Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
jeudi 11 février 2021
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Vol. 45 N° 112
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 60, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique et d'autres dispositions
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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LeBel, Sonia
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Simard, Jean-François
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Barrette, Gaétan
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Simard, Jean-François
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LeBel, Sonia
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Barrette, Gaétan
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Marissal, Vincent
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Gaudreault, Sylvain
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Gaudreault, Sylvain
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Barrette, Gaétan
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Simard, Jean-François
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Simard) :
Bonjour à tous. Bienvenue à cette première audition et séance totalement
virtuelle de la Commission des finances publiques. Donc, nous avions déjà reçu,
par le passé, des intervenants en visioconférence, mais, cette fois-ci,
s'ajoute à toute notre logistique, bien sûr, une présence virtuelle de la part
de l'ensemble des membres de la commission. Donc, j'ai pu constater préalablement,
avec le secrétariat de la commission, que nous avions quorum. Comme vous le
savez, notre commission est réunie aujourd'hui, virtuellement, je le rappelle,
afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions publiques sur
le projet de loi n° 60, Loi modifiant
la Loi sur la fonction publique et d'autres dispositions.
Avant de continuer, je dois demander à Mme
la secrétaire s'il y a des remplacements aujourd'hui.
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Alors, M. Ouellet (René-Lévesque) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière).
Le Président (M. Simard) :
Très bien. J'en profite, Mme la secrétaire, d'abord, pour vous saluer, vous
remercier du travail extraordinaire que vous-même et, bien sûr, toute l'équipe
qui vous entoure avez accompli depuis ce matin afin que nous puissions procéder
rondement dans le cadre de cette consultation virtuelle. On est arrivé très tôt
ce matin, et, bien sûr, ceux qui nous écoutent ne le voient pas, mais sachez
qu'on est sept dans la salle Lafontaine, actuellement, à soutenir, comment
dire, ces travaux de manière technique. Donc, merci à toute l'équipe pour sa
patience, sa diligence et son professionnalisme.
Remarques préliminaires
Alors, nous allons d'abord commencer, comme
le veut, bien sûr, la tradition, par des remarques préliminaires. Et je cède immédiatement
la parole à la députée de Champlain, la présidente du Conseil du trésor. Madame,
la parole est à vous pour une période de six minutes.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Alors, merci,
M. le Président. Alors, je salue tous mes collègues de la banquette
ministérielle, je salue tous mes collègues de l'opposition. C'est vraiment un
plaisir de vous retrouver à cette commission pour l'étude d'un nouveau projet
de loi, le projet de loi n° 60, qui est la Loi modifiant la Loi sur la fonction publique et d'autres dispositions,
qui a été déposé à l'Assemblée nationale par mon précédent collègue du Trésor
le 12 juin 2020.
• (11 h 30) •
Donc, je pense que c'est important, d'entrée
de jeu, de vous expliquer pourquoi il est requis de changer le processus de
dotation, ce qui a mené à l'élaboration de ce projet de loi. Il est vraiment
souhaité et souhaitable que la fonction publique se modernise et soit plus
efficiente en s'arrimant aux tendances actuelles, en <matière de
dotation, entre autres...
>
11 h 30 (version révisée)
<17847
Mme LeBel :
...le 12 juin 2020.
Donc,
je pense qu'il est
important, d'entrée de jeu, de vous expliquer pourquoi il est requis de changer
le processus de dotation qui a mené à l'élaboration de ce projet de loi. Il est
vraiment souhaité et souhaitable que la fonction publique se modernise et soit
plus efficiente en s'arrimant aux tendances actuelles, en >matière de
dotation, entre autres.
J'ouvre, d'ailleurs, une parenthèse pour
mentionner que le processus de sélection proposé a été élaboré en fonction des
travaux d'analyse et d'une vigie effectuée auprès de 13 organisations
comparables au Québec, au Canada et à l'international. Ainsi, le processus de
sélection proposé correspond aux tendances observées ainsi qu'aux pratiques en
vigueur.
L'objectif est de permettre aux ministères
et organismes de doter leurs emplois de façon efficiente et surtout en temps
opportun, d'être compétitifs sur le marché de l'emploi et d'opter pour des
pratiques de gestion flexibles pour ainsi assurer des services de qualité aux
citoyens.
Il est souhaité, pour ce projet de loi, de
répondre à des problématiques qui nuisent à l'efficience et à la compétitivité
de la fonction publique comme employeur afin que nous soyons plus performants
lorsque vient le moment de combler nos emplois. En effet, les processus de
qualification actuels ne répondent pas toujours aux besoins précis des
ministères et organismes. Les offres d'emploi sont génériques, les candidats
inscrits dans des banques de personnes qualifiées n'ont pas nécessairement le
profil précis qui est recherché par les différentes organisations du
gouvernement. De plus, certains candidats ne sont plus disponibles ou
intéressés à un emploi lorsque celui-ci est offert, en raison d'un délai trop
long entre la publication de l'appel de candidatures et le moment où ils sont
sollicités.
Depuis 2015, c'est plus de 500 000 candidatures
qui ont été traitées et analysées. De ce nombre, seulement 5 % d'entre
elles ont été embauchées, soit environ... soit plus de 30 000 personnes,
30 700 environ. Il faut donc se rendre à l'évidence que nous traitons un
trop grand nombre de dossiers par rapport au nombre d'emplois à pourvoir et que
cette méthode affecte grandement l'efficience des processus et la performance
de la fonction publique.
Ces problèmes nuisent à l'image du
gouvernement en tant qu'employeur. Il peut s'écouler plusieurs mois, comme je
l'ai dit, voire plusieurs années, des fois, entre le dépôt d'une candidature et
la présentation d'une offre d'emploi au candidat. Ce dernier a donc amplement
le temps de se désintéresser ou de trouver un autre emploi. Bref, si nous
voulons être plus performants à la dotation de nos emplois, nous devons
moderniser nos façons de faire et mettre fin à l'ère des délais et des
processus de qualification génériques.
Nous proposons, donc, un nouveau processus
de sélection qui nous permettra de combler nos emplois en temps opportun. Les
principes qui encadrent ce nouveau processus de dotation sont :
l'efficacité, l'efficience, l'imputabilité, la transparence et surtout
l'égalité d'accès du citoyen à la fonction publique, tout en favorisant,
naturellement, l'équité et la diversité. Ceux-ci ne feront jamais l'objet de
compromis.
À cet effet, permettez-moi de préciser que
le processus de dotation par qualification actuel est similaire à celui qui
était en vigueur il y a près de 50 ans. Bien sûr, au fil du temps, des
modifications ont été apportées, ici et là, mais force est de constater que les
mêmes problèmes reviennent. C'est pourquoi, cette fois-ci, il est proposé de
changer les paradigmes afin que le processus de dotation permette une
nomination au terme d'un processus de sélection pour un emploi précis au lieu
de créer des banques de personnes qualifiées pour pourvoir d'éventuels <emplois...
Mme LeBel : …ici et là,
mais force est de constater que les mêmes problèmes reviennent. C'est pourquoi,
cette fois-ci, il est proposé de changer les paradigmes afin que le processus
de dotation permette une nomination au terme d'un processus de sélection pour
un emploi précis au lieu de créer des banques de personnes qualifiées pour
pourvoir d'éventuels >emplois. Parmi les modifications proposées au
processus de dotation à travers le p.l n° 60, on
retrouve la publication d'offres d'emploi précises au lieu d'appels de
candidatures génériques, des moyens d'évaluation en lien avec l'emploi précis à
combler, au lieu d'examens génériques en salle, une approche décentralisée, un
processus de sélection qui prend en compte les besoins précis des ministères et
organismes.
En terminant, je répète que le besoin
criant de moderniser nos façons de faire est au coeur de ce projet de loi. En
opérant une réforme en profondeur du processus de dotation, nous faisons en
sorte que tout le monde y gagne. Les candidats perdront moins de temps dans les
banques à attendre d'être convoqués en entrevue, sauront rapidement si leur
candidature est retenue ou non et entreront en fonction beaucoup plus
rapidement, et ce, au bénéfice de notre belle fonction publique. Aussi, les
ministères et organismes seront en mesure d'obtenir le bon candidat, pour le
bon poste, au bon moment.
Petit projet de loi très ciblé, mais d'une
importance capitale, j'en suis convaincue, pour l'avenir de notre fonction
publique... J'ai de grandes ambitions pour repositionner cette fonction
publique comme un employeur de choix, et ainsi être plus attractifs pour mener
à terme nos projets pour le Québec. J'invite mes collègues de tous les partis
à la même collaboration constructive que nous avons eue précédemment et que
nous avons toujours ensemble, mais je vous assure également de mon ouverture et
de ma collaboration, comme toujours. Écoutons ensemble les consultations et
voyons, par la suite, comment on peut améliorer ce projet de loi dans les
objectifs que je viens d'élaborer. Mais, avant tout, je suis vraiment
impatiente d'entendre les groupes que nous aurons. Alors, merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au porte-parole de
l'opposition officielle, le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Alors, d'entrée de jeu, je souhaite la bienvenue à tout le monde,
évidemment. Très heureux de se retrouver, ça fait effectivement longtemps que
nous n'avons pas eu la chance de débattre. Alors, ça a été agréable, jusqu'à
maintenant, je suis sûr que ça va continuer de l'être et, surtout, je suis
convaincu que ça va être productif.
Par contre, à propos du projet de loi qui
nous intéresse, actuellement, j'ai plusieurs interrogations, M. le Président.
Alors, évidemment, quand j'entends la ministre, la présidente du Conseil du
trésor nous mentionner l'importance d'avoir un processus, une procédure qui
soit équitable, transparente, efficiente et efficace, bon, tout le monde est
d'accord avec ce genre d'énoncé là, je le suis et j'appuie la chose.
Maintenant, j'ai quand même quelques
bémols. Alors, quand on prend l'argument de dire que nous voulons le projet de
loi n° 60 pour être plus compétitifs, bien, ce n'est
pas la procédure qui rend notre dotation d'emploi compétitive, notre compétitivité;
c'est-à-dire, donner, avoir les meilleurs candidats possibles pour une fonction
déterminée, provient des conditions <d'emploi…
M. Barrette : …
compétitifs,
bien, ce n'est pas la procédure, qui rend notre dotation d'emploi compétitive,
notre compétitivité, c'est-à-dire, donner, avoir les meilleurs candidats
possibles pour une fonction déterminée, provient des conditions >d'emploi,
nommément le salaire. Et ça, évidemment, dans le projet de loi n° 60, je
ne pense pas qu'on va s'adresser à ça. Il est quand même connu depuis toujours
que la compétitivité à laquelle on fait face… bien, on a des problèmes parce
qu'on paie moins bien les gens, au gouvernement du Québec, pour une compétence
équivalente, et ça, ça ne va pas se régler par le projet de loi n° 60.
Donc, cet objectif-là ne peut pas être atteint, ça, c'est, pour moi, très
clair.
À partir du maintenant où on a enlevé du
tableau cet élément-ci, bien, il y a des éléments dans le projet de loi qui
sont problématiques. Alors, on entendra plusieurs groupes, dont la Commission
sur la fonction publique. Bien, moi, j'aurais une question à poser, très simple :
Allons-nous être équitables à ceux qui bénéficiaient du régime en place? Je
fais référence aujourd'hui spécifiquement à l'article 8, qui vient faire
en sorte que le régime qui était en vigueur, évidemment, va être aboli. Mais
nulle part dans le projet de loi on ne prend en compte le tort qu'on vient
causer à ceux qui, au fil des années, ont pratiqué dans d'autres champs
d'activité, notamment dans le secteur politique. Ça, moi, quand une loi vient
abolir des choses sans compensation, sans prendre en considération le tort que
ça fait à l'existant, je pense qu'il y a un problème et je vais évidemment
vouloir m'y adresser au fil des consultations et de l'étude détaillée que l'on
fera.
Maintenant, je vais quand même rappeler à
tout le monde qu'on est dans un milieu politique. C'est sûr que ce qui nous est
présenté dans le projet de loi vise une plus grande efficacité, mais un milieu
politique, c'est un milieu politique. Est-ce que ce qui est proposé
actuellement garantit — et j'insiste là-dessus — une
impartialité? Est-ce que l'organisme, qui est la CFP, qui, elle, a la capacité
de surveiller ça, aura les moyens de le faire? Est-ce qu'on peut, dans une
organisation politique, être 100 % impartial? Je comprends et j'admets le
fait que le mode de dotation que l'on a actuellement pose des problèmes, mais
il avait une grande neutralité. Actuellement, allons-nous vraiment retrouver
une neutralité équivalente? Aujourd'hui, là, dans l'état actuel du projet de
loi, je ne vois pas nécessairement ces conditions-là. On en reparlera,
évidemment. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le député de La Pinière. Je cède maintenant la parole au
député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Mme la présidente du Conseil du trésor, chers collègues, moi
aussi, je suis heureux de vous voir, mais j'ai peu de temps pour vous faire
connaître toute l'appréciation que j'ai d'être avec vous aujourd'hui, alors
j'irai rapidement.
J'aborde évidemment avec ouverture <l'étude
du…
Le Président (M. Simard) :
…
au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci,
M. le Président. Mme la présidente du Conseil du trésor, chers collègues, moi
aussi, je suis heureux de vous voir, mais j'ai peu de temps pour vous faire
connaître toute l'appréciation que j'ai d'être avec vous aujourd'hui, alors
j'irai rapidement.
J'aborde évidemment avec ouverture >l'étude
du projet de loi n° 60. Par contre, j'ai quelques doutes ou questions,
assurément, sur le modèle qui sera retenu et sur les règlements qui seront
déposés aussi en appui, évidemment, mécanique de ce projet de loi. Tout est là,
hein, tout est là, dans l'application d'un projet de loi.
Si nous devions, d'aventure, nous diriger
vers un modèle calqué purement sur le milieu des affaires, donc un modèle
purement business, au nom de l'efficacité — je ne le dis pas
méchamment, mais ce sont souvent des mots qui reviennent dans la bouche du
gouvernement de la CAQ — bien, évidemment, on va s'assurer que
l'équité et que l'efficacité ne soient pas juste le maître-mot pour passer
par-dessus certains principes comme l'équité et la compétence, puisque, selon
moi, peut-être que le processus actuel est long, mais la compétence devrait
néanmoins, encore et toujours, rester un critère cardinal d'évaluation. Alors,
voilà. Je m'arrête ici. Merci.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Je cède la parole au député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui.
Merci beaucoup. Bonjour à tous et à toutes.
Un des plus grands atouts du Québec,
depuis la Révolution tranquille, c'est d'avoir été capable de constituer une
fonction publique forte, dédiée, indépendante, professionnelle, distribuée
partout sur le territoire du Québec. Et je suis un… j'ai beaucoup de
reconnaissance pour le travail fait par la fonction publique.
Maintenant, il faut certainement favoriser
le renouvellement de la fonction publique, la rendre attirante pour poursuivre
dans cette construction d'un État fort, moderne, adapté à la réalité
du XXIe siècle, mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de
la compétence, de la connaissance du français comme condition de base pour
travailler dans la fonction publique québécoise, et il ne faut surtout pas
revenir à une époque de retours d'ascenseurs politiques. Alors, voici quelques
éléments sur lesquels j'entends être extrêmement vigilant.
Ceci étant dit, nous sommes favorables au
principe de ce projet de loi. Alors, voilà. J'ai bien hâte d'entendre nos
invités.
Auditions
Le Président (M. Simard) :
Merci, cher collègue. Alors, nos remarques préliminaires étant terminées, nous
allons entreprendre la partie des auditions et nous avons l'honneur de recevoir
aujourd'hui des représentants de la Commission de la fonction publique, qui
sont déjà avec nous en ligne depuis un certain temps.
Madame, monsieur, bienvenue. Auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter, après quoi vous pourriez faire votre
présentation, et vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes
pour le faire.
Commission de la fonction publique du Québec (CFPQ)
Mme Fréchette (Hélène) :
Très bien. Merci. Alors, mon nom est Hélène Fréchette, présidente de la
Commission de la fonction publique. Je suis accompagnée également de
Me Mathieu Breton, qui est juge et membre également de la Commission de la
fonction publique.
Je voudrais tout d'abord vous saluer tous
et <vous…
Le Président (M. Simard) :
…
pour le faire.
Mme Fréchette (Hélène) :
Très bien. Merci. Alors, mon nom est Hélène Fréchette, présidente de la
Commission de la fonction publique. Je suis accompagnée également de
Me Mathieu Breton, qui est juge et membre également de la Commission de la
fonction publique.
Je voudrais tout d'abord vous saluer
tous et >vous remercier de nous avoir invités aux consultations
particulières sur le projet de loi n° 60. Je tiens également à saluer Mme
la présidente du Conseil du trésor et responsable de l'administration publique.
Alors, je ne sais pas, M. Breton, si vous
vouliez ajouter quelque chose avant de commencer?
M. Breton (Mathieu) :
Non, mais merci de nous recevoir, mon nom est Mathieu Breton. Comme disait Me
Fréchette, je suis commissaire membre de l'assemblée de la Commission de la
fonction publique et j'agis à titre de juge administratif, notamment. Donc, je
vais laisser Mme Fréchette faire la présentation. Merci.
Mme Fréchette (Hélène) :
Alors, compte tenu du délai qui m'est imparti, je vais aller au vif du sujet.
Vous n'êtes pas sans savoir que la Commission de la fonction publique est un
organisme neutre et indépendant chargé, entre autres, d'entendre les recours
prévus à la Loi sur la fonction publique et de veiller au respect des principes
en matière de gestion des ressources humaines qui découlent de cette loi par
les ministères et les organismes qui y sont assujettis. Mme la présidente du Conseil
du trésor a fait mention, tout à l'heure, des principes de la loi.
La commission joue un rôle central dans la
gestion des ressources humaines de la fonction publique, puisque sa mission est
de contribuer à assurer l'égalité d'accès des citoyennes et des citoyens à la
fonction publique, d'assurer la compétence des personnes qui y sont recrutées
et promues ainsi que d'assurer l'impartialité et l'équité des décisions qui
sont prises en matière de gestion des ressources humaines.
Il y a quatre points particuliers
principaux que la commission veut porter à votre attention. Juste, tout
d'abord, souligner l'important travail qui a été accompli par la présidente du Conseil
du trésor ainsi que par son prédécesseur et toutes leurs équipes dans
l'élaboration du projet de loi qui a pour objet de rendre plus efficace le
processus de dotation des emplois dans la fonction publique. La commission a,
d'ailleurs, déjà participé à des consultations préliminaires menées par le Secrétariat
du Conseil du trésor.
Alors, la commission comprend la nécessité
d'apporter des changements majeurs au processus actuel de dotation. Comme le
marché de l'emploi ne cesse d'évoluer, le cadre normatif de la fonction
publique doit en faire autant pour s'adapter aux nouvelles réalités. Alors, la
commission est, d'ailleurs, d'avis que le projet de loi proposé respecte, dans
l'ensemble, les principes de la loi en matière de dotation en personnel.
Cependant, je tiens à vous formuler les
commentaires suivants concernant certains aspects des changements proposés.
Alors, concernant le respect du cadre de gestion des ressources humaines dans
la fonction publique, le projet de loi prévoit les modifications au processus
de recrutement et de promotion des fonctionnaires. Dans la plupart des cas, là,
le processus actuel permet à un seul organisme <spécialisé dans le…
Mme Fréchette (Hélène) :
…Alors, concernant le respect du cadre de gestion des ressources humaines dans
la fonction publique, le projet de loi prévoit les modifications au processus
de recrutement et de promotion des fonctionnaires. Dans la plupart des cas, là,
le processus actuel permet à un seul organisme >spécialisé en
recrutement de lancer des appels de candidatures pour tous les emplois d'une
même classe, et ce, dans l'ensemble des ministères et des organismes ainsi que
dans toutes les régions du Québec. Dorénavant, cette responsabilité incombera
aux sous-ministres et aux dirigeants d'organismes, qui publieront des offres
d'emploi concernant… des offres concernant les emplois précis qu'ils désirent
pourvoir.
En résumé, le projet de loi décentralise
la dotation des emplois à pourvoir au sein des ministères et des organismes et
accorde une plus grande responsabilité aux sous-ministres et aux dirigeants
d'organismes, qui deviennent, de ce fait, imputables du respect des règles
prévues. La commission est préoccupée à cet égard. Elle craint en effet que
cette décentralisation impose aux directions des ressources humaines l'analyse
d'une multitude de candidatures à la suite d'une offre d'emploi. Il serait
important que des mesures soient prévues pour aider les organisations qui ne
disposeraient pas des ressources nécessaires, le cas échéant.
Par ailleurs, la responsabilité d'établir
les différentes normes applicables au nouveau processus de dotation, notamment
quant aux moyens d'évaluation des candidats, incombera au Conseil du trésor, à
qui il reviendra également de déterminer les cas et les situations où un
sous-ministre ou un dirigeant d'organisme pourra choisir un candidat autrement
que par un processus de sélection. Or, ces règles, qui découlent des nouveaux
articles 42 à 50.4 de la loi, ne sont pas encore connues, et la commission
émet des réserves à ce sujet. En effet, suivant l'adoption éventuelle du
projet de loi, le Conseil du trésor déterminera des normes plus précises,
spécialement dans des directives. Celles-ci ne seront toutefois pas portées à
l'attention des parlementaires ou des parties prenantes avant leur adoption ni
publiées à titre de projet dans la Gazette officielle du Québec, alors,
dans ce contexte, la commission peut difficilement se prononcer sur le respect
des principes de la loi. Chose certaine, les règles doivent être modifiées et
allégées, mais avec le souci de préserver les principes qui sont le fondement
de la gestion des ressources humaines au sein de la fonction publique
québécoise. Alors, la commission invite le Conseil du trésor à demeurer engagé
dans le maintien de cet équilibre à toutes les étapes de mise en oeuvre des
nouveaux processus.
Un autre point qui préoccupe la
commission, c'est le pouvoir de vérification qui sera confié au Conseil du
trésor quant à la façon dont seront recrutés et promus les fonctionnaires qui
est prévu à l'article 43 de la loi. C'est un nouvel alinéa qui est ajouté,
où on dit que «le président du Conseil du trésor a compétence pour vérifier la
façon dont sont recrutés et promus les fonctionnaires par les sous-ministres et
les dirigeants d'organisme visés par la présente loi. À cette fin, le président
du Conseil du trésor peut, par écrit, désigner une personne qui sera <chargée
de…
Mme Fréchette (Hélène) :
…
C'est un nouvel alinéa qui est ajouté, où on dit que «le président du
Conseil du trésor a compétence pour vérifier la façon dont sont recrutés et
promus les fonctionnaires par les sous-ministres et les dirigeants d'organisme
visés par la présente loi. À cette fin, le président du Conseil du trésor peut,
par écrit, désigner une personne qui sera >chargée de cette
vérification.» On le retrouve à la page 9 de notre mémoire. Or, cette
compétence de vérification fait partie, à l'heure actuelle, de la mission de la
commission, qui est prévue par la loi au deuxième paragraphe de l'article 115,
où on mentionne que «la commission est chargée [de] vérifier l'observation de
la loi et de ses règlements relativement au recrutement et à la promotion des
fonctionnaires».
Alors, dans ses rapports de vérification,
comme dans ses rapports d'enquête, la commission peut formuler des
recommandations aux autorités compétentes ou, si elle le juge utile, faire
rapport à l'Assemblée nationale. On assure le suivi de ces recommandations afin
d'évaluer dans quelle mesure les mesures correctives ont été mises en place.
Les travaux de surveillance ont pour objectif de susciter des améliorations en
matière de gestion des ressources humaines, et, dans ce contexte, le taux
d'application des recommandations formulées par la commission, qui s'élève à
94 % pour l'année financière 2019‑2020, constitue un bon moyen
d'évaluer les retombées positives et constructives.
En outre, le mode de nomination des
membres de la commission ainsi que la présidente, moi-même, en l'occurrence,
prévu à la loi… nous sommes nommés sur proposition de premier ministre, par
résolution de l'Assemblée nationale approuvée par au moins les deux tiers de
ses membres. Ainsi, lorsqu'on adopte un rapport de vérification ou d'enquête,
l'assemblée des membres ne fait l'objet d'aucune pression indue et n'a aucun
compte à rendre au gouvernement quant aux recommandations formulées, alors
l'indépendance et l'autonomie de la commission sont vraiment consacrées par la
loi. Et, en plus, la commission… en fait, la commission et ses membres, on est
investis des pouvoirs d'enquête pour obtenir tous les renseignements jugés nécessaires
pour mener à bien nos travaux et assigner des personnes à comparaître.
• (11 h 50) •
Alors, la commission souhaite vraiment
s'assurer que la modification qui est prévue à l'article 43 de la loi ne
constitue pas une façon de limiter sa capacité d'intervention relativement au
recrutement et à la promotion des fonctionnaires, ce qui ne serait vraisemblablement
pas souhaitable pour la saine gestion des ressources humaines de la fonction
publique.
Une autre préoccupation est le nouveau
pouvoir également accordé au président du Conseil du trésor de demander à la commission
d'effectuer une vérification particulière. Ce nouveau pouvoir est prévu à l'article 115
de la loi, où on dit que «la commission doit également effectuer une
vérification particulière sur toute matière qui est de sa compétence lorsque le
président du Conseil du trésor lui en fait la demande. [La Commission] est [...]
tenue de faire rapport de sa vérification au président du Conseil du trésor.»
Comme organisme de surveillance, la commission
procède aux enquêtes et aux vérifications qu'elle juge nécessaires <dans…
Mme Fréchette (Hélène) :
...matière qui est de sa compétence lorsque le président du Conseil du trésor
lui en fait la demande. La Commission est tenue de faire rapport de sa vérification
au président du Conseil du trésor.»
Comme organisme de surveillance, la
commission procède aux enquêtes et aux vérifications qu'elle juge nécessaires
>dans les ministères et les organismes. Ces activités de vérification
font l'objet d'une planification annuelle. Les sujets et les organisations sont
choisis en tenant compte de certains critères, dont le risque, qui occupe une
place prépondérante. Or, le nouveau libellé proposé de l'article 115 peut
laisser croire que le pouvoir accordé au président du Conseil du trésor est
susceptible de porter atteinte à l'indépendance de la commission dans la
réalisation de sa mission. En effet, selon le nombre de vérifications demandées
par le président du Conseil du trésor ou selon leur complexité, la commission
pourrait ne pas être en mesure de réaliser l'ensemble des activités de
surveillance planifiées dans son calendrier annuel ou incapable de répondre aux
demandes de sa clientèle.
C'est pourquoi la commission souhaite que
le texte proposé ressemble plus à celui retenu dans la Loi sur le vérificateur
général, ce qui serait plus respectueux de l'indépendance de la commission. En
effet, l'article 36 de la Loi sur le vérificateur général, que vous
retrouvez à la page 11 de notre mémoire, prévoit également que le Conseil
du trésor peut faire une demande au Vérificateur général pour une vérification
particulière, sauf qu'on a ajouté une phrase qui dit que «toutefois, cette
vérification ou cette enquête ne peut avoir préséance sur les obligations
principales du Vérificateur général».
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Mme Fréchette, auriez-vous un court mot de conclusion? Parce
que je vous ai déjà laissé quand même plus de temps que prévu. Très rapidement.
Très, très rapidement.
Mme Fréchette (Hélène) :
En fait, il y aurait aussi une demande qu'on voudrait faire, c'est que la loi
prévoie que la commission puisse ajouter les pratiques de gestion des
ressources humaines dans ses champs de surveillance. Et, comme je vous dis, on
est d'accord avec les principes du projet de loi, mais on va continuer à
veiller pour que ça se fasse dans le respect des principes.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci, Mme la présidente, et désolé de vous contraindre dans le
temps. C'est une tâche bien ingrate qui m'incombe.
Mme Fréchette (Hélène) :
J'ai mal évalué, je suis désolée.
Le Président (M. Simard) :
Ce n'est pas grave, madame, alors… et, du reste, vous pourrez poursuivre dans
les échanges que vous aurez avec nos collègues parlementaires. Je cède
maintenant la parole à la présidente du Conseil du trésor pour une période de
16 min 30 s.
Mme LeBel : Bien, merci
beaucoup, M. le Président. Effectivement, Mme Fréchette, Mme la présidente,
si vous voulez compléter, là, je vois que vous aviez peut-être d'autres
rubriques, là, à votre mémoire, et je vais vous donner l'occasion, peut-être,
de compléter et de conclure vos commentaires, puis on pourra peut-être
poursuivre notre échange sur certains points plus précis, là, je ne sais pas
si... Vous aviez coupé court, si vous aviez autre chose à ajouter, là, ça me
ferait plaisir que vous le fassiez maintenant.
Mme Fréchette (Hélène) :
Bien, je vous remercie. Il me restait un élément, effectivement, concernant,
là, les pouvoirs de la commission, comme je le disais tout à l'heure. On est
chargé de vérifier le cadre, l'application du cadre normatif de la loi, <mais
on...
Mme LeBel : ...si vous
aviez autre chose à ajouter, là, ça me ferait plaisir que vous le fassiez
maintenant.
Mme Fréchette (Hélène) :
Bien, je vous remercie. Il me restait un élément,
effectivement,
concernant, là, les pouvoirs de la
commission, comme je le disais
tout
à l'heure. On est chargé de vérifier le cadre, l'application du cadre normatif
de la loi, >mais on estime que la commission... il pourrait être prévu
que la commission puisse vérifier également les pratiques de gestion des
ressources humaines et de faire des études sur des sujets d'intérêt dans cette
matière.
Alors, c'est pourquoi on proposerait de...
c'est une proposition qui avait déjà été faite, il y a quelques années, mais on
essaie encore, on la soumet encore parce qu'on considère que c'est important, on
aimerait qu'à l'article 115 de la loi soient ajoutés les deux paragraphes
qui sont indiqués, là, à la page 13 de notre mémoire. On aimerait faire
ajouter le paragraphe 2.1°, qui serait de vérifier les pratiques de
gestion des ressources humaines dans la fonction publique et d'étudier des
sujets d'intérêt en matière de gestion des ressources humaines dans la fonction
publique.
Ça nous permettrait de déterminer si le
cadre de gouvernance puis les systèmes de gestion des ressources humaines sont
mis en place et bien documentés. Ça nous permettrait également d'évaluer si les
pratiques de gestion respectent les principes de la loi, ou encore de mettre en
évidence les forces et les lacunes de ces pratiques au sein des ministères et
des organismes, ainsi que des pistes d'amélioration.
Et un dernier point, également, que l'on
trouve important, c'est qu'on puisse prévoir, dans les règles ou même dans la
loi, idéalement, prévoir des mécanismes pour s'assurer que les candidats qui
vont participer à des processus de sélection soient informés par écrit de la
possibilité de demander à la Commission de la fonction publique de faire
enquête s'ils constatent des illégalités ou des irrégularités dans lesdits
processus.
Parce que, pour l'instant, les gens sont
déjà avisés, lorsque la candidature est refusée, qu'ils ont un droit de recours
à la Commission de la fonction publique, mais ce recours-là n'existera plus, donc
ce serait important que, justement, les participants ou les candidats puissent
s'adresser à la commission pour s'assurer de la légalité, de la conformité du
processus. Parce que, bien que vous nous connaissiez, on réalise, dans le cadre
de nos activités, que plusieurs fonctionnaires, ou même citoyens et
fonctionnaires non syndiqués qu'on entend dans leurs recours, dans leurs
demandes, ne connaissent pas l'existence de la Commission de la fonction
publique. Alors, pour nous, ce serait capital, là, que les gens aient un droit
de recours pour s'assurer du respect de tout ça.
Mme LeBel : Merci,
Mme Fréchette. Puis, d'ailleurs, je suis contente que vous ayez eu
l'occasion de compléter, parce que je vois deux grands volets de votre
intervention, de votre mémoire, il y a le volet où vos commentaires visent plus
précisément le nouveau système de dotation qu'on espère mettre en place par le
projet de loi n° 60 puis il y a tout ce qui a égard aux pouvoirs de la
commission, pouvoir de <vérification, ou…
Mme LeBel : …
il
y a le volet où vos commentaires visent plus précisément le nouveau système de
dotation qu'on espère mettre en place par le projet de loi n° 60 puis il y
a tout ce qui a égard aux pouvoirs de la commission, pouvoir de >vérification,
ou au droit des citoyens de s'adresser à la commission en cas de… quand ils se
sentent lésés, là, je vais le dire comme ça. Donc, je vais peut-être
m'intéresser plus précisément, si vous le permettez, dans l'échange qu'on a à
faire, sur, justement, ce pouvoir-là.
Présentement, je comprends, là,
l'intervention de la commission, que vous êtes quand même généralement en
faveur avec la volonté de rendre… de moderniser le système de dotation de la
fonction publique. On passe… Je pense que c'est important de le souligner, puis
on va avoir l'occasion de le faire beaucoup au cours de nos travaux, on passe
d'un processus de qualification qui est très général, où on fait des entrevues
dans des gymnases, à grand déploiement, et on met des gens dans des banques
jusqu'au moment où des postes s'ouvrent et qu'on ait besoin d'aller voir quels
sont les candidats qui correspondent à nos besoins, à un processus de
sélection.
Est-ce que, de façon générale, de passer
d'un… C'est deux principes différents de doter, on s'entend. Est-ce que vous
pensez que, d'une façon générale, de passer d'un principe à l'autre, c'est
quand même une bonne chose? Est-ce qu'on va effectivement rencontrer, selon vos
observations ou votre connaissance, les objectifs de mieux doter les emplois,
là, qui sont à la fonction publique, là? Est-ce que vous avez constaté des
lacunes? Parce que je pense que, présentement, les gens peuvent faire appel du
processus de qualification auprès de la commission, si je ne me trompe pas.
Mme Fréchette (Hélène) :
Oui, en matière de recrutement et de promotion. En fait, la préoccupation que
nous avons, c'est ça, c'est qu'actuellement il y a un recours possible pour les
gens, ce qui n'est pas prévu… parce qu'on ne connaît pas tout le détail, toutes
les règles qui seront développées et écrites par le Conseil du trésor…
Mme LeBel : …
Mme Fréchette (Hélène) :
Pardon?
Mme LeBel : Ah!
excusez-moi. Je me posais une question, si j'avais ma loi avec moi, mais je me
suis rendu compte que mon micro était ouvert. Excusez-moi.
Mme Fréchette (Hélène) : O.K.
C'est ça, en fait, c'est, bon, est-ce que… On est tous conscients que le
processus actuel pour doter les emplois à la fonction publique est trop lourd
et est inefficace, et, comme vous le disiez, peu de gens réussissent à obtenir
un emploi. Ça peut durer des années, les listes sont bonnes pour des années,
et, souvent, quand on est rendu… on n'a même pas le temps de finir le processus
que, quand on appelle un candidat, il s'est trouvé autre chose ailleurs,
évidemment.
Sauf que trop en faire puis ne pas assez
en faire… il y a un équilibre qu'il faut retrouver, qu'il faut conserver, et
puis c'est là où nous, nous sommes inquiets, parce que, comme je vous le disais
tout à l'heure, il y avait le CSPQ, à l'époque, qui est rendu l'ITQ et que… et
l'autre organisme, qui s'occupaient de la sélection pour l'ensemble des postes
de la fonction publique, la majorité, sauf pour les gros ministères, là, qui
avaient une délégation pour le faire, et il y avait des milliers de
candidatures, milliers de candidats qui postulaient pour, justement, se
qualifier.
• (12 heures) •
Alors, avec le nouveau processus, à la
commission, on s'interroge vraiment sur la <capacité de chaque…
>
12 h (version révisée)
< Mme Fréchette (Hélène)T :
…la
fonction publique, la majorité, sauf pour les gros
ministères,
là, qui avait une délégation pour le faire, et
il y avait des milliers
de candidatures, un millier de candidats qui postulaient pour
justement
se qualifier.
Alors, avec le nouveau processus, à la
commission,
on s'interroge
vraiment sur la >capacité de chaque organisation
de réussir à traiter toutes ces demandes-là. Si je prends, par exemple, comme
exemple la Commission de la fonction publique, on est 43 employés. Quand
on fait un appel de candidatures, on n'a pas une équipe en gestion des
ressources humaines pour valider tout ça, pour valider et analyser les
candidatures, si elles sont recevables ou pas. Alors, il y a plusieurs
organisations, même dans les grosses… on connaît toujours… On connaît le manque
de main-d'oeuvre un peu partout, alors c'est là qu'on se questionne sur la
faisabilité de ce processus de sélection là. C'est sûr qu'on est conscient,
comme vous, Mme la présidente du Conseil du trésor, qu'il faut faire quelque
chose, sauf que c'est quand même… on se questionne, justement, sur ce que ça va
donner.
Et une autre préoccupation que je peux
vous soumettre, c'est qu'actuellement tout est encadré, au niveau du processus
de sélection, au niveau de l'appel de candidatures, les examens, et tout ça, et
on constate… nos travaux nous ont permis de constater qu'il y avait beaucoup de
contournements. Et, souvent, les ministères et organismes soulèvent comme
argument pour contourner ou ne pas respecter le cadre normatif que, justement,
c'est trop lourd, ils ont besoin, ce n'est pas assez rapide, etc. Sauf que,
depuis très longtemps, on a toujours essayé de simplifier les processus, les
règles, les exigences, et ce n'est jamais suffisant, ce sont toujours les mêmes
arguments qui sont soulevés. Parce que, déjà, en 1993, le Vérificateur général
avait constaté de nombreux problèmes éprouvés dans la gestion des ressources
humaines et il parlait, à ce moment-là, de responsabiliser les gestionnaires et
exiger de leur part une reddition de comptes significative. Or, on fait encore
les mêmes constats à la Commission de la fonction publique que ceux qui ont été
faits en 1993, à l'époque, par le Vérificateur général. Et on est 30 ans
plus tard, et il y a eu de nombreux allègements, là, depuis cette
constatation-là, en 1993, et il y a toujours des contournements.
Alors, s'il y a plein de règles que les
ministères et organismes réussissent à contourner, on se demande sérieusement...
s'il n'y a presque plus de règles, c'est sûr qu'on ne les contournera pas, mais,
quand il y a des règles pour prévoir l'équité, l'impartialité, l'égalité
d'accès qui ne sont pas respectées, s'il n'y a plus de règle du tout pour le
processus, ou des règles qu'on ne connaît pas encore, on est vraiment préoccupés
par la façon dont on va pouvoir assurer le respect de ces principes-là.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Mme la <ministre…
Mme Fréchette (Hélène) :
...
qui ne sont pas respectées, s'il n'y a plus de règle du tout pour le
processus, ou des règles qu'on ne connaît pas encore, on est vraiment
préoccupés par la façon dont on va pouvoir assurer le respect de ces
principes-là.
RLe Président (M. Simard) :
Merci. Mme la >ministre.
Mme LeBel : Oui.
J'essaie... C'est vraiment dans l'optique de bien comprendre, là, les
préoccupations que vous soulevez, Mme Fréchette, j'essaie de comprendre. Effectivement,
j'ai lu, dans la conclusion de votre mémoire, que vous parliez de ces nombreux
constats. Je suis très préoccupée, moi, par cet équilibre nécessaire à
maintenir entre de l'agilité, de l'efficacité, d'être capable de mieux cibler,
parce que les candidats... Et j'essaie de comprendre, là. Quand on parle d'un
processus de sélection, versus un processus de qualification, c'est qu'on va
passer d'une qualification très générique où on dit, dans le fond… je sais que
je simplifie, là, mais : Bien, voici, on ouvre les banques, êtes-vous
intéressé à travailler à la fonction publique? Et là les gens se présentent,
passent un examen de qualification très général et, après ça, sont accessibles
à un poste éventuel qui s'ouvrira, puis il y a quand même une sélection qui est
faite par la suite, mais à l'intérieur de la banque. Mais, souvent, les gens,
ce qu'on a dénoncé ou ce qu'on a vu, les gens, bon, se tannent, ne sont plus
là, n'ont pas nécessairement… ne répondent pas nécessairement aux besoins du
ministère et organisme. Il n'y a rien qui assure que, dans la banque en
question, le professionnel ou la personne avec les qualifications qu'on
recherche seront présents.
Je ne comprends pas beaucoup... trop ce
que vous voulez me dire par : On pense qu'ils ne seront pas en mesure de
traiter les candidatures. On parle d'un processus de sélection où on va
afficher un poste avec des critères. Ça prend un avocat, à titre exemple, là — je
le sais que ça peut être plus large que ça, c'est la fonction publique — un
ingénieur ou, en tout cas, il va y avoir des critères très précis, et les gens
qualifiés répondant à la sélection de base devront se présenter. Et là, naturellement,
le gestionnaire devra faire les entrevues nécessaires et les évaluations nécessaires.
Donc, juste essayer de comprendre, où est
la notion de je crains qu'ils ne soient pas capables, en termes de nombre? J'ai
bien compris, l'accompagnement, j'en suis, parce qu'on va passer d'une façon de
faire à une autre, puis c'est important, tous ces principes d'équité là que
vous mentionnez, et c'est quelque chose qui me préoccupe, il va falloir trouver
une façon de respecter ces principes-là. Mais c'est plutôt au nombre de... vous
avez parlé de la difficulté de traitement du nombre de demandes, à moins... et
je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche, je vous ai peut-être mal
comprise, là.
Mme Fortin (Hélène) :
Non, non, je me suis peut-être mal exprimée, mais, en fait, ce que je voulais
dire, c'est qu'actuellement, lorsqu'il y a un appel de candidatures, c'est ça,
il y a plusieurs personnes, des centaines, dans certains cas, comme les
ingénieurs, dernièrement, si je ne me trompe pas, il y a eu énormément de
demandes. Alors, à moins que l'appel d'offres qui soit fait pour le nouveau
processus de sélection soit vraiment très, très limité puis avec des points précis,
je veux dire, si on cherche un avocat, si, par exemple, on cherche un avocat en
droit de l'environnement, il y a plus qu'un candidat qui va être susceptible
d'appliquer, si on se fie au nombre d'avocats spécialisés en environnement. Ou,
bon, on parle d'avocats, on parle d'ingénieurs, mais ça peut être un agent de
secrétariat. À ce moment-là, il y a plusieurs personnes qui sont en mesure de
postuler, et <c'est là...
Mme Fréchette (Hélène) :
...l'environnement, il y a plus qu'un candidat qui va être susceptible
d'appliquer, si on se fie au nombre d'avocats spécialisés en environnement. Ou,
bon, on parle d'avocats, on parle d'ingénieurs, mais ça peut être un agent de
secrétariat. À ce moment-là, il y a plusieurs personnes qui sont en mesure de
postuler, et >c'est là qu'on craint qu'il y ait une énorme quantité de
candidats qui déposent leur candidature. Et c'est là que se trouve le problème,
selon moi, pour les organisations, de traiter toutes ces demandes-là.
Mme LeBel : Il faut
apprendre, comme tout le monde, à gérer notre micro. Alors, je comprends bien
votre point de vue. Maintenant, on a effectivement un processus d'appel,
présentement, quand on parle du processus de promotion, du processus, etc. Il
existe tout de même l'article 115, qui pourra répondre, je pense, à la
préoccupation que vous avez de donner un droit aux citoyens d'en appeler. Donc,
si je comprends bien, vous, votre préoccupation majeure, c'est plutôt que le
citoyen soit informé, justement, du refus, vous avez mentionné du refus de sa
candidature, naturellement, et de son droit de pouvoir en faire appel à la
Commission de la fonction publique en vertu de l'article 115. Je comprends
bien votre enjeu sur cette question-là?
Mme Fréchette (Hélène) :
Oui, c'est exactement ça, Mme la présidente. C'est vraiment majeur, que les
gens soient informés des possibilités de recours… ou de recours, plutôt de
contestation, là, ce ne sera pas un recours, c'est plus une demande d'enquête
pour s'assurer que tout est fait dans les règles ou tout respect avec le
processus.
Mme LeBel : Donc, outre les
pouvoirs de la commission que vous avez mentionné vouloir... que vous aimeriez,
souhaiteriez voir ajoutés, l'article 115 pourrait répondre effectivement
au besoin de vérifier la... j'allais dire «conformité», mais ce n'est pas le bon
terme, mais que le processus de sélection s'est fait correctement, dans les
règles de l'art et selon les normes. Mais ce que vous souhaitez, c'est que le
citoyen en soit informé, là. Donc, nul n'est censé ignorer la loi, mais vous
voulez qu'on aille quand même un pas plus loin, si je comprends bien.
Mme Fréchette (Hélène) : Bien,
c'est ça, comme il est fait actuellement pour les processus actuels. Les gens,
dès qu'ils sont avisés par lettre de leur refus, on les avise de la possibilité
de s'adresser à la Commission de la fonction publique.
Mme LeBel : Parfait.
Bien, merci, c'est bien compris, Mme Fréchette. Je vous remercie beaucoup
de votre intervention aujourd'hui, c'est très éclairant, et on va continuer à
analyser, là, votre mémoire et de travailler en collaboration avec vous, comme
toujours. Merci.
Mme Fréchette (Hélène) :
Merci, Mme la Présidente.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme la ministre. Il reste environ une minute à votre groupe
parlementaire, si d'aventure quelqu'un souhaitait intervenir. Sans quoi je vais
laisser la parole au porte-parole de l'opposition officielle, M. le député de La Pinière.
Vous disposez de 11 minutes.
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Alors, à mon tour de vous saluer, Me Fréchette, Me Breton.
Comme vous avez constaté, nous ne sommes pas inondés de groupes qui veulent
parler devant nous ni inondés de mémoires, alors je pense que c'est encore plus
important qu'on prenne le temps de discuter avec vous.
Je ne sais pas si vous avez entendu mes commentaires,
au <début, là...
M. Barrette : ...de
groupes qui veulent parler devant nous ni inondés de mémoires, alors
je
pense que c'est encore plus
important
qu'on prenne le temps de
discuter avec vous.
Je ne sais pas si vous avez entendu mes
commentaires, au >début, là. Comment peut-on dire que le projet
de loi n° 60 va nous mener à être plus compétitifs,
concurrentiels dans le marché de l'emploi? Parce que, moi, là, être plus
efficace dans la dotation, dans la procédure, c'est une chose, mais je ne vois
pas en quoi ça nous rend plus compétitifs.
Mme Fréchette (Hélène) :
Bien, écoutez, pour l'instant, c'est sûr que les procédures sont simplifiées, il
y a moins d'étapes. Est-ce que ce sera plus... Est-ce qu'on sera plus
compétitifs? Je crois que c'est l'avenir qui le dira. Nous, notre préoccupation,
c'est de s'assurer, justement, des principes, de voir à ce que l'équité,
l'accès, tout ça, l'impartialité soient toujours présents. Sauf que, pour être
plus compétitifs, bien, comme je vous dis, on verra avec les règles ou les
directives qui seront adoptées qui nous... qui verront si, justement, on est
plus rapide, on est plus flexibles et plus compétitif.
Je ne sais pas si Me Breton a quelque
chose à ajouter à ce sujet-là.
• (12 h 10) •
M. Breton (Mathieu) :
Oui, peut-être pour... Oui. Bonjour, M. le député. Peut-être, pour compléter,
c'est ça, bien, en fait, c'est sûr que nous, à la Commission de la fonction
publique, notre principale préoccupation, ce n'est pas la compétitivité, là, c'est
le respect des principes fondateurs de la loi, comme l'accès, l'équité, l'impartialité,
le mérite, la sélection au mérite.
Par contre, c'est certain qu'on peut
constater rapidement que, comme disait Mme Fréchette, il y a une étape
préliminaire... l'étape des processus de qualification n'existera plus, puisque
l'étape des processus de sélection se passera directement pour une offre
d'emploi pour un emploi précis, là. Une étape qui pouvait ressembler à ce qu'il
se passait déjà, actuellement, mais après la première étape de présélection, si
vous voulez, où est-ce que les gens devaient réussir le processus de
qualification qu'impose une banque avant de passer l'étape d'un affichage pour
un emploi précis.
Mais c'est sûr que nous, comme je vous
dis, nos préoccupations ont plus été sur les principes de la loi et leur
respect plutôt que le côté compétitif, là, qui est votre préoccupation, là, en
ce moment.
M. Barrette : Je
comprends. Alors, je comprends dans vos propos, là, qu'on est probablement sur
la même page, mais je ne voulais pas vous mettre sur la sellette.
Par contre, là, je vais vous mettre sur la
sellette. L'article 8, là, l'article 8, là, qui vient essentiellement
abolir le régime actuel… O.K., là je vais vraiment mettre clairement en
situation pour ma question. Il y a un paquet de gens qui sont allés dans le
secteur politique en provenant du milieu des fonctionnaires, en pleine
connaissance de cause des règles qui étaient en place au moment où ils l'ont
fait. Aujourd'hui, on vient abolir ça. Je comprends que, pour le futur, on
veuille le faire. C'est le choix du gouvernement, on pourrait en débattre. Je
ne vous demande pas d'en débattre, mais, pour le passé, pour ceux qui sont là,
trouvez-vous ça équitable, vous? Vous <êtes...
M. Barrette : ...en
pleine connaissance de cause des règles qui étaient en place au moment où ils
l'ont fait.
Aujourd'hui, on vient abolir ça. Je comprends que, pour le
futur, on veuille le faire. C'est le choix du
gouvernement, on pourrait
en débattre. Je ne vous demande pas d'en débattre, mais, pour le passé, pour
ceux qui sont là, trouvez-vous ça équitable, vous? Vous >êtes un
tribunal, à toutes fins utiles. Trouvez-vous ça équitable qu'on vienne altérer
les droits... bien, les droits, la situation de certains individus, eu égard
aux règles qui étaient et sont encore en place? Ne devrait-on pas avoir une
attitude plus... celle de reconnaître le passé, même si on veut changer le
futur?
Mme Fréchette (Hélène) :
Me Breton, je vais vous laisser répondre si vous êtes en mesure de...
M. Breton (Mathieu) :
Bien oui, bien, je vais tenter de répondre à M. le député du mieux que je peux.
Là, vous faites référence, si je comprends bien, à l'accession à la fonction
publique par des employés de cabinets politiques, c'est ça, de députés ou de ministres,
c'est bien ça, M. le député?
M. Barrette : Oui. Je
fais référence à tous les individus qui, par exemple, quand ils ont momentanément
quitté la fonction publique en ayant l'assurance par les règles en vigueur
qu'ils allaient pouvoir revenir là où ils étaient aujourd'hui… En clair, une
personne qui s'en va faire 10 ans en politique, aujourd'hui, retourne
fonctionnaire, vient de perdre 10 ans d'ancienneté et vient de perdre une
position sur son fonds de pension. Trouvez-vous ça équitable?
M. Breton (Mathieu) :
Bon, écoutez, rapidement, ce que je peux vous dire, là-dessus, c'est certain
qu'il y a... ce qu'on a compris, nous, c'est qu'il y avait une harmonisation
qui était faite à ce niveau-là, une adéquation avec le fait que les processus
de qualification étaient abolis, en ce sens qu'il y avait comme des processus
réservés pour les gens qui travaillaient dans le personnel politique, pour
qu'ils puissent accéder à la fonction publique puisqu'ils n'étaient pas soumis
au processus général, donc ils pouvaient toujours pouvoir accéder à un emploi.
Par contre, c'est sûr qu'on ne serait pas
contre qu'il y ait des dispositions transitoires, qu'on appelle communément une
clause grand-père, pour les gens qui sont actuellement en poste, mais je vous
dirais que, nous, lorsqu'on a lu cette modification-là, M. le député, on
trouvait que c'était quand même dans un esprit logique avec le reste des modifications
apportées, en ce sens qu'il n'y aura plus... Avant, vous comprenez qu'il y avait
des processus de qualification à date... bien, pas fixe, là, mais
ponctuellement, et c'est pour permettre aux personnes de retourner dans la
fonction publique sans devoir attendre après un processus de qualification, qui
était une étape obligatoire pour accéder à un emploi. Mais, comme je vous dis,
nous, on a trouvé ça... qu'il y avait une logique dans la modification, dans la
globalité du projet de loi. Mais, bien sûr, je vous dirais, on n'est certainement
pas contre qu'il y ait des dispositions transitoires pour les personnes qui
seraient actuellement visées par l'ancien régime, là.
M. Barrette : Alors, on
s'entend sur une chose. Je suis d'accord avec ce que vous venez de dire pour ce
qui est de la procédure, mais vous êtes d'accord avec le fait qu'actuellement,
de la manière que c'est déposé, il y a un impact pécuniaire négatif, qui est l'élément
que je pense qu'on doit compenser. Qu'en pensez-vous?
M. Breton (Mathieu) :
Là-dessus, je ne peux pas vous répondre, M. le député, il faudrait probablement
adresser vos commentaires à la présidente du Conseil du trésor. J'en suis bien
désolé, mais je dois vous avouer que je n'ai pas les réponses à vos questions à
ce <niveau-là...
M. Barrette : …impact
pécuniaire négatif, qui est
l'élément que je pense qu'on doit compenser.
Qu'en pensez-vous?
M. Breton (Mathieu) :
Là-dessus, je ne peux pas vous répondre,
M. le député, il faudrait
probablement
adresser vos
commentaires à la
présidente du Conseil du trésor.
J'en suis bien désolé, mais je dois vous avouer que je n'ai pas les réponses à
vos
questions à ce >niveau-là et je n'ai pas les réponses sur
quels sont les impacts sur les personnes que vous me dites, par exemple, qui
pouvaient bénéficier d'un droit de retour. J'avoue que notre analyse là-dessus…
n'a pas porté là-dessus, n'a pas porté, en général, là-dessus, puis je n'aurais
pas les détails sur les modalités aussi précises que vous le demandez, sur
l'impact salarial, et tout ça, là.
M. Barrette : Bien, vous
savez que vous êtes un tribunal, vous auriez pu avoir à traiter ce genre de
chose. Mais n'allons pas plus loin là-dessus.
Ne trouvez-vous pas qu'actuellement on va
créer une situation qui va… La loi, là, elle n'est pas claire. Me Fréchette,
vous l'avez bien dit, là : Toutes les règles, là, il n'y en a aucune de
connue. Il n'y a absolument rien de connu, au moment du dépôt du projet de loi,
et probablement rien à la fin de l'étude détaillée, parce que c'est un peu
comme ça qu'on fonctionne, là, depuis… dans cette législature-ci. Ne
trouvez-vous pas qu'il est possible qu'on se retrouve dans des situations où il
va être assez difficile d'être impartial, et même, très possiblement, dans des
situations de favoritisme?
M. Breton (Mathieu) : Je
m'excuse, juste avant de laisser Mme Fréchette répondre, j'aimerais juste
compléter ma réponse, M. Barrette. Je m'excuse, là, je ne veux pas prendre
trop de temps, mais je me rends compte que… je ne voulais pas parler à travers
mon chapeau, mais le nouvel article 30 de la Loi sur la fonction publique,
que je vois qui est modifié, semble répondre à votre préoccupation, là, pour
les gens qui ont occupé un emploi dans le personnel politique, qu'ils
reprennent le classement qu'ils occupaient dans le ministère ou l'organisme
auquel ils appartenaient au moment de leur départ, là.
M. Barrette : Bien oui,
c'est ce que je vous dis. Alors, une personne qui est allée en politique, là,
va perdre, donc, pendant 10 ans, va perdre 10 ans d'ancienneté et va
revenir en arrière sur son régime de retraite. C'est l'impact pécuniaire
négatif.
Mais revenons, parce que, moi, mon temps
passe, là, si vous me le permettez, puis il me reste deux minutes. La situation
sans règle, actuellement, là, moi, il me semble que ça ouvre beaucoup,
beaucoup, beaucoup la porte à un certain favoritisme. Il n'y a pas de règle, ce
n'est pas clair.
Qu'est-ce que vous voudriez voir comme
règle pour s'assurer de ça, du non-favoritisme? Et c'est particulièrement
probable dans les promotions dans les ministères. Je comprends que le régime
d'avant était lourd, mais il y avait au moins une certaine objectivité de
qualifications. Là, ça ne sera pas ça, là, sans règle claire, puis on n'en a
pas, puis je prédis qu'on n'en aura pas. Qu'est-ce que vous souhaiteriez voir
comme règle?
Mme Fréchette (Hélène) :
…
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Breton, votre micro fonctionne-t-il? Ah! Mme Fréchette,
pardon, Mme Fréchette.
Mme Fréchette (Hélène) :
Oui, le mien, ça va. Je m'excuse.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Oui.
Mme Fréchette (Hélène) :
Alors, ce que je disais M. le député, c'est qu'actuellement nous, on n'a pas à
déterminer les règles. Nous, on a à s'assurer que les règles qui seront
déterminées seront justement… les règles, les politiques ou les directives, appelons-les
comme on veut, seront effectivement conformes à la loi, puis c'est ce que le
Conseil du trésor… bien, conformes à la loi, conformes aux principes de la loi
et ce <que…
Mme Fréchette (Hélène) :
…nous, on n'a pas à déterminer les règles. Nous, on a à s'assurer que les règles
qui seront déterminées seront justement… les règles, les politiques ou les
directives
, appelons-les comme on veut,
seront, effectivement
conformes à la loi, puis c'est ce que le Conseil du trésor… bien, conformes à
la loi, conformes aux principes de la loi et ce >que les gens du Conseil
du trésor nous disent. Mais on ne peut pas décider pour eux ce qui sera fait,
sauf que c'est ça, nous, là, comme je le disais tout à l'heure, puis je le
rappelle, il faut qu'on ait ça à l'esprit pour s'assurer de l'impartialité, que
ce soit vraiment des processus… c'est un processus de sélection, mais que le
mode d'application réponde à tous ces critères-là puis tienne compte de tout,
que ce soit vraiment bien encadré.
Je pense qu'iil y a peut-être une façon de
le faire sans que ce soit nécessairement aussi lourd qu'auparavant, mais, c'est
ça, c'est parce qu'on veut le… on voudrait, justement, être consultés au moment
de l'adoption ou de la rédaction de ces politiques et de ces directives, compte
tenu de notre caractère neutre et impartial, pour que, justement, on s'assure
que tout soit bien. Mais, c'est ça, c'est au Conseil du trésor à les
déterminer, mais dans le respect de la loi.
M. Barrette : Il me reste
peut-être à peu près une minute, là, M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
40 secondes.
M. Barrette : Vous avez
fait référence, Me Fréchette, au fait que, dans ce projet de loi là, le Trésor
vient se substituer à vous, là. Est-ce que, vraiment, il vous reste quelque
chose, là, ou tout le pouvoir des vérifications s'en va au Trésor?
Mme Fréchette (Hélène) :
Bien, c'est la question qu'on a avec l'article… avec la modification à l'article 43,
c'est sûr qu'on a… c'est parce qu'en fait on va avoir une… la façon dont je le
lis, actuellement, dont la commission le lit, c'est qu'on va avoir une
compétence…
M. Barrette : Vague.
Mme Fréchette (Hélène) :
…pas parallèle, là, mais c'est parce que, c'est ça, tu sais, ce n'est pas
clairement précis.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Barrette : Juste, M.
le Président, qui a préséance, selon vous, à la lecture actuelle du projet de
loi, le Conseil du trésor ou vous?
Mme Fréchette (Hélène) :
Je ne peux pas vous dire. Je ne sais pas. C'est pour ça que nous, on… c'est ce
que… la commission tient à ce que ce soit clarifié.
M. Barrette : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Rosemont, qui dispose d'une période d'environ trois minutes, un peu moins.
• (12 h 20) •
M. Marissal : Oui. Merci,
M. le Président. Mme Fréchette, M. Breton, merci d'être là, merci
pour votre mémoire, mais il me semble néanmoins qu'il y a une contradiction. Puis
je ne ferai pas dans les nuances parce que je n'ai pas le temps, là, mais il y
a une contradiction qui me semble assez évidente entre le premier et le
troisième paragraphe de la page de votre résumé, la page 3, où vous dites
que vous accueillez favorablement le projet de loi, mais, par ailleurs, au
troisième paragraphe, vous dites que vous ne pouvez pas vous «prononcer de
manière éclairée sur l'ensemble des éléments du nouveau processus, car
plusieurs modalités qu'il introduira ne sont pas connues et ne le seront
qu'après l'adoption du projet de loi». Je suis d'accord avec le député de La
Pinière, ça semble être la façon de fonctionner, maintenant, avec le gouvernement.
On construit des routes et des chemins, puis on nous dit : Faites-nous
confiance, et ensuite on <mettra…
M. Marissal : …vous
«prononcer de manière éclairée sur l'ensemble des éléments du nouveau
processus, car plusieurs modalités qu'il introduira ne sont pas connues et ne
le seront qu'après l'adoption du
projet de loi».
Je suis d'accord avec le député de
La
Pinière, ça semble être la façon de fonctionner,
maintenant, avec le
gouvernement.
On construit des routes et des chemins, puis on nous dit : Faites-nous
confiance, et ensuite on >mettra la signalisation, mais la signalisation
puis les sens uniques viennent après, alors on se prononce sur quelque chose
qui est incomplet. Moi, j'y vois un manque de transparence, là, dans les
intentions. Vous, vous qualifiez ça comment, puisque vous en avez fait mention
dans votre présentation?
Mme Fréchette (Hélène) :
Moi, sincèrement, M. le député, je ne veux pas qualifier d'une façon ou
d'une autre, je ne fais que constater les faits. Et comme je le dis dans le
mémoire, et comme je l'ai dit tout à l'heure, il faut faire quelque chose avec
les processus pour la dotation des emplois de la fonction publique. Alors, je
ne prête aucune intention à personne. Comme je le disais tout à l'heure, c'est
un travail colossal de rebrasser tout ça.
Nous, ce qui nous importe, c'est que ce
soit fait dans le plus grand respect des principes prévus à la loi. Et, jusqu'à
maintenant, je n'ai jamais douté de la bonne foi du Conseil du trésor, ni de sa
présidente, ni de ses équipes. C'est pour ça qu'on est ici, pour faire part de
ce qui nous préoccupe, mais, pour le reste…
M. Marissal : Je vous
entends, je vous comprends et je respecte parfaitement votre point de vue,
Mme Fréchette. Simplement, je ne suis pas dans les sentiments, ici, je
suis dans l'application d'une future loi pour laquelle nous n'avons pas les
leviers et les interrupteurs. Moi, ça me cause un problème, comme législateur,
et, visiblement, vous aussi. Je comprends que vous ne voulez pas qualifier la
chose, c'est une question éminemment politique. Mais revenons rapidement
sur un autre point d'achoppement, semble-t-il, c'est l'article 43,
effectivement, qui semble réduire comme peau de chagrin la portée de votre
organisme. Il paraît qu'on n'écrit pas pour ne rien dire, là, quand on est
législateur, alors j'imagine qu'il y a une intention, là, du gouvernement. Et
la question demeure, si on adopte ça, dans les faits actuels, ça diminue les
pouvoirs de votre organisme. Alors, qui aura le dernier mot?
Le Président (M. Simard) :
Succinctement, s'il vous plaît.
Mme Fréchette (Hélène) :
Bien, c'est là la question. Je ne sais pas. Je veux dire, nous, le législateur
nous a accordé des pouvoirs. Si, maintenant, on les accorde au Conseil du
trésor, il va falloir qu'on spécifie les choses. C'est pour ça qu'on lève la
main, parce qu'on ne le sait pas, ce qu'il va arriver avec ça, puis on ne le
comprend pas, le…
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Marissal : Je vous
remercie, Mme Fréchette.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière pour une
période d'environ trois minutes.
M. Gaudreault : Oui.
Merci, Mes Fréchette et Breton. J'ajoute ma voix à mes collègues de
l'opposition sur l'absence de balises claires pour les parlementaires. Puis, à
la page 3 de votre mémoire, vous êtes effectivement très catégorique, là :«[...]la
commission ne dispose pas d'une information précise [...] sur la mise en oeuvre
des modifications <proposées…
M. Gaudreault : …
J'ajoute
ma voix à mes collègues de l'opposition sur l'absence de balises claires pour
les parlementaires. Puis, à la page 3 de votre mémoire, vous êtes
effectivement très catégorique, là :«La commission ne dispose pas d'une
information précise sur la mise en oeuvre des modifications >proposées
qui se traduira par l'adoption de directives et de politiques. [...]celles-ci
ne seront pas soumises à l'attention des parlementaires...»
Je dois vous dire qu'on vit exactement la
même chose présentement dans le projet de loi n° 65, où le ministre se
donne de très grands pouvoirs réglementaires, et on est obligés de faire de la
législation un peu à vue, là, tu sais. Alors, moi, j'aimerais savoir, de votre
part, est-ce que vous seriez favorable, à tout le moins, à ce que, durant cette
commission sur le projet de loi n° 30, la ministre dépose ses intentions,
à tout le moins, réglementaires, et les intentions de directives, qu'elle les
dépose.
Mme Fréchette (Hélène) :
Bien, c'est sûr, M. le député, qu'on serait favorable, parce que c'est ça,
notre problème, c'est que, oui, on est d'accord avec le principe, mais c'est
dans les détails qu'on ne le sait pas. C'est là qu'on veut… c'est depuis le
début qu'on se pose la question puis c'est depuis le début qu'on l'a soulevé
aux équipes de travail, là, au Secrétariat du Conseil du trésor.
M. Gaudreault : Très
bien. Alors, je vous annonce tout de suite qu'on va, probablement, avec le
soutien de mes collègues des deux autres oppositions, faire la demande de ce
dépôt des directives, des intentions, à tout le moins.
Maintenant, vous avez mentionné que la
décentralisation à l'égard des sous-ministres, bon, ce n'est pas mauvais en
soi, mais ça vous interroge. Quelles balises vous croyez qu'on pourrait mettre
pour encadrer? Moi, je suis favorable à la décentralisation de façon générale,
mais on a besoin de balises, là, quand même, pour ne pas que ça devienne un bar
ouvert.
Mme Fréchette (Hélène) : Bien,
c'est ça, comme je le disais tout à l'heure, les balises, je ne les connais
pas, je ne sais pas quels moyens peuvent être mis en place, je ne connais pas
tous les mécanismes dans les ministères et organismes. Sauf que c'est sûr
qu'actuellement il faut que quelqu'un soit responsable, il faut que quelqu'un
soit imputable de tout ce qui sera fait. C'est là qu'est la question, je pense,
il faut que les gens, vraiment, les gestionnaires aient en main... ou, en tout
cas, soient conscientisés, ou qu'on exige d'eux clairement de remplir, de
respecter le cadre normatif et de respecter les règles pour s'assurer que tout
soit fait correctement, et non pas essayer de se cacher, ou de se faufiler, ou
de s'excuser par certains moyens qui sont plus faciles, par les contournements.
Je pense qu'il faut vraiment y aller avec une plus grande imputabilité des
gestionnaires.
M. Gaudreault : Merci.
Mme Fréchette (Hélène) :
Je ne sais pas si, Me Breton, vous aviez autre chose à ajouter.
Le Président (M. Simard) : Alors,
il faudrait que ce soit très succinctement, s'il vous plaît.
M. Breton (Mathieu) :
Bien, c'est ça, imputabilité, ça rime avec meilleure reddition de comptes,
meilleure conservation des dossiers, meilleure… que ça puisse être vérifié soit
à l'interne ou par des vérificateurs externes, comme nous, de la CFP, avec une
meilleure… c'est ça, tenue de dossiers, puis une grande rigueur, puis de
l'imputabilité au niveau peut-être de…
Le Président (M. Simard) :
Très <bien…
Mme Fréchette (Hélène) :
...
vous aviez autre chose à ajouter.
Le Président (M. Simard) :
Alors, il faudrait que ce soit très succinctement, s'il vous plaît.
M. Breton (Mathieu) :
Bien, c'est ça, imputabilité ça rime avec meilleure reddition de compte,
meilleure conservation des dossiers, meilleure… que ça puisse être vérifié soit
à l'interne ou par des vérificateurs externes, comme nous, de la CFPV, avec une
meilleure… c'est ça, tenue de dossiers, puis une grande rigueur, puis de
l'imputabilité au niveau peut-être de…
Le Président (M. Simard) :
Très >bien.
M. Breton (Mathieu) :
...de l'évaluation du rendement des gestionnaires. Donc, je m'arrête là, mais,
merci, M. le député, pour votre question.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Mme Fréchette, M. Breton, merci beaucoup pour votre
contribution très précieuse à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre et nous
allons reprendre à 14 heures. Alors, bon lunch à tous et à toutes. <
Mme Fréchette (Hélène) :
Merci
beaucoup de nous avoir permis de nous exprimer.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous deux.
Mme Fréchette (Hélène) :
Merci, tout le monde, bonne fin de journée. Au revoir.
M. Breton (Mathieu) :
Merci, au revoir.
Le Président (M. Simard) :
À plus tard.
>
(Suspension de la séance à
12 h 28)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 04)
Le Président (M. Simard) :
...
(Panne de son)
Syndicat de professionnelles et professionnels du
gouvernement du Québec (SPGQ)
Mme Lamarre (Line) :
…sont le résultat du travail de ces professionnels, femmes et hommes, dédiés à
la mission de l'État. Ceci met la table pour la réflexion à laquelle nous
sommes conviés. Le recrutement de ces experts, comment sera-t-il? Comment
procéderons-nous pour le recrutement de ces femmes et de ces hommes qui
s'investiront dans la mise en oeuvre des services de l'État québécois?
Le SPGQ reconnaît que le processus
d'embauche actuel empêche l'agilité nécessaire à tout employeur pour un
recrutement efficace et efficient. Ce processus-là doit être revu. Cependant,
en accord avec une expression consacrée, il ne faudrait pas jeter le bébé avec
l'eau du bain. Et malheureusement le projet de loi n° 60, actuellement, se
débarrasse pas mal de l'eau et du bébé en même temps. Le processus de
recrutement actuel a comme objectif d'éviter le favoritisme et d'assurer l'impartialité
des embauches, mais, malgré toutes les protections qui existent actuellement
dans la loi, les dérapages existent.
Si le projet de loi, le p.l. n° 60,
est adopté, alors là tous les garde-fous seraient retirés. Les pouvoirs de
recrutement vont être confiés aux dirigeants de ministères et d'organismes,
avec très peu de protection pour les prétendus ou les gens qui veulent
postuler. En outre, le projet de loi dit, dans son préambule, «qu'une personne
peut participer à un processus de sélection et être nommée à un emploi même si
elle ne respecte pas les conditions minimales d'admission, mais est en voie de
les respecter». Mais qu'est-ce que ça signifie, être en voie de les respecter?
Ne mettons pas en danger la qualification
des experts de l'État. Le SPGQ estime que ces dispositions ouvrent la
porte au recrutement de personnel <sous-qualifié…
Mme Lamarre (Line) :
…pas les conditions minimales d'admission, mais est en voie de les respecter».
Mais qu'est-ce que ça signifie, être en voie de les respecter?
Ne mettons pas en danger la
qualification des experts de l'État. Le SPGQ estime que ces dispositions
ouvrent la porte au recrutement de personnel >sous-qualifié, que ces dispositions
tendent à déconsidérer le travail des professionnels. Penserait-on à embaucher
un avocat avant qu'il ait obtenu son Barreau? Bien non, évidemment, les
collègues de l'AANEQ ne laisseraient pas se produire une telle chose, ni son ordre
professionnel. Pourquoi donc serait-il possible de faire la même chose ou même
souhaiter qu'on fasse ça avec un professionnel, un chimiste non qualifié, un
arpenteur géomètre n'ayant pas terminé sa formation, un vétérinaire? Évidemment,
non, les ordres professionnels s'y opposeraient, mais pourquoi serait-il
acceptable d'embaucher quelqu'un de pas qualifié dans d'autres postes?
Le défi pandémique a été relevé avec brio
par les professionnels de l'État québécois, au pied levé, souvent sans matériel
et sans soutien adéquat. Ils ont maintenu les services de l'État sans aucune
interruption. C'est la compétence de ces professionnels qui a permis que se
mettent en place tous les décrets et les orientations liés à la pandémie, une main-d'oeuvre
qualifiée, performante, autonome et indépendante pouvant informer, justement et
impartialement, les preneurs de décision.
Mettre en place un processus de
recrutement qui mette à mal ou en danger la qualification des professionnels de
l'État viendrait, selon le SPGQ, mettre en danger les services étatiques.
Limiter au maximum l'arbitraire dans les processus de sélection devrait être la
norme. Pourtant, le projet de loi nous amène dans une tout autre direction. Jusqu'où
iront les divergences entre les processus de sélection entre ministères et
organismes? Ouvre-t-on la porte, dans un avenir proche, à des différences de rémunération
comme on en trouve dans les organismes parapublics ou entre les organismes
parapublics? Le projet de loi ne prévoit pas ça, mais il en sème les germes.
Ces différences de rémunération existent déjà, elles sont teintées de
discrimination envers celles et ceux travaillant dans des secteurs d'emploi à
majorité féminine, comme l'éducation, la santé et les arts. Les employeurs
d'organismes parapublics, dans des secteurs à prédominance historique masculine,
puis là je parle d'Hydro-Québec, Investissement Québec, la Caisse de dépôt, offrent
des salaires parfois supérieurs de 20000 $
par rapport à la fonction publique pour des services étatiques de même nature
pour la même population.
La fonction publique ne pourra pas
recruter les meilleurs si son processus de sélection ne prend pas en compte
tous les paramètres qui suscitent l'attraction et la rétention du personnel.
Elle sera, dès lors, toujours en train de former sa main-d'oeuvre au profit de
ses concurrents, un peu comme un club-école. Le SPGQ est inquiet, car la
directive concernant l'application du p.l. n° 60 est
inconnue présentement. Existera-t-elle? Sera-t-elle définie par chacun des
ministères? Excellente question. Le projet de loi n'ouvre tellement pas que
nous ne pouvons que nous inquiéter.
<Comment se…
Mme Lamarre (Line) :
...le
SPGQ est inquiet, car la directive concernant l'application du p.l.
n°
60 est inconnue présentement.
Existera-t-elle? Sera-t-elle définie par chacun des ministères? Excellente
question. Le projet de loi n'ouvre tellement pas que nous ne pouvons que nous
inquiéter. >Comment se dérouleront les mutations, les affectations, c'est-à-dire
les possibilités de mobilité qui existent, actuellement, pour nos membres?
Seront-elles encore prioritaires dans le processus de recrutement? Comment
s'effectueront les droits de retour dans la fonction publique, prévus aux conventions
collectives, dans ce nouveau processus, pour les personnes ayant déjà fait
partie ou ayant fait partie d'un détachement administratif? Ces dernières
conditions figurent aux conventions collectives négociées de bonne foi des organismes
parapublics. Aucune précision n'est prévue au projet de loi pour encadrer ces
mouvements de personnel.
• (14 h 10) •
À cet effet, l'article suivant ne nous
rassure pas. L'article 43 du projet de loi dit : «Chaque
sous-ministre et dirigeant d'organisme établit et met en oeuvre des processus
de sélection pour le recrutement et la promotion [des] fonctionnaires de son
ministère [et] de son organisme.» Qu'arrive-t-il s'ils proviennent d'un autre ministère,
d'un organisme parapublic? Comment s'inséreront-ils dans ce processus-là? Une
cohérence entre les manières de faire des différents ministères et organismes
est-elle prévue?
Le SPGQ est également préoccupé quant aux
mesures qui seront mises en place pour dénoncer un processus qui serait entaché
d'irrégularités, puisque l'article 35 de la Loi sur la fonction publique
est aboli par le prochain projet de loi. Cet article disait : «Un candidat
peut interjeter appel devant la Commission de la fonction publique s'il estime
que la procédure utilisée pour son admission ou son évaluation dans le cadre
d'un processus de qualification visant exclusivement la promotion a été
entachée d'une irrégularité ou [une illégitimité].» Ça n'existera plus, ça.
L'abolition de cet article prive les employés d'un recours.
L'occasion était pourtant belle de
corriger les pratiques de gestation... de gestion, excusez, datant des années 60
et de propulser dans le présent les manières de recruter. Malheureusement, il
semble que le p.l. n° 60 nous replonge dans les
années sombres du duplessisme. Pourquoi? Parce qu'il donnerait aux ministères
et aux dirigeants d'organismes le pouvoir d'embaucher des gens qui ne répondent
pas aux qualifications. C'est malheureux.
Et, parmi les bonnes pratiques de gestion,
il est évident que, pour favoriser l'embauche des bonnes personnes, des
ressources compétentes, le premier pas est d'offrir des conditions de travail
dignes des meilleurs employeurs. Nous sommes ici loin de la cible. Prenons, par
exemple, le régime d'assurance qui est assumé par les employés, le régime
salarial empreint d'une discrimination systémique envers les employés
travaillant dans des secteurs à majorité féminine ou l'amplitude des échelles
salariales qui nous ramènent à l'ère où un employé faisait carrière au même
endroit pendant 35 ans. Ce n'est plus le cas, le monde a changé.
Parmi les bonnes pratiques de gestion, il
est d'ores et déjà connu que l'implication des partenaires employés et <syndicaux
est...
Mme Lamarre (Line) :
...
à majorité féminine ou l'amplitude des échelles salariales qui nous
ramènent à l'ère où un employé faisait carrière au même endroit pendant 35 ans.
Ce n'est plus le cas, le monde a changé.
Parmi les bonnes pratiques de gestion,
il est d'ores et déjà connu que l'implication des partenaires employés et >syndicaux
est essentielle. Des comités de sélection mixtes devraient permettre aux
syndicats de veiller à l'intégrité et à l'impartialité du processus de
sélection. La mise sur pied de comités de sélection permettant aux experts de
contenu de valider la compétence des prochains collègues devrait être
encouragée. Qui de mieux placé pour vérifier de la compétence d'un candidat que
celui qui effectue un travail semblable? Rien ne semble indiquer que c'est la
voie privilégiée par le p.l. n° 60.
Ce genre de comité, pourtant, existe déjà
dans les collèges relevant du gouvernement. Pourquoi ne pas avoir balisé plus
concrètement le changement des processus de recrutement? Pourquoi laisser tant
de latitude à un même employeur? Parce que l'employeur, c'est bien le gouvernement
du Québec, hein, à moins que les ministères ne soient devenus des employeurs
indépendants. Si tel était le cas, sommes-nous en train de limiter la mobilité
du personnel d'un ministère à l'autre ou sommes-nous en train — et je fais
un clin d'oeil à Mme LeBel — de paver la voie à un démantèlement
subtil de l'État?
Le SPGQ recommande l'introduction de
règles plus souples que celles prévues au processus actuel — cependant,
elles doivent être uniformes, beaucoup plus précises que ce qui est véhiculé
par le p.l. n° 60 actuellement — recommande
aussi le maintien des mécanismes pour contester un recrutement partial,
recommande la création d'un réel partenariat avec les syndicats, recommande la
mise en place d'un processus pour recruter, embaucher, soutenir et maintenir en
emploi des professionnels qualifiés. Le SPGQ recommande de s'inspirer des
meilleures pratiques de gestion et de recrutement et finalement d'offrir de
meilleures conditions de travail aux employés de l'État. Ces conditions doivent
être équitables d'un organisme à l'autre, ces conditions doivent être garanties
par un processus de recrutement équitable et impartial — ...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Lamarre (Line) : ...je
termine — afin d'assurer le maintien de l'expertise interne et la
qualité des services étatiques. Il aurait été fort apprécié, M. le Président,
que ces travaux de réflexion sur le p.l. n° 60 se
fassent en collaboration avec les syndicats concernés avant la rédaction même
du projet de loi. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme la présidente. Entre présidents, on se comprend. Je
cède maintenant la parole à Mme... une autre présidente, la présidente du
Conseil du trésor.
Mme LeBel : Oui, on est
dans le festival de la présidence, effectivement. Donc, bonjour, tout le monde,
bonjour, Mme Lamarre, ça me fait plaisir de vous voir à nouveau. Donc, écoutez,
vous savez que c'est à mon tour de vous faire un petit clin d'oeil. Je
comprends très bien vos enjeux, qui sont plus des enjeux de l'ordre de la négociation,
donc on va... Je les entends, mais je pense que, pour les fins de discussion,
vous allez me permettre de les laisser de côté.
Par contre, je vais en faire un tout sur
un point particulier, c'est-à-dire qu'un des objectifs... Projet de loi... <perfectible...
Mme LeBel : ...je comprends
très bien vos enjeux, qui sont plus des enjeux de l'ordre de la
négociation,
donc on va... Je les entends, mais je pense que, pour les fins de discussion,
vous allez me permettre de les laisser de côté.
Par contre, je vais en faire un tout
sur un point particulier, c'est-à-dire qu'un des objectifs... Projet de loi...
>perfectible... pardon, absolument, je suis de celles qui croient beaucoup
aux consultations et aux discussions, mais il faut mettre une proposition en
jeu, sur la table, et elle est là. Vous avez fait vos commentaires, et je
trouve ça parfait, alors c'est de ça qu'on pourra peut-être discuter.
Un des objectifs de ce projet de loi est
de rendre, entre autres, la fonction publique beaucoup plus attractive, beaucoup
plus compétitive. J'ai compris vos commentaires par rapport à l'ensemble des
mesures et incluant les conditions de travail pour que ce point, cet objectif
soit atteint, mais je comprends également que vous êtes d'accord à l'effet que
le processus de dotation peut aussi être un des éléments au coeur de l'atteinte
de cet objectif-là, d'améliorer le processus de dotation actuel. Est-ce que je
comprends ça de vos propos également? Parce que je ne veux pas vous mettre des
mots dans la bouche, là.
Mme Lamarre (Line) : Tout
à fait, Mme la Présidente.
Mme LeBel : Parfait.
Donc, on part du principe... à tout le moins, on est au même endroit, on part
du principe qu'il n'est pas du tout superflu ou inutile de se pencher sur le processus
de dotation actuel. J'ai vu, dans votre mémoire, que vous aviez également
fait... donc, que vous aviez exprimé, donc, à l'hiver, dans un rapport de
recherche qui a été diffusé, je pense, il n'y a pas longtemps, le souhait de
rendre, justement, plus souple le processus de qualification du personnel de la
fonction publique.
On part maintenant d'un processus de qualification
à un processus de sélection. Je vous rassure, il n'est ni question de
démanteler l'État ni question de retourner à une ère qui est révolue, là.
Chaque chose a eu son époque, mais on ne veut pas retourner en arrière. Et je
suis très soucieuse de maintenir cet équilibre, qui peut être étroit, si on
veut, là, la voie de passage entre la souplesse, l'agilité et s'assurer qu'on
ne fait pas... qu'on ne va pas choisir des candidats qui n'ont pas la
compétence ou qui n'ont pas les qualifications nécessaires.
Alors, ça m'amène au point que vous avez
mentionné, je pense que c'est l'article 29 dont vous avez parlé, celui
qui... Bon, je veux juste être sûre de bien le lire, là, vous avez mentionné l'allègement
du processus de dotation... non, ce n'est pas ça du tout, la question de
pouvoir embaucher des gens qui sont en processus d'obtention, là. Mes mots ne
sont pas les bons, là, mais, dans l'état actuel des choses, c'est quelque chose
qui se fait déjà. Est-ce que je me trompe, dans le processus actuel, là?
Mme Lamarre (Line) :
Bien, vous seriez mieux placée que moi pour y répondre, Mme la présidente, mais
je ne crois pas qu'actuellement, quand on met des critères de sélection, on
puisse embaucher quelqu'un qui n'a pas les critères, là.
Mme LeBel : Bien, c'est
parce qu'on n'est pas dans un... puis loin de moi de vouloir argumenter avec
vous, là, je suis vraiment... De votre point de vue, si vous aviez entendu
parler de cas... et ce n'est pas pour vous coincer, là, c'est vraiment une
curiosité légitime de ma part. Parce que, moi, ma <compréhension...
Mme Lamarre (Line) :
…de sélection, on puisse embaucher
quelqu'un qui n'a pas les critères,
là.
Mme LeBel : Bien,
c'est parce qu'on n'est pas dans un... puis loin de moi de vouloir argumenter
avec vous, là, je suis
vraiment... De votre point de vue, si vous aviez
entendu parler de cas, et ce n'est pas pour vous coincer, là, c'est
vraiment
une curiosité légitime de ma part. Parce que, moi, ma >compréhension du
processus actuel, c'est qu'il ne s'agit pas d'un processus de sélection, mais
de qualification, qui est un processus de qualification, je dirais. Quand je
dis : De base, là, ce n'est pas parce qu'il n'est pas adéquat, c'est plutôt
qu'il est fait de façon générique pour créer des banques. Donc, c'est… le
seuil, c'est un seuil minimal, si on veut, et qu'après ça les différents ministères
et organismes vont piger dans cette banque, là, pour aller chercher des candidats.
Et je me demandais si vous aviez été au
courant du fait que ça existe déjà, des clauses d'aspirant, là, pas… Et je
comprends, on s'entend que ce n'est pas pour des professionnels, faisant partie
d'un ordre professionnel, qui ont besoin d'un permis d'exercice, là, je
comprends très bien votre commentaire, par rapport à un ingénieur qui a besoin
d'être ingénieur en fonction de son ordre professionnel ou d'un avocat qui doit
avoir son permis d'exercice, c'est… comme, tu n'es pas à peu près avocat, tu
l'es ou tu ne l'es pas. Mais je pense qu'il y a d'autres catégories d'emploi,
dans la fonction publique, où l'expérience, quelquefois, peut être reconnue.
Est-ce que vous pensez que c'est quelque chose qu'il faut totalement abolir ou
c'est une notion qu'on peut quand même bien baliser, se permettre de garder en
cas de pénurie d'emploi, là? Et on exclut toute la catégorie des professionnels
visés par des permis d'exercice spécifiques, là, on s'entend.
Mme Lamarre (Line) : Je
vous dirais, Mme la présidente, je ne peux pas être à moitié sociologue, hein,
pourtant, je n'ai pas d'ordre professionnel de sociologue, je le suis ou je ne
le suis pas. Puis je pense que c'est important qu'on ne sous-estime pas, même
en pénurie d'emploi, là, ce serait inacceptable. Puis on l'a vu en éducation,
pourtant, beaucoup, hein, dans des postes d'enseignant, puis je ne représente
pas d'enseignant, donc ce n'est pas pour la négociation, mais on l'a vu beaucoup,
des enseignants non qualifiés, mais ne pas être capables de terminer des années
scolaires. Donc, j'ai des titres d'emploi, j'ai un comptable qui doit faire de
la comptabilité, bien, même s'il n'est pas obligé d'être comptable pour la
faire, je pense que c'est important qu'il ait sa qualification. Puis je pense
que les processus de qualification avaient ça de bon, c'est que tu étais
qualifié. Maintenant, ce que le projet de loi n° 60 nous dit, c'est :
Même si tu n'étais pas tout à fait qualifié, tu pourrais commencer pareil. Bien,
je ne pense pas que ce soit acceptable.
Mme LeBel : Il ne sera
pas qualifié comme avocat, là.
• (14 h 20) •
Mme Lamarre (Line) :
Non, pas comme avocat, même comme comptable ou comme sociologue. Je n'ai pas
terminé ma formation en sociologie, mais je me trouve une job, je commence à
écrire des affaires puis je commence à avoir de l'allure. Bien non, je ne pense
pas que ce soit acceptable, tu es professionnel, tu as un diplôme universitaire,
tu fais un emploi ou, par une expérience que tu as accumulée à l'intérieur d'un
ministère, tu as développé une compétence, hein, là, c'est une autre chose,
mais on n'est pas dans… quelqu'un que je prends de l'extérieur, qui n'a pas
atteint une compétence, puis là je le rentre, on n'est pas au même endroit, là.
Mme LeBel : Parfait. Non,
mais c'est important qu'on en parle pour bien se comprendre. Puis, moi, mon objectif,
Mme Lamarre, c'est… (Panne de son) …qu'on se comprenne très bien, là.
Donc, vous êtes… vous pensez qu'il n'y a <aucun…
Mme Lamarre (Line) :
…mais on n'est pas dans…
quelqu'un que je prends de l'extérieur, qui n'a
pas atteint une compétence, puis là je le rentre, on n'est pas au
même
endroit, là.
Mme LeBel : Parfait.
Non, mais c'est
important qu'on en parle pour bien se comprendre. Puis,
moi, mon
objectif, Mme Lamarre, c'est… (Panne de son) …qu'on se
comprenne
très bien, là. Donc, vous êtes… vous pensez
qu'il n'y a
>aucun cas de figure qui pourrait justifier ce genre d'intégration là,
dans la fonction publique, de quelqu'un qui vient de l'extérieur. Parce que
vous avez mentionné les enseignants, puis là je ne rentrerai pas dans le débat,
ce n'est pas… on n'est pas dans les conditions de travail, on est dans la
pratique. Un enseignant, actuellement, pourrait obtenir un contrat
d'enseignement s'il n'a pas son brevet d'enseignement, en autant qu'il
s'inscrive à l'université pour compléter ses crédits. Ça existe. C'est bon ou
c'est mauvais, ce n'est pas ça, l'objectif de la discussion, c'est de dire que
ça existe.
Mais votre point de vue est qu'on ne
devrait pas le faire, dans aucun cas de figure, pour la fonction publique, pour
les gens qui viennent de l'extérieur, mais vous faites une différence pour des
compétences acquises à l'intérieur de la fonction publique, même si le… je sais
que je réduis à sa plus simple expression, mais même si le diplôme, entre
guillemets, là, affairant n'est pas encore… n'est pas là, là.
Mme Lamarre (Line) :
Oui. Oui, vous avez raison, vous résumez bien ma pensée, pour la simple et
bonne raison que le type de travail fait à l'intérieur des ministères, parfois,
n'est pas un travail qui s'enseigne à l'université, hein? On ne se le cachera
pas, là, il n'est pas enseigné à l'université de faire certaines tâches très
précises prévues dans la fonction publique. On va prendre quelqu'un qui a un
diplôme en sociologie, puis il va finir par écrire, peut-être, des discours
ministériels, ou je ne sais pas quoi, mais il n'aura pas nécessairement appris
à faire ça, c'est un généraliste qu'on va spécialiser.
Si vous avez travaillé, je ne sais pas, à
la CNESST pendant toute votre carrière, il se peut que vous soyez rentré sans
les diplômes nécessaires à un poste professionnel, mais qu'au fil des années
vous ayez développé tellement d'expertises pointues dans un travail à la CNESST
que vous soyez capable d'occuper une chaise professionnelle, ce qui ne pourrait
pas arriver d'un citoyen ordinaire qui, tout à coup, postule sur un poste puis
dit : Bien, je n'ai pas plus de diplôme que l'autre, pourquoi je ne
l'aurais pas? Bien, parce que l'autre a 30 ans d'expérience dans un poste
bien précis. Et ça, je pense qu'une fois assise, dans un comité de sélection
paritaire employeur-syndicat, je pense qu'on arrive à des conclusions qui ont
de l'allure puis à des analyses qui ont de l'allure, mais on parle de postes de
professionnels, il y a un minimum de qualification.
Mme LeBel : Bien,
là-dessus, on est sur la même longueur d'onde, là, mais je voulais voir un peu,
parce qu'il y a des moments où ça… Comme je vous dis, ça existe, présentement,
les clauses d'aspirant, si je peux le dire comme ça, là. Donc, c'est de voir… Et,
si vous pensez qu'il y avait, peut-être, des cas de figure, si on pouvait
encadrer cette possibilité-là, mais quand même donner une certaine souplesse,
si on voit quelqu'un qui a une expérience de travail, de vie, peut-être même à
l'extérieur de la fonction publique… Parce que vous parliez d'expérience de
travail à l'intérieur de la fonction publique, puis je vous entends très bien.
Et là, encore là, on exclut, là, de… Dans la prémisse de base de notre
conversation, on ne parle pas d'avocats, d'ingénieurs, de membres d'ordres
professionnels ou qui ont besoin de permis d'exercice. Je ne dis pas qu'ils
sont mieux, plus compétents ou moins compétents, mais ils sont dans une
catégorie d'actes préservés particulière, donc c'est la seule raison pour
laquelle j'exclus cette <catégorie de ma…
Mme LeBel : …et là,
encore là, on exclut, là, de… Dans la prémisse de base de notre conversation,
on ne parle pas d'avocats, d'ingénieurs, de membres d'ordres professionnels ou
qui ont besoin de permis d'exercice. Je ne dis pas qu'ils sont mieux, plus
compétents ou moins compétents, mais ils sont dans une catégorie d'actes
préservés particulière, donc c'est la seule raison pour laquelle j'exclus cette
>catégorie de ma conversation.
Ne pensez-vous pas, puis je n'essaie pas
de vous convaincre, je veux vraiment explorer avec vous, qu'il peut y avoir, peut-être,
dans certains cas de figure que j'ai peut-être du mal à imaginer aujourd'hui,
des moments où cette même compétence, que vous semblez pouvoir reconnaître,
acquise dans la fonction publique, pourrait être utile, qualifiante, entre
guillemets, pour le poste recherché et avoir été acquise ailleurs? Maintenant,
c'est de mettre en place des façons d'avoir des facteurs d'équivalence qui sont
objectifs ou… Mais, si on part du grand principe, pensez-vous qu'on devrait
exclure totalement cette possibilité-là? Il y a une différence entre exclure
puis encadrer, là.
Mme Lamarre (Line) :
Oui, c'est ça, je pense qu'on devrait la baliser de façon à ce que ça devienne
l'exception.
Mme LeBel : Parfait.
Mme Lamarre (Line) : À
partir du moment où ça devient la règle, et puis qu'on peut le faire n'importe
quand, à tout moment et de toutes les manières, je pense qu'on est en train de
faire une grave erreur, c'est-à-dire que je vais rentrer plein de gens qui ont
des D.E.C. sur des postes de professionnels, en se disant : Bien, écoute,
dans quatre ans, il aura son bac, hein, à force d'étudier, puis là, bien, il
sera… Bien non, je pense qu'on ferait une grave erreur.
Mme LeBel : Bien, je
pense qu'on est à la même place, là. Je fais une très grande différence entre
une façon courante de faire les choses et une façon exceptionnelle, dans des
cas de figure bien précis, là, qui pourraient se justifier ou qui devront se
démontrer. Mais de n'avoir aucune possibilité de le faire, je ne suis pas sûre
que c'est souhaitable, mais j'entends bien votre message puis je comprends
qu'il faut s'assurer que ce soient des cas d'exception. Et, quand on parle… une
vraie exception, là, pas une exception qui devient la règle.
Mme Lamarre (Line) : Et,
pour ça, il faudra se donner des balises.
Mme LeBel : Absolument.
J'avais une autre interrogation, parce que vous êtes quand même… Je suis ici de
la fonction publique, mais je viens d'un corps d'emploi très particulier, donc
je n'ai pas l'expérience que vous avez. Vous sembliez faire un point à l'effet
que le processus, tel qu'il est présenté dans le projet de loi n° 60, par
rapport au processus actuel, viendrait limiter, ou entraver, ou empêcher les
mouvements entre ministères. Pourquoi est-ce que vous voyez ça? Parce que, là,
on parle d'un processus de qualification où on bâtit des banques.
Mme Lamarre (Line) :
Oui.
Mme LeBel : Quand un
poste est ouvert et s'affiche, les gens qui sont déjà à l'intérieur de la
fonction publique, j'ai l'impression, ils ont l'opportunité de lever la main,
et le gestionnaire peut aussi aller vers la banque, c'est ce que je comprends,
vous me corrigerez. Et je sais que je simplifie à outrance, là, mais c'est pour
bien comprendre. Maintenant, le gestionnaire, dans le processus de sélection,
va afficher un poste. Les gens de l'extérieur vont appliquer directement sur le
poste au lieu de transiter via une banque, disons-le comme ça, mais je <vois
mal…
Mme LeBel : …
c'est
ce que je comprends, vous me corrigerez. Et je sais que je simplifie à
outrance, là, mais c'est pour bien comprendre. Maintenant, le gestionnaire,
dans le processus de sélection, va afficher un poste. Les gens de l'extérieur
vont appliquer directement sur le poste au lieu de transiter via une banque,
disons-le comme ça, mais je >vois mal, et peut-être que je manque… j'ai peut-être
quelque chose dans mon angle mort que je ne vois pas, comment ça va faire une
différence pour les gens qui veulent transiter d'un ministère à l'autre. Ils
auront toujours l'occasion de lever la main pour le poste. En quoi est-ce que
vous y voyez un problème potentiel?
Mme Lamarre (Line) : En
fait, c'est que le projet de loi n'en parle pas, ce que… vous ne pouvez pas le
voir, là, je comprends que vous ne le voyez pas. Le projet de loi ne dit pas :
Bien, le processus de mutation ou de transfert d'un ministère à l'autre sera toujours
présent. Le projet de loi n'en parle pas. Alors, s'il n'en parle pas, est-ce
que ça veut dire que les gens devront postuler de la même façon? Et, comme je
vous le disais, dans l'article où on dit : Chacun des ministères va fixer
ses règles de recrutement, bien, est-ce qu'un ministère pourrait fixer une
règle de recrutement en disant : Bien, nous, on ne reçoit pas de mutation?
Est-ce qu'il pourrait le faire? Bien, je ne le sais pas, le projet de loi, il
ne le prévoit pas, il n'en parle pas. Alors, ça cause un problème.
Mme LeBel : Bien, vous me
corrigerez, Mme Lamarre, si je me trompe, mais la loi actuelle ne prévoit
pas non plus ça. C'est dans les conventions, si je ne me trompe pas, dans les
ententes qu'on a dans les conventions, que ce processus de mutation… mais la
loi actuelle ne le prévoit pas non plus.
Mme Lamarre (Line) :
Oui, mais… Non, mais la loi actuelle, ce qu'elle prévoit, c'est que vous avez
une banque de qualification qui est ouverte à tous les ministères. Là, vous me
parlez d'un processus de sélection qui serait par ministère. C'est bien
différent, là.
Mme LeBel : Oui, parce
que c'est le… Bien, je veux juste… Encore une fois, c'est juste dans l'objectif
de bien se comprendre, il est par ministère parce que c'est le ministère qui a
un poste à pourvoir, on s'entend, mais il n'y a rien qui empêche les employés
d'appliquer, entre guillemets, là, ce n'est peut-être pas le bon terme, mais de
signifier leur intérêt pour le poste en question et de procéder par la mutation,
mais il va y avoir un affichage de poste dans un processus de sélection. Alors,
peut-être que… Le but, ce n'est pas d'empêcher ce qu'il se fait actuellement.
Donc, je veux juste voir comment on peut s'assurer que ce n'est pas le cas, là…
Mme Lamarre (Line) : Bien,
si c'est le cas, il devrait donc… ça devrait donc être inscrit, dans le p.l. n°
60, que le système ou le processus de mutation qui est en place va continuer
comme il était prévu dans les conventions collectives. Parce qu'en modifiant la
manière de recruter on vient comme dire à chaque ministère : Tu fais ton
propre recrutement, tu n'as plus besoin d'aller dans une banque centrale. Bien,
du coup, je dois m'assurer que tout le monde qui est dans des autres ministères
pourront transiter facilement vers un nouveau ministère. Si je ne le prévois
pas puis que j'ai aboli la banque centrale de recrutement, bien, j'ai un
problème, là.
• (14 h 30) •
Mme LeBel : O.K. Bien, en
tout cas, je comprends votre préoccupation. Je ne sais pas si elle est reflétée
par ce qu'on fait ou non, mais je vais en prendre bonne note, puis on va faire
ce qu'il faut pour faire les vérifications, là, s'il y a quelque chose à faire.
Merci, Mme Lamarre, de votre participation.
Mme Lamarre (Line) :
Merci beaucoup.
Mme LeBel : Bien oui, je
vous rassure. Je vous rassure qu'on s'en occupe.
Le Président (M. Simard) :
Alors, <merci à vous…
>
14 h 30 (version révisée)
<17847
Mme LeBel :
...bien,
en tout cas, je comprends votre
préoccupation.
Je
ne sais pas si elle est reflétée par ce qu'on fait ou non, mais je vais en
prendre bonne note, puis on va faire ce qu'il faut pour faire les
vérifications,
là,
s'il y a
quelque chose à faire.
Merci, Mme Lamarre, de votre
participation.
Mme Lamarre (Line)T :
Merci…
Mme LeBel : Bien oui,
je vous rassure, je vous rassure qu'on s'en occupe.
RLe Président (M. Simard) :
Alors, >merci à vous, Mme la ministre. Il reste à votre formation
politique encore quelques secondes. Est-ce que quelqu'un souhaiterait
intervenir à ce stade-ci... sans quoi je cède la parole au porte-parole de
l'opposition officielle, le député de La Pinière. Cher collègue.
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Mme Lamarre, M. Daneau, écoutez, je vais vous avouer
que je comprends très bien les craintes que vous avez exprimées ainsi que les
remèdes que vous aimeriez voir, là. Écoutez, moi, je regarde ça, là, puis évidemment,
ça, c'est dans l'esprit du gouvernement actuel. Essentiellement, chaque ministère
et organisme va devenir un employeur quasiment indépendant, il va faire son
processus de recrutement.
Et vous-même avez noté à plusieurs
reprises… en fait, je pense que c'est six fois, que vous faites référence, dans
votre document, qui n'est pas très long. Ce n'est pas une critique, là, c'est
pour montrer l'ampleur que vous mettez, l'importance que vous mettez au
potentiel de favoritisme dans ce processus-là qui se met en place.
Pourriez-vous nous dire quel genre de balises vous voudriez avoir?
Mme Lamarre (Line) :
Bien, il est très, très clair pour le SPGQ qu'un processus paritaire,
c'est-à-dire comme on le voit dans les collèges, actuellement, c'est-à-dire des
comités de sélection qui sont constitués de membres du syndicat, d'employés qui
occupent la même tâche puis de parties patronales, éviterait qu'on puisse
passer un candidat qu'on souhaite voir passer.
Vous pouvez être sûr que, si quelqu'un
arrivait en postulant puis il n'a pas les critères de base qui sont demandés à
l'affichage, bien, le syndicat va lever la main autour de la table puis va dire :
Bien, on ne va pas retenir ce candidat-là, il n'a pas les critères de base. Et
là, si l'employeur insiste pour le passer, bien, on va devoir se comprendre
puis se dire : Bien, écoutez, là, si vous faites ça, vous dérogez, et
pourquoi vous voulez faire ça? Est-ce qu'il y a une volonté de prendre ce
candidat-là? Et là vous voyez le favoritisme qui vient d'être contré par un
mécanisme simple, hein, un comité de sélection comme il en existe dans tous les
collèges du Québec, actuellement.
M. Barrette : Écoutez,
moi, je suis très, très, très en accord avec votre vision des choses. Pour moi,
c'est une évidence, que le projet de loi, tel qu'il est — puis je
pense que vous le voyez comme ça — c'est que c'est un chèque en
blanc, là. Le voyez-vous un peu comme ça, vous aussi, hein?
Mme Lamarre (Line) : Je
n'irais peut-être pas jusque-là, M. Barrette. Il y a quand même des choses
qui sont énoncées qui sont intéressantes. Il y a quand même une volonté de
modifier ou de changer un système de recrutement ou un processus de recrutement,
qui est complètement sclérosant, là, on ne se le cachera pas, là. Ça ne peut
pas fonctionner comme ça.
Une fois qu'on a dit ça, bien, je vous
l'ai dit, hein, il faut qu'on fasse attention puis qu'on se donne les balises.
Présentement, dans le projet de loi n° 60, il y a beaucoup trop de
libertés laissées à <chacun...
Mme Lamarre (Line) :
…un système de recrutement ou un
processus de recrutement, qui est
complètement
sclérosant, là, on ne se le cachera pas, là. Ça ne peut pas fonctionner comme
ça.
Une fois qu'on a dit ça, bien, je vous
l'ai dit, hein, il faut qu'on fasse attention puis qu'on se donne les balises.
Présentement, dans le projet de loi n° 60, il y a beaucoup trop de
libertés laissées à >chacun des ministres ou sous-ministres, c'est très
dangereux, très dangereux, et pour des questions simples, là.
M. Barrette : Je suis
d'accord avec vous, là. Je ne voulais pas dire que le chèque en blanc… Je ne
voulais pas dire que le système actuel était bon. Ça, sur le côté sclérosant,
on s'entend là-dessus. Maintenant, on part d'un extrême et on va vraiment à
l'autre extrême.
J'aimerais vous entendre sur si vous
faites une distinction, en termes, je dirais, de travers, là, de potentiel de
dérapage, entre la situation de l'embauche, versus celle de la promotion.
Mme Lamarre (Line) : Je
ne suis pas certaine de bien comprendre la question.
M. Barrette : O.K. Je
vais la poser différemment. Moi, je vois un grand potentiel de favoritisme dans
la procédure d'embauche, pour les raisons que vous avez vous-même évoquées.
Est-ce que vous pensez qu'il y a plus de potentiel de favoritisme dans
l'embauche de quelqu'un qui n'est pas déjà dans le système public que dans la
situation de promotion? La raison pour laquelle je vous dis ça, c'est parce que
j'ai vécu des situations, moi, où les promotions étaient pas mal orientées.
Mme Lamarre (Line) : Oui.
Je ne voudrais pas… je n'irais peut-être pas jusque-là. Il y a quelque chose
qui m'a un petit peu achalée dans le projet de loi, c'est sur le retour des
gens qui sont allés en politique et qui reviennent, hein, on a rajouté des
clauses pour dire comment ces gens-là vont être accueillis. Bien, c'est un peu
inquiétant de penser que quelqu'un qui aurait été, je ne sais pas, moi, 15 ans
dans un rôle politique revienne sur sa chaise.
Je prends, mettons, un biologiste qui a
décidé de faire de la politique et qui, du jour au lendemain, est ramené, et il
serait ramené sans qu'on valide qu'il a encore les compétences pour être
biologiste. Quand ça fait 15 ans que tu n'as pas fait ton métier, là, ça
se peut que tu aies besoin d'un petit rafraîchissement, mettons. Puis là je dis :
Imaginez un biologiste... ce n'est peut-être pas compliqué. Imaginez un
informaticien qui aurait laissé le métier pendant 15 ans et qu'on
retournerait exactement sur sa chaise quand ça fait 15 ans qu'il n'a pas
touché à de la programmation informatique, je pense… ou, en tout cas, à de
l'analyse informatique. Je pense que c'est un danger. Est-ce que, là, il y
aurait du favoritisme parce qu'on rentre la personne puis qu'on veut lui donner
un poste? Je pense qu'on ouvre une grande porte, là.
M. Barrette : Maintenant,
je vais vous mettre dans… je vais exploiter votre position syndicale. Je
comprends ce que vous dites, même que je suis d'accord avec ce que vous dites,
mais vous n'accepteriez jamais qu'un de vos syndiqués, parce qu'il change de
poste, soit rétrogradé de 15 ans dans les échelles de salaire. Est-ce que
je me trompe?
Mme Lamarre (Line) :
Non, c'est clair que non.
M. Barrette : Alors, il y
a une chose, qui est celle que vous avez dite, il y a aussi l'impact négatif
pécuniaire qui vient de la règle actuelle qu'une personne reprend son poste. Je
suis d'accord avec vous qu'il devrait prouver sa qualification, mais, en même
temps… ça, c'est correct, mais, en même temps, on ne peut pas imposer à cette
personne-là une rétrogradation pécuniaire tel que c'est proposé actuellement.
Là, je <passe…
M. Barrette : ...
l'impact
négatif pécuniaire qui vient de la règle actuelle qu'une personne reprend son
poste. Je suis d'accord avec vous qu'il devrait prouver sa qualification, mais,
en même temps… ça, c'est correct, mais, en même temps, on ne peut pas imposer à
cette personne-là une rétrogradation pécuniaire tel que c'est proposé
actuellement.
Là, je >passe à un autre sujet
qui est bien important, que je trouve dans votre mémoire. Vous avez dit que...
Parlez-moi donc, là, de votre vision, de ce que vous... votre vision des
problèmes qui surviennent sur la question des équivalences. Je comprends, là,
ce que vous m'avez dit pour la personne... ce que vous avez débattu tantôt, la
personne qui est en voie d'être qualifiée, ça, je le comprends très bien, mais est-ce
qu'il y a d'autres situations où vous voyez que ce sujet-là des équivalences va
être un problème? Est-ce qu'on ouvre une porte qui, elle aussi, est un petit
peut trop chèque en blanc? Je ne veux pas revenir sur la question de «va
bientôt finir son cours», pas ça, mais est-ce que vous voyez d'autres
situations ou c'est la seule que vous voyez?
Mme Lamarre (Line) :
Bien, il pourrait y en avoir d'autres. Écoutez, je n'ai pas fait une analyse
détaillée de ça — puis je ne pense pas qu'on en a fait une, Philippe? — mais
je pense que l'analyse de la compétence de quelqu'un doit se faire au moment de
la sélection et elle doit se faire sur des critères qui sont très clairs, très
précis. Ce n'est pas un mécanisme... ce n'est pas un automatisme, et j'espère
que ça n'en sera pas un, d'où le fait que le processus de qualification n'était
pas une mauvaise idée, c'était une bonne idée. Maintenant, ce n'est pas... un
processus de qualification comme il est actuellement, ce n'est pas possible, en
2021, c'est impensable. Donc, il faut trouver un moyen de s'assurer de la
compétence des gens par des mécanismes de recrutement efficients et efficaces
où on balise le danger du favoritisme, bien sûr.
M. Barrette : O.K. c'est
bon. Vous, là, est-ce que je vous mets des mots dans la bouche si je vous dis
qu'adopter ce projet de loi là tel qu'il est, c'est impossible, faute de lignes
directrices, faute de balises clairement établies?
Mme Lamarre (Line) : Je
dirais qu'il y a encore un grand processus d'échange avant qu'on puisse adopter
ce projet de loi là, nécessaire, définitivement nécessaire.
M. Barrette : Oui, mais
malheureusement on est dans un régime de parlementarisme majoritaire qui laisse
peu de place aux résultats. Mais on va discuter, ça, c'est clair. Ça, je peux
vous le garantir.
Un autre élément que je voulais discuter à
propos de votre mémoire, puis là c'est une question, c'est une interrogation,
je ne suis pas assez familier avec vos conventions collectives dans votre
secteur… vous, l'ancienneté, c'est quelque chose qui fonctionne, là, vous avez
ça, vous?
Mme Lamarre (Line) :
Oui, sauf que ce n'est pas l'ancienneté pure, au sens, il suffit que tu sois
plus vieux que l'autre pour que tu l'emportes, là. Ce n'est pas simple de même.
M. Barrette : Non, non,
non, je comprends, mais à compétence égale, à compétence égale... Moi, je lis
ça, ce projet de loi là, il y a un arbitraire qui va basculer en faveur de l'employeur.
À compétence égale, moi, la façon dont je le lis, l'employeur aura la
possibilité de passer par-dessus cette clause-là, <non...
M. Barrette : …
Moi,
je lis ça, ce projet de loi là, il y a un arbitraire qui va basculer en faveur
de l'employeur. À compétence égale, moi, la façon dont je le lis, l'employeur
aura la possibilité de passer par-dessus cette clause-là, >non?
Mme Lamarre (Line) : Là,
vous rentrez dans du très, très, très pointu, pour lequel j'aurais besoin d'un
autre conseiller à côté de moi pour me dire si actuellement… Je ne suis pas
certaine qu'actuellement la clause d'ancienneté est une grande priorité dans la
fonction publique.
M. Barrette : O.K. Mais, en
général, syndicalement parlant, vous allez aller au combat pour chacun des
individus qui se considèrent lésés. C'est correct. C'est à ça que ça sert, c'est
à ça que ça…
• (14 h 40) •
Mme Lamarre (Line) :
Bien sûr, bien sûr.
M. Barrette : Voilà.
Maintenant, dans le cas… Moi, de la manière que je regarde ça, je vois déjà le
cas où, sur une description d'emploi, là, d'embauche, on décrit l'emploi… deux
personnes également qualifiées, mais là l'employeur, quand je regarde le projet
de loi comme il est écrit, va choisir celui qui fait son affaire. Moi, je le
vois comme étant beaucoup d'indépendance pour le sous-ministre du ministère en
question ou de l'organisme.
Mme Lamarre (Line) : C'est
pour ça que je vous répète, M. Barrette, que la meilleure des choses, c'est
qu'un comité de sélection paritaire où le syndicat siégerait et ferait la
démonstration d'une… Vous savez, une compétence parfaitement identique, là, ça
n'arrive pas, ça.
M. Barrette : O.K. Il me
reste à peu près une minute, Mme Lamarre. Vous avez dit, dans votre mémoire,
vous avez évoqué la possibilité… Vous entrevoyez, vous, que le projet de loi
nous amène vers une révision de la classification ou vous souhaitez une
révision de la classification.
Mme Lamarre (Line) : On
en souhaite une, oui, ça, c'est clair. Est-ce que le projet de loi nous amène
là? Bien, je pense qu'inévitablement le projet de loi, en faisant en sorte que
chaque ministère devienne quasi un employeur indépendant, bien, on risque de se
retrouver avec un problème à un moment donné. Pas demain matin, pas dans deux
ans, mais, à long terme, les distinctions vont se creuser.
M. Barrette : Et c'est
sans compter que, là, le Trésor, compte tenu du fait qu'on tasse la CFP, va
devenir juge et partie.
Mme Lamarre (Line) :
Bien oui, puis, écoutez, à la lumière des détachements d'unités administratives
qui se multiplient, des démantèlements, on est inquiets de ça.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Barrette : Bien, avec
raison. En tout cas, moi, écoutez, j'appuie pas mal votre position. Il y a
vraiment des choses réglementaires et des balises qui doivent être précisées,
qui doivent être dans la loi. Moi, actuellement, là, je comprends que le passé
n'est pas bon, ou plus bon, là, aujourd'hui.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Barrette : Et ce qui
est devant nous, c'est un chèque un petit peu trop blanc.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député
de Rosemont pour une période de 2 min 45 s.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Mme Lamarre, M. Daneau, bien heureux de vous revoir,
même si ce n'est pas en personne, ce qui est la nouvelle normalité,
semble-t-il.
Vous avez dit, Mme Lamarre, tout à
l'heure, là, qu'il y a des risques imminents, hein, que vous voyez. C'est assez
bien expliqué dans votre mémoire, là. Je vous pose une question énorme, là, en
peu de temps : Entre le <système…
M. Marissal : …M. Daneau,
bien heureux de vous revoir, même si ce n'est pas en personne, ce qui est la
nouvelle normalité, semble-t-il.
Vous avez dit, Mme Lamarre, tout à
l'heure, là, qu'il y a des risques imminents, hein, que vous voyez. C'est assez
bien expliqué dans votre mémoire, là. Je vous pose une question énorme, là, en
peu de temps : Entre le >système sclérosé, que vous qualifiez
vous-même de sclérosé, en ce moment, et un éventuel retour au duplessisme, où
est-ce qu'elle est, la voie de passage? Comment on règle ça?
Mme Lamarre (Line) : Bien,
écoutez, je pense que ce qui est proposé dans le p.l. n° 60, là, ce
n'est pas entièrement négatif, là. Contrairement à ce qu'on tente de me faire
dire par moments, là, ce n'est pas entièrement négatif. Ce qu'il manque, dans
ce projet de loi, là, c'est des balises pour encadrer le recrutement
ministériel, comment on va… Donner tous les pouvoirs au sous-ministre ou au
ministre, là, c'est une erreur monumentale. Après, là, comment on peut encadrer
ça en disant : Chacun des ministères a l'obligation de mettre des comités
de recrutement en place qui prennent en compte la partie syndicale et la partie
patronale, qui font une place… Je pense qu'en faisant ça on règle une bonne
partie de nos problèmes.
M. Marissal :
Rassurez-vous, Mme Lamarre, je n'essaierais jamais de vous faire dire des
choses. Je suis un ancien journaliste, je ne ferais jamais ça, jamais, jamais.
Vous avez accroché beaucoup, et moi aussi,
sur le passage qui dit, là : Être en voie de respecter les conditions minimales
d'admission. Moi, je suis un peu déchiré avec ça parce que je suis de ceux qui
disent depuis longtemps qu'il faut rajeunir la fonction publique, mais je vois
notamment, dans cette phrase-là, le risque de tomber dans un régime, et je ne
le dis vraiment pas de façon péjorative, là, mais dans un régime de juniors,
parce que ça ouvre la porte, justement, à engager des jeunes. Puis je comprends
que des patrons voudraient engager des plus jeunes, mais est-ce qu'il n'y a pas
là un effet pervers qu'on appelle de l'âgisme, où on va dire : Bien,
regarde, je suis bien mieux de prendre le jeune qui est là, il est plus allumé,
ça fait moins longtemps qu'il est là. Ah! il va finir après? Mais ça se trouve
à faire une forme de discrimination chez les gens qui sont déjà là.
Mme Lamarre (Line) :
M. Marissal, ce qui risque encore plus d'arriver — vous avez
raison, mais pas tant sur l'âgisme, quant à moi — c'est sur le fait
que, comme on sous-paie nos gens, dans la fonction publique, les jeunes vont
rentrer, vont faire deux, trois ans, se qualifier et vont aller travailler à
Investissement Québec, ils vont aller travailler à Hydro-Québec, ils vont aller
travailler n'importe où ailleurs que dans la fonction publique. Ce n'est pas
compliqué, c'est ça, la réalité. On n'est pas concurrentiel, ça fait que
j'aurais beau avoir les plus beaux processus de recrutement, si je veux retenir
mon monde une fois qu'ils vont être qualifiés… Parce qu'ils vont venir se
qualifier chez nous, on ne se le cachera pas, là.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci beaucoup. Je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui,
merci beaucoup de votre présence, à mon ancien syndicat, je le répète toujours.
Je constate, à la page 5, là, que vous aussi, vous trouvez que la ministre
est peu avare de ses intentions... elle est avare, plutôt, peu loquace de ses
intentions réglementaires, de <ses…
M. Gaudreault : ...
à
mon ancien syndicat, je le répète toujours. Je constate, à la page 5, là,
que vous aussi, vous trouvez que la ministre est peu avare de ses intentions...
elle est avare, plutôt, peu loquace de ses intentions réglementaires, de >ses
intentions aussi en ce qui concerne les directives, comme le disait la Commission
de la fonction publique avant, et que les avoir avec nous, bien, nous aiderait,
là, à prendre des meilleures positions puis des meilleures décisions dans
l'étude du projet de loi n° 60.
Maintenant, là où je veux vous amener,
c'est qu'on est tous d'accord pour dire : Bien, on pourrait avoir une
modernisation du recrutement de la fonction publique, avoir des processus moins
lourds, être capable d'être séduisant pour renouveler la fonction publique.
Êtes-vous capable de faire des parallèles ou nous éclairer de votre expérience
avec l'Agence du revenu et hors fonction publique? Est-ce qu'on peut
s'inspirer? Est-ce que ce qu'il s'est passé à l'Agence du revenu, en étant hors
fonction publique, peut venir nous éclairer sur ce qu'on doit éviter ou ce
qu'on doit soutenir dans le projet de loi n° 60?
Mme Lamarre (Line) : On
a tenté de faire un petit peu cette analyse-là, mais on n'est pas arrivés à des
conclusions qui sont encore très claires. Le comparatif, l'Agence du revenu,
continue à avoir un système qui n'est pas tout à fait un recrutement pur comme
il est écrit dans le p.l. n° 60. L'Agence du
revenu est encore dans un modèle, je dirais, un peu hybride, là.
M. Gaudreault : O.K.
Maintenant... En tout cas, moi, ça m'intéresse, là, de fouiller ça un peu plus,
on pourra peut-être y revenir, éventuellement. Maintenant, j'aimerais vous
entendre sur ce que moi, j'appellerais les dérives, là, d'une forme de
décentralisation. Vous avez quatre picots, là, à la page 5, là, en
l'absence de balise, une spécialisation trop accrue, l'accroissement du pouvoir
discrétionnaire. Donc, vous trouvez que, si on donne un peu plus de pouvoirs au
sous-ministre, on risque finalement de se retrouver avec une fonction publique
très, très, très spécialisée dans un type précis qui ne sera plus mobile d'un
ministère à l'autre ou d'une direction à l'autre.
Mme Lamarre (Line) : Ça,
c'est clair que, pour nous, c'est un des problèmes du p.l. n° 60,
c'est de ne pas avoir prévu comment la mobilité du personnel va pouvoir
perdurer. Ça, il y a, là-dessus, une pierre d'achoppement, pour nous, dans le
p.l. n° 60. Il faut qu'on prévoie des mesures
pour permettre la mobilité du personnel. Et je pense que, quand on ne fait pas
ça, on pénalise le gouvernement d'expertises qui pourraient facilement... qui
le font, actuellement, là, qui bougent facilement d'un ministère à un autre.
Voilà.
M. Gaudreault : Très
bien. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous, cher collègue. Alors, Mme Daneau... pardon,
Mme Lamarre, M. Daneau, merci beaucoup de votre présence parmi nous
aujourd'hui. Merci pour votre contribution.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités. Merci
encore.
(Suspension de la séance à <14 h 48)
Le Président (M. Simard) :
…
Merci à vous, cher collègue. Alors, Mme Daneau... pardon,
Mme Lamarre, M. Daneau, merci beaucoup de votre présence parmi nous
aujourd'hui. Merci pour votre contribution.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités. Merci
encore.
(Suspension de la séance à >
14 h 48)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, il est 15 heures. Nous reprenons, donc, nos travaux.
Nous sommes en présence de représentants du Syndicat de la fonction publique et
parapublique du Québec. Messieurs, soyez les bienvenus parmi nous. Auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
Syndicat de la fonction publique et parapublique du
Québec inc. (SFPQ)
M. Daigle
(Christian) : Oui. Alors, je me présente, Christian Daigle, président
général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, et je
suis accompagné de mon collègue, M. Gabriel Arruda, conseiller à la
recherche et à la défense des services publics au SFPQ.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue à vous deux. Et vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. Daigle
(Christian) : Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président,
Mme la présidente du Conseil du trésor, Mmes et MM. les députés, je suis
heureux d'être ici avec vous pour parler d'une institution dont on parle trop
peu souvent, la fonction publique québécoise. Elle n'est pas une institution
parmi tant d'autres, car elle est au coeur de la société québécoise
contemporaine. Ce n'est pas une bureaucratie inutile, ce sont les personnes qui
entretiennent les routes et les rendent sécuritaires, ce sont les gens qui
donnent accès aux programmes sociaux auxquels on a droit, qui permettent aux palais
de justice de fonctionner, qui permettent même à l'Assemblée nationale de
siéger.
À titre de président du SFPQ, je
représente fièrement plus de 40 000 membres, dont 30 000 personnes
qui oeuvrent chaque jour dans cette institution, soit près de 27 000 employées
et employés de bureau, techniciennes et techniciens, auxquels s'ajoutent un peu
plus de 3 000 ouvrières et ouvriers travaillant au sein de différents
ministères et organismes.
Avec la présentation du projet de loi n° 60, nous prenons acte de la volonté du gouvernement de
s'attaquer aux enjeux de recrutement et de promotion au sein de l'administration
publique. Nous constatons aussi que le gouvernement veut remplacer le processus
de qualification actuel par un processus de sélection qui se voudrait plus
flexible et désormais décentralisé. Nous sommes malheureusement obligés de
constater que cette solution soulève autant de questions que de craintes dans
nos rangs. C'est pourquoi, aujourd'hui, j'aimerais prendre quelques minutes
pour discuter avec vous de ces craintes et de ces questions. J'aurai le plaisir
de répondre à vos questions par la suite.
Les effets de la flexibilité et de la
décentralisation. J'aimerais, dans un premier temps, replacer cette réforme
dans son contexte. Je ne referai pas toute l'histoire de la dotation dans la
fonction publique, mais je pense qu'il est important qu'on retourne un peu en
arrière pour comprendre où on s'en va.
Au Québec, comme dans la vaste majorité
des démocraties, le gouvernement a implanté un système méritocratique de
recrutement des fonctionnaires pour deux grandes raisons : un, pour
s'assurer que ces personnes possèdent les qualités nécessaires pour accomplir
les tâches pour lesquelles elles sont engagées ou promues, deux, pour lutter
contre le favoritisme politique et administratif dans le processus de sélection
des personnes candidates et maintenir l'indépendance de l'appareil.
Cependant, depuis les années 80, on
remarque une lente érosion du principe méritocratique dans le processus de
dotation de la fonction publique. On est ainsi passé des grands concours à la
liste de déclaration d'aptitudes. On a connu l'abolition des niveaux lors des
concours. On a noyé les concours de promotion à travers le recrutement. On a
mis en place des promotions sans concurrence et, plus récemment, on a instauré
les banques de qualification. Toutes ces réformes ont toujours eu pour objectif
d'assouplir les règles afin de limiter les inconvénients pour l'employeur et
d'accroître le pouvoir des gestionnaires. Avec ce projet de loi, le
gouvernement a l'intention <d'éliminer...
M. Daigle
(Christian) : …promotion
à travers le recrutement. On a
mis en place des promotions sans concurrence et, plus récemment, on a instauré
les banques de qualification. Toutes ces réformes ont toujours eu pour objectif
d'assouplir les règles afin de limiter les inconvénients pour l'employeur et
d'accroître le pouvoir des gestionnaires. Avec ce projet de loi, le
gouvernement a l'intention >d'éliminer l'évaluation indépendante des
personnes candidates et les références à l'impartialité dans le processus de
dotation.
Selon nous, le projet de loi n° 60
ouvre la porte à un recrutement plus efficace, mais aussi plus arbitraire que
jamais depuis les années Duplessis. Avec la décentralisation du recrutement et
la création de profils plus individualisés pour les postes, le processus de
sélection risque d'être marqué par des effets de réseau et de favoritisme.
C'est en rupture avec l'esprit de la loi, qui veut un traitement impartial des
fonctionnaires et un accès à tous les citoyennes et citoyens. C'est pourquoi le
SFPQ est particulièrement inquiet des impacts qu'aura le projet de loi sur la fonction
publique au courant des prochaines années.
Les pièces manquantes au projet de loi...
Notre inquiétude est accentuée par le fait que les détails de cette réforme
restent toujours inconnus. Oui, le projet de loi brosse les grandes lignes du
processus de sélection, mais il contient surtout des dispositions qui renvoient
à des règlements et des directives qui seront produites ultérieurement par le Conseil
du trésor. Comme le diable est dans les détails, le processus de sélection
proposé par le gouvernement reste encore énigmatique sur bien des aspects. Afin
qu'on puisse avoir un vrai débat éclairé sur la réforme proposée, il nous
semble nécessaire de connaître les intentions réglementaires et les directives
du Secrétariat du Conseil du trésor. Cette solution permettrait à tous et à
toutes de bien comprendre les implications et les conséquences de la réforme
proposée par le gouvernement. Si le Conseil du trésor allait en ce sens, nous
serions heureux de revenir auprès de cette commission afin de discuter plus
précisément de notre appréciation du nouveau processus et de ses impacts sur
nos membres et l'appareil public.
Nous aimerions revenir sur deux éléments
du projet de loi. Le premier, c'est la question des stages probatoires.
Actuellement, la Loi sur la fonction publique permet déjà au
Conseil du trésor de prolonger la durée minimale du stage probatoire pour
certaines classes d'emploi. Pour être franc, la réalité pour la majorité des
classes d'emploi, c'est que le stage est déjà d'un an. Nous sommes d'avis que
cette flexibilité déjà présente dans la loi pour les autres est plus que
suffisante pour encadrer les différentes réalités professionnelles au sein des
ministères et des organismes pour les quelques classes d'emploi inférieures à
un an. Une prolongation uniforme du stage probatoire à toutes les classes
d'emploi ne fera que précariser davantage la fonction publique québécoise pour
les emplois où cette prolongation n'apporte aucune valeur ajoutée à
l'employeur.
L'autre élément qui nous
semble important de mettre de l'avant, si le gouvernement entend poursuivre
cette réforme, c'est un renforcement des mécanismes de surveillance et de
contrôle sur le processus de dotation. C'est pourquoi nous sommes d'avis qu'un
renforcement de la Commission de la fonction publique doit être au coeur de
cette réforme. Avec la décentralisation du processus de dotation, nous sommes
aussi d'avis que la commission de la fonction publique aura besoin de
ressources humaines et financières supplémentaires afin de jouer son rôle de
chien de garde auprès de ses multiples acteurs. Dans notre mémoire, nous
offrons des avenues pour ajouter de nouvelles responsabilités à la commission :
un, le renforcement de ses pouvoirs d'enquête; deux, le recours systématique à
ses services pour la certification des moyens d'utilisation; <trois...
M. Daigle
(Christian) : …de
ressources humaines et
financières supplémentaires afin de jouer son rôle de chien de garde auprès de
ses multiples acteurs. Dans notre mémoire, nous offrons des avenues pour
ajouter de nouvelles responsabilités à la commission : un, le renforcement
de ses pouvoirs d'enquête; deux, le recours systématique à ses services pour la
certification des moyens d'utilisation; >trois,
lui donner un rôle plus central dans les prochaines révisions de la Loi sur la
fonction publique.
La sous-rémunération des fonctionnaires...
Je ne pourrai pas terminer mon allocution sans parler du coeur du problème de
recrutement et surtout de la rétention. Il y a peut-être une partie du problème
qui est causé par les règles de dotation, car nous reconnaissons que les processus
sont parfois longs et complexes, mais il y a surtout une cause structurelle, la
sous-rémunération du personnel de la fonction publique. Ce constat n'est pas
une lubie syndicale, mais une situation démontrée et documentée année après
année par l'Institut de la statistique du Québec, l'ISQ, un organisme neutre et
indépendant du gouvernement du Québec. Dans sa plus récente version des travaux
comparatifs, l'ISQ démontre que les salaires, de même que la rémunération
globale des personnes employées du secteur public québécois sont inférieurs par
rapport au personnel des autres milieux de travail exerçant le même métier. En
2018, on constatait ainsi un retard moyen de la rémunération globale de
35 % pour les ouvriers, de 10 % pour le personnel de bureau et de
5 % pour les techniciennes et techniciens de la fonction publique. Il y
également lieu de prendre en considération que, depuis près de trois décennies,
le personnel fonctionnaire et ouvrier de l'État québécois s'appauvrit d'année
en année. Il a perdu près de 7 % de son pouvoir d'achat, ce qui représente
une perte annuelle d'environ 3 000 $ par personne. De plus, tant que
les augmentations salariales négociées resteront en pourcentage, les membres
que je représente seront les plus pénalisés dans notre système.
Enfin, si les conditions salariales de la
fonction publique québécoise ne sont pas mises à niveau, l'enjeu de
l'attraction et de la rétention dans la fonction publique se maintiendra, car
on pourra s'entendre pour mettre en place le meilleur processus de dotation,
mais rien n'empêchera l'exode des personnes employées déjà en poste, et
l'attraction sur des postes vacants ne sera pas au rendez-vous afin de combler
tous les postes pour maintenir une fonction publique neutre, compétente et
efficace au Québec. Merci beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour une période
d'un peu plus de 16 minutes.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup, M. Daigle, de votre présence et d'avoir pris la
peine de participer à nos travaux. Je sais que c'est quelque chose qui concerne
beaucoup votre syndicat, donc c'est vraiment agréable de pouvoir en parler aujourd'hui.
Peut-être, d'entrée de jeu, je comprends
que vous avez mentionné, là, que le processus soulève autant de questionnements
que d'inquiétudes, celui qui est proposé par projet de loi n° 60, donc,
parlons-en. Parce que l'idée, justement, des consultations et, par la suite, de
l'étude article par article que j'aurai le plaisir de faire avec mes collègues...
puis le plaisir, là, c'est un plaisir réel, là, parce qu'on est capable, je
pense, de faire progresser les projets de loi vers les objectifs communs.
Donc, l'objectif du projet de loi, vous le
connaissez, il est de rendre... de moderniser le processus de <dotation…
Mme LeBel : …l'étude
article
par
article que j'aurai le plaisir de faire avec mes
collègues...
puis le plaisir, là, c'est un plaisir réel, là,
parce qu'on est
capables, je pense, de faire progresser les
projets de loi vers les
objectifs communs.
Donc, l'
objectif du
projet
de loi, vous le connaissez, il est de rendre... de moderniser le
processus
de >dotation actuel. J'ai très bien compris vos commentaires, là, sur
l'attractivité, la rétention et les conditions de travail, mais ce n'est pas le
projet de loi qui va régler ça. On pourra s'en parler dans un autre forum. Mais,
si on parle du projet de loi et du processus de dotation, qui est, quant à moi,
un morceau aussi, là, de l'agilité de la fonction publique, de l'attractivité,
de la compétitivité, ça en fait partie, là, êtes-vous d'accord, d'entrée de
jeu, que le processus actuel — et votre collègue, Mme Lamarre, a
parlé de sclérosé — est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'il
faut... il faut s'attaquer au processus actuel, il faut le moderniser, le
changer? Est-ce qu'on peut partir de cette prémisse de base là, ou vous pensez
que le processus actuel devrait être maintenu?
• (15 h 10) •
M. Daigle
(Christian) : Le processus actuel a des choses à améliorer. Si on
prend les délais que ça prend pour remettre en place un concours, pour avoir ce
concours-là, avoir les résultats du concours, que les candidats, après ça,
soient référés sur des banques, oui, toute cette situation-là, ce long délai là
n'amène pas, je dirais, une plus-value pour embaucher des gens et surtout pour
embaucher les bonnes personnes, parce que ces bonnes personnes là vont se
tanner d'attendre et vont accepter des offres d'ailleurs.
Donc, pour nous, oui, mais,
dans le processus actuel, il y a quand même des choses qui sont intéressantes,
d'où, justement, d'avoir des banques de candidatures qui vont permettre à
plusieurs ministères d'aller chercher ça plutôt que d'avoir des offres
personnalisées où est-ce que les gens vont devoir postuler sur plusieurs
emplois ou de suivre ces offres d'emploi là d'une place à l'autre. Alors, il y
a des choses à améliorer, je vous l'accorde sans problème, là-dessus.
Mme LeBel :
O.K. Mais je veux juste comprendre, M. Daigle, votre dernière phrase,
parce que c'est important pour moi. On passe présentement d'un processus de
qualification, c'est-à-dire où on crée des banques d'employés admissibles, je
vais le dire comme ça, qualifiés, mais ils se qualifient, donc, pour être
admissibles à un poste dans la fonction publique, et les employeurs, les
ministères et organismes, actuellement, quand ils ont une ouverture de poste,
un poste disponible, vont… doivent se tourner vers ces banques. Donc, c'est la
condition sine qua non pour accepter… pour accéder à un poste. La première
étape, c'est de faire partie de la banque. Là-dessus, je pense qu'on se
comprend bien.
Ce qu'on se propose de
faire, donc, c'est… nous, on pense que la qualification, ça n'appartient pas au
gouvernement de le faire, c'est au… bon, au collégial, au professionnel, au...
dans le sens au secteur professionnel secondaire, collégial, universitaire, aux
ordres professionnels. Puis là on y va avec toutes les catégories de postes
possibles et disponibles dans la fonction publique, on se comprend bien, là. On
pense que la qualification doit être là. Donc, nous, on se propose d'abolir les
banques et plutôt d'y aller sur un processus de sélection.
Maintenant, vous avez semblé
me dire que vous êtes d'accord avec le fait que le processus actuel est…
moi, j'ai entendu sclérosé, je pense que c'est le bon terme parce
qu'effectivement les gens se présentent dans une banque, ça peut prendre de
trois ans… de trois ans, je m'excuse, de trois mois, des fois, même à un an,
dans des cas de figure, avant qu'on soit même appelés sur une possibilité de
poste. Et donc les gens, souvent, ne sont soit plus intéressés pour diverses <raisons…
Mme LeBel : ...
moi,
j'ai entendu «sclérosé», je pense que c'est le bon terme, parce
qu'effectivement les gens se présentent dans une banque, ça peut prendre de
trois ans… de trois ans, je m'excuse, de trois mois, des fois même à un an,
dans des cas de figure, avant qu'on soit même appelés sur une possibilité de
poste. Et donc les gens, souvent, ne sont soit plus intéressés pour diverses
>raisons ou bien ils se sont trouvé un emploi ailleurs. Et je dois vous
dire que le marché du travail est compétitif présentement. Donc, les gens les
plus qualifiés, ou les plus pertinents, ou les plus compétents, souvent, vont
se faire recruter rapidement ailleurs, on se comprend. Et, comme notre objectif
est de garder notre belle fonction publique forte et de la garder compétitive,
je pense que c'est important qu'on se modernise.
Mais vous avez semblé dire, en fin de
course, que vous pensiez que les banques avaient du bon. Alors, est-ce que vous
pensez à un modèle hybride entre ce qu'on a... Parce que je vois mal comment on
peut garder une banque à peu près ou ne pas la garder, là. Je veux comprendre
votre pensée, M. Daigle, là.
M. Daigle
(Christian) :O.K. Sur ce point-là, je ne
dis pas, nécessairement, qu'il faut conserver les banques. Le problème qu'on
voit, entre autres, c'est le fait d'envoyer le processus ou de décentraliser ce
processus-là à la trop petite échelle.
Mme LeBel : O.K. Je
comprends.
M. Daigle
(Christian) :Alors, pour nous, de
multiplier les différentes offres d'emploi, pour nous, il n'y a pas nécessairement
une plus-value à ça. On va plus peut-être avoir des problèmes à ça. Et les gens
qui vont devoir postuler vont devoir postuler à plusieurs offres d'emploi.
Donc, c'est plus cet aspect-là que je voulais souligner à la fin de mon
allocution.
Mme LeBel : O.K. Bien,
merci. Je suis contente de vous l'avoir fait préciser, là, pour comprendre ce
que vous vouliez dire.
L'autre commentaire que je pense qu'il est
pertinent de creuser avec vous, que vous avez fait, puis vous n'êtes pas le
seul à l'avoir fait, vous êtes le troisième groupe qu'on entend ce matin, puis
ça devient... je dirais que c'est le fil commun des consultations jusqu'à
présent, c'est peut-être le pouvoir trop large, tel qu'il appert dans le projet
de loi n° 60 présentement, en matière de processus
d'affichage des offres d'emploi. Vous avez fait référence aux articles 45
et suivants, là, ce que vous appelez, dans votre mémoire, les pièces
manquantes. Donc, ce que vous nous dites, puis je ne veux pas vous mettre des
mots dans la bouche, mais je vais tenter de traduire ma compréhension de votre
pensée, c'est que la base, elle est là, mais ça manque de précision sur les
orientations et les intentions. C'est ce que vous dites?
M. Daigle
(Christian) :Effectivement, on a beaucoup
de difficultés à bien saisir l'amplitude du projet de loi quand il nous manque
les règlements et directives qui vont venir préciser ces choses-là.
Si je peux aller beaucoup plus loin, même,
je dirais que, dans ce qu'on a vu, dans ce qu'on a étudié du projet de loi, on
dit même que certaines offres d'emploi pourraient aller plus loin dans les
demandes ou dans les profils recherchés, donc aller plus loin que la demande de
base selon certaines dispositions, certains besoins qu'il y aurait pour une
organisation, une direction ou pour un ministère. Ce faisant, pour nous, ça
peut même avoir un impact, puis là ça va dépendre de la façon que c'est affiché,
puis ça pourrait même avoir un impact sur l'équité salariale et l'évaluation de
cet emploi-là par la suite, donc de recréer des biais au niveau de l'équité,
peut-être même. Mais ça, ça va dépendre de tout ce qui va être mis en place. Ça
fait que c'est pour ça que nous, on a beaucoup de difficultés présentement à
bien évaluer l'impact et jusqu'où vont aller ces choses-là à ce niveau-là.
Mme LeBel : O.K. Je
comprends. Je vais donner un cas de figure juste pour voir. Moi, ma
compréhension, peut-être que je me trompe, puis on va continuer à prendre tous
les commentaires puis à aller s'assurer, là, que les objectifs sont bien
traduits par la rédaction, là, des fois... le diable est souvent dans les
détails, mais ce que <j'en...
M. Daigle
(Christian) : …jusqu'où
vont aller ces choses-là à ce
niveau-là.
Mme LeBel : O.K. Je
comprends. Je vais donner un cas de figure juste pour voir. Moi, ma
compréhension, peut-être que je me trompe, puis on va continuer à prendre tous
les commentaires puis à aller s'assurer, là, que les objectifs sont bien
traduits par la rédaction, là, des fois... le diable est souvent dans les
détails, mais ce que >j'en comprends, moi, c'est qu'on peut rechercher
un poste avec une qualification y, là, de base, là — quand je
dis «de base», c'est-à-dire commune pour un poste donné — mais que,
dans ce secteur, on a perdu, pour toutes sortes de raisons… Il y a beaucoup de
gens qui sont partis à la retraite, donc on se retrouve avec un secteur a qui
est très jeune. Donc, on voudrait peut-être avoir des gens avec un certain
nombre d'années d'expérience. À l'inverse, on est peut-être beaucoup de gens
d'expérience, mais on veut renouveler un peu. Donc, on pourrait vouloir
recruter dans un bassin de moins de cinq ans ou de plus que cinq ans
d'expérience.
Donc, pensez-vous que, ça... C'est un
enjeu, par contre. Moi, je le comprends comme ça. Quand on dit qu'on peut peut-être
aller plus… au-delà de la qualification, là… Peut-être que mon exemple n'est
pas bon, mais, je me dis, on cherche… Le seul terme qui me vient, c'est un
avocat, parce que c'est ça que… c'est ce que… j'en suis, là, mais vous
comprenez ce que je veux dire. Il y a la différence entre dire : Je
cherche un avocat ou je cherche un avocat de 10 ans d'expérience parce que
mon bassin est très jeune et je veux rééquilibrer mon corps… pas mon corps d'emploi
mais mon équipe, disons-le comme ça, là.
M. Daigle
(Christian) : Je parlerai moins pour les avocats, c'est moins
mon domaine.
Mme LeBel : Non, je sais.
M. Daigle
(Christian) :...technicien en
administration, une adjointe administrative…
17847 Mme LeBel : 17847 Mme LeBel : Parfait.
Merci de me donner un autre…
M. Daigle
(Christian) : Si on y va uniquement par les années d'expérience, pour
renouveler, mettons, quelqu'un qui est parti, qu'on a perdu, soit quelqu'un qui
est parti à la retraite ou quelqu'un qui est parti vers une autre entreprise,
oui, on peut demander plusieurs années d'expérience, et ça, ce n'est pas un
problème pour nous, ça se fait déjà, et la personne va juste progresser plus
rapidement à travers l'échelle salariale. On a jusqu'à 12 échelons pour
monter, et cette personne-là va, au lieu de partir à l'échelon 1, avec les
critères de base, va monter peut-être déjà à l'échelon 6, 8 ou 10. Donc,
ça, ce n'est pas un problème.
Mais, si on demande des qualifications
autres que les compétences de base, mettons, pour un technicien en
administration, on demanderait des connaissances supplémentaires sur tel
logiciel, telle façon de faire, telle autre chose, donc des choses qui
pourraient amener une réévaluation de l'emploi selon les 17 facteurs et
sous-facteurs de l'équité salariale, là, pour nous, ça poserait problème, parce
que le ministère cherche quelqu'un de très précis, peut-être, mais ça va
changer la nature même de l'emploi puis de son évaluation. Donc, c'est de ce
côté-là que je vous le dis.
Si on parle juste d'ancienneté ou
d'expérience de métier, ça, pour nous, ce n'est pas un problème, c'est ce qu'il
se fait déjà par le processus actuel. Il y a déjà des offres présentement.
Puis, dans le domaine où est-ce que je travaillais, au gouvernement du Québec,
il y avait eu un concours d'affiché, puis il y avait même deux concours en
parallèle, un qui demandait six ans d'expérience, pour avoir des gens
d'expérience, puis un autre qui ne demandait aucune personne d'expérience, pour
embaucher des gens à plus long terme, à ce moment-là, des gens qui vont
progresser plus longtemps dans l'échelle salariale.
Mme LeBel : O.K. Bien, je
comprends que c'est plus dans les spécificités des qualifications, ou des
compétences, ou des diplômes, entre guillemets, ou, en tout cas, de la
formation requise que vous craigniez qu'on vienne créer, à l'intérieur d'une
catégorie d'emploi, des gens avec des différences qui ne seraient peut-être pas
reconnues dans la catégorie d'emploi. C'est ce que vous dites? Je n'ai peut-être
pas les bons termes, là, mais…
M. Daigle
(Christian) : Bien, c'est exactement ça. Et, n'ayant pas les
détails, et règlements, et directives de tout ça, c'est sûr qu'on n'a pas été
capable… en mesure d'évaluer. Et c'est les craintes, entre autres, que nous
avions sur une partie du processus qui était celui-ci.
Mme LeBel : O.K. Bien,
c'est important de le comprendre, justement, si on est pour mettre de l'avant
certaines <balises…
Mme LeBel :
...différences qui ne seraient
peut-être pas reconnues dans la catégorie
d'emploi. C'est ce que vous dites? Je n'ai
peut-être pas les bons
termes, là, mais…
M. Daigle (Christian) :
Bien, c'est exactement ça. Et, n'ayant pas les détails, et règlements, et
directives de tout ça, c'est sûr qu'on n'a pas été capables… en mesure
d'évaluer. Et c'est les craintes, entre autres, que nous avions sur une partie
du processus qui était celui-ci.
Mme LeBel : O.K. Bien,
c'est important de le comprendre, justement, si on est pour mettre de l'avant
certaines >balises ou certaines directives, de voir dans quel cadre vous
craignez qu'il y ait des ouvertures ou des brèches, là, qui ne seraient pas
très bienvenues.
M. Daigle
(Christian) :Puis, si je peux me
permettre, l'autre crainte que nous avons aussi, c'est que, des fois, ce soient
des critères tellement spécifiques qu'il y a juste une personne qui peut se
qualifier, puis c'est la personne que le gestionnaire ou que la direction avait
déjà identifiée comme étant la personne qu'elle voulait, donc, d'avoir quelque
chose de trop précis, pour aller chercher vraiment la personne qu'on veut.
Donc, pour ça, ça nous pose problème aussi parce qu'on veut que tous les
membres aient une chance égale de postuler soit pour une promotion ou
d'appliquer en tant que citoyen également aussi.
Mme LeBel : Bien, là-dessus, écoutez,
je ne vous dis pas qu'il n'y a pas cette crainte-là dans la lecture du projet
de loi, mais je veux vous rassurer tout de suite sur les intentions qui ne sont
pas celles-là, autant qu'on parle... je vais appeler ça un appel d'offres
ciblé, là, c'est-à-dire que les critères sont tellement précis, tu sais, je
cherche quelqu'un de 5 pi 2 po avec les yeux bruns, là, genre. Donc,
on comprend que je blague, mais je comprends tout à fait votre inquiétude
là-dessus, et on va prendre les moyens nécessaires pour que ce ne soit pas le
cas.
Je pense qu'il faut trouver l'équilibre,
le juste équilibre entre une agilité, une souplesse, une décentralisation puis
éviter, justement, qu'on puisse avoir de l'arbitraire ou de la... j'allais dire
du préférentiel, mais vous comprenez ce que je veux dire, là, d'aller cibler
quelqu'un qui... donc. Puis moi, je suis très soucieuse du fait que la fonction
publique appartient à tous les citoyens. Donc, la chance d'accès égale devant
la fonction publique, je pense que c'est un principe qui doit être bien
reflété, à tout le moins dans nos intentions. Alors, là-dessus, je vous
entends. Maintenant, on verra comment on pourra le faire ou s'en assurer. Ça, c'est
une autre histoire. Entre l'objectif et le chemin pour l'atteindre, c'est deux
choses. Donc, on pourra voir.
• (15 h 20) •
Ce qui m'amène, justement, peut-être, à un
dernier point à discuter avec vous, c'est la question du stage probatoire et,
encore là, l'égalité et l'équité de tous devant la fonction publique. Parce
que, pour moi, c'est un privilège de travailler pour la fonction publique, et
il y a beaucoup d'avantages aussi à travailler pour la fonction publique. Puis
là je ne suis pas en négociation puis en train de vouloir dire qu'il y a
tellement d'avantages qu'on ne peut rien faire, là, ne lisez pas de
sous-entendu, mais je suis assez transparente, là, je pense sincèrement que c'est
un avantage. Je viens de la fonction publique, je suis moi-même une personne
issue de la fonction publique, donc, pour moi, c'est un privilège de travailler
pour la fonction publique, c'est un avantage.
Mais un des avantages de la fonction
publique, c'est la permanence. Ça ne veut pas dire que ça règle tous les
problèmes, là, ça fait que c'est pour ça que je vous dis : N'y lisez pas
de sous-entendu. Mais je pense qu'on peut ne pas nier, ni vous ni moi, que la
permanence a une raison d'être, mais ça demeure un avantage pour un employé de
la fonction publique.
Ce stage probatoire là, vous la savez,
bon, il est de six mois ou d'un an dans la fonction publique. J'ai été même
étonnée, je vais vous avouer, M. Daigle, d'apprendre qu'il y avait des
stages de six mois, parce que moi, j'ai eu, en 1990 et 1991, à faire le stage
probatoire... le stage de <deux...
Mme LeBel : ...mais
ça
demeure un avantage pour un employé de la fonction publique.
Ce stage probatoire là, vous la savez,
bon, il est de six mois ou d'un an dans la fonction publique. J'ai été même
étonnée, je vais vous avouer, M. Daigle, d'apprendre qu'il y avait des
stages de six mois parce que moi, j'ai eu, en 1990 et 1991, à faire le stage
probatoire... le stage de >deux... l'approbation de deux ans, dont la
première partie du stage probatoire d'un an, là. Donc, j'ai été étonnée
d'apprendre qu'il y avait des stages de six mois.
Et j'aimerais ça vous entendre un peu plus
sur le fait que... Pour moi, il va de soi que d'avoir un stage probatoire d'un
an avant d'atteindre la permanence, qui est un statut d'emploi assez important
dans la fonction publique... Je sais qu'on ne rentrera pas dans les détails de
la deuxième année si l'emploi est coupé, là, mais on se comprend, là, la
permanence est vraiment atteinte après la première année ou après le premier
six mois. Après ça, c'est d'autres enjeux, après ça, il y a le deux ans, là. Mais
je ne veux pas qu'on rentre dans cette technicalité-là. Pour moi, il va de soi
de faire en sorte que tout le monde ait ce stage d'un an à faire là,
d'uniformiser. Puis j'avoue que je vois mal comment je peux précariser la
fonction publique en mettant tout le monde à un an.
Et, si c'est le cas, vous avez mentionné
qu'il y a des emplois qui, quant à vous, c'est justifié que ça soit un an. Pour
moi, beaucoup d'emplois sont justifiés que ça soit un an, qu'on fasse le tour
du calendrier au moins une fois avant de pouvoir bien évaluer un employé puis
de lui donner accès à une permanence. Quels sont les corps d'emploi qui sont
présentement à six mois, donc? Parce que notre... vous l'avez même dit d'entrée
de jeu, beaucoup sont déjà à un an. Quels sont les corps d'emploi qui sont
présentement à six mois que vous jugez qu'ils ne devraient pas passer à un an
puis pourquoi? C'est une question multiple, là, mais ça tourne tout autour du
même sujet, finalement, là.
M. Daigle
(Christian) : Oui, bien, effectivement. Dommage que votre
entrée en matière ne m'ouvre pas la porte pour parler de la négociation, parce
que j'en aurais profité également.
Mme LeBel : Non. On le
fera ailleurs, M. Daigle.
M. Daigle
(Christian) : On le fera à une autre rencontre, effectivement.
Bien, effectivement, la période de probation complète est de deux ans, mais le
stage dont on fait référence, le stage d'évaluation, est de six mois ou d'un
an. Tous les emplois techniques qui demandent, justement, une certaine
complexité, un D.E.C. comme condition minimale, c'est d'un an, l'évaluation. On
parle d'un stage de six mois au niveau de certains emplois ou la plupart des
emplois ouvriers, on parle également d'agents de bureau, je crois les huissiers
audienciers également aussi, puis certains corps d'emploi qui ont des
conditions d'admission minimalistes, donc un secondaire V. Ces conditions
d'admission là étant minimalistes, l'évaluation par le gestionnaire, par la
personne de la direction, par l'employeur, est beaucoup plus facile à faire
dans une période de six mois, et on est capable de voir si la personne est
capable d'accomplir ses tâches ou si elle ne répondra pas aux besoins de
l'organisation. Donc, le reste...
Puis comme je le disais aussi dans ma
présentation, cette possibilité-là, si jamais, mettons, pour une raison
quelconque, le six mois n'a pas été capable d'être rencontré par le
gestionnaire pour faire une évaluation complète de la personne, il y a
possibilité de prolonger ce six mois-là. Donc, ça n'empêche pas, justement,
l'organisation de prolonger avec des raisons nécessaires. Puis c'est toujours
de même depuis le début aussi.
Donc, tous les emplois d'un certain niveau
de complexité, niveau technique, sont à un an, puis, pour nous, c'est tout à
fait compréhensible à travers le deux ans, mais, le six mois, je pense que c'est
la base pour un ouvrier. Le fait de monter ça à un an, ça amène une précarité
pour ces gens-là ou une incertitude, déjà que ces gens-là, souvent, sont <saisonniers...
M. Daigle
(Christian) : …avec des raisons
nécessaires. Puis c'est
toujours
de même depuis le début aussi.
Donc, tous les emplois d'un certain
niveau de complexité, niveau technique, sont à un an, puis, pour nous, c'est
tout
à fait compréhensible à travers le deux ans, mais, le six mois, je pense que c'est
la base pour un ouvrier. Le fait de monter ça à un an, ça amène une précarité
pour ces gens-là ou une incertitude, déjà que ces gens-là, souvent, sont >saisonniers,
ils sont saisonniers depuis de fortes années, soit saisonniers d'hiver,
saisonniers d'été, ont des emplois précaires au niveau de la justice ou des
huissiers. Et, lorsqu'on arrive avec la période de probation, c'est déjà
complété, je dirais, à un niveau occasionnel. Donc, ça devient une confirmation,
seulement, de la personne dans les tâches qu'elle effectue déjà depuis de
nombreuses saisons, de nombreuses années.
Alors, pour nous, on pense que le six
mois… lorsqu'on embauche une nouvelle personne, on a en masse le temps
d'évaluer un ouvrier dans ses compétences, dans ses capacités, un agent de
bureau de la même façon également aussi. Et, s'il y avait un besoin spécifique,
on peut prolonger cette période de probation là pour aller un petit peu plus
loin que six mois, voire la prolonger de quelques semaines ou quelques mois,
pour finaliser cette évaluation-là.
Mme LeBel : Je n'ai plus
de temps, je pense, M. le Président. Ça termine, je pense?
Le Président (M. Simard) :
Oui, tout à fait, tout à fait, Mme la présidente.
Mme LeBel : …ailleurs.
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, je cède la parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M.
le Président. Alors, bonjour, MM. Daigle et Arruda. Alors, je vais
enchaîner un peu dans le même sens des sujets qui ont été discutés
précédemment. Je vais vous donner un cas de figure puis je vais vous demander
votre opinion là-dessus, là. Dans la transformation que va faire le projet de
loi n° 60 des ministères et organismes pour en faire, dans les faits, des
quasi-entreprises indépendantes les unes des autres, là, comme il n'y a pas de
règle, là, est-ce qu'actuellement, à votre avis, le projet de loi, s'il était
tel quel, sans règle, sans rien, là, pourrait permettre à un organisme, par
exemple… mais mettons plutôt un ministère, d'afficher un poste avec sa
description et d'embaucher préférentiellement quelqu'un de l'externe plutôt que
de l'interne? Est-ce que tout le monde se retrouve vraiment égal, face au poste
affiché, comparativement à aujourd'hui?
M. Daigle
(Christian) : Bien, c'est difficile, justement, n'ayant pas les
règlements et directives. De la façon qu'on voit les choses, c'est une
possibilité qu'il y a, mais c'est une possibilité aussi que le ministère,
l'organisme puissent cibler une personne déjà à l'interne, une personne qui
serait déjà visée par la direction ou qui serait visée par l'organisme, pour
pouvoir aller vers cette personne-là de façon... de préférence, à ce moment-là,
avec ce qui est amené.
Comme j'ai dit tantôt à Mme LeBel, à
la ministre LeBel, je n'ai... on n'a pas les détails qui vont nous permettre de
pouvoir bien évaluer. C'est pour ça qu'on aurait préféré, justement, avoir un
peu plus d'information sur les règlements et directives pour, après ça,
analyser le tout et vous faire part peut-être de modifications pour peaufiner
la chose. Mais présentement il y a trop de latitude dans le dépôt qui a été
fait pour nous permettre, je vous dirais, une bonne analyse puis il y a trop de
latitude qui va être donnée, selon nous, dans le processus qui va être
décentralisé.
M. Barrette : Je
comprends que, si vous dites qu'on peut cibler une personne à l'interne, on
pourrait, à la limite, cibler quelqu'un à l'externe, dans <l'état...
M. Daigle
(Christian) : ...mais
présentement il y a trop de
latitude dans le dépôt qui a été fait pour nous permettre, je vous dirais, une
bonne analyse puis il y a trop de latitude qui va être donnée, selon nous, dans
le processus qui va être décentralisé.
M. Barrette : Je
comprends que, si vous dites
qu'on peut cibler une
personne à
l'interne, on pourrait, à la limite, cibler
quelqu'un à l'externe, dans
>l'état actuel du projet de loi.
M. Daigle
(Christian) :Tout à fait, vous avez tout
à fait raison. On pourrait faire fi, mettons, des promotions internes qui
peuvent se faire, des possibilités pour d'autres personnes d'appliquer sur un
poste pour changer son orientation de carrière et d'aller cibler directement
une personne à l'externe qu'on voulait obtenir ou qu'on voulait avoir et
l'amener vers l'organisation. C'est tout à fait plausible aussi de la façon
qu'il est rédigé présentement, sans avoir d'autres précisions dessus.
M. Barrette : O.K. Et
c'est dans ce sens-là que moi, je vois les ministères et organismes se
transformer en employeurs indépendants, là. Je comprends que, quand ils
rentrent et qu'ils ont leur permanence, comme disait la ministre, bon, là,
c'est une autre chose. Maintenant, on ne le sait pas, là. On peut cibler à
l'externe autant qu'on peut cibler à l'interne. Dans les deux cas, c'est du
favoritisme.
Est-ce que vous estimez... Je pense que
c'est assez clair, en fait, j'ai déjà la réponse, là. Mais vous, là, dans vos recommandations,
là, est-ce que vous souhaitez... Pour que je la comprenne bien, votre recommandation,
là, est-ce que vous souhaitez, dans le fond, que, pour ce qui est de la vérification
et de la, entre guillemets, contestation, là, on va l'appeler comme ça, que ce
soit le statu quo?
Moi, j'ai été surpris, là, de voir cette
provision-là, beaucoup, beaucoup, beaucoup, parce que ce n'est pas juste sortir
des banques, c'est de devenir complètement indépendant de l'externe, c'est une
espèce de libéralisation extrême de l'embauche. Alors, on libéralise
l'embauche, parce que le projet de loi, il n'y a pas de règle claire, on ne les
sait pas. Puis, en plus, quand il est temps de vérifier, là on est juge et
partie, le Trésor fait tout. Parce que je ne sais pas si vous avez entendu la
CFP qui est venue ce matin, c'est parce que, là, il leur reste quoi, là? En
termes de vérification, je pense que vous le lisez comme ça.
Le contrepoids, il est où? Le fameux
«check and balance», là, il est où, le contrepoids? Là, moi, je le vois, qu'il
n'y en a quasiment plus puisque le Trésor devient juge et partie.
M. Daigle
(Christian) :Effectivement, vous avez tout
à fait raison sur cet aspect-là. Pour nous, la commission doit garder un
certain contrôle. On comprend que l'exclusion de la commission est nécessaire peut-être
à un niveau, mais il faut la ramener à un autre niveau. On pense... puis on a
déposé notre mémoire, même un travail à long terme où est-ce que la commission
pourrait, de façon périodique, à tous les cinq ans, à tous les 10 ans,
déposer un mémoire pour l'amélioration du processus. Ce processus-là va
perdurer dans le temps. Il faut qu'on puisse, justement, trouver une façon de
l'améliorer et non pas de le changer du tout au tout.
• (15 h 30) •
Pour nous, le fait que la commission perde
présentement cette possibilité-là pour les gens de faire appel, ça nous pose problème,
parce que c'était l'organisme neutre et indépendant extérieur à l'embauche qui
se faisait ou au processus d'embauche qui permettait une neutralité. Même si
des personnes se faisaient exclure d'un processus d'embauche, pouvaient
contester, elles n'avaient pas, si elles gagnaient, la possibilité d'intégrer
puis d'avoir le poste. Elles avaient la possibilité de pouvoir intégrer ce <processus
d'embauche...
>
15 h 30 (version révisée)
<
M. Daigle (Christian)T :
…parce que c'était l'organisme neutre et indépendant, extérieur à l'embauche
qui se faisait ou au processus d'embauche, qui permettait une neutralité. Même si
des personnes se faisaient exclure d'un processus d'embauche, pouvaient
contester, elles n'avaient pas, si elles gagnaient, la possibilité d'intégrer
puis d'avoir le poste. Elles avaient la possibilité de pouvoir intégrer ce >processus
d'embauche là et de pouvoir y participer, comme toute autre personne. Mais, s'il
y a un processus puis la commission est exclue de ça automatiquement, la
personne va se revirer vers qui pour pouvoir accéder à ça, et est-ce que le
processus va continuer quand même durant ce temps-là? La personne, bien qu'elle
serait légitime de pouvoir demander à y participer, va se trouver, à ce
moment-là, défavorisée par un biais, par une situation particulière qui aura
exclu sa candidature ou qui n'aura pas tenu compte de certains facteurs ou
critères dans celle-ci. Alors, pour nous, cette situation-là pose problème.
M. Barrette : O.K. Ce
matin… pas ce matin, avec le groupe qui vous a précédés, là… vos collègues de l'autre
syndicat, eux, ont soulevé la question des équivalences. Ils ont fait un débat,
que je comprends, là, mais ce n'est pas là-dessus que je veux aller, un débat
sur la formation en cours qui n'est pas encore complétée. Je ne sais pas si
vous l'avez entendu. Vous, avez-vous un enjeu là-dessus, autre que celui… puis
peut-être que vous l'avez, celui-là aussi, là, mais je le comprends bien,
peut-être que vous avez une vision différente, mais avez-vous un enjeu, vous,
de ce côté-là?
M. Daigle
(Christian) : On n'a pas beaucoup d'enjeux de ce côté-là, parce
que, nous, lorsque les gens sont embauchés, ils doivent déjà posséder les
critères minimaux. Il y a peu de promotions. Il y en a quelques-unes, des
promotions, mais il y en a, tu sais, mettons, d'agent de bureau ou d'agent de secrétariat
à technicien et technicienne. Donc, oui, il peut y avoir une promotion, mais la
plupart de nos gens, lorsqu'ils ont des promotions, c'est vers des postes de
professionnels ou autres postes. Soit qu'ils ont une expérience interne qu'ils
ont développée au fil des années, un 12 ans, un 15 ans, un 20 ans
d'expérience qui leur permet de bien connaître le système interne — et
ce n'est pas juste d'apprendre ça dans les livres, mais il faut apprendre
comment travailler avec aussi — ou ils ont fait une formation en
parallèle, je vous dirais, pour aller chercher les diplômes nécessaires.
Alors, pour nous, il faut maintenir, je
pense, un certain niveau de méritocratie interne également aussi, de par cette
promotion-là, de ne pas juste aller vers des diplômes pour permettre aux gens
de venir de l'externe et prendre des postes de professionnels ou autres postes
de direction. Mais on pense qu'à l'interne il peut y avoir un certain
développement puis que d'avoir des gens qui connaissent la machine, si je peux l'appeler
de même, va être tout aussi aidant que quelqu'un qui connaît les mécanismes sur
les bancs d'école.
M. Barrette : O.K. Je
comprends bien votre position là-dessus. Elle a bien du sens, chez vous,
peut-être plus que chez vos collègues de l'autre syndicat. Moi, il y a une
chose là-dedans qui, vraiment, là, je ne vois… que peut-être pas… Je ne pense
pas qu'il y a juste des problèmes, là, je veux bien que ce soit clair, puis la
ministre, je pense qu'elle a bien compris. Je comprends qu'actuellement la
mécanique, là, ancienne, des banques, là, O.K., on est en 2021, c'est correct,
mais, à l'autre bout, là, ce projet de loi là, particulièrement chez vos
membres, ou dans votre… du milieu que vous représentez, c'est tellement ouvert
que, sur la question de l'ancienneté, on va voir plein, plein, plein de
contestations. Je vois assez facilement pour… je le vois, là, hyperfacile, là,
écrire une description de <tâches, là…
M. Barrette : ...chez
vos membres, ou dans votre… du milieu que vous représentez, c'est tellement
ouvert que, sur la question de l'ancienneté, on va voir plein, plein, plein de
contestations. Je vois assez facilement pour… je le vois, là, hyperfacile, là,
écrire une description de >tâches, là. S'il n'y a pas de directives qui
soient claires, ils vont faire en sorte que je vais avoir absolument, là,
toutes les nuances possibles pour choisir un par rapport à un autre, à
compétence égale, mais à ancienneté inégale. Ça, j'imagine que vous le voyez,
vous, particulièrement dans les groupes d'emploi que vous avez.
M. Daigle
(Christian) :Effectivement, on le voit déjà
par le processus actuel. Il y a déjà une latitude présentement qui se fait
lorsqu'on noie un processus de dotation et de promotion en même temps, qu'on
fait du recrutement puis de la promotion en même temps. Il y a déjà des
critères spécifiques qui peuvent permettre d'aller d'un bord ou de l'autre. Le
processus... La modification qu'on amène présentement amène également, ou
maintient ce biais-là également possible. Alors, pour nous, c'est difficile de
ne pas avoir tous les détails et de pouvoir se prononcer, mais il y a
présentement cet enjeu-là qui nous pose problème, où est-ce qu'on veut que
toutes les personnes à l'emploi puissent avoir les mêmes chances.
On a vu, même aujourd'hui, dans les
journaux, la possibilité, des fois, d'aller chercher des gens qui sont proches
de nous, puis de ne pas... justement, de faire fi peut-être... ou d'avoir une
apparence de ne pas être neutre dans le processus. Alors, pour nous, on veut
vraiment faire attention à ça et donner toutes les chances à nos gens, autant
aux citoyens et citoyennes qui postulent sur un poste que les gens qui sont à
l'interne qui voudraient, justement, améliorer leur situation et continuer à
grandir au gouvernement, dans leurs ministères, parce que c'est une forme, un
peu, de reconnaissance que d'avoir une promotion à l'interne et de pouvoir,
justement, gravir les échelons.
M. Barrette : O.K. Très
bien. Alors là, là, je me suis fait reprocher gentiment, très gentiment,
précédemment, de vouloir vous mettre des mots dans la bouche, là, mais je vais
le faire différemment, là. Je ne veux pas les mettre, les mots, dans votre
bouche, mais je vais quasiment le faire. Là, je comprends que ce projet de loi
là, là, il est en grand manque de clarifications législatives. En français, là,
il n'y a pas de directive, il n'y a pas de balise, il n'y a rien, là. C'est un
projet de loi qu'on souhaite adopter sans ça, c'est comme ça que je vois. Vous
souhaiteriez qu'il y en ait, des balises claires, dans la loi, là?
M. Daigle
(Christian) : Tout à fait. C'est, d'ailleurs, ce que j'ai fait
dans mon allocution d'ouverture, j'ai dit : Qu'on nous dépose des
règlements, les directives qui vont permettre de mieux comprendre le projet de
loi, qui vont nous permettre de mieux l'appliquer, et ça va nous faire plaisir
de revenir devant vous, la commission, pour vous encenser, si ça va dans le
sens qu'on veut, pour vous aider à l'améliorer, s'il y a des choses à
améliorer, ou pour le changer si ça ne fait vraiment pas notre affaire. Mais,
présentement, nous n'avons pas assez d'information pour avoir une image claire
de tout ce qui s'en vient. Il y a encore beaucoup de flou, comme derrière moi,
présentement, puis on n'y voit pas clair.
M. Barrette : Bien, c'est
correct, là, vous pourrez revenir pour encenser les oppositions d'avoir réussi
à clarifier la chose.
M. Daigle
(Christian) : Merci.
M. Barrette : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) :
20 secondes, cher collègue.
M. Barrette : Bon, bien,
écoutez, je vous remercie, M. Daigle, d'être venu, et on va faire la
bataille, parce qu'il y a des bonnes intentions, ici, mais il y a pas mal de
pièges.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède maintenant la parole au porte-parole de la deuxième opposition,
le député de Rosemont.
M. Marissal :
<Merci...
M. Barrette : …
Bon,
bien, écoutez, je vous remercie, M. Daigle, d'être venu, et on va faire la
bataille,
parce qu'il y a des bonnes intentions, ici, mais
il y a
pas mal de pièges.
Le Président (M. Simard) :
Merci.
Je cède maintenant la parole au
porte-parole de la
deuxième
opposition, le
député de
Rosemont.
M. Marissal : >Merci,
M. le Président. M. Daigle, M.Arruda, bienvenue, merci d'être là. Vous
avez écrit textuellement, dans votre mémoire : «Le coeur du problème[, c'est]
la sous-rémunération [dans la fonction publique].» Moi, je dirais que c'est un
des coeurs du problème, là, si un problème peut avoir plus d'un coeur, là. Disons
que je suis d'accord avec vous que c'est un sacré problème récurrent. Moi, je
ne vois rien dans le projet de loi n° 60 qui touche ce problème-là,
précisément, là. C'est une chose. Un projet de loi, ce n'est pas comme la bonne
vieille Jinny qui réglait tous les problèmes en clignant des yeux, là, ça règle
deux, trois problèmes, là, mais ça ne règle pas celui-là. Mais on dit souvent :
Si tu ne peux pas aider, ne nuis pas. Est-ce que le projet de loi n° 60
nuit, en plus, au problème que vous identifiez, c'est-à-dire la
sous-rémunération? Non seulement ça n'adresse pas — c'est un
anglicisme, ça — ça ne touche pas ce problème-là, mais est-ce que ça
l'aggrave?
M. Daigle
(Christian) : Bien, dans un premier temps, puis sans vouloir
faire de la négociation, les salaires étant tellement bas, c'est sûr et certain
que ça amène un exode des gens déjà en poste. Donc, déjà, d'avoir un problème,
je dirais, sur le délai d'embauche, d'avoir un problème également pour arriver
à doter les emplois qui deviendraient tout de même disponibles via des
retraites, via des départs pour une raison particulière, le fait qu'il y a un
exode des gens déjà en poste vers des endroits ou des emplois avec des
meilleures conditions, bien, automatiquement, on vient aggraver le problème
d'embauche.
Donc, pour nous, le fait de donner des
bonnes conditions de travail va limiter de beaucoup le problème de dotation que
nous avons présentement. Et, à ce moment-là, le projet de loi qui est là
présentement va pallier peut-être à certains manques, mais, comme je le disais
à votre collègue avant, du Parti libéral, présentement, on a encore trop de
flou. Il y a trop de situations qui ne sont pas assez éclairées là-dedans. Le
fait de décentraliser peut également amener des problèmes. Ça peut peut-être
régler, mais je n'ai pas les détails de cette décentralisation-là, comment ça
va s'opérer. Donc, pour nous, oui, ça peut amener plus de difficultés, jusqu'à
un certain niveau, bien qu'on veuille régler un problème. Je reconnais qu'il
faut régler des choses, qu'il y a des choses qui sont problématiques, mais
est-ce que ça va aller plus loin avec des problèmes autres que ce qu'on connaît
présentement? Je ne peux pas vous le dire.
M. Marissal : Je pense
qu'on s'entend, pas mal tout le monde, sur une chose, là — ce n'est
pas tous les jours qu'on s'entend, tout le monde, sur une chose, là, il y a
quand même une bonne brochette d'opinions, ici, là, dans… j'allais dire autour
de la table, autour de mon écran, dans mon écran — c'est que le
processus d'embauche, il est long. On a dit «sclérosé». Je pense que tout le
monde s'entend, c'est vrai que c'est devenu assez complexe, même un peu
kafkaïen, à l'occasion. Donc, il y a des problèmes en amont.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Marissal : Est-ce que
vous diriez qu'en ce moment il y a des problèmes en aval, c'est-à-dire que le processus
actuel amène aussi à des problèmes de recrutement dans la qualité des gens
qu'on embauche?
M. Daigle
(Christian) : Oui, bien, <c'est un…
M. Marissal : …
est
long. On a dit «sclérosé». Je pense que tout le monde s'entend, c'est vrai que c'est
devenu assez complexe, même un peu kafkaïen,
à l'occasion, donc,
il
y a
des
problèmes
en amont.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Marissal :
E
st-ce
que
vous diriez qu'
en ce moment
il y a
des
problème
s
en aval, c
'est-à-dire
que le
processus
actuel amène
aussi à des problèmes de recrutement dans la qualité des gens qu'on embauche?
M. Daigle
(Christian) :
Oui, bien, >c'est un peu le fait
d'attendre trop longtemps. Avec la longueur du processus que nous avons avant
d'offrir un emploi à quelqu'un, effectivement, on peut perdre des gens de
qualité. Ça, je le reconnais. Les gens qui participent à un concours
s'attendent à avoir, d'habitude, une réponse assez rapide, et surtout la jeune
génération, elle s'attend encore à avoir des choses plus rapides.
• (15 h 40) •
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Merci, M. Daigle et M. Arruda, de votre présence. J'aimerais ça vous
entendre sur la situation du retour à leur emploi, là, du personnel politique,
qui va faire un passage en politique, que ce soit dans les cabinets ou que ça
soit comme député, là, ou autre, parce que je pense que ça concerne
particulièrement votre syndicat. Comment vous voyez ça?
M. Daigle
(Christian) : C'est plutôt rare que les gens viennent à notre
niveau, au niveau technique ou au niveau ouvrier, c'est plus dans les emplois,
j'imagine, professionnels ou autres, mais ça arrive. On a eu des députés qui
sont revenus sur leur emploi, ça se produit de temps en temps, mais nos emplois
ne sont pas les emplois, normalement, qui sont visés par ça. Lorsque ça
arrive, bien, présentement, le processus permet ce retour-là. Ces gens-là
reviennent avec une certaine, je dirais, là, compétence ou des connaissances
autres de l'appareil, du ministère, selon les fonctions qu'elles ont occupées durant
leur séjour soit dans un cabinet soit dans des fonctions officielles. Alors,
pour nous, c'est une plus-value, puis ces gens-là devraient avoir la
possibilité, justement, de continuer à avoir une promotion, s'il y avait des
emplois qui s'ouvraient, pour, justement, faire bénéficier l'appareil d'État
d'une façon autre, mais de le faire bénéficier de leurs connaissances à travers
tout ça.
M. Gaudreault : Donc, que
cette nouvelle expertise, on va dire ça comme ça, soit reconnue.
M. Daigle
(Christian) :Exactement. Puis ça peut être
au niveau municipal, ça peut être à plein de niveaux, qu'ils vont revenir par
la suite au niveau du gouvernement du Québec. Puis il faut qu'on puisse,
justement, mettre en valeur l'expertise qu'ils ont été chercher, de la même
façon qu'une personne qui va aller chercher des diplômes en poursuivant un
cours en marge de son emploi aussi.
M. Gaudreault : Avec le
peu de temps qu'il me reste, vous faites un bon bout dans votre mémoire, pages 5
et 6, sur la réalité du ministère des Transports. Je pense que c'est un enjeu
tout à fait important, que la ministre connaît bien, ayant été, dans une
ancienne vie, à la commission Charbonneau. En vue de recréer, de maintenir
l'expertise, d'aller chercher des gens qui vont rester au ministère, qui ne
sont pas juste des juniors pour être repêchés ailleurs par le privé et qui vont
être capables de surveiller les contrats, est-ce que vous trouvez que ce projet
de loi offre des solutions dans ce sens-là?
M. Daigle
(Christian) : Non, malheureusement, il n'offre pas de solution
en ce sens-là. On facilite, oui, le recrutement de ces personnes-là en passant
plus rapidement à la période, justement, de concours pour aller chercher ces
gens-là, mais on ne sera pas capable de les retenir par la suite. On n'est pas
capable de garder les gens que nous avons à l'interne. Les techniciens en
travaux publics, en génie civil, présentement, les ouvriers que nous avons,
spécialisés, au niveau des conducteurs routiers de poids lourds, on n'est pas
capable de garder ces gens-là à l'interne, il y a plus de départs qui se font
que ce qu'on est <capable…
M. Daigle
(Christian) : …passant plus
rapidement à la période,
justement,
de concours pour aller chercher ces gens-là, mais on ne sera pas capable de les
retenir
par la suite. On n'est pas capable de garder les gens que nous
avons à l'interne. Les techniciens en travaux publics, en génie civil,
présentement,
les ouvriers que nous avons, spécialisés, au niveau des conducteurs routiers de
poids lourds, on n'est pas capable de garder ces gens-là à l'interne, il y a
plus de départs qui se font que ce qu'on est >capable d'embaucher. Donc,
pour nous, c'est un gros problème. Même le ministre Bonnardel, le collègue de Mme LeBel,
l'a souligné, les salaires sont au coeur du problème au niveau du ministère des
Transports.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Gaudreault : Oui, mais
est-ce que de donner, justement, plus de souplesse ou de décentralisation,
entre guillemets, là, au directeur ou au sous-ministre des Transports n'est pas
une solution, à ce moment-là?
M. Daigle
(Christian) : C'est une partie de la solution, mais l'autre
partie va y aller avec les salaires, parce que, si on ne réussit pas à combler,
ça va nous coûter plus cher, en bout de ligne, parce que les gens vont
repartir. C'est de la formation qu'on va perdre, qu'on va payer et qu'on va
perdre à chaque fois.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Daigle
(Christian) : L'expertise, on va la perdre, également, puis on
va perdre, après ça, aussi… Même en allant en sous-traitance, ça va nous
coûter…
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Gaudreault : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, cher collègue de Jonquière. Alors, M. Arruda,
M. Daigle, merci de votre présence parmi nous et de la qualité de votre
contribution à notre réflexion collective.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités. Au
revoir.
(Suspension de la séance à 15 h 43)
>
(Reprise à 15 h 52)
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, nous reprenons nos travaux. Nous sommes en présence de
représentants de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement
du Québec. Messieurs, bienvenue parmi nous. Merci d'avoir accepté notre
invitation. Auriez-vous, d'abord, l'amabilité de vous présenter?
Association professionnelle des ingénieurs du
gouvernement du Québec (APIGQ)
M. Martin (Marc-André) :
D'accord, je me présente, Marc-André Martin, je suis ingénieur civil au ministère
des Transports, mais, aujourd'hui, j'interviens à titre de président de l'Association
professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec. Et je suis accompagné
de M. Andy Guyaz, ingénieur au ministère de l'Environnement, qui agit à
titre de secrétaire-trésorier pour l'association.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. Martin (Marc-André) :
Alors, M. le Président de la Commission des finances publiques, Mmes, MM. les
députés, Mme la présidente du Conseil du trésor, c'est avec plaisir que nous
rencontrons les parlementaires aujourd'hui afin de vous partager nos réflexions
sur l'état de l'ingénierie au gouvernement, sur le recrutement de nos experts
et, plus précisément, sur certaines dispositions du projet de loi présentement
à l'étude.
Si vous me le permettez, avant d'entrer
dans le vif du sujet, je souhaiterais prendre quelques minutes pour vous
présenter notre association. L'Association professionnelle des ingénieurs du
gouvernement du Québec — l'acronyme APIGQ, on va l'appeler APIGQ — représente
1 600 ingénieurs à l'emploi du gouvernement du Québec. Ils oeuvrent
au sein de 25 ministères et organismes publics, dans des domaines aussi
variés que nombreux, allant du bâtiment, des transports, de l'environnement,
des barrages, jusqu'à l'agriculture et les technologies de l'information.
Maintenant, pour bien comprendre le
positionnement de l'APIGQ sur le projet de loi n° 60, il est important de
faire un léger pas de recul historique sur une problématique qui perdure depuis
des années : nous faisons malheureusement référence au manque systémique
d'expertise en ingénierie au sein du gouvernement du Québec. À toutes fins
pratiques, il existe deux manières de rehausser l'expertise. D'une part, en
misant sur le développement à l'interne par le rapatriement des travaux
d'envergure, et, d'autre part, en attirant des candidats déjà qualifiés, déjà
expérimentés provenant de l'externe. Le projet de loi n° 60, avec sa
refonte du processus de sélection des candidats de la fonction publique,
constitue une opportunité pour entamer le grand exercice de rehaussement de
l'expertise du gouvernement en <ingénierie…
M. Martin (Marc-André) :
...
par le rapatriement des travaux d'envergure, et, d'autre part, en
attirant des candidats déjà qualifiés, déjà expérimentés provenant de
l'externe. Le projet de loi n° 60, avec sa refonte du processus de
sélection des candidats de la fonction publique, constitue une opportunité pour
entamer le grand exercice de rehaussement de l'expertise du gouvernement en
>ingénierie.
Il nous apparaît urgent de procéder au recrutement
nécessaire d'ingénieurs expérimentés. Le débalancement entre l'expertise du
secteur privé et du secteur public est tel que le gouvernement est vulnérable
face aux firmes de génie et aux entrepreneurs. Les carences, sur le plan des
ressources humaines, que ce soit sur le plan des compétences ou du nombre,
entravent notre capacité à préparer des projets, à encadrer les firmes externes
et à déceler la collusion. Nous vivons désormais une dépendance dangereuse
envers l'expertise externe, qui a grandement augmenté le prix de nos
infrastructures et réduit leur qualité. Je tiens à apporter… Ici, là, je veux
juste mentionner que ce sont tous des constats tirés de rapports indépendants,
du rapport de la commission Charbonneau, des rapports du Vérificateur général
et du rapport des experts indépendants commandés par le ministère des
Transports.
Donc, nous constatons depuis longtemps la
désuétude de notre processus de qualification. Dans le domaine de l'ingénierie,
la majorité des candidats embauchés sont âgés de 35 ans ou moins. En 2019‑2020,
sur les 131 embauches d'ingénieurs effectuées au gouvernement, 41 %
d'entre eux étaient des candidats à la profession, donc l'équivalent de
stagiaires. Seulement 14 % cumulaient plus de 10 années d'expérience.
Le problème d'attraction est grave. Pour renverser la tendance, il nous faut
réviser les politiques salariales et augmenter l'apport de projets faits à
l'interne, mais également il est important d'améliorer le processus de
recrutement pour faciliter l'accès à la pratique du génie au gouvernement. Sur
cette base, l'APIGQ salue le projet de loi n° 60 et
reconnaît qu'une révision de nos processus de recrutement est nécessaire.
Ainsi, afin d'atteindre cet objectif, nous soumettons à la commission deux
recommandations qui pourront alimenter la réflexion des parlementaires sur les
enjeux de recrutement de l'expertise et pouvant bonifier le projet de loi n° 60 présentement à l'étude.
Sous sa forme actuelle, le projet de loi n° 60, à son article 12, prévoit remplacer le
processus de qualification de la Loi sur la fonction publique par un processus
de sélection décentralisé. Nous saluons cette orientation de permettre aux
ministères d'afficher des emplois disponibles au moment où les ministères et
organismes ont réellement un besoin plutôt que de se référer à une banque qui
ne reflète pas la réalité de… réelle disponibilité ou du réel intérêt des
candidats ayant soumis leur candidature. Enfin, le processus de sélection
permettrait de réduire les délais entre le moment où un candidat répond à une
offre d'emploi et le moment où il l'obtient, contrairement au processus de
qualification actuel où les candidats appliquent à des moments prédéterminés.
Néanmoins, nous nous inquiétons d'un
aspect de cette proposition. Nous comprenons que ce nouveau processus de
sélection est entièrement contrôlé par la direction de l'organisme ayant
affiché le poste. Cela comprendrait la présélection des candidats, la
détermination du profil recherché, jusqu'à l'évaluation en emploi et de
l'embauche. Nous sommes d'avis qu'un tel contrôle ne semble pas favoriser les
principes d'égalité d'accès des <citoyens...
M. Martin (Marc-André) :
…
de sélection est entièrement contrôlé par la direction de l'organisme
ayant affiché le poste. Cela comprendrait la présélection des candidats, la
détermination du profil recherché, jusqu'à l'évaluation en emploi et de
l'embauche. Nous sommes d'avis qu'un tel contrôle ne semble pas favoriser les
principes d'égalité d'accès des >citoyens à la fonction publique et
laisse trop de discrétion entre les mains d'un dirigeant d'organisme.
Ainsi, notre première recommandation vise
à rendre le processus de présélection plus indépendant et plus objectif en le
confiant à un tiers autre que le sous-ministre ou le dirigeant de l'organisme
responsable. Nous proposons que l'étape de présélection soit confiée à un tiers
afin d'éviter tout favoritisme lors de la sélection des candidats pour combler
un besoin.
Notre seconde recommandation vise à mieux
définir les exigences requises pour un poste requérant une expertise
particulière. Quotidiennement, les ingénieurs du gouvernement doivent émettre
des avis d'expertise en génie qui ont un impact sur la sécurité du public et la
saine gestion des fonds publics. Malgré l'importance de leur rôle, nous
déplorons que l'expertise d'un candidat soit un aspect encore négligé dans l'évaluation
d'embauche des ingénieurs au gouvernement. Bien qu'il s'agisse d'un processus
normé, aucune exigence minimale de connaissances ou d'expérience n'est évaluée
dans la version actuelle de la Loi sur la fonction publique ni de la Loi sur l'administration
publique. Le projet de loi n° 60 n'apporte aucune modification
à cet aspect du processus de sélection, laissant plutôt une incertitude sur les
critères minimaux requis lors de l'évaluation du candidat. Ceci est particulièrement
préoccupant pour des postes nécessitant une expertise précise d'ingénierie.
Nous devrions nous assurer que les candidats à l'embauche détiennent la
spécialité de génie correspondant aux fonctions à combler.
En ce sens, nous proposons que des évaluations
techniques spécifiques aux postes à pourvoir soient exigées afin de s'assurer
que seulement les candidats ayant l'expérience, la spécialité et l'expertise
requises soient embauchés dans des postes d'ingénieur. Nous croyons qu'il est
important que le processus d'analyse des candidatures reçues inclue une évaluation
des compétences techniques reliées au champ d'expertise demandé, et, à ce titre,
nous souhaitons que la Loi sur la fonction publique puisse refléter cet
impératif.
En conclusion, l'APIGQ remercie les
membres de la Commission des finances publiques pour l'opportunité qui nous a
été fournie de contribuer à l'amélioration du projet de loi n° 60.
Nous saluons ce projet de loi et sommes convaincus qu'il s'agit d'un pas dans
la bonne direction pour la mise en place d'un processus de sélection mieux
adapté à la réalité du marché du travail et favorisant une saine gestion des
fonds publics.
Il est toutefois nécessaire d'éviter toute
forme de favoritisme qui pourrait survenir avec le projet de loi sous sa forme
actuelle. Surtout, il est primordial de s'assurer que les candidats qui
accèdent à la fonction publique possèdent les compétences techniques et les
qualifications requises à leurs futures fonctions.
• (16 heures) •
Trop souvent, il est allégué que le
renforcement de l'expertise s'évalue par le nombre d'ingénieurs en poste au gouvernement.
Or, il s'agit d'une fausse perception. L'expertise ne se calcule pas en nombre
d'employés, mais plutôt dans la valeur de l'expérience et de leurs
connaissances. C'est <pourquoi…
>
16 h (version révisée)
< M. Martin (Marc-André)T :
…et les qualifications requises à leurs futures fonctions. Trop souvent, il est
allégué que le renforcement de l'expertise s'évalue par le nombre d'ingénieurs
en poste au
gouvernement. Or, il s'agit d'une fausse perception.
L'expertise ne se calcule pas en nombre d'employés, mais plutôt dans la valeur
de l'expérience et de leurs connaissances. C'est >pourquoi… (panne de
son) …aux politiques de recrutement, nous devons nous assurer de recruter les
meilleurs candidats parmi ceux qui possèdent les qualifications spécifiques au
poste à combler.
M. le Président, je vous remercie à
nouveau, et nous sommes maintenant prêts pour la période d'échange avec les
membres de la commission.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Martin. Je cède maintenant la parole à la présidente du Conseil
du trésor.
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Merci, M. Martin, pour ces commentaires extrêmement éclairants.
Je vais peut-être vous amener… plonger tout de suite au coeur du nouveau
système de dotation. Je suis contente de voir que vous… J'ai bien compris aussi
tous vos commentaires, là, sur l'attractivité, la rétention, etc., là, qui est beaucoup
plus large que le processus de recrutement, mais le processus de recrutement
fait partie, là, de ce morceau, de ce casse-tête-là qu'il faut améliorer pour
être capable d'aller chercher, là, la bonne expertise au bon moment, au bon
endroit. Puis je pense que vous conviendrez avec moi que le marché, aussi,
présentement, est très compétitif, donc d'être capable d'aller rapidement
chercher les meilleurs éléments avant qu'ils soient embauchés ailleurs. Le
processus de dotation actuel ne favorise certainement pas ce genre d'exploit,
disons-le. Vous avez eu connaissance de ça, effectivement?
M. Martin (Marc-André) :
Merci, Mme la présidente. Oui, vous mettez le doigt sur quelque chose qui est
tout à fait exact. Aujourd'hui, le marché est vivant, et, plus que jamais, on
se doit d'être proactifs, que ce soit au niveau du recrutement mais aussi des
conditions de travail. Je vous dirais, là, que c'est un tout. Mais aujourd'hui
je comprends que le forum, c'est essentiellement sur le recrutement, mais, si
vous me permettez, je vous dirais que l'ensemble des… Comment je pourrais dire
ça... J'entends le ministre des Transports qui nous dit, à toutes les fois
qu'il a une tribune, qu'il souhaite réouvrir les conditions de travail, qu'il a
besoin d'un nouveau processus de recrutement, puis je suis content, aujourd'hui,
qu'on puisse enfin discuter de ces enjeux-là.
Mme LeBel : Je vous
comprends très bien pour les enjeux, là, qui ne sont pas... Je vous entends
pour les enjeux qui ne sont pas reliés au processus de recrutement, mais
aujourd'hui on va, si vous me permettez, on va mettre l'accent et le focus sur
ce processus-là parce que c'est l'objet du projet de loi n° 60. Je suis… Je
veux juste comprendre avec vous, parce que je trouve ça intéressant… bon, on
passe, naturellement, d'un processus où on crée des banques de candidatures à
un processus de sélection beaucoup plus direct et ciblé. C'est-à-dire, au
moment où un poste est nécessaire dans un endroit donné, on l'affiche avec
certains critères, on rencontre les candidats qui correspondent aux critères et
on sélectionne. Donc, on s'entend que, tant pour la fonction publique que pour
le candidat, il y a des avantages certains à tout ça.
Mais vous parlez de… Et, pour moi, c'est
très important, le principe d'égalité d'accès du citoyen à la fonction
publique, là, à compétences, naturellement, égales, et qu'on n'ait pas trop de
discrétion ou d'arbitraire entre les <mains…
Mme LeBel : …tant
pour
la fonction publique que pour le candidat, il y a des avantages certains à tout
ça.
Mais vous parlez de… Et, pour moi, c'est
très important, le principe d'égalité d'accès du citoyen à la fonction
publique, là, à compétences, naturellement, égales, et qu'on n'ait pas trop de
discrétion ou d'arbitraire entre les >mains d'une seule personne. Donc,
il faut trouver l'équilibre, là, entre l'agilité et les garanties, là, d'objectivité,
disons-le, du processus.
Mais je ne suis pas sûre de comprendre
qu'est-ce que vous voulez dire par une étape de présélection, parce qu'on n'est
pas dans des banques, donc il n'y a pas de présélection. Une banque est un peu
une présélection, si on veut. On crée un bassin de personnes qui ont passé une
première étape, à l'intérieur de laquelle on doit piger. Donc, ce n'est pas
tout à fait exact, mais je peux qualifier ça de présélection, là, ce qui ne
garantit pas, nécessairement, un poste à un endroit donné, mais c'est une
première étape de franchie.
Qu'est-ce que vous voulez dire par une
étape de présélection? Parce qu'elle n'est pas prévue par le projet de loi,
mais juste m'expliquer un peu votre vision par rapport à ça pour que je
comprenne bien.
M. Martin (Marc-André) :
Lorsque les gens du Conseil du trésor nous ont rencontrés, plus précisément M. Hubert,
il nous a expliqué un peu les étapes du processus qu'il souhaitait mettre en
place, en lien avec le projet de loi n° 60, et il y avait une étape où
est-ce qu'il disait, bon, le dirigeant d'entreprise a décrit le poste, par la
suite, les gens peuvent appliquer sur le poste, fait une première présélection
des candidats, par la suite, les candidats passent des examens et, par la
suite, il nous a expliqué qu'il faisait un choix parmi ceux qui avaient réussi
les examens, puis ce qu'était la sélection des gens passés en entrevue et, par
la suite, ça amenait au choix de l'employé.
Donc, nous, ce qu'on souhaite, c'est un
peu… c'est vraiment de choisir un tiers, vraiment quelqu'un qui a une
séparation claire avec le dirigeant de l'entreprise pour faire la sélection des
C.V. pour que ce soit objectif et basé uniquement sur ce qui est écrit et non…
pour éviter toute influence externe qui pourrait avoir lieu par le dirigeant ou
par le sous-ministre. C'est ça qu'on souhaite.
Mme LeBel : Dans le fond,
vous voulez vous assurer qu'il y a une bonne adéquation entre le choix final
ou, en tout cas, ceux qui auront accès à l'entrevue ou, en tout cas, la
sélection finale et les critères affichés dans le poste, parce qu'à partir du
moment où la personne remplit les critères ça devrait bien aller.
Donc, qui voyez-vous comme tiers
indépendant? Donc, dans le fond, quelqu'un qui n'est pas le sous-ministre du
ministère concerné? Quelqu'un qui n'a pas le choix final? Parce que, à un
moment donné, d'aller vers une firme externe, on vient alourdir aussi le
processus. Et, comprenez-moi, j'en suis, là, pour la régularité du processus,
mais, en même temps, mon objectif de garder ça simple, dans le sens où agile et
efficace, ma préoccupation est très grande aussi. Donc, je ne voudrais pas
qu'on crée une espèce de minibanque indirecte. Comprenez-vous ce que je veux
dire, là? Je ne veux pas qu'on recrée à petite échelle, à chaque fois qu'il y a
un poste d'affiché, le processus actuel. Je comprends que ce n'est pas votre
intention, mais je veux m'assurer, parce que... de voir un peu quelle serait
votre vision de présélection et qui pourrait faire office de présélecteur,
disons-le comme ça.
M. Martin (Marc-André) :
Nous, c'est sûr qu'on peut s'attendre… on n'a pas <été…
Mme LeBel : …poste
d'affiché,
le processus actuel. Je comprends que ce n'est pas votre intention, mais je
veux m'assurer, parce que... de voir un peu quelle serait votre vision de
présélection et qui pourrait faire office de présélecteur, disons-le comme ça.
M. Martin (Marc-André) :
Nous, c'est sûr qu'on peut s'attendre… on n'a pas >été dans le fin
détail, là. Pour nous, ça peut être les ressources humaines déjà en place ou
centrales. Si vous voulez que ça soit les ressources humaines du Conseil du
trésor, il n'y a pas de problème, c'est des gens déjà en place. On ne souhaite
pas créer une entité indépendante, là. C'est vraiment, là, s'assurer qu'il y
ait une séparation claire entre celui qui dirige presque l'entièreté du
processus de sélection, le dirigeant d'entreprise, et la première sélection.
Puis je vous ferais peut-être une analogie.
Je vous dirais... Je ne sais pas si vous avez déjà fait affaire, dans le privé,
avec Randstad. Bien, c'est un peu ça qu'ils font. C'est qu'ils choisissent,
parmi une banque de C.V., lesquels, les 10 qui fittent le mieux, l'envoi à la
compagnie, puis la compagnie, après ça, décide parmi ceux-là qui qu'ils passent
en entrevue, etc.
Donc, c'est un petit peu le même principe.
C'est qu'on a déjà un tiers indépendant qui fait une présélection, qui nous
envoie les C.V. qui, à son sens, c'est les meilleurs, puis le dirigeant
d'entreprise fait avec. On vient couper une certaine… On vient donner une
scission, on vient faire une séparation claire. Puis il n'y aura pas d'avantage
indu parce qu'on connaît le dirigeant ou un ami de la famille.
• (16 h 10) •
Mme LeBel : Bien, j'aime
bien ça, quand vous fonctionnez par exemple, parce que ça me permet,
effectivement, d'avoir une belle vision, puis je comprends très bien ce que…
exactement ce que vous voulez dire. Maintenant, quand vous dites :
Augmenter les exigences requises, dans votre recommandation n° 2, pour un
poste requérant une expertise particulière et mettre en place des examens de
qualifications techniques, je peux comprendre que le… je comprends que le
processus de qualification actuel, qui est beaucoup... bon, qui marche plus par
classes d'emploi que par qualifications spécifiques, disons-le, pour... plus
techniques, là, est déficient dans cette matière-là, mais, quand on va parler
d'un processus de sélection, où, à ce moment-là, en principe, ces
qualifications techniques là devraient être des exigences de l'emploi, bon, il
y a l'expertise, il y a la qualification, etc., là. Peut-être que… Qu'est-ce
que vous voulez dire par rehausser les exigences requises? Donc, c'est dans les
affichages de poste, à ce moment-là, qu'on va le faire, là.
M. Martin (Marc-André) :
C'est qu'on devrait avoir une évaluation. Là, présentement, ce qu'il se passe,
c'est... on a des tests psychométriques. On est capable d'évaluer si la
personne fitte le profil fonction publique. C'est le parfait petit
fonctionnaire. Mais là on engage — je vais vous donner un exemple — on
engage des gens pour inspecter des ponts, indépendamment des compétences. Est-ce
qu'il fitte le profil fonctionnaire? Oui. Je le passe en entrevue. On regarde
un peu la personne, le profil de la personne en entrevue, mais on n'a aucune
idée des ses compétences. On n'a jamais évalué son expertise, sa compétence,
ses connaissances. Et c'est très, très important, l'ingénierie. Surtout qu'aujourd'hui
de moins en moins… c'est de plus en plus rare que les gestionnaires, les
dirigeants soient des ingénieurs. Donc, pour être à même d'évaluer, être à même
de quantifier, être capable de donner un jugement sur un pair alors qu'on ne
connaît pas pantoute le domaine, je vous dirais que, même s'il va avoir fait la
meilleure entrevue du monde, puis vous ne connaissez pas les inspections de
ponts, puis vous engagez un inspecteur de ponts, la personne peut complètement
vous remplir, entre guillemets. Excusez-moi l'expression.
Mme LeBel : Non, non, je
vous suis. Je vous suis. Mais, dans le fond...
M. Martin (Marc-André) :
Donc... et c'est pour ça...
Mme LeBel : Excusez-moi,
M. Martin. Mais, dans le fond, c'est ça que je comprends, mais ce que je
veux essayer de comprendre avec vous, c'est que moi, j'ai l'impression,
peut-être à tort, là, que le processus de sélection va nous permettre,
justement, d'aller au-delà <des…
M. Martin (Marc-André) :
...la personne peut complètement vous remplir, entre guillemets. Excusez-moi
l'expression.
Mme LeBel : Non, non,
je vous suis. Je vous suis. Mais, dans le fond...
M. Martin (Marc-André) :
Donc... et c'est pour ça.
Mme LeBel :
Excusez-moi, M. Martin. Mais, dans le fond, c'est ça que je comprends,
mais ce que je veux essayer de comprendre avec vous, c'est que, moi, j'ai
l'impression, peut-être à tort, là, que le processus de sélection va nous
permettre, justement, d'aller au-delà >des qualifications génériques de
base d'une catégorie d'emplois donnée pour un fonctionnaire, là, donc, et qui
va nous permettre, par le processus de sélection, de pouvoir avoir, justement,
dans l'affichage donné... parce que, si on cherche un ingénieur pour inspecter
les ponts ou si on cherche un ingénieur pour faire... bon, peu importe, là,
vous comprenez ce que je veux dire, va nous permettre, dans le processus de
sélection, d'aller chercher des exigences minimales en qualifications, une
expertise puis souvent, peut-être, en expérience, même. Parce que, des fois, on
peut dire : Bien, il me manque un ingénieur d'expérience pour surveiller
des travaux, ou bien j'ai besoin de rajeunir ou d'assurer ma relève, j'ai
besoin d'aller chercher des gens avec moins d'expérience, etc. Donc, moi, mon
impression, c'est que le processus de sélection va nous permettre d'atteindre
ces objectifs-là. Mais est-ce que... puis... Mais je vois que vous dites qu'on
devrait, donc, proposer des exigences minimales prévues. Donc, vous pensez que
les exigences... devraient être prévues au projet de loi, aux directives ou au
règlement? Je veux bien qu'on se suive, là. Et quels types d'exigences
minimales vous pensez qu'on va y mettre, là? Parce que ça ne peut pas être
applicable à tout non plus, là.
M. Martin (Marc-André) :
Je vous dirais, là, que, peu importe le type d'ingénieur que vous avez besoin,
vous avez besoin d'un ingénieur qui travaille en géologie, on a besoin,
absolument, de faire une évaluation technique.
Présentement, là, le projet de loi, il
prévoit des types ou des modes d'évaluation. Ça serait important qu'il y ait au
moins un des... une des évaluations porte sur le côté spécifique et technique
du poste. Donc, si j'ai besoin d'un ingénieur en géologie, ça prendrait un
minimum... Si c'est une personne qui a juste des connaissances de base, ça nous
prend un examen de base en géologie pour savoir : Est-ce que j'engage
quelqu'un avec des compétences?
Je vous dirais... Je vous ferais un
exemple ou une... Chez Hydro-Québec, ils le font. Donc, c'est bon chez
Hydro-Québec. Puis je vous le dis, là, je parle... c'est un processus que vous
êtes en train d'essayer de mettre en place, ça ressemble beaucoup à ce qui se
fait là aussi, puis eux autres aussi, ils sous-traitent... bien, ils
sous-traitent, il y a une partie qui est indépendante, qui fait le premier tri
des C.V., donc. Puis je pense que, l'évaluation, c'est primordial pour être en
mesure, là...
Présentement, là, si je vous sortirais,
là, puis ce n'est pas anecdotique, l'ensemble des postes d'ingénieurs qui sont
affichés, là, depuis la semaine passée, il n'y en a pas un, poste, comment je
pourrais dire ça, qui spécifie si on a besoin d'un ingénieur en structure, ou
un ingénieur en géologie, ou un ingénieur en sécurité routière. On n'est même
pas en mesure de mettre une spécification, sinon on n'a pas personne qui applique.
Donc, c'est important, là, c'est vraiment très important. Ça va de la sécurité,
là.
Mme LeBel : Non, non, mais,
je suis curieuse, là, je suis vraiment curieuse, M. Martin. Ça dit quoi?
Ça dit «ingénieur», point? C'est ça?
M. Martin (Marc-André) :
Bien, regardez, j'en ai à côté de moi, puis, si vous me permettez, Mme la présidente,
je vais vous en lire. Il y a... Puis c'est même un poste chez vous, c'est sûr
que ça date un petit peu, mais c'est un poste chez vous, au Conseil du trésor,
pour les gens qui vont analyser les projets de 100 millions et plus, les
projets de 50 millions et plus au Québec, les ingénieurs qui doivent
analyser ça. On explique la mission, les attributions et le profil recherché.
Regardez, là, le profil recherché pour l'ingénieur qui va travailler sur les
plus gros projets d'infrastructure au Québec : «La personne recherchée
maîtrise les principes de gestion de projet, fait preuve de rigueur, de
jugement dans ses <analyses...
M. Martin (Marc-André) :
...les projets de 50 millions et plus au Québec, les ingénieurs qui
doivent analyser ça. On explique la mission, les attributions et le profil
recherché. Regardez, là, le profil recherché pour l'ingénieur qui va travailler
sur les plus gros projets d'infrastructure au Québec : «La personne
recherchée maîtrise les principes de gestion de projet, fait preuve de rigueur,
de jugement dans ses >analyses et se distingue par sa capacité à rédiger
des analyses de haute qualité.» Voilà le profil recherché.
Maîtriser des principes de gestion de
projet, je vais être honnête avec vous, là, même quelqu'un qui fait du design
d'intérieur maîtrise ces principes-là. On n'est pas même pas capable d'exiger
que la personne qui va travailler sur les projets de 100 millions et plus,
ça soit quelqu'un qui en ai fait au moins pendant 15 ans, qui ait... Tu
sais, on ne veut pas un géologue, là, on veut un ingénieur, tu sais, en travaux
publics, c'est qu'est-ce qu'on cherche.
C'est la même chose un peu partout. Je
veux dire, on n'est même pas capable de spécifier, à la direction générale des
structures du ministère des Transports, qu'on veut un ingénieur qui a des
connaissances de structures. «Des connaissances de structures seraient un
atout.» Ça a comme... Ça n'a plus de bon sens. Il faut vraiment faire quelque
chose maintenant, puis je pense qu'on est en train de le régler ensemble.
Mme LeBel : Merci,
M. Martin. C'était très éclairant. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Mme la ministre, il reste un peu plus de quatre minutes à votre groupe
parlementaire. L'un ou l'autre de vos collègues souhaiterait-il intervenir, sans
quoi je vais céder la parole au porte-parole de l'opposition officielle, le
député de La Pinière.
M. Barrette : Écoutez,
M. Martin, je vais le dire avec... prenez ça comme un compliment. Ça fait
bientôt sept ans, là, que je siège au gouvernement... au Parlement du Québec, c'est
la présentation la plus amusante que j'ai eue, mais très pertinente, par
exemple. Je dois vous dire que vous avez été, à mon sens, extrêmement
pertinent. J'apprends une chose, d'ailleurs. Vous venez de m'apprendre une
affaire. Alors, vous, les ingénieurs, je ne sais pas si c'est comme ça pour
tous les fonctionnaires, mais vous avez des tests psychométriques pour tout le
monde, mais pas de test compétences. Alors, j'ai bien aimé votre expression. Alors,
le test psychométrique, c'est pour voir si vous fittez dans le moule
fonctionnaire — je ne dis pas ça négativement, là, mais un observateur
externe peut le voir de cette façon-là — mais il n'y a pas de test de
compétences. C'est comme ça, là? Tout le monde a ça?
M. Martin (Marc-André) :
M. le député, oui, effectivement, là, c'est des tests généraux que le
biologiste va passer, le professionnel en actuariat. C'est à peu près... C'est
tous les mêmes tests généraux. C'est vraiment des tests pour voir est-ce que
vous fittez le profil fonction publique. Si — je vais donner un exemple — M. Polo,
il a un problème, est-ce qu'il va voir son gestionnaire, essaie de le régler
tout seul ou bougonne dans son bureau? Bien, on répond une des questions, puis
c'est pas mal le type de question qu'on a à répondre.
Anciennement, au début des années 90,
c'est sûr que j'étais très jeune, mais ce qu'on m'a expliqué, c'est qu'il y
avait des... ils avaient des examens techniques, ça existait, pour valider les
compétences, l'expérience, les connaissances des gens.
M. Barrette : Eh bien.
Juste pour... un point d'information, là, je n'ai pas bien saisi. L'organisme
qui vous a vus en prévision du projet de loi, juste savoir si j'ai bien
compris, là, l'organisme ou le... M. Hubert, là, qui vous a... c'est quoi,
là, que vous avez eu <comme...
M. Martin (Marc-André) :
...les compétences, l'expérience, les connaissances des gens.
M. Barrette : Eh bien.
Juste pour... un point d'information, là, je n'ai pas bien saisi. L'organisme
qui vous a vus en prévision du projet de loi, juste savoir si j'ai bien
compris, là, l'organisme ou le... M. Hubert, là, qui vous a... c'est quoi,
là, que vous avez eu >comme préconsultation?
M. Martin (Marc-André) :
M. Alexandre Hubert, qui est au Conseil du trésor, je ne peux pas nommer
son titre, là, il est quand même assez haut placé, là, il est peut-être deux catégories
en dessous de la présidente, Mme LeBel. Ils ont rencontré l'ensemble des
syndicats pour nous expliquer un peu qu'est-ce qui s'en venait avec le projet
de loi n° 60, ou des associations aussi, associations de cadres, etc. Et
ils ont fait un PowerPoint pour nous expliquer quelle était la réforme de la
Loi sur la fonction publique qu'ils souhaitaient mettre en place. Et ils
parlaient d'un procédé de présélection, puis etc.
M. Barrette : Donc, ça
vient de l'intérieur du Trésor, ça?
M. Martin (Marc-André) :
Oui.
M. Barrette : O.K. Je
vais vous avouer que j'étais, moi, personnellement, quand j'ai lu votre
mémoire, bien confortable avec ça, parce que c'est un peu... vous savez, dans
les organisations où la personne qui est en haut n'a pas nécessairement la
compétence pour faire ce genre d'entrevue là. Je me vois mal, moi, faire une
entrevue avec... pour un poste d'ingénieur, hein? Bon, je peux comprendre si on
m'explique, mais je ne pense pas que je puisse déceler les subtilités de la
compétence d'une personne ou d'une autre. Alors, si j'étais dans cette position-là
dans le privé, je ferais affaire avec un chasseur de têtes, par exemple, pour
aller chercher un profil très, très, très élevé pour une position de haut niveau.
Maintenant, je comprends très bien votre
principe de présélection. Est-ce que vous voyez ça... Est-ce que vous suggérez
que ce soit appliqué seulement dans certaines catégories d'emploi ou vous voyez
ça à plus large échelle?
M. Martin (Marc-André) :
Présentement, très certainement, on le voit pour l'ingénierie, très
certainement. On a autant d'ingénieurs que de types d'ingénieurs. Les gens
travaillent dans des domaines, c'est multiple... Je vous dirais, là, c'est
très, très complexe, l'ingénierie, là. On n'est plus comme dans les années 60,
où qu'il avait cinq, six grands pans d'ingénierie, là. Maintenant, il y en a
des dizaines, et des dizaines, et des dizaines. On se doit d'évaluer les gens
d'un niveau technique. C'est vraiment... Pour l'ingénierie, c'est essentiel.
Maintenant, pour le reste, je ne peux pas
me prononcer, là, je n'ai pas... la question.
M. Barrette : Mais vous
seriez d'avis que, pour les fonctions qui nécessitent des connaissances, je
vais les appeler techniques, là, par opposition à des connaissances courantes,
c'est fondamental d'avoir cette présélection-là.
M. Martin (Marc-André) :
C'est fondamental. On passe des examens à l'université, on passe des examens
pour être à l'Ordre des ingénieurs, on devrait nécessairement être évalués,
minimalement, sur les compétences, nos connaissances pour entrer dans la
fonction publique puis avoir le privilège d'y travailler.
M. Barrette : O.K.
Maintenant... parce que, quand vous dites ça, ça nous amène aussi sur un sujet
dont on a parlé précédemment. Je ne sais pas si vous avez eu la chance
d'écouter et d'entendre tous les groupes qui sont passés devant vous, mais les
groupes qui sont passés devant vous ont débattu, je dirais, négativement la
question de certaines équivalences. Alors, ça pourrait s'appliquer chez les
ingénieurs : Je fais mon cours, j'ai un emploi puis je vais le compléter,
ou une maîtrise, ou je ne sais pas quoi. Est-ce que, vous, il y a un enjeu là?
En <fait...
M. Barrette : …tous
les
groupes qui sont passés devant vous, mais les groupes qui sont passés devant
vous ont débattu, je dirais, négativement la question de certaines
équivalences. Alors, ça pourrait s'appliquer chez les ingénieurs : Je fais
mon cours, j'ai un emploi puis je vais le compléter, ou une maîtrise, ou je ne
sais pas quoi. Est-ce que, vous, il y a un enjeu là? En >fait, est-ce
que vous seriez favorables ou non à ce principe-là d'équivalence sur la base d'une
compétence à terminer, à acquérir, qui n'est pas complétée? Et, dans le même
ordre d'idées, un petit peu plus loin, est-ce que vous êtes confortables ou non
avec le prolongement de la période de probation? Il y a deux questions.
M. Martin (Marc-André) :
Pour la notion d'équivalence, ça touche plus les gens qui sont chez le syndicat
des professionnels et des… le Syndicat de la fonction publique. Chez nous, il n'y
a pas vraiment de notion d'équivalence de compétences. On ne peut pas
transformer des années de scolarité puis compenser par des années d'expérience
à cause de notre ordre professionnel. On ne peut pas prendre une personne qui
est professionnelle en sciences physiques puis la promouvoir à titre d'ingénieur
en faisant une équivalence, c'est impossible à faire. Ça fait que, pour nous,
ce n'est pas un enjeu, clairement, ce n'est pas un enjeu au niveau des
équivalences, là.
Pour ce qui est de la deuxième question…
M. Barrette : La
probation.
M. Martin (Marc-André) :
Oui, c'est ça. Bon, on n'en voit pas nécessairement une problématique pour
nous, là. Ça n'a pas une... Regardez, si on fait l'affaire, on fait l'affaire.
Des fois, ça peut être plus long évaluer. Je ne vois… Je n'ai pas d'enjeu
là-dessus.
M. Barrette : O.K.
Maintenant, l'enjeu de la compétence, ça, c'est clair. Là, l'enjeu de la compétence,
vous le traitez comment vous, là, là, cet enjeu-là? Puis je vais être plus
précis dans ma question, là : s'il n'y a pas une présélection, hein, ou
même s'il y en a une, vous affichez un poste, vous savez, les postes, souvent,
quand on arrive à l'expérience, ça va être marqué minimum cinq ans d'expérience,
minimum deux ans d'expérience, comment vous faites la… Parce que, vous savez,
là, je vais vous dire une chose que probablement… avec laquelle vous allez être
probablement d'accord, il y a des gens qui peuvent avoir huit ans d'expérience
puis être moyens, puis des gens qui en ont trois puis qui sont excellents. Vous
faites la distinction comment, dans la sélection, à ce moment-là?
• (16 h 20) •
M. Martin (Marc-André) :
Bon, l'enjeu de la compétence, on le voit directement dans les examens. Mais
là, présentement, ce qu'on voit et ce qui est de même depuis à peu près... près
d'une dizaine d'années, on n'est même plus à même, présentement, au
gouvernement, d'exiger trois ans ou cinq ans d'expérience dans le domaine. On n'est
même pas capable... dans aucun des appels de candidatures on ne voit ça
présentement, on n'est même pas capable d'exiger une spécialité. On engage des
gens qui devraient faire des études hydrauliques, on n'est même pas capable d'exiger
qu'ils aient déjà fait de l'hydraulique.
Donc, l'enjeu de la compétence, ça doit
être évalué par des examens. Puis, de toute façon, lorsque vous avez des
gestionnaires qui sont qualifiés et compétents, ils vont être en mesure de
faire des bons choix. Ça, je suis convaincu.
M. Barrette : Oui, mais,
moi, l'enjeu que je vois, c'est la présélection. Bon, remarquez que… Bien, en
fait, je vais vous poser une question qui va peut-être me permettre, moi, de me
faire une meilleure tête, là. Je ne sais pas si c'était Mme la ministre,
tantôt, qui nous <disait…
M. Martin (Marc-André) :
…en mesure de faire des bons choix. Ça, je suis convaincu.
M. Barrette : Oui,
mais, moi, l'enjeu que je vois, c'est la présélection. Bon, remarquez que…
Bien, en fait, je vais vous poser une question qui va peut-être me permettre,
moi, de me faire une meilleure tête, là. Je ne sais pas si c'était Mme la
ministre, tantôt, qui nous >disait... ou un des syndicats, je ne me
rappelle plus, mais il a été mentionné qu'il y avait, grosso modo, dans la
fonction publique, 500 000 demandes par année puis il en avait
25 000, 27 000, de postes octroyés. Vous, c'est quoi, le ratio de
demandes… pas de demandes, mais de propositions de gens qui appliquent… pardon,
d'applications par poste?
M. Martin (Marc-André) :
C'est une très… Ça, par exemple, je ne suis pas en mesure de vous le dire, mais
je sais qu'il y en a quand même un bon taux de roulement chez les ingénieurs,
là, je vous dirais, depuis 2012. Il s'est embauché plus de 1 000 ingénieurs
dans la fonction publique. Puis, «overall», moi, mon membership n'a pas tout à
fait monté de 200. Ça fait que ça vous donne à peu près un ordre d'idée de
combien de personnes rentrent puis combien de personnes partent, mais je ne
peux pas vous dire.
M. Barrette : Non, mais
ça nous donne… C'est impressionnant, d'ailleurs, 1 000, puis 200 qui
restent. Vous êtes combien dans votre syndicat?
M. Martin (Marc-André) :
On est 1 600 et des poussières, 1 650.
M. Barrette : Ça veut...
Ça, c'est un méchant «turnover», là. Ça veut dire que 80 % du monde a
changé, là.
M. Martin (Marc-André) :
Bien, je vous dirais que, la plupart du temps…
M. Barrette : Mais
peut-être pas changé, mais… En tout cas, il y en a un méchant paquet, de
personnes qui sont venues, qui sont parties. Elles sont parties pourquoi?
Est-ce que vous sondez ça?
M. Martin (Marc-André) :
Mais, c'est clairement un enjeu de conditions salariales et aussi un enjeu de
mandats intéressants. On sous-traite la majorité des mandats intéressants. Les gens,
là, je vous dirais, pour être un ingénieur moi-même, ce qu'on discute à Noël,
ce n'est pas de nos salaires, c'est des mandats. Est-ce qu'on a fait des
mandats intéressants? Puis la réponse, présentement, c'est plate, c'est triste,
mais c'est souvent des mandats qui n'ont pas été pris par le privé, puis les
conditions de salaire n'aident certainement pas non plus.
M. Barrette : Je ne sais
pas si ça va vous réconforter, mais ce sont des mots qui ont été prononcés
exactement de la même manière, même par M. Daigle, là, dont le membership…
donc, il était plus de base, là. Ce n'est pas péjoratif, ce que je dis là, là.
Partout, c'est ça, là. Je suis un peu étonné, mais pas étonné en même temps. Ça
fait que comment on fait? Comment on change ça, par curiosité? Pourquoi c'est
comme ça?
M. Martin (Marc-André) :
Bon, bien, prenons peut-être un pas de recul. Moi, je vous dirais que je vois
ça quand même présentement positivement. Nous, on entend notre ministre des
Transports, où est-ce que la majorité des membres sont, nous dire qu'il faut
réouvrir les conditions de travail, il faut réouvrir le processus de
recrutement. Nous, de notre côté, on a un rapport fait par un juge de la Cour
d'appel à la retraite qui a évalué puis étudié la situation en matière d'expertise
au gouvernement. Il a fait l'étude la plus exhaustive jamais faite présentement
en matière d'expertise puis qui nous donne… qui fait des constats assez
alarmants. Le Conseil du trésor a ce rapport-là confidentiel chez eux, puis, en
plus de ça, je vous dirais, les astres sont alignés, parce qu'on a Mme la présidente
du Conseil du trésor qui a siégé sur la commission <Charbonneau…
M. Martin (Marc-André) :
…il a fait
l'étude la plus exhaustive jamais faite présentement en
matière d'expertise puis qui nous donne… qui fait des constats assez alarmants.
Le Conseil du trésor a ce rapport-là confidentiel chez eux, puis, en plus de
ça, je vous dirais les astres sont alignés parce qu'on a Mme la Présidente du
Conseil du trésor qui a siégé sur la commission >Charbonneau, qui est au
courant de tout ce qu'il s'est passé, les enjeux. Donc, avec tout ça ensemble,
je ne peux pas croire qu'on n'y arrivera pas, à renforcer l'expertise, puis je
vous dirais que c'est clairement un enjeu politique.
Maintenant, ce n'est plus un enjeu de
simples négociations des conditions de travail avec le Conseil du trésor. Si c'est
ça, on n'y arrivera jamais. Maintenant, c'est vraiment un enjeu de volonté
politique. Tous les astres sont alignés pour… toutes les personnes qui doivent
comprendre sont exactement où ce qu'elles devraient être, et on a les
meilleures personnes en place pour y arriver.
M. Barrette : Sauf que,
quand je vous écoute, l'un est indissociable de l'autre. Il y a la condition de
travail, la rémunération, et l'intérêt professionnel par les projets. Ce n'est
pas l'un ou l'autre, c'est l'un et l'autre. C'est indissociable.
M. Martin (Marc-André) :
Vous avez tout à fait raison. Regardez, même si on avait les meilleures
conditions de travail au monde, si on n'a pas des projets intéressants, on ne
gardera pas nos gens. C'est important d'avoir des projets motivants. C'est ce
qui motive les ingénieurs, la technique, les mathématiques…
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci.
M. Barrette : Merci
beaucoup, M. Martin. C'était très éclairant.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Merci, M. Martin. Effectivement, c'est éclairant. Je
partais… C'est un peu épeurant aussi, là. Je vous remercie de votre franchise,
votre candeur. Ça aide quand même à mettre des vrais faits sur ce qui sont
parfois des anecdotes, mais là c'est assez frappant, là, c'est frappant.
Souvent, tu sais, quand on étudie un
projet de loi, on va nous dire, en cours d'étude : Non, vous n'êtes pas à
la bonne place, on ne parle pas de ça icitte. Bon, c'est clair que, dans 60, on
ne parle pas de rémunération. Puis, en plus, il y a tout l'aspect de la
négociation en ce moment, là, ça fait qu'on ne parlera pas de ça.
Cela dit, vous avez fait deux
recommandations. Elles sont au nombre de deux. Elles sont faciles, elles sont
faciles à comprendre. Croyez-vous qu'on peut les rentrer dans le projet de loi,
que ça aurait au moins un effet, du moins, ce que vous venez de décrier, de
décrire, là, chez ingénieurs, et qu'on peut le rentrer dans projet de loi, qu'on
ne devrait pas se faire dire : Non, non, tu n'es pas à la bonne place, tu
es à côté de tes pompes?
M. Martin (Marc-André) :
M. le député, moi, j'y crois pertinemment. C'est pour ça qu'on ne s'est pas
étirés et attardés à faire plein, plein de recommandations. On a pris les deux
qui, à notre sens, étaient les principales, celles qui devaient être poussées
de l'avant, et les plus réalisables, puis assez facilement. Dans notre mémoire,
on a indiqué à quel article dans la loi nous voyons ou nous verrions où elles
pourraient être intégrées. On n'en fera pas mention tout de suite, là, mais je
vous dirais que, oui, moi, j'y crois fermement. C'est assez simple. C'est déjà
des choses qui étaient de l'avant à l'époque, avant que le Conseil du trésor
centralise le recrutement au Conseil du trésor, en fait, le Secrétariat du
Conseil du trésor. À l'époque des années 90, c'étaient déjà les ministères
et organismes, et ils évaluaient les <compétences…
M. Martin (Marc-André) :
…intégrées.
On n'en fera pas mention tout de suite, là, mais je vous
dirais que oui, moi, j'y crois fermement. C'est assez simple. C'est déjà des
choses qui étaient de l'avant à l'époque, avant que le Conseil du trésor
centralise le recrutement au Conseil du trésor, en fait, le Secrétariat du
Conseil du trésor. À l'époque des années 90, c'était déjà les ministères
et organismes, et ils évaluaient les >compétences via des évaluations
techniques, du moins pour l'ingénierie.
Donc, c'étaient déjà des choses qui ont
déjà été faites. Je ne peux pas croire qu'on ne peut pas, comme, regarder
qu'est-ce qui a déjà été fait et le réappliquer à nouveau. Et les histoires de
favoritisme, les histoires… pour éviter tout ça, c'est assez simple, c'est… Et
on n'a comme pas le choix d'aller dans cette direction-là.
M. Marissal : Eh bien, de
toute façon, ça semble tomber sous le sens, effectivement. Mais les gens avant
vous, les trois groupes avant vous ont beaucoup parlé d'une ouverture au
favoritisme possible, avec ce qu'on voit dans le projet de loi n° 60.
J'aimerais ça vous entendre brièvement là-dessus, parce que je n'ai presque
plus de temps.
M. Martin (Marc-André) :
Bien, clairement, c'est sûr qu'on ne peut pas laisser entre les mains d'un seul
dirigeant d'organisme l'ensemble des décisions. C'est assez simple de pouvoir…
d'être capable de rentrer des amis de la famille, là. Pour ceux qui ont lu LeJournal de Québec à matin, on ne veut plus en voir, des affaires de
même, hein? Le CIUSSS de la Gaspésie, etc. Donc, on veut quelque chose qui est
exempt, qui est indépendant. On souhaite avoir une séparation claire entre une
espèce de présélection et le reste du processus. C'est facile, après ça, de…
Tous les Québécois et Québécoises devraient avoir, je dirais, la même chance de
pouvoir rentrer dans la fonction publique. Il ne devrait pas y avoir un
avantage indu du fait qu'on connaît un dirigeant, du fait que le mari d'un tel
joue au hockey avec un des gestionnaires à tel endroit. Ça devrait être… Il
devrait y avoir, nécessairement, une ceinture puis des bretelles à quelque part
dans le processus pour empêcher que ça arrive.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Marissal : Merci.
Merci, M. Martin.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui.
Alors, merci. Écoutez, moi, ce que j'entends, là, j'ai l'impression que ça fait
tellement longtemps qu'on l'entend. Vous parlez de séparation claire, de lutte
contre la corruption. Pourquoi on ne transforme pas le ministère des Transports
en agence autonome?
M. Martin (Marc-André) :
C'est une très bonne question que je n'avais pas vue venir. C'est sûr que…
M. Gaudreault : Pourtant,
vous savez comment je suis un tenant de cela.
M. Martin (Marc-André) :
C'est une question qui mérite d'être étudiée, là. Présentement, je vous dirais
que les… sans vouloir rentrer dans, comme, qu'est-ce qu'il se passe
présentement dans le ministère des Transports, les commandes politiques, c'est
encore présent. On est encore sous l'influence de. Et le meilleur moyen d'y
arriver, c'est de tasser tranquillement les ingénieurs. Pourquoi? Le rôle des
ingénieurs, dans les 10 dernières années, il s'est vu dévaluer et tasser,
puis je vais vous donner le meilleur exemple. Au ministère des Transports, on
n'appelle même plus un chargé d'activité un chargé… un chargé de projet un
chargé de projet, on l'appelle le chargé d'activité. Voulez-vous bien me dire
c'est quoi, ça? On organise-tu le ballon chasseur?
Non, non, un chargé de projet, c'est un
chargé de projet. Un ingénieur, ça devrait être dans le haut de la pyramide et
voir…
• (16 h 30) •
M. Gaudreault : Arrêtez,
arrêtez, arrêtez, j'en entends trop. Je ne peux pas croire qu'on entend ça <encore...
M. Barrette :
Continuez.
M. Gaudreault : ...après
la…
>
16 h 30 (version révisée)
< M. Martin (Marc-André)T :
...chargé de projet, on l'appelle le chargé d'activité. Voulez-vous bien me
dire c'est quoi, ça? On organise-tu le ballon chasseur?
Non, non, un chargé de projet, c'est un
chargé de projet. Un ingénieur, ça devrait être dans le haut de la pyramide
et...
M. Gaudreault :
Arrêtez, arrêtez, arrêtez, j'en entends trop. Je ne peux pas croire qu'on
entend ça >encore...
M. Barrette : Continuez.
M. Gaudreault : ...après
la commission Charbonneau, après tout ce qu'on sait. Moi, je pense que de
casser le moule, changer la culture organisationnelle, c'est de créer une
agence des transports indépendante qui va avoir l'autonomie pour recruter, pour
payer ses ingénieurs, pour faire en sorte que les ingénieurs aient le goût de
travailler parce qu'ils vont être sur les chantiers, ils vont contrôler puis
ils vont surveiller les chantiers. Alors, moi, je pense que la meilleure chose
à faire, qu'on peut faire pour la fonction publique, c'est de donner cette
autonomie. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Martin (Marc-André) :
Je vous dirais qu'au niveau de l'autonomie professionnelle c'est parfait. C'est
ça que les gens souhaitent avoir.
Là, présentement, on est pris dans une
espèce de moule, dans un carcan. Puis je ne veux pas trop me prononcer sur
l'agence des transports, mais nécessairement avoir une espèce d'agence
d'ingénierie, d'avoir un volet strictement ingénierie où est-ce que c'est
exempt de pressions politiques, exempt de commandes politiques...
Tu sais, vous savez, c'est plus facile, passer
des commandes politiques chez des gens qui ont moins d'expertise. Ils ne vont
pas vous dire non, ils vont rentrer dans le moule. Tu sais, c'est plus facile
de faire passer des choses quand les gens connaissent un petit peu moins ça
puis qu'on garde un niveau d'expertise assez moyen pour être capable de couler
nos affaires.
Donc, c'est important, l'expertise. C'est
important de voir les coups arriver puis c'est important d'être capable de dire
non. C'est ça, l'autonomie professionnelle.
M. Gaudreault : Oui. Puis
ce n'est pas au politique de choisir où on va faire une route plutôt qu'une
autre selon les priorités routières et les priorités de sécurité publique de la
population. Alors, moi, j'abonde dans votre sens et j'aurai... et je vous
invite à examiner en profondeur les capacités ou la possibilité d'une agence
des transports.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, MM. Martin et Guyaz, merci beaucoup pour la contribution
que vous avez faite à cette commission aujourd'hui.
Sur ce, j'ajourne nos travaux, hein, nous
avons complété nos auditions pour aujourd'hui, et j'ajourne nos travaux
jusqu'au mardi 16 février à 9 h 30. Au grand plaisir de vous y
revoir.
(Fin de la séance à 16 h 32)