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Commission permanente des finances, des comptes
publics et du revenu
Etude des crédits du ministère du Revenu
Séance du 31 mars 1976
(Dix-sept heures huit minutes)
Préliminaires
M. Bédard, Chicoutimi (président de la commission
permanente des finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre,
messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu va
procéder à l'étude des crédits du ministère
du Revenu.
Je voudrais faire remarquer que le député Berthiaume
(Laprairie) est remplacé par M. Quenneville (Joliette); M.
Malépart (Sainte-Marie) est remplacé par M. Kennedy
(Châteauguay).
M. Morin: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
au ministre de nous présenter ceux qui l'accompagnent? Nous les
connaissons déjà pour la plupart, étant donné que
c'est bien la troisième année que nous procédons à
l'étude des crédits, mais, pour nous rafraîchir la
mémoire, le ministre aurait-il l'obligeance de mentionner le service que
dirigent les personnes qui l'accompagnent?
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Avant de
procéder à la présentation d'usage que va faire
l'honorable ministre, il y aurait un détail important à
régler, à savoir la nomination d'un rapporteur. Est-ce que les
membres de la commission seraient d'accord pour que M. Déom...
M. Kennedy: Le député de Laporte.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Est-ce que
les membres de la commission sont d'accord pour que le député de
Laporte, M. Déom, agisse comme rapporteur?
M. Déom: A l'unanimité.
Une Voix: Complètement d'accord.
M. Morin: Même s'il est absent, M. le Président,
nous savons tous que cela ne fait aucune différence. De toute
façon...
M. Déom: II faut que je m'occupe de mon comté.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Nous
commençons les crédits dans la quiétude. L'honorable
ministre du Revenu.
M. Déom: Je m'occupe de mon comté, le PQ ne s'en
occupe pas.
M. Caron: M. le Président, avant que le minis- tre
commence, le chef de l'Opposition a dit qu'on connaissait tous les
fonctionnaires. Est-ce que vous les avez connus parce que vous aviez des
problèmes d'impôt ou bien...?
M. Morin: Pas spécialement. Dieu merci! Non. C'est la
troisième fois que nous faisons l'étude des crédits du
ministère.
M. Déom: Attendez, vous allez recevoir votre avis de
cotisation, ça ne sera pas long.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): A l'ordre,
messieurs! L'honorable ministre du Revenu.
M. Quenneville: M. le Président, permettez-moi, à
la demande du député de Sauvé, de vous présenter
les hauts fonctionnaires de mon ministère qui sont ici présents
pour l'étude des crédits.
Tout d'abord, M. Gauvin, sous-ministre en titre du ministère; M.
Hugues Fontaine, sous-ministre adjoint à la législation; M. Alain
Dompierre, sous-ministre adjoint à la planification, à la
recherche et au développement; M. Moreau, sous-ministre adjoint à
la vérification; M. Saint-Charles, sous-ministre adjoint aux
opérations; M. Giguère, responsable des budgets; M. Poulin,
directeur général du personnel; M. Blais, secrétaire du
ministère et M. Roy, directeur des relations publiques au
ministère.
M. Morin: Merci, M. le Président.
M. Quenneville: M. le Président, avant de procéder
aux généralités concernant l'étude des
crédits du ministère, on nous permettra de distribuer ce
fascicule-ci, comprenant des renseignements généraux sur le
ministère du Revenu, qui est un ministère non seulement peu
connu, mais surtout mal connu si l'on tient compte des articles de journaux qui
ne font pas toujours une réputation juste au ministère.
M. Morin: Vous allez avoir l'occasion de nous entretenir de cela
longuement.
M. Quenneville: Exactement, nous reviendrons sur ces points.
M. Déom: C'est pour cela que vous avez un gars des
relations publiques.
M. Quenneville: Oui, mais il a commencé lundi. Avant
d'entreprendre, avec les membres de la commission, l'étude des
crédits du ministère du Revenu, pour l'exercice 1976/77 et de
fournir les explications pertinentes, j'aimerais faire un bref tour d'horizon
de la situation. Chacun pourra mieux comprendre ainsi le contexte dans lequel
nous évoluons. J'exposerai brièvement les grandes orientations de
mon ministère et je ferai ensuite une revue des principales
activités de l'exercice 1975/76.
M. Morin: M. le Président, je ne veux pas interrompre le
ministre, mais est-ce qu'il aurait des
exemplaires du document qu'il nous lit? Ce serait plus facile à
suivre.
M. Quenneville: Malheureusement non. Est-ce qu'il n'y aurait pas
moyen d'en faire... Ce ne sera pas tellement long.
M. Morin: Je vous remercie. Merci, M. le Président.
Exposé général du
ministre
M. Quenneville: Pour ne pas allonger indûment cette
intervention, j'éviterai d'entrer dans les détails et de vous
accabler d'une avalanche de chiffres ou de statistiques.
Les orientations du ministère. Au chapitre des
orientations, il n'est peut-être pas superflu de rappeler que le
ministère du Revenu possède un mandat principal qui constitue en
quelque sorte sa raison d'être. Ce mandat est de percevoir les sommes
dues par les mandataires et les contribuables assujettis aux lois fiscales et
de prévenir et réprimer l'évasion et la fraude
fiscales.
A ce mandat s'en ajoutent deux autres, soit: premièrement,
assurer une aide financière aux municipalités en leur
redistribuant une partie du produit de certaines taxes à la
consommation, c'est-à-dire une partie de la taxe de vente dans le cas de
toutes les municipalités et une partie de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie, dans le cas des municipalités de 150 000 habitants
et plus; deuxièmement, alléger la contribution de certains
travailleurs autonomes au Régime de rentes du Québec.
Ces trois mandats impliquent des sommes d'argent différentes,
mais, dans le contexte de la gestion gouvernementale, ils sont aussi importants
les uns que les autres. Les deux premiers se rattachent à la mission
gouvernementale et administrative du ministère, tandis que le
troisième se rapporte à la mission sociale.
A la lumière des mandats qui nous sont confiés, nous
déterminons les tâches à accomplir; ensuite, nous
procédons à l'allocation des ressources humaines, physiques et
financières en fonction des orientations et des priorités du
ministère. Cette manière de procéder n'est pas nouvelle au
ministère du Revenu, mais, cette année et au cours des prochaines
années, nous entendons l'appliquer d'une façon encore plus
systématique. C'est en vue de la réalisation de cet objectif que
nous travaillons à l'élaboration d'une structure des buts de
notre ministère. Une première étape nous a permis de
préciser que nous devions nous attacher, en premier lieu, à
optimiser le rendement des lois fiscales et, en second lieu, à obtenir
la confiance du public.
Optimiser le rendement des lois fiscales signifie, dans notre esprit,
favoriser le respect volontaire des lois, puisque notre système fiscal
repose sur le principe de l'autocotisation. Le respect volontaire implique
évidemment, de notre part, un contrôle que nous devons exercer
pour nous assurer que les déclarations sont produites, que les rapports
sont exacts, que l'évasion et la fraude fiscales sont
décelées et réprimées et, en dernier lieu, que
toutes les sommes dues sont effectivement payées.
Au chapitre de la confiance du public, nous visons à la plus
grande équité possible par une interprétation et une
application uniformes des lois. Nous visons également à ce que
chaque contribuable acquitte se part des impôts et à ce que chaque
mandataire remplisse le mandat qui lui a été confié. Nous
sommes également conscients de la nécessité de fournir au
public un service courtois, rapide et efficace, sans oublier,
évidemment, l'obligation que nous impose la loi relativement au
caractère hautement confidentiel des renseignements que nous
possédons.
Ce que je viens de dire peut bien paraître en paroles ou sur
papier, mais peut rester d'une inefficacité totale tant qu'on
n'entreprend pas de le traduire dans les faits. De la part du ministère
du Revenu, il ne s'agit pas de voeux pieux et nous prenons les dispositions
requises pour aller des intentions à la réalité.
Cette réalité, elle se reflète dans les nombreux
systèmes nouveaux que nous avons mis en application depuis quelques
années, tout comme ceux qui sont en voie de développement. Tous
ces systèmes, qu'il s'agisse de systèmes de gestion purement
interne ou de systèmes reliés à nos communications avec
les contribuables ou avec nos mandataires, sont orientés vers un but
commun: permettre au ministère du Revenu de remplir adéquatement
les trois mandats que j'ai mentionnés au début de mon
intervention.
Activités principales durant l'exercice de 1975/76. Au
cours de l'exercice 1975/76, nous avons poursuivi les travaux de
développement du système intégré de gestion. Une
fois terminé, ce système comprendra 23 modules ou
sous-systèmes dont quatre sont actuellement en état de
fonctionnement.
Nous avons aussi terminé la mise en place du système
intégré de traitement des déclarations des revenus des
particuliers. Ce système fonctionne depuis le 15 février dernier
et il se révèle aussi efficace que prévu.
Durant l'exercice 1975/76, nous avons aussi procédé
à la mise en marche de deux parties importantes d'un système
global relatif aux entreprises: Le sous-système pour la déduction
à la source par les employeurs et celui de la comptabilité de
l'émission des avis de cotisation pour les corporations fonctionnent
maintenant tous les deux.
Le sous-système relatif aux taxes est en voie de
développement et d'ici la fin de l'année 1976, il pourra entrer
en opération.
Les systèmes qui fonctionnent sont maintenant assez rodés
pour nous permettre de constater une amélioration appréciable de
notre service au public. Cette amélioration sera encore plus sensible
lorsque tous les systèmes seront en état de fonctionnement et que
nous aurons atteint le degré d'intégration prévu.
Tous ces travaux ont exigé de grands efforts et nous avons eu
à surmonter des difficultés considérables. Certaines
étaient prévues, d'autres n'ont pu l'être.
Dans un cas comme dans l'autre, nous nous sommes efforcés de
faire en sorte que les contribuables et les mandataires n'aient pas à en
souffrir et surtout ne soient pas lésés par les quelques retards
inévitables que nous avons dû subir.
L'intégration de certains systèmes a fait que, durant une
certaine période de l'automne dernier, nos fichiers ne pouvaient
être mis à jour. C'est ce qui explique que certains contribuables
qui paient leur impôt par versements trimestriels se sont plaints de ne
pas voir apparaître sur leur formule de versement le montant cumulatif
versé depuis le début de l'année.
Il s'agissait d'un inconvénient temporaire, inévitable que
l'on peut considérer en quelque sorte comme la rançon du
progrès.
Au nombre des difficultés que la planification la plus
soignée ne pouvait prévoir il faut signaler que les perturbations
du service postal ont été la cause de sérieuses
difficultés.
A plusieurs reprises, nous avons dû adopter des procédures
spéciales, ce qui a ralenti nos opérations, surtout au niveau des
encaissements et de la mise à jour de nos fichiers.
Heureusement, ces difficultés ont maintenant pris fin et les
retards accumulés, dans certains secteurs, ont été
éliminés.
Les bureaux de renseignements. Toujours dans l'optique de
l'amélioraton du service au public, nous avons poursuivi l'extension de
notre réseau de bureaux de renseignements permanents.
Un premier bureau de ce genre est ouvert à Sherbrooke depuis
1973. Ce projet pilote a confirmé que la formule permettait de
répondre à des besoins véritables, comme l'ont
montré de nombreux contribuables qui utilisent ces services.
Les résultats obtenus nous ont incités à
étendre l'expérience à d'autres centres. Depuis le
début de 1976, deux autres bureaux ont été ouverts
à Jonquière et à Hull, ce qui permet au ministère
du Revenu de se rapprocher davantage des contribuables et mandataires de deux
régions où le besoin s'en fait particulièrement sentir. Si
les résultats correspondent à ce que nous espérons, nous
envisageons de desservir d'autres régions éloignées de
Québec ou de Montréal dès que les circonstances nous le
permettront.
Statistiques fiscales. II a déjà été
fait mention devant cette commission de la publication d'un volume de
statistiques fiscales des particuliers du Québec. Je suis heureux
d'annoncer que ce projet a été mené à bonne fin.
Une première édition portant sur les déclarations de 1972
avait été préparée l'an dernier à titre
expérimental. L'édition de 1975, portant sur les
déclarations de 1973, a fait l'objet d'une première impression
à tirage limité l'automne dernier. Une réimpression est
actuellement en cours et sera mise en vente par l'Editeur officiel, d'ici une
couple de semaines.
Nous prévoyons être en mesure de publier l'édition
1976, en juillet prochain, au plus tard et cette édition analysera les
déclarations de 1974.
Certains se demanderont peut-être pourquoi il existe un
écart de deux ans entre l'année des déclarations
analysées et l'année de publication des statistiques. Il convient
de rappeler que les déclarations de 1974, par exemple, ont
été cotisées en 1975 et que, pour assurer une excellente
représentativité de l'échantillon, il nous faut attendre
à la fin de l'année 1975 pour commencer la compilation des
statistiques. Ce travail exige nécessairement quelques mois, auxquels il
faut ajouter le temps requis pour la composition et l'impression. C'est ce qui
explique le retard apparent de presque deux ans. Cet écart est
comparable à celui qui est observé chez d'autres gouvernements
qui publient des statistiques semblables et où le régime fiscal
est similaire au nôtre.
Les quelques activités que je viens de mentionner ne donnent pas
une image complète de tout ce que le ministère du Revenu a
accompli au cours de l'exercice 1975/76. Pour ce faire, il me faudrait parler
des sommes qui ont été perçues, des volumineux projets de
loi qui ont été préparés pour traduire dans la
législation les dispositions d'ordre fiscal annoncées par le
ministre des Finances et pour parfaire la réforme fiscale amorcée
en 1972.
Il faudrait parler également des efforts déployés
pour améliorer la qualité et la compétence de notre
personnel et, il faut bien le dire, des efforts malheureusement
déployés en vain pour recruter toutes les personnes requises en
nombre et en qualité pour accomplir les tâches qui nous sont
confiées. Nous espérons que les nouvelles échelles de
traitement permettront de remédier en partie à ce
problème.
Ce que j'ai exposé me semble suffisant pour montrer l'esprit dans
lequel le ministère du Revenu travaille et pour faire voir ses efforts
en vue de se maintenir à la fine pointe du progrès dans le
domaine de l'administration fiscale et de la gestion des ressources humaines,
physiques et financières mises à sa disposition. La discussion
détaillée des crédits que nous allons entreprendre
permettra de fournir des précisions sur de nombreux points que je n'ai
pas abordés et au sujet desquels les honorables membres de cette
commission voudront probablement se renseigner.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi):
L'honorable chef de l'Opposition.
Commentaires de l'Opposition
M. Morin: M. le Président, nous entreprenons
l'étude des crédits d'un ministère dont le mandat est fort
important puisque je ne pense apprendre rien à personne en disant que,
si les taxes n'étaient pas perçues, on se demande bien ce qu'il
adviendrait du gouvernement, de quelque gouvernement que ce soit. Vous me direz
peut-être, M. le Président, qu'on gaspillerait moins d'argent,
mais, d'autre part, de nombreux projets seraient impossibles. Donc, c'est dans
un esprit de coopération que, je pense, nous devons aborder
l'étude des crédits qui nous ont été
demandés.
D'autre part, malgré l'exposé très vertueux, je
dois le dire, que vient de nous faire le ministre, vertu fiscale, il nous a
proposé la vertu et il a dit qu'il fallait combattre le mal, nous sommes
tous d'accord là-dessus. En dépit de cela, je dois attirer
votre attention sur le fait que nous avons devant nous un
ministère qui affronte de très graves problèmes qu'il
semble surmonter avec difficulté, je dirais même, comme nous
aurons l'occasion de le constater durant les débats sur les
crédits, les débats des prochaines heures, et qu'il semble
incapable, année après année, de surmonter un certain
nombre de difficultés. J'en veux pour preuve le dernier rapport, qui
vient tout juste de paraître, du Vérificateur
général dont le ministre a certainement pris connaissance et qui,
lui, contient un certain nombre de passages qui me paraissent moins
encourageants que le tableau extrêmement idyllique que le ministre vient
de nous faire des activités de son ministère.
Me permettez-vous, M. le Président, de citer quelques passages
qui vont nous montrer l'ampleur des problèmes.
Je le fais, non pas dans un esprit qui voudrait démolir le
ministère, je le fais dans l'esprit suivant: nous ne devons nous cacher
aucun des problèmes importants que le ministère a à
affronter. Il ne sert à rien de dire que les choses vont bien ou assez
bien quand on sait qu'il y a un certain nombre de problèmes très
graves à résoudre et auxquels il faut s'attaquer le plus
rapidement possible. Je pense à certains passages du rapport du
Vérificateur où il parle de l'importance des problèmes et
de l'urgence qu'il y a d'y remédier. Par exemple, en ce qui concerne la
cotisation immédiate. Il est évident, dit-il, que l'on manque de
temps pour effectuer un travail convenable. C'est un fait sur lequel nous
allons devoir nous pencher. En matière de vérification interne,
la plupart des dossiers classés "à revoir" par le service de la
cotisation immédiate, n'ont pas été révisés,
nous apprend-il.
Il y a encore bien d'autres passages sur lesquels je n'ai pas besoin
sûrement d'attirer l'attention du ministre, il doit lui-même les
avoir lus déjà. Prenons le recouvrement des créances. On
nous dit: Aucune modification majeure n'a été apportée au
système de recouvrement et, après en avoir discuté avec
les officiers responsables, le Vérificateur général nous
dit qu'il est d'avis que les commentaires dans les rapports relatifs aux
années financières 1972/73 et 19 1973/74 s'appliquent encore, ce
qui est une façon polie de dire qu'on n'a pas résolu les
problèmes.
On nous parle aussi et ça devient chronique, il faut bien
en convenir, étant donné ce que nous nous sommes dit au cours des
études des crédits antérieurs on nous rappelle
l'insuffisance de personnel, tant en quantité qu'en qualité, qui
oblige le ministère à s'imposer temporairement des contraintes en
vertu desquelles tous les comptes ne font pas l'objet d'une perception
active.
Vous épargnerai-je la conclusion du Vérification
général? Non, je la rappellerai en résumé pour
montrer simplement l'ampleur des problèmes auxquels nous devrons essayer
de trouver des solutions au cours des heures qui viennent. Le
Vérificateur général nous dit, à la page 1-196 de
son tout récent rapport: Les divers commentaires soulevés dans
les pages précédentes font état d'un dénominateur
commun, soit une pénurie de per- sonnel et surtout de personnel
qualifié dans tous les secteurs du ministère, à partir de
celui de la cotisation jusqu'à la division recouvrement, en passant pas
les services contrôle de la qualité.
M. le Président, pour bien exécuter son mandat, ce
ministère doit non seulement être capable de combler les lacunes
auxquelles le Vérificateur fait allusion... Je vois que le
député de Laporte nous quitte, j'espère que je ne l'ai pas
effrayé par l'ampleur des problèmes.
M. Déom: Non, M. le chef de l'Opposition. Ce ne sera pas
long.
M. Morin: Je craignais d'avoir effrayé le
député de Laporte...
M. Déom: Non.
M. Morin:... de l'avoir découragé, M. le
Président, devant tout ce que nous affrontons, mais sans doute que c'est
un problème technique et qu'il nous reviendra bientôt.
Pour bien exécuter son mandat, le ministère du Revenu doit
être également au-dessus de tout soupçon. Je veux dire par
là que sa crédibilité doit être parfaite, parce que
c'est tout l'appareil public qui en dépend.
Or, vous le savez, M. le ministre vous y avez fait
vous-même allusion tout à l'heure au cours de
l'année écoulée, comme d'ailleurs à l'occasion,
dans le passé, des citoyens mettent en doute l'équité du
système que vous administrez.
On a vu paraître dans La Presse des allusions directes, pour ne
pas parler d'accusations, des allusions directes aux traitements
privilégiés dont bénéficieraient les grandes
entreprises par rapport aux particuliers.
Je me réfère à des articles et le ministre aura
certainement l'occasion c'est pour cela que nous sommes là
de rectifier les faits, s'il y a lieu. Mais j'aimerais bien que nous allions au
fond des choses. C'est l'occasion de le faire, le ministre en conviendra.
Des allusions également à l'évasion fiscale
pratiquée par certains professionnels et par des hommes d'affaires
à leur compte. Des allusions aussi, très directes, à
l'inégalité des chances devant la contestation des avis de
cotisation. Cela soulève toute la question de la directive du
sous-ministre à laquelle vous avez consacré déjà
toute une conférence de presse, fort intéressante, mais qui n'a
pas vidé la question à la satisfaction entière de
l'Opposition. C'est une question sur laquelle j'aimerais revenir.
Le ministère, évidemment, reflète les politiques du
gouvernement libéral et ce gouvernement, M. le Président, pour
cette année encore attendons le discours du budget pour
l'affirmer, mais j'ai de grandes craintes va induire la population en
erreur en lui faisant croire que ses impôts n'augmentent pas, alors que
le gouvernement refuse d'indexer l'impôt sur le revenu des particuliers
et ceci particulièrement en 1974, alors qu'il n'y a pas eu de
déductions importantes.
Devant tous ces problèmes, M. le Président, devant
l'importance aussi du mandat du ministère, que je suis le premier
à reconnaître, je pense qu'il va falloir que nous
épluchions les problèmes consciencieusement, aussi
consciencieusement et peut-être davantage que nous l'avons fait au cours
des années passées. Nous y avions consacré de longues
heures et j'ai l'impression que, cette fois-ci encore, si on veut vraiment
aller au fond des choses, il va falloir prendre le temps voulu pour fouiller
ces failles qui nous sont signalées par le Vérificateur
général, pour aller au fond aussi de ces critiques qui ont
été évoquées dans la presse, la presse
écrite en particulier, et sur lesquelles il serait bon qu'on sache une
fois pour toutes à quoi s'en tenir, à condition évidemment
que le ministre soit prêt à déposer les documents qui
pourront nous éclairer sur ce qui se passe exactement. Le ministre me
fait signe que oui. Mais je lui dis d'ores et déjà que l'un des
documents que j'aimerais voir déposer, devant cette commission, il
pourrait peut-être le faire dès le départ, pour simplifier
notre travail, c'est la fameuse directive à laquelle j'ai fait allusion
il y a un instant et que le sous-ministre avait refusé de rendre
publique lors de la conférence de presse.
C'est ce genre de geste, je pense, qui contribuerait
considérablement, comment dire, à alléger le climat dans
lequel baigne le ministère, ma foi, depuis que le
prédécesseur du ministre actuel est arrivé au
ministère. Je sais que le ministre est nouveau. Je sais qu'il a à
coeur de redresser l'image de son ministère. Je peux l'assurer que
l'Opposition ne demande pas mieux que de l'aider là-dedans, mais encore
faut-il qu'il y ait coopération de part et d'autre.
J'en ai terminé, M. le Président, de ces commentaires
préliminaires. Peut-être conviendrait-il de donner l'occasion
à mes collègues de la commission de faire les leurs ou de donner
l'occasion au ministre, déjà, d'apporter des réponses
à certains des problèmes que j'ai soulevés, après
quoi on pourra passer à un certain nombre de problèmes de
portée générale, avant l'étude de chaque
programme.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le ministre
du Revenu.
M. Quenneville: M. le Président, je pense bien que les
problèmes soulevés par le député de Sauvé
sont plutôt, jusqu'ici, des têtes de chapitres et que nous aurons
l'occasion, au cours de l'étude, article par article ou poste par poste,
des crédits, d'apporter la lumière sur ces problèmes.
Maintenant, quant à la demande du chef de l'Opposition, nous
déposerons demain matin la directive du sous-ministre que vous
souhaitiez voir déposée...
M. Morin: J'en remercie le ministre. Je pense que...
M. Quenneville: ... de façon qu'on ait réellement
un échange dans le sens qu'il souhaite, dans le meilleur
intérêt du ministère.
M. Morin: Est-ce que mes savants collègues ont quelque
chose à ajouter sur la question, à titre de commentaires
généraux, avant qu'on passe aux questions?
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): D'accord.
Alors, si les membres de la commission n'ont pas d'objection, peut-être
qu'avant l'étude programme par programme, il y a eu une suggestion du
chef de l'Opposition en vue d'envisager peut-être certains
problèmes particuliers avec le ministre et tous les membres de la
commission.
M. Morin: C'est la coutume.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Ce serait
peut-être bon de procéder de cette façon.
M. Morin: C'est la façon dont nous avons
procédé dans le passé, si le ministre est d'accord.
Pouvons-nous procéder?
M. Quenneville: Certainement.
L'effectif du ministère
M. Morin: M. le Président, je pense que nous allons
commencer par une première question qui va expliquer plusieurs des
autres qui suivront. Il ne faut pas se cacher que, s'il y a des
difficultés au ministère, c'est d'abord et avant tout par manque
de personnel. Nous l'avons déjà constaté durant les
années précédentes. Si vous voulez bien, comme c'est la
racine de beaucoup de nos problèmes, on peut commencer par cela. Vous
vous souviendrez que, l'année dernière, j'avais
déjà abordé longuement ce poste avec le
prédécesseur du ministre actuel, le député de
Jonquière. C'est lui qui constatait, de prime abord, que la raison
majeure des problèmes, c'était le recrutement et disait: "On n'a
pas pu recruter, malgré que les gens du personnel ont visité les
universités québécoises, les finissants, les CEGEP. Nous
avons eu un succès assez bon dans le secteur des CEGEP, des finissants
de techniques administratives, cours terminal. Maintenant, on espère que
la moisson de 1975 nous apportera d'autres bons résultats. Il y a eu
également le gouvernement fédéral qui, pour des postes
à peu près équivalents, a obtenu pas mal de mutations. Il
y a des agents..."
Peut-être n'est-il pas la peine que je donne lecture de tout ce
qui a été dit, mais j'aimerais rappeler le passage suivant: "Mon
sous-ministre a préparé un plan de carrière
amélioré pour les agents, les techniciens en vérification
fiscale, pour les agents de recouvrement également. Tout est en
discussion avec le ministère et la Commission de la fonction publique,
pour essayer d'améliorer le salaire à l'embauche et, dans les
premières années, pour les conserver parce qu'il faut
éviter de perdre de bons hommes dans un secteur considéré
comme vital pour le gouvernement du Québec".
Voilà qui était fort bien dit. J'aimerais maintenant,
comme toute première question, vous demander combien il y a de postes
vacants, à l'heure
actuelle, au sein du ministère. L'année dernière,
c'était de l'ordre si ma mémoire est bonne
d'environ 490 ou quelque chose comme cela. J'aimerais d'abord connaître
le nombre de postes vacants dans l'ensemble du ministère, ensuite chez
les agents de gestion financière et enfin, chez les agents de
vérification.
M. Quenneville: Pour répondre à la question du chef
de l'Opposition, il y aurait 206 postes vacants...
M. Morin: Au total?
M. Quenneville: ... au 1er février 1976 et 279 postes ont
été gelés à la suite de directives du Conseil du
trésor.
M. Morin: 279 postes gelés, c'est-à-dire des postes
qui vous avaient été accordés auparavant...
M. Quenneville: Exactement.
M. Morin: ... et que vous ne pourrez pas combler à cause
des restrictions financières.
M. Quenneville: L'an dernier.
M. Morin: Quand vous dites l'an dernier, voulez-vous m'expliquer
ce que vous voulez dire?
M. Quenneville: L'année 1975/76.
M. Morin: Ces postes ont été gelés au cours
de l'année. C'est cela?
M. Quenneville: Oui.
M. Morin: L'année dernière, au moment où on
s'en est parlé, combien y avait-il de postes ou, disons, avant le gel,
combien y avait-il de postes à combler?
M. Quenneville: 485.
M. Morin: C'est tout près du chiffre qui est
mentionné par M. Bercier dans ses articles. Justement, il mentionnait
490, je crois.
M. Quenneville: II ne pouvait pas se tromper. On lui avait
donné le nombre d'ailleurs.
M. Morin: Bon.
M. Quenneville: On l'avait corrigé parce que M. Bercier
avait donné un autre nombre auparavant.
M. Morin: C'est donc 485. M. Quenneville: C'est cela.
M. Morin: là-dessus, on vous en a gelé 279. Ce qui
fait 206 à pourvoir, c'est comme cela que vous avez calculé
l'affaire.
M. Quenneville: C'est cela.
M. Morin: Avant de parler des postes gelés, parce que je
trouve cela très grave, surtout dans le domaine de la perception du
revenu, est-ce que vous vous souvenez?... Mais l'année dernière,
on s'était parlé de ce problème et on avait dit: S'il y a
un secteur dont les éléments ne doivent pas être
gelés, c'est bien dans le revenu...
Mais laissons cette question de côté pour un instant.
Est-ce que vous pourriez m'expliquer comment se fait la répartition des
postes à pourvoir? Deux cent six, cela veut dire combien chez les agents
de gestion financière, combien dans la vérification, et cela veut
dire aussi combien on vous en a gelé dans chacune des catégories.
Vous pouvez me donner la répartition des postes gelés et des
postes qui restent à pourvoir.
M. Quenneville: Dans les cadres professionnels, il y a 32 postes
vacants et 48 postes qui ont été gelés. Dans la
vérification, 76 postes vacants et 67 gelés. Ce sont des agents
vérificateurs. Ce sont des employés de soutien, je m'excuse, des
agents de recouvrement, 30 postes vacants et 19 de gelés. Les autres
postes sont des postes de soutien.
M. Morin: Si j'ai bien compris, ces postes vacants dont nous
avons déjà parlé au cours des deux dernières
séances d'étude des crédits des deux années
précédentes, ces postes vacants, le ministère estimait
qu'il en avait besoin. Ce n'étaient pas seulement des rêves en
couleur. C'était vraiment à la suite d'une étude
concrète de vos besoins. Vous estimiez avoir besoin de ces postes pour
faire votre travail convenablement, pour utiliser l'expression du
Vérificateur général, quand il parle de travail
convenable. Est-ce que la situation a changé? Est-ce que vous estimez
qu'il est normal qu'on vous ampute de la sorte?
M. Quenneville: II est évident, M. le Président,
que ce n'est avec des postes vacants qu'on travaille, je pense bien qu'il n'y a
pas de dispute à faire là-dessus. Il faut toutefois recruter et
les difficultés de recrutement nous ont empêchés de
recruter ce dont nous avions de besoin. Ce n'est pas parce que des postes ont
été gelés que nous aurions pu recruter davantage, parce
que si nous avions recruté pour tous les postes vacants qui
n'étaient pas gelés, le problème aurait été
différent, si on nous avait gelé des postes. Mais vu qu'il nous
restait encore 206 postes à combler et que nous n'avons pas
réussi à les combler, le fait d'avoir eu des postes gelés
au-dessus de 206, ce n'est pas le problème. Le problème, c'est le
recrutement.
M. Morin: Le problème c'est la politique salariale
aussi.
M. Quenneville: Oh! non. Cela va plus loin que cela...
M. Morin: On en reparlera tout à l'heure.
M. Quenneville: ... M. le Président, pour la bonne raison
qu'il faut également des bassins où on peut puiser des gens qui
se spécialisent et qui veulent s'intéresser à la
fiscalité. Comme vous le savez, les universités ne produisent
plus de vérificateurs professionnels comme tels depuis quelques
années. Alors, il faut recruter des personnes qui ont choisi d'autres
options, les engager, les intéresser à la chose fiscale et, une
fois qu'ils sont entrés chez nous, il faut les entraîner.
M. Morin: Et une fois qu'ils sont entraînés, ils
s'en vont ailleurs.
M. Quenneville: Ah! Bien. Oui, mais d'un autre côté,
la situation a évolué depuis qu'on s'est parlé lors des
derniers crédits. Il y a eu des conventions de signées.
J'espère bien nous sommes optimistes que nous pourrons
recruter non pas seulement des cégépiens, parce que les
cégépiens, il y en a, mais encore là, il faut les
entraîner ces gens-là et il nous faut du monde dans la boîte
aussi pour les entraîner. Pendant qu'ils entraînent les
cégépiens, naturellement, les spécialistes ne produisent
pas. Mais il y a des limites au recrutement de cégépiens. Il nous
faut des gens formés avec des expériences valables acquises
à l'extérieur du ministère de façon qu'ils
puissent, après un entraînement normal, s'adapter et rendre des
services le plus vite possible.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Continuez, je
vous en prie.
M. Quenneville: En d'autres termes en fait... Je m'excuse.
Je disais que depuis que les nouvelles échelles de salaires au
niveau des fonctionnaires nous sont acquises, je crois que nous ressentons
déjà une meilleure réponse. C'est encourageant.
M. Morin: L'échelle s'est améliorée, en
moyenne, de combien?
M. Quenneville: En niveau de pourcentage ou si... Cela varie. Ils
ont baissé le nombre d'échelons et ils ont augmenté les
taux.
M. Morin. On pourrait y revenir. Je ne veux pas vous
entraîner sur une tangente. On pourrait en parler plus tard, si vous
voulez. Vous pourrez même déposer les documents, si vous en avez,
là-dessus.
M. Quenneville: Oui. De toute façon, je vous rappelle
également, M. le Président, que l'an passé on avait dit
que le problème, c'était à l'entrée. On avait de la
difficulté à recruter à l'entrée, parce que les
taux étaient un peu plus bas qu'ailleurs; mais la situation s'est
améliorée relativement à l'an passé. Alors, nous
espérons; il y a des signes réels qui nous indiquent qu'il va y
avoir de l'amélioration là-dedans.
En somme, je pense bien qu'on ne peut pas impliquer la politique de gel
du gouvernement puisqu'on n'a pas été en mesure de pouvoir
combler les postes vacants.
On pourrait peut-être invoquer, blâmer le gouvernement
d'avoir imposé ce gel des effectifs si on avait été en
mesure de remplir les postes vacants. Ce n'est pas le problème pour le
moment; c'est un problème de recrutement purement et simplement.
M. Morin: Oui, mais cela n'arrange rien de vous les geler parce
que, si vraiment le problème est que vous ne pouvez pas les recruter,
à quoi sert de les geler? On peut retourner la question aussi.
M. Quenneville: M. le Président...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le
ministre.
M. Quenneville: M. le Président, je crois cela, d'accord.
Mais, d'un autre côté, si les besoins, si les résultats du
recrutement avaient été tels qu'espérés, ce serait
dégelé. Cela aurait été dégelé.
M. Morin: Cela aurait été dégelé.
M. Quenneville: Oui, sûrement. Parce que le gel a
été basé sur l'expérience du recrutement, et
c'était tout à fait raisonnable, parce que nous, au
ministère, nous avons l'expérience du recrutement et nous savons
très bien qu'on demande des postes, c'est ce dont nous avons besoin en
fonction des études que nous faisons. Mais, si les postes demeurent
vacants pour des périodes indéfinies, cela n'ajoute rien au
travail qui ne se fait pas.
M. Morin: Non, mais ça vous fixe un objectif et ça
vous le tient présent à l'esprit.
M. Quenneville: Ah, bien, c'est constamment à notre
esprit.
M. Morin: Bien sûr. Mais...
M. Quenneville: On nous le rappelle...
M. Morin: ... M. le Président...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Avec votre
permission, je crois que c'est peut-être inutile de le rappeler, mais,
pour les fins du journal des Débats, les interventions du sous-ministre
sont au nom du ministre.
M. Morin: Je n'ai aucune objection, M. le ministre, au contraire;
c'est la tradition.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Poursuivons
le débat. Le chef de l'Opposition.
M. Morin: Je voudrais demander au ministre, parce que la, c'est
une question qui est plus politique à vrai dire et je ne crois pas que
ce soit au sous-ministre d'y répondre: Mais si vraiment le gel aurait pu
être dégelé pour le cas où vous auriez trouvé
les postes, que signifie le gel? Est-ce que c'est seulement une
opération de camouflage
pour dire: On va diminuer nos dépenses, ou quelle est la
signification du gel à ce moment-là?
M. Quenneville: Je pense que la signification exacte du gel, pour
le gouvernement, c'est sûrement de diminuer les dépenses. Il n'en
reste pas moins une chose. Si, n'importe quand, en fait, on avait rempli des
postes vacants, si nous étions retournés auprès du Conseil
du trésor, je suis certain qu'on aurait dégelé les
effectifs. Il faut dire une chose, c'est qu'on n'avait quand même pas des
arguments tellement forts pour demander le dégel des effectifs puisqu'on
n'avait même pas comblé les postes vacants. Comme argument, ce
n'est pas trop fort. Je ne pense pas qu'on ait été brimé
de quelque façon que ce soit dans le recrutement à cause de la
politique du gel.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi):
L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Toujours concernant le personnel, M. le
Président, considérant que, depuis trois ans déjà,
je crois, nous retranchons 20% annuellement de l'impôt sur les
successions et que, probablement, l'an prochain, il n'y aura plus d'impôt
sur les successions si on suit la liste, dans le prochain budget, en
1977/78, si on suit la moyenne annuelle de 20% des coupures quel
personnel est affecté actuellement strictement à l'impôt
sur les successions, et combien d'employés deviendraient disponibles,
par le fait même?
M. Quenneville: M. le Président, cela pourrait permettre
la mutation d'un service à l'autre d'environ 40 à 50 personnes,
soit à Montréal et à Québec.
M. Boutin: Si je comprends bien le ministre, ceci sera à
déduire des postes gelés?
M. Quenneville: On l'espère bien.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): L'honorable
chef de l'Opposition.
M. Morin: J'aimerais revenir encore sur cette question, M. le
Président. Est-ce que vous pourriez nous indiquer, pour chacune des
catégories que nous avons mentionnées, la gestion
financière, la vérification, le recouvrement, combien de
personnes ont été engagées depuis les derniers
crédits, au cours de la dernière année et combien vous ont
quittés?
M. Quenneville: Nous avons recruté dans les rangs autres
que les cégépiens environ une dizaine de personnes depuis l'an
dernier.
M. Morin: En tout et partout?
M. Quenneville: En dehors des cégépiens.
M. Morin: Oui.
M. Quenneville: Du côté des cégépiens,
nous en avons engagé 146. Il y a eu effectivement 14 départs.
M. Morin: II y a eu 14 départs en tout et partout?
M. Quenneville: Oui.
M. Morin: Les cégépiens sont affectés
à quelles tâches exactement? Dans quels services sont-ils?
M. Quenneville: Ils sont affectés au recouvrement, en
partie, à l'inspection des registres de paie, aussi à
l'inspection des... aux visites éducatives, autrement dit. Ce sont les
secteurs qui sont les plus touchés par l'engagement des
cégépiens.
M. Morin: Dites-moi, quand vous dites 1C, plus 146
cégépiens...
M. Quenneville: II y a eu 38 professionnels d'engagés, du
1er avril au 31 décembre 1975. Là-dessus, il y a eu 26
départs.
M. Morin: 38 moins 26, donc 12... M. Quenneville: Un total
net de 12. M. Morin: Une nette augmentation de 12. M. Quenneville:
De 12.
M. Morin: Bien. Tout à l'heure, vous me parliez de 10
personnes en plus des 146 cégépiens.
M. Quenneville: C'est un chiffre qu'on m'avait donné. Il
faudrait remplacer 10 par...
M. Morin: par 38.
M. Quenneville: ... 38.
M. Morin: Et 14 par 26, puisque vous nous avez parlé, tout
à l'heure, de 14 départs.
M. Quenneville: Oui. C'est 26. Je pense qu'il faut
récapituler. Nous avons recruté 38 agents de la gestion
financière et il y a eu 26 départs dans la même
période. Du côté des agents vérificateurs, il y a eu
151 nominations...
M. Morin:... dont les cégépiens.
M. Quenneville: ... dont les cégépiens et il y a eu
101 départs, pour un total net de 50.
M. Morin: Si on tente maintenant de cerner les causes de ce
roulement considérable, dont vous êtes témoins au
ministère, qui doit certainement vous causer du souci parce que cela
crée un climat d'instabilité terrible que de voir les gens
arriver et repartir, est-ce qu'on ne pourrait pas tenter de voir si l'une des
causes ne se situerait pas, par exemple, du côté des propositions
du gouvernement, des propositions salariales du gouverne-
ment? Je me réfère, en particulier, aux agents
vérificateurs, ce qu'on appelle le corps no 209.
Vous vous souviendrez que, pour ce qui est des agents
vérificateurs, dans le passé, on avait parlé de
créer une catégorie spéciale sur un plan de la
rémunération pour attirer justement ces agents dont vous avez
évidemment un besoin considérable; si vous n'avez pas assez
d'agents vérificateurs, c'est tout le système du ministère
qui s'embourbe. J'ai devant moi les propositions du gouvernement
déposées le 5 novembre 1975. Si je regarde l'échelle
proposée, si je considère le pourcentage d'augmentation, je dois
vous avouer que ce n'est pas de nature à attirer beaucoup le genre
d'hommes que vous voulez recruter, surtout que, dans la colonne du pourcentage
d'augmentation, on inclut le forfaitaire qui a été versé
au cours des années précédentes, de sorte qu'on tente de
nous éblouir avec des augmentations de 26%, 27%, 29% 30%, 31%. Oui, cela
monte jusqu'à 31,4% dans certains cas, mais il faut en
réalité déduire de cela le forfaitaire déjà
versé les années précédentes, de sorte que ces
augmentations de 16% et de 17% ne sont peut-être pas de nature à
séduire beaucoup les diplômés que vous voulez attirer dans
vos rangs, surtout, évidemment, si on compare vos échelles de
traitements avec celles du gouvernement fédéral.
Est-ce que le ministre a pris connaissance des échelles
fédérales? Est-ce qu'il peut nous dire comment elles se comparent
avec celles que le gouvernement du Québec vient de proposer?
Peut-être qu'on trouverait là l'une des causes du marasme du
recrutement.
M. Quenneville: Les échelles des agents
vérificateurs sont présentement, au premier échelon,
à l'entrée, à $8838, comparativement aux anciens taux qui
étaient de $6454. Est-ce que vous avez cela?
M. Morin: Oui, mais, évidemment...
M. Quenneville: Et le maximum est maintenant de $14 000.
M. Morin: C'est pour 35 heures?
M. Quenneville: Oui, pour 35 heures. C'est maintenant de $14
366.
M. Morin: C'est cela.
M. Quenneville: L'ancien taux était de $10 547. Il faut se
rappeler également que l'employé fédéral est
payé sur une base de 37 heures et demie et que nous sommes sur une base
de 35 heures. Ce sont des taux de 35 heures. Si on compare certaines
échelles, remarquez bien que je n'essaie pas de faire l'apologie de l'un
ou de l'autre, c'est simplement une question de fait.
Si on regarde certaines échelles au fédéral, il se
peut très bien qu'Ottawa puisse recruter à un niveau
supérieur au nôtre, mais d'un autre côté, au sujet du
maximum, je crois que nous sommes passablement comparables.
M. Morin: Autrement dit, c'est au cours des premières
années que votre échelle se compare défavorablement avec
les échelles fédérales.
M. Quenneville: Cela se peut. On a un exemple ici. Il y a une
fonction semblable je dis semblable sans avoir analysé,
naturellement, tous les détails de la fonction où le
fédéral recrute à un minimum de $12 879 et se rend
à un maximum de $14 006.
M. Morin: Je m'excuse. Quel est le chiffre au premier
échelon pour le recrutement?
M. Quenneville: II recrute à un minimum de $12 879.
M. Morin: Vous vous rendez compte. C'est $4000 de plus que ce que
vous offrez.
M. Quenneville: Oui. Mais il y a une différence d'heures
de travail aussi...
M. Morin: Oui, d'accord.
M. Quenneville: ... et le maximum est de $14 600.
M. Morin: Ce qui est légèrement supérieur...
M. Quenneville: Inférieur à nous. M. Morin: II est
de $14 366. M. Quenneville: Bien Excusez. M. Morin: II n'est pas
inférieur.
M. Quenneville: Avec les heures, il est inférieur.
M. Morin: Je comprends ce que vous voulez dire, oui. C'est le
départ qui laisse à désirer.
M. Quenneville: Oui. M. le Président, vous permettez, s'il
vous plaît.
M. Morin: Je vous en prie.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le ministre
du Revenu.
M. Quenneville: II reste quand même que cela aurait eu un
impact assez considérable si on tient compte du recrutement que nous
avons fait depuis l'établissement de ces échelles auprès
des... Après avoir rencontré les élèves finissants
dans les CEGEP, c'est-à-dire 24 sur 34 CEGEP visités, nos agents
ont rencontré 463 étudiants et, sur ce nombre, il y en a 266 qui
ont exprimé le désir de venir travailler à notre
ministère. Je pense que c'est quand même un critère assez
important et un attrait aussi, en même temps, nouveau pour nous, parce
que je pense bien que ces chiffres, au cours des années
dernières, ne sont sûrement pas comparables, c'est beaucoup plus
que les années antérieures.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): L'honorable
député de Richmond.
M. Vallières: M. le ministre, est-ce que votre
ministère a déjà effectué des comparaisons avec
d'autres ministères sur le nombre d'employés qui quittaient leurs
emplois au cours d'une certaine période de temps? Est-ce que c'est plus
prononcé à l'intérieur du ministère du Revenu que
dans d'autres ministères?
M. Quenneville: Je crois qu'il est très difficile de faire
des comparaisons; d'un autre côté si on considère, par
exemple, les exigences pour un employé du ministère du Revenu
comparativement aux exigences pour un employé dans d'autres
ministères qui ne demandent pas autant de confidentialité et de
qualités personnelles, je crois que le ministère du Revenu a plus
de difficulté à retenir son personnel.
M. Morin: Pour des raisons dont on s'est entretenu à
plusieurs reprises.
M. Quenneville: C'est cela.
M. Morin: Le roulement y est beaucoup plus
considérable.
M. Quenneville: Parce que vous avez la possibilité de
mutations; une fois entré dans un minis- tère, vous avez une
possibilité de mutations dans d'autres ministères.
M. Morin: Ou dans le privé.
M. Quenneville: Ou dans le privé, oui, mais, si quelqu'un
veut se caser, faire une carrière au gouvernement, il peut commencer par
chez nous et se faire muter dans d'autres ministères; d'ailleurs, c'est
une des raisons de plusieurs de nos départs.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): II est
passé 18 heures; s'il n'y a pas d'objection, nous allons ajourner nos
travaux, selon l'ordre de la Chambre, à demain matin, 10 h 30.
M. Morin: II y a eu ordre de la Chambre pour 10 heures. On
pourrait peut-être, de consentement, dire plutôt 10 h 30, M. le
Président...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Je pense que
la commission peut...
M. Morin: ...si le ministre veut en convenir, parce que cela va
être un peu juste pour moi.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Alors, demain
matin, 10 h 30.
(Fin de la séance à 18 h 5)