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Commission permanente de la Fonction publique
Etude des crédits
Séance du mardi 6 juin 1972
(Seize heures auinze minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Nous commençons dès maintenant l'étude des
crédits du ministère de la Fonction publique. Je cède la
parole au ministre de la Fonction publique.
Remarques préliminaires
M. COURNOYER: Je pense que M. le président me pardonnera de ne
pas être en mesure immédiatement de faire un énoncé
politique sur les intentions du ministère de la Fonction publique,
étant donné que j'occupe cette fonction depuis très peu de
temps.
A la suggestion de mon sous-ministre, cependant, même si je n'ai
pas l'intention de faire de déclaration politique à ce moment-ci,
il reste que pour votre édification personnelle, il y a lieu que vous
sachiez que le ministère est composé de trois sections
importantes. Les autres sections sont aussi importantes, mais elles sont
plutôt d'administration interne. Il y a des sections qui s'occupent plus
particulièrement de tout ce qui se passe dans la fonction publique. Ces
trois sections sont la direction générale de l'organisation et de
l'administration du personnel; c'est général, ça
s'applique à tous les ministères. Par exemple, la direction des
systèmes de gestion dans les différents ministères, la
direction de l'organisation administrative qui est un article extrêmement
important pour le gouvernement; la direction des programmes et normes en
administration du personnel. C'est aussi extrêmement important. Il y a la
direction du perfectionnement, la direction de la planification et de
l'orientation des carrières.
En plus de cela, une section qui est extrêmement importante au
ministère de la Fonction publique et qui, effectivement, a
été à l'origine d'une mise en ordre de la
rémunération, dans la fonction publique en général
et dans la fonction parapublique aussi, c'est la direction
générale de la rémunération. Pour transposer ceci,'
les règles de rémunération, dans un contexte plus global,
vous avez la direction générale des relations de travail.
Effectivement, ce qu'elle fait, c'est négocier les conventions
collectives et surtout parce qu'on ne devrait pas normalement être
en négociation continuelle, même si on semble l'être
administrer les conventions collectives.
Je n'ai pas, à formuler à ce moment-ci, d'orientation
différente de celle qui a été donnée par mon
prédécesseur.
M. VINCENT: Quelles étaient les orientations du
prédécesseur de votre prédécesseur?
M. COURNOYER: Il eût fallu que vous les écoutassiez lors de
la dernière commission parlementaire étudiant les crédits
de la Fonction publique.
M. VINCENT: Non; le prédécesseur de votre
prédécesseur.
M. COURNOYER: Celui-là, il était jeune. Il s'est
passé quand même un an et demi entre les deux. Il y a eu un
interrègne. Cet interrègne est maintenant terminé, mais ce
n'est peut-être pas pour longtemps.
Au moment où l'on se parle, les politiques
générales qui sont appliquées par le ministère de
la Fonction publique ne sont pas modifiées et à moins de
difficultés imprévues parfois on peut discuter sur des
méthodes, sur des moyens les objectifs premiers du
ministère de la Fonction publique ne seront pas déplacés
par le ministre actuel de la Fonction publique.
C'est tout ce que j'ai à dire sur mon ministère.
M. LE PRESIDENT: J'aurais à faire part des changements pour la
légalisation de la commission. M. Boivin du comté de Dubuc
remplace M. Loubier, député de Bellechasse et M. Vincent de
Nicolet remplace M. Tremblay de Chicoutimi.
Le député de Nicolet.
M. VEILLEUX: Je ne sais pas si le député de Nicolet me
permettrait; j'aurais une petite observation à faire. Je note l'absence
du Parti québécois, le complet désintéressement du
Parti québécois aux travaux de la commission de la fonction
publique, d'ailleurs, comme lorsqu'on s'était réuni sur le
conflit où on avait noté leur absence maintes fois. On note
encore cette absence aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
Négociations avec le front commun
M. VINCENT: En définitive, le ministère de la Fonction
publique est responsable présentement des négociations dans les
secteurs public et parapublic.
Je pense bien qu'à l'heure actuelle, plusieurs membres de la
commission et le public en général sont également
intéressés de savoir ce qui s'est produit cet après-midi.
D'abord, est-ce que le ministre a fait de nouvelles propositions au front
commun syndical? Est-ce qu'il y a eu des ententes ou est-ce qu'il espère
qu'il y aura des ententes concernant le bill 19? Toute la question tourne, au
tout début des travaux de la commission, sur le voyage du ministre du
Holliday Inn au parlement. Est-ce que le minis-
tre pourrait nous faire l'état des propositions qu'il a faites
cet après-midi au front commun?
M. COURNOYER : L'état des propositions proprement dites, M. le
Président, c'est assez difficile pour moi de les faire parce que j'ai
cru que la commission parlementaire continuerait même ce soir entre huit
et dix heures. Par conséquent, si vous voulez vous en informer, j'ai
convenu avec les représentants du front commun, compte tenu des
instances qu'ils ont à consulter, que je n'en ferais la publication que
vers neuf heures et demie ce soir.
Je comprends que s'adresser aux députés, c'est simple et
je devrais normalement vous donner ces renseignements mais c'est seulement une
question de délai. Ce soir, vous aurez au moins l'état de la
recommandation ou de la proposition ou de l'énoncé de principe en
matière de sécurité d'emploi qui a été
communiqué cet après-midi aux centrales syndicales.
M. LATULIPPE: Une question supplémentaire sur le même
sujet. Est-ce qu'à ce moment-là, le syndicat sera
également en mesure de donner sa réponse aux offres que vous avez
faites?
M. COURNOYER: Je ne sais pas s'il sera en mesure de donner la
réponse mais il sera probablement en mesure de la commenter.
Actuellement, il n'est pas en mesure de la commenter; les représentants
que j'ai à la table sont présentement là et ils sont en
train de s'expliquer sur la nature de la proposition que nous avons faite. Mais
on ne peut pas non plus dire que le climat était excellent, on ne peut
pas dire qu'il était bon; c'est dans le cours normal des choses. Nous
avons fait une nouvelle proposition, elle a été reçue;
nous saurons bientôt si elle a été bien reçue.
M. VINCENT: Mais c'est vers neuf heures et trente ce soir que le
ministre pourra nous renseigner davantage. Est-ce que, à ce
moment-là, le ministre croit qu'il sera en mesure de prendre position
sur le bill 19?
M. COURNOYER : Non, et j'ai avisé la partie syndicale de cela. Je
ne prendrai position sur le bill 19 que lorsque je serai convaincu que les
négociations auront repris aux tables sectorielles.
M. VINCENT: Mais si le front commun faisait connaître au ministre
ses intentions, ce soir, de reprendre les négociations à chacune
des tables, à ce moment-là, il resterait au ministre à
aller au conseil des ministres.
M. COURNOYER: Cela ne serait pas, à mon sens, une indication
suffisante pour savoir si les négociations auraient vraiment repris
parce que, entre annoncer que nous reprenons les négociations et les
reprendre, il y a une marge assez imposante entre les deux.
M. VINCENT: Si je comprends bien, d'après la loi 19, le 15
juin...
M. COURNOYER: Non, le 30.
M. VINCENT: Le nouveau décret entre en vigueur le 30 juin?
M. COURNOYER: Il pourrait entrer en vigueur le 15 s'il était
signé le 15 mais le ministre a jusqu'au 30 juin pour faire signer ce
décret-là.
M. VINCENT: Ah bon! d'après la loi, il a jusqu'au 30 juin pour
faire signer le décret. Et nous en saurons probablement plus long ce
soir.
M. COURNOYER: Pas sur le bill 19, mais sur l'état des
négociations. Si nous avons réussi cet après-midi à
défaire le noeud, c'est un pas de fait dans la bonne direction en vue
d'un règlement négocié; si nous n'avons pas réussi
encore une fois, je l'ai répété à
dénouer les négociations, on aura peut-être l'impression
que personne ne veut effectivement de règlement
négocié.
Si c'est ça la situation, la nature des amendements à
être apportés peut donner suite à trois
possibilités, c'est-à-dire, amender le bill 19 pour reporter le
délai du 30 juin à une autre date ultérieure; amender le
bill 19 pour maintenir au lieutenant-gouverneur en conseil le pouvoir de signer
un décret ou des décrets quand il jugera opportun de le faire,
sans date limite ou, encore tout dépend bien sûr de tout
ça la possibilité d'enlever la possibilité de
décret à l'intérieur de la loi et de se diriger nettement
vers un règlement totalement négocié.
Cette impression-là, je ne sais pas...
M. BURNS: M. Choquette vous permet?
M. COURNOYER: Mes relations avec M. Choquette sont excellentes...
M. BURNS: Mais elles ne sont pas très bonnes avec les centrales
actuellement, on dirait que c'est pour vous empêcher de régler
votre problème.
M. COURNOYER: Disons que c'est une opinion que vous pouvez avoir, mon
cher collègue.
M. BURNS: Je l'ai à part ça, malgré les discussions
que le premier ministre a faites en fin de semaine à ce
sujet-là.
M. COURNOYER: On ne s'aide pas facilement par les déclarations
publiques sur les conflits que nous avons; on peut espérer que toute
déclaration publique de la part de qui que ce soit soit dirigée
et là je parle de qui que ce soit, ça s'applique aussi à
nos trois...
M. BURNS: A M. Choquette.
M. COURNOYER: ... amis de l'autre côté de la barricade.
J'aimerais ça qu'eux aussi se tussent et, si je conviens de me taire,
moi, il conviendrait qu'ils se tussent davantage.
M. BURNS: C'est "se subjonctiver" d'une façon extraordinaire!
M. LE PRESIDENT: Si on revenait au présent, avec l'article 1.
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous
attendrons à 9 h 30 ce soir pour connaître les grandes lignes, du
moins, des propositions du ministre qu'il a pu faire aujourd'hui au front
commun syndical et, à ce moment-là...
M. COURNOYER : Remarquez, cependant, qu'il y a eu d'énoncé
de principe que sur la sécurité d'emploi. Il n'y en a pas eu sur
les trois autres points.
M. VINCENT: Seulement sur la sécurité d'emploi?
M. COURNOYER : Seulement sur la sécurité d'emploi. Les
autres points sont le Régime de rentes, l'assurance-salaire et, bien
sûr, les salaires.
M. VINCENT: Mais est-ce que le ministre par étapes, tout
dépendra de ce qui se produira au cours de l'après-midi
aurait l'intention de retourner au cours des prochains jours faire des
propositions concrètes, d'autres propositions?
M. COURNOYER : J'ai demandé un délai sans terme pour
regarder les salaires et regarder aussi le régime de retraite et
l'assurance-salaire. Je ne promettrai pas de retourner à la table tant
et aussi longtemps que je n'aurai pas quelque chose à dire. Pour le
dire, je dois noter que les propositions qui ont été faites
à la table centrale de négociations et aux tables sectorielles
ont été faites avec un esprit d'ordre. Elles répondent
à des préoccupations extrêmement importantes du
gouvernement du Québec et particulièrement du ministère de
la Fonction publique. Toute remise en question de quelque principe que ce soit,
dans cette pyramide, fait en sorte que nous déplaçons
peut-être beaucoup plus qu'en apparence du moins nous voudrions
déplacer. Alors, dans la réévaluation, je pense que vous
comprendrez au moins, M. le Président, que ce qu'il nous faut faire
actuellement, c'est de bien regarder si nous avons toujours raison. Si nous
sommes convaincus que nous avons toujours raison, avec les offres salariales
que nous avons faites, nous n'aurons qu'un choix, ce sera de
répéter les mêmes offres à la partie syndicale.
J'espère cependant qu'on pourra les assortir de choses nouvelles
qui puissent être intéressan- tes pour les syndiqués et
pour ceux qui travaillent dans la fonction publique, tout en étant bien
certain, cependant, que nous ne devons pas compromettre, d'une façon ou
d'une autre et c'est là, la première responsabilité
du gouvernement l'équilibre financier de la province de
Québec.
M, VINCENT: Concernant l'article 1, les politiques
générales du ministère, est-ce que, en ce qui concerne les
frais de déplacement des fonctionnaires provinciaux, tel que le millage
pour les voitures, etc..
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse. Une question d'ordre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Est-ce que nous commençons à discuter les
catégories les unes après les autres ou bien si...
M. LE PRESIDENT: En général. M. BURNS: D'accord, je
m'excuse.
M. VINCENT: Est-ce que ces frais de déplacement et le reste sont
présentement sur la table de négociation avec le front commun
syndical?
M. COURNOYER: C'est un article des négociations, pas avec le
front commun syndical mais aux tables sectorielles. On m'a informe que, pour
les frais de déplacement, la proposition patronale n'aurait pas encore
été faite à la table des fonctionnaires. Il y a
différentes techniques de négociation ou de discussion. Les frais
de déplacement sont, à toutes fins utiles, l'objet d'une
réglementation du Conseil du trésor applicable à tous les
fonctionnaires y inclus ceux qui sont syndiqués. Seulement, il n'a pas
été omis jusqu'ici, je pense, d'en discuter avec les
représentants des centrales des parties syndicales impliquées.
D'ailleurs, ils en discutent tous les ans, chaque fois qu'il y a une convention
collective, on demande une augmentation des frais de déplacement. C'est
un point de discussion avec eux. Quant à la méthode pour le
mettre en vigueur, c'est un règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. VINCENT: C'est le rôle du ministère de la Fonction
publique de proposer ou de recommander des normes nouvelles ou de modifier les
normes existantes. M. le Président, je posais la question au ministre
parce que si ça entre dans le cadre des négociations à
l'heure actuelle, je pense que ce ne serait pas le moment de s'ingérer
dans la discussion.
M. COURNOYER: C'est-à-dire que ça entre dans le cadre des
négociations dans un sens
précis. Habituellement, le prix est fixé au millage. Je ne
parle pas des normes administratives, pour savoir quand je peux le
requérir et comment je fais pour le requérir, mais il est
discuté avec les syndicats dans la préparation du
règlement du Conseil du trésor. Or, actuellement, au moment
où on se parle, il y a lieu d'en discuter avec le syndicat mais les
discussions n'ont pas encore eu lieu sur ce sujet particulier avec le syndicat.
Mais si vous avez une observation ou des remarques, veuillez les faire.
Fonctionnarisme
M. VINCENT: Je voulais savoir si, par exemple, le ministère de la
Fonction publique avait eu le temps au cours des dernières années
de faire une comparaison entre ce qui existe dans l'entreprise privée,
au sein d'autres administrations publiques ou au sein de l'administration
provinciale, sur ces montants qu'on alloue aux fonctionnaires provinciaux par
rapport aux montants alloués par d'autres organisations et si,
présentement, c'est aussi avantageux. Souvent, nous avons des plaintes
de fonctionnaires provinciaux à l'effet que les employés de
l'industrie privée, du gouvernement fédéral ou d'autres
administrations sont mieux traités. Je pense bien qu'un jour et
là je fais une suggestion au ministre il serait bon d'envoyer aux
membres du Parlement des comparaisons avec ce qui existe dans d'autres
secteurs.
Chaque fois qu'on a à discuter avec des représentants des
fonctionnaires provinciaux, cette question nous est amenée, que ce soit
le prix au millage, la façon dont on est payé, la
dépréciation des voitures, et le reste. C'est un des points qu'on
entend souvent de la part des fonctionnaires provinciaux.
Deuxièmement, avant que le ministre reprenne la parole, il y a
cette autre question qui nous est souvent posée, la raison du retard
apporté au paiement du premier salaire d'un fonctionnaire. Cela prend
parfois quatre, cinq, six, sept et huit semaines et même quelque fois
plus, avant qu'on puisse lui verser sa première semaine de travail.
C'est un grief qui nous vient très souvent.
Il y a quelque temps, un fonctionnaire m'a dit: Si je m'abonne cette
semaine à un journal comme Le Soleil, sans faire de publicité, la
Presse ou un autre journal, la semaine suivante, je suis sur la liste d'envoi
de ce quotidien, je reçois le journal chez moi. Ce que je ne comprends
pas dans la fonction publique, c'est que cela faisait huit semaines, dans son
cas, qu'il travaillait et il n'avait absolument rien reçu. On lui a dit
que ça dépendait du service de mécanographie, il faut que
son nom soit... Je sais que le problème existe.
M. COURNOYER: Cela va plus vite que ça allait. Il y a eu de
l'amélioration.
Ce qu'on peut dire là-dessus, c'est qu'il y a plusieurs
façons de payer au gouvernement. Je pense que le député de
Nicolet, qui a été ministre, est au courant de ça; il y a
plusieurs systèmes de paye au gouvernement. Il y en a un, entre autres,
qui couvre, si je ne m'abuse, 45,000 personnes et c'est le système de
paye standard. Mais il y a toute une série d'autres systèmes de
paye au gouvernement. D'abord, les organismes extra-budgétaires ont leur
propre formule de paiement. Par exemple, la Régie des rentes, la
Commission des salaires minimum, la Commission des accidents de travail, la
Caisse de dépôt, tout ces organismes ont leur propre
système de paye.
Il y a aussi des systèmes spéciaux de paye, par exemple
à la Voirie, je sais qu'il y a là un régime particulier
pour le personnel saisonnier ou le personnel qui travaille pour des
périodes de courte durée. Il y a aussi le système
général de paiement qui est un système qui couvre à
peu près 45,000 personnes. C'est vrai qu'il y a quelquefois des
délais. Je pense qu'en toute justice il y a lieu de dire que les retards
ou les délais pour le premier paiement ont été raccourcis
avec le nouveau système de paye qui est en usage depuis avril 1971.
Il y a beaucoup de transactions qui se font à l'occasion de ces
paiements. D'abord, il faut dire que, si le système lui-même n'est
pas informé que quelqu'un travaille, l'informatique ne peut pas faire de
miracle. Chez nous, on est bien d'accord pour animer le système
d'informatique, mais il faut avoir cette information.
Le nouveau système d'informatique est très exigeant en
termes d'exactitude des données qui doivent être mises dans le
système d'informatique et il arrive assez souvent, au début,
parce que le système est entré en vigueur en avril 1971... Alors,
cela a pris environ un an à roder l'appareil de façon que les
informations très exactes entrent à temps dans le système
pour que la paie soit produite en temps et lieu. Effectivement, je pense
qu'aujourd'hui, sur 45,000 chèques de paie, il y en a à peu
près 200 qui sont encore faits à la mitaine, comme on dit,
c'est-à-dire à la main; les autres sont faits par le
système lui-même.
Maintenant, il y a des catégories d'employés pour
lesquels, si les gens n'observent pas toutes les règles de la gestion
interne du gouvernement qui sont compliquées, je le reconnais, cela peut
prendre un certain délai. Par exemple, vous avez les occasionnels. Bien
souvent, les gens sont recrutés très rapidement parce qu'il y a
urgence. Ils sont un peu recrutés, comme on dit, sur la gueule. Dans ce
cas, cela prend un peu plus de temps. Parce que si les gens du ministère
ou le paie-maître ne sont pas avisés que M. Untel est en poste
pour telle sorte d'occupation à telle date, pendant ce temps, le gars
travaille et il n'est pas payé. Il y a bien des gens qui oublient de
faire la transaction, de souligner au bureau du personnel et au
paie-maître qu'il faut préparer la documentation pour le
système d'informatique, de sorte que, parfois, il y a un certain
délai. Mais, je pense que le délai général a
été raccourci.
M. VINCENT: Cela se corrige.
M. COURNOYER: Cela se corrige d'une manière... Parfois, quand il
y a de grosses machines comme celles qu'on connaît vous avez connu
cela, M. le Président, la machine de l'Agriculture c'est parfois
le personnel le plus immédiatement impliqué qui est fautif. Je ne
veux pas mettre le blâme sur les individus. Mais, quand on a besoin d'un
certificat de baptême, quand cela lui prend deux semaines à le
trouver, la date limite est peut-être juste passée, pour entrer
dans la machine pour être payé le mois suivant. C'est parce que
les choses ne se font pas comme cela: Vous rentrez cela dans la machine et il y
a un chèque qui sort le lendemain matin. Il y a des dates pour y arriver
et c'est cela qui est long. Remarquez que c'est peut-être mauvais. Dans
la fonction publique, c'est difficile. Mais, on tente le plus possible, du
moins dans l'autre ministère que j'administre, d'aider les gens dans
l'intervalle, entre le moment où ils reçoivent une paie
régulière et le moment où, effectivement, ils ont
commencé à travailler. On tente de les aider par
différents moyens et cela arrive parfois. Mais, je dois avouer et
je pense que M. Bolduc l'a dit lui-même que c'est un peu long,
même si cela a été drôlement raccourci depuis deux
ans, depuis 1971. La deuxième question, qu'est-ce que
c'était?
M. VINCENT: On m'a répondu. M. COURNOYER: A la
deuxième?
M. VINCENT: Oui, c'était cela, concernant les paies, les retards
apportés.
M. COURNOYER: Les études comparatives sur le millage.
M. VINCENT: Oui, c'était une suggestion sur les études
comparatives; je pense que ce serait bon de les avoir. Je pense que la
dernière fois qu'on les a eues c'était en 1967, 1968. Ici,
à cette catégorie, c'est plutôt d'ordre
général.
Si c'est encore devant l'arbitre, je n'exige pas une réponse,
parce que l'arbitre doit rendre sa décision, concernant les caisses de
congés, de retraite, de congés de maladie. Est-ce que c'est
encore devant l'arbitre? Est-ce que l'arbitre doit rendre une décision
plus spécifiquement pour les employés du ministère de
l'Agriculture?
M. COURNOYER: Là, je vous avoue que ce n'est vraiment pas...
M. VINCENT: On peut attendre à ce soir. Si on pouvait prendre les
informations...
M. COURNOYER: Certainement.
M. VINCENT: ... et nous dire où en est rendu le processus de
griefs et de décision.
M. COURNOYER: Particulièrement en ce qui concerne les
congés de la préretraite.
M. VINCENT: Les congés de la préretraite, oui.
M. COURNOYER: Et l'évaluation des caisses de maladie au
ministère de l'Agriculture.
M. VINCENT: Le ministre pour l'information des membres ou
le sous-ministre pourrait-il nous donner le processus suivi à
l'intérieur de la fonction publique, en ce qui concerne les mises
à pied, surtout les mises à pied suspensions en vertu des
convention collectives?
M. COURNOYER: En parlant de mises à pied, parlez-vous de
congédiements?
M. VINCENT: Congédiements, oui.
M. COURNOYER: De congédiements plutôt que de mises à
pied.
M. VINCENT: Oui. Les congédiements, suspensions. Supposons qu'un
employé par exemple ne fait plus l'affaire pour des raisons personnelles
ou administratives.
M. COURNOYER: On trouve cela dans la Loi de la fonction publique
proprement dite. Une suspension peut être décrétée
par le ministre, si je me souviens bien. Cela s'applique à tous les
ministères. Cette suspension met en branle le processus de destitution
et une personne ne peut être destituée que sur recommandation de
la Commission de la fonction publique.
M. VINCENT: Approuvée par le lieutenant-gouverneur en
conseil?
M. COURNOYER: Forcément. Pour le personnel syndiqué, c'est
l'arbitre. Il est comme arbitre aux yeux de la Commission.
M. VINCENT: Est-ce que le lieutenant-gouverneur en conseil, depuis la
dernière année, a accepté toutes les recommandations de la
Commission de la fonction publique ou si...
M. COURNOYER: C'est assez onéreux...
M. VINCENT: Si je l'avais un peu plus tard, ça ferait quand
même.
M. COURNOYER: Je sais que j'en ai eu une dans mon ministère du
Travail et elle n'a pas été acceptée.
M. VINCENT: Le conseil des ministres a...
M. COURNOYER: Pas le conseil des ministres, mais encore une fois, quand
la personne est maintenue, il est assez onéreux pour le ministre d'aller
voir le lieutenant-gouverneur en
conseil pour mettre dehors quand même une personne qui a
été maintenue en exercice par la Commission de la fonction
publique, si elle refuse la destitution. Quand elle accepte la destitution, il
y a théoriquement un appel de l'individu au lieutenant-gouverneur en
conseil, mais en pratique, je n'en ai jamais vu depuis que je suis là et
ça fait un an et demi.
On peut quand même vérifier, M. le Président, la
question qui est posée.
M. VINCENT: Donc, dans les trois objectifs du ministère,
c'était le deuxième objectif: conseiller le gouvernement sur les
conditions de travail. C'est en négociation présentement. Puis,
négocier des conventions collectives. Cela se fait. Et on revient au
premier objectif dont le ministre a parlé et dont il est question dans
son rapport: proposer au gouvernement les mesures visant à
accroître l'efficacité du personnel de la fonction publique et
surveiller l'application de ces mesures et, sous la direction du gouvernement,
en coordonner l'exécution.
Le ministre nous dit que ça ne fait pas assez longtemps qu'il est
revenu au ministère de la Fonction publique, qu'il ne peut pas nous
donner les grandes lignes des projets qu'il a...
M. COURNOYER: Non.
M. VINCENT: ... au cours de la prochaine année.
M. COURNOYER: Je ne peux pas les donner mais...
M. VINCENT: C'est parce qu'on a remarqué dans les
ministères qu'il y avait des montants d'argent consacrés au
recyclage. Je pense que ça fait partie d'une des fonctions du
ministère de la Fonction publique.
M. COURNOYER: C'est ça, le plan...
M. VINCENT: Le premier objectif, c'est ça.
M. COURNOYER: Oui. C'est ça mais, encore une fois, les objectifs
ne peuvent pas être modifiés en cours de route, surtout dans le
cas du perfectionnement. Ces objectifs ont été établis il
y a déjà un certain temps. Lors de la création du
ministère de la Fonction publique, il s'agissait d'abord, si je
comprends bien, d'organiser des méthodes de perfectionnement qui soient
adéquates et que ce système rende justice à tous ceux qui
sont impliqués. Ces objectifs continuent d'être les mêmes
objectifs qui existaient auparavant.
Maintenant, c'est la méthode pour y arriver qui est
peut-être un peu plus rodée qu'elle ne l'était dans le
temps. Le ministère de la Fonction publique commençait, il y a
deux ans et demi, et, aujourd'hui, il commence à voler de ses propres
ailes. C'est encore difficile mais ça existe.
As-tu une réponse à cette question-là?
Il y a un certain nombre de mesures qui ont été prises et
qui sont en voie d'être prises en ce qui concerne l'amélioration
de l'efficacité du personnel. Il y a d'abord des études de
besoins d'effectifs qui ont été faites dans les
ministères, c'est-à-dire la détermination quantitative des
besoins de personnel. Comment fait-on pour évaluer le nombre
d'employés requis dans les ministères à la suite des
demandes des ministères?
Sur ce plan-là, l'ensemble des besoins gouvernementaux a
été inventorié et le résultat a été
transmis, après entente avec chaque ministère, au Conseil du
trésor qui, comme vous le savez je ne sais pas si ça a
été expliqué à la commission parlementaire
concernant le ministère des Finances le nouveau système de
programmation budgétaire va incorporer, à l'avenir, un certain
nombre de données relativement au nombre d'employés. Et ces
nombres-là ont été produits à la suite d'analyses
faites par notre ministère.
De ce côté-là, il y a une équipe d'une
vingtaine d'analystes qui ont fait le tour du gouvernement et qui ont
tenté de mesurer quantitativement les besoins de personnel pour faire
les tâches du gouvernement, à partir de critères,
statistiques qu'ils ont dégagés de la réalité, dans
différents ministères du gouvernement.
Les critères dont ils se sont servis... Par exemple, prenons le
ministère des Transports, le bureau des véhicules automobiles,
c'est le nombre d'émissions de plaques ou le nombre d'émissions
de permis, des choses comme ça. Alors, ils ont fait tout le tour du
gouvernement et ils ont quantitativement mesuré les besoins de
personnel, à partir des critères existants. Ils n'ont pas fait
des études de productivité, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas
introduit, dans leur analyse, des façons nouvelles de faire les
choses.
Ils ne se sont pas rendus jusque-là, c'est une étude qui
vient après l'étude proprement dite du travail. Mais ils ont
analysé, statistiquement, si tant de personnes font tant de choses,
combien ça va prendre de personnes par exemple, si on a 2,000,000 ou
1,850,000 plaques à émettre et qu'il y a tant de personnes qui
font ça, combien en faut-il pour faire ce travail? Ce genre de
statistiques, dans tout le gouvernement, a été établi; des
critères ont été dégagés pour chacun des
ministères selon les différents services.
Dans un service, ça peut être un seul critère, dans
un autre service, ça peut être deux ou trois. Cela a
été aussi fait pour la Voirie par exemple, pour les bureaux de
division de la Voirie, ça a été fait pour les bureaux
régionaux des ministères et l'ensemble de l'administration.
M. BOIVIN: ... on ne s'est pas arrêté à
l'efficacité, par exemple?
M. COURNOYER: Ah oui!
M. BOIVIN: Vous dites qu'il y a 100 personnes qui travaillent pour tel
ministère mais avez-vous un bureau médical, avez-vous un...
M. COURNOYER: Non, ça c'est...
M. BOIVIN: Avez-vous un mécanisme pour contrôler les
absences? S'il y en a 100 et s'il y en avait 20 ou 25 absents...
M. COURNOYER: Non, mais le contrôle des absences existe dans
chacun des ministères.
Chaque ministère a son régime de contrôle des
absences.
M. BOIVIN: Mais de quelle façon pouvez-vous contrôler sans
avoir un bureau médical? Tous les employeurs importants ont un bureau
médical, ils contrôlent l'absence, la maladie... C'est une chose
qui serait très importante.
M. COURNOYER: Ce à quoi vous faites allusion, c'est une politique
de santé particulière aux employés de la fonction
publique.
M. BOIVIN: C'est ça. Pour une plus grande efficacité.
M. COURNOYER: Oui, alors on a là-dessus, je ne pense pas que ce
soit un secret pour personne, quand vous étiez ministre d'Etat à
la Santé...
M. BOIVIN: Je n'ai pas eu le temps.
M. COURNOYER: ... vous vous étiez beaucoup
intéressé à ce problème-là. Effectivement,
on y a compilé un dossier qui est valable. Depuis on y a ajouté
un certain nombre d'autres éléments notamment en ce qui concerne
le recrutement. Est-ce qu'on doit commencer par le personnel en place ou si on
doit commencer par les nouveaux arrivés? Par l'éligibilité
des nouveaux arrivés, on pourra aussi faire une première
sélection de façon à s'assurer que n'entrent pas dans la
fonction publique des gens qui, au départ, sont malades. C'est un
premier problème.
Le second, c'est une vérification d'aptitude physique. Elle
pourrait être faite à l'occasion de l'avancement des
fonctionnaires, par exemple. On pourrait concevoir qu'il n'y aurait pas de
cadres supérieurs nommés à ces postes, à de gros
salaires, si leur état de santé ne leur permet pas vraiment de
fonctionner à un régime de croisière qui est celui du haut
fonctionnarisme. C'est une seconde étape.
La troisième, on peut imaginer aussi dans un édifice comme
le complexe G où il y a 5,000 à 6,000 personnes, 6,000 à
7,000 personnes, qu'il y a là un service de premiers soins, au moins
cela. C'est un prérequis. Donc, un certain nombre d'hypothèses
ont été formulées dans le temps, depuis quelques
années à ce sujet. Cela doit faire l'objet d'une rencontre
incessante entre les gens du ministère des Travaux publics parce
qu'ils sont en cause avec les édifices, surtout le complexe G à
Québec et les gros édifices à Montréal notre
ministère et celui de la Santé. Il s'agit de savoir qui va
l'administrer. Nous sommes plutôt d'avis que c'est le ministère de
la Santé qui a l'expertise médicale et qui devrait gérer
le système.
Il s'agit de savoir si on doit d'abord l'appliquer aux gens en place
pour vérifier l'aptitude des gens à la promotion, au moins
l'aptitude physique je pense que c'est important ou bien un
contrôle de capacité à l'entrée.
M. BOIVIN: Je ne voudrais pas que ce soit organisé seulement pour
un contrôle, mais pour le traitement, pour aider même le
fonctionnaire à...
M. COURNOYER : La prévention aussi.
M. BOIVIN: ... la prévention et ensuite le traitement. Cela peut
être une aide apportée à l'employé. Je n'aurais pas
d'objection que cela s'organise pour les employés actuels. C'est de
nature à les aider. Les compagnies importantes qui organisent un tel
bureau de santé, rendent énormément service à leurs
employés.
M. COURNOYER: Est-ce qu'ils ont maintenu ces bureaux avec
l'entrée de l'assurance-maladie? A votre connaissance...
M. BOIVIN: Oui, oui.
M. COURNOYER: ... comme Alcan, par exemple.
M. BOIVIN: L'Alcan, c'est ça. Ce n'est pas un bureau
nécessairement pour organiser les assurances. C'est un bureau pour aider
l'employé d'abord. C'est entendu que cela peut donner plus
d'efficacité en réalité pour l'employeur, mais d'un autre
côté, cela peut aider énormément
l'employé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour toujours parler du premier
objectif qui est d'accroître l'efficacité du personnel de la
fonction publique, un député d'un comté comme le mien
reçoit des plaintes surtout de trois secteurs, l'inefficacité au
bureau des véhicules automobiles, à la Régie des alcools
du Québec et à la Voirie.
Efficacité, j'y inclus l'amabilité des gens lorsqu'ils
reçoivent le grand public, Dieu sait si surtout aux véhicules
automobiles et à la Régie des alcools du Québec les gens
ne sont pas aimables. On entre à la Régie des alcools et on a
toujours l'impression de déranger le gars au comptoir ou celui assis
à manger son sandwich; la même chose aux véhicules
automobiles.
Est-ce que le ministère de la Fonction publique a prévu
une possibilité de donner des cours d'amabilité à ces
gens, de personnalité? La Commission de la fonction publique a
établi des critères avant de passer les examens. Elle fait passer
des examens oraux et écrits, là on pourrait se poser plusieurs
questions sur la valeur de ces examens. Compte tenu que c'est passé et
que le type est entré à la fonction publique, quand il a
passé ses six mois il ne veut plus rien savoir. L'amabilité, il
la laisse de côté. C'est peut-être un des critères
qui fait que le personnel public et parapublic est inefficace dans certains
secteurs bien déterminés surtout.
M. BOIVIN: Tout ça entre dans l'organisation du bureau
médical, il y a des psychologues...
M. VEILLEUX: Je pose la question au ministère de la Fonction
publique, à savoir s'il prévoit des cours de personnalité
ou autres qu'on pourrait donner à ces gens.
M. COURNOYER: Je vous avoue bien honnêtement qu'on a pensé
à des programmes de perfectionnement. Au niveau des cours de
personnalité, sur ce plan, on n'y a pas tellement pensé.
Peut-être n'est-ce pas une bonne méthode cependant mais en vertu
de l'article 54 a) il y a la possibilité pour le lieutenant-gouverneur
en conseil d'établir des normes concernant l'éthique et la
discipline. C'est peut-être une voie un peu négative mais par ce
biais il est possible de proposer au gouvernement des règlements
concernant l'éthique.
Je pense qu'il est possible d'introduire cette notion de l'obligation
pour le fonctionnaire d'accomplir son travail d'une façon, comme vous le
disiez tantôt, efficace.
M. VEILLEUX: Vous dites l'efficacité. Tout à l'heure, vous
mentionniez que vous regardiez le nombre de plaques d'immatriculation qui sont
vendues chaque année pour savoir si on doit avoir tant de personnel
plutôt qu'un autre nombre. Si ce nombre était diminué de 40
p.c. dans tel bureau, le service serait peut-être plus efficace, parce
qu'il y en a peut-être trop. Ils se rencontrent, ils se frappent et cela
ne va pas trop vite.
M. COURNOYER: Je pense bien que ce n'est pas notre intention
sûrement pas la mienne de vous dire que les 50,000 fonctionnaires
qui travaillent directement pour le gouvernement sont des modèles
d'efficacité, que tous travaillent à pleine vapeur et qu'ils sont
aussi efficaces qu'ils le seraient s'ils avaient leur propre commerce. Je ne
suis pas prêt à mettre ma main sur la bible demain et vous le
jurer.
M. VEILLEUX: Ou à vous immoler.
M. COURNOYER: Cependant, il faut peut- être voir, historiquement,
d'où nous sommes partis. Je ne fais pas une critique des administrations
précédentes depuis la Confédération; l'idée
n'est pas là, mais il faut voir un peu historiquement où nous
sommes partis et où nous en sommes. Je voudrais simplement souligner
que, par exemple, le budget de la province est passé, dans dix ans, de
$500 millions en gros à $5 milliards en gros; par conséquent, de
un à dix, dans dix ans. Le personnel aussi a augmenté, bien
sûr. Mais, il reste que vous avez une idée de la multiplication
des tâches dans dix ans et cela s'est fait quand même avec les gens
en place plus les gens qui se sont ajoutés, c'est-à-dire, en
gros, avec environ 50,000 personnes plus, bien sûr, d'autres gens dans le
secteur hospitalier et scolaire.
Sur ce plan, je pense que, globalement, il est vrai de dire que la
qualité de la fonction publique s'est améliorée depuis dix
ans je prends dix ans au hasard, nous pourrions prendre douze ans,
quinze ans et par conséquent, la compétence s'est
améliorée et probablement l'efficacité, finalement. Parce
qu'après tout, si les gens sont plus compétents qu'avant, nous
pouvons assumer qu'ils remplissent mieux leur rôle. Ce n'est pas
cependant je le reconnais un gage d'entière
efficacité que le système actuel. Mais je pense que, globalement,
c'est un commentaire qui reste vrai.
Sur la question de cours d'amabilité ou de personnalité
que vous mentionnez avec un certain sourire, je pense qu'il appartient à
chacun des ministères de faire en sorte que ce soit un service qu'il
rende au public. Et je doute que le ministère de la Fonction publique
puisse inculquer à quelque catégorie que ce soit, par son
truchement propre, une personnalité différente de celle qu'ils
ont. Et parfois, les gens ont l'air bête mais, qu'est-ce que vous voulez,
c'est normal. Cela nous arrive à nous aussi d'avoir l'air bête et
en commençant par le ministre en haut. Quand le ministre a l'air
bête le matin, tout le cabinet a l'air bête. Et vous descendez du
cabinet, vous vous en allez chez les sous-ministres, tout le monde a l'air
bête et les pauvres clients qui viennent vous voir et qui devraient voir,
eux, une main tendue pour les aider, voient un air bête en face
d'eux.
M. VEILLEUX: Un des problèmes, peut-être, de cette
inefficacité, à certains endroits, de la part de certains
fonctionnaires... Il ne faut quand même pas dire que tout le monde est
comme cela.
M. COURNOYER: Non.
M. VEILLEUX: Il s'agit, dans un bureau où il y a dix
fonctionnaires, qu'il y en ait un ou deux qui ne fonctionnent pas pour que tous
les autres ne fonctionnent pas ou fonctionnent plutôt mal. Ce sont des
exemples précis que j'ai dans mon comté. C'est un
problème, parce que ces gens demeurent là. Et il n'y a pas de
grief
possible contre ces gens. J'ai essayé. Même quelquefois,
c'est celui qui est en charge du bureau qui crée ce climat à
l'intérieur.
M. COURNOYER: Mais, j'aimerais bien cependant que la
responsabilité...
M. VEILLEUX: Nous sommes quasiment obligés de dénoncer des
gens.
M. COURNOYER: ... première de déplacer quelqu'un ne
relève pas du ministère de la Fonction publique. Elle
relève de chacun des individus qui est dans le système. Je
prends, comme exemple, un sous-ministre chez nous qui trouve qu'un conciliateur
au ministère du Travail ne fait pas l'affaire. C'est le devoir du
sous-ministre de le déplacer pour le mettre dans un endroit où il
va peut-être, lui, à cause de son système de
sécurité d'emploi, faire mieux l'affaire. Cela fait partie de
philosophies générales qui peuvent émaner du
ministère de la Fonction publique. Une utilisation meilleure du
personnel, parce qu'une personne peut être malheureuse pour plusieurs
raisons et transporter son air bête en face des clients pour plusieurs
raisons. Cela peut être organique, cela peut être physique; enfin,
vous savez ce que je veux dire. Cela peut être permanent.
Dans le cas d'une permanence... Cela ne s'arrange pas
nécessairement, docteur, parce qu'on va avoir un bureau
médical...
M. BOIVIN : Oui.
M. COURNOYER: Voyons, docteur, dès qu'il y a un médecin
dans la place, tout le monde est guéri. Voyons donc!
M. BOIVIN: Il n'y a pas seulement des médecins dans ce bureau
médical dont je parle...
M. COURNOYER: Il y a des psychologues.
M. BOIVIN: ... Un homme peut mal recevoir le public, parce qu'il a une
surcharge temporaire, il peut avoir un problème personnel, ça va
jusque dans la famille. Il faut organiser aujourd'hui l'employeur comme le fait
la société industrielle. Cette homme peut être malheureux
parce qu'il est à la mauvaise place, comme vous venez de le dire.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. BOIVIN: Alors, qui va déceler ça? Il ne faut pas
laisser l'initiative à chacun des ministères, ce sont des
politiques qui doivent partir de la Fonction publique.
M. COURNOYER: En somme, ce que vous suggérez, ce serait un bureau
pour que quelqu'un aille à la confesse.
M. BOIVIN: Il y a des psychologues, il y a des infirmières qui
visitent même les familles, les employés, et qui cherchent
pourquoi cet homme est malheureux.
M. COURNOYER: Cela, j'ai l'impression que, pour toute la
population...
M. BOIVIN: Cela se fait à l'Hydro-Québec. Pourquoi ne le
ferait-on pas?
M. COURNOYER: On le fait à l'Hydro-Québec, c'est une
société riche, l'Hydro-Québec, ce n'est pas pareil, elle
fait de l'argent, elle vend de l'électricité, nous vendons tout
le temps, nous.
M. BOIVIN: M. le ministre, pour plus d'efficacité, je pense que
c'est important que ça se fasse à la Fonction publique.
M. COURNOYER : J'ai l'impression que je vais être en
désaccord pour une fois une des nombreuses fois d'ailleurs, avec le Dr
Boivin, le député de Dubuc, pas encore de Chicoutimi, le
comté de Dubuc disparu...
M. VINCENT: Il ne s'en va pas, celui-là. M. BOIVIN : Il ne
disparaît pas.
M. COURNOYER : Il ne s'en va pas, celui-là?
M. BOIVIN : Jamais de la vie!
M. COURNOYER: Il n'est pas amalgamé avec le...
M. BOIVIN: Ah non!
M. COURNOYER: C'est réglé, cette affaire. Toutefois, je
suis toujours encore en désaccord avec vous.
M. VINCENT: Je pense quand même que ce que vient de souligner le
député de Saint-Jean a une importance assez considérable
dans nos régions, pas seulement dans nos régions, dans toute la
province. Il s'agit quelquefois qu'une personne sur un groupe de dix, douze,
quinze, ne soit pas à sa place pour gaspiller le système.
M. COURNOYER : C'est la responsabilité des gestionnaires, qui ont
à rendre service au public...
M. VINCENT: C'est ça.
M. COURNOYER: ... dans l'immédiat que, si quelqu'un ne fait pas
l'affaire ou ne rend pas les services que le public est en droit d'en attendre,
il soit changé de poste ou envoyé ailleurs dans une autre
fonction où il va peut-être faire mieux l'affaire. C'est une
responsabilité du gestionnaire immédiat et ça se fait
comme ça, malgré tout ce qu'on peut dire. Pas l'envoyer
chez le médecin.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE : J'aurais une question sur le même sujet, M. le
Président. Est-ce qu'il existe un organisme quelconque qui vise
essentiellement à améliorer la productivité des
fonctionnaires?
M. COURNOYER : Le groupe dont je vous ai parlé tantôt
ils sont une vingtaine, ingénieurs ou enfin de différentes
formations, qui ont à travailler sur les effectifs a comme
deuxième mandat précisément l'examen des
procédés et méthodes. Mais c'est un travail beaucoup plus
long et ce n'est pas un travail qui peut se faire complètement
centralement non plus. Chaque ministère a des analystes en
procédés administratifs qui, par conséquent, travaillent
à l'amélioration des méthodes de travail. Parfois, c'est
un changement d'équipement qui peut augmenter la productivité,
d'autres fois, c'est par d'autres façons de faire les choses, d'autres
fois c'est par le perfectionnement des gens qui ne sont peut-être pas
tout à fait à la hauteur de la tâche. Il y a donc
différentes méthodes pour hausser la productivité. Par
conséquent, en ce qui concerne les procédés et
méthodes, c'est la deuxième tâche du groupe dont je vous
parlais tantôt, c'est-à-dire qu'ils font des interventions
directes, soit par le biais d'aide au bureau d'organisation et méthodes
des différents ministères, soit directement, si ça nous
est demandé. Par exemple, cette année, on a eu un certain nombre
de demandes des ministères pour les aider dans l'élaboration de
leur plan d'organisation, c'est-à-dire la détermination du
partage de responsabilités, des relations entre les unités
administratives. On a eu un certain nombre de travaux qui ont été
faits dans plusieurs ministères. Je pense à un, au
ministère du Revenu. On l'a fait avec le ministère des Affaires
sociales aussi. Ce sont là des études qui ont été
faites.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il y a un effort de normalisation aussi au
niveau de l'amélioration des procédés?
M. COURNOYER : Oui, mais l'accent a été mis, je dirais
depuis dix ans, d'un côté, sur l'informatique. C'est sûr
qu'il y a probablement eu une hausse de productivité, encore qu'elle
soit difficilement mesurable parce que l'informatique nous donne deux choses.
Elle nous donne beaucoup plus d'information qu'avant pour faire des choses. Par
conséquent, elle ne diminue pas nécessairement les tâches
à faire, mais elle nous aide à formuler, si vous voulez, à
prendre de meilleures décisions. Effectivement, ce n'est pas sûr
qu'on ait toujours une diminution, mais l'accent a été mis, je
pense, quand même sur l'utilisation de l'informatique. Je pense que c'est
vrai de dire que, depuis dix ans, l'accent du gouvernement dans les travaux
administratifs a été mis dans les analyses d'informatique. Je
pense que ç'a été le gros secteur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN : Vous travaillez sur le plan administratif, mais vous oubliez
de travailler sur le plan humain, c'est pour ça que je vous propose
et ça presse que le gouvernement s'organise,
appelez-ça comme vous voudrez. Ce n'est pas nécessairement sur le
plan médical, il y a le plan psychologique et tous les autres plans.
C'est là que vous aurez...
M. COURNOYER: Excusez, me permettez-vous de vous souligner qu'on a un
groupe de cinq, ou de quatre conseillers d'orientation chez nous. Vous me direz
qu'ils ne sont pas nombreux, c'est vrai. Leur rôle est, à longueur
de journée, de confesser des gens qui sont malheureux dans leur poste et
de leur proposer, de concert avec les ministères, une sorte de
concertation dans le placement ou la réaffectation de ces gens-là
de sorte que, centralement, il y ait une équipe dont le directeur est M.
Jacques Rivard, du Conseil d'orientation professionnelle; ils sont quatre et
ils font précisément ça.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on a le personnel de soutien nécessaire pour
exécuter le travail que vous leur demandez?
M. COURNOYER: C'est une unité administrative qui commence.
M. BOIVIN: Est-ce qu'ils ont des infirmières, des
psychologues?
M. COURNOYER: Non, c'est au niveau des réaffectations de travail.
Peut-être que lorsqu'ils découvrent que les gens ont des
problèmes d'un autre ordre, ils les envoient chez le psychiatre ou chez
le psychologue.
M. BOIVIN: J'insiste pour l'an prochain. Je vais poser des questions
là-dessus et je veux que...
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Question d'efficacité, M. le Président, en
plus d'établir des critères pour tel poste et de faire subir des
tests écrits et oraux, quel autre rôle la Commission de la
fonction publique joue-t-elle pour accroître cette efficacité du
personnel?
M. COURNOYER: La Commission de la fonction publique ou le
ministère de la Fonction publique?
M. VEILLEUX: La Commission de la fonction publique, à
l'intérieur du ministère de la Fonction publique.
M. COURNOYER: Ah non! Il faut faire une distinction très nette
entre les deux et ça je suis en mesure de la faire sans aide.
La Commission de la fonction publique est totalement indépendante
du ministère de la Fonction publique. Elle est une commission
formée du ministère, je n'ai pas dit du ministre..
M. BURNS: Vous n'avez pas dit de la politique.
M. COURNOYER: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. BURNS: D'accord, j'écoute.
M. COURNOYER: Ne me mêlez pas dans les mots.
M. BURNS: J'attends que vous vidiez votre sac et on va vous parler
d'autre chose tout à l'heure.
M. COURNOYER: En présence des fonctionnaires du ministère
de la Fonction publique, eux n'ont rien à voir avec la Commission de la
fonction publique. Ce sont les fonctionnaires du ministère de la
Fonction publique qui sont ici.
La Commission de la fonction publique relève techniquement du
ministre de la Fonction publique, mais en réalité, c'est
strictement par la voie de la Commission de la fonction publique auprès
du Conseil exécutif de la province. Je ne suis que la voix de la
commission.
M. VEILLEUX: En d'autres mots, la commission est quasi
indépendante de tout le système.
M. COURNOYER: Non seulement elle est quasi, mais elle est obligée
de l'être.
M. VEILLEUX: C'est un gouvernement parallèle.
M. COURNOYER: C'est une opinion que je vous laisse, dans votre
bouche.
M. VINCENT: C'est un organisme quasi judiciaire.
M. COURNOYER: Normalement, elle a une fonction plus que quasi
judiciaire, elle a une fonction administrative aussi, étant donné
que c'est elle qui fait ce que vous avez mentionné tantôt, le
choix du personnel qui est admissible par des listes
d'admissibilité.
M. VEILLEUX: Vous ne trouvez pas qu'il peut y avoir un danger, à
un certain moment, qu'un organisme comme ça, c'est
drôlement...
M. BURNS: Ne soit pas assez contrôlé par le parti au
pouvoir?
M. VEILLEUX: Non, le parti au pouvoir ne contrôle rien, c'est le
gouvernement qui contrôle. Qu'il manque un certain contrôle de la
part du gouvernement sur un organisme de cette importance.
M. BURNS: C'est ce qu'on appelle de l'enculage de mouches.
M. COURNOYER: Cela dépend de ce que sont les mandats ou les
obligations de cet organisme. Tels qu'ils sont actuellement dans la Loi de la
Commission de la fonction publique, ces pouvoirs-là ont
été donnés par le Parlement à la Commission de la
fonction publique comme tels. Il n'est pas dit, cependant, que ça doit
rester comme ça, qu'elle doit détenir tous les pouvoirs qu'elle a
présentement comme commission. Théoriquement, au moment où
on se parle, on pourrait songer à faire de la Commission de la fonction
publique strictement un organisme d'arbitrage lorsque des individus sont
lésés d'une façon ou d'une autre ou on peut lui laisser
tous les pouvoirs qu'elle a présentement. Tant et aussi longtemps
qu'elle possède ces pouvoirs en vertu de la loi, c'est elle qui est
responsable de ces choses et la commission ou le ministère de la
Fonction publique n'ont rien à voir, que je sache, avec la Commission de
la fonction publique. Mais le ministre est responsable quand même.
M. LAFONTAINE: Est-ce que les employés de la commission
dépendent du ministère? Le personnel ne fait pas partie de la
Fonction publique?
M. COURNOYER: Du ministère de la Fonction publique? Non.
Ce personnel est totalement étranger au ministère de la
Fonction publique. Il fait partie de la fonction publique en ce sens qu'il est
composé de fonctionnaires.
M. LAFONTAINE: Ils dépendent de qui? A ce moment-là, ils
dépendent du ministère.
M. COURNOYER: Théoriquement, on pourrait dire qu'ils
dépendent, dans leurs conditions de travail, lorsqu'il s'agit de la loi,
du ministère
M. VINCENT: C'est le ministre qui signe, par exemple, l'engagement d'Un
employé dans la Fonction publique?
M. COURNOYER: A la commission? M. VINCENT: Oui.
M. COURNOYER: Disons que je ne le sais pas. Je n'ai pas signé
récemment.
M. VINCENT: Disons qu'administrativement c'est le ministre qui est
responsable de la commission?
M. COURNOYER: Normalement ce devrait être cela, c'est moi qui suis
responsable de la commission.
M. VINCENT: Comme le ministre de la Justice est responsable d'un autre
organisme, comme la Commission de police; comme le ministre de l'Agriculture
est responsable de la Régie des marchés agricoles.
M. COURNOYER: Comme au ministère du Travail, je suis responsable
de la Commission des accidents du travail, dans ce sens-là, le
porte-parole de la Commission des accidents du travail auprès du conseil
des ministres et auprès du Parlement, c'est le ministre du Travail,
même chose pour le salaire minimum.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Voulez-vous me donner le pourcentage des employés du
ministère de la Fonction publique qui sont syndiqués?
M. COURNOYER : Il ne doit pas y en avoir beaucoup. Aucun du
ministère de la Fonction publique.
M. BOIVIN: Personne n'est syndiqué.
M. COURNOYER: Ces fonctionnaires ne sont pas syndicables. En fait, le
ministère de la Fonction publique, c'est toujours confidentiel en
matière de relations entre patron et employés.
M. BOIVIN : Il n'y a pas un employé du ministère de la
Fonction publique qui est syndiqué. Est-ce qu'ils ont un syndicat
à la Fonction publique? La commission de la Fonction publique est leur
syndicat?
M. COURNOYER: Non, il n'y en a pas de syndicat.
M. BOIVIN: Prenez les médecins, on a une corporation et, en plus
de cela, il y a un syndicalisme qui s'est développé. Mais est-ce
qu'il n'y aurait pas possibilité pour que ces gens-là aient un
organisme pour faire des revendications en leur nom, qu'ils aient la
possibilité de se syndiquer?
M. COURNOYER: Jusqu'ici, à moins de se plaindre contre le nouveau
ministre, je n'ai pas entendu grand-chose.
M. BOIVIN: Non, on est toujours le dernier à le savoir quand on
est ministre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: J'aurais encore une question d'ordre général
à poser au ministre. Pour faire suite aux propos qu'il a tenus au
début, parce qu'on a quand même l'impression en commission
parlementaire, suite aux grands efforts qui ont été
déployés à la suite du conflit qu'on a connu, que le
gouvernement mettait l'accent énormément sur l'intégration
et la normalisation de ses efforts en vue d'en arriver à une politique
intégrée au ministère de la Fonction publique. Ne
croyez-vous pas, M. le ministre, que dans la mesure où il y a
négociation, cela peut amener une remise en question des objectifs de la
politique du gouvernement?
M. COURNOYER: Je pense que toute politique gouvernementale est
constamment et doit être constamment remise en question. Il n'y a pas de
politique si stable qu'elle soit immuable continuellement. Il est possible que,
sans remettre en question, nous fassions les aménagements requis pour
que ces politiques soient acceptables et comprises par les gens qui vont
être obligés de s'y soumettre. Alors, la remise en question totale
des objectifs du ministère de la Fonction publique, je ne crois pas
qu'ils soient remis en question sauf peut-être par des
déclarations publiques de gens qui contestent le système. S'ils
veulent contester le système, c'est une chose, mais remettre en question
à la table de négociation certains grands objectifs, il nous est
arrivé de découvrir qu'ils étaient d'accord sur les
objectifs, très souvent nous sommes d'accord sur tel objectif.
En fait, tout le monde était d'accord pour réorganiser les
finances publiques, c'est seulement la place ou les contenus sur lesquels on
est en désaccord. Par exemple, on va parler d'appariement de fonctions,
je pense bien que tout le monde recherche l'appariement des fonctions
similaires. Le gouvernement, quand il propose l'appariement des fonctions, dit:
On va apparier les choses pareilles. La conclusion qui s'impose du
côté syndical, c'est comment vous allez les payer, mais le
syndicat est d'accord sur l'appariement des fonctions, par exemple. Quand je
dis appariement, c'est-à-dire mettre les choses semblables sur une
même ligne et conclure: Les gens font à peu près la
même sorte de travaux. Mais à quelle place est-ce que je les paie?
C'est là-dessus, je pense, que nous discutons très souvent avec
les négociateurs syndicaux. Mais la politique fondamentale du
gouvernement n'est pas modifiée pour autant et on ne la met pas en
question même du côté syndical. On est d'accord sur
cela.
M. LATULIPPE: Donc les efforts qui sont poursuivis sont acceptés,
actuellement.
M. COURNOYER: Je ne peux pas dire cela d'une façon
générale.
M. LATULIPPE : Il reste seulement les questions normatives et
salariales.
M. COURNOYER: Je peux dire qu'on nous blâmerait sans doute de ne
pas avoir de politique salariale si effectivement on commençait à
négocier mais on n'est pas rendu à commencer, on a fait un grand
bout de chemin. On nous blâmerait si on n'avait pas une politique
salariale. Au moment où on se parle on nous blâme parce qu'on
n'est pas d'accord sur cette politique salariale-là. Cela devient
à ce moment-là une autre question, ils peuvent être en
désaccord avec cette politique salariale mais ils veulent cependant et
ils souhaitent depuis un nombre d'années assez imposant qu'il y ait une
politique salariale au gouvernement.
M. LATULIPPE : Tout à l'heure vous parliez de l'appariement des
fonctions, est-ce que les syndicats ont eu l'occasion justement de dire leur
mot lorsqu'on a dressé la liste et la description des fonctions?
M. COURNOYER: Je ne crois pas que les syndicats aient eu à donner
leur mot au moment de la préparation d'une proposition patronale mais
l'appariement de fonctions a été soumis je pense que c'est au
début de la ronde de négociations à la table centrale, ou
presque au début, on a soumis l'appariement de fonctions, on n'a pas
soumis cela dans un "crois ou meurs", croyez-moi. Je ne crois pas que cela ait
été présenté comme cela mais cela a pu être
perçu comme cela.
On a soumis les documents; maintenant, on peut toujours tenter de
détruire ces documents. On ne peut pas détruire le fondement
même du dépôt. C'est qu'avant de les rencontrer, il faudrait
quand même que je sache ce que je leur dirais. On a tout simplement fait
l'appariement de fonctions. Je n'étais pas là à
l'époque, mais on a soumis des documents très bien faits. Que
l'autre partie n'ait pas encore discuté l'appariement de fonctions, je
dois dire que ce n'est pas la faute du gouvernement. C'est peut-être
parce qu'on a pris d'autres tangentes, d'autres discussions sur d'autres sujets
qu'on avait jugés à l'époque plus importants et que,
compte tenu des circonstances que nous avons vécues, on a mis ça
de côté dans nos préoccupations pour le moment. Mais, il
reste encore totalement possible pour les parties syndicales de discuter des
propositions d'appariement de fonctions qui ont été faites par le
gouvernement et ses partenaires. Il n'y a rien de définitif
là-dedans, sauf que ça répond à une certaine
logique. La logique qui est là, il faudrait d'abord la détruire
avant de détruire l'appariement fait. Mais, si on se préoccupe
davantage du salaire qu'on va payer à ceux qui sont sur la même
ligne, là, c'est un peu plus difficile.
M. LATULIPPE: J'aurais une autre question. Ce n'est pas que je voudrais
remettre en cause le système de recrutement, mais est-ce qu'il y a des
améliorations que vous envisagez de ce côté? Parce que,
actuellement, on reçoit plu- sieurs plaintes de personnes qui disent:
J'ai posé ma candidature et apparemment, le candidat était
déjà choisi six mois avant qu'on fasse l'appel.
M. COURNOYER: Je vais simplement convenir avec vous d'une chose. Le
recrutement, ce sont les listes d'admissibilité, les concours et tout
ça. Cela relève de la Commission de la fonction publique et je
demanderai au président de la Commission de la fonction publique de
venir ici. Parce que c'est lui qui doit répondre de ça devant
vous. Pas le sous-ministre actuel. Et moi, personnellement, vous me posez des
questions quant aux intentions de la Commission de la fonction publique.
M. VINCENT: La banque de renseignements des salariés, est-ce que
c'est aussi administré par la Commission de la fonction publique?
M. COURNOYER: Par le ministère.
M. VINCENT: A huit heures et quart ce soir.
M. COURNOYER: Je m'excuse, il est là, le président. Je ne
l'avais pas vu.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez vous asseoir.
M. COURNOYER: Ce soir?
M. BURNS: Si vous voulez vous parler avant, on peut ajourner.
M. VINCENT: Entre-temps, M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au ministre? A la page 48, vous avez en annexe E:
Distribution des salariés syndicables du secteur public par secteurs,
catégories, nombre d'employés. On dit que, dans la fonction
publique, il y a 41,521 personnes; offices et régies, 4,190 et la RAQ
qui relève quand même directement de ce qui est
considéré comme la fonction publique, 2,300. Mais combien en
avons-nous en plus de celles-là qui sont non syndiquées? Ce sont
des syndicables, les salariés syndicables. Pour faire le total.
M. COURNOYER: Pour la fonction publique seulement?
M. VINCENT: Pour la fonction publique.
M. COURNOYER: Par rapport à cela, des non-syndiqués, il
doit y avoir, en gros, 500 cadres supérieurs. Je vous
énumère cela à l'oeil, mais il n'y a pas trop d'erreurs
dans ce que je dis.
M. VINCENT: Approximativement.
M. COURNOYER: Il y a une soixantaine de sujets; donc, le sous-ministre,
les présidents de
commission, offices et régies, ce sont eux aussi, d'une certaine
façon, des gens de la fonction publique. A côté de cela,
vous avez 500 cadres supérieurs, c'est-à-dire des administrateurs
I, II, III et IV et vous avez autant d'adjoints aux cadres. Alors, ça
fait 1,000 personnes dans ce qu'on appelle "cadres supérieurs et
adjoints" au gouvernement. Après cela, vous avez 4,000 professionnels
dont un certain nombre de non syndicables. Mais, c'est dans les organismes
comme la fonction publique, la commission d'un ministère et les bureaux
de personnel, etc. Vous pouvez en avoir peut-être 500 qui sont non
syndicables, soit confidentiels, soit de la gérance. Dans le reste, vous
avez les cadres: parmi les ouvriers, vous avez 600 contremaîtres à
peu près; vous devez avoir, je présume 8 p.c. à 10 p.c,
donc, 250 cadres parmi les agents de la paix.
Chez les enseignants, il n'y en a presque pas, peut-être une
trentaine. Donc, c'est l'addition de ce total, plus les cadres des
fonctionnaires. Sur les 22,000, il y en a à peu près 2,000
à 3,000 non syndicables.
En gros, je dirais 5,000 personnes probablement.
M. VINCENT: A peu près 5,000. Maintenant, quand on arrive...
M. COURNOYER: A peu près 5,000. Mais cela ne comprend pas la
Sûreté provinciale.
M. VINCENT: Mais quand on arrive au total...
M. COURNOYER: Oui.
M. VINCENT: On parle ici de 248,742 salariés syndicables des
secteurs public et parapublic.
M. COURNOYER: 250,000, c'est ça.
M. VINCENT: On parle toujours de 250,000, mais est-ce que vous avez le
nombre en incluant tout le personnel de cadre...
M. COURNOYER: Des hôpitaux et des commissions scolaires?
M. VINCENT: Oui. M. COURNOYER: Environ 300,000. M. VINCENT: Environ
50,000 de plus? M. COURNOYER: A peu près, oui.
M. VINCENT: Alors, ce sont 300,000 salariés qui font partie de la
masse salariale. Maintenant, à l'intérieur de ces pages 48 et
49...
M. COURNOYER: Cela ne comprend pas les médecins de
l'assurance-maladie. Les médecins régis par l'assurance-maladie
n'y sont pas compris.
M. VINCENT: Ah bon!
M. COURNOYER: 7,000 médecins sont à part.
M. VINCENT: 7,000 médecins.
M. COURNOYER: C'est complètement une autre affaire, ils ne sont
pas là-dedans.
M. VINCENT: Maintenant, quand on parle, dans ces pages, de
résidu, cela signifie quoi?
M. COURNOYER: C'est à cause des catégories. C'est un
résidu statistique si je puis dire. Ce sont des catégories.
M. VINCENT: Je n'aime pas l'expression.
M. COURNOYER: Disons que c'est un résidu statistique. Je suis
bien d'accord que le mot est...
M. VINCENT: On aurait dû mettre "statistique" entre
parenthèses.
M. COURNOYER: Il me manque une personne et c'est elle qui a fait
cela.
M. VINCENT: Parce que, ici, on parle de 1,181...
M. COURNOYER: Ce sont des catégories de fonctions qui ne sont ni
fonctionnaires, ni professionnels, ni ouvriers, ni agents de la paix. Qu'est-ce
au juste? Je vous avoue que je ne le sais pas.
M. VINCENT: La définition du dictionnaire n'est pas tellement
belle.
M. COURNOYER: Non, nous voulons dire que c'est un résidu
statistique. C'est-à-dire quelque chose qui n'entre pas dans d'autres
catégories. Quelquefois dans les tableaux statistiques, c'est inscrit
"divers".
M. VINCENT: Maintenant, je pense que le ministre est en mesure de...
M. LE PRESIDENT: Pour la Commission de la fonction publique, ceux qui
ont des questions; le ministre peut répondre au nom de la Commission de
la fonction publique.
M. LATULIPPE: J'aurais une question.
M. LE PRESIDENT: Pour la Commission de la fonction publique?
M. LATULIPPE: Je voulais remettre en cause le système de
recrutement, le ministre...
M. COURNOYER: Si vous reformuliez votre question.
M. LATULIPPE: Avant de reprendre cela, j'aurais une autre question.
Relativement aux 50,000 non assujettis par la loi 19, est-ce que le cabinet a
pris une décision là-dessus? Seront-ils exclus ou seront-ils
maintenus dans le décret 19?
M. COURNOYER: Vous parlez du bill 19? M. LATULIPPE: Oui.
M. COURNOYER: Tout amendement au bill 19 devra être soumis
à l'Assemblée nationale avant le 30 juin.
M. LATULIPPE: Donc, il n'y a pas encore eu de décision prise
à ce sujet.
M. COURNOYER: Aucune. M. LATULIPPE: Merci
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, puisqu'on veut parler de la Fonction
publique en général, je voudrais faire au moins une grande
remarque d'ordre général. Si on se rappelle, à l'origine,
pourquoi le ministère de la Fonction publique a été
formé... Soit dit en passant, j'ouvre une parenthèse avant
d'entrer dans le sujet, je me sens tout à fait libre de faire les
remarques que j'ai l'intention de faire parce que le ministre est un nouveau
ministre en fonction, bien qu'il ait déjà péché par
sa présence sous un autre gouvernement. Donc, il devrait être
parfaitement au courant.
Si on revient à l'origine de la formation de ce ministère
de la Fonction publique, on me contredira si je fais erreur, je pense qu'on
voulait former un grand service du personnel du gouvernement. On voulait aussi
lui donner un caractère d'objectivité par l'entremise de sa
Commission de la fonction publique.
Actuellement, on remarque à gauche et à droite, chez les
fonctionnaires et même chez ceux qui voudraient l'être, qui
voudraient postuler etc., qu'on ne croit pas du tout à la valeur
objective du ministère de la Fonction publique. Quand je dis à la
valeur objective, on ne croit pas au fait que cette fonction publique et sa
commission soient impartiales.
L'ensemble de l'impression retirée de l'extérieur et
même de l'intérieur chez les fonctionnaires, les fonctionnaires
qui postulent des postes, est que tout est court-circuité d'avance,
qu'il y a des choses préparées d'avance et que la Commission de
la fonction publique, je le dis en toute liberté, je ne vise pas les
fonctionnaires qui y sont parce que si c'est ça, ça fait partie
de tout un système dont ils sont absolument indépendants.
Je ne vise pas personnellement les individus ni le ministre. Je le
soulève simplement parce que je voudrais que le ministre, au moins, dans
l'année qui vient, puisse tenter d'y trouver des solutions.
Je m'explique par une anecdote vécue, très récente.
Probablement qu'il y a d'autres députés qui en ont eu
connaissance mais qui ne veulent pas en parler. En tout cas, c'est à
leur goût, mais il y a un fait assez précis qui s'appelle le cas
de M. et on va le nommer, parce qu'il nous a permis de le nommer
Jean-Guy Rivest. Je raconte ce cas-là juste pour illustrer ce que je
veux dire. Et avant d'aller plus loin dans mon illustration, je veux dire tout
simplement que, comme dans le domaine de l'administration de la justice, dans
le domaine de l'administration du personnel, non seulement il faut que justice
soit faite, mais il faut qu'apparence de justice soit faite. Je pense que c'est
ce qui manque le plus actuellement au ministère de la Fonction publique
et c'est de là que vient le manque de confiance et des fonctionnaires et
des gens qui voudraient postuler un poste de fonctionnaire à
l'égard du ministère. Ils ne croient pas que justice a
été faite ou que si justice a été faite, apparence
de justice n'a pas été faite.
Je vous parle du cas de M. Jean-Guy Rivest, c'est une toute petite
anecdote. Ce M. Rivest était à l'emploi du ministère des
Communications. A un moment donné, il voit la possibilité de
demander un emploi au ministère des Transports, au poste de directeur du
service aérien. Je n'entrerai pas dans les détails, mais il
semble que le monsieur en question satisfait à toutes les exigences de
la fonction. Il se retrouve devant un jury et encore une fois, je ne me
gêne pas, il est important qu'on donne des noms pour qu'on ne s'imagine
pas qu'on charrie et qu'on met de la poudre aux yeux des gens il
rencontre un jury qui est formé de trois personnes. Ces trois personnes
sont je vais vous trouver les noms de ces trois personnes M.
Benoît Sainte-Marie qui, alors, était au CEGEP Edouard-Montpetit,
M. Laurent Bernard, d'Air Canada, et de M. Marcel-G. Baril, sous-ministre
adjoint aux Transports. Le candidat en question c'est son droit de le
penser et je livre son impression pour ce qu'elle vaut, vous pourrez en faire
ce que vous voulez mais vous allez voir que cette impression qu'il avait prend
du poids par le déroulement du scénario avait l'impression
que c'était un poste déjà désigné à
une autre personne qui postulait le poste. Je ne le mentionnerai pas, parce que
c'est un fonctionnaire et je pense que ce n'est pas sa faute s'il a
été mêlé à ça. De toute façon,
la rencontre avec le jury se fait et le résultat sort de la façon
suivante: M. Jean-Guy Rivest, la personne en question, se trouve jugé
comme tout à fait apte à remplir le poste et est coté
à 77 p.c. C'est-à-dire qu'il est le mieux coté des
candidats qui ont passé devant le jury, et l'autre personne, que je ne
veux pas mentionner, est cotée à 62 p.c. De sorte que le jury,
à ce
moment-là dit: Ces deux personnes-là seraient aptes
à remplir un poste comme celui-là et nous les recommandons toutes
les deux.
Tout à fait par hasard, quelques semaines plus tard, M. Rivest
apprend que le concours qu'il avait passé avec succès,
apparemment, d'après ce que je vous relate, était rescindé
parce qu'on voulait rediscuter du poste, on voulait le redéfinir.
Effectivement, on lui dit : Il n'est pas question de faire quoi que ce soit
dans l'immédiat à l'égard de ce poste, parce que le
ministère des Transports veut revoir ce poste, chose, remarquez, que le
ministère des Transports, je l'admets d'avance, a parfaitement le droit
de faire. Sauf qu'il arrive un tout petit incident. Un des membres du jury
rencontre la personne en question dans l'intervalle et lui dit: Moi, ça
allait bien, je m'en allais comme sous-ministre associé aux Transports,
sauf que ça ne marche plus. Je pense qu'il va y avoir un autre concours
et que je devrai postuler ce poste. C'est une personne qui est du jury,
nommément, M. Benoit Sainte-Marie.
Effectivement, c'est ce qui arrive. Et pour vous montrer le
sérieux de l'affaire, M. Rivest en question ne laisse pas l'affaire
là. Apprenant cette situation, il s'en va directement chez le Protecteur
du citoyen, lui soumet le cas et lui dit: Je suis à la veille
d'être victime d'une injustice. Je vous dis tout de suite qu'il va y
avoir un nouveau concours.
Je vous dis tout de suite que ce ne sera pas moi qui aurai le poste et
je peux vous nommer qui aura le poste, c'est-à-dire une personne qui
était dans le jury. Et, effectivement "to make a long story short",
c'est ce qui est arrivé.
Ce qui est arrivé, c'est que le deuxième concours a eu
lieu et, encore une fois, M. Rivest s'est présenté, sachant ce
qu'il savait, et ce qu'il avait prévu est arrivé,
c'est-à-dire que la personne qui était membre du jury s'est
retrouvée avec le poste.
L'histoire que je vous raconte remonte au mois de juin 1971 et a eu son
dénouement le 1er mars 1972 par la mise en poste de la personne en
question. Et aujourd'hui, on offre à ce monsieur, qui était
d'abord suffisamment compétent pour être le premier
désigné lors du premier concours, de devenir l'assistant de ce
monsieur qui est en poste actuellement.
Quand je vous dis qu'actuellement le gros défaut du
ministère et par le fait même, c'est le côté objectif
de la Commission de la fonction publique qui en souffre, c'est qu'on a
l'impression qu'il y a des patroneux quelque part, qui selon une expression
à la mode "grenouillent" là-dedans. Cela a peut-être l'air
bête de dire cela mais c'est l'impression et pourquoi ne pas le
dire tout haut que tout le monde a à l'égard et du
ministère de la Fonction publique et de la Commission de la fonction
publique.
Je pense que la première fonction du ministre, s'il veut vraiment
je sais que le ministre est intéressé à faire de ce
ministère un ministère qui se tienne en faire un
ministère qui servira aux fins pour lesquelles il a été
conçu, c'est d'enlever de ce ministère cette espèce
d'aspect, d'impression que tout le monde a, indiquant que cela sert à M.
Paul Desrochers, cela sert à M. le ministre Untel, ou cela sert à
M. le ministre Untel autre, ces histoires de concours complètent
factices, de ces concours complètement faits pour sauver une face, qui,
dans le fond, ne sauvent aucune face.
Et, encore une fois, je reviens à mon énoncé du
début, si un supérieur d'un ministère veut choisir M. X,
M. Y ou M. Z pour un poste précis, un poste de cadre qui ne
relève pas de la mécanique de la convention collective avec les
fonctionnaires, avec es professionnels ou avec qui que ce soit, c'est
parfaitement son droit. Et les gens le comprendront. Si le ministre, par
exemple, demain, veut choisir un secrétaire particulier qui est M. X, je
demande au ministre d'au moins ne pas faire la farce de le faire passer par la
Commission de la fonction publique alors qu'il est déjà
choisi.
On a l'impression que c'est ce qui se passe au ministère de la
Fonction publique. En cela, on ne pourra pas le critiquer. On critiquera la
décision d'utiliser cette méthode-là. On a le droit, mais
on ne critiquera sûrement pas la décision d'utiliser
l'institution. C'est cela qui est plus grave. C'est cela qui
dégénère, qui dégrade l'institution.
Et je pense que cela est constant malheureusement. En tout cas, c'est
l'impression que tout le monde a, y compris moi-même et probablement
même le ministre.
Je l'engage, personnellement, à tenter de régler au moins
ce problème et c'est cela que je veux dire quand je dis: Non seulement
il faut que justice soit faite, il faut qu'apparence de justice soit faite.
J'insiste énormément sur cet aspect. Autrement, la
Commission de la fonction publique n'a plus sa raison d'être. On mettra
la hache dedans, on la fera disparaître et on fera du patronage
ouvertement et on dira : T'es du côté du régime, on
t'embarque. Tu n'es pas du côté du régime, t'embarques
pas.
Si c'est cela, qu'on le dise ouvertement et la population saura au moins
à quoi s'en tenir.
Mais qu'on ne mette pas un cadre supposément objectif pour le
faire servir à des fins tout à fait subjectives. Et si ce n'est
pas cela, qu'on nous le prouve. Mais de la façon que cela fonctionne
actuellement, je n'ai pas l'impression que c'est comme cela. Je n'ai pas
l'impression que c'est très objectif.
Et cela dit, avec toute la déférence et avec tout le
respect que je peux avoir pour les fonctionnaires qui sont mêlés
à la Commission de la fonction publique. Encore une fois, ce n'est
peut-être pas leur faute directement, à eux, mais c'est
peut-être la faute du système.
Si c'est cela, qu'on le dise et qu'on le règle le
problème.
Mais que des choses comme celles-là, qu'un membre d'un jury se
retrouve, dans un deuxiè-
me concours, lequel avait été rescindé, être
celui qui obtient le poste, je dis que c'est absolument inconcevable. C'est
absolument dirigé en vue de détruire l'institution. Encore une
fois, si l'institution ne vaut rien, qu'on la jette au panier. C'étaient
les remarques que j'avais à faire sur ce point. Je ne sais pas si le
ministre a des commentaires mais je suis prêt à m'arrêter
ici.
M. COURNOYER: Je n'ai pas tellement de commentaires sauf que les faits
que vous avez décrits sont pour le moins non pas troublants mais
indicatifs. Personnellement je ne me trouble pas facilement. Benoît
Sainte-Marie est sans doute quelqu'un je le prends ici parce que c'est
lui qui aurait le poste depuis le mois de mars ...
M. BURNS: Oui.
M. COURNOYER: ... qui connaissait l'aviation puisqu'il pouvait
être membre d'un jury, c'est un gars de CEGEP, il avait été
choisi, d'abord pour ses connaissances...
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre, je ne discute pas de la
capacité et des valeurs de M. Sainte-Marie. Vous déplacez le
problème.
M. COURNOYER: Vous discutez de la rescision du concours.
M. BURNS: J'ai discuté de la situation et il s'adonne que M.
Sainte-Marie est dans le portrait. C'est malheureux pour lui mais en tout cas
c'est comme ça que ça marche.
M. COURNOYER : Vous arrivez avec ça dans la Commission de la
fonction publique...
M. BURNS: Et le reflet que cela peut avoir sur le ministère.
M. COURNOYER: Oui, sur tout le ministère et surtout sur la
Commission de la fonction publique. Le ministère n'est pas aussi
indépendant, politiquement, que la Commission de la fonction publique
peut l'être ou devrait l'être ou l'est. Pour le moment je n'ai rien
à dire sur la Commission de la fonction publique. Tout ce que je dis
c'est que politiquement le ministère de la Fonction publique est
drôlement impliqué dans ça. C'est un ministère,
même s'il y a uh sous-ministre qui ne fait pas de politique, qui
relève d'un ministre donc d'un homme politique et c'est le ministre qui
est censé être le patron de ce ministère. Mais je ne suis
pas le patron de la Commission de la fonction publique qui doit, justement,
éviter les préférences politiques. Cela ne veut pas dire
qu'un type qui est rouge n'est pas bon; qu'un type qui est bleu n'est pas bon;
qu'un péquiste n'est pas bon. Cela ne veut pas dire non plus qu'un
ministre, qui a trois gars devant lui et ce n'est pas le cas qu'on a ici
qui sont tous les trois qualifiés par la Commission de la
fonction publique, va faire exprès pour choisir le péquiste
aujourd'hui. Je pense qu'on se comprend, il ne fera pas exprès pour
le...
M. BURNS: Parce qu'il va se faire blackbouler au conseil des
ministres.
M. COURNOYER: Non, sans se faire blackbouler, écoutez. Il ne
s'agit pas de patronage, il y a des personnes qualifiées. C'est le
processus de qualification qui semble vous écoeurer tout
particulièrement, et qu'on l'utilise pour passer quelqu'un dont on a
décidé du poste avant. Cela arrive que c'est peut-être
vrai, monsieur. Je ne sais pas. Je ne peux pas vérifier ce cas-là
en particulier. Il est fort possible que parfois le choix du jury indique qui
va être là. Mais pour celui-là, je tiens à vous dire
que ce n'est pas tout à fait ça parce qu'il ne se peut pas que le
premier jury ait choisi le gars qui va être choisi par le
deuxième, non pas comme candidat mais comme occupant le poste. Je ne
sais pas comment c'est arrivé. Dans le temps où vous l'avez
décrit, cela a commencé en 1971...
M. BURNS: En juin 1971.
M. COURNOYER : Est-ce qu'on a effectivement redéfini ou
rediscuté le poste? Je ne le sais pas non plus. Est-ce que les
prétentions de M. Rivest sont à l'effet qu'on n'aurait pas
défini ou redéfini le poste?
M. BURNS: On l'a redéfini mais à peu près pas. De
toute façon il se qualifiait au deuxième aussi.
M. COURNOYER: Et l'autre aussi était qualifié au
deuxième.
M. BURNS: Ah oui!
M. COURNOYER: Et il s'agissait de deux concours différents.
M. BURNS: M. le ministre vous êtes plus intelligent que ça.
Vous comprenez très bien l'association d'idées que je fais. Vous
êtes très intelligent, je vous connais depuis de longues
années. Je dis tout simplement que l'association de ces
événements est absolument indécente à mon avis
comme résultat. Qu'il soit entendu dès le départ que pour
moi le ministère de la Fonction publique je le sais
drôlement, ayant été un vis-à-vis d'un service du
personnel à plusieurs reprises en tant que service du personnel,
ne peut pas être objectif, c'est bien évident, c'est admis, et
c'est normal. Il est partial et c'est normal qu'il le soit. Il prend position
pour le gouvernement vis-à-vis de ses employés. En tant que
service du personnel on ne peut pas le blâmer là-dessus. Ce que je
déplore c'est qu'on ait tenté de mettre un
caractère objectif dans cet aspect subjectif qui s'appelle le
service du personnel, et que ça on n'y croit plus. Si vraiment on est
rendu à ne plus croire à ça, je me pose même la
question à savoir quelle est l'utilité pratique de la Commission
de la fonction publique.
M. COURNOYER: J'ai l'impression, M. le député de
Maisonneuve, que vous ne faites pas comme moi la distinction entre la
Commission de la fonction publique et le ministère.
M. BURNS: Je la fais très bien. Je vous dis que le
ministère comme tel est partial et c'est normal qu'il le soit. Que M.
Bolduc ne prenne pas les intérêts du gouvernement, je le
blâmerais. Je l'engueulerais comme du poisson pourri Heureusement qu'il
les prend, les intérêts, et Dieu sait comme il les prend bien.
Mais ce n'est pas son travail d'être objectif, M. Bolduc. Je ne
lui demanderai jamais ça. Mais à la Commission de la fonction
publique, on peut demander ça, parce que c'est l'apparence
d'objectivité qui est censée se trouver là-dedans, dans
cet appareil subjectif qui s'appelle le ministère, que j'appelle le
service du personnel du gouvernement. Je pense que je suis assez clair. Je fais
la distinction. Je la fais très bien. Sauf que je ne veux pas qu'on
utilise un organisme qui est de caractère quasi judiciaire, à
toutes fins pratiques, qui a quand même des pouvoirs quasi judiciaires en
vertu de la Loi de la fonction publique, qui juge au même titre qu'un
tribunal d'arbitrage qui, dans certains cas, juge même des choses qui
relèvent habituellement du rôle du commissaire-enquêteur, en
vertu du code du travail. Qu'on ne dégrade pas cette institution.
Je demande aux politiciens qui sont autour de ça, de les laisser
tranquilles, les gars. C'est ce que je demande, dans le fond. Si je me trompe,
qu'on me dise que je me trompe. Qu'on ne le dise pas à moi, parce qu'il
y a un paquet de gens à convaincre à part moi. Il y a un paquet
de gens qui ne croient plus à la Commission de la fonction publique.
C'est le problème que je soulève et je ne mêle pas les deux
problèmes; vous êtes bien au courant.
M. COURNOYER: Oui, je saisis.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Dans le même ordre d'idées, je pourrais dire,
sans me tromper, qu'au niveau du fonctionnarisme, il arrive qu'au stade des
secrétaires, on leur dise: Si tu ne connais pas quelqu'un pour faire ton
"pushing", tu n'es pas capable d'entrer dans tel ministère.
Déjà, on nous dit que les jeux sont faits d'avance. Ce n'est un
secret pour personne; tout le monde le sait. Dans l'opinion publique, la
Commission de la fonction publique ne semble pas réellement jouer le
rôle pour lequel elle a été conçue. On oserait
même dire qu'elle s'est un peu prostituée au profit de l'appareil
gouvernemental ou encore au profit du fonctionnarisme.
Quelles seraient, selon vous, M. le Président, les mesures que la
commission pourrait justement envisager pour améliorer la situation en
vue de redorer le prestige de la commission qui est fortement compromis? S'il
n'y a pas de mesure, est-ce que vous envisagez d'autres mécanismes ou si
les techniques de concours et autres vont subir des modifications en fonction
des nouveaux efforts de normalisation et d'intégration pour qu'une telle
situation ne se prête plus parce que les cadres seront mieux
définis, etc.?
M. COURNOYER: Je pense que M. le député de Maisonneuve
avait quelque chose de précis, c'est-à-dire l'érection
pratiquement vous ne l'avez pas dit, mais c'est ce que ça voulait
dire à ce système d'une élimination à deux
échelons de personnes qu'on ne veut pas voir. Je dis: Qui est-ce qu'on
veut?
On aurait pu avoir seulement un échelon et dire: Voici, M.
Sainte-Marie ne fait pas partie du jury, il est ici avec les deux autres qui
étaient déjà là en concours. Là, vous n'avez
pas d'objection à ce que M. Sainte-Marie, même avec 64 p.c, soit
choisi par le ministre des Transports. A condition que ce ne soit pas
basé sur un leurre et qu'il soit qualifié.
M. BURNS: Que ce ne soit pas une espèce d'appareil
pseudo-objectif. Et je peux vous citer d'autres cas, M. le ministre. Dans votre
propre ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
récemment...
M. COURNOYER: Voulez-vous que je vous donne des cas dans mon
ministère?
M. BURNS: Je peux t'en donner bien plus si tu veux, ça ne me fait
rien.
M. COURNOYER: Excusez-moi, il faudrait dire vous.
M. BURNS: Vous.
M. COURNOYER: Si vous en avez un pour moi, donnez-le moi donc.
M. BURNS: Vous avez, à la Commission des accidents du travail,
très récemment, neuf personnes qui ont posé leur
candidature à un poste. Il y a eu une personne convoquée au
concours, la personne qui l'a eu.
M. COURNOYER: Les autres n'ont pas été
convoquées?
M. BURNS: Non.
M. COURNOYER: J'ai mon voyage. Celle-là relève de moi.
M. BURNS: Je vous donnerai les détails. Je n'ai pas la permission
de parler de noms et je n'en parlerai pas.
M. COURNOYER: Non, ne parlez pas de noms.
M. BURNS: Dans l'autre cas, j'avais la possibilité d'en parler,
mais je ne vous parlerai pas de nom dans ce cas-là. Il y en a, c'est
plein,
M. COURNOYER: M. le Président, j'aimerais que soit bien saisie la
distinction entre la déclaration d'admissibilité d'une personne
et la nomination de cette personne à titre temporaire pour devenir
après ça, à titre permanent. C'est un processus qui est
inscrit dans la loi. La nomination ne relève pas de la Commission de la
fonction publique. Elle relève du titulaire du ministère. Quant
à l'organisation des concours, cela relève de la Commission de la
fonction publique. Qu'il y en ait eu deux à un moment
donné...
M. VINCENT : En prenant les commandes du ministère.
M. BURNS: C'est ce que je dis, M. le ministre. Demandez donc à
vos collègues du cabinet que, s'ils veulent nommer des gens à un
poste, qu'ils les nomment. Les gens qui voudront hurler, hurleront. Mon point
est qu'on utilise pas la Commission de la fonction publique comme un front.
Comme disait Marchand que le FRAP est un front, je sais fort bien ce que je
veux dire quand je parle de front, lui ne le savait pas. Qu'on n'utilise pas la
Commission de la fonction publique comme un front pour des placements de gens
et dire: Ah! ne chialez pas, messieurs, on a nommé M. X, Y, Z, mais il a
été choisi par la Commission de la fonction publique. C'est ce
que je ne veux pas. C'est cela qui est de la folie furieuse.
M. COURNOYER : Je suis d'accord avec vous pour le mentionner,
répéter.
M. BURNS: Dites-le à vos collègues du cabinet.
M. COURNOYER: Je le dis par le truchement de la lecture des
procès-verbaux, les gens sont choisis par les titulaires des
ministères avec le processus qu'il y a.
M. BURNS: Qu'à ce moment-là eux sachent que, s'ils
choisissent quelqu'un à l'avance, qu'il ne passe pas par la
bouffonnerie, par la mascarade de les faire passer par des concours ouverts
à tout le monde. Dans le cas que je vous ai cité, dans le cas de
Rivest, c'était un concours qui était ouvert et aux
fonctionnaires et au public en général, ce qui est pire. Si c'est
un petit gag à l'intérieur, pour les fonctionnaires, les
fonctionnaires sont habitués. Ils savent qu'ils se font tromper. Ils
sont d'accord et disent: Bon, on y va, on prend une chance. Si cela marche tant
mieux et si cela ne marche pas ce ne sera pas nouveau pour nous. C'est ce que
se disent les fonctionnaires. Faites le petit sondage chez vos fonctionnaires.
Là c'est le grand public au complet qu'on embarque dans cette
bébelle-là. C'est ce que je trouve absolument inconcevable. Ou
bien cette institution doit disparaître ou bien on va la faire servir
à ce pour quoi elle devrait servir. Qu'on laisse tranquilles ces
personnes et qu'on ne les fasse pas servir de front. Tantôt je ne
blâmais pas les fonctionnaires de la Commission de la fonction publique,
je ne sais pas jusqu'à quel point ils y sont mêlés sur le
plan politique ou pas, je ne le sais pas. Il reçoivent sûrement de
temps à autre des plaquages venant du cabinet, c'est une
présomption mais je suis sûr que je ne me trompe pas beaucoup
quand je dis qu'ils reçoivent sans doute des plaquages et qu'on leur
dit: Ce serait peut-être mieux de te tasser sur le bord de la bande dans
ce cas.
M. COURNOYER: Je suis content quand même de vous entendre dire
cela, M. le député de Maisonneuve. Quand j'étais ministre
de la Fonction publique avant aujourd'hui et pas nécessairement depuis
que je le suis, j'ai entendu beaucoup de remarques sur le fait que la
Commission de la fonction publique engageait ou tentait d'engager des gens qui
étaient de votre parti.
M. BURNS: Ce n'est pas un problème, ils ont le droit d'engager
les plus compétents. C'esi leur choix.
M. COURNOYER: Alors, c'est justement le but premier de la Commission de
la fonction publique de faire en sorte que ceux qui sont admissibles sont
sensés être compétents pour remplir l'emploi.
M. VINCENT: M. le Président, c'est le...
M. BURNS: Remarquez que, quand je vous dis cela, je ne vérifie
pas les allégeances politiques de qui que ce soit. Dans le cas de M.
Rivest, je ne connais même pas ses allégeances.
M. COURNOYER: Je le connais, moi. C'est un type qui est venu deux ou
trois fois à mon bureau avant que je sois ministre de la Fonction
publique. C'est un type que je connais et qui demeure dans mon comté,
à part cela, je tiens à vous le dire.
M. BURNS: Il ne demeure pas dans votre comté il demeure dans un
comté des créditistes maintenant.
M. COURNOYER : Il est revenu par ici?
M. BURNS: Oui, dans le comté de Lotbi-
nière, il s'est acheté une ferme. En tout cas je ne veux
pas lui faire de la publicité...
M. COURNOYER: A-t-il un terrain d'aviation?
M. BURNS: Tout cela, dans le fond, pose la question de savoir où
on s'en va avec notre fonction publique. Ce n'est pas mon genre de soulever des
problèmes de patronage et tout ça, parce qu'en fait, tant qu'un
certain régime existera, il y en aura toujours du patronage. Nous
espérons que, quand nous serons au pouvoir, nous autres, il n'y en aura
plus.
C'est sérieux, ce que je dis. C'est un aparté, c'est un
obiter dictum, comme disent les juges. Je pense que ça pose la question
suivante: Est-ce qu'au fond on veut la revaloriser, la fonction des
fonctionnaires? Est-ce qu'on veut avoir des fonctionnaires qui sont vraiement
là parce qu'on en a besoin? Vous savez que toute la politique du
gouvernement de mise sur les tablettes comme on l'appelle, nous permet de nous
poser de sérieuses questions à cet égard. Vous vous
souvenez que, l'année passée, M. le ministre, je vous avais
posé la question à l'égard de personnes qu'on payait
à des salaires de $15,000 et plus, qui étaient autrefois à
la Commission des relations de travail, qu'on a mis sur des tablettes, je ne
sais pas pendant combien de temps, parce que M. Bellemare en avait
décidé ainsi dans le temps. J'ai loué certaines de ses
initiatives législatives, mais, entre autres, celle-là je ne l'ai
jamais louée: le fait de dire que, pour faire un changement complet, on
prend des gens qui étaient à la Commission des relations de
travail, puis on les met tous sur des tablettes. Il y avait des personnes
compétentes ; vous vous en êtes rendu compte. D'ailleurs, vous les
avez vues au travail depuis ce temps-là.
M. COURNOYER: A votre suggestion, d'ailleurs.
M. BURNS: A ma suggestion, sûrement, puis elles vous sont
sûrement utiles. Je n'ai pas vérifié leur travail, mais je
suis convaincu, connaissant les personnes, qu'elles vous sont utiles. C'est la
même chose partout, actuellement, à un point tel que les gens,
quand ils parlent de la fonction publique, et des quelque 40,000
véritables fonctionnaires je ne sais pas si c'est le chiffre,
mais ce n'est pas loin de ça ont l'impression que normalement, il
y en a une "gang" parmi eux je ne connais pas la proportion qui
sont sur les tablettes. Quand vous regardez ce qu'on a fait avec des gars aussi
hautement cotés que M. Laurent Laplante qui est maintenant devenu utile;
il fait des éditoriaux dans le Devoir.
M. COURNOYER: Il a trouvé sa vocation.
M. BURNS: Sauf que moi, dans le temps, je ne connaissais pas du tout M.
Laurent Laplante.
Je l'avais écouté une couple de fois à la
télévision et je trouvais qu'il essayait de faire quelque chose
de très sérieux avec l'office. A un moment donné, il s'est
retrouvé sur les tablettes, comme les autres, parce qu'il n'était
pas tout à fait d'accord avec le ministre, j'imagine. En effet, par
quelle autre raison peut-on expliquer ça? Je donne le cas de M.
Laplante; je pourrais vous donner le cas d'un tas d'autres, le cas de M. Rioux.
Vous avez un tas de gens, des compétences, qu'on n'utilise pas parce
que, prétendument, c'étaient des bleus sous un gouvernement
rouge, vu qu'ils ont été engagés en 1969, alors que
c'était un gouvernement bleu. Je trouve cela aberrant comme attitude. Ce
que je ne veux pas, c'est que le ministère de la Fonction publique
endosse une telle attitude.
M. COURNOYER: Je ne crois pas, M. le Président, que le
ministère de la Fonction publique endosse cette attitude-là. Je
voudrais voir, cependant, si cette attitude-là se vérifie dans
les faits. Vous avez mentionné tantôt le problème des gens
sur les tablettes. Il y a eu effectivement des gens qui ont été
mis sur les tablettes à tous les changements de gouvernement. C'est un
secret de polichinelle, mais, la plupart du temps, il s'est avéré
que c'étaient surtout des gens qui occupaient des postes
immédiatement attachés au ministre, ou surtout ceux qui avaient
été membres des cabinets de ministres. Maintenant, est-ce que
cela a dépassé ça en 1970?
M. BURNS: Sûrement.
M. COURNOYER: Je vais vérifier.
M. BURNS: Sans vous avoir de nom, je ne nierai jamais je l'ai dit
à la commission de l'Assemblée nationale il n'y a pas tellement
longtemps, quand on a discuté de ce problème, on parlait du
personnel attaché à M. Samson entre autres le droit d'un
politicien qui a, à son service, une personne dont la fonction est
politique. Exemple, mon chef de cabinet qui va devenir permanent la semaine
prochaine.
Il est bien évident que le jour où je ne serai plus
là, il n'y a pas beaucoup de gens qui voudront l'avoir pour travailler
pour eux. C'est un individu qui va être sur la tablette et c'est normal
que voulez-vous? tant qu'on assurera à ces types la
sécurité d'emploi. Cela, c'est une tout autre discussion.
M. COURNOYER: Non, mais je croyais que généralement, on
voyait à cela.
M. BURNS: Je ne suis pas sûr qu'on doive assurer au monde
politique la sécurité d'emploi mais, en tout cas, c'est une autre
affaire. On l'assure actuellement.
M. COURNOYER: Nous sommes peut-être d'accord tous les deux.
M. BURNS : En tout cas, c'est un tout autre problème. Mais
à part ces gens, des postes qu'on appelle éminemment politiques,
je ne vois pas pourquoi on mettrait des gens sur les tablettes. Ils ne sont pas
bons, mettez-les dehors. C'est le problème. S'ils sont bons,
utilisez-les et ne venez pas dire au syndicat que vous n'avez pas d'argent
à mettre dans le pot et que vous avez gratté le fond du baril
parce qu'on veut augmenter les salaires, parce qu'on a un tas de gens qui sont
sur les tablettes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN : Sans vouloir justifier le favoritisme, je voudrais savoir si
l'examen de la Fonction publique constitue un dossier complet. Je pourrais
mettre en doute, par exemple, l'histoire du M. Rivest. Il se passe un examen
qui peut donner une certaine classification. Est-ce qu'il y a, dans l'examen de
la Fonction publique, des tests de personnalité, des tests de
leadership? Est-ce que, s'il y a dix messieurs qui posent leur candidature
à un tel poste, la Fonction publique dit: Ces dix sont
compétents, ils ont un minimum de compétence?
Mais il peut arriver que, parmi les dix, il y en ait un qui a plus de
leadership pour le poste. C'est bien beau d'accuser la Fonction publique, mais
il me semble qu'il ne faut pas lui donner plus de pouvoirs qu'elle n'en a.
C'est déjà une première classification. C'est clair qu'un
ministre ou qu'un parti au pouvoir pourrait abuser; prendre, par exemple,
quelqu'un qui a une quatrième année et en faire un sous-ministre.
La Fonction publique va exercer une certaine filtration pour voir si,
réellement, il a la scolarité.
Est-ce qu'il faut attendre plus que ça de la Fonction publique?
Le gouvernement au pouvoir, c'est lui qui a la responsabilité. Il me
semble que s'il y a un poste où on a besoin de beaucoup de leadership,
il peut avoir dix médecins qui ont la qualification, qui vont passer des
examens à la Fonction publique. Mais seulement, s'ils voient un besoin
d'un poste de leadership, il me semble que parmi les dix, il peut y en avoir un
meilleur que l'autre.
Il y aura toujours des choix pour le gouvernement au pouvoir et je crois
qu'il ne faut pas attendre de la Commission de la fonction publique plus
qu'elle ne peut donner.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, suite aux propos tenus par le
ministre tout à l'heure, si je saisis bien le rouage, c'est le
ministère qui place le quorum, c'est la Commission de la fonction
publique qui organise le concours, c'est la Commission de la fonction publique
qui déclare ou qui établit la liste d'admissibilité des
candidats et c'est le ministère qui choisit dans cette liste.
Est-ce que le ministère choisit effectivement dans la liste, que
le type soit classé 76 p.c, 72 p.c. ou 66 p.c? Le ministre a le droit de
choisir dans la liste, c'est ça?
M. COURNOYER: N'importe lequel qui est jugé compétent par
la Commission de la fonction publique.
M. VINCENT: S'il y en a douze de jugés compétents par la
Commission de la fonction publique... D'ailleurs la Commission de la fonction
publique n'engage jamais, ne décide jamais de l'engagement, le
ministère ou le ministre intéressé peut choisir parmi ces
douze personnes-là, une personne pour occuper tel poste. Et ça
dans les cadres supérieurs, les cadres ordinaires du
ministère...
M. COURNOYER: Dans tous les cadres, dès qu'il s'agit non pas
d'occasionnels quand il s'agit d'occasionnels, c'est autre chose
dès qu'up employé doit entrer dans la fonction publique, quand il
est employé à titre temporaire, c'est selon une liste
d'admissibilité.
M. VINCENT: Dans le cas des secrétaires le
député de Frontenac en parlait tout à l'heure ou
d'officiers d'administration, d'agents de bureau, est-ce encore la même
formule? Le ministre choisit parmi les douze, quinze, vingt, trente, quarante
personnes sur la liste d'admissibilité.
M. COURNOYER: Ou des 5,000 parce que...
M. VINCENT: Ou des 5,000.
M. COURNOYER: ... il y en a un grand nombre considérés
admissibles, car dès qu'il y a un concours à un moment
donné, on a une liste de personnes qui ont soumis une demande de
participation au concours, elles reçoivent des formules ordinaires de la
Fonction publique, l'avis de concours X, Y, ou Z, et les numéros
là-dessus, et puis elles passent le concours. Mais nous devons aller
dans les listes.
M. VINCENT: Est-ce qu'il y a eu un temps où on devait choisir le
personnel de bureau suivant le classement, comme une sténo
secrétaire, par exemple, ou un agent de bureau? Est-ce qu'il n'a pas
été un temps où on devait passer le premier, si le premier
refusait, le deuxième, troisième, quatrième, par ordre de
résultats?
M. COURNOYER: Le président de la commission m'informe que, dans
le cas des emplois dont vous parliez tantôt, des emplois qui sont
invariables, c'est-à-dire que ça s'applique à n'importe
quel ministère...
M. VINCENT: Sténosecrétaires, agents de bureau...
M. COURNOYER: Dans ces cas-là, encore aujourd'hui, c'est par le
processus de sélection suivant la hiérarchie un, deux, trois,
ceux qui ont réussi qui sont choisis. C'est dirigé par la
commission.
M. VINCENT: Est-ce qu'on pourait...
M. COURNOYER: Je ne vous expliquerai pas le pourquoi. Il y a une raison
fondamentale. Il n'est pas possible de donner toutes les listes
d'admissibilité à tous les ministères. Il y a 21
ministères et il y a des régies qui relèvent de ces
ministères. Il y a également des commissions, la Commission du
salaire minimum, au moins, la Commission des accidents du travail aussi. On a
établi comme processus, sur ces emplois interministériels, cela
s'applique n'importe où: sténo, dactylo, secrétaire, que
la Commission de la fonction publique dirige l'emploi. C'est-à-dire
qu'on nous donne la liste des personnes par ordre de succès au
concours.
M. VINCENT: Sur le plan pratique, supposons que, par exemple, quelqu'un
reçoit une lettre de la Commission de la fonction publique lui disant:
Vous êtes qualifié au poste d'agent de bureau, tel échelon.
Cette personne peut être la 35e, la 40e, la 500e ou la 300e sur la liste.
A ce moment-là, le ministre ou son chef de cabinet ne peut pas
intervenir pour dire: C'est celle-là qu'il nous faut, qu'elle soit la
50e ou la 60e à l'intérieur de la liste. C'est celle-là
que nous engageons. On ne peut pas faire cela?
M. COURNOYER: Non, nous ne pouvons pas faire cela selon le
président de la Commission de la fonction publique. Nous ne le faisons
pas à notre ministère et j'ignore comment les autres
ministères procèdent mais nous ne pouvons pas faire cela. C'est
la Commission de la fonction publique qui détermine le personnel
interministériel. Elle a ses listes. Elle dit: Vous avez besoin d'une
secrétaire, la Commission de la fonction publique propose le nom de
madame X qui est la première sur la liste.
M. VINCENT: Mais dans un concours qui relève d'un
ministère, pour un poste en particulier, si la Commission de la fonction
publique a douze noms sur la liste, à ce moment-là le ministre
peut choisir à l'intérieur de cette liste.
J'en profite tandis que le président de la Commission de la
fonction publique est ici. Nous avons vu récemment des offres d'emplois
où il était stipulé qu'un seul candidat serait choisi,
serait recommandé. Je n'ai pas ici le cas, malheureusement...
M. COURNOYER : Quel cas est-ce?
M. VINCENT: Un poste quelconque, un concours à l'intérieur
des ministères. Par exemple, on disait: Concours d'avancement au poste
d'agent de bureau à l'intérieur d'un ministère
donné. On terminait en disant: Un seul des candidats pourra être
déclaré admissible. C'était la première fois que je
voyais cela sur une offre d'emploi.
M. COURNOYER: Dans un cas de promotion...
M. VINCENT: Oui, dans un cas de promotion.
M. COURNOYER: ... c'est un concours ad hoc.
M. VINCENT: Oui.
M. COURNOYER: Une personne seulement est recommandée au ministre.
Il ne peut pas aller voir lui-même. C'est celle-là qui est
recommandée au ministre et on lui donne la liste d'admissibilité
de cette personne comme étant une candidate qualifiée.
M. BOIVIN: S'il y avait une incompatibilité de caractère
avec...
M. COURNOYER: Là, écoutez, l'incompatibilité de
caractère ne serait pas réglée par cela.
M. BOIVIN: Il peut la retourner.
M. COURNOYER: Il la retourne probablement sur les tablettes dont on
parlait tantôt.
M. LE PRESIDENT: Il est six heures. La commission suspend ses travaux
jusqu'à huit heures quinze.
(Séance suspendue à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 13
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je constate encore l'absence du Parti
québécois, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 1: Administration.
Administration
M. LATULIPPE: Je pense qu'il y a aussi un autre phénomène.
Je ne sais pas s'il n'y aurait pas moyen d'apporter une amélioration
à un petit fait que je vais souligner. Je pense qu'il est quotidien.
Quand un patron doit remplacer du personnel subalterne, s'il
procède par une demande courante pour avoir une secrétaire, il
faudra qu'il attende deux ou trois mois. Qu'est-ce qu'il fait? Est-ce qu'il
fait entrer du personnel temporaire, occasionnel? Et occasionnel, s'il se rend
compte que cette secrétaire rend un très bon service, alors il
l'accepte en permanence, est-ce que ce n'est pas ainsi que ça
fonctionne? A cause justement des fonctions, des conditions qu'exige la
commission elle-même.
M. COURNOYER: Disons qu'actuellement, au strict point de vue de
l'organisation du personnel, il s'est produit normalement, non pas de fautes de
la part de la Commission de la fonction publique, mais en même temps que
nous procédions à une évaluation du personnel, non pas du
personnel individuel mais du personnel requis dans des ministères
on appelle ça l'analyse des effectifs en partant de l'analyse des
effectifs, il y a eu une décision gouvernementale, du Conseil du
trésor et du ministère de la Fonction publique, qui disait ceci:
Ecoutez, en analysant les effectifs, il ne faut pas en ajouter. Cette analyse a
été suffisamment longue ou relativement longue. Cela semble
simple au strict point de vue de la discussion qu'on a ici mais c'est plus
compliqué que ça.
M. LATULIPPE: Cela a eu lieu au cours de 1971?
M. COURNOYER: En 1971. Et il y a des ministères où
l'analyse de l'effectif n'est pas encore terminée, si je comprends bien.
Elle se termine maintenant. En ce qui concerne certaines occupations qui
peuvent être de type permanent, vu l'absence de conclusion à
l'analyse de cet effectif les ministères dans mon cas comme
ministre du Travail, et de la Fonction publique ont été
obliges d'employer du personnel occasionnel parce qu'il y avait une sorte de
gel de l'effectif tel qu'il était. Et en même temps qu'on
poursuivait l'analyse, on disait: Quand l'analyse sera terminée,
certains postes que vous demandez maintenant, on vous les autorisera du
ministère de la Fonction publique. Et une fois autorisés, la
Commission de la fonction publique pourra les combler suivant les
procédures normales. Tant et aussi longtemps que l'effectif n'est pas
analysé, cette partie ne relève pas de la Commission de la
fonction publique.
On s'est dit: Il est préférable de ne pas engager de
personnel supplémentaire tant et aussi longtemps qu'on n'est pas
sûr que ce personnel, suite à l'analyse de l'effectif, on en aura
besoin sur une base permanente. On a donc procédé à
l'emploi d'employés occasionnels, mais je ne crois pas et je ne souhaite
pas que cette situation devienne permanente. Une fois l'analyse de l'effectif
terminée et une fois les projections d'effectif également
terminées, on va devoir se conformer totalement cette fois-ci aux
règles de la Fonction publique et ne plus employer d'occasionnels mais
employer des gens qui vont entrer dans le système, les occasionnels
n'étant en fait que ce que la nature du nom dit. Je les emploie sur une
base occasionnelle pour combler occasionnellement un emploi.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il existe une équipe volante
d'occasionnels assez mobile et assez spécialisée dans diverses
sphères?
M. COURNOYER : Pas du tout.
M. LATULIPPE: Non, cela n'existe pas. Avez-vous déjà
pensé faire cela?
M. VEILLEUX: Ils deviendraient des permanents.
M. LATULIPPE: Oui, des permanents mais...
M. COURNOYER: Pour correction, ce ne sont pas nécessairement des
occasionnels, cependant, les gens du personnel permanent comme le personnel de
l'Assemblée nationale. Lorsque l'Assemblée nationale ne
siège pas, ce personnel affecté à l'Assemblée
nationale est affecté, hors les sessions, dans les différents
ministères, qui tentent de l'utiliser le mieux possible. Il arrive que
les périodes d'absence de session sont à peu près
identiques aux périodes de vacances des employés et on utilise
ces gens à bon escient, je l'espère. On les utilise tant qu'on
peut.
M. LATULIPPE: J'aurais une dernière question. Quand un patron
apprend que sa secrétaire le quitte, lui donne un avis pour une raison
motivée ou pas, et n'est plus disponible à son travail, combien
cela peut-il prendre de temps, à partir du moment où le patron
demande une remplaçante, pour avoir du personnel qualifié
permanent à son service? Combien cela prend-il de temps à la
commission pour envoyer telle
personne? Est-ce que cela se fait immédiatement?
M. COURNOYER: Il faut soumettre le problème à la
commission.
M. LATULIPPE: La commission n'intervient pas à ce
moment-là.
M. COURNOYER: Elle intervient dans sa liste d'éligibilité
générale dont on parlait tantôt. Elle a des
disponibilités, j'espère de ne pas me tromper, M. Saindon,
peut-être pas dans tous les emplois, mais je parle ici d'une
secrétaire. Il ne s'agit pas d'une secrétaire de ministre, il
s'agit d'une secrétaire d'un patron. Pour une secrétaire de
ministre, compte tenu du fait qu'il s'agit d'un poste politique, ce n'est pas
du tout de la même façon, mais quand il s'agit de la
secrétaire d'un directeur général par exemple, il fait la
demande et il l'a du jour au lendemain mais il doit en être satisfait. Il
y a une question de satisfaction. On peut lui envoyer trois ou quatre
secrétaires, une après l'autre, il les retourne, parce que cela
ne fait pas l'affaire. Il n'y a pas de patronage là-dedans, je tiens
à vous le dire.
M. LATULIPPE: Il y a une autre chose que j'ai difficilement comprise.
Vous disiez tout à l'heure que le ministère avait charge de la
banque de données relatives aux salariés. Je me demande pourquoi
ce n'est pas la commission qui n'a pas ça sous sa tutelle? Elle aurait
accès, à ce moment, et elle contrôlerait une foule de
données qui lui sont absolument nécessaires pour diriger...
M. COURNOYER: La commission ne contrôle pas les effectifs. Elle ne
fait que qualifier les effectifs, jusqu'à nouvel ordre.
M. LATULIPPE: Pour les qualifier il faut qu'elle sache à qui elle
a affaire.
M. COURNOYER: Il n'est pas question qu'elle sache à qui elle a
affaire dans la banque.
M. LATULIPPE: Je pensais que le dossier était contenu
là-dedans.
M. COURNOYER: Le ministère dit à la commission qu'il y a
un certain nombre de personnes en disponibilité maintenant. Elles ne
sont pas retournées à la commission. La commission fait la
sélection du personnel. C'est cela la distinction très nette que
je voudrais répéter. La commission a un processus de
sélection par examen. Lorsqu'elle a sélectionné les gens,
ces gens sont admissibles à devenir fonctionnaires.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Après être devenu admissibles, leur
admissibilité est d'une durée d'un an?
M. COURNOYER: Pardon?
M. VEILLEUX: Disons qu'il y a douze personnes admissibles à un
tel poste; il y a un poste ouvert, au moment où le concours est ouvert.
Advenant qu'au bout de six mois ou de huit mois, s'ouvre un autre poste, est-ce
que la liste d'admissibilité continue d'exister ou si on ouvre, à
nouveau, un concours?
M. BOIVIN: Il y a un examen tous les ans.
M. COURNOYER: La liste continue d'exister, mais parlez-vous d'un
an...
M. VEILLEUX: Admettons qu'il y a un poste de secrétaire qui est
ouvert. La personne a subi tous les concours, elle est sur la liste
d'admissibilité. Il y a un poste de secrétaire disponbile. Alors
c'est une personne parmi les douze qui est choisie. Mais il en reste onze. S'il
s'ouvre d'autres postes postérieurement à ce concours, est-ce
qu'on continue à puiser dans cette liste d'admissibilité?
M. BOIVIN: Elle est valable pour un an, d'après ce que j'ai
vu.
M. VEILLEUX: Elle est valable pour un an.
M. COURNOYER: Normalement, dans l'année on va puiser dans cette
liste d'admissibilité parce qu'elles sont toutes admissibles. A des
degrés différents, elles le sont toutes. C'est ce que j'ai
expliqué cet après-midi.
M. BOIVIN: Maintenant, on repasse des examens parce que les
mêmes...
M. COURNOYER: Il est possible qu'il y ait de nouveaux candidats au bout
d'un an. Autrement il faudrait épuiser la liste des candidats qui ont
postulé un emploi un an auparavant, avant de pouvoir demander d'autres
candidats. Il est possible aussi que des candidats intéressés il
y a un an aient trouvé d'autres emplois pendant la période
donnée. La période maximale est un an. Au bout d'un an, si on a
besoin de mêmes catégories de personnes, on va faire un autre
concours.
M. VEILLEUX: J'aurais une autre question à poser au
président de la Commission de la fonction publique. Quand une personne
répond aux critères de base, ce qu'on appelle la liste
d'admissibilité, qui la rend apte à subir l'examen
écrit?
Ces gens vont subir l'examen écrit, et plusieurs personnes le
subissent avec succès mais sont pratiquement toujours bloquées
à l'examen oral. Parfois, l'examen oral peut porter un jugement
contradictoire aux résultats obtenus à l'examen écrit.
Est-ce que la commission va réévaluer la valeur de l'examen oral
par rapport à l'examen écrit? Est-ce que ce ne serait pas mieux
d'abord de faire passer un examen oral,
quitte à faire passer l'examen écrit en troisième
lieu plutôt qu'en deuxième?
M. COURNOYER : Oui, peut-être. Les deux examens visent à
apprécier, chez les candidats, des qualités différentes.
L'examen écrit a pour but de mesurer les connaissances professionnelles
tandis que l'entrevue qui comporte ses limites c'est pour cela que ce
sont trois hommes ou cinq, dans certains cas, qui font l'appréciation
des candidats a pour but d'apprécier les qualités plus
personnelles des candidats.
M. VEILLEUX: J'ai eu à faire subir, en tant qu'enseignant, des
examens écrits et des examens oraux. Un examen écrit, les
réponses demeurent écrites. Il y a une possibilité de
réévaluation après. Il y a une possibilité, pour la
personne qui peut se sentir lésée dans un examen écrit, de
demander une révision de son dossier. Mais quand arrive un examen oral,
il ne peut jamais le faire.
A ce moment, la personne peut être pénalisée. Cela
pourrait arriver qu'elle soit pénalisée. Moi, en tout cas,
l'expérience que j'ai comme député d'un comté comme
le mien où plusieurs électeurs font des demandes d'emploi
à la Fonction publique, subissent avec succès des examens
écrits mais sont toujours bloqués aux examens oraux à un
tel point qu'à un certain moment on se demande s'il n'y a pas un blocage
systématique de la part de certaines personnes au niveau de l'examen
oral. Pour ma part, je pense qu'il serait peut-être bon de se poser la
question, si l'examen oral doit demeurer, quitte à faire passer un
examen écrit où on pourrait faire une évaluation.
Il y a toujours des examens écrits où on peut
évaluer les critères que vous avez mentionnés, qu'on
évalue présentement dans l'examen oral. Cela devient quand
même suggestif, un examen oral. L'évaluation d'un examen oral est
beaucoup plus suggestive que celle d'un examen écrit. C'est une chose
que je voulais mentionner, qu'on constate, que j'ai constatée.
M. BOIVIN : Une appréciation est donnée par la Fonction
publique et une autre appréciation est donnée par le gouvernement
au pouvoir. Il ne faut pas se surprendre de cela, c'est mon opinion.
M. VEILLEUX: Moi, je ne parle pas du gouvernement.
M. BOIVIN: Quand il y en a quinze qui ont été jugés
compétents par la Fonction publique, il y a une liste au gouvernement
qui a des influences encore, il ne faut pas le cacher, il a encore des
influences...
M. VEILLEUX: Ce n'est pas ça que je mentionne. Avant qu'ils
soient...
M. BOIVIN: J'ai le droit de parler ici, moi. J'ai donné mon
opinion, j'ai le droit de donner mon opinion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Saint-Jean va
terminer.
M. VEILLEUX: Ce que je voulais dire... M. BOIVIN:... tout à
l'heure.
M. VEILLEUX: ... au député de Dubuc, c'est qu'avant que la
personne soit sur la liste d'admissibilité, où l'homme politique
fait le choix parmi les douze ou quinze personnes, il y a un examen oral et je
dis qu'il peut y avoir à certains moments un blocage systématique
de certains individus à l'examen oral de la part de certaines personnes
à l'intérieur. C'est là le danger.
D'ailleurs, je pense que vous avez dû tenter l'expérience
aussi, le député de Dubuc, parce que moi, je l'ai tentée
à certains moments. Par exprès, lorsque quelqu'un venait me
porter une formule de demande d'emploi de la Fonction publique,
j'écrivais une lettre de référence et je savais que la
personne, même au départ, répondait aux critères
d'admissibilité et elle n'a jamais été convoquée
à l'examen écrit, même si elle répondait aux
critères d'admissibilité. Et selon la loi, à moins que je
ne me trompe, si la personne répond aux critères
d'admissibilité, en ce sens qu'on exige une onzième année,
cinq ans d'expérience dans tel domaine, on doit la convoquer à
l'examen écrit. On n'a pas le choix, on doit la convoquer.
Je sais qu'il y a des gens qui n'ont même pas été
convoqués à cet examen.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je n'ai jamais donné de référence mais,
ce qui arrive, c'est qu'à un moment donné ils se
désintéressent parce qu'il y a des concours qui se passent dans
les régions. Je ne veux pas défendre la Fonction publique mais il
faut tout de même être assez objectif pour dire ce qui se passe. Il
n'y a pas de doute qu'il y a peut-être moins d'examens qui se passent
dans une région comme la mienne, à Chicoutimi, qu'il y en a
à Québec. Et je pense qu'ils sont convoqués même
à Québec. Seulement, peut-être que c'est plus difficile de
venir, pour ces gens-là, qui ne sont pas fortunés, passer ces
examens ici à Québec. Cela doit se passer comme ça dans
les autres comtés.
Je ne vois pas de mauvaises intentions de la part de la Commission de la
fonction publique.
M. VEILLEUX: M. le Président, je veux bien être clair. Je
ne veux pas dire que la Fonction publique est comme ça tout le temps,
mais je dis que ça peut arriver. Je n'ai pas beaucoup
d'expérience mais j'ai pu le constater à certains moments.
M. LAFONTAINE: Est-ce que vous avez une formule de demande d'emploi que
les gens intéressés vont remplir?
M. COURNOYER: Vous allez poser la question que je connais mais avant je
vais vous laisser aller.
M. LAFONTAINE: Je voulais m'assurer qu'elle était encore sur la
liste.
M. COURNOYER: Elle y est encore la question que vous mentionnez; au bas
de la page, à gauche.
M. LAFONTAINE: Le ministre est intelligent il me comprend sans que je ne
parle.
M. COURNOYER : Elle est au bas de la page, à gauche. Je ne sais
pas à quelle place, mais il me semble que c'est au bas de la page,
à gauche, M. Lafontaine. Vous m'avez demandé qui vous a
référé?
M. LAFONTAINE: C'est cela, oui.
M. COURNOYER : Les derniers documents étaient bleus,
ceux-là sont verts.
M. VEILLEUX: Personnellement, les verts sont pour les cadres et les
bleus sont pour les emplois subalternes.
M. LAFONTAINE: Ce n'est plus dans la dernière page à
gauche, c'est dans la première page...
M. COURNOYER: C'est encore à ta gauche, non?
M. VINCENT: Cela dépend de quel côté on se
place.
M. LAFONTAINE: De cette façon-là, elle est à
droite.
J'aimerais savoir du président pourquoi une telle question. A
quoi peut servir le bien de la Fonction publique et à quelle place les
commissaires et les employés de la Fonction publique vont-ils avec une
question pareille?
M. COURNOYER: C'est pour connaître la rentabilité des avis
de concours que nous publions.
M. LAFONTAINE: Seulement cela?
M. COURNOYER: Et dans les journaux...
M. LAFONTAINE: Et ne pas connaître autre chose?
M. COURNOYER: Non.
M. LAFONTAINE: Parce que je me réfère à l'allusion
du député de Saint-Jean comme quoi, à un certain moment,
il écrit une lettre. Elle se rend seulement aux demandes d'emploi et il
n'y a aucune réaction par après, parce que le
député a écrit une lettre de recommandation. Je le
comprends tellement que les gens qui viennent me demander une lettre de
recommandation n'en reçoivent jamais.
M. LEDUC: Parce que vous ne voulez pas qu'ils soient
employés.
M. LAFONTAINE: Je leur dis: Je ne veux pas vous bloquer par le fait que
je vous écrirai une lettre de référence. Et je ne dis pas
cela parce que je suis dans l'Opposition, même au pouvoir, je le
faisais.
M. LE PRESIDENT: Le député de Taillon.
M. LEDUC: J'ai deux commentaires. Au niveau de la réponse que
vient de donner le ministre sur la rentabilité des annonces, je pense
que le meilleur critère que la Fonction publique peut avoir, c'est le
nombre de gens qui se présentent, suite aux postes qui ont
été annoncés, dans les journaux locaux ou
régionaux. Je pense que cela peut être une façon de le
faire. L'autre remarque. A venir jusqu'à il y a à peu près
cinq ou six mois, lorsqu'une personne venait me voir et désirait une
situation au sein de la fonction publique, pour des raisons politiques
et je suis assez honnête pour l'admettre je ne voulais pas qu'elle
puisse être admise, je lui donnais la lettre de référence.
Et si je voulais que le bonhomme puisse avoir une chance d'être
convoqué à un concours, je lui disais: Ignores-moi, ne dis pas
que tu connais le député, tu auras plus de chance d'être
appelé. Cela a changé depuis quatre ou cinq mois, cependant, je
dois l'admettre.
M. LAFONTAINE: Est-ce que cela signifie que vos lettres de
référence ne semblent pas devenir un...
M. COURNOYER: ... un obstacle.
M. LAFONTAINE: ... obstacle comparativement à ce que
c'était il y a quatre ou cinq mois?
M. COURNOYER: Est-ce que cela devient une aide?
M. LEDUC: Pas du tout.
M. COURNOYER: Pas du tout, ce n'est pas un obstacle.
M. LEDUC: Non. C'était une excellente aide pour moi quand je ne
voulais pas que le bonhomme puisse être convoqué, je lui donnais
sa lettre.
M. COURNOYER: Dans mes anciennes fonctions, lorsque je recevais une
lettre de recommandation de la part de quiconque, que ce soit un
député, un ami, un curé, parce qu'il y a aussi des
curés qui envoient des lettres de recommandation, le contenu de la
lettre était extrêmement important et imposant aussi. On prenait
l'habitude, rapidement, de savoir si le député était bien
convaincu ou le curé était bien convaincu de la volonté
qu'il avait et que cette personne était réellement ce que la
lettre décrivait. On trouvait dans la formulation c'est
l'expérience que j'ai eue comme directeur des relations de travail
à la Compagnie canadienne de l'exposition universelle tout
simplement un débarras du ministre ou du député. Une
personne dit: Bon, pas de problème. Moi, je ne l'ai pas analysé
mais j'écris ma lettre. Alors, il faut faire attention à cela
aussi Il ne faut quand même pas minimiser qu'il a certaines lettres que
vous écrivez vous-même, qui sont écrites en toute bonne
foi. Lorsque vous les écrivez vous vous dites qu'effectivement, la
décision appartient à un autre qui le juge et, s'il n'est pas bon
pour arriver à la fonction publique ou à un poste que je lui
recommande, bien, ce sont d'autres qui vont juger. Le rôle des
députés est assez facile ici. Tout ce qu'on peut espérer,
c'est que ce n'est pas une lettre de député qui empêche que
quelqu'un examine le dossier objectivement.
A la Commission de la fonction publique je doute fort qu'on n'examine
pas le dossier parce qu'il a une lettre d'un député. Le processus
de sélection est double. Il y a ce que disait le député de
Saint-Jean tantôt, le premier processus qui consiste à
décider s'il est admissible ou non. Or, ces règles
d'admissibilité sont extrêmement strictes et les mêmes pour
tout le monde. Quand on demande une onzième année pour être
admissible à un concours et qu'on a une neuvième année, le
nombre de lettres de députés n'a pas tellement d'importance non
plus que la façon dont vous écrivez la lettre comme
député. Allez rencontrer un de vos commettants, il est bien
normal que vous lui rendiez un certain service. Pour faire changer la
règle d'admissibilité pas d'égalité
qui est de douze ans de scolarité alors qu'il n'en a que neuf, c'est
malheureux, c'est passablement difficile. Même le ministre ne peut pas le
changer. Les règles ont été écrites. On pourrait
peut-être discuter avec le président de la Commission de la
Fonction publique s'il est d'accord avec le gouvernement quand il accepte
certaines règles d'admissibilité.
On pourrait vous parler des agents de la paix pour deux minutes, M. le
Président, mais je ne veux pas vous placer sur la sellette. D'un autre
côté selon ce qui a été dit la semaine
dernière ici on a convenu à l'échelon
gouvernemental et syndical que pour les agents de la paix, il y avait certaines
conditions d'admissibilité. On était d'accord
là-dessus.
Apparemment, on me dit que la Commission de la fonction publique n'est
pas d'accord sur ça. Je pense que c'est un cas particulier je ne
veux pas amener ça dans plusieurs cas mais il y a probablement
une motivation profonde à ça. J'aimerais qu'on explique,
cependant, cette motivation profonde. Je ne veux pas vous mettre sur la
sellette, encore une fois. C'est moi votre ministre. Il y a une chose certaine,
c'est que c'est moi le ministre de la Fonction publique qui a convenu avec le
syndicat de certaines règles d'admissibilité et que ma Commission
de la fonction publique, dont je réponds présentement, n'est pas
d'accord avec le ministre de la Fonction publique, ministre de l'autre partie
du ministère. Ce sont des choses comme ça qui arrivent. Pour ma
part, je n'ai pas d'objection à discuter de ces choses, même en
privé. Mais ce qu'on a eu ici l'autre jour à la même
commission parlementaire, ç'a été un énoncé
d'entente entre le ministre de la Fonction publique je dis le ministre,
je parle du ministère de la Fonction publique et le syndicat sur
certaines règles d'admissibilité. Que mon autre partie, la partie
de moi-même ne soit pas d'accord avec moi, cela me fatigue un peu,
même si je n'ai pas présidé personnellement à
ça. A part ça, les choses sont bien. C'est une chose qu'il faudra
discuter ensemble.
Quant aux règles d'admissibilité... Il me dit
honnêtement, doucement, doucereusement que c'est une preuve
d'objectivité de la commission.
M. LAFONTAINE: Cela empêche le ministre de bien se coucher le soir
parce qu'il se couche en deux parties.
M. COURNOYER: Je suis "poigné" pour me coucher en trois parties,
le ministre du Travail, le ministre de la Fonction publique et le responsable
de la Commission de la fonction publique. On est trois parties
écartelées.
M. LAFONTAINE: Cela va faire un ministre qui entend dur.
M. BOIVIN: C'est peut-être incompatible.
M. COURNOYER: Pour en revenir strictement aux règles
d'admissibilité, elles sont établies, selon moi, et
publiées pour tout le monde. Quand on décide, dans ces
règles d'admissibilité, par le truchement de la Fonction
publique, que ça prend cinq pieds et huit, cela va me prendre un paquet
de lettres de députés, de ministres, de curés pour pouvoir
faire changer ces règles d'admissibilité.
S'il a cinq pieds et six pouces, c'est malheureux mais il ne
répond pas au premier critère d'admissibilité. C'est
peut-être mauvais d'avoir fixé cinq pieds et huit pouces au lieu
de cinq pieds et six pouces. Mais une fois que c'est fixé à cinq
pieds et huit pouces, c'est dommage mais ceux qui n'ont pas cinq pieds et huit
pouces ne sont pas admissibles au concours. C'est la première partie.
Quant à l'autre partie celle qui vous préoccupait
tantôt, qui préoccupait le député de Saint-Jean
c'est la partie orale. Une
fois que tout le monde a rempli les règles
d'admissibilité, on est admissible à un concours. Nous avons un
certain nombre de personnes admissibles à ce concours. Ces personnes,
nous allons les passer devant un jury. Je ne parle pas des sténodactylos
ou des secrétaires. On a mis ça dans une catégorie un peu
à part à cause de "l'interministérialitê" de
l'affaire. Dans le cas du jury, il faudrait quand même décrire
comment il est formé.
M. VEILLEUX: Si le ministre me permet, avant d'aller devant le jury, la
personne va d'abord à l'examen écrit?
M. COURNOYER: Oui, elle va aller à l'examen écrit parce
qu'elle répond aux règles d'admissibilité. Donc le
candidat a cinq pieds et huit pouces, sa huitième ou douzième
année. On va maintenant lui faire passer un examen écrit pour
savoir s'il peut être accepté dans la fonction publique.
M. VEILLEUX: Il a ses 132 livres.
M. COURNOYER: C'est un gars dont le " pedigree" est parfait.
Maintenant on va voir si, entre son "pedigree" et sa douzième
année de scolarité, il n'a pas fait un stage assez imposant dans
un domaine où cela ne lui permet pas d'avoir acquis de
l'expérience pertinente. S'il a fait un voyage à Saint-Michel, ce
n'est pas ma faute, je ne hais pas cela, mais s'il y a été
pendant deux ans, c'est à l'examen écrit qu'on va le
découvrir, ce n'est pas nécessairement écrit dans le
rapport qu'il fait. Au dossier, il a ses cinq pieds et huit, douzième
année de scolarité mais il a un séjour à
Saint-Michel. Il est peut-être revenu, il n'y a pas de problème,
mais il s'agit de voir s'il est capable de s'adapter à ce qu'on appelle
le fonctionnarisme. On lui fait passer un examen écrit. Il
réussit l'examen écrit. Plusieurs personnes peuvent
réussir l'examen écrit mais elles ne sont pas
nécessairement pour autant adaptées aux autres
considérations dont on parlait cet après-midi, à savoir si
elles sont capables de remplir cet emploi particulier.
Comment forme-t-on le jury? Si je comprends bien le système, on
forme le jury, à l'intérieur des ministères, avec ceux qui
vont être obligés de vivre avec le candidat qui par ailleurs est
déclaré admissible, qui est déclaré
compétent aussi à son premier examen écrit, aussi
admissible que n'importe qui, mais est-ce qu'il va être capable de
satisfaire aux exigences des individus qui sont là? On forme donc un
jury le plus près des gens qui vont travailler avec l'employé
éventuel. Ce jury-là est formé par des gens des
ministères et "checké" par la Fonction publique
vérifié, plutôt; le français, langue de travail, il
faut que je me force
M. BURNS: Surtout que vous avez de la misère à mettre cela
dans le code du travail.
M. VINCENT: Est-ce qu'un membre de la Fonction publique siège,
c'est-à-dire pas un membre mais un délégué de la
Fonction publique siège dans le jury?
M. COURNOYER: Pas de la commission. De la commission même, non.
Mais si je prends le jury décrit pas M. le député de
Maisonneuve, cet après-midi, dans un cas particulier, je prends cet
exemple-là, il y avait trois personnes dans le jury. Il y avait un
nommé Sainte-Marie, qui était un type des CEGEP, il y avait un
nommé Vary... qui était sous-ministre aux Transports et l'autre,
si je me souviens bien, c'était un nommé...
M. BURNS: Ce n'est pas Vary, M. le ministre, c'est Baril, le
sous-ministre adjoint aux Transports et M. Laurent Bernard, d'Air Canada.
M. COURNOYER: Laurent Bernard d'Air-Canada, Benoît Sainte-Marie
d'un CEGEP et M. Baril était sous-ministre...
M. BURNS: C'est cela, c'est lui qui a eu le poste.
M. COURNOYER: Oui, je le sais, vous l'avez mentionné, vous le
répétez. Ce que je veux dire, c'est comment nous en sommes venus
et indépendamment du cas de cet après-midi à
constituer ce jury. Qui a choisi qui dans ce jury-là et comment cela
s'est-il fait? Est-ce que la Commission de la fonction publique a dit:
Benoît Sainte-Marie va être là, d'autorité, par son
initiative, Laurent Bernard et M. Baril ou si l'origine du choix du jury vient
d'ailleurs? C'est important pour les députés ici de le savoir et
pour les ministres aussi. Les jurys sont formés par la commission
à la recommandation du ministère.
Alors, les ministères, par les ministres, c'est clair.
M. BOIVIN: Est-ce que les ministres s'y intéressent?
M. COURNOYER: Cela dépend du concours. S'il s'agit d'un poste de
directeur général, bien sûr que le ministre va s'y
intéresser, mais s'il s'agit d'un poste de conciliateur, chez nous, au
ministère du Travail, c'est malheureux mais je ne me suis pas
intéressé à cela particulièrement. Mais je sais
qu'il y a eu des jurys de formés par mon ministère, au
ministère du Travail. A un moment donné on se retrouve avec
quatre personnes à un jury, ou trois, habituellement, ces trois
personnes sont choisies par la structure, celles qui vont travailler le plus
immédiatement avec ces gens-là.
M. VEILLEUX: Les personnes de l'extérieur, comme le type d'Air
Canada, ce sont des noms suggérés par le ministère en
question. Ils peuvent être entérinés ou changés
aussi, si telle personne n'est pas libre à cette date-là.
M. COURNOYER: Très souvent, les ministères proposent
et...
M. VEILLEUX: La commission dispose.
M. COURNOYER: ... c'est à la recommandation du sous-ministre, du
sous-chef, surtout du sous-chef. Quelquefois, la commission modifie les
recommandations qui sont faites et d'autorité elle affecte parfois un de
ses fonctionnaires comme membre d'un jury ou quelqu'un de l'extérieur,
un conseiller de l'extérieur.
M. VEILLEUX: Mais moi je croyais qu'à chaque jury, il y avait au
moins un représentant de la Commission de la fonction publique qui
siégeait.
M. COURNOYER: Dans le sens que... M. VEILLEUX: D'office.
M. COURNOYER: ... non pas seulement un fonctionnaire. Un
représentant peut être le gars d'Air Canada qui est ici de
l'extérieur.
M. VEILLEUX: Le représentant de la Commission de la fonction
publique peut être quelqu'un de l'extérieur, ça va. Mais il
y en a au moins un sur les trois ou les cinq qui représente
officiellement la Commission de la fonction publique sur le jury?
M. COURNOYER: Le jury est toujours le jury de la commission, quelle que
soit l'origine des membres. C'est elle qui l'a formé, c'est elle qui a
accepté que telle et telle personne forme tel jury.
Mais on ne fait pas exprès de nommer des gens de
l'extérieur du ministère. La première
préoccupation, c'est que les gens sont déjà admissibles.
Il s'agit de voir s'ils "fittent". Le député de Maisonneuve
peut-il m'aider? Comment est-ce qu'on traduit ça "fit".
M. BURNS: Adaptés.
M. COURNOYER: S'il est adapté...
M. BURNS: Mon nom est Burns, ce n'est pas Tremblay.
M. VEILLEUX: Il faudrait voir Tremblay parce que Burns là...
M. LE PRESIDENT: Adapté ou adopté.
M. BURNS: Adapté. Vous, vous avez hâta
M. COURNOYER: A toutes fins utiles, je pense qu'on décrit
suffisamment le processus. Je pourrais demander, pour le bénéfice
des députés, au président de la commission, même si
ça n'a pas été fait ou si cela a été fait
dans le passé, d'établir le processus vous avez certai-
nement ça écrit et de fournir aux députés le
processus de sélection de personnel, la façon dont on s'y prend.
Même si vous ne le lisez pas tout le temps, il serait bon qu'à
l'occasion d'une décision comme nous en avons vous ayez le document
complet disant: Voici comment on procède à la sélection et
au choix du personnel.
M. VEILLEUX: Les questions qu'on pose aujourd'hui vont quand même
nous aider. On va pouvoir prendre le journal des Débats puis prouver
à nos électeurs qui viennent nous voir, qui ont cinq pieds et
sept quand ça prend cinq pieds et huit, que, quand bien même
j'écrirais dix lettres, ça ne donne rien. Cela va le faire
comprendre.
M. LAFONTAINE: Le député montre le passage du journal des
Débats qui va dire que, quand il donne une lettre de recommandation,
c'est pour nuire à son électeur.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas moi qui ai dit ça, c'est le
député de Taillon.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VEILLEUX: M. le Président, sur une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: Quelle sorte de question de privilège?
M. VEILLEUX: Question de règlement, n'importe quoi, M. le
Président, c'est une question.
M. LE PRESIDENT: Une mise au point.
M. VEILLEUX: Une mise au point. Je tiens quand même à dire
au député de Labelle que ce n'est pas le député de
Saint-Jean qui a dit ça, mais le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, tantôt le ministre a
suggéré que le président de la Commission de la fonction
publique fasse parvenir aux députés la description du processus.
J'aimerais en même temps que le président inclue là-dedans
le mandat de la commission, sa responsabilité, à qui la
commission répond et de qui la commission prend ses
responsabilités, par exemple. J'emploie ça et je ne veux pas
faire de débat ici, j'amène tout simplement ça comme
exemple.
Supposons qu'un bonhomme vienne chez moi pour faire partie des agents de
la paix et qu'il se base sur ce que le ministre a dit au nom du gouvernement
quant aux qualifications et que la Commission de la fonction publique n'est pas
d'accord, qu'est-ce que je donne comme réponse à ce bonhomme?
Etant donné que tantôt la réponse que nous avons eue
était qu'il y avait de l'objectivité de la part de la commission,
qui est-ce qui décide à la fin? Qui est-ce qui mène?
M. COURNOYER : A ce sujet, je vais préciser immédiatement
que, lorsque la Commission de la fonction publique fait un règlement,
elle en fait la recommandation au lieutenant-gouverneur en conseil.
Aujourd'hui, on pense que c'est le Conseil du trésor qui le fait mais
elle n'a pas l'autorité de passer un règlement sans avoir la
bénédiction du lieutenant-gouverneur en conseil, surtout des
règlements de cet ordre.
Il peut arriver, dans le système, qu'il y ait désaccord
entre le lieutenant-gouverneur en conseil et la commission sur la nature des
règlements. La seule chose que je recherche actuellement est, lorsqu'il
y a désaccord entre le lieutenant-gouverneur en conseil et la commission
sur la nature du règlement, est-ce que je retourne le règlement
à la commission et dis: Revisez-le jusqu'à ce qu'il me
satisfasse, ou si la commission a autorité pleine et entière pour
dire: C'est celui-là ou bien il n'y en a pas?
M. LEDUC: Mais qui est-ce qui est responsable de l'administration
gouvernementale? Est-ce que ce n'est pas le lieutenant-gouverneur en
conseil?
M. COURNOYER: Oui, mais il y a des lois qui sont des obligations pour le
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est-à-dire que le
lieutenant-gouverneur en conseil n'agit que selon les lois du Parlement. Il ne
peut pas, à un moment donné, décider de faire
différemment de ce que le Parlement l'a autorisé à faire.
Dans ce sens, le Parlement a pu autoriser, dans la Loi de la fonction publique,
la Commission de la fonction publique mais là, je ne suis pas
sûr; vous m'expliquer cela en privé à être la
seule source des règlements. Lorsqu'on soumet un règlement, le
seul choix du lieutenant-gouverneur en conseil peut être de retourner ce
règlement comme non satisfaisant pour le lieutenant-gouverneur en
conseil. A ce moment-là, on en étudie un autre s'il le veut bien
ou encore le lieutenant-gouverneur en conseil peut procéder à des
amendements à ces règlements qui viennent de la commission.
Je ne sais pas jusqu'à quel point je n'ai pas
vérifié depuis vendredi le pouvoir du
lieutenant-gouverneur en conseil peut modifier un règlement qui vient de
la commission pour approbation par le lieutenant-gouverneur en conseil ou par
le Conseil du trésor.
M. LEDUC: Merci. Une toute dernière question, c'est une question
très hypothétique. C'est pour éclairer ma lanterne.
Supposons qu'un ministère décide de restructurer un service ou
augmenter le service à la population. Par exemple le ministère
des Affaires sociales décide qu'il a besoin de 476 postes pour
répondre aux objectifs qu'il vise et tout cela. La Commission de la
fonction publique, elle, à ce qu'on me dit, n'en approuverait que
367.
M. COURNOYER: Je n'ai pas l'impression que c'est la commission.
M. LEDUC: Je dis ce qu'on m'a dit.
M. COURNOYER: Je ne peux pas exonérer ma commission. Sur cette
partie, l'autorisation de l'effectif vient de deux parties, le ministère
de la Fonction publique et le Conseil du trésor. On peut avoir une
autorisation d'effectif suivant le fait que nous avons, nous au
ministère de la Fonction publique, une responsabilité de
contrôle des effectifs mais il y a aussi une autre partie qui fait qu'on
a ou non les sommes d'argent nécessaires pour pouvoir payer ces
personnes.
Ce qui peut arriver, c'est que le ministère de la Fonction
publique, indépendamment de la commission, autorise l'effectif, dise:
D'accord, on a besoin de ça. Par ailleurs, au Conseil du trésor,
on dit: Tu n'as pas un cent. Et tant que je n'ai pas un cent, même si
j'ai du personnel, je ne vaux rien. Le Conseil du trésor peut aussi, de
son côté, dire: Tu as de l'argent, mais je n'ai pas d'effectif.
Cela peut arriver.
M. VEILLEUX: A ce moment-là, vous engagez des occasionnels.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, en fonction de la loi qu'il a
devant lui, je ne me souviens plus quel article, combien environ de
règlements la Commission de la fonction publique adopte-t-elle par
année?
M. COURNOYER: La commission a adopté un très grand nombre
de règlements, une soixantaine récemment. C'était pour
établir la nouvelle classification. Elle a établi 83
règlements de classification en 1966. C'est en révision depuis un
an et demi environ. La commission adopte périodiquement j'y ai
fait allusion tout à l'heure un certain nombre de
règlements pour des catégories particulières. Pour les
fonctionnaires, c'est fait, et ç'a été approuvé par
le Conseil du trésor; les agents de la paix, il y a eu quelque chose de
fait aussi, toutes les catégories de la fonction publique.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: C'est sur un autre sujet. On entend parler...
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Je vais poser juste une dernière question sur le
premier sujet qu'on a soulevé. J'ai entendu le ministre à
quelques reprises me dire que les députés de l'Opposition avaient
raison de se plaindre d'un certain nombre de choses concernant ce
caractère posément objectif et supposément subjectif du
ministère et de la commission. Quelle est la politique du
ministre à cet égard? Je pose la question, en terminant ce
problème, pour que le député de Dubuc puisse nous parler
d'autre chose.
Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire pour, d'une part,
revaloriser la fonction du fonctionnaire à l'intérieur du
gouvernement et, d'autre part, enlever tout doute dans l'esprit des
fonctionnaires et de la population que c'est une affaire toute organisée
d'avance, les concours de la fonction publique?
M. VINCENT: ... les péquistes.
M. BURNS: Non, non, écoutez, ne vous mêlez pas de
ça, on parle de choses sérieuses.
M. VINCENT: D'accord, on ne parlera pas des péquistes, on va
parler de choses sérieuses.
M. BURNS: On parle de choses sérieuses, à ce
moment-là, ne commencez pas à faire de la petite politique du
style que votre parti est tout à fait capable de faire, c'est la seule
chose d'ailleurs qu'il est capable de faire.
M. LE PRESIDENT: Quelle est la question du député de
Maisonneuve?
M. VINCENT: Cela fait mal, par exemple.
M. BURNS: Cela ne fait pas mal parce que je trouve que c'est trop "con",
des interventions de cette nature, je trouve ça stupide, qu'est-ce que
vous voulez?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demande votre collaboration.
M. BURNS: Alors que j'essaie de garder le débat à un
niveau tout à fait non partisan, je n'ai pas parlé du cul, je
n'ai pas parlé...
M. COURNOYER: Je n'ai pas parlé du cul!
M. BURNS: ... Dieu sait que j'aimerais en parler mais non, je
n'en parle pas du tout je n'ai pas parlé de créditistes,
je n'ai pas parlé de libéraux, j'ai parlé d'administration
tout simplement, jusqu'à maintenant. Si le député de
Nicolet veut jouer à ça, il peut bien le faire, en tout cas, je
trouve ça un peu "con".
Je demande tout simplement, M. le Président... Non, non,
écoutez, c'est dans la langue française, c'est peut-être de
l'argot mais ça veut dire ce que je pense tout à fait.
Je demandais tout simplement au ministre, sans aucune allusion politique
ou quoi que ce soit, ce qu'il a l'intention de faire pour tenter de
régler ce problème qui se pose et dans l'esprit des
fonctionnaires et dans l'esprit de la population sur les choses qu'on a
discutées avant le souper; peut-être que le député
de Nicolet n'écoutait pas.
M. COURNOYER: Si je comprends bien le député de
Maisonneuve...
M. VINCENT: Avant que le député de Maisonneuve...
M. COURNOYER: ... il s'agit de dissiper une impression pour moi, parce
que, pour le moment, je n'ai pas l'impression que la Commission de la fonction
publique... Jusqu'ici, je n'ai pas tellement rencontré souvent M.
Saindon, je l'ai connu avant qu'il soit président de la commission,
normalement, elle devrait être à l'abri de tout doute quant
à son objectivité.
Je pense que c'est un énoncé de principe qui a l'air d'un
énoncé de voeu pieux. Mais c'est l'opinion du ministre de la
Fonction publique qu'elle doit l'être et je pense qu'elle l'est compte
tenu de certaines circonstances qui doivent être expliquées.
Avant que vous n'arriviez, j'ai demandé que le président
de la Commission de la fonction publique envoie à chacun des
députés un processus de sélection du personnel pour que
les gens sachent bien...
M. BURNS : Je sais cela, M. le Président.
M. COURNOYER: Vous étiez là? Je m'excuse.
M. BURNS: Je n'étais pas là, mais je l'ai suivi. J'ai cela
dans mon bureau, ici en haut.
M. COURNOYER: J'ai demandé qu'on le fasse et ce n'est pas que
l'établissement, bien sûr, du processus, qui dissipera les doutes
dans l'esprit de personnes. Si vous nous arrivez avec des exemples comme celui
que vous avez choisi, il est bien clair que là-dessus on pourra
peut-être l'expliquer de maintes et maintes manières et tenter de
sauver la face. Je n'ai l'intention de sauver la face à personne.
La Commission de la fonction publique est censée être le
chien de garde du Parlement et le chien de garde de la Fonction publique, de
façon que les gens qui y entrent soient des gens qualifiés pour y
entrer. Je n'ai pas non plus à vous demander de me dire si dans
le cas ou l'exemple que vous m'avez donné M. Sainte-Marie est ou
non qualifié pour pouvoir obtenir le poste. Vous avez décrit un
processus qui vous a semblé être absolument mauvais, compte tenu
du fait que, dans le domaine où vous avez évolué avant,
dans le domaine où j'ai évolué avant, il peut arriver
qu'un doute sérieux s'établisse dans notre esprit afin de savoir
si, effectivement, on n'a pas ordonné le deuxième concours pour
pouvoir faire passer le juré du premier concours, parce qu'on avait
découvert lors du premier concours qu'il serait peut-être un
excellent candidat à ce poste.
C'est un cas particulier. Vous m'avez parlé d'une foule d'autres
cas. La Commission de la fonction publique, selon moi, doit être, non pas
exonérée, mais doit être exempte de tout doute quant
à son objectivité. Nous devons faire en sorte d'y arriver.
Seulement, il y a une chose qui m'est
apparue comme très claire. Dans votre esprit et dans l'esprit de
l'Opposition, on fait rapidement une analogie entre le ministère de la
Fonction publique et la Commission de la fonction publique. Remarquez que ce
n'est pas la première fois que cela m'arrive d'avoir l'impression que
les gens mêlent les deux. Je dois constater qu'après discussion
avec vous, vous ne mêlez pas les deux. Mais plusieurs personnes
mêlent les deux.
La Commission de la fonction publique n'est pas le ministère de
la Fonction publique. Il peut arriver que nous pensions à un changement
de nom à la Commission de la fonction publique. Comme vous avez dit,
elle ne doit pas manquer d'objectivité comme c'est le cas
peut-être pour les fonctionnaires du ministère de la Fonction
publique. C'est peut-être un commencement. C'est peut-être aussi
une révision fondamentale de la façon dont les candidats sont
sélectionnés. C'est peut-être cela. Mais avant d'y arriver,
vous me permettrez, au moins, que tout le monde parle sur la même
longueur d'ondes et qu'on ait le processus de sélection normale pour
trouver, après, quelles sont les infractions à ce processus
normal.
J'ai donc demandé au président de la Commission de la
fonction publique de fournir aux députés le processus normal en
espérant qu'à partir du moment où nous parlerons de la
même chose, qu'on surveille que la même chose se fait tout le
temps, qu'on ne fait pas des jurys pour le plaisir de faire des jurys. Si nous
faisions des jurys pour faire des jurys et pour trouver un emploi à
quelqu'un, je dois vous avouer, M. le député de Maisonneuve, que
je trouverais cela, personnellement, de l'aberration mentale et surtout une
fausse utilisation d'une fausse couverture qui n'a pas été
conçue pour cela.
D'ailleurs, le président est hors de tout soupçon pour
autant que je suis concerné et la Commission de la fonction publique est
hors de tout soupçon, pour autant que je suis concerné. C'est
peut-être dans l'esprit des gens que se trouvent les soupçons. Si,
effectivement, la Commission de la fonction publique ne conserve pas
l'objectivité dont elle est nantie par la loi, nous sommes aussi bien
d'abolir la commission et de faire exactement ce que nous voulons faire ou ce
que nous voudrions faire mais que ce soit fait sans couverture, à la
connaissance de tout le monde plutôt que de se couvrir sous un organisme
qui est extrêmement important pour la fonction publique
québécoise. Si c'était le cas et je ne suis pas
convaincu que par un cas, vous m'ayez prouvé que c'était comme
cela tout le temps à ce moment, je me pose des questions sur
à peu près tous les fonctionnaires et surtout ceux qui ont eu des
promotions récemment.
Dans mon ministère c'est malheureux, mais certains ont eu des
promotions et je n'y ai jamais mis le nez. Je ne sais pas ce qui s'y passe
quoique j'aie reçu des représentations pour m'y mettre le nez et
pas nécessairement des parties que vous pensez. Quand je dis parties,
c'est parties et non partis. Si c'était le cas qu'on utilise la
commission, je préférerais, moi, avoir le courage de dire:
Abolissons la commission plutôt que de s'en servir comme
épouvantail à moineaux.
M. BURNS: Je suis bien content de vous l'entendre dire, M. le ministre.
C'est justement le reproche que j'y fais et malheureusement surtout, et pour la
commission, et pour les fonctionnaires et pour la population, j'ai l'impression
que jusqu'à maintenant ce n'est pas ce qui est arrivé. On s'est
servi de cette commission comme une espèce, selon votre expression,
d'épouvantail à moineaux, ce que je qualifiais de façade
tout simplement pour une certaine objectifité qui n'existe pas. Moi,
j'ai nettement l'impression et ma question, je vous en ajoute une
sous-question, c'était beaucoup plus à l'égard non pas de
la Commission de la fonction publique dont encore une fois, je l'ai
mentionné tantôt...
M. COURNOYER: L'utilisation.
M. BURNS: ... et les fonctionnaires ne sont pas dans mon esprit
mêlés à ça, accusés, ils font tout ce qu'ils
peuvent avec ce qu'ils ont dans les mains et puis avec les pressions, et puis
avec ce que j'appelais les plaquages qu'ils doivent subir. Je voudrais savoir
de vous, comment vous allez régler votre problème à
l'égard de vos collègues du cabinet qui, eux, en certaines
occasions, peuvent avoir des préférences pour tel ou tel
candidat. Quand je dis vos collègues du cabinet, ce sont peut-être
des sous-chefs de ces collègues. Ce peuvent être des
sous-ministres...
M. COURNOYER: Ce peuvent être des sous-ministres, ce peuvent
être des directeurs généraux, ce peut être n'importe
qui.
M. BURNS: ... ce peuvent être des directeurs
généraux, exactement.
M. COURNOYER: Je pense bien que vous faites exprès pour ne pas
politiser le problème...
M. BURNS: Non, non, pas du tout.
M. COURNOYER: ... parce qu'il ne se situe pas qu'à
l'échelon politique le problème.
M. BURNS: Non, pas du tout, je pense que je suis très franc avec
vous, je vous dis ce que j'en pense. Ce que je n'aime pas dans tout ça,
et c'est la dernière fois que je vais en parler, après votre
réponse, j'imagine que vous allez me donner une réponse de ce que
vous allez faire à l'égard de vos collègues du cabinet.
Quant à moi, l'intégrité des fonctionnaires qui
participent aux décisions, pour moi, ce n'est même pas cela que
j'attaque. D'ailleurs ce serait très loin d'une certaine éthique
que je me suis
toujours reconnue que de tenter de faire cela. Ce n'est pas du tout mon
but, mais il reste quand même une chose, c'est que je voudrais savoir
ce...
M. COURNOYER: Vous me posez la question...
M. BURNS: Juste une minute, parce que le député de Dubuc
ne comprend rien du tout...
M. BOIVIN: Il n'attaque personne et il attaque tout le monde.
M. BURNS: ... il ne comprend pas du tout de quoi je parle. Ce n'est pas
sa faute, mais en tout cas. Je pense que j'essaie depuis le début, je
prends toutes les précautions pour ne pas le politiser...
M. BOIVIN: Vous n'êtes pas au pouvoir, vous n'avez pas le choix,
le sous-ministre, le ministre a le choix, sur dix qui ont passé à
la Fonction publique...
M. BURNS: Bon, c'est votre conception, c'est votre problème, mais
cela s'adonne à ne pas être la mienne, qu'est-ce que vous
voulez?
M. BOIVIN: J'ai le droit d'avoir la mienne. M. BURNS: Oui, oui, c'est
ça,
M. BOIVIN: Elle est aussi bonne que la vôtre...
M. BURNS: Vous nous direz votre conception tellement brillante
tantôt. Je vous donne la mienne que je ne qualifie pas de brillante
nécessairement parce que je ne pense pas être en possession totale
de la vérité.
M. BOIVIN: Même si vous aviez trouvé un PQ qui n'a pas
passé, ça va...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Maisonneuve va terminer et immédiatement
après le député de Dubuc.
M. BURNS: M. le Président, je laisse la parole au ministre parce
que je vois que des gens ne comprennent pas du tout de quel genre, de quelle
teinte mon intervention est faite. En tout cas, qu'est-ce que vous voulez, on a
les limites qu'on a.
M. BOIVIN: Parlez des vôtres, de vos limites.
M. COURNOYER: Vous comprenez, M. le député de Maisonneuve,
que je n'annoncerai pas de révision fondamentale à la Loi de la
Commission de la fonction publique. Je viens d'y arriver ou d'y revenir et je
dois vous avouer que je n'ai pas le monopole de la vérité. Ce
n'est pas vrai, je fais des erreurs continuellement et puis je vais en faire
encore. Prenons cela pour dit, je vais en faire encore.
M. BURNS: C'est bien pour cela qu'on vous estime. Vous l'admettez que la
perfection n'est pas possible.
M. COURNOYER: Voilà. Quant à la Commission de la fonction
publique, dans le même sens, je pense bien qu'elle n'est probablement pas
parfaite. Les circonstances font qu'elle ne peut pas être parfaite comme
commission, mis à part les individus qui la composent. Comme commission
elle ne peut pas être parfaite.
Il y aura probablement nécessité de réviser
certains processus qui font qu'au moins dans un ou deux cas, on ait pu avoir
l'air de... Mais comme vous avez mentionné cet après-midi un cas
bien précis, je ne voudrais pas m'attarder à ce cas particulier.
Il reste que ee cas précis a quand même mis en cause une action
particulière de la Commission de la fonction publique qui jetait non pas
une lumière, mais qui disait à titre d'exemple: Voici ce qui a pu
se produire dans tel cas qui fait qu'une foule de fonctionnaires peuvent
conclure au manque d'objectivité de la commission.
M. BURNS: Cela faisait partie de mon intervention de cet
après-midi. A mon avis, ils le pensent déjà.
M. COURNOYER : Ils le pensent...
M. BURNS: Je ne tentais pas d'aggraver le problème, je tentais
d'illustrer le problème.
M. COURNOYER: Mais le fait que dans les derniers mois, nous ayons
vécu une crise importante au Québec, qui impliquait le
ministère de la Fonction publique, comme n'étant pas objectif,
selon vos affaires, parce que représentant du gouvernement et non pas du
parti en place mais du gouvernement, comme organisme gouvernemental, a pu
entacher la Commission de la fonction publique, parce que cela porte
drôlement des noms semblables. Ceci à un point tel que lorsque
vous avez commencé votre intervention cet après-midi, vous avez
parlé du ministère de la Fonction publique avec son prolongement,
la Commission de la fonction publique. A toutes fins utiles, dans mes livres,
à moi, la Commission de la fonction publique a été
drôlement formée avant que le ministère de la Fonction
publique ne commence d'exister et que l'un n'a jamais été le
prolongement de l'autre, mais en fait une autre fonction totalement
différente jouée par l'un et par l'autre.
Il m'a semblé qu'un changement de nom pourrait peut-être
aider à distinguer dans les faits la Commission de la fonction publique
et le ministère de la Fonction publique au moins dans l'esprit des gens.
Parce que le rôle joué avec plus ou moins d'objectivité par
le ministère de la Fonction publique... Quand on
dit être objectif, cela dépend de quelle façon on se
place, et vis-à-vis des fonctionnaires il est sûr que, quand on
négocie en face d'eux, moi, je ne dis pas contre eux, on est du
côté patronal et eux sont du côté syndical ou du
côté des employés. A ce moment-là, l'un et l'autre
peuvent s'accuser réciproquement de manque d'objectivité. Je ne
voudrais pas que cela continue de se déverser par ricochet sur une autre
partie de la fonction publique qui s'appelle la Commission de la fonction
publique et qui n'a rien à voir, que je sache, avec la
négociation de conventions collectives dans le secteur public.
Peut-être qu'un changement de nom pourrait dissocier l'un de l'autre.
Quant au cas que vous nous avez mentionné, il est bon parfois d'avoir
les précisions de ceux qui y sont. J'aimerais que le président de
la Commission de la fonction publique précise comment cela s'est
passé.
M. BOIVIN: Cela s'impose.
M. COURNOYER : Parce que des noms ont été
mentionnés, ceux de trois individus en particulier, en oubliant le nom
du candidat qui n'a pas eu la fonction, mais il y a eu trois personnes qui ont
été impliquées dans le premier jury. On n'a pas
défini les noms du deuxième jury mais il serait peut-être
intéressant que le président de la commission explique ce
cas-là en particulier, comment il s'est produit pour, non pas illuminer
votre chandelle qui est déjà pas mal allumée mais pour
vous éclairer davantage sur le cas particulier, dont l'éclairage
vous a été fourni par un type que je connais bien, M. Jean-Guy
Rivest.
M. BOIVIN: M. le Président, je pense que cela s'impose qu'on
ouvre...
M. COURNOYER : Je demande au président de la commission...
M. BOIVIN: ... le dossier de façon complète. Il y a trop
de gens impliqués là-dedans.
M. COURNOYER: Il va être facile à fermer mais il s'agit
d'expliquer ce qui est arrivé, non pas pour contredire le
député de Maisonneuve, mais pour que tout le monde ait les faits.
Les personnes ne sont pas là, on ne va pas faire un procès
à M. Rivest, à M. Sainte-Marie, à M. Bernard ou à
M. Baril, il ne s'agit pas de ça. C'est la commission qui est assise
à cette table actuellement. La Commission de la fonction publique subit
un ricochet des débats que nous avons et j'aimerais qu'elle place au
moins ce cas-là en particulier dans sa perspective propre. M. le
Président, est-ce que vous pourriez expliquer ce qui s'est
passé?
A la fin du premier concours, le jury a déclaré être
dans un dilemme après avoir examiné un nombre x de candidats,
j'oublie le nombre. Il nous a fait rapport en indiquant qu'il estimait les deux
candidats aptes à remplir le poste. C'est-à-dire que ni l'un ni
l'autre des deux candidats ne pouvait seul remplir le poste. Son rapport
contenait à peu près les considérations suivantes. Un des
candidats pourrait remplir adéquatement le poste au plan technique des
connaissances de l'aviation; l'autre aurait les connaissances suffisantes au
plan administratif, mais il lui manque les connaissances techniques de
l'aviation. Comme il s'agissait de diriger un service aérien, les deux,
l'ensemble et l'avis de concours l'énonçait clairement
il fallait trouver chez un homme, comme c'est un seul poste à
pourvoir, un ensemble de qualités et de connaissances, et sur le plan
technique les connaissances techniques de l'aviation et des
connaissances et de l'expérience administrative pour pouvoir
gérer un budget quand même considérable, un
équipement aussi qui coûte très cher et le reste. Le jury a
déclaré être dans un dilemme. Il n'y avait pas
d'alternative. Il fallait reprendre le concours puisque, dans
l'appréciation du jury, dans son rapport à la commission, ni l'un
ni l'autre des candidats qu'il estimait avoir un certain nombre de
qualités ne les avait toutes. L'idéal, c'est qu'il aurait fallu
que le poste soit rempli conjointement.
M. BURNS: Pouvez-vous, M. le Président, nous dire la
définition du premier poste?
M. COURNOYER: Le premier concours.
M. BURNS : Le premier concours était pour le poste de directeur
de services aériens. Pouvez-vous nous dire quelle différence il y
avait avec le deuxième concours?
M. COURNOYER: C'est ce que j'allais ajouter comme commentaire.
L'autorité du ministère a profité de cette occasion pour
s'interroger sur le contenu de la fonction. Elle a décidé
à ce moment-là d'élargir un peu les fonctions et de donner
au directeur du service aérien des responsabilités sur le
problème aérien en général et non pas seulement la
gestion d'un service aérien pour l'administration. Elle a
décidé de le charger des problèmes de politiques dans le
domaine de l'aviation et des rapports avec le gouvernement
fédéral dans le domaine. C'est dans ce sens-là que je dis
que... dans ce sens-là, oui.
M. BURNS: Le poste est élargi, a plus d'envergure. Plus
d'envergure dans quel sens?
M. BOIVIN: Au sens administratif et technique.
M. BURNS: Laissez faire, il n'a besoin de personne.
M. BOIVIN: C'est bien dur de le comprendre.
M. COURNOYER: Au lieu d'une fonction strictement de gestion d'un service
aérien à l'intention de l'administration, à l'usage du
gouvernement, l'autorité du ministère des Transports voulait
charger le directeur du service aérien des problèmes, des
politiques dans le domaine du transport aérien, puisque le
ministère des Transports a compétence dans ce
domaine-là.
M. LAFONTAINE: Politique d'achat d'avions?
M. COURNOYER: Au-delà de cela. Cela, c'est la gestion interne,
mais des politiques dans le domaine de l'aviation.
M. BURNS: Est-ce que, M. le Président, cela ne relève pas
d'un sous-ministre? A votre connaissance dans d'autres ministères
je ne voulais pas éterniser le débat là-dessus, mais si
l'ancien maire de Chicoutimi-Nord peut se fermer un peu est-ce que vous
êtes au courant qu'habituellement ce que vous décrivez, c'est le
travail d'un sous-ministre de parler de politique? Vous nous parlez de
politiques,d'établir des politiques et une des politiques du
ministère des Transports est évidemment celle axée sur le
problème aérien. Est-ce que je n'ai pas raison en vous disant que
c'est plutôt un travail de sous-ministre?
M. COURNOYER: Cela dépend comment les tâches sont
réparties à l'intérieur du ministère. On peut
considérer que cela prend un sous-ministre adjoint quelque part, alors
qu'effectivement cela pourrait prendre, dans d'autres secteurs, des directeurs
généraux. Ici le directeur du service aérien serait
l'équivalent du directeur général dans un autre
ministère.
M. BURNS: M. le ministre, je n'aime pas interroger un fonctionnaire
là-dessus, vous le savez, vous connaissez mon point de vue
là-dessus, sauf que c'est lui qui m'a répondu.
Jusqu'à maintenant, j'ai demandé la différence
entre le premier poste et le second, avant et après le concours. Il
m'amène quelque chose qui, à mon avis jusqu'à ce
qu'on me prouve le contraire, je vais maintenir cet avis il
m'amène un élément de poste qui relève typiquement
de la fonction d'un sous-ministre. Vous qui avez eu tellement de
ministères, M. le ministre, avant et après votre
défaite...
M. COURNOYER: Je n'en ai pas eu tellement.
M. BURNS: ... vous savez fort bien que, quand on parle de politiques du
ministère, quand on parle de certains aspects politiques d'un
ministère, on parle d'un travail qui relève de la fonction d'un
sous-ministre, c'est-à-dire de vos conseillers très
précieux et très compétents d'ailleurs. Vous ne pourriez
pas vous en tirer aussi bien que cela si vous n'aviez pas d'aussi bons
sous-ministres.
M. COURNOYER : Peut-être que je m'en tirerais mieux si je les
écoutais.
M. BURNS: Sans doute, sans doute. S'il n'y avait pas d'autres ministres
qui vous mettaient des bâtons dans les roues. Je pose la question.
M. COURNOYER : En fait, on pose la question à l'occasion de cette
commission parlementaire. Il s'agit de savoir quelles sont les politiques du
ministère des Transports. Je ne sais pas si vous l'avez posée
ailleurs. Moi, je réponds avec le président de la Commission de
la fonction publique ici sur les méthodes et procédures.
Les méthodes et procédures. Si un ministère nous
dit: Il y a un changement de description de fonctions; ce n'est plus la
même fonction pour laquelle le premier concours a été tenu.
En conséquence, la Commission de la fonction publique organise un second
concours. Est-ce que c'est une technique suivie par des ministères?
C'est une tout autre affaire. Dans le cas particulier qui nous
intéresse, j'ai l'impression que la question doit être
posée au ministère qui a demandé une autre description de
fonctions.
M. BURNS : C'est le ministère qui a demandé le nouveau
concours dans ce cas?
M. BOIVIN: C'est la définition de la tâche qui a
changé.
M. COURNOYER: Il y a une autre chose...
M. BURNS: Une question, M. le ministre. Je m'excuse, M. le
Président, on n'a pas répondu à ma question.
M. COURNOYER : Il y a une chose que je veux préciser, non pas
préciser mais surtout répéter. C'est que, selon le
président de la Commission de la fonction publique, le premier concours
n'a pas donné les résultats escomptés.
M. BURNS: Il n'a pas donné de résultats? Vous avez un
candidat à 77 p.c. puis un autre à 62 p.c. Ça ne donne pas
de résultats, ça?
M. COURNOYER: Je me demande à quelle place on a pris les 77
p.c.
M. BURNS: Je l'ai, moi. Contredisez-moi; dites-moi que ce n'est pas
vrai.
M. COURNOYER: Je ne veux pas vous contredire; je n'aime pas
ça.
M. BURNS: Non, mais dites-moi que ce n'est pas vrai; c'est tout. Je vous
dis qu'il y en a un qui a eu 77 p.c. puis l'autre 62 p.c. Etes-vous capable de
contredire ça? Je ne vous mets pas
au défi ni rien. Je vous dis que c'est ça. Si j'ai tort,
je vais me rétracter.
M. COURNOYER: Un concours écrit?
M. BURNS: C'est à la suite de la rencontre avec le jury en
question, dont un des membres est devenu en poste quelque temps après.
Ne nous contons pas de peur, là. Je peux vous dire, à part
ça, lequel a eu quoi.
M. COURNOYER: C'est 77 p.c. pour monsieur...
M. BURNS: Est-ce que ça vous aiderait si je vous disais que M.
Rivest a eu 77 p.c. et M. Lavigueur 62 p.c.
M. COURNOYER: Le deuxième nom, vous l'aviez caché, cet
après-midi.
M. BURNS: Je l'avais caché. Mais il est là de toute
façon.
M. COURNOYER : Les notes que j'ai ici sont 77 p.c. et 62 p.c.
M. BURNS: Comme ça, vous ne me contredisez pas.
M. COURNOYER : Je ne vous contredis pas. Je veux savoir du
président de la Commission de la fonction publique comment on peut
être arrivé à 77 p.c. et 62 p.c.
M. BURNS: Je veux seulement savoir comment un fonctionnaire peut avoir
confiance, après ça, en ce système. C'est seulement
ça. Expliquez-moi cela et je vais être bien heureux.
M. COURNOYER: S'il n'y a personne qui est capable de vous
l'expliquer.
M. BURNS: Comment les autres fonctionnaires qui en ont entendu parler,
qui ont vu tout le fignolage, qui ont vu le changement de définitions de
poste soit dit en passant, je ne blâme pas M. le président
de la commission là-dessus, mais soit dit en passant en ajoutant
des fonctions tout à fait du type d'un sous-ministre dans un poste qui
n'en est pas un parce qu'à ma connaissance, c'est un poste qui
s'appelle le directeur du service aérien auprès du
ministère des Transports je me demande encore, et ma question
n'est pas encore réglée, comment des fonctionnaires et des
citoyens peuvent encore avoir confiance en ce système. Le
système, je m'excuse, M. le ministre, implique le ministre en passant,
puis en accrochant, en passant, la Commission de la fonction publique,
même si ce sont deux affaires différentes. Dans mon esprit, ce
sont deux affaires différentes. Je vous ai donné cet
après-midi mon optique des deux choses. Mais ça ne règle
pas le problème.
M. COURNOYER: J'ai l'impression que ça ne règle pas le
problème dans votre esprit. Mais pour moi...
M. BURNS: Dans l'esprit de bien du monde.
M. COURNOYER: Ne pensez pas qu'on va régler tous les
problèmes de la province de Québec d'un coup sec, là!
M. BURNS: Réglez celui-là. Vous allez voir que la province
de Québec va avoir encore bien des problèmes à
régler.
M. COURNOYER: Vous savez fort bien que je ne le réglerai pas ce
soir. Ce n'est pas possible.
M. BURNS : Non, mais je veux savoir comment vous allez le régler
par exemple.
M. COURNOYER: En vous disant comment je le réglerais, vous pouvez
être sûr qu'il serait réglé.
M. BURNS: Jusqu'à maintenant, vous ne m'avez pas dit comment vous
le régleriez.
M. COURNOYER: Je ne l'ai pas dit parce que je ne peux pas vous le dire,
mon cher collègue.
M. BURNS: Vous ne m'avez même pas parlé de ce que vous
feriez auprès de vos collègues du cabinet. Ce sont eux, les
grands responsables. Des gars comme Paul Desrochers, par exemple, sont les
grands responsables d'une situation de fait comme celle-là. Moi, je veux
savoir comment vous aller régler cela.
M. COURNOYER: M. le Président, je prends cette accusation parce
que c'est un énoncé qui est accusateur...
M. BURNS: Oui, pour le moins. Il n'y a pas de problème, quand je
dis j'accuse, je sais de quoi je parle.
M. COURNOYER: Je veux vous dire personnellement que je n'ai pas
vérifié ces accusations. Je vais voir jusqu'à quel point
ces accusations sont vérifiées.
M. BURNS: En même temps, vous vérifierez s'il n'y a pas une
des personnes mêlée, je ne la nommerai pas mais vous savez qui,
à cela qui ne s'était pas fait promettre un poste de
sous-ministre. A cause du nombre de sous-ministres et on a parlé des
gars sur la tablette cet après-midi, étant donné qu'il y
en avait trop dans ce ministère qui étaient sur la tablette, on a
dit: Ecoute, ce serait quand même trop indécent de te nommer
sous-ministre parce qu'il y en a déjà un sur la tablette.
Vous vous demanderez en même temps et vous vérifierez dans
votre enquête si ce n'est pas cela qui a justifié le candidat en
question, le nouveau candidat qui était d'abord sur le jury, de
revenir.
M. COURNOYER: C'est d'accord, je le prends...
M. BURNS: Je m'excuse encore une fois et je réitère, M. le
ministre, et toujours avec tout le respect et toute l'estime que j'ai pour
vous, le fait que ce n'est pas l'aspect de patronage qui me fatigue
là-dedans. Il y en a du patronage, tout le monde le sait. Cela ne me
fatigue pas plus que cela parce que sais qu'avec le système actuel il va
toujours y en avoir. Ce qui me fatigue le plus, c'est ce que cela sous-tend.
Est-ce que vous vous sentez directement visé le député de
Dubuc?
M. COURNOYER: Là-dessus...
M. BURNS: Vous répondez à la place du ministre, on dirait
que vous vous sentez visé.
M. LAFONTAINE: Là-dessus, M. le Président...
M. BURNS: Ah! D'accord. Depuis tout à l'heure...
M. LAFONTAINE: Le député de Maisonneuve sait qu'avec le
système actuel il y a du patronage et tout le monde le sait. Le
député de Dubuc était en train de me demander avec quelle
sorte de système il n'y aurait pas de patronage.
M. BURNS: On va essayer de trouver un système.
M. BOIVIN: C'est cela qui me fatigue.
M. BURNS: C'est cela qui le fatigue parce qu'il a connu un
système avec du patronage et il dit que c'est impossible qu'il n'y en
ait pas.
M. LATULIPPE: A toutes fins utiles...
M. BURNS: C'est seulement possible à partir du moment où
des gens décident d'administrer le Québec dans
l'intérêt du peuple. C'est seulement là que c'est
possible.
M. COURNOYER: Dans la déclaration que j'ai faite il y a quelques
minutes, le député de Maisonneuve devrait trouver les
éléments de solution à son problème.
M. BURNS: D'accord. En tout cas, je vous demandais tout simplement de
vérifier aussi un autre fait et, encore une fois, de façon
constructive, pour aider le ministre peut-être, pour que l'année
prochaine, je n'aie pas besoin ou un de mes collègues n'ait pas besoin
de revenir à la commission de la fonction publique et vous reposer des
questions de ce genre, chose que j'ai faite par exemple au ministère de
la Justice. Depuis trois ans, je pose des questions du même style et je
n'ai jamais de réponse, sauf que j'ai plus confiance au ministre du
Travail qu'au ministre de la Justice et je sais...
M. COURNOYER: A l'année prochaine.
M. BURNS: Non, je ne fais pas exprès, de toute façon, il y
en a un autre qui fait exprès.
M. COURNOYER: A l'année prochaine.
M. BURNS: Je sais fort bien que le ministre du Travail, avec son
intégrité et son désir véritable de régler
les problèmes, va se pencher sur cela. C'est tout ce que j'ai à
dire là-dessus, M. le Président.
M. COURNOYER: Vous me reposerez la question l'année
prochaine.
M. BURNS: M. le Président et M. le ministre, je vous remercie de
votre patience.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions avant...
M. BOIVIN: On parle beaucoup de...
M. LAFONTAINE: Un instant, M. le Président, pour faire suite aux
propos du député de Maisonneuve...
M. LE PRESIDENT: Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Il a posé plusieurs questions au ministre de la
Fonction publique, il a soumis un cas patent. Le ministre a dit qu'il prenait
tout cela en considération. J'aimerais bien savoir quand le ministre va
donner des renseignements à la commission, pour qu'on soit exactement
informé comment cela s'est passé.
M. COURNOYER: Je peux demander un rapport sur la façon dont cela
s'est passé à la Commission de la fonction publique.
M. LAFONTAINE: Tout ce qu'on a, à l'heure actuelle, c'est une
accusation. Des doutes subsistent.
M. COURNOYER: Si les doutes subsistent, je vais demander au
président de faire un rapport écrit au ministre et le ministre le
communiquera aux membres de la commission en temps et lieu.
M. LAFONTAINE: Maintenant, est-ce que le président pourrait me
répondre? Des cas semblables au cas soulevé par le
député de Maison-
neuve, il y en a eu combien la dernière année?
M. COURNOYER: Ecoutez, il nous a demandé...
M. BURNS: Il ne peut pas le savoir, il ne connaissait même pas le
cas que je lui avais souligné.
M. LAFONTAINE: ... où on a changé...
M. BURNS: Ce n'est pas sa faute, il arrive en poste.
M. LAFONTAINE: Il était à la commission auparavant. Il
n'était pas le président mais il était à la
commission. ... où on a changé la description des
tâches.
M. COURNOYER: Je ne suis pas au courant de ce cas particulier mais, si
vous posez la question au président, il peut peut-être vous
répondre ou pas à ce que je peux voir. Etant donné
l'affaire, je vais la mettre subjudice, on va voir si ce cas est semblable
à d'autres cas. Il faudrait savoir jusqu'à quel point ce
cas...
M. LAFONTAINE: On a changé le jury et on a aussi changé la
description de tâche.
M. COURNOYER: Cela peut arriver chaque fois qu'une
nécessité additionnelle dans un ministère a pu se
présenter. Je ne sais pas si on tient des statistiques â ce
sujet.
M. LAFONTAINE: Disons un ordre de grandeur.
M. COURNOYER: Un ordre de grandeur, mettons 50-50.
M. VEILLEUX: Est-ce que ça veut dire que des changements de
tâche pendant que le concours était ouvert, ça s'est
déjà fait précédemment à d'autres postes de
moindre importance que celui-là? Si ça s'est fait à
d'autres postes, ça peut se faire à ce poste-là aussi.
M. COURNOYER: Pas pendant que le concours se tenait. Il nous arrive,
comme ministre, de trouver que la Commission de la fonction publique ne va pas
bien vite pour organiser les concours et que pendant le temps qu'elle a
organisé le concours, on a changé d'idée sur ce qu'on
demandait au début. C'est indépendamment de toute
considération d'ordre politique et de toute considération d'ordre
technocratique.
M. BURNS: Le poste est périmé quand le concours est
ouvert!
M. COURNOYER: C'est qu'à un moment donné on a
évolué différemment. C'est peut-être une tactique de
la part de la Commission de la fonction publique pour nous faire changer
d'idée. Remarquez que ça arrive. Il peut arriver qu'on demande la
convocation de candidats pour un poste de directeur général et,
finalement, au bout du compte, quand arrive le concours parce que ces
concours ne sont pas autorisés à la légère par la
Commission de la fonction publique il peut arriver qu'il se soit
écoulé un temps suffisamment long pour que le ministre ait
décidé de ne plus avoir de directeur général
là-dedans. Et ça, c'est indépendamment de toute
considération d'ordre politique. On s'est arrangé
différemment. Je rends hommage à la Commission de la fonction
publique en ce sens, et au ministère de la Fonction publique
également. Comme ministre du Travail je peux rendre hommage au
ministère de la Fonction publique. Il est arrivé que certaines
hésitations ont fait que nous nous sommes arrangés
différemment. Et nous étant arrangés différemment,
nous avons découvert que c'était peut-être la meilleure
méthode. On n'a pas le monopole de la vérité, eux non
plus, je pense bien. Mais, par ailleurs, n'ayant pas le monopole de la
vérité, s'arrangeant différemment, il peut arriver que
parfois on puisse vouloir un poste qui n'est pas autorisable suivant les
règles, qu'on discute avec eux longuement de l'opportunité de
créer le poste. Or, pendant que la discussion a cours, on
découvre qu'ils ont raison. Il est possible que, pendant la même
période, la Commission de la fonction publique ait autorisé un
concours, pendant qu'on discutait avec le ministère de la Fonction
publique et le Conseil du trésor. C'est assez difficile de coordonner
tout ça, mais le coordonnant, ou constatant à un moment
donné que je n'ai besoin de personne pour remplir le poste,
malheureusement et c'est de bonne foi on peut arriver à la
conclusion, une fois le concours fait, que je n'en ai pas besoin et,
peut-être que dans six mois, j'en aurai besoin. Il n'y a pas de
connotation du tout, politique, technocratique, il n'y a rien de ça.
M. BURNS: Vous allez admettre avec moi, M. le ministre, que c'est
très inquiétant au plan de la planification en matière de
fonction publique. Vous déclarez un concours aujourd'hui et la
Commission de la fonction publique, pour des raisons d'ordre administratif ou
autre, retarde la mise en vigueur de ce concours écoutez, elle ne
retardera sûrement pas pendant quatre ans, elle va retarder pendant
quelques mois. Et vous vous retrouvez vous venez de l'admettre
ouvertement avec un manque de planification incroyable. C'est
incroyable, pour une administration du style du gouvernement, que, quelques
mois plus tard, vous vous retrouviez avec des concours annoncés et que
vous disiez : Il est annoncé mais, je m'excuse, on n'a plus besoin des
gars.
Cela est dangereux, je suis inquiet et je ne vous laisserais même
pas administrer l'épicerie au coin de chez nous, si vous faites
ça.
M. COURNOYER: Vous feriez bien.
M. BURNS: Je comprends, vous faites peur. Si c'est ça, vous
faites peur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Si vous me permettez, M. le Président, le
député de Maisonneuve a mentionné tout à l'heure
qu'il était question à un moment donné de la nomination
d'un sous-ministre. Est-ce que c'est ça?
M. COURNOYER: M. Baril.
M. BURNS: Excusez, je suis encore complètement
décontenancé par l'admission du ministre, je n'ai pas compris ce
que vous disiez.
M. COURNOYER: Vous ne comprenez pas ce que je veux dire.
M. BURNS: Ce n'est pas possible.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Tout en regardant le problème soulevé dans le
cas spécifique du député de Maisonneuve, c'est
commencé au mois de juin 1971 pour se terminer au mois de mars 1972.
M. BURNS: C'est du cas de M. Rivest que vous parlez?
M. VINCENT: Oui.
M. BURNS: Je l'ai donné à titre d'exemple, n'en faites pas
un...
M. VINCENT: Vous le donnez à titre d'exemple mais je voudrais que
le ministre regarde les faits en juin 1971. Il y avait alors un
ministère des Transports, il y avait un autre ministre des Transports
et, à un moment donné, on nous a déposé à
l'Assemblée nationale le bill 23 créant un nouveau
ministère des Transports, fusionnant les ministères de la Voirie
et des Travaux publics. A ce moment-là, est-ce qu'il y a eu des
changements? On a parlé de planification, est-ce que le ministre ou
le...
M. BURNS: J'aimerais bien qu'on nous dise ça. Avec le ministre
qu'on avait à ce moment-là, vous allez nous parler de la
planification qu'il y avait dans ce ministère?
M. VINCENT: Non, je pose la question.
M. BURNS: Je demanderai seulement au député de Labelle,
que j'estime beaucoup et qui connaît cela un peu et
demandez-le-lui, il est de votre parti de nous dire s'il pense que c'est
un problème de planification. Je vais le laisser répondre et je
vais prendre sa réponse comme un fait.
M. LAFONTAINE: Ce que je voulais dire tout à l'heure lorsque le
député de Maisonneuve a pris la parole, c'est ce que le ministre
de la Fonction publique disait. Je pense qu'il parlait de cas d'exception, que
ce n'était pas un cas généralisé dans le
gouvernement...
M. COURNOYER : Jamais.
M. LAFONTAINE: ... parce que si je tirais la même conclusion que
le député de Maisonneuve, ce serait un problème de
planification épouvantable. Et c'est là ce que je demande au
président. Des cas tels que soulevés par le député
de Maisonneuve, il ne doit pas y en avoir des milliers et des milliers. J'ai
bien l'impression que ce sont des cas d'exception. Si le président nous
disait devant la commission: Il y a dix cas comme cela dans tout le
gouvernement, je pense que cela prouverait que la Commission de la fonction
publique a ses raisons d'exister et qu'à ce moment cette dernière
n'est pas le jouet de certains ministres ou de certains fonctionnaires. C'est
la raison pour laquelle je demandais tout à l'heure combien il y avait
de cas.
M. COURNOYER: C'est explicable? Je vous le donnerai au...
M. BURNS: Je veux savoir comment vous nous le donnerez. Sous une forme
de déclaration ministérielle en Chambre ou bien si vous donnerez
l'information aux membres de la commission?
M. COURNOYER: Je donnerai l'information aux membres de la
commission.
M. BURNS : Je préfère cela, parce que je ne veux pas
commencer un débat en Chambre à l'occasion d'une
déclaration ministérielle.
M. COURNOYER: Moi non plus d'ailleurs. Pour revenir au manque de
planification, je tiens à vous dire que, s'il est possible de planifier
le ministère de la Voirie, il n'est pas aussi facile de planifier le
ministère du Travail, compte tenu des comportements des gens avec
lesquels nous faisons affaires. Et si vous êtes capable, vous, de me
planifier le ministère du Travail, au jour le jour, d'année en
année, vous êtes un génie et je vais vous donner le
ministère du Travail sur un plateau d'argent et rapidement.
M. BURNS: Je le prendrai à part cela.
M. COURNOYER : Alors, cela sera parfait.
M. BURNS : Je vais vous dire une chose. Je le prendrai, mais je poserai
des conditions avant, des conditions que vous devriez poser, M. le ministre. Je
m'excuse, M. le Président, mais ce n'est pas moi qui m'emmène
dans un autre ministère, c'est lui.
M. COURNOYER: Non, je vous nomme...
M. BURNS: Il y a de petites conditions que vous devrez poser très
rapidement. C'est de la petite planification qu'il faudra qu'il se fasse avec
le ministère de l'Immigration pour autant que cela veuille dire quelque
chose au Québec.
M. COURNOYER: Ne parlons pas du ministère de l'Immigration,
parlons du ministère du Travail.
M. BURNS: Parlons aussi du ministère de l'Education. Votre
collègue de l'Education...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! M. BURNS: Oui, mais
à l'ordre...
M. LE PRESIDENT: Avant qu'une bagarre intervienne entre le ministre et
le député de Maisonneuve...
M. BURNS: A l'article 97 du règlement, je ne le sais pas, mais je
pense...
M. LE PRESIDENT: Le ministère de l'Education, le ministère
des Transports, le ministère de la Voirie, j'ai permis jusqu'à
maintenant qu'à peu près tous les ministères passent mais
nous allons revenir à l'article 1.
M. BURNS: C'est là que vous avez raison, M. le Président.
Le ministère de la Fonction publique concerne tous les
ministères.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais là, vous venez d'accepter le
ministère du Travail...
M. BURNS: Il y a deux ministères...
M. LE PRESIDENT: Il y a quelques formalités qui ne
relèvent pas de la commission.
M. BURNS: Il y a deux ministères, M. le Président, et il
faudrait peut-être que vous le sachiez. Il y a deux ministères,
actuellement, qui concernent tous les ministères, c'est le
ministère des Affaires intergouvernementales et celui de la Fonction
publique, entre autres.
M. VINCENT : Et le ministère des Finances.
M. BURNS: Et le ministère des Finances, évidemment, mais
moins précisément. Mais ces deux ministères touchent
directement tous les ministères. Je ne voudrais pas commencer une
chicane là-dessus mais il ne faudrait pas s'imaginer qu'il y a des
choses qui se passent et qui ne se passent pas.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, M. le député de
Maisonneuve. Depuis cet après-midi, vous avez porté à la
connaissance de la commission un cas particulier...
M. BURNS: Ce n'est pas fini.
M. LE PRESIDENT: Eh bien, ce cas particulier, cela fait deux heures et
demie ou trois heures que nous en parlons.
M. BURNS: Parfait.
M. LE PRESIDENT: Le ministre a mentionné qu'il...
M. BURNS: Nous n'en parlerons jamais assez.
M. LE PRESIDENT: ... ferait rapport aux membres de la commission. Je
pense que nous pourrions nous permettre de continuer à l'article 1 ou
peut-être accepteriez-vous une de mes suggestions? Il est 9 heures 35
minutes. A 9 heures 30 minutes, le ministre devait faire rapport à la
commission de certaines choses de cet après-midi.
M. LAFONTAINE: M. le Président, comme prérequis à
l'acceptation du député de Maisonneuve à l'offre faite par
le ministre de la Fonction publique, est-ce qu'il faudrait qu'il y ait
changement de gouvernement?
M. BURNS: Bien, maudit, si cela ne se fait pas...
M. LE PRESIDENT: Il y a certaines formalités...
M. BURNS: ... je ne sais pas où nous nous retrouverons dans
quelques semaines et dans quelques mois! C'est un autre problème.
D'ailleurs, je n'ai pas abordé le problème de cette nature. Je
pense, M. le Président, que vous êtes capable de témoigner
du fait que...
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. BURNS: ... je n'ai pas tenté de politiser les débats
d'une façon partisane.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. BURNS: Le politiser, oui, mais pas de façon partisane.
M. VEILLEUX: Vous avez accusé M. Paul Desrochers et...
M. BURNS: Qu'est-ce que vous voulez? Il est là.
M. VEILLEUX: Je me demande ce que c'est si ce n'est pas politiser un
débat.
M. BURNS: Oui, mais qui est-ce? Etes-vous en train d'admettre que c'est
votre "politicailleux" officiel?
M. LAFONTAINE: Je voudrais dire au député de Maisonneuve
que M. Paul Desrochers est politisé...
M. VEILLEUX: Parce que des accusations en l'air, nous pouvons en
lancer.
M. BURNS: Oui, mais ce n'est pas moi qui l'ai nommé là.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. VEILLEUX: Nous pouvons en lancer d'autres aussi qui sont dans
d'autres partis.
M. BURNS : C'est cela. Lancez-en.
M. VEILLEUX: C'est pas mal grave, M. le Président.
Sécurité d'emploi
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, tel que convenu cet
après-midi avec le ministre de la Fonction publique, qui voulait faire
rapport aux membres de la commission à 9 hres 30 ce soir, nous allons
disposer des questions que les membres lui avaient posées cet
après-midi, si vous désirez l'écouter faire rapport des
négociations avec le front commun.
M. BURNS: Cela ne dispose pas des questions générales du
ministère?
M. LE PRESIDENT: Non, strictement...
M. BURNS : Nous en avons encore quelques-unes.
M. COURNOYER: C'est juste parce que la question avait été
posée cet après-midi. J'avais convenu avec les
représentants du front commun de ne pas publier les offres, les
énoncés de principes sur la sécurité d'emploi que
je leur avais communiqués cet après-midi au nom du gouvernement.
Je vais les lire ici. Je ne crois pas cependant, je le dis en toute
honnêteté et sincérité que ce soit ici qu'il y ait
lieu d'en discuter. C'est une chose qui se discute à la table du front
commun. Je ne crois pas qu'il y ait lieu d'en discuter à ce moment-ci,
mais je peux vous dire ce que c'est. La sécurité d'emploi
constitue...
M. BURNS: Je m'excuse mais je ne peux pas vous garantir cela
d'avance.
M. COURNOYER: Alors si vous ne pouvez pas me garantir cela d'avance je
vais la communiquer aux journaux et vous me poserez les questions en Chambre
demain parce qu'il s'agit d'un problème...
M. BURNS: Moi, je vous dis que je ne peux pas vous garantir cela
d'avance.
M. COURNOYER: Parce que vous ne savez pas le contenu.
M. BURNS: Je ne connais pas le contenu et cela se peut que j'aie des
questions à poser à ce sujet.
M. COURNOYER: Quant aux questions à poser, c'est bien simple,
j'ai l'impression qu'à ce moment-là je serai obligé de
dire qu'il s'agit d'un article de négociation et cela en est un. Je peux
bien entreprendre un débat ici mais je n'accepterai pas que les
négociations soient à deux places en même temps, que les
discussions sur le même sujet soient...
M. BURNS: Vous allez quand même reconnaître ceci, en tant
que membre de la commission et également comme tous mes
collègues, le député de Frontenac, le député
de Labelle, le député de Dubuc, le député de
Nicolet on aura peut-être, à un moment donné, des petites
questions à vous poser si vous nous mettez cela sur la table. C'est
à votre goût. C'est vous qui choisissez cela ! Moi, cela ne me
fait rien. Bien, faites-le.
M. COURNOYER: Non, non.
M. BURNS: Je vous le dis, je ne m'engage pas d'avance à ne pas
vous poser de questions à ce sujet.
M. COURNOYER: M. le Président, je préfère le
polycopier et le donner en dehors de la commission aux membres de la commission
que de commencer à en discuter ici pendant qu'on en discute
là-bas, parce qu'on en discute là-bas. Si on n'en discutait pas
là-bas, ce serait une autre chose. C'est un point de la
négociation. Si je commence à discuter de celui-là ici, je
serais obligé de discuter avec la commission parlementaire de tous les
autres points de la négociation. Honnêtement, je me sentirais
obligé de discuter des autres points.
M. BURNS: Dites-nous celui sur lequel vous avez des choses à nous
dire, c'est le plus intéressant, c'est la sécurité
d'emploi, je pense.
M. COURNOYER: Oui, alors je vous le communique. J'en fais faire des
copies immédiatement.
M. BURNS: Je peux vous dire que là, non seulement je ne vous
garantis pas de ne pas vous poser de questions mais je vous garantis de vous en
poser.
M. COURNOYER: Où, quand, comment, pourquoi?
M. BURNS: Bien, si vous parlez de la sécurité
d'emploi...
M. COURNOYER: Je n'en parlerai pas.
M. VINCENT: M. le Président, à ce moment-ci, cet
après-midi le ministre nous avait mentionné que vers neuf heures
trente il nous ferait part de ce qu'il avait annoncé au front commun
syndical.
M. COURNOYER: Oui.
M. VINCENT: Nous convenons facilement qu'ici n'est pas un endroit pour
négocier. Mais il reste quand même que peut-être il y aura
certaines questions à poser comme, par exemple, est-ce qu'il y a eu des
réactions de la part des membres du front commun jusqu'à
présent?
M. COURNOYER: Aucune. C'est à neuf heures et demie qu'ils vont
peut-être les faire.
M. VINCENT: Bon, c'est assez difficile pour nous, nous ne connaissons
pas la teneur du document.
M. COURNOYER: Je dis honnêtement et compte tenu de l'observation
du député de Maisonneuve qui est susceptible de me poser des
questions sur ce document que les questions qui intéressent la table
centrale intéressent sans doute les députés mais
certainement pas pour en faire un débat ici alors que le débat a
lieu ailleurs en même temps. Que je vous le communique
immédiatement, je dis qu'il n'y a aucune réaction pour le moment,
on est en train de l'étudier du côté syndical. J'imagine
que c'est ce qu'on fait. On a différentes instances à traverser
avant de publier les réactions des gens. Je dis que je respecte cela.
Que je vous donne le document ici, que je vous le donne polycopié, qu'il
n'en soit pas question à cette commission parlementaire, cela ne me fait
rien. Je vous dis qu'il n'y a pas eu de commentaires de l'autre
côté et je n'ai aucune forme d'espoir sur la réaction des
représentants syndicaux. Je ne sais pas ce qui va se produire. Tout ce
que je sais c'est que j'ai fait une nouvelle proposition cet après-midi.
Je vais vous en faire faire des copies comme membres de la commission
parlementaire mais je n'en discuterai pas ici. Tout ce que je vous demande
comme service au public est que cela se discute là-bas. A moins qu'on
change la table de négociation de place et qu'on l'amène ici et
qu'on dise: On va en discuter ici. Ce n'est pas le rôle des
députés de commencer à négocier. Une nouvelle
proposition a été faite. Compte tenu des débats de la
commission parlementaire de la fonction publique en vertu du bill 19, ces
nouvelles propositions peuvent être comprises plus facilement, je pense,
par les membres de la commission parlementaire parce qu'ils ont vécu les
débats, ils vont les apprécier, quitte à ceux qui sont en
face de nous de les apprécier.
En face de nous, j'ai trois centrales syndicales. Je n'ai pas, que je
sache, les députés de l'Opposition. Mais que les
députés de l'Opposition soient informés de la nature des
gestes que j'ai posés, je vous les donne mais non pour en discuter ici.
Je n'aime pas être formaliste mais ce n'est pas ici qu'on va
négocier cette affaire-là, pas ici, c'est certain. A moins que
cela ne se retransporte ici officiellement, à la commission
parlementaire, où les parties pourront se contredire. Je n'accepterai
pas de discuter cette affaire en l'absence des parties syndicales.
M. VINCENT: Si le ministre, par exemple, pouvait nous lire la
déclaration et par la suite il verra, par les questions qui seront
posées. A ce moment-là, s'il ne répond pas, il ne
répond pas.
M. COURNOYER: Non. Et je n'aime pas dire non.
M. VINCENT: M. le ministre, la même chose peut se produire demain.
On arrive devant la commission parlementaire pour les crédits...
M. COURNOYER: A ce moment-là, ce sera ça. Mais si vous
voulez me poser des questions demain, vous me poserez des questions demain,
mais au moins vous aurez en même temps les commentaires de la partie
syndicale à qui j'ai communiqué ces documents avant vous cet
après-midi.
M. VINCENT: C'est bien entendu que ce serait assez difficile
présentement de faire des commentaires avant d'avoir les commentaires de
la partie syndicale.
M. BURNS: On a déjà vu ça à
l'Assemblée nationale et c'est pour ça que je vous dis que je
n'accepte pas de me fermer la gueule sur ce problème si vous le mettez
sur la table. Parce que moi, j'en ai entendu des commentaires sur des offres
qu'avait faites M. L'Allier dans le temps où il était ministre de
la Fonction publique. Je me suis toujours refréné, je suis
entièrement d'accord avec le ministre là-dessus, je me suis
toujours empêché d'en faire, bien que mon sentiment personnel
m'eût porté à en faire. Je me suis toujours
empêché de faire des commentaires. Si vous le mettez sur la table,
je vous garantis que vous aurez des commentaires. Je vous le dis. Je suis
d'accord avec vous de laisser les centrales syndicales se prononcer avant qu'on
en discute ici. Si vous le mettez sur la table, je ne vous garantis pas que je
n'en parlerai pas. Je vous garantis plutôt du contraire.
M. LAFONTAINE: Je pourrais peut-être faire une suggestion au
ministre, soit rendre publique sa déclaration à dix heures moins
cinq, prendre cinq minutes pour la lire et demander l'ajournement à dix
heures.
M. COURNOYER: ... Ce que je veux honnêtement éviter, c'est
qu'on me pose des questions là-dessus.
M. BURNS : M. le ministre, je vais vous faire une suggestion. Si vous ne
voulez pas entendre des questions là-dessus, attendez donc que les
centrales vous fassent des réponses. Vous n'en aurez pas de nous si vous
ne rendez pas ça public
M. COURNOYER: De vous, mais eux, ils en veulent... De toute
façon, vous allez reconnaître...
M. VINCENT: Est-ce que le document va devenir public?
M. COURNOYER: Certainement.
M. VINCENT: Est-ce qu'il est présentement public?
M. COURNOYER: Je ne veux rien garantir du côté syndical,
mais il est possible qu'il ait déjà été
publié, en le critiquant ou en l'approuvant, je ne sais pas. C'est
possible qu'il ait été publié. Je vais vous donner la
copie de ce document à la suite de la réunion que nous avons. On
finit à dix heures, je pense que la copie du document va devenir de
notoriété publique dans peu de temps. Vous l'aurez.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes d'accord pour la faire distribuer
à dix heures, à l'ajournement. Nous continuons où nous
étions rendus.
Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, en politique générale,
je voudrais d'abord féliciter le ministère et le ministre de la
Fonction publique d'avoir préparé ce document qui, à mon
sens, devrait être un exemple pour tous les ministères du
gouvernement provincial. Nous avons là une foule de renseignements qui
vont permettre aux membres de la commission et aux députés de
savoir ou de connaître à peu près tous les montants
d'argent à chaque article au ministère de la Ponction
publique.
J'ai tout de suite une observation, cela étant dit. Vous avez le
ministère de la Fonction publique dans le budget et, à
l'intérieur du budget, on parle de la Commission de la fonction
publique, on en a parlé tout à l'heure. Je ne sais pas de quelle
façon on pourrait faire la relation pour inclure également dans
ce livre ce qui touche la Commission de la fonction publique parce qu'on parle
des quatre premiers articles sans mentionner la Commission de la fonction
publique. Je ne fais pas de reproches à qui que ce soit, je
félicite le ministère d'avoir fait ça mais en
complétant et en y ajoutant la Commission de la fonction publique.
Deuxièmement, j'ai un autre commentaire d'ordre
général à faire. Quand on regarde le rapport du ministre
de la Fonction publique, pour l'année 70/71, je me demande si ce ne
serait pas une bonne chose, comme certains autres ministères le font,
exemple l'Agriculture qui a la Régie des marchés agricoles, de
faire, à un moment donné, une relation entre les
responsabilités du ministre et la Commission de la fonction
publique.
Cela répondrait d'avance aux questions des membres de la
commission sur le rôle du ministre avec la Commission de la fonction
publique.
M. COURNOYER: Si vous permettez. Vous savez que c'est le second rapport
annuel du ministère, le premier étant celui de l'an dernier.
Comme c'était le premier l'an passé, on avait
précisément fait cela dans le premier rapport annuel.
Malheureusement je ne l'ai pas ici mais je pourrai apporter demain, si vous
voulez, le premier rapport du ministère pour l'année 69/70.
La Commission de la fonction publique, pour une fois, ne peut pas
être partie de ce rapport. J'imagine qu'il y a un rapport de la
Commission de la fonction publique.
M. VINCENT: La Commission de la fonction publique a un rapport annuel.
Mais dans ce rapport annuel du ministre, qu'il soumet à la Chambre, il
pourrait peut-être y avoir une page où l'on indique la
responsabilité du ministre face à la Commission de la fonction
publique.
M. COURNOYER: Je comprends.
M.VINCENT: Comme fait par exemple l'Agriculture avec là
Régie des marchés. Dans la préparation du budget,
c'est-à-dire dans ces informations budgétaires qu'on inclut,
qu'on demande à la Commission de la fonction publique de faire le
même travail et qu'on ajoute, à ce rapport très
détaillé, les services de la Commission de la fonction publique,
avec les fonctionnaires et le reste.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc. Loi 19
M. BOIVIN: M. le Président, c'est une autre question d'ordre
général sur le bill 19. Si le gouvernement venait à
procéder par décret, est-ce que le bill 19 prévoit qu'il y
aurait un comité paritaire entre les deux parties? On pourrait s'assurer
que même le décret serait une négociation entre l'employeur
et l'employé. Par le bill 19, le gouvernement, actuellement, peut
procéder par décret. Est-ce que le bill 19 permet qu'il y ait un
comité paritaire comme dans les autres lois du travail, dans la
construction?
M. COURNOYER: Non. Le bill 19 ne répond pas à
ça.
M. BURNS: Ce n'est pas en vertu de la loi de l'extension des
décrets, des conventions collectives?
M. COURNOYER: C'est un bill totalement différent?
M. BOIVIN: Alors, ma deuxième question. Si vous faites amender le
bill 19, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de demander la formation d'un
comité paritaire?
M. COURNOYER: Un comité paritaire est habituellement formé
lorsqu'il y a multiplicité d'employeurs et que cette multiplicité
d'employeurs fait qu'on étend à d'autres employeurs, qui ne sont
pas impliqués dans la négociation, des conditions de travail,
qu'on est obligé par la suite de surveiller à l'aide d'un
comité paritaire. Il n'est pas question de négociations dans un
comité paritaire. Il est strictement question d'administrer, non pas la
convention collective, qui relève au premier chef de l'employeur et du
syndicat représentant ses employés et que l'on étend aux
tiers en vertu de la loi des décrets de conventions collectives. A
partir du moment où on l'a étendue aux tiers, il y a des gens qui
ne sont pas partie comme employeur de l'association d'employeurs de
négocier et d'autres qui ne sont pas partie du syndicat qui a
négocié. On surveille l'application de ces règles
étendues par décret aux tiers.
Dans le cas actuel, le décret couvrirait les personnes, toutes
les personnes qui sont mentionnées au bill 19. C'est à peu
près tout le monde dans la fonction publique.
M. BOIVIN : Mais vous ne croyez pas à cause de la
pluralité dans le domaine de l'enseignement, dans le domaine de la
santé, dans les différents domaines que couvre actuellement la
fonction publique, que ce serait utile qu'on procède...
M. COURNOYER: Il y a déjà une parité dès que
nous parlons de convention entre deux parties bien identifiées. Les deux
parties administrent leur convention collective. Dans le cas actuel, selon le
bill 19, le décret tiendrait lieu tout simplement de convention
collective. Les deux parties sont nettement identifiées. Prenons, par
exemple, le secteur scolaire. Vous avez la Fédération des
commissions scolaires, la Quebec Association of Protestant School Boards, le
gouvernement et, de l'autre côté, la CEQ, la Provincial
Association of Catholic Teachers, la Provincial Association of Protestant
Teachers. C'est leur régime de convention collective qui serait
décrété au lieu d'être conventionné. Dans le
corps même des textes du décret ou de la convention collective, il
y a des possibilités pour les syndicats représentants, pour la
PACT, PAPT, il existe déjà en soi un système de relations
de travail imbriqué dans le décret. Comme le fait remarquer le
sous-minis- tre, dans un décret ordinaire il n'y a pas de
procédure de griefs. C'est la loi des décrets de conventions
collectives qui s'applique pour le recouvrement de sommes d'argent non
payées. Même au lieu et place des parties, le comité
paritaire poursuit l'employeur ou les employeurs récalcitrants.
Dans le cas actuel, ici, c'est fait différemment, dès
qu'il y a un grief, il est formulé par le syndicat. Le décret ne
peut que tenir lieu de convention collective; entre vous et moi, tel qu'il est
rédigé, le bill 19, il s'agit strictement de dire: Voici votre
convention collective. Votre convention collective comporte, comme si les
parties l'avait négociée, des procédures de griefs dans
plusieurs cas. Si je prends la question de classification chez les enseignants,
la question de reconnaissance d'années de scolarité, le syndicat
continue d'exister, on ne l'a pas aboli par le strict fait qu'on a signé
un décret. Le décret ici, je l'ai répété
à deux ou trois reprises, n'est absolument pas de la nature d'un
décret d'extension de convention collective, c'est strictement une
sentence arbitrale faite par le gouvernement qui est, par hypothèse,
partie, qui a décidé: Voici les conditions de travail que vous
avez.
M. BOIVIN: Mais dans les termes des conventions collectives, est-ce que
le mot décret est réellement bien choisi? Ce n'est pas
plutôt un édit du gouvernement?
M. COURNOYER: Bien, tout ce qui émane du gouvernement est soit un
décret, soit un arrêté en conseil, soit un ordre en
conseil, le titre a peu d'importance. Quand le gouvernement décide, il
décide par arrêté en conseil, par décret ou par
ordre en conseil. Alors, l'édit du gouvernement, ressemble un peu
à l'édit de Nantes, cette histoire-là, je n'en ai jamais
vu jusqu'ici depuis que je suis au gouvernement...
M. BOIVIN: C'est plus fort.
M. COURNOYER: ... mais effectivement c'est ce dont il s'agit, c'est le
processus ordinaire de décisions du gouvernement comme tel. On lui
permet de décréter un règlement. En fait, ce qui va
arriver, c'est qu'il a passé un règlement, mais c'est un
décret. Tous les règlements du gouvernement sont des
décrets.
M. BOIVIN : Est-ce que les lois du travail vont s'appliquer quand
même avec ce décret?
M. COURNOYER: A compter du 30 juin, lorsque le décret sera
signé, le code du travail continue son application.
M. BOIVIN: C'est ça.
M. COURNOYER: Enfin, le code du travail amendé par le bill
46.
M. LE PRESIDENT: Article 1.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'entendais tout à l'heure
le ministre dire qu'il avait l'intention, pour assurer une meilleure
objectivité à la Commission de la fonction publique,
peut-être d'apporter une loi amendant la Loi de la Commission de la
fonction publique.
M. COURNOYER : Ai-je dit ça?
M. LAFONTAINE: Bien, vous avez laissé sous-entendre que
peut-être vous alliez changer le titre...
M. COURNOYER: Bien, j'ai parlé de changer le nom.
M. LAFONTAINE : Faire changer le nom, ça prend tout de suite un
amendement à la Loi de la fonction publique.
M. COURNOYER: Forcément.
M. LAFONTAINE: Forcément. Et je comprends l'esprit dans lequel le
ministre le dit, c'est pour assurer une meilleure objectivité,
empêcher aussi que les gens mélangent les choses.
A ce moment-là, pour rejoindre la critique faite tout à
l'heure par le député de Saint-Jean et le député de
Taillon, est-ce qu'il y aurait aussi possibilité d'envisager ou
d'apporter un amendement de telle sorte que le président de la
Commission de la fonction publique soit nommé par l'Assemblée
nationale et non pas par le lieutenant-gouverneur en conseil, ce qui
séparerait encore plus la Fonction publique de la Commission de la
fonction publique?
M. COURNOYER: Vous posez une question qui est strictement
gouvernementale et, avant de répondre oui ou non à cette
question...
M. LAFONTAINE: M. le Président, c'est une suggestion que j'ai
demandé au ministre d'envisager.
M. COURNOYER: Je la prends comme suggestion.
M. LAFONTAINE: Pour assurer l'objectivité.
M. COURNOYER: Pour l'objectivité, il n'y a pas de
problème. Dès que c'est l'Assemblée nationale qui
décide, c'est objectif.
M. LAFONTAINE: Donc, cela protège le gouvernement de
tentations.
M. COURNOYER: Et cela protège aussi le gouvernement de bien des
choses.
M. LAFONTAINE: Plusieurs choses, et surtout de critiques.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je pose une question au ministre. Est-ce que vous ne trouvez
pas qu'il y a de l'incompatibilité c'est un peu un reproche que
je fais au gouvernement, parce que j'ai bien confiance au ministre du Travail
de trouver dans la même personne le ministre de la Fonction
publique et le ministre du Travail?
M. COURNOYER: Nous sommes à la Commission de la fonction publique
et le ministre du Travail n'a pas affaire ici. Je peux dire ce que j'ai
déjà dit. Il y a incompatibilité entre les deux. Je n'ai
pas honte de le dire. Le gouvernement a décidé que, à
toutes fins utiles, il tenterait de résoudre le problème
actuel...
M. BURNS: Pouvez-vous nous dire quel va être le nom du prochain
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre?
M. COURNOYER: Je ne suis pas le premier ministre. Vous pouvez, en
même temps, demander quel sera le nom du prochain ministre de la Fonction
publique.
M. BURNS: Je ne postule pas cet emploi parce que j'ai trop peur de me
faire fourrer par la Commission de la fonction publique.
M. COURNOYER: Vous pouvez demander le nom de celui qui sera le prochain
ministre de la Fonction publique. Je ne le sais pas. Les voeux du gouvernement
sont les voeux du gouvernement. Posant la question, le député de
Dubuc sait fort bien que je ne peux pas y répondre. Ce ne sont pas mes
affaires. Quant à l'incompatibilité des rôles entre le
ministre du Travail et le ministre de la Fonction publique, je pense que vous
posez la question du gouvernement dans son rôle de protecteur de
l'intérêt des citoyens, d'employeur et dans son autre rôle
de médiateur dans les conflits privés.
Vous pourrez en même temps vous demander s'il doit y avoir une
tellement grande distinction entre les deux rôles, parce qu'on peut aller
loin dans ce raisonnement. Personnellement, j'ai déjà vécu
dans un autre gouvernement les deux fonctions que je vis actuellement. Il est
arrivé que, dans l'autre cas, j'était ministre de la Fonction
publique et que je suis devenu ministre du Travail; dans ce cas-ci, c'est le
ministre du Travail qui est devenu ministre de la Fonction publique.
M. VEILLEUX: Cela va aller mieux comme ça ou...
M. COURNOYER: Je n'ai aucune idée, vous le saurez dans les jours
qui s'en viennent...
M. BURNS: Cela ne peut pas être pire de toute façon.
M. COURNOYER: Disons que ce n'est pas
aussi mal que ça, mais je défie quiconque de vivre
l'expérience que nous vivons actuellement...
M. BOIVIN: J'ai posé la question, M. le Président...
M. COURNOYER: ... y inclus le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Ecoutez, vous ouvrez un beau grand débat, ça
peut être bien le "fun", ce que vous dites là, si vous
voulez...
M. LE PRESIDENT: La durée d'une minute, il reste une minute.
M. BURNS: Je suis bien d'accord pour en parler mais on va tout
défaire ce qui a été fait et direcommentç'auraitpu
être fait si ç'avait étéfait différemment.
Remarquez que je ne blâme pas le ministre directement, mais comme le
ministre est là comme persona designata, à ce moment-là,
peu importe qu'il s'appelle Cournoyer, L'Allier, c'est le ministère. Je
pense que c'est une belle discussion d'ailleurs que je voulais aborder aussi
à une moment donné à l'occasion de l'étude des
crédits sur l'approche des négociations elles-mêmes, sur le
fait qu'on ait refusé de discuter de la politique salariale, qu'on ait
refusé de discuter de la masse salariale avant que les
négociations ne soient entreprises. En tout cas, je ne demande pas une
réponse tout de suite ce soir au ministre, étant donné
qu'il est dix heures moins une seconde. J'aimerais bien que le ministre, la
prochaine fois, nous donne des détails. On a eu trois rondes de
négociation, c'est la troisième qu'on vit actuellement. Lors de
la première, ç'a boitillé un peu de part et d'autre,
c'est-à-dire que le gouvernement n'était pas tellement prêt
de son côté. Peut-être que pour le syndicat aussi
c'était un peu nouveau et ç'a pris un peu d'ampleur. Or, le
ministre est parfaitement au courant, parce qu'il a suivi, je pense, le
dévelppement de tout ça au fur et à mesure. Au moins, on a
cette personne stable qui est en mesure de voir ce qui s'est passé au
cours des années. Lors de la deuxième ronde de
négociation, on s'est aperçu qu'il y avait sûrement des
lacunes, parce que les exigences syndicales commençaient à se
préciser. A ce moment-là, je me souviens encore une fois de feu
M. Johnson qui, avec une résonnance qui a donné beaucoup d'espoir
du côté syndical, a dit tout simplement : La prochaine fois, il va
falloir réviser votre approche à la négociation dans le
domaine de la fonction publique.
En particulier, il faudrait négocier la masse salariale, chose
qui n'a pas été faite cette année. Alors, j'aimerais au
moins que le ministre, d'ici la fin de l'étude des crédits de son
ministère, nous dise ce qui arrivera lors de la quatrième ronde
des négociations. Celle-là risque d'être encore moins
drôle que celle-ci. Parce que tout le monde, de part et d'autre se rode,
s'habitue à cette formule et commence à y trouver des avantages
d'une part et des failles. Le gouvernement, si c'est celui-là qui est en
place actuellement, devra être...
M. COURNOYER: Voilà. M. BURNS: Pardon?
M. COURNOYER: Vous avez répondu à la question?
M. BURNS: Non, j'aimerais savoir si c'est le gouvernement actuel qui
fera face à la prochaine ronde de négociation, je ne sais pas. Je
ne suis pas plus prophète que vous, M. le ministre, mais c'est quand
même une possibilité que ce soit le gouvernement actuel,
j'aimerais savoir quels seront, pour la prochaine ronde de négociation,
vos engagements relativement à la négociation préliminaire
de la masse salariale tout au moins, sinon de la politique salariale. Et je
connais l'ampleur que cela comporte de part et d'autre. Enfin, je pose la
question. Il est peut-être trop tard pour en discuter ce soir parce qu'il
est passé 10 heures. Il y aurait peut-être lieu de suspendre.
UNE VOIX: Très, très tard.
M. BOIVIN: A la question que j'ai posée, le député
de Maisonneuve m'a enlevé la parole mais je tiens à revenir sur
la question que j'ai posée au ministre.
M. COURNOYER: Sur le décret?
M. BOIVIN: Non, non, l'histoire du ministre du Travail et du ministre de
la Fonction publique.
M. COURNOYER: Il me semble que j'ai bien répondu à la
question.
M. BOIVIN: Non, mais il y a des constatations que j'ai faites...
M. COURNOYER: Je veux bien que vous m'en fassiez part mais je vous
répondrai tout le temps...
M. BOIVIN: Cela peut aider. M. COURNOYER: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre de la Fonction publique pourrait
rappeler au ministre du Travail qu'il y a une commission parlementaire du
travail demain matin à 9 h 30?
M. COURNOYER: Après consultation, le ministre du Travail annonce
que demain matin à 9 h 30, il y aura la commission du travail et de la
main-d'oeuvre pour étudier l'arrêté en conseil 2711 et ses
effets particulièrement étudiés par la commission de
l'industrie de la construction.
Les discussions, les objections et les commentaires des
députés seront les bienvenus après la présentation,
bien sûr, du rapport par les officiers de la commission de l'industrie de
la construction.
M. VINCENT: Et comme le ministre de la Fonction publique assiste
également à cette commission du travail et de la main-d'oeuvre,
nous ne siégerons pas demain matin.
M. COURNOYER: Non, nous ne siégerons pas demain,
M. LE PRESIDENT: Nous attendrons qu'en Chambre on nous avertisse quand
nous siégerons à nouveau. La commission ajourne ses travaux.
M. BURNS: Sine die? M. LE PRESIDENT: Sine die. (Fin de la séance
à 22 h 2)
Séance du mercredi 7 juin 1972 (Seize heures
onze minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
Le député de Dubuc avait demandé hier la parole en
commençant, pour poser quelques questions à l'article 1.
M. BOIVIN: C'est au sujet de l'incompatibilité qu'il peut y avoir
c'est un blâme au gouvernement de nommer dans la même
personne, le ministre de la Fonction publique et le ministre des
Communications. On a constaté que cela faisait un ministre qui
était un peu bavard, cela pouvait nuire aux négociations. Aussi,
l'incompatibilité qui existe et c'est peut-être encore pire
entre le ministre du Travail et le ministre de la Fonction publique. Je
vois le ministre de la Fonction publique comme le grand patron, le patron le
plus valable. Comment fera le ministre du Travail pour intervenir, par exemple?
Je crois qu'il serait capable d'intervenir en toute objectivité, mais
c'est de nature à mêler un peu les esprits que le ministre du
Travail intervienne, étant patron et ministre de la Fonction publique,
dans certaines choses, comme ministre du Travail. Je ne sais pas si c'est une
chose qui le gêne tellement, c'est la question que je lui pose.
M. COURNOYER : Je ne suis jamais gêné. Ce sont les
réponses qui sont gênantes, pas les questions. Mais la
façon dont vous posez la question porte beaucoup plus sur le rôle
que joue un membre du Conseil exécutif qui est membre du Conseil
exécutif en même temps que ministre dans un cabinet du Conseil
exécutif. J'ai déjà eu une discussion avec vous à
l'extérieur de cette table sur le sujet: l'intervention du ministre
et ce n'est pas le type d'avoir deux chapeaux sur la même
tête du Travail dans les affaires du ministre de la Fonction
publique, officiellement ou officieusement, ne peut se faire qu'au conseil des
ministres.
M. BOIVIN: Ce n'est pas nécessairement au conseil des
ministres.
M. COURNOYER : Je vais vous donner mon opinion; je sais que votre
opinion est que le ministre du Travail pourrait intervenir entre le ministre de
la Fonction publique, au nom du gouvernement employeur, et les syndicats
représentant les employés; comme il le fait dans d'autres
circonstances, dans d'autres lieux, entre les employeurs privés et les
syndicats représentant leurs employés. Mais, à
l'intérieur de la structure gouvernementale, il y a un Conseil
exécutif qui donne des mandats à un ministre de la Fonction
publique et le Conseil exécutif est formé d'un groupe de
ministres, dont le ministre du Travail.
Je ne peux concevoir à aucune époque, à moins de
miracles, au moment où on arrive â une conclusion ou qu'on
n'arrive pas à une conclusion, que le ministre du Travail comme tel,
comme ministre du Travail agissant comme ministre du Travail, puisse intervenir
et faire de la méditation entre son collègue qui est membre du
même Conseil exécutif que lui et un groupe de syndicats à
côté, alors qu'il a participé d'une façon directe ou
indirecte à l'établissement des mandats de son
collègue.
Sur la même tête on peut se battre; Cournoyer et Cournoyer
peuvent se battre parce qu'ils sont ministres de deux ministères, ils
peuvent se chicaner, ça arrive régulièrement. Je ne dors
pas la nuit à cause de ça.
M. BOIVIN: Je vois évidemment dans le ministre du Travail un
homme un peu neutre comme le président de la Chambre. Je me demande
même si le ministre du Travail ne devrait pas être nommé par
l'Assemblée nationale, parce qu'il a à intervenir, parce qu'on
veut qu'il soit tellement objectif et que ça enlève tout doute
sur l'objectivité du ministre du Travail, entre les employés et
l'employeur.
M. COURNOYER: Je pense, docteur, que vous prévoyez, à ce
moment-ci, une sorte de mécanisme d'intervention de quelque chose
à l'extérieur du gouvernement, qui ne serait pas le ministre du
Travail, parce qu'il manquerait d'objectivité. Il ne peut pas avoir une
objectivité totale et inconditionnelle, il fait partie d'un cabinet de
ministres. Il est responsable et solidaire des décisions de ce cabinet.
Vous voudriez que quelqu'un soit à l'extérieur et pour faire une
sorte de conjonction du gouvernement et des syndicats, que cette personne ait
tout le caractère d'objectivité. Cela peut ne pas être un
ministre, parce que les ministres, par définition, sont membres d'un
gouvernement. On a le président de l'Assemblée nationale qui n'en
est pas un; il est nommé par l'Assemblée nationale et il a le
caractère d'objectivité qui procède de la nomination par
l'Assemblée nationale. A partir du moment où il a des
règles, ça va bien pour administrer son affaire; il fait
établir les règles avant, puis il dit: Là, vous m'avez
chargé de faire respecter ces règles. Nous autres, dans notre
domaine, il n'y a pas tellement de règles. Elles cahngent à tout
bout de champ. Une journée, vous en avez une et le lendemain, c'en est
une différente; parfois, elles sont opposées l'une à
l'autre. Je dis que ce qui est vrai, dans le cas du ministre du Travail, dans
le secteur privé... Même si je suis un ancien représentant
d'employeurs, je ne peux pas accuser le ministre du Travail actuellement de
manque d'objectivité. On peut peut-être le faire sur la personne
du gars, on ne peut certainement pas le faire sur les individus qui se
partagent la responsabilité du ministère du Travail; et mes
conciliateurs sont taxés très rarement de partialité. Cela
m'est rarement arrivé de voir un de mes conciliateurs se faire engueuler
comme étant partial. Mais, dans le cas du secteur public, M. L'Allier
qui était mon prédécesseur à la Fonction publique a
été chargé justement, à l'occasion des
expériences que nous faisons acutellement et de celles qu'on sera
peut-être appelé à faire plus tard, mais celle qu'on a
faite dans les deux dernières rondes de négociation â la
Fonction publique, d'examiner quel système de négociation, pas
nécessairement de la matraque et de la loi.
Un tel système serait susceptible, lors du prochain voyage, de
nous faire éviter ce que nous avons vécu à ce voyage-ci et
ce que nous avons vécu, peut-être différemment, à un
voyage précédent.
M. L'Allier, qui est ministre des Communications, compte tenu de
l'expérience qu'il a vécue d'une façon intense dans le
domaine particulier qui nous intéresse, a été
chargé d'étudier les mécanismes de négociation avec
un comité "task force"; ils vont étudier cette affaire.
Sans vouloir m'avancer pour l'avenir, parce que vous savez que nos
avenirs sont toujours journaliers, on ne sait jamais ce qui va nous arriver le
lendemain. Il est bien clair que le ministère de la Fonction publique
est drôlement intéressé à rétablir une sorte
de mécanisme qui complétera peut-être celui où nous
sommes rendus. Parce qu'on a fait un grand bout de chemin depuis le droit de
grève au secteur public, un "moses" de grand bout de chemin.
On a commencé avec une foule de conventions collectives. Je ne
prendrai pour exemple que le secteur des enseignants à
l'élémentaire et au secondaire où il y avait
au-delà de 600 conventions collectives, des conditions de travail
différentes un peu partout, négociées différemment
par des petites unités syndicales. Finalement, il y a eu la
Fédération des commissions scolaires qui a commencé
à orienter les différentes commissions scolaires; et après
ça, il y a eu, bien sûr on dit que c'est de mauvaise
mémoire, mais pour moi, c'est l'évolution normale
l'établissement, dans le bill 25, d'un mécanisme de
négociation nouveau, un nouveau régime de négociation dans
le secteur de l'enseignement.
Là, on a invité les gens qui étaient les premiers
impliqués, c'est-à-dire le gouvernement qui établissait
des normes par son ministère de l'Education, la Fédération
des commissions scolaires au nom de ses représentants et la QAPSB au nom
de ses commissions scolaires; ces trois-là représentent les
employeurs pour la conclusion d'une convention collective.
Lors du bill 46, nous avons encore une fois fait un pas additionnel, pas
nécessairement dans le cas des enseignants, mais un pas additionnel
consacrant une situation de fait dans les hôpitaux. Il y avait une table
sectorielle dans les hôpitaux et là, on l'a consacrée dans
le bill 46 ou, au moins, on a permis sa consécration.
On a donc fait un autre pas dans l'évolution
de la méthode de négociation. Il faudra en franchir
d'autres et peut-être le pas dont vous parlez, celui de la
possibilité d'intervention d'un tiers, un organisme de
l'extérieur qui pourrait faire le rapprochement qui est souhaité
et faisable et qui se fait dans le secteur privé; quelqu'un qui pourra
agir comme porte-parole. Cela arrive souvent que les gens ne peuvent plus se
parler en face; c'est bon qu'ils se parlent par des tiers à ce moment,
parce que, dès qu'ils mettent les pieds l'un en face de l'autre,
l'engueulade prend et ils ne se parlent plus.
M. BOIVIN: Le Protecteur du citoyen ne serait pas l'homme tout
déterminé?
M. COURNOYER : Le Protecteur du citoyen a un rôle fort complexe
déjà, celui de protéger les individus contre l'Etat. Ici,
il ne s'agit pas de cela. Il s'agit d'établir ou de protéger un
système de négociation, qui n'est pas indépendant des
individus, d'accord, mais c'est un système de négociation. Le
Protecteur du citoyen, je ne trouve pas qu'il ait affaire à ça.
Mais peut-être qu'une personne et je dis peut-être en
disant ce que vous pensez, docteur, c'est quelqu'un de la nature du Protecteur
du citoyen, indépendant du gouvernement, indépendant du
Parlement, quelqu'un de l'extérieur. Mais je ne suis pas sûr que
ce soit la méthode. Disons que, pour le moment, je m'avance le cou pas
mal loin pour rien. Effectivement je pourrais vous répondre, pas
bêtement remarquez que je n'aime pas être bête
mais vous dire: Le gouvernement a déjà pris les dispositions en
nommant le ministre des Communications, M. L'Allier, en charge d'un "task
force" pour étudier les mécanismes de négociation qui vont
permettre d'éviter les situations connues l'année passée.
Cela, il l'a fait. Il reste, semble-t-il, au moins deux ans à la
convention collective, peut-être un an et demi avant que ne
débutent les négociations de l'autre convention collective. A
partir de là, le gouvernement a, devant lui, quelque chose à
faire et il doit le faire.
M. BOIVIN : Croyez-vous que lors de et ce sera la
quatrième ronde des négociations ...
M. COURNOYER: La prochaine, oui.
M. BOIVIN: La prochaine... qu'il y aura moyen de négocier sur une
certaine indexation des...? Il y a eu assez de rajustements à
l'intérieur des conventions collectives, des ajustements dans tous les
secteurs.
M. COURNOYER : Nous y sommes déjà. Les propositions
faites, compte tenu du rattrapage proposé pour la première
année, sont intimement reliées à des facteurs de
comparaison ou d'indexation. Nous avons pris la composition de l'augmentation
de la productivité avec l'augmentation du coût de la vie et les
projections que nous pouvions faire. On a dit: C'est ce que nous vous offrons.
C'est déjà une forme d'indexation. Il n'y a pas de "wishful
thinking", d'après ce que j'ai entendu dire. Ce n'est pas de dire que
c'est 4.8 p.c. cette année parce que c'est 4.8 p.c, parce qu'on a
décidé de monter à 5 p.c. bientôt et qu'on va
négocier à partir de 4.8 p.c. Ce n'est pas ça. On a dit:
Voici ce que donnent les règles de la politique de
rémunération approuvées par le gouvernement. Cela donne
ça comme résultat tangible en piastres et cents, en plus des
rattrapages, bien sûr; cela donne plus d'argent que ça. Mais au
strict point de vue de l'augmentation de ce qui est rattrapé, de
l'augmentation universelle, on la retrouve dans une politique de
rémunération, qui, je pense bien, a été
déposée pendant la crise, du moins auprès de tous les
députés. Cette politique est différente de la politique
établie lors de la deuxième ronde de négociation puisque
nous sommes à la troisième. Elle est différente. Elle
amène des conclusions qui peuvent se chiffrer. Ces chiffres donnent 4.8
p.c.
Nous avons porté cela à 5.3 p.c. pour tenir compte
d'autres considérations comme, par exemple, le régime de
retraite, parce qu'on obligeait les enseignants à payer plus cher dans
le régime de retraite qu'ils ne paient actuellement. Alors, tout cela,
ce sont des considérations à côté. Mais
l'augmentation proposée au point de départ de chaque année
était 4.8 p.c, 4.8 p.c, 4.8 p.c.
M. BOIVIN : Croyez-vous que, lors de la prochaine ronde des
négociations, les chefs syndicaux collaboreront mieux sur ce qui s'est
passé au cours de cette négociation pour établir une
politique de rémunération selon la valeur économique du
pays?
M. COURNOYER: Docteur, les comportements des uns et les comportements
des autres sont souvent les deux facteurs qui s'influencent le plus. Cela sera
écrit dans le journal des Débats et vous analyserez ce que je
viens de dire.
M. BOIVIN: Je vous pose des questions là-dessus parce que
c'était la politique établie par M. Johnson, tel que
mentionné par le député de Maisonneuve hier, qu'on en
vienne à négocier globalement et scientifiquement sur des
facteurs d'indexation, sur des données bien précises, qu'on
arrête...
M. COURNOYER: Mais il n'y aurait plus de négociation sur les
salaires à ce moment-là.
M. BOIVIN: C'est ce que je crois. C'est l'âge d'or dont je
rêve et que j'attends.
M. COURNOYER: Je pense bien que dès qu'on parle d'indexation, on
peut négocier le montant de l'indexation, et ne pas s'entendre sur la
période à partir de laquelle on y va. Mais dès qu'on dit:
On s'entend sur l'indexation
continuelle et constante: c'est 2.5 p.c. cette année, on va
peut-être trouver que l'année prochaine, ce sera 2.2 p.c. et
l'autre après, ce sera 2.1 p.c. Mais on a un terme de
référence sur lequel on s'est entendu, quelle que soit la nature
de ce terme de référence. Ce n'est peut-être pas mauvais
mais je ne peux pas dire comment la prochaine négociation
s'entreprendra. Pas du tout. Et le comportement des uns...
M. BURNS: Cette négociation normalement aura lieu avant la
préparation du budget?
M. COURNOYER: Pardon?
M. BURNS: Au moins, cette négociation aurait lieu avant la
préparation du budget?
M. COURNOYER: Tout dépend du budget dont vous parlez.
M. BURNS: Du budget du Québec.
M. COURNOYER: Dans la conjoncture actuelle, j'ai deux années de
convention qui sont négociées avant que le budget ne soit
préparé. La première ne l'est pas.
M. BURNS: C'est cela qui n'est pas normal.
M. COURNOYER: Ce n'est pas normal, mais les négociations...
M. BURNS: Les gens ont l'impression dans la fonction publique qu'ils
sont chaque fois devant un fait accompli. C'est le problème. C'est ce
qui met le feu au derrière de tout le monde.
M. COURNOYER: Cela peut bien mettre le feu au derrière de tout le
monde mais soyons honnêtes un peu. Les propositions gouvernementales sur
la politique de rémunération n'ont pas été, que je
sache, déposées récemment. Je ne veux pas commencer un
procès là-dessus...
M. BURNS: Au mois de mars.
M. COURNOYER: Mais j'ai toujours compris que c'était au mois de
mars 1971 que ces propositions-là quant à la politique de
rémunération avaient été soumises aux parties
syndicales.
M. BURNS: Elles ont été soumises, mais elles n'ont pas
été négociées. Vous savez la différence
entre discuter quelque chose et le négocier. Bien, écoutez. Lisez
les rapports de votre prédécesseur; lisez ses...
M. BOIVIN: Négociations.
M. BURNS: ... déclarations ministérielles en Chambre. Vous
allez voir. Vous êtes sûrement à même de vous rendre
compte. Lisez les documents qui proviennent du ministère
également sur ça. On dit: Bon, le voilà, c'est ça
l'affaire. Amusez-vous avec ça. Alors évidemment, à ce
moment, la pression se fait de part et d'autre. Il y en a qui disent: 4.8 p.c.
ce n'est pas assez. Puis ils poussent et 5.5 p.c. arrivent...
M. COURNOYER: On peut se poser la question contraire: s'il y a lieu pour
le gouvernement de déposer ou même annoncer sa politique de
rémunération?
M. BURNS: On peut surtout se poser la question au moins. Je ne
discuterai pas longtemps sur la politique salariale c'est
peut-être une autre affaire qui mériterait une autre longue
discussion mais au moins sur la masse salariale, la masse
elle-même.
M. COURNOYER: La masse salariale, c'est une résultante.
M. BURNS: Bien oui, c'est ça...
M. COURNOYER: La résultante des montants de salaires qui...
M. BURNS: C'est pour ça que je vous dis: Est-ce que c'est une
prérogative de la reine ou de je ne sais pas trop qui de décider
de la politique salariale? Personnellement, je m'en balance un peu. Mais je
sais qu'il y a bien du monde qui croit à cette affaire. Au moins la
masse salariale, au moins avant que le budget ne soit préparé,
avant que les crédits ne soient étudiés dans les
différents ministères, il me semble que ça devrait
être discuté avec les syndicats.
M. COURNOYER: Bien disons que...
M. BURNS: Il n'y a rien de plus normal. A moins que vous ne
prétendiez que le budget de la province est une vache sacrée et
qu'il ne faut pas toucher à ça.
M. COURNOYER: Je n'ai jamais dit ça. M. BURNS: Non, mais je dis
ça.
M. COURNOYER: Elle n'est pas sacrée, la vache.
M. BURNS: C'est une sacrée vache.
M. COURNOYER: C'est pour cela que je vous permets d'en parler depuis je
ne sais combien de temps. Est-ce que le budget de la province peut être
discuté par les représentants syndicaux ou par les
députés? C'est une autre question qu'on peut se poser.
M. BURNS: C'est tellement sujet à discussion que si je veux faire
augmenter votre
budget dans votre ministère, ici, je ne suis même pas
capable en vertu des règlements de la Chambre. C'est discutable en
maudit, ça!
M. COURNOYER: La loi aussi.
M. BURNS: J'ai le droit de demander ce que vous faites avec l'argent que
vous demandez à être autorisé à dépenser
pendant l'année. C'est tout ce que je peux faire comme
député d'Opposition ou même comme député
ministériel. D'ailleurs, je ne demande pas ça. Je ne demande pas
la prérogative de vous dire: Vous devriez dépenser plus. Je peux
vous le dire mais ça n'a aucune valeur sur la force ou la
procédure de nos discussions. Ce n'est pas ça que je demande en
faveur des syndicats non plus. Je demande qu'au moins, avant que le budget ne
soit déposé vous ayez eu des négociations avec eux sur la
masse salariale. C'est bien différent. Après ça les gens
n'auront pas l'impression qu'ils se font fourrer. Du moins, je le pense.
M. BOIVIN : Il faudrait que la Fonction publique commence, dès
à présent, la prochaine négociation.
M. COURNOYER: C'est déjà fait. Vous savez, on ne peut pas
planifier avec un PPBS, là, la patenta..
M. BURNS: PPBS.
M. COURNOYER: Une histoire de projection, en avant, de ce que nous
devons faire.
M. BURNS : Etes-vous capable de me dire ce que veut dire PPBS?
M. COURNOYER: Cela veut dire, d'après les termes que j'ai
employés, planning, budgeting...
M. BURNS: Non, planning, programming and budgeting system.
M. COURNOYER: En français, c'est une politique de rationalisation
des budgets.
M. BURNS: C'est ça.
M. COURNOYER: Je suis pas mal meilleur en français qu'en
anglais.
M. BURNS: Tiens-toi là-dessus, tu es meilleur.
Employés occasionnels
M. BURNS: J'aurais un autre point à soulever au ministre et cela
concerne la politique du ministère en ce qui a trait aux fameux
occasionnels, les employés occasionnels. J'ai posé une question
en Chambre il y a quelque temps là-dessus. Ce qui nous a frappé
plus particulièrement à l'occasion de la question que j'ai
posée, c'était qu'on se rend compte qu'il y a une
catégorie de gens à l'intérieur de la fonction publique
qu'on appelle des gens occasionnels qui ne sont pas des employés
permanents ni des employés en voie de le devenir, semble-t-il.
A la suite de ça, j'ai eu un certain nombre de renseignements qui
me sont parvenus tout à fait par hasard venant de personnes
concernées qui ont dit: C'est un problème qui nous fatigue, nous
aussi, parce que nous sommes des employés occasionnels. Il y a
peut-être bien des gens qui ne savent pas ça, mais j'ai appris
aussi, par la même occasion, que ces gens-là, dans certains cas,
gagnent des salaires inférieurs à ce que le ministère
prône comme politique par voie de salaire minimum par l'entremise de la
commission du salaire minimum.
M. COURNOYER : Ce sont les mêmes conditions.
M. BURNS: En tout cas, des vacances, 4 p.c, ils n'ont jamais vu
ça. J'ai des cas où il y a des gens qui sont occasionnels depuis
huit ou dix ans. Il y en a actuellement...
M. COURNOYER : Cela me surprendrait.
M. BURNS: Cela va vous surprendre, il y en a dans votre
ministère.
M. COURNOYER : Dans mon ministère?
M. BURNS: Dans le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, il
y a des gens qui sont... et même je peux vous dire combien il y en a,
c'est 144 actuellement rien qu'à la Main-d'oeuvre.
M. COURNOYER: Occasionnels ou saisonniers?
M. BURNS: Occasionnels. Je reviendrai sur ce point-là.
M. VINCENT: Est-ce que le député de Maisonneuve me
permettrait? Quand il mentionne les 4 p.c. de vacances...
M. BURNS: En vertu de l'ordonnance no 3.
M. VINCENT: ... oui, mais quand il mentionne les 4 p.c. de vacances,
est-ce que ces employés, occasionnels les ont déjà eus et
à un moment donné il y a eu un contre-ordre du Conseil du
trésor pour l'enlever? Parce qu'on a soulevé la question au
ministère de l'Agriculture l'an dernier, à savoir qu'il y avait
eu des employés occasionnels qui avaient reçu ces 4 p.c. pendant
un certain nombre de temps et, à un moment donné, il y a eu un
ordre du Conseil du trésor disant qu'ils n'avaient plus droit à 4
p.c?
M. COURNOYER: C'est possible à la Voirie.
M. VINCENT: Et même à l'Agriculture. Je me rappelle bien,
parce que le député de Saint-Jean avait même soulevé
la question des 4 p.c. pour les occasionnels.
M. VEILLEUX: Noa
M. BURNS: En tout cas, ce qui s'est passé avant, personnellement,
cela m'intéresse plus ou moins, mais ce qui m'intéresse beaucoup,
c'est ce qui se passe actuellement, et je trouve absolument aberrant de voir
qu'actuellement on a une catégorie comme cela. Le ministre pourra nous
dire à peu près combien il y a de ces employés
occasionnels. J'imagine qu'il doit avoir les chiffres, moi, je l'estime
à peu près à une moyenne de 150 à 200 par
ministère, de sorte qu'on pourrait dire facilement que c'est à
peu près autour de 1,000 employés au moins.
M. COURNOYER: En plus des gars de la Voirie.
M. BURNS: Oui, ceci en plus des saisonniers, des typiquement
saisonniers. Ce que j'ai appris également le ministre sait sans
doute cela c'est que ces employés, n'étant pas couverts
par une convevention collective, en vertu de je ne sais pas quel tripotage
intellectuel, ne reçoivent pas les bénéfices qui
appartiennent aux syndiqués. Par exemple et c'est une
conséquence immédiate très grave, à mon avis, si
c'est généralisé il y en a dans votre
ministère des gens qui, lorsqu'un jour férié est
payé à l'ensemble de la fonction publique, se font déduire
de leur salaire la journée de fête; ils sont prêts à
travailler, mais le gouvernement est fermé ce jour-là. C'est un
peu fatigant d'aller gagner cette journée pour eux. Vous avez en plus le
problème des vacances et vous avez le problème que je trouve
aussi incroyable que discriminatoire à leur égard et cela
ne se fait pas à mon avis nulle part dans l'industrie, c'est très
rare que cela se fasse dans l'industrie qu'une convention collective
étant signée pour les syndiqués, qu'au moins les
bénéfices salariaux, l'augmentation de X p.c, ne s'appliquent pas
à ce genre d'employés. Partout, en tout cas, dans la
majorité des entreprises privées, quand vous avez des cadres qui
ne sont pas couverts par la convention collective, ils ont habituellement au
moins un reflet de l'augmentation salariale qui est donnée aux
syndiqués. C'est toujours bien cela. Chez vous, nos employés du
gouvernement qui sont occasionnels et qui, dans bien des cas, le sont comme je
vous le dis dans des cas allant jusqu'à huit ans, eux, ils ne l'ont pas.
D'ailleurs, vous m'avez répondu très clairement là-dessus
à ma question en Chambre. J'ai demandé si l'avance de 3 p.c. qui
avait été annoncée par le ministre des Finances sur
l'augmentation salariale, les occasionnels l'avaient, vous m'avez
répondu non.
M. COURNOYER: Moi, je vous ai répondu non?
M. BURNS: Ce n'est peut-être pas vous, excusez, c'est le ministre
des Finances qui m'a répondu non. D'ailleurs, j'avais posé la
question au ministre des Finances, je ne sais pas si vous étiez
présent à ce moment.
Je trouve cela tout à fait inacceptable. Quant à discuter
si on doit avoir un tel genre d'employés occasionnels, c'est un autre
genre de discussion, mais, dans l'immédiat, je ne vois pas pourquoi les
employés occasionnels du gouvernement ne bénéficieraient
pas des augmentations de salaires. Le coût de la vie, si c'est en partie
ce qui justifie l'augmentation des salaires, le justifie qu'on soit permanent
ou occasionnel. J'ajoute ceci, je trouve encore pire que le gouvernement
semble, avec ces employés-là, faire une espèce de
catégorie qu'on appelle des employés "cheap labour". Et ce serait
tout à fait soit dit en passant, j'ouvre une parenthèse
en accord avec la politique du ministère de la Justice, par
exemple, qui engage plutôt des agents de sécurité pour
faire le travail, dans certains cas, des agents de la paix.
C'est du "cheap labour". Il y a seulement les compagnies qui
bénéficient de quelque chose. Ce ne sont pas les pauvres agents
de sécurité, payés $1.50 l'heure, dans certains cas, dans
la région de Québec, même $1.35 l'heure.
Tout ça pour dire que j'aimerais que le ministre nous dise en
vertu de quel principe et en vertu de quoi il peut nous justifier que les
employés occasionnels, puisque déjà ils sont dans un
état défavorisé c'est-à-dire constamment
sujets à réemploi et donc n'ayant aucune sécurité
quant à leurs fonctions, quant à leur poste en plus de
cela on leur fait subir le fait qu'on ne leur donne pas les conditions des
autres.
M. BOIVIN: Est-ce que tout ça est négocié?
M. BURNS: Ce n'est pas négocié du tout. Ils ne sont pas
visés. C'est ce dont je me plains.
M. BOIVIN: Mais ça peut se négocier.
M. BURNS: Cela peut se négocier par qui? Les seules personnes qui
peuvent négocier pour eux actuellement, c'est nous, ici autour de la
table. C'est pour cela que j'en parle. Ils ne sont pas
représentés par un syndicat. C'est admis. Il n'y a pas de
problème. Si négociation il y a, c'est ici qu'elle se passe.
J'aimerais que le ministre nous justifie en vertu de quel principe il
peut maintenir cette politique à l'égard des occasionnels, ne pas
leur payer de vacances, ne pas leur payer de congés de fêtes
chômées et payées, ne pas leur donner les augmentations de
salaire accordées à l'ensemble de la fonction publique?
M. COURNOYER: Remarquez que le problème des occasionnels
dépend des ministères. Un règlement de la Commission de la
fonction publique donne, en fait, l'autorité à différents
ministères de fixer les conditions de travail des
individus qui y travaillent. Bien entendu, le gouvernement, semble-t-il,
ne s'est pas senti lié par l'ordonnance no 3 dans le cas des vacances,
parce que la Loi du salaire minimum ne s'applique pas comme telle au
gouvernement à moins que ce soit déterminé comme
s'appli-quant. Les principes du droit sont comme ça.
Je suis prêt à reviser les conditions de travail des
employés occasionnels, à les réviser avec les ministres
concernés, parce que ça ne se révise pas tout seul. Il y a
une chose certaine, cependant, c'est que je constate que, dans mon
ministère, il y en a beaucoup. Puis cela me fatigue au
désespoir.
M. BURNS: Je voulais vous en parler de façon
spécifique.
M. COURNOYER: Dans mon ministère, il y a deux commissions et le
ministère proprement dit. Une grosse section à la main-d'oeuvre a
actuellement des occasionnels pour certaines raisons. Il arrive qu'il y a
certains programmes qui sont assurément des programmes à court
terme. On ne peut pas se permettre de faire autre chose que d'employer des
occasionnels plutôt que d'employer du monde sur une base permanente. Ce
ne sont pas leurs conditions de travail. Mais quand il y a un programme
à court terme, je ne pense pas que vous me demandiez d'employer du monde
sur une base permanente.
M. BURNS: Pas du tout. Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. D'ailleurs,
j'aimerais qu'on en traite séparément.
M. COURNOYER: De mon ministère?
M. BURNS: Non, de la politique même. Là, je vous parle de
la politique de rémunération à l'égard des
employés occasionnels.
M. COURNOYER: La politique de rémunération et les
conditions de travail des employés occasionnels intéressent
certainement tous les députés, parce que plusieurs de leurs
commettants sont dans cette situation. Le ministre de la Fonction publique,
avec ses collègues peut certainement vous dire qu'il va réviser
la politique de rémunération de ces gens qui sont des
employés occasionnels. Comment je vais le faire, quand je vais le faire,
c'est une autre chose. C'est la politique de rémunération.
M. BURNS: Juste une remarque que je veux vous faire, M. le ministre. Au
moins cette année, il y a une objection que vous ne pouvez pas me faire
valoir comme vous l'avez fait valoir l'année dernière.
L'an dernier, évidemment, il y avait un ministre qui s'appelait
le député de Deux-Montagnes qui était ministre de la
Fonction publique et il y avait un ministre qui était le
député de Chambly, qui était ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Cette année, c'est le ministre des deux places qui se trouve
à être le député de Chambly. Vous ne pouvez pas,
cette année, me dire, comme l'année dernière: La politique
de la Fonction publique, c'est une autre affaire, moi, je m'occupe du Travail
et de la Main-d'Oeuvre. Je mets le poids entièrement sur vos
épaules puisque vous l'avez accepté et sans doute que vous allez
faire un très bon travail là-dessus. J'ai bien confiance en tout
cas, mais je pense que cette année au moins, cette objection, vous
n'êtes pas capable de la mettre de côté et il faudrait qu'il
y ait quelque chose de précis et de vite.
Cela n'a aucune espèce de sens que des gens chez vous, on va
parler du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre par exemple, qui
actuellement, reçoivent un salaire de $2.00 ou $2.25 l'heure pour faire
vous savez quoi: ce sont des gens qui s'occupent de la qualification
professionnelle. Incroyable! Ou bien ces gens-là ne sont pas
qualifiés ou vous les payez mal.
S'ils ne sont pas qualifiés, je ne les défendrai pas. Mais
si vous les payez mal, je vais les défendre et je trouve que ça
n'a aucun sens.
M. COURNOYER : Ils font de la qualification professionnelle à
$2.25 l'heure!
M. BURNS: Oui, vous en avez 144 chez vous et des gens qui sont là
depuis deux ans, pour la plupart. Là, je m'attaque à la politique
elle-même des occasionnels et je prends justement cet exemple pour
soulever le problème. Actuellement, ces gens s'occupent de
qualification, ils travaillent sur la qualification, surtout dans le domaine de
la construction, mais il est possible, je pense que c'est dans les vues du
ministère, que cette politique s'applique aussi à d'autres
secteurs que celui de la construction.
Il reste quand même que, en soi, ce ne sont pas des postes
occasionnels. Tantôt, le ministre m'a dit: J'espère que vous ne me
demanderez pas d'engager des permanents pour des travaux qui vont se faire dans
une courte période. J'ai dit: Non, ce n'est pas du tout mon intention.
Et je blâmerais le ministre s'il le faisait.
Mais ce n'est pas le cas; ce sont des gens qu'on garde depuis deux ans
sur une affaire qui est aussi à long terme, comme le ministre le sait,
que le problème de la qualification et ce sont des occasionnels. Si ce
sont les procédures lourdes d'entrée dans la fonction publique,
que ce soit le ministère lui-même ou la Commission de la fonction
publique qui en soit le problème, qu'on change les
procédures.
Si ça prend six mois pour remplir un poste dans un
ministère, il y a quelque chose qui ne va pas quelque part. On passe par
le biais d'engager des occasionnels parce qu'on a un trou à remplir
rapidement. Mais qu'on le fasse pour remplir un trou rapidement, je n'ai aucune
espèce d'objection mais que cet occasionnel ou son poste ait un
caractère de permanence, c'est absolument inacceptable.
M. COURNOYER : Il y a ça mais il y a plus que ça. Si ce
n'était que la rapidité, j'ai bien
l'impression que la Commission de la fonction publique pourrait
certainement faire des "crash programs" pour aller plus vite lorsqu'il y a un
besoin qui s'est fait sentir et qu'il faut passer tout l'éventail des
différentes autorisations dont on a besoin pour l'emploi de personnel,
autorisation budgétaire, autorisation de qualification, appel de
concours, etc.
Je pense qu'on pourrait aller plus vite. Cependant, ce que je viens de
dire, c'est qu'il y a tout le système qui est là, le
système d'autorisation pour entrer dans la fonction publique. Il y a des
endroits où les règles d'entrée de la fonction publique
ont été nettement améliorées pour faire une bonne
fonction publique. Mais, pour certains emplois, l'individu ne pourra pas entrer
dans la fonction publique et il est peut-être meilleur que n'importe qui
pour le faire à ce moment-ci, parce qu'on n'a personne de plus
intelligent ou de plus fort que lui pour ça.
Il accepte de venir travailler comme occasionnel mais on lui
présente très souvent l'emploi comme étant un emploi qui
deviendra, à plus ou moins long terme, temporaire pour pouvoir
acquérir un statut de permanence dans la fonction publique, et c'est
là le drame. Dans plusieurs ministères, et je le dis en toute
sincérité, on emploie quelqu'un strictement dans les
règles.
Les règles, c'est pour quatre mois renouvelables possiblement
pour quatre autres mois et ensuite pour deux autres mois et c'est
supposé finir. Ce sont les règles que nous devons suivre et qui
ne sont pas toujours suivies parce qu'il y a toujours des moyens de passer
à côté.
M. BURNS: Ce n'est sûrement pas suivi dans le cas des occasionnels
depuis huit ans.
M. COURNOYER : Disons que pour huit ans, je vais vérifier avec
mon sous-ministre. Je ne dois pas le connaître.
M. LACROIX: Si le député de Maisonneuve me permet, il
arrive, par exemple, dans mon coin, la même chose dans le comté de
Duplessis ou dans les comtés de la Gaspésie, c'est qu'à ce
moment donné on a besoin de gardes-pêche et on va tenir un
concours.
C'est clair que l'élève qui sort de l'école
régionale, qui a 19, 20, ou 21 ans, va se qualifier aux examens
écrits ou oraux comme garde-pêche, il n'a absolument aucune
expérience, alors qu'on a des gars dont cela fait 25, 30, 35 ans qu'ils
pêchent, qui connaissent exactement la situation et ils ne sont pas
capables de se qualifier. Qu'est-ce que vous voulez? Cela fait 30, 35, ou 40
ans qu'ils ont quitté l'école. Mais au point de vue de la
protection de la faune, que ce soit le poisson ou tout ça... J'en ai
comme ça, moi...
M. BURNS : Vous avez sans doute parfaitement raison sur ce point.
M. LACROIX: Mais de quelle façon pourrait-on les qualifier?
M. BURNS: Ce sont peut-être vos normes qu'il s'agit de
réviser et c'est tout.
M. LACROIX: C'est là le problème. La Fonction publique a
des normes très précises. Dans les faits, il y a des gens qui
n'ont pas la qualification scolaire; par exemple, cela fait trop longtemps
qu'ils ont quitté l'école, ils connaissent très bien leur
travail et ils sont deux fois plus compétents que ceux qui vont sortir
de l'école, mais ils ne seront pas capables de se qualifier à la
Fonction publique. Je vis ça régulièrement. C'est certain
que les députés de Duplessis, de Saguenay et de la
Gaspésie connaissent exactement la même situation.
M. BURNS: A Montréal aussi. On a les mêmes problèmes
à Montréal. C'est la même chose.
M. COURNOYER: On n'a pas de gardes-chasse mais on a autre chose...
M. BURNS: On a des choses semblables.
M. LACROIX: Je comprends le ministre du Travail. Il est vraiment mal
pris avec la Fonction publique et le ministère du Travail; des gens
qualifiés ont dépassé un certain âge, font un
travail depuis nombre d'années, mais il n'y a pas possibilité de
les qualifier dans la Fonction publique. Mais est-ce qu'on va les mettre dehors
parce qu'ils ne sont pas capables de se qualifier? Si le député
de Maisonneuve était capable de me trouver la formule magique, il
aiderait le ministre, il aiderait le gouvernement et il aiderait beaucoup de
nos gars.
M. BURNS: La formule magique est bien simple, et le ministre la
connaît bien plus que moi à part ça. Si vos normes sont
faites de façon artificielle, il s'agit de les ajuster à vos
besoins. C'est tout.
M. COURNOYER: Ah non, non!
M. BURNS: Nulle part dans l'Evangile est-ce dit qu'il faut qu'un
employé de la fonction publique ait une onzième année.
M. LACROIX : Cela fait longtemps que vous n'avez pas lu l'Evangile!
M. BURNS: Moi, je n'ai vu ça dans l'Evangile nulle part.
M. COURNOYER: C'est parce qu'on en trouve plusieurs...
M. BURNS: D'accord, vous avez besoin d'une éducation
supérieure pour quelqu'un qui est appelé à devenir chef de
bureau ou je ne sais
quoi, dans la fonction publique, mais il est possible qu'à un
moment donné un garde-chasse n'ait pas besoin d'une onzième
année pour faire un bon garde-chasse. Si ce sont les normes qui sont
faites tout à fait de façon artificielles qu'on les change.
M. COURNOYER: Par exemple, il a été question des agents de
la paix à la dernière réunion de cette commission
parlementaire. Est-ce qu'il faut absolument cinq pieds et huit pour pouvoir
être agent de la paix?
M. BURNS: Peut-être? Je dis peut-être. On aimerait que le
Solliciteur général soit ici pour nous entendre. De la
façon que certaines de nos prisons sont administrées, cela
prendrait quasiment des six pieds et quatre partout.
M. COURNOYER: Est-ce qu'ils doivent nécessairement avoir une
onzième année?
M. BURNS: M. Lacas nous disait la semaine dernière à la
commission parlementaire de la fonction publique que le gars, on lui met un
habit et bien souvent pas d'habit sur le dos, la première
journée, et on lui dit: Tu t'occupes de telle aile. J'ai l'impression
que même le type de cinq pieds et huit n'est pas assez important dans son
cas. Il a besoin d'avoir six pieds et quatre et peser 400 livres. C'est
complètement un autre problème.
M. COURNOYER: Ce n'est pas un autre problème. Vous parliez
tantôt de répondre aux besoins de la Fonction publique.
Actuellement, on répond beaucoup plus par les normes aux besoins de la
Fonction publique qu'aux besoins des individus qui sont dans le système
et qui ne satisfont pas aux besoins de la Fonction publique. Si on
conçoit que les besoins de la Fonction publique sont établis
objectivement, c'est juste leur application subjective qui cause des
problèmes. Quand on vient pour l'appliquer à l'individu, le
garde-chasse ou le garde-pêche de M. Lacroix, il ne rentre pas dedans, il
a une dixième année forte, mais il lui manque une onzième.
Elle est forte sa dixième, mais il lui manque sa onzième.
M. LACROIX: Parfois, il a seulement une cinquième année
forte parce qu'il a été trois ans dans la même
année.
M. BURNS: Il ne voulait pas monter de classe, son père
était dans la sixième.
M. COURNOYER: C'est comme pour la communion solennelle. Comme les gars
de la
Beauce me diraient, la seule scolarité qu'il a, c'est la
scolarité de communion solennelle.
M. BURNS: Très sérieusement, si vous avez des cas
d'exception du style de ce que le député des Iles-de-la-Madeleine
soulève, à bon droit d'ailleurs, si c'est une exception â
certains endroits, ce n'est pas plus inquiétant qu'il ne faut. Mais
ça commence à être inquiétant quand, dans un
service, et vous en avez â la Commission des accidents du travail...
M. COURNOYER: Beaucoup. La seule raison, et là je le dis pour la
Commission des accidents du travail, ce sont des retards probablement fort
explicables.
Je ne referai pas toute l'histoire ici, ce sont des retards à
autoriser, suivant les normes, l'effectif de la Commission des accidents du
travail. Une fois que l'effectif aura été autorisé
je pense qu'il l'est maintenant à la Commission des accidents du
travail, elle a les budgets pour pouvoir le faire les individus qui sont
à la Commission des accidents du travail en particulier, et qui y
travaillent maintenant, devront se soumettre aux règles de la Fonction
publique et deviendront fonctionnaires aussi rapidement que possible.
Ceux-là ou d'autres, parce qu'eux n'y sont qu'à titre
occasionnel. Ils peuvent très bien ne pas avoir d'emploi le lendemain
matin, parce qu'il n'y a aucune garantie qu'un occasionnel aura un emploi comme
temporaire le lendemain, avant un autre qui pourrait vouloir le postuler au
moment où, effectivement, un emploi permanent est ouvert. C'est assez
compliqué, mais c'est clair pour moi. Il n'y a pas de mauvaise
volonté de la part des ministères. Il y a actuellement des
ajustements à faire.
M. BURNS: Donc, quelle est la cause de cette situation?
M. COURNOYER: Anciennement, nous avions peut-être du patronage qui
se faisait avec cela. Disons-le clairement. C'était peut-être
l'endroit où on pouvait placer un individu qu'on ne pouvait placer
autrement.
M. LACROIX: Avant que vous ne soyez dans notre gouvernement.
M. COURNOYER: C'est juste avant. Quand je suis arrivé dans ce
gouvernement, on a arrêté cela.
M. BURNS: Vous voyez l'admission. Cela veut dire que cette politique ne
date pas d'avril 1970.
M. VINCENT: Est-ce qu'on peut ajouter au journal des Débats le
sourire du ministre?
M. BURNS: Il est sûr que le député des
Iles-de-la-Madeleine devait être en "bonyenne" quand vous avez
commencé à appliquer cela.
M. LACROIX: Le député de Maisonneuve est assez au courant
du problème. Il en a d'ailleurs discuté de façon
très pertinente, très tranquille, très calme et je
voudrais le suivre sur
le même terrain. Du moment qu'on ouvre la porte pour un, comment
voulez-vous la fermer pour les autres qui disent: Je ne suis pas pire qu'un
tel? Jos Untel a seulement une septième année et il a
été accepté dans la fonction publique. C'est le
problème que. l'on vit. Vous n'avez jamais été au pouvoir
et vous n'y serez jamais, donc vous ne connaîtrez pas cela; mais, de
toute façon, nous, nous connaissons cela. Et si nous disons oui à
un et non à l'autre, de quelle façon voulez-vous que nous soyons
capables de nous défendre? C'est là le problème. Le
député de Maisonneuve dit: Dans certains cas, il doit y avoir des
exceptions. Mais où arrêtent les exceptions?
Je me mets à la place du ministre; je ne le serai jamais et Dieu
merci! Ce n'est pas assez payant.
M. BURNS: Oui, Dieu merci!
M. LACROIX: Si j'étais à la place du ministre, je me
poserais douloureusement la question: Où commence-t-on et où
arrête-t-on?
M. BURNS: Le député des Iles-de-la-Madeleine a
soulevé tantôt un cas où vraiment, si c'est cela, c'est une
révision des normes qu'il s'agit de faire. Si vraiment vous avez un
poste à remplir et si vous n'êtes pas capable de rentrer les gens
disponibles pour ce poste, dans le cadre que vous avez fixé, votre cadre
n'est pas bon.
M. COURNOYER: Toute l'entreprise privée se conduit ainsi. Si dans
le marché ou la demande de main-d'oeuvre, mes spécifications sont
trop fortes, je pourrai descendre un peu, je m'arrangerai pour que ceux qui
entreraient dans ce cadre puissent y entrer.
M. LACROIX: Avec ma recommandation. M. COURNOYER: Forcément.
M. BURNS : Cela passe habituellement par là. Là et M.
Desrochers.
M. COURNOYER: Normalement, on devrait se conduire comme cela. Une fois
que nous constatons que nous n'avons pas de personnes qui peuvent entrer dans
les cadres objectifs fixés par la Commission de la fonction publique,
nous descendrons des cadres. Mais, ce n'est pas toujours la situation.
M. LATULIPPE: Nous ne pouvons pas dire que c'est
généralisé, mais cela existe. Par exemple, tous les
employés qui ont travaillé à la classification des
enseignants, qui y travaillent encore, on nous dit qu'ils ne savent pas trop
sur quel pied danser et que le travail qu'ils accomplissent sera
peut-être même inutile. Ce sont des habitudes déjà
incarnées dans le système. Au fur et à mesure, à la
longue, les problèmes d'intégration n'existeront plus.
M. COURNOYER: J'étais à expliquer les difficultés,
pourquoi il y a des occasionnels en si grand nombre dans le système.
J'ai donné l'exemple de la Commission des accidents du travail qui, avec
l'augmentation considérable de ses obligations en étendant, comme
elle l'a fait, pendant une période de cinq ans le nombre d'employeurs
assujettis aux accidents du travail, a eu une demande prévisible de
personnel. Mais vous avez vu dans le petit feuillet que nous avons lu hier
qu'il y a différentes sections de mon ministère qui sont
impliquées dans l'organisation et l'établissement de l'effectif.
Il y a donc un juge de l'extérieur qui s'appelle le ministère de
la Fonction publique, avec un personnel spécialisé qui fera un
examen si, effectivement, les besoins déterminés par les
autorités du ministère sont ceux qui peuvent être remplis
et qui devraient être remplis comme ça.
Il y a cette structure organisationnelle ici qui n'est pas à
côté, mais qui intervient dans les ministères pour qu'on ne
surcharge pas les ministères ou qu'on n'emploie pas les gens aux bons
postes, suivant une politique généralement acceptée chez
nous. Cela rend le processus un peu plus long quand on a un projet...
M. LACROIX: Continuez, M. le ministre, ça va bien.
M. BURNS: Cela va aller mieux, le député des
Iles-de-la-Madeleine s'en va, cela va clarifier l'atmosphère.
M. COURNOYER : Je répète que, lorsqu'on a un projet qui
est à plus ou moins long terme, les interventions des organismes qui
sont des organismes non pas de police, mais qui établissent certaines
normes d'administration, comme le Conseil du trésor en établit
aussi, le ministère de la Fonction publique, la Commission de la
fonction publique, ces trois organismes doivent donner leur autorisation
à un point ou à un autre du recrutement du personnel. Cela prend
du temps, les obligations restent là, on emploie des occasionnels. Cela
prend plus de temps, on garde les occasionnels et, à partir de ce
moment-là, on est pris avec un problème d'occasionnels sur les
bras. Théoriquement, les occasionnels ne devraient être
employés que lorsqu'il s'agit de choses bien définies ou
indéfinissables dans le temps et pour ne pas encombrer, sur une base
permanente, les effectifs des ministères. En fait, ce sont des
occasionnels, donc le mot le dit, c'est un emploi occasionnel qui n'a pas de
projection vers la permanence, il est occasionnel. S'il est permanent, si
l'emploi est d'un caractèrre permanent, il n'y a pas de problème,
on ne met pas ordinairement d'employés occasionnels dans un emploi
permanent à moins qu'on ne soit obligé d'en rechercher et qu'on
ne l'ait pas.
M. BURNS: Je vais vous poser justement
une petite question sur des cas précis. Nos messagers, par
exemple, au parlement, c'est une fonction permanente ou une fonction
occasionnelle? Vous en avez, c'est plein d'occasionnels chez les messagers.
M. COURNOYER: Vous me permettez de donner une explication technique
là-dessus. Vous savez que, pendant un certain temps, les sessions
duraient six mois, sept mois, etc., de sorte que ce sont des gens qui
étaient engagés pendant les périodes de session et qui,
après la session, partaient et revenaient avec une autre session. Depuis
un certain nombre d'années, évidemment, les sessions se sont
allongées, notamment depuis quatre, cinq ou six ans, avec ce
résultat qu'effectivement aujourd'hui les gars travaillent probablement
huit mois, l'équivalent de huit mois et puis ils demandent bien
normalement: Est-ce que vous n'auriez pas un petit peu de travail ailleurs pour
que je puisse m'occuper puis finalement rester à l'année? Alors
si bien qu'il y a un certain nombre de gars particulièrement
dévoués là-dedans qui ont réussi à obtenir
en somme de travailler à d'autres emplois temporaires ailleurs de sorte
qu'avec un statut d'occasionnels où, normalement, après huit mois
ils pourraient partir et revenir pour l'année suivante, ils
réussissent finalement à obtenir un emploi qui finit par
être un emploi annuel et là ils disent: Normalement, vous devriez
me nommer permanent ou, enfin, je devrais entrer dans la fonction publique.
C'est ça au fond le phénomène que vous soulignez et c'est
un phénomène assez récent qui nous a été
exposé, enfin récent, il peut dater pour certains de ces
messagers, trois ans, de quatre, cinq ans, et il y en a un, je pense même
que ça fait quatre ou cinq ans. Il le soulève là parce
qu'il dit: Maintenant vous me prenez tout le temps. La deuxième
année il a réussi aussi comme ça et puis finalement il dit
: Maintenant que vous me prenez tout le temps, nommez-moi à temps
plein.
M. BURNS : Il ne vous blâme pas de le prendre tout le temps, mais
il vous blâme qu'une fois que vous le prenez tout le temps de ne pas lui
conférer une certaine permanence. C'est bien normal qu'il
réagisse comme ça aussi.
M. BOIVIN: Dans le même sens...
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Une minute. On a parlé de 360 agents de
bien-être hier qui étaient occasionnels. Il n'y a rien de plus
permanent, il me semble, que ces agents de bien-être et comment se
fait-il qu'ils demeurent occasionnels depuis plusieurs années?
M. COURNOYER : Disons que vous posez des questions extrêmement
précises, je peux tout simplement trouver la réponse ailleurs. Je
le répète, c'est en vertu d'un règlement de la Commission
de la fonction publique que l'autorité est conférée aux
ministères d'employer des occasionnels. Vous pourriez peut-être me
demander ça à moi sur la question du ministère du Travail:
Pourquoi avez-vous 144 occasionnels à la Main-d'oeuvre et pourquoi ces
personnes n'ont-elles pas encore au moins eu l'occasion de postuler un poste
permanent? Là, je pourrais peut-être demander qu'on me donne la
réponse des fonctionnaires parce que je ne l'ai pas. C'est aussi simple
que ça, je ne l'ai pas la réponse à savoir pourquoi j'en
ai 144. Mais je sais que j'en ai trop, ça c'est aussi clair que
ça. J'ai donné une explication...
M. BURNS: Pas trop d'employés, trop d'occasionnels.
M. COURNOYER: Trop d'occasionnels. Des occasionnels, j'en ai trop. Je
n'accepte pas le système d'employés occasionnels dans mon
ministère.
Je l'ai et je le subis. Mais je vais faire en sorte de trouver pourquoi
j'ai ça. Toutes les fois qu'ils viennent me faire signer un emploi
occasionnel, je vous avoue que je deviens un peu mauvais.
Dans le cas de la Commission des accidents du travail, chaque fois, on
m'a expliqué que c'était en attendant qu'on ait fait approuver
l'effectif de la commission, qui n'était pas encore approuvé. Le
programme de probation des effectifs n'est quand même pas un programme
commencé il y a dix ans. C'est un nouveau programme qui a
été mis sur pied par le ministère de la Fonction publique.
Ce programme a eu des étapes à franchir. Ce n'est pas une petite
affaire, une petite opération. Une fois que les programmes seront
autorisés, je n'accepterai pas le nombre d'occasionnels que nous avons
dans le ministère du Travail. C'est le ministre du Travail qui vient de
parler et ce n'est pas lui qui est ici.
M. BOIVIN: Je n'ai pas eu de réponse au sujet du
bien-être.
M. COURNOYER: Je vous ai dit que dans le cas du bien-être
je répondais comme ministre du Travail dans mon cas c'est
l'autorité des ministres d'employer des occasionnels. Il les emploie en
vertu d'un règlement de la Commission de la fonction publique.
L'autorité a été déléguée au
ministre. Il n'y a rien de plus simple que d'employer un occasionnel. Par
ailleurs, employer un permanent, c'est un peu plus compliqué parce que
le coût n'est pas le moindre.
Quand on emploie une secrétaire, une jeune secrétaire, six
mois après, j'ai un contrat de 35 ans avec elle.
M. BOIVIN: Mais la qualité d'un agent de bien-être serait
peut-être supérieure si...
M. COURNOYER: Encore une fois je ne veux pas minimiser.
M. BOIVIN: Je ne vous parle que de cette tâche.
M. COURNOYER: Cela dépend de ce qu'est un agent de
bien-être, de ce qu'est un agent de main-d'oeuvre. Pour le moment, je dis
que cette question relève de l'autorité des chefs des
ministères. Ils ont combien de personnes; ils en ont trop. C'est
peut-être à cause du fait que moi, je vous ai expliqué que
dans le cas de la Commission des accidents du travail dans mon ministère
du Travail c'est parce que je veux bien répondre à
ça ici, le ministre de la Fonction publique n'est pas responsable de ce
qui se passe dans les ministères en matière d'emplois
occasionnels comme je suis ministre du Travail en même temps, je
vous dis que dans mon cas, les emplois occasionnels sont dus, au moins dans le
cas de la Commission des accidents du Travail, à une analyse de
l'effectif, à la détermination de l'effectif qui a
été retardée pour une foule de raisons, parce qu'il y
avait d'autres analyses d'effectif qui se faisaient en même temps. Donc
une fois que les analyses d'effectif seront là, je n'accepterai plus le
nombre d'occasionnels qui me passent tous les deux mois. Tous les deux mois,
ils reviennent pour deux autres mois.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre de la Fonction publique ne pourrait
pas intervenir dans les ministères pour que les employés
occasionnels, sur des tâches comme agents de bien-être... On sait
qui les recrute actuellement; ce sont les patroneux des comtés qui
placent ces gens, je l'affirme et j'en sais quelque chose dans la
région.
M. LAFRANCE: Vous en avez placé.
M. BOIVIN: On ouvre des bureaux. Il y en a 360. C'est le
député de Saint-Jean qui a soulevé la question hier.
M. CARON: C'est drôle, je ne peux pas en placer, moi.
M. BOIVIN: C'est le député de Saint-Jean qui a
soulevé la question hier.
M. CARON: Il est bien chanceux.
M. BOIVIN: Il y en a 360 qui étaient placés et qui ne
passent pas... moi, j'ai parlé, j'ai confiance en la fonction publique.
Je suis certain que si ces agents de bien-être placés actuellement
étaient passés dans la fonction publique, on aurait une
qualité supérieure de travail, du côté de ces
agents.
M. COURNOYER: Je pense que le premier souci du ministre des Affaires
sociales, respon- sable des agents de bien-être, est d'avoir la plus
grande efficacité possible dans l'administration de son
ministère. C'est lui qui est responsable J'ai expliqué totalement
pourquoi il a des occasionnels. Moi je ne peux pas l'expliquer à sa
place.
M. BOIVIN: On posera la question en Chambre.
M. COURNOYER: Ce n'est pas le ministre de la Fonction publique qui va
venir me dire que, dans mon ministère du Travail même si
c'est la même tête je n'ai pas besoin d'occasionnels. Le
ministre de la Fonction publique, ce n'est pas la structure. L'autorité
complète est donnée au ministre titulaire d'un
ministère.
M. BOIVIN: On posera la question à la Chambre. Au feuilleton.
M. COURNOYER: Pas nécessairement à moi. Pour 360, la
question mérite d'être posée au ministre des Affaires
sociales. Il peut vous donner une explication comme celle que j'ai
donnée dans le cas de la Commission des accidents du travail. Ce n'est
pas une mauvaise explication, ce n'est pas une excuse non plus. On tend, au
ministère de la Fonction publique, par les différents
mécanismes mis sur pied, à organiser la fonction publique sur la
base la plus rationnelle possible. Ce qui ne se fait pas du jour au lendemain.
Il y a des analyses d'effectif qui ne sont pas une petite affaire, ni une
petite entreprise. Elles sont faites présentement dans bien des
ministères. Il reste à les compléter et à les faire
approuver. Une fois que c'est approuvé, il y aura moins d'occasionnels,
parce qu'il n'est pas supposé y en avoir tant. Si nos emplois sont tous
occasionnels et s'il y a une tendance à aller jusqu'à huit ans
d'emploi pour des occasionnels, il y a quelque chose qui ne va pas dans le
système. J'en suis fort aise. Si c'est dans mon ministère du
Travail, je vais y voir demain matin.
M. BURNS: Surtout quand ce sont des fonctions à caractère
permanent. Vous parliez de la Commission des accidents du travail, vous avez
des officiers de réadaptation. Je pense qu'à Montréal il y
en a neuf qui sont des occasionnels sur quinze ou seize, c'est quand même
un travail permanent. Il va toujours y avoir besoin de personnes qui vont voir
à la réadaptation des accidentés du travail. Avant qu'on
ne quitte le problème des occasionnels, j'aurais justement une ou deux
courtes questions à poser au ministre.
D'abord sur cela, j'ai posé la question de la politique; qui a le
contrôle de l'engagement des occasionnels? Est-ce que c'est chaque
ministère ou si c'est le ministre...
M. COURNOYER: Je vous lis ici... la nomination.
M. BURNS: C'est-à-dire, M. XY est ministre de la Voirie, par
exemple...
M. COURNOYER: "Le titulaire d'un emploi ou fonction d'un
caractère occasionnel est nommé par un écrit du chef du
ministère où ses services sont requis. Donc si c'était la
Voirie, c'est le ministère de la Voirie, le ministre de la Voirie.
"...Sur lequel écrit est inscrit à la suite de son titre de
classification le mot occasionnel. Pour les fins de la classification, des
qualifications, de la rémunération et des heures de travail du
titulaire d'un emploi ou fonction d'un caractère occasionnel, il
appartient au chef du ministère de les déterminer selon la nature
du travail à accomplir en tenant compte des conditions applicables dans
l'espèce aux employés réguliers de l'unité
administrative à laquelle tel titulaire est assigné". Alors, le
mot tenir compte est dans le sens que vous parliez au début "en tenant
compte des conditions applicables dans l'espèce aux employés
réguliers de l'unité administrative à laquelle tel
titulaire est assigné".
M. BURNS: Est-ce que c'est suivi dans la pratique?
M. COURNOYER: Alors, ce n'est pas censé être du "cheap
labour".
M. BURNS: Mais ça en est. Quand vous avez des gens, j'ai une
copie de chèque ici, $109 pour deux semaines. C'est gênant de voir
cela et c'est une paie brute, imaginez-vous.
M. COURNOYER : Ce n'est pas la semaine de la grève.
M. BURNS: Cela se peut. Effectivement, mais c'est un problème que
les occasionnels ont subi, c'est-à-dire qu'ils étaient
prêts à rentrer au travail, mais ils ne pouvaient pas.
M. COURNOYER : Pourquoi?
M. BURNS: Ils ne pouvaient pas parce qu'il y avait soit des lignes de
piquetage, soit qu'on n'avait rien à faire pour eux à
l'intérieur. Même la police ne les laissait pas passer comme
disait le député de Frontenac.
M. COURNOYER : En tout cas, c'est le chef du ministère.
M. BURNS: Il y aurait sûrement intérêt à ce
que le ministère de la Fonction publique ait un contrôle plus
serré sur cette politique de nomination des occasionnels. Evidemment, je
suis sûr que ses collègues du cabinet vont se battre
jusqu'à la dernière goutte de sang pour garder cette chasse
gardée chez eux, mais j'incite très fortement le ministre
à tenter de reprendre le contrôle total si vraiment il doit
influencer la politique d'embauche au gouvernement par son
ministère.
M. COURNOYER: Vous savez, on embauche passablement de personnes
permanentes en plus des occasionnels.
M. BURNS: Est-ce que vous êtes en mesure de me répondre
combien vous avez d'occasionnels actuellement?
M. COURNOYER: Je ne peux pas vous répondre.
M. BURNS: Vous ne savez pas.
M. COURNOYER: Il n'y a rien de plus variable que cela.
M. BURNS: Parce que justement le ministère de la Fonction
publique n'a pas le contrôle là-dessus.
M. COURNOYER : Je vous ai dit tantôt que c'était de
l'autorité du chef du ministère.
M. BURNS: D'accord. Dernière question. Est-ce que le ministre
peut nous dire ce qu'il a l'intention de faire sur la politique de
rémunération, le premier point que j'ai soulevé
tantôt?
M. COURNOYER : Quelle politique de rémunération?
M. BURNS: Des occasionnels, est-ce que normalement vous envisagez qu'ils
devraient recevoir les augmentations que les employés reçoivent
ou l'équivalent? Est-ce qu'ils devraient recevoir des vacances? Est-ce
qu'ils devraient être payés pour les congés?
M. COURNOYER: Disons que la question posée à
brûle-pourpoint comme cela ne peut pas avoir une réponse à
brûle-pourpoint intelligente. Je vais vous donner une réponse
intelligente en Chambre lorsqu'avec les fonctionnaires de la Fonction publique
nous aurons préparé un document qui permettrait de rajuster les
salaires des fonctionnaires.
M. BURNS: C'est quand cela?
M. COURNOYER: Aussitôt que j'aurai donné un paquet de
réponses aux gars de la construction, aux gars de...
M. BURNS: N'oubliez pas que cela fait un an et demi que vous et votre
prédécesseur au Travail vous nous parlez de syndicalisme de cadre
et on n'en a pas vu encore.
M. COURNOYER: Cela fait trois semaines que je suis ministre de la
Fonction publique et vous comprenez que je me suis préoccupé un
peu du conflit dans les secteurs public et parapublic.
M. BURNS: D'accord, mais vous ne me ferez pas brailler avec cela.
M. COURNOYER: Je n'ai pas l'intention de vous faire brailler d'ailleurs,
loin de moi l'intention de faire pleurer le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Non, mais le tempérament de négociateur du
ministre évidemment pourrait me porter à croire que de temps
à autre il essaie de nous faire pleurer.
M. COURNOYER: Est-ce que je dois en conclure que parfois, vous aussi,
vous tentez de me faire pleurer?
M. BURNS: Je ne négocie plus moi, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Vous nous dites que nous ne pouvez pas nous donner le nombre
d'employés occasionnels mais combien de permanents engagez-vous par
année? Combien en sort-il à cause de l'âge?
M. COURNOYER: Cela varie d'une année à l'autre, mais, en
gros, il en sort 750 par année pour fins de retraite. Le recrutement
varie. Les plus petites années, depuis cinq ans, ç'a
été 1800, en 1968, à ma connaissance, et les années
moyennes, c'était environ 3,000. Les grosses années, je
pense qu'on a eu une couple de grosses années c'était
à peu près 4,000. Mais en gros, c'est à peu près
3,000 personnes.
M. BOIVIN: Un gouvernement a donc l'occasion de placer environ 16,000
personnes, d'ouvrir des postes?
M. COURNOYER: En quatre ans, quatre fois quatre, seize.
Il y a donc 16,000 bleus dans le système.
M. LAFONTAINE: Le député de Dubuc veut dire que c'est
100,000 moins 16,000, multipliez 100,000 par quatre, ça donne 400,000
moins 16,000. Il y a pas mal de travail à faire pour le
gouvernement.
M. COURNOYER: D'où viennent ces 100,000, qu'est-ce que c'est,
cette affaire-là?
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
Intégration
M. VINCENT: Présentement, on procède à
l'intégration des fonctionnaires. Est-ce qu'il y a des ministères
où le travail est terminé?
M. COURNOYER: Non.
M. VINCENT: Je remarque ici dans le cahier très bien
préparé qu'on nous a remis, qu'on emploie les nouveaux titres de
classification, comme employés de secrétariat.
M. COURNOYER: Cela existait, M. Vincent.
M. VINCENT: Mais est-ce que ça inclut les secrétaires, les
sténos...
M. COURNOYER: Cela inclut les sténographes, les
sténos-secrétaires, les secrétaires. Employé de
secrétariat, c'est le titre du statut, du groupe.
M. VINCENT: Dans la nouvelle intégration... M. COURNOYER: Dans
l'ancienne aussi M. VINCENT: Dans l'ancienne aussi? M. COURNOYER: Oui, oui.
M. VINCENT: Parce qu'on marque ici, employés de
secrétariat, 418.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. VINCENT: A quel moment pensez-vous que l'intégration sera
terminée?
M. COURNOYER: En fin de septembre, on l'espère.
C'est une opération qui couvre actuellement 22,000 fonctionnaires
comme vous le savez et c'est beaucoup plus complexe que la première
fois. C'est une opération plus complexe pour deux raisons, parce que,
dans les règles d'intégration dont on a convenu avec les
syndicats, il faut tenir compte de l'ensemble de la carrière de
l'employé. L'objectif qui avait été visé lors de la
négociation de 1968 sur ce sujet, c'était
précisément de bien se rendre compte de ce qu'il y a comme
potentiel dans un individu, de ce qu'il y a comme expérience, de
façon à pouvoir non seulement bien l'intégrer dans la
classe qui correspond à son occupation, à son emploi, à
ses devoirs et à ses responsabilités, mais aussi d'appliquer un
programme de notation. Ce gars est classé là, mais, dans le fond,
il est capable de faire bien plus que ça, il devrait être promu
à telle place ou à tel autre endroit, de sorte que l'on a un tout
autre programme de notation, dont l'objectif est précisément
d'affecter les ressources de façon qu'elles servent entièrement,
que chaque personne donne toute sa mesure au gouvernement. Vous savez qu'il y a
un paquet de gars et un paquet de femmes probablement au gouvernement qui ne
sont pas utilisés à 100 p.c. Ils font très bien ce qu'ils
font. C'est une très bonne secrétaire, mais peut-être la
fille serait-elle capable de faire plus que ça. Le gars, c'est un
employé de bureau mais il serait peut-être capable d'être
agent de main-d'oeuvre ou d'aménagement. L'objectif c'est de
suffisamment connaître chaque employé, que non seulement on
l'intègre bien dans tel classement, mais on sait aussi, par des notes
ajoutées à son dossier, que ce gars-là a le moyen de faire
autre chose, soit être muté, soit
avancer, soit être promu. Tout l'objectif du plan
d'intégration est précisément de voir à assurer une
meilleure utilisation qu'actuelle ment des ressources humaines au gouvernement.
C'est un des programmes les plus importants que le gouvernement ait
préparés depuis 18 mois.
M. VINCENT: Vous croyez qu'en septembre ce sera prêt.
M. COURNOYER: Fin septembre, mais ça ne couvrira pas les
ouvriers. Les ouvriers, c'est un autre groupe qui va venir après, et les
agents de la paix aussi, ça vient après.
Secrétaires
M. VINCENT: Ici dans le cahier, probablement que la secrétaire
principale du ministre est parmi les employés de secrétariat.
M. COURNOYER: Non, le terme employé de secrétariat couvre
seulement les sténos, sténos-secrétaires et les
secrétaires. Les secrétaires principales ou secrétaires
particuliers adjoints, c'est dans le groupe des secrétaires
particuliers.
M. VINCENT: Je n'en vois pas.
M. COURNOYER: Ils ne sont peut-être pas là-dedans. Quelle
page avez-vous?
M. VINCENT: Je prends à la page ce n'est pas
mentionné.
M. COURNOYER: Est-ce que c'est paginé?
M. VINCENT: Regardez à cabinet du ministre et à bureau du
sous-ministre. Je vois par exemple, l'employé de secrétariat,
418.
M. COURNOYER: Un instant, si vous me permettez.
M. VINCENT: Je ne mets pas en question le salaire de la personne.
M. COURNOYER: C'est au bureau du sous-ministre, c'est ça?
M. VINCENT: Prenez le bureau du sous-ministre.
M. COURNOYER: Employé de secrétariat, Mme Pelletier.
M. VINCENT: Mme Huguette Pelletier, 418-04. Elle semble être
classifiée comme secrétaire principale.
M. COURNOYER: C'est ça, oui. C'est couvert dans ce
plan-là.
M. VINCENT: Oui, mais avant l'intégration ou avant la formule
d'intégration.
M. COURNOYER: Ce n'est pas le résultat de
l'intégration.
M. VINCENT: Non, mais son titre, c'est secrétaire principale.
M. COURNOYER: Actuellement, oui, c'est ça. Ce qu'on a mis ici,
c'est le titre de classification, on n'a pas mis le niveau de la classe
d'employé.
M. VINCENT: Oui.
M. COURNOYER: L'employé de secrétariat couvre toutes les
filles, au gouvernement, qui agissent comme sténos,
sténo-secrétaires et secrétaires.
M. VINCENT: Cela va couvrir, à l'avenir, toutes les personnes qui
agissent...
M. COURNOYER : Oui mais c'est un titre générique. C'est
comme si on disait garde-chasse et là-dedans, vous auriez des
gardes-chasse classe 1, classe 2, classe principale. Le titre employé de
secrétariat, c'est un titre générique.
M. VINCENT: Oui.
M. COURNOYER : C'est un titre pour couvrir un corps d'employés.
Mais les classes portent des titres distincts dans ce cas.
M. VINCENT : Mais est-ce que ceci signifie que, par exemple, dans
l'intégration et là, je touche le problème de nos
secrétaires qui travaillent à nos bureaux de l'Assemblée
nationale ...
M. COURNOYER : Oui.
M. VINCENT: ... dans cette nouvelle intégration, est-ce que nos
secrétaires qui travaillent à nos bureaux de l'Assemblée
nationale pourraient, éventuellement, être
considérées comme des secrétaires principales parce
qu'elles font réellement le travail d'une secrétaire
principale?
M. COURNOYER : Je vous avoue honnêtement que je ne connais pas par
coeur les spécifications du plan mais...
M. BURNS: Vous avez le règlement 221 qui vient juste de sortir et
qui répond à cette question.
M. COURNOYER: C'est nouveau?
M. BURNS: Oui. Ce règlement date du 1er mars 1972 et dit que les
secrétaires qui travail-
lent pour un ministre, un chef de parti, un leader parlementaire et le
whip en chef du gouvernement, sont des secrétaires principales; le
règlement 221.
M. VINCENT: Oui, mais c'était déjà un
règlement qui existait.
M. BURNS : Je vous parle du récent, celui du 1er mars.
M. VINCENT: C'était un règlement qui existait, qui a
ajouté les whips et les leaders parlementaires. Je parle de tous les
députés de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: C'est qu'à ce moment...
M. COURNOYER: Un instant, je vais vérifier. Non, on me dit que
dans le plan de classification, le règlement 221 dont il parle, les
secrétaires de députés sont considérées au
niveau de sténo-secrétaires, par opposition aux
secrétaires des leaders ou des chefs de parti qui sont
considérées au niveau de secrétaire. C'est bien ça?
C'est ce qu'on me dit. Vous avez un problème identique je crois pour les
juges.
M. VINCENT: Non, les juges peuvent avoir une secrétaire
principale.
M. COURNOYER: C'est ça. La classe des secrétaires comprend
les employés dont le travail principal habituel se rattache à des
juges de la justice, à un membre de l'Assemblée nationale,
à un membre d'un organisme dont la loi ordonne qu'il est
fonctionnaire.
Alors, il y a trois classes.
M. VINCENT: Il y a un problème qui se pose: C'est que la personne
classée secrétaire principale, advenant un changement de
gouvernement ou un changement de leader parlementaire ou un changement de
whip...
M. COURNOYER: Ce à quoi vous faites allusion...
M. VINCENT: ... cette personne, automatiquement, comme elle ne travaille
plus pour un ministre, un sous-ministre, un whip ou un leader parlementaire, on
la rétrograde dans une classe de secrétaire. Elle devient ce
qu'on appelle...
M. COURNOYER: Autrement dit...
M. VINCENT: ... hors échelle pour x années.
M. COURNOYER: Cela, c'est dans l'hypothèse...
M. VINCENT: Ainsi, le député de Maisonneuve est leader
parlementaire. Sa secrétaire a un titre de secrétaire principale.
Il perd sa position de leader parlementaire pour une raison éventuelle.
La secrétaire du député de Maisonneuve ou la
secrétaire de l'ancien ministre de la Voirie ou ma secrétaire
alors que j'étais ministre de l'Agriculture, à ce moment est
rétrogradée dans une classe de secrétaire...
M. COURNOYER : Cela, c'est dans l'hypothèse ce que vous
postulez que la fille perd aussi son emploi. Autrement dit, si le patron
perd son poste, la fille s'en va avec lui. Le principe n'est pas
nécessairement ça. Elle peut aussi travailler pour le suivant. Si
vous postulez qu'il a une secrétaire qui lui appartient, je suis
d'accord avec vous.
M. VINCENT: Ce n'est pas ça.
M. COURNOYER: Mais ce n'est pas nécessairement ça.
M. VINCENT: Ce n'est pas incompatible qu'elle lui appartienne.
M. COURNOYER: Non, mais ce n'est pas non plus incompatible qu'elle soit
acceptée comme secrétaire pour un poste donné...
M. BURNS: Ce n'est pas à conseiller.
M. COURNOYER: ... où il y a un autre titulaire. Ce que vous
postulez, c'est qu'il y a mobilité pour l'employé de
secrétariat comme il y a mobilité pour son patron.
M. LAFONTAINE: Mais c'est une mobilité qui rétrograde au
lieu de se maintenir. C'est vrai que le...
M. COURNOYER: Cela peut jouer aussi dans l'autre sens.
M. LAFONTAINE: ... suivant peut garder... M. COURNOYER: Oui.
M. LAFONTAINE: Je prends simplement le Ralliement créditiste. M.
Ouellet, entre autres, qui a eu...
M. COURNOYER: Vous entrez dans les problèmes.
M. BURNS: Vous parlez d'un poste politique alors que, lorsqu'on parle de
secrétaires, on parle de postes de bureau. Le chef de cabinet, c'est
bien normal; c'est un poste très politique. Il est bien évident
que le nouveau chef d'un parti ne peut pas nécessairement travailler
avec le chef de cabinet de l'ancien chef. C'est tout de suite une chose qui est
beaucoup plus politique.
M. COURNOYER: Je pense que ce que M. Vincent veut dire, c'est que
ça pourrait, par analogie, se produire aussi pour les employés de
bureau.
M. BURNS: Cela se pourrait par analogie mais...
M. COURNOYER: J'ai dit: C'est ça que vous postulez. Mais ce n'est
pas nécessairement ça.
M. BURNS: ... comme vous dites...
M. VINCENT: Maintenant, quel est le maximum permis dans la classe des
secrétaires qui travaillent pour un député de
l'Assemblée nationale?
M. COURNOYER: Le montant d'argent précis?
M. VINCENT: Oui, $6,200 ou $6,300? A la classe des
secrétaires.
M. COURNOYER: Je ne l'ai pas par coeur, monsieur. J'avoue
honnêtement que je ne l'ai pas.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'on peut avoir le minimum aussi? Je connais des
secrétaires de députés qui gagnent $3,200.
M. COURNOYER: Ce sont des sténographes, salaire initial. Ce que
vous me dites-là, je m'en souviens par coeur c'est la classe
d'entrée d'une jeune sténographe qui a 17 ans et qui entre au
gouvernement. Si vous avez une fille d'expérience... 17 ou 18 ans.
M. VEILLEUX: Je connais une personne qui a 21 ans et qui a trois ans
d'expérience...
M. COURNOYER: Elle ne devait pas avoir d'expérience ou plus
qu'une année d'expérience de travail.
M. CARON: Elle fait le travail aussi bien que n'importe quelle autre
secrétaire au parlement ici.
M. COURNOYER: C'est possible.
M. CARON: Je trouve que ce n'est pas juste et raisonnable qu'elle ait un
montant comme ça.
Vous avez la secrétaire...
M. VEILLEUX: ... du député de Verdun, par exemple, qui
gagne $3,200.
M. CARON: ... c'est un exemple, ce n'est pas juste.
M. COURNOYER: Mais peut-être qu'il y a aussi un autre
problème de fond.
M. VINCENT: Je me demande si on ne devrait pas analyser la
possibilité de faire, comme cela se fait au gouvernement
fédéral, une classe spéciale pour les secrétaires
des députés. A ce moment-là, si vous regardez les normes
exigibles en vertu des salaires de l'intégration nouvelle, la
secrétaire d'un député même si elle a comme titre:
secrétaire classe 1, grade 7 ou 8, c'est qu'elle ne remplit pas la
même fonction qu'une secrétaire ordinaire dans un
ministère. Elle est obligée de...
M. COURNOYER: Ce que vous dites, autrement dit, c'est que...
M. VINCENT: Elle agit réellement comme agent de bureau.
M. COURNOYER: Ce que vous voulez dire c'est que le plan de
classification ne devrait pas couvrir les secrétaires de
députés mais qu'il devrait y avoir un plan spécial pour
elles.
M. VINCENT: A mon sens il devrait y avoir une formule spéciale
trouvée pour celles qui travaillent ici à l'Assemblée
nationale.
M. COURNOYER: Nous avons déjà proposé, je
vous...
M. VINCENT: Cela existe à Ottawa.
M. COURNOYER: C'est d'un autre ordre ce que je vous dis là.
J'avais déjà suggéré, une fois, et je pense que ce
n'est pas confidentiel de dire ça, que les employés de
l'Assemblée nationale devraient peut-être avoir un régime,
un statut de personnel général d'ailleurs qui devrait être
distinct du pouvoir exécutif, c'est-à-dire des employés de
l'administration. En fin de compte, l'Assemblée nationale étant
souveraine, peut-être cela aurait-il un sens que les employés de
l'Assemblée nationale soient régis par le comité de la
régie de l'Assemblée et que par conséquent ils aient des
règles, du recrutement jusqu'à la retraite, d'ailleurs, qui leur
soient propres. De toute façon, vous avez toute une série de
conditions de travail qui ne sont pas les mêmes, les gens viennent
travailler le soir parce que vous avez de la session le soir; les
députés tiennent, et je pense qu'il y a une tradition
là-dedans, en somme, à avoir quelqu'un en qui ils ont confiance
parce que c'est confidentiel leur affaire et ils veulent la recruter
eux-mêmes finalement, dans le fond, leur secrétaire.
Alors pourquoi ne pas définir les règles du jeu dans ce
sens-là et dire: Les députés choisiront leurs
secrétaires et ça finira là. Pourquoi se casser la
tête avec ça? Depuis que je suis au gouvernement, je ne vous le
cache pas, cela fait 22 ans, que je vois ce problème-là, le
problème des sténographes ou des secrétaires des
députés. Il devrait y avoir moyen une bonne fois pour toutes de
régler ça autrement. Vous allez avoir un problème dans
quelques années. Vous, vous avez une secrétaire ou n'importe qui
a une secrétaire et, à un moment donné, pour une raison ou
pour une autre, elle a un accident
d'auto et elle n'est plus là le lendemain. Qu'est-ce qui arrive
avec l'employé? Dans la perspective, vous dites: Bon, il y a un "pool"
de secrétariat et tout le monde fouille là-dedans. Ce n'est pas
la réalité concrète que vous avez dans les mains. Dans le
fond, les députés veulent avoir des femmes qui travaillent avec
eux comme secrétaires et en qui, en somme, ils veulent avoir confiance.
Ils veulent les recruter eux-mêmes et voir à leur...
La solution serait que peut-être le comité de régie
de l'Assemblée nationale propose des règles de gestion de
personnel pour le personnel de l'Assemblée nationale. D'autant plus que,
si l'Assemblée est souveraine, et je pense qu'il n'y a pas de doute
là-dessus, elle peut fixer ses propres règles de conduite.
M. VEILLEUX: Elles deviennent un peu les confidentes des
députés à certains moments.
M. COURNOYER: Elles reçoivent toutes sortes de cas, de...
M. BURNS: Peut-être pour les députés qui ne sont pas
mariés, mais ceux qui sont mariés...
M. COURNOYER: Maintenant, je suis bien conscient qu'en disant ça
je dépasse mon rôle parce que...
M. BURNS: Non, je trouve...
M. VINCENT: Je trouve que c'est une excellente suggestion. C'est
enregistré au nom du ministre.
M. BURNS: C'est justement le rôle d'un sous-ministre de nous
orienter dans ce genre d'affaires.
M. COURNOYER: Cela reste confidentiel.
M. VEILLEUX: C'est le ministre qui vient de parler là.
M. COURNOYER: C'est une excellente suggestion de mon sous-ministre et on
pourra peut-être sur un voeu unanime de cette commission parlementaire le
charger de trouver la solution.
M. VINCENT: Je conseillerais au sous-ministre...
M. COURNOYER: Il y a le problème de la permanence
évidemment, à ce moment-là.
M. VINCENT: D'ailleurs, il y a eu une étude assez complète
effectuée à un autre niveau gouvernemental, au gouvernement
fédéral, justement pour le même problème, pour les
265...
M. COURNOYER: Elles ne sont pas dans la fonction publique au
fédéral.
M. VINCENT: Elles ne sont pas dans la fonction publique, elles ont un
statut spécial.
M. COURNOYER: C'est ça!
M. VINCENT: Je pense que leur salaire peut aller jusqu'à $9,800
par année. Tout dépend de la qualité de la personne. Il
arrive quand même ceci ce n'est pas parce que je veux prendre
ça comme exemple, mais on a fait une étude assez exhaustive
à Ottawa les secrétaires travaillent de 8 h 30 le matin
jusqu'à 6 heures en temps de session. Elles reviennent le soir et elles
ont comme compensation pour la période de l'intersession, le temps
donné en trop. Mais les personnes qui travaillent pour la
députation ont des avantages parce qu'elles donnent plus de
services.
M. COURNOYER: Mais prenons, encore une fois, la suggestion du
sous-ministre ici. Je pense qu'il y a lieu de songer, dans le sens où le
sous-ministre le disait, au problème du personnel de l'Assemblée
nationale proprement dit par opposition au problème de la fonction
publique en général.
M. VINCENT: C'est cela.
M. COURNOYER: Si nous nous disons ensemble, ici: Nous allons essayer de
trouver une solution à ce problème, nous nous en reparlerons au
comité de régie de l'Assemblée nationale pour pouvoir
arriver à une solution...
M. VINCENT: Et en deuxième lieu, qu'on touche également,
à ce moment-là, à la question des comtés, des
secrétaires des députés dans les comtés. Qu'on la
regarde en même temps. Je veux simplement le laisser comme cela.
M. BURNS: Je m'excuse, mais cela relève du budget de
l'Assemblée nationale, les secrétaires de comté. C'est en
vertu d'un arrêté ministériel.
M. VINCENT: Oui, mais au même moment, qu'on regarde si on
fait un travail de secrétariat de l'Assemblée nationale le
statut...
M. COURNOYER: Qu'on le regarde, mais nous allons admettre, vous et moi,
que ce n'est pas du tout la même chose qu'une permanence quelconque ici.
L'Assemblée nationale existe toujours comme entité, tandis que
les députés sont susceptibles d'être modifiés dans
leur comté. Dans un comté rural, vous êtes seul. Vous
n'avez peut-être pas un emploi immédiat, sauf avec ce
député.
M. VINCENT: Ce n'est peut-être pas la même chose, mais je
ferai une hypothèse. Supposons qu'un député fasse la
proposition suivante, que ce soit $4,500, $5,000 ou $6,000 par année:
Gardez le montant d'argent; j'aimerais avoir une personne qui travaille
déjà dans
un ministère et qui pourrait faire le travail dans mon
comté. Qu'est-ce qui arrive à ce moment-là? Cela pourrait
vider certaines tablettes.
M. COURNOYER: Bien sûr. En tout cas, disons que je...
M. VINCENT: Supposons que moi...
M. COURNOYER: ... je ne mets rien de côté de la discussion
ici. Je trouve la suggestion du sous-ministre intéressante et nous en
parlerons au comité de régie de l'Assemblée nationale avec
une requête de communiquer avec le sous-ministre de la Fonction publique.
Il connaît cela, lui, l'affaire, depuis 22 ans.
Il en a vu passer du monde.
M. BURNS: Une chance qu'il y a un sous-ministre, quelquefois, pour
sauver un ministre, d'ailleurs.
M. COURNOYER: Une chance! Si nous ne les avions pas, qu'est-ce que nous
ferions?
M. VINCENT: Pour donner encore plus de précisions au ministre ou
au sous-ministre, quand j'avais le poste de ministre de l'Agriculture, j'avais
un secrétaire de comté qui a été
intégré dans le ministère de l'Agriculture. A ce
moment-là, on m'a dit: Pour ton secrétaire de comté, tu as
droit à un montant de $4,500. Je dis simplement que j'aurais
préféré laisser le montant de $4,500 à
l'Assemblée nationale et obtenir la permission de me servir de mon
ancien secrétaire de comté qui a fait le travail pendant quatre
ans, au lieu d'intégrer ce bonhomme dans un ministère. Et cela a
pris un certain temps avant qu'il commence à faire du travail.
M. COURNOYER: Il a encore de la misère aujourd'hui.
M. VINCENT: On le néglige, on le laisse de côté.
M. COURNOYER: Pour les considérations dont nous parlions
hier.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. BURNS: J'ai un autre point, M. le ministre. J'ai pris connaissance
d'une directive qui circule actuellement à travers les différents
ministères. Je pense que c'est rendu chez vous, au ministère du
Travail, actuellement.
M. COURNOYER: C'est chez nous, au ministère du Travail, si je
comprends bien.
M. BURNS: C'est chez nous, ce ministère. Je suis là
quasiment aussi souvent que vous.
M. COURNOYER: Nous allons chercher qui vous fréquentez...
M. BURNS: Je m'excuse; dans mes relations professionnelles.
M. COURNOYER: Je comprends. Assiduité
M. BURNS: C'est ce qui fait que je connais peut-être plus votre
ministère qu'un autre. Cette directive, apparemment, date de
décembre 1970 et s'intitule: "Le contrôle de l'assiduité de
la fonction publique." Vous êtes sans doute au courant de cela. A
première vue je ne sais pas si le ministre l'a examiné
cela me semble être en contradiction avec une des conventions
collectives, celle des professionnels du gouvernement, plus
particulièrement l'article 24. Cette convention est en vigueur depuis
1968, sauf erreur.
M. VINCENT: Depuis mars 1968.
M. BURNS: Et plus particulièrement, l'article 24 qui dit: "Les
employés dont la majeure partie du travail est exécutée au
bureau doivent deux fois par jour, à leur arrivée, le matin et
à leur départ, l'après-midi, signer le registre quotidien
de présence mis à leur disposition par leur supérieur
immédiat." Alors, la directive émet une série de
tracasseries pour ce groupe d'employés particulièrement qu'on
appelle les professionnels qui sont très souvent appelés à
travailler à l'extérieur des ministères, pas
nécessairement à l'intérieur.
Même, je me suis demandé si ce n'était pas une
violation du bill 19, cette directive qui est arrivée récemment,
en tout cas, à certains endroits. Elle existe depuis décembre
1970, mais on l'implante progressivement, lentement, et je ne sais pas en vertu
de quelle méthode et de quelle méthodologie même. Mais je
me demandais si, au fond, ça ne contrevenait pas même, cette
chose-là, à l'article 5 de votre fameux bill 19 qui dit:
"Jusqu'à ce que les conditions de travail des salariés aient
été établies suivant la loi ou par décret suivant
l'article 10, les salariés ainsi que leurs employeurs sont liés
par les conditions de travail prévues aux dernières conventions
collectives qui leur étaient applicables. C'est, d'ailleurs, contraire
aux dispositions du code du travail de changer unilatéralement les
conditions de travail. Je ne lirai pas la directive parce que...
M. VINCENT: Dans les grandes lignes, qu'est-ce qu'elle dit?
M. BURNS: Bien, dans les grandes lignes, elle dit que ces
personnes-là doivent signer et sont sujettes à des mesures
disciplinaires. Si elles signent en retard, il y a des déductions de
salaire qui sont faites, choses qui ne s'étaient jamais
appliquées dans ce domaine-là. Vous connaissez le
problème; il y a souvent des professionnels qui vont être
appelés à faire du travail avec des groupements sociaux à
l'extérieur du ministère, le soir. Il a toujours
été entendu, en pratique, que, s'ils entraient un peu plus tard
le lendemain matin, ça compensait, parce qu'ils ne sont pas payés
pour le temps supplémentaire dans ces cas-là. Alors, je me
demande si le ministre a pris connaissance de cette directive qui semble
circuler un peu partout...
M. COURNOYER: J'en ai pris connaissance.
M. BURNS: ...plus particulièrement pour les professionnels.
M. VINCENT: Si le député de Maisonneuve me permettait une
question? Vu que j'ai justement travaillé sur des problèmes
semblables. Est-ce que cette directive s'applique seulement aux professionnels
qui travaillent dans les bureaux ou si elle s'applique également aux
autres professionnels qui, en vertu de la même convention collective,
suivant un autre article, établissent eux-mêmes leur semaine de
travail?
M. BURNS: Non, elle s'applique aux deux. M. VINCENT: Elle s'applique aux
deux? M. BURNS: Je pense, en tout cas. M. VINCENT: Là, elle est
pertinente.
M. BURNS: Ecoutez, je peux peut-être vous la lire: "Les personnels
régis par le contrôle de l'assiduité, c'est-à-dire
tous les fonctionnaires et ouvriers régis par la Loi de la fonction
publique et tous les autres personnels temporaires, saisonniers et occasionnels
que la gérance voudra contrôler, seront régis par le
système de contrôle d'assiduité." Je pense que cela en
prend pas mal large. En tout cas, je me pose de très sérieuses
questions. La raison principale pour laquelle je soulève la question, M.
le Président, c'est que je me demande si c'est très habile de la
part de votre ministère de fonctionner comme ça, actuellement, au
moment où tout le monde, malgré les efforts dans le sens
contraire de M. Choquette, essaie de voir à ce que les
négociations reprennent, à ce que le climat se replace calmement.
Ce n'est rien pour aider à un climat de négociation que de poser
ces gestes-là, surtout quand c'est une directive qui remonte à
décembre 1970 et qu'elle apparaît tout à fait par hasard
à la surface dans un ministère ou dans un autre, en plein mois de
mai ou en plein mois de juin 1972.
Alors, je me demande quel est l'à-propos de ce genre de geste
posé par le ministère et qu'est-ce qu'en pense le ministre. En
résumé, en tout cas de l'extérieur, ça paraît
comme une mesure tracassière à ce stade-ci. Dieu sait qu'il n'en
est pas besoin de mesures tracassières, à ce moment-ci, dans la
fonction publique! Si le ministre de la Fonction publique veut arriver aux fins
qu'ils nous a déclarées, c'est-à-dire à la
signature d'une convention collective vraiment négociée, cela
prend une atmosphère très bonne pour ça. Alors, tout ce
chipotage est parfait pour la gâter, cette atmosphère.
M. COURNOYER: Disons que je n'aimerais pas gâter
l'atmosphère et que je ne crois pas que ceci gâte
l'atmosphère. Il ne faudrait pas, vous non plus, essayer de me faire
pleurer. Pour ce qui est des fonctionnaires ou des professionnels, les
instructions ont été données par le sous-ministre de la
Fonction publique de respecter intégralement la convention collective
telle qu'elle est écrite. Quant aux autres, il s'agit d'une
procédure de contrôle qui peut probablement être
discutée. Les gens ne sont pas d'accord avec les tracasseries.
M. BURNS: Comment se fait-il que ça sorte à ce moment-ci,
une directive de 1970?
M. COURNOYER: Je n'en ai aucune idée. De 1970?
M. BURNS: Décembre 1970, cela vient du gouvernement du
Québec.
M. COURNOYER: Comme quoi les fonctionnaires sont rapides!
M. BURNS: C'est un document de quatre, cinq pages. Cela s'intitule: Le
contrôle de l'assiduité dans la fonction publique. C'est de
décembre 1970 et cela rebondit dans les ministères
actuellement.
M. COURNOYER: C'est chacun des ministères qui met cela en
vigueur. Apparemment on me dit que cela a commencé en décembre
1970 par des expériences pilotes dans certains ministères, je ne
sais pas lesquels, et maintenant ça doit être rendu au mien parce
qu'il y a peut-être quelqu'un dans mon ministère qui pense qu'il y
a des gens qui partent de bonne heure et qui ne reviennent pas. Il faudrait que
je m'informe au ministère du Travail. Est-ce qu'il y a d'autres
ministères qui ont implanté ça pendant cette
négociation-ci?
M. BURNS: Non, actuellement, c'est le ministère du Travail. Cela
a été implanté ailleurs tranquillement, pas vite, à
d'autres endroits.
M. COURNOYER: Depuis 1970. Chez nous au ministère du Travail,
c'est sorti récemment?
M. BURNS: Récemment.
M. COURNOYER: Cela n'est pas de l'autori-
té du ministère de la Fonction publique, cela est de
l'autorité du ministère du Travail. Il faut croire que
c'est...
M. BURNS: Je ne le sais pas, c'est ce que je vous demande.
M. COURNOYER: Je vais m'enquérir.
M. BURNS: Je ne sais pas du tout d'où ça vient.
M. COURNOYER: Je ne l'ai pas vu, moi. Vous savez qu'il y a des
gestionnaires dans mon ministère qui sont responsables de l'utilisation
maximale du personnel dans les limites raisonnables de l'humain. Ces
gens-là peuvent constater à un moment donné, à
différents échelons, qu'il y a des gens qui sont
négligents et qui ont besoin d'être rappelés à
l'ordre d'une certaine manière. Quand ils constatent ça, ils se
demandent comment faire pour y arriver. Il y a une directive qui est là,
à la porte. Remarquez que cela peut être récent, ça
peut être une décision qui est prise récemment par mon
ministère du Travail. Je vais m'informer auprès du sous-ministre
à quelle occasion cette chose-là est sortie, chez nous au
ministère du Travail. Je sais cependant qu'il y a des gens qui auraient
décidé depuis un certain temps qu'ils ne venaient plus
très souvent au ministère du Travail. Four des raisons, je ne
parle pas des professionnels, je parle des autres échelons. Je pense que
vous n'allez pas nous prêter au moins une mauvaise intention.
Je vais m'informer à savoir pourquoi la directive est sortie et
je suis convaincu qu'expliquant le raisonnement de mon sous-ministre ou des
gestionnaires de mon ministère, vous allez comprendre qu'ils n'ont
peut-être pas fait ça du tout en tenant compte des
négociations actuelles. Ce serait peut-être parce qu'ils ont
d'autres préoccupations, il faut que les gens soient travaillants un
peu.
M. BURNS: Je suis bien d'accord. Je ne plaide pas en faveur du "feather
bedding".
M. COURNOYER: Si, chez nous, dans la structure, quelqu'un a senti le
besoin de rappeler aux gens qu'ils avaient certaines obligations, parce qu'en
fait, c'est un rappel de certaines obligations, en disant on va les
contrôler, s'ils ont senti ce besoin-là, je veux savoir pourquoi
ils l'ont senti, avec explications. A ce moment-là, vous allez
peut-être me dire: Vous avez eu tort de le faire à ce moment-ci.
Mais je ne suis pas au courant, je ne le sais pas. Je vais poser la question et
je vous répondrai. Je vous donnerai là réponse du
sous-ministre.
M. VINCENT: Sur le même sujet, j'ai écouté le
député de Maisonneuve, le sous-ministre va comprendre mon
intervention. Si cette directive s'applique seulement aux fonctionnaires
profes- sionnels qui travaillent dans les bureaux, c'est peut-être moins
grave que si cette directive s'appliquait aux autres professionnels ou
fonctionnaires qui établissent eux-mêmes leur semaine de travail
et qui sont généralement à l'extérieur du
ministère. A ce moment-là, le député de Maisonneuve
a mentionné tout à l'heure qu'il y en a quelques-uns qui
rencontrent des corps sociaux le soir ou dans le jour, si cette
directive-là s'appliquait aux autres fonctionnaires même
professionnels ou fonctionnaires qui travaillent à l'extérieur du
ministère, ce serait alors réellement grave. On obligerait ces
personnes-là à venir signer un registre au ministère.
M. COURNOYER: Ce n'est pas ça. Pour ceux qui sont en dehors, la
procédure est une procédure générale applicable
pour l'ensemble de la fonction publique et elle permet d'obtenir par
l'informatique une certaine comptabilité concernant soit les vacances,
les congés, les crédits de maladie, tout ça. Par
conséquent, il faut la voir, l'imaginer dans une perspective de
contrôle des présences, mais on peut l'imaginer aussi dans une
perspective plus vaste.
M. BURNS: Si vous me permettez, M. Bolduc, il ne faudrait pas mal me
comprendre. Cela se faisait. Les gens signaient au ministère. Je vous
dis que ce sont les détails qu'on y a mis par cette directive-là;
par exemple, l'heure d'entrée, l'heure de sortie, il y a toutes sortes
de restrictions qui seraient trop longues à énumérer,
c'est un document de cinq pages.
Il y a toutes sortes de restrictions quant à la
possibilité de l'employé de quitter les lieux. Cette chose,
à mon avis, dans ces catégories d'emplois je parlais des
fonctionnaires qu'on appelle les professionnels, qui sont régis par une
convention particulière, qui ont un type de travail qui leur demande
plus de mobilité a le don d'en aigrir un certain nombre
actuellement; or elle arrive particulièrement à ce moment ci.
M. COURNOYER : Les commissaires-enquêteurs en particulier?
M. BURNS : Je ne sais pas si cela inquiète les
commissaires-enquêteurs?
M. COURNOYER: Depuis qu'ils sont organisés ici à
Québec dans leur petit port, ils n'aiment pas rester là. Ils
aiment mieux travailler dans leur salon.
M. BURNS: En tout cas, qu'ils continuent à faire un bon travail
comme ils font et personne ne va se plaindre; cela ne me dérange pas
qu'ils travaillent où ils voudront mais qu'ils continuent à faire
du bon travail.
M. COURNOYER: Excepté qu'il est parfois
bon que le commissaire-enquêteur en chef sache où sont ses
commissaires-enquêteurs.
M. BURNS: Oui, c'est bien utile. Surtout pour assigner les dossiers.
D'ailleurs les commissaires-enquêteurs, puisqu'on en parle, on n'est pas
encore rendu au système de tablettes, il n'y en a pas trop qui sont sur
les tablettes.
M. COURNOYER: Je ne suis pas le gars qui met les gens sur les tablettes.
Je les mets au travail, comme dirait le Parti libéral.
M. BURNS: Québec au travail. En fait, est-ce que vous avez une
autre question là-dessus?
M. VINCENT: Non.
Formation des cadres intermédiaires
M. BURNS : Je voudrais en terminant poser une question d'ordre
général. Quelle est la politique du ministère de la
Fonction publique actuellement, et s'il n'y en a pas, quand est-ce qu'il a
l'intention d'en avoir, relativement à la formation des cadres moyens?
De façon assez générale, on peut dire que les cadres
supérieurs, je pense aux directeurs généraux et je pense
aux sous-ministres et à des gens de ces catégories qui groupent
des gens tout à fait au pair avec le genre de travail qu'ils font. Il y
en a, comme M. Bolduc, qui sont là depuis 22 ans. J'imagine qu'il doit
être bon s'il reste là. Ce qui me préoccupe, c'est qu'il ne
semble y avoir aucune politique de formation. J'aimerais qu'on me contredise si
c'est faux, mais il semble n'y avoir aucune politique de formation des cadres
moyens à l'intérieur des ministères et c'est
inquiétant à long terme. Qu'est-ce qui se fait
là-dessus?
M. COURNOYER : J'ai ici un document daté de juillet 1971 dont on
me dit que les fonctionnaires sont au courant, la gérance en particulier
la gérance comprend-elle la gérance moyenne? les
cadres intermédiaires aussi. Ce document parle du perfectionnement du
personnel de la fonction publique. Il y a donc une politique en voie
d'exécution, non pas en voie d'élaboration. Je ne crois pas que
ce soit un document confidentiel, on peut vous le donner...
M. BURNS: Il y a moyen d'en avoir une copie?
M. COURNOYER: ... de façon que vous sachiez qu'il y en a une.
M. BURNS: La raison principale pour laquelle je soulignais le
problème, c'est qu'on se rend compte, dans certains cas, que lorsque des
plans nouveaux, dans quelque ministère que ce soit, sont
implantés, il semble y avoir une difficulté de mettre en marche
l'engrenage, au niveau de ces cadres intermédiaires, parce que,
semble-t-il et c'est pour cela que je posais la question, ils ne
sont pas prêts. Ils semblent être complètement
démunis vis-à-vis de situations qu'on a décidé de
leur imposer du haut. Cela se reflète sur l'ensemble de la fonction
publique. A mon avis, ça peut peut-être nuire très
sérieusement à l'efficacité de la fonction publique. Tout
le monde sait jusqu'à quel point la population c'en est
même devenu, dans certains cas, un mythe trouve, peut-être
à tort dans beaucoup de cas, que la fonction publique est inefficace.
Bien, je trouve que ce serait un des moyens de contrer ça. C'est de
préparer, non pas seulement les cadres supérieurs mais les cadres
intermédiaires à une certaine souplesse et à une certaine
préparation à fonctionner et à faire descendre, à
aller jusqu'au dernier entré des employés, des politiques des
différents ministères.
M. COURNOYER: Mon sous-ministre me disait qu'il y a quelques semaines,
on a parlé pendant huit semaines ... Voulez-vous
répondre?
D'abord je voudrais souligner qu'on a présenté un document
sur la politique même de perfectionnement. Quels devraient être les
objectifs? C'est-à-dire dans une perspective où on tente
d'améliorer la qualité par un entraînement il y a
d'autres méthodes, l'entraînement en est un mais par
l'entraînement systématique, comment pourrait-on améliorer,
rapidement, la qualité puis pour quel groupe est-ce le plus requis? Les
priorités proposées, c'est d'abord la formation de la
gérance. Bien sûr qu'il reste du perfectionnement technique du
personnel d'exécution à faire. C'est sûr qu'il faudra
toujours que les inspecteurs d'impôt soient bien qualifiés, que
les agents de réadaptation soient bien qualifiés. Mais on a mis
l'accent sur la gérance. Si vous remarquez dans les priorités,
c'est essentiellement mis sur le personnel de direction. Les quatre
premières priorités sont affectées à ça par
opposition aux autres. Dans ce personnel de direction, vous avez les cadres
intermédiaires qui sont syndiqués dans le cas des professionnels,
mais la moitié des 4,000 professionnels du gouvernement sont du
personnel de cadre intermédiaire. Prenez les ingénieurs de voirie
qui sont divisionnaires. En fin de compte ce sont des cadres moyens, des cadres
intermédiaires. Donc, vous avez une couple de mille personnes qui sont
des cadres moyens, intermédiaires. Puis vous avez aussi une couple de
mille personnes qui sont aussi des cadres moyens non syndiqués,
gérance intermédiaire, surveillants de prison, les types qui sont
au-dessus de tout cela. Alors vous avez toute la gérance
intermédiaire puis en plus vous avez les cadres supérieurs.
Pour les cadres supérieurs, on n'a pas, actuellement, de
programme systématique d'entraînement. C'est malheureux, je le
reconnais. C'est sûr que c'est une déficience. On a une
préparation aux cadres supérieurs par l'ENAP
pour un nombre limité. On a aussi des programmes pour la
gérance intermédiaire. Alors, pour la gérance
intermédiaire, on s'est dit: Par où commence-t-on pour avoir une
action multiplicatrice, le plus possible? On a pensé que
c'étaient les agents de personnel. Ils sont 150 dans les
différents ministères. Sur ce groupe, on a
développé ce qu'on appelle des agents de perfectionnement.
C'est-à-dire que parmi les 150 agents de personnel, vous en avez un ou
deux par ministère selon les besoins qui sont affectés au
perfectionnement du personnel. Lui, on s'y intéresse
particulièrement à la fois au point de vue de son
entraînement à lui, et puis aussi de lui remettre les contenus qui
peuvent avoir un effet multiplicateur dans les ministères. Prenons par
exemple le cas de l'intégration du personnel dont on parlait
tantôt. C'est une opération très complexe. Les
règles d'intégration ont été
négociées. C'est très complexe. On a fait huit
séances d'entrafnement d'une semaine chacune. Donc pendant huit
semaines, on a eu les 150 agents de personnel en groupes de 20 ou 25, pendant
une semaine d'entraînement intensif. On a fait cela et ç'a
été formidable, je pense. Ils ont bien aimé ça. On
avait vraiment quelque chose de très bien.
Nous avons l'intention de poursuivre avec eux, selon les
différentes phases de l'implantation des programmes de gestion de
personnel.
Le prochain coup, ce sera probablement sur le perfectionnement
lui-même. C'est possible qu'on fasse ça, comme on peut aussi le
faire sur un autre programme relatif, par exemple, à une politique de
santé ou à d'autres types de politique. Je prévois que le
prochain sera, si on a des conventions collectives, sur les nouvelles
conventions. Comment les gens dans le champ, surtout dans les bureaux
régionaux, doivent-ils appliquer les nouvelles conventions
collectives?
Là-dessus, on va avoir un traitement intensif de nos agents de
personnel qui, eux, le feront à leur tour vis-à-vis des
gestionnaires des ministères. Autrement dit, nous nous centrons sur 150
individus et eux, après ça, se multiplient avec les 2,500 autres.
C'est ça au fond qui est l'objectif du ministère, en gros, dans
le perfectionnement.
Nous avons une équipe, là-dessus, de huit professionnels
de formation différente. Il y a, à la fois, des gens qui ont
plutôt une formation en animation et d'autres, en pédagogie. Par
conséquent, c'est cette équipe qui, sous la direction de M.
Noël, s'occupe de ces problèmes.
M. BURNS: D'accord. Plus particulièrement, une fonction ou une
profession est plus visée par ça, ce sont habituellement les
ingénieurs. Vous avez très souvent des ingénieurs qui sont
appelés à devenir des cadres moyens, des cadres
intermédiaires, qui ont une très bonne formation technique,
évidemment, au niveau polytechnique, mais qui n'ont aucune
compétence administrative.
C'est le problème, semble-t-il. Ce n'est pas seulement au
gouvernement, remarquez; c'est un problème qui est
généralisé plus particulièrement chez cette
profession. D'ailleurs, on ne peut pas s'attendre qu'ils soient des
administrateurs en sortant de Polytechnique. La raison pour laquelle je posais
la question: je me demandais ce qu'on fait pour pallier ça, pour que ces
gens deviennent vraiment des rouages créateurs à
l'intérieur de la fonction publique.
M. COURNOYER: Si vous me permettez seulement un mot. L'action du
ministère de la Voirie, par exemple je prends le cas des
ingénieurs dans le passé, a surtout été
axée sur la spécialisation d'individus dans les types de
génie. Par exemple, on voulait avoir des gens en circulation, dans
l'analyse des sols, des choses comme celles-là.
Par conséquent, ils ont donné un bon accent dans le
passé, depuis plusieurs années d'ailleurs, un peu comme le
ministère des Richesses naturelles pour les géologues, à
la formation technique et spécialisée d'un certain nombre de
professionnels. Mais du côté de la gérance
intermédiaire, je reconnais que ça a peut-être
été laissé un peu pour compte. Maintenant, de plus en
plus, il y a une tendance à ce que les bureaux régionaux aient
des rencontres de plus en plus planifiées avec leur siège
social.
Cela, je crois que c'est aussi très simple parce que, au fond, le
gros problème, ce sont les gars qui sont dans le champ, plus que ceux
qui sont à Québec. Ceux qui sont à Québec, ils ont
quand même des contacts avec la direction, tandis que le type qui est
tout seul à Causapscal ou n'importe où, il est pas mal loin de
Québec et il y a un paquet de choses qui se passent ici dont il n'est
pas au courant au point de vue de gestion administrative. Je pense que c'est un
problème de fond.
M. BURNS: En somme, est-ce qu'on peut dire que ça va être
une des grosses préoccupations du ministère ou si ça va en
être une parmi...
M. COURNOYER: Non, ce sont des préoccupations du
ministère.
Maintenant, on a aussi un programme pilote, que je voudrais souligner,
dans le Bas-du-Fleuve.
A Rimouski, on a un programme pilote précisément
là-dessus.
M. BURNS: Ah bon!
M. COURNOYER: Par exemple, actuellement, tout le personnel des bureaux
du bien-être social dont vous parliez tantôt est sous un
entraînement intensif. Je ne peux pas vous donner de détails. Il y
a des programmes spéciaux avec le CEGEP du coin,
précisément là-dessus, sur la qualification ou
l'amélioration de la qualité du personnel chez les agents de
bien-être. C'est un exemple.
Plan de carrière
M. BURNS: Et pendant que nous sommes sur ce sujet-là, un sujet
connexe. Le plan de carrière des professionnels, des employés de
secrétariat, où est-ce que c'est rendu?
M. COURNOYER: Le plan de...
M. BURNS: A un moment donné, il a été fortement
question d'un plan de carrière dont le but, au départ,
était d'assurer un certain roulement entre les ministères, une
certaine promotion à l'intérieur...
M. COURNOYER : Chez les professionnels.
M. BURNS: Oui, c'est ça. Pour empêcher qu'une fois qu'on a
formé quelqu'un, cette personne, contrairement au principe de Peter, ne
se sente pas assez compétente pour ce qu'elle fait, qu'elle ait tendance
à aller ailleurs.
M. COURNOYER : C'est le programme de dotation dont on parlait
tantôt.
M. BURNS: Vous l'incluez là-dedans, dans ce document.
M. COURNOYER: Exactement. C'est chaque ministère qui le
gère. Au fond, c'est une méthode et la gestion est propre
à chaque ministère. Le principe de fond là-dedans est que,
quand on a épuisé les ressources du dedans, on va en dehors.
Autrement dit, il y a un effort pour voir à ce que chacun serve à
fond avant d'aller en dehors. C'est peut-être un peu de "l'inbreeding" de
fonctionnarisme en un sens, mais c'est aussi, je pense, une conscience de la
nécessité d'utiliser le monde en place avant de... Sur ce plan,
par conséquent, chaque ministère est responsable.
M. BURNS: Vous avez parfaitement raison. D'accord! Merci.
M. VINCENT: Est-ce que vous avez terminé?
M. BURNS : Quant à moi, j'ai fini.
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui me concerne, je ne
voudrais pas surprendre le ministre, mais en ce qui nous concerne, nous, ce
serait adopté, mais j'aimerais bien avoir certains détails
concernant la Commission de la fonction publique à peu près dans
le genre de ceux qu'on a reçus du ministère. Si on pouvait nous
les donner...
M. COURNOYER : Je vous les donne.
M. VINCENT: ... on adopterait tout ça en bloc, en ce qui nous
concerne.
M. COURNOYER : On vous les donne.
M. BURNS: Je suis prêt également à adopter les
crédits en bloc, en ce qui me concerne. D'ailleurs, je félicite
le ministre pour le document qu'il nous a donné, comme mes
collègues l'ont mentionné. Je pense que c'est peut-être une
habitude à prendre, cela simplifie énormément
l'étude des crédits. Cela nous empêche de poser un tas de
petites questions de détail et cela nous permet d'adopter en bloc les
crédits.
M. VINCENT: C'est un dossier complet.
M. LE PRESIDENT: Les crédits sont adoptés en bloc.
M. VINCENT: Chaque chemise est un dossier complet.
M. LAFONTAINE: J'ai posé des questions, hier, au ministre
relativement à la Commission de la fonction publique. Je pense que vous
allez me faire parvenir les réponses ou peut-être le
président.
M. COURNOYER: Le président va vous les faire parvenir.
M. VINCENT: Oui, nous avions des questions. Nous avions posé des
questions également concernant la politique par le
député de Dubuc sur la politique de transport, le millage,
tout ce qui se rapporte à ce chapitre.
M. COURNOYER: Le sous-ministre m'a dit qu'il ferait parvenir au
député de Dubuc les comparaisons qui ont été
faites. Je dois rappeler au député de Dubuc que c'est en
négociation actuellement, les frais de transport, et que ça peut
retarder quelque peu que je lui donne les comparaisons.
M. VINCENT: Je remercie M. le ministre.
M. COURNOYER: Vous êtes bien aimable.
M. VEILLEUX: M. le Président, est-ce que les crédits sont
adoptés?
M. LE PRESIDENT: Oui, ils sont adoptés.
M. VEILLEUX: Je ne voulais pas qu'il l'oublie.
(Fin de la séance à 17 h 55)