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Commission permanente de la Ponction publique
Conflit de travail dans les secteurs public et
parapublic
Séance au mardi 2 mai 1972
(Seize heures quarante-sept minutes)
Préliminaires
M. LAMONTAGNE (président): A l'ordre, messieurs!
Le dossier du Front commun a maintenant été remis à
chaque membre de la Commission. Tel qu'entendu lors de notre première
séance, nous entendrons, cet après-midi, les membres de la partie
patronale. Immédiatement, je cède la parole au ministre de la
Fonction publique.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que vous me permettriez une
question? A la suite des représentations qui ont été
faites la semaine dernière par diverses parties syndicales surtout,
est-ce que le gouvernement en est arrivé à une décision
concernant l'inclusion ou l'exclusion des groupes qui sont alors intervenus? Je
pense, entre autres, au Cartel hospitalier, au Montreal Council of Hospitals,
aux agents de la paix. Je ne sais pas si j'en oublie, mais est-ce que le
gouvernement en est arrivé à une décision
là-dessus? J'avais posé la question en Chambre, je pense,
vendredi. Le leader parlementaire du gouvernement m'a répondu que,
peut-être au début de la semaine, il serait en mesure de me
répondre là-dessus. Tout cela pour que nous sachions, avant de
partir, où nous allons et pour quels groupes nous allons discuter du
problème. C'est dans ce sens que je pose ma question.
M. L'ALLIER: Non, M. le Président. Je regrette de dire que le
gouvernement n'a pas pris de décision en ce qui a trait aux groupes qui
ont fait des représentations ici, notamment ceux qui se sont fait
entendre la semaine dernière. Cette question devrait être
abordée au conseil des ministres. Je n'ai pas eu le temps, pour ma part,
de préparer de recommandations au gouvernement à la suite des
représentations qui ont été faites. Dès que le
gouvernement aura une position là-dessus, je la ferai connaître
à la commission parlementaire sinon à l'Assemblée
nationale, enfin, le plus rapidement possible.
M. BURNS: Est-ce que nous pouvons avoir une idée de la date
approximative de ça? Est-ce que ce serait à la suite de la
réunion du conseil des ministres de cette semaine, celle de mercre-
di?
M. L'ALLIER: Je ne peux pas dire si c'est à la suite de la
réunion du conseil des ministres de mercredi que la décision sera
prise. Je peux, tout simplement, dire que cette question sera affectivement
abordée à la réunion du conseil des ministres, mais je ne
peux pas présumer que le conseil prendra ou ne prendra pas de
décision. C'est à la réunion du conseil des ministres de
cette semaine que la question sera abordée.
M. BURNS: D'accord, merci.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Je voudrais informer
les membres de la commission d'un changement. Le nom de M. Loubier,
député de Bellechasse, est remplacé pour la
présente séance par celui de M. Boivin, député de
Dubuc.
M, le ministre.
M. BURNS: Cela s'améliore!
M. L'ALLIER: M. le Président, la commission reprend, cet
après-midi, ses travaux. Je voudrais commencer par un point de
technique. A la fin de la dernière séance de la commission
parlementaire, j'avais dit qu'à la suite des exposés faits par
les représentants des diverses associations de salariés qui se
sont fait entendre au cours des premières séances de la
commission, j'allais demander aux porte-parole de la partie patronale, à
chacune de ses tables de négociations, de prendre la parole aujourd'hui
pour faire le point ou donner la contrepartie de ses positions.
Après avoir discuté de cette question avec ces
porte-parole et nos partenaires à la table, compte tenu de la
complexité du débat et aussi du fait qu'à ces tables, on a
discuté ou on discutera de l'ensemble des questions et qu'il ne s'agit
pas d'un deuxième front commun, nous en sommes venus à la
conclusion qu'il était plus approprié de poursuivre les travaux
de la commission sur toutes les questions relatives à la table centrale.
Nous avons aussi décidé qu'une fois que nous aurions
terminé les discussions sur les quatre points qui sont débattus
ou qui ont été discutés à la table centrale nous
pourrions, en abordant les tables sectorielles, faire le point sur chacune des
tables de négociations qui ne sont pas incluses dans le Front commun et
qui ont fait l'objet de représentations devant la commission
parlementaire.
Deuxièmement, je pourrais ici, M. le Président, indiquer
schématiquement le calendrier de travail que je proposerais à la
commission, pour nous permettre de mener à bien, le plus rapidement
possible, les travaux qui nous sont fixés par la loi 19.
Je proposerais d'abord de faire un historique rapide de la
négociation, essentiellement à partir des discussions que nous
avons eues au niveau de l'ensemble des représentants du Front commun et
du moment où nous avons déposé les principes de notre
politique salariale jusqu'au mois de septembre 1972, donc de mars 1971 à
septembre 1972, au moment où nous avons commencé à faire
les offres, en fait, aux tables de négociations.
Je présenterais donc un historique. Deuxièmement,
j'expliquerais les principes de la politique salariale du gouvernement. Cet
exposé serait suivi par un exposé plus précis du ministre
des Affaires sociales, sur la question du régime de retraite. Au moment
d'aborder les différentes offres faites aux tables de
négociations, je pourrais demander à des spécialistes du
ministère de présenter les offres qui ont été
faites aux tables de négociations et, enfin, au porte-parole
gouvernemental de faire le point sur les négociations à la table
centrale.
Cette façon de procéder me paraît la plus
rationnelle et en même temps la plus efficace, compte tenu de la
connaissance que chacune de ces personnes a de ces dossiers. Il est
évident que, lorsque je fais appel au témoignage d'experts ou de
spécialistes sur ces questions, ces experts pourront répondre
à des questions techniques.
Je répondrai moi-même aux questions qui comportent le
moindre élément de décision politique, parce que je n'ai
pas l'intention de placer nos porte-parole ou nos fonctionnaires dans des
positions où ils auraient même à prendre la défense
de décisions politiques.
Si on peut enchaîner là-dessus, je pourrais faire, à
ce moment-ci ou à un autre moment, à moins que quelqu'un de la
commission veuille prendre maintenant la parole, l'historique de la
négociation, exposer ensuite la politique salariale, compléter
cet exposé par l'exposé du ministre des Affaires sociales sur le
régime de retraite, faire le point sur les offres qui ont
été faites, ensuite faire le point sur la négociation
à la table centrale.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie le ministre de son exposé.
Je suis d'accord sur l'ordre du jour ou le schéma de travail qu'il nous
présente. Il est bien entendu que nous sommes ici pour connaître
la version du gouvernement, pour prendre connaissance, dans le détail,
des offres qui ont été faites et pour avoir des explications sur
ces offres et connaître ainsi, dans une certaine mesure, les raisons qui
ont fait que les négociations n'ont pas abouti comme le souhaitaient le
gouvernement et les parties intéressées.
Toutefois, avant de laisser le ministre faire son exposé
que nous écouterons avec plaisir et de permettre aussi bien
volontiers aux experts d'exprimer des points de vue sur les questions
techniques, je voudrais demander au ministre s'il nous sera possible d'entendre
la partie syndicale autrement que par le biais de ces documents qui nous ont
été remis en une seule copie et que nous avons maintenant
à notre disposition, grâce aux services techniques du
gouvernement, aux fonctionnaires qui ont dû travailler pendant des jours
avant de pouvoir nous présenter cette masse de documents que nous
avons.
Je vous dis tout de suite que cette façon de procéder de
la part de la partie syndicale nous est apparue comme indécente.
J'espère que les citoyens prendront note de ce geste qu'a
posé la partie syndicale, qui n'était certes pas un geste de
respect à l'endroit de la commission parlementaire non plus qu'un geste
de collaboration avec les députés légitimement
élus. On pourra également évaluer le coût que
représentent les copies que l'on a dû tirer de cette masse de
documents.
D'autre part, ces documents très volumineux sont de
caractère technique et il est assez difficile, même à des
spécialistes, de tirer de l'ensemble de ces documents et de chacune des
parties de ces documents les éléments d'information qui auraient
pu nous être fournis par les représentants de la partie syndicale
s'ils avaient accepté de témoigner devant nous et d'expliquer
leur attitude.
Il me semble qu'il eût été très facile de
résumer ces documents, de faire le bilan des négociations,
d'indiquer leurs exigences globales à la table centrale et les exigences
qu'ils ont exprimées aux diverses tables sectorielles. De cette
façon, il eût été possible aux députés
d'avoir les deux versions, puisque c'est le travail de la commission, c'est
l'objet de la réunion de la commission parlementaire de pouvoir
connaf-tre l'attitude de chacune des parties et d'engager par la suite un
dialogue. Chacun des membres, se basant sur les exposés faits par les
parties en cause, aurait pu poser des questions de nature à renseigner
les citoyens sur les raisons qui expliquent l'impasse qui a forcé le
gouvernement à présenter le projet de loi 19 et qui nous a
réunis ici en commission parlementaire.
Ce que je vous dis là, M. le Président, ce n'est pas pour
condamner la partie syndicale, mais il me semble que, si les
représentants de la partie syndicale ne reviennent pas devant nous,
l'autorité du Parlement est bafouée et que l'on fait peu de cas
d'une commission responsable que la loi a mandatée pour connaître
les deux versions, pour discuter avec les parties intéressées
afin d'en arriver, dans les délais impartis par la loi, à une
solution juste et équitable pour les deux parties.
M. le Président, encore une fois, je suis d'accord sur les
propositions qu'a faites le ministre de la Fonction publique, mais à
partir du moment où nous aurons entendu la version du gouvernement, nous
n'aurons encore qu'une seule version. Il serait absolument nécessaire et
essentiel que la partie syndicale revienne devant nous.
Le gouvernement connaît les mécanismes utiles et il sait
comment s'en servir pour ramener la partie syndicale devant l'instance
législative qui est, en l'espèce, l'instance légale et
juridique habilitée à entendre ces représentants de la
partie syndicale. On a porté à ma connaissance le ministre
me corrigera si cela est inexact que l'on se proposerait d'avoir, du
côté du gouvernement, ces jours prochains ou
dans les heures qui viennent, une rencontre en haut lieu encore une fois
avec la partie syndicale.
J'aimerais connaître l'avis du ministre à ce sujet et
j'aimerais que le ministre nous dise s'il nous sera possible de discuter,
d'interroger les ou le représentant du Front commun parce que si nous
devons procéder comme le ministre le suggère je suis
d'accord en ce qui concerne le gouvernement nous n'aurons qu'une
version. Le travail de la commission se trouvera fait à moitié et
il ne nous sera pas possible d'en arriver à des conclusions utiles qui
permettraient, conformément aux prescriptions de la loi 19, de
rapprocher les parties et finalement d'en venir à une entente avant que
le gouvernement ne se trouve obligé ce que personne ne veut
de procéder ex parte, par décret, sans que l'on ait eu
l'occasion de connaître le point de vue précis de la partie
syndicale.
On me dira peut-être: Vous avez tous les documents; vous pouvez en
prendre connaissance. Vous pouvez les étudier vous-mêmes, mais
vous admettrez avec moi que, compte tenu du travail parlementaire que nous
avons à faire par ailleurs, il n'y a pas un seul député,
pas un seul parti politique, fût-il muni du plus grand nombre de
recherchistes qui puisse se retrouver dans ce dédale de propositions
extrêmement techniques et qui exigeraient que les représentants
syndicaux, leurs conseillers juridiques et ceux qui les ont assistés en
cours de négociation nous fournissent des explications qui portent sur
des sujets qui vont bien au-delà de la compétence de bon nombre
de parlementaires.
Ce sont là, M. le Président, les observations que je
voulais faire. Je termine en vous disant que l'attitude de la partie syndicale
nous inciterait, si nous n'étions pas disposés à garder
notre calme, à protester avec la dernière énergie contre
un procédé qui est d'une indécence inqualifiable, qui est
un déni du respect que l'on doit avoir pour l'institution parlementaire.
Cette absence de la partie syndicale laissera toujours, si les
représentants du Front commun ne reviennent pas devant nous, planer des
doutes sur la bonne foi qui a présidé aux négociations et,
cette fois, les citoyens seront obligés de conclure eux-mêmes. Il
faudra donc que le Front commun et les autres parties intéressées
reviennent devant nous pour que nous puissions avoir cet échange qui
est, d'ailleurs, l'objectif final de la commission parlementaire qui nous
réunit en vertu de la loi 19.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, nous nous interrogeons, nous
aussi, sur la portée et l'utilité, même
l'opportunité de continuer les délibérations en l'absence
des parties syndicales reconnues, spécialement des trois grands du
milieu syndical. Dans la recherche d'une solution, sans le concours d'une des
parties, je me demande, en fin de compte, quelle sera l'utilité
sauf celle d'informer le public de poursuivre la tenue de la
présente séance.
Pour notre part, M. le Président, nous nous interrogeons
c'est le gros de nos questions sur le fondement même de l'offre de
4.8 p.c, d'où elles viennent, quelles en sont les origines, le pourquoi.
Nous nous interrogeons aussi sur un autre aspect qui a été
fortement mis en cause : le manque de mandat de la partie patronale, par les
quelques parties qui ont accepté de venir présenter leur
mémoire, qui, toutes, ont demandé d'être exclues de la
portée du bill 19. Nous demanderions au ministre d'accorder quelque
considération à ces deux sujets.
D'autre part, il nous semble bien évident que la partie syndicale
ne parait pas attacher d'importance à la présente séance,
et je me demande jusqu'à quel point il peut réellement y avoir
négociations dans les conditions actuelles. De ce fait, M. le
Président, nous nous interrogeons fortement sur la
nécessité ou l'opportunité de poursuivre le présent
débat. Je crois que cela ne servirait absolument à rien que de
tenter de négocier pour la partie syndicale des avantages ou de nous
faire une opinion bien fondée de la situation parce qu'en fait nous
n'entendrons que la partie patronale. Nous en sommes très heureux;
cependant, nous aurons encore une opinion boiteuse, laquelle ne nous permettra
pas de porter un jugement de valeur sur la situation, de faire la
répartition des responsabilités ou de suggérer quelque
chose qui puisse être valable, parce qu'en définitive une des
parties n'est même pas intéressée à nous entendre.
Je me demande, M. le Président, s'il ne serait pas à propos de
suggérer la levée de l'assemblée. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, en ce qui me concerne, je ne
m'interroge pas plus aujourd'hui qu'au début des travaux de la
commission sur leur utilité et efficacité. A ce moment, nous
avions exprimé nos doutes sur cette efficacité pour la raison
bien simple que, selon nous, les règles du jeu habituelles d'une
négociation se trouvaient jusqu'à un certain point mises de
côté par la loi 19 qui a été adoptée. Alors,
je ne reviendrai pas là-dessus. En ce qui me concerne, j'ai
accepté de participer comme tous les autres à cette commission
parlementaire parce que j'ai entendu et du côté syndical et du
côté patronal du moins pour autant que le ministre de la
Fonction publique soit le porte-parole à ce point de vue du
côté patronal que la commission parlementaire
n'était pas l'endroit pour négocier.
Je n'ai jamais pensé cela non plus. Je pense que du
côté syndical, on nous a confirmé cette opinion.
Alors, je ne vois pas pourquoi on se lancerait
dans une nouvelle chasse aux sorcières antisyndicales. Parce que
les représentants des syndicats ne sont pas présents ici? Ils ont
déposé leurs documents et ont dit: Lisez cela, et c'est notre
position. Vous savez exactement ce que nous pensons. Si nous lisons les
documents qui ont été déposés même
s'ils sont complexes, même s'ils sont techniques ils sont quand
même très précis et il y a moyen de savoir quelle est la
position syndicale.
Bien sûr, ce serait peut-être préférable,
comme le disait le député de Chicoutimi, à un moment
donné ou à un stade du débat, de pouvoir interroger les
représentants des centrales. Je me demande, très
sérieusement, si nous devons nous alarmer de leur absence à ce
stade-ci. Je ne vois pas ce que MM. Pepin, Laberge ou Charbonneau viendraient
apprendre ici, cet après-midi, en entendant l'historique de la ronde
actuelle des négociations qui apparaît dans le document et que
tout le monde peut lire. Je suis bien d'accord que nous entendions le ministre,
tantôt, sur ça. Mais je ne m'étonne pas plus qu'il faut de
l'absence des représentants des syndicats.
En ce qui me concerne, c'est encore moins étonnant, je pense, de
voir les représentants des syndicats qui ont été
invités ici que, dans le temps, je n'avais pas entendu beaucoup de gens
s'étonner et pousser des hauts cris de l'absence des médecins
spécialistes qui avaient été convoqués. Je n'ai pas
entendu de hauts cris à ce moment-là. Il reste quand même
que dans un cas, nous avions invité des gens, c'est-à-dire les
représentants des syndicats, et dans l'autre cas, nous avions
ordonné aux médecins spécialistes d'être
présents.
Pour ma part, sachant d'avance que le premier but, en ce qui concerne
les parlementaires de cette commission, c'est de les mettre au courant de la
situation, et que la partie syndicale a jugé qu'avec les documents
qu'elle déposait, elle nous mettait au courant de la situation, je ne
vois pas pourquoi nous ferions une tempête dans un verre d'eau au sujet
de leur absence.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement apporter une précision. Si
ma mémoire est bonne, je ne crois pas que nous ayons ordonné aux
médecins spécialistes de se présenter devant la
commission.
M. BURNS: Convoqués.
M. CASTONGUAY: Un peu comme les représentants des syndicats
l'avaient été ici.
M. BURNS: Ils ont été invités.
M. CASTONGUAY: Je ne veux pas faire un long débat, niais...
M. BURNS: Non, pas un débat sur cela.
M. CASTONGUAY: ... cela n'avait pas été un ordre formel.
Je pense que c'était dans les mêmes formes que pour le Front
commun.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, les commentaires qui viennent
d'être faits illustrent assez bien, en fait, ce qu'est une commission
parlementaire dans un contexte de négociation. Je reprends un peu les
paroles que j'ai déjà dites: la commission parlementaire n'est
pas, d'abord, et n'est pas, tout court, un moyen de négociation parce
que, précisément au sein d'une commission parlementaire, les
parties ne sont pas sur le même pied, d'une part, et,
deuxièmement, parce que les processus de négociation
prévoient que des négociations se font autour d'une table de
négociation entre les parties qui ont des mandats de part et
d'autre.
Ceci dit, les centrales syndicales ont été invitées
à participer aux travaux de la commission parlementaire dans le sens,
précisément, où cette commission avait pour but, à
ce moment-ci, d'informer la population par l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale des positions respectives.
Les jours derniers, venant s'ajouter aux déclarations faites
antérieurement, ont indiqué d'une façon encore plus
précise si c'était nécessaire qu'il y a dans
le débat actuel deux questions fondamentales: d'une part c'est le
président même de la CSN qui l'a, à toutes fins pratiques,
déclaré un objectif de révision de ce qu'on a
convenu d'appeler le contrat social et, deuxièmement, pour en arriver
rapidement à cette révision, la négociation des
conventions de travail de 210,000 personnes, représentées par le
Front commun.
Tant et aussi longtemps que la distinction ne sera pas faite, du
côté syndical, entre ces deux objectifs objectifs que je ne
conteste pas, l'un ou l'autre, mais objectifs qui doivent être, dans mon
esprit, dissociés si on veut en arriver à atteindre celui qui est
prioritaire, dans le temps en tout cas, soit de donner à ces 210,000
personnes ou 250,000, en fait, parce qu'il y en a 250,000 des contrats
de travail qui correspondent à la situation des relations de travail,
à la situation économique, sociale et au marché du travail
québécois...
Le travail de la commission parlementaire peut être effectivement
handicapé du fait de l'absence physique des membres du Front commun ou
de représentants du Front commun. Comme l'a fait le représentant
du Ralliement créditiste, on peut se poser la question à savoir
si on doit poursuivre nos travaux. Est-ce que la commission, en l'absence
physique de représentants du Front commun, considère que sur le
plan de l'information, qui est le but
premier, tel que prévu dans la loi 19, elle n'a plus rien
à faire? Est-ce que la commission considère qu'elle a toute
l'information qu'elle juge utile, du côté de la partie
patronale?
Si c'était l'avis de la commission que ses séances sont
inutiles, je ne verrais pas comment, comme ministre de la Fonction publique, je
pourrais trouver les arguments et les moyens pour forcer des parlementaires
à s'asseoir autour d'une table et ingurgiter de force, à toutes
fins pratiques, l'information ou la répétition de l'information
qui a été fournie sur la position du gouvernement et de la partie
patronale dans cette ronde de négociation.
Il m'apparaft pour ma part utile, cependant, que la commission
parlementaire puisse prendre connaissance, en résumé, des
positions gouvernementales et patronales sur ce point. Maintenant, j'en arrive
à poser la question à la commission: Est-il utile, à ce
stade-ci, que la commission continue de siéger et à entendre, sur
le fond, la partie patronale ou doit-on, parce que le Front commun est absent,
suspendre les travaux de la commission, répéter l'invitation qui
a été faite aux représentants du Front commun et leur
dire: Lorsque la partie patronale aura fait son exposé, vous viendrez
répondre à des questions, sinon, la commission ne pourra plus
siéger d'une façon utile?
Je comprends que c'est une décision qui doit être prise.
Pour ma part, je crois qu'il serait opportun, à ce stade-ci, de
continuer l'exposé de la politique salariale du gouvernement.
Maintenant, si les membres de la commission jugeaient qu'ils ont reçu,
du côté patronal, suffisamment d'information écrite pour
avoir une bonne idée de ce qu'est le conflit, je ne vois pas comment on
pourrait alors utilement continuer nos travaux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M .TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que le
ministre a très bien saisi le sens de mon intervention.
Il est bien évident que le gouvernement, en l'occurrence la
partie patronale, peut nous exposer son attitude, nous parler de ses offres,
nous parler de sa politique salariale, nous parler de ce qui s'est passé
à la table centrale ou aux tables sectorielles. Nous sommes tout
à fait disposés à l'entendre.
Seulement, la version du gouvernement, pour crédible qu'elle
soit, ne sera qu'une version. Nous, membres de la commission parlementaire,
nous arrivons à la fin d'une ronde de négociations qui n'a pas
abouti, qui a été, à toutes fins utiles, une impasse. Le
gouvernement reprend devant nous ce qu'il nous a dit en Chambre, ce qu'il a dit
en dehors; en somme, une information qu'il a fournie aux citoyens par bribes et
qui se trouve reprise en totalité dans l'ensemble des documents que nous
avons là. Cela est fort utile et nécessaire.
Quand nous aurons entendu cette version, il nous faudra quand même
la comparer; il nous faudra confronter les parties. Il nous faudrait
puisqu'ils ne sont pas ici entendre les représentants de la
partie syndicale nous dire si c'est exactement ce que le gouvernement a
proposé, nous dire les raisons pour lesquelles ils n'ont pas
accepté telle ou telle proposition, pourquoi eux, d'autre part, ont
demandé telle et telle chose et quelles sont les diverses raisons qui
ont fait achopper les négociations à telle ou telle phase ou sur
tel ou tel point précis.
J'entendais, tout à l'heure, mon collègue, le
député de Maisonneuve, dire que, lui ça ne le
préoccupait pas plus qu'il ne faut, qu'il ne s'interrogeait pas plus que
de raison là-dessus. Il a droit à son opinion. H disait qu'on ne
devait pas se lancer dans une sorte de chasse aux sorcières contre les
syndicats. Là n'est pas le problème. C'est qu'il existe un
Parlement et qu'une loi nous a demandé de siéger. Il faudrait que
nous connaissions tout ce qui s'est passé, ce qui s'est dit, quelles ont
été les offres patronales, les demandes syndicales, etc.
Nous allons entendre le gouvernement. Je suis bien disposé
à le faire. Mais les personnes que je voudrais interroger, à la
suite de l'exposé du ministre, de ses négociateurs et de ses
experts, ce sont les gens de la partie syndicale. Cela veut dire le Front
commun et l'ensemble des autres groupes de syndiqués qui ne font pas
partie du Front commun.
Je voudrais également que des échanges
s'établissent devant nous entre des gens qui, pendant des mois, ont
poursuivi des négociations. Pour cela, il est absolument
nécessaire, à mon avis, que le Front commun revienne devant nous.
On nous a dit: Ils ont été invités; ils sont venus. Nous
avons entendu l'exposé qui a été fait, mais nous n'avons
pas abordé le fond du problème, c'est-à-dire les divers
points qui sont la cause du litige.
Alors, je réitère la question que je posais au ministre
tout à l'heure: Est-ce que son gouvernement a l'intention de prendre les
moyens qui nous permettraient d'interroger la partie syndicale?
Je lui pose simplement cette question-là. Quant à moi,
vous savez, je suis prêt à assister à toutes les
séances, à écouter le gouvernement aussi longtemps qu'il
voudra, mais je resterai sur mon appétit puisque je ne pourrai pas
mettre en présence deux parties qui ont discuté pendant des mois
et qui pourraient fort bien, en un temps relativement court, confronter leur
version et nous dire à nous pourquoi elles ne se sont pas entendues et
sur quel point précis elles ne sont pas d'accord.
Quant aux philosophies ou à l'idéologie
socio-économique qui est sous-jacente à la partie syndicale, cela
ne m'intéresse pas pour le moment. Le problème est un
problème de négociations. Le gouvernement nous a convoqués
pour nous renseigner et nous n'avons qu'un interlocuteur, c'est le
gouvernement; le
Front commun, qui devait nous renseigner sur ses attitudes à lui,
n'est pas présent. Cela ne me fait absolument rien de poursuivre
je suis disposé à le faire, c'est mon devoir mais il
restera qu'à la fin je ne saurai, encore une fois, que ce que le
gouvernement nous aura dit et que ce qu'il voudra bien ajouter à ce
qu'il nous a déjà dit, à ce qui se trouve
déjà dans ses documents.
Quant aux documents de la partie syndicale, je vous avoue bien
franchement que je ne crois pas nécessaire d'examiner les 4,000 feuilles
de ce document. J'aimerais voir ici les gens du Front commun et leur dire: Sur
la question des salaires, sur la question de la sécurité
d'emploi, sur la question de l'assurance-salaire, sur telle, telle ou telle
question pourquoi n'êtes-vous pas d'accord avec la partie patronale et
quelles sont vos contrepropositions? Ce serait le seul moyen d'avoir une
idée complète de la situation.
M. le Président, pour ma part, nous pouvons continuer, mais je
suis très perplexe quant aux résultats du travail de la
commission parlementaire. Alors je demande au ministre: Est-ce qu'il a pris des
moyens ou est-ce qu'il entend prendre des moyens pour tâcher de ramener
la partie syndicale devant nous?
M. L'ALLIER: M. le Président, le gouvernement n'a pas l'intention
de forcer la partie syndicale à se présenter physiquement devant
la commission parlementaire. La partie syndicale a jugé que, par le
dépôt de documents qu'elle a fait, elle informait suffisamment le
Parlement et qu'elle n'avait rien d'autre à ajouter à ses
positions. Je serais tenté de faire un rapprochement presque
humoristique en disant que j'ai pris connaissance tout à l'heure, par
hasard, d'un avis de convocation à une assemblée syndicale qui se
terminait en disant ceci: Le vote se prendra parmi les personnes
présentes, les personnes absentes étant présumées
d'accord.
C'était un avis de convocation pour une assemblée
syndicale qui doit se tenir à Québec prochainement. Pour notre
part, nous n'avons pas l'intention de forcer, manu militari ou autrement, la
partie syndicale ou le Front commun à se présenter devant la
commission parlementaire. Il nous paraît que, si cette partie
considère avoir pleinement informé la population par son
dépôt de documents, c'est à elle en définitive d'en
porter la responsabilité face à l'ensemble de la population.
Il ne s'agit pas de négocier, la partie syndicale l'a reconnu.
Nous l'avons reconnu également. Il s'agit d'informer la population.
Cette responsabilité d'information repose sur les deux parties. Nous
sommes, quant à nous, disponibles pour reprendre nos explications et
notre information; si, de son côté, la partie syndicale juge
qu'elle n'a rien d'autre à ajouter, c'est son choix premier et c'est sa
responsabilité première. Je ne vois pas à moins de
présumer que ces gens-là sont de mauvaise foi et sont menteurs
comment on pourrait, suite au dépôt de documents qui a
été fait, présumer que cette partie a autre chose à
ajouter alors qu'elle a dit elle-même devant cette commission qu'elle
n'avait rien d'autre à ajouter.
Alors, c'est la position du gouvernement sur ce point et je souhaiterais
que nous puissions rapidement exposer notre position quant à nous parce
que nous sommes disponibles pour faire cette information. L'invitation qui a
été faite au début des séances de la commission
tient toujours, elle s'adresse toujours aux mêmes parties.
Si la partie syndicale trouvait utile de se présenter devant la
commission au moment où nous aurons terminé notre exposé,
elle pourra le faire; sinon, à ce moment-là il faudra aviser de
l'orientation ou de la continuation même des travaux de cette commission,
étant entendu que les documents que nous avons déposés et
l'exposé que nous pourrions faire, quant à nous, sont toute
l'information que nous pouvons donner à la commission parlementaire;
étant entendu également que les documents déposés
sont considérés, par la partie syndicale, comme étant
amplement suffisants pour informer les parlementaires et la population.
C'est à la partie syndicale de démontrer qu'elle n'a rien
d'autre à dire et d'accepter, à ce moment-là, que la
population ne soit pas informée autrement que par le dépôt
de quelques milliers de pages de documents.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour ma part je suis bien
prêt à continuer la présente séance mais au bout de
la course, sans la partie syndicale, il n'y a aucun rapprochement possible. Je
vois difficilement comment peut se faire une amorce de solution
négociée. La seule question que je me pose c'est: A quoi
ça sert?
M. L'ALLIER: C'est ce qu'on se pose bien souvent pour beaucoup de
choses.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Nous sommes ici, à la commission parlementaire, non
seulement pour fournir de l'information à la population mais aussi pour
trouver des moyens permettant de rapprocher les deux parties à la table
des négociations. Je serais intéressé à poser
certaines questions. De quelle façon nous sommes-nous trouvés
devant la nécessité de l'adoption du bill 19? Que s'est-il
passé, par exemple, après la négociation, la rencontre au
Château Frontenac des trois gros ministres, celui des Finances, de
l'Education et des Affaires sociales...
M. L'ALLIER: Quatre.
M. BOIVIN: ... avec les trois grands? C'est
cet affrontement, il me semble, ces événements qui ont pu
causer des troubles psychologiques à la partie syndicale. Cela
m'intéresserait de savoir pourquoi, par exemple, la partie patronale n'a
pas demandé la conciliation de son côté et même une
médiation spéciale du ministre du Travail. On dirait qu'à
part la Fonction publique, il n'y a pas de ministère du Travail, qu'il
n'y a pas de ministre du Travail. Ce sont des questions auxquelles j'aimerais
que la partie patronale réponde afin de voir s'il n'y aurait pas moyen
d'organiser une nouvelle stratégie visant à reprendre les
négociations, d'autant plus qu'il y a une quarantaine de milliers de
syndiqués ou travailleurs qui sont à la table des
négociations et qui sont en mesure d'accepter cette façon d'agir.
Ds pourraient demander la conciliation, la médiation. On a sauté
par-dessus toutes ces étapes; il me semble qu'elles sont
nécessaires quand une négociation ne veut pas marcher.
Il y a des lois du travail, il y a un ministre du Travail. Je
considère le ministre de la Fonction publique comme le patron. Les trois
grands, les autres ministres, le conseil des ministres, évidemment,
c'est l'autorité, mais je voudrais savoir si la stratégie du
ministre de la Fonction publique a été psychologiquement bonne
devant la partie syndicale.
M. L'ALLIER: Je pense bien, M. le Président, qu'on pourrait
très directement aborder cette question au fur et à mesure
précisément de l'exposé que je me proposais de faire et
qui sera, comme je vous l'ai dit, le plus succinct possible et le plus
précis possible, pour lequel je ferai appel à nos conseillers,
à nos porte-parole. Je crois que les questions qui viennent d'être
posées pourraient trouver réponse à ce moment-là,
et je serai tout à fait disposé à donner le détail
de notre approche dans ces négociations pour démontrer, quant
à nous, que nous avons tenté, par tous les moyens, d'en arriver
à une solution négociée de ce vaste problème,
d'autant plus que nous avons toujours tenté, par tous les moyens, de
faire en sorte que l'intérêt des deux parties soit porté
sur l'établissement de conditions de travail et rien d'autre.
L'historique, comme les principes de la politique salariale, comme les
démarches que nous avons pu faire depuis ce moment, constitueront au
moins des éléments de réponse aux questions du
député.
Il pourra, à ce moment-là, je crois, recevoir une
réponse à toute question précise qu'il pourrait poser
là-dessus.
Exposé de la partie patronale
M. L'ALLIER: M. le Président, à la suite de la ronde de
négociations de 1968, il est apparu assez évident au ministre de
la Fonction publique d'alors, l'actuel ministre du travail, M. Jean Cournoyer,
qu'il fallait revoir, regarder de plus près l'ensemble des règles
et des mécanismes de négociation dans les secteurs public et
parapu- blic. Les négociations dans les secteurs public et parapublic
ont suivi un cheminement extrêmement rapide, une évolution que n'a
connue aucune autre province au Canada en ce domaine. Nous sommes passés
de négociations de conventions collectives locales à des
conventions collectives provinciales au niveau de l'enseignement. A la suite de
la ronde de négociations de 1968, il a été convenu de
faire une étude la plus exhaustive possible des mécanismes de
négociation.
En février 1970, par exemple, des fonctionnaires faisaient un
voyage d'études et de recherche dans différents pays dans le but
de se renseigner sur les structures de rémunérations et sur les
structures de négociation dans le secteur public. En avril 1970, le
gouvernement créait le comité Gérin dans le but de faire
rapport sur les structures et mécanismes de négociation dans les
secteurs public et parapublic. Le rapport de ce comité d'étude a
été remis en juillet 1970.
On a demandé, en juillet 1970 également, les
recommandations des divers représentants tant du patronat que des
syndicats. Il s'agissait essentiellement d'une orientation qui conduisait vers
la négociation sectorielle. En octobre 1970, le ministère de la
Fonction publique publiait un document sur l'organisation et le
perfectionnement, sur la productivité et l'efficacité dans le
secteur public. Le 26 novembre 1970, commençaient des réunions
préliminaires elles se sont poursuivies le 12 février et
le 19 mars 1971 avec les présidents des trois centrales, CSN,
FTQ, CEQ, pour que nous puissions nous entendre éventuellement sur les
modalités de discussions sur la politique de rémunération,
sur les modalités de l'échange de données et
d'informations et sur un projet de loi concernant le régime des
négociations. C'est à ce moment-là que nous avons
commencé à parler avec les centrales syndicales de ce qui est
devenu, par la suite, la loi 46. Le 30 mars 1971, de même que le 31 mars
de la même année, nous avons eu une réunion
plénière du gouvernement avec les représentants des
centrales syndicales, où l'on a discuté de la création
d'un comité technique où l'on échangerait de l'information
pertinente aux négociations.
Le gouvernement a déposé, le 31 mars, les principes de sa
politique de rémunération. Ce document a été
largement diffusé. Il a été distribué aux membres
de l'Assemblée nationale et il comportait les principes à partir
desquels les offres seraient faites aux différentes tables de
négociations. Ces offres ont effectivement été faites
à compter de septembre de la même année.
Du 6 avril au 28 mai 1971, à la suite du dépôt de ce
document sur la politique de rémunération du gouvernement, un
comité technique s'est réuni et, au cours de cette rencontre, le
gouvernement transmettait des données relatives au portrait de la
situation dans les secteurs public et parapublic.
Le 9 juin 1971, une deuxième réunion
plénière a eu lieu entre le gouvernement et le front
commun. C'est à ce moment, enfin, un peu plus tôt, que le front
commun a commencé à se manifester comme front commun.
Le résultat de la rencontre du 9 juin a été que le
comité technique, qui procédait aux échanges
d'informations, plus précisément à la transmission
d'informations du gouvernement vers les centrales syndicales, continue. Le 17
juin, nous avons adopté en première lecture, à
l'Assemblée nationale, le projet de loi 46. Le 30 juin, la loi 46 est
sanctionnée par l'Assemblée nationale. C'est une loi qui a pour
effet de simplifier et d'éclaircir considérablement les
structures de négociation en regroupant plusieurs centaines de tables
particulières pour ramener leur nombre à une vingtaine au
maximum.
Il faut dire que les centrales syndicales ont eu l'occasion, à ce
moment-là, de se faire entendre en commission parlementaire sur le
projet de loi et qu'à la suite des séances de la commission
parlementaire le projet de loi a été modifié,
précisément pour respecter le droit du syndicat de nommer, dans
ces négociations, ses porte-parole. C'est un droit qui, à ce
moment-là, a été défendu, avec raison, par les
représentants syndicaux, à savoir qu'une partie à la table
de négociations doit avoir, indépendamment de ses composantes, le
droit de choisir qui la représente.
C'est en vertu j'ouvre une parenthèse ici de ce
même principe que du côté patronal, nous avons convenu que
nous aurions un porte-parole et que le ministre de la Fonction publique
lui-même ne serait pas présent à la table des
négociations. Ce droit d'avoir à la table des négociations
les porte-parole choisis par les parties est un droit qui a été
souligné fortement par les centrales syndicales au moment de la
commission parlementaire sur la loi 46.
Du 30 juin au 12 juillet 1971, les travaux du comité technique se
sont poursuivis. Il y a eu de nouvelles rencontres et de nouvelles
transmissions de données de la part du gouvernement aux centrales
syndicales, notamment sur l'ensemble des statistiques disponibles à
partir desquelles les offres gouvernementales étaient
élaborées et seraient présentées aux tables de
négociations.
Les 26 et 27 juillet 1971, une troisième rencontre
plénière avait lieu entre le gouvernement et le front commun,
rencontre au cours de laquelle on continue de discuter sur les principes de la
rémunération du gouvernement. On se souviendra qu'au cours de ces
rencontres dès la première rencontre, comme au moment
d'ailleurs de la cinquième et dernière rencontre, je crois
j'ai toujours dit au nom du gouvernement que la politique de
rémunération du gouvernement n'était pas en
elle-même négociable. Je me souviens même que cela faisait
à ce moment-là l'objet des manchettes des journaux. Malgré
cette déclaration extrêmement claire et extrêmement
précise, on a pour- suivi les travaux au niveau des rencontres
plénières, et j'ai moi-même participé à
chacune de ces rencontres auxquelles étaient présents les trois
représentants de centrales syndicales et quelques centaines de personnes
de part et d'autre.
Dès ce moment, le gouvernement a clairement dit: La politique de
rémunération n'est pas une chose qui est, en elle-même,
négociable. C'est une décision qu'il appartient au gouvernement
de prendre, c'est une décision qu'il appartient au gouvernement de
défendre et c'est sur ses politiques, notamment une politique de
rémunération, que le gouvernement sera jugé par l'ensemble
de la population. Nous avons clairement précisé, par ailleurs,
que les implications de cette politique salariale de même que l'ensemble
des autres clauses étaient essentiellement négociables. Il faut
dire ici qu'une politique de rémunération définie d'une
façon aussi claire et aussi précise que nous l'avons fait le 30
mars 1971 n'avait jamais, par le passé, été
présentée aux centrales syndicales ou aux syndicats
préalablement à la négociation et assez longtemps
même avant la négociation. C'était une chose nouvelle.
C'était en fait la première fois qu'on pouvait parler d'une
politique salariale présentée préalablement et
expliquée aux centrales syndicales avant même que ne commence la
véritable négociation. Je ne dis pas, que les gouvernements qui
nous ont précédés ont fait une erreur en ne le faisant
pas. Je crois, pour ma part, que la chose n'était tout simplement pas
possible physiquement, matériellement et sur le plan technique.
Cette évolution dont j'ai parlé, évolution de part
et d'autres, d'abord des mécanismes des négociations, ensuite des
mécanismes de regroupement des demandes syndicales de même que de
la mise en place de l'ensemble des éléments dont un gouvernement
a besoin pour juger de la situation de l'emploi dans les secteurs publics et
parapublics, situation qui doit être pesée, mesurée,
analysée et de laquelle on tire une politique salariale, ceci
n'était physiquement pas possible avec les moyens techniques dont
disposaient les gouvernements antérieurement. Si cela ne s'est fait que
cette année, c'est précisément parce que cette
année c'était devenu possible. Il n'est pas impossible qu'au
cours de prochaines rondes de négociation, les moyens devenant encore
plus considérables, les études devenant encore plus
précises, on puisse aller plus loin.
Pour l'instant, le gouvernement ne pouvait pas, à ce
stade-là, indépendamment de ce qu'on a pu lui reprocher, parler,
si vous voulez, d'une masse salariale prédéterminée qu'il
faudrait ensuite partager entre les employés. Nous avons opté
ce qui nous apparaissait logique et ce qui nous apparaît toujours
logique et extrêmement rationnel pour une évaluation de la
situation, une évaluation des coûts, une évaluation du
personnel en place et, à partir de la situation,
déterminée une politique salariale qui serait appliquée.
En définitive, la masse salariale sont
les mots qui revenaient le plus souvent, la négociation de la
masse salariale, la négociation de la politique salariale.
La masse salariale n'existe que comme résultante de l'application
d'une politique salariale, plutôt que comme une masse
prédéterminée dans un budget qu'on partage, ensuite, au
mieux suivant les personnes qui sont en place ou qui vont venir et
indépendamment des évaluations que l'on peut faire de l'effet de
cette répartition de la masse salariale sur les emplois en place. Donc,
troisième rencontre plénière, les 26 et 27 juillet
1971.
Quatrième rencontre plénière, le 16 août
1971. Les centrales syndicales font part de leur désir de
négocier d'une façon encore plus précise
à une seule table, les principes et les applications de la politique de
rémunération gouvernementale.
La réponse gouvernementale, le 16 août 1971, est toujours
la même: Nous sommes disposés cela va de soi
à négocier les applications de la politique de
rémunération du gouvernement. Nous ne pouvons pas négocier
la politique elle-même, pas plus que nous ne le faisons pour tout autre
secteur d'activités, parce que c'est la prérogative et l'essence
même d'un gouvernement d'établir des politiques et d'être
jugé sur ses politiques.
A partir du 9 septembre 1971, le gouvernement, conformément aux
principes de sa politique salariale, a fait un certain nombre de
dépôts de ses offres monétaires aux différentes
tables de négociations. C'est peut-être un peu fastidieux de les
énumérer ici. Vous les retrouverez dans le cahier qui a
été distribué. Mais, très brièvement :
Le 9 septembre, dépôt des offres monétaires aux
enseignants.
Le 21 octobre, dépôt des offres monétaires aux
professionnels du gouvernement dans la fonction publique.
Le 26 octobre, nous recevons, officiellement, la demande d'une
négociation à une table centrale. Sur ce point, la position du
gouvernement était la suivante: Nous croyons que la négociation
peut et doit être conduite aux différentes tables sectorielles. En
effet, si nous avons comme objectif d'en arriver à donner aux
employés des secteurs public et parapublic les meilleures conditions de
travail, il faut discuter avec ces employés par groupes
homogènes, les plus larges possible. Les tables sectorielles
prévues dans la loi no 46 nous paraissent la meilleure formule de
négociation. C'est la position que nous avons tenue jusqu'au 13 mars, si
ma mémoire est exacte je pourrai corriger cette date tout
à l'heure moment où nous avons accepté finalement
une table centrale de négociations sur quatre points particuliers.
Le 26 octobre 1971, dépôt des offres aux
fonctionnaires.
Le 12 novembre 1971, demande, de nouveau, d'une table centrale de
négociations.
Le 22 novembre 1971, nouvelle demande d'une table centrale de
négociations. Le président de la CEQ, à ce
moment-là, refuse de participer à une table centrale de
négociations, en disant qu'un tel mécanisme de négociation
est plus spectaculaire qu'efficace. Je présume c'est une
présomption; si le représentant de la CEQ était ici, il
pourrait me démentir sur ce point qu'à ce moment-là
la CEQ avait en tête, effectivement, la négociation de conventions
collectives pour le personnel et pour les employés qu'elle
représente. On l'a peut-être convaincue que la table centrale
pouvait avoir des avantages autres que ceux de la négociation et qu'une
table centrale pouvait être plus un moyen de pression qu'un moyen de
négociation. Quoi qu'il en soit, on a pu constater, le 22 novembre, le
retrait de la CEQ de la table centrale, telle que proposée.
Il faut dire que, fin décembre ou début janvier,
cependant, la CEQ revenait sur sa décision et réintégrait
le front commun au niveau d'une demande de table centrale.
Le 23 novembre 1971, dépôt des offres aux employés
d'hôpitaux.
Le 3 décembre 1971, nouvelle demande d'une table centrale. C'est
à ce moment-là que j'ai souligné le désaccord de la
CEQ relativement à la négociation à une table
centrale.
Le 9 décembre 1971, dépôt des offres aux agents de
la paix.
Le 17 décembre 1971, dépôt des offres aux
employés des agences et institutions de bien-être.
Le 30 janvier 1972, occupation, par les agents de la paix, des prisons
et grève des agents de la paix.
Le 15 février 1972 c'est un point qui n'est pas tellement
important dans la négociation mais, enfin, qu'il est peut-être
important de souligner c'est la signature d'une convention collective
entre le gouvernement du Québec et les employés de la raffinerie
de sucre, représentés par la CSN, conformément,
d'ailleurs, aux principes de la politique salariale du gouvernement.
Le 22 février 1972, dépôt des offres aux ouvriers de
la fonction publique.
Le 3 mars 1972, dépôt des offres aux employés de
soutien dans les CEGEP.
Le 5 mars 1972, le gouvernement fait part aux centrales du nouveau plan
de régime de retraite destiné à l'ensemble des
employés des secteurs public et parapublic et sur lequel le ministre des
Affaires sociales pourra nous donner des explications.
Le 8 mars 1972, dépôt des offres aux employés de
soutien des commissions scolaires.
Le 9 mars 1972, le vote, vote qui est pris chez l'ensemble des
employés des secteurs public et parapublic, par lequel on rejette les
offres gouvernementales et par lequel également on donne mandat aux
représentants du front commun de prendre les moyens pour obtenir le
respect des demandes syndicales.
Il faut souligner ici qu'au moment où ce vote
a été pris il n'est pas inutile de le rappeler
les propositions gouvernementales, sur le plan monétaire,
n'avaient fait l'objet d'aucune négociation de la part du front commun.
C'étaient des offres déposées, qu'on avait refusé
de négocier.
Il faut souligner également que, si les statistiques qui nous
sont fournies, je crois, par le front commun, sont exactes, 68.5 p.c. du
personnel qui a voté, à ce moment-là, ont voté
contre les offres gouvernementales et pour l'utilisation des moyens
nécessaires à l'obtention des objectifs du front commun. C'est
donc 68.5 p.c. contrairement aux 80 p.c. et 85 p.c. qu'on peut laisser flotter
de temps en temps.
Le 10 mars 1972, au lendemain du vote, en fait, la convocation... Je
dois rappeler ici que le vote du 9 mars avait eu lieu, je crois, un jeudi. Nous
avions eu précédemment, le dimanche, une rencontre avec les
représentants du front commun. Ils nous ont précisé les
mécanismes de ce qu'ils considéraient devoir être la table
centrale. J'ai dit, à ce moment-là, que nous prendrions en
considération cette demande, compte tenu des renseignements
supplémentaires qu'ils nous avaient fournis. Nous avons effectivement
étudié la demande. Nous avons préparé des
contrepropositions. Afin d'éviter, précisément, que le
débat s'engage essentiellement sur les questions de procédure et
que le débat de fond soit évité, parce que nous ne
pouvions pas nous entendre simplement sur la façon de nous parler, j'ai,
le matin du 9 mars, d'une façon tout à fait indépendante
du vote qui a été pris ce jour-là, demandé aux
représentants du front commun de les rencontrer, à
Montréal, le lundi suivant, le 13 mars effectivement.
La rencontre du 13 mars a eu lieu. Les représentants du front
commun ont demandé de nouveau la table centrale. Ils ont proposé
qu'un certain nombre de points soient inscrits. Nous avons accepté que
la question salariale soit inscrite à la table centrale, tel que
demandé par le front commun. Nous avons également accepté
que la question de la sécurité ou stabilité d'emploi soit
inscrite à la table centrale de négociations.
Nous avons, quant à nous, proposé que soit inscrite,
à la table centrale de négociations, la question du régime
de retraite de même que la question de l'assurance-salaire.
Lorsque le porte-parole gouvernemental et de la partie patronale
exposera le déroulement des négociations, je crois qu'il pourra
témoigner que les deux questions qui ont été inscrites par
la partie patronale à la table centrale de négociations n'ont
effectivement pas fait l'objet de négociations véritables sur le
fond. La demande syndicale, sur ce point a été en gros
c'est la demande précise qui nous a été formulée le
soir de la réunion du Château Frontenac de garder le statu
quo sur chacune des deux questions. Je ne considère pas qu'il s'agisse
là d'une proposition de négociation.
Voilà pour ce qui est de l'historique. A partir de là,
tout à l'heure, le représentant de la partie patronale pourra
faire le point de ces négociations.
Je voudrais brièvement, maintenant, rappeler quels sont, en fait,
les principes que nous avons mis de l'avant le 31 mars 1971, qui ont
été discutés avec les centrales et qui sont la base de la
politique salariale du gouvernement. Ce document a été
distribué j'éviterai de le lire, bien sûr; ce serait
trop fastidieux largement à ce moment-là et il est
toujours disponible pour ceux qui voudraient de nouveau en prendre
connaissance.
La politique de rémunération du gouvernement comporte deux
séries de principes. Il y a, d'abord, des principes et des règles
qui sont relatifs à la structure de la rémunération. Il y
a, deuxièmement, des principes et des règles qui sont relatifs au
niveau de la rémunération.
S'il faut savoir combien on doit payer les gens et à partir de
quels principes déterminer le montant des augmentations de salaires, il
faut savoir également suivant quels principes seront réparties
ces augmentations de salaires et à quelle catégorie de
travailleurs, pourquoi à telle catégorie plus qu'à telle
autre et de quels principes nous tiendrons compte pour établir
précisément les structures salariales.
Dans les principes et règles relatifs à la structure de la
rémunération, un certain nombre ont été mis de
l'avant par le document. Enfin, ils sont tous là. D'abord, les salaires
et traitements sont un premier élément quant à la
structure de rémunération.
Le deuxième élément, ce sont les heures de travail.
Le troisième élément: les congés de maladie. Le
quatrième élément: les vacances et congés
fériés. Le cinquième élément: les assurances
collectives. Le sixième élément: le perfectionnement et le
recyclage. Et, finalement: les régimes de retraite.
Ce sont tous des éléments qui, comme conditions de
travail, ont un impact direct et immédiat sur la
rémunération et sur les montants, en fait, que reçoivent
les employés. En d'autres mots, si le salaire est la question
principale, la question salariale doit être analysée et vue dans
l'optique de l'ensemble des prestations ou de l'ensemble de ce qui est fourni
par l'employeur à l'employé et qui peut se traduire en termes
d'argent. C'est pourquoi nous avons, en plus des salaires, toutes ces questions
d'heures de travail, de congés de maladie, de vacances, d'assurances
collectives, etc.
Quant au premier point, les salaires ou les traitements, le principe que
nous avons mis de l'avant est celui de la parité dans les traitements,
indépendamment du sexe et du statut civil. Au moment de la discussion de
ce principe, le front commun ne nous a pas déclaré qu'il
était en désaccord avec ce principe. En d'autres mots, il faut
payer les gens pour un travail fourni, indépendamment du sexe ou du
statut civil. Dans l'enseignement, par exemple, qu'une institutrice soit
une ancienne religieuse, c'est un facteur dont on ne tient pas compte au moment
d'établir la rémunération.
Deuxièmement, toujours dans la catégorie salaire ou
traitement, il y a l'harmonisation des traitements pour des emplois
similaires.
Harmonisation des traitements pour des emplois similaires
c'est-à-dire qu'à l'intérieur des secteurs public et
parapublic, au cours de la durée des prochaines ententes, les taux de
traitement pour un même emploi ou un emploi analogue comportant des
exigences, des attributions ou des conditions d'exercice similaires seraient
harmonisés.
On a donné un certain nombre d'exemples de cette question. C'est
une question technique qui pourrait faire l'objet, si elle intéresse
certains membres de la commission, d'explications beaucoup plus
condensées de la part, notamment, du directeur de la
rémunération sur ce point. Quant à la parité, dans
les salaires, dans les traitements à l'échelle du Québec,
c'est-à-dire l'élimination des disparités
régionales, toujours au sein des secteurs public et parapublic, c'est un
objectif que nous avons mis de l'avant, tout en tenant compte dans certains cas
exceptionnels du facteur d'éloignement, mais ce sont des situations
exceptionnelles. Nous avons tenu à faire en sorte que les traitements
soient identiques à travers le Québec, quel que soit le lieu de
leur exercice.
Le quatrième élément qui entre sous
l'élément salaire, la reconnaissance de la spécialisation
ou de la qualification particulière, il nous est apparu absolument
essentiel de continuer de reconnaître et d'encourager par
l'éventail des traitements le travail qualifié ou
requérant une plus grande spécialisation par rapport à
celui qui exige moins de qualification et de responsabilité de la part
des titulaires d'emplois.
A cette fin et d'une façon générale
les propositions salariales ont été construites de façon
à ne pas diminuer les écarts relatifs entre les classes d'emplois
ainsi visées et les niveaux différents. Il nous est en fait
apparu essentiel que, lorsqu'il existe pour un emploi une
spécialisation, cette spécialisation qui suppose soit une
plus grande expérience soit une plus grande connaissance technique
soit reconnue au niveau même des salaires.
Le cinquième élément dans l'article 1, les
salaires, les plans de traitement caractéristiques. Il s'agit des plans
de carrière.. Nous avons ici maintenu et élargi dans toute la
mesure du possible aux mêmes catégories d'emplois dans les
nouvelles unités de travail, pour la durée de la convention
collective, les plans de traitement particuliers, qui comportent parfois deux
ou trois classes applicables à des corps d'emploi requérant une
formation de niveau collégial ou universitaire, afin de tenir compte du
caractère propre du développement progressif des titulaires de
ces emplois.
En fait, les employés sont payés, soit suivant des plans
de carrière ou des plans de traitement, soit suivant des taux d'embauche
qui varient sur un ou deux ou trois échelons. Cette question pourrait
aussi faire l'objet de questions plus techniques de la part de la
commission.
En fait, le sixième point dans la question salariale a
été l'utilisation des comparaisons avec des organismes analogues
pour vérifier notamment l'ordre de rangement des emplois les uns par
rapport aux autres, de façon à les mieux situer dans la fonction
publique.
L'absence d'une grille générale de salaire. Il n'y a pas
de grille générale de salaire pour l'ensemble des emplois du
gouvernement. Ce principe signifie que l'ensemble des taux de traitement des
employés des secteurs public et parapublic n'est pas construit selon un
modèle mathématique, comme cela se fait dans certains pays
comme en France, notamment ce qui ne veut pas dire que certaines
échelles particulières, propres à des groupes ou
catégories d'emploi, ne sont pas définies suivant une certaine
logique mathématique à l'intérieur de blocs d'emploi plus
considérable.
Quant aux heures de travail, qui est le deuxième
élément, elles peuvent varier. Ce sont des questions nous
l'avons indiqué qui peuvent faire l'objet de négociations,
notamment pour les moins bien rémunérés, alors que nous
avons proposé d'étendre un certain nombre d'heures de travail, si
la chose était agréable aux syndicats, pour atteindre
précisément un revenu. C'est ce qu'on semble vouloir atteindre et
c'est ce qui parait aussi normal. Un nombre de 32 heures et demie de travail,
dans la fonction publique, c'est quelque chose qui a été
gagné par le syndicat et donné par la partie patronale, mais
compte tenu de l'ensemble de l'économie du Québec. Ce n'est rien
pour faire mourir personne.
Au niveau des congés de maladie, nous avons proposé
l'assurance-salaire. Au niveau des vacances et des congés
fériés, les propositions qui ont été
présentées visaient essentiellement à harmoniser les
vacances et les congés fériés de façon qu'il y ait
un régime cohérent de vacances pour les salariés, le
régime des enseignants continuant toutefois d'être
différent, évidemment, du régime général.
Nous nous sommes également attachés à définir, pour
l'ensemble des groupes concernés, un nombre maximum de jours dits
fériés ou spéciaux. Quant au perfectionnement et au
recyclage, les propositions que nous avons faites comportaient assez souvent
des améliorations notables et qui n'ont pas fait l'objet, par ailleurs,
de contrepropositions sérieuses du côté syndical.
Il resterait à parler puisque je l'ai abordé
très rapidement de tout cet aspect de la structure de
rémunération. Je voudrais dire ici que c'est un des points
d'achoppement de la négociation en ce sens que nous croyons, quant
à nous, que c'est la responsabilité de l'Etat et du gouvernement
d'établir des structures d'emploi, d'établir des plans de
carrière, d'établir des
taux de progression dans la fonction publique, notamment quand il faut
tenir compte de la permanence, lorsqu'elle existe. Du côté
syndical, une des demandes qui ont été faites était que
les augmentations de salaire consenties en termes de millions de dollars soient
distribuées par le syndicat suivant ses grilles de traitement à
lui et suivant ses échelonnements de fonctions à lui plutôt
que suivant celles du gouvernement. Nous considérons, quant à
nous, que c'est un élément essentiel de gestion et
d'administration, et qu'il appartient d'abord et avant tout à l'Etat
d'échelonner ses emplois, de les classer et de les catégoriser,
de les harmoniser de telle sorte que l'administration fonctionne d'une
façon cohérente avec l'ensemble du marché du travail.
C'est un des points d'achoppement de la négociation. Je n'ai pas
abordé, à ce moment-ci, le deuxième bloc de principes ou
de règles qui sont sous-jacents à notre politique de
rémunération et qui portent sur le niveau de la
rémunération, c'est-à-dire la question du 4.8 p.c. Je me
bornerai, au moment où se terminent les travaux de cette commission,
à en donner les deux principes. Je m'excuse auprès de mon
collègue des Affaires sociales qui n'aura pas pu parler du régime
de retraite, ce que nous pourrons faire à la reprise de nos travaux.
Les principes et règles relatifs au niveau de la
rémunération sont essentiellement les suivants: le gouvernement
et ses partenaires entendent toujours continuer à procurer à
leurs employés des conditions de travail raisonnables, compte tenu de
l'ensemble des autres avantages, et ce par rapport aux conditions qui
prévalent généralement sur le marché du travail au
Québec.
C'est là que se situe en fait la principale décision
politique d'un gouvernement. Le gouvernement, en prenant cette décision,
a opté pour que ses employés des secteurs public et parapublic
aient des conditions de travail comparables à ce que l'on peut
généralement observer sur le marché du travail au
Québec. Non pas uniquement dans l'entreprise privée, comme on l'a
souvent dit, mais dans les analyses ce sera démontré
et les études que nous avons faites pour rechercher cette moyenne
observable au Québec, nous avons tenu compte des emplois du gouvernement
fédéral. Nous avons tenu compte des emplois des grandes
corporations sur le territoire du Québec, parce que c'est en fait la
limite géographique de nos applications. C'est de ça que nous
avons tenu compte.
Afin de réaliser ces objectifs, les guides suivants ont
été utilisés pour déterminer les niveaux de
rémunération des employés. D'abord, que la
rémunération des employés se situe au niveau de la moyenne
généralement observée au Québec pour des emplois
identiques ou analogues. C'est un point sur lequel je demanderai au directeur
de la rémunération d'expliquer les mécanismes et les
techniques qui l'ont amené et qui nous ont amenés, tous ensemble,
à déterminer cette moyenne observée au Québec.
Donc, tenir compte de la moyenne généralement observée au
Québec pour des emplois identiques ou analogues.
Deuxièmement, les accroissements de rémunération
auront pour objectif de maintenir le pouvoir d'achat des
rémunérations, c'est-à-dire que les salaires doivent
être augmentés de telle sorte que le pouvoir d'achat des
employés sur la période de la convention collective soit
maintenu, compte tenu de l'augmentation du coût de la vie.
Là-dessus, aussi, j'aurai énormément d'explications
à fournir. J'ai des points qu'il faut souligner parce que c'est
extrêmement important. On confond souvent l'augmentation du coût de
la vie avec l'augmentation des besoins, parce qu'en même temps que le
coût de la vie augmente, il est facile de constater que les citoyens sont
de plus en plus consommateurs.
On ne fait pas toujours cette distinction qui existe entre
l'augmentation des besoins, souvent créés artificiellement par
une surpublicité, et l'augmentation réelle du coût de la
vie. Il est évident que, si l'on retrouve, à Noël, sur la
table, des victuailles qu'on n'a pas l'habitude d'y retrouver, ce n'est pas
uniquement l'augmentation du coût de la vie, mais c'est l'augmentation de
la consommation également. Nous n'avons pas à en tenir compte.
Quant à nous, c'est l'augmentation du coût de la vie et le
maintien du pouvoir d'achat.
Le troisième élément dont nous avons tenu compte:
les accroissements de rémunérations doivent avoir pour objet de
permettre à l'ensemble de ce même personnel de
bénéficier périodiquement de l'accroissement de la
richesse collective. Là aussi, vous aurez des questions à poser,
à savoir comment on peut établir, de la façon la plus
précise possible, les pourcentages de cet accroissement de la richesse
collective. Considéré sous un autre angle, l'ensemble de ce
même personnel ne sera pas appelé à supporter plus que les
autres membres de la collectivité la mise sur pied de nouveaux projets
ou programmes gouvernementaux. En d'autres mots, le gouvernement n'a pas
l'intention d'économiser de l'argent sur le dos de ses employés
pour faire autre chose.
En conséquence, les accroissements de la
rémunération correspondront à l'addition des
résultats de ces trois éléments: rattrapage, s'il y a
lieu; accroissement de l'indice des prix à la consommation et
accroissement de l'indice de la productivité. Les salaires constituant
le principal élément de la rémunération,
l'application de ces principes et règles aux salaires, sans toutefois
remettre en cause la structure des traitements en vigueur dans les secteurs
public et parapublic, a pour effet de définir la procédure
suivante: correction des traitements de certains emplois qui se
révéleront hors ligne par rapport à la moyenne
observée au Québec; correction de certaines disparités
salariales pour tenir compte des règles de structure, notamment en ce
qui a trait à la parité homme-
femme; augmentation annuelle selon un pourcentage donné des taux
et échelles de traitements.
Quant aux emplois où les comparaisons ne sont pas possibles, les
propositions salariales visent, comme c'est le cas présentement et
compte tenu des plans de rémunérations propres à ces
emplois, à procurer des perspectives qui correspondent à celles
d'emplois dont les qualifications, responsabilités et autres exigences
se ressemblent. Toutefois, en raison de multiples chevauchements, il ne saurait
être question d'un alignement de type mathématique, et c'est
évident.
Je termine par ceci, M. le Président: Deux intentions
sous-tendent les règles et principes de rémunération
exposés par le gouvernement aux centrales syndicales en mars, mais
repris depuis et traduits dans les offres que nous avons faites. Ces offres,
sur un point, n'ont pas respecté la politique salariale du
gouvernement.
Je tiens à le dire ici, lorsque nous avons offert $11 millions,
une première fois, et après la première grève, je
crois, et lorsque nous avons, de nouveau, offert $32 millions, nous n'avons pas
strictement respecté les principes de notre politique salariale en ce
sens que nous avons dépassé, pour les employés moins bien
rémunérés, ce que nous avions établi comme
étant la moyenne généralement observée.
Deux intentions donc sous-tendent les règles et principes de
rémunération exposés dans la politique du gouvernement:
procurer aux employés du secteur public des conditions de travail justes
et équitables; deuxièmement, canaliser l'effort de tous,
gestionnaires et employés, dans la réalisation des modes les plus
efficaces de gestion des établissements et institutions qui sont au
service de tous les citoyens du Québec. La création de bureaux
spécialisés de placement et un effort plus considérable au
niveau du recyclage, des offres améliorées au niveau de la
demande des enseignants, en ce qui a trait à la permanence d'emploi que
nous n'avons pas accordée, ces facteurs viennent s'ajouter à
ceci.
Le régime de retraite, le ministre des Affaires sociales pourra
en parler au moment de la prochaine séance, visait essentiellement
à étendre à 125,000 employés des secteurs public et
parapublic des avantages qui ne sont offerts, actuellement, qu'à la
moitié de ceux qui sont dans les secteurs public et parapublic,
c'est-à-dire à la moitié des 250,000 employés. La
proposition que nous avons faite vise à étendre à cette
catégorie d'employés les bénéfices d'un
régime de retraite, non pas en l'implantant immédiatement et
d'une façon brutale mais en donnant aux nouveaux employés,
à ceux qui ne sont pas couverts par un régime de retraite,
immédiatement tous les bénéfices d'un régime de
retraite, et en étendant sur trois années l'application et le
paiement des primes, leur contribution à ce régime de retraite.
Il nous a fallu, cependant, demander, pour donner suite aux études qui
étaient faites, aux autres employés déjà couverts
par le régime de retraite de supporter une part plus grande du fardeau
de ce régime de retraite, non pas parce que nous voulions ainsi financer
les nouveaux adhérents au régime, mais bien parce que les
analyses et les études faites démontrent que le coût total
de ce régime de retraite se situe entre 17 p.c. et 19 p.c. de la masse
salariale alors que la contribution actuelle des employés est de 5 p.c,
ce qui nous paraît un écart beaucoup trop considérable
entre ce que doit payer le fonctionnaire et ce que doit payer le citoyen par le
gouvernement. Ces calculs n'ont pas été possibles avant cette
année et l'année dernière précisément pour
les mêmes raisons qu'il a été impossible d'établir,
d'une façon aussi précise, des politiques salariales.
Voilà, M. le Président, très brièvement,
quels sont les principes de la politique salariale du gouvernement. Un certain
nombre de points feront l'objet, comme je l'ai dit, d'exposés plus
techniques, notamment la moyenne généralement observée,
l'établissement des 4.8 p.c. Il sera loisible, ensuite, à cette
commission, après avoir entendu l'exposé sur le régime de
retraite, après avoir entendu les explications sur l'assu-rance-salaire,
de débattre toute la question, à savoir:
Est-ce que les employés des secteurs public et parapublic doivent
être payés suivant la moyenne généralement
observée au Québec ou s'ils doivent, à partir des fonds
publics, recevoir des traitements et des conditions de travail qui les situent
à la pointe de ce qui est fait sur le marché du travail, au
Québec, avec les conséquences que nous avons déjà
énoncées? C'est là qu'est la question politique qui pourra
être débattue à cette commission mais qui ne peut faire
l'objet de négociations à la table centrale ou aux tables
sectorielles, où les négociations, à mon avis, auraient
dû se faire et où les négociations devraient aussi,
à mon avis, se poursuivre.
La question qui doit être débattue avec le syndicat, c'est
la question des conditions de travail. La question qui peut être
débattue ici, c'est la question du mandat de ce gouvernement et de
chacun de ceux qui sont à l'Assemblée nationale, face à
une révision éventuelle et substantielle de ce que j'ai
appelé le contrat social.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. La commission ajourne ses travaux
à demain après-midi, seize heures.
(Fin de la séance à 18 h 8)
Séance du mercredi 3 mai 1972
(Seize heures cina minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission de la Fonction
publique): A l'ordre, messieurs !
Je voudrais d'abord vous informer qu'on m'a avisé que le
député de Chicoutimi sera remplacé par le
député de Dubuc comme membre de la commission pour la
présente séance.
Pour faire suite à nos travaux d'hier, nous allons
immédiatement donner la parole au ministre de la Fonction publique.
Négociation dans les secteurs public et
parapublic
M. L'ALLIER: M. le Président, j'ai essayé, hier
après-midi, de vous donner brièvement l'historique des faits qui
nous ont conduits à l'élaboration d'une politique de
rémunération. J'ai essayé également de vous donner,
le plus succinctement possible, quels étaient les principes de cette
politique de rémunération et j'ai également fait
état des offres que nous avions faites à chacune des tables de
négociation à compter de septembre 1971. Nous avons suspendu nos
travaux au point où je suggérais que le porte-parole de la partie
patronale, c'est-à-dire celui qui, à la table centrale de
négociation, parlait au nom du gouvernement et au nom de ses
partenaires, notamment la Fédération des commissions scolaires et
l'Association des hôpitaux, fasse à la fois l'historique et donne
le déroulement de la table centrale de négociation.
Je voudrais rappeler ici que cette table centrale de négociation
n'est prévue dans aucune loi et qu'elle a fonctionné du
consentement des parties, c'est-à-dire après une entente entre
les représentants patronaux et les représentants syndicaux.
Si c'est le consentement des membres de la commission, je demanderais,
à ce moment-ci, au porte-parole de la partie patronale, comme
témoin expert, de faire le point sur la négociation à la
table centrale de négociation depuis la première journée
des séances de négociation y compris les négociations en
groupes restreints et y compris également les rencontres que nous avons
pu avoir après coup, lorsque les négociations ont
été effectivement suspendues par le front commun. S'il se pose
des questions à caractère politique au cours de cet
exposé, je demanderais aux membres de la commission de les noter ou tout
simplement de me les poser parce que c'est en fait ma responsabilité et
non celle du porte-parole que de donner des interprétations ou des
explications à des questions politiques au cours de ces
négociations.
M. BURNS: Devons-nous comprendre, à ce moment-là, que le
ministre des Affaires sociales qui devait nous exposer le
problème...
M. L'ALLIER: Nous pourrions effectivement...
M. BURNS: Je n'ai pas objection à ce que ce soit tout de suite ou
plus tard.
M. L'ALLIER: Nous le pourrions peut-être parce que ça
compléterait d'une façon plus précise, à ce
moment-ci, ce que j'ai dit hier sur la politique salariale alors que j'ai
parlé des salaires, de la structure de rémunération quant
au niveau et quant à la structure même de la
rémunération.
Cela compléterait, je crois je m'excuse, sur ce point, le
député de Maisonneuve a parfaitement raison
l'exposé si le ministre des Affaires sociales expliquait
brièvement, en fait, les propositions que nous avons faites quant
à un nouveau régime de retraite. Ces propositions ont
été faites également aux représentants du front
commun, avant la négociation, avant même que nous n'acceptions la
table centrale et ont été reprises à la table centrale de
négociation. Je crois que le député de Maisonneuve a
raison sur ce point.
Suggestion des enseignants
M. BURNS: Est-ce que le ministre me permettrait une question
préliminaire? Il en a été fait mention tantôt en
Chambre. Le député de Saint-Sauveur a posé une question au
ministre de l'Education relativement à une déclaration faite ce
matin par le président de la CEQ, M. Charbonneau. La réponse du
ministre de l'Education a été qu'il n'était pas encore au
fait de cette déclaration. Mais, comme nous avons la chance d'avoir en
même temps et le ministre de l'Education et le ministre de la Fonction
publique avec nous je voudrais tout simplement résumer ce que j'ai
compris de la position de M. Charbonneau, ce matin. Il nous dit qu'en ce qui
concerne la CEQ il serait d'accord pour recommander à ses
affiliés, si le gouvernement lui donnait la même assurance,
l'attitude que le Conseil supérieur de l'éducation pourrait
prendre sur deux choses: la sécurité d'emploi, d'une part, et,
d'autre part, ce qui se passe à la table sectorielle des enseignants.
C'est du moins ce que j'ai compris de la déclaration de M. Charbonneau,
déclaration faite, de son propre aveu, dans le but de faire avancer les
choses du côté des enseignants.
Est-ce que ou le ministre de la Fonction publique ou le ministre de
l'Education a des commentaires à formuler à ce sujet-là?
Est-ce que c'est une proposition en soi inacceptable aux yeux du
gouvernement?
M. L'ALLIER: M. le Président, moi non plus je n'ai pas pris
connaissance du texte de la déclaration du président de la CEQ
et, sous réserve de la lecture de ce texte que je pourrai faire au cours
de l'après-midi, je voudrais tout simplement faire quelques
commentaires.
D'abord, le débat jusqu'ici, a porté autour des questions
qui sont à la table centrale de négociation. La CEQ fait partie,
même si elle en est sortie et rentrée ensuite, du front commun.
Lorsque nous nous sommes quittés le soir de la réunion au
Château Frontenac, il avait été convenu que la position du
gouvernement, dans son offre globale, appelait une réponse ou une
contreproposition du côté syndical. Depuis, il s'est
dégagé très nettement qu'il y avait deux questions en
cause, en fait deux blocs de questions.
D'une part, les conditions de travail et, d'autre part, la question
beaucoup plus vaste qui est sous-jacente notamment la question des $100 par
semaine, dont les enseignants sont solidaires au point de vue d'une demande.
Sur ce point, c'est un problème politique. J'ai dit récemment, et
je le répète aujourd'hui, que le gouvernement et ses partenaires
sont disposés, bien sûr, à reprendre à tout moment
la négociation mais pas à n'importe quelles conditions. Si c'est
pour poursuivre la conversation qui s'était engagée au niveau de
la réunion du Château Frontenac dans les mêmes conditions,
à rien avis il n'y a aucune utilité à reprendre de telles
négociations parce que c'est précisément un cul-de-sac, ou
un "dead-lock", comme on le dit en anglais, tant et aussi longtemps qu'on
recherchera, par la demande syndicale, une modification qui est une
modification substantielle, à notre avis des structures de la
société québécoise.
Nous n'avons pas eu de contreproposition du front commun. La proposition
qui est faite par le président de la CEQ fera certainement l'objet d'une
analyse par le ministère de l'Education. Mais il ne faudrait pas, de ce
côté non plus, être trop optimiste dans la mesure,
précisément, où la question que nous avons posée au
Château Frontenac continue d'être sans réponse. Ainsi, si la
CEQ veut reprendre la négociation au niveau sectoriel sur l'ensemble des
points, c'est une chose. Mais il faudrait savoir si c'est exactement cela que
ça veut dire et ce que cela suppose au niveau du front commun.
Si la CEQ demande que la négociation s'engage au niveau sectoriel
sur des points qui ne sont pas déjà à la table centrale de
négociation et propose en fait, sous une forme ou sous une autre, une
forme d'arbitrage, que ce soit par le Conseil supérieur de
l'éducation ou par toute autre instance, le gouvernement a
déjà fait connaître sa position sur la question de
l'arbitrage.
On sait que la question de la sécurité d'emploi est plus
qu'une simple clause normative sans conséquence. Cela est intimement
lié, en fait, à des questions monétaires. La
sécurité d'emploi comme la question de la tâche sont
intimement liées à des questions monétaires, lesquelles
sont à la table centrale de négociation. Sur ce point, la
position du gouvernement demeure inchangée. Nous sommes opposés,
pour les raisons que vous avez déjà indiquées, à ce
qu'il y ait quelque forme d'arbitrage que ce soit, d'arbitrage obligatoire et
d'arbitrage exécutoire, parce que c'est précisément la
responsabilité des parties et la responsabilité, en particulier,
du gouvernement à un moment donné de décider pour
l'ensemble de la population en assumant les risques de cette
décision.
M. BURNS: Si vous me permettez, M. le Président, j'ai
effectivement donné mon appui à la position du ministre de la
Fonction publique là-dessus. Si j'ai bien compris la proposition de M.
Charbonneau, il faisait justement une distinction. Même si on trouve la
formule de l'arbitrage obligatoire assez apparentée à l'arbitrage
exécutoire, il reste une distinction majeure.
C'est que le Conseil supérieur de l'éducation, comme tel,
selon M. Charbonneau, ne devrait pas ou ne pourrait pas être
considéré comme une tierce partie au sens général
du mot. Surtout que, dans la lettre qu'il adressait au ministre de l'Education,
en date du 1er mai, il mentionnait plus précisément les sujets
sur lesquels il demandait l'opinion du Conseil supérieur de
l'éducation.
Les sujets sont, si je peux les énumérer j'ai une
copie de cette lettre, qui a été distribuée avec le
communiqué de la CEQ la participation-consultation, la
sécurité d'emploi, plus particulièrement le critère
d'ancienneté, le perfectionnement et le recyclage, la tâche
à tous les niveaux, les régions éloignées,
l'éducation permanente et l'organisation des services aux
étudiants.
Evidemment, vous allez me dire qu'il y a des incidences
monétaires dans ces choses, mais ce n'est pas, à proprement
parler, comme le disait le ministre de la Fonction publique tantôt, des
négociations comme telles sur les fonds publics par une tierce partie.
C'est ce point que j'essayais d'éclaircir.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je remercie le
député de Maisonneuve de m'avoir fait parvenir le
communiqué en provenance de la Corporation des enseignants du
Québec, en ce qui concerne cette conférence de presse.
Je constate, à la lecture, premièrement, qu'il en a fait
état d'une manière exacte ce dont je ne doutais d'ailleurs
pas et, deuxièmement, qu'il y avait, apparemment, un certain
nombre de documents annexés faisant état d'une correspondance
entre M. Charbonneau et moi-même. Il semble même que M. Charbonneau
ait cru devoir rendre publique une lettre que je lui adressais. On vient de me
remettre sa dernière lettre, datée du 1er mai.
Je crois qu'il faut clairement établir que les objectifs que
poursuivent les enseignants sont parfaitement valables. Le ministère de
l'Educa-
tion, comme le gouvernement, est aussi en faveur de l'humanisation de
l'école. Il est aussi en faveur de créer un système
où les élèves, comme leurs professeurs, se sentiront le
plus à l'aise possible.
Là où il y a divergence, c'est, bien sûr, sur les
modalités Je crois qu'il faut, tout de même, le préciser,
puisqu'il semble, en ce moment, que la Corporation des enseignants me mette en
cause. Dans sa première lettre, M. Charbonneau semblait croire que je
n'avais, strictement, en tant que ministre de l'Education, aucun rôle
à jouer dans ces négociations. J'ai cru, d'ailleurs,
rétablir les faits en expliquant clairement qu'il existait des
mécanismes régis par notre régime des relations de travail
et que ces mécanismes faisaient que le ministère de l'Education
était présent constamment, à chaque étape de ces
négociations, au moins à deux niveaux: au niveau du ministre,
lequel est membre d'un comité ministériel avec le ministre de la
Fonction publique, le ministre des Finances et le ministre des Affaires
sociales, comité qui s'est réuni tout au cours de ces
négociations, parfois plusieurs fois par jour, et qui a fait le lien
entre les tables et le cabinet.
Le ministère de l'Education a été également
présent au niveau des différentes tables sectorielles.
C'est donc, je crois, par l'intermédiaire de ces
mécanismes qu'il convient d'intervenir. Et il n'y a pas un mandat dans
le domaine de l'éducation qui n'a pas été vu par le
ministère et par le ministre, de sorte que je peux parfaitement
comprendre qu'en faisant état de cette correspondance privée on
veuille peut-être mettre en évidence le fait...
M. BURNS: La correspondance d'un ministre n'est jamais
privée.
M. CLOUTIER(Ahuntsic): Bien sûr! D'ailleurs, je trouve cela
parfaitement normal, je n'ai aucune objection à ce qu'on l'aie fait. Je
ne l'aurais pas fait le premier, mais les lettres disent ce qu'elles veulent
dire.
Ce sur quoi je veux insister, c'est qu'il n'est pas question de sortir
des mécanismes établis: et ces mécanismes établis
permettent parfaitement et j'insiste sur ce point de tenir compte
des impératifs pédagogiques dont fait état, à juste
titre, le président de la Corporation des enseignants.
En ce qui concerne la suggestion de faire appel au Conseil
supérieur de l'éducation, il convient tout de même de se
rendre compte qu'à ce moment-là on s'éloigne des
mécanismes qui existent déjà et qui, semble-t-il, ont
été tout de même approuvés par toutes les parties.
Le Conseil supérieur de l'éducation ne fait pas partie du
ministère de l'Education. Il est régi par une loi
particulière et il s'agit d'un comité consultatif. Je ne vois
pas, par conséquent, comment il serait possible de lui faire jouer un
rôle d'arbitre. Mais ceci n'exclut absolument pas que le ministère
y fasse appel constamment pour avis sur des sujets particuliers.
Je pense que ces quelques remarques font le point de la question et j'ai
moi-même une interrogation à la suite de cette dernière
lettre de M. Charbonneau: Est-ce que cette demande, en fait, ne serait pas une
demande de réouverture de négociation au niveau sectoriel? Et
j'aimerais bien qu'on m'apporte une réponse à cette question.
M. BURNS: Je ne suis pas autorisé à parler au nom de la
CEQ, mais moi, de la façon que je le comprends même si
ça fait sourire certaines gens derrière, je ne suis pas procureur
de la CEQ - ...
M. VEILLEUX: Nous allons le demander à un représentant de
la CEQ. Il y en a dans la salle,
M. BURNS: ... dont vous avez déjà fait partie
vous-même, à un moment donné.
M. VEILLEUX: D'où on m'a expulsé à vie. M. BURNS:
Je ne me référais pas à ça.
M. VEILLEUX: Parce que j'ai fait mon devoir de député.
M. BURNS: Ce que j'ai compris de la suggestion de M. Charbonneau, c'est
qu'il y a tellement de problèmes actuellement en suspens entre les
parties que si on en écarte au moins une partie, par l'entremise de
suggestions venant de gens dont c'est l'affaire de conseiller le gouvernement
en matière d'éducation, il me semble que c'est un pas de l'avant
pour l'ensemble de la négociation elle-même. C'est dans ce
sens-là que j'ai compris la suggestion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Je suis un peu étonné
d'entendre le député de Maisonneuve, qui a une vaste
expérience dans ce domaine, faire état d'une suggestion comme
celle-ci, laquelle court-circuite des mécanismes que nous avons mis en
place et que nous respectons tous. Ce n'est pas le gouvernement qui a
insisté au départ sur une table centrale. Il est très
possible que, si les enseignants avaient opté pour une table
sectorielle, un certain progrès aurait pu être
enregistré.
M. BURNS: Non, mais sauf qu'à la table centrale on ne discute pas
de problèmes propres aux différents secteurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien pour ça justement qu'on peut
se demander là le ministre de la Fonction publique pourra
peut-être me relayer si ce n'est pas en quelque sorte une demande
d'ouverture pour une table sectorielle.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je n'ai pas devant moi le
texte de la loi portant création du Conseil supérieur de
l'éducation, mais j'adresserais une question au ministre de l'Education.
Est-ce que le conseil, s'il le désire, peut se saisir lui-même de
la question et rendre public un rapport, après avoir entendu s'il le
désire les deux parties, le ministère de l'Education et la CEQ ou
des représentants des enseignants, sur les points qui
l'intéressent et rendre public son avis ou sa pensée sur la
question?
Est-ce que la loi lui permettrait cela? Si la loi le permet, est-ce que
le ministre tenterait d'empêcher par des pressions ou autrement le
conseil de le faire ou s'il laisserait tout à fait libre le Conseil
supérieur de l'éducation de jeter un coup d'oeil sur
l'état du dossier et de rendre public son jugement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il est exact que la loi
permet au Conseil supérieur de l'éducation de proposer des avis
au ministre, sans même qu'ils soient requis, et il va de soi que jamais
le ministre ne songerait à faire la moindre pression pour priver le
conseil de ses prérogatives.
M. MASSE (Montcalm): Je peux conclure que la CEQ a fait sa demande au
Conseil supérieur de l'Education. Si ce dernier sent qu'il est de
l'intérêt de l'éducation ou des enseignants
d'étudier la question, il pourra le faire et rendre public son jugement.
Celui-ci ne liera pas nécessairement le ministre de l'Education
puisqu'il n'aura pas accepté d'avance d'arbitrage ou de choses
semblables, mais moralement pourrait peut-être l'amener à
considérer d'un bon oeil les suggestions du Conseil supérieur de
l'éducation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, M. le Président, le Conseil
supérieur de l'éducation a déjà rencontré la
CEQ et se propose, m'informe-t-on, de rencontrer la Fédération
des commissions scolaires. Le processus semble donc engagé. Il va de soi
que les avis du Conseil supérieur de l'éducation n'engagent pas
le gouvernement, puisque, comme je l'ai expliqué, il s'agit d'un conseil
consultatif. Mais c'est un conseil consultatif qui joue un rôle
éminent, un rôle extrêmement important.
M. MASSE (Montcalm): Si le conseil supérieur, par son
président, après avoir pris connaissance du dossier, conclut
qu'il est d'intérêt public de faire connaître sa
pensée, est-ce que le gouvernement accepterait que cette pensée
soit rendue publique, ici à la commission, pour que nous puissions en
prendre connaissance et demander des conseils ou poser des questions au
président?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, que c'est au
conseil de décider. Le conseil peut parfaitement juger qu'il est utile
et dans l'intérêt public de rendre son avis public. D'ailleurs,
c'est en général ce qu'il fait.
M. MASSE (Montcalm): De l'avis du ministre, indépendamment du
problème de l'arbitrage, est-ce qu'il considérerait comme un
geste normal que le Conseil supérieur de l'éducation se penche
sur cette question vitale actuellement dans le monde de l'éducation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le Conseil
supérieur de l'éducation s'est déjà penché
pour reprendre l'expression du député de Montcalm
sur la plupart des points en litige. Il a déjà fourni des avis
qui ont été rendus publics.
M. MASSE (Montcalm): Au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des avis au ministre qui ont été
rendus publics pour la plupart. Tous, me dit-on. Maintenant, il faut bien
s'entendre; ce que le député de Montcalm propose est tout autre
chose que ce que la Corporation des enseignants du Québec semble avoir
à l'esprit. Il est clair je crois qu'il faut que ce soit
établi qu'il n'est pas possible de faire jouer à cet
organisme un rôle d'arbitrage qui en fausserait les mécanismes et
qui, d'ailleurs, ne correspond pas à sa fonction.
M. MASSE (Montcalm): Je pense que le ministre de la Fonction publique a
été très clair là-dessus. Sur la plupart des
interventions qu'il a faites dans ce sens-là, au sujet d'arbitrage
obligatoire, le député de Maisonneuve, celui de Montcalm et la
plupart des députés ici ont été d'accord avec lui,
mais ce dont je parle est une autre chose, c'est un arbitrage moral et non pas
légal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'accepte pas, M. le Président,
l'expression "arbitrage moral" parce que cela prête peut-être
à confusion. Il est évident que le gouvernement recevra tous les
avis de ces organismes consultatifs avec le plus grand intérêt.
Cependant, je voudrais bien préciser qu'un organisme consultatif peut
parfaitement donner un avis sur un sujet déterminé, en
s'adressant surtout aux objectifs, en tenant compte d'une situation
idéale, alors que le gouvernement, tout en admettant ces objectifs, est
parfois obligé de tenir compte de certains impératifs. Dans ces
impératifs, il y a des politiques, qu'il s'agisse de politiques
salariales ou qu'il s'agisse de politiques pédagogiques.
C'est donc dans cet esprit-là il ne faut pas croire qu'un
avis du Conseil supérieur de l'éducation lie le gouvernement;
aucun avis du conseil de l'éducation ou de quelque autre organisme que
ce soit ne doit nécessairement être considéré comme
étant un modèle à suivre que je me suis permis ces
quelques remarques.
M. BURNS: J'aime bien l'expression "arbitrage moral"...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien parce que je craignais que vous ne
l'aimiez que je m'y oppose.
M. BURNS: ... que le député de Montcalm vient d'utiliser,
parce qu'effectivement le gouvernement utilise cet arbitrage moral chez les
policiers provinciaux.
Le comité paritaire des relations de travail des policiers
provinciaux ne lie pas le gouvernement, ni l'Association des policiers
provinciaux du Québec mais, à toutes fins utiles, agit sur les
deux parties comme une espèce de force morale, d'arbitrage moral.
M. L'ALLIER: Sur ce point, M. le Président, je crois qu'il ne
faut quand même pas s'éloigner de la question fondamentale. Quels
que soient les avis ou les opinions qui puissent être émis par le
Conseil supérieur de l'éducation ou par tout conseil ou tout
organisme qui est ou se croirait habilité à donner des avis en
cette matière, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'une
condition de travail importante. Dans la mesure où la CEQ fait partie du
front commun, continue de faire partie du front commun, où
précisément il n'y a pas de son côté d'ouverture
à la négociation, tel que nous l'avons souhaité, indiquant
que cela serait acceptable pour nous, ça demeure bien souvent un
problème théorique que d'en parler maintenant. Je ne vois pas
comment la CEQ pourra éviter à un moment ou l'autre, de
même que le front commun, de répondre d'une façon
quelconque et dans un sens ou dans l'autre à l'ouverture de
négociation que nous avons faite quant à nous au Château
Frontenac là-dessus.
Il faut que le débat soit dissocié. Si on accepte de
s'asseoir sur la discussion des conditions de travail, dans le contexte qui
existe actuellement au Québec et conformément à ce que
nous avons indiqué comme grands principes de politique, à ce
moment-là la négociation est possible. Autrement, que ce soit par
un détour ou par un autre, je ne vois pas comment on pourrait y arriver.
Ce serait probablement induire la population en erreur que de laisser croire
qu'il est possible d'en arriver maintenant à des compromis majeurs alors
que nous avons, dans l'intérêt de la population, assumé une
responsabilité en subissant une grève et en défendant des
positions alors que les pressions qui étaient exercées, tant sur
le gouvernement que sur la population, étaient extrêmement
fortes.
Les positions que nous avons défendues alors sont toujours les
positions que nous défendons maintenant. Quant à nous, c'est dans
l'intérêt de l'ensemble des travailleurs des secteurs public et
parapublic comme dans l'intérêt de l'ensemble de la population que
nous essayons de continuer de rechercher les meilleures conditions de travail
possibles pour ces gens et pas autre chose.
Si, du côté syndical, on est prêt à revenir
sur un certain nombre de positions pour ajouter aux efforts du gouvernement en
vue de cette recherche de conditions de travail, très bien. Sinon, que
voulez-vous, le problème demeure entier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Pour la masse salariale, je ne verrais pas qu'il y ait un
arbitrage obligatoire mais il me semble que ça ferait partie des
mécanismes si M. Charbonneau s'adressait au ministre du Travail pour
demander, par exemple, un conciliateur. Je ne crois pas impossible que
certaines personnes faisant partie du Conseil supérieur de
l'éducation, étant complètement au courant du travail,
puissent être nommées conciliateurs ou médiateurs
spéciaux pour faire reprendre la négociation. Il faudra qu'on ait
quelqu'un pour ramener les parties à la table centrale ou à la
table sectorielle pour faire avancer la négociation. Je crois que
ça pourrait faire partie des mécanismes que M. Charbonneau
s'adresse au ministre du Travail pour faire nommer certaines personnes en qui
il aurait confiance faisant partie du Conseil supérieur de
l'éducation comme conciliateurs ou médiateurs
spéciaux.
M. L'ALLIER: Je n'ai rien à ajouter, M. le Président.
M. BOIVIN: II n'y a pas eu de conciliation. Il n'y a pas eu de
médiation. Un travail considérable a été fait des
deux côtés. On l'a vu. Cela a coûté probablement
près du million de dollars. Alors, il me semble que ce qu'il faut
actuellement, c'est essayer de rapprocher les deux parties pour que la
négociation recommence. C'est le conciliateur ou le médiateur qui
va aider les deux parties à se rencontrer à la table de
négociation. Je pose la question au ministre: Est-ce qu'il serait
possible que M. Charbonneau s'adresse on a parlé de
mécanisme, il me semble que cela en ferait partie, c'est le
mécanisme normal au ministre du Travail pour lui demander de
nommer un conciliateur ou un médiateur spécial? C'est comme
ça qu'on a évité la grève à la
dernière négociation.
M. CASTONGUAY: M. le Président, si vous me permettez, juste un
petit commentaire. J'ai écouté attentivement tout
l'échange de vues. Le ministre de la Fonction publique a dit qu'il
étudierait très attentivement la déclaration du
président de la CEQ. Le ministre de l'Education a dit, pour sa part,
qu'il serait utile que certains points de cette déclaration soient
clarifiés par M. Charbonneau. Il y a là sans doute des voies qui
s'ouvrent. Il me semble qu'avant d'aller plus loin il nous faille les
étudier attentivement et avoir d'autres clarifications au besoin. Je
pense que l'échange d'opinions que nous venons d'avoir peut être
fort utile, mais le temps passant, il serait peut-être bon de revenir au
fond du dossier pour le moment.
M. LE PRESIDENT: J'accorde deux dernières questions au
député de Frontenac et au député
d'Abitibi-Ouest.
M. LATULIPPE : Une simple question.
M. LE PRESIDENT: Questions additionnelles.
M. LATULIPPE : Faisant suite aux propos du député de Dubuc
et également au court-circuit du ministre de l'Education tout à
l'heure, j'ai cru voir, ce matin, dans les journaux, que le ministre du Travail
se préparait à rétablir les lignes, qu'il y aurait
peut-être possibilité d'une nouvelle amorce de négociation.
Est-ce que le ministre peut confirmer ou infirmer cette nouvelle? Je pense que
j'ai lu cela dans le Soleil, au bas d'une page. Nous avons une section
régionale. Je ne sais pas... Je n'ai peut-être pas porté
assez attention.
Est-ce que le ministre du Travail fait actuellement un certain travail
en vue d'essayer d'amener une nouvelle amorce de négociation
auprès des trois grandes centrales syndicales d'une façon ou
d'une autre, soit aux tables sectorielles ou encore directement auprès
de ceux qui sont concernés à la table centrale en vue d'une
nouvelle ronde de négociation?
M. L'ALLIER: Je ne pourrais pas ici parler au nom du ministre du
Travail. J'ai la responsabilité du dossier des négociations.
C'est probablement une question qui pourrait être posée au
ministre du Travail à la période des questions demain.
M. L ATULIPPE : Mais, quand même, est-ce que vous savez s'il se
fait quelque chose dans quelque domaine?
M. L'ALLIER: J'ai pris l'habitude, dans ces négociations
et je considère que c'est une habitude que je devrais garder pour
l'avenir et que je trouve excellente de ne jamais faire de commentaire
sur des présomptions ou sur des choses que je lis, mais uniquement sur
des choses que je puis vérifier.
M. LATULIPPE: Cela n'a pas été vérifié.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, participant à la commission
parlementaire, j'ai cru voir la crainte de plusieurs à l'effet qu'on ne
puisse déboucher sur des solutions pratiques sur ce sujet. De part et
d'autre, on a vu le front commun nous apporter un volumineux dossier dont
presque personne n'a eu le temps de prendre connaissance...
DES VOIX: Aie! Parlez pour vous, et non pour nous autres.
M. MASSE (Montcalm): J'ai passé la fin de semaine
là-dedans.
M. AUDET: Le député de Chicoutimi nous a donné une
idée hier à l'effet que si nous l'étudiions et pouvions
faire des suggestions au gouvernement, on se demande quelle position ou quelles
modifications le gouvernement pourrait apporter à sa position
première, dans l'état où étaient les choses avant
le dépôt du bill no 19. De toute façon, le front commun est
reparti d'ici en disant qu'il ne reviendrait pas, qu'il est passablement
indifférent aux pourparlers qui peuvent se faire ici.
Nous nous demandons où nous allons avec cette commission
parlementaire dont le ministre de la Fonction publique se plaît à
dire que ce n'est pas une table de négociation.
UNE VOIX: C'est bien sûr.
M. MASSE (Montcalm): C'est quoi, la question?
M. AUDET: Nous nous demandons réellement où...
M. L'ALLIER: Où cela va. M. AUDET: Pardon?
M. L'ALLIER: Nous nous demandons où ça va.
M. AUDET: ... nous allons. Est-ce que le gouvernement a de nouvelles
propositions à faire à la suite de la loi no 19? Est-ce que nous
pouvons espérer que le gouvernement fasse de nouvelles propositions?
M. L'ALLIER: Je l'ai dit clairement: Le gouvernement n'a pas de
nouvelles propositions à faire. Il a fait une proposition aux
représentants du front commun, au Château Frontenac, proposition
qui a reçu, globalement, une réponse négative. Quant
à nous, c'est là où nous en sommes maintenant. Il faut
bien se souvenir, que c'est le gouvernement qui a fait les dernières
propositions à la table de négociation, dans l'ensemble.
(Panne d'enregistrement)
M. CASTONGUAY: II est peut-être opportun de rappeler que l'article
8 de la loi 19 donne précisément le but de cette commission. On
dit: "La commission parlementaire de la Fonction publique se réunit
mardi le 25 avril 1972, pour recevoir des représentants des associations
de salariés et de ceux des employeurs les explications relatives
à la négociation d'ententes collectives entre les associations de
salariés et les employeurs". C'est le but de la commission. Nous avons
discuté, à quelques reprises, du but de cette commission et de sa
façon de fonctionner.
II me semble que reprendre toute cette question, encore une fois,
aujourd'hui, c'est un peu inutile. Il est clair que la convocation de la
commission n'avait pas pour but de transporter ici la négociation.
L'article de la loi le dit très clairement. C'est dans ce sens-là
que je proposais que nous revenions au fond du dossier ou aux propositions
gouvernementales, le front commun ayant choisi de faire connaître sa
position par la voie d'un dépôt de documents et d'une
déclaration du président de la CSN, M. Marcel Pepin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? L'honorable
député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): J'ai une question qui n'est peut-être pas
reliée directement à la négociation et qui s'adresserait
au ministre de l'Education.
C'est un problème qui cause, actuellement, de graves soucis
psychologiques aux enseignants. C'est la période des démissions
et des congédiements. Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis
quelques jours, des centaines d'enseignants reçoivent, à travers
la province, des lettres de leur commission scolaire. Je tiens à le
dire, ce n'est certes pas relié directement à la
négociation mais, dans le climat actuel, je me demande si le ministre ne
devrait pas profiter de la commission, pour informer les enseignants du
contexte de ces démissions envoyées par les commissions
scolaires. Actuellement, cela perturbe le bon ordre scolaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le député
de Montcalm pose une question qui présente un très grand
intérêt, mais je ne crois pas qu'elle soit dans le mandat de la
commission. Je me permettrais de lui suggérer de me la poser demain.
M. MASSE (Montcalm): Je suis parfaitement d'accord, ce n'est pas dans le
mandat. J'ai pris la peine de le dire au début. Mais c'est que les gens
vivent la période actuellement. Si vous le disiez aujourd'hui, je pense
que cela épargnerait 24 heures de mauvais climat psychologique; c'est
tout ce que cela apporterait comme avantage.
M. BURNS: M. le Président, ce n'est peut-être pas dans le
mandat de la commission mais ce que nous scrutons depuis tantôt, c'est
l'atmosphère. Tout le monde est d'accord qu'ici ce n'est pas la place
pour négocier mais, tout en regardant le fond du dossier, c'est
peut-être l'endroit pour essayer de trouver des solutions de
rapprochement. C'en est une, sans doute, qui fatigue...
M. L'ALLIER: Effectivement nous pourrions, M. le Président, avec
votre permission si vous me donnez la parole maintenant aborder
un certain nombre de questions. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas l'habitude de
me servir du règlement, je ne sais pas non plus à quel article je
pourrais me référer. Ces questions pourraient effectivement
être posées à la période des questions, en Chambre,
ou même le soir, pendant la période qui est prévue pour ce
genre de procédure.
M. BURNS: Le ministre devrait savoir qu'il n'y a pas de
minidébats, de ce temps-là, parce que la Chambre ne siège
pas.
M. L'ALLIER: De toute façon, pendant la période des
questions, ce qui nous permettrait de passer le plus rapidement possible
à entendre le ministre des Affaires sociales et ensuite le porte-parole
du gouvernement, qui ne pourra pas être disponible demain pour faire son
exposé. Etes-vous d'accord?
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que les négociations reprennent
demain?
M. L'ALLIER: Non, non! c'est une autre chose. C'est pour des raisons
personnelles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je pense que nous
avions convenu hier et au début de la présente session d'un ordre
de travaux. Je pense qu'après trois quarts d'heure il serait
peut-être temps de donner la parole au ministre des Affaires sociales,
pour qu'il nous expose sa politique.
Le ministre des Affaires sociales.
Politique sociale du gouvernement
M. CASTONGUAY: Merci, M. le Président. Au sujet de la question
des régimes de rentes, il serait peut-être bon de rappeler
quelques faits avant d'exposer l'offre gouvernementale et des partenaires du
gouvernement dans ce secteur.
Au cours de l'été 1970, le conseil des ministres a
confié à un groupe de travail toute cette question de la
protection en cas de retraite, d'invalidité, de décès
avant la retraite. Ce comité de travail a poursuivi, au cours des mois,
ses travaux d'une façon très intense, a fait un rapport qui nous
paraissait extrêmement sérieux, qui a été
étudié par le comité ministériel plus
spécifiquement chargé de la négociation et par le cabinet,
puisqu'il s'agit d'une question fort importante.
Le gouvernement, d'autre part, aux tables de négociations ou dans
ses relations avec les trois centrales des secteurs public et parapublic avait
informé ses interlocuteurs en mars 1971 de son désir d'aborder
cette question. Aussi, au mois d'août 1971, il avait invité ses
interlocuteurs à discuter ou analyser cette question.
La discussion, en bonne et due forme, de la question n'a pas pris place
suite à cette invitation. La première étape, à ce
sujet, à être franchie, en fait, a eu lieu au Centre
Monsei-gneur-Marcoux, le 5 mars dernier, où nous
avons présenté à la table centrale ou à ce
qui constituait la table centrale, même si ce n'était pas encore
accepté de fait, à ce moment-là, l'offre gouvernementale
au sujet des régimes de rentes.
Avant de passer à cette offre, il est peut-être bon
d'établir certains faits importants pour la bonne compréhension
de la question et aussi de rappeler certains objectifs à ce sujet.
La première constatation qui a été
dégagée par le comité, c'est que dans les secteurs public
et parapublic, environ 125,000 personnes ne sont pas couvertes par un
régime de retraite. Il est peut-être bon de mentionner que, dans
bien des cas, il s'agit de travailleurs dont le niveau de
rémunération se situe dans la partie moyenne ou inférieure
à la moyenne.
Il a aussi dégagé un portrait de ce qui existe
présentement à ce sujet. Puisqu'une partie n'est pas couverte,
parmi les autres secteurs où il y a régime, il n'y a pas
nécessairement uniformité ou même compatibilité. Il
existe deux lois ou deux régimes principaux: celui des fonctionnaires et
celui des enseignants.
Je passe sans traiter des modalités; elles sont disponibles dans
les deux lois. Je pourrai au besoin y revenir si des questions sont
posées à ce sujet. Mais il s'agit de deux lois qui ont
été adoptées dans le cas des enseignants depuis
fort longtemps; dans le cas des fonctionnaires cela remonte à une
époque un peu plus récente et qui ont été
modifiées au cours des années.
Il existe également des régimes définis dans des
conventions collectives pour le secteur hospitalier de façon plus
particulière. Ces régimes touchent principalement les
infirmières et aussi ce que l'on désigne comme les
employés généraux.
La participation des employés à ces régimes, pour
ceux qui tombent dans ces définitions et où ils existent, est
obligatoire. Encore là, je passe en ce qui a trait aux descriptions
particulières de ces régimes.
Il existe aussi, dans certaines institutions, plus
particulièrement du côté du personnel de soutien dans les
commissions scolaires, certains régimes de retraite. Et là aussi
les dispositions varient d'une situation à l'autre.
Il a été également indiqué et il y a
eu des engagements d'ailleurs à ce sujet que d'autres
régimes pourraient être établis. Il s'agit ici plus
particulièrement du personnel de soutien dans le cas des CEGEP, du
personnel de cadre dans le secteur hospitalier. Et ceci, à ma
connaissance, remonte à des négociations antérieures.
Cela, c'est le portrait. Vous avez 125,000 personnes qui ne sont pas
couvertes et vous en avez environ 160,000 si on prend l'ensemble des
secteurs public et parapublic qui sont couvertes, mais avec des
modalités passablement différentes d'un cas à l'autre.
Dans un autre ordre d'idées, parmi les autres constatations
faites par le comité, les deux régimes établis par des
lois soit celui des fonctionnaires et celui des enseignants sont
beaucoup plus généreux que les autres régimes et, dans les
deux cas, le gouvernement assume une part très forte du financement de
ces régimes.
Il a été évalué que, dans le cas des
fonctionnaires, le coût du régime lorsqu'il est
ramené à un pourcentage de la masse des salaires qui sont
versés à ces fonctionnaires est de l'ordre de 16.67 p.c.
de la masse des salaires et, dans le cas des enseignants, de 17.34 p.c. Ceci
à l'exclusion des contributions qui sont versées au régime
de rentes du Québec.
Dans les deux cas, les fonctionnaires et les enseignants versent une
contribution de 5 p.c. et le gouvernement assume le solde. Dans les 5 p.c. qui
sont versés, on tient compte de la contribution qui est déduite
du salaire du fonctionnaire et qui est versée à la Régie
des rentes. Dans le cas de l'employeur, il faut donc ajouter, pour calculer son
effort, la contribution qu'il verse au régime de rentes. Nous en
arrivons en fait à un partage des coûts de l'ordre de 5 p.c. pour
le fonctionnaire et l'enseignant, et de l'ordre de 14 p.c. à 15 p.c.
pour le gouvernement. Donc, à une proportion de trois contre un, sinon
plus, pour le gouvernement.
Par contre, dans les autres situations où il y a un régime
de retraite, l'effort à même les fonds publics, que ce soit dans
le secteur des hôpitaux, que ce soit dans le secteur de l'enseignement,
pour le personnel de soutien, est beaucoup moins considérable. Il est
évident que, dans les cas où il n'y a pas de régime de
retraite, l'effort du gouvernement est nul et qu'il n'y a aucun fardeau
à assumer à même les fonds publics.
Alors, c'est la deuxième grande constatation: donc,
déséquilibre dans l'effort du gouvernement par rapport aux divers
groupes concernés. Compte tenu de ces constatations, le gouvernement,
à la suite des travaux du comité, a dégagé un
certain nombre de conclusions ou d'objectifs. Je crois qu'il est important de
rappeler ces quelques objectifs. Le premier, c'est de maintenir, par la voie de
régime de rentes, en plus du régime de rentes du Québec,
une certaine relation entre les gains après la retraite d'un travailleur
et son revenu avant la retraite.
Egalement, il paraissait normal que l'employeur ou encore le
gouvernement, à même les fonds publics, assume une partie du
financement de ces régimes, de même que les personnes qui sont
couvertes. De même, il paraissait de plus en plus important que les
dispositions de ces régimes permettent une plus grande mobilité
d'un secteur à l'autre, soit de la fonction publique au secteur de
l'enseignement, au secteur hospitalier ou à celui des affaires sociales,
parce que le secteur des affaires sociales comprend plus que le monde
hospitalier.
C'est un objectif éminemment valable. D'ailleurs, il correspond
à celui qui est à la base de l'établissement de la Loi des
régimes supplémentaires de rentes, adoptée en 1965.
Egale-
ment, le gouvernement, dans ses objectifs, croit qu'il ne peut
être question, étant donné le déséquilibre
qui existe présentement en ce qui a trait aux fonctionnaires et aux
enseignants, d'étendre ces régimes dans leur forme actuelle
à tous les autres employés des secteurs public et parapublic.
Alors, il y a aussi, à travers cet ensemble plus
spécifique au régime de rentes, un aspect de la politique de
rémunération, qui a été exposée par le
ministre de la Fonction publique, qui intervient ici, c'est-à-dire une
certaine harmonisation dans les conditions de travail. Les avantages sociaux,
tels qu'un régime de rentes, constituent en fait, un
élément des conditions de travail. Alors, nous reprenons, au
niveau des avantages sociaux, cet objectif de l'harmonisation des conditions
sur ce plan-là, comme des autres conditions de travail qui ont
été discutées ou exposées.
Pour apporter une offre qui paraissait logique, acceptable, qui
respectait aussi, à la fois, les droits acquis des fonctionnaires et des
enseignants et qui ne ferait pas une brisure brusque avec le passé, le
gouvernement a fait une proposition qui doit être disséquée
en deux parties: d'une part le maintien du régime qui s'applique aux
fonctionnaires et aux enseignants pour tous ceux qui sont présentement
couverts par ces régimes, et, d'autre part, l'établissement d'un
nouveau régime pour les autres, dont les modalités
d'adhésion sont décrites dans les documents sur lesquels je
reviendrai dans quelques minutes. Ce second régime pour les nouveaux
employés ou le personnel existant dans les secteurs public et
parapublic, qui ne sont pas couverts par la loi des pensions qui s'applique aux
fonctionnaires et la loi qui s'applique aux enseignants, pourrait être
choisi facultativement par un fonctionnaire ou par un enseignant
présentement couvert. Donc, on lui donne la possibilité de
choisir ce nouveau régime, s'il le désire, mais il n'est pas
question de forcer ceux qui sont présentement couverts à
adhérer à ce nouveau régime. C'est un point, je pense, qui
est capital.
En ce qui a trait aux personnes couvertes présentement par le
régime des fonctionnaires, par le régime des enseignants, compte
tenu du déséquilibre entre l'effort des enseignants et des
fonctionnaires eux-mêmes et l'apport, assumé à même
les fonds publics, du gouvernement, compte tenu de ce
déséquilibre et aussi pour mieux répartir l'effort et
faire en sorte que l'on puisse couvrir tous les personnels, nous avons
proposé que le taux de contribution soit haussé de façon
graduelle de 5 p.c. à 7 p.c. En proposant ce taux, nous avions comme
point de repère l'effort fait par des fonctionnaires dans d'autres
juridictions, c'est-à-dire au niveau du gouvernement du Canada, au
niveau du gouvernement de l'Ontario mais sans toucher, en contrepartie, les
avantages contenus dans ces deux lois.
J'insiste sur ceci parce qu'il a été dit qu'en même
temps que nous demandons de hausser le taux de contribution de 5 p.c. à
7 p.c, nous demandons de réduire les avantages compris dans ces
régimes; c'est faux. Deuxièmement, il est important de se
rappeler qu'en plus du fait que cette hausse, dans le taux de contribution
requis, va être dans l'offre qui est proposée elle sera
graduée sur une période de quatre ans, c'est-à-dire au
rythme de 1/2 de 1 p.c. par année. Il ne s'agit pas de 1/2 de 1 p.c. qui
revient et qui est cumulatif. Une fois qu'on atteint 7 p.c., c'est
plafonné. Dans les propositions de la politique salariale, lorsqu'on
parle de 4.8 p.c, par exemple, c'est un taux qui revient chaque année,
qui est cumulatif. Au bout de trois ans, on arrive à un pourcentage
supérieur à 15 p.c.
Il est faux de comparer ces 2 p.c. aux 4.8 p.c compris dans la politique
salariale; ce sont deux choses qui ne se comparent pas directement. L'un est
gradué au rythme de 1/2 de 1 p.c. par année et, lorsqu'on atteint
le plafond de 7 p.c, cela se stabilise. Dans l'autre cas, c'est cumulatif. Ce
départ de la hausse des contributions comme me le fait remarquer
le ministre de la Fonction publique dans les propositions qui ont
été faites ne prendrait effet qu'au cours de l'année
1973.
Quant au niveau régime, je peux en donner une description.
J'espère qu'elle ne sera pas trop longue. Si vous trouvez qu'elle est
trop détaillée, faites-moi signe et je tâcherai
d'être plus bref. Comme il s'agit d'une question fort importante, il me
paraît nécessaire de l'exposer de la façon la plus
détaillée possible. En ce qui a trait à la couverture
visée, aux personnes qui pourraient en faire partie, c'est l'ensemble
des employés des secteurs public et parapublic qui ne sont pas
présentement couverts par les régimes applicables aux
fonctionnaires et aux enseignants.
En ce qui a trait à leur participation, étant donné
qu'il y en a présentement en cours d'emploi qui ne sont pas couverts
au moment où ils ont été engagés, cela ne
faisait pas partie de leurs conditions d'engagement nous avons
proposé que leur participation soit facultative. Mais, au lieu que le
choix s'exerce sur une base individuelle, nous avons proposé que ce
choix se fasse par groupe de telle sorte que, dans un groupe donné, on
ne retrouve pas des employés avec des conditions de travail
différentes, certains ayant des avantages au plan de la retraite,
d'autres n'en ayant pas.
Nous avons proposé des moyens d'identifier ces groupes ou
certaines grandes classifications, par exemple, les cadres, les professionnels,
le personnel de soutien, les ouvriers, les techniciens, les infirmières,
les enseignants, etc. Les employés présentement couverts par les
régimes applicables aux enseignants et aux fonctionnaires, comme je l'ai
mentionné tantôt, peuvent opter pour ce nouveau régime.
En ce qui a trait à la pension, on propose dans ce régime
que, tout comme pour les
régimes actuels, la base du calcul de la pension soit la moyenne
des salaires pour les cinq années les mieux
rémunérées; donc, c'est la même base que pour les
régimes actuels. C'est une base généralement
considérée comme étant la plus avantageuse dans ce type de
régime. En ce qui a trait au calcul de la rente de retraite, des options
sont offertes de telle sorte que les employés puissent ceux qui
seront couverts par ce régime déterminer l'effort qu'ils
sont prêts à faire et en même temps déterminer, dans
une mesure, l'effort que le gouvernement fera pour eux.
Alors, il a été proposé une gamme d'options, la
plus basse comportant une pension de l'ordre de 1 p.c. par année de
service, jusqu'à l'option la plus élevée où la
pension serait égale à 2 p.c. par année de service avec
comme résultat une pension de 35 p.c. de la moyenne des salaires pour
les cinq années les mieux rémunérées pour celui qui
aurait 35 années de service au moment de sa retraite et qui aurait
choisi l'option 1 et ainsi de suite.
On propose également 65 ans comme âge obligatoire de la
retraite, et une option aussi pour les personnes couvertes dont à la
fois l'âge et les années de service totaliseraient 90, leur
donnant la possibilité de prendre leur retraite sans qu'il y ait
réduction dans le calcul de la pension. Ceci encore est une proposition
très avantageuse lorsqu'on la compare à ce qui se fait de
façon générale dans ces secteurs. Cela veut dire qu'une
personne qui a 35 années de service pourrait prendre, en vertu de cette
formule, sa retraite à l'âge de 55 ans sans subir une
réduction dans sa pension. Excusez, il y a un âge minimum
indiqué ici, cette formule s'appliquant à compter de 60 ans.
Malgré tout, ça demeure quelque chose d'extrêmement
avantageux.
Je passe maintenant aux rentes de veuves et aux rentes payables à
des orphelins, de même qu'aux rentes d'invalidité. Lorsque nous
avons fait les propositions, au Centre Mgr-Marcoux, le 5 mars, nous offrions
une possibilité. Depuis, dans les offres subséquentes qui ont
été déposées, nous avons intégré ces
options ou cette question de rente de veuve, rente d'invalide, rente d'orphelin
à l'ensemble des dispositions touchant la protection en cas de
décès et l'assurance salaire. Alors, j'exclus, pour le moment,
l'exposé de cette dimension.
En ce qui a trait à l'acquisition de droits, aux pensions de
retraite, nous reprenons les mêmes dispositions que celles que nous
retrouvons présentement dans le régime des fonctionnaires, dans
le régime des enseignants, c'est-à-dire qu'après dix ans
de service, si la personne couverte a atteint l'âge de 45 ans, en cas de
cessation de service, elle a des droits acquis, sous forme de pension
différée, aux crédits de pension qu'elle a
accumulés à son compte. C'est, en fait les mêmes conditions
que nous retrouvons dans la Loi des régimes supplémentaires de
rente qui doivent être appliqués dans les régimes
privés.
Egalement, dans cette proposition, nous indiquions la
possibilité, étant donné le fait que ce régime
nouveau s'appliquerait à tous les secteurs, la possibilité d'une
mobilité d'un secteur à l'autre sans aucune perte d'avantages, et
aussi la possibilité d'établir des ententes entre les secteurs
couverts par ces régimes et d'autres secteurs, hors ceux qui font
présentement l'objet de la négociation en cours,
c'est-à-dire niveau universitaire, par exemple, niveau municipal, des
ententes, en fait, de même nature que celles qui existent en ce qui a
trait au régime de retraite des fonctionnaires ou le régime de
retraite des enseignants et certaines institutions. Nous nous proposons
également, dans ces régimes, que les rentes soient
indexées, selon la même formule, les mêmes modalités
que celles prévues dans le Régime de rente du Québec ou
qui sont prévues dans les régimes actuels des fonctionnaires et
des enseignants.
Nous proposions également, étant donné que c'est un
des principes sur lesquels ce nouveau régime s'appuie, de maintenir un
équilibre entre l'effort de celui qui contribue, qui participe et le
gouvernement, une réévaluation actuarielle à tous les
trois ans, avec réajustements au besoin du niveau et de la
répartition des contributions.
Pour chaque option, maintenant, le niveau des contributions que
l'employé ou le travailleur couvert par ce régime sera
appelé à fournir varie selon l'option qu'il a choisie et en ce
qui a trait purement à la rente de retraite. La contribution minimum
pour celui qui choisirait l'option de 1 p.c. serait de 3 1/4 p.c. de son
salaire, et pour celui qui choisirait l'option maximum, de 2 p.c. par
année, il serait appelé à verser 6 1/2 p.c. de son
salaire.
Voici en ce qui a trait au partage des contributions entre
l'employé et le gouvernement.
Maintenant, en ce qui a trait à l'intégration au nouveau
régime, j'ai dit quelques mots tantôt de cette question. Des
explications plus détaillées ont été
données. Je les ai ici dans le document qui a été
présenté. Je passe pour le moment et, au besoin, on pourra y
revenir. Un point extrêmement important et je dois le souligner
c'est qu'il y a deux situations que je voudrais bien mettre en relief au
moment de l'intégration. C'est d'abord celle des personnes qui ne sont
pas couvertes présentement. Pour ces personnes, des possibilités
de rachat d'années de service antérieures sont prévues
avec la possibilité qu'une personne puisse racheter jusqu'à 10
p.c. de ces années de service antérieures, et ceci avec un
partage des coûts entre l'employé et le gouvernement. Le partage
des coûts proposés est de 45 p.c. de la part de l'employé
et 55 p.c. de la part de l'employeur.
On sait que le coût du rachat d'années de service
antérieures est assez onéreux, surtout à mesure que l'on
approche de l'âge de la retraite. Cette proposition qui est offerte
à 125,000 personnes est une proposition extrêmement
intéressante qui peut permettre à des personnes qui ont atteint
un certain âge de faire du
rattrapage et se constituer une meilleure rente de retraite avec la
contribution une contribution importante de la part du
gouvernement.
Pour ceux qui participent présentement à un régime
de retraite et qui, dans ce régime, n'ont pas pu accumuler toutes les
années de service auxquelles ils auraient pu avoir droit parce que ce
régime n'a été établi qu'au cours des
dernières années, ou encore ont accumulé des
crédits de rente inférieurs à ceux qu'ils auraient pu
accumuler dans le régime proposé, nous proposons également
des modalités de rachat allant jusqu'à un maximum de dix
années pour la personne qui aurait dix années de service dans un
secteur et qui n'était pas couverte et pouvant aussi, pour les
années couvertes dans un régime, combler l'écart entre les
2 p.c. et le montant de pension qui lui a été
crédité chaque année.
Il s'agit, là aussi, d'une proposition extrêmement
intéressante et qui ajoute à la sécurité de ces
personnes. Finalement, en ce qui a trait à la gestion du plan, nous
avons proposé qu'il soit géré par un organisme
gouvernemental unique et que cette responsabilité soit confiée
dans le cadre d'un ministère, comme c'est le cas présentement en
ce qui a trait à la gestion du régime des fonctionnaires et du
régime des enseignants, mais qu'un comité consultatif soit mis
sur pied pour conseiller le ministre sur l'application du régime. C'est
en fait la forme qui existe présentement en ce qui a trait au
régime de retraite des enseignants. Il est administré par un
service administratif au sein d'un ministère. Il y a un comité
consultatif qui donne des avis, qui étudie des cas particuliers, au
besoin, pour la bonne application de ce régime.
Il est aussi proposé que ce nouveau régime, comme le
régime de retraite des fonctionnaires et des enseignants, soit
établi par législation, ce qui accorde évidemment une
garantie additionnelle, une sécurité additionnelle, si c'est
consacré ou établi par voie législative.
Enfin, en ce qui a trait au financement du régime, on
prévoit la création d'une caisse spéciale où les
contributions de l'employé ou de chacun des travailleurs seraient
versées. Présentement, on sait, en ce qui a trait au
régime des fonctionnaires et des enseignants, que les contributions sont
versées au fonds consolidé du revenu.
En ce qui a trait au gouvernement, compte tenu de la nature de
l'employeur dans ce cas, la participation financière du gouvernement
serait clairement identifiée au moyen d'une comptabilité bien
distincte.
Voilà les grandes lignes des propositions qui ont
été formulées au Front commun en ce qui a trait à
cette question des régimes de rentes. A part les quelques commentaires
brefs qui ont été formulés au Centre Mgr Marcoux, la seule
autre proposition qui a été formulée à ce sujet l'a
été, comme l'a mentionné le ministre de la Fonction
publique, à l'occasion de cette réunion au Château
Frontenac, soit le maintien du statu quo pour la durée de la convention
collective en voie de négociation et l'étude de ces propositions
au besoin, par un comité paritaire.
Comme l'a mentionné le ministre de la Fonction publique, ceci
nous paraissait difficilement susceptible de constituer une position de
négociation, compte tenu du fait qu'il existe on ne peut
l'ignorer 125,000 personnes qui ne sont pas couvertes et aussi un
déséquilibre assez marqué entre l'effort fourni par le
gouvernement selon les catégories d'employés couverts.
Je m'excuse, M. le Président. Pour compléter, je devrais
ajouter qu'à l'occasion du dépôt des offres,
dépôt qui a été fait, si ma mémoire est
bonne, le 11 avril dernier, des détails supplémentaires et
quelques modifications ont été ajoutés à
l'intérieur de ce dernier dépôt qui était
intitulé: "Propositions globales du gouvernement et de ses partenaires",
document que vous avez. Mais, pour ne pas prolonger l'exposé, je ne
reviendrai pas, présentement, sur l'ensemble de ces modalités.
Comme le souligne ici M. Angers, ce nouveau dépôt comprenait des
assouplissements ou des avantages additionnels en ce qui a trait à la
question des régimes de rentes, puisqu'on graduait, dans le nouveau
régime, les contributions. Ainsi au cours de l'année 1973, pour
un employé qui choisirait l'option 1, le taux de contribution, au
départ, ne serait que de 2 1/2 p.c, pour monter graduellement à 3
p.c. en 1974 et à 3 1/2 p.c. en 1975. De même, pour celui qui
prend l'option maximum, au lieu de commencer au plein taux de contribution, le
taux de départ proposé serait de 4 p.c. Ce taux serait
gradué au cours des deux années subséquentes. Cela
constituait, évidemment, un effort financier additionnel.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, je ne veux pas reprendre tout
l'exposé du ministre, mais il a mentionné, tout à l'heure,
que, pour les fonctionnaires, le régime de retraite est versé
dans une caisse et, pour la partie patronale, il serait comptabilisé.
Est-ce que cela veut dire que les gens du secteur public perdent
l'intérêt à l'intérieur du régime de retraite
du fait qu'il est comptabilisé parce que l'Etat ne verse pas les
montants directement au Service de retraite et qu'il les réserve
plutôt sous forme de comptes payables à même son budget
provincial?
M. CASTONGUAY: Ce qui compte pour une personne qui participe à un
régime de retraite, c'est de savoir ce qu'elle va recevoir et ce qu'elle
paie. Lorsque j'ai mentionné que le coût, par exemple, des
régimes actuels est de l'ordre de 19 p.c, il est tenu compte, dans ces
calculs, dans cette évaluation du coût, de tous les
éléments non seulement du moment où les personnes prennent
leur retraite, des montants
qui leur sont versés, mais aussi de ces coûts qui se
concrétisent à mesure que les années passent et que des
personnes prennent leur retraite. Ils sont ramenés, dans le temps, au
point présent et comparés aux salaires qui sont
versés.
Pour répondre plus directement à votre question, le fait
que les contributions de l'employé sont versées dans une caisse,
rapportent de l'intérêt, c'est considéré lorsque
l'on dit, après cela: Le gouvernement, lui, versera telle partie du
coût. Si vous regardez dans les documents, vous verrez que, dans le
nouveau régime proposé, le gouvernement supportera une partie
plus grande du coût que celle de l'employé.
En ce qui a trait au coût, deux choix pourraient s'offrir au
gouvernement. C'est de mettre de côté à l'avance sa partie
du coût, l'investir et sortir à la fois les intérêts
et les capitaux, lorsqu'ils seront requis, pour payer les pensions. Il y a
l'autre option, c'est qu'en ce qui a trait à sa propre participation
financière il le fasse au fur et à mesure des années, il
assume cette participation financière à même le fonds
consolidé du revenu. C'est l'option qu'il a prise, comme c'est l'option
prise dans la plupart des gouvernements, en ce qui a trait aux régimes
couvrant leurs propres employés.
Etre couverts par ces régimes n'enlève pas d'avantages aux
fonctionnaires, aux enseignants ou aux employés du secteur des affaires
sociales. Ce qui importe, pour eux, c'est de comparer ce qu'ils recevront comme
avantages et ce qu'ils paient. L'autre partie, c'est une façon, pour le
gouvernement, de déterminer à quel moment il assume sa part du
coût.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: M. le Président, il n'y a pas de doute qu'un actuaire
d'assurances est capable de bien organiser cette vie, pour demain, à la
fonction publique. Mais la question qui nous est posée le plus souvent
est la suivante. Le ministre de la Fonction publique nous parlait des 5 p.c.
qu'on accordait pour l'augmentation du coût de la vie. Vous dites qu'il y
a 125,000 personnes qui ne sont pas assurées. Alors, quand vous exigerez
une contribution, pour la vie de demain, de 5 p.c. du salaire, que leur
restera-t-il je pose la question aux membres de la fonction publique, je
ne sais pas s'ils ont tenu compte de cela, plusieurs fonctionnaires nous en ont
parlé pour l'augmentation du coût de la vie?
M. CASTONGUAY: II y a deux situations, c'est sur cela que j'ai voulu
insister tantôt. Ceux qui sont couverts présentement versent,
à chaque année, 5 p.c. de leur salaire. Il est proposé que
ce taux de contribution soit haussé, sur une période de quatre
années, de 5 p.c. à 7 p.c. c'est sur une période de
quatre années, non pas immédiatement au rythme de o.5 p.c.
par année. Mais, pendant chacune de ces quatre années, il y a en
même temps, dans les échelles de salaires, deux composantes, ce
qui a été exposé par le ministre de la Fonction publique.
Il y a la composante des 4.8 p.c., plus pour ceux de plus faibles niveaux de
revenu et cela revient chaque année; l'année
d'après, ces 4.8 p.c. s'ajoutent aux premiers 4.8 p.c. et celle
de 0.5 p.c. dans une année. Ce n'est pas le 5 p.c. complet qu'il faut
comparer, à chaque année, aux 4.8 p.c. C'est 0.5 p.c. par rapport
à 4.8 p.c. et par rapport à un chiffre plus élevé,
lorsqu'on va à des niveaux de revenu plus faibles, compte tenu des
offres additionnelles qui ont été formulées.
Pour les nouveaux employés les 125,000 qui ne sont pas
couverts j'ai mentionné tantôt que, pour celui qui
choisissait l'option 1, cela commencerait en 1973, au taux de 2.5 p.c. Il a
déjà son salaire. Au cours de cette année, il recevra 4.8
p.c. d'augmentation ou plus, selon la situation où il se trouve, et il y
aura 2.5 p.c. qui viendront se déduire. Mais l'année suivante on
ne viendra pas chercher une autre fois ces 2.5 p.c. L'année suivante, on
ajoutera uniquement 0.5 p.c.
Il y a aussi un autre élément dont il faut tenir compte,
c'est qu'il y a les échelons dans le système de
rémunération de la fonction publique. Dans la plupart des cas,
ces échelons représentent beaucoup plus que 0.5 p.c. La moyenne,
c'est entre 2.5 p.c. et 3 p.c, en fait, pour tous ceux qui n'ont pas atteint le
sommet de leur classification. Alors il y a cela qui vient s'ajouter aux 4.8
p.c, avec le résultat que cette contribution demandée pour le
financement des régimes de retraite n'aurait pas pour effet de faire
rétrograder la position nette des fonctionnaires.
Lorsqu'on compare cet effort qui est demandé à ce qui est
offert, à l'intérieur à la fois des deux
éléments de la politique salariale, la position du travailleur
continue de s'améliorer.
Si vous me permettez de terminer, on vous a fait part, peut-être,
de certaines préoccupations. Je dois dire que l'information ne me semble
pas avoir toujours été transmise de façon très
exacte. On nous a aussi, depuis quelques années, demandé,
à plusieurs reprises et les demandes sont assez fréquentes
dans les secteurs où il n'y a pas de régime de retraite,
d'en établir. Et la demande est pressante. Il y a un désir que de
tels régimes soient établis. Je pense que jamais, lorsque ces
demandes ont été formulées, on a demandé que ce
soit financé entièrement par l'employeur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Simplement une question, au sujet de votre exposé, M.
le ministre. Vous nous avez dit qu'un groupe de travail, en 1970, avait
étudié ça. De qui était formé ce groupe de
travail? Si vous voulez, je vais aller directement à la question: Est-ce
que les associations syndi-
cales en ont fait partie ou est-ce qu'elles ont été
consultées à ce stade-là?
M. CASTONGUAY: II s'agit d'un travail qui était assez technique,
au départ. On devait faire l'examen de tous les régimes, compiler
toutes les statistiques, faire les évaluations. Pour effectuer un tel
travail, dont la base est technique, avant d'en arriver à la formulation
des propositions, la formule qui a été choisie a
été de prendre essentiellement des fonctionnaires du gouvernement
qui, il ne faut pas l'oublier, sont aussi intéressés. Même
si ce sont des fonctionnaires intègres et tout ça, on peut
imaginer qu'ils examinaient le problème d'une façon pas
uniquement désintéressée ou uniquement technique.
Je ne sais pas s'il vous importe de connaître les noms de ces
fonctionnaires.
M. BURNS: Ce ne sont pas les noms qui m'intéressaient. Je voulais
savoir s'il y avait eu une participation syndicale à ce groupe de
travail.
M. CASTONGUAY: L'autre question. Lorsque nous arrivons aux
modalités, ça devient l'objet de discussions, à notre
avis. C'est pourquoi, pendant la durée du travail technique, il n'y a
pas eu association de représentants de la partie patronale. La collecte
de données, l'étude des régimes existants, le choix des
hypothèses pour les évaluations actuarielles, plus on met de
monde là-dedans, plus on discute, plus on perd du temps, bien souvent.
On en arrive finalement, à moins qu'on ne doute de la compétence
de ces personnes, aux mêmes résultats ou à peu
près.
C'est la raison pour laquelle ce travail a été fait par
des gens habilités à le faire et non pas dans un contexte de
groupe paritaire. Mais, à partir du moment où c'est
transposé en des offres, là, ça devient négociable
ou discutable et c'est le cheminement que nous avons pris.
M. BURNS: Justement, c'était ma deuxième question
reliée à ça. J'ai peut-être mal compris ce que vous
avez dit tantôt, mais il me semble avoir compris, dans votre
exposé, que l'offre qui était faite n'était pas une base
de négociation. Est-ce que j'ai bien compris ça ou si j'ai mal
compris? Si j'ai mal compris, oublions-le.
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas avoir dit ça. Je m'excuse; on me
souligne que c'est la réponse du Front commun, lors de notre rencontre
au Château Frontenac. On nous a dit: Nous vous proposons le statu quo
pour la durée de la convention en voie de négociation et l'examen
de ces propositions, pendant toute la durée de cette convention, par un
comité paritaire. Cela ne nous paraissait pas vraiment une
réponse qui constituait une base de négociation. Parce que des
régimes comme celui-là, une fois les modalités
établies on les a décrites dans une quinzaine de minutes
ça s'étudie assez rapidement.
J'ai participé, dans le passé, à des
négociations pour l'établissement de tels régimes. La
partie qui est longue, c'est celle du travail technique. Même si
ça a pris bien du temps à faire tout ce travail technique, ce qui
importe, c'est d'examiner les dispositions pour voir si elles répondent
vraiment aux besoins, une fois qu'elles sont transposées sous forme de
dispositions. Ce n'est pas un travail qui prend des mois, à mon
avis.
M. BURNS: Cette réponse-là, vous l'avez reçue au
moment de la rencontre au Château Frontenac. Parce que, dans les
procès-verbaux, je n'ai pas remarqué que ça avait
été discuté à la table centrale.
M. CASTONGUAY: Non, comme je le mentionnais, après la rencontre
du Centre Mgr-Marcoux, le 5 mars, au moment où ce n'était pas
encore considéré comme la table centrale, si ma mémoire
est bonne, et au moment où il ne se tenait pas de procès-verbaux
comme il s'en est tenu à partir du stade où la table centrale est
devenu un mécanisme de discussion, il n'y a pas eu discussion sur cette
question entre les deux, entre la réunion du 5 mars et celle du
Château Frontenac.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, deux questions. Ceux qui
sont déjà à la retraite, que ce soit dans le domaine de
l'enseignement ou dans le domaine de l'administration publique en
général, qui sont déjà couverts ou qui
étaient déjà, à l'époque où ils
travaillaient, couverts par des régimes de retraite du premier groupe
comme vous les avez appelés, vont-ils subir des changements,
c'est-à-dire, évidemment, dans le sens de l'augmentation, par les
propositions que vous faites ou si au contraire, comme cela s'est produit
à quelques reprises, par une retouche à la loi,
particulièrement de leur question de régime de retraite en
augmentant les pourcentages ou les montants...? Est-ce que tout ce
groupe-là peut être touché ou peut s'attendre à
l'être?
M. CASTONGUAY: Non. Pour ceux qui sont présentement à la
retraite, dans le passé certaines retouches ont été
apportées, soit pour les enseignants ou les fonctionnaires. Le montant
minimum a été augmenté, mais depuis cette époque
l'indexation des rentes a été introduite, ce qui réduit
sensiblement le besoin de retouche d'une année à l'autre. H n'est
donc pas proposé dans ceci une hausse de leur montant de pension comme
il n'est pas proposé non plus qu'on aille leur demander un effort alors
qu'ils sont rendus à la retraite. C'est le statu quo quant à eux,
mais un statu quo qui comporte une indexation de leur pension.
M. MASSE (Montclam): Oui, évidemment, l'indexation est un
avantage pour le groupe, mais est-ce que le gouvernement serait fermé si
les syndicats discutaient l'augmentation non pas uniquement de l'indexation,
mais de la somme minimum annuelle que peuvent toucher ceux qui sont à la
retraite?
M. CASTONGUAY: Bien, au moment où ces minimums ont
été établis il faut se rappeler que ces
régimes sont d'abord des régimes fort anciens, dans le cas des
enseignants particulièrement, et assez anciens dans le cas des
fonctionnaires il n'existait pas de pensions de vieillesse. Il
n'existait pas de système de revenu minimum garanti et, pour bon nombre
de ces fonctionnaires, il y a eu la possibilité de rachat
d'années de service en cours de route. Les changements par voie de
hausse du minimum qui ont été effectuées dans le
passé étaient effectués dans un contexte assez
différent de celui que nous connaissons aujourd'hui.
C'est la raison pour laquelle nous n'entrevoyons pas hausser ce minimum.
Aucune demande d'ailleurs n'a été formulée à cet
effet.
M. MASSE (Montcalm): Enfin, si une demande était faite, vous la
recevriez, en tout cas vous l'étudieriez...
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas que ce serait reçu dans le
contexte des négociations actuelles.
M. MASSE (Montclam): Bon, d'accord! Maintenant, dans un deuxième
ordre d'idée, pardon c'est une demande en morse vous avez
expliqué dans votre proposition que l'administration de l'ensemble sera
confiée à un ministère je pense que c'est au
ministère des Finances actuellement avec un comité
consultatif. Quels sont les avantages pour l'Etat d'en garder l'administration
plutôt que de la confier, disons à titre d'exemple, à la
Régie des rentes, et l'administration et les capitaux,
c'est-à-dire que le gouvernement verserait régulièrement,
ce qui permettrait à la Régie des rentes d'avoir une marge de
manoeuvre plus grande pour disposer de ces capitaux-là pour l'ensemble
de l'économie du Québec?
M. CASTONGUAY: Dans le cas des régimes de retraite des
enseignants et des fonctionnaires, l'administration a été
assumée, comme vous le dites, au sein du ministère des Finances.
Le ministre des Finances peut peut-être donner des détails
additionnels. Mais c'est une administration qui s'est avérée,
semble-t-il, efficace. Il s'agit en fait d'appliquer des dispositions qui sont
claires. Une fois que les contributions qu'une personne a versées sont
établies, les droits qui sont les siens sont clairs et il ne s'agit pas
d'interprétation à chacun des cas.
Ces régimes s'appliquent de façon assez
mathématique et assez systématique. Il s'agit de rechercher la
formule la plus efficace, la moins onéreuse. Le système sur pied
semble donner de bons résultats, en autant que l'on puisse juger; cela
ne semble pas donner lieu à des plaintes en aucune façon,
à ma connaissance.
En ce qui a trait à la gestion des fonds, un fonds sera
constitué d'après cette proposition et devra être investi
d'une façon quelconque. Peut-être le ministre des Finances a-t-il
des commentaires. Présentement, dans l'offre, dans la proposition qui a
été faite, les détails sur la gestion de ces fonds n'ont
pas été explicités.
M. GARNEAU: En ce qui regarde l'administration, votre première
question, nous avons nous-mêmes posé le problème à
un comité mixte représentant les ministères de la Fonction
publique, des Finances et de la Régie des rentes pour voir si, sur le
strict plan administratif moi, je me suis toujours demandé
pourquoi cela relevait du ministère des Finances cela ne pouvait
pas être intégré au Régime de rentes. Le travail a
été complété et malheureusement, pour diverses
raisons, on n'a pas eu le temps de se pencher de nouveau sur le dossier pour
prendre une décision finale.
Pour ce qui est du placement ou de l'utilisation des fonds,
évidemment, c'est encore au stade de la discussion, il n'y a pas de
décision de prise. Ce pourrait être à la Caisse de
dépôt et de placement et ce pourrait être dans un autre
fonds.
M. MASSE (Montcalm): On a vu, à une commission dont fait partie
le ministre des Affaires sociales, la commission des corporations, que divers
groupes ont des fonds de pension et c'est venu sur la table, à un moment
donné. On s'est posé la question: II serait peut-être dans
l'intérêt de l'ensemble du Québec d'amener les transferts
des fonds directement administrés par le Régime de rentes en
tenant compte des conventions collectives et des lois particulières qui
régissent cesdits fonds, mais cela, c'est une question d'administration,
et puis, deuxièmement, regrouper là l'ensemble de ces capitaux
qui donneraient à la Caisse de dépôt et de placement ou au
Régime des rentes, disons à la caisse de dépôt, une
marge de manoeuvre très intéressante pour la relance de
l'économie dans tel ou tel secteur.
A un moment donné, l'Etat pourrait, avec les comités
consultatifs de tous ces groupes-là, décider de
privilégier l'industrie chimique, par exemple, ou faire des placements.
Dans ce sens-là, je pense que le gouvernement pourrait
j'interprète le ministre des Finances dans ce sens-là
être prête à transférer son administration,
pour donner l'exemple, au Régime des rentes et non pas uniquement
comptabiliser les capitaux mais réellement faire des
déboursés annuellement pour, après cela, plus facilement
convaincre les autres syndicats ou les autres patrons de l'entreprise
privée, ce qui peut représenter des masses d'argent qui
pourraient
servir comme levier de développement économique du
Québec plutôt que-d'être disséminées. C'est
dans ce sens-là que je posais la question. Evidemment, le gouvernement
ne peut pas répondre immédiatement mais, au même titre
qu'il y a quelques semaines on en avait parlé, j'aimerais que
l'étude se poursuive dans ce sens-là.
M. CASTONGUAY: En fait, comme vient de l'indiquer le ministre des
Finances, la porte n'est pas fermée à ce genre de suggestions, au
contraire. Cela me paraît des propositions intéressantes et, comme
il vient de le mentionner, nous allons certainement les étudier avec le
plus grand sérieux.
M. MASSE (Montcalm): Avez-vous, de mémoire, ce que peut
représenter comme capitaux, l'ensemble de tous ces fonds de pension, pas
uniquement ceux de l'Etat, mais je dirais presque tout ce qui trame un peu
partout dans les compagnies d'assurance et autres?
M. CASTONGUAY: Non.
M. MASSE (Montcalm): Cela doit représenter plusieurs
milliards?
M. CASTONGUAY: Cela peut représenter des sommes assez
intéressantes.
M. GARNEAU: C'est difficile à regrouper. J'ai posé cette
question-là, moi-même, à un groupe de travail, et on a fait
des recherches. Même des actuaires de la Régie des rentes ont
essayé d'évaluer, avec le plus de précision possible,
quelle pouvait être cette masse d'argent, mais les renseignements sont
difficiles à obtenir et les statistiques ne sont pas suffisantes pour
pouvoir donner des chiffres précis. On peut donner des ordres de
grandeur, mais on ne peut pas donner de chiffres assez précis.
Je voudrais revenir sur un point que le député de Montcalm
a mentionné tout à l'heure. C'est évident qu'il y aurait
des avantages à constituer des fonds. Cela pourrait aider
l'économie du Québec, mais il ne faut pas non plus oublier que
plusieurs de ces fonds de pension sont administrés actuellement par des
sociétés de fiducie qui sont québécoises, comme la
société qui appartient au mouvement Desjardins, par exemple, qui
en administre un nombre assez considérable, utilise ses capitaux
à l'intérieur des lois en ce qui regarde les placements des
régimes de retraite et qui servent aussi à l'économie du
Québec. Il ne faut pas penser uniquement à la Caisse de
dépôt, je pense que le mouvement Desjardins a fait un effort
considérable de ce côté de même que d'autres
sociétés de fiducie québécoises.
Le déplacement des fonds d'un endroit à l'autre
n'accroîtrait pas la masse. Ce qui est peut-être possible, c'est de
favoriser l'implantation de régimes qui s'appliquent à des gens
qui n'ont pas la possibilité d'avoir des régimes
supplémentaires de rentes. Là, ça pourrait constituer un
apport additionnel.
M. MASSE (Montcalm): C'est ce dont on avait parlé. D'ailleurs, il
y a tous ceux qui n'en ont pas, de régime supplémentaire de
rentes, soit parce que ce sont des artisans ou de petites entreprises où
il n'y a pas de convention collective. Pour tout ce groupe-là, ça
pourrait être très intéressant de pouvoir, au moins, avoir
la moyenne de ce qui existe dans les autres conventions collectives
décrétées, puisque le décret semble être le
mode d'administration, pour eux. L'ensemble de ces fonds pourraient être
placés à la Caisse de dépôt.
Enfin, on ne peut pas, évidemment, prendre une décision
aujourd'hui, mais je demanderais au gouvernement de mettre un groupe de travail
expressément sur cette question. Il est évident que ça
touche énormément les syndicats, parce que je ne suis pas sans
savoir qu'il arrive à quelques reprises que les fonds ou, en tout cas,
les intérêts peuvent servir à l'action syndicale, mais
c'est une autre question. C'est le sacrifice pour la collectivité que
tout le monde doit faire à un certain moment.
Mais, avant de prendre une décision, je pense qu'il faudrait
faire une étude très poussée de cette question et en faire
part au public.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Sur le même sujet, j'aurais une question à
poser au ministre relativement aux cadres qui participent au régime de
retraite et qui bénéficient de certains privilèges
spéciaux. Je pense, en particulier, aux cadres de la Régie des
alcools, qui, semblerait-il, auraient, dès leur entrée, un
crédit de dix années de services et qui viennent, en quelque
sorte, grever ou causer un certain préjudice aux autres employés
qui contribuent. Ils viennent compromettre un peu la rentabilité
aussi.
M. GARNEAU: C'est une disposition qui a toujours existé dans la
Loi du régime de retraite des fonctionnaires. Pour celui des
enseignants, je l'ignore, mais, pour les fonctionnaires, ça existe.
Cette disposition a été ajoutée pour permettre au
gouvernement de recruter des cadres supérieurs de 45 ou 50 ans, qui
travaillaient dans l'entreprise privée et qui, à un certain
moment, étaient disposés à venir travailler au
gouvernement, mais n'étaient pas prêts à perdre toute leur
sécurité accumulée à cette entreprise.
C'était une façon que le gouvernement avait utilisée dans
le temps ça existe, je pense, depuis plusieurs années
pour leur donner un avantage additionnel et pour intéresser les
gens qui ont réussi dans d'autres secteurs à venir collaborer
à la fonction publique. C'est pour ça qu'on retrouve cela surtout
dans les cadres, au niveau des sous-ministres et
d'un certain nombre de cadres qui sont définis dans la Loi du
régime de retraite des fonctionnaires.
M. LATULIPPE: Mais, actuellement...
M. CASTONGUAY: On me permettra d'ajouter à ceci que celui qui a
atteint le maximum de la pension, compte tenu d'un nombre élevé
d'années de services, ne reçoit pas plus que les autres, à
ce moment-là. Cette disposition à laquelle vous faites allusion
joue pour ceux qui ont une carrière moins longue dans la fonction
publique, et ça n'enlève rien aux autres. C'est encore la
même chose; l'employé, dans tous ces régimes, que ce soit
celui des fonctionnaires ou celui des enseignants, reçoit beaucoup plus
comme avantages que ce qu'il fournit en fait.
M. LATULIPPE: II reste qu'en fait, globalement, il y a moins de fonds
disponibles et que la rentabilité est affectée.
M. GARNEAU: Cela c'est un "pay as you go": c'est ça le
problème et tout le fond de la question dont nous discutons depuis tout
à l'heure. C'est parce qu'il n'y a pas de caisse, qu'il n'y a rien
d'accumulé; c'est un "pay as you go" l'étude actuarielle des
coûts du régime de retraite des enseignants et des fonctionnaires
démontre que les coûts au gouvernement dépassent largement
la contribution des employés. Le ministre des Affaires sociales
indiquait tout à l'heure que le coût actuariel était de 19
p.c. de la masse salariale, alors que l'employé fournit 5 p.c, y compris
au régime de rentes du Québec. Alors, il n'y a pas de fonds
accumulés; c'est le gouvernement qui paie la différence.
M. LATULIPPE: A ce moment-là, je pensais que le gouvernement
comptabilisait chaque année.
M. GARNEAU: Non, c'est un "pay as you go". Dans l'autre régime
proposé où l'on parle de comptabiliser les montants. La part de
l'employé serait versée dans un fonds, mais la participation du
gouvernement serait comptabilisée comme étant sa partie dans le
fonds. C'est un engagement qui serait pris...
M. LATULIPPE: Y a-t-il beaucoup de personnes qui
bénéficient d'avantages comme celui-là?
M. GARNEAU: De dix ans?
M. LATULIPPE: De dix ans.
M. GARNEAU: C'est écrit dans la loi.
M. LATULIPPE: C'est écrit dans la loi.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas arbitraire. Vous regardez, je pense que
c'est l'article 45 de la loi du régime des fonctionnaires. Vous allez
voir la liste. Elle est là. Il n'y en a pas d'autres qui l'ont.
M. GARNEAU: On en a eu une partie l'autre jour, par le président
de la CSN, lorsqu'il a indiqué qu'il ne lui paraissait pas urgent
d'avoir un régime de retraite pour les 125,000 personnes qui
n'étaient pas couvertes. Il nous l'a dit ici.
M. MASSE (Montcalm): Oui, mais ce n'est peut-être pas
là-dessus qu'il insisterait s'il était ici.
M. GARNEAU: Oui, mais il nous l'a dit quand même. D'ailleurs, cela
m'avait énormément surpris.
M. L'ALLIER: M. le Président, nous pourrions continuer
immédiatement et entendre, si vous êtes d'accord, le porte-parole
de la partie patronale à la table de négociation. Cependant, M.
Langlois m'informe qu'il en aurait à peu près pour une heure, ce
qui nous mène au-delà de six heures. Je comprends que le
règlement nous oblige à ajourner à six heures, sauf s'il y
a consentement.
M. LATULIPPE : II serait peut-être aussi bien de remettre cela
à une date ultérieure.
M. L'ALLIER: C'est parce que M. Langlois ne sera pas disponible pour la
journée de demain.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres tables que la
table centrale?
M. L'ALLIER: Pardon?
M. MASSE (Montcalm): Si M. Langlois ne peut pas être ici demain,
il y a les tables sectorielles.
M. L'ALLIER: II serait plus utile de faire le point sur la table
centrale avant de passer aux tables sectorielles. Quoi qu'il en soit, si la
commission préfère ajourner à six heures, M. Langlois
pourrait quand même commencer son exposé et nous prendrions
ensuite les dispositions pour que la suite de l'information soit fournie
à la commission parlementaire au moment de la reprise des travaux.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que la commission siège demain?
M. L'ALLIER: Oui.
M. MASSE (Montcalm): Sans M. Langlois?
M. L'ALLIER: Quelqu'un pourra continuer...
M. MASSE (Montcalm): Sans le front com-
mun, sans M. Langlois. Au rythme où on va, nous ne serons plus
nombreux.
M. L'ALLIER: M. Langlois pourrait être ici demain soir, si la
commission siégeait demain soir. Demain après-midi, nous
pourrions, si la commission siégeait de quatre heures à six
heures...
M. LE PRESIDENT: Je peux annoncer un petit point dont on m'a fait part.
Demain, il y a une réception, par le gouvernement, pour le gouverneur de
l'Etat du Maine. De toute façon, nous ne pourrons pas siéger ici
au salon rouge, demain après-midi. Si la commission doit siéger,
elle devra le faire à la salle 81-A, demain après-midi et demain
soir.
M. MASSE (Montcalm): Je ne pense pas qu'il y ait objection à
cela.
M. L'ALLIER: Alors, la commission pourra reprendre demain soir et
vendredi matin. Vous êtes d'accord?
M. MASSE (Montcalm): Demain soir, nous ne pouvons pas siéger ici
non plus. Il faut siéger en bas également?
M. LE PRESIDENT: II faut siéger en bas, oui.
M. MASSE (Montcalm): Parce que la réception est en deux
volets.
M. BURNS: M. le Président, habituellement, il y a deux autres
commissions qui siègent. Peut-être que nous ne pourrons pas
siéger demain, si...
M. LE PRESIDENT: Oui, mais c'est une information officielle que, demain
après-midi, à seize heures, il y a possibilité de
siéger à la salle 81-A, si tout le monde est d'accord.
M. MASSE (Montcalm): Alors, nous pourrions entendre M. Langlois
jusqu'à six heures...
M. GARNEAU: II peut commencer ce soir.
M. MASSE (Montcalm): ... et siéger demain après-midi et
demain soir à la salle 81-A.
M. BURNS: Moi, je me demande remarquez que je n'insisterai pas
outre mesure si M. Langlois ne devrait pas nous faire son exposé
d'un seul coup. Et tout cas, je me demande tout haut si ce n'est pas plus
pratique que de l'interrompre en plein milieu et, nous, de rechercher le fil de
l'endroit où il nous a laissés. Je pense tout haut.
M. L'ALLIER: Dans ce cas-là, ce serait reporter la commission
à vendredi matin ou ce soir.
M. BURNS: Là-dessus, je ne sais pas. Je me demande, en l'absence
de M. Langlois, même si c'est un peu mettre la charrue devant les boeufs,
si on ne pourrait pas quand même commencer à voir des rapports de
secteurs.
M. L'ALLIER: II y a deux possibilités: ou bien nous entendons M.
Langlois maintenant et nous poursuivons, ce qui semble ne pas être l'avis
de la commission ou bien nous entendons M. Langlois, demain soir ou vendredi
matin, s'il n'est pas disponible demain soir.
Il y a un certain nombre de points techniques qui, je crois, doivent
être expliqués, ici, à la commission, notamment sur la
politique salariale ou la moyenne généralement observée.
Je pense que c'est important que l'on démontre comment c'est
calculé et ce que c'est. C'est M. Angers qui pourrait peut-être
faire cela demain soir. Nous pourrions donner des explications techniques sur
les principes de la politique salariale, si M. Langlois n'est pas disponible.
Lorsqu'il sera disponible, nous pourrons faire le point sur la table centrale
et nous aurons vidé, à ce moment-là, toute cette
question.
M. MASSE (Montclam): D'accord. M. BURNS: D'accord.
M. L'ALLIER: Demain soir, si M. Langlois est disponible et si la
commission peut siéger, c'est lui qui fera son exposé. Si M.
Langlois n'est pas disponible demain soir et que la commission peut
siéger, M. Angers pourra expliquer quelques points techniques et
répondre aux questions techniques sur la politique salariale. Vendredi
matin, en tout état de cause, la commission siégera, et M.
Langlois pourra faire son exposé.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain
après-midi, seize heures à la salle 81-A.
M. MASSE (Montcalm): Demain soir ou demain après-midi?
UNE VOIX: Demain soir. M, L'ALLIER: Demain soir.
M. LE PRESIDENT: Demain soir, je n'ai aucune garantie d'avoir une
salle.
M, MASSE (Montcalm): Alors demain après-midi ou demain soir,
suivant que nous aurons des salles.
M. L'ALLIER: Demain après-midi quatre heures et, à ce
moment-là, c'est la même chose qui s'applique. C'est M. Angers qui
répond à des questions techniques, et après, le rapport de
la table centrale.
M. MASSE (Montcalm): Cela va.
(Fin de la séance à 17 h 46).