Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mardi 9 novembre 2021
-
Vol. 46 N° 1
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 3, Loi modifiant diverses dispositions législatives principalement dans le secteur financier
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante-et-une minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. En quelque sorte, c'est
un moment tout à fait particulier, puisqu'il s'agit de la première séance de la
Commission des finances publiques depuis l'ouverture de la deuxième session. Et
nous étions, en quelque sorte, à l'arrêt quasiment forcé depuis le mois de
juin. Mais vous savez que nous allons reprendre nos travaux de plus belle, on
va rattraper le temps perdu, si tant est qu'il ait été perdu, parce que nous
aurons étude, dans les semaines qui viennent, comme on a de la suite dans les
idées, l'étude du projet de loi n° 3, 4, 5 et
probablement 6. Donc, beaucoup de pain sur la planche.
Et comme il faut bien commencer quelque
part, nous reprenons nos travaux par la consultation particulière et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 3, Loi modifiant
diverses dispositions législatives principalement dans le secteur financier.
Mme la secrétaire, bonjour.
La Secrétaire
:
Bonjour.
Le Président (M.
Simard) : Y aurait-il des remplacements ce matin ?
La Secrétaire
:
Oui, M. le Président. Alors, M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme Rizqy
(Saint-Laurent) et M. Leitão (Robert-Baldwin) est remplacé par Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Président (M.
Simard) : Alors, bienvenue à nos nouveaux collègues. Ce matin, nous
débuterons, bien sûr, par des remarques préliminaires, d'abord, du ministre, puis
de l'opposition. Je vous informe que nous allons recevoir, cet avant-midi,
trois groupes : l'Association des courtiers hypothécaires du Québec, l'Office
de la protection du consommateur et, enfin… les Professionnels hypothécaires du
Canada. Ça m'apprendra à ne pas amener mes lunettes.
M. le ministre, à vous la
parole. Vous disposez de six minutes pour nos remarques préliminaires.
M. Girard (Groulx) :
Pourriez-vous juste me répéter le nom des trois groupes? Parce que j'ai égaré
cette feuille.
Le Président (M. Simard) : Il
n'y a pas de quoi. Je vous transmettrai la liste, mais c'est l'Association
des courtiers hypothécaires du Québec qui ouvre le bal avec son président, M.
Poirier, qui est avec nous, suivie de l'Office de la protection du consommateur
et des Professionnels hypothécaires du Canada.
M. Girard (Groulx) :
Parfait. O.K. Bien. Merci.
Le Président (M.
Simard) : Il n'y a pas de quoi.
M. Girard (Groulx) :
Alors, d'abord, bonjour à tous. Merci d'être là. Et la Commission des finances
publiques est renommée pour son efficacité, et ça adonne bien, parce que nous
avons beaucoup de travail, M. le Président. Vous avez nommé... vous avez pris
le temps de nommer des projets de loi. On va y aller une étape à la fois.
Aujourd'hui, les consultations particulières du projet de loi n° 3. Viendra
l'étude détaillée et viendra un omnibus fiscal, un omnibus budgétaire, tout
l'enjeu... les enjeux reliés aux sociétés, la gouvernance des sociétés d'État,
donc beaucoup de travail…
M. Girard (Groulx) :
...aujourd'hui, les consultations particulières du projet de loi n° 3.
Viendra l'étude détaillée et viendra un omnibus fiscal, un omnibus budgétaire,
tout l'enjeu... les enjeux reliés aux sociétés, la gouvernance des sociétés
d'État, donc beaucoup de travail.
Peut-être la meilleure façon... Puis je
remercie, je souligne la présence de l'opposition officielle. Dans le secteur
financier, on a une tradition de bien... dans l'ensemble de la Commission des
finances publiques... Mais il faut bien le dire qu'un omnibus financier, ce n'est
pas le projet de loi qui est le plus controversé. Alors, je veux rappeler à
tous les lois sur lesquelles le ministre des Finances a la responsabilité qui
concerne l'encadrement du secteur financier. Et ce qu'on fait dans le projet de
loi n° 3, c'est qu'on apporte des modifications, des améliorations à ces
lois, sans faire de changement structurel. Alors, c'est une saine gouvernance
que d'améliorer nos lois. Mais il n'y a pas en soi, dans le projet de loi
n° 3, de grande réforme, M. le Président. Et on sait qu'il y a eu des
grandes réformes, dans le passé, avec le projet de loi n° 41.
Alors, je rappelle que le ministre des
Finances est responsable de la Loi sur les agents d'évaluation du crédit, la
Loi sur les assureurs, la Loi sur les coopératives de services financiers, la
Loi sur le courtage immobilier, la Loi sur la distribution de produits et
services financiers, la Loi sur l'encadrement du secteur financier, la Loi sur
les institutions de dépôts et la protection des dépôts, la Loi sur les sociétés
de fiducie et les sociétés d'épargne, la Loi sur les valeurs mobilières. Alors,
l'ensemble de ces lois ont besoin d'être modernisées.
Alors, le ministère des Finances et mon
cabinet m'ont préparé un discours enflammé, que je m'en voudrais de ne pas vous
partager, pour nous lancer. Alors, le projet de loi n° 3 vise à apporter
certains ajustements à l'encadrement du secteur financier. Je souligne
toutefois, dès le départ, qu'il ne vise pas à apporter des réformes majeures
comme il est parfois nécessaire de le faire et comme il a été fait dans le projet
de loi n° 141. Cela ne veut pas dire que le projet de loi lui-même n'est
pas majeur ou important. En effet, les ajustements qu'il apporte ici et là sont
nécessaires pour s'assurer que cet encadrement demeure aussi efficace que
possible, et, dans le fond, on modernise nos lois.
Et ces ajustements ont parfois été mis en
lumière par des acteurs du milieu qui ont pu vivre les dispositions dans la
pratique et qui auraient décelé des imperfections. Ce sera le cas, par exemple,
lorsqu'on proposera des ajustements au régime de renflouement interne
applicable au Mouvement Desjardins ou encore lors de la reformulation des
exigences applicables aux cabinets en assurance de dommage lorsqu'il est
question pour eux de divulguer leurs liens d'affaires. Plusieurs des mesures
auxquelles je pense ici découlent de...
M. Girard (Groulx) : …lorsqu'on
proposera des ajustements au régime de renflouement interne applicable au
Mouvement Desjardins ou encore lors de la reformulation des exigences
applicables au cabinet en assurance de dommages lorsqu'il est question, pour
eux, de divulguer leurs liens d'affaires. Plusieurs des mesures auxquelles je
pense ici découlent de l'adoption du projet de loi n° 141 il y a quelques
années. Dans d'autres cas, l'utilité des ajustements s'est révélée par l'évolution
des pratiques courantes, c'est le cas, par exemple, lorsqu'on propose de
permettre aux employeurs de fournir eux-mêmes à leurs employés une couverture d'assurance
automobile lorsque ceux-ci font de la livraison en utilisant leur propre
véhicule.
C'est également le cas lorsqu'on permet au
tribunal... lorsqu'on permettra au tribunal des marchés financiers, lorsqu'on
permet de tenir des audiences autrement qu'en personne, parfois, l'idée n'est
pas d'être en réaction à des changements qui ont lieu, mais plutôt de créer, en
amont, la marge de manoeuvre nécessaire pour que les changements à venir ne
soient pas bloqués par des dispositions législatives qui ne fourniraient pas
une flexibilité adéquate. C'est le cas, par exemple, lorsqu'il est question
de modifier les dispositions relatives au fichier central des sinistres
automobiles afin qu'une fois que les acteurs concernés auront établi les
modalités adéquates, les cabinets en assurance puissent, eux aussi, y avoir
accès directement comme c'est le cas pour les assureurs. Évidemment, il y a toujours
d'autres ajustements qui auraient pu être proposés. Je n'ai nul doute que les
gens que nous entendrons, lors de ces consultations, auraient beaucoup de
suggestions à apporter à cet égard.
J'invite toutefois les personnes que nous
allons entendre ainsi que mes collègues parlementaires à faire porter l'essentiel
des échanges que nous aurons sur les mesures qui sont proposées afin de faire
en sorte que celles qui seront adoptées le soient dans la meilleure version
possible. J'invite, par ailleurs, toutes les personnes qui auraient d'autres propositions
à ne pas hésiter à contacter mon ministère, si ce n'est pas déjà fait, afin que
nous puissions déjà, en parallèle, travailler à préparer un prochain projet de
loi visant le secteur financier et ainsi s'assurer que nous aurons, à nouveau,
le plaisir de se revoir et de travailler ensemble. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle et députée de Saint-Laurent. Chère
collègue, vous disposez de quatre minutes… votre groupe parlementaire dispose
de quatre minutes.
• (10 heures) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Très contente d'être avec vous aujourd'hui. Bonjour, M. le
ministre. Bonjour à ma collègue de Vaudreuil. Nous partagerons évidemment le
temps pour nos remarques préliminaires. D'entrée de jeu, je veux dire que nous
sommes vraiment contentes d'être avec vous aujourd'hui, parce que les Québécois
vivent, en ce moment, une situation inédite où plusieurs d'entre eux n'arrivent
pas à se loger ni à trouver un logement puis, encore moins, à accéder à une
propriété. Il y a quelque temps, M. le ministre, nous étions ensemble dans un
autre projet de loi n° 3, c'était en février 2019, pour être plus précise,
le 27 février 2019, où je vous avais même proposé, et je peux même le lire,
qu'«on ne donne pas une baisse de taxe foncière scolaire aux étrangers, qu'on
va même de l'avant avec une taxe sur les étrangers de 15 %, comme ça l'est
déjà en Colombie-Britannique et en Ontario». C'était notre proposition du Parti
libéral de l'époque, et vous m'avez dit…
10 h (version non révisée)
Mme Rizqy : …je vous avais même
proposé, et je peux même le lire, qu'on ne donne pas une baisse de taxe
foncière scolaire aux étrangers et qu'on va même de l'avant avec une taxe sur
les étrangers de 15 %, comme ce l'est déjà en Colombie-Britannique et en Ontario.
C'était notre proposition du Parti libéral de l'époque, et vous m'avez dit que
vous allez peut-être réfléchir. Alors, j'espère que cette idée qui date quand
même de février 2019, qui vous a été proposée formellement, a cheminé depuis.
Parce que, sinon, je peux vous assurer
que, présentement, ça devient très difficile. Il n'est pas rare que plusieurs
familles québécoises, le samedi, vont visiter des maisons pour faire une offre,
mais ils sont 10, 15 ou 20 personnes à faire la même offre. Et ils doivent
accepter de faire une offre qui est, honnêtement, très dangereuse pour eux
parce qu'ils doivent concéder l'inspection et acheter sans aucune garantie
légale. Et, pire que ça, on leur demande même de trouver un prêt hypothécaire à
l'intérieur de 24 heures à 48 heures. Pour avoir moi-même travaillé, quand
j'étais étudiante, à la Banque de Montréal, c'est excessivement difficile pour
un prêteur hypothécaire de faire un financement en 24 heures, là. Ça ne se fait
pas.
Alors, j'espère qu'on sera capables de
légiférer pour protéger ces familles québécoises qui… leur seul rêve, là, c'est
vraiment d'avoir une maison. Mais il ne faut pas que ça soit à n'importe prix
puis il ne faut pas que ça soit n'importe comment. Il ne faut pas qu'ils achètent
une maison puis que leur rêve devient un cauchemar avec finalement beaucoup de
vices, qui auraient pu être décelés via une inspection, qui leur permettra
justement, là, de pouvoir dormir correctement, sans inquiétude de savoir qu'ils
ont été protégés par leur gouvernement. Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Je vais céder la parole à ma collègue.
Le Président (M. Simard) :
Oui, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour aux collègues et bonjour à ma
collègue de Saint-Laurent. Oui, en effet, là, j'ai noté, M. le ministre, que
c'est un projet de loi omnibus. Donc, évidemment, là, on traite de plusieurs
sujets. Et j'ai aussi noté qu'on voulait amener des améliorations aux lois sans
changement structurel.
Cependant, il y a des choses qui sont
vraiment importantes puis qui sont portées à notre attention. Ma collègue en
parlait, on est présentement… on vit, dans l'ensemble du Québec, là, une crise
du logement, bien que le gouvernement de la CAQ ne le reconnaît pas, là, il y a
vraiment une crise du logement. On l'a entendu dans les élections municipales,
là, tout le monde réclame des changements, des investissements, d'ailleurs.
J'imagine que ça viendra. Mais il y a aussi la surchauffe immobilière.Moi, en
tant que porte-parole de l'opposition officielle aux affaires municipales et à
l'habitation, je ne vous cacherai pas que j'ai des préoccupations relativement
à l'assurance de copropriété. À la vitesse dont se font les transactions
immobilières, à l'effet qu'il n'y a aucune inspection préachat qui soit demandée,
même la situation des notaires, là, j'ai… ça a été porté à notre attention, là,
mais la situation des notaires, là, qui sont débordés, puis qui sont sollicités
pour mettre leurs dossiers sur le dessus de la pile, puis que même eux doivent
soit refuser des dossiers ou le faire super rapidement.
Donc, toutes ces situations-là, je pense
que c'est possible de le corriger sans aller peut-être dans la structure. Mais
je pense qu'il y a des modifications importantes qu'on…
Mme Nichols : …qui sont
débordés, puis qui sont sollicités pour mettre leurs dossiers sur le dessus de
la pile, puis que même eux doivent soit refuser des dossiers ou le faire super
rapidement. Donc, toutes ces situations-là, je pense que c'est possible de le
corriger sans aller peut-être dans la structure. Mais je pense qu'il y a des
modifications importantes qu'on doit apporter dans ce projet de loi là
justement parce que notre objectif ici, en tant que législateurs, c'est
définitivement de protéger nos citoyens.
Alors, je ne prends pas plus de temps,
M. le Président. Mais je souligne notre intérêt d'être assis ici et
d'entendre nos invités dans le but ultime de protéger nos citoyens.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, nous en sommes donc rendus à l'étape des auditions. À ce
stade-ci, avant de débuter, je vous informe que les représentants de Québec
solidaire et du Parti québécois n'étant pas là ce matin, il y a un temps, donc,
libéré qui peut se répartir entre les différentes formations politiques présentes.
Et avant de débuter nos travaux, j'ai cru comprendre qu'il y avait un consensus
informel à l'effet de partager à moitié, donc, ce temps maintenant disponible.
Je comprends qu'il y a consentement?
Des voix : …
Le Président (M. Simard) :
Il y a consentement. Très bien. Alors, M. Poirier, merci d'être parmi
nous.
M. Poirier (Sylvain) :
Merci de l'invitation.
Le Président (M. Simard) :
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter complètement? Vous savez,
vous disposez de 10 minutes pour votre intervention.
M. Poirier (Sylvain) :
Tout à fait. Donc, merci de l'invitation, M. le Président. M. le
ministre, Mmes les députées, MM. les députés, merci de l'invitation de pouvoir
exposer notre point de vue au sujet de la loi n° 3. Mon nom est Sylvain
Poirier, je suis président de l'Association des courtiers hypothécaires du
Québec. Nous représentons environ 1 500 courtiers hypothécaires à
travers la province. Notre association a pour mission d'être la voix des
courtiers hypothécaires au Québec. On fait la promotion, évidemment, des bonnes
pratiques professionnelles et nos valeurs vont évidemment, dans un premier
temps, à la protection du public.
Comme expliqué par la députée de Saint-Laurent,
il n'y a pas de secret présentement, on vit un boom immobilier qui est
important. Il y a eu des progressions de ventes qui ont été rapides, des
hausses de prix qui ont été rapides, des promesses d'achat multiples, des 20,
22, 25 promesses d'achat.
Nous, on est les praticiens, on voit le
terrain puis on voit la réaction avec le public directement. Donc, par
conséquent, on est dans un marché de vendeurs. Et ce que ça a amené, dès le
mois de janvier 2021… j'ai fait des représentations auprès de l'OACQ au sujet
de certaines pratiques des courtiers immobiliers qui demandaient à leurs
clients soit de refuser une inspection en bâtiment pour accélérer le processus,
soit de refuser la garantie légale de qualité. Et, s'il y a des juristes dans
la salle, la garantie légale de qualité qu'on ajoute aux risques et périls de
l'acheteur est très lourde de conséquences. Donc, on ne s'étendra pas sur le
sujet, mais aux risques et périls de l'acheteur, c'est-à-dire même si le
propriétaire a connaissance d'un vice caché ou d'un vice apparent, il n'y a
aucun recours.
Donc, l'OACQ par contre a réagi rapidement et dans
son communiqué hebdomadaire, a émis… a fait part de nos revendications puis de
l'intervention, aussi, qu'ils… que certains courtiers immobiliers doivent
faire, c'est-à-dire d'octroyer des délais plus…
M. Poirier (Sylvain) :
…ou
d'un vice apparent, il n'a aucun recours.
Donc, l'OACIQ par contre a réagi
rapidement et, dans son communiqué hebdomadaire, a émis… a fait part de nos
revendications puis de l'intervention aussi que certains courtiers immobiliers
doivent faire, c'est-à-dire d'octroyer des délais plus raisonnables pour
l'obtention d'un prêt hypothécaire et l'obtention d'une inspection en bâtiment,
et on n'a pas parlé de garantie légale à ce moment-là. Ce communiqué-là a eu
peu ou pas d'effet du tout, là.
Donc, les conséquences sont importantes
pour un acheteur de renoncer à un achat… une inspection préachat. Refuser une
garantie légale aussi a des conséquences lourdes parce que les conséquences
futures au niveau économique sont importantes si on ne sait pas à quoi
s'attendre s'il y a des bris ou des défauts cachés. Nonobstant ça, on a aussi
les prêteurs dans tout ça. Moi, je suis prêteur hypothécaire, je suis
assureur-prêt, SCHL, Genworth. Moi, un courtier immobilier vient d'altérer ma
garantie, là. S'il y a des gens qui sont ici au niveau… qui ont travaillé dans
le niveau du risque, le risque fonctionne avec le pricing. C'est-à-dire, moi,
vous dites que vous me… J'achète une propriété comme client, là, d'une
institution financière. Je refuse une inspection en bâtiment. Je refuse la
garantie légale.
Donc, moi, comme prêteur, mon risque vient
d'augmenter. Et mon risque, moi, il est en fonction du prix que je vends mes
services à mes clients. Dans une banque, le prix, ça s'appelle le taux d'intérêt.
Donc, à la finalité de tout ça, c'est le client qui va payer plus cher parce
que la banque n'assumera pas le risque que sa garantie est altérée, pas plus
que la SCHL ou les assureurs de prêts privés non plus vont assumer le risque
que leur garantie est altérée. Parce qu'une propriété qui peut comporter des
vices cachés ou des vices apparents n'a pas la même valeur qu'une propriété qui
n'en a pas.
Donc, la finalité de tout ça, les primes
d'assurance SCHL vont augmenter, et les taux d'intérêt pour les consommateurs
vont augmenter en bout de ligne. De par surcroît, on est dans un marché de
revente qui est énorme, avec un boom qu'il y a très peu d'offres sur le marché.
Donc, en plus de refuser les garanties légales, on va payer un prix qui est
supérieur au prix du marché. Puis on demande dans cette promesse d'achat là,
dans ce court laps de temps, de fournir… J'ai vu en 24 heures des
acceptations de prêts hypothécaires, en cinq jours… ce qui était cinq, sept
jours, qu'on a vu de façon régulière. On doit comprendre que la SCHL a un très
grand échantillonnage de la valeur des propriétés au Canada. C'est la plus
grande base de données de valeurs de propriétés au Canada. Par contre, son
échantillonnage à la SCHL, il vient d'être altéré par les valeurs qui ont
augmenté de façon, là, considérable.
Donc, les assureurs et les prêteurs…
doivent aller en évaluation physique. Habituellement, quand qu'un consommateur
fait affaire avec la SCHL, quand qu'il n'a pas 20 % de mise de fonds, il
est possible qu'il n'y ait pas d'évaluation physique qui soit faite parce
qu'étant donné la qualité de l'échantillonnage de la valeur des propriétés de
la SCHL au Canada, seulement par le code postal, la SCHL peut déterminer si la
valeur… le prix payé est raisonnable par rapport à la valeur du marché actuel.
Mais présentement cet échantillonnage-là est déréglé, donc on doit aller avec
des…
M. Poirier (Sylvain) : …qu'il
n'y a pas 20 % de mise de fonds, il est possible qu'il n'y ait pas
d'évaluation physique qui soit faite parce qu'étant donné la qualité de
l'échantillonnage de la valeur des propriétés de la SCHL au Canada, seulement
par le code postal, la SCHL peut déterminer si la valeur… le prix payé est
raisonnable par rapport à la valeur du marché actuel. Mais présentement cet
échantillonnage-là est déréglé, donc on doit aller avec des évaluations en
personne. Comment qu'on peut réaliser ça en 24 heures? Donc, le seul moyen
que des consommateurs pouvaient… qui avaient réussi à obtenir la promesse
d'achat d'une propriété, je vous donne, par exemple, qui était affichée à
380 000 $, qui ont fini par payer 575 000 $, bon, c'est
d'avoir un prêt hypothécaire qui ne convient peut-être pas à leurs besoins,
mais qui pourraient être plus rapide.
• (10 h 10) •
Mais on l'a vu dans plusieurs, c'est que
le client s'est fait offrir un produit qui n'était pas optimal pour lui, mais
il pouvait y avoir une réponse rapide. Donc, par le fait même, on handicape
encore la santé financière du consommateur puis on met une pression inutile sur
les marchés bancaires. Puis ça pourrait être réglé par un simple règlement qui
donnerait un délai raisonnable qui serait 14 jours ouvrables, pas
14 jours calendrier, 14 jours ouvrables pour être capable de produire une
promesse… d'être capable de remplir les conditions d'une promesse d'achat.
Parce qu'il ne faut pas oublier qu'un promoteur acheteur qui complète une
promesse d'achat un vendredi après-midi à 3 heures, il y a
deux week-ends qui se passent, là. Donc, si on va avec des journées
calendrier, ça ne fonctionne pas. Puis on a huit jours fériés légaux au Québec,
plus les fériés du Canada, on se ramasse avec 10 jours dans l'année, donc il
y a au moins un mois dans l'année qu'on perd une journée de plus. Je pense que
ça serait une bonne chose d'être capable de réglementer les délais, au courtier
immobilier, de 14 jours ouvrables pour… et d'obliger une inspection
préachat.
Puis les histoires de refuser les
garanties légales de qualité, c'est une garantie légale, pourquoi qu'on ferait
refuser une garantie légale? «Légale» veut dire… Je ne suis pas ici pour vous
expliquer le cadre d'une garantie légale. On ne peut pas faire refuser une
garantie légale. Je pense que… Moi, si ma fille, demain matin, me demande… tu
sais, elle me dit : Papa, j'aimerais ça m'acheter une voiture de 15 000 $,
elle me dit : Peut-u m'aider? Bien, moi, comme bon père de famille, ce que
je ferais, je lui dirais : Bien, viens, on va aller la faire inspecter.
Bien, à 550 000 $, on ne la fait pas inspecter. C'est notre point de
vue.
Puis au Québec, on a un modèle, par
contre, qui est très, très bon au niveau des approbations hypothécaires, puis
c'est ça qui met une pression aussi sur le marché, c'est que les approbations
hypothécaires suite à promesse d'achat doivent être finales par le prêteur,
c'est-à-dire ne doit pas comporter aucune condition. C'est la seule province au
Canada qui oblige ça et c'est une très bonne chose, on évite les surprises rendues
au notaire. Si on compare aux neuf autres provinces canadiennes qui
travaillent avec la common law, eux, on une approbation hypothécaire qui
comporte des conditions soit de… pour ouvrir mise de fonds, pour ouvrir son
revenu peu importe les conditions qui sont inhérentes à son acceptation
hypothécaire et ils ont jusqu'au moment de la prise de possession pour enlever
les conditions. Donc, cette pression-là, elle arrive à la fin du processus,
puis ce qu'on ne vit pas au Québec, heureusement. Puis dans les autres
provinces, ceux qui connaissent... qui ont des collègues dans d'autres
provinces, mais ça se finit chez un avocat, là, habituellement, puis un va
poursuivre l'autre. Ça n'arrive pas au Québec, on est bien protégés pour ça.
Mais, s'il vous plaît, pour être capable d'exercer…
M. Poirier (Sylvain) :
...donc, cette pression-là, elle arrive à la fin du processus, puis ce qu'on ne
vit pas au Québec, heureusement. Puis dans les autres provinces, ceux qui
connaissent... qui ont des collègues dans d'autres provinces, bien, ça se finit
chez un avocat, habituellement, puis un va poursuivre l'autre. Ça n'arrive pas
au Québec, on est bien protégés pour ça. Mais, s'il vous plaît, pour être
capable d'exercer cette protection-là, ça prend du temps. Ça prend
14 jours.
Finalement, dans le même ordre d'idées, on
aimerait que le ministère puisse se pencher sur les doubles représentations
d'un courtier immobilier avec un promettant acheteur, promettant vendeur. On
est encore un des seuls États en Amérique qui tolère ce genre de pratique. On
ne peut pas représenter adéquatement un vendeur et un acheteur en même temps.
On ne peut pas être avocat de la défense puis avocat de la couronne. Tant qu'à
ça, on va être juge aussi. Donc, je pense que ce n'est pas grand-chose, mais ça
donnerait... Dans des bonnes règles d'éthique et de gouvernance, ce n'est pas
normal que quelqu'un puisse représenter les deux parties en même temps.
Finalement, au sujet de la loi n° 3,
au niveau du courtage hypothécaire, si on parle des articles 58.1, 58.2 et
58.4, c'est des articles... c'est des modifications, là, qui sont en accord
avec toutes les bonnes règles d'éthique de base, les bonnes pratiques
professionnelles. Donc, on ne peut pas être à l'encontre de ça.
Par contre, peut-être un bémol sur la
58.3, qui demande de divulguer le nom de tous les prêteurs avec qui un
intervenant ou un courtier hypothécaire aurait fait affaire. Ça aurait
peut-être déjà été pratique il y a 15 ans, cette chose-là, parce que, dans
le passé, les cadeaux étaient monnaie courante dans l'industrie, puis un peu
partout. Les cadeaux, ça faisait partie de la game, des bons cadeaux, des
voyages, ainsi de suite. Mais aujourd'hui, il n'y en a plus, de ça. Depuis que
la commission Charbonneau est arrivée, qui a été une bonne chose, les cadeaux
ont arrêté un peu partout. Puis les prêteurs hypothécaires ont modifié leurs
cadeaux en offrant soit des formations à leur... des formations
professionnelles aux courtiers, en leur octroyant des formations avec des UFC,
en commanditant des symposiums pour eux, pour qu'il y ait des rencontres, puis
des taux d'intérêt qui sont accordés, aussi, aux clients. Donc, au lieu de
donner le cadeau au courtier immobilier, on va donner le cadeau au client.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Poirier (Sylvain) : En
conclusion, on aimerait que, si vous pouviez agir rapidement, je ne pense pas
que c'est un robinet qui fuit, je pense que c'est une conduite qui a besoin
d'être colmatée, ce qu'on vous demande, s'il vous plaît, 14 jours
ouvrables pour les délais de conclusion de conditions de promesse d'achat,
incluant hypothécaire, obligation d'inspection en bâtiments et garantie légale.
Merci beaucoup. Merci votre écoute.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le président. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
Votre groupe gouvernemental dispose de 19 min 15 s
M. Girard (Groulx) : Merci.
Bien, en commençant, j'aimerais certainement vous remercier pour votre présence
puis cette excellente intervention. Est-ce que vous avez eu le temps de tout
dire ce que vous vouliez nous dire ou vous voudriez que je vous accorde une
minute...
Le Président (M. Simard) :
…dispose de 19 min 15 s.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Bien, en commençant, j'aimerais certainement vous remercier pour votre présence
puis cette excellente intervention. Est-ce que vous avez eu le temps de tout
dire ce que vous voulez nous dire ou vous voudriez que je vous accorde une
minute supplémentaire?
Non, on est pas mal là.
M. Girard (Groulx) : O.K. Très
bien.
M. Poirier (Sylvain) : On
pourra jaser en continuant.
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
parce que c'est de bonne pratique, là…
M. Poirier (Sylvain) : Merci
beaucoup, c'est apprécié. Merci.
M. Girard (Groulx) : …de
s'assurer que vous puissiez faire votre intervention au complet, puis on
apprécie que vous êtes là ce matin.
Je vais poser une question en introduction
puis, ensuite, on a d'excellents députés ici, je vais passer la parole à mon
équipe. Et j'ai le droit de revenir après s'ils n'ont pas utilisé tout le
temps?
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait.
M. Girard (Groulx) : Bon.
Merci. Je suis rouillé, là, ça fait longtemps que je n'ai pas eu le plaisir
d'être à la Commission des finances publiques.
Le Président (M. Simard) : On
l'est tous, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Je
voulais vous demander, M. Poirier, vous avez quand même clairement énoncé, là,
que le marché a été très fort en 2020 et au début 2021. C'est indéniable. Il y
a plusieurs facteurs, la baisse des taux d'intérêt, mais il y avait aussi un
facteur extrêmement important, qui était les changements de comportements
associés à la pandémie. Et maintenant que, bien, les progrès que nous avons
accomplis avec la vaccination et la réouverture de l'économie… je voulais avoir
votre évaluation personnelle de l'état du marché actuel. Est-ce qu'il… Parce
que nous, on voit les mises en chantier, on voit différents indicateurs d'un
ralentissement qui est présent. Je pense que la deuxième moitié de 2021 est nettement
moins exubérante que le premier trimestre, par exemple. Alors, je voulais avoir
votre appréciation générale de ce qui se passe, présentation. On est tous d'accord
qu'on a connu un 18 mois extrêmement fort, mais qu'est-ce qu'il se passe présentement?
M. Poirier (Sylvain) : O.K.
Si on revient aux 18 mois, ce n'était pas prévu. Au début de la pandémie, on
s'attendait qu'il y ait justement pratiquement un crash immobilier, et le
contraire est arrivé, donc, dû au fait que les gens avaient accès peut-être à
plus de fonds et qu'ils pouvaient… le télétravail s'est avéré une chose qui
fonctionne, malgré les détracteurs, le télétravail fonctionne. Le marché est effectivement
plus stable, là, puis même en recul par rapport à l'année passée. Mais c'est
certain qu'on va avoir des reculs toute l'année, là, l'année 2020‑2021, ce
n'est pas à comparer aux autres années.
Par contre, les valeurs des propriétés
sont demeurées très élevées. L'inventaire est très, très bas aussi, actuellement,
sur le marché. Les constructions que vous me parlez se vendent à des prix
exorbitants. En banlieue, des 600 $ le pied carré, là, on ne pensait même
pas vendre ça au centre-ville de Montréal, il y a cinq ans, 600 $ le pied
carré. On vend ça à plus que 600 $ le pied carré en périphérie de Montréal.
Ce que je parlais, tantôt, des pratiques
des courtiers immobiliers, ce n'est pas les courtiers, que je décris, c'est un
peu aussi les effets du marché qui les ont amenés à…
M. Poirier (Sylvain) :
…en banlieue, des 600 $ le pied carré, là, c'était inimaginable. On ne
pensait même pas vendre ça au centre-ville de Montréal, il y a cinq ans,
600 $ le pied carré. On va ça à plus que 600 $ le pied carré en
périphérie de Montréal. Ce que je parlais, tantôt, des pratiques des courtiers
immobiliers, ce n'est pas les courtiers que je décrie, c'est un peu aussi les
effets du marché qui les ont amenés à agir de cette façon-là. Mais je dois vous
dire qu'avant, les effets du marché, moi, c'est un marché que je connais depuis
plus de 20 ans, ces pratiques-là étaient déjà aussi utilisées, là, sans
garantie légale, risque et péril de l'acheteur. On va mettre ça court pour
mettre de la pression pour qu'on règle ça rapidement. Je pense qu'on pourrait
changer le règlement pour mettre ça sur une… juste baliser, délimiter,
dire : Regardez, aujourd'hui, c'est 14 jours ouvrables. Vous ne
pouvez pas changer ça. Puis peu importe ce qui arrive dans le futur, bien, on
sera paré à ça. Puis si… puis je ne pense pas que ça soit inutile de le faire
non plus, là.
M. Girard (Groulx) :
Alors, est-ce que… je vais tenter… je vais résumer votre intervention, mais
vous me corrigerez.
M. Poirier (Sylvain) :
D'accord.
M. Girard (Groulx) : Vous
dites que la demande a clairement ralenti, mais qu'il manque d'offre.
M. Poirier (Sylvain) :
Non, la demande a ralenti, mais l'offre elle est très, très basse encore, là.
L'inventaire des propriétés est déjà très…
M. Girard (Groulx) :
C'est ça, on manque d'inventaire de propriétés, mais la demande a ralenti.
Alors, la différence entre…
M. Poirier (Sylvain) :
Ce qui n'est pas supposé.
M. Girard (Groulx) :
…deuxième semestre de 2021 et le 18 mois qui l'a précédé, c'est que là la
demande a ralenti.
M. Poirier (Sylvain) :
La demande ralentie, mais la demande ralentie, mais l'offre est aussi très
basse compte tenu des prix.
M. Girard (Groulx) :
C'est ça, mais l'offre… on a toujours un problème d'offre, mais la demande a
ralenti. On a donc un marché qui manque d'offre présentement.
M. Poirier (Sylvain) :
Oui, oui, l'inventaire est très bas, il manque d'offres, donc, au fait de la
construction. Puis les salaires n'ont pas augmenté en fonction de la valeur des
propriétés. Humblement, je pourrais vous dire : Je ne pourrais même pas
acheter la propriété dans laquelle j'habite aujourd'hui si j'avais à l'acheter.
Puis il y a des gens qui ne peuvent même pas en acheter de propriété. Ça, c'est
un enjeu majeur que vous à régler, puis qui est… je ne sais même pas comment
qu'il va se régler. C'est le marché qui le commande, là.
M. Girard (Groulx) : O.K.
D'accord. Je passerais la parole à mes collègues.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, M. le ministre. M. le député de Richelieu.
M. Émond : Merci
beaucoup, M. le Président. Content de vous retrouver, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
C'est réciproque, cher collègue.
• (10 h 20) •
M. Émond : M. le
ministre, les collègues également. M. Poirier, merci pour votre
intervention. Il y a un sujet quand on parle de transactions immobilières, puis
l'avez évoqué dans votre présentation, mais dans votre mémoire, un sujet qui
est revenu rapidement à la surface, là, c'est quand on parle de l'augmentation
de l'abandon des inspections en préachat ou de la garantie de qualité, là.
Est-ce que… êtes-vous en mesure d'estimer à peu près quelle proportion des
transactions immobilières se sont réalisée en abandonnant, là, les recours à
des inspections?
M. Poirier (Sylvain) :
On n'a pas ces chiffres-là, puis ce n'est pas comptabilisé. Par contre, moi, je
travaille avec les praticiens du terrain. Je travaille avec les courtiers
hypothécaires. Je travaille avec les notaires, et plusieurs de leurs dossiers,
la majorité de leurs dossiers, les notaires me disent : Il y avait des…
M. Émond : ...immobilières
se sont réalisées en abandonnant, là, les recours à des inspections.
M. Poirier (Sylvain) :
On n'a pas ces chiffres-là, puis ce n'est pas comptabilisé. Par contre, moi, je
travaille avec les praticiens du terrain, je travaille avec les courtiers
hypothécaires, je travaille avec les notaires. Et plusieurs de leurs dossiers,
la majorité de leurs dossiers, les notaires me disaient, il y avait des refus
de garantie légale. C'est très difficile à quantifier, mais... quand que ça
arrive de partout. Moi, je suis sollicité, depuis le mois de janvier 2021, par
tous les médias, soit radio, télévision, à ce sujet-là. C'est le sujet
d'articles de journaux majeurs depuis des mois. Si vous avez consulté Le Devoir
en fin de semaine, ils en parlent encore. C'est une plaie béante qui est
ouverte, là.
Des notaires me disent, je paraphrase un
notaire que j'ai rencontré la semaine dernière, il dit : Sylvain, les
clients sont dans mon bureau, ils signent des documents à contrecoeur en se
faisant... C'est parce que le notaire doit leur expliquer c'est quoi, un refus
de garantie légale et un refus au risque et péril de l'acheteur. Ils se
disent : On est obligés de faire ça pour acheter une propriété, ça n'a pas
de bon sens. Puis je l'ai entendu de plusieurs notaires aussi.
M. Émond : Puis quel
effet, dites-moi, aurait... Quelles seraient les conséquences de rendre
l'inspection obligatoire, là? Quelles conséquences ça aurait sur le marché
immobilier pour vos membres, selon vous?
M. Poirier (Sylvain) :
Ce n'est pas autant pour les membres, c'est pour la sécurité du public. Les
ventes vont se faire pareil, les ventes, je ne pense pas qu'elles vont changer.
Mais on doit baliser pour protéger le public. Je vous l'exemple de ma fille qui
veut acheter une auto de 15 000 $. Je vais aller la faire inspecter,
mais 500 000 $, je ne la fais pas inspecter. C'est l'investissement
d'une vie, c'est l'investissement que les gens ne peuvent même pas se permettre
ces temps-ci, puis en plus on leur refuse de l'inspecter.
Un vice majeur... Demandez aujourd'hui à
quelqu'un du public de sortir 50 000 $ pour un vice majeur sur sa
propriété. Je ne peux pas le quantifier non plus, mais je peux vous dire il n'y
a pas beaucoup de gens travailleurs qui peuvent sortir 50 000 $ pour
réparer un vice caché. Dernièrement, j'ai eu un appel où l'association, elle a
acheté sans garantie légale une maison rénovée qui datait d'une cinquantaine
d'années avec une belle rénovation. Fuite d'eau totale, les tuyaux avaient mal
été vissés, les murs ont coulé, les tuyaux ont coulé partout à la ville
d'Otterburn Park. Ça lui coûte 50 000 $. C'est un dossier assuré
SCHL. Donc, elle a acheté avec 5 % ou 7 % de mise de fonds,
35 000 $ de la mise de fonds. Si elle a donné 35 000 $,
c'est parce qu'elle n'avait pas 85 000 $. Là, elle fait quoi pour son
50 000 $? Elle court comme une poule pas de tête, on pourrait dire,
elle cherche de l'argent partout. Mais il n'y a pas un prêteur qui va vous
prêter 50 000 $ sans garantie. Là, c'est du prêt «love money», qu'on
appelle, c'est du prêt dans sa famille, des gens qui vont aller l'aider à
réparer les tuyaux. Puis on présume que le défaut était connu, mais elle a
acheté sans garantie légale à ses risques et périls. Ça, c'est une des conséquences
que j'ai vécues la semaine dernière.
M. Émond : O.K. Merci.
C'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, deux collègues souhaitaient intervenir à ce stade-ci. Et
je cède, pour le moment, la parole à notre collègue de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré, et j'ose ajouter île d'Orléans. Voilà.
Mme Foster : L'île
d'Orléans. Merci beaucoup, M. le Président. Nous sommes à l'unisson. Merci
beaucoup, M. le Président. Un plaisir de vous retrouver également...
M. Émond : ...moi, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, deux collègues souhaitaient intervenir à ce stade-ci, et
je cède pour le moment la parole à notre collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
et j'ose ajouter : Île d'Orléans. Voilà.
Mme Foster : L'Île d'Orléans. Merci
beaucoup, M. le Président. Nous sommes à l'unisson. Merci beaucoup, M. le
Président, plaisir de vous retrouver également, de retrouver les collègues,
salutations aux collègues.
J'écoute la conversation... Je rebondis,
là, sur la conversation que vous aviez avec mon collègue le député de Richelieu.
Est-ce que ce serait, vous pensez, préférable et possible de rendre
conditionnelle... de rendre l'autorisation hypothécaire, dans le fond,
conditionnelle à l'obtention d'un rapport d'inspection?
M. Poirier (Sylvain) : Non, parce
que, là, vous intervenez dans les platebandes du prêteur. Ce n'est pas le
prêteur qui va l'exiger.
Mme Foster : O.K.
M. Poirier (Sylvain) : Je
pense que c'est les bonnes pratiques d'éthique d'affaires qui vont l'exiger
plus que... parce que, là, on va jouer dans le terrain du prêteur, là. Le
prêteur, lui, il ne veut pas... probablement, ne va pas l'exiger non plus, là.
Mais, en tant que bonne pratique professionnelle de bonne gouvernance, là, de
société, je pense, c'est comme normal.
Mme Foster : O.K. Dans votre
mémoire, bien, vous parlez beaucoup, puis on en parle depuis tantôt, là, de
rendre le... dans le fond, de rendre l'inspection préachat obligatoire. Est-ce
que vous auriez des suggestions quant à la liste de cas où ça ne devrait pas
être obligatoire?
M. Poirier (Sylvain) : Oui,
tout à fait. Il faut faire attention aussi, là. J'ai entendu dire que la RBQ
aurait recommandé de faire des inspections sur des propriétés de 10 ans et
moins. Le problème, ce n'est pas 10 ans et moins, c'est 10 ans et plus. Oui. Je
pense pas mal... d'avoir pas mal plus de chances d'avoir des vices sur une
propriété qui a 50 ans que sur une propriété qui a cinq ans.
Pour répondre à votre question, tous les
cas d'investissement immobilier — je suis propriétaire d'un 20
logements à Montréal — ça devrait être exclu de vices cachés. Des
successions, c'est déjà le cas aussi. On devrait le limiter aux résidences qui
sont habitées par la personne qui vend. Une propriété qui sert
d'investissement, c'est une autre business, ça. Je ne pense pas qu'il y ait...
Si ce l'est, tant mieux, mais, si ce ne l'est pas, ce n'est pas grave. Moi, mon
point de vue se situe au niveau du public, là, dans la protection du public.
Mme Foster : Pour la
protection du public.
M. Poirier (Sylvain) : Oui,
mais comme j'ai exclu, là, les immeubles à revenus, et les immeubles à revenus
qui sont à usage de revenus seulement, pas un immeuble à revenus que j'habite,
parce qu'il y a... j'ai deux locataires en haut, là. On parle d'investissements
financiers seulement, là, et de successions ou de propriétés qui n'ont pas été
habitées, là, pas... et les flips immobiliers aussi, là, ça, on devrait les
inclure dans ça.
Mme Foster : Est-ce que vous
savez si la proportion de cas de vice caché est plus importante, justement, lorsque
la transaction est effectuée sans garantie légale, ou c'est juste un effet de
perception, là?
M. Poirier (Sylvain) : Ce
n'est malheureusement pas répertorié. La question est bonne. Ce n'est pas
répertorié.
Mme Foster : C'est ça.
M. Poirier (Sylvain) : Mais
on est toujours dans le niveau du risque. Peut-être que, ou si ça arrive... On
est ici pour protéger le «si» puis le «peut-être que», là. Je ne pense pas
qu'on puisse quantifier tant de pourcentage de propriétés, ce n'est pas facile.
Donc, il faut mettre des balises, il faut que ce soit balisé assez large, parce
que, là, on s'en va dans... Si ça arrive, bien là, le couple qui n'est pas
capable de...
M. Poirier (Sylvain) :
…on est ici pour protéger le si puis le peut-être que. Je ne pense pas qu'on
puisse quantifier tant de pourcentage de propriétés. Ce n'est pas facile. Donc,
il faut mettre des balises, il faut que ce soit balisé assez large. Parce que,
là, on s'en va dans… si ça arrive, bien là, le couple qui n'est pas capable de…
lui, sa situation financière… sa vie devient un cauchemar. C'est pour prévenir
ça, puis c'est pas grand-chose, on ne demande pas un changement de loi radical.
C'est une modification qui serait nécessaire.
Mme Foster : Donc, dans
le fond, si je vous suis bien, au-delà de ce qui pourrait se produire en 2022,
en 2023, si le marché rebaisse et tout ça, les mesures que vous proposez dans
votre mémoire, vous les pensez bonnes quand même pour la protection du public.
M. Poirier (Sylvain) :
…je côtoie ce marché-là, près de 20 ans que je le côtoie, c'est des
pratiques qui sont souvent utilisées. On s'en sert comme porte de sortie. S'il
y a deux promettants-acheteurs sur une propriété, bien, on va dire :
Regarde, mets ton délai à cinq jours pour ta promesse d'achat puis on mettra de
la pression sur l'institution financière. Ça fonctionne depuis longtemps, ça,
mais ça ne dérangeait pas comme aujourd'hui. Et comme je vous disais tantôt,
juste pour éviter que ça vous dérange encore…
Puis, dans le fond, ce qu'on essaie de
faire, c'est juste une bonne gouvernance. Puis on délimite les balises. On
dit : C'est 14 jours, c'est comme ça. On a tenté de leur demander par
des communiqués. Aïe, ça fait longtemps qu'on tape sur le clou. Il y a cinq
ans, on tapait sur le clou en leur disant : Donnez des délais
raisonnables, ça ne fonctionne pas.
Donc, il y a deux manières, si… comme on
le dit, par la sagesse ou par la souffrance qu'on va régler quelque chose.
Mme Foster : C'est bon.
Le Président (M. Simard) :
Y aurait-il une autre intervention? M. le député de Sainte-Rose, à vous la
parole.
M. Skeete : …M. le
Président?
Le Président (M. Simard) :
Il vous reste 5 min 55 s.
M. Skeete : Bon. Parfait.
Bonjour, bienvenue. Je suis curieux. J'aimerais revenir à la madame d'Otterburn
Park, la pauvre madame qui a acheté. J'imagine qu'elle a acheté comme ça pour
être plus compétitive face à d'autres qui voulaient certainement s'acquérir la
propriété.
M. Poirier (Sylvain) :
Tout à fait. Ils étaient plusieurs promettants-acheteurs en même temps sur la
propriété. Donc, pour bonifier son offre, elle a mis un délai court sur son
approbation hypothécaire. Je présume, le délai court, ça, je ne suis pas au
courant. Par contre, ce que je suis au courant, c'est qu'elle a refusé
l'inspection préachat. Elle a refusé et elle l'a achetée sans garantie légale à
ses risques et périls.
M. Skeete : O.K. Puis,
dans le fond, j'essaie de… parce que je comprends l'objectif. L'objectif est
clair, il faut protéger madame. Par contre, la question que je me dis, c'est si
on hausse les critères puis si on hausse le niveau, peut-être, madame, bien,
son choix, c'est : Je ne pourrais pas acheter du tout ou je prends un
risque pour me… Alors, je ne voudrais pas non plus qu'elle soit exclue du
marché, parce qu'une des choses qu'on veut faire, c'est de faciliter l'accès à
la propriété.
M. Poirier (Sylvain) :
…exclu?
M. Skeete : Bien, si ça a
tout pris pour qu'elle soit dans le marché, à un point tel où est-ce qu'elle a
mis le minimum qu'il fallait mettre, qu'elle a renoncé à des droits juste pour
essayer de gagner l'achat, je me demande si on hausse les critères, si madame
aurait pu acheter.
• (10 h 30) •
M. Poirier (Sylvain) :
…ont été haussés, elle aurait fait… elle aurait pris une décision éclairée. Là,
elle a pris une décision qui n'était pas éclairée. Moi, une décision, j'aime ça
que si on me dit… qu'on me mette les cartes sur la table, puis à partir de ce
moment-là, je prendrai une décision. Puis elle, ce qu'elle aurait fait, elle
aurait probablement dit : Bien, regarde, je vais aller jouer ailleurs.
Mais ça n'empêche pas son droit de… sa possibilité d'acquérir une propriété. Ce
que ça a brimé, c'est son choix éclairé qu'elle n'a pas eu…
10 h 30 (version non révisée)
M. Poirier (Sylvain) : …pris
une décision éclairée. Là, elle a pris une décision qui n'était pas éclairée.
Moi, une décision, j'aime ça… Qu'on me mette les cartes sur la table, puis à partir
de ce moment-là, je prendrais une décision. Puis elle, ce qu'elle aurait fait…
elle aurait probablement dit : Bien, regarde, je vais aller jouer ailleurs.
Mais ça n'empêche pas son droit, sa possibilité d'acquérir une propriété. Ce
que ça a brimé, c'est son choix éclairé, qu'elle n'a pas eu.
M. Skeete : En quoi son
choix n'était pas éclairé? Elle a renoncé… Est-ce que vous dites que, dans le
fond, il n'y a pas assez d'éducation sur c'est quoi, une renonciation à ça?
M. Poirier (Sylvain) :
Bien, déjà, mais pourquoi renoncer à une garantie légale? Si la garantie est
légale, pourquoi qu'on appelle une garantie légale et qu'on demande de
renoncer?
M. Skeete : Parce que
moi, je pourrais décider, en toute connaissance de cause, que ça vaut
20 000 $, renoncer à ça, puis je «bid» 20 000 $ de plus bas
pour avoir accès à la propriété, puis ça rend peut-être plus intéressante…
M. Poirier (Sylvain) :
Pas mauvais, mais, aujourd'hui, c'est 200 000 $ de plus que ça coûte.
M. Skeete : O.K. Ça fait
que vous, vous dites : Dans le fond, il n'y a pas moyen d'assurer un
arbitrage entre quelqu'un qui veut négocier de bonne foi… vous dites que ce
n'est pas… ils ne se battent pas à armes égales, là, dans le fond, dans la négociation.
M. Poirier (Sylvain) :
Oui. Pas présentement, mais votre argumentaire, il est bon, là, ça pourrait
dire : Si je veux un rabais de 20 000 $, je suis prêt à
renoncer, mais, souvent, la personne qui va faire ça, là… Tu as deux types de
personnes qui va faire ça. Ceux qui n'ont pas d'argent puis ceux qui ont bien,
bien de l'argent. Dans le milieu, là, ils ne le feront pas, ça. C'est les deux…
Puis, présentement, là, on est ici pour ceux qui n'en ont pas. Celui qui a les
moyens de renoncer à une garantie légale, il sait ce qu'il fait puis il a les
moyens de l'assumer. On est ici pour celui qui n'a pas les moyens de l'assumer.
M. Skeete : Parfait.
Merci. J'ai aussi une autre question. Vous avez parlé, tantôt, puis ça, ça m'a
intrigué, vous avez parlé du risque du prêteur. Donc là, on arrive avec des
nouveaux critères qui font en sorte que le risque change pour le prêteur, puis
là, vous, vous dites que plus tard, bien, il va y avoir une hausse de prix, de
coûts d'intérêt, parce que, pour absorber ce risque-là, je dois m'assurer de
pouvoir l'absorber. Puis ça, ça a comme résultat une augmentation du prix en
termes de taux d'intérêt ou frais connexes.
M. Poirier (Sylvain) :
Ça pourrait arriver, effectivement.
M. Skeete : Parlez-moi du
lien entre le taux fixé, là, par la Banque du Canada et le taux d'intérêt.
Est-ce que ça arrive souvent que les deux ne sont pas parfaitement corrélés,
ou, vraiment, ce que vous dites, c'est qu'on pourrait avoir une situation où
est-ce que le taux d'intérêt de la Banque du Canada est à 2 %, puis moi,
parce que je vois ce qui se passe dans le marché, oublie ça, j'arrête de le
fixer, mon taux d'intérêt, puis je me dissocie de qu'est-ce qu'il se passe avec
la banque, avec la…
M. Poirier (Sylvain) :
C'est parce que c'est deux choses différentes. La Banque du Canada, la banque
centrale, elle, elle va donner le taux de base pour les institutions
financières. Par la suite, l'institution financière, elle, avec ses différents
produits, que ce soient des produits de cartes de crédit, de prêts personnels,
prêts auto, prêts hypothécaires, va établir un «pricing» qui lui convient. Puis
aujourd'hui, bien, le «pricing» est pas mal tout égal partout. C'est tellement
compétitif puis les marges sont tellement minces, je ne vous dis pas qu'ils ne
font pas d'argent, je suis certain qu'il y a énormément d'argent qui se fait
là, mais il faut conserver nos marges.
Donc, à partir de ce moment-là, si on
s'aperçoit que dans un échantillonnage, que notre garantie n'est pas bonne,
puis on sait que le prêt hypothécaire cinq ans présentement, les
consommateurs qui optent pour ce produit-là, on a un échantillonnage de gens
qui ont…
M. Poirier (Sylvain) :
…il faut conserver nos marges. Donc, à partir de ce moment-là, si on s'aperçoit
que, dans un échantillonnage, que notre garantie n'est pas bonne puis on sait
que le prêt hypothécaire, cinq ans, présentement, les consommateurs qui optent
pour ce produit-là, on a un échantillonnage de gens qui ont renoncé à des
garanties, qui n'ont pas fait d'inspection préachat, on va moduler notre
risque.
M. Skeete : Mais c'est
ça, ma question, dans l'histoire récente, est-ce que c'est arrivé où est-ce
qu'on n'avait pas un taux d'intérêt qui était pas mal uniforme dans le marché?
Parce que là on voit, dans le fond, les taux d'intérêt, à une banque ou une
autre, sont pas mal similaires. Ça fait que, dans le fond, ils se disent tous…
ils sont pas mal tous fixés sur la Banque du Canada, là.
M. Poirier (Sylvain) :
…d'une mensualité que si ça continue, dans l'éventualité qui si ça continue.
Puis celui qui pourrait changer de cap le premier, c'est l'assureur prêt SCHL,
lui, il va modifier ses primes rapidement. Le taux d'intérêt, c'est tellement
compétitif, qu'ils vont suivre. Mais à un moment donné s'ils s'aperçoivent
qu'ils font face à des clients, soit qui… Le client, il ne peut pas payer les
deux choses. Soit qu'il va chercher de l'argent de l'extérieur, il va aller
vers du prêt privé, vers du prêt à des taux d'intérêt très élevé, va aller vers
sa famille ou va remettre les clés de sa maison à l'institution financière.
Surtout s'il a donné 5 %, il dit : Bien, regarde, moi, je vais perdre
mon 30 000, puis ça va m'éviter de mettre 50 dans la propriété. À ce
moment-là, ça risque peut-être d'avoir un effet d'entraînement.
Donc, là on est dans le spéculatif, mais
c'est quelque chose qui serait très simple à régler puis on éviterait tout ça.
Ça serait… Il me semble que ça ne serait pas compliqué.
M. Skeete : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous. Nous cédons maintenant la parole à l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, votre groupe dispose de 13 m 45 s.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Bonjour, M. Poirier. Merci d'être présent avec nous. Je vais
avoir une série de questions pour vous. Pensez-vous que ça serait envisageable
d'offrir un ou l'autre, par exemple qu'un citoyen qui veut acheter, s'il achète
au risque et péril de l'acheteur, que ça soit obligatoire, à ce moment-là,
d'avoir une inspection?
M. Poirier (Sylvain) :
Je ne pense que ça soit… Parce que c'est deux choses différentes. Un,
l'inspection en bâtiment va nous donner les vices apparents, ce qu'on voit. La
garantie légale va nous donner les vices cachés, ce qu'on ne voit pas. Puis si
je ne me… Puis il n'y a pas de prescription au niveau de la garantie légale. À
partir du moment qu'on le découvre, il a deux ans, si je ne me trompe pas, là -
il faudrait que… - pour être capable de dévoiler à l'ancien propriétaire le
vice caché.
Mme Rizqy : Parce que
pour plusieurs vendeurs… Certains, par exemple, en matière de succession, là,
n'ont jamais habité dans la maison. Alors, lorsqu'ils vendent… Ils veulent
vendre au risque et péril de l'acheteur, mais qu'ils laissent même libre cours
de faire une inspection. Puis des acheteurs sont très à l'aise à acheter, à ce
moment-là, suite… après avoir fait une inspection.
M. Poirier (Sylvain) :
Oui, tout à fait. Oui, c'est le cas qu'on discutait tantôt. Dans le cas de
successions, dans le cas d'immeubles qui sont 100 % aux fins
d'investissement, oui, tout à fait. Ça, c'est correct.
Mme Rizqy : …que ce n'est
pas du tout pour une vente de succession, comme… J'imagine, vous avez peut-être
vu le documentaire à Télé-Québec qui s'appelle Le procès. Vous comprendrez que
plusieurs vendeurs ne veulent pas dans un an, deux ans, trois ans se faire
poursuivre après avoir vendu. Et c'est pour cela qu'ils vendent sans garantie
légale, parce qu'ils disent : Je quitte. Vous achetez, je ne veux pas avoir
de…
Mme Rizqy : …que ce n'est
pas du tout pour une vente de succession, comme… J'imagine, vous avez peut-être
vu le documentaire à Télé-Québec qui s'appelle Le procès. Vous comprendrez que
plusieurs vendeurs ne veulent pas dans un an, deux ans, trois ans se faire
poursuivre après avoir vendu. Et c'est pour cela qu'ils vendent sans garantie
légale, parce qu'ils disent : Je quitte. Vous achetez, je ne veux pas
avoir de poursuite. Et vous comprendrez que c'est très difficile même d'obtenir
justice et de se faire représenter. Alors, est-ce que ça pourrait être une
solution mitoyenne que d'offrir une des deux options? C'est sûr que vous
achetez à vos risques et périls, mais que vous avez inspecté. Et à ce moment-là,
évidemment, l'acheteur potentiel négocie son prix d'achat en conséquence.
M. Poirier (Sylvain) :
…ça pourrait être une possibilité. Par contre, bien là, rendu là, ça sera avec
l'Ordre des inspecteurs en bâtiment, ça prend une inspection qui est un peu
plus exhaustive que de vérifier des prises de courant, là.
Mme Rizqy : Bien,
j'aurais une autre question. Sur le terrain, je parlais avec d'autres courtiers
hypothécaires. Souvent, les jeunes générations n'ont pas la mise de fonds,
alors ils se tournent vers leurs parents qui refinancent. Donc, par exemple,
moi, je suis dans la trentaine… Je ne dirai pas l'âge de ma mère parce qu'elle
va me chicaner, mais disons qu'on a un parent qui est sur le bord de la retraite
et refinance. À ce moment-là, ça aussi, ça va vite. Et j'ai une préoccupation
pour ces parents qui s'en vont tranquillement vers la retraite, qui font un
refinancement, et, dans leur cas, leur potentiel de générer des revenus
supplémentaires est quand même réduit par rapport à leur génération. Alors,
pour eux, l'effet n'est-il pas double? C'est-à-dire que l'acheteur dans la
trentaine, par exemple, on va dire moi, j'achète sans garantie légale, sans
inspection, et si jamais ça va mal, ça va mal non seulement pour ma maison,
mais je suis dans l'incapacité de payer. À cause de moi, bien, effectivement,
disons que ma mère qui aurait tout refinancé, elle aussi, serait peut-être
dans… en eaux troubles.
M. Poirier (Sylvain) :
Le trouble va être transféré à vos parents. C'est ce qui risque d'arriver.
Effectivement, il y a beaucoup de mises de fonds qui proviennent des parents.
Là, à ce moment-là, là, c'est de la gestion de finances personnelles, là. Je ne
veux pas non plus… Je ne suis pas là pour m'insérer dans la vie de…
Mme Rizqy : Quand que
vous faites… Quand que les courtiers hypothécaires font en quelques heures un
prêt hypothécaire où est-ce qu'il est question de refinancement…
M. Poirier (Sylvain) :
Oui.
Mme Rizqy : …il me semble
que ça va quand même vite. Et pour le client, le consommateur, ce n'est pas tout
le monde qui comprend les tenants et aboutissants, en 48 heures, de
comprendre, voici les conséquences d'un refinancement.
M. Poirier (Sylvain) : Tout
à fait. Vous parlez pour le parent qui va prêter les sous, là.
Mme Rizqy : Oui.
M. Poirier (Sylvain) :
Bien, effectivement, c'est sûr que si… Bien, je présume que le parent qui prête
les sous, qu'il doit avoir à peu près mon âge, là, doit savoir où est-ce qu'il
s'en va un petit peu avec tout ça. Mais effectivement si vous me dites
qu'éventuellement ça pourrait handicaper sa santé financière pour le futur, parce
que l'espérance de vie est pas mal plus grande qu'elle était il y a 20 ans
ou 25 ans, effectivement. Mais rendu à ce point-là, c'est… Je ne connais
pas de parents qui vont dire non à leur enfant non plus. Tu sais, c'est bien
difficile, là, puis ils vont se mettre dans une situation, ils vont étirer leur
prêt hypothécaire. Puis ce qu'on voit puis ce qu'on est appelés à voir, là,
vous remarquerez, là, dans les années futures, c'est des gens à la retraite
avec des prêts hypothécaires, puis, ça, on commence déjà à le voir. Puis il y a
même certaines institutions financières, on a déjà commencé à discuter…
M. Poirier (Sylvain) : …c'est
bien difficile, là, puis ils vont se mettre dans une situation, ils vont étirer
leur prêt hypothécaire. Puis ce qu'on voit puis ce qu'on est appelés à voir,
là, vous remarquerez, là, dans les années futures, c'est des gens à la retraite
avec des prêts hypothécaires. Puis, ça, on commence déjà à le voir. Puis il y a
même certaines institutions financières, on a déjà commencé à discuter que… de
baliser, là, un certain âge. On ne peut pas discriminer avec l'âge, mais c'est
surtout en fonction du plein consentement. Êtes-vous en pleine connaissance de
cause de ce que vous faites, si vous avez 88 ans puis vous signez pour votre
fils de 58, là? C'est un peu ça, là. Ça, c'est une autre version. Mais, déjà,
les institutions financières sont sensibilisées aux prêts hypothécaires, aux
prêts personnels faits auprès de personnes âgées, là.
Mme Rizqy : Tantôt, il y avait
des questions par rapport au potentiel de ralentissement du marché. Vous, ça
fait plus de 20 ans que vous êtes sur le terrain dans le domaine des prêts
hypothécaires. Je vais sortir du Québec une seconde. Parlons de l'Ontario,
Toronto, le grand Toronto. Il me semble que, depuis les années 2000, on dit que
ça va ralentir. Est-ce que ça a ralenti?
M. Poirier (Sylvain) : Non.
Mme Rizqy : Merci.
M. Poirier (Sylvain) : La
progression des prix, je ne pense pas qu'elle va ralentir ici. Il ne faut jamais
oublier que, si on parle… Là, on parle toujours de Montréal et la périphérie.
Même en région, ça a augmenté. Essayez d'acheter un terrain en Gaspésie, sur le
bord de l'eau. Ça valait 42 000 $ il y a 10 ans, puis aujourd'hui je
pense qu'à 200 000 $ vous n'en achetez pas un.
• (10 h 40) •
Mme Rizqy : Est-ce que je me
trompe en disant que le Québec, le grand Montréal particulièrement, est en
retard par rapport aux autres grandes villes nord-américaines et qu'il y a
comme une correction de marché qui a été importante?
M. Poirier (Sylvain) : C'est
la métropole la moins chère au monde, Montréal.
Mme Rizqy : Puis c'est pour…
Et est-ce que je me trompe aussi en affirmant que, depuis 2015, c'est plus de…
les maisons ont fait un bond de 300 000 $ au Canada?
M. Poirier (Sylvain) : Moyen,
oui. Parce qu'il y a les… Les points influenceurs sont Toronto, Vancouver. Effectivement,
là, les progressions sont fulgurantes, là, surtout Vancouver, là. Ils ont tenté
par plusieurs moyens de stopper, par des taxes aux immigrants, et ainsi de
suite, immigrants investisseurs…
Mme Rizqy : Et, en terminant,
une dernière question pour vous, à votre connaissance, est-ce qu'il existe des
données, soit par chez vous ou par la SCHL, qui fait un portrait des acheteurs par
rapport à la mise de fonds puis leur capacité de payer?
M. Poirier (Sylvain) : SCHL.
Mme Rizqy : SCHL.
M. Poirier (Sylvain) : SCHL
est une base de données incroyable au niveau de l'habitation. Ils ont un
échantillonnage et ils ont des données sur tout. Mais c'est très facile à
consulter.
Mme Rizqy : Si… consentement, M.
le Président, est-ce que ce serait possible, pour la commission, qu'on demande
à la SCHL de nous transmettre les données pour le Québec, puisqu'on ne les
entendra pas, là?
Le Président (M. Simard) : On…
Mme Rizqy : Juste pour le Québec,
là.
Le Président (M. Simard) :
Laissez-moi vérifier la chose durant la pause.
Mme Rizqy : Parfait, parfait.
Alors, merci.
M. Poirier (Sylvain) : Merci.
Mme Rizqy : Je vais passer la
parole à ma collègue. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, Mme la députée de Vaudreuil. Et, chère collègue, on vous
revient sur votre demande. Ça va? Merci. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci, M. Poirier. Merci de votre présentation. C'est très pertinent
puis ça reflète, en effet, là, le terrain aujourd'hui, là. Vous l'avez dit,
vous êtes sur le terrain, vous voyez puis vous travaillez avec le milieu. Puis
on a bien senti aussi que vous étiez là pour protéger le citoyen, souvent le
plus vulnérable.
M. Poirier (Sylvain) : …le citoyen,
en bout de ligne, il va revenir à la première personne avec qui qu'il a fait
affaire. Il va revenir avec son banquier. Quand ça ne va pas bien, c'est la
porte où est-ce qu'il va cogner…
Mme Nichols : …vous travaillez
avec le milieu, puis on a bien senti aussi que vous étiez là pour protéger le
citoyen souvent le plus vulnérable.
M. Poirier (Sylvain) : Le
citoyen, en bout de ligne, il va revenir à la première personne avec qui il a
fait affaire, il va revenir avec son banquier. Quand ça ne va pas bien, c'est
la porte où est-ce qu'il va cogner, là.
Mme Nichols : Quand on parlait
un peu plus tôt, on a parlé, là, de l'inspection obligatoire. On a travaillé
dans un projet de loi, là, moi, je viens de finir 100 heures dans le
projet de loi n° 49, ça fait que je ne suis pas si rouillée que ça…
Une voix : …
Mme Nichols : Ça fait qu'on a
fait… non, non, c'est bon. On a fait 100 heures dans le projet de loi
n° 49 qui était aussi un omnibus, puis on a reçu la Régie du bâtiment, la
RBQ. La RBQ est venue nous demander, elle est venue nous demander, à la limite,
c'est un chèque en blanc, mais la RBQ a finalement… a décidé, là, d'intervenir
avec des inspections, justement, là, préachats, des inspections au préalable,
puis ils sont supposés de nous déposer, là, début décembre, là, leurs
orientations, mais je dirais qu'il y a eu beaucoup de discussions, puis s'ils
écoutent en ce moment, c'est peut-être une façon, là, de les influencer pour
mieux protéger les consommateurs, mais entre autres, ce qui était proposé, ça
serait l'inspection obligatoire pour les maisons de 25 ans et plus. Ça,
c'était la dernière version de la dernière conversation qu'on a eue avec la
Régie du bâtiment. Qu'est-ce que vous en pensez qu'on vienne protéger de façon
obligatoire les maisons de 25 ans et plus?
M. Poirier (Sylvain) : O.K. À
la base, une propriété neuve a une garantie de cinq ans établie par Garantie
Habitation, APCHQ, ainsi de suite. Donc, après ça, on est allé à 10 ans.
Bon, bien, 10 ans, on est 5 ans, dans le fond, qu'on se met à risque, là,
comme… soit comme organisation. Pourquoi délimiter l'âge? Pourquoi délimiter un
nombre d'années? Moi, j'entretiens bien ma propriété, mais mon voisin,
peut-être, lui ne l'entretient pas bien. On a deux propriétés identiques
construites la même année par le même promoteur, qui ont été payées le même
prix en même temps dans la même période de temps. Moi, je m'en suis occupée, je
l'ai entretenue. Lui ne l'a pas entretenue. Je pense que de délimiter dans le
temps, c'est n'est pas utile. On le fait ou on ne le fait pas, là, c'est… moi,
vous demandez ma position à ce niveau-là. Pourquoi des âges de propriétés? Moi,
ma maison a 110 ans, elle est impeccable. Puis ma voisine à côté, sa maison
a 85 ans, puis elle tient avec des poteaux, là. C'est très subjectif, là.
Donc, c'est très difficile de mettre un nombre d'années, parce que le nombre
d'années est en fonction de celui qui l'a occupée, qui l'a entretenue.
Mme Nichols : Il y a la
qualité aussi, là, la qualité de la construction. Les qualités de construction
de maisons qui ont 10 ans, là, qui n'ont peut pas la qualité, puis je
m'excuse, là, de faire cette parenthèse-là, mais je pense à des dossiers aussi
tristes que Trigone, là, qu'on voit passer, qui est très d'actualité. Ce n'est
quand même pas de l'immobilier qui date…
M. Poirier (Sylvain) : C'est
un mélange de manque d'éthique, de gouvernance et de pression du marché.
Mme Nichols : Définitivement.
Donc, il y avait de recommandations pour l'inspection obligatoire peu importe,
là, l'âge de...
M. Poirier (Sylvain) : Peu
importe l'âge de la propriété. Puis d'autant plus que, je reviens à l'histoire
de ma jeune fille qui veut acheter une voiture. Je vais aller faire inspecter
plus profondément une 2002 qu'une 2012 si j'ai à faire inspecter une voiture
comme bon père de famille. Donc, je ne voudrais pas…
Mme Nichols : …définitivement,
donc il y aurait des recommandations pour l'inspection obligatoire, là, peu
importe l'âge…
M. Poirier (Sylvain) : …peu
importe l'âge de la propriété, d'autant plus, puis je reviens à l'histoire de
la jeune fille qui veut acheter une voiture, va aller faire inspecter plus
profondément une 2002 qu'une 2012, si j'ai à faire inspecter une voiture comme
bon père de famille donc, je ne voudrais pas être délimité dans le temps.
Mme Nichols : Ma collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré…
et Île d'Orléans, je m'excuse, le titre est de plus en plus long, parlait,
entre autres… elle faisait référence aux inspections, oui… ah! j'ai perdu ma
question, en m'en allant sur l'Île d'Orléans, là, c'était trop… mais, oui, les
exceptions, elle disait : Est-ce qu'il devrait avoir… est-ce qu'on devrait
prévoir des exceptions? Puis j'aimerais vous entendre aussi, puis je vais vous
donner… parce que, ça aussi, je sais que la RBQ a des… on leur a lancé des
pistes de réflexion, mais comme une transaction entre parents, enfant. Est-ce
qu'on ne pourrait pas justement dire : Bien, cette inspection-là n'est pas
nécessaire, parents, enfant. Ma collègue parlait de succession, mais est-ce
qu'il y a d'autres cas, là, qui devraient être portés à notre attention pour
qu'on en tienne compte?
M. Poirier (Sylvain) : Porter
une attention particulière aux flips immobiliers, il y en a beaucoup, ces
temps-ci, des flips immobiliers, c'est-à-dire, puis les flips immobiliers,
présentement, quand le marché est en ébullition, disons, comme Montréal, donc
les banlieues vont s'élargir, et donc les possibilités de faire des profits en
rachetant une propriété, en la modifiant puis en la revendant, s'amenuisent
parce que les gens, présentement, achètent des propriétés délabrées à un prix
incroyable. Donc, ce qui arrive, c'est l'étalement, on va s'étaler,
effectivement, il peut avoir… c'est surtout peut-être dans les cas de flip
immobilier qu'il ne serait peut-être pas mauvais de continuer de l'exiger, de
ne pas le soustraire étant donné que ça devient un investissement aussi. Si
c'est au nom d'une compagnie, le flip immobilier devient une propriété
d'investissement. Donc, tantôt… il ne faut juste pas m'enfarger de ce que je
vous ai dit, une propriété d'investissement, je parle d'une propriété
multirésidentielle, trois, quatre, six logements qui sont utilisés à des fins
d'investissement seulement. Un flip immobilier n'est pas un investissement
immobilier, là, c'est un flip.
Mme Nichols : O.K. On parle beaucoup…
on fait souvent référence, là, aux maisons, mais on oublie aussi la
copropriété, la copropriété, on entend aussi, là, les histoires d'horreur en
copropriété. Donc, est-ce qu'il y avait certaines recommandations ou certaines
améliorations qu'on devrait apporter? M. le ministre nous disait : C'est
un projet de loi où on peut apporter des améliorations…
M. Poirier (Sylvain) : …la
copropriété, dans les dernières années, avec des fonds de prévoyance qui sont
obligatoires, qui n'étaient pas le cas avant. C'est certain que les frais
mensuels de copropriété ont augmenté par le fait même, mais je pense que ça a
été bien fait dans ça. Nous, on n'a pas… au niveau de la copropriété et la
protection du public et la protection, au niveau de l'institution financière ou
comme un prêteur hypothécaire, on ne le voit pas. Par contre, ce que, nous, on
exige souvent… certains prêteurs vont exiger, c'est des états financiers de la
copropriété…
M. Poirier (Sylvain) : …au
niveau de la copropriété et de la protection du public et de la protection au
niveau d'une institution financière ou comme prêteur hypothécaire, on ne le
voit pas. Par contre, ce que nous, on exige souvent dans… certains prêteurs
vont exiger, c'est les états financiers de la copropriété.
Le Président (M. Simard) : Et
en conclusion.
Mme Nichols : Bien, merci, M.
le Président. Je ne lancerai pas une question pour ne pas avoir de réponse. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Tellement gentille. Merci, chère collègue. Alors, M. Sylvain Poirier, président
de l'Association des courtiers hypothécaires du Québec, merci d'être venu parmi
nous, ce fût fort intéressant.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 49)
(Reprise à 10 h 55)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous avons toujours quorum, nous sommes prêts à
reprendre nos travaux. Nous recevons à l'instant l'Office de la protection du
consommateur. Madame, monsieur, soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Oui, bien sûr. Merci, M. le Président. Alors, mon nom est Marie-Claude
Champoux, je suis présidente de l'Office de la protection du consommateur. Je suis
accompagnée de Me Marc Migneault, qui est avocat à l'office.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue parmi nous. Vous disposez de 10 minutes.
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Merci, M. le Président. M. le ministre, membres de la commission, bonjour.
L'office est chargé, par l'article 292 de la Loi sur la protection du consommateur,
de protéger les consommateurs. À cette fin, l'office s'occupe de promouvoir
leurs intérêts devant un organisme gouvernemental dont les activités affectent
les consommateurs. Il est aussi chargé de coopérer avec les divers ministères
et organismes gouvernementaux du Québec et de coordonner le travail accompli
dans ce but par ceux-ci. L'office surveille également l'application de la Loi
sur les agents de voyages. Alors, notons qu'en matière de contrat d'assurance
conclu par le consommateur, le mandat de l'office est en bonne partie limitée
aux pratiques de commerce, notamment dans les cas de représentation fausse ou
trompeuse.
Aujourd'hui, nous sommes ici pour
commenter le projet de loi n° 3. Il touche plusieurs aspects techniques
relatifs à la réglementation du secteur financier. Bien que la plupart de ces
aspects s'éloignent des dispositions dont l'office est chargé de surveiller
l'application, trois articles du projet de loi ont néanmoins retenu notre
attention, soit les articles 11, 60 et 133.
D'abord, l'article 11. Il modifie
l'article 64 de la Loi sur les assureurs. Il ajoute, à la fin de
l'article, les mots «ou, dans le cas d'un contrat d'assurance-voyage, qu'un
voyage mettant en jeu la garantie n'ait débuté». Nous comprenons que l'objectif
est de mettre fin au délai de résolution du contrat d'assurance dont dispose le
preneur dans le cas d'un contrat d'assurance-voyage, et ce, dès que le voyage
visé débute. Nous comprenons que cette fin peut être souhaitée afin d'empêcher
que l'assuré puisse bénéficier de la couverture pendant un voyage puis,
constatant que le risque couvert ne s'est pas matérialisé, utiliser le droit...
Mme Champoux (Marie-Claude) :
…au délai de résolution du contrat d'assurance dont dispose le preneur. Dans le
cas d'un contrat d'assurance voyage, et ce dès que le voyage visé débute. Nous
comprenons que cette fin peut être souhaitée afin d'empêcher que l'assuré
puisse bénéficier de la couverture pendant un voyage, puis, constatant que le
risque couvert ne s'est pas matérialisé, utiliser le droit de résolution dont
dispose le preneur pour résoudre le contrat et ne devoir aucune prime sur
celui-ci. Cet objectif nous apparaît raisonnable.
Notre commentaire ne porte pas sur la
modification en elle-même, mais la modification de l'article met en lumière un
aspect qui constitue peut-être un problème pour le consommateur. Le preneur
peut ne pas être la même personne que l'assuré. Le contrat d'assurance voyage
peut, par exemple, prendre la forme d'une assurance collective ou encore le
membre d'une famille peut être le preneur d'un contrat visant plusieurs membres
d'une même famille. Nous nous questionnons donc sur le fait qu'un contrat
d'assurance voyage peut être résolu jusqu'au début du moment du voyage, et
cela, sans que les assurés soient nécessairement tous avisés de la résolution
du contrat d'assurance. Une telle situation pourrait mettre en péril le
patrimoine du consommateur, se retrouvant sans assurance à l'étranger, et ce,
sans qu'il en ait été avisé et alors qu'il se croyait couvert par une
assurance. Nous croyons qu'un préavis de trois jours à toutes les personnes
couvertes par le contrat d'assurance voyage dont le preneur demande la
résolution pourrait être envisagé. Tout autre moyen permettant de protéger le
patrimoine du consommateur voyageur pourrait aussi être envisagé.
• (11 heures) •
Ensuite, l'article 60 du projet de
loi. Cet article infère à la Loi sur la distribution de produits et services
financiers une section encadrant les courtiers hypothécaires. Bien que la Loi
sur la protection du consommateur, la LPC, encadre le crédit à la consommation,
le crédit garanti par une hypothèque fait l'objet de plusieurs exemptions
d'application de la loi. De plus, l'article 3.5 du règlement d'application
de la LPC exempte de l'application de la loi le titulaire d'un permis de
courtier ou d'agence délivré en vertu de la Loi sur le courtage immobilier
lorsqu'il exerce des activités couvertes par cette loi. Nous croyons néanmoins
qu'un encadrement des activités des courtiers hypothécaires doit être maintenu.
Nous saluons le principe supporté par les articles 58.1 à 58.4 qui
seraient introduits à la loi. Nous nous demandons toutefois s'il ne serait pas
souhaitable que ces dispositions prévoient une obligation claire pour le
courtier de proposer plus d'un prêteur. En effet, une partie importante du
mécanisme de protection du consommateur passe par l'obligation d'informer, ce
qui a été introduit à la LPC dès 1978 et codifié au Code civil du Québec entré
en vigueur en 94. Nous croyons que l'impression générale est qu'un courtier
sert d'intermédiaire dans des opérations commerciales en rapprochant l'offreur
et les demandeurs, il ne représente pas un seul offreur. Lorsque le
consommateur s'adresse à un courtier, il s'attend à ce que ce dernier ait accès
à plusieurs offres, augmentant du même coup ses chances de payer un prix juste
pour le bien qu'il acquiert. En imposant au courtier hypothécaire l'obligation
claire de proposer plus d'un prêteur, nous nous assurons d'une offre au
consommateur qui soit juste. Cela permettrait alors à ce dernier d'accorder un
consentement véritablement libre et éclairé ou du moins s'en rapprochant
davantage…
11 h (version non révisée)
Mme Champoux (Marie-Claude) : ...un
prix juste pour le bien qu'il acquiert. En imposant au courtier hypothécaire
une obligation claire de proposer plus d'un prêteur, nous nous assurons d'une
offre au consommateur qui soit juste. Cela permettra alors à ce dernier
d'accorder un consentement véritablement libre et éclairé ou du moins s'en
rapprochant davantage. Nous pourrions éviter de laisser un consommateur sous
l'impression que le courtier a recherché parmi plusieurs offres, alors que cela
pourrait ne pas être le cas si le courtier n'avait pas clairement cette
obligation. Nous appliquons donc la règle moderne selon laquelle il incombe au
vendeur de faire ce que ferait une personne raisonnable dans une situation
semblable.
Enfin, l'article 133 du projet de loi
modifie l'article 8.4 de la Loi sur la protection des renseignements
personnels dans le secteur privé. Alors, l'article se lirait comme suit :
«Nul ne peut, après avoir été avisé par un
agent d'évaluation du crédit, conformément à l'article 8 de la Loi sur les
agents d'évaluation du crédit, de l'existence d'un gel de sécurité interdisant
à ce dernier de communiquer des renseignements personnels, demander
communication auprès d'un autre agent d'évaluation du crédit aux fins de la
même conclusion de contrat ou de la même augmentation de crédit pour lesquels
avait été faite la demande à l'agent ayant transmis l'avis d'existence du gel.»
Cette modification nous apparaît risquée.
Elle est de nature à favoriser la fraude en permettant à un fraudeur de mettre
en échec le gel de sécurité que le projet de loi n° 53
a introduit. En effet, nous craignons qu'il suffirait, si l'article 133
était adopté tel quel, de ne changer qu'un paramètre pour permettre à un
fournisseur de crédit d'obtenir des renseignements personnels d'un autre agent
d'évaluation du crédit que celui visé par le gel de sécurité.
Par exemple, un fraudeur ayant subtilisé
l'identité d'un consommateur pourrait tenter d'obtenir du crédit auprès d'un
commerçant ou d'un établissement financier. Voyant que la demande est refusée
en raison du gel de sécurité, il pourrait utiliser cette donnée ultérieurement
s'il apprenait que le même commerçant ou établissement financier fait désormais
affaire avec un autre agent d'évaluation du crédit. Il n'aurait par exemple
qu'à changer de modèle d'automobile ou de somme d'argent empruntée. Un simple
changement d'acte pourrait suffir à remplir le critère du contrat différent ou
de l'augmentation de crédit différente pour que le commerçant financier puisse
demander une communication auprès d'un autre agent d'évaluation du crédit.
Alors, en conclusion, au nom de l'Office
de la protection du consommateur, je remercie la Commission des finances
publiques de m'avoir donné l'occasion de faire valoir les intérêts des
consommateurs en lien avec le projet de loi n° 3. Je souhaite que les
idées et les pistes de réflexion formulées aujourd'hui contribuent à bonifier
cette vaste démarche. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme Champoux. Je cède maintenant la parole au ministre des
Finances qui dispose de 19 minutes.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup pour vos commentaires. Et vous pouvez être certain que nous allons
accorder tout le sérieux qu'il mérite. Peut-être... notre intervenant précédent
disait que 58.3… Parce que vous avez référé à 60, l'article 60, et les
obligations des courtiers...
M. Girard (Groulx) : …accorder
tout le sérieux qu'il mérite. Peut-être, notre intervenant précédent disait que
58.3… parce que vous avez référé à 60, l'article 60, et les obligations
des courtiers hypothécaires. Notre intervenant précédent a suggéré que 58.3
n'était plus pertinent. Est-ce que vous pourriez commenter sur cet aspect ou…
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Je n'ai pas entendu les commentaires de l'intervenant précédent.
M. Migneault (Marc) : Alors,
si vous me permettez, 58.3, c'est la disposition qui prévoit… le courtier
hypothécaire doit, avant de proposer un plan à un client, lui divulguer le nom
des prêteurs avec qui ses clients ont conclu un contrat de prêt, ainsi que les
autres renseignements prescrits par règlement. Écoutez, à brûle-pourpoint, M.
le Président, M. le ministre, je ne peux pas dire que l'office a fait une
réflexion là-dessus. Mais le fait qu'un courtier révèle qu'il… avec qui il fait
affaire, lorsqu'il fait des propositions à son client, ça me semble, si je fais
une analogie avec le domaine des assureurs, quelque chose d'assez raisonnable
et d'assez courant. Donc, personnellement, je suis un peu surpris d'une telle
demande, et je pense que ça mérite réflexion…
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Et votre…
quant à l'article 11, le préavis de trois suggéré, parce que vous
mentionnez que l'article 11 est raisonnable dans son esprit, mais vous
suggérez une modification, un préavis... dans le fond, ce que j'aimerais, c'est
que vous nous expliquiez, là, la clarification. C'est… pour une famille, vous
voulez un préavis, aux autres membres de la famille, ou…
Mme Champoux (Marie-Claude) : Bien,
il y a la famille, mais il y a aussi l'assurance collective, là, qui est une
préoccupation comme dans le domaine du voyage, effectivement, il y a
effectivement beaucoup d'assurances collectives. On disait : Si quelqu'un
n'est pas au courant que son… que la police a été suspendue, c'est certain que
c'est enjeu d'information qui est important. Oui, effectivement, dans une même
famille, mais c'est surtout l'action collective où j'ai un service qui est plus
grand. Je vais demander à Me Migneault de préciser.
M. Migneault (Marc) : Oui.
Merci, M. le Président, M. le ministre. Il y a effectivement la préoccupation
de l'assurance collective qui est très courante dans ce domaine d'assurance là.
Aussi, en assurance individuelle, il ne faut pas l'oublier, effectivement, ça
peut être un des membres de la famille qui a contracté pour d'autres membres de
sa famille. Et le préavis de trois jours vient simplement une pratique
administrative qu'a adopté l'office. Mes consoeurs qui pratiquent
particulièrement dans le secteur du voyage me disent que c'est une pratique qui
permet, dans le secteur du voyage, cette idée d'un préavis de trois jours
pour différentes questions qui va se poser, de donner l'opportunité aux…
M. Migneault (Marc) :
…pratique administrative qu'a adopté l'office. Mes consoeurs qui pratiquent
particulièrement dans le secteur du voyage me disent que c'est une pratique qui
permet, dans le secteur du voyage, cette idée d'un préavis de trois jours
pour différentes questions qui va se poser, de donner l'opportunité aux
voyageurs de, passez-moi l'expression courante, de se tourner de bord et de
prendre une décision éclairée, donc d'où la suggestion du trois jours. Ce
n'est pas quelque chose qui est ferme d'aucune façon, mais on s'est inspirés
d'une pratique administrative de l'office dans ce secteur-là.
M. Girard (Groulx) : Je vais
passer la parole à mes collègues et je vais consulter les gens du ministère qui
sont avec moi ici puisque je suis… bien, j'aurai peut-être des questions
supplémentaires sur cet article 11.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député
de Richelieu, je crois?
M. Émond : Allons-y, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Allons-y.
M. Émond : Oui, avec plaisir.
Merci, M. le Président. Mme Champoux, Me Migneault, merci pour votre
présentation puis merci d'être présent virtuellement avec nous aujourd'hui.
C'est un plaisir de vous recevoir. Est-ce que vous pouvez nous indiquer si…
Selon vous, dans la législation actuelle concernant la conclusion des contrats
d'assurance par Internet, est-ce que, selon vous, ça put entraîner des effets
pervers, notamment sur les périodes de couverture ou autre disposition de
contrats qui sont soumis à la période de droit de résiliation… pardon, de
10 jours? Est-ce que ce sont des choses qui ont été portées à votre
attention ou…
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Non, ce n'est pas quelque chose qui a été porté à notre attention. On n'a pas,
à ma connaissance, de plaintes ou d'indications à ce niveau-là.
M. Migneault (Marc) : Bien,
peut-être, M. le Président, il faut voir qu'en matière d'assurance sauf
lorsqu'il se poserait des questions de pratiques commerciales, là, comme des
fausses représentations, le champ d'application de la LPC… en fait, il y a des
exclusions de l'application de la LPC pour la plupart des dispositions, ce qui
fait que ce gendre de problématiques là serait référé par nos agents,
probablement plus vers l'Autorité des marchés financiers.
M. Émond : O.K. Merci. Est-ce
que… Vous avez parlé, bien entendu, des protections pour le voyage, pour les
contrats d'assurance collective, là, qui pourraient se faire sans que les
adhérents… des retraits de protection qui pourraient être faits sans que les
adhérents soient informés adéquatement. Et votre commentaire porte tout
particulièrement sur cette couverture, pas beaucoup sur les autres volets qui
parfois on retrouve en assurance collective. Donc, est-ce qu'on doit en déduire
que vous avez été informés de problématiques particulières en ce qui a trait au
retrait, là, des protections sans que les adhérents soient informés? C'est bien
ça?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Non, on n'a pas été sensibilisés à des problématiques, on anticipe des
nouvelles problématiques étant donné la modification de l'article. On n'a pas
regardé les autres couvertures étant donné…
M. Émond : …qui a trait au
retrait, là, des protections sans que les adhérents soient informés, c'est bien
ça?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Non, on n'a pas été sensibilisés à des problématiques, on anticipe des
nouvelles problématiques, étant donné la modification de l'article. On n'a pas
regardé les autres couvertures, étant donné, comme disait mon collègue, que ça
relève de l'AMF. Nous nous sommes concentrés, quand vous nous avez invités, sur
les volets du projet de loi qui pouvaient avoir un rapport où trouvaient
application, là, dans notre mission, qui est à l'office, et en lien soit avec
la LBC… dans le cas qui nous occupe, la loi sur les… des agents de voyages, qui
nous interpelle un peu plus aussi.
M. Émond : O.K., je comprends.
Merci. M. le Président, juste avant de passer la parole à un collègue, je vous
donnerais l'opportunité, peut-être, en une minute, là, dans les dispositions…
Quelles sont les dispositions du projet de loi qui pourraient être bonifiées,
selon vous, pour améliorer la protection des consommateurs au Québec?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Comme je vous dis, là, pour ce qui est du reste du projet de loi, là, je vais
laisser les autres intervenants s'en occuper, mais nous, c'est vraiment les
trois articles qui ont été évoqués, là, dans mes remarques au départ. L'article
11, l'article 60 et l'article 133 sont les trois articles qui, à notre avis,
méritent une bonification ou, enfin, une modification, là, pour la protection
des consommateurs.
M. Émond : Parfait. Merci
beaucoup. C'est tout, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Alors, M. le ministre, souhaitiez-vous intervenir
tout de suite? Sinon, je cède la parole à la députée de Charlevoix. Non? Alors,
M. le député de Sainte-Rose. Pardon. Excusez-moi.
M. Skeete : Moi, ça va être
rapide, M. le Président. Merci, et bienvenue parmi nous, virtuellement. Ça nous
manque de recevoir du monde, ça arrive, occasionnellement. Alors, vous êtes toujours
la bienvenue, pour les autres.
Vous avez parlé, tantôt, puis là j'ai peut-être
manqué un bout pendant que je prenais mes notes, donc excusez-moi si vous l'avez
expliqué, mais vous avez parlé, pour les courtiers hypothécaires, de mettre l'obligation
de référer ou de recommander plus d'un prêteur. Pouvez-vous me donner un peu
plus de viande, pour que je comprenne un peu comment que vous voyez ça, vous?
Parce qu'en ce moment, il me semble, quand on fait affaire avec un courtier, du
moins, là, il nous recommande divers prêteurs. Mais là vous, vous dites :
Ce n'est pas toujours le cas. Pouvez-vous me donner un peu plus d'information
sur ce que vous voulez dire, particulièrement?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Oui, bien, je vais rapidement passer la parole à Me Migneault, mais je veux
juste dire, notre préoccupation première, à l'office, c'est s'assurer que le consommateur
soit bien informé. Et effectivement je ne veux pas parler… je ne veux pas dire
que la majorité des courtiers… mais on le sait, qu'il y a des courtiers qui
font affaire avec un seul prêteur, alors juste si on leur donne l'obligation,
ça permet de rassurer le consommateur, ça lui permet de savoir dans quoi il
s'embarque. Alors, c'est vraiment une protection supplémentaire puis un souci
d'information éclairée pour les consommateurs. Mais, Me Migneault.
M. Migneault (Marc) : Bien,
peut-être y aller plus... pour compléter. On ne vous dit pas que…
Mme Champoux (Marie-Claude) :
...ça lui permet de savoir dans quoi il s'embarque. Alors, c'est vraiment une
protection supplémentaire puis un souci d'information éclairée pour les consommateurs.
Mais, Me Migneault.
M. Migneault (Marc) : Bien, peut-être
y aller plus... pour compléter. On ne vous dit pas que l'obligation n'existe
pas autrement, hein? Le domaine des assurances, c'est un domaine qui est vaste
et complexe. Mais saluant le principe qui est défendu et qui reprend des
principes qui existent déjà dans la Loi sur la distribution de produits et
services financiers de s'enquérir des besoins du client, des choses comme ça,
force nous est de constater que cette obligation-là du courtier de proposer
plus d'un prêteur ou fournisseur de crédit n'est pas clairement évoquée dans
ces dispositions-là. Alors, on croit qu'il y aurait avantage, ne serait-ce que
pour des motifs pédagogiques auprès du courtier lui-même que de dire très clairement
qu'il a cette obligation-là. Ça pourrait être avantageux et ça pourrait
permettre une meilleure compréhension de la loi, et là je parle de la loi avec
un L majuscule au sens large, parce que l'obligation peut découler d'autres dispositions
législatives ou réglementaires.
M. Skeete : Puis, si vous
parlez strictement des courtiers, là, j'imagine que vous ne vous attendez pas à
ce que RBC recommande Desjardins pour des assurances, là. Pas des assurances,
mais pour l'hypothèque, là.
M. Migneault (Marc) : On
parle véritablement des courtiers...
M. Skeete : On parle
strictement des courtiers indépendants.
M. Migneault (Marc) :
Effectivement. Et notre compréhension est la même que la vôtre, c'est-à-dire
que le sens courant des termes nous fait comprendre que, lorsqu'on s'adresse à
un courtier, il devrait y avoir plus d'une offre qui nous est faite ou, en tout
cas, dans l'offre, il devrait y avoir une recherche qui concerne plus d'un
prêteur.
M. Skeete : Puis vous,
vous dites, selon votre interprétation de loi actuelle, que ce n'est pas le cas
et que le consommateur gagnerait davantage si ça l'était.
M. Migneault (Marc) : Bien,
M. le Président, M. le député, on ne dit pas que cette obligation n'existe pas.
Mais ce qu'on dit, c'est qu'au sein des articles 58.1 à 58.4 le
législateur aurait peut-être avantage à le dire très clairement. Et ça
permettrait notamment que le courtier le comprenne très clairement.
M. Skeete : Merci
beaucoup. C'est beau pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : En
fait, j'allais faire un commentaire au député de Sainte-Rose. Il arrive qu'une
institution financière recommande des produits d'une autre institution
financière dans l'intérêt de son client. Je comprends que vous n'avez pas vécu
cette expérience, mais, bon. Mais je n'ai plus de question. Je remercie
l'office pour sa présentation.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, Mme Champoux et Me Migneault, pour votre
présence en virtuel avec nous. Là, ce que vous dites pour les courtiers, est-ce
que vous, vous aurez une recommandation qui divulgue le nombre des prêteurs
hypothécaires qui le font et/ou le nom aussi des compagnies avec qui qu'ils
font affaire?
M. Migneault (Marc) : Oui,
bien, M. le Président, Mme la députée, je pense qu'effectivement...
Mme Rizqy : ...est-ce que vous,
vous aurez une recommandation qui divulgue le nombre de prêteurs hypothécaires
avec qui ils font... et/ou le nom aussi de leurs... des compagnies avec qui ils
font affaire?
M. Migneault (Marc) : Oui.
Bien, M. le Président, Mme la députée, je pense qu'effectivement cette double
obligation-là, qui peut exister autrement, là, dans le corpus législatif et réglementaire,
mais je pense que ça serait une bonne idée. On croit que ça serait une bonne
idée que le courtier ait cette obligation-là édictée très clairement dans ces articles-là.
Donc, l'offre que je vous fais est fondée sur le portefeuille que je détiens,
et le portefeuille, bien, c'est Untel, Untel, Untel.
Mme Rizqy : Est-ce qu'il
devrait aussi, le courtier, transmettre l'ensemble des offres? Par exemple, si
le courtier a fait différentes recherches, Banque de Montréal, Banque
Nationale, Desjardins, le courtier pense que la meilleure offre, c'est celle de
Banque Nationale. Ne devrait-il pas aussi soumettre les autres offres de Banque
de Montréal, ainsi que, par exemple, Desjardins?
M. Migneault (Marc) : M. le
Président, Mme la députée, je dois vous avouer très candidement qu'on n'a pas
réfléchi à cette question.
Mme Rizqy : O.K. D'accord.
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Bien, ceci dit, si vous me permettez, ceci dit, comme tu disais tout à l'heure,
notre souci d'information du consommateur étant tel que probablement que notre
premier réflexe, sans y avoir... sans s'être penchés là-dessus, notre premier
réflexe serait d'une plus grande information au consommateur que d'une plus
petite.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
Mme Champoux. J'aimerais aussi maintenant vous amener sur un autre sujet. Je ne
pense pas que vous avez déposé de mémoire. En tout cas, ce n'est pas sur
Greffier. Mais j'aimerais vous attendre sur l'assurance, assurance vie,
assurance vie hypothécaire. Il arrive parfois, avec les prêts, que le client
adhère à une hypothèque, mais rapidement, on lui soumet aussi l'assurance vie
hypothécaire. Mais le client ne connaît pas nécessairement les tenants et
aboutissants d'une assurance vie hypothécaire. Par exemple, il ne comprend pas nécessairement
que lorsqu'il aura remboursé, à terme, disons dans 25 ans, son prêt
hypothécaire, bien, l'assurance vie auquel il a souscrit, bien, elle aussi,
elle tombe, elle n'existe plus. Et si, par exemple, on a une personne qui a
contracté un prêt hypothécaire à 30 ans, le rembourse à l'âge de
55 ans, si jamais d'aventure il veut avoir une assurance vie, bien,
prendre une assurance vie à 55 ans, ça coûte pas mal plus cher. Et il y a
aussi le risque d'être assurable à ce moment-là, dépendamment aussi de la santé
de l'individu, 25 ans plus tard est différent. Est-ce qu'il devrait y
avoir des obligations aussi de divulgation, et même pour un courtier de, justement,
expliquer cela au client et de plutôt lui faire comprendre aussi qu'une
assurance vie traditionnelle est beaucoup plus bénéfique que l'assurance vie
hypothécaire?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Si je peux permettre, on ne s'est pas penchés sur cet aspect, les assurances en
général relevant plutôt de l'Autorité des marchés financiers. On s'est vraiment
penchés sur le côté assurances voyage qui était plus dans notre champ
d'expertise. Alors, on ne s'est pas penchés sur l'assurance vie ou même sur
l'assurance...
Mme Champoux (Marie-Claude) :
…si je peux me permettre, on ne s'est pas penchés sur cet aspect. Les
assurances, en général, relevant plutôt de l'Autorité des marchés financiers,
on s'est vraiment penchés sur le côté assurance voyage qui était plus dans notre
champ d'expertise, alors on ne s'est pas penchés sur l'assurance vie ou même
sur l'assurance vie hypothécaire.
Mme Rizqy : D'accord.
Juste assurance voyage. Pour les assurances voyage, est-ce qu'il y a d'autres
éléments que vous voudriez nous divulguer, qu'on devrait ajouter aussi pour
protéger davantage les consommateurs?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Non, je pense qu'on est, en fait, comme on disait un peu plus tôt, là, on est
en accord avec la modification dans le sens que c'est normal que ça ne soit pas
possible, là, d'annuler la police en plein milieu du voyage. Notre souci, c'est
vraiment de s'assurer que les consommateurs ou ceux qui ont contracté cette
assurance-là soient informés, puis c'était vraiment la petite difficulté
concernant les assurances collectives ou l'assurance prise par un autre membre
de la famille. Alors, ça, c'est vraiment notre souci, c'est sur cette
information.
Mme Rizqy : Et j'ai une
dernière question. Vous avez mentionné que vous avez… vos préoccupations à l'article 11
du projet de loi, je n'ai pas bien compris en fait c'est quoi votre
préoccupation, toujours par rapport à l'assurance voyage. Est-ce que c'est
vraiment juste circonscrire qu'une fois a décollé, est partie, à ce moment-là
l'assurance ne peut plus être modifiée?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Non, en fait, ce qu'on… ça, je pense que c'est ce que la loi introduit. Notre
préoccupation, c'est vraiment sur l'information, là, pour s'assurer que les
gens le savent.
Mme Rizqy : O.K. Juste… O.K.,
une préoccupation d'information. Oui?
M. Migneault (Marc) : Bien,
peut-être, si vous voulez, M. le Président, Mme la députée, oui, effectivement,
il faut que la personne qui est couverte par l'assurance voyage soit informée
et cette information-là, pour qu'elle arrive à temps, il faudrait qu'elle soit
informée de la résolution du contrat avant le début du voyage. Pour parler en
termes simples, là, pensez à un exemple très près de la vie courante, si une
personne qui est relativement âgée mais qui a un patrimoine important puis qui
veut le léguer, son patrimoine, bien, si quelqu'un d'autre dans sa famille est
preneur de l'assurance, il faudrait qu'il soit informé de la résolution du
contrat suffisamment tôt avant que le voyage débute, pour ne pas se retrouver
dans une situation où il… de rendu dans l'avion et il ignore que son contrat
d'assurance qui le couvrait, ou en tout cas le contrat d'assurance qui le
couvrait a fait l'objet d'une résolution.
Mme Rizqy : O.K. Mais si
on est informés, le consommateur n'a pas plus non plus d'outils, là, une fois
qu'il est informé, il s'est déjà assis dans l'avion et qu'il y a une résolution
pour son contrat, il se retrouve quand même le bec à l'eau, là.
• (11 h 20) •
Mme Champoux (Marie-Claude) :
C'est pour ça qu'on parle de trois jours avant, alors ça laisse — je
vais prendre l'expression de mon collègue — ça laisse le temps aux
gens de se retourner, de se revirer de bord, comme on dit, pour aller
contracter une autre assurance, le cas échéant. Mais c'est sûr qu'il ne faut
pas que ça soit assis dans l'avion, c'est vraiment trois jours, le délai de
trois jours est dans cet objectif-là.
Mme Rizqy : D'accord.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M.
le Président. Bonjour, Mme Champoux, bonjour, Me Migneault. Merci d'être
parmi nous…
Mme Champoux (Marie-Claude) :
…une autre assurance le cas échéant. Mais c'est sûr qu'il ne faut pas que ça
soit assis dans l'avion. Mais c'est vraiment trois jours, le délai de
trois jours est dans cet objectif-là.
Mme Rizqy : D'accord. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Champoux. Bonjour, Me Migneault. Merci d'être
parmi nous. J'ai des questions. Bien là, je comprends que vous avez concentré
vos… en fait, vous avez concentré, là, l'étude du projet de loi n° 8 sur l'article
11, l'article 60 puis l'article 133. Moi, quand j'ai vu qu'il y avait l'Office
de la protection du consommateur qui était pour être parmi nous, j'avais des questions,
là, un peu plus larges. Je vais quand même prendre une chance de vous les
poser, peut-être que vous avez un avis, ça concerne les assurances. Il y a beaucoup…
en tout cas, on est beaucoup sollicités ou on entend beaucoup… Dans nos bureaux
de comté ou dans nos différents milieux, beaucoup de gens viennent nous voir
sur les assurances en copropriété. Il semble avoir une problématique en
copropriété avec l'assurance. Dans le fond, ce qu'on comprend, c'est que c'est
le consommateur qui paie la compagnie d'assurance, puis je fais référence
quand, entre autres, il y a des… je vais donner un exemple de dégât d'eau, mais
quand il y a n'importe quel sinistre, il y a eu certains changements qui ont
été apportés. Puis les consommateurs… En fait, nous, le téléphone sonne, là,
dans les différents bureaux de comté, en copropriété, là, je fais vraiment
référence à la copropriété. Alors, je vous le demande, est-ce que vous avez été
sollicités aux assurances sur la copropriété? Avez-vous reçu des plaintes?
Avez-vous un avis, particulièrement, sur ce sujet-là en particulier?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Comme on disait un peu plus tôt, que, s'il s'avérait que des clients ou des
consommateurs appelaient à l'officie pour parler de ce genre d'assurances, les
agents de protection de consommateur les référaient à l'Autorité des marchés
financiers. Alors, je ne suis pas capable, je n'ai pas de statistique, là. S'il
y avait un tsunami, j'en aurais entendu parler, là, parce qu'évidemment on
échange, là, sur les sujets qui intéressent les consommateurs, mais, tu sais,
si c'est quelques appels, les agents vont les référer à l'Autorité des marchés
financiers. Ce n'est pas chez nous que ça va être traité parce que ça ne relève
pas de notre loi.
Mme Nichols : Parfait. Puis
relativement aux assurances voyage, là, puisque vous en avez beaucoup parlé,
là, avec les différents membres de la commission, relativement à l'assurance
voyage, avez-vous reçu des tsunamis d'appels ou des tsunamis de cas suite à
différentes cancellations ou suite à des annulations d'assurances?
Mme Champoux (Marie-Claude) :
Au moment où on se parle, on n'a pas eu d'appels sur cette disposition-là qui,
présentement, n'existe pas. Alors, c'est… on anticipe que ça pourrait causer
problème si on essaie d'intervenir en amont. Mais ce n'est pas parce que c'est
basé sur des cas qui sont arrivés qu'on… C'est vraiment, à la lecture de la
disposition, c'est… on l'a collé sur nos pratiques. Puis on se dit une
meilleure information des consommateurs, c'est toujours une bonne idée. Puis un
délai pour qu'ils puissent se tourner vers une autre police, le cas échéant,
mais, tu sais…
Mme Champoux (Marie-Claude) :
…C'est basé sur des cas qui sont arrivés. C'est vraiment, à la lecture de la
disposition, c'est… on l'a collée sur nos pratiques. Puis on se dit une
meilleure information des consommateurs, c'est toujours une bonne idée. Puis un
délai pour qu'ils puissent se tourner vers une autre police, le cas échéant,
était ce qu'on prévoyait.
M. Migneault (Marc) : Je peux
peut-être offrir un complément de réponse là-dessus. Ça découle, ça, d'une
analyse objective, puis là j'utilise le terme au sens juridique, là, mais de la
disposition. C'est-à-dire qu'on est face à une disposition qui permet au
preneur ou à l'adhérent de résoudre le contrat. À l'heure actuelle, il peut
résoudre le contrat dans les 10 jours, y compris lorsque le voyage est
commencé. Dorénavant, à partir du début du voyage, il ne pourrait pas résoudre
ça.
Et ça met en lumière une difficulté qui
pourrait ne pas toucher beaucoup de citoyens mais qui pourrait entraîner des
situations catastrophiques. Si une personne relativement âgée, retraitée se
retrouve sans assurance maladie, assurance santé à l'étranger, dans certains
pays, ce n'est pas très lent… ce n'est pas très long avant que les sommes
engagées soient très élevées et qu'on puisse mettre en péril tout le patrimoine
du citoyen.
Donc, d'où l'idée de s'assurer que cette
personne-là soit avisée et que dans le pire des cas, cette personne-là puisse
décider de ne pas entamer le voyage. Ça serait triste de perdre, par exemple,
le coût d'un billet d'avion mais c'est moins pire que de mettre en danger
l'ensemble de son patrimoine.
Mme Nichols : Merci pour
le complément de réponse. Le délai, là… vous proposez, là, le délai de trois
jours, là, est-ce que c'est un délai qui est souvent utilisé dans la Loi sur la
protection du consommateur? Ou ce délai de trois jours là vient de… Vous, vous
pensez que c'est un délai raisonnable ou… Il vient d'où, ce trois jours là, que
vous faites une… vous en faites une recommandation.
M. Migneault (Marc) : Le
délai de trois jours, ce que j'expliquais, c'est que c'est un délai où nous,
dans le secteur du voyage, selon l'information que me donnent mes collègues,
là, je ne suis pas un expert du voyage, mais mes collègues me disent que c'est
un délai où, administrativement, ça permet habituellement aux voyageurs de
prendre des décisions. Donc, ce n'est pas nécessairement un délai qui découle
de la loi ou de la réglementation mais un délai qu'on considère raisonnable.
Mme Nichols : Très bien.
Merci. Moi, je n'avais pas d'autre question, M. le Président. Peut-être que ma
collègue avait… Tu voulais revenir sur…
Mme Rizqy : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Très volontiers. Vous disposez de 2 minutes, chère collègue.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Je me permets encore de revenir… parce que j'essaie de me mettre dans
la peau d'un citoyen. Quand que je contracte une assurance voyage, que ce soit
via ma carte de crédit ou avec une compagnie, et que je décide se partir en
voyage, je… c'est très difficile de se dire que je prépare mon voyage puis, par
exemple, j'ai une clause de résolution de mon contrat trois jours avant. C'est déjà
stressant de préparer son voyage, mais après ça, se virer de bord et trouver…
Je ne comprends pas pourquoi que l'obligation serait sur les épaules du
consommateur. Il me semble qu'une compagnie…
Mme Rizqy : …c'est très
difficile de se dire que je prépare mon voyage puis, par exemple, j'ai une
clause de résolution de mon contrat 3 jours avant. C'est déjà stressant de
préparer son voyage, mais après ça se virer de bord et trouver… Je ne comprends
pas que l'obligation serait sur les épaules du consommateur. Il me semble
qu'une compagnie qui est dans l'assurance, qui offre un tel service devrait
avoir un délai beaucoup plus important pour imposer une résolution parce que
son consommateur, très franchement, il se retrouve pas mal coincé, en
72 heures, se virer de bord, là.
M. Migneault (Marc) :
Écoutez, je répondrai à ça que je pense qu'il y a une question d'un équilibre
délicat, puis on ne se place pas comme des experts de l'assurance. Vous aurez
compris que ce n'est pas dans le champ d'application de la… sur la plupart des questions.
Mais il y a un délicat équilibre ici parce que le consommateur bénéficie d'un
droit de résolution. C'est à son avantage aussi dans certaines circonstances.
Par exemple, j'ai contracté pour une assurance et je me rends compte par la
suite que je peux obtenir une couverture équivalente ailleurs à meilleur coût,
ou encore que je bénéficiais, par exemple, à mon assurance collective
contractée via mon employeur d'une telle couverture et donc je n'avais besoin
d'en contracter une autre. Alors, le droit de résolution fait partie d'un processus
ou d'un mécanisme de protection du consommateur couramment utilisé, notamment
c'est très courant dans la Loi sur la protection du consommateur. Sauf que ce
que la modification met en lumière, c'est qu'ici il peut y avoir un effet
pervers si la résolution procède juste avant le début du voyage. Puis à l'heure
actuelle, ça peut même être pendant le voyage. Donc, simplement que toutes les
personnes qui sont couvertes par la police puissent être avisées.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Migneault (Marc) : Je
pense qu'ici on…
Le Président (M. Simard) :
Merci, Me Migneault.
M. Migneault (Marc) : Merci.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, sur ce, Mme Champoux, Me Migneault, merci infiniment de
votre présence parmi nous ce matin. Bien que vous soyez une habituée,
Mme Champoux, c'est toujours un grand plaisir que de vous retrouver.
Alors, nous allons suspendre, le temps de
recevoir nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 32)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Et nous
voici en présence des représentants des Professionnels hypothécaires du Canada.
Messieurs, bienvenue à vous deux. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous
présenter?
M. Chamelot (Éric) :
Absolument. Donc, moi, c'est Éric Chamelot. Je suis courtier hypothécaire, mais
j'ai aussi une fonction auprès d'un groupe qui s'appelle le Groupe M3, un
holding qui détient, entre autres, Multi-Prets Hypothèques. Donc, dans la vie
de tous les jours, je travaille également à ce niveau-là.
M. Stencer (Maxime) : Et mon
nom, c'est Maxime Stencer, je suis le vice-président régional pour la Banque
Manuvie, auprès des courtiers hypothécaires. Je suis également représentant élu
auprès de PHC. J'entame ma deuxième année de mon mandat de trois ans.
Le Président (M. Simard) :
Messieurs, vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. Chamelot (Éric) : Alors,
d'abord, merci, merci de l'invitation, de pouvoir venir représenter nos
1 450 membres au Québec. Donc, PHC est une association canadienne,
donc il y a 14 000 membres au Canada qui sont tous soit des courtiers
hypothécaires ou soit des partenaires de courtiers hypothécaires, donc on parle
des prêteurs ou des intervenants, là, dans une transaction hypothécaires qui
peuvent également être membres de l'association. Au Québec, à 1 450…
M. Chamelot (Éric) :
...donc, il y a 14 000 membres au Canada, qui sont tous soit des
courtiers hypothécaires ou soit des partenaires de courtiers hypothécaires,
donc on parle des prêteurs ou des intervenants, là, dans une transaction
hypothécaire qui sont... qui peuvent également être membres de l'association.
Au Québec, à 1 450 membres, dont la vaste majorité sont des courtiers
hypothécaires, c'est la plus importante association qui représente les
courtiers hypothécaires ici, au Québec, probablement représente plus de
90 % des courtiers hypothécaires qui sont actifs, avec leurs permis. Il y
a un peu plus de permis qui sont en circulation, mais il y aurait beaucoup
là-dedans qui sont des courtiers qui sont courtiers immobiliers et hypothécaires,
donc ceux-là sont un peu moins actifs du côté hypothécaire. Donc, voilà. Ça,
c'est pour l'association. Encore une fois, merci de l'invitation.
On est ici aujourd'hui parce que, dans le
projet de loi, il y avait essentiellement deux points qu'on voulait amener à
votre attention. Je vais commencer tout de suite avec l'article 60 du
projet de loi n° 3, donc l'ajout de la section V pour les courtiers
hypothécaires.
Donc, tout d'abord, on est largement en
faveur des changements qui ont été faits, que ce soit à l'article ici ou dans
les autres. Je pense que l'objectif premier, du moins, de la façon dont on a
interprété le travail qui a été fait, ça a été de clarifier beaucoup des
articles. Donc, de ce côté-là, on est tout à fait d'accord avec l'objectif, là,
toujours... la clarté est toujours beaucoup plus efficace pour tout le monde.
Donc, en ce qui concerne la section V, nous supportons pleinement l'ajout de
58.1, 58.2, 58.4. Ça ajoute à la transparence pour le consommateur, qui est
quand même un des éléments fondamentaux pour bien desservir notre clientèle.
Là où on aimerait souligner un élément,
c'est au niveau de 58.3, et non pas l'intention derrière 58.3, qui essentiellement
demande aux courtiers de divulguer, sur le consentement que le client va
signer, la liste des prêteurs. Présentement, nous divulguons le nombre de
prêteurs avec qui le courtier hypothécaire a fait affaire dans les
12 derniers mois. L'ajout ici demanderait d'ajouter en plus le nom de tous
ces prêteurs-là. L'intention, en fait, elle est louable, et on la supporte,
l'intention. C'est plutôt la mise en application qui peut être assez difficile.
Dans la réalité d'aujourd'hui, les documents,
là, le consentement est un document qui est généré informatiquement. Donc, il y
a des efforts derrière la scène pour pouvoir mettre ça en place. Donc, à tout
le moins, si c'était quelque chose qu'on souhaitait procéder, ce serait de
permettre aux différents cabinets qui ont à faire ces changements-là un certain
temps pour pouvoir mettre ça en place parce que la réalité, c'est extraire la
liste, donc l'information, relativement simple, mais prévoir l'espace sur le...
M. Chamelot (Éric) : …procéder,
ce serait de permettre aux différents cabinets qui ont à faire ces
changements-là un certain temps pour pouvoir mettre ça en place. Parce que la
réalité, c'est qu'extraire la liste, donc l'information, relativement simple,
mais prévoir l'espace sur le document du consentement, informatiquement, c'est beaucoup
plus compliqué. C'est déjà une page qui est remplie. Il y a de l'espace qui est
prévu, par exemple, pour le nombre de prêteurs. Mais là il faudrait évidemment
modifier tout ça pour pouvoir faire de la place pour une liste, qui peut être
plus courte, peut-être, il y a trois ou quatre noms, mais elle peut être beaucoup
plus longue. Certains courtiers peuvent faire affaire avec 12, 15 prêteurs,
donc il faut prévoir suffisamment d'espace. Donc, logistiquement, c'est un
exercice qui peut être compliqué.
Ce qui nous amène quand même à nous poser
la question : Est-ce réellement nécessaire d'aller jusque là? La
divulgation du nombre de prêteurs est déjà là. Une alternative pourrait être,
pour chacun des cabinets, de divulguer sur leurs sites la liste de tous les
prêteurs avec qui ils font affaire. Donc, l'information serait disponible. Mais
d'aller jusque… établir la liste sur le consentement pourrait être un exercice
un peu difficile à exécuter. Donc, on reconnaît l'intention, on supporte même
l'intention, c'est plus dans la mise en application.
Deuxième élément qu'on veut amener à
l'attention, c'est l'article 56 du projet de loi n° 3.
Donc, il y a des changements qui sont proposés, en l'occurrence, là, essentiellement
de fusionner les paragraphes 3 et 4. Donc, il y a, évidemment, changer un peu
le langage dans le paragraphe 3 pour permettre l'inclusion de ce qui est dans
le paragraphe 4. À ce niveau-là, nous sommes tout à fait d'accord avec les
changements proposés. En fait, je pense, c'est une meilleure façon. C'est plus
clair, c'est plus simple pour tout le monde. Donc, on supporte pleinement.
On profite quand même de l'occasion de
souligner un point de vue qu'on a déjà émis, que l'association, d'autres
représentants de l'association avant Max et moi ont fait, au niveau du
paragraphe 5, et de permettre à certains détenteurs de permis avec l'AMF, qui
ne sont pas nécessairement des courtiers hypothécaires, de pouvoir faire une
référence, donc numéro de téléphone et nom de client, vers une institution,
vers un prêteur hypothécaire, et de recevoir rétribution en contrepartie de ça.
Notre point de vue là-dessus, c'est qu'avant de commencer à diriger un client vers
un prêteur en particulier il y a déjà un exercice de conseil à faire, et, pour
pouvoir faire ça, ça prend quelqu'un qui a, un, les connaissances au niveau des
hypothèques, mais aussi la connaissance des offres qui sont présentement faites
sur le marché, l'ensemble des offres d'hypothèques qui sont disponibles pour le
consommateur. Ça fait que, dès qu'un intervenant se propose de diriger, donc,
c'est… et on s'entend, dans le cas de, par exemple, un planificateur financier
qui réfère…
M. Chamelot (Éric) : …des
hypothèques, mais aussi la connaissance des offres qui sont présentement faites
sur le marché, l'ensemble des offres d'hypothèques qui sont disponibles pour le
consommateur. Ça fait que dès qu'un intervenant se propose de diriger, donc,
c'est… et on s'entend, dans le cas d'un, par exemple, d'un planificateur qui
réfère son client vers une banque en particulier, il vient déjà de limiter les
options de son client. C'est quand même quelqu'un d'avisé. Le client,
normalement, son planificateur financier, c'est quelqu'un de confiance. Et là
on a quelqu'un de confiance qui dirige le client vers une option hypothécaire
plutôt que de le conseiller sur l'ensemble de ce qui est disponible. Donc,
c'est à cet égard-là qu'on croit que tant qu'à faire un changement à
l'article 11.2, faisons le changement et éliminons le paragraphe 5
qui permet la pratique que je viens de souligner. Alors, voilà, ça fait le tour
des deux points que nous voulions soulever ici.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Chamelot. Je cède maintenant la parole au ministre des Finances.
Cher collègue, vous disposez de 19 min 15 s
M. Girard (Groulx) :
M. Stencer, vous ne vouliez pas rien ajouter?
M. Stencer (Maxime) :
Non. Je pense qu'Éric a fait une très bonne job.
M. Girard (Groulx) :
D'accord, d'accord…
M. Stencer (Maxime) :
Merci, par exemple, pour l'occasion. Merci.
• (11 h 40) •
M. Girard (Groulx) :
…j'anticipais une déclaration. Le deuxième article, là, vous nous avez parlé de
58.3. Le deuxième article, c'est lequel exactement?
M. Chamelot (Éric) :
C'est l'article 56 du projet de loi. Et ça réfère à l'article 11.2 de
la loi.
M. Girard
(Groulx) : 56. O.K., O.K., c'est… je
n'étais pas sûr si vous étiez toujours dans 58. O.K. Ça fait que 56.
M. Chamelot (Éric) : Oui.
M. Girard (Groulx) : Qui
est la loi sur la distribution des produits et services. O.K. Alors, si je
résume votre intervention, là, parce que quand même 58.3, c'est un article qui
est précis, et il y a quand même un intervenant, ce matin, qui nous en a parlé
aussi, qui représentait aussi des courtiers hypothécaires. Vous, vous dites,
dans le fond, que c'est raisonnable de divulguer le nombre de prêteurs avec qui
on fait affaire, mais qui n'est pas nécessaire de divulguer le nom?
M. Chamelot (Éric) : En
fait, ce n'est pas tout à fait ça. La nécessité de divulguer le nom des
prêteurs pourrait se faire d'une autre façon. Donc, la suggestion c'était de le
faire sur un site. Donc, le site du cabinet hypothécaire. Donc, l'information,
elle est disponible. Et je pense que oui, c'est important d'être transparent
pour le consommateur, et de lui dire avec qui nous faisons affaire. C'est
davantage un problème de logistique de mise en place. Ce n'est pas simple,
simple de prévoir informatiquement l'espace nécessaire pour faire ça. Écoutez,
ça se fait en informatique. Les gens avec qui je travaille ils le disent,
là : Tout se fait. C'est une question d'effort et de temps et d'argent.
Donc, ce n'est pas une question que ce n'est pas possible. Je ne veux pas
paraître déraisonnable à ce niveau-là, sauf que l'implanter dans l'immédiat,
c'est un changement important à un document qui est généré
informatiquement…
M. Chamelot (Éric) : …gens avec
qui je travaille, ils le disent, là : Tout se fait. C'est une question
d'effort, et de temps et d'argent. Donc, ce n'est pas une question que ce n'est
pas possible. Je ne veux pas paraître déraisonnable, à ce niveau-là, sauf que
de l'implanter, dans l'immédiat, c'est un changement important à un document
qui est généré informatiquement. Essentiellement, c'est ça, le point.
M. Girard (Groulx) : O.K. Mais
si on vous donnait une période transitoire pour vous conformer, là, on pourrait
changer le formulaire, là.
M. Chamelot (Éric) : On
pourrait changer le formulaire si le désir était de faire ça. Ce qu'on aimerait
considérer, c'est y a-t-il des façons alternatives d'arriver au même objectif.
Donc, évidemment, le texte du projet de loi ne décrit pas précisément ce
qu'était l'intention. Évidemment, la transparence, c'est clair. C'est une des
intentions. Y avait-il un autre objectif? Il s'agirait de voir quels étaient
les objectifs derrière ça. Mais si c'est uniquement la transparence, il y a peut-être
des façons alternatives de le faire, en l'occurrence, là, de les afficher en
temps réel sur le site du cabinet hypothécaire.
M. Girard (Groulx) : Ça me
convient, M. le Président. Puis merci pour cette précision, parce qu'en fait, de
toute évidence, je pensais que vous vouliez vous en tenir à seulement le
nombre, et là c'est plus une… dans le fond, vous supportez l'esprit de 58.3,
c'est plus la logistique rattachée à son implantation.
M. Chamelot (Éric) : Exactement.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. Je cède la parole à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster : Île d'Orléans.
Le Président (M. Simard) : Île
d'Orléans. Hey! Comment oublier l'île d'Orléans?
Mme Foster : Merci, M. le
Président. Moi, je voudrais revenir avec vous sur l'article 56. Je veux juste
être certaine d'avoir bien compris la portée de ce que vous dites puis
j'aimerais comprendre davantage, parce que je pense que c'est une piste intéressante.
Là, vous dites que c'est vraiment important
que ce soit un courtier qui dirige le client vers une institution financière,
et non pas toute autre personne, c'est ça? Mais j'aimerais vous entendre plus
amplement. Est-ce qu'il y aurait danger, selon vous, d'abus, si d'autres professions
pourraient le faire ou d'autres personnes pourraient le faire?
M. Chamelot (Éric) : Bien, je
n'irais pas jusqu'à de l'abus, parce que les autres spécialistes ont des permis
avec l'AMF, donc ils sont quand même encadrés, c'est des professionnels. On
n'écarte pas leurs expertises dans leurs champs d'expertise. Je vais prendre
l'exemple le plus facile, les planificateurs financiers, oui, ils ont une très
grande expertise, un très grand encadrement, et tout ça. Ils ont même, je
dirais, des connaissances financières approfondies, bien au-delà de la moyenne
des consommateurs.
Le problème, c'est qu'à ce moment-là le
client cherche la meilleure hypothèque pour sa situation. Et de prétendre que,
même la plus grosse des banques, la plus importante des banques au Canada, peu
importe à qui on veut donner l'étiquette, peu importe, elle n'a pas
nécessairement toutes les options à offrir au client. Ça fait qu'à partir du
moment où quelqu'un, un spécialiste quelconque, décide de diriger le client…
M. Chamelot (Éric) : …et de
prétendre que, même la plus grosse des banques, la plus importante des banques
au Canada, peu importe à laquelle on veut donner l'étiquette, peu importe,
elle n'a pas nécessairement toutes les options à offrir au client. Ça fait qu'à
partir du moment où quelqu'un, un spécialiste quelconque, décide de diriger le
client vers une banque, il vient déjà de limiter les options du consommateur.
Donc, notre point de vue, c'est que, comme n'importe quelle autre expertise, si
on parle d'hypothèque, le premier stop devrait être : Je veux aller voir
un spécialiste des hypothèques, un conseiller, un courtier hypothécaire.
Mme Foster : C'est bon, c'est
plus clair un peu, parce qu'en tout cas, pour moi, c'est important de le
clarifier, là, parce que je comprends qu'il y a quand même une expertise au
niveau des courtiers qui ont beaucoup de choix à offrir, là.
M. Chamelot (Éric) : Il y a
une expertise, mais il y a aussi la connaissance de ce qui s'offre présentement
sur le marché…
Mme Foster : Sur le marché,
en fonction de ce que le consommateur a besoin ou de la situation personnelle
d'un consommateur.
M. Chamelot (Éric) : Exact.
Mme Foster : O.K. Parfait.
M. Stencer (Maxime) : Notre
milieu est très dynamique, les taux et les politiques, auprès des prêteurs,
changent régulièrement, et ce sont les courtiers hypothécaires qui sont à
l'affût de ces changements-là. Et les autres professions, bien qu'ils sont très
compétents dans leur champ de métier, ne reçoivent pas les nouvelles et les
mises à jour de la part des prêteurs, comme un courtier hypothécaire le
recevrait. Donc, peut-être qu'aujourd'hui c'est la meilleure solution, mais,
dans deux semaines, ça pourrait être autre chose. Et c'est le courtier
hypothécaire qui est en mesure de diriger le client vers la bonne solution.
M. Fortin :
O.K. Parfait.
M. Chamelot (Éric) : De la
compétence et de l'information.
Mme Foster : C'est ça,
compétence et information. O.K. Je vous enverrais sur un autre sujet. Quand
votre mémoire parle de courtage interprovincial, bon, ça suggère
essentiellement, si je comprends bien, qu'un courtier hypothécaire d'une autre
province devrait pouvoir faire affaire au Québec, là, sans être inscrit dans la
mesure où il collabore avec un courtier québécois qui serait le premier
interlocuteur auprès du client. Je résume bien votre proposition, c'est bien,
ça? O.K. Parfait.
Vous semblez très critiques de certaines
dispositions du projet de loi, en mentionnant ce que vous considérez comme une
faille, là, à l'article 11.2 notamment, là, mais qu'en est-il dans la
législation actuelle, est-ce que l'article 11.2 n'est-il pas, au moins, un pas
dans la bonne direction?
M. Stencer (Maxime) : O.K. On
a eu plusieurs conversations avec l'AMF à ce sujet, là, quand la loi n'est tout
simplement pas claire. Ce n'était pas clair si… c'est au niveau du partage de
commission. Donc, un courtier, hors Québec, qui réfère un client, un courtier
du Québec, ce n'était pas clair si le courtier du Québec pouvait partager sa
commission avec le courtier hors Québec. Bien, évidemment, le partage de
commission, comme la relation initiale était avec le courtier hors Québec, le
partage de commission ou de référencement, appelez-le comme vous voulez, est
quand même naturel dans la transaction. On a précisé, avec l'AMF, l'AMF n'était
pas confortable avec le titre partage de commission, selon la loi comme elle
est écrite, par contre, une commission de référencement était permise, selon
leur interprétation. Par contre, nos membres sont un peu confus par rapport à
ça. Donc, nous, ce qu'on propose, c'est de clarifier l'article de loi pour que
ce soit clair pour tout le monde qu'un partage de commission ou un
référencement de commission, peu importe comme vous l'appelez, ce serait permis
toujours dans l'intérêt…
M. Stencer (Maxime) :
...commission de référencement était permis selon leur interprétation. Par
contre, nos membres sont un peu confus par rapport à ça. Donc, nous, ce qu'on
propose, c'est de clarifier l'article de loi pour que ça soit clair pour tout
le monde qu'un partage de commission ou un référencement de commission, peu
importe comment vous l'appelez, ce serait permis, toujours dans l'intérêt de la
protection du consommateur parce que, nous, on croit que c'est un courtier
hypothécaire du Québec qui est mieux placé pour desservir quelqu'un qui a
besoin du financement... hypothécaire pour une transaction au Québec, et non quelqu'un
qui est hors Québec.
Mme Foster : Est-ce que
le partage d'une commission, dans le fond, ce serait la seule avenue possible? Est-ce
que, bon, qu'en est-il dans les autres provinces, de ces genres de pratique là?
M. Stencer (Maxime) :
C'est très nébuleux. Donc, il y a vraiment matière à harmonisation à travers le
pays par rapport à des transactions interprovinciales. Ça ,c'est peut-être un
projet pour un autre jour, mais effectivement, il y a du travail à faire, car
chaque situation est différente, dépendamment de la province de provenance du
client et du financement hypothécaire.
Mme Foster : Vous
estimeriez, à peu près, à quel volume, annuellement, ce genre de type de
transaction là?
M. Stencer (Maxime) :
Très bonne question, on me l'a posée souvent, ça peut être rare. Par contre,
quand on pense à une région comme Ottawa, Gatineau, c'est très fréquent. Ça,
c'est très fréquent. Sinon, c'est des gens qui achètent des chalets, mettons,
des gens d'autres provinces qui achètent des chalets en Estrie ou dans les
Laurentides, mais la région d'Ottawa, Gatineau, c'est vraiment très névralgique
comme situation.
Mme Foster : Parfait.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, chère collègue. M. le député de Richelieu, après quoi nous
céderons la parole au député de Sainte-Rose.
M. Émond : Merci, M. le
Président. Bien, la collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré—île d'Orléans, c'est
bien ça, a posé une des questions... j'avais quelque chose qui m'intriguait sur
le volume, là, dans les transactions interprovinciales. C'est un sujet quand
même intéressant, puis je me demandais, dans vos pratiques respectives, quel
était ce volume-là, mais je comprends bien que c'est ciblé dans certaines
régions plus précisément. Donc, je vais vous demander une clarification.
Peut-être, mon intervention va être courte, M. le Président, sur
l'article 58.3. Vous avez eu le plaisir d'en discuter avec M. le ministre.
Si je comprends bien, M. Chamelot, c'est que c'est une question de
logistique qui ferait en sorte... qui amène une certaine difficulté à divulguer
pas seulement le nombre, mais les noms. Rappelez-moi, quel formulaire il
s'agit, là? C'est un formulaire qui arrive à quel moment dans la transaction?
• (11 h 50) •
M. Chamelot (Éric) :
C'est un des premiers formulaires que va voir le client, c'est le formulaire de
consentement. C'est le formulaire qui fait essentiellement deux choses dans la
relation entre le courtier et le client : un, ça confirme la relation
d'affaires entre le courtier et le client, première des choses, et ça lui donne
le consentement pour tirer un bureau de crédit, par après, pour pouvoir remplir
le mandat pour un courtage hypothécaire. Donc, c'est pour ça qu'on appelle ça
le consentement. Précédemment, ça s'appelait le contrat de courtage
hypothécaire, donc c'est peut-être un peu plus évocateur de ce que c'est, mais
ça incluait le consentement pour le bureau de crédit. Ça fait que, là, on a
juste un peu changé la terminologie, mais c'est essentiellement...
M. Chamelot (Éric) : ...donc
c'est pour ça qu'on appelle ça le consentement. Précédemment, ça s'appelait le
contrat de courtage hypothécaire, donc c'est peut-être un peu plus évocateur de
ce que c'est, mais ça incluait le consentement pour le bureau de crédit. Ça
fait que, là, on a juste un peu changé la terminologie, mais essentiellement,
c'est ce document-là. Et là-dessus, il y a plusieurs éléments. Donc, comme
c'est le premier contact avec le client, c'est effectivement la bonne place
pour divulguer au client la nature des relations d'affaires que le courtier a.
Donc là, présentement, c'est là qu'on indique que le courtier fait affaire avec
x nombre de prêteurs.
M. Émond : Je comprends, donc
ça intervient au début de votre relation avec la clientèle. Vous avez évoqué, tout
à l'heure, qu'il est possible de faire la divulgation des noms sur le site Web
de votre organisme ou de... Si je me mets dans la peau des consommateurs, je
vous confirme que j'apprécierais mieux l'avoir dans le formulaire, plutôt que
d'avoir à regarder, par souci de transparence, à deux, trois endroits.
Puis, je m'excuse, ma question va peut-être
paraître insignifiante, ça fait un certain temps que je n'ai pas eu affaire
avec un courtier hypothécaire, mais ne serait-il pas préférable aussi qu'on
retrouve cette information-là, dans la divulgation des noms, à la fin, dans
votre offre, avec le... Par exemple, là, vous dites que vous êtes chez
Multi-Prêts, moi, je reçois une offre de votre part, voici, M. le député, le
taux qu'on vous propose, la meilleure offre parmi les 12 ou 13, là... vous avez
parlé que ça peut aller jusqu'à 12, 13 propositions de prêteurs... pour faire
en sorte que, dans une discussion ultérieure, là, je me mets dans un souper
familial puis j'ai un beau-frère qui me dit : Moi, j'ai eu une méchante
bonne offre avec tel prêteur, bien, je vais me rappeler, en entendant le nom,
puisque je l'ai vu dans le formulaire que vous avez cité, qu'il a été
considéré, là.
M. Chamelot (Éric) : On fait
déjà un peu ça, sauf qu'on ne va pas lister les 12, 15, parce qu'il faut
comprendre qu'il y a quand même plusieurs prêteurs hypothécaires au Québec, là.
Il y a des gros noms que tout le monde connaît, mais il y a des noms moins
connus, et, si on rentre même avec les prêteurs privés, bien, la liste peut
s'allonger. Ça fait que ce que vous proposez n'est quand même pas une mauvaise
idée, encore une fois, compliquée à mettre en place, de dire : Bien,
voici, j'ai fait le tour des 15 prêteurs qui étaient une option pour vous, et
voici tout ce que les 15 ont dit. On ne va pas jusque là. Par contre, on met
les trois. Dans le dossier hypothécaire du client, il y a deux choses qui se
passent. On va lui présenter, voici les trois meilleures options pour vous, et
ces trois options là sont même documentées dans le dossier du client, qui va
être archivé par après. Donc, on fait ça, mais....
M. Émond : ...aux trois... les
trois positions les plus intéressantes.
M. Chamelot (Éric) : ...les
trois meilleures offres disponibles.
M. Émond : O.K., parfait.
C'est tout pour moi. Merci, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. M. le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Combien de temps, M.
le Président?
Le Président (M. Simard) :
5 min 35 s.
M. Skeete : Parfait. Bon, je
suis un peu comme mon collègue, là, je veux comprendre, là, le parcours client,
là. Parce que dans le fond, moi, si je décide de faire affaire avec
compagnie...
M. Émond : ... C'est tout pour
moi. Merci, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Combien de temps, M.
le Président?
Le Président (M. Simard) :
5 min 35 s.
M. Skeete : Parfait. Bon. Je
suis un peu comme mon collègue, là, je veux comprendre, là, le parcours client,
là, parce que dans le fond, moi, si je décide de faire affaire avec compagnie
X, puis là, après ça, compagnie Y, là, je suis un client averti, je magasine
mes affaires, là. Ça fait que, là, quand je viens vous voir, il y a une absence
d'information, là, pas parce que vous n'êtes pas transparent, mais parce qu'elle
n'est pas là. Puis là, de ça, je m'en vais voir un autre courtier, qui me
dit : Bien là, voici ce qu'on vous offre. Comment je fais pour savoir, premièrement,
s'il y a du dédoublement? Comment je fais pour savoir si, en fait, Y n'a pas un
meilleur prix à la même place que X, puis là, je peux voir la position de négociation
que Y a par... Ça fait que comment je fais, si je n'ai pas cette
information-là, pour magasiner effectivement une hypothèque? Je veux voir, là,
dans votre vision des choses comment ça se passe, ça.
M. Chamelot (Éric) : Écoutez,
il y a quand même un jeu de négociation là-dedans, les courtiers hypothécaires
ont accès à plusieurs offres de plusieurs prêteurs. On a très peu de clients
qui vont venir voir un courtier hypothécaire puis après ça aller en voir un
deuxième pour avoir un deuxième avis et potentiellement un troisième avis, ça
arrive rarement, un peu comme il y a très peu de clients qui vont aller voir un
planificateur, deux planificateurs, trois planificateurs financiers. Dans la
même optique, je ne pense pas que ça arrive très souvent.
Je pense que ce qui est important dans ce
que vous demandez, c'est de rassurer le consommateur que ce qu'il a devant lui,
c'est probablement la meilleure, si ce n'est pas une des meilleures options, et
c'est ce qu'on essaie de faire avec les trois, le Top trois qu'on donne.
D'ajouter la transparence de dire : En tant que courtier hypothécaire,
j'ai ajouté sur mon site Internet que je fais affaire avec huit prêteurs
différents, et en voici la liste, je les énumère, ça vous donne une indication
que je fais affaire probablement avec les tops prêteurs que vous reconnaissez
et probablement les tops prêteurs au Québec. Ça donne quand même beaucoup
d'information au consommateur pour le rassurer que les meilleures offres ont
été identifiées et lui ont été présentées.
M. Skeete : Y a-tu une
inquiétude de votre part, dans cette quête noble de transparence, y a-tu une
inquiétude de votre part que ça peut vous coûter de la business? Parce que, là,
si le client voit que vous avez x, y comme clients, est-ce que vous avez peur
qu'il va repartir avec ça puis aller essayer de se négocier un meilleur taux?
Vous n'êtes pas inquiet pour ça, là?
M. Chamelot (Éric) : Non. En
fait, c'est des bonnes pratiques. Je verrais mal un courtier hypothécaire qui,
sur sa liste, là, n'a que deux prêteurs. Bien, moi, je suis courtier
hypothécaire, mais je fais affaire avec Desjardins puis, mettons, Banque Nationale,
«that's it». Un, en tant que représentant de l'association, je pense que c'est
dans l'intérêt de tous que ce courtier hypothécaire là ne concentre pas, parce
que c'est impossible que ça réponde aux besoins de tous ses clients. Donc, il
doit avoir d'autres prêteurs qui sont mieux placés pour certains autres
clients. Ça fait que de divulguer le nom...
M. Chamelot (Éric) : ...un, en
tant que représentant de l'association, je pense, c'est dans l'intérêt de tous
que ce courtier hypothécaire là ne concentre pas... parce que c'est impossible
que ça réponde aux besoins de tous ses clients. Donc, il doit y avoir d'autres
prêteurs qui sont mieux placés pour certains autres... Ça fait que de divulguer
le nom des prêteurs est une bonne chose, est une bonne chose. C'est beaucoup
plus dans le mécanisme que, là, aujourd'hui, on a un enjeu, parce que le
formulaire de consentement, comme j'ai dit, il a un espace limité, comme on
dit, c'est du «real estate», là, il faut gérer l'espace qu'on a là-dessus, et
une liste... il faut prévoir suffisamment un espace suffisamment grand pour le
courtier qui a la liste la plus longue, essentiellement. Donc, ça peut être un
bloc quand même important. Ça fait que, logistiquement, il y a du travail
important à faire pour l'ensemble des cabinets hypothécaires qui ont des
formulaires générés automatiquement, et ça, c'est 80 %, là, des courtiers
hypothécaires qui font partie d'un cabinet qui est dans cette situation.
M. Skeete : Ça fait que pour
vous, c'est zéro un enjeu de concurrence, là, il n'y a pas un enjeu de secret
professionnel, de propriété intellectuelle, de possiblement... vous n'êtes pas
du tout dans ça, là. Vous, là, c'est... le formulaire, il est gossant à
arranger, là, puis c'est vraiment tannant, puis ça coûte cher, puis là, là, on
n'en finira plus d'en finir. Vous êtes là, strictement, là.
M. Chamelot (Éric) : Oui. Et
on prétend que dans la réalité d'aujourd'hui, avec des sites Internet, donc, il
y a déjà des obligations pour les courtiers hypothécaires de divulguer
certaines informations aux consommateurs sur leur site. Ce qu'on propose,
c'est : Allons là, rajoutons des éléments à divulguer sur le site, c'est beaucoup
plus facile à gérer. Et ce que je n'ai pas encore mentionné, c'est : il
faut gérer ça en temps réel, parce que, là, si, moi, sur ma liste, hier, je
faisais affaire avec cinq, six prêteurs et que j'en rajoute un septième aujourd'hui,
là, théoriquement, si je veux être conforme à la loi, bien, il faut que la mise
à jour soit faite aujourd'hui, là. Donc, c'est beaucoup plus facile de faire
une mise à jour sur un site Web, rajouter, je vais dire, un nom de prêteur, que
de repasser dans un formulaire qui est préétabli informatiquement.
M. Skeete : Dans les... parce
que l'Office de la protection du consommateur est venu nous voir tantôt...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Skeete : Ah! bien, l'OPC
est venu nous voir pour dire : Oui, il faudrait qu'il y ait plusieurs
offres. Est-ce qu'il y a dans votre association des membres qui n'ont seulement
qu'un prêteur ou ça n'arrive pas du tout, c'est rarissime, ou ça arrive
souvent?
M. Chamelot (Éric) : Une seule
offre, je mettrais ma main au feu qu'il n'y pas de courtier qui font affaire
avec un seul prêteur.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Skeete : Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci pour cette synthèse. Mme la députée de Saint-Laurent, vous disposez de
13 min 45 s
• (12 heures) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour. Merci d'être présents avec nous aujourd'hui. Au niveau
du nombre de prêteurs, est-ce que vos membres, est-ce qu'ils ont une obligation
aussi de divulguer aux clients si, oui ou non, il a fait affaire avec eux pour
ce prêt? Pas nécessairement pour les 12 derniers mois, mais lorsque, par
exemple, on va dire que je fais une demande...
12 h (version non révisée)
Mme Rizqy : …merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour, merci d'être présent avec nous aujourd'hui. Au niveau du
nombre de prêteurs, est-ce que vos membres… est-ce qu'ils ont une obligation
aussi de divulguer aux clients si, oui ou non, il a fait affaire avec eux pour
ce prêt, pas nécessairement pour les 12 derniers mois, mais lorsque, par
exemple… on va dire que je fais une demande de prêt, est-ce que le courtier a
l'obligation de me dire : J'ai fait affaire avec trois compagnies
aujourd'hui pour faire, aujourd'hui, la meilleure offre?
M. Chamelot (Éric) : Non, ça
ne va pas jusqu'à divulguer ce qui a été fait aujourd'hui. En général, ce que
les courtiers hypothécaires vont faire, c'est ils vont parler des meilleures
offres aujourd'hui, ils vont dire : Bon, O.K., moi, je fais affaire avec
sept prêteurs différents, présentement, puis là je n'avancerai pas de nom, prêteur
X, pour ce qui vous concerne, a probablement la meilleure offre. Là, on
s'entend, là, il y a la première conversation avec le client, puis il y a, je
vais dire, la dernière conversation avec le client. La première, c'est
prospectif, c'est : Je vous écoute, je comprends votre besoin, et une des
premières questions du client, c'est : Oui, mais quel prêteur et à quel
taux? C'est tout le temps ça, ça va direct là. Et on essaie de guider le
client, de lui dire : Écoutez, si vous voulez, je peux vous dire, là,
aujourd'hui, pour en général les meilleures offres si on parle de taux hypothécaires,
ce serait prêteur A ou B, voici, mais prenons le temps d'évaluer ce que vous
avez réellement de besoin.
Mme Rizqy : Mais aujourd'hui,
ça prend combien de temps faire un dossier d'hypothèque?
M. Chamelot (Éric) : Écoutez, le
travail du courtier, quand un client a… on peut parler d'achat, donc on a un
contexte particulier dans la dernière année, et les délais sont quand même
serrés. Et le travail du courtier, vraiment un courtier qui est à son affaire,
qui est professionnel, en quelques heures, peut monter le dossier.
Mme Rizqy : Oui, mais ça,
c'est quand on a un client qui est à ses affaires, qui a tous ses papiers
prêts.
M. Chamelot (Éric) : Qui a ses
documents. Oui, c'est pour ça que je vous dis. Si on parle strictement du
travail du courtier, ça peut se faire en quelques heures. Par contre, là, vous
avez nommé un des trois éléments… un des quatre éléments, il y a… il faut que
le client ait tous ses documents. Donc, je ne peux rien faire, même si tu me
dis que tu fais 80 000 $ par année, moi, j'ai besoin de voir quelque
chose d'écrit, donc j'ai besoin de certains documents. Ça fait que, si tu ne
les as pas, bien, il faut que j'attende après monsieur, madame pour obtenir les
documents.
Ensuite de ça, moi, effectivement, en
quelques heures, je vais monter le dossier, je vais le soumettre au prêteur.
J'ai les délais du prêteur à… et quand il y a surchauffe, qu'il y a beaucoup de
dossiers, et des milliers de transactions, tous les tops prêteurs sont tous au
bouchon, donc là il y a des délais, là, il faut attendre le délai. Puis une
fois que la décision de crédit est donnée, ce qui s'en suit, souvent, pour un
achat, tout le temps, il y a une évaluation de la propriété. Ça fait que, là,
il y a les délais avec les évaluateurs de propriétés. Et là tout ça il faut que
ça s'organise et ça se fasse dans un délai très, très serré, présentement. Ça
fait qu'on est d'accord à allonger. Je pense qu'il y a eu des propositions,
plus tôt aujourd'hui, d'allonger la…
M. Chamelot (Éric) :
...pour un achat tout le temps, il y a une évaluation de la propriété. Ça fait
que, là, il y a les délais avec les évaluateurs de propriété. Et là tout ça il
faut que ça s'organise et ça se fasse dans un délai très, très serré présentement.
Ça fait qu'on est d'accord à allonger. Je pense qu'il y a eu des propositions,
plus tôt aujourd'hui, d'allonger la période à 14 jours, tout à fait
d'accord avec ça. Ça va donner le temps à tous les intervenants, le
consommateur sortir ses papiers, le courtier hypothécaire, le prêteur évaluer
le crédit en bonne et due forme, l'évaluateur d'évaluer la propriété que les
choses se fassent correctement plutôt que comme ça a été le cas, mettre la
pression sur l'acheteur et le courtier hypothécaire pour sortir une approbation
de financement en quelques jours. C'est pratiquement impossible.
Mme Rizqy : Les courtiers
n'ont pas une obligation de soumettre le dossier de leurs clients à l'ensemble
des institutions financières avec qui il fait affaire?
M. Chamelot (Éric) : Non,
en fait, il ne soumet pas à plusieurs. Ce n'est pas... excusez le terme...
l'anglicisme, ce n'est pas un «shotgun», là. Tu sais, on ne fait pas à
plusieurs prêteurs. Ce n'est pas efficace pour les prêteurs, ce n'est pas
efficace pour personne. Le travail du courtier c'est d'évaluer, dans tout ce
qui s'offre aujourd'hui, quelle est la meilleure option, et on va commencer
avec le prêteur qui offre la meilleure option. Advenant le cas que ça ne
fonctionne pas, qu'il y ait un dossier refusé du prêteur, il est toujours temps
d'aller vers un autre prêteur pour lequel ça pourrait peut-être,
potentiellement, fonctionner. Mais non, il n'y a pas... on n'envoie pas à
12 prêteurs, puis on va attendre de voir les réponses, puis après ça on va
évaluer. Le travail, c'est le travail du courtier hypothécaire d'évaluer les
options.
Mme Rizqy : O.K.
M. Stencer (Maxime) : Si
je peux ajouter par rapport au délai. Par rapport au délai, c'est que, naturellement,
le prêteur qui a le plus bas taux, il va recevoir plus de dossiers, c'est la
nature de la chose. Donc, ce qui arrive, c'est que les délais vont être plus
longs. Donc, quand on a des règles de délais qui sont trop courts, comme c'est
le cas actuellement, le courtier hypothécaire ne va pas nécessairement donner
la meilleure option de taux à son client parce qu'il va dire : Le meilleur
taux, ce prêteur-là, ça va prendre trop longtemps pour avoir l'acceptation, tu
vas perdre la maison. Donc, voici une autre option pour toi, c'est
10 points de base plus élevés, mais je sais que, ce prêteur-là, les
réponses sont plus rapides, ils sont moins occupés. Donc, c'est votre
choix : payez plus cher l'hypothèque et avoir l'acceptation en temps pour
avoir la maison ou bien prenez le risque de perdre la maison parce qu'on ne
pourra pas rentrer dans les délais.
Donc, c'est pour ça, pour notre
association, avoir des délais plus longs et plus raisonnables, et moi, je vous
parle avec mon chapeau de prêteur hypothécaire aussi, ça enlèverait la pression
sur tout le monde et ça va avantager le consommateur dans son choix de
propriété.
Mme Rizqy : J'ai une
question qui n'est pas visée par le projet de loi directement. Mais tantôt vous
avez fait mention que vous avez quelques courtiers immobiliers qui sont aussi
en courtage hypothécaire. Mais il y a quand même une immense institution
financière qui a acheté dernièrement une plateforme de transaction. Est-ce que
ça, ça ne vient pas non plus mettre un client, potentiellement, vraiment, dans
ce qu'on... tu sais, un effet d'étau? Parce que, si tu as un immense site
transactionnel de maison avec une seule institution financière qui le détient,
ça fait en sorte que peut-être que l'acheteur va être exposé à un produit
beaucoup plus ciblé à chaque fois...
Mme Rizqy : ...mettre un client
potentiellement vraiment... tu sais, un effet d'étau, parce que si tu as un
immense site transactionnel de maisons avec une seule institution financière
qui le détient, ça fait en sorte que peut-être que l'acheteur va être exposé à
un produit beaucoup plus ciblé à chaque fois qu'il va sur ce site
transactionnel.
M. Chamelot (Éric) : Écoutez,
je sais exactement à qui vous faites référence.
Mme Rizqy : Vous êtes un homme
intelligent, vous, hein?
M. Chamelot (Éric) : Puis je ne
sais si c'est permis de nommer les noms, mais je suis bien au fait de tout ça.
Ce que vous dirais, c'est que la façon dont c'est organisé présentement, puis
là, je ne connais pas les intentions pour les prochaines années, ce que vous
décrivez n'arrive pas nécessairement, parce que le consommateur va sur le site,
et c'est essentiellement pour trouver les propriétés. C'est que ce site fait,
il affiche les propriétés, il met en contact les acheteurs et les vendeurs.
Mme Rizqy : Je le sais, mais
il y a quand même une exposition publicitaire directe, là, c'est comme sur le
site.
M. Chamelot (Éric) : Mais à ce
que je sache, il n'y a pas de référencement qui part du site pour aller vers ce
prêteur-là en particulier.
Mme Rizqy : O.K. Bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. J'avais des questions d'abord relativement aux 14 jours, là. Je
suis contente d'entendre votre position, puis surtout quand vous avez mentionné
la protection du consommateur, parce que je pense que c'est ce qui doit
vraiment être la base, là. Je pense que c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui,
là, tout le monde.
Ma deuxième question : L'inspection
préachat, je me demandais, est-ce que vous aviez... on en a beaucoup parlé
aussi avec la première personne de l'Association des courtiers hypothécaires
qui était ici ce matin, mais vous devez avoir une position relativement à
l'inspection préachat, parce que, veux veux pas, ça joue beaucoup, là, dans les
présentes transactions. Peut-être même qu'il y a des transactions, comme on
dit, elles se font... des gens veulent faire des transactions plus vites, on
est dans une surchauffe immobilière. Bien, vous devez certainement avoir une
position sur le rendre obligatoire ou pas, puis les modalités qui doivent
accompagner cette inspection-là.
M. Chamelot (Éric) : Je vais
commencer puis tu enchaîneras si tu as un avis légèrement différent. La réponse
que je vais vous donner, c'est encore une fois l'optique du courtier
hypothécaire. Souvent, ce qui arrive avec l'inspection, c'est que ça révèle des
problèmes que le consommateur va devoir adresser s'il décide d'acheter la
propriété. Ne sachant pas ces choses-là, parce qu'il n'y a pas eu d'inspection,
ça crée des problèmes financiers pour le consommateur plus tard, parce que le
toit qui coule, la fondation qui est fissurée, il va falloir qu'elle soit
réparée de toute façon. N'ayant pas l'information pendant la transaction
d'achat, ça le place dans un désavantage important. Et ce qui reste d'arriver,
c'est que, pour le courtier hypothécaire qui pense bien adresser le besoin,
donc : Ce que vous avez besoin, madame, c'est une hypothèque pour un
achat, mais dans le fond, ce que vous avez de besoin, c'est une hypothèque pour
un achat avec amélioration, qu'on appelle, rénovation ou avec amélioration. Ce
qui veut dire qu'il y a un...
M. Chamelot (Éric) : …qui
risque d'arriver, c'est que pour le courtier hypothécaire qui pense bien
adresser le besoin… donc : Ce que vous avez besoin, madame, c'est une
hypothèque pour un achat, mais dans le fond, ce que vous avez de besoin, c'est
une hypothèque pour un achat avec amélioration, qu'on appelle, rénovation ou
avec amélioration. Ce qui veut dire qu'il y a un ajout de capital qui est
nécessaire pour pouvoir couvrir des réparations. Si, en tant que courtier
hypothécaire, je ne le sais pas, bien, je ne vous donne pas ce conseil-là. Je
vous dis : Vous voulez acheter la maison, bien, voici, pour acheter la
maison, ce que vous avez de besoin.
Ça fait que ça joue pour le consommateur
ultimement. Parce que c'est plus compliqué, là, de faire deux transactions
hypothécaires une à la suite de l'autre, plutôt que d'en faire une bonne, bien
assemblée.
Ça fait que je pense que ça va dans
l'esprit de ce qui a été présenté. C'est dans l'intérêt à tout le monde, et le
consommateur d'abord et avant tout, d'avoir une inspection.
M. Stencer (Maxime) :
Puis le point de vue prêteur, là-dedans, c'est… bien évidemment, la propriété,
c'est notre collatéral. Donc, l'intégrité de la propriété, c'est très
important. Et puis on se fait bousculer à travers une transaction immobilière
et hypothécaire. Comme Éric mentionne, on risque de rater des éléments très
importants qui peuvent venir mettre en péril la garantie, plus tard. Donc, on
est très favorable à avoir des inspections.
Au niveau de l'association, c'est tout le
temps les bonnes pratiques professionnelles et la protection du consommateur.
Et quand on regarde ce qui est proposé, effectivement, on vient cocher les deux
cases à ce niveau-là. Donc, c'est très favorable, pour nous.
• (12 h 10) •
Mme Nichols : Avez-vous
des recommandations relativement aux modalités pour lesquelles on devrait la
rendre obligatoire? Ça devrait… l'inspection préachat devrait être obligatoire
sur l'ensemble des transactions ou il y a des cas… Puis je ne parlerai pas, là,
des cas, des exceptions, là, que tout le monde s'entend, là, les parents qui
vendent à leur enfant puis que l'enfant habite encore là, ou… pas ces cas-là,
là, mais relativement, sur les maisons de 25 ans et plus, les maisons de…
ou on se dit pour l'ensemble des transactions?
M. Chamelot (Éric) :
Bien, c'est sûr que les propriétés très jeunes en âge, le risque est beaucoup
plus faible et les évaluations se font quand même assez rapidement, assez
facilement. Dans un quartier qui a, je vais dire, cinq ans, est-ce que c'est
aussi nécessaire? Peut-être moins. Mais là, ça devient difficile après ça de
faire une loi qui couvre, Oui, mais ci, mais pas ça, tu sais.
Ça fait que si on avait à faire des choix,
la recommandation, ce serait : c'est un élément critique à l'évaluation du
dossier du client, que de connaître les besoins financiers, et ça inclut
potentiellement des réparations à la propriété. C'est notre position là-dessus.
Mme Nichols : Puis
relativement à la garantie légale, parce qu'on le voit aussi, là, on fait ça
vite puis on se dit : Bon, O.K., pas d'inspection puis on dit… Souvent,
là, le vendeur… Ça se fait, tu sais, ça se fait. Moi, je suis surprise, là, de
voir, là, un, comment les notaires sont sollicités, là : Ça presse, ça
presse, il faut que tu me fasses ma transaction. Puis ils sont à la limite
soudoyés, là. Mais par rapport à la garantie légale, ça aussi, là, c'est
important, là. Comment vous voyez ça, votre position, relativement à cette
garantie-là?
M. Chamelot (Éric) :
Encore, je vous dirais essentiellement la même réponse, c'est-à-dire c'est un
élément essentiel sur…
Mme Nichols : …puis ils
sont, à la limite, soudoyés, là, mais, par rapport à la garantie légale, ça
aussi, là, c'est important, là. Comment vous voyez ça, votre position
relativement à cette garantie-là?
M. Chamelot (Éric) : Je
dirais essentiellement la même réponse, c'est-à-dire, c'est un élément
essentiel. Sur des propriétés plus jeunes, le risque est beaucoup plus faible, ça
fait que je peux comprendre des acheteurs qui... ça fait huit mois qui
cherchent, puis qui doivent trouver une nouvelle propriété, et qui se font
conseiller de couper les coins ronds un peu, ça vous donne une meilleure chance
de pouvoir acquérir la propriété de considérer la chose. Ce n'est vraiment pas
le meilleur conseil dans le contexte actuel. Je comprends d'où ça vient et je
comprends les consommateurs, là, qui sont dans une situation précaire où ils
doivent faire des choix difficiles. Je suis convaincu qu'il n'y a personne qui,
volontairement, laisserait partir la garantie légale, mais, si ça fait la
différence entre un oui ou un non pour l'achat, je le comprends. Par contre,
âge de la propriété compte pour beaucoup.
Mme Nichols : Puis juste en
terminant, parce que, M. le Président, là, il est sévère pas mal sur le temps,
là, mais est-ce que vous... je suis curieuse puis je ne connais pas la réponse,
là, est-ce que vous, vous avez une obligation ou vous avez des recommandations
à faire... ces transactions-là relativement à l'inspection, relativement à la
garantie? Est-ce que vous avez des...
M. Chamelot (Éric) :
Légalement, ce n'est pas de notre ressort, mais ce sont tous des éléments qui
jouent sur le conseil qu'on donne. Donc, ça affecte la qualité de notre
travail, mais ce n'est pas dans... si on veut, dans notre juridiction, là,
de...
M. Stencer (Maxime) :
Mais le prêteur... Vous savez, il y a un document qui s'appelle la déclaration
du vendeur. Le prêteur pourrait exiger l'inspection lorsque l'application est
reçue par le prêteur. Donc, ce n'est pas l'obligation du courtier, mais plutôt
la condition que le prêteur va mettre.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, messieurs, merci pour votre présence parmi nous. Ce fut fort apprécié et
très instructif.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux.
Et on se retrouve après les affaires courantes. À plus tard.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, je constate que nous avons quorum. Nous allons
reprendre nos travaux. Comme vous le savez, la Commission des finances
publiques est réunie afin de poursuivre les consultations particulières et les
auditions publiques sur le projet de loi n° 3. Cet après-midi, nous sommes
en compagnie de représentants de l'Association canadienne des compagnies d'assurances
de personnes. Alors, exceptionnellement, nous avons quelqu'un qui est en onde
et une autre personne qui est, pour des problèmes techniques, se joint à nous
par voie téléphonique. Alors, bienvenue à vous deux.
Mme Duhaime (Lyne) : Merci,
M. le Président.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Simard) :
Mme Duhaime, auriez-vous… peut-être d'avoir l'amabilité de vous présenter.
Mme Duhaime (Lyne) : Bien sûr.
Bonjour, M. le Président, M. le ministre, messieurs mesdames, membres de la
commission. Je m'appelle Lyne Duhaime. Je suis présidente de l'ACCAP, soit
l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes pour le
Québec.
Le Président (M. Simard) : Et
vous êtes accompagné par?
M. Chalifoux (Jean-François) :
Je suis président et chef de la direction chez Beneva, qui résulte de la fusion
de La Capitale et de SSQ Assurances.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue à vous deux. Avant… C'est ça. Alors, voilà. Vous disposez de
10 minutes.
Mme Duhaime (Lyne) : Très
bien, merci. L'ACCAP est une association…
15 h 30 (version non révisée)
M. Chalifoux (Jean-François) :
…Jean-François Chalifoux. Je suis président et chef de la direction chez
Beneva, qui résulte de la fusion de La Capitale et SSQ Assurances.
Le Président (M. Simard) :
Bienvenue à vous deux. Avant… c'est ça. Alors, voilà. Vous disposez de 10 minutes.
Mme Duhaime (Lyne) : Très
bien, merci. La CAP est une association qui regroupe la totalité des compagnies
d'assurance de personnes qui font affaire au Québec et au Canada. Notre
industrie fournit une large gamme de produits essentiels à la santé et la santé
et la sécurité financière de plus de 7 millions de Québécois, comme
l'assurance vie, les rentes ou l'assurance maladie complémentaire, qui inclut
notamment l'assurance médicaments et les soins psychologiques. Les membres de
la CAP collaborent également avec le gouvernement depuis le début de la
pandémie pour soutenir la santé et le bien-être de l'ensemble des Québécois,
que ce soit par les soins en santé mentale, les prestations d'invalidité ou
l'assurance voyage, produits pour lesquels les assureurs ont versé plus de 100 millions
de dollars en assurance annulation depuis le début de la pandémie. Le
gouvernement du Québec pourra continuer de compter sur la collaboration de
l'industrie d'assurance de personnes pour faire face aux nombreux défis qui
accompagneront la relance économique ainsi que la lutte contre la pandémie.
Le projet de loi n° 3. D'emblée, la
CAP tient à saluer la volonté du gouvernement d'apporter des ajustements aux
lois qui encadrent le secteur financier. Nous voyons positivement certaines
modifications proposées par le projet de loi n° 3, par exemple, les
amendements à l'article 180 de la Loi sur les assureurs, qui permettront d'accorder
le même niveau de protection des renseignements des assureurs qu'au niveau
fédéral tout en favorisant l'échange d'information avec l'Autorité des marchés
financiers. De plus, les changements apportés à la gouvernance de l'Autorité
des marchés financiers, particulièrement la constitution d'un conseil
d'administration, est aligné sur les meilleures pratiques en la matière et ne
pourra être que positif pour les secteurs financiers et les consommateurs.
Cependant, nous sommes d'avis que certaines mesures proposées par le projet de
loi n° 3 auraient le mérite d'être bonifiées. Nos préoccupations
principales sont relatives à la limitation des placements des assureurs et au
trafic de polices d'assurance vie.
La limitation des placements. À l'heure
actuelle, la Loi sur les assureurs met en place des restrictions qui viennent
limiter la capacité des assureurs québécois à faire des placements et à
investir dans l'économie québécoise, notamment dans les projets
d'infrastructure, en immobilier et même dans les projets d'innovation. Dans le
projet de loi n° 3, le gouvernement propose des modifications permettant
des partenariats 50-50 en matière de placements immobiliers. La CAP
accueille favorablement ce changement. En effet, les partenariats 50-50
font partie de la stratégie de placement des investisseurs institutionnels,
dont les assureurs québécois, permettant de s'associer à des partenaires ayant
des expertises complémentaires et de diversifier le risque. Cependant, malgré
les modifications proposées par le projet de loi n° 3, des restrictions
demeurent en matière de détention de biens meubles et immeubles détenus en
copropriété. En effet, il n'est toujours…
Mme Duhaime (Lyne) :
…institutionnels, dont les assureurs québécois permettant de s'associer à des
partenaires ayant des expertises complémentaires, et de diversifier le risque.
Cependant, malgré les modifications proposées par le projet de loi n° 3,
des restrictions demeurent en matière de détention de biens de meubles et
immeubles détenus en copropriété. En effet, il n'est toujours pas possible pour
les assureurs québécois d'avoir des participations qui se situent dans une
fourchette comprise entre 31 % et 49 % inclusivement, alors qu'il est
difficile de comprendre l'objectif d'une telle restriction. De plus, les
changements proposés par le projet de loi n° 3 ne permettent pas aux
assureurs québécois d'accéder à certains véhicules de placement beaucoup plus
flexibles comme les sociétés en commandite. Cette situation fait en sorte que
les assureurs québécois sont souvent désavantagés par rapport aux autres
investisseurs institutionnels, par exemple, les banques ou les caisses de
retraite. À titre d'exemple, les caisses de retraite assujetties à la loi québécoise
sur les régimes complémentaires de retraite ne sont assujetties qu'à quelques
règles d'investissement avec lesquelles les assureurs québécois ne peuvent
concurrencer.
Le gouvernement a indiqué à plusieurs
reprises qu'il fallait mettre en place un environnement favorable pour stimuler
les investissements privés, soutenir le développement des entreprises et créer
des emplois payants pour les Québécois. Rappelons que l'industrie des
assurances de personnes joue un rôle économique vital au Québec avec des investissements
s'élevant à près de 173 milliards de dollars, et en employant près de
32 000 Québécois et Québécoises. De plus, 13 compagnies ont leur
siège social au Québec. Les assureurs de personnes jouent un rôle crucial dans
l'écosystème québécois. Nous considérons qu'il faut apporter les changements
demandés par notre industrie afin que les assureurs québécois puissent
continuer à jouer un rôle accru dans l'économie québécoise.
Maintenant, passons au commerce de
polices. C'est aussi avec regret que nous avons constaté que le gouvernement
n'a pas donné suite, dans le projet de loi n° 3, à la solution proposée
par l'industrie concernant le trafic de polices d'assurance-vie à des fins
spéculatives. Depuis des années, les sociétés d'assurance réunies au sein de
l'ACCAP constatent les divers risques associés au trafic de polices
d'assurances-vie à des fins spéculatives souvent appelé trafic, cession ou
commerce d'assurances-vie. Dans ce type de commerce, le titulaire d'une police
d'assurance-vie cède à un tiers, qui n'a généralement aucun intérêt assurable
sur la vie de l'assuré, tous les droits dans son contrat en échange d'une somme
d'argent qui est moins élevée que le montant pour lequel il est assuré. De
façon claire, des individus sollicitent des personnes âgées, malades ou
vulnérables économiquement afin de celles-ci cèdent leurs droits dans le
produit d'une assurance sur leur vie à un montant bien moindre que celui qui
sera payable au décès. D'abord popularisé aux États-Unis dans les
années 80, ce trafic de polices à donner lieu à de nombreux abus. À
l'époque, des groupes visaient les personnes atteintes du VIH qui étaient
vulnérables. Un investisseur offrait alors un montant aux personnes
séropositives, et en échange leur acheteur devenait bénéficiaire irrévocable de
la police. Un commerce de polices d'assurance-vie s'est alors développé. Ainsi,
on offre aux personnes en situation de vulnérabilité de céder leur police pour
une valeur moindre. La police d'assurance est alors…
Mme Duhaime (Lyne) : …un
investisseur offrait alors un montant aux personnes séropositives, et, en
échange, le racheteur devenait bénéficiaire irrévocable de la police. Un
commerce de polices d'assurance vie s'est alors développé. Ainsi, on offre aux
personnes en situation de vulnérabilité de céder leur police pour une valeur
moindre. La police d'assurance est alors transformée en véhicule
d'investissement et n'est plus pour le bénéfice du bénéficiaire. Le produit est
ainsi détourné de sa raison d'être, qui est d'assurer une sécurité financière
au bénéficiaire lors du décès de l'assuré.
Pensons simplement au fait que, pour
déterminer la valeur de l'offre qui sera faite à l'assuré, l'investisseur
voudra accéder aux renseignements médicaux, souvent demandera au titulaire de
la police de se soumettre à un examen médical et il voudra aussi consulter
l'état de santé de façon ponctuelle, il voudra… et pourra même demander de
subir des examens médicaux additionnels. Si les résultats additionnels ne sont
pas satisfaisants, il pourra à nouveau vendre la police à un autre
investisseur, comme quelqu'un qui vend des actions à la bourse qui ne
performent pas comme il voudrait.
L'intrusion dans la vie privée des gens
est d'ailleurs un des problèmes fréquemment soulevés au sud de la frontière
suite au manque du respect de la dignité et de la protection de la vie privée
en raison de pratiques jugées trop agressives. Les régulateurs d'assurances des
États américains ont alors décidé d'accorder des ressources considérables pour
se doter d'un cadre juridique rigoureux afin d'interdire ce genre de pratiques.
Face à la volonté de certains groupes de développer ce type de trafic au Canada,
les autres provinces canadiennes ont mis en place des mesures afin d'interdire
le commerce de polices d'assurance vie. Actuellement, des groupes non
réglementés tentent de développer un marché québécois de cession de polices
d'assurance vie à des fins commerciales ou spéculatives. À ce jour, et
contrairement à ce qui a été fait dans les autres provinces, aucune mesure
n'interdit le trafic de polices d'assurance vie au Québec.
C'est pour prévenir la croissance de ce
marché en sol québécois que le gouvernement doit s'empresser d'interdire cette
pratique. Vous comprendrez que notre industrie est régie par des règles
déontologiques, des lois et des règlements pour le bénéfice des consommateurs
qui nous accordent leur confiance et que l'industrie est sous la supervision de
l'Autorité des marchés financiers et de la Chambre de la sécurité financière.
Pendant ce temps, au Québec, des gens d'affaires aucunement assujettis à un
encadrement approchent les personnes vulnérables et leur proposent de céder
leur police, leur font miroiter des sommes sans même analyser leurs besoins,
sans devoir respecter des règles déontologiques et sans que ce ne soit nécessairement
à l'avantage du client.
Le projet de loi n° 3 constitue une
excellente opportunité pour mettre en place une solution pour interdire cette
pratique et mieux protéger les consommateurs vulnérables. Il faut éviter que le
Québec fasse bande à part et devienne une terre d'accueil pour cette pratique
douteuse et mal encadrée. Notre souhait est d'interdire le trafic de polices
dans un cadre où le consommateur peut préserver ses droits de cession de sa
police. La décision de céder une police serait celle du détenteur de la police,
mais il serait…
Mme Duhaime (Lyne) :
...Québec fasse bande à part et devienne une terre d'accueil pour cette
pratique douteuse et mal encadrée. Notre souhait est d'interdire le trafic de
police dans un cadre où le consommateur peut préserver ses droits de cession de
sa police. La décision de céder une police serait celle du détenteur de la
police, mais il serait interdit à quiconque de solliciter des individus pour
qu'ils cèdent leur police, ce qui empêcherait le développement d'un marché de
trafic à des fins spéculatives au Québec.
La solution que nous proposons est simple,
ne nécessite pas de changement au Code civil du Québec et s'inspire de ce qui
se fait ailleurs. Nous sommes confiants qu'ensemble nous arriverons à mettre en
place une solution qui viendra protéger l'ensemble des Québécois visés par
cette pratique.
Je vous remercie de nous permettre de
contribuer à cette réflexion aujourd'hui et sommes maintenant prêts à répondre
à vos questions. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme Duhaime. Alors, y aurait-il consentement afin de
reprendre l'entente établie ce matin dans le partage du temps étant donné
l'absence de nos collègues?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Consentement. M. le ministre, la parole est à vous. Et vous disposez
conséquemment de 19 min 15 s.
• (15 h 40) •
M. Girard (Groulx) :
Merci. Merci beaucoup pour cette excellente présentation. Pour ce qui est... En
fait, je vais y aller sur les deux points, là. Pour la limitation des
placements des assureurs, qu'est-ce que vous nous demandez exactement, là? J'ai
compris que vous aviez des insatisfactions quant aux sociétés en commandite
puis les copropriétés. Mais si vous pouviez me donner les grandes lignes directrices
de ce que vous recherchez, tout en... Pour le bénéfice de tous, je comprends
que vous appréciez le geste au niveau des partenariats immobiliers.
Mme Duhaime (Lyne) :
Oui, effectivement, le fait qu'on puisse avoir un partenariat 50-50 et non
49-51 pour les biens immobiliers est quelque chose qu'on apprécie. Par contre,
il reste les autres placements, les autres investissements. Et nous avons maintenant
une restriction qui fait en sorte qu'on ne peut pas investir de 31 % à
49 %. Et, lors des discussions que nous avons eues, il ne semble pas y
avoir de justification à cette restriction. Donc, on peut investir un peu, on
peut investir beaucoup, mais on ne peut pas investir entre les deux, et il n'y
a pas vraiment de justification, et, par exemple, les caisses de retraite
québécoises qui font des investissements similaires aux nôtres n'ont pas ce
genre de restriction. Donc, en fait, c'est ce qu'on demande, c'est d'enlever
cette restriction.
Et vous savez, on est déjà assujettis, au
niveau de notre capital, à beaucoup, beaucoup de règles qui sont émises par
l'Autorité des marchés financiers. Donc, les assureurs ne font pas des
investissements dans n'importe quel bien parce que ça a un impact sur,
évidemment, là, la valeur de leur capital. Donc, c'est une règle qu'on juge
inutile...
Mme Duhaime (Lyne) : …et vous
savez, on est déjà assujettis, au niveau de notre capital, à beaucoup, beaucoup
de règles qui sont émises par l'Autorité des marchés financiers. Donc, les
assureurs ne font pas, tu sais, des investissements dans n'importe quel bien parce
que ça a un impact sur, évidemment, là, la valeur de leur capital. Donc, c'est
une règle qu'on juge inutile.
M. Girard (Groulx) : Mais
cette…
M. Chalifoux (Jean-François) :
…excusez-moi, si je peux peut intervenir, mais je peux revenir à la suite, là.
M. Girard (Groulx) : Non,
allez-y.
M. Chalifoux (Jean-François) :
Spécifiquement, dans les immeubles à revenu, les infrastructures et les fonds
d'investissement, qui sont des placements peu risqués, avec grandement
supérieur au marché obligataire, là, qui nous permettrait de donner une marge
de manoeuvre, là, pour générer des rendements supplémentaires, là, qui sont
importants dans le genre d'opérations qu'on gère. Donc, c'est vraiment, là, au
niveau d'ajouter aux exclusions prévues, là. Parce qu'il y en a déjà des
prévues, là, à l'article 85, mais les placements des immeubles à revenu des
infrastructures et des fonds d'investissement, là, ça serait un premier
amendement fort intéressant. Puis le deuxième amendement qui serait pertinent
également, là, c'est dans le cas des cabinets de services financiers, des
courtiers en épargne collective. Bien là, nos concurrents… la charte fédérale,
pardon, là, les assureurs à charte fédérale n'ont pas de limite applicable,
alors qu'au Québec on a un maximum de 30 % des actions votantes, donc ça
nous place en position, les institutions à charte provinciale, là, de
désavantage par rapport à des investissements possibles dans des cabinets de
services financiers ou courtier en assurance… en épargne collective, pardon.
Donc, ça serait les deux amendements, là, qui seraient importants.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, je vous remercie. Puisque les lois sont précises, là, ça nous aide, alors,
précisément, on parle de lever la restriction au-delà de 31 % pour les
immeubles à revenu, et les infrastructures, et les fonds d'investissement.
M. Chalifoux (Jean-François) :
Exactement.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bon,
merci. On va considérer ça, plus les…
M. Chalifoux (Jean-François) :
Puis ensuite dans les cabinets de services financiers également et des
courtages en épargne collective.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
je séparerai les deux demandes, là.
M. Chalifoux (Jean-François) :
Oui, je comprends, je comprends.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'évidemment cabinet de courtage on est directement dans les opérations,
tandis que maintenant, l'autre cas, c'est des placements, là.
M. Chalifoux (Jean-François) :
…c'est les placements, oui.
M. Girard (Groulx) : Puis là
est-ce qu'on parle… Ça, c'est les fonds reliés au capital, ou aux liquidités,
ou les deux?
M. Chalifoux (Jean-François) :
Je vous dirais… C'est une bonne question, là. J'essaie de me resituer, là. Je
pense que c'est les deux.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bon,
O.K., deuxième question, trafic d'assurance vie, là, je comprends que ce que
nous proposons ne vous satisfait pas, puis je pense que c'est… je vous remercie
pour la clarté de vos propos, là. C'est au bénéfice de tous. Évidemment, nous,
on veut protéger le droit de cession des consommateurs, puis ce point-là, vous
le reconnaissez aussi, ça fait que…
M. Girard (Groulx) :
...puis je pense que c'est... je vous remercie pour la clarté de vos propos,
là. C'est au bénéfice de tous. Évidemment, nous, on veut protéger le droit de
cession des consommateurs, puis ce point-là, vous le reconnaissez aussi, ça
fait que je voulais savoir si, à tout le moins, puisque vous avez fait part de
franchise, est-ce que ce que nous proposons est une amélioration, de votre
perspective? Je comprends qu'on n'atteint pas les objectifs que vous
recherchez, et puis on pourra en discuter lorsqu'on arrivera à l'étude
détaillée de cette section-là, puis je suis convaincu qu'on aura de bonnes
discussions entre nous, mais est-ce que ce qui est proposé est une avancée pour
vous?
Mme Duhaime (Lyne) : En
fait, selon notre compréhension, il n'y a pas de proposition dans le projet de
loi qui interdit le commerce de polices d'assurance vie.
M. Girard (Groulx) :
Bien... O.K. Alors, il n'y a pas de... Mais est-ce que vous... Il n'y a pas de
balisage supplémentaire qui amènerait un compromis adéquat.
Mme Duhaime (Lyne) :
Oui, en fait, vous savez, la position qui pourrait être la position la plus
utile ou... de notre côté, ce serait d'interdire le droit de céder une police.
Et ça, ça demanderait qu'on modifie le Code civil, puis on... bon, on entre,
là, dans les grands principes du droit des assurances. Et ce qu'on propose est
une solution équilibrée, qui est... finalement, qui a été adoptée, au fil des
années, par toutes les provinces. Nous sommes la seule province qui n'a pas
légiféré. Saskatchewan, c'est fait, mais ce n'est pas encore en vigueur, mais
c'est fait partout. Donc, c'est de dire : les gens conservent le droit à
la cession de la police. Donc, si moi, j'ai une police d'assurance vie, je suis
une personne âgée et je décide de la céder à ma fille, qui continuera à payer les
primes, j'ai la liberté de le faire.
Ce qu'on veut, c'est une modification à la
Loi sur les assureurs qui interdit à quiconque de faire le commerce de polices
d'assurance vie, donc le trafic de commerce... le trafic de polices d'assurance
vie. Donc, quelqu'un, en termes, là, québécois, ne peut pas être dans la
business du commerce d'assurance vie. Je ne peux pas m'afficher, je ne peux pas
contacter des gens... Écoutez, êtes-vous intéressé à vendre votre police? Donc,
si quelqu'un veut céder sa police puis elle veut avoir des discussions avec son
entourage, peu importe à qui... en fait, elle peut même... elle peut céder à un
tiers si elle veut, mais quelqu'un ne peut pas être dans cette business. Donc,
c'est le commerce. Ce n'est pas parfait, mais, de façon... c'est ce qu'on pense
qui... une solution équilibrée parce qu'on préserve le droit de l'individu,
mais on évite qu'elle se fasse approcher par des entreprises qui ne sont
d'aucune façon réglementées, ne sont pas assujetties aux lois du secteur financier,
ce ne sont pas... sous la supervision de l'Autorité des marchés financiers,
donc...
Puis je peux vous donner un exemple, si je
peux prendre deux minutes, là, un cas...
Mme Duhaime (Lyne) : ...mais
on évite qu'elle se fasse approcher par des entreprises qui ne sont d'aucune
façon réglementées, ne sont pas assujetties aux lois du secteur financier, ne
sont pas sous la supervision de l'Autorité des marchés financiers, donc.
Puis je peux vous donner un exemple, si je
peux prendre deux minutes, là, un cas qui m'a été... que j'ai vécu, là, juste
avant la pandémie, où une entreprise, qui était venue me rencontrer pour me
vendre... essayer de me convaincre que notre position n'était pas bien fondée,
a convaincu un conseiller, là, d'un cabinet d'un assureur de travailler avec
cette personne, et, lorsque le cabinet, le conseiller voyait qu'une personne,
elle était en défaut de primes, était... peu importe les raisons, parce que ces
gens ont accès à beaucoup d'informations, eh bien, offrait à la personne de la
mettre en contact avec cette organisation, qui n'est pas ni un assureur, ni un
cabinet, ni... et de voir si elle n'était pas intéressée à vendre sa police. À
ce moment-là, la personne va subir un examen médical... avec un actuaire. Là,
moi, l'assureur, lorsqu'il a appris ça, il a mis fin à la pratique. Mais, vous
savez, c'est des gens qui se font appeler, écoute, tu as des problèmes, est-ce
que tu voudrais céder ta police, parce que tu es malade, parce que tu as perdu
ton emploi, ou des choses comme ça.
M. Girard (Groulx) : Mais,
dans les faits, là, pour préserver le droit de cession, là, dans la solution
que vous proposez, c'est qui, les acheteurs?
Mme Duhaime (Lyne) : Ça va
être... Généralement, ce qu'on voit, ce sont des membres de la famille ou de
l'entourage. Donc, on va avoir des situations où la personne va être... tu
sais, les personnes âgées qui vont céder la police à la famille pour pouvoir...
et que ces personnes-là s'engagent à payer les primes.
M. Girard (Groulx) : Ça fait qu'il
n'y a aucune liquidité institutionnelle?
M. Chalifoux (Jean-François) :
Pour le moment, au Québec, on n'a pas vu de stratagème institutionnel, là. Par
contre, ailleurs, dans d'autres juridictions au Canada et en Amérique du Nord,
là, il y a eu des sociétés d'investissement, des firmes de capitaux de risque,
là, qui se retrouvaient dans une situation...
M. Girard (Groulx) : Ça, je
comprends votre...
M. Chalifoux (Jean-François) :
...où on pouvait bénéficier d'une lacune, d'une lacune du marché, là. Dans le
fond, en modélisant, on peut battre le marché, là, donc ça peut être très
tentant pour des sociétés.
M. Girard (Groulx) : Non, mais
ça, j'ai bien compris votre préoccupation quant à la présence de prédateurs qui
pourraient...
• (15 h 50) •
M. Chalifoux (Jean-François) :
...potentiellement en tirer profit, là, oui.
M. Girard (Groulx) : ...en
faire un commerce, puis, bien que ces gens-là ne sont pas ici, vous aimeriez
qu'on légifère pour s'assurer qu'ils ne sont pas ici. Ça, je comprends ça. Mais
moi, ce que je veux, évidemment, c'est protéger le droit des assurés de céder,
et ma question, c'est : Est-ce que, dans l'état actuel des choses, ces
gens-là ont la liquidité pour vendre leurs assurances, outre cette liquidité à l'intérieur
de la famille? Est-ce qu'il y a une liquidité institutionnelle pour ces
polices-là?...
M. Girard (Groulx) :
…l'état actuel des choses, ces gens-là ont la liquidité pour vendre leurs
assurances outre cette liquidité à l'intérieur de la famille. Est-ce qu'il y a
une liquidité institutionnelle pour ces polices-là?
Mme Duhaime (Lyne) :
Bien, en fait, la réponse est non. Et, bon, la loi au Québec prévoit, là, que
les gens ont un droit de… le… de police a le droit de vendre ou de céder sa police,
pas de la vendre mais de céder. Mais il n'y a aucune obligation de créer un
marché favorable pour que ces situations se produisent.
Ceci étant dit, les assureurs ont chacun
leurs programmes dans des situations. Par exemple, lorsque quelqu'un a une maladie
incurable ou dans des certaines situations, les assureurs ont leurs propres
programmes pour permettre aux individus de toucher le produit d'assurance vie
avant le décès. Donc, il y a d'autres mécanismes, là, mais ce ne sont pas des…
chaque assureur a ses propres programmes pour permettre à des gens qui, peu
importe leurs raisons, là, mais souvent parce que, bon, ils ont une espérance
de vie réduite, d'avoir accès aux fonds qui devraient être payés au moment du
décès.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parce que vous comprenez que c'est une préoccupation qui est extrêmement
importante pour nous, là, que les gens puissent avoir cet accès.
M. Chalifoux
(Jean-François) : Tout à fait.
Mme Duhaime (Lyne) :
Oui. Mais le marché… mais la police d'assurance, tu sais, que les gens
puissent, lorsqu'ils sont en fin de vie, pouvoir avoir accès au capital, oui,
je suis d'accord. Mais que les gens puissent à tout moment pouvoir céder leur
police d'assurance vie… en fait, une police d'assurance vie, ce n'est pas souscrit
dans ce but-là. Donc, il faut préserver la nature de la police d'assurance vie.
Ce n'est pas comme d'autres types d'investissements qui peuvent être faits pour
du court terme ou pour un profit à plus brève échéance. Ces produits-là sont
constitués, sont achetés pour être conservés longtemps.
M. Girard (Groulx) : Très
bien. Ça complète mes questions, M. le Président. Je ne sais pas s'il y a
des membres de notre équipe qui ont des questions supplémentaires.
Le Président (M. Simard) :
Oui. Je crois comprendre que le député de Sainte-Rose souhaite prendre la
parole.
M. Skeete : Merci,
M. le Président. J'aimerais revenir, justement, sur ce qui vous inquiète
par rapport à la cessation des polices juste pour être sûr de bien comprendre
votre inquiétude. Est-ce que votre… Là, je pense que j'ai compris qu'il faut
éviter, bien sûr, qu'il y ait des prédateurs qui tirent avantage d'une
situation ou d'une personne qui est autrement précarisée. Mais dans l'optique
où est-ce qu'une personne se fait offrir des sous pour céder un bien qu'il a,
vous, votre inquiétude, c'est-u le principe de ça ou c'est le fait que ce n'est
pas encadré ou ce n'est pas légiféré? C'est quoi, votre inquiétude, justement?
Mme Duhaime (Lyne) : En
fait, c'est…
M. Chalifoux
(Jean-François) : Bien, l'inquiétude, là… Lyne, je peux y aller
là-dessus.
Mme Duhaime (Lyne) :
Vas-y, oui.
M. Chalifoux
(Jean-François) : C'est une excellente question, M. le député,
là. C'est l'encadrement qui est problématique, là. L'émission d'une police
d'assurance vie est très…
M. Skeete : ...pas encadré ou
ce n'est pas légiféré. C'est quoi, votre inquiétude, justement?
M. Chalifoux (Jean-François) :
L'inquiétude, là... Lyne, je peux y aller là-dessus. C'est une excellente question,
M. le député, là. C'est l'encadrement qui est problématique, là. L'émission
d'une police d'assurance vie est très réglementée au Québec, puis on en est
fiers. Donc, quand même, les gens passent à travers des analyses de besoins,
rencontrent un conseiller en sécurité financière qui est formé, qui,
annuellement, doit faire preuve de ses compétences, et on voudrait que ça soit
ainsi, là, tout au long du cycle de vie du contrat. Puis particulièrement, je
vous dirais, lors de la cession, ça devient important qu'il y ait un
encadrement aussi robuste qu'il est au moment de l'émission, particulièrement
dans un contexte où des personnes pourraient se retrouver en situation de
vulnérabilité.
M. Skeete : O.K. Donc, puis,
pour vous, la ligne, c'est le transactionnel. Donc, dès que ce n'est pas un
transfert à quelqu'un qu'on apprécie puis on aime, quelqu'un de parenté, dès
que ça excède ça, dès qu'il y a une transaction monétaire pour la cessation,
c'est là que vous dites : Ça devient délicat et il faut surveiller ça.
M. Chalifoux (Jean-François) :
Et que ça devient un marché. Et que ça devient un marché, parce qu'une
situation où on dit : O.K., je me fais offrir tant pour mon contrat par quelqu'un,
c'est plus que mon assureur m'offre. Bien là, O.K., mais... je ne le sais pas
comment on pourrait avoir les compétences pour déterminer... Un peu comme lors
de l'émission, on a besoin de conseils, hein? On devrait être conseillé par quelqu'un
de dûment certifié lors de la cession également.
M. Skeete : Parfait. Bien,
merci. Moi, ça complète la question que j'avais.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour. Merci de participer à nos travaux. Juste pour être
certaine de comprendre une chose. Lorsque se produit... bien, en fait, pas se
produit, mais le fait de racheter une assurance, ça a été, vous l'avez dit
tantôt, depuis les années 80, c'est une pratique qui existe. Ça répondait
à quel besoin?
Mme Duhaime (Lyne) : En fait,
la pratique s'est développée... comme je le mentionnais brièvement, là, ça
prend origine dans la crise du VIH, aux États-Unis, où, vous savez, les gens
n'avaient pas d'assurance santé ou ne pouvait pas acheter les médicaments très
dispendieux, et la pratique s'est développée dans ce contexte-là. Et, aux États-Unis,
ça a pris une ampleur incroyable. Donc, c'est vraiment des produits... Et ça
existe encore, et c'est devenu des produits d'investissement. Il y a eu des
abus. Il y a eu des poursuites judiciaires. Et, suite à ça, aux États-Unis, ils
ont adopté un encadrement qui est, bon, typiquement américain, là, extrêmement
lourd et complexe. Donc, la pratique, elle est permise aux États-Unis, mais la
loi en question fait des centaines de pages, là, c'est vraiment extrêmement
lourd. Le Canada est donc... et là, bon, il y a eu une crainte au Canada que ça
se déplace chez nous, et, au fil des années, les différentes provinces ont
réglementé. Et, bon, les compagnies américaines qui sont dans ce domaine-là ont
essayé d'intervenir afin que ces lois-là... les lois ne soient pas adoptées. Ça
n'a pas fonctionné. Donc, mais l'approche canadienne, c'est une approche beaucoup
plus simple, c'est...
Mme Duhaime (Lyne) : ...chez
nous, et, au fil des années, les différentes provinces ont réglementé, et, bon,
les compagnies américaines qui sont dans ce domaine-là ont essayé d'intervenir
afin que ces lois-là... les lois ne soient pas adoptées, ça n'a pas fonctionné,
donc, mais l'approche canadienne, c'est une approche beaucoup plus simple,
c'est : Conservons le droit de cession, interdisons le commerce de
polices. Donc, c'est l'approche qui a été prise dans toutes les provinces, et
donc c'est la raison pour laquelle on demande la même approche pour le Québec.
Mme Rizqy : O.K. J'aimerais
parler de l'assurance copropriété. Vous en faites, rapidement...
Mme Duhaime (Lyne) : Ça,
c'est une assurance dommages.
M. Chalifoux (Jean-François) :
Oui. On n'est pas la bonne association, on représente l'Association canadienne
des...
Mme Rizqy : O.K. C'est que
la... Oui, je le sais, mais c'est que dans votre mémoire, il en est quand même...
vous en faites allusion, mais vous n'en parlez pas. Donc, au fond, ce n'est pas
du tout votre champ, là-dessus?
M. Chalifoux (Jean-François) :
Ce n'est pas notre champ de compétence.
Mme Duhaime (Lyne) : C'est ça.
Mme Rizqy : D'accord. Parfait.
Bien, sinon, moi, étant donné qu'au niveau de l'assurance, tantôt, vous avez
fait mention que ce n'est pas un enjeu... Je vais reprendre votre propos, vous
avez dit qu'il n'y avait pas en ce moment de... Je ne veux pas mal vous citer,
vous avez dit qu'il n'y avait pas vraiment un enjeu en ce moment au Québec sur
cet aspect.
Mme Duhaime (Lyne) : Sur le
trafic de polices? Non, en fait, c'est un enjeu, c'est... Il y a beaucoup
d'individus ou de petites organisations qui tentent de se développer, et ce
qu'on fait, c'est qu'on essaie de tuer ça dans l'oeuf, là. Donc, lorsqu'un
assureur a connaissance d'une situation... si jamais c'est quelqu'un de son
réseau qui est en contact, il va prendre les démarches nécessaires ou va avoir
une discussion avec le client. Donc, c'est quelque chose... On a de... Il y a différentes
situations, il y a même des compagnies qui existent déjà. On essaie de gérer la
situation. Mais, oui, il y a un problème au Québec, là.
Mme Rizqy : C'est un problème
de quel ordre?
Mme Duhaime (Lyne) : En
nombre?
Mme Rizqy : Oui.
Mme Duhaime (Lyne) : Je ne
pourrais pas vous dire combien, mais c'est parce que, moi, je suis à l'ACCAP,
là. Chaque assureur gère la situation, comme on peut dire, avec les moyens du
bord sans qu'on ait un encadrement qui nous permette d'avoir... d'être plus
proactifs, là. On gère la situation lorsqu'elle est connue.
Mme Rizqy : J'essaie de
comprendre le besoin, parce que, s'il y a un marché, c'est parce qu'il y a
quelque part quelqu'un qui a réfléchi puis qui pense qu'il y a un besoin.
Alors, j'essaie de voir les scénarios pourquoi qu'une personne se tourne vers
ce type de commerce. Si ce n'est pas répondu par leur assureur, alors, est-ce
qu'ils vont là parce qu'ils ont une meilleure offre de la part d'une personne
qui tente de racheter... que leur propre assureur?
• (16 heures) •
Mme Duhaime (Lyne) : Parce
qu'elles sont vulnérables. Les situations qu'on voit, c'est parce que les gens
sont vulnérables, parce qu'ils ont besoin d'argent, parce qu'ils sont âgés, ils
sont... et pas parce que les personnes sont âgées qu'elles sont vulnérables,
mais il y a des situations où les personnes âgées sont vulnérables à ce genre
de trafic de polices. Donc, c'est parce qu'elles sont vulnérables, et les
expériences qu'on a vues aux États-Unis puis ensuite au Canada au fil des
années, il y a de l'abus. À partir du moment que... Vous savez, à partir du
moment que...
16 h (version non révisée)
Mme Duhaime (Lyne) : ...pas
parce que les personnes sont âgées qu'elles sont vulnérables, mais il y a des
situations où les personnes âgées sont vulnérables à ce genre de trafic de polices,
donc, c'est parce qu'elles sont vulnérables. Et les expériences qu'on a vues
aux États-Unis puis ensuite au Canada, au fil des années, il y a de l'abus.
Vous savez, à partir du moment que la personne, l'investisseur, appelons-le...
ou le spéculateur contacte un individu, il ne lui dira pas : Bien,
bonjour, madame, moi, je vais vous offrir 50 000 sur votre police de 100 000.
Il va lui dire : Je veux avoir vos dossiers médicaux, on va travailler
avec un actuaire. C'est extrêmement intrusif pour la personne, il va avoir des
appels réguliers pour savoir quel est son état de santé. On parle de...
L'investisseur a un intérêt à ce que la personne décède le plus rapidement
possible, ce qui est le contraire de l'assurance vie où l'intérêt, c'est que la
personne décède le plus loin possible et que ses bénéficiaires reçoivent le
montant de l'assurance qui était convenu. Donc, il n'y a pas beaucoup de façon
de faire le commerce de polices dans un cadre qui est digne, en fait, et qui...
parce qu'en soi c'est des gens qui ne sont aucunement réglementés et qui
arrivent et accèdent des dossiers médicaux, de l'information personnelle et les
bilans financiers d'individus.
Mme Rizqy : O.K. Puis
est-ce que ça pourrait être aussi des personnes qui ont une assurance qui n'est
pas une assurance qu'on appelle de rachat qui se tournent vers ce commerce-là?
Mme Duhaime (Lyne) : Je
ne suis pas sûre je comprends la question.
Mme Rizqy : Vous avez des
assurances vie que, par exemple, ont un terme, que, par exemple, c'est jusqu'à
l'âge de 99 ans ou 85 ans et que, par la suite, l'assurance, elle est
échue, elle n'existe plus. Donc, vous avez payé toute votre vie, pendant
30 ans, 40 ans. Eh oui, vous avez raison, l'assureur typique veut que
vous viviez le plus longtemps possible. Mais il y a plusieurs assurances, par
exemple, au Québec, qui existent où est-ce que ce n'est pas des assurances
rachat, et, par conséquent, rendu au terme de 85 ans, ou 89 ans, ou
selon le... c'est rare, en fait, que ça dépasse le 99 ans, l'assurance,
elle est échue. Alors, il y a certaines personnes, puisque ce n'est pas une
assurance rachat qui est offerte, se tournent vers ce commerce-là pour se
dire : Bien, étant donné que j'ai payé pendant 25 ans, si je suis capable
d'avoir une compagnie qui va peut-être me donner 25 000 $, c'est
mieux d'avoir, permettez-moi l'expression, dix cents dans la piastre que
d'avoir zéro dans la piastre.
Mme Duhaime (Lyne) :
Oui. Mais ce n'est pas ce genre de polices là qui font l'objet de cession. Parce
que, tu sais, on a une police 25 ans... À moins que la personne soit
malade, là, on parle d'une personne qui est malade, puis là elle céderait sa
police parce qu'elle va mourir plus... on sait qu'elle va mourir à brève
échéance. Mais le marché, il est plus dans les polices permanentes. Mais c'est
sûr que, si quelqu'un a pris une police il y a deux ans, il reste 25 ans,
puis elle a un cancer en phase terminale...
Mme Rizqy : Non, mais...
Je vous arrête. Mais même les polices permanentes ont un terme. Il n'y a aucune
police permanente...
Mme Duhaime (Lyne) : ...oui,
il y a des polices permanentes.
Mme Rizqy : Bien, la
plupart des polices permanentes ne dépassent pas le 99 ans, là.
Mme Duhaime (Lyne) : Non,
il y a des polices permanentes.
Mme Rizqy : Alors, vous
nous enverrez votre courtier parce que...
Mme Duhaime (Lyne) :
Jean-François, si tu veux intervenir.
Mme Rizqy : Parce que,
bien, moi, j'en ai magasiné pour moi-même, là, des polices permanentes, puis ma
courtière m'a été très claire que ça terminait à 99 ans. Alors...
M. Chalifoux
(Jean-François) : Oui, mais, dans ce cas-là, il va avoir des valeurs
de rachat...
Mme Rizqy : …ne dépasse pas le
99 ans, là.
Mme Duhaime (Lyne) : Là, il y
a des polices permanentes. Je ne sais pas, Jean-François, si tu veux
intervenir.
Mme Rizqy : Bien, vous nous
enverrez votre courtier, parce que bien, moi, j'en ai magasiné pour moi-même,
là, des polices permanentes, puis ma courtière m'a été très claire que ça
terminait à 99 ans. Alors…
M. Chalifoux (Jean-François) :
Oui, mais dans ce cas-là il devait avoir des valeurs de rachat qui sont prévues
au contrat, d'où la nature de la permanence, là… c'est ça.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui,
exact. Oui.
Mme Rizqy : Exactement. C'est
pour ça que c'est une… la permanente, c'est celle qui a un rachat. Alors, c'est
pour ça que je vous pose la question. J'essaie de comprendre, moi, qu'avant de
légiférer, je veux comprendre sur quoi qu'on légifère et je veux savoir c'est
quoi le besoin que le consommateur se tourne vers… à ça, parce qu'il doit…. Si
ça existe pendant des années, c'est simplement pour bien savoir sur quoi qu'on
va légiférer. Je veux comprendre le problème pour ne pas, non plus… s'il y a
des gens qui, eux, ça répondait à un besoin, je veux savoir c'est… comment
qu'on va bien légiférer avant de faire des propositions de dispositions, là,
dans ce projet de loi, là.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui. Peut-être
juste pour la terminologie, là, nous, on parle d'une police temporaire lorsque
c'est une police de 10 ans, 20 ans, 25 ans, donc c'est une
police qui a une durée et lorsque, tu sais… ce à quoi vous référez, c'est,
nous, c'est ce qu'on appelle une police permanente. Mais évidemment, là, si la
personne est rendue à 105 ans, il va avoir une valeur de rachat, mais pour
nous, c'est ce qu'on appelle une police permanente, là, c'est… Donc, c'est
juste ça. Mais en fait… Donc, votre question c'est de savoir comment répondre
aux besoins des gens qui veulent céder?
Mme Rizqy : Oui. Ceux qui, au
fond, ne se sont pas acheté une assurance rachat…
Mme Duhaime (Lyne) : Une
valeur de rachat, oui.
Mme Rizqy : …et qui arrivent peut-être
en bout de piste, et ils savent peut-être qu'ils vont peut-être mourir, n'ont
aucun héritier, et ils se disent : Bien, peut-être qu'ici je réponds à un
besoin. Alors, c'est à ça que j'essaie de voir comment que ça, on peut faire.
Avec vous, les assureurs, de votre côté, est-ce que vous avez peut-être
réfléchi à cela? Parce que si on leur ferme une avenue, pour certains
consommateurs, est-ce que du côté des assureurs, vous allez ouvrir une porte
pour eux?
Mme Duhaime (Lyne) : Oui.
Mais ça, c'est facile, parce que si quelqu'un veut céder sa police mais en
fait, dans un contexte… vous me dites la personne n'a pas d'héritier, elle a
juste à désigner cette personne-là comme bénéficiaire. Donc, c'est très, très
simple, là. Si moi, je veux céder ma police, peu importe à qui, en fait, je
peux, lorsque je vais décéder, je peux… le bénéficiaire peut être une oeuvre de
charité, peut être un pur inconnu. Je veux dire, je vais décider qui je vais
nommer comme bénéficiaire. Donc, la personne pourrait simplement désigner un
bénéficiaire.
Mme Rizqy : O.K. Je vais
laisser ma collègue qui a aussi des questions. Merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, Mme la députée de Vaudreuil, vous disposez d'environ quatre
minutes.
Mme Nichols : Parfait. J'ai…
Merci. Merci d'être parmi nous pour travailler le projet de loi n° 3 puis
apporter des suggestions. Bon, ça fait couler… en tout cas, ça interpelle beaucoup,
le trafic de polices, là, je vois les gens, là, autour de la table, il y a
vraiment beaucoup de questions. Merci de répondre aux questions.
Moi, j'ai des questions en rafale sur
d'autres sujets et c'est en lien avec votre mémoire. Vous parlez… puis là, ça
risque d'être un peu pêle-mêle, là, je vous amène à la page 8, quand vous
parlez du droit de résolution de 10 jours pour les contrats d'assurance
voyage. Vous émettez une opinion. J'ai deux choses. Je veux vous entendre sur
le 10 jours. 10 jours, c'est beaucoup…
Mme Nichols : …en lien avec
votre mémoire, vous parlez, puis là, ça risque d'être un peu pêle-mêle, je vous
amène à la page 8, quand vous parlez du droit de résolution de 10 jours pour
les contrats d'assurance voyage, vous émettez une opinion. J'ai deux choses, je
veux vous entendre sur le 10 jours, 10 jours, c'est beaucoup, ce n'est pas beaucoup,
c'est préférable trois, quatre, cinq? Donc, je voulais vous entendre sur cette
période-là. Et l'autre chose, vous nous parlez de… vous vous questionnez sur le
maintien d'un droit de résolution plutôt qu'un droit de résiliation, alors
qu'on sait qu'en droit, là, il y a une différence importante entre la
résolution et la résiliation. Donc, je voulais vous entendre sur ces deux…
Mme Duhaime (Lyne) : Oui.
Donc, bon, l'article 64 s'applique lorsqu'il y a… une personne se procure un
produit en l'absence d'un représentant, et la façon que c'était rédigé dans le projet
de loi n° 141, là, à l'origine, donc finalement quelqu'un pouvait partir
en voyage puis annuler son assurance au retour. Maintenant, ce qu'on est venu
prévoir, c'est dans le cas d'un contrat d'assurance voyage, le voyage mettait
en jeu la garantie… Bon. Ça fonctionne… il y a une clarification qui serait peut-être
importante, c'est de savoir : Est-ce qu'on parle d'assurance annulation ou
d'assurance santé? Une assurance santé, bien entendu, la garantie ne commence
que lorsque la personne… donc c'est si elle tombe malade à l'étranger, par
exemple. En ce qui a trait à l'assurance annulation, bien, l'assurance
annulation, elle commence au jour 1, parce que, finalement, c'est pour couvrir
la situation entre le moment où je me procure ma police et le moment où
débutera mon voyage. Donc, la garantie en assurance annulation, elle commence
dès le début.
Et, vous savez, un droit de résolution, ça
vous remet au point de départ, en droit, c'est que, c'est comme si le contrat
n'avait jamais existé, alors que le droit de résiliation, bien, ça met fin au
jour où je donne l'avis, par exemple : Je vous informe que je veux mettre
fin. Donc, à partir de maintenant et dans le futur, le contrat sera nul. Alors,
en assurance annulation, comme j'ai déjà été couvert pendant une partie du
temps, je ne peux pas vraiment résoudre un contrat d'assurance annulation,
parce que j'ai bénéficié… si j'achète un voyage puis je sais qu'unl événement
fait peut-être en sorte que, dans le prochain mois, je voudrais savoir si je
peux partir ou pas, bien, tu sais, donc, je pourrais me donner… ça me donne du
jeu, 10 jours où j'ai une couverture, en fait, j'en ai bénéficié, parce que je
pourrais juste y mettre fin et il y aurait une remise en état des parties. Je
ne sais pas si je suis claire… dans les concepts juridiques, mais ça ne
fonctionne pas pour l'assurance annulation.
Mme Nichols : Oui, il y a des
effets… évidemment, il y a des effets juridiques, là, le terme est important,
parce que ce n'est pas la même chose, comme je vous dis, résolution ou
résiliation, juste la remise en état, là, il y a une différence, là. Mais à la
page 10 de votre mémoire, là, on peut lire les amendements que vous proposez,
entre autres, avec l'article 64, là, qui vient justement justifier vos propos.
S'il me reste du temps, M. le Président…
Le Président (M. Simard) :
Allez-y, madame, je vous en prie.
Mme Nichols : …merci, il est vraiment
gentil notre président…
Mme Nichols : …résiliation,
juste la remise en état, là, il y a une différence. Mais, à la page 10 de votre
mémoire, là, on peut lire, là, les amendements que vous proposez, entre autres,
avec l'article 64, là, qui vient justement, là, justifier vos propos. S'il me
reste du temps, M. le Président…
Le Président (M. Simard) :
Allez-y, madame, je vous en prie.
Mme Nichols : Merci. Il est vraiment
gentil, notre président. À la page 12, vous recommandez d'apporter des
changements pour uniformiser le traitement réservé à l'acquisition de contrôle
et aux opérations sur les actifs. C'est une de vos recommandations.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui.
Mme Nichols : Pouvez-vous peut-être…
Mme Duhaime (Lyne) : Oui, en
fait, à l'article 146, là, c'est que… On pense que c'est une erreur. En fait,
on ne pense pas que c'était la volonté du législateur, là, on pense que c'est
une erreur. Mais il s'agit des situations où on doit informer l'Autorité des
marchés financiers d'une transaction, d'une situation qui va se produire. Là,
on parle de fusion, acquisition, changement de nom, cession d'actifs. Et on a
comme créé deux catégories, là, l'acquisition de contrôle et les opérations sur
les actifs, et, pour ce qui est des opérations sur les actifs, on n'a à entrer
dans ce processus-là que si ça a un effet significatif sur l'assureur, et, en
plus, l'avis ne sera pas public, l'avis acheminé à l'Autorité des marchés
financiers. Bien, on pense qu'il n'y a pas de raison de distinguer avec l'autre
catégorie…
• (16 h 10) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Duhaime (Lyne) : …par
erreur, qui est l'acquisition de contrôle. Est-ce que ça voudrait dire que,
dans certaines situations…
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Malheureusement, je dois vous arrêter sur ce point, notre temps étant
largement révolu. Mais, enfin, Mme Duhaime, merci beaucoup. Également merci à
M. Chalifoux, que nous n'avons pas vu, mais très bien entendu, par ailleurs.
Alors, merci à nouveau pour votre présence. Ce fut fort intéressant.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 12)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Et nous
sommes maintenant en présence de représentants du Regroupement des cabinets…
(Reprise à 16 h 12)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Et nous
sommes maintenant en présence de représentants du Regroupement des cabinets de
courtage d'assurance du Québec. Messieurs, bienvenue parmi nous. Auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
M. Tardif (Jean-Pierre) : Mon
nom est Jean-Pierre Tardif, président du RCCAQ.
M. Manseau (Éric) : Mon nom
est Éric Manseau, je suis directeur général.
Le Président (M. Simard) :
Messieurs, bienvenue. Et vous disposez de 10 minutes.
M. Tardif (Jean-Pierre) : Mmes
et MM. les membres de la Commission des finances publiques, permettez-moi tout d'abord
d'exprimer, au nom du Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec, le RCCAQ, la reconnaissance de notre organisation pour l'occasion qui
nous est donnée de participer à la consultation sur le projet de loi n° 3.
Ce projet de loi affecte notre industrie, et nous sommes reconnaissants de
pouvoir partager nos idées.
Tout d'abord, le RCCAQ rassemble aujourd'hui
plus de 3 680 courtiers et courtières dans près de 425 cabinets
et succursales dans toutes les régions du Québec. En 2017, on estime les
retombées économiques de l'industrie du courtage, au Québec, à 600 millions.
Comme en témoigne cette somme, notre industrie est en mesure de participer à la
machine économique du Québec, et ce, dans toutes les régions. Tout en
s'assurant de respecter la protection du consommateur, notre regroupement a
pour première mission de promouvoir et défendre les intérêts socioéconomiques
des cabinets et courtiers en assurance de dommage. Nous nous faisons leur
porte-voix à tous auprès du législateur et des organismes réglementaires ainsi
qu'auprès du public. Le RCCAQ a également pour mission de soutenir ses membres
dans leur développement et de répondre, au meilleur de nos capacités, aux
besoins des consommateurs. C'est une ambition qui nous anime au quotidien.
D'emblée, le RCCAQ supporte le
gouvernement du Québec dans sa volonté de donner une plus grande flexibilité
aux cabinets de courtage, tout en préservant la protection offerte,
aujourd'hui, aux consommateurs. Je passe la parole à M. Éric Manseau, directeur
général du regroupement. Merci beaucoup.
M. Manseau (Éric) : Merci
beaucoup, M. Tardif. Merci. Et merci pour l'invitation, donc, qui nous a été
faite. D'entrée de jeu, je dirais qu'on est très heureux de constater les
éléments et les modifications ou certaines d'entre elles, donc, qui sont faites
dans le projet de loi. Ces modifications proposées entrent, je dirais, dans nos
revendications, dans notre direction, si on veut. Non seulement ça, mais ils
auront des effets directs sur notre industrie, l'industrie du courtage.
Déjà, il y a, quoi, deux ans, trois ans,
le projet de loi n° 141, donc, était voté. Plusieurs éléments de ce projet
de loi là étaient... ou on impactés nos cabinets, qu'on pense à la divulgation,
qu'on va traiter un petit peu plus tard tantôt, à la nécessité d'avoir des
offres de trois heures... trois assureurs de groupes différents, et des règles,
également, de propriété. Donc, suivant ça, ces nouvelles...
M. Manseau (Éric) : ...nos
cabinets, quand on pense à la divulgation, qu'on va traiter un petit peu plus
tard tantôt, à la nécessité d'avoir des offres de trois heures, trois assureurs
de groupes différents, et des règles également de propriété. Donc, suivant ça,
ces nouvelles dispositions-là ont aussi intégré la vente par Internet. Donc, il
est possible, depuis ce temps, de vendre un produit d'assurance de dommages par
Internet.
Donc, c'est avec... je dirais, en suivi à
cette législation-là et les modifications qui sont proposées aujourd'hui,
j'aimerais vous entretenir de deux éléments principaux. Donc, le premier, l'article 3,
qui vient modifier l'article 179, et l'article 62, qui vient modifier
l'article 83.1 de la Loi sur la distribution des produits et services
financiers.
L'article 3, d'abord. On comprend,
avec la modification qui est proposée ici, qu'il sera désormais possible pour
un cabinet de courtage d'accéder directement au fichier central des sinistres
automobiles. Donc, c'est une bonne nouvelle pour nous. Actuellement, les
courtiers, les cabinets de courtage ont un accès indirect à ce fichier-là,
donc, par la voie de l'assureur. Donc, plusieurs méthodes existent, je vous en
fais grâce, mais sachez que c'est un accès qui est indirect.
Évidemment, ce qui est en cause ici, c'est
ce que j'appellerais l'équité dans les modes de distribution en assurance de
dommages. Donc, évidemment, un agent d'un assureur direct a un accès, disons,
direct au fichier central, alors qu'un cabinet de courtage ne l'a pas. Donc, je
pense que la disposition ou la proposition qui est faite dans le cadre du projet
de loi est importante pour cette dimension, je dirais, d'équité entre les
cabinets de courtage.
Évidemment, depuis, je dirais,
18 mois ou à peu près, on travaille quand même avec l'AMF à essayer de
trouver une voie dans le cadre législatif, qui était celui qui prévaut encore,
à trouver des modes. Évidemment, la loi était un obstacle. Donc, je comprends
que la proposition qui est faite ici, donc, viserait à régler ça.
Mais j'attirerais votre attention sur
la... Une fois que, enfin, vous aurez voté, je l'espère, cette disposition-là, je
pense qu'il nous faudra travailler avec nos partenaires. Donc, là-dedans, il y
a, évidemment, l'autorité, il y a le GAA lui-même, qui est l'organe
opérationnel pour permettre l'accès, il y a les assureurs aussi. Donc, moi et, en
tout cas, le RCCAQ, mon groupe, feront en sorte de travailler très, très fort,
et on espère que nos partenaires, également, feront de même pour nous permettre
cet accès-là et donner vie à cette nouvelle disposition, que vous allez voter,
je l'espère. Donc, voilà.
La deuxième, et je m'arrêterais là-dessus,
l'article 62, donc, l'idée, en fait, qui est exposée est de simplifier,
donc, en partie par rapport à ce qu'on a actuellement et par rapport à ce qu'il
y avait dans 141. Et vous l'avez sans doute remarqué, là, avec...
M. Manseau (Éric) :
…dispositions que vous allez voter, je l'espère. Donc, voilà.
La deuxième, et je m'arrêterai là-dessus,
l'article 62. Donc, l'idée, en fait, qui est exposée est de simplifier
donc en partie, par rapport à ce qu'on a actuellement et par rapport à ce qu'il
y avait dans 141. Et vous l'avez sans doute remarqué, là, avec le tableau en
annexe, la divulgation au niveau des cabinets de courtage est quand même assez
costaude. Donc, tout élément, je dirais, qui viendrait simplifier ça sans
évidemment avoir un impact sur la protection du public, hein, maintenir cet
équilibre entre la protection du public et évidemment l'efficacité et l'agilité
des cabinets de courtage, bien, évidemment, serait bienvenu.
Donc, voilà, je m'arrête là-dessus. On
pourrait prendre vos questions s'il y en a.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci à vous deux.
Une voix : Je vous en prie.
Le Président (M. Simard) :
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Sur
la divulgation, là, j'aimerais que vous nous apportiez quelques précisions.
C'est-à-dire que vous appréciez l'article 62 ou vous en demandez plus ou
vous… avec l'article 62, vous obtenez ce que vous voulez ou… Si vous
pouvez préciser ce point-là sur la divulgation et l'équilibre que vous
recherchez.
M. Manseau (Éric) : Bien,
en fait, l'article 62, je dirais, est un pas dans la bonne direction.
Puis, enfin, je vous réfère, encore une fois, là, au tableau. Imaginez-vous,
là, pour le cabinet de courtage qui a à placer toutes ces pièces, donc, à
l'écrit, à l'oral, ça devient complexe. On comprend l'objectif, hein, on
comprend l'objectif. Un cabinet de courtage fait affaire avec plusieurs
compagnies d'assurance donc il est important pour le consommateur, là, de
savoir certains éléments. Mais évidemment, cette, je dirais, superposition-là
de divulgation, évidemment, c'est un frein.
Et je me pose la question : Est-ce
que, pour le client aussi qui reçoit tout ça, qu'est-ce qui se passe dans sa
tête? Donc, on a toujours eu, dans les discussions avec... dans le projet de
loi n° 141, on a eu ces discussions-là. Mais ce que je vous dirais, moi,
sur le fond, moi, je pense que la divulgation doit... on doit partir du
principe qu'elle constitue un critère pour le consommateur, dans son choix de
décision, là. Donc, ce qu'on divulgue, lui va l'intégrer comme paramètre de
décision pour dire... bien, avec d'autres critères, le prix, etc., le service.
Et est-ce qu'avec ce qu'on a actuellement, est-ce qu'il est en mesure de le
faire, est-ce qu'il est en mesure d'être un peu mêlé dans tout ça? Donc, je me
pose la question. Mais je dirais que ce qui est proposé dans le projet de loi
est un pas dans bonne direction et je pense qu'il y a encore un travail à
faire, à mon avis, de revoir ces éléments-là.
M. Girard (Groulx) : Mais
je vous dirais, là... Bien, d'abord, je suis content que vous dites que c'est
un pas dans la bonne direction. Mais, s'il y a un pas supplémentaire à faire,
c'est le temps de le dire, là...
M. Manseau (Éric) : …à mon
avis, de revoir ces éléments-là.
M. Girard (Groulx) : Mais je
vous dirais, d'abord, je suis content que vous dites que c'est un pas dans la
bonne direction. Mais, s'il y a un pas supplémentaire à faire, c'est le temps
de le dire, là. Malgré tout le plaisir qu'on a ici, là, on ne fait pas un
omnibus budgétaire… pas budgétaire parce que, oui, on fait un omnibus
budgétaire à chaque année, mais on ne fait pas un omnibus financier… Le
dernier, c'est quand même… c'était costaud puis c'était il y a trois ans. Peut-être
qu'on reviendra à une fréquence plus courte puis… Mais c'est le moment de dire,
si vous avez… si vous voulez des simplifications supplémentaires puis que vous
croyez que ça peut se faire dans le respect de l'équilibre de la protection des
assurés, puis c'est le temps de le dire, là, c'est… on est là pour ça.
M. Manseau (Éric) : Bien, moi,
je vous dirais, là-dessus, on pourra faire un retour, là, plus en profondeur, évidemment,
aller voir mes membres. Mais chose certaine, ce qu'on maintien comme principe
c'est qu'est-ce que le client qui est en face de nous… quels éléments
fondamentaux doit-il avoir pour prendre sa décision de faire affaire avec nous.
Donc, si on lui donne une litanie d'assureurs, est-ce que ça, c'est pertinent?
Je ne pense pas. Si on lui donne les trois principaux assureurs, est-ce
que c'est pertinent? Je me le demande.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, je vais consulter le tableau de votre mémoire puis je vais passer la
parole à mes collègues.
Le Président (M. Simard) :
Alors, chère collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré — Île d'Orléans.
Mme Foster : Merci, M. le
Président. J'aurais une question pour vous. Je ne suis pas certaine, en tout
cas, à moins que j'aie manqué, mais il me semble que dans votre mémoire, c'est
présent, mais vous n'en avez pas vraiment parlé tout à l'heure. Au sujet de
l'article 82, en avez-vous jasé? Parce qu'il me semble que dans votre
présentation, ce n'était pas là puis c'est dans votre mémoire.
M. Manseau (Éric) : Oui, c'est
ça, il y a un petit bout, dans le mémoire, là, concernant 82, oui.
• (16 h 20) •
Mme Foster : Oui, c'est ça.
Parce que, dans le fond, concernant l'article 82, là, qui propose la création
d'un conseil d'administration pour l'autorité, dans le fond, vous dites :
Ce serait le fun qu'au moins un des administrateurs au conseil d'administration
de l'autorité soit issu, dans le fond, des cabinets de courtage. J'aimerais
vous entendre là-dessus, là, tu sais, le justificatif, à savoir : Pourquoi
on devrait retenir votre proposition.
M. Manseau (Éric) : Oui. Bien,
comme vous le savez, l'Autorité des marchés financiers encadre l'assurance de
dommages, encadre le courtage, donc on a rien qu'à prendre ces dernières années
le nombre de règlements et le nombre de consultations actuellement aussi, qui
sont en chantier, que ce soit gestion des plaintes, que ce soit les incitatifs,
la gestion des incitatifs, etc. Donc, c'est très clair que l'AMF a un rôle, le
rôle primordial dans l'encadrement du courtage. Donc, nous, on se dit, bien, à
ce titre-là, je pense qu'elles vont avoir quelqu'un qui connaît l'industrie,
donc, et qui n'est pas lié aux regroupements…
M. Manseau (Éric) : ...les
incitatifs, la gestion des incitatifs, etc. Donc, c'est très clair que l'AMF a
un rôle, le rôle primordial dans l'encadrement du courtage. Donc, nous, on se
dit, bien, à ce titre-là, je pense qu'elles vont avoir quelqu'un qui connaît l'industrie,
donc, et qui n'est pas lié aux regroupements comme tels, mais qui connaît...
Mais je pense que ça peut avoir une valeur ajoutée, là, pour les décisions de
l'AMF, les décisions stratégiques, s'entend.
M. Tardif (Jean-Pierre) :
...que ça peut ajouter une valeur... que ça va donner une valeur ajoutée. Ce
qu'on remarque, c'est... la contextualisation de notre industrie, des fois,
elle peut être mal comprise, alors, à ce moment-là, s'il y a quelqu'un du conseil
d'administration qui provient du monde du courtage, on pense que ça pourrait
faciliter la compréhension et toutes les applications par la suite.
Mme Foster : J'enchaîne plus
sur l'article 3. En tout cas, vous étiez en accord, là, ce n'est pas l'objet
d'un litige, là, mais j'ai été moi-même été, dans une ancienne, ancienne vie,
agente en assurance de dommages, j'ai moi-même fait ça un jour, dans ma vie,
donc c'est pour ça que ça me parle. Et là quand vous dites, l'accès du fichier
central, effectivement, qui pourra se faire par les courtiers, vous voyez,
j'aurais pensé que, 15 ans après, c'était fait, mais ça ne l'était pas encore.
Donc, dans le fond, vous réclamez cet accès-là pour que ce soit moins
compliqué, pour ne pas être obligés de transiter par un assureur direct,
autrement dit?
M. Manseau (Éric) : Non, en
fait, on a accès, mais c'est un accès indirect.
Mme Foster : Vous y avez...
mais c'est ça...
M. Manseau (Éric) : Oui, c'est
ça.
Mme Foster : ...autrement dit,
sans avoir d'intermédiaire, qui est l'assureur direct entre les deux, oui, oui,
oui, O.K.
M. Manseau (Éric) : De
l'assureur, c'est ça, exactement, donc par différentes voies.
Mme Foster : Oui, parce que
vous n'avez pas le choix d'avoir accès, on s'entend, là.
M. Manseau (Éric) : Ça, c'est
sûr, ça, c'est sûr, oui.
Mme Foster : Ça, c'est sûr,
là, pour assurer. O.K.
M. Tardif (Jean-Pierre) : Ça
va nous permettre d'avoir plus d'agilité, être en mesure de répondre plus
rapidement au client, et je suis convaincu que le client va y trouver son
compte à tous les niveaux.
Mme Foster : O.K. Parfait,
merci, je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Juste
une... On le permettrait, mais ce serait encadré par l'AMF, là. Le fait qu'on
modifie la loi va permettre de faire des travaux pour en arriver là, mais l'AMF
devra rester impliquée, là.
Parfait, ça complète pour moi, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. Chère collègue de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci, merci aussi d'être présents avec nous, ça fait du bien de
pouvoir recevoir enfin des invités. Alors, très contente que vous vous êtes
déplacés, ça fait plaisir.
J'aurais quelques questions. Dans un
premier temps, tantôt, vous avez mentionné, vous répondiez que donner la liste,
de toute façon, de toutes les compagnies d'assurance... Vous, sur le site Web
des courtiers qui sont chez vous, vous affichez déjà le nom des compagnies
d'assurance avec qui ils font affaire? Parfait. Est-ce qu'on divulgue aussi le
nombre de compagnies d'assurance au client avant de solliciter différentes
couvertures aussi?
M. Tardif (Jean-Pierre) : …dans
le fond, la loi nous oblige à mentionner les trois principaux, mais la plupart
des courtiers les mentionnent tous. Ils ne prennent pas de chance, parce qu'on
ne veut pas aller contre la loi...
Mme Rizqy : …le nombre de
compagnies d'assurance au client avant de solliciter différentes couvertures
aussi?
M. Tardif (Jean-Pierre) : …la
loi nous oblige à mentionner les trois principaux, mais la plupart des
courtiers les mentionne tous. Ils ne prennent pas de chance parce qu'on ne veut
pas contre la loi, on veut aller avec la loi. Donc, les courtiers, en ce
moment… la tendance, là, en ce moment, c'est qu'on les nomme tous avec le
pourcentage de concentration, si concentration il y a, supérieure à 60 %.
Mme Rizqy : Il y a quelque qui
n'est pas dans votre mémoire, mais j'aimerais quand même vous entendre. Avec la
surchauffe immobilière puis le prix des matériaux qui coûte beaucoup plus cher,
en ce moment, pensez-vous que les québécois sont suffisamment assurés si
jamais, par exemple, malheureusement, disons que la maison passe au feu, c'est
une perte totale, et on doit reconstruire, mais au moment d'avoir souscrit à
une assurance on pensait, à juste titre, à ce moment-là que ça coûtait
500 000 $, mais aujourd'hui, ça n'en coûte 850 000 $. Donc,
30 % à 40 % plus cher. Est-ce qu'on a un enjeu assez sérieux
là-dessus au Québec?
M. Tardif (Jean-Pierre) : Oui,
c'est une excellente question. Puis cette question-là elle a été adressée aux
assureurs aussi qui ont quand même eux qui actionnent les leviers pour mettre
l'inflation à chaque année. Et auparavant, on avait des indexations, là, je
vous dirais, une moyenne de 2 %, puis maintenant ils ont été revus à
6 % pour le moment. Est-ce que pendant la période tampon que les matériaux
ont… mais on n'a pas répertorié, en ce moment, là, puis c'est sous toute
réserve d'histoires d'horreur concernant un client qui avait une maison de… qui
été assuré pour 250 000 $, puis après la reconstruction, elle en
valait 500 000 $. Les assureurs actuellement honorent ce genre de
choses-là en général, mais on n'a pas répertorié, là, de façon, là, à plusieurs
reprises, là, des histoires, là, excusez-moi le mot, là, des histoires
d'horreur, là, qu'il y a une sous-assurance. Le tout avait été adressé à la
haute direction de grandes compagnies, là, il y a environ un an et demi, et
depuis ce temps-là, le bois en fait, il a diminué, ce qui a fait, en fait, que
ça a comme ramené un petit peu la grande hausse qu'il y avait, mais la hausse
elle est plus au niveau de la valeur marchande que la valeur de reconstruction.
Vous le savez, hein, il y a une grande différence entre les deux quand on assure…
quand on est sur le terrain, on assure les deux, il y a une grande différence
entre les deux. Alors, voilà. J'espère que je réponds à votre question.
Mme Rizqy : Oui. Je vois que
vous, vous avez une… on dirait que vous allez compléter.
M. Manseau (Éric) : Oui. Bien,
en fait, sur le volet «particulier», mais sur le volet «entreprise», donc, du
côté commercial, là, les enjeux sont plus importants. Donc, certains secteurs
d'activité, je dirais, les courtiers peinent à trouver des marchés ou des
assureurs pour assurer. Parfois la couverture est diminuée, parfois
l'augmentation des déductibles, parfois la prime double. Bref, dans certains
secteurs, là, c'est beaucoup plus difficile.
• (16 h 30) •
Mme Rizqy : Puisque vous
ouvrez la porte du commercial, il y a de plus en plus d'entreprises, de PME
québécoises qui font face à des cyberattaques où les rançons sont quand même
considérables, de millions de dollars. Est-ce que ça ici, avez-vous des pistes
de solution, des pistes de réflexion…
16 h 30 (version non révisée)
M. Manseau (Éric) : …c'est beaucoup
plus difficile.
Mme Rizqy : Puisque vous
ouvrez la porte du commercial, il y a de plus en plus d'entreprises, de PME
québécoises, qui font face à des cyberattaques, où les rançons sont quand même
considérables, des millions de dollars. Est-ce que ça ici… Avez-vous des pistes
de solution, des pistes de réflexion pour nous, pour voir comment on peut mieux
assurer aussi ces entreprises? Parce qu'effectivement c'est des drames, là, qui
sont vécus par différentes PME québécoises.
M. Manseau (Éric) : Oui, bien,
la première chose, au niveau de nos courtiers, il y a une dimension
fondamentale de formation, même pour nos courtiers, là, donc savoir les
produits qui existent, comment aussi interagir avec un client pour, justement,
lui offrir ces produits-là. Je vous dirais qu'il y a peu d'engouement pour ça actuellement.
Donc, en fait, ce qu'on avait dans
l'esprit, dans le mémoire de consultations prébudgétaires qu'on a déposé
l'année dernière, donc, ce qu'on suggérait, c'est : Est-ce qu'il y aurait quelque
chose qui pourrait être entamé par le gouvernement, par exemple, auprès de ses
propres fournisseurs? Donc, est-ce qu'il y a quelque chose qui pourrait être
exigé en matière d'assurances cyberrisques pour les entreprises avec lesquelles
le gouvernement fait affaire? Donc, ça, c'était la première… une des
suggestions, en fait, qu'on avait faites à cette époque-là.
Mme Rizqy : …je vais le
prendre, parce que j'ai aussi le projet de loi n° 6, avec le futur
ministre du Numérique. Alors, je vais prendre votre suggestion… dans ce
prochain projet de loi qu'on étudiera incessamment.
M. Manseau (Éric) : Parfait.
Mme Rizqy : Une dernière
question avant de passer la parole à ma collègue. Au niveau des assurances qui
couvrent les copropriétés, il arrive…
Tu vas aussi là-dessus? Ah! bien, parfait.
Bien, elle va y aller.
Bien, en fait, brièvement, c'est qu'on le
voit, dans certains cas, que les citoyens sont assurés mais pour le plein
montant, alors que le syndicat de copropriété qui lui aussi a une assurance qui
couvre énormément en cas de dommages… Alors, le copropriétaire paie un montant
assez important, alors que le syndicat de copropriété aussi, mais ce montant
qui est payé par le syndicat de copropriété est aussi payé par le
copropriétaire à travers les frais de condo. Est-ce qu'il y a une façon pour
qu'on puisse s'assurer qu'il n'y a pas, au fond, une surassurance qui est payée
deux fois par le citoyen?
M. Manseau (Éric) : C'est une
bonne question.
Mme Rizqy : Je pose une
question à 1 000 $, hein?
M. Manseau (Éric) : Moi, je ne
peux pas répondre à celle-là, tu sais, c'est clair.
M. Tardif (Jean-Pierre) : Tout
ce que je pourrais répondre à ça, c'est que la nouvelle loi qui a été enclenchée,
elle n'est pas parfaite, mais elle permet au moins un fonds suffisant pour
rendre la bâtisse en bon état, et ça, ça fait la différence dans la
souscription. Et, depuis ce temps-là, les assureurs sont un peu plus réceptifs qu'ils
l'étaient auparavant, de par cette loi-là, même si la loi, elle a encore
certaines petites lacunes, là, techniques. Mais, bon, c'est quand même un pas
en avant, mais il y a encore des enjeux en copropriété.
Mme Rizqy : D'accord. Merci
beaucoup.
M. Tardif (Jean-Pierre) : C'est
ça, c'est clair. Merci.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je vais continuer les questions un peu embarrassantes…
M. Tardif (Jean-Pierre) :
…qu'ils l'étaient auparavant, de par cette loi-là, même si la loi, elle a
encore certaines petites lacunes, là, techniques. Mais, bon, c'est quand même
un pas en avant, mais il y a encore des enjeux en copropriété.
Mme Rizqy : D'accord. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je vais continuer. Une question un peu embarrassante sur…
Une voix : …
Mme Nichols : Oui, oui, c'est
ça. Sur la copropriété. Bien, sentez-vous.
Une voix : …
Mme Nichols : Oui, c'est ça,
gardez votre masque. Bien, c'est parce que vous en avez parlé, dans la mise en
contexte, là, de votre mémoire, vous avez fait référence, entre autres, là,
comme quoi les assurances pour les copropriétés… puis vous faites référence à
la loi adoptée en juin 2018, puis vous dites que ça a touché votre industrie
puis que les dispositions sur la distribution d'assurances par courtage ont eu
un impact majeur sur un grand nombre de cabinets du Québec. Bien, je vais y
aller avec une question facile, là, vous faites cette… Vous nous dites que ça
l'a eu un impact majeur, pouvez-vous nous expliquer comment? Peut-être ça va
nous aider à comprendre justement la problématique des…
M. Manseau (Éric) : Oui. Bien,
en fait, on est passés avec une loi qui, je dirais, impose le fait d'avoir...
d'être en mesure d'offrir les produits de trois assureurs de compagnies
différentes, donc de groupes financiers différents. Donc, ça, le premier
réflexe dans un marché comme le nôtre où il y a de moins en moins d'assureurs,
il y a un phénomène de consolidation aussi. On a vu Intact prendre part de RSA,
etc. Il est difficile également, dans certains cas, d'avoir des contrats avec
des compagnies d'assurance parce qu'on n'a pas le volume suffisant, pour toutes
sortes d'autres raisons aussi. Donc, ça, c'est très difficile. Et là je vous
dirais que la panique s'est un peu installée en disant : Bien, qu'est-ce
qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire? Je suis un petit cabinet, je n'ai pas
les volumes nécessaires pour avoir… Et là en travaillant avec, bon, l'AMF, le
ministère, tout ça, on a ce qu'on appelle, nous, des bannières. Bon, des
bannières offrent des services à des cabinets, à des petits cabinets, dont
certains assureurs là, donc un courtier peut placer là. Donc, le temps que tout
ça se place, le temps que… bien, vous comprendrez que ça a été…
L'autre affaire qui a été difficile, c'est
la divulgation parce que c'était complexe, vous l'avez vu dans le tableau.
Donc, comment on rend ça digestible pour le cabinet? Tu sais, comment on fait?
Donc, on a travaillé beaucoup, là, à aider l'AMF à avoir ce tableau-là, ce
portrait-là aussi clair que possible pour dire : Bien, voilà… Et là c'est
sûr que les cabinets appelaient puis dire : Bon, bien, qu'est-ce que je
fais, c'est quoi, ça, cette affaire-là, je divulgue-tu le pourcentage, pas le
pourcentage, etc. Donc, il y a eu tout un branle-bas, là, par rapport à ça.
Donc, c'est surtout ça qu'il y a créé, là, sur le plan, je dirais, de
l'organisation du cabinet et des demandes, évidemment, qui nous sont faites.
C'est ça qui a créé cette espèce de, tu sais, de chamboulement-là.
M. Tardif (Jean-Pierre) :
J'ajouterais à ça, dans le mot «chambouler», là, il est bien choisi, là, parce
qu'il y a des cabinets de courtage qui ont dû se rendre à l'évidence de devenir
des agences. Ça fait que c'est une perte déplorable, mais bon, ils se sont
conformés, ça a fait en sorte qu'ils sont devenus des agences. Donc, voilà.
Mme Nichols : C'était quoi, la
différence entre…
M. Tardif (Jean-Pierre) :
Entre une agence et un cabinet de courtage, c'est le choix…
M. Tardif (Jean-Pierre) :
...dans le mot «chambouler», là, il est bien choisi, parce qu'il y a des
cabinets de courtage qui ont dû se rendre à l'évidence, là, devenir des
agences. Ça fait que c'est une perte déplorable, mais, bon, ça... ils se sont
conformés, ça a fait en sorte qu'ils sont devenus des agences, donc...
Mme Nichols : C'est quoi,
la différence entre...
M. Tardif (Jean-Pierre) :
Entre une agence et un cabinet de courtage, c'est le choix. Nous, on offre du
choix. Eux sont exclusifs à un assureur.
Mme Nichols : Ça fait que,
dans le fond, c'est... celui-là qui cherche une diversité, un peu moins de
service... dans le fond, c'est le consommateur qui est affecté par ces
changements-là.
M. Tardif (Jean-Pierre) :
Oui, oui, oui.
Mme Nichols : Puis, directement,
relativement aux assurances pour la copropriété, là, je comprends que c'est ça
qui a, surtout, là, touché votre industrie, là, au niveau de la divulgation,
puis ça, je comprends tout ça. Mais, dans le paragraphe suivant, vos dites qu'évidemment
c'est la protection du public, là, qui doit mener, là, puis qui doit être l'intérêt
principal, puis comme faisait référence, là, ma collègue de Saint-Laurent, la protection
du public... il paie quand même un peu, là, aux deux places avec le syndicat de
copropriété puis avec l'assurance. Je sais que c'est difficile de... puis je...
c'est difficile de vous positionner, mais vous devez certainement avoir des
échos ou certainement, là, avoir des gens qui vous disent : Bien, ça n'a
pas de bon sens, ou il doit y avoir, là, des cas qui vous viennent à l'esprit,
qu'on dit : Bien oui, puis si on peut... Puis on pose la question, parce
que, tu sais, on travaille ensemble, puis, si on peut amener un ajustement dans
le projet de loi n° 3, justement, pour la protection du public, bien, on
va le faire. Des fois, c'est juste un petit ajustement qui va faire une grosse
différence pour le consommateur. Mais est-ce qu'il y a des cas en particulier
qui vous ont été soumis ou... Ce n'est pas nouveau, je suis sûre ce n'est pas
nouveau, ce à quoi on fait référence aujourd'hui, là.
M. Tardif (Jean-Pierre) :
La facture, le jeudi soir, ils en font souvent. Malheureusement, il y a
encore des brèches dans la nouvelle loi, puis je n'ose pas aller dans les
détails, ça serait trop de temps à vous expliquer tout ça, mais il y a... Puis
je sais qu'il y a beaucoup de temps qui a été passé à trouver des solutions sur
l'imputabilité du locateur, du colocateur versus le syndicat, et tout ça, puis
on se renvoie la balle en termes d'imputabilité. Moi, je trouve,
personnellement, que c'est un... puis pas personnellement, le Regroupement des
cabinets de courtage trouve que c'est un pas en avant. Et ce que ça a permis de
positif en ce moment, c'est : au moins, on est capables de les couvrir en
ce moment. Ce n'est pas parfait. Je suis d'accord avec vous qu'il y a peut-être
des frais supplémentaires qui sont assumés par les clients, mais, au moins, ils
ont une couverture d'assurance, ce qui est quand même très, très, très louable,
là, c'est ce qui est recherché au tout début. Maintenant, dans les coûts, oui,
on pourrait aller chercher quelque chose, j'en suis convaincu, pour faire
sauver au consommateur. On répète, on est... on veut être en lien avec le
consommateur. Mais vous expliquer ça aujourd'hui, croyez-moi, c'est assez
complexe. C'est vraiment complexe, vraiment. C'est d'une grande complexité.
Mme Nichols : Mais est-ce
que c'est des lacunes importantes, là, qui doivent être portées à notre
attention pour qu'on puisse, justement, les faire, ces corrections-là? Puis je
parle... il me reste-tu du temps, M. le Président? Oui, vous êtes gentil.
Le Président (M. Simard) :
Oui, allez-y, madame, je vous en prie.
Mme Nichols : Tellement
gentil, ce président-là...
M. Tardif (Jean-Pierre) : …aujourd'hui,
croyez-moi, c'est assez complexe, c'est vraiment complexe, vraiment, c'est
d'une grande complexité.
Mme Nichols : Mais il reste
que c'est des lacunes importantes, là, qui doivent être portées à notre
attention pour qu'on puisse justement les faire, ces corrections-là, puis je
parle… il me reste-tu du temps, M. le Président? Oui, vous êtes gentil.
Le Président (M. Simard) :
Oui, allez-y, madame, je vous en prie.
Mme Nichols : Il est tellement
gentil, ce président-là. Bien, je vais faire ça vite, je vais augmenter mon
débit. Bien, je parle d'un cas, en particulier, qui me vient en tête, là, quelqu'un
qui est en copropriété, qui a un dégât d'eau, c'est son syndicat de copropriété
qui dit : Bien, c'est beau, on s'en occupe, mais il paie déjà plus cher parce
qu'il a fallu… le copropriétaire, il a fallu qu'il renfloue… voyons, pas le
montant provisionnel, mais…
Une voix : Le fonds.
Mme Nichols : …le fonds, mais
il a déjà déboursé plus de sommes là, puis sa police d'assurance reste la même
aussi, mais là il ne réclame pas ses assurances parce que ça passe par le
syndicat. Donc, le copropriétaire, là… le propriétaire, il paie encore les
primes de police d'assurance, le même montant puis, en plus, il a payé… tu
sais, il a donné des montants supplémentaires au syndicat de copropriété. Donc,
c'est certain, là, qu'il y a des lacunes puis c'est là où je trouve… il n'y a
pas… c'est dommageable, il y a un préjudice qui est causé en copropriété.
• (16 h 40) •
M. Tardif (Jean-Pierre) : Oui,
ma réponse à ça, si vous me permettez, ma réponse à ça, ce serait, on va vous
faire… on a des recommandations, on vous les partagera par le biais du
secrétaire puis on vous en fera part, on a déjà des voies de solution.
Mme Nichols : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, messieurs, merci beaucoup pour votre présence fort instructive cet après-midi.
Sur ce, nous allons momentanément suspendre nos travaux afin de faire place à
nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 16 h 41)
(Reprise à 16 h 56)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous voici de retour pour une dernière audition. Et
nous sommes en présence des représentants du Mouvement Desjardins, auxquels
nous souhaitons la bienvenue.
Messieurs, auriez-vous l'amabilité de vous
présenter?
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
Merci beaucoup, M. le Président. Je suis Yvan-Pierre Grimard, vice-président en
relations gouvernementales et institutionnelles au Mouvement Desjardins. Je
vais demander à mon collègue de se présenter maintenant.
M. Boucher (Luc) : Oui.
Bonjour. Luc Boucher, je suis vice-président et chef des affaires juridiques du
Mouvement Desjardins.
Le Président (M. Simard) :
Alors, vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. membres
de la commission, merci de nous recevoir cet après-midi.
D'abord, permettez-moi de saluer le ministre
des Finances et son équipe pour le travail accompli, de même que vous tous,
pour l'intérêt que vous portez à l'encadrement…
Le Président (M. Simard) :
...disposez d'une période de 10 minutes.
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, mesdames et messieurs, membres
de la commission, merci de nous recevoir cet après-midi. D'abord, permettez-moi
de saluer le ministre des Finances et son équipe pour le travail accompli, de
même que vous tous pour l'intérêt que vous portez à l'encadrement du secteur
financier.
Pour le Mouvement Desjardins, il est
important d'assurer aux institutions financières québécoises la possibilité de
compter sur un cadre leur permettant de demeurer pertinente, compétitive et
solide. Le Mouvement Desjardins est d'ailleurs la coopérative financière la
plus importante en Amérique du Nord et la cinquième au monde avec un actif
d'environ 400 milliards de dollars. Il a été nommé parmi les 100 meilleurs
employeurs 2020 au niveau mondial par Forbes et Mediacorp. Le Mouvement
Desjardins compte plus de 52 000 employés répartis à travers le Canada.
Dans l'économie québécoise, le secteur
financier se classe au cinquième rang des principaux contributeurs au PIB. Elle
compte... pardon. Sa contribution s'élève à quelque 25 milliards et représente
6,7 % du PIB. Il est donc important pour les acteurs du secteur financier de
disposer des leviers requis pour se développer, pour innover et pour soutenir
les collectivités lorsque la situation le requiert.
Au cours de la dernière année et demie,
nos membres et clients, de même que les collectivités québécoises et
canadiennes, ont bénéficié de la solidité du Mouvement Desjardins. D'ailleurs,
en 2020, l'ONU a reconnu Desjardins comme une des trois institutions
financières nord-américaines les plus responsables dans la gestion de la
pandémie.
Ceci étant dit, M. le Président, et conformément
au souhait exprimé par le ministre des Finances ce matin, nous éviterons... de
ce qui n'est pas dans le projet de loi, même si nous aurions eu des suggestions
additionnelles à formuler.
Par ailleurs, puisque le projet de loi n° 3 aborde la question du réexamen d'une autorisation par
l'autorité des marchés financiers concernant certaines opérations, nous nous
sommes permis de partager un bout de texte avec les membres de la commission,
ce matin. Le texte porte sur une proposition d'amendement à l'article 29 de la
Loi sur les institutions de dépôt et la protection des dépôts. En fait,
l'article 29 reproduit dans la note... vient préciser le type d'opération pour
lesquels notre régulateur, l'Autorité des marchés financiers, doit réexaminer
notre autorisation à agir comme institution de dépôt. En gros, il s'agit de
fusion, de changement d'autorité réglementaire, de changement de forme
juridique ou de changement de nom. Jusque là, ça va bien.
• (17 heures) •
Par contre, le cinquième alinéa traite de
deux types d'opérations. Le fait de devenir détenteur du contrôle d'un
groupement ou les opérations ayant un effet significatif. Les effets
significatifs étant l'acquisition d'actifs ou la cession d'actifs.
En ce qui a trait à l'article 30 présenté
dans la note de ce matin...
17 h (version non révisée)
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
…traite de deux types d'opérations : le fait de devenir détenteur du
contrôle d'un groupement ou des opérations ayant un effet significatif. Les
effets significatifs étant l'acquisition d'actifs ou la cession d'actifs.
En ce qui a trait à l'article 30 présenté
dans la note de ce matin, il vient préciser l'alinéa 5, mais seulement sur le
volet effets significatifs d'une acquisition ou d'une cession d'actifs. En
fait, l'article édicte une cession ou une acquisition n'est pas réputée être
significative lorsque la variation qu'elle entraîne sur la valeur des actifs
n'excède pas 5%. Mais il est muet sur une opération qui consiste à devenir
détenteur du contrôle d'un groupement, ce qui suscite de la confusion.
Finalement, puisque, de toute façon, une
prise de contrôle d'un groupement constitue un achat d'actifs et que le critère
de l'effet significatif demeure, nous recommandons au législateur de retirer de
l'article 29, comme vous le voyez sur votre page, la mention relative «au fait
de devenir détenteur du contrôle d'un groupement». Cette dernière mention est
orpheline dans la loi, et l'absence de critère entraîne un réexamen de l'autorisation
d'agir comme institution de dépôt, et ce, peu importe l'importance de la
transaction pour le Mouvement Desjardins. J'ai essayé de vous vulgariser ça le
plus possible, je ne sais pas si j'ai réussi, mais on va essayer, là, d'aller
plus loin dans la période de questions.
En conclusion, le Mouvement Desjardins
estime qu'il est très approprié d'apporter des ajustements aux lois du secteur
financier et salue l'intention du ministre d'en faire presque un rendez-vous
annuel. Du moins, c'est ce que nous avons compris ce matin dans ses notes
introductives. Je vous remercie beaucoup, nous sommes disposés à répondre à vos
questions.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Grimard. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : D'abord,
merci d'être là, merci pour votre flexibilité. Il y a quand même, dans le… Et
peut-être un commentaire général, mais c'est certain que, dans un monde idéal,
il y aurait un omnibus financier à chaque année, ce qui nous éviterait d'avoir des
projets colossaux lorsqu'on saute plusieurs années. Dans les faits, 141 est un
immense projet, et là on y va avec des ajustements qui, pour la plupart, sont
consensuels, puis, bien sûr, il y aura des nuances, mais il serait effectivement
de bonne pratique...
(Interruption)
M. Girard (Groulx) : Ça va?
Le Président (M. Simard) : Ça
va très bien. Vous devriez parler à votre sous-ministre.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bon,
outre les articles 29 et 30, auxquels vous…
M. Girard (Groulx) : ...ils
seraient effectivement de bonnes pratiques.
(Interruption)
M. Girard (Groulx) : Ça va?
Le Président (M. Simard) : Ça
va très bien. Vous devriez parler à votre sous-ministre.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bon,
outre les articles 29 et 30, auxquels vous référez, M. Grimard, il y a quand
même d'autres aspects, dans le projet de loi, qui concernent Desjardins.
Dois-je comprendre que ceux-ci, par les consultations en continu que vous avez
avec le ministère, vous satisfont?
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
Oui, c'est ce que vous pouvez comprendre, M. le Président, là, on est
satisfaits de ce qui se trouve dans la loi. Peut-être y aurait-il lieu de
procéder à quelques petits ajustements. Sur ce, je passerais la parole à mon collègue
Me Boucher, mais de manière générale, on est très satisfaits de ce qui se
trouve dans le projet de loi n° 3, M. le Président.
Alors, Luc, si tu veux préciser.
M. Boucher (Luc) : Oui, absolument.
Nos demandes les plus importantes, à travers les années, ont été satisfaites
par le projet de loi n° 3. Quand on parle de petits ajustements,
peut-être un exemple qu'on pourrait vous donner... On est très satisfaits du
fait que le projet de loi vient refléter les nouveaux concepts de groupe
coopératif et de solidarité financière qui s'appliquent au Mouvement Desjardins
et on est venus faire les ajustements qui étaient nécessaires pour faire en
sorte que la divulgation financière du mouvement soit maintenant conforme à ces
deux grands principes, là, qui sont vraiment, là, la clé de voûte de notre
nouvelle législation.
Un petit ajustement, peut-être, sur le
projet de loi, c'est qu'on fait... et là je vais être un peu technique, là,
c'est les confins des règles comptables et du droit. Essentiellement, on parle
toujours, maintenant, de faire de la divulgation d'états financiers consolidés
du groupe. Or, on n'est pas face à un groupe corporatif, on est face à un groupe
coopératif, la notion de contrôle n'existe pas, ce qui fait que nos auditeurs
ont un peu de difficulté avec le concept de consolidation, à ce moment-là.
Alors, pour certains des articles, là, qui se trouvent dans le projet de loi,
je pense qu'il faudrait tout simplement retirer le mot «consolidés» pour
référer tout simplement aux états financiers du groupe, et tout le monde
comprendrait qu'on fonctionnerait avec des états financiers cumulés, comme ceux
du mouvement en ce moment.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, c'est une notion intéressante. Alors, l'esprit de ces états financiers
exhaustifs, pour l'ensemble du groupe, vous l'endossez, mais la terminologie
n'est pas appropriée à la structure légale et le capital de votre institution.
M. Boucher (Luc) : Absolument.
En fait, si on regarde les états financiers qui étaient demandés par la loi
141, à partir de 2018, on a continué de demander que la fédération, de façon
consolidée, présente des états financiers. Or, la fédération étant partie du
groupe coopératif, faisant partie de la même solidarité financière, l'ensemble,
si on veut, du patrimoine et du capital du groupe coopératif était mis au
bénéfice des créanciers et des déposants, et les états financiers ne
reflétaient pas cette réalité-là, ce qui forçait le Mouvement Desjardins,
depuis 2018, à faire deux sets d'états financiers, soit des états financiers
requis par la loi, au niveau...
M. Boucher (Luc) : …une
solidarité financière, l'ensemble, si on veut, du patrimoine et du capital du
groupe coopératif établi aux bénéfices des créanciers et des déposants, et les
états financiers ne reflétaient pas cette réalité-là. Ce qui forçait le
Mouvement Desjardins, depuis 2018, à faire deux… d'états financiers, soit des
états financiers requis par la loi au niveau fédération consolidée, mais pour
présenter un portrait beaucoup plus fidèle à nos créanciers et à nos membres et
à nos clients. On préparait également des états financiers Mouvement, c'était
sur une base cumulée qui là tenait l'ensemble du groupe coopératif et des
filiales sous le groupe coopératif. Alors, dorénavant, ce sont ces états
financiers là qu'on a l'intention de produire dorénavant et pour lesquels on a
eu une dispense de l'Autorité des marchés financiers, là, pour être capable de
remplir à nos obligations en vertu de la Loi sur les valeurs mobilières.
M. Girard (Groulx) : Et vous
suggérez la terminologie états financiers cumulés.
M. Boucher (Luc) : Je
parlerais seulement d'états financiers, je pense qu'on n'a pas besoin de
rentrer en ce niveau de détail là, les règles qui afféraient sont assez claires
que, pour faire les états financiers d'un groupe coopératif, on doit
fonctionner avec les états financiers cumulés. Alors, je pense que l'ajustement
peut être très facile à faire, il y a quelques articles, sont les articles que
je peux vous donner, les articles 144, 149 et 162 de la Loi sur les
coopératives. Si on ne fait que retirer le mot «consolidé» des textes qui sont
proposés, on atteint à 100 % l'objectif.
M. Girard (Groulx) : O.K.
C'est intéressant. Merci. Puis pour le régime de, je cherche le mot français
exact, là, le régime de… attendez, plutôt que de vous donner l'anglais, je vais
trouver le terme juste en français…
Une voix : …
M. Girard (Groulx) :
…renflouement interne, merci. Pour le régime de renflouement interne, ce qui
est proposé vous convient?
M. Boucher (Luc) : Oui, absolument.
On peut également utiliser le terme de recapitalisation. Vous avez mentionné,
ce matin, M. le ministre, qu'il y a des cas où c'est par une expérience
pratique, depuis l'adoption de la loi, qu'on voit des ajustements qui doivent
être faits. Lorsqu'on avait travaillé avec le ministère des Finances à
l'époque, pour mettre sur pied le régime de capitalisation du Mouvement
Desjardins, on avait deux possibilités, soit la possibilité de radier et la possibilité
de convertir, tant nos titres de capital, que notre dette. On pensait, vu les
régimes d'indemnisation qui sont en place, que c'était tout à fait correct. Or,
la pratique a démontré que nos concurrents bancaires fédéraux ont, si on veut,
des règles différentes.
Essentiellement, il n'y a pas de possibilité
d'annuler des titres de capital ou de radier des créances et cette
différence-là, nos investisseurs internationaux nous l'ont noté et ont
démontré… nous ont dit, à plusieurs reprises, que c'était un sujet de préoccupation
pour eux. Veux veux pas, le Mouvement Desjardins et sa réglementation
provinciale québécoise est un peu unique sur les marchés et les investisseurs internationaux
ont tendance à être beaucoup plus à jour, si on veut, beaucoup plus au courant
de ce qui se passe au niveau fédéral, mais on est tous dans le même marché au
niveau du financement international. Donc, c'est une…
M. Boucher (Luc) : …pour eux.
Veux veux pas, le Mouvement Desjardins et sa réglementation provinciale québécoise
est un peu unique, là, sur le marché. Et les investisseurs internationaux ont
tendance à beaucoup être plus à jour, si on veut, ou beaucoup plus au courant,
là, de ce qui se passe au niveau fédéral, et on est tous dans le même marché au
niveau de financement international. Donc, c'est un commentaire qu'on a pris et
c'est un commentaire qu'on a communiqué, on pense que sur le fond, ça ne change
pas grand-chose, là, dans le terme des pouvoirs de résolution, si jamais les
pouvoirs de résolution devaient être mis en vigueur, mais ça vient nous donner
une parité, si on veut, avec nos concurrents et ça vient éliminer ce petit
irritant, là, qu'on reçoit. Et qui sait, dans un univers où les écarts de
crédits sont très concurrentiels, il ne faudrait pas que le Mouvement
Desjardins paie plus cher sur les marchés à cause de mots différents dans sa
législation.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est certainement notre intention, que les règles qui s'appliquent aux banques
d'importance systémique soient reproduites, je ne sais pas si c'est le bon
terme, mais que, puisque votre groupe est une institution financière
d'importance systémique, que les règles qui s'appliquent aux banques
d'importance systémique soient identiques. Et donc, dans la mesure où cette
possibilité d'annulation des titres n'existe pas pour les banques d'importance
systémique, je pense que c'est important d'avoir une équité dans les
traitements des impôts des institutions systémiques. Alors, c'est notre
intention. Moi, ça complète. Puis j'avoue que j'ai… Ce que nous avons reçu
aujourd'hui, là, l'article 29 et 30, j'en prendrai connaissance. Et donc je
n'ai pas de commentaire à faire là-dessus.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre. D'autres interventions du côté ministériel? Sans quoi,
je cède la parole à Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oups! Oui.
Excusez. Merci, M. le Président. Oui. Alors, bonjour. Merci, merci d'avoir
accepté, là, d'être parmi nous un peu plus tôt aujourd'hui. Bon, moi, je suis
nouvelle dans la commission. Alors, j'ai peut-être quelques questions.
D'emblée, M. Grimard, vous nous avez parlé, là, de… À l'article 29, vous
parlez, là, de «compte tenu qu'une prise de contrôle d'un groupement constitue
également un achat d'actifs», que vous avez proposé, là, de simplement retirer
le langage qui couvrait les acquisitions de contrôle, puis vous nous avez fait,
là, la mention de retire, là, «le fait de devenir le détenteur du contrôle d'un
groupement». Là, vous avez posé la question : Est-ce que tout le monde a
compris? Alors, je lève la main : Non. Pouvez-vous juste m'expliquer,
pouvez-vous juste me l'expliquer pourquoi vous recommandez le retrait de cette
formulation-là.
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
Bien, écoutez, M. le Président, si vous permettez, je laisserais la députée de
Vaudreuil aux bons soins de mon collègue, Me Boucher, pour lui expliquer
les tenants et aboutissants de notre demande. Merci, Luc.
Mme Nichols : Consentement, M.
le Président…
Mme Nichols : ...le
retrait de cette formulation-là?
M. Grimard
(Yvan-Pierre)
:M. le Président, si
vous permettez, je laisserais la députée de Vaudreuil aux bons soins de mon collègue,
Me Boucher, pour lui expliquer les tenants et aboutissants de notre demande.
Mme Nichols : Consentement,
M. le Président.
M. Boucher (Luc) : Écoutez,
moi, c'est ma première commission, alors on est deux dans le même bateau.
Alors, voilà.
Alors, écoutez, pour faire ça vraiment
très simple, si vous regarder l'article 29, vous allez voir, effectivement,
une liste de transaction, une liste d'événements qui font en sorte que, bon,
dans le cas d'une institution de dépôt... doit soumettre son autorisation agir
comme institution de dépôt auprès de l'AMF, dans le fond, pour un réexamen, parce
qu'on juge qu'il y a là des transactions qui viennent avoir un impact sur son certificat
ou son autorisation. La majorité de ceux-là vont dans le sens commun.
Lorsqu'on arrive au numéro cinq, on voit
qu'il y a deux concepts dans ça. Il y a un concept qui est des acquisitions
d'actifs et un autre concept, qui est des acquisitions de contrôle, donc ce
qu'on pourrait définir, de façon normale, comme étant une acquisition
d'actions, si on veut. Comme le disait M. Grimard il y a quelques minutes,
vous voyez que, tout de suite, en bas, il y a une notion d'effets significatifs
pour les acquisitions d'actifs. Ce seuil-là, si on veut, ce concept-là n'est
pas présent pour les acquisitions de contrôle, donc les acquisitions d'actions.
Si on parle d'un seuil de 5 %, qui
est quand même important pour la majorité, que ce soient les grands assureurs
ou les grandes coopératives du service financier, on parle quand même de sommes
importantes, ce qui fait qu'on peut, pour des transactions qui sont somme toute
similaires, là, qu'on achète des actifs, qu'on achète une société ou une
corporation, on se retrouve dans une situation où il y a une acquisition en
tant que telle, bien, on peut se retrouver dans une situation un peu ironique
où je pourrais acheter 100 millions d'actifs, le contenu d'une autre
entreprise, mais je ne pourrais pas acheter une coquille vide qui contient
100 $, essentiellement, sans devoir remettre mon certificat d'assurance...
d'institution de dépôt sur la table.
Cette situation-là amène un peu une espèce
de situation bizarroïde où le Mouvement Desjardins, comme les assureurs, les
autres coopératives de services financiers, les sociétés de fiducie, se retrouvent
à avoir une formalité additionnelle à leurs concurrents. Donc, on peut
imaginer, dans une situation d'acquisition qui n'est pas majeure, là, donc qui
n'est pas au-dessus du 5 % dont on parle, qu'il y ait une formalité
additionnelle que doivent se soumettre les institutions québécoises que leurs
comparables n'ont pas, donc, leur rendant la vie encore plus difficile.
Vous remarquerez également, un petit peu
plus loin, c'est... et là vous ne l'avez pas dans votre document, mais, si on
regarde un peu l'autre enjeu qu'on a avec ces concepts-là, c'est que, comme
disait M. Grimard, on parle d'un concept, aussi, qui est orphelin. Toutes
ces lois-là, dans ces chapitres-là de réexamen, ne font aucune mention du
concept d'acquisition de contrôle. Alors, si je veux déposer l'avis, au moment
où on se parle, la loi ne me dit pas quel est cet avis et ce qu'il doit
contenir. La loi ne prévoit pas quelles sont les modalités de publication par
l'AMF dans son bulletin, et l'AMF n'a pas, dans son chapitre sur les sanctions,
n'a pas de sanction possible, en ce moment, pour un défaut de déposer...
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
…au moment où on se parle, la loi ne me dit pas quel est cet avis et ce qu'il
doit contenir. La loi ne prévoit pas quelles sont les modalités de publication
par l'AMF dans son bulletin. Et l'AMF n'a pas… dans son chapitre des sanctions,
n'a pas de sanction possible, en ce moment, pour un défaut de déposer ledit
avis. Donc, on a vraiment un concept qui est orphelin, en ce moment.
Alors, c'est pour ça qu'il y a vraiment
deux façons d'adresser le problème. La première façon, c'est comme on vous le
présente, et c'est la façon la plus simple de le faire : acquisition
d'actifs, acquisition d'actions, ça revient à la même chose, donc utilisons le
concept qui est dans la loi, qui est bien décrit, qui est bien encadré.La
deuxième option, c'est de venir remédier, dans chacune des lois qui a ces
concepts-là et de venir corriger chacun des articles qui devraient parler
d'acquisition de contrôle, mais qui n'en parlent pas, pour ajouter quel est
l'avis, quelles sont les formalités, quel est son contenu. Mais avec un seuil
raisonnable, là, le seuil devrait être le même, qu'on achète des actifs ou
qu'on achète des actions. Et, en même temps, prévoir aussi quelles sont les
modalités de publication. Vous aurez noté que la publication d'une transaction
d'actifs ne se fait pas. Donc, ces transactions-là n'ont pas besoin d'être
publiées au bulletin, mais une acquisition d'actions devrait être publiée.
Alors, vous pouvez imaginer les enjeux de
confidentialité. Lorsqu'on fait des acquisitions, qu'on achète des actifs,
qu'on achète des actions, les conventions prévoient toujours, tant que la
transaction n'est pas clôturée, on ne peut pas l'annoncer publiquement. Alors, en
ce moment, la loi ferait en sorte qu'on devrait annoncer publiquement ces
transactions-là.
Alors, je m'excuse, j'ai été probablement excessivement
technique, je ne sais pas si j'ai bien répondu à la question, mais j'ai essayé
de vous donner un portrait global. SI vous avez d'autres questions, ça va me
faire plaisir.
Mme Nichols : Non, j'apprécie.
Merci pour les informations, c'est précis, puis moi, ça m'aide beaucoup. Puis, dans
le fond, ce que je comprends, c'est que ce que vous proposez, là, de retirer,
là, dans la citation, ça va probablement venir tout régler sans avoir à aller
changer d'autres lois.
M. Grimard (Yvan-Pierre)
:
En fait, ça va… Ce concept-là se trouve tant dans la Loi sur les institutions
de dépôt, que dans la Loi sur les assureurs, que dans la Loi sur les sociétés
de fiducie, donc on va devoir faire le même changement dans ces trois lois-là.
Mais c'est un changement qui est mineur pour assurer, si on veut, la même
régularité dans les trois lois, surtout, je pense, qu'il n'y a pas de
changement au niveau de l'intention de la loi qui étai au départ, en 2018.
Mme Nichols : Parfait. C'est
noté. Je vois qu'on prend beaucoup de notes, là, donc, c'est noté. Il y aura, évidemment,
là, des…
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que je peux intervenir?
Le Président (M. Simard) :
Avec consentement, bien sûr, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Avec
consentement, on va bien déchiffrer ça avec le ministère puis on refera un
effort de vulgarisation lorsqu'on arrivera là, pour le bénéfice de tous.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : C'est très
apprécié. Merci, M. le ministre, d'apporter la précision. Donc, voilà, moi, ça
fait le tour, toutes ces précisions-là, là. Je comprends qu'on aura, justement,
là, des échanges lors de l'étude détaillée, là, qui seront documentés, là,
suite aux échanges qu'ils auront eus dans le ministère.
Vous avez parlé, là, qu'il y avait quand
même d'autres enjeux, là. Étant donné qu'il nous reste peut-être un peu de
temps, est-ce qu'il y avait d'autres enjeux que vous voulez porter à notre
attention, qui mériteraient peut-être… puis je vous le dis, on a un court laps
de temps, M. le Président, là, mais est-ce qu'il y avait des enjeux en
particulier…
Mme Nichols : …qui seront
documentés, là, suite aux échanges qu'ils auront eus dans le ministère. Vous
avez parlé, là, qu'il y avait quand même d'autres enjeux, là. Étant donné qu'il
nous reste peut-être un peu de temps, est-ce qu'il y avait d'autres enjeux que
vous voulez porter à notre attention? Qui mériteraient peut-être… puis je vous
dis, on a un court laps de temps, là, M. le Président, là, mais est-ce qu'il y
avait des enjeux en particulier que vous voudriez porter à notre attention pour
qu'on puisse les étudier dans l'étude détaillée?
M. Boucher (Luc) : Absolument.
Peut-être vous mentionnez deux petits enjeux, moins importants que ceux qu'on
vous a présentés ce matin. On avait fait une demande, le mouvement Desjardins a
modifié ses règlements internes cette année pour prévoir… en assemblée, pour
prévoir que les administrateurs de la fédération vont dorénavant siéger pour
des termes de quatre ans. La loi, en ce moment, nous permet d'avoir ces termes-là
dans un règlement interne. Or, les termes de nos administrateurs de caisse,
eux, sont prévus dans la loi, à trois ans. Et il n'y a pas de possibilités de
les modifier autres que par un amendement législatif. Pour des raisons de, si
on veut, là, de constance, on aurait besoin que les termes de tous nos
administrateurs, que ce soit de caisse ou de fédération, soient tous de quatre
ans. Donc, il faudrait venir prévoir dans la loi qu'on peut déroger à cet
article-là sur les termes d'administrateurs de caisse pour les fixer également
par règlement interne. Alors, c'est un changement qui est très, très simple à
faire. Puis je vais vous donner l'article en question, si vous me permettez
d'aller dans mes notes, je pense que c'est l'article 228 de la Loi sur les
coopératives. Encore là, changement très, très simple à faire.
Deuxième chose qui n'est pas dans le p.l.
3, mais dont on avait discuté. La loi, en ce moment, prévoit le droit pour la
fédération d'exclure un membre de caisse dans certaines circonstances, soit
lorsque le membre présente un risque financier inacceptable pour une caisse ou
dont les activités sont contraires aux intérêts de la caisse. Alors, processus
très bien encadré, on peut exclure des membres de caisse. Or, la loi ne prévoit
pas de capacité d'exclure les membres du groupe. Donc, je pourrais me retrouver
dans une situation où je peux exclure un membre d'une caisse A, mais je ne peux
pas en même temps l'exclure comme membre d'une caisse B sans prendre un
deuxième processus. Donc, pour des fins, là, encore là, de simplicité, on
aurait demandé que la loi soit modifiée pour nous permettre d'exclure des
membres de l'ensemble du groupe coopératif et non pas d'une seule coopérative
du groupe.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
Mme Nichols : Parfait.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Ça vous va?
Mme Nichols : Merci
beaucoup. C'est noté.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Boucher, M. Grimard, merci pour votre présence parmi nous,
ce soir. Merci aussi pour la flexibilité dont avez fait preuve.
Sur ce, nous terminons, donc, notre
période d'audition et de consultation, mais avant de nous quitter, il me faut
bien sûr procéder au dépôt des mémoires des organismes qui n'ont pas été
entendus lors de nos auditions publiques. Alors, c'est chose faite.
Sur ce étant dit, notre commission ayant
accompli son mandat, j'ajourne nos travaux sine die. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 17 h 21)
Le Président (M. Simard) :
…alors c'est chose faite.
Sur ce étant dit, notre commission ayant
accompli son mandat, j'ajourne nos travaux sine die. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 17 h 21)