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Commission permanente de la fonction publique
Etude des crédits du ministère de la
Fonction publique
Séance du mardi 29 avril 1975
(Dix heures trente minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
La commission de la fonction publique poursuit ce matin l'étude
des crédits du ministère. Nous en étions, la semaine
dernière, aux questions d'ordre général du programme
1.
Le député de Maisonneuve.
Employés occasionnels (suite)
M. Burns: Oui, M. le Président.
Je pense que nous étions à discuter de l'ensemble du
problème des occasionnels et je me souviens de la brillante intervention
du député de Beauharnois qui n'était pas d'accord avec
moi, évidemment, mais je ne m'attendais pas à autre chose. Je
pense que le ministre avait commencé je l'avais peut-être
interrompu dans sa réponse à me donner les raisons pour
lesquelles il croyait qu'il ne devrait pas y avoir de possibilité
d'intégration éventuelle, totale ou partielle, des occasionnels
dans la fonction publique permanente. Peut-être m'a-t-on mal compris, je
n'ai pas plaidé en faveur de l'intégration absolue, aveugle, sans
aucune distinction, de quelque occasionnel que ce soit à
l'intérieur de la fonction publique. C'est important que je fasse cette
distinction, parce que, par la réponse que j'ai eue du ministre, par la
réponse que j'ai eue du député de Beauharnois, j'ai cru
comprendre qu'ils comprenaient que je disais ça.
Je me suis sans doute mal exprimé. Ce que je voulais dire, c'est
que, déjà dans la fonction publique et à la Commission des
accidents du travail c'est un bel exemple des officiers de
réadaptation qui, pour la plupart, sont des gens qui sont en fonction
comme occasionnels pour des périodes variant d'un an, deux ans, je n'ai
pas fait de vérification récente... Je connais déjà
des gens qui ont réussi à rester occasionnels, à la
Commission des accidents de travail, pendant six ans. Il y avait quand
même quelque chose d'assez bizarre, d'anachronique là-dedans, en
ce sens qu'on faisait effectuer un travail par un employé qu'on disait
officiellement occasionnel mais qui remplissait un travail à
caractère permanent.
Surtout pour ces gens, il devient particulièrement important
qu'on trouve des méthodes d'intégration éventuelle dans la
fonction publique, à moins que ces postes soient purement et simplement
des postes de patronage, à moins que ces postes soient purement et
simplement... je mets l'alternative, M. le ministre, ne haussez pas les
épaules et ne faites pas la personne étonnée.
Vous savez fort bien qu'il y a un tas d'occasion- nels qui ont
été engagés simplement parce que le député
Untel ou le député Untel voulait les voir dans la fonction
publique et qu'ils ne correspondaient pas aux normes. C'est un des cas.
Mais si ce n'est pas le cas, je me dis: A ce moment-là, on
devrait logiquement, maintenant qu'on a déjà du monde
habitué à travailler dans la fonction publique, qui connaît
le milieu du travail, des gens qui connaissent les cadres dans lesquels ils
doivent exercer leur travail, qui savent exactement ce à quoi on
s'attend d'eux.
Je me dis: C'est de la pure perte que de dire à ces
gens-là, automatiquement, au bout de tant de mois, va-t'en chez vous,
bonjour. Ou à la fin de ton travail, va-t'en chez vous, bonjour.
Il devrait y avoir, pour les candidats valables et Dieu sait
qu'il y en a qui sont occasionnels, des méthodes
d'intégration à la fonction publique. Je demande au ministre s'il
s'est penché sur ce problème.
M. Parent (Hull): II faut dire que le cas des occasionnels, a
été un sujet des plus brûlants, depuis mon arrivée
au ministère de la Fonction publique.
Il y a eu de la critique exercée auprès du gouvernement
sur la question des occasionnels, sur les méthodes utilisées pour
faire le recrutement, sur les critères d'admissibilité, sur la
rémunération des emplois occasionnels, sur la question des
congés et des vacances, sur les avantages sociaux.
C'est un ensemble de circonstances qui ont prévalu,
antérieurement à ma nomination, et depuis ma nomination, qui nous
ont amenés à songer à apporter un remède concret
sur je pense que le mot n'est pas trop fort des abus qui ont pu
se commettre à l'intérieur des différents
ministères, dans l'engagement d'occasionnels.
J'ai souligné, je pense, au début de l'étude des
crédits, qu'à une reprise, au moins, j'avais refusé le
règlement que m'avait proposé la Commission de la fonction
publique, sur la question des occasionnels.
J'ai expliqué également le processus que nous avons suivi
pour en arriver à l'adoption du présent règlement qui est
en vigueur depuis le 18 mars dernier.
A cause de ce que je viens de dire sur les normes et critères qui
sont différents d'un ministère à l'autre, sur les
critères d'admissibilité, sur la rémunération, sur
les avantages qui pouvaient être accordés aux emplois
occasionnels, sur l'usage qu'on en a fait, à savoir faire remplir des
postes à caractère permanent par des occasionnels; c'est tout
cela qui nous a amenés à l'adoption d'un règlement.
M. Burns: Pardon, M. le ministre, est-ce que vous croyez que
votre règlement va pallier cela sûrement, avec
efficacité?
M. Parent (Hull): Oui, parce que je suis convaincu que le
règlement va être efficace, parce qu'il y a l'exercice de la
surveillance qui va être fait d'abord, d'une part, par le
contrôleur des finances qui est chargé de recevoir une copie de
chaque engagement d'occasionnels qui sera fait dans les ministères.
Deuxièmement, le Conseil du trésor exerce une très grande
vigilance par le moyen budgétaire en ne permettant pas aux
ministères de faire
des transferts d'un article à un autre ou d'un programme à
un autre ou d'un sous-programme ou d'un élément à un autre
élément pour permettre de dépasser les critères
établis au point de vue budgétaire.
Le règlement, je pense qu'il est assez spécifique. On n'a
qu'à regarder l'article no 2 qui établit maintenant le contexte
véridique au moyen duquel les ministères peuvent procéder
à des engagements, ce qui, auparavant, n'était pas le cas. Si on
remarque le règlement d'octobre 1966, il n'y avait que trois paragraphes
très courts, aucune méthode coercitive qui pouvait permettre au
ministère de la Fonction publique, au Conseil du trésor et au
contrôleur des finances d'intervenir, si ce n'est l'intervention de la
commission.
Le règlement actuel dit quoi, en ce qui concerne les
occasionnels? Un emploi ou fonction d'un caractère occasionnel ou emploi
occasionnel signifie un emploi qui est rempli pendant six mois ou moins, soit
pour parer à un surcroît temporaire de travail ou pour accomplir
un travail spécifique qui se situe à l'intérieur d'une
activité nouvelle et provisoire de l'administration et dont le titulaire
n'est d'aucune façon appelé à diriger les employés
de la fonction publiq ue. A compter de là, et selon les critères
et les normes qui ont été mis en vigueur, malgré le
règlement qui existait à ce moment, il est impossible de
penserque le gouvernement peut intégrer les occasionnels actuellement
à son emploi sans qu'il y ait concours de la fonction publique.
Il est évident que, par le fait qu'ils sont des employés
occasionnels, ils ont l'avantage, ils ont le droit, comme tout individu, de se
présenter à un concours et d'établir leur
admissibilité pour un poste à caractère permanent. Qu'il y
ait eu des emplois dans le passé à caractère permanent qui
aient été remplis par des occasionnels, c'est justement l'effet
du règlement. Nous ne voulons plus qu'à l'avenir des occasionnels
remplissent des emplois à caractère permanent. C'est le but du
règlement. Ce sont les méthodes coercitives que nous mettons en
place pour exercer cette surveillance et pour permettre d'en arriver à
éliminer ce qu'on a appelé communément, dans les propos
qui ont été tenus, une fonction publique parallèle.
Il est donc convenu maintenant qu'en vertu du nouveau règlement
qui a une période transitoire de quatre mois, mais qui s'applique
à tout engagement à compter du 18 mars, l'emploi ne peut pas
être exercé pour une période excédant six mois. Ce
ne sont donc non plus des emplois à caractère permanent qui
seront remplis par des occasionnels, mais les emplois à caractère
permanent seront occupés par des employés permanents qui auront
été admis dans la fonction publique selon les règles
établies par la commission.
D'autre part, si nous pensons qu'à cause des anomalies que j'ai
énumérées tout à l'heure, normes et critères
différant dans chacun des ministères pour déterminer la
scolarité, l'expérience et la rénumération, il est
impossible de songer que le gouvernement puisse procéder à
l'intégration des occasionnels sans que les règles
établies par la Commission de la fonction publique soient suivies dans
tous les cas...
M. Burns: Cela veut dire qu'automatiquement et de façon
absolue, tout occasionnel qui aura fait ses six mois ou travaillé dans
les autres cas, les cas d'exception, ne sera pas rengagé.
M. Parent (Hull): Non, il ne sera pas rengagé.
M. Burns: Même pas le lendemain, même pas pour
être congédié une journée et être
rengagé le lendemain pour camoufler un emploi permanent comme cela se
fait actuellement.
M. Parent (Hull): Non, le règlement a été
prévu. Il y aura cette contrainte budgétaire qui va
empêcher de renouveler, si on veut, les abus que l'on a constatés
dans l'emploi des occasionnels. Le règlement qui est en vigueur a
justement pour effet d'éviter que d'autres abus ne se commettent, que
les ministères, d'une façon différente, procèdent
selon des normes et critères pour l'engagement, pour la
rémunération, cela a été pourvu au règlement
justement pour apporter l'uniformité et pour que les normes et
critères qui doivent servir à l'emploi d'occasionnels soient les
mêmes que pour les emplois permanents dans la fonction publique.
M. Burns: Quand vous dites: Les contraintes budgétaires,
ce sont celles imposées à chaque ministère...
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: ...si je comprends bien, le Conseil du trésor va
dire à chaque ministère: Vous avez tel montant à
être affecté à l'engagement d'employés
occasionnels.
M. Parent (Hull): On n'a qu'à remarquer le livre des
budgets pour savoir qu'il y a un nombre déterminé, dans chacun
des ministères, d'hommes-années au point de vue occasionnel, et
le Conseil du trésor a restreint le transfert d'éléments
budgétaires d'un élément à l'autre, d'un programme
à l'autre, en ce qui concerne la question des occasionnels.
M. Burns: Oui. Mais ceci veut dire qu'une somme globale est
prévue pour, chaque ministère; donc chaque ministère peut
l'utiliser à son gré, ce qui veut dire...
M. Parent (Hull): Oui, selon les normes établies, selon le
règlement.
M. Burns: Bon! Vous avez une norme, qui est l'article 4, qui est
la méthode de nomination, qui échappe complètement au
contrôle de la Commission de la fonction publique. L'employé
occasionnel est nommé par le chef du ministère par qui ses
services sont requis, celui dont les services sont requis par un organisme est
nommé par le ministre, qui répond de cet organisme devant
l'Assemblée nationale.
Deuxième paragraphe: Le titulaire du pouvoir de nomination,
édicté à l'alinéa précédent, peut
déléguer par écrit, etc. "Toute telle
délégation ne
prend effet que cinq jours". De toute façon, c'est le même
principe délégué. Finalement, troisième paragraphe:
La nomination de l'employé occasionnel peut être
révoquée par la personne qui l'a faite, ce qui veut dire, M. le
Président, que, malgré ce règlement, je vois la
possibilité suivante : II y a une somme globale d'affectée
à l'embauchage d'occasionnels à tel ministère. Le
sous-ministre ou le ministre lui-même, s'il ne délègue pas
son pouvoir, nomme M. X, Y ou Z comme occasionnel et, parfaitement en accord
avec la réglementation, au bout de six mois, lui dit: Merci, bonjour!
Va-t'en chez vous.Tu reviendras dans deux jours, par exemple, parce qu'on va te
réengager. Quel contrôle avez-vous là-dessus et comment ne
croyez-vous pas qu'on perpétue le camouflage le mot n'est pas
trop fort d'employés permanents sous le couvert d'employés
occasionnels? C'est ça, le problème, dans le fond. C'est
ça qui est injuste, dans le fond, pour ces gens. C'est pour cela que je
parlais d'intégration. Ce qui est injuste pour l'employé
occasionnel, c'est qu'on lui fait miroiter devant les yeux la
possibilité de devenir ce qui n'est pas, quand même,
à dédaigner dans notre société actuelle un
employé de la fonction publique, avec tous les avantages que cela
comporte, la permanence, la sécurité d'emploi, une certaine
possibilité d'avancement dans les divers échelons, etc.
Nul doute qu'actuellement il y a beaucoup de travailleurs au
Québec qui se plairaient à avoir un emploi dans la fonction
publique. Je ne dis pas que ce sont tous les travailleurs, mais il y en a quand
même une bonne proportion qui s'y plairait. Or, on fait miroiter cette
possibilité c'est ce que j'appelle une attitude injuste de la
part du ministère de la Fonction publique et de la part du gouvernement
en édictantce règlement on fait miroiter à
l'intéressé la chance de devenir permanent à l'emploi de
la fonction publique, et la réglementation elle-même permet une
évasion de ce que vous nous dites, M. le Président, de ce que le
ministre nous dit.
Dans ces cas, de deux choses l'une, ou bien on prévoit des
méthodes d'intégration éventuelle à la fonction
publique, et on ne rend pas ces occasionnels tout simplement sujets au
désir absolu du chef du ministère, ou de son
délégué, on leurtrouve une façon de
s'intégrer à la fonction publique, ou bien, encore une fois, on
met des contrôles stricts, beaucoup plus stricts que ceux que vous nous
mentionnez, M. le ministre, sur chacun des ministères.
M. le Président, à titre d'exemple je pose cette question:
Robert Burns est engagé comme officier de réadaptation à
la Commission des accidents du travail, comme occasionnel ; au bout de cinq
mois et quelques jours on met dit: Merci beaucoup, monsieur, bonjour. D'accord!
Le chef du ministère me dit: Tu pourras revenir quand même dans
une semaine, on va te réembaucher. A quelle place va bloquer cette
affaire? Y a-t-il quelque chose qui va bloquer cette situation quelque part, en
disant: Non, ce n'est plus un occasionnel puisque Burns on l'a
déjà engagé pour six mois? Y a-t-il quelque chose quelque
part qui va bloquer cela?
M. Parent (Hull): Je pense que le député de
Maisonneuve a pris un mauvais exemple. Il me dit qu'il va remplir une
fonction d'officier de réadaptation je dis que c'est un mauvais
exemple parce qu'il s'agit d'un emploi à caractère permanent
c'est bien possible que...
M. Burns: Si je vous disais que vous avez des gens qui,
l'année passée dans le moment je ne peux pas vous
l'affirmer étaient là depuis six, sept ou huit ans comme
occasionnels...
M. Parent (Hull): Oui, mais vous parlez d'un programme permanent.
Dans un programme permanent...
M. Burns: C'est une fonction permanente qui aura toujours besoin
d'officiers de réadaptation.
M. Parent (Hull): Dans un programme permanent, il est impossible
de faire ce que vous dites. Par ailleurs, même à
l'intérieur d'un programme permanent...
M. Burns: Expliquez-moi comment c'est impossible, M. le
ministre.
M. Parent (Hull): Parce que le règlement défend
qu'un tel emploi, à caractère permanent, à moins qu'il y
ait surcroît de travail... Ce que vous invoquez c'est pour cela
que je dis que c'est un mauvais exemple que vous avez choisi la seule
façon qu'à titre occasionnel vous puissiez être
engagé à la Commission des accidents du travail, au service de la
réadaptation, c'est à cause d'un surcroît de travail et la
limite de temps imposée est de six mois. C'est aussi simple que
cela.
M. Burns: Mais dans l'exempie que je vous donne, M. le
ministre...
M. Parent (Hull): Je pense que vous êtes allé plus
loin que cela dans...
M. Burns: ...la nomination est parfaitement dans le cadre du
budget pour occasionnels qui est confié au ministère du
Travail.
M. Parent (Hull): Pour surcroît de travail.
M. Burns: Oui, mais je vous dis: Quelle va être la
sanction? Qui va dire au ministre du Travail: Vous n'avez pas le droit de faire
cela?
M. Parent (Hull): Le contrôleur des finances.
M. Burns: Oui?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: A quel endroit voit-on cela?
M. Parent (Hull): Chez le contrôleur des finances. Pour
toute nomination d'un employé occasionnel, il est obligatoire que la
copie de la nomination soit transmise au contrôleur des finances. C'est
obligatoire.
Je voudrais revenir sur d'autres propos qu'a tenus le
député de Maisonneuve. Quand il parle, à l'occasion, du
patronage du chef d'un ministère, en ce qui concerne l'engagement des
occasionnels, je pense que le député de Maisonneuve se trompe
énormément.
M. Burns: J'ai cité l'exemple du ministère du
Travail. Je ne citais pas un exemple de patronage. Je vous dis qu'il y a des
cas là.
M. Parent (Hull): Je pourrais dire que, même si le
règlement dit que l'employé occasionnel est nommé par le
chef du ministère par qui ses services sont requis, le moyen
général, dans l'administration du gouvernement, c'est que le
ministre a délégué, soit au directeur de l'administration,
soit au directeur du personnel, soit à un autre fonctionnaire, le soin
de nommer les employés. C'est général, dans
l'administration. Qu'on ne vienne pas dire...
M. Burns: Vous voulez dire que le ministre, dans un
ministère, n'a pas d'influence sur le directeur en question, que le chef
de cabinet ne lui parle jamais.
M. Parent (Hull): Cela ne veut pas dire que le ministre ne dit
pas son mot, à l'occasion; mais le moyen général, dans la
Fonction publique, c'est la délégation du ministre à ses
fonctionnaires, en ce qui concerne les nominations d'employés
occasionnels. Cela va plus loin. Les employés permanents, en vertu de la
loi, doivent être nommés par le chef du ministère, ou par
la personne qu'il a déléguée. Les permanents sont
même nommés non par les ministres, leur nomination n'est pas
signée par le ministre, mais par les délégués, soit
le directeur de l'administration, soit le directeur du personnel, et ainsi de
suite. Ce ne sont pas les ministres...
M. Burns: Vous voulez laisser croire que le ministre n'a aucune
influence sur cela.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas dit qu'il n'avait pas
d'influence.
M. Burns: D'accord. Nous allons nous entendre.
M. Parent (Hull): J'ai dit que les nominations, en vertu du
règlement, sont mentionnées comme étant sous
l'autorité du chef, mais, dans 90% de l'administration provinciale, il y
a délégation de pouvoirs. C'est simple, c'est aussi simple que
ça, tant pour les permanents que pour les occasionnels. Si on vient
évoquer le fait que le patronage se fait au niveau du ministre, on
pourrait aussi bien évoquer le fait que le patronage se fait au niveau
des fonctionnaires.
M. Burns: II peut se faire au niveau du chef de cabinet.
M. Parent (Hull): Oui, mais il se fait par une
délégation et c'est l'administration courante qui fait les
nominations.
M. Burns: Vous n'avez pas de chef de cabinet, vous?
M. Parent (Hull): Non. Je n'ai pas de difficulté, je n'ai
pas d'employé, comme je vous l'ai dit l'autre jour, dans mon
cabinet...
M. Burns: J'ai deux fois plus d'employés que vous.
M. Parent (Hull):... je suis l'un des rares ministres, j'ai un
secrétaire particulier adjoint qui est à mon bureau à
Hull. A Québec, je n'ai personne. C'est M. Samson...
M. Burns: II ne vous appelle pas de Hull... M. Parent (Hull):
Pardon?
M. Burns: II n'y a pas de ligne téléphonique entre
Hull et Québec.
M. Parent (Hull): Chez nous, à Hull, c'est difficile de
faire du patronage, parce que le problème qui se pose, c'est qu'on n'a
pas de candidatures. Si vous saviez qu'à Hull, dans tous les
ministères...
M. Burns: Ils s'en vont au fédéral.
M. Parent (Hull): ...on court après du personnel,
continuellement. J'ai eu une demande hier du ministère des Transports,
service d'expropriation, le directeur là-bas, à Hull, est seul
dans son bureau, il n'a même pas un agent de bureau pour travailler avec
lui.
M. Burns: Voulez-vous que je vous dise pourquoi, M. le ministre?
On va faire juste un aparté là-dessus; je voulais vous en parler
plus tard, mais vous venez d'ouvrir une porte.
M. Parent (Hull): Vous voulez me parler des disparités
entre le fédéral et le provincial, si vous voulez embarquer dans
un débat semblable, je vais vous en parler parce qu'au provincial...
M. Bunrs: Je vais vous montrer deux avis de concours.
M. Parent (Hull): Mettons les mêmes conditions; au
fédéral, on travaille cinq heures de plus par semaine qu'au
Québec. Or, si on veut comparer des chiffres, il faut comparer
également les conditions de travail. Si, au Québec, on travaille
32 heures et qu'au fédéral on travaille 37 heures, il y a 260
heures par année de plus pendant lesquelles on travaille au
fédéral. Sur le "take home pay", si on paye au tarif minimum de
l'heure pour un employé, la différence est là, dès
le départ.
Si on veut faire des différences entre ce que le
fédéral paye et le provincial, je pense qu'il faudrait au moins
considérer, au départ, le même nombre d'heures pendant
lesquelles on travaille et tenir compte également des autres
bénéfices qui sont
donnés. Au fédéral, on n'a pas l'assurance-salaire
pour deux ans, comme il ex'ste au provincial. C'est un avantage assez
marqué. Lorsqu'un employé est malade, au gouvernement provincial,
à tous ceux qui sont dans le réseau de l'éducation, des
affaires sociales et de la fonction publique, la première année,
on paye 85% du salaire, la deuxième année, on paye 66 2/3% du
salaire. Vous n'avez pas ça dans la convention collective des
employés fédéraux.
Prenez seulement ces deux exemples, cinq heures par semaine de moins et
les prestations d'assurance-salaire, vous verrez que ça se compare
possiblement avec les salaires qui sont payés au fédéral,
mais ce qui manque, c'est l'argent que l'employé ramène chez lui
en fin de semaine. Si on consentait, dans la fonction publique
québécoise, à travailler cinq heures par semaine de plus,
les salaires seraient beaucoup plus.intéressants et ce que les syndicats
demandent actuellement, soit de porter le salaire minimum à $150 ou $160
par semaine, serait peut-être une possibilité. Mais si on veut
travailler le même nombre d'heures...
M. Burns: Même en tenant compte du nombre d'heures, M. le
ministre, je vais vous citer un cas très flagrant; l'endroit où
c'est drôlement important d'avoir des employés, c'est au
ministère du Revenu. Tout le monde sait que le ministère du
Revenu, au Québec, je sais qu'on ne va pas prendre les crédits du
ministère du Revenu ici, ils sont faits ailleurs je pense
même qu'ils sont terminés mais tout le monde sait que ce
ministère a de la difficulté à avoir la même
efficacité, tant au point de vue des réclamations auprès
des contribuables qu'au point de vue des remboursements aux contribuables.
C'est notoire. Je n'ai pas besoin de faire un long exposé
là-dessus, vous avez simplement à faire vos deux rapports
d'impôt en même temps et vous recevez votre cotisation du
fédéral, un mois et demi, deux mois plus tard, alors que cela
vous prend six ou sept mois dans le cas du provincial.
Il y a même des échanges d'information entre les deux
ministères je ne suis pas assuré que ce soit tout à
fait légal, mais en tout cas fédéral et provincial,
et ce qu'on sait, c'est qu'au provincial ils ne sont même pas capables
d'utiliser les informations; très souvent, ce sont des informations
importantes, ce sont des gens qu'on a pincés au fédéral
à frauder le fisc.
On n'est même pas en mesure, à cause du manque de personnel
au provincial, d'utiliser les informations qu'on reçoit. Je vous donne
deux concours de recrutement, ils sont tout à fait récents, le 30
avril 1975 dans un cas et l'autre ne peut pas être plus
récent.
Prenez le cas d'un vérificateur sur place, vérificateur au
bureau des affaires, vérificateur sur la feuille de paie, au
fédéral, qui est considéré comme agent
vérificateur et comparez les deux fonctions. Je vous fais grâce de
la lecture des deux.
Vous avez, au niveau du Québec, au minimum, ce salaire est de
$6,454, alors qu'au fédéral il est de $12,879. C'est le double,
M. le ministre. Ils ne font pas le double d'heures. Ne venez pas me conter de
peurs. Au maximum, au Québec, c'est $10,547, tan- dis qu'au
fédéral c'est $14,601. Cela a peut-être l'air un peu plus
près, mais il s'agit de savoir le nombre d'échelons pour s'y
rendre. Il y a à peu près quelque chose comme deux ou trois
échelons de moins au fédéral, pour se rendre au
maximum.
Vous avez une des raisons pour lesquelles, dans la région de
Hull, les gens vont s'embaucher davantage au ministère
fédéral qu'au ministère provincial. Est-ce que, dans vos
négociations cette année...
M. Parent (Hull): L'exemple n'est pas trop bon, parce que le
ministère du Revenu n'a pas de bureau à Hull.
M. Burns: Je vous donne un exemple. Ce sont, principalement, des
gens de Montréal, je suis d'accord. A Montréal, vous savez qu'ils
ne sont pas loin l'un de l'autre, les deux bureaux. Il ne faut pas se conter de
peurs. Mais qu'est-ce qu'on fait pour corriger cela?
J'ai peut-être l'air à dévier et à faire une
salade, comme disait le ministre la dernière fois. Mais vous m'avez
ouvert la porte en parlant du fait que vous avez de la difficulté
à en trouver à Hull. Je pense que cela fait partie d'une
même mentalité d'administration du personnel.
Pourquoi ne serait-on pas capable d'être compétitif avec le
fédéral, sur les taux de salaire? Pourquoi ne serait-on pas
obligé c'est ce qu'on fait au niveau du ministère du
Revenu particulièrement d'entraîner des employés,
pour le bénéfice du fédéral.
Regardez le taux de roulement des employés au niveau de ces deux
ministères. Vous allez voir qu'on les entraîne pour le
bénéfice du fédéral. Qu'est-ce que vous avez
à me répondre là-dessus? Est-ce que vous avez quelque
chose à répondre? Allez-y!
M. Parent (Hull): J'ai beaucoup de choses à dire sur cette
question. Je constate avec beaucoup de satisfaction que le député
de Maisonneuve a des tendances fédéralistes.
M. Burns: La farce est facile à faire, mais ce n'est pas
de cela que je vous parle. Je vous parle tout simplement de l'administration du
personnel.
M. Parent (Hull): Oui, c'est cela. On choisit les domaines qui
nous sont agréables.
M. Burns: Je vous dis que, si je suis directeur du personnel chez
Steinberg et que je m'aperçois que j'entraîne des employés
qui s'en vont, constamment, chez Dominion, cela commence à
m'inquiéter. C'est ce que je vous dis. Je vais me poser des questions,
je vais regarder mes taux de salaires et je vais dire: Peut-être que je
ne suis pas compétitif. C'est à ce niveau-là que je vous
parle. N'oubliez pas que la compétition se fait entre le gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec et les autres
provinces, évidemment, dans les autres cas, au niveau du...
M. Parent (Hull): Je suis convaincu qu'il y a un contexte
différent, tables à part. Il est évident que
nous ne sommes pas en concurrence et je pense l'avoir dit à la
séance antérieure. En ce qui concerne certains emplois, nous ne
sommes pas en concurrence avec le marché du travail, que ce soit le
fédéral, que ce soit l'entreprise privée, nous ne sommes
pas en concurrence, il est vrai. Il y a certaines anomalies qui remontent, si
l'on veut, à la négociation de 1972, à l'évolution
de la fonction publique, soit de l'entreprise privée, soit de
l'entreprise gouvernementale. Il y a des déficiences qui, à mon
avis, doivent être envisagées sous un aspect particulier, j'en
conviens, je l'ai mentionné l'autre jour.
Il reste évident, par ailleurs, que, si on prend l'exemple du
ministère du Revenu, le ministère du Revenu du Québec ne
peut sûrement pas être au diapason du ministère du Revenu
fédéral.
Que le ministère du Revenu fédéral puisse en
transmettre ses cotisations dans un délai minimum, j'en conviens, il
reste que c'est une organisation qui remonte à 1917. Il reste, entre
autres, que le Québec a une situation particulière, parce qu'il
est la seule province qui perçoit ses propres impôts provinciaux.
Or le gouvernement fédéral, dans son action quotidienne, doit
pourvoir à faire la vérification des rapports d'impôt de
tous les Canadiens pour faire remise, à chacune des provinces qui ont
signé des accords avec le gouvernement fédéral et cela
amène inévitablement une quantité additionnelle de
personnel que le fédéral n'aurait pas...
M. Burns: Oui, mais toutes proportions gardées...
M. Parent (Hull): ...ne créerait pas l'écart...
M. Burns: C'est évident qu'il couvre dix provinces et on
n'a qu'à en couvrir une, c'est sûr.
M. Parent (Hull): Je pense que c'est à l'avantage des
employés du ministère du Revenu du Québec que le
délai entre l'envoi du rapport d'impôt et la réception de
l'avis de cotisation... on n'a qu'à constater, je pense, les quatre ou
cinq dernières années pour remarquer le renouveau qui s'est
produit au ministère du Revenu du Québec. Le délai est
moins long, si on veut, aujourd'hui, qu'il ne l'était il y a trois ou
quatre ans. Il y a eu amélioration...
M. Burns: II est encore plus long qu'au
fédéral.
M. Parent (Hull): Oui, mais il y a eu amélioration et
amélioration très sensible. Il y a eu la mécanisation des
opérations au ministère du Revenu. On n'a qu'à se
rappeler, il y a trois ans de cela, que tout ce mécanisme de
l'informatique est entré en opération au ministère du
Revenu. Il reste que cette opération doit être rodée. Nos
employés n'étaient pas habitués à ce
système. Il y a eu un changement et un recyclage de la plupart de nos
employés dans la période des trois dernières années
pour nous permettre d'accélérer le processus de cotisation. Je
sais que, pour avoir pratiqué pendant nombre d'année, il y a une
amélioration très sensible au ministère du Revenu du
Québec. Avec les effectifs que nous avons, je pense que ces gens font un
travail magnifique.
Il reste qu'il est encore possible je pense bien que le
ministère du Revenu le sait que des améliorations soient
encore nécessaires. La question de pouvoir obtenir des employés
et leur permettre à ce moment d'apporter un meilleur service, ils en
sont conscients. Nous avons ces difficultés je les ai
soulignées dans le recrutement des personnes nécessaires
aux opérations et nous allons tenter, nous sommes durant la
période de négociation, de remédier à ces lacunes
qui ont pu exister. Pour nous, du Québec, la question comptable, par
exemple, n'est arrivée en notre possession que dans les dernières
dix années. Auparavant, on ne croyait pas tellement à ce qu'il y
ait vérification de livres. J'ai connu cela, dans les années
quarante-six, quand j'ai commencé, que la nécessité de
tenir des livres, de faire des rapports, cela n'était pas notre fort. On
ne croyait pas à cela, ce n'était pas une exigence minimale
seulement.
Il y a eu une évolution. Je demeure convaincu qu'il y a des
améliorations qui doivent être apportées, mais on a fait
des pas en avant. Que nous ne soyons pas à l'égal d'Ottawa, j'en
conviens. Que nous ayons des difficultés de recrutement à cause
de nos échelles de salaires, j'en conviens. Mais ce sont des correctifs
qu'il nous faut apporter au fur et à mesure que nous procédons ou
que nous avançons, mais nous sommes liés par des conventions
collectives.
Dans le cadre de la ronde de négociations qui est en cours, nous
allons tenter d'y apporter les éléments de solution pour nous
permettre, à ce moment, d'être compétitifs.
M. Burns: Vous allez, entre autres, vous préoccuper du
problème, surtout des ministères... Ce ne sont pas tous les
ministères, d'ailleurs, je vais l'admettre...
M. Parent (Hull): Opérationnels.
M. Burns: II y a des ministères qui sont en concurrence
directe avec le gouvernement fédéral. Il y en a d'autres qui ne
le sont pas, soit à cause du type de travail qui est fait, qui ne serait
pas fait au fédéral, ou encore à cause de la situation du
siège social, si on peut dire, du ministère qui est moins en
concurrence avec le gouvernement fédéral. Est-ce que le ministre
m'assure, par sa réponse, que cela va faire l'objet de
préoccupation des négociateurs patronaux dans la présente
ronde de négociations et qu'il tentera de rééquilibrer,
peu importent les augmentations générales, les différences
de salaires qui peuvent exister entre les ministères qui sont en
concurrence avec le gouvernement fédéral au niveau du
personnel.
M. Parent (Hull): II est évident que c'est dans l'ensemble
que nous devons considérer l'aspect de la négociation tout en
tenant compte qu'il y a des emplois, si on veut, préférentiels,
puisqu'ils ne sont pas au niveau concurrentiel. C'est une question qui nous
préoccupe énormément. Mais dès le départ, ne
faudrait-il pas songer, si on veut garder le même apport, garder les
chances de recrutement de notre côté, envisager, si on veut la
parité de salaire ou si
on veut arriver comme objectif à la parité de salaire avec
ce qui existe dans le domaine concurrentiel, à avoir le même
nombre d'heures de travail.
M. Burns: Oui, mais je vous ai parlé de cela tout
àl'heure, M. leministre. Je pense bien que vous allez admettre avec moi
que... Vous dites que vos gens au Revenu font 32 heures et au
fédéral, ils font combien?
M. Parent (Hull): Toute la fonction publique.
M. Burns: Combien?
M. Parent (Hull): 37 heures par semaine.
M. Burns: 37 heures. Pensez-vous que cela vaut une
différence de $6,000 à la base dans le cas des agents
vérificateurs?
M. Parent (Hull): Non, peut-être pas, mais vous vous
approchez de l'échelle. Si, demain matin, nous faisions
l'équilibre avec ce qui se fait à Ottawa, il est évident
que nous ne pouvons pas arriver aux mêmes chiffres, en considérant
qu'on travaille 32 heures.
M. Burns: Oui, mais c'est un objet de négociations. Ces
choses se négocient.
M. Parent (Hull): Nous allons le tenter.
M. Burns: En tout cas, je l'espère. Vous m'en avez
donné l'occasion, en parlant de vos gens de Hull, qui travaillent
indifféremment pour le ministère québécois et pour
le ministère fédéral. Après cet aparté, M.
le ministre, je reviens à nos employés occasionnels. Il y a deux
choses qui me frappent, entre autres, en tout cas plus que les autres, dans la
nouvelle réglementation. C'est le fameux système
d'intégration à une échelle qui, en soi, n'est pas une
mauvaise affaire. Au contraire, c'est une très bonne affaire. Pour tenir
lieu de bénifices marginaux, c'est du moins ce que vous nous avez dit
dans votre déclaration ministérielle, on donne 10% de plus que
l'échelle et, à la fin de chaque période, une
indemnité de vacances de 4%. D'abord les 4%, je pense que ce n'est pas
un don que vous faites, cela a déjà été
constaté par la cour des petites créances, si tous les
occasionnels avaient eu le culot d'aller le réclamer devant la cour des
petites créances, je pense bien que vous auriez été
obligé de le payer un peu partout. Ce qui me frappe, cependant, c'est
que, pour tenir lieu d'avantages sociaux, vous donniez 10%, alors que, si je me
rappelle bien le chiffre, le ministre lui-même la semaine dernière
me parlait d'avantages sociaux s'élevant à tout près de
30% en plus ou en moins.
M. Parent (Hull): Pour les employés permanents.
M. Burns: Pour les employés permanents. Je me pose la
question à ce moment. Pourquoi ne paierait-on pas les employés
occasionnels sur la même base que les employés permanents, avec
l'admission que ce sont des employés d'un caractère
différent? Ce que je trouve suprêmement injuste, c'est qu'une
journée de fête arrive et que cet employé, qui
peut-être ne travaille pas pour très longtemps pour le
gouvernement, se voit réduire son salaire d'autant de cette
journée, alors que c'est un congé férié pour
l'ensemble de la fonction publique. Pourquoi ne pas avoir pris tout simplement
le système du même régime, autre que le fait de la
permanence pour les employés occasionnels? C'est une question
d'économie sur le dos d'un certain "cheap labour". Est-ce que c'est cela
la politique du gouvernement?
M. Parent (Hull): Je pense bien qu'il n'est pas question de
politique de "cheap labour", mais il n'est pas question non plus d'une fonction
publique parallèle.
Si vous voulez restreindre ce qui a été le reproche
à la fonction publique, en tout cas, depuis deux ans que je suis
là, cela a été la fonction publique parallèle,
vouloir avoir une politique pour des occasionnels et une politique pour des
permanents, mais les occasionnels occupaient les emplois des permanents. Ou
bien on se branche dans toute cette question où le gouvernement veut
mettre de l'ordre, mais il ne s'agit pas d'une politique de "cheap labour". Si
on accorde les mêmes avantages qu'aux employés permanents, c'est
ouvrir la porte, au ministère, que de dire: On ne recourra plus aux
services d'employés permanents, mais aux services d'occasionnels. Je
pense qu'il faut se brancher, à ce moment, savoir ce qu'on veut. Que
nous donnions des avantages sociaux jusqu'à 10% pour tenir compte des
fêtes, des journées de congé qui ne sont pas payées,
mais il s'agit bel et bien d'un emploi à caractère occasionnel.
Ce n'est pas une fonction publique permanente, c'est pour des fins
spécifiques, l'emploi occasionnel.
Deuxièmement, je pense que l'employé occasionnel n'est pas
pénalisé dans toute laquestion. Il a d'autres avantages,
l'employé occasionnel, qu'on semble souvent sous-estimer. Quand on parle
de la scolarité et de l'expérience pour occuper tel emploi
permanent, l'employé occasionnel qui remplit une fonction pendant six
mois vient d'acquérir un avantage que d'autres candidats n'ont pas, une
expérience dans la fonction publique. Il a donc un avantage aux concours
comparativement à celui qui n'a jamais pénétré dans
la fonction publique. C'est un avantage qu'il a, à ce moment. Dans le
passé, il y en a eu qui ont exercé l'emploi d'occasionnels deux
ans ou trois ans. Vous leur avez donné l'expérience qui constitue
un élément pour déterminer sa classification. Vous lui
donnez cet avantage de pouvoir subir un concours sur celui qui n'est pas dans
la fonction publique. Or, qu'il y ait lieu, à l'occasion, pour un
ministère, de retenir des personnes additionnelles pour accomplir leurs
tâches, remplir leurs programmes, je pense que c'est normal. Cela existe
même dans l'entreprise privée. Les programmes existent pour les
emplois étudiants au cours de l'été où on
entraîne des gens, on leur donne, si on veut, certains avantages parce
qu'ils pénètrent dans ce marché. Ils prennent le
goût de l'entreprise privée.
Mais on ne peut pas accorder les mêmes avantages à ceux qui
occupent des emplois occasionnels qu'à ceux qui exercent un emploi
à caractère permanent...
M. Burns: En vertu de quel principe?
M. Parent (Hull): ...dans la fonction publique.
M. Burns: En vertu de quel principe?
M. Parent (Hull): A ce moment, ou bien il y a une fonction
publique permanente...
M. Burns: ...ces gens vous sont utiles ou non...
M. Parent (Hull): ...ou bien il n'y en a pas. Si on veut qu'il
n'y ait plus de sécurité d'emploi, qu'il n'y ait plus rien,
à ce moment, on va leur donner tous les avantages et il n'y aura plus
d'emplois permanents...
M. Burns: Mais j'ai parlé...
M. Parent (Hull): ...on nettoiera, à ce moment, chaque
fois qu'on veut nettoyer.
M. Bums: ...de tous les avantages, sauf la permanence. C'est
évident. C'est intrinsèque à un emploi occasionnel qu'il
n'y ait pas de permanence. Ecoutezl Je comprends cela.
Mais, à part cet avantage qui s'appelle la permanence, en vertu
de quel principe ne leur donnerait-on pas, aux employés occasionnels,
exactement les mêmes avantages qu'aux autres?
M. Parent (Hull): Moi, je ne connais pas d'entreprise
privée ni publique qui, pour des emplois occasionnels, va leur donner
les mêmes avantages qu'à ses employés permanents...
M. Burns: J'en connais beaucoup.
M. Parent (Hull): ...et ce n'est pas un "cheap labour",
contrairement à ce que peut dire le député de Maisonneuve.
Si nous avons fait le règlement actuel, c'est justement pour faire
disparaître les écarts qui existaient dans certains
ministères où on déterminait, à l'intérieur
du ministère, des normes et critères d'emploi. On fixait un
salaire, le plus bas possible, pour permettre d'en engager davantage.
Je pense que c'était, à ce moment, faire une chose qui
n'était pas régulière, mais on le faisait d'une certaine
façon pour donner un encouragement à l'emploi. Nous avons voulu
régulariser une situation, déterminer ce que serait un
occasionnel, pour un emploi précis. C'est ce que nous avons fait par le
règlement. Déterminer que c'est pour des surcroîts de
travail, pour une période temporaire. A partir de là, il
s'agissait de déterm iner une réglementation qui assurerait quels
sont les critères d'emploi, quelles sont les exigences au point de vue
de la scolarité, au point de vue de l'expérience pour que ce soit
uniforme dans la fonction publique. Deuxièmement, la
rémunération basée sur les mêmes normes et
critères que le règlement de la Commission de la fonction
publique pour les emplois à caractère permanent. Or, dans le cas
présent, nous ne voulons pas encourager, d'une façon intensive,
le fait de retenir des employés occasionnels dans la fonction
publique.
Nous voulons les restreindre parce que nous croyons à une
fonction publique permanente, et si on va verser les mêmes avantages, on
va verser encore dans les abus qui ont été soulignés
depuis nombre d'années, à savoir qu'il y a une fonction publique
parallèle encouragée par le gouvernement. Or, le gouvernement met
un terme à ce qui a pu se produire dans le passé,
détermine qu'il veut faire ses opérations avec des
employés permanents, mais qu'à l'occasion il reconnaît que
certaines tâches doivent être accomplies dans des périodes
de surcroît de travail et qu'à ce moment-là il doit
déterminer une rémunération, mais en tenant compte des
critères d'emploi qui seraient les mêmes que si l'employé
était dans la fonction publique.
M. Burns: M. le ministre, vous n'avez pas l'air de comprendre que
l'injustice de la situation pour l'occasionnel c'est que vous lui faites faire
un travail qui est identique à celui qui est permanent. Si, vraiment,
c'est à cause d'un surcroît de travail, c'est que vous avez
déjà des gens dans cette classification qui ont des conditions de
travail particulières, très précises, dont, par exemple,
le paiement d'un certain nombre de congés fériés, etc.
Mais à ces gens vous dites: Faites exactement le travail. Vous allez
exiger d'eux la même efficacité. Je pense aux ouvriers, par
exemple, à ceux qui sont visés par l'alinéa 1 du
paragraphe a) de l'article 2, les gens qui peuvent être occasionnels
entre le 1er avril et le 30 novembre. S'il y a un cas où vous allez
exiger exactement la même chose d'un journalier permanent à
l'emploi du gouvernement que d'un journalier occasionnel, c'est bien cela. Il y
a encore le grand nombre d'employés que vous aurez au ministère
du Revenu pour des périodes bien précises pour un surcroît
de travail; vous allez exiger d'eux des fonctions identiques, un travail
identique à celui fait par les employés permanents. En vertu de
quel principe, c'est ce que je vous demande, je ne le comprends pas? En vertu
de quel principe ne donnerez-vous pas le même traitement, outre la
permanence, comme je vous le disais tout à l'heure? C'est essentiel
à la fonction d'occasionnel de ne pas être permanent, même
si, dans le passé, cela n'a pas toujours été cela, mais,
outre cet avantage, pourquoi ne traitez-vous pas ces employés sur le
même pied que les autres? C'est ce que je ne comprends pas. En vertu de
quel principe?
M. Parent (Hull): L'écart que veut tenter de souligner le
député de Maisonneuve est élargi de beaucoup, à mon
sens. Il y a l'aspect opérationnel, qui est une politique du
gouvernement, et il y a l'aspect dont fait mention le député de
Maisonneuve, la rémunération.
L'employé occasionnel, si nous lui versons un montant de 10% pour
tenir compte des avantages sociaux, tient compte d'un ensemble de faits. S'il
était au même niveau que l'employé régulier, le
gou-
vernement aurait des contributions à faire et c'est ce qui
constitue pour l'employé permanent des bénéfices que
l'employé occasionnel ne peut pas retirer. Le gouvernement paie pour ses
employés permanents une contribution au régime de retraite. Il
paie une contribution au régime d'assurance-salaire. Il paie une
contribution au régime d'assurance collective. Or, ces avantages dans le
pourcentage que j'ai indiqué, nous en avons tenu compte pour
déterminer ces 10%. Nous n'avons pas de participation à faire au
titre d'employé permanent pour le type d'emploi occasionnel. Nous
remettons à l'employé en argent comptant les avantages auxquels
il adroit en vertu d'un emploi occasionnel. Mais nous ne remettons pas la
contribution que le gouvernement verse et qui apparaît au budget comme
contribution de l'employeur au titre de l'employé permanent. Pour
l'employé permanent non plus, ces avantages ne sont pas monnayés.
Il a, dans les années q ui vont suivre, des avantages tels que
l'assurance-maladie, ou l'assurance-vie, l'assurance collective ou le
régime de retraite. Ce n'est pas de l'argent qu'on lui verse dans sa
paie toutes les deux semaines.
C'est la raison pour laquelle il y a cet écart entre
l'employé permanent et l'employé occasionnel, les contributions
du gouvernement, à titre d'employeur, pour ses employés
permanents. Mais comme nous ne voulons pas qu'il y ait deux fonctions
publiques, il s'agissait de faire le partage.
L'employé permanent a des avantages que l'employé
occasionnel n'a pas. Par la définition que nous donnons maintenant d'un
occasionnel, nous lui versons un supplément, parce qu'il ne
bénéficie pas de congés payés, puisqu'il remplit un
emploi occasionnel basé sur le temps qu'il donne. Souvent, dans le
domaine des occasionnels, il y en a qui travaillent deux ou trois jours par
semaine, au lieu de travailler durant la semaine entière, mais nous
avons tenté de tenir un écart entre les montants effectivement
versés à un employé permanent et le travail d'un
occasionnel. C'est ce qui fait l'écart, actuellement, c'est la
contribution du gouvernement, à titre d'employeur, pour un
employé permanent. C'est la seule distinction qu'il y a entre les deux,
mais nous voulons favoriser davantage nos employés permanents.
M. Burns: M. le ministre, ne pensez-vous pas que, logiquement, si
un employé occasionnel, disons-le, coûte moins cher à un
ministère, il risque d'y avoir une tendance à faire remplir par
des employés occasionnels certains emplois permanents, simplement au
niveau de l'utilisation des crédits d'un ministère, contrecarrant
ainsi le but avoué de cette réglementation, du moins celle que
vous nous dites être le but de cette réglementation?
M. Parent (Hull): Je pense que si le député de
Maisonneuve voit simplement l'aspect pécuniaire dans la question de
l'engagement des occasionnels, c'est que le gouvernement l'a vu
également. La politique consiste à limiter au minimum
l'engagement d'occasionnels. Nous ne voulons pas aller plus loin que cela. Nous
savons qu'il y a des tâches qui, à l'occasion, nécessitent
des surnuméraires. Nous voulons qu'il en ait la possibilité, mais
nous ne voulons pas que ce soit une pratique. C'est la raison pour laquelle, en
prenant l'avenue que nous avons prise, cela permettra au gouvernement
d'élaborer, à l'avenir, dans ses programmes, dans son budget, le
caractère des emplois à être remplis par les
employés permanents. Nous ne voulons plus qu'à l'avenir un emploi
permanent soit comblé par un employé occasionnel. C'est le but,
l'orientation du gouvernement...
M. Burns: Et cela sera contrôlé de
l'extérieur du ministère.
M. Parent (Hull):... même si la réglementation n'est
peut-être pas trop claire sur cet aspect, l'orientation que nous avons
donnée au règlement, celle qui a présidé à
la rédaction du texte, le gouvernement s'aventure vers le fait qu'un
emploi permanent ne peut pas être comblé par un employé
occasionnel. Je pense que, dans le paragraphe, il est assez
évident...
M. Burns: Oui, mais c'est le moyen de contrôle que je ne
vois pas dans votre règlement.
M. Parent (Hull): Le moyen de contrôle existe au
contrôleur des finances. C'est lui qui reçoit, ce qui n'existait
pas antérieurement...
M. Burns: Où voyez-vous cela? J'ai peut-être mal lu
votre règlement. Je vais faire amende honorable, si je trouve cela dans
votre règlement. Je vais dire: Je m'excuse, j'ai mal lu votre
règlement.
M. Parent (Hull): L'article 4. Le titulaire...
M. Burns: Oui, c'est justement celui qui appuie ma
prétention.
M. Parent (Hull): Toute telle délégation ne prend
effet que cinq jours après qu'une copie de l'écrit le constatant
a été transmise à la commission et au contrôleur des
finances. L'écrit constatant la nomination de l'employé
occasionnel doit comporter, après la mention de son classement, le mot:
occasionnel. Une copie en est immédiatement transmise à
l'employé, au contrôleur des finances, ainsi qu'à la
commission, dans le cas où celle-ci le requiert du sous-chef. Or, le
contrôle est exercé par le contrôleur. Si le
contrôleur constate des anomalies, à ce moment, il demandera
à la Commission de la fonction publique de faire enquête.
M. Burns: Où est-ce dit dans votre règlement?
M. Parent (Hull): Je dis: L'orientation que nous avons
donnée.
M. Burns: Où est ce pouvoir accordé au
contrôleur?
M. Parent (Hull): II y a une copie de l'engagement qui doit lui
être transmise.
M. Burns: Oui, c'est sûr. Il faut que ce gars soit
payé.
M. Parent (Hull): II y a le contrôle budgétaire.
S'il y a abus sur la question des employés occasionnels, c'est le
devoir, dans les fonctions du contrôleur des finances, de faire
rapport.
M. Burns: Vous avez des pouvoirs exclusifs donnés au
ministère d'engager et de congédier.
M. Parent (Hull): A l'intérieur d'une enveloppe
budgétaire.
M. Burns: Bien oui, c'est ça, ça peut être
parfaitement régulier.
M. Parent (Hull): ...mais avec des normes...
M. Burns: A l'intérieur de l'enveloppe budgétaire
pour les occasionnels.
M. Parent (Hull): Avec une réglementation. M. Burns:
Avec une réglementation.
M. Parent (Hull): Bien oui, il y a une réglementation qui
dit...
M. Burns: Oui, mais la réglementation ne donne nulle part
au contrôleur le pouvoir que vous y voyez, à moins que je l'aie
mal lue, encore une fois; dites-le-moi et je vais m'excuser. Je ne l'ai pas vu
dans votre règlement, moi. Vous donnez un pouvoir au contrôleur
qui, normalement...
M. Parent (Hull): Non, non.
M. Burns: ...viendrait, je m'excuse de l'anglicisme,
supercéder au pouvoir qui est donné au chef du ministère
ou à son délégué.
M. Parent (Hull): II faudrait que le député de
Maisonneuve lise, également, la Loi de l'administration
financière qui donne le pouvoir au contrôleur des finances. La Loi
de l'administration financière requiert, dans les devoirs du
contrôleur des finances, d'exercer la surveillance.
M. Burns: Vous pensez que le contrôleur va aller
vérifier chaque fois qu'un ministère fait une demande, envoie une
copie en vertu de l'article 6...
M. Parent (Hull): Le contrôleur...
M. Burns: ...et si c'est un surcroît de travail ou non dans
ce ministère...
M. Parent (Hull): Le contrôleur des finances doit
même faire une vérification avant paiement, c'est lui qui a
l'autorité de faire vérification avant paiement. C'est le
contrôleur des finances, dans la Loi de l'administration
financière.
M. Burns: Vous me dites qu'à chaque fois que le
contrôleur va recevoir l'avis prévu à l'article 6: Une
copie en est immédiatement transmise à l'employé, au
contrôleur des finances, ainsi qu'à la commission, etc, vous me
dites qu'il va y avoir enquête dans chaque cas pour savoir s'il y a,
véritablement, surcroît de travail dans ce ministère alors
que c'est dans l'enveloppe prévue pour ça.
M. Parent (Hull): En vertu de la Loi de l'administration
financière, le contrôleur des finances doit exercer la
surveillance, pas simplement pour les employés, de toute
l'administration du gouvernement. En vertu de la Loi de l'administration
financière, le contrôleur doit s'assurer, avant paiement, que les
règlements ont été suivis et que, s'il arrivait, par
ailleurs, qu'un employé ait été engagé en dehors
des règles établies, c'est déjà dans la loi
financière, le contrôleur des finances va refuser le paiement.
C'est déjà dans la Loi de l'administration financière,
dans la responsabilité du contrôleur des finances. Ce n'est pas ce
règlement...
M. Burns: II va falloir que vous lui donniez plus de personnel
que ça au contrôleur.
M. Parent (Hull): Ce n'est pas ce règlement qui peut
empêcher le contrôleur d'exercer ses responsabilités.
M. Burns: En tout cas, M. le ministre, si on est encore ici
l'année prochaine, j'espère que vous aurez la réponse
à la question que je vous ai posée la semaine dernière; le
nombre d'occasionnels par ministère, des statistiques précises
à cet effet, quand ils ont été embauchés, à
quelle fonction et quel était l'objet du surcroît de travail
à ce moment. Je vous le dis d'avance, vous avez un an pour y penser, si
c'est moi qui suis ici l'année prochaine, si on est encore ici, tout le
monde.
M. Parent (Hull): Si c'est moi qui suis ici.
M. Burns: Oui. Est-ce que c'est une annonce que vous nous
faites?
M. Parent (Hull): Non, en politique, il n'y a pas de
permanence.
M. Burns: Le remaniement est en train de se faire.
M. Parent (Hull): En politique, il n'y a pas de permanence.
M. Boudreault: Nous sommes tous des occasionnels.
M. Burns: En tout cas, j'imagine... Oui, ça c'est vrai.
C'est bien vrai, vous avez bien raison.
La deuxième chose qui me chicote dans votre règlement,
c'estquand vous fermez la porte. En tout cas, j'ose avancer en toute
humilité l'opinion qu'autrefois la porte n'était pas
fermée à la syndicalisation des employés occasionnels. Je
me réfère à l'opinion du juge Rinfret de la cour d'Appel
je ne me souviens pas dans quel cas, je n'ai pas la
référence
exacte se basant sur l'applicabilité partielle ou
l'applicabilité totale ou la non-applicabilité totale des
dispositions de la Loi de la fonction publique. Là-dessus, j'en ai fait
mention dans mon exposé d'ouverture et j'aimerais que le ministre
explicite davantage l'utilité de rendre non syndicables les
employés occasionnels, alors que je sais fort bien que les syndicats
concernés, en particulier le Syndicat des fonctionnaires du
Québec, est prêt à en assumer la responsabilité. Ce
n'est pas une mince responsabilité, je dois le dire en passant, pour un
syndicat, de représenter des employés occasionnels.
Quand je dis que ce n'est pas une mince responsabilité, c'est
que, d'expérience, je sais le ministre le sait peut-être,
plus que moi que lorsque des employés qui n'ont pas un
caractère permanent sont couverts par une même unité de
négociation ou représentés par un même syndicat,
même s'ils ne sont pas dans la même unité de
négociation, cela pose des problèmes de comparaison, parce que
on l'admet tous au départ il est impossible de donner
toutes les conditions de travail identiques. Evidemment, il y a la permanence,
il y a les choses qui sont rattachées à la permanence, aux
employés occasionnels et aux employés permanents.
Mais une fois cette distinction faite, une fois la difficulté
admise du côté syndical, quelle est la raison de base de refuser
la possibilité aux employés occasionnels de se syndiquer, de
faire partie d'une organisation syndicale déjà existante?
M. Parent (Hull): Je pense que c'est tout le débat qui
tourne autour de la question des occasionnels. Si la loi a voulu qu'il y ait
des emplois permanents avec la sécurité d'emploi, qu'il y ait
négociation des conventions collectives et si on a voulu qu'il y ait un
règlement pour déterminer les règles d'emploi, comment
pouvons-nous accepter qu'il y ait syndicalisation d'emplois occasionnels?
Il s'agissait, pour le gouvernement, d'établir sa politique
à l'égard de la fonction publique. Je l'ai exprimé tout
à l'heure, le gouvernement veut favoriser ses employés
permanents. Le contexte du règlement stipule fort bien que nous
respectons et nous voulons respecter les règles d'embauche,
c'est-à-dire, la scolarité, l'expérience et
l'équivalence de la fonction à être remplie par un
occasionnel dans la fonction publique.
C'est indirectement appliquer les mêmes règles aux
employés occasionnels qu'aux employés permanents, dans le
contexte actuel, en disant que le salaire doit être le même pour un
emploi similaire, dans la fonction publique, avec l'avantage, dans le cas des
occasionnels, d'un 10% supplémentaire, plus les congés de
vacances.
A compter de là, comment pouvons-nous entrevoir qu'il y ait
syndicalisation de la part des occasionnels, quand les règles
établies pour les employés permanents, sur lesquelles se fondent
la description d'emploi et la rémunération de l'employé
occassionnel sont les mêmes que l'employé permanent?
M. Burns: Vous n'admettez pas, M. le ministre, que même...
Disons que les occasionnels sont syndiqués, sont syndicables, à
vos yeux.
M. Parent (Hull): Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Burns: Je dis: Tenons pour acquis. J'ai bien compris que vous
dites non, mais tenons pour acquis qu'ils le sont. Est-ce que vous n'admettez
pas qu'il serait envisageable que des conditions particulières, vu cette
situation particulière faite aux occasionnels, puissent être
négociées, que n'importe quel syndicat qui mérite de
représenter un groupe aussi largeque les employés de la fonction
publique est capable de reconnaître cela au départ, et ce,
décemment?
Savez-vous ce que j'ai comme impression? C'est que votre refus
d'accorder le droit de se syndiquer aux occasionnels, ou de faire partie d'une
organisation syndicale déjà existante, se fonde sur le fait qu'il
va y avoir des demandes déraisonnables.
Vous faites une pré négociation avant d'avoir reçu
les demandes. Vous dites: Ce n'est pas possible d'admettre cela, parce qu'ils
vont nous demander des choses impossibles. Est-ce que c'est cela qui motive
votre refus de permettre, et l'intégration, sous une forme ou sous une
autre, des employés occasionnels, dans les cadres syndicaux, et le fait
de reconnaître que, outre la permanence, ils peuvent avoir
équivalence entre leurs conditions de travail et celles des
employés permanents?
M. Parent (Hull): A mon avis, ce serait une double
négociation pour les mêmes fins. Si nous demandons les mêmes
exigences pour un employé occasionnel que s'il s'agissait d'un
employé permanent, si nous accordons la même
rémunération à un employé occasionnel qu'à
un employé permanent, je dis qu'à ce moment-là le syndicat
a comme responsabilité, dans sa négociation de la convention
collective, de négocier les conditions de travail, les conditions
salariales de ces employés permanents, lesquelles règles vont
s'appliquer à ces employés occasionnels.
Je ne vois pas pourquoi et comment nous pourrions discuter selon le
règlement qui a été adopté, nous pourrions
négocier des conditions de travail pour les occasionnels quand on dit
que l'emploi n'est pas renouvelable. C'est un syndicat mort-né.
M. Burns: Mort-né. Il y a des gens qui seront... Il y aura
toujours des occasionnels au gouvernement. Vous ne négociez pas pour les
personnes qui sont là, à ce moment.
M. Parent (Hull): Nous négocions...
M. Burns: Vous négociez pour les personnes qui vont
remplir cette fonction.
M. Parent (Hull): ...au niveau de la fonction publique, les
conditions de travail et les conditions de salaires des employés
permanents. Ces mêmes conditions s'appliquent quand il s'agit d'engager
des occasionnels. Je ne vois pas pourquoi on serait dans l'obligation de faire
une négociation de l'autre côté, quand les mêmes
règles s'appliquent.
M. Bums: C'est ce que vous avez fait, vous avez tout simplement
fait une négociation unilatérale. Vous avez décidé
que c'était cela que vous leur accordiez. Je vous soupçonne, je
soupçonne le gouvernement d'avoir...
M. Parent (Hull): Je vous vois au pouvoir, quelle attitude vous
prendriez.
M. Burns: Je vous dis ce que je prendrais comme attitude. Je
permettrais l'inclusion, dans les cadres syndicaux actuels, des employés
occasionnels. Parce que, imaginez-vous donc qu'il y a d'autres choses...
M. Parent (Hull): Quand on ne prend pas les décisions,
c'est facile de proposer toutes sortes de choses, mais, quand on est au
pouvoir, on...
M. Burns: ...M. le ministre, au cas où vous ne le sauriez
pas, qui peuvent affecter un employé, que ses conditions de salaires,
ses autres conditions de travail...
M. Parent (Hull): Le renouvellement de la période de six
mois.
M. Burns: Oui, et les...
M. Parent (Hull): Vous voulez perpétuer les occasionnels
dans le gouvernement?
M. Burns: Non, ce n'est pas cela, pas du tout.
M. Parent (Hull): On nous a reproché d'avoir
perpétué ce système.
M. Burns: Pas du tout. Je veux tout simplement que ceux qu'on
engagera, par exemple, ne soient pas tout simplement, premièrement, du
"cheap labour" et, deuxièmement, à la merci totale de leur
supérieur immédiat.
M. Parent(Hull): Mais, on ne peut pas prétendre que c'est
du "cheap labour"...
M. Burns: Ce serait, par exemple, une...
M. Parent (Hull): ...quand on dit que ce sont les mêmes
conditions qui s'appliquent aux employés occasionnels qu'aux
employés permanents.
M. Burns: Ce ne sont pas les mêmes conditions, voyons donc,
vous l'admettez vous-même, M. le ministre.
M. Parent (Hull): Oui, il y a l'écart entre
l'employé permanent qui reçoit des avantages de l'employeur
à titre de contribution, et vous avez l'employé qui est
occasionnel qui reçoit le même barème plus 10% pour tenir
compte des congés. Ecoutez.
M. Burns: L'assurance collective, ils n'en
bénéficient pas.
M. Parent (Hull): Ne venez pas dire que c'est du "cheap labour",
ce n'est pas du "cheap labour". C'est pour combler des périodes de
temps. Le député de Maisonneuve l'a admis tout à l'heure.
Il y a des périodes de temps où il y a des surcroîts de
travail. Exemples: le ministère du Revenu, le ministère des
Transports, le ministère du Tourisme de la Chasse et de la Pêche,
l'été. Il s'agit bien, à ce moment, non pas de "cheap
labour", d'employés occasionnels pour remplir un travail occasionnel et
dont la rémunération est fixée en vertu des mêmes
barèmes que les employés permanents. Je ne vois pas, à ce
moment, pourquoi on va invoquer qu'il s'agit d'un "cheap labour". Si un
employé de secrétariat est retenu pour travailler d'une
façon occasionnelle, si le salaire est de $7,000, l'employé
occasionnel va retirer $7,000 plus 10%. On ne viendra pas dire que c'est du
"cheap labour", c'est ce qu'on paie d'une façon permanente. On accorde
à l'employé permanent des avantages supplémentaires, parce
qu'il remplit une fonction à caractère permanent.
M. Burns: M. le ministre, vous avez récemment je
pense que c'est le premier ministre lui-même qui l'a annoncé
annoncé un boni ou un versement, pour tenir compte du coût
de la vie, de 6%. Les employés occasionnels vont-ils
bénéficier de ces 6%?
M. Parent (Hull): Les employés occasionnels ne recevront
pas les 6%...
M. Burns: Cela n'est pas du "cheap labour"?
M. Parent (Hull): ...qui constituent une avance. Non, cela
constitue des conditions de travail qui ont été
négociées dans une convention collective qui sont applicables au
secteur de la fonction publique, parapublique, éducation, affaires
sociales.
M. Burns: Si vous permettiez à une organisation syndicale
de les représenter, ils pourraient neut-être vous dire pourquoi,
pour eux autres aussi, le coût de la vie augmente, tant pour eux que pour
les employés permanents. Ils pourraient peut-être vous dire
cela.
M. Parent (Hull): Quand, tout à l'heure vous avez
souligné les écarts de salaires entre le fédéral et
le provincial, vous avez oublié de tenir compte que, cette année,
ce sera probablement 18% qui vont être ajoutés en forfaitaire au
revenu des employés, parce qu'on prétend qu'actuellement ce sera
environ 17% ou 18%, le montant du coût de la vie qui sera versé
à chacun des employés des trois secteurs.
C'est donc l'écart qui est réduit de ce que le
député de Maisonneuve a dit tout à l'heure.
M. Burns: Je serais bien prêt à faire...
M. Parent (Hull): C'est donc un écart quand on parle de
17% ou 18%. Je pense que cela commence à être
considéré comme un montant assez imposant.
Je ne vois pas à ce moment-ci comment le gouvernement pourrait,
dans ce même cadre, avec des
conditions négociées, pourquoi ces conditions seraient
ajoutées aux employés occasionnels quand nous établissons,
au départ, les normes, les critères et la
rémunération qui va servir à ces emplois occasionnels et
que nous tenons compte de l'aspect des 10%, à cause de ces avantages qui
sont versés aux employés de la fonction publique permanente, mais
il s'agit de moments exceptionnels dont le député de Maisonneuve
parle. L'an dernier, c'était 8.01%, l'année
précédente, c'était 3%. Si on vit dans un critère
d'inflation, l'employé occasionnel, en vertu du règlement
actuel... Il est dit dans le règlement que, malgré les
dispositions de l'article 5 du règlement qui ne vise que le classement,
un employé occasionnel bénéficie de tout relèvement
d'échelle qui se produit dans la fonction publique et qui vise l'emploi
correspondant au sien. C'est donc dire qu'à compter de cette nouvelle
réglementation, contrairement à ce qui se faisait
antérieurement, où le salaire de l'employé occasionnel ne
pouvait pas varier pendant la période où ses services
étaient retenus, à l'avenir, avec le nouveau règlement,
s'il y a relèvement des échelles de salaire dans la fonction
publique, l'employé occasionnel va en bénéficier
immédiatement, contrairement à ce qui se faisait
antérieurement au 18 mars dernier.
Or, nous avons prévu, dans ce règlement, un moyen de
contrôler, d'une part, l'accessibilité à la fonction
d'occasionnels, parce que nous ne sommes pas d'accord sur cette politique
d'embauche d'occasionnels, nous voulons une fonction publique permanente. A ce
stade, nous ne voulons pas non plus, à cause des occasions qui sont
présentes et qui sont à la vue, priver ces employés
occasionnels de bénéfices qu'ils n'avaient pas
antérieurement et que nous leur accordons maintenant, en tenant compte
du contexte dans lequel on vit présentement.
M. Burns: Vous ne pensez pas, M. le ministre, que l'augmentation
du coût de la vie, c'est quelque chose qui affecte autant un
employé occasionnel qu'un employé permanent? Vous reconnaissez,
au départ, et par votre réglementation c'est d'ailleurs la
bonne chose qu'il y a dans ce règlement, si on doit en trouver une
que l'employé occasionnel doit suivre l'échelle de
l'employé permanent lorsqu'il remplit un emploi identique. Je pense que
c'est une bien bonne affaire. On ne peut pas se battre contre ce principe. A ce
moment, pourquoi n'allez-vous pas jusqu'au bout de votre raisonnement en
disant: Si le coût de la vie augmente, et cela a été
négocié pour l'ensemble des employés permanents, pourquoi
ces employés ne bénéficieraient-ils pas, eux aussi, du
montant qu'on leur verse à titre de remboursement pour leur perte de
pouvoir d'achat? C'est cela, peut-être, qu'un syndicat pourrait vous
expliquer à une table de négociation. Il est absolument incapable
de le faire actuellement parce que vous ne permettez pas, par votre
règlement, la possibilité qu'un syndicat les représente.
Non, vous décidez unilatéralement qu'ils n'en ont pas besoin. La
livre de beurre n'augmente pas pour les employés occasionnels. C'est
cela le problème. Quand je vous parle de "cheap labour", vous en avez un
bel exemple. Ils vous coûtent moins cher. Ne venez pas me dire qu'ils ne
vous coûtent pas moins cher, les employés occasionnels.
M. Parent (Hull): II est évident qu'un employé
occasionnel coûte moins cher au gouvernement et à l'entreprise
privée qu'un employé permanent.
M. Burns: Est-ce que vous voulez dire, à ce moment, qu'ils
vous rendent moins service que vos employés permanents?
M. Parent (Hull): Non. A ce moment, je l'ai expliqué, si
on veut faire de la démagogie, c'est une autre affaire.
M. Burns: Ce n'est pas de la démagogie, c'est de la pure
et simple justice. C'est bien clair. On n'a pas besoin d'avoir fait un cours de
droit pour comprendre cela.
M. Parent (Hull): D'abord, il ne s'agit pas d'augmentation dans
les échelles. J'ai dit que nous avons prévu pour l'avenir que,
s'il y a changement dans les échelles, ces changements vont s'appliquer
aux employés occasionnels, contrairement à ce qui se faisait
antérieurement. Qu'il y ait une condition particulière, que nous
traversions une période d'inflation, que l'employé permanent dans
sa négociation ait prévu une méthode de pouvoir minimiser
le coût de la vie pour ces employés parce que c'est la
méthode... Mais si on constate la ronde de négociations actuelle,
on nous demande de revenir un peu au principe de la Sûreté du
Québec, des agents de la paix, à la moyenne des quatre meilleurs
employeurs. A ce moment, si nous acceptions la moyenne des quatre meilleurs
employeurs, il est inévitable que le coût de la vie ne serait plus
là. Or, qu'il y ait une condition particulière parce que nous
arrivons à l'échéance d'une convention collective, qu'il y
ait une situation particulière parce qu'il y a inflation, que les
employés permanents reçoivent, en sus de leur
rémunération actuelle, qui n'est pas conforme au marché
concurrentiel présentement, je pense qu'à ce moment, c'est
simplement une j us-tice qui a été prévue, pas une
justice, mais une équilibre de forces dont les conventions ont tenu
compte au moment de la signature en 1972. Que ces règles s'appliquent
également à des emplois occasionnels pour lesquels, dans le
nouveau règlement, nous prévoyons les redressements
d'échelles en cours de route.
J'ai dit, à ce moment: II ne s'agit pas purement de savoir que
c'est un "cheap labour", que cela coûte meilleur marché à
un employé occasionnel pour faire vivre sa famille. Ce n'est pas cela
qui est en cause actuellement. Nous sommes actuellement engagés dans le
processus de négociation d'une nouvelle convention collective. Nous
avons voulu modifier le cadre de ce qui était des emplois occasionnels
pour en restreindre la portée et l'usage. A ce moment, je pense qu'il
n'est pas dans l'opinion du gouvernement de croire qu'il en coûte
meilleur marché pour un employé occasionnel pour vivre
qu'à un employé permanent. Ce n'est pas cela. Ce sont les
règles du jeu...
M. Burns: Pourquoi ne le reconnaissez-vous pas dans les
faits?
M. Parent (Hull): ... qui sont établies, et
antérieurement, ces règles ont été
acceptées, parcequ'à un moment donné, on se cherche des
emplois, on a accepté parce qu'on ne veut travailler que quelques mois.
Il y a eu des cas d'exception je pense que je l'ai souligné avec
assez d'à-propos qui ont été apportés.
M. Burns: Je vous prédis qu'il va y en avoir encore
l'année prochaine dans vos statistiques, si vous êtes capable de
les fournir.
M. Parent (Hull): Notre désir, c'est justement de contenir
cette question, parce qu'à mon avis, on ne peut pas continuer à
tolérer un système comme celui qui existait
antérieurement. C'est pourquoi j'ai assumé mes
responsabilités, et nous avons fait le processus, comme je l'ai dit
l'autre jour, de consultation avant d'en arriver à l'adoption d'un
règlement avec ces règles, à mon avis, étant
donné qu'elles sont assujetties aux règles qui vont régir
les conventions collectives futures, je ne vois pas comment ces employés
sont préjudiciés.
M. Burns: M- le ministre, écoutez! Je ne sais pas en vertu
de quelle logique vous me répondez cela. Vous dites, d'une part: Ils ne
peuvent pas bénéficier de cela, parce que cela, ce sont les
règles du jeu de la négociation de la convention collective, et,
d'un même souffle, vous me dites que vous leur refusez le droit de se
syndiquer. Je ne vois pas en vertu de quelle logique vous justifiez le refus,
tout au moins, de leur payer le même montant que vous versez à
titre de remboursement ou de maintien de leur pouvoir d'achat, vu
l'augmentation du coût de la vie. Je ne la comprends pas. Dites-moi
carrément que vous trouvez que cela coûterait trop cher, je vais
vous comprendre, même si je ne suis pas d'accord. Mais n'essayez pas de
justifier cela, d'une part, en me disant: Ils n'ont pas d'affaire à se
syndiquer, parce qu'ils ne sont pas permanents, et, deuxièmement, ils
n'ont pas d'affaire à l'avoir, parce qu'on négocie cela seulement
avec du monde syndiqué. Personnellement, en tout cas, je ne vois pas
comment vous êtes capable de justifier cela à partir du moment
où vous reconnaissez qu'un employé occasionnel doit suivre
l'échelle de ce qu'on applique à un emploi permanent. Moi, je
dis, à ce moment, que l'autre bénéfice qui est
intrinsèque est relié à cela et devrait suivre
également. Il devrait avoir le montant forfaitaire lui aussi.
M. Parent (Hull): Ce ne sont évidemment pas les
mêmes conditions. Il y a une convention collective, ce n'est pas
l'échelle...
M. Burns: Bien oui, mais ils sont exclus.
M. Parent (Hull):... des salaires qui est modifiée dans le
contexte actuel dont parle le député de Maisonneuve.
M. Burns: Non, vous les mettez à la même
échelle, cependant, que l'employé permanent qui...
M. Parent (Hull): A partir du 18 mars, ils sont dans les
mêmes échelles.
M. Burns: C'est ça.
M. Parent (Hull): Mais la convention collective qui expire le 30
juin a prévu un mécanisme pour les employés
permanents...
M. Burns: Oui.
M. Parent (Hull):... ceux que nous protégeons dans les
circonstances...
M. Burns: C'est ça.
M. Parent (Hull): Elle a prévu un mécanisme, au cas
où il y aurait augmentation du coût de la vie, au moment de la
signature, sans avoir prévu qu'il y aurait cette période
inflationniste qui se présenterait. Si on avait prévu, au moment
de la négocation en 1972, qu'il y aurait cette période
inflationniste, ce n'est pas une indexation au coût de la vie qu'on
aurait acceptée comme telle, c'est une modification dans les
échelles qu'on aurait exigée.
M. Burns: C'est possible.
M. Parent (Hull): C'est ça qu'on aurait fait.
M. Burns: C'est possible, mais là-dessus...
M. Parent (Hull): Mais qu'on ne vienne pas prétendre
aujourd'hui, qu'on cause un préjudice à des employés
occasionnels, qui ont des emplois de courte durée, souvent des emplois
d'une semaine, deux semaines. Qu'on ne vienne pas invoquer ce privilège,
à ce moment, en prétendant qu'on cause un grave préjudice
à des employés occasionnels.
M. Burns: Ecoutez! Je maintiens, M. le ministre, que vous causez
un préjudice sérieux aux employés occasionnels, par
rapport aux employés permanents qui sont syndiqués, qui eux, ont
eu la possibilité de négocier cet ajustement à
l'augmentation du coût de la vie.
M. Parent (Hull): Que personne n'avait prévue.
M. Burns: Que personne n'avait... Bien oui! C'est sûr que
personne ne l'avait prévue, et, M. le ministre, peut-être que vous
allez admettre, dès maintenant, que justement, dans toute augmentation
de salaires, quelle qu'elle soit, il y a deux parties.
Il y en a une qui doit tenir compte de l'augmentation du coût de
la vie. Mais je pense que vous ne l'avez pas négociée cette
partie la dernière fois, sauf pour le régime automatique qui
est
prévu à l'article je ne sais pas lequel je
pense que c'est l'article 29. Mais II y a aussi l'augmentation du standard du
travailleur. Cela aussi se négocie. Dans toute augmentation il y a une
partie qui tient compte de l'augmentation du coût de la vie, mais il y a
aussi une partie qui tient compte de la simple augmentation du standard du
travailleur qui doit évoluer avec l'ensemble du pays. Cela,
peut-être, je ne sais pas, je ne veux pas devancer, ce n'est pas moi qui
négocie...
M. Parent (Hull): Quant à l'ensemble du pays, l'indexation
n'est pas monnaie courante.
M. Burns: Non, c'est sûr qu'elle n'est pas monnaie
courante.
M. Parent (Hull): Au gouvernement fédéral, cela
n'existe pas; au gouvernement ontarien, cela n'existe pas; aux gouvernements de
l'Ouest du Canada, cela n'existe pas.
M. Burns: Je ne vous parle pas de cela. Je vous dis
qu'actuellement vous l'accordez à vos employés, pourquoi ne pas
l'accorder à vos employés occasionnels?
M. Parent (Hull): Nous sommes la seule province au Canada qui a
ce régime.
M. Burns: Cela ne change rien au principe. Vous avez dans une
même fonction publique des occasionnels et des permanents. Les uns la
reçoivent, les autres ne la reçoivent pas.
M. Parent (Hull): Ce sont des emplois de courte durée.
M. Burns: Cela ne change rien; surtout que dans bien des cas ce
n'est pas vrai ce que vous dites.
M. Parent (Hull): J'ai rarement vu un employeur qui va accorder
les mêmes conditions à ses employés occasionnels
qu'à ses employés permanents.
M. Burns: Si j'avais en main vos statistiques, M. le ministre, ce
serait très intéressant de voir vos emplois à courte
durée. J'aimerais bien le savoir. Sauf que la semaine dernière
vous m'avez dit que vous ne les aviez pas, que c'était trop
compliqué et que cela prendrait trois semaines avant de les avoir, et un
tas d'histoires comme cela. Mais, je vous assure, M. le ministre,je prends
votre parole, vous êtes probablement très sincère. On vous
a probablement informé de cette façon-là. Mais dans
l'expérience de tous les jours, je suis convaincu qu'il y a beaucoup de
députés autour de la table ici qui sont capables de confirmer mes
dires, ce ne sont pas des emplois de courte durée. Et même si
c'étaient des emplois de six mois, déjà, il me semble
qu'on doit tenir compte de cela. On doit tenir compte du fait que ces
employés devraient recevoir le même remboursement de leur perte de
pouvoir d'achat. Tout le problème est là, qu'est-ce que vous
voulez? Si ce n'est pas faire du "cheap labour" cela, les occasionnels, je ne
sais pas ce que c'est.
M. Parent (Hull): Le député de Maisonneuve ne
prévoit qu'une catégorie, parce que s'il a lu le règlement
de la Commission de la fonction publique, les emplois qui sont pour la
durée d'un programme, il s'apercevra que nous avons accordé
l'indexation.
M. Burns: Les autres, les six mois et les huit mois?
M. Parent (Hull): Justement, j'ai dit tout à l'heure qu'il
s'agit d'emplois de courte durée. Il faut compter à partir de
l'approbation du règlement, le 18 mars, pour avoir les effets. Or, ceux
qui travaillent à un programme auront, en plus, ce
bénéfice. Or, vous vous placez dans la situation où vous
parlez exactement de ce que j'ai dit, une catégorie d'employés
qui sont engagés pour une courte durée et pour lesquels ces
bénéfices ne sont pas accordés parce que nous
reconnaissons qu'il s'agit bel et bien d'un emploi à caractère
occasionnel. Mais quand il s'agira d'un emploi...
M. Burns: Eux aussi, pour un programme précis.
M. Parent (Hull): ... occasionnel mais à plus longue
durée, cet employé sera couvert par le règlement à
ce moment-là. Il est déjà couvert.
M. Burns: II est possible d'envisager que dans l'un ou l'autre
cas...
M. Parent (Hull): Vous voudriez qu'on l'étende à
l'autre catégorie?
M. Burns: Oui. Je voudrais que vous l'étendiez à
l'autre catégorie.
M. Parent (Hull): C'est...
M. Burns: Je ne comprends pas en vertu de quelle logique vous la
donnez à des gens qui sont engagés pour un programme
précis, qui sont aussi des occasionnels, d'une définition
différente, d'accord, et que vous ne l'accordiez pas aux autres qui
peuvent... Dans le passé, en tout cas, surtout ceux que vous avez
actuellement, il y en a probablement encore des gens qui sont dans la fonction
publique...
M. Parent (Hull): J'aimerais vous voir administrer cela.
M. Burns: Ah, vous verriez quelque chose là!
M. Parent (Hull): Oui? Surtout si on prend l'indice des mois de
janvier et février, en particulier pour ceux qui travaillent au
ministère du Revenu où l'augmentation a été de 0.4
et après cela vous leur appliquez ces affaires-là.
M. Burns: Bien, je veux dire que ce n'est pas moi
qui ferais les calculs, c'est vous le comptable, ce n'est pas moi. Ce
n'est sûrement pas moi qui ferais les calculs. Ne vous fiez pas
là-dessus.
En tout cas, je suis bien obligé d'en tirer la conclusion que
vous voulez une catégorie d'employés qui vous coûtent moins
cher tout en rendant les mêmes services qu'un employé permanent
pendant la durée de leur emploi occasionnel.
M. Parent (Hull): II s'agit de catégoriser ce qu'est la
fonction publique et c'est la demande générale que nous avons
eue, en tout cas depuis les deux dernières années où je
suis au ministère de la Fonction publique et c'est la suite que nous
avons donnée.
M. Burns: Depuis la mise en vigueur de votre règlement,
êtes-vous en mesure de me dire combien de gens vous avez remerciés
de leurs services, parce qu'ils avaient dépassé la période
d'emploi? Ou n'est-ce pas la façon dont vous voulez l'appliquer?
M. Parent (Hull): II y a une mesure transitoire qui dit que ceux
qui avaient été engagés pour des périodes
dépassant la période transitoire de quatre mois, automatiquement,
le 18 août, l'emploi prend fin. En cours de route, ceux qui viennent
à échéance depuis le 18, tombent automatiquement.
M. Burns: Donc, il y a une espèce de moratoire d'à
peu près cinq mois.
M. Parent (Hull): II y a un vacuum. Il y a un moratoire de quatre
mois.
M. Burns: Du 18 mars...
M. Parent (Hull): Du 18 mars au 18 juillet.
M. Burns: Si c'est le 18 juillet, c'est un moratoire de quatre
mois.
M. Parent (Hull): Tous les emplois ou renouvellements
d'occasionnels qu'il y a eus antérieurement au 18 mars tombent
automatiquement le 18 juillet, même si la période dépasse
le 18 juillet. Le 18 juillet, vous allez avoir un renvoi massif. C'est
là qu'on va savoir exactement comment cela se passait un peu
partout.
M. Burns: Et c'est là que vous allez aussi savoir qu'il
est possible que ce que vous disiez tout à l'heure n'était pas
exact, même si vous le disiez de bonne foi, c'est-à-dire que les
gens à qui vous refusez actuellement de donner le paiement forfaitaire,
étant donné l'augmentation du coût de la vie, sont des gens
qui, dans bien des cas, travaillaient depuis déjà un bon bout de
temps pour le gouvernement. C'est là que vous allez créer
l'injustice, surtout que vous avez annoncé que vous avanciez la date
à laquelle les 6% seraient payés.
M. Parent (Hull): La convention collective dit qu'on doit verser
l'argent dans les trois mois de la publication de l'indice du mois de juin.
Comme nous savons présentement qu'à la fin de février,
l'indice était à 16.4%, nous avons consenti qu'il y ait une
nouvelle avance, en attendant la publication, pour pouvoir verser l'autre
versement dans le cadre de l'entente.
M. Burns: Vous allez avoir des gens qui vont être encore
à votre emploi, qui vont voir passer 6% d'un montant forfaitaire sous
leur nez.
M. Parent (Hull): Non. C'est un droit acquis. C'est dans la
convention collective. C'est un droit acquis à l'employé.
M. Burns: Oui. C'est un droit négocié et c'est un
droit que vous n'accordez pas à vos autres employés, mieux,
à qui vous refusez le droit de négocier.
M. Parent (Hull): Si vous regardez l'indice du coût de la
vie du 1er janvier à aujourd'hui, le message que me fait le
député de Maisonneuve n'est pas bien dans l'ordre, s'il veut
qu'on paie aux occasionnels...
M. Burns: Oui, mais s'il y a des occasionnels qui sont là
depuis un an et plus?
M. Parent (Hull): Du 1er janvier au 31 mars, cela n'a pas
dépassé 1% d'augmentation.
M. Burns: Oui, mais combien de gens, pensez-vous, dans la
proportion de vos occasionnels, constituent ces gens qui auraient pu être
embauchés depuis le 1er janvier? Je pense que c'est minime. Je pense que
vos occasionnels actuels vous allez l'admettre, même si vous
n'avez pas de statistiques précises là-dessus sont des
gens dont l'emploi remonte à pas mal plus longtemps que cela, pour la
majorité. Encore une fois, je m'excuse d'y revenir, c'est cela qu'il
aurait été intéressant d'obtenir, ces statistiques que je
vous demandais.
Je continue à penser que c'est injustifiable de la part du
gouvernement de ne pas tenir compte de l'augmentation du coût de la vie
pour ces employés occasionnels, comme il en tient compte pour les
employés permanents, même si cela a été
négocié et même si vous me l'avez dit.
M. Parent (Hull): Pour un secteur des employés
occasionnels.
M. Burns: Pour deux secteurs.
M. Parent (Hull): Pour un, parce que les emplois de courte
durée et ceux qui sont par programme, maintenant, sont assujettis aux
normes de l'indexation du coût de la vie.
M. Bums: Pour ceux qui sont pour un programme
spécifique.
M. Parent (Hull): C'est cela.
M. Burns: C'est-à-dire dont la durée n'est pas
limitée aux six ou aux huit mois.
M. Parent (Hull): Ils ont droit à l'indexation.
M. Burns: Combien cela fait-il de personnes, M. le ministre?
M. Parent (Hull): Jusqu'à maintenant, au conseil, je pense
que nous avons approuvé trois programmes depuis l'entrée en
vigueur du règlement.
M. Burns: Considérant combien de personnes? M. Parent
(Hull): Une trentaine.
M. Burns: Seulement dans trois ministères, vous nous
parliez de 2,100 employés.
M. Parent (Hull): Revenu.
M. Burns: Vous nous avez dit: à l'Education, à la
Justice et aux Affaires sociales.
M. Parent (Hull): C'est l'enquête que nous avons faite l'an
dernier.
M. Burns: C'est cela. On voit à quel pourcentage de gens
vous accordez le montant forfaitaire, c'est-à-dire un pourcentage
minime, même négligeable.
M. Parent (Hull): II y en a probablement qui seront couverts par
des programmes. Je nesais pas. Si j'avais toutes les données, je serais
en mesure de fournir au député de Maisonneuve les renseignements
qu'il requiert.
Nous allons nous apercevoir, au cours des semaines à venir, quels
sont ceux qui vont être incorporés à l'intérieur
d'un programme et qui pourront bénéficier des avantages.
Actuellement, je ne le sais pas, même si je voulais fournir les
renseignements au député de Maisonneuve.
M. Burns: Quand vous aurez ces données, est-ce que vous
serez en mesure de nous les transmettre?
M. Parent (Hull): Nous allons surtout en faire une étude
très objective pour savoir quel...
M. Bums: Avant de nous les transmettre pour savoir si vous devez
nous les transmettre.
M. Parent (Hull): Je pense que ça vaut la peine
d'être examiné.
M. Burns: Quand vous les aurez...
M. Parent (Hull): Ou il y aurait lieu de surveiller
davantage.
M. Burns: Oui, c'est notre rôle constructif, c'est
grâce à nous si on réussit à vous faire corriger
certaines de vos erreurs passées, on n'a qu'à regarder les
directives que le premier ministre a données, à l'endroit de ses
ministres, sur les conflits d'intérêts, si on n'en avait jamais
parlé, il n'y aurait jamais eu de directives. Je n'ai pas vu ça
dans le programme du Parti libéral.
M. Lachance: Ce n'est pas dans le programme du Parti
québécois.
M. Burns: Cela l'est justement, il faudrait peut-être le
lire, le programme du Parti québécois, M. le député
de Mille-Iles.
Le Président (M. Gratton): Puis-je demander aux membres de
la commission s'ils ont vidé la question des occasionnels?
M. Burns: Non. Il me reste un dernier détail qui est un
cas précis, j'aimerais que le ministre nous parle du problème de
cette grève à la Régie de la langue française
où il y a, actuellement, où il y avait 98 occasionnels et 49
permanents si mes chiffres sont exacts. Dans la plupart des cas, depuis un bon
bout de temps, en ce qui concerne les occasionnels, ils ont, le 2
décembre 1974, semble-t-il, fondé une association
d'employés occasionnels. Le 13 mars 1975, après cinq
réengagements, dans les cas de deux ans, le contrat d'une
secrétaire n'a pas été renouvelé. Evidemment, le 21
mars, cinq personnes sont congédiées, une secrétaire et
quatre dirigeants de l'association. D'accord? Je veux que vous me disiez si les
faits que je vous énonce sont exacts. Le 25 mars, selon M. Fournier, qui
est directeur de l'administration de la régie, le
non-réengagement des quatre officiers de l'association ne vient pas du
directeur de la régie, non plus du directeur administratif, mais du
conseil des ministres qui a exigé des rapports sur les personnes
concernées. J'aimerais savoir, de la part du ministre, de qui vient
l'ordre de non-renouvellement dans ces cas?
J'aimerais savoir, justement, en quoi c'était conforme aux normes
habituelles, autrefois, même actuellement que l'engagement et le
congédiement viennent du ministère? Est-ce que le ministre
pourrait nous donner des précisions sur cette situation?
M. Parent (Hull): Je pense qu'il y a deux contextes dans ce
problème que soulève le député de Maisonneuve,
d'abord, une demande du Syndicat des fonctionnaires du Québec qui a
contesté la décision du gouvernement d'autoriser le transfert de
la Régie de la langue française du ministère de
l'Education au conseil exécutif. J'ai écrit moi-même, le
premier ministre aussi, au Syndicat des fonctionnaires en invoquant le fait que
la décision était irrévocable, que les employés et
la Régie de la langue française demeureraient au conseil
exécutif.
Le problème premier qui se soulève, c'estqu'il y avait
l'intention de la syndicalisation, le fait que la régie soit
transférée par décision du conseil des ministres au
conseil exécutif, on reconnaîtra que le conseil exécutif,
ce sont des employés non syn-dicables. C'est le premier volet du
problème.
Le deuxième volet constitue le non-réengagement et la
terminaison des emplois occasionnels. Il s'agit d'une décision de
régie interne. Pour ma part, comme ministre de la Fonction publi-
que, je ne suis jamais intervenu dans le dossier. Cela a
été une décision de mon collègue, le ministre
Fernand Lalonde. L'administration de la Régie de la langue
française n'a pas renouvelé les contrats ou n'a pas
renouvelé les engagements d'employés occasionnels.
M. Burns: En particulier, de quatre officiers syndicaux.
M. Parent (Hull): Leur mandat se terminait le 31 mars et n'a pas
été renouvelé; si on voulait le renouveler, il serait en
vertu du nouveau règlement. Mais il s'agit là d'une
décision de régie interne...
M. Burns: Prise par le ministre responsable...
M. Parent (Hull): ...responsable de la Régie de la langue
française.
M. Burns: Et non pas par le conseil des ministres?
M. Parent (Hull): Pas par le conseil des ministres. La
décision du conseil des ministres était à l'effet de
transférer la Régie de la langue française, du
ministère de l'Education au conseil exécutif.
Transcriptrices du journal des Débats
M. Burns: Je trouve cela particulièrement bizarre que
quatre dirigeants de l'association figurent parmi les non-réengagements,
le 21 mars, en particulier.
En tout cas, M. le Président, cela termine, en ce qui me
concerne, le problème des occasionnels.
Comme j'ai demandé au ministre d'ajourner pour 12 h 15,
peut-être pourrais-je prendre quelques petits problèmes avant
l'ajournement, au lieu de me lancer dans une autre grande patente.
Il y a le problème des transcriptrices au journal des
Débats. Peut-être que le ministre va me dire que je devrais me
référer aux crédits de l'Assemblée nationale; si
c'est le cas, je le ferai. Est-ce qu'on a l'intention c'est ce que
j'aimerais savoir du ministre de créer une classe
particulière pour les transcriptrices du journal des Débats,
comme on l'a fait pour les secrétaires judiciaires?
Le Président (M. Gratton): La réponse va
sûrement être bien enregistrée.
M. Burns: Simplement pour vous situer dans le cadre. C'est une
demande qui était adressée à M. Jacques Vézina,
secrétaire de la Commission de la fonction publique, le 31 juillet
dernier, par M. Jean-Louis Harguindeguy, président général
du SFPQ. Plus particulièrement, dans la première page de sa
lettre, on lit le paragraphe suivant: "Etant donné que la Commission de
la fonction publique, lors de l'assemblée du 12 juillet courant, a
sanctionné le règlement de classification portant le no 282, et
concernant le statut particulier des secrétaires judiciaires, il me
semblerait approprié que votre commission crée également
un plan particulier pour les employées qui agissent comme
transcriptrices du journal des Débats, à l'Assemblée
nationale "
Personnellement, je pensais que c'était plutôt à
vous de répondre à cette question qu'au président de
l'Assemblée nationale, lors de l'examen de ses crédits, parce que
le problème en est un beaucoup plus de classification, donc beaucoup
plus technique, qu'un problème d'administration de l'Assemblée
nationale.
M. Parent (Hull): Je pense que dans le cas des transcriptrices,
il y a effectivement eu demande à la Commission de la fonction publique,
pour établir une catégorie spéciale, pour elles, à
savoir, basée sur les sténographes judiciaires.
La Commission de la fonction publique a répondu qu'elle ne
pouvait accéder à cette demande. Il y a eu correspondance avec M.
Harguindeguy à ce moment. M. Jean-Noël Lavoie, à la suite du
refus, a demandé à la commission les explications concernant le
refus de la commission. Ces renseignements ont été fournis par la
commission à M. Lavoie. Depuis, nous n'avons pas eu d'autre demande de
la part des transcriptrices.
M. Burns: C'est peut-être parce qu'elles n'ont pas eu la
réponse encore. C'est peut-être cela. Est-ce que les
transcriptrices ont eu la réponse?
M. Parent (Hull): C'était au mois de janvier que les notes
explicatives ont été...
M. Burns: Qu'on a fait parvenir à l'officier syndical des
transcriptrices ou à M. Harguindeguy?
M. Parent (Hull): II y a eu réponse à M.
Harguindeguy. C'est par la suite que M. Lavoie a demandé d'avoir une
copie de la lettre que la commission a fait parvenir à M. Harguindeguy.
Depuis ce temps, nous n'avons eu de communication, ni de M. Lavoie, ni de M.
Harguindeguy.
M. Burns: Est-ce que cela veut dire que, dans le fond, le
président de l'Assemblée nationale est un peu constitué en
tribunal d'appel dans ce cas ou...
M. Parent (Hull): Non, il a demandé la teneur de la lettre
que nous avions fait parvenir à M. Harguindeguy.
M. Burns: Mais, cela ne changerait rien à la situation, si
je comprends bien?
M. Parent (Hull): II n'y a pas eu d'éléments
nouveaux qui ont été ajoutés. C'est resté dans le
statu quo, sans que nous ayons de nouvelles demandes formulées.
M. Burns: Si je comprends bien, c'est un "non" qu'on a fait
valoir aux transcriptrices?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Est-ce qu'on leur a donné les raisons de ce
"non"?
M. Parent (Hull): Oui, cela a été explicité
dans une lettre à M. Harguindeguy. C'est cette lettre que M. Lavoie a
demandé d'obtenir et que nous lui avons transmise. Depuis, nous n'avons
eu ni demande de M. Lavoie, ni de demande de M. Harguindeguy au nom du
syndicat.
M. Burns: Pourriez-vous nous résumer les raisons pour
lesquelles on a opposé un tel refus?
M. Parent (Hull): C'est que les raisons qui ont été
explicitées en gros voulaient q ue la sténographe judiciaire ne
soit pas de la même catégorie qu'une transcriptrice, parce que, la
sténographe judiciaire agit également comme greffier.
M. Burns: Ce n'est pas exact, c'est absolument faux.
M. Parent (Hull): Ce n'est pas exact? Comme secrétaire
judiciaire. Elle agit comme secrétaire judiciaire également.
M. Burns: Cela aussi est également faux. Qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise? Je les vois tous les jours quand je vais au
palais de justice. Si vous voulez dire qu'ils sont sécrétaires
judiciaires parce que certains ou certaines p arce qu'il y a des hommes
et des femmes dans cette fonction agissent comme secrétaires
judiciaires, parce qu'ils transcrivent les notes sténographiques qu'ils
ont prises, d'accord, mais je veux dire que c'est vraiment aller chercher cela
loin.
M. Parent (Hull): En ce qui concerne les sténographes
judiciaires et le travail judiciaire, ce n'est pas pour l'ensemble de la
catégorie, c'est pourquoi il y a eu création d'une classe
spécifique de secrétaires judiciaires, c'est dans les bureaux
où il y a eu mécanisation. Ce même statut, ce que la
commission prétend, c'est qu'il n'est pas le même, parce que le
statut de sténographe judiciaire ne s'applique pas à l'ensemble
des sténographes judiciaires, mais simplement à celles qui
exercent où la mécanisation est maintenant en place. Or, je vous
dis...
M. Bums: Non, c'est tout le contraire, M. le ministre. Ce qui est
arrivé, c'est que les endroits où la mécanisation est
installée, par exemple, au palais de justice à Montréal,
dans la plupart des cours, on n'a plus de sténographes judiciaires, on
les a envoyés dans d'autres palais de justice, où on les a
affectés à des commissions comme la Commission d'enquête
sur le crime organisé ou des choses comme cela, la commission de police
ou la cour du coroner ou la cour du Bien-Etre social où il n'y a pas de
mécanisation. C'est justement exactement le contraire. Ou encore dans
certains districts judiciaires comme, par exemple, Sherbrooke où il n'y
a pas de mécanisation encore, ou Saint-Hyacinthe, Joliette, en tout cas,
Hull, je ne pense pas qu'il y en ait. Il n'y a même pas dé palais
de justice, oui, il y en a un, c'est-à-dire que vous mériteriez
d'en avoir un meilleur, je suis d'accord, M. le député de
Gatineau.
Le Président (M. Gratton): II s'en vient.
M. Parent (Hull): Secrétaires judiciaires dans cette
nouvelle catégorie qui a été formée, elles sont
sténographes judiciaires et greffiers audienciers, à ce qu'on me
dit, dans cette nouvelle catégorie que nous avons
créée...
M. Burns: Parlez-vous des jeunes filles qui opèrent les
machines à l'endroit où la mécanisation s'est faite?
Est-ce cela, les personnes que vous voyez maintenant comme secrétaires
judiciaires?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Ces jeunes filles parce qu'à ma
connaissance, il n'y a pas d'hommes là-dedans, il y en a
peut-être, en tout cas ce qu'elles font, c'est qu'elles
opèrent une machine et, par la suite, elles vont faire la transcription.
Mais elles n'ont pas du tout de qualités semblables ni d'exigences de
base semblables aux sténographes judiciaires, lesquelles sont
obligées de passer même un examen du Barreau avant d'avoir droit
d'exercer leur profession.
En tout cas, M. le Président, vu qu'il est midi et quart,
peut-être que le ministre voudrait s'informer à ce sujet et nous
donner une réponse à la prochaine séance.
M. Parent (Hull): II semble bien que le nombre est très
minime dans cette nouvelle catégorie d'emplois.
M. Burns: Oui, et c'est d'ailleurs pourquoi vous avez
ajusté leur salaire, parce que vous n'étiez pas capable d'en
avoir, des filles, dans cette catégorie. C'est bien simple. Elles
gagnaient les salaires de sténos, je pense, et c'est un travail qui
demande...
M. Parent (Hull): Ce que les transcriptrices demandaient,
c'était exactement cette nouvelle catégorie que nous avons
créée, dont le nombre...
M. Burns: De secrétaires judiciaires.
M. Parent (Hull):... est très minime. C'est cette
classification qu'on voudrait pour les transcriptrices.
M. Burns: C'est celle-là que vous voudriez pour les
transcriptrices?
M. Parent (Hull): Non. Les transcriptrices demandent à
obtenir ce nouveau statut que nous avons donné à quelques
employées du ministère de la Justice.
M. Burns: Alors, ce serait une nouvelle demande qu'elles vous
auraient formulée, parce que, dans la lettre du 31 juillet, de M.
Harguindeguy, je lis bien que... Non, il n'y avait pas de demande
précise, je ne pense pas.
M. Parent (Hull): Par la suite, vous verrez... M. Burns:
Oui, je vois, d'accord!
M. Parent (Hull):... qu'elles ont fait la demande pour
obtenir...
M. Burns: A la deuxième page, on dit: De plus, si les
conditions de recrutement étaient identiques, l'échelle de
traitements qui a été sanctionnée par le Conseil du
trésor pour la classe d'emploi de secrétaire judiciaire pourrait
également être attribuée à ce même plan de
classification, ce qui réglerait ainsi le problème de recrutement
qui confronte l'Assemblée nationale.
M. Parent (Hull): Ce qui a été refusé par la
commission, et ce n'est pas une fin de non-recevoir, c'est cette nouvelle
classification. Mais si elles font une demande pour autre chose que cette
catégorie spéciale, cela ne veut pas dire que ce ne sera pas
étudié. Elles ont spécifiquement demandé cette
nouvelle catégorie, qui a été formée à la
demande du ministère de la Justice, elles ont demandé
d'être greffées à cette section. La demande ayant
été limitée à ce secteur, la commission ne s'est
pas prononcée sur autre chose.
M. Burns: De votre côté, avez-vous
suggéré une nouvelle catégorie, constatant, justement, la
difficulté de recrutement qu'il y a à l'Assemblée
nationale pour les transcriptrices? Vous n'en avez pas suggéré?
Vous n'avez pas l'intention de le faire?
M. Parent (Hull): Je ne m'interpose pas dans le travail de la
commission.
M. Burns: Oui, mais je suis obligé de vous en parler
à vous.
M. Parent (Hull): II semble bien qu'il n'y ait pas eu de
suggestion de faite. Je pense bien que le problème majeur est
assez...
M. Burns: Ne devrait-il pas y en avoir une, constatant justement
la difficulté de recrutement?
M. Parent (Hull): Oui. On croira que le problème
majeur...
M. Burns: Je vous signale que cette période-ci que nous
traversons, est une période particulièrement difficile pour
elles. On n'a qu'à demander à M. Massicotte et aux
transcriptrices elles-mêmes. Il y a certaines commissions, à
certaines occasions et sans que ce soit la faute des transcriptrices,
c'est tout simplement par manque de personnel dont on ne reçoit
qu'après une semaine et parfois pi us, le résultat, ou la
transcription première du journal des Débats.
M. Parent (Hull): A ce moment-là, je comprends le
problème qui se pose. Il reste qu'à la suite du refus des
explications fournies à savoir qu'elles ne pouvaient pas être
intégrées à cette catégorie, il n'y a pas eu
d'autre demande de la part du syndicat. Cela ne veut pas dire que la
commission...
M. Burns: En employeur exemplaire, ne pourriez-vous pas prendre
l'initiative de faire des suggestions?
Le Président (M. Gratton): Le député de
Bourget aurait un court commentaire sur le même sujet.
Réceptionnistes du parlement
M. Boudreault: Si le députéde Maisonneuve me le
permet, ce sera très bref, c'est dans le même ordre
d'idées. Je voudrais intervenir auprès du ministre au nom des
réceptionnistes, ici, en avant, à l'entrée du parlement,
qui sont classées comme auxiliaires. Je ne connais pas les
critères des réceptionnistes-téléphonistes, mais je
pense que cela comporte à peu près les normes de celles qui sont
à l'entrée du parlement. Elles sont
réceptionnistes-téléphonistes et elles sont
classées cornme auxiliaires. Elles m'ont demandé de faire une
approche auprès du ministre, pour voir s'il ne serait pas possible de
les classer comme réceptionnistes-téléphonistes à
l'avenir. Cela représente une dizaine de personnes je pense.
Une Voix: Ce n'est pas la même chose. Nous avons chacun
notre...
M. Parent (Hull): II y a eu un règlement de la Commission
de la fonction publique sur l'intégration. Au moment où ces
employées ont été intégrées, elles avaient
le droit de faire un grief sur leur intégration. D'après les
renseignements que j'ai, il semble bien qu'elles n'ont pas logé de grief
pour faire valoir leurs droits. Cela ne veut pas dire qu'on n'a pas le droit
d'y revenir, mais il reste que, d'après la procédure suivie dans
l'intégration, à la suite de la convention collective, les
employées avaient l'avantage de loger un grief, au moment où on
leur faisait connaître leur nouvelle classification. Elles avaient des
délais pour demander que leur cas soit réétudié si
elles n'étaient pas satisfaites de leur classification ou du programme
d'intégration qui avait été prévu. A ce moment, il
y a eu des comités ad hoc pour étudier chacune des demandes qui
étaient déposées par les employés.
M. Burns: Cette fonction, dont parle le député de
Bourget, n'a-t-elle pas évolué depuis la classification,
justement?
M. Parent (Hull): Nous avons complété les
règlements d'intégration il n'y a que quelques mois.
M. Burns: Cela n'a donc pas évolué.
M. Parent (Hull): II nous reste encore peut-être deux ou
trois cents cas que nous appelons les cas tamis, qui n'ont pas encore
été intégrés depuis la dernière convention
collective.
M. Boudreault: Cela représente environ dix personnes, M.
le ministre. Ce n'est pas une affaire...
Le Président (M. Gratton): M. Pouliot, qui est près
de moi, commence à me parler du personnel du secrétariat des
commissions.
La commission suspend donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 22)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. Gratton (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
La commission de la fonction publique poursuit l'étude des
crédits du ministère. Au moment de la suspension de la
séance, ce matin, nous en étions à la question des
transcriptrices du journal des Débats.
Le député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, il semblait y avoir
c'est peut-être mon interprétation une espèce de
confusion dans les renseignements que le ministre devait nous donner. Depuis ce
temps, il a peut-être vérifié ses sources. Je suis
prêt à entendre sa réponse, en ce qui concerne ce
problème des transcriptrices. A-t-il quelque chose de nouveau?
M. Parent (Hull): Pas depuis ce midi. Au moment où nous
nous sommes quittés, à la suspension de la séance, j'avais
donné le renseignement suivant. Il s'agissait d'un emploi nouveau
créé à la demande du ministère de la Justice, dans
lequel on retrouvait quelques employés, et les transcriptrices du
journal des Débats désiraient être incorporées
à ce groupe de secrétaires judiciaires, greffiers, au-dienciers,
mais, depuis la dernière lettre qui a été envoyée
au président de l'Assemblée nationale, en février, et
celle qui a été envoyée à M. Harguindeguy, en
décembre, je pense, il n'y a pas eu d'autres demandes qui ont
été faites auprès de la Commission de la fonction publiq
ue. Mais il n'y a pas eu non plus, de la part de la Commission de la fonction
publique, de suggestions quant à une reclassification.
M. Burns: D'accord. En définitive, et c'est ma
dernière question là-dessus, attendez-vous une réponse du
président de l'Assemblée nationale?
M. Parent (Hull): La lettre est du 6 février.
C'était une lettre de renseignements, basée sur la demande que M.
Harguindeguy avait faite. Cela ne nécessitait pas de réponse. De
fait, nous n'en avons pas reçu.
M. Bums: Mais de la part du président? M. Parent (Hull):
Non, c'est cela que je dis. M. Burns: II n'y a rien.
M. Parent (Hull): C'était une lettre d'information sur les
renseignements que nous avions fournis à M. Harguindeguy, du Syndicat
des fonctionnaires, mais rien n'est réapparu depuis.
M. Burns: D'accord. On peut penser que le ministère a pris
sa décision, qu'il n'attend pas de décision ou de recommandation
de la part du président de l'Assemblée nationale. Est-ce
cela?
M. Parent (Hull): Nous n'avons pas eu d'autres demandes, alors
nous n'avons pas agi. Si une autre demande nous est soumise pour un corps
d'emploi
différent de celui où voulaient se greffer les
trans-criptrices, il n'est pas dit qu'elle sera refusée.
M. Burns: II n'est pas dit qu'elle sera acceptée non
plus.
M. Parent (Hull): Non. C'est la catégorie d'emploi
à laquelle les transcriptrices voulaient se greffer qui a
été refusée. Mais la porte n'a pas été
fermée, comme elle ne l'est jamais. Je ne pense pas que la commission
croie qu'elle a le monopole de la vérité. Je suis bien convaincu
que, chaque fois qu'il y a des demandes qui lui sont formulées, elles
sont étudiées au mérite.
Cadres supérieurs
M. Burns: D'accord, on reverra cela peut-être ailleurs.
M. le Président, concernant la formation des cadres
supérieurs, le 9 avril 1975, le ministre des Finances annonçait
un programme de formation accéléré
pourlescadressupérieurs. En 1975/76, un certain nombre de
fonctionnaires, je pense, seront appelés à participer au
programme. J'aimerais savoir si on peut nous donner les grandes lignes de ce
programme, premièrement, et, deuxièmement, quand les candidats
pourront-ils être choisis, relativement à cette annonce qui a
été faite et que je vois dans le Soleil du mercredi 9 avril?
M. Parent (Hull): II s'agit d'un programme
accéléré, qui a reçu l'approbation du comité
que j'ai formé au sein du ministère pour étudier
l'opportunité de nous proposer une politique globale pour les cadres,
pas seulement en ce qui concerne la rémunération, mais tous les
aspects d'une politique globale. Dans un rapport intérimaire, le
comité que préside M....
M. Burns: Est-ce que je peux vous poser une question incidente?
Comment se fait-il qu'une annonce comme celle-là soit faite par le
ministre des Finances, qu'une annonce soit faite par le premier ministre
relativement aux 6% d'avance? Dans les deux cas, comment se fait-il que
l'annonce ne soit pas faite par le ministre de la Fonction publique? Est-ce
qu'il y a des raisons particulières, est-ce que c'est l'annonce d'un
remaniement ministériel?
M. Parent (Hull): A ce que je sache, je n'ai jamais
recherché la publicité, ni joué la vedette.
M. Burns: Non, mais il me semble que c'est votre rôle
d'annoncer ça. D'ailleurs, quand il y a des déclarations
ministérielles en Chambre, c'est vous qui les faites.
M. Parent (Hull): Si on regarde le texte qui a été
transmis par le ministre des Finances, il est bien dit, dans le deuxième
paragraphe, que c'était en sa qualité de président du
Conseil du trésor qu'il recommandait au conseil des ministres l'adoption
de ce programme avec son collègue de la Fonction publique.
J'étais de la partie, j'ai signé le projet...
M. Burns: Est-ce qu'il y a des raisons pour lesquelles ce ne
serait pas vous qui feriez ça?
M. Parent (Hull): Avec le président du Conseil du
trésor... Nous avons signé le projet d'arrêté en
conseil tous les deux, M. Garneau à titre de président du Conseil
du trésor et celui qui vous parle à titre de ministre de la
Fonction publique.
M. Burns: Vous vous sentez lié quand vous signez
conjointement?
M. Parent (Hull): Oui, parce qu'il y a un engagement
financier.
M. Burns: Comme dans le cas de M. Morin, vous vous sentez
lié si vous avez signé conjointement avec les autres pour
autoriser le chèque?
M. Parent (Hull): Je n'ai jamais signé le chèque de
M. Morin.
M. Burns: Non? C'est à une autre commission, d'accord.
M. Parent (Hull): II s'agit d'une...
M. Burns: Je voulais juste savoir s'il se sentait aussi
lié.
M. Parent (Hull): II s'agit d'un engagement financier dans
celui-ci, il s'agit d'une politique du gouvernement. C'est la raison pour
laquelle, d'un côté, comme ministre de la Fonction publique, j'ai
signé le projet d'arrêté en conseil; d'un autre
côté, il y a un engagement financier et mon collègue, le
ministre des Finances, qui est en même temps président du Conseil
du trésor, a signé, donnant l'autorisation du Conseil du
trésor. Il y a eu adoption d'un arrêté en conseil pour
adopter le plan puisqu'il s'agit, en somme, dans ce programme
accéléré, de permettre à 20 candidats au niveau
professionnel de pouvoir profiter de ce cours accéléré
pour accéder à des fonctions de cadre.
Comme il y avait des implications financières de la Fonction
publique dont le Conseil du trésor a l'autorité, nous avons
signé les deux. M. Garneau, avec mon consentement, a émis le
communiqué de presse. Il aurait pu tout aussi bien être
émis par le premier ministre, puisqu'il s'agissait d'une décision
du conseil des ministres; comme dans le cas du versement d'une avance de 6%,
j'ai fait la recommandation. Le premier ministre a annoncé qu'il
s'agissait d'une décision du conseil des ministres et je pense
qu'à ce moment il n'y a rien qui enlève à l'image de celui
qui vous parle. Cela ne présume aucunement de modification au conseil
des ministres. Pour ma part, je sais que j'ai accepté cette
responsabilité, en plus d'être ministre de la Fonction publique,
de coordonner la prochaine ronde de négociations. Mais qu'est-ce que le
premier ministre fera quand j'aurai terminé ce mandat? C'est à
lui de décider. Pour ma part, je sais que je serai intimement
intéressé...
M. Burns: Comme les autres ministres, il va les envoyer
ailleurs.
M. Parent (Hull): ... à quitter la place... M. Burns:
Oui?
M. Parent (Hull): ...au moment où les problèmes
auront été résolus.
M. Bums: C'est bien.
M. Parent (Hull): Pas avant.
M. Burns: C'est soulageant.
M. Parent (Hull): Je ne sais pas si c'est soulageant pour vous.
Il semble bien que, de la part des parties qui sont appelées à
négocier, ce ne soit pas un martyre.
M. Burns: En tout cas, ce n'est pas moi qui négocie. Je
reviens à ma question de base: Quelles sont les grandes lignes de ce
programme, M. le ministre, concernant les cadres supérieurs?
M. Parent (Hull): Ce serait beaucoup plus simple si le
député de Maisonneuve acceptait que je lui remette tout le
processus, le programme de formation accéléré et
également les modalités ainsi que les objectifs du...
M. Burns:Très bonne idée, M. le Président
pour autant qu'au consentement de la commission, ce soit inscrit au journal des
Débats.
M.Parent(Hull):Je n'ai pas d'objection du tout. M. Burns:
D'accord.
M. Parent (Hull): On constatera que le document est signé
conjointement par le ministre des Finances et moi-même.
Le Président (M. Gratton): Document déposé.
(Voir annexe)
M. Burns: Est-ce que vous êtes en mesure, malgré le
dépôt du document, de nous dire quand les candidats seront
choisis?
M. Parent (Hull): Actuellement, le processus est engagé en
ce qui concerne la nomination du secrétaire de ce programme, puisqu'il
s'agit d'un poste permanent. Les sous-ministres ont été
avisés de la tenue d'un concours d'avancement dans la fonction publique
pour l'accession à ce poste. La date limite d'inscription est le 9 mai,
en ce qui concerne le choix du secrétaire. Des recommandations ont
déjà été faites à savoir que le jury serait
composé du secrétaire général du Conseil
exécutif, du secrétaire du Conseil du trésor, du
président de la Commission de la fonction publique, du sous-ministre de
la fonction publique, il y a trois sous-ministres à choisir. Cela va
constituer le jury.
Les candidatures viendront des ministères, puisqu'il y a vingt
postes. Par la suite, aussitôt que la nomination du secrétaire
sera faite, le jury... il resteà désigner les trois
sous-ministres qui composeront le groupe de sélection et, de là,
les avis seront donnés pour le recrutement, pour ne pas
préjudicier personne, la demande doit être formulée
à ce comité par le sous-ministre, mais, par ailleurs, l'individu
lui-même aura le droit, s'il n'est pas recommandé par son
sous-ministre, de faire une demande.
On verra à la lecture d u document qu'il s'agit de stages
théoriques et pratiques que nous exigeons, sans engagement de part et
d'autre, comme dans d'autres cours, que les candidats choisis doivent continuer
dans la fonction publique pour tant d'années et ainsi de suite.
Nous avons jugé opportun d'éliminer cette clause. Par
ailleurs, les candidats ainsi choisis dans le cours pratique auront à
déménager pour un an dans une région, à la
direction d'un service d'un des ministères. Là, ils acquerront
une certaine expérience, mais sans aucune garantie qu'il y aura
promotion par la suite.
M. Burns: Quant à la clause qui n'oblige pas à un
stage dans la fonction publique, quelle a été la motivation de la
part du ministère pour la mettre de côté? Est-ce qu'il y a
une raison particulière?
M. Parent (Hull): II est ditq ue, lorsqu'on suit des cours de
perfectionnement, qu'un employé ait pris un congé sans solde,
deux ans ou trois ans, ou avec solde, il doit être à l'emploi de
l'Etat pour un minimum de trois ans. Or, comme il s'agit, dans ce programme,
d'un programme d'avancement, si, d'un côté, nous exigeons qu'il
demeure au niveau du gouvernement, quand, par ailleurs, nous lui demandons de
déménager dans une région, nous ne garantissons pas
l'accession à un poste de cadre, je pense qu'il faut tenir compte des
deux aspects. Il y a un risque pour l'individu qui va le prendre, il ne peut
pas créer une obligation en même temps qu'il y a un risque. C'est
la raison qui nous a motivés à ce qu'il n'y ait pas cette
obligation de demeurer à l'emploi.
Parce que, si nous voulons accélérer le processus
d'accession au poste de cadre, si on impose des restrictions, on n'est pas plus
avancé à mon avis, étant donné que le risque est
également partagé, il n'est pas unilatéral.
Il est pris par l'employé qui est dans une fonction au niveau
professionnel pour accéder à un poste d'adjoint aux cadres, mais,
par le programme accéléré, il pourrait, sensiblement,
atteindre un poste de cadre. Il y a un risque de sa part, c'est-à-dire
de s'inscrire, de participer au cours accéléré et, par la
suite, d'être dans l'obligation de faire un stage dans une région,
sans savoir si demain il aura un poste de cadre. Le risque est uniforme, des
deux côtés.
Code d'éthique
M. Burns: D'accord. M. le Président, à moins qu'il
y ait autre chose là-dessus, je voudrais parler du fameux code
d'éthique. J'en ai parlé dans mon intervention du début.
Pour moi, il se pose deux problèmes majeurs, le premier est, dans le
fond, le fait que la commission est celle qui juge s'il y a conflit
d'intérêts, quant à l'aspect de conflit d'inté-
rêts, en particulier à l'article 6 du règlement qui
indique les mesures qui doivent être prises. Ce qui me préoccupe
en particulier, c'est le fait que, s'il y a destitution, l'article 61 de la Loi
de la fonction publique, actuellement, donne un droit d'appel devant la
Commission de la fonction publique.
Je me demande si on ne se retrouve pas dans le même imbroglio que
la Commission de police au niveau des municipalités, c'est-à-dire
que, d'une part, elle a une première décision à prendre
et, d'autre part, agit un peu comme tribunal d'appel. Est-ce que cet aspect a
été examiné lorsque la réglementation a
été adoptée, entre autres, le fait que la commission
décide qu'il y a conflit d'intérêts dans tel ou tel cas?
L'employé en question se plaint de la situation et se retrouve,
nécessairement, devant la commission pour prouver qu'il n'y a pas
conflit d'intérêts, alors qu'une décision a
déjà été rendue ou, si vous voulez, au moins une
directive.
Dans le fond, je me demande si la commission n'a pas rendu un jugement
au préalable avant que la partie litigieuse de l'affaire ait pu avoir
été soumise à la commission.
Est-ce qu'on s'est penché sur cet aspect?
M. Parent (Hull): Oui. Je pense que le député de
Maisonneuve a raison, c'est une situation de fait qui nous complique la vie,
à la commission, parce qu'il peut être interprété
à l'occasion que nous sommes juge et partie.
M. Burns: Oui, c'est un peu ça le problème.
M. Parent (Hull): Oui, nous rencontrons ces difficultés,
il va s'agir d'apporter les améliorations nécessaires pour que
nous ne soyons pas pris à partie. Je pense que le député
de Maisonneuve a raison dans son argumentation. C'est un correctif qu'il nous
faut apporter.
M. Burns: Est-ce que vous avez envisagé un organisme,
sinon un individu au sens large du mot qui pourrait remplacer
l'opinion, si je peux dire, en première instance de la commission?
M. Parent (Hull): Les moyens n'ont pas été
envisagés comme tel, si ce n'est qu'il doit y avoir une décision
prise selon laquelle nous devons confier à un autre organisme ou
présenter des amendements à la Loi de la fonction publique pour
changer les structures. Mais il n'y a aucun doute que ce problème est
à notre connaissance et que nous devons y apporter des correctifs dans
le plus bref délai.
M. Burns: Est-ce que le fait que vous soyez déjà
conscients du problème vous a permis d'expliciter je ne vous
demande pas une solution finale ou de nous exposer un certain nombre d'avenues
dans lesquelles vous avez l'intention de vous diriger pour régler le
problème?
M. Parent (Hull): Je n'oserais pas m'aventurer à ce
stade-ci.
M. Burns: Oui, mais sans vous aventurer, je vous demande tout
simplement quel est l'éventail dans lequel vous pensez trouver une
solution éventuellement à cela, maintenant que vous admettez le
problème.
M. Parent (Hull): Oui, il y a sûrement des moyens qui
peuvent être envisagés, soit par l'utilisation d'un tribunal
il y a un tribunal du travail qui existe présentement...
M. Burns: Oui, j'allais vous le suggérer.
M. Parent (Hull): ...ou d'autres organismes quasi judiciaires qui
pourraient peut-être intervenir. Il s'agit de savoir l'orientation que
nous allons y donner dans les prochaines semaines. Le problème que le
député de Maisonneuve soulève, nous en étions
conscients et nous le vivons présentement. C'est pourquoi, je pense, il
est à propos d'apporter les amendements nécessaires pour
éviter cette situation conflictuelle.
M. Burns: Vous pensez amender cela dans quel délai,
à peu près, évidemment, si vous vous êtes
fixé un délai?
M. Parent (Hull): Non, nous ne nous sommes pas fixé de
délai encore, mais comme nous sommes aux prises avec le problème
présentement, nous allons envisager les moyens d'y remédier dans
le plus bref délai.
M. Burns: Ce qui veut dire quoi, à peu près?
M. Parent (Hull): Si nous sommes en mesure de nous entendre avec
un organisme ou avec le tribunal du travail, cela pourrait être assez
court. Seulement, je pense que le député de Maisonneuve
reconnaîtra que ce sont des points qu'il va falloir discuter avec ces
organismes qui sont existants, à savoir si on est prêt à
assumer cette charge.
M. Burns: En somme, ce n'est pas un problème qu'on va
être en train de discuter l'année prochaine, si jamais on est
là tous les deux, encore une fois... Toujours occasionnel, comme dit le
député de Bourget.
M. Parent (Hull): II est dans mon habitude de régler les
problèmes beaucoup plus rapidement que cela.
M. Burns: Bon. Alors, il y a des chances que cela se règle
dans l'année qui vient.
M. Parent (Hull): Dans les semaines qui vont suivre.
M. Burns: Dans les semaines qui vont suivre. D'accord. On pourra
peut-être vous poser des questions en Chambre, à ce moment, pour
savoir où en est rendue la...
M. Parent (Hull): Je serais très heureux de vous
éclairer.
M. Burns: ...cogitation ministérielle que vous
êtes en train d'élaborer. Maintenant, un autre
problème se pose et, évidemment, il y en aurait beaucoup
relativement au code d'éthique. Je vous ai parlé de l'aspect du
secret et de toute cette histoire dans mes remarques préliminaires.
L'autre aspect est peut-être celui qui, par la définition qu'on
trouve à l'article 1, dans le fond, définit le membre de la
fonction publique comme étant toute personne mentionnée à
l'article 2 de la loi. Le problème est que cette réglementation
ne s'applique, à toutes fins pratiques, qu'aux sous-chefs, aux
fonctionnaires et aux ouvriers et, par conséquent, ne s'applique pas. Je
vous prie de me croire, M. le Président et M. le ministre surtout, que
ce problème n'est pas un problème bâti de toutes
pièces, mais c'est un problème qui risque de poser des
difficultés à long terme. Le fait que la réglementation ne
s'applique qu'à ceux qui sont couverts par la loi, c'est-à-dire
les sous-chefs, les fonctionnaires et les ouvriers et que, par
conséquent, cela ne s'applique pas aux consultants, aux contractuels,
aux conseillers spéciaux et aux occasionnels, cela vous met dans une
situation un peu bizarre à certaines occasions, à partir du
moment où, et je reprends la nomenclature, si vous voulez, par l'ordre
descendant, cela ne vous pose peut-être pas de problème concernant
les occasionnels. Mais cela peut vous poser des problèmes concernant les
conseillers spéciaux, les contractuels et les consultants. Est-ce que
cet aspect a été envisagé?
Nommons des gens. Sans être méchant, je pense au conseiller
spécial auprès du ministre du Travail, qui s'appelle Gilles
Laporte. Il a énormément de pouvoirs, a énormément
de latitude, peut exercer une compétence assez vaste mais n'est pas du
tout régi par cela. On peut penser d'ailleurs à M. Paul
Desrochers, dans le temps où il était conseiller spécial
auprès du premier ministre.
Même s'il était là actuellement, il ne serait pas
régi par ce code d'éthique. Je vous avoue que cela
m'inquiète un peu de voir qu'il y a des gens qui sont dans des
fonctions, et ce n'est pas à cause des personnes en question j'ai
cité deux cas, M. Desrochers et M. Laporte ce n'est pas à
cause des individus, mais rendez-vous compte de la position
privilégiée dans laquelle se trouvent ces deux personnes ou ces
deux types de personnes qui sont des conseillers spéciaux auprès
soit du premier ministre ou du ministre du Travail, qui ne sont pas
régis par ce code d'éthique, parce qu'ils ne sont pas, au sens de
l'article 2 de la Loi de la fonction publique, des membres de la fonction
publique.
Est-ce que vous avez envisagé les problèmes que cela peut
poser? Parce qu'à un moment donné, un méchant
député de l'Opposition pourrait peut-être vous soulever le
fait qu'il y a des gestes qui sont posés par le conseiller
spécial du ministre du Travail, le conseiller spécial du ministre
si jamais il y en a un de la Fonction publique, le conseiller
spécial du ministre, je ne sais pas, des Richesses naturelles ou encore
du premier ministre qui ne cadrent pas avec cela. J'entendrai, encore une fois,
le premier ministre dire: Prouvez-moi, donnez-moi un cas. Il va se cacher
derrière la légalité de ce règlement, alors que
dans le fond, il ne faut pas se conter d'histoires, c'est une intention qui est
exprimée, intention qui, en soi, est très bonne, mais contre
laquelle je n'ai pas de récrimination à faire valoir.
Est-ce qu'on est sûr de couvrir tout? Est-ce que les mandataires,
dans le fond, parce que c'est de cela qu'on parle, des gens qui ne sont pas
régis par cette réglementation, pourraient être
régis autrement ou contrôlés autrement? Est-ce qu'on a
pensé à cet aspect? Est-ce que c'est clair, mon point de vue?
M. Parent (Hull): Oui, je vous laisse parler. M. Burns:
D'accord. Je me demandais si vous...
M. Parent (Hull): En vertu de la loi, le ministre de la Fonction
publique a le droit d'édicter des règles d'éthique pour le
personnel de la fonction publique qui tombe sous sa juridiction. Or, il est
vrai, ce que le député de Maisonneuve souligne, que des
conseillers spéciaux, qui sont des contractuels, ne tombent pas sous
cette loi, ne tombent pas consé-quement sous ma juridiction en vertu des
pouvoirs qui me sont conférés par la loi. Il n'en demeure pas
moins qu'au niveau des contractuels, des conseillers spéciaux, je ne
vois pas tellement de difficultés, ou, nous n'avons pas rencontré
de difficultés jusqu'ici, dans la rétention des services des
contractuels, à savoir qu'ils ont été retenus pour des
fins spécifiques, que s'ils font des déclarations
publiques...
M. Burns: Attention, les fins spécifiques, il ne faudrait
pas assimiler cela à des fins temporaires, parce que si on prend le cas
des deux personnes que j'ai nommées, M. Desrochers et M. Laporte, ce
n'est pas pour des fins temporaires. Ce sont des gens qui, en principe,
étaient là en permanence. M. Desrochers a quitté parce
qu'il avait d'autres choses à faire...
M. Parent (Hull): Pour des fins spécifiques, quand
même, vous avez un mandat.
M. Burns: Oui, d'accord.
M. Parent (Hull): A l'intérieur du mandat, c'est ce que je
m'apprêtais à dire, il y a nécessairement et
inévitablement la loyauté. J'admets que le règlement ne me
permet pas de les couvrir. Je suis convaincu, d'autre part, qu'ils sont
amplement couverts au moment de leur engagement. Si le pouvoir m'en
était donné, je pense que je ne ferais pas exception pour les
conseillers spéciaux, mais le pouvoir ne m'est pas donné par la
loi.
M. Burns: Sans vous demander d'entrer dans les secrets du conseil
des ministres, est-ce que le conseil des min istres est conscient de ce
problème? J'ouvre tout simplement la parenthèse qui a fait
l'objet d'une discussion l'année dernière.à l'étude
des crédits du Travail et de la Main-d'Oeuvre lorsque par exemple, nous
avons soulevé ouvertement parce que, qu'est-ce que vous voulez,
c'est du domaine
public le cas de M. Laporte qui, ouvertement et admis parle
ministre du Travail, a été choisi pour sa compétence, que
j'admets d'ailleurs.
Je connais très bien M. Laporte, alors il n'y a pas de
problème. Je ne dis pas qu'on a tenté de faire passer quelqu'un
d'incompétent pour une personne compétente et qu'on l'a choisi
comme conseiller spécial; mais le ministre du Travail l'année
dernière nous a dit carrément et clairement, je vous
réfère au journal des Débats, lors de l'étude des
crédits du ministère du Travail, qu'il se balançait
complètement, se foutait complètement des règles qui
pouvaient s'appliquer relativement... tant au niveau des salaires, qu'au niveau
des méthodes d'embauche pour ce genre de conseillers. Il est bon de
rappeler que M. Laporte était un employé du ministère qui
a tout simplement quitté l'emploi du ministère pour devenir
ensuite un contractuel. A cette époque, je m'étais
élevé contre cette méthode bizarre de fonctionner. Cela
prend d'autant plus d'ampleur que je me rends compte que c'est, à toutes
fins pratiques, un fonctionnaire à qui on a payé une augmentation
de salaire non prévue par les normes établies par la Commission
de la fonction publique, mais qui, à toutes fins pratiques, continue
à être un fonctionnaire et qui, à toutes fins pratiques
aussi, n'est pas régi par votre réglementation.
Cela peut se présenter dans tous les ministères si j'en
suis la thèse que nous a exprimée le ministre du Travail
l'année dernière.
M. Parent (Hull): Je pense que le député de
Maisonneuve prend un cas particulier.
M. Burns: C'est quand même un cas plus que particulier.
Ecoutez, Gilles Laporte actuellement, au point de vue du ministère du
Travail je le dis en sachant que je vais blesser M. Mireault et tous les
autres sous-ministres est la personne la plus importante au
Québec en matière de relations de travail après le
ministre du Travail actuellement. Je demande au ministre de la Fonction
publique d'essayer de me contredire là-dessus.
M. Parent (Hull): C'est une décision du ministre du
Travail que la loi lui permet...
M. Burns: Et qui peut se représenter dans tous les
ministères, c'est cela que je vous dis.
M. Parent (Hull): C'est un cas particulier, comme je vous l'ai
dit. M. Laporte, au moment où il a quitté la fonction publique, a
reçu des honoraires, et durant sa première année, les
honoraires qu'il a reçus, n'ont pas été égaux au
salaire qu'il recevait. Depuis quelques mois, il est vrai qu'il est
retourné au ministère du Travail au poste de conseiller
spécial auprès du ministre du Travail pour le secteur particulier
de la construction. Je ne crois pas que ce soit là une façon de
généraliser dans le gouvernement. S'il advenait que nous ayons
des difficultés à faire appliquer la règle que nous avons
pour les fonctionnaires auprès des conseillers spéciaux, il est
évident que, même si je n'ai pas les pouvoirs comme ministre de la
Fonction publique, j'ai tout au moins les pouvoirs auprès du Conseil du
trésor de faire appliquer des règles sur les contractuels...
M. Burns: M. le ministre, je veux bien qu'on se comprenne. Mon
argument est le suivant: Si le dernier entré des chefs de bureau est
soumis à cette réglementation, et si le dernier entré des
chefs de bureau ne peut pas dialoguer avec les journalistes sans avoir au
préalable obtenu ou même un sous-ministre les
autorisations nécessaires, et dans le cas contraire, subir des
pénalisations qui sont prévues par le règlement, je me
dis: Comment se fait-il que des personnages aussi importants qu'un conseiller
spécial auprès du ministre ou encore du premier ministre, ne
soient pas régis par cela, parce que ces personnes s'adonnent à
être des contractuels?
M. Parent (Hull): C'est qu'il n'a pas eu de difficulté
d'application de la règle que nous avons
généralisée pour les conseillers spéciaux.
M. Burns: Vous savez que légiférer, c'est
prévoir aussi. Ce n'est pas seulement régler des problèmes
passés, c'est aussi prévoir.
M. Parent (Hull): Oui, mais vous avez des sanctions qui peuvent
être exercées auprès des conseillers spéciaux,
beaucoup plus qu'auprès des fonctionnaires. Le conseiller
spécial, s'il sortait... ou manquait de loyauté envers le
minisre, il est évident que son emploi peut prendre fin le lendemain et
sans appel: alors qu'il n'en est pas ainsi dans la fonction publique.
Je pense parce qu'on ne parle pas de la même sorte d'emploi, de la
mène relation qui peut exister entre des emplois permanents à
l'intérieur d'un ministère et des conseillers spéciaux qui
sont appelés à des fonctions bien particulières et
à des fins définies.
M. Burns: Me basant sur votre affirmation de ce matin, disant que
les employés permanents j'imagine que le raisonnement vaut aussi
pour les employés occasionnels et contractuels vous vouliez,
à toutes fins pratiques, privilégier les employés
permanents à l'endroit des employés occasionnels, ce qui peut se
justifier, dans une certaine optique. J'associe aux occasionnels les
employés contractuels, parce que, à toutes fins pratiques, ils
n'ont pas plus, sauf au point de vue pécuniaire, les avantages d'un
employé permanent. Je me demande, à ce moment, comment vous
pouvez logiquement, ce matin, nous dire que vous voulez d'abord
privilégier les employés permanents à qui vous imposez des
normes qui sont prévues dans la réglementation et, d'autre part,
laisser un peu à hue et à dia la possibilité d'intervenir
sans aucune restriction, sinon à la discrétion du ministre qui
emploie le conseiller spécial en question. C'est quelque chose que j'ai
de la difficulté à voir comme étant complètement
logique et parallèle.
M. Parent (Hull): Cela dépend de l'ouverture d'esprit
qu'on a, à savoir si cela se concilie ou si c'est inconciliable.
M. Burns: C'est cela que je vous demande, si c'est conciliable ou
non.
M. Parent (Hull): Je dis que c'est conciliable... M. Burns:
En quoi?
M. Parent (Hull): ...qu'il y a des règles pour être
appliquées au niveau des employés permanents, que les mêmes
règles, même si elles ne sont pas applicables, et elles ne peuvent
être applicables en vertu de la loi actuelle par celui qui parle. Il n'en
demeure pas moins qu'elles sont quand même, ces règles,
appliquées à l'endroit des conseillers spéciaux sans pour
autant que ce soit ce règlement, qu'on discute, qui s'applique d'une
façon intégrale, même si, en vertu des contractuels, en
vertu de rengagement contractuel, il n'est pas dit explicitement qu'ils doivent
respecter le règlement du code d'éthique. Mais je demeure
convaincu qu'il est plus que respecté et qu'il est même une
exigence de celui qui engage.
M. Burns: Mais ne trouvez-vous pas qu'il y a un
élément flou assez important?
M. Parent (Hull): S'il y en avait une quantité imposante
de conseillers spéciaux, je n'aurais peut-être pas la même
optique, mais on parle peut-être de 15 à 20 qui peuvent exister
dans l'appareil gouvernemental. Je ne pense pas que, à ce moment, on
soit dans l'obligation de dire spécifiquement, à ces...
M. Burns: Etes-vous en mesure...
M. Parent (Hull): ...15 ou 20 conseillers spéciaux qui
peuvent exister qu'on va faire un règlement pour ces 15 à 20. Je
pense que, à ce moment, il faut tenir compte d'un certain concept
d'opération. Le concept d'opération, si on retient quelqu'un
à son emploi comme conseiller spécial, je suis convaincu, au
départ, que la loyauté seulement est le fait primordial. A ce
moment, ce n'est pas le conseiller spécial qui va aller s'aventurer
à faire des déclarations inopportunes ou à agir
contrairement à l'éthique qui existe dans la fonction
publique.
M. Burns: Mais, M. le ministre, vous dites que, pour une
quinzaine ou une vingtaine...
M. Parent (Hull): 15 à 20, je pense.
M. Burns: ...15 à 20 conseillers spéciaux vous ne
pensiez pas qu'il était nécessaire de faire une
réglementation. Pourtant, dans le cas des occasionnels, vous faites une
exception pour une trentaine de personnes qui reçoivent le montant
forfaitaire je ne reprendrai pas la discussion qu'on a eue ce matin
par rapport à ce je ne sais pas combien de milliers.
M. Parent (Hull): Je pense que le député de
Maisonneuve s'aventure sur une mauvaise pente...
M. Burns: Non, pas du tout.
M. Parent (Hull):... parce qu'ils n'ont pas le droit à
l'indexation, ces gens.
M. Burns: C'est sûr, ce sont des contractuels. Mais, je
vous fais le parallèle en vous disant: Comment se fait-il que vous
disiez que cela ne vaut pas la peine, parce qu'il y en a seulement une
vingtaine ou une trentaine et que, dans le cas des occasionnels, dans la
trentaine en question, vous décidiez de payer pour eux quelque chose qui
ne se paie pas oour l'ensemble des occasionnels?
M. Parent (Hull): On ne les paie pas, eux autres, non plus. Il ne
faudrait pas embarquer cela.
M. Burns: Non, je vous fais seulement un petit
parallèle.
M. Parent (Hull): Oui, je comprends que vous faites un
parallèle, mais un parallèle qui n'existe pas. Faire un
parallèle avec le cas de la Justice, cela va bien.
M. Burns: Vous savez, ce que j'essaie de trouver depuis le
début, c'est une espèce de ligne, de constante logique dans le
ministère de la Fonction publique que je n'ai pas trouvée
encore.
M. Parent (Hull): Mais, quand vous parlez de conseillers
spéciaux, vous ne parlez pas de la fonction publique, à ce
moment, vous parlez du pouvoir de la loi constitutive qui permet à un
ministre de retenir des conseillers spéciaux.
M. Burns: M. le ministre, je suis patient, je vais recommencer.
Je suis très patient. Vous me dites: Cela ne vaut pas la peine d'inclure
ces gens dans une espèce de code d'éthique.
M. Parent (Hull): Mais je ne peux pas, je n'ai aucun pouvoir pour
le faire.
M. Burns: Vous savez fort bien que vous n'avez pas de pouvoir
pour le faire, mais que, comme ministre de la Fonction publique, vous devez
normalement avoir sinon un pouvoir légal, du moins un pouvoir moral
auprès du conseil des ministres pour inciter une orientation dans tel ou
tel sens. Est-ce que je me trompe en pensant cela?
M. Parent (Hull): C'est-à-dire que vous voudriez que nous
l'incorporions au contrat d'engagement. Il n'y a rien qui empêche
cela.
M. Burns: J'aimerais bien que les contractuels y soient, d'une
façon ou de l'autre, au niveau du contrat d'engagement ou encore que
vous ayez des dispositions dans le code d'éthique...
M. Parent (Hull): Dans le code d'éthique, on ne peut pas
le prévoir. Tout ce qui peut être fait, à mon avis, c'est,
si le député de Maisonneuve croit que
cela peut être une constante, d'incorporer le règlement au
contrat d'engagement du contractuel et qu'on se...
M. Burns: C'est possible aussi, c'est possible.
M. Parent (Hull): Ce sont des options. Mais du fait qu'on
détient déjà un pouvoir de renvoi immédiat, sans
raison, je pensais que c'était déjà suffisant. Le fait est
que ce conseiller spécial doit d'abord, comme première
conséquence de son emploi, la loyauté à celui pourqui il
travaille. Or, à mon avis, la loyauté, c'est peut-être
l'équivalent du code d'éthique.
M. Burns: Infiniment variable cependant. M. Parent (Hull):
Variable.
M. Burns: Oui, variable, par rapport au patron en question.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas d'objection, d'ailleurs, à
examiner la question, s'il y a une possibilité de faire incorporer le
code d'éthique pour les contrats de travail.
M. Burns: D'accord, cela me satisfait comme réponse.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas d'objection à la
regarder.
M. Burns: Si vous pensez que cela doive être
examiné, en tout cas, cela me satisfait pour le moment.
A l'article 7, M. le Président, de ce règlement, qui vaut
la peine d'être cité, je pense, on nous dit q ue "le membre de la
fonction publique qui se propose de publier un texte ou de se prêter
à une interview, sur des questions concernant l'administration à
laquelle il appartient, doit préalablement obtenir l'autorisation de son
supérieur hiérarchique". Je me pose la question d'application.
Maintenant, ce n'est plus au niveau de l'idéologie qui est
derrière en tout cas, vous connaissez ma pensée
là-dessus mais je me demande véritablement si ce texte de
l'article 7 fait la distinction entre les données et les statistiques de
nature publique qui sont à la portée d'un fonctionnaire ou encore
s'il vise uniquement les documents confidentiels. S'est-on penché sur ce
problème?
Il y a, à toutes fins pratiques, une épée de
Da-moclès qui vise les fonctionnaires par cet article 7, parce que, vous
dites: "Le membre de la fonction publique qui se propose de publier un texte ou
de se prêter à une interview sur des questions concernant
l'administration à laquelle il appartient". Vous savez que c'est
très large. A un moment donné, le fait de me remettre à
moi, membre de l'Opposition, des documents qui sont à caractère
public, est-ce publier un texte, comme dit le document, sur des questions
concernant l'administration à laquelle il appartient, et cela le
rend-il, ce fonctionnaire passible des pénalités qui sont
prévues par le règlement?
M. Parent (Hull): On parle de document ou on parle de...
M. Burns: A la façon dont les règlements de la
Fonction publique, dans le passé, ont été
interprétés, à la façon obtue dont on les a
appliqués à des cas concrets, je suis obligé de
m'inquiéter. Je pense que les fonctionnaires, en général,
sont obligés de s'inquiéter quand ils voient un texte aussi large
que celui-là: "Le membre de la Fonction publique qui se propose de
publier un texte", je pense qu'on peut assez facilement circonscrire cela,
"...ou de se prêter à une entrevue", on ajoute des mots,
après, qui viennent compléter "publier un texte" et "se
prêter à une entrevue", "sur des questions concernant
l'administration à laquelle il appartient doit préalablement..."
Publier un texte, vous savez, cela pourrait techniquement être
considéré comme faire parvenir une photocopie de renseignements
qui sont à caractère public.
M. Parent (Hull): II s'agit de publication et il doit obtenir
autorisation de son supérieur hiérarchique.
M. Burns: Oui, à chaque fois. M. Parent (Hull):
Absolument.
M. Burns: Cela va bien aller dans la Fonction publique
après cela.
M. Parent (Hull): Cela va très bien.
M. Burns: Oui, je veux dire que, si tout votre monde est
poigné, n'est plus capable de bouger et n'est plus capable de faire
preuve d'initiative...
M. Parent (Hull): II n'y a pas eu de sanction. Jusqu'ici, il y a
eu deux cas qui ont été rapportés en vertu de cet
article.
M. Burns: Cela ne fait pas longtemps que le règlement est
en vigueur.
M. Parent (Hull): Oui. On l'a adopté, le...
M. Burns: Au mois de...
M. Parent (Hull): ...12 juin 1974.
M. Burns: ...juin 1974, c'est cela.
M. Parent (Hull): Cela fait presque un an. Il y a eu deux cas,
qui ont été portés à mon attention, de
fonctionnaires q ui avaient fait des déclarations sans en être
autorisés par leur supérieur immédiat. La seule sanction
qui a été encourue, c'est une réprimande. C'est tout, il y
a eu deux cas.
M. Burns: Cela a été des cas de
déclarations?
M. Parent (Hull): D'interviews qui ont été
accordées et qui concernaient l'administration et, en particulier, des
cas assez spécifiques qui ont fait l'objet de grandes
déclarations dans les journaux. Je suis
intervenu. Le fonctionnaire en question n'avait pas obtenu
l'autorisation de faire les déclarations qu'il a faites.
M. Burns: Oui. Etes-vous conscient, de toute façon, qu'on
peut donner à ce texte une extension qui n'était pas, à
mon avis, prévue au moment où on l'a édicté?
M. Parent (Hull): Cela réclame de la prudence qui
est la mère des vertus de la part des fonctionnaires.
M. Burns: Oui, mais il n'y a personne qui a été,
à mon avis, canonisé, chez vous, encore?
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: Je veux dire qu'on a le d roit de... C'est cela.
M. Parent (Hull): On a le droit de penser que les individus
peuvent commettre des erreurs.
M. Burns: On a le droit de penser qu'il y a du monde qui commet
encore des péchés chez vous?
M. Parent (Hull): Certainement.
M. Burns: C'est pour cela que je vous pose cette question.
M. Parent (Hull): C'est pour cela que je vous dis qu'il n'y a pas
eu de sanction exercée contre quiconque, excepté deux
réprimandes à l'endroit de deux fonctionnaires. C'est tout ce que
nous avons eu dans l'année qui s'est écoulée.
M. Burns: Mais je vous demande, M. le ministre, si vous
êtes conscient de la possibilité d'une utilisation large de ce
texte.
M. Parent (Hull): Oui. M. Burns: Oui.
M. Parent (Hull): Je couvre tout. M. Burns: Oui, vous
couvrez tout, mais... M. Parent (Hull): Ce n'est pas assez encore. M.
Burns: Ce n'est pas assez, à part cela? M. Parent (Hull):
Non, cela sort pareil.
M. Burns: Je ne vous canoniserai pas ce soir, certainement. Mais,
est-ce que...
M. Parent (Hull): Cela sort quand même. M. Burns:
Pardon?
M. Parent (Hull): Cela sort quand même. M. Burns:
Comment, cela sort quand même?
M. Parent (Hull): Les documents sortent quand même et on ne
sait pas d'où.
M. Burns: Non, mais je parle tout simplement d'un document. J'ai
le droit, comme simple citoyen, je ne parle pas comme député, de
demander à un fonctionnaire de m'en faire parvenir une copie. Je vous
demande cela. Est-ce que...
M. Parent (Hull): Si vous parlez d'un dépliant explicatif
sur une loi...
M. Burns: Oui, mais où commence et où finit
l'aspect... Vous n'avez pas, comme dans l'armée, des
classifications...
M. Parent (Hull): De toute façon, je pense...
M. Burns: ..."top secret", moins "secret", un peu moins "secret"
et pas "secret" du tout. Vous n'avez pas cela.
M. Parent (Hull): On dit "qui se propose de publier un texte", il
faudrait bien comprendre. Je pense que le député de Maisonneuve
s'aventure dans un domaine passablement glissant. "Publier un texte ou se
prêter à une interview, sur des questions concernant
l'administration". Quand on dit publier un texte, on ne parle pas de faire
remise de documents explicatifs, on ne parle pas de documents qui sont en vente
chez l'éditeur public, au ministère des Communications, on ne
parle pas de cela. On parle de documents qui concernent l'administration. Je
pense que c'est clair quand on dit l'administration.
M. Burns: Publier un texte...
M. Parent (Hull): Qu'il y ait des échanges de lettres
entre un ministère et un individu...
M. Burns: M. le ministre, je voudrais que vous
répétiez ce que vous venez de dire. Publier un texte, qu'est-ce
que cela veut dire, dans votre esprit?
M. Parent (Hull): Cela veut dire donner des documents qui sont
des informations qui ont une relation entre un individu et le ministère.
C'est de publier des textes, si on sort ces documents. Vous avez les moyens de
le faire, si vous voulez le faire, par une demande en Chambre.
M. Burns: Vous savez que cela se fait tous les jours, par
échange de lettres, ce que vous venez de donner. Vous en donnez moins.
Voyez-vous?
M. Parent (Hull): Non, non. Je n'en donne pas.
M. Burns: Voyez-vous le problème? C'est exactement cela.
En deux phrases, vous venez de donner deux interprétations
différentes du mot "publier" un texte. C'est ce que je vous demande tout
simplement. Quelle est l'interprétation de votre ministère, des
mots "publier un texte" qui concerne l'administration?
M. Parent (Hull): Fournir des renseignements qu'un employé
sait qu'il ne doit pas fournir.
M. Burns: Fournir des renseignements qu'un employé sait
qu'il ne doit pas fournir. Qui est-ce qui lui dit, pour qu'il le sache, que ces
renseignements ne doivent pas être fournis?
M. Parent (Hull): S'il ne le sait pas, il le demande à son
supérieur, pour ne pas s'exposer. C'est aussi simple que cela.
M. Burns: Et cela se fait régulièrement, à
chacun des gestes où quelqu'un de l'extérieur demande tel
document.
M. Parent (Hull): Jusqu'à présent, j'ai deux
plaintes qui ont été formulées sur des interviews; je n'en
ai pas eu sur des documents.
M. Burns: Oui. Mais votre deuxième interprétation
est pas mal plus large que votre première. Votre première,
c'était tout document qui venait d'un ministère.
M. Parent (Hull): Oui, cela a moins d'effet.
M. Burns: Oui. En tout cas, je vous le signale. Vous pourrez
peut-être voir à corriger la situation, éventuellement,
quand vous allez vous rendre compte que ce n'est absolument pas applicable, si
on laisse à chacun la possibilité d'interpréter l'article
7. C'est seulement cela que je veux vous signaler.
M. Parent (Hull): Nous allons vivre l'expérience et
apporter les correctifs nécessaires.
M. Burns: Je vous signale un autre problème
d'interprétation. Celui-là se retrouve à l'article 10 du
code d'éthique. J'aimerais que le ministre non pas pour moi, mais
pour le bénéfice des fonctionnaires concernés nous
dise ce que veut dire le règlement, lorsqu'on y lit: En dehors des
heures de service, le membre de la Fonction publique doit faire preuve de la
réserve qu'impose son rang dans la hiérarchie, lors de la
manifestation publique d'opinions politiques.
J'aimerais bien le savoir. Je ne vous le demanderai pas, parce que je ne
peux pas l'interpréter à gauche, à droite, en avant, en
arrière, en dessus, en dessous. Je demande, pour le
bénéfice des fonctionnaires, que vous nous disiez ce que cela
veut dire: faire preuve de la réserve qu'impose son rang dans la
hiérarchie, pour un fonctionnaire.
Si je suis fonctionnaire et que je lis cela, je vous avoue qu'il ne me
reste qu'une chose à faire, c'est de rester chez nous et même
plus, ne me présenter nulle part, même pas à un
théâtre, même pas si je vais voir une pièce d'une des
troupes africaines qui, actuellement, posent un certain nombre de
problèmes sociaux, parce que peut-être la réserve qui
s'impose à mon rang, dans la hiérarchie des fonctionnaires, me
défendrait de voir la pièce de la troupe africaine en question
qui conteste le régime et qui conteste la situation sociale dans
laquelle nous vivons.
J'aimerais bien savoir ce que vous voulez dire par votre article 10 et
je pense qu'il y a un maudit paquet de fonctionnaires qui aimeraient bien le
savoir également.
M. Parent (Hull): Cela ne changerait rien à la situation.
Quand nous parlons de la hiérarchie dans la fonction publique, je pense
qu'il est assez évident que nous parlons de cadres. Que nous retrouvions
un cadre...
M. Burns: ...du cadre, vous avez parlé de
hiérarchie.
M. Parent (Hull): Le député, si nous n'avions rien
fait, nous reprocherait de n'avoir rien fait.
M. Burns: Non.
M. Parent (Hull): Nous avonsfait quelque chose et...
M. Burns: Non, non. Ce n'est pas cela que je veux dire.
Arrêtez de charrier.
M. Parent (Hull): Je ne charrie pas, c'est vous qui charriez.
M. Burns: Non. Je vous demande simplement, lorsque vous
écrivez un texte, d'essayer de lui faire dire quelque chose qui soit
compréhensible, qu'on sache exactement ce qu'il veut dire. C'est
seulement cela que je vous demande. Pas plus, pas moins.
M. Parent (Hull): Vous ne comprendrez pas plus.
M. Burns: Voyons donc! Je vais comprendre. Il y a une chose que
j'ai apprise, par exemple. Quand on édicte un texte c'est un
principe de base de la législation vous faites de la
législation déléguée, à ce moment-là,
par voie de règlement, un des principes, probablement un des premiers,
dit qu'on ne légifère pas pour rien dire. Quand on dit quelque
chose, dans une législation, c'est parce qu'on veut que cela ait un
effet.
Quel effet voulez-vous que cela ait? C'est ce que je vous demande, pour
cet article 10. Je vous demande cela. Il me semble que je suis en droit de
demander cela, en mon nom personnel d'abord...
M. Parent (Hull): Je n'ai jamais dit que vous n'étiez pas
en droit. J'ai commencé à donner la réponse et,
immédiatement, vous m'avez interrompu.
M. Burns: Vous dites que, même en le clarifiant, je ne
comprendrais pas. Clarifiez-le et je vais savoir ce que vous voulez dire.
Là, je ne comprends vraiment pas ce que vous voulez dire. Je suis
convaincu je suis dans la bonne moyenne, au point de vue de
l'intelligence, je ne suis pas parmi les plus intelligents et je ne suis
pas parmi les moins intelligents je me dis que je me situe
à peu près dans la moyenne des fonctionnaires. Que pensez-vous
que les fonctionnaires vont comprendre là-dedans, s'ils sont dans la
même moyenne que moi?
M. Parent (Hull): Je pense qu'il est évident, en lisant le
texte, qu'on ne s'adresse pas à l'auxiliaire de bureau ou à un
commis de bureau. Je pense qu'il est évident qu'on s'adresse aux cadres,
à la direction.
M. Burns: Vous ne le dites pas dans cela.
M. Parent (Hull): Très bien. On ne le dit pas. C'est pour
cela qu'il y a tellement d'avocats et des juges, parce qu'à un moment
donné, l'avocat rédige un texte, l'autre ne le comprend pas et il
y a un juge qui...
M. Burns: M. le ministre, vous jouez avec... M. Parent (Hull):
Je ne joue pas.
M. Burns: ...avec les conditions de travail des fonctionnaires.
Rendez-vous donc compte de cela.
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Vous jouez avec les conditions de travail des
fonctionnaires, que vous leur imposez par en haut. Cela n'a pas
été négocié, à ma connaissance. Hein?
M. Parent (Hull): Pas du tout.
M. Burns: Justement. Vous leur imposez par en haut ces conditions
de travail. Au moins, soyez clair. C'est un minimum qu'on est en droit de
s'attendre de vous. Imposez-leur des choses, je ne suis pas tout à fait
d'accord; mais si vous leur en imposez et que vous décidez que, dans
votre article, vous devez leur en imposer, au moins, soyez clair, pour que les
gens sachent exactement qu'est-ce qui leur tombe sur la tête. Je pense
que cela est important.
M. Parent (Hull): Jusqu'ici, il n'y a rien qui leur est
tombé sur la tête, parce qu'aucun employé n'a
été assujetti à cette règle.
M. Burns: Non. On ne se contera pas de peur. Avec un paquet de
textes comme cela, on ne sait jamais ce qui va arriver à tomber sur la
tête, surtout quand vous avez des députés comme celui des
Iles-de-la-Madeleine et autres qui voient partout des subversifs et des
méchants et tout ce que vous voudrez. Voyons donc!
M. Parent (Hull): Je pense que le ministre n'a pas de
leçon à recevoir. Sur la question du député...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Tranquillement, relisez l'article 10 et mettez cela
dans la bouche du député des Iles-de-la-Madeleine. D'accord? Il
se plaint de la syndica-lisation partout, y compris chez les policiers
provinciaux. D'accord? Relisez cela dans cette optique et relisez-le dans
l'optique d'un certain nombre de députés fascistes que vous avez
chez vous. Vous allez voir exactement ce que cela veut dire...
M. Parent (Hull): Vous voulez parler des vôtres?
M. Burns: Non, non. Que vous avez chez vous. On va se dire
franchement les choses qu'on pense. Je n'ai pas l'intention de cacher ce que je
pense derrière l'article 10. Je vous le dis franchement.
Maintenant, je m'attends à une réponse aussi franche de
votre part. Que veut dire l'article 10?
M. Parent (Hull): Disons que l'article 10 s'applique, d'une
façon générale, aux cadres supérieurs. Quand on
parle d'une manifestation publique d'opinion politique, je verrais mal, par
exemple, qu'un sous-ministre soit un des démonstrateurs ou un de ceux
qui dirigent une manifestation à rencontre du gouvernement.
Je pense qu'il serait disgracieux qu'un employé, dans les cadres
supérieurs du gouvernement, soit celui qui dirige une opposition
à l'endroit du gouvernement qui est en place, quel que soit le
gouvernement.
Quand on parle de manifestation publique d'opinion politique, je pense
que le député de Maisonneuve il n'a pas de leçon
à recevoir dans ce domaine sait fort bien de quoi on parle.
M. Burns: Je sais fort bien aussi que, dans la Loi de la fonction
publique, vous avez une disposition très précise
là-dessus. Je pense que l'article 55 ou 56 détermine c'est
l'article 55 les droits d'un fonctionnaire.
Ce que j'ai de la difficulté à comprendre ce n'est
pas comme député de l'Opposition, c'est comme simple citoyen
d'abord...
M. Parent (Hull): On ne restreint pas son droit...
M. Burns: Non. C'est comme simple citoyen d'abord, et,
deuxièmement, comme avocat, que je me pose la question. Qu'est-ce que
cela veut dire: Doit faire preuve de la réserve qu'impose son rang dans
la hiérarchie? Où cela a-t-il été
déterminé, le rang dans la hiérarchie, d'une part, et la
réserve que le rang en question impose? Où puis-je trouver cela?
Est-ce qu'il y a moyen que je puisse me dire: Je pose tel geste, je me
présente à la manifestation; je suis sous-ministre adjoint de tel
ministère et je me présente à la manifestation du 1er mai,
en faveur des travailleurs?
Est-ce que c'est quelque chose qui fait preuve que je n'ai pas
utilisé la réserve qui s'impose à mon rang
hiérarchique? Où puis-je trouver cela? C'est le
problème.
M. Parent (Hull): Quand on est un cadre de la
fonction publique, je pense qu'on doit s'astreindre.
M. Burns: D'accord. A quelle hauteur cesse-t-on de s'astreindre?
Quel cadre? Ce n'est pas marqué.
M. Parent (Hull): Je parle de cadre.
M. Burns: M. le ministre, vous interprétez le
règlement. Vous le faites au fur et à mesure. C'est cela que je
vous dis. Si vous le faites au fur et à mesure que je vous pose des
questions, imaginez-vous comment les fonctionnaires peuvent se sentir. Est-ce
que cela arrête au niveau d'un directeur? Du directeur
général dans un ministère? Est-ce que cela va au niveau
des sténos-secrétaires? Est-ce que, en bas de
sténos-secrétaires, cela vise cela ou cela ne vise pas cela?
Où voyez-vous cela? Tout le long de vos deux règlements,
c'est cela. Une espèce d'ambiguïté absolue.
M. Parent (Hull): On dit que dans les textes législatifs,
administratifs, on sait fort bien de quoi on parle quand on les situe de cette
façon.
M. Burns: Non, parce que tout à l'heure... vous savez, il
y a un des principes de base: lorsque vous attaquerez un fonctionnaire
ce sera ainsi au niveau de la mise en application des pénalités
prévues par ces règlements vous ferez face à un
tribunal et quel qu'il soit, que ce soit la Commission de la fonction publique
ou autre, vous ferez face à un tribunal qui, en principe, n'est pas
censé connaître la situation.
Vous savez que c'est cela. Même le juge en droit civil, devant la
cour Supérieure, en principe, ne connaît pas son droit civil. Il
est évidemment connaissant, je ne nie pas cela. Il est connaissant de
son droit civil, mais en principe, il n'est pas censé connaître
cela et il n'est pas censé connaître non plus
l'interprétation que vous devez donner à l'article 10.
M. Parent (Hull): C'est à la charge des tribunaux
d'interpréter les lois.
M. Burns: Bien oui, imaginez-vous donc. Ils
l'interprètent; mais les gens qui se trouvent placés dans cette
situation, pour savoir quel genre de décision on va leur imposer
éventuellement et comment est-ce que, par rapport à eux, ils
peuvent savoir quelle va être l'interprétation. Est-ce que c'est
l'interprétation que le ministre vient de donner? Est-ce
l'interprétation que le ministre a donnée, ce matin, de l'autre
règlement? Dans des domaines flous où on tente de corriger des
situations et on prétend les corriger, avec des textes qui laissent une
latitude absolument extraordinaire, comme je n'en ai jamais vu dans des
textes.
Imaginez-vous un juge et je le blâme, non, je le plains, le
pauvre juge s'il est obligé de dire qu'un employé, qu'un
membre de la fonction publique a fait preuve ou n'a pas fait preuve de la
réserve qu'impose son rang dans la hiérarchie. Je n'aimerais pas
cela être placé dans la situation de ce pauvre juge, quel qu'il
soit, qu'il soit un juge...
M. Parent (Hull): Est-ce que vous prétendez que vous ne
serez jamais juge?
M. Burns: Cela ne m'intéresse même pas, cela n'est
pas du tout dans mes préoccupations. Je n'ai pas du tout l'intention
d'être à la remorque de quelque gouvernement que ce soit. Je n'ai
surtout pas l'intention de faire si vous me donnez cette ouverture
et je répète l'expression qui a choqué beaucoup de
juges, que la magistrature devienne le dépotoir du barreau. Lorsqu'un
politicien n'est plus bon, on le nomme juge. On a eu quelques exemples et
plusieurs exemples dans les années qui ont
précédé.
Je n'ai pas du tout l'intention de contribuer à cela. Si,
à un moment donné, je suis utile à quelque chose, je pense
que j'aurai la décence de reconnaître que je suis utile. Mais je
pense également que j'aurai la décence de ne pas laisser croire
au gouvernement en place que parce que j'ai été politicien
pendant un certain nombre d'années, je dois nécessairement
devenir juge. Vous en connaissez quelques-uns de vos collègues...
M. Parent (Hull): Je ne m'attends pas à cela.
M. Burns: ...qui, récemment, très récemment,
ont été nommés juges.
Il y en a même qui comparaissent devant nous actuellement.
M. Parent (Hull): Refermons la porte, je ne m'attends pas
à cela.
M. Burns: Ce n'est pas moi qui l'ai ouverte, la porte. J'aurai le
décence de dire, si on me nomme à la cour d'expropriation: Je ne
connais rien là-dedans. D'accord? Comme si on me nomme à la
Commission des transports, comme si on me nomme à la Commission du
salaire minimum comme si on me nomme peut-être que je dirais
différemment à la Commission du salaire minimum ou
à la Commission des accidents du travail.
Je pourrais vous donner d'autres exemples, vous voulez. C'est clair?
Vous savez ce que je ve dire?
Revenons à nos moutons. Si vous trouvez ce clair, l'article
10.
M. Parent (Hull): Assez clair.
M. Burns: Clair.
M. Parent (Hull): Assez.
M. Burns: Pour vous?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Pour les fonctionnaires?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: Aussi? Ils savent ce que cela veut dire faire preuve de
la réserve qui impose son rang?
M. Parent (Hull): Cela veut dire qu'on ne s'oppose pas à
un gouvernement qui l'emploie. C'est aussi clair que cela.
M. Burns: Pourquoi vous ne le dites pas dans votre texte, comme
cela?
M. Parent (Hull): Bien, ce n'est pas moi qui rédige, je ne
suis pas avocat.
M. Burns: Mais est-ce que vous êtes d'accord quand
même, avec votre bon sens de bon père de famille; en droit, c'est
une...
M. Boudreault: ...on la comprend, cette phrase.
M. Burns: C'est justement, c'est cela. En tout cas, ce n'est pas
à vous que je pose les questions, c'est au ministre.
M. Boudreault: Oui.
M. Burns: De toute façon, je veux dire...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: J'aime autant poser les questions au ministre.
M. Boudreault: C'est préférable. Le
Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Oui, bien je ne vous dirai par pourquoi je
préfère poser les questions au ministre.
M. Parent (Hull): C'est parce qu'il est obligé.
Le Président (M. Gratton): Non, non, messieurs, s'il vous
plaît.
M. Boudreault: Mais vous savez qu'il veut devenir juge...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Ne nous lancez pas dans une autre affaire, cela
pourrait être long.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Cela pourrait être bien plus long. Vous avez
raison, M. le Président.
Je vous dis simplement que le bon critère dans
l'interprétation du droit, et avec l'interprétation aussi ou le
dicton que nul n'est censé ignorer la loi, c'est: Qu'est-ce qu'un bon
père de famille comprend dans cela? C'est-à-dire qu'est-ce qu'une
personne raisonnable normale dans une société comprend?
M. Parent (Hull): Je comprends une chose, si l'Etat m'emploie, je
ne combattrai pas l'Etat.
M. Burns: Oui.
M. Parent (Hull): Je comprends cela.
M. Burns: Je suis bien d'accord sur cela.
M. Parent (Hull): Mais, si je ne suis pas d'accord avec l'Etat,
je pense que je dois démissionner et le combattre. C'est clair.
M. Burns: C'est pour cela, à ce moment, qu'on fait une
vérification de l'allégeance politique, pour voir si c'est du bon
côté, ou si ce n'est pas du bon côté. Est-ce que
c'est cela, pour être sûr que la personne ne combattra pas l'Etat,
au sens où vous le dites?
M. Parent (Hull): Je n'ai pas souligné, j'ai même
mentionné, l'autre jour, que la question de l'allégeance, ce
n'est pas une prérogative qui doit exister.
M. Burns: Est-ce que, dans le fond, ce que je vous demande...
M. Parent (Hull): C'est l'intérêt de chacun.
M. Burns: Ce que je vous demande, est-ce que, dans le fond,
l'article 10 ne va pas plus loin que l'article 55 de la Loi de la fonction
publique?
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: Non.
M. Parent (Hull): L'article 55 permet...
M. Burns: En dehors des périodes électorales.
M. Parent (Hull): ... en dehors des périodes
électorales, d'appartenir à un parti politique, de militer
à l'intérieur d'un parti politique. Mais ici, on ne parle pas de
militantisme, on parle de manifestants.
M. Burns: De manifestations publiques d'opinions politiques.
M. Parent (Hull): Oui. Pour avoir des manifestations, cela prend
des manifestants.
M. Burns: C'est un des droits de base de n'importe quel citoyen
d'avoir des opinions politiques.
M. Parent (Hull): Je suis d'accord qu'on ait des opinions
politiques.
M. Burns: Bien oui!
M. Parent (Hull): Mais, si on est à l'intérieur de
la fonction publique...
M. Burns: Puis un fonctionnaire, à ma connaissance, c'est
un citoyen.
M. Parent (Hull): Mais, si on est à l'intérieur de
la fonction publique, je crois qu'à ce moment, c'est insensé. Si
on est contre le gouvernement, qu'on sorte du gouvernement. C'est aussi simple
que cela. Si on veut le combattre...
M. Burns: C'est cela que ça veut dire, l'article 10.
M. Parent (Hull): Qu'on ait fait du militantisme, j'en suis, du
militantisme paisible, il n'y a aucun problème, mais qu'on aille
jusqu'à faire des manifestations ouvertes contre le gouvernement, voyons
donc! ce n'est pas tolérable dans une société.
M. Burns: Vous interprétez les mots "manifestations
publiques" dans le sens de pancartes dans la rue, etc. C'est cela que vous
voulez dire?
M. Parent (Hull): Vous avez des marches sur le parlement
régulièrement.
M. Burns: C'est cela que vous voulez dire.
M. Parent (Hull): Je verrais mal un fonctionnaire du gouvernement
participer aux manifestations.
M. Burns: Non, je vous pose la question. "Manifestations
publiques" veut dire: marche dans la rue, pancartes, etc? C'est cela que vous
voulez dire par manifestations publiques?
M. Parent (Hull): Oui.
M. Burns: C'est cela? Déjà, cela limite pas mal. Je
suis convaincu que ce n'est pas cela que les gens pensaient...
M. Parent (Hull): Je ne parle pas de militantisme à
l'intérieur d'un parti politique.
M. Burns: Je suis convaincu, M. le ministre, avec tout le respect
que j'ai pour vous, que ce n'est pas cela que les gens pensaient quand ils ont
fait le règlement.
M. Parent (Hull): Je pense que c'est assez clair.
M. Burns: Je pense qu'il faudrait peut-être
vérifier.
M. Parent (Hull): Manifestations publiques d'opinion
politique.
M. Burns: Oui.
M. Parent (Hull): Je pense qu'à ce moment c'est assez
clair. C'est parce que le député voulait savoir jusqu'où
j'irais, puis il veut aller à la pêche.
M. Burns: Non, M. le Ministre, je vais être charitable
à votre égard. Voulez-vous vérifier auprès de M.
Chouinard, avant de me donner cette réponse? D'accord?
M. Parent (Hull): Non, je vous donne mon opinion.
M. Burns: Non, vérifiez donc. D'accord?
Vérifiez donc ce que cela veut dire: "manifestations publiques
d'opinions politiques" d'accord? Je ne vous en tiendrai pas rigueur de m'avoir
répondu ce que vous venez de me répondre. Parce que, si c'est
cela, M. le Président, il n'y en a vraiment pas de problème.
D'accord? Parce que des fonctionnaires qui se promènent dans la rue avec
des pancartes, l'occasion se présente de moins en moins. Si c'est cela
le problème, il n'y en a pas de problème.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas eu de difficulté à
l'application.
M. Burns: Non, vous n'avez pas eu de difficulté, sauf que
cela, c'est ce que vous dites, vous. Moi, ce qui m'inquiète, c'est
comment on va l'interpréter au gouvernement. D'accord? C'est à
vous que je suis obligé de demander cela. Je ne suis pas pour le
demander au ministre de la Justice, je ne suis pas pour faire le tour de tous
les autres ministères pour leur demander, comme vous me demandez de le
faire pour les occasionnels. En tout cas, je...
M. Parent (Hull): Je prends bonne note de votre suggestion.
M. Burns: Je vous demanderais tout simplement, en terminant
là-dessus on n'est pas pour s'éterniser toute la
soirée sur cet article 10 de vous faire donner une
interprétation dans les faits de ce que veut dire l'article 10.
D'ailleurs, peut-être qu'elle est en train de se faire, cette
interprétation, parce que j'imagine qu'il y a des gens qui ont
écouté ce qu'on était en train de dire par l'entremise du
micro qui est devant nous. Elle est peut-être en train de se faire. Je
souhaite qu'elle soit en train de se faire.
On va passer à un autre sujet, M. le Président, si vous
voulez bien. Il y a, à plusieurs reprises... Vous avez quelque chose
à ajouter, M. le ministre?
M. Parent (Hull): Non.
M. Burns: Vous avez une nouvelle interprétation à
nous donner?
M. Parent (Hull): Je vous écoute attentivement et
religieusement.
M. Burns: Cela fait deux fois que vous changez d'idée. Une
troisième fois, ce n'est pas grave. Jamais deux sans trois.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
Je pense qu'on a complété la question du code
d'éthique. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Gratton): Le prochain sujet.
M. Burns: Tout en disant, M. le Président, en terminant
sur ce sujet, que je trouve cela particulièrement important. Le jour
où le gouvernement employeur n'oubliez jamais cela
enlève son chapeau d'employeur puis prend son chapeau de
législateur et l'impose aux gens pour qui il est employeur, il faut
qu'il fasse doublement attention à la façon dont il rédige
des codes d'éthique, des règlements pour les employés
occasionnels, etc.
Il me semble que c'est le minimum de décence qui doit s'appliquer
à une saine politique de relations patronales-ouvrières en
matière de fonction publique. C'est mon opinion, j'ai peut-être
tort, mais il me semble que c'est une des règles de base.
M. Parent (Hull): Nous sommes conscients et prudents.
M. Burns: Au contraire, M. le ministre, vous n'avez pas l'air
d'être prudent du tout. Vous sortez des textes comme si cela sortait de
la cuisse gauche du Jupiter, cette affaire. Aucun problème: nous avons
décidé que c'était cela. Vous ne savez même pas ce
que cela veut dire, même pas.
M. Boudreault: C'est parce que c'est trop clair pour vous
autres.
M. Burns: D'accord, M. le Président. Je m'excuse, je
reviens à mon sujet.
M. le député de Bourget, voulez-vous m'expliquer l'article
10, s'il vous plaît. Voulez-vous me donner...
M. Boudreault: C'est trop clair pour vous autres.
M. Burns: Voulez-vous me donner...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Non, les farces on va les faire ensemble.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Burns: Le député de Bourget, dans sa grande
sagesse, va nous expliquer toutes les implications...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Boudreault: Je n'ai pas posé de question.
M. Burns: Non, je vous en pose une, moi. Cela fait trop longtemps
que ça vous tente...
Le Président (M. Gratton): Le député de
Maisonneuve me permettra...
M. Burns: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Un instant, vous savez fort
bien que...
M. Burns: Voyons donc, M. le Président ..
Le Président (M. Gratton): ...il n'est pas de votre
domaine de poser des questions à un autre membre de la commission.
M. Burns: M. le Président, c'est un membre de la
commission.
Le Président (M. Gratton): D'autant plus que vous aviez
admis qu'on avait terminé l'étude de cette question.
M. Burns: Ce n'est pas moi qui ai ramené cela, M. le
Président.
Le Président (M. Gratton): Je suis sûr que tout le
monde s'excuse de l'avoir ramenée.
M. Boudreault: C'est parce qu'on ne veut pas que des
péquistes fonctionnaires paradent dans la rue, c'est clair.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Boudreault: C'est cela qu'on veut.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Est-ce que je peux poser une question au
député de Bourget?
Est-ce que le député de Bourget peut me donner... Vous
avez lu l'article 10, je présume, vous savez ce que veut dire l'article
10?
M. Boudreault: Non, je n'en ai pas pris connaissance.
J'en ai entendu parler, mais je n'en ai pas pris connaissance.
M. Burns: Est-ce que vous pouvez me dire quelle est votre
interprétation de l'article 10, M. le député de
Bourget?
Le Président (M. Gratton): Je pense que le
député de Bourget a déjà indiqué qu'il n'a
pas l'intention de répondre à la question du député
de Maisonneuve.
M. Burns: Si je vous indiquais, M. le Président, que moi,
j'ai l'intention de lui reposer la question jusqu'à ce qu'il dise qu'il
arrête de se mêler de choses qu'il ne connaît pas, s'il ne
connaît pas cela.
M. Boudreault: Je l'ai compris comme vous, je le comprends, moi?
l'article.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: S'il connaît cela, donnez-lui la chance de
répondre.
M. Boudreault: Je vous l'ai dit...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Boudreault: Je l'ai donnée, la réponse.
M. Burns: C'est quoi votre réponse?
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Boudreault: C'est clair, on dit qu'on ne veut pas de
fonctionnaires péquistes qui paradent dans la rue, c'est clair.
M. Burns: C'est cela que veut dire l'article 10,
M. Boudreault: C'est cela que veut dire l'article.
M. Burns: L'article 10 veut dire cela.
M. Boudreault: A part cela, c'est indécent de votre
part...
M. Burns: Avec des pancartes. Deux par deux, trois par trois ou
un par un ou quoi?
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Boudreault: ... de vous promener avec des pancartes.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
Pourriez-vous au moins vous adresser à moi, je m'ennuie.
M. Burns: M. le Président, si je comprends bien, en
passant par vous, et visant le député de Bourget...
Le Président (M. Gratton): II va le sentir. M. Burns: II
le sent.
M. Boudreault: Je le sens d'ici.
M. Burns: Si je comprends bien, M. le Président, le
député de Bourget vient de nous donner son interprétation.
Il s'agit de manifestations dans la rue, n'est-ce pas, avec des pancartes,
surtout des pancartes tenues par des péquistes, c'est ça?
M. Boudreault: C'est ça.
M. Burns: C'est cela qu'on vise par l'article 10.
M. Boudreault: C'est votre travail.
M. Burns: C'est votre interprétation, c'est clair. C'est
ainsi que vous comprenez ça.
M. Boudreault: Moi, je le comprends comme ça.
Le Président (M. Gratton): A Tordre!
M. Burns: Parfait, c'est beau cela.
Cela règle un bon paquet de mes problèmes.
Le Président (M. Gratton): Prochain sujet. M. Burns:
D'accord.
Le Président (M. Gratton): On peut maintenant passer au
prochain.
M. Burns: D'accord, mais je pourrai citer à l'avenir le
député de Bourget. Quand, à un moment donné, on me
parlera d'un certain nombre de choses sérieuses, je pourrai citer en
riant le député de Bourget.
Le Président (M. Gratton): Prochain sujet.
M. Burns: M. le Président, il y a un des
problèmes...
M. Boudreault: Le député de Maisonneuve s'amuse,
parce qu'ils ont du "fun" en arrière.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! S'il vous
plaît.
M. Burns: Non, mais je pense que le député de
Bourget veut me parler, M. le Président.
Est-ce que c'est un complément d'interprétation que vous
voulez me donner?
M. Boudreault: Continuez, M. le député de
Maisonneuve. Je vous écoute.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! Vous risquez que je
demande un vote quelconque, puis on va être obligé de constater
que...
M. Burns: Qu'il n'y a pas quorum?
Le Président (M. Gratton): Oui.
M. Burns: Oui. C'est peut-être cela qu'on va constater
qu'il n'y a pas quorum. Je vous demande de vérifier s'il y a quorum.
Le Président (M. Gratton): II n'y a pas quorum.
M. Burns: C'est ça.
Le Président (M. Gratton): II n'y a pas de cloche. Est-ce
qu'on ajourne ou si on va essayer de trouver des députés?
M. Burns: C'est tout, on veut niaiser, il n'y a pas quorum.
Le Président (M. Gratton): La commission suspend ses
travaux pour quelques minutes. La séance est ajournée sine
die.
(Fin de la séance à 21 h 40)
ANNEXE PROGRAMME DE FORMATION ACCELEREE DE FUTURS
CADRES
Le Conseil des ministres a approuvé à sa réunion du
19 mars 1973 un programme de formation accélérée de futurs
cadres supérieurs de la fonction publique dont vous trouverez le texte
annexé à la présente.
Ce programme complémentaire aux programmes de perfectionnement
déjà existants a pour objectif de permettre à de jeunes
employés du Gouvernement du Québec de se préparer, dans le
cadre d'un cheminement de carrière accéléré,
à accéder à des postes de cadres supérieurs dans la
fonction publique.
Comme vous le constaterez à la lecture du texte, le succès
de l'entreprise dépendra largement du secrétaire permanent du
programme dont le choix sera fait par le jury responsable du programme de
formation accélérée.
Le secrétaire permanent du programme devra avoir quelques
années d'expérience reliées aux responsabilités du
poste notamment dans la gestion du personnel ou la formation des adultes ou
dans l'administration générale. Il devra également bien
connaître la fonction publique québécoise, être
capable de susciter la collaboration d'organismes para-publics, de
gouvernements municipaux et provinciaux, du gouvernement fédéral,
d'institutions d'enseignement ou de tout autre organisme public ou privé
dont il pourrait être nécessaire d'obtenir le concours. Il aura
enfin démontré ses qualités de gestionnaire en tant
qu'adjoint aux cadres supérieurs ou administrateur. Compte tenu de son
classement actuel, le candidat choisi se verra accorder une promotion
jusqu'à un niveau maximum d'administrateur classe II.
Si ce défi vous intéresse, veuillez adresser avant le 9
mai 1975 votre candidature au Président de la Commission de la fonction
publique en utilisant le questionnaire OFFRE DE SERVICEPERSONNEL
PROFESSIONNEL ET DE CADRE et indiquer le numéro de concours C820EH. Le
jury souhaite que vous accordiez une attention particulière à la
question 28 du questionnaire OFFRE DE SERVICE dans laquelle vous devez indiquer
les principales réalisations de votre carrière.
Le 14 avril 1975 La Commission de la fonction publique
Québec, le 19 mars 1975
MEMOIRE DU PRESIDENT DU CONSEIL DU TRESOR ET DU MINISTRE DE LA FONCTION
PUBLIQUE
AU CONSEIL DES MINISTRES
Sujet: Programme de formation accélérée de futurs
cadres supérieurs de la fonction publique
Le présent mémoire a pour objet de présenter les
éléments essentiels d'un programme visant à la formation
accélérée de futurs cadres supérieurs et d'en
recommander l'approbation à titre de projet-pilote.
A. Objectif du programme
Dans le but d'améliorer la qualité de la gestion au niveau
de la gérance supérieure par une préparation plus
systématique et plus immédiate de la relève à
prévoir, il apparaît souhaitable que le gouvernement du
Québec mette en oeuvre, à titre de projet-pilote dans un premier
temps, un programme limité de formation accélérée
de cadres de la fonction publique. Ce programme aurait pour objectif de
permettre à de jeunes employés à l'emploi du Gouvernement
du Québec de se préparer, dans le cadre d'un cheminement de
carrière accéléré, à accéder à
des postes de cadres supérieurs dans la fonction publique.
Un tel programme serait complémentaire aux diverses
activités de perfectionnement réalisées par le
ministère de la Fonction publique, par d'autres ministères et
organismes, et aux programmes offerts par l'Ecole nationale d'administration
publique.
B. Principales caractéristiques du programme 1. Chaque
année (en juin), un groupe de 20 jeunes employés du gouvernement
(10 pour 1975/76) seraient choisis, en fonction de critères
exposés plus loin, aux fins de participer à un "plan
accéléré de carrière".
2. Ce "plan accéléré de carrière"
comporterait les éléments suivants: a) le plan individuel
s'étendrait sur une période de 4 ou 5 ans, l'hypothèse
étant faite que le candidat, indépendamment de sa classification
au moment où il s'engage, serait en mesure d'atteindre au terme de cette
période le niveau d'administrateur. b) les étapes
énumérées ci-après seraient prévues (par,
nécessairement dans le même ordre pour tous les candidats): -
Assignation dans un poste de l'administration régionale des
ministères ou organismes, mais en dehors de Québec et de
Montréal; - Assignation dans un poste d'autres administrations
provinciales, fédérales ou municipa- les; - Assignation dans un
stage de formation en administration publique, soit à l'Ecole nationale
d'administration publique, soit dans le cadre de programmes spéciaux du
gouvernement fédéral ou d'autres institutions; - Assignation dans
un organisme central du Gouvernement du Québec dans un poste de travail
axé sur la gestion (gestion du personnel, gestion financière,
autre gestion administrative); - Assignation dans un poste de l'entreprise
privée; - Assignation dans une entreprise para-gouvernementale; -
Assignation dans un poste administratif du réseau des secteurs des
Affaires sociales ou de l'Education; - Affectation à un projet de
recherche spécifique; - Affectation à un projet spécifique
d'intervention dans le ministère d'origine; - Assignation
spéciale soumise par le candidat et acceptée par le jury. c)
Quatre de cesétapes seraient obligatoires (au choix du jury après
discussion avec lecandidat). 3. Le choix des candidats et leur
évaluation en cours de programme se feraient selon les critères
et les procédures décrits ci-après: a) Conditions
d'admissibilité: - Expérience: Hommes: 5 à 8 ans
d'expérience dans la fonction publique
Femmes: 3 à 8 ans d'expérience dans la fonction publique
(3 à 6 ans dans la fonction publique si expérience
antérieure) - Age minimum: Hommes: 27 ans
Femmes: 25 ans - Age maximum: 35 ans - Classification minimum:
professionnel, classe II ou classification équivalente à agent de
maîtrise b) Critères de sélection: - Qualité de la
formation professionnelle; - Appréciation du rendement passé et
présent dans l'exécution des tâches; - Evaluation des
potentialités de développement comme gestionnaire
supérieur de la fonction publique. c) Procédure de
sélection:
(a) Chaque année, en mars (en juin pour 1975) chaque sous-chef
des ministères ou organismes dont le personnel est assujetti à la
Loi de la fonction publique devrait fournir le dossier d'un candidat au moins.
Ces dossiers seraient établis en fonction des critères
mentionnés en b) et devraient être accompagnés d'une lettre
d'évaluation du sous-chef. Tout employé admissible pourrait aussi
prendre l'initiative de soumettre par écrit une demande de candidature
à son sous-chef, exposant les motifs à l'appui. Il enverrait
copie de cette demande au président du jury, qui en accuserait
réception seulement (sauf cas exceptionnels). De son côté,
le sous-chef établirait alors le dossier et soumettrait une demande
formelle au jury en lui faisant parvenir une lettre d'évaluation de
l'employé.
(b) Les dossiers seraient étudiés par un jury
spécialement créé à cette fin et composé de
huit (8) membres: - Membres "ex officio":
Le secrétaire général du Conseil
exécutif;
Le secrétaire du Conseil du trésor;
Le président de la Commission de la fonction publique;
Le sous-ministre de la Fonction publique. - Membres nommés par le
Conseil du trésor (pour la phase de mise en oeuvre du programme);
Trois (3) sous-chefs;
Une personne de l'extérieur de la fonction publique.
(c) Le jury ferait la sélection en deux étapes: - Examen
des dossiers (première élimination); - Entrevues avec les
candidats (choix final).
(d) Lors de l'entrevue, le jury discuterait avec le candidat des grandes
lignes de son "plan accéléré de carrière". Ce plan,
dans le cas des candidats sélectionnés, serait ensuite mis au
point par le secrétariat permanent du jury et soumis de nouveau à
ce dernier pour approbation finale. d) Procédure
d'évaluation:
Avant la fin de chaque étape de son plan individuel, le candidat
soumettrait au jury un rapport personnel sur le travail qu'il a effectué
durant cette période. Le jury se chargerait d'obtenir de ses
supérieurs une évaluation de son rendement. Une recommandation
favorable de trois membres du jury (après entrevue, le cas
échéant) serait nécessaire avant que le candidat ne passe
à l'étape suivante. Si la recommandation du jury était
négative, le candidat serait intégré dans son cheminement
normal de carrière, sans pénalité. 4. La promotion et
l'affectation des personnes ayant suivi le "plan accéléré
de carrière" ne résulteraient pas d'un engagement formel initial
de la part de l'autorité compétente. Chacune des étapes de
formation franchie avec succès pourrait faire l'objet d'un avancement
accéléré d'échelon sur recommandation favorable du
jury. Au cours de la période de formation ou à son terme, le
candidat pourrait bénéficier d'une rémunération
additionnelle compte tenu des responsabilités exercées. Au terme
de sa formation, la nomination d'un candidat à un poste d'administrateur
serait faite par qui de droit en suivant la procédure en vigueur dans la
fonction publique. 5. Tout au moins dans une phase initiale de deux ou trois
années, il apparaîtrait opportun de confier l'administration de ce
programme au Conseil du trésor, de façon que la mise en place des
mécanismes puisse s'effectuer en réduisant au minimum les
délais requis en ce qui concerne notamment les modifications aux plans
d'effectifs. Le Conseil dispose dans son budget propre des sommes
nécessaires à la mise en marche du programme.
La nomination d'un secrétaire permanent du programme,
détaché du ministère de la Fonction publique,
apparaît en prérequis essentiel au succès de
l'entreprise.
Il jouera notamment un rôle-clé dans la mise au point de
protocoles d'ententes relatifs aux assignations des participants au programme
dans les divers organismes visés au paragraphe B.2.
Le jury, dont la composition a été décrite plus
haut, pourrait être chargé du choix de ce secrétaire
permanent.
EN CONSEQUENCE, le président du Conseil du trésor et le
ministre de la Fonction publique, celui-ci ayant reçu un avis favorable
de la part du Comité chargé par ce dernier d'étudier les
divers aspects d'une politique de gestion des cadres du gouvernement,
recommandent:
QUE soit approuvé, en principe, le programme de formation
accélérée des cadres de la fonction publique exposé
dans le présent mémoire;
QU'il reçoive le mandat de préparer un projet
d'arrêté en conseil pour fins d'approbation formelle du
programme.
Raymond Garneau Oswald Parent