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Commission permanente de la Fonction publique
Négociation d'un contrat de travail
avec le Syndicat des agents de la paix
de la fonction publique
Séance du vendredi 2 juin 1972
(Onze heures dix minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Vous me permettrez d'abord de vous annoncer les changements dont on m'a
fait part. M. Cournoyer, député de Chambly et ministre de la
Fonction publique, remplace M. L'Allier, député de
Deux-Montagnes; M. Bacon, député de Trois-Rivières,
remplace M. Bossé, député de Dorion; M. Perreault,
député de L'Assomption, remplace M. Garneau, député
de Jean-Talon; M. Vincent, député de Nicolet, remplace M.
Tremblay, député de Chicoutimi; M. Boivin, député
de Dubuc, remplace M. Loubier, député de Bellechasse.
Tel que convenu ce matin, la commission reçoit les agents de la
paix et, par la suite, si nous en avons le temps, nous commencerons
l'étude des crédits de la commission de la fonction publique.
Dès maintenant, je donne la parole au ministre de la Fonction
publique.
M. COURNOYER: Je ne voudrais pas, M. le Président, parler
longuement là-dessus, pour des raisons bien simples, c'est qu'il semble
que la commission de la fonction publique, lorsqu'elle étudiait le
conflit, conformément au bill 19, a promis aux agents de la paix qu'ils
seraient entendus seuls, en temps et lieu, mais pour l'étude de leur cas
et de leurs prétentions. C'est cette promesse que j'ai voulu remplir
immédiatement, de façon à entendre les agents de la paix
s'ils ont quelque chose à dire. Je leur laisserais la parole,
plutôt que de commencer une argumentation de ce côté-ci.
M. LE PRESIDENT: Votre mémoire, M. Lacas, avait été
distribué, je pense.
M. LACAS (Noël): Non. Seulement, il y a eu deux débats qui
ont été distribués déjà.
M. LE PRESIDENT: Mais, vous n'avez pas de mémoire à
déposer?
M. LACAS: J'ai un mémoire â déposer.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous le déposer immédiatement,
s'il vous plaît?
M. LACAS : Le premier dépôt, c'est en somme le projet
syndical que nous avons soumis au gouvernement. La colonne de gauche, c'est la
convention collective actuellement en vigueur, c'est-à-dire jusqu'au 28
juillet 1971, et la colonne de droite contient les demandes que le Syndicat des
agents de la paix a soumises au gouvernement au mois d'avril 1971. Il y a
peut-être assez de copies pour tout le monde, il y en a quinze.
M. LE PRESIDENT: Comment voulez-vous procéder au juste?
Voulez-vous faire un résumé de votre deuxième
mémoire?
M. LACAS: Oui. Je sais que votre temps est précieux et je vais
essayer d'être le plus bref possible, tout en essayant d'être aussi
complet que possible, parce que c'est peut-être une des dernières
occasions que nos avons de soumettre globalement notre problème devant
la commission parlementaire. Pour nous, c'est extrêmement important. Nous
avions déjà soumis des mémoires à quelques
occasions aux différents ministres qui se sont succédé,
mais les événements des derniers mois ont fait que nous avions
sollicité cette rencontre au mois de mars 1971, avec cette commission
parlementaire, avant même que la loi 19 ne soit votée.
Le mémoire que vous avez devant vous si j'avais eu le
temps de préparer quelque chose de plus élaboré, je
l'aurais fait; mais, par après, j'ai constaté qu'il y avait un
avantage à ce que je le soumette exactement tel quel ce sont des
extraits du journal mensuel du Syndicat des agents de la paix. J'ai voulu
simplement déposer des photocopies, afin qu'on ne dise pas que nous
avions préparé un mémoire en tenant compte des
circonstances. Vous pourrez constater, à la lecture du mémoire,
que notre ligne de pensée est restée stable et que nous n'avons
nullement modifié notre pensée sur le plan syndical.
Donc, vous voyez: "Février, mars, avril 1970". C'est un
mémoire que nous avions soumis à la Confédération
des syndicats nationaux, avec qui le Syndicat des agents de la paix a une
entente de services, et vers lequel, nécessairement, nous nous dirigions
pour faire partie du front commun CSN-FTQ-CEQ, en vue des négociations.
C'est le mémoire que j'ai soumis à la CSN, mais je pense que le
no 2 : "La place des agents de la paix de la fonction publique" est
extrêmement important à lire, ou tout au moins en prendre
connaissance.
C'est pour vous montrer la place extrêmement importante que le
Syndicat des agents de la paix ou tout au moins les agents de la paix de la
fonction publique tiennent dans le rouage administratif de la province de
Québec et aussi dans le rouage judiciaire de la province de
Québec.
Et toute notre argumentation est à l'effet que nous appartenons
à la famille des policiers et que même nous dépassons les
policiers en ce sens que nous nous considérons comme des policiers
spécialisés. Dans certains cas, nous nous considérons
comme des agents de sécurité industrielle qui dépassent,
au point de vue salarial, même les salaires des policiers.
M. Choquette, il n'y a pas tellement longtemps, était à un
congrès des agents de sécurité des relations
industrielles. Il a fait mention de l'efficacité de vos gardiens, ici du
Parlement de Québec, et de vos employés confidentiels, ceux qui
étaient confidentiels jusqu'à avant-hier. Il a fait mention de
l'efficacité de ces employés en disant qu'avant c'était
gardé par la Sûreté du Québec et que maintenant il y
avait un corps de policiers très spécialisés, d'agents de
sécurité industrielle très spécialisés qui
faisaient la garde ici au Parlement de Québec et que vous pouviez
compter sur la compétence de nos agents de la paix ici au Parlement,
pour la protection des édifices, du personnel, des ministres et des
députés de l'Assemblée.
Donc, le ministre Choquette, à ce moment, a sûrement bien
évalué la tâche des agents de la paix de la fonction
publique. Il reste maintenant aux autres d'évaluer les salaires
conformément à la tâche remplie par ces personnes. Il est
sûr que le gouvernement adopte des lois. Ces lois doivent être
respectées. Pour faire respecter ces lois il faut un corps de policiers.
Vous avez les membres de la Sûreté du Québec. Vous avez les
membres des corps de police dans les cités et villes. Vous avez aussi
des corps de police spécialisés comme les policiers de
l'autoroute, les inspecteurs du ministère des Transports. Vous avez des
agents de conservation de la faune. Vous avez les constables de la cour du
Bien-Etre social. Vous avez les agents de pêcheries. Tous sont des
personnes chargées de faire respecter une loi, des lois que vous adoptez
ici, qui doivent être respectées. A peu près 30 p.c. de
l'effectif du syndicat sont chargés de faire respecter ces lois.
Lorsque des personnes sont condamnées à la prison, elles
font face à un autre corps d'agents de la paix, appelés les
gardiens de prison, c'est-à-dire les surveillants
d'établissements de détention. Le no 3, législation
ouvrière dans le mémoire, c'est qu'on se considère
traité d'une façon très injuste sur le plan de la
législation ouvrière en ce sens que nous n'avons absolument rien
pour obtenir justice et que personne ne peut déterminer si nous avons
raison avec équité et bonne conscience.
Dans toute la fonction publique et même dans l'entreprise
privée, tous les employés ont un rouage de négociations
qui leur permet quand même d'atteindre un niveau d'impartialité
dans des décisions. Il reste que nous sommes les seuls, actuellement,
auxquels le gouvernement peut imposer des échelles de salaires. Nous
n'avons aucun moyen, aucune réaction possible, pour soumettre notre
problème à une personne impartiale.
Alors, au point de vue de la législation ouvrière, dans le
bill 55, la Loi de la fonction publique, on dit textuellement qu'on n'a pas le
droit à la grève, qu'on n'a pas droit à l'affiliation. Il
n'y a absolument rien. La seule relation, qu'il y a avec le code du travail,
est si on doit inclure ou exclure des membres du syndicat des agents de la
paix.
Le no 4, accréditation syndicale, on vous montre qu'il y a eu une
évolution constante depuis 1966. Lorsque la loi a été
adoptée en 1965, on avait englobé à ce moment des
cuisiniers à l'intérieur du Syndicat des agents de la paix. On
avait, en somme, englobé tout ceux qui n'étaient pas
fonctionnaires provinciaux et puis, on ne savait pas où les mettre. On
les avait englobés à l'intérieur du Syndicat des agents de
la paix. Cette chose a été corrigée en cours de route. On
est en train aussi de continuer de la corriger à l'intérieur de
la classification.
Je passe rapidement sur la condition d'admissibilité, parce que
c'est un problème de classification qui est en train de se
régler. Disons qu'on est très très proche d'un
règlement sur le plan de la classification. Mais il reste un fait au
point de vue de la classification et la Commission de la fonction publique
aurait dû se pencher sur ces événements. Le Syndicat des
agents de la paix et le gouvernement, comme employeur, s'étaient
entendus sur un certain nombre de normes au point de vue classification, des
normes qui même après entente entre le gouvernement et le syndicat
ont été refusées par la Commission de la fonction
publique.
Nous, ce qu'on vise comme objectif, c'est que vous puissiez engager la
meilleure maind'oeuvre possible comme agents de la paix, et après que
cette main-d'oeuvre est engagée, qu'on puisse perfectionner les agents
de la paix, au moyen de cours. Alors l'attitude générale du
gouvernement, à ce stade, sur le plan de la négociation, est de
payer les salaires les plus bas possible, laissant seulement venir comme agents
de la paix, nécessairement ce qui reste.
Car si un employé veut s'engager aujourd'hui, s'il a toutes les
compétences normales pour faire un agent de la paix, il va commencer
d'abord par se diriger, soit à la Gendarmerie royale, soit à la
Sûreté du Québec, soit comme gardien de prison au
fédéral. Il viendra s'engager comme agent de la paix, au
Québec, quand il n'aura pas été engagé
ailleurs.
Nous considérons que cela est à l'encontre de la bonne
administration de la province. On devrait viser à obtenir la meilleure
main-d'oeuvre possible, pour donner des services. Alors nous, le gouvernement
comme employeur et le syndicat comme employé, nous nous étions
entendus sur des normes d'engagement extrêmement élevées.
Nous étions d'accord, les deux parties, et la Commission de la fonction
publique a refusé de tenir compte des arguments et du gouvernement et du
syndicat dans l'engagement du personnel.
Au no 7, je parle des échelons, du nombre d'échelons dans
l'échelle de salaire. Il faut bien noter ici que la direction
générale de la rémunération prétend qu'elle
veut nous donner une possibilité de carrière, à
l'intérieur du Syndicat des agents de la paix, en établissant
huit échelons, dans l'échelle de salaires. Mais il faut bien
noter qu'à la Gendarmerie royale du Canada, il y a cinq échelons;
à la Sûreté du Québec, cinq échelons;
à la Sûreté de la
province d'Ontario, cinq échelons; pour les gardiens de prison du
fédéral, cinq échelons.
D'ailleurs, vous verrez plus loin un tableau qui vous prouve, à
ce moment-ci, que c'est impensable de laisser une échelle de salaires,
pour les agents de la paix de la fonction publique, avec huit échelons.
Il y a huit échelons, avec des salaires d'embauchage extrêmement
bas et ça va prendre sept ans, avant que la personne n'atteigne son
maximum. Il n'est pas surprenant, à ce moment-là, que vous ayez
de la difficulté à engager des personnes compétentes qui
peuvent, à un moment donné, se perfectionner, et atteindre un
niveau d'efficacité auquel vous avez droit, comme représentant du
peuple.
Sur la question des griefs, nous ne sommes pas à part des autres
syndicats. Des griefs, ça ne se règle pas à
l'intérieur du Syndicat des agents de la paix. Les étapes ne sont
pas respectées. Les représentants du gouvernement sont souvent
nommés en retard. Quand il y a des séances d'arbitrage, elles
sont annulées à deux ou trois jours d'avis, après que nous
avons convoqué nos témoins. Nous avons en avant de nous une
quarantaine d'arbitrages qui attendent, sans savoir quand on va pouvoir les
passer. Tous les griefs qui ont été réglés en cours
de route l'ont été, dans bien des cas, à la suite du
décès du gars qui avait porté le grief: ça faisait
trop longtemps qu'il attendait.
Il y a aussi la question des primes particulières de travail.
Nous considérons que les agents de la paix, dans la fonction publique,
devraient avoir un régime un peu spécial de primes
particulières de travail, parce que, si vous arrivez, par exemple, sur
la Côte-Nord, vous allez comprendre facilement qu'il est très
difficile d'engager, soit des agents pour la conservation de la faune, ou
même des gardiens de prison, avec une compétence
élevée, si on ne donne pas une prime attachée au salaire
moyen qui est payé dans la région.
Ils ont actuellement une prime d'éloignement de $45 par mois et
dans la réponse du gouvernement, cette prime-là semble être
éliminée. Cela veut dire en somme qu'on perdrait une prime qu'on
avait et ça va augmenter la difficulté, pour le gouvernement,
d'engager une main-d'oeuvre compétente sur la Côte-Nord, si les
primes ne sont pas conservées, même augmentées.
Il y avait un comité conjoint de formé pour discuter des
primes, et il n'a jamais siégé. Durant la convention, on a
siégé une seule fois. Après ça, on s'est
salué et on ne s'est jamais revue. Selon la convention, il y a des
comités conjoints, au sujet des primes d'éloignement, et, depuis
1966, ils n'ont siégé que deux ou trois fois. Sur le plan de
l'assurance-groupe, il y a aussi un problème particulier, pour les
agents de la paix, basé sur les documents qui émanent du
gouvernement lui-même. Vous pourrez constater que, chez les agents de la
paix, nous avons le plus gros pourcentage d'employés mariés.
Vous avez cela dans le document qui a été donné par
la fonction publique, le portrait des secteurs public et parapublic. Vous
verrez là-dedans que les agents de la paix ont le plus gros pourcentage
de personnes mariées. Vous remarquerez également, dans le
même document, que les années d'expérience des agents de la
paix sont les plus basses, dans la fonction publique. Les années
d'expérience moyennes, sont de 7.9, alors que la moyenne
générale pour tous les employés est de 9.3. On doit noter
également que 58 p.c. des agents de la paix ont moins de cinq ans de
service, 31 p.c, entre 5 et 10 ans, et environ 11 p.c. qui ont plus de 10 ans
de service.
Cela s'explique, nécessairement, par les bas salaires à
l'embauchage et, à un moment donné, par la difficulté de
l'emploi, ceci fait qu'un employé, à un moment donné, se
dirige ailleurs, parce qu'il ne voit pas de possibilité de faire une vie
convenable à l'intérieur des agents de la paix. L'argumentation,
pour faire un plan de carrière aux agents de la paix en donnant huit
échelons, ne tient pas à côté de ça, si vous
ne mettez pas un salaire assez élevé à l'embauchage pour
attirer la meilleure main-d'oeuvre possible... Après avoir
recruté cette main-d'oeuvre, il vous faudra lui donner la chance de se
perfectionner pour l'encourager à rester chez les agents de la paix au
lieu de se diriger ailleurs. Ces chiffres ne sont pas les nôtres mais ce
sont les chiffres du gouvernement. De même, sur le plan de
l'assurance-groupe, compte tenu aussi de la tension chez les agents de la paix,
ce n'est pas facile d'être gardien de prison. Nous sommes le groupe,
à l'intérieur de la fonction publique, où les primes sont
les plus élevées. C'est donc dire que nous avons chez nous des
personnes qui sont plus malades que d'autres et qui prennent des pilules.
Récemment il y a eu un petit début de provocation, parce que,
pour le syndicat des cadres, le gouvernement continue d'accepter de payer 50
p.c. des primes et que, pour les agents de la paix, qui sont membres du
syndicat, il leur a fallu absorber globalement le surplus des primes
d'assurance-groupe.
Là aussi, vous ne pouvez pas tenir compte des plans
d'assurance-groupe des autres groupes pour bâtir le nôtre. On a des
conditions particulières, à ce moment-là, et on doit en
tenir compte.
Vous avez aussi le régime de retraite, le régime de
pension. Les mêmes arguments viennent jouer. D'ailleurs, vous en avez
tenu compte à la Sûreté du Québec. Les agents
prennent leur pension beaucoup plus vite que le reste des fonctionnaires
à cause de la nature du travail. Chez les agents de la paix aussi, nous
aimerions avoir des clauses spéciales, dans le régime de retraite
général des fonctionnaires, pour tenir compte de cette tension
particulière qui existe chez les agents de la paix. Je pense qu'il y
aurait peut-être intérêt, pour le gouvernement, à
former un comité d'enquête pour voir au juste
quelles sont les conséquences, si vous voulez, de cette
multiplication des maladies et aussi pour voir ce qui arrive quand le gars
prend sa retraite. L'on serait surpris des conséquences. On apprend
toujours, avec beaucoup de regret, qu'un an ou un an et demi après que
la personne est à sa retraite elle décède. C'est parce que
le gars a travaillé pendant quinze, vingt ans ou vingt-cinq ans à
l'intérieur d'une fonction extrêmement difficile,
extrêmement dure. Nécessairement, ce sont des gens qui ne peuvent
pas se permettre les mêmes loisirs que les autres. Vous allez comprendre
facilement que les gardiens de prison ne peuvent pas entrer dans une taverne
pour prendre un bon verre de bière comme les autres, parce qu'ils sont
en uniforme, ils ne peuvent pas avoir une vie sociale comme les autres. Ils
sont sous une tension nerveuse beaucoup plus que les autres. On a même vu
des gardiens de prison qui, en civil, ont "mangé des volées" dans
des cabarets ou dans des clubs parce qu'on avait reconnu le gardien de prison.
Vous allez comprendre qu'ils sont obligés de choisir leurs lieux de
loisirs. Cette tension a un effet sur le plan de la santé et sur le plan
de la pensée.
Dans le mémoire, vous avez un graphique extrêmement
important, à la page 7, qui fait des comparaisons entre les gardiens de
prison du fédéral et ceux du provincial. Je sais très bien
que le gouvernement n'aime pas beaucoup qu'on dise: On veut se comparer avec
les gardiens de prison du fédéral. Mais il reste un
phénomène, c'est que les gardiens de prison, au
fédéral, d'une façon générale, ont des
salaires moyens qui sont en haut de la moyenne des salaires canadiens. Par le
graphique qu'il y a là, vous voyez que pour les agents de la paix, les
gardiens de prison du provincial, les échelles des salaires sont
ordinairement en bas de la moyenne des salaires du Québec. Vous avez un
autre graphique qui montre le salaire qui a été
négocié en 1966 et en 1968, par rapport au salaire moyen du
Québec. En novembre 1970, c'est intitulé "dilemme syndical". A ce
moment-là, le syndicat s'est trouvé en face d'un problème
de conscience. Comme je viens de le dire, le mémoire que je viens
d'expliquer a été soumis ainsi que quelques notes à la
CSN. En novembre 1970, on était en face d'un dilemme. Ce dilemme
était le suivant: L'agent de la paix fait face, au début de 1970,
à un danger plus qu'imminent de morcellements planifiés qui sont
considérés, par nos membres, comme un écartèlement
en règle. Il n'y a pas que le gouvernement qui joue là-dedans. Il
y a le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, la Commission de
la fonction publique, le gouvernement du Québec et le comité de
coordination de la CSN et de la CCNSP. Je m'explique, à ce moment-ci, de
quelle façon les différents groupes ont travaillé, d'une
façon consciente ou non, à l'affaiblissement du syndicat des
agents de la paix comme syndicat. Vous avez la législation
ouvrière, le comité de classifi- cation, le non-respect de la
convention et la négociation de la politique salariale.
Alors vous voyez la législation. Nous avons passé devant
le comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Ceux qui
représentaient le patronat, à ce moment, on dit: Nous serions
prêts à donner le droit de grève à une partie de
votre groupe mais pas aux gardiens de prison. Ce qui voulait dire qu'on prenait
une partie du syndicat et qu'on l'envoyait dans le syndicat des fonctionnaires
provinciaux. On formait un syndicat séparé avec les gardiens de
prison, en leur enlevant le droit de grève. Ils semblaient accepter, un
peu, le système d'arbitrage qui existait à la Sûreté
du Québec.
Le comité consultatif profitait de la circonstance pour essayer
d'affaiblir un peu la position du syndicat. Vous avez aussi le comité de
classification de la Commission de la fonction publique. J'en ai parlé
il y a quelques minutes. Le gouvernement et le syndicat se sont entendus. La
Commission de la fonction publique a refusé d'entendre les arguments,
pour une fois, unanimes entre le gouvernement et le syndicat. La Commission de
la fonction publique a dit: Non, on passe à côté de
ça et on ne tient pas compte de rien.
Vous avez le gouvernement du Québec, naturellement, qui est
responsable aussi du non-respect de la convention collective. Vous verrez un
peu plus loin, à l'autre page, ce qu'on veut dire par ça. Il y
avait le comité de coordination de la CSN qui établissait une
politique salariale. Nous disions: Nous ne pouvons pas entrer dans cette
politique, d'autant plus que 98 p.c. des syndiqués de la Fonction
publique ont le droit de grève légale. Pour notre part, on n'a
pas le droit. Il faut absolument trouver une autre solution à notre
problème. C'est là qu'on vous prouve qu'en janvier 1971 si
j'étais premier ministre du Québec c'est une façon
humoristique de dire, en somme, que la convention n'était pas
respectée. 32 clauses de la convention collective n'ont pas
été respectées entièrement en 1966, ni même
en 1968. Je vous laisse le soin de le lire. Vous verrez que la convention
collective de travail, qui a été négociée, n'est
pas respectée parce que les rouages, à l'intérieur de la
convention, ne sont pas efficaces, que ce soient des rouages de
règlement de griefs ou que ce soit le rouage d'arbitrage.
Dans l'autre page, vous avez ce qu'est un agent de paix dans la fonction
publique. Cela est un document qui émane de la Commission de la fonction
publique. Vous verrez que nous sommes effectivement des policiers et même
des policiers spécialisés. Dans certains cas, nous
dépassons, si vous voulez, le statut de policier
spécialisé. Alors, qu'est-ce qu'un agent de la paix de la
fonction publique? Vous aurez le soin de le lire. Il y a le code criminel,
aussi le côté juridique, au point de vue fonctionnel, et tout
ça. Alors, en conclusion, c'est un document qui émane, encore une
fois, de la Commis-
sion de la fonction publique. Vous verrez que les agents de la paix de
la fonction publique ne peuvent pas être considérés comme
des fonctionnaires au même titre que les autres fonctionnaires ou les
autres employés des secteurs public et parapublic. Ce que je viens de
dire explique beaucoup de choses, explique beaucoup d'événements
qui se sont passés depuis les derniers mois.
En février 1971, dans le journal "L'Agent de la paix", nous
fixions des objectifs du syndicat. Nous avions eu un congrès au mois
d'avril 1969 où nous avions lancé comme slogan ou comme objectif:
$10,000 en 1971. Après cela, il fallait naturellement faire la preuve
que nous méritions $10,000. Nécessairement, c'était
lié à l'application de la convention collective, au
perfectionnement du personnel en place, à un meilleur recrutement,
à de meilleures compétences. Il n'y avait rien d'irréel
à fixer, comme objectif global, $10,000 par année. Je veux bien
croire qu'il y a bien des zéros qui deviennent des slogans.
Nous avions, nous aussi, notre politique salariale. On s'est dit: Sur
quoi va-t-on se baser? On a des gardiens de prison du fédéral qui
peuvent servir de base. Mais il y a aussi le salaire moyen du Québec qui
peut être une base. Si les gardiens de prison du fédéral
gagnent 40 p.c. de plus que le salaire moyen des Canadiens, pourquoi est-ce
qu'on ne baserait pas nos salaires sur le salaire moyen? Cela veut dire que
tous ceux qui négocient, que ce soient des augmentations du salaire dans
la Loi du salaire minimum, que ce soient des augmentations dans les
décrets, c'est-à-dire l'extension juridique des conventions
collectives, ou que ce soit dans les conventions négociées par
les syndicats ou par des sentences arbitrales obligatoires dans les
cités et villes, par exemple, ou même à la suite d'une
grève, tous ces salaires influencent les salaires moyens au
Québec. On se dit: On va s'accorder et on va suivre la même
vitesse que les autres citoyens du Québec. S'ils augmentent, on va
augmenter. S'ils n'augmentent pas, on restera là nous aussi. Alors,
c'était basé sur des points de repaire comme ça. On a
établi des échelles de salaires. Vous voyez qu'au
fédéral, par exemple, en février 1970, le gardien de
prison gagnait $8,284 tandis que nous avions $7,000. Si vous faites des
comparaisons avec le salaire moyen, on s'aperçoit qu'au Canada le
gardien gagnait 128.3 p.c. du salaire moyen canadien tandis que nous avions 112
p.c. du salaire moyen du Québec, avec cette différence qu'eux
avaient 128.3 p.c. après quatre ans de service et nous 112.1 p.c.
après six ans de service.
Il y a d'autres comparaisons un peu plus bas, le salaire des gardiens de
prison du provincial par rapport au fédéral, en pourcentage. Il
est facile de voir, nécessairement, que ces pourcentages vont
continuellement en diminuant. En extrapolation, pour les gardiens de prison du
fédéral, je pensais qu'ils gagneraient, en octobre 1971, $9,396.
Effectivement, ils ont signé à $9,227. Disons que l'extrapolation
faite à ce moment-là n'était pas loin de la
réalité. Les $10,147 étaient pour les gardiens de prison
du fédéral en 1972. Je tenais à ce moment-là pour
acquis que le gouvernement fédéral accorderait des augmentations
de 8 p.c. par année à ses employés. Effectivement, il a
accordé 6 p.c. à la première année de la
convention, 6 p.c. et 5 p.c. à la deuxième année,
après avoir fait un rattrapage.
Tout cela était basé sur le fait que le salaire moyen
nos points de repaire sont en haut de l'autre page au
Québec, équivalait, en 1968, à 98 p.c. du salaire moyen
canadien. En 1969, c'est réduit à 97.61 p.c. Aujourd'hui, au
moment où l'on vous parle, le salaire moyen au Québec est rendu
à 95 p.c. du salaire moyen canadien. Le salaire moyen au Québec
diminue graduellement par rapport au salaire moyen canadien.
Il est connu également que les policiers municipaux, dans les
cités et villes, grâce aux sentences arbitrales, ont un salaire
maximum, après quatre ans, au cinquième échelon, d'une
façon générale, de 150 p.c. du salaire moyen. A la
Sûreté de Montréal, à la suite de la grève,
et à la Sûreté du Québec, à la suite de la
grève, ces pourcentages ont monté à 155 p.c. et 156 p.c.
en haut du salaire moyen. Par extrapolation, il semble que le salaire moyen, au
Québec, se situerait autour de $6,800 vers le milieu de 1971. Vous
verrez plus loin que mon extrapolation était passablement proche de la
réalité, puisqu'au mois de juin 1971, le salaire moyen
était de $6,802. Je ne suis pas un économiste, mais il est
très facile de faire une ligne sur un tableau et d'aboutir à des
chiffres. Je prévoyais qu'à ce moment-là n'oubliez
pas que cela a été rédigé en février 1971
au milieu de 1971, le salaire moyen serait de $6,800. Effectivement, il
est rendu à $6,802 au mois de juin 1971.
Alors, comme je m'attendais que les gardiens de prison du
fédéral iraient chercher un salaire d'environ 140 p.c en haut du
salaire moyen canadien, j'ai fait les mêmes calculs. Cela m'a
amené à $9,520 pour les gardiens de prison. Cela ne
m'éloignait pas nécessairement de mes $10,000 comme objectif,
parce que tout le pivot salarial, au point de vue des agents de la paix, est
basé sur les gardiens de prison. La direction générale de
la rémunération, devant la commission Lavery, a dit que le pivot
de l'établissement des échelles de salaires, pour les agents de
la paix, c'étaient les gardiens de prison et, qu'après cela, par
ricochet, on rajustait les autres salaires, comme les policiers d'autoroute,
les agents du ministère des Transports, qui avaient des salaires plus
élevés que les gardiens de prison, les constables de la cour du
Bien-Etre social qui avaient aussi des salaires plus élevés que
les gardiens de prison. Les gardes-chasse ont un pourcentage de 97.5 p.c. des
salaires des gardiens de prison. Vos gardiens
du parlement de Québec, qui étaient à 83 p.c., sont
montés à 91 p.c. des salaires des gardiens de prison.
Quand on parle de salaires ici, mon objectif de $10,000 étant un
maximum, je me tiens toujours dans la même ligne de pensée,
j'arrive à $9,520 pour les gardiens de prison, en 1971;
nécessairement, si j'accorde 10 p.c. de plus qu'on a déjà
accordé â la direction générale de la
rémunération, je dépasserais mes $10,000 actuellement. Je
vous donne l'exemple de trois personnes qui auraient rempli des exigences
d'embauchage similaires. Un comme policier de Montréal, un à la
prison fédérale et l'autre à la prison provinciale. Cela
donne comme résultat que celui qui s'est engagé comme policier de
Montréal, dans l'espace de cinq ans, a gagné $12,000 de plus
qu'un gardien de prison. C'est presque le prix d'une maison. Depuis ce temps,
ils ont négocié. Ils ont même fait une grève. Il n'y
a pas que nous qui avons pensé à ça. Seulement, cela a
abouti à des résultats.
En mars 1971, j'ai soumis à l'honorable M. L'Allier, ministre de
la Fonction publique de l'époque, un mémoire identique à
celui que j'ai lu au début. Là, on allait plus loin, parce qu'on
faisait une suggestion: on voulait l'arbitrage. Dans ce système
d'arbitrage, que j'ai soumis d'ailleurs à M. Cournoyer dans le temps,
parce qu'on a déjà eu l'occasion de se rencontrer
là-dessus, c'est le système de la Sûreté du
Québec que nous préconisons comme étant celui qui
pourrait, peut-être, à ce moment-ci, c'est une
étape, ce n'est pas une fin être plus acceptable de notre
part que le système actuel. Depuis 1966, en somme, on nous impose des
salaires avec aucun moyen de les faire régler ou, tout au moins, de les
faire étudier par une tierce partie. On ne demande même pas que la
sentence soit exécutoire.
Il y aurait quatre représentants du gouvernement et quatre
représentants du syndicat, qui seraient chargés de prendre
globalement les clauses sur lesquelles on ne s'entend pas. Si les huit
deviennent unanimes, le gouvernement accepte d'avance de l'accorder. Si on ne
s'accorde pas ensemble, il faut trouver un président pour le tribunal
d'arbitrage.
Comme je le dis dans le texte, qui pourra entendre nos arguments d'une
façon la plus impartiale possible? Sûrement pas les
représentants du gouvernement, pas plus les représentants du
syndicat, parce que, nécessairement, il y a des préjugés
de part et d'autre. Ce n'est pas un tribunal d'arbitrage non plus,
composé selon le code du travail, dans le sens que si on ne s'entend pas
sur le choix du président, c'est le ministre du Travail qui le nomme. A
ce moment-là, on va arriver avec deux représentants du
gouvernement et un du syndicat encore une fois. Naturellement, on
préconise la formation d'un comité paritaire permanent, semblable
à celui de la Sûreté du Québec, qui semble donner de
bons résultats, qui pourrait entendre les griefs et les
différents, comme à la
Sûreté du Québec. Les décisions unanimes ou
majoritaires du comité paritaire seraient appliquées
immédiatement. Si une entente n'intervenait pas, on pourrait soumettre
cela à un arbitre, nommé par les parties ou nommé par le
juge en chef du tribunal du travail. Vous pourriez au moins avoir un minimum
d'impartialité dans le choix du président.
Je faisais aussi mention à M. L'Allier d'un document à
l'effet qu'on ne vise pas tellement le droit de grève, mais il y a quand
même un passage qui est extrêmement important, qui peut expliquer
ce qui en est. Vous avez, en bas de la première colonne. M. Jean-Paul
L'Allier: "C'est alors le devoir du législateur de rechercher par
l'étude et de fournir, par des lois, des garanties qui, d'une
façon moins coûteuse, assurent spécialement à ceux
auxquels on interdit la grève le bénéfice ou les avantages
qui peuvent résulter d'une grève justifiée dans son but et
dans ses moyens".
Je vous laisse le soin de lire le texte. A l'autre page, je disais, en
haut de la page, au troisième paragraphe: "Si tous nos efforts pour
améliorer la loi demeurent vains effectivement, ils sont
demeurés vains et que la grève offre le seul espoir
d'obtenir le redressement des torts, une grève défensive, tout en
paraissant illégale, pourrait bien ne plus être illicite". Un peu
plus bas, je disais textuellement ceci, c'est-à-dire que nous avons
signé une convention dans laquelle on s'est dit : On ne fera pas de
grève. Mais nous nous sentirons libérés de cette
obligation avec juillet 1971. Si une entente n'intervient pas, en juillet 1971,
sur les plans d'une troisième convention, et si le gouvernement continue
l'injustice de la loi, en ce qui nous concerne, en refusant de nous donner les
moyens légaux, pacifiques de régler le conflit, nous ouvrirons
les soupapes et ferons appel à l'opinion publique en recourant à
la grève, non pas une grève offensive, pour obtenir des avantages
nouveaux, mais une grève défensive, pour obtenir le rejet de
cette partie de la loi qui est injuste et on continue de prétendre qu'il
est immoral pour les agents de la paix de ne pas avoir un tribunal
d'arbitrage.
En mai 1971, le gouvernement prenait connaissance de nos emandes. Je
vous laisse là aussi le soin d'étudier le dossier. Il a y
nécessairement la période de probation, les augmentations
statutaires. Il y a aussi des comparaisons entre les personnels qui peuvent
être faites entre les occupations, des critères,
nécessairement, des exigences semblables, des conditions de travail
semblables, de la mobilité à l'intérieur des occupations.
Ce n'est pas facile à être gardien de prison. Ou voulez-vous qu'il
aille, quand cela fait dix ou quinze ans qu'il est gardien de prison? Il a
beaucoup de difficultés à se mouvoir à l'intérieur,
pour le travail.
Je vous réfère à un texte que j'avais lu, devant M.
Gérin, le 27 avril 1971, au moment où nous avions soumis la
convention. En bas de la première colonne, je disais ceci: "Nous
avons
l'impression qu'en réalité il n'y a qu'une heure de
négociation. C'est lorsqu'on présente le projet. Même M.
L'Allier, à ce moment-là, était absent. Mais si on
débraye, il sera le premier à dire: Pourquoi un tel geste de
désespoir? Si j'avais su avant." C'était le 27 avril 1971.
Nous avons alors dit au gouvernement : Nous voulons avoir une vraie
négociation. Nous voulons l'arbitrage. C'est le seul moyen
d'éviter un conflit. Je fais le détail, selon les
différents groupes, de la politique salariale que nous visons, la
politique sociale que nous visons, la politique éducative, de
perfectionnement et tout ce que vous voudrez et, nécessairement, la
question du code du travail. Il y a là une liste de priorités que
nous visons dans la convention.
En octobre 1971, le gouvernement n'est pas prêt à
négocier avec ses agents de la paix. Effectivement, je dis pourquoi il
n'est pas prêt. Parce que tout est bloqué. Il y a eu deux
propositions du gouvernement de faites sur le plan salarial: Une avec neuf
échelons, au lieu de sept, et la deuxième à huit
échelons, au lieu de sept. Il y a eu une légère
différence. Dans la deuxième proposition, le taux d'embauchage
est inférieur à celui de la première proposition.
Le taux maximum est resté exactement le même avec la seule
différence que c'est après sept ans qu'ils l'avaient, au lieu
d'après huit ans. Nous visons toujours 140 p.c. du salaire moyen.
En décembre 1971, je disais que ce n'était pas un mois
comme les autres. De fait, au milieu de décembre 1971, nous avons dit,
à la table de négociations: Messieurs, c'est la dernière
séance de négociation. Il n'y a absolument pas moyen de bouger.
Cela fait cinq contrepropositions salariales que je vous fais, pour le
syndicat, et vous m'en avez fait deux qui ne se tiennent pas. Vous ne voulez
plus débloquer. Nécessairement, on s'en retourne et on met en
marche des moyens de pression.
Cela a abouti, le 13 décembre, avec un protocole d'entente. Pour
prouver la bonne foi du syndicat des agents de la paix et de la fonction
publique, nous avons accepté ce protocole d'entente et nous avons soumis
le tout à une commission d'enquête, présidée par Me
Claude Lavery. L'honorable L'Allier, le 14 décembre 1971, disait
textuellement ceci: "Il ne s'agit, dans le cas présent, ni d'arbitrage,
ni de conciliation mais bien d'un commissaire spécial qui va analyser
les faits, qui fera rapport à chacune des parties, afin que nous
puissions, dans le contexte de cette négociation avec des
employés qui ont un régime syndical très particulier
M. L'Allier admettait que nous avions un régime syndical
très particulier éviter des erreurs qui, dans le processus
normal des négociations, seraient corrigées si ces
employés étaient des syndiqués ordinaires". Donc, il
admettait que nous n'étions pas des syndiqués ordinaires.
Nous avons accepté le système d'une commission
d'enquête, qui n'était pas un tribunal d'arbitrage. Comme je base
toute mon argumen- tation sur le fait qu'on appartient à la famille des
policiers, vous avez un tableau: a, b, c, d, e, f. Dans le a), c'est le nombre
de conventions dans les cités et villes. Incidemment, j'ai noté
qu'il y en a quelques-unes là-dedans qui ont été
négociées par un nommé Gilles Laporte.
M. COURNOYER: Ne tournez donc pas les fers dans la plaie!
M. VINCENT: Les fers dans la plaie, non pas le fer dans les plaies!
M. LACAS: Je ne vous ai pas dit de bêtises, je vous ai fait un
compliment!
Vous avez, dans le b), le nombre d'échelons qui s'attachent aux
conventions. J'ai pris le minimum des échelles, dans les cités et
villes. J'ai mis aussi les maximums. J'arrive à la conclusion que sur
116 conventions sur 136, le nombre d'échelons, pour atteindre le
maximum, c'est 4.7. Il était donc normal que j'essaie de viser 5,
d'autant plus qu'au fédéral, ils avaient cinq échelons,
que la Sûreté du Québec a cinq échelons, que la
Gendarmerie Royale a cinq échelons, la Police Provinciale de l'Ontario a
cinq échelons et que les cités et villes, c'est 4.7 en moyenne.
Je me suis dit: Pourquoi me donner une échelle avec huit et neuf
échelons? Cela ne tient pas. On nous dit: C'est pour vous donner une
possibilité de carrière. J'aime mieux être vidangeur,
à $10,000, que d'attendre dix ans pour gagner $9,000. Si c'est une
possibilité de carrière, il faudrait mettre des salaires
correspondants.
Vous aviez, là aussi, la valeur des échelons,
c'est-à-dire les augmentations d'un échelon à l'autre. Je
dois noter, ici, qu'au fédéral, ils ont sensiblement le
même principe de politique salariale que celui du Québec. Mais
pour les gardiens de prison du fédéral, ce n'est pas la politique
générale appliquée aux autres qui s'applique pour eux. De
fait, les augmentations d'un statutaire à l'autre, au
fédéral c'est M. Carrier lui-même qui l'a dit devant
la commission Lavery varient à peu près de 4 p.c. à
5 p.c, comme au provincial, mais pour les gardiens de prisons, c'est 10 p.c.
d'augmentation entre les échelons.
Notez également qu'à la Sûreté du
Québec, il y avait six échelons et vous avez réduit cela
à cinq, ce qui a augmenté aussi la valeur des échelons,
d'un échelon à l'autre. Je pense donc qu'il n'y a pas de raison
pour nous traiter en enfants pauvres, à l'intérieur du
système. On devrait essayer de nous trouver un meilleur
régime.
Vous avez, à l'autre page, les comparaisons du
fédéral par rapport au provincial, les salaires de la Gendarmerie
Royale avec les gardiens de prison du fédéral, la
Sûreté du Québec avec les gardiens de prison du
Québec. Vous voyez que les gardiens de prison du fédéral
gagnent 92.28 p.c. du salaire de la Gendarmerie Royale. Les offres que vous
nous faites, au gouverne-
ment, feraient que notre salaire ne serait que 78.72 p.c. des salaires
de la Sûreté du Québec Nous disons donc: Donnez-nous 90
p.c. des salaires de la Sûreté du Québec, nous nous
accrocherons là-dessus et nous signerons la convention. Nous ne vous
demanderons même pas d'augmentation dans la deuxième et dans la
troisième année. Dites-nous que nous sommes basés sur 90
p.c, pour les gardiens de prison. Vous nous donnez 90 p.c. des salaires de la
Sûreté du Québec et nous les suivrons. S'ils avancent, nous
avancerons et s'ils n'avancent pas, nous n'avancerons pas. S'ils reculent, nous
reculerons avec eux. Cela me surprendrait qu'ils reculent !
En janvier 1972, vous avez le rapport de la commission Lavery. Vous
avez, à la dernière page de ce rapport Lavery, les mêmes
comparaisons de pourcentages.
C'est donc dire que le commissaire Lavery, s'il en avait eu la
possibilité, au lieu de faire tout simplement un rapport de commission
d'enquête, de faire des recommandations, à la lecture du rapport
on aurait pensé qu'il aurait effectivement recommandé que les
salaires des gardiens de prison soient 90 p.c. des salaires de la
Sûreté du Québec. On le voit dans son rapport, vous le
verrez à la lecture du document. C'est de la négociation,
cela.
M. COURNOYER: Là, tu négocies, oui.
M. LACAS : Comme je voulais être bien objectif, j'ai mis, en
février 1972, les arguments du gouvernement. On ne cache rien à
nos membres et ceux qui pensent qu'on n'a pas de relation avec la base vont se
tromper. Nous avons mis, effectivement, la partie de l'exposé de la
preuve du gouvernement, de la Fonction publique et cela a été
livré à tous nos membres en février 1972.
Il faut bien vous rappeler que le 30 janvier, au point de vue
historique, il y a eu l'occupation de la prison de Bordeaux. M. Choquette
était venu, à un moment donné, pour arrêter cette
occupation de la prison de Bordeaux, et Me Drouin, le négociateur
patronal, était présent. M. Choquette a dit: Ecoutez un peu,
avancez la date de négociation au 3 février, arrêtez cette
occupation de la prison de Bordeaux, le rapport de la commission Lavery va
sortir demain, c'est-à-dire le lendemain de l'occupation. Nous basant
sur le rapport de cette commission et nous basant aussi sur la discussion que
nous avons à cette table ce soir parce que c'était un
dimanche soir vers dix heures et demie ou onze heures M. Fournier était
présent aussi, je pense M. Drouin, essayez donc de faire quelque
chose, le 3 février, au point de vue des salaires.
Le 3 février est arrivé et on n'avait rien au sujet des
salaires. Vous allez comprendre facilement qu'à ce moment-là on
se demande si on peut continuer à croire en la bonne foi de la
négociation. Le 3 février on a dit: Non, on n'a rien à
vous donner de plus. Le 4 février, on a eu un conseil syndical, et le 5,
nous avons pris un mois de vacances. Durant ce mois de vacances, il
était question surtout pour nous non pas tant d'essayer de
négocier des conditions de travail que de trouver une formule de
négociation. A ce moment-là, M. Drouin a dit: Revenez donc
à la table de négociation. On a répondu à M.
Drouin: Nous sommes prêts à retourner négocier, mais avant
de retourner négocier, vous allez dire au public si c'est vrai ce qui a
été dit à la table de négociation.
Je posais des questions à Me Drouin, que je repose effectivement
à cette commission: N'est-il pas exact, Me Drouin, que les
représentants du ministère de la Justice au comité de
négociation ont plusieurs fois déclaré que la
responsabilité des gardiens de prison provinciale est équivalente
et dans certains cas supérieure à ceux du fédéral.
C'étaient deux membres du comité de négociation
patronal.
N'est-il pas exact que les représentants du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ont maintes fois
déclaré que les agents de conservation méritaient un
meilleur salaire parce qu'il y a beaucoup de difficultés à
engager des agents de conservation compétents? N'est-il pas exact, Me
Drouin, que le gouvernement a accepté, jusqu'au 3 février, de
négocier à une table sectorielle avec nous? Le 3 février,
dans une position assez définitive, il a dit ceci: Si des changements
aux dispositions relatives à la rémunération intervenaient
dans les secteurs public et parapublic susceptibles d'entraîner des
modifications aux échelles de traitements des agents de la paix, le
gouvernement convient de tenir compte de ces modifications dans ses discussions
ultérieures avec le syndicat.
Jusqu'au 3 février nous l'avions dit le 27 avril à
M. Gérin nous ne sommes pas dans le front commun. Tenez cela pour
acquis. Vous connaissez nos demandes du 27 avril, on a déposé le
projet qu'il y a là et vous savez exactement ce que nous voulons.
Négociez avec nous à une table sectorielle. Jusqu'au 3
février, on avait effectivement l'impression de négocier à
une table sectorielle, mais le 3 février, à la suite du rapport
de la commission Lavery, et comme ce rapport nous était un peu favorable
à mots couverts, à un moment donné on a dit: Attendez donc
les autres, après cela, on réglera votre problème. Je
pense qu'on est capable de lire entre les lignes.
J'ai dit: N'est-il pas exact qu'on a accepté, jusqu'au 3
février, de négocier uniquement avec le syndicat? Le texte que je
vous lis a été lu à Drummondville pendant que nous
étions en vacances. Ce n'est pas un texte que j'ai préparé
pour la commission d'aujourd'hui. N'est-il pas exact, Me Drouin, que le
syndicat a accepté de soumettre tous les problèmes à une
commission d'enquête présidée par Me Claude Lavery,
pourtant pas considéré comme pro-syndical? N'est-il pas exact, Me
Drouin, que le ministère de la Justice, lors de la réunion du 30
janvier, a
dit : Retournez donc au travail normal? L'occupation, le 30 janvier, ce
n'était pas normal mais notre grève d'un mois a semblé
normale: vous n'avez rien fait.
N'est-il pas exact, Me Drouin, que le ministre de la Justice, le 30
janvier, souhaitait que la négociation se poursuive, basée sur
les constatations du rapport Lavery? N'est-il pas exact que le 3 février
le comité de négociation patronale a remis le texte que je viens
de vous lire?
Quand je suis passé devant la commission Lavery, le 18 janvier,
j'ai dit textuellement ceci: "S'il y avait une grève des agents de la
paix de la fonction publique, ce seraient les policiers qui feraient notre
travail". Effectivement, c'est ce qui est arrivé. Donc, c'était
la preuve qu'il nous fallait. Il fallait que nous sortions et qu'ils mettent
des policiers à notre place pour prouver que nous étions dans la
famille des policiers. Vous ne pourrez pas dire qu'on n'a pas fait la
preuve?
A ce moment-là, le 5 février, on nous a dit qu'on avait un
statut particulier, qu'on avait neuf échelons au lieu de sept. Cela a
été baissé à huit, avec le même maximum.
N'est-il pas exact, Me Drouin, que, le 5 février, le Syndicat des agents
de la paix de la Fonction publique laissait tomber les augmentations de 5 p.c.
et 6 p.c. exigées? Il faut bien dire que, dans la proposition que nous
avions faite, nous demandions une augmentation de 6 p.c. la deuxième
année du contrat et de 5 p.c. la troisième année,
après avoir, nécessairement, rattrapé tous les autres.
Là, on a laissé tomber cette chose-là, parce qu'on
ne voulait pas que cela serve de base aux autres comme argumentation. On s'est
dit: D'accord, l'augmentation sera accordée aux autres la
deuxième ou la troisième année, mais réglons la
première année. On a un rattrapage à faire et il faut le
faire. Nous avions travaillé en toute bonne foi là-dedans et
c'est le rapport qui a été déposé. Maintenant,
notre syndicat est prêt à faire face à une commission
parlementaire. Dans une lettre, datée du 13 mars et adressée
à Me Drouin, je disais ceci: On aimerait discuter de la classification
parce qu'on essaie de sortir de la catégorie des agents de la paix les
gardiens de barrière, qui sont agents de la paix depuis le début
du syndicat.
Ils sont en train de chercher une formule et je ne sais pas s'ils vont
réussir. Le gouvernement et le syndicat, nous sommes d'accord sur une
formule, mais on ne sait pas si la Commission de la fonction publique va
l'accepter. Nous aimerions discuter du statut particulier des agents de la
paix. Si on considère les gardiens de prison du fédéral,
ils ont un statut particulier à l'intérieur de la Fonction
publique fédérale. La question des échelons aussi. Je
passe rapidement, parce que je vois l'heure qui avance; vous aurez
sûrement le temps de lire cela. Maintenant, vous avez les indices des
traitements. On nous dit souvent: Les salaires moyens sont de $6,800; c'est pas
mal gros, ton affaire! C'est peut-être gros, mais ce sont exactement les
chiffres qui émanent du ministère de l'Industrie et du Commerce
québécois.
Vous avez là les salaires au Québec, en juin 1971, et ceux
du fédéral. Vous constaterez, en faisant des pourcentages, que
les salaires du Québec sont l'équivalent de 95 p.c. des salaires
canadiens. Nous disons: Donnez-nous les 95 p.c. des salaires du
fédéral. Si tu ne veux pas que je compare avec le
fédéral, compare-moi avec la Sûreté du
Québec. Si vous ne voulez pas nous comparez avec la Sûreté
du Québec, comparez-nous, au moins, avec le salaire moyen. Donnez-nous
le même pourcentage que les autres.
On ne comprend plus rien parce qu'on a, effectivement, l'impression de
négocier avec un fantôme; on ne sait pas à qui s'adresser.
C'est pour cela que nous étions heureux que vous acceptiez, ce matin, de
nous recevoir. C'est une étape et nous espérons que ça
donnera des résultats. Vous avez un tableau qui dénote quelque
chose d'extrêmement important: chaque année, il y a un recul. Vous
voyez, par exemple, les salaires actuels du fédéral et du
provincial. Vous verrez qu'au cinquième échelon on sera rendu
à $2,743 de moins que les gardiens de prison du fédéral. A
l'autre tableau, un peu plus loin, le graphique descend.
Si je continue à jouer avec des extrapolations, même si je
ne suis pas économiste, et si descends à la vitesse que vous
voulez faire baisser nos salaires, en 1980, on aura les deux tiers du salaire
des gardiens de prison du fédéral. Quand on sera rendu à
avoir les deux tiers du salaire des gardiens de prison du
fédéral, ne vous attendez pas de pouvoir engager du monde
compétent pour faire ce travail. Vous allez ramasser ce qui reste. Les
gars ne resteront pas là. Nous pensons que le travail que nous faisons,
ce n'est pas qu'une question syndicale pour faire monter les salaires; c'est
aussi pour améliorer l'administration de la province, parce qu'on a
réellement l'impression d'appartenir à l'appareil judiciaire et
à l'appareil administratif du Québec. Je pense que vous devez en
tenir compte.
L'autre tableau vous montre qu'au mois d'août 1968 nous avions
atteint, avec le ministre Masse qui était à la Fonction publique,
tout au moins le sommet de nos négociations, alors que nos salaires,
après quatre ans, c'est-à-dire au cinquième
échelon, étaient de $582 plus bas que ceux des gardiens de prison
du fédéral. Vous constaterez, sur la ligne des $582, qu'en 1971
nous aurons $1,536 de moins que ceux du fédéral; en 1972, $2,046;
en 1973, $2,254 et, en octobre 1973, $2,743. En 1968, on avait à peu
près $10 de moins par semaine que le fédéral et, en 1973,
en acceptant vos offres, on aurait $52 de moins par semaine que les gardiens de
prison fédéraux. Vous avez là les pourcentages. Nous
avions atteint, en 1968, 97 p.c. du salaire du fédéral.
Et là, après six ans, c'est 89 p.c, 85 p.c,
84 p.c. et 80 p.c. Or, tout cela pour vous dire qu'il est grandement
temps que la commission parlementaire c'est ce que nous voulons à
ce moment-ci nous donne un tribunal d'arbitrage. Il y a deux options
pour nous. Nous voudrions d'abord être soustraits de la loi 19.
Deuxièmement, comme nous sommes dans une impasse sur le plan de la
négociation, donnez-nous un genre de tribunal d'arbitrage. Comme vous
refusez, comme gouvernement, de vous faire imposer par une tierce partie une
sentence arbitrale, nous accepterions une sentence non exécutoire. Nous
ferons nommer un président par le tribunal du travail qui sera un
président impartial tout au moins pour qu'il ne soit pas dit que
c'est le ministre qui l'a nommé et nous soumettrons notre
problème à ce tribunal. Celui-ci fera une recommandation que vous
ne serez même pas obligés d'accepter.
Je pense que, s'il y a un syndicat qui est ouvert dans la province de
Québec, à ce stade-ci, c'est bien celui des agents de la paix de
la fonction publique. D'un autre côté, si vous décidez de
nous imposer des salaires à l'intérieur de la loi 19 parce
qu'il n'y a absolument rien qui nous dit actuellement que nous sommes
soustraits à la loi 19 nous espérons fortement que vous
tiendrez compte du mémoire que nous avons déposé ce matin
pour fixer des salaires convenables qui tiennent compte d'un tas de
réalités économiques et sociales pour les agents de la
paix.
Comme je sais que c'est un document assez long à lire, je
demanderais à M. Cournoyer de demander à M. L'Allier s'il lui a
remis les notes sténographiques de la commission Lavery. Ce sont deux
documents comme celui-là qui avaient été remis à M.
L'Allier. C'étaient les notes sténographiques de tout ce qui
s'est dit devant la commission Lavery par le syndicat et le gouvernement.
Et pour terminer, MM. les membres de la commission, il y a un petit
livre ici qui se lira beaucoup plus rapidement que le mémoire et qui est
un résumé de celui-ci. Cela a été
préparé en 1970 aussi. Et si vous n'avez pas le temps de lire le
mémoire qui vous a été soumis, je pense que vous aurez
certainement le temps de lire ce petit volume. Cela sera une façon de
vous reposer de votre travail.
Je suis prêt à répondre aux questions. Je m'excuse
si j'ai été un peu long. Mais je suis sûr que vous
comprendrez que le problème est extrêmement important pour nous et
que cela prenait au moins ce temps-là pour vous le dire.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. Le ministre de la Fonction
publique.
M. COURNOYER: Compte tenu de l'exposé que vous venez de faire, je
laisserais aux députés le soin de clarifier tout ce qu'ils ont
à clarifier avec vous. Je les laisserai poser leurs questions avant de
parler. Il est préférable que nous vous entendions encore un bout
de temps, même si vous pensez que votre exposé a été
long. Vous m'avez éclairé beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Je voudrais dire d'abord comme le ministre. Que M. Lacas
prenne tout le temps qu'il croira juste de prendre. Nous sommes ici pour
l'entendre. Vous avez parlé, au début de votre intervention, du
personnel confidentiel jusqu'avant hier.
M. LACAS: Ce sont des personnes qui portent des gilets verts dans les
corridors du Parlement, les huissiers. Ils étaient
considérés comme employés confidentiels et nous, nous les
considérions comme des agents de la paix de la fonction publique. Ils ne
devraient pas, selon nous, avoir de statut confidentiel et, effectivement, les
représentants du gouvernement avec ceux du syndicat, après une
brève enquête, en sont venus à la conclusion qu'ils
étaient des agents de la paix de la fonction publique. Ils ont
corrigé la situation au point de vue salarial. Mais il est possible
qu'il y en ait quelques-uns parmi eux qui soient classés comme
confidentiels. Par exemple, s'il y en a un qui est placé auprès
du premier ministre, j'ai bien l'impression qu'on ne le laissera pas chez nous.
J'ai l'impression qu'on lui donnera un statut d'employé confidentiel
mais le plus fort groupe de ces personnes deviendront des agents de la paix de
la fonction publique. Nous allons établir, dans la convention, les
heures de travail et les salaires.
M. VINCENT: Le nombre des agents de la paix est de 2,300?
M. LACAS: Actuellement, nous pouvons dire que nous sommes environ 2,500
à 2,600 agents. Le nombre de gardiens constables autour du Parlement a
été augmenté et si nous ajoutons les employés
confidentiels dont nous venons de parler ils sont quand même 70 ou
80 agents nous pouvons dire que nous sommes au-dessus de 2,500 membres
actuellement dont environ 60 p.c. sont des gardiens de prison.
M. VINCENT: Est-ce que les négociations sont présentement
en cours avec la partie patronale?
M. LACAS: Nous avons négocié jusqu'à la semaine
dernière mais tout ce qu'on fait, c'est qu'on nous donne les clauses qui
ont été données aux fonctionnaires. On dit: La semaine
dernière, nous avons soumis cela aux fonctionnaires, nous vous le
soumettons aujourd'hui.
M. VINCENT: Et la dernière séance de négociation a
eu lieu la semaine dernière?
M. LACAS: La semaine dernière, sur des questions des heures de
travail.
M. VINCENT: Est-ce qu'il y a eu des clauses acceptées par les
deux parties depuis le début des négociations?
M. LACAS: En gros, il y a une dizaine de clauses que nous avons
paraphées et qui sont à peu près les mêmes que pour
les fonctionnaires, c'est-à-dire des clauses qui ne sont pas
controversées. Ce n'est pas dans notre intérêt
d'embarrasser la province sur le plan de l'administration d'une convention
collective. Alors, les clauses de la convention collective des fonctionnaires
provinciaux qui ne sont pas trop controversées, nous les prenons. Il est
bien sûr que, s'il y a deux étapes de griefs, nous ne sommes pas
pour en mettre trois chez nous. S'il y en a trois là-bas, je ne vois pas
pourquoi nous en aurions deux. Pour le directeur du personnel qui doit
administrer un paquet de conventions, il est important d'avoir un texte aussi
uniforme que possible.
Mais là où nous considérons que nous avons un
statut particulier, c'est sur la question des salaires, de l'assurance-groupe,
de régime de retraite, de sécurité d'emploi. Justement,
vous me faites penser que nous avons demandé que les avancements
d'échelon soient automatiques chez nous. Ils sont automatiques partout
mais, chez nous, c'est basé sur les rendements. Par exemple,
après le premier échelon, vous pouvez décider de ne pas
faire avancer un agent au deuxième échelon parce qu'il n'a pas
donné un bon rendement. Il est bien plus puni que si vous lui coupiez
son dernier statutaire, entre le septième et le huitième
échelon, parce qu'il perdra cela pendant six ou sept ans. On pense le
punir de $200 en lui coupant un statutaire mais, effectivement, on le punit de
$1,500 ou $2,000. C'est une punition qui coûte cher. Alors, nous
voudrions que les statutaires, dans les échelles de salaires, soient
automatiques et non pas basés sur le rendement. Dans l'entreprise
privée et même dans les corps de police des villes, c'est
automatique, selon les années de service. Il n'y a pas de convention
où l'on dit: Nous accorderons le statutaire s'ils donnent un bon
rendement. Si le gars ne donne pas un bon rendement, il y a d'autres mesures
disciplinaires à l'intérieur de la convention qui peuvent
s'appliquer mais pas nécessairement couper un statutaire, à un
gars, entre le premier et le deuxième échelon. De cette
façon, vous le punissez pour le reste de son échelle de salaires.
Si ce sont sept ou huit ans, vous l'avez puni pendant sept ou huit ans.
M. VINCENT: Vous avez parlé de conditions d'admissibilité.
Est-ce qu'il y a eu entente entre les deux parties sur les conditions
d'admissibilité que vous proposiez, comme par exemple l'âge?
Est-ce qu'effectivement l'âge n'a pas été abaissé de
23 ans à 21 ans?
M. LACAS: L'âge a été baissé pour le
gardien-constable du parlement. Pour le reste nous attendons le texte de la
classification. La classification aurait dû, normalement, être mise
en vigueur le 28 juillet 1971 mais elle n'est pas encore approuvée.
Même si la convention dit qu'il appartient au lieutenant-gouverneur en
conseil de déterminer la nouvelle classification, on nous dit maintenant
que c'est le Conseil du trésor.
M. COURNOYER: C'est une question de procédure interne. Le
lieutenant-gouverneur en conseil est supérieur au Conseil du
trésor. Même, si la convention dit que c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui décide quelque chose, le processus
administratif peut faire que c'est le Conseil du trésor qui est cette
partie du lieutenant-gouverneur en conseil. Ce n'est pas un
problème.
M. LACAS: Pour répondre à votre question, c'est une des
conditions d'admissibilité sur lesquelles nous étions d'accord,
ne pas engager quelqu'un en bas de 21 ans et également de ne pas engager
quelqu'un qui a plus de 35 ou 40 ans selon les classes. Il faut être
capable d'engager une main-d'oeuvre assez jeune et, par la suite, essayer de la
perfectionner et d'engager quelqu'un avec une scolarité assez
élevée. Mais ces recommandations, unanimes, et du gouvernement
comme employeur et du syndicat qui représentait les employés, ont
été refusées par la Commission de la fonction
publique.
M. COURNOYER: Ce n'est pas la première fois que j'entends cette
chose, j'avais rencontré le président du Syndicat des agents de
la paix de la fonction publique, qui m'en avait fait part. Je suis maintenant
ministre de la Fonction publique et responsable de la Commission de la fonction
publique. Je pense bien que M. L'Allier aurait fait la même chose que
moi. La commission, techniquement, est l'organisme désigné par la
loi pour établir les classifications. Si le gouvernement, d'une part, et
vous, d'autre part, avez été satisfaits compte tenu des
prérogatives que vous avez et que le gouvernement a d'une entente
sur les classifications et si le règlement de classification,
approuvé par la commission, est différent de l'entente
intervenue, je vais informer la commission, dans les prérogatives et
dans les limites que j'ai, que je veux savoir pourquoi elle fera quelque chose
de différent de ce que nous, nous avons convenu avec vous de faire.
Alors, pour le moment, je ne le sais pas encore. Mais je vous assure
immédiatement que, s'il y a un conflit entre la commission et moi
en fait, le gouvernement qui s'est entendu avec vous, je le représente
maintenant je vais m'arranger pour le régler à la
satisfaction des premiers intéressés. Je ne sais pas comment
encore. Il faut que je voie pourquoi et quel raisonnement est à la base
de la décision de la commission. Je vous jure, par exemple il ne
faut pas jurer de rien mais je vous assure, au moins, que cela me
débine un
peu de voir que la commission pourrait changer la nature d'une entente
entre le gouvernement, d'une part, et le Syndicat des agents de la paix,
d'autre part.
M. LACAS: Vous avez raison d'être débiné.
Deuxièmement, nous vous remercions de l'assurance que vous nous
donnez.
M. LATULIPPE: Sur le même sujet, je voulais justement aborder ce
point-là. Est-ce que la commission vous a informés des raisons
qui motivent sa façon d'agir?
M. LACAS: Non. La commission, en somme, c'est un comité
consultatif. Elle nous consultait, mais c'est elle qui avait la décision
finale. Les représentants du gouvernement à la table de la
classification étaient unanimes avec nous pour admettre qu'il fallait
que les normes d'engagement soient les plus élevées possible,
pour attirer à l'intérieur de la fonction publique, comme agents
de la paix, la meilleure main-d'oeuvre possible, au point de vue de la
scolarité, de la taille, de l'âge, des conditions physiques
d'engagement, et de tout ce que vous voulez. Evidemment, le comité de
négociation patronal connaît les difficultés du travail de
l'agent de la paix et il était d'accord avec nous que ça prenait
ça comme normes d'engagement. La Commission de la fonction publique,
elle, n'a pas pris ça en considération. Elle a
préparé ses plans de classification et elle les a envoyés
au ministre; ils ont corrigé cela en cours de route. Ils avaient sorti
les instructeurs dans les prisons; ils leur ont remis une nouvelle
classification comme instructeurs. Actuellement, on veut sortir les infirmiers
qui ont été engagés comme des gardiens de prison, dans le
temps. On veut les envoyer chez les fonctionnaires. Ces infirmiers-là
disent: J'ai été engagé comme gardien de prison; je veux
rester gardien de prison. Il y a les gardiens de barrière dans les
parcs, qui font du travail d'agents de conservation de la faune, qui font les
perquisitions et saisies, et on leur dit: Maintenant, vous allez être des
gardiens de territoire; vous ne serez plus des agents de la conservation de la
faune.
Nous tentons, encore une fois ensemble, le gouvernement comme employeur
et le syndicat comme employé, des démarches auprès de la
Commission de la fonction publique pour qu'elle puisse faire passer des
concours à ceux qu'on veut envoyer comme gardiens de barrière.
Si, effectivement, ils se qualifient comme agents de conservation de la faune,
qu'ils soient classés agents de conservation de la faune et s'en
viennent avec nous autres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, je voudrais dire ceci au ministre:
On a parlé d'un refus global de la Commission de la fonction
publique.
M. LACAS: Pas global.
M. VINCENT: Mais d'un refus dans ce domaine-là de la Commission
de la fonction publique de donner suite aux accords entre le gouvernement et
les agents de la paix. Je voulais simplement souligner au ministre qu'il y a
peut-être également des ministères qui sont intervenus dans
les décisions de la fonction publique, parce que les commandes sont
placées et les qualifications sont exigées par les
ministères.
M. LACAS: Vous allez comprendre comme moi que votre question...
M. VINCENT: Non, je voulais simplement la diriger au ministre.
M. LACAS: Je ne dirais pas qu'elle est provocatrice, mais elle m'oblige
à répondre. Quand on est obligé de répondre, aussi
bien le faire honnêtement.
M. VINCENT: Vous avez certainement analysé ça.
M. LACAS: Je vais être obligé de vous donner une
réponse. C'est que, pour faire un bon gardien de prison, en tenant
compte de la réhabilitation qui doit se faire dans les prisons, les
hauts administrateurs du ministère de la Justice ne semblent pas
comprendre que ça prend plus qu'une neuvième année
aujourd'hui. Nous prétendons qu'avec la qualité, dans le sens de
défaut, si vous voulez, des détenus en place, il faut, quand
même, avoir comme gardiens des gens qui soient au moins
l'équivalent de ceux qu'ils gardent sur le plan de la scolarité
et de tout ce que vous voulez. Le ministère de la Justice barre cette
affaire-là. Nous, nous voudrions que ce soient des gars de
onzième année au moins, puis de douzième année, si
possible, des gars de cinq pieds et sept, physiquement aptes à remplir
la fonction, avec un salaire convenable au bout, pour éviter ce qu'on
avait avant 1966, quand le syndicat est arrivé, les petits rackets des
gardiens de prison. Il faut quand même admettre qu'il y en avait dans le
temps. Plus vous allez hausser les salaires des agents de la paix, plus vous
allez nécessairement éliminer ça si ces personnes ne sont
pas obligées d'avoir des à-côtés.
M. VINCENT: D'après les informations que vous avez obtenues, il y
a des ministères qui sont intervenus?
M. LACAS: Devant le comité consultatif, il y a des
ministères qui sont venus seulement dire: Une neuvième, c'est
assez. Mais, moi, je préfère la onzième. Il y a des
ministères qui sont probablement plus avancés que d'autres
là-dedans.
M. VINCENT: Juste une question sur les conditions d'admissibilité
que vous suggérez. Vous parlez de cinq pieds et huit, minimum.
M. LACAS: Disons qu'on s'est entendu sur cinq pieds et six.
M. VINCENT: A l'heure actuelle, c'est cinq pieds et quatre.
M. LACAS : Pour les femmes. Ce n'est pas de la discrimination, mais les
grandes femmes sont plutôt rares.
M. VINCENT: Mais, là, vous exigeriez cinq pieds et huit, minimum,
comme condition d'admissibilité. Même si le type est
qualifié, qu'il peut travailler comme inspecteur de la faune, comme
garde-chasse, gardien de barrière, s'il mesurait moins de cinq pieds et
huit, d'après vos conditions, il ne serait pas admis.
M. LACAS: Disons qu'on s'est entendu sur cinq pieds et sept pouces,
pieds nus. Mais comme nous défendons la thèse que les agents de
la paix de la fonction publique appartiennent au domaine policier ou
parapolicier, et comme on a là des normes de cinq pieds et huit pouces,
il faut nécessairement exiger la même chose chez nous. D'ailleurs,
le fédéral l'exige pour ses gardiens de prison.
Vous avez le transport des prisonniers d'une prison à l'autre qui
était fait par la Sûreté du Québec, qui est fait
maintenant par des gardiens de prison. Je ne me vois pas moi comme gardien de
prison, cinq pieds et deux pouces.
M. VINCENT: Napoléon non plus, le plus grand
général.
M. LACAS: Lui, ce n'est pas pareil, il avait des soldats.
M. VINCENT: Le ministre serait juste sur le bord.
M. LACAS: Juste sur la ligne.
M. VINCENT: Juste sur la ligne.
Dans les négociations en cours, il n'y a rien de
réglé, c'est-à-dire qu'il n'y a rien de paraphé en
ce qui concerne les primes particulières, assurance-groupe...
M. LACAS: Toute la question pécuniaire... M. VINCENT: ...
dépenses de voyage.
M. LACAS: ... partout où il y a des déboursés
à faire, il n'y a rien de réglé. Et même sur les
heures de travail actuellement, on veut reculer en ce sens qu'on avait des
cédules dans la convention, et là on voudrait nous imposer des
taux d'heures de travail sans cédule. Ce qui voudrait dire laisser, si
vous voulez, l'employeur faire tout ce qu'il veut avec mes hommes, les
chambarder, dire à 4 heures cet après-midi: Tu commences à
8 heures demain matin. Au lieu de commencer à 4 heures demain
après-midi, tu commenceras à minuit. Et dans trois semaines tu
changeras de quart. On ne fait pas de rotation dans telle prison mais demain,
je décide d'en faire une, comme à Baie-Comeau, par exemple. On ne
faisait pas de rotation depuis cinq ans et on a décidé de
l'appliquer.
Pendant qu'on négocie, pendant qu'on essaie de corriger une
situation, il y a des gouverneurs ou administrateurs au ministère de la
Justice qui semblent s'ingénier actuellement à nous provoquer
dans le sens qu'ils sont raides sur le plan de la convention, parce qu'on dit:
On faisait ça pour éviter ça et, pendant qu'on discute, tu
le fais. Cela nous oblige à être encore plus précis dans
notre clause pour éviter que tu le fasses.
Sur la question des heures de travail, nous sommes dans une impasse. On
avait des cédules dans la convention et là ils ne veulent plus
qu'on en ait.
M. VINCENT: En partant de ceci, j'aurais une question à poser au
ministre. Advenant qu'un décret soit édicté par le
gouvernement en vertu du bill 19 advenant que... je ne voudrais pas
entrer dans les détails puisque le ministre va faire une
déclaration mardi après-midi à 2 h 30, c'est-à-dire
va déposer l'offre gouvernementale ce décret inclurait
également les agents de la paix?
M. COURNOYER: Je crois que tel qu'il est rédigé
actuellement, il inclurait les agents de la paix. Il faudrait qu'il inclue et
qu'il règle tout le secteur public et parapublic, tout ce qui se
négocie ici. Tel qu'il est rédigé actuellement, il devrait
normalement inclure les agents de la paix. Je conviens qu'il s'agit d'une
interprétation de la loi actuelle mais c'est tel qu'il est
rédigé actuellement.
Dans le sens que vous avez dit tantôt, vous avez mentionné:
Si vous le faites, tâchez de le faire d'une telle manière.
M. LACAS: C'est ça. Voyez que nous essayons de ne pas courir de
risque.
M. COURNOYER: Moi non plus, je n'en cours pas, c'est pour ça que
je dis, tel qu'il est rédigé, il semblerait que...
M. VINCENT: M. Lacas, dans votre bulletin de janvier 1971, le Syndicat
des agents de la paix, à la deuxième page, vous dites: Si
j'étais premier ministre du Québec, j'offrirais mes excuses aux
agents de la paix pour 32 raisons différentes. Il semble y avoir des
raisons ici, comme exemple: avoir refusé de permettre aux agents de la
paix de tenir des réunions dans les locaux du gouvernement tel que
stipulé à l'article 702 et ainsi de suite. Il y a des griefs
qui sont très évidents et je demanderais que le
ministre...
M. LACAS: Encore là, c'est une question d'interprétation.
On va prendre Valleyfield comme exemple. Si on demande aux autorités du
palais de justice de tenir une assemblée du syndicat le soir, elles vont
nous l'accorder. Si j'arrive à Joliette, on dit non. Cela dépend
des gouverneurs de prison qui ont l'autorité chacun sur leur prison,
mais la convention prévoit que le gouvernement doit fournir des locaux
au syndicat, pour autant que c'est possible de le faire et dans les normes. Et
il y a ici deux palais de justice différents, qui sont organisés
de la même façon, un gouverneur accepte et l'autre refuse.
M. COURNOYER: C'est inscrit à la convention collective
actuelle.
M. LACAS: C'est inscrit à la convention qu'on peut effectivement
tenir des assemblées dans les locaux. On n'a jamais demandé de
tenir des assemblées du syndicat à Bordeaux ni à
Parthenais. Malgré qu'on ait tenu, à Parthenais, deux ou trois
assemblées.
M. VINCENT: On a accepté à certains endroits que vous
teniez des assemblées?
M. LACAS: Oui.
M. VINCENT: Et à d'autres endroits, on a refusé que
vous...
M. LACAS: C'est ça.
M. VINCENT: Egalement, au numéro 1, on mentionne qu'on a
oublié de vous faire parvenir copie de tout document relatif à
leur convention émis par la direction générale des
relations de travail. Est-ce que ça s'est corrigé?
M. LACAS: Il y a une correction qui s'est faite depuis ce
temps-là mais ce n'est pas encore global parce qu'il y a des directives
qui émanent aussi des différents ministères et qu'on n'a
pas.
Evidemment, si on n'a pas les directives de la direction
générale des relations de travail ou de la Commission de la
fonction publique, mais des directives qui émanent des gouverneurs et
qu'on n'est pas au courant, on s'aperçoit qu'on arrive devant
l'arbitrage, que ce n'est pas conforme à la directive émise par
la direction générale des relations de travail, ou par le
ministère de la Fonction publique.
On a eu un cas très précis: La question des fameuses
boîtes à lunch des gardes-chasse. Il est arrivé une
directive contraire à la convention et il a fallu qu'ils paient la
boîte à lunch. On l'a baptisé le grief de la boîte
à lunch.
M. VINCENT: M. le Président, j'aimerais bien qu'on vérifie
article par article; il y a 32 articles. Cela semble en contradiction assez
flagrante avec la convention collective, comme des permis d'absence sans
traitement aux agents de la paix...
M. LACAS: A un moment donné, un policier d'autoroute qui a
demandé un permis d'absence...
M. COURNOYER: M. Lacas, cela m'intéresse de savoir comment les
conventions collectives signées avec vous sont respectées. Ici,
il y a une accusation précise contre le gouvernement, à tel ou
tel endroit, ou contre le ministère de la Fonction publique ou d'autres
organismes qui relèvent du gouvernement. Je sais bien qu'on écrit
toutes sortes de choses et qu'on fait exprès pour les écrire
d'une certaine manière. Comme vous avez dit: Si j'étais premier
ministre du Québec moi, je ne le suis pas, vous accusez mon
"boss", parce que j'ai un "boss", moi aussi il faudrait que tu fasses
cela et que tu le reconnaisses. Enfin, vous dites: Je m'excuse, au nom de mes
ministres et des hauts fonctionnaires, de n'avoir pas tenu compte des demandes
syndicales.
M. LACAS: C'est ça que j'ai dit...
M. COURNOYER: La première dont on vient de parler, M. Lacas,
c'est d'avoir refusé aux agents de la paix de tenir des réunions
dans les locaux du gouvernement, tel que stipulé à l'article 702.
Voulez-vous me lire l'article 702?
M. LACAS: Vous n'avez qu'à prendre le projet de convention qu'on
vous a déposé et vous l'avez.
M. COURNOYER: Pas le projet, je vais le prendre dans le texte.
M. LACAS: Non, mais...
M. COURNOYER: Ah bon! c'est vrai, il y a la demande à
côté, c'est-à-dire aux deux...
M. LACAS: ... de gauche et celle de droite. M. COURNOYER: C'est quoi,
ça?
M. LACAS: Lorsque l'usage d'un dépôt particulier
entrafne... le syndicat peut être autorisé par le sous-chef ou son
représentant, à la suite d'une demande écrite d'un
représentant autorisé du syndicat, de tenir une réunion de
ses membres sur les lieux de travail, dans un local désigné par
le sous-chef ou son représentant.
Il y a des prisons qui acceptent, d'autres refusent.
M. COURNOYER: C'est 701.
M. LACAS: Alors, ça ne sert à rien de dire que..., on ne
l'a pas; on a une clause mais qu'est-ce que tu veux...
M. COURNOYER: Mais la clause peut être mal rédigée.
Peut-être êtes-vous en train de discuter une nouvelle
rédaction de la clause. Telle qu'elle est écrite, et c'est celle
que je lis: "... peut être autorisé par le sous-chef ou son
représentant...", cela veut dire qu'il peut ne pas être
autorisé aussi.
M. LACAS: Vous allez comprendre, M. Cournoyer, qu'on nous a dit que ce
projet syndical était un changement radical par rapport à la
convention, et justement, ce qu'on a visé, c'était la
précision des textes. Je veux bien croire que c'est pas mal
éloigné de la convention actuelle, mais on a tellement de
difficultés avec la convention actuelle, que ça nous a
obligés à faire un projet qui était radical dans l'autre
sens.
M. COURNOYER: Je comprends, mais, en fait, vous voulez corriger
certaines situations qui ont pu se produire, dans une ou deux prisons
vous avez nommé Joliette tantôt. C'est possible que ce soit
arrivé... Est-ce que c'est possible je ne veux pas faire un grief
de ça, ni prolonger le débat là-dessus que le chef
de la prison de Joliette, le gouverneur, comme vous dites, au moment où
vous l'avez demandé, ne pouvait pas vous permettre de tenir une
réunion?
M. LACAS: J'ai donné Joliette comme exemple, mais il y a des
prisons où c'est un refus global...
M. COURNOYER: Systématique.
M. LACAS: ... permanent.
M. COURNOYER: Systématique.
M. LACAS: Systématique. Dans d'autres, cependant, il y a des
circonstances où on a dit: Vous ne pouvez pas, ce soir, parce que je
n'ai pas de gardien pour mettre à la porte. Mais le mois suivant, on
pouvait. Il y a des prisons où c'est systématique. On comprend,
car il y a des circonstances où ce n'est pas possible. Maintenant, il ne
faut pas prendre ce texte-là d'une façon... il faut comprendre,
c'est un journal adressé aux agents de la paix. Il y a eu des griefs sur
beaucoup de ces articles-là. Mais des griefs n'ont pas été
faits, parce qu'il n'y avait pas de possibilité d'en faire, ou parce que
ç'aurait été trop long.
Par exemple, les premières paies: A la fonction publique, on est
censé être payé dans les soixante jours après avoir
été' engagé. On a des gars qui travaillent depuis sept,
huit mois pour le gouvernement et ils ne sont pas encore payés. Mais
même si vous faites un grief, si on va en arbitrage...
M. COURNOYER: Cela, c'est intolérable. M. VINCENT: C'est
ça.
M. LACAS: Pardon?
M. VINCENT: Il n'y a pas que les agents de la paix.
M. LACAS: Je suis bien d'accord, mais c'est pour illustrer. A un moment
donné, même si j'allais en arbitrage avec ça, comme les
suspensions et les congédiements passent en premier, et comme ces
congédiements et ces suspensions passent, parfois, un an ou un an et
demi après que le gars a été congédié,
ça veut dire que tous ces griefs secondaires vont être
renvoyés aux calendes grecques et mon gars aura eu sa paie... On va
dire: Tu l'as eue en retard, mais tu l'as eue. Alors, c'est ça le
problème.
C'est une question administrative. C'est sûr que la machine est
pesante...
M. COURNOYER: Bien trop pesante.
M. LACAS: Elle s'améliore constamment. Mais il faut reporter le
texte au mois où il a été rédigé. Cela ne
veut pas dire qu'il n'y a pas eu d'amélioration, depuis ce
temps-là. Cela nous obligerait, à ce moment-ci ç'a
été en janvier 1971 à dire: C'est un peu
amélioré, ça n'a pas changé, c'est pire. Cela nous
obligerait à ça...
M. COURNOYER: D'une façon générale, on peut dire,
en reprenant le texte que M. Pion mettait dans la bouche du premier ministre
s'il l'était, que, si tu devenais premier ministre un jour, parfait, tu
t'excuserais comme ça. Disons qu'il y a eu des améliorations. On
ne peut pas dire que c'est exactement comme ça.
M. LACAS: Non, ç'a été fait en avril 1971, en
tenant compte de la convention avant que l'on soumette le projet.
M. COURNOYER: On ne fera pas le procès article par article.
M. LACAS: C'était une façon indirecte de dire que le
projet qu'on vous soumet, il va falloir le corriger. En terminant, il faut vous
dire que le juge Maurice Allard a admis qu'il méritait le même
salaire qu'au fédéral. Il a fait des déclarations
là-dessus.
M. COURNOYER: Cela ne veut pas dire qu'il va l'avoir.
M. LACAS: Non, d'accord.
M. VINCENT: M. Lacas, quand les agents de la paix ont des griefs
à faire valoir, est-ce que la procédure normale, à
l'intérieur de votre convention collective, est assez bien suivie?
Est-ce que vous avez des réponses, pas toujours favorables, c'est bien
entendu, mais des réponses, quand même?
M. LACAS: Vous voudriez que je vous réponde que le gouvernement
n'est pas de bonne
foi dans l'application de la convention; ce ne serait pas vrai.
M. VINCENT: Non, ce n'est pas ça.
M. LACAS: Je pense que le gouvernement est de bonne foi, mais le rouage
administratif de la convention fait qu'on ne peut pas fonctionner à
l'intérieur des différents comités de griefs, qu'on ne
peut pas fonctionner en arbitrage. Ce n'est pas une question de mauvaise foi;
il y a des fois où on s'est entendu pour passer un grief en arbitrage
à telle date. A un moment donné, le juge tombait malade et disait
que c'était remis. Cela veut dire que tu viens de retarder ton arbitrage
de trois mois.
Cela ne dépendait pas du gouvernement comme tel. Il faut
être de bonne foi, mais il reste, quand même, que le rouage pour
corriger les griefs, n'est pas tenable comme c'est là. J'ai à peu
près une quarantaine de griefs, actuellement, qui sont au stade de
l'arbitrage; je ne sais pas si on peut en passer cinq ou six par année.
Cela veut dire que j'en ai pour sept ans à venir, des arbitrages,
à part deux qui vont arriver entre-temps. On s'en sortira jamais.
A un moment donné, la seule chose qu'on fait, c'est qu'on se
rencontre, M. Dorion et moi, et on dit: Sais-tu, ça fait six mois que
c'est réglé, cette affaire-là? Et on la raye.
M. VINCENT: Parce que, comme vous l'avez mentionné tout à
l'heure, la personne était morte ou avait changé d'emploi?
M. LACAS: Parfois, il est même mort.
M. VINCENT: Mais quelles seraient les suggestions que votre syndicat
ferait pour améliorer ce système d'arbitrage?
M. LACAS: Justement, la suggestion que je fais pour le tribunal
d'arbitrage est sensiblement la même que ce qui existe à la
Sûreté du Québec; c'est un comité permanent, quatre
représentants des employés et du gouvernement, qui travaillent
aussi bien sur les griefs que sur les différends.
M. VINCENT: A l'intérieur des conventions collectives.
M. LACAS: Oui. Dans la Sûreté du Québec Me
Drouin me corrigera si ce n'est pas exact je ne sais pas s'ils ont eu
cinq arbitrages. Me Drouin? Il y a eu un arbitrage, depuis cinq ans, à
la police provinciale. Pourquoi? Parce qu'il y a un comité paritaire qui
filtre tous les griefs. Nous voudrions ce comité-là pour les
griefs et pour les différends.
Pendant l'existence de la convention, il peut arriver qu'on
s'aperçoive qu'on est en train de perdre une bonne main-d'oeuvre, pour
n'importe quelle raison. A la police provinciale, on a corrigé le
système de base. On calculait les salaires par rapport à
Vancouver, à Winnipeg et tout ça. Quand on s'est rencontré
dernièrement, on a limité ça. On a dit : On va comparer
ça avec la police de Montréal, la police de Toronto, la police
provinciale d'Ontario et avec la Gendarmerie royale. C'est ça qui va
être notre base.
On a corrigé cela à l'intérieur du comité
paritaire et on l'a appliqué. Même si la sentence du juge n'est
pas exécutoire, le comité paritaire soumet un rapport au ministre
Choquette, parce que c'est lui qui est procureur général, je
pense, et il applique nécessairement la recommandation du juge, quand
ça arrive.
Il y a peut-être eu un grief en arbitrage à la police
provinciale. C'est à cause de notre structure. Vous allez comprendre
facilement. Vous ne me voyez pas, moi, partir pour aller faire un arbitrage
à Baie-Comeau; j'ai quinze ou vingt membres dans ce coin-là. Si
j'en avais 500 ou 600, je ne dis pas. C'est intenable pour le syndicat; c'est
épouvantable.
Actuellement, le système de griefs est encore pire, parce qu'on
veut nous faire payer la moitié des frais du président du
tribunal d'arbitrage. Je vais faire un arbitrage à Baie-Comeau avec
quinze membres; ça veut dire que vous allez me vider ma caisse syndicale
d'une façon plutôt rapide. Il va d'abord falloir que je paye les
salaires de mes témoins et les dépenses de ces gens-là
pour se rendre à Baie-Comeau et il faut qu'on se rende là avec un
assesseur et tout.
Si j'avais 500 ou 600 membres à Baie-Comeau, évidemment,
le coût serait réparti sur 600, mais, là, je suis
obligé de répartir sur 20 ou 25. Alors, vous allez comprendre
comme moi que notre cotisation syndicale est une des plus hautes dans la
fonction publique, à cause des dépenses inhérentes
à ça. A la Sûreté du Québec, on a quand
même un seul ministère à s'occuper. Ce sont strictement des
policiers provinciaux.
Mais nous, nous avons affaire à six ministères
différents et à deux organismes différents: l'Office des
autoroutes et la Commission des accidents du travail. Alors, vous voyez d'ici
la multitude des comités de griefs en marche pour des petits groupes
marginaux de 50 ou 60 membres. Il faut trouver un autre système.
Nous vous en suggérons un; ça fait six ans que nous le
suggérons, depuis 1966.
M. VINCENT: Le système que vous suggérez, il est dans le
bulletin de mars 1971, à la page 2?
M. LACAS: Oui, c'est écrit.
M. VINCENT: On veut l'arbitrage?
M. LACAS: C'est ça.
M. VINCENT: Cela, c'est pour travailler à l'intérieur de
la convention collective et non pas pour écrire une nouvelle convention
collective?
M. LACAS: Même pour ça aussi; comme à la police
provinciale.
M. VINCENT: Votre suggestion irait même jusqu'à
écrire une nouvelle convention collective.
M. LACAS: Oui, vous le voyez dans le texte, je parle de griefs mais je
parle aussi de différends. Le différend, selon le code du
travail, c'est au moment de la négociation, et les griefs, c'est pour
faire respecter les clauses de la convention. On apporterait donc des
amendements durant la convention. Je suppose que, à un moment
donné, je m'aperçois qu'il y a une clause qui embarrasse tout le
monde et je suis pris avec pendant trois ans parce que j'ai signé la
convention pour trois ans.
Le gouvernement dit: Vous ne pensez pas qu'il y ait moyen de
régler ce problème-là? On apporte un amendement à
la convention, il faut que ça bouge. Les griefs et les
différends, c'est au moment de la négociation de l'autre
convention. Toute décision unanime ou majoritaire du comité
paritaire serait appliquée immédiatement, comme à la
police provinciale. Si une entente n'intervient pas, le tout sera
déféré à un arbitre, qui serait nommé par
les parties ou bien nommé par le juge en chef du tribunal du
travail.
La décision du comité paritaire sur les griefs serait
exécutoire immédiatement. C'est la sentence exécutoire au
point de vue des griefs. Toute décision prise sur les amendements de la
convention ou sur les différends ferait partie d'une recommandation de
l'arbitre au ministre de la Fonction publique. On disait ici que les frais de
l'arbitre seraient à la charge du gouvernement; évidemment, la
convention prévoit qu'on veut nous faire payer la moitié des
frais, mais si le système embarquait, probablement qu'on accepterait
facilement de payer la moitié des frais d'un tel arbitre, parce qu'il
serait beaucoup moins honêreux que les arbitres de griefs que nous
avons.
La personne qui serait-là, connaissant l'esprit de la convention,
pourrait facilement l'interpréter d'un cas à l'autre. Là,
on s'adresse à des juges différents et nous sommes obligés
de répéter 25 fois la même chose, à 25 juges
différents, avec 25 jugements différents.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je regarde ici dans les griefs, le grief 19 : Avoir fait
travailler mes agents de la paix si j'étais premier ministre
quinze minutes en trop tous les jours. Et là, vous parlez de
l'article 2307. A 2307, je crois qu'on dit que l'employé doit arriver
quinze minutes avant le début du travail; est-ce qu'on les faisait
arriver une demi-heure avant?
M. LACAS: Non, voici ce qui arrive, c'est que la convention collective
de travail prévoit que les gardiens de prison doivent arriver au poste
de travail quinze minutes avant le temps.
On n'a pas eu d'objection à ça et nous n'avons pas dit que
c'étaient des heures de travail. Mais l'employeur; à un moment
donné, dit: Si t'arrives dix minutes avant, au lieu de quinze, c'est un
retard de cinq minutes. J'ai additionné ça et, à un moment
donné, j'ai suspendu le gars deux jours parce qu'il était
arrivé en retard.
Je suis arrivé devant le juge Lippé et j'ai dit: Les
minutes après quatre heures l'après-midi, d'accord, ce sont des
retards. Mais entre 3 h 45 et 4 heures, ce n'est pas un retard, puisque vous ne
considérez pas ça comme des heures travaillées. Alors, le
juge Lippé, à un moment donné, me dit: Non, je
décide qu'effectivement ce sont des heures qui devraient être
considérées comme heures travaillées. Mais si c'est vrai,
ma convention dit que c'est 40 heures; ce n'est pas 41 heures et quart. On a un
autre grief en arbitrage où on réclame une heure et quart par
semaine de temps supplémentaire, nous basant sur la sentence du juge
Lippé qui m'a dit qu'il considérait cela comme des heures
travaillées. Mais tout ça, ce sont tous des problèmes
auxquels nous avons à faire face. On punit un gars parce qu'il arrive
à moins dix au lieu d'arriver à moins quart; on dit: Imposez-lui
une mesure disciplinaire, pas parce qu'il est arrivé en retard, mais
parce qu'il n'a pas respecté cet article de la convention.
M. VEILLEUX: Arriver un quart d'heure avant, c'est même un
problème qu'on retrouvait dans l'enseignement quand j'étais
président de mon syndicat.
M. LACAS: Nous nous sommes entendus pour que nos gars arrivent un quart
d'heure en avance, et nous nous sommes entendus pour ne pas le réclamer
non plus.
M. VEILLEUX: Mais cela arrive assez souvent à partir de cas bien
précis, ce sont toujours les mêmes individus. Ce n'est pas
l'ensemble des individus qui fait ça. Admettons que le même agent
de la paix, tous les jours, arrive cinq minutes avant ou arrive à
l'heure fixée, et laisse sauter 2307, qui est le quart d'heure? Quelles
sont les possibilités pour le patron de faire respecter la
convention?
M. LACAS: Là, on peut dire au gars. Je te suspends pour une
journée, parce que tu n'as pas respecté tel article, mais je ne
te suspends pas parce que tu es arrivé en retard. Je ne suis pas
arrivé en retard, je n'ai pas respecté un article de la
convention, mais je ne suis pas arrivé en retard.
M. VEILLEUX: C'est un jeu de mots.
M. LACAS: C'est un jeu de mots mais, pour nous, il est important parce
que quand le juge décide que c'est un quart d'heure travaillé,
ça m'oblige à faire un autre grief pour réclamer une heure
et quart pour mes gars.
Mais l'esprit de la convention comme on a toujours
interprété l'esprit d'une façon très honnête
c'est que ce quart d'heure n'était pas un quart d'heure
payé.
M. VEILLEUX: Si j'étais président de syndicat, je
porterais le même raisonnement que vous. Remarquez qu'en tant que
président de syndicat, vous devez le faire.
M. COURNOYER: M. Lacas, l'esprit de la convention dit aussi que, quand
un arbitre a décidé, c'est ça.
M. LACAS: OuL
M. COURNOYER: Là, c'est l'arbitre qui avait décidé
ça?
M. LACAS: C'est le juge Lippé.
M. COURNOYER: Mais il a pu errer, selon l'esprit que vous prêtez
à la convention, et la partie patronale a pu errer aussi. Mais ça
règle ce problème dans l'état actuel de la convention,
c'est l'interprétation. Mais on peut changer la convention, ça se
modifie une convention.
M. LACAS: C'est pour ça qu'on a mis dans le projet qu'il n'y
avait plus de quart d'heure. Maintenant, ils vont le remettre et on va
probablement l'accepter. Mais ça va tout simplement être bien
déterminé que ce ne sera pas considéré comme du
temps de travail, que ce ne seront pas des minutes de retard.
M. COURNOYER: Oui. M. LACAS: On va clarifier.
M. COURNOYER: M. Lacas, je reviens à la partie des
différentes interventions extérieures. Remarquez que vous pouvez
vous asseoir, je ne pense pas que l'on s'y oppose.
M. LACAS: A la grandeur que j'ai, vous ne me verrez pas.
UNE VOIX: Avez-vous cinq pieds et trois?
M. LACAS: Non, j'ai seulement cinq pieds et deux.
M. COURNOYER: Dans le dilemme syndical, pour la partie du mois de
novembre 1970, vous avez mentionné que le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, qui relève bien du ministre du Travail et de la
Main-d'oeuvre, semble être prêt à nous donner un
régime équivalant à la Sûreté du
Québec mais en morcelant notre unité syndicale
c'est-à-dire en donnant le droit de grève à une partie de
notre syndicat ce qui, à toutes fins pratiques, assimilerait quelque 40
p.c. de nos effectifs au syndicat des fonctionnaires. Pouvez-vous m'expliquer
en quoi vous concluez que 40 p.c. de vos effectifs seraient assimilés
par le syndicat des fonctionnaires si, par hypothèse, on donnait droit
de grève, seulement en fait à 40 p.c, c'est ce que ça veut
dire.
M. LACAS: II y avait M. Perreault qui représentait le Conseil du
patronat et qui est membre du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre; il y avait Marcel Pepin; il y avait Louis Laberge.
J'étais allé à titre consultatif. A un moment donné
M. Perreault a dit: Même si les gardes-chasse font une grève,
qu'est-ce que tu veux, les orignaux, ce n'est pas tellement grave, le
ministère des transports non plus. Il reste les gardiens de prison.
Evidemment, c'est impensable de donner un droit de grève aux gardiens de
prison.
C'est devant un argument semblable de la part de M. Perreault qui me
faisait dire que, si on acceptait l'argumentation patronale, je ne verrais pas
scinder le syndicat. Dire: Je donne le droit de grève pour une partie de
ton syndicat mais je ne te le donne pas pour l'autre. C'est ce qui me faisait
dire qu'accepter la thèse patronale, ferait qu'il n'y aurait plus de
raisons d'avoir un syndicat excepté pour les agents de conservation de
la faune, les agents de pêcheries si on leur ôte un droit de
grève et si on les lie à l'intérieur d'un autre groupe. En
même temps, il y avait M. Marcil, le président de la
Fraternité des policiers, qui faisait des démarches à
l'intérieur du conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
pour avoir le droit de grève pour les policiers. On est venu à la
conclusion qu'on attendrait les décisions du conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre pour les corps policiers, des cités et
villes, et qu'on reviendrait après.
D'autant plus que j'avais dit, devant le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre: Nous sommes en train de travailler sur une
classification qui garde aussi homogène que possible notre syndicat et
je ne verrais pas le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
prendre une position qui irait à l'encontre du travail qu'on fait
à l'intérieur de la classification. Disons que c'est
marqué dans le délai qui était là, mais depuis ce
temps, cela n'a pas bougé non plus et rien.
Nous ne demandons pas le droit de grève. Nous demandons un
arbitrage. Ce passage comme je vous le dis, est très objectif parce que
les dates qui sont là ne sont pas fictives. Il faut les prendre dans le
temps qu'on était-là. C'était en novembre 1970, au moment
où cela s'est passé.
M. COURNOYER: Si je comprends bien, de votre côté, vous ne
demandez pas le droit de grève? Vous demandez une méthode
différente de régler vos conflits actuels?
M. LACAS: C'est ça.
M. COURNOYER: Actuellement, si on
prend la loi telle qu'elle est, vous n'avez pas le droit de
grève, c'est évident. Vous n'avez pas non plus d'autres
façons de régler le problème que de discuter sur une base
permanente. Si cela ne fait pas à un moment donné, comme vous le
disiez tantôt, les gens sont morts. L'affaire est réglée
après que les gens sont partis, c'est un cas de grief. Mais si je
comprends bien, vous êtes en négociation permanente pour pouvoir
amender vos affaires. Quand vous dites oui, vous dites pour trois ans un oui,
pour deux ans un oui, c'est parce que vous avez réussi à
négocier une convention collective et elle s'applique pour les
années prévues.
Ce que vous suggérez, à toutes fins utiles, c'est de faire
en sorte, dans votre cas, s'il ne doit pas y avoir de droit de grève,
qu'il y ait au moins un processus indépendant de décision qui
vous donne l'équivalent de ce que vous auriez si vous aviez le droit de
grève.
M. LACAS: C'est ça.
M. COURNOYER: Vous avez fait une grève la dernière fois.
Qu'est-ce que vous avez obtenu?
M. LACAS: Je l'ai dit dans le mémoire. Ce n'était pas une
grève offensive. C'était une grève défensive dans
le sens qu'on contestait la loi. On voulait être devant un tribunal
d'arbitrage. On avait effectivement l'impression que c'était
l'élan que cela prenait pour que vous nous donniez un tribunal
d'arbitrage. On serait entré travailler le lundi soir, si vous l'aviez
fait. On aurait eu seulement une journée d'étude à
Drummondville.
M. COURNOYER : Au lieu d'un mois.
M. LACAS: Au lieu d'un mois. Vous n'avez pas pris d'injonctions et il
n'y a pas eu d'élan de fait. M. Drouin me disait: Viens négocier.
On est allé, mais cela n'a rien donné
M. COURNOYER: Vous ne vous êtes pas entendus. Admettons que si
vous vous étiez entendus, ce serait réglé.
M. LACAS: D'accord avec vous.
M. COURNOYER: Je prends en considération vos
représentations de ce matin dans ce sens en particulier. Il va falloir
arriver à une conclusion quelconque. Les négociations ne sont pas
à un point mort actuellement. Il y a des impasses sur différents
articles. On me dit qu'au moins 20 clauses ont été
réglées dans le normatif. Est-ce possible?
M. LACAS: Entre quinze et vingt. Quand on parle de clauses, on a
accepté le début. On a ajouté un article ou deux sur
lesquels on continuait à discuter. Même si je dis qu'on a
paraphé l'article 20, il reste que j'ai ajouté: 20.08 sur lequel
on continue de discuter. Je ne le considérais pas comme une clause
paraphée au complet. Les clauses paraphées sont sans
préjudice, finalement, à ce qui serait fait plus tard parce
qu'une clause peut défaire une autre clause. Mais au point de vue de la
négociation...
M. COURNOYER: Ce que je regarde, c'est qu'effectivement, compte tenu du
fait que vous vous parlez encore, il y a moyen de continuer les discussions
pendant un certain temps. Vous parlez de négociation permanente quelque
part et je pense que vous êtes installés là-dedans depuis
un bout de temps, dans la négociation permanente. Vous négociez
de façon permanente depuis un an et demi.
M. LACAS: Vous appelez ça de la négociation permanente,
moi j'appelle ça un dialogue.
M. COURNOYER: C'est très différent de deux monologues.
M. LACAS: Bien d'accord avec vous. Il reste que Me Drouin a dit : Je
n'ai plus rien à vous donner. Je suis au fond du baril.
M. COURNOYER: Qui a dit ça? M. Drouin? Il a probablement raison.
S'il l'a dit, il a raison.
M. LE PRESIDENT: Dernières questions aux députés de
Nicolet, de Maisonneuve et de l'Assomption.
M. VINCENT: Pour terminer mon intervention, M. le Président, je
voudrais remercier M. Lacas. Il a élaboré d'une façon
assez complète sa suggestion concernant l'arbitrage. Je remercie le
ministre d'avoir ouvert la porte sur une possibilité d'en arriver
à une entente. Il semble bien que le mémoire touche deux points
en particulier. Premièrement, une suggestion concernant l'arbitrage;
deuxièmement, vous voulez être exemptés de l'application du
bill 19.
Advenant qu'il y ait des amendements au bill 19, c'est toujours
possible, est-ce que M. Lacas pourrait faire le point sur les raisons qui
l'incitent à demander d'être exempté du bill 19 avant que
le ministre prenne sa décision concernant le bill 19?
M. LACAS: La première fois que j'ai comparu devant la commission
parlementaire, je crois que c'est à la fin d'avril, j'avais dit
textuellement ceci: Vous ne pouvez m'ôter ce que je n'ai pas. Le bill 55
disait: Vous n'avez pas droit à la grève dans la Loi de la
fonction publique. Le bill 19 disait: Je vous ôte le droit de
grève. Vous ne pouvez pas me l'ôter deux fois.
Deuxièmement, nous étions effectivement en négociation
mais vous n'étiez pas avec nous au même niveau de
négociation qu'avec les autres dans le secteur public. Les
négociations se
poursuivaient d'une façon peut-être pas normale, mais
disons continue. Nous disions à ce moment-là: Pourquoi nous
englober à l'intérieur d'une loi alors que ceux qu'on vise dans
la loi M. Bourassa le disait clairement sont ceux qui faisaient
la grève dans la fonction publique? C'est eux qu'on visait. Nous ne
faisions pas la grève, nous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je vais être très bref, M. le Président.
J'ai seulement une question à poser à M. Lacas. Hier, à la
commission qui étudiait les crédits du ministère de la
Justice, j'ai été étonné d'apprendre...
M. VEILLEUX: Des espions?
M. BURNS: Ce n'est pas grave, je ne suis pas du tout inquiet de la
présence du ministre à mes côtés; cela va m'habituer
à faire partie d'un cabinet de ministres.
M. LACAS: Il y a une chose assez surprenante quand même, c'est le
ministre qui se rapproche de Robert Burns.
M. BURNS: Je lui ai dit que nous le garderions comme ministre quand nous
serions au pouvoir.
M. VEILLEUX: Vous prévoyez vivre vieux.
M. BURNS: Je disais donc qu'à la commission où on a
étudié les crédits du ministère de la Justice j'ai
été étonné d'apprendre qu'à la prison de
Montréal on garde les guérites en avant, entre autres, avec des
employés d'une agence de sécurité. En l'occurrence, je
pense que c'est l'agence SIS, Service d'investigation et de
sécurité. On utilise de ces agents de sécurité qui
ne font pas partie de votre unité syndicale, lorsque vous reconduisez un
prisonnier à l'hôpital. Ce matin, parcourant votre document qui
s'intitule "Le gouvernement n'est pas prêt à négocier", qui
est le volume V, no 10, octobre 1971, je vois que vous dites que seuls les
agents de la paix de la fonction publique pourraient faire du travail
prévu aux classifications. Donc, élimination des agences
privées ou autres. En ce qui me concerne, remarquez que je partage
entièrement votre point de vue. Je pense que le gouvernement ne devrait
pas donner l'exemple dans ce domaine du "cheap labor". Dans le fond, ce sont
les propriétaires d'agences de sécurité qui en
bénificient, eux qui chargent $3 ou $4 l'heure et qui payent $1.50
à leurs employés.
Quoiqu'il en soit, M. Lacas, ma question est la suivante. Est-ce qu'il y
a d'autres endroits à votre connaissance où, dans la juridiction
de votre unité d'accréditation, des agents de
sécurité sont employés pour remplacer effectivement le
travail...
M. LACAS: Vous avez ça à peu près dans tous les
édifices du gouvernement. Vous avez aussi bien des gardiens-constables
qui nous appartiennent que des agences privées. Vous l'avez au palais de
justice, à Montréal, où des gardiens-constables, qui sont
des agents de la paix de la Fonction publique, côtoient
régulièrement les gars des agences Canadiana. Dans les
hôpitaux, ce sont des agences privées qui gardent les
détenus quand ils sont hospitalisés. On s'en est servi, il n'y a
pas tellement longtemps, pour faire le transport, mais, après avoir
avisé le ministère, ils ont corrigé la situation. Nous
prétendons que seuls des agents de la paix de la Fonction publique
devraient faire des travaux qui relèvent de nos classifications. Nous
avons été plus loin que ça au moment de la
négociation. Nous avons dit: Ecoutez, c'est peut-être un peu trop
restrictif. Nous serions prêts à ce que tout agent de la paix
puisse faire le travail des agents de la paix de la fonction publique. A ce
moment-là, je disais: Je ne veux quand même pas empêcher un
membre de la Sûreté du Québec de faire un travail qui,
normalement, devrait relever de nous. Un policier dans une ville peut garder un
détenu pendant 24 ou 48 heures. Je n'exigerais pas que ce soit un
gardien de prison qui soit là. Alors, j'ai suggéré que,
pour autant que ce soit une classe d'agent de la paix ou de policier,
nécessairement, on pourrait s'entendre là-dessus. Cela veut dire
que, même s'il y avait un policier provincial devant une cellule dans une
prison, on ne ferait pas un grief, en disant: Ecoute, c'est un gardien de
prison qui doit être là.
Cela fait partie d'une négociation actuellement. Notre clause est
très restrictive. On dit que seuls les agents de la paix de la fonction
publique doivent faire des travaux d'agents de la paix. Maintenant, au cours de
la discussion, on a dit: Ecoutez! Il peut y avoir des cas assez difficiles. Si
je n'ai pas de gardiens de prison, mettez un policier de Montréal ou un
membre de la Sûreté du Québec, mais mettez, quand
même, quelqu'un qui a la qualification de policier.
M. BURNS: Où en est rendue la négociation sur ce
point-là, M. Lacas?
M. LACAS: C'est la position que nous avons prise. Nous attendons la
réponse.
M. BURNS: Vous n'avez pas de réponse définitive. Vous
n'avez pas d'indication de l'autre côté de la table.
M. LACAS: Nous n'avons pas d'indication actuellement. Le seul indice que
nous avons actuellement, c'est qu'un représentant du ministère de
la Justice nous a dit carrément, à la table de
négociation, que les agences privées n'étaient pas
rentables pour remplacer un agent de la paix de la fonction publique, en ce
sens qu'un agent de la paix prend son poste, connaît
les locaux et tout ça, tandis qu'une agence privée peut
être changée à deux ou trois jours d'avis. On change le
gars, il est complètement perdu dans les passages. La première
chose que tu sais, il faut que tu ouvres la porte de la prison parce que le
gardien est entré dans les cellules. Le représentant du
ministère de la Justice a dit: On ne considère pas que c'est
rentable. J'ai même demandé au gouvernement: Acceptez donc au
moins le principe. Si vous ne vous sentez pas capables, dans la première
année du contrat, de nous garantir cette chose, donnez-nous une clause
de principe, disant que c'est l'intention du gouvernement, comme employeur, de
n'engager, autant que possible, que des agents de la paix de la fonction
publique pour faire des travaux. Nous avons été
jusque-là.
M. BURNS : Juste une dernière chose sur ce point. Je vous ai
entendu, à plusieurs reprises, M. Lacas, et particulièrement
devant la commission Prévost, réclamer un plus grand nombre
d'agents de la paix. J'ai entendu M. Pion également dire, à
plusieurs reprises, que les services qu'on vous demandait, en fait,
n'étaient peut-être pas aussi bien rendus qu'ils devraient
l'être parce que vous manquiez de personnel. Est-ce que ça existe
encore?
M. LACAS: Il y a un manque de personnel. D'ailleurs, dans les objectifs
fixés dans le mémoire, j'ai dit qu'il faudrait augmenter les
effectifs. Le ministre de la Justice voudrait augmenter les effectifs. Le
ministre, Rémi Paul, dans le temps, nous avait dit, à M. Pion et
moi-même: Il faudrait absolument augmenter les effectifs. Tout le monde
semble être d'accord, mais, si on ne nous donne pas d'argent pour
augmenter les effectifs, ils ne pourront pas en engager.
Deuxièmement, le manque de personnel, ce n'est pas tellement dans
le cours normal des activités. Actuellement, c'est la période des
vacances l'été. Dans les hôpitaux, en période de
vacances, vous pouvez remplacer les agents de la paix par des occasionnels,
pendant quinze jours ou trois semaines, mais, dans une prison, vous ne pouvez
pas le faire. Si vous mettez en vacances trois ou quatre gars sur vingt et que
vous refusez de faire faire du temps supplémentaire à ceux qui
restent pour remplir les cadres, il reste qu'une fonction remplie par quatre ou
cinq employés va être remplie par deux ou trois. A un moment
donné, on va en assommer un, comme c'est arrivé à
Saint-Hyacinthe. Le personnel étant réduit parce qu'il y avait
des gens en vacances, il s'est fait assommer et il a dû recourir à
la Loi des accidents du travail. Cela n'a pas augmenté le personnel. Il
est diminué à deux, au lieu d'être à trois. S'il y
avait eu plus de personnel, probablement que mon gars ne se serait pas fait
assommer. Alors, voyez-vous, c'est un cercle vicieux. Le personnel en vacances
ou en congé de maladie n'est pas remplacé.
Ceux qui restent ont un surcroît de travail qui les fatigue. Quand
l'un revient de sa maladie, c'est l'autre qui tombe malade parce qu'il a eu une
surcharge de travail. C'est un cercle vicieux parce qu'il y a un manque de
personnel. Il faudrait donc engager assez de personnel pour pouvoir couvrir
toutes les périodes mortes, si vous voulez.
M. LAMONTAGNE: Le député de L'Assomption.
M. PERRAULT: Une simple question. Lorsque les agents de la conservation
ont pris congé, est-ce qu'on a constaté beaucoup de
braconnage?
M. LACAS: Le gouvernement a dit que la situation était
restée normale, mais nous pensons qu'elle n'est pas restée
normale. Nous pensons qu'il y a eu sûrement des abus de la part du
public, parce qu'il manquait de protection.
M. PERREAULT: Deuxième question. Quelle a été
l'évolution des normes d'admission au cours des dernières
années, pour les agents de la paix?
M. LACAS: Au début, en 1966, il n'y avait pas d'âge minimum
ni d'âge maximum, il n'y avait pas de grandeur physique. En 1966, on a
établi un certain nombre de normes. C'était M. Conti, je pense,
qui avait fixé certaines normes; c'était un début. Au
moment du comité consultatif, on a augmenté encore une fois
ça, mais la Commission de la fonction publique a dit: Non, il faut que
ce soit un peu plus bas que ça. Il y a une évolution normale qui
est en train de se faire. J'espère bien qu'à la suite des
démarches qu'on fait ce matin et à la suite de l'assurance que
m'a donnée le ministre, pour la classification des agents de la paix de
la fonction publique, on exigera les normes d'embauchage les plus
élevées possible afin que vous puissiez recevoir les meilleurs
services possible de vos agents de la paix.
M. PERREAULT: Une question supplémentaire. Est-ce qu'il a
été constaté qu'une meilleure préparation d'un
agent de la paix dans les prisons, pour garder les prisonniers, était
primordiale?
M. LACAS: C'est sûrement primordial, parce qu'au
fédéral, avant d'envoyer un gardien dans la prison, on le fait
passer par une école trois semaines ou un mois. Au provincial, le
gardien de prison rentre dans la prison le matin; parfois il n'a même pas
d'uniforme encore, puis on lui dit : Toi, tu travailles avec lui. Il commence
son travail; bien souvent, au bout de dix jours, il en a plein le casque et il
s'en va. On ne l'a pas préparé. Au fédéral, on les
prépare.
Ici, les constables du parlement de Québec,
avant ils n'avaient pas d'école. Maintenant, quand on engage un
constable au parlement, on l'envoie à l'Ecole de police de Nicolet
pendant un mois. On va lui faire suivre des cours pour combattre les incendies,
les émeutes et tout ça. On prépare le gars et quand il
arrive, il est prêt. Alors, c'est cela qu'on vise. Quand on est
passé à la question du perfectionnement, il est venu un
spécialiste nous expliquer le système de perfectionnement. On a
mentionné à ce moment-là qu'aucun agent de la paix ne
devrait commencer à travailler sans avoir eu au départ une
période préparatoire à son travail. Là, on engage
un garde-chasse, puis le lendemain matin on lui dit: Tu commences comme
garde-chasse. Le gars est obligé d'étudier. A l'école des
gardes-chasse, il y a un cours qu'on leur permet de suivre pendant quinze jours
ou trois semaines. C'est probablement un des ministères les mieux
structurés là-dessus, parce que, même en cours de travail,
on fait du recyclage chez les agents de conservation de la faune. Pour les
constables du parlement ici, c'est relativement nouveau, on leur fait suivre
des cours à l'Ecole de police de Nicolet. Maintenant pour les autres
groupes, tu engages le gars puis il commence.
M. PERREAULT: Pour les gardiens de prison, vous engagez les gars
directement?
M. LACAS: Ils engagent le gars. Il arrive à Bordeaux le matin et
il dit: Je m'en viens travailler ici.
M. VINCENT: Alors, vous suggérez qu'ils aillent tous faire un
stage à Nicolet?
M. LACAS: C'est exact.
UNE VOIX: De nouveaux électeurs.
M. VINCENT: S'il arrive une élection, ils peuvent voter dans
Nicolet. C'est pour ça que ma majorité a triplé.
M. LACAS: Dans le projet de convention vous verrez textuellement une
clause à l'effet qu'on demande que tous les agents de la paix passent
par l'école de police de Nicolet avant de commencer à travailler.
Vous avez ça dans le projet que vous avez devant vous. Une chose
certaine, vous ne pourrez pas trouver une faille dans notre projet. C'est un
projet qui est préparé pour dix ans sur le plan des clauses
normatives.
M. PERREAULT: Pour les gardiens de prison, ce serait important pour les
relations avec les prisonniers, je présume.
M. LACAS: C'est parce que c'est difficile d'arriver le matin et lui
dire: Tu commences à travailler. Il faut savoir les risques du
métier et les tours que les prisonniers peuvent jouer aux gardiens. Il y
aurait de quoi écrire un livre comique avec des faits qu'on pourrait
vous conter, ce qui se passe dans une prison quand le gars vient pour
s'engager. Ce pauvre gars n'est pas préparé. On a
été tellement loin qu'un jour nous avons fait des journées
d'étude nous-mêmes. J'ai été au
fédéral chercher des films que j'ai montrés à des
gardiens de prison. Cela m'a pris une permission spéciale comme quoi je
ne montrerais pas ces films à d'autres que des gardiens de prison. C'est
nous, le Syndicat des agents de la paix, qui avons fait, si vous voulez,
l'éducation des gardiens de prison pour montrer les tours que les
prisonniers pouvaient avoir pour détourner l'attention des gardiens. Il
a fallu que je retourne ces films sous scellé avec une signature comme
quoi je ne les avais pas montrés à personne d'autre. C'est pour
vous montrer jusqu'à quel point eux ont évolué sur ce
plan-là alors que nous, nous sommes très en retard.
M. PERREAULT: Alors vous avez fait le travail du ministère de la
Justice?
M. LACAS: D'ailleurs tout le travail des agents de la paix c'est un
travail qui est fait pour le gouvernement.
M. VEILLEUX: Quand vous dites que vos clauses normatives sont bonnes
pour dix ans, est-ce que ça veut dire que vous seriez prêts
à singer la convention collective pour dix ans?
M. LACAS: Oui, oui. C'est la seule fois que j'ai répondu sans
prendre de chance.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. COURNOYER: Il faut dire que vous aviez préparé votre
terrain avant celle-là.
M. LACAS: Celle-là, oui.
M. COURNOYER: Celle-là que vous signez pour dix ans. Celle que
vous avez demandée.
M. LACAS: Le projet.
M. COURNOYER: Je pense bien qu'il ne reste que cinq minutes. Je pense
que vous avez eu l'occasion, au moins, de vous adresser au Parlement, aux
élus du peuple, et de répondre à leurs questions. Il y a
certains engagements que j'ai pris vis-à-vis de vous. Malheureusement,
je ne peux pas aller plus loin que ces engagements-là à ce
moment-ci. Le reste des négociations va être poursuivi,
j'espère que cela n'empêchera personne de continuer au moins les
discussions.
Vous me parlez de négociation ou de discussion. On ne
s'empêtrera pas dans les termes. Vous et moi, je ne pense pas que nous
nous embarrassions de termes.
Ce que je souhaite, c'est que vous retourniez
à la table de négociation et que vous tentiez le plus
possible d'en enlever de mes jambes!
Quant aux suggestions générales que vous avez faites sur
les méthodes de règlement de conflit, je mets
immédiatement mes fonctionnaires à l'étude. Je leur
demande de regarder comment on pourrait, non pas vous satisfaire, mais trouver
la façon de résoudre votre problème dans le secteur
public, à l'intérieur du secteur public, avec les
responsabilités que vous avez comme gardiens de prison, en particulier,
et les autres responsabilités que vous avez également.
Ce n'est pas l'intention du ministère de la Fonction publique, du
moins, d'effectuer une division de votre syndicat. Mettez-vous cela dans la
tête. Ce n'est pas notre intention de le diviser pour le diviser. C'est
parce que j'ai vu cela dans une des remarques ici, il n'y a pas de
morcellement, dans notre idée à nous. Si jamais il devait y avoir
morcellement, ce sera après discussion avec vous, et on tentera
peut-être d'obtenir votre accord avant de faire autre chose. Sur les
rumeurs de morcellement de votre syndicat, ne vous énervez pas avec
cela. Il y en a peut-être d'autres que moi, par exemple, qui pourraient
penser cela. Quand je dis d'autres que moi, c'est à l'extérieur
du gouvernement. Vous avez accusé passablement de monde, dans la petite
liste d'opinions!
M. LACAS: Je suis un gars bien objectif, j'attaque tout le monde,
même mes amis!
M. COURNOYER: Je le sais. Mais, à ce point de vue-là, il
reste que, pour morceller votre syndicat, cela prendrait un amendement à
la loi à ce moment-ci.
M. LACAS: Mais comme je le disais dans le texte, c'était un
écartèlement causé par différents groupes, de
diverses façons, mais n'ayant qu'un résultat, qu'il soit voulu ou
non, c'est-à-dire que cela n'a probablement pas été fait
de mauvaise foi. Mais quand vous voyez quatre ou cinq groupes différents
qui s'en vont avec une pensée, tous les quatre ensemble, et qu'on dit,
à l'autre bout de la ligne: C'est cela que cela va me donner comme
résultat. C'est ce qui me faisait dire, à un moment donné
: On fait face à un morcellement pas seulement de la part du
gouvernement, mais du comité consultatif de la main-d'oeuvre et
même du comité de coordination de la CSN. J'ai été
bien objectif et bien honnête à ce moment-là. J'ai dit: Ce
sont des groupes qui, sans le vouloir, peut-être nous font dériver
vis-à-vis de telle chose.
M. COURNOYER: Je comprends cela, M. Lacas. Effectivement, c'est beau que
tout le monde parle de vous, comme cela: au conseil consultatif, à la
CSN, au Syndicat des fonctionnaires. On en parle à peu près
à tous les ministères. Vos vacances ont fait du bien, ils ont
pensé à vous!
M. LACAS: Je remercie les membres de la commission de nous avoir
entendus ce matin. Cela répond à un désir depuis longtemps
manifesté de notre part. Tout ce que nous désirons, c'est qu'il y
ait des résultats au bout de cela.
M. COURNOYER: J'espère bien débloquer quelque chose
quelque part, avec la Commission de la fonction publique, le plus rapidement
possible, pour au moins vous enlever ces préoccupations le plus
rapidement possible.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup. La commission ajourne ses travaux
à mardi, à 16 heures.
(Fin de la séance à 12 h 59)