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Commission permanente de la Fonction publique
Conflit de travail dans les secteurs public et
parapublic
Séance du mardi 25 avril 1972
(Seize heures cinq minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Avant de commencer la séance de la commission parlementaire, ceux
et celles qui voudront prendre des photographies devront les prendre
immédiatement pendant les cinq prochaines minutes et, par la suite, nous
commencerons nos travaux. Nous allouons donc cinq minutes aux photographes,
puis ce sera tout.
M. BOURASSA: On peut s'en tenir à trois. Désignation
d'un rapporteur
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Au début des
travaux de la commission parlementaire, j'inviterais les membres de la
commission à désigner un rapporteur en conformité avec nos
règlements.
M. L'ALLIER: M. le Président, est-ce que je pourrais proposer le
député de Saint-Jean comme rapporteur de la commission
parlementaire?
M. LE PRESIDENT: M. Veilleux, député de Saint-Jean, est
nommé rapporteur de la commission.
M. BURNS: Est-ce que je peux en suggérer d'autres?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. BURNS: Je suggérerais le député de Mercier.
M. BOURASSA: Est-ce que cela requiert mon acceptation?
M. BURNS: J'imagine.
M. BOURASSA: Je fais confiance au député de
Saint-Jean.
Marche des travaux
M. LE PRESIDENT: Au début des travaux, vous me permettrez de
donner quelques explications sur la marche des travaux pour la présente
convocation.
D'abord, l'article 8, de la Loi 19, intitulé "Règlement du
différend", se lit ainsi: "La commission parlementaire de la Fonction
publique se réunit le mardi 25 avril 1972 pour recevoir... les
explications relatives à la négociation d'ententes collectives
entre les associations de salariés et les employeurs". Egalement
l'article 9: "La commission fait rapport au plus tard le 15 mai 1972".
Conformément aux termes de cette loi, plusieurs invitations ont
été faites par télégramme aux personnes suivantes
qui devront faire part de leur présence pour avoir droit de se faire
entendre auprès de la présente commission. Un
télégramme a été expédié à MM,
Pepin, Laberge et Charbonneau, à leur adresse respective, les invitant
à participer aux présents travaux de la commission.
Si vous me permettez, en conformité avec les règlements,
je m'informerai si les trois personnes désignées sont
présentes en cette salle. M. Charbonneau?
Des invitations ont été faites également à
Mlle Gertrude Hotte, infirmière, présidente de la
Fédération des syndicats professionnels d'infirmières du
Québec; à Mme Gloria Blaker, présidente de la
Fédération des infirmières et infirmiers unis; à M.
René Bélanger, président de la Fédération
des employés municipaux et scolaires du Québec, M.
Bélanger n'est pas présent à M. Emmett Nolan,
président, M. Patrick McKeefrey, secrétaire
général, Provincial Association of Catholic Teachers,
présent, M. W. J. Sparkes...
M. TETLEY: M. le Président, M. Sparkes vient de me
téléphoner qu'il arrivera ce soir.
M. LE PRESIDENT: M. Raymond Pion, président des Syndicats des
agents de la paix de la fonction publique, le Dr Michel Marchand,
président de l'Association des chirurgiens dentistes du gouvernement,
présent, le Dr Ulysse Laferrière, président du Syndicat
des Professionnels et des médecins du gouvernement du Québec,
présent, M. Gregory Melas, Montreal Council of Hospital Syndicates,
absent.
Pour donner, au moins pour les prochaines heures, la marche de nos
travaux, je donnerai la parole au premier ministre du Québec. Par la
suite, un représentant de chaque parti pourra faire un bref commentaire
et, si nécessaire, poser des questions au premier ministre et, par la
suite, possiblement, le ministre de la Fonction publique, M. L'Allier. M. le
Premier ministre.
Discussion sur la procédure
M. BOURASSA: M. le Président, au-delà de toute
considération, de quelque ordre soit-elle, cette commission est
réunie pour recevoir les explications relatives à la
négociation d'ententes collectives dans le secteur public et parapublic.
De quoi s'agit-il? Il s'agit de nous attacher au mérite de la question,
c'est-à-dire les conditions de travail des employés
concernés. En ce qui concerne la partie patronale, le ministre de la
Fonction publique, M. L'Allier, les membres du comité
interministériel et certains négociateurs gouvernementaux
exposeront la position du gouvernement et de ses partenaires. Ils
déposeront à la commission des documents pertinents afin que les
parlementaires et la population québécoise puissent se former une
opinion sur les principes et les modalités de la politique salariale du
gouvernement.
Après quelque douze jours de grève dont onze
consécutifs, une décision d'ordre politique a dû être
prise sur la base de la responsabilité que nous avons à l'endroit
de l'ensemble de la population québécoise. Nous croyons
simplement que la situation qui prévalait alors dans l'ensemble des
services publics, et particulièrement dans le monde hospitalier et
scolaire, exigeait une intervention de l'Assemblée nationale. Maintenant
que cette décision est prise, rien ne saura détourner notre
attention du mérite du dossier, c'est-à-dire les conditions de
travail des employés des secteurs public et parapublic. C'est à
cela que nous nous attacherons devant cette commission, comme à chacune
des étapes subséquentes prévues, en cherchant, quoi qu'on
puisse en dire, à faire droit aux demandes légitimes des
travailleurs concernés.
J'ajoute, en terminant, qu'en tout état de cause, les demandes
syndicales, les recommandations de chacun des membres de cette commission et
les exigences de l'intérêt public constituent
indéniablement, pour nous, des réalités que nous ne
pouvons pas ignorer. Cependant, il n'est pas dit que, dans les conditions
actuelles, la solution négociée soit impossible. Bien au
contraire, comme le signalait hier encore le ministre de la Fonction publique,
notre choix demeure la voie négociée. En ce qui nous concerne,
les négociations suspendues il y a quelques jours peuvent toujours
reprendre. De toute façon, cette commission parlementaire a, au plan de
l'information des parlementaires et du public, un rôle important à
jouer. Et, dans l'intérêt de tous, il importe que,
indépendamment des attitudes des uns et des autres vis-à-vis de
cette commission, elle puisse répondre aux désirs
exprimés, par tous et chacun des parties d'opposition, de
connaître le mérite du dossier, c'est-à-dire la position
respective des parties en cause sur le fond du problème, soit les
conditions de travail des employés des secteurs public et
parapublic.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse, le chef de
l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, même si je doute,
chronologiquement en tout cas, de l'opportunité de la convocation et de
la séance de la commission parlementaire de la Fonction publique, et
même si je doute de la qualité du climat dans lequel nous sommes
actuellement, même si je déplore qu'on n'ait pas, depuis le 28
mars, alors que j'en faisais la demande, convo- qué cette commission
parlementaire de la Fonction publique et la dernière demande a
été faite le 13 avril à une époque où
il n'y avait pas de grève, à une époque où le
climat avait encore un certain accent de sérénité, je
pense qu'à ce moment-là la séance de cette commission
aurait été marquée au coin d'une objectivité et
d'une libéralité beaucoup plus acceptable que ce ne l'est
aujourd'hui.
Je me permettrai, M. le Président, de souligner également
que cette commission parlementaire ne voudrait pas, en ce qui me concerne, agir
comme un tribunal où il y a une partie favorisée et une autre
partie stigmatisée dès le départ. J'ai demandé
à différentes reprises la tenue de cette commission
parlementaire, justement pour que nous sachions véritablement laquelle
des parties était motivée d'accuser l'autre de mauvaise foi,
d'improvisation et de sclérose.
On a remarqué, au cours des dernières semaines plus
particulièrement, que la partie syndicale accusait la partie patronale
de manquer de bonne foi, de ne pas être sérieuse dans ses
négociations et la partie patronale répondait inlassablement et
rituellement que c'était plutôt la partie syndicale qui manquait
de bonne foi et que c'était plutôt la partie syndicale qui ne
voulait pas négocier d'une façon ouverte.
Or, je pense que les élus du peuple, les syndiqués et tous
les Québécois ont le droit de savoir de façon directe,
d'une façon non camouflée, à quel point ce pourrissement
est dû à l'une ou l'autre des parties, ou encore si le
dénouement plus ou moins agréé par tous les membres de la
Chambre et par les syndiqués, si le dénouement que nous
connaissons actuellement est dû plutôt à une certaine
rigidité, à un certain absolutisme, soit de la part de la partie
patronale ou de la part de la partie syndicale.
De toute façon, M. le Président, je m'interroge s'il n'y a
pas encore lieu d'envisager ce que j'avais proposé. Je le fais sans
aucune vanité parce que je pense bien que chacun des membres de cette
Chambre saisit la gravité et la portée des gestes qui sont
posés, soit de la part de la partie syndicale ou de la part de la partie
patronale. Mais je pense qu'on devrait peut-être s'interroger s'il n'y a
pas lieu, afin de donner beaucoup plus d'objectivité et une garantie
maximale, que des décisions qui se prendront ne revêtiront pas le
mécanisme ou encore l'instrument d'un décret qui pourrait
apparaître odieux aux yeux de tout le monde, même aux yeux du
gouvernement.
Je m'interroge sur la possibilité d'étudier
l'établissement d'un mécanisme qu'on appelle ça un
conseil arbitral, qu'on appelle ça un tribunal de travail qui,
à la fin du moratoire de deux mois, pourrait étudier
l'état des négociations et pourrait, à ce
moment-là, trancher la question et rendre une sentence
exécutoire. Ce mécanisme pourrait être composé par
ses membres de délégués choisis et acceptés par la
partie patronale et la partie syndicale. Ce mécanisme,
ce conseil d'arbitrage, ce tribunal de travail ad hoc qu'on
l'appelle comme on voudra pourrait rendre un jugement ou une sentence
à la lueur de certains critères qui tiendraient compte
évidemment du bien commun, de la capacité de payer du
gouvernement, de l'Etat, donc des contribuables, et également des
principes qui sont en cause et invoqués par la partie syndicale.
M. le Président, c'est brièvement ce que je voulais
signaler aux membres de cette commission et également ce que je voulais
rappeler à l'attention des deux parties en cause, la partie patronale et
la partie syndicale. Je termine en disant que j'ai l'impression que nous sommes
un peu dans une situation déboussolée, dans une situation fausse,
mais que ce déboussolement existe depuis le début des
négociations parce que, d'une part, nous avons l'Etat patron qui doit
agir comme patron à l'endroit des syndiqués et, d'autre part,
l'Etat législateur qui, à un moment donné, en fonction ou
en vue de l'intérêt commun, de la sécurité publique,
de la santé publique, de l'éducation, peut
légiférer et, à ce moment-là, enlever le droit de
grève à la partie syndicale.
Or, à quel moment l'Etat doit-il se coiffer du chapeau du patron
ou du législateur? C'est pour ça que je dis que, dès le
début, c'est déboussolé et aujourd'hui, essayons, dans le
meilleur climat possible, de nous sortir de cette impasse qui peut avoir un
caractère dramatique non seulement pour la partie patronale, non
seulement pour la partie syndicale, mais je pense pour tous les
Québécois.
M. LE PRESIDENT: La parole est maintenant au représentant du
Ralliement créditiste, le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, sans vouloir reprendre les propos
que nous avons tenus en Chambre lors du débat sur la loi 19, qu'il me
soit permis de reprendre quelques-uns des thèmes ou le principal
thème sans donner plus de précisions.
Une simple phrase, nous ne croyons pas que nous remonterons aux causes
et que nous réussirons pour de bon à amorcer une solution
véritable du présent conflit. Nous pouvons, tout au plus,
regarder ce qui se passe. Il faudra énormément de bonne
collaboration et je suis sûr que, des deux côtés, nous
trouverons cette collaboration et qu'effectivement, si nous ne parvenons pas
à détruire les causes qui plongent notre société
dans la crise que nous vivons, nous pourrons au moins en diminuer les effets
et, ensuite, avec un travail assidu, il nous sera possible de réorienter
toute notre législation en matière de travail, repenser le code
du travail en fonction des nouvelles exigences de notre
société.
Nous n'avons pas l'intention de remettre en cause la loi 19. Elle est
votée nous devons la respecter d'une façon intégrale,
faire des sugges- tions, s'il y a lieu, pour en améliorer la
portée car il est un fait avec lequel il nous faut vivre, c'est que
l'autorité, même si elle est politique, doit être
respectée afin de ne pas plonger notre société dans
l'anarchie la plus totale. La grève générale, telle
qu'elle semble vouloir s'amorcer, n'aurait pour le Québec aucune
portée de valeur. En conséquence, je crois que le présent
débat peut justement éviter cet effet néfaste et
déboucher sur la revalorisation du syndicalisme et du
parlementarisme.
J'ose espérer que, par les efforts concertés surtout de la
partie syndicale et aussi de la partie patronale, il sera possible d'envisager
des lendemains heureux pour une meilleure vie au Québec,
spécialement pour nos syndiqués. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le représentant du Parti
québécois, le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, il est exact que notre parti, comme
les deux autres partis de l'Opposition, était favorable à la
convocation d'une commission parlementaire. Cependant, je dois dire que
c'était avant l'adoption de cette loi qui s'appelle le bill 19 et non
pas après. De sorte que, maintenant, je doute très
sérieusement de l'efficacité des travaux de cette commission
maintenant que les règles du jeu, les règles de la
négociation ont été faussées par l'adoption de ce
projet de loi. Je m'étonne également d'entendre le premier
ministre, toujours pour la même raison, nous dire qu'il y a toujours
possibilité d'une solution négociée alors qu'on est
intervenu de façon législative, de sorte que mon commentaire
à ce stade-ci se bornera à une suggestion. On a
déjà commencé à recevoir un certain nombre de
documents.
Je pense qu'il serait normal, même si je maintiens que je doute de
l'efficacité des travaux de la commission, qu'on prenne connaissance des
documents avant d'entrer véritablement dans le fond de la
matière.
C'est ma suggestion. Je pense qu'on devrait recevoir aujourd'hui des
documents du côté patronal, en recevoir du côté
syndical, se retirer et revenir dans les plus brefs délais,
peut-être de façon plus constructive, connaissant davantage le
dossier.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Le ministre de la Fonction
publique.
M. L'ALLIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. BURNS: Certainement.
M. L'ALLIER: Lorsqu'il parle de recevoir les documents, cela veut dire
qu'effectivement comme il y a bon nombre de documents qui sont
déposés...
M. BURNS: Je viens de recevoir un mémoire
du cartel des organismes professionnels, un document du ministère
de la Fonction publique. J'imagine que le front commun intersyndical a des
documents â déposer. Je ne sais pas s'il y a là-dedans des
procès-verbaux de négociations, des procès-verbaux du
comité technique, etc., mais je pense que ce sont des documents que nous
devrions avoir. On devrait au moins prendre le temps de les étudier,
plutôt que de discuter dans le vague.
M. L'ALLIER: Votre proposition précise serait qu'on
reçoive les documents de tous ceux qui ont des documents à
déposer.
M. BURNS: Exactement.
M. L'ALLIER; Qu'on prenne le temps d'en prendre connaissance et que la
commission, sur ce fait, ajourne et reprenne ses travaux à...
M. BURNS: Demain si nécessaire, ou plus tard; enfin, quand cela
fera l'affaire de tout le monde. C'est ma suggestion. Qu'au moins on ait le
temps de prendre connaissance de ces documents.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il y a d'autres organismes, est-ce que la partie
syndicale a des documents à déposer aujourd'hui? Oui? Est-ce
qu'il y a d'autres syndicats... Est-ce qu'il y a d'autres parties
intéressées â la commission parlementaire qui sont ici et
qui auraient également des mémoires ou encore des
représentations? Il y en a d'autres? J'appuierais la proposition du
député de Maisonneuve, si tel est le cas, même si nous
avons reçu depuis longtemps, je pense, le document ou les informations
de la partie patronale qui nous a donné, encore la semaine
dernière, un...
M. BURNS: ... du député de Bellechasse, peut-être
pas de façon aussi complète que ce document que nous venons de
recevoir et qui est daté du 25 avril. J'imagine que nous ne l'avons pas
reçu avant, s'il est daté du 25 avril. C'est peut-être une
compilation de tout ça. Mais Ù est peut-être bon qu'on en
fasse le point à ce moment-ci, même si, encore une fois, comme le
dit le député de Bellechasse, on a reçu un certain nombre
de documents du côté patronal ou du côté
gouvernemental.
M. LOUBIER: J'appuierais cette proposition. Je pense que c'est
marqué au coin de la logique. Comme nous sommes toujours en faveur de la
logique...
M. BOURASSA: Cela n'empêche pas, de part et d'autre, de faire
l'exposé du dossier respectif, le ministre de la Fonction publique et
les membres du front commun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le ministre de la
Fonction publique me le permet, nous sommes disposés, évidemment,
â entendre le point de vue du gouvernement, du ministre de la Fonction
publique.
Il est évident, comme l'ont dit les députés de
Maisonneuve et de Bellechasse, que nous avons une masse énorme de
documents, et d'autres documents nous seront remis par la partie syndicale. Il
faut quand même passablement de temps pour passer à travers ce
dossier. Car même si nous en avons déjà des
éléments, ces éléments ont été,
jusqu'à présent, des éléments épars. Four
nous faire une idée exacte de la portée des documents, de leur
valeur, afin de pouvoir les étudier au mérite, je crois qu'il
faudrait retenir la suggestion qui a été faite, sans pour autant
empêcher les ministres de nous faire connaître le point de vue du
gouvernement.
M. LOUBIER: Est-ce que, si on me permet une question, la partie
syndicale, à la suite du dépôt de ses documents va accepter
que l'on pose des questions, justement sur la teneur des documents qu'elle a
déposés, afin que nous puissions avoir de la lumière par
les propos qu'elle pourrait greffer à ses demandes ou à ses
propositions?
M. LE PRESIDENT: M. Pepin.
M. PEPIN: Marcel Pepin, porte-parole du front commun. J'ai l'intention,
au nom du front commun et du mandat que j'ai, de déposer certains
documents devant vous. Mais avant de le faire, j'aimerais vous faire un bref
exposé. Par la suite, vous aurez toute la documentation. Si vous
êtes prêts à m'écouter immédiatement, je suis
prêt à vous donner des mots d'explication et à vous donner
la documentation intéressante, quant à nous, se rapportant
à ce conflit.
M. LOUBIER: Si vous permettez, on défait alors la motion qui a
été présentée par le député de
Maisonneuve. Si on plonge dans le coeur même des représentations,
soit de la partie syndicale, il faudra alors accepter les
représentations de la partie patronale. Et si nous n'avons pas eu
préalablement le temps de l'analyser en profondeur, on va improviser
dans notre travail. Je pense que la qualité des questions sera alors
assez douteuse.
M. PEPIN: La loi est déjà adoptée, M. le
député. Les députés ont déjà dit, je
pense, qu'ils connaissaient le dossier puisqu'ils ont adopté la loi.
M. LOUBIER: C'est une question d'appréciation.
M. PEPIN: C'est une interprétation de ma part. J'ai le droit
d'avoir cette interprétation. Vous pouvez la juger erronée ou
non. Mais quant à moi, il m'a semblé que les
députés
avaient déjà porté un jugement et nous nous sommes
dit devant ça: Nous avons des documents que nous pouvons leur donner;
s'il y a un travail qu'ils veulent faire, nous allons leur fournir de la
documentation. Particulièrement, il y a dans les documents que nous
avons à vous produire tous les procès-verbaux, les discussions
qui ont eu lieu à la table centrale depuis je ne me souviens pas
exactement quelle date précise, mais la négociation a duré
pendant plusieurs semaines. Cela vous permettra d'avoir des échanges de
points de vue entre la partie patronale, le gouvernement, les partenaires
qui d'ailleurs ne sont pas à la même barre que nous ici
et nous, du côté syndical.
De là, je pense que c'est le meilleur point pour vous faire
comprendre. Je dois vous rappeler que lorsque nous avons rencontré les
quatre ministres délégués par le cabinet, et le
porte-parole patronal, M. Reynold Langlois, si nous avons bien compris les
choses au cours de la semaine dernière, mercredi, jusque vers
deux heures ou deux heures et quart dans la nuit il nous ont
déclaré que tout ce que nous avions dit avait déjà
été répété et que ça ne servait
à rien de reprendre les débats. Alors, comme ces débats
sont déjà imprimés, nous allons vous en remettre une copie
et vous pourrez vous en faire une idée puisque, apparemment les rapports
ont été faits à tout le monde, et tout le monde sait
exactement la distance qui nous sépare et quelles sont les conceptions
qui nous séparent.
Alors, si vous êtes prêts à m'entendre, je suis
prêt immédiatement à m'exprimer et à vous donner
copie de ces documents, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Pour notre part, nous serions prêts à
entendre immédiatement les représentants syndicaux, parce que
nous aimerions certainement connaître leur point de vue de leur bouche et
nous aimerions aussi entendre la partie patronale.
M. BOURASSA: Si nous gardons la procédure telle qu'elle a
été suivie et si la partie syndicale n'a pas d'objection, le
ministre de la Fonction publique, durant quelques minutes, résumera le
point de vue de la partie patronale et immédiatement après...
M. L'ALLIER: M. le Président, on me permettra de revenir ici sur
la proposition faite par le député de Maisonneuve et reprise par
le député de Bellechasse. Je comprends que la commission
parlementaire ne fait pas partie comme telle des mécanismes de
négociation et que ce n'est pas en fait une table de négociation.
Il m'apparaît cependant extrêmement important que, malgré
l'information qu'ils ont pu avoir de part et d'autre jusqu'ici, les membres de
la commission parlementaire aient l'occasion, dans un premier temps, de prendre
connaissance effectivement des documents qui leurs seront rendus accessibles
aujourd'hui et, dans un deuxième temps, puissent poser aux deux parties
les questions qui leur apparaissent pertinentes. Ceci leur permettra
précisément de voir dans quel contexte d'abord s'est
déroulé jusqu'ici le dossier et deuxièmement de voir de
quelle façon, pour l'avenir, dans l'avenir immédiat, il est
possible de faire en sorte que les efforts déployés tant du
côté gouvernemental et de ses partenaires que du côté
syndical puissent à un moment donné trouver une voie de jonction
qui soit dans l'intérêt de la collectivité
québécoise.
Je comprends que, du côté gouvernemental, quant à
nous, nous avons eu, étant à la table de négociation, la
chance de poser toutes les questions qui nous venaient, du fait des
différentes positions syndicales. C'est d'abord et avant tout, à
mon avis, pour la députation, notamment la députation de
l'Opposition, et aussi pour la députation gouvernementale, qu'il y
aurait intérêt à pouvoir poser des questions aux
représentants du front commun et aux représentants des
associations qui sont ici. C'est pourquoi je crois pour ma part que la
proposition faite par le député de Maisonneuve m'apparaft
extrêmement positive, en ce sens qu'elle permet à chacun de voir
les dossiers qui sont devant nous, de les analyser et de sortir de là
peut-être un certain nombre de questions.
Si, par ailleurs, les représentants syndicaux n'étaient
pas disponibles pour répondre aux questions, le débat pourrait
continuer, bien sûr, en commission parlementaire, à partir des
documents que nous avons. Il faudrait cependant, à ce moment-là,
s'en remettre à ceux qui ont lu le dossier et qui l'ont
interprété ou même, à la limite, à la partie
gouvernementale pour interpréter telle ou telle position syndicale
contenue dans les documents et, en ce sens-là, je crois que la
commission parlementaire risque d'être moins efficace qu'elle ne pourrait
l'être autrement.
La position que je souhaiterais voir adopter, quant à moi, est
que la commission parlementaire puisse prendre la fin de l'après-midi et
la soirée pour étudier les documents et en prendre connaissance.
Il s'agit en fait d'une séance de compréhension et d'information,
et la commission pourrait de nouveau se réunir demain matin afin que les
membres puissent d'abord poser des questions sur les points qui ont
été en discussion à la table centrale de
négociation. Une fois cette question vidée à la
satisfaction des membres de la commission, vraisemblablement, s'il y a lieu et
si les membres sont d'accord, peut-être pourra-t-on discuter sur les
questions qui ont été les plus importantes aux différentes
tables sectorielles pour éviter de mêler les deux.
En ce sens-là, il m'apparaîtrait positif que, du
côté syndical, on puisse répondre, demain, par exemple, aux
questions qui pourraient être
posées et qu'à ce moment-là les exposés
préliminaires soient faits, une fois qu'on aura pris les documents.
Maintenant, pour ma part, j'appuierais sur ce point la proposition du
député de Maisonneuve à l'effet que les membres de la
commission prennent connaissance d'abord des dossiers. Autrement, ce sont des
questions tellement complexes et, malgré les documents qui ont
été rendus disponibles jusqu'ici par les deux parties,
malgré les documents que nous avons devant nous, nous risquons de nous
trouver face à un faux débat et d'éviter
précisément de voir vraiment le fond des questions.
C'est une chose trop importante pour l'ensemble de la population
québécoise que ce qui se passe maintenant, indépendamment
de la façon que cela a pu se passer dans le passé. On pourra plus
tard voir si la commission aurait dû ou n'aurait pas dû être
convoquée avant. Pour l'instant, c'est une question qui me
préoccupe peu. Ce qui me préoccupe, c'est que nous sommes
maintenant devant la commission parlementaire.
Comment pouvons-nous, à partir de maintenant, de la façon
la plus positive possible, essayer de franchir une étape importante pour
la députation et surtout pour une solution acceptable du conflit en
cours? J'appuierais la proposition du député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: M. Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, je crois qu'il est approprié
que nous parlions le plus clairement possible et que nous disions les choses
telles que nous les voyons. La commission parlementaire, pour nous, ce n'est
pas un endroit où une négociation peut se faire, ce n'est pas un
endroit où nous pouvons arriver à une convention
négociée. Du moins, je ne crois pas que la commission
parlementaire et aucune d'elles n'aient été là pour
entrafner une négociation. Souventefois, nous nous sommes
présentés devant une commission parlementaire au cours de
conflits. Je me souviens fort bien d'un conflit à la RAQ dans le temps
la Régie des alcools du Québec où justement
nous étions convoqués à la barre, non pas pour
négocier, mais on nous disait: Venez nous expliquer, on ne
négociera pas ici. Et même, M. le Président, si la
présente commission parlementaire décidait de changer d'allure et
de dire: C'est une table de négociation maintenant que nous avons, il
faut aussi nous parler clairement. Le parti au pouvoir a évidemment la
majorité à la commission parlementaire, le parti au pouvoir
constitue le gouvernement ici je n'attaque pas la façon
démocratique dont nous évoluons dans notre société
je constate uniquement des faits que ce soit le Parti libéral,
qui, aujourd'hui, est au pouvoir, que ce soit le parti de l'Unité
Québec, le Ralliement créditiste, le Parti
québécois ou d'autres, demain, si on garde le même
régime parlementaire, nous serons exactement dans la même
situation.
Le parti au pouvoir, à l'heure actuelle, c'est le Parti
libéral, il forme le gouvernement. Il a majorité des
députés à la commission parlementaire. Ce sont des gens
qui doivent, j'imagine bien, comme dans d'autres circonstances, suivre
certaines lignes de parti. Nous aurions à négocier avec la
majorité gouvernementale qui est représentée ici et,
finalement, la même majorité qui constitue à toutes fins
utiles le gouvernement, l'exécutif, aurait à prendre une
décision. Je pense que vous pourrez mieux apprécier notre
façon de voir les choses, si nous disons que, dans les circonstances,
non parce que nous n'avons pas l'intention de respecter les êtres
humains, nos chances à nous sont nulles devant une commission
parlementaire. Nous ne sommes pas à égalité. Même si
M. Loubier ou les autres députés qui sont ici décidaient
de faire d'excellents discours en faveur de la position que nous
défendons, cela pourrait être fait, mais cela n'entraîne pas
le fléchissement de la position du parti au pouvoir, de
l'exécutif du gouvernement.
Plaider devant vous alors que nous savons que nous plaidons devant la
partie et devant le juge aussi, nous ne nous sentons pas à l'aise
d'abord et, deuxièmement, nous ne pensons pas que ce soit le bon forum
pour obtenir justice, parce que le gouvernement a déjà pris ses
positions, le gouvernement a déjà décidé. Nous
avons négocié pendant des semaines et des semaines, nous nous
sommes rencontrés à des tables de négociation. Je vous
rappelle aussi la dernière séance de rencontres que nous avons
eues avec les quatre ministres. Encore une fois, je pense n'être
injurieux pour personne lorsque je dis ces choses, je pense que c'est conforme
aux faits tout simplement. Lorsque nous avons terminé la rencontre avec
les quatre ministres, le porte-parole du gouvernement, M. Reynold Langlois, a
tout simplement dit, vers deux heures, le matin: Je n'ai rien de plus à
vous offrir, je suis au fond du baril et ne m'en demandez pas plus.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, si vous me le permettez, nous nous
engageons en fait dans une des parties importantes des choses qui doivent
être connues de cette commission. Avec tout le respect que je dois au
président de la CSN, je crois qu'effectivement nous nous
éloignons en même temps de la proposition de départ du
député de Maisonneuve, qui était celle de permettre aux
députés de prendre connaissance des documents qu'ils ont devant
eux. Pour ma part, je suis d'accord avec le président de la CSN,
lorsqu'il dit que la commission parlementaire n'est pas un lieu de
négociation, mais je ne peux pas être d'accord avec lui lorsqu'il
dit que la loi telle qu'elle a été adoptée met fin
à toute possibilité de négociation.
M. PEPIN: Je n'ai pas dit ça. Si vous permettez, je n'ai pas dit
que la loi mettait fin à toute possibilité. J'ai dit que la
commission parlementaire n'est pas un lieu de négociation; ce n'est pas
un forum de négociation où nous pouvons agir à l'aise.
M. L'ALLIER: Quoi qu'il en soit, M. le Président, sur ce point,
avant que la commission ne décide de continuer sur le fond des
questions, j'aimerais qu'une décision soit prise par la commission en ce
qui a trait à la proposition du député de Maisonneuve.
Est-ce que la commission...
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion m'avait
demandé la parole, si vous me permettez.
M. BOSSE: Au sujet de la proposition du député de
Maisonneuve, il s'agit de savoir si ces documents qui ont été
déposés ici sont les documents qui avaient été
déposés et par la partie patronale et par la partie syndicale,
à l'occasion de la négociation. C'est une question.
M. BOURASSA: Je crois que M. Pepin était sur le point... Si je
peux dire juste un mot...
M. BOSSE: Ces documents ne sont que les documents de la partie
patronale.
M. BOURASSA: Je crois que la partie syndicale doit déposer des
documents tantôt. Mais si je peux me permettre d'ajouter un mot, M. le
Président, aux propos de M. Pepin et il pourra évidemment
me répliquer avec toute la liberté d'expression dont nous
disposons ici je pense qu'il met un peu en cause toute la
légitimité du parlementarisme en disant que, du moment que le
gouvernement a la majorité à une commission parlementaire, il est
automatiquement irréductible à toute espèce de
proposition.
Ce sont les trois partis d'opposition qui ont demandé la
convocation de la commission parlementaire. J'ai dit, de même que le
ministre de la Fonction publique, que nous étions prêts...
M. BURNS: On s'éloigne un peu de la motion.
M. BOURASSA: Non, c'est parce que je réponds à ce que M.
Pepin a dit. Il pourra me répliquer. J'ai dit, M. le Président,
que nous étions prêts à étudier des
contrepropositions, des suggestions. Le bill 19 a eu uniquement pour but de
mettre un terme à la grève. C'est un jugement de valeur, de la
part des députés, sur la durée de la grève, et non
sur le mérite du dossier, que nous pouvons continuer à
négocier.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais une couple de questions
à poser à M. Pepin à la suite de ses propos. Est-ce qu'il
croit que la commission parlementaire est au moins un lieu décent pour
que la population soit informée, de la bouche même des deux
parties, de chacune des versions. En second lieu, je vous demanderais, si vous
trouvez acceptable la proposition que je faisais, quitte à la styliser
davantage par la suite, qu'un tribunal d'arbitrage ou encore qu'il y ait une
tierce partie qui, à la fin du moratoire de deux mois... Est-ce que, sur
le principe, il accepterait que cet arbitre tranche le conflit?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Vous me permettrez
d'inviter les membres de la commission à répondre ou à
discuter de la proposition du député de Maisonneuve. Je pense
que, si on laisse trop de liberté, on va entrer dans le coeur du sujet
qu'on propose. Si le député de Bellechasse veut prendre la parole
sur la proposition de la motion du député de Maisonneuve, je lui
donnerai la parole.
M. LOUBIER: Si vous me permettez, M. le Président, avec tout le
respect que j'ai pour votre décision, ces questions viennent tout
simplement à la suite de l'exposé qu'a fait M. Pepin. Je pense
que si, sur certains principes de base, il y avait tout de suite
possibilité de dépolluer le climat, que ce serait à
l'avantage de la commission, à l'avantage des deux parties et à
l'avantage de la collectivité québécoise, si on s'entend
sur certains principes de base, surtout à la suite des propos tenus par
M. Pepin.
M. PEPIN: Je suis prêt à tenter de répondre aux
questions et à terminer l'exposé que j'avais entrepris avant que
le ministre de la Fonction publique ne m'interrompe, si la commission le veut
bien.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais remettre les choses où elles doivent
être. Au tout début, j'avais donné la parole au ministre de
la Fonction publique qui devait faire un exposé. Par la suite, j'ai
permis, peut-être malheureusement, que certaines questions soient
posées et est venue la motion du député de Maisonneuve qui
a même été appuyée. Je pense qu'il faudrait disposer
de cette motion-là avant de parler de tout autre sujet. Je pense que la
motion est assez claire. Il y a un proposeur, il y a un secondeur et ceux qui
veulent parler sur la motion. Le député de Montcalm m'avait
demandé la parole. Est-ce que c'est sur la motion? Le
député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): C'est sur la motion. Ce que je voulais vous
demander, c'était un rappel à l'ordre parce que, justement, il y
a une motion devant nous qui demande de recevoir les documents et d'ajourner
à demain, dix heures. C'est cette motion, qu'on la discute et qu'on
l'accepte ou qu'on la refuse.
Si on la refuse, on s'engage sur le fond de la question. Tant et aussi
longtemps que la motion ne sera pas débattue et approuvée ou
repoussée, nous sommes pris par la motion. Et pour ma part, je trouve
tout à fait raisonnable et tout à fait logique que nous recevions
d'abord ces documents qui sont fort volumineux et qui touchent un ensemble de
secteurs, que nous prenions quelques heures pour les discuter, de sorte que
nous pourrions entendre avec beaucoup plus de logique les exposés des
participants à la commission, que ce soient les participants du front
patronal ou du front commun. Ensuite, nous pourrons poser les questions en
toute logique. Je pense que ça ne devrait pas prendre deux heures pour
discuter de cette motion. Pour ma part, j'y suis favorable.
M. PEPIN: Est-ce que je peux dire un mot, M. le Président, sur la
motion ou si c'est exclu?
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez...
M. PEPIN: Oui, d'accord, je suis prêt à attendre. Je vous
demande seulement une permission, si je peux parler de la motion au moment
où vous le jugerez approprié.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'aurais une question à poser au
député de Maisonneuve. Est-ce que, advenant le cas où sa
motion serait acceptée, ça implique que le représentant du
front commun aurait tout simplement à déposer la brique de
documents sans dire un mot ou si ça lui donne l'occasion d'expliquer le
dépôt de ces documents?
M. BURNS: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on nous donne des
explications. La motion n'est pas faite dans l'intention d'empêcher qui
que ce soit de parler. Mais le danger c'est... Je vous le dis, je ne suis
peut-être pas assez intelligent c'est peut-être mon
problème mais je me dis qu'avant que j'aie lu toutes ces
briques-là, je ne pourrai pas poser de questions intelligentes dans ce
débat, je ne pourrai pas me faire une idée sur telle et telle
explication qu'on me donnera. Ce n'est que ça, la motion, ce n'est pas
plus que ça. Si la commission veut entendre des commentaires en plus, je
n'ai pas d'objection. Ce que je veux dire, c'est que, quelque commentaire que
je recevrai, il faudra quand même que j'aie une documentation de base qui
m'éclaire pour que je puisse au moins porter un minimum de jugements
à cet égard, que ce soient les commentaires des gens du
côté syndical ou du côté du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Une question additionnelle?
M. VEILLEUX: M. le Président, personnellement je n'ai aucune
objection à ce qu'un représentant de la partie patronale et un
représentant de la partie syndicale fassent une déclaration de
principe, à ce que les documents soient déposés et
qu'après ça on décide de la proposition du
député de Maisonneuve. A ce moment-là, je crois que
ça ne voudrait pas nécessairement dire qu'on discuterait du
contenu des dépositions tant patronales que syndicales, parce
qu'à l'instar du ministre de la Fonction publique et à l'instar
du président de la CSN, je ne vois pas ou je ne crois pas que la
commission parlementaire de la Fonction publique soit ici pour négocier,
mais tout simplement pour entendre les parties.
Qu'on nous dépose sèchement des documents et qu'on
retourne chacun à notre bureau pour examiner la liasse de documents...
Personnellement je verrais d'un bon oeil qu'un représentant des deux
parties, au moins, puisse s'exprimer quelques instants avant de déposer
les documents.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Une minute seulement, M. le Président. Pour notre
part, nous serions enclins à pencher vers les propos du
député de Saint-Jean, parce que nous avons déplacé
beaucoup de personnes aujourd'hui et je n'aimerais pas qu'on les' ait fait se
déplacer pour rien. Je pense que ce serait bon de les entendre, entendre
la partie patronale dans une version générale, quitte à
examiner ensuite les documents qui nous seront remis après explication.
Ce serait également de nature à éviter probablement un tas
de questions et on y gagnerait en efficacité et en temps, en coût
également. D'autant plus que nous rendrions probablement service aux
gens qui se sont déplacés et qui auront au moins l'impression de
ne pas s'être déplacés pour rien: ils se seraient fait
entendre. Tandis que si on les retourne bêtement en disant: Remettez-nous
vos papiers, on va regarder ça et on verra après, je trouve que
c'est un peu rapide, c'est expéditif et ça manque un peu de sens
des responsabilités, à mon avis. Nous n'approuvons pas la
motion.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, je dois dire que je suis d'accord
sur les dernières interventions qui ont été faites. En
fait, je crois qu'il y a consensus à la commission pour que les membres
de la commission puissent avoir le temps de prendre connaissance des dossiers
qui sont déposés devant eux. Par ailleurs, il y a
également consensus pour que le fait de déposer des documents
n'empêche pas ceux qui les présentent de donner une explication
à ce moment-ci.
Par ailleurs, il est évident qu'une fois que ces documents auront
été lus et analysés par les membres de la commission,
c'est possible que les membres de la commission souhaitent poser des questions
à ceux qui les auront déposés.
Quant à nous, nous serons évidemment à la
commission pour le faire. Mon intervention a pour but de dire que, si la
commission est d'accord, nous pouvons recevoir les documents, recevoir une
brève explication qui n'entrafne pas à ce moment-là de
débat sur le fond des questions. Cela serait la seule condition que je
poserais à ce moment-ci de mon intervention, pour permettre d'être
logique avec la position de départ et pour permettre, avant qu'on engage
un débat sur le fond, qu'on puisse prendre connaissance des faits et des
documents et qu'on évite de poser des dizaines de questions qui ont
peut-être des réponses dans ces documents. Donc,
dépôt de documents, brève explication des documents qui
sont déposés et, par la suite, suspension de la séance
jusqu'à demain matin, par exemple, pour permettre la reprise des travaux
sur la base des documents que nous avons devant nous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis d'accord avec
le ministre de la Fonction publique et je pense que c'est là le sens de
la proposition qu'a faite le député de Maisonneuve. Nous sommes
ici en commission parlementaire d'abord à des fins d'information. Cette
commission parlementaire n'est pas un tribunal de négociation, comme on
l'a fait observer tout à l'heure. Il nous faut d'abord être
informés sur les propositions patronales et les propositions syndicales.
Le gouvernement a déposé des documents, un monceau de documents,
la partie syndicale a un certain nombre de documents très importants
à déposer. Je crois qu'il faudrait que nous ayons le temps de
prendre connaissance de ces documents sans cependant empêcher ceux qui
les déposent de donner certaines explications sur la nature de ces
documents. Ainsi, nous saurons à quoi nous en tenir et, à la
reprise des travaux de la commission parlementaire, il nous sera possible de
plonger dans le vif du sujet, de poser des questions pertinentes parce que, si
nous allions entreprendre après-midi un débat sur le fond, il
nous serait absolument impossible de toucher véritablement au fond du
problème. Nous irions à droite et à gauche, posant une
série de questions très particulières sur des points qui
se trouvent sans doute déjà dans les documents. Pour toutes ces
raisons, j'estime que nous devrions d'abord accepter que les documents soient
déposés, qu'il y ait une brève explication de ceux qui les
déposent, quitte ensuite à revenir demain ou au moment que la
commission fixera pour commencer l'examen de ces documents et poser aux parties
intéressées toute question pertinente qui nous permettrait
d'être informés sur le cheminement des négociations et les
causes de l'impasse.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, simplement un mot. Est-ce que je
dois comprendre que chaque partie la partie syndicale, la partie
patronale, fera un bref exposé? Parlant de bref exposé, je
me souviens d'avoir fait un discours de trois heures en Chambre, où
j'avais commencé par pressentir les membres de la Chambre que j'aurais
un bref exposé à faire. Est-ce qu'à ce moment-là il
s'agit de dix ou quinze minutes de chacune des parties? Est-ce que vous
accepteriez que des questions soient posées ou si vous ne permettriez
aucune question et que les parties, l'exposé étant
terminé, se retirent, les membres de la commission, également?
Autrement, nous tomberons dans le vice que nous voulions éviter au
départ par la motion du député de Maisonneuve.
Moi-même, j'ai succombé à la tentation de poser une double
question au président de la CSN à la suite des quelques paroles
qu'il avait prononcées. Alors, si tel était le format de la
motion, à ce moment-là, je serais d'accord pour que chaque
partie, en quelques minutes, fasse un exposé, qu'il n'y ait pas de
question d'aucun membre de la commission et que nous revenions demain.
Autrement, nous tomberons dans le vice que nous voulions éviter.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: C'est en fait le sens des propositions qui sont devant la
commission. Je peux vous dire que je me bornerai à présenter les
documents qui sont devant vous et à remettre tout simplement à
demain la discussion sur le fond des questions qui sont sous-tendues par ces
documents. Je ne sais pas si c'est l'avis du président de la CSN quant
à cela.
M. PEPIN: En ce qui me concerne, j'ai l'intention de déposer
certains documents, de les expliquer. Mais, expliquer des documents uniquement
en disant: Je dépose tel document, ce n'est pas mon intention.
Que le député de Bellechasse se rassure, je n'ai pas
l'intention de faire un discours de trois heures. Je n'en ai pas la
capacité. Deuxièmement, je ne veux pas que vous ayez à
prendre trop de notes, même si vous avez le journal des Débats. Ce
sera un exposé qui va porter, quant à moi, sur le fond du
débat parce qu'il y a un fond à ce débat
vous devez le connaître pour tenter de comprendre, si vous le
désirez, la nature des obstacles, des oppositions que nous avons entre
l'Etat employeur, les législateurs et nous. Si nous ne pouvons pas dire
ça à ce moment-ci, cela vous regardera. Moi, je suis
prêt
à m'exprimer et ce ne sera pas un discours de trois heures,
encore une fois. Je n'ai pas l'habitude de parler aussi longuement.
M. LOUBIER: Je ne disais pas ça dans un sens provocateur, pas du
tout. Mais seulement...
M. PEPIN: Si je m'étais senti provoqué, je vous aurais dit
: Cela va être six heures.
M. LOUBIER: Mais, entre nous, il faut tout de même savoir si
l'exposé fait par l'une ou l'autre des parties s'attaque
véritablement au fond du débat. A ce moment-là, nous ne
sommes pas informés, nous n'avons pas pu étudier, analyser en
profondeur toutes les implications. C'était tout simplement dans ce
sens-là que j'exprimais une certaine réticence.
M. PEPIN: II serait peut-être moins long de nous entendre
immédiatement que de faire uniquement de la procédure. C'est
possible. Je ne veux pas...
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je n'ai pas objection
à ce qu'on s'attaque au fond du problème, mais tout ce que je
voudrais savoir, au point de vue de la procédure, c'est s'il s'agit de
la motion du député de Maisonneuve ou du fond du problème.
Personnellement, l'une ou l'autre, cela m'est parfaitement égal.
J'aimerais qu'on sache exactement où l'on va.
M. L'ALLIER: Bien, M. le Président, je pense que, plutôt
que de continuer le débat là-dessus, attendons donc que le
président de la CSN ait déposé son document. Quant
à nous, je crois qu'il est important que les membres de la commission
prennent connaissance des documents qu'il aura déposés, des
documents que nous avons déposés. Si j'ai de brefs commentaires
à faire après l'exposé du président de la CSN, je
les ferai. Mais, je réserve quand même le fond de la question
pour...
M. MASSE (Montcalm): Les députés auront le droit de
formuler des commentaires ou de poser des questions, soit au président
de la CSN ou au ministre de la Fonction publique, à la suite de leur
exposé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est là qu'il
y a question de procédure. Comme l'a dit M. Pepin tout à l'heure,
il faut s'entendre. Il y a une motion, une proposition qui est devant la
commission. Alors, je crois qu'il faudrait la mettre aux voix, en la formulant
de façon assez précise, de sorte qu'on sache exactement où
l'on va. Est-ce qu'on dépose des documents et, après, est-ce
qu'on permet un bref exposé sur la nature de ces documents?
Est-ce que c'est ce que veut la commission pour l'instant, quitte
à ajourner après pour avoir le temps d'examiner ces documents et
à revenir, demain, par toute question utile?
UNE VOIX: C'est ça!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La proposition, M. le Président, doit
être très claire à ce point de vue-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je remercie beaucoup le député
de Chicoutimi. En fait, la motion du député de Maisonneuve
faisait état d'un dépôt de documents sans explication.
Lorsque vous avez pris la parole tout à l'heure, vous avez
mentionné certaines explications. Maintenant, à cinq heures, je
pense que nous pourrions, tous ensemble, prendre une décision, soit
compléter la motion du député de Maisonneuve avec
explications. J'inviterais les membres de la commission à se prononcer,
sans question...
M. LOUBIER: Sans question.
M. LE PRESIDENT: ... à se prononcer immédiatement. Donc,
un dépôt de documents, avec explications, mais sans question. M.
Pepin.
Dépôt de documents
M. PEPIN: Merci, M. le Président. La nature des documents que je
vais déposer est de trois ordres. Le premier, ce sont les projets de
convention collective pour tous et chacun des groupes qui sont dans le front
commun. D y a une quinzaine de projets. Vous les aurez ici. Le deuxième
grand point des documents que nous allons déposer concerne les demandes
salariales et la sécurité d'emploi, textes que nous avons
déposés lorsque nous avons discuté à la table
centrale. Le troisième groupe de documents, ce sont les
procès-verbaux de la table centrale, qui ont été tenus
à partir du 30 mars 1971, je pense. En 1972, vous aurez les
procès-verbaux de ces rencontres, à partir du 22 mars ou quelque
chose d'analogue. Dans ces documents, donc, vous aurez le portrait complet.
D'abord des demandes, parce que, si j'interprète et encore
je procède par voie d'interprétation la loi 19, ce ne sont
pas uniquement les questions relatives à la table centrale qui ont
été adoptées dans la loi 19, mais le mandat de votre
commission concerne aussi l'ensemble des tables sectorielles. Il nous a donc
fallu, pour vous permettre d'avoir au complet la nature du débat, tous
les projets de convention collective. En ce qui concerne le deuxième
groupe, les demandes salariales et la sécurité d'emploi, je pense
qu'en dehors de certains autres sujets, c'est là surtout que nous
éprouvons les difficultés les plus fondamentales. Sans revenir
trop longuement sur la question que j'ai essayé de soulever au point de
départ, le fait même de la
commission parlementaire nous le constatons, elle existe
il faudrait quand même vous dire, M. le Président, et par votre
intermédiaire, au premier ministre que les propos que nous avons cru
comprendre de sa part en fin de semaine ne nous laissaient pas plus d'espoir,
parce qu'il semble que le corridor est tellement étroit par rapport
à ce que le gouvernement a déjà proposé et ce qu'il
serait prêt à faire comme réaménagement que les
chances d'en arriver ici à quelque chose de valable, ou même
à une autre table de négociations, nous apparaissent à peu
près inexistantes. Je ne peux pas reprendre tout ce que j'ai dit
précédemment, mais rappelons dans quel climat une commission
parlementaire existe aujourd'hui pour régler quel problème et
aussi le fait que c'est le gouvernement lui-même qui a
négocié constamment avec nous depuis déjà plusieurs
mois et même depuis plus d'un an, si je me reporte au mois de mars 1971.
Je pense que tous les membres de la commission ici pourront fort bien
apprécier pourquoi nous avons une telle réticence sur le
problème de fond, parce qu'il y a quelque chose de fondamental dans ce
problème-là. Que l'on aime ça ou que l'on n'aime pas
ça, le gouvernement à la table de négociations n'a pas
voulu, à mon avis et à notre avis, se faire représenter
par l'homme politique qui était responsable de la négociation, le
ministre de la Fonction publique. Je ne décide pas et je ne critique pas
le gouvernement de cette décision. Je l'ai fait publiquement et encore
récemment. Il m'a semblé que c'était là une erreur
de la part du gouvernement. Comme je ne possède pas la
vérité d'une manière absolue, je dis tout simplement: II
m'a semblé.
Le fond du problème n'est pas uniquement une question de taux de
rémunération, de taux de salaire. Il y a, bien sûr, les
résultantes aux politiques que nous devons adopter. Si nous adoptons,
comme le gouvernement l'a déjà décidé, que la
politique salariale d'un état doit être la moyenne
généralement observée dans cet état pour une
occupation similaire, en ne faisant aucune distinction, aucune nuance, que les
entreprises aient 20, 30, 40, 50, 1000 ou 2000 et plus d'employés, en
n'en faisant pas de nuances, que ces boîtes soient organisées en
syndicat ou non, que ce soit uniquement le salaire minimum, en disant tout
simplement comme philosophie de l'Etat: Nous autres, nous allons payer nos gens
non pas suivant les besoins qu'ils ont, mais suivant ce que l'on paie ailleurs;
et si ailleurs, ils paient mal, on va mal les payer nous aussi...
Quant à nous et c'est là l'obstacle de fond, c'est
là la différence de conception fondamentale nous plaidons
et nous demandons pour les employés, avec leur concours, avec leur
adhésion, avec leur volonté et leur détermination, que
l'Etat du Québec ne paie pas uniquement en fonction de ce que les autres
paient, mais paie ses employés pour qu'ils puissent vivre d'une
façon convenable, d'une manière un peu décente.
Nous avons pris le chiffre de $100 par semaine; ce n'était pas un
chiffre exorbitant. Nous avons cru qu'un chiffre de $100 par semaine "pouvait
représenter plus qu'un symbole, quelque chose au moins qui pouvait
offrir vie à une personne, même si c'est une célibataire,
même si c'est une femme, une vie un peu convenable. Nous nous sommes dit
que l'Etat pouvait difficilement refuser de payer un tel prix, à moins
qu'il soit relié directement aux intérêts capitalistes, aux
intérêts financiers et aux intérêts industriels.
Nous savons que cela remet en cause, pour certaines entreprises, pour un
assez grand nombre de petites boîtes même, la façon de
rémunérer, parce qu'eux, ils sont sur le marché du travail
et ils n'obéissent qu'à une seule loi, lorsqu'il n'y a pas de
syndicat, la loi de l'offre et de la demande. Nous nous sommes dit que ce n'est
pas la loi de l'offre et de la demande qui doit être perçue pour
un Etat, il faut faire vivre les gens et ce n'est pas en disant: On va leur
donner d'autres secours de la part de l'Etat, soit sous forme d'allocations
familiales, soit sous forme d'assistance familiale, qu'on va rendre les gens
dignes, qu'on va leur donner un minimum de dignité. Lorsque nous
demandons, comme deuxième principe, dans notre politique salariale,
qu'il y ait une diminution d'écart relatif entre le minimum et le
maximum nous savons aussi que nous allons à l'encontre de certains
principes d'une société industrielle qui ne voudrait pas accepter
qu'il en soit ainsi. Mais pour nous, nous estimons qu'il vaut mieux faire le
maximum d'efforts à la base plutôt qu'en haut et nous pensons
qu'ainsi nous respectons mieux les êtres humains qui sont dans la
société.
On nous oppose que la société n'accepte pas ces choses, on
nous oppose que ce n'est pas conforme à la stratégie industrielle
et même à la stratégie du développement. Et on va
nous dire: Si vous l'obtenez dans le secteur public, c'est qu'on va aller
chercher des taxes chez d'autres. Eh bien, M. le Président, des taxes
que l'on paie, il y en a une partie aussi qui s'en va à des compagnies.
Le gouvernement en prend pour soigner certaines grandes corporations. Qu'il ait
tort ou raison là-dessus, qu'il le fasse dans une perspective de
développement économique, je n'entends pas en discuter. Mais au
moins, ce que j'entends dire ici, c'est que, lorsque nous demandons que les
travailleurs soient payés selon un minimum décent, et que
même nous acceptons de réduire l'écart, nous savons que
notre conception sociale est différente de celle qui est partagée
par le gouvernement actuel, me semble-t-il.
Il me semble alors clair que nous sommes devant un gouvernement qui ne
veut que protéger la rue Saint-Jacques, Bay Street, Wall Street et,
quant à cela, nous autres, nous essayons de nous battre parce que nous
tentons de représenter les salariés qui sont les plus
démunis, je' ne les appelle pas les petits salariés, mais ceux
qui sont les plus démunis. Et on pourra me dire: Augmentez vos heures
de
travail, faites plus d'heures de travail pour être mieux
payés, on va ainsi corriger votre problème. Depuis quinze ou
vingt ans, dans la fonction publique, on accorde 32 heures et demie par
semaine. Ce n'est pas nous qui l'avons décidé, ce sont les
parlementaires du temps qui l'ont décidé et aujourd'hui on
voudrait changer complètement la tradition. Le syndicalisme, dans la
fonction publique, a changé des choses. Il a amené des
améliorations, il a empêché du patronage â certains
paliers, pas à tous les paliers, ce n'était pas possible, mais
là où nous sommes, il a évité du patronage. Ce que
nous plaidons aujourd'hui et ce que nous demandons à tout le monde et au
gouvernement, c'est de réviser leur position, c'est d'avoir une
politique sociale, non pas uniquement une politique économique
reliée aux industriels, aux financiers et à ceux qui
contrôlent, jusqu'à un certain point, l'économie du
Québec.
Lorsque nous demandons la sécurité d'emploi, lorsque nous
demandons que le gouvernement assure à ceux qu'il a formés dans
le système qu'il y ait une priorité d'emploi pour eux, lorsqu'il
y a des vides qui se créent ailleurs dans d'autres commissions
scolaires, nous ne pouvons pas accepter, nous, comme contribuables, que vous
laissiez de côté des enseignants, des membres du personnel de
soutien qui ont été formés par nous et qu'on emploie de
nouveaux employés ailleurs qui ne sont pas dans le régime
à l'heure actuelle.
C'est beaucoup de choses, évidemment, que nous demandons de ce
côté-là. J'ai posé des questions lors de la
veillée de rencontre, d'une partie de nuit, avec MM. Garneau, L'Allier,
Cloutier et Castonguay. J'ai demandé à M. Garneau: Est-ce votre
budget que vous voulez protéger? Est-ce uniquement le
déboursé d'argent que vous voulez protéger, vous, comme
ministre des Finances? La première réponse que j'ai comprise a
été celle-là. Mais si c'est cela, on peut se trouver une
formule pour être à portée de vue, suivant l'expression qui
a été utilisée par la partie patronale dans le temps,
essayer de se trouver une nouvelle formule pour respecter nos critères
de base, $100, l'égalité de traitement et un rythme de
croisière. Là ils m'ont dit: Non, ce n'est pas cela qu'on veut
protéger, on a d'autres choses à protéger. L'autre chose,
ce sont vraiment les financiers et les capitalistes qu'on a voulu
protéger dans cette négociation.
Quant à nous, tout ce que nous avons l'intention de faire, c'est
de vous déposer ces documents. Le ministre de la Fonction publique a
indiqué qu'il parlerait. Bien sûr, je suis prêt à
l'écouter.
Quand il aura fini de parler, comme il a déjà
indiqué dans son intervention préalable que si nous n'y
étions pas, d'autres pourront répondre à notre place. Ils
nous ont déjà dit ça d'ailleurs dans la nuit de rencontre.
N'expliquez pas trop, on leur a tout dit ce que vous nous avez dit. C'est
très bien, si vous savez tout, vous savez tout. Mais, quelles chances
pouvons-nous avoir ici devant cette commission? Moi, je pense que les chances
sont plus qu'honnêtes et nous ne voulons pas passer pour des gens qui
dupons les membres que nous représentons. Parce que, si le gouvernement
ne fait pas sa politique, c'est le gouvernement qui est majoritaire ici et
c'est le gouvernement qui va décider demain. J'espère que je n'ai
pas été trop long. Je vous remercie. Voici les documents.
Malheureusement je n'en ai pas beaucoup de copies, je peux vous en laisser deux
copies. Je crois que vous avez l'outillage nécessaire pour en faire des
copies pour tous les membres qui sont ici.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai permis depuis
quelques reprises qu'on applaudisse avec beaucoup de plaisir les propos de la
personne qui parlait. Mais, comme nous devrons siéger à quelques
reprises, à l'avenir, je demanderais aux personnes présentes de
se dispenser de toute marque de sympathie, que ce soit pour approuver ou
disapprouver.
Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, nous allons, quant à nous,
déposer un certain nombre de documents qui ont déjà
été distribués aux députés et qui portent
à la fois sur la politique de rémunération du
gouvernement, le portrait des secteurs public et parapublic, la liste des
documents déposés à la table de négociation,
plutôt à la table du front commun, au moment du comité
technique, ainsi qu'un certain nombre de documents sur les offres salariales,
les offres initiales, sur les appariements d'emplois, les taux et structures
des traitements, les taux de salaire, etc., en plus du document d'information
qui a été distribué. Ces documents constituent les
principaux outils de travail qui ont été disponibles au moment de
la négociation. J'ai par ailleurs, le 6 avril dernier, écrit
à chacun des leaders parlementaires pour leur rendre disponibles tous
les documents qui avaient été déposés au moment de
la tenue des comités techniques que nous avons eus en mars, avril, mai
et juin 1971 avec le front commun.
Je ne voudrais pas ici, M. le Président, relever les commentaires
qui ont été faits par le président de la CSN et je me
bornerai, moi aussi, à un bref commentaire quant aux documents que nous
avons déposés. Ce sont des commentaires notamment en ce qui
touche la responsabilité du gouvernement et en ce qui touche les motifs
qui pourraient inciter le gouvernement à protéger la rue
Saint-Jacques ou d'autres rues du même nom que je connais moins bien. Je
voudrais tout simplement dire que, lorsque le gouvernement a
déposé, il y a plus d'un an, les principes sur lesquels il
entendait s'appuyer pour expliquer et faire valoir une politique salariale, il
l'a fait dans l'optique précisément de sa responsabilité,
face à l'ensemble de la collectivité québécoise,
à l'ensemble des citoyens. Il l'a fait pour permet-
tre une accélération et une amélioration des
négociations dans les secteurs public et parapublic. Il l'a fait parce
qu'il croyait que, de cette façon, il nous serait possible d'en arriver
à des négociations qui, tout en touchant l'ensemble des
travailleurs des secteurs public et parapublic, aient comme résultat
l'amélioration des conditions de travail de ces employés des
secteurs public et parapublic, mais s'inscrivent...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. L'ALLIER: Ceux qui veulent sortir sont tout à fait
libres de le faire, je vais continuer quand même, je n'en ai pas moi non
plus pour tellement longtemps dans l'ensemble dans une
préoccupation, non pas uniquement et non pas d'abord de froide
planification, dans un climat d'ordinateur stérilisé, mais bien
parce que le gouvernement n'a pas de la population d'autre mandat que celui de
faire en sorte qu'avec l'argent des contribuables, quelque soit leur statut
dans la société, nous puissions donner de meilleurs services
à la population québécoise.
Ce contexte n'est mis en cause par aucun des partis politiques je ne
parle pas du contexte fédéral-provincial mais du contexte
économique et social du Québec. Lorsque nous parlons de moyenne
généralement observée nous allons en discuter plus
longuement demain c'est que nous croyons, quant à nous, que nous
ne pouvons pas, à partir de politique salariales au sein de l'Etat,
où les conditions de travail pour l'ensemble des employés ne sont
peut-être pas aussi mauvaises qu'on veut bien le laisser croire, à
partir d'une politique salariale, nous voulons que les employés de
l'Etat reçoivent un traitement qui soit dans la moyenne de ce que des
personnes qui font la même chose au Québec reçoivent.
On pourra discuter demain du fait que cette moyenne
généralement observée ait été établie
à partir d'entreprises de plus de vingt employés,
syndiqués ou non, qu'elle comprenne sur son propre territoire les
grandes villes comme Montréal et Québec, qu'elle comprenne aussi
les employés fédéraux, etc.
Cette moyenne, en fait, M. le Président, se situe, à mon
avis, légèrement au-dessus de la moyenne réelle des
revenus au Québec. Quoi qu'il en soit, nous avons déposé
un document de politique salariale il y a un an. Cette politique, qui est
essentiellement québécoise, en ce sens qu'elle n'est pas
définie à partir de réalités ontariennes ou
générales, a comme objectif fondamental l'équité.
Equité envers les employés de l'Etat et les institutions du
secteur public, et équité envers les contribuables qui financent,
à même leurs propres impôts, directement ou indirectement,
les salaires de ce personnel.
Car, de même qu'il est nécessaire que la population
comprenne que le temps de sous- payer les fonctionnaires, les enseignants et
les employés d'hôpitaux est révolu, de même aussi
est-il nécessaire que ces mêmes employés consentent
à reconnaître qu'ils ne peuvent exiger de la part de ces
mêmes contribuables plus que ces derniers n'en obtiennent dans l'exercice
de leur emploi respectif.
Nous avons proposé, dans cette politique salariale, une
amélioration du régime de retraite. Nous avons proposé un
régime d'assurance-salaire. Nous avons fait des propositions quant
à la sécurité d'emploi qui, je le reconnais, n'accordent
pas, notamment aux enseignants, la sécurité d'emploi qui existe
ailleurs dans la fonction publique et qui existe en grande partie dans le
secteur hospitalier.
Nous avons proposé, pour une période de deux ans en
définitve, parce que cette sécurité d'emploi chez les
enseignants, c'est pour les années qui viennent, un régime qui
permette d'évaluer, la situation telle qu'elle existe et de fournir aux
enseignants, qui seraient renvoyés ou qui seraient remerciés de
leurs services pour cause de non-emploi, un revenu plus considérable que
ce que leur donne l'assurance-chômage afin de leur permettre en
même temps de se replacer dans la société.
C'est un fait que les enseignants n'ont pas la sécurité
d'emploi. Il est peut-être possible de regarder cette question sous
différents aspects. Mais c'est un fait également que les
enseignants sont, dans la société, parmi les citoyens
travailleurs les plus mobiles, à cause précisément de leur
niveau d'instruction et de leur niveau d'éducation.
C'est un fait que c'est payé par l'Etat, mais aujourd'hui, tout,
dans le domaine de l'éducation, est payé par l'Etat. Tous les
travailleurs sont formés à la charge de l'Etat. Il est
évident qu'un certain nombre d'entre eux apprennent un métier par
l'apprentissage. Mais, d'une façon générale, on ne peut
plus parler de ceux qui sont privilégiés par rapport à
d'autres quant à l'apport de l'Etat dans la formation du personnel.
La politique que le gouvernement à proposée, c'est une
politique rationnelle et qui nous apparaît une politique raisonnable. Le
président de la CSN a fait allusion à la question du $100 par
semaine. Qui peut être contre un salaire minimum le plus
élevé possible pour l'ensemble des travailleurs du Québec?
Pourquoi l'Etat devrait-il, à partir de ses taxes, favoriser d'une
façon qui, à mon avis, serait exagérée à ce
stade-ci, les employés des secteurs public et parapublic?
La majorité des travailleurs qui gagnent moins de $100 par
semaine ne sont pas à l'emploi de l'Etat. Nous avons par ailleurs
consenti dans nos offres un effort qui fait que bon nombre de ces
employés, en troisième période de convention collective,
pourraient atteindre ce chiffre de $100 par semaine.
On a fait allusion aux heures de travail. Si on pense en termes de
revenus, il est évident que,
dans certains cas, les heures de travail pourraient être
augmentées. On a fait allusion à mon absence à la table de
négociation en disant que c'était un facteur qui pouvait
être extrêmement négatif dans les négociations. Ce
n'est que plus tard qu'on pourra juger de cette façon. Pour ma part, si
je n'ai pas été présent physiquement à la table de
négociation, c'est que j'avais décidé, avec le
gouvernement, de confier à d'autres le soin de négocier pour
nous. Nous avons des techniciens et, dans la mesure où l'on croit
à la négociation, je croyais pour ma part et je crois
toujours que c'étaient des négociateurs qui devaient mener
cette négociation. Nos porte-parole et nos fonctionnaires ont agi en
tout et partout et quotidiennement suivant les mandats que nous avons
déterminés avec eux. Ils l'ont fait avec efficacité et je
dois ici leur rendre hommage du travail qu'ils ont fait. Par ailleurs, mon
absence à la table de négociation ne signifiait pas, au
contraire, l'absence du gouvernement à la table de négociation.
Mon rôle comme ministre de la Fonction publique se situait
précisément entre la table de négociation et le
gouvernement pour faire le pont, pour analyser les mandats, pour les modifier,
le cas échéant, et pour aviser le gouvernement.
Je crois très sincèrement, M. le Président, que
c'est là que le ministre de la Fonction publique peut être le plus
efficace, parce que, s'il est lui-même à la table de
négociation, comment pourra-t-il en même temps analyser les
mandats un peu plus froidement que peuvent le faire effectivement ceux qui sont
à la table de négociation et conseiller adéquatement le
gouvernement? Je ne dis pas que j'ai adéquatement conseillé le
gouvernement, je dis tout simplement que le fait de n'être pas
physiquement astreint à ce travail extrêmement difficile, des deux
côtés de la table de négociation, permettait
peut-être une meilleure compréhension de l'ensemble du
problème et des attitudes qui sont davantage conformes à celles
d'un gouvernement en cette matière.
On a parlé de la moyenne généralement
observée; on a parlé de toutes ces questions. Je terminerai, M.
le Président, en disant qu'en ce qui nous concerne, demain nous serons
disposés à discuter avec les membres de la commission du fond de
la politique salariale du gouvernement et des principes que nous avons mis de
l'avant, de même que de l'application que nous en avons faite. Nous avons
agi et je tenterai de le démontrer demain dans
l'intérêt de la collectivité québécoise et de
l'ensemble de la population québécoise. Que l'on veuille remettre
en cause ce que j'appellerai le contrat social au Québec, les
répartitions, si vous voulez, à la fois de richesses et de
revenus au Québec, c'est une question politique bien sûr, mais
c'est une question qui doit être traitée, à ce
moment-là, à l'intérieur du processus politique que nous
connaissons, qui est celui de partis politiques et celui d'une Assemblée
nationale.
Il n'est pas question, à mon avis, à l'occasion d'une
négociation pour les conditions de travail de ses employés, de
faire en sorte que ce soit le premier objectif que de modifier les structures
sociales et les structures économiques du Québec. Le parti qui
forme le gouvernement pas plus qu'aucun des partis, je crois, en cette
Chambre n'a pas mandat de la population de procéder à des
changements radicaux en cette matière. Que l'on tende vers des
modifications, c'est une chose qui m'apparaft normale. Mais il ne faudrait pas
que la présente négociation nous fasse dévier de
l'objectif premier, celui de donner à 250,000 personnes, dont 210,000
représentées par le front commun, travailleurs des services
publics et parapublics, des conditions de travail qui sont conformes à
ce qui existe pour les travailleurs qui ne sont pas dans ces secteurs-là
au Québec.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Je voudrais vous poser une question
justement, M. Pepin. On m'informe que vous avez deux copies...
M. PEPIN: Malheureusement, je voulais vous le dire. Je viens de
vérifier, c'est une copie, mais il y a trois sections. Je n'ai pas plus
qu'une copie. Vous voyez, c'est un document assez volumineux; je ne suis pas
à mon bureau, je suis ailleurs, alors on a recueilli tous ces
documents-là. Je voudrais savoir de vous à qui je dois remettre
cette copie.
M. LE PRESIDENT: La recevoir, ça va bien aller, mais c'est la
faire photocopier pour demain.
M. PEPIN: Si vous me disiez à qui, je pourrais la remettre.
M. LE PRESIDENT: Au secrétaire des commissions.
M. L'ALLIER: On pourrait proposer, M. le Président, sur ce point,
que les documents soient déposés au secrétariat des
commissions, qu'un représentant de chaque parti puisse aller consulter
ces documents et indiquer ceux qui l'intéressent pour que ces documents
soient photocopiés. On peut photocopier l'ensemble.
M. LOUBIER: Je pense que ça forme un ensemble, un tout, et
qu'à ce moment-là on peut très difficilement essayer de
sélectionner un ou deux documents.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve. A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. BURNS: Je pense qu'il n'est pas question d'aller sélectionner
des documents qui font notre affaire dans cela. C'est un document qui est en
trois parties ou trois parties, de dépôt.
Je pense qu'il est possible quand même de mettre au service de la
commission parlementai-
re les moyens techniques nécessaires pour faire copier cela dans
les plus brefs délais. Et je pense que chaque membre de la commission
devrait en avoir une copie, ou au moins une copie par partie si c'est cela qui
est le problème.
M. L'ALLIER: A ce moment-là, compte tenu quand même du
volume de documents, je crois qu'il n'y a pas d'objection, au contraire,
à ce qu'ils soient rendus accessibles aux membres de la commission.
M. BURNS: Mais est-ce qu'au moins on peut se dire qu'il y en aurait une
copie par parti?
M. L'ALLIER: Oui.
M. BURNS: En ce qui nous concerne, nous avons un membre à la
commission. Vous vous organiserez avec vos problèmes du
côté libéral.
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez. Dans quelques minutes, nous saurons
les possibilités... Le secrétaire des commissions est allé
s'informer des possibilités de mettre à la disposition un certain
nombre de copies et le temps que cela prendra pour le faire. Nous poumons
peut-être décider par la suite l'heure de l'ajournement selon le
temps que cela prendra.
M. BURNS: Pour autant que j'aurai les copies dans le courant de la
soirée, je suis bien prêt à passer un bon bout de temps
à les lire. Je ne veux pas les recevoir à neuf heures moins dix
demain matin avant la commission.
M. L'ALLIER: Dans ce contexte-là, compte tenu du volume des
documents, est-ce que ce serait le...
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez. Nous avons les informations. Le
secrétaire de l'Assemblée nationale nous informe que cela est
très compliqué, vu la quantité de documents, de pouvoir
même en remettre quelques copies à chaque parti ce soir. Il
faudrait peut-être en tenir compte dans l'heure de l'ajournement. Sans
doute que toute la nuit, on pourra le faire mais...
M. BURNS: C'est-à-dire que nous, nous ne l'avions pas, M. Pepin.
C'est cela qui était notre problème. D'ailleurs, nous l'avons
fait remarquer au début de la discussion sur le bill 19. Nous avions une
version unilatérale et, ce que je voulais, c'était une version
qui représentait au moins les deux points de vue. Je vois le ministre
des Finances qui sourit. Oui, bien renseigné, mais, sauf qu'un document
comme cela, je peux vous dire bien honnêtement que je ne l'ai pas lu et
que je ne l'ai pas vu. Qu'est-ce que vous voulez? Il va falloir que nous en
prenions connaissance.
Une autre chose que je voulais demander au ministre de la Fonction
publique. Est-ce qu'il a l'intention de déposer je ne les ai pas
vus passer en tout cas les procès-verbaux du comité
technique étant donné que les procès-verbaux de la table
centrale, semble-t-il, ont été proposés?
M. L'ALLIER: Si j'ai bien compris, M. le Président,
l'intervention du président de la CSN, les procès-verbaux
comportent également les travaux...
M. PEPIN: Non.
M. L'ALLIER: Vous avez mentionné la date de mars 1971. Non?
M. PEPIN: Non, ce ne sont pas les travaux techniques, M. le ministre. Ce
sont les premiers travaux que nous avons eus ensemble lorsque vous, à ce
moment-là, acceptiez d'être présent.
M. L'ALLIER: Table de négociation.
M. PEPIN: Et après cela, vous n'y étiez pas. Alors, le
comité technique qui a siégé, entre autres, à ce
qui s'appelle en français l'appariement, il y a des rapports qui sont
faits à la table centrale qui sont indiqués dans les documents,
les procès-verbaux.
M. L'ALLIER: Sur ce point particulier, M. le Président, je veux
tout simplement rappeler ma lettre du 9 avril, à chacun des leaders de
parti, leur disant que ces documents étaient disponibles.
M. BURNS: Ces documents-là ne nous ont pas été
distribués, M. le ministre.
M. L'ALLIER: Ils n'ont pas été distribués, on a dit
qu'ils étaient disponibles, qu'ils étaient
numérotés, qu'on pouvait les demander l'un ou l'autre ou tous.
C'est l'information que j'ai.
M. BURNS: M. le Président, nos services parlementaires m'ont
informé qu'ils n'ont réussi à obtenir, à la suite
de votre lettre, ce document-là.
M. L'ALLIER: Les procès-verbaux?
M. BURNS: Oui, les procès-verbaux du comité technique.
M. LE PRESIDENT: Compte tenu des circonstances, la commission ajourne
à demain après-midi, 4 heures.
M. BURNS: Excusez, est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent
déposer des documents?
(Fin de la séance à 17 h 30)
Séance du mercredi 26 avril 1972
(Seize heures vingt-neuf minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais d'abord informer les membres de la commission que les
documents qui ont été remis hier par le front commun n'ont pu
être imprimés encore complètement. A titre d'information,
il s'agissait de 4,800 feuillets qui doivent être imprimés en 50
exemplaires, soit près de 300,000 copies. Une équipe de personnes
a travaillé toute la nuit et nous informe que ces documents ne pourront
être mis à la disposition des membres de la commission avant
demain après-midi.
Tel que convenu lors de l'ajournement de la commission hier
après-midi...
M. BURNS: M. le Président? M. LE PRESIDENT: Oui?
M. BURNS: Etant donné que la commission s'est prononcée
hier de façon unanime, semble-t-il, sur le dépôt de ces
documents-là, avant qu'on entre dans le fond, est-ce qu'on doit
comprendre que cet après-midi cette résolution ou cette motion
est changée ou si nous allons tout simplement entendre des gens, un peu
comme nous avons entendu M. Pepin hier? En somme, on ne modifie pas la position
originale, si je comprends bien. C'est exact?
M. LE PRESIDENT: Quant à moi, après l'ajournement j'ai
rencontré un bon nombre de représentants et nous avons convenu
avec eux que les premiers entendus cet après-midi seraient les
représentants qui avaient remis hier ou doivent remettre d'ici quelques
minutes des mémoires. Ces personnes-là sont ici
énumérées en premier lieu à l'ordre du jour des
présents travaux. Ce qui fait suite d'ailleurs à la motion du
député de Maisonneuve hier, et dans le même esprit.
Le député de Bellechasse.
Médiateur spécial
M. LOUBIER: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais une
mise au point à faire. Depuis des semaines et des semaines, nous avons
demandé la convocation de cette commission parlementaire de la Fonction
publique dont le rôle est, essentiellement en tout cas, de permettre aux
deux parties, la partie patronale et la partie syndicale, de faire entendre
leurs revendications ou encore d'exposer les motifs pour lesquels il y a
impasse ou pour lesquels il y a cul-de-sac.
Or, c'est essentiellement le rôle de la commission parlementaire,
non pas d'agir comme négociateur ou encore d'agir comme arbitre, mais
plutôt d'entendre les parties, de questionner les parties, de faire
l'analyse des documents qui ont été soumis et également
d'avoir une meilleure perception par les représentations verbales faites
par la partie syndicale et la partie patronale. Or, je déplore
énormément le fait qu'il semble que le front commun,
d'après des déclarations faites ultérieurement à la
tenue de la séance d'hier, aurait déclaré qu'il ne
reviendrait pas devant la commission parlementaire.
Si tel était le cas, M. le Président, je dois vous
souligner dès le départ que la partie syndicale, à ce
moment-là, va à l'encontre des voeux qui ont été
exprimés par différents membres de la commission, hier, et va
à l'encontre même de l'esprit de la convocation de cette
commission parlementaire.
Par surcroît, à différentes questions que j'ai
posées moi-même hier à M. Pepin et également par les
remarques faites par le ministre de la Fonction publique, que l'on retrouve
dans la transcription des propos qui ont été tenus hier, des
remarques faites par MM. L'Allier, Masse, Burns, par M. Tremblay et d'autres
membres,, il était convenu et entendu qu'après le
dépôt d'es documents de la partie syndicale, en l'occurrence le
front commun, le président ou le représentant ou le porte-parole
du front commun se prêterait aux questions des membres de la commission
parlementaire. Or, si l'attitude du front commun est de ne pas revenir devant
la commission parlementaire, à ce moment-là, je pense, M. le
Président, que le rôle de la commission est drôlement
avorté puisque non seulement les membres de la commission parlementaire,
mais également les syndiqués et les Québécois
n'auront pas la possibilité d'entendre la version du front commun.
Je me demande si, à ce moment-là, il ne serait pas
bienvenu ou s'il ne serait pas opportun de suggérer qu'il y ait
peut-être de prévu un médiateur, en l'occurrence, qui
pourrait au moins assurer la reprise des négociations, médiation
qui pourrait être assurée par le ministre du Travail qui, à
mon sens, fait le trait d'union entre les ouvriers et le patron, quel que soit
le patron et quels que soient les ouvriers. Non pas que ce soit un vote de
blâme contre le ministre de la Fonction publique, mais étant
donné qu'il représente dans ce conflit directement et
essentiellement la partie patronale, je suggérerais, pour qu'il y ait un
certain rapprochement, qu'une invitation soit faite au front commun pour savoir
s'il y aurait acceptation qu'un médiateur spécial soit
nommé pour rapprocher les parties, reprendre les négociations et
qu'en l'occurrence ce soit le ministre du Travail.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, sur le premier point qui a
été soulevé, je crois, par le député de
Maisonneuve, à savoir que nous n'avons pas encore tous les documents
promis
au moment de l'ajournement de la séance d'hier, je crois que,
pour éviter des discussions de procédure aussi longues que celles
que nous avons eues hier, nous pourrions cet après-midi entendre les
parties qui veulent déposer des documents en leur demandant de
s'exprimer brièvement, parce qu'il y a plusieurs parties qui veulent
déposer des documents, quitte â ce que nous puissions, une fois
ces exposés faits, faire des commentaires et, s'il y a lieu, donner des
indications de quelque action que souhaiterait prendre la commission ou le
gouvernement.
Deuxièmement, quant à la question soulevée par le
député de Bellechasse, à savoir qu'il avait compris hier
que les représentants du front commun seraient ici pour répondre
à des questions, je dois dire qu'ils avaient été non pas
convoqués mais bien invités à la commission
parlementaire.
J'ajoute que, du côté gouvernemental, nous ne sommes pas
les plus lésés, du fait qu'ils ne soient pas là pour
répondre à nos questions pour la bonne raison que nous avons
été en contact à la table des négociations,
même en dehors de la table des négociations, depuis au-delà
d'un an, que ceux qui peuvent être lésés, du fait que la
partie syndicale ne sera pas là pour répondre aux questions, sont
effectivement les députés de l'Opposition et, dans une certaine
mesure aussi, les députés ministériels.
Comme l'objectif de la commission parlementaire n'étant pas,
comme l'ont souligné le député de Bellechasse et le
président de la CSN, et comme je l'ai dit moi-même hier, de
procéder à la négociation mais d'informer les
parlementaires, leur permettant d'analyser, à ce moment-ci, la
situation, situation qui a évolué, au fur et à mesure des
jours dans la négociation et pendant la grève et que par
ailleurs, par l'information des députés, nous visions
essentiellement â informer l'ensemble de la population, je voudrais dire
que j'ai accepté, quant à moi, une invitation qui m'a
été faite, et qui, je présume, est faite également
au président du front commun et au président de la CSN, M. Marcel
Pepin, de rencontrer M. Pepin dans un débat
télévisé, à Radio-Canada, vendredi soir prochain,
en présence de journalistes, afin que nous puissions non pas
débattre, l'un et l'autre, dans une espèce de combat singulier
des positions, mais expliquer â l'aide des journalistes qui nous poseront
des questions, les positions respectives des parties et permettre ainsi une
compréhension meilleure de la part de l'ensemble de la population,
permettre ainsi de situer le débat exactement, soit où il devrait
se situer, soit où il est de fait situé par l'une ou l'autre des
parties.
Pour ma part, dans cette optique d'informer l'ensemble de la population,
afin de permettre aux citoyens du Québec de voir le tableau complet de
la situation, je suis disposé à rencontrer le président de
la CSN, pendant une heure, à la télévision et à
répondre comme lui, je présume, aux questions des journalistes
qui seraient présents à cette rencontre.
J'ai déjà refusé un tel débat, non pas sur
son principe, j'avais toujours accepté le principe. J'avais
refusé qu'un débat de cette nature ait lieu en cours de
négociation, précisément parce que, à mon avis, un
débat de cette nature en cours de négociation pouvait fausser le
mécanisme de la négociation. Cet argument ne tenant plus
actuellement, je crois qu'il est dans l'intérêt commun que le
ministre de la Fonction publique accepte l'invitation faite et c'est dans ce
sens-là que je le fais.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre pourrait répondre à la
suggestion que je formulais à l'effet que le ministre du Travail soit
désigné comme étant médiateur spécial,
tentant de rapprocher les deux parties, la partie patronale et la partie
syndicale, pour qu'il y ait reprise sérieuse de la négociation
entre le front commun et le gouvernement, en l'occurence la partie
patronale?
M. L'ALLIER: Sur ce point particulier, M. le Président, le
gouvernement, tant par la bouche du premier ministre que par la bouche du
ministre du Travail et du ministre de la Fonction publique, a fait
connaître un point de vue qui est, semble-t-il, partagé du
côté syndical comme, je crois, par la plupart des partis ou des
membres de l'Opposition, à savoir qu'il ne peut y avoir
véritablement de médiation au sens où nous l'entendons
traditionnellement, les principes et les fonds impliqués étant
tels que c'est, en définitive, au gouvernement qu'il appartient de
prendre les décisions finales et non pas à des tierces parties,
aussi compétentes et aussi bien intentionnées soient-elles.
Par ailleurs, lorsque vous sollicitez la participation du ministre du
Travail comme conciliateur ou comme moyen de rapprocher les parties, je ne
voudrais souligner qu'une chose ici, c'est que le ministre du Travail,
étant membre du cabinet, est solidaire des décisions du cabinet
et qu'en ce sens il participe de fait à l'ensemble de
l'opération. Je ne voudrais pas, par ailleurs, présumer des
décisions qui pourraient être prises par le Cabinet quant à
des moyens qui pourraient permettre de rapprocher les parties, moyens qui
n'avaient pas été utilisés jusqu'ici et je dois, pour ma
part, comme mes collègues discuter de cette question ce soir à la
réunion du cabinet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Débat télévisé
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais faire un
brève observation sur ce que vient de nous dire le ministre de la
Fonction publique concernant le débat télévisé
auquel il a accepté de se prêter. Il y a déjà
quelque temps, au moment où les négociations étaient en
cours, il avait été question de ce débat
télévisé et nous avions suggéré au
minis-
tre, à ce moment-là, d'y participer, afin d'informer les
citoyens sur ce qui se passait, de même que les parlementaires qui se
plaignaient de ne pas avoir tous les renseignements dont ils avaient
besoin.
Or, depuis ce moment, la négociation a été rompue,
le problème a été réglé de la façon
que l'on sait, et voilà que le ministre de la Fonction publique accepte
de participer à un débat télévisé sur le
problème général de la négociation, du cheminement
de la négociation et sur les raisons de l'impasse. Il m'apparaît
à moi que c'est fausser complètement le jeu de la
démocratie.
Les membres du front commun ont été invités
à venir se faire entendre ici à la commission parlementaire
devant les députés légitimement élus et
voilà que le ministre de la Fonction publique je ne veux pas le
blâmer accepte de jouer un jeu que voulait jouer la partie
syndicale, c'est-à-dire de déplacer le débat, de le situer
à un niveau autre que celui où il doit se situer, celui du
Parlement. C'est à mon sens faire fi des règles parlementaires,
des règles démocratiques, et c'est remettre en cause de
façon insidieuse tous les mécanismes de notre parlementarisme. Si
la commission parlementaire a un sens la loi a consacré le sens
de la commission parlementaire, sa vocation, et nous venons de le faire encore
récemment par la loi 19 c'est la commission parlementaire qui est
habilitée à connaître des problèmes qui font l'objet
de sa convocation.
Je suis donc extrêmement peiné de constater que le ministre
a, en quelque façon, consacré une démission
gouvernementale en acceptant de traiter, hors des lieux où cela doit se
faire et devant un tribunal qui n'est pas l'instance normale, d'un
problème qui devait faire l'objet de nos discussions et de nos travaux.
Je laisse au ministre et au gouvernement la responsabilité qui est la
leur, mais j'estime, pour ma part, que tout le travail que nous devions faire
ici sera faussé, si tant est qu'on puisse le continuer par la suite. Et
il m'apparaft que les membres du front syndical ont, de ce fait, atteint un
objectif qu'ils recherchaient depuis longtemps, celui de transporter
l'autorité parlementaire, l'autorité gouvernementale, en dehors
du Parlement et de situer le débat en un lieu où il ne doit pas
se tenir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous me permettrez en
quelques mots d'appuyer la réponse du ministre de la Fonction publique
à la demande du chef de l'Opposition concernant une médiation du
ministre du Travail. Le ministre de la Fonction publique a parfaitement raison.
Indépendamment de ses qualités personnelles de médiateur
ou de choses semblables, je pense, il serait illogique de demander au ministre
du travail d'être médiateur dans un conflit où il est
légalement partie, puisque membre du conseil des ministres, étant
donné que les positions du ministre de la Fonction publique sont des
positions de gouvernement dans ce domaine-là.
Si les syndicats, si le front commun désirent venir nous
rencontrer tel que l'ont exprimé la majorité des membres de cette
commission, cela est bien et c'est à cela que nous nous attendons.
Mais demander au ministre du Travail de servir de médiateur entre
son collègue de la Fonction publique et le front commun serait lui
demander d'être illogique avec lui-même.
Maintenant, M. le Président, la motion d'hier du
député de Maisonneuve demandait d'entendre les parties. Je pense
que nous pourrions procéder à ce fait. Plusieurs groupes sont
venus ici demander des renseignements quant au champ d'application de la loi 19
ou pour nous faire part de suggestions. Je pense que nous devrions d'abord les
entendre et, s'il y a lieu, poursuivre les discussions de portée
générale après.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Je voulais simplement dire un mot, M. le
Président, à la suite de l'intervention du député
de Chicoutimi. Je partage son sentiment de regret de voir que les dirigeants du
front commun n'ont pas accepté l'invitation de la commission de venir
poursuivre avec nous les travaux. Mais je crois qu'il ne faut pas
exagérer la portée de ce que vient de dire le ministre de la
Fonction publique relativement à ce débat
télévisé. D'une part, il a été dit que cette
commission ne devait pas être un lieu de négociation. Nous avons
reçu sous une forme écrite les documents qui apparaissaient les
plus pertinents de la part du front commun. Je comprends que c'est moins
intéressant d'être obligé d'en prendre connaissance, de les
interpréter que si nous pouvions poser des questions directes aux
membres du front commun, mais il s'agit d'une commission qui doit se
renseigner, comme le disent les articles de la loi, en tout premier lieu et, en
ce sens, je crois qu'il est possible de le faire malgré l'absence des
membres du front commun dans une très large mesure.
Quant à ce débat, le ministre de la Fonction publique a
dit clairement qu'il ne s'agissait pas de reprendre la négociation
à la télévision devant la population; et c'est là
que vraiment, si ceci se produisait, le but supposé par le
député de Chicoutimi, de transporter l'autorité du
gouvernement hors dés cadres établis, serait atteint. Mais le
ministre de la Fonction publique a bien pris soin de dire que le but de ce
débat, quant à lui, était d'informer la population sur un
problème qui est extrêmement sérieux. Et c'est dans ce sens
que je voulais faire ces quelques commentaires, pour qu'il soit bien clair que
ce débat ne prend pas une dimension
nouvelle autre que celle bien précise qu'a voulu lui donner le
ministre de la Fonction publique.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Maintenant, tel que convenu hier, nous
commencerons immédiatement à entendre les porte-parole des
organismes invités et le premier que j'inviterais à venir est Me
Marc-André Isabel, représentant de la Fédération
des syndicats professionnels d'infirmières du Québec et du Cartel
des organismes professionnels de la santé.
M. LATULIPPE: Est-ce que nous aurons l'occasion ou la permission de
poser des questions ou si on garde la même consigne qu'hier?
M. LE PRESIDENT: C'est la même chose qu'hier, tel que convenu,
à l'ajournement. Nous continuons d'appliquer le même principe.
M. LATULIPPE: Donc, pas de question.
M. LE PRESIDENT: Nous avons au moins six ou sept mémoires
à entendre et il est déjà cinq heures moins quart.
M. LATULIPPE: Et sur chaque mémoire, n'y aura-t-il pas de
période de questions?
M. LE PRESIDENT: C'est un dépôt de mémoires qui a
été fait avec explications.
M. BURNS: M. le Président, avec votre permission, je ferais
peut-être une distinction concernant la question qui vous est
posée par le député de Frontenac. Je pense que l'esprit de
la motion d'hier était de ne pas entrer dans le fond tant que les
députés ici ne seraient pas suffisamment informés, pour
qu'ils aient eu le temps de prendre connaissance des documents. J'ai
remarqué que, dans certains mémoires et je pense que celui
qui s'en vient en est un de ceux-là c'est le champ d'application
de la loi 19 qui est discuté et je ne vois pas comment on
s'empêcherait de poser des questions à ce moment-là. Cela
n'entre pas dans le fond. Quand on parlait du fond, je voulais dire, je pense,
et tout le monde le comprenait ainsi que c'était le fond des
négociations, la base des choses qui sont en négociation.
S'il y a des questions à être posées sur le champ
d'application ou concernant des remarques, je pense qu'on devrait au moins se
réserver ce droit, si je comprends bien le point de vue.
M. L'ALLIER: Très brièvement, pour ne pas raccourcir la
période, les questions portaient, en fait, sur les explications, pour la
bonne raison que, sur le champ d'application de la loi, il est fort possible
que la même question revienne dans plusieurs mémoires. Alors,
plutôt que de la débattre la première fois, je trouverais
plus avantageux, pour ma part, d'avoir l'ensemble de l'image qui nous sera
présentée par les associa- tions d'employés qui veulent
nous soumettre un mémoire et qui auront probablement sur ce point, des
vues communes, des vues identiques ou du moins qui toucheront la même
question. Cela rejoint ce que vous dites.
M. LE PRESIDENT: Me Isabel.
Cartel des organismes professionnels de la
santé
M. ISABEL: M. le Président, je voudrais faire une première
remarque sur la façon dont vous avez présenté les
organismes, pour rectifier la situation à l'effet que le Cartel des
organismes professionnels de la santé comporte, entre autres, la
Fédération des syndicats professionnels d'infirmières. Ce
ne sont pas deux organismes distincts l'un de l'autre.
En second lieu, on prend aussi bonne note de ce que nous disait le
ministre de la Fonction publique il y a un instant à l'effet que les
représentations que nous devions faire devaient être brèves
en raison du nombre assez important d'organismes qui veulent se faire
entendre.
Le Cartel des organismes professionnels de la santé
représente à l'heure actuelle 12,000 membres qui travaillent dans
le secteur hospitalier. Douze mille membres regroupés au sein de six
associations ou syndicats qui comprennent, entre autres, nous venons de le
voir, la Fédération des syndicats professionnels des
infirmières du Québec, les technologistes médicaux, les
inhalothérapeutes, les diététistes, les
physiothé-rapeutes, les travailleurs sociaux et les paramédicaux
de Trois-Rivières.
L'ensemble de ces gens-là forme un total de 12,000 membres. Le
cartel a, depuis le mois de novembre, entrepris et poursuivi d'une façon
active des négociations avec les représentants gouvernementaux et
leurs partenaires. Ces négociations se poursuivent depuis ce temps et
étant donné que, quant à nous, la solution
négociée ne nous apparaissait pas complètement
épuisée, nous n'avons pas utilisé notre droit de
déposer une demande de conciliation de sorte que nous n'avons pas acquis
légalement le droit de grève et, de fait, nous n'avons
participé à aucun mouvement de grève jusqu'à ce
jour. Aussi, est-ce avec étonnement et surprise que nous avons pu
constater que la loi 19, par les définitions comprises au début
du texte, englobait un certain nombre d'associations dont le Cartel des
organismes professionnels de la santé qui sont actuellement en
négociation, d'autant plus que le but premier de la loi parait
être la reprise des services et des activités dans le secteur
public. Il apparaît très évident qu'en ce qui concerne le
cartel, nous étions à l'ouvrage à ce moment-là et
nous voyons mal comment la loi, pour cette partie tout au moins, s'appliquerait
à ce Cartel des organismes professionnels de la santé.
Puisque nous sommes inclus dans cette loi, vous nous permettrez, M. le
Président, de faire
certaines remarques sur le contenu même de cette loi-là. En
premier lieu, sur les délais qui sont donnés et prévus
à la section IV de la loi, et qui sont donnés aux parties pour
tenter d'en arriver à une entente collective, il nous semble qu'ils sont
extrêmement courts pour qui voudrait continuer la négociation et
en arriver à un règlement, ou tout au moins à une solution
satisfaisante, ou à un rapprochement des parties qui puisse nous amener
à des solutions qui soient acceptables dans le présent conflit.
Sur ce point, nous nous posons la question à savoir comment, avec des
délais aussi courts, le gouvernement, qui prétend depuis le
début de cette négociation rechercher une solution
négociée, peut-il soutenir qu'on puisse en arriver effectivement
à des ententes. C'est une première remarque qui, quant à
nous, nous permet de douter du succès éventuel d'un rapprochement
significatif des parties qui est d'en venir à des ententes sur un
certain nombre de clauses.
Au surplus. Dans la mesure où, à la fin de ce
délai, c'est-à-dire au premier juin, on doive se diriger vers un
décret, on se demande quelle attitude la partie patronale va prendre
dans les négociations qui devront se dérouler jusqu'à
cette date du 1er juin. Est-ce qu'effectivement le gouvernement entend, par la
voie de ses représentants, continuer à négocier pour
qu'ensemble, nous puissions évaluer une situation et nous dire
carrément s'il y a possibilité de s'entendre sur une grande
majorité des clauses qui sont présentement en négociation?
C'est une des questions que le cartel, comme un grand nombre d'organismes qui
sont touchés par cette loi, se pose à l'heure actuelle.
Dans la mesure aussi où on tient compte de ce qu'on vient
d'énoncer, des délais, la volonté de négocier
à l'intérieur de ces délais nous apparaît difficile.
Il y a peut-être lieu de nous demander s'il n'y aurait pas une solution,
un mécanisme intermédiaire qui, tout au moins sur certaines
clauses, nous permettrait de faire évaluer par une tierce partie des
positions qui semblent extrêmement difficiles à concilier à
l'heure actuelle. Je parle entre autres de certaines clauses normatives. Nous
voulons bien comprendre, même si c'est difficile à accepter pour
nous, que, sur le plan pécuniaire et sur le plan salarial, le
gouvernement n'accepte pas que ce soit soumis à l'appréciation
d'une tierce partie. Mais nous posons quand même, et nous soumettons
qu'il y aurait lieu d'imaginer la solution d'un arbitrage obligatoire sur
certaines clauses normatives. Ce serait peut-être une forme de solution
pour rapprocher les parties et quand même démontrer la bonne
volonté de part et d'autre.
Encore une fois, dans la mesure où nous sommes pris dans ce
carcan des délais, dans ce corridor très étroit qui va
mener à un décret, nous soumettons de plus qu'il doit y avoir une
consultation avant que ce décret ne soit en vigueur. Il y a certainement
possibilité qu'il y ait une publication de ce décret afin que les
parties puissent être consultées sur le fond même des
conditions de travail qui sont prévues. Cela ne veut pas dire pour
autant qu'on arriverait à une solution plus agréable aux parties,
ou tout au moins à la partie syndicale dans le cas présent, mais
je pense que ce mécanisme de consultation satisferait tout au moins
à un esprit démocratique que le gouvernement a toujours
prôné jusqu'à ce jour. C'est, en somme, l'ensemble des
premières réactions que nous avons, face aux dispositions de la
loi 19. Et eu égard à la surprise et à l'étonnement
que nous avons, dans la situation présente que nous connaissons, il nous
apparaît, pour l'instant tout au moins, assez illusoire de demander que
des groupes compris, qui ne devraient pas l'être à notre avis,
soient exclus de cette loi-là. Les parlementaires qui ont adopté
la loi devaient être conscients du fait qu'il y a d'autres
salariés que les 210,000, il y en a 250,000; il y en a qui ne font pas
partie du front commun et dans cette mesure-là, il y avait lieu
d'estimer et de faire la part des choses en ce qui concerne ces
groupes-là.
Nous souhaitons qu'à ce niveau-là, les parlementaires
revisent peut-être leur façon de voir les choses et qu'ils jugent
eux-mêmes s'il y a lieu de procéder à l'étude des
suggestions que nous venons de vous faire sur la loi 19. Ceci pour un premier
point, M. le Président.
Nous avons soumis également, en second lieu, un certain nombre de
documents qui traitent de l'état de la négociation, à
l'heure actuelle, à la table du Cartel des organismes professionnels de
la santé. Ces documents vous ont été distribués. Us
font état, pour une part, en termes de clauses réglées,
non réglées et des accrochages qui ont eu lieu sur chacune des
ces clauses-là. Vous avez dans ce document un portrait assez
fidèle de la situation à l'heure actuelle.
Nous avons, par ailleurs, dans un second document, qui est
complémentaire à celui que je viens de souligner, établi
la position de la partie syndicale sur, entre autres, les clauses normatives
qui ont été négociées à l'heure actuelle et
celles qui demeurent en suspens, ou celles qui sont à l'étude par
la partie patronale, pour, éventuellement, donner lieu à des
contre-propositions patronales.
Nous parlons d'abord du normatif parce qu'à la table sectorielle,
ce sont les seules clauses qui ont été abordées
effectivement. Je pense qu'un rapide coup d'oeil du document que nous vous
soumettions sur l'état de la négociation, vous fait voir
qu'à 60 p.c. des clauses au moins, le Cartel des organismes
professionnels de la santé attend que la partie patronale fasse des
contre-propositions valables.
Il y a un certain nombre de sujets qui sont à l'étude par
la partie patronale, avec promesse que très bientôt, et d'autant
plus rapidement que la situation actuelle l'exige, il y aurait lieu que ces
clauses soient déposées. C'est du moins ce que la partie
patronale nous annonce depuis
un certain temps. Mais, le fait est qu'à l'heure actuelle 60 p.c.
de ces clauses, qui sont strictement normatives, ne sont pas
réglées et que, de ces 60 p.c, une minime partie quand même
est susceptible d'amener un agrément assez facile de la part des
parties.
Pour éviter de prolonger davantage mon exposé sur le
système du normatif, je pense que nous avons établi clairement
notre position dans les documents que vous avez entre les mains. Parler du
normatif ne met pas nécessairement en veilleuse tout l'aspect
pécuniaire et salarial.
A ce sujet, les quelques renseignements qui nous ont été
donnés, à la table sectorielle, ont été très
épars et il faut quand même dire que les négociateurs
patronaux ont été parcimonieux sur les explications de la
politique salariale gouvernementale, sur la sécurité d'emploi,
sur la sécurité sociale et, enfin, sur tout ce qui comprend les
éléments pécuniaires. A toutes fins pratiques, on doit
dire que les seuls renseignements qui nous ont été donnés
sur ces sujets, et ce, malgré les pressions syndicales, jusqu'à
ce jour, l'ont été par des représentants du
ministère de la Fonction publique. Il va sans dire que ce seul domaine
pécuniaire en soit peut créer et crée effectivement,
à l'heure actuelle, un énorme fossé entre les parties.
Si l'on reprend ce que nous établissions au début, par
rapport au cadre de la loi, au délai restreint, à l'absence de
mécanismes médiateurs, on se demande, selon l'état de la
négociation sur les clauses normatives il n'y en a pas 30 p.c. de
réglées et il n'y a absolument rien de fait de façon
positive, de discussions sérieuses et avancées sur l'aspect
salarial comment on peut, dans un délai aussi court, en arriver
à une solution négociée qui, semble-t-il, est celle
recherchée par la partie patronale.
Tout ce que nous souhaitons, c'est qu'effectivement elle cesse d'en
parler et qu'elle négocie, parce qu'à ce niveau-là, il
nous apparaît que depuis longtemps nous sommes prêts à
aborder l'aspect pécuniaire et salarial.
Tout ce que nous souhaitons, c'est qu'au niveau de la commission
parlementaire vous preniez en bonne part certaines recommandations qui viennent
du Cartel des organismes professionnels de la santé, et qu'à la
lumière des documents que nous avons pu déposer, nous nous
acheminions tous ensemble vers une solution négociée du
conflit.
Pour notre part, en ce qui concerne le Cartel des organismes
professionnels de la santé, nous sommes prêts à
négocier et, comme je le disais tantôt, sur 60 p.c. des clauses
normatives, nous attendons la partie patronale. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Nous allons maintenant procéder à
quelques questions. Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, je n'ai pas de question
particulière à poser, j'aurais peut-être un bref
commentaire contrairement à ce que j'ai dit au député de
Maisonneuve, si l'on était d'accord, pour éviter
précisément de laisser entendre que la position du gouvernement
là-dessus... C'est un signe d'intelligence et d'une souplesse à
ce moment-là.
M. BURNS: Ah oui!
M. L'ALLIER: Cela peut être un signe d'intelligence. Nuance.
M. le Président, il est entendu et c'est un commentaire qui
va s'appliquer en fait à tous ceux qui voudront intervenir sur cet
aspect, parce que je présume qu'on interviendra sur cet aspect
prochainement que la loi 19 visait d'abord et avant tout à
redonner à l'ensemble de la population les services publics auxquels
elle a droit et qui avaient été suspendus par une grève
qui avait déjà duré neuf jours, je crois. Au moment
où nous avons proposé à l'Assemblée nationale ce
projet de loi, cette grève se poursuivait et la rencontre que nous
avions eue avec les représentants du front commun ne nous permettait
pas, d'une façon raisonnable, de voir un délai prochain de
solution par la voie négociée.
La conjoncture de ces deux facteurs, c'est-à-dire l'absence de
lumière du côté d'une solution négociée en
même temps que la prolongation d'une grève qui était
supportée en très grande partie par la population, nous a
amenés à présenter ce projet de loi. Je dois dire tout de
suite que ce projet de loi ayant été présenté dans
cet esprit, ce projet de loi n'étant pas un projet de loi qui
était déjà dans les tiroirs depuis des semaines, qui
dormait et qui attendait, parce que nous avons cru et que nous croyons toujours
à cette solution négociée, nous n'avons pas effectivement
apporté suffisamment d'attention aux organismes et aux associations de
salariés qui n'étaient pas à ce moment-là en
grève et pour lesquels le processus de négociation se
déroulait normalement.
Je dois dire également que, sous réserve des heures
où j'ai été absent le matin de l'Assemblée
nationale, l'Opposition, qui est habituellement extrêmement vigilante sur
toutes ces questions, n'a pas, je crois, souligné la faiblesse de ce
projet de loi sur ce point, à savoir que la loi qui visait d'abord
à redonner les services publics et à déterminer dans le
temps un délai après lequel il faudrait en arriver à
établir les conditions de travail des employés des secteurs
public et parapublic, touchait également des associations de
salariés qui ne faisaient pas partie du front commun et qui
n'étaient pas en grève.
C'est donc dans cet esprit d'une faiblesse de cette loi que, pour ma
part, au nom du gouvernement, nous entendrons les propositions et les
recommandations qui seront faites. C'est également dans cet esprit que
la discussion pourra s'engager avec les représentants des partis
d'Opposition pour permettre effective-
ment au processus de négociation qui était engagé
et qui se poursuit normalement de continuer à se poursuivre
normalement.
S'il faut en arriver à modifier la loi sur ce point, c'est une
chose que nous allons étudier et que nous allons quant à nous
recommander, si c'est nécessaire.
Par ailleurs, la loi prévoit un mois de négociation. Ce
mois de négociation devrait être utilisé pleinement et nous
allons, de ce côté également, faire tous les efforts pour
accélérer si possible la négociation.
Nous n'avons pas l'intention, à partir de la loi 19, pour les
organismes qui ne sont pas dans le front commun, de leur faire subir, en
définitive, des conséquences qui ont pour effet de modifier le
processus régulier de négociation et nous voulons que toutes les
associations d'employés, qu'elles soient membres ou non du front commun,
considèrent les délais qui sont dans cette loi comme des
délais de négociation. Et si par ailleurs ce processus de
négociation, notamment ici, se poursuit normalement, suite aux
exposés qui nous seront faits cet après-midi, après
discussion en commission parlementaire, le gouvernement avisera et fera
connaître une décision le plus rapidement possible.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement 97 pour
rétablir des faits. Je ne parlerai pas du tout du commentaire
lui-même, je parlerai à mon tour de paroles au sujet du
commentaire. Je vois que le ministre a dit dans-son exposé que
l'Opposition, qui est habituellement vigilante, n'a peut-être pas vu
certains trous.
J'aimerais rétablir immédiatement le fait que nous avons
mentionné en tout cas, je me sens visé, étant un
des trois partis d'Opposition, mais je pense bien que les deux autres partis
vont peut-être vouloir rétablir le fait aussi au niveau de
la motion préliminaire, celle voulant mettre de côté les
règles de la Chambre pour étudier à la vapeur ce projet de
loi-là, que c'était une des raisons, étant donné
l'importance de ce conflit, étant donné l'importance du geste que
nous allions poser, de suivre les règles normales, c'est-à-dire
d'adopter les projets de loi à des séances différentes
selon les lectures: deuxième lecture, une journée;
troisième lecture, l'autre. Le premier point à rétablir,
nous l'avons mentionné au stade de la motion visant à mettre de
côté les règles habituelles de la Chambre.
Le deuxième point est que, même si nous avions voulu
discuter d'autres points que les deux points qui l'ont effectivement
été, c'est-à-dire les articles 5 et 10, la limite du
débat telle que posée par le gouvernement faisait que nous
devions discuter de 18 articles et cela a été aussi un de
nos arguments pendant une durée maximale de trois heures. Alors
nous avons fait, dans le cadre posé par le gouvernement et non par
l'Opposition, ce que nous avons pu, c'est-à-dire que nous sommes
allés au plus pressé, selon nous, à ce moment-là,
soit les articles 5 et 10. Et nous n'avons évidemment pas discuté
de l'article 1. Et le ministre de la Fonction publique sait fort bien que le
seul moment où nous aurions pu apporter des correctifs à cette
législation que lui-même admet comme ayant été
hâtive et contenant des faiblesses, c'est à la commission
plénière.
Or, la commission plénière, comme je l'ai mentionné
tantôt, était limitée, par la motion même du
gouvernement, à trois heures.
Ce sont les faits que je voulais rétablir. Qu'on ne pense pas que
l'Opposition n'a pas joué son rôle. L'Opposition n'a pas
été capable de jouer son rôle par les règles du jeu
fixées par le gouvernement lui-même.
M. LOUBIER: Seulement pour ajouter un mot...
M. LE PRESIDENT: Voici l'ordre dans lequel les personnes seront
invitées à parler: le ministre des Affaires sociales, le chef de
l'Opposition officielle, le député de Frontenac, le
député de Montcalm.
M. LOUBIER: Sur un point de règlement, M. le
Président.
C'est une des raisons invoquées pour nous lorsque nous avons
présenté une motion pour ajourner le débat et
demandé une rencontre avec la partie syndicale et les chefs des
différents partis de l'Opposition et le gouvernement. C'est justement
une des questions que nous avions soulevées, à ce
moment-là, pour appuyer notre motion. Et je pense que je dois concourir
aux propos tenus par le député de Maisonneuve. Le ministre de la
Fonction publique, comme il l'a dit très honnêtement, a
manqué une partie des débats à cause de certains facteurs
qui sont explicables au plan humain.
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne voudrais pas que les
commentaires que j'ai pu faire allongent le débat sur cette question.
Nous avons des personnes qui attendent et je suis prêt à dire que
l'Opposition a fait, dans les circonstances, le travail qu'elle devait faire et
qu'elle a fait son possible.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Comme il s'agit d'organismes dans le secteur des affaires
sociales, M. le Président, j'aimerais simplement dire un mot. Quant
à moi, j'ai peut-être manqué de vigilance sur cette
question mais je dois dire que, de concert avec l'Association des
hôpitaux, le seul mécanisme que nous avions, qui pouvait
fonctionner, c'est-à-dire notre centre d'information et de
dépannage en quelque sorte, était constamment accaparé par
tous les problèmes qui surgissaient au niveau des diverses institutions.
Notre attention se portait premièrement sur ces problèmes.
En second lieu, notre attention se portait sur les efforts visant
à en arriver à une solution négociée, en tout
premier lieu avec le front commun, puisque c'étaient des organismes
regroupés par le front commun qui étaient en grève.
Pendant ces heures qui ont été extrêmement difficiles, il y
a eu, comme l'a mentionné mon collègue, le ministre de la
Fonction publique, possiblement manque de vigilance de notre part. Je voudrais
rappeler aux organismes qui sont dans le cartel, ou plutôt leur dire mon
regret de voir cette situation et j'espère qu'il n'en résultera
pas une détérioration ou que cette situation ne sera pas une
cause qui ralentira ou nuira au progrès de la négociation. Je
puis dire que nous allons étudier avec extrêmement d'attention les
recommandations que vous nous formulez et que nous verrons à faire en
sorte que la solution négociée demeure notre premier objectif par
tous les moyens possibles.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: Me Isabel, j'ai cru déceler que votre
appréhension la plus cruciale découlait du fait que, d'une part,
il y avait un délai très court pour les négociations et
que, d'autre part, il y avait la tombée fatale du décret et que,
littéralement, vous vous sentiez prisonnier d'un étau qui se
refermait de plus en plus et de façon à éviter
peut-être des négociations objectives, sereines et
équitables pour les deux parties. Et j'ai également compris
vous me corrigerez si j'ai mal interprété vos propos
que vous souhaitiez qu'il y ait un genre de cran de
sécurité entre ces deux parties de l'étau vous permettant,
par la voie de la médiation, d'en arriver à une
sécurité, quant à l'objectivité des
négociations et à l'accélération de ces
négociations. Est-ce un peu le sens de vos propos?
M. ISABEL: Je pense que le député de Bellechasse
établit assez clairement la position que nous avons exposée, il y
a quelques minutes, devant la commission parlementaire. On proposait, entre
autres, comme solution, la possibilité d'un arbitrage obligatoire
où une tierce partie pourrait se prononcer, tout au moins sur une partie
du normatif qui, à notre avis, pourrait être soumis assez
facilement à une tierce partie.
M. LOUBIER: Est-ce qu'à ce moment-là...
M. ISABEL: Et cela rendrait plus objectif et plus équitable,
probablement plus acceptable aussi pour la partie syndicale...
M. LOUBIER: Est-ce que la suggestion d'un médiateur, quel qu'il
soit nous allons le désincarner, qu'il s'appelle le ministre du
Travail, qu'il s'appelle un juge quel que soit le mécanisme ou
peu importent les personnes en place, est-ce que vous seriez en faveur d'un
conseil d'arbitrage ou d'un arbitre qui assurerait entre les deux parties la
célérité dans les négociations et
l'objectivité?
Est-ce que vous seriez satisfaits de cette tierce partie qui ferait le
trait d'union et qui, en même temps, permettrait à la partie
syndicale et à la partie patronale de voir les négociations se
dérouler d'une façon très objective et
accélérée?
M. ISABEL: II apparaît, M. le député de Bellechasse,
que ce que vous formulez peut être une des solutions et n'exclut pas les
autres que nous avons formulées en termes d'extension et de
délai, etc. C'est une des solutions qui pourraient peut-être,
éventuellement, faciliter les choses, réduire l'écart,
rendre les choses plus objectives et nous libérer pour autant pour qu'on
puisse se ramener à des sujets qui sont encore de la même
importance que les autres mais qui sont cruciaux dans la mesure où on
n'a pas eu l'occasion de les aborder et de les vider à fond.
M. LOUBIER: Ce serait pour vous un élément
sécurisant que d'avoir cet arbitre ou ce conseil arbitral.
M. ISABEL: Cela donnerait plus d'objectivité.
M. LOUBIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que vous pourriez me dire
si vous avez fait ces offres au gouvernement, disant que vous étiez
prêts à accepter un arbitre impartial pour régler le
différend? Est-ce qu'il y a eu des amorces dans ce sens-là, dans
le terme d'extension que vous mentionniez tout à l'heure ou si c'est la
première fois que...
M. ISABEL: Ce système j'allais dire qu'on préconise
c'est une suggestion que nous avançons, nous avons l'occasion de
la faire à ce stade-ci puisque nous sommes maintenant encadrés
par une loi, par un carcan qui est assez limitatif, qui peut s'expliquer par un
certain nombre de circonstances. Or, quelle que soit la valeur des motifs qui
aient pu inciter le gouvernement à adopter cette loi, il reste que tout
le monde doit admettre que les délais sont extrêmement limitatifs.
C'est la première occasion que nous avons de suggérer au
gouvernement que cela puisse être un nouveau mécanisme qui devrait
être considéré, à notre avis, dans l'ensemble de la
situation que l'on connaît actuellement puisque nous vivons la loi
à l'heure actuelle et ce pour les périodes qui y sont
prévues.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'on comprend que vous en faites la demande
formelle, que vous demandez un arbitre ou si ça reste encore à la
discrétion du gouvernement?
M. ISABEL: On en fait la suggestion. M. LATULIPPE: Merci.
M. ISABEL: Et il nous apparaît que, dans la mesure où les
deux parties et surtout le gouvernement, jusqu'à maintenant,
prônent la solution négociée, ce dernier devrait
considérer cet élément.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, même si en soi il n'y a rien,
pour moi en tout cas, d'inacceptable dans le fait de soumettre à
l'arbitrage les clauses normatives qui restent en suspens, par opposition
à une opinion que j'ai déjà exprimée concernant les
clauses pécuniaires, il reste quand même, je pense, qu'il serait
illusoire de s'imaginer qu'une fois que le gouvernement aura rendu son
décret, vous pourrez, en pratique, obtenir des dispositions
différentes du décret par voie de tribunal d'arbitrage. C'est la
première réaction qui me vient. Vous connaissez le poids
énorme que comportent les précédents en arbitrage, en tout
cas dans les années avant 1964 où cela existait sur une base
généralisée dans les services publics. Même si votre
suggestion n'est pas inacceptable en soi, je me demande si, à un certain
point de vue, il n'est pas illusoire de penser que cela puisse vous amener
à autre chose. Cependant, cela ne m'empêche pas, malgré
cette réserve que je fais, de trouver comme vous d'ailleurs, Me Isabel,
qu'il est absolument incompréhensible en négociation qu'une
partie qui n'a même pas demandé la conciliation en vertu de la loi
se retrouve visée par la loi 19. Par curiosité, j'ai
regardé les articles pertinents qui pourraient les affecter, eux,
puisque les autres articles au début disent: Vous devez retourner au
travail et l'employeur doit vous reprendre ces articles ne s'appliquaient pas
à eux. J'ai regardé la section IV, dont le titre est
"Règlement du différend". Alors, nous sommes obligés de
constater qu'il n'y en n'a même pas de différend dans leur cas
puisque le code du travail définit "différend" comme étant
une mésentente relative à la négociation ou au
renouvellement d'une convention collective, etc. Il n'y a pas de
mésentente. Je ne dirai pas qu'il n'y a peut-être pas un
règlement, mais, au sens juridique du mot, il n'y a pas de
mésentente, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de fin de non-recevoir
de part et d'autre.
Me Isabel nous a dit tantôt que la solution négociée
n'était pas épuisée. Je trouve que le gouvernement
devrait, à ce stade-ci au moins, reconnaître comme l'a
mentionné tantôt le ministre, la faiblesse de cette
législation, du moins de façon concrète, en disant que le
décret ne sera pas imposé à ces personnes au moins qui
n'étaient pas visées par l'ordre de retour au travail.
D'ailleurs, le titre de la loi est: Loi assurant la reprise des services dans
le secteur public.
Cela ne s'applique sûrement pas aux personnes qui, elles,
n'avaient même pas demandé la conciliation dans leur cas. Je ne
sais pas si le gouvernement voudra le faire par voie d'amendement à la
loi, ou au moins par voie d'expression d'opinion, mais, selon moi, je trouve
absolument inconcevable qu'on les ait, par inadvertance, inclus dans cette loi,
qui visait d'abord le retour au travail, qu'on les ait inclus et qu'on continue
à dire je prends les mots du ministre de la Fonction publique,
ceux du ministre des Affaires sociales ainsi que ceux du premier ministre hier
que pour nous, disent-ils, c'est la solution négociée qui
est un premier objectif. Vous avez des gens qui disent: On n'a pas
épuisé tous les recours de la négociation. C'est mon
opinion sur ce point-là. Je pense que le ministre de la Fonction
publique devrait donner suite de façon concrète à
l'admission qu'il nous a faite tantôt, à savoir que cette
loi-là comportait des faiblesses. C'en est une qui est plus
évidente et qui nous saute encore plus aux yeux, en plus de celle qu'on
a dénoncée au cours de l'étude du projet de loi concernant
le principe même de cette loi-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, dans le même sens,
étant donné l'aveu du ministre de la Fonction publique que la
loi, ayant été rédigée rapidement, couvre des
domaines, des secteurs qui n'étaient pas prévus dans l'intention
du législateur, est-ce que le ministre de la Fonction publique a
l'intention, à la reprise de la session, soit demain ou la semaine
prochaine, d'apporter des amendements au projet de loi no 19 qui redonneraient
à tous les syndicats qui n'étaient pas visés les pleins
droits qu'ils avaient par les anciennes lois qui régissaient les
relations de travail dans les secteurs public et parapublic,
c'est-à-dire des droits pouvant aller jusqu'aux moyens de pression
qu'ils avaient avant et qu'ils n'ont pas utilisés, c'est-à-dire
le droit de grève, de cesser le travail à l'intérieur de
la législation, tel que reconnu par le projet de loi no 55, enfin le
code du travail et les lois du ministère de la Fonction publique.
Autrement, le gouvernement priverait les gens d'un droit qu'ils avaient alors
et qu'ils n'avaient même pas exercé. Mais cela peut se faire non
pas uniquement par des intentions ou une déclaration du ministre de la
Fonction publique, si solennelle soit-elle, mais par des amendements à
la Loi 19 dès la reprise de la session, soit demain ou la semaine
prochaine.
M. L'ALLIER: M. le Président, notre inten-
tion vous a été indiquée tout à l'heure.
Nous allons entendre toutes les parties sur ces questions et le gouvernement
avisera le plus rapidement possible de ce qu'il se propose de faire quant
à ces cas.
M. MASSE (Montcalm): Vous permettez...
M. L'ALLIER: J'ai bien compris le point soulevé par le
député de Maisonneuve de même que par le
député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): La question a été très claire.
Maintenant au gouvernement d'y penser.
M. L'ALLIER: La réponse est que nous allons entendre les parties,
nous allons effectivement y penser et nous aviserons de la décision que
nous prendrons.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, avant de m'adresser
à Me Isabel, est-ce que le ministre pourrait nous dire quand il entend
nous donner cette réponse?
M. L'ALLIER: Le plus rapidement possible.
M. MASSE (Montcalm): Très rapidement, c'est-à-dire
aujourd'hui ou demain?
M. L'ALLIER: Très rapidement.
M. MASSE (Montcalm): Très rapidement. On jugera de la
rapidité du ministre.
J'aimerais poser quelques questions au représentant de la
fédération. Il nous a assurés qu'ils étaient
prêts à négocier un grand nombre de clauses. Il n'y avait
pas eu de contreproposi-tions de la part du gouvernement. Il négocie
depuis plusieurs mois. Il manifeste encore son intention de négocier le
projet de loi, s'il n'est pas amendé. Le projet de loi 19 a des
délais très courts. Enfin, vous l'avez exprimé.
Compte tenu de votre expérience et de votre connaissance du
dossier, sans entrer dans les détails qui seraient le fond, à
votre avis, un délai raisonnable pour assurer une négociation,
une convention collective négociée dans votre secteur, compte
tenu de tous les mécanismes et ce qui reste à négocier,
cela peut être un délai de combien de semaines ou de mois?
M. ISABEL: Je répondrais là-dessus au député
de Montcalm qu'il est évident que, dans la mesure où on
considère pour une part le normatif, cela ne serait pas
exagéré d'ajouter au délai qu'on connaît
déjà à la loi, qui nous mène au 1er juin, à
toutes fins pratiques un mois, un autre mois et ceci, évidemment,
s'entend si une négociation très intensive se poursuit. Il y
aurait peut-être des possibilités qu'on sache exactement
jusqu'à quel point on peut se rendre, les deux parties, et on
connaîtra à ce moment-là si véritablement c'est
faussé. Mais c'est toujours par rapport au normatif qu'on s'exprime. Il
reste, par ailleurs, l'aspect pécuniaire qui n'a jamais
été abordé à la table sectorielle. C'est à
se demander si les représentants du gouvernement à la table
sectorielle ont un mandat sur l'aspect pécuniaire.
M. MASSE (Montcalm): II est évident que, si vous retrouvez vos
moyens de pression, vous pourrez d'autant accéler la
négociation.
M. ISABEL: C'est évident que cette façon qui relève
en fait des mécanismes connus par le code du travail facilite et
accélère les choses dans la mesure où nous conservons nos
droits.
M. MASSE (Montcalm): Vous avez fait une suggestion également
à l'effet que le décret, avant d'être mis en vigueur,
devrait être porté à la connaissance des parties afin de
leur permettre je crois bien que c'est votre intention d'apporter
des suggestions ou d'attirer l'attention du gouvernement sur
l'impossibilité de l'application de certaines clauses, compte tenu de la
connaissance que vous avez du secteur où cela s'applique. Ce
décret-là pourrait être publié dans la Gazette
officielle ou enfin il faudrait que vous soyez officiellement informé du
décret. Pour prendre connaissance du décret comme tel et en
vérifier l'applicabilité dans votre secteur, cela peut prendre un
délai d'une semaine, quinze jours, entre la connaissance du
décret et votre réponse.
M. ISABEL: II est évident que ce qu'on a connu jusqu'à
maintenant, je pense, c'est un régime assez
généralisé quand il s'agit de projets de loi qui sont
soumis ou de projets de réglementation en vertu de lois; jusqu'à
maintenant, on a toujours vu dans la Gazette officielle qu'on donnait 30 jours
aux gens pour se prononcer. Je crois que si on pensait en termes de 30 jours,
non seulement s'agirait-il de se prononcer mais d'étudier, durant ces 30
jours-là, peut-être y aurait-il lieu que les deux parties
soient présentes si cela s'applique ou pas, ce qui a
été proposé dans le décret et ce au secteur
hospitalier, puisque c'est le secteur qui nous concerne. Je pense que, dans ce
délai-là, il y aurait lieu que les parties puissent en venir
à des ententes ou du moins à des accommodements qui soient
satisfaisants ou qui soient plus équitables.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je termine
là-dessus, j'aimerais reposer une question au ministre de la Fonction
Publique. Pourrait-il, dans son temps de réflexion, s'il y a lieu
d'apporter des amendements à la loi no 19, inscrire cette suggestion
à savoir que le décret, avant d'être officialisé,
soit porté officiellement à la connaissance des parties, y
compris la commission parlementaire et les organismes intéressés,
pour que les syndicats, qui ont une connaissance concrète du champ
d'application
des conventions, puissent au moins, s'ils ne peuvent pas
négocier, attirer l'attention du gouvernement sur des erreurs possibles
dans le décret, compte tenu du champ d'application dans leur secteur?
Ceci éviterait des griefs, ceci éviterait au gouvernement de
revenir nous dire: Malheureusement, on s'excuse, on a fait des erreurs, cela a
été rapide, on n'a pas eu assez de temps; la prochaine fois, on
ne fera pas cela comme cela. Cela pourrait être un deuxième
amendement à apporter à la loi 19 de permettre un intervalle de
30 jours entre la rédaction finale du décret et sa
légalisation, si je peux m'exprimer ainsi par le conseil des ministres.
Cela pourrait peut-être nous éviter des erreurs qui ont
été causées dans le domaine de la construction, parce que
ce n'est pas la première fois que les parlementaires demandent ce
délai de réflexion entre les deux parties. Ce serait aussi pour
le ministre une façon d'assouplir sa loi et de permettre, à long
terme, une meilleure application de la convention collective. C'est
évident qu'il ne peut peut-être pas nous répondre
immédiatement mais, compte tenu qu'il a l'intention de répondre
très rapidement, nous sommes prêts à attendre quelques
heures avant d'avoir cette deuxième réponse du ministre de la
Fonction publique.
M. L'ALLIER: Je prends acte de la suggestion qui m'a déjà
par ailleurs été faite. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Au nom des membres de la commission, je remercie Me
Isabel et j'invite maintenant Mme Gloria Blaker, au nom de la
Fédération des infirmières et infirmiers unis.
M. LACAS: Comme question de privilège, M. le Président,
est-ce qu'on est assuré de passer cet après-midi, le syndicat des
agents de la paix, ou non?
M. LE PRESIDENT: Nous allons, suivant...
M. LACAS: Parce que si nous ne passons pas, nous allons partir.
M. LE PRESIDENT: Malheureusement, nous devons, en vertu des
règlements, donner l'occasion à...
M. LACAS: Je parlerai deux minutes, cela va être très
court. Si vous m'assurez que nous passerons avant six heures, nous attendrons,
si vous ne me l'assurez pas, nous allons nous retirer.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes M. Lacas? M. LACAS: Oui.
M. LE PRESIDENT: Après je vous donnerai la parole.
Fédération des infirmières et
infirmiers unis
MME BLAKER: M. le Président, messieurs, je vous présente
Me Michel Robert, porte-parole et négociateur pour la
fédération.
La Fédération des infirmières et infirmiers unis
représente 6,000 infirmières et infirmiers licenciés dans
le secteur parapublic répartis dans une trentaine d'institutions
francophones et anglophones. Le premier ministre a précisé hier
que la loi 19 avait pour but de mettre fin à la grève et non pas
de mettre fin aux négociations. Nous comprenons mal que, n'étant
pas en grève, et ne faisant pas partie du front commun, nous ayons
été inclus dans la loi 19. Nous comprenons mal comment le premier
ministre peut soutenir que la loi ne met pas fin à la négociation
véritable des conditions de travail.
En effet, la loi prévoit à l'article 10 que l'une des
parties à la négociation, soit le gouvernement, en vertu de la
loi 46 va déterminer unilatéralement les conditions de travail
applicables aux salariés. La loi 19 nous apparaît tout le
contraire d'une négociation. C'est l'imposition d'un règlement
gouvernemental qui remplace la détermination d'une règle
consentie. Donc, nous demandons d'être exclus de la loi 19 pour toutes
ces raisons.
M. ROBERT: M. le Président, permettez-moi maintenant de faire
l'état des négociations et aussi de faire un certain nombre de
suggestions quant à la loi 19, un peu dans le même sens que Me
Isabel.
Dans cette aventure extraordinaire qui s'appelle la négociation
dans les secteurs public et parapublic, nous avons connu deux accidents de
parcours importants. Le premier a eu lieu lors de l'adoption d'une loi qui a
été adoptée aussi rapidement que la dernière et qui
s'appelle la loi 46. Lors de l'adoption de cette loi, on nous avait, je crois,
également oubliés, parce qu'on n'avait pas compris que les mots
"groupement d'associations de salariés" pouvaient ne pas inclure tout le
monde. De sorte qu'on s'est retrouvé, après l'adoption de la loi
46, sans droit de négocier pour les 6,000 membres que nous
représentions, en vertu de l'accréditation émise par le
code du travail. Or, pendant plusieurs mois, nous avons discuté avec les
représentants du ministère de la Fonction publique de notre
statut de négociateurs et, après avoir procédé
à des transformations structurelles dans notre organisation, nous avons
finalement réussi à convaincre le ministère que nous
étions un groupement d'associations de salariés au sens de la loi
46.
Ceci nous a menés au mois de février 1972. Nous avons
alors conclu une première entente de prénégociation pour
savoir comment nous pourrions négocier en d'autres mots, à
quel endroit, combien de fois par semaine, etc. et nous avons
déposé un projet complet que nous avons également
déposé devant la commission
parlementaire hier. Nous avons tenu six séances de
négociation depuis le mois de février et nous avons
examiné un certain nombre de clauses. Nous avons également
paraphé un très petit nombre de clauses normatives. Quant
à l'aspect pécuniaire, je pense que les remarques de Me Isabel
s'appliquent également à notre cas. Non seulement nous n'en avons
pas parlé vraiment, mais je crois que le négociateur du
gouvernement nous a même laissé entendre, â un certain
moment, que son mandat là-dessus était plus que restreint. Et,
effectivement, les seules conversations que nous avons eues, nous les avons
eues avec des représentants du ministère de la Fonction publique
à l'occasion du dépôt des propositions gouvernementales
concernant les salaires, les bénéfices marginaux et la
sécurité d'emploi.
Tout ceci pour vous dire que nous sommes très peu avancés,
mais que, d'autre part, les négociations allaient très bien.
Deuxième accident de parcours. Une autre loi adoptée
rapidement où tout à coup, sans avoir fait la grève, nous
nous retrouvons dans la situation où, le 1er juin 1972, nous devrons
avoir conclu une entente avec les représentants du gouvernement et de
l'Association des hôpitaux, sinon, l'une des parties à la
négociation, soit le gouvernement, en vertu de la loi 46, dans sa
sagesse décidera des conditions de travail applicables jusqu'au mois de
juin 1974.
Je n'ai pas besoin de vous dire davantage l'étonnement que nous
avons ressenti devant ce deuxième accident de parcours. Nous avions cru
que le premier était suffisant.
Etant donné que nous sommes emprisonnés dans ce carcan, du
moins pour le moment, permettez-moi de souligner maintenant un certain nombre
de problèmes qui se posent â l'occasion de ce projet de loi qu'on
doit maintenant appeler une loi, la loi 19. Premier problème: comme le
soulignait Me Isabel, le délai est manifestement trop court. Dans notre
cas, pour répondre à une question qui a déjà
été posée, je pense qu'il faut compter au moins trois mois
pour s'entendre sur le normatif.
Deuxième problème: la loi ne contient aucune disposition
prévoyant la négociation locale.
Vous vous rappellerez que, lorsque le bill 46 fut adopté, un
article de ce bill prévoyait que les parties pouvaient, dans leur accord
provincial, si je puis dire, déterminer que des négociations
locales auraient lieu et déterminer les sujets et les
modalités.
Est-ce que le bill 19 veut dire que la négociation locale est
éliminée? Si oui, je pense que c'est extrêmement malheureux
parce que, dans ce domaine hospitalier que nous connaissons, il est
évident que l'on négocie de grandes normes et que plusieurs
aspects de la convention sont quand même laissés, jusqu'à
un certain point, à la négociation locale à cause de la
grande variation qui existe dans les conditions de travail dans les
régions et entre les divers établissements hospitaliers. Donc,
deuxième problème.
Troisième problème, nous avons négocié au
rythme de trois jours par quatorze jours. En d'autres mots, trois jours par
quatorze semaines parce que, évidemment, le négociateur du
gouvernement devait aussi négocier avec le Cartel des organismes
professionnels de la santé. Nous espérons que nous pourrons
être assurés de la disponibilité des négociateurs du
gouvernement.
Je comprends que, depuis l'annonce cet après-midi, il y a
plusieurs négociateurs qui sont maintenant plus disponibles qu'avant.
Mais nous espérons que nous pourrons compter sur la disponibilité
des négociateurs du gouvernement pour qu'on puisse
accélérer grandement le processus de négociation.
Quatrième problème, et c'est probablement le plus
important, il est bien évident que le gouvernement, étant
donné le bill 19, sachant que dans 30 jours ou dans X jours, il va, de
toute façon, déterminer les conditions de travail, il est
extrêmement tentant pour ce gouvernement d'y aller assez mollo sur les
points chauds de la négociation, parce que, de toute façon, on se
dit que ce n'est pas trop grave puisqu'à la fin on va décider de
toute façon et on n'aura pas à justifier notre décision
à la table de négociation.
M. BOURASSA: On ne succombera pas à la tentation.
M. ROBERT: C'est une tentation qui nous apparaît extrêmement
alléchante mais nous sommes quand même prêts à
reconnaître que le gouvernement devra démontrer, dans le mois ou
dans les mois qui suivent, sa véritable bonne foi quant à la
poursuite des négociations réelles pour nous et pour les secteurs
qui ne sont pas affectés par le front commun.
Je pense que, si le gouvernement veut vraiment nous démontrer
qu'il entend négocier, à ce moment-là, il devra le faire
par ses représentants gouvernementaux à la table des
négociations.
Vous pourrez prendre connaissance du projet de convention collective.
Comme il est assez complexe, je ne pense pas qu'on pourrait en discuter en deux
minutes. Il y a plusieurs points intéressants dans cette convention
collective. Nous demeurons disponibles pour fournir toutes les explications
nécessaires à la commission parlementaire, mais nous vous
saurions gré de nous laisser aussi tout le temps nécessaire pour
essayer de compléter la négociation.
Quant aux suggestions d'arbitrage, il est bien évident que sur le
normatif, il serait préférable, à notre point de vue, que
le gouvernement ne décide pas de nous écarter de l'application de
la loi, de nous donner au moins l'arbitrage obligatoire sur les clauses
normatives, plutôt que la détermination unilatérale des
conditions de travail par l'employeur.
Quant à l'aspect pécuniaire, je me demande s'il ne serait
pas possible que les conditions du décret soient soumises pour
étude à la commission parlementaire de la Fonction publique,
après l'adoption du décret. Il est bien évident
aussi que la suggestion de Me Isabel, concernant la publication du
décret et une période tampon pour faire des
représentations au cabinet pour que ce dernier change le décret,
est extrêmement nécessaire comme, d'ailleurs, ça s'est
révélé très utile dans le domaine de la
construction. Merci beaucoup.
M,LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Etant donné qu'un certain nombre des commentaires
qui ont été faits portent sur la même question que celle
soulevée par le cartel, je ne ferai pas de commentaires pour
répéter ce que j'ai dit tantôt.
M. le Président, je voudrais simplement apporter une
précision quant à la deuxième question soulevée. On
nous assure que le bill 19 n'a pas d'effets sur le bill 46, pour autant qu'il y
a des structures qui sont conformes au bill 46.
Il y a au moins cette précision qui est apportée et on me
dit que ça a été étudié avec beaucoup
d'attention.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: J'aurais aimé que le premier ministre puisse se
libérer plus tôt pour entendre Mlle Blaker expliquer qu'elle
comprenait mal les propos tenus hier par le premier ministre.
Je pense qu'elle aurait pu le convaincre qu'elle n'est pas la seule
à mal comprendre l'attitude du gouvernement parfois. Mais, de toute
façon, je retiens des propos du procureur qu'il y a différents
embêtements assez majeurs quant à leur situation. D'abord, il a
repris la difficulté que représentait le délai assez
court; il a également mentionné les particularismes qui ne sont
pas respectés concernant un syndicat local dans un secteur,
évidemment, donné; il a fait mention du fait qu'il voulait
être assuré de la disponibilité des
négociateurs.
Mais je couronnerais tous ces propos par une simple question: Est-ce que
le procureur en question serait satisfait s'il y avait un mécanisme de
médiation ou d'arbitrage garanti immédiatement par le
gouvernement et est-ce qu'il restreint strictement cet arbitre aux questions
normatives ou si, par extension, il pourrait même y ajouter les questions
pécuniaires?
M. ROBERT: Nous serions pleinement satisfaits si le code du travail
continuait à régir nos relations parce que, quant à nous,
il n'y avait pas de différend. Nos négociations allaient bien, on
voulait continuer à négocier et on veut encore continuer à
négocier. Maintenant, si on nous dit que les règles du jeu sont
changées, que c'est la loi 19 qui s'applique, je dirais, pour prendre le
moindre des deux maux, que j'aimerais avoir une solution d'arbitrage
obligatoire, au moins sur les clauses normatives, mais ce, après un
délai suffisant pour permettre de savoir si on s'entend ou si on ne
s'entend pas. Là encore, on ne le sait pas si on s'entend ou si on ne
s'entend pas, parce qu'on ne l'a pas dit encore, parce qu'on n'a pas eu le
temps de se le dire avant que la loi soit adoptée.
M. LOUBIER: Dans le contexte actuel, vous seriez
réconfortés en tout cas d'avoir l'assurance qu'un arbitre
quelconque, peu importe son nom encore une fois si l'on veut
éviter de jouer sur les mots ou sur les personnes que, comme
mécanisme, il y ait cet instrument de médiation...
M. BURNS: Est-ce que je peux poser une question? Est-ce que le conseil
de la nation du député de Bellechasse pourrait servir de
médiateur là-dedans?
M. LOUBIER: Non, mais il pourrait servir de leçon au
député de Maisonneuve pour bien des questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour instruire ses confrères du front
commun.
M. LOUBIER: La réponse, c'est... M. ROBERT: Oui, à cette
question. M. LOUBIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: On a mentionné tout à l'heure qu'on avait
paraphé X clauses, c'était très peu. Combien de clauses
ont été paraphées?
M. ROBERT: Je ne pourrais pas vous dire le nombre exact.
M. LATULIPPE: En pourcentage?
M. ROBERT: Vous avez reçu, dans la documentation, à la
fois le projet, les procès-verbaux de négociation et les clauses
paraphées.
M. LATULIPPE: On vient de les recevoir.
M. ROBERT: Vous venez de les recevoir. Environ quinze paragraphes, pas
des clauses, quinze paragraphes de clauses paraphés.
M. LATULIPPE: Cela représente en pourcentage?
M. ROBERT: Cela représente une infime partie de la convention
collective. Je n'ai pas fait le pourcentage, mais c'est très peu.
M. LATULIPPE: Merci.
M. VEILLEUX: Combien de séances? M. ROBERT: Six séances de
négociation. M. VEILLEUX: De combien d'heures?
M. ROBERT: D'ailleurs, ce sont des clauses qui ne sont pas litigieuses;
tableaux d'affichage... A savoir s'il va y avoir un ou deux tableaux
d'affichage dans l'hôpital.
M. LATULIPPE: Si je comprends, il n'y a presque rien de fait.
M. ROBERT: C'est à peu près ça. Mais ce n'est pas
à cause de la mauvaise volonté des parties, c'est à cause
du temps.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas à refaire les
remarques que j'ai faites tantôt à la suite de l'intervention de
Me Isabel. Je pense que ce sont les mêmes qui s'appliquent en ce qui me
concerne, sinon avec plus de force cependant. Pour des raisons absolument
indépendantes de la volonté du groupe représenté
par Mme Blaker et Me Robert, ils ont commencé à négocier
seulement au début de l'année 1972. Alors, je pense que les
remarques que j'ai faites tantôt, je n'ai qu'à faire trois traits
de plume en dessous et à les répéter de façon
identique.
M. LE PRESIDENT: Nous vous remercions beaucoup au nom des membres de la
commission. J'inviterais maintenant M. Noël Lacas au nom du Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique.
Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique
M. LACAS: Vous ne m'avez pas donné l'occasion de m'en aller avant
6 heures. Ce sera très bref. La participation du Syndicat des agents de
la paix de la fonction publique sera très brève. Comme vous le
savez, le bill 55 prévoit que le Syndicat des agents de la paix n'a
droit ni à l'arbitrage, ni à l'affiliation à une centrale
syndicale, ni à la grève. Alors, nécessairement quand nous
sommes obligés de cesser de travailler, ce sont des vacances. Si nous
sommes présents ici cet après-midi, c'est que nous avons
reçu un télégramme à cet effet. Ce n'était
pas notre intention de venir, parce que nous considérons que nous ne
devrions pas être protégés par la loi 19 et parce qu'il
semble que, dans la loi 19, vous avez exclu l'Hydro-Québec qui pourtant
avait un droit légal de grève. Mais le bill 55 nous dit que nous
n'avons pas droit à la grève. Alors, vous ne pouvez pas nous
enlever ce que nous ne possédons pas. Je mesure seulement 5' 2" et
même si vous disiez: Nous allons vous descendre à 5' 6" ou 5' 7",
vous ne réussiriez pas. Vous ne pouvez pas m'enlever ce que je n'ai pas.
Alors, je considère que nous ne sommes pas affectés par la loi 19
et que vous auriez dû prévoir cette chose dans cette loi, à
ce moment-là.
Mais je profite de la circonstance parce que cela fait quand
même cinq ans que nous le demandons de pouvoir venir vous dire un
peu ce que nous pensons de votre système au point de vue des relations
de travail en ce qui concerne le Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique. Nous sommes aussi en arrière que le tableau qui est
là-bas, à peu près 150 ans en arrière des autres.
Nous n'avons rien; nous sommes obligés de prendre ce que vous nous
donnez.
En 1968, quand nous avons négocié notre convention
collective de travail, il y avait un ministre d'Etat à la Fonction
publique à ce moment-là qui nous a approchés quand
même à $568 de moins que le fédéral. Si je prends la
formule du ministre L'Allier d'aujourd'hui en 1973, je ne serai que $2,753 en
arrière du fédéral. Si cela signifie avancer dans la
société, je me demande où nous allons.
C'est la raison pour laquelle il y a eu un arrêt de travail parce
que, le 27 février 1970, j'ai soumis un mémoire au ministre
L'Allier dans lequel nous lui suggérions le système ressemblant
à celui de la Sûreté du Québec. J'avais d'ailleurs
soumis le même mémoire auparavant au ministre Cournoyer et au
ministre Masse qui étaient là. Vous comprenez, si je vis aussi
vieux que la vitesse à laquelle vous allez au gouvernement, je vais
vivre jusqu'à 150 ans.
Alors, je considère que nous ne sommes pas affectés par la
loi 19 et que nous n'avons pas affaire ici. Par contre, nous aimerions beaucoup
que vous puissiez nous recevoir. Nous vous déposerions à ce
moment-là un mémoire, le même mémoire d'ailleurs que
nous avons soumis aux différents ministres dans le temps avec
l'espérance qu'il sera entendu par plus de personnes que les ministres
qui l'avaient entendu dans le temps. Nous pourrions vous faire un portrait
exact de la situation des agents de la paix de la fonction publique que nous
considérons comme étant de la famille des policiers. Et
d'ailleurs, le 27 avril 1970, quand j'avais déposé le projet du
syndicat, celui-ci était global, politique salariale incluse.
J'avais noté à ce moment-là à M.
Gérin qu'il n'y avait peut-être qu'une seule demi-heure de
négociation, c'était au moment du dépôt du projet,
et le ministre L'Allier n'était même pas présent.
J'avais cru aussi, qu'il y avait deux solutions au problème: soit
un système d'arbitrage ou un système de grève.
Actuellement, nous n'avons ni l'un ni l'autre. Alors, vous ne pouvez quand
même pas nous accuser d'avoir fait quelque chose qui n'est pas permis par
la loi!
Tout ce qu'on vous demande c'est pour cela que je suis bref, je
veux donner la chance aussi à d'autres de parler c'est que nous
du
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique, nous ne nous
considérons pas assujettis à la loi 19 et que, même si vous
sortiez un décret le 1er juin, vous ne pourriez tout de même pas
nous ôter ce que nous ne possédons pas déjà, parce
que en vertu de la loi 55, nous n'avons pas le droit à la grève,
nous autres, les agents de la paix.
Je voudrais également que vous profitiez de la circonstance, dans
une atmosphère peut-être un peu plus froide que les circonstances
actuelles, pour nous permettre de venir devant une commission parlementaire
particulière pour discuter de tout le problème des agents de la
paix dans la fonction publique. Je veux bien croire qu'à
l'intérieur de tous les employés qui travaillent dans la fonction
publique nous sommes un nombre extrêmement restreint, mais il reste quand
même que nous avons aussi voix au chapitre. Et si vous ne voulez pas,
nous vous rappelons que nous avons fait confiance au gouvernement. Quand nous
avons fait un arrêt de travail d'un mois, du 5 février au 5 mars,
le négociateur patronal, Me Drouin, a dit: Cessez donc votre arrêt
de travail et venez négocier! Alors nous avons mis fin à notre
arrêt de travail et nous sommes venus négocier. Cela n'a pas
avancé. Cela a reculé. J'ai l'impression que nous n'aurions pas
dû nous arrêter et nous aurions peut-être été
plus avancés.
Le 13 mars 1972, ça, c'est bien avant que sorte la loi, j'ai
écrit une lettre à Me Richard Drouin à peu près
dans les termes suivants: Lors de notre dernière séance de
négociation, le 10 mars 1972, le Syndicat des agents de la paix de la
fonction publique, devant la lenteur des négociations entre le
gouvernement et notre syndicat, vous avait demandé de convoquer la
commission parlementaire vous voyez que nous ne sommes pas contre, nous
l'avions demandée nous-mêmes avant même que vous n'y pensiez
afin que nous puissions soumettre tout notre problème devant les
membres de cette dite commission. Vous m'aviez alors demandé de vous
soumettre par écrit les raisons de cette demande de convoquer la
commission parlementaire toujours particulière c'est pour
ça que je ne veux pas m'étendre trop longtemps parce que j'en
aurais pour quatre heures à vous dire ce qui ne va pas chez vous.
Je n'ai pas l'intention de m'étendre longuement sur le
mémoire que j'avais l'intention de présenter mais strictement sur
quelques points que j'aimerais discuter devant la commission parlementaire
parce qu'il semble qu'il n'y a que devant vous que nous pouvons dire quelque
chose. Les autres ne nous écoutent pas. Il y a la question de la
classification actuellement. Il reste quand même qu'à l'expiration
de la convention collective nous étions censés avoir notre
classification et nous ne l'avons pas encore. On nous a dit: On va s'entendre
sur l'intégration et après ça on s'entendra sur la
classification. On va s'entendre sur un montant forfaitaire. Je crois bien!
Nous avons fait du temps supplémentaire depuis ce temps-là et
vous ne voulez pas nous le payer.
Nous aimerions aussi discuter du statut particulier parce qu'il faut
bien penser à une chose, c'est qu'à l'intérieur du
syndicat des agents de la paix, il y a 2,400 membres environ et les trois
quarts sont des gardiens de prison. Le gouvernement fédéral a
bien plus de considération pour ses agents de la paix que vous en
avez.
En fait, d'ailleurs, je l'ai soumis devant la commission Lavery et le
rapport de cette commission Lavery a été envoyé au
ministre L'Allier. J'espère qu'il en a pris connaissance parce qu'il y
avait de tout là-dedans. S'il n'en n'a pas pris connaissance, disons que
nous le déposons et il pourra le lire et en prendre connaissance. Il
saura à ce moment-là que nous gagnons $2,000 de moins et que
ça nous prend $2,000 de plus pour en venir à une entente sur les
salaires, pour avoir un salaire convenable au sein de la fonction publique en
ce qui concerne les agents de la paix. Vous me direz que c'est une affaire de
rien, mais il reste quand même que le gouvernement fédéral
a beaucoup plus de considération là-dessus que le provincial. Il
a aussi une politique salariale qui ressemble peut-être à celle du
provincial pour l'ensemble des employés.
Mais en ce qui concerne les gardiens de prison, M. Goyer, le ministre
actuel, semble avoir passablement plus de considération que vous
là-dessus.
Imaginez que nous avions sept échelons dans l'échelle de
salaire. Nous en avons demandé cinq, nous trouvions cela normal. La
police provinciale avait cinq échelons; la police
fédérale, cinq échelons; les gardiens de prison du
fédéral, cinq échelons; nous en avions sept. Nous nous
sommes pensés bien fins, nous nous sommes dit: Nous allons en demander
cinq. On va nous donner la même chose que les autres, nous ne sommes pas
plus bêtes. Ils ont aboutis avec neuf échelons, pour faire
changement.
Après ça, ils ont fait une concession, ils sont descendus
à huit, ils n'ont même pas augmenté le salaire. On est
rendu qu'on est obligé d'accepter un salaire qui équivaut
à peu près à 75 p.c. des salaires du fédéral
alors que quand M. Masse était ministre d'Etat à la Fonction
publique, nous avons atteint un niveau de 97.5 p.c. Si c'est ça que vous
appelez avancer à la fonction publique, je pense qu'il y en a qui
devront aller voir dans le dictionnaire pour voir ce que ça veut dire
"avancer".
Je me restreins parce que je vous dis franchement que... j'en ai gros
sur le coeur. D'ailleurs je pense que j'interprète ici la pensée
des agents de la paix de la fonction publique aussi. Considérez-vous
comme chanceux que je n'aie pas laissé parler mon président.
Je vais être très bref parce que je sais qu'il y en a
d'autres. J'ai demandé moi-même de passer
avant six heures parce que je sentais qu'on était pour s'en
retourner la semaine prochaine; je ne veux pas retarder d'autres personnes.
Nous prétendons que nous ne sommes pas assujettis à la loi
19, nous ne devrions pas être assujettis à la loi 19 et tout ce
que nous demandons au ministre L'Allier, c'est de prendre connaissance des
mémoires que nous avons soumis aux différents ministres qui se
sont succédé. S'il n'y avait que cela de succès dans notre
patente, ce ne serait pas trop trop mal.
On pourrait quand même subir un tribunal d'arbitrage, sensiblement
le même que celui de la police provinciale. Mais comment voulez-vous nous
ôter, dans une loi qui s'appelle la loi 19, un droit de grève que
nous n'avons déjà pas d'avance. Nous considérons que nous
ne sommes pas assujettis à la loi 19. On vous avait dit
immédiatement d'ailleurs que, même si vous émettiez un
décret le 1er juin, qui nous engloberait, nous avons fait une bataille
pour le contester, ce n'est pas une bataille du point de vue législatif,
ce serait une autre sorte de bataille. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: Très peu de commentaires, M. le Président,
sauf que nous avons entendu le représentant du Syndicat des agents de la
paix et je vais relire certains rapports qui ont été
déposés, que j'ai déjà lus dans le temps et que,
par ailleurs, le droit de grève n'existe pas pour les agents de la paix
pour des raisons qui apparaissaient évidentes en 1965, qui ne sont
peut-être plus les mêmes.
L'arbitrage dans le domaine de la fonction publique est mis de
côté par le gouvernement comme tel. Tout ce que je peux dire au
représentant des agents de la paix, c'est que, s'il n'est pas satisfait
du rythme des négociations, nous pouvons tenter de part et d'autre de
l'accélérer et de faire en sorte que nous puissions en arriver
à des ententes qui seront satisfaisantes pour eux comme pour le
gouvernement et la population. Les offres qui ont été faites
jusqu'ici nous apparaissaient raisonnables. Elles ne semblent pas l'être
suivant l'avis du représentant des agents de la paix. Je crois, si ma
mémoire est exacte, que nous avons dit également que ces offres
seraient rajustées en fonction de ce qui serait donné ultimement,
par exemple à la fin des négociations, dans l'ensemble du secteur
de ceux qui ont le droit de grève, et c'est dans cette optique-là
que je reçois les commentaires du représentant des agents de la
paix.
M. LACAS: II faut bien noter, M. le Ministre, que, jusqu'au 3
février 1971, nous avions effectivement l'impression que nous
négociions à une table sectorielle. Mais une proposition du 3
février de la part du gouvernement disait textuellement ceci:
"Toutefois, il convient de payer les nouvelles échelles de traitement
déposées le 9 décembre 1971 à tous les
employés couverts par les nouveaux plans de classification et ce,
à compter du 5 août 1971. Par ailleurs, si des changements aux
dispositions relatives à la rémunération intervenaient
dans les autres secteurs public et parapublic, susceptibles d'entraîner
des modifications aux échelles de traitement des agents de la paix, le
gouvernement convient de tenir compte de ces modifications dans ses discussions
ultérieures avec le syndicat."
Jusqu'au 3 février, nous avions l'impression de négocier
tout seuls, mais le 3 février vo.us nous avez "embarqués" d'une
façon bien indirecte dans le front commun. Si vous êtes pour nous
"embarquer" dedans, dites-nous-le tout de suite. Vous allez voir que nous ne
serons pas négligeables à l'intérieur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aimerais tout d'abord
adresser des remerciements pour le témoignage qui a été
apporté. H prouve une chose, c'est que, quoi qu'on en pense, je suis
souvent plus près du fédéral que le gouvernement
libéral actuel.
M. GARNEAU: Cela dépend...
M. MASSE (Montcalm): Cela dépend. M. le Président... Ne
partez pas en peur...
M. GARNEAU: Non, mais quand même il y a des
vérités...
M. MASSE (Montcalm): Oui, les vérités ont
été dites. M. le Président, il reste quand même un
problème. Depuis 1965 le ministre de la Fonction publique l'a
souligné à l'époque, on a considéré
les agents de la paix comme des parapoliciers, mais sans les inclure dans le
système de la Sûreté du Québec et sans pour autant
non plus les inscrire dans le code du travail général des
employés des secteurs public et parapublic.
Je pense que l'expérience prouve depuis ce temps-là, qu'il
y aura lieu pour le gouvernement de prendre une option. Ou il considère
les agents de la paix au même titre que les gens de la
Sûreté du Québec et les inclut dans la négociation
de ce genre avec un comité paritaire enfin les mêmes
modalités que pour la Sûreté du Québec ou au
contraire, il décide qu'ils sont des fonctionnaires au même titre
que les autres, parce qu'il y a aussi, depuis ce temps, dans l'administration
publique, des gens qui sont très près des agents de la paix et
qui pourtant sont considérés comme fonctionnaires. Cette
décision amènerait les agents de la paix à être dans
le syndicat général des fonctionnaires du Québec. Encore
là, ce n'est pas
une décision que le gouvernement peut prendre aujourd'hui
à cette table de négociation, mais il serait bon de profiter des
remarques qui ont été formulées par l'agent syndical des
agents de la paix, pour que le gouvernement mette dans son bagage de
réflexions pour les jours à venir, ce problème, quitte
à un moment donné à en faire part à la Chambre par
voie législative ou par un décret, puisque c'est une formule
qu'on emploie de plus en plus dans les relations de travail, un décret
pour les aviser de cet aspect du problème.
Il était entendu en 1965 que les agents de la paix n'avaient pas
droit de grève et que c'est la raison pour laquelle ils n'étaient
pas mis dans le secteur des fonctionnaires. Pourtant depuis ce temps, un
arrêt de travail de près d'un mois, si je me souviens bien, ou un
peu plus d'un mois, a eu lieu il y a quelques semaines. Le gouvernement n'a pas
réagi, n'a pas adopté de loi spéciale pour obliger les
agents de la paix à revenir au travail, n'a pas demandé des
injonctions avec pénalités très lourdes par les tribunaux.
C'est donc qu'il a considéré qu'il pouvait y avoir un arrêt
de travail ou une grève appelez ça comme vous voulez
de la part des agents de la paix, sans mettre pour autant l'ensemble du
système de sécurité publique en danger. Le gouvernement a
presque fait le test, si je peux dire, d'un arrêt de travail dans ce
secteur et pourrait, partant de là, apporter les modifications aux lois
présentes et les inclure dans le secteur des fonctionnaires.
M. LACAS: Alors tout ce que je demande, M. le Président, c'est de
nous convoquer à une commission parlementaire particulière et,
à ce moment-là, nous allons nous expliquer, non pas strictement
sur le plan de la convention, mais aussi sur le plan du bill 55, même sur
le code du travail et nécessairement sur toutes les implications qui
sont apportées là-dedans. Vous allez comprendre facilement
qu'actuellement j'aime beaucoup mieux que vous nous oubliiez pendant quelques
semaines pour vous permettre de penser aux autres et après cela nous
pourrons revenir et vous pourrez vous arrêter plus longuement sur notre
problème. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE : J'ai seulement deux questions.
Vous négociez depuis combien de temps et combien de clauses sont
paraphées actuellement?
M. LACAS: Pour dire sérieusement, nous négocions depuis
cinq ans mais on a quand même dépoli notre projet le 27 avril
1970.
Je dois vous dire qu'en pourcentage, c'est bien arbitraire comme
chiffres. Mais 50 p.c. des clauses sont restées dans le statu quo, il y
a 5 p.c. à peu près d'amélioration très
légère dans les clauses et 40 p.c. de recul sur le statu quo.
C'est une très belle situation.
M. LATULIPPE: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Nous allons maintenant ajourner la
commission à demain après-midi, quatre heures, en informant ceux
qui voudront se présenter demain que, demain soir, également, la
commission siégera.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plait.
M. BURNS: Est-ce qu'on peut s'attendre à recevoir le fameux
document en trois parties de la partie syndicale pour demain?
M. LE PRESIDENT: Très certainement demain après-midi.
M. BURNS: Certainement demain après-midi, ça veut dire
qu'on ne pourra pas non plus commencer à en discuter demain.
M. LE PRESIDENT: Non. M. BURNS: C'est d'accord. (Fin de la séance
à 18 h 2)
Séance du jeudi 27 avril 1972
(Seize heures cinq minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
Fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Nous avions pensé pouvoir vous remettre les documents transmis
à la commission par le front commun. Cependant, on nous a
informés que ces documents pourraient être disponibles ce soir.
Nous continuerons donc à entendre les organismes invités, en
commençant cet après-midi...
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le secrétariat va les
déposer à nos bureaux, au bureau de chaque
député?
M. LE PRESIDENT: Au bureau des membres de la commission.
M. MASSE (Montcalm): Des membres de la commission, à nos bureaux
comme...
M. LE PRESIDENT: Nous prendrons les arrangements nécessaires
à cet effet.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le premier organisme invité, la
Fédération des employés municipaux et scolaires du
Québec et son porte-parole, M. René Bélanger,
président.
Fédération des employés
municipaux et scolaires du Québec
M. BELANGER: Voici, M. le Président, je représente la
Fédération des employés municipaux et scolaires du
Québec qui groupe 2,200 employés de soutien des commissions
scolaires, répartis dans 39 syndicats. Mais ces 39 syndicats
détiennent 125 accréditations du commissaire enquêteur en
chef du ministère du Travail. Nous avons déposé entre les
mains du secrétaire nos demandes syndicales avec une lettre explicative
et un mémoire qui a été remis hier, mais qui porte
exclusivement sur notre politique salariale.
Evidemment, lorsque nous avons appris que le gouvernement avait
adopté la loi 19, nous avons été surpris. Comme l'ont dit
les autres délégués qui m'ont précédé
hier, entre autres, les représentants du SPIC et des infirmières
unies, nous n'étions pas en grève et, en fait, disons que nous ne
croyons pas que cette loi devrait s'appliquer à nous.
J'ai écouté attentivement les représentations qui
ont été faites, de même que j'ai écouté aussi
attentivement la réponse du ministre de la Fonction publique qui nous a
laissé entendre qu'il y avait eu une erreur et qu'elle serait
probablement corrigée. C'est pour ça que je ne voudrais pas
m'attarder tellement au bill 19 parce qu'en fait il ne nous concerne pas; nous
n'étions pas en grève, c'est une loi qui a été
adoptée pour mettre un frein à la grève. Alors, comme nos
négociations étaient en cours avec peut-être une dizaine de
séances de négociation, nous croyons que cette erreur devrait
être corrigée le plus tôt possible. Autrement, nous croyons
que le gouvernement ne devrait pas, du moins, nous traiter de la même
façon que ceux qui ont acquis le droit de grève, qui l'ont
utilisé et qui ont fait des choses graves ou non, je ne sais, qui ont
amené le gouvernement à mettre un frein à cette
grève.
Le problème qui se pose à notre fédération
est le suivant. D'abord, c'est la première fois, cette année, que
nous négocions une convention collective à l'échelle
provinciale. Dans les hôpitaux, cela existe depuis quelques
années. Dans le cas des infirmières et des CEGEP, c'est la
même chose. Mais pour les employés de soutien des commissions
scolaires, c'est la première fois. Alors, évidemment, il y a un
problème, quant à nous, qui est le suivant. Actuellement, nous
avons seulement 38 conventions collectives qui sont expirées,
c'est-à-dire qu'au 30 juin 1971 nous avions 38 conventions collectives
qui étaient expirées. Il y en a 43 qui expirent le 1er juillet
1972 et il y en a quelques-unes qui expirent en décembre 1973. Vous
voyez un peu dans quelle situation nous sommes. Nous sommes forcés de
négocier pour des conventions collectives qui ne sont pas encore
terminées. Je comprends que le bill 46 prévoyait que ces
conventions collectives devaient se continuer jusqu'à
échéance. Mais la loi 19 ne le prévoit pas. Cela nous
cause un problème.
Quant au deuxième problème, il s'agit pour nous de
refondre dans une seule convention collective tous les avantages acquis depuis
des années de négociation et d'arbitrage, parce que, jusqu'en
1964, nous étions assujettis à la Loi concernant les corporations
municipales et scolaires et leurs employés qui nous obligeait à
soumettre tout différend à un tribunal d'arbitrage. Nous avons eu
aussi quelques grèves, très courtes. Alors, tous ces
avantages-là ont été acquis et il n'est pas facile de
prendre 125 conventions collectives et de refondre cela dans une seule
convention. C'est un autre problème.
Il y en a un troisième. C'est que nous sommes conscients que la
CSN représente les employés de soutien, que la FTQ en
représente moins parce qu'il paraît que, d'après les
calculs de la Fédération des commissions scolaires, nous avons
plus d'employés de commissions scolaires affiliés à notre
fédération que la FTQ n'en a. Je parle exclusivement du domaine
des commissions scolaires. Je ne parle pas des CEGEP, ni des
universités. Alors, ces gens-là ont aussi un projet de convention
collective. Ils ont présenté un projet de convention collective
et nous sommes bien conscients que le gouvernement est intéressé
à ne signer qu'une seule convention collective avec les trois
groupes,
c'est-à-dire trois conventions collectives, mais la même
convention identique. C'est pour cela que, dans nos demandes, en fait, nous
n'avons pas soumis un projet de convention collective. Nous avons tout
simplement soumis des demandes et nous étions prêts à nous
asseoir autour d'une table et à rédiger des textes suivant les
demandes qui nous seraient accordées. C'est un troisième
problème.
Il y a la Fédération des commissions scolaires qui nous a
soumis une contreproposition. Evidemment, c'est une contreproposition qui a
été préparée par la Fédération des
commissions scolaires. Je n'ai pas besoin de vous dire que nous avons
décelé des clauses qui, en fait, viennent en contradiction
flagrante avec les droits que nous avions acquis. Je ne dis pas que ce n'est
pas discutable. Nous en avons causé. Nous en avons discuté
pendant plusieurs séances; je crois que la Fédération des
commissions scolaires est prête à apporter des amendements. Mais,
cela nous crée des problèmes parce que chacun, dans chaque
localité où nous avons des syndicats affiliés,
était attaché à sa convention collective, il la
comprenait. Et je vais dire, comme le disait un juge lorsque nous avions
l'arbitrage obligatoire et que les corporations municipales et scolaires
voulaient changer des textes: Pourquoi changer ça? Cela ne vous a pas
causé de problèmes. Cela a été utilisé. Cela
a été expérimenté.
Evidemment, si nous arrivons avec un nouveau projet de convention
collective, il n'y a pas de doute que cela va créer des problèmes
d'interprétation. H n'est pas facile de tout fondre ça ensemble.
C'est pour ça que nous croyons que le bill 19 devrait être
amendé pour nous permettre de continuer les négociations avec la
Fédération des commissions scolaires, négociations qui ont
été entreprises le 7 février seulement. D faut aussi
admettre que le bill 46 a été adopté au mois de juillet
et, même au mois de février, nous avons présenté nos
amendements. Je dois vous dire que nous n'avons eu les contrepropositions de la
Fédération des commissions scolaires qu'un mois plus tard, soit
le 3 mars. On a même retardé la séance à
l'après-midi parce que, nous a-t-on dit, le matin, à cause de
défectuosités techniques, le secrétaire n'avait pas pu
ramasser toutes les feuilles pour nous présenter le projet de convention
collective. Cela veut dire, à proprement parler, que nous avons
commencé à négocier en fin de février ou au
début de mars. Cela ne nous donne pas un délai suffisamment long
pour tenter d'en venir à une entente.
Je ne discute pas du fond du problème parce que, apparemment,
nous ne sommes pas ici pour ça. Je crois, et c'est d'ailleurs le voeu de
notre fédération, que ce bill devrait être amendé
pour nous en exclure. Autrement, nous ne pouvons pas admettre d'être
punis, si on peut appeler ça comme ça, parce que je
considère que la loi que vous avez adoptée est un peu une
punition à l'égard de ceux qui ont peut-être abusé
du droit de grève, peut-être pas tellement du droit de
grève, mais en tout cas de certaines prérogatives des tribunaux.
De toute façon, en ce qui nous concerne, nous n'en n'avons pas
abusé et nous ne pouvons pas admettre d'être inclus dans le bill
19. Nous espérons que la commission parlementaire fera les
recommandations voulues pour nous en exclure. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Bélanger. Le ministre de la Fonction
publique.
M. L'ALLIER: Je n'ai pas tellement de commentaires à faire. Je
pense que nous pouvons continuer à entendre les parties. Le
mémoire qui a été rédigé est bref et
résume assez bien la position que vient d'exposer M. Bélanger.
Sur ce point comme sur les autres, s'il m'apparaît à une lecture
plus intensive qu'il y a des commentaires à faire, je
préférerais les faire lorsque nous aurons entendu toutes les
parties plutôt que d'improviser à chaque fois et à chaque
mémoire. Mes commentaires, en fait, sont ceux que j'ai faits suite
à la présentation du premier mémoire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant de poser une
question à M. Bélanger j'aimerais poser une question au ministre
au sujet des déclarations qu'il a faites hier à la suite de la
lecture de certains mémoires. Il a été noté que
certaines associations, certains syndicats se trouvent fort malheureux
d'être inclus dans la loi 19. Le ministre a admis, comme nous tous
d'ailleurs, qu'il y avait là une imperfection de la loi qui était
de nature à causer des préjudices à certains syndicats;
est-ce que le ministre pourrait nous dire si, depuis hier, il a
réexaminé le problème et s'il envisage de faire une
déclaration prochainement sur les dispositions qu'entend prendre le
gouvernement pour permettre à ces syndicats qui se trouvent
touchés par la loi 19 d'être protégés et de pouvoir
poursuivre les négociations selon un échéancier
normal?
M. MASSE (Montcalm): Pour compléter cette question, parce qu'il y
a un autre point qui a été soulevé par M. Bélanger,
en plus de tout ce qui s'est dit hier, il y a aussi le fait qu'il y a des
conventions collectives qui sont en cours, qui n'ont même pas à
être négociées cette année, mais qui le seront en
cours d'application de la loi 19 jusqu'à un certain point. Cela ajoute
à la complexité du problème de la couverture du projet 19
pour des groupes qui continuaient la négociation, qui n'avaient pas
demandé la conciliation. En plus de cela s'ajoutent aujourd'hui ceux qui
n'avaient même pas entamé des négociations dans certains
domaines, puisque les conventions collectives n'étaient pas
terminées. Cela ajoute à l'imbroglio juridique de la loi 19 pour
laquelle nous aimerions avoir des éclaircissements, c'est
évident.
M. BURNS: Est-ce que je peux ajouter un autre élément
à l'imbroglio, M. le Président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette, mais...
M. BURNS: Toujours sur le même point?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, j'invoque le
règlement. Les propos du député de Montcalm, pour
généreux qu'il soit, étaient déjà inclus
dans ceux que j'avais tenus et l'exposé de M. Bélanger
était assez clair pour que le ministre perçût exactement la
dimension du problème. J'ai posé une question au ministre et
j'aimerais bien qu'il me réponde.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président...
M. BURNS: Est-ce que je peux ajouter quelque chose?
M. L'ALLIER: Moi, je veux bien, si le président...
M. BURNS : Je reccroche à ce que viennent de dire le
député de Chicoutimi et le député de Montcalm un
autre problème dont j'ai eu connaissance hier. Il y a aussi des gens qui
sont accrédités, qui sont visés par la loi et qui n'ont
pas de convention collective actuellement, donc à qui l'article 5 ne
s'applique pas. Alors, qu'est-ce qui leur arrive à eux? Vous allez leur
imposer une convention collective toute faite, si vous devez arriver au
décret?
M. L'ALLIER: M. le Président, d'abord, j'ai commencé ma
réponse à ces trois questions, deux et deux et demie, pour
éviter des querelles entre le député de Chicoutimi et le
député de Montcalm.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président, je regrette,
j'invoque le règlement, il ne s'agit pas d'une querelle, il s'agit
simplement d'une question de célérité et de
procédure; j'ai posé une question générale pensant
que les opportunistes ne profiteraient pas de l'occasion pour greffer leurs
petites questions démagogiques. Allez y, M. le ministre.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. BURNS: Je demanderais au président de rappeler le
député de Chicoutimi à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Je vais donner quelques explications qui,
j'espère, seront bien notées. Le ministre de la Fonction publique
va répondre à la question et, par la suite, comme par le
passé et pour l'avenir également, chaque représentant d'un
parti aura la parole et, par la suite, le député de Montcalm. Le
ministre de la Fonction publique.
M. VEILLEUX: Vous dites un porte-parole par parti, est-ce que le
député de Montcalm représente un parti?
M. LE PRESIDENT: Non, j'ai mentionné un représentant de
parti et par la suite...
M. MASSE (Montcalm): Une partie de la population.
M. LE PRESIDENT: Une partie de la population, c'est exact. Le ministre
de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, en réponse à la
question ou aux questions ou à la question qui a été
posée, je ne sais plus, je voudrais dire ceci: d'abord, quant à
l'application de la loi 19 à tous les groupes que nous avons entendus
depuis hier et qui ne sont pas dans le front commun, j'ai dit hier et je
voudrais répéter aujourd'hui que, avant que le gouvernement ne
fasse connaître une position, il souhaite entendre l'ensemble de ces
groupes et l'ensemble de ces représentants de travailleurs non inclus
dans le front commun. Nous ne les avons pas tous entendus.
Deuxièmement, je souhaiterais, pour ma part, que comme tous ces
groupes sont en processus de négociation, que la négociation
continue et s'accélère et très rapidement, après
avoir entendu l'ensemble des groupes de travailleurs, et compte tenu des
situations qui varient d'un groupe à l'autre. Les propos de M.
Bélanger l'indiquent. Il y a effectivement des conventions qui sont
venues, qui sont à terme, qui sont en cours de renégociation et
qui tombent sous le coup de la loi 19. Il y a des cas où les conventions
ne sont pas encore à terme, il y a des cas où il n'y a pas de
convention collective. C'est le principe que nous allons, je crois, tenter de
respecter ici.
C'est qu'une fois que nous avons entendu les parties, nous verrons de
quelle façon le processus normal de négociation, lorsqu'il n'a
pas été rompu, peut se continuer à l'intérieur de
la loi 19 ou en modifiant la loi 19, parce que l'objectif est de faire en sorte
que les processus de négociation non rompus, ne soient pas, d'une
façon législative, brisés sans motif valable. La loi 19 a
été adoptée pour les motifs que nous avons
indiqués, sur lesquels l'Opposition peut ou ne peut pas être
d'accord, c'est tout à fait son droit. Mais quant à nous, nous
allons prendre tous les moyens nous pouvons en assurer les associations
d'employés concernées pour faire en sorte que les
processus de négociation se déroulent normalement et qu'ils ne
soient pas, s'ils se déroulent normalement, brisés, interrompus,
altérés ou de quelque façon compressés, si vous
voulez, par une action législative. Ceci dit, le temps de
réflexion que
nous devons prendre ici ne doit pas être interprété
comme un moyen de pression sur les tables de négociation en question,
mais bien pour nous permettre d'analyser de quelle façon il est possible
de continuer à maintenir les objectifs de la loi 19 et de rejoindre les
objectifs premiers de la négociation.
J'en profite pour souligner que la loi 19 permet la négociation
tant avec le front commun qu'avec les associations et que ce n'est qu'à
l'expiration d'un certain délai, s'il y a à ce moment-là
encore dispute, que la possibilité d'un décret existe. Ce sont
les commentaires que je voulais faire. Je voudrais rappeler que, lorsque nous
aurons entendu toutes les parties, nous prendrons le temps de réflexion
nécessaire, mais le plus rapide possible, pour faire connaître
à l'Assemblée nationale, en particulier aux associations
d'employés, les propositions que nous avons. Ces propositions pourront
être débattues en commission parlementaire, je n'aurai aucune
objection, au contraire, et d'autant plus qu'il semble se dégager un
consensus du côté de l'Opposition quant aux groupes de
travailleurs qui sont représentés et qui ne sont pas dans le
front commun, en regard de la loi 19. Je souhaiterais, pour ma part, que ces
dispositions puissent être débattues en commission parlementaire
à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre de sa réponse qui, évidemment, ne peut pas nous
satisfaire, mais je n'exige pas davantage du ministre parce qu'il veut se
donner le temps de réflexion et c'est normal.
M. L'ALLIER: Le député m'avait posé une question
générale et il l'a lui-même dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. L'ALLIER: II ne pouvait pas s'attendre à une réponse
trop précise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais je pensais qu'il s'était
avisé qu'il pourrait nous donner des précisions aujourd'hui. J'ai
noté qu'il acceptait l'idée d'un examen par la commission
parlementaire de ce qui fait l'objet des négociations avec ces
organismes, ce qui est un progrès sur l'attitude qu'il avait prise
auparavant en ce qui concerne les demandes du front commun.
Ma question s'adresse maintenant à M. Bélanger. M.
Bélanger, est-ce que vous croyez que le délai imparti par la loi
loi 19 permettrait à vos associations, dans le cas des conventions
collectives qui sont en négociation, d'en arriver à une
solution?
M. BELANGER: Non, c'est trop court.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est trop court.
M. BELANGER: Trop court. On doit consulter nos membres et puis ça
prend un peu de temps. D'ailleurs, on essaie de faire du syndicalisme
démocratique. Pour ça, il faut prendre le temps de les rencontrer
et je pense que c'est trop court.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez reçu, dans le cas
des négociations en cours, les offres patronales?
M. BELANGER: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elles ont toutes été
présentées?
M. BELANGER: Nous avons reçu les offres patronales mais disons
que le projet de convention collective préparé par la commission
scolaire contient beaucoup de pages blanches. Enfin, ce sont des clauses
à venir. On nous a dit qu'on nous les remettrait sous peu. On a
reçu un projet de convention collective, mais avec beaucoup de clauses
à venir.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bélanger, vous nous dites et
nous le comprenons très bien que les délais sont beaucoup
trop courts. Mais quelle serait l'attitude de votre association ou de vos
associations au cas où le gouvernement devrait procéder par
décret, tel que le stipule la loi? Dans quelle situation vous
trouveriez-vous?
M. BELANGER: Je vous avoue franchement que je n'aime pas tellement les
décrets. Ordinairement, un décret, c'est imposé par le
ministre du Travail à la suite d'une entente intervenue entre des
parties, on étend les avantages à d'autres employeurs qui ne sont
pas assujettis ou enfin qui ne sont pas partie au décret. Ordinairement,
un décret, c'est le résultat d'une entente. Evidemment, il
faudrait nécessairement qu'il y ait une entente. Si c'est un
décret qui nous arrive sur la tête comme ça, pour des
conventions collectives qui expirent le 30 juin cette année, qui
expirent en 1974, j'ai l'impression que les gens touchés par ces
décrets-là ne seront pas de bonne humeur, et il y en a pas mal
dans votre région. Disons que la région du Saguenay et du
Lac-Saint-Jean, c'est la région où on a le plus de
syndiqués.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Bélanger, hier, ces gens
qui sont venus devant nous ont parlé de la nécessité d'un
examen de ce décret et d'une négociation de ce décret.
M. BELANGER: Evidemment, si nous avions l'avantage de prendre
connaissance et de faire des commentaires, c'est clair que ce serait
mieux que si le décret nous était imposé sans
discussion.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que vous avez
envisagé la possibilité ou l'hypothèse d'un arbitrage dans
le cas où le gouvernement..
M. BELANGER: Je vous avoue franchement que l'arbitrage, nous l'avons eu
pendant des années.
Enfin, disons que nous n'étions pas tellement défavorables
à l'arbitrage, en ce qui nous concerne, dans le cas des corporations
municipales et scolaires, parce que vous savez que la loi 13, George VI,
chapitre 26, nous a régis pendant un bon nombre d'années. Or, en
1964, le gouvernement a décidé à quinze jours d'avis de
nous donner forcément le droit de grève parce que, dans le temps,
nous étions satisfaits de l'arbitrage obligatoire.
Je comprends que le droit de grève est un droit naturel, et
d'ailleurs on ne s'y est pas opposé et on a réussi pas mal,
même avec la grève. Il y a des malins qui disaient entre
autres, l'ancien secrétaire général de la CSN, M. Marchand
que c'est parce qu'on n'était pas capable de faire de
grève, mais je pense qu'on a prouvé depuis ce temps-là
qu'on était capable de les faire, de les faires courtes, de les faire
avec succès.
Evidemment, l'arbitrage obligatoire, dans le temps, il y avait pas mal
d'arbitres entraînés à cela, je ne dis pas qu'il n'y en a
plus, mais il y avait un rouage parce que tout allait à l'arbitrage,
dans le temps. Je ne dis pas que nous serions contre l'arbitrage obligatoire.
Je vous avoue franchement, un ou l'autre, ça m'est absolument
égal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans votre esprit, appelons ça
arbitrage ou arbitre ou n'importe quoi, vous accepteriez que les cas puissent
être soumis à un conseil, à un mécanisme quelconque
qui permettrait de dénouer certaines situations d'impasse.
M. BELANDGER: Nous n'aurions pas d'objection à l'arbitrage.
Disons que nous aimons mieux... enfin, étant donné qu'on nous a
accordé le droit de grève, même si on n'a pas tellement
insisté pour l'avoir, aujourd'hui nous l'avons, évidemment, on y
a goûté. Disons que ça nous a été favorable,
en ce qui nous concerne. L'arbitrage obligatoire, je vous avoue franchement que
je ne le craindrais pas, parce que l'expérience a prouvé que,
pendant les quinze années que nous avons été régis
par la loi 13, George VI, les conditions de travail des employés
municipaux et des commissions scolaires se sont améliorées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'ai remarqué que la
fédération, par son porte-parole, M. Bélanger, a fait une
demande bien concrète; une demande d'exclusion de la loi 19. Je
m'adresse au ministre: Est-ce que je voudrais que ce soit bien clair
c'est possible que cette fédération soit exclue de la loi
19?
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais référer
le député au journal des Débats d'hier et d'aujourd'hui.
J'ai déjà répondu à quelques reprises à
cette question et je souhaiterais, pour ma part je vais le
répéter encore une fois entendre l'ensemble des parties
qui ne font pas partie du front commun, qui n'étaient pas en
grève et qui sont touchées par la loi 19. J'aimerais
également, sur des propositions que nous pourrions faire alors que les
négociations se poursuivent normalement et sur des propositions que nous
pourrions faire en commission parlementaire, entendre les parties avant
d'annoncer quelque décision du gouvernement.
M. GUAY: Je m'excuse d'avoir été absent hier, M. le
Président. J'avais une motion, j'étais parrain d'une motion en
Chambre. M. Bélanger, est-ce que vous avez participé à une
table sectorielle?
M. BELANGER: Oui.
M. GUAY: Combien de séances de négociation avez-vous
eues?
M. BELANGER: Ce furent des journées de séance;
peut-être quatre ou cinq. Disons que les deux dernières ont
été annulées pour des raisons particulières, c'est
parce que j'étais pris ailleurs hier. Nous devions avoir trois
séances cette semaine, trois jours, et à cause de la commission
parlementaire, cela a été annulé.
M. GUAY: Est-ce que nous pouvons vous demander combien de clauses ont
été acceptées jusqu'à maintenant?
M. BELANGER: II n'y en a pas eu d'acceptées.
M. GUAY: Aucune?
M. BELANGER: Nous avons discuté du projet de la
Fédération des commissions scolaires et voici pourquoi. Je l'ai
expliqué tout à l'heure. Nous n'avons pas pensé à
préparer un projet de convention collective parce que nous savions que
la CSN en présenterait un et nous savions que la FTQ en
présenterait un aussi. D'ailleurs, c'est le même pour les deux.
Alors, nous n'avions pas d'objection à nous inspirer d'un projet des
deux groupements ainsi que de
la contreproposition de la Fédération des commissions
scolaires. Et comme la CSN et la FTQ ont présenté leur projet le
29 décembre et, le lendemain, elles ont demandé la conciliation,
cela nous embêtait passablement de commencer à discuter du projet
avant même qu'elles commencent à discuter. Nous avons tout
simplement discuté de la contreproposition de la
Fédération des commissions scolaires. Nous avons corrigé
plusieurs clauses. D'ailleurs, la Fédération des commissions
scolaires a constaté que certaines clauses prêtaient à
confusion. Je ne veux pas me tirer des fleurs, mais disons que nous sommes plus
près des travailleurs que le sont les commissions scolaires et nous
sommes plus à même aussi d'interpréter les clauses de la
convention collective. Tout le monde nous le dit d'ailleurs. Quand nous
rencontrons les commissaires, ils nous disent toujours: Nous ne sommes pas des
gens à temps plein. Tandis que nous, nous vivons de cela, nos gens
vivent de leur convention collective et nous sommes plus à même de
voir les failles qu'il pourrait y avoir dans le projet de la
Fédération des commissions scolaires.
M. GUAY: Une dernière question. Croyez-vous possible d'en venir
à une entente?
M. BELANGER: Je crois que cela serait possible si la commission
parlementaire ou si le gouvernement donnait un petit mot à ses
partenaires de ne pas être trop radicaux dans leur texte et de ne pas
trop essayer de nous imposer des choses que nous ne voudrions pas avoir.
Evidemment, il y a des changements radicaux. Vous avez comme exemple les
crédits de maladie. Cela est tout changé, mais nous pouvons nous
adapter à cela. Mais quand nous avons eu des clauses de congé de
maladie et des jours cumulatifs pendant des années, peut-être
pendant une trentaine d'années, où il y a eu des sentences
arbitrales comme les crédits de maladie monnayables, où des juges
disaient, dans une sentence arbitrale: La ville accepte que ces jours de
congé de maladie soient cumulatifs, pourquoi croit-elle avoir le droit
de confisquer à son profit un crédit que l'employé a
accumulé lentement en sa faveur? Aujourd'hui, cela ne compte plus. On le
dit: Ce n'est plus monnayable. On compare cela à une assurance-incendie.
On dit que, lorsque quelqu'un ne passe pas au feu, on ne lui donne pas un
remboursement sur sa prime. Mais c'est cela qui a prévalu durant des
années. Les crédits de congé de maladie étaient
basés sur les années de service de l'employé tout comme
les fonds de pension.
M. BURNS: Je ne veux pas empêcher M. Bélanger de nous
exprimer son point de vue, mais je pense que la commission s'était
entendue là-dessus: tant que nous n'aurions pas tous les documents en
main, nous n'entrerions pas dans le fond.
M. BELANGER: Je n'ai pas d'objection.
M. BURNS: Ceci pour la meilleure compréhension des parlementaires
qui sont présents parce que n'ayant pas tous les documents en main, cela
nous est difficile de participer à ce genre de discussion.
M. BELANGER: Je voudrais seulement ajouter un mot. Il y a un
problème qui s'ajoute à tout cela et c'est le bill 27, le bill
concernant la fusion des commissions scolaires. Alors, tout cela entre
là-dedans. Nous avons un cas particulier à la régionale
Maisonneuve. Nous avons un syndicat d'employés de bureau à la
commission scolaire régionale Maisonneuve à Montréal
où il n'y a pas eu de négociation encore, parce que nous avons
été arrêtés par le bill 46. Nous avons un syndicat
d'employés manuels de 150 membres à la même commission
scolaire. Nous avons un syndicat à Chomedey qui comprend les
employés manuels, les employés de bureau et deux
accréditations qui ont été demandées pour
Laval-des-Rapides. Et tout cela se fusionne le 1er juillet. La commission
scolaire régionale disparaît pour créer la commission
scolaire Chomedey-Laval-des-Rapides-Pont-Viau. Alors, prenez une convention
collective qui touche les employés de bureau et les employés
manuels à Chomedey, une convention collective qui touche les
employés manuels à la régionale Maisonneuve, les
conditions de travail qui existent pour les employés de bureau, qui
n'ont pas été négociées mais qui sont existantes et
deux nouvelles accréditations. Le bill 27 entre dans tout cela le 1er
juillet et partout ailleurs dans la province d'ailleurs puisque, avec 1,500
commissions scolaires, on va en faire 150. Disons que cela crée des
problèmes de changement d'accréditation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je n'ai pas de question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai pas de question.
M. LE PRESIDENT: Alors, personne n'a de question? Merci beaucoup, M.
Bélanger. Les questions ont toutes été posées au
début en même temps.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que les premiers...
M. BURNS: C'est parce que nous, nous n'en posons pas pour le plaisir
d'en poser. C'est cela la différence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que nos questions étaient
intelligentes et les partenaires du front commun n'avaient rien à
dire.
M. LE PRESIDENT: Nous inviterons maintenant M. Emmet Nolan, le
président de l'Association provinciale des enseignants catholiques.
Provincial Association of Catholic Teachers
M. McKEEFREY (Patrick): Mr. President, I must apologize for the absence
of Mr. Nolan who is engaged in an old age Quebec custom at this time of the
year. He is moving. So, he regrets that he could not come, so he sent his
understudy.
My name is McKeefrey, the secretary general of the Provincial
Association of Catholic Teachers. Our organization numbers approximately 5,400
members. We are in a peculiar state in this whole affair and a number of our
members enjoy independent status as syndicates, others are in the process of
obtaining syndication they applied last May, but I regret to say that the
delays mentioned in the Labor Code have not been observed and we are still
waiting for the results of these 18 or so petitions. Others of our syndicates
are, whether they like it or not, drawn in because they are in syndicates which
are controlled by the Corporation des enseignants du Québec, drawn into
the position of the Common Front and therefore were in a very peculiar position
during the recent confrontation.
Many of our members were harassed because they insisted that they would
make their own decisions. We have some cases where people were beaten, we had
even independant syndicates interfered with and we have the peculiar case of
many of our teachers who worked through the whole affair but through a legal
technicality because they happen to be in syndicates of the CEQ, have been
refused payment for those days for which they worked. We were very happy to
hear the assurance of the minister that attention will be given to this
particular problem.
Mr President, may I apologize first for the fact that the version "en
français" is on the back page, it should have been on the front page as
befits the Province. It was a mistake.
We have said in our statement that we condemn the repressive measure of
Bill 19. We think that the government, while we hesitate to use the analogy
which we saw in the public press, used the sledge-hammer here where it was not
absolutely necessary. We do conceed of course that the government had to take
action in the state that existed, but we think that the measure is unduly
repressive in the sense that we have left no way out. If the government takes
away the right to strike then it must replace it with an alternative and we
think that the alternative of independent arbitration should have been placed
there in the bill. We are now faced with the possibility that either of the
parties or both of the parties, if you like, or those who control both of the
parties, will not see the necessity of coming to a resolution of this whole
problem by the 1st of June. This is a state, I think, that we can see in the
bill, we have evidence that there has been in the past some slowness, some
obduracy like a movable force against an immovable object in the months that
have gone ahead and we think that this situation might possibly continue and we
are just left with accepting what is dictated to us.
We think that the government took advantage of this situation for which
it must accept its share of the blame. This is not to say that the government
is completely blameworthy, but we see that there is no need to negociate and
how can we negociate so many clauses in such a short period of time? We do
admit that it is possible that the government may give some flexibility and not
entirely stick to the dead-line of June 1st.
We would like to go to the sectorial table and deal with the real
employers of the teachers. When the Ministry of Education was formed, we
welcomed it as necessary to the well-being of education in Quebec. But we think
that in some cases centralization has been carried too far. Centralization is a
mean, not an end. We think more importance is now being given to the mean than
to the end.
We would like to get back to the sectorial table with the school
commissions not only to negociate with them as real employers but to restore to
them their legal rights which we think are gradually being rubbed away since
the beginning of this centralization process. I think that you will find that
we are demanding no more, as we say in our statement, than reasonable
conditions. A salary increase taking into account the factors of inflation and
the rise in the cost of living. We are not looking for anything unreasonable,
we have read the economists, we have even read the distinguished economists who
write every Sunday in the Quebec Press, we have... this is not a commercial of
course. We have taken account of the federal position and of course you will
remember that last year or so they said a ceiling of 6 p.c. and we wondered why
the Government of Quebec goes below that. Since that time, the factors of
inflation have become steadily worse. There is, of course, an increase in the
cost of living and we think that the government should have started with the
base of that 6 p.c. and work from there, and they could have done it
scientifically.
We also ask for some measure of security of employment. We think it is
ridiculous that a teacher has to teach for three years before he has any
security.
M. L'ALLIER: Je pourrais me permettre d'intervenir ici. J'ai
l'impression que dans sa présentation, le représentant de la PACT
touche actuellement en fait le fond des questions en négociation. Par
ailleurs, notamment lorsqu'il parle, par exemple de la valeur des taux
d'augmentation des traitements qui sont accordés qui sont
proposés ou qui ont été négociés avec le
gouvernement, la tentation serait évidemment de lui poser ici un certain
nombre de questions là-dessus et d'engager le débat sur le fond.
Pour ma part, je souhaiterais, si c'est le consentement de la commission, que
le débat soit maintenu sur les sujets qui ont été
abordés jusqu'ici parce qu'alors, lorsqu'il dit que des
économistes... Tout à l'heure, on a parlé d'augmentation
de 6 p.c., je voudrais lui demander ici si ce n'est pas exact que la
majorité des enseignants reçoivent en plus des augmentations qui
sont offertes, qui sont proposées en négociation, des
augmentations statutaires qui varient entre 3 p.c. et 4 p.c. et qui viennent
chaque année s'ajouter aux augmentations. Ce qui fait que 75 p.c. ou 80
p.c. peut-être de vos enseignants étant dans des échelles
de traitement reçoivent de fait, année après année,
jusqu'à ce qu'ils atteignent le sommet de leur échelle, non pas 5
p.c. d'augmentation, mais 5 p.c. plus 3 p.c. ou 4 p.c, ce qui fait 8 p.c. ou 9
p.c. d'augmentation réelle.
Je ne voudrais pas m'engager là-dessus ici parce que c'est
toucher le fond réel du débat précisément et ce
sont des questions que nous devrons vraisemblablement discuter avec les membres
de la commission. Je tiens cependant à le souligner, parce que le
représentant de l'association l'a mentionné, pour indiquer que
nous avons l'intention d'aborder ce genre de choses-là. Si je les laisse
passer sous silence, ce n'est pas parce que je suis d'accord sur ce qui vient
d'être dit.
M. McKEEFREY: We have a situation... we understand that there are many
teachers, that about three thousand teachers are coming out of the University
of Quebec. We have a situation for approximately a thousand coming out of
McGill. We wonder what is going to happen with these young people coming on to
the labour market. We think that the government should have forseen this a few
years ago and taken steps to either restrict the entry or to make some
provisions for the employment of these people.
I would like to deal with the question of classification. We have been
engaged in this for quite a long time and not only with the "partie patronale"
but with our colleagues and other associations.
It seems to us that there is discrimination between the degrees granted
by English universities and the degrees granted by French universities and
foreign universities. This is not a French versus English affair, whatsoever.
It is simply a statement of fact that our bachelor's degree has been given 15
years and a degree of equivalent status from other universities has been given
16. We just cannot find the explanation for it. If it were explained to us that
this is so, perhaps we could see the reason, but so far we have been unable to
get any adequate explanation.
There is also the question of the employment of specialists at the
elementary level. We think that this is very important in these days of
specialization. We are, in many cases, not giving our children, particularly at
the elementary level... I must pay tribute to the government's efforts at the
high school and the comprehensive high school level in opening up a large
series of options in giving the students a wide successionnal educational
experiences, but we are not doing the same at the elementary level. We are not
giving the children at the elementary level that opportunity which they get
later on in life to develop their full potential. We are neglecting such areas
as the areas of the second language, which are very badly taught and I must
say, when I compare it with my own schooling back in Ireland where French was
compulsory, I think French was better talked in that country. We are not giving
them any education in music, in arts and we are not giving them adequate
physical exercise, facilities. All these things could be done in the elementary
school, and we would like to see more attention paid to this.
We have had no part in the Common Front, not now, not in the past.
Fifteen moths ago, we made a decision, when we saw, when we realized that the
negociation of a contract was not the paramount idea in the philosophy of the
Common Front, we decided that we would have nothing to do with it. We are in
this business for one purpose only, that is to negociate, to get the best
possible terms we can for the teachers. Negociation is the art of getting the
possible, not the impossible. So we decided that we would have no part of this.
So that we have not been bound, nor will we ever be bound by any action of the
Common Front. Only a small number of our member took strike action, 300 out of
5,400 voluntarily took strike action and they did this out of the sense of
frustration, at the slowness of négociations. They went off on their
own... and the indifference of many school boards to deal with us, even in
applying the present contract. Though, we condemned the Bill 19 as what we
think its a repressive measure, we immediately sent outward all over the
problems on Friday evening, that all our members were to obey the law. We said
this in advance in public meetings because we were not so naive to believe that
the government would not act. A week before Bill 19 was passed, and when we
took part in a mass meeting at Baldwin-Cartier, one of the teachers asked: What
would I recommend, as secretary-general, if the government pass the
legislation? I gave the same answer as we give today, we said we would
recommend that you obey the law.
So, all our members have returned to work, now, at the same time, I
cannot say to you that our members will be satisfied. To many of the teachers,
particularly in the urban areas, their bad taste of Bill 25 is not yet
disappeared and I do not know how long it will take before the
effects of Bill 19 will wear off, particularly among younger
teachers.
Finally, I would like to stress again that we condemn this excessive
concentration and centralizing of powers to which the governments have been
accomplices. So we demand the return to the sectorial table; quite frankly, we
think the common table has been a failure, events have proved this. We were
against it from the beginning, we could not see how you could negociate for
210,000 employees at one table. Those who were engaged in the first attempt of
provincial negociations knew how difficult it was even to get a contract at the
sectorial table under bill 25; it took almost two and a half years. How then
could we expect by drawing all these employees together at one table with
different conditions of work, with different principles at stake, with
different interests, how could we expect to solve this problem at one common
table? On that also, we decided we would have nothing to do with the common
table. Finally, we profoundly regret that, in all the dealings of the recent
weeks, only the common front was mentioned, only the three centrales, the CEQ,
the FTQ and the CSN were mentioned. No mention was ever made of the 30,000 or
40,000 people outside the Common Front. It was as if we never existed and we do
wish to express our resentment at this. It seems to us and we hope it is
not a foretaste of the future that the Common Front or the three
centrales are going to decide or are going to have the decisive voice in saying
what is going to happen to every worker in the public and parapublic services,
including those who are not members of the Common Front. Thank you very much,
Mr. President.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Le ministre.
M. L'ALLIER: Je n'ai pas d'autres commentaires que ceux que j'ai faits
tout à l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président. Le
représentant de la PACT a traité en réalité du fond
du problème. Il a abordé chacune des têtes de chapitre qui
font l'objet des négociations et qui ont abouti au conflit que nous
connaissons. Je ne crois pas nécessaire, conformément à
l'entente que nous avons prise ici à la commission, d'interroger le
témoin sur son mémoire, puisque ce mémoire traite
réellement de ce qui devra faire l'objet de nos discussions
ultérieures. Je note simplement, parce que cela m'a frappé, les
propos qui ont été tenus concernant le silence qu'on a
gardé, enfin l'absence de mention qu'a notée le porte-parole des
diverses associations qui ne sont pas membres du front commun et qui ne
semblent pas admettre, ce qui est normal, qu'un seul groupe d'organismes parle
au nom des 250,000 travailleurs des secteurs public et parapublic. C'est
là un aspect important du problème, nous en avons pris note et
nous aurons l'occasion d'y revenir lorsqu'il s'agira, au sens le plus strict du
terme, de définir le droit en matière de négociation et de
dire exactement quels sont les droits et privilèges des gens qui font
partie des divers organismes de syndiqués, de syndicats, quels qu'ils
soient. Alors, je veux bien m'en tenir à cela pour le moment,
considérant que nous aurons l'occasion de revenir sur les propositions
soumises par le porte-parole de l'Association provinciale des enseignants
catholiques.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou d'autres
questions?
Le ministre des Institutions financières.
M. TETLEY: M. le Président, I wish merely to say to Mr. McKeefrey
that the government and I am sure both sides of the House and of this
commission will study your document with care. I particularly congratulate you
on the fact that it is only one page long rather that an enormous document. I
add that there is interesting subject matter in your brief. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. J'inviterais maintenant M. Wendell
Sparkes, président de l'Association provinciale des enseignants
protestants à prendre la parole.
Provincial Association of Protestant Teachers
M. SPARKES (Wendell): M. le Président, je vous présente M.
Pierre Bernier, notre négociateur à la table sectorielle. Comme
vous le savez, je représente 7,100 enseignants dans le secteur
protestant; nos membres ont été en grève la semaine
passée pour obtenir un contrat acceptable.
J'appuie presque tous les points qui ont été
exposés hier et aujourd'hui par M. McKeefrey. Je ne veux pas les
répéter mais je voudrais souligner nos trois recommandations dans
notre mémoire que vous avez et parler un peu de notre texte. Je pense
aussi que vous avez reçu notre document et je voudrais lire, à la
page 7, version française, nos recommandations.
La PAPT demande l'engagement immédiat d'experts en relations
industrielles pour travailler avec les équipes de négociateurs
afin de conclure une entente satisfaisante avant le 1er juin 1972.
Deuxièmement, la PAPT recommande que les clauses maîtresses
touchant le traitement, le classement, les bénéfices marginaux,
entre autres, soient négociées à la table sectorielle et
que toutes les autres clauses soient négociées au niveau local ou
régional entre les groupes reconnus d'employeurs et
d'employés.
Troisièmement, la PAPT exhorte le gouvernement du Québec
à décentraliser les négociations dans le secteur public,
afin que les conditions et priorités locales puissent obtenir une
considération appropriée. Si vous me per-
mettez, M. le Président, je vais continuer en anglais parce que
j'y suis plus à l'aise.
I will not read the entire text of our brief but I would like to point
you some of the comments that we make. Very briefly, since 1967, we have been
tied in with Bill 25 and provincial negociations and this has been extended by
Bill 43 and Bill 12 to the present time and, as everyone knows, bill 46 tied in
even more fully with the hospital sector as well as education.
We took part in the recent strike, as I mentioned earlier, for one
reason and that is to get a collective agreement before the end of June. Just
as Mr. Bélanger mentioned, we are concerned about Bill 27 and the
disappearance of many of our school boards, and, as a result, our collective
agreements and our certification have to be changed accordingly. And we want
our members to be protected on the 1st of July, and also to have a collective
agreement before the end of the school year.
We took part in the strike because we respect the majority decision. We
worked closely with our colleagues de la Corporation des enseignants du
Québec, we have an entente voluntarily negociated between the three
corporations and we share costs, etc. We therefore became a part of the front
commun of the public sector to the extent although we disagreed with the idea
of a central table because it came one step further away from the sectorial
table that if there was any means of speeding un négociations in the
major areas, we would be party to it ; the exercise, as you know, failed.
The major areas of concern to us, we have underlined, and I think they
are also to the government, it is our understanding that the job security issue
has been misunderstood and many of the public meetings that I have attended,
job security has been over played considerably and some people think that we
are demanding that if a person is in a given job, at the present time, he keeps
this job untill he dies.
That is not my understanding of the demand and I would like to make it
very clear, as I have written here. The Education Act already provides school
boards with the legal means for dismissing incompetent, immoral or
insubordinate teachers; il also provides for procedures having to do with the
non-reengagement of the teachers.
What we are asking in this contract is that all teachers, from the first
year, have access to arbitration in case of dismissal. This is not the case at
the present time, school boards can get rid of teachers during their first two
years when they give reasons and these reasons are not subject to arbitration,
and our experience has been that some of the reasons are pretty questionable
and unacceptable.
We ask secondly that teachers whose jobs do disappear be paid while the
Quebec Placement
Bureau or some other human relations agency finds an equivalent job
elsewhere in the province or returns them somewhere to the plan that will be
working federally under the Unemployment Insurance Commission.
The sick leave. I would like to bring to your attention that I am sure
that M. Castonguay and others are aware of the weakness of the present
government offer. But it is our considerate opinion that if the government
maintains its present offer of two days and then an insurance plan for the
third day and longer, you are inviting trouble and chaos in the public
sector.
I believe this for the simple reason that if I am sick, or if you are
sick for two days, it is not very likely that you are going to go back to your
work, whether it is in a school or an office, on the third day, in a weakening
condition, in case you might have a relapse. You have lost two days'pay, it is
not likely that you are going to go back and then be sick for another two days
and end up losing four days, having worked one.
This, I think, gentlemen, is one of the biggest weaknesses in the
government offer. At the present time, any of our teachers do have a bank of
days, this we recongnize. But all new teachers will not have a bank of days and
I question the wisdom of this offer very sincerely. Mr. McKeefrey has already
touched on the classification problem. The PAPT has presented a brief to this
commission a year ago and I regret to mention that nothing has been done about
it. There is still a factor that the school system, before 1964, where people
in our sector particularly and those graduating from English language
universities in Canada, Quebec, North America, where able to obtain their first
degree more quickly than those who went throught the french system.
The classification system and the "manuel d'évaluation," which
has been adopted by the Department of Education, do not take into consideration
the new system of the high school, plus two years of CEGEP, plus the university
programme. Our colleagues who come in from other provinces are being
discriminated against; they are doing sixteen or seventeen years of schooling
and it is being recognized for fifteen or sixteen. Those of us who like
myself went through university here, in Quebec, and did sixteen years of
schooling are not being paid fairly, in my opinion. I went to school side by
side with my Québécois colleagues and they actually skipped a
year between grade 6 and 8 and they ended up being recognized for twelve years
of schooling. I did eleven years of schooling, as they did, but I get
recognized for eleven years. And this is a discrimination that we feel very
strongly about and we feel it should be rectified.
And that is why we ask for equivalence and the respect of acquired
rights in classification.
As far as work load is concerned, we know
your position. At the sector table, you have maintained that all you
want to discuss is ratio. We maintain that this is a budgetary guideline for
school boards, but teachers associations and teachers want some guarantees on
maximum class size and maximum hours of work. And it is now my understanding
confirmed by our negociator that your negociators still are not being mandated
to talk in terms of class size or maximum class work load.
I would like to underline again the need for extra personnel and the
teaching of French as a second language in our schools and for those who are
learning in a second language, in the immersion courses that we have in many of
our schools today.
Also, more consideration must be given for those children with learning
disabilities, for those who come from intercity schools. And we support the
request made by PACT that specialists, particularly in the areas of music, art
and physical education be engaged in the elementary schools. These people are
disappearing very quickly, even if the classes' size is increased to 35 and
38.
Finally, in the present situation, we would ask that the government
seriously consider and appoint, as quickly as possible, a third party to
resolve the impasse that exists in the present negociation. We feel that there
is still time to pull the logs out of the logjam rather than have the
government negociate our working conditions and our salaries effected July the
1st. And finally, I would like to make a plea again for decentralization. We
believe that this is very important that our employers and the teachers we
represent, the ones that are going to be implementing the contract and those
who are going to have to live by it, the more directly involved in negociating
it. I think it is in the interest of a good government and in the interest of a
good society. We really want to humanize our society and this is where we
should begin. Merci beaucoup, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Est-ce que quelqu'un a des commentaires
ou des questions? Je voudrais rappeler que, tel que convenu par les membres de
la commission, il s'agit de dépôt de documents avec une courte
explication. Aussitôt que tout le monde aura pu prendre connaissance des
documents, les membres de la commission pourront discuter du fond des
problèmes respectifs dès conventions collectives. M. le ministre
des Institutions financières.
M. TETLEY: M. le Président, I had this brief in advance and have
read it with great care. Having had 24 hours in advance, I find it interesting
and it will be certainly studied. Unfortunately, or fortunately, we have the
rule that we are not discussing details this evening but we will discuss them
at the proper time. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Sparkes. J'inviterais maintenant le
Dr Michel Marchand, président de l'Association des chirurgiens-dentistes
du gouvernement.
Association des chirurgiens dentistes du
gouvernement
M. LEMIEUX: M. le Président, je remplace le Dr Marchand qui est
de Chicoutimi. Je suis le Dr Roland Lemieux. Je n'ai pas de document à
déposer. Nous avons déposé notre projet de convention
collective dans les mains de Me Langlois au mois de juillet l'an dernier. Nous
avons eu deux séances de négociation et nous attendons encore les
offres du gouvernement au sujet de nos salaires et des clauses à
incidence pécuniaire. Donc, nous sommes prêts à
négocier. Nous attendons l'invitation du négociateur du
gouvernement. C'est tout ce que j'ai à dire. Je n'ai rien à dire
contre le bill 19. Nous pensions que nous n'étions pas inclus dans ce
bill, mais d'après ce que j'ai entendu cet après-midi,
apparemment nous y sommes inclus. Mais nous aimerions négocier tout
simplement.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Est-ce que quelqu'un a des commentaires
ou des questions à poser? Votre invitation est inscrite dans le journal
des Débats. J'inviterais maintenant le Dr Ulysse Laferrière,
président du Syndicat de professionnels des médecins du
gouvernement du Québec. Le Dr Laferrière est absent. Dans ce cas,
nous inviterons M. Gaston Nadeau du Montreal Council of Hospital
Syndicates.
Montreal Council of Hospital Syndicates
M. NADEAU: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, nous avons déposé quelques notes je n'ose pas
appeler cela un mémoire pour tenter de respecter le voeu de la
commission qui a voulu éviter les dédoublements. Nous vous
exposons sommairement que le Conseil des syndicats hospitaliers de
Montréal est un organisme groupant à peu près 2,000
membres.
Nous avons déposé nos demandes au mois d'août
dernier et, depuis-cette date, il y a eu trois séances de
négociation au cours desquelles quelques clauses d'une importance tout
à fait secondaire ont été paraphées. Il s'agit, en
fait, des clauses sur lesquelles les deux parties s'entendaient pour maintenir
le statu quo.
Nous n'avons pas reçu les propositions de la partie patronale
quant aux bénéfices marginaux. Ce que nous avons pu en percevoir
l'a été par le biais des media d'information.
Le bill 19 est arrivé et, quant à nous, peu importe
quelles ont pu être les intentions du gouvernement, nous estimons que la
caractéristique principale de cette législation est l'aboli-
tion du droit de négociation collective dans la fonction
publique.
Nous croyons qu'il n'est pas possible de parler de négociation
véritable dans les relations de travail lorsque la seule
possibilité de trancher le litige est par voie de décret. Il peut
évidemment y avoir des pourparlers, il peut y avoir dépôt
de mémoires, il peut y avoir échange de points de vues, mais nous
ne pouvons pas appeler ça des négociations et nous regrettons
d'être placés dans une telle situation qui place les travailleurs
devant la seule possibilité de plonger dans l'illégalité
s'ils veulent réellement conserver leur droit à la
négociation collective.
On peut difficilement, à notre avis, concevoir des
négociations dans un conflit d'intérêts en relation de
travail lorsque l'équilibre dss forces est rompu, lorsque les deux
parties ne sont pas en mesure d'exercer Une pression aussi
équilibrée que possible l'une sur l'autre.
Nous croyons que la seule solution et nous la soumettons,
même si nos espoirs sont à peu près nuls de ce
côté c'est le rappel complet et global de la loi 19. Etant
donné qu'il a fréquemment été question, hier et
aujourd'hui, d'un éventuel rappel partiel de la loi, nous voulons
inscrire notre opposition ferme à une telle possibilité, sauf,
évidemment, pour combler les lacunes qui peuvent exister, les
technicités quant à ceux qui ont des conventions qui ne sont pas
encore expirées et autres problèmes du genre. Nous croyons que,
si la loi était partiellement rappelée, et en particulier quant
aux groupes qui n'ont pas exercé leur droit de grève, que ce
serait, en quelque sorte, pénaliser ceux qui se sont prévalus des
droits que leur reconnaissaient les lois existantes avant l'adoption du bill
19. Nous croyons que ce serait créer, dans la fonction publique, deux
régimes, et ces deux régimes seraient créés
à partir de critères qui n'ont rien d'objectifs à notre
avis. Si on veut songer, à un moment donné, à modifier ce
qui a été jusqu'ici le régime à peu près
unique de négociation dans la fonction publique, nous soumettons que
cette révision devrait se faire dans un climat beaucoup plus serein et
surtout en fonction de critères objectifs, en fonction de similitudes de
fonctions et non pas en fonction des agissements de différents groupes
au cours de cette ronde de négociations.
Nous craignons qu'en apportant des amendements à cette loi de
façon à soustraire certains groupes à son application, il
puisse exister une tentation pour le gouvernement et ses partenaires d'amorcer
des règlements avec des groupes minoritaires, ce qui pourrait être
considéré comme des précédents qu'on tenterait
d'imposer à des groupes îfner des problèmes.
Nous tenons à souligner que nos remarques concernant
l'impossibilité de négociation dans le cadre du bill 19
n'imputent au gouvernement aucune intention de mauvaise foi. Nous sommes d'avis
que, même avec la meilleure bonne foi possible, on ne peut concevoir de
négociation collective en matière de relation de travail lorsque
la loi prévoit qu'en cas de désaccord, l'employeur imposera les
conditions de travail. En substance, c'étaient les
représentations que nous avions à vous soumettre.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Nadeau. Est-ce que quelqu'un a des
questions ou des commentaires? Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne crois pas qu'il y ait
d'autres personnes qui souhaitent se faire entendre. Pour ma part, je n'ai pas
de commentaires suite à ce qui vient d'être dit. Si personne de la
commission n'a de commentaires à faire là-dessus et s'il n'y a
personne d'autre qui souhaite se faire entendre...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que dans la salle il y aurait d'autres personnes
ou organismes qui désireraient se faire entendre devant la
commission?
Dans ce cas, je remercie beaucoup M. Nadeau. Le ministre de la Fonction
publique.
M. L'ALLIER: Comme plusieurs associations se sont fait entendre, M. le
Président sur la question notamment de la loi 19 et sur le
déroulement des négociations dans les secteurs visés et
représentés par les différents organismes que nous avons
eus devant nous depuis deux jours, je proposerais à la commission que
les porte-parole de la partie patronale à chacune de ces tables de
négociation puissent, après avoir pris connaissance des documents
déposés qu'ils connaissent pour la plupart déjà
parce qu'ils les avaient déjà en main et également du
journal des Débats, qui retranscrira les commentaires qui ont
été faits ici, brièvement faire le point mardi matin ou
mardi après-midi à la reprise de la séance, très
brièvement d'ailleurs, pour que nous puissions à ce
moment-là aborder véritablement le fond des questions.
M. BURNS: Est-ce que vous avez dit mardi matin ou mardi
après-midi?
M. L'ALLIER: Moi, j'ai dit mardi matin, mais M. le Président nous
dit que c'est mardi après-midi.
M. LE PRESIDENT: Mardi après-midi.
M. BURNS: C'est parce qu'il y a la commission des corporations
professionnelles et, comme je ne suis pas doué d'un don de
divisibilité, je ne pourrai pas être aux deux.
M. LE PRESIDENT: Nous ferons la suggestion de mardi après-midi, 4
heures.
M. L'ALLIER: Pendant ce temps qui nous sépare de mardi, nous
aurons reçu les documents promis et qui sont les documents
déposés
par les représentants du front commun, ce qui permettra
véritablement d'aborder, suite aux commentaires qui pourraient
être faits par les porte-parole des différentes tables de
négociation, l'analyse par la commission du fond du dossier sur les
quatre principaux points, à savoir salaire, sécurité
d'emploi, assurance-salaire, régime de retraite. Et lorsque nous aurons
vidé ces questions, enfin lorsque nous les aurons discutées
à la satisfaction de la commission, nous pourrions, dans un
deuxième temps, passer aux différentes tables sectorielles, les
grandes tables sectorielles, pour faire le point sur les négociations.
En conséquence, M. le Président, si les membres de la commission
étaient d'accord, je proposerais l'ajournement à mardi
après-midi.
M. LOUBIER: Pour la motion d'ajournement, si le président me
permet, est-ce que le ministre a reçu des nouvelles ou des informations
du front commun par des personnes interposées quant à la
présence éventuelle des représentants du front commun et
plus particulièrement leur porte-parole officiel du moins à ce
jour M. Pepin? Parce qu'il avait été entendu dès le
début de la première séance que nous aimerions, à
la suite du dépôt des documents du front commun, questionner M.
Pepin, le porte-parole du front commun, et à ce moment-là j'ai
signalé hier encore une fois que différents membres de la
commission avaient signifié leur désir de questionner M. Pepin
.et que celui-ci avait acquiescé: à la suite du
dépôt des documents, il répondrait à toutes nos
questions.
Est-ce que le ministre a reçu des informations ou est-ce que le
ministre a été indirectement ou par personne interposée
informé que le front commun reviendrait ou si le front commun ne se
représenterait pas?
M. L'ALLIER: Je n'ai, M. le Président, reçu aucune
information à l'effet qu'un porte-parole ou les membres ou les
représentants du front commun seraient présents à la
commission parlementaire ni directement ni par personne interposée. La
seule communication qui me soit parvenue du côté du front commun,
c'est en fait une copie d'une lettre qui a été adressée
et qui porte sur l'ensemble de la question par le
président de la CEQ au ministre de l'Education et qui s'inscrit dans un
échange de correspondance qui était déjà
amorcé dans le domaine des négociations et qui n'a rien à
voir avec la commission parlementaire. Je n'ai aucu- ne indication et je
répète que les représentants du front commun ont
été invités à se présenter devant la
commission parlementaire. Il ne s'agissait pas d'une convocation, mais d'une
invitation et, en fait, du côté gouvernemental.
Nous aurions aimé aussi peut-être poser des questions mais
nous connaissons à moins que les positions du front commun ne
changent ou n'aient changé depuis la dernière rencontre que nous
avons eue avec lui passablement bien les réponses qu'il pourrait
donner aux questions que nous pourrions poser. Quant aux membres de la
commission, je ne peux que souhaiter avec eux que le représentant du
front commun soit là mais je voulais souligner que ce n'est pas d'abord
la partie gouvernementale qui est pénalisée en fait de son
absence.
M. LOUBIER: II se trouve qu'à ce moment-là, si vous
permettez un court commentaire, ce n'est peut-être pas la partie
gouvernementale, patronale en l'occurrence, qui est pénalisée,
mais je pense que ce sont tous les députés ministériels et
ceux de l'Opposition qui sont privés de renseignements. Ce sont tous les
syndiqués et ce sont tous les Québécois qui sont
privés de renseignements qui auraient été, à mon
sens, extrêmement intéressants pour pouvoir donner une
appréciation assez objective de cette impasse, de ce cul-de-sac dans
lequel sont tombées actuellement les négociations.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand donc va nous parvenir la brique?
M. LE PRESIDENT: Tel que convenu au début de la séance,
les documents seront transmis aux membres de la commission, directement
à leurs bureaux respectifs, aussitôt que disponibles, soit au
cours de la soirée ou demain matin au plus tard.
M. LOUBIER: Est-ce que ce sera transporté par les camions de la
Brink's?
M. LE PRESIDENT: Cette information ne m'a pas été
transmise.
La commission ajourne ses travaux à mardi, quatre heures.
(Fin de la séance à 17 h 25)