak: J'ai rencontré, cet après-midi, M. le
Président, pendant l'heure du lunch, entre 13 heures et 15 heures,
quelques employés de la fonction publique. Je leur ai demandé:
Allez-vous changer du RRE ou du RRF au RREGOP? Ils ont dit: Jamais de la vie!
Je leur ai dit: Le ministre Bérubé, qu'on appelle Yves ici,
à Québec - même ma femme l'appelle Yves, parce qu'elle a
confiance en lui partiellement - ...
Des voix: Ah! Ah!
M. Polak: ... veut que vous entriez dans le RREGOP. Ils ont dit:
Même si on paie 200 $, même si on va être puni plus que les
autres, on va rester dans l'ancien régime. On ne va jamais changer,
parce que ceux qui ont changé ne veulent pas. Je trouve cela
inquiétant. J'ai dit: Ce n'est pas drôle, parce que le ministre a
expliqué que c'était bon de faire le transfert du RRE ou du RRF
au RREGOP. Donc, je voulais en faire part au ministre. M. le Président,
je reviens au projet de loi no 68. M. le ministre, vous n'avez apparemment pas
convaincu les fonctionnaires de faire le changement. Ils ne vous font pas
confiance. La population n'a aucune confiance en vous. Chaque fois que vous
venez nous dire: Cela coûte un peu plus cher de rester dedans, ils
préfèrent rester là-dedans. Même si on leur dit que
cela coûte moins cher avec vous, ils ne sont pas convaincus, parce qu'ils
savent qu'à la fin ils perdront beaucoup plus. Donc, je voulais vous en
faire part. Quelle sorte de campagne publicitaire auriez-vous menée
auprès de ces fonctionnaires pour les convaincre de toutes les belles
paroles de ce matin avec les chiffres parce qu'ils n'en croient rien? J'ai
rencontré dix personnes. Il y avait neuf péquistes et un
libéral. C'est vrai que ce n'est pas encore en notre faveur, mais sur
les neuf, il y en avait cinq qui disaient: Continuez votre intervention, on est
de votre côté pas de problème.
M. Bérubé: L'échantillonnage est
représentatif.
M. Polak: C'est cela. Cela veut dire neuf à
l'élection d'avril 1981. Mais ils disent: Ce n'est plus le même
jeu maintenant, parce que quand on entend parler M. le ministre
Bérubé, on se dit: Ce n'est pas possible. C'est un gars de Matane
qui a les deux pieds sur terre, qui vient tout de même d'une
région où les gens ont du bon sens et, lui, il a perdu le
contrôle. Où va-t-il avec cela? Ils m'ont dit: II veut
régler le problème jusqu'au 31 mars ou au 1er avril 1983, mais
là, on a peur. Il n'y a pas de prévisions du tout sur une
période de deux ou trois ans. Où se trouve cette programmation?
Si vous voulez convaincre ces fonctionnaires de participer au RREGOP, quelle
sorte de publicité honnête et impartiale allez-vous donner
à ces gens? Ils ne sont pas prêts du tout. Ils n'achètent
pas votre argumentation.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Jean-Talon.
M. Polak: Excusez-moi, M. le Président. Hier, j'ai
posé une question au ministre. Il a commencé à lire le
Journal de Québec et le Devoir sur les Malouines.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne! M. le député de Sainte-Anne. S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Polak: Veut-il répondre, oui ou non?
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela, M. le
député de Sainte-Anne. Il peut répondre s'il le
désire. Comme il n'a pas demandé la parole, j'ai donné la
parole au député de Jean-Talon.
M. Polak: D'accord. Je veux seulement, M. le Président,
que soit enregistré le fait que le ministre refuse maintenant de
répondre.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, d'accord. M. le
député de Jean-Talon.
M. Bérubé: Pour répondre...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... il faut quand même
reconnaître que la question du député de Sainte-Anne va
complètement à l'encontre du règlement et n'a rien
à voir avec l'article en question. L'impression que j'avais, c'est que
le député de Jean-Talon voulait intervenir spécifiquement
sur le projet de loi et je pense qu'il pourrait peut-être arriver
à interpréter, par ses longs contacts avec le
député de Sainte-Anne, j'imagine, ou à décoder un
peu ce qu'exprime un cerveau parfois un peu brumeux. Je comprends
qu'après un repas un peu lourd on puisse parfois avoir de la
difficulté à structurer sa pensée. Je voyais le
député de Jean-Talon se préparer à nous
présenter de façon beaucoup plus claire et limpide la
pensée du député de Sainte-Anne pour me permettre,
à ce moment-là, de répondre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon, êtes-vous prêt?
M. Polak: C'est parfait.
M. Rivest: M. le Président, je pense qu'il conviendrait
que le ministre réponde à la question que lui a posée le
député de Sainte-Anne tout à l'heure.
M. Polak: II n'est pas capable de le faire.
Le Président (M. Bordeleau): C'est son choix.
M. Polak: II n'est pas capable!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon, à vous la parole à propos de l'article 17.
M. Rivest: Je pense que la conclusion à laquelle vient
d'arriver le député de Sainte-Anne est tout à fait juste.
Il y a tout un imbroglio. On a abondamment discuté - le
député de Vaudreuil-Soulanges vient de le souligner - de ce qui
était négociable, du pouvoir du gouvernement, de
l'Assemblée nationale, d'une loi, d'une annexe et d'une lettre
d'entente. Le ministre n'a pas répondu de façon très
claire, incidemment, à la question du député de
Vaudreuil-Soulanges qui lui a demandé, de la part du gouvernement,
d'exprimer son intention ou ses vues à savoir si, à l'avenir, il
y aura possibilité pour les représentants des travailleurs dans
les secteurs public et parapublic, premièrement, de négocier la
cotisation au niveau des régimes de retraite, par exemple, et, pour les
autres modalités afférentes, soit de négocier, soit
d'être consultés formellement ou soit simplement d'en discuter
avec les centrales. C'est extrêmement important pour les centrales. Le
ministre a besoin de 141 000 000 $, il a besoin de rééquilibrer
les régimes. Il prend une décision gouvernementale, enfin, qu'il
juge la meilleure dans les circonstances, à son point de vue à
lui. Pour l'avenir, compte tenu de la contestation et de toute l'histoire,
finalement, de cette chose, est-ce que c'est complètement fermé?
Désormais, le gouvernement s'en tiendra à la lettre à
l'article 17, c'est-à-dire à 138.2. Je voudrais que le ministre
réponde peut-être plus directement qu'il ne l'a fait à la
question un peu analogue que le député de Vaudreuil-Soulanges lui
a posée.
M. Bérubé: II est clair...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... que les régimes de retraite
vont continuer à faire l'objet de discussions ou de négociations,
c'est indéniable. Par conséquent, puisqu'ils vont continuer
à faire l'objet de négociations, nul ne peut dire quel sera le
contenu final de cette négociation et, donc, le contenu des lettres
d'intention qui pourraient être jointes aux conventions collectives.
Donc, je ne peux pas dire dès maintenant que, advenant une convention
collective nouvelle, elle n'inclut pas de clauses concernant les régimes
de retraite, mais je dois bien reconnaître cependant que, d'une
façon générale, le gouvernement ne veut pas lier
l'État dans son pouvoir de légiférer, du moins le moins
possible.
M. Rivest: J'ai une question. Vous avez répondu à
ma question sous deux vocables, celui de la possibilité future de
consultations et de discussions, mais vous avez évité de
répondre au premier volet de ma question, qui était la
négociation, même si la loi ne lui en ferait pas une obligation
stricte.
M. Bérubé: Non, non, c'est d'accord pour la
négociation.
M. Rivest: Également. M. Bérubé:
Oui.
M. Rivest: Est-ce que le ministre aurait objection à
mettre dans la loi un texte analogue - en tous cas, prenons le moins fort, je
ne veux pas vous faire mettre négociation - à celui qui dit, par
exemple, que le gouvernement peut, par règlement, à des
intervalles, réviser les taux et qui dirait que le gouvernement peut,
après consultation et discussion avec les centrales syndicales, par
règlement, réviser les taux? Est-ce que cette formulation serait
absolument impensable sur le plan de la législation?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Non.
M. Rivest: À dessein, je ne mets pas le mot
"négocier" parce que je suis sûr que la réponse que vous
allez me donner va être "non", mais, à tout le moins,
consultation. Remarquez que si un tel amendement existait, cela
n'empêcherait nullement le gouvernement d'exercer son pouvoir de loi
spéciale dans les situations de crise et unilatéral, comme vous
le faites en ce moment. Mais, au moins, pour l'avenir, étant
donné que vous parlez toujours de la période où la crise
sera passée, etc..
M. Bérubé: II n'y a pas de crise.
M. Rivest: ... et que vous venez de
m'indiquer, en réponse à la question commune au
député de Vaudreuil-Soulanges et à moi, qu'effectivement,
dans l'avenir, il est tout à fait normal et légitime qu'il y ait
des discussions, des rencontres, des évaluations, des propositions, des
consultations avec les syndicats, je vous demande simplement, étant
donné que ce texte n'est pas juste limité à la crise,
qu'il va survivre à la crise, qu'il y ait au moins, comme minimum -
c'est vraiment un minimum et je pense que le ministre aurait avantage à
y penser - "discussion et consultation", avant que le projet de
règlement visant à réviser les taux de cotisation, soit
mis en oeuvre par le gouvernement. Cela n'enlève même pas le
pouvoir de réglementation visé dans l'article, le gouvernement
l'aurait toujours. Mais c'est après consultation et discussion, au
moins. Ce minimum reprendrait substantiellement la pensée ou, enfin, les
intentions qui se sont trouvées consignées dans la lettre
d'intention du 29 novembre 1979. Dans le contexte actuel, je demanderais au
ministre d'y penser. Ce serait peut-être un geste qui, en tout cas, pour
l'avenir, serait de nature à faciliter les rapports entre les
gouvernements et les centrales syndicales en ce qui concerne le Régime
de retraite des fonctionnaires. (16 heures)
M. Bérubé: Je pense qu'on pourrait prendre une
décision tout de suite et y penser après en ce sens que, pour
autant que je suis concerné, l'article qui est là permet la
consultation. Cette consultation doit davantage être le fruit d'une
volonté de travailler en concertation beaucoup plus qu'une exigence
législative. En effet, dès qu'on commence à compliquer nos
lois, à y introduire un nombre de conditions, l'application des lois
devient difficile, parce qu'il faut faire arbitrer à ce moment-là
par un juge le sens exact de chaque mot. Là, il faudra définir la
consultation. Y a-t-il eu vraiment consultation, consultation de bonne foi, de
mauvaise foi. On va commencer à entrer dans un processus qui, à
mon avis, est déterminé et défini dans le Code du travail
et non pas dans les autres lois.
Donc, je pense que le député de Jean-Talon sera d'accord
avec moi, car il doit, lui aussi, rêver au jour où il sera au
pouvoir et s'il avait à gouverner un jour, je pense qu'il
apprécierait que ce processus de concertation fasse appel à sa
bonne foi, et personne n'en doute, et que d'autre part, ces lois soient les
plus simples et plus claires possibles. Or, je pense que la loi, telle qu'elle
est rédigée, donne le pouvoir au gouvernement de réviser
les taux de cotisation en se basant sur les évaluations
actuarielles.
Quant au reste du processus d'évolution des régimes de
retraite, je pense que là il faut laisser à chaque gouvernement
le soin de suivre sa voie. L'ancien gouvernement libéral...
M. Rivest: II est fatigant avec cela, M. le Président.
L'ancien gouvernement libéral n'a rien à voir avec ce projet de
loi.
Le Président (M. Bordeleau): Laissez répondre le
ministre, s'il vous plaît! Vous posez les questions que vous voulez, mais
le ministre peut répondre ce qu'il veut aussi.
M. Bérubé: Votre expérience dans les
cabinets ministériels de l'ancien gouvernement semble vous avoir
traumatisé.
M. Rivest: Le chef de l'Opposition demandait qu'on donne 30% de
plus d'augmentation au secteur public et, si on ne donnait pas 30%,
c'était du vol; cela, c'est l'ancienne Opposition péquiste qui en
est responsable.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! On va
d'abord laisser le ministre terminer sa réponse et vous pourrez poser
d'autres questions, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Votre réponse, M. le ministre, pour revenir
à l'article, vous l'avez déjà dans le projet de loi dans
l'article 138 en ce qui concerne les évaluations actuarielles. "Le
gouvernement, après consultation auprès des membres de la
commission nommée, etc." Ce principe-là existe dans toute
espèce de loi, et vous refusez d'accorder ce minimum que vous convenez
vous-même être décent dans la pratique pour les prochains
gouvernements. Franchement, si vous voulez qu'on fasse une étude
sérieuse de l'article, il me semble que, lorsqu'on évoque cette
possibilité-là pour l'avenir, c'est dans une perspective
constructive que le député de Vaudreuil-Soulanges et
moi-même avons évoqué cette chose-là. D'ailleurs,
dans la mesure où ce serait inscrit dans la loi, dans la mesure
où ce ne serait même pas contraignant sur le plan de la marge de
manoeuvre du gouvernement de décider ce qui est bon, c'est sa
responsabilité de faire adopter les règlements au niveau de la
fixation des cotisations de l'employé. Mais, devant ce même
minimum, vous laissez aller l'affaire, etc. Vous allez vivre avec un projet de
loi et vous ne contribuez pas par votre attitude à rapprocher le
gouvernement qui va devoir parler à nouveau, à un moment
donné, aux centrales syndicales parce qu'il est obligé de vivre
avec elles. Je sais que le ministre en est bien conscient; il me semble que ce
sont là des choses de bon sens et de sens commun, et que le ministre
pourrait au moins considérer d'une façon sérieuse le
projet de loi, parce qu'autrement, on se
demande ce qu'on fait ici.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. M. le Président, concernant l'article 17,
l'amendement à l'article 138.2, j'ai deux questions à poser au
ministre. Le texte dit: "Le gouvernement peut, par règlement, à
des intervalles d'au moins trois ans..." Est-ce que je dois comprendre,
d'après cet article, que le ministre s'engage, donne une garantie
à ses employés que, pendant une période d'au moins trois
ans, on ne touche pas au taux de cotisation? Ce matin, lorsqu'on a parlé
de cela, il a dit: Ce n'est pas certain. Donc, s'il n'est pas prêt
à donner cette garantie-là, j'aimerais ajouter, pour aider le
ministre, après trois ans les mots suivants: "trois ans ou plus
tôt, si la situation financière désastreuse de la province
le demande". M. le ministre, je crois que c'est un amendement que nous pouvons
accepter à moins que le ministre ne soit prêt à donner la
garantie à tous ses employés que, pendant trois ans, on ne touche
pas les taux.
M. Bérubé: Le député de Sainte-Anne
pourra constater qu'à l'article 43 de l'actuel projet de loi on
détermine qu'il devra y avoir une évaluation actuarielle faite
dans les trois ans qui suivent le 1er juillet au moins et, lors de cette
évaluation actuarielle qui fait l'analyse essentiellement du coût
réel des régimes, évidemment, les taux de cotisation
seront fixés en fonction des coûts réels observés du
régime. Les coûts du régime peuvent être
appelés à évoluer dans le temps si les hypothèses
qui sous-tendent les calculs évoluent dans le temps. À titre
d'exemple, si les hypothèses concernant la mortalité doivent
être corrigées, si toutes les hypothèses actuarielles
concernant les rendements sur les investissements ou autres doivent être
modifiées, à ce moment, évidemment, le coût du
régime évolue et les cotisations doivent en prévoir tous
les coûts.
M. Polak: M. le Président, on s'oblige tout de même,
dans le texte, à ne pas toucher cela avant une période d'au moins
trois ans. D'après le texte, le pauvre employé va dire: Au moins
pour trois ans, mon taux est fixé, il n'y a pas de problème.
Est-ce que j'ai bien compris cela? Ou est-ce que le ministre se réserve
le droit de revenir sur cela l'année prochaine avec un changement?
M. Bérubé: Ce que l'article dit: C'est qu'au moins
à tous les trois ans on doit faire une vérification, mais on peut
la faire avant trois ans.
M. Polak: Ah bon, très bien! Pourquoi vous ne le dites
pas...
M. Bérubé: À des intervalles d'au moins
trois ans.
M. Polak: ... honnêtement dans votre texte? Mon amendement
dit au moins à tous les trois ans ou plus tôt. Est-ce que vous
m'écoutez M. le ministre? M. le Président, je demande au ministre
s'il m'écoute. Je sais qu'il est un peu confus. Je lui dis pour le
sauver, parce que c'est un homme de transparence tout de même. Qu'il dise
au moins à tous les trois ans ou plus tôt si la situation
financière désastreuse de la province le demande. Après un
an. Il faut le dire.
M. Bérubé: L'article 43 indique qu'on devra faire
une évaluation après le 1er juillet dans un intervalle de moins
de trois ans. Cela, c'est la première évaluation et elle peut
avoir lieu l'année prochaine comme dans six mois.
M. Polak: M. le Président, si je lis bien l'article 138.2,
cela crée l'impression qu'on ne touche pas au taux avant une
période d'au moins trois ans. Si vous avez l'intention d'y toucher avant
- à cause de votre administration désastreuse, vous serez
probablement forcés de le réviser avant -dites-le donc dans le
texte, parce que ces gens-là vont vous dire: L'article 138.2 nous
garantit au moins la paix concernant le taux de cotisation pour trois ans. Si
vous voulez avoir une réserve pour manoeuvrer avant, dites-le donc
honnêtement. Pourquoi ne pas inscrire un amendement dans cela, comme j'ai
suggéré de dire: Trois ans ou plus tôt si la situation
financière - je dis désastreuse, mais je suis bien d'accord pour
enlever ce mot et présenter une formulation plus acceptable aux
péquistes - de la province le demande? Est-ce que vous êtes
prêt à accepter cet amendement, M. le Président? On accepte
tout de même le principe de la transparence vis-à-vis de ces
employés. On ne joue pas avec la cotisation.
M. Bérubé: Non, M. le Président.
M. Polak: Non, bon. Une deuxième question. M. le
Président. J'ai noté qu'on parle de "réviser le taux de la
cotisation". On n'a pas parlé du tout dans cet article de la fameuse
franchise de 3%. Est-ce que le même principe s'applique et qu'on ne
touche pas à cela pendant trois ans? Est-ce qu'au moins vous êtes
plus honnête au point de vue de la franchise? Vous allez dire: La
franchise sera de 3% à partir du 1er juillet, mais on ne donne aucune
garantie, l'année prochaine et cela peut devenir 5% ou 6%. On n'a pas
fait de référence dans ce texte quant à la franchise.
Est-ce que j'ai le droit de tirer la
conclusion qu'au moins vous êtes assez honnête concernant la
franchise parce que, là, on prévoit que cela va augmenter
à cause de votre gérance désastreuse de la bourse
publique?
M. Bérubé: M. le Président, l'article
présent porte sur les taux et non sur les prestations. Le
député de Sainte-Anne se trompe d'article.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, on en est toujours à
l'article 17, au troisième paragraphe de l'article 17 qui porte le
chiffre 138.2. Le ministre nous explique qu'il ne veut pas se lier dans la loi
à ce que le gouvernement s'engage à consulter ou même
à discuter ou à avoir le sentiment purement et simplement des
centrales syndicales ou des associations accréditées
d'employés. Ce que je veux expliquer, c'est qu'il me paraît
essentiel, pour la crédibilité même du processus qui va
avoir lieu lors de l'examen actuariel de la performance des fonds de retraite,
ainsi que des rajustements qui peuvent s'avérer nécessaires, que
les centrales syndicales ou, en tout cas, les associations d'employés,
d'une façon ou d'une autre, soient impliquées dans ce processus.
Parce que je crois qu'une grande partie de l'acceptation qui devra être
faite éventuellement, dans le cas d'une augmentation des cotisations,
dépendra de l'acceptation que feront les associations
accréditées d'employés de la justesse des études
qui ont été faites par des gens qui, justement, ont l'aval des
gens qui devront payer.
Mettons-nous dans la situation: le gouvernement, étant un
cotisant très important dans les fonds de retraite, il est normal qu'il
ait son mot à dire en ce qui concerne le choix, le processus suivi, les
méthodes. Je ne suis pas un expert, mais il y a sûrement toutes
sortes de méthodes employées pour ce qui est de
l'évaluation actuarielle. Il est normal que le gouvernement sache
comment cela va se faire et par qui et qu'il ait son mot à dire.
Retournons la chose de côté et regardons cela par le bout de la
lorgnette des syndicats ou des futurs pensionnés ou des cotisants.
Étant donné qu'on établit le principe qui, semble-t-il,
est jusqu'à un certain point sacré et le pivot de base de la
réforme que nous propose le ministre Bérubé, le
président du Conseil du trésor, soit le partage 50-50, est-ce
qu'on ne doit pas tenter d'établir des relations à tous les
niveaux qui vont faire que ce partage 50-50 va être justifiable
vis-à-vis des futurs cotisants?
Le gouvernement, lui, pourra être sûr, parce qu'il aura fait
le choix aussi bien des méthodes que des personnes, que
l'évaluation actuarielle est faite selon des exigences qui lui
conviennent. Le gouvernement sera satisfait de cela étant donné
qu'il est à la source même de ces études et de ces examens.
Ce que le député de Jean-Talon et le député de
Vaudreuil-Soulanges font valoir au président du Conseil du
trésor, c'est qu'il est nécessaire que cette implication qu'on
retrouve de la part du gouvernement laisse un peu de place à une
implication des syndicats et des associations accréditées
d'employés. Autrement, on va se retrouver dans une situation où
le gouvernement pourra toujours prétendre qu'il a des études
actuarielles qui auront été faites par des gens compétents
sans aucun doute, avec toute l'expertise nécessaire. Mais,
là-dedans, il est important que les apparences d'équité et
de bonne foi soient autant respectées, que l'équité et la
bonne foi elles-mêmes. Ce qu'on veut ici, c'est s'assurer qu'il y a un
degré suffisant de crédibilité dans le processus qui sera
enclenché pour que les associations accréditées puissent
être satisfaites et que cela n'ait pas été fait totalement
en leur absence.
Dans ce sens, au nom de l'Opposition et de mes collègues, je
proposerais un amendement à l'article 17 que nous sommes en train
d'étudier. L'amendement est le suivant: Que l'article 17 soit
amendé au troisième paragraphe en ajoutant, après le mot
"peut", les mots suivants: "après consultation et discussion avec les
associations accréditées représentatives des
employés". J'ai déjà exposé les motifs à
l'appui de cet amendement. Je pense qu'il est - je vous le dis repectueusement
clairement recevable, justifié, qu'il est bien fondé et qu'il est
dans le cadre de l'étude que nous poursuivons. Et je me demande comment,
dans le but de bonifier - et c'est le but de notre commission - le projet de
loi qui est devant nous, les membres du parti ministériel qui sont
représentés ici pourraient être contre que le gouvernement
accepte, comme il est normal de le faire, de discuter, de consulter sur une
chose aussi fondamentale qu'une évaluation actuarielle qui donnera
éventuellement lieu à des rajustements de cotisation. Je pense
que cet amendement doit être reçu.
Je suis convaincu qu'après y avoir pensé comme il faut le
président du Conseil du trésor va reconnaître
d'emblée que c'est là un bon amendement. D'accord, il impose
peut-être une contrainte supplémentaire au gouvernement, mais
gouverner, c'est aussi être contraint, c'est tenir compte de contraintes.
Il est bien sûr que, dans le raisonnement du président du Conseil
du trésor, il serait plus utile d'avoir une loi qui soit tellement
simple qu'elle puisse tenir dans deux paragraphes, mais notre propos et
notre préoccupation ne sont pas la simplicité de la loi,
c'est son équité et sa justice envers la population. M. le
Président, cet amendement est désirable et je le propose dans ce
sens-là. (16 h 15)
Le Président (M. Bordeleau): Oui, bon, j'attendais que le
député de Louis-Hébert termine. Alors, je l'ai
regardé pendant un certain nombre de secondes et je le déclare
recevable.
M. Rivest: Vote, M. le Président. M.
Bérubé: M. le Président, sur...
M. Rivest: M. le Président, j'ai demandé le vote.
Je pense que vous n'avez pas le choix, il faut procéder au vote.
M. Bérubé: M. le Président, ce serait la
première fois...
Le Président (M. Bordeleau): Alors, est-ce que
l'amendement sera adopté?
M. Bérubé: Refusé, rejeté.
Une voix: Un vote nominatif, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Un vote nominatif. Je
pourrais peut-être vous relire l'amendement auparavant: Que l'article 17
soit amendé au troisième paragraphe en ajoutant après le
mot "peut", les mots suivants: après consultation et discussion avec les
associations accréditées représentatives des
employés.
Je fais donc l'appel nominal: M. Blais (Terrebonne), pour ou contre?
M. Blais: Contre. Une voix: Voyons!
M. Polak: Vous êtes contre les consultations.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous platt, s'il vous
plaît! Vous pourrez parler après, mais là on est sur le
vote. M. Bourbeau (Laporte) n'est pas là; M. de Belleval (Charlesbourg);
M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. French (Westmount)?
M. French: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M.
Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Grégoire
(Frontenac); M. Lachance (Bellechasse)?
Une voix: Absents.
Le Président (M. Bordeleau): M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. Polak (Sainte-Anne) pour
M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre. Une voix: Ah, non.
Le Président (M. Bordeleau): M. Bérubé
(Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): Si je compte bien, j'ai
quatre contre et deux pour. L'amendement est rejeté. Revenons donc
à l'article 17.
M. Doyon: M. le Président, le député de
Louis-Hébert n'a pas été appelé là-dedans et
je pense qu'il est membre de la commission.
Une voix: Le député de Laurier, non plus.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Louis-Hébert, vous êtes intervenant, vous
remplacez le député de Papineau, M. Assad. Pour le
député de Laurier, vous remplacez M. Ryan (Argenteuil) comme
intervenant. Il y a des membres et il y a aussi des intervenants. Alors, nous
revenons à l'article 17.
M. Polak: M. le Président, je pense qu'il s'agit d'un
vote. C'est un point de règlement, parce qu'il y avait plusieurs de nos
députés...
Le Président (M. Bordeleau): Quel règlement?
M. Polak: ... qui pensaient être membres.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, je m'excuse, mais on ne reviendra pas à des discussions
à savoir si on pense ou si on ne pense pas.
M. Polak: Oui, mais M. le Président, je suis capable de
convaincre le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, je vous demande de revenir à l'article 17.
M. Polak: Le député de Rosemont est un ancien
syndicaliste, ce n'est pas possible.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, s'il
vous plaît, s'il vous plaît!
M. Raquette: M. le Président, sur une question de
règlement. Voyons donc!
M. Polak: II fume encore sa pipe.
M. Paquette: Voyons donc! Calme-toi, calme-toi, là.
Une voix: Le pouvoir corrompt.
M. Polak: Bien, est-ce qu'on peut aller en révision de
cette décision erronée?
M. Paquette: M. le Président, s'il vous plaît:
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît: Je
vous demande, tout le monde, de revenir à l'article 17. Alors, est-ce
que l'article 17 sera adopté?
M. Rivest: Non.
M. Bérubé: Est-ce qu'on peut expulser le
député de Sainte-Anne pour rendre service à
l'humanité?
M. Rivest: Le député de Sainte-Anne a droit de
parole sur l'article.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 17 oui, mais
pas sur n'importe quoi.
M. Rivest: Oui, c'est cela qu'il va faire.
M. Polak: Bon, sur l'article 17, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 17, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je suis déçu. Je
suis énormément déçu. On vient de présenter
un amendement très raisonnable, on parle... M. le Président, cela
fait peur quand je parle. Invoquez donc votre règlement tout de
suite.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Blais: Déçu, il faudrait enlever la
cédille dans votre cas.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Sainte-Anne, je vous demande de ne plus rappeler
l'amendement; d'ailleurs, il a été battu. Donc, c'est
terminé pour celui-là. Cela peut être triste, mais c'est
déterminé. Revenez à l'article 17.
M. Polak: M. le Président, c'est comme les Allemands
après la guerre ou les Argentins aux Malouines; on ne parle plus. M. le
Président, je lis le texte de l'article 17, l'amendement à
l'article 138.2. Quand j'ai demandé au ministre d'expliquer ce que
voulait dire cette révision de taux à des intervalles d'au moins
trois ans, lui-même a admis que c'est dans le cours ordinaire des
affaires. Est-ce que le gouvernement se réserve le droit de revenir
là-dessus avant cette période-là? On ne l'a pas inscrit
dans le texte de la loi. Un laïc, un fonctionnaire sujet à ce
régime va lire l'article et va interpréter cela comme suit, il
dira: Moi, je suis protégé pendant au moins trois ans. Le
ministre vient nous dire carrément qu'il n'y a pas de garantie
là-dedans parce qu'il faut lire l'article avec un autre article 43 plus
loin. Là, vous allez comprendre qu'on ne s'est pas engagé
à respecter le taux de la cotisation pendant une période d'au
moins trois ans.
M. le Président, on fait face aux gens qu'on appelle les gens de
la transparence, avec la grande pipe, le calme, des anciens syndiqués
qui vont contre toute opinion des membres de la fonction publique, de ses
fonctionnaires, qui ne sont même pas prêts à
considérer une possibilité de consulter les membres. Rien de
cela. Le gouvernement, unilatéralement, comme dans ce projet de loi,
impose sa volonté. Le gouvernement dit maintenant dans l'article: Nous,
nous allons décider. Nous le savons mieux que vous. Par
règlement, nous décidons. Nous ne consultons pas. Nous ne voulons
rien savoir. Quand cela fera notre affaire, nous allons imposer une solution
par règlement d'une manière unilatérale.
D'ailleurs, c'est exactement ce qu'ils veulent faire. Ayant subi une
défaite lors du référendum, ils ne veulent pas l'accepter,
ils veulent encore revenir là-dessus. Ils n'acceptent jamais rien quand
cela ne leur plaît pas. Ils vont revenir là-dessus et, à un
moment donné, ils reviendront avec une solution unilatérale. Je
trouve cela regrettable. Quant à moi, M. le Président, cet
article triche les fonctionnaires. Quand ils lisent honnêtement cet
article, il n'y a aucune protection là-dedans. C'est un beau texte, on
donne une garantie, semble-t-il, selon le texte, d'au moins trois ans. Si on ne
peut pas réussir à changer le texte en consultant les
fonctionnaires, je serai très honnête et très honoré
de voter...
M. Blais: Êtes-vous pour ou contre?
M. Polak: ... contre cet article-là... M. Blais:
Êtes-vous pour ou contre?
M. Polak: ... et d'avoir un vote enregistré, parce que
j'aimerais bien citer vos discours.
M. Blais: Êtes-vous pour ou contre?
M. Polak: J'aimerais bien enregistrer le vote du
député de Rosemont, par exemple, et voir comment il a voté
en ce qui concerne cet article-là. Donc, je vote contre et j'aimerais,
si on vote à propos de cet article-là, avoir une vote
enregistré.
Le Président (M. Bordeleau): Un vote enregistré est
demandé à l'article 17?
M. Rivest: Oui, à l'article 17. Je pense que, M. le
Président...
M. Blais: Le vote a été demandé.
M. Polak: Quand cela arrivera, j'ai dit.
Une voix: Non, vous venez de demander le vote.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Rivest: M. le Président, vous pourriez peut-être
mettre un peu d'ordre dans la commission; je trouve que, de l'autre
côté, on interrompt constamment.
Le Président (M. Bordeleau): Cela me prendrait d'abord la
collaboration de tous les membres des deux côtés.
M. Sirros: M. le Président, je m'oppose. J'ai
été bien sage et bien tranquille pendant tout ce
temps-là.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vous ai pas
nommé, M. le député.
M. Rivest: C'est vrai. J'en suis témoin.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vous ai pas
donné la parole non plus.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... avant de céder la parole à d'autres
intervenants à propos de l'article 17, je voudrais signaler ce qui s'est
passé. Évidemment, je n'ai pas le droit de parler du contenu de
l'amendement dont la majorité ministérielle a si brutalement
disposé. Néanmoins, l'article 17 demeurant dans le texte actuel,
pour les années futures, le gouvernement, sans même avoir une
obligation que l'Assemblée nationale aurait pu lui faire, sans
même parler à un représentant des salariés en cause,
pourra toujours, unilatéralement, désormais, réviser le
taux de cotisation des régimes de retraite avec cet article 17, tel que
la commission et probablement la majorité parlementaire servile
l'adopteront dans son libellé actuel.
Il est bien entendu que, malgré tout ce qui s'est passé
avec les centrales syndicales au niveau de l'annexe pour la convention de 1976,
où les représentants syndicaux avaient leur mot à dire
dans la fixation des cotisations, au niveau de la lettre d'intention de 1979,
le gouvernement, par son projet de loi, consacre le fait qu'il met de
côté cette participation de la part des représentants des
employés, dans la mesure où les syndicats n'ont strictement pas
été consultés et partie au fait que le gouvernement pigera
141 000 000 $ qui appartiennent aux employés des secteurs public et
parapublic.
M. Blais: La somme est de 166 112 800 $.
M. Rivest: Voilà que, par le vote antérieur qui a
été celui de la majorité ministérielle, le
gouvernement ne donne aux employés du secteur public aucune garantie
qu'il ne refera pas la chose dans l'avenir, mais, pis encore, il ne donne
aucune espèce de garantie qu'il ne procédera pas d'une
façon unilatérale, comme il le fait avec le présent projet
de loi.
M. le Président, on va s'arranger pour que les
représentants des travailleurs soient mis au courant, de façon
qu'ils sachent bien que, malgré toutes les belles phrases et les sommets
de ceci et de cela, la consultation, la solidarité, l'amitié, la
fraternité, qui est le langage commun et même la "corvée",
selon la dernière expression du premier ministre, tout ça, ce
n'est que des mots, et que ce gouvernement est absolument incapable
d'être à la hauteur des principes qu'il dit favoriser, et ce vote
l'a illustré d'une façon tellement remarquable. Probablement que
d'autres de mes collègues souligneront cet aspect des choses et les
députés qui ont voté contre cela auront sans doute
à en répondre aux interlocuteurs syndicaux.
Ce vote qui a été pris, maintenant, nous laisse devant un
article où l'unilatéralisme est non seulement consacré par
le projet de loi no 68, mais est consacré aussi dans l'avenir, car tant
et aussi longtemps que ce projet de loi tout à fait odieux ne sera pas
annulé ou modifié, ce sera la situation. Toutes les belles
intentions que le ministre a évoquées en réponse à
la question que je lui ai posée au début: Oui, bien sûr,
à l'avenir nous allons consulter,
tout cela ne donne pas plus que les mots qui ont été
employés. Finalement, on ne retiendra pas plus que le son qui a
été émis lorsque le ministre les a prononcés. Cela
n'a pas plus de valeur, puisque le gouvernement vient de voter formellement
contre une chose qui était un minimum.
On n'a même pas demandé de négocier. Les syndicats
et le front commun sont venus, ils veulent négocier, ils
interprètent le passé comme quoi ils ont négocié
pour les régimes de retraite. On n'a même pas mis ça,
à dessein. On a mis simplement "consultation et discussion", ce qui
était un minimum, et le gouvernement a refusé ce minimum. M. le
Président, je trouve que le gouvernement se place dans une situation
extrêmement difficile qui risque de contribuer à envenimer encore
davantage les rapports entre le gouvernement et ses employés et
singulièrement à charger encore davantage le climat social au
Québec, à un moment où il me semble qu'il y aurait moyen,
pour les uns et pour les autres, de faire des ouvertures pour nous sortir de la
situation extrêmement pénible dans laquelle la gestion du
gouvernement du Parti québécois nous a malheureusement
conduits.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Jean-Talon vient d'interpréter le vote
gouvernemental dans le sens qui fait son affaire, mais je rappellerai
seulement, au bénéfice des membres de cette commission,
qu'après avoir présenté son amendement il a refusé
que je puisse intervenir sur l'amendement et il a demandé le vote
immédiatement. Je me doute qu'il avait mal calculé la composition
de sa délégation et qu'il se croyait en état de force,
étant donné le grand nombre de corps morts qui étaient
effectivement assis sur des chaises.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
M. Bérubé: Mais fort peu de ces
députés étaient effectivement membres avec droit de
vote.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, excusez-moi.
Sur une question de règlement, M. le député de
Jean-Talon.
M. Bérubé: En vertu de quel article?
M. Rivest: Libre au ministre d'apprécier les
discussions...
Une voix: II ne faudrait pas généraliser!
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, vous pouvez
continuer.
M. Rivest: Non, attendez.
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez avoir des
impressions.
M. Rivest: En vertu de l'article 100, le ministre n'a pas le
droit d'imputer des motifs à quelque membre de la commission que ce
soit.
M. Bérubé: En vertu de l'article 100. Sur la
question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: L'article 100 dit: "Tant qu'un
député a la parole, aucun député ne doit
l'interrompre". En invoquant l'article 100, sans savoir ce qu'il voulait dire,
le député de Jean-Talon vient de se signifier à
lui-même qu'il n'avait pas le droit de m'interrompre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre,
effectivement, vous pouvez continuer.
M. Rivest: M. le Président, en ce qui a trait à ma
question de règlement...
M. Bérubé: C'est toujours l'article 100, je
présume!
Le Président (M. Bordeleau): En vertu de l'article
100?
M. Rivest: M. le Président, vous chercherez le
numéro, ça, je m'en fous...
M. Blais: C'est très parlementaire!
M. Rivest: ... mais il y a un article dans le règlement
qui dit qu'un député n'a pas le droit...
M. Bérubé: M. le Président, c'est
scandaleux!
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Bérubé: C'est votre autorité qui est en
jeu. Le député de Jean-Talon vient de dire qu'il se fout du
règlement. Il se fout de l'institution parlementaire qui défend
les intérêts du Québec. Non seulement se fout-il du
règlement, mais, en même temps, il met en cause votre
autorité, ce qui m'apparaît également scandaleux. Vous ne
devriez pas tolérer ça de la part du député de
Jean-Talon, vous devriez le rappeler à l'ordre
trois fois. Il sait qu'en vertu de nos coutumes parlementaires trois
fois, cela signifierait l'expulsion et, M. le Président, vous rendriez
un grand service à l'humanité. (16 h 30)
Une voix: Deux fois dans la même journée.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Le ministre blague, évidemment. C'est le droit
d'un député de demander le vote au moment où le
député le juge. Le ministre a le droit d'apprécier le
geste d'un député ou d'un autre; je ne lui enlève pas ce
droit. Je ne pense pas que le ministre ait le droit de lui imputer des motifs
pour l'avoir empêché de parler alors que le ministre parle
d'abondance depuis deux jours qu'on a commencé l'étude de ce
projet de loi. Finalement, il peut parler encore de nouveau, s'il veut parler,
pour autant qu'il respecte le règlement, M. le Président, comme
je le fais moi-même toujours. Je ne connais pas les numéros, mais
je connais le règlement.
M. Paquette: Quelle est votre question de règlement?
M. Rivest: Et je respecte l'autorité du
Président.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Terrebonne, question de règlement.
M. Blais: M. le député de Jean-Talon dit qu'il se
plie au règlement, mais qu'il n'en connaît pas les numéros.
Juste cela, ce n'est pas réglementaire parce que, pour soulever une
question de règlement, il faut dire le numéro.
M. Rivest: Non, ce n'est pas vrai.
M. Blais: Ah oui! C'est indiqué en toutes lettres. Je vais
vous dire le numéro, d'ailleurs.
M. Rivest: Quel numéro? Des voix: Ah!
Le Président (M. Bordeleau): Quand vous aurez le
numéro, M. le député de Terrebonne, vous me demanderez la
parole.
M. Bérubé: M. le Président, après ces
interventions probantes, est-ce que vous pouvez me redonner le droit de
parole?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Donc, en ne permettant pas les
interventions sur l'amendement, le député peut se permettre
d'imputer toutes sortes de motifs et je pense qu'il faut les réfuter
immédiatement. D'une part, il dit que le gouvernement devrait consulter
avant de hausser les taux. Excellente suggestion. Je vais donc lire
l'article...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): 138. M.
Bérubé: ... 149 de la loi. Hélas! M. Paquette:
Vous n'avez pas lu la loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est l'article 138.
M. Bérubé: Oui, ils ne l'ont pas lue. L'article
149: "Le gouvernement peut, par règlement, après consultation par
la commission auprès du comité d'administration, réviser
et établir le taux de la cotisation de la façon prévue
à l'article 50." Donc, il est bien dit "après consultation" -
c'est très clair; j'ai bien lu - par la commission auprès du
comité d'administration", peut par règlement... Là, je
vais voir de qui est composé le comité d'administration au cas
où cela pourrait intéresser l'Opposition. Le comité
d'administration est composé de 30 membres nommés pour deux ans
dont quinze sont désignés par les représentants des
employés syndiqués.
Une voix: Ah! Regarde donc cela!
M. Bérubé: Ah! Pour évaluer le taux de
cotisation, il faut consulter les syndiqués!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On le savait.
M. Bérubé: L'amendement proposé par le
député de Jean-Talon...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas pareil. On sait
cela.
M. Bérubé: ... est donc redondant et inutile. Il ne
le savait pas. M. le Président, non seulement il ne connaît pas
les numéros du règlement, mais, de plus, il ne connaît pas,
non plus, la loi que nous sommes censés étudier.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement,
M. le député de Jean-Talon.
Une voix: Quel numéro?
M. Rivest: À ce moment-là, si c'était cela
l'intention, pourquoi l'annexe de 1976 et pourquoi la lettre d'intention de
1979? Franchement! C'est complètement ridicule, ce qu'il vient de
dire.
Le Président (M. Bordeleau): C'est une question tout
court. Ce n'est pas une question de règlement.
M. Rivest: Mais cela ne fait rien. C'est important de dire que le
ministre était...
Le Président (M. Bordeleau): C'est une question tout
court, je voulais juste faire la nuance. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, il n'y a pas
d'intervention. Je propose le vote sur l'article 17.
M. Doyon: Là-dessus, M. le Président... M.
Bérubé: Je demande le vote. Une voix: Non, il n'y a
pas de vote. Une voix: Voyons! M. Bérubé: J'ai
demandé le vote.
M. Rivest: M. le Président, il a demandé la parole
avant.
M. Bérubé: Non. Je regrette. Je demande le vote,
tout comme le député de
Jean-Talon s'est cru obligé de le faire tantôt.
M. Rivest: M. le Président, il a demandé la parole
avant.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le ministre,
mais, à l'article 17, on est obligé de tenir compte du droit de
parole de chacun des députés; ils ont un droit de parole de 20
minutes chacun.
M. Rivest: C'est cela. Ce n'est pas nécessaire de faire
des clins d'oeil...
M. Bérubé: Je vous donne raison, M. le
Président.
M. Rivest: ... au président. Le règlement
s'applique. On a un bon président.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Jean-Talon. Vous n'insinuerez pas que la
présidence... Je ne vous laisserai pas faire cela.
M. Bérubé: Soyez impartial!
Le Président (M. Bordeleau): J'ai tenté
d'être impartial. J'ai donné tous les droits de parole que vous
avez voulus jusqu'à présent.
M. Bérubé: M. le Président, le cynisme et la
désinvolutre avec lesquels le député de Jean-Talon traite
les travaux sérieux de cette commission, vraiment, me plongent dans la
plus grande confusion et j'ose supposer qu'il s'agit d'un
dérèglement temporaire et qu'il va revenir incessamment à
de meilleurs sentiments.
M. Rivest: Quel numéro de dérèglement?
Le Président (M. Bordeleau): J'aimerais que vous reveniez
à l'article 17. M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a eu droit à des
explications, à savoir que les révisions de taux peuvent se faire
à des intervalles d'au moins trois ans, mais qu'exceptionnellement - on
y reviendra plus tard - la prochaine évaluation, évidemment,
pourra donner lieu à une révision de taux à
l'intérieur du délai qui est prévu dans la loi. Il me
semblait pertinent de voir, à ce moment-ci, quel était,
techniquement, l'amendement. On ne s'adresse pas à la technique, mais
simplement au détail de l'article 138.2 et j'essayais de voir quelles
sont les intentions, quel est le calendrier que le gouvernement entend prendre
pour cette évaluation actuarielle. Peut-être aimerait-il, à
ce moment-ci, nous faire part des résultats de la dernière
évaluation actuarielle menée par une actuaire-conseil,
nommé en consultation, qui a, dans un délai de trente jours,
présumément, fait rapport sur la qualité des
hypothèses qui prévalaient lors de la signature de la convention
collective en cours.
M. Bérubé: On me dit que...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... l'évaluation actuarielle en
cours devrait être terminée pour mars 1983. Subséquemment,
tel que vous le soulignez, il faut consulter la partie syndicale sur la
nomination d'un actuaire-conseil qui va vérifier les hypothèses
et ce n'est qu'au mois de juillet de l'année subséquente que l'on
pourra effectivement modifier les cotisations s'il y a lieu de les modifier.
Donc, cela ne pourrait pas être avant juillet 1984.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La loi elle-même, par
ailleurs, modifie le taux de cotisation en cours, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, normalement, elle devrait
s'appuyer sur une étude actuarielle permettant de conclure à ces
nouveaux taux édictés par la loi et qui ont fait l'objet d'une
étude par un actuaire-conseil qui s'est prononcé sur les
hypothèses.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: On me dit que les documents sont
effectivement disponibles, mais que, suivant la loi, du moins dans le cas du
RREGOP, ils doivent être déposés à
l'Assemblée nationale. On est en train d'en préparer la
composition de manière à pouvoir les déposer à
l'Assemblée nationale. Donc, je ne pourrai pas les déposer
à cette commission-ci.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais avant la fin de la
session?
M. Bérubé: Je présume, incessamment. Je ne
peux pas vous dire si cela va être en dedans d'une semaine. Vous savez
que les délais d'impression, et autres, sont assez importants et je ne
peux pas vous garantir qu'avant la fin de la session ils pourront être
déposés. S'ils ne le sont pas à la fin de la session, ils
le seront au début de la session prochaine.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, à l'égard
de cette évaluation actuarielle, qui sera déposée
incessamment et dont le dépôt est retardé à cause de
délais d'impression, est-ce qu'il y aura nomination d'un
actuaire-conseil pour en vérifier les hypothèses?
M. Bérubé: C'est seulement lorsque
l'évaluation effectuée par la Commission administrative du
régime de retraite dont je parlais tantôt pour mars 1983 aura
été complétée que le processus de sélection
d'un actuaire-conseil consultant suivra.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'essaie de voir comment on peut évaluer les taux retenus dans
cette loi, alors qu'on n'a pas, d'une part, déposé à
l'Assemblée nationale le résultat des évaluations
actuarielles et, d'autre part, qu'on n'a même pas procédé
à une étude par actuaire-conseil comme la loi le prévoit,
à la suite des processus consultatifs. Je parle de la nomination d'un
actuaire-conseil appelé, en vertu de son mandat, à
vérifier les hypothèses.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Le projet de loi repose sur une
série d'analyses actuarielles, mais l'évaluation proprement dite
est prévue pour le mois de mars.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et quant aux taux en vigueur
depuis trois ans ou à peu près, ils ont fait l'objet
également d'une évaluation par actuaire-conseil, je
présume.
M. Bérubé: Oui, également ceux-là ont
été vérifiés par un actuaire-conseil suivant la
procédure prévue et ceci devait entraîner une augmentation
des taux de cotisation de 7,5 à 7,93.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que c'est du domaine
public?
M. Bérubé: On a dit qu'ils étaient du
domaine public, puisqu'ils ont été déposés.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, cela va.
M. Bérubé: Le président de la commission,
qui était à la commission parlementaire, hier, mais qui s'est
lassé voyant que les travaux ne progressaient pas et qu'il avait quand
même beaucoup de travail, m'a demandé l'autorisation de pouvoir
être dispensé de manière à pouvoir effectuer son
travail. Je lui ai dit que, dès que je verrais que les travaux de notre
commission prendraient un peu de sérieux et qu'on aurait besoin de ses
services, je l'appellerais pour lui demander de se joindre à nous. Mais
il avait indiqué que cette évaluation actuarielle avait
été remise au conseil d'administration de la CARR et qu'il
s'agissait de documents semi-publics. Le député de
Vaudreuil-Soulanges me les avait demandés et, après confirmation
auprès du président de la CARR, celui-ci prendra les mesures pour
vous les faire parvenir.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'on pourrait
également avoir une idée de la façon dont
l'actuaire-conseil est nommé? Je comprends le processus de consultation,
etc. Est-ce qu'on peut savoir de qui il s'agissait, si c'est par soumissions ou
autrement? Le député de Brome-Missisquoi se fera un plaisir
d'être ici.
M. Bérubé: II s'agit de Gaston Paradis. Comment
est-il choisi? On me dit que c'est en consultation avec la partie syndicale,
mais on n'a pas utilisé le fichier central.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les actuaires ne sont pas au
fichier central?
M. Bérubé: Oui, mais, comme ça se fait en
consultation avec les syndicats, il est assez difficile de prendre nos
syndiqués et de les incorporer dans notre ordinateur pour leur faire
sortir une recommandation. À ce
moment, on ne peut pas passer par le fichier central, c'est bien
évident.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est par dérogation
encore.
M. Bérubé: C'est un cas de dérogation.
D'ailleurs, je soulignerai que, si le député de Brome-Missisquoi
était présent, il se serait opposé à votre
amendement. D'ailleurs, je n'ai pas le droit de parler d'amendement puisque
c'est une chose jugée. Mais il se serait opposé à
l'amendement dans la mesure où il insiste beaucoup sur l'importance de
l'utilisation du fichier et, évidemment, chaque fois que par loi on
prévoit des mécanismes autres que ceux du fichier,
évidemment, c'est plus difficile.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne conçois pas que
ça exclue nécessairement la constitution d'une liste qu'on
pourrait considérer lors de la consultation et de la discussion. Ce que
je retiens, c'est d'essayer de voir quel éventail d'expertise on
reçoit. Lorsqu'on nomme un actuaire-conseil, dans le cas particulier,
est-ce qu'on va nécessairement du côté universitaire, du
côté privé?
M. Bérubé: Ce M. Paradis est un universitaire
professeur à l'Université Laval.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je crois comprendre, dans ce
cas, que c'est un mécanisme de consultation. Il n'y a eu aucune
espèce d'approche de faite. Dans le secteur privé, il y a des
grandes boîtes d'actuaires autant francophones qu'anglophones, ici au
Québec, qui ont des bureaux au Québec, à Montréal
et un peu partout. Je me demandais si c'était par question de principe
qu'on faisait appel surtout à l'expertise du côté
universitaire plutôt que du secteur privé qui a une
expérience pratique de la variété, tous les jours,
quotidiennement, des régimes de retraite et de leur administration.
M. Bérubé: On me dit que la liste sur laquelle se
sont penchés les représentants syndiqués et
gouvernementaux était composée de cinq grandes firmes d'actuaires
du Québec et de deux professeurs d'université.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Manifestement, à l'insu de tout ce monde, dans la mesure
où c'est une liste qu'on a consultée et, ensuite, on a fait la
nomination après en avoir parlé à la personne choisie.
M. Bérubé: Je ne peux pas vous dire si cela s'est
fait à l'insu.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Est-ce que l'article
17 sera adopté?
M. Bérubé: Alléluia, M. le
Président!
M. Rivest: M. le Président, je pense que ce serait
important de prendre le vote nominatif.
Le Président (M. Bordeleau): Le vote nominatif est
demandé sur l'article 17. J'appelle donc le vote à l'article 17
que tout le monde a lu. M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. Bourbeau (Laporte)?
Absent.
M. Bérubé: Absent, M. le Président. M. de
Belleval (Charlesbourg)?
Des voix: Absent.
Le Président (M. Bordeleau): M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Pour ou contre? M. French
(Westmount)?
Une voix: Absent, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. Gagnon (Champlain)?
Une voix: Absent.
Le Président (M. Bordeleau): M. Grégoire
(Frontenac)?
Une voix: Absent. À Ottawa.
Le Président (M. Bordeleau): M. Lachance
(Bellechasse)?
M. Lachance: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Rivest: Absent, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. Paquette (Rosemont)?
M. Bérubé: Ne le dites pas trop fort, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): Je n'avais pas entendu. M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Pour, M. le Président. M. le
Président, pourriez-vous faire l'addition précise du
nombre de députés de l'Opposition ayant voté sur cette
motion, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bordeleau): Je n'en reconnais qu'un
seul.
M. Bérubé: Est-ce que vous voulez dire, M. le
Président, que les autres sont absents?
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Le résultat du
vote, c'est cinq pour, un contre. Donc, l'article 17 est adopté.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement. Je pense qu'il y a un numéro dans le
règlement qui interdit aux gens de commenter un vote.
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle l'article 18.
M. Bérubé: "L'article 140 de cette loi est
abrogé." (16 h 45)
M. Rivest: Cela fait quoi dans la vie?
M. Bérubé: Ils sont repris ailleurs.
M. Rivest: Très bien. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? M. Rivest: Sur
division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais j'attends que vous
me le disiez. Sinon, je ne peux pas vous prêter d'intention.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II nous faut être
logiques dans la conjoncture. Vous pouvez le tenir pour acquis.
M. Bérubé: Si on avait pu en même temps
abroger le parti libéral'
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 19?
M. Rivest: Prêtez-nous au moins l'intention d'être
logiques.
M. Bérubé: M. le Président, l'article 19 est
de concordance avec l'article 17. L'article 149 est modifié par le
remplacement du paragraphe 1 du premier alinéa par "conformément
à l'article 138.2" dans la mesure où nous venons de modifier
l'article 138 pour introduire l'article 138.2 comme nous l'avons fait à
l'article 17, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 19 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. Article 20?
M. Bérubé: II s'agit d'un article de concordance,
M. le Président, où nous avons introduit des alinéas ou
des paragraphes. Je ne sais pas comment on le dit en langage législatif.
À 127.3, est-ce que ce sont des alinéas ou des sous-sections?
Une voix: Des alinéas.
M. Bérubé: Oui, mais quand il y a des chiffres
comme 127.3, c'est un...
Une voix: Un paragraphe.
M. Bérubé: C'est un numéro. C'est un
article. Nous avons donc modifié, renuméroté l'article 127
et nous avons maintenant 127.3.
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? L'article 20 est
adopté...
M. Rivest: Toujours sur division.
Le Président (M. Bordeleau): ... sur division. Article 21?
M. le ministre.
M. Bérubé: Le gouvernement est responsable de
l'application de la présente loi, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Peut-on à ce moment-ci
avoir une idée...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... du titulaire
éventuel?
M. Rivest: M. Parizeau.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Probablement le ministre des Finances. C'était la ministre de la
Fonction publique, évidemment.
M. Bérubé: Non. Dans la mesure où les
dépenses publiques sont maintenant surveillées directement par un
président du Conseil du trésor nommé à temps plein,
il nous est apparu que les régimes de retraite qui,
antérieurement, relevaient de la ministre de la Fonction publique - ce
qui était en
même temps une anomalie, puisqu'il devait surveiller les
régimes de retraite tant des employés des réseaux que de
la fonction publique - nous avons pensé, dis-je, qu'il était
préférable de les faire relever directement du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Rivest: Oui. Je trouvais que M. Parizeau faisait un bon
travail.
M. Bérubé: Vous avez parfaitement raison. Le
ministre des Finances a effectivement fait un travail absolument
remarquable.
M. Rivest: Comme président du Conseil du trésor,
j'entends.
M. Bérubé: Oui, je suis absolument d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 21 sera-t-il
adopté sur division?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bof! C'est tellement...
M. Rivest: Sur une inquiétude.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté sur une
inquiétude.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, adopté sur
inquiétude.
M. Bérubé: J'inviterais quand même le
député de Jean-Talon à relire le Mémorial de
Sainte-Hélène et la pensée de Napoléon sur la
séparation des finances et du trésor.
Le Président (M. Bordeleau): Article 22?
Une voix: Vous vous inspirez beaucoup de lui.
M. Rivest: En effet, il est très près de
Waterloo.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 22 sera-t-il
adopté?
M. Bérubé: Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si le ministre veut bien le
présenter une seconde.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 22? M. le
ministre.
M. Bérubé: Sur l'article 22, je n'ai pas vraiment
d'intervention, M. le Président, si ce n'est que nous devons maintenant,
pour le rachat de crédits de rente - oui, c'est cela -pour des
années antérieures... Il y avait auparavant une seule annexe
donnant le coût de ces primes - si on peut appeler cela des primes, oui -
pour le rachat de crédits de rente. Comme il faut maintenant distinguer
entre les années antérieures au 1er juillet et les années
postérieures avec des taux distincts, il faut donc rajouter une annexe,
c'est-à-dire l'annexe 1.1, qui permet, justement, de tenir compte de la
nouvelle formulation de la loi.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela va, sauf que...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... je présume que cela
a été discuté, mais on parle bien, à titre
d'exemple, dans la...
M. Bérubé: Sur l'article 23?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, si vous parlez des
annexes...
M. Bérubé: II faut que j'apporte un amendement
à l'article 23.
Le Président (M. Bordeleau): ... on tombe à
l'article 23.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je m'excuse.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 22 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division?
M. Bérubé: À l'article 23, il faudrait
apporter un amendement, M. le Président, que je vais essayer de
retrouver.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mettre des virgules
partout?
M. Bérubé: Oui, effectivement.
Le Président (M. Bordeleau): Article 23. M. le ministre,
vous allez me donner le papillon. C'est cela.
M. Bérubé: M. le Président, il faudrait
apporter un amendement que j'aimerais soumettre à votre attention. Un
instant: Si
je peux mettre la main dessus. Oui, l'amendement a été
distribué, M. le Président, à l'Opposition.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Bérubé: Je l'avais quelque part, mais je ne le
trouve plus. Voilà!
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez bien le lire,
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bérubé: M. le Président, l'amendement se
lirait ainsi: "Insérer dans les deuxième, troisième,
cinquième et sixième colonnes de nombres
énumérés à la page 11 de ce projet, après le
premier chiffre, si le nombre est composé de quatre chiffres, ou
après le deuxième chiffre, si le nombre est composé de
cinq chiffres, une virgule; insérer après les deuxième,
troisième, quatrième, cinquième et sixième colonnes
de nombres énumérés à la page 12 de ce projet,
après le deuxième chiffre, une virgule." M. le Président,
l'importance de cette virgule est la suivante: pour acheter 10 $ de rente
annuelle, il devrait en coûter 3,769 $ plutôt que 3769 $, ce qui
aurait pu paraître comme une prime fort élevée pour
s'acheter 10 $ de rente.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'amendement? L'amendement sera-t-il adopté?
M. Rivest: L'Opposition n'a pas l'habitude de débattre des
points et des virgules. Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 23, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si l'on peut reculer pour une
seconde, je m'excuse.
M. Bérubé: Oui, vous pouvez reculer pour une
seconde avec l'accord du gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne parviens pas à
concilier dans l'annexe...
M. Bérubé: Avec l'Opposition, c'est toujours
à reculons, de toute façon.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous en prie. Non, je ne
pense pas, on aurait pu la soulever à ce moment-là.
M. Rivest: On a un ministre vraiment...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre! À
l'ordre! C'est le député de Vaudreuil-Soulanges qui avait la
parole.
M. Bérubé: Un ministre vraiment responsable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étant donné qu'on
vient de parler...
M. Rivest: Oui, mais le ministre n'en manque pas une.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... de l'intitulé de
l'annexe. Je pense que le commentaire est valable tout autant pour l'article 22
que pour l'article 23. L'intitulé de l'annexe 1 se lisait autrefois:
"Primes requises de l'employé pour avoir droit au crédit de rente
prévu à l'article 86." Là, évidemment, le
deuxième intitulé parle de l'article 84. Ce sont deux articles
distincts, manifestement deux annexes qui... Est-ce qu'on est en train de nous
dire qu'indépendamment de la date de l'acquisition d'années de
service on parle de crédits de rente qui sont par ailleurs
explicités dans un cas à l'article 86 et, dans un autre cas,
à l'article 84?
M. Bérubé: Oui, c'est bien cela. Regardez, prenons
l'article 22: "L'annexe 1 de cette loi est modifiée: 1° par le
remplacement du premier intitulé par le suivant." Si on prenait
l'intitulé de l'article, l'article antérieur était ainsi
inscrit: "Primes requises de l'employé pour acquitter le crédit
de rente prévu à l'article 86, quand l'âge de la retraite
obligatoire est de 65 ans." Désormais, ce sera: "Primes requises de
l'employé pour avoir droit au crédit de rente visé dans
l'article 84 à l'égard des années de service
antérieures au 1er juillet 1982." Donc, on spécifie clairement
qu'il s'agit des années antérieures au 1er juillet 1982, et il
nous faut une deuxième liste, une deuxième annexe. C'est la
raison pour laquelle nous avons un deuxième intitulé.
Excusez-moi, c'est qu'il y avait déjà dans l'annexe de toute
façon, deux tableaux de chiffres pour les années, quand
l'âge de la retraite était à 65 ans obligatoire et quand
l'âge de la retraite était postérieur à 65 ans.
Alors, ayant deux listes, il faut modifier deux fois le titre, toujours pour
couvrir les années de service antérieures au 1er juillet
1982.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour cela, je comprends fort
bien...
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Bérubé: Moi, je ne suis pas sûr.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... sauf que ce n'est pas cela
que j'ai demandé.
M. Bérubé: Ah bon!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'essaie de voir la
différence entre 1.1. Pourquoi dans la loi, au chapitre R-10 des Lois du
Québec, est-il question d'une référence dans les
intitulés à l'article 86?
M. Bérubé: On me dit même que c'est pire que
cela. C'est que, dans l'ancienne loi 86, c'était une erreur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, si je comprends bien,
j'avais bien compris et c'est le ministre qui n'avait pas compris.
M. Blais: II n'avait pas compris la question.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 23, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Oui, M. le Président. On constate dans les
tables que, bien sûr, la prime des femmes est plus élevée
que celle des hommes.
M. Bérubé: Ah! oui, oui, oui. Une voix:
C'est la longévité, cela.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Rosemont, je m'excuse, mais si c'est une question au
ministre, j'aimerais peut-être attendre quelques instants qu'il soit
libre. Cela va. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Si je comprends bien, on a adopté ici la
règle qui prévaut dans des régimes privés à
savoir que les cotisations sont basées sur la longévité et
cela explique pourquoi les cotisations des femmes sont plus
élevées que celles des hommes. Est-ce bien cela? Est-ce qu'il y a
d'autres facteurs qui influent sur l'échelle?
M. Bérubé: Quant aux facteurs actuariels...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... à ma connaissance, non. C'est
juste la longévité des femmes.
M. Paquette: Pardon? Je n'ai pas compris.
M. Bérubé: C'est parce que votre analyse est tout
à fait pertinente, judicieuse, avisée et complète.
M. Paquette: C'est le seul facteur qui influe
là-dessus.
M. Bérubé: C'est ce qu'on me dit.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, cela va. L'article 23,
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Je suis sûr qu'il
n'y a pas d'erreur typographique ou de copiste dans celui-ci.
M. Blais: Sur l'article 23...
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 23.
M. Blais: ... l'amendement de la virgule, il faut dire que c'est
une virgule métrique et non une virgule du système
impérial, parce que cela peut tout changer. Dans le système
impérial ça ne veut pas dire la même chose.
M. Bérubé: Une virgule métrique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est entendu.
M. Blais: II n'est pas dit dans l'amendement que c'est une
virgule métrique.
M. Bérubé: Convenons qu'il s'agit d'une virgule
métrique et non pas d'une virgule impériale, mais l'intervention
du député de Terrebonne, vous le remarquerez, dénote chez
lui un esprit d'observation on ne peut plus fin.
Le Président (M. Bordeleau): Article 23, adopté tel
qu'amendé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a observé cela
finement, nous autres aussi.
M. Rivest: D'autant plus qu'au texte du projet de loi il n'y a
aucune virgule.
Le Président (M. Bordeleau): Article 24?
Régime de retraite des enseignants
M. Bérubé: Alors, M. le Président, quelques
réflexions préliminaires. L'article 24 est absolument identique
dans le cas du RRE et du RRF. Alors, ça va être extrêmement
intéressant, je pense, de prendre le temps approprié sur le RRE,
le RRF étant une copie conforme.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a
simplement concordance. M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant au fond, on est à
24?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Est-ce
adopté?
M. Rivest: Oui, mais sur division.
M. Bérubé: C'est normal qu'il soit adopté
sur division, M. le Président, dans la mesure où l'Opposition a
adopté sur division les articles précédents; je pense
qu'il est important qu'ils soient tous adoptés sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Article 24, adopté sur
division. Article 25?
M. Bérubé: Sauf pour les têtes de chapitre
où l'Opposition s'est montrée résolument d'accord avec le
gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): Article 25. M. le ministre,
vous avez des remarques préliminaires? M. le ministre.
M. Bérubé: Alors, à l'article 2e, il s'agit,
en fait, de l'indexation des pensions et des pensions différées
qui se faisait de façon proportionnelle comme dans le cas du RREGOP.
Maintenant, allons à l'article 25. L'article 25 est un article assez
long. Un instant, je vérifie. Ah oui, il s'agit d'une modification des
taux de cotisation par rapport aux taux de cotisation antérieurs qui
étaient, évidemment, différents dans le cas du RRE. Par
suite de la réforme dont nous avons discuté dans les articles
précédents, nous modifions les cotisations en
conséquence.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'article 25 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a qu'un autre changement
particulièrement à 31.3 qui a retenu mon attention.
M. Bérubé: Donc, on pourrait adopter 31.2.
31.3?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est à l'égard
des congés sans solde et de la façon dont l'enseignant peut
pourvoir à son régime de retraite alors qu'il est en congé
sans solde. Si je comprends bien, contrairement à ce qui existe dans
le
RREGOP, l'enseignant n'est tenu que de verser les retenues qu'il aurait
versées lui-même s'il avait continué d'être à
l'emploi de la commission scolaire, à titre d'exemple, alors qu'il est
en congé sans solde. Ce n'est que ce qu'on verse, alors qu'à
l'égard du RREGOP, il doit verser 200% maintenant, 240% autrefois, des
cotisations qu'il aurait été tenu de verser, s'il était
demeuré à l'emploi de la commission scolaire toujours. (17
heures)
M. Bérubé: Antérieurement, dans le RREGOP,
il versait et sa contribution et celle de l'employeur. C'est cela. Il s'agit
d'un droit acquis dans le RRE et le RRF qui le distingue - vous avez
parfaitement raison sur cela - du RREGOP puisque, dans le RREGOP, dans le cas
d'un congé sans solde, il devait verser et sa part à lui et la
part de l'employeur. Mais dans le cas du RRE et du RRF, il n'est tenu
qu'à verser sa propre part et non pas la part de l'employeur. Vous allez
me dire que le régime est plus généreux; à cela je
répondrai oui, mais je ferai remarquer que, maintenant, il paye un taux
de cotisation plus élevé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends. Ce que j'essaie
de voir quand le ministre invoque des droits acquis, c'est la différence
entre payer 5/12, 7/12, d'une part, ou alors payer simplement sa part ou la
part de l'employeur quand il est en congé sans solde. Comment est-ce
qu'on peut modifier des droits acquis au partage des coûts et ne pas
modifier, en même temps, ou alors prétendre qu'il y a des droits
acquis pour ne pas modifier le 31,3, 2°?
M. Bérubé: Ce que nous ne modifions pas, c'est pour
l'avenir. La décision a été prise de ne pas réduire
la générosité, à l'avenir, des régimes de
retraite autres que le partage, l'indexation proportionnelle, et l'indexation
moins 3. C'est tout. Par conséquent, toutes les autres clauses qui
avantagent les participants au RRE ou au RRF sont maintenues.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne peut pas parler de droits
acquis, si ces droits acquis sont battus en brèche à
l'égard de trois choses.
M. Bérubé: Vous avez raison, ce n'est pas une
question de droits acquis.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie.
M. Bérubé: C'est que nous avons
décidé de ne pas modifier autre chose que ces trois articles.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un choix politique.
M. Bérubé: Oui. Vous avez parfaitement raison.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous avez pris une
décision politique.
M. Bérubé: Je m'excuse, c'est une mauvaise
expression de ma part.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est la première fois
que cela vous arrive, M. le ministre; alors, on va vous la passer, cette
fois-ci.
M. Rivest: C'est très rare dans son cas. Il a toujours
l'expression juste.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Les détails qui
sont ici appellent un commentaire de ma part. Je serais curieux de
connaître le traitement fiscal réservé aux enseignants dans
les circonstances où il y a un congé sans solde et une
contribution de l'enseignant en congé égale au montant des
retenues qui auraient été effectuées, etc., donc,
manifestement, une contribution du même montant, maintenant, de la part
du gouvernement. On sait que dans le secteur privé, en matière de
traitement par la Loi sur les impôts de ce genre d'avantages, il y aurait
une incidence fiscale très nette dans la case c du T4 que recevrait le
bénéficiaire. Je me demandais quel est le traitement fiscal
réservé aux enseignants.
M. Bérubé: II a droit à une déduction
de 3500 $ comme à un régime enregistré
d'épargne-retraite. Je dois vous avouer qu'en cette matière je
n'ai pas vraiment l'expertise pour vous dire comment est traité le
rachat d'une...
Une voix: 3500 $.
M. Bérubé: C'est ce que j'allais vous
répondre, mais je n'osais pas vous le répondre de peur de vous
induire en erreur, M. le Président. Vous savez à quel point
jamais je ne voudrais induire en erreur le député de
Vaudreuil-Soulanges qui montre d'ailleurs dans la discussion du projet de loi
un sérieux qui l'honore, je dois l'avouer. Je ne voudrais pas l'induire
en erreur. Effectivement, il semble bien qu'il aurait droit, dans ce cas, aux
déductions habituelles dans le cas des cotisations à des
régimes enregistrés d'épargne-retraite,
c'est-à-dire 3500 $ à Ottawa et 5500 $ à
Québec.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce que j'ai fait valoir
au-delà de cette considération, c'est que le versement par
l'employeur au crédit de l'employé en congé des
cotisations nécessaires à maintenir la qualité, au niveau
de son régime de retraite ferait dans le secteur privé l'objet
d'une inclusion sur le T4 au titre des revenus du bénéficiaire de
la somme égale aux cotisations versées par l'employeur. Je me
demande si, dans le RRE, par des dispositions fiscales quelconques, les
enseignants sont obligés de déclarer comme revenu la portion des
cotisations versée par l'employeur lorsqu'ils sont en congé parce
qu'ils ne l'ont pas véritablement acquise dans la mesure où ils
sont en congé. Ils rachètent à moitié prix, dans le
fond, la valeur de leur régime de retraite, l'autre moitié du
prix étant versée par l'employeur.
M. Bérubé: On me dit que non, qu'elle ne serait pas
considérée comme faisant partie du revenu de l'employé
à moins qu'elle ne soit spécifiquement identifiée comme
telle dans la Loi sur les impôts, ce qui n'est pas le cas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela est vrai pour tous les
contribuables.
M. Bérubé: Non, c'est vrai pour les régimes
de retraite de l'État et, on me dit pour tous ceux qui ont un
régime de rentes supplémentaire également.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ou secteur privé. C'est
une question technique dont on a la réponse pour le moment.
M. Bérubé: Grâce à un expert en
matière de législation fiscale dont j'ai eu l'occasion,
d'ailleurs, d'apprécier les grands talents dans le long débat au
sujet de la loi 70 sur l'amiante.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II était
également présent, je crois, lors de...
M. Bérubé: II me suit à toutes les lois
70.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... la discussion sur les
caisses d'entraide, sur les sociétés d'entraide
économique.
Le Président (M. Gagnon): L'article 25 est-il
adopté?
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion de faire valoir, alors que nous étions en train
d'étudier l'article 17, les motifs qui nous semblaient être
à la base d'un amendement qui avait été proposé par
les membres de l'Opposition, mais qui, malheureusement - c'est moi qui l'ai
proposé - a été défait par les représentants
du parti ministériel. Ces arguments que j'ai fait valoir, M. le
Président, c'est que, pour obtenir la plus grande
crédibilité possible
dans les ajustements prévisibles ou qui pourraient s'imposer
à un moment donné du taux des cotisations des employés,
des futurs pensionnés ou des cotisants, il était
nécessaire de les impliquer à un niveau ou à un autre.
Dans un souci de cohérence, je fais maintenant la proposition
suivante qui se lit comme suit: Que l'article 25 soit amendé au 9e
paragraphe en ajoutant, après le mot "peut" les mots suivants...
M. Bérubé: Attendez un peu, je veux être
certain: Que l'article 25 soit amendé...
Le Président (M. Gagnon): On va avoir l'amendement, M. le
ministre. Continuez de lire votre amendement et après j'aimerais en
avoir le contenu.
M. Doyon: Après le mot "peut", les mots suivants:
"après consultation et discussion avec l'association
accréditée représentant les employés".
M. Rivest: Est-ce que c'est recevable?
M. Raquette: Non, le député ne nous a pas
indiqué où cela se trouvait.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous voulez me donner
l'amendement, s'il vous plaît?
M. Doyon: C'est au 9e paragraphe, donc, c'est à 31.2, 2e
paragraphe, à la page 14, simplement pour vous situer. J'ai parlé
de paragraphe parce que c'est comme cela qu'on doit procéder pour
l'amendement mais, pour situer les membres de la commission, c'est à la
page 14 du projet de loi 68, au 2e paragraphe de ce qui est l'article 31.2.
M. Raquette: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je vais d'abord recevoir
l'amendement.
M. Doyon: C'est le même amendement, M. le
Président.
M. Rivest: Est-ce recevable?
Le Président (M. Bordeleau): Je vais en prendre
connaissance. C'est une motion d'amendement. Je déclare donc
l'amendement recevable.
M. Rivest: Je demande le vote.
Le Président (M. Bordeleau): Le vote est
demandé.
M. Bérubé: Question de règlement. M.
Rivest: Le vote est demandé.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: ... je pense que le député a pris
l'habitude de demander le vote hâtivement. Notre règlement
autorise les députés qui veulent parler sur l'amendement à
le faire. Je signale que, sur le dernier amendement qu'a présenté
le député de Louis-Hébert, cela aurait été
utile parce qu'à cause de son va-et-vient incessant à cette
commission, il a manqué l'explication tout à l'heure selon
laquelle son amendement était déjà inclus dans la loi.
M. Doyon: J'étais ici, M. le Président.
M. Paquette: Oui, vous étiez là? Alors, M. le
Président, on aurait évité tout à l'heure cet
amendement...
M. Doyon: Je pense que le député de Rosemont a
dormi quelque part.
M. Paquette: ... si on avait laissé les
députés s'exprimer.
M. Doyon: Alors, vous voterez contre si vous n'êtes pas
d'accord.
M. Paquette: Je pense qu'un député n'a pas le droit
de demander le vote comme cela si un autre député veut
s'exprimer.
M. Doyon: Non?
M. Bérubé: Sur la question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le ministre,
avant de vous donner la parole... Je suis d'accord. Je reçois votre
question de règlement, M. le député de Rosemont, sauf que
si personne ne me demande la parole alors que quelqu'un demande le vote, je
passe au vote, mais...
M. Rivest: M. le Président, de consentement.
Le Président (M. Bordeleau): ... je me souviens bien
d'avoir dit: J'appelle le vote.
M. Rivest: M. le Président, consentement, je consens
à ce qu'il y ait un vote.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, sur votre
question de règlement ou sur la question de règlement.
M. Bérubé: Sur la question de règlement, M.
le Président, et, en même temps, pour avoir une directive. Non pas
que
je sois en désaccord avec la demande de vote du
député de Jean-Talon, je pense que cela ne sert à rien
d'éterniser nos débats, mais je voudrais simplement savoir si un
député qui n'a pas la parole, parce que le député
de Louis-Hébert avait présenté un amendement fort valide,
que nous allons défaire, mais du moins c'est fort valide...
Une voix: Quel lapsus!
M. Bérubé: Je comprends qu'il soit fort valide;
c'est cela, il est fort valide qu'il présente un amendement qu'il avait
présenté antérieurement; je pense qu'il n'y a pas de
problème là-dessus. Cependant, l'amendement ne m'apparaît
pas valable. Mais je ne veux pas parler de l'amendement lui-même, je veux
simplement savoir si, lorsqu'un député qui a la parole et qui
soumet un amendement, a terminé la présentation de cet
amendement, un député qui n'a pas la parole peut demander
instantanément le vote. Est-ce que, M. le Président, il n'est pas
coutume, lorsqu'il y a présentation d'un amendement, de regarder pour
voir si, du côté gouvernemental, il n'y a pas quelqu'un qui
demanderait le droit de parole? J'avais d'ailleurs levé la main pour
demander qu'on me reconnaisse.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. Oui.
M. Bérubé: M. le Président, c'est simplement
pour m'assurer dans nos travaux futurs...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Bérubé: ... que les procédures sont bien
respectées.
M. Rivest: Sur la question de règlement.
M. Polak: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! C'est moi qui ai la parole. Je vous la
donnerai quand j'aurai jugé qu'il y a lieu de la donner. Jusqu'à
nouvel ordre, c'est le président qui donne le droit de parole. Je veux
simplement rappeler - je retiens la demande de directive du ministre - que j'ai
peut-être agi rapidement, mais je n'ai reconnu personne qui voulait avoir
la parole.
M. Gagnon: M. le Président, sur la question de
règlement, je pourrais peut-être vous éclairer parce
qu'à ce moment-là j'étais président.
Une voix: Question de règlement.
M. Gagnon: Juste pour vous dire ce qui s'est passé.
Le Président (M. Bordeleau): Sur une question de
règlement, M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Au moment où l'amendement est arrivé,
j'occupais votre siège.
Le Président (M. Bordeleau): Exact, oui.
M. Gagnon: M. le ministre, avait effectivement demandé la
parole et j'ai dit: On va attendre de recevoir l'amendement parce que vous
étiez en train de lire l'amendement à ce moment-là. Alors,
c'est effectivement vrai que M. le ministre avait demandé la parole et
j'attendais d'avoir l'amendement pour le juger recevable.
Le Président (M. Bordeleau): Bon.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Non, non, pas de question de
règlement. Est-ce que les membres de la commission sont d'accord pour
entendre le ministre?
M. Polak: La question de règlement, c'est justement
à propos de ce que le ministre vient de dire.
Le Président (M. Bordeleau): Je n'accepterai plus d'autres
questions de règlement, je vais appeler le vote tout simplement.
M. Polak: Selon notre règlement, M. le Président,
j'ai une question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Le vote est
demandé.
M. Polak: Non, indépendamment du vote. J'ai l'impression
nette et claire, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement,
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: ... que le ministre est en train de faire un
"filibuster" sur son propre projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Ah, s'il vous
plaît!
M. Polak: On n'avance pas.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît, à l'ordre, à l'ordre,
à l'ordre!
M. Polak: On veut étudier cela. Il fait de longs discours
contre le fédéralisme, etc. Il ne veut pas adopter ce projet de
loi-là peut-être. On ne le sait pas.
Le Président (M. Bordeleau): Suspendu? M. Polak:
Qu'on avance nos travaux!
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait suspendre le
député de Sainte-Anne par le cou?
M. Polak: Cela s'appelle expulser.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît.
J'appelle le vote.
M. Doyon: Déjà! Mon Dieu que cela va vite!
M. Rivest: M. le Président, de consentement, s'ils veulent
s'exprimer.
M. Bérubé: Je croyais que j'avais le droit de
parole, mais enfin.
M. Rivest: De consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Consentement pour entendre le
ministre, d'accord. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, en fait, je ne
voulais qu'intervenir sur la question de règlement, mais dans la mesure
où, je pense, nous avons effectivement eu une longue discussion, je ne
voudrais pas être accusé par le député de
Sainte-Anne de faire un "filibuster". Par conséquent, je serai d'accord
pour qu'on prenne le vote, mais sans, cependant, enlever à mon
collègue le droit de parole, évidemment, si cependant c'est
légal.
Le Président (M. Bordeleau): C'est sur une question de
règlement, M. le député de Rosemont?
M. Paquette: Sur le fond.
Le Président (M. Bordeleau): Sur le fond.
M. Rivest: Sur le fond. Il parle juste sur le fond, lui,
d'habitude.
M. Paquette: Sur l'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'amendement, non. Je
m'excuse, mais c'est inscrit. D'ailleurs, je me le rappelle très bien,
j'ai appelé le vote. À moins que tout le monde n'y consente.
M. Doyon: Consentement. M. Rivest: Consentement.
M. Paquette: Cela fait déjà plusieurs fois que je
vous demande la parole, M. le Président.
Une voix: II fallait la demander à nous.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais à partir du
moment où il y en a cinq qui la demandent en même temps, je ne
peux pas la donner à cinq en même temps. Alors, de consentement,
je vous donne la parole, M. le député de Rosemont, sur
l'amendement. Oui, cela prend le consentement.
M. Polak: D'accord, chef.
Le Président (M. Bordeleau): Vous donnez votre
consentement, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak: Un instant. Il faudrait avancer les travaux de la
commission.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rosemont, sur l'amendement. (17 h 15)
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement dire
que, tout à l'heure, lors de son amendement, le député de
Louis-Hébert nous a proposé d'ajouter un élément de
consultation des syndiqués en ce qui concerne le RREGOP qui couvre 281
000 syndiqués, soit la presque totalité des syndiqués du
public et du parapublic. Il est bien évident que, puisque ceci
était déjà inclus dans la loi, il y aura consultation des
syndiqués. Maintenant, on voudrait nous faire faire la même chose
pour deux régimes qui doivent nécessairement être
établis en concordance avec le RREGOP. Je pense que l'essentiel est que
les syndiqués soient consultés sur le RREGOP. On sera certain,
à ce moment-là, que l'avis des représentants des
travailleurs pourra se faire entendre. On n'a aucunement besoin de cet
amendement, ni de l'autre tout à l'heure, d'ailleurs.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, j'appelle le vote.
Est-ce que vous voulez que je relise l'amendement? Ce serait
préférable?
M. Blais: Non, ce n'est pas nécessaire, je le connais par
coeur, M. le Président.
M. Polak: Une machine à voter!
M. Blais: Oui, j'aime mieux être une machine à voter
qu'une machine à roter.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ajouter à
l'article 25, paragraphe conséquent: "après consultation et
discussion avec l'association accréditée représentative
des employés."
M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Bourbeau (Laporte)? M. de
Belleval (Charlesbourg)? M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. French (Westmount)?
Une voix: Absent.
Le Président (M. Bordeleau): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Grégoire
(Frontenac)? M. Lachance (Bellechasse)? M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Bérubé
(Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): Quatre contre et deux pour.
L'amendement est donc rejeté.
M. Bérubé: Mais, effectivement M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 25, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À l'article 25, je
remarque que l'on réintroduit, et on le fera pour le RRF, je
présume - je ne présume pas, je l'ai vu - la notion
d'évaluation actuarielle, l'ancien article 138 sur le RREGOP, ce qui
n'existait pas pour le RRE et le RRF. Je me demandais pourquoi c'était
absent, pourquoi on avait attendu jusqu'à aujourd'hui pour donner une
chance aux participants aux régimes de constater, eux aussi, quel
était l'état du dossier au point de vue actuariel, de leurs
cotisations et des cotisations de l'employeur, des taux, de la révision
possible sur la base de cette évaluation. C'est introduit, c'est nouveau
pour les projets de loi affectés à partir de maintenant.
M. Bérubé: On parle de 31.1?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Bérubé: C'est ça, l'obligation
d'effectuer une évaluation actuarielle n'existait pas dans le cas du RRE
et du RRF.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est assez
étonnant.
M. Bérubé: En faisant le ménage, nous
faisons le ménage des trois.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En faisant le ménage
dans les finances publiques, vous faites le ménage dans les textes de
loi.
M. Bérubé: Partout, on passe le balai dans les
coins.
Le Président (M. Bordeleau): On pourrait laisser terminer
le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je voulais savoir pourquoi
cela avait tardé. Dans le fond, ce que je voulais isoler, c'est le
retard apporté depuis des années à inclure une disposition
qui, à mon sens, allait de soi. Cela évite, par ailleurs, la
question de savoir s'il y en a eu, de toute façon, même s'il n'y
avait pas obligation, des évaluations actuarielles de ces deux
régimes depuis plusieurs années ou si cela sera au mois de mars,
avec rapport en 1983, qu'on en entendra parler.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, à l'article 25 qui
remplace l'article 31 de la loi, je voudrais savoir...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pense que le ministre
s'apprêtait à répondre à ma question.
Le Président (M. Bordeleau): Tantôt, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela vous a
échappé, c'est tout.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, cela m'a
échappé. M. le ministre, en réponse au
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Bérubé: II faut comprendre que le
RRE et le RRF étaient des régimes à prestations
déterminées, mais par répartition, des "pay as you go" en
bon français. En d'autres termes, il n'y avait donc pas pleine
capitalisation des régimes et ce n'est qu'en 1978, pour la
première fois, que nous avons commencé à tenir compte des
déficits actuariels très importants accumulés dans ces
régimes. Comme c'est sans doute la première fois qu'on fait le
ménage dans la loi, je pense que c'est la première occasion que
nous avons de modifier ces articles-là.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: ... à l'article 25, qui remplace l'article 31 de
la loi, j'aimerais demander au ministre une précision: sur chaque
versement de traitement, l'employeur devra effectuer une retenue. Vu qu'on a
expliqué ce matin que ceux qui restent dans le RRE auront une
augmentation de leurs primes, je me demande s'il restera quelque chose sur
leurs chèques de paie pendant la période du 1er janvier 1983 au
31 mars 1983. Ces mêmes gens vont être obligés de payer plus
en primes sur leur pension et ils auront une coupure considérable quant
à l'augmentation de salaire consentie et accordée du 1er juillet
au 31 décembre. Par exemple, avez-vous calculé le montant net qui
reste à quelqu'un dans l'enseignement qui doit payer plus cher sa prime
du RRE et qui se voit coupé du 1er janvier au 31 mars? Je sais que ce
n'est pas le salaire du ministre, mais tout de même on parle des gens
moyens en général.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Sainte-Anne qui, je pense, parle relativement bien
l'anglais - en tout cas, sans doute mieux que le français, mais il parle
bien les deux langues...
M. Polak: L'allemand et le hollandais aussi.
M. Bérubé: ... l'allemand et le hollandais aussi -
a sans doute l'occasion d'avoir des conversations avec sa collègue, la
députée de Jacques-Cartier - qui a consacré de nombreuses
années à l'enseignement et aux organisations d'enseignement dans
la région métropolitaine. C'est dommage qu'il n'ait pas
écouté le discours de la députée de Jacques-Cartier
à l'Assemblée nationale, sur la loi 70 en particulier, car il
aurait entendu la députée de Jacques-Cartier faire une charge
à fond de train contre les enseignants, invoquant qu'ils ne travaillent
pas ou très peu, qu'ils n'ont pas de charge d'enseignement
véritablement acceptable et qu'ils sont trop payés. Par
conséquent, si effectivement...
Une voix: Ah! Pas d'accord!
M. Bérubé: Non, nous ne sommes absolument pas
d'accord. C'est que vraiment la députée de Jacques-Cartier s'est
permis cette intervention et, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Rivest: Question de règlement. Oui, très
simplement, c'est une question de règlement, parce que je pense que le
ministre induit cette commission en erreur. Ce n'est pas du tout la nature des
propos que la députée de Jacques-Cartier a tenus.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez diverger
d'opinion. M. le ministre, continuez.
M. Bérubé: Donc, à cette occasion, la
députée de Jacques-Cartier a souligné les salaires
excessifs qui étaient payés dans le secteur de
l'éducation, compte tenu de la charge de travail qu'elle jugeait trop
basse. Je suis surpris maintenant que le député de Sainte-Anne
trouve que non seulement les employés ne sont pas trop payés,
mais qu'ils ne sont pas assez payés et qu'ils vont se retrouver avec
rien. J'ai de la difficulté à concilier les deux points de vue,
mais je vais laisser au Parti libéral le soin de résoudre
à l'interne ses conflits entre députés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, en réponse au ministre,
il est tout de même malheureux que cet homme qui vient du comté de
Matane, comme je l'ai dit hier soir, qui a les deux pieds sur terre, qui est
pêcheur de crevettes, une personne dont j'admire l'honnêteté
puisse, en réponse au député de Sainte-Anne, citer les
soi-disant paroles de la députée de Jacques-Cartier. D'abord, je
veux noter l'impolitesse du ministre, qui en est encore à lire un
article sur les Malouines, au lieu d'écouter mes paroles, parce qu'il
pourrait apprendre quelque chose. M. le ministre, j'ai simplement...
Le Président (M. Bordeleau): Écoutez. S'il vous
plaît! M. le député de Rosemont, sur une question de
règlement.
M. Polak: ... demandé ce qu'il reste sur les
chèques de paie. C'est ça que je veux savoir.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne! J'ai une question de règlement du
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Rosemont. C'est à vous.
M. Paquette: ... est-ce que vous pourriez ramener non seulement
le député de Sainte-Anne mais tous les
députés...
M. Polak: ... et le ministre...
M. Paquette: ... et le ministre au projet de loi? M. le
Président, je pense que nous avons beaucoup de travaux d'ici à la
fin de la session et je vous avoue personnellement que, comme ça va
là, je n'ai pas tellement le goût de revenir à la
commission ce soir.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait procéder à
l'étude du projet de loi?
Le Président (M. Bordeleau): J'ai tenté à
plusieurs reprises jusqu'à maintenant de ramener la discussion au projet
de loi 68 et j'avoue qu'à l'occasion j'ai de la difficulté. Si je
puis avoir la collaboration de tous les membres, on devrait pouvoir y arriver.
Est-ce que l'article 25 sera adopté?
M. Polak: Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division? M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Au premier paragraphe de 31.1, le texte dit: "La
commission doit faire préparer, par les actuaires qu'elle
désigne". Est-ce que je dois comprendre qu'on va se servir des actuaires
qui sont présentement en place à la commission et qui sont
payés par le trésor public ou si, encore une fois, on va engager
des actuaires d'en dehors à des salaires exorbitants? On parle ici
d'actuaires-conseils nommés par le gouvernement. Avez-vous des gens dans
votre ministère qui sont capables de remplir ce rôle ou non?
M. Bérubé: On me dit que ça s'est fait
après consultation avec les syndicats et en particulier ceux-ci ont
insisté pour avoir quelqu'un de l'extérieur.
M. Polak: Et le gouvernement paie pour ça? Combien cela
va-t-il coûter à la population?
M. Blais: Cela va coûter 1 246 233,16 $.
M. Polak: On prend note de ça.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 25 est-il
adopté? Sur division.
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
26?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On serait curieux de
connaître les cas d'espèce dont il pourrait s'agir ici, l'effet
pratique de ne pas procéder par voie de retenues. Évidemment, je
présume qu'il y a d'autres implications quant au financement des
collèges, quant aux subventions aux commissions scolaires et à
l'enseignement privé, le cas échéant, etc. J'essaie de
comprendre ce qu'on veut accomplir en abrogeant l'article 33.
M. Bérubé: II ne s'applique plus depuis 1973.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Depuis 1973? Alors ça
traînait dans le projet de loi, on nettoyé toujours.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Rivest: Enfin, un aspect positif.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est très bien, c'est
adopté à tour de bras.
Une voix: À l'unanimité?
M. Rivest: Notre position n'est pas négative!
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
27?
M. Bérubé: II s'agit de reprendre le sixième
alinéa de l'article 31, à la suite du remaniement que nous venons
de faire à l'article 31. Comme vous avez pu le constater, nous venons de
modifier l'article 31 en profondeur et, pour ne pas faire disparaître le
sixième alinéa dans le processus, on ajoute un article 34.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 27 est-il
adopté?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
28?
M. Bérubé: Je peux l'expliciter simplement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: II existe des organismes non
subventionnés par l'État qui doivent verser leurs propres
contributions au régime. Alors, il s'agit d'organismes - je pense
à la Fédération des commissions scolaires et à
certaines écoles de la défense nationale -dont les enseignants
sont couverts dans les présents régimes, mais qui ne
relèvent pas du trésor québécois. Au moment
où ils versent les cotisations de leurs employés, ils doivent
verser leurs propres contributions. Ce qui est maintenant indiqué, c'est
qu'ils versent un montant égal à cette cotisation. En d'autres
termes, c'est leur cotisation, qui doit être égale à la
cotisation des employés, qu'ils doivent verser. Il s'agit de couvrir les
organismes qui ne relèvent pas directement du budget de
l'État.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je crois comprendre que...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Bérubé: On me dit que les permanents de la CEQ
sont inclus là-dedans, ce qui va permettre à la CEQ de faire des
économies substantielles au chapitre des retraites de ses
employés. (17 h 30)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si je comprends bien ce que le
ministre a expliqué, il y a des institutions qui adhèrent par
automatisme au RRE, qui sont guidées dans leur régime par des
dispositions qu'on est en train d'examiner aujourd'hui.
M. Bérubé: On me dit que c'est le cas d'enseignants
déjà couverts dans le Régime de rentes des enseignants qui
vont travailler dans ces organismes et qui continuent à être
couverts par le RRE.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah bon! Cela s'applique aux
personnes et non pas aux institutions.
M. Bérubé: Oui. C'est ce qu'on me dit.
M. Polak: J'ai une question, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Par exemple, les employés de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, est-ce qu'ils sont
visés par cela?
M. Bérubé: Par le RRF et le RREGOP.
M. Polak: Le RREGOP, d'accord.
M. Bérubé: Oui. Les conditions de travail de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail sont
définies par la Loi sur la fonction publique.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 28 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté tel quel?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. L'article
29?
M. Bérubé: II s'agit du même article que nous
avons adopté antérieurement, c'est-à-dire qu'à la
suite de l'évaluation actuarielle il faut...
Une voix: Sur division toujours.
M. Bérubé: Toujours sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 29 est
adopté sur division. L'article 30?
M. Bérubé: C'est toujours le même ministre
qui sera responsable.
Une voix: Ah! Pas chanceux.
M. Bérubé: Sur division, M. le
Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Avec inquiétude.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 30 est
adopté avec inquiétude. L'article 31?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À l'article 31...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... je vous
réfère au débat antérieur de cette commission,
notamment avec le député de Sainte-Anne et d'autres
intervenants.
Régime de retraite des fonctionnaires
M. Bérubé: On attire mon attention sur un point qui
m'avait échappé concernant l'article 31 et les suivants. Le
Régime de retraite des fonctionnaires est subdivisé en deux
parties dans la loi: l'une s'applique aux enseignants qui ont été
engagés avant le 1er
avril 1942.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas aux enseignants, aux
fonctionnaires.
M. Bérubé: Aux fonctionnaires. L'autre s'applique
aux fonctionnaires qui ont été engagés après le 1er
avril 1942.
M. Blais: II y a des lois spéciales pour eux?
M. Bérubé: Oui. Si je comprends bien, la
première partie s'applique de 1842 à 1942 et ainsi de suite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela comprend le
secrétaire de la couronne en chancellerie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. En fait, je sais que le
débat a déjà eu lieu, mais il y a un renseignement
supplémentaire qui ne nous a pas été fourni par le
ministre. Les 3% qui sont enlevés sur la prime d'indexation, j'aimerais
que le ministre nous explique comment il en est arrivé à
déterminer que c'était 3% et que ce n'était pas 4%. Ce
à quoi je veux en venir, c'est que si on conçoit des
années meilleures où on aurait un indice du coût de la vie
qui serait, disons, de 5% ou de 6%, on se trouverait avec une proportion
beaucoup plus grande de diminution, c'est-à-dire qu'il y aurait
simplement 2% d'indexés, ce qui représenterait, en l'occurrence,
si on parle de 6% d'augmentation du coût de la vie, 50% de perte nette,
de diminution d'indexation, si je peux m'exprimer ainsi, tandis que si on
considère 3% sur une augmentation du coût de la vie de 12%, on est
à un sur quatre et ce n'est pas la même proportion. Je soumets que
les effets ne sont pas les mêmes. Alors, il aurait été
concevable qu'on prenne une proportion de l'augmentation du coût de la
vie et qu'on la déduise et que cela ne soit pas indexé.
Cependant, les 3% bruts font qu'on se retrouve avec une perte pour les futurs
bénéficiaires qui, proportionnellement, peut être beaucoup
plus grande selon l'année qu'on considère, c'est-à-dire si
le coût de la vie a augmenté plus ou moins. Alors, comment les 3%
ont-ils été déterminés? Est-ce que le ministre a
des explications à nous donner là-dessus, de même que des
prévisions? Il y a beaucoup d'experts qui l'entourent. Est-ce qu'il y a
des prévisions? Cela vaut ce que cela vaut, mais-Une voix: Les
experts? M. Doyon: Non, les prévisions. Est-ce qu'il y a des
prévisions? Est-ce qu'il les envisage comme étant ce qui va se
passer dans l'avenir? On ne peut pas s'en aller à peu près. Il
doit quand même y avoir des courbes normalisées ou normales qui
permettent de voir, si les choses continuaient, compte tenu des variations
épisodiques, ce qui va se passer. J'aimerais que le ministre nous
éclaire là-dessus, M. le Président.
M. Bérubé: Calvert, dans son étude
intitulée: "Pensions and surviving the coming crisis of money and
retirement"...
M. Blais: Comment avez-vous commencé?
M. Bérubé: C'est Calvert. M. Polak:
"Calvert".
M. Sirros: C'est à peu près ce qu'il faut dire
devant ce projet de loi.
M. Blais: Dans le sens que c'est peut-être votre calvaire
à vous.
M. Bérubé: Donc, c'est M. Jeffrey N. Calvert, dans
"Pensions and surviving the coming crisis of money and retirement." Au chapitre
4, intitulé "Pensions and inflation", je vous lirai trois petites
conclusions de cette longue analyse actuarielle de l'évolution des
besoins, ce que j'ai eu l'occasion de faire en partie lors d'un long
débat, en l'absence du député de Louis-Hébert qui
vaquait à d'autres occupations ailleurs à l'Assemblée
nationale.
M. Blais: II a beaucoup de dossiers, ce monsieur.
M. Bérubé: "Overall average cash needs shrink 2% a
year as age advances. However, 40% of needed income for basic needs do not
shrink at all. Therefore, the balance shrinks at 3.3 a year. Hence, the basic
40% must be fully indexed. À ce moment-là, on
réfère au revenu de base prévu dans les pensions de
vieillesse. "The balance needs to be protected only with respect to any
inflation in excess of 3.3% a year". D'ailleurs, ceci a fait l'objet tout
récemment d'une déclaration même de l'Association des
actuaires canadiens qui tirait comme conclusion que les critères
d'indexation à la pleine inflation n'apparaissaient pas
nécessaires, mais qu'une indexation à l'indice des prix à
la consommation moins 3 paraissait raisonnable. Également, je
soulignerais que, dans le mémoire remis aux membres de COFIRENTES par
l'Institut canadien des actuaires, on devait, par une voie un peu
différente, tirer sensiblement les mêmes conclusions. Je vous
soulignerais, par
exemple, que ce que l'Institut canadien des actuaires rédigeait
à ce moment-là - ce serait trop long à vous le lire; j'ai
un long texte - et également d'autres travaux faits à la CARR ont
montré que la propension marginale à l'épargne croissait
avec l'âge et était de l'ordre de 3% justement parce que les
pleines indexations s'avéraient plus généreuses que
nécessaire.
M. Doyon: Alors, sur le même sujet, M. le Président,
avec votre permission.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Est-ce que le président du Conseil du
trésor pourrait nous donner une indication des montants globaux qui ne
seront pas versés aux bénéficiaires pour l'année
actuelle? Prenons l'année 1983, si vous voulez. Il doit y avoir des
prévisions pour cette année-là ou, pour 1982, on doit
savoir où on en est. Quel est le manque à gagner pour les
bénéficiaires de 1982 ou 1983? Je vous laisse le choix à
condition que vous me l'indiquiez. Qu'est-ce que ça leur enlève,
ces 3%, dans leurs poches, globalement? On sait que cela donne au gouvernement,
pour neuf mois, 144 000 000 $; le gouvernement diminue ses cotisations et
ça lui permet de disperser ses fonds avec 144 000 000 $ ou 141 000 000 $
supplémentaires. Maintenant, regardons cela de l'autre bout de la
lorgnette. J'aimerais que le président du Conseil du trésor nous
dise ce que cela coûte aux bénéficiaires en 1982, si cela a
été appliqué pour 1982, ou pour 1983, comme vous voudrez.
Qu'est-ce que cela leur enlève en pouvoir d'achat ces 3% qu'ils n'auront
pas?
M. Bérubé: On me dit que, pour l'indexation moins
3%, en 1983, l'économie sera de 20 000 $ au total.
M. Doyon: D'accord pour cette année-là. Continuons
le même raisonnement. Je sais que le ministre a une piètre opinion
des documents dont nous, de l'Opposition, disposons, parce que nous travaillons
avec les moyens du bord. Le ministre pourrait-il nous dire si les chiffres que
j'ai eu l'occasion d'avancer, M. le Président, lors du discours de
deuxième lecture, sont exacts? On avait émis un certain nombre
d'hypothèses à ce moment. Je peux les répéter pour
le bénéfice de la commission, ainsi que pour le ministre qui l'a
peut-être oublié. On s'interrogeait sur les effets pour certains
futurs pensionnés, de cette diminution de 3%, et on avait reconnu que
l'effet était à peu près négligeable pour
l'année 1983. Pour bien illustrer notre pensée, on avait besoin
d'aller plus loin pour bien comprendre quel était l'effet réel
chez les pensionnés.
On avait parlé, à ce moment, d'un salaire moyen, sur cinq
années, de 18 000 $; c'est ce que j'avais soumis au ministre en Chambre.
On parlait aussi d'un nombre d'années, pour les fins de calcul de la
pension, soit 34 ans, et d'un montant de pension qui, calculé, donnait
12 240 $. On utilisait, pour les fins du calcul, un pourcentage d'indexation,
tel que j'avais indiqué au ministre à ce moment, de 10% pour la
première année, de 8% pour la deuxième année et de
6% pour les années subséquentes. On analysait le cas d'une
personne qui comptait 17 ans de cotisations avant le 1er juillet 1982 et,
hypothétiquement, 17 ans de cotisations après le 1er juillet
1982. On en venait, M. le Président, aux chiffres suivants: pension
régulière avec pleine indexation, disons pour la dixième
année... Le ministre pourra nous dire les chiffres qui sont les vrais
chiffres, si ceux-là ne sont pas bons; en tout cas, ça permettra
d'illustrer le débat.
M. Bérubé: II ne doit pas y avoir d'erreur majeure
sur ces chiffres.
M. Doyon: Alors, une pension régulière avec pleine
indexation donnait 23 175 $, avec les hypothèses que j'ai
énoncées précédemment. Une pension diminuée
de 3% pour 17 des 34 années donnait une pension de 20 113 $, ce qui
donnait une perte encourue, pour la seule dixième année, de 3062
$, ou une perte de 14 595 $ accumulée pendant la période qui
reste à courir. Si on passait à la quinzième année,
les chiffres seraient encore beaucoup plus impressionnants puisque la pension
régulière avec pleine indexation aurait été de 31
000 $, la pension diminuée de 3% tombait à 25 000 $, la perte
encourue pour l'année était de 5949 $, disons 6000 $, et la perte
encourue accumulée était de 38 000 $ ou 37 997 $. Est-ce que le
ministre peut nous dire si ce sont là les chiffres qui correspondent
à la réalité, d'après les calculs qui ont
été faits par ses experts? Si oui, peut-il nous expliquer comment
il peut qualifier de "finalement pas absolument essentielle" ou "pratiquement
négligeable, une mesure qui ne touchera pas, finalement, les
pensionnés", une perte de l'ordre de celle que j'indique ici pour une
dixième année de pension ou une quinzième année de
pension?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Je n'ai pas contesté à
l'Assemblée nationale les chiffres du député de
Louis-Hébert. Dans la mesure où on devait faire des
hypothèses actuarielles, comme ordre de grandeur, ils m'apparaissaient
exacts, en ce sens qu'effectivement l'indexation moins 3% des
pensions représente une diminution appréciable du
coût des régimes de retraite, c'est vrai. Mais il reste qu'en
dépit de cette réduction appréciable du coût des
régimes de retraite les prestations qui sont versées
s'avèrent encore parmi les plus généreuses de tous les
régimes de retraite, d'une part, et, d'autre part, s'avèrent
suffisantes pour protéger les citoyens contre l'érosion de leur
pouvoir d'achat. Donc, on atteint les objectifs, mais d'une façon plus
raisonnable, et je pense que c'est la seule façon de gérer les
fonds publics que d'utiliser de la façon la plus rationnelle possible
l'ensemble de nos ressources. (17 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Le président du Conseil du trésor nous a
indiqué ce matin que les personnes qui ne seraient pas satisfaites du
régime de retraite qui découlerait de l'adoption du projet de loi
68 n'avaient qu'à placer les fonds dont elles disposeraient en surplus;
dans le cas du RREGOP, par exemple, pour obtenir des bénéfices
supplémentaires qui compenseraient la perte de bénéfices
qui suivait l'adoption du projet de loi 68. M. le Président, je demande
au ministre s'il peut nous dire combien il en coûterait à un
individu, par exemple, pour compenser pleinement cette perte d'indexation
totale. Le ministre, étant donné qu'il a affirmé cela,
peut-il nous indiquer s'il a fait des calculs, pour que les gens puissent
savoir ce que cela prendrait de leurs poches pour atteindre un objectif qui,
pour eux, peut être valable? Ils ont le droit de décider d'avoir
la pleine protection de leurs revenus futurs s'ils prenaient cette
décision.
Le ministre nous indiquait ce matin, au moyen de ses chiffres, qu'il y
avait, pour un salarié de 20 000 $, dans le cas du RREGOP, une
diminution et il laissait entendre que cette diminution pourrait servir,
justement, à l'achat d'un fonds de pension qui compenserait les pertes
de bénéfices. Je lui signale que les chiffres qu'il a
donnés à la commission ce matin indiquaient que, pour une
année, toujours pour un salaire de 20 000 $, la contribution passerait
de 1066 $ à 1009 $. Ce que je veux souligner, M. le Président,
c'est que je ne vois pas ce qui peut être fait pour l'obtention d'un
fonds de pension acceptable qui compenserait les pertes de
bénéfices avec une cinquantaine de dollars qui sont, finalement,
la diminution dans les cotisations par les futurs bénéficiaires.
Je pense qu'il y a - à moins que le ministre me rassure là-dessus
- une totale disproportion entre une cinquantaine de dollars qui sont
épargnés, si vous voulez, au niveau de la cotisation, et les 37
997 $ qu'une personne peut considérer désirable de
protéger et d'aller chercher sur une période de quinze ans, tel
que je l'ai indiqué plus tôt. Il me paraît impossible et,
pratiquement, il est totalement irréaliste de suggérer que les
épargnes réalisées par les cotisants actuellement
pourraient, de quelque façon que ce soit, de près ou de loin,
compenser les pertes de bénéfices. Cela paraît être
hors de proportion. Que le ministre nous ait dit cela, je m'en étonne.
Les chiffres qui sont là me permettent de remettre cela en question et
de demander des éclaircissements là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Ce serait assez coûteux. J'ai eu
l'occasion, d'ailleurs, de l'indiquer à l'Assemblée nationale
dans mon discours. Le député de Louis-Hébert m'a fait le
reproche d'avoir, à un moment donné, mal compris une série
d'hypothèses actuarielles qu'il avait introduites au début de son
discours. Il m'a accusé de ne pas l'avoir écouté et de lui
faire perdre son temps. Je cite textuellement ces paroles de son intervention.
Je dois constater qu'il n'a pas beaucoup prêté attention, en fait,
au débat en Chambre lui-même. J'ai été très
clair. Je l'ai même répété deux fois. C'est toujours
la même étude actuarielle de M. Calvert: Une indexation de 3%
d'une rente représente un coût additionnel de près de 36%
du coût de la rente. Donc, cela pourrait vouloir dire -et là, je
simplifie, parce que je n'ai pas fait les calculs actuariels complets, je vous
donne seulement une appréciation un peu grossière - qu'un
employé, par exemple, au RRF dont le taux de cotisation - nous venons de
le voir - va être d'environ 8% - mettons 8% pour arrondir - avec la
contribution gouvernementale à 16%, s'il fallait augmenter de 36% le
coût de ce régime - je m'aperçois que je n'ai pas mon
calculateur -prenez 36% de 16%, cela vous donnerait la réponse. Cela
donnerait environ 6% de plus. Il faudrait donc que la prime passe de 8%
à 14% pour assurer les mêmes bénéfices, en gros,
sans avoir fait les calculs actuariels détaillés et sans vouloir
me porter garant des chiffres que citait M. Calvert dans son étude. Je
pense que cela nous donne quand même une idée de l'augmentation du
coût de la cotisation pour garantir une telle indexation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je suis bien au fait des coûts énormes que
cela implique. Ce que mon propos tendait à souligner, c'était la
disproportion entre l'épargne qui peut se produire dans le cas du RREGOP
pour les cotisants, qui est de l'ordre d'une cinquantaine de dollars, toujours
pour le
salarié qui, selon la même hypothèse, gagne 20 000
$, et le coût véritable pour en arriver à des
bénéfices équivalents à ceux qui sont
accordés, n'eût été le projet de loi no 68.
C'était tout simplement la chose que je portais à l'attention du
ministre. Je faisais le lien entre ce fait, qui me paraît évident
et qui est reconnu par le ministre -cela ne me surprend pas du tout - et les
propos que lui-même a tenus à cette commission parlementaire ce
matin. Il laissait entendre qu'il y en a qui vont épargner de l'argent,
qui vont payer moins et que cet argent devrait servir à compenser les
pertes de bénéfices qu'ils devront subir. Ce que je souligne,
c'est qu'il n'y a pas de proportion et ce n'est pas possible même de
penser compenser cette perte de bénéfices par l'épargne
que peuvent réaliser les cotisants actuellement.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, est-ce que l'article
31 sera adopté?
M. Polak: Non, non. J'ai une question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, le ministre
réfère à l'étude de M. Calvert. Je voudrais savoir
si cette étude a un chapitre concernant spécialement la situation
de la province de Québec, parce qu'on n'a pas cette étude.
M. Bérubé: C'est un volume sur les fonds de
retraite au Canada.
M. Polak: Oui, mais je voudrais savoir, tout de même, si on
a fait une étude. Ce M. Calvert a tout de même pris certaines
normes en considération. N'est-il pas vrai que la situation, ici, au
Québec est différente des régimes des autres provinces? Je
parle au point de vue des bénéfices du régime qu'on a
exactement. Cela a pu influencer son étude. Il y a aussi le
déficit encouru dans le régime de retraite; l'écart peut
être plus grand ici qu'ailleurs. Je ne sais pas quelles sont les
règles ailleurs. Par exemple, vous dites qu'on arrive aux 3% en se
basant sur cette étude. Cela peut très bien s'appliquer à
d'autres provinces. Je me demande si l'on ne devrait pas prendre en
considération le fait que la situation ici est plus difficile
qu'ailleurs. Est-ce qu'on peut dire que cette étude s'applique
indépendamment des problèmes spécifiques qui peuvent
exister dans certaines provinces?
M. Bérubé: Je pense que je ne peux pas me porter
garant des chiffres que j'ai ici. Je vous ai simplement cité les
données qui étaient disponibles. Cependant, on peut essayer de
concilier ces chiffres avec les coûts réels du régime avant
la réforme. Or, effectivement, le taux de cotisation du gouvernement -
je prends le cas du RRE et du RRF - que nous venons d'approuver est de l'ordre
de 8% à l'heure actuelle; avec la contribution gouvernementale, cela
donne 16%. Grossièrement, j'ai évalué à 6% le
coût d'une pleine indexation. Alors, si je voulais indexer le
régime, ce serait 16% plus 6%, ce qui ferait 22%. Or, si je regarde
combien coûtaient les régimes avant la réforme,
c'était en gros 22% de la masse salariale. Donc, je retombe à peu
près sur mes pattes. Donc, les 6% que je vous ai mentionnés sont
un "ball park figure" qui est probablement exact.
M. Polak: Oui, mais je reviens là-dessus. Ce matin, on a
parlé exactement du même sujet avec le ministre; il disait alors
qu'il ne pouvait pas donner la garantie que ce chiffre était exact. Au
moins, il a donné une garantie. Il a dit: Temporairement, à court
terme, je pense qu'on a réglé le problème. On n'est pas
allé plus loin que cela parce que vous avez dit que vous n'êtes
pas futuriste; je ne vous en blâme pas. On ne peut pas savoir quels
seront les taux d'augmentation du coût de la vie. Mais je me demande, si
l'on considère l'étude de ce M. Calvert, si vos fonctionnaires
ou, disons, les fonctionnaires du fonds ont pris en considération, en
lisant ce volume, le fait qu'au Québec la situation est beaucoup plus
serrée, beaucoup plus difficile qu'ailleurs. Je ne connais pas le
système en Ontario, en Saskatchewan, en Colombie britannique, mais il se
peut qu'on n'ait pas là exactement le même principe qu'ici, pas
exactement les mêmes bénéfices et peut-être pas, non
plus, les mêmes écarts et les mêmes déficits. Est-ce
qu'on aurait pas dû prendre cela en considération? Qu'est-ce que
cela veut dire "ball park figure"?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: L'étude qui a été
faite ici au gouvernement arrive à 3% et l'étude de M. Calvert
à 3,3%; donc, on est sensiblement au même endroit. C'est normal,
d'autant plus qu'on prend le même indice des prix à la
consommation canadien; on prend la pension de sécurité de la
vieillesse et le RRQ qui reposent sur des indices qui sont également
pan-canadiens. Donc, on se retrouve avec des données absolument
identiques que l'on fasse une étude ici ou pas. Maintenant, dans la
mesure où le coût de la vie est inférieur au Québec
à ce qu'il est dans beaucoup d'autres provinces canadiennes, il n'est
pas du tout impossible même que notre IPC moins 3 soit trop
généreux.
M. Polak: Par contre on parlait...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: ... de l'écart entre l'argent qui rentre et
l'argent qu'il faut débourser. Vous avez parlé d'une position
déficitaire. J'ai eu l'impression nette et claire de vous, ce matin,
qu'on est arrivé à un point si serré que le gouvernement
est obligé d'intervenir d'une manière assez draconienne
là-dedans. Est-ce que cet écart n'est pas beaucoup plus grand
qu'ailleurs et que le chiffre de 3% va être un chiffre réaliste
maintenant? Peut-être qu'en 1983 ce chiffre va être
augmenté? Je ne sais pas. Est-ce qu'il y a une garantie? Est-ce qu'on
peut dire à ces employés-là: C'est 3%, maintenant, prenez
votre pilule: Pense-t-on au moins que, pour les quelques années à
venir le redressement se fera avec ce chiffre-là ou est-ce qu'on peut
dire: On va être correct avec cela juste pour les six prochains mois ou
pour un an, mais on ne peut pas s'engager plus loin que cela?
M. Bérubé: Certainement plus loin que six mois ou
un an. Je ne peux pas vous garantir de l'avenir, mais je peux vous garantir que
les moyens sont pris pour qu'à l'heure actuelle, pour que, dans le cadre
des projections que nous faisons, nous ayons complètement assaini les
finances de nos régimes de retraite. Par conséquent, nous ne
devrions pas avoir à les rouvrir. Cela, dans la conjoncture actuelle
avec les projections économiques normales et à partir de
l'assainissement que nous adoptons ici.
Maintenant, je ne peux pas vous donner plus de confirmations que cela si
ce n'est que les moyens que nous prenons vont nous permettre, à mon
point de vue, de rétablir la situation et que ne pas prendre les moyens
nous entraînerait nécessairement vers des correctifs beaucoup plus
radicaux à très courte échéance. C'est la raison
pour laquelle nous devons adopter ce projet de loi rapidement et le mettre en
vigueur rapidement.
M. Polak: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Polak: Avez-vous appris aussi, pendant que vous étiez
en congé, que la base de taxes au Québec devient de plus en plus
petite, qu'il y a une forte possibilité -évidemment, je deviens
partisan - que, sous le régime péquiste, cette base baisse de
plus en plus et que ça influence ces chiffres-là ou avez-vous
dit: On accepte cette base, elle ne va pas devenir plus petite, on ne va pas
avoir un autre exode des commerces et des personnes qui tout de même ont
contribué à ce régime-là, il n'y aura pas de
problème? Avez-vous calculé que le chiffre est constant ou
avez-vous prévu que peut-être encore il y aurait une autre
baisse?
M. Bérubé: Non, nous n'avons prévu aucune
correction au régime de retraite pour l'avenir.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, compte tenu que les articles
31 à 36 inclusivement qui concernent le Régime de retraite des
fonctionnaires sont identiques à ceux que nous venons d'adopter pour le
Régime de retraite des enseignants, j'aimerais demander au
député de Vaudreuil-Soulanges s'il serait d'accord pour que nous
les adoptions en bloc.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils sont identiques, je vais
les reconnaître, quant au fond, quant à certaines concordances,
mais quant au détail - et je pensais que c'était pour cela que la
commission était convoquée - notamment sur les taux de cotisation
qui sont requis il y a des différentes importantes. On a assisté,
dans le RREGOP, à une diminution du taux de cotisation. Les retenues
à la source payées par l'employé sont inférieures,
en pourcentage du revenu, à ce qu'elles sont actuellement. Mais dans les
deux régimes qu'on a en face de nous, c'est-à-dire les deux pans
du régime des fonctionnaires, ceux d'avant 1942 - il n'y en a pas
beaucoup, j'aimerais savoir combien - et ceux depuis ce temps-là. On
voit qu'il y a une augmentation substantielle pour les plus vieux, s'il y en
reste, et également c'est de l'ordre de 40%, 45% d'augmentation du taux
de cotisation même s'il y a diminution des bénéfices. Ce
que je voulais savoir de façon générale, c'est pourquoi le
gouvernement n'a-t-il pas tenté d'introduire par phases cet
assainissement plutôt que de le faire de façon brutale. On assiste
depuis une couple d'années, à cause de l'état de
l'économie, de la croissance des dépenses, à des ponctions
chez les citoyens, de façon générale, par voie
d'impôts indirects dans la plupart des cas, à des traitements
extrêmement brutaux, c'est-à-dire qu'on ne laisse pas - la taxe
sur l'essence en est un exemple - au consommateur, au contribuable le temps de
s'adapter à des conditions changeantes que tout le monde peut
reconnaître. Les correctifs sont apportés du jour au lendemain
plutôt que d'être étalés. Quand on parle, nous
autres, de moyen terme, c'est de cela qu'on parle. (18 heures)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, je m'excuse. Il est 18 heures. Au moins qu'on ne me dise
qu'on adopte...
M. Blais: On ne peut pas l'adopter avant?
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut adopter
l'article 31?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): L'article 31?
M. Blais: Les articles 31 à 36 avant de partir?
Le Président (M. Bordeleau): L'article 31?
M. Blais: Jusqu'à l'article 36, c'est la même
chose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): L'article 31 est adopté
sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 31 est
adopté sur division. Nous reprendrons donc nos travaux à
l'article 32, ce soir. Je voudrais vous rappeler que la commission continuera
ses travaux, ce soir, au salon rouge. La commission suspend ses travaux
jusqu'à ce soir, vingt heures.
(Suspension des travaux à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 28)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions à
l'article 30.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: ... sur la composition de notre
commission, M. Léonard Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)
qui est de l'autre côté, aurait aimé pouvoir être
membre; il fait normalement partie de notre commission à titre
d'intervenant. Il aurait aimé être membre en bonne et due forme,
vu l'absence de M. Grégoire. Est-ce que l'Opposition serait
d'accord?
M. Rivest: Oui, d'accord, M. le Président. Il est du parti
ministériel?
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Alors, M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata) remplace M. Grégoire (Frontenac).
M. Bérubé: C'est bien cela.
M. Rivest: C'est avantageux et je pense bien que ce n'est pas
faire injure au député de Frontenac.
M. Blais: M. le Président, il y a aussi M. le
député de Matapédia qui aimerait être membre
à part entière ce soir, s'il vous plaît.
M. Rivest: C'est un ministériel également?
M. Blais: II remplace M. Gagnon, qui préside.
M. Rivest: C'est un député ministériel.
M. Blais: Oui, c'est un député ministériel
de grande valeur, qui remplace un député de grande valeur aussi.
Il est tellement valeureux qu'on la nommé président pour la
soirée, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: II remplacerait qui?
M. Blais: II remplacerait M. le député de Champlain
qui est M. Gagnon, en l'occurrence.
M. Rivest: Deux excellents amis, M. le Président.
M. Blais: Et de bons parlementaires... M. Rivest: Excellents.
M. Blais: ... polis, aimables, aimant la vie, joyeux, joviaux,
gais.
M. Rivest: Excellents tous les deux, M. le Président.
M. Polak: M. le Président, une remarque
préliminaire.
M. Rivest: C'est du pareil au même.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez mentionné quel député
là?
M. Blais: Le député de Matapédia.
Le Président (M. Gagnon): Ah! Le député de
Matapédia!
M. Polak: II est de votre équipe.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais non
pas demander de remplacer qui que ce soit, mais simplement témoigner mon
appréciation pour la collaboration de l'Opposition au renouvellement des
membres de notre commission. Évidemment, je pense que nous avons fait
montre à deux reprises déjà que nous pouvions faire preuve
de la
même ouverture. Par conséquent, je pense que c'est signe au
moins de bonne entente.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Dans ce même esprit, est-ce qu'on pourrait
désigner que le député de Vaudreuil-Soulanges, qui est
simplement intervenant et qui a la responsabilité première du
dossier, comme membre de la commission?
M. Bérubé: Oui, certainement.
M. Blais: On adorerait qu'il soit membre.
M. Rivest: Quant au député de Sainte-Anne, je
laisse la commission l'apprécier.
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait enlever le droit
de parole au député de Sainte-Anne? Est-ce possible dans nos
règlements?
M. Rivest: M. le Président, est-ce débattable?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! M. Polak:
Une question de règlement. Le Président (M.
Gagnon):À l'ordre:
M. Polak: M. le Président, je voudrais commencer...
M. Rivest: Je suis prêt à en discuter, M. le
ministre.
M. Blais: M. le Président, il est déjà
membre!
M. Polak: M. le Président, je voudrais tout de
même... (20 h 30)
Le Président (M. Gagnon): On va terminer avec le
député de Vaudreuil-Soulanges, qui remplace qui? M. French?
M. Bérubé: En fait, si je comprends bien, si on
pouvait se débarrasser de nos deux frisés, cela irait bien.
M. Blais: Ah!
M. Polak: M. le Président, ce n'est pas un bon
débat en profondeur.
M. Rivest: On pourrait faire un échange, plus un droit au
repêchage.
M. Blais: Elle est très bonne.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, une petite remarque
préliminaire. Je note avec plaisir que le président de cette
séance est celui qui préside toujours aux engagements financiers.
Donc, l'équipe des engagements financiers aujourd'hui, le ministre
Bérubé, le député de Terrebonne, le
député de Sainte-Anne, on se connaît bien depuis longtemps.
On sait comment travailler ensemble. J'espère que les autres membres de
la commission seront capables de suivre notre tempo, la profondeur de notre
manière de débattre les affaires. Si, de temps en temps, le
ministre sort de l'article parce qu'il voit rouge quand il parle de
fédéralisme, on le permet aux engagements financiers. On me
permet même, de temps en temps, de répondre. Donc, j'espère
que, dans la même atmosphère, on va continuer le débat
parce que nous sommes tout de même une équipe à l'esprit
positif.
Le Président (M. Gagnon): Pour que vos souhaits se
réalisent, est-ce que l'article 32 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bérubé: II faudrait peut-être voir, M. le
Président, lequel c'était.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne pense pas qu'on puisse
résumer des choses pareilles. On s'est laissé à 18 heures
sur une demande du député de Rosemont à l'endroit de
l'Opposition, à savoir si nous étions disposés à
adopter en bloc les articles 31 à 36, sous prétexte qu'il y avait
concordance, ce que j'ai admis quant au fond, à la nature même des
dispositions. Mais j'ai soulevé à ce moment le problème de
l'augmentation des taux de cotisation, qui, dans le cas des quelques
employés qui sont au service de l'État depuis plus de quarante
ans maintenant, est une augmentation du double ou à peu près, un
peu plus du double de leur cotisation au régime de retraite. Dans le cas
de ceux qui sont visés à l'article 34, soit le nouveau 69, cela
veut dire que les employés qui sont au service de l'État depuis
le 1er avril 1942 connaîtront des augmentations d'un peu plus de 40% de
leur cotisation.
La question que j'avais adressée, vers 18 heures, au
président du Conseil du trésor était de savoir comment le
gouvernement s'est mis dans une situation où c'est de façon
brutale qu'il modifie de manière semblable les taux de cotisation des
employés de l'État à l'égard de leur contribution
au régime de retraite. J'avais évoqué à ce moment
qu'on pouvait me
répondre qu'il y avait valeur de précédent dans les
hausses brutales d'impôts de toute nature qu'on a connues depuis un an et
demi. Je reprochais d'avance au ministre le manque de temps qu'ont les
employés de l'État pour s'adapter aux nouveaux taux de
cotisation. C'est le point que je voulais soulever et j'appellerais
peut-être les commentaires du ministre. Précisément,
qu'est-ce qui a fait en sorte qu'on assiste à des augmentations
brutales, extrêmement élevées en pourcentage des taux de
cotisation, à ce moment?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Je vais vous confier un secret, mais je
voudrais que vous n'en parliez absolument pas au député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est très gaullien
comme approche.
M. Bérubé: Je vais vous expliquer que nous avons
modifié dans notre proposition le taux de participation du gouvernement
aux régimes de retraite existants. Dans le cas du Régime de
retraite des fonctionnaires, ne le dites jamais au député de
Vaudreuil-Soulanges, mais, dans le passé, notre contribution
représentait 67% du coût alors que, maintenant, elle
représente 50% du coût. N'en parlez pas, M. le Président,
au député de Vaudreuil-Soulanges; de cette façon, il
pourra continuer à nous poser des questions auxquelles il connaît
la réponse.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Manifestement, le
président du Conseil du trésor ne saisit pas du tout ou il fait
exprès, encore une fois, de ne pas vouloir répondre à ce
que j'ai demandé. Pourquoi, autrement qu'en expliquant qu'on partage les
coûts différemment - je suis parfaitement conscient de cela - le
gouvernement utilise-t-il un mécanisme de hausse des taux de cotisation
immédiat et brutal, au lieu de -et c'est la solution, vous me permettrez
de le souligner - refaire ce redressement à l'endroit des régimes
de retraite sur une période de temps donnée? C'est de cela qu'il
s'agit. Il s'agit de la faculté que peuvent avoir les employés de
s'adapter à un nouveau régime qui, à leur grande surprise,
leur arrive sur la tête, en grande partie, à partir du 1er
juillet, pour certaines choses, et à partir du 1er janvier 1983
très certainement pour l'ensemble, et à partir de leur retraite;
en tout cas, un nouveau régime qu'en vertu de la convention collective
en vigueur ils n'avaient pas prévu. C'est de cela qu'il s'agit.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Rivest: Ne le dites à personne, M. le Président,
mais le ministre n'avait manifestement pas compris la question.
M. Bérubé: Alors, M. le Président, je vais
de nouveau, confier un autre secret au député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Polak: Pourquoi pas à nous.
M. Bérubé: M. le Président, cela fait
longtemps que j'ai fini de cesser de vouloir expliquer quelque chose au
député de Sainte-Anne et j'ai, depuis longtemps, compris que,
sous son grand sourire et son amabilité se cachait la partisanerie
politique la plus épouvantable.
M. Polak: Merci beaucoup, ce sera apprécié chez
nous. Continuez.
M. Bérubé: J'ai fini par comprendre que je pouvais
répéter la même explication vingt-cinq fois et, à
chaque fois, je lisais une lueur d'intelligence dans les yeux du
député de Sainte-Anne qui me faisait croire qu'il avait compris,
mais, hélas, il ne veut pas comprendre; c'est la différence entre
les deux. Il y a un point entre le coeur et la volonté et là, il
n'y a vraiment rien à faire dans ces cas-là.
Donc, M. le Président, les taux de cotisation. Là, je vais
entrer dans quelque chose de compliqué. D'abord, il y a les taux bruts
et les taux nets. Quand on fait des comparaisons, il faut comparer des taux
bruts ou comparer des taux nets, mais pas n'importe quoi.
Une voix: Les taux nets.
M. Bérubé: Le taux brut tient compte de la
cotisation au Régime de rentes du Québec, le taux net n'en tient
pas compte. C'est complexe, mais simple. Donc, si je regarde le taux
indiqué, par exemple, à l'article 34... Non, nous ne sommes pas
à l'article 34, mais à l'article 32. Malheureusement, à
l'article 32, on ne parle pas de taux.
M. Rivest: M. le Président, le ministre a des notes
extrêmement bien préparées; peut-être pourrait-il
nous les lire.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas cela, mais à
l'article 32, je cherche les taux. Ah! oui, c'est bien cela, j'ai
trouvé, M. le Président. Donc, à l'article 32, le taux
antérieur brut était de 7,09%, il passe à 7,88%; il
augmente de moins de 1%. Je comprends que
le député de Vaudreuil-Soulanges appartient à cette
école dite de l'étapisme et, à cet égard,
évidemment, je pourrais comprendre qu'il veuille que cette marchette
soit étalée de façon encore plus grande dans le temps,
mais ce serait exagéré. M. le Président, le fait de passer
de 7,09% à 7,88% de taux brut m'apparaît une augmentation
raisonnable.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'avais des notes marginales qui référaient à des
chiffres tout à fait autres que ceux que vous donnez.
M. Bérubé: Vous aviez des taux nets.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Des taux nets. Alors, vous
pouvez peut-être en profiter pour nous expliquer...
M. Paquette: Vous, vous avez les taux nets et lui a les taux
bruts.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les taux nets excluant...
M. Paquette: Le RRQ.
M. Bérubé: Le RRQ, c'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais j'essaie de voir pourquoi,
dans ce cas-là, dans l'amendement de la loi, on utilisait les taux nets
autrefois ou les taux bruts. J'essaie de voir. Excusez-moi.
M. Bérubé: Les taux bruts.
M. Bérubé: Regardez à l'article 69 de
l'ancienne loi et vous verrez que, le 1er juillet 1976, le taux a
été porté à 7% et que, le 1er juillet 1977, la
retenue a été majorée de 0,09%, ce qui donne 7,09 et le
fait passer à 7,88%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ces échelons
d'augmentations au cours des ans, qui sont dans la loi, avaient-ils
été négociés?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas nécessaire de
les négocier dans ce cas-là puisqu'il s'agit de l'application
pure et simple de la loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord, mais je veux dire qu'il n'avait jamais été
question de cela au cours des négociations des conventions collectives.
En 1977, évidemment, cela avait été fixé à
7,09% et, depuis, on n'y avait pas touché.
M. Bérubé: Ce n'est pas tout à fait exact.
Lors du renouvellement des dernières conventions collectives, on savait
qu'il y aurait une augmentation des cotisations; on avait convenu de nommer un
actuaire-conseil consultant qui allait vérifier, etc. Nous en parlons
depuis déjà trois jours. Donc, effectivement, lors de la
dernière ronde de négociations, il y avait, je ne dirais pas
accord, parce que, de toute façon, qu'il y ait accord ou non, ça
devait se faire, mais il y avait, disons, une prise de conscience mutuelle de
la nécessité de hausser les cotisations.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, concernant cet article, j'ai vu
un "pamphlet" qui a été envoyé à ces
employés et qui est intitulé Modifications proposées
à votre régime de retraite; cela a été
envoyé aux fonctionnaires.
M. Bérubé: Est-ce que je pourrais corriger le
député de Sainte-Anne, M. le Président?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Bérubé: Un pamphlet est un...
M. Polak: Un dépliant.
M. Bérubé: Oui, c'est bien ça, mais je
n'aurai pas à corriger le député de Sainte-Anne...
M. Polak: À Matane, souvent on dit "pamphlet".
M. Bérubé: ... dans la mesure où il ne
s'agit pas d'un écrit injurieux, mais bien d'un document renseignant la
population.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jean-Talon, sur une question de
règlement.
M. Rivest: Puisque, dans ce document, il s'agit manifestement
d'une propagande gouvernementale, il s'agit en fait d'un pamphlet. L'expression
est tout à fait juste, parce que ça cache la vérité
aux gens qui doivent le lire. C'est la version gouvernementale d'un projet de
loi inique.
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, sur une question de règlement.
M. Blais: Un pamphlet est un petit livret dont l'essence est
d'être à l'attaque. Alors, ce n'est pas un pamphlet, même si
les renseignements étaient faux. Si vous voulez qu'on joue sur les mots,
on peut jouer.
M. Rivest: Vous admettez que les renseignements sont faux.
M. Bérubé: Je m'excuse, M. le Président!
M. Blais: Non, je n'ai jamais dit qu'ils étaient faux,
j'ai dit: Même s'ils étaient faux.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je parle donc d'un petit dépliant qui a
été envoyé à ces fonctionnaires - plus tard, je
vais arriver à la conclusion que c'était vraiment un pamphlet,
mais c'est un dépliant - et qui dit: "Conscient des interrogations que
tout projet de modification de régime entraîne, M. Yves
Bérubé - c'est bien lui - ministre délégué
à l'Administration, a demandé à la Commission
administrative du régime de retraite de vous communiquer les principaux
éléments de la réforme proposée."
M. Rivest: Ce n'est pas une réforme, c'est un
pamphlet.
M. Polak: Voici ce que le document ou le tract dit concernant la
réouverture du droit de transfert; on y parle de ces catégories
de gens du RRÉ et du RRF qui peuvent participer au RREGOP. "Les
participants aux régimes de retraite des enseignants et des
fonctionnaires pourraient transférer au RREGOP en tout temps
après la date de la sanction de la loi. Le transfert prend effet le 1er
du mois qui suit", etc. Ensuite, en lettres rouges: "Nous espérons que
ces informations vous permettront de comprendre l'essentiel des modifications
proposées..."
M. le Président, dans ce petit document, il ne se trouve rien de
ce que le ministre a dit ce matin. Il est vrai qu'on trouve ici l'augmentation
de leurs primes. Ce matin, par exemple, il a parlé de 200 $ par
année, mais le dépliant ne dit pas qu'il y aura moins de
bénéfices et qu'on coupe des deux côtés; on a
augmenté la prime et on a réduit les bénéfices.
Donc, si vous vouliez convaincre ces employés de transférer d'un
régime à l'autre, vous auriez dû envoyer un document un peu
plus détaillé, donner des exemples un peu plus en détail
et parler aussi des bénéfices qu'ils vont perdre.
M. le Président, j'attends que le ministre, qui rit
maintenant...
M. Rivest: II se cache derrière son pamphlet pour rire des
fonctionnaires.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: ... ait terminé sa consultation.
M. Rivest: M. le Président, le ministre, manifestement,
rit des fonctionnaires!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de Sainte-Anne. (20 h
45)
M. Polak: À voir la manière dont le ministre rit,
il se prépare à lancer une bombe, mais il ne parle pas, parce que
les fonctionnaires que j'ai rencontrés - j'en ai vu beaucoup qui ne sont
pas satisfaits du régime péquiste et qui nous appellent mais
vraiment en cachette; ils ne veulent jamais s'identifier, on comprend bien
ça - m'ont dit: Ce qu'il y a la-dessus, ce n'est pas la
vérité. Si on veut rester là-dedans et si on ne veut pas
faire le transfert, ils vont nous pénaliser de deux manières. Ils
augmentent, peut-être même trop, et les bénéfices
vont être réduits. Qu'on soit assez honnête pour le dire.
C'est pour cette raison que je demande au ministre, ce matin, ainsi qu'à
ses gens: Pourriez-vous préparer, au lieu d'un tract ou d'un pamphlet,
un vrai petit dépliant qui le donne vraiment d'une manière
honnête? M. le ministre - je dois admettre que je n'ai pas la même
capacité du point de vue financier que le député de
Vaudreuil-Soulanges - quelle est votre vraie raison de vouloir séduire
ces gens afin qu'ils laissent tomber les régimes RRE et RRF pour aller
dans le RREGOP? Eux autres disent qu'il y a quelque chose. Ils n'ont pas
confiance. Ils ont peur.
M. Bérubé: Non.
M. Polak: Pour terminer, M. le Président, je suis
allé à la réception, ce soir, de la presse locale et j'ai
bien aimé cela. J'ai rencontré quelqu'un d'un journal local de
Matane. J'étais content de rencontrer cet éditorialiste qui m'a
dit: Qu'est-ce qu'il y a avec Yves? J'ai dit: D'où êtes-vous? Du
comté de Matane.
M. Bérubé: Comment s'appelle cet
éditorialiste?
M. Polak: Je ne peux vous donner aucun nom.
M. Bérubé: Ah!
M. Rivest: L'esprit de vengeance!
M. Polak: C'est cela le danger, l'esprit de vengeance. Il m'a
dit: C'est un gars raisonnable. Il vient de chez nous. Il a les deux pieds sur
terre. Il a quelque chose. Qu'est-ce que vous avez fait? Je n'ai rien fait. Il
se pose des questions. Il dit: II voit rouge de plus en plus. Il parle toujours
de Québec seul; le fédéralisme ne compte plus. C'est
depuis cette expérience qu'il a eue au MIT et même à
Ottawa, quand il travaillait pour le gouvernement fédéral. Il y a
quelque chose qui bloque dans son esprit. Mais il a dit: On comprend cela. On
l'admire même pour son opinion. Mais quand il commence, à un
moment donné, une théorie et qu'il voit rouge dans les sous des
fonctionnaires, cela va un peu loin. Je vais lui demander ce soir de nous
répondre.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je ne compterai
pas le nombre d'affirmations du député de Sainte-Anne qui sont
fausses, mais il y en a une qui m'apparaît totalement incorrecte. C'est
lorsqu'il dit, par exemple, que nous soulignons l'évolution des
cotisations, mais n'indiquons pas comment les bénéfices du
régime sont affectés. Alors, j'attire son attention sur le point
1 A) et le point 1 B) où les modifications aux bénéfices
du régime sont clairement décrites. Donc, ce que le
député de Sainte-Anne vient de faire, c'est manifestement fausser
la vérité du dépliant qu'il a sous les yeux et,
évidemment, toujours avec son ineffable sourire. Mentez, mentez, il en
restera toujours quelque chose.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: On a déjà expulsé quelqu'un,
aujourd'hui, pour un mot moindre que mentir. Je voulais juste répondre.
Puisque le ministre parle des points 1 A) et 1 B), on parle du régime
qui sera en vigueur à partir du 1er juillet 1982, mais on n'explique pas
à ceux qu'on veut séduire et inciter à faire le transfert
où ils vont perdre des bénéfices. Cela n'est
expliqué nulle part. Je parle de la catégorie du RREGOP; c'est
exact, c'est expliqué. Mais ceux qui veulent faire le transfert,
où avez-vous dit exactement quels bénéfices ils vont
perdre?
Une voix: Aucune importance. M. Polak: Oui,
peut-être.
M. Doyon: Aucune importance pour le ministre.
M. Polak: Pour la transparence, toujours, M. le ministre.
M. Doyon: Cela n'a aucune importance pour le ministre.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
Une voix: C'est cela. Il a raison.
M. Bérubé: Jamais je ne voudrais chercher à
séduire qui que ce soit. Au contraire, chaque citoyen est
entièrement libre de mesurer les avantages et les inconvénients
de son régime et de faire le transfert. La seule chose que nous avons
permise, c'est justement le transfert.
M. Polak: En se basant sur ça.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
M. Bérubé: Si je comprends bien, M. le
Président, le député de Sainte-Anne, au nom de son parti,
trouve que ce dépliant est incomplet et qu'il aurait dû y avoir un
dépliant beaucoup plus complet et beaucoup plus
détaillé.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, question de règlement.
M. Polak: M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
M. Bérubé: Enfin, j'aimerais avoir une
réponse au nom de l'Opposition.
M. Rivest: J'ai une question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Vous allez avoir une réponse au nom de
l'Opposition.
M. Bérubé: Oui.
M. Rivest: II est tout à fait inadmissible, M. le
Président, que le gouvernement, à même les fonds publics,
ait fait imprimer un document expliquant un projet de loi alors que
l'Assemblée nationale ne l'a pas adopté. M. le Président,
c'est là ma question de règlement, parce qu'en imprimant ce
projet de loi le gouvernement a supposé à l'avance que les
travaux de cette commission, à laquelle le ministre participe
allègrement, ne modifieraient strictement en rien les dispositions du
projet
de loi. Ce problème a été soulevé à
maintes reprises. Il est tout à fait raisonnable que le gouvernement
publie des textes expliquant les projets de loi lorsqu'ils ont
été adoptés par l'Assemblée nationale et que...
Une voix: Vous parlez des projets.
M. Rivest: ... ils sont devenus des lois. Mais, pour les projets
de loi en tant que tels, il est tout à fait inadmissible qu'on prenne
les deniers publics, télescopant ainsi non seulement les travaux de
cette commission, mais les travaux et les audiences même. Au moment
où les représentants des centrales syndicales sont venus exprimer
leur point de vue au gouvernement, le gouvernement non seulement avait
arrêté sa décision, deuxièmement, avait
proposé un projet de loi avec ce qu'il contient, mais,
troisièmement, les petites officines de la propagande gouvernementale
avaient déjà publié leur petit dessin orange et noir, leur
petit document, à même les fonds publics. Tout ce processus - j'en
fais une question de règlement - s'est déroulé au plus
grand mépris des travaux de cette commission parlementaire et
également au plus grand mépris des porte-parole, des
représentants des travailleurs des secteurs public et parapublic qui
sont venus nous parler du régime de retraite.
Cette question a été soulevée à maintes
reprises. Il est tout à fait inadmissible, au sens même de notre
règlement, de la pratique et de la tradition de l'Assemblée
nationale, qu'un ministre s'arroge le pouvoir de publier des documents
d'information sur des projets de loi qui n'ont pas reçu la sanction de
l'Assemblée nationale. Cela préjuge des travaux de
l'Assemblée nationale et constitue manifestement, en plus d'une
dépense absolument ridicule, un abus de pouvoir. C'est dans ce
sens-là que les propos du député de Sainte-Anne trouvent
tout leur éclairage, toute leur pertinence et j'endosse
complètement les sentiments de très vive inquiétude que
vient d'exprimer le député de Sainte-Anne. J'inviterais le
ministre à être beaucoup plus respectueux des membres de cette
commission. Si la partisanerie politique l'oblige peut-être à
avoir très peu de considération pour les membres de notre
formation politique, au moins devrait-il commencer à en avoir pour les
gens de sa formation politique, les députés ministériels
qui apportent toujours à nos débats, une contribution
extrêmement inestimable, dans la mesure où ils sont là pour
acquiescer, simplement pour dire oui aux volontés du ministre...
Une voix: Pour voter.
M. Rivest: ... pour voter oui. Je ne sais pas ce que ces
gens-là font. Je ne sais pas si on les paie pour faire un pareil
travail. Ils sont néanmoins sympathiques, quelques-uns d'entre eux, et
je tiens à le reconnaître. Ce qui est grave, c'est qu'on a
invité les centrales syndicales à se prêter à un
scénario pendant tout un après-midi, alors que les petits papiers
de la propagande péquiste étaient déjà
imprimés et étaient déjà entre les mains des
représentants. C'est tout à fait inadmissible. Votre petit
papier, vous devriez le cacher et en avoir honte parce que c'est contre les
règles les plus élémentaires de notre parlementarisme.
Là où vous avez le droit de faire de l'information, c'est lorsque
le projet de loi est adopté. C'est une chose extrêmement
importante et je le signale parce que ce n'est pas la première fois
qu'on le fait. J'utiliserai d'autres moyens parlementaires à ma
disposition, si le temps m'en est donné d'ici la fin de session, pour
soulever cette importante question, M. le Président.
M. le Président (M. Gagnon): Merci M. le
député de Jean-Talon.
M. le député de Rosemont. Après, ce sera M. le
député de Sainte-Anne.
M. Paquette: M. le Président, je suis très heureux
que le député de Jean-Talon ait interprété la
pensée du député de Sainte-Anne, parce que, jusqu'à
ce moment, cela m'apparaissait obscur. Le député de Sainte-Anne
semblait nous dire que les informations n'étaient pas suffisamment
complètes. Le député de Jean-Talon nous dit que ces
informations n'auraient jamais dû être publiées. Je vous
ferai remarquer que sur la page...
M. Rivest: Voyez-vous une différence entre cela? C'est
parfaitement cohérent. Question de règlement.
M. Paquette: Dans votre cas, cela ne me surprend pas trop. Sur la
page couverture du dépliant, on dit "Modifications proposées
à votre régime de retraite". À la première page, on
dit: "L'Assemblée nationale vient d'être saisie d'un projet de loi
- on ne dit pas que c'est une loi et on ne dit pas que cela a été
adopté - visant à modifier les régimes de retraite des
employés... Les modifications proposées par ce projet de loi,
s'il est adopté par l'Assemblée nationale, prendront
effet..."
M. Rivest: Questions de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député de Rosemont. Question de règlement.
M. Paquette: Je n'avais rien entendu.
Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement. M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, je serais d'accord avec le
député de Rosemont si ce dépliant émanait de
l'Assemblée nationale, via un service d'information, qui ferait de
l'information sur les projets de loi. Mais ce document n'émane pas de
l'Assemblée nationale, il émane du gouvernement du Québec
par une de ses commissions qui est la Commission administrative du
régime de retraite. Donc, ce n'est pas du tout l'Assemblée
nationale.
M. Paquette: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci. La parole est maintenant
au député de Rosemont.
M. Paquette: Ensuite, après avoir décrit l'effet
des modifications proposées, on retrouve, à la fin du
dépliant: "Nous espérons que ces informations vous permettront de
comprendre l'essentiel des modifications proposées dans le projet de loi
discuté actuellement à l'Assemblée nationale." Je ne sais
pas si le député veut prétendre que le gouvernement ne
peut informer la population des projets de loi qu'il dépose. M. le
Président, je trouve qu'on devrait revenir à l'article.
M. Rivest: Oui, parce que votre cause est perdue d'avance.
Le Président (M. Gagnon): Article 32? M. Polak: J'ai le
droit de répondre.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président. Tout à l'heure, le
ministre posait une question. Il demandait: Est-ce la position de l'Opposition?
Évidemment, j'aimerais répondre à cette question, parce
que je suis un membre loyal de cette Opposition, à part
entière.
M. Bérubé: Loyal? Ah! Ah!
M. Polak: D'ailleurs, en ce qui concerne le député
de...
M. Paquette: Loyal ou pas, c'est la même chose.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. M. le
député de Sainte-Anne a la parole.
M. Bérubé: La notion de loyauté, M. le
Président, au sein du Parti libéral, est tout à
fait...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre: À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Sainte-Anne, vous
avez la parole.
M. Polak: Merci, M. le Président. Évidemment, je
suis d'accord avec le principe énoncé par le député
de Jean-Talon. C'est bien entendu qu'on n'aurait jamais dû
présenter un tel "pamphlet" avant que le projet de loi entre en vigueur,
mais...
M. Paquette: Ahl
M. Polak: ... je veux aller un peu plus loin, parce que lui, il
est un homme très théorique à la base et d'une grande
philosophie. J'admire son attitude. Moi, je suis un peu plus pratique. Je dis:
Connaissant les tactiques péquistes qui se fichent des lois, qui
présentent tout de même ce "pamphlet", moi, je ne peux pas
combattre cela. C'est leur manière d'agir. Maintenant qu'on est pris
avec une mauvaise attitude comme celle-là, prennons au moins le contenu.
Donc, ce que je dis, sur le contenu de ce document, c'est qu'il n'est pas
complet. On aurait dû dire, par exemple, là-dedans, que ceux qui
sont dans le RRE et le RRF vont perdre les bénéfices de la
retraite anticipée à 55 ans, les bénéfices au
conjoint et aux orphelins. C'est important. Il n'y a rien de tel d'inscrit
là-dedans. On aurait dû, si c'était nécessaire de
présenter un tel "pamphlet", le rendre plus complet pour donner la vraie
histoire à ceux qui doivent exercer leur option.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au-delà même de ce
que mes collègues font valoir, en supposant - ce qu'on ne
reconnaît pas - que le gouvernement aurait pu publier une chose pareille,
alors que le projet de loi est devant l'Assemblée, il me semble que la
qualité des renseignements qu'on y trouve laisse grandement à
désirer.
M. Bérubé: Vous auriez aimé qu'il soit plus
complet? Boni Parfait: Cela fait deux contre un.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole, M. le
député.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je ne
peux pas croire ce que j'entends.
M. Bérubé: Peut-on demander le vote, M. le
Président, au sein de la députation
libérale, pour savoir s'ils sont d'accord ou pas d'accord sur le
dépliant?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au-delà même des
reproches qu'on peut adresser au gouvernement dans l'exercice d'un devoir qu'il
n'a pas, on peut, en plus, lui reprocher de fournir de mauvais renseignements.
Je vais seulement en donner deux exemples: 1 A) le taux d'indexation
applicable. On prend, évidemment, un exemple. Je ne sais pas si c'est la
majorité des employés de l'État qui ont 32 ans de service,
mais c'est certainement l'exemple qui, à part l'exemple extrême de
35 années ou 34 années, onze mois et 28 jours d'accumulés
au 1er juillet, donne les résultats qui sont, apparemment, les plus
attrayants. 32 années de service à 10% - l'indexation
présumée ici - plus les trois prochaines, pour que cela fasse 35
ans de service, à 7%, soit l'indice des prix à la consommation,
moins 3%, cela donne, quand on combine, évidemment, ces taux
d'indexation selon les années en question, 9,74%. Il aurait
peut-être été intéressant, pour couvrir tout le
champ, quant à faire, de constater que, pour un employé qui n'a
que cinq ans de service aujourd'hui, cela donne 7,4% d'augmentation.
M. Bérubé: II va prendre sa retraite en l'an
2000.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, il prendra sa retraite
dans 25 ans ou 30 ans. Pour les gens qui ont 20 ans de service, c'est 8,5% ou
8,7% dans ce sens-là. Dans le fond, je comprends qu'on est beaucoup plus
préoccupé des gens qui vont prendre leur retraite d'ici trois
ans, c'est beaucoup plus immédiat pour eux. Mais l'employé qui a
signé une convention collective ou dont les chefs syndicaux ont
signé une convention collective il n'y a pas si longtemps et qui
s'attendait à une certaine formule qui y était contenue à
ce moment-là, il me semble qu'il doit être un peu surpris de voir
l'effet des calculs qui s'appliquent dans son cas. Je comprends qu'il prendrait
sa retraite très tard, mais tout ce qu'il vient de constater par le
projet de loi, c'est qu'il a 3% de moins qu'il pensait. Cela arrive, vous allez
me dire, à tout le monde. Cela arrive notamment à tous ceux qui
sont au service du gouvernement du Québec par les temps qui courent. (21
heures)
Dans le deuxième cas, 1B), à propos de la première
année de la retraite, l'indexation proportionnelle, on fait les calculs
ici pour indiquer qu'on proportionne le taux d'indexation le 1er janvier qui
suit immédiatement la retraite, compte tenu du nombre de jours
évidemment écoulés depuis la retraite durant
l'année de calendrier, et on indique, à Remarque, et je cite:
"Évidemment, l'indexation proportionnelle ne vaut que pour la
première année de la mise à la retraite." C'est
très subtil, évidemment. Je veux bien croire que les 4,91% ne
valent que pour la première année de la retraite, quant au
taux.
Je me demande véritablement combien d'employés de
l'État ont conclu en lisant ça, comme le ministre pourrait le
conclure, lui, que les effets sont pour la période s'étendant du
1er janvier qui suit la retraite jusqu'à la date de décès.
C'est, évidemment, l'effet cumulatif de l'indexation moindre qui joue
à ce moment et qui a un effet dans le temps, un effet cumulatif, un
manque à recevoir des prestations de retraite. Dans ce sens,
j'adresserais ces deux reproches additionnels à un document qui n'aurait
pas dû être publié.
Le Président (M. Gagnon): L'article 32 est-il
adopté?
M. Bérubé: M. le Président, je voulais juste
dire que le député de Vaudreuil-Soulanges a été
suave.
Le Président (M. Gagnon): L'article 32 est
adopté.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Sur division. L'article 33?
M. Bérubé: Regardez, M. le Président, ils
ont l'air profondément divisés. On est venu près de
prendre un vote au sein de la formation libérale pour savoir s'ils
étaient pour ou contre le dépliant expliquant les réformes
à nos concitoyens.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On est absolument unanime.
M. Rivest: Je ne veux pas revenir là-dessus, M. le
Président, mais...
M. Bérubé: Moi non plus.
M. Rivest: ... je vais poser une question au ministre, elle est
très simple. Est-ce que c'est la Commission administrative du
régime de retraite, proprio motu, qui a décidé de publier
ce document ou si cette demande lui a été adressée par le
ministre?
M. Bérubé: Tel qu'indiqué sur le
dépliant, "M. Yves Bérubé a demandé à la
Commission administrative du régime de retraite". Comme vous voyez, tout
est fait en complète transparence.
M. Rivest: Je vous inviterais, M. le Président,
très respectueusement...
M. Bérubé: D'ailleurs, le député de
Sainte-Anne s'ingénie, dans toutes ses interventions...
M. Rivest: ... très respectueusement...
M. Bérubé: ... à répéter
à quel point ce gouvernement est transparent.
M. Rivest: M. le Président, j'ai juste une question
additionnelle. Je termine là-dessus. J'invite très
respectueusement les autorités de la Commission administrative à
résister, dans le futur indéfini, à toute espèce de
tentative de ministre, qu'il soit libéral, péquiste,
créditiste, socialiste, Union Nationale, de se prêter à une
telle pratique lorsque le projet de loi n'est pas adopté parce que c'est
absolument contraire à toutes les règles de l'Assemblée
nationale et du gouvernement.
M. Bérubé: M. le Président, hélas, je
ne voudrais pas prolonger le débat, mais je serai obligé quand
même de dire une chose: Le dépliant que nous avons sous la main
n'est constitué que de faits. Nous avons fait exprès...
Une voix: Cela ne les dérange pas, ils ne comprennent
pas.
M. Bérubé: ... véritablement pour nous
assurer, en l'épluchant, qu'il n'y avait aucune expression d'opinion,
mais qu'il y avait uniquement une expression de faits.
M. Rivest: Quand la loi est adoptée, vous avez tous les
droits. Pas pour l'instant.
M. Bérubé: Deuxièmement, M. le
Président - et c'est là qu'est la question plus profonde qui
traduit d'ailleurs cette tentation perpétuelle du Parti libéral
de camoufler la réalité, de ne pas parler franchement à
notre électorat - à titre d'exemple, nous avons envoyé
également, à tous les retraités qui reçoivent un
chèque de pension, un dépliant, oui, dans lequel nous leur
expliquons que ce projet de loi ne les affecte aucunement. Pourquoi?
M. Rivest: II y a les ex-religieux qui ont une opinion contraire.
Vous leur avez menti en leur lançant ça.
M. Bérubé: Parce que, M. le Président...
M. Blais: Retirez vos paroles. Quand même!
M. Bérubé: ... il m'apparaît
scandaleux...
M. Rivest: Je retire mes paroles, mais la réalité
demeure.
M. Blais: Vous aussi.
M. Bérubé: II m'apparaît scandaleux, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le ministre. M.
le député de Jean-Talon et les autres, il serait plus facile de
présider la commission si on demandait la parole. Aussi, cela
faciliterait la tâche des employés du journal des Débats.
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bérubé: M. le Président, je pense que
certains de nos concitoyens, qui s'apprêtent à prendre leur
retraite, sont inquiets lorsqu'ils entendent dire, par le biais de prospectus
que manipule, d'ailleurs, le député de Louis-Hébert
continuellement et de la CEQ: Voyez ceci, ceci, ceci. Donc, au moment où
on utilise comme cela de l'information pour faire campagne contre un projet de
loi il m'apparaît, à tout le moins, que l'on doive fournir de
l'information à nos concitoyens. Évidemment, nous aurions pu
envoyer le contenu du projet de loi à l'ensemble de nos concitoyens,
mais, quand on en voit la complexité, ils auraient eu peu d'information.
Par conséquent, la seule chose que nous avons faite, c'est de dire
exactement quel était le contenu des articles. C'est tout.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Très brièvement, M. le Président,
j'attends avec une impatience absolument incommensurable les dépliants
qui vont informer les citoyens des augmentations de taxes contenues dans le
budget. Malheureusement, on n'a pas eu droit à cette information.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 33 sera
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Gagnon): L'article 33 est adopté
sur division.
M. Rivest: À l'automne, quand ce projet de loi sera
accepté, vous l'enverrez, le dépliant.
Le Président (M. Gagnon): L'article 34? M. le
ministre.
M. Bérubé: II s'agit tout simplement de reprendre
le dernier alinéa de l'article 69.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Le
Président (M. Gagnon): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela me donne l'occasion, si
vous le permettez...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... de "demander" une question.
Est-ce qu'il y a une évaluation actuarielle qui a été
faite pour ces employés?
M. Bérubé: M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, j'ai eu une leçon une fois dans mon existence. Je
prenais un cours d'allemand, j'en étais à ma deuxième
séance. Le professeur d'allemand devait nous donner l'équivalent
de "to ask question". Il devait demander à des gens s'il y en avait qui
savaient en espagnol ce que l'expression voulait dire. Il y avait
effectivement, quelqu'un qui connaissait l'espagnol, et évidemment, il
avait indiqué: Cela veut dire ceci en espagnol. Il a demandé
ensuite s'il y avait quelqu'un qui pouvait le dire en français. Alors,
évidemment, je lève instantanément la main dans la classe
et je dis: Demander une question.
M. Polak: À quel endroit? À Ottawa?
M. Bérubé: Alors, il me regarde et dit: Vous, vous
êtes québécois.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que je peux vous en
poser une?
M. Bérubé: Oui, en français, il faut poser,
semble-t-il.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah! bon. Alors, je me...
Le Président (M. Gagnon): Vous allez poser votre
question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): demande ou je me pose? Est-ce
que je dois poser ou demander? Alors, je pose une question. Cela me donne
l'occasion ici, à l'article 34, de demander, à l'égard de
l'évaluation actuarielle qui a été faite ou non, quel a
été le calendrier qui porte précisément sur
l'évaluation de ces taux. Est-ce toujours le même ou est-ce que
c'est distinct? Dans le fond, c'est cela ma question.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Nous allons vous donner la
réponse grâce à l'appui de l'actuaire en chef de la CARR.
Au mois de mars 1983.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Comme les autres.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 34 est
adopté?
M. Bérubé: II y a une cohérence et une
consistance dans le travail de la CARR qui m'émerveillent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un vrai succès! C'est
renversant et je suis sûr que les employés du secteur public s'en
rendent compte.
M. Bérubé: Mais je dois dire, d'ailleurs, que je
reçois assez fréquemment des lettres de nos concitoyens,
ex-fonctionnaires, qui sont frappés de l'efficacité
administrative de la Commission administrative du régime de retraite.
J'ai très rarement l'occasion de le souligner, mais à de
nombreuses reprises j'ai reçu des lettres remerciant les employés
de la commission administrative de la vitesse et de la
célérité avec lesquelles leur dossier avait
été traité. Je pense que c'est l'occasion, dans un
aparté rapide, de le souligner.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 34 est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 34, une minute. Oui.
Le Président (M. Gagnon): Est-il adopté sur
division?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Non, on n'a pas dit sur
division.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est sur division.
Le Président (M. Gagnon): C'est sur division.
M. Bérubé: Ils sont encore divisés, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): L'article 35?
M. Bérubé: M. le Président, je vous rappelle
qu'il s'agit toujours de ces organismes qui versent directement leur
contribution à la commission, n'étant pas des organismes relevant
du budget du Québec.
Le Président (M. Gagnon): L'article 35 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Le Président (M.
Gagnon): Adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bien, "égale",
évidemment, il y a le principe du 50-50. Alors, c'est sur division.
M. Bérubé: Vous êtes toujours divisés.
Bon, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): L'article 36?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je pense qu'il y a une question
de règlement peut-être ou une demande de directive pour l'emploi
du mot "division" dans l'expression "adopté sur division" qui
réfère...
M. Bérubé: ... au Parti libéral.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... à la division qui
existe au sein de la commission et non au sein de la délégation
de l'Opposition à la commission.
Le Président (M. Gagnon): Je crois qu'on avait fort bien
compris.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre n'avait pas
compris.
M. Bérubé: Non, mais je pense que, compte tenu de
l'explication que le député de Vaudreuil-Soulanges a voulu
donner, connaissant, en fait, les problèmes internes du Parti
libéral, je comprends qu'ils adoptent tout sur division; mais, enfin,
que voulez-vous que j'y fasse? Je n'y peux rien, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, nous allons
revenir à l'article 36. L'article 36 sera-t-il adopté?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): "Les règlements
adoptés..." Avec inquiétude encore une fois.
Le Président (M. Gagnon): Adopté sur division?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, pas cela, mais avec
inquiétude, pour que cela soit consigné au journal des
Débats.
Le Président (M. Gagnon): Non, pas sur division. Alors,
avec inquiétude, tout simplement. L'article 37 sera-t-il
adopté?
Loi concernant la protection à la retraite de
certains enseignants
M. Bérubé: II s'agit de la suppression du
délai de transfert du RRE et du RRF au RREGOP.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'on a eu droit
à un long exposé du ministre sur les raisons de l'ouverture de la
fenêtre en mon absence ou autrement?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: Non, vous n'avez pas eu droit à
un long exposé; je doute, d'ailleurs, que vous vouliez un long
exposé.
M. Blais: II voudrait que vous parliez longtemps. Ne tombez pas
dans le piège.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On veut être
informé plus convenablement.
M. Bérubé: M. le Président, c'est tout
simplement que, dans la mesure où on réduisait les avantages du
RRE et du RRF, il devenait, pour un certain nombre de nos employés,
surtout ceux qui commencent à cotiser depuis pas trop longtemps, pas
trop d'années au RRE et au RRF, possiblement intéressant de
passer au RREGOP, compte tenu des possibilités de
récupération des sommes versées avant leur départ
ou autre. Par conséquent, l'incitation peut-être à
transférer pouvant être plus grande, il était
peut-être également plus équitable de permettre le
transfert à n'importe quelle date.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le Conseil du
trésor ou la Commission administrative du régime de retraite a
dressé des graphiques ou des tableaux ou fait des calculs qui permettent
de découvrir les courbes par années de service ou
âge...
M. Bérubé: 24-36-40 ou enfin?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... des cotisants qui
permettent de juger quel est le moment idéal pour un participant
à un de ces régimes de tranférer au RREGOP? Est-ce qu'il y
a des circonstances? C'est quoi? 60 000 cas d'espèce ou je ne sais trop
qui tiennent compte des...
M. Bérubé: Des cas d'espèce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais il me semble que les cas
d'espèce tiennent compte de trois variables, non? Les années de
service, l'âge et le niveau de rémunération. Il n'y a pas
de calcul qui a été fait pour ces gens-là, qui,
aujourd'hui, après onze années et demie de service et qui
font 31 843 $ se demandent...
M. Bérubé: C'est psychologique. Quelqu'un, par
exemple, qui voudrait prendre sa retraite à 55 ans plutôt
qu'à 65 ans va préférer rester dans le RRE ou le RRF
où il bénéficie de cet avantage. Quelqu'un, par contre,
qui est en bonne santé qui veut continuer à travailler et n'est
pas intéressé à transférer plus rapidement, n'a
probablement pas beaucoup d'intérêt à rester au RRE ou au
RRF où il paie plus cher sans plus d'avantages, parce que l'avantage
dépend directement de l'utilisation qu'on veut bien en faire. Je peux
vous autoriser à prendre votre retraite à 55 ans, mais si vous
n'avez pas l'intention de prendre votre retraite à 55 ans, vous ne serez
peut-être pas intéressé à payer pour; c'est ce genre
d'intérêt qui est peu tangible.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Qui demeure mesurable,
évidemment, si on a les options devant soi et qu'on veut se livrer
à de petits calculs, mais qui reste...
M. Bérubé: Ce n'est pas une question de calcul.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): assujetti à une
décision purement personnelle.
M. Bérubé: Une chose est sûre, c'est que, si
vous voulez plus d'avantages, vous payez pour. En pratique, vous obtenez en
payant ce pour quoi vous avez payé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que la Commission
administrative du régime de retraite compte publier d'autres "pamphlets"
ou dépliants expliquant les avantages psychologiques du transfert,
c'est-à-dire les avantages de transférer ou de ne pas
transférer selon la décision?
M. Bérubé: Je pense que, s'il devait y avoir une
publication ultérieure, le gouvernement saurait bien s'en charger.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne sais pas si mes
collègues veulent intervenir.
M. Rivest: Excusez, je suis dans la loi no 72. (21 h 15)
Le Président (M. Gagnon): L'article 37?
M. Polak: Non, je suis totalement d'accord, comme nous le sommes
toujours avec notre chef d'équipe, le député de
Vaudreuil-Soulanges.
Le Président (M. Gagnon): L'article 37 est-il
adopté?
M. Bérubé: M. le Président, voudriez- vous
noter l'absence de division au sein du Parti libéral, s'il vous
plaît?
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Tout de même, M. le Président, tout ce qui
est dit ici est enregistré. Ce n'est pas tout le monde qui sait que le
ministre de temps en temps n'est pas sérieux dans ses remarques. Quand
il parle de division entre nous, il n'y a pas de député de
Sainte-Marie dans notre formation.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
M. Polak: On a l'unanimité. Vous êtes bien au
courant de cela, M. le Président, que le calme et l'unanimité
régnent chez nous? Il faut que cela soit bien établi une fois
pour toutes. Je ne veux pas que le ministre commence à faire de petites
attaques partisanes, parce que je crois que ce n'est pas correct.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, sur la même question de règlement?
M. Rivest: M. le Président, ma question de
règlement sera très brève. Je viens de participer à
des travaux qui ont duré plusieurs mois avec le député de
Sainte-Marie et je sais que mon collègue de Sainte-Anne ne veut pas
être injuste envers le député de Sainte-Marie. J'ai
été à même d'apprécier les immenses
qualités du député de Sainte-Marie et je ne voudrais pas
qu'on le mette en cause en son absence.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'article 37 est
adopté. Oui, M. le député de Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, j'aimerais savoir si le
député de Sainte-Anne prétend que lui est toujours
sérieux dans ses propos.
M. Polak: Absolument.
M. Rivest: Mais voyons donc!
M. Polak: Vous n'avez qu'à relire ce que j'ai dit, c'est
clair.
Le Président (M. Gagnon): L'article 38?
M. Rivest: Le député de Bellechasse devrait
s'occuper des congédiements chez A. Roy.
Le Président (M. Gagnon): L'article 38.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... Je présume que c'est
à la suite des changements apportés aux montants
nécessaires pour racheter des crédits de rente qu'on se livre
à l'exercice de l'amendement?
M. Bérubé: C'est de l'article 38 qu'on parle?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Bérubé: II s'agit effectivement de la clause
dont nous avons parlé antérieurement, du rachat de crédits
de rente pour lesquels il faut distinguer entre les années
antérieures à juillet 1982 et les années
postérieures.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On adopterait cela toujours en
supposant que c'est pour permettre un choix qui peut être plus avantageux
pour les employés. Non, pas nécessairement?
M. Bérubé: Dans le cas des années
antérieures, c'est 5/12, 7/12; dans l'autre cas, c'est 50-50. D'autre
part, il s'agit d'employés qui n'avaient pas de régime de
retraite antérieurement et qui, en vertu de la loi, ont le droit et le
pouvoir de racheter dans le RREGOP.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Article 38, adopté sur
division. L'article 39?
M. Bérubé: II s'agit de l'indexation
excédant 3%, l'indexation proportionnelle pour laquelle il faut
introduire une concordance.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Gagnon): L'article 39 est adopté
sur division. L'article 40?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 40, avec inquiétude.
M. Polak: C'est encore le même ministre tout le temps?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela en a l'air.
M. Polak: La ministre est abolie.
Le Président (M. Gagnon): 40 est adopté. L'article
41?
M. Bérubé: Faute de mise.
M. Rivest: II veut "la job" à Parizeau.
M. Polak: II veut tout avoir. Il a commencé avec
Parizeau.
M. Bérubé: J'aurai réussi à
subdiviser le travail de M. Joron, finalement; pas de problème.
Le Président (M. Gagnon): L'article 41?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): "Par le remplacement du mot
"annexe" par ce qui suit: "annexe 1". Cela ne me paraît pas tellement
contentieux.
M. Bérubé: Sur cela, je partage entièrement
l'opinion du député de Vaudreuil-Soulanges. Comme dirait le
ministre des Finances, il n'y a certainement personne qui se bat dans les
autobus concernant l'article 41.
Le Président (M. Gagnon): Alors, il est adopté.
À l'article 42, il y a un amendement, M. le ministre?
M. Bérubé: Je voudrais attirer votre attention sur
un volage papillon qu'il faudrait incorporer ici. Il s'agit d'insérer,
dans les deuxième et troisième colonnes de nombres
énumérés à cet article, après le
deuxième chiffre une virgule.
M. Rivest: Une virgule impériale ou une petite
virgule?
M. Bérubé: Je pense qu'il s'agit effectivement
d'une virgule métrique.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 42 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): "La revision des taux."
Là, c'est le régime d'exception au régime
général prévu à 138.2, sauf erreur. Les intervalles
doivent être d'au moins trois ans, mais, évidemment, on nous dit
qu'il "pourra" et non pas "devra" -comme l'a dit le ministre cet
après-midi, pour autant que je m'en souvienne; on pourra relire le
journal des Débats - être fait dans un intervalle de moins de
trois ans. On nous a expliqué qu'il s'agit ici de tenir compte de la
réalité, ce qui est assez inusité de la part du
gouvernement et il y a en route des évaluations actuarielles à ce
moment, qui
évidemment vont resserrer, je présume, la formidable
gestion des finances publiques dont le gouvernement fait grand état.
Est-ce que c'est simplement parce que le gouvernement a quelque chose en
tête et qu'il va déposer...
M. Bérubé: Ah non! Il ne faut pas nous prêter
des intentions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): bien avant qu'une
période de trois ans s'écoule, une évaluation actuarielle
qui permettra peut-être de réviser à la hausse les taux de
cotisation fixés dans le projet de loi no 68? Peut-être à
la baisse aussi. Cela vaut la peine d'être répété et
réentendu. Je suis sûr que les employés du secteur public
pourraient également demander, si des taux de cotisation sont
révisés à la baisse, si les bénéfices vont
être révisés à la baisse.
M. Bérubé: Dans ce cas, il s'agit évidemment
d'évaluation actuarielle pour le régime actuel sans modification
des bénéfices.
M. Polak: Excusez-moi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'ai une question là-dessus. Pourquoi est-ce
qu'on n'applique pas à l'article 43 le même principe que dans
l'article 17 où on change 138.2? Moi, je cherche une autre intention en
arrière de cela. On veut favoriser un peu plus le système du
RREGOP, mais, pour ceux qui sont dans l'autre système, là, on se
réserve le droit d'entrer beaucoup plus vite dans une ère de
changements. Est-ce la vraie intention? J'aimerais savoir du ministre quelle
était la vraie raison d'avoir le droit de faire cela dans "moins de
trois ans". Donc, cela veut dire tout de suite, par exemple, l'année
prochaine. Excusez-moi, M. le Président, mais je note que la machine
à voter a éclaté de rire, c'est donc que, de temps en
temps, il y a un peu de bruit qui sort de chez eux. Est-ce qu'il y a une
raison?
M. Rivest: C'est parce qu'ils sont programmés ainsi.
M. Polak: Ils sont programmés pour rire à 9 h
20.
M. Rivest: À 9 h 20, ils rient.
M. Blais: La marionnette, toutes les quinze minutes, vous la
remontez et là elle était partie.
M. Rivest: C'est le bureau du premier ministre qui les organise
ainsi.
Le Président (M. Gagnon): L'article 48, avez-vous eu une
réponse?
M. Polak: Je n'ai pas eu de réponse du ministre. Est-ce
qu'il y a une raison?
M. Blais: Oui, il y en a une, merci. M. Lachance: M. le
Président... Une voix: Adopté dans la joie.
M. Lachance: Une suggestion de prononciation à notre
collègue de Sainte-Anne: "régop".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Aucune importance.
M. Polak: Ah bon! D'accord: "régop". M. le ministre,
pourriez-vous répondre à la question que j'ai posée
concernant le RREGOP? Quelle était la raison pour laquelle, dans
l'article 43, on n'a pas inscrit le même principe que dans 138.2?
M. Bérubé: C'est qu'il y a eu une première
évaluation actuarielle pour préparer le projet de loi. Je pense
qu'il conviendrait éventuellement de faire une vérification
complète de l'application de la nouvelle loi et je pense qu'il
était approprié que l'on insère la possibilité de
tenir une évaluation actuarielle avant.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 42 est
adopté?
M. Polak: Sur division.
Le Président (M. Gagnon): L'article 42 est adopté
sur division. J'appelle l'article 43.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, l'article 43 est
adopté sur division et j'appelle l'article 44.
M. Bérubé: L'amendement sur le RREGOP a
été adopté sur division, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 44 vise, évidemment, les versements de cotisation par
un employé en congé sans solde.
Une voix: Mais l'article 42, quand l'avez-vous adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Juste avant. C'étaient
les virgules.
Le Président (M. Gagnon): On va se reprendre.
M. Polak: Question de règlement. Le député
de Terrebonne commence à jouer avec notre drapeau. Voulez-vous regarder
derrière vous ce qu'il a fait?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît'
L'article 42 est-il adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II est adopté avec les
modifications tenant à l'addition de virgules dans les deuxième
et troisième colonnes.
M. Blais: II a été adopté tel
qu'amendé. Alors, là, nous sommes rendus à l'article
44.
Le Président (M. Gagnon): Nous revenons à l'article
44.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 44 touche le versement des contributions par un employé
en congé sans solde. Autrefois, la contribution qu'il devait verser
était de 240% de ce qu'il aurait dû verser s'il avait
été là. Étant donné le principe du partage
des coûts moitié-moitié, les 240% deviennent 200% par
amendement et par "cross reference" technique. Je me demandais simplement s'il
n'y avait pas une façon plus simple d'améliorer la
rédaction de tout cela, pour qu'on s'y retrouve. Pourquoi ne pas avoir
directement visé l'article 45? Attendez un peu. Je ne sais pas au point
de vue rédaction si cela ne pouvait pas être plus simple, si cela
n'aurait pas pu être fait à l'article 5 lorsqu'on modifiait
l'article 45.
M. Bérubé: Est-ce que je pourrais emprunter une
voix plus experte pour répondre à vos questions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Allez donc. Allez donc.
M. Bérubé: Si cela avait été fait
à l'article 45 de la Loi sur le RREGOP, en tenant compte de
l'époque où étaient pris les congés sans solde, on
aurait eu une rédaction qui aurait été très lourde
au niveau de l'article qui se serait retrouvé dans le texte du
régime comme tel. Une façon élégante de s'en sortir
était cette façon-là. Il ne faut pas oublier que les
cotisations au RREGOP étaient à 7,5% et passent à 7,10%;
donc, cela aurait fait beaucoup trop lourd à traîner
d'année en année.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que vous évoquez
le fait qu'un congé sans solde peut chevaucher la date du 1er juillet
1982?
M. Bérubé: Un congé sans solde peut
effectivement chevaucher la date du 1er juillet 1982, tout comme il peut
être avant, de telle sorte que ce serait 240% à une cotisation de
7,5% et si c'est après, ce serait 200% d'une cotisation de 7,10%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah, bon je comprends. C'est la
façon la plus simple.
M. Bérubé: Oui, c'était une
façon.
Le Président (M. Gagnon): L'article 44 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
M. Bérubé: Puis-je me féliciter de ma
sagacité...
Le Président (M. Gagnon): Adopté sur division.
M. Bérubé: ... sachant que l'intervention qui vient
de vous être faite a, de toute évidence, été
inscrite au journal des Débats en mon nom? J'ai été
étonné moi-même de ma très grande clairvoyance.
M. Rivest: M. le Président, pour rendre justice
à...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... la collaboratrice du président du Conseil
du trésor, j'espère que le contraire n'est pas vrai pour tout ce
que vous avez dit depuis le début des travaux, je ne voudrais pas que
cela lui soit attribué.
Le Président (M. Gagnon): L'article 45 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 45 réfère à toutes les autres
dispositions qui avaient trait à la proportionnalité dans
l'indexation.
M. Bérubé: C'est la mise en vigueur de tous les
articles d'indexation proportionnelle.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Alors, il est adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Sur division. L'article 46, il
est adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'article 46 porte sur le partage des coûts. Est-ce que cela
réfère à tous les articles qui
mettent en vigueur le nouveau partage de coûts?
M. Bérubé: Le partage des coûts d'indexation
moins 3%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et l'indexation moins 3%, cela
prend effet à compter du 1er juillet 1982.
M. Rivest: Non, non, à l'article 46, non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Sur division. Adopté sur
division. L'article 47?
M. Rivest: Et 48 et 49. M. le Président, j'ai un
commentaire sur les trois.
Le Président (M. Gagnon): C'est-à-dire les articles
47, 48, 49.
M. Bérubé: L'article 47, si je comprends bien, est
adopté avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'inquiétude.
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Ces inquiétudes ont trait à ce que le
gouvernement va faire, finalement, au niveau des régimes de retraite.
Dans les discussions qu'il dit vouloir entreprendre avec la partie syndicale -
le projet de loi va être adopté, le gouvernement va avoir son
projet de loi - est-ce qu'il a l'intention d'en parler dans les prochaines
semaines de cette question-là, de remettre cela sur la table?
M. Bérubé: Non.
M. Rivest: En aucune façon?
M. Bérubé: Non.
M. Rivest: Bon, c'est très clair. Merci.
Le Président (M. Gagnon): L'article 47 est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Avec inquiétude.
Le Président (M. Gagnon): Avec inquiétude et sur
division, ou juste inquiétude?
M. Rivest: Non, avec une réponse qui me satisfait
exactement.
Le Président (M. Gagnon): Alors, il est adopté?
M. Rivest: Pas que je sois d'accord.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais la réponse est
complète.
M. Blais: Avec satisfaction. (21 h 30)
M. Paquette: Avec satisfaction, mais désaccord.
Le Président (M. Gagnon): Si j'ai bien compris, votre
question portait sur les articles 47, 48 et 49.
M. Polak: Non, sur l'article 47 seulement.
Le Président (M. Gagnon): Sur l'article 47 seulement.
L'article 48? M. le député de Sainte-Anne.
Exclusion de certaines dispositions de la Loi
constitutionnelle de 1982
M. Polak: M. le Président, l'article 48, ce n'est pas
possible! M. le ministre, je vous regarde honnêtement dans les yeux et je
me dis: Encore une fois, la constitution canadienne; on se base sur le petit
chiffre, ici et là, de moins 3%. Quelle est la raison d'inscrire cela
là-dedans? Qu'est-ce qu'il y a de dangereux dans la liberté
d'expression, de religion, de se rencontrer et de se parler, la protection de
base accordée au citoyen?
Une voix: On ne le sait pas.
M. Polak: Là, on inscrit l'article 48.
M. Bérubé: Au cas où.
M. Paquette: II faut être prudent.
M. Polak: Ne répondez donc pas, M. le ministre, au cas
où.
M. Paquette: Au cas où.
M. Polak: Soyez bien honnête. Donnez-nous une
réponse là-dessus.
M. Blais: Au cas où.
M. Polak: Au cas où quoi?
M. Bérubé: Au cas où. Qui sait?
M. Polak: Qu'est-ce qui pourrait arriver?
M. Bérubé: Mais Dieu seul le sait, et encore n'en
est-il pas bien sûr. Donc, il ne faut pas prendre de chance.
M. Rivest: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... la question du député de Sainte-Anne
est tout à fait pertinente. D'ailleurs, le ministre vient manifestement
de recevoir un avis d'un excellent légiste du gouvernement. Je voudrais
qu'il ait le courage d'avouer devant la commission la raison très
précise qui l'amène à mettre cette disposition privant
ainsi les citoyens du Québec, en particulier les travailleurs des
secteurs public et parapublic, des droits qui leur sont reconnus en tant que
citoyens canadiens par la charte constitutionnelle de 1982.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce une question de
règlement, M. le député de Rosemont?
M. Paquette: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Rivest: Je n'ai pas fini à ce moment-là, M. le
Président.
M. Paquette: Vous n'aviez pas fini? Mon collègue a une
question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député de Jean-Talon, vous aviez la parole.
M. Blais: Allez-y, M. le député de Jean-Talon,
allez-y.
M. Rivest: Je voudrais que le ministre, qui a une
responsabilité dans ce projet de loi dont nous achevons l'étude
article par article, nous dise quelle est la raison précise de l'article
48 qui soustrait l'application de ce projet de loi à la charte
constitutionnelle de 1982 qui reconnaît aux gens des droits. Et de quels
droits les citoyens québécois seront-ils privés à
cause de l'entêtement du gouvernement au sujet de la charte
constitutionnelle? Je lis l'article 48: "La présente loi a effet
indépendamment des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de la
Loi constitutionnelle de 1982." Cela veut dire que les droits qui nous sont
reconnus dans la charte constitutionnelle, qui sont des libertés
fondamentales, le gouvernement du Québec entend en priver les citoyens
du Québec par cette clause.
M. Blais: Démagogue, démagogue!
M. Rivest: Non, ce n'est pas être démagogue.
M. Blais: Démagogue.
M. Rivest: M. le Président, je m'excuse, mais il y a un
député qui, probablement, est programmé à cette
heure-ci pour crier le mot démagogue.
M. Blais: M. Rivest, M. Rivest.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blais: Alors, M. le député de Jean-Talon, soyez
calme.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Rivest: M. le Président, est-ce qu'il y aurait moyen de
faire en sorte que les députés ministériels ne participent
pas aux travaux des commissions? Cela irait tellement plus vite. L'article 48
dit: "La présente loi a effet indépendamment des dispositions des
articles 2 et 7 à 15 de la Loi constitutionnelle de 1982". Je veux le
redemander au ministre: De quels droits entend-il déposséder les
citoyens québécois? Ces droits leur sont reconnus comme citoyens
canadiens par la charte des droits de l'homme, la Loi constitutionnelle de
1982...
M. Blais: On la sait la question; peut-on y répondre?
M. Rivest: ... en vertu de l'article 48. De quel droit s'agit-il
précisément? Qu'est-ce que vous avez en tête? Qu'est-ce que
vous visez par cela, M. le ministre?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, j'ai vu
tantôt le député de Rosemont qui a participé
longuement à la discussion du projet de loi où a
été campée la position gouvernementale concernant la
charte des droits et libertés des anglophones du Canada adoptée
par le gouvernement fédéral. Le député de Rosemont
pourrait, sans aucun doute, s'il le veut bien, d'ailleurs, parce que je me
demande s'il veut user sa salive... Enfin, à peine.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rosemont, vous avez la parole.
M. Paquette: Simplement parce que les propos du
député sont inscrits au journal des Débats, je voudrais
lui rappeler que la charte des droits et libertés du Québec a
préséance sur toutes les lois que l'on adopte à moins
qu'il ne soit stipulé le contraire, ce qui n'est pas le cas dans le
projet de loi qui est devant nous. Les citoyens du Québec sont donc
pleinement protégés quant à leurs
libertés fondamentales face à ce projet de loi. L'article
a pour effet de soustraire le projet de loi à l'application du "Canada
Bill". D'ailleurs, je pense que le député de Jean-Talon avait
souligné, lors du débat sur le "Canada Bill", que c'était
une grande défaite pour le Québec, ce qui ne l'a pas
empêché d'aller la fêter à Ottawa.
M. Lachance: À son grand déshonneur.
M. Paquette: Nous, M. le Président, nous pensons que la
Charte des droits et libertés de la personne, qui a été
adoptée par les Québécois et par ce Parlement, est
nettement supérieure au "Canada Bill" et protège amplement les
citoyens.
M. Rivest: M. le Président, ayant...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon et, ensuite, M. le député de Sainte-Anne.
M. Rivest: Ayant participé moi-même au comité
de législation qui a adopté la Charte des droits et
liberté de la personne du Québec en 1974, je sais très
bien que ce document, qui est certainement une des grandes réalisations
du gouvernement libéral...
M. Bérubé: Non, la grande' La seule,
d'ailleurs!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Bérubé: Depuis ce temps-là, on ramasse
les morceaux pour tout le reste!
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole.
M. Rivest: M. le Président, je disais donc que la Charte
des droits et liberté de la personne du Québec, qui est une des
grandes réalisations du gouvernement libéral de 1970 à
1976, les autres grandes réalisations étant, comme on le sait,
l'assurance-maladie, la gratuité des services juridiques, que le
gouvernement vient d'amputer par un ticket modérateur...
M. Bérubé: Le Stade olympique pas de toit!
M. Rivest: Le stade olympique, c'est une grande
réalisation de M. Drapeau, stade que vous allez d'ailleurs maintenant
coiffer, m'a-t-on dit. Il y a, entre autres, la Baie-James que j'ai
oublié de mentionner.
Le Président (M. Gagnon): Si vous voulez, on va revenir
à l'article 48.
M. Rivest: Oui. Je voulais demander ce qu'il y a dans la charte
canadienne des droits qui ne sera pas accessible aux citoyens
québécois en vertu de l'article 48.
M. Bérubé: La décision a été
prise de ne pas lier le droit des Québécois à leur
liberté à des décisions d'une majorité anglophone
du Canada qui a décidé d'ignorer le Québec dans sa
réforme constitutionnelle.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je considère que l'article 48 a
été inscrit dans cette loi par esprit de vengeance. Comme je le
dis, de temps en temps, le ministre et les péquistes voient rouge. On ne
veut jamais accepter quelque chose qui vient du Canada, parce que le Canada est
un pays étranger et tous les produits qui viennent du Canada sont
contaminés; donc, ça prend l'article 48. Pour moi, c'est un
article de vengeance qui n'a rien à voir avec les régimes de
retraite. Je ne comprends vraiment pas cela et je serais très content
que la population sache...
M. Rivest: C'est un article séparatiste!
M. Polak: ... que vous êtes tellement aveuglés par
votre haine, par votre non-compréhension des libertés
fondamentales que vous avez senti le besoin d'inscrire un tel article dans
votre projet de loi.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 48 est
adopté?
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: ... à proprement parler, je suis
scandalisé de voir la désinvolture avec laquelle, du
côté ministériel, on traite un sujet aussi important que
celui-là. D'après ce que je sais d'une commission parlementaire,
il est de règle... Il n'y a pas longtemps que je suis parlementaire,
mais j'ai eu l'occasion d'assister plusieurs fois à des commissions
parlementaires à titre de conseiller de ministres, etc.
M. Rivest: J'espère que c'étaient des ministres
libéraux!
M. Doyon: J'ai toujours eu la perception suivante du rôle
du ministre dans l'étude article par article d'un projet de loi: Le
ministre doit se faire un devoir strict - il est censé connaître
les réponses; autrement, il ne serait pas le parrain de ce projet de loi
- de justifier chacun des articles et chacun des mots qui se trouvent dans
ces
articles. On se trouve devant la situation où, nous, de
l'Opposition, nous nous posons une question très simple: En quoi la
liberté de religion, la liberté de réunion, la
liberté d'association, le droit de ne pas souffrir de discrimination en
raison de son sexe, de sa race, etc., en quoi ces libertés fondamentales
qui sont partagées par tous les Canadiens constituent-elles un danger
dans l'application du projet de loi no 68?
M. Rivest: C'est un projet de loi inique. C'est la preuve.
M. Doyon: M. le Président, il est inadmissible...
M. Bérubé: Voulez-vous une réponse à
votre question?
M. Doyon: Non, je n'ai pas fini.
M. Bérubé: Ah bon! Là, vous répondez
à la question.
M. Blais: II se répond et il s'en va!
M. Doyon: M. le Président, qu'on se contente de
dire...
M. Blais: II a fait cela deux fois. Un verbo-moteur!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Doyon: Je comprends que ce soit un sujet dont ils n'aiment pas
entendre discuter, M. le Président, mais c'est bien dommage, on va en
dire quelques mots, veux, veux pas.
Une voix: Oui, jusqu'à minuit.
M. Doyon: Le temps qu'il faudra. C'est un sujet extrêmement
important. Si le ministre ne voulait pas qu'on en parle, il n'avait qu'à
ne pas le mettre dans le projet de loi.
Une voix: C'est cela.
M. Doyon: C'est un choix qu'il a fait. Il a choisi de le faire et
on a le droit, chacun d'entre nous, d'en parler pendant 20 minutes, si nous le
voulons. C'est aussi simple que cela, l'article étant là. M. le
Président, que le président du Conseil du trésor et le
député de Terrebonne se tapent sur les cuisses quand on
évoque des préoccupations qu'on a concernant des libertés
fondamentales, c'est loin de nous rassurer sur la qualité des autres
articles qu'il y a dans ce projet de loi. Je comprends que mes propos fassent
bâiller le ministre...
M. Blais: II s'écoute. Ça se peux-tu?
M. Doyon: ... et qu'ils fassent aboyer le député de
Terrebonne. Je comprends tout cela.
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: Je demande au député qui vient de parler
de ne pas dire qu'un confrère aboie. C'est antiparlementaire.
M. Rivest: "Bâille."
M. Blais: II a dit "aboie".
M. Rivest: Non, il a dit "bâille".
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert, vous avez la parole.
M. Rivest: Vous êtes aux abois.
M. Doyon: Merci.
Une voix: II est aux abois.
M. Doyon: M. le Président, cet article est là et il
est soumis à la discussion de cette commission.
M. Rivest: C'est cela.
M. Doyon: Que nous l'examinions et que nous en cherchions les
justifications, ce n'est que justifiable et justifié et c'est notre
rôle ici. Nous ne pouvons pas laisser passer un article aussi important
que celui-là et qui est la résultante directe de l'attaque qu'a
faite globalement, avec son projet de loi no 62, le gouvernement où il
nous annonçait ses intentions. Mais on ne pouvait pas croire que le
gouvernement irait jusqu'à mettre ces dispositions dans un projet de
loi. On pensait que c'était tout simplement une façon d'exprimer
une certaine position politique, mais que jamais, dans les faits, le
gouvernement n'oserait mettre des dispositions qui se lisent comme suit: "La
présente loi a effet indépendamment des dispositions des articles
2 et 7 à 15 de la Loi constitutionnelle de 1982 (insérer ici la
référence au chapitre de la Loi sur le Canada...)" parce que
c'est cela son nom. Ce que le gouvernement semblait nous annoncer dans le
projet de loi no 62 nous paraissait tellement gros, tellement énorme
qu'il nous semblait incroyable, à nous de l'Opposition, que le
gouvernement traduise cela dans les faits dans un article de loi. Alors, on
touche ici du doigt que le gouvernement était prêt à aller
à la limite du cynisme où, non seulement on prive les cotisants
et les futurs pensionnés de droits qui leur étaient acquis
parce que le gouvernement était en difficulté
financière, mais où on va jusqu'à essayer de s'assurer
que, d'aucune façon, ils ne pourront tenter de récupérer
certains droits qui pourraient leur être acquis, leur appartenir. On leur
enlève un recours qui leur appartient et auquel ils ont droit
strictement et qui appartient à tous les autres Canadiens. On leur
enlève cela pour étanchéiser ce projet de loi qui montre
plus que n'importe quel autre jusqu'où le gouvernement est prêt
à aller dans la poursuite de ses objectifs...
M. Paquette: Arrêtez le magnétophone.
M. Doyon: ... crypto séparatistes,
maniaco-séparatistes.
M. Paquette: Arrêtez le magnétophone, M. le
Président, s'il vous plaît!
M. Doyon: Ce sont les mots qu'il faut employer. Qu'est-ce qu'une
manie, M. le Président? C'est chercher à poursuivre un objectif
avec une idée fixe sans tenir compte des circonstances et en pensant
toujours à la même chose. C'est ce que le gouvernement
réussit à faire dans un projet de loi qui s'intitule Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant les
régimes de retraite. Croyez-le ou non, le gouvernement trouve le moyen
de montrer ses vraies couleurs séparatistes dans un projet de loi aussi
technique qui est, finalement, une question de chiffres, de calculs, de
discussions d'actuaires. Le gouvernement trouve le moyen de nous montrer ses
vraies couleurs qui sont des couleurs maniacoséparatistes. Pourquoi
maniaco-séparatistes? Parce que c'est une idée fixe. C'est
quelque chose dont il ne peut absolument pas faire abstraction. C'est une chose
inadmissible parce qu'on ne doit pas mélanger les droits des citoyens
avec une administration purement technique de choses comme les régimes
de retraite.
Je vois le côté ministériel rire, sourire, se taper
sur les cuisses, et c'est cela qui est inquiétant.
M. Polak: Les fonctionnaires aussi.
M. Doyon: Les fonctionnaires, mais ils font comme le ministre
parce qu'ils sont craintifs et ils ont peur de lui. Alors, je comprends
très bien cela. C'est un homme vengeur. Alors, ils sont craintifs et je
comprends très bien qu'ils le soient. Peut-être que je ferais la
même chose. Je ne les blâme pas.
M. Polak: Peut-être qu'ils ont peur de perdre leur
sécurité d'emploi. (21 h 45)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Doyon: Ils ont probablement des raisons.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Doyon: M. le Président, il faut souligner cela, il faut
le déplorer et il faut aussi déplorer que les membres de la
commission parlementaire du côté ministériel ne prennent au
sérieux d'aucune façon nos remarques et nos reproches en ce qui
concerne cet article 48 du projet de loi 68. Si encore le président du
Conseil du trésor était prêt à nous écouter,
à discuter sérieusement et à nous dire en quoi, parce que
c'est cela la préoccupation qu'on doit avoir dans un projet de loi c'est
un avantage pour les citoyens, en quoi les citoyens vont se trouver dans une
position plus avantageuse à la suite de l'insertion de cet inique pour
ne pas dire infect article 48. Car, en quoi la population visée par ce
projet de loi 68 se trouve-t-elle dans une situation meilleure que s'il y avait
tout simplement 48 articles dans la loi et que cela se terminait là?
C'est ce qu'on ne sait pas et c'est ce qui fait rire les ministériels.
C'est cela qui est inquiétant. Que les Québécois
décident de faire savoir au gouvernement - il faudra s'y attendre
-qu'ils tiennent beaucoup plus que ne le croit en particulier le
président du Conseil du trésor, à des droits fondamentaux,
qu'ils s'appellent liberté de religion, de conscience, etc., ils y
croient bien plus, ils y tiennent beaucoup plus que vous ne le pensez et eux,
cela ne les fait pas rire. J'aimerais que le président du Conseil du
trésor nous donne une justification étoffée, bien
étagée de l'objectif qu'il poursuit en insérant l'article
48. Je n'ai rien entendu de la sorte ou même d'approchant à une
justification. Cela est contraire au but que nous poursuivons dans
l'étude article par article d'un projet de loi aussi important et qui va
affecter des centaines de milliers de personnes.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges et, après, M. le
député de Jean-Talon et M. le député de
Terrebonne.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
J'ai cru devoir prendre la parole afin de donner un peu plus de temps au
député de Terrebonne pour préparer son intervention. Je le
voyais demander la permission au ministre de prendre la parole sur cette
disposition et j'ai cru devoir jeter un éclairage un peu
différent dans la mesure où le ministre à mon endroit, ou
le député de Rosemont - je ne me souviens plus qui l'a fait
valoir - pourrait prétendre que je suis allé
célébrer la proclamation de la Loi sur le Canada. Le 17 avril,
j'étais à Jonquière, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'avais
l'occasion, ce même jour, de parler contre le PQ et
j'étais chaudement applaudi, ce que j'ai fait remarquer,
d'ailleurs, à notre éminent président de
l'Assemblée nationale, étant donné que j'étais dans
son comté.
Je voulais simplement ajouter, surtout à la suite des propos du
député de Rosemont qui s'est vanté, qui s'est
pété les bretelles sur la qualité de la protection que
peut donner la charte des droits ici au Québec comparativement à
ce qu'il y a dans la charte constitutionnelle édictée en vertu de
la Loi sur le Canada, qu'il est reconnu qu'à l'égard des mesures
discriminatoires à l'endroit de certains groupes de citoyens par quelque
institution ou individu que ce soit, existe une protection sur papier dans les
lois du Québec qui est extrêmement large, beaucoup plus large que
ce qu'on peut trouver dans d'autres juridictions, ici ou ailleurs au Canada,
aux États-Unis, peu importe.
Ce qui, évidemment, distingue cette charte de la charte
constitutionnelle canadienne, c'est qu'elle a ici au Québec plutôt
tendance à s'ériger contre la discrimination sous toutes ses
formes, alors que la charte constitutionnelle a plutôt pour objet de
protéger des droits fondamentaux qui sont également reconnus
autant dans la société que dans toute société
occidentale le moindrement civilisée. Deuxièmement, quant
à la nature des recours qui sont ouverts aux citoyens, en vertu de ces
deux documents distincts, il y a, d'une part, ici au Québec
primordialement un appel à la Commission des droits de la personne,
alors qu'il y a ouverture, en vertu de la charte constitutionnelle, à
des recours judiciaires devant les tribunaux de droit commun afin de faire
protéger les droits fondamentaux. Cela est extrêmement
important.
Troisièmement, à l'égard du mécanisme
d'amendement, on peut bien prétendre que la charte qu'on a ici au
Québec est extraordinaire, etc., et a préséance. C'est
vrai, évidemment, tant qu'on n'y fait pas exception dans un texte de loi
subséquent, mais le fait demeure qu'elle est assujettie aux voeux de la
majorité qui, pour un temps, peut se retrouver à
l'Assemblée nationale, ce qui n'est évidemment pas le cas pour
l'autre. On peut se plaindre - et d'autres que moi et que les
ministériels le feront aussi - du processus d'amendement qui est
réservé. Allons au-delà du contenu de la Loi sur le Canada
qui demande manifestement des aménagements. Mais quant au processus
d'amendement qui est prévu, il est, par sa lourdeur même et ce
qu'il appelle comme consensus, beaucoup plus varié qu'une simple
majorité ministérielle, un gage, à mon sens, de
stabilité et de permanence beaucoup plus grand que celui de la charte
qu'on a édictée sous forme de loi de l'Assemblée nationale
du Québec.
Dans ce sens-là, je ne voulais pas laisser passer sans
répliquer les propos du député de Rosemont qui a fait
grand état de la supériorité incontestable, selon lui, de
la charte qui est dans nos statuts comparativement à celle qui a
été édictée lors de l'adoption de la Loi sur le
Canada.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La charte constitutionnelle canadienne de 1982
reconnaît aux citoyens un certain nombre de droits supérieurs et
dépossède dans cette perspective les droits et
prérogatives de l'Assemblée nationale et de la Chambre des
communes de passer outre, en vertu du principe de la souveraineté du
Parlement québécois comme du Parlement canadien, à
certains droits fondamentaux des citoyens. Or, le présent projet de loi
68 enlève, d'une façon unilatérale, des droits d'ordre
financier, des droits au niveau de la retraite, à un nombre assez
important de fonctionnaires, de gens qui travaillent dans les secteurs public
et parapublic. Si cet article 48, qui a l'air de rien, n'était pas
là, en vertu de la charte constitutionnelle canadienne, je pense qu'un
citoyen canadien qui vit au Québec pourrait, vraisemblablement, en
croyant ce qui est fait à sa retraite, songer à invoquer le fait
que le gouvernement du Québec n'a pas le droit de le
déposséder ainsi d'une partie des droits qu'il aurait au plan de
la retraite ou encore...
M. Paquette: En vertu de quel article du "Canada Bill"?
M. Rivest: ... des recours judiciaires pourraient être pris
par les centrales syndicales, qui pourraient avoir des prétentions au
niveau du droit qu'elles ont de négocier cette chose. Cet article va
empêcher ce recours. Je ne dis pas qu'elles auraient gain de cause, mais
l'ouverture leur serait certainement donnée si le gouvernement du
Québec ne décidait pas, en plus de procéder
unilatéralement par ce projet de loi, en plus de mettre de
côté la négociation avec les syndicats, d'enlever aux
citoyens canadiens vivant au Québec la possibilité de contester
judiciairement. La charte constitutionnelle, à cet égard, n'est
pas dirigée contre l'Assemblée nationale du Québec,
puisque n'importe quelle autre Législature au Canada qui
procéderait de la même manière serait exposée aux
mêmes risques, de même que le Parlement canadien qui, en vertu
d'une loi dûment adoptée dans son processus qui frapperait ses
fonctionnaires de mesures analogues serait également sujet - le
Parlement canadien, la Chambre des communes - à des recours en vertu de
la charte des droits fondamentaux. La charte des droits de 1982 est une
charte
qui place les droits des individus ou des groupes au-dessus des
Parlements, qu'il soit canadien ou qu'il soit québécois.
C'est un jugement de valeur extrêmement profond que la
société québécoise a convenu de faire et qui n'est
pas, d'ailleurs, complètement inédit dans la mesure où,
dans le programme même du Parti québécois, cette limitation
aux pouvoirs de l'Assemblée nationale est inscrite, puisqu'on nous dit
que, dans un Québec indépendant il y aurait une charte des droits
incorporée dans la constitution, donc, une charte des droits qui
limiterait les prérogatives d'une Assemblée nationale dans un
Québec indépendant.
Donc, le Parti québécois, au plan des valeurs, a
exactement la même philosophie, mais, comme les Québécois
ont choisi de vivre à l'intérieur du régime
fédéral - et je pense bien qu'ils ne se dédiront jamais
sur ce choix fondamental - il y a actuellement une charte constitutionnelle qui
leur reconnaît un très grand nombre de droits. La seule raison
pour laquelle le gouvernement -et le ministre - inclut l'article 48, c'est
qu'il veut, comme gouvernement du Québec, priver les citoyens
québécois, citoyens canadiens à part entière, de
droits qui leur seraient pleinement reconnus s'ils étaient ontariens et
si le gouvernement de l'Ontario avait procédé de la même
façon avec un projet de loi de cette nature, dirigé contre ses
fonctionnaires. C'est ça la réalité concrète. C'est
que la charte constitutionnelle des droits donne ouverture à une
contestation d'ordre judiciaire, non pas en regard du partage des pouvoirs,
mais en regard des droits fondamentaux des citoyens, pour permettre justement
à ces citoyens de se prévaloir de ces droits qui sont par
ailleurs consentis dans la charte constitutionnelle canadienne.
Comme le signalait le député de Vaudreuil-Soulanges, la
Charte québécoise des droits et libertés de la personne,
actuellement, ne donne pas lieu à une telle contestation judiciaire,
puisqu'on ne peut que s'adresser à la Commission des droits de la
personne, qui est un organisme administratif inclus dans la charte. C'est
ça la différence profonde entre la Charte des droits et
libertés de la personne québécoise, qui existe dans nos
lois, la charte de 1974, et la charte constitutionnelle.
Or, ce qui se produit en réalité avec ceci, comme avec
l'autre projet de loi que nous allons étudier dans les jours ou les
semaines qui vont suivre, le projet de loi no 70, a exactement le même
effet. On enlève à des gens, d'une façon
unilatérale, des droits au mépris - et c'est encore plus clair
dans la loi no 70 - de tout le régime des relations de travail
actuellement en vigueur au Québec. D'une façon
unilatérale, le gouvernement, qui est patron, enlève des droits
qui sont des salaires à ce moment; il impose aux fonctionnaires des
diminutions de salaire de façon unilatérale. Encore là, la
loi 70, que nous allons étudier au cours des prochains jours, des
prochaines semaines, va probablement contenir, un article analogue. Je n'ai pas
vérifié, mais j'imagine que le gouvernement va pousser ce que le
député de Louis-Hébert appelait, je pense, sa mesquinerie
jusqu'à inclure probablement un article de loi analogue, et pour une
raison très simple, c'est que le gouvernement veut éviter les
contestations judiciaires d'ordre constitutionnel de la présente
loi.
Si une telle loi était adoptée actuellement en Ontario,
par le gouvernement d'Ontario, face à ses fonctionnaires, les Ontariens,
qui sont nos concitoyens, qui ont autant de droits, pas plus de droits que nous
nous n'en avons, pourraient se prévaloir de la charte constitutionnelle,
parce qu'il ne viendrait pas à l'idée du gouvernement de
l'Ontario de mettre un pareil article dans sa loi. C'est un article purement,
politique, comme le signalait le député de Louis-Hébert,
un geste d'ordre politique, en attendant le grand jour de la
souveraineté. Enfin, je ne sais pas quelle chimère envisagent les
gens d'en face, mais ils continuent, malheureusement, d'envisager l'avenir de
ce côté. C'est ça, la différence. Cet article fait
des citoyens canadiens et, en particulier, des membres de la fonction publique
québécoise des citoyens de seconde zone au Canada. Le
gouvernement du Parti québécois fait en sorte que les citoyens
québécois aient moins de droits que ces mêmes citoyens
fonctionnaires et serviteurs du bien public n'en auraient s'ils étaient
dans une autre province canadienne. C'est ça toute l'affaire.
Effectivement, je ne le sais pas, car je n'ai pas étudié
la question sur le plan juridique de façon absolument serrée. Je
ne dis donc pas que les citoyens gagneraient leur cause à contester
constitutionnellement la loi 68 comme la loi 70 sur la base de la Charte
constitutionnelle. Mais je dis qu'au moins ils auraient un recours, ils
auraient, en tout cas, une possibilité, une ouverture pour essayer de
corriger les injustices et les iniquités profondes que contient ce droit
et que le ministre du gouvernement du Parti québécois leur
enlève. De la même manière, M. le Président, puisque
je l'évoquais sans avoir en mémoire le texte, à l'article
21 de la loi 70 on retrouve exactement un article au même effet, un
article qui condamne les Québécois pour des raisons uniquement
politiques, et cela a été établi... M. le
Président, est-ce que j'ai la parole?
M. Paquette: Cela m'a paru extrêmement long.
Le Président (M. Gagnon): Oui, vous
avez la parole. Cela fait dix minutes exactement. M. le
député de Jean-Talon.
M. Paquette: Je croyais que cela faisait vingt minutes! Cela m'a
paru deux fois plus long.
M. Rivest: Effectivement, M. le Président, j'entends le
député de Rosemont dire que cela lui a paru deux fois plus long,
mais il y a quelque 300 000 membres de la fonction publique et parapublique qui
commencent à trouver très longues la loi no 68 et la loi no 70.
Le député de Rosemont a fait référence, depuis
qu'il est arrivé en Chambre, à toute sa carrière, avec ses
belles phrases. Monsieur se disait de la "gau-gauche" du Parti
québécois. Monsieur avait vécu dans les milieux syndicaux.
(22 heures)
M. Paquette: Monsieur bégaie.
M. Rivest: Monsieur a fait les plus grands discours sur les
droits des travailleurs, mais quand il s'agit de poser un geste concret, M. le
député de Rosemont n'a même pas le minimum de courage qu'a
son collègue de Sainte-Marie de s'opposer à des lois qui sont
aussi profondément antisyndicales que la loi no 68 et la loi no 70. Au
lieu de faire des "ti-giddy" et des moues comme il en fait depuis le
début, il devrait avoir le courage de ses convictions. Je ne doute pas
qu'il les ait, ces convictions, pour essayer de se démarquer du diktat
des ministres, de ses collègues qui sont au Conseil des ministres,
d'affirmer ses convictions profondes et de ne pas hésiter sur des
questions aussi fondamentales à sacrifier sa carrière politique
pour défendre les idées auxquelles il croit, au lieu de faire des
moues comme il en fait alors qu'il s'agit des droits et des libertés
fondamentales des citoyens.
Que le député de Rosemont, s'il croit vraiment aux vertus
du syndicalisme - et je pense qu'il croit en ces vertus, puisqu'il y a
travaillé si longtemps dans le passé - dise donc le fond de sa
pensée devant tout le monde, qu'il ait le courage de dire le fond de sa
pensée sur la loi no 68 et sur la loi no 70. Alors, je vous le dis, je
serais prêt, le premier, à écouter le député
de Rosemont sur quelque argumentation qu'il fasse parce que ce sera un
député qui aura le courage de ses convictions au lieu de se
cramponner simplement et de se cacher derrière cette espèce de
servilité ministérielle qui est le propre des "back-benchers"
péquistes depuis le début.
Après cette courte parenthèse, qui a littéralement
assommé le député de Rosemont puisqu'on ne l'entend
plus...
Le Président (M. Gagnon): Après cette courte
parenthèse, j'aimerais que vous reveniez à l'article.
M. Rivest: Oui, je voudrais revenir à l'article. Donc, cet
article 48 de la loi no 68, comme l'article 21 du projet de loi no 70, a
essentiellement pour objet de faire des citoyens québécois
à l'intérieur du Canada des citoyens de second rang parce qu'on
enlève manifestement et expressément aux citoyens
québécois des recours que d'autres citoyens canadiens auraient si
un gouvernement canadien, qu'il soit fédéral ou des autres
provinces, procédait d'une façon aussi - comment est-ce qu'on dit
cela d'une façon parlementaire? - injuste que le fait que le
gouvernement actuel avec ses fonctionnaires. Aucun gouvernement, actuellement,
à travers tout le Canada, qu'il subisse les mêmes taux
d'intérêt, qu'il subisse le même régime, la
même crise économique...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre: À
l'ordre! Si vous voulez revenir à l'article 48.
M. Rivest: C'est cela, M. le Président, c'est ce que je
dis.
M. Blais: Article 48, article 48;
M. Rivest: L'article 48, c'est la charte constitutionnelle.
M. Blais: Oui, mais il n'y a pas de taux d'intérêt
là-dedans.
M. Rivest: Ce sont les droits constitutionnels. Alors, aucun
gouvernement, dans la période de crise actuelle, n'a osé traiter
les membres de la fonction publique et parapublique de la façon dont le
projet de loi le fait. La seule place où on a un gouvernement qui essaie
de placer les droits et libertés de la personne au second rang, c'est
ici au Québec, un gouvernement péquiste, avec le projet de loi no
68. Non content d'être injuste envers les fonctionnaires, ce même
gouvernement prive délibérément, en vertu de l'article 48,
les mêmes citoyens québécois des droits que la charte
constitutionnelle canadienne leur confère.
Alors, vous voudriez que nous adoptions cette espèce d'attitude
paresseuse au niveau des droits et libertés qui caractérise la
servilité des députés ministériels et que nous nous
contentions d'accepter cela d'une façon mécanique? Je m'adresse
à vous, M. le Président, qui êtes un homme raisonnable et
combien éclairé! Je sais que vous êtes bien heureux que vos
fonctions actuelles vous empêchent de dire ce que vous pensez. Je suis
convaincu que vous auriez le courage que le député de Rosemont
n'a absolument pas, lui qui a fait carrière du côté
syndical.
Je pense que ce que mon collègue, le député de
Louis-Hébert, a essayé de vous
exprimer, ainsi que mon collègue le député de
Vaudreuil-Soulanges, sans doute, et j'invite le député de
Sainte-Anne...
M. Polak: Oui.
M. Rivest: ... à exprimer également en notre nom
notre indignation sur la conséquence pour les citoyens...
M. Blais: C'est à moi, là.
M. Rivest: ... de cet article 48 qui fait, encore une fois, des
citoyens du Québec, grâce au gouvernement du Parti
québécois, des citoyens de second rang.
Quant au député de Terrebonne qui s'apprête à
prendre la parole, je suis convaincu, en homme raisonnable, que, si le
député de Terrebonne avait la liberté de parler, la
liberté d'exprimer le fond de sa pensée, me dirait: M. le
député de Jean-Talon, vous avez parfaitement le droit, mais,
malheureusement, je suis péquiste, je subis les diktats
ministériels du Parti québécois, je ne peux vous donner
raison devant cette commission.
Le Président (M. Gagnon): Vous n'avez pas le droit de
prêter des intentions.
M. Rivest: Je ne lui prête pas des intentions, je connais
le député de Terrebonne, mais je sais que, malheureusement, le
député de Terrebonne qui va prendre la parole - je la lui
cède immédiatement - va devoir me contredire. Je recevrai ses
contradictions avec politesse, avec tous les égards que j'ai pour le
député de Terrebonne, mais avec une profonde tristesse parce que,
au fond, je suis convaincu que le député de Terrebonne ne pense
pas ce qu'il va nous déclarer, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, je vous remercie. M. le député de Terrebonne, vous
avez la parole.
M. Blais: Merci, M. le Président. C'est tout de même
curieux que, dans une loi aussi "financière", l'Opposition se soit
permis d'aller jouer sur les plates-bandes constitutionnelles.
M. Rivest: C'est l'article 48.
M. Blais: M. le député de Jean-Talon, vous
m'écoutez avec tristesse et j'espère que vous aller rester coi.
Je viens d'en entendre deux de façon consécutive, qui viennent
à peu près de la même région, jouer les vierges
offensées. Le premier, avec des mots composés, m'a fait
frémir parce qu'il sous-tendait des idées
fédéralo-décomposées. C'est bien entendu que ce
député verbo-moteur défendait un projet de loi
libéralo-tripoteur et virgo-violeur, pour employer le même style
de mots qu'il vient de nous donner. Il nous demande à nous quel objectif
le gouvernement poursuit en mettant l'article 48 quand ça crève
les yeux. Le "Bill" Bennet ou le "Bill" Davis qui a été
voté enlève à l'Assemblée nationale des pouvoirs
séculaires et, avec le peu de pouvoirs qu'il nous reste, nous essayons,
malgré des députés chiméro-blagueurs ou
mégalo-pleureurs ou colonio-serveurs ou aveuglo-serviteurs, de sauver le
plus possible le peu de pouvoirs qui nous restent.
Je ne peux pas comprendre comment il se fait que des gens qui sont
députés d'une assemblée qui s'appelle l'Assemblée
nationale défendent un projet constitutionnel auquel personne de cette
Assemblée nationale n'a participé, qui s'est fait à notre
insu et dans notre dos en nous enlevant des droits fondamentaux. Je ne
comprends pas qu'on vienne ici, à la Maria Goretti, parce qu'on a dit
non au référendum, pleurer sur des droits constitutionnels qu'on
essaie, malgré la complicité de cette Opposition, de sauver, car
il faut au moins garder à l'intérieur de cette Assemblée
nationale quelques pouvoirs, quand même! Le droit à
l'autodétermination. Ce n'est pas parce que nous nous appelons
Québécois que nous devons renoncer au droit à
l'autodétermination. C'est bien sûr que nous sommes souverainistes
et nous n'en avons pas honte. Vous nous demandez pourquoi on met dans un projet
comme celui-là l'article 48. C'est la moindre des choses que nous
puissions faire, c'est le seul pouvoir que le fédéral nous a
laissé; alors, nous en profitons.
Je suis persuadé que la loi constitutionnelle a
été, elle aussi, comme bien d'autres choses, signée
pendant que le Québec avait le dos tourné. Il y en a qui tournent
toujours le dos à leurs responsabilités, mais le gouvernement
actuel ne tourne pas le dos à ses responsabilités; nous faisons
face à la vérité. Nous avons dans ce gouvernement des
responsabilités et, dans ce projet de loi, les responsabilités
gouvernementales, on les a prises; il s'agissait de baisser les contributions
gouvernementales du régime de retraite parce que nous étions
tenus par la situation financière.
M. Rivest: Vous étiez en faillite.
M. Blais: M. le député de Jean-Talon, je suis d'une
politesse au moins modérée; j'aimerais au moins que vous soyez,
vous aussi, de votre côté, un peu plus modéré. Je
vous ai écouté avec attention, bien que je savais à
l'intérieur de moi-même que vous étiez là comme une
espèce d'acteur sur scène et qu'il n'y avait aucune
sincérité dans les paroles que vous nous prononciez.
M. Rivest: A-t-il le droit de me dire cela, M. le
Président?
M. Blais: Alors, malgré cela, je vous ai
écouté. Peu s'en fallut qu'à certains moments je ne
m'esclafasse, monsieur, mais je n'osais pas le faire dans votre dos. Comme moi,
je le fais dans votre face, alors, ne tournez pas le dos quand je vous dis
quelque chose, s'il vous plaît!
M. Polak: Mais demandez à votre équipe de faire la
même chose. Réveillez donc le ministre endormi depuis 45
minutes.
M. Blais: II vous a écouté parler, monsieur,
c'était le meilleur chloroforme.
M. Polak: Que la population le sache.
M. Blais: Nous avons pris nos responsabilités dans ce
projet de loi. Un autre s'en vient où nous prendrons aussi nos
responsabilités. Nous les avons prises. Il n'est peut-être pas
voté, mais ce n'est pas votre attitude qui passera à
l'histoire.
M. Polak: Pas de menaces.
M. Blais: Cela, je vous le jure. Je dis que l'objectif de mettre
l'article 48, c'est que nous avons encore certains pouvoirs qui ne nous ont pas
encore été enlevés par les fédéraux. Nous
tenons à affirmer notre autorité dans un projet de loi et vous
devriez dire merci à ce gouvernement de tenir au moins aux choses qui
vont ont glissé entre les doigts parce que vous êtes serviles aux
fédéraux. Nous ne sommes pas serviles à qui que ce soit;
nous sommes au service de la population du Québec. Cela prouve que le
gouvernement qui est en place se tient debout et toujours se tiendra debout
pour prendre ses responsabilités et essayer de tenir, malgré
vous, malgré les fédéraux, malgré votre
complicité que j'oserais dire presque maladive, devant le
panthéon qui existe à Ottawa.
M. Rivest: Ce n'est pas à Ottawa, c'est à
Paris.
M. Blais: Non, non. Il y en a partout, il y en a même qui
se prennent pour des pharaons parfois, monsieur. Je voudrais dire que nous
faisons cela pour garder nos responsabilités. Cela ne me donne
absolument rien de parler longtemps, je m'adresse à des sourds qui, de
temps en temps, sont aveugles. Tout ce qui est malheureux, c'est qu'ils ne
soient pas muets. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, en ce qui concerne l'article
48, c'est bizarre que le président ait dit à trois reprises: S'il
vous plaît, messieurs, voulez-vous ne pas parler de la constitution, il
faut s'en tenir à l'article 48. Vous avez parfaitement raison, c'est la
meilleure preuve que cet article 48 n'aurait jamais dû faire partie de ce
projet de loi. C'est une idiotie de l'avoir. Vous avez raison quand vous dites:
Arrêtons donc de parler de la constitution, parce que nous
étudions un régime de retraite. C'est cela qu'on fait. Mais c'est
le gouvernement qui par ses manies inscrit soudainement, à la fin, cet
article dans un texte de loi qui n'a pour but que de régler une
situation financière concernant les fonds de retraite. D'ailleurs, on
trouve le même article dans le projet de loi sur l'agriculture, sur les
subventions de la SDI, sur les services essentiels, les coupures de salaires.
Dans chaque projet de loi, cela se trouve à la fin. Pourquoi? Parce
qu'on est gouvernés par des députés ministériels
qui sont possédés du diable de la haine de tout ce qui vient du
Canada, collectivement. À un moment donné - je dis cela souvent
en Chambre - ils voient rouge. Ils deviennent hystériques, ils sont
possédés par le diable de la haine. Ils doivent donc inscrire cet
article 48 qui n'a rien à voir avec ce projet de loi. Mais pour montrer,
en vrais péquistes, que tout ce qui vient du Canada n'est pas
acceptable, on va le rayer. On va le rayer d'une telle manière que
même si l'on trouve un projet de loi où c'est ridicule de
l'insérer, on va l'insérer. Vous êtes
possédés par une idée fixe. Collectivement, vous
êtes possédés par une idée fixe et vous êtes
collectivement fous à ce point de vue. Je le dis et je le
répète.
M. Lachance : M. le Président, question de
règlement.
M. Polak: Vous êtes collectivement possédés
par...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! M. le
député de Bellechasse, sur une question de règlement,
M. Lachance: M. le Président, tout de même, je veux
bien accepter certains propos un peu forts du député de
Sainte-Anne, mais là je vous demanderais de lui faire retirer ses
paroles parce qu'il exagère.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, sur la question de règlement, effectivement, vos
dernières paroles, je trouve cela assez blessant. Je pense que c'est
exagéré. J'aimerais que vous reveniez à des propos
plus...
M. Polak: M. le Président, j'ai dit: Vous êtes
collectivement fous sur le plan
constitutionnel.
M. Doyon: C'est complètement défendable.
M. Polak: Je suis prêt à le dire et je le
répète: Collectivement fous sur le plan constitutionnel.
M. Lachance: Cela me semble des termes antiparlementaires.
M. Polak: Comme je l'explique, il faut lire dans le contexte ce
que j'ai dit: Vous êtes possédés par une idée fixe.
(22 h 15)
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne, je n'accepte pas les termes que vous venez d'employer. Je ne sais
pas si c'est antiparlementaire. Je n'ai pas l'ancien règlement, je
pourrais vérifier. Se faire traiter de fou, ce n'est agréable
pour personne. Je vous demanderais, par respect pour ceux qui nous
écoutent et pour ceux qui sont ici autour de cette table, de ne pas
employer ces termes.
M. Polak: Disons mal guidés. D'ailleurs, le terme ne peut
pas blesser beaucoup parce que le ministre est endormi depuis 45 minutes. Il
n'entend plus rien.
Le Président (M. Gagnon): Faites votre discours.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, je comprends la
vraie raison. Vous savez très bien que la seule chose qui vous tient
ensemble tous les députés ministériels, c'est justement
cette idée fixe. C'est la seule chose parce que, si cela n'existait
plus, il n'y aurait plus rien de vous. C'est pour cela que vous avez peur.
C'est pour cela que vous l'inscrivez dans un tel texte.
Cet article 48, inséré dans ce projet de loi,
équivaut à une invitation à la désobéissance
civile. On a une constitution canadienne qui a été
adoptée, qui n'a rien à faire avec ce projet de loi. On n'aurait
jamais dû insérer cet article. Mais ayant inséré cet
article 48, on a fait exprès parce qu'on veut montrer, par cela, la
désobéissance civile à une loi qui s'appelle la
constitution canadienne. C'est pour cela qu'on vous critique, c'est pour cela
qu'on s'arrête à l'article 48. On a analysé le projet de
loi en détail. Tout allait bien; on avait beaucoup de divergences
d'opinions, mais c'était de bonne guerre. Mais, soudainement, on arrive
à l'article 48 qui n'a rien à voir avec ce projet de loi; c'est
pour cela qu'on s'y attaque. Pas pour vous convaincre, parce que
collectivement, vous êtes mal guidés, vous êtes
possédés par cette idée fixe. On ne sera jamais plus
capables de vous convaincre. Il y en a au moins dans la population ou parmi
ceux qui vont lire le journal des Débats qui vont comprendre parce qu'il
faut que ce soit dit.
Maintenant, les députés péquistes sont
bloqués, ils ont les oreilles et les yeux fermés. Et la meilleure
preuve, c'est que le ministre, tout de même, pendant tout le débat
jusqu'à l'article 47, participait et répondait. De temps en
temps, il lisait peut-être un petit article, mais cela se fait.
Soudainement, quand on a commencé à parler de l'article 48, il
est allé s'endormir, en se tournant par exprès. Le
député de Rosemont, pendant une dizaine de minutes, a
tourné sa chaise. Quand je lui ai demandé de parler, il a
quitté la salle. Le député de Terrebonne n'est pas ici,
non plus. Qu'on note bien cela parce que le public ne le voit pas. Mais cela
montre le manque de respect pour l'institution. Savez-vous qu'à un
moment donné ils ont commencé à rire collectivement. Quand
on parle de la constitution canadienne, on ne peut réagir que par la
haine, par le dédain, par le mépris et par le rire. Et même
les fonctionnaires ont commencé à rire parce qu'ils sont avec
vous autres.
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît,
voulez-vous arrêter de faire le procès de tous ceux qui sont
autour de la table et revenir à l'article 48?
M. Polak: C'est parce que l'article 48, M. le Président
est un article inscrit par esprit de vengeance.
Le Président (M. Gagnon): Vous n'avez pas à parler
de tous ceux qui sont autour de la table ni des fonctionnaires. Parlez de
l'article 48; votre droit de parole s'écoule rapidement.
M. Polak: Donc, l'article 48, comme je l'ai dit, est
inspiré par cette attitude que je vais décrire. Peut-être
n'aimez-vous pas que cela soit enregistré, mais je veux que ce soit
enregistré exactement parce que le comportement est aussi important que
la parole. Le comportement du ministre depuis qu'on parle de cela, je suis
très content que ce soit enregistré. Les comportements font
partie du débat. Il y a un téléviseur de l'autre
côté pour que les gens puissent voir. Malheureusement, ils ne
peuvent pas voir ici. Ils auraient dû le voir; cela aurait
été très intéressant.
Le député de Terrebonne, quand il a parlé que vous
autres, tout le monde, les députés de l'Assemblée
nationale, c'était scandaleux qu'on ose même parler de cela. Mais
on n'a pas peur de dire que l'article 48 n'aurait jamais dû être
inscrit dans ce texte, ni dans le texte de plusieurs autres projets de loi.
Comme je le disais, pour l'Agriculture, pour les subventions de la SDI, cela
n'a
rien à faire; ce sont des projets de loi techniques sur le plan
financier où la constitution n'a rien à faire du tout. Je
voudrais juste terminer en disant que, quand on va dire que l'article 48, comme
les autres, va être accepté sur division, vous pouvez être
certains que, quant à moi, la division, je vais l'enregistrer avec
plaisir.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 48 est
adopté? Un mot du ministre.
M. Bérubé: Est-ce qu'il est adopté?
Le Président (M. Gagnon): II n'est pas adopté.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il y
a une intervention que je dois faire. J'ai tenté d'écouter et,
après cela, j'ai finalement abandonné parce qu'il n'y avait rien
à retirer de cette espèce de fouillis lamentable auquel on a eu
droit pendant au moins trois quarts d'heure, une heure.
M. le Président, cet article est incorporé à toutes
nos lois, c'est vrai. Il est incorporé pour un certain nombre de
raisons. Il y a une raison importante, et je pense qu'aucun de nos
collègues ne l'a soulignée, mais elle est essentielle. Il y a
quelques mois, un peu moins d'une année, aux États-Unis, en
Pennsylvanie, un juge a décidé d'accorder une injonction pour
suspendre l'application du service militaire obligatoire en vigueur depuis le
début de la constitution américaine. Le service militaire - il
faut bien en être conscient - est inscrit dans la constitution
américaine comme telle et, néanmoins, ce service militaire
obligatoire inscrit dans la constitution faisait l'objet d'un jugement de cour
suspendant son application. J'ignore quelle a été la
décision des Cours supérieures dans ce dossier, mais ce qui m'a
surtout frappé, M. le Président, c'est la raison invoquée
par le juge pour suspendre le service militaire.
On a invoqué qu'il y avait également un autre article dans
la constitution portant sur la discrimination, sur l'égalité, et
un intervenant a fait valoir que, dans la mesure où seuls les hommes
sont soumis au service militaire aux États-Unis, cette longue tradition
plus que centenaire du service militaire, même si elle était
inscrite dans la constitution, était insconstitutionnelle puisqu'elle
traitait différemment les hommes et les femmes. Un juge a
décidé que cela devait s'interpréter, cette
fois-là, contrairement à un siècle de tradition,
contrairement à des usages d'une société, contrairement
même à la pensée de ceux qui ont conçu la
constitution américaine, car jamais, en aucun moment, il n'a
été question, à l'époque, au moment de la
création du service militaire obligatoire aux
États-Unis, de concevoir que ce service devait s'appliquer aux
hommes ou aux femmes ou quel que soit l'âge, au contraire.
En d'autres termes, un juge s'est subitement arrogé le pouvoir de
décider quels seraient les us et coutumes de ce pays-là. Libre
à eux, M. le Président, de le vouloir ainsi. Ils ont une
constitution et, de fait, aux États-Unis, énormément de
décisions prises par la Cour suprême américaine, dans le
cas du "bussing" en particulier, ont amené des interprétations de
la constitution américaine qui n'ont pas toujours été dans
le sens que le voulait la majorité des citoyens. Mais la lourdeur du
processus d'amendement constitutionnel étant ce qu'elle est, il
s'ensuivait généralement qu'on devait passer par là
où les cours avaient décidé.
Or, M. le Président, je vous donnerai simplement un exemple qu'un
juge pas plus brillant qu'il faudrait, pourrait, à un moment
donné, invoquer. À titre d'exemple, nous avons regardé,
à l'annexe 1.1, des taux de cotisation et constaté qu'il y avait
des taux de cotisation pour les hommes et des taux de cotisation pour les
femmes, avec des taux de cotisation supérieurs pour les femmes que pour
les hommes. Un jour, il pourra très bien y avoir un juge qui
décidera que ceci est absolument incontitutionnel et contraire au
principe de l'égalité. Certainement; On a vu les
interprétations les plus farfelues. J'ai même vu un juge
émettre une injonction pour suspendre l'application d'une loi du
Québec. On a vu n'importe quoi. Je pense -et plusieurs juges l'ont
souligné - qu'il était peut-être sage de ne pas inscrire
les droits dans une charte constitutionnelle, mais de les inscrire dans une loi
de telle sorte que les traditions, les coutumes auxquelles veut se lier une
société, les interprétations qu'on doit donner à
des droits sont inscrits dans des lois et c'est le Parlement qui en
décide.
Il y a une différence fondamentale entre le système
britannique et le système américain à cet égard; le
système britannique part du principe que les citoyens ont tous les
droits. Le jour où vous voulez définir dans une constitution, par
un article de loi, un droit quelconque, vous venez de limiter les droits et non
de les étendre, car vous venez de rétrécir, de raccourcir,
par les mots mêmes que vous utilisez, les droits des citoyens. Par
conséquent, M. le Président, tout ce que je dirai, c'est que ce
n'est pas une majorité anglo-saxonne du Canada qui va décider
quels seront les droits des citoyens du Québec; ce seront les
Québécois eux-mêmes.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une seconde, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je relèverai deux
choses, avant de procéder à l'adoption sur division. D'abord,
l'exemple qu'a choisi le ministre n'est pas le plus lumineux ou le plus
éclairant pour démontrer que l'article 48 doit absolument faire
partie de la loi 68. Plus tôt cet après-midi, nous avons
demandé, à titre d'exemple - il était assez frappant et le
député de Rosemont l'a aussi demandé - quelle était
la raison des différents taux de prime pour le rachat des rentes dans le
cas des hommes et des femmes. Mais je pense qu'elle tombait sous le sens et
qu'une démonstration extrêmement simple pourrait convaincre le
plus imbécile des juges qu'il est de notoriété publique
que, les femmes vivant plus longtemps que les hommes - dans notre
société à tout le moins - il est évident que la
prime pour le rachat d'une rente pourrait se trouver affectée dans son
taux. Dans ce sens-là, je pense que ce n'était pas le meilleur
exemple et j'irais même jusqu'à solliciter que le ministre nous
donne un exemple qui illustrerait peut-être un peu mieux la raison
fondamentale pour laquelle l'article 48, à l'égard de ce projet
de loi, peut se retrouver ici. Je vais même le faire tout de suite avant
de continuer.
M. Bérubé: Raison de prudence.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Raison de prudence, bon. C'est
un peu semblable aux débats que l'on voit entre des enfants, alors qu'on
leur demande: Pourquoi fais-tu ça? Et ils nous répondent: Parce
que pour, parce que pourquoi. Dans ce sens, ça manque un peu de fond. Il
me semble qu'on aurait pu faire un effort du côté du gouvernement
pour justifier, à chaque fois - au lieu d'invoquer des règles de
prudence - pourquoi on retrouvera, dans les projets de loi, des articles qui
vont se lire exactement comme l'article 48 qu'on a devant nous actuellement.
Par ailleurs, plutôt que d'énoncer mon deuxième
commentaire, on pourrait conclure tout de suite sur l'article 48.
Le Président (M. Gagnon): L'article 48 est-il
adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Adopté sur division.
Article 49?
M. Bérubé: Adopté, M. le
Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est simple, M. le
Président, sauf que ce serait peut-être d'anticiper ici sur les
intentions du gouvernement, à savoir quel est l'état du dossier,
aujourd'hui, de sorte que le gouvernement envisage de procéder à
la sanction de la loi à un moment ou à un autre, ou est-ce qu'on
veut présumer de ces choses-là?
M. Bérubé: Non, l'intention du gouvernement est
très ferme à cet égard. La loi sera sanctionnée,
elle entrera en vigueur et la réforme des régimes de retraite
sera complétée tel que le gouvernement s'y est engagé. Il
s'y est engagé, d'abord parce que ce n'est pas un problème
purement budgétaire immédiat, mais un problème à
long terme. Il faut effectivement apporter les modifications que nous
apportons. Il est clair qu'il s'agit de protéger l'avenir.
Également, il faut reconnaître que, dans la conjoncture actuelle,
si nous devons réduire les dépenses, c'est sans doute là
où véritablement il y a une économie importante à
faire, compte tenu du caractère un peu trop généreux des
régimes de retraite et du caractère non nécessaire de
certaines clauses.
Le Président (M. Gagnon): L'article 49 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Adopté sur division.
Est-ce que le titre et le préambule sont adoptés?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président, le
préambule est adopté, mais je le cherche encore, par exemple.
Le Président (M. Gagnon): Le projet de loi no 68, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant les
régimes de retraite, est adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Oui, sur division.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela ne fait aucun doute.
Le Président (M. Gagnon): Je prierais le rapporteur, le
député de Bellechasse, d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale.
Une voix: C'est honteux!
Le Président (M. Gagnon): Et, avant d'entreprendre
l'étude du projet de loi no 70, je vais suspendre les travaux pour deux
minutes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une bonne
idée.
(Suspension de la séance à 22 h 30)
(Reprise de la séance à 22 h 53)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des finances et des comptes publics se réunit aux
fins d'étudier article par article le projet de loi no 70, Loi
concernant la rémunération dans le secteur public.
Les membres de cette commission sont: M. Blais (Terrebonne); M. Bourbeau
(Laporte) remplacé par M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges); M. de Belleval
(Charlesbourg) remplacé par M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata); M. Rivest (Jean-Talon), M. French (Westmount);
M. Gagnon (Champlain) remplacé par M. Marquis (Matapédia); M.
Grégoire (Frontenac) remplacé par M. Lachance (Bellechasse); M.
Guay
(Taschereau); M. Lincoln (Nelligan) remplacé par M. Doyon
(Louis-Hébert)...
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): ... M.
Paquette (Rosemont)...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
C'était Claude Morin avant.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Gagnon): ... M.
Parizeau (L'Assomption) remplacé par M. Bérubé
(Matane).
M. Bérubé: Cela a fait comme le
député de Prévost et le député de
Maisonneuve.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau) remplacé par M. Polak
(Sainte-Anne); M. Fallu (Groulx); M. Lachance (Bellechasse); Mme Lachapelle
(Dorion); M. Lafrenière (Ungava); M. Lévesque est devenu membre;
M. Pagé (Portneuf), M. Ryan (Argenteuil), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Est-ce que vous voulez me suggérer un rapporteur pour cette
commission?
M. Bérubé: Le député de Bellechasse a
fait un excellent travail.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un excellent travail.
M. Rivest: M. le Président, c'est débattable.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Bellechasse. Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Rivest: C'est une motion qui est débattable.
M. Bérubé: Oui, M. le Président, c'est
débattable.
Le Président (M. Gagnon): Je n'en doute pas et je ne doute
pas que vous ayez le goût de la débattre.
M. Rivest: Oui, je crois que je vais prendre la parole.
Le Président (M. Gagnon): Allez donc, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, avant qu'on débatte de
cette motion...
M. Bérubé: J'espère que Mme la
députée de L'Acadie ne viendra pas demander de siéger
à cette commission parce que j'ai la mémoire longue.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, M. le
ministre!
M. Rivest: Vous arrivez juste à temps, madame. Nous
étions justement en train de faire les remplacements.
M. Bérubé: On vous a remplacée. Mme
Lavoie-Roux: Oui?
M. Rivest: Mme la députée sera membre de la
commission.
M. Paquette: Trop tard.
M. Bérubé: Trop tard.
M. Rivest: À la place de M. Scowen.
Le Président (M. Gagnon): À la place de M.
Scowen?
M. Bérubé: C'est trop tard, M. le Président.
La composition de la commission est complétée.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'est pas plus tard qu'il
n'était lorsque le collègue d'Ungava...
M. Paquette: Cela doit être fait sur consentement, M. le
Président. Cela doit se faire sur consentement.
M. Bérubé: Oui, sur consentement, à
ma connaissance.
M. Rivest: II y a consentement.
M. Paquette: II n'y a pas consentement.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bérubé: Sans admettre dès maintenant Mme
la députée de L'Acadie au sein de notre commission, j'aimerais
cependant lui allouer un droit de parole pour qu'elle m'explique la raison pour
laquelle elle a refusé que je me joingne à la commission
parlementaire sur la liberté de l'information.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fera plaisir de vous l'expliquer.
M. Bérubé: Elle s'est inscrite de façon
véhémente contre ma présence à cette commission
concernant un projet de loi qui m'intéresse au plus haut point.
Peut-être que si Mme la députée de L'Acadie me fournit des
arguments convaincants, je pourrais essayer de convaincre les membres de ma
formation.
M. Paquette: Cela va être dur.
M. Bérubé: Je doute que je puisse, mais, enfin,
peut-être que votre argument sera assez convaincant, Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux: J'ai demandé la parole.
Le Président (M. Gagnon): Je vous accorde la parole. On
vous a invitée à vous exprimer pour savoir pourquoi vous vouliez
être membre.
Mme Lavoie-Roux: La première question que j'aimerais
poser, si on me le permet...
M. Paquette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Rosemont. Une question de règlement.
M. Paquette: Mme la députée de L'Acadie n'a pas
droit de parole à cette commission. Elle n'est pas membre.
Le Président (M. Gagnon): Je comprends qu'elle n'avait pas
le droit de parole, mais le ministre l'a invitée à s'exprimer
pour obtenir son droit de parole.
M. Rivest: Mettez-la à la place de M. Scowen.
M. Paquette: M. le Président, je pense que c'est tout
à fait irrégulier. La députée ne peut même
pas s'adresser à cette commission pour nous expliquer pourquoi elle
désire avoir le droit de parole sans le consentement unanime de la
commission.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez raison. Alors, je
demande aux membres de cette commission si on veut accepter Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie) à la place de M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
M. Bérubé: M. le Président, j'admets le
consentement du député de Jean-Talon, je le comprends
d'ailleurs.
Le Président (M. Gagnon): Avant de prendre la parole, je
voudrais vous demander si vous consentez à accepter Mme la
députée.
M. Bérubé: Sur le consentement, je voudrais essayer
de convaincre mon collègue de Rosemont qui n'a pas l'air
véritablement convaincu. Je rappelle quelques faits: Nous avions,
vendredi soir, une commission parlementaire où le député
de Taschereau, voulant s'absenter pour des raisons que la nature commande,
comme on sait, en fait, avait besoin d'être remplacé. Comme tout
le monde sait que la loi sur l'accès à l'information
m'intéresse au plus haut point, je m'étais donc porté
volontaire pour aller le remplacer comme membre de la commission et contribuer
aux travaux. Sans apporter une contribution aussi lumineuse que celle de la
députée de L'Acadie, je suis convaincu que j'aurais quand
même pu faire un effort pour apporter mon humble contribution aux travaux
de la commission. Or, la députée de L'Acadie s'est
nommément et expressément opposée à ce que je
puisse m'inscrire sur le registre des membres de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien à me faire pardonner, M. le
Président.
M. Bérubé: Je ne sais pas...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas encore le droit de parole.
Le Président (M. Gagnon): Vous n'avez pas le droit de
parole.
M. Bérubé: Néanmoins, M. le
Président, si le député "d'Outremont" est d'accord, on
pourrait peut-être permettre à la députée de
L'Acadie de nous offrir un certain nombre d'arguments...
M. Paquette: M. le Président, question de
règlement. Il n'est pas question de privilège en commission, mais
si le ministre continue à me traiter de député
d'Outremont, ce n'est pas comme cela qu'il
va me convaincre.
Le Président (M. Gagnon): Je vous demande si vous acceptez
Mme Lavoie-Roux, députée de L'Acadie, comme intervenant.
M. Bérubé: Je cède.
Le Président (M. Gagnon): Mme Lavoie-Roux, en remplacement
de M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais obtenir quelques minutes
pour rétablir les faits? D'abord, je veux remercier les membres de la
commission d'être si généreux à mon endroit. Pour
rappeler les événements de vendredi soir, d'abord, j'étais
heureuse de savoir que le ministre savait qu'il venait siéger à
la commission des communications pour étudier le projet de loi 65. Je
n'étais par certaine qu'il le savait, mais enfin, c'est un jugement
téméraire.
M. Bérubé: C'était la loi 65?
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose, c'est que, si le
député de Taschereau avait des besoins dus à la nature,
comme le prétend le ministre, c'étaient des besoins d'une
longueur inhabituelle. La réalité, c'est que le gouvernement, ne
pouvant pas assurer ce qui est une de ses fonctions, évidemment le
quorum, parce que c'est au parti ministériel de le faire, s'est
trouvé pris tout à coup dans une situation où il se serait
trouvé minoritaire sur un vote à prendre. Plutôt que
d'avoir l'humilité d'accepter une défaite absolument temporaire,
parce qu'il aurait pu reprendre le vote au moment du dépôt du
rapport à l'Assemblée nationale, le député de
Taschereau s'est retiré et a refusé de revenir pour, justement,
briser le quorum et empêcher la commission de siéger. Ce sont
là des faits évidents. (23 heures)
M. Bérubé: M. le Président, je dois conclure
que je viens de me comporter ce soir comme un gentleman, mais je ne peux
absolument pas dire la même chose de la députée de L'Acadie
à la dernière séance.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que je ne suis pas un
gentleman.
Le Président (M. Gagnon): Ceci étant dit, nous ne
sommes pas là pour faire le procès d'une autre commission
parlementaire.
M. Guay: On pourrait faire cela.
Le Président (M. Gagnon): On pourrait le faire? Mais le
règlement ne nous le permet pas.
M. Paquette: C'est encore le député de
Bellechasse.
Projet de loi no 70
Le Président (M. Gagnon): J'appelle donc le projet de loi
no 70, Loi concernant la rémunération...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas encore de
rapporteur.
Le Président (M. Gagnon): Le rapporteur? Ah! Cela n'a pas
été adopté.
M. Bérubé: Le député de Jean-Talon
veut intervenir.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, vous aviez la parole sur le choix du rapporteur.
Motion pour la nomination d'un rapporteur
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, si j'ai bien compris, le
ministre a fait, il y a cinq ou six minutes, une proposition visant à
désigner le député de Bellechasse-Dorchester, puisqu'il
faut l'appeler par son nom au complet, le député de
Bellechasse-Dorchester...
Mme Lavoie-Roux: Qui était
Dorchester?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
C'était un gouverneur.
Mme Lavoie-Roux: C'était un gouverneur, le
quatrième.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, c'est vous qui aviez la parole.
M. Rivest: Oui, mais je consens à ce que ma
collègue me pose une question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On peut l'interrompre, nous
autres.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse. Je ne
dérangerai pas la commission, parce qu'on m'y a accueillie si
gentiment.
M. Rivest: M. le Président, on a une motion...
Une voix: À votre service.
M. Rivest: ... pour désigner le député de
Bellechasse-Dorchester, M. Lachance
comme rapporteur de cette commission. M. le Président, c'est, au
sens de notre règlement, une motion qui, dans notre droit parlementaire,
en vaut bien d'autres. Ce faisant, cette motion mérite d'être
débattue. Je dois vous indiquer mon intention de débattre cette
motion durant quelques brèves minutes.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole.
M. Rivest: La motion vise à désigner le
député de Bellechasse-Dorchester comme rapporteur de la
commission. J'ai un ami, M. le Président, qui...
Une voix: Cela m'étonne!
M. Bérubé: Là, je ne comprends plus
rien.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le député de
Jean-Talon a plus d'un ami.
M. Bérubé: Dois-je présumer qu'il vous doit
5000 $?
M. Rivest: Non, pas du tout. Vous allez voir. J'ai un ami, M. le
Président, qui est précisément le député de
Bellechasse-Dorchester que l'on propose comme rapporteur de la commission. Dans
l'exercice de ses fonctions, le connaissant quand même très bien,
je sais qu'il fera preuve de la plus grande impartialité à
l'endroit des propos que le député de Jean-Talon a
malheureusement à tenir à cette commission pour un certain temps
encore, vu que nous siégeons jusqu'à minuit ce soir. Je voudrais
simplement indiquer que le député de Bellechasse-Dorchester
m'apparaît, sans l'ombre d'un doute, un excellent choix comme rapporteur
à cette commission.
Le député de Bellechasse-Dorchester vient d'être
élu il y a à peine un an et quelques mois. Il commence sa
carrière politique qui pourra être longue, selon
l'évolution de la conjoncture politique. Elle sera d'autant moins longue
s'il persiste dans son égarement péquiste, mais, le connaissant
bien, il pourra se raviser. Commencer une carrière politique, M. le
Président, une carrière de député, en
accédant aux hautes fonctions de rapporteur de commission, c'est
très bien commencer sa carrière politique. Puisque le
député est un de mes amis, je ne voudrais pas le priver de cette
chance unique qui lui arrive ce soir à l'occasion de la discussion d'un
projet de loi inique. En conséquence, M. le Président, je dois
vous informer et informer mes collègues qui en ont douté - je ne
voudrais pas qu'ils persistent dans ce doute - que, quant à moi,
j'accepte la nomination du député de Bellechasse-Dorchester comme
rapporteur de la commission.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Jean-Talon. Mme la députée de
L'Acadie.
M. Rivest: J'ai le droit de parole encore après.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous voulez me
permettre de parler sur cette motion, je dois vous dire que vous avez
attiré mon attention sur le député de Bellechasse...
M. Rivest: Vous ne l'aviez pas remarqué?
Mme Lavoie-Roux: Non. D'autant plus que se trouve à ses
côtés un nouveau député que je ne connaissais pas du
tout. Je ne sais pas de quel comté? Peut-être, M. le
Président, pourriez-vous me renseigner?
Une voix: C'est un conseiller du ministre.
Une voix: On en profite pour la saluer.
Mme Lavoie-Roux: On en profite pour la saluer et lui souhaiter la
bienvenue, quoiqu'elle soit arrivée ici avant moi, je m'en rends compte.
Oui. Il ne faut jamais juger.
M. Doyon: Ce n'est pas l'habit qui fait le moine.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas l'habit qui fait le moine,
paraît-il. Mais, pour revenir au sujet qui nous préoccupe, M. le
Président, je suis prête à appuyer cette motion parce que
j'ai eu le plaisir de voir le député de Bellechasse à une
commission qui est très peu fréquentée. C'est
exceptionnellement qu'on y voit des représentants du sexe masculin;
c'est à la commission du Conseil exécutif qui étudie le
ministère d'État à la Condition féminine. Je dois
vous dire que le député de Bellechasse, qui était
présent, a fait une contribution fort intéressante. Je vais vous
préparer tout ça pour l'envoyer à vos électeurs. On
sentait qu'il était vraiment intéressé.
M. Bérubé: Bon. Si on allait se coucher.
M. Rivest: C'est fin pour le député de
Bellechasse!
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je
trouve que l'attitude du ministre est surprenante parce qu'on a une
attitude tout à fait positive...
M. Rivest: Si le ministre veut ajourner, c'est son
privilège.
Mme Lavoie-Roux: ... à l'endroit d'un député
ministériel. Il me semble que le ministre devrait s'en réjouir.
Ce n'est pas habituel. Pour revenir à la performance du
député de Bellechasse à cette commission-là, il
s'est acquitté des responsabilités qu'on lui avait
confiées ou que, peut-être, il avait pris l'initiative d'assumer
d'une façon tout à fait responsable. Il ne faut pas oublier, M.
le Président, que le rapporteur de cette commission qui étudie un
projet de loi aussi contesté et aussi sérieux que le projet de
loi no 70... Je ne le dis pas à la blague. À mon point de vue, il
y a deux projets de loi extrêmement importants à cette session-ci;
ce sont les projets de loi no 70 et no 72 qui, en fait, pourraient, l'un et
l'autre, toucher le climat social du Québec d'une façon
importante, compte tenu des répercussions qu'ils vont avoir à
très court terme sur d'autres gestes importants que le gouvernement
devra poser. Je pense que le député de Bellechasse a toujours le
loisir de refuser cette responsabilité.
M. Rivest: Oui, mais le ministre lui a dit d'accepter.
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous, le fait qu'il soit le seul
député ministériel masculin qui se soit rendu à la
commission dont je parlais tout à l'heure montre que c'est un homme
d'indépendance d'esprit.
M. Rivest: Mme la députée, je m'excuse, mais le
député de Terrebonne, qui fait son arrivée, vous voyant
ici a l'impression de se tromper de commission.
M. Blais: C'est agréable, la présence de Mme
Thérèse "la voirie" pardon, de Mme la députée de
L'Acadie, avec nous. Je suis persuadé qu'elle va coopérer
beaucoup à ce que le projet soit adopté très
rapidement.
M. Doyon: Cela semble être pour vous une question
majeure.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie, vous avez toujours la parole.
M. Bérubé: M. le député de
Terrebonne, puisqu'on vous a donné la parole, je dois dire quand
même qu'il y a là une grossière supposition que vous faites
en imaginant que Mme la députée de L'Acadie s'étant jointe
à nous, les travaux ont accéléré. Effectivement,
elle vient de s'asseoir délicatement sur le projet de loi depuis
quelques minutes, louangeant le député de Bellechasse; je dois
avouer que depuis ce temps, le député de Bellechasse ne bouge pas
beaucoup.
M. Blais: En sommes-nous au rapporteur?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre!
M. Blais: Cherchez-nous un rapporteur, M. le
Président?
Le Président (M. Gagnon): Nous cherchons le
rapporteur.
M. Bérubé: Le député de Bellechasse
ne rapporte plus rien du tout.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre et M. le député de Terrebonne, vous
avez pris la parole sans me la demander. C'est Mme la députée de
L'Acadie qui avait la parole.
M. Blais: Mme la députée de L'Acadie, si vous me
laissiez 15 secondes, cela me ferait bien plaisir.
Le Président (M. Gagnon): Ce n'est pas Mme la
députée qui vous consent le droit de parole; c'est le
président.
M. Blais: Oui, mais par votre intermédiaire, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir de céder durant
quelques secondes mon droit de parole au député de
Terrebonne.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne.
M. Rivest: C'est sa spécialité à part cela,
M. le Président.
M. Blais: Mais vu que c'est enregistré au journal des
Débats le fait que je viens d'arriver, je dois dire qu'il a fallu que je
m'absente durant à peu près une demi-heure pour remplir un autre
devoir.
Le Président (M. Gagnon): Vous parlez toujours sur la
motion? Vous parlez sur la motion, parce qu'on n'a pas de rapporteur
actuellement.
M. Blais: Ah oui, je parle sur la motion qui devient, je crois,
même au commencement, une commotion et je la laisse aller.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous remarquerez que,
même si c'est de bonne grâce que j'ai cédé mon droit
de parole à ceux qui me l'ont demandé et à ceux qui ne me
l'ont pas demandé, c'est quand même très difficile de se
concentrer sur un sujet aussi important quand il y a ces interruptions; mais
enfin, cela fait partie de nos débats. Je disais donc que même si
le ministre, semble-t-il, avait ordonné, selon les propos du
député de Jean-Talon, au député de Bellechasse
d'assumer cette tâche de rapporteur de la commission, que le
député de Bellechasse faisait montre de beaucoup
d'indépendance d'esprit, étant le seul député qui
se soit présenté à cette commission où on
étudiait les problèmes de la condition féminine, il reste
quand même que c'est un défi qu'on propose au député
de Bellechasse. On m'apprend qu'il a déjà été
maire. Mais c'est peut-être une responsabilité, dans les
circonstances, encore plus importante que celle d'assumer la mairie de
Saint-Nazaire, tâche dont, je suis certaine, il s'est bien
acquitté puisque ses concitoyens ont choisi de l'élire à
l'Assemblée nationale pour les représenter.
J'espère que le député de Bellechasse prend note de
toutes ces bonnes paroles parce que cela va lui arriver très peu souvent
dans cette Assemblée.
M. Bérubé: C'est un "filibuster", si je comprends
bien.
M. Rivest: II n'y a pas de "filibuster" que je
perçoive.
Une voix: On nous prête des intentions.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Rivest: Je connais ma naïveté, mais je ne me suis
aperçu de rien.
M. Blais: Si "Phillipe Buster" n'est pas arrivé de Boston,
son passeport est préparé parce qu'il semble vouloir s'en
venir.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaîti Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je disais donc qu'il me
faisait plaisir d'appuyer la motion - c'est-à-dire que cela a
été une proposition du ministre - la proposition du ministre et
je pense que le ministre devrait se réjouir que l'on appuie,
enfin...
M. Bérubé: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... d'une façon aussi spontanée
ses motions parce qu'il pourra peut-être trouver...
M. Bérubé: J'ai une question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le ministre.
M. Bérubé: Mme la députée de L'Acadie
vient de dire que je devrais me réjouir qu'elle m'appuie. Je vous
avouerai que je n'aurais aucune objection à ce qu'elle ne m'appuie pas,
mais à une condition, qu'elle soit plus brève.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si vous voulez qu'on change de discours,
cela pourrait prendre plus de temps. On pourrait faire l'argumentation à
l'inverse et je serais obligée de me répéter encore
pendant dix minutes.
M. Blais: J'aimerais bien vous entendre.
Le Président (M. Gagnon): Je dois vous dire, Mme la
députée, que j'ajoute trois minutes à votre temps parce
que vous avez été interrompue à quelques reprises.
Mme Lavoie-Roux: Oui, alors, combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Gagnon): II vous reste au moins 15
minutes.
M. Rivest: 15 minutes, Mme la députée. Vous pouvez
faire comme moi, faire cela en deux coups.
M. Bérubé: Croyez-vous pouvoir rassembler votre
pensée pour pouvoir énoncer cette motion de louange à
notre rapporteur en si peu de temps?
M. Blais: Vous pourriez regarder le journal de Débats sur
la loi no 39 et y lire...
Le Président (M. Gagnon): Vous ajoutez encore à son
temps.
M. Blais: Ah! oui, 15 secondes, M. le Président,
mais...
M. Rivest: Vous devriez les punir comme cela, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie, vous avez la parole.
M. Rivest: Recommencez donc tout cela, Mme la
députée de L'Acadie, avec 20 minutes franches. (23 h 15)
M. Blais: On a mal saisi vos idées jusqu'ici.
M. Bérubé: On efface l'ardoise et on
recommence.
M. Blais: Mettez 20 minutes et recommencez, madame. M. le
Président, mettez 20 minutes, parce que c'est agréable à
entendre, elle a un bon sourire tout large et épanoui. Elle semble
complètement rétablie de la fatigue de la journée d'hier.
À cause de ce beau sourire, 20 minutes, madame.
Le Président (M. Gagnon): Si vous continuez de parler M.
le député de Terrebonne - à l'ordre, s'il vous plaît
- je dois vous dire que vous avez trois minutes de votre temps
d'écoulées.
M. Bérubé: Vous ne pourriez pas mettre six, M. le
Président?
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie, vous avez toujours la parole.
M. Rivest: Consentement.
M. Bérubé: M. Brière, je ne pense pas qu'on
va avoir besoin de vous ce soir.
M. Rivest: Pauvre Jules, tu n'es pas chanceux avec tes bills.
M. Lachance: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bellechasse, sur une question de règlement?
M. Lachance: M. le Président, comme la
députée de L'Acadie a été tellement gentille
à mon endroit et que je veux lui faciliter la tâche pénible
qu'elle a présentement, je voudrais répondre à une de ses
préoccupations du début à savoir que Dorchester,
c'était un gouverneur anglais qui portait le nom de Guy Carleton avant
de s'appeler lord Dorchester, tout simplement, dans les années 1790.
M. Rivest: Est-il mort?
M. Blais: Un vendredi à, 19 h 02. Il est mort du hoquet,
comme le pape Pie Xll d'ailleurs.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
souligner tout de même que cette commission s'avère
extrêmement instructive puisque nous prenons des cours d'histoire sur les
nombreux gouverneurs qui ont peuplé l'histoire du Québec. Il
serait intéressant qu'à tour de rôle on puisse faire un
historique de l'origine de nos comtés, notre arbre
généalogique. Il serait très intéressant d'entendre
parler de votre mon oncle et de votre ma tante, peut-être, un sujet aussi
passionnant que cela. Nous avons eu droit, de la part du député
de Sainte-Anne, à un long exposé sur son gendre. C'est un
garçon charmant, un peu fraudeur sur les bords à ce qu'il nous a
dit, mais enfin, on n'a pas vraiment posé de questions.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que vous
êtes certain que c'est une question de règlement que vous avez
posée?
M. Bérubé: Non, pas vraiment, M. le
Président, mais quant à perdre leur temps, c'est aussi bien d'y
aller.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est encore moi qui ai le droit de parole?
Le Président (M. Gagnon): Oui, absolument.
Mme Lavoie-Roux: Alors, M. le Président, je veux d'abord
remercier le député de...
M. Blais: Vous en dites tant de louanges.
Mme Lavoie-Roux: ... Bellechasse de l'information qu'il m'a
donnée. J'aimerais lui poser une autre question à laquelle il
n'est pas obligé de répondre tout de suite. Est-ce que ce fut un
bon gouverneur? Parce que tant sous ce qu'on appelait dans l'histoire la
domination française que sous la domination anglaise, il y eut, d'un
côté comme de l'autre, de bons gouverneurs et de mauvais
gouverneurs. Pour autant que je puisse me le rappeler, il me semble que le
gouverneur Dorchester fut...
Une voix: C'était moyen.
Mme Lavoie-Roux: ...dans les assez bons gouverneurs
comparativement à d'autres. Est-ce que je me trompe?
M. Rivest: Je pense que c'est comme l'intendant Talon.
M. Bérubé: Est-ce que je pourrais parler de la
déportation de L'Acadie? Cela m'intéresserait comme sujet? Je
proposerais une motion pour recommencer la déportatior de L'Acadie. N'y
aurait-il pas une commission de libre quelque part, M. le Président,
où on pourrait ralentir les travau> un peu?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre s'il vous
plaît! Mme la députée de L'Acadie
vous avez toujours la parole.
M. Rivest: À l'époque des Bigot qui administrent
les finances publiques actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure - j'ai tout de même
de la suite dans les idées en dépit des interruptions multiples -
je parlais de la façon dont sans aucun doute le député de
Bellechasse avait dû s'acquitter de ses fonctions comme maire puisque ses
électeurs avaient décidé de le choisir pour les
représenter à l'Assemblée nationale. Devant le défi
qu'il lui est posé d'assumer cette tâche importante à
l'endroit d'un projet de loi qui, on le sait, est extrêmement
sérieux, je me demande si le député de Bellechasse ne
devrait pas retourner auprès de ses électeurs...
Une voix: Ils n'en veulent plus.
M. Blais: On a des Life Savers est-ce qu'ils vous ont
donné des Kleenex aujourd'hui?
Mme Lavoie-Roux: ...pour solliciter leur avis et les consulter,
à savoir s'il devrait assumer cette tâche. Si le
député de Bellechasse peut nous rapporter une réponse
positive dans ce sens qu'il a l'appui de ses électeurs, je suis tout
à fait disposée, à ce qu'on adopte - j'espère qu'on
aura l'unanimité de la commission - cette nomination du
député de Bellechasse-Dorchester comme rapporteur des travaux de
cette commission.
M. Blais: Je demande le vote.
Le Président (M. Gagnon): Le vote sur la nomination ou la
suggestion de...
M. Blais: La nomination...
Le Président (M. Gagnon): Sur la motion M. le
député de Vaudreuil-Soulanges avait effectivement demandé
le droit de parole.
M. Rivest: M. le Président, moi aussi, je vais continuer,
je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, j'ai
souvenance d'avoir assisté à un débat qui n'était
pas stérile véritablement et qui touchait la personnalité
du député de Bellechasse à l'occasion du débat sur
la loi 59 en commission parlementaire à l'automne.
M. Rivest: II a déjà été
rapporteur?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II a déjà
été mis en candidature...
M. Rivest: Ah, il n'a pas été élu!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...à titre de rapporteur
à l'époque. J'ignore si le député de Terrebonne
était là, mais, chose certaine, plusieurs de ses collègues
y étaient et nous avions fait quelques tours de piste, tous de
façon plus constructive les uns que les autres. Ce qui était
absolument frappant à ce moment, c'est que, de tous les intervenants du
côté de l'Opposition, nous étions huit - les sept premiers
s'entendaient parfaitement sur les qualités requises pour être un
bon rapporteur et ils trouvaient chez le député de Bellechasse
une parfaite conformité à ces qualités. On retrouvait chez
le député de Bellechasse tout ce que cela prenait, en gros, pour
être un excellent rapporteur. Chaque fois, le huitième intervenant
trouvait le moyen de jeter le chat ou le renard dans le poulailler et, de
façon extrêmement, je dois le dire, convaincante, il formulait une
suggestion d'amendement à la motion afin de démontrer, - et c'est
ce qu'il s'employait à faire, pas tellement en détruisant le
député de Bellechasse et sa crédibilité, mais
plutôt en vantant les mérites d'un de ses collègues -
à la commission qu'un autre député pouvait fort bien faire
l'affaire.
À ce moment, je crois remarquer que je ne suis que le
troisième intervenant de notre côté et, à ce titre,
je suis sûr qu'il y en aura probablement cinq autres. Chose certaine,
nous avons plusieurs collègues qui viendront très rapidement se
joindre à nous, qui apparaissent déjà dans la liste. Et on
peut d'ores et déjà commencer à présumer que les
sept premiers intervenants, c'est-à-dire les quatre qui me suivront,
seront probablement d'accord avec les deux premiers qui m'ont
précédé pour faire valoir les mérites du
député de Bellechasse comme rapporteur de cette commission. J'en
profite pour faire remarquer qu'il ne serait pas tellement étonnant que
le huitième intervenant vienne jeter un peu de confusion dans notre
belle unanimité, dans notre belle solidarité, d'autant plus que
je sais pertinemment comment ces choses se déroulent, ayant
été un huitième intervenant déjà à
l'occasion de la nomination du député de Bellechasse.
M. Bérubé: Vous parlez, je pense, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): Est-ce une question de
règlement?
M. Bérubé: Oui, c'est une question de
règlement. J'essaie de bien comprendre le sens de l'intervention
du député de Vaudreuil-Soulanges et je n'en suis pas certain.
Tantôt, il parlait de tour de piste. Si je comprends bien, il s'agit du
cirque qu'ils sont en train de monter. Je voudrais savoir lequel d'entre vous
est l'animal savant, le clown, le pitre. Enfin, est-ce que vous pourriez, vous
situer dans votre intervention, M. le député de
Vaudreuil-Soulanges?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument. Nous nous considérons purement et simplement comme
des spectateurs et le cirque, quant à nous, se déroule plus
particulièrement là-bas. Nous faisons le tour de la piste comme
des spectateurs, effectivement. Nous pouvons avoir une vue d'ensemble des
acteurs que nous retrouvons plus particulièrement de l'autre
côté de la table.
M. Blais: Vaudreuil a été gouverneur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, Soulanges aussi, sauf
erreur. C'était un seigneur de la région.
M. Rivest: Deux gouverneurs pour le même comté. Vous
êtes gâté.
M. Blais: Vaudreuil était gouverneur, Soulanges,
français.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Terrebonne, vous demanderez la parole.
M. Blais: Ah, non. Je ne la demande plus.
Une voix: Vous avez l'air de la prendre sans la demander, de
toute façon.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, vous avez la parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je disais donc, alors que le
volubile député de Terrebonne m'interrompait, qu'à titre
de huitième intervenant j'ai pu suggérer la nomination d'un de
mes collègues comme rapporteur lors de la commission parlementaire qui
s'occupait de la loi 39. Dans ce sens, j'hésiterais beaucoup à ce
moment, au troisième rang, à suggérer quelqu'un d'autre
que le député de Bellechasse. Ce n'est pas tellement qu'il y a
valeur de précédent de limiter ou de réserver ce
rôle au huitième intervenant, mais c'est surtout que je voulais en
profiter pour faire amende honorable auprès du député de
Bellechasse d'avoir mis en doute à l'époque ses qualités
en suggérant, pour autant que je m'en souvienne, la nomination du
député de Viger à l'égard duquel je pourrais vous
faire un long exposé, que j'abrégerai à la demande du
député de Terrebonne.
Donc, je fais amende honorable à l'endroit du
député de Bellechasse qui voudra bien m'excuser de mes propos,
non pas négatifs à son endroit, mais par trop constructifs ou
positifs à l'endroit de mon collègue de Viger, laissant planer
des soupçons quant à la compétence du député
de Bellechasse de remplir le râle de rapporteur à l'égard
de la loi 39, comme j'aurais pu le faire à l'époque. C'est donc
avec des excuses mitigées et modérées que
j'entérine les propos qu'ont tenus, jusqu'ici mes collèges.
Même s'il leur reste beaucoup de temps je ne veux pas présumer de
ce qu'ils vont dire dans leurs prochaines interventions. J'aimerais
entériner, seconder et même tripler ce que mes... Je vous en prie,
M. le ministre.
M. Bérubé: Permettriez-vous d'accueillir une pipe,
suivie du député de Vimont qui vient se joindre à
nous?
M. Blais: Comme le disait M. Duplessis, c'est la première
fois que je vois quelque chose lui sortir de la tête.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges vous avez toujours la parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, pour reprendre, parce que
je pense que c'est dans l'intérêt du député de
Bellechasse de le réentendre et je veux être bien sûr qu'il
a saisi le sens même de mes propos, c'est afin de faire amende honorable
relativement aux interventions que j'ai pu faire il y a quelques mois à
son endroit par inférence à partir de mes propos que
j'entérine, que j'appuie je seconde les interventions du
député de Jean-Talon, qui ne s'est pas encore surpassé, et
de la députée de L'Acadie afin d'adopter, lorsque le temps
viendra, - en tout cas on verra ce que nos collègues auront à
dire plus tard - la motion qui est devant nous, soit de nommer le
député de Bellechasse comme rapporteur de cette commission.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Vous comprendrez que
c'est avec beaucoup d'hésitation que je prends la parole. C'est la
première fois que j'ai à prendre une décision aussi
importante, M. le Président, et je considère que je dois le faire
avec sérieux et en faisant appel à toutes les connaissances que
je peux avoir. C'est évident que c'est une décision qui est
lourde de conséquences pour
la commission. Je conçois que le rôle du rapporteur est
extrêmement important et que c'est un signe de confiance qui se
mérite. Maintenant, M. le Président, à cause de mon jeune
âge à l'Assemblée nationale, je serais bien mal
placé pour porter un jugement définitif sur la proposition qui
est faite en ce qui concerne le député de Bellechasse-Dorchester.
Je dois cependant m'en remettre en partie aux éloges qui ont
été énoncés par le député de
Vaudreuil-Soulanges, le député de Jean-Talon, ainsi que la
députée de L'Acadie.
M. le Président, dernièrement, j'avais l'occasion de me
rendre dans le beau et grand comté de Bellechasse-Dorchester où
j'ai été accueilli par l'association libérale
là-bas dans le très beau village qui s'appelle Saint-Malachie.
Ah! oui, c'est un très beau village avec une très belle
église. Les rues sont un petit peu défoncée, mais je pense
que cela peut se réparer si le gouvernement trouvait un petit peu
d'argent. C'est ce que j'ai expliqué aux gens que j'ai
rencontrés. Les gens se sont, évidemment, informé de leur
député, ils m'ont demandé quel était son nom.
Alors, je leur ai dit qu'ils avaient un député, qu'il portait tel
nom; je leur ai donné un paquet de détails sur leur
député, ils n'étaient pas trop au courant. J'ai voulu,
comme cela, les rassurer et leur donner des informations, qui sont toujours
utiles surtout quand on prévoit peut-être aller en élection
prochainement. En fait, je l'ai fait gentiment. On s'est aussi informé
de ce qu'il faisait, le député. Alors, je leur ai expliqué
qu'il avait un siège en arrière, sous les tribunes qu'il
était bien placé à l'abri...
M. Rivest: Sous Normand Girard.
M. Doyon: ... sous M. Normand Girard, du Journal de
Québec, et qu'il avait donc un endroit privilégié; il
était témoin de différentes altercations, pour employer le
mot, et...
M. Rivest: II rapportait.
M. Doyon: ... il rapportait ces choses-là. Il les
rapportait, semble-t-il, de façon à pouvoir se faire la main pour
devenir rapporteur de la commission où nous siégeons aujourd'hui.
Il a été le témoin privilégié de certaines
difficultés rencontrées par deux membres du parti
ministériel qui voulaient en même temps poser une question, alors
qu'apparemment il y a une règle d'or qui existe dans ce parti-là,
c'est qu'on doit observer les directives qui nous viennent d'en haut,
c'est-à-dire du whip. Il est vraiment un whip, il a un fouet et,
apparemment, il faut que cela passe par là. D'ailleurs, on l'a vu, c'est
lui qui décide. J'imagine que c'est ce à quoi ne veut pas
s'exposer le député de Bellechasse en tentant de se
défiler de l'obligation qui pourra lui être imposée ou qui
pourra lui être offerte par cette commission d'agir comme rapporteur.
Alors, moi, j'ai dit à ses électeurs, premièrement,
quel était son nom, ce qu'il faisait dans la vie, et j'ai donné
des renseignements comme cela qu'il est utile à des électeurs
d'avoir sur leur député, parce qu'apparemment ils n'en entendent
pas parler souvent. Je pense qu'il est de bonne guerre, entre voisins, de se
rendre des petits services comme cela. Alors, je l'ai fait avec beaucoup de
plaisir, M. le Président, et je suis prêt à
récidiver de ce côté-là. (23 h 30)
On m'a demandé s'il avait déjà rempli, à ma
connaissance, des fonctions officielles pour l'Assemblée nationale. J'ai
été au regret de leur dire qu'à ma connaissance, non.
Remarquez bien que j'ai peut-être erré là-dessus.
N'étant pas au courant de tout ce qu'a pu accomplir, malgré son
jeune âge, le député de Bellechasse, j'ai probablement
erré et j'ai été probablement en deçà de la
vérité. Si j'avais pu, M. le Président, dans le temps,
rapporter aux électeurs du député de Bellechasse les
belles paroles qui sont dites aujourd'hui et qui continueront de se dire pour
encore quelques minutes, j'en suis convaincu, parce que je pense qu'il y a de
nos collègues qui vont venir aussi exprimer leur satisfaction de cette
candidature absolument imprévue de la part du parti ministériel
d'avoir comme rapporteur le député de Bellechasse, si j'avais pu
dire aux électeurs du député, dis-je, qu'il avait servi
dans une fonction aussi importante que celle de rapporteur d'une commission qui
a pour mandat d'étudier un projet de loi de cette nature, avec des
répercussions aussi considérables et qui donne un coup de barre
aussi brutal en ce qui concerne les relations du travail au Québec, je
suis sûr que les commettants du député de Bellechasse
auraient été enchantés de voir qu'ils avaient comme
porte-parole à l'Assemblée nationale quelqu'un qui était
volontaire pour devenir le rapporteur d'une commission qui, compte tenu de la
majorité ministérielle, sans aucun doute donnera une suite que
nous ne souhaitons pas, mais que nous craignons au projet de loi qui est devant
nous. Je pense qu'il aurait été bon que les commettants du
député de Bellechasse le sachent, de façon qu'ils
puissent, comme cela, porter un jugement qui ne serait pas basé
uniquement sur des faits qui ne seraient pas vérifiés ou
vérifiables, mais sur des faits qui seraient vérifiables à
tout moment dans le journal des Débats où l'on verrait en toutes
lettres que, véritablement, le député de Bellechasse a
rempli cette fonction de rapporteur et qu'il l'a fait avec
sincérité, avec efficacité, avec
honnêteté...
Mme Lavole-Roux: Avec compétence.
M. Doyon: ... et compétence, sans aucun doute.
Malgré le mauvais projet de loi, ce n'est pas facile, c'est le
défi qu'il a à relever, d'être un bon rapporteur pour un
mauvais projet de loi; cela, c'est difficile.
Mme Lavoie-Roux: Absolument.
M. Doyon: Evidemment, on ne peut pas choisir n'importe qui dans
des circonstances semblables, il faut tenter de bonifier, par le rapporteur, un
mauvais projet de loi. C'est le défi qui s'offre à nous, c'est le
défi qui s'offre au député de Bellechasse. Je suis
sûr qu'il est prêt à le relever. Nous, nous allons faire
notre bout de chemin en espérant qu'il acceptera cet honneur puisque
nous, nous avons la crainte, qui est assez justifiée en ce qui concerne
le projet de loi 68 que nous venons de finir d'étudier, que,
malheureusement, le gouvernement ne voudra pas entendre raison et qu'il
persistera dans son intention de frustrer les travailleurs de la fonction
publique québécoise du respect de la signature
gouvernementale.
Malheureusement, c'est une tâche ingrate, une tâche
excessivement ingrate qui lui incombera très probablement, si les choses
se concrétisent, comme nous semblons les voir maintenant, compte tenu
des intervenants qui m'ont précédé. Je suis le
quatrième à parler et j'ai cru comprendre que tout le monde
était d'accord pour reconnaître la valeur, absolument sans
conteste, du député de Bellechasse. Le défi qu'il aura
à relever sera de se présenter devant l'Assemblée
nationale, de demander au président de l'Assemblée nationale, que
nous respectons tous et dont vous êtes, M. le Président, le
remplaçant, à cette commission, de lui demander, dis-je, la
parole, à condition que personne d'autre ne se lève en même
temps que lui, évidemment, et de dire: Voici, M. le Président,
j'ai à faire rapport à l'Assemblée nationale de
l'étude faite par la commission parlementaire qui siège
aujourd'hui.
Je pense que ses devoirs devront être accomplis avec
honnêteté, avec sincérité, avec compétence et
je ne doute pas un instant qu'en même temps qu'il fera cela il se rendra
un service immense auprès de ses électeurs qui lui sauront
gré d'avoir agi de cette façon, de s'être fait le
porte-parole d'une commission qui, malheureusement, se verra obligée de
présenter un rapport avec l'opposition de l'Opposition officielle sur la
totalité de ces articles-là, parce qu'ils sont inacceptables.
Mais lui, devra se plier à la volonté de la majorité
ministérielle. Probablement qu'il le fera à son corps
défendant, il le fera parce qu'il ne peut pas faire autrement.
M. Rivest: II s'expose à la critique.
C'est la rançon qu'il faut payer pour continuer d'être dans
les bonnes grâces de M. le ministre Untel ou de M. le ministre Untel. Il
y a certaines rançons qu'on ne choisit pas de payer, M. le
Président, mais qu'on accepte de payer comme ça. Je suis
sûr qu'il le fera de bonne grâce.
M. Rodrigue: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, êtes-vous
membre ou intervenant?
M. Rodrigue: Non, justement, je voulais demander s'il y a
consentement pour que je puisse intervenir à la commission comme
député...
M. Rivest: M. le Président, sur la question de
règlement, on a eu énormément de difficulté
à faire accepter la députée de L'Acadie, il y a à
peu près quinze minutes. Je doute, M. le Président, que nous
puissions, étant donné l'heure et l'importance de ce projet de
loi inique...
M. Rodrigue: M. le Président, je considère que ce
serait un échange de bons procédés.
M. Rivest: ... consacrer quelques minutes au député
de Vimont, d'autant plus qu'il a été accueilli de façon
absolument cavalière par le député de Terrebonne et je ne
voudrais pas l'exposer à une autre humiliation.
Le Président (M. Gagnon): Je vous remercie, M. le
député de Jean-Talon. Je dois constater, M. le
député de Vimont...
M. Rodrigue: J'en appelle au député de Jean-Talon,
étant donné...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rodrigue: ... qu'il y a eu consentement pour admettre la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas le droit de parole.
M. Rodrigue: Je fais appel à son sens...
M. Rivest: M. le Président, je n'ai pas d'objection.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Un instant, Mme la
députée de L'Acadie. Est-ce que la commission est d'accord pour
lui donner le droit de parole...
M. Rodrigue: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Rivest: Est-ce qu'il est membre ou intervenant? Il est quoi?
Est-ce qu'il est député?
Le Président (M. Gagnon): ... pour considérer comme
intervenant M. le député de Vimont?
M. Bérubé: Non, M. le Président.
M. Rivest: Les "back-benchers" sont si difficilement
identifiables.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que la commission est
d'accord pour que M. le député de Vimont soit intervenant?
M. Bérubé: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Non. Alors...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie sur une question de règlement.
M. Rivest: C'est une vengeance.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais
intercéder en faveur du député de Vimont.
Le Président (M. Gagnon): Je regrette, Mme la
députée de L'Acadie, nous n'avons pas le consentement. M. le
député de Louis-Hébert, vous continuez, si vous le voulez
bien.
M. Doyon: Pouvez-vous me dire combien il me reste de temps, s'il
vous plaît, M. le Président?
Le Président (M. Gagnon): II vous reste...
M. Bérubé: Pas beaucoup. À peu près
quatre minutes.
Le Président (M. Gagnon): ... à peu près dix
minutes.
M. Doyon: Merci. Les fonctions que devra remplir le
député de Bellechasse sont, évidemment, lourdes de
conséquences, en ce sens que, pour les travailleurs qui tomberont sous
l'emprise de cette loi - loi inique, d'ailleurs, comme le dit mon
collègue de Jean-Talon - il sera inscrit dans les annales parlementaires
que le rapporteur de cette commission qui présentera un rapport à
l'Assemblée nationale aura été le député
de
Bellechasse. En toute amitié pour lui, je lui suggérerais
peut-être d'y penser deux fois. Je comprends que c'est un honneur qui lui
incombe, mais c'est en même temps un risque. Il ne faudrait pas se
laisser aveugler par les honneurs, M. le Président. Il est beau d'avoir
de l'ambition, M. le Président, mais on doit modérer cela par la
connaissance des risques qu'on court.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Je voudrais soulever une question de
règlement, M. le Président. N'est-il pas de tradition, au
début d'une commission parlementaire, lorsqu'on a à
étudier un projet de loi, qu'il y ait d'abord une proposition pour
nommer un président, ce qui a été fait?
M. Rivest: Un rapporteur.
M. Marquis: Un rapporteur, je m'excuse. Par la suite, M. le
Président, vous demandez à la personne qui est nommée si
elle accepte. Est-ce que cela a été fait?
Le Président (M. Gagnon): Cela a été fait,
mais je dois vous dire que cette motion est débattable et que nous
sommes en train de la débattre actuellement.
M. Marquis: Bon. Je pourrais réserver mon droit de parole
pour un peu plus tard; je voudrais intervenir sur la nomination de mon
collègue.
M. Rivest: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, sur la question de règlement.
M. Rivest: Précisément, je pense que le
député de Matapédia a certainement soulevé cette
question de règlement à la suite des derniers propos du
député de Louis-Hébert qui...
M. Doyon: ... font réfléchir, oui.
M. Rivest: ... invitaient le député de Bellechasse
à une certaine modestie et à une certaine modération dans
l'escalade et la recherche des honneurs inconsidérés.
Le Président (M. Gagnon): Ce n'est pas une question de
règlement, je regrette. M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Pour continuer dans le même sens de ma
pensée, c'est un...
M. Bérubé: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, sur une question
de règlement.
M. Bérubé: Le député de
Louis-Hébert vient de dire: Pour continuer dans le même sens de ma
pensée et il tourne en rond depuis une demi-heure.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Louis-Hébert, vous avez toujours la parole.
M. Bérubé: Doit-on conclure qu'il s'agit d'une
pensée circulaire?
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Doyon: ... en ce qui concerne le tournage en rond, je pense
que le ministre est très connaissant là-dedans étant
spécialiste des virages, quels qu'il soient. Alors, je pense qu'on ne se
fera pas de tort là-dessus.
M. Rivest: Avec ce projet de loi, d'ailleurs, vous allez tourner
à vide.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît: M. le député de Louis-Hébert, vous avez la
parole.
M. Doyon: Alors, l'avertissement, en tout cas très amical,
que je servais au député de Bellechasse était de
modérer son ambition par une forte dose de prudence.
Mme Lavoie-Roux: C'est un bon conseil, M. le
Président.
M. Doyon: Je pense que c'est là la clé du
succès, à long terme en tout cas. Il ne faut pas s'imaginer que,
parce qu'on aura atteint un but immédiat dans les prochains jours...
Compte tenu qu'on veut nous faire accepter cette loi très rapidement
dans des délais absolument inqualifiables, il est sûr que
l'honneur sera pratiquement immédiat.
M. Rivest: Oui.
M. Doyon: C'est évident.
M. Rivest: On va nous arriver avec la guillotine, vous voulez
dire?
M. Doyon: II semblerait. M. Rivest: Ah non!
M. Doyon: Mais, le caractère immédiat de l'honneur
ne doit pas, M. le Président...
Mme Lavoïe-Roux: ... faire oublier les risques de
l'entreprise.
M. Doyon: ... nous faire oublier sa fragilité en
même temps.
M. Lachance: Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, ma mémoire est assez
fidèle.
M. Rivest: C'est pour ça qu'on vous veut nommer
rapporteur.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bellechasse, vous avez la parole sur une question de règlement.
M. Lachance: C'est tout simplement pour vous dire que je n'ai
jamais eu l'occasion de dire que j'acceptais cette nomination comme rapporteur.
Après avoir écouté, durant quelques minutes, un certain
nombre d'interventions de la part des députés de l'Opposition,
j'ai entendu des louanges et ça m'indique que, venant d'eux, il est
préférable que je refuse la fonction de rapporteur.
M. Rivest: M. le Président, dans ces circonstances, c'est
débattable. Il s'agit d'une motion...
Le Président (M. Gagnon): En vertu de quel article du
règlement?
M. Rivest: Quelque part dans le règlement. Je ne suis pas
très fort sur les questions de règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, sur la question
de règlement.
M. Rivest: L'article 47.2.
M. Bérubé: M. le Président, je regarde
l'heure - il est moins vingt - et j'ai au moins écouté
l'intervention du député de Louis-Hébert. Mais dans la
mesure où le député de Bellechasse vient de
décliner l'honneur, je pense que j'aurais besoin d'une directive et que
nous aurions tous besoin d'une directive pour savoir comment nous pourrions
organiser nos travaux de manière peut-être à nous coucher
un peu moins tard et, finalement, à faire du travail plus productif.
J'ai écouté plus particulièrement le député
de Louis-Hébert et j'ai été extrêmement
intéressé d'abord par son introduction. En effet, le
député de Louis-Hébert a souligné que
c'était la question la plus difficile...
M. Rivest: Je soulève une question de
règlement.
M. Bérubé: ... qu'il ait eue à trancher dans
sa carrière...
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement. M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le ministre, dans l'ordre des mauvais coups, vous
avez déjà la loi 70 à votre compte. S'il vous plaît,
voulez-vous ne pas violer en plus le règlement et répondre au
député de Louis-Hébert? Vous prendrez la parole à
votre tour. Actuellement, c'est le député de Louis-Hébert
qui a la parole sur une question de règlement du député de
Bellechasse.
M. Bérubé: Non, M. le Président. Le
député de Bellechasse a indiqué qu'il n'a pas l'intention
d'accepter la proposition et, par conséquent, il va de soi que la
proposition ne tient plus. La proposition ne tenant plus, M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non. Question de règlement, M.
le Président.
M. Rivest: II faut le consentement de la commission pour retirer
une motion.
Mme Lavoie-Roux: II faut le consentement.
M. Rivest: C'est très grave.
M. Bérubé: Absolument pas, M. le
Président.
M. Rivest: Bien, voyons donc!
Le Président (M. Gagnon): Je devrai vérifier, mais
on vient de me dire qu'il est de tradition qu'on demande au
député s'il accepte d'être rapporteur, ce que je n'ai pas
fait. Cela veut dire qu'au début, s'il l'accepte pas d'être
rapporteur, il n'y a pas de discussion là-dessus.
M. Rivest: Bien oui, mais...
Le Président (M. Gagnon): J'ai malheureusement
oublié de le faire. Il nous dit maintenant qu'il n'accepte pas
d'être rapporteur. Donc, on recommence et je vous demande une autre
suggestion pour un rapporteur.
Mme Lavoie-Roux: Je propose le député
d'Outremont.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
faire une proposition...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bérubé: ... pour terminer nos travaux. Je vois
le député de Rosemont qui est membre de cette commission et qui,
j'en suis convaincu, pourrait certainement accepter...
Mme Lavoie-Roux: ... cet honneur!
M. Bérubé: ... d'agir à titre de rapporteur.
Pour être certain que je puisse aider l'Opposition à se faire une
idée plus rapidement que tantôt, parce que, de toute
évidence, l'Opposition a eu un peu de difficultés, je vous
rappelle, par exemple, une intervention qui m'a profondément
bouleversé celle du député de Louis-Hébert qui a
souligné qu'une question comme...
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Dans la mesure où le ministre, à mon
avis, d'une façon...
M. Doyon: ... cavalière?
M. Rivest: Non, non, non. Le ministre n'est pas cavalier.
M. Doyon: Ah! d'accord.
M. Rivest: II fait cavalier seul, par exemple, avec son projet de
loi, parce qu'il n'y a personne qui l'appouve, mais lui-même n'est pas
cavalier.
Dans la mesure où le ministre a retiré sa motion, je pense
que tous les propos qui ont été tenus sur une motion qui a
été retirée ne peuvent faire l'objet d'un commentaire
puisqu'ils sont considérés, aux yeux du règlement, selon
une subtilité de notre parlementarisme, comme non existants.
M. Bérubé: Non, il ne s'agit pas de...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. Pour
vérifier et être certain que je prends les bonnes
décisions, je vais suspendre les travaux.
M. Bérubé: C'est une sage idée, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Je vais vérifier pour
voir si la décision que j'ai prise en ce qui concerne le
député de Bellechasse est la bonne.
La commission des finances et des comptes publics ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 45)