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Commission permanente des finances, des comptes
publics et du revenu
Etude des crédits du ministère des
Finances et du Conseil du trésor
Séance du mardi 29 juin 1976
(Vingt heures trente minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission se réunit afin d'étudier les crédits
budgétaires du ministère des Finances. Programme 1: Etude des
politiques économiques et fiscales. Est-ce qu'il y a des questions?
Remarques préliminaires du ministre, VI.
Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, je voudrais faire juste
quelques remarques, d'abord, pour présenter les quelques fonctionnaires
qui m'accompagnent. M. Goyette, à ma droite, le sous-ministre des
Finances; M. Petro Guerci, qui est sous-ministre adjoint; M. Montminy, du
service administratif; Michel Grignon, adjoint au sous-ministre, recherche
économique et fiscale; il y a également M. Marcel Paré du
service des budgets; M. Beaulieu, de la gestion de la dette et M. Beauchesne.
Les autres fonctionnaires qui m'accompagnent sont ceux du Conseil du
trésor, M. Michel Caron, secrétaire adjoint du conseil; M.
Tessier, également secrétaire adjoint du conseil et M. Poitras et
Me Pierre-Yves Vachon.
M. le Président, je vais prendre juste quelques minutes, pour ne
pas reprendre l'essentiel du discours sur le budget. En abordant le programme
no 1, les recherches économiques fiscales, politique qui a
été établie dans le cadre du discours sur le budget, je
voudrais prendre quelques minutes pour souligner certains aspects que
j'aimerais compléter et qui font suite au discours sur le budget, en
particulier en ce qui regarde le programme d'emprunt. Il faudrait d'abord
commencer par le programme d'emprunt de la Régie des installations
olympiques. Dans le cadre du discours sur le budget, j'avais indiqué que
le coût net des jeux était de l'ordre de $1 milliard, que la ville
de Montréal assumerait $200 millions et que la balance de $800 millions
allait être assumée par la province de Québec à
partir de sources de financement que j'ai indiquées à ce
moment-là.
Je voudrais profiter de l'occasion pour confirmer certaines des rumeurs
qui ont paru dans la presse, qui émanaient de différents milieux
bancaires, selon lesquelles la Régie des installations olympiques et le
ministère des Finances du Québec sont à régler les
derniers détails d'un financement de $700 millions auprès d'un
consortium de banques canadiennes, de banques américaines dont une
partie de $700 millions, $350 millions seraient réalisés en
devises canadiennes et la balance, $450 millions, en devises
américaines.
Nous croyons être en mesure, dans les jours qui vont suivre, de
confirmer d'une façon officielle, parce que nous sommes à
régler les derniers détails juridiques du prêt. Il s'agira
d'un financement à échéance de sept ans, qui ne
comprendrait pas de remboursement de capital au cours des deux premières
années, ce qui nous permettrait de l'utiliser, à même les
fonds accumulés au cours des deux premières années, pour
financer le parachèvement des installations olympiques et nous permettre
de boucler l'opération sans devoir retourner sur le marché pour
plus que $700 millions.
Les conditions sont celles du taux préférentiel, en
devises canadiennes, plus 1/2%. Pour ce qui est des emprunts en devises
américaines, le taux d'intérêt est basé sur ce qu'on
appelle le Ll-BOR, qui est le taux de Londres des emprunts à court terme
offerts. Je crois que, dans les circonstances, c'est une transaction qui est
intéressante et qui concrétise ce que j'annonçais dans mon
discours sur le budget, ce qui ferait que le taux, en devises canadiennes, le
taux préférentiel étant de 10,25% actuellement, cela
porterait le taux à 10,75% au début, parce que c'est
réajustable tous les six mois. Comme un certain nombre d'observateurs
croient que le taux préférentiel est appelé à
diminuer au cours des prochains mois, ceci devrait nous donner un taux un peu
meilleur au cours des prochaines années.
Pour ce qui est des emprunts en devises américaines, ce sera fait
à partir du LIBOR, comme je l'ai indiqué, plus 1,25%, ce qui le
placerait, pour la première période, le LIBOR étant entre
6 5/16% et 6 7/8%, plus 1,5%, ce qui fait 8,25% pour la partie en devises
américaines. C'est un taux moyen qui correspond sensiblement à
nos prévisions de charge d'intérêts telles que
prévues dans les discours sur le budget.
Pour ce qui est du reste du programme d'emprunt, M. le Président,
je voudrais souligner que j'avais annoncé, dans le cadre du discours sur
le budget, y inclus le budget supplémentaire qui était
annoncé, dans ce discours et qui a été
déposé et adopté par l'Assemblée par la suite, le
programme total d'emprunt était évalué à $986
millions. Nous avons déjà $665 millions réalisés,
dont $315 millions à partir des obligations d'épargne dont la
campagne s'est terminée le 4 juin. Ceci veut dire qu'il nous reste
à compléter $321 millions d'ici la fin de l'année.
Comme on sait que l'Hydro-Québec a déjà
réalisé ses besoins d'emprunt pour l'année de calendrier
1976, pour financer ses investissements totaux de $1,5 milliard, ceci veut dire
que même si l'Hydro revenait sur le marché canadien vers la fin de
l'année de calendrier 1976, nous n'aurons pas, compte tenu des parties
qui seront prises par la Caisse de dépôt, à utiliser d'une
façon abusive les marchés canadiens d'ici la fin de
l'année, ce qui devrait laisser plus de place aux municipalités,
aux commissions scolaires et aussi au secteur privé qui seraient
intéressés à faire des financements sur le marché
canadien.
Je crois que c'est de nature à rassurer l'en-
semble des marchés financiers canadiens et aussi les
investisseurs privés à l'effet que les institutions publiques,
soit le gouvernement ou l'Hydro, n'auront pas à revenir sur le
marché à plusieurs reprises d'ici la fin de l'année, ce
qui devrait faciliter d'autant leur financement.
Revenons aux Jeux olympiques, M. le Président. A l'occasion
d'autres discussions, on a posé des questions sur la façon dont
nous avions évalué le rendement de la loterie Loto-Canada pour en
arriver à un montant de $350 millions. Je voudrais revenir sur cette
question pour dire que la façon dont nous avons fait notre
évaluation est la suivante: Au cours des trois ou quatre derniers
tirages, la Loterie olympique a vendu 7 millions de billets et,
vraisemblablement, je crois que le dernier tirage a été de 7,5
millions de billets. Le tirage qui est en cours dépassera probablement
ce nombre de billets.
Ce que nous avons fait, c'est une projection à partir de ventes
de 7 millions de billets par tirage. D'ici le 31 décembre 1979, il y
aurait treize tirages. Compte tenu que la Régie des installations
olympiques pourra recevoir 82,5% des bénéfices nets, d'une part,
et que les provinces, y compris le Québec, pourront retirer 12,5% des
bénéfices nets, le total donnerait $27 450 000 de revenus par
tirage, avec treize tirages, ce qui donne un peu plus que $350 millions, je
dirais $356 millions.
Si la loterie Loto-Canada connaissait les taux de croissance
observés soit dans les tirages de loterie de Loto-Québec ou
encore des tirages de la Loterie olympique depuis le début, cela
voudrait dire qu'on pourrait même escompter un peu plus que cela. Mais
nous avons voulu exercer une certaine prudence en ne prévoyant pas de
taux d'accroissement des tirages, c'est-à-dire $7 millions par tirage
sur treize tirages, ce qui donne le rendement que j'ai indiqué dans le
discours sur le budget.
Pour ce qui est de la taxe sur les tabacs qui est l'autre source de
revenus pour le financement des Olympiques, évidemment, c'est
basé sur les rendements d'une source de taxation qui a quand même
une assez longue expérience, puisque cette taxe existe depuis un bon
moment; de ce côté, je pense bien que les estimations de revenu
que nous avions faites, ont de très fortes chances de se réaliser
à la lettre, de telle sorte que par la création du fonds
spécial que j'ai annoncé je pense que le projet de loi a
franchi l'étape de la deuxième lecture, il est maintenant en
commission nous pouvons donner aux prêteurs la garantie que les
sources de revenu que nous avons indiquées dans le discours sur le
budget, allaient être effectivement utilisées pour voir au
paiement des intérêts et au remboursement du capital.
Or, ce sont là les remarques que je voulais faire, en abordant le
programme no 1. Elles touchaient certains aspects qui peut-être
méritaient des explications additionnelles, suite à la
présentation du discours sur le budget.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Sauvé.
M. Morin: M. le Président, je constate que le ministre
maintient son estimation de $1 milliard pour ce qui est du déficit
olympique. Je constate que ses prévisions d'emprunt tant sur le
marché canadien que sur le marché américain, vont
atteindre, si j'ai bien suivi les chiffres qu'il nous a donnés, $700
millions, c'est-à-dire deux branches de $350 millions chacune,
partagées entre le marché canadien et le marché USA.
Me reportant à la page 51 du discours du budget, au tableau 6 qui
nous fait part des prévisions des revenus spéciaux et du service
de la dette de la Régie des installations olympiques, j'aimerais
comparer les chiffres qui viennent de nous être donnés avec ceux
qui étaient prévus à ce moment. Si j'ai bien compris, ce
montant de $700 millions correspond aux emprunts de $658 millions qui sont
indiqués sous la colonne 1976/77. Autrement dit, ce montant a
été augmenté de quelque $40 millions ou $42 millions pour
l'année 1976/77. C'est bien cela?
M. Garneau: Quand on a procédé à
l'impression du discours sur le budget, nous n'avions pas encore franchi toutes
les étapes de discussion avec les groupes bancaires. Nous avions,
à ce moment-là, des offres d'un certain nombre de grandes banques
canadiennes et américaines, et nous n'étions pas suffisamment
avancés pour savoir quelle cédule de remboursement du capital
serait finalement conclue. Nous avions prévu l'emprunt de $658 millions
cette année et $137 millions pour le parachèvement du stade,
certains des travaux qui avaient dû être reportés
après les Jeux olympiques. Compte tenu du fait que nous avons pu
obtenir, dans les discussions avec les banques, que les deux premières
années ne nécessiteraient pas de remboursement de capital et que
le capital serait remboursé par onze versements égaux par la
suite, quelque $63 millions ou $64 millions, nous pouvions utiliser l'argent
qui va être accumulé dans le fonds par la Loto-Canada et par le
tabac pour financer le parachèvement du stade, de telle sorte que nous
n'aurons pas à emprunter $800 millions, mais à emprunter $700
millions. Je pense que...
M. Morin: Les $137 millions que vous aviez prévus pour
l'année 1977/78...
M. Garneau: Ils n'auront pas à être
empruntés. Quant à la somme totale de $700 millions, étant
donné que nous n'aurons pas à pourvoir au remboursement de
capital dans les deux premières années, les $100 millions qui
manquaient vont être financés par les sources de revenu qui vont
s'accumuler dans le fonds, et le paiement sera fait sur sept ans, donc sur la
balance des cinq dernières années, c'est-à-dire sur onze
paiements, le premier commençant au terme de la deuxième
année, plus le solde en onze versements, c'est-à-dire dix
versements pour les cinq autres années, ce qui veut dire que chaque
versement sera de l'ordre de $64 millions, $63 millions et quelque centaines de
mille dollars. Cela nous apparaît plus...
M. Morin: Ah bon! Le tableau no 6 est donc revu
entièrement, et ce sont des paiements égaux auxquels vous
songez...
M. Garneau: II est revu. C'est en paiements égaux, c'est
ça.
M. Morin: Bon! De l'ordre de... M. Garneau: $64 millions.
M. Morin: $64 millions. M. Garneau: Oui.
M. Morin: Bon! Mais, dites-moi, dans cette évaluation des
emprunts nécessaires et du rythme des remboursements, vous comptez
évidemment que la ville de Montréal satisfera aux exigences que
vous lui avez posées, c'est-à-dire le paiement de $200 millions.
Ce n'est pas changé non plus, que je sache.
La question que je me pose... La politique étant un art
incertain, qu'arriverait-il si Montréal refusait de payer ces $200
millions et tentait de remettre tout le fardeau financier sur les
épaules du gouvernement du Québec? Il ne faut pas exclure une
telle possibilité. Le maire Drapeau en a fait bien d'autres et plus
pendables que cela encore!
M. Garneau: II faut comprendre que la ville de Montréal
supporte, actuellement, $238 millions. Elle le supporte
déjà...
M. Morin: ... à l'heure actuelle, oui.
M. Garneau: Elle n'a donc pas à poser de gestes pour
supporter ces $238 millions. Nous avons dit que nous allions baisser ce montant
jusqu'à $200 millions. C'est donc dire qu'il reste à la
Régie des installations olympiques un montant de $38 millions à
verser à la ville de Montréal pour ramener le montant de ses
engagements dans le cadre des Jeux olympiques à $200 millions.
Donc, la ville de Montréal les supporte déjà.
M. Morin: Elle les supporte déjà, mais elle ne les
a pas encore payés. Elle ne les a pas encore perçus du moins.
M. Garneau: Ce qu'elle n'a pas fait encore, c'est de les
considérer comme étant sur la base d'un règlement
d'emprunt municipal pour financer des investissements à long terme et,
au lieu de les avoir dans ses emprunts à court terme, les avoir dans des
emprunts à longs termes pour financer ses investissements et pourvoir au
paiement des intérêts sur une base annuelle, comme toute
municipalité doit faire lorsqu'elle emprunte pour des
investissements.
Dans son compte capital, elle aura un emprunt de $200 millions et elle
devra pourvoir, à même son budget régulier, les
crédits nécessaires et les sommes d'argent nécessaires
pour payer l'intérêt sur ces $200 millions.
C'est ce qu'elle n'a pas encore fait, considérant ces $200
millions, sur le plan comptable, comme compte à recevoir. Elle
capitalise donc les intérêts sans avoir à pourvoir au
paiement de ces intérêts.
C'est une façon agréable de régler un
problème financier que, lorsqu'on a un compte à payer, de le
mettre dans ses comptes à recevoir, mais cela ne peut durer
indéfiniment.
M. Bacon: ...
M. Morin: Avez-vous le moindre moyen de vous assurer que la ville
de Montréal comptabilise les montants comme vous l'avez
suggéré, entre guillemets?
M. Garneau: Je pense bien que c'est une question
d'équité comme j'ai eu l'occasion de le mentionner en Chambre et
ailleurs.
Si l'administration municipale de Montréal ne devait pas
supporter une partie de l'équipement qui est situé sur son
territoire et dont elle sera la première bénéficiaire, il
faut bien comprendre que, sur les $200 millions qu'elle aura à
supporter, il y en a à peu près $150 millions qui sont des
investissements qui lui appartiennent directement: le centre Desmarteaux,
Claude-Robillard, le bassin d'aviron, les autres équipements qui sont
situés sur son propre territoire; ce qui veut dire que la ville de
Montréal peut bénéficier d'équipements dont la
valeur dépasse $1 milliard pour $200 millions. Si nous n'avions pas agi
de la sorte, je crois que cela aurait été injuste pour les autres
municipalités du Québec qui, elles aussi, auraient pu se lancer
dans des programmes d'investissements et envoyer la totalité de la
facture: la ville de Sherbrooke, Trois-Rivières, Québec ou
ailleurs. Je crois que cela aurait été injuste pour les citoyens
des autres municipalités qui doivent faire face à leurs
obligations et je crois bien que c'est une question de temps pour que la ville
de Montréal se conforme à cette réalité.
M. Morin: Vous mentionnez Trois-Rivières. Je ne sais pas;
si, à Trois-Rivières, on avait construit ces installations, la
ville aurait été couverte.
M. Garneau: Oui, mais au lieu d'avoir un investissement de $1
milliard...
M. Bacon: M. le Président, vous savez, je me suis
déjà pris à demander à mon maire si on ne devait
pas faire toutes ces installations et, après, arriver avec la note
à Québec. Le chef de l'Opposition a raison là-dessus.
C'est tentant, à un moment donné. Mais on paie toute la note
quand même.
M. Garneau: C'est pour cela que je crois que, les jeux
étant terminés, la ville de Montréal va prendre ces choses
à sa charge.
M. Morin: C'est-à-dire qu'elle va cesser, si je vous
comprends bien, de considérer cela comme un compte à
recevoir...
M. Garneau: C'est cela.
M. Morin: ... et va prendre les dispositions financières
pour assumer ses responsabilités. Du moins, vous l'espérez,
mais...
M. Garneau: Je l'espère parce que, sur le plan comptable,
je ne crois pas qu'indéfiniment, les comptables qui font la
vérification pourront signer des états financiers sur la base
de... L'an dernier, cela se comprend, parce qu'il n'y avait pas de solution
définitive au problème du financement des Jeux olympiques.
Maintenant, je ne crois pas que les vérificateurs de la ville pourraient
accepter que, dans les prochains états financiers, on place dans les
comptes à recevoir un montant qui, de toute évidence, est un
compte à payer.
Loto-Canada
M. Morin: Pour ce qui est de Loto-Canada, est-ce que... Vous nous
avez décrit un peu la façon dont vous calculez les revenus nets
de la Loterie olympique, mais ne pensez-vous pas, dans la mesure où
Loto-Canada connaît un certain succès, ou connaîtra un
certain succès, que cela pourrait entraîner et avoir pour
conséquence une baisse des revenus futurs de Loto-Québec, par
exemple? Il y a une limite. Ce n'est pas une chose élastique que cette
capacité du contribuable de prendre des billets de loterie.
Ce que je vous ai signalé dans ma réponse à votre
discours, c'est le danger que comportait pour le Québec le fait de
laisser s'immiscer les fédéraux dans la loterie. Cela se peut que
Loto-Canada ait un certain succès, mais elle va peut-être vendre
une très grosse partie de ses billets au Québec
précisément. Dans la mesure où les Québécois
n'ont pas de revenus indéfinis à consacrer à la loto, je
crois qu'il y a un risque sérieux que Loto-Québec en souffre.
Alors, si les fédéraux allaient s'installer à demeure dans
la loterie, se rendant compte que c'est une proposition qui peut être
passablement payante, de rapporter des revenus d'appoint intéressants,
alors le Québec aurait troqué l'avenir pour l'immédiat,
aurait vendu un droit d'aînesse qu'il avait acquis durement dans le
domaine des loteries.
Qu'est-ce que le ministre a à dire là-dessus?
M. Garneau: La part que le fédéral conserve de
Loto-Canada jusqu'au 31 décembre 1979 n'est que de 5% des
bénéfices nets et, lorsque j'ai discuté avec les
autorités fédérales, en particulier avec M.
Chrétien, de cette question, il a été convenu qu'il y
aurait des discussions avec les provinces pour voir si, au terme du 31
décembre 1979, un genre d'arrangement ou un genre de répartition
des profits pourrait être faite entre les différentes provinces.
C'est sur cette base que nous avons accepté la suggestion ou la
proposition fédérale et j'ai tout lieu de croire que, d'ici le 31
décembre 1979, on en arrivera à une entente en termes de
répartition.
Je ne me chicanerai pas si le fédéral gardait les 5% qu'il
retirera d'ici le 31 décembre 1979, même s'il les augmentait
à 10% et qu'il utilisait ces sommes pour aider au financement des
équipes canadiennes qui représentent le pays dans les
différentes compétitions olympiques internationales, je pense
bien que c'est vers ce genre d'arrangement qu'on s'en va, ce qui pourrait
être acceptable. Il n'est pas dit non plus que le Canada conservera ou
restera indéfiniment dans les loteries. Je n'ai pas entendu de
déclarations formelles à ce sujet non plus.
M. Morin: Ces gens sont toujours plus subtils que cela. Ils
commencent par s'enraciner dans un champ d'activité et ensuite, essayez
de les déloger.
M. Garneau: Evidemment, c'est un point de vue, on vend à
peu près 37% ou 38% des billets, si ma mémoire est fidèle,
entre 38% et 39%, dans les derniers tirages, ce qui indique que, même si
on avait refusé sur la base qu'indique le chef de l'Opposition, cela
aurait pris un nombre d'années très considérable pour
pouvoir arriver kif-kif, si on peut dire, dans l'acceptation que nous avons
posée, parce que, si on avait assumé que la loterie olympique
avait continué uniquement au Québec comme c'était le cas,
parce qu'on n'aurait pas pu avoir l'autorisation des provinces pour vendre les
billets de la Loterie olympique ailleurs dans les autres provinces après
les jeux, cela aurait pris énormément de temps. Il aurait fallu
affecter la totalité des revenus de cette loterie olympique au
financement des jeux pendant peut-être 15 ou 20 ans avant d'arriver au
même montant. Sans compter que les prix, sur une base uniquement
québécoise, n'auraient pu être aussi alléchants et
le marketing aurait peut-être été plus difficile.
M. Morin: Le ministre mentionne le fait que Loto-Canada conserve,
avec le gouvernement fédéral, 5% des revenus jusqu'en 1979. Les
arrangements, par la suite, n'ont pas encore été
définis.
Quand vous nous dites jusqu'en 1979, vous ne savez pas très bien
ce qui peut arriver par la suite. Vous ne savez pas encore si Loto-Canada
demeurera ou disparaîtra?
M. Garneau: Je n'ai pas eu de déclaration de politique
ferme que Loto-Canada allait durer. Si elle doit durer, il y aura, suivant
l'annonce faite par le ministre fédéral, M. Chrétien,
discussion entre le fédéral et les provinces, pour voir comment
les revenus pourraient être répartis au terme du 31
décembre 1979.
Je ne peux pas en dire plus long, parce que je ne le sais pas.
M. Morin: Mais que dites-vous de cet argument maintes fois
entendu que les deux loteries risquent de se nuire sérieusement et que
Loto-Québec risque en particulier de voir son chiffre, ses revenus,
connaître une certaine baisse, en raison de Loto-Canada?
M. Garneau: Si on regarde les années 1973 à
1976/77, en 1973/74, les revenus de Loto-Québec ont été de
$47,9 millions, en 1974...
M. Morin: Est-ce qu'il y a un tableau là-dessus, je
m'excuse?
M. Garneau: A la page 44, dans les transferts des
sociétés d'Etat...
M. Déom: Une question, M. le Président. Est-ce que
la loi créant Loto-Canada n'a pas une date? Pour autant que je me
rappelle, il me semble que l'ai lu, il y a une date fixe dans la loi, je ne
suis pas sûr, je vous demande cela, en vertu de laquelle, à cette
date, Loto-Canada disparaît?
M. Garneau: II n'y a pas de loi, parce que le
fédéral a le pouvoir d'avoir des loteries sur le plan canadien.
Ce qu'il a fait, il a procédé par articles budgétaires,
pour avoir un vote de la Chambre des communes.
Il avait été convenu, au niveau du gouvernement canadien,
et avec les Oppositions, qu'il y aurait un vote de la Chambre des communes,
mais de la façon que cela a été fait, cela a
été fait par la présentation d'un budget
supplémentaire qui allait donner le fonds de roulement à la
Loto-Canada qui, elle, pouvait être incorporée en vertu des
pouvoirs qui existent déjà dans la Loi de l'administration
financière fédérale et qui a été
créée effectivement.
Je ne pense pas qu'il y ait de date. En tout cas, je n'ai pas vu de loi
à ce sujet. Là où il y avait une date limite,
c'était dans la loi qui a créé la Loterie olympique, le 31
décembre 1976, si ma mémoire m'est fidèle, au terme des
Jeux.
Et les accords qui avaient été donnés par les
provinces pour l'acceptation de la vente de billets de la Loterie olympique
avaient été donnés par arrêté en conseil de
chacun des gouvernements des dix provinces. Les provinces maritimes avaient
adopté des arrêtés en conseil autorisant la vente de
billets jusqu'au 31 décembre 1976, mais les autres provinces, dont
l'Ontario, étaient au terme des jeux, de telle sorte qu'on n'aurait pas
pu faire un autre tirage sur le plan canadien sans un geste précis des
gouvernements de l'Ontario et de toutes les provinces de l'Ouest, ce qu'elles
ne voulaient pas faire.
M. Morin: Vous étiez, au moment de la question
posée par le député, en train de commenter la croissance
des revenus...
M. Garneau: C'est cela. J'étais à indiquer que
durant la période des années 1974/75 et 1975/76, on voit la
croissance des revenus de Loto-Québec, malgré l'existence de la
Loterie olympique qui a connu également un taux de croissance assez
important. Il faut dire que, durant ces années, Loto-Québec a
procédé à l'achat de l'immeuble qui est devenu maintenant
son siège social et a utilisé des fonds pour payer son
installation dans l'immeuble qu'elle avait acheté de
l'Hydro-Québec, au coin des rues Ontario et Berri.
M. Morin: L'ancien entrepôt Baillargeon.
M. Garneau: L'ancien entrepôt Baillargeon, qui appartenait
à l'Hydro-Québec et qui a été acheté par
Loto-Québec, de l'Hydro-Québec, de telle sorte que la croissance
des revenus aurait été plus grande s'il n'y avait pas eu à
effectuer ces dépenses d'installations et d'achat de l'immeuble. Il
fallait le faire, parce qu'il fallait quitter les locaux où on
était. La Banque Canadienne Nationale, de qui on avait loué,
avait besoin des espaces pour ses propres fins et Loto-Québec devait se
trouver un autre endroit.
Tout cela pour dire que la croissance des revenus de Loto-Québec
a été continue malgré tout et elle est peut-être
plus forte que ce qui est indiqué là, à cause du fait des
dépenses capitales qui ont été effectuées.
Même durant la période de croissance de la Loterie
olympique, il existe quand même une croissance des revenus de
Loto-Québec. Si on prend...
M. Morin: Vous ne craignez absolument aucune baisse des revenus
de Loto-Québec?
M. Garneau: Non. Là, je n'ai pas les statistiques devant
moi, mais on est loin d'avoir atteint le pourcentage de vente de certains
autres pays comme l'Angleterre, l'Allemagne, où la valeur des billets
achetés dans les loteries dépasse de beaucoup ce qui existe ici,
de telle sorte que la saturation ne semble pas être atteinte.
M. Morin: Vous avez reçu une lettre du Rassemblement des
citoyens de Montréal, sous la signature de la présidente, Mme
Léa Cousineau, dont copie m'a été expédiée,
lettre dans laquelle ou par laquelle le RCM réclamait ou demandait que
les $200 millions du déficit olympique non couvert par les
prévisions du budget soient payés par une taxe spéciale
sur les profits des corporations. On vous disait que les taxes provinciales
imposées pour défrayer le déficit sont régressives,
injustes et touchent surtout les travailleurs et les citoyens à revenu
modeste. C'est une allusion sûrement à la hausse des cotisations
de l'assurance-maladie et sans doute aussi à la taxe dont nous
reparlerons tout à l'heure, la taxe sur les tabacs...
M. Bacon: La taxe sur les tabacs.
M. Morin: ... au sujet de laquelle j'ai eu de vives
représentations du député de Trois-Rivières
aujourd'hui.
On vous faisait remarquer également dans cette lettre que les
profits imposables des corporations pour l'année en cours seront, selon
des prévisions, de l'ordre de $4,5 milliards. On vous demandait
d'imposer une taxe spéciale de 1% pour une période approximative
de cinq ans, tel qu'exposé dans le tableau que la présidente
joignait à sa lettre. Je ne sais quelle réponse vous avez faite
à cette lettre. Est-ce que le ministre aurait objection à nous en
faire part?
M. Garneau: Je n'ai malheureusement par la réponse que je
lui ai faite. Je ne sais pas si on peut la retracer. De toute façon, je
pense que je peux rappeler ce que j'ai dit. C'est que cette idée est
associée au fait que la province assumerait 100% du coût net des
Jeux olympiques et ce n'était pas la suggestion de la personne qui m'a
envoyé cette lettre de lever une taxe sur une base régionale
uniquement pour les entreprises situées géogra-phiquement sur le
territoire de la ville de Montréal, de telle sorte que cela aurait
été une taxe provinciale et cela aurait signifié que la
province, par ses sources de revenus, assume 100% du coût net des Jeux
olympiques, ce qui m'apparaissait inéquitable.
Le deuxième point de ma réponse est que,
déjà, nous avons à concurrencer, sur les marchés,
avec les producteurs, les fabricants dont les entreprises sont situées
ailleurs qu'au Québec, mais qui ont accès aux mêmes
marchés canadiens et internationaux et, comme cette concurrence vient
surtout, en ce qui regarde nos entreprises, de l'Ontario, il aurait
été difficile de penser avoir des investissements plus grands,
surtout dans le secteur manufacturier, avec un taux d'imposition sur les
corporations qui aurait été de 1% plus élevé que
celui de l'Ontario.
C'est la réponse, dans les grandes lignes, que j'ai
adressée à cette personne.
M. Morin: M. le Président, nous ne sommes
évidemment pas en mesure, à l'heure actuelle, de savoir si toutes
les prévisions dont le ministre vient de nous faire part se
réaliseront. Il se peut que les $700 millions qu'il se propose
d'emprunter soient faciles à trouver; cela se peut que ce soit plus
difficile qu'il ne le pense; nous ne le savons pas encore. Il se peut que
Loto-Québec ne souffre pas de la concurrence de Loto-Canada, mais il se
peut aussi que Loto-Québec en souffre. On verra cela seulement
après une année ou deux.
Donc, personne n'est en mesure de savoir exactement quelle sera
l'incidence des Jeux olympiques sur les finances de Montréal et du
Québec au cours des années qui viennent. Le ministre semble avoir
confiance.
Tout ce que nous pouvons dire, c'est que nous allons attendre de voir
s'il a eu raison ou non de faire les prévisions dont il nous a fait
part. Il nous demande d'avoir une bonne dose de confiance, si nous devons
accepter les chiffres tels qu'il nous les donne. Je dois avouer que je demeure
un peu sceptique, mais, naturellement, l'avenir est à tout le monde et
personne ne peut prévoir exactement ce qu'il en adviendra. Donc, il
faudra que nous revenions là-dessus et si, par hasard, les revenus de
Loto-Québec fléchissent l'année prochaine, nous en
reparlerons.
M. Garneau: La seule chose que je voudrais dire là-dessus,
c'est que la façon dont nous avons estimé le rendement de la
Loto-Canada pour l'avenir est basée, à toutes fins utiles, sur
les derniers tirages pour lesquels nous n'avons prévu au- cun taux de
croissance dans l'avenir. Il était difficile d'avoir une autre base de
calcul pour essayer de projeter quels étaient les revenus potentiels
d'une loterie sur le plan canadien que de prendre le résultat des ventes
de mêmes billets sur le même marché canadien. Comme le
dernier tirage a été de 7,5 millions de billets, que ceux d'avant
avaient été de 7 011 000 billets, l'autre 6 806 000 billets, de
telle sorte que les derniers tirages ont une moyenne qui dépasse 7
millions et ont connu une croissance. Alors, je dis: Prenons-les à ce
qu'étaient les quatre derniers tirages qui vont être probablement
plus. En tout cas, il y en a un déjà qui est de plus de 7
millions, il a été de 7,5 millions. Celui en cours va
certainement être de plus que 7,5 millions. Je crois que c'était
une base raisonnable pour faire des projections. On n'a pas inventé des
chiffres qui n'existaient pas. On a tout simplement projeté sans taux de
croissance le résultat des quatre derniers tirages. Vous pouvez me dire
que c'est trop, vous pouvez me dire que ce n'est pas assez, mais...
M. Morin: Peut-être que les tirages postolympiques seront
plus aléatoires que les prévisions dont vous nous faites part.
Oui, ce n'est pas impossible. Vous êtes obligé d'admettre que
c'est une hypothèse.
M. Garneau: Ce n'est pas impossible, sauf que ce que je voulais
mentionner, c'est le réalisme de notre hypothèse. Pour les
tabacs, le taux de croissance qu'on a pris était de 4,4%, alors que
l'expérience est de 4,5%, et le taux de croissance des dernières
années a été de 8,2% et 8,8%. C'est donc dire que,
là aussi, on a quand même eu une certaine prudence, de telle
sorte...
M. Morin: On aurait peut-être dû taxer les
alcools.
M. Bacon: Le scotch.
M. Garneau: Cela aurait rapporté beaucoup. Cela aurait
peut-être pu financer des installations olympiques à
Trois-Rivières.
M. Morin: Je pense que le député de
Trois-Rivières...
Le Président (M. Brisson): Programme 1, adopté?
M. Bacon: M. le Président, à ce sujet, j'aimerais
savoir quelle démonstration le chef de l'Opposition aurait faite, comme
il l'a fait hier à la commission d'ailleurs sur le tabac et quelle
aurait été l'hypothèse de sa démonstration?
M. Morin: On va y venir tout à l'heure. J'ai tenté
de démontrer hier que c'était également une taxe
régressive, socialement parlant, parce que celui...
M. Garneau: ... plus vous fumez, plus vous payez.
M. Bacon: Votre buveur de scotch, comment aurait-il marché
dans votre démonstration?
M. Morin: Cela a l'air de tracasser fortement le
député de Trois-Rivières.
M. Bacon: Bien oui!
M. Morin: J'ai simplement tenté, je ne veux pas
m'éterniser là-dessus, de démontrer que c'était une
taxe régressive en ce sens qu'elle coûte la même chose au
fumeur qui s'envoie deux paquets par jour, qu'il gagne $5000 ou $50 000. Cela
va lui coûter à peu près $73 à $75 par année,
qu'il va verser...
M. Boutin: C'est volontaire.
M. Bacon: L'hypothèse qu'on avait faite entre le
député de Saguenay et le chef du Parti
québécois.
M. Morin: Je ne veux pas reprendre le débat d'hier,
à moins que le député de Trois-Rivières y tienne
absolument, mais il y a un endroit pour discuter de chaque chose. Hier, nous
discutions de la taxe sur les tabacs, ce soir, je voudrais plutôt vous
entretenir de la hausse des cotisations de la RAMQ.
M. Bacon: Si, un jour, je peux être dans l'Opposition pour
dire toutes ces choses.
M. Morin: Le député de Trois-Rivières est un
être frustré depuis quelque temps. Il voudrait dire tout ce qu'il
pense, mais, malheureusement, faisant partie des députés
ministériels, il est condamné au silence.
M. Bacon: Non, mais j'ai dit aujourd'hui de façon bien
amicale au chef de l'Opposition que, quand on est dans l'Opposition, on peut
dire tout ce qu'on veut. Si le député de Laporte pouvait baisser
son journal, je pourrais vous voir.
M. Morin: Bon!
M. Bacon: Je disais au chef de l'Opposition, dans une
conversation amicale aujourd'hui, que quand on est dans l'Opposition, on dit
tout ce qu'on veut, on fait toutes les démonstrations qu'on veut. Hier,
il nous a fait une habile démonstration, d'ailleurs, sur le tabac. Je
lui ai demandé de faire la même démonstration sur
l'alcool.
M. Morin: J'aurais pu la faire, mais je n'ai pas choisi de le
faire.
M. Bacon: Avec......avec toutes ces choses...
Bah!
M. Déom: Voulez-vous que je prenne la porte, mon cher
collègue?
Le Président (M. Brisson): Programme 1 adopté?
M. Déom: Je suis toujours près de la porte.
Contributions au RAMQ
M. Morin: M. le Président, passons maintenant à la
hausse des cotisations de la RAMQ.
Une Voix: Ce n'est pas le programme 1.
M. Morin: Le député sait comme moi qu'à
l'occasion du programme 1, nous faisons toujours une revue
générale de toutes les questions fiscales qui peuvent
intéresser tant le gouvernement que l'Opposition, à la suite de
quoi l'adoption des crédits devient une sorte de formalité.
La hausse des cotisations équivaut, si je ne m'abuse, au montant
d'environ $365 millions, sur une base annuelle, bien sûr. Est-ce que ce
chifffre paraît exact au ministre? Je dis bien sur une base annuelle. Ce
n'est pas le chiffre qui figure dans votre discours sur le budget, si ma
mémoire est bonne, mais c'est ce que nous avons calculé, à
peu de chose près, en prenant comme critère la base annuelle.
M. Garneau: C'est $360... Les huit dixièmes, pour la
Régie de l'assurance-maladie, c'est $420; pour
l'assurance-hospitalisation, ce serait sur une base annuelle de $360.
M. Morin: $360. Nous avions calculé $367, mais enfin, nous
n'allons pas nous obstiner pour une différence aussi minime.
Ce que j'aimerais dire au ministre, lui répéter, parce que
nous l'avons déjà dit à satiété et,
d'ailleurs, il se l'est fait dire également par un certain nombre
d'éditorialistes et d'analystes financiers, c'est que cette taxe est une
taxe très élevée, une augmentation de taxe
considérable. Je sais que le ministre peut être tenté de
nous dire que seulement la moitié de ce montant est payée par le
salarié et l'autre moitié, par l'employeur. D'ailleurs, j'ai cru
entendre déjà cet argument de sa bouche. Mais cette taxe demeure
quand même proportionnelle au salaire. Elle peut être
considérée comme un bénéfice marginal du
travailleur, et donc, à notre avis, elle est portée
entièrement par le travailleur. D'ailleurs, je pense que si le ministre
veut bien raisonner, veut bien examiner cette situation de près, il va
admettre que c'est le travailleur qui porte entièrement cette taxe. Il
va admettre aussi, je pense...
M. Garneau: Je ne peux pas admettre ça, parce que ce n'est
pas vrai.
M. Morin: Bien oui, puisque... Vous nous disiez... Je sais que
vous avez déjà soutenu qu'il n'en payait que la moitié,
mais l'autre moitié, c'est un bénéfice qu'il reçoit
et qui fait partie de son revenu également.
M. Garneau: Non, il ne fait pas partie de son
revenu, parce que s'il faisait partie de son revenu, il serait
taxé sur cette partie.
M. Morin: Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Il serait
taxé dessus, mais ça fait partie quand même... C'est
proportionnel à son salaire. Cela fait partie des avantages marginaux
qu'il reçoit.
M. Garneau: Cela fait partie des coûts de l'entreprise.
Cela ne fait pas partie des avantages marginaux, parce que si ça faisait
partie des avantages marginaux et que c'était payé par
l'entreprise, cela devrait être ajouté à son revenu, et
comme ce ne l'est pas... Evidemment, c'est différent de l'Ontario. En
Ontario, la prime est à la charge uniquement de l'employé et non
de l'entreprise. Lorsque l'entreprise la paie, cette contribution, qui est de
$384, sur la base de négociation collective, elle accepte de le faire,
elle doit émettre des T4 et l'employé est taxé sur ce
montant, alors qu'au Québec, il ne l'est pas.
M. Morin: Oui. M. le Président, mais n'empêche que
c'est un montant qui est payé pour le travailleur, pour
l'employé...
M. Garneau: Non. C'est une charge qui fait partie des coûts
de production de l'entreprise parce qu'autrement, on aurait dit: La prime est
de $250, un montant de $125 payable par l'entreprise et l'autre montant de $125
payable par le travailleur, mais ce n'est pas cela.
C'est un coût de production de la même façon que la
taxe de vente que paie une entreprise.
M. Morin: Et ce n'est payé pour le travailleur?
M. Garneau: Ce n'est pas payé pour le travailleur, bien,
c'est-à-dire que c'est une charge qui est applicable à son
coût de production et non pas aux bénéfices marginaux de la
même façon que si l'entreprise négociait une assurance
collective et décidait de payer 25% ou 30% de la prime. Cela fait partie
des coûts de production de l'entreprise.
M. Déom: C'est comme l'assurance-chômage. M.
Garneau: Autrement, cela serait...
M. Morin: Mais il n'en reste pas moins je ne veux pas
m'aventurer dans le cas de l'assurance-chômage quoiqu'on pourrait faire
une comparaison. C'est payé quand même pour... C'est appelé
à bénéficier aux travailleurs, éventuellement. Ce
n'est pas payé dans l'abstrait.
Ce que nous avons soutenu est que c'est une taxe foncièrement
régressive parce que... Vous interviendrez après, M. le
député de Laporte, dans un instant, si vous voulez bien. Je vais
terminer mon exposé et ensuite, je suis curieux d'entendre votre point
de vue.
D'abord parce que, pour la part du salarié, la contribution est
plafonnée et à taux constant et, pour ce qui est de la
contribution de l'employeur, de façon indirecte, même si elle
n'est pas plafonnée, demeure régressive puisqu'elle est, en
dernier ressort, payée par l'employeur pour le salarié, comme je
le disais à l'instant.
Donc, cette contribution, je le répète, fait partie des
conditions salariales de l'employé et, quand on dresse le tableau de
l'augmentation estimée en pourcentage d'impôt sur le revenu des
particuliers pour tenter de voir ce que cela représente comme hausse du
fardeau fiscal pour chaque personne assujettie à cette hausse de
cotisation, on s'aperçoit que cette taxe est foncièrement
régressive dans le sens où on l'emploie dans le domaine fiscal
puisque, pour quelqu'un qui gagne, par exemple, $7000 par année, la
hausse de contribution à la RAMQ va atteindre $49, ce qui
représente une hausse, pour le célibataire, de 11% et, pour la
personne mariée, de 35% tandis que, pour une personne qui gagne $25 000
et qui fait face à une hausse de contribution de $110 à la RAMQ,
cela représente tout juste une hausse du fardeau fiscal de l'ordre de 3%
tant pour le célibataire que pour la personne mariée.
Donc, on voit nettement que c'est régressif sur le plan
fiscalet j'avoue que j'ai eu l'occasion, d'ailleurs, de le dire que
socialement, cela nous paraît tout à fait inacceptable. Mais ceci
étant dit, j'ai des questions à poser au ministre, dont la
première est celle-ci: Pourquoi avoir choisi cette taxe
éminemment régressive au lieu de taxes socialement plus
progressives ou de taxes qui ont pour effet de mieux répartir le fardeau
fiscal selon la capacité de payer du contribuable, comme par exemple,
l'impôt sur le revenu des sociétés, sur le revenu des
particuliers?
C'est un reproche que nous avons fait au ministre et sur lequel je me
permets de revenir. Nous avons eu nettement l'impression qu'il tentait de
camoufler une hausse de taxe en utilisant ce moyen.
C'est ma première question.
M. Garneau: Je ne peux pas admettre l'argumentation du chef de
l'Opposition en ce qui regarde, d'abord, la part payée par les
entreprises.
Deuxièmement, je ne peux pas non plus admettre totalement son
argumentation parce que la prime d'assurance-hospitalisation qui a
été introduite, qui n'est pas une augmentation de la Régie
de l'assurance-maladie, mais une nouvelle contribution pour le financement des
programmes d'hospitalisation, est graduée selon le revenu, non pas d'une
façon totale, mais elle est graduée, puisque la personne qui
gagne moins de $5900 ne paie rien, que le contribuable marié qui gagne
moins de $5900 ne paie rien, qu'à $6000, il paiera $84 alors que s'il
est à $20 000, il paiera $235 de telle sorte qu'il y a une progression
basée sur l'augmentation du revenu. Je ne peux donc pas admettre
complètement l'argumentation du chef de l'Opposition qui dit que c'est
une taxe qui n'a aucun degré de progressivité. Comme je l'ai
indiqué...
M. Morin: Je ne vous dis pas qu'elle n'a aucun
degré de progressivité. C'est toujours une question
relative. Je vous dis que, par rapport à d'autres taxes, elle est
régressive...
M. Garneau: Quelqu'un qui gagne $20 000 paie trois fois plus que
celui qui gagne $6000. Comme je l'ai indiqué d'ailleurs en d'autres
circonstances, dans des émissions de télévision où
j'étais questionné par des journalistes ou d'autres personnes,
comme des économistes, j'ai indiqué que nous aurions pu faire ce
que l'Ontario a fait et imposer une taxe, une prime d'assurancer
hospitalisation ou des soins de santé de $384, ce qui est le cas des
familles ontariennes, qui doivent payer $384 à l'exception des
gagne-petit, qui se situent à peu près dans le même niveau
que chez nous, mais tous les autres doivent payer la totalité de la
prime. Tandis que si on prend le bonhomme qui gagne $6000, s'il était
marié, il paierait $384 en Ontario et il paie $84 au Québec.
C'est donc dire...
M. Morin: C'est le pire exemple, l'Ontario.
M. Garneau: Ce que j'essaie d'exposer, d'expliquer au chef de
l'Opposition c'est que nous avons fait un choix qui se situait dans un moyen
terme entre une progression totale basée sur le revenu et une situation,
une méthode de financement des programmes de santé qui a
été utilisée dans la province voisine, une prime fixe.
Donc, cette situation d'un juste milieu, qui établit d'abord un montant
maximum payé par l'employé moindre et, deuxièmement, qui
est gradué suivant le revenu nous apparaissait une formule fort
acceptable. Lorsque le chef de l'Opposition prétend que nous avons
camouflé des choses, je ne vois pas comment on a pu camoufler cette
prime. Elle est indiquée dans le discours sur le budget. Il y avait des
communiqués de presse l'annonçant, j'ai fajt des émissions
de télévision où je l'ai dit clairement et, en plus, il y
a un projet de loi qui est devant l'Assemblée actuellement. Ce n'est
donc pas une chose qui a été camouflée, mais qui a
été clairement indiquée et reliée au financement
des programmes d'hospitalisation. Le fait que nous ayons présenté
cette loi qui est maintenant en discussion et qui introduit la formation d'un
fonds spécial pour le financement de l'hospitalisation indique
clairement la volonté du gouvernement d'affecter la totalité des
sommes ainsi perçues au financement de l'hospitalisation.
M. Morin: Mais enfin, avant que vous créiez ce fonds
spécial, comment étaient financés les soins en
question?
M. Garneau: Les soins hospitaliers étaient financés
uniquement par les revenus généraux du Québec.
M. Morin: C'est cela. Donc...
M. Garneau: Oui.
M. Morin: Maintenant que vous allez avoir le fonds
spécial, les fonds généraux qui sont libérés
vont servir à autre chose.
M. Garneau: Ils ne sont pas libérés.
C'est-à-dire que ce sont des sources de revenus additionnels. Je n'ai
jamais caché que c'étaient des sources de revenus additionnels.
Je ne sais pas où le chef de l'Opposition prend cela quand il dit qu'on
a essayé de camoufler cela. Lorsqu'on indique que cela va donner $300
millions en 1976/77 sur une base de dix mois, je ne pense pas avoir rien
camouflé. C'est une méthode de financement...
M. Morin: C'est-à-dire que vous avez laissé
entendre que c'était pour les fins de la RAMQ et c'était
inexact.
M. Garneau: Pardon?
M. Morin: Ce n'est pas la RAMQ qui en avait besoin.
M. Garneau: Je n'ai jamais dit que c'était la RAMQ qui en
avait besoin. Certaines personnes l'ont interprété comme cela,
mais quand on lit le texte du discours sur le budget sous ce rapport, on
s'aperçoit clairement que non seulement je n'ai pas dit cela, mais on a
ajouté presque à la dernière minute de la rédaction
un dernier paragraphe additionnel disant, à la page 24: Je voudrais
insister sur le fait que les revenus de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec ne seront aucunement touchés par cette mesure. En
1976/77, la contribution sera de $720 millions, dont $420 millions pour la
Régie de l'assurance-maladie et de $300 millions pour
l'assurance-hospitalisation.
Des personnes ont interprété cette proposition d'une
façon qui n'était pas conforme à la réalité
du texte même du discours sur le budget.
M. Morin: Après toute la mise en scène sur
l'augmentation des coûts, des soins, c'était un...
M. Garneau: Qui sont réels, ce n'est pas une mise en
scène.
M. Morin: Mais oui. En fait, on ne va pas revenir sur la
théorie des vases communicants.
M. Garneau: Et dans le tableau qu'on donne à la page 23,
on indique clairement que c'est relié au programme de
l'assurance-hospitalisation. On donne des comparaisons de coût, ce que
cela aurait représenté dans chaque cas, avec le Québec et
l'Ontario; donc, je ne vois pas pourquoi le chef de l'Opposition nous accuse
d'avoir voulu camoufler des choses.
M. Morin: Pourquoi n'avez-vous pas utilisé tout simplement
un impôt moins régressif, comme, par exemple, l'impôt sur le
revenu des particuliers? Je vous ai quand même montré, je pense
que vous ne pouvez pas nier les chiffres, vous ne pouvez pas nier les
pourcentages, je vous ai démontré que, par rapport à
l'impôt sur le re-
venu, la hausse de cotisations de la RAMQ constitue une taxe, un moyen
fiscal régressif. Parce que je ne pense pas que vous puissiez contester
les pourcentages dont je vous faisais part tout à l'heure, en
particulier pour la personne mariée qui voit, au niveau de revenu de
$7000, son fardeau fiscal augmenté de 35% tandis qu'on tombe à 3%
au niveau des $25 000; ce n'est quand même pas contestable.
Bien sûr, vous me dites; Cela augmente proportionnellement, mais
moi je vous dis que ça n'augmente pas de la même façon que
l'impôt sur le revenu. C'est plafonné et la question que je me
pose, c'est: Pourquoi avez-vous utilisé celle-là? Pourquoi, si
vous aviez besoin de revenus additionnels, n'avez-vous pas utilisé tout
simplement l'impôt sur le revenu? Est-ce que cela n'aurait pas
été socialement plus équitable?
M. Garneau: Cela n'aurait pas été socialement plus
équitable et on n'aurait pas pu... En augmentant l'impôt sur le
revenu, il aurait fallu augmenter l'impôt sur le revenu de 12%; il aurait
fallu mettre une surtaxe de 12% sur le revenu des particuliers pour pouvoir
avoir le financement de l'assurance-hospitalisation. Il y avait une autre
raison. En plus du fait que nous ne voulions pas augmenter l'impôt sur le
revenu de 12%... Parce que les comparaisons se font malheureusement toujours
entre les différents fardeaux fiscaux. Lorsqu'on dit, par exemple, qu'en
Ontario, l'impôt est plus bas à certains niveaux qu'au
Québec, on oubliait à ce moment-là qu'il y avait une prime
d'assurance financement des programmes de santé qui venait d'être
augmentée en Ontario à $384 par ménage, dans le dernier
discours sur le budget de mon collègue, M. Darcy McKeough, de telle
sorte que cela aurait encore accentué l'écart d'une façon
forte. L'autre raison, c'est qu'on n'aurait pas pu amener les entreprises
à contribuer au financement si on avait tout mis sur l'impôt sur
le revenu des particuliers. Cela me surprend que le chef de l'Opposition
chicane le gouvernement de ne pas avoir augmenté l'impôt sur le
revenu des particuliers.
M. Morin: Est-ce que ce n'est pas un impôt plus juste
socialement, est-ce que ce n'est pas le seul impôt qui, finalement, tient
compte davantage de la capacité de payer?
M. Garneau: Evidemment, si le chef de l'Opposition continuait
dans cette veine, il nous suggérerait d'abolir tous les autres
impôts, la taxe de vente, toutes les autres formes de fiscalité et
de ne conserver qu'une forme de fiscalité, l'impôt sur le
revenu.
M. Morin: Ce n'est pas ce que j'ai tenté de faire.
M. Garneau: Mais, à la limite...
M. Morin: On pourrait aussi prendre le raisonnement inverse et
vous dire: Si vous continuez sur la même lancée, je ne sais pas
où cela va vous mener; chaque fois que vous avez besoin de revenus, vous
allez augmenter le RAMQ, vous allez augmenter la contribution au RAMQ.
Où est la limite à ce système dégressif?
M. Garneau: La limite serait celle du financement total du
programme d'assurance-hospitalisation par une contribution du genre de celle
que nous avons introduite. Je trouve qu'il est normal que les contribuables se
rendent compte que les services qu'ils reçoivent et qui sont gratuits au
moment de leur utilisation signifient quand même des coûts pour
l'ensemble des citoyens et il y aurait certainement une question d'information
du public. On pourrait faire prendre conscience au contribuable
québécois, au citoyen québécois que des services
qui sont gratuits au moment de leur utilisation ne sont pas, par le fait
même, gratuits sur le plan de l'ensemble de la collectivité. C'est
normal de faire payer une partie du programme d'assurance-hospitalisation par
une contribution directe reliée aux services reçus.
M. Morin: Pourquoi ne tenez-vous pas le même raisonnement
pour d'autres secteurs fiscaux, par exemple, l'éducation, pourquoi ne
pas appliquer le même système? Le raisonnement que vous venez de
tenir pour les soins de santé qui font partie du budget du
Québec, on pourrait l'appliquer tout aussi bien à
l'éducation ou à d'autres secteurs et dire:
On va utiliser des taxes régressives pour tous les secteurs et,
à la limite, l'impôt sur le revenu, cela devient marginal.
Je ne peux pas admettre ce raisonnement. Je vous avoue que vous avez...
Il faut l'admettre. Je ne vois pas d'ailleurs pourquoi vous ne vous en
cacheriez pas, je comprends mal les motifs qui ont pu vous dicter cette
conduite, autre que de mettre l'accent, aux yeux de tout le monde, sur le
coût des soins de santé et de marquer le coup de cette
façon-là et de donner l'impression aux gens que, s'il faut
augmenter les taxes, c'est à cause des soins de santé.
Mais il est bien évident que, même avec la création
de votre fonds spécial, vous n'arriverez pas à faire illusion
à tout le monde. C'est une taxe régressive, bon! Maintenant, si
le ministre ne veut pas l'admettre, on ne va pas se chicaner jusqu'à
demain matin. Il semble que, pour lui, cela lui paraît socialement
acceptable; nous, cela nous paraît socialement inacceptable.
M. Garneau: C'est pour cela que vous êtes dans l'Opposition
et qu'on est au pouvoir.
M. Morin: C'est pour cela peut-être que les rôles
seront renversés d'ici quelque temps aussi. Ah! Ah!
M. Garneau: Si tel était le cas, on verra ce que vous
ferez.
M. Morin: Dans ce cas-là, je pense que je sais ce que nous
aurions fait.
M. Garneau: Vous auriez augmenté l'impôt sur le
revenu de 12%.
M. Morin: Les 12%, je les prends sous toute réserve.
M. Garneau: $3 milliards pour aller chercher $360 millions...
M. Morin: Je pense qu'au départ, on peut affirmer que nous
n'aurions pas choisi une taxe régressive comme celle-là.
M. Déom: Le chef de l'Opposition...
M. Morin: Je serais heureux que vous posiez des questions au
ministre aussi. Il est venu ici pour répondre à vos questions.
Moi...
M. Déom: Je lui en ai posé une tantôt.
M. Garneau: Mais si vous voulez pratiquer, au cas où vous
seriez au pouvoir.
M. Morin: En temps et lieu.
M. Berthiaume: II n'est pas sûr d'être ministre.
M. Déom: Etant donné que vous avez argumenté
tantôt que la contribution de l'employeur à la Régie de
l'assurance-maladie faisait partie des bénéfices marginaux de
l'employé, c'est bien...
M. Morin: ... c'est pour l'employé, vous ne pouvez pas
contester cela.
M. Déom: A ce moment-là, je ne vois pas pourquoi
vous ne tenez pas compte de la contribution de l'employeur quand vous calculez
votre pourcentage sur le niveau de salaire brut, parce que, si vous le faisiez,
cela n'est pas une taxe régressive, c'est une taxe uniforme que cela
donne.
M. Morin: Quand je vous ai parlé de la taxe
régressive, j'ai eu bien soin de ne vous parler que de la partie
payée directement par l'employeur.
M. Déom: Mais comment pouvez-vous argumenter que
l'employé va verser $45 pour...
M. Morin: Je m'excuse. J'ai dit employeur, mais je parlais de
l'employé.
M. Déom: Le salarié va verser $45.93 et l'employeur
va verser aussi, pour l'employé, comme vous l'avez argumenté,
$45.93. Donc, c'est environ $90 en fait, l'augmentation.
M. Morin: Mais si l'employeur n'avait pas à les
verser?
M. Déom: II l'a.
M. Morin: Peut-être qu'il pourrait payer de meilleurs
salaires. Mais il est obligé de les payer pour l'employé et il le
sait. Cela fait ça de moins à mettre dans la cagnotte pour le
salaire.
M. Déom: C'est dans la mesure où la contribution
à la Régie de l'assurance-maladie est invoquée par les
employeurs, comme faisant partie de n'importe quel règlement. A ma
connaissance, depuis que la Régie de l'assurance-maladie a
été installée, jamais aucun employeur n'a invoqué
sa contribution.
En fait, l'augmentation est d'environ $90, ce qui donne, sur $7000, 1%.
Si vous le calculez à $110 sur $20 000, cela donne également 1%.
Je ne vois pas comment vous pouvez argumenter que c'est régressif.
M. Morin: Voyons donc! On dirait que vous n'avez jamais
été employeur. J'imagine que si vous l'avez été,
vous saviez que, si vous aviez à payer tant pour l'assurance-maladie,
cela faisait partie du fardeau que vous avez à porter pour vos
employés.
M. Déom: Oui.
M. Morin: Et si vous devez payer $200 dans tel tiroir, vous ne
l'aurez pas pour le payer en salaire.
M. Déom: M. le chef de l'Opposition, je suis
complètement d'accord avec vous que, quand on établit nos
coûts de négociation, on ajoute toujours un pourcentage de
coût indirect. Mais le coût indirect, il n'entre pas dans le
règlement. C'est pour fins de calcul de l'employeur. Je n'ai jamais vu
et je vous défie de m'amener un employeur qui va invoqué, comme
argument, sa contribution à la RAMQ pour réduire son offre
globale de $45.93.
Il n'y en a pas un dans la province.
M. Morin: N'empêche qu'il est obligé de tenir compte
de cela...
M. Déom: Comme on tient compte de nos cotisations à
la Commission des accidents du travail, à la Commission de
l'assurance-chômage. Tout cela, c'est ce qu'on appelle le coût
indirect de la main-d'oeuvre.
M. Morin: C'est cela, les coûts indirects de la
main-d'oeuvre. C'est bien cela.
M. Déom: Quand on arrive pour terminer ce qu'on appelle,
en anglais, le "package deal "...
M. Morin: Pourquoi en anglais? Vous n'êtes pas
contrôleur de l'air, vous?
M. Déom: Ne me parlez pas des contrôleurs de l'air,
parce que j'en connais trop là-dessus et cela pourrait nous amener trop
loin et on va enfreindre le règlement. J'ai déjà
été dans l'aviation moi aussi.
M. Morin: Vous devriez intervenir dans ce débat en
Chambre, ce serait intéressant.
M. Déom: Oui.
M. Morin: Vous n'intervenez pas assez souvent.
M. Boutin: On va tomber dans le fanatisme. Des Voix: Le
racisme.
M. Morin: En fait de racisme, je pense que les anglophones nous
en donnent un bel exemple de ce temps-là.
M. Déom: ...
Le Président (M. Ërisson): Est-ce que le programme a
été adopté?
M. Morin: Non, M. le Président. Il ne l'est pas, mais,
seulement, le député de Laporte voulait faire une intervention
remarquée et remarquable. Je ne voulais pas m'opposer à ce qu'il
brille pour une fois.
M. Déom: J'insiste là-dessus, jamais c'est
une technique de négociation on n'utilise le coût indirect
de la main-d'oeuvre comme faisant partie du "paquet", si vous voulez l'avoir en
français, qui règle une négociation. Quand on
négocie, on le calcule, parce qu'on a besoin de fournir au service de
comptabilité, à cause des prévisions budgétaires ce
que cela va coûter.
Si on donne $0.10 et que notre coût indirect est de 24% ou de 30%,
on ajoute les 30%, mais on n'en tient pas compte dans les $0.10.
M. Morin: M. le Président, il est évident qu'entre
les coûts indirects et les coûts directs, il y a tout de même
des liens. Ce sont des vases communicants. Il est évident que si les
coûts indirects augmentent, ce qui va entrer dans ce que le
député appelle le "package deal " va être moins
considérable, c'est bien évident.
Mais de toute façon, je ne veux pas m'éterniser sur ce
débat. Je crois que cela ne nous mènera nulle part. Nous sommes
devant deux philosophies fiscales, si je puis m'exprimer ainsi, et je pense
qu'il ne sert à rien d'éterniser ce débat. C'est dans le
concret de l'avenir qu'on verra comment nous nous comporterons et comment le
gouvernement se comportera.
Le Président (M. Brisson): Le député
d'Abitibi-Ouest avait une question sur le même sujet.
Crédits périmés
M. Boutin: Non, c'était une question préliminaire
aussi, M. le Président, avant le programme 1, que je voulais poser au
ministre des Finances. Je remarque à la page 28 de la
présentation de son discours du budget qu'il va déposer un
programme supplémentaire, j'imagine, à l'automne, pour financer
le déficit des subventions versées aux commissions scolaires. Je
voulais lui demander s'il a l'intention ensuite de rajuster aussi les budgets
de certains autres ministères dans l'éventuelle
présentation d'un budget supplémentaire.
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'annoncer à ce moment-ci s'il nous faudra revenir ou non à
l'automne avec des crédits additionnels. Ce qui est l'objectif
général du gouvernement annoncé dans le discours, c'est de
maintenir le taux de croissance des dépenses à un niveau qui soit
en deçà du taux d'augmentation du produit provincial brut. J'ai
indiqué un ordre de grandeur de 13%. Je vais vous dire que si nous
revenons avec des crédits additionnels, à moins de facteurs que
j'ignore présentement, et sur lesquels je ne peux pas me prononcer parce
que je ne les connais pas, nous devrons nous assurer que, dans certains
programmes, il y aura des crédits qui ont été
autorisés et qui ne seraient pas dépensés.
Si on se rend compte, au mois d'août, à la fin du mois
d'août ou au début de septembre, que certains programmes où
on avait prévu des dépenses et où les crédits
votés en ce sens ne seront pas utilisés, c'est-à-dire s'il
y avait des crédits périmés plus élevés, il
est bien possible que nous puissions à ce moment faire des ajustements
dans certains autres programmes où il nous apparaît qu'il y aurait
des manques pour atteindre des niveaux d'opération que nous
souhaiterions.
Je donne l'exemple. Si on s'apercevait qu'au lieu d'avoir à peu
près $200 millions de crédits périmés que l'on
constate bon an, mal an, on pouvait avoir $250 millions ou $275 millions de
crédits périmés, pour toutes sortes de raisons qui peuvent
être soit directement reliées à des positions
gouvernementales ou encore à des facteurs extérieurs, par
exemple, s'il pleuvait tout l'été et que les travaux de
construction de routes ne pouvaient pas s'effectuer, on s'apercevrait qu'il y
aurait des crédits additionnels, des crédits non utilisés
parce que les contrats n'ont pas pu s'exécuter à cause des
conditions climatiques, alors, on pourrait peut-être ajouter des
crédits additionnels dans d'autres secteurs. Disons que
l'expérience sur la voirie ne permet pas d'être aussi
optimiste.
M. Déom: La météo a étudié
cela pour les Jeux olympiques. Il paraît que cela va être
très beau en juillet, très sec.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions?
M. Morin: Je m'excuse, mais dans la même veine, je voudrais
demander, à moins que le ministre n'y ait déjà fait
allusion, à combien il estime les crédits périmés
des années antérieures. Il y a des chiffres, désormais,
là-dessus.
M. Garneau: Oui. On peut le voir en faisant la comparaison entre
les crédits qui ont été effectivement votés par
l'Assemblée nationale et le niveau des dépenses. Je crois que
l'année passée, je
parle de mémoire, je ne sais pas s'il y en a qui peuvent me
corriger, ils ont été de l'ordre de $300 millions à cause
de l'opération spéciale que nous avons faite au niveau du gel des
effectifs en octobre dernier d'une façon particulière et aussi
à cause du gel qui a été décrété par
le Conseil des ministres dans certains autres programmes. Nous l'avons fait
parce que nous nous sommes rendu compte qu'il y aurait des difficultés
au niveau du déficit à cause du non-règlement des
conventions collectives où nous étions obligés de
constituer des comptes à payer, sans qu'il n'y ait d'entrée
fiscale correspondante, ce qui, en fait, nous amenait une dépense sans
qu'il n'y ait d'entrée de revenus; et aussi, à cause de la
modification qui a été constatée au niveau du
fédéral, concernant la garantie de recettes fiscales où on
a modifié...
M. Morin: On va en parier.
M. Garneau: ... la façon de payer les paiements de
garantie de recette fiscale, ce qui nous a amenés à devoir poser
des gestes précis, sans quoi le déficit aurait été
beaucoup plus élevé.
M. Morin: A combien estimez-vous les crédits
périmés ou à quel niveau prévoyez-vous qu'ils se
situeront pour l'année 1976/77? Avez-vous des prévisions?
M. Garneau: A peu près de l'ordre de $225 millions, ce qui
serait le cours normal des choses, sans aucune intervention. On constate que
sur un budget de tout près de $10 milliards, il y ait un montant de $225
millions qui n'a pu être engagé au terme de l'année, cela
correspond à peu près à l'expérience
vécue.
M. Morin: Compte tenu du fait que l'année dernière
vous avez eu des crédits supplémentaires de l'ordre de $600
millions, je crois, et que les crédits périmés
étaient de $300 millions à ce moment, est-ce que vous croyez,
cette année, sérieusement ne pas avoir besoin de crédits
supplémentaires représentant un montant supérieur aux
crédits périmés?
M. Garneau: C'est cela qui était le sens de ma
réponse au député d'Abitibi-Ouest.
M. Morin: Ouest, oui.
M. Garneau: Quant aux budgets supplémentaires, autres que
ceux qui étaient contenus dans le discours sur le budget, il y en aura
certainement, je pense bien que c'est difficile de prévoir pile.
M. Morin: Vous avez, par exemple, une situation très grave
dans l'agriculture qui va peut-être amener le gouvernement à
intervenir, peut-être.
M. Garneau: C'est un autre problème, mais de toute
façon, il y a toujours des ajustements dans certains programmes, que ce
soit à l'hospitalisa- tion, aux affaires sociales, à l'aide
sociale, ou au niveau de la voirie, parce qu'il est difficile de prévoir
exactement le rythme d'exécution des travaux. Notre objectif serait,
s'il doit y avoir des budgets supplémentaires, qu'ils ne soient pas pour
des sommes qui dépassent les crédits périmés
escomptés.
M. Morin: Déjà, le déficit prévu en
début d'année, à l'heure actuelle, est de $630
millions?
M. Garneau: C'est cela.
M. Morin: Ce n'est pas un peu utopique dans les circonstances de
penser qu'avec la situation qui s'aggrave dans l'agriculture, avec les
conventions collectives à être signées, avec les
employés du secteur parapublic et tout cela, ce n'est pas un peu
utopique de penser que vous pourriez vous en tirer sans dépasser le
montant des crédits périmés?
M. Garneau: Evidemment, c'est l'hypothèse avec laquelle on
travaille présentement.
Si je connaissais tous les aléas qui peuvent surgir d'ici le
terme de l'exercice financier, je pourrais répondre avec plus
d'assurance, mais je dois vous dire que c'est certainement un objectif que,
comme ministre des Finances et président du Conseil du trésor, je
vais m'efforcer d'atteindre. Evidemment, je ne dis pas qu'il sera atteint
à 100%, mais j'espère qu'il le sera à 95% tout au
moins.
M. Morin: Oui. Parce que, dans le discours du 11 mai, vous nous
disiez que le gouvernement s'était fixé comme objectif de limiter
à 13% l'augmentation des dépenses en 1976/77, par rapport
à celles de 1975/76. C'est à la page 41. Les crédits
supplémentaires qui pourraient être requis pour les
dépenses imprévues ne devront pas être supérieurs
à la part des crédits votés, mais non utilisés.
Donc, quand vous utilisez le futur, c'est un objectif que vous
espérez atteindre, mais dont vous n'êtes pas absolument
certain.
M. Garneau: C'est bien difficile d'être absolument certain.
Evidemment, comme je le mentionnais tout à l'heure au chef de
l'Opposition, plutôt au député d'Abitibi-Ouest, si on
constate, vers le mois de septembre, que, pour atteindre l'objectif que nous
nous étions fixé, nous avions besoin de $275 millions de
crédits périmés au lieu de $200 millions ou de $255
millions. Il n'y a rien qui empêcherait le gouvernement de poser des gels
sur certains des programmes qui nous apparaissent moins prioritaires pour
dégager des marges de manoeuvre que nous pourrions faire porter sur
d'autres programmes qui seraient devenus plus prioritaires, pour toutes sortes
de considération, en cours d'année. Ce sont les
éléments avec lesquels on peut jouer pour atteindre cet objectif.
Il se peut, comme je le disais aussi, qu'il ne soit pas atteint, mais on va
certainement faire tous les ef-
forts possibles pour l'atteindre, parce que, si on veut apporter des
correctifs éventuellement au niveau de la fiscalité, pour
l'ensemble des Québécois, il faut s'assurer d'un plafond dans le
taux de croissance de nos dépenses. Sans ça, il n'y a pas moyen
de prévoir des aménagements, éviter des hausses
d'impôt ou encore prévoir des baisses, des réajustements de
fiscalité si on opère avec des taux de croissance de
dépenses qui sont trop élevés.
M. Morin: Ce qui m'amène à poser ces questions,
c'est que l'an dernier, vous vous en souviendrez, vous aviez prévu au
départ un déficit de quoi? $350 millions? $400 millions?
M. Garneau: $300 millions.
M. Morin: $400 millions, je pense. Vous avez fini avec $1
milliard.
M. Garneau: On a fini avec $900 millions. M. Morin: Oui,
bon, $900 millions.
M. Garneau: J'ai indiqué tout à l'heure au chef de
l'Opposition que ce déficit... J'ai dit aussi dans mon discours sur le
budget que, pour la première fois, nous avons fait l'ajustement sur le
plan comptable pour l'année antérieure, mais nous avons
indiqué, dans nos dépenses courantes, la réserve
actuarielle qui doit être comptabilisée pour le nouveau
régime de retraite des employés des secteurs public et
parapublic, ce qui est une somme assez considérable. L'an passé,
ça représentait $130 millions. Les $900 millions se trouvaient,
en fait, à inclure $130 millions qui, habituellement, dans la
méthode comptable antérieure, n'étaient pas
comptabilisés. Quand on fait les comparaisons, par exemple, du
déficit annoncé avec celui réalisé, il faut tenir
compte de ces $130 millions également. Nous avons voulu suivre la
recommandation faite par le Vérificateur général, qui
m'apparaissait logique, et inclure, dans nos dépenses courantes, ce qui
est la part d'employeurs dans le coût d'origine de retraite des
employés des secteurs public et parapublic. Avant ça, nous
étions sur un système de "pay as you go" total, alors que,
maintenant, nous constituons des réserves actuarielles, et même si
nous ne versons pas effectivement l'argent qui constitue la part d'un employeur
au régime suivant la loi, nous comptabilisons quand même le
coût, de telle sorte que, lorsqu'on aura à payer ces retraites
dans le futur, les dépenses auront été attribuées
à chacune des années pour lesquelles elles devaient être
attribuées.
Programmes à frais partagés
M. Morin: Je me tourne maintenant, M. le Président, vers
les relations fédérales-provinciales dans le domaine fiscal. Dans
ce domaine, une déception n'attend pas l'autre, et, lors des
dernières rencontres qui ont eu lieu à Ottawa, encore tout
récemment, au sujet des accords quinquennaux qui viennent à
échéance en mars 1977, on a pu constater qu'il a
résulté de cette conférence une situation plutôt
confuse, et j'aimerais interroger le ministre sur ces attitudes, tant en ce qui
concerne la garantie des recettes fiscales, que pour ce qui est de la
péréquation et des programmes à frais partagés.
Commençons par ce que l'on appelle quelquefois les plans
conjoints. Ensuite, nous pourrons parler de la péréquation et de
la garantie des recettes fiscales, ces deux dernières questions
étant passablement liées.
Si j'ai bien compris la position du ministère, le Québec
tente de se retirer de trois programmes conjoints importants à l'heure
actuelle, c'est-à-dire l'assurance-maladie, l'assurance-hospitalisation
et l'enseignement supérieur, en échange de ressources fiscales
autonomes, permanentes, ce qu'on appelle les points d'impôt.
A l'heure actuelle, dans les faits, le Québec détient 24
points sur la base d'un accord qui n'est pas permanent, qui, souhaitons-le, ne
sera pas remis en question, mais qui n'est pas permanent, et, sur la base
actuelle, j'aimerais demander au ministre de combien de points d'impôt il
s'agit, si le Québec entend ne plus participer avec le gouvernement
fédéral à des programmes dits conjoints dans ces trois
secteurs.
M. Garneau: La première observation que je voudrais faire
sur cette question est en ce qui regarde le principe de "l'opting out", en
d'autres mots de contributions, qu'elles soient fiscales ou financières,
du gouvernement fédéral vers les provinces, qui ne sont pas
reliées au niveau de la dépense. En d'autres mots, soit avoir des
compensations fiscales, des compensations financières qui ne sont pas
reliées directement au montant d'argent dépensé pour
l'hospitalisation, par exemple, pour la santé et pour
l'assurance-maladie.
Ce principe "d'opting out" est accepté et reconnu non seulement
par le Québec, mais aussi par le fédéral, et
accepté par la grande majorité des provinces, et l'attitude du
fédéral dans ce domaine est conforme à l'objectif que nous
recherchions depuis un certain nombre d'années, le gouvernement
fédéral ayant accepté, dans le cadre des nouveaux
arrangements fiscaux, à ne plus relier sa contribution sous la forme que
l'on connaissait de programmes conjoints...
M. Morin: ... qui étaient fondés sur les
coûts.
M. Garneau: ... qui étaient fondés sur les
coûts et qui ne seront plus fondés sur les coûts, mais
plutôt sur un taux de croissance, soit du rendement des points
d'impôt ou des sources fiscales transférées ou sur les
compensations financières qui pourraient être versées s'il
y avait des parties sous forme fiscale, des parties sous forme
financière, ce qui éliminerait toute la comptabilité et le
suivi des coûts tels qu'ils existent dans tout le pays pour ces
programmes.
M. Morin: II n'est pas question de les indexer au taux de
croissance du PNB.
M. Garneau: C'est une des formules qui sont
suggérées par le fédéral, mais peu importe la
formule que l'on analyse présentement... Ce que je voulais souligner au
départ est que le principe de non-lien entre les coûts et le
financement des programmes a été accepté par le
fédéral et la plupart des provinces.
C'est donc un point extrêmement important. Une fois ce principe
accepté, quelle est la façon maintenant de continuer à
assurer le financement ou la part que le fédéral versait pour le
financement de ces programmes?
Ce seront les objets des conférences des ministres des Finances
qui auront lieu la semaine prochaine et probablement un peu plus tard, au
début de l'automne, et, finalement, une rencontre des premiers ministres
qui se situera également quelque part au mois d'octobre et qui mettra le
point final à toutes ces discussions pour en arriver à une
décision qui aura été acceptée de part et d'autre
ou c|ui aura été imposée par le gouvernement
fédéral, parce qu'il s'agit d'une loi du Parlement canadien.
Dans les propositions qui sont étudiées actuellement, le
Québec avait proposé une formule de financement qui rejoignait
l'assurance-hospitalisation, l'assurance-maladie et le financement de
l'éducation post-secondaire qui n'est pas un programme conjoint, mais
qui faisait partie quand même du financement.
Nous avions proposé des transferts d'impôt sur le revenu
des particuliers, un point sur le revenu des corporations et la taxe sur les
tabacs et les alcools, le tout péréquaté à la
moyenne des deux provinces les plus riches, suivant une formule de
péréquation nouvelle qui aurait été plus globale,
plus macro-économique, et le gouvernement fédéral propose
une autre formule, ou du moins dans les approches sur le plan des principes,
qui consisterait dans des transferts de points d'impôt dont nous ne
connaissons pas exactement la teneur et le tout serait également par un
transfert financier, basé sur le taux de croissance du PNB canadien.
Est-ce que ce serait exactement le taux de croissance du PNB candien ou un peu
plus? Le fédéral non plus n'a pas donné de réponse
définitive. Ce qui est la pierre d'achoppement de toute la discussion,
c'est la garantie de recettes fiscales, selon que le
fédéral...
M. Morin: On va y venir.
M. Garneau: Mais, dans la proposition qu'on a faite, nous tenions
compte de l'ensemble du paquet, hospitalisation, santé,
péréquation, garantie de recettes fiscales, éducation
postsecondaire, selon le morcellement qui pourra être retenu, parce qu'il
y a des provinces qui préfèrent ne pas embarquer dans le paquet
global. Evidemment, je ne peux pas répondre, parce que les discussions
ne sont pas suffisamment avancées pour dire quel sera le compromis qui
devra être atteint pour en arriver à des accords fiscaux de 1977
à 1982.
M. Morin: Oui. Eclairez-moi sur un point. A l'heure actuelle,
dans les faits, vous avez 24 points d'impôt.
M. Garneau: Plus 4,3 pour l'éducation postsecondaire qui
fait partie de l'impôt de base des provinces, parce qu'il y a des
provinces qui...
M. Morin: Cela, évidemment, ce n'est pas permanent. Ce
sont des...
M. Garneau: C'est permanent. Les 4,3...
M. Morin: Les 4,3 sont permanents. Mais les 24 ne sont pas
permanents.
M. Garneau: Les 24 sont renouvelés, c'est-à-dire
qu'ils font partie des accords fiscaux.
M. Morin: Les 19 que vous revendiquez prendraient la place des
24.
M. Garneau: Ils prendraient la place des 24, plus 4,3, des 28,3.
Le problème, c'est qu'il faut arriver à un nombre de points
d'impôt qui puisse permettre à toutes les provinces de sortir en
même temps. C'était cela la grande lacune, le reproche que nous
faisions à la proposition Turner il y a trois ans. Le nombre de points
d'impôt qu'il proposait de transférer ne permettait pas à
toutes les provinces de sortir. Il y aurait ce nombre de points, plus les
alcools et les tabacs.
M. Morin: Si je comprends bien, vos 19 points
péréquatés d'une nouvelle façon vous rapporteraient
autant que les 28,3 points actuels? Est-ce bien cela?
M. Garneau: Le nombre de points d'impôt que nous
suggérions, parce que nous suggérions également, en plus
de ces 19 points, la taxe sur les tabacs et les alcools, l'ensemble...
M. Morin: Plus 1% sur les profits des corporations.
M. Garneau: Plus 1% sur les profits des corporations qui existent
déjà. L'ensemble de ces ressources fiscales qui seraient
transférées à toutes les provinces ajouté au fait
que l'ensemble de la péréquation non seulement sur ces points,
mais sur l'ensemble de la formule de péréquation qui serait
modifiée, rapporterait aux provinces, y inclus le Québec,
à peu près les mêmes montants d'argent qui ont
été versés au cours des années passées pour
le financement des programmes dont on voudrait se retirer. Pour que cela
fonctionne, il faut que le fédéral accepte de maintenir dans la
base de ses paiements aux provinces les paiements qu'il fait en vertu de la
garantie de recettes fiscales qui correspondrait environ à $700
millions. Si, évidemment, le fédéral disait: Ces $700
millions, nous ne voulons plus les payer, comme c'est leur indication, la
formule que j'ai proposée ne serait pas un changement de financement qui
corresponde aux mêmes coûts. Le
taux de croissance des revenus que nous suggérions de
transférer aux provinces avait un potentiel de croissance d'à peu
près 1,2 au PNB.
M. Morin: De sorte qu'à l'heure actuelle, ce que vous
tentez de négocier, c'est un régime d'application
générale à l'ensemble des provinces alors que jusqu'ici,
vous jouissiez d'une sorte de statut particulier qui pouvait avoir ses
avantages. Vous allez peut-être vous rendre compte que c'est plus
difficile de négocier vos 19 points d'impôt que cela ne l'a
été pour les 24 plus 4,3.
M. Garneau: II faut bien comprendre que cette formule de
transfert de points d'impôt était une façon de financer des
programmes qui étaient appuyés sur les coûts, de telle
sorte que lorsqu'il y avait des points transférés, ce qui
était le cas pour le Québec, le fédéral calculait
les sommes d'argent qui, autrement, seraient versables au Québec, et
disait: Vous en avez déjà reçu X par les transferts de
points d'impôt basés sur le rendement du point d'impôt
fédéral au Québec, il nous reste à payer des
ajustements financiers.
En fait, ce n'était pas un "opting out" véritable.
M. Morin: Est-ce que le ministre est au fait de ce que le
gouvernement fédéral offre en réponse notamment pour ce
qui est des points d'impôt?
M. Garneau: Malheureusement, on n'a pas encore de propositions
précises du gouvernement fédéral. J'espère que des
hypothèses ont été préparées au niveau des
fonctionnaires fédéraux, mais il n'y a pas de propositions
précises encore du gouvernement fédéral face au
financement de ces programmes.
J'espère que la conférence des ministres des Finances, la
semaine prochaine, les 6 et 7 juillet, pourra nous donner des indications plus
précises des intentions fédérales en particulier en ce qui
regarde la garantie de recette de revenu.
Péréquation
M. Morin: Me tournant vers la question de la
péréquation, quelle est la position du gouvernement
fédéral quant à l'avenir de la formule de
péréquation? Je pense que j'ai déjà
interrogé le ministre à ce sujet en Chambre. Actuellement, cela
représente plus de $200 millions pour les provinces dites pauvres et
Québec tente d'obtenir une formule améliorée. Mais j'ai
cru comprendre, à la suite de la conférence, qu'Ottawa
réservait ses positions en matière de péréquation
et que vous êtes revenu sans trop savoir ce que sont réellement
les positions fédérales. Est-ce que je me trompe?
M. Garneau: Evidemment, la péréquation est beaucoup
plus importante que ça, parce que pour le Québec, ça
représente plus que $1 milliard. Le chef de l'Opposition, en parlant de
$200 millions, je ne sais pas s'il parle d'accroissement, mais pour le
Québec, en 1976...
M. Morin: C'était l'accroissement, je m'excuse.
M. Garneau: ... le Québec retirait $1 milliard au niveau
de la péréquation; je n'ai pas les chiffres pour les autres
provinces devant moi, je ne sais pas si c'est $1,1 milliard pour 1976/77. La
seule chose qu'on connaît, c'est la déclaration de principe que le
premier ministre du Canada a faite à la conférence des premiers
ministres il y a quelques semaines ou quelques jours, une dizaine de jours, sur
le fait que le fédéral est engagé, en principe, à
maintenir l'égalisation des revenus dans tout le pays.
Mais en ce qui regarde les formules précises, de ce que pourrait
être la formule de péréquation à partir de 1977, ce
sont de nouveaux accords financiers, nous n'avons pas encore de propositions
ministérielles fédérales claires.
M. Morin: Mais ils ont tout de même déclaré
qu'ils voulaient que ce soit fondé sur un certain nombre de grands
indicateurs et que ça ne dépasse pas la croissance du PNB. Est-ce
que ce ne sont pas là des positions particulières?
M. Garneau: Ce sont des questions qui ont été
discutées, mais évidemment s'ils plafonnent la
péréquation d'une façon artificielle, c'est le principe
même d'égalisation de la richesses, les revenus des provinces
à la moyenne canadienne ou à la moyenne des deux provinces les
plus riches au niveau de la province la plus riche, peu importe la formule qui
sera utilisée, qui sera en cause. Est-ce qu'on en arrivera à une
formule macroéconomique pour calculer la péréquation, tel
que nous l'avons suggéré, ou si nous allons maintenir une
péréquation basée sur un certain nombre de sources de
revenu, soit suivant la forme actuelle ou suivant une autre forme? Nous
attendons des propositions précises du gouvernement
fédéral. Il faut dire que les provinces ont des points de vue
différents.
M. Morin: Pour ce qui est de la garantie des recettes fiscales,
puis-je demander au ministre ce qu'il entend faire à la suite de la
décision du gouvernement fédéral de changer
unilatéralement les règles du jeu. Si j'ai bien compris les
positions fédérales, Ottawa voudrait mettre fin à ce
programme institué en 1972, qui était une conséquence de
la réforme Benson et qui représentait $88 millions en 1972/73,
$271 millions en 1973/74 et, enfin, pour sauter par-dessus une ou deux
années qui ont connu également une progression
considérable, qui a abouti, en 1976, à des prévisions de
l'ordre de $660 millions.
Quelle est l'attitude du Québec devant cette façon
cavalière de procéder du gouvernement fédéral?
M. Garneau: Nous avons indiqué, à la
conférence des ministres des Finances, et le premier ministre a repris
la position du Québec à la conférence des premiers
ministres, que nous trouvions
complètement inacceptable que le gouvernement
fédéral modifie les règles du jeu en cours de route,
c'est-à-dire dans la façon de calculer les paiements
garantis.
Pour ce qui est de la période 1972-1977, le gouvernement
fédéral ne me propose pas d'abolir, jusqu'au 31 mars 1977, la
garantie de recette fiscale, mais de modifier la façon de la calculer.
Nous nous sommes opposés à cela et nous avons vu une
unanimité totale de l'ensemble des provinces canadiennes sur cet
objectif. Nous croyons que c'est un manque d'éthique de la part du
gouvernement fédéral de modifier, en cours de route, la
façon dont la garantie de recette fiscale avait été
calculée depuis le début.
Nous nous opposons également à ce que cette garantie de
recette fiscale soit abolie ou soit annulée au terme des accords
présents Nous disons que, si le fédéral ne reconduit pas
la formule de garantie de recette fiscale, il s'agit de sa part d'une double
taxation.
J'ai fait une démonstration au niveau de la conférence des
premiers ministres en indiquant que, lorsque la réforme fiscale a
été introduite, la grande discussion qu'il y avait entre le
fédéral et les provinces était d'établir la
façon dont allaient être déterminés l'impôt
provincial et l'impôt fédéral de base, l'impôt
fédéral de base et la façon dont il allait être
exprimé pour l'impôt des provinces.
Le fédéral suggérait, en 1972, que l'impôt
des provinces s'exprime à 30% de l'impôt fédéral de
base, ce qui, d'après ses calculs, allait produire des revenus
identiques à ceux qu'aurait produit l'ancienne fiscalité et
allait coûter le même montant à l'ensemble des contribuables
canadiens.
Les provinces se sont opposées en disant que les 30%
n'étaient pas suffisants. Certaines provinces suggéraient que
l'impôt des provinces s'exprime à 32% ou à 33% de
l'impôt fédéral de base. Finalement, le
fédéral a dit: Nous avons augmenté de 30% à 30,5%
et nous allons vous donner la garantie de revenus.
Si le fédéral concrétisait certaines des
orientations, des hypothèses qui ont été données au
cours des dernières conférences, je soumets qu'il s'agirait
là, de la part du fédéral, non seulement d'un recul, mais
également d'une façon d'établir une double taxation dans
l'ensemble des provinces canadiennes.
M. Morin: Serait-ce de nature à vous conduire à la
conclusion que le fédéralisme ne serait peut-être pas aussi
rentable que vous le croyiez?
M. Garneau: Je pense que cela me conduirait à la
conclusion que les accords financiers que nous avons conclus avec le
fédéral... Et les provinces sont unanimes là-dessus pour
dire qu'elles devront être beaucoup plus prudentes lorsque des
engagements de cette nature sont pris, pour qu'ils ne soient pas
modifiés en cours de route.
M. Morin: Qu'en termes prudents ces choses-là sont
dites!
M. Garneau: Parce que, évidemment, toute
négociation avec des partenaires conduit, à certains moments,
à des choses difficiles. Je ne peux pas entrer dans tout le débat
de l'indépendance, mais si le chef de l'Opposition devait être
placé dans une situation où il devrait aller au bout de sa
pensée, sur le plan pratique, il verrait que, lui aussi, aurait des
discussions à faire avec non seulement le gouvernement
fédéral, mais d'autres provinces et il ne serait peut-être
pas gagnant sur toute la ligne.
M. Morin: Assurément.
M. Garneau: C'est la même chose lorsque le gouvernement du
Québec négocie avec une municipalité.
M. Morin: Du moins, aurait-on moins de risques de se ramasser
avec des décisions unilatérales imposées par le grand
frère.
M. Garneau: Ce qu'on ne sait pas, c'est quelles seraient les
décisions. C'est votre hypothèse.
M. Morin: On peut le penser. Cela se négocie librement,
mais c'est une autre affaire, et j'aimerais demander au ministre ce que cela
représente pour le Québec, pour l'année 1975, pour les
prévisions pour 1976 et ce que cela aurait pu représenter. Est-ce
que vous avez des projections sur ce que cela peut représenter pour les
années futures, ce que vous escomptiez, autrement dit, de la garantie
des recettes fiscales à la suite de la réforme Benson?
M. Garneau: La somme en cause dans le changement de la
façon de calculer la garantie de recettes fiscales, cela
représente, sur la base des années, $250 millions pour le
Québec et cela peut représenter $325 millions pour l'Ontario, que
je sache, et en proportion des autres provinces.
M. Morin: Oui, mais cela, c'est pour l'année... M.
Garneau: C'est pour l'ensemble... M. Morin: Oui.
M. Garneau: ... parce qu'il y a des paiements provisoires et des
paiements définitifs pour l'ensemble des trois années 1974, 1975,
1976.
M. Morin: Jusqu'à 1976?
M. Garneau: C'est cela, jusqu'au terme des accords actuels.
M. Morin: $250 millions? M. Garneau: $250 millions.
M. Morin: $250 millions. Bon. Vous ne pouvez pas
décomposer cela pour chaque année?
M. Garneau: Ces estimations qui sont faites
par le service de recherches économiques et fiscales, d'une
façon globale, on ne les a pas.
M. Morin: Et pour les années futures, si la formule
n'était pas modifiée, en comparant cette situation avec la
formule modifiée, qu'est-ce que cela représente comme manque
à gagner en quelque sorte?
M. Garneau: Le problème...
M. Morin: Ce n'est pas très fiscal comme langage, mais
vous me permettrez d'utiliser cette expression.
M. Garneau: ... qui se pose, c'est qu'aux termes des accords
actuels, ce que le fédéral veut introduire dans sa nouvelle
politique, c'est de ne faire aucun paiement. A ce moment, pour l'ensemble du
pays, c'est quoi? $1 milliard? $700 millions pour l'ensemble du pays.
M. Morin: Cela, c'est en 1976?
M. Garneau: A l'avenir, après les accords fiscaux
actuels.
M. Morin: Bon. Jusqu'à expiration de la formule.
M. Garneau: La formule, leur hypothèse de travail, c'est
d'y mettre fin, au 31 mars 1977.
M. Morin: Oui, mais normalement elle serait poursuivie
jusqu'à quand?
M. Garneau: Elle était introduite pour une période
de cinq ans. Elle faisait partie de l'ensemble des accords fiscaux. Le
fédéral soumet...
M. Morin: Donc, elle se terminait en 1977.
M. Garneau: ... que son engagement était pour
jusqu'à la fin des présents accords et les provinces soumettent
que la garantie de recettes fiscales, telle que présentée par le
fédéral, était c'est là notre
hypothèse et cela me semble partagé par les autres provinces
que les paiements financiers étaient introduits pour
évaluer de quelle façon aurait dû être exprimé
l'impôt provincial en regard de l'impôt fédéral de
base et, au lieu de 30,5% d'avoir probablement 32% ou 33%. Mais c'est tout le
noeud de la question.
M. Morin: Si je comprends bien l'argument c'est que, si la
réforme Benson se poursuit dans ses effets elle va
nécessairement se poursuivre dans ses effets la garantie de
recettes fiscales étant liée à la réforme Benson,
donc il n'y a pas raison d'y mettre fin en 1977.
M. Garneau: Notre hypothèse, c'est qu'on devrait modifier
la façon dont l'impôt provincial est exprimé, au lieu
d'être à 30,5%, peut-être d'être à 33% ou
à 34% et le fédéral se retirerait pour une partie
correspondante, une fiscalité qui serait de l'ordre de $700 millions
à peu près, $700 millions ou $800 millions et qui serait
répartie à travers les revenus des autres provinces, le
Québec et les autres provinces, dans la même proportion.
A ce moment, il n'y aurait plus nécessairement de paiements
financiers à faire, les provinces percevant elles-mêmes les sommes
d'argent qu'elles doivent recevoir. Autrement, le fédéral va
obliger les provinces soit à baisser leurs dépenses ou à
accroître leurs revenus pour compenser le manque à gagner...
M. Morin: D'accord.
M. Garneau:... qui est relié à une décision
fédérale qui nous apparaît complètement injuste.
M. Morin: Mais, dans ces $700 millions, c'est le montant global
de la garantie des recettes fiscales...
M. Garneau: Pour la dernière année, pour l'ensemble
du pays.
M. Morin: ... pour la dernière année, donc, se
terminent en 1977.
M. Garneau: C'est cela, pour l'ensemble du pays.
M. Morin: Pour l'ensemble du pays. Là-dessus, combien
aurait été dévolu au Québec?
M. Garneau: On me dit $175 millions à $200 millions.
M. Morin: A $200 millions. Bon. Cela nous servira de guide pour
la suite. Pour ce chapitre-là, j'en ai terminé.
Le Président (M. Brisson): Le député
d'Abitibi-Ouest.
Emprunt sur le marché suisse
M. Boutin: M. le Président, je remarque, à la page
11-5 du discours du budget qu'on voit que l'Hydro a effectué des
emprunts sur le marché suisse dans les années 1975.
Si on considère que, dans les années passées, il y
a eu une fluctuation appréciable du franc suisse sur le marché de
change et qu'on ne remarque pas cette tête de modification aussi forte
dans le dollar américain, par rapport au dollar canadien, on peut avoir
quand même une certaine stabilité quant au rendement à
l'acheteur. Cependant, avec le franc suisse, cela ne pourrait pas être
des fois des cas dangereux comme ils se sont produits peut-être dans les
années 1971/72-où le franc a évolué d'une
façon appréciable et peut-être monté le rendement
d'une façon trop élevée.
M. Garneau: Le député d'Abitibi-Ouest a raison de
dire qu'il y a eu des évolutions dans les
taux de change du franc suisse par rapport au dollar américain et
au dollar canadien. Quand il me réfère au tableau de l'annexe 2,
page 5, il constatera, par contre, que le taux d'intérêt sur ces
emprunts était de 7 3/4%, de telle sorte que, même avec une
réévaluation du franc suisse, le coût véritable
n'est peut-être pas nécessairement plus élevé que si
les emprunts avaient été faits dans une autre devise. Il faut
prendre en considération le fait que la dette de l'Hydro-Québec
est partagée dans différentes devises: franc suisse, deutsche
mark, dollar canadien, dollar américain, de telle sorte que, quand on
fait l'analyse des fluctuations des taux de change, sur certaines devises, on
gagne, sur d'autres, on perd. Et comme cela se situe dans le temps, que les
remboursements sont sur plusieurs années, c'est difficile de dire
exactement ce qui a été gagné et ce qui a
été perdu. Pour autant que la dette soit répartie dans un
ensemble de devises étrangères et qui aurait été
fait en 1970 en francs suisses, évidemment, le coût en serait
très élevé. Cela a été le cas d'un certain
nombre de municipalités.
Pour ce qui est de l'Hydro, nous avons gagné sur le dollar
canadien. Nous avons probablement perdu sur le franc suisse, mais dans
l'ensemble, je crois que les plus et les moins s'éliminent.
M. Boutin: Est-ce que vous allez aussi aux emprunts au Japon?
M. Garneau: Pardon?
M. Boutin: Est-ce que vous allez aussi aux emprunts au Japon?
M. Garneau: La province a fait un emprunt au Japon en 1972, je
crois. On est revenu au pair entre le yen et le dollar canadien depuis notre
emprunt. Il a augmenté et est devenu beaucoup plus cher qu'au moment de
l'emprunt. Il a rebaissé et là, on est au pair. Evidemment, s'il
faut le prendre sur la vie de l'emprunt, bien malin celui qui pourrait dire
quel sera le taux de change du yen par rapport au dollar canadien et au dollar
américain dans cinq ans. Pour autant que notre dette ne soit pas dans
une seule devise, les risques sont atténués d'autant.
M. Boutin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Programme 1, adopté?
Finances municipales
M. Morin: Non, nous n'en sommes pas tout à fait encore
là. Ce ne sera pas bien long maintenant. Je vous demande un peu de
patience. Il nous reste à traiter à tout le moins des finances
municipales. On a dit que la décennie 1950 en avait été
une de dépenses fédérales, parce qu'il y avait un certain
nombre d'infrastructures à mettre en place au niveau
fédéral. On a dit que les années soixante avaient vu
s'accroître l'importance des dépenses provinciales. Je ne sais
trop quel économiste affirmait récemment que, durant les
années soixante-dix et quatre-vingts, les besoins se feront sentir bien
davantage au niveau municipal, niveau de gouvernement qui est beaucoup plus
près des citoyens et de leurs besoins. C'est la raison pour laquelle
sans doute les besoins financiers des collectivités locales augmentent
très rapidement, d'autant plus rapidement d'ailleurs que le gouvernement
ajoute continuellement à leurs responsabilités. J'aimerais me
tourner maintenant vers la situation des finances municipales.
D'abord, je constate un certain ralentissement dé la croissance
de l'aide aux municipalités, alors que leurs charges augmentent de plus
en plus rapidement, comme je le disais à l'instant. La
conséquence immédiate de cette situation, c'est une hausse
générale, généralisée des taxes
municipales.
J'aimerais poser une ou deux questions au ministre pour lui permettre de
faire état des attitudes du gouvernement dans ce domaine. Je vais parler
des taxes municipales et des taxes scolaires ensemble, parce qu'elles sont
évidemment liées d'assez près. Le ministre est-il
conscient que les taxes scolaires, même en réduisant le taux de
l'impôt foncier normalisé je crois qu'il y a eu une baisse
de $0.05, si ma mémoire est bonne ne diminuent pas en raison de
la hausse des évaluations, de sorte qu'il n'y a pas plus d'argent
disponible au bout du compte?
Et, tandis que j'y suis, je vais poser aussi une autre question. Le
ministre est-il conscient du fait que les hausses de taxes foncières
municipales augmenteront en plusieurs endroits de 30%, de 40%, de 50%, et
même dans un cas qui, j'avoue, est lié à une situation
particulière, de 126%? Voilà! Ce sont mes premières
questions. J'en aurai d'autres par la suite, selon la réponse du
ministre.
M. Garneau: Si le chef de l'Opposition me demande si je suis
conscient, ma réponse pourrait être très brève et
dire oui, mais ça ne le satisferait pas, et ce ne serait pas juste non
plus pour ce qui entoure le sens de ces questions.
Ce que je voudrais souligner, c'est que l'effort qui a été
fait au niveau gouvernemental pour le financement municipal au cours des
dernières années a été, je dirais, colossal. Quand
on regarde le tableau de l'annexe 2 de la page 8, par exemple, et qu'on voit
l'évolution au cours des dernières années, on constate
qu'en 1972/73, les transferts en provenance du gouvernement du Québec
vers les municipalités étaient de $344 millions, et les
prévisions pour l'année en cours sont de $937 millions. Cela a
été une augmentation qui a connu des rythmes de croisière
de 40% en 1973/74, 37% en 1974/75 et, pour l'année en cours, elle se
situe quand même à 17,8%; ce qui est un rythme de croisière
d'augmentation considérable.
Je suis bien conscient du fait qu'il y a des problèmes au niveau
des municipalités, mais je dirais que l'ensemble des dépenses
publiques, qu'elles soient provinciales, municipales ou scolaires, constitue un
problème sur le plan économique
auquel il nous faut faire face. J'ai indiqué, dans une
intervention que j'ai faite devant l'Union des municipalités, certains
des problèmes ou des préoccupations que j'avais comme ministre
des Finances en regard du financement municipal. J'avais indiqué au
congrès de l'Union des municipalités, l'an dernier, que notre
marge de manoeuvre ne serait pas suffisante en 1976/77, compte tenu des
négociations collectives et des programmes déjà
établis, pour pouvoir dégager des sommes considérables
cette années, ce qui a été le cas. On peut peut-être
me reprocher de ne pas avoir été assez généreux,
mais on ne peut pas me reprocher de l'avoir caché. Je suis allé
le dire directement aux intéressés.
Il se pose aussi l'autre problème, à savoir comment on
finance les municipalités. L'hypothèse de travail que j'ai
développée devant l'Union des municipalités était
que les transferts inconditionnels avaient leur mérite, mais, d'un autre
côté, il fallait en arriver à une situation où celui
qui détermine le niveau de la dépense doit être
également celui qui détermine le niveau de la fiscalité et
que l'économie québécoise ne peut pas produire
indéfiniment des revenus fiscaux, qu'ils soient provinciaux, municipaux
ou scolaires, et que si l'on veut atteindre des taux de croissance de
fiscalité plus bas, il va falloir s'assurer un contrôle plus grand
des dépenses. Cela donne un peu l'approche que nous avons retenue, en
poursuivant quand même la baisse de l'impôt normalisé et de
l'impôt foncier scolaire. On doit constater que les commissions scolaires
ont introduit de nouveau une partie du champ par des dépenses
inadmissibles aux subventions. Evidemment, c'est leur autonomie qui leur permet
de le faire. Les municipalités nous suggèrent d'abolir
l'impôt foncier scolaire complètement. Si tel est le cas, il ne
resterait plus aucun pouvoir fiscal aux commissions scolaires. Cela pose tout
le problème de l'autonomie des commissions scolaires.
Le débat est certainement ouvert et il ne pourra pas être
déterminé ou clos par un diktat gouvernemental. Il va falloir
qu'il y ait énormément de consultation et qu'on puisse
établir, à partir d'un dialogue, exactement quelles structures
administratives on envisage au niveau scolaire, si on veut abolir
complètement... Evidemment, les commissions scolaires s'opposent, d'une
façon très vigoureuse, à l'abolition de l'impôt
foncier scolaire. Les municipalités, de leur côté,
suggèrent qu'il soit aboli. Quel sera le moyen terme? Quel est
l'impôt de base qui doit être maintenu pour assurer cette
autonomie? Je n'ai pas la réponse dans une boule de cristal.
M. Morin: Le ministre se faisait une belle jambe, tout à
l'heure, en incluant dans les montants qui sont remis aux municipalités,
sous le titre de l'aide financière, leur part de la taxe de vente, mais,
à vrai dire, si on veut vraiment calculer l'aide réelle
accordée aux municipalités par le gouvernement, on doit d'abord
soustraire la taxe de vente qui ne peut pas être considérée
comme une aide provinciale aux municipalités, parce que cela leur
revient...
M. Garneau: Cela leur revient par décision du
gouvernement.
M. Morin:... de droit. Oui, mais ce n'est pas de l'aide. C'est
leur part de la taxe en question. Ce n'est pas de l'aide.
M. Garneau: Cela a été un transfert de revenus du
provincial vers les municipalités. Il y en a qui nous disent, par
exemple: Enlevez le transfert de la taxe de vente aux municipalités et
remplacez cela par la totalité de l'impôt foncier. Evidemment,
c'est une décision gouvernementale. C'est un transfert de revenus. C'est
un transfert de champ fiscal dont nous répartissons les montants suivant
une formule 50%-40%-10% sur une base locale, régionale et provinciale.
Evidemment, cela pourrait être autre chose, mais si on transfère
des revenus, lorsqu'on transfère, par exemple, on baisse l'impôt
foncier, l'impôt normalisé de base au niveau scolaire,
évidemment, on pourrait dire: On l'inclut la première
année et on l'oublie par la suite. Si on faisait cela, je crois qu'on ne
donnerait pas la réalité des transferts qui sont faits, soit sous
forme de champ d'imposition, ce qui est le cas avec la taxe de vente, soit
encore dans le cas de l'impôt foncier scolaire, ou encore dans le cas des
subventions per capita.
Ce sont des programmes. Certains sont inconditionnels. D'autres sont
conditionnels, mais cela fait partie de l'ensemble des revenus. C'est un peu
comme si l'on disait que la péréquation ne devrait pas faire
partie des transferts du fédéral aux provinces parce que c'est
acquis en vertu d'une loi du Parlement, cela ne serait pas plus juste non
plus.
M. Morin: Oui, mais peut-on parler d'aide aux provinces?
M. Garneau: Si le chef de l'Opposition considère qu'on
devrait mettre transfert financier au secteur municipal, ne venez pas me
chicaner sur les mots.
M. Morin: Je veux parler de l'aide réelle et, pour cela,
je pense qu'il faut tout de même considérer la taxe de vente
à part. Je ne dis pas qu'on ne doit pas la considérer, mais, tout
de même, on doit la considérer à part.
M. Garneau: Même dans les statistiques que je donne, si on
l'enlevait, on constate quand même qu'il y a un taux de croissance assez
important.
M. Morin: C'est de cela que je veux vous parler justement. Je ne
tiens pas compte non plus de la diminution de l'impôt scolaire
normalisé, qui me paraît assez hypothétique.
Alors, si on aligne depuis 1972/73, en millions de dollars, les montants
d'aide financière au secteur municipal, on s'aperçoit que, pour
1972/73, elle était de $145 millions, elle est passée à
$175 millions en 1973/74, à $279 millions en 1974/75, à $379
millions en 1975/76, du moins, c'est une estimation, et enfin, pour 1976/77, on
a des prévi-
sions de l'ordre de $422 millions. Ce sont des chiffres que nous avons
empruntés à vos tableaux, si ma mémoire est bonne.
Maintenant, si on traduit cela en pourcentage d'augmentation par rapport
à l'année précédente, on s'aperçoit que,
pour l'année 1973 par rapport à 1972/73...
M. Garneau: Les chiffres que vous me donnez sont les transferts
totaux d'une façon générale et spécifique desquels
vous avez soustrait le transfert de la taxe de vente. C'est cela?
M. Morin: C'est cela, la taxe de vente et l'impôt scolaire
normalisé...
M. Garneau: Ah bon!
M. Morin: ... que l'on considère comme un peu
hypothétique. Cela va nous donner une idée beaucoup plus
réelle de l'aide financière.
M. Garneau: Peut-être que le chef de l'Opposition
considère cela hypothétique, mais il nous a fallu quand
même le remplacer par des budgets au ministère de l'Education.
M. Morin: Oui, sans doute, mais je parle quand même de
l'aide réelle aux municipalités. Alors, si on compare 1973/74 par
rapport à 1972/73, cela nous donne une augmentation de l'ordre de 20%.
L'année suivante, 1974/75, par rapport à l'année
précédente, on obtient 59% d'augmentation. On sent qu'il y a une
aide très substantielle.
M. Garneau: II y a une modification aux subventions per capita
qui a été très forte.
M. Morin: Ensuite, l'année suivante, pour 1975/76 par
rapport à 1974/75, on tombe à 36% et enfin, les prévisions
pour 1976/77, cette année, on tombe à 10%. Donc, il est visible
qu'il y a une diminution dans le pourcentage d'augmentation. Me fais-je bien
comprendre? Une diminution dans le pourcentage d'augmentation. Bon!
C'est ce qui nous inquiète, parce que les municipalités
voient leurs responsabilités augmenter sans cesse, et que, si cette
diminution dans l'augmentation cela paraît vraiment paradoxal de
parler de diminution dans l'augmentation, mais je pense que nous nous
comprenons tous si cette diminution dans la croissance allait empirant,
s'aggravant, je pense que les municipalités seraient très
rapidement dans une situation financière très exiguë et je
ne suis pas loin de croire que cette diminution dans la croissance explique les
augmentations de taxes municipales spectaculaires dont nous sommes
témoins depuis l'an dernier, de l'ordre de 30%, 40% ou 50%.
M. Garneau: Ce que le chef de l'Opposition soumet, je comprends
son argumentation, même si je n'en admets pas la logique parce que je ne
vois pas pourquoi, par exemple, il enlève dans les transferts le
rendement de la taxe de vente et l'impôt foncier scolaire et qu'il
n'enlèverait pas, par exemple, le transfert d'une partie de la taxe sur
les repas et l'hôtellerie. En fait, tous les transferts
généraux, dans son argumentation, pourraient être
enlevés, mais en 1974/75 nous avons introduit un transfert de 50% de
l'impôt sur les repas et l'hôtellerie aux grandes
municipalités, aux grandes villes. Nous avons, l'an dernier, introduit
des changements aux subventions per capita. Nous avons, l'an dernier,
baissé d'une façon importante l'impôt normalisé. Ce
que je voulais indiquer c'est qu'il y a un volume de dépenses à
financer, qu'elles soient au niveau provincial ou au niveau municipal, mais,
à un moment donné, il faut bien se rendre compte que soit au
niveau provincial ou au niveau municipal, il va falloir davantage prendre en
considération la capacité de payer des contribuables soit
à l'impôt sur le revenu, l'impôt des sociétés
ou à la taxe foncière. Le message que j'ai fait aux
municipalités, comme nous avons essayé de le faire aux
commissions scolaires et aux hôpitaux, c'est que je suis bien prêt,
en tant que ministre des Finances, à demander à tous nos
ministères de restreindre leur rythme de dépenses, mais il faut
que les autres instances publiques fassent de même, autrement c'est
l'ensemble de l'économie qui devra porter une charge fiscale. C'est
évident que, si, avec une économie moins forte, on veut se donner
des services identiques à ceux d'une province où
l'économie est plus forte, c'est clair que la charge fiscale sera plus
grande. C'est tout le problème du financement des opérations
publiques qui se pose. Nous avons fait, je crois, des efforts importants au
niveau des transferts aux municipalités sous une forme ou sous une
autre. Je n'ai pas indiqué que c'était là une
décision du gouvernement qui allait continuer à s'appliquer d'une
façon indéfinie. Peut-être que nous pourrons trouver, en
discussion avec les municipalités, un modus vivendi pour l'an prochain
qui soit un peu plus généreux que cette année, mais je ne
peux pas transférer ce que je n'ai pas.
Le Président (M. Brisson): L'honorable...
M. Morin: M. le Président, je n'ai pas tout à fait
terminé. J'aimerais demander au ministre s'il a, par hasard, un tableau
des augmentations de taxes foncières tel que défini ou
déterminé dans les budgets municipaux qui ont été
produits à la fin de 1975 ou au début de 1976? J'imagine que
quand le ministre des Finances établit la capacité ou tente de
cerner la capacité de payer du contribuable, il doit tenir compte des
augmentations de taxe de toute nature, y compris les taxes municipales et
scolaires qu'il est appelé à payer. Est-ce que le
ministère a une idée de l'augmentation de la charge que
représente les taxes municipales au Québec cette année,
par rapport à l'année dernière?
M. Garneau: Le ministère des Affaires municipales a
établi des tableaux là-dessus que je n'ai pas ici.
Malheureusement, je ne peux pas répon-
dre à la question du chef de l'Opposition pour lui dire le taux
moyen que cela a pu représenter, mais ces statistiques ont
été bâties, au ministère des Affaires municipales.
J'imagine qu'une question qui serait adressée au ministre des Affaires
municipales pourrait obtenir une réponse, mais je ne l'ai pas ici. Je
sais que j'ai eu des discussions avec le ministère des Affaires
municipales où ils avaient des indications d'un certain nombre de
villes, mais...
M. Morin: Ce que je vous demande ce sont des indications
d'ensemble, parce que nous n'avons pas pu les obtenir.
M. Garneau: Je n'ai pas de mémoire des chiffres qui
pourraient être assez prêts de la réalité.
M. Morin: Mais voulez-vous dire que nulle part, dans votre
ministère, il y a un dossier dans lequel vous pourriez prendre
connaissance de l'augmentation de la charge fiscale au niveau municipal?
M. Garneau: Dans les discussions que j'ai eues avec le
ministère des Affaires municipales, les officiers du ministère,
ce fut une argumentation amenée par les Affaires municipales, mais je
n'ai pas les chiffres ici; c'est pour ça que je ne peux pas
répondre.
M. Morin: Vous ne les avez ni pour cette année, ni pour
les années antérieures?
M. Garneau: Je ne les ai pas ici, il y a des statistiques
là-dessus; le sous-ministre des Finances m'indique qu'il y a une
publication qui s'appelle...
C'est une publication du Bureau de la statistique du Québec sur
les budgets municipaux et sur les états financiers municipaux.
M. Morin: Mais je parle de quelque chose qui vous
intéresse, vous, directement, comme ministère des Finances.
Est-ce que, pour l'année en cours, l'année dernière, il
serait possible que vous nous fournissiez ces chiffres, si vous les avez? Le
ministre me dit qu'il ne les a pas ici.
M. Garneau: Je vais voir dans quelle forme ils sont. Est-ce que
les chiffres que me transmettaient les Affaires municipales d'une façon
verbale étaient puisés dans les statistiques dont parle le
sous-ministre des Finances? Je vais vérifier et, si la brochure est
disponible, il me fera plaisir d'en envoyer un exemplaire au chef de
l'Opposition.
M. Morin: C'est une question plus spécifique que cela que
je vous pose; qu'on se comprenne bien. Je n'ai pas d'objection a ce que vous
m'envoyiez toutes les brochures que vous voulez, j'en prendrai connaissance
avec plaisir. Mais la question que je pose est bien précise. Comme
ministre des Finances, vous êtes obligé, au moment où vous
établissez votre politique fiscale, votre budget, de tenir compte de la
capacité de payer du contribuable. Le contribuable paie des taxes
à plusieurs niveaux. A un moment donné, vous êtes
obligé d'en tenir compte parce que vous ne voulez pas pressurer
indûment le contribuable. Au moins, je présume que cela fait
partie de vos objectifs. Est-ce que vous pouvez, est-ce que le ministère
est en mesure de me faire connaître l'augmentation en dollars, je parle
en chiffres absolus, donc pas de pourcentage les pourcentages, c'est
facile de jongler avec mais je veux dire en chiffres absolus,
l'augmentation du fardeau fiscal au niveau municipal, cette année, par
rapport à celle de l'année dernière? Etes-vous en mesure
d'établir cela?
M. Garneau: Vous voulez dire le chiffre des revenus qui sont
tirés de l'impôt foncier municipal d'une année, disons
l'année 1975 par rapport à l'année 1974, l'année
1976 par rapport à l'année 1975, en chiffres absolus?
M. Morin: C'est ça.
M. Garneau: Je pourrais transmettre ces statistiques, je suis
sûr qu'elles existent. Là où je ne suis pas certain, c'est
qu'elles existent de la façon que le demande le chef de l'Opposition,
c'est de déterminer... Parce que, si on dit, par exemple, que les
municipalités du Québec ont perçu $1 milliard
d'impôt foncier en 1975 et qu'elles prévoient percevoir $1 200
millions en 1976, quelle est la partie des $200 millions qui est causée
par une augmentation de taux et quelle est la partie des $200 millions qui est
causée par une augmentation du stock de valeurs foncières? Ce que
je ne sais pas, c'est si elles existent de cette façon
séparée, dans le sens qu'indique le chef de l'Opposition.
M. Morin: Cela m'intéresserait de toute façon si
vous pouvez raffiner la chose. Que vous me disiez que les revenus ont
augmenté de tant par rapport à la même assiette
foncière, si vous voulez, parce que c'est ça qui serait
éloquent. Si on inclut d'une année à l'autre les nouvelles
constructions, donc, la nouvelle évaluation, c'est moins
éloquent. Cela me dit moins quant à l'augmentation réelle
du fardeau fiscal des contribuables.
Quoiqu'on pourrait arriver à s'en faire une idée en
divisant par la population, probablement. Mais là, je m'aventure.
M. Garneau: Parce que, comme on m'indique ici à
côté, si on voulait faire ça, il faudrait en même
temps tenir compte de l'impôt foncier scolaire. Parce que c'est la charge
et il faut bien se rendre compte qu'à l'impôt foncier scolaire
normalisé, quand on regarde l'ensemble des impôts fonciers
scolaires, au cours des dernières années, on s'aperçoit
qu'il n'y a pas eu de croissance, mais des baisses. A cause de la baisse du
taux normalisé.
M. Morin: Je repose la question parce que j'aimerais, si
c'était possible, obtenir ces chiffres.
Je pense que le ministre serait peut-être intéressé
à en prendre connaissance aussi.
M. Garneau: De la façon que le chef de l'Opposition
l'indique, je ne crois pas qu'ils soient disponibles pour l'année 1976,
parce qu'il va falloir attendre que l'année 1976, au niveau des
exercices financiers des municipalités, soit complétée
pour voir exactement ce que ça va avoir produit. Peut-être qu'ils
existent, pour les années antérieures, 1972 ou 1973, mais je ne
crois pas qu'ils puissent être disponibles avant plusieurs mois, avant
que les rapports financiers de chacune des municipalités aient
été transmis aux Affaires municipales et analysés par le
service de la statistique.
M. Morin: Vos budgets sont tous entrés à
l'Industrie et au Commerce. Les budgets.
M. Garneau: Ce que j'ai voulu indiquer au chef de l'Opposition,
c'est la façon dont il pose sa question qui demande un partage des poids
de chacune des raisons dans l'augmentation des revenus fonciers municipaux. Je
ne crois pas que les statistiques puissent être disponibles, je ne crois
pas qu'elles pourraient être disponibles avant 1973, si elles existent
dans la forme dont parle le chef de l'Opposition. Mais je vais voir.
M. Morin: Si c'est possible, je pense que ce serait
intéressant...
M. Garneau: Si elles existent...
M. Morin: Je pense tout haut. Je pense que ce serait
intéressant pour un ministre des Finances, aussi bien que pour le chef
de l'Opposition, de se faire une idée de ce que peut représenter
l'augmentation du fardeau fiscal aux niveaux municipal et scolaire, en faisant
les distinctions dont faisait état le ministre il y a un instant.
Par exemple, la distinction entre l'augmentation qui est due à
l'élargissement de l'assiette foncière. En distinguant aussi les
revenus scolaires des revenus municipaux, je crois que ce serait très
éloquent et cela nous donnerait une idée de l'augmentation
réelle du fardeau fiscal des Québécois.
A partir de cela, on pourrait peut-être avoir des discussions
intéressantes.
M. Garneau: On pouttait tirer la partie qui est due à
l'augmentation de la valeur foncière...
M. Morin: Aussi.
M. Garneau: ... en termes absolus, par la construction des
nouveaux édifices et aussi due à l'augmentation des valeurs des
propriétés qui...
M. Morin: Oui, quoique cela, c'est quand même moins
important que de distinguer le déjà construit des nouvelles
constructions. Qu'on augmente le taux ou qu'on augmente l'évaluation, le
contribuable se ramasse avec un impôt augmenté. C'est cela que
nous sommes intéressés à savoir. Je ne veux pas insister,
M. le Président. Si le ministre me dit qu'il va faire un effort pour me
procurer ces cnif-fres...
M. Garneau: Dans la façon dont parle le chef de
l'Opposition, je vais le revoir dans le journal des Débats, je vais
envoyer une copie du journal des Débats aux Affaires municipales et mes
adjoints vont faire les recherches, pour savoir si elles existent dans cette
forme, et, si elles existent, à partir de quelle année elles sont
disponibles. Cela ne peut pas être autre chose que des documents publics.
Cela me fera certainement plaisir, non seulement de les envoyer au chef de
l'Opposition, mais de les donner à tous les membres de la commission ou
de l'Assemblée nationale qui se-raont désireux de l'avoir.
M. Morin: Oui, je crois que ce sera intéressant. Je peux
compter que vous allez faire un effort dans ce sens-là.
M. Garneau: Si elles existent...
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest.
Dépenses non admissibles des commissions
scolaires
M. Boutin: M. le Président, toujours pour continuer...
Tout à l'heure, lorsque le ministre parlait des transferts des revenus
de taxation aux municipalités, je crois que le gouvernement aussi... en
fait, le ministre des Finances a fait d'autres transferts qu'il n'a pas
mentionnés.
Je pense aux quelques dernières années, il y a eu le
transfert d'un certain montant de taxation sur les profits des corporations
d'utilité publique. Il y a aussi, en dehors de la taxe du restaurant, la
taxe d'hôtellerie. Ensuite, il y a aussi la taxe sur les lits
d'hôpitaux et des centres d'accueil, ainsi que leur augmentation
l'année passée.
Même si on trouve le moyen d'augmenter ces revenus, il y a quand
même le problème fondamental qu'on n'a pas réglé
encore et je pense que c'est la question des dépenses non admissibles
des commissions scolaires. Même si on réussit à trouver une
moyenne provinciale, pour faire certaines augmentations au niveau municipal, de
ce transfert, il n'en demeure pas moins que, dans plusieurs régions de
la province, non seulement il n'y a aucun transfert qui se fait ou qui
s'exécute, mais il y a même une augmentation du non-admissible,
par surcroît.
A mon point de vue, je pense que c'est ce que le ministre des Finances a
pensé, de trouver un moyen de geler le non-admissible au scolaire, de le
plafonner.
M. Garneau: Le député d'Abitibi-Ouest parle comme
un ancien maire. Je suis bien conscient de cela. Personnellement, je n'aurais
pas d'objection de principe...
M. Boutin: Soit en fonction des budgets, soit en fonction de
l'évaluation totale?
M. Garneau: En fait, ce que le député
d'Abitibi-Ouest suggère, c'est que par une législa-
tion, on empêche les commissions scolaires d'imposer plus qu'un
pourcentage de X. Cela pourrait s'exprimer en taux de taxation ou en montant
d'argent perçu pour des fins dites de dépenses inadmissibles pour
fins de subventions normalisées.
Moi, je favoriserais peut-être une approche qui serait moyenne et
qui rendrait un peu plus complexe la façon de percevoir cette taxe en la
soumettant soit à un référendum qui serait peut-être
difficile, mais à un vote beaucoup plus majoritaire de l'ensemble du
conseil scolaire régional. Actuellement, on pourrait peut-être
exiger que pour taxer des inadmissibles, cela prenne les deux tiers des
commissaires élus membres du conseil scolaire au lieu d'une
majorité simple d'un quorum atteint au minimum. Ce serait une
façon qui ne serait peut-être pas suffisamment forte pour
restreindre...
M. Boutin: Vous restez toujours dans un même groupe, une
même entité homogène d'individus. Vous ne pouvez pas en
sortir. C'est certain que la solution va être positive.
M. Garneau: Le problème est de savoir si on accepte
d'enlever des terrains de manoeuvre sur le plan fiscal à une
autorité compétente élue par la population qui s'appelle
les commissions scolaires.
M. Boutin: II n'en reste pas moins, M. le Président,
qu'avec ce qu'on mentionnait, de plus en plus, avec les nouvelles politiques
gouvernementales vis-à-vis des municipalités, elles ne peuvent
sûrement pas faire face à leurs obligations, c'est impossible.
Mais il y a une chose qui a quand même été
démontrée, je pense bien, dans le rapport Cas-tonguay, c'est
à l'effet que l'urbanisation croissante d'une viile augmente plus que
proportionnellement le coût d'opération ou le budget d'une ville
bien plus qu'on ne serait porté à le croire, parce qu'on demande
des services additionnels et plus une ville grossit, plus elle demande de
services et plus les budgets augmentent.
On pourrait penser que cela aurait pour effet de diminuer, suivant le
nombre des individus, mais c'est le contraire qui progresse. Cela voudrait dire
peut-être...
M. Garneau: Quand on a fait les transferts sur une base per
capita, qu'on a mis des taux croissants avec l'augmentation des populations, au
lieu de donner $5 à tout le monde, on a mis des taux gradués avec
l'augmentation de la population, justement pour tenir compte de ce que le
député d'Abitibi-Ouest nous mentionne.
La façon de transférer la taxe de vente peut
également favoriser des groupes, des municipalités plus
développées qui ont des centres commerciaux, qui ont un commerce
plus important à cause de la grosseur de la ville et qui se trouvent
à retirer 50% de l'impôt de la taxe de vente perçue
localement et 40% sur la base régionale. Il y a donc des mesures qui en
tiennent compte, mais je suis bien d'accord avec vous que, dans les transferts
à venir, il faudra toujours en tenir compte.
J'ajoute la taxe sur les repas et l'hôtellerie qui a
été transférée aux grandes municipalités
plutôt qu'à l'ensemble des municipalités. Justement,
c'était également pour répondre à cette remarque
qu'a faite le député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: C'est parce que tout à l'heure je
n'étais pas certain d'avoir très bien compris le chef de
l'Opposition lorsqu'il parlait d'une réduction de l'impôt foncier
selon le coût des évaluations. Je ne sais pas si j'ai bien compris
ce qu'il voulait dire tout à l'heure, mais vu que les évaluations
augmentent on ne s'en sortirait jamais. Je pense bien qu'il a mal
analysé la question. C'était le taux qu'on réduisait et
non pas l'évaluation.
M. Garneau: C'est le taux qui peut être baissé.
D'ailleurs, il a été baissé dans certains endroits pour
tenir compte de la réévaluation sur la base de...
M. Boutin: La façon dont il s'était exprimé
tout à l'heure, je pense que c'était cela la question.
Le Président (M. Brisson): Programme 1, adopté?
M. Morin: M. le Président, j'ai encore une dernière
question au programme no 1, après quoi nous pourrons l'adopter. Le
ministre a-t-il poursuivi, en 1976, le tableau comparé des impôts
des différentes provinces?
M. Garneau: Non, il n'est pas dans le discours sur le budget.
Nous l'avons donné sur une base globale, parce que nous anticipons les
questions sur l'indexation et les mesures qui ont été
adoptées au Québec qui en tiennent compte, mais, sur la base de
chacune des provinces, on n'a pas repris le calcul de l'année
passée.
M. Morin: Est-ce que vous ne devriez pas le faire?
C'est-à-dire comment est-ce que vous pouvez établir votre
politique fiscale sans tenir compte de cet aspect des choses?
M. Garneau: Evidemment, nous le faisions l'an dernier à
partir de l'impôt fédéral et de certaines provinces. Le
budget fédéral est sorti après le nôtre. Le
nôtre est sorti quelques jours à peine après celui de
l'Ontario. Nous ne pouvions pas présenter un tableau. Peut-être
que, l'an prochain, on pourra le faire.
M. Morin: Est-ce que je pourrais demander au ministre,
effectivement, de le faire?
M. Garneau: C'est une suggestion que je prendrai en
considération; si je suis encore ministre des Finances en mars prochain,
et si la responsabilité est encore la mienne, cela me fera certainement
plaisir de la prendre en considération.
M. Morin: J'estime que ce serait utile pour lui et cela nous
éviterait de longs calculs.
M. Garneau: D'autant plus que ceux qui seront faits seront
peut-être plus précis.
M. Morin: C'est à voir. Il faudrait pouvoir comparer, mais
puisque vous n'avez pas fait les calculs, on ne peut pas comparer.
Le Président (M. Brisson): Programme 1, adopté.
M. Morin: Le programme 1 est adopté, M. le
Président. On peut passer au programme 2, si vous voulez bien.
Le Président (M. Brisson): Programme 2, gestion de la
caisse et de la dette publique. Des questions?
Programme d'emprunt
M. Morin: Dans votre discours, à la page 20, vous nous
disiez le soir du budget: II m'apparaît que le programme d'emprunt de
$1,2 milliard que nous avons dû réaliser est trop
élevé. Le budget de ce soir contient des mesures visant à
réduire pour 1976/77 l'ampleur et du déficit budgétaire et
du programme d'emprunt. Or, le montant des emprunts proprement gouvernementaux
est déjà estimé à $1 milliard. Il n'est pas
impossible qu'il atteigne ou dépasse $1,2 milliard, compte tenu des
budgets supplémentaires qui pourraient être
présentés. Ceci, quoi qu'on ait pu dire tout à l'heure, en
tout cas, je ne serais pas étonné pour ma part, je pense qu'il
est utopique de penser que les budgets supplémentaires ne viendront pas
grossir la nécessité d'emprunter. De plus, si les emprunts
olympiques sont faits par la Régie des installations olympiques, je
pense qu'il serait juste de les considérer comme étant des
emprunts gouvernementaux, au même titre que les autres, puisque la RIO
est une création du gouvernement, création directe du
gouvernement, et surtout parce que la RIO n'est pas, du moins, je ne pense pas
qu'on puisse la classifier parmi les entreprises rentables. La preuve en est
que son entreprise ne peut se financer sans que le gouvernement impose de
nouvelles taxes, comme, par exemple, la taxe sur les cigarettes.
Sur cette base, les emprunts gouvernementaux atteignent
déjà $1,65 milliard, ce que j'appellerais un appel excessif aux
différents marchés d'emprunt.
La première question que j'aimerais poser au ministre est
celle-ci, compte tenu que les emprunts de l'an dernier se situaient au niveau
de $1,2 milliard et qu'il les jugeait trop élevés: Est-ce que les
emprunts qu'il va être amené à faire cette année,
qui sont encore plus élevés, ne sont pas également
excessifs?
M. Garneau: Cela n'avait pas été vu.
M. Morin: Est-ce que le jugement qu'il portait sur ce qui s'est
passé l'année dernière ne vaut pas également pour
cette année?
M. Garneau: C'est clair que le programme d'emprunt de la
Régie des installations olympiques est un programme important, sauf que,
pour être totalement d'accord avec l'énoncé du chef de
l'Opposition, il faudrait inclure dans nos revenus les revenus qui sont
prévus pour le financement olympique et qui seront versés dans un
fonds spécial et non comptabilisés à même le fond
consolidé du revenu.
Si on ajoutait les revenus au revenu de la province, on aurait
évidemment un déficit moindre et le programme d'emprunts serait
en proportion, sauf que ceci étant dit, je suis bien prêt à
reconnaître que le programme d'emprunt est élevé.
L'aventure olympique, prise dans un sens non péjoratif, j'espère,
ne sera pas une tradition annuelle dans les finances publiques
québécoises.
M. Morin: Parce qu'il y a un sens non péjoratif au mot
"aventure" dans votre esprit.
M. Garneau: Cela peut être une aventure agréable,
positive, et je la prends dans le sens le moins péjoratif possible. Je
dis que cette opération doit être considérée ad hoc,
parce qu'elle ne fait pas partie traditionnellement et j'espère
qu'il n'en sera pas ainsi dans l'avenir de l'opération des
emprunts et des finances publiques en général.
M. Morin: Remarquez que, si vous en remettez au maire Drapeau, il
se peut très bien que, d'ici quelques années, de nouveaux projets
du même ordre soient présentés.
M. Garneau: Surtout si on prenait la totalité des
coûts, ça pourrait être une incitation additionnelle.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je ne sais pas si je
pourrais faire une observation. Est-ce que le chef de l'Opposition officielle
ne serait pas d'accord avec moi que, si le gouvernement avait retenu toutes les
suggestions qui ont été faites dans l'étude des
crédits de tous les ministères par l'Opposition officielle, il
faudrait presque multiplier le programme d'emprunts par deux et par trois. Je
vous ai suivi dans l'étude de quelques crédits, et j'ai vu ce qui
est dit dans d'autres ministères. Ce qui me frappe, c'est qu'à
tous les endroits, vous trouvez que le gouvernement aurait dû donner
plus, augmenter les prestations, donner ci, donner ça. Même dans
un secteur économique...
M. Morin: Dans votre secteur à vous, par exemple?
M. Saint-Pierre: Dans mon secteur, vous m'avez dit que la SDI
aurait dû prendre des contrôles, dans le capital-actions
d'entreprises, cinq fois ce qu'elle a pris. Vous avez dit qu'on aurait dû
avoir plus...
M. Morin: Oh!...
M. Saint-Pierre: ... pour la petite et la moyenne entreprise.
M. Morin: Je pense que vous exagérez.
M. Saint-Pierre: Je vais vous sortir les textes. On s'entend pour
dire que, généralement, à tous les ministères, vous
avez conseillé de dépenser davantage pour satisfaire des
besoins.
M. Morin: Mais peut-être n'aurions-nous pas les mêmes
priorités que le gouvernement actuel sur le plan social et
économique. Je pense bien que nos philosophies diffèrent
suffisamment pour que ça saute aux yeux.
M. Saint-Pierre: Dans l'étude spécifique des
programmes du gouvernement, si on oublie l'aventure olympique, je n'ai vu aucun
programme dans lequel vous avez dit au gouvernement qu'il faudrait restreindre
ou diminuer. Au contraire, vous avez dit dans...
M. Morin: Je pense que le ministre de l'Industrie et du Commerce
charrie quelque peu. Nous n'avons jamais suggéré des
augmentations draconiennes, comme il semble le suggérer.
M. Garneau: Si on relit votre réplique au discours sur le
budget, ça serait assez important.
M. Morin: A quel élément, par exemple?
M. Garneau: On va reprendre le discours. J'avais des notes
là-dessus que je n'ai pas ici, mais, à un moment donné, je
m'étais amusé à mettre des chiffres. Peut-être que,
dans une autre circonstance, j'aurai ces notes et je pourrai, à
l'occasion d'un discours que je ferai en Chambre, les reprendre.
M. Morin: Oui, ça m'intéresserait, à
condition qu'on puisse en débattre...
M. Garneau: J'avais préparé certaines notes...
M. Morin: ... et qu'on puisse examiner ça attentivement,
de part et d'autre.
M. Garneau: L'armée, par exemple.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection.
M. Garneau: On pourrait prendre l'armée.
M. Saint-Pierre: ... l'occasion. On manque les
Créditistes. On aimerait avoir des gens qui nous disent: Dans tel
programme, vous dépensez trop. Vous ne devriez pas dépenser. Vous
devriez diminuer les taxes, mais ce qui m'a frappé chez vous je
vous le dis bien sans partisane-rie c'est que, partout on aurait
dû donner davantage. Je me dis, à la fin... C'est pour ça
que je suis venu à l'étude des crédits des Finances
aujourd'hui, parce que j'étais heureux de voir quelles auraient
été les conséquences si on avait suivi votre
suggestion.
M. Morin: Mais à quoi pensez-vous en particulier à
l'étude des crédits de l'Industrie et du Commerce? Est-ce
que...
M. Saint-Pierre: Vous m'avez dit...
M. Morin: ... vous avez au moins suivi l'étude de ces
crédits de très près?
M. Saint-Pierre: J'en ai suivi d'autres. Vous m'avez dit, dans
l'aide régionale, aux infrastructures, aux commissariats, dans la petite
et moyenne entreprise... Je suis bien d'accord avec vous que, si on peut avoir
trois fois notre budget, on pourrait aider plus de monde, sûrement dans
les services centraux du Bureau de la statistique.
M. Morin: Tout ça pouvait représenter une
réallocation des ressources.
M. Saint-Pierre: Non, parce que vous ne m'avez pas indiqué
un seul endroit où on en donnait trop.
M. Morin: Ah! C'est à voir. M. Saint-Pierre:
Vérifiez... M. Morin: M. le Président, il est
évident...
M. Garneau: ... tous les crédits ensemble, y compris le
niveau de la fiscalité.
M. Saint-Pierre: C'est ça.
M. Morin: Ce serait peut-être une façon plus
logique, mais ça prendrait une assemblée plus vaste que la
nôtre aujourd'hui.
J'aimerais donner au ministre l'occasion de nous dire quelle partie du
programme d'emprunts a déjà été
réalisée à l'heure actuelle. Je crois qu'il a
indiqué un chiffre tout à l'heure, mais j'étais distrait
à ce moment.
M. Garneau: $665...
M. Morin: $665, sur les...
M. Garneau: $986...
M. Morin: ... $986 millions qu'il compte emprunter. Quelle est la
contribution prévue de la Caisse de dépôt et placement du
Québec?
M. Garneau: Au niveau de la province, cela serait de $215
millions à la Caisse de dépôt et placement du
Québec. $215 millions plus $90 millions, soit $305 millions au niveau de
la province et si l'Hydro-Québec devait faire des emprunts sur le
marché canadien dans les derniers mois de l'an-
née 1976, il y aurait également, suivant la proportion que
la Caisse de dépôt et placement du Québec consacre dans ses
placements aux institutions de la province et de l'Hydro-Québec, il
resterait une marge de $160 millions qui pourrait être disponible pour
l'Hydro-Québec, de telle sorte que cette dernière pourrait, dans
les derniers mois de l'année 1976, commencer à réaliser
son programme d'emprunt pour l'année 1977.
M. Morin: Pour l'année suivante. Il me semble que tout
à l'heure, vous avez fait allusion aussi aux obligations
d'épargne.
M. Garneau: Dans les $665 millions déjà faits, on
compte les $315 millions d'obligations d'épargne, de vente de bons
d'épargne qui a été faite à la fin de mai,
début de juin.
M. Morin: C'est le résultat final, ces $315 millions?
M. Garneau: $315 millions... Je ne sais pas s'il reste des
grenailles qui ne sont pas entrées. Le montant que j'ai est de $315
millions. Je ne sais pas...
M. Morin: Par quels intermédiaires avez-vous vendu?
M. Garneau: Les courtiers, les banques, les caisses populaires,
les sociétés de fiducie.
M. Morin: Pourriez-vous me dire quelle proportion, par exemple, a
été vendue par les courtiers, sur les $315 millions?
M. Garneau: M. Goyette, le sous-ministre des Finances, va
répondre à la question.
Les statistiques pour cette année ne sont pas encore
compilées parce que ce sont des renseignements qui proviennent des
intermédiaires, mais l'année dernière, si je me rappelle
bien, cela varie. La proportion varie d'une année à l'autre.
Certaines années, les courtiers vendent une plus forte proportion que
les banques. D'autres années, les banques vendent une plus forte
proportion que les courtiers. L'année dernière, c'était
55%, si je me rappelle bien de la part des banques et 45% de la part des
courtiers, des sociétés de fiducie et des caisses populaires.
M. Morin: Oui, et cette année, vous n'avez pas
encore...
M. Garneau: Et l'année précédente,
c'était l'inverse.
M. Morin: C'était l'inverse.
M. Garneau: Alors, ce n'est pas uniforme.
M. Morin: Alors, cela oscille autour de la moitié, quoi,
de part et d'autre.
M. Garneau: II y a des variations assez fortes.
M. Morin: A la page 42 du budget, on prévoit les
remboursements d'emprunts antérieurs. On a prévu un montant de
$260 millions. Là-dessus, quelle est la partie qui est estimée
devoir aller au rachat des obligations d'épargne? Vous savez que les
obligations d'épargne sont rachetables en tout temps.
M. Garneau: $94 millions.
M. Morin: $94 millions pour le rachat des obligations
d'épargne.
M. Garneau: Y inclus les rachats pour l'émission qui vient
d'être faite, une prévision du rachat pour l'émission qui
vient juste d'être faite.
M. Morin: C'est une provision suffisante? Cela ne vous cause
aucun souci.
M. Garneau: Non, parce qu'il y a des freins. Les freins qui ont
été utilisés dans le passé sont soit d'augmenter
les taux d'intérêt lorsque nécessaire.
M. Morin: Vous calculez donc...
M. Garneau: D'autres freins que nous avons utilisés
à l'occasion.
M. Boutin: J'aimerais demander au ministre des Finances si,
nécessairement, on changeait de gouvernement, cela aurait pour effet
d'augmenter les taux ou le rachat se ferait tout d'un coup.
M. Garneau: Je craindrais cela.
M. Boutin: Est-ce arrivé souvent que le taux
d'intérêt soit payable une fois l'an? Que l'intérêt
des coupons sur obligation soit payable une fois l'an au lieu de deux fois par
année.
M. Garneau: Vous parlez des obligations d'épargne?
M. Boutin: Des obligations d'épargne.
M. Garneau: L'intérêt est payable une fois l'an,
sauf en cas de rachat anticipé alors que le détenteur a droit aux
intérêts courus jusqu'au moment où il rachète.
M. Ostiguy: II s'en est vendu pour combien cette
année?
M. Garneau: $315 millions.
M. Ostiguy: $315 millions. Et la période est
terminée?
M. Garneau: Oui. Elle est terminée depuis le 4 juin.
M. Ostiguy: Et cela ne s'est pas poursuivi après le 4
juin?
M. Garneau: Non, parce que dans le fond, on
a raccourci la période, comme j'ai eu l'occasion de le dire,
parce que nous ne voulons pas augmenter d'une façon trop importante la
proportion des obligations d'épargne de l'ensemble de la dette.
Lorsqu'elle évolue entre 12% et 15%, je pense que c'est sage.
Evidemment, si cela dépassait ce pourcentage, ça
deviendrait peut-être un peu plus dangereux parce qu'il y aurait une
partie trop grande qui serait en très grande liquidité.
M. Ostiguy: Et les prévisions qui avaient
été faites, c'était de quel ordre?
M. Garneau: Je dois dire que c'est extrêmement difficile de
faire des prévisions lorsque...
M. Ostiguy: Non, mais elles sont de l'ordre...
M. Garneau: En fait, si on avait eu $200 millions, je n'aurais
pas été fâché.
M. Ostiguy: Les gens ont plutôt contribué aux bons
d'épargne du Québec qu'à la caisse électorale du
Parti québécois. Cela s'est fait parallèlement.
M. Garneau: Je pense qu'il y a plusieurs facteurs. D'abord, il y
a certainement une confiance de la part des épargnants dans
l'économie québécoise, mais il y a aussi le fait que c'est
un titre qui acquiert un certain degré de popularité parce qu'il
produit un taux d'intérêt qui, la plupart du temps, est
supérieur à celui des comptes d'épargne véritable
et qui se compare également au dépôt à terme dans
les sociétés de fiducie ou les banques, mais des
dépôts qui ont des échéances de trois, quatre ou
cinq ans, alors que l'obligation d'épargne peut être encaissable
en tout temps. L'autre facteur, c'est que les détenteurs savent
maintenant que le taux d'intérêt est réajusté. Par
exemple, cette année, nous avons mis 9 1/2% la première
année. Si les taux d'intérêt à court terme allaient
varier à la hausse, les gens savent que la province réajusterait
ses taux, de telle sorte que cela devient un titre intéressant à
maintenir en porte-feuille.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
quelle est l'évolution, en pourcentage du total des obligations
émises sur le marché canadien, de la part des obligations vendues
dans les autres provinces. C'est une question presque classique que je pose au
ministre chaque année.
M. Garneau: Et comme la question est classique, la réponse
a été préparée de façon aussi classique.
M. Morin: Avez-vous beaucoup de réponses que vous aviez
préparées de la sorte et...
M. Garneau: Non. On essaie d'en prévoir, mais on n'en
suggère pas.
M. Morin: Parce qu'au cas où j'oublierais de poser
certaines questions que vous auriez déjà prévues, cela
serait peut-être intéressant d'avoir les réponses.
M. Garneau: M. le Président, en 1975, il y a eu 41% des
titres vendus sur le marché canadien qui ont été
achetés par des institutions qui sont en dehors du Québec, des
institutions ou des individus qui sont en dehors du Québec. En 1974, le
pourcentage était de 27%; en 1973, il était de 16%; en 1972, il
était de 11%. C'est donc dire que la proportion des titres
achetés en dehors du Québec, au Canada, a augmenté d'une
façon importante. Je crois qu'il faut dire qu'il y a certainement une
question de confiance, mais il y a aussi le fait que la direction du
ministère a demandé aux maisons nationales de prendre en
considération l'ensemble du marché canadien et non pas uniquement
le marché québécois.
M. Saint-Pierre: C'est quand même une progression assez
spectaculaire.
M. Garneau: C'est du simple au double, même quatre fois
plus qu'en 1972, pour des montants absolus plus élevés, aussi. Si
je prends l'année 1972, il y avait eu $115 millions d'émis sur le
marché public, offerts au public dans tout le pays et il y en avait eu
11% d'achetés, alors qu'en 1975, il y en a eu 41%, mais de $185
millions. C'est donc dire qu'en proportion, il y a une meilleure
répartition des titres de la province dans l'ensemble des institutions
financières canadiennes.
M. Morin: Vous n'avez pas les chiffres pour l'émission
d'obligations qui a débuté le 17 mai?
M. Garneau: Vous parlez de... M. Morin: En 1976, je veux
dire.
M. Garneau: Non. Là, j'ai les chiffres pour 1975. Je n'ai
pas les chiffres de 1976, parce qu'évidemment, on va attendre...
M. Morin: C'est un peu trop récent.
M. Garneau: Ils sont trop récents. Le 17 mai,
c'étaient des obligations d'épargne. Elles ne sont pas vendues
à l'extérieur du Québec. Elles sont vendues uniquement,
elles doivent être détenues par des résidents
québécois.
M. Morin: M. le Président, encore une ou deux questions en
particulier sur le programme d'emprunt de l'Hydro-Québec. C'est un
programme qui semble déjà entièrement
réalisé, de l'ordre de $1 200 000 000 à ce qu'on nous a
dit tout à l'heure. Est-ce que l'Hydro-Québec a effectivement
réduit son programme d'emprunt en 1976 par rapport aux prévisions
antérieures? Vous vous souviendrez que nous avons beaucoup parlé
de cela à un moment donné en Chambre.
M. Garneau: Je n'ai pas les chiffres ici. Je
crois que le président de l'Hydro-Québec, à la
commission parlementaire de l'année passée, avait donné
les indications là-dessus, qui avaient été reprises par le
premier ministre, à l'Assemblée nationale, je crois, à
l'automne. On avait donné les indications des modifications qui avaient
été apportées par rapport aux demandes des
différents services pour les ramener à un niveau de $1 200 000
000, au niveau d'emprunt, mais je n'ai pas les chiffres précis pour
répondre au chef de l'Opposition.
Ce n'est pas la question classique, alors je n'ai pas la réponse
classique comme tout à l'heure, mais il faudrait que je
revérifie. Je n'ai pas les statistiques ici. Le programme d'emprunt de
l'an prochain est prévu pour être supérieur...
M. Morin: Supérieur à $1 milliard.
M. Garneau: $1,5 milliard au lieu de $1,2 milliard cette
année et le programme d'investissements, si ma mémoire est
fidèle, sera de $1,8 milliard, $1,946 milliard.
M. Morin: Quand ça?
M. Garneau: Ce sont des prévisions pour 1977 de $1,946
milliard.
M. Morin: Pour 1977. Est-ce qu'il n'y a pas eu cette année
un gros placement privé?
M. Garneau: Sur le marché américain, un placement
privé de $1 milliard.
M. Morin: Est-ce que, l'année prochaine, on compte faire
appel à ce type de placement privé à nouveau?
M. Garneau: II est trop tôt pour répondre à
cette question. Je pense bien que le programme d'emprunt étant ce qu'il
est, le placement privé, est-ce qu'il y en aura, est-ce qu'il sera sur
le marché américain ou sur d'autres marchés? Il est encore
trop tôt pour pouvoir répondre à cette question.
M. Morin: Me tournant vers le programme 2, M. le
Président...
M. Garneau: Comme me souligne mon sous-ministre, un placement
privé de cet ordre de grandeur, il serait assez surprenant qu'on puisse
le répéter tous les ans.
M. Morin: Oui.
M. Garneau: II pourrait y en avoir pour des sommes
inférieures, mais pas de cet ordre. En tout cas, à moins qu'il y
ait des changements, c'est pour ça que je dis qu'il est un peu tôt
pour répondre d'une façon précise et même si
c'était l'intention de le faire au mois de septembre, on en parlerait
une fois qu'il sera beaucoup plus avancé.
Gestion de la caisse
M. Morin: Me tournant vers le programme 2, élément
1, gestion de la caisse, pouvez-vous m'expliquer la très forte
croissance du montant consacré à cette gestion, puisqu'il passe
de $4,428,400 à $14 millions? C'est une augmentation de 350%, si je ne
m'abuse.
M. Garneau: II y a des emprunts qui ont été
contractés auprès du gouvernement du Canada et qui se font au
début de l'opération sous forme d'emprunt par voie de bons du
trésor, tant que les sommes finales de l'emprunt ne seront pas
déterminées, avec le résultat que les
intérêts sur ces emprunts vont, pendant un temps, dans
l'élément 1, gestion de la caisse, alors que, lorsqu'il y a
conversion de ces bons du trésor en emprunts à plus long terme
avec le gouvernement fédéral parce qu'en somme, en principe et en
pratique, ce sont des emprunts à long terme, au sens de la formule de
l'emprunt, et l'emprunt devient alors un emprunt sous forme d'obligation
à long terme dont les intérêts sont portés à
l'autre élément, l'élément 2. Cette année,
on a eu le financement de l'autoroute 13, qui vient d'être
rebaptisée l'autoroute Chomedey, si je comprends bien, qui est
porté par cet élément-ci pour une somme importante.
On a habituellement à cet élément les
intérêts sur emprunts de banque. Or, depuis une couple
d'années, on n'a presque pas d'emprunts de banque, donc, les emprunts
importants comme ça, cette année, ont été par
rapport à zéro ou presque zéro; dans l'année de
base, ça crée une augmentation considérable.
M. Morin: Bien M. le Président, cette explication est
satisfaisante et nous sommes prêts à adopter le programme no
2.
Le Président (M. Brisson): Programme no 2, adopté.
Programme no 4, fonds de suppléance.
M. Morin: Je n'ai pas de questions particulières, M. le
Président. Nous sommes disposés à l'adopter.
Le Président (M. Brisson): Programme no 4.
Adopté.
M. Morin: De même d'ailleurs que le no 5.
Le Président (M. Brisson): Programme no 5, adopté,
gestion interne et soutien. Donc, cette commission est adoptée en
totalité...
M. Morin: J'ai cru entendre un soupir de soulagement
prononcé, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Les crédits
budgétaires du ministère des Finances sont acceptés.
M. Morin: M. le Président, je voudrais attirer
votre attention sur le fait que nous devons procéder maintenant
à l'étude du projet de loi du ministre du Revenu.
M. Garneau: II nous reste...
Conseil du trésor
M. Morin: Ah! Le Conseil du trésor, j'allais l'oublier. Ce
sera très bref, M. le Président.
Il n'y a qu'un programme. Ce sont des questions classiques, quels sont
les membres du Conseil du trésor?
M. Garneau: Votre humble serviteur, le ministre de la Fonction
publique, le ministre de l'Agriculture, le ministre des Transports et le
ministre des Affaires culturelles qui sont membres d'office du Conseil du
trésor. A chaque séance, évidemment, il y a d'autres
collègues qui viennent, qui assistent assez régulièrement
aux discussions, entre autres, le ministre d'Etat aux Finances, le ministre des
Affaires municipales, le ministre des Travaux publics viennent assez
régulièrement, même s'ils ne sont pas membres
nommés. En fait, tous les membres du Conseil des ministres peuvent
siéger au Conseil du trésor, mais il y en a cinq qui sont
attitrés...
M. Morin: En titre.
M. Garneau: En titre, pour bien spécifier la
responsabilité.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez me dire sur quelle base ont
été effectuées les principales coupures budgétaires
reflétées dans les crédits 1976/77?
M. Garneau: II y a des programmes qui ne sont pas compressibles.
Je pense par exemple à tous les programmes comme l'aide sociale, tout
l'aspect salarial du ministère de l'Education, du ministère des
Affaires sociales, qui ne sont pas compressibles, parce qu'il y a, dans ces
cas-là, des conventions collectives de travail qui régissent les
sommes à être déboursées, dans le cas des
personnels. Il y a également la sécurité d'emploi qui joue
au niveau de la fonction publique, qui jouait au niveau des Affaires sociales
et qui jouera maintenant au niveau de l'Education.
L'aspect salarial de l'ensemble de ces programmes ne peut pas être
compressible. Là où nous avons pu agir, c'est dans le rythme de
croissance de certains programmes qui pouvaient subir des coupures ou des
diminutions dans les taux de croissance. Nous avons tenu compte, en
particulier, de l'expérience des dernières années, des
programmes qui avaient connu des taux de croissance rapide. Je pense par
exemple au Haut-Commissariat, je pense à certains programmes au niveau
des Affaires municipales, au niveau de la voirie, dans la construction de
routes, où nous avons établi des rythmes de croissance beaucoup
plus restreints.
Evidemment, quand on prend les programmes un à un, on va trouver,
comme l'indiquait le ministre de l'Industrie et du Commerce tout à
l'heure, beaucoup de défenseurs pour maintenir un rythme de
croisière qui est toujours jugé insuffisant. Mais cela a
été fait par consensus, après discussion avec les
différents ministères, les ministres responsables, les
fonctionnaires, à partir d'une enveloppe globale qui avait
été arrêtée par le Conseil des ministres et qui
établissait que l'ensemble des dépenses gouvernementales ne
devait pas, et c'était là l'objectif, croître de plus de
13%.
Le Président (M. Brisson): Programme 1, adopté?
M. Morin: Un instant.
M. Garneau: L'autre façon qui a été
arrêtée également, c'était par le gel des effectifs,
à l'exception des programmes du ministère du Revenu, de la
Sûreté du Québec et certains autres programmes qui
nécessitaient du personnel additionnel. Je pense à la Commission
des transports, à la protection des consommateurs, l'Agriculture,
à cause de l'inspection des viandes, et quelques autres
ministères où le gel n'a pas été total, mais
où, dans l'ensemble du gouvernement, nous avons mis quand même une
restriction très forte sur l'embauche de nouveau personnel. C'est une
des considérations qui a porté, d'une façon assez
importante, dans le taux de croissance des dépenses globales du
gouvernement.
M. Morin: A-t-on calculé l'ampleur des crédits
supplémentaires requis pour répondre aux ententes qui sont
survenues dans le secteur parapublic?
M. Garneau: Pour ce qui est de la fonction publique, le budget a
traduit les conventions collectives effectivement signées. Pour ce qui
est des Affaires sociales, le règlement qui a été obtenu
dans les derniers jours a nécessité des ajustements dont on
connaît l'ordre de grandeur, mais dont on ne connaît pas le
détail d'une façon absolument précise. Il peut y avoir des
conséquences sur d'autre personnel, mais qu'on évalue en P1 des
montants qui sont de l'ordre de $30 millions, en P1, ce qui est la
première année de la convention collective du 1er juillet 1975 au
30 juin 1976.
M. Morin: $30 millions?
M. Garneau: Oui. Mais, je ne voudrais pas que plus tard, on me
chicane. Ce sera peut-être $28 millions en dernière analyse ou $32
millions, mais c'est l'ordre de grandeur.
M. Morin: Bon. Me tournant maintenant vers
l'élément 1 du programme consacré au Conseil du
trésor, j'aimerais que le ministre m'explique la hausse de quelque $225
000 ou presque $225 000, puisque que nous passons de $1 012 900 à $1 235
500.
M. Garneau: C'est l'application des conventions collectives qui
ont été signées dans la fonction publique et qui
s'appliquent au personnel du Conseil du trésor qui est relié
à ce programme.
M. Morin: Cela porte sur combien de personnes?
M. Garneau: L'élément 1, sur 64 personnes.
M. Morin: Attendez.
M. Garneau: A l'élément 1, vous avez les
employés permanents...
M. Morin: Oui, 64 personnes. M. Garneau: ...64
personnes.
M. Morin: Bien, M. le Président. Nous sommes prêts
à adopter ce programme.
Le Président (M. Brisson): Programme 1, adopté.
Donc, les crédits du Conseil du trésor sont adoptés en
entier. On me suggère de nommer comme rapporteur de cette commission, M.
Pepin (Sherbrooke). Adopté?
M. Garneau: A la commission des crédits, je ne crois pas
qu'il soit nécessaire de nommer un rapporteur. Est-ce qu'on le
demande?
Le Président (M. Brisson): C'est-à-dire que le
règlement...
M. Garneau: De toute façon, je n'y ai pas d'objection.
Toutefois, j'avais l'impression que, d'après les règlements,
c'était le ministre des Finances qui déposait le rapport, en
vertu des règlements de l'Assemblée nationale. Mais, si c'est
nécessaire d'en nommer un, je n'y ai pas d'objection.
Le Président (M. Brisson): Adopté.
M. Garneau: Je voudrais, M. le Président, en terminant,
remercier les membres qui ont participé aux discussions, les
députés ministériels, ceux de l'Opposition, de même
que tous les fonctionnaires qui, depuis deux jours ou presque sont en
"stand-by" et qui, un peu par ma faute, à cause des engagements que
j'avais aujourd'hui, n'ont pas été capables de siéger plus
tôt. Je voudrais les remercier de leur collaboration.
M. Morin: M. le Président, je remercie également le
ministre et tous ses collaborateurs. J'espère que nous nous retrouverons
dans des circonstances tout aussi agréables, quoique peut-être
différentes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): J'inviterais les membres de la
commission à demeurer à leur siège afin qu'on
entreprenne...
M. Garneau: Si elles sont aussi agréables, elles ne seront
pas différentes.
Le Président (M. Brisson): ...l'étude des
crédits du ministère du Revenu.
M. Morin: M. le Président, il faudrait que vous conserviez
le quorum. Autrement, on ne pourra pas procéder à l'étude
du projet de loi.
Le Président (M. Brisson): C'est un projet de loi ou des
crédits?
M. Morin: Non, c'est un projet de loi.
Le Président (M. Brisson): Un projet de loi. C'est un
projet de loi, oui. D'ailleurs, les membres demeurent à leur
siège.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 24)