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Etude des crédits du ministère de ta
Fonction publique
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de la fonction publique se réunit
pour étudier les crédits budgétaires du ministère
de la Fonction publique pour l'année financière se terminant le
31 mars 1978. Les membres de la commission aujourd'hui sont: M. Bellemare
(Johnson), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Caron (Verdun), M. Chevrette
(Joliette), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Dussault (Châteauguay), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M. Grégoire (Frontenac),
M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Le Moignan
(Gaspé), M. Marchand (Laurier), M. Marcoux (Rimouski), M. Ouellette
(Hull), M. Picotte (Maskinongé) et M. Vaillancourt (Orford). Je pense,
messieurs, qu'il y aurait lieu à ce stade-ci de suggérer un
rapporteur pour la commission. Puis-je en suggérer un?
M. Bellemare: M. Dussault qui est là? Vous pouvez
l'étrenner?
M. Dussault: M. le Président, je suis disposé
à faire le travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Dussault? M. Dussault est nommé rapporteur de la commission.
Programme 1.
M. Bellemare: Je pense que c'est une tradition dans les
commissions parlementaires...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
d'accorder la parole à M. le ministre?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
même l'élément 1?
M. Bellemare: Pardon?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
même l'élément 1?
M. Bellemare: Oui. C'est une tradition dans toutes les
commissions parlementaires que ce soit l'exposé du ministre d'abord,
ensuite l'Opposition officielle et le parti de l'Union Nationale en
dernier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Puisqu'il s'agit d'une première, je prends note de toutes vos
suggestions...
M. Bellemare: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que M. Bellemare a raison, il
appartient au ministre de nous expliquer un peu les vues de son
ministère pour l'année qui s'en vient. Nous sommes prêts
à l'écouter.
Exposé général du ministre M.
Denis de Belleval
M. de Belleval: D'accord. Alors, M. le Président, je
voudrais tout d'abord faire un simple rappel de la structure de programme du
ministère de la Fonction publique et des organismes qui dépendent
du ministre de la Fonction publique et expliquer ensuite brièvement les
priorités du ministère pour les prochains mois. Le premier
programme général du ministère s'appelle: Gestion du
personnel et aménagement des conditions de travail dans les secteurs de
la Fonction publique et du péripublic. C'est au fond le programme qui
est sous la responsabilité directe du ministère de la Fonction
publique. La structure du ministère n'a pas été
modifiée récemment. Le programme, en général, vise
à améliorer la connaissance du personnel de la fonction publique,
à conseiller les ministères et organismes en matière
d'organisation administrative et de développement des ressources
humaines, à préparer les négociations des conventions
collectives dans les secteurs de la fonction publique et du péripublic
et en coordonner l'application.
Il vise également le paiement des bénéfices, des
avantages sociaux et autres contributions du gouvernement à titre
d'employeur. Sous ce rapport, en termes absolus, cet élément de
programme comprend la plus grande partie des crédits du
ministère, comme nous le verrons plus loin.
Le deuxième programme important concerne les régimes de
retraite et assurance collective sur la vie des fonctionnaires ou
employés publics. C'est, bien sûr, la Commission administrative du
régime de retraite, la CARR, qui relève du ministre de la
Fonction publique, qui assume la responsabilité d'application de ce
programme.
Ce matin, avec moi, j'ai ici, le sous-ministre de la Fonction publique
qui est responsable du programme 1, M. Claude Bélanger. Et, au niveau du
programme 2, c'est-à-dire la Commission administrative du régime
de retraite, M. Monfette, à ma gauche, qui est le
président-directeur général de la Commission
administrative du régime de retraite.
D'autres fonctionnaires sont également avec moi, entre autres,
à ma droite, M. Gaston Lefebvre, qui est sous-ministre adjoint et plus
particulièrement responsable des relations de travail, de la
négociation et de l'application des conventions collectives.
Le troisième programme important concerne la Commission de la
fonction publique. M. Gérin, le président de la commission, se
joindra à nous ultérieurement, au cours des travaux de la
commission. Cette commission relève aussi du ministre de la Fonction
publique, mais est constituée comme un organisme autonome; elle est
principalement responsable du recrutement des employés du gouvernement
et de leur classification.
En ce qui concerne les priorités du ministère pour les
prochains mois, la première de ces priorités a trait, comme le
discours inaugural l'a mentionné, à la refonte globale de la Loi
de la fonction publique. La loi, malgré quelques amendements survenus
durant les dernières années, date maintenant d'une quinzaine
d'années, je pense.
La Loi de la Commission de la fonction publique, remonte à une
quinzaine d'années, au début des années soixante, et la
loi du ministère elle-même, à 1968-1969.
Il est donc temps que le gouvernement se penche sur les fondements
mêmes qui ont été à l'origine de ces lois, sur les
nouveaux objectifs et les nouveaux moyens que nous devons mettre en
application, en ce qui concerne la gestion du personnel gouvernemental.
J'aurai peut-être le loisir de répondre aux questions que
vous aurez à me poser à ce sujet, mais la réforme que nous
envisageons aura deux objectifs principaux.
Premièrement, renforcer les mécanismes qui font que le
recrutement des employés doit être fait en dehors de tout
favoritisme et selon la règle du mérite. Deuxièmement,
aussi, redonner aux gestionnaires responsables, c'est-à-dire, au
ministre de la Fonction publique et aux différents ministres, une plus
grande responsabilité directe dans la gestion de leur personnel. En
particulier en ce qui concerne la classification de ce personnel, la
mobilité, la promotion, etc.
La deuxième priorité a trait à la réforme du
système des relations de travail dans les secteurs public, parapublic et
péripublic afin d'assurer une meilleure cohérence, bien sûr
d'une part, dans le déroulement des négociations collectives et
aussi d'assurer un meilleur climat social dans l'ensemble du Québec,
puisque, aujourd'hui, au Québec comme dans beaucoup d'autres Etats, les
services publics prennent une part de plus en plus large dans l'ensemble de la
société. Je n'ai pas besoin d'insister sur les pertubations que
nous avons vécues comme société depuis une dizaine
d'années dans le domaine des relations de travail,
particulièrement dans les secteurs public et parapublic.
Cette responsabilité de la réforme d'ensemble des
négociations collectives dans le secteur public ne relève pas
comme telle exclusivement du ministère de la Fonction publique mais,
bien sûr, aussi des ministères de l'Education et des Affaires
sociales et, au niveau de la coordination d'ensemble des opérations, du
Conseil du trésor.
Toutefois, comme, jusqu'à présent, c'est le ministre de la
Fonction publique qui a été chargé de la coordination
générale des dossiers en matière de relations de travail,
tant dans le secteur particulier de la fonction publique que dans le sec- teur
péripublic ou parapublic, je pense qu'il est normal que j'en fasse
état ici. Nous pourrons en discuter peut-être un peu plus en
détail à l'occasion de cette commission ou, si vous le
préférez, à l'occasion de l'étude des
crédits du Conseil du trésor.
Troisièmement, au niveau, non pas des objectifs et du cadre
légal, mais au niveau même du contenu des opérations, le
premier ensemble de politiques que j'aimerais mettre en place au cours des
prochains mois concerne la gestion du personnel, des cadres supérieurs
du gouvernement et, par ricochet, de ce qu'on appelle les agents de
maîtrise, les cadres intermédiaires et les corps de
professionnels, de façon à assurer une utilisation optimale des
ressources que nous avons dans ce domaine, à augmenter la motivation des
personnes en cause, à assurer un perfectionnement continu de ces
ressources, en particulier par des règles nouvelles de promotion et de
mobilité de ces employés.
En quatrième lieu, d'autres politiques toucheront
l'égalité des chances pour la femme à l'emploi de la
fonction publique, de façon à mieux équilibrer la
répartition entre les employés masculins et féminins
à tous les échelons de la fonction publique, à assurer aux
employés féminins des cheminements de carrière normaux et
semblables à ceux des employés masculins et, à tous
égards, à éliminer encore davantage les discriminations,
les sujets de discrimination entre les employés masculins et
féminins dans la fonction publique.
En cinquième lieu, nous créons effectivement une nouvelle
direction générale qui apparaît déjà au plan
d'organisation du ministère, mais qui n'avait jamais été
effectivement mise en place, la direction générale de
l'organisation administrative, qui assurera la conduite d'études et de
projets de recherche visant à accroître l'efficacité de la
fonction publique en général, qui servira, à toutes fins
pratiques, de consultant principal auprès des ministères pour
l'amélioration de leurs procédés administratifs,
l'utilisation optimale de leur personnel, l'augmentation de la
productivité, en général, des opérations par une
meilleure adéquation entre les tâches à faire et la
dotation en personnel dont ces différents organismes
bénéficient.
Finalement, au niveau de la gestion du personnel, en ce qui concerne
l'automatisation des moyens de gestion et des moyens d'information, il y aura
la mise en oeuvre d'un nouveau système automatisé de
l'information et de la gestion du personnel avec accès direct, par les
différents ministères, aux fichiers centraux par le biais des
mécanismes de télétraitement.
M. le Président, c'est, dans l'ensemble, la structure
administrative et les priorités du ministère pour les prochains
mois. Pour ce qui est du budget proprement dit des effectifs du
ministère, nous pourrons peut-être en parler en s'attaquant
directement aux articles précis qui touchent à ces
différents points.
Commentaires de l'Opposition
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député d'Orford.
M. Georges Vaillancourt
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, comme nous
avons pu le constater, le ministre de la Fonction publique a l'intention de
continuer le programme que s'était tracé son
prédécesseur, c'est-à-dire la réforme de la Loi de
la fonction publique. Sur ce point, je le félicite, car je pense qu'il y
a de nombreuses années que cette loi est dépassée par les
événements et il est absolument nécessaire que cette loi
soit refondue totalement car, aujourd'hui, elle ne répond plus aux
besoins de l'heure.
Et je pense aussi que, dans cette nouvelle loi, il serait bon de penser
à ce qu'il y ait une structure pour obtenir une plus grande surveillance
des fonctionnaires dans certains ministères, car nous avons
constaté que, dans plusieurs ministères, la productivité
laisse réellement à désirer.
Je ne sais pas si cela relève du ministère de la Fonction
publique ou si cela relève de la gestion des ministères en
particulier, mais je pense que la structure devrait être pensée
par le ministère de la Fonction publique et appliquée par les
ministères concernés.
Je n'ai pas de grandes observations à faire à ce
moment-ci, étant donné qu'il n'y a eu aucun changement au
ministère de la Fonction publique depuis le prédécesseur
du titulaire, mais nous aurons probablement plusieurs questions à poser
au cours de l'étude des programmes article par article.
Pour ma part, je n'ai pas d'autres commentaires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Monsieur
le représentant de l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, le ministre de la Fonction
publique a certainement raison de se présenter ce matin avec son plus
beau sourire, celui qui le caractérise habituellement. Je mets
habituellement.
M. de Belleval: Toujours.
M. Bellemare: II est l'un des seuls rescapés du fameux
budget d'avant-hier, il a échappé au régime
d'austérité, parce qu'il jouit d'une augmentation globale de 14%,
soit plus de $28 millions seulement dans son ministère. Il est sûr
et certain qu'il a le droit au sourire plus que d'autres et il doit faire envie
aussi à plusieurs de ses collègues qui n'ont pas dû
remarquer cela, mais c'est peut-être son contact personnel, qui est assez
chaud habituellement, qui fait que cela a peut-être dégelé
des blocs de glace au ministère des Finances.
Nous aurons d'ailleurs l'occasion de discuter en profondeur de ces
augmentations par secteur lors des programmes proprement dits.
En guise de remarques préliminaires, je voudrais attirer
l'attention du ministre sur trois points majeurs qui lui tiennent à
coeur, j'en suis sûr et avec raison, et il a fait mention d'un en
particulier, car nous serons particulièrement appelés à
légiférer ou à discuter en Chambre dans les prochains mois
d'une légistation nouvelle.
Il s'agit premièrement, je pense le ministre s'en doute
de la réforme urgente qui s'impose dans le processus de la
négociation collective dans les secteurs public et parapublic.
Deuxièmement, il s'agit des réformes administratives
souhaitées dans la gestion du personnel dans laquelle s'incrit l'annonce
récente de la syn-dicalisation des employés occasionnels.
C'est un domaine particulier que je voudrais toucher.
Troisièmement, de la réforme de la Loi de la fonction
publique et celle du ministère afin de les rendre plus efficaces et plus
humaines.
C'est l'appareil administratif qui semble le plus difficile à
atteindre dans l'administration. D'ailleurs, si j'arrive au premier point, je
ne crois pas que ce soit une perte de temps qu'à ce moment-ci nous
discutions de ces trois secteurs d'intérêt public, surtout
d'activités très reconnues de tous les employés du
ministère qui auront sûrement une influence déterminante
sur l'orientation du ministère de la Fonction publique et sur les
relations de travail en général dans les secteurs public et
parapublic.
Premièrement, les négociations collectives. Je n'ai pas
besoin de vous dire que tous, y compris le ministre, sont d'accord pour dire
qu'il faut apporter rapidement les correctifs qui s'imposent dans le processus
des négociations collectives dans les secteurs public et parapublic afin
que les parties sachent réellement à quoi s'en tenir la prochaine
fois. On a entendu répéter et dire par l'ancien ministre que les
négociations traînaient en longueur et coûtaient fort cher
à cause du manque à donner, c'est-à-dire à cause de
l'interprétation que certaines personnes se faisaient du Code du travail
et des relations gouvernement, patrons et syndicats.
Sur ce point, le ministre a déjà déclaré
qu'il procéderait à une évaluation "en profondeur de la
dernière ronde de négociation dans les secteurs public et
parapublic, afin de mieux préparer la prochaine négociation". Je
serais très heureux si c'était véritablement le fond de sa
pensée. Comme je n'ai pas le droit de douter, en vertu de mon
règlement, de sa parole, je l'accepte avec beaucoup de réticence,
mais je l'accepte quand même parce que les bonnes volontés, on a
vu cela déjà lors de l'élection, dans un bulletin qui a
été distribué à la population et qui est
resté célèbre. Il y avait bien des bonnes volontés
dans cela et hier, dans le budget, je n'ai pas vu de taxes dans cela, aucune
taxe et je n'ai rien vu. C'était tout compris dans le budget. Cela a
surpris bien du monde, moi surtout qui vous croyais sincère. Mais, d'un
autre côté, qu'est-ce que vous voulez? Par contre, cela peut
arriver, des oublis, des distractions.
Mais je voudrais savoir si, premièrement, une évaluation a
été faite et si elle a été complétée.
Le ministre pourrait peut-être me répondre à la fin. J'ai
quelques questions comme cela.
Quelles conclusions ont été tirées de ces bien
tristes expériences du passé? D'ailleurs, j'ai posé trois
questions au feuilleton de la Chambre qui sont bien déterminées,
chacune dans les éléments qui composent la négociation
dans les différents secteurs, et j'ai demandé des chiffres
précis. Déjà, le ministre nous avait dit, en commission
parlementaire des engagements financiers, que ça devait dépasser
$1 million d'honoraires. J'ai trouvé ça épouvantable. Je
vous dis bien sincèrement que des négociations à coups de
millions dans le secteur public, parce qu'on est allé chercher des
consultants, quand on a autour de soi des gens extrêmement bien
qualifiés qui ont la compétence et surtout l'expérience
voulue pour juger de certains cas...
Vous comprendrez, M. le ministre, messieurs, M. le Président, que
j'ai également un autre intérêt à connaître
ces résultats qui ont été donnés, parce que je
trouve disproportionné qu'on fasse affaires... Qu'on ait recours
à des consultants, je pense que c'est normal pour un gouvernement, mais
pas qu'on ait recours d'une manière abusive et périodique
à des gens qui, continuellement, sont presque devenus des gens
assoiffés et qui peuvent peut-être, je ne le dis pas d'une
manière précise, aimer que ça se continue, cette manne
sacrée qui nous vient des négociations. J'ai déjà
connu ça, comme ministre du Travail, des gens qui avaient des conflits
qui perduraient justement pour satisfaire certains intérêts
personnels. Cela pourrait peut-être arriver.
J'ai posé des questions au ministre mais une chose reste
sûre, lorsque nous connaîtrons les véritables chiffres pour
ces trois questions, le ministre lui-même, je pense, est un homme assez
juste pour dire que les travaux qui ont été faits ont
coûté terriblement cher, car des gens ont été
payés $75, $80 et $99 l'heure, tel que nous a dit déjà
l'ancien ministre, et c'est un peu dispendieux pour négocier. A
l'Hydro-Québec, cela a même dépassé toute... il y a
d'ailleurs une question à l'élément 3 concernant les
négociations de l'Hydro-Québec, je voudrais bien connaître
aussi les réponses.
Je pense que, dans ce domaine particulier de l'affrontement que doit
avoir le gouvernement avec ses employés, à la fonction publique
particulièrement, le Québec ne peut plus se permettre de tels
affrontements. Il en reste toujours énormément. C'est Daniel
L'Heureux qui écrivait dans la Presse, le 18 février: "Si la
tentation du secteur public est de s'accaparer une part plus grande de la
richesse collective aux dépens du secteur privé, des
non-syndiqués et de notre capacité d'investir, on s'en va vers la
faillite".
Je pense que c'est un article qui a paru sur la fonction publique dans
la Presse du 18 février, et il ajoutait: "Dans les négociations,
le ministre entend continuer de recourir à des porte-parole de
l'extérieur, mais compte également former ses propres
spécialistes pour qu'il ait chez lui, dans son ministère, ses
propres négociateurs". Cela, c'est extra. Je pense qu'on ne peut
être mieux servi que par soi-même.
C'est encore M. Chevrette, le député de Joliette-Montcalm,
qui disait: "Les mécanismes de négociation sont à repenser
totalement dans la fonction publique". Il disait cela le 20 janvier 1977,
après avoir été assermenté. Il disait:
"...particulièrement dans certains domaines publics comme
l'éducation, l'hospitalisation et l'Hydro-Québec. Pour ce faire,
il importe de créer, dès cette année, et sous
l'autorité du ministre, des comités triparti-tes, commissions
scolaires, syndicats et gouvernement, dans l'éducation; dans les
hôpitaux, hôpitaux, syndicats et gouvernement; dans les affaires
sociales, encore syndicats, gouvernement et fonction publique".
M. Chevrette ajoutait: "II y aurait peut-être lieu
d'envisager la négociation locale dans le secteur hospitalier, comme
cela est le cas dans le secteur de l'éducation". Il terminait en disant:
"Mais la révision du processus de la négociation dans le secteur
public et dans le secteur parapublic demeure aujourd'hui, pour nous tous, et
particulièrement pour le gouvernement en place, une grande
priorité." Je suis d'accord avec sa déclaration, parce qu'on va
l'avoir vite, l'autre négociation. Celle-là a été
pénible, elle a été difficile, elle a coûté
fort cher.
Mais la meilleure, c'est sûrement celle de M. de Belleval, qui est
le ministre de la Fonction publique, par Gilles Boivin, dans le Soleil. "Le
nouveau ministre de la Fonction publique, l'honorable Denis de Belleval, a
annoncé hier qu'il étudie en profondeur un projet de
réforme de la Loi de la fonction publique et du ministère, afin
de rendre plus efficace et plus humain l'appareil administratif de son
ministère. Chapeau bas."
Il continue et dit: "Le ministre de la Fonction publique a, en outre,
soutenu que l'on procéderait immédiatement, au cours des semaines
prochaines, à une évaluation en profondeur de la ronde des
négociations dans les secteurs public et parapublic, afin d'être
prêt, à la prochaine. Il est important que l'on apporte rapidement
des correctifs qui s'imposent et Dieu sait qu'il y en avait besoin
a précisé le ministre, afin que les parties sachent
réellement à quoi s'en tenir lors de la prochaine
négociation."
Il allait plus loin et ajoutait: "II est anormal que ces tâches
soient dévolues à des consultants de l'extérieur, quand
nous avons à notre ministère des gens compétents. Chapeau
bas, messieurs. Nous allons nous mettre à la tâche pour
reconstituer des équipes de négociateurs chez nous, dans notre
propre ministère, dont nous disposons à l'intérieur
même de notre ministère et que l'ancien gouvernement n'avait fait
aucun effort pour maintenir, améliorer, développer, a
précisé M. de Belleval." "Au chapitre de la réforme
administrative, le nouveau ministre envisage une décentralisation
complète, totale et absolue des responsabilités du
ministère, particulièrement en matière de gestion du
personnel".
Je ne sais pas si vous aimez cela vous faire citer, mais moi, j'aimais
bien cela, surtout quand on me citait aussi bien que cela.
Je continue donc, M. le Président, en disant que, dans un autre
article publié par un dénommé Claude Forget, ministre des
Affaires sociales du Québec, un article qui a paru dans la Presse de
Montréal le 22 octobre 1976, à la veille des
événements tragiques que nous avons connus... "Le ministre des
Affaires sociales du Québec, M. Claude Forget, a prononcé
vendredi une allocution devant...
Une Voix: Hum!
M. Bellemare: Qu'est-ce qu'il y a eu? Qu'est-ce que j'ai dit?
Est-ce que j'ai dit quelque chose de déplaisant? Non? Je m'en
excuse.
M. Picotte: C'est parce que le ministre se souvient uniquement
des événements d'octobre...
M. Bellemare: Ah! d'octobre 1970. Vous autres, c'est cela qui
vous frappe.
M. Picotte: C'est le ministre qui a dit cela. Il se souvient
seulement de ceux-là, lui.
M. Bellemare: "Le temps est venu de dire que non seulement la
reine négocie avec ses sujets, mais qu'elle négocie sans
réserve. Le pas suivant est de comprendre qu'un contrat
négocié avec la reine n'est pas un contrat de travail, mais
plutôt un contrat social; la reine négocie tout et sans
réserve, mais non pas à la place de ses sujets. "La reine
négocie, mais pas nécessairement sur les mêmes questions ni
sur les mêmes sujets, avec les mêmes modalités
d'application". J'ai remarqué cela du ministre, qui ne l'est plus, mais
peut-être que le principe, à cause de la reine, cela va
peut-être vous déranger un peu, mais en tout cas, vous
enlèverez ce qui ne fait pas votre affaire... il reste dans cela des
principes sacrés que l'Etat... M. Lesage avait dit en 1946: la reine ne
négocie pas avec ses sujets.
Que peut être la matière négociable dans le cadre
d'un contrat social? Je peux imaginer qu'on veuille y déterminer les
grands paramètres permettant de situer un secteur comme celui des
affaires sociales dans l'ensemble de l'économie. Mais il dit ceci, et je
pense que c'est encore là que je vais trouver la lumière que je
cherche, afin d'éclairer la lanterne si brillante du ministre: "En
attendant et sans perdre de temps, je suggère aux associations
d'établir, avec la collaboration peut-être des associations de
cadres du secteur des affaires sociales et de se mettre immédiatement au
travail pour se définir véritablement vis-à-vis des
nouvelles négociations. "Un tel travail pourrait être
terminé au plus tard le 30 juin 1977. II prévoyait cela.
Il n'avait pas prévu la défaite. Jusqu'à maintenant
les aspects relativement techniques des mandats des négociations n'ont
pas été élaborés par les associations
d'établissements avec suffisamment de recul pour en permettre la
vulgarisation. La période des négociations se prête mal
à un effort de ce genre. Inversement, les décisions se rapportant
aux structures de négociations ont absorbé relativement trop
d'intérêt et d'énergie pour qu'on y pense. Il faudra
nécessairement obtenir de nouvelles structures de la fonction
publique".
Je pense que ces témoignages que je viens de citer prouvent de
toute évidence qu'il y a là véritablement une
nécessité pour le ministre de poursuivre le travail
commencé par son prédécesseur qui nous avait dit qu'il
faudrait refaire complètement toutes les structures des
négociations à entreprendre pour la prochaine convention
collective.
Je sais que le ministre de la Fonction publique a déjà
déclaré: "II est anormal que ces tâches soient
dévolues à des consultants de l'extérieur. Nous allons
nous mettre à la tâche immédiatement pour reconstituer les
équipes de négociations dont nous disposons à
l'intérieur du ministère, et que l'ancien gouvernement n'avait
fait aucun effort pour maintenir ou améliorer".
Je sais aussi que le ministre a également déclaré
qu'il recourrait au besoin à de tels porte-parole de l'extérieur.
Il y a là équivoque, et j'aimerais une clarification bien faite
du ministre sur ce point, car il n'échappe à personne que
l'ancienne administration, ses experts de l'extérieur ont
été plus souvent des coordonnateurs que de véritables
négociateurs, exerçant un mandat que déterminait souvent
d'avance le gouvernement.
Je ne veux blesser personne, mais j'ai trop d'expérience dans les
relations de travail pour avoir vu passer celle-là sans
rouspéter. Et je l'ai fait publiquement devant le gouvernement en place.
On pourra retrouver cela dans le journal des Débats.
Je ne saurais trop insister sur la nécessité d'agir avec
diligence dans cette réforme globale du processus de
négociations. J'ai souvent entendu le ministre parler de concertation,
comme d'une solution possible dans ce domaine des relations
patronales-ouvrières. Je ne sais pas si c'est mon âge, ou à
cause de mon expérience aussi, qui me pousse au scepticisme lorsque
j'entends des expressions comme celles-là qui ont été
galvaudées à droite et à gauche par tous les gouvernements
précédents. Certes, je suis d'accord pour dire qu'il faut en
arriver à un changement draconien, qu'il faut changer non seulement les
termes, la pensée, mais la mentalité des négociateurs et
surtout les structures. Il faut mettre fin au climat d'affrontement entre le
gouvernement et ses employés. Il faut revenir à un climat social
qui soit acceptable, dans lequel on ne se méfiera pas, on ne s'attendra
pas derrière les portes closes pour attendre la réponse d'un oui
ou d'un non.
C'est de l'affrontement et cela ne doit plus exister dans un
gouvernement comme le nôtre, je l'espère.
J'aimerais, cependant, que le ministre nous dise clairement ce qu'il
entend par concertation, et jusqu'où il est prêt à aller
afin d'atteindre cet objectif. Dans des entrevues qu'il a accordées
à des journalistes, le ministre est bavard des fois, mais il l'est
beaucoup moins depuis quelques semaines je ne sais pas si on lui a dit
de faire at-
tention, en tout cas, j'admire sa nouvelle tactique ...
M. Picotte: C'est parce qu'il apprend son métier.
M. Bellemare: II mûrit vite. Le ministre a
déjà déclaré sur ce point ce qui suit: "Que loin
d'être nécessairement divergents, les intérêts des
employeurs et des employés peuvent être complémentaires
magnifique, c'est vrai que l'Etat et les syndicats devraient
s'entendre sur une espèce de couloir global sur la répartition de
la richesse collective". J'ai trouvé cela d'une grande inspiration, un
couloir global sur la richesse collective. Cela a dû lui être
inspiré par le ministre des Finances, le couloir global inspiré
sur la richesse collective. Cela resssemble à Parizeau, l'honorable M.
Parizeau. J'aimerais que le ministre nous indique ce que pourrait signifier une
telle entente et quelle conséquence elle aurait sur le cadre juridique
des négociations, car, en fin de compte, c'est le cadre total des
négociations qu'il faut changer. Le cadre changé, il faudrait
peut-être penser à aller en profondeur et changer aussi la
mentalité de ceux qui vont siéger autour des tables de
négociations pour le renouvellement des conventions collectives.
Le député de Joliette-Montcalm, M. Guy Chevrette, a
déjà fait part de certaines orientations possibles du
gouvernement dans ce domaine, telle la création de comités
tripartites. Je crois qu'il y a véritablement une heureuse suggestion
dans cette proposition: commissions scolaires, syndicats, gouvernement et
Education, je l'ai dit tout à l'heure dans la déclaration,
plutôt syndicat, gouvernement dans les Affaires sociales, et le
même processus dans le cas de l'Hydro. Il s'agit là d'une
idée très intéressante. J'ai déjà
vécu une expérience qui a été heureuse, celle
d'aller visiter certains pays nordiques, par exemple, la Suède, la
Norvège, et particulièrement la Suède où j'ai
passé un mois à étudier sa législation
ouvrière. J'ai remarqué la concordance qu'il y avait entre
l'Etat, le gouvernement, le patronat et les syndicats. Il y a là des
contrats qui durent cinq ans, qui font que ces gens, autour d'une même
table, syndicats, groupements patronaux et gouvernement établissent des
critères de base. A partir de ces critères de base, et le
gouvernement et les conventions collectives de tout le patronat sont
identifiés l'une à l'autre. Elles sont garanties par des accords
bilatéraux qui durent cinq années. Elles sont faites
collatéralement, les trois groupes ensemble. Cela a comme avantage, pour
la population, d'établir une corrélation entre le salaire
payé par l'Etat qui ne vient pas en concurrence avec l'entreprise
privée. Il y a là une méthode merveilleuse de relations
patronales-ouvrières qui mériterait peut-être d'être
étudiée.
Enfin, M. le Président, après avoir répondu
à toutes ces questions, le ministre pourrait-il m'indiquer, comme le
veut la tendance de plus en plus marquée de ses collègues, s'il
nous livrera bientôt sa pensée? Je pense que ce serait, pour une
fois, un exemple merveilleux à donner à la population,
particulièrement, à tout le secteur public et parapublic, en nous
donnant un livre vert, ou un livre blanc, s'il aime mieux.
Une discussion ouverte pourrait ainsi avoir lieu sur le sujet à
la commission parlementaire, à savoir quelles sont les réformes
possibles, et Dieu sait combien il y en a de suggérées partout
pour la Commission de la fonction publique. Si on le fait pour
l'assurance-automobile, si on le fait pour la langue, pourquoi le ministre ne
le ferait-il pas aussi? On l'a fait pour la justice, avec l'honorable M.
Choquette, dans le temps, le célèbre M. Cho-quette. On l'a fait
pour la justice, il a appelé ça la Justice contemporaine. Il
aurait été mieux de se qualifier lui-même. Je pense qu'on
aurait peut-être tous envie de vous demander, M. le ministre,
d'établir une équipe de personnes bien qualifiées pour
déterminer véritablement les grands critères de structures
au point de vue de la négociation, changer ce qu'il faut changer dans le
Code du Travail qui ne s'appliquerait pas à la Loi de la fonction
publique et qui pourrait être dérogatoire dans une
négociation ou le respect d'une convention collective.
Un employé du gouvernement est un employé payé avec
l'argent des taxes et il n'est pas, lui, payé avec un surplus ou un
profit d'une compagnie. Cela, c'est toute la différence d'un
employé fonctionnaire et, à partir de ce critère, il
devrait y avoir des structures différentes et jamais, dans aucun cas, le
salaire d'un fonctionnaire ne devrait venir déranger l'équilibre
budgétaire d'une entreprise privée.
Vous avez, M. le ministre, vu, comme moi, qu'il y a 6000 postes vacants
à la fonction publique. Je me demande, après avoir lu cet article
de la Presse du 13 septembre, comment cela se fait qu'on peut avoir 6000 postes
dans la fonction publique qui soient vacants. L'article a été
écrit par Rhéal Bercier. Est-ce que ça ne vient pas d'une
concurrence entre l'industrie, l'entreprise privée et le gouvernement?
Ou bien le contraire peut se produire, mais il y a là un manque à
gagner. On dit: Les fonctionnaires fuient la fonction publique et le
gouvernement ne sait plus comment intervenir pour mettre fin à cet
exode. Le problème est grave et réel. Il existe plus de 6000
postes à combler au sein de la fonction publique dont 200 au niveau des
cadres et 1500 au niveau professionnel.
Le président du Syndicat des fonctionnaires provinciaux, le
président du Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec, Jean-Louis Harguindeguy et Jacques Doré, ont
expliqué que cette situation va en pourrissant depuis 1970; leur
diagnostic est d'ailleurs confirmé par les hauts-fonctionnaires que la
Presse a interrogés à ce sujet.
Le ministre pourra peut-être me donner une réponse qui
convienne tout à l'heure. En tout cas, je continue donc mon
deuxième point. Le premier, c'était sur les secteurs public et
parapublic. Je comprends que c'est peut-être un peu long pour le
ministre, mais c'est mon devoir que je remplis, et, comme à chaque
commission parlementaire sur
un budget d'un ministère, on fait l'exposé qui convient,
on rappelle un peu. Quand on revient aux détails, on a beaucoup moins,
je pense, de choses à répéter, qui sont déjà
faites et, d'ailleurs, par expérience, vous allez vous rendre compte
qu'il y a dans les éléments une foule de détails qui
viendront après les missions, qui sont déjà
réglés, parce qu'on en a parlé. C'est pour ça que
ça paraît peut-être un peu long, mais c'est plus long pour
nous de les préparer pour ne pas se tromper.
Deuxième point, la réforme administrative. Le
deuxième point que je veux aborder, très brièvement, est
celui de la réforme administrative qui touche tout
particulièrement les intentions de procéder à une
décentralisation des responsabilités du ministère de la
Fonction publique, particulièrement en matière de gestion du
personnel.
Je fais ici référence à la clarification des
responsabilités.
Premièrement, la Commission de la fonction publique dont le
président lui-même a indiqué publiquement, et je n'ai pas
besoin de vous rappeler l'article qui a paru dans la Presse du 20 septembre
1975: "Faute de fonctionnaires, Québec joue qui gagne perd" de M.
Gérin-Lajoie. Son père s'appelait Gérin-Lajoie. C'est
drôle, hein! C'était mon voisin. Je suis allé à
l'école avec lui à Grand-Mère.
M. de Belleval: Ouais!
M. Bellemare: Maurice Gérin qui était
ingénieur forestier s'appelait Maurice Gérin-Lajoie et il a
été élevé à Grand-Mère, voisin de
chez nous. C'est pour cela que je l'ai connu sous le nom de
Gérin-Lajoie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson, cela fait déjà 35 minutes que
vous parlez et ce n'est pas le temps de parler de M. Lajoie.
M. Bellemare: J'ai droit à tout mon temps, M. le
Président. C'est dommage, mais, à une commission parlementaire,
je requiers votre patience parce que c'est toujours un peu long, comme je viens
de l'expliquer, pour ceux qui apportent ces précisions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Johnson, je comprends que la tradition veut que
l'article 160 ne soit pas appliqué en commission parlementaire, mais il
n'en reste pas moins qu'il faut parler des sujets qui concernent la fonction
publique et non pas du voisinage des députés.
M. Bellemare: Non. C'est un accident. C'est parce que le ministre
a dit Lajoie. Il a fait le saut, et c'est pour cela que je tenais à lui
dire que son nom est Gérin-Lajoie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez la parole.
M. Bellemare: Merci de m'avoir redonné la parole. Je fais
donc allusion à cet article de M. Gé- rin, le président de
la Commission de la fonction publique, qui disait que "Faute de fonctionnaires,
Québec joue perd ou gagne". Je pense que le ministre a lu cet article du
président. Il était très sévère.
Il y a longtemps qu'il a indiqué et que d'autres ont
indiqué les lignes maîtresses d'une réforme prochaine. Je
lui conseillerais... C'est un article qui a paru dans la Presse le 20 septembre
1975.
Deuxièmement, aux responsabilités du ministère de
la Fonction publique... Où cela commence-t-il et où cela
finit-il? Troisièmement, aux responsabilités du Conseil du
trésor, dont le ministre est également le vice-président,
sur les matières de gestion du personnel, les engagements, les
conditions de travail, les occasionnels, etc.
Le ministre peut-il nous dire aujourd'hui ce qui a été
fait ou ce qui sera entrepris prochainement à ce niveau pour rendre plus
dynamique le fonctionnarisme? Pour discuter de ce sujet, je voudrais demander
au ministre s'il peut nous assurer que le président de la Commission de
la fonction publique sera présent lors de l'étude de la
composition de la mission no 1 et peut-être aussi dans la composition du
programme 3. On aurait peut-être certaines questions qui seraient bonnes
à être posées parce que cela regarde purement et simplement
l'engagement du personnel, la routine.
Je suis persuadé qu'il pourra sûrement nous fournir des
renseignements qui nous seront utiles.
Troisièmement, la réforme de la Loi de la fonction
publique. Enfin, et cela sera mon dernier point, le ministre peut-il nous dire
où il en est rendu dans son projet de réforme de la Loi de la
fonction publique? Il a fait des déclarations à ce sujet, disant
qu'il aurait à refaire complètement, dans certaines
catégories, la Loi de la fonction publique.
Je sais que son prédécesseur, le député de
Hull, avait annoncé, à peu près vers ce temps-ci l'an
dernier, son intention de procéder le plus tôt possible à
une telle réforme qui faisait alors partie d'un plan global de
réforme administrative de tout le ministère.
Pouvons-nous nous attendre à un projet de loi au cours de cette
session ou devons-nous attendre un livre vert ou un livre blanc avant
l'ajournement d'été ou l'automne prochain, lors de la reprise des
travaux parlementaires?
Si oui, le ministre pourrait-il nous dire quels sont
particulièrement les domaines qui seront touchés par cette
réforme en profondeur? Est-ce que ce sera les méthodes
d'admissibilité à la fonction publique? Cela sera-t-il les
concours, parce qu'il y a des langues médisantes au sujet des
concours?
On dit en certains milieux que c'est choisi à l'avance et que
certaines personnes n'ont qu'à être le choix d'un ministre et cela
passe plus facilement. Ce sont des mauvaises langues qui disent cela. Ce n'est
pas moi qui dis cela. Les mauvaises langues répètent aussi qu'il
y a des influences indues qui peuvent se faire auprès de certains
minis-
tères pour que quelqu'un puisse être
préféré à un autre. Des mauvaises langues
encore.
Ce n'est pas vrai, cela ne doit pas être vrai, mais si c'est dans
ce domaine particulier, je voudrais bien que le ministre me dise s'il a
lui-même une conception nouvelle des concours, parce que quand il y en a
200 qui se présentent pour un concours et qu'on en choisit un ou deux,
on en refuse certainement 199. Je ne sais pas comment on procède. En
tout cas.
Est-ce qu'on pourrait aussi savoir du ministre si on établira un
régime de mérite quant aux promotions dans la fonction publique?
Il y a de vieux employés, dans certains ministères, qui sont
là à faire les cent pas et qui attendent longtemps. Je ne dis pas
que j'ai été une exception, mais j'ai déjà connu
des cas comme ceux-là. Est-ce que le ministre pourrait nous
définir les pouvoirs de la Commission de la fonction publique pour
l'avenir? Est-ce qu'on va changer de méthode pour administrer la
fonction publique? Est-ce que ce ne serait pas bon de penser à la
composition de la commission même? D'avoir, à la commission,
peut-être, des représentants de différents corps publics ou
de syndicats. C'est une suggestion, vous n'êtes pas obligé de
l'entériner. Est-ce que les pouvoirs de décision, d'acceptation
ou de refus seront accrus pour la commission elle-même?
C'est ce que j'avais à dire en préliminaire. J'ai pris
peut-être un peu de temps, mais j'espère bien... Dans un article
qui a paru le 2 février 1976, le ministre du temps avait annoncé
une refonte en profondeur de la Loi de la fonction publique. Cela a paru dans
le Soleil et il disait, dans ce temps-là que la fonction publique
était périmée, que c'était vieillot, qu'il fallait
refaire les cadres, les structures et donner à la fonction publique un
nouveau regain de santé. Je ne sais pas si le ministre s'est
aperçu de ces mêmes failles quand il est arrivé, mais je
lui ai demandé dans mon discours, de me donner quelques explications.
Alors, M. le Président, je vous remercie et nous serons prêts,
après les réponses que le ministre voudra bien nous donner,
à commencer l'étude du budget.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, avant que vous ne répondiez à ces questions, j'avais
reconnu le député de Rimouski et je lui donne la parole.
M. Marcoux: M. le Président, j'aurais certaines questions,
certains commentaires à apporter avant qu'on ne commence l'étude,
élément par élément, des crédits de la
fonction publique. D'abord, j'aimerais connaître la pensée du
ministre en ce qui concerne la décentralisation administrative, en ce
qui concerne la possibilité d'envoyer le plus de fonctionnaires de
l'administration publique dans les régions, ce qui aurait plusieurs
effets à la fois, d'abord de créer de l'emploi dans ces
régions. Je pense que d'autres gouvernements se sont livrés aussi
à des expériences dans le domaine qui montrent que des fonctions
dont on a toujours pensé qu'elles devaient se faire dans la capitale,
peuvent très bien se faire dans d'autres endroits que Mon- tréal
ou Québec. Est-ce qu'il y a des groupes de travail actuellement sur
cette question de la décentralisation des fonctionnaires et de
l'administration gouvernementale, de la régionalisation de cette
administration-là? Est-ce qu'il existe des groupes d'abord et quels sont
leurs mandats? Est-ce qu'ils envisagent cette question de façon
très ouverte de sorte que les fonctionnaires qui sont dans les
régions ne soient pas obligés de toujours venir à
Québec pour recevoir des instructions, mais qu'ils aient des pouvoirs
suffisants pour pouvoir prendre des décisions? Un des effets de cette
décentralisation administrative serait certainement je l'ai dit
tantôt de créer de l'emploi dans les régions, mais
aussi d'augmenter probablement l'efficacité de la fonction publique
parce que si les fonctionnaires étaient plus proches des gens qui vivent
les problèmes, dans les régions, parce qu'on le constate dans
certains secteurs qui sont régionalisés, cela pourrait
certainement être un facteur qui augmente l'efficacité de la
fonction publique.
C'est un premier point que je voulais aborder. Est-ce que son
ministère se préoccupe de cette question et quelles sont les
décisions concrètes qui ont été prises qui
manifestent cette préoccupation? Je n'insisterai pas tellement sur le
deuxième point, parce qu'il a déjà été
abordé fort éloquemment par le député de Johnson en
ce qui concerne toute la question du personnel de la fonction publique,
l'évaluation des fonctionnaires. Il y a une chose qui ne sera jamais
remise en question, la question de la sécurité d'emploi. Je pense
qu'on peut aborder dans un climat de confiance, avec la fonction publique,
cette question de l'évaluation du personnel, la question du
mérite et la question des promotions, ce qui se fait actuellement
concernant cette question.
Je pense qu'il ne faut pas hésiter, autant dans la fonction
publique qu'ailleurs où il y a des travailleurs, il doit y avoir
évaluation du personnel. Qu'est-ce qu'on fait actuellement au
ministère pour mettre en place les mécanismes ou étudier
les mécanismes qui devraient être mis en place pour aboutir
à cette évaluation? Parce que je pense que ce serait très
important pour l'augmentation de la crédibilité de l'Etat, la
crédibilité du gouvernement lui-même et la fonction
publique en général, qu'on puisse montrer qu'il y a un souci
réel, celui de bien gérer le personnel que nous avons.
Un des éléments de cette gestion, ce n'est pas tout de
faire des programmes, d'attribuer des postes, je pense que le contrôle
fait partie de toute bonne gestion et l'évaluation du personnel doit
être quelque chose de très important pour la fonction
publique.
Egalement, je demanderais au ministre s'il existe actuellement à
son ministère un groupe ou si c'est dans ses
préoccupations prochaines chargé de préparer
l'après-indépendance en ce qui concerne la
récupération des fonctionnaires qui travaillent pour le
gouvernement fédéral. On sait qu'il y a d'autres groupes, au sein
du gouvernement, qui travaillent sur la
question de l'association économique. En quoi pourrait consister
une éventuelle association, les points sur lesquels ça pourrait
porter, les conséquences que cela aurait? Je suis convaincu que la
population du Québec va sûrement nous poser des questions avant le
référendum, pour savoir ce qui arrivera des fonctionnaires
québécois qui travaillent pour le gouvernement
fédéral actuellement: qu'est-ce qu'il adviendra de leur poste,
comment seront-ils réintégrés? Est-ce que ça entre
dans les soucis du ministre de la Fonction publique? Egalement, en ce qui
concerne son secteur pour que les débats sur cette question de
l'indépendance et préparatoire à un
référendum se fassent avec tous les éclairages
possibles.
Est-ce que ça entre dans ses préoccupations de fournir
à la population toutes les informations sur les solutions qui seront
mises en place pour intégrer les fonctionnaires québécois,
qui sont sous la responsabilité du gouvernement fédéral,
à l'administration québécoise, quel type de fonction ils
pourraient exercer, comment pourrait se faire tout ce transfert et en quoi les
dédoublements de fonctions pourraient être évités,
etc.?
Toutes des questions auxquelles le gouvernement aura à
répondre, je crois, avant de poser le référendum sur
l'indépendance à la population.
Un quatrième point sur lequel j'aimerais avoir des
éclaircissements de la part du ministre. Où est rendu, au niveau
de ses fonctionnaires... non, je reviendrai sur ce point tantôt. Je
voudrais indiquer la satisfaction que j'ai notée lors de la
présentation des crédits, savoir qu'on prévoyait seulement
une augmentation de 1% environ du nombre des fonctionnaires. Je pense qu'il
faut féliciter le ministre à ce sujet, ou l'ensemble des
ministères impliqués, parce que le premier souci du gouvernement
doit être de rentabiliser les fonctionnaires qui sont là
actuellement avant de penser à accroître de façon
démesurée le nombre de ses fonctionnaires.
Je pense que la population aura noté, ainsi que les membres de
l'Assemblée nationale, cet élément
d'austérité: on a dit qu'on voulait vivre selon nos moyens.
Je pense que, dans ce secteur, on a montré c'est un bon
point pour le gouvernement actuel que ce qu'on voulait faire, c'est
d'utiliser au maximum les fonctionnaires en poste actuellement, avant de penser
à étendre le nombre des fonctionnaires. Le député
de Johnson a noté également, suite aux déclarations des
ministres impliqués, qu'on voulait d'abord, avant d'engager des
professionnels à l'extérieur du gouvernement, ou des
contractuels, faire travailler au maximum les fonctionnaires très
compétents que nous avons dans la Fonction publique actuellement.
Un cinquième point, dans la réforme de la
négociation, sur la façon dont se feront les prochaines
négociations collectives, j'aimerais savoir comment les syndicats seront
associés à cette réforme, tant au niveau de la
préparation des hypothèses, sur la façon dont devront se
faire les prochaines négociations, que dans la consultation sur les
réformes qui seront proposées. Je crois bien que le
ministère de la Fonction publique arriverait avec les meilleures
réformes possibles et que, s'il n'y a pas une espèce de consensus
sur la façon d'aborder les prochaines négociations collectives
dans les secteurs public et parapublic, on peut être assuré
à l'avance que ce sera un échec. A ce moment-là, il
apparaît essentiel que les syndicats soient associés à
l'élaboration de ces réformes et à la consultation sur les
réformes proposées. J'aimerais savoir comment le ministre de la
Fonction publique aborde cette question de l'implication des syndicats dans
cette réforme des négociations des prochaines négociations
publiques et parapu-bliques.
Un avant-dernier point, j'aimerais féliciter le ministre de la
Fonction publique pour avoir décidé de permettre la
syndicalisation du personnel occasionnel. Je pense que c'est un autre moyen de
lutter contre le patronage. Cela peut peut-être faire mal à du
monde, mais je pense que c'est une excellente orientation, et je crois que
c'est une décision très humaine. On a dit qu'on voulait fonder
une société plus humaine et je pense que de se sentir
continuellement en insécurité d'emploi, ce n'est pas une
façon d'assurer la productivité et la rentabilité de son
personnel. Le fait d'avoir accordé la syndicalisation, de permettre la
syndicalisation du personnel occasionnel est une excellente décision.
Cela va économiser du temps aux députés qui devaient
consacrer du temps au patronage auparavant. Ils vont probablement pouvoir se
servir de ce temps-là pour vous aider, M. le ministre, dans la
réforme de la Commission de la fonction publique, tel que vous en avez
déjà parlé. Le temps économisé pour le
patronage, on est disposé à le mettre sur les réformes
plus importantes.
Je voudrais terminer par une remarque générale en disant
que je suis convaincu que notre gouvernement sera jugé, dans quatre ou
cinq ans, sur un de ces points vraiment essentiels, sur le résultat que
nous aurons atteint avec la fonction publique. Est-ce que nous aurons
réussi à créer l'impression et la réalité,
aux yeux de la population, que les fonctionnaires du gouvernement travaillent
au maximum, qu'ils sont vraiment au service de la population et des groupes et
qu'ils ne sont pas sur les tablettes, aux trois quarts, au quart ou au
huitième, et que l'ensemble de la fonction publique est vraiment rendu
efficace?
Je pense que ce sera un des éléments importants sur
lesquels nous serons jugés par la population, dans quatre ou cinq ans.
Est-ce que nous aurons réussi à rendre beaucoup plus efficace la
fonction publique gouvernementale et paragouvernementale dans les quatre
prochaines années? J'espère que c'est votre souci le plus
cher.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Maskinongé sur une question de
règlement.
M. Picotte: Je ne veux pas en faire une question de
règlement, M. le Président, mais j'aimerais peut-être vous
demander une directive à ce
moment-ci. Etant donné que mes deux collègues
précédents qui devaient faire des interventions de façon
globale et générale sont entrés dans des questions
précises à l'intérieur des programmes, chose qu'on a
acceptée de bonne grâce, est-ce qu'il nous serait possible, au
moment de la réponse à ces différentes questions du
ministre, de l'interrompre en certaines occasions, pour demander des
précisions additionnelles, étant donné qu'il y a plusieurs
questions qui ont été posées par les deux autres
députés et qui devaient revenir, en ce qui nous concerne,
à l'étude des...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le tout
afin de hâter, en fait de déblayer le terrain pour l'avenir. M. le
ministre n'a pas d'objection? J'accorde la parole au ministre de la Fonction
publique.
Réplique de M. le ministre
M. de Belleval: Tout d'abord, je vais essayer de reprendre cela
dans l'ordre des interventions et, au fur et à mesure, de regrouper ce
qui doit l'être dans les différentes interventions ou les
différentes interrogations.
Tout d'abord, celle de M. Vaillancourt, excusez du
député...
M. Vaillancourt (Orford): D'Orford.
M. de Belleval: ...d'Orford, quant aux dossiers que j'ai
trouvés au ministère en arrivant. Tout de suite, je veux tout
simplement indiquer que je n'entends pas refaire le procès de l'ancien
ministre; on l'a fait avant le 15 novembre et c'est fini. Quant à moi,
il s'agit maintenant de gouverner au mieux et d'accepter le rôle nouveau
de chacun.
Je veux simplement indiquer, en ce qui concerne la réforme de la
Loi de la Fonction publique, qu'il y avait effectivement un certain nombre de
dossiers qui traitaient de cette question et, bien qu'il n'y ait pas eu encore
de décisions de l'ancien gouvernement sur une ligne directrice qui avait
été acceptée, au moins, il y avait des dossiers que j'ai
repris et que j'ai modifiés en profondeur, malgré tout. De toute
façon, l'Opposition sera en mesure de voir jusqu'à quel point les
modifications ont été apportées puisqu'elle connaît
les dossiers que l'ancien gouvernement avait en sa possession.
En ce qui concerne la réforme des négociations
collectives, de ce côté, il n'y avait pas de dossiers d'ensemble
sur l'orientation future que devrait prendre le cadre juridique ou le cadre
administratif à cet égard. Dans les avis, l'expérience des
fonctionnaires en place, bien sûr, il y a beaucoup de choses à
puiser, et dans des rapports épars, mais il n'existait pas comme tels de
dossiers constitués.
Une des première tâches a été à cet
égard, de procéder à une évaluation des
négociations collectives de la dernière ronde. De ce point de
vue, l'ancien ministre avait demandé qu'une telle évaluation soit
faite.
Déjà, les ministères de la Fonction publique et de
l'Education, au mois de janvier, avaient terminé cette évaluation
première; les Affaires sociales l'ont fait depuis lors et nous sommes en
train de procéder à une étude d'ensemble de ces
évaluations partielles. Cela va nous fournir des matériaux de
réflexion et des suggestions pour ce qui doit venir.
Dans l'ensemble, c'est au Conseil du trésor et à une
nouvelle partie du secrétariat du Conseil du trésor que reviendra
la tâche de faire cette intégration et d'assumer la coordination
de l'ensemble des opérations du gouvernement en matière de
négociations collectives.
C'est normal puisque le Conseil du trésor est responsable de la
politique budgétaire du gouvernement et je n'ai pas besoin d'indiquer
comment les résultats des négociations collectives ont un poids
énorme sur les budgets gouvernementaux, particulièrement dans le
cas du gouvernement québécois puisque c'est lui qui assume, dans
le cadre constitutionnel actuel, les dépenses principales en
matière de personnel.
M. Bellemare: Est-ce que M. le ministre me permet de poser une
question? Est-ce que c'est sous l'autorité de M. Parizeau?
M. de Belleval: Oui, et, deuxièmement, je voudrais aussi
indiquer que c'est le Conseil du trésor qui est responsable de la
coordination de l'ensemble de la politique administrative du gouvernement et,
à ce sujet, l'organisation des négociations collectives est au
coeur même d'une politique administrative valable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Johnson.
M. Bellemare: J'avais simplement une question à lui poser.
D'accord...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
reconnu le député de Maskinongé avant.
M. Bellemare: D'accord.
M. Picotte: Concernant les relations de travail, lors des
dernières négociations provinciales, plusieurs
députés, du côté du gouvernement et surtout de
l'Opposition avaient demandé, et il y avait même des syndicats qui
avaient demandé cela, qu'on fasse des négociations permanentes et
qu'on laisse les conventions collectives ouvertes pour qu'au fur et à
mesure qu'il arrive des problèmes, on puisse se rencontrer et essayer de
les corriger. On mentionnait à ce moment que, pour une prochaine
convention collective, on aurait peut-être commencé
déjà à régler un paquet de problèmes. Est-ce
que le ministre a envisagé cette possibilité ou est-ce qu'il a
l'intention de faire faire une étude pour savoir si ces
négociations permanentes pourraient être possibles?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. de Belleval: Pour continuer les explications
générales, je pense que je vais me trouver à
répondre à votre question particulière et peut-être
à plusieurs questions particulières que vous avez à poser.
Il faut, de toute évidence, procéder à une refonte des
lois qui s'appliquent aux négociations collectives dans le secteur
public. La méthode de refonte de ces règles du jeu, comme je les
appelle, est en train d'être arrêtée. Comme vous le savez,
il y aura bientôt un sommet économique qui discutera de l'ensemble
des questions de relations de travail et de développement
économique au Québec. Dans le prolongement de cette grande
rencontre, je pense que nous pourrons faire connaître la meilleure
méthode de procéder à cette réforme des
règles du jeu. Il y a un principe fondamental, de ce point de vue, et je
reviens à la remarque du député de Johnson sur la
concertation, mot que, personnellement, je ne me rappelle pas avoir
cité, mais si je l'ai utilisé, je m'en excuse, parce que, moi
aussi, personnellement, je me tiens le plus loin possible de ces mots
pièges qui finissent par être dévalués et qui n'ont
plus beaucoup de sens. Il n'en reste pas moins que si, bien sûr, les
négociations collectives se situeront toujours sur le plan d'une
certaine contestation, d'un certain affrontement, il faut au moins s'entendre
avant que la partie ne commence sur les règles du jeu, sur la dimension
de la patinoire, le nombre de joueurs, etc. On ne peut modifier ces
règles unilatéralement ou au beau milieu de la partie, comme on a
été amené à le faire dans le passé. Il faut
au moins qu'on se concerte le plus possible, qu'on établisse un
consensus sur ces nouvelles règles, il faut clarifier les règles
actuelles, les modifier, s'entendre donc sur un cadre de négociations.
Cela ne peut pas se faire unilatéralement, si on veut qu'ensuite la
partie se joue selon ces règles. Il faut que cela se fasse à la
suite de consultations avec les parties en cause. Cela comprend, bien
sûr, autant les différentes composantes de ce qu'on appelle la
partie patronale, les commissions scolaires c'est là
qu'interviennent un peu les suggestions de M. Chevrette quant au comité
tripartite, etc. autant aussi les différentes parties syndicales.
Donc, de ce point de vue, on réfléchit sur les meilleurs
mécanismes à mettre en place pour que la refonte de ces
règles du jeu se fasse d'une façon large, ouverte et avec la
participation de chacun, de sorte que, finalement, s'établisse le plus
large consensus possible. Si, au moins, on s'entend sur la façon dont se
dérouleront ensuite les négociations, il y a beaucoup plus de
chances que ces règles soient observées et qu'ayant
accepté des règles on ne les transgresse pas impunément ou
d'une façon désinvolte, si on les a acceptées librement,
et que chacun s'en tient à son rôle de ce point de vue.
Cela veut dire quoi? Cela veut dire, entre autres, déterminer les
aires de négociation. Qu'est-ce qui est négociable et qu'est-ce
qui ne l'est pas? La reine négocie avec ses sujets, mais est-ce qu'elle
négocie n'importe quoi? Il y a des contestations là-dessus, et il
faut s'entendre. Il faut s'entendre aussi, par exemple, formellement sur les
mécanismes d'introduction des négociations, le dépôt
des offres par exemple. On dit: Les négociations traînent en
longueur. Très souvent, les négociations comme telles ne
traînent pas en longueur, mais c'est le début des
négociations qui ne finit plus d'aboutir. Chaque partie s'observe et on
prend des mois avant de déposer des offres. Tantôt, en
vérifiant où on en est au niveau des échéances
actuelles dans les différentes négociations, on verra que,
déjà il y a des conventions qui sont échues depuis un
mois, deux mois, trois mois et les offres ne sont même pas encore
déposées. Cela fait partie des règles du jeu, le
dépôt des offres, selon quel horaire, quel
échéancier, dans quel contexte ça doit se faire.
Un autre point très important: la solution des conflits. Quand il
arrive des impasses, comment procède-t-on? La conciliation, est-ce que
c'est un mécanisme valable? L'arbitrage doit-il être obligatoire
ou non? Est-ce qu'il doit y avoir un arbitrage? Vous savez que les anciens
gouvernements se sont toujours refusés jusqu'à présent
à l'introduction d'arbitres, parce qu'ils disaient: C'est le
gouvernement qui doit rester libre du budget de l'Etat. Il ne peut pas confier
à une tierce partie le soin de déterminer les taxes des citoyens,
ce qu'il va faire s'il accepte l'introduction d'un arbitre dans les
négociations. Si ce n'est pas l'arbitrage, c'est quoi? Les commissaires
aux différends? On a essayé la solution des commissaires aux
différends durant le dernier conflit, mais, là encore, c'est une
nouvelle règle du jeu ou un nouveau mécanisme qui surgit tout
à coup au milieu d'un conflit. Mais, si on s'entend d'avance pour la
prochaine ronde, est-ce que ça ne pourrait pas être un
mécanisme à étudier? Il y a toutes sortes
d'hypothèses, à savoir: quand le droit de grève devient-il
acquis? Les services essentiels, la fameuse question des services essentiels.
Par quel mécanisme va-t-on établir ces services essentiels? Le
recours à l'injonction, donc. Toutes choses sur lesquelles les deux,
trois ou quatre parties doivent s'entendre d'avance. Là-dessus, il faut
donc des discussions et on a le temps de le faire au cours de la prochaine
année, puisque les prochaines échéances globales je
déposerai tantôt le calendrier des prochaines négociations
comme vous le verrez, nous laissent quand même au moins environ
une année de répit pour discuter entre nous et faire une
législation.
On pense aussi, on examine l'opportunité de la question du livre
blanc. Vous avez souligné la possibilité de déposer
là-dessus un livre blanc, ou un livre vert, ou un document de travail,
peu importent le vocabulaire et les distinctions fines et subtiles qui existent
entre tous ces documents, mais, en tout cas, mettre sur la place publique,
d'une certaine façon, pour discussion, une position gouvernementale plus
ou moins élaborée. Aussi, on réfléchit sur la
possibilité d'introduire des tierces parties savantes pour soumettre,
à l'ensemble de la population et aux parties en cause, des propositions,
que ce soit une commission royale d'enquête, ou une commission
d'étude, ou un groupe de travail, etc.
Je pense qu'à la suite du sommet économique, on sera
peut-être plus en mesure de dévoiler
les méthodes que nous emploierons, d'autant plus que je pense
qu'il est bon aussi, sur ces aspects, sur les préliminaires, qu'on
consulte aussi nos partenaires, du côté des commissions scolaires,
des hôpitaux et des syndicats.
Bref, on envisage ça d'une façon ferme, résolue,
ouverte, et les points que vous avez soulignés vont donc recevoir une
réponse d'ici peu. C'est un sujet qui est complexe dans le fond, mais
qui est aussi complexe dans la forme, sur le plan des institutions parce qu'il
y a beaucoup de gens en cause dans le contexte institutionnel actuel.
Entre autres, qui est la partie patronale? Il y a bien des partenaires
avec lesquels il faut se mettre d'accord.
Donc, le gouvernement doit aussi procéder à une
réforme de ses propres mécanismes internes pour coordonner tout
cela. Il a pris une première décision de confier au Conseil du
trésor la coordination générale, mais il faut maintenant
traduire cette coordination générale dans des mécanismes
concrets par rapport aux ministères, par rapport aux hôpitaux, par
rapport aux commissions scolaires, s'organiser nous-mêmes, d'une
façon interne, d'une façon valable, rationnelle. Je pense qu'une
des raisons pour lesquelles des conflits se sont éternisés dans
le passé a été le manque ou les lacunes du
côté de l'organisation même de la partie patronale. Les
citations que vous avez mentionnées tantôt faisant état de
mes critiques à ce sujet je ne veux pas les répéter
reflètent ma conviction. C'est une conviction que j'étais
en mesure d'étayer puisque, comme vous le savez, avant le 15 novembre,
j'étais moi-même fonctionnaire. J'avais une bonne connaissance des
rouages internes de l'administration.
Cela m'amène, entre autres, à parler de la question des
coordonateurs ou des négociateurs. Une des raisons pour lesquelles les
porte-parole, les consultants de l'extérieur ont pris tant de place
durant les dernières négociations, entre autres, c'est le fait
que la partie patronale a mis tellement de temps à s'organiser d'une
façon efficace qu'on a été obligé à un
certain moment de faire intervenir des personnes de l'extérieur, non
plus cette fois pour jouer le rôle de porte-parole, d'aide ad hoc pour un
blitz, pour une opération d'urgence, mais pour prendre, à toutes
fins pratiques, le rôle de coordonnateur général,
d'organisateur général des négociations entre, non
seulement les ministères, mais entre les ministères et les autres
aspects de la partie patronale, association d'hôpitaux, commissions
scolaires, fédérations de CEGEP, etc.
Alors, si on s'organise normalement, c'est le sens non pas de ce qui
peut apparaître paradoxal ou contradictoire c'est le sens de ma
remarque dans un contexte normal où les équipes centrales
permanentes sont renforcées, sont développées, quand il
arrive des négociations, à un certain moment, où on n'a
pas nécessairement besoin d'avoir des fonctionnaires en permanence, mais
pour des cas ad hoc, pour des opérations ponctuelles, là on peut
avoir recours à l'occasion à des gens de l'extérieur qui
apportent une cer- taine dimension, une certaine compétence et qui
peuvent aussi jouer un rôle utile par des capacités personnelles
d'entregent, etc. Vous connaissez, entre autres, la mécanique d'une
table de négociations et l'importance du porte-parole dans ces domaines.
Dans ce sens, on peut à l'occasion utiliser les services de personnes
qui, le reste du temps, font bien d'autres choses, mais qui, pour une
période d'un mois ou deux mois, peuvent venir donner un coup de main et
servir de porte-parole. Mais cela n'entre pas en contradiction au
contraire cela complète les efforts que nous devons faire pour
d'abord asseoir nos mécanismes internes et le renforcement des
différents secteurs, des différentes sections responsables des
relations de travail dans les différents ministères et, en
particulier, d'une façon urgente, la constitution d'un groupe de
coordination efficace au Conseil du trésor, groupe d'ailleurs qui avait
déjà existé dans le passé sous forme embryonnaire,
soit dans différents ministères, soit même au
ministère de la Fonction publique, soit même une tentative au
Conseil du trésor, mais efforts qui s'étaient dilués
durant les trois ou quatre dernières années. Je m'excuse encore
de revenir là-dessus, mais je ne tiens pas, en disant cela, à
refaire le procès d'une ancienne administration, mais simplement placer
mes remarques dans un contexte où on comprend mieux de quoi je veux
parler.
Ceci étant dit...
M. Bellemare: Est-ce que vous me permettriez sur cet article
avant d'aller à un autre...
M. de Belleval: Oui, si vous voulez. Je pense que
là-dessus j'ai pas mal fini.
M. Bellemare: Parce que c'est du nouveau pour nous ce matin. Tout
le monde va admettre que cette directive nouvelle qui arrive, ce transfert qui
arrive de la Fonction publique au Conseil du trésor, c'est une
révélation qu'on n'avait jamais apprise. On l'apprend. Est-ce que
cela va être sous l'autorité du ministre de la Fonction publique
ou du ministre des Finances? Parce que cela est d'une importance capitale. Si
c'est sous l'autorité du ministre des Finances, c'est bien
différent que d'être sous l'autorité du ministre de la
Fonction publique qui est vice-président du Conseil du
trésor.
M. de Belleval: Je vais répondre à votre question.
J'en comprends bien les tenants et les aboutissants, et les implications. Comme
je l'ai expliqué tantôt, en vertu de la Loi de l'administration
financière, il est normal que ce soit le Conseil du trésor qui
assume ces responsabilités. Dans le passé, nominalement, il les a
assumées à différents moments, sauf que, comme je viens de
le dire, durant les trois ou quatre dernières années, la
transcription administrative de ces responsabilités
générales s'est trouvée diluée. On a abordé
les négociations qui viennent de se passer dans un contexte
administratif très, très flou pour dire le
moins. On a créé des groupes ad hoc pour coordonner les
négociations collectives; le Conseil du trésor, bien sûr,
en était partie, mais on ne peut pas dire que formellement il en
assumait véritablement la direction. Dans un sens, ce qu'on fait, c'est
retourner à la normale et non pas créer de nouvelles lois ou
prendre des dispositions vraiment nouvelles. Quand vous dites: C'est nouveau
pour nous...
M. Bellemare: C'est qu'on apprend ce matin que votre gouvernement
a décidé de procéder comme cela.
M. de Belleval: De procéder comme cela et dans ce sens, il
procède comme cela parce qu'au fond c'est inscrit dans la logique
même des lois actuelles. Il ne crée pas. Il n'a pas
découvert le bouton à quatre trous en faisant cela. Il
décide simplement de mettre de l'ordre dans sa maison.
M. Bellemare: Parce que dans le temps où les
premières négociations... Comme ministre du Travail, je n'avais
pas voulu toucher à cela. C'était M. Masse qui était
ministre de la Fonction publique. Les plus anciens se souviennent. C'est lui
qui avait dirigé. Dans le gouvernement précédent, cela a
été d'abord M. L'Allier qui a commencé et à un
moment donné il y a eu un changement et c'est M. Parent qui est
arrivé, le député de Hull, qui, lui, semblait diriger cela
de la Fonction publique.
M. de Belleval: C'est là qu'est toute
l'ambiguïté et je dois ajouter une précision importante
à ce que vous venez de dire. Il ne faut pas oublier que la Loi de
l'administration financière ne date que de 1970 et, à partir de
ce moment-là, ce n'était plus le ministère de la Fonction
publique comme tel, créé en 1969, mais le Conseil du
trésor qui, en vertu de la Loi de l'administration financière
était logiquement le coordonnateur de toutes ces grandes
décisions en matière de relations de travail. Cependant, au
niveau du porte-parole gouvernemental, on a continué à utiliser
les services du ministre de la Fonction publique et non pas du ministère
nécessairement. Et de 1970 à 1972 ou 1974, on a été
comme cela au fond, à cheval, sur cette ambiguïté
administrative: ministère de la Fonction publique, Conseil du
trésor. En 1973, 1974, il y a eu une tentative pour constituer une
véritable direction des politiques de personnel au Conseil du
trésor. Cette tentative a échoué et on est tombé
dans le vide institutionnel ou administratif dont je parle. Ce qu'on fait,
c'est revenir au fond à la logique de la loi de 1970 et à la
logique des dispositions qui avaient été prises en 1973/74. C'est
cela qu'on se trouve à faire.
M. Bellemare: Maintenant qui va être... Cela va être
le président du Conseil...
M. de Belleval: Je finis là-dessus. En ce qui concerne
maintenant le porte-parole gouvernemental en ces matières, pour
l'instant, les textes administratifs en vigueur font du ministre de la Fonction
publique ou à tout le moins de mon pré- décesseur,
nominalement, en personne, le porte-parole gouvernemental ou le coordonnateur
des opérations administratives en ce domaine.
Est-ce que ce sera encore le cas dans les semaines, les mois ou les
années à venir? Je ne peux pas présumer des
décisions du Conseil des ministres dans ce domaine. Il reste que ce
point aussi sera clarifié très bientôt.
M. Bellemare: II vous reste onze mois.
M. de Belleval: Cela ne prendra pas onze jours.
M. Bellemare: Onze jours, ah bon! le ministre du Travail a dit
cela, cela va prendre plus que ça. Mon autre question est celle-ci, M.
le Président.
M. de Belleval: Non, je parle du dernier point...
M. Bellemare: D'accord. Voici mon autre question. Lorsque vous
vous êtes arrêté aux suggestions que vous recevez, quant
à établir un nouveau processus dans les relations de travail, je
voudrais simplement répéter ce que j'ai déjà dit en
Chambre sur les conflits de travail. On a institutionnalisé, nous en
1968, les tribunaux du travail, qui sont des organismes puissants aujourd'hui,
dont personne n'a eu à se plaindre publiquement d'ailleurs. Je pense que
ça devrait entrer en considération quant au médiateur ou
au délégué, pour que le gouvernement ne puisse pas toucher
à ça. En dernier lieu, ça devrait être envoyé
devant le tribunal du travail, devant un quorum, et être discuté,
pourvu que ceux qui sont en grève entrent au travail et que ce soit le
tribunal du travail qui, en dernier lieu, donne sa décision finale
exécutoire. Cela devrait être pensé.
Je ne dis pas que j'en fais un ordre, mais c'est une suggestion.
Aujourd'hui, le tribunal du travail qui porte ce nom, qui a augmenté ses
effectifs, pourrait facilement rendre service, pour que le gouvernement ne soit
pas obligé d'entrer de plain-pied dans une grève, parce qu'il
devient juge et partie en même temps.
M. de Belleval: A ce sujet, on se souvient des
événements du mois de mai 1973 où les poursuites qui
avaient été prises par l'ancien ministre de la Justice, qui ont
conduit finalement à l'emprisonnement, en 1972, des chefs syndicaux
auraient pu avoir un déroulement tout à fait différent si
ces poursuites avaient été prises devant un tribunal du travail
plutôt que devant des cours de justice.
M. Bellemare: II y a eu "Charbonneau et le Chef" et il y a eu
aussi Bourassa et les chefs, ce n'est pas pareil.
M. de Belleval: C'est simplement pour souligner que
c'était un aspect important.
M. Bellemare: Cela aurait été une belle
pièce à monter.
M. de Belleval: En ce qui concerne les réformes
administratives et la clarification des rôles de la Commission de la
fonction publique, du ministère de la Fonction publique et du Conseil du
trésor, là-dessus, nous avons annoncé le
dépôt d'un projet de loi, en principe durant la présente
session, c'est-à-dire soit ce printemps, soit cet automne; compte tenu
du menu législatif actuel et de l'état d'avancement de la
rédaction du projet de loi en question, ce serait plutôt à
l'automne que ce printemps, d'autant plus qu'il reste malgré tout
à faire approuver par le Conseil des ministres les lignes directrices de
cette réforme.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre veut parler de
la réforme de la Loi de la fonction publique?
M. de Belleval: De la Loi de la fonction publique et de la
Commission de la fonction publique.
M. Vaillancourt (Orford): Ce serait déposé à
l'automne?
M. de Belleval: Ce serait déposé à
l'automne, en principe, oui, tel qu'annoncé dans le discours inaugural.
Par conséquent, vous comprenez que je ne suis pas en mesure de vous dire
quelle est la position gouvernementale sur les lignes particulières de
cette réforme. C'est pour ça que, tout à l'heure, je me
suis contenté d'en indiquer les objectifs généraux,
à savoir, d'une part, renforcer le rôle de la Commission de la
fonction publique en ce qui concerne le respect du régime de
mérite dans la fonction publique, et l'étendue, l'extension
pratique et concrète de ce régime, qu'il s'agisse de l'engagement
ou même de la promotion des fonctionnaires.
Actuellement, il y a quand même une anomalie, c'est que la
commission est à la fois, dans un sens, juge et partie.
Elle exécute des opérations administratives. Par exemple,
elle engage des fonctionnaires, c'est-à-dire qu'elle fait passer des
concours, sous son autorité. Elle procède à des examens.
Mais si on veut se plaindre du caractère objectif de ces concours ou de
ces examens, il n'y a plus de recours, puisque c'est la commission
elle-même qui, bien sûr, administrativement, quand il y a des
plaintes, consent à s'amender, s'il y a lieu, mais il reste qu'il faut
que non seulement justice soit faite, mais qu'elle ait l'apparence d'être
faite. De ce point de vue, il y a confusion des rôles; il faut clarifier
ce point.
Il y a aussi des aspects de la loi qui confient à un organisme
autonome, comme la commission, des responsabilités qui sont davantage
celles du ministre et non pas d'un organisme autonome, comme la classification
des fonctionnaires, leur mobilité, leur évaluation. Pour autant
que les aspects qui ont trait à la non-partisanerie, au non-favoritisme,
au respect de la règle du mérite sont sauvegardés, la
commission peut avoir des pouvoirs renforcés pour voir à ce que
cela soit sauvegardé; il reste que c'est au gestionnaire de prendre ses
responsabilités.
Il y a une autre lacune que plusieurs observateurs ont remarquée.
Par exemple, la nomination, qui est le fait, non pas de la commission, mais qui
est le fait des ministres, individuellement, et l'arbitraire de cela peut
introduire, quand 50 ou 100 candidats passent un examen, quel est le
critère ensuite utilisé par le ministre pour en choisir un, deux
ou trois.
L'opportunité de tenir ou non des concours. Tout l'aspect de la
gestion prévisionnelle des effectifs, en particulier de la gestion
prévisionnelle des carrières, particulièrement en ce qui a
trait aux cadres ou aux professionnels où, au fond, on abuse du
système des concours. Cela donne lieu à toutes les accusations de
concours bidons, puisqu'on est obligé, au lieu d'utiliser un
véritable système de gestion prévisionnelle, de passer par
des concours, mais comme ces concours sont aléatoires, en principe, et
que le résultat ne correspondrait pas nécessairement à une
bonne gestion, à long terme, de la carrière d'un certain nombre
d'individus, on est tenté de faire des concours, certes, mais, comme on
dit, de les pa-queter, de les arranger, pour obvier aux inconvénients du
résultat hasardeux de pareils concours.
Evidemment cette méthode de gestion des carrières ne
correspond plus à un système moderne de gestion. Il avait
été mis en place...
M. Bellemare: ...10%, disent certains fonctionnaires, à
des concours bidons.
M. de Belleval: C'est cela. Quand le système
lui-même n'est plus logique, les gestionnaires trouvent toutes sortes de
moyens pour le contourner et pour faire fonctionner le système
malgré tout. Il est temps de mettre de l'ordre là-dedans et de
faire en sorte qu'on ne soit plus obligé de procéder à de
pareils artifices, mais qu'au contraire cela se fasse dans un contexte
réglementaire normal, où l'évaluation des personnes, des
individus, se fait aussi selon des méthodes nouvelles, des
critères formels, d'une façon rigoureuse et que les promotions
soient fonction de cela, la commission restant toujours comme le chien de garde
de l'impartialité de ces mécanismes, mais qui introduit plus de
souplesse que ce qu'on a actuellement.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre a pensé
à un nouveau mécanisme pour choisir? Admettons que dans un
ministère, la fonction publique va qualifier, sur une liste
d'admissibilité, 25 ou 50 candidats et que le ministère en a
besoin de trois ou quatre, quel est le mécanisme, s'il y en a une
dizaine qui arrivent sur un même pied, suite aux examens?
M. de Belleval: II faut distinguer, entre le premier engagement
dans la fonction publique...
M. Vaillancourt (Orford): Au hasard?
M. de Belleval: ...et la mobilité, la promotion, etc. En
ce qui concerne le premier engagement, il est important que le mécanisme
de recrutement
soit au-dessus de tout soupçon et qu'il ne soit pas soumis
à l'arbitraire ministériel.
M. Vaillancourt (Orford): Je parle des nouveaux candidats.
M. de Belleval: Dans la réforme que nous envisageons, ce
point nous guide fortement, quand des occurrences comme celles dont vous parlez
se produisent.
Quand, par exemple, il n'est pas possible de mettre un rang entre
différents candidats, parce que la méthode de sélection ne
peut pas donner ce genre de résultat, ou que le type d'emploi ne se
prête pas à cela, il n'y a rien qui nous empêcherait, par
exemple, de procéder par voie de tirage au sort ou par rotation etc. Ce
sont tous de nouveaux mécanismes sur lesquels nous allons nous pencher.
En vertu de la loi, nous pourrons faire des règlements qui nous
permettront d'introduire, à l'occasion, ces nouveaux mécanismes
qui vont dépolitiser le choix. En ce qui concerne la promotion, la
mobilité des individus, déjà, dans le système,
c'est, comme je le disais, par de meilleurs mécanismes
d'évaluation et la mise en application des méthodes nouvelles de
gestion prévisionnelle des carrières que nous allons y
arriver.
M. Picotte: Revenant à une question qui a
été abordée tantôt, le ministre peut-il nous
garantir à ce moment que, dans le dépôt de sa loi, il y
aura quand même un mécanisme d'appel pour les gens qui vont passer
à l'avenir des concours de la fonction publique? Vous ne pouvez pas
savoir jusqu'à quel point c'est aberrant pour quelqu'un qui a
passé un concours de la fonction publique, qui s'imagine qu'il l'a
réussi et qui reçoit une réponse lui disant qu'il ne l'a
pas réussi. Aller à la fonction publique pour essayer de voir son
concours, discuter de ses résultats, c'est une affaire
hermétique, on ne peut pas entrer là, on ne peut pas en discuter,
il n'y a pas moyen de rencontrer qui que ce soit, et, bien souvent, le gars est
reçu comme un chien dans un jeu de quilles. On le jette simplement
dehors et on ne veut rien savoir de ce gars-là.
M. de Belleval: C'est le sens même...
M. Picotte: Cela donne l'impression aux gens que cela a
été truqué, paqueté, et que, si on ne veut rien lui
montrer, c'est que tout était arrangé d'avance. Alors...
M. de Belleval: C'est pour cela que je parlais d'une
clarification du rôle de la commission. Il ne faut pas que la commission
ait l'air d'être, comme maintenant, juge et partie, mais qu'elle agisse
plutôt comme un tribunal quasi judiciaire de dernier ressort dans des cas
comme cela et que les fonctions administratives ou exécutives soient
confiées plutôt à un autre organisme que cela, qu'elle ne
soit pas en même temps en conflit d'intérêts.
M. Picotte: Que ce soit compris dans une loi.
M. de Belleval: C'est cela et que, par ailleurs, son rôle
justement de chien de garde soit renforcé, plutôt que d'avoir un
rôle exécutif ou administratif qui est prépondérant
aux dépens de son rôle de chien de garde.
M. Bellemare: M. le Président, dans une déclaration
qu'a faite, le 21 janvier 1977, le président de la commission, il dit
dans la déclaration qu'il a soumise au journal Le Soleil que la
délégation de pouvoirs qu'il demande en surplus, c'est justement
cela, plus de pouvoirs discrétionnaires pour pouvoir d'abord juger de
certains cas particuliers, pour pouvoir accorder des droits d'appel. Il dit
cela! Je pourrais bien vous lire...
M. de Belleval: C'est très bien.
M. Bellemare: Ce n'est pas long, c'est deux... Il dit par
exemple: "II faudra que les objets et les conditions d'une telle
délégation de pouvoirs soient établis par
règlements de la commission. Il faudra que la délégation
elle-même soit faite par résolution et révocable en tout
temps. Il faudra aussi que la délégation soit accompagnée
d'un droit d'appel auprès de la commission". Alors, ce que demande le
président, c'est qu'on lui donne un pouvoir presque judiciaire.
M. de Belleval: Puis-je répondre là-dessus? M.
Bellemare: C'est ça! Je me demande... M. de Belleval: Le
pouvoir de délégation...
M. Bellemare: Dans l'amélioration de la loi, est-ce que
c'est cela, les pouvoirs qu'il demande? Des pouvoirs...
M. de Belleval: Oui. Alors, le pouvoir de
délégation dont parle M. Gérin dans cet article est celui
de pouvoir déléguer à un ministère les
opérations de recrutement de son personnel. Actuellement, la commission
peut seule recruter le personnel nouveau, ce qui a causé des critiques
dans le passé, les ministères se plaignant de la
surcentralisation de cette opération de recrutement. On envisage des
mécanismes en vertu desquels les ministères pourraient
eux-mêmes engager leur personnel, mais à condition que leur
mécanisme soit au-dessus de tout soupçon et que la commission
puisse surveiller si ces procédures protègent les candidats,
empêchent le favoritisme, etc...
M. Bellemare: En établissant des règlements?
M. de Belleval: En établissant des règlements et en
permettant à la commission de révoquer ce pouvoir de recrutement
si, de son avis, les règles de l'éthique, du régime de
mérite ne sont pas respectées. Cela aussi, ce sont des
éléments sur lesquels nous nous penchons actuellement pour les
introduire dans la loi.
M. Bellemare: Cette loi dont vous parlez, vous
avez l'air de l'avoir déjà étudiée un peu,
est-ce qu'on pourrait l'avoir avant la fin des travaux de la première
session pour qu'on puisse l'étudier pendant les vacances, si elle
était prête, parce que cela va être une loi
contentieuse?
M. de Belleval: Ah oui! Cela va être une loi
importante.
M. Bellemare: Alors, cela ne peut pas s'étudier en 24
heures parmi les travaux des autres lois. Si on l'avait pour la fin de la
première partie de la session, pour qu'on puisse au moins s'asseoir et
faire, comme on dit, quelques "sitting". Il y a des choses qui vont être
très intéressantes, nouvelles.
M. de Belleval: Je n'ai pas besoin de vous dire que ce n'est pas
notre intention, ce n'est pas la mienne en tout cas, de bousculer la Chambre
avec une nouvelle loi comme cela. On prendra le temps qu'il faudra pour
l'étudier.
M. Bellemare: D'accord. Si on l'avait à la fin de la
session.
M. de Belleval: D'accord.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait nous
dire avec le dépôt de la loi, s'il va déposer aussi les
règlements découlant de cette loi...
M. de Belleval: C'est un point intéressant... M.
Vaillancourt (Orford): ...en même temps.
M. de Belleval: ...et je pense qu'il faudra, en tout cas, qu'un
certain nombre de règlements charnières soient aussi
déposés. Là aussi, ce sont des choses. Evidemment, plus il
faut déposer de règlements, plus on désire en
déposer. Cela prend quand même un certain temps. Cela peut
retarder le dépôt de la loi. On a un jugement d'opportunité
à faire, à ce moment, entre déposer une loi plus
rapidement ou attendre qu'un certain nombre de règlements clés
soient déposés. Ce qui est important, et on le verra à ce
moment quand le projet de loi sera déposé, c'est qu'on renforce
les mécanismes qui donneront confiance aux citoyens envers le processus
administratif. S'il y a des mécanismes qui sont clairs, satisfaisants de
ce point de vue, je pense que la réglementation devient exacte, devient
moins importante. Par contre, si les mécanismes sont flous, bien
sûr, le législateur dit: Ce n'est pas assez clair, votre affaire.
Montrez-moi un règlement, je verrai bien de quoi vous voulez parler.
Alors, vous serez en mesure de juger, je pense, l'importance d'avoir des
règlements plus ou moins explicites à ce moment.
M. Bellemare: Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me
regarde pas, mais vous avez dans votre parti, des gens qui, au point de vue du
droit ouvrier, seraient d'une grande utilité pour la fabrication des
structures pour la formation de l'équipe. Vous avez le
député de Joliette qui a une grande expérience, et l'autre
député, M. Bisaillon, qui possède une grande
expérience dans les relations de travail. Je ne veux pas me faire le
promoteur d'une chicane entre vous autres.
M. de Belleval: Non, c'est impossible. On y voit bien
nous-mêmes tout seuls.
M. Bellemare: C'est sûr. Dans vos chicanes? M. de
Belleval: Oui, bien sûr. M. Bellemare: Vous y voyez!
M. de Belleval: Je fais comme Cyrano de Bergerac, je n'aime pas
qu'on me donne des noms, mais je me les attribue moi-même, si vous vous
souvenez de la pièce.
M. Bellemare: Ah oui!
M. de Belleval: De ce point de vue, on regarde la mise sur pied
d'un mécanisme de supervision ministérielle de toutes les
opérations, de façon à mettre en cause directement les
ministres concernés, comme celui de l'Education, celui des Affaires
sociales qui ont des responsabilités directes...
M. Bellemare: Si des fois dans l'Opposition, il y avait des gens
qui...
M. de Belleval: ...et même certains
députés.
M. Bellemare: ...vous seriez intéressés à
demander...
M. de Belleval: Pourquoi pas?
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez aussi le député
de Laviolette qui a de l'expérience dans les relations de travail.
M. de Belleval: On est un parti très riche, vous l'avez
très bien remarqué.
M. Bellemare: Oui. L'Opposition en a aussi. M. Vaillancourt
(Orford): II y a votre président. M. Picotte: ... M.
Vaillancourt (Orford): Notre président.
M. de Belleval: Je pense au député de Limoilou qui,
lui aussi, est un militant syndical dans une institution hospitalière,
le centre Robert Giffard. On en a de partout. On a même des patrons.
M. Bellemare: Ah bon! Il y en a un...
M. Picotte: Vous allez faire concurrence aux syndicats, si cela
continue.
M. de Belleval: Alors, je pense avoir couvert une bonne partie
des choses. Je voudrais terminer
pour parler des observations du député de Rimouski. On en
a tellement que dans la région du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie...
M. Picotte: Imaginez-vous si c'était mêlant quand on
était 102.
M. de Belleval: Ils étaient plus anonymes.
M. Marcoux: M. le ministre n'était pas habitué
à venir dans les régions avant.
M. de Belleval: C'est vrai.
M. Vaillancourt (Orford): Avec 71, vous allez apprendre le nom de
vos députés et de leur comté à la première
session, mais avec 102, cela nous a pris au moins deux sessions.
M. de Belleval: C'est presque tout fait.
M. Marcoux: Cela devient un processus mental.
M. de Belleval: Un processus mental lent. En ce qui concerne les
questions qui touchent à la décentralisation territoriale ou
administrative, il faut d'abord distinguer les deux aspects.
Actuellement, bien sûr, il y a des projets pour situer dans
différentes capitales régionales ou villes du Québec, des
administrations entières. Par exemple, la Régie de
l'assurance-maladie, ça pourrait être un organisme qui pourrait
être situé, comme il l'est à Québec, à
Trois-Rivières, à Sherbrooke, à Hull, etc.
M. Bellemare: Bonne idée.
M. de Belleval: D'autres organismes, comme ça par
exemple, une partie du ministère du Revenu pourraient être
situés dans une autre ville. Toutes les parties de tous les
ministères ou certaines administrations pourraient être
situées ailleurs. De ce point de vue, nous avons actuellement, d'une
part, le ministre d'Etat à l'aménagement du territoire, qui, dans
le cadre de son mandat, étudie quelles pourraient être les
principales villes, en vertu de quels critères ces villes pourraient
être choisies, où de telles administrations pourraient être
situées.
Deuxièmement, il y a aussi, bien sûr, le ministère
des Travaux publics qui étudie les besoins, en termes de
rénovation urbaine, d'aménagement des terrains, de construction
d'édifices, qui pourraient découler d'une telle décision,
et ensuite, bien sûr, le Conseil du trésor et le ministère
de la Fonction publique, en ce qui concerne le choix même des
administrations ainsi déconcentrées et les problèmes de
personnel que cela peut engendrer. S'il faut déménager des gens,
il faut protéger quand même les employés. On ne peut pas
déraciner comme ça des gens sans les consulter, sans
prévoir des mécanismes de dédommagement quand il s'agit,
entre autres, d'un déménagement. C'est, bien sûr, plus
facile quand il s'agit d'un nouvel or- ganisme qu'on crée et que
là, à ce moment-là, il n'y a pas encore
d'employés.
Ce sont toutes des choses qu'on étudie actuellement. Le travail
débute seulement, bien qu'il y ait déjà eu des
réflexions dans le passé, mais sans que nous n'en ayons fait
encore officiellement une politique gouvernementale ferme. Ce sont, disons, des
hypothèses de travail sur lesquelles on se penche actuellement, et je
pense qu'en temps et lieu le ministre d'Etat à l'aménagement du
territoire pourra annoncer quelque chose lui-même là-dessus,
puisque, au fond, ça doit se situer, ça, dans une espèce
de stratégie de développement de l'ensemble du territoire
québécois et non pas simplement dans une stratégie interne
de l'administration. C'est beaucoup plus vaste que ça. Je pense que je
n'ai pas besoin d'insister sur les effets extrêmement importants que
ça peut avoir pour la vie économique dans différentes
régions, le développement même de la mentalité de
l'administration, etc.
M. Bellemare: II y a quelques ministères qui l'ont fait,
d'ailleurs.
M. de Belleval: Actuellement? non. M. Bellemare: Le
régime de rentes... M. de Belleval: Non, tout est...
M. Bellemare: La Commission des accidents du travail.
M. de Belleval: Ce qui arrive, c'est que... Non.
J'arrive au deuxième aspect, c'est la déconcentration non
pas, cette fois, territoriale, mais administrative, c'est-à-dire le fait
que certains ministères ont des services régionaux ou des bureaux
régionaux, des services dans les différentes régions.
Cela, bien sûr, c'est une politique qui est poursuivie depuis de
nombreuses années, qui est plus ou moins vigoureuse, et qu'on aurait
intérêt à revoir comme telle, qui pose des
problèmes. Jusqu'à quel point les filiales administratives des
ministères dans chaque région doivent avoir plus ou moins de
pouvoirs? Est-ce qu'on doit en mettre beaucoup, plus ou moins? Il y a un
problème de quantité. Il y a un problème aussi
d'autorité.
M. Picotte: II y a des services d'information que des gens qui
ont des pouvoirs de décision...
M. de Belleval: Souvent, ce sont simplement des services
d'information. Parfois, ce sont seulement des boîtes aux lettres.
Parfois, ce sont plutôt des services exécutifs. Un bureau de
"licences", comme on dit en anglais, en utilisant l'anglicisme consacré,
c'est tout simplement un bureau de...
M. Bellemare: Comme la voirie, chez nous.
M. de Belleval: Tandis qu'au niveau de la voirie,
déjà, c'est quelque chose de plus important, de plus...
M. Picotte: Plus exécutif.
M. de Belleval: ... exécutif. Evidemment, tous les
services ne peuvent pas être déconcentrés de la même
façon. C'est un travail complexe sur lequel, je pense, l'administration
n'aura jamais fini de se pencher, pour lequel on ne trouvera jamais de solution
définitive.
Là encore, je pense qu'il est important qu'on prenne pour
principe que l'administration doit être le plus près possible des
administrés et qu'on ait plutôt un préjugé favorable
à la dispersion des effectifs sur place plutôt qu'à tout
vouloir concentrer.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministère de la Fonction
publique a-t-il des bureaux régionaux?
M. de Belleval: Le ministère de la Fonction publique a
effectivement des bureaux... Ce n'est pas le ministère, c'est la
commission, excusez, au niveau du recrutement pour être plus près
de la clientèle qu'on veut recruter. C'est quelque chose qu'il
faut...
M. Bellemare: Dans les bureaux de poste du
fédéral?
M. Vaillancourt (Orford): Où sont-ils situés?
M. de Belleval: Ils sont situés dans les capitales
régionales.
M. Vaillancourt (Orford): Dans quelles régions?
M. de Belleval: Dans neuf régions du Québec.
M. Picotte: II y en a un à Trois-Rivières, dans
l'ancien édifice Pollack.
M. de Belleval: C'est cela. Je pense qu'il y en a dans toutes les
capitales administratives.
M. Vaillancourt (Orford): II y en a un à Rimouski.
M. de Belleval: Rimouski, Trois-Rivières, Sherbrooke,
Montréal bien sûr, Hull, Rouyn et... Enfin.
M. Bellemare: Les formules sont faites dans les bureaux de
poste?
M. de Belleval: Non. Elles sont faites dans le bureau
régional.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce seulement pour le
dépôt des formules ou y a-t-il des fonctionnaires qui font du
recrutement?
M. de Belleval: II y a des jurys. Bien sûr, cela pose aussi
un problème. Vous le comprenez. C'est l'espèce d'uniformisation
des procédures, etc., et le fait aussi que si on veut protéger le
droit de l'individu à un emploi sur le plan du mérite, est-ce le
premier qui est à Rimouski ou est-ce le premier qui est à Hull?
Il reste que, pour un grand nombre d'emplois, on a intérêt
à procéder dans le champ plutôt qu'à tout concentrer
à Québec.
M. Vaillancourt (Orford): Sont-ce ces bureaux régionaux
qui vont choisir les occasionnels pour les emplois de la voirie au
ministère des Transports?
M. de Belleval: En ce qui concerne les occasionnels, nous allons
bientôt publier un règlement d'ensemble sur l'engagement de ce
personnel de façon à dépolitiser l'engagement et assurer
un certain régime sinon de mérite, du moins une certaine
stabilité dans les procédures administratives.
Pour l'instant, en ce qui concerne...
M. Vaillancourt (Orford): Le règlement sera-t-il pour la
présente année?
M. de Belleval: Ah oui! d'ici quelques semaines, et il sera rendu
public et déposé en Chambre.
M. Vaillancourt (Orford): Vous dites d'ici quelques semaines.
Vous savez que le ministère des Transports commencera à engager
probablement d'ici une semaine ou quinze jours des occasionnels?
M. de Belleval: Pendant ce temps-là, bien sûr qu'il
fallait continuer...
M. Vaillancourt (Orford): De quelle manière
déterminera-t-il...?
M. de Belleval: ...à engager des occasionnels, entre
autres, au ministère des Transports et au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. Alors, il y a eu une directive
intérimaire qui a été déposée par le
ministre des Transports qui prévoit l'engagement des occasionnels par la
voie des centres de main-d'oeuvre du Québec, et un comité de
trois personnes reçoit les demandes, les classe et réfère
les employés à l'administration qui en a besoin.
M. Vaillancourt (Orford): Je comprends que le ministre des
Transports a émis une directive. Il y a eu formation d'un comité
qui est composé d'une personne du ministère de la Fonction
publique, du ministère des Transports et des Affaires sociales...
M. de Belleval: ...et du centre de main-d'oeuvre...
M. Marcoux: La fonction publique n'est pas là.
M. de Belleval: II n'y a pas de fonction publique.
M. Vaillancourt (Orford): Mais sur quel règlement va-t-on
se baser pour choisir ces personnes? Je remarque que, dans la région de
Sherbrooke, on a 550 nouveaux emplois et il y a au-delà de 1500 à
2000 personnes qui ont postulé un emploi.
M. de Belleval: II y a un jury qui reçoit les demandes
et...
M. Vaillancourt (Orford): Va-t-on commencer par prendre ceux qui
travaillaient l'année précédente ou cela sera-t-il tous
des nouveaux?
M. de Belleval: II y a des procédures de prévues.
Vous n'avez pas en main une copie de cette directive?
M. Marcoux: La directive ne précise pas les
critères de sélection.
M. Vaillancourt (Orford): La directive ne précise pas les
critères.
M. de Belleval: Oui, elle précise les critères.
M. Picotte: Procède-t-on par entrevue, selon ce que j'ai
pu voir?
M. de Belleval: Pour ces questions particulières,
j'aimerais mieux que vous les posiez au ministre des Transports lors de
l'étude de ses crédits, puisque ce n'est pas le ministère
de la Fonction publique, pour répondre directement à votre
question, ou la Commission de la fonction publique, qui est responsable de
l'engagement de ce personnel.
M. Picotte: Mais vous nous assurez qu'il y aura quand même
une politique bien établie, uniforme pour tous les ministères
parce que, jusqu'à maintenant je comprends que ce sont des
mesures temporaires et sur lesquelles je suis d'accord d'ailleurs il y a
deux ministères qui ont déposé des politiques
complètement différentes. Il y a celui du Transport et celui du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. de Belleval: Tourisme, Chasse et Pêche.
M. Picotte: ...et ils ne procèdent pas de la même
façon.
M. de Belleval: Non. Chacun pour l'instant fait de son mieux.
M. Picotte: De toute façon, on aura d'ici peu une
politique générale pour l'ensemble des ministères.
M. de Belleval: D'ailleurs, on a commencé à
déposer les nouvelles politiques, que nous avions annoncées en
matière de recrutement de personnel occasionnel, services contractuels,
services professionnels, etc. La première directive officielle a
été celle pour le placement étudiant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rimouski.
M. Marcoux: Concernant la déconcentration administrative,
il y a des ministères qui le font, d'autres qui ne le font pas, etc.
C'est justement ce qu'on a observé dans le passé. Il n'y avait
pas une volonté politique clairement affirmée, pour l'ensemble de
l'appareil gouvernemental, de faire cette déconcentration
administrative. Là où il y avait certains ministres... Cela
dépendait de certains ministères ou de certains ministres;
certains ministres y croyaient. Au ministère des Terres et Forêts,
on croyait à une décentralisation, à une
régionalisation; on l'a fait. A d'autres ministères, on n'y
croyait pas; on ne l'a pas fait.
Ce qu'on a noté dans une étude de Vincent Lemieux qui a
été faite à propos de notre région qui a
vécu des expériences pilotes à ce sujet, c'est qu'il y
avait deux types de ministères. Dans les ministères qui
travaillaient en fonction des territoires, la déconcentration
était beaucoup plus facile et cela allait beaucoup mieux. Dans les
ministères qui fonctionnent par directions générales de
services, ce qu'on constate, c'est qu'il y a une objection majeure, au niveau
de la Fonction publique elle-même, à transformer cette structure
de pouvoirs parce qu'au lieu d'être en structure d'autorité, il
deviendrait en structure de services, ou en "staff", selon l'expression
anglaise, et plusieurs ministères ou plusieurs directions
générales refusent ce changement de structure
d'autorité.
Ce qu'on nous dit dans la région, au niveau des fonctionnaires,
c'est que, souvent, ce n'est pas la volonté politique qui manque, c'est
vraiment au niveau de la Fonction publique, au niveau des directions
générales des différents ministères qu'il y a des
blocages systématiques pour permettre cette déconcentration,
cette régionalisation, ce changement de structure. Cela dépend
vraiment aussi, à un moment donné, de quelques sous-ministres ou
de quelques hauts fonctionnaires qui ont des pouvoirs énormes par
rapport à ces attitudes-là.
Je demanderais au ministre de la Fonction publique de faire en sorte que
le gouvernement ait une volonté politique claire. Tant qu'il n'aura pas
une volonté politique de l'ensemble de l'appareil gouvernemental face
à cette déconcentration, elle ne se fera pas parce qu'elle va
dépendre des individus, des ministres, des changements, en somme, qui
peuvent se passer de mois en mois ou d'année en année,
plutôt que d'une attitude globale du gouvernement qui doit être
prise à ce sujet, pour faire en sorte que, dans les régions, ceux
qui sont contre la déconcentration soient les marginaux. Actuellement,
c'est l'inverse. Les ministères qui favorisent la régionalisation
sont les marginaux, sont en marginalité, alors que ceux qui favorisent
la centralisation sont en majorité. Il faudrait qu'il y ait une tendance
tellement forte, une volonté politique tellement forte pour faire en
sorte que ce soit l'inverse qui se passe. Parce que, si on laisse encore cette
attitude-là se continuer ministre par ministre, ministère par
ministère, on n'y aboutira pas avant dix ou quinze ans.
M. Bellemare: Les assistés sociaux dont on a parlé,
cela se rapporte plutôt au ministère des Transports qu'à
d'autres ministères?
M. de Belleval: Les occasionnels? Oui.
M. Bellemare: Plutôt là qu'ailleurs.
M. de Belleval: De notre côté, actuellement, nous
travaillons à la syndicalisation des occasionnels et nous avons
commencé, avec les syndicats en cause, toute une série de
discussions pour procéder à cette syndicalisation ordonnée
et modifier les conventions collectives en vigueur pour qu'elles s'appliquent
maintenant à ce personnel, parce que, évidemment, on ne peut pas
étendre ipso facto les conventions collectives qui ont été
faites pour les employés permanents à des employés
occasionnels. Il faut adapter les conventions actuelles.
M. Bellemare: Le Syndicat des fonctionnaires.
M. de Belleval: C'est principalement le Syndicat des
fonctionnaires, celui des professionnels aussi, les agents de la paix; il y a
cinq syndicats, je crois, qui sont impliqués.
M. Bellemare: C'étaient ceux qui s'étaient
retirés de la CSN en 1972. C'est maintenant un syndicat
indépendant qui n'a pas la réputation d'être parmi les plus
revendicatifs.
M. de Belleval: On ne parle pas du même sujet.
M. Bellemare: Oui, les occasionnels. C'est toute la documentation
sur les occasionnels. Ce que vous êtes en train de faire, M. de Belleval,
avec les occasionnels.
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'il y avait un Syndicat
canadien de la fonction publique...
M. Bellemare: ...syndicat des fonctionnaires...
M. de Belleval: Non, c'était le Syndicat canadien de la
fonction publique.
M. Bellemare: On parle du Syndicat canadien de la Fonction
publique, FTQ, qui avait adopté une accréditation de 260...
M. de Belleval: Ce syndicat avait obtenu une accréditation
à la RAMQ en appliquant intégralement la Loi de la fonction
publique, aux occasionnels en ce qui concerne le droit à la
syndicalisation. Ce syndicat a perdu son accréditation. Maintenant, on
me demandait si c'était pour éviter les foudres d'un syndicat
revendicateur que nous avions consenti aux occasionnels et c'est le sens de ma
réponse.
M. Bellemare: Là, ils sont dans le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux.
M. de Belleval: Ou le Syndicat de professionnels, s'il s'agit de
professionnels.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, est-ce que le
ministre peut nous dire combien il y a de "tablettés" actuellement?
Est-ce que vous avez des statistiques?
M. de Belleval: Non, justement, tant qu'on n'aura pas ce que
j'appelais tantôt des systèmes interministériels valables
d'évaluation du personnel, de gestion prévisionnelle des
carrières, on ne sera pas vraiment en mesure de connaître
l'utilisation, le potentiel utilisé de nos fonctionnaires en
général. Pour l'instant, la loi est ainsi faite et c'est pour
ça qu'il faut changer la loi, que la gestion du personnel relève
du chef du ministère, c'est-à-dire de chacun des ministres; le
recrutement et la reclassification de ces fonctionnaires relèvent de la
Commission de la fonction publique. De ce point de vue, le ministre de la
Fonction publique est une espèce d'observateur inquiet de la situation.
C'est ce que nous voulons changer.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les ministères, par
l'entremise de leur directeur du personnel, ne sont pas au courant, par
exemple, s'il y a des personnes qui sont payées à gros salaire,
qui n'ont pas d'endroit pour travailler, qui restent chez eux et,
reçoivent leur salaire?
M. de Belleval: On va y arriver quand on arrivera aux
éléments.
M. Bellemare: C'est l'élément 1.
M. de Belleval: La direction générale de la mise en
ressource des personnes.
M. Bellemare: II faudrait commencer là.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense qu'on commence par
ça.
M. Bellemare: Oui, on commence là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que tout le monde est d'accord.
M. de Belleval: Si vous voulez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'informe d'abord les membres de la commission que nous allons suspendre nos
travaux à 13 heures et ça prendra le consentement unanime pour
terminer avant.
M. Bellemare: ...consentement unanime, moi, je ne savais pas
qu'on siégeait aujourd'hui, on l'a su hier à 4 heures, alors
à 12 h 30...
M. de Belleval: Comme moi d'ailleurs.
M. Bellemare: ...j'ai un groupe qui me rencontre. Si on avait le
consentement unanime, pour cette fois-ci, parce que...
M. Vaillancourt (Orford): Pour ma part, je n'ai
pas d'objection, si ça peut accommoder le député de
Johnson, et d'autres.
M. Bellemare: A 12 h 30, c'est le ministre qui peut
décider ça.
M. de Belleval: Je pense que tout le monde a été
pris par surprise...
M. Bellemare: C'est ça, on ne l'a pas su.
M. de Belleval: ...il faut essayer de s'entraider.
M. Bellemare: On siège à 15 heures à part
ça.
M. de Belleval: On siège à 15 heures, on
reprendrait ensuite après la période des questions. On pourrait
peut-être continuer jusqu'à 18 heures ou 18 h 30.
M. Bellemare: Cela devrait être bien avancé. Pour
moi, en tout cas, je ne sais pas pour l'Opposition officielle, mais pour moi,
personnellement, mon groupe, le député de Gaspé, ce n'est
pas votre administration qu'on a à juger.
M. de Belleval: D'accord.
M. Vaillancourt (Orford): Pour notre part, on n'a pas tellement
de questions, je pense que le ministre, étant donné qu'il n'a pas
encore fait ses preuves, on ne veut pas essayer de chercher des puces où
il y en a pas. On a quelques questions à poser, mais il est possible
qu'on finisse vers 18 heures ou 18 h 30.
M. Picotte: De toute façon, on a touché à
tellement de politiques globales ce matin, je pense bien que l'étude des
différents programmes se fera rapidement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On a le
consentement unanime pour 12 h 30?
M. de Belleval: Oui. Cependant, avant de passer aux questions
particulières, il me reste une question générale, en tout
cas, au moins une, à laquelle je n'ai pas répondu. C'est celle
des fonctionnaires fédéraux et de leur intégration
éventuelle dans la fonction publique québécoise.
C'est vrai que cela va devenir un élément important du
débat que l'on va engager d'ici quelques mois, quelques années,
lorsque nous procéderons au référendum que nous avons
promis.
A ce sujet, nous aurons bientôt des consultations, mon
collègue des Affaires intergouvernementales et moi-même, pour voir
quels sont les mécanismes que nous mettrons en place pour définir
la politique que nous proposerons aux fonctionnaires provinciaux
particulièrement, au premier chef, et aux fonctionnaires
fédéraux qui se trouveront intégrés dans une grande
fonction publique québécoise, après le
référendum.
Pour l'instant, il s'agit, de notre part...
M. Bellemare: Pour autant que vous allez fermer les portes au
gouvernement fédéral qui n'aura pas le droit de s'installer dans
la province, qui n'aura pas le droit d'avoir un pied-à-terre dans la
province.
Si vous défendez au gouvernement fédéral, par la
souveraineté-association, de ne pas avoir un pied-à-terre dans la
province... parce que les autres qui sont déjà là vont
certainement demeurer, s'il y a un accord souveraineté-association,
à leur poste dans la province de Québec. Le gouvernement va
continuer à fonctionner dans les douanes, il va continuer à
fonctionner dans les postes...
M. de Belleval: Bien sûr, mais alors...
M. Bellemare: ...il va continuer à fonctionner dans la
monnaie.
M. de Belleval: II faut, je pense, pour présenter notre
option de la façon la plus claire possible, que ces fonctionnaires
sachent d'avance, en vertu de quels mécanismes, quels sont les droits
qui leur seront garantis dans une nouvelle fonction publique. Je pense qu'ils
se posent des questions là-dessus et avec raison.
M. Bellemare:... dans la province de Québec? M. de
Belleval: Bien sûr!
M. Bellemare: S'ils y sont déjà et qu'ils
travaillent pour le gouvernement fédéral et que le gouvernement
fédéral reste dans la province, a encore ses bureaux, comme
n'importe quel pays a son consulat à Montréal ou ailleurs...
M. de Belleval: Ce n'est pas de cela dont il s'agit.
M. Bellemare: II n'y a pas de raison de s'alarmer.
M. de Belleval: Non, non.
M. Bellemare: Je trouve qu'on est à régler un
problème qui n'arrivera peut-être jamais. Mais en tout cas, on va
attendre d'être rendu près du pont pour traverser la
rivière.
M. de Belleval: II est bon de clarifier quand même la
question à ce sujet-là, parce que vos remarques laissent
présager peut-être un malentendu. Dans le cadre d'une association,
il y aura des organismes communs, bien sûr, et sans doute, un
fonctionnarisme commun également.
Il y aura certainement un rapatriement très vaste
d'administrations qui sont actuellement assumées par le gouvernement
fédéral. Des fonctionnaires fédéraux choisiront
certainement de s'intégrer à la nouvelle fonction publique
québécoise et il est important qu'on définisse d'avance et
qu'on explique à ces gens les mécanismes qui seront à leur
disposition pour s'intégrer ainsi dans la fonction publique
québécoise. C'est le sens de la question du député
de Rivière-du-Loup et c'est le sens des conversations de Rimouski, que
j'aurai
bientôt, avec le ministre des Affaires intergouvernementales pour
mettre en branle les mécanismes administratifs qui définiront
cette politique.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre va tenir compte
de toutes ces possibilités futures dans sa refonte de la Loi de la
fonction publique?
M. de Belleval: La réforme de la loi va être une
réforme générale qui permettra toute la souplesse voulue
pour l'avenir.
M. Marcoux: Si je comprends bien, M. le ministre, il n'y a pas
encore de comité dans son ministère qui travaille à ce
sujet?
M. de Belleval: Non, j'admettrai, je pense, que les urgences que
j'ai eues en arrivant ne m'ont pas encore permis de mettre toute la pression
là-dessus, d'autant plus que je ne me sens pas quand même le seul
responsable...
M. Bellemare: C'est cela.
M. de Belleval: ...dans ce domaine, et il faut, bien sûr,
qu'on se consulte à tout le moins, mon collègue des Affaires
intergouvernementales et moi.
M. Picotte: II ne faut pas trop demander, vous savez qu'il n'y a
pas d'urgence dans ce domaine encore.
M. de Belleval: Le référendum n'est pas pour tout
de suite, on a dit qu'on prendrait quelques mois.
M. Picotte: Faites-vous donc pas d'illusions.
M. Le Moignan: De toute façon, même si le
référendum venait dans deux ou trois ans, ce sont des choses qui
vont se régler après le référendum.
M. Marcoux: Non, mais...
M. Le Moignan: Et ils vont continuer de travailler, de vaquer
à leurs occupations, pour l'instant.
M. Marcoux: Je ne peux pas être d'accord avec le
député de Gaspé, elles vont se régler après,
mais il faut que la population sache avant comment cela va se régler
après.
M. de Belleval: C'est en plein cela.
M. Marcoux: ...je veux dire comme pour l'association
économique, il va falloir que la population sache avant comment cela va
se régler après. Or, cela fait partie du débat
rationnel...
M. Bellemare: Cela préparait un débat sur la
souveraineté.
Une Voix: A l'ordrel
M. Bellemare: M. le Président, à l'ordre! On est
dans la fonction publique.
M. Marcoux: Pardon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II nous
reste cinq minutes, nous allons attaquer l'élément 1 du programme
1.
M. Marcoux: Je ne suis pas d'accord avec le député
de Johnson...
M. Bellemare: A l'ordre, à l'ordre!
M. Marcoux: ...qui conteste le genre de questions et
l'intérêt du genre de questions que j'ai posées. Je crois
que, lors de l'introduction ou lors de l'étude des crédits, c'est
le temps de poser des questions qui ne concernent pas simplement le court
terme, mais qui concernent aussi le fait de savoir comment le ministère
voit l'évolution ou les priorités pour les années à
venir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, messieurs, je demande votre collaboration. Nous ne sommes pas ici
pour parler du résultat du référendum.
M. Le Moignan: La question est hypothétique, de toute
façon, pour le moment.
Amélioration de la gestion du personnel et de
l'organisation
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Programme 1, élément 1. Amélioration de la gestion du
personnel et de l'organisation.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, la
première question que j'avais posée tout à l'heure au
ministre, c'était s'il y avait des statistiques pour déterminer
le nombre de "tablettés". Il m'a répondu qu'il n'y en avait pas.
Est-ce que le ministre va avoir un mécanisme pour essayer de
déterminer cela et essayer de remettre à l'ouvrage tous ces
"tablettés" dans le plus bref délai possible? Quand je pense
qu'on parle d'un manque d'argent un peu partout, de restrictions
budgétaires dans tous les domaines, je pense bien qu'au lieu d'engager
de nouveaux fonctionnaires, il serait bon de récupérer ceux qui
sont déjà payés sans produire.
M. de Belleval: Je ne sais pas si j'ai vraiment
déclaré qu'il n'existait aucun mécanisme pour identifier
quels sont les cadres qui sont sous utilisés, mais, effectivement, il
existe au moins un moyen indirect de connaître l'importance du
phénomène, puisque, comme vous le savez, les augmentations de
salaire des cadres annuellement sont données en fonction du rendement du
cadre, tel qu'évalué par son supérieur hiérarchique
et son sous-ministre. Ces renseignements viennent à un comité
central où il y a une évaluation globale des évaluations
sectorielles, des évaluations ministérielles, et bien sûr,
en fonction de ces évaluations, on est en mesure de voir quels sont les
fonc-
tionnaires pour lesquels on ne recommande aucune augmentation de salaire
ou une augmentation extrêmement faible. Il n'y a pas,
nécessairement, une relation directe entre le caractère de
sous-utilisation d'un fonctionnaire et son augmentation de salaire pour
différents aspects techniques sur lesquels je n'insisterai pas, mais
cela nous donne quand même une bonne indication.
Actuellement, il existe dans différents ministères des
fonctionnaires sous-utilisés ou dont on n'est pas satisfait de la
performance. Ce n'est pas nécessairement le même cas, le
même problème. Je pense qu'il y en a peut-être une centaine
actuellement. Je pense que c'est un problème. C'est regarder la question
par le petit bout de la lorgnette, vraiment, le problème est plus
général. Ce qu'il faut vraiment, c'est établir une
véritable gestion des carrières de nos cadres, plutôt que
de fonctionner dans le cadre administratif actuel qui est, au fond, somme
toute, récent.
Il ne faut pas se le cacher. La fonction publique
québécoise moderne, ça ne date pas de bien des
années. C'est M. Sauvé, je pense, qui, en 1958...
Une Voix: 1959.
M. de Belleval: ... 1959, c'est-à-dire, avait mis en place
les premiers éléments pour moderniser la fonction publique
québécoise et, depuis ce temps, il y a eu des mouvements
successifs. Il est temps maintenant de reprendre ça en main et de
moderniser véritablement nos procédures de gestion, en
particulier de notre personnel supérieur, et de mettre en place de bons
mécanismes d'évaluation, mécanismes plus rigoureux que ce
qu'on a actuellement où, au fond, comme je le disais, en vertu de la
loi, chaque ministère est responsable de la gestion de son personnel.
Donc, certains ministères sont plus habiles que d'autres, mais il n'y a
pas d'uniformité. C'est aussi quand la loi sera changée qu'on
pourra donner une espèce de décentralisation; on pourra permettre
une certaine décentralisation administrative pour implanter des
procédures plus rigoureuses. Quand on aura aussi un mécanisme de
promotion latérale de mobilité plus sophistiqué que ce
qu'on a actuellement, on sera en mesure vraiment d'améliorer
l'utilisation de notre potentiel. C'est ça, au fond, qui est notre
priorité. Ce n'est pas le problème de quelques individus qui,
à un moment donné, peuvent avoir une malchance dans leur
carrière. Cependant, malgré tout, nous avons, à
l'intérieur de la direction générale des ressources
humaines, un service en particulier qui s'occupe de la réorientation des
carrières de certains cadres qui, comme ça, deviennent
surnuméraires ou qui se trouvent sous-employés, à un
moment donné, et, par des entrevues, par une évaluation des
dossiers, par une recherche des postes dans les différents
ministères, graduellement, comme ça, on reclasse des individus
qui ont des difficultés dans leur cheminement de carrière.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien le ministre, vous
n'avez réellement pas de statisti- ques des "tablettés",
actuellement, qui existent au gouvernement.
M. de Belleval: II faudrait définir d'abord, M. le
député, ce qu'est un "tabletté", terme que je trouve
absolument odieux, et je pense qu'on devrait arrêter d'utiliser ce terme,
surtout en commission parlementaire. Ce n'est pas un reproche que je vous
fais...
M. Vaillancourt (Orford): Disons... M. de Belleval: ... c'est un
terme...
M. Vaillancourt (Orford): ... des personnes qui sont
payées sans être utilisées...
M. de Belleval: ... qui sont sous-utilisées... M.
Vaillancourt (Orford):... ou sous-utilisées...
M. de Belleval: ... ou qui ont des accidents de carrière
et, comme je le faisais remarquer dans une entrevue bavarde que je donnais.
M. Vaillancourt (Orford): ... comme accident de
carrière?
M. de Belleval: C'est un phénomène qu'on retrouve
dans toutes les administrations, qui n'est pas propre au gouvernement du
Québec. On retrouve ça dans tous les gouvernements, mais on ne
trouve pas ça seulement dans les gouvernements.
Même l'entreprise privée a son contingent, comme le dit le
principe de Peter, de personnes qui ont dépassé leur niveau
d'incompétence à un certain moment. Ce n'est pas un
phénomène québécois, francophone, catholique.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'un accident de
carrière, vous l'appelez un changement de gouvernement aussi?
M. de Belleval: II y a des accidents de carrière sur le
plan du personnel politique.
M. Bellemare: Seulement une question avant de terminer. Combien
de postes ont-ils été autorisés en vertu de la Loi du
Conseil du trésor pour cette année à la Commission de la
fonction publique? L'an dernier, il y avait eu d'autorisés 55 686
postes.
M. de Belleval: Je peux déposer, si vous voulez...
M. Bellemare: Combien sont autorisés cette
année?
M. de Belleval: Quand on arrivera à cet
élément, à ce programme, on pourra en parler. Je pense que
je l'ai quand même ici.
M. Picotte: M. le Président, je me réserve le droit
de revenir sur cette question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas adopté. Je vous fais remarquer qu'il est 12 h 30. Nous allons
suspendre nos travaux jusqu'après la période des questions et la
parole sera au député de Maskinongé sur
l'élément 1 du programme 1.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
Reprise de la séance à 16 h 42
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Programme 1, élément 1. La parole est au
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je ne veux pas faire une
guerre au ministre là-dessus, loin de là. C'est tout simplement
quelques questions d'information concernant le nombre des personnes qui
travaillent à la Fonction publique, qu'on appelle
sous-utilisées.
Est-ce que j'ai bien compris? Le ministre a mentionné ce matin,
avant la suspension, qu'il n'était pas possible pour le ministère
de la Fonction publique d'évaluer, dans les différents
ministères, le nombre de personnes qui sont sous-utilisées et qui
reçoivent quand même des traitements, des salaires de la part du
gouvernement.
M. de Belleval: Comme je l'ai dit tout à l'heure, il
revient à chaque chef et sous-chef de ministère de gérer
son personnel. Il a toute l'autorité pour faire cela. C'est sa
responsabilité de le faire, en vertu de la loi, en vertu des lois
constitutives de chacun des ministères.
Cependant, au niveau de l'allocation annuelle des traitements, les
recommandations de chacun des sous-chefs des ministères sont
corrigées cen-tralement. A partir des recommandations qui sont faites
d'augmenter ou de ne pas augmenter les salaires des cadres, on est en mesure
d'avoir une appréciation approximative des cadres qui sont soit
sous-utilisés, ou dont la performance n'a pas été
satisfaisante durant la dernière année. C'est ce qui nous amenait
à dire qu'il y a peut-être, actuellement, une centaine de cadres
dont la performance laisserait à désirer, selon le jugement de
leur sous-chef, durant la dernière année.
Mais je voudrais encore revenir là-dessus en disant que le
problème fondamental, ce n'est pas d'identifier comme tel un ou deux cas
problèmes plus cruciaux à l'intérieur de chaque
ministère, des cas, comme je le disais encore ce matin, qui se
retrouvent dans toute administration plus ou moins considérable, mais de
vraiment mettre en place une véritable politique de gestion des
carrières des cadres, avec des méthodes d'évaluation
convenables et des systèmes de mobilité meilleurs que ceux que
nous avons actuellement.
Chaque ministre nomme ses fonctionnaires. Déjà, vous voyez
très bien l'obstacle que cela pose à la mobilité
interministérielle. Dans le cadre de la réforme dont je parlais
ce matin, il faudra, bien sûr, y avoir des éléments d'une
certaine centralisation de la gestion des carrières des cadres, en tout
cas, pour améliorer l'utilisation de notre personnel.
M. Picotte: De toute façon, le ministre sait que cela a
existé, évidemment, on l'a mentionné tantôt, non
seulement au niveau des gouvernements, mais au niveau de l'entreprise
privée; cela existe aussi. Cela a existé aussi dans tous les
gouvernements, mais c'est dans les prérogatives du minis-
tre d'essayer de trouver une solution le plus rapidement possible
à ces gens-là...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Picotte: ...pour les reclasser ou les...
M. de Belleval: Et, comme je le disais aussi, il y a, à
l'élément 1, à la direction générale de la
mise en valeur des ressources humaines, une section qui s'occupe de la
réorientation des carrières des cadres qui sont dûment
identifiés par leur ministère comme ayant atteint un palier
difficile dans leurs carrières et qui doivent être
réorientés. Cette section de la direction générale
s'occupe particulièrement de ces cas. Actuellement, je pense qu'il y a
une quinzaine de cadres qui sont affectés à ce programme de
réorientation, autrement dit qui sont en voie d'être
réorientés.
Donc, il y a eu déjà des mécanismes de mis en
place. Ce qu'il s'agit de faire, c'est de les améliorer, au fond,
d'étendre nos moyens et surtout de s'occuper de l'ensemble de la
question et non pas simplement d'attendre qu'il y ait des crises, des malades,
au fond, dans le système, que ce soit de la faute des gens ou tout
simplement à la suite d'une réorientation d'un ministère,
d'une direction, d'un changement administratif. Il y a toutes sortes de raisons
pour lesquelles quelqu'un peut être sous-utilisé. Ce n'est pas
nécessairement, ce n'est pas toujours la faute de l'individu en
question.
M. Picotte: D'accord, en ce qui concerne cet
élément, ce problème, ça me satisfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres députés qui voudraient intervenir sur
l'élément 1?
M. Bellemare: Je voudrais, pour faire suite à la question
que j'avais posée à la fin de... Combien d'emplois la Fonction
publique est-elle autorisée à avoir?
M. de Belleval: D'employés?
M. Bellemare: ...d'employés; je sais que...
M. de Belleval: Oui, écoutez, si vous voulez, je peux vous
faire distribuer un tableau qui est tiré de notre système
informatisé de paie qui donne le nombre de postes autorisés
à une date donnée et le nombre de postes vacants par
ministère.
M. Bellemare: Est-ce que c'est encore le même formulaire
que celui qui existait au budget l'an passé? On se faisait autoriser par
arrêté en conseil pour un montant fixe de personnel et on ne
dépassait pas les cadres de ce chiffre. Cette année, je ne sais
pas, j'avais un document ce matin qui disait que cela pouvait atteindre 55
000...
M. de Belleval: 55 000?
M. Bellemare: 55 346 et, dans ma précipitation de ce midi,
je...
M. de Belleval: ...actuellement...
M. Bellemare: ...on dit qu'il y en avait seulement 47 000
à peu près de comblés.
M. de Belleval: Je déposerai, si vous voulez, M. le
député de Johnson, deux tableaux qui répondront, je pense,
entièrement à vos questions. Un premier tableau va vous donner la
liste des postes autorisés par ministère lors des quatre
périodes de paie du budget 1976/77, le nombre de postes occupés
et le nombre de postes vacants. Pour répondre à votre question
plus spécifique, à la fin de l'exercice passé, il y avait
62 900 postes autorisés.
M. Bellemare: Bon.
M. de Belleval: Cela va? De ces postes, il y en avait 59 000
d'occupés, donc 4000 de vacants.
M. Bellemare: 4000 de vacants.
M. de Belleval: Alors, vous pouvez faire la correspondance avec
le chiffre de 6000 que vous citiez ce matin.
M. Bellemare: Je vais le trouver dans deux minutes.
M. de Belleval: Deuxièmement, quant aux prévisions
de 1977/78, un deuxième tableau vous indiquera par ministère les
effectifs qui sont autorisés à titre permanent et à titre
partiel. Pour 1977/78, le total des employés permanents autorisés
est de 58 814, de 10 000 à temps partiel, pour un total de 69 222 dans
l'année.
M. Bellemare: Bon. Quand le ministre a parlé ce matin
d'éliminer le bois mort qui existait dans la commission, je pense qu'il
touchait spécifiquement à ces cas particuliers qui traînent
un peu partout dans l'administration, parce qu'il est arrivé... Dans
l'univers des fonctionnaires, cela a été décrit par une
enquête qui a été menée en 1976 chez vous dans votre
commission par Mme Kathleen Hendriks, vous avez dû retrouver le volume de
son rapport...
M. de Belleval: A ce sujet, permettez-moi, M. le
député, de vous interrompre seulement une minute, pour vous
présenter M. Gérin, que vous connaissez sans doute, qui est le
président de la commission...
M. Bellemare: Assez profondément.
M. de Belleval: ...qui n'était pas avec nous ce matin. Mme
Hendriks, d'ailleurs, dont vous parlez, qui est une autre des commissaires de
la commission...
M. Bellemare: Bonjour, madame. Celle-là, je ne la
connaissais pas.
M. de Belleval: ...qui est ici aussi derrière
nous, de même que M. Tourigny, qui est le troisième
commissaire de la Commission de la fonction publique.
M. Bellemare: Je connaissais monsieur... M. de Belleval:
Oui, je sais. M. Chevrette: Vous en avez connu plusieurs. M.
Bellemare: Pardon?
M. de Belleval: Vous avez connu tout le monde.
M. Bellemare: Ecoutez, cela fait déjà 32 ans. Je
suis quasiment une institution moi-même. Dans ce document qui avait
été préparé à la demande du gouvernement
précédent par Mme Kathleen Hendriks-Francoeur, M. André
Gauvin, du ministère du Revenu, le juge Gill Fortier, qui était
le président de la Régie des rentes, M. Fernand Mousseau, du
ministère de la Fonction publique, et M. Gilles Néron.
Ce document a été remis au ministre en 1976, à peu
près vers le mois de mars et j'ai posé, en Chambre, après
que ce document ait été remis, plusieurs questions pour savoir
s'il y avait des développements nouveaux, si on mettrait en application
les recommandations du comité d'enquête Hendriks-Francoeur si on
avait trouvé des gens sur les tablettes et ce qu'on en ferait. Et,
à la suite de ces questions, il est venu justement toute une
série d'articles dans le Soleil, qui a débuté le 3 mars
1976, et qui avait comme titre: L'univers des fonctionnaires. Dans un de ces
articles, l'Etat doit éliminer, d'après le comité de Mme
Hendriks-Francoeur, le bois mort. J'ai été surpris de lire dans
le rapport d'abord et aussi après ça comment on avait
développé... "... le recrutement public doit être
développé de façon que moins de 20% des candidats viennent
de l'extérieur de la fonction publique." On a dit, dans ce rapport,
qu'il y avait un groupe d'employés fonctionnaires qui occupaient des
charges inutiles. Je ne sais pas si cela a été refait,
remanié depuis votre arrivée ou si des dispositions
particulières sont venues... Parce que dans un des articles que je vous
ai montrés ce matin, on avait dit qu'il y avait 6000 fonctionnaires de
trop à la fonction publique. Avant de partir une guerre, je voudrais
bien savoir si c'est vrai qu'il y a 6000 employés de trop. J'ai vu
quelqu'un vous fournir un renseignement ce matin. Peut-être que vous
pouvez me donner une réponse satisfaisante. Après que nous aurons
discuté de ce bois mort, à la commission, puisque nous sommes
à l'élément 1 c'est bien l'élément
sur lequel on doit discuteron pourra peut-être, dans le même
esprit, voir comment ont été organisés les concours
bidons, parce que vous en avez parlé vous-même ce matin et,
à la suite d'un article de Roger Belle-feuille paru le 6 avril 1976,
là, vous me donnerez des réponses.
D'abord, la première partie...
M. de Belleval: M. le député de Johnson, je
regrette un peu... Le député de Maskinongé, juste avant
votre arrivée, m'avait posé une question semblable, et je lui ai
fourni...
M. Bellemare: Je sais lire. Je lirai dans le rapport...
M. de Belleval: Bon!
M. Bellemare: Je ne veux pas que vous répétiez.
M. de Belleval: Je ne veux pas violer vos privilèges, d'un
autre côté, mais...
M. Bellemare: Non. Je suis assez brillant pour lire et
comprendre! Il y en a qui ne font qu'entendre. Ils ne comprennent jamais!
M. de Belleval: Processus mental lent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y en
a-t-il d'autres qui aimeraient intervenir à l'élément
1?
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je...
M. Bellemare: Je n'ai pas fini. Si vous vouliez me laisser la
parole, je vous la demande encore une fois parce qu'il y a dans cet
élément aussi l'élément 1 la question
des concours. Je comprends que ce matin vous y avez touché avec un vol
d'oiseau assez rapide. Comme votre vol en surface est très léger,
j'ai cru que vous reviendriez à mon appel parce qu'il y a
peut-être des choses qui seraient bien intéressantes à nous
dire.
Dans cet horizon, dans l'enquête Hendriks, il a été
dit qu'il y avait 46% des hauts fonctionnaires du gouvernement
québécois qui croient en effet que les concours de promotion
tenus sous les auspices de la Commission de la fonction publique sont tout
à fait arrangés d'avance.
Cela n'a jamais été démenti, et cela date du 6
avril 1976. Je comprends que ce n'est pas votre administration qu'on juge, mais
puisqu'on est dans les réformes salutaires tel que le veut votre
programme, je voudrais bien essayer de me conformer à votre
pensée politique et de mettre cela net, net et pur, pur.
M. de Belleval: ... du Parti québécois.
M. Bellemare: Je ne voudrais pas aller contre votre programme,
pour vous faire de la peine, mais je vous dis que cela existe et que cela
perdure.
M. Chevrette: Trouvez-vous que le programme a de l'allure?
M. Bellemare: C'est-à-dire que la couleur est belle, le
restant, je ne le sais pas!
M. Chevrette: L'enfer est rouge, le ciel est bleu, mais nous
autres, c'est le vert, l'espérance. Vous êtes
débarrassé des deux!
M. Bellemare: I! n'est pas sûr que Mgr Laflèche vous
écouterait. Maintenant, 46% des hauts fonctionnaires seraient d'avis que
les concours sont truqués. Les 46% n'ont pas dit les concours
d'admission. Ils disent la promotion. J'ai vu, comme ministre, des concours
chez nous, dans mes deux ministères, à l'Industrie et Commerce et
au Travail, des concours de promotion que j'ai demandés et cela n'a
jamais fonctionné. Il y a eu des promotions qui sont venues et qui
n'étaient pas celles que je désirais obtenir et d'autres qui ont
été imposées.
Alors, je voudrais bien que le ministre me dise... parce qu'ils disaient
qu'à la fonction publique, les concours sont tout bonnement
arrangés d'avance. Pour eux, ces concours ne se révèlent
donc pas d'une grande valeur comme possibilité de promotion dans leur
carrière.
D'autre part, 45% affirment que l'influence politique et l'absence de
possibilité d'avancement sont des obstacles majeurs au recrutement et
aux avancements possibles dans les ministères. Il accusait la Commission
de la fonction publique à ce moment-là. Ces données sont
tirées d'un sondage effectué par la firme CROP à la suite
d'un échantillonnage de 400 hauts fonctionnaires pour le compte d'un
comité gouvernemental sur les cadres supérieurs de la fonction
publique québécoise et commandé par le gouvernement. Plus
de 65% d'entre eux estiment que les stages et la mutation, 33 1/3%, n'existent
tout simplement pas comme moyen d'avancement, mais que de toute façon,
pour ceux qui y croient, ces deux moyens ne font que favoriser
l'incompétence, 15% quant aux stages et 20% quant à la mutation.
Ce sont des choses qui ont été lues par une grande
majorité de la population et qui n'ont jamais été
réfutées. Aujourd'hui, le ministre a une occasion que lui
fournit l'Opposition en le questionnant, de le dire, pour tous ceux qui
sont en arrière de lui et qui le secondent si admirablement, parce que
vous avez un personnel admirable, c'est sûr. Car rester intacts à
la fonction publique, sans aucune accusation, pendant plusieurs années,
ceux qui y sont méritent chapeau bas. Je pense que, avec les concours
bidons et toutes ces déclarations de pourcentage d'incompétence,
le ministre a un avantage marqué aujourd'hui de dire: Ce sont de
mauvaises langues, M. le député de Johnson. Ne croyez pas cela,
vous êtes plus intelligent que cela. J'aimerais bien l'entendre.
M. de Belleval: D'autant plus qu'il comprend vite, le
député de Johnson.
M. Bellemare: Oui, je ne fais pas seulement entendre, je
comprends.
M. de Belleval: Mais vous, M. le député de Johnson,
qu'est-ce que vous en pensez?
M. Bellemare: Je pense qu'il y a certainement du bon,
énormément, à la fonction publique. Je pense qu'on s'est
débarassé, à ce moment-là, d'un fardeau
énorme, nous les députés, les législateurs, en
établissant une fonction publique. Dieu sait combien on a
déjà eu une fonction publique bien différente. Puisque
vous me demandez mon avis, j'ai été ministre, j'ai fait affaire
avec elle et j'ai eu bien de la difficulté, parfois, à me faire
recevoir comme ministre à la Commission de la fonction publique, surtout
quand je suis arrivé à la Commission des accidents du travail et
que j'ai voulu faire revaloriser tous les salaires, à tous les paliers;
ils étaient extrêmement différents de ceux du gouvernement.
Je suis resté aux portes plusieurs fois. Oui. Je n'étais pas tout
à fait de la même couleur pendant le temps de mon stage à
la commission, mais cela ne fait rien. J'ai réussi à
régler le problème. Je pense que, à la fonction publique,
la grande majorité de ceux qui sont là sont honnêtes, mais
ce n'est pas cru dans la population.
Parce qu'il est dit et répété qu'un ministre qui
veut avoir un officier en particulier s'arrange pour qu'il soit accepté
à la commission. Si ce n'est pas fait jusqu'à maintenant chez
vous, par votre gouvernement, qui est pur, il doit y avoir eu de grosses
tentations, et je ne sais pas s'il n'y en a pas qui ont succombé. Je ne
le sais pas encore. Quand je regarde la procédure de nomination au
bureau du premier ministre, que je lis tous les noms qui sont là, je les
regarde un par un, j'ai un pedigree, un curriculum vitae pour chacun, et je me
dis: Ils sont couronnés, ceux-là. Certain.
J'ai été ministre, je ne suis pas sans faute, je vous le
dis. Si moi, je l'ai fait, d'autres l'ont fait et d'autres après moi. Je
voudrais savoir si c'est vrai, dans l'opinion publique, qu'un ministre choisit
un candidat, fait passer 200 concours et celui qu'il veut avoir, c'est
celui-là qu'on choisit. Je pourrais vous donner un exemple frappant, au
ministère de l'Agriculture.
M. de Belleval: Je vous en prie, ne faites pas ça...
M. Bellemare: Au ministère de l'Agriculture,
dernièrement, on voulait avoir un gars en particulier pour faire des
représentations...
Des Voix: Cinématographiques.
M. Bellemare: ...matographiques. Merci, merci, merci. Le
type...
M. de Belleval: De la topophonie.
M. Bellemare: Admettez que moi, plus qu'un autre, j'ai du
mérite à l'apprendre. Je vous le garantis, je ne suis allé
qu'à la petite école, j'étais en septième
année, quand je suis sorti de là. En tout cas!
Dernièrement, un officier supérieur m'a dit, dans un
ministère: M. Bellemare, je ne peux pas le prendre. Il est bien
qualifié, mais j'ai l'ordre de prendre celui-là. J'ai dit: II va
y avoir un concours. Ah! ça ne fait rien, ça va être
celui-là qui va l'avoir et c'est celui-là qui l'a eu. Cela ne
fait pas longtemps, c'est au ministère de l'Agriculture.
Je voudrais savoir si ça continue, ces histoires de bidons, de
concours bidons. Je ne dis pas que ça ne vous tente pas de le faire.
Parce que ça vous
tente d'aller chercher un gars plus qu'un autre. Mais s'il faut qu'il
passe tous les concours, il ne l'aura peut-être pas. On ne le sait
pas.
M. de Belleval: Je pense qu'il y a un point de votre remarque qui
est très important, non seulement la justice doit être faite, mais
elle doit avoir l'air d'être faite aussi, comme dit l'adage. En ce qui
concerne actuellement les concours de la fonction publique, de toute
évidence, il y a des gens qui ne pensent pas que justice est rendue,
puisque le rapport Hendriks fait état des statistiques que vous avez
citées.
Mais quelle est la situation sur le plan juridique? La commission est
responsable de l'organisation des concours de promotion. Parlons des cadres
pour l'instant. Mais elle ne peut tenir elle-même tous les concours. Ces
concours sont faits sous son égide, elle approuve la formation des
jurys, elle forme les jurys, elle surveille leur travail, mais elle ne peut,
elle-même, prendre sur elle le personnel de la commission
de tout organiser et de tout faire, que ce soit seulement des employés
de la commission qui fassent les interviews, etc., ce qui,
théoriquement, ne serait pas valable non plus sur le plan pratique. Il
faut que les gens, dans le champ, soient sur les concours. Donc, cela prend des
gens des ministères eux-mêmes.
A ce moment-là se pose tout le problème de
l'impartialité des jurés en question qui sont choisis.
M. Bellemare: D'accord!
M. de Belleval: Et vous admettrez que de ce point de vue, la
commission est difficilement placée pour scruter les reins et les coeurs
de chacun des jurés qui font partie de la commission. Elle a des
critères, elle exige un certain nombre de caractéristiques de la
part de ces jurys, elle exige entre autres que des gens de l'extérieur
siègent sur les jurys et pas simplement des gens du ministère.
Elle a elle-même un observateur de la commission.
Mais ceci, malgré tout, n'empêche pas les jurys de
préjuger en faveur d'un individu ou de l'autre. De toute façon,
il semble bien que c'est ce que croient une bonne partie des fonctionnaires et
même des gens de l'extérieur.
Quand le jury a siégé et qu'il a rendu son verdict, il a
recommandé à la commission qu'un certain nombre de candidats
soient déclarés admissibles, deux, trois, quatre ou cent, cela
dépend des types de concours, mais la commission n'a pas
l'autorité pour nommer les fonctionnaires ainsi déclarés
admissibles. Il revient à chaque ministre de nommer le ou les
fonctionnaires qu'il juge à-propos de nommer, suite à
l'émission des listes d'éligibilité. A ce point de vue, la
loi est faite comme cela.
M. Bellemare: Répétez-moi cela tranquillement. Le
ministre a l'autorité de choisi', dans la liste des...
M. de Belleval: ...candidats déclarés admissibles
par la commission. Il peut choisir le premier, le deuxième, le
dixième, le centième, selon la liste en question. C'est la loi
actuellement.
M. Picotte: En autant qu'il se qualifie.
M. de Belleval: En autant qu'il est déclaré
admissible.
M. Bellemare: Pas nécessairement le premier, ni le
dernier.
M. de Belleval: Pas nécessairement le premier. Il n'y a
pas toujours de rang. Cela dépend des types de concours. Il y a des
concours spécifiques qui sont par ordre et il y a les concours
généraux qui n'ont pas d'ordre, ce qui introduit un
élément d'arbitraire, bien sûr, dans le système.
M. Bellemare: Pour le choix.
M. de Belleval: Pour le choix du candidat admissible et ce qui a
permis, dans le passé et je ne me porterai pas garant des
pratiques que suivent mes collègues dans ce domaine, je ne les ai pas
confessés et je ne sais pas comment ils fonctionnent, parce que la loi
est ce qu'elle est actuellement et cela continue. La loi est appliquée
comme elle l'a toujours été jusqu'à maintenant.
Personnellement, cela ne m'apparaît pas une situation...
M. Bellemare: Claire.
M. de Belleval: Non, c'est clair.
M. Bellemare: C'est clair pour celui qui se fait engager, mais ce
ne l'est pas pour l'autre.
M. de Belleval: A mon avis, les conditions actuelles devraient
être modifiées.
M. Bellemare: Là, vous parlez bien.
M. de Belleval: Je l'ai dit, d'ailleurs. Je l'ai
déclaré. Je n'ai pas de mérite si grand à le dire.
Je constate ce que des gens autorisés, au fond, prétendent
eux-mêmes, y compris les fonctionnaires compétents dans ce
domaine. Quelles sont les avenues de réforme de ce point de vue? Je
pense qu'au niveau du premier engagement, de ce qu'on appelle le recrutement,
comme je l'ai dit ce matin, il faut conserver, il faut même renforcer si
besoin est l'autonomie de l'organisme qui est chargé de procéder
à un premier recrutement, afin qu'il n'y ait pas de favoritisme
politique ou autre dans le processus de recrutement.
Deuxièmement, il faut aussi que la règle du mérite
soit vraiment appliquée au niveau de la nomination. Quand il y a un
ordre de proposé, parce que le concours s'y prête, il est normal
que la loi prévoie que celui qui est dans le haut de la liste soit
engagé, si on veut que la règle du mérite s'applique
véritablement. Que cela puisse être aménagé pour
donner quand même une certaine flexibilité entre un ou les deux
premiers candidats, on peut quand même laisser un certain nombre
d'éléments de discrétion. Il ne faut pas tout
bureaucratiser non plus. Mais il faut quand même renforcer la
règle du mérite de ce point de vue. En ce qui concerne surtout
les concours dits non spécifiques, où on engage, on fait un
concours pour recruter 10, 20 ou 40 sténodactylos, s'il n'est pas
possible de mettre un ordre entre les différents candidats, je pense,
entre autres et je fais des hypothèses pour l'instant parce que
notre lit n'est pas fait là-dessus; j'arrive et nous sommes en train
d'examiner cela à des mécanismes, par exemple, de choix
par hasard, tout simplement, comme on le fait pour les emplois
d'étudiants, comme on le fera pour les emplois d'étudiants
à partir de cette année.
Autrement dit, améliorer les choses pour que, non seulement la
justice soit faite, mais qu'elle ait l'air de l'être aussi. Renforcer,
donc, l'application du principe du mérite de ce côté.
En ce qui concerne maintenant les concours de promotion, je pense que le
système de concours actuel est déficient.
M. Bellemare: Est...?
M. de Belleval: Déficient.
M. Bellemare: Déficient? Ah! oui. C'est d'accord.
M. de Belleval: II est à la fois... Il offre, en principe,
toutes les apparences de l'impartialité...
M. Bellemare: De la vétusté.
M. de Belleval: Mais, en pratique, il est comme vous le dites,
vétuste et, à mon avis, il n'est pas assez souple. Il faut
introduire un meilleur système de gestion de notre personnel au niveau
des promotions. C'est ce à quoi je faisais allusion tantôt. Il
faut un système d'évaluation, de prévision, de gestion
prévisionnelle des carrières. Autrement dit, un jeune
ingénieur qui entre au ministère des Transports et qu'on met dans
un district, il doit avoir devant lui, et on doit avoir pour lui, un plan de
carrière qui fait que, normalement, selon, bien sûr, ses
notations, sa performance, et cela implique aussi un système de notation
qui soit moins artisanal que ce que l'on a actuellement... Il faut aussi
motiver les gestionnaires à bien gérer leur personnel, donc
à bien les noter. C'est toute une éducation qu'on a à
faire dans ce domaine. Notre fonction publique a été davantage
tournée vers l'exécution de tâches que vers la gestion du
personnel parce que, comme je le disais tout à l'heure, c'est une jeune
gestion publique de ce point de vue. Donc, un meilleur système de
notation.
Ce jeune ingénieur doit savoir qu'il devra rester probablement
deux ou trois ans dans son district et qu'ensuite, il devra faire deux ou trois
districts différents, qu'ensuite, il aura normalement accès
à une promotion, à un niveau de gérance supérieur
autrement dit, et cela doit être organisé comme tel au niveau de
la gestion du personnel du ministère, de sorte que le concours ne soit
pas la seule façon de donner une promotion à quelqu'un, mais que,
selon sa notation, selon son plan de carrière, selon l'évaluation
que l'on en fait, sa carrière se déroule d'une façon, je
ne dirais pas automatique, mais prévue, gérée,
planifiée. De ce point de vue, le concours prend moins d'importance, tel
qu'on le conçoit actuellement. C'est beaucoup plus le suivi constant de
la performance d'un individu qui est important.
M. Bellemare: Combien y a-t-il à peu près
d'employés qui, au changement d'un gouvernement se voient
déplacés dans un ministère? Je peux, à peu
près, avoir un chiffre, mais j'aimerais bien avoir le vôtre.
M. de Belleval: Si on regarde...
M. Bellemare: ...qui deviennent presque inutiles
après.
M. de Belleval: J'ai vécu personnellement trois
changements de gouvernement comme fonctionnaire et un comme ministre. A mon
avis, et de ce point de vue, je veux porter témoignage de la pratique
des anciens gouvernements, je parle de celui de M. Johnson, comme de celui de
M. Bourassa, il y a fort peu, finalement, de hauts fonctionnaires et de
très hauts fonctionnaires qui sont comme cela...
M. Bellemare: C'est sûr, excepté ceux qui sont
présidents...
M. de Belleval: ...déplacés.
M. Bellemare: ...qui sont remplacés par des juges.
M. de Belleval: Bien sûr. Il y a des postes... M.
Bellemare: II y en a d'autres. M. Chevrette: Cela s'en vient.
M. de Belleval: II y a des fonctionnaires dont le rôle est
proprement politique. Ils sont déplacés, c'est normal. Quant aux
autres fonctionnaires, je pense que, finalement, il y a fort peu de cas de
rétrogradation ou d'exécution, de liquidation politique.
M. Bellemare: C'est parce que, quand on parle...
M. de Belleval: Vous vous rappelez que M. Johnson avait promis
que l'ancien sous-ministre de l'Education...
M. Bellemare: L'ancien sous-ministre de la Voirie, son
adversaire.
M. de Belleval: Exactement.
M. Bellemare: M. Labrecque, qui est resté là.
M. de Belleval: M n'y a pas eu de choses comme cela. Je pense
que, de ce point de vue, les Québécois, comme
société, les partis politiques ont fait des progrès et que
la hache partisane ne tombe plus comme elle tombait dans l'ancien
système.
M. Bellemare: Sauf en 1962, quand ils ont mis tous nos amis
dehors et qu'ils ont fait entrer leurs libéraux à la place des
cantonniers et des camionneurs. Après cela, ils ont adopté la
Loi, mon cher monsieur, de la fonction publique. C'était fini.
C'était un coup d'Etat épouvantable.
Une Voix: Pour répondre au député de
Johnson, cela devait être l'intention d'un ancien ministre
libéral.
Une Voix: Cela ne s'est pas fait dans tous les comtés, par
exemple.
M. Bellemare: Partout, à la grandeur de la province. Ils
ont été mis dehors à petits bois.
M. Marcoux: Ils ont perdu le pouvoir aussi. M. Bellemare:
Ne vous lavez pas les mains.
M. Marcoux: Je vous demande de vérifier dans le
comté de Champlain si cela ne s'est pas fait.
M. Bellemare: On n'a jamais fait cela, nous autres, jamais.
M. de Belleval: M. le Président, si nous gênons les
deux partis d'opposition, nous pouvons sortir.
M. Bellemare: Non. Quand j'ai quelque chose à dire, vous
pouvez être sûr... L'autre question que j'ai posée au
ministre, c'était, par exemple, à propos des cadres
supérieurs. Il n'y a sûrement pas eu cela a
été rectifié par le ministre, et je vous en
félicite de sous-ministres, par exemple, qui ont
été obligés de prendre leur carte du PQ. Cela, ce n'est
pas vrai. Je pense bien que ce n'est pas vrai.
M. Chevrette: Voyons donc! Voyons!
M. Bellemare: Comment "voyons donc"?
M. Chevrette: On respecte les allégeances politiques,
voyons!
M. Bellemare: Non, mais cela a été écrit,
vous avez lu ça.
M. Chevrette: Ce sont des langues sales, ça, vous
savez.
M. Bellemare: Pardon?
M. Chevrette: Ce sont des langues sales.
M. Bellemare: C'est ça. Mais j'aime mieux l'entendre dire
par un vrai PQ.
M. Chevrette: II n'y en a pas d'autres. On ne devient même
pas rouge, comme disait...
M. Bellemare: Mais je sais que le ministre avait nié
ça aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
avez une question à poser au ministre relativement à ce
sujet-là, posez-là.
M. Bellemare: Ah! S'il dit que ce sont des langues sales...
Une Voix: C'est une observation.
M. Bellemare: C'est une observation. Les fonctionnaires...
Il y a une chose que je me demande, puisqu'on parle des coupures, il a
été annoncé que les fonctionnaires s'interrogeaient sur
les coupures de M. Lazure, le ministre de la santé. Je ne sais pas si on
vous a rapporté ce fait. Je voudrais connaître votre opinion sur
ce sujet, parce que la réaction de nombreux fonctionnaires a
été connue à ce moment-là et...
M. de Belleval: II y a environ 300 fonctionnaires dont le
ministère estime ne plus avoir besoin et il a entrepris de reclasser ce
personnel. Effectivement, il y a des procédures de reclassification.
L'assistance de la Commission de la fonction publique, je pense, et, en tout
cas, du ministère de la Fonction publique a été requise
pour voir à ce que ça se fasse d'une façon
ordonnée. Vous pourrez, bien sûr, poser davantage de questions
là-dessus au ministre des Affaires sociales, mais il semble que
ça se fasse d'une façon ordonnée et que. bien sûr,
ces employés, de toute façon, bénéficiant de la
sécurité d'emploi, seront mutés ou seront
réaffectés d'une façon ordonnée.
M. Bellemare: Sur les 4000, on nous a dit qu'il y en avait
400...
M. de Belleval: Entre 300 et 400 peut-être, oui. M.
Bellemare: 10% au moins sur 4000. M. de Belleval: Cela fait 10%,
oui.
M. Bellemare: Alors, la Commission de la fonction publique est
bien au courant de cette situation au ministère des Affaires sociales et
suit de près ces mutations ou ces changements à cause de
certaines difficultés budgétaires aussi, des réajustements
qui se sont faits dans le budget d'austérité qu'on nous a
présenté.
M. de Belleval: Ce n'est pas seulement ça. Une
augmentation de la productivité du ministère, qui fait que
ça prend moins de fonctionnaires pour faire le même travail.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas la mobilité de la
convention collective qui permet ça?
M. de Belleval: En vertu des conventions collectives, il est
permis effectivement de muter des fonctionnaires.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, d'accord, c'est permis depuis la
dernière convention collective. Mais avant ça, ça ne
l'était pas.
M. de Belleval: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que cela a permis de
réduire le personnel parce que le personnel peut être
déménagé d'un endroit à l'autre. Avant ça,
il n'y avait aucune mobilité. Cela prenait plus de personnel.
M. de Belleval: Peut-être que vous faites allusion à
la mobilité dans les réseaux, Affaires sociales ou
Education...
M. Vaillancourt (Orford): C'est ça.
M. de Belleval:... où, effectivement, on a
amélioré les règles de mobilité dans les
réseaux. Mais la question que posait le député de Johnson
faisait référence à la situation à
l'intérieur du ministère. Ce sont tous des fonctionnaires du
ministère.
M. Bellemare: Mon autre question sur l'élément 1
c'est probablement la dernièrec'est qu'au mois de janvier,
les hauts fonctionnaires ont organisé une syndicalisation
indépendante. Ils sont au-delà de 1300 hauts fonctionnaires.
Est-ce que le ministre est bien au courant de ces cadres nouveaux? Est-ce qu'il
a transigé avec cette nouvelle association des hauts fonctionnaires?
Parce que je pense que dans cette nouvelle association, les sous-ministres
n'entrent pas.
M. de Belleval: II s'agit d'une...
M. Bellemare: Mais s'ils rentrent, ils rentrent le soir, pour ne
pas qu'on les voit. Je n'accuse personne.
M. de Belleval: Quelle est votre question plus
spécifiquement?
M. Bellemare: Est-ce que le ministre... M. de Belleval: II
est bien au fait, oui.
M. Bellemare: Parce qu'à cause des relations que cela
entraîne dans la syndicalisation de ces hauts fonctionnaires, de cadres,
qui ne s'était pas vue avant...
M. de Belleval: II s'agit d'une association volontaire. Il ne
s'agit pas d'un syndicat au sens du Code du travail ou de la Loi de la fonction
publique, bien sûr. Il s'agit d'une association, d'un club ou d'une
association volontaire qui s'est formée au niveau des cadres de la
Fonction publique, mais qui, effectivement, n'inclut pas les sous-ministres, en
vertu des règlements que...
M. Bellemare: Vous avez l'air à penser aux
mêmes...
M. de Belleval: ...et ils sont effectivement venus me voir et
m'ont fait connaître leur statut, leur but, etc., et je les ai
rencontrés déjà à une couple de reprises. Il ne
s'agit pas bien sûr de négociation en bonne et due forme, mais ils
ont commencé à me faire des représentations. Pour
l'instant, les choses en sont là.
M. Bellemare: II n'y a aucune convention collective de
préparée, ni de signée.
M. de Belleval: II est interdit, en vertu... M. Bellemare:
D'accord.
M. de Belleval: ...des lois actuelles, pour eux de se
syndiquer.
M. Bellemare: En vertu du code? M. Chevrette: Du Code du
travail. M. Bellemare: Du Code du travail.
M. de Belleval: ...ou de la Loi de le fonction publique. C'est la
Loi de la fonction publique qui détermine les unités syndicales
dans la fonction publique et non pas le Code du travail.
M. Bellemare: Cela ne les empêche pas d'avoir un club
social qui s'appelle...
M. de Belleval: Cela ne les empêche pas. Non.
M. Bellemare: D'avoir un club social et de se protéger de
ce côté-là.
M. de Belleval: De venir nous voir, de venir nous parler.
M. Bellemare: Nous voir et d'essayer de transiger.
M. de Belleval: Cela ne m'empêche pas de leur parler non
plus.
M. Bellemare: Non plus et de leur accorder certains petits
bénéfices, peut-être!
M. de Belleval: D'écouter leurs revendications, s'ils en
ont, leurs suggestions, comme tout bon ministre.
M. Bellemare: Diviser les deux pour régner. Cela arrive
parfois. En mettre un contre l'autre.
M. de Belleval: Les relations sont très cordiales.
M. Bellemare: Ah oui! Vous en avez pris un du gang et vous l'avez
mis contre l'autre et c'était très bon. Ah oui, certain.
M. de Belleval: Je n'ai jamais fait de choses comme cela.
M. Bellemare: Vous n'avez jamais fait cela. Ah non! A
l'élément 1, je voudrais simplement... Vous avez donné une
directive quant aux tempêtes. Cela a l'air drôle de vous parler de
cela à la fin de l'hiver. Je voudrais savoir si c'est vrai que vous avez
donné des directives spéciales, qui viennent de votre
ministère, indiquant qu'il en coûte $4 millions par jour à
l'Etat pour fermer les bureaux.
M. de Belleval: II est de la responsabilité du ministre de
la Fonction publique de décréter la fermeture des édifices
en cas de non-accessibilité des édifices pour différentes
causes, tornades, incendies ou tempêtes de neige, le dernier cas
étant le principal cas comme vous le savez. Il n'existait pas à
mon arrivée au ministère de procédure objective pour
décréter la fermeture de ces bureaux.
M. Bellemare: Est-ce que le manque d'ascenseurs entre dans ces
cas?
M. de Belleval: Cela entre dans ces cas difficiles, oui, et il
revient à chaque chef de ministère de faire les
recommandations.
M. Bellemare: Vous avez dit dans votre déclaration que
l'évaluation de la situation d'inaccessi-bilité serait
assurée dans la région de Québec par le service de la
protection civile.
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Dans le reste de la province, ce sont les
directeurs régionaux du ministère des Transports qui
évalueront la situation, a annoncé hier le ministre de
Belleval.
M. de Belleval: Bien oui.
M. Bellemare: Je pense que, dans votre directive, vous nous aviez
laissé à nous aussi les chefs, par exemple, d'un secteur
particulier, le soin de décider si cela devait être oui ou
non?
M. de Belleval: Non. Dans le cas de la fermeture des bureaux,
c'est le sous-ministre de la Fonction publique, et non pas le ministre, qui
décrète la fermeture des édifices et non pas les chefs de
chacun des ministères. Je dois dire que c'est le sous-ministre, parce
qu'il semble un peu inapproprié que ce soit le ministre lui-même,
qui n'est pas toujours accessible, en cas de tempête, toujours, bien
sûr dans le cas qui nous préoccupe qui soit
chargé de fermer les bureaux.
Pour ma part, je suis peu adepte des voyages en Floride durant l'hiver,
mais mon prédécesseur devait parfois fermer de Miami, par
téléphone, les bureaux à Québec.
M. Bellemare: Pourquoi être méchant? Vous êtes
à la veille de le faire vous aussi. Cela va arriver. C'est parce que
vous n'avez jamais goûté à la Floride! Ne dites donc pas
cela. Cela va vous arriver vous aussi. Vous allez voir, et vous allez regretter
cela.
M. de Belleval: Alors, pour prévoir le cas où, moi
aussi, effectivement...
M. Bellemare: ...vous iriez en Floride...
M. de Belleval: ...c'est le sous-ministre qui a l'autorité
maintenant et c'est lui maintenant qui est empêché d'aller en
Floride.
M. Bellemare: J'aime bien mieux cela! J'aime bien mieux cela,
parce que je trouve que vous iriez assez vous aussi. D'ailleurs, il y en avait
des vôtres de rendus. Ce n'est pas moi. Je ne suis pas allé.
M. de Belleval: C'est probablement la raison pour laquelle j'ai
introduit cette subtilité dans la procédure.
M. Bellemare: Le sous-ministre décide à votre
place. Alors, messieurs, pour moi...
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne
l'élément 1, adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1. Adopté.
M. Bellemare: Adopté.
Aménagement des conditions de travail dans le
secteur public
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2.
M. Vaillancourt (Orford): On en a assez discuté avec
l'élément 1, je pense. Nous n'avons pas de questions à
l'élément 2?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Monsieur
le représentant de l'Union Nationale avez-vous des questions sur
l'élément 2?
M. Bellemare: Si vous vouliez me le laisser revoir, parce que
cela me fait bien des choses à voir en même temps.
M. Chevrette: Un exercice mental.
M. Bellemare: Oui, me souvenir de tout cela et de tout eux autres
en même temps, cela fait bien des affaires, une grande famille.
M. Chevrette: Voue en avez seulement onze!
M. Bellemare: Aménagement des conditions de travail dans
le secteur public, c'est prévu pres-
que entièrement par l'application des conventions
collectives.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: D'ailleurs, aucune...
Une Voix: Adopté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Rimouski.
M. Marcoux: Concernant l'aménagement des conditions de
travail, il y a un problème qui a été abordé aux
séances d'une autre commission depuis le début de la session, en
ce qui concerne la cité parlementaire, le problème des horaires
flexibles ou des arrangements spéciaux qui pourraient être pris.
On sait qu'actuellement, il y a des ministères qui commencent plus
tôt, d'autres qui commencent plus tard; la Commission des transports de
Québec souhaiterait que ces différences soient accentuées
pour permettre l'étalement. Vous aviez dit, à ce
moment-là, que c'était étudié. Est-ce qu'on peut
savoir où en sont les études ou les contacts ou les discussions
avec les syndicats? Est-ce que les comités de travail étudient
cette question des heures de travail des commencements et fins de
journées qui pourraient être différentes selon les
ministères et selon les fonctionnaires?
M. de Belleval: Actuellement, il y a, effectivement, des
expériences, des projets pilotes en cours dans différents
ministères à ce sujet, conformément aux conventions
collectives en vigueur. Par ailleurs, il y aura un rapport bientôt sur le
déroulement de ces expériences et, à la lumière de
ces évaluations, nous verrons jusqu'à quel point on peut
étendre ces expériences et quelle est la politique que nous
pourrons prendre dans l'avenir, en particulier lors du renouvellement de la
convention collective des fonctionnaires.
M. Bellemare: Est-ce que vous avez fini, M. le
député? Je ne voudrais pas vous interrompre.
M. Marcoux: Peut-être une petite question. M. Bellemare:
Allez.
M. Marcoux: Comme cela, il ne semble pas qu'il y ait des
modifications majeures possibles sans ouverture de la convention ou avant la
nouvelle négociation. Le cadre actuel de la convention ne permettrait
pas...
M. de Belleval: La convention collective vient à
échéance à la fin de l'année et, en ce qui concerne
les fonctionnaires... A la fin de l'année, disons d'ici un an. Nous
avons donc tout le temps, d'ici ce temps-là, pour évaluer la
situation, préparer et discuter avec les syndicats de cette
question-là. Pour l'instant, il faut d'abord voir comment cela
fonctionne avant de songer à étendre la politique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Johnson.
M. Bellemare: Vous avez déclaré que les
fonctionnaires devraient collaborer pour décongestionner la colline
parlementaire en se servant des moyens de transport en commun. D'accord, je
trouve que votre déclaration est pertinente parce que, pour se rendre au
travail, aujourd'hui, cela prend une heure, à certains endroits, pour
atteindre les bureaux du gouvernement. Mais vous prêchez une bonne
doctrine d'un côté et vous allez mettre en pratique une
drôle de situation pour ceux qui ont des "parkings". Est-ce qu'on doit
dire cela en français?
M. Chevrette: Un stationnement. M. Bellemare: Un stationnement.
M. Chevrette: C'est facile à retenir aussi.
M. Bellemare: Alors, les stationnements étant
limités, vous exigez présentement $15 par mois. Là,
j'apprends, dans un article, que cela va être remonté très
prochainement à $30 par mois. Si c'est véridique, on va
décourager ceux qui véritablement se servent, veulent participer
à ce décon-gestionnement de la colline parlementaire en remisant
leur auto et en se servant des transports en commun. Je voudrais savoir si
c'est l'intention du ministère de la Fonction publique ou du
ministère de la Justice, de qui relève, je pense, l'application
des stationnements... Je pense que c'est le ministère de la Justice de
qui relèvent les stationnements.
M. de Belleval: Les Travaux publics.
M. Bellemare: C'est le ministère de la Justice qui envoie
des policiers pour nous mettre des "tickets", des avertissements. Oui, cela
doit être cela. Est-ce l'intention du gouvernement, puisqu'on parle des
fonctionnaires et de la fonction publique de leur imposer le double de $15?
M. de Belleval: L'objectif étant, bien sûr, de
diminuer la congestion automobile et la pollution qui en découle, de
rentabiliser les transports en commun et de faciliter, d'encourager
l'utilisation des transports en commun, différentes mesures sont
envisagées par toutes les administrations gouvernementales, dans
à peu près tous les pays du monde qui ont à faire face au
même problème.
M. Bellemare: Je suis d'accord. C'est vrai.
M. de Belleval: Bien sûr, les horaires flexibles sont un
des moyens. L'autre moyen, entre autres, c'est celui qu'a utilisé le
gouvernement fédéral, c'est de réduire le nombre d'espaces
de stationnement disponibles dans le centre-ville administratif et augmenter,
parallèlement, le prix de ce stationnement, de sorte que les individus
sont encouragés à se regrouper dans la même voiture ou
à utiliser les transports en commun.
C'est le sens des réformes proposées, l'hypothèse
de réforme, je dois dire, parce qu'en ce qui concerne l'augmentation des
stationnements de $15 à $30, c'est une pure hypothèse qui a
été soulevée, un exemple de ce qui pourrait être
utilisé. En ce qui a trait à la tarification, elle est
prévue par les conventions collectives actuellement et pour le personnel
couvert par les conventions collectives, on ne pourrait changer la tarification
actuelle unilatéralement.
M. Bellemare: Non.
M. de Belleval: Evidemment, dans le cadre de prochaines
négociations, on pourra, là encore, examiner la question. C'est
le sens de l'augmentation du prix du stationnement. Cela a pour effet de
diminuer la congestion automobile puisque, comme vous le savez, le
stationnement dans les rues est interdit à peu près
complètement tout autour des bureaux gouvernementaux. Il s'agit des
stationnements...
M. Bellemare: Ce n'est pas à vous qu'il faut poser la
question, si c'est donné par contrat, par soumission publique ou par
location...
M. de Belleval: En ce qui concerne les stationnements fournis par
le gouvernement, ces stationnements sont fournis sur des terrains
gouvernementaux, mais privés si je peux dire, c'est-à-dire qu'ils
ne sont pas sur la voie publique. Le stationnement sur la voie publique...
M. Bellemare: Ils sont confiés à la
responsabilité d'une société.
M. de Belleval: D'une société qui n'est qu'une pure
société de gestion. Ce n'est pas la société qui
fixe la tarification, c'est le gouvernement ou les conventions
collectives...
M. Bellemare: Ce sont les conventions collectives.
M. Vaillancourt (Orford): Les Travaux publics.
M. de Belleval: Les Travaux publics, si vous voulez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2. Adopté?
M. Bellemare: Adopté.
M. Vaillancourt (Orford): J'aurais une question à
l'élément 3.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 3.
M. Vaillancourt (Orford): Est-il vrai que le gouvernement
s'apprête à annuler ou tout au moins à restreindre
fortement la pratique d'attri- buer à l'entreprise privée des
contrats d'étude de design ou de gérance d'exécution?
M. de Belleval: Quelle est la relation entre votre question et
l'élément 3? Je ne saisis pas trop. Je m'excuse.
M. Vaillancourt (Orford): A l'élément 3, c'est la
gestion interne et le soutien.
M. de Belleval: D'accord. Pour des expertises en gestion, par
exemple.
M. Vaillancourt (Orford): C'est ça.
M. de Belleval: Comme je l'ai indiqué ce matin, entre
autres, la mise en application de notre structure administrative, du
côté de la direction générale de l'organisation
administrative permettra au gouvernement de se doter d'une expertise interne en
matière de gestion. Mais ça ne veut pas dire que le gouvernement
a renoncé, par ailleurs, en général, à engager des
firmes de l'extérieur pour lui fournir des conseils en matière de
gestion.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, il n'y a pas de
changement draconien?
M. de Belleval: Tant que la direction générale
n'aura pas fait ses preuves, il faudra, à l'occasion, aller à
l'extérieur. Je suppose que même lorsqu'elle aura atteint sa
maturité, pour des travaux de pointe, parce que le principe
général qu'on veut mettre en application dans tous les contrats
à l'extérieur, c'est que le gouvernement premièrement se
donne l'expertise de base pour gérer son propre système et pour,
à l'occasion, contrôler le travail de ses partenaires de
l'extérieur...
Deuxièmement, il se donne aussi les éléments
nécessaires pour les travaux réguliers, pour effectuer
lui-même ces travaux réguliers. Cela vaut pour les transports et
pour tout autre secteur. Je parle des services d'ingénieurs, etc. Pour
les travaux de pointe, pour le surcroît de travail temporaire ou pour des
travaux très spécialisés, très particuliers pour
lesquels il n'est pas nécessaire ou opportun d'avoir l'expertise
interne, c'est seulement à ce moment-là que l'on va à
l'extérieur.
C'est le principe général que nous voulons mettre en
application dans toutes les sphères d'activités, y compris
l'expertise en matière de gestion administrative. C'est ce qui explique
que la direction de l'organisation administrative au ministère sera
développée, pour fournir au gouvernement l'expertise normale
qu'un gouvernement moderne doit avoir dans ce domaine.
M. Vaillancourt (Orford): Cela répond à ma
question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
représentant de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Dans l'élément 3 qu'on étudie,
gestion interne et soutien, il doit y avoir une raison
pour que cet élément soit de $300 000 inférieur
à l'année précédente. On avait $1 331 300 et, cette
année, on a $1 693 000. Vous allez me répondre par la
réponse classique: Parce qu'on va dépenser moins. Ce n'est pas
tout à fait la raison, je pense.
M. de Belleval: Ce n'est pas la bonne réponse, parce qu'on
prévoit avoir à dépenser $1 800 000. C'est qu'il y avait
des crédits supplémentaires l'an dernier, parce qu'on
était en pleine période de négociation collective.
M. Bellemare: Ah bon!
M. de Belleval: Ce qui augmentait les frais à cet
élément.
M. Bellemare: Le management, comme on dit. D'accord.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 3, adopté. Elément 4.
Contribution du gouvernement à titre
d'employeur
M. Bellemare: M. le Président, à
l'élément 4... Avez-vous quelque chose...
M. Vaillancourt (Orford): Les questions qu'on avait à
poser, on les a posées.
M. Bellemare: II y a là un montant assez
considérable d'augmentation cette année, de $6 millions.
Premièrement, le ministre peut-il nous expliquer ce que cela
représente, dans l'ensemble, le montant de $6 millions? C'est quoi?
M. de Belleval: Tout cet élément a trait aux
contributions du gouvernement à titre d'employeur, c'est-à-dire
l'assurance-chômage, le régime d'assurance-maladie du
Québec, la Régie des rentes du Québec, les gratifications,
l'assurance collective, etc.
M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: Le principal facteur de l'augmentation des
coûts, c'est la Régie de l'assurance-maladie, qui n'est plus
plafonnée en ce qui concerne la contribution de l'employeur, suite aux
changements qui ont été...
M. Bellemare: L'an passé.
M. de Belleval: Cela passe de $7 millions à $16
millions.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que l'assurance-chômage
qui est payée aux employés est prise à cet
élément?
M. de Belleval: Oui, pour l'assurance-chômage, on
prévoit avoir dépensé $11 millions cette année et
on retrouve $13 millions aux crédits.
M. Vaillancourt (Orford): Pour tous les ministères du
gouvernement?
M. de Belleval: Pour tous les ministères du gouvernement.
Toutes les contributions sont payées par le ministère de la
Fonction publique.
M. Bellemare: Dans les crédits de l'année
financière se terminant le 31 mars 1978, quand on regarde la Fonction
publique, à la page 40, on retrouve, je pense, cette explication
également. L'augmentation de 14,7% des crédits du
ministère de la Fonction publique est causée principalement par
le paiement des avantages sociaux offerts aux employés du secteur public
et parapublic, régime de retraite et assurance collective, ainsi que
dans les ajustements des contributions du gouvernement à titre
d'employeur versées aux différents régimes
d'assurance-maladie et du régime de rentes.
M. de Belleval: C'est cela. M. Bellemare: C'est cela.
M. de Belleval: Exactement, c'est ce que je viens de dire.
M. Bellemare: II arrive que, l'augmentation de ces diverses
contributions étant proportionnelle à l'accroissement de la masse
salariale, on estime les besoins supplémentaires de crédits
à ce titre à $24 millions, soit une augmentation de 14,2%, par
rapport à 1976/77.
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: ... les crédits affectés à
l'administration des régimes et programmes du ministère
s'accroissent, pour leur part, de $3 300 000, soit une majoration de 18,6%. De
plus, le programme du bureau de recherche sur la rémunération du
ministère a été transféré au Conseil du
trésor.
M. de Belleval: Conformément au principe que j'ai
explicité ce matin, en matière de coordination des conventions
collectives...
M. Bellemare: C'est cela.
M. de Belleval: ... et d'organisation de la partie patronale en
matière de négociation collective.
M. Bellemare: Aussi le transfert des cadres, qui a
été intégré à l'élément 1 du
programme de la gestion du personnel et de l'aménagement des conditions
de travail qu'on a vu tout à l'heure.
La majeure partie des $214 millions requis pour l'administration du
personnel, soit une augmentation de $27,5 millions par rapport à 1976
est constituée des paiements au régime de retraite et d'assurance
collective des employés du secteur
public et parapublic ainsi que des contributions du gouvernement
à titre d'employeur du service public. La part relative de ces
différents régimes représente $194 millions, soit 90,2%
des crédits du ministère.
M. de Belleval: On verra tantôt, au programme 2, de quoi il
s'agit. Le programme 2.
M. Bellemare: Le programme 2?
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article,
4, adopté?
M. Bellemare: Adopté. Il y a une question que je voudrais
bien poser. Il y a $50 millions en loyers, dans l'élément 3.
Pardon, c'est $50 000.
M. de Belleval: Pour $50 000?
M. Bellemare: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'élément 4 est adopté. Les quatre éléments
étant adoptés, le programme 1 est adopté. Alors, le
programme 2, élément 1.
M. Bellemare: Le 14, le jour de la paie.
Régime de retraite des fonctionnaires
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Régime de retraite des fonctionnaires.
M. Vaillancourt (Orford): Programme 2, régime de retraite
et d'assurance collective...
M. Bellemare: Pour revenir avec vous autres...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait nous
fournir des explications sur cet élément, c'est-à-dire le
programme 2, élément 1, régime de retraite des
fonctionnaires?
M. de Belleval: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): II y a une précision que
j'aimerais avoir. Est-ce qu'il y a lieu de comprendre que les fonctionnaires
qui étaient payés d'avance, pour quinze jours, jusqu'en 1962,
n'auront pas à rembourser cette avance lors de leur mise à la
retraite?
M. de Belleval: L'avance, lors de leur mise à la retraite,
n'a rien à voir avec le programme comme tel; c'est une règle
administrative qui s'applique, par ailleurs.
M. Vaillancourt (Orford): Mais cela fait partie du programme 2,
si je comprends bien. Non?
M. de Belleval: C'est-à-dire que cela ne fait pas partie
du budget du programme 2.
M. Vaillancourt (Orford): Cela relève du ministère
de...
M. de Belleval: Cela relève du ministère
concerné...
M. Vaillancourt (Orford): ...du ministère des
Finances?
M. de Belleval: Non, cela relève de chacun des
ministères, quand il met un fonctionnaire à la retraite, de
liquider les trop-perçus ou...
M. Vaillancourt (Orford): La réponse est que lorsqu'il est
mis à sa retraite ce montant lui est retenu.
M. de Belleval: Sur son dernier salaire ou un compte lui est
fait, etc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je pense que le ministre, une
fois, a fait une déclaration qui disait, si, évidemment, mes
renseignements sont exacts, qu'en vertu d'une décision de la Chambre,
les montants payés en trop parfois pour la rente de retraite seront
laissés au bénéficiaire. Jusqu'ici, il fallait remettre
à l'Etat le surplus versé. Le gouvernement se contentera
dorénavant d'ajuster le montant de la rente selon les critères
fixés par la loi. Serait-il possible d'avoir des explications
additionnelles concernant cette déclaration?
M. de Belleval: C'est un autre principe, I application
particulière d'un principe général qu'on tend à
mettre dans l'administration en général, c'est que les erreurs
faites de bonne foi en faveur d'un contribuable, d'un employé, etc., ne
lui sont pas réclamées ou ne lui sont pas débitées
quand on s'en aperçoit. La situation correcte est rétablie, mais
on ne lui fait pas de réclamation.
Dans le cas du régime de retraite, si par hasard, on donne
pendant quelques semaines ou quelques mois une rente supérieure à
ce qu'avait droit un individu, autrefois, on lui faisait une
réclamation, souvent un an ou deux ans après, cela pouvait faire
un montant important que tous les retraités n'étaient pas en
mesure de régler et cela pouvait les gêner. Alors, le principe,
c'est qu'on ne réclame pas. On rétablit la rente au niveau
où elle doit être rétablie. Le gouvernement absorbe son
erreur. Il s'agit de cas de plus en plus rares au fur et à mesure que le
système est rodé, bien sûr. Un rapport sera fait
régulièrement pour évaluer ce montant annuellement, mais
il sera, de toute façon, minime. Pour l'individu en question, c'est
important.
M. Picotte: Si je comprends bien, il n'y a pas
beaucoup de cas qui sont oubliés par le système du
gouvernement.
M. de Belleval: Non, mais il peut arriver qu'à un moment
donné, on ait versé à une personne qui a droit à
une rente de tant de dollars par mois, $1 ou $2 de plus, et qu'on s'en
aperçoive un an ou deux après, quand on établit la rente
définitive, parce que, comme vous le savez, au début, pour
accélérer le processus, on fixe une rente temporaire qui
équivaut à 80% ou 90% de la rente finale.
M. Picotte: En fait, les quelques cas qu'on a pu avoir,
étaient des montants très minimes.
M. de Belleval: II a pu y avoir parfois un montant de $3000 ou
$4000. Ce sont des cas rares, mais cela est arrivé, dans le
passé.
M. Picotte: Des chanceux.
M. de Belleval: Remarquez que c'est la politique que
j'établis pour l'avenir. Il reste que les cas qui ont été
réglés, il y a deux, trois ou quatre ans...
M. Bellemare: Si vous voulez me permettre, dans le rapport du
vérificateur en chef, cette année...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: ... on trouve justement un paragraphe qui va
sûrement intéresser la commission parlementaire de la fonction
publique, quand il est question de la gratification au départ d'un
employé...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: La contribution du gouvernement à titre
d'employeur est sous-évaluée à un montant approximatif de
$330 000. C'est le vérificateur qui a trouvé cela. Il dit: Cette
somme représente le coût des allocations de vacances et de
congés de maladie accumulés par des fonctionnaires ayant
quitté leur emploi avant le 31 mars 1976. A notre avis, ce coût,
même s'il ne fut acquitté qu'en partie, en 1976/77, aurait
dû être considéré comme une dépense de
l'année 1975/76, et être inscrit comme compte à payer au 31
mars 1976. La même situation prévalait en 1974/75, mais c'est
là que j'arrive. La participation du ministère au Régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics,
depuis le début de l'application du Régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics a permis au
ministère de verser une somme approximative de $3,5 millions au titre de
sa contribution dans les remboursements de cotisations pour le compte des
employés assujettis à ce régime et ayant quitté
leur emploi. Suivant une opinion juridique obtenue par la CARR je peux
bien vous dire que la Commission administrative du régime de retraite
s'appelle la CARR en mai 1976, par des autorités du
ministère de la Justice, les remboursements de cotisa- tions ne
constituent pas des bénéfices, ni un coût de régime
de retraite. Le Régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics qui portent deux R...
M. de Belleval: RREGOP.
M. Bellemare: RREGOP, au sens de la loi et, par
conséquent, ne devrait pas être défrayé à
même le fonds consolidé du revenu...
M. de Belleval: Est-ce que je peux...
M. Bellemare: ...mais plutôt être
défrayé à même le fonds fourni par les participants
et déposé à la Caisse de dépôt et placement,
puisqu'il s'agit de la remise des sommes retenues à même leurs
traitements. Suite à l'opinion précitée, la CARR pourrait
être appelée à remettre au fonds consolidé du revenu
la contribution du ministère versée à l'égard de
ces remboursements de cotisations. Il termine en disant: Au fait, la remise a
été effectuée en décembre 1976. Toutefois, il est
de l'intention des autorités de la CARR de faire préciser les
obligations du gouvernement à ce sujet par une modification qui sera
apportée par le nouveau gouvernement.
M. de Belleval: C'est ça, et c'est ce qui sera fait d'ici
quelques semaines quand le projet de loi afférent sera
déposé à l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: Concernant les congés de retraite.
M. de Belleval: Concernant le remboursement...
M. Bellemare: La gratification du départ...
M. de Belleval: ... des...
M. Bellemare: ...d'un employé.
M. de Belleval: ...quand il... Oui, c'est ça.
M. Bellemare: C'est l'intention du...
M. de Belleval: Remboursements de cotisations.
M. Bellemare: ...gouvernement de changer la loi.
M. de Belleval: De la préciser, de préciser la
disposition législative qui a donné lieu à l'imbroglio en
question.
M. Bellemare: Cela me suffit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, adopté?
M. Bellemare: Adopté. M. Picotte:
Adopté.
Régime de retraite des enseignants
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2: Régime de retraite des enseignants.
M. Bellemare: N'allez pas trop vite, parce qu'on va finir avant 6
heures. Régime de retraite des fonctionnaires, d'accord. Bon!
M. Picotte: On n'a pas de questions là-dessus, nous.
M. Bellemare: L'autre bord. Salaires... Une minute!
M. Picotte: On parle pour nous autres, M. le député
de Johnson.
M. Bellemare: Oui, d'accord. Autres dépenses... 3, c'est
d'accord. 2, d'accord. Elément 3...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2, adopté?
M. Picotte: Adopté.
M. Bellemare: Elément 3...
Régime de retraite des employés
du gouvernement et des
organismes publics
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 3?
M. Bellemare: C'est un autre statutaire... Oui, d'accord.
Adopté.
M. Picotte: Adopté.
Assurance collective sur la vie des fonctionnaires ou
employés publics
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Elément 4?
M. Bellemare: Pas besoin de voter ça. Elément 4, $4
millions de traitement...
Une Voix: $1,7 millions de différence.
M. Picotte: Cela, c'est l'élément... Assurance
collective sur la vie des fonctionnaires.
Pas de questions, M. le Président, pour nous autres.
M. Vaillancourt (Orford): J'aurais une petite question, moi. Le
montant est doublé. Quelle est la raison?
M. de Belleval: Maintenant, en cas de décès, on
paie $5000 au lieu de $3000, je pense, pour un fonctionnaire, c'est suite
à la convention collective.
M. Bellemare: Un décès?
M. de Belleval: Un décès, oui.
M. Bellemare: $3000 au lieu de $2000.
M. de Belleval: $5000 au lieu de...
M. Bellemare: Est-ce qu'un député est un
fonctionnaire?
M. de Belleval: Non. M. Bellemare: Ah bon!
M. Picotte: Vous n'avez pas l'idée de mourir,
j'espère?
M. Vaillancourt (Orford): Maintenant, si je comprends bien,
l'augmentation est due aux ententes dans les conventions collectives.
M. de Belleval: C'est ça, des dispositions plus
généreuses des conventions collectives qui prévoient une
augmentation du montant payé en cas de décès.
M. Bellemare: Dans la contribution du gouvernement à titre
d'employeur et de mandataire, je voudrais vous lire ceci, à la page...
Ce ne sera pas long. On va finir pour 6 heures, quant à moi. A la page
152. Depuis quelques années, le gouvernement... C'est le
vérificateur... Ce sont des choses que vous n'avez pas le temps de lire,
vous autres. Nous, on lit ça. Depuis quelques années, le
gouvernement ne requiert plus, en cette matière la
régularité des transactions le concours de compagnies
d'assurances tel que précédemment souligné et paie
lui-même, lors du décès d'un fonctionnaire, un
bénéfice d'assurance-vie de $3000 pour les personnes
mariées et de $2000 pour les autres. D'après l'article...
M. de Belleval: C'est maintenant $5000, comme je viens de le
dire.
M. Bellemare: Oui, $5000. M. de Belleval: Maintenant.
M. Bellemare: D'après l'article 47, nous sommes
forcés de croire que cette dépense ne doit pas être
considérée comme une dépense statutaire. Elle ne devrait
pas apparaître à l'élément 4, puisqu'il ne s'agit
pas de primes payées à une compagnie d'assurance. Ainsi, nous
nous demandons s'il ne serait pas nécessaire de faire voter des
crédits à cette fin spécifique par l'Assemblée
nationale.
M. de Belleval: C'est cela, et on a mis en application la
recommandation du vérificateur, puisque, cette année, elle
apparaît aux crédits.
M. Bellemare: Mais elle apparaît à
l'élément 4, comme dépense, comme crédit...
M. de Belleval: ... à voter, et non pas comme
élément statutaire.
M. Bellemare: Très bien. Egalement, le ministère a
assumé le coût encouru par l'application d'un tel régime
à l'endroit des employés du secteur parapublic et... Très
bien.
M. de Belleval: Cela demeure statutaire au sens où M.
Duplessis disait que tout était statutaire, y compris les subventions
discrétionnaires.
M. Bellemare: Quand quelqu'un lui demandait: Où avez-vous
pris votre référence pour citer de haute voix de même, il
disait: A la bibliothèque! Dans quel livre: A la bibliothèque.
C'était bien difficile d'aller chercher cela à la
bibliothèque!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 4. Adopté?
M. Bellemare: Adopté.
Administration
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Elément 5: Administration.
M. Bellemare: Combien y a-t-il d'employés qui sont
attachés directement à l'administration?
M. de Belleval: 503...
M. Bellemare: 503.
M. de Belleval: ... et demi.
M. Bellemare: Hein?
M. de Belleval: Non. 503.
M. Bellemare: 503. Oui. Puisqu'on termine dans quelques minutes
l'étude des crédits, j'aurais une dernière question que
j'ai posée ce matin et qui est déjà au feuilleton, elle
est dans les trois questions...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: J'ai cru comprendre ce midi par certaines
conversations que j'ai eues à la sortie de la commission parlementaire
de la fonction publique que le gouvernement serait prêt à
répondre à mes questions.
M. de Belleval: ... et les questions que vous avez posées
au feuilleton.
M. Bellemare: Au sujet des dépenses encourues pour les
négociations.
M. de Belleval: Oui, d'accord.
M. Bellemare: Je ne sais pas si le ministre pourrait me
répondre maintenant que nous sommes à la fin de cette
étude.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
question entre-t-elle dans l'élément 5?
M. Bellemare: Non. Avec la permission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
parce que je suis informé que les représentants de l'Opposition
officielle ont des questions à poser sur le programme 3 et, à
moins d'avoir le consentement unanime, on ne pourra pas continuer après
18 heures.
M. Picotte: Pour ne pas retarder, M. le Président, on
pourrait adopter l'élément 5.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 5. Adopté?
M. Picotte: Oui. La question est déjà posée.
Je laisserai répondre le ministre et je reviendrai par la suite.
M. de Belleval: En ce qui concerne les responsabilités du
ministre de la Fonction publique ou du ministère de la Fonction
publique, personnellement, je suis prêt à répondre depuis
une semaine, mais j'attendais que mes collègues des Affaires sociales et
de l'Education aient aussi fourni les éléments de réponse
qui les concernent. J'avais l'impression qu'ils pourraient le faire dans les
prochains jours. Pour ma part, s'ils ne l'ont pas fait la semaine prochaine, je
déposerai la réponse à l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: J'ai le coût de la publicité. M. de
Belleval: $500 000.
M. Bellemare: $500 000 c'est parfait, cela arrive à la
cent, dont $400 000 à un petit ami qui s'est appelé Pierre
Tremblay.
M. Picotte: Je ne le connais pas.
M. Bellemare: Vous ne le connaissez pas. Ne reniez pas vos amis
toujours.
M. Picotte: Je n'étais pas ministre de la Fonction
publique.
M. Bellemare: Je ne vous dis pas de le renier. Je vous dis, mon
cher monsieur, simplement que sur $500 000 en publicité, M. Tremblay a
eu $400 000. Je ne dis pas que c'est un ami plus qu'un autre.
M. Picotte: M. le Président, cela devait être parce
que c'était le meilleur.
M. Chevrette: Cela fait longtemps qu'on sait cela.
M. Picotte: Cela devait être parce que c'était le
meilleur parmi tous ceux qui offraient des services.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
sommes rendus au programme 3.
M. Bellemare: Oui, programme 3.
Classification, dotation et
vérification
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1. Le député de Maskinongé.
M. Picotte: Une dernière question en ce qui me concerne,
M. le Président. Souventefois, le Conseil du statut de la femme a fait
des revendications auprès du ministère de la Fonction publique en
disant que les femmes, que l'élément féminin était
placé de façon discriminatoire face aux concours de la Fonction
publique et à l'embauche de fonctionnaires. Est-ce que le ministre
pourrait, s'il a les chiffres en main, nous dire quelle est parmi les
différents concours qui sont lancés à la Fonction
publique, la proportion de l'élément féminin qui est
acceptée, qui est refusée selon le cas et quelles sont les
raisons qui peuvent faire que la femme est peut-être moins facilement
embauchable, selon les critères d'embauche? Cela m'intéresse.
M. de Belleval: C'est une bonne question, effectivement. Il
semble que d'ici une quinzaine de jours on aura des statistiques
là-dessus. Alors, si vous êtes d'accord, je pourrai les faire
parvenir, ou vous pourrez poser une question à l'Assemblée
nationale dans quinze jours ou trois semaines.
M. Picotte: Je préférerais peut-être, M. le
Président je ne sais pas si c'est dans les coutumes du
secrétaire des commissions de faire expédier des documents
si le ministre accepte évidemment de déposer à la
commission ce document, même si la commission est terminée, que
vous le fassiez expédier aux membres de la commission.
M. de Belleval: Je prends note de votre question et je la
transmets immédiatement à la commission, qui va s'efforcer d'y
donner suite dans les meilleurs délais.
M. Picotte: Merci.
M. de Belleval: Si, par hasard, il y avait un retard indu, vous
pourrez toujours me rappeler cette...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1?
M. Bellemare: Elément 1, ce sont les traitements, c'est
là aussi qu'on retrouve les déclarations du président de
la Commission de la fonction publique. On a dit ce matin qu'on retrouverait
à l'élément 1 les suggestions qui ont été
faites, comme, par exemple, les améliorations qui peuvent être
apportées quant au droit d'appel; vous nous avez dit aussi à ce
moment-là que le président serait ici cet après-midi,
concernant les déclarations qu'il a faites lui-même ces jours
derniers à la presse; il pourrait nous les expliciter d'une
manière plus conforme. Il y a ici aussi le mardi 18 janvier: "La
nomination des fonctionnaires compléterait le régime de
mérite. Première- ment... "le président de la Commission
de la fonction publique a profité de l'occasion, hier, une de ses
rarissimes interventions publiques" il a peut-être dit ça
à cause de son ministre, en tout cas, je ne pense pas que ce soit
ça pour formuler quelques autres suggestions pratiques." Est-ce
que je peux les lire? Cela ne sera pas long, deux instants.
M. de Belleval: Allez-y.
M. Bellemare: "Premièrement, apporter certains amendements
à la loi actuelle afin de permettre à la commission de s'engager
davantage sur la voie de la planification. Des amendements pourraient obliger
les ministères et organismes à faire connaître
périodiquement à la Commission de la fonction publique
l'état de leurs effectifs, à l'informer immédiatement d'un
poste vacant quand il y en aura. "Deuxièmement, sous certaines
conditions, la Commission de la fonction publique devrait être en mesure
d'exercer, en vertu de la loi, le pouvoir lui permettant de pourvoir, dans un
cas de pénurie de candidats, comme exemple, à une vacance par le
meilleur candidat possible, même si ce dernier ne possède pas
toutes les qualifications habituellement requises."
Je pense que ça pourrait être discuté.
"Troisièmement, la Commission de la fonction publique... pardon?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
m'excuse, à ce moment-ci, je me dois de demander le consentement unanime
des membres de la commission pour pouvoir poursuivre après l'heure, six
heures.
M. Bellemare: Ah oui...
M. Vaillancourt (Orford): D'accord!
M. Bellemare: ... je pense qu'on est d'accord, parce que, ce
soir, je voudrais être en Chambre pour le discours de mon chef.
M. de Belleval: Moi, je ne suis pas disponible ce soir et, si
j'ai bien compris, nous pourrions terminer les crédits d'ici 6 h 30?
M. Bellemare: C'est fini, je n'ai presque plus rien.
M. de Belleval: D'accord.
M. Bellemare: Dès que j'aurai...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
consentement unanime est accordé?
M. Vaillancourt (Orford): D'accord.
M. Bellemare: Dès que j'aurai fini avec mon excellent ami,
M. Gérin-Lajoie, vous lui demanderez si c'est vrai qu'il s'est
appelé comme cela, il est présent et il va dire qu'il est
allé à l'école sous ce nom-là.
"Troisièmement, la Commission de la fonction publique devrait
avoir le pouvoir de révoquer la nomination d'un employé si elle
découvre qu'une infraction a été commise lors de la tenue
d'un examen." Lui est au courant qu'il s'en est commis, mais il n'a pas le
pouvoir de révoquer la nomination. "Toute nouvelle législation
devrait apporter des précisions nécessaires concernant le domaine
de l'évaluation du rendement et plus particulièrement en ce qui a
trait aux responsabilités respectives du ministère de la Fonction
publique, particulièrement vis-à-vis de la Commission de la
fonction publique.
Il termine en disant: II est souhaitable que la réglementation de
la Commission de la fonction publique soit désormais soumise à
l'approbation du Conseil des ministres plutôt qu'au Conseil du
trésor, comme c'est le cas présentement. Je ne sais pas si cela
vous déplaît, mais il reste une chose, c'est que ce sont ses
avis.
Comme c'est un homme qui a milité énormément dans
le domaine, comme tous les membres de la commission qui le secondent si
admirablement bien, je pense que cela vaudra peut-être, lorsque vous
étudierez de nouveau le projet de loi que vous nous avez promis
peut-être avant les vacances d'été, qu'on pourrait
peut-être retrouver... C'est peut-être vite, je comprends, parce
que vous allez être pris en Chambre et ailleurs, mais, d'un autre
côté, vous étiez prêt à faire cela. Vous avez
dit, dans votre programme: Demain matin, si on prend le pouvoir, on est
prêt à faire tout cela.
On ne veut pas vous faire mentir non plus. Vous étiez
sincères, c'est sûr. Vous vouliez prendre le pouvoir, mais, d'un
autre côté, vous avez été surpris à peu
près comme la mère Dionne.
M. de Belleval: On est comme saint Louis de Gonzague, on s'attend
à tout.
M. Bellemare: C'est d'accord. J'espère que vous allez
terminer en sainteté aussi.
M. Picotte: Est-ce que vous invoquez saint Jude de temps en
temps?
Une Voix: J'ai l'impression que vous avez dû rester
surpris.
M. Bellemare: Je terminerai par là, je ne veux pas lire
les autres articles que j'ai. Je veux simplement dire qu'en l'an 1975/76, on a
engagé 9397 employés à la Commission de la fonction
publique; cela commence à être un gros employeur, le gouvernement.
Cela représente énormément de structures nouvelles pour
s'adapter aux nouveaux diktats de la Fonction publique.
Messieurs, je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 1, adopté?
M. Bellemare: Elément 1, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Elément 2?
M. Bellemare: Je n'ai plus d'autres questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Messieurs...
M. Picotte: M. le Président, avant de terminer,
j'aimerais, au nom de l'Opposition officielle, remercier le ministre de sa
collaboration et des réponses qu'il nous a apportées, ainsi que
les fonctionnaires du ministère qui ont eu la gentillesse de se
déplacer et de venir nous rencontrer pour nous fournir des explications
additionnelles, de même que vous, M. le Président, qui avez
présidé cette commission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ma
première.
M. Picotte: ... avec beaucoup de brio et beaucoup de
sérénité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En ce
qui me concerne, je remercie les membres de la commission.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous dire que l'opposition
reconnue de l'Union Nationale se joint à l'Opposition officielle pour
vous dire ses remerciements et demander au président de la Commission de
la fonction publique s'il reconnaît la véracité de ces
textes.
M. de Belleval: Le député de Johnson me donne le
crédit de l'avoir au moins pondu?
M. Bellemare: Oui, oui, oui. Je voudrais que vous me disiez cela
devant le ministre. Si jamais il me dit qu'il ne vous avait pas autorisé
à dire cela parce que vous êtes dans une sortie rarissime...
Une Voix: C'est cela.
Une Voix: II a le droit de penser.
M. Bellemare: Je remercie moi aussi les membres de la commission,
le président, les officiers supérieurs, le ministre qui est fort
aimable depuis quelque temps, il s'est beaucoup amendé.
(Fin de la séance à 18 h 6)