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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude du rapport du Vérificateur
général
Séance du jeudi 10 octobre 1974
(Dix heures onze minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Il y aura ce matin des remplacements sur la liste des membres de la
commission. Je vais signaler immédiatement ces remplacements. M. Boutin
(Abitibi-Ouest) est remplacé par M. Boudreault (Bourget), M. Déom
(Laporte) est remplacé par M. Côté (Matane), M. Harvey
(Jonquière) est remplacé par M. Caron (Verdun), M. Levesque
(Bonaventure) est remplacé par M. Ostiguy (Verchères), M.
Malépart (Sainte-Marie) est remplacé par M. Harvey (Charlesbourg)
et M. Parent (Hull) est remplacé par M. Massicotte
(Lotbinière).
Le ministre des Finances.
Préliminaires
M. GARNEAU: M. le Président, à notre
précédente réunion de la sous-commission des finances, des
comptes publics et du revenu qui a eu lieu le 31 juillet, on se rappellera
qu'une proposition avait été unanimement acceptée de
former un sous-comité qui aurait pour mandat de déterminer la
procédure de travail pour la plus grande efficacité des travaux
de la commission, de déterminer l'ordre du jour des séances de la
commission, de recommander les dates auxquelles pourrait être
appelée à siéger la commission, de faire à la
commission toute recommandation utile et, finalement, que le secrétariat
de ce sous-comité soit assuré par le secrétariat des
commissions parlementaires.
Une telle réunion a eu lieu le 3 octobre et, à cette
réunion, il a été suggéré et unanimement
accepté que des réunions de la commission des finances, des
comptes publics et du revenu pour prendre en considération le rapport du
vérificateur général aient lieu le jeudi 10 octobre et le
jeudi 17 octobre. A cause, semble-t-il, d'une erreur dans la mécanique,
la convocation officielle de la commission n'a pas été faite
suivant le règlement, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'avis
envoyé aux membres de la commission.
Par contre, comme les représentants de l'Opposition qui
étaient présents à la réunion du sous-comité
étaient au courant et d'accord avec la tenue de la séance de ce
matin et après consultation avec eux ce matin même, je fais motion
pour qu'il y ait consentement unanime afin que la commission des finances, des
comptes publics et du revenu, qui prend en considé- ration le rapport du
vérificateur, puisse se tenir ce matin.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, dans la mesure où personne
n'est lésé par ce défaut de donner les avis, nous ne
voyons aucune objection à ce que la commission procède ce matin
comme si les avis avaient été donnés.
Nous acceptons donc la proposition du ministre des Finances.
M. ROY: Je l'accepte également. D'ailleurs, j'ai fait
connaître ce point de vue tout à l'heure par
téléphone, alors qu'on nous avait demandé si on acceptait
qu'on mette de côté tout ce légalisme et qu'on accepte un
genre de consentement unanime pour que la commission puisse procéder
normalement, parce qu'il avait été clairement entendu à la
dernière réunion du comité qui a eu lieu le 4 octobre que
la réunion siégerait régulièrement, normalement ce
matin à 10 heures.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Charlesbourg.
M. HARVEY (Charlesbourg): A cet égard, M. le Président, je
ne sais pas si, à la première réunion, on avait
nommé quelqu'un qui devait faire rapport à la Chambre. Si
déjà, c'est fait...
M. GARNEAU: Le député de Bellechasse, M. Mercier,
était désigné comme rapporteur.
M. HARVEY (Charlesbourg): Très bien.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Je vous remercie, messieurs, d'avoir
donné votre consentement unanime. Donc, la commission peut siéger
en toute légalité maintenant. Le ministre.
Programme d'étude
M. GARNEAU: Je remercie également les membres de l'Opposition et
de l'équipe ministérielle de donner leur consentement, d'autant
plus que tout le personnel du vérificateur général avait
été avisé, également le personnel du
contrôleur des finances. Cela permet de pouvoir procéder
immédiatement à une réunion qui avait été
convenue et déterminée pour aujourd'hui. A la même
réunion du sous-comité, qui avait été formé
et qui a siégé le 3 octobre et qui avait pour mandat de
recommander à la commission l'ordre du jour des séances, ce
sous-comité a suggéré que nous commencions aujourd'hui et
que la séance d'aujourd'hui porte sur les pages 2-3 à 2-44 du
rapport, c'est-à-dire le mandat et la portée de la
vérification et des commentaires généraux du
vérifica-
teur, et que nous siégions aujourd'hui jusqu'à ce que
cette section du rapport ait été vidée. Si, pour une
raison ou pour une autre, à 6 heures ce soir, nous n'avions pas
terminé, on pourra continuer ou prendre le début de la prochaine
séance pour terminer l'analyse de cette section du rapport. S'il arrive
que nous complétions l'étude de la section II dans la
journée d'aujourd'hui, que la séance du 17 porte sur les
ministères suivants: Soit l'Agriculture et la Colonisation avec les
organismes qui relèvent de ce ministère, soit l'Office du
crédit agricole du Québec, la Raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire, et la Régie de l'assurance-récolte.
Deuxièmement, le Conseil du trésor, troisièmement, les
Richesses naturelles et la Société québécoise
d'exploration minière et la Société
québécoise d'initiatives pétrolières.
Quatrièmement, le Tourisme, Chasse et Pêche.
Cinquièmement, Terres et Forêts, incluant également les
sociétés qui relèvent de ce ministère, soit la
Société de récupération et d'exploitation
forestière du Québec, la Société de cartographie du
Québec et le Syndicat national du rachat des rentes seigneuriales.
Evidemment, c'est un programme assez audacieux pour la journée du
17. Nous avons, quand même, à la disposition de la commission, en
plus des fonctionnaires du vérificateur général et du
contrôleur des finances, des fonctionnaires de ces ministères qui
seront à notre disposition au cas où des questions seraient
posées qui nécessiteraient des avis de la part soit des ministres
concernés ou de leurs hauts fonctionnaires.
M. MORIN: M. le Président, pour ce qui est de la séance du
17, je crains bien qu'il n'y ait là matière à occuper deux
journées entières. Pour simplifier la tâche du
Vérificateur général et celle du gouvernement et des
fonctionnaires, il conviendrait peut-être que nous précisions
d'avance que les points 4 et 5 de la liste que nous avions fournie la semaine
dernière au gouvernement, c'est-à-dire Tourisme, Chasse et
Pêche, ainsi que Terres et Forêts soient d'ores et
déjà renvoyés à une séance
ultérieure. Nous avons déjà fort à faire avec
l'Agriculture et la Colonisation, Conseil du trésor et Richesses
naturelles. Ce sont de gros blocs, et je pense que toute la journée du
17 y passera facilement. Cela évitera d'avoir à convoquer un
grand nombre de personnes qui passeront leur journée à
écouter les autres.
Pour ce qui est de l'ordre du jour d'aujourd'hui, M. le
Président, l'Opposition officielle avait terminé l'examen du
mandat et de la portée de la vérification, mais je me souviens
que le député de Beauce-Sud s'était réservé
le droit d'y revenir et, en particulier, de poser des questions sur les
rapports entre le Vérificateur général et le Conseil du
trésor.
Avant de procéder, donc, à l'étude des commentaires
généraux du Vérificateur général, il
conviendrait peut-être que le député de
Beauce-Sud épuise le premier point de l'ordre du jour,
c'est-à-dire, le mandat et la portée de la
vérification.
Je serais donc prêt, en ce qui me concerne, à lui
céder la parole, pour que nous terminions ce premier point.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Très bien, l'honorable
député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je me fais foi, d'ailleurs...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Est-ce que le député me
permettrait...
M. LAROSE: Cela a peut-être affaire à ce qui a
été dit tout à l'heure. C'est que le Syndicat national du
rachat des rentes seigneuriales, je crois, est plutôt rattaché au
ministère des Affaires municipales qu'au ministère des Terres et
Forêts.
M. GARNEAU: J'y ai pensé mais vous avez raison. D'ailleurs, ce
doit être la dernière année; c'est la loi qui le
prévoyait, je crois. C'est épuisé maintenant mais en tout
cas c'est aux Affaires municipales, c'est juste.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Beauce-Sud.
Personnel de vérification
M. ROY: Merci, M. le Président. Afin de nous replacer un peu dans
le vif du sujet, sujet que nous avons laissé en suspens lors de la
réunion du 31 juillet dernier, je veux rappeler la question que j'avais
posée au Vérificateur général, comme en fait foi le
rapport du journal des Débats, à la page B-6495. J'avais dit
ceci: "Votre rapport, M. le Président, au 31 mars, dit que,
l'année dernière, vous aviez 84 p.c. des effectifs
autorisés. Vous en avez discuté tout à l'heure, il y avait
18 postes vacants; vous avez parlé d'un total de 140 postes
autorisés et jusqu'à maintenant vous aviez 118 personnes
d'attitrées".
Alors, M. Larose nous avait répondu qu'à l'heure actuelle
son personnel en place était au nombre de 102, que l'effectif
autorisé était de 120, et que l'effectif autorisé dans
deux ans on me corrigera si ce n'est pas exact, c'est bien ce qui est
inscrit au journal des Débats sera de 140 puisque l'effectif
autorisé augmente de dix chaque année. "C'est l'évolution
actuelle. Je crois personnellement, dans le moment, qu'avec un effectif de 140,
nous serons en mesure de faire notre travail de vérification de
façon convenable". Vous avez dit, par la suite, que vous n'étiez
pas assez nombreux.
Alors, comme vous devez vous référer au
Conseil du trésor pour demander du personnel additionnel, c'est
ce qui avait été dit à la dernière réunion,
est-ce que ces demandes de personnel additionnel se font par voie de
correspondance ou si elles se font à l'occasion de rencontres, de
discussions verbales?
M. LAROSE: Cela se fait de la même façon que le
ministère en général; c'est à l'occasion de la
présentation des crédits budgétaires et, si
nécessaire, à d'autres périodes. Ordinairement, au moment
où le Conseil du trésor demande aux différents
ministères de faire des prévisions des effectifs dont ils auront
besoin, nous faisons les nôtres par la même occasion.
M. ROY: II n'y a pas eu, autrement dit, de lettre, de correspondance
échangée entre le bureau du Vérificateur
général et le bureau du Conseil du trésor à ce
sujet? Les discussions ont eu lieu à l'occasion de l'étude des
budgets?
M. LAROSE: C'est-à-dire qu'une demande a été
formulée, un mémoire a été présenté
au Conseil du trésor à cet effet, un pour demander que les
effectifs soient établis graduellement jusqu'à 140, et il y a eu
une réponse affirmative du Conseil du trésor. Il y a certainement
deux documents à cet effet.
M. ROY: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de ces deux documents, M.
le Président?
M. LAROSE: Quant à moi, je...
M. GARNEAU: Si vous les avez, vous pouvez les déposer, je n'ai
pas d'objection.
M. ROY: Une copie du document de la demande du Vérificateur
général.
M. GARNEAU: Peut-être qu'il ne l'a pas, mais je peux l'obtenir du
secrétariat du Conseil du trésor.
M. LAROSE: Bien, je ne l'ai pas ici avec moi.
M. GARNEAU: Moi non plus, évidemment.
M. ROY: On pourra nous fournir ces documents-là?
M. GARNEAU: D'ailleurs, pour ce qui est de l'effectif lui-même, il
est indiqué, je crois, dans le livre des crédits comme c'est le
cas pour tous les ministères.
Donc, cet aspect de l'effectif autorisé est là. S'il
s'agit de la réponse, évidemment, on peut donner deux documents.
Il y en a un qui sera une répétition, et l'autre sera la
confirmation de la répétition.
M. ROY: J'aimerais avoir une photocopie des deux documents. Si j'insiste
un peu sur ce point, M. le Président, c'est parce que je crois qu'il est
de la plus haute importance que le bureau du Vérificateur
général soit le moins dépendant possible du Conseil du
trésor en ce qui a trait au personnel dont il a besoin.
Lorsque l'on dit, par exemple, et je pense que c'est quand même
assez sérieux ce n'est pas un reproche que je fais au
vérificateur général, au contraire, mais je pense qu'il
est important et qu'il fait partie de nos responsabilités de souligner
ces points qu'il a un personnel de 102 personnes et qu'il aurait besoin
d'un personnel de 120 personnes pour faire le travail, je ne fais que citer les
propos qui ont été tenus à l'occasion de cette
réunion, il est de la plus haute importance que le Conseil du
trésor prenne toutes les dispositions nécessaires de façon
que le bureau du vérificateur général ait le personnel
dont il a besoin pour être en mesure d'assumer ses fonctions, de jouer
son rôle.
C'est de la plus haute importance. Je trouverais extrêmement
malheureux, en ce qui me concerne, que le bureau du Vérificateur
général soit obligé de revenir à la charge
continuellement, répéter les demandes, demandes sur demandes, et
qu'il se retrouve toujours dans une même situation, soit le manque de
personnel. Cette question devrait mériter une attention tout à
fait spéciale, tout à fait particulière, de façon
que les postes qui sont autorisés soient comblés le plus
rapidement possible, pour que le Vérificateur général ait
son personnel.
Dans une entreprise, par exemple, on sait qu'à l'assemblée
générale des actionnaires c'est vrai pour le mouvement
coopératif, en particulier, un domaine que je connais peut-être
plus qu'un autre il est de la plus haute importance que le bureau du
vérificateur ne soit pas dépendant du conseil d'administration,
puisque le mandat du vérificateur est justement de vérifier les
actes, les gestes et l'administration du conseil d'administration.
Alors, c'est un peu la même situation qui se présente ici,
aujourd'hui. C'est pour cela que je demande au ministre, là-dessus,
qu'il nous donne l'assurance que ceci sera comblé dans les meilleurs
délais, de façon qu'il n'y ait pas de délais trop longs
qui puissent, en quelque sorte, nuire au bon fonctionnement et au rôle
que doit jouer le vérificateur général.
M. GARNEAU: Je pense avoir eu l'occasion de dire, à la
dernière séance de la commission, que les demandes qui nous ont
été adressées en termes d'effectif par le bureau du
vérificateur avaient été acceptées telles que
demandées. Les documents que je remettrai à cette commission vont
le prouver.
D'ailleurs, je ne crois pas que le vérificateur
général se soit plaint de ce côté-là, mais
une fois que les postes sont accordés et que les budgets pour y pourvoir
sont également votés par
l'Assemblée nationale, évidemment lorsqu'il s'agit de
recruter le personnel pour combler ces postes, ce n'est pas la
responsabilité du conseil qui entre en ligne de compte. C'est
également le travail du Vérificateur général et de
son bureau de s'assurer du recrutement.
D'ailleurs, je crois qu'à la dernière séance, le
vérificateur nous avait dit qu'il y avait des contacts avec les
universités pour essayer d'obtenir, parmi les promotions de
diplômés, les éléments les plus valables qu'il
pouvait trouver. Evidemment, c'est un processus de recrutement et cela ne
relève pas du Conseil du trésor comme tel; c'est plutôt la
disponibilité des professionnels dont il faut obtenir les services ou le
mécanisme de la Commission de la fonction publique qui est
peut-être un peu lourd parfois, mais, évidemment, il y a une loi
qui doit être appliquée de ce côté-là.
M. LAROSE: J'ajouterai tout simplement que, depuis la dernière
réunion, du côté du recrutement, il nous est arrivé
seize nouveaux stagiaires, des licenciés universitaires, ce qui a
porté notre effectif... Depuis la dernière réunion, nous
avons eu aussi d'autres départs et d'autres qui sont annoncés, de
telle façon qu'à l'heure actuelle, nous avons 112 personnes
à notre service et il y a trois départs d'annoncés, ce qui
amènera notre effectif en place à 109 d'ici peu de temps.
M. ROY: 109 alors qu'il devrait être de 120.
M. LAROSE: De 120. Nous continuons nos efforts de recrutement, mais le
recrutement au niveau universitaire étant terminé, à
toutes fins pratiques... Nous avions espéré l'an dernier qu'avec
une quinzaine de personnes de niveau universitaire, nous pourrions combler
l'effectif. Nous avons eu plus de départs que ceux anticipés.
M. ROY: C'est au niveau du recrutement que vous éprouvez des
difficultés?
M. LAROSE: Oui. Sans aucun doute, le recrutement nous donne beaucoup de
difficultés, quoiqu'une proportion de seize personnes, seize nouveaux
stagiaires, c'est un nombre assez considérable. Il faut remarquer
qu'à l'heure actuelle, nous visons deux objectifs en même temps,
soit augmenter notre effectif et combler les départs. Dans un bureau de
comptables comme le nôtre, dans le secteur privé aussi, le taux de
rotation parmi le personnel jeune est assez élevé. C'est une
situation normale, je pense, parce que nous entraînons et nous formons
des types à leur sortie de l'université. Après deux ou
trois ans, assez souvent, ils prennent une orientation différente et
définitive.
Cela nous donne donc, à l'heure actuelle, le fait de vouloir,
à la fois, rattraper les effectifs nécessaires et remplacer ceux
qui partent, c'est un double objectif qui est assez difficile à
rencontrer. Il est probable que nous réexaminerons la question et que
nous augmenterons au moins temporairement le nombre prévu de techniciens
en vérification. Nous avions vingt techniciens prévus à
l'effectif et les postes sont tous comblés. Si, temporairement, il est
nécessaire d'augmenter le nombre de techniciens pour combler l'absence
de professionnels, au moins temporairement, nous allons le faire.
M. MORIN: M. le vérificateur, avec la permission du
président, je vous demanderais, selon vous, à quoi est dû
cette rotation, peut-être un peu accélérée de vos
cadres? Est-ce que c'est dû à des questions d'ordre salarial? Ce
serait tout de même navrant de constater que les diplômés
des grandes écoles ou de l'université viennent faire leur
apprentissage chez vous pour ensuite aller chercher des salaires plus
alléchants, une meilleure rémunération dans l'entreprise
privée. Est-ce que, d'après vous, la politique salariale qui est
pratiquée par votre organisme entre en ligne de compte?
M. LAROSE: C'est une question à laquelle il est assez difficile
de répondre parce qu'il y a un ensemble de facteurs qui peuvent jouer
là-dedans. Mais, il est clair que nous perdons des candidats ou du
personnel, à la fois à l'intérieur et à
l'extérieur du gouvernement. Je ne veux pas dire que nous perdons
toujours notre personnel à l'extérieur du gouvernement. Il arrive
que notre personnel soit aussi intéressé soit par une
régie, qui lui fait des propositions, ou soit encore par un
ministère. La situation peut être une situation de promotion
intéressante, qui est offerte à un employé qui est chez
nous, promotion que nous ne pouvons pas, à ce moment-là, lui
offrir parce que nous avons une structure pyramidale.
M. MORIN: Vous avez fait allusion à plusieurs reprises on
y reviendra certainement à la nécessité de
procéder à la vérification interne au sein de chaque
ministère. Est-ce que certains de vos fonctionnaires passent au service
des différents ministères pour mettre sur pied ces services de
vérification interne?
M. LAROSE: Jusqu'à maintenant, pas spécifiquement et
fréquemment pour aller dans les services de vérification
interne.
Toutefois, la chose pourrait se produire, mais cela a été
assez souvent dans des régies, par exemple, pour assumer des
responsabilités au niveau de la comptabilité ou du secteur
financier de la régie concernée.
Nous en avons perdu aussi au secteur privé. Est-ce que les
conditions salariales y sont pour quelque chose? Je ne pourrais pas les
exclure; elles y sont certainement pour une part. S'il s'agit d'en faire la
part à travers tout le reste, il serait assez difficile de le faire.
Mais la majorité de ceux qui partent de chez nous viennent
toujours nous dire: Nous sommes très heureux de
l'expérience que nous avons pu acquérir chez vous; nous avons une
proposition plus intéressante ailleurs. C'est la réaction
générale que l'on obtient.
Maintenant, on n'a pas l'occasion d'analyser chacune des offres. La
proposition peut être en termes de salaire immédiat et je pense
que, dans la majorité des cas, on l'a. On a un salaire immédiat
plus élevé que celui que nous pouvons offrir.
M. MORIN: Au départ, les salaires sont plus alléchants et,
par la suite, ils plafonnent.
M. LAROSE: Oui. Dans le moment, notre échelle de salaire est un
peu supérieure à celle des agents de gestion financière au
gouvernement. Elle est un peu supérieure. Ensuite, nous avons un autre
attrait, comme je vous l'ai déjà mentionné, du fait que
nous pouvons entraîner les stagiaires en vue de l'obtention du titre de
C.A.
Cela constitue, à ce moment-là, deux attraits au
départ qui sont assez importants. Le niveau de départ de notre
échelle de salaire est intéressant et comparable, je le pense
bien, avec tout ce qui peut se faire dans le secteur privé et ailleurs
au gouvernement.
C'est un peu plus tard, au bout de deux ou trois ans, qu'il y a un
nivellement. La progression semble être un peu trop lente pour nos gens,
en tout cas, pour ceux qu'on a.
M. MORIN: Oui, mais les stagiaires que vous formez, c'est dans l'espoir
que, s'ils sont compétents, ils resteront au service du
Vérificateur général?
M. LAROSE: Pas à 100 p.c. Je pense qu'il faut être
réaliste, puisque ce sont tous des professionnels, si on peut dire, et
que nous avons une structure qui ne permettrait pas de conserver tout ce
personnel après un certain nombre d'années d'expérience.
Mais ce qu'on désirerait, c'est qu'après avoir atteint un
effectif normal, si on a tout simplement la rotation qui peut se situer entre 5
p.c. et 10 p.c. par année, on est facilement capable d'y faire face par
le recrutement universitaire et par le renouvellement à la base du
personnel qui pourrait partir. On ne peut pas espérer garder tout le
monde.
Je pense qu'après avoir formé les gens dans la
vérification et la méthode de vérification, ils pourront
toujours recevoir des offres intéressantes d'ailleurs et, pour un
certain nombre, nous serons appelés à les perdre.
M. ROY: Quel est le pourcentage de ceux qui partent, à peu
près? Est-ce que la moitié se place ailleurs dans les
ministères, demeurent à l'emploi du gouvernement? Quelle est la
proportion de ceux qui restent à l'emploi du gouvernement ou la
proportion de ceux qui s'en vont dans l'entreprise privée, par
exemple?
M. LAROSE: Je n'ai pas fait la statistique de cette façon. Je
dirais que depuis un an ou deux, c'est à peu près égal. Ce
serait cinquante cinquante, à l'heure actuelle. C'est à peu
près égal.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: J'aurais deux courtes questions à vous poser.
Est-ce que vous procédez pour votre document par la commission de la
fonction publique par concours affichés?
M. LAROSE: Pour le recrutement autre que le recrutement
universitaire.
M. PERREAULT: Est-ce que vous avez eu un concours récemment?
M. LAROSE: Non. Nous avons eu des concours au cours des années
1972, je pense. Des concours, en général, n'ont rien
donné... On n'a pas réussi à attirer du monde par
l'intermédiaire des concours, pour la raison... Evidemment, je pense
qu'il y a rareté de ce côté et on n'est pas capable...
M. PERREAULT: Cela me surprend un peu, par le fait que vous dites que
cela permet à un stagiaire d'acquérir son C.A. Je pense, par
exemple, que des fois il y a des concours mal présentés. Je pense
à l'exemple du C.G.A. Les C.G.A. sont des comptables
généraux dont plusieurs veulent être C.A., mais ne veulent
pas aller dans les bureaux de C.A. travailler à des salaires
plutôt ridicules. Je pense que si vous essayez de recruter, parmi les
C.G.A., qui auraient la chance de devenir, C.A., avec le stage, vous auriez
peut-être des chances.
M. LAROSE: Aujourd'hui cela n'est plus possible, à moins qu'ils
aient une formation universitaire...
M. BACON: Ils ne peuvent pas passer chez vous. Ce n'est pas une zone de
transit chez vous pour aller au C.A. Le C.G.A. pour aller au C.A., je pense
qu'il y aurait une rectification à faire au député de
l'Assomption. Un C.G.A. qui voudrait obtenir un C.A. doit passer par
l'université, il a besoin d'un diplôme universitaire.
M. PERREAULT: Le C.G.A.... M. BACON: ... universitaire.
M. PERREAULT: ... doit retourner aux études, voyons. D'où
sortez-vous?
M. BACON: Je ne suis pas un ingénieur, je n'irais pas me
mêler...
M. PERREAULT: II sort des Hautes Etudes, le C.G.A. Il y a deux
promotions aux Hautes Etudes commerciales, C.G.A. et C.A., les deux.
M. BACON: On se comprend.
M. LAROSE: Ce que je veux vous dire c'est que si un C.G.A. a une
formation universitaire, je peux l'acquérir chez nous.
M. BACON: II pourrait passer chez vous.
M. LAROSE: A ce moment, par exemple, moi, je suis obligé de
l'embaucher au niveau de stagiaire. Le niveau de stagiaire, c'est un niveau qui
se situe aux environs de $8,000 par année. J'ai l'impression que je ne
pourrai jamais intéresser un C.G.A. avec expérience, à ce
moment, au niveau de $8,000 et surtout s'il est marié, a une famille et
s'il est là depuis quelque temps.
S'il sort de l'université, s'il vient de sortir de
l'université, nous allons le rencontrer au moment de sa sortie de
l'université et nous lui offrons des postes s'il est
immédiatement intéressé au C.A. Evidemment, s'il y a des
C.G.A. qui pourraient devenir stagiaires chez nous, j'en serais heureux, mais
seulement les concours que nous avons faits ne nous ont pas donné...
M. PERREAULT: Deuxième question que j'aurais à vous poser,
vous avez plusieurs techniciens qui parviennent à leur degré
universitaire par des cours du soir, est-ce que vous vous limitez aux
universitaires diplômés du cours du jour ou si vous voyez aussi
ceux qui sont diplômés par les cours du soir?
M. LAROSE: S'ils ont gradué par les cours du soir, à
l'heure actuelle, s'ils obtiennent la licence universitaire qui leur
permettrait d'obtenir le C.A., mais cela n'existe pas à Québec.
Vous ne pouvez pas obtenir de baccalauréat par les soirs à
l'université.
M. PERREAULT: Cela existe à Montréal.
M. LAROSE: Cela existe à Montréal, mais déplacer
les gens de Montréal pour Québec, c'est assez difficile.
Mais, seulement, à Québec, il n'y a pas de
baccalauréat par les soirs, c'est là qu'est notre grosse... Dans
les autres universités non plus, c'est seulement aux Hautes
études commerciales qu'on peut obtenir un baccalauréat par les
soirs. Dans ces cas, on le reconnaît et on recrutera ces gens. Encore
là, la difficulté peut se situer au niveau du traitement du
stagiaire, parce que ces gens, des fois, ont plusieurs années
d'expérience, et gagnent déjà un traitement plus
élevé que celui qu'on peut offrir.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. Larose, on a fait état tantôt de la rotation
du personnel et de ces choses. Je ne sais pas si le mot est exact, mais on
pourrait dire que c'est presque historique quand même, ce passage de
personnel, surtout qu'on a recruté des étudiants universitaires
ou des gars qui attendent leurs examens de comptables agréés. Je
pense que, de tout temps, cela s'est fait, et c'était attirant.
C'était d'autant plus attirant qu'à un moment donné
c'est le contraire peut-être de ce que vous mentionniez tantôt
c'était beaucoup plus payant de venir au gouvernement quand on
attendait les examens pour obtenir le titre de comptable agréé,
plutôt que d'aller dans des bureaux... Mettons, il y a une dizaine
d'années, ce n'était pas tellement payant d'aller dans les
bureaux. Je pense que c'est presque inhérent, votre situation, à
un moment donné. Même avec un salaire plus élevé, en
fait, un bonhomme peut s'en aller dans un bureau avec une pratique
privée. Vous allez avoir toujours de la difficulté à
lutter contre tout ce qui peut être attirant pour le bonhomme qui
travaille chez vous. Il y a la pratique privée, il y a l'industrie, il y
a les Institutions financières, il y a d'autres ministères.
Même si vous donniez un niveau de salaire très
élevé, je ne sais pas si j'ai la bonne idée, mais je pense
que c'est inhérent ou c'est dans la philosophie de votre fonction, vous
allez toujours perdre des joueurs. On a parlé de salaire et de ces
choses; j'écoutais tantôt le chef de l'Opposition officielle dire:
Nos gradués d'universités... C'est parce que nos gradués
d'universités ont d'autres avenues, ou d'autres options. C'est une
excellente école. Je me souviens, quand j'étais étudiant,
les gens se garrochaient du côté du gouvernement parce que
c'était une excellente école au point de vue de la
vérification et de ces choses. Seulement, c'était en attendant.
En tout cas, à ce moment, chez les comptables agréés, cela
ne faisait absolument pas. Je me souviens des salaires aussi dérisoires
que $15 ou $20 par semaine, il y a une dizaine d'années chez les
comptables agréés. Les gens étaient attirés au
gouvernement, mais ce n'était pas dans le but de faire une
carrière dans le fonctionnarisme ou dans la vérification
gouvernementale, c'était dans le but de prendre de l'expérience,
d'obtenir leur CA et de s'en aller par la suite. C'est une opinion, ce n'est
même pas une question, mais je pense que l'opinion que j'émets,
c'est inhérent à la fonction du vérificateur
général; chez vous, les gens iront, mais vous aurez toujours une
rotation peut-être plus élevée qu'ailleurs. Je ne sais pas
si vous êtes d'accord.
M. LAROSE: Je suis d'accord qu'on ait nécessairement une rotation
chez nous. Je pense qu'il la faut d'abord pour deux raisons: la structure
même de notre organisation ne peut pas retenir tout le monde. On ne
pourrait certainement pas retenir tout le monde chez nous, même avec...
Comme il s'agit d'universitaires, s'ils ont acquis des qualifications, ils vont
aller les exercer, évidemment, pour essayer d'obtenir mieux. Comme on a
une structure, c'est comme cela. La pyramide, à la tête, il y
a
moins de monde qu'à la base. Alors, il se fait une
élimination progressive au fur et à mesure que les années
passent. Nous l'admettons. Evidemment, il y aura toujours un taux de rotation
et je pense que ce taux de rotation existe, pas seulement chez nous, il existe
dans les bureaux privés de vérification et il est assez
élevé. Il faut tout de même reconnaître, par exemple,
que sur le plan de la concurrence, nous avons moins de latitude à
l'heure actuelle qu'un bureau privé peut avoir, parce que le bureau
privé peut décider, pour conserver un bon homme, de prendre une
décision rapide à l'intérieur de ses échelles
générales.
Il prend sa décision lui-même et, à ce moment, il
intéresse le bonhomme et il le garde pour une période d'un an de
plus ou deux ans de plus en lui donnant des conditions. Nous, on n'a pas cette
liberté puisqu'on est figé à l'intérieur
d'échelles, et la différence qui pourrait intéresser,
parfois, pour nous garder quelqu'un, on n'est pas capable de la donner. Dans le
moment, on a cette contrainte que, je pense, un bureau privé n'a pas, ce
qui fait qu'à l'occasion, on peut perdre certains candidats
valables.
M. GARNEAU: C'est vrai pour l'administration publique...
M. LAROSE: C'est vrai pour...
M. GARNEAU: ... à cause des plans de carrière. Ce sont des
augmentations d'échelons. Il peut y avoir des augmentations
accélérées, mais la réglementation de la Commission
de la fonction publique ne permet pas, par exemple, de prendre un professionnel
et de le nommer administrateur du jour au lendemain pour le garder, alors que,
comme vous dites, dans un bureau privé, on peut dire à un tel
bonhomme: On va te donner une marge additionnelle de $2,000, $3,000, $4,000, on
va te fournir une automobile, des choses comme cela, ce qui fait qu'on peut les
garder, alors que, dans toute l'administration publique, il y a des
contraintes. Autrement, on débalancerait toutes les structures et toute
l'échelle salariale. Ce serait toujours une continuelle succion vers le
haut.
Le contrôleur des finances nous parlait récemment de cette
difficulté. Lui aussi perd des employés qui répondent
à un concours dans un ministère, dans une régie ou dans le
secteur privé. Je pense bien que cela se produira toujours.
Il y a une question qui m'intrigue. Tout à l'heure, vous disiez
qu'il n'existait plus, à l'université Laval, de formation de CA
par les cours du soir.
M. LAROSE: C'est-à-dire que...
M. GARNEAU: C'est récent? Parce que j'ai enseigné quatre
ou cinq ans à ces gars.
M. LAROSE: Oui, je pense que cela date de 1970...
M. GARNEAU: C'est depuis que je suis parti...
M. LAROSE: Depuis 1970, il y a une exigence pour devenir comptable
agréé; il faut absolument avoir un diplôme universitaire,
au moins le baccalauréat, sinon la licence.
M. GARNEAU: Ce cours se prend-il par les soirs? Savez-vous si le
baccalauréat ou la licence peuvent se prendre par les soirs à
Laval? Ils ne se prennent pas par les soirs?
M. LAROSE: Pas par les soirs à Laval. M. GARNEAU: Ah bon!
M. LAROSE: II se prend, je pense, aux études, d'après ce
qu'on m'a dit.
M. BACON: II y a des baccalauréats en administration qui se
donnent aux hautes études et qui ne mènent pas aux examens de CA.
Un "bac" en administration ne mène pas aux examens de CA. Il se donne
aux hautes études du soir, le "bac" en administration, mais le
baccalauréat en sciences comptables ne se donne pas, actuellement, le
soir. C'était l'intention, justement, de l'institut, au moment où
ils ont décrété cela, en faisant un compte à
rebours, c'est-à-dire que ceux qui ont commencé les études
vont pouvoir y arriver, mais les autres ont été avertis qu'ils ne
pourront pas embarquer dans ce système. C'est l'exigence de
l'institut.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: Je pense, M. le Président, qu'on pourrait conclure ce
débat en disant ceci: Qu'un taux de rotation normal n'est pas
déraisonnable, mais que, si jamais le Vérificateur
général constate que ce taux de rotation devient trop
élevé, il n'hésitera pas à le dire dans son
rapport, pour que nous puissions étudier les remèdes qu'il
conviendrait d'apporter à cette situation.
Si le député de Beauce-Sud a maintenant terminé au
sujet du mandat et de la portée de la vérification, je
suggérerais que nous passions maintenant aux commentaires
généraux.
M. ROY: D'accord.
M. LAROSE: J'aurais une dernière remarque. Evidemment, si le
député de Beauce-Sud a voulu dire tout à l'heure que
évidemment, à l'heure actuelle nous sommes soumis
directement au même contrôle que le Conseil du trésor et, en
même temps, nous agissons comme vérificateur au Conseil du
trésor d'une certai-
ne façon, cette situation pourrait créer des
embêtements à un moment donné, je dirai que, jusqu'à
maintenant, elle n'en a pas créé. Il reste qu'une telle
situation, où nous sommes, en même temps, le vérificateur
des opérations du Conseil du trésor et ceux qui vont demander au
Conseil du trésor d'approuver des effectifs, bien, ne me paraît
pas normale.
M. ROY: Je crois que vous avez compris le sens et la portée de ma
question. Si cela ne s'est pas produit à ce jour, il serait
extrêmement malheureux que ça se produise dans l'avenir. C'est la
raison pour laquelle j'ai insisté sur ce point, ce matin.
M. GARNEAU: M. Larose, est-ce que vous soumettez que le même
propos devrait s'appliquer également à la Commission de la
fonction publique?
M. LAROSE: Je dirais que oui, la même chose, parce que nous sommes
forcés, à l'heure actuelle, de faire la vérification de
ces documents...
M. GARNEAU: A ce moment-là, est-ce qu'il faudrait engager un
vérificateur privé pour vous vérifier?
M. ROY: Ce serait peut-être une question à
étudier.
M. GARNEAU: Actuellement, c'est un officier du contrôleur des
finances qui est nommé pour vérifier parce que vous ne pouvez pas
vérifier vous-même vos propres dépenses administratives.
C'est M. Croteau, le contrôleur adjoint, qui fait à titre
professionnel la vérification des dépenses.
M. LAROSE: C'est plutôt M. Morel, je pense, qui la fait dans le
moment.
M. GARNEAU: M. Morel? Ah! bien, l'année passée,
c'était M. Croteau.
M. LAROSE: Je trouverais plus normal, par exemple, que ce soit un
fonctionnaire qui relève de l'Assemblée nationale.
M. GARNEAU: Oui. Mais vous relevez vous-même de l'Assemblée
nationale, alors?
M. LAROSE: Oui, mais il serait désigné par une commission
de l'Assemblée nationale, indépendamment de moi.
M. GARNEAU: II faudrait prendre quelqu'un de l'extérieur du
gouvernement, parce que théoriquement, j'imagine bien vu que
professionnellement je serais porté à croire que le travail sera
bien fait à moins qu'on ne le fasse exprès, mais ce n'est pas
l'intention on peut toujours trouver des situations anormales, mê-
me si c'est une personne de l'extérieur. S'il était nommé
par l'Assemblée nationale, on pourrait toujours dire que la
majorité gouvernementale fait en sorte que la nomination du
vérificateur pourrait être biaisée. Alors, on peut toujours
trouver des situations limites, mais ça nous place dans une situation un
peu cocasse, quand même.
M. ROY: II y a un point, tel que l'ont souligné le ministre et le
vérificateur, je pense qui mérite notre attention. A ce jour,
d'accord, je suis bien prêt à accepter que ça n'a pas
causé de problèmes, mais, à long terme, nous risquons
quoi? Le vérificateur général est obligé de
soumettre son administration à ceux dont il a le mandat de
vérifier l'administration. Alors, ça devient un échange de
services.
M. GARNEAU: II faut quand même reconnaître et on l'a
vu dans d'autres juridictions le fait que le Vérificateur
général pourrait dans son rapport annuel indiquer que la
situation qui lui est faite est intolérable parce qu'il n'a pas les
effectifs, parce que toutes sortes de chinoiseries administratives sont
appliquées à l'encontre des normes régulières du
gouvernement, justement disons comme mesures de représaille, si
c'était la question. Il a une force morale considérable en
l'écrivant dans son rapport annuel. A ce moment-là, c'est
porté à la connaissance des parlementaires, d'abord, et du
public. On se rappelle ce qui s'est passé à Ottawa lorsque M.
Henderson soulignait qu'il ne pouvait pas avoir les effectifs; cela a fait la
manchette et cela a été l'occasion de débats. Cela me
permet de dire que c'est un contrepoids, peut-être, à la situation
présente, jusqu'à ce qu'on ait trouvé des soulutions
où qu'on puisse en inventer qui règlent le problème.
M. MORIN: M. le Président, c'est un problème permanent:
Qui contrôle les contrôleurs et qui vérifie les
vérificateurs? Je pense que la clé de ce problème est dans
l'indépendance du vérificateur, son esprit d'indépendance
par rapport au gouvernement, à ses ministères, aux organismes
parapublics et dans le sentiment qu'il a de ne dépendre que de
l'Assemblée nationale.
Une bonne partie des problèmes que nous évoquons, en ce
moment, ne sont pas d'ordre technique. Ils relèvent plutôt du
caractère du Vérificateur général. En ce qui nous
concerne, nous sommes bien prêts, jusqu'à nouvel ordre, à
faire confiance à celui du présent Vérificateur
général, mais je retiendrais tout de même la suggestion
qu'il faisait il y a un instant, en ce qui concerne la vérification de
ses propres comptes.
Je pense qu'effectivement, si l'Assemblée nationale pouvait
également procéder à la nomination du vérificateur,
ce serait un pas dans la bonne direction. Cela assurerait encore davantage son
indépendance. Je pense qu'on pourrait
noter ce point pour une modification ultérieure de la loi.
Loi de l'administration financière
M. MORIN: M. le Président, si nous en avions terminé avec
le mandat et la portée de la vérification, je suggérerais,
étant donné tout le travail qu'il nous reste à faire
aujourd'hui, qu'on aborde les commentaires généraux et, en
particulier, la Loi de l'administration financière, dont le
vérificateur général nous dit, dans son rapport de
1971/72, qu'elle pourrait être améliorée sur certains
points.
Je pense, en particulier, au problème des mandats
spéciaux, auquel il a été fait allusion à plusieurs
reprises.
Dans votre rapport de 1971/72, et par la suite, d'ailleurs, vous
êtes revenu là-dessus. Vous nous dites, M. le vérificateur,
que la procédure diffère quant aux crédits obtenus par des
mandats spéciaux préparés sur ordre du
lieutenant-gouverneur en conseil. Si un état des mandats spéciaux
doit être présenté à l'Assemblée nationale,
il ne fait toutefois par l'objet d'un vote.
Vous nous dites que, d'ailleurs, il ne paraf-trait pas logique de
recommander que les mandats spéciaux soient soumis à un vote de
l'Assemblée, puisque ces mandats doivent, par définition, couvrir
des dépenses qui sont à la fois imprévues, urgentes et
requises immédiatement pour le bien public.
Vous nous avez fait la suggestion, qu'au moment du dépôt de
l'état, les mandats spéciaux étant déjà
engagés partiellement, à tout le moins, il pourrait être
prévu que ces mandats fassent l'objet d'un examen par les commissions
permanentes chargées de l'étude des crédits des
ministères et d'un rapport à l'Assemblée nationale.
Je voudrais vous dire que sur ce point particulier, nous sommes
entièrement d'accord. La question que je m'apprête à poser
ne vous est pas tant destinée qu'elle ne l'est au ministre. Est-ce que
le ministre est prêt à étudier cette suggestion, est-ce
qu'il est prêt à l'accepter? C'est la première question que
j'aurais sur ce point des mandats spéciaux, M. le Président.
M. GARNEAU: II y a deux aspects. D'abord, l'ampleur des mandats. Si on
prend l'année financière 1972/73 qui, je pense, touche le mandat
de vérification qu'on étudie, je crois que les mandats
spéciaux ont totalisé seulement 1 p.c. de l'ensemble des
dépenses gouvernementales. Je pense que cela a été $48
millions sur à peu près $4.8 milliards, $5 milliards de
dépenses nettes. Donc, il faut quand même souligner que l'ampleur
des mandats spéciaux joue seulement à la marge.
M. MORIN: Ce serait même $68.8 millions en 1973/74.
M. GARNEAU: A ce moment-là, probablement que le budget 1973/74
étant plus élevé, on joue encore à la marge
d'à peu près 1 p.c, 1.2 p.c. ou 1.9 p.c. du mandat. Donc, c'est
réellement marginal par rapport à l'ensemble du budget. Je pense
qu'il faut le souligner.
Deuxièmement, les mandats spéciaux font l'objet de
documents qui sont déposés à l'Assemblée nationale
et finalement rien n'empêche les commissions parlementaires qui
étudient les crédits de chacun des ministères de poser des
questions concernant le mandat spécial qui a pu être
accordé au cours de l'exercice financier précédent. Donc,
il y a déjà, en termes de procédure parlementaire d'abord,
l'avis qui est donné à l'Assemblée nationale qu'il y a eu
tel mandat parce que le ministre des Finances doit déposer le rapport du
contrôleur des finances sujet à ces mandats et,
deuxièmement, il y a déjà aussi dans la procédure
parlementaire la possibilité, soit à l'Opposition, soit aux
ministériels qui voudraient le faire, de poser les questions en rapport
avec ces mandats spéciaux.
La question qui vient par la suite, c'est de savoir s'il serait
souhaitable et préférable que cette prise en considération
des mandats spéciaux se fasse... Disons que la session ajourne le 1er
juillet et qu'un mandat spécial est exigé le 1er septembre ou
vers le début de septembre et que les travaux parlementaires reprennent,
comme cette année, le 29 octobre, la question est de savoir si on doit
l'étudier en octobre, en novembre ou décembre, ou si on peut
soumettre l'analyse de ces mandats spéciaux à la commission
parlementaire régulière de chacun des ministères qui
siège d'habitude au mois de mars.
Je l'ai déjà mentionné, je n'ai pas du tout
d'objection à ce que la Loi de l'administration financière soit
amendée pour faire obligation à l'Assemblée nationale
qu'une commission, la commission des finances, des comptes publics et du
revenu, permette l'analyse de ce mandat spécial comme situation ad hoc
plutôt que d'attendre. Je n'ai réellement pas d'objection.
D'après moi, c'est bonnet blanc, blanc bonnet. Qu'on le fasse au mois de
novembre de toute façon, comme l'indique le vérificateur
lui-même dans son rapport, il s'agit non pas d'un vote, mais d'une prise
en considération, d'une analyse. Je n'ai pas d'objection qu'elle se
fasse au mois de novembre ou décembre plutôt que de se faire au
mois de mars. Je l'ai déjà indiqué, d'ailleurs.
M. MORIN: M. le Président, je prends acte de ce que vient de nous
dire le ministre parce qu'étant donné les possibilités
d'abus qui peuvent naître à l'occasion de dépenses comme
celles-là, qui sont censés être imprévues, urgentes,
requises immédiatement pour le bien public, alors qu'on a pu constater
à l'occasion que ces dépenses n'étaient pas toujours
imprévues ni urgentes, sauf peut-être dans des perspectives
électorales, il conviendrait, à notre avis, qu'un rapport
spécial... je pense que c'est à cela que le vérificateur
songe dans son rapport, quand il nous parle d'un rapport à
l'Assemblée nationale, il parle d'un rapport spécial.
M. GARNEAU: II est déjà terminé. Il est fait
actuellement.
M. MORIN: A quelle époque est-ce que ce rapport est fait?
M. GARNEAU: Dans les trois ou quatre jours après la reprise des
travaux parlementaires où je dépose ces rapports du
contrôleur des finances.
M. MORIN: II conviendrait que ce rapport spécial soit
examiné dans les plus brefs délais.
M. GARNEAU: C'est cela qui est le problème, à savoir si on
doit le faire dans les semaines qui suivent ou si on peut le faire au moment
où les travaux parlementaires sont prévus pour analyser les
crédits de chacun des ministères. Comme les crédits des
ministères donnent lieu à des questions de toutes natures
concernant l'administration de ce ministère, l'analyse du mandat
spécial pourrait se faire là, comme elle pourrait se faire
à l'occasion d'une réunion spéciale.
De toute façon, si les travaux parlementaires cette année,
pour une raison ou pour une autre... Cela pourrait se produire à
d'autres moments s'il n'y avait pas de session d'automne et si les travaux
parlementaires commençaient plus tôt en janvier et se terminaient
vers la mi-juillet pour reprendre en janvier de l'année suivante, il
faudrait de deux choses l'une, ou qu'il y ait des commissions parlementaires
qui siègent en dehors des sessions, ou des commissions parlementaires
qui prennent en considération ces rapports uniquement au moment
où la session serait convoquée de nouveau.
Ce serait une question de semaines ou de mois et, comme il s'agit de
savoir si l'Opposition a la possibilité de critiquer des abus qui
pourraient se faire, l'Opposition, actuellement, a toutes les occasions de
soumettre ces abus à l'attention de la Chambre et de l'opinion publique,
soit à l'occasion du débat sur le discours inaugural, soit
à l'occasion d'une motion qui pourrait être
présentée, suivant nos règlements, et qui donne lieu
à un débat d'une journée, je crois. Il y a toutes sortes
de façons de soumettre l'abus à l'attention publique. Parce qu'il
ne s'agit pas de prendre un vote sur le crédit, mais d'avoir, dans notre
système parlementaire, la possibilité de faire cette critique. Je
pense qu'elle existe déjà et c'est pourquoi je me dis : S'il faut
ajouter un élément additionnel pour le faire, cela
n'enlèvera pas les autres, cela en donnera un de plus. Mais comme cette
critique pourrait quand même se faire, personnellement, je n'ai pas
d'objection.
M. MORIN: M. le Président, chacun sait que ces mandats
spéciaux, étant un peu exorbitants, du droit commun, ils donnent
lieu à un certain nombre d'abus. Lorsqu'on ne peut les commenter, poser
des questions à leur sujet dans le cadre général de
l'examen du budget des ministères, quand on n'a pas un moment choisi
spécialement pour ce faire, tout ça se perd dans le fatras, dans
les dépenses courantes. A notre avis, il y aurait lieu de prévoir
des séances spéciales; cela s'est vu, des commissions
parlementaires qui siègent en dehors des périodes où
l'Assemblée a été convoquée. Nous en sommes un
exemple en ce moment. Cela permettrait peut-être d'éviter des
constatations comme celles du Vérificateur général dans
son rapport du 31 mars 1972, à la page 216, par laquelle il constate
qu'au ministère de la Voirie, "on obtient régulièrement,
depuis quelques années, un mandat spécial pour sensiblement les
mêmes fins. Un tel mandat ne nous semble plus alors satisfaire aux
critères de la dépense imprévue, urgente et requise
immédiatement pour le bien public, qu'il n'était pas possible
d'incorporer aux prévisions budgétaires
régulières". Je pense que, si on avait prévu un rapport
spécial suivi d'une session spécial de la commission, on pourrait
peut-être empêcher des abus de ce genre.
En tout cas, j'aimerais demander au Vérificateur
général ce qu'il en pense, lui, et ce qu'il a voulu dire
exactement dans son rapport de 1971-72 lorsqu'il nous parle des commissions
permanentes chargées de l'étude des crédits des
ministères et d'un rapport à l'Assemblée nationale.
M. LAROSE: Nous avons voulu suggérer que les montants
accordés par les mandats spéciaux fassent l'objet d'une
même étude critique que celle qui est faite pour les autres
crédits mis à la disposition des ministères. Tout en
reconnai-sant, cependant, que ces crédits, ayant été mis
en disponibilité à la suite de conditions urgentes,
étaient déjà engagés et qu'ils pouvaient
difficilement faire l'objet d'un vote puisque c'était déjà
fait, mais au moins qu'ils puissent être discutés. Il est clair
que le montant actuel n'est peut-être pas énorme en fonction de
l'ensemble du budget. Il n'y a rien, par exemple, dans la loi, qui
empêcherait que le montant devienne plus élevé si, pour des
raisons, on voulait se servir de ces dispositions de la loi.
Deuxièmement, en ce qui a trait à l'occasion
d'étudier ces crédits au moment de l'étude des
crédits budgétaires, cela reporterait l'étude des mandats
spéciaux au moment de l'étude des crédits
budgétaires de l'année subséquente, alors qu'il y aurait,
il nous semble, une opportunité de les étudier
immédiatement, au moment où ils sont en train de se
dépenser, au moment où ils viennent de se dépenser ou, en
tout cas, dans l'année pour laquelle ils ont été
accordés.
C'est dans cet esprit, parce que ces mandats doivent être
examinés rapidement au moment
où ils se dépensent, que nous avons suggéré
que cela fasse l'objet d'une étude en comité.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais faire observer au ministre
des Finances, qui connaît certainement bien les principes fondamentaux du
parlementarisme, que même si ces mandats spéciaux ne
représentent qu'une fraction, qu'un pourcentage infime du budget, ils
n'en mettent pas moins en cause un des principes tout à fait
fondamentaux du parlementarisme.
Toutes les luttes parlementaires en Grande-Bretagne, qui ont fait que le
Parlement peu à peu s'est imposé contre l'Exécutif comme
étant le centre de gravité du pouvoir, ont eu lieu
précisément à propos du pouvoir illimité de
dépenser les deniers publics et de les dépenser sans
contrôle. C'est donc un des principes tout à fait fondamentaux du
parlementarisme que l'Assemblée nationale, le Parlement en
Grande-Bretagne, contrôle chaque sou des deniers publics qui est
dépensé. Cela, c'est le principe fondamental.
On ne sera pas surpris que l'Opposition soulève ce
problème, car on doit se méfier systématiquement de toute
échappatoire qui permettrait à un Exécutif de distraire,
sous quelque forme que ce soit, une partie des deniers publics pour en disposer
de façon arbitraire.
Je dis que c'est dépenser les deniers publics de façon
arbitraire quand le contrôle a lieu plusieurs mois après que la
dépense a déjà été prévue. Alors, je
suggère, M. le ministre, que nous retenions la suggestion sur laquelle
le Vérificateur général vient encore d'insister, à
l'effet que, dans le cas des mandats spéciaux, l'examen d'un rapport
spécial soumis à l'Assemblée ait lieu, si possible,
à l'automne.
M. GARNEAU: Pas d'objection.
M. MORIN: Je voudrais que, d'ici à la prochaine fois où
nous entendrons le Vérificateur général, l'année
prochaine, ce soit peut-être une question réglée, que cela
fasse partie des amendements qui seront apportés à la loi.
M. GARNEAU: Ils ne seront certainement pas dans son nouveau rapport,
puisque son rapport porte sur l'année qui s'est terminée le 31
mars 1974 et que la loi n'a pas été amendée. J'ai
déjà indiqué qu'il y avait un certain nombre d'amendements
en préparation à la Loi de l'administration financière. On
verra d'autres points où le vérificateur suggère des
précisions à la Loi de l'administration financière. Le
contrôleur des finances également, depuis sept ou huit mois,
travaille à sortir tous les points ambigus ou les manques de
précision qui peuvent exister dans la loi et qui créent certains
problèmes, entre autres, le fait que la loi a été
conçue au moment où le plan comptable était sur une base
de caisse exclusivement, plutôt que sur cette base mitigée
d'exercice et de caisse. Il y a des précisions et il y a des
problèmes qui se soulèvent dans l'application du plan comptable,
à cause de cette distorsion qui peut exister. Alors, il y a un certain
nombre de points qui ont été soulevés et qui
nécessiteront des amendements à la loi qui a été
votée en 1971, puisque deux ou trois ans de rodage ont fait ressortir
les points qui méritent des précisions.
Il y aura des amendements à la loi. Ce que je ne peux pas dire,
c'est si ces amendements, dans lesquels pourrait être cette
précision concernant les mandats spéciaux, pourront être
complétés pour cette partie de la session d'automne. S'ils ne le
sont pas pour cet automne, ils le seront certainement pour la reprise des
travaux parlementaires en 1975.
C'est un travail beaucoup plus technique, un travail d'orientation
philosophique de la loi. C'est pour cela que ça demande peut-être
un peu plus de précision afin d'être bien certains que les mots
qui seront choisis pour remplacer certains autres pourront être
interprétés avec la justesse qu'on veut leur voir
apporté.
Par contre, sur le principe du mandat spécial, même si je
suis d'accord, s'il y a une nécessité, pour qu'une commission
parlementaire étudie les mandats spéciaux, plutôt que dans
le cours de l'année ou à l'automne, aux travaux d'automne d'une
session ou encore, s'il y a des mandats spéciaux qui se passent en
janvier, qu'ils soient étudiés immédiatement après
la reprise des travaux, je dois dire que je ne connais pas de
possibilité.
Et ie ne voudrais certainement pas suggérer que, dans la loi, il
n'y ait pas cette possibilité pour l'exécutif de prendre des
décisions rapides à un moment donné pour que le principe
au moins du mandat spécial puisse être maintenu dans la loi. Cela
existe dans d'autres administrations également et ce serait un carcan
qui ne serait certainement pas à l'avantage du public. Même moi je
soumets qu'il pourrait y avoir certains élargissements qui seraient
concordants avec le fait qu'une commission parlementaire serait obligée
d'étudier ces mandats spéciaux dans les quinze premiers jours de
la reprise des travaux parlementaires. Même si nous le mettions dans la
loi, il y aurait peut-être possibilité de modifier quelque peu le
concept du mandat spécial et de donner peut-être un peu plus de
latitude, ce qui pourrait régler certains problèmes
administratifs qui se posent à l'occasion.
Dans d'autres juridictions, on ne procède pas par mandats
spéciaux, mais cela devient automatique à la fin de
l'année. Par exemple, dans l'administration française, on m'a
informé de ce qu'on faisait là. Au terme de l'année, il y
a la loi de clôture qui vient, en quelque sorte, ratifier tous les
dépassements qui ont eu lieu. Disons que l'année
financière se termine le 31 mars, cette loi peut arriver au mois de
décembre ou au mois de janvier. On ratifie tous les dépassements
qui auraient pu avoir lieu dans des budgets. Disons qu'on parle de la
construction d'une route, qu'il avait été prévu $25
millions
de travaux et qu'il s'en effectue $30 millions, ce n'est pas un nouveau
projet, mais il y a des travaux additionnels de $5 millions. Au terme de
l'exercice, lorsqu'on fait la razzia de tous les comptes en souffrance, etc.,
on arrive avec un budget supplémentaire de clôture qui est
automatique. L'argent a été dépensé et les travaux
ont été faits. Il y a cette possibilité de régler
le problème.
Peut-être qu'une telle attitude règlerait aussi certaines
des observations que le vérificateur fait dans les commentaires
généraux concernant les comptes à payer qui sont faits
vers la fin de la période de l'exercice financier, que le
contrôleur des finances n'a pas pu obtenir des ministères, parce
qu'un fonctionnaire à un niveau inférieur a gardé la
facture. Il y a toutes sortes de possibilités de régler cela.
Moi, je suis bien prêt à faire des grands débats de
principes, mais il y a quand même une machine administrative qui
fonctionne avec 300,000 personnes et on ne peut pas régler tous les
problèmes de l'année et dire que le budget et tout cela va se
faire sans qu'il y ait de rajustement.
Il faut dire aussi que, maintenant que l'Assemblée nationale a
des sessions beaucoup plus longues, comme cette année, par exemple, on a
terminé à la fin de juillet et on reprend au mois d'octobre, il
n'y a pas eu de mandats spéciaux entre le 31 juillet et la reprise des
travaux et je ne prévois pas qu'il y en ait. Mais il y aura certainement
un autre budget supplémentaire, de telle sorte que, quand
l'Assemblée nationale siège beaucoup plus
régulièrement, on peut procéder par budgets
supplémentaires, ce qui enlève la nécessité des
mandats spéciaux. Mais cela, je ne peux pas le prévoir.
Peut-être que le prochain Parlement, s'il y avait un Parti
québécois au pouvoir, ferait siéger l'Assemblée
nationale seulement deux mois par année et demanderait ou exigerait
l'utilisation des mandats spéciaux.
M. MORIN: M. le Président, la différence entre des
crédits supplémentaires et la Loi de ratification de fin
d'année, à laquelle le ministre a fait allusion et qu'on trouve
dans certains pays, c'est que les budgets supplémentaires font l'objet
d'un vote à l'Assemblée. Ils peuvent faire l'objet d'un
débat, tandis que les mandats spéciaux, eux, sont vraiment d'une
nature tout à fait différente et qu'il est très facile
d'en abuser. Je m'inquiète un peu. Je me réjouis de la bonne
volonté du ministre lorsqu'il nous dit qu'il est prêt à
examiner la possibilité de modifier la loi pour que le contrôle se
fasse plus vite, mais je m'inquiète un peu des allusions du ministre
à la possibilité d'augmenter peut-être les montants
prévus dans les mandats spéciaux.
Je pense que dans la mesure où cela augmenterait, on
s'éloignerait d'un des principes tout à fait fondamentaux du
parlementarisme tel que nous le vivons, en tout cas, dont nous avons
hérité. Tout ce qui permet à l'exécutif de
dépenser sans avoir à rendre compte, sans même avoir obtenu
de l'Assemblée le consentement préalable, parce que c'est bien
l'esprit du parlementarisme, du type de parlementarisme que nous avons, c'est
d'obtenir auparavant le consentement des élus. Tout ce qui constituerait
une exception à ce principe rencontrera toujours de notre part une
extrême méfiance. Je tiens à le dire au ministre et je
pense que le vérificateur va partager, là-dessus, nos
préoccupations.
M. GARNEAU: C'est la première fois que le chef de l'Opposition
parle de cette ratification préalable. Là-dessus, je souscris
à son attitude. Depuis le début du débat, il parle de
contrôle. Tout ce que je mentionnais c'est pour cela que j'ai
répondu dans ce sens c'est que le contrôle pouvait
s'effectuer d'autre façon. Là où je rejoins en principe ce
que le chef de l'Opposition a dit, c'est sur l'approbation préalable.
C'est une distinction qui est importante dans tout le débat que nous
avons. Je souscris à ces propos du chef de l'Opposition qui, dans le
cadre du débat assez court qu'on a eu, sont quand même
nouveaux.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, si on me le permet, il y a
également, à la suite des remarques que vient de faire le chef de
l'Opposition, une autre remarque qui a été faite par le
vérificateur qui mérite d'être soulignée. On dit
ceci: Nous avons constaté à maintes occasions que les
dépenses ont été particulièrement ou totalement
encourues avant et cela est grave que ne soit obtenue
l'autorisation requise du Conseil du trésor. Cette situation s'est
particulièrement produite en ce qui a trait à l'emploi des
occasionnels et pour les suppléments pour modifications aux contrats de
voirie. Il y a la question des mandats spéciaux sur laquelle le chef de
l'Opposition et le ministre des Finances ont particulièrement
discuté. Il y a aussi le fait, à ce moment, que les
dépenses sont encourues sans qu'elles soient autorisées par le
Conseil du trésor.
M. GARNEAU: A ce moment-là...
M. ROY: De la part du ministre, et j'aurai également des
questions à poser là-dessus au Vérificateur
général, j'aimerais quand même qu'on puisse nous donner, si
c'est possible ce matin, un ordre de grandeur de ces dépenses qui sont
faites. Aussi, le Vérificateur général pourrait-il nous
dire si cela se pratique encore? D'un autre côté, pendant que le
Vérificateur général fait quelques recherches,
peut-être, le ministre des Finances pourrait-il nous dire quelles sont
ses intentions, quelles sont les modifications et quels sont les correctifs
qu'on entend apporter?
M. GARNEAU: M. le Président, je dirai que, face à ce
problème, le président du Conseil du
trésor a la même frustration que les députés
de l'Opposition face aux mandats spéciaux. Je ne dis pas que c'est une
politique fréquente, mais cela arrive souvent surtout au niveau des
travaux de voirie. Je donne cet exemple, parce que c'est peut-être celui
qui fait le plus image. Supposons qu'un entrepreneur a obtenu un contrat par
soumission ou autrement pour la construction d'une route et que les sondages
qui avaient été faits sur le terrain indiquaient, disons, qu'il y
avait deux pieds de glaise avant de frapper le roc. Comme on ne peut pas faire
des sondages sur tout le territoire, il y a des plans qui sont faits et qui
donnent des échelles. Si, à un moment donné, à un
endroit, il y avait des travaux additionnels, parce qu'en creusant ils se sont
aperçus qu'il y avait une rivière sousterraine, qui passait etc.,
et qui modifiait complètement les plans et qu'il fallait, au lieu
d'avoir le tracé comme cela, le déplacer de vingt pieds pour
régler le problème, et qu'en le déplaçant de vingt
pieds, cela augmente les coûts de construction de $500,000, il est
arrivé, à l'occasion, que les ingénieurs qui ont la
surveillance des contrats, ont dit à l'entrepreneur, c'était
évident: On donne l'autorisation de modifier les plans et de continuer
les travaux. Mais cela prend du temps avant que la paperasse ou que les
rapports soient envoyés au sous-ministre responsable de la construction
des routes et ratifiés par nous, au Conseil du trésor. Cela
devient pour le Conseil du trésor, une ratification. C'est un des
problèmes qui se posent. Nous avons causé, nous avons eu des
séances de travail avec les administrateurs du ministère de la
Voirie, des fonctionnaires pour attirer leur attention là-dessus. La
réponse qu'on nous a faite était à l'effet que, si nous
arrêtons les travaux, cela va peut-être coûter plus cher au
gouvernement que la modification qui a été acceptée sur le
terrain par les ingénieurs surveillants ou entrepreneurs.
Il s'agit d'équilibrer cela, d'exercer son jugement. Evidemment,
notre attitude au Conseil du trésor a été beaucoup plus
sévère, justement à cause de la discussion qui se fait sur
la place publique. Dans l'entreprise privée, ces choses ne se passent
pas de la même façon. Mais, dans l'administration publique, on est
obligé d'être beaucoup plus sévère. Je crois qu'il y
a eu une bonne amélioration de ce côté pour
accélérer la communication entre les ingénieurs
divisionnaires et les ingénieurs surveillants dans la province et
l'administration centrale du ministère des Transports pour essayer
d'éliminer le plus possible ce genre de choses qui peuvent être
nécessaires.
Je pense que c'est une mauvaise indication de dire que ces situations ne
pourront jamais se reproduire.
M. ROY: Je comprends que, dans le cas des travaux de voirie, ce sont des
choses inévitables.
M. GARNEAU: Cela se produit également au niveau des subventions
municipales, à l'occasion. Par exemple, une municipalité a eu une
subvention, disons, de $1 million pour effectuer des travaux d'aqueduc et
d'égouts, les soumissions publiques sortent à $200,000 de plus
que le montant qui avait été prévu originalement. Les
soumissions sont toujours valables pour une période de quinze jours,
trois semaines, un mois, selon l'ampleur des travaux. Si, à un certain
moment, avant que tout l'acheminement ait été fait, le ministre
s'aperçoit, lorsque c'est porté à son attention, que s'il
ne donne pas une réponse immédiatement, les soumissions tombent,
tout le processus d'appels à de nouvelles soumissions doit être
exécuté pour un montant de $100,000, $200,000, $300,000 et
qu'à cause de l'inflation, les nouvelles soumissions seront
nécessairement plus hautes que les anciennes, il arrive que le ministre,
proprio motu, dise: D'accord, on va donner la subvention, même si,
ultérieurement, cela devient une ratification pour le Conseil du
trésor.
Il arrive de ces situations à différentes occasions, et je
ne crois pas qu'on puisse avoir une loi qui soit à ce point rigide qui
ne laisse pas cette latitude, même si le Conseil du trésor est
appelé à ratifier. Il pourrait aussi refuser. Evidemment,
à ce moment, ce serait l'autorité du ministre...
M. ROY: Mais est-ce qu'on prend des décisions de cette nature
parce qu'on craint, à un certain moment, les réactions ou les
décisions du Conseil du trésor? Lorsque les dépenses sont
effectivement encourues et engagées par les ministères, à
ce moment, le Conseil du trésor est mis en face d'un fait accompli et il
n'y a plus aucune possibilité de discussion.
M. GARNEAU: II y en a encore, des possibilités de discussion.
M. ROY: II y a des possibilités de discussion, mais pas de
changer les décisions.
M. GARNEAU: II est arrivé que des décisions ont
été changées, et qu'on a renversées, par exemple,
pour redemander de nouvelles soumissions.
M. ROY: Est-ce que la procédure ou encore les communications qui
peuvent exister entre les différents ministères et le Conseil du
trésor ne sont pas un peu trop lourdes?
M. GARNEAU: Ce n'est pas nécessairement...
M. ROY: Est-ce que les délais sont...
M. GARNEAU: ... l'administration centrale du ministère et le
Conseil du trésor, parce que
le Conseil du trésor se réunit quand même. C'est un
comité ministériel qui se réunit une fois par semaine, le
mercredi matin. Evidemment, entre un mercredi et un autre, il peut se produire
des situations semblables. C'est pour cela que je dis que même si nous
exerçons à un niveau... Si le fonctionnarisme du
secrétariat du conseil et le conseil lui-même exercent une
certaine surveillance, il y aura toujours des situations ad hoc ou qu'on ne
peut pas prévoir d'une façon précise tout le temps.
Personne n'aime siéger à un conseil, que ce soit le
Conseil du trésor ou le conseil d'administration de n'importe quelle
société, et être placé devant des situations de
faits accomplis. On n'aime pas cela. On essaie de faire diminuer cela le plus
possible, mais je crois qu'il y aura toujours des situations extrêmes, il
y aura toujours des cas ad hoc.
M. ROY: J'aimerais avoir l'opinion du Vérificateur
général à ce sujet. J'ai parlé d'un ordre de
grandeur tantôt, j'ai demandé si cela se faisait encore, si
c'était une tendance qui avait... Autrement dit, est-ce une tradition
qui a tendance à s'accentuer ou s'il y a amélioration de ce
côté?
M. LAROSE: Du côté de l'ordre de grandeur possible, il n'y
a pas de statistiques, je pense, de ces dépassements. Nous n'avons pas
demandé spécifiquement au Conseil du trésor s'il
maintenait une statistique à cet effet. Je doute qu'une telle
statistique soit maintenue. Il est clair, par exemple, qu'il arrivait, assez
fréquemment, des demandes au conseil, des approbations du conseil parmi
le nombre de CT qui étaient présentés chaque semaine; il y
en avait plusieurs régulièrement qui venaient ratifier des
situations de ce genre. Mais quant à vous dire un chiffre, un ordre de
grandeur, cela m'est impossible parce que la statistique n'existe pas.
M. GARNEAU: La statistique serait difficile à faire, parce qu'il
se peut aussi que nous approuvions, bona fide, des demandes des
ministères et que les travaux aient déjà été
commencés et qu'on ne le sache pas. A ce moment, cela passerait comme
étant non pas une ratification, mais une approbation. Mais là,
pour faire cette statistique, cela nous prendrait tellement de monde, et je ne
suis pas sûr, non plus, que cela améliorerait d'une façon
sensible la bonne gestion des deniers publics.
M. ROY: Est-ce que vous avez des recommandations particulières,
des suggestions à faire relativement à cette remarque que vous
avez faite dans votre rapport annuel?
M. LAROSE: Nous avons principalement voulu constater la situation
où une réglementation qui était mise en vigueur par le
Conseil du trésor n'était pas respectée par certains
ministères tout au moins. Nous avons voulu la constater et la souligner
à l'occasion.
Quant à des méthodes pour l'éviter, nous concevons
qu'il y aura toujours des cas d'exception à une réglementation.
Je pense qu'il est impossible de prévoir tous les cas dans une
réglementation. On me dit, cependant, que dernièrement, du moins
depuis quelque temps, les procédures à cet effet, à
l'intérieur du ministère des Transports, ont été
renforcées de façon à pouvoir limiter ces situations. Cela
a été fait, semble-t-il, à la demande du Conseil du
trésor de renforcer les procédures pour limiter les situations
qui pouvaient se présenter.
Maintenant, une suggestion me vient à l'esprit, mais je ne sais
pas si elle serait je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter
possible. Lorsqu'on prévoit qu'une telle situation doit se produire,
serait-il possible que le secrétariat du Conseil du trésor en
soit saisi immédiatement pour l'étudier, quitte à faire
ratifier cela par le conseil par la suite: Mais le secrétariat
pourrait-il se pencher sur cela au fur et à mesure qu'un problème
se pose? Ce serait peut-être une façon de pouvoir donner des
réponses rapidement sans que ce soit une réponse qui engage
officiellement le conseil; tout de même, il y aurait une étude qui
se ferait au niveau du secrétariat du Conseil du trésor d'une
situation de dépassement qui se pose à l'endroit de tel ou tel
contrat.
M. ROY: En somme, vous proposez qu'un avis soit immédiatement
donné au Conseil du trésor par le ministère
concerné avant que le ministère donne l'ordre de procéder,
de façon qu'il y ait un meilleur contrôle.
M. LAROSE: Est-ce que ce serait une suggestion valable? Je ne le sais
pas; comme je vous le dis, c'est une opinion qui me vient à l'esprit
à l'heure actuelle.
M. MORIN: M. le Président, je relisais le rapport du
vérificateur. Il y a tout de même un point où j'aimerais
lui poser une dernière question. Ce sera, en tout cas, la
dernière en ce qui me concerne. Vous dites qu'il ne paraîtrait pas
logique de recommander que les mandats spéciaux soient soumis à
un vote de l'Assemblée, puisque les dépenses sont
déjà engagées, que les dépenses ont
déjà été exécutées partiellement
à tout le moins. En ce qui me concerne, je ne verrais pas d'objection ni
d'obstacle logique à ce que le rapport spécial que vous
soumettriez à l'Assemblée sur les mandats spéciaux fasse
l'objet d'un vote. Ce serait un vote de ratification, si on veut; ça
permettrait à l'Assemblée d'examiner les mandats spéciaux
et ça permettrait a posteriori à l'Assemblée de donner son
consentement. En fait, je ne vois pas d'objection logique à cela, en
tout cas.
M. LAROSE: Bien...
M. MORIN: C'est connu, des votes de ratification et ça
permettrait à l'Opposition de signifier son désaccord s'il lui
paraft que des
mandats spéciaux ont été utilisés pour des
fins qui n'étaient pas prévues dans la loi, c'est-à-dire
pour des dépenses qui n'étaient pas imprévues, urgentes et
dans l'intérêt public.
M. GARNEAU: II reste une chose: qui a pouvoir de dire oui a pouvoir de
dire non. Il n'y a pas seulement l'Opposition, il y a également la
députation ministérielle. Si, pour une raison ou pour une autre,
la majorité de la commission qui analyse ces crédits disait non
et que les crédits ont été engagés et
dépensés, on serait dans une curieuse situation.
M.MORIN: Oui, je...
M. ROY: Je pense que l'argument que le ministre vient de nous fournir
est très discutable.
M.MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Si vous pensez que le rôle du parlementaire...
M. ROY: Quand on sait ce qui arrive quand certains membres...
M. GARNEAU: ... est uniquement de ratifier, c'est une autre chose.
M. ROY: Si on me le permet, M. le Président, quand on sait ce qui
arrive à certains membres qui osent manifester leur dissidence du
côté ministériel, je pense quand même que le
gouvernement ne court pas grand danger de ce côté.
M. GARNEAU: Actuellement, on ne court pas de danger parce qu'on a une
équipe unie et qui supporte l'ensemble de la politique
gouvernementale.
M. MORIN: Vous me faites rire.
M. GARNEAU: Mais c'est une situation qui pourrait se produire.
M. ROY: Mais ça changerait quoi? Je pense que ça
inviterait justement le gouvernement...
M. GARNEAU: Je suis bien d'accord avec vous...
M. ROY: ... à être beaucoup plus prudent.
M. GARNEAU: ... que ça pourrait ne rien changer, mais ça
ne changera rien ni d'un côté ni de l'autre, que vous disiez oui
ou que vous disiez non.
M. ROY: Non, mais, pour l'avenir, je pense que ça inciterait
quand même à une prudence. C'est entendu, lorsque les actes sont
posés, lorsque les sommes ont été dépensées,
c'est une chose qui est faite. Mais, lorsque l'exception est en train de
devenir une pratique courante c'est là le danger qui guette le
gouvernement et qui guette tout gouvernement surreprésenté, comme
c'est le cas à l'heure actuelle je pense que c'est une mesure de
prudence et que c'est d'intérêt public que ces choses-là
soient discutées à un moment donné.
M. GARNEAU: Je suis bien d'accord, en principe, sur cette prudence que
doit exercer le Parlement ou l'Assemblée nationale sur
l'exécutif. C'est le principe de notre système parlementaire et
j'y souscris volontiers. C'est pourquoi je mentionnais tout à l'heure
que je n'avais pas d'objection, même s'il y avait d'autres
mécanismes de contrôle, parce que c'est de cela qu'il s'agit
présentement, d'en ajouter un ou de le devancer dans le temps, ou encore
d'offrir un autre moyen, à l'Opposition pour critiquer une attitude du
gouvernement.
Mais je pense que lorsqu'il s'agit de questions marginales, que ce soit
même si on avait des mandats spéciaux de $100 millions, ce qui ne
serait même pas 2 p.c. du budget, le gouvernement ou l'exécutif
est appelé à prendre des décisions qui peuvent faire
l'objet de critiques de la part de l'Opposition ou des parlementaires, mais
certainement pas l'objet de ratification. Il y a des décisions beaucoup
plus importantes qui sont prises par l'exécutif.
Evidemment, le gouvernement est élu pour gouverner. Je comprends
que notre système parlementaire prévoit des mécanismes
pour que l'Opposition ou les parlementaires en général critiquent
le gouvernement, mais quand même, il faut bien que le gouvernement prenne
les décisions et qu'il administre suivant ce qu'il croit, lui, dans sa
philosophie politique ou selon l'état de la situation et des
problèmes qu'il faut régler, et il faut qu'il prenne des
décisions. De toute façon, il rendra compte au public à
l'occasion des élections.
Le rôle de l'Opposition... Je me rappelle fort bien, lorsque notre
parti était dans l'Opposition, avoir fait des débats sur des
mandats spéciaux. Les parlementaires libéraux du temps les ont
faits à l'occasion, soit des débats sur le discours inaugural,
soit du dépôt de motions de censure, soit en d'autres
circonstances. Lorsque, par exemple, une commission était appelée
pour étudier les crédits, il pouvait y avoir un débat. Je
me rappelle fort bien que la députation avait joué son rôle
de critique sur des mandats spéciaux, parce que c'est de cela qu'il
s'agit.
Là, le chef de l'Opposition revient avec un vote qui en serait un
de ratification, à toutes fins utiles, ce qui ne changerait rien. Mais
le rôle de l'Opposition ou du parlementaire peut s'exercer et il pourra
s'exercer dans cette nouvelle situation, si la Loi de l'administration
financière était amendée, comme il a été
suggéré tout à l'heure.
M. MORIN: M. le Président, je crois dénoter
dans le raisonnement du ministre des Finances un glissement, et je ne
voudrais pas qu'on dise que j'ai accepté ce raisonnement.
Tout à l'heure, on nous disait: Ce n'est que 1 p.c. En fait, ce
sont $68 millions. Pour être marginal, cela n'en est pas moins un montant
impressionnant, $68 millions, presque $69 millions. Eh bien, si on nous dit,
maintenant, que 2p.c. cela ne serait pas grave non plus, je me demande
où est la limite; 10 p.c, au fond, est-ce que ce serait tellement plus
grave? Rien que 10 p.c. du budget, messieurs, ce n'est pas tellement
considérable.
Voyez-vous, où est la limite? Et quand on s'éloigne d'un
principe, une fois qu'on a admis qu'on peut déroger au principe selon
lequel c'est l'Assemblée qui, en régime parlementaire, doit voter
chaque sou des deniers publics qui est dépensé, dès qu'on
s'éloigne de ce principe, on risque de glisser et d'aboutir Dieu sait
où.
Alors, je dis au ministre qu'en ce qui me concerne, je ne peux pas
accepter ce raisonnement. La solution minimale, c'est qu'il y ait un
contrôle quasi immédiat pour éviter les abus. La solution
à laquelle je me rallierais davantage, qui est la solution de principe,
c'est qu'il y ait au moins une ratification ultérieure,
c'est-à-dire que ces mandats spéciaux fassent l'objet d'un vote
au cours duquel il peut y avoir un débat, à l'Assemblée
nationale, sur leur caractère imprévu, urgent et fondé sur
le bien public.
Et là, je fais remarquer au ministre des Finances que j'ai
déjà consenti, dans le raisonnement que j'ai fait, à ce
qu'il y ait des mandats spéciaux, parce que je reconnais que dans
certaines circonstances, cela peut être inéluctable. Mais si je
reconnais que c'est inéluctable, j'affirme néanmoins que le
contrôle doit être le plus immédiat possible et le plus
poussé possible.
Alors comme solution minimale, un contrôle dans les mois qui
suivent, pendant que les dépenses, même, de
préférence, sont en voie de s'effectuer et, comme contrôle
maximal, un vote en bonne et due forme à l'Assemblée.
Je suis prêt, cependant, à dire que la situation minimale,
on devrait la mettre à l'essai maintenant, c'est-à-dire qu'il y
ait un examen, comme on le disait tout à l'heure, des dépenses
encourues par mandat spécial dès l'automne, mais je ne suis pas
sûr que cela nous donne entièrement satisfaction et je me
réserve ma position.
Je pense que plus tard, d'ici deux ou trois ans, on sera obligé
de dire, peut-être avec l'augmentation des mandats spéciaux, qu'il
faut effectivement un vote en bonne et due forme à l'Assemblée.
C'est la seule solution qui soit d'ailleurs vraiment conforme aux principes du
parlementarisme.
M. GARNEAU: Quand je parlais tout à l'heure du pourcentage, le
chef de l'Opposition a raison et il a tort en même temps. Quand je dis
que 2 p.c. ou 3 p.c. pourraient ne pas être excessifs, prenons, par
exemple, le cas des inondations. Si, au moment où les inondations qui se
sont produites l'été dernier, l'Assemblée nationale
n'avait pas été en session, le budget total de ce programme est
de $75 millions qui a été inscrit dans les budgets, le
pourcentage en soi aurait été plus élevé,
uniquement à ce seul programme, que dans d'autres circonstances des
années antérieures et, en soi, le pourcentage n'a pas tellement
de signification. Cela dépend du problème qu'il faut
régler et de l'urgence du problème à régler. C'est
pour cela que je dis qu'il ne faut pas uniquement s'attacher à cette
question: Est-ce que 1 p.c, c'est bien, ou 2 p.c. ou 0.5 p.c.
M. MORIN: Oui. Le ministre veut nous émouvoir avec les
inondations, mais il sait très bien qu'en général c'est
surtout la voirie qui requiert ces petits mandats spéciaux. Encore une
fois...
M. GARNEAU: A ce moment-là, ils seront relativement bas.
M. MORIN: ... si le ministre démontre que dans certains cas les
mandats spéciaux sont nécessaires, je n'en disconviens pas. Je
dis simplement que le contrôle de l'Assemblée doit être le
plus immédiat possible et le plus poussé possible. C'est tout ce
que je dis là-dessus.
M. ROY: J'aimerais ajouter ceci. Le ministre nous a parlé des
inondations. Qu'est-ce qui empêche le gouvernement de convoquer une
session spéciale? On le fait pour toutes sortes de raisons. On a eu des
sessions spéciales depuis 1970.
M. MORIN: On le fait pour des grèves. Ce n'est pas bête
cela.
M. ROY: On a seulement à convoquer une session spéciale
à ce moment-là. C'est pour cela que l'argument ne tient pas.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Larose, vous voulez ajouter quelque
chose?
M. LAROSE: Si nous avons recommandé qu'il y ait un vote, c'est
pour ne pas placer l'Assemblée dans des situations de ratifier des
dépenses déjà faites. C'était principalement pour
ce motif et parce que la loi défend qu'une dépense soit faite
à moins qu'il n'y ait un vote favorable de l'Assemblée. Si par
hasard le vote était défavorable, comment la dépense
aurait-elle pu être faite? C'est un peu l'argument que M. le ministre
soulevait tout à l'heure. Si c'est un vote pour porter un jugement sur
une action du gouvernement, ce n'est pas dans ce sens qu'on a voulu dire qu'on
ne recommandait pas un vote. Je pense que c'est à l'Assemblée de
décider si elle doit blâmer ou ne pas blâmer le gouvernement
à l'occasion de telle dépense.
C'était tout simplement pour dire: Comme à chaque fois
qu'un budget supplémentaire est voté, qu'un budget
régulier est voté, on accorde un crédit, est-ce qu'on peut
placer l'Assemblée dans la position de dire: Je n'accorde pas un
crédit qui est déjà dépensé? C'était
la seule raison pour laquelle nous avions retenu une suggestion sur des
votes.
Si je fais un parallèle avec le fédéral, à
moins que je ne me trompe, un mandat spécial du gouvernement
fédéral est incorporé au prochain budget
supplémentaire et fait donc l'objet d'un vote.
M.MORIN: C'est une autre solution, M. le vérificateur, mais quant
à dire qu'une fois que la dépense est encourue,
l'Assemblée est impuissante, ce n'est pas mon avis. Si
l'Assemblée constate, refuse de ratifier un mandat spécial qui de
toute façon est exorbitant du droit commun, elle peut imposer des
sanctions. Elle peut prévoir que dans le budget de l'année
suivante, il y aura des conséquences. L'Assemblée est souveraine
de ce point de vue.
M. ROY: Si le chef de l'Opposition me le permet, nous avons quand
même un ou deux budgets supplémentaires qui nous arrivent chaque
année, quand bien même ce ne serait pas ajouté.
M. MORIN: C'est ce que le vérificateur vient de suggérer.
C'est une autre solution. Automatiquement, que ce soit ajouté aux
crédits supplémentaires, donc cela ferait l'objet d'une
approbation qui serait a posteriori, mais qui serait quand même une
approbation. Je serais peut-être prêt à accepter cela comme
solution de compromis. Autrement dit, il n'y aurait pas de vote spécial,
mais il y aurait un vote avec l'ensemble des prochains crédits
supplémentaires et s'il n'y a pas de crédits
supplémentaires, ils devraient faire l'objet peut-être d'une
approbation avec le prochain budget.
M. GARNEAU: Ce sont là des choses que nous allons essayer de
prendre en considération avant de soumettre à l'Assemblée
nationale le texte d'amendement à la Loi de l'administration
financière. Je ne peux pas dire maintenant ce qui sera recommandé
dans le texte législatif, mais on va certainement regarder...
D'ailleurs, c'est un peu cela qu'un certain nombre d'officiers ont
commencé à faire en regardant ce qui se faisait dans d'autres
juridictions, dans d'autres parlements pour voir comment on peut
améliorer notre propre loi en prenant ce qu'il y a de mieux
ailleurs.
D'ailleurs, par cet inventaire qu'on essaie de faire, c'est là
que j'ai puisé ce qui se faisait à l'Assemblée nationale
française, parce que la recherche a permis de constater ce fait. En
Ontario, les intéressés ont d'autres possibilités en ce
qui regarde les dépassements, ce n'est pas tellement le mandat
spécial lui-même, mais des dépassements à certains
crédits où il y a des décisions administratives pures et
simples. C'est tout cet ensemble qu'on veut analyser avant de faire une
proposition d'amendement à la Loi de l'administration
financière.
M. MORIN: En tout cas, nous constatons que le ministre des Finances est
sensibilisé au problème et on attendra de voir à quelle
conclusion il en viendra.
M. ROY: On peut considérer, si le chef de l'Opposition est
d'accord, que ce sont des recommandations que l'Opposition fait ce matin.
M. GARNEAU: Les recommandations que vous faites au ministre des
Finances, je les ai interprétées comme ça à venir
jusqu'à maintenant.
M. MORIN: Elles vont dans le même sens que celles du
Vérificateur général, d'ailleurs.
On peut peut-être passer, M. le Président, avec votre
permission, au plan comptable. A moins que le député de
Beauce-Sud ait des questions sur la perception.
M. ROY: J'aurais des questions à poser sur l'aliénation et
disposition des biens de l'Etat, comme la Loi de l'administration
financière. J'aimerais qu'or nous dise ici, puisque le
Vérificateur général a décidé de le
souligner d'ailleurs ses recommandations ont déjà fait
l'objet d'autres recommandations dans des rapports antérieurs
qu'on nous informe, lorsqu'il s'agit d'aliénation et disposition des
biens de l'Etat; qui prend les décisions dans ce domaine; quelle est la
procédure; qui est responsable de la procédure, autrement dit,
comment ça fonctionne. Vous avez ça à la page 2-5, dans le
bas de la page. C'est 1 d).
M. LAROSE: Du rapport de 1972-73?
M. ROY: 1972-73. Le rapport du 31 mars 197 3.
M. LAROSE: C'était aussi dans le rapport de l'an dernier.
M. MORIN: C'était dans le rapport de 1971-72 aussi.
M. ROY: C'est ce que j'ai dit, que c'était dans les rapports
antérieurs également.
M. LAROSE: Nous avons déploré dans ce rapport que la loi
ne contient à peu près aucune disposition, sauf celle d'accorder
au Conseil du trésor, le droit de déterminer les conditions
d'alinéation de biens. Il y a probablement des lois particulières
qui peuvent tenir compte, mais
dans la Loi de l'administration financière, c'est la seule
disposition- qu'il y a concernant les alinéations de biens. Nous
pensions en particulier à ce moment-là, aux remises de dettes,
aux mauvaises créances, par exemple, concernant les comptes à
recevoir, concernant les prêts et avances, les placements possibles de la
province. Nous pensions que s'il doit y avoir remise, s'il doit y avoir
extinction d'une dette de quelque façon que ce soit, que la Loi de
l'administration financière devrait au moins comporter certaines
dispositions plaçant les responsabilités assez définies
quant à la juridiction. Pour une aliénation de dettes, de tel ou
tel montant, est-ce la responsabilité du Conseil du trésor, du
conseil des ministres, d'un ministère, etc? Il faut au moins que des
responsabilités soient parfaitement définies pour que nous
puissions porter jugement en fonction de critères et de choses
établis là-dessus.
C'est un peu dans cet esprit que nous avons apporté la remarque,
déploré le fait que la loi ne contienne rien ou à peu
près concernant ce type d'aliénation de biens. Concernant les
aliénations d'immobilisation, la vente d'immobilisation se fait
généralement par l'intermédiaire du service des
achats.
M. GARNEAU: Quant aux immeubles, ce sont les Travaux publics et les
achats, ce sont les biens meubles.
M. LAROSE: Cela se fait généralement par là, mais
encore là, la Loi de l'administration financière ne contient
aucune mention de la façon dont ces choses devront être
faites.
M. MORIN: Qu'est-ce qui se fait ailleurs, M. le Vérificateur
général? Avez-vous pu vous renseigner sur la façon dont on
dispose des biens de l'Etat ailleurs?
M. LAROSE: Non, je crois qu'à Ottawa, il y a la Corporation des
biens de la Couronne, je pense, qui se charge de disposer de tout surplus et de
tout bien déclaré surplus.
M. ROY: Est-ce qu'au niveau de la province, il y a quelque chose de
prévu à ce sujet?
M. GARNEAU: Actuellement, suivant la Loi du service des achats, c'est le
directeur des achats qui a la responsabilité de disposer de biens
déclarés surplus par le ministère. On m'informe aussi
qu'il procède par appel d'offres. Disons qu'il y a un nombre de
pupitres, par exemple, qui ne sont plus requis à cause de nouveaux
aménagements, des appels d'offres vont être faits et le plus
offrant pourra obtenir les objets en question.
Mais il est évident qu'il y a un certain nombre
d'imprécisions. Par exemple, si une voiture est échangée
contre une autre, est-ce qu'on doit considérer que la voiture qu'on
donne en échange, est une disposition d'un bien meuble de la couronne ou
si c'est une transaction commerciale? De toute façon, actuellement, elle
est ratifiée par le service des achats. Pour les biens immeubles, la
vente de terrains, c'est le ministère des Travaux publics qui en
recommande au gouvernement la disposition. Le cas le plus fréquent,
c'est la vente de terrains à des municipalités. Bien souvent, ce
sont des échanges qui se font, des terrains qu'on cède pour $1 ou
autres considérations, à une municipalité, un terrain,
mais, peut-être qu'il y a moyen d'améliorer la législation
par rapport à ces questions-là. Est-ce que cela doit être
dans la Loi de l'administration financière ou si la Loi de
l'administration financière doit se référer au texte
législatif, tout au moins, qui règlemente cette chose-là?
C'est une chose qu'on pourrait demander aux légistes de regarder pour
faire des recommandations.
M. ROY: Est-ce qu'il serait préférable d'avoir des
modifications dans la Loi de l'administration financière ou d'avoir une
loi semblable à celle qui existe au niveau fédéral? Il
faudrait l'opinion du vérificateur à ce sujet.
M. LAROSE: Je n'ai pas de préférence de ce
côté, en autant que nous pouvons vérifier en fonction d'un
texte qui contient des dispositions, que ce soit un texte ou l'autre, je pense
bien que cela pourra aller.
M. MORIN: M. le Président, ce n'est pas tellement les
dispositions de biens meubles qui m'inquiètent comme des bureaux, ou des
voitures. Mais je pense aux remises de dettes, je pense aux créances que
le gouvernement peut avoir contre des sociétés ou des
particuliers. Ce peut être des montants considérables et si j'ai
bien compris votre rapport, il n'y a pas de règle dans ce cas-là
qui permette de dire: Au-dessus de tel montant, par exemple, cela doit
être tel organisme qui donne son approbation. C'est bien cela, en fait,
votre rapport?
M. LAROSE: C'est bien cela.
M. MORIN: Que feriez-vous dans le cas des remises de dettes, des
mauvaises créances qui ne peuvent pas être perçues? Je
prends par exemple le cas de la faillite d'une société
commerciale qui doit un montant considérable au gouvernement pour fins
de taxe de vente. Je prends un exemple parmi des centaines, sans doute.
Qu'est-ce que vous recommanderiez comme type de contrôle dans ces
cas-là?
M. LAROSE: II y a tout un travail. La question que vous posez à
l'heure actuelle est très vaste. Vous donner une réponse en peu
de mots est assez difficile. Il y a déjà un travail qui est
amorcé de ce côté-là au niveau du Conseil du
trésor, sur lequel on nous a aussi demandé notre avis. Nous
sommes en train d'étudier cette proposition pour pouvoir soumettre un
avis au Conseil du trésor. Mais le...
M. MORIN: ... les prêts qui ne sont pas aux entreprises, à
certaines conditions, que les conditions ne sont pas respectées, si
l'entreprise fait faillite, est-ce que je sais, il y a quand même
là des problèmes assez graves qui peuvent se poser.
M. LAROSE: II peut y avoir...
M. GARNEAU: Là où il y a faillite, là où il
n'y a rien, même le roi perd ses droits. Le cas qui se présente,
je pense bien, est en dehors des faillites. Là où il y a des
questions de jugements...
M. MORIN: Les conditions n'ont pas été
respectées.
M. GARNEAU: Des choses comme cela. Sur cela, c'est beaucoup plus
difficile de porter un jugement et d'avoir une réglementation
très stricte.
M. ROY: A ce moment-là, on se réfère à des
sociétés... et ce sont des règles normales qui
prévalent dans ces cas-là. Mais je pense que ce que désire
le chef de l'Opposition, si je me fie à ses propos, c'est qu'il y a des
sommes qui sont dues au ministère du Revenu, il y a des sommes qui
peuvent être dues à différents ministères dans le
gouvernement. A ce moment-là, il y a des réductions de dettes, il
y a des ententes, il y a des négociations qui ont lieu. Alors, pourquoi
et en vertu de quels critères...
M. GARNEAU: Pour ce qui est du ministère du Revenu, si ma
connaissance de la loi est juste, le vérificateur ou le contrôleur
pourraient dire si c'est exact ou non. Mais je pense que, pour une cotisation
qui est faite, il y a deux façons de la retirer, soit un
règlement de cour ou une décision du ministre qui doit être
déposée à l'Assemblée nationale. A ma connaissance,
il n'y a pas eu, depuis longtemps, de remises de taxes qui ont
été faites par dépôt à l'Assemblée
nationale. C'est donc dire que le ministère du Revenu n'utilise que
très rarement cette méthode. L'autre, c'est un jugement de cour,
si mes renseignements sont justes.
Le ministère du Revenu vous fait un avis de cotisation pour
impôts impayés sur les sociétés ou sur les revenus
de $1,000, vous la contestez en cour, la cause est plaidée devant les
tribunaux et la décision rendue est de payer $500 au lieu de $1,000 ou
de zéro. A ce moment, cela devient une décision du tribunal.
Là, ce n'est pas une remise comme telle, c'est un règlement.
Autrement, il faut que le document soit déposé à
l'Assemblée nationale si une telle remise était faite proprio
motu par le ministre.
M. ROY: D'ailleurs, sur ce point, en ce qui a trait
particulièrement à l'administration des lois du revenu, j'ai bien
l'intention de toucher à ce point lorsqu'on reviendra étudier le
ministère...
M. GARNEAU: Le ministère du Revenu, au cours des...
M. ROY: Lorsqu'on parle des biens de l'Etat, je pense qu'on veut surtout
parler des biens meubles...
M. GARNEAU: La question du chef de l'Opposition, c'est la radiation de
comptes à recevoir ou de sommes qui sont dues sous d'autres...
M. MORIN: De sommes qui sont dues, on va y revenir dans le cas du
revenu. L'affaire Lever Brothers, par exemple, je ne veux pas en traiter tout
de suite, on en reparlera. Mais peut-être, pour continuer, poser une
dernière question au Vérificateur général... Je
constate que vous êtes très vague lorsque vient le moment de
préciser votre pensée sur ce point en particulier. Vous nous
dites, dans le rapport qui date déjà de 1971/72, que la loi
devrait contenir des dispositions concernant l'aliénation des biens
publics. Lorsque, ce matin, je cherche à savoir un peu à quelle
disposition vous songez, vous me dites que vous y pensez et que cela se
débat en ce moment. Vous n'avez rien de plus précis que cela
à nous offrir?
M. LAROSE: Ce que j'ai mentionné tout à l'heure, c'est que
la question était à l'étude et que c'était un champ
très vaste, toute cette question de l'aliénation et de la
disposition des biens de l'Etat. Normalement, ce n'est pas non plus à
nous à suggérer toutes les solutions. Je pense que, normalement,
c'est à l'administration à faire les études. Nous, nous
sommes les vérificateurs de ce qui se passe. Nous voulons bien constater
certaines faiblesses, mais ie pense qu'on ne peut pas se substituer à
l'administration pour suggérer toutes les modifications à
faire.
M. MORIN: Je ne sais pas si je vous suis, M. le vérificateur,
parce que, si vous êtes empêché de procéder à
une vérification à cause du manque de critères et de
règles, je pense que c'est votre devoir de faire des suggestions
constructives. D'ailleurs, vous le faites, mais vous le faites un peu à
moitié dans votre rapport. Vous nous dites: II faudrait qu'il y ait des
règles sur les dispositions. La loi devrait ou pourrait prévoir
cela. On s'attendrait que vous alliez un peu plus loin et que vous donniez des
précisions.
M. LAROSE: On peut donner certaines précisions, mais est-ce
qu'elles sont le résultat d'études en profondeur comme celles qui
pourraient être faites ailleurs? Je crois que c'est assez difficile pour
nous.
Vous avez touché tout à l'heure le sujet de la radiation
des mauvaises créances. La radiation des mauvaises créances se
fait normalement, à
l'heure actuelle, par un arrêté en conseil qui est
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est ce qui se fait
généralement, à l'heure actuelle, lorsqu'une
créance est inscrite dans les livres du gouvernement. Elle ne peut pas
être radiée des livres du gouvernement sans cette disposition dans
le moment.
M. MORIN: C'est public cela, c'est cela le problème.
M. LAROSE: Oui. Deuxièmement, en arrière de cela, parmi
les études qui ont été faites et sur lesquelles
nous-mêmes, nous avons commenté, il a été
suggéré, par exemple, qu'en bas d'un certain niveau, par exemple,
jusqu'à $1,000, la responsabilité soit strictement celle du
ministère ou du ministre concerné, que la responsabilité
jusqu'à un certain niveau, de $5,000 peut-être, soit possiblement
celle du Conseil du trésor ou du conseil des ministres et que, si on
s'en va à des niveaux beaucoup plus élevés avec des
montants beaucoup plus considérables, il soit possible que ce soit le
conseil des ministres au lieu du Conseil du trésor, en troisième
étape.
Ce sont des choses qui sont actuellement à l'étude pour
établir des niveaux et des responsabilités. Cela serait des
critères en fonctions desquels nous pourrions juger et faire rapport.
Nous avons aussi demandé et suggéré, dans le rapport,
qu'on fasse rapport dans les comptes publics du montant de ces dispositions de
façon ordonnée.
M. MORIN: Cela devient public à ce moment.
M. LAROSE: C'est un bien public.
M. MORIN: En ce moment, ce n'est pas public.
M. LAROSE: Oui, nous avons suggéré qu'il soit fait rapport
des dispositions. Probablement pas en voulant fournir toute la liste des
comptes radiés, parce que je pense que ce serait probablement
pénaliser, mais au moins qu'on fournisse une indication du montant des
radiations de comptes qui ont pu avoir lieu, et l'Assemblée nationale
décidera d'aller plus loin dans ses recherches, si elle le veut.
M. MORIN: Montant global et toute somme supérieure à un
certain seuil qui pourrait être fixé.
M. ROY: Fixé et qui paraît dans le livre des comptes
publics.
M. LAROSE: C'est une chose qui pourrait être discutée.
Remarquez bien. Il y a certains cas de faillite. Est-ce qu'il serait avantageux
de fournir les noms? C'est une question. En tout cas, qu'on donne un
résumé de la situation, quitte aux députés de
questionner plus à fond s'ils le désirent.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
ministre s'il a une attitude là-dessus? Parce que le Vérificateur
général est devenu beaucoup plus précis dans ses
suggestions. Il y en a une, en ce qui me concerne, que je retiens, c'est que
les comptes publics fassent état des remises de dettes. Quelle est la
position du ministre là-dessus?
M. GARNEAU: Justement, pendant que vous causiez, je posais la question
à mes officiers, pour savoir si c'était une chose qu'il
était possible de faire. On me dit que oui, ce serait possible de
publier, dans une annexe additionnelle aux comptes publics, disons, les
radiations qui ont été faites en haut de $500 ou $1,000. S'il y a
une radiation de $1 ou $2 sur un compte, il faudrait établir un niveau.
On me dit qu'à Ottawa, c'est $5,000? Il s'agirait de voir et d'ajouter
une cédule additionnelle. Il n'y a certainement pas d'objection de
principe de ma part à cela. Evidemment, les comptes publics vont
épaissir.
M. ROY: C'est une recommandation à laquelle je souscris
entièrement, également. L'Opposition est unanime sur ce
point.
M. GARNEAU: Je ne vois pas d'objection à cette politique.
M. LAROSE: A Ottawa, d'après les renseignements qu'on me donne,
on fournit le nombre et le montant total sans aller jusqu'à donner les
noms des individus. J'imagine que, si la liste est demandée par la
députation, elle est peut-être fournie sur demande. Je ne sais
pas. Il y a peut-être des motifs qui empêchent la publication des
noms, de certains noms à l'heure actuelle. Je ne sais pas.
M.MORIN: C'est un bel euphémisme, M. le vérificateur!
M. LAROSE: Je ne porte pas de jugement là-dessus.
M. MORIN: II y a peut-être sûrement des motifs, mais je
crois que, tout comme dans le cas des crédits, des dépenses, la
publicité dans ces cas est essentielle. Parce qu'autrement, les
tentations sont trop fortes.
M. LAROSE: II y a une règle qui est reconnue. Je crois que c'est
encore la règle des $15,000 pour les traitements des fonctionnaires et
où on dit: Un fonctionnaire en haut de $15,000, on cite encore les
noms...
M. MORIN: Oui, mais on fait les barèmes. On connaît les
échelles, donc il n'y a pas de problème dans le cas des
fonctionnaires. Tandis que, dans le cas des mauvaises créances, des
refus de payer, ce serait peut-être bon que ce soit...
M. LAROSE: II y a les radiations de créances, il y a des remises
aussi. Maintenant, il arrive assez souvent que, du côté du
ministère du Revenu, si on veut préciser, on a surtout recours,
dans le moment, à l'annulation de cotisations. On avait assez
fréquemment recours à la modification d'une cotisation
antérieure qui a été faite après étude du
dossier. Maintenant, on a quand même...
M. ROY: Là, il s'agit d'une procédure normale.
M. MORIN: Ce n'est pas une remise de dette.
M. LAROSE: Non, ce n'est pas une remise.
M. MORIN: C'est une compensation, des fois échelonnée sur
plusieurs années.
M. LAROSE: C'est une annulation de revenus d'une cotisation ou d'un
revenu antérieur.
M. ROY: Voici, si on...
M. LAROSE: C'est-à-dire qu'il ne faudrait pas recourir à
la technique d'annuler une cotisation parce que quelqu'un est dans
l'impossibilité de payer. A ce moment, ce ne serait pas une cause de
révision de cotisations.
M MORIN: Cela serait irrégulier.
M. LAROSE: Ce serait irrégulier. On ne peut pas dire qu'on a
constaté cela, ce n'est pas vrai. On n'en a pas vu.
Plan comptable
M. MORIN: Bon. Si le ministre prend cela en considération, on y
reviendra l'année prochaine pour voir si, oui ou non, le gouvernement a
agi sur ce point. Nous serions prêts à passer au plan comptable.
Là-dessus, j'aurais peut-être une ou deux questions, pas
davantage. C'est un aspect de votre travail qui est hautement technique.
J'aimerais que vous nous expliquiez, M. le vérificateur, le
deuxième paragraphe de la page 2-10 du rapport de 1972/73. Il s'agit du
plan comptable.
Vous nous dites qu'il est curieux et inadmissible, sur le plan de
l'exactitude des états financiers, ainsi que sur le plan professionnel,
de retrouver parmi les explications du plan comptable, des dispositions qui
limitent l'inscription des dépenses d'une année et qui en
permettent le report à l'exercice subséquent, parce qu'il y a
insuffisance de crédits.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer les mécanismes que vous
avez à l'esprit? Avant qu'on passe à votre recommandation, avant
qu'on passe à l'opinion que vous donnez sur la question, à quel
dispositif faites-vous allusion exactement? C'est un éclaircissement que
je vous demande.
M. LAROSE: Oui, d'accord. Il faudrait revenir...
M. MORIN: Je ne suis pas sûr que je saisis toute la portée
de ce que vous dites.
M. LAROSE: Avant de revenir au plan comptable lui-même, pour vous
souligner l'endroit où c'est mentionné...
M. GARNEAU: C'est le dernier paragraphe, en bas.
M. LAROSE: Pardon?
M. GARNEAU: La page 2-10, le dernier paragraphe du bas.
M. LAROSE: Oui, mais dans le plan comptable...
M. GARNEAU: Non, non...
M. LAROSE: Ce que nous avons voulu souligner, c'est qu'en vertu du plan
comptable, ou du moins des explications qui sont données au plan
comptable, c'est qu'il est possible que le gouvernement fasse des
dépenses durant une année donnée, par exemple, durant
l'année se terminant le 31 mars 1973, et que les dispositions ou les
explications qui sont données permettent de dire qu'on reporte ces
dépenses à l'année suivante.
M. MORIN: Voulez-vous dire, avant que vous alliez plus loin, que le
budget de l'année suivante se trouverait, en quelque sorte,
faussé ou faussement augmenté?
M. LAROSE: C'est-à-dire que les états financiers de
l'année courante ne comprennent pas ces dépenses à ce
moment, parce qu'elles sont reportées à l'année suivante,
et elles sont reportées contre le budget de l'année suivante.
M. MORIN: Bien, c'est...
M. LAROSE: Elles seront payées à même le budget de
l'année suivante.
M. MORIN: ... en effet tout à fait irrégulier.
M. ROY: Cela change complètement le résultat des...
M. LAROSE: De deux ans.
M. ROY: ... opérations...
M. LAROSE: ... pour deux ans.
M. ROY: ... pour deux ans. Si cela se répète
l'année suivante...
M. GARNEAU: II faut quand même mettre une continuation. S'il y
avait un montant je ne sais pas la somme que cela pourrait
représenter supposons qu'il y en avait pour $5 millions,
évidemment, vous avez probablement la même situation pour ce qui a
été reporté de la fin du mois de mars au mois d'avril.
L'année suivante, vous allez avoir la même chose à la fin
du mois de mars au mois d'avril suivant, de telle sorte qu'il y a une
continuité de cette même chose pour des raisons que je suis
prêt à discuter.
M. MORIN: Alors, pour continuer sur ce sujet, vous nous dites,
qu'à votre avis, pour assurer la présentation la plus exacte
possible de la situation financière du Québec, le Conseil du
trésor, en accord avec le conseil des ministres et pour respecter les
directives comptables qu'il a émises, devrait prendre les dispositions
nécessaires pour qu'en temps utile, avant l'expiration de l'année
financière, un budget supplémentaire soit introduit pour couvrir
les dépassements budgétaires prévus ou
prévisibles.
Est-ce que ceci ne pourrait pas être réglé selon les
mêmes principes que nous évoquions tout à l'heure au sujet
des mandats spéciaux? C'est-à-dire que, si je vous comprends
bien, il doit y avoir un budget spécifique pour ce genre de
dépenses. C'est bien cela que vous nous dites?
M. LAROSE: Oui. Ce que nous voulons dire là-dessus, c'est que les
ministères et le ministère des Finances devraient, s'ils ne le
sont pas, être informés en temps utile des dépassements
prévus ou prévisibles aux estimations budgétaires, et
cela, on devrait le savoir au plus tard, évidemment, en février
ou au début de mars, de façon à permettre l'introduction
d'un budget supplémenatire qui permettrait de payer durant
l'année toutes les dépenses qui ont été encourues
au cours de cette année.
M. MORIN: Bien, c'est évident. Cela me paraît la logique la
plus élémentaire. Parce que si on procède comme on le fait
actuellement, en reportant à l'année suivante, ça
ressemble drôlement à des mandats spéciaux. L'argent, si
j'ai bien compris, est déjà dépensé et on l'impute
à l'année suivante.
M. LAROSE: II est déjà engagé.
M. MORIN: II est déjà engagé. Comme dans le cas des
mandats spéciaux. Oui, c'est très irrégulier.
M. LAROSE: En fait, si on avait suivi à ce moment-là
complètement toutes les dispositions de la Loi de l'administration
financière, l'engagement de cette dépense n'aurait pas pu
être fait puisque les crédits budgétaires n'étaient
pas disponibles et, par conséquent, on ne devrait pas se trouver dans
cette situation si toutes les dispositions de la loi concernant les engagements
étaient complètement suivies. Il faut admettre qu'il y a des
choses, par exemple, qui doivent passer et des conditions qui doivent
être rencontrées, des conditions particulières.
M. MORIN: Oui, mais les dépassements, c'est une autre affaire. Si
je saisis bien, le plan comptable tel que vous nous l'avez décrit ne
semble pas conforme à la loi. Est-ce que j'ai raison de penser que le
plan comptable lui-même, en autorisant ce genre de pratique, n'est pas
conforme à la Loi de l'administration financière?
M. GARNEAU: Le plan comptable ne l'autorise pas. Le plan comptable a
été fait pour être en concordance avec la loi. Le plan
comptable ne peut pas modifier la loi. C'est pour cela, tout à l'heure,
que je disais que certaines précisions devraient être
apportées à la loi parce que la loi a été
conçue pour opérer avec un plan comptable sur une base de caisse
et, ultérieurement à la loi, le plan comptable qui a
été ratifié amenait ce plan sur une base mitigée de
caisse et d'exercice, de telle sorte qu'il y a une zone grise qu'il nous faut
préciser dans la loi parce que le plan comptable ne peut pas modifier la
loi. La loi dit que des dépenses qui auraient été
effectuées sans qu'il y ait de crédits de votés par
l'Assemblée nationale ou d'engagements portés contre ces
crédits, ça deviendrait une dépense
irrégulière.
M. MORIN: Bien, c'est ça.
M. GARNEAU: Bien oui, mais on ne peut pas, par le plan comptable, rendre
ces dépenses régulières.
M. MORIN: Bon.
M. GARNEAU: Et qu'on modifie au nom du plan comptable, nous
autres...
M. MORIN: Bien oui, mais c'est bien le plan comptable qui permet le
report à l'exercice subséquent?
M. GARNEAU: Non.
M. MORIN: C'est ce que vous dites dans votre rapport, M. le
ministre.
M. GARNEAU: Ce n'est pas le plan comptable qui le permet, c'est le fait
qu'il y a des dépenses, j'en conviens, qui peuvent avoir
été faites sans qu'il y ait eu demande de certification de
crédits. Disons qu'un fonctionnaire du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, qui travaille à Chibougamau, a une
autorisation, une délégation de signature pour
engager jusqu'à $500 des crédits des décisions de
dépenses. Si vous faites l'addition de toute cette
décentralisation, il faut quand même donner un certain pouvoir aux
gestionnaires qui ont autorité dans le champ, dans les
ministères. Il se pourrait que le 31 mars d'une année, il y ait
pour $200,000, $300,000, $400,000, $500,000, peut-être $1 million, je ne
sais pas combien il peut y en avoir, d'échelonné. Si ces factures
doivent être analysées et ratifiées après coup pour
répondre au reste de la réglementation, ratifiées par le
service des achats, analysées, etc., ce qu'on appelle le "management by
exception", il faut quand même faire la vérification après
que la décision a été prise. Il se peut que ces factures
ne soient pas soumises à temps au contrôleur des finances qui a la
responsabilité de certifier les crédits pour pouvoir les
embarquer dans l'exercice financier en cours.
Evidemment, ça c'est un problème. M. Laro-se disait tout
à l'heure qu'il y avait certaines difficultés, mais il y a quand
même le principe sur lequel je souscris, ce qui est indiqué
là. Mais quel est le montant qui chevauche d'une année à
l'autre, aux termes de la clôture d'un exercice? Là, je ne sais
pas comment on pourrait résoudre ça.
M. MORIN: Oui, mais le point technique que je soulevais est celui-ci:
Vous nous dites qu'il y a, dans les explications du plan comptable, des
dispositions qui permettent le report à l'exercice subséquent,
parce qu'il y a insuffisance de crédits. M. le vérificateur
général, est-ce que ça c'est contraire à la Loi de
l'administration financière?
M. LAROSE: Je lis, dans les explications du plan comptable: "L'une de
ces dispositions, par exemple, permet de créer des comptes à
payer après le 31 mars, sans toutefois dépasser le 30 avril pour
autant qu'il y ait des disponibilités sur les crédits de
l'année financière à écouler". Pour autant qu'il y
ait des crédits.
Alors ce que nous disons, c'est que la situation financière du
gouvernement ne devrait pas nécessairement dépendre de
l'existence de crédits. A ce moment-là, pour qu'elle soit exacte,
il faudrait que s'il manque des crédits, on se les fasse voter, pour
qu'on présente la situation financière exacte.
M. MORIN: Telle qu'elle est.
M. LAROSE: Telle qu'elle est.
M. MORIN: Oui.
M. LAROSE: Alors on manque de crédits...
M. GARNEAU: Cela revient à ce que je mentionnais tout à
l'heure. Est-ce que nous devrions avoir, dans notre Loi de l'administration
financière, une disposition qui permettrait, comme cela existe en
France, des règlements définitifs? Si on avait cette
possibilité dans notre loi, il se pourrait que, quelque part, disons que
l'année financière se termine le 31 juillet, au mois de septembre
ou octobre, quand tous les fonds de tiroirs ont été
ratissés un peu partout et qu'on s'aperçoit qu'il y a un
dépassement, disons, de $100,000 à tel programme de tel
ministère, il y ait un budget supplémentaire qui arrive comme
règlement définitif de l'année écoulée.
Je crois que cela pourrait...
M. MORIN: Et cela pourrait s'appliquer aux mandats spéciaux aussi
puisque, dans les deux cas, les fonds sont déjà
engagés.
M. GARNEAU: Dans les deux cas, les fonds sont déjà
engagés, mais ce serait une information qu'il faudrait donner, beaucoup
plus qu'un vote.
Mais on ajoute, au plan comptable: "pour autant qu'il y ait des
disponibilités sur les crédits de l'année
écoulée". Nous aurions pu ne pas la mettre dans le plan
comptable, cette phrase, je suis bien d'accord, sauf que même si on ne
l'avait pas mise, on n'aurait pas pu faire autrement parce que la loi nous y
oblige la loi est là et nous ne pouvons pas
considérer comme une dépense ou comme un engagement quelque chose
qui serait fait irrégulièrement.
La loi, aux articles 47 et 58, dit qu'il ne peut pas y avoir de
dépenses faites juridiquement correctement s'il n'y a pas ces
engagements et cette certification de crédits. Alors, le plan comptable,
c'est peut-être une redondance, mais c'est une redondance qui confirme
que le plan comptable ne peut pas modifier la loi.
C'est cela qu'il va falloir clarifier, les zones grises entre la loi et
le plan comptable, pour que cela colle le plus à la
réalité. Mais... . MORIN: Dans la mesure où il est permis
de procéder à un report à l'exercice subséquent
parce qu'il y a insuffisance de crédits, là je pense qu'on va
à l'encontre de la loi.
M. ROY: On va à l'encontre de la loi... M. MORIN: Oui.
M. ROY: ... et on va à l'encontre des principes comptables,
aussi, parce que je pense qu'il y a quand même un point si le chef
de l'Opposition me permet qui est important. Lorsque les états
financiers d'une entreprise sont présentés à une date
donnée, les états financiers doivent d'abord respecter les
mêmes critères, le même plan comptable d'une année
à l'autre pour qu'il y ait continuité, de façon que nous
puissions savoir où nous en sommes rendus, mais il y a également
l'obligation de connaître les comptes qui sont dus, à ce
moment-là, et les comptes qui sont à payer.
Moi, ce que je trouve et ce qui me frappe dans votre rapport et
d'ailleurs, dans tous vos rapports... Je pourrais ajouter, ici, au
deuxième paragraphe de la page 2-11: "Le système de
comptabilité actuel ne nous renseigne pas assez sur les comptes à
payer non inscrits, soit en raison d'insuffisance de crédits
comme vient de le dire le chef de l'Opposition soit en raison du retard
à transmettre les factures au service de la comptabilité".
Alors si on prend ce principe et si on prend le budget global de la
province, qui est de l'ordre de $5 milliards, on peut dire que les
dépenses mensuelles du gouvernement sont de plus de $400 millions.
Cela veut dire qu'il y a un danger que, dans les états financiers
qui nous sont présentés à la fin de chaque année,
il y ait une différence de quelque $200 millions et ce ne serait pas
surprenant du tout. Il pourrait y avoir des différences de $100 millions
à $200 millions sur la situation exacte. Alors, c'est sérieux. Le
problème est extrêmement sérieux.
M. GARNEAU: C'est-à-dire qu'il est sérieux pour autant
qu'on dise que le plan comptable est un plan d'exercice. Si on avait maintenu
le plan de caisse, peut-être que le problème ne se poserait pas de
la même façon. Il y a peut-être une solution qui pourrait
être envisagée, parce que je pense que ce sont des montants
beaucoup plus restreints que $200 millions. En effet, les grandes
dépenses, que ce soit des contrats de voirie ou d'autres qui
nécessitent des montants importants, font toujours l'objet d'une
demande, soit au conseil des ministres ou au Conseil du trésor. A ce
moment-là, cela ne peut pas ne pas être porté à
l'attention du contrôleur des finances qui a la responsabilité de
certifier les crédits. Il s'agit plutôt de décisions prises
à l'intérieur des ministères. Chaque fin d'année,
au début de mars, le contrôleur communique avec tous ses agents
dans les ministères et leur dit: Faites le tour des administrations pour
être sûrs que toutes les factures qui pourraient exister soient
portées à notre attention. On écrit au sous-ministre
responsable de l'administration pour attirer son attention de la même
façon. Mais, si un administrateur ou un directeur de service, quelque
part, a une facture de $1,000 dans son tiroir, qu'il ne l'a portée
à la connaissance de personne et qu'il attend le début de l'autre
année pour la sortir, c'est clair qu'on ne peut pas la mettre aux
comptes à payer parce qu'on ne le sait pas. Comment faire pour avoir
encore plus d'assurance? Il faudrait peut-être prévoir des
sanctions dans la Loi de la fonction publique pour qu'il y ait
possibilité, soit de congédiement, de suspension, des
méthodes assez sévères pour qu'un fonctionnaire qui aurait
agi de cette façon puisse avoir une sanction sévère
portée contre lui.
C'est difficile de régler tous ces cas. Peut-être qu'une
des solutions serait, au niveau du budget global du ministère des
Finances, qu'il y ait un fonds de suppléance spécial qui soit
voté spécifiquement pour cela par l'Assemblée nationale
pour combler certains des problèmes qui se posent en fin d'année,
suivant un mécanisme qui resterait à déterminer. L'autre
solution, c'est une loi de règlement, un budget de clôture ou de
fermeture définitive des comptes. Il reste que, pour cette facture,
même si elle n'a pas été engagée suivant les
crédits de l'année, on fait un accroc au plan comptable
basé sur l'exercice, mais, en termes de vote de l'Assemblée
nationale, les crédits sur lesquels on puise pour payer cette facture
sont quand même votés par l'Assemblée nationale. Il n'y a
pas d'irrégularité dans le terme de vote parce qu'on ne
dépense pas d'argent qui n'aura pas été voté, mais
c'est de savoir jusqu'à quel point on respecte d'une façon
claire, précise et bien déterminée le plan comptable qui a
pour objectif de présenter les états financiers sur une base
d'exercice couru mitigé, sauf pour les aspects de revenus et de
dépenses qui sont traités autrement.
M. MORIN: M. le Président, entre les suggestions qui ont
été faites par le ministre des Finances, en ce qui me concerne,
je préfère nettement le budget supplémentaire qui donne
tous les détails, plutôt qu'une clause dans le budget ordinaire
qui prévoirait une sorte de montant global dont on pourrait disposer, en
quelque sorte, à sa guise pour boucher les trous. Je
préfère de beaucoup...
M. GARNEAU: On ne peut pas le prévoir par budget
supplémentaire avant, parce qu'il se pourrait qu'on demande des budgets
supplémentaires qui finalement ne seraient pas utilisés. Si on
veut avoir une base d'exercice véritable, il faudrait prévoir,
peut-être que ce serait la meilleure solution, un budget de fermeture
définitive de l'exercice financier terminé.
M. MORIN: En tout cas, moi, je serais prêt à m'engager
plutôt sur ce terrain que sur les autres. Si c'est dans cette direction
que le ministre se dirige, je pense qu'il aura l'appui de l'Opposition.
M. GARNEAU: L'autre solution serait d'avoir des mesures de
contrôle ou de représailles, de sanctions contre les gestionnaires
qui n'auraient pas transmis de tels documents.
M. MORIN: C'est une autre question, c'est une question bien distincte.
Il y a le contrôle des fonds publics et il y a aussi le gestionnaire qui
doit être discipliné.
M. GARNEAU: Parce que, si on avait ces factures, le problème ne
se poserait pas.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je me demande si on ne devrait pas
insister sur les nuances qu'il y a à apporter quand on discute de budget
et qu'on discute de bilan.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Pour les fins du journal des
Débats, la suspension aura lieu à une heure.
M. ROY: On parle de budget et, lorsqu'on examine le rapport du
vérificateur général, on examine le rapport de l'exercice
financier qui se termine le 31 mars. Le budget est une chose et le bilan en est
une autre. Il peut y avoir des dépenses encourues non payées,
mais, pour les dépenses qui sont effectivement encourues en date du 31
mars qui n'ont pas été incluses dans le budget et qui devraient
faire l'objet d'un budget supplémentaire, comme le dit le chef de
l'Opposition officielle, le fait qu'elles ne paraissent pas dans le budget
supplémentaire ou qu'elles ne paraissent pas dans un budget n'est pas
une raison, à mon avis, qui permette de les exclure de l'état
financier. C'est là qu'il y a un jeu ou une marge de manoeuvre qui est
un peu trop grande à ce moment-ci. Lorsqu'on regarde et qu'on analyse le
rapport du Vérificateur général, il est évident
qu'on peut faire varier les résultats de l'année en cours de $100
millions à $150 millions par ce jeu sans que cela paraisse trop.
M. GARNEAU: On ne serait pas capable d'avoir des variations de cet ordre
de grandeur.
M. ROY: Vous avez une dépense mensuelle de l'ordre de $400
millions à $425 millions.
M. GARNEAU: Mais ces dépenses sont engagées, il y a des
crédits engagés. Ce dont on parle, ce sont des dépenses
qui auraient pu être faites par les administrations, soit centrales ou
décentralisées et qui n'auraient pas été
portées à la connaissance du contrôleur des finances, qui a
la responsabilité de certifier les crédits, ou de
l'administration supérieure du ministère. On joue à la
marge. D'après moi, c'est peut-être cinq ou six millions de
dollars au maximum. Disons que, si on prend des contrats de voirie, un
fonctionnaire seul ne pourrait pas signer un contrat de voirie de $5 millions
ou $10 millions sans avoir l'autorisation du Conseil du trésor ou du
conseil des ministres. A ce moment-là, la certification de crédit
serait automatiquement portée à la connaissance du
contrôleur des finances.
M. ROY: Mais je pense que justement, dans le ministère de la
Voirie seulement, il peut y avoir des variantes de $25 millions à $35
millions, ou peut-être plus.
M GARNEAU: Pas de cette envergure-là. Ce ne sont pas les
informations...
M. ROY: Je n'ai pas actuellement les chiffres pour le prouver, mais on
sait que déjà au Québec, dans le passé, cela s'est
fait. Pour certains travaux, des entrepreneurs ont dû les financer
pendant un an, eux-mêmes, avant que les budgets ne soient votés
par le gouvernement. Et je ne parle pas de l'actuel gouvernement. Cela s'est
fait dans le passé. Mais les entrepreneurs ont été
obligés de les financer parce que justement, les budgets
n'étaient pas votés et cela ne figurait pas dans les livres du
gouvernement, alors que la route était construite.
Alors, si on prend le budget total de la voirie et de là... Je ne
dis pas que cela se fait encore à l'heure actuelle, mais je ne suis pas
sûr que cela ne se passe pas. Je n'en suis pas sûr.
M. GARNEAU: En tout cas, l'entrepreneur qui accepterait de faire des
travaux de plusieurs millions de dollars sans avoir obtenu un contrat
signé en bonne et due forme au point de vue légal serait d'une
imprudence à ce point grave, que c'est lui qui serait le premier mis en
cause et pourrait être sujet à une faillite à brève
échéance. Il n'y a pas d'entrepreneur qui accepterait, sur la
gueule, comme cela, d'entreprendre des travaux de millions de dollars sans
avoir un contrat écrit, ce n'est pas possible, à moins que ce
soit un imbécile.
M. ROY: Je ne dis pas qu'un entrepreneur pourrait prendre des contrats
de plusieurs millions de dollars. Prenez dans l'ensemble de la province de
Québec, $500,000 à une place, $200,000 à l'autre, $300,000
ailleurs...
M. GARNEAU: $200,000, c'est...
M. ROY: ... et que le ministre fasse une enquête précise
dans ce domaine-là. Il y aurait peut-être matière à
entreprendre d'autres discussions là-dessus.
M. GARNEAU: J'aimerais que le député de Beauce-Sud fasse
la distinction entre les comptes à payer, qui peuvent être
créés dans les 30 jours qui suivent l'exercice financier d'un
contrat en cours qui a été donné en bonne et due forme, et
pour lequel il peut y avoir des comptes à payer, et une dépense
qui aurait été engagée irrégulièrement par
l'administration. C'est cela, la distinction qu'il faut faire dans la
discussion présente.
Et ce dont il s'agit, si je comprends bien la situation, c'est
plutôt du deuxième aspect, c'est-à-dire de dépenses
qui auraient été faites sans qu'il y ait eu préalablement
une certification de crédit et pour lesquelles on ne pouvait pas
créer de comptes à payer parce que non connues de la part du
contrôleur des finances au moment où il ferme les livres au 31
mars, c'est-à-dire au 30 avril, un mois plus tard tel que le
prévoit la loi. C'est ce deuxième aspect de la question qui est
en cause, je pense, beaucoup plus que le premier.
M. ROY: D'ailleurs, je n'ai pas l'intention de soutenir une discussion
là-dessus, parce qu'il faudrait quand même avoir des chiffres
à défendre et avoir des exemples à donner.
Je reviens un peu... c'est là que je vais demander au
vérificateur général, lorsqu'il dit que le système
de comptabilité actuel ne nous renseigne pas assez sur les comptes
à payer non inscrits, soit en raison d'insuffisance de crédits,
d'une part c'est une chose qui existe soit en raison du retard
à transmettre les factures au service de comptabilité. Est-ce que
vous pouvez nous donner un ordre de grandeur à peu près des
comptes à payer qui ne figurent pas au 31 décembre? Parce que,
quand même, ces remarques ont été faites dans vos rapports
précédents et vous avez été en mesure, par le
travail que vous avez effectué l'année suivante, de retracer ces
comptes. Est-ce que vous pouvez nous donner des indications à ce
sujet?
M. LAROSE: On a donné quelques explications et on a
mentionné certains montants au moment où on a discuté des
ministères. Au moment où on discutera de chacun des
ministères, on pourra le voir, mais nous n'avons pas fait une analyse
systématique de cette situation, parce qu'il aurait fallu repasser tous
les mandats émis par l'ensemble des ministères peut-être
pour deux, trois ou quatre mois, et les repasser un après l'autre pour
déterminer quelle est la partie de l'année antérieure qui
s'applique à l'année courante. Cela aurait été un
travail énorme.
Nous avons bien constaté la situation, mais, seulement, nous
n'avons pas de... Nous croyons, par exemple, que le système de
comptabilité du gouvernement devrait fournir ce renseignement, parce
qu'au moment où on fait l'enregistrement de la dépense, il serait
facile de distinguer entre une dépense applicable à
l'année courante et une dépense applicable à
l'année antérieure. Au moment où nous viendrions pour
vérifier, nous constaterions cela et nous jugerions si le montant est
suffisamment important pour en informer les membres de l'Assemblée
nationale. Si le montant est relativement très faible nous n'en
parlerions pas du tout. Un montant insignifiant, je pense que nous n'en ferions
pas mention. Mais si le montant s'avérait être majeur, je pense
que nous en informerions les membres de l'Assemblée dans notre
rapport.
C'est cette difficulté. Nous n'avons pas ce renseignement. On me
dit, par exemple, qu'il est possible, avec le nouveau système de
mécanisation, que ce renseignement pourra être mis à notre
disposition. Je ne peux pas répondre là-dessus, mais
peut-être que le ministre le pourra.
Je reviendrai plutôt sur un point. Ce que nous avons voulu surtout
souligner là-dedans, c'est qu'il y a un système d'engagement. Si
le système d'engagement fonctionnait de façon très
efficace, des comptes non payés, des comptes pour lesquels on n'a pas de
fonds à la fin de l'année, il ne devrait pas normalement s'en
produire. Nous avons vu par exemple que lorsque cela se produit, on devrait
recourir au budget supplémentaire. Le ministre propose une technique
d'un montant voté à l'intérieur du ministère des
Finances. Peut-être que cela pourra arriver au même
résultat. Il reste que nous avons vu à un moment donné,
par exemple, manquer de crédit pour un montant assez important pour
payer le compte du service téléphonique pour un mois ou deux. A
ce moment, je pense bien qu'on savait qu'on était pour manquer d'argent
pour payer le compte du téléphone. Cela n'arrive pas comme un
cheveu sur la soupe. On connaît le montant prévu du compte de
téléphone, on le connaît sensiblement d'un mois à
l'autre. Remarquez bien que ce sont des situations où c'est connu,
à un moment donné. On pense qu'on devrait les régulariser
avant la fin de l'année.
M. ROY: M. le Président, j'aurais une dernière question
sur le plan comptable. Je réfère à votre commentaire, "c"
au premier paragraphe. Cela rejoint un peu ce qui a été
discuté tout à l'heure. Pour que les états financiers
présentent le plus fidèlement possible la situation
financière ou résultats des opérations, j'aimerais que le
plan comptable soit conçu de façon précise et couvre tous
les aspects principaux des opérations. Ce que vous ajoutez, c'est
là-dessus que j'insiste: II est de plus nécessaire que ce plan
soit appliqué de façon constante d'année en année.
Toute modification justifiée devant être expliquée quant
à son incidence sur le plan financier.
Depuis les trois dernières années, est-ce qu'il y a eu des
modifications dans le plan comptable qui ont pu apporter en quelque sorte des
variantes assez importantes quant au résultat final, aux
résultats globaux de la fin de l'année financière?
M. LAROSE: Sauf pour impact, j'aurais parlé tout à l'heure
des comptes à payer en fin d'année, je crois qu'il n'y a pas
eu... Pour ma part, je ne me souviens pas de modifications essentielles sur le
plan comptable qui auraient pu apporter de tels changements, qui auraient pu
empêcher que les résultats soient comparatifs, sauf pour cette
incidence des comptes à payer de fin d'année.
M. ROY: Des comptes à payer. Maintenant, sur ces comptes à
payer, comme vous l'avez mentionné, j'ai cru comprendre que vous aviez
l'intention, lorsque vous croyez une vérification possible, de tenir
compte si elle s'applique à telle opération plutôt
qu'à telle autre.
M. LAROSE: Je pense que pour nous ce sera toujours extrêmement
difficile, parce que je pense...
M. ROY: Ce que je veux dire, au niveau de
l'information, voir à nous en informer, de l'indiquer dans votre
rapport, nous donner un ordre de grandeur.
M. LAROSE: Oui, ce qu'on... M. ROY: C'est bien important.
M. LAROSE: ... aimerait, c'est que les représentants du
contrôleur des finances, responsables de la comptabilité
gouvernementale, prennent les dispositions nécessaires pour identifier
ces choses que nous, nous pourrions vérifier par la suite. Parce que si
on le fait nous-mêmes, cela va répéter un travail qui
pourrait se faire relativement facilement au moment où on fait
l'enregistrement des dépenses. Mais si vous nous demandez de
l'établir, on peut certainement se mettre à la tâche
là-dessus.
M. ROY: Je ne sais pas quelles sont les intentions du chef de
l'Opposition à ce sujet, mais en ce qui nous concerne, je pense que ce
montant devrait être connu dans votre rapport.
M. GARNEAU: Je pense que le nouveau système
mécanographié va pouvoir faire ressortir le paiement de factures
au début de l'exercice, faire ressortir quelles étaient les
factures qui étaient datées et qui, normalement, auraient
dû être portées à l'attention avant la fin de
l'exercice, et d'une façon par programme à l'ordinateur. On va
être capable de sortir, d'identifier ces choses. C'est ce qu'on me dit du
moins. J'espère que je ne donne pas de fausses informations, mais que
ces informations, présentées de cette façon, pourraient
vous être soumises dans votre vérification. Cela va être
fait pour l'année financière qui va se terminer le 31 mars 1975.
Pour 1974 ou 1975? Pour l'année qui est terminée.
M. MORIN: M. le Président, le temps avance, et en ce qui me
concerne, j'aurais surtout des questions très importantes sur les
revenus et dépenses. Je ne sais pas si ces messieurs de la commission
seraient prêts à ce que nous essayons de procéder
peut-être un petit peu plus vite.
En ce qui nous concerne, j'en ai terminé, du plan comptable.
J'aurais eu des questions sur les transferts, mais j'y reviendrai
peut-être une autre fois. La vérification interne, je pense qu'on
peut également y revenir une autre fois. Mais les revenus et
dépenses, j'ai là des questions extrêmement précises
à poser au vérificateur général, et comme cet
après-midi, je me proposais de répondre à une invitation
de l'UPA, j'aimerais, si c'était possible, que nous procédions
avec une certaine célérité.
M. ROY: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue, le chef de l'Opposition. Je ne veux pas mettre un obstacle aux
questions qu'il a à poser mais j'en avais encore à poser en ce
qui me concerne et j'ai été très clair, lorsque nous nous
sommes réunis en comité; je ne voudrais pas que les horaires que
nous nous sommes fixés, nous nous sentions obligés de les passer
dans telle séance. Qu'on prenne le temps nécessaire étant
donné que ça fait longtemps que nous demandons que siège
la commission parlementaire des comptes publics. J'ai également des
questions à poser et j'aimerais bien pouvoir disposer du temps
nécessaire pour les poser sur les sujets que j'estime, pour ma part,
importants, sans pour cela nuire d'aucune façon aux questions que le
chef de l'Opposition officielle aurait à poser. Ceci pourrait
peut-être nous amener à ne pas terminer obligatoirement dans une
journée le programme que nous nous sommes fixé. S'il faut douze
séances de la commission parlementaire des comptes publics, on en
tiendra douze; s'il en faut quinze, on en tiendra quinze. Mais j'aimerais bien
qu'on prenne le temps de faire un examen peut-être sommaire, vous allez
dire, mais le plus global possible et le plus complet possible.
Avant de passer à l'article des revenus et des
dépenses...
M. GARNEAU: Je ne pense pas que le député de Beauce-Sud
puisse soutenir que mon attitude a été de nature à
l'empêcher de poser les questions qu'il veut poser. Quant à moi,
il peut les poser. J'ai même dit au début de la séance que
même si le sous-comité d'ailleurs, c'est la suggestion du
sous-comité ne terminait pas aujourd'hui, nous poursuivrions
à la séance du 17 et nous entreprendrions le programme de la
séance du 17 uniquement lorsqu'on aurait vidé ce qui avait
été prévu à la séance du 10 si on n'a pas
complété. Je n'ai pas d'objection, pour accommoder le chef de
l'Opposition, si le député de Beauce-Sud est d'accord, qu'il pose
les questions qu'il veut poser sur les revenus, quitte à revenir cet
après-midi aux autres questions sur le plan comptable. Je laisse mes
amis de l'Opposition s'entendre entre eux pour la répartition du temps
qu'ils veulent consacrer à chaque question.
M. ROY: M. le Président, le problème qui se pose, c'est
que j'ai les mêmes préoccupations que le chef de l'Opposition
officielle et les mêmes engagements. Cela...
M. GARNEAU: Est-ce que vous voulez dire que vous suggérez
à la commission de suspendre ses travaux à 1 heure pour
poursuivre la semaine prochaine?
M. ROY: Ce n'était pas sérieux. Disons qu'on pourrait
procéder jusqu'à 1 heure, quitte à prendre une ou deux
minutes de plus pour discuter de quelle façon on peut ajourner nos
travaux ou les suspendre.
M. GARNEAU: J'ai dit l'autre fois que la
commission des comptes publics était le "field-day" des
oppositions. Alors, c'est à vous de choisir les armes et le lieu du
combat.
M. MORIN: Terminé.
M. ROY: II n'y aura pas de duel entre le chef de l'Opposition et le
député de Beauce-Sud.
M. MORIN: Qu'en termes élégants ces choses-là sont
dites!
Alors, est-ce que le député de Beauce-Sud a des questions
encore au plan comptable? Moi, je n'ai pas d'objection à ce qu'il
continue, mais j'aurais aimé aborder rapidement les revenus et
dépenses, parce que, finalement, c'est tout de même le centre de
nos préoccupations.
M. ROY: Egalement, j'ai des questions à poser sur le même
sujet, c'est au niveau des placements permanents; article e) de vos
recommandations. "Les placements permanents sont inscrits au coût
à l'état de l'actif et du passif. Nous sommes d'avis que, vu
l'importance croissante des placements permanents de la province, une directive
devrait être incorporée au plan comptable concernant leur
comptabilisation. Nous suggérons la comptabilisation à la valeur
de consolidation". Est-ce qu'il y a quelque chose de fait, à ce jour,
à ce sujet ou si c'est le statu quo qui prévaut suite à la
recommandation que vous avez faite dans votre rapport?
M. LAROSE: A ma connaissance, il n'y a rien de fait. La situation est la
même qu'au moment où nous avons écrit le rapport.
M. GARNEAU: J'ai regardé avec mes fonctionnaires cette remarque
du Vérificateur général et je leur ai demandé de
voir quelle était la méthode ou la politique
généralement suivie dans les autres administrations face à
de tels types de placements. Avant de dire que le gouvernement souscrira
à cette remarque ou à cette recommandation du Vérificateur
général, je préfère attendre que les travaux de
recherche soient complétés et essayer d'avoir une attitude, sur
ce plan, qui s'inscrirait, disons, le plus possible dans la tradition qui est
suivie dans les autres administrations qui ont à peu près le
même système parlementaire, le même procédé de
vérification externe.
Je vois un grand nombre de difficultés a priori, mais cela ne
doit pas être uniquement ces difficultés a priori qui doivent nous
obnubiler. Il faut, je pense, étudier plus à fond la question
avant de prendre une décision là-dessus, ne serait-ce que parce
que la date des états financiers de certaines de ces institutions ne
coincide pas toujours avec le moment où on publie les comptes
publics.
Avant de dire que nous pouvons souscrire à cette suggestion ou
à cette remarque, j'aimerais me garder un peu de temps pour aviser la
commission sur l'attitude que le gouvernement prendra.
M. ROY: Je me demande un peu pourquoi le ministre semble hésiter
et qu'il semble nécessaire de faire des études sur ce sujet.
Parce que cette méthode le Vérificateur
général l'a bien mentionné dans son rapport est
recommandée par le comité de recherches comptables de l'Institut
canadien des comptables agréés pour l'entreprise
privée.
M. GARNEAU: Pour l'entreprise privée. M. ROY: Bien oui,
mais...
M. GARNEAU: C'est pour l'entreprise privée seulement.
M. ROY: Oui, mais cela se fait déjà au niveau de la Caisse
de dépôt et placement...
M. GARNEAU: C'est une entreprise gouvernementale qui est en cause et la
comptabilité gouvernementale, même si elle doit traduire le plus
fidèlement possible les résultats de l'administration
financière, n'a pas pour objectif de porter à la connaissance du
public tout ce qui se passe sur le plan financier. Ces objectifs ne sont pas
tout à fait les mêmes que ceux que des actionnaires, face à
des intérêts privés, ont pu mettre dans une entreprise. En
termes d'information, ce n'est pas tout à fait la même chose. Je
ne dis pas que je dis non ou que je dis oui, je dis que je veux attendre que la
recherche soit complétée. Evidemment, tout cela se fait en
même temps que le reste du travail doit se faire.
M. ROY: Je pense qu'il devient de plus en plus nécessaire et
important qu'on parle le même langage au niveau de l'administration
gouvernementale. Lorsqu'on parle d'administration...
M. GARNEAU: Le plus important, c'est de parler le même langage
d'une année par rapport à l'autre, en termes de principes
comptables...
M. ROY: Je suis d'accord.
M. GARNEAU: ... comme vous le mentionniez tout à l'heure, et
c'est cela qu'il faut surtout rechercher. Si on change notre politique
concernant les placements dans les sociétés d'Etat, il faut
trouver une façon qui puisse être toujours consistante dans
l'avenir et, avant de poser un geste...
M. ROY: II faut tenir compte de la différence pour que ce soit
bien noté lorsque le changement se fera dans le rapport...
M. GARNEAU: C'est cela et que, par la suite, on ait toujours la
même attitude pour que, d'une année par rapport à l'autre,
cela puisse se comparer à partir de la même base.
M. ROY: J'aurais une question et, pour ne pas brimer les droits du chef
de l'Opposition, je
vais me limiter à une question à la condition qu'on me
permette de revenir. Je vais examiner tout cela de nouveau à la
lumière de ce qui s'est dit, quitte à revenir au début
d'une prochaine séance, si le chef de l'Opposition n'a pas d'objection
sur ce point, peut-être avec une ou deux questions additionnelles.
Peut-être que ce ne sera pas nécessaire non plus.
A l'article h): Biens de nature capitale achetés à termes.
Le solde à payer, au 31 mars 1973, pour biens de nature capitale
achetés à termes au montant de $14 millions n'est pas inscrit au
passif de la province, mais plutôt comme note dans les autres
engagements. Cette méthode d'enregistrement et je cite le rapport
du vérificateur est contraire aux principes de la
comptabilité d'exercice qui exigent que les dépenses soient
comptabilisées dès qu'elles sont encourues, peu importe la date
du paiement, et elle est aussi contraire à la directive du Conseil du
trésor qui détermine que les dépenses doivent être
comptabilisées sur la base d'exercice.
J'aimerais savoir ici pourquoi on a passé outre à cette
recommandation, les raisons particulières?
M. GARNEAU: Est-ce que la question était posée là
ou ici?
M. ROY: Je pose la question au Vérificateur général
et également au ministre des Finances.
M. LAROSE: En ce qui me concerne, nous avons constaté qu'il y a
des biens qui sont achetés à termes, sur versements, qu'on paie
annuellement. On donne un acompte chaque année et, pour ces biens, on
n'a pas inscrit le passif aux livres. On l'inscrit en note dans les autres
engagements.
Est-ce qu'il y a des raisons? Nous n'en voyons pas, sauf que le
gouvernement a voulu répartir sa charge sur un certain nombre
d'années, c'est-à-dire prévoir, dans son budget, les
déboursés qu'il sera appelé à faire durant
l'année en cours. C'est la raison pour laquelle on procède comme
ça. Mais on ne peut pas être propriétaire à
moitié, inscrire dans un livre une propriété à
moitié d'un objet. C'est à peu près ce qu'on se trouve
à faire, inscrire la propriété de l'objet au fur et
à mesure qu'on le paie. On trouve ça illogique en termes de
comptabilité d'exercice, mais en termes de budget de caisse, ça
pose des problèmes.
M. ROY: Est-ce que le ministre aurait quelque chose à dire
à ce sujet?
M. GARNEAU: Je vais répondre à la question du
député de Beauce-Sud avec plaisir. L'article 38 de la Loi de
l'administration financière est l'application de cet article qui se
réflète dans la façon de préparer les états
financiers. Même si, sur le plan des principes, le vérificateur
général a parfaitement raison, la façon de préparer
des états financiers est faite en conformité avec l'article 38,
et le montant de ces engagements qui sont versés sur une base annuelle
est publié, dans le cas des comptes publics 1972/73, à la page
1-72, et les montants qui restent à verser au cours des prochaines
années sont de $14,696,768; et on donne la liste de ces engagements dont
le règlement est prévu sur un certain nombre d'années.
Il y a une question de principe à laquelle je souscris au point
de vue du Vérificateur général et il y a l'application de
l'article 38 de la loi qui nous dit que les crédits doivent être
votés pour les sommes qui viennent. Voici l'article précis: " Les
prévisions budgétaires soumises à la Législature
doivent porter sur les services dont la liquidation s'effectuera au cours de
l'année financière ou d'une autre période
expressément visée". Il pourrait peut-être y avoir une
présentation différente. Ce que nous recherchons, c'est
d'informer l'Assemblée nationale et le public de la situation, et la
note du bilan et la cédule qui paraît à la page 1-72 des
comptes publics visent cet objectif. Est-ce qu'on devrait le changer ou pas?
C'est une question qui est certainement discutable.
M. ROY: Le ministre m'a référé à l'article
38; l'article 38 ne parle pas du bilan. On parle des prévisions
budgétaires.
M. GARNEAU: Justement, c'est la façon dont on prépare les
états financiers, les crédits qui sont votés annuellement.
Comme ces sommes ne sont pas dues pour liquidation en cours d'exercice, mais
dans des exercices subséquents, on a fait le budget suivant ces
choses-là. Le bilan reflète les crédits qui ont
été votés et leur utilisation qui se reflète dans
l'ensemble de l'état des revenus et dépenses et de l'actif et du
passif.
Peut-être bien que, comme on ne spécifie pas au bilan
maintenant la valeur de toutes les propriétés et qu'on
procède sur le principe de la dette nette, c'est la raison pour laquelle
la cédule qui est inscrite aux comptes publics, m'apparaissait, ou
apparaissait à ceux qui sont responsables de la préparation des
comptes publics, fournir toute l'information qui était requise.
Peut-être qu'on n'a pas raison, mais c'est une façon de
présenter l'information au public.
M. ROY: Moi, j'aimerais savoir du vérificateur
général ici, disons qu'en fouillant dans les livres, je
pourrais probablement le trouver si le montant total qui a
été acquis figure dans l'actif comme étant une possession
de la province.
M. LAROSE: Les déboursés qui sont faits à cet
égard sont des déboursés d'acquisitions et
d'immobilisations. Or, les immobilisations sont considérées comme
des dépenses. Maintenant,
au moment où s'est fait, une dépense budgétaire,
les immobilisations n'apparaissent plus à l'actif de la province. Dans
ce sens-là c'est considéré comme une dépense
annuellement, au fur et à mesure, dans le moment où le paiement
en est effectué.
M. GARNEAU: C'est suivant le même principe qu'on publie dans les
comptes publics la liste des immobilisations.
M. ROY: D'accord. Alors, quitte à y revenir, M. le
Président, je vais laisser une suspension à cet item parce
que j'ai d'autres questions à poser afin de permettre au chef de
l'Opposition de toucher le domaine des revenus et des dépenses.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable chef de l'Opposition.
Revenus et dépenses
M. MORIN: Merci, M. le Président. Pour ce qui est des revenus,
vous constatez dans votre rapport de 1971/72, à la page 25, qu'il y a
absence de réglementation de la part du Conseil du trésor
concernant les revenus et les recettes, contrairement à ce qui existe
pour les dépenses. Est-ce que cela signifie, M. le Vérificateur
général, qu'il n'y a pas de contrôle à l'heure
actuelle, dans ce domaine? Ou est-ce le même contrôle pour les
petites sommes et les grosses?
M. LAROSE: Ce que nous avons voulu souligner à l'endroit des
dépenses, lorsqu'on examine la Loi de l'administration
financière, c'est qu'il y a énormément de provisions.
Evidemment, on voit concernant l'autorisation de la dépense au
niveau du ministère, concernant son engagement par le contrôleur
des finances, concernant son paiement par la suite, concernant sa
comptabilisation... Il y a un ensemble de dispositions concernant les
dépenses qui sont...
Concernant les revenus, on ne retrouve pas de dispositions à
l'intérieur de la loi financière qui sont aussi valables que
celles-là. On sait que les lois en général concernant les
revenus... On charge un ministère d'appliquer la loi, dans la loi
même qui a créé le revenu.
Le ministère est responsable de l'établissement des
méthodes, des procédures et des règlements pour
établir un revenu. C'est nécessaire qu'il y ait de ces
méthodes, mais on ne dit nulle part dans la Loi de l'administration
financière que c'est la responsabilité du ministère
d'établir ces revenus et de les percevoir.
Concernant, par exemple, la perception du revenu, la Loi de
l'administration financière ne dit pas qui est responsable strictement
de la perception du revenu en tant que tel.
Finalement, concernant la comptabilisation du revenu, la loi dit bien
que c'est le contrôleur des finances qui est responsable d'obtenir la
comptabilité du gouvernement, mais on sait bien qu'en pratique il y a
une comptabilisation qui se fait au niveau des ministères. Pour ma part,
j'aurais pu aller voir le sous-ministre associé à la Justice,
à l'administration. On a des greffes dans toute la province. Chaque
greffe a un petit système comptable en tant que tel. Il n'est pas tenu
par le contrôleur des finances à l'heure actuelle, et cela serait
probablement impensable qu'il le soit, même si la loi dit que le
contrôleur des finances est responsable de la tenue de la
comptabilité.
C'est ce manque de précisions concernant les revenus pour
déterminer exactement ce qui devrait être normalement la
responsabilité d'un ministère en ce qui regarde le revenu, ce qui
devrait être normalement la responsabilité du contrôleur des
finances concernant les revenus, ce que devrait être la
responsabilité du Conseil du trésor de telle façon que
nous, si nous avons des responsabilités à établir ou
à placer à l'endroit de quelqu'un, nous puissions le faire en
vertu de lois ou d'une réglementation établie en vertu d'une
loi.
M. MORIN: Ce qui veut dire qu'il n'y a pas de dispositions
réglementaires, mais comment s'effectue en fait le contrôle? Il y
en a un, j'imagine, sur les revenus.
M. LAROSE: Dans le moment, chaque ministère exerce le
contrôle au niveau du ministère, c'est chaque ministère qui
exerce son contrôle.
M. MORIN: Autrement dit, ce que vous suggérez, c'est une sorte de
hiérarchie des contrôles qui soit plus précise?
M. LAROSE: Plus précise ou, au moins, qu'on détermine les
responsabilités de chacun là-dedans.
M. MORIN: Mais, de façon plus précise, quelles seraient
les responsabilités du contrôleur des finances?
M. LAROSE: Concernant la perception des revenus?
M. MORIN: Concernant la perception des revenus.
M. LAROSE: Je pense que l'organisme clé pour la perception des
revenus demeurera toujours le ministère, parce que c'est le
ministère qui voit à l'application de la loi. Je crois, par
ailleurs, que le contrôleur des finances devrait avoir probablement une
responsabilité, par exemple, sur les systèmes de
comptabilité qui sont établis à l'intérieur des
ministères. Je crois particulièrement que le contrôleur des
finances devrait savoir quels sont ces systèmes et possiblement les
approuver avant qu'ils soient mis en
vigueur ou, en tout cas, donner son opinion sur la valeur de ces
systèmes comptables. S'il est responsable de la tenue de la
comptabilité en général, qu'il donne son opinion sur la
valeur des systèmes qui sont installés par chacun des
ministères. Ensuite, s'il s'aperçoit que tel système
fonctionne mal à l'intérieur d'un ministère ou ne donne
pas les résultats attendus, je crois que le contrôleur des
finances devrait, si ce ne sont pas des sanctions, au moins être capable
de prendre des mesures pour l'améliorer et le faire fonctionner
normalement, bien le faire fonctionner.
M.MORIN: Cette carence dans les règlements en ce qui concerne les
revenus, est-ce que cela vous a gêné dans votre
vérification?
M. LAROSE: Cela rend la vérification certainement plus
laborieuse, parce qu'il manque deux aspects. On dit ailleurs qu'il manque
l'aspect de la vérification interne à l'intérieur des
ministères et que l'aspect des revenus n'est pas sujet à une
vérification interne; cela nous force à faire beaucoup plus de
travail que normalement on devrait en faire.
M. MORIN: II faut descendre beaucoup plus bas dans la hiérarchie
pour vérifier.
M. LAROSE: Oui, c'est cela. Au niveau de la vérification interne
et je pense bien que, si les systèmes comptables étaient plus
appropriés à certains endroits, étaient incorporés,
parfois, à la comptabilité générale du
gouvernement, cela simplifierait aussi nos travaux. Assez fréquemment,
il y a des systèmes de comptabilité qui ne sont pas du tout
incorporés à la comptabilité générale du
gouvernement.
M. MORIN: Parce qu'en fait ce n'est pas qu'une carence de la loi. Le
Conseil du trésor a le pouvoir de réglementer. C'est qu'il ne l'a
pas fait jusqu'ici, il n'a pas exercé son pouvoir.
M. LAROSE: II ne l'a pas exercé. Il commence à l'heure
actuelle, je crois. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il y
a des directives qui sont en préparation à l'heure actuelle, mais
il ne l'a pas exercé.
En plus de cela, est-ce qu'il y aurait avantage à ce que la loi
soit plus précise? Je crois qu'il y aurait probablement avantage
à ce que la loi soit un peu plus précise pour déterminer
les responsabilités plutôt que de les confier toutes en bloc au
Conseil du trésor; à préciser un peu plus celles du
contrôleur des finances et celles des ministères.
M. MORIN: Avez-vous fait des suggestions précises dans ce sens au
Conseil du trésor?
M. LAROSE: Non, sauf de fournir des commentaires sur un projet qui avait
été présenté concernant toute la gestion des
comptes receva- bles et des revenus. Dans le moment, il y a d'autres projets
qui sont en cours sur lesquels on est en voie d'exprimer aussi une opinion.
M. MORIN: Donc, cette...
M. LAROSE: Nous ne sommes pas allés en profondeur...
M. MORIN: ... recommandation où vous déploriez la carence
du Conseil du trésor, vous pensez qu'elle est en train de...
M. LAROSE: De s'améliorer.
M. MORIN: Vous êtes en train de la suivre, de la mettre à
exécution.
M. LAROSE: Nous l'avons surtout vue par un examen de la Loi de
l'administration financière. Nous constatons qu'il y aurait un secteur
qui pourrait être amélioré dans la loi et, ensuite, disons
que dans la pratique, au moment de la vérification, cela a
entraîné certaines difficultés.
M. MORIN: Je ne sais pas si mon collègue de Beauce-Sud a des
questions à poser sur les revenus. Moi, c'était la principale
question que j'avais,
M. ROY: J'en aurais également, mais si vous aimez poser des
questions sur les dépenses, étant donné qu'il ne reste que
six minutes avant une heure, je pourrai revenir sur la question à la
prochaine séance, cet après-midi.
M. MORIN: Les dépenses, c'est beaucoup plus considérable
et je pense que je ne voudrais pas me risquer dans les dépenses avec six
minutes devant moi.
M. ROY: Alors, concernant les revenus, si on me permet, M. le
Président, ici, à la page 2-22, paragraphe b), Constatations, on
dit: "Notre vérification a comporté, entre autres, un examen des
systèmes et procédures en usage pour fin de contrôle de
comptabilisation et de perception des revenus pour l'ensemble des
ministères. A la suite de l'exécution de ce travail, nous avons
retenu les observations suivantes: i) Les services responsables de la
perception des revenus ne sont pas soumis régulièrement à
une vérification interne de leurs opérations". Il s'agit d'une
constatation, je pense, qui est plus que sérieuse, et de plus, dans
certains cas, les opérations comptables relatives aux revenus
contrôlés par les ministères ne sont pas
immédiatement intégrées à la comptabilité
générale tenue par le contrôleur des finances.
Donc, ce n'est pas sur le deuxième point, parce que je pense que
le chef de l'Opposition y a touché passablement, mais sur le premier
point: "Les services responsables de la perception des revenus ne sont pas
soumis régulière-
ment à une vérification interne de leurs
opérations".
Cela veut dire qu'à la suite de cette constatation, il pourrait y
avoir des fuites, il pourrait même y avoir des détournements?
M. LAROSE: Nous n'avons rien trouvé de majeur.
M. ROY: Est-ce qu'il pourrait y en avoir?
M. LAROSE: C'est certain que l'absence de vérification interne,
évidemment...
M. ROY: La...
M. LAROSE: ... rend cela plus possible. Je ne veux pas dire qu'il y en
a, par exemple. Mais je pense que la vérification interne devrait se
faire pour empêcher qu'il s'en fasse.
M. ROY: Prévenir tout danger et surtout éviter les
tentations.
M. LAROSE: Oui, éviter les tentations. Je ne voudrais jamais dire
que même la vérification interne empêchera tout
détournement, c'est impossible, c'est impensable. Il y en aura
probablement. Mais c'est certainement un des moyens, le meilleur moyen que l'on
a aujourd'hui d'éviter qu'il y en ait.
M. ROY: Vous admettez quand même que la porte est ouverte?
M. LAROSE: L'absence de vérification interne est certainement une
grosse faiblesse. Et la porte est ouverte.
M. ROY: Qu'est-ce qui se fait à ce moment-ci et qu'est-ce qui
s'est fait à ce jour pour corriger cette situation? En somme, lorsqu'on
parle des revenus de la province, on parle de milliards de dollars et toute
absence de revenus oblige en quelque sorte de nouvelles mesures pour aller
chercher de nouveaux revenus ou oblige le gouvernement à aliéner
les biens de la province en hypothéquant davantage les années
futures, les futures générations. Or, qu'est-ce qui s'est fait
à ce jour, suite à vos recommandations que vous avez faites
à ce niveau-là? Est-ce que des améliorations sont
apportées ou sont en voie d'être apportées? Est-ce que le
ministère des Finances, le contrôleur du revenu a eu la
collaboration du gouvernement de ce côté pour que ceci soit
corrigé dans les meilleurs délais?
M. LAROSE: Quand même, disons que, dans certains
ministères, il y a des services d'inspection vous en connaissez
certainement, vous en avez certainement entendu parler qui font à
l'occasion des vérifications. Lorsqu'on parle de vérifications
internes, on parle surtout de vérifications internes mieux
structurées et mieux organisées que les services d'inspection qui
peuvent exister et qui fonctionnent à l'heure actuelle et qui pourront
probablement continuer à fonctionner dans certains cas,
indépendamment de l'existence d'une vérification interne.
Maintenant, depuis que nous avons fait la recommandation, nous sommes au
courant que certains ministères ont commencé graduellement
l'instauration d'un service de vérification interne; ils ne sont
peut-être pas tellement nombreux, mais il y en a. Je me souviens que le
ministre des Finances avait dit, lors de la séance de la fin du mois de
juillet, qu'il encouragerait la création de tels services à
l'intérieur des ministères. Dans le moment on sait qu'un effort
se fait; on ne peut pas dire que l'effort est encore très
considérable.
M. ROY: C'est plutôt un effort d'intention qu'un effort de
fait.
M. LAROSE: Si vous le dites... M. ROY: Je vous pose la question.
M. GARNEAU: Vous critiquez nos mauvaises.
M. ROY: Pardon?
M. GARNEAU: II faudrait nous louer un peu pour nos bonnes intentions;
quelquefois vous critiquez nos mauvaises.
M. ROY: Des intentions, il faut passer aux actes. Parce qu'il y en a
beaucoup qui ont des intentions. D'ailleurs, on dit même que l'enfer est
pavé de bonnes intentions.
M. GARNEAU: Ce n'est pas sûr qu'on soit obligé de passer
aux actes, quand on a des intentions!
M. ROY: J'aimerais quand même, parce que je pense qu'il s'agit
d'une question extrêmement sérieuse, M. le Président,
puisqu'il est une heure, qu'on puisse y revenir; on ne peut pas vider cette
question, je pense bien, ce midi. On pourra reprendre nos travaux sur ce
point.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors quand les travaux de la commission
doivent-ils reprendre, d'après la disponibilité des membres de la
commission?
M. GARNEAU: A trois heures, à moins qu'il y ait une suggestion
différente. Si le chef de l'Opposition a un engagement, je n'ai pas
d'objection, remarquez bien, à suspendre...
M. MORIN: J'ai un engagement qui n'était pas prévu au
moment où nous avons fixé la date...
M. GARNEAU: Je le sais. Moi aussi, je l'ai eu.
M. MORIN: ... et qui est passablement urgent. Alors, si cela peut
libérer le ministre en même temps que les gens de
l'Opposition.
M. GARNEAU: J'ai dit que c'était la décision des membres
de l'Opposition mais quand même, si vous suggérez qu'on se
réunisse à dix heures, le jeudi 17, je n'ai pas d'objection.
M. MORIN: Je pense que ce serait la meilleure solution. A condition que
le vérificateur général ne soit pas gêné par
une décision comme celle-là. Nous, très volontiers, nous
remettrions cela au 17, à dix heures. On continuerait le même
ordre du jour.
M. ROY: J'ai exactement les mêmes motifs à vous souligner,
M. le Président. C'est que l'engagement que j'ai dû accepter
aujourd'hui, c'est un engagement qui nous a été demandé et
auquel nous ne pouvions nous soustraire, un engagement qui n'était pas
prévu lors de notre rencontre de la semaine dernière.
M. GARNEAU: Si nous ajournons je comprends que c'est cela, la
décision de la commission au jeudi 17, est-ce que, compte tenu du
fait que vous aurez des questions à poser sur ce point, il serait
possible ou juste de croire que, quand on aura touché le
ministère de l'Agriculture, jeudi prochain, ce sera probablement tout,
ou si je dois faire faire le pied de grue à d'autres...
M. ROY: Au niveau des dépenses et des revenus, il y a aussi
d'autres points. J'aimerais discuter de certains éléments,
certains postes de l'actif et du passif aussi.
M. GARNEAU: Non, ce n'est pas ce que je dis. Lorsque vous aurez
terminé, parce que je pense que c'est une question de savoir...
M. MORIN: Quand on aura fait, en plus de ce qui reste à faire,
l'agriculture et la colonisation, je pense que ce sera à peu près
tout pour cette journée-là.
M. GARNEAU: Alors j'inviterai le ministère de l'Agriculture
à être disponible. En tout cas, il pourrait être disponible
sur la fin de la matinée mais plus possiblement à trois
heures,
M. MORIN: Plutôt l'après-midi.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission ajourne ses travaux au 17
octobre à 10 heures. L'ordre du jour à cette occasion sera la
continuation de celui que nous avons entrepris aujourd'hui. Le
secrétaire des commissions verra à faire parvenir en temps et
lieu les convocations.
M. GARNEAU: Les convocations seront faites?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le lieu de la rencontre sera ici
même encore. Alors, le 17 octobre à 10 heures, en cette même
salle, 91-A.
( Fin de la séance à 13 h 5 )