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Etude du projet de loi no 53 Loi sur la fonction
publique
(Vingt heures huit minutes)
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, messieurs!
Nous en sommes à une nouvelle séance de la commission de
la fonction publique qui étudie le projet de loi no 53.
Les membres de cette commission sont: M. Bellemare (Johnson), M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Caron (Verdun), M. Chevrette (Joliette-Montcalm),
M. de Belleval (Charlesbourg), M. Desbiens (Dubuc), en remplacement de M.
Dussault (Châteauguay); M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel
(Limoilou)... Vous dites, s'il vous plaît?
M. Gendron: M. Marcoux, à la place de monsieur...
Le Président (Mme Cuerrier): M. Marcoux (Rimouski)
remplace M. Grégoire (Frontenac); M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marchand (Laurier)...
M. Gendron: II y a une erreur. M. Marcoux est membre de la
commission. Alors, il ne remplace pas monsieur...
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, je ne remplace pas M.
Grégoire (Frontenac), c'est M. Marcoux. Mme Ouellette (Hull), M. Picotte
(Maskinongé)...
Une Voix: Remplacé par M. Ciaccia.
Le Président (Mme Cuerrier): ... remplacé par M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Vaillancourt (Orford) remplacé par M.
Pagé (Portneuf). C'est bien ça?
M. Gendron: Mme le Président, c'est M. Marcel Gagnon
(Champlain) à la place de M. Gilles Grégoire (Frontenac).
Le Président (Mme Cuerrier): M. Gagnon (Champlain),
remplaçant M. Grégoire (Frontenac).
Le rapporteur de la commission est M. Jolivet, si je me rappelle bien.
C'est vous qui êtes le rapporteur de la commission.
Cette commission est réunie pour entendre, c'est-à-dire
qu'elle a déjà entendu le mémoire du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec dont le porte-parole est M.
Jean-Louis Harguindeguy, président général. C'est bien
ça, M. le président?
M. Harguindeguy (Jean-Louis): C'est ça, madame.
Le Président (Mme Cuerrier): Nous en étions aux
échanges et aux questions que les membres de cette commission pourraient
avoir à poser au Syndicat des fonctionnaires. M. le ministre fera la
première intervention, M. Pagé (Portneuf) ensuite, et M.
Bellemare (Johnson).
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec (suite)
M. Harguindeguy: Mme le Président, je ne sais pas, mais,
avant que M. le ministre commence, je voudrais m'excuser de vous faire
siéger particulièrement le gouvernement, en ce jour heureux de
premier anniversaire. Je m'associe aussi aux autres, sauf que, pour nous, le
projet de loi 53 n'est peut-être pas un cadeau d'anniversaire.
M. Bellemare: ... qu'on soit unanime.
M. Pagé: Eux, ils fêtent et vous, vous êtes en
deuil.
M. Harguindeguy: C'est d'ailleurs pour cela que nous sommes ici
ce soir. Nous regrettons de vous retarder pour les festivités.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président. M. le
ministre.
M. Bellemare: Je voudrais juste soulever un point de
règlement parce que, si nous siégeons...
Le Président (Mme Cuerrier): Sur une question de
règlement, M. le député de Johnson?
M. Bellemare: Oui, juste avant de commencer, si nous avons
accepté de siéger ce soir, c'est malgré une intervention
qu'on a faite en Chambre pour qu'il n'y ait pas deux commissions qui
siègent aujourd'hui. C'est moi qui ai soulevé l'objection, parce
que je me suis rendu compte que, quand vous êtes venus la première
fois présenter votre mémoire, on avait écouté tout
l'avant-midi vos pourparlers et, l'après-midi, j'ai demandé qu'on
siège à cause des dépenses extraordinaires que tous vos
membres syndiqués sont obligés de faire. Le ministre, dans le
temps, le tsar de la Fonction publique a dit: Non, on ne siège pas.
Ajournement sine die! Et là, ce soir j'avais des raisons d'être
absent, et il a découvert cela. Imaginez-vous cela! Il s'est dit:
Bellemare n'y sera pas, on va faire siéger la commission. C'est bien
dommage, M. le ministre, on y est! On est ici pour vous donner notre point de
vue aussi.
Le Président (Mme Cuerrier): Je pense que votre question
de règlement n'en était pas tout à fait une. Je suppose
que votre message est passé.
M. Bellemare: II faut se batailler. Merci, madame, de m'avoir
quand même laissé exposer le fond de ma pensée qui est
encore bien loin de la réalité que je vais dire tout à
l'heure.
M. Le Moignan: C'est un service anniversaire.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît! Je
donne d'abord la parole à M. le ministre, ensuite au représentant
du Parti libéral et ensuite au représentant de l'Union
Nationale.
M. le ministre.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: Merci, Mme le Président. Merci, M.
Harguindeguy, du délicat rappel que vous venez de faire.
Avant de commencer, j'aimerais, très rapidement, insister sur
quelques-uns des points du projet de loi qui ont été
soulevés dans le mémoire de M. Harguindeguy et qui
méritent, peut-être pour continuer notre discussion, ce soir, un
bref rappel. En effet, le projet de loi confie au ministre de la Fonction
publique les pouvoirs généraux de gestion du personnel du
gouvernement conformément aux principes qui régissent notre
système parlementaire, à savoir la responsabilité
ministérielle.
J'ai déjà expliqué qu'il était normal qu'un
gouvernement qui est élu d'après un programme politique et qui
est responsable devant la population, devant le Parlement, de l'application de
ce programme, soit aussi responsable au premier chef du principal instrument de
mise en application de ses politiques, à savoir la fonction publique
elle-même.
Toutefois, un autre principe qui guide le projet de loi, c'est
l'amélioration et le renforcement des mesures qui font en sorte que
l'arbitraire, le favoritisme n'interviennent pas dans cette gestion de la
fonction publique. Par conséquent, le projet de loi prévoit de
nombreux mécanismes qui visent à rendre plus transparente la
gestion de notre fonction publique et qui vise à renforcer les
mécanismes qui protègent le fonctionnarisme contre l'arbitraire
et le favoritisme.
Je voudrais rapidement faire le point sur ces mécanismes qui sont
au coeur même du projet de loi et qui se trouvent à encadrer les
pouvoirs réglementaires du ministre. Tout d'abord, justement, il s'agit
de pouvoirs réglementaires. Il ne s'agit pas de pouvoirs
discrétionnaires que le ministre peut exercer selon son bon plaisir,
selon de simples directives administratives. Le ministre doit, en vertu du
projet de loi, faire des règlements.
Deuxièmement, ces règlements sont publics et ils sont
même soumis à une commission indépendante, une nouvelle
Commission de la fonction publique qui, contrairement à l'ancienne,
n'est pas nommée par le gouvernement, mais par l'Assemblée
nationale. Cette commission doit obligatoirement faire rapport à
l'Assemblée nationale des avis qu'elle donne sur la
réglementation du ministre. De plus, cette commission possède un
pouvoir d'enquête de sa propre initiative ou à la demande d'un
fonctionnaire qui s'estime lésé dans la gestion du personnel. Ce
pouvoir d'enquête est général et aussi il est public,
puisque un rapport doit être fait ensuite à l'Assemblée
nationale. Le recrutement même des fonctionnaires continuera à
être régi par un organisme indépendant, l'Office de
recrutement.
Son président sera nommé, non pas par le gouvernement,
mais par l'Assemblée nationale. Il va sans dire aussi que toute
destitution de ces personnes, les commissaires comme le président de
l'Office de recrutement, ne peut être effectuée sans le
consentement de l'Assemblée nationale.
Une autre disposition très importante qui vise aussi à
renforcer les mécanismes qui protègent le fonctionnarisme contre
l'arbitraire, c'est l'instauration ou l'amélioration des dispositions
qui gouvernent ce qu'on appelle le régime de mérite dans
l'accession ou les promotions dans la fonction publique. Ce principe repose sur
les bases suivantes: l'égalité d'accès dans les fonctions
de la fonction publique, la tenue de concours impartiaux pour ces promotions ou
ces nominations et, troisièmement, la nomination, à la suite de
ces concours, selon les résultats de ces mêmes concours,
c'est-à-dire selon l'ordre de mérite, d'aptitudes ou de
compétence des candidats qui ont été
déclarés aptes.
Cette dernière mesure tranche aussi considérablement avec
la pratique actuelle où c'est l'arbitraire ministériel qui est la
règle dans les nominations à la suite des concours, le ministre
n'étant même pas obligé de nommer et pouvant nommer
n'importe qui, peu importe son ordre d'aptitude ou de compétence
à la suite du concours.
Voilà donc, Mme le Président, les principales dispositions
qui assureront un fonctionnement, comme je l'ai dit, plus transparent, et plus
démocratique de la gestion de la fonction publique à
l'avenir.
Bien entendu aussi, en vertu des dispositions du projet de loi, le
pouvoir réglementaire du ministre sera assujetti aux conventions
collectives et les pouvoirs syndicaux en matière de convention
collective sont maintenus intégralement à la suite de la
présentation du projet de loi.
J'ai fini maintenant, pour l'instant, Mme le Président. Il me
fera plaisir de donner plus de détails sur ces différentes
explications, ces premières explications, au fur et à mesure du
déroulement de cette soirée, s'il en est besoin.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Michel Paré
M. Pagé: Merci, Mme le Président. D'abord,
étant donné que chacun y va de son message, je me permettrai, Mme
le Président, de vous faire part que, si je n'ai pu assister au
début des travaux de votre commission, c'était parce que
j'étais retenu par la commission chargée d'étudier
l'industrie des pâtes et papiers.
Mme le Président, si le ministre de la Fonction publique s'est
permis, à ce stade-ci de nos travaux, somme toute, à cette
reprise de la commission parlementaire chargée d'étudier le
projet de loi 53, d'apporter ses commentaires, de faire une déclaration
d'ouverture, une déclaration préliminaire, je pense, Mme le
Président, que la question se pose avec beaucoup d'acuité et
qu'il m'est permis, qu'il est permis aux membres de cette
commission, à ce stade-ci de nos travaux, de regarder un peu ce
qui s'est passé depuis que nous avons ajourné nos travaux, il y a
deux ou trois semaines.
Il y a beaucoup de choses qui se sont passées, Mme le
Président. Vous en avez été témoin vous-même,
à l'Assemblée nationale, par plusieurs questions qui ont
été posées. Vous avez été à
même d'assister au débat sur la loi 53 qui est devenu, somme
toute, un débat vraiment sur la place publique, avec les
émissions de télévision, les émissions de radio,
etc.
A ce stade-ci de nos travaux, je ne peux m'empêcher de vous faire
quelques commentaires. Selon moi, Mme le Président, l'attitude du
ministre de la Fonction publique doit changer si on veut vraiment
améliorer la condition du débat, de la relation entre l'Etat et
ses employés, eu égard au projet de loi 53.
Mme le Président, le débat sur le projet de loi 53 semble
évoluer vers un véritable dialogue de sourds depuis quelques
semaines. Il est évident qu'on ne touche pas à une institution
comme la fonction publique comme s'il s'agissait du personnel d'une petite
entreprise. L'expérience des dix dernières années est
suffisamment riche pour permettre au ministre de la Fonction publique de savoir
qu'aucune réforme à ce niveau, fût-elle idéalement
souhaitable, ne peut se faire et être viable sans qu'elle soit
élaborée dans un climat d'ouverture d'esprit, de dialogue et de
bonne foi.
Ce climat, s'il a déjà existé, se
détériore constamment depuis le début des travaux de cette
commission. On peut se demander le pourquoi de cette
détérioration. Tout d'abord, il y avait une contradiction
évidente entre le projet de loi déposé et le mandat
conféré à la commission Martin, contradiction que le
ministre a toujours minimisée, au sujet de l'aire de
négociation.
Il y a eu, on se le rappellera, le refus du ministre de souscrire
d'emblée à la proposition du député de Jean-Talon,
M. Garneau pour reporter le débat de la deuxième lecture
après le dépôt du rapport Martin.
Il y a eu sa volte-face quant aux amendements à être
apportés à l'article 119.
M. Chevrette: Mme le Président, question de
règlement, s'il vous plaît!
Le Président (Mme Cuerrier): Une question de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Pagé: Mme le Président, avec la docilité
que vous me connaissez, je vais laisser aller le député de
Joliette-Montcalm, mais je lui ferai remarquer, Mme le Président,
qu'à ce stade-ci de nos travaux, on a le droit de faire des commentaires
sur la façon dont la situation a évolué depuis la fin de
nos travaux.
M. Chevrette: Est-ce que j'ai le droit de parler? Question de
règlement, s'il vous plaît!
Le Président (Mme Cuerrier): Voulez-vous laisser le
député de Joliette-Montcalm faire son intervention sur la
question de règlement?
M. Pagé: Oui, Mme le Président, certainement.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député.
M. Ciaccia: Vous avez bien l'air méchant.
M. Chevrette: Mme le Président, le ministre a
lui-même, en Chambre, à une question du député de
Portneuf, répondu à cette question et a pris l'engagement formel
devant la commission, ici même, aussi. En plus d'être
consigné au journal des Débats, cet engagement formel a
été pris par le ministre. Je trouve que cela va à
rencontre du règlement, dans les circonstances. On est ici pour discuter
avec nos invités, non pas pour faire de la "politicaillerie", ce n'est
pas le temps. On passe aux questions. J'ai des questions à poser
à M. Harguindeguy, Mme le Président.
M. Pagé: Vous avez beaucoup d'exemples à donner sur
la question de la "politicaillerie" dans ce projet de loi.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît!
M. Chevrette: Je ne vous ai pas interrompu durant votre
intervention, faites donc de même. C'est là que vous parlerez
d'arrogance après.
M. Pagé: Cela va à rencontre du
règlement.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît! M. le
député, s'il vous plaît! nous allons laisser M. le
député de Portneuf terminer son intervention.
M. Pagé: C'est cela, madame. Merci beaucoup! D'ailleurs,
le député de Joliette-Montcalm a tout intérêt
à bien écouter. Vous allez voir la distinction à la fin.
Vous avez intérêt à bien écouter.
M. Chevrette: Je n'ai pas de leçon de compréhension
à recevoir de vous, vous avez été six ans dans
l'Opposition.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député! C'est M. le député de Portneuf qui a la
parole.
M. Pagé: Avant que je sois interrompu, Mme le
Président, j'en étais à la volte-face quant aux
amendements à apporter à l'article 119 pour éviter de
toucher l'aire de la négociation, qui laissait subsister tous les
pouvoirs et toutes les structures proposées par le projet de loi 53,
livrant ainsi les intentions du ministre et suspendant une épée
de Damoclès au-dessus de la tête des syndiqués.
Il y a eu également sa volte-face subite quant à son
intention de ne pas procéder à l'adoption du projet de loi 53
avant le dépôt du rapport Martin, mais il n'y a eu aucun
engagement quant à savoir s'il s'agit de l'adoption en deuxième
ou en troi-
sième lecture. C'est là que c'est important. Le
député de Joliette-Montcalm pourra y revenir.
Il y a eu la tenue d'un sondage par le ministre auprès des
fonctionnaires qui, indirectement, s'attaquait au caractère
représentatif du syndicat et à sa capacité d'informer ses
membres. Ce qui pour-vait donner à entendre que le ministre voulait
ainsi savoir comment orchestrer sa propagande auprès des
syndiqués.
Il y a eu aussi les rencontres du ministre dans plusieurs régions
avec des fonctionnaires, ce qui ne peut que manifestement être
interprété autrement que dans un but de propagande et de division
parmi les syndiqués.
Il y a eu un piétinement inutile des travaux de la commission. On
sait que la commission a retardé. On est en droit de présumer que
cela a peut-être été fait de façon indue.
Enfin, s'il y a eu pendant ce délai cette tournée de
propagande effectuée par le ministre, à la radio ou à la
télévision, le ministre peut-il après cela
s'étonner de voir que le climat est à la confrontation? Il est
impératif d'assainir dès maintenant le climat et c'est au
ministre qu'il revient d'en assumer les responsabilités, de prendre
l'initiative nécessaire afin que nos travaux se poursuivent de
façon plus constructive.
Il faut que le ministre dissipe toutes les ambiguïtés et
prouve sa bonne foi à l'intérieur de ce débat et, pour ce
faire, quant à moi, j'apprécierais... C'est un voeu que je
formule somme toute, mais, je n'en fais pas une motion ici.
Je sais que nos invités sont impatients de discuter avec les
membres de notre commission. Je ne ferai que formuler ce que je
considère que le ministre pourrait faire pour assainir cette situation
de protagonistes et améliorer les relations entre le gouvernement et ses
travailleurs.
Faire diligence dans la tenue des audiences de la présente
commission et aussi cesser la propagande qu'on entend à la radio, qu'on
voit à la télévision, de façon systématique,
faite par le ministre depuis quelques semaines. Ne pas aborder le débat
en deuxième lecture avant le dépôt du rapport de la
commission Martin. C'est important. Je suis d'accord que le ministre s'engage
à ce que le projet de loi ne soit pas adopté avant le
dépôt du rapport, mais que le ministre s'engage à ce que le
projet de loi n'aille pas jusqu'en deuxième lecture avant le
dépôt du rapport de la commission Martin pour qu'on puisse en
discuter, article par article. Je continue, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
j'aimerais...
M. Pagé: Je termine, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Habituellement, nous
permettons une brève intervention. Je vous demanderais de faire
rapidement, s'il vous plaît!
M. Pagé: Oui, j'ai été interrompu par le
député de Joliette...
Le Président (Mme Cuerrier): Allez, M. le dé-
puté, je ne vous interromps plus. Allez-y, mais, s'il vous plaît,
rapidement, autrement je devrai vous interrompre.
M. Pagé: Merci. J'aimerais aussi que le ministre
dépose le questionnaire et le résultat du fameux sondage. Le
ministre a déclaré en Chambre que ses collaborateurs
immédiats et ses collaborateurs politiques avaient participé
à la rédaction des questions. On est en droit ici, on est en
commission parlementaire. On est ici pour étudier le projet de loi. On
est en droit d'exiger que le sondage et les résultats soient
déposés. Que le ministre dise clairement aux fonctionnaires s'il
entend instaurer une mobilité complète de la fonction publique
dans la perspective d'une forte décentralisation budgétaire et
administrative du gouvernement.
Je conclus en souhaitant que le ministre nous dise si, oui ou non, il a
l'intention d'appliquer la structure d'organisation et de réglementation
du projet de loi 53 à tous les fonctionnaires et, enfin, qu'il nous dise
expressément ce qu'il souhaiterait laisser dans le champ de la
négociation collective pour les syndiqués du gouvernement. Avec
de tels engagements et une telle ouverture ou un tel dialogue, si le ministre
répond à nos questions, je suis persuadé que l'ensemble
des fonctionnaires accorderont toute la compréhension et la
collaboration qu'exige la refonte de la loi sur la fonction publique. Or,
c'étaient là les commentaires que je voulais formuler au
début de nos travaux. Je reviendrai évidemment tout à
l'heure avec des questions précises à poser à nos
intervenants, de ce soir. J'ose croire qu'à la lueur des
représentations qui sont formulées par l'Opposition officielle,
M. le ministre sera en mesure de donner suite, de façon positive et
concluante, aux voeux qu'on lui a formulés. Merci, je n'ai pas
été trop long.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Mme le Président, je n'ai pas besoin de vous
signaler qu'on a entendu avec beaucoup de joie et de plaisir les arguments de
M. Jean-Louis Harguindeguy, le 30 octobre dernier.
J'ai encore en main son discours, que j'ai noté d'un bout
à l'autre, simplement pour vous dire, Mme le Président, que ce
que je m'en vais dire, c'est contenu dans le mémoire qu'a
déposé le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec.
D'abord, à l'article 1, au paragraphe 1, il ne pose pas de geste
isolé, possiblement, sans consultation préalable. Cela, c'est une
accusation qui a son poids.
Deuxièmement, le projet de loi no 53 se présente sous des
dehors vertueux. Cela, c'est dans votre mémoire; je n'invente rien.
Troisièmement, c'est une législation rétrograde.
Cela, c'est dans le mémoire. Je n'ai pas encore entendu le ministre
expliquer comment il se fait que ça devienne une législation
rétrograde. Je
sais qu'il va dire: Vous, dans votre temps, l'Union Nationale... C'est
vrai. C'est vrai, et on n'avait pas honte. Il va dire: Vous avez fait du
patronage. Vous êtes en train de faire un bill pour faire du patronage.
Vous allez voir, mane, thecel, phares. Vous avez été
pesés, trouvés trop légers et vos jours sont
comptés vous aussi. Vous allez voir ça.
Mais quand on est obligé, comme vous dites, M. Harguindeguy, de
quêter son dû... Cela, c'est votre expression à vous, dans
votre mémoire, que les travailleurs de la fonction publique
québécoise devaient quémander leur dû. C'est vrai,
ça. Mais, vous êtes aujourd'hui devant une situation encore pire,
parce qu'après avoir connu des succès dans les
négociations, vous avez réussi à établir à
la Fonction publique, un système qui avait éloigné de
beaucoup le patronage. Je ne dis pas que c'était parfait. Il y avait des
modalités qu'on aurait pu refaire, mais pas comme on le fait dans le
projet de loi no 53, pour donner au ministre un pouvoir dictatorial, de tsar;
il a le droit de rétrograder, le droit de "démoter", le droit de
baisser le salaire, le droit de mettre dehors tout individu dont la face ne lui
plaît pas. Il va plus loin que ça à l'article 45. Il dit:
Maintenant, j'ai des pouvoirs, je vais les faire partager par mes
sous-ministres, par les directeurs du personnel.
A l'article 70, il dit: Oui, mais, si vous avez à être
promu et engagé de nouveau pour une position supérieure, il
faudra que ce soit selon l'échelle du mérite. Je l'ai, moi, la
médaille du mérite ce soir. Je l'ai, à coups de fouet, et
si tu ne passes pas, tu vas trépasser.
Cela, Mme le Président, c'est votre déclaration, M.
Harguindeguy, que vous avez faite. Vous avez dit: C'est le signe le plus
évident de la décadence de la démocratie. Le même
gouvernement vient d'adopter cet après-midi, en deuxième lecture,
le bill 69, pour exercer une certaine tutelle encore plus souple, comme disait
le ministre, afin que la tutelle n'engendre pas la désyndicalisation,
mais plutôt la démocratisation de la base, pour qu'on puisse
accepter de refaire un peu tout le système de la négociation.
C'est un régime vous l'avez dit à l'article 5
de tendance totalitaire. Je pense bien que le ministre a dû
remarquer ces mots-là: saboter le régime démocratique,
réglementer les conditions de travail de ses fonctionnaires,
créer, par règlement, de nouveaux crimes punissables de sanctions
disciplinaires et juger sans appel après avoir confié le tout
à la Commission de la fonction publique nommée par lui.
Tout à l'heure, il disait: Oui, mais cela sera sanctionné
par la Chambre. Ce n'est pas sanctionné par la Chambre, c'est faux!
Parce que la majorité est là, cela va être
sanctionné par votre majorité, pas par les deux tiers de la
Chambre. C'est faux. Vous êtes en train de mettre la hache dans les
droits acquis de la fonction publique. Je continue: "... commettant sciemment
de graves injustices. C'est la mise en tutelle des syndicats". C'est dans votre
mémoire. Je n'ai pas besoin de vous la préciser, c'est à
la page 2. Une autre astuce du projet de loi rédigé le plus
durement possible, pour que, si jamais il ramollit, il dise: Je vous ai fait
des faveurs. Là, il impose cette loi de dictature. Les fonds publics ne
sont pas ceux du parti. L'argent de la fonction publique appartient aux
citoyens du Québec.
Je vais encore plus loin. Je lis à l'article 9: "Au cours des
quinze dernières années, des progrès ont été
accomplis dans l'élimination du patronage..." pour ces gens
là, il y a le bon et le mauvais patronage; c'est certain "...
dans l'embauche des fonctionnaires et l'octroi des contrats gouvernementaux,
mais il est malheureusement resté des zones réservées
où "le bon patronage" est demeuré roi et maître, notamment
dans les contrats de construction de moins de $25 000, dans la location
d'immeubles, dans l'embauche du personnel occasionnel et du personnel
étudiant, dans les contrats de services professionnels..." Bon.
Le gouvernement dit ceci: Les fonds publics ne sont pas ceux du parti.
Certainement, c'est vous qui l'avez dit, et les zones réservées
au bon patronage sont demeurées rois et maîtres. Vous dites cela
au ministre d'aujourd'hui. Dans la loi que nous allons étudier dans
quelques minutes, dans les questions que nous allons vous poser, qu'est-ce qui
va empêcher cela?
Si le ministre n'aime pas la figure d'une Union Nationale qui est dans
son bureau, je n'ai pas besoin de vous dire que ces jours seront
comptés. Il va avoir tous les moyens de la mettre dehors parce que
là, il va devenir le véritable tsar de la fonction publique, ce
qui n'existait pas autrefois. Si c'est un sous-ministre qui a une
délégation de pouvoir en vertu de l'article 45, ou un chef de
service, imaginez-vous ce qui va se produire. La pagaille! Où sont les
droits acquis? On va pouvoir vous mettre dehors, vous muter, même vous
mettre à la retraite et sans condition. Ah! Ils vont vous dire qu'il y a
l'article 88. Il y a un pouvoir d'appel. Oui. Devant qui? Devant un office
nommé par eux. Imaginez-vous, quand vous serez mis dehors, si vous allez
comparaître devant l'office nommé par le ministre! Ce seront
sûrement des amis politiques. Comment allez-vous plaider votre grief?
Ensuite, il dit: II y a l'article 89. Ils y ont tous droit. Oui, c'est vrai.
Quels sortes de droits ont-ils quand ils ont une épée de
Damoclès sur la tête? Vous êtes bien braves, vous, les
fonctionnaires, de venir exposer votre véritable position devant le
ministre. Je vous félicite. C'est courageux. Je n'ai pas peur non plus
de faire face à la musique. Je pense que si le ministre, après
mon discours, ne m'estime pas autant qu'auparavant, cela ne m'empêchera
pas de rêver à lui. Ce n'est pas sûr que j'aille jusqu'au
bout.
Une Voix: Cela ne m'arrive pas, par exemple!
M. Bellemare: Je voulais simplement vous dire encore
quelques notes avant de terminer que, dans un paragraphe, à la
page 4, vous dites: "On sabote les droits des travailleurs". On n'a jamais eu,
de tout temps, un projet de loi aussi inique, qui saccage de plain-pied la
fonction publique et les droits acquis des travailleurs par de longues luttes.
Il y en a qui ont laissé leur peau
pour acquérir les droits que vous avez. Il y en a qui vont la
laisser prochainement aussi.
Il n'y a aucun intérêt à modifier, je pense, de
façon aussi draconienne la Loi de la fonction publique; sinon, je ne
l'accuse pas, je ne lui prête pas de mauvaises intentions, c'est
défendu par les règlements, j'ai le droit de penser en
moi-même que c'est pour faire du patronage pour lui, pour changer ses PQ
de place et les amener au gouvernement, parce qu'ils ne resteront pas là
longtemps, vous allez voir. Aucun intérêt. Les conditions de
travail sont imposées dans cela, et si cela ne fait pas, dehors! Les
frais de voyage sont exclus des négociations, vous savez cela depuis
longtemps. Le droit fondamental de la définition des conditions de
travail, je n'ai pas besoin de vous dire que je trouve cela ridicule. Mais, je
dis en terminant que le gouvernement est à se bâtir un bien
mauvais lit pour les prochaines négociations collectives. Je n'ai pas
besoin de vous dire que si vous avez le moindrement de "spring ", vous allez
faire valoir votre argument.
Nous, de l'Union Nationale, nous allons voter contre le bill et nous
allons lui faire une lutte à mort, une lutte de tous les instants, pour
prouver la valeur de ce qui avait été établi
démocratiquement, en vertu d'une loi de la fonction publique qui avait
évolué, de notre temps. Ils vont nous répondre: De votre
temps, M. Bellemare, vous en avez fait. Oui, certainement, j'en ai fait et je
ne le regrette pas. J'ai été élu pendant 33 ans. Ce n'est
pas parce que je n'en avais pas fait un peu, certain. Cela ne veut pas dire,
parce que vous allez mettre de l'avant votre loi-bâillon et votre loi de
dictature, que je n'essaierai pas d'en passer quand même. Vous allez voir
qu'il y en a d'autres qui vont réussir peut-être mieux que
moi.
M. de Belleval: Autres temps, autres moeurs.
M. Bellemare: Oui, c'est vrai cela, autres temps, autres moeurs.
Other days, other ways. C'est vrai que ce sont d'autres moeurs.
Alors, Mme le Président, à cause de toute la
tolérance que vous m'avez accordée, de la patience que vous avez
manifestée, avec l'endurance qui s'est produite chez le ministre, je
dois vous remercier très sincèrement de ne pas m'avoir interrompu
et de m'avoir donné l'avantage de dire que cette consultation
préalable nous donne l'occasion de dire au ministre qu'il fait fausse
route, quand il dit que cela va être nommé par le Parlement. C'est
vrai, mais ce n'est pas la vérité vraie. C'est le Parlement qui
va les nommer, mais c'est la majorité qui est là, 70 ou 72, qui
va les nommer. Ce ne sera pas aux deux tiers de l'Assemblée nationale.
Répétant un peu vos arguments, une législation
rétrograde, que vous êtes obligés de quémander votre
dû, de vous déranger encore une fois ce soir, je remercie tous
ceux qui viennent de loin d'avoir voulu, par leur présence, manifester
cet intérêt que vous avez pour la fonction publique et
particulièrement ce refus du carcan qu'on veut vous imposer. Je vous
félicite. Vous avez fait des dépenses, ce n'est pas le syndicat
qui les a payées, c'est vous-mêmes. Je remarque qu'il y a de
très jolies dames aussi, cela montre l'intérêt que les
femmes portent à la chose publique. Merci, Mme le Président, de
m'avoir donné ce court temps pour exposer notre point de vue.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson, je n'ai pas voulu vous interrompre mais, si j'étais
syndiquée, je me plaindrais à mon syndicat parce que nous sommes
aveuglés par la lumière. S'il vous plaît, comme je ne suis
pas syndiquée, je vous demanderais, s'il vous plaît...
M. Bellemare: C'est le jour de votre fête, il faut bien
vous montrer un peu telle que vous êtes.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demanderais, s'il
vous plaît, d'éteindre les lumières. Je demanderais, s'il
vous plaît, de bien vouloir éteindre cette lumière.
M. Bellemare: Mais non, Mme le Président, on vous voit
bien sous votre vrai jour.
Le Président (Mme Cuerrier): Je ne vois pas l'horloge et
je dois...
M. Chevrette: ... de la présidence.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît, je ne
vois pas l'horloge et c'est moi qui dois vérifier le temps
utilisé par les intervenants.
M. Bellemare: Voyez-vous comme on veut manoeuvrer dans la
noirceur, on veut que ce soit noir pour que vous ne voyiez rien.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson, c'est moi qui ai la parole, je vous ferais remarquer que je ne vous ai
pas interrompu.
M. Bellemare: Madame, je vous rends témoignage et je me
tais. Je me tais, je vous assure.
Le Président (Mme Cuerrier): J'aimerais simplement faire
remarquer aux gens...
M. Chevrette: ...
Le Président (Mme Cuerrier): ... M. le
député, s'il vous plaît.
M. de Belleval: Vous sortez de la grande noirceur.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît,
j'aimerais simplement faire remarquer que nous ne sommes pas ici pour faire un
échange et une discussion au niveau des députés entre eux,
mais bien pour entendre le Syndicat des fonctionnaires et pour que le Syndicat
des fonctionnaires puisse discuter avec les membres de la commission. Je vous
demanderais, s'il vous plaît, de bien vouloir respecter le
règlement.
M. Bellemare: Mme le Président, me permettez-vous une
question? Est-ce que la répar-
tition du temps va être comptée d'avance pour que le parti
au pouvoir puisse avoir tant de temps, l'Opposition officielle et nous, tant de
temps, ou si ça va être continuellement...
Le Président (Mme Cuerrier): II n'y a pas eu de motion
à cette fin, M. le député...
M. Bellemare: Non?
Le Président (Mme Cuerrier): ... seulement, pour une
même question, il faudra bien que je vérifie. Vous savez que selon
le règlement, le ministre a toujours le droit d'intervenir, mais pour
une même question en particulier, le temps est davantage limité.
Bien sûr, chaque fois qu'on change de question, on recommence à
compter le temps. C'est bien ce que vous aviez compris, j'espère, M. le
député de Johnson? D'ailleurs, je sais que vous connaissez
très bien le règlement.
M. Bellemare: Non, il y a des pages que j'ai arrachées,
que je ne relis plus.
M. Pagé: Mme le Président, si vous permettez, avant
que M. Harguindeguy ne commence...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, vous vouliez poser une question?
M. Pagé:... c'était une question que je voulais
vous poser. Dans les circonstances, il serait de bon aloi, je pense que le
député de Johnson va être d'accord avec moi, si M. le
ministre veut prendre quelques minutes pour répondre aux questions que
nous lui avons posées ou aux commentaires qu'on a
énoncés...
M. Bellemare: On est ici pour les leur poser, non pas pour s'en
faire poser. Nous autres, on dit...
Le Président (Mme Cuerrier): C'est justement ce que je
faisais remarquer, vous avez raison, M. le député de Johnson.
Vous pouvez maintenant poser vos questions, c'est pour cette raison que le
Syndicat des fonctionnaires est ici. Alors.
M. Pagé: D'accord. Le ministre ne répondra pas.
M. Harguindeguy: Avant qu'il y ait des questions
posées...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président
général.
M. Harguindeguy: ... je pourrai peut-être répondre
à la déclaration du ministre, parce que j'ai relevé
certains points. Je pourrai immédiatement expliquer notre position sur
chacun de ces points. Cela éviterait certaines questions, parce que je
tiens aussi à vous assurer que, personnellement, au nom du Syndicat des
fonctionnaires, nous avons également certaines questions à poser
au gouvernement.
Est-ce que je peux tout de suite répondre à la
déclaration du ministre?
M. Bellemare: M. Harguindeguy...
Le Président (Mme Cuerrier): A moins que vous n'attendiez
les questions, M. le président général.
M. Harguindeguy: Je peux attendre, je suis patient, je suis
soumis.
Le Président (Mme Cuerrier): Très bien. Est-ce que
le député...
M. Harguindeguy: Je peux peut-être aussi vous dire, pour
sécuriser tout le monde, que les projecteurs ne sont pas là pour
le programme syndical, c'est un programme conjoint pour le ministre, pour
Radio-Canada le 1er décembre, alors c'est autant pour lui que pour
moi.
Le Président (Mme Cuerrier): Votre commentaire est fait.
M. le député de Joliette-Montcalm, vous aviez demandé la
parole.
M. Chevrette: J'ai des questions, est-ce qu'on peut
commencer?
Le Président (Mme Cuerrier): Allez-y, M. le
député!
M. Chevrette: Merci. D'abord, M. Harguindeguy, vous dites en page
6 du mémoire que votre droit de grève est limité.
M. Harguindeguy: Quelle...
M. Chevrette: En page 6 de votre discours...
M. Harguindeguy: Le deuxième, celui du 20 octobre?
M. Chevrette: Allocution de M. Harguindeguy.
Vous dites: Le droit à la grève et à la
négociation collective sont des principes non négociables et les
fonctionnaires ne doivent pas se fourvoyer.
Est-ce que vous pourriez m'expliquer, en fonction du projet de loi 53,
bien entendu, quels sont les articles qui nient le droit de grève aux
fonctionnaires provinciaux?
M. Harguindeguy: Nier le droit de grève comme tel,
sûrement pas, sauf qu'on prend, comme on l'a expliqué, des
façons bien détournées. Je pense que M. Bellemare l'a
expliqué, le projet de loi est énoncé de façon
tellement stricte à l'heure actuelle, même si on se fie à
certaines déclarations du ministre à l'occasion de certaines
émissions télévisées ou radiophoniques... Il a
déclaré que, sur certains points, il avait déjà
fait certaines concessions, verbalement. C'est ce qu'on lui reproche. On se
doutait bien qu'on en arriverait à cela, sauf que, compte tenu de tous
les aspects qui sont touchés par le projet de loi 53 qui touchent notre
champ du négociable à l'heure ac-
tuelle, je pourrais vous énumérer une quarantaine
d'articles. Ceci nous fait dire qu'inévitablement même s'il y a un
droit de grève officiel qui demeure, dans le projet de loi comme tel, il
n'en demeure pas moins que la grève sera pratiquement inutile, parce
qu'il ne restera plus grand-chose à négocier, si on se fie
strictement au texte. Je ne parle pas des déclarations
ministérielles. Je pense qu'on l'a déjà dit, si
c'était strictement de discuter sur les principes qui sont sous-jacents
au projet de loi 53, on serait probablement d'accord. D'ailleurs, nous aussi,
nous avons, depuis le 7 février dernier, soumis notre intention, notre
accord à travailler avec le gouvernement pour modifier la Loi de la
fonction publique actuelle, parce que nous sommes convaincus qu'il y a des
changements importants à y apporter.
Mais de la façon qu'on en arrive, six mois avant la prochaine
négociation... Il y a des choses dans cela qui, pour nous, sont encore
inacceptables, malgré les déclarations du ministre.
M. Chevrette: Mais indépendemment de l'aire de
négociation, vous admettez que le droit de grève comme tel n'est
pas mis en cause?
M. Harguindeguy: Je suis bien d'accord. Mais vous savez comme
moi, en tant qu'ancien syndiqué ou syndicaliste, que, lorsqu'on fait des
grèves, c'est pour des questions importantes.
M. Chevrette: C'est pour cela que je veux que vous me
donniez...
M. Harguindeguy: On les fait pour des questions de principe.
D'ailleurs, c'est ce que nous avons l'intention de faire éventuellement,
si on était forcé de le faire. On ne fait plus de grève
pour des bébelles. En tout cas, pas nous.
M. Chevrette: Reportons-nous, dans ce cas-là, aux droits
acquis dont vous parliez.
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: Par rapport à ce qui existe
présentement, à la situation de fait actuelle, le projet de loi
enlève quels droits acquis bien spécifiques? Pouvez-vous me les
nommer?
M. Harguindeguy: Vous voulez que je les énumère
tous?
M. Chevrette: Nommez-les-moi succinctement. Ce n'est pas une
question de... Je ne veux pas de discours. Je veux connaître les droits
acquis pour pouvoir les prendre en note.
M. Bellemare: ... le ministre, quand il vous a enlevé le
droit de dépenses.
M. Chevrette: Mme le Président, est-ce que je pourrais
continuer à questionner?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je n'ai pas l'intention de faire un spectacle, je
veux vraiment m'entendre avec eux.
M. Bellemare: Ce n'est pas un spectacle, c'est ce qui a
été écrit. On a exclu des négociations le paiement
des frais de voyage.
Une Voix: Cela serait bien surprenant.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Je pense que M. Harguindeguy est capable de me
répondre.
M. Beliemare: C'en est un.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président
général.
M. Harguindeguy: Je vais essayer sûrement. Je devrais
être en mesure autant que d'autres. J'espère qu'on ne
soulèvera pas de point de règlement pour dire que je fais un
débat, article par article. Je ne voudrais pas le faire, sauf qu'au
point de départ, même avec les dispositions de l'article 91 et de
l'article 119 du projet d'amendement...
M. Chevrette: Je ne voudrais pas vous imposer... Si vous me
dites, par exemple: promotion...
M. Harguindeguy: J'y arrive.
M. Chevrette: ... affectation... Indépendamment des
articles, je veux connaître exactement les droits acquis, bien
identifiés. Dans le syndicalisme, si on dit: J'ai perdu l'affectation,
on sait ce que c'est. C'est ce que je veux savoir.
M. Harguindeguy: On va vous donner tout cela. C'est pour cela
qu'au point de départ je voulais préciser que je ne veux pas me
faire reprocher de faire un débat, article par article, parce que je
n'ai pas le droit, ici, de le faire. On le fera en d'autres lieux, si on est
là.
Strictement par rapport à l'article 3 et indépendamment
des articles 91 et 119, il est sûr qu'à l'intérieur il y a
des matières qui, à l'heure actuelle, ne sont pas
négociables, sauf que, du fait que la Loi de la fonction publique, la
nouvelle loi, va devenir nécessairement une loi d'exception au Code du
travail, je doute fort, et nous doutons fort au syndicat des fonctionnaires,
que, même avec le rapport de la commission Martin, il y ait des
modifications qui soient apportées.
Or, strictement à l'article 3, avec le pouvoir de
réglementation du ministre, je vous énumérerai chacun des
points. La classification touche l'article 18 de la convention collective
puisque nous avons obtenu un comité consultatif de la classification
auprès de la commission qui a comme mandat, à l'heure actuelle,
qui est bien minime, de faire des recommandations.
L'article où le ministre peut déterminer les conditions de
rémunération, à notre sens, va éga-
lement nous empêcher de négocier les dispositions de
l'article 29.
La question des conditions d'horaire de travail aussi, c'est pareil,
c'est l'article 26, cela touche l'article 26.
Quand on parle d'évaluation du personnel, cela touche l'article
19 de la convention collective, la notation.
Quand on parle de promotion, puisque déjà nous avions
instauré le régime ou le principe du mérite, la promotion
selon l'ordre de compétence, cela touche l'article 21 de notre
convention collective.
L'affectation même si le ministre pouvait
éventuellement me remettre sous le nez que j'ai signé une
convention collective qui permet l'affectation à travers toute la
province, malgré certaines affirmations ou confirmations de notre
interprétation par la direction générale des relations de
travail touche l'article 21.
Le classement touche l'article 18 où on a des comités
d'appel dont la décision unanime implique une décision
obligatoire ou une application obligatoire par le sous-ministre.
La mutation touche également l'article 21, puisqu'à
l'heure actuelle c'est volontaire. L'employé doit s'inscrire à la
mutation.
La disponibilité touche les articles 21 et 41 de notre convention
collective.
La rétrogradation, notion nouvelle, puisque cela peut
également être pour mesures disciplinaires, alors qu'à
l'heure actuelle cela ne l'est pas; c'est strictement pour trois motifs et
c'est sous réserve de l'assurance-salaire après deux ans et de
l'invalidité. Cela touche les article 15 et 18 de notre convention
collective.
Vous avez ensuite les sanctions disciplinaires qui vont être
dorénavant réglementées par le ministre qui, à
l'heure actuelle, sont négociables, puisque l'arbitre peut statuer sur
chacune des sanctions disciplinaires. Cela touche l'article 15 de notre
convention.
Vous avez ensuite l'article 28 sur les pouvoirs de la commission.
Même si le ministre a déposé un projet sur l'article 119
qui semble vouloir dire la même chose, il n'en demeure pas moins que
l'article 132 du projet de loi demeure et va faire en sorte que les recours qui
sont prévus dans notre convention collective vont être abolis le
30 juin 1978. Même si on pourra négocier sur le reste, on ne
pourra pas nécessairement négocier sur les recours.
Quand vous parlez, à l'article 32, des comités d'appel,
à l'heure actuelle, c'est prévu par entente, dans notre
convention collective, qu'aux comités d'appel de classement... Je peux
arrêter, si vous voulez, il n'y a pas de problème.
M. Chevrette: Continuez.
M. Harguindeguy: Je peux continuer, d'accord. Des fois, si le
ministre avait des choses importantes à vous dire, je pourrais
attendre.
La question des comités d'appel touchait l'article 18 de notre
convention collective.
L'article 34 du projet de loi, à l'effet qu'on précise que
les décisions de la commission sont sans appel, cela touche
nécessairement le jeu de l'arbitrage à l'heure actuelle où
des appels sont possibles. Bien sûr, il y a certaines
difficultés.
L'article 57 touche les employés en disponibilité.
L'article 60 du projet de loi amoindrit notre article 1807 de la
convention collective.
L'article 61 abolit à toutes fins pratiques notre appel de
classement prévu à l'article 18 de la convention.
L'article 77 instaure une nouvelle période d'approbation
obligatoire, à la suite d'une promotion et éventuellement
même, selon le texte, à la suite d'un reclassement ou même
à la suite d'une rétrogradation, ce que nous n'avons pas à
l'heure actuelle.
L'article 81, c'est déjà prévu dans notre
convention collective aussi. Je comprends mal que le gouvernement signe une
convention alors qu'il y aura déjà un texte de loi qui a
jurisprudence, qui est sûrement plus fort qu'une convention. Le
gouvernement ne fera sûrement pas chevauchement, même si dans le
projet de loi il en fait un.
L'article 83 touche l'affectation sur laquelle nous nous sommes battus
et sur laquelle la disposition de l'article 41... Je le précise pour
l'expliquer à tout le monde. Il est clair que nous avons signé la
convention collective actuelle, je ne le nie pas, sauf que l'article 41 de la
convention collective a été basé sur une décision
arbitrale rendue en 1969 par le même juge qui, en 1977, nous a rendu une
décision contraire et ce, même si la direction
générale des relations de travail qui, censément, a le
pouvoir de voir à l'application de la convention collective,
était totalement d'accord avec nous pour établir que, dans ce cas
particulier, la sécurité d'emploi s'appliquait; mais comme le
ministre de la Fonction publique n'a aucun pouvoir vis-à-vis des
ministères, il s'est avéré que le ministère des
Transports est allé à l'arbitrage et que l'arbitre lui a
donné raison, ce qui a amené bien des moyens de pression,
notamment à la CAT, puisque la CAT voulait appliquer les dispositions de
l'article 41 dans son intégrité, selon le texte et non pas
l'esprit.
L'article 84 touche également la mutation de notre article
21.
L'article 85 fait disparaître notre garantie de traitement,
à la suite d'une promotion ou à la suite en fait d'autres
reclassements, ce que nous avions, où un employé permanent ne
pouvait pas voir son salaire diminuer.
L'article 86 peut nécessairement impliquer la participation
à un concours pour une rétrogradation.
Il y a également, sans oublier, les pouvoirs de
délégation et ceux de sous-délégation pour certains
articles bien importants pour nous, de 83 à 85.
Les articles 88 et 89 touchent la rétrogradation qui, à
l'heure actuelle, est négociable et prévue à notre
convention collective.
L'article 94 va plus loin que la loi actuelle sur la question des
sanctions qui étaient applicables,
les mesures disciplinaires, même s'il y avait à l'heure
actuelle un code d'éthique qui ne prévoyait pas de sanctions, qui
a été étudié au mérite, selon
l'équité, par les arbitres prévus à la convention
collective, alors que les juges ou les arbitres nommés et qui seront
dorénavant les commissaires de la Commission de la fonction publique,
n'ont pas ce mandat de juger équitablement. En tout cas, ce n'est pas
précisé, contrairement aux dispositions, aux modifications du
projet de loi no 45. Dans le relevé provisoire aussi, il y a quand
même des jurisprudences, à l'heure actuelle, qui
établissent les modalités du relevé provisoire et le
délai. Dorénavant, cela ne sera plus négociable à
l'article 94, puisque les modalités et même les personnes
habilitées à le faire, c'est par règlement. Egalement, une
chose inconnue pour nous, ce sont les autres sanctions.
Le pouvoir de suspension à l'heure actuelle, était
limité à une période de deux mois en vertu de la loi; la
seule personne habilitée était le sous-ministre.
Dorénavant, n'importe quel fonctionnaire pourra le faire. Le petit
"boss" en bas, qui n'aime pas votre face, pourra vous suspendre. C'est lui qui
a la juridiction. Quand on connaît également les conflits de
personnalités qui peuvent exister, cela aussi est un point
important.
L'article 111 ajoute à notre article 3.02 de la convention
collective, puisqu'il y insère la notion de faute personnelle,
dépendante ou indépendante de la nature des fonctions,
séparable de l'exercice de ses fonctions.
La partie la plus importante, et malgré la déclaration du
ministre le 19 octobre dernier, est à l'article 114, sur les
employés du bureau de personnel. Le gouvernement se fait justice
lui-même, puisqu'il modifie le texte de loi qui nous a permis depuis le
mois de juin dernier, par une décision du tribunal du travail, d'obtenir
que les employés du bureau du personnel deviennent des employés
syndicables. Si cela ne touche pas en partie la juridiction et le mandat de la
commission Martin, je ne comprends plus rien à mon français, je
devrai retourner à l'école. C'est sûr que le ministre
pourrait prétendre que, tacitement, jusqu'à présent, nous
avons toléré que ces employés soient non syndicables, sauf
que, textuellement, selon le projet de texte de loi, ces employés,
depuis la décision du tribunal du travail, sont syndicables. C'est une
partie seulement de nos griefs, et je pourrais vous poser bien d'autres
questions également pour vous démontrer certaines
incohérences et contradictions dans le projet de loi tel quel. Je le
déplore aussi, personnellement, je peux vous le dire, parce que ce n'est
pas ma façon de travailler, sauf que, lorsque je suis obligé de
travailler au niveau des media d'information, le Créateur m'a au moins
doué d'un don de la parole. Je n'ai pas d'objection à cela, sauf
que, généralement, j'ai toujours tenté de régler
les problèmes avec les gens qui sont mandatés pour le faire.
Nous nous sommes offerts depuis le 7 février dernier pour
rencontrer le ministre. J'ai même offert dernièrement encore au
ministre de le faire dans des entrevues personnelles, à l'occasion
d'émissions radiophoniques, de le rencontrer per- sonnellement pour en
discuter, parce qu'il y a énormément de choses à
l'intérieur qui sont peut-être des insignifiances je le
dirai qui pourraient sûrement être résolues assez
rapidement. Si vous préférez qu'on le fasse publiquement, je n'ai
aucune objection à le faire, mais je trouve qu'au niveau d'un domaine
particulier comme la question des relations de travail, ce n'est sûrement
pas la façon appropriée de régler des
problèmes.
M. Ciaccia: Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Chevrette: Pardon?
M. Ciaccia: Est-ce que cela répond un peu à votre
question?
M. Chevrette: Mêlez-vous de vos affaires. Est-ce clair?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette...
M. Bellemare: Soyez poli!
M. Ciaccia: Non, mais j'ai demandé s'il avait
répondu à votre question. On veut savoir s'il a
répondu.
M. Chevrette: Je considère qu'on ne cherche pas à
faire les bouffons, M. Bellemare, nous autres.
M. Bellemare: Ce n'est pas être bouffon, c'est que vous
avez posé une question. Le député de Portneuf vous a dit
simplement: Est-ce que vous êtes satisfait de la réponse?
M. Chevrette: Ce n'est pas 35 ans d'expérience qui donnent
la couleur.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Est-ce que vous en avez eu assez?
M. Chevrette: Je parle à monsieur. Vous avez fait votre
spectacle tantôt. Laissez-nous dialoguer. D'accord?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm, M. le député de Johnson.
M. Bellemare: II n'y a pas de bouffonnerie dans cela. C'est vous
qui faites l'innocent. Cela vous va bien.
M. Chevrette: Je comprends que je ne vous montrerai pas à
faire des grimaces. C'est clair.
M. Beilemare: Cela vous va bien en maudit.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Ce ne sont pas tant les grimaces qui comptent, mon
cher monsieur, que l'intelligence que vous avez.
M. Chevrette: M. Harguindeguy, en vertu... Il y en a qui ont une
cervelle de moineau, j'en conviens.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm, faites donc votre intervention, s'il vous plaît!
M. Chevrette: M. Harguindeguy, en vertu de l'article 91 de la
loi...
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: ... et de l'article 52a, toute
l'énumération...
M. Harguindeguy: Vous voulez parler du projet d'amendement?
M. Chevrette: Le projet d'amendement, c'est cela.
M. Harguindeguy: Bien. Il faut s'entendre.
M. Chevrette: En vertu de tout le "listing" que vous avez
donné, la liste des points, reconnaissez-vous que le ministre ne peut
intervenir en rien, il est obligé de se subordonner à la
négociation de ces points, en vertu des articles 91 et 52a?
M. Harguindeguy: Pas du tout. Je vais vous l'expliquer.
Si vous regardez l'article 91, on dit que c'est sous réserve de
l'article 90 et de la Loi sur le régime syndical dans la fonction
publique. Cela dit que c'est sous réserve. Le ministre fixe par
règlement approuvé par le Conseil du trésor la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail du personnel de la fonction publique lorsque celui-ci n'est pas
régi par une convention collective.
M. Chevrette: Oui, mais êtes-vous régis par une
convention collective?
M. Harguindeguy: Oui, nous sommes régis...
J'espère, encore.
M. Chevrette: Bon! Si vous êtes régis par une
convention collective...
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: ... à ce moment-là, admettez-vous que
ce n'est pas la même chose que ceux qui ne sont pas régis?
M. Harguindeguy: Oui, c'est sûr. D'ailleurs, il y a un
double emploi que je ne comprends pas, à l'article 91, parce qu'à
notre sens l'article 91 est superflu puisque l'article 3, de façon
générale, permet au ministre de réglementer toutes les
conditions de travail des fonctionnaires. Pas besoin de le
répéter en double.
M. Chevrette: Sous réserve de ceux qui n'ont pas de
conditions...
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: ... de travail et de convention collective.
M. Harguindeguy: Alors, on...
M. Chevrette: Ce que je veux établir avec vous, M.
Harguindeguy...
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: ... à l'article 91... On n'est pas dupe, de
ce côté-ci de la table, même si on est moins coloré.
Ce que je veux vous expliquer...
M. Harguindeguy: Je n'ai jamais dit ça.
M. Chevrette: ... si vous êtes régis par une
convention collective qui définit des conditions de travail et la liste
que vous avez énumérée comporte plusieurs points, si la
clause n'est pas claire, et elle ne veut pas dire, selon vous, que le ministre
n'est pas contraint de respecter les conditions de travail quand il existe une
convention collective, on va le dire aussi bêtement que ça. Mais
je pense qu'il va falloir arrêter de charrier tout le monde
là-dessus. On va se dire, carrément je n'ai pas honte de
vous l'affirmer que, si le ministre s'était arrogé le
pouvoir de définir des conditions de travail, on lui dirait, au
ministre, qu'il est dans les carottes. C'est aussi simple que ça.
M. Harguindeguy: Quant à nous...
M. Chevrette: Mais on vous le dit, sur la foi de notre serment
d'office, nous, que l'article 91, pour nous autres, il veut dire que, là
où il y a une convention collective, le ministre ne peut pas intervenir.
Est-ce clair pour vous?
M. Harguindeguy: Ce n'est pas clair... C'est clair au niveau des
déclarations ministérielles. Sur ça, c'est clair.
D'ailleurs, j'ai une confirmation... J'ai, en fait, une déclaration du
ministre et s'il veut, par cette déclaration verbale à un poste
radiopho-nique, prévoir, à l'article 3, tel qu'on l'a
demandé dans le mémoire le 1er du mois d'août... Il n'a
qu'à prévoir ce qu'on demande à l'article 3 et, dans cinq
minutes, nous sommes partis d'ici et on va tous aller fêter ensemble.
Sauf que, tant et aussi longtemps que cette garantie formelle ne nous sera pas
donnée, nous ne pouvons croire à ce qu'on va nous dire, parce
que, quand on dit, à l'article 91, que c'est sous réserve, c'est
la Loi sur le régime syndical dans la Fonction publique; il faut
regarder à l'article 119 ce que nous, nous pouvons négocier, ce
qui n'est pas identique aux autres secteurs.
Le ministre, à CKVL, le 11 novembre...
M. de Belleval: M. Harguindeguy, je vous arrête
là-dessus tout de suite. Là, on ne changera pas le sujet de la
conversation. Ce qu'on vous a demandé, c'est qu'on vous a posé
une question très claire. M. Chevrette vous a posé une question
très claire.
M. Harguindeguy: J'essaie d'y répondre.
M. de Belleval: II vous a demandé en quoi le projet de loi
vous enlevait des choses. Il ne vous a pas demandé en quoi, par rapport
à la situation antérieure... Il ne vous a pas demandé en
quoi le projet de loi vous donnait des choses, par rapport à ce que
d'autres ont ailleurs. Il vous a demandé: Est-ce qu'il vous enlevait des
choses par rapport à ce que l'ancienne situation vous donnait?
Là-dessus, vous venez de l'admettre et vous l'avez admis à
plusieurs...
M. Harguindeguy: Là, ne me faites pas admettre des
affaires. Ne faites pas comme d'autres que je connais. Vous êtes facile
sur ça, les admissions. Je n'ai pas fait d'admissions et je n'ai pas
l'intention de faire d'admissions, M. le ministre.
M. de Belleval: M. Harguindeguy...
Le Président (Mme Cuerrier): Un instant, s'il vous
plaît!
M. de Belleval: ... je vais...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf demande la parole sur une question de règlement.
M. Pagé: Mme le Président, très simplement,
je vous demanderais de bien vouloir laisser compléter M. le
président du syndicat qui, pour répondre à la question du
député de Joliette-Montcalm, est en train de vraiment cerner
toute la question, les articles 3, 91 et 119. Parce que la question est
à l'article 119. Lisez-le, l'article 119. Le débat tourne
là, et je pense, Mme le Président, que c'était... A voir
aller le président, M. Harguindeguy, c'est ce sur quoi il fonde son
argumentation qui a été interrompue par le ministre.
M. Harguindeguy: Alors, Mme le Président...
M. Pagé: Qu'on laisse continuer le président et il
va être en mesure de faire la démonstration et de répondre
à la question du député de Joliette-Montcalm.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, sur votre question de règlement. C'est que M. le ministre a
demandé la parole et M. le président général a
laissé le ministre intervenir. Je continue de donner la parole à
M. le ministre. M. le président général pourra intervenir
à la suite de ça.
M. Harguindeguy: Je n'interviendrai pas non plus. Je veux
écouter.
M. de Belleval: Mme le Président, si M. Harguindeguy veut
continuer son intervention, je vais lui laisser continuer son intervention
jusqu'à la fin. Continuez votre intervention si vous voulez,
j'interviendrai à la toute fin.
M. Harguindeguy: D'ailleurs, fondamentalement, nos objections se
situent à ce niveau-là. Ce n'est pas compliqué. Parce que,
quand vous regardez l'article 91, vous dites je ne peux pas le nier;
c'est écrit c'est sous réserve de la Loi sur le
régime syndical dans la fonction publique. Or. il s'agit de
déterminer quel est notre régime syndical dans la fonction
publique.
C'est l'article 119 qui le prévoit. Mais il est limitatif. Le
ministre en a d'ailleurs convenu indirectement, je ne voudrais pas lui faire
accepter des affaires, il est quand même limité à 6 u), v),
7. Nous avons le droit s'il faut le relire, tranquillement
l'amendement, je ne parle pas du projet originel, je parle de l'amendement du
19 octobre. "Les fonctionnaires et ouvriers sont régis par les
dispositions de la convention collective qui leur sont applicables ou, à
défaut de telles dispositions dans une telle convention collective, par
les dispositions de la Loi sur la fonction publique." Donc, si ce n'est pas
dans la convention, c'est le projet de loi 53. "Nonobstant toute loi
générale ou spéciale relativement aux sujets suivants:
traitement ou rémunération additionnel,..." d'ailleurs
là, il y a même un retour en arrière, parce que le texte
original disait autre chose "... heures de travail et durée de
travail, congé, règlement des griefs, suspension,
congédiement, appel d'un employé qui se croit lésé
par une décision relativement à son classement." Et ce qui est
important et je vous soulignerai les points qui sont importants pour
nous, on dit: "Toutefois, aucune disposition d'une convention
collective..."
M. Chevrette: Excusez-moi de vous arrêter, M. Harguindeguy.
Comme j'ai posé la question, je suis en droit de préciser ma
question, si je crois que monsieur n'y répond pas. Est-ce vrai? Vous le
faites quotidiennement et vous l'avez fait pendant six ans.
M. Pagé: Laissez-le répondre.
Le Président (Mme Cuerrier): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Vous avez eu pendant six ans une attitude
antisyndicale et vous vous affichez avec une pureté syndicale, cela ne
vous va pas, M. Pagé.
M. Pagé: Mme le Président, je soulève une
question de règlement pour mon privilège...
Le Président (Mme Cuerrier): Voulez-vous, s'il vous
plaît, M. le député? Un moment!
M. Pagé: II y a des limites!
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député
de
Joliette-Montcalm, j'allais vous demander de ne pas...
M. Pagé: Je soulève une question de
règlement pour mon privilège de député.
Le Président (Mme Cuerrier): J'entendrai votre question de
règlement après. Je voulais faire une intervention par rapport
à celle de M. le député de Joliette-Montcalm. Je vous
demanderais, M. le député de Joliette-Montcalm, de ne pas
interpeler un député de cette commission.
M. Chevrette: Vous avez raison. Mme le Président, je
m'excuse.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous avez demandé la
parole à M. le président général pour
préciser votre question. M. le président général,
je donne la parole à M. le député de Joliette-Montcalm,
pour qu'il puisse préciser sa question.
M. Chevrette: Je m'excuse d'avoir interpelé, Mme le
Président.
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (Mme Cuerrier): Je m'excuse, j'avais dit que
j'entendrais la question de règlement de M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Mme le Président, vous savez qu'on n'a pas
le droit de soulever de questions de privilège, ici, en commission. On a
le droit de soulever une question de règlement pour rétablir des
faits. Que le député de Joliette ne commence pas à faire
des attaques bassement partisanes. Mme le Président, j'y arrive.
Le Président (Mme Cuerrier): Un moment, s'il vous
plaît!
M. Pagé: II a fait état de ma présence dans
la Législature, etc.
M. Jolivet: Les caméras, s'il vous plaît.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demande de ne pas
faire d'intervention, M. le député de Laviolette.
M. Pagé: Vous participerez au débat tantôt,
cela pourrait être utile.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demande de ne pas
faire de discussion, s'il vous plaît. M. le député, sur
votre question de règlement.
M. Pagé: Je dirai deux choses pour rétablir les
faits, Mme le Président. Première chose, le député
de Joliette nous attribuera tous les torts qu'il voudra, c'est son droit. Mais
une chose est certaine, devant un déni de justice et de
démocratie dans le projet de loi 53, de la façon dont vous
bafouez les droits syndicaux, tant que je serai député, je me
permettrai...
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le
député.
M. Pagé: ... je me permettrai d'argumenter et de faire
part des droits qui m'appartiennent. Ce n'est pas le député de
Joliette qui va m'interrompre.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
s'il vous plaît!
M. Pagé: Vous, vous participerez tantôt, cela pourra
être utile.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
votre question de règlement prend l'allure d'une intervention. Je vous
demanderais de demander la parole à votre tour, s'il vous plaît.
M. le député de Joliette-Montcalm, voulez-vous préciser
votre question?
M. Chevrette: M. Harguindeguy, la question que je vous ai
posée était la suivante: Je vous ai demandé par rapport
à la situation actuelle, et par rapport à l'interprétation
des articles 91 et 52a, ce que vous perdiez. Vous êtes allé
à l'article 119 pour m'expliquer que l'énumération
était à peu près identique, sauf peut-être sur un
point qui était la rémunération additionnelle. C'est sur
cela que vous avez semblé...
M. de Belleval: C'est la même chose que l'article
actuel.
M. Chevrette: II s'agirait d'une question de concordance, si j'ai
bien compris, au deuxième paragraphe du bas de l'article 119, pour dire
que c'est exactement la même situation. Est-ce vrai?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président
général.
M. Harguindeguy: Je vais essayer de répondre. C'est
justement. Ce n'est pas pareil. Je ne sais pas s'il faut que je réponde
seulement oui ou non?
M. Chevrette: Pouvez-vous me dire pourquoi, en quoi?
M. Harguindeguy: C'est ce que j'ai essayé. J'essaie
d'être aussi volubile que certains membres de l'Assemblée
nationale. Une situation comme telle ne s'explique pas en deux mots. Je vais
essayer de, repréciser.
L'article prévoit que notre champ du négociable, mais
contrairement à votre prétention qui dit que l'article 90 a
préséance et que c'est sous réserve de la Loi sur le
régime syndical, il faut quand même regarder ce qu'est notre
régime syndical dans la fonction publique.
Notre régime syndical. Mis à part les articles 117 et 118
qui donnent le champ de juridiction syndicale, sous quel groupe on a
juridiction, l'article 119 établit notre champ de négociation et
il dit
qu'il y a certaines matières sur lesquelles on peut
négocier. En plus de ces matières, qui sont spécifiques,
nous pouvons également négocier les autres dispositions. On le
dit toujours au sens négatif, il me semble que cela devrait plutôt
être positif et impératif, mais de toute façon les textes
de loi sont faits comme cela. "Toutefois, aucune disposition d'une convention
collective ne peut porter sur un autre sujet qui là, je saute
quelques mots qui n'ont aucune utilisation relevait de la Commission de
la fonction publique ou du lieutenant-gouverneur en conseil." Elle ne peut
porter sur autre chose que sur ce qui, en vertu de l'ancienne loi, la loi
actuelle, les derniers amendements datent de 1969, relève de la
commission ou du lieutenant-gouverneur en conseil. Ce qui fait, par exemple,
que la rétrogradation que nous avions négociée, qui
n'appartenait à personne, qui était en fait dans les airs, que
nous avons incluse dans notre convention collective... L'inclusion de l'article
28 au niveau des recours et l'article 88 font en sorte que, dorénavant,
ces articles ne seront plus négociables pour nous. Ils ne sont pas
inclus là-dedans.
D'ailleurs le ministre, lors d'une émission a
déclaré: Ce qui peut plus peut moins. Si on peut prévoir
le congédiement, on peut sûrement prévoir la
rétrogradation. On va le négocier. Ce n'est pas compliqué,
je le dis d'ailleurs et je le répète, si la déclaration du
ministre à CKVL, le 11 novembre, nous dit qu'on est à la veille
de négocier et qu'on va pouvoir négocier toutes les choses qu'on
va vouloir...
On vous l'a demandé dans notre mémoire du mois
d'août, à la page 8. On vous a dit: Ajoutez cela à
l'article 3 et dites-nous: C'est d'accord, et dans cinq minutes on s'en va,
parce que le reste ne nous touchera pas. On fera des choix et des
priorités. Cela n'est même pas pour en demander plus qu'à
l'heure actuelle. Je pourrais vous indiquer des points sur lesquels, à
l'heure actuelle, nous perdons. Je vous les ai indiqués tout à
l'heure, j'ai fait l'énumération d'une trentaine de sujets. La
rétrogradation en est un bien particulier qui aujourd'hui est
négociable et qui, par les dispositions de 28 et de 132, n'ont pas
été enlevées quand l'article 119 est arrivé sur la
table, le 19 octobre. Cela fait en sorte que notre recours actuel prévu
par la convention collective, de facto, le 30 juin 1978, tombe. C'est notre
interprétation.
M. Chevrette: Je vais reprendre ma question sous une autre forme.
Je vais vous demander...
Le Président (Mme Cuerrier): C'est votre dernière
question, M. le député. Terminez le temps qui vous est
alloué.
M. Bellemare: ... je vous l'avais dit, nous avons aussi des
questions.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous avez raison, M. le
député de Johnson.
M. Chevrette: M. Harguindeguy, à toutes fins pratiques, si
l'article 91, qui vous apparaît ambigu, était clarifié dans
le sens qu'on l'explique, en concordance avec l'article 52a, est-ce que vous
seriez satisfait?
M. Harguindeguy: Cela dépend de quelle façon vous
allez l'écrire, parce que le ministre, quand...
M. Chevrette: Je suppose qu'on la rédige exactement dans
le sens qu'on l'interprète.
M. Harguindeguy: En ce sens que, dorénavant, les
règlements seront assujettis aux conventions collectives?
M. Chevrette: Que le ministre ne peut intervenir, que le ministre
n'a pas le droit d'intervenir là où il y a une convention
collective dans des champs bien déterminés.
M. Harguindeguy: Réglementer là où il y a
une convention collective?
M. Chevrette: Oui.
M. Harguindeguy: Mais qui se limiterait strictement au sujet de
la convention collective actuelle ou quoi? Quelle est votre
précision?
M. Chevrette: Par rapport à ce que vous avez
présentement, est-ce que c'est ce que vous désirez?
M. Harguindeguy: En partie, ce n'est pas complet, mais c'est au
moins mieux. On est mieux de ne pas perdre tout ce qu'on a.
M. Chevrette: A ce moment-là, si vous dites en partie,
vous sauveriez les droits acquis. L'argumentation des droits acquis
n'existerait plus. Vrai ou faux?
M. Harguindeguy: D'accord.
M. Chevrette: Donc, si les droits acquis n'existaient plus, le
reste, la bagarre que vous pourriez faire, ce serait du surplus par rapport
à la situation actuelle.
M. Harguindeguy: Oui, c'est sûr. D'ailleurs, c'est ce qu'on
demande depuis bien des années et vous sembliez être favorables.
Vous aviez un préjugé favorable aux travailleurs. J'imagine que
vous l'avez pour vos propres employés aussi.
M. Chevrette: C'est pour bien clarifier parce que vous savez tout
ce qui a cours dans les journaux. A les lire, on croirait que vous perdez tout.
Mais si je vous dis que l'interprétation qui est donnée par
rapport à la situation actuelle... Cela répond à mes
questions, je vous remercie.
M. Harguindeguy: D'ailleurs, c'est ce qu'on a toujours
prétendu, Mme le Président. Entre l'esprit qui vous anime et le
texte que vous avez déposé, il
y a une marge. Je ne pense pas m'être trompé. Je pense que
vous avez écouté les déclarations publiques que j'ai pu
faire. C'était seulement l'esprit d'ailleurs. Je pense qu'il y a
quelqu'un qui l'a dit au ministre, on s'entendrait bien facilement.
Nous voulons garder ce que nous avons à l'heure actuelle. On en
demande plus, sauf que, comme la Loi de la fonction publique devient
nécessairement une loi d'exception et qu'elle a priorité sur une
convention collective, il y a des jurisprudences qui le disent, nous avons
même été jusqu'en Cour suprême pour se faire dire
cette affaire, avec des gouvernements antérieurs. On ne veut quand
même pas, je pense que c'est normal, qu'on fasse cette bataille. On va la
reprendre pour avoir autre chose, parce qu'on estime qu'en tant que
fonctionnaire, on devrait avoir davantage. Parce qu'on n'a pas grand-chose
déjà.
Sauf que déjà, je vous ai énuméré
tout à l'heure une série d'articles où nous perdons, par
rapport à notre convention collective, par rapport aux dispositions du
projet de loi, des droits acquis que nous voulons conserver comme étant
négociables. Sur le reste, sur les principes du mérite,
écoutez, ça fait longtemps, c'est dans notre convention
collective depuis dix ans, ce n'est pas nouveau, pour nous, le mérite,
ça fait longtemps qu'on a été décoré de cet
ordre. A notre niveau, je ne parle pas au niveau supérieur.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, vous aviez demandé la parole.
M. Pagé: Voici, Mme le Président, je suis heureux
de constater que le député de Joliette soulève la question
des articles 3, 91 et 119. Parce qu'on constate que c'est la pierre
d'achoppement de tout le reste.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
c'est une question...
M. Pagé: Oui, j'y arrive, Mme le Président. Je vous
en prie, j'ai quand même droit à un petit préambule avant
de poser ma question.
M. Harguindeguy, vous faites état, dans votre mémoire que
vous nous déposez, de votre désaccord avec plusieurs
éléments dans le projet de loi 53. Je voudrais que vous me
repreniez, j'en fais là une question, Mme le Président. A
l'article 3, on définit les pouvoirs du ministre au chapitre de la
gestion du personnel; à l'article 91 tel qu'amendé, on fait
état des pouvoirs que le ministre de la Fonction publique fixe par
règlement approuvé par le Conseil du trésor dans le cas
des non syndiqués, etc.
On revient à l'article 119 où on définit le champ
de négociation. Tout à l'heure, à des questions qui vous
étaient posées, tant par le ministre que par le
député de Joliette, vous avez commencé à argumenter
sur la base d'application de l'article 119. D'accord que l'article 119
confère les limites du champ de négociation, vous avez
cité au texte, "toutefois, aucune disposition d'une convention
collective ne peut porter sur un autre sujet", etc. Un peu plus loin, il est
dit parce que vous comprenez qu'il faut que je pose une question
"à moins que, selon que le sujet est attribué par la Loi sur la
fonction publique, à la Commission de la fonction publique, à
l'Office de recrutement ou au ministre de la Fonction publique, la commission,
l'office, le ministre n'y concourent que par règlement et qu'un tel
règlement ne soit approuvé par le gouvernement". Dans
l'interprétation que vous faites de l'article 119, somme toute, cet
article définit le champ de négociation d'une part, mais d'autre
part, par l'alinéa commençant par le mot "toutefois" où,
au milieu de l'alinéa, on retrouve, "à moins que",
considérez-vous que c'est la reproduction de l'article 3, les pouvoirs
du ministre relatifs au champ de négociation?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président
général.
M. Harguindeguy: En tout cas, on maintient toujours notre
position qu'actuellement on met peut-être la charrue devant les boeufs,
parce que si je prends seulement comme exemple je pense que le ministre
me l'a envoyé assez fréquemment, comme on dit communément,
dans la face le cas de disposition des articles 83 et suivants,
jusqu'à l'article 85, où on parle d'affectation, de mutation de
personnel, c'est vrai que selon le texte des sentences arbitrales actuelles,
ces articles ne font pas partie du champ du négociable actuel. La
question de l'affectation à travers la province, la mutation
obligatoire, le ministre nous l'a dit, je suis le seul acteur qui reste, je ne
me récuse pas non plus, un jour... en tout cas, on se reprendra.
Il n'en demeure pas moins que si le projet de loi est sanctionné
tel quel, aux articles 83, 84 et 85, où la nouvelle Loi de la fonction
publique donnerait un mandat au sous-ministre de pouvoir affecter des
employés n'importe où à travers la province sans avoir
à motiver la décision, sans recours possible, nous doutons fort
que cet article fasse partie du négociable, même en vertu du
rapport de la commission Martin. La loi ne donne pas ce mandat au ministre.
Elle le donne, de façon directe, à l'article 83, au sous-chef
d'un ministère. Ce n'est plus le ministre qui a le pouvoir. Même
si on voulait négocier avec lui, il y aura une loi qui va nous
être mise dans la face et cela nous est arrivé
fréquemment en disant: Ce n'est pas négociable, on vous
consulte ou n'importe quoi. On va nous dire: La loi prévoit que c'est le
ministre qui a le mandat. Il y a des sentences arbitrales qui se sont
contredites au cours des années, ce qui a fait en sorte qu'une
convention collective est ce qu'elle est à l'heure actuelle.
On se souviendra, au mois de mai, du problème de la
décentralisation à la CAT, où nous avons été
obligés de faire des moyens de pression.
Pour nous, le fait de sanctionner les articles 91 et 119 dans la forme
actuelle du projet ne règle pas ce problème. Il y a
énormément de matière qui, auparavant, n'était pas,
de façon précise, attribuée à un organisme
quelconque et qui existait, ce qui, dorénavant, va être
établi de façon
bien précise dans le projet de loi 53. C'est ce qu'on n'est pas
prêt à accepter comme tel.
Si vous regardez notre demande, elle est fort simple. Ce sont trois
paragraphes à la page 8 du mémoire du 17 août. On
n'empêche pas le ministre de faire ce qu'il veut, de réglementer
les autres conditions, sauf qu'on ne veut pas que ce soit un empêchement,
pour nous, de négocier, de conclure, avec le gouvernement, des
conventions collectives concernant toutes nos conditions de travail.
C'est sûr que ce sera une question de choix. On admet qu'au niveau
du gouvernement, il y a peut-être des choses qu'on ne pourra pas obtenir,
c'est normal. Mais on ne veut pas que, déjà, il y ait une loi qui
soit sanctionnée... Même si le ministre a prétendu qu'elle
ne serait pas sanctionnée avant la fin du mandat de la commission
Martin, on estime que la meilleure chose qu'il y aurait à faire, et on
l'a demandé, c'est d'attendre. Ce n'est pas compliqué.
D'ailleurs, nous sommes les premiers à passer en
négociation, mis à part les agents de la paix qui sont en
négociation actuellement. Le premier groupe, c'est nous autres. On va
déposer nos demandes au mois de janvier. On pourrait même faire un
spécial, s'il veut se préparer, et déposer un
troisième projet, pour voir dans quel sens on s'oriente et que le
gouvernement se prépare.
Ce n'est pas une objection. Mais, actuellement, je pourrais vous citer
énormément d'articles qui, quant à nous on comprend
peut-être mal vont faire en sorte qu'on ne pourra plus
négocier ces choses-là à l'avenir, même si, à
l'heure actuelle, elles pouvaient déjà être dans le
négociable, sauf que le gouvernement se protège en
prévoyant des textes pour faire en sorte qu'à l'avenir,
même si auparavant cela était négociable, cela ne le
devienne plus. Je ne sais pas si c'est clair; c'est cela, notre situation.
M. Pagé: Je vous remercie, M. Harguindeguy, cela
répond à ma question.
M. Bellemare: Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson.
M. Pagé: J'avais d'autres questions, Mme le
Président, sur le même sujet.
M. Bellemare: Une question à M. Harguindeguy.
M. Harguindeguy: Oui.
M. Bellemare: M. Harguindeguy, dans l'ancienne loi, il
était dit que le personnel était recruté par voie de
concours. Il y avait une phrase qui disait: Selon une sélection
établie au mérite.
M. Harguindeguy: Oui.
M. Bellemare: Mais, aujourd'hui, dans la nouvelle loi.
M. de Belleval: ... l'ancienne loi, M. le député.
Où ça, dans l'ancienne loi?
M. Bellemare: Gestion de la fonction publique, section I,
sélection au mérite. Le personnel de la fonction publique.
M. de Belleval: Quel est l'article de l'ancienne loi que vous
citez?
M. Bellemare: 70.
M. de Belleval: C'est la nouvelle loi que vous citez.
M. Bellemare: Non. 70. Le chapitre VII de la nouvelle loi,
sélection au mérite: Le ministre définira le mérite
par réglementation.
M. de Belleval: Vous citez l'article de la nouvelle loi. Quel est
l'article de l'ancienne loi qui dit que les concours se tiennent au
mérite? Vous venez de dire l'ancienne loi.
M. Bellemare: C'est-à-dire qu'il y avait des concours
publics qui étaient établis autrefois et on passait par la voie
des concours publics. Aujourd'hui, le critère que vous allez
établir, et c'est ma question à M. Harguindeguy...
M. de Belleval: D'accord, je vous suis. M. Bellemare: Ce
n'est pas à vous.
M. de Belleval: J'essayais de vous suivre comme il faut.
M. Bellemare: Le critère de base...
M. Harguindeguy: Je peux peut-être répondre à
cette question? Je ne suis pas député, je ne m'appelle pas M.
Bellemare, mais...
M. Bellemare: J'aime bien à garder ma place, par
exemple.
M. Harguindeguy: Je n'ai pas l'intention de vous l'enlever non
plus.
M. Bellemare: Si vous avez l'intention de vous faire
élire, choisissez-vous un comté. Il y en aura peut-être un
dans Charlesbourg prochainement.
M. Harguindeguy: C'est mon comté, d'ailleurs. M. de
Belleval est mon député.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît! M. le
député de Johnson, votre question.
M. Bellemare: Ma question c'était: Comment voyez-vous,
dans le projet de loi d'aujourd'hui, le critère du mérite?
Comment pouvez-vous nous expliquer, vous qui avez l'expérience, qui
dirigez un groupe assez considérable de gens qui se posent une question
absolument sans réponse, parce qu'elle est presque indéfendable,
que tout
concours public se fait selon une sélection établie? Qui
va faire la sélection? Comment les critères vont-ils être
établis? Je voudrais avoir votre opinion sur cette difficulté
qu'on va rencontrer dans la sélection des employés de la fonction
publique, à partir de 1980 ou 1981, quand le projet de loi sera
adopté?
M. Harguindeguy: Quant à nous, l'article 70 est identique
à l'article 38 de la loi actuelle. L'article 38, troisième
paragraphe, si vous le regardez, on dit que tout examen... Les articles 70, 71,
72 et 73 sont reliés.
M. Chevrette: C'est pareil.
M. Harguindeguy: C'est quasi identique. D'ailleurs, le ministre
l'a déjà dit aussi, je pense, ici même, le 13 octobre
dernier.
M. Chevrette: C'est pour cette raison qu'il dit: Je ne comprends
pas.
M. Harguindeguy: "Tout examen doit être de nature à
constater impartialement la compétence des candidats." Aujourd'hui on
dit: "Tout concours doit être de nature à constater impartialement
la valeur des candidats."
J'ai regardé dans le dictionnaire. Les significations sont
passablement similaires, la compétence, le mérite, la valeur...
D'ailleurs, on a une sentence arbitrale qui précise également que
ces termes sont identiques, sauf qu'en plus, dans notre convention collective,
à l'article 21 on a déposé, notre document, le 20
octobre, lors de notre participation, à l'intérieur, on vous a
donné des extraits des conventions collectives dans
l'unité des ouvriers, à l'article 21.03 b) on disait que
c'était accordé aux employés selon l'ordre de
compétence. D'ailleurs je ne l'ai pas dit tout à l'heure
même le projet de loi actuel nous fait perdre un droit acquis. Dans
l'unité des ouvriers, à compétence égale,
c'est-à-dire quand on aura établi que deux candidats seront de
même valeur, l'ancienneté primera, seulement à ce
niveau.
Au point de départ, c'était la compétence, le
mérite ou la valeur. En tout cas, on trouvera les termes qu'on voudra.
L'article 21 de notre convention collective prévoit l'obligation pour
les ministères que, dans le cas d'avancement, dans le cas de promotion,
dès qu'ils sont à l'intérieur de la fonction publique,
c'est selon l'ordre de compétence sur les listes d'admissibilité.
Il y a eu des jurys qui sont formés. Il y a des concours. Les concours
peuvent même comporter des concours écrits. Il y a
nécessairement une entrevue aussi. Les concours pratiques s'adressent
aux ouvriers. Exemple, les mécaniciens. A partir de l'ordre
établi par le jury de sélection, l'émission de la liste
d'admissibilité selon cette recommandation du jury, le ministère,
en vertu de la convention collective, a l'obligation de prendre
l'employé le plus compétent, selon l'ordre de compétence
de la liste; exactement ce que le ministre, dans sa déclaration
actuelle, veut prévoir par l'article 70.
Quant au mérite, il n'y a rien de nouveau.
D'ailleurs, on est fondamentalement d'accord avec cela. On s'est
toujours battu pour qu'au niveau des concours, ce soit la compétence qui
prime, sauf que le projet de loi ne change rien là-dedans, pour cette
partie, quant à nous. Il n'est pas nécessaire de changer les
affaires, on n'a qu'à prendre les mêmes affaires, mais il y a
quand même une chose qui nous préoccupe, c'est que, contrairement
à ce qui existe aujourd'hui où il n'y a pas de possibilité
de délégation et de sous-délégation pour la
déclaration d'aptitudes, dorénavant, autant au niveau de la
promotion on ne fait pas mention de l'avancement, c'est oublié
dans le projet de loi; on ne sait pas si cela existe; on ne sait pas qui va
réglementer cela cela peut être
délégué ou sous-délégué à
n'importe quel fonctionnaire, soit par le règlement des ministres, soit
par le règlement de l'office. Même il y a une partie où il
y a une certaine contradiction. En tout cas, on craint aussi que l'office de
recrutement de la fonction publique perde tous ses pouvoirs. Je ferais
référence à des articles. Si vous regardez l'article 75,
même lorsqu'il y a des postes à combler, on dit qu'autant que
possible les emplois sont comblés à même le personnel de la
fonction publique, chaque fois qu'il est possible d'agir ainsi.
J'aime autant vous dire, au point de départ, qu'on n'est pas
d'accord avec cela, parce que c'est passablement large. On dit plus loin
"nonobstant l'alinéa précédent que le ministre peut, par
règlement, déterminer les circonstances où il serait dans
l'intérêt public..."
On ne parle pas comme dans l'ancienne loi où cette façon
de procéder d'aller à l'extérieur sert au mieux
l'intérêt public, ce qui est différent quant à nous.
Le ministre peut, par règlement, déterminer ces circonstances
où il peut requérir l'office de tenir un concours auquel
pourraient être admis des fonctionnaires, des candidats à la
fonction publique et c'est le ministre qui doit établir les
modalités de la tenue d'un tel concours. C'est le dernier paragraphe de
l'article 75. Même là, par rapport à l'article 3 du
paragraphe b), il y a une contradiction pour nous, parce que l'article 3b
prévoit que le ministre peut faire des règlements, sauf qu'il n'a
pas le droit de faire des règlements dont la juridiction appartient
à la commission ou à l'office. Or, à l'article 75, quant
à nous, il y a une légère contradiction, parce qu'on dit:
Le ministre peut faire tout règlement concernant les autres
matières reliées à la gestion du personnel, à
l'exception de celles qui sont de la compétence de la commission ou de
l'office. Or, pour contourner l'obligation de l'office de faire des concours
à l'extérieur, le ministre pourrait dire: Dorénavant, au
lieu de procéder à l'intérieur, je procède à
l'extérieur, et, en même temps, je rends admissibles aussi ou
j'ouvre à des fonctionnaires... Les modalités du concours sont
les suivantes, et l'office n'a absolument rien à dire en vertu de
l'article 75, ce qui est quand même contradictoire par rapport à
l'article 3b.
M. Bellemare: Cela veut dire, M. le président
général, que vous dites que la réglementation sera du
ressort du ministre.
M. Harguindeguy: Sur ces concours, par rap-
port à l'article 75, oui. D'ailleurs, il y a aussi une chose,
c'est qu'on n'a aucune garantie que le représentant syndical que nous
avons obtenu par la convention collective sur les concours d'avancement, va
demeurer, parce qu'il n'y a rien qui le prévoit. Même
"avancement", on n'en tait plus mention.
M. Bellemare: A partir de là, la réglementation qui
sera imposée par le ministre n'est pas connue, ni pour les
critères, ni pour les différentes modalités d'application.
Cela veut dire qu'il y a un point d'interrogation bien différent de
l'ancienne procédure. Pour vous autres, je ne le sais pas, je vous pose
la question, si vous dites que vous êtes d'accord, je ne me battrai pas
contre les fonctionnaires, c'est certain. Je suis ici pour essayer de
représenter le plus possible l'intérêt commun de toute la
fonction publique, non seulement votre groupe, mais tous les groupes. Comment
reliez-vous cela avec votre bon consentement sur cela quand le ministre va
établir les règlements, va établir les critères, va
établir les conditions que vous ne connaissez pas, que vous
connaîtrez dans le temps?
M. Harguindeguy: En plus aussi, la délégation ou la
possibilité de déclarer les aptitudes, le pouvoir de
déclaration d'aptitudes, en vertu des articles 3 et 4, peut être
délégué et sous-délégué, tant au
niveau de la promotion, au niveau de l'avancement, j'imagine aussi, même
si on n'en fait pas mention. Pour nous, c'est contraire... On est
sûrement opposé à cela, c'est sûr. D'ailleurs, autant
à ce niveau de la promotion, de l'avancement que du recrutement,
où l'office peut également sous-déléguer et
déléguer, c'est ce qui nous faisait dire qu'on revenait, en fait,
à ce qui existait il y a quinze ans avant que le syndicalisme n'existe
où, pour avoir une "job", il fallait nécessairement, comme vous
l'avez noté tout à l'heure, quémander notre dû
auprès du député, ou si ce n'était pas le bon
député, auprès de l'organisateur, parce que cela reviendra
à cela. Quand le ministre disait que s'il changeait la disposition de la
loi actuelle, c'était pour faire en sorte d'éliminer les
pressions politiques exercées à l'heure actuelle vis-à-vis
de la Commission de la fonction publique actuelle, on n'a sûrement pas la
certitude que de telles pressions ne seront pas exercées contre les
personnes qui seront habilitées à effectuer ces
déclarations d'aptitudes et cette nomination.
M. Bellemare: Dans un reclassement, qu'est-ce qui arrive?
M. Harguindeguy: Le reclassement, si on regarde l'article 85,
à l'heure actuelle, c'est accordé au ministre, mais, en vertu de
l'article 86, il peut aussi déléguer et
sous-déléguer encore. Là aussi, il y a quelque chose de
flou entre les articles 73 et 75. Il y a certainement une certaine
incohérence qui existe, parce qu'il est assez difficile de suivre le
raisonnement qui a été à la base de cette disposition.
C'est sûr qu'on fait à l'heure actuelle un débat
extrêmement technique.
M. Bellemare: Oui, mais je ne comprends pas pourquoi vous dites
que vous êtes d'accord avec le ministre, en vertu de l'argumentation que
vous me donnez là.
M. Harguindeguy: Non, je ne suis pas d'accord
là-dessus.
M. Bellemare: Vous n'êtes pas d'accord?
M. Harguindeguy: Je n'ai jamais dit qu'on était d'accord
là-dessus.
M. Bellemare: Ma question, c'était cela au
début.
M. Harguindeguy: Non.
M. Bellemare: II m'a dit qu'il était bien d'accord sur les
dispositions de l'article 70.
M. Harguindeguy: Non, les dispositions du principe du
mérite, qu'on maintienne que les personnes, pour avoir tous les postes,
même à tous les niveaux supérieurs, que ce soit strictement
sur la base du mérite et de la compétence, nous sommes d'accord
sur cela, sauf que sur la façon d'y arriver par la disposition du projet
de loi, nous sommes opposés aux modalités pour atteindre cet
objectif.
Sur le principe du mérite, que ce soit le plus méritant,
le plus compétent, celui qui a le plus de valeur qui occupe les postes,
même les postes de hauts fonctionnaires, nous sommes d'accord.
D'ailleurs, nous nous battons pour ça. Nous l'avons d'ailleurs
prévu dans la convention collective. Mais le projet de loi, dans sa
forme actuelle, élimine, en fait, ne donne plus aucun contrôle,
même au ministre. D'ailleurs, c'est remarquable dans le projet de loi no
53, même s'il y a énormément d'organismes qui peuvent
planifier, s'il y a des organismes décisionnels comme le Conseil du
Trésor, qui a la mainmise sur la Fonction publique, même sur la
Commission de la fonction publique, sur l'Office de recrutement, il n'en
demeure pas moins que même si c'est le ministère qui, dans
quelques cas, par rapport aux sous-ministres qui vont exécuter et
appliquer ces règlements ou ces normes, il n'y a aucun organisme de
contrôle pour s'assurer que les normes, que les règlements ont
réellement été appliqués dans leur forme et dans
leurs normes.
C'est ce qu'on déplore, d'ailleurs, c'est pour cette raison que
le 20 octobre dernier, nous demandions que la commission ait réellement
ce mandat de surveillance de la fonction publique, parce que même si la
commission a un pouvoir d'enquête à l'heure actuelle en vertu de
l'article 28, il faut quand même se rappeler qu'il est identique au
mandat que la commission a possédé dans ce domaine à
l'article 11, au deuxième paragraphe de la loi actuelle. A ma
connaissance, la commission n'a pas fait d'enquête à ce sujet, sur
le fonctionnement, même sur le pouvoir de délégation,
même sur les employés occasionnels. A une certaine époque,
la commission s'est déclarée inapte
et incapable de déterminer le nombre d'employés
occasionnels qui étaient engagés au gouvernement, même si
c'est sa responsabilité d'en faire rapport à l'Assemblée
nationale.
En plus, quand le ministre disait aussi, tout à l'heure, que les
règlements étaient publics, à notre sens, ce n'est pas
tout à fait exact, parce que ce ne sont pas tous les règlements
qui sont soumis à la commission. Ce sont les règlements qui
traitent de la notion de mérite, à moins que le ministre, sur
demande, soumette ces règlements à la commission.
M. de Belleval: M. Harguindeguy, tous les règlements sont
soumis, en vertu de la loi, à l'approbation ou à l'avis de la
commission.
M. Harguindeguy: Si on me permet, en vertu de quel article, M. le
ministre? Je voudrais bien le retrouver; je ne l'ai pas vu, à savoir que
tous les règlements s'en vont là.
M. de Belleval: Le ministre doit soumettre, pour avis, tous ces
règlements à la commission.
M. Bellemare: Où est-ce écrit?
M. Harguindeguy: Je voudrais bien comprendre, parce qu'avant de
me faire accuser de vendre quelque chose qui n'est pas vrai, je voudrais savoir
ce que je vends. Quel article prévoit cette disposition?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. de Belleval: L'article 28d dit que la commission donne son
avis au Conseil du trésor sur les règlements soumis à ce
dernier par le ministre de la Fonction publique ou par l'office.
M. Harguindeguy: On continue à lire, c'est important.
M. de Belleval: Oui, si vous voulez me laisser terminer.
M. Harguindeguy: Oui.
M. de Belleval: Quant à leur conformité avec le
principe du mérite, la commission adresse à l'Assemblée
nationale copie de tous les avis qu'elle donne en vertu du paragraphe d) du
premier alinéa. Il n'y a aucune restriction qui est au paragraphe d) sur
les avis en question.
M. Chevrette: Mme le Président, je m'excuse...
M. Harguindeguy: Si vous êtes d'accord que ce sont tous les
règlements, seriez-vous d'accord pour biffer "quant à leur
conformité avec le principe du mérite"?
M. de Belleval: C'est-à-dire que le "quant à leur
conformité avec le principe du mérite" indique sous quel aspect,
entre autres, la commission donne son avis sur les fameux règlements en
question. Tous les règlements doivent être soumis à l'avis
de la commission.
M. Harguindeguy: Je pense, en tout cas, M. le ministre, qu'il y
aurait sûrement lieu de préciser, parce qu'en vertu de l'article 3
il y a quand même des règlements qui ne touchent aucunement
à la question du principe du mérite. On voudrait également
que ce règlement soit soumis. L'article 28 est le seul article que j'ai
vu où la commission pouvait avoir une certaine juridiction. Quand on
regarde l'article 28b c'est ce que j'ai relaté tout à
l'heure que la commission faisait de sa propre initiative enquête,
ainsi de suite, ça, c'est ce qu'on a à l'heure actuelle à
l'article 11 au deuxième paragraphe.
On dit: c) Sur demande du ministre de la Fonction publique, donne
à ce dernier son avis sur les règlements qu'il se propose de
faire. Là, on parle de façon générale, sur demande
du ministre, sur les règlements qu'il fait, la commission donne son
avis. d): On crée une obligation à la commission de donner son
avis au Conseil du trésor sur les règlements soumis à ce
dernier par le ministre de la Fonction publique ou par l'office quant à
leur conformité avec le principe du mérite. C'est là qu'il
y a une obligation à la commission quant à nous. Si vous voulez
que tous les règlements soient soumis à la commission et que,
nécessairement, de facto, la recommandation à la commission ou
l'opinion de la commission soit transférée ou soit remise
à l'Assemblée nationale, à notre point de vue, il faut
nécessairement que l'article 28 soit modifié pour le rendre
conforme à l'esprit que vous avez parce que le texte ne dit pas
cela.
M. de Belleval: M. le Président, le ministre n'a pas le
loisir de décider si un règlement ou un autre touche ou non
à la règle du mérite. C'est à la Commission de la
fonction publique d'apprécier si un règlement ou une partie de
règlement peut toucher à la règle du mérite. Si la
commission pense qu'un règlement en particulier ne touche pas à
la règle du mérite, elle le dira. Mais ce n'est pas au ministre
de décider: Je vous soumets tel règlement parce que je pense que
celui-là touche à la règle du mérite et je ne vous
soumets pas celui-là parce que je pense qu'il ne touche pas à la
règle du mérite. L'article est clair là-dessus. Tous les
règlements doivent aller à la commission. Si la commission est
d'avis, à un moment donné, qu'un règlement ne touche pas
à la règle du mérite, elle le dira.
M. Harguindeguy: M. le ministre, si je prends votre intervention
et si je regarde l'article 83, l'affectation...
M. de Belleval: Oui.
M. Harguindeguy: On dit d'une classe d'emploi à une autre,
de la même classe d'emploi. Vous avez, en vertu de l'article 3, le
pouvoir de réglementer l'affectation. Où intervient la notion de
mé-
rite dans l'affectation puisque l'employé possède
déjà la classification appropriée pour la nouvelle classe
d'emploi où l'employé est affecté? Dites-moi où,
pour poursuivre, parce qu'on n'est peut-être pas sur la même
longueur d'onde.
M. de Belleval: Tout ce que je vous dis, c'est que la
rédaction de la loi, telle qu'elle est actuellement, ne permet pas au
ministre de décider de façon discrétionnaire que tel
règlement touche à la règle du mérite et que tel
autre n'y touche pas.
M. Harguindeguy: II faudra peut-être préciser. A
l'article 28, quant à nous, ce n'est pas ce que cela dit. Il y a des
termes qui sont bien différents de l'un à l'autre.
M. de Belleval: Citez-moi donc l'article qui donne au ministre de
loisir de décider si, oui ou non, un règlement doit aller devant
la commission.
M. Harguindeguy: M. le ministre, si, à ce
moment-là, c'est vrai ce que vous dites je n'ai pas de raison de
douter pourquoi, à l'article 28, avez-vous prévu les
paragraphes c) et d) qui sont différents, si cela veut dire la
même chose? Il me semble que la meilleure façon de le dire, c'est
de le dire de façon claire et précise. On ne s'obstinera pas sur
les mots. Si cela avait été bien clair, on ne serait pas
là, je n'en parlerais même pas.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf a demandé la parole. Votre question, M. le
député.
M. Pagé: Je dois intervenir, à ce stade-ci, sur
l'interprétation qu'on donne à l'article 28d. Mme le
Président, vous ne me permettez pas une question au ministre?
Le Président (Mme Cuerrier): Non, M. le
député. Votre question doit s'adresser aux fonctionnaires. C'est
d'ailleurs le mandat de la commission d'entendre...
M. Pagé: Oui. D'accord, Mme le Président. Mais je
veux soulever une question de règlement avant d'intervenir.
Le Président (Mme Cuerrier): Je veux vous faire remarquer
qu'il n'est pas question d'une discussion entre le ministre et les membres de
la commission.
M. Pagé: Je comprends bien. Je ne veux pas faire une
discussion, Mme le Président. Je soulève une question de
règlement. Est-ce que je peux au moins être entendu?
Le Président (Mme Cuerrier): Votre question de
règlement, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Je suis d'accord pour dire que le mandat de la
commission est d'entendre les parties. C'est ce qu'on fait. A la lueur de cet
échange avec les parties, il est explicable qu'on en arrive à des
questions et que des questions soient soulevées sur
l'interprétation de certains articles. Il est explicable, par le fait
même, qu'on soit en droit de discuter avec le ministre. Mme le
Président, notre commission est la prolongation de l'Assemblée et
j'ai tous les motifs de croire et je soutiens que le ministre se
trompe, interprète de façon erronée je ne mets pas
sa bonne foi en cause je soutiens qu'il n'interprète pas
adéquatement l'article 28d. Je voudrais lui poser une question et, si
vous ne voulez pas, Mme le Président, que je la lui pose, je vais la
poser à M. le président du syndicat, mais c'est quand même
regrettable qu'on ne puisse pas poser de questions au ministre. Je ne veux pas
en faire un débat de procédure. Vous le permettez?
M. de Belleval: Je suis tout à fait d'accord. M.
Pagé: Bon! Tant mieux!
M. de Belleval: Pourrais-je, en même temps, vous emprunter
un peu de tabac?
M. Pagé: Certainement et remplissez votre pipe.
M. Bellemare: Avant de la casser!
M. Pagé: Mme le Président, ma question au ministre
est la suivante.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: J'ai un consentement.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous avez eu un
consentement.
M. Pagé: A l'article 28d, il est bien
spécifié: "Donne son avis au Conseil du trésor sur les
règlements soumis à ce dernier par le ministre de la Fonction
publique ou par l'office, quant à leur conformité avec le
principe du mérite". C'est restrictif. M. le ministre dit qu'en rien, ce
sera limité à la question du mérite. Alors, pourquoi ne le
dites-vous pas dans la loi à ce moment-là? Vous avez fait des
amendements jusqu'à maintenant. Pourquoi n'en déposez-vous pas
pour éclaircir ce point et pour que tout le monde s'entende?
M. de Belleval: Puis-je vous répondre
là-dessus?
M. Pagé: Vous vous trompez là-dessus.
M. Chevrette: II vous pose une question, allez-y.
M. de Belleval: Puis-je répondre?
M. Pagé: Allez-y. Si vous me laissez compléter ma
question pendant que vous allumez votre pipe, je vous recommanderais de
consulter vos juristes sur cette question. C'est restrictif. Je suis prêt
à
suspendre la discussion sur cet article jusqu'à demain on
siégera probablement encore demain pour que vous puissiez revenir
avec un avis juridique. Je comprends que vous vous défendiez de ne pas
être un avocat. C'est une question d'interprétation personnelle
pour vous. Mais consultez vos juristes. Vous n'avez pas une bonne
interprétation de cette question. Cela va? Fini, à vous.
M. de Belleval: Je pense qu'on est sur un point très
particulier et que ce n'est pas tout à fait pertinent à la nature
même de nos discussions qui ne doivent quand même pas se faire sur
une interprétation plus ou moins valable d'un article en particulier.
Là-dessus, il y a une procédure qui est prévue, qui est
l'étude, article par article, du projet de loi. Je pense qu'on est ici
pour discuter des orientations générales et des buts que nous
poursuivons. Les questions d'interprétation juridique, il y aura
toujours un moment pour les soulever lorsque nous étudierons le projet
de loi, article par article. Sans vouloir prolonger le débat sur un
aspect qui n'est quand même pas si fondamental que cela, tous les
articles du ministre, tous les projets de règlement du ministre doivent
être approuvés par le Conseil du trésor. Vous êtes
bien d'accord sur cela? L'article d) est très clair. Il dit: II donne
son avis au Conseil du trésor sur les règlements soumis à
ce dernier par le ministre. Autrement dit, tous les règlements qui vont
au Conseil du trésor, et tous les règlements du ministre vont au
Conseil du trésor, la commission doit donner son avis
là-dessus.
M. Bellemare: Quant à la conformité...
M. Pagé: Quant à la conformité avec la
règle du mérite. C'est là que cela reste politique.
M. de Belleval: C'est cela. Quant à leur conformité
avec la règle du mérite, mais la question posée, M.
Harguindeguy, c'est: Est-ce que tous les règlements allaient faire
l'objet de la commission? Je lui réponds oui, puisque tous les
règlements laissez-moi terminer doivent aller au Conseil
du trésor et tous les règlements qui vont au Conseil du
trésor sont examinés par la commission sous l'angle de leur
conformité avec la règle du mérite. Si, de l'avis de la
commission, un article, un règlement ne touche pas à la
règle du mérite, la commission va le dire. Le point fondamental,
c'est de savoir si, oui ou non, la commission va examiner tous les
règlements. La réponse est oui.
M. Pagé: Mais pourquoi ne pas le dire. On est tous
unanimes.
M. de Belleval: C'est cela. Alors, c'est ce que les juristes
disent que cela dit.
M. Pagé: Si c'était si clair que cela, on ne se
poserait pas de question. Je ne suis pas d'accord avec vous
là-dessus.
M. de Belleval: Je pense que le point le plus fondamental, c'est
le pouvoir général d'enquête de la commission qui le fait
de sa propre initiative. C'est vrai que l'ancienne loi prévoyait ce
pouvoir général d'enquête, sauf qu'il y a un aspect
fondamentalement différent entre l'ancienne commission et la
nouvelle.
L'ancienne commission était à la fois juge et partie de
son propre fonctionnement. L'ancienne commission avait des pouvoirs
exécutifs et des pouvoirs d'enquête et de contrôle. On sait
très bien vous êtes juriste vous savez que ce n'est
pas conforme à notre droit administratif que de confier à un
même organisme, en droit administratif, des pouvoirs de contrôle,
en même temps que des pouvoirs d'adjudication et d'exécution. La
grande différence, maintenant, c'est que la nouvelle commission sera
sortie de cette espèce de dilemme, elle n'aura qu'un pouvoir de
contrôle, qu'un pouvoir d'enquête.
Ce pouvoir de contrôle et d'enquête est assorti d'une
disposition fondamentalement nouvelle. En vertu de l'ancienne loi, on ne dit
pas à qui la commission fait parvenir le résultat de ses
enquêtes. C'est une commission qui fonctionne en vase clos de ce point de
vue-là. Elle peut fournir, peut-être le résultat de ses
enquêtes au gouvernement qui en fait ce qu'il veut, mais, avec la
nouvelle loi, la commission, à l'avenir, va soumettre ses rapports
à l'Assemblée nationale, comme le Vérificateur
général. Alors, on sort de l'ambiguïté, on sort de
l'irrégularité juridique dans laquelle on est et on a finalement
une véritable commission, véritable chien de garde du
fonctionnement de la loi qui est en mesure de faire connaître le
résultat de ses enquêtes, comme le Vérificateur
général à l'Assemblée nationale. Donc, à
l'avenir, la gestion de la fonction publique va se faire dans une bien plus
grande transparence qu'elle ne se faisait jusqu'à maintenant. C'est un
des points importants, je pense, du projet de loi. Il faut bien percevoir la
réalité qui est dans le projet de loi.
M. Pagé: Oui. D'accord, M. le ministre, nous...
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais simplement faire
une remarque.
M. Pagé: Seulement un bref commentaire.
Le Président (Mme Cuerrier): Un moment, s'il vous
plaît! Je voudrais simplement faire une remarque. Je voudrais vous
demander, M. le ministre, quand vous donnez une explication qui semble
appropriée à cette assemblée, de vous adresser au Syndicat
des fonctionnaires et de prendre bien garde que cette commission ne prenne
l'allure d'une discussion entre les membres de l'assemblée.
M. de Belleval: C'est le député de Portneuf qui
m'avait posé la question, Mme le Président.
M. Pagé: Vous avez dit oui.
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord. C'est que...
M. de Belleval: Mais, en même temps, je me trouvais
à répondre à M. le Président.
M. Pagé: Enfargeons-nous pas dans le tapis.
M. de Belleval: Je m'excuse, M. le Président, de ne pas
vous avoir...
M. Harguindeguy: Je vous écoute.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf avait une question à poser au Syndicat des fonctionnaires. M.
le député.
M. Pagé: Je voudrais qu'on se comprenne, Mme le
Président. Est-ce qu'on limite le temps, parce que j'ai plusieurs
questions?
Le Président (Mme Cuerrier): Je pense que le débat
actuel prend l'allure de la discussion en commission parlementaire sur le
projet de loi, article par article.
M. Pagé: Non.
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais vous rappeler
à l'ordre et je vous demanderais de faire votre intervention le plus
rapidement possible, M. le député.
M. Pagé: D'accord, Mme le Président. Alors, je vais
procéder le plus rapidement possible et je vais m'abstenir de faire des
commentaires au ministre sur l'article 28.
Si je lui en avais fait, je lui aurais recommandé de le
modifier.
Mme le Président, j'aimerais poser ma question à...
Le Président (Mme Cuerrier): Je ne fume pas la pipe,
monsieur, pas encore.
M. Pagé: C'était encore pour le ministre, vous
savez, je charge sa pipe, à l'occasion.
M. Chevrette: Envoyez, accouche, accouche. M. Pagé:
A l'ordre, à l'ordre!
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Mme le Président... on est pressé
de ce côté-là, Mme le Président, on a hâte de
finir ça...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, votre question, à l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Chevrette: Accouche donc!
M. Pagé: On a tout le temps voulu, on a tout le temps
qu'il faut, on a jusqu'à 11 heures, on va continuer demain.
M. Ciaccia: C'est parce qu'il se sent mal à l'aise de
présenter...
M. Pagé: Ne soyez pas inquiets. Si vous voulez intervenir,
vous interviendrez, ce serait peut-être utile dans le débat.
J'aimerais aborder le climat des relations de travail. Pardon?
M. Chevrette: Je n'ai rien dit.
M. de Belleval: Qu'est-ce que vous avez dit, M. le
député?
M. Pagé: J'aimerais aborder le climat des relations de
travail, parce que M. le président en a fait état dans le
mémoire qu'il nous a présenté.
M. de Belleval: Le climat est excellent.
M. Pagé: J'aimerais le savoir, c'est ma question. Vous
avez fait état d'aspects particuliers dans le climat des relations de
travail, croyez-vous, entre autres, au projet de loi ou à la
stratégie adoptée par le gouvernement dans ce projet de loi? Je
ne peux faire état que de la question du fameux sondage, et j'aimerais
bien avoir des réponses du ministre. Comment cela va-t-il au niveau des
relations de travail avec le gouvernement? Vous en avez fait état dans
votre mémoire, vous avez fait état tout à l'heure de
griefs, une foule de questions comme celle-là, j'aimerais que vous nous
donniez plus d'informations sur cette question, toujours relativement au projet
de loi 53?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf... Oui, je pense que vous sortez un peu du mandat de la commission. Je
vous demanderais de préciser votre question par rapport au projet de loi
comme tel.
M. Pagé: Mme le Président, je l'ai dit tout
à l'heure...
M. de Belleval: II n'a plus de questions. M. Pagé:
J'ai cinquante questions.
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, posez vos questions au
Syndicat des fonctionnaires, mais par rapport au projet de loi.
M. Pagé: Mme le Président, les questions peuvent
être posées sur la foi des représentations qui sont
formulées dans un mémoire déposé. M. le
président du Syndicat des fonctionnaires, tout à l'heure, a fait
état des relations de travail avec le gouvernement, dans ce sens que le
projet de loi 53 n'était pas un indicatif ou un élément
pour améliorer la condition ou le climat des relations de travail.
J'aimerais savoir comment ça va au niveau des relations de travail avec
le gouvernement, vous avez parlé de griefs, des gens des bureaux de
personnel tout à l'heure, il y a eu la question des
travailleurs ici au journal des Débats, à
l'Assemblée nationale, c'est le premier volet de ma question, Mme le
Président.
Le deuxième volet de ma question, jusqu'où souscrivez-vous
aux approches du gouvernement...
Le Président (Mme Cuerrier): Nous en sommes à la
discussion du projet de loi, M. le député.
M. Pagé: Bien oui, mais Mme le Président, si vous
voulez me laisser compléter ma question.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous parlez de relations de
travail, vous sortez du projet de loi.
M. Pagé: Mme le Président, je m'excuse, je suis
toujours interrompu, si vous voulez me laisser compléter ma question,
ensuite, si elle n'est pas recevable, vous direz: Elle n'est pas recevable. Si
elle est recevable, les parties pourront répondre.
Le Président (Mme Cuerrier): Votre question, mais dans le
cadre du mandat de la commission, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Bien oui. Le premier volet, les relations de
travail, j'en ai fait état, je n'y reviens pas. Le deuxième
volet, ne croyez-vous pas que les stratégies adoptées par le
gouvernement, telles que le sondage qui vient de se terminer, sont là
strictement pour jeter de l'ambiguïté dans les
représentations que vous avez à formuler relativement au projet
de loi 53?
M. Chevrette: Mme le Président, d'après le
règlement...
Le Président (Mme Cuerrier): Sur la question de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: L'Assemblée nationale nous a donné le
mandat de venir écouter ce que les gens avaient à nous dire, ce
qu'ils n'aimaient pas de la loi 53. C'est tout à fait impertinent, ce
que le député de Portneuf apporte comme question, je vous demande
de la juger irrecevable.
Le Président (Mme Cuerrier): De toute façon,
c'était l'objet de mon intervention, je vous demanderais, M. le
député de Portneuf, de parler du contenu du projet de loi comme
tel et de poser vos questions, mais je pense que vous sortez du mandat de la
commission quand vous parlez de climat et de ce qui pourrait entourer le projet
de loi. Je vous demanderais de vous en tenir strictement au contenu du projet
de loi comme tel.
M. Pagé: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, votre question.
M. Pagé: ... j'ai une directive à vous demander,
est-ce à dire que nous ne pouvons poser de questions sur les sujets
énoncés par les interve- nants, mais nous limiter seulement aux
questions prévues par le projet de loi? Parce que, M. le
Président, dans votre mémoire, vous avez fait état des
relations de travail. Ce mémoire a été
déposé pour qu'on puisse discuter sur ces questions.
M. Chevrette: Question de règlement, s'il vous
plaît!
Le Président (Mme Cuerrier): Sur la question de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Mme le Président, pour un bon climat de
travail, c'est justement qu'il nous faut découvrir les points de
divergence, il ne s'agit pas de crier et de parler de climat comme tel.
Le climat sera d'autant meilleur si on réussit à
s'entendre sur une interprétation du projet de loi.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm, je pense que votre intervention était superflue.
J'avais déjà fait appel au député de Portneuf et je
vous demanderais, pour la troisième fois...
M. Pagé: Comme souvent d'ailleurs.
M. Chevrette: Ne vous en faites pas, treize lois d'exception sous
le régime libéral.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre s'il vous
plaît, M. le député de Joliette-Montcalm! Je vous
demanderais, cette fois-ci encore, et j'espère que cette fois-ci, vous
allez bien m'entendre. J'espère que ce n'est pas moi qui m'explique mal,
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Mme le Président, je vous ai
demandé une directive tout à l'heure, pendant que M. le leader
était à discuter.
Le Président (Mme Cuerrier): Je pensais qu'elle
était déjà donnée. M. le député, je
vous demandais d'intervenir sur le contenu du projet de loi comme tel.
M. Marchand: Du mémoire.
Le Président (Mme Cuerrier): Du mémoire, bien
sûr. Je vous remercie.
M. le député de Portneuf, votre question au syndicat des
fonctionnaires.
M. Pagé: Mme le Président, si on lit le
mémoire, il est question du climat dans les relations de travail
actuellement. M. le Président en a fait état tantôt. C'est
indiqué dans le mémoire, cela a été l'objet de
questions et de réponses tout à l'heure. Je suis en droit de
poser cette question, parce que c'est dans le mémoire, tel que vous le
dites, Mme le Président.
M. Harguindeguy: Est-ce que je peux répondre, si j'ai bien
compris la question? Je ne connais pas les procédures, elles sont plus
compliquées que chez nous.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président
général, vous avez la parole.
M. Harguindeguy: Cela touche à l'article 6 du projet de
loi. J'espère que ce n'est pas nous autres... A l'article 6, on dit que
le ministre est chargé, dans le cas des mandats qu'il reçoit du
Conseil du trésor, de négocier les conventions collectives, de
signer les conventions, d'en surveiller l'application et d'en coordonner
l'interprétation.
Surtout au deuxième paragraphe de la signature, par rapport au
texte de loi actuel aussi, il a été dit à l'article 2, au
troisième paragraphe, qu'il est aussi chargé de négocier
les conventions collectives auxquelles le gouvernement est partie et d'en
surveiller l'application; pour nous, c'est le maintien d'un même mandat
que ce qui existe à l'heure actuelle, ce sur quoi nous déplorons
que le ministre n'ait pas pris ce pouvoir. Il en a pris bien d'autres auxquels
on s'oppose. Celui-là, on aurait voulu qu'il le prenne. Comme on le
mentionne dans la page 10 du mémoire déposé le 20 octobre
dernier, ce mandat est justement de voir à l'application desdites
conventions collectives, en émettant des directives liant tous les
ministères, en signant toute entente et en assurant point
important l'exécution de toute décision arbitrale.
Dans la vie quotidienne du syndicat, il y a une chose dont nous sommes
assurés. Quand on perd une sentence arbitrale, nous sommes sûrs
d'avoir perdu. Mais quand on la gagne, on n'est pas aussi sûrs que cela.
A l'heure actuelle, le ministre de la Fonction publique, malheureusement, n'a
pas le pouvoir pour forcer les ministères à appliquer les
décisions.
Je pourrais vous indiquer certains articles qui s'appliquent à
l'heure actuelle, sur lesquels il aurait été avantageux que le
ministre force les ministères. La sentence sur les bottines de
sécurité. Même si on a eu deux sentences arbitrales rendues
et favorables au syndicat, on n'a pas encore réglé le
problème et cela fait presque un an.
Sur la question des jours fériés, aussi, il y a eu une
sentence arbitrale favorable. Une directive a été rendue pour
dire de ne pas appliquer la sentence arbitrale.
Les griefs d'hygiène et de sécurité ne se
règlent pas. Même là, dernièrement, on en a
gagné une aujourd'hui, les horaires de travail des transcriptri-ces
à l'Assemblée nationale. Même avant que la sentence sorte,
on s'est fait dire, comme chantage, que si on gagnait, ce n'était pas
grave, ils changeraient les conditions de travail.
C'est le genre de comportement qu'on a à l'heure actuelle, avec
certains ministères, parce qu'ils ont toute la latitude voulue pour
faire ce qu'ils veulent. Il n'y a aucun organisme actuellement, même si
on négocie avec le gouvernement, avec le ministère de la Fonction
publique, qui est habilité, qui a la responsabilité de s'assurer
que les dispositions de la convention, autant dans le principe qui était
sous-jacent aux négociations, parce que des fois, on le voit ici, on
discute sur des textes. On est peut-être fondamentalement d'accord sur
l'esprit qui anime les gens qui ont déposé un texte, sauf que
nous ne sommes pas d'accord sur la phraséologie. On affronte
régulièrement ce problème dans l'application d'une
convention collective et c'est normal.
Malheureusement, le ministre n'a pas ce pouvoir de forcer un
ministère et dire: C'est bien dommage, c'est cela qui a
été négocié. Même si le texte permet quelque
chose de différent, on te l'applique. Un exemple que j'ai
mentionné tout à l'heure, sur l'article 41, la
sécurité d'emploi, la sentence Boutin qu'on connaît. On
s'est entendu avec la DGRT, le 11 novembre 1976, que c'était l'article
41 qui s'appliquait. Cela n'a pas empêché qu'au mois de
décembre de la même année, le ministère des
Transports est allé à l'arbitrage, contrairement à
l'opinion de la direction générale. Cela arrive
fréquemment.
On est aujourd'hui rendu avec l'obligation, même pour des
applications bien strictes de la convention collective, par exemple des
journées de maladie, d'inscrire 800 cas à l'arbitrage, d'aller
là le matin faire témoigner l'individu qui doit dire: Je
déclare sous serment que j'étais malade ce jour-là. Ils se
retirent cinq minutes et ils font droit au grief. Ce n'est certainement pas un
climat qui permet d'instaurer de bonnes relations de travail dans la fonction
publique. Cela arrive, parce qu'il n'y a pas, dans ce domaine précis, de
"boss" comme on dit communément. C'est tout le monde qui mène. Le
projet de loi 53, par rapport aux possibilités de mutation, d'affection,
tout le tralala qui peut aller jusqu'au petit "boss", c'est cela qui nous fait
craindre... Il n'y aura plus de contrôle. Ce sera n'importe qui qui va,
comme on dit communément, "runner" la barque. Nous, on veut savoir
où on va. On est prêt à ramer, mais on veut savoir vers
quel bout on se dirige. Malheureusement, le projet de loi 53, dans sa forme
actuelle, ne le permet pas.
M. Pagé: Somme toute...
Le Président (Mme Cuerrier): Votre dernière
question, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Mme le Président, j'ai plusieurs
questions.
Le Président (Mme Cuerrier): Pas tout de suite, parce que
je vais donner la parole à quelqu'un d'autre.
M. Pagé: Oui. D'accord, on les pose une par une. Somme
toute, vous recommandez que le projet de loi 53 confère un pouvoir
élargi au ministre de la Fonction publique qui lui permettrait d'obliger
les ministères à donner suite à des décisions comme
celles-là?
M. Harguindeguy: Oui, on demande qu'il y ait un patron avec qui
on transige et c'est lui. Point.
M. Pagé: Dans un premier temps, cela démontre que
ma question était relative au projet de loi 53. Dans un deuxième
temps, j'espère que le ministre, qui est imbu d'avoir beaucoup de
pouvoirs pourra, à juste titre, se conférer celui-là par
le pro-
jet de loi. Mme le Président, j'aurai évidemment beaucoup
d'autres questions. Mon collègue de Mont-Royal en a, mais je vous
demanderais de pouvoir y revenir le plus tôt possible.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm et, ensuite, M. le député de Mont-Royal.
M. Chevrette: M. Harguindeguy, tantôt, vous avez
parlé de régime syndical. Je vais vous poser quelques questions
pour essayer de le définir, peut-être pour contribuer à se
rassurer réciproquement. C'est depuis 1965 que vous êtes
régis par le Code du travail. Est-ce exact?
M. Harguindeguy: Régis par l'Etat, mais avec une loi
d'exception, en plus.
M. Chevrette: D'accord, je vais y arriver à cela.
M. Harguindeguy: Bien.
M. Chevrette: C'est parce que je voudrais faire un cheminement
avec vous. Le pouvoir que vous détenez en tant que syndicat de la
fonction publique vous vient du Code du travail.
M. Harguindeguy: Non, il vient de la Loi de la fonction
publique.
M. Chevrette: Le pouvoir de négocier est en fonction d'une
accréditation du Code du travail?
M. Harguindeguy: Non, c'est en vertu d'une disposition
législative, d'une accréditation législative, en vertu de
la Loi de la fonction publique, l'article 69. Ce n'est pas le Code du travail.
Pour la changer, par contre, cela prendra une décision du Code du
travail, 50% ou, dorénavant, 35% des membres.
M. Chevrette: D'accord. Le projet de loi no 53 confirme à
ce moment-là que le ministre négocie et signe des conventions
collectives suivant le Code du travail, depuis 1965?
M. Harguindeguy: Ah oui! il signe, selon le mandat qui est
donné par le Conseil du trésor. Le vrai négociateur, c'est
lui...
M. Chevrette: Le Code du travail...
M. Harguindeguy: ... avec des limitations, par l'article 52a
actuel et par l'article 119 dorénavant.
M. Chevrette: Le Code du travail ne limite en rien, d'aucune
façon, l'aire de la négociation.
M. Harguindeguy: Le code, non.
M. Chevrette: ... si ce n'est que je n'ai pas tout
à fait fini dans votre cas, la convention collective est
visée... c'est-à-dire si ce n'est que les conditions de travail
spécifiquement prohibées en vertu de la Loi de la fonction
publique.
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: Le Code du travail comme tel ne prohibe pas du
tout, c'est-à-dire ne limite pas la négociation.
M. Harguindeguy: Mettez-nous sur le Code du travail et on vous
dira merci.
M. Chevrette: D'accord. La Loi de la fonction publique actuelle
prohibe...
M. de Belleval: Y compris sur la sécurité
d'emploi?
M. Harguindeguy: Y compris la sécurité d'emploi,
parce que je pense, M. le ministre, qu'il y a une distinction à faire
que peut-être nous n'avons pas faite. C'est que la Loi de la fonction
publique donne la permanence à des fonctionnaires et à des
ouvriers, mais elle ne donne pas nécessairement la
sécurité d'emploi, parce que la sécurité d'emploi
est donnée en vertu de la convention collective. D'ailleurs, au moment
où on se parle, il y a des ouvriers qui n'ont pas la
sécurité d'emploi. Vérifiez avec vos juristes.
M. Chevrette: Continuez.
M. Harguindeguy: C'est seulement un aparté.
M. de Belleval: M. Harguindeguy, votre permanence, votre
sécurité d'emploi vous est donnée en vertu de la loi.
M. Harguindeguy: La permanence est donnée en vertu de la
loi. La sécurité d'emploi est donnée en vertu de la
convention collective et des employés permanents peuvent être mis
à pied pour raison de manque de travail. On ne parle plus de
sécurité d'emploi dans ce sens-là. Il y a une distinction
à faire entre permanence et sécurité d'emploi.
M. de Belleval: La permanence, vous êtes prêts
à l'abandonner?
M. Harguindeguy: On va négocier la sécurité
d'emploi comme dans l'autre. La permanence, tout ce qu'elle est
légalement, comme telle, c'est qu'elle vous donne la possibilité
de démontrer vos aptitudes, votre compétence une fois, dans un
plan d'emploi, dans une classe d'emploi; après six mois ou après
un an, selon la durée de la probation, vous obtenez votre permanence.
C'est sûr que, par les conventions collectives, on a obtenu que tous les
fonctionnaires, automatiquement, dès qu'ils deviennent permanents,
obtiennent la sécurité d'emploi en vertu de la convention
collective et ne peuvent pas être mis à pied pour raison de manque
de travail. Par contre, les ouvriers, on en a environ 8000. On en a moins,
parce que ce sont
des occasionnels; éventuellement, ils vont venir, mais ils auront
encore moins leur permanence. Parmi ces personnes, les seules qui ont la
sécurité d'emploi, ce sont les employés permanents qui
avaient complété leur période de probation à la
date de la signature de la convention collective. Aujourd'hui, ils n'ont pas la
sécurité d'emploi. Il ne faut quand même pas aller
jusque-là.
M. Chevrette: Mme le Président, je continue; je disais que
le Code du travail ne limite en rien, c'est la Loi de la fonction publique qui
vient limiter l'aire de négociation comme telle.
M. Harguindeguy: C'est exact.
M. Chevrette: Donc, la Loi de la commission de la fonction
publique actuelle prohibe certains points que vous retrouvez à l'article
52a.
M. Harguindeguy: C'est cela, oui.
M. Chevrette: A ce moment, le projet de loi 53 ne fait-il pas que
maintenir uniquement ce qui est déjà prohibé?
M. Harguindeguy: En plus, il prévoit... Je donne seulement
l'exemple, le ministre a dit qu'il allait l'ajouter, je n'ai pas encore eu le
projet d'amendement. Seulement un exemple, je pourrais vous en sortir
plusieurs; la rétrogradation. La rétrogradation faisait partie de
notre convention collective. Or, elle n'est pas prévue par l'article 52,
auparavant, ni par l'article 119. Comme vous établissez que la
rétrogradation va être possible, ou la révocation, pour
insuffisance professionnelle, ce qui est différent de ce qu'on a dans
notre convention collective, comme le projet de loi prévoit
également des recours auprès de la Commission de la fonction
publique et que l'article 132 prévoit que les recours actuels de la
convention collective vont tomber à la date d'échéance de
la convention, nécessairement, cela implique qu'on va perdre cette
possibilité de la rétrogradation.
M. Chevrette: Vous dites que la rétrogradation est
prohibée par la loi actuelle?
M. Harguindeguy: Elle n'est pas prohibée.
M. de Belleval: Où est-ce prohibé par la loi?
Citez-moi donc l'article?
M. Harguindeguy: Actuellement, pour qu'il y ait une
rétrogradation, parce qu'elle n'est pas prévue, la
possibilité de rétrogradation dans la loi, pour qu'un
employé soit rétrogradé, il fallait nécessairement
qu'il en fasse la demande à la commission, sans quoi il n'y avait pas de
rétrogradation possible. Nous avons, et je ne le nie pas, je l'ai
déjà dit publiquement, négocié une clause de
rétrogradation pour trois motifs principaux qui sont
l'incompétence, l'invalidité, l'inhabileté.
M. de Belleval: Elle n'est pas prohibée par la loi
actuelle?
M. Harguindeguy: Non, sauf que, dans la loi actuelle...
M. de Belleval: Donc, c'est la même chose. C'est le statu
quo qui se maintient.
M. Harguindeguy: Non, pas du tout, parce que, dans la loi
actuelle, en vertu de l'article 28, vous prévoyez des recours. Si cela
se maintient, pourquoi, à ce moment, avoir prévu à
l'article 132 que les dispositions des conventions collectives qui statuent sur
les recours deviennent caduques, si on veut, à la date
d'échéance? Expliquez-moi pourquoi l'article 132 est
là.
M. de Belleval: M. Harguindeguy, je vais vous répondre
là-dessus.
M. Harguindeguy: Oui, sûrement.
M. de Belleval: Le paragraphe transitoire de l'article 119 dit:
Aucune disposition d'une convention collective ne peut porter sur un autre
sujet qui, en vertu de la Loi de la fonction publique, c'est-à-dire la
loi actuelle, telle qu'elle se lisait à la date précédant
celle de l'entrée en vigueur de la Loi de la fonction publique
c'est la loi actuelle relevait de la Commission de la fonction publique.
Or, la rétrogradation n'est pas une matière qui, actuellement,
relève de la Commission de la fonction publique. Alors, il est bien
évident que la rétrogradation n'est pas une matière qui
est interdite dans la négociation actuelle. La preuve, d'ailleurs, c'est
que vous l'avez négociée. Donc, c'est le statu quo qui se
maintient aussi là-dessus.
M. Harguindeguy: Expliquez-moi, M. le ministre, pourquoi vous
avez prévu l'article 132?
M. de Belleval: Là-dessus, je vous ai dit que, même
si c'est cela en vertu de l'interprétation que les juristes nous
donnent, on ajoutera, s'il le faut, "rétrogradation".
M. Harguindeguy: Non, mais enlevez l'article 132; comme
cela...
M. de Belleval: Là, on tombe encore dans des querelles de
juristes. Je pense que ce n'est pas le cas de notre discussion de ce soir.
C'est de s'entendre sur les principes généraux et,
là-dessus, on s'entend.
M. Harguindeguy: Je ne parle pas de juriste. Je parle en tant que
président du syndicat et je parle à mon ministre, à mon
député en plus. L'article 132 ne touche que des associations
syndicales qui ont signé une convention collective. Si vous êtes
d'accord pour dire que cela doit faire partie intégrale des conventions
collectives, pourquoi prévoir les dispositions de l'article 132?
M. de Belleval: A partir du moment où l'article 90 a
été amendé, comme je l'ai fait la dernière fois,
l'article 132 n'a plus sa raison d'être, c'est bien évident.
M. Harguindeguy: Vous allez l'enlever? M. de Belleval:
Bien sûr. M. Harguindeguy: D'accord.
M. de Belleval: Puisque j'ai déjà
présenté l'article 90.
M. Harguindeguy: D'accord. En faisant l'article 90, vous auriez
pu dire que l'article 132 devait être aussi éliminé.
M. de Belleval: Vous avez un juriste à côté
de vous qui sait très bien qu'à partir du moment où
l'article 90 est proposé comme amendement, l'article 132 tombe.
M. Harguindeguy: Vous savez, on prend quand même des
précautions. Vous allez nous excuser d'en prendre. Mais vous savez
déjà que, quand je signe des conventions collectives, je prends
mes précautions et je participe à la rédaction du texte.
Imaginez-vous que, quand je n'ai pas participé au texte, j'en prends
encore d'autres, mais l'article 132 demeurait là. Cela n'aurait pas
été si compliqué si vous aviez, dans la déclaration
ministérielle où vous vous êtes permis de dire que
c'était pratiquement une acceptation tacite, le fait des employés
du bureau de personnel, ajouter deux lignes pour dire que,
nécessairement, l'article 132 devait être biffé.
M. de Belleval: Votre conseiller juridique sait très bien
que l'article 132 est un article de concordance qui se trouve à tomber
à partir du moment où on amende l'article 90, dans le sens
où je l'ai amendé.
M. Harguindeguy: Ce n'est pas toujours sûr, M. le ministre.
Je vous référerai à la loi actuelle, quand elle a
été sanctionnée en 1969. Il a fallu nécessairement,
pour éviter toute ambiguïté, prévoir un article pour
que les dispositions des conventions collectives qui allaient à
l'encontre de la loi demeurent en vigueur. Pour cela, vous savez, il ne faut
pas être juriste. D'ailleurs, je le répète encore une autre
fois, depuis le 7 février et même depuis le mois de septembre, si
nous nous étions rencontrés, et je suis encore prêt... Je
vous l'offre encore une fois, une dernière, parce que je ne ferai pas
d'offres tout le temps. Si nous avions rencontré votre groupe de
travail, même votre comité de rédaction, il y a bien des
éléments sur lesquels on aurait pu émettre nos opinions,
et non pas le faire publiquement. Cela, ça ne me dérange pas du
tout. De toute façon, je n'envisage aucun poste électif, si ce
n'est celui de président général du syndicat et, chez
nous, c'est le critère de compétence qui prime, bon!
Alors, sur cette question, je suis prêt à collaborer et
à vous soumettre tous les points sur lesquels on a des objections
mineures ou majeures. A partir de là, s'il reste seulement quelques
éléments en suspens, on reviendra en commission parlementaire, on
les expliquera et on dira... Ce seront peut-être strictement des
questions politiques. Mais, si vous le voulez, moi, je suis prêt demain
matin, même cette nuit, à rencontrer votre comité pour en
discuter sur le long et sur le large.
M. Chevrette: La commission Martin, vous le savez. Etes-vous
d'accord pour ça?
M. Harguindeguy: Oui.
M. Chevrette: ... la commission Martin.
M. Harguindeguy: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): Avez-vous terminé?
M. Chevrette: D'attendre la commission Martin?
M. Harguindeguy: Bien sûr. Le Président (Mme
Cuerrier): M. le député... M. Harguindeguy: Alors, on
ajourne... Une Voix: Pourquoi pas?
M. Harguindeguy: ... jusqu'à la commission Martin, en
commission parlementaire... Je vous prends au mot. Moi, qui ne dit mot consent.
Ça marche. On attend la commission Martin.
Le Président (Mme Cuerrier): Monsieur...
M. Pagé: Mme le Président, le député
de Joliette-Montcalm pourrait en faire une proposition. Il l'a
déjà formulée.
M. Chevrette: Pardon?
M. Pagé: Vous pourriez en faire une proposition.
M. Chevrette: On s'est engagé, nous, à le faire. A
part ça, là...
M. Pagé: Pourquoi ne le faites-vous pas?
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Pardon?
M. Pagé: Pourquoi ne le faites-vous pas?
M. Chevrette: Une loi, vous le savez fort bien que ça ne
se négocie pas.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Chevrette: Vous en avez assez négocié, des nuits
de temps, pour arriver à des fiascos. Cela ne se négocie pas, une
loi.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre, M. le député de
Joliette-Montcalm. A l'ordre!
M. Pagé: On pourrait en parler, cas par cas, vous savez.
Pourquoi ne le faites-vous pas? Pourquoi ne le faites-vous pas?
M. Chevrette: Oui, monsieur, la loi 253.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre! Monsieur...
M. Chevrette: ... 19, 23, en veux-tu encore?
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député de Joliette-Montcalm et M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît! M. le député de Mont-Royal a
demandé la parole.
M. Ciaccia: Merci, Mme le Président. M. Har-guindeguy,
dans votre mémoire, vous dites que, quels que soient les amendements
apportés à cette loi, elle restera fondamentalement mauvaise.
Entre parenthèses, je comprends que les explications, les amendements
que le ministre a déjà apportés ne servent pas l'objectif
et qu'il y a encore des ambiguïtés dans les interprétations.
Est-ce que vous pourriez nous dire pourquoi vous avez fait cette
déclaration? Est-ce que vous pensez que cette commission parlementaire,
vraiment, serait fondamentalement inutile?
M. Harguindeguy: D'abord, inutile, parce que, actuellement, vous
comprendrez, vous admettrez, si vous êtes habitué à
négocier, que, réellement, quand on discute, on fait fi de toute
règle de procédure. On discute, comme on dit, à la bonne
franquette, et on met les cartes sur la table pour essayer d'en venir à
un objectif commun. C'est peut-être pour le bien-être des
fonctionnaires et aussi celui de la population en général qui
paie nos taxes, nos salaires, qui assure notre sécurité d'emploi.
Je pense que, quand on discute comme on le fait à l'heure actuelle,
c'est extrêmement difficile, parce qu'on va du coq à l'âne.
On discute de bien des choses qui, peut-être, n'aboutiront pas à
grand-chose. Malheureusement. Mais, en tout cas, on verra selon les
résultats.
On dit que, fondamentalement, la loi va demeurer. Pour nous, le pouvoir
de réglementation qui est prévu à l'article 3, qui touche,
du moins, les employés syndicables qui sont assujettis à une
convention collective, est inacceptable. Jusqu'à preuve du contraire,
jusqu'à ce que le texte soit clarifié, ça prime sur notre
droit de négocier en ces matières.
J'aurais peut-être une question à poser au ministre.
Vis-à-vis de l'article 3, il y a onze énumérations. Parmi
elles, lesquelles, selon lui, dans le contexte actuel, sont négociables?
C'est une question simple. Il y a l'énumération d'un certain
nombre d'articles. Je voudrais savoir, parmi les onze
énumérés là, ceux qui, d'après le ministre,
sont négociables avec le syndicat des fonctionnaires dans le pouvoir de
l'argumentation actuelle?
M. de Belleval: Vous voulez dire par rapport à la loi
actuelle?
M. Harguindeguy: Pour l'immédiat, dans votre esprit, par
rapport à la loi actuelle. Je m'en tiens à cela. Je ne veux pas
aller plus loin, je sais que vous n'êtes pas prêt à faire le
pas en avant.
M. de Belleval: En vertu du projet de loi tel que
présenté, les règlements du ministre sont assujettis
à la Loi sur le régime syndical. Il faut donc se rapporter
à l'aire de négociation qui est déterminée en 52a
qui, maintenant, se lit: Maintient le statu quo de ce
côté-là. Les matières qui, actuellement, sont
négociables demeurent négociables et celles qui ne le sont pas,
à moins qu'il y ait un règlement de la commission, maintenant,
à moins qu'il y ait un règlement du ministre, restent non
négociables. C'est le statu quo.
M. Harguindeguy: On m'a fait une réponse de juriste.
J'aimerais autant que vous le consultiez de fait. Je voudrais savoir bien
clairement, franchement, entre deux individus qui se parlent, deux responsables
des fonctionnaires, à des niveaux différents, s'entend, ce qui,
dans l'article 3 actuel, en vertu du contexte actuel, est négociable
comme tel.
M. de Belleval: Je vous les ai lus la dernière fois. Je
vous l'ai dit, quand j'ai fait ma déclaration la dernière fois,
quant à l'aire de la négociation, je voudrais signaler que pour
plusieurs des matières assujetties en vertu du projet de loi 53, le
pouvoir réglementaire du ministre de la Fonction publique, la loi
actuelle ne permet pas davantage leur inclusion dans l'aire de la
négociation. C'est notamment le cas de la classification des emplois, du
classement du personnel, seuls les appels étant matière à
négociation, de la promotion et de l'avancement, de
l'établissement d'un code d'éthique et de discipline, seules les
sanctions disciplinaires que constituent les suspensions et le
congédiement étant matière à négociation, il
en est de même pour la déclaration d'aptitude tant pour le
recrutement, l'avancement et la promotion, que pour la mutation et le
reclassement, le cas échéant, et enfin, l'appel en matière
de promotion et d'avancement. Je l'ai déjà déclaré
et vous l'avez vous-même imprimé dans ce bulletin.
M. Harguindeguy: Oui, on a rapporté intégralement
ce que vous dites. On ne triche pas.
M. de Belleval: Alors, cela fait deux fois que je vous
répète la même réponse!
M. Harguindeguy: J'ai essayé d'avoir une
compréhension comme simple fonctionnaire. Ce qui veut dire, à
toutes fins pratiques, que tout ce qui est dans l'article 3 n'est pas
négociable.
M. de Belleval: Pas tout ce qui est dans l'article 3 puisque,
comme on l'a dit au moins dix fois depuis le début de cette commission
parlemen-
taire, les pouvoirs réglementaires du ministre sont assujettis en
vertu de l'article 91 à la Loi sur le régime syndical et la Loi
sur le régime syndical est maintenue intégralement. Ce que vous
voulez de plus...
M. Harguindeguy: Non, on ne veut pas plus.
M. de Belleval: Ce que vous voulez, c'est aller au-delà
des recommandations éventuelles de la commission Martin pour obtenir une
aire de négociation plus large. De ce point de vue là, je vous
dis: Attendez le rapport de la commission Martin. Si la commission Martin nous
fait des recommandations, et qu'à ce moment-là il faut changer
quelque chose de ce côté-là, ce sera la Loi sur le
régime syndical qui sera amendée, non pas la loi 53.
M. Harguindeguy: Je ne veux pas du tout aller plus loin, M. le
ministre. Dans le contexte actuel de la loi, pour ma compréhension
personnelle, je suis un gars bien ordinaire, dans l'énumération
d'argumentations possibles en vertu de l'article 3, dans le cadre de la loi
actuelle, quels sont les points négociables? Cela doit être facile
à dire. Tout à l'heure, vous m'avez dit: Classification des
emplois: pas négociable. Bon. D'accord. Je l'ai pris en note. J'ai
écrit non. Les autres, qu'est-ce que c'est? C'est oui ou non? J'ai
seulement besoin de cela pour comprendre, je ne veux pas mal vous
interpréter pour qu'on dise ensuite: Harguindeguy a mal compris. Je veux
savoir carrément, ce n'est pas compliqué, M. le ministre.
M. de Belleval: Vous prenez l'article 3 et vous cochez les
aspects qui sont non négociables, compte tenu de la réponse que
je viens de vous faire. Vous l'avez vous-même imprimé, vous
êtes capable de le faire.
M. Harguindeguy: C'est une réponse de ministre ou de
politicien que vous me faites. Je veux avoir une réponse du responsable
de la gestion de la Fonction publique, donnée à un responsable
syndical, pour être sûr que je vous comprends, selon vos termes. Ce
n'est pas compliqué. Oui ou non, tout le monde comprend cela.
Classement, vous m'avez dit non. Les autres, qu'est-ce que c'est? C'est ce que
je veux savoir. Ce n'est pas compliqué. Les conditions de
rémunération et de travail, est-ce négociable? Selon vous
ce ne l'est pas.
M. de Belleval: Vous savez que c'est négociable, voyons
donc!
M. Harguindeguy: Négociable, oui. C'est facile! Evaluation
du personnel, est-ce négociable?
M. de Belleval: M. Harguindeguy, je regrette beaucoup, mais on ne
jouera pas aux fous ici. Vous savez très bien de quoi il s'agit, vous
avez des conseillers juridiques, vous êtes expert dans ces questions,
vous savez ce qui est négociable et ce qui ne l'est pas en vertu des
lois actuelles et vous savez que le projet de loi 53, de ce point de
vue-là, maintient intégralement ce qui est négociable
actuellement.
M. Harguindeguy: M. le ministre, je ne pense pas. Tout à
l'heure, vous nous avez reproché de faire un débat de juristes.
J'essaie justement de me mettre au niveau et de discuter dans une bonne
compréhension. Il y a environ 300 officiers qui sont ici et qui
peut-être aussi dans quelques cas sont perdus et ils veulent savoir
exactement ce qui en est. Vous m'ayez dit: Les conditions de
rémunération du travail, c'est négociable. On peut
continuer, il y a dix articles. Si vous ne voulez pas, je me fierai à ma
compréhension, mais ne me reprochez pas après de faire de
l'interprétation.
M. de Belleval: M. Harguindeguy, on n'est pas ici pour
négocier ce projet de loi article par article. Cela va venir à
l'Assemblée nationale, en commission plénière où on
étudiera article par article ce projet de loi. L'Opposition, à ce
moment-là, pourra apporter toutes les suggestions et vous verrez,
à ce moment-là aussi, si le projet de loi reflète bien les
déclarations que j'ai faites et les intentions que j'ai
exprimées. A ce moment-là, vous pourrez toujours faire la
comparaison entre les intentions exprimées par le ministre, les
fondements mêmes du projet de loi et les articles qui auront
été adoptés à ce moment-là.
M. Harguindeguy: Sauf qu'on n'est jamais si bien servi que par
soi-même. L'Opposition...
M. de Belleval: Faites-vous élire, allez remplacer M.
Pagé et venez discuter cela à l'Assemblée nationale,
à ce moment-là.
M. Ciaccia: Mme le Président... M. Pagé: Mme le
Président...
M. de Belleval: Parce que, jusqu'à nouvel ordre, les lois
ne font pas l'objet d'une négociation collective, elles font l'objet de
lois du Parlement et c'est au Parlement que les lois sont
négociées et sont discutées. Ce n'est pas en commission
parlementaire et ce n'est pas en négociation collective que les lois
sont négociées, M. Harguindeguy. Je pense qu'il va falloir que
vous vous en souveniez. Les lois appartiennent à l'ensemble de la
population. Elles n'appartiennent pas à un chef syndical ni même
à un ministre avec un chef syndical.
M. Harguindeguy: Non, mais M. le ministre, on a
déjà négocié certaines modifications à la
loi, même si on a peut-être outrepassé le pouvoir de
l'Assemblée nationale. Il est clair que cela appartient à
l'Assemblée nationale et je pense que vous-même, même
publiquement, vous avez déclaré que, justement, on était
en commission parlementaire pour s'expliquer et pour se parler. Je suis venu
pour cela. Si vous me dites que je n'ai pas ma place ici, ce n'est pas
compliqué...
M. Chevrette: Ne charriez pas.
M. Harguindeguy: Je réponds au ministre, M. le
député. J'ai le droit de réplique.
M. Pagé: Oui.
M. Harguindeguy: Est-ce que j'ai le droit de parler? Alors, vous
me permettrez de parler.
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais...
M. Harguindeguy: Lorsque arrivera la discussion au niveau de
chacun des articles, je ne serai pas là pour défendre la position
des 36 000 fonctionnaires. J'ai un mandat à remplir et j'essaie de le
remplir le plus adéquatement possible. J'essaie d'avoir des
réponses précises pour savoir quoi dire à nos membres. Ne
vous en faites pas, je comprends le projet de loi. Ce n'est pas pour rien qu'on
vous a fait des déclarations. Ce n'est pas compliqué. On peut
continuer à en faire, on peut continuer le budget, on a une certaine
partie disponible. On n'a pas encore dépensé grand-chose, sauf
que ce ne sont pas des solutions qui règlent les problèmes. On
parle de lois qui régissent les relations de travail. Ce n'est pas une
loi qui parle d'autre chose à l'extérieur, qui touche tout le
monde. C'est sûr que cela touche la population, c'est elle qui paie nos
salaires, mais nous sommes les premiers impliqués en tant que 60 000
syndiqués de la fonction publique et, reliés à cela, il y
a également 200 000 autres syndiqués au niveau des relations de
travail, parce que ce projet de loi va avoir des implications pour d'autres
travailleurs du secteur parapublic.
M. Pagé: Mme le Président, est-ce que vous me
permettez une question?
M. de Belleval: Je suis content d'apprendre que vous comprenez le
projet de loi et, si vous comprenez le projet de loi, je ne vois pas pourquoi
vous me posiez les questions que vous me posiez tout à l'heure.
M. Harguindeguy: C'est justement pour ne pas vous
interpréter à tort. Je veux avoir des réponses
précises, parce que vous avez déjà prétendu que je
faisais de la propagande et que je vous interprétais mal. J'ai
posé des questions bien directes, bien précises, fort simples, il
me semble. Je pense qu'il aurait été possible, pour le ministre
de la Fonction publique, de nous répondre oui ou non. Ce n'est pas
compliqué.
M. de Belleval: La commission parlementaire n'est pas un exercice
d'interrogation, comme si on était devant le tribunal d'un ministre, M.
Harguindeguy. On est ici pour parler des principes généraux,
s'expliquer. Mais vous n'êtes pas là pour me contre-interroger
comme si j'étais devant un tribunal.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît!
M. Pagé: Sur le même sujet, Mme le
Président.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît! M. le
député de Mont-Royal, vous aviez la parole. Vous avez
terminé?
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas terminé, Mme le
Président. C'est malheureux, Mme le Président, si je peux faire
ce commentaire, en demandant à la prochaine question...
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demanderais
d'intervenir sur le mémoire présenté par le Syndicat des
fonctionnaires.
M. Pagé: Mme le Président...
M. Ciaccia: Le ministre a donné une opinion sur son
interprétation de l'article 3. Il a fait une déclaration et je
vous soumets, Mme le Président, que la déclaration qu'il a faite,
quant à l'amendement du projet de loi, à l'article 90 et à
l'article 119...
M. de Belleval: Article 91.
M. Ciaccia: L'amendement à l'article 91 et à
l'article 119 n'est pas conforme au projet de loi tel qu'il est
rédigé, tenant compte des articles 91 et 119, que, pour donner
effet à la déclaration du ministre, il faudra absolument amender
l'article 3 et c'est ce que nos invités essaient de souligner au
ministre. Je n'ai pas l'impression qu'ils veulent négocier. Ils disent
simplement au ministre: Si c'est ça que vous voulez faire, amendez-le,
l'article 3.
M. de Belleval: Cela se fera quand on étudiera le projet
de loi, article par article.
M. Ciaccia: Ils ne seront pas ici, ces gens-là. Ce n'est
pas la première fois, Mme le Président, qu'on voit des
déclarations de ministre, ne vous inquiétez pas...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... et le projet de loi est sorti tel quel. Ce n'est
pas la première fois, je vous l'assure. Cela fait un an qu'on est ici,
on les voit assez souvent, ces tactiques.
M. Pagé: Le projet de loi 101, entre autres.
M. Ciaccia: Le projet de loi 101, le bill 2, le bill 67, on
pourrait tous les énumérer. Le bill 45 s'en vient, j'ai
hâte de voir ce qu'on va faire sur le référendum.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. de Belleval: Et la Loi sur les services essentiels.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Pagé: Sur le même sujet, Mme le Président,
si vous permettez.
M. Ciaccia: Ils ont des droits, ces gens-là.
Le Président (Mme Cuerrier): Sur le même
sujet...
M. de Belleval: Vous avez adopté 13 lois comme
ça.
M. Pagé: Sur le même sujet, Mme le
Président...
Le Président (Mme Cuerrier): Sur le même sujet,
à condition que vous discutiez du mémoire, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Bien oui, bien oui, Mme le Président. Je
vous en prie. Sur le même sujet, dans les commentaires que j'ai eu
l'occasion de formuler au début, je pense que tous les membres de cette
commission seront unanimes à le constater, il est malheureux que,
jusqu'à maintenant, le débat sur la loi 53 se soit
envenimé de cette façon. J'adresse une question au ministre:
Pourquoi, M. le ministre...
Le Président (Mme Cuerrier): Vous devez l'adresser au
Syndicat des fonctionnaires.
M. Pagé: D'accord. Je suis convaincu, Mme le
Président, que M. le ministre va accepter de répondre à la
question que je vais lui formuler, lui qui s'interroge pour mon avenir dans
Portneuf et tout à l'heure...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le
député...
M. Pagé: ... qui m'a donné le consentement. Ne
soyez pas inquiet, je suis beaucoup plus sécuritaire dans Portneuf que
vous dans Charlesbourg. Je tiens à vous dire ça en passant.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le
député...
M. Pagé: Mme le Président, ma question est
celle-ci...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
je vous demanderais...
M. Pagé: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): ... le mandat de cette
commission, et je vous le fais remarquer une autre fois, est d'entendre le
Syndicat des fonctionnaires et les questions que vous avez à poser sont
sur le mémoire que les fonctionnaires ont apporté devant cette
commission. Je sais que M. le ministre vous a donné la permission
tantôt de lui poser une question, maintenant, je ne voudrais pas...
M. Pagé: II va me la donner encore.
Le Président (Mme Cuerrier): ... pour répondre au
mandat de cette commission, que le travail de cette commission tourne en
discussion. Je l'ai bien dit tantôt. Si vous avez une question à
poser aux fonctionnaires, M. le député, je vous donnerai la
parole immédiatement après M. le député de
Laviolette, qui a déjà demandé la parole.
M. Pagé: Mme le Président, je vous ai
demandé...
Le Président (Mme Cuerrier): Vous me disiez que
c'était sur le même sujet, mais vous la posez au ministre, votre
question, M. le député.
M. Pagé: Oui, mais je vous ai demandé la permission
de la poser au ministre, peut-être qu'à la lumière de la
réponse du ministre j'aurai des questions additionnelles aux gens qui
sont devant nous.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous dis...
M. Pagé: Je suis convaincu que le ministre va être
d'accord, Mme le Président, cela fait cinq ans que je suis ici, il n'y a
jamais aucun président qui ait interdit de demander le consentement d'un
ministre.
Le Président (Mme Cuerrier): Un moment, s'il vous
plaît, M. le ministre, vous avez eu la parole, M. le député
de Laviolette m'a demandé la parole, je vous l'accorderai volontiers
à la suite de l'intervention du député de Laviolette.
M. Pagé: C'était sur le même sujet, je suis
certain que le député de Laviolette serait d'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le
député.
M. Ciaccia: Mme le Président, je n'ai pas
terminé...
M. Jolivet: Je voudrais savoir dans votre...
M. Ciaccia: Question de règlement, Mme le
Président, je n'avais pas terminé.
Le Président (Mme Cuerrier): Si vous n'avez pas
terminé votre intervention, je vous accorde volontiers la parole, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, Mme le Président, il y avait eu un
malentendu.
Le Président (Mme Cuerrier): Une dernière question,
M. le député. Non, d'accord, je m'excuse.
M. Ciaccia: Au sujet du même article 3 que je trouve un peu
difficile à avaler, même si on n'est pas dans la fonction
publique, quand on voit la façon dont se déroule l'étude
de ce projet de loi,
vous dites, dans votre mémoire, au sujet de ce même article
3, que vous faites une lutte, non pas uniquement pour nos confrères de
travail, mais également à l'ensemble de la
société.
Mais je crois que le ministre, dans une intervention, s'était
aussi référé à ce même article 3 en
précisant que son point de vue était de rendre service à
la population en lui conférant des pouvoirs de gérance sur tout
le personnel de la fonction publique. Est-ce que je pourrais avoir vos
commentaires sur ces deux aspects de cet article du projet de loi?
M. Harguindeguy: Le pouvoir, au moins sur certaines
matières, est exagéré à l'article 3, au moins en ce
qui touche les syndiqués. Je comprends encore mieux
l'interprétation que je dois donner à l'article 3, dans le
contexte actuel, sur ce qui est négociable ou non négociable.
Pour nous, par rapport aux pouvoirs de délégation et de
sous-délégation, je pense qu'on s'est battu, depuis un certain
nombre d'années, depuis que le syndicalisme existe, pour éliminer
au maximum le patronage. Malheureusement, avec les délégations et
les sous-délégations, par rapport autant à l'embauche des
nouveaux fonctionnaires qu'à l'avancement, à la promotion de ceux
qui sont déjà en place, par le fait que le pouvoir de
déclaration d'aptitudes et le pouvoir de nomination sont
délégués et sous-délégués à
n'importe quel fonctionnaire ou l'affectation; tout ce qui suit, en
fait, le cheminement de la carrière d'un individu ceci nous fait
dire qu'on revient, ou on ouvre à nouveau les portes du patronage et ce
n'est pas nécessairement les gens les plus compétents qui seront
engagés, qui seront promus, si on applique ces normes. Malheureusement,
il n'y a pas, non plus, de contrôle qui est exercé. Il n'y a pas
de recours non plus parce que le ministre a déjà dit que, pour la
promotion, il y avait des recours possibles. C'est vrai dans deux cas. Cela
confirme ce qui se fait en pratique, mais il n'y a pas de possibilité,
pour des employés, de contester l'évaluation du mérite
d'un individu faite par d'autres individus. Il n'y a rien qui précise
que c'est nécessairement par un jury que la déclaration
d'aptitudes doit se faire. Cela peut être un seul individu qui peut faire
une déclaration d'aptitudes. Cela peut aller jusque-là. Ce n'est
peut-être pas le sens, mais, textuellement, c'est cela que cela veut
dire.
M. Ciaccia: Une dernière question, Mme le
Président. Je sais que le temps passe et je voudrais donner la chance
à mes collègues de poser d'autres questions.
Pour vous, quel serait, à votre idée, l'effet du projet de
loi 53, s'il est adopté tel que présenté par le ministre,
sur les relations de travail, sur le moral des fonctionnaires, des gens que
vous représentez, sur la façon dont ils vont être
motivés, sur les relations que vous allez avoir avec le gouvernement,
sur les négociations qui seront en cours prochainement et,
généralement, sur l'approche à l'ouvrage que les
fonctionnaires auront si ce projet de loi est adopté tel quel?
M. Harguindeguy: En fait, je peux vous dire qu'à partir
des séances de ce soir, cela va nous permettre de sensibiliser encore
plus les fonctionnaires. La motivation va être encore plus grande, dans
le cadre des négociations, pour s'assurer de tous nos droits au cours
des prochaines négociations. Je pense qu'au point de vue du travail, les
implications que le projet de loi 53, s'il était sanctionné tel
quel, sans que nous ayons l'occasion de faire valoir notre point de vue sur
pratiquement chacun des articles je pourrais parler sur bien des
articles ne seraient sûrement pas de nature à
améliorer la situation et le comportement des fonctionnaires au travail.
Ce n'est sûrement pas notre perception, parce que je peux vous dire que,
sur cette partie, nous avons été extrêmement objectifs sur
l'information donnée à nos membres et je peux vous dire que,
personnellement, je suis même surpris de voir des personnes qui
approchent l'âge de la retraite et qui voient venir avec
appréhension les dispositions du projet de loi. Elles y voient certaines
conséquences pour leur avenir, même s'il est peut-être plus
limité que celui des autres.
Cependant, les réactions qu'on a ce soir vont nous permettre
c'est pour cela qu'on a tenu, même si cela coûte de
l'argent, à avoir des témoins présents de
démontrer aux fonctionnaires le rôle qu'on attend d'eux et ce
qu'on entend faire avec eux. Je ne voudrais offusquer personne, mais je
parlerai du peu de souci ou d'intérêt qu'on apporte à nos
revendications en tant que syndicat. Par la perception et même par le
comportement du ministre je le dis bien clairement et officiellement...
Nous estimons qu'il est déplorable que le ministre n'ait pas
accepté de nous rencontrer à nouveau pour en discuter. Je ne lui
demande pas d'avoir la priorité pour négocier le projet de loi,
mais je pense que cela aurait été normal que tous les
syndiqués de la fonction publique aient l'occasion de faire valoir leurs
commentaires, leurs opinions sur ce que devrait être le système de
relations de travail dans la fonction publique, avant que le projet de loi ne
soit déposé. Cela s'est déjà fait. Cela n'aurait
sûrement pas été un précédent, à moins
que c'est malheureusement notre perception; en tout cas, c'est la
mienne, j'aime autant vous le dire franchement; je dis toujours ce que je pense
franchement, je l'ai déjà déclaré au ministre
on ne veuille pas reconnaître les instances syndicales existantes
dans la fonction publique actuelle, ce que je déplorerai, si c'est le
cas.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Justement, Mme le Président, le rôle de
la commission parlementaire, c'est d'entendre les gens qui viennent
présenter des mémoires de telle façon qu'on puisse amender
le projet de loi en conséquence. Je voudrais vous reporter aux pages 6
et 19 de votre mémoire du 20 octobre 1977. J'aimerais savoir, en rapport
avec la page 6, la jonction que vous faites avec un autre paragraphe de la page
19. Je lis.
"Lorsqu'on comprend les motivations du gouvernement face au projet de
loi 53, on peut comprendre facilement que, quels que soient les amendements
apportés à cette loi, elle restera fondamentalement mauvaise."
Premier paragraphe, page 6. J'aimerais que vous fassiez la jonction avec la
page 19, paragraphe suivant: "Nous espérons que les membres de
l'Assemblée nationale accepteront d'amender ce projet de loi pour en
faire un outil efficace de revalorisation de la fonction publique."
J'aimerais que vous me parliez de ces deux paragraphes. Dans l'un, vous
dites, quels que soient les amendements qu'on va y apporter, c'est mauvais,
cela ne vaut rien. Dans l'autre paragraphe, vous dites, on espère qu'on
va y apporter des amendements de telle façon qu'on en fasse un outil de
revalorisation de la fonction publique. Si on travaille dans le vide, je veux
le savoir.
M. Harguindeguy: Je pense avoir répondu en premier que je
pensais qu'elle resterait fondamentalement mauvaise, sauf qu'entre la page 6 et
la page 19 il y a la page 8 qui est aussi importante. On a demandé que
le projet de loi 53 soit rejeté. Il nous faut donc rejeter
catégoriquement le projet de loi 53, en exiger le retrait
immédiat par le gouvernement, etc., et qu'un nouveau projet de loi soit
soumis. A défaut de cela, il y a des conditions minimales qui, selon
nous, le rendraient alors acceptable, pour autant qu'elles soient toutes
retenues, ce dont je doute. C'est uniquement ce sens qu'il y a à donner
entre le sixième paragraphe de la page 6 et le sixième paragraphe
aussi de la page 19. Il y a des conditions minimales.
A la page 8, on dit: "A défaut pour le gouvernement d'adopter
cette recommandation ce qui est prévisible les conditions
minimales dans le projet de loi que nous pourrions accepter sont les
suivantes:" C'est là qu'on dit espérer que l'Assemblée
nationale en tiendra compte pour le rendre, à ce moment-là, un
outil efficace de revalorisation.
M. Jolivet: Autrement dit, le septième paragraphe de la
page 6 ne veut rien dire par rapport à l'autre paragraphe?
M. Harguindeguy: II ne veut rien dire?
M. Jolivet: Puisque, dans l'un, vous dites, quels que soient les
amendements apportés...
M. Harguindeguy: Si vous apportez seulement des amendements
mineurs, sûrement que cela n'améliorera pas.
M. Jolivet: C'est ce que je veux savoir, l'ensemble des
amendements majeurs qu'on devrait y apporter pour qu'ils soient quelque chose
de...
M. Harguindeguy: On en a suggéré plusieurs à
compter de la page 8. On prétend encore je maintiens qu'on met la
charrue avant les boeufs on dit, on reprend: Qu'aucune disposition
législative ne puisse limiter ou faire obstacle à la libre
négociation de toutes les conditions de travail. Je pense que c'en est
un fondamental. Que le gouvernement soit forcé d'accepter les
conséquences du Code du travail... Pour éviter qu'il y ait des
lois d'exception, on prévoit quels devraient être les pouvoirs du
ministre, à la page 9. On prévoit également quel devrait
être le mandat de la Commission de la fonction publique pour en faire
réellement un organisme de contrôle qui ait le même mandat
que le Vérificateur général, chose qui n'est pas
prévue dans le projet de loi, malgré les affirmations du ministre
à l'article 28. On prévoit également de quelle
façon nos droits légitimes devront être sauvegardés
autant en tant que simples citoyens que, les autres, en tant que travailleurs.
L'office du recrutement, on en parle aussi. En fait, c'est tout cela. Il y a
des recommandations, je pense, bien précises, à
l'intérieur.
Si vous estimez avoir besoin d'explications pour les valoriser
auprès de l'Assemblée nationale, je me ferai un plaisir de vous
les donner pour qu'elles soient compréhensibles à tous.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci. Mme le Président, la question
s'adresse toujours à M. Harguindeguy, l'article 3 prévoit les
responsabilités générales de la gestion du personnel de la
fonction publique qui sont conférées au ministre, et, à
cette fin, il est du devoir du ministre de faire des règlements
concernant onze points.
Mme le Président, tout à l'heure, j'aurais souhaité
que dans la perspective d'améliorer la relation qui prévaut
actuellement, de protagoniste malheureusement entre l'Etat, d'une part, le
ministre de la Fonction publique et les intervenants devant nous ce soir, le
ministre réponde aux questions qui ont été
formulées, que vous formuliez sur l'article 3. A l'article 3, on
décrit le pouvoir réglementaire du ministre. A l'article 91 tel
qu'amendé, on prévoit les cas des employés non
syndiqués. A l'article 119, on confère, on stipule "tout champ de
négociations". Cependant, dans le deuxième alinéa, on dit
"toutefois" et on revient au pouvoir réglementaire qui est
conféré au ministre.
A la lueur de cela, vous avez demandé tout à l'heure si
les onze points prévus à l'article 3, dont la
rétrogradation, notamment, faisaient partie du champ de
négociation. M. le ministre n'a pas voulu vous répondre. Selon
moi, il aurait dû répondre.
M. de Belleval: Est-ce que je peux répondre?
M. Pagé: Tantôt.
M. de Belleval: Est-ce que je peux?
M. Pagé: Tantôt, on vous a demandé de
répondre et vous ne vouliez pas. Une telle attitude, M. le ministre,
peut contribuer à améliorer le débat.
M. de Belleval: Est-ce que je peux vous répondre?
M. Pagé: Répondez. Si vous pouvez répondre
point par point, tant mieux.
M. de Belleval: Je comprends votre ardeur, M. le
député de Portneuf, et je la respecte beaucoup. Je dois dire que
j'ai répondu à ces questions à plusieurs reprises durant
les dernières semaines, entre autres, au président du Syndicat
des agents de la paix, qui me l'a posée, et aussi à M.
Harguin-deguy. Je l'ai fait, d'ailleurs, publiquement devant je ne sais combien
de milliers de personnes qui nous écoutaient à la
télévision.
Premièrement, l'intention claire du projet de loi, c'est de
conserver le statu quo en ce qui concerne l'aire de négociation et le
régime syndical en vigueur. Deuxièmement, que les pouvoirs
réglementaires du ministre soient assujettis au régime syndical
actuellement en vigueur. Troisièmement, en ce qui concerne, entre
autres, le point de la rétrogradation qui, actuellement, fait l'objet
des conventions collectives en vigueur, sauf celles des agents de la paix et
qui a été...
M. Pagé: Vous pouvez l'exclure en vertu de l'article
3.
M. de Belleval: Non, en vertu du projet de loi actuel...
M. Pagé: Oui, lisez l'article 119.
M. de Belleval: De toute façon, je répète
mon intention, comme je l'ai déjà expliqué, il n'est pas
question de soustraire, en aucune façon, les dispositions qui touchent
à la rétrogradation, entre autres, à l'aire de
négociation et à la libre négociation des parties. Je l'ai
expliqué à plusieurs reprises et je le redis encore une fois, ce
soir. En ce qui concerne la phraséologie exacte du projet de loi, de la
façon dont sont rédigées ces dispositions, j'ai
déjà présenté des projets d'amendement. J'ai aussi
indiqué au moment où j'ai présenté ces projets
d'amendement, qu'il s'agissait de projets et que, bien sûr, dans le cours
normal de la rédaction et de la correction du projet de loi, ce qui est
normal dans le cadre des discussions que nous avons maintenant et des audiences
de cette commission, la formulation la plus claire possible serait
apportée pour que ces intentions qui sont très claires et qui
sont non équivoques, à mon avis, soient fidèlement
transmises dans le projet de loi.
Je ne doute pas, d'ailleurs, à cet égard, que, lorsque
viendra le temps d'étudier ce projet de loi article par article, vous me
rappellerez ces bonnes dispositions et que vous ferez en sorte de critiquer les
formulations qui seront proposées à ce moment-là, pour
qu'effectivement elles transcrivent bien en termes juridiques ces
dispositions.
M. Pagé: Oui, monsieur...
M. de Belleval: Alors, de ce point de vue...
M. Pagé: M. le ministre...
M. de Belleval: ... je pense que nous remplis- sons effectivement
notre devoir démocratique d'écouter les gens. J'ai
étudié attentivement les recommandations et les demandes que m'a
faites M. Harguindeguy, que m'ont faites d'autres chefs syndicaux de ce
côté et je les ai assurés que, sur le plan des principes
qu'ils défendent, j'étais d'accord. En ce qui concerne
l'élargissement de l'aire de négociation en vigueur, j'ai aussi
répété que, de ce point de vue, c'est la commission Martin
qui pourra faire des recommandations et que, s'il faut...
M. Pagé: Sur ça, on y reviendra. Mais si vous
permettez. M. le ministre, à ce stade-ci, avant qu'on parle...
M. de Belleval: Est-ce que je peux terminer ma phrase?
M. Pagé: Allez-y.
M. de Belleval: ... et que, si, effectivement, il faut faire des
amendements aux dispositions en vigueur de ce côté, elles seront
faites à ce moment-là et elles porteront sur la Loi sur le
régime syndical, qui détermine précisément l'aire
de négociation en vigueur.
Je pense qu'il ne peut pas y avoir d'équivoque sur mes intentions
et sur les dispositions que je vais prendre. Il s'agira de voir, quand on
arrivera à la deuxième lecture ou plutôt quand on arrivera
à l'étude du projet de loi article par article, de
vérifier si, effectivement, les formulations qui seront soumises
à cet égard, à ce moment-là, sont conformes, sont
suffisamment claires, sont corres-tes.
M. Pagé: D'accord. Mme le Président, vous me
permettrez une question additionnelle au ministre. Je soutiens, quant à
moi, qu'avec l'article 119, tel que rédigé... Oui, mais, Mme le
Président...
Le Président (Mme Cuerrier): C'est mon devoir de vous
rappeler à l'ordre, M. le député...
M. Pagé: ... la réponse du ministre. Oui, mais
quand même, depuis quand n'a-t-on pas le droit de poser de questions au
ministre?
M. Chevrette: On donne notre consentement, Mme le
Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Bon! Alors, M. le
député de Portneuf.
Une Voix: Mme le Président...
M. Chevrette: C'est fait, on le donne.
M. de Belleval: On vous le donne.
M. Pagé: Oui, mais...
M. Chevrette: Ne vous choquez pasl
M. Pagé: J'apprécie que vous soyez ravivée,
Mme le Président.
Je soutiens, moi, qu'en vertu de l'article 119, tel que
rédigé, où on se réfère au pouvoir
réglementaire du ministre, qui nous ramène à ce qui est
prévu à l'article 3, le ministre peut, par ce pouvoir
réglementaire, exclure du champ de négociation certaines choses.
M. le ministre, vous me dites que non, que ce n'est pas votre intention, que ce
n'est pas le cas. Vous vous référez au débat qui aura lieu
lors de l'étude article par article du projet de loi.
Je vous donne, d'ores et déjà, un préavis qu'on
aura des amendements, mais plutôt que de laisser subsister un doute,
comme cela a été le cas tout à l'heure, lorsque M. le
Président vous a posé des questions, plutôt que de laisser
cette ambiguïté qui nous obligera, somme toute, à
présenter des amendements, pourquoi ne pas le dire, noir sur blanc, tout
de suite, vous avez déjà présenté des amendements,
vous auriez pu le faire, pourquoi ne pas dire, entre autres, à l'article
119, "nonobstant l'article 3", cela aurait réglé probablement une
partie de la question?
Dans la réponse que vous me formulez, vous faites état de
l'élargissement du champ de négociation. Vous faites état
d'amendements possibles suite au dépôt du rapport Martin. A ce
moment-là, j'aurais une deuxième question. Pourquoi ne pas
attendre le dépôt du rapport Martin avant de procéder
à l'étude du projet de loi en deuxième lecture?
M. de Belleval: J'ai répondu, là encore, à
cette question...
M. Pagé: Cela se tient.
M. de Belleval:... à de nombreuses...
M. Pagé: Vous aviez dit, si vous permettez, M. le
ministre, je vais compléter ma question, que le projet de loi ne serait
pas adopté avant le dépôt du rapport, mais moi, ce que je
vous demande, c'est pourquoi vous ne feriez pas en sorte que le projet de loi
no 53 ne soit pas adopté en deuxième lecture avant le
dépôt du rapport Martin.
Pourquoi ne pas attendre que le rapport Martin soit déposé
avant de procéder à la deuxième lecture?
M. de Belleval: M. le député de Portneuf, cela me
fait plaisir de répondre à votre question, même si je vais
répéter la réponse que j'ai faite à la même
question qui m'a été posée à plusieurs reprises, y
compris à cette même commission avant que vous n'y
accédiez.
M. Pagé: Parce que j'étais avec les
problèmes des pâtes et papiers pour aider le ministre des Terres
et Forêts qui était mal pris.
M. de Belleval: Le député de Jean-Talon faisait un
excellent travail, je peux vous l'assurer, et il m'a posé la même
question.
M. Pagé: Je n'en doute pas, mais je ne pou- vais pas
être là personnellement à ce moment-là. On n'a pas
encore le don d'ubiquité.
M. de Belleval: II m'a posé la question et je lui ai
répondu. Comme je l'ai fait aussi en d'autres circonstances, depuis ce
moment-là. Premièrement, le projet de loi 53 traite des questions
d'intérêt public qui touchent à la gestion en
général de la fonction publique. Il touche en particulier
à des questions d'intérêt public, comme par exemple
j'en ai mentionné une tantôt le fait que les
fonctionnaires, dans notre régime démocratique, ont la permanence
en vertu d'une loi particulière. Deuxièmement, le projet de loi
clarifie l'autorité qui est responsable de la coordination
générale de la gestion de la fonction publique. Il s'agit de
questions...
M. Pagé: Vous ne répondez pas à ma
question.
M. de Belleval: Je vais y aller. M. Pagé:
Arrivez-y.
M. de Belleval: II touche à ces questions. Mais
deuxièmement, il indique clairement que tous les pouvoirs qui sont
conférés au ministre, en vertu du projet de loi, sont assujettis
à la Loi sur le régime syndical. Autrement dit, le ministre ne
peut pas utiliser les pouvoirs en vertu de la loi 53 pour aller contre les
dispositions des conventions collectives librement consenties.
Troisièmement, toutes les questions qui font l'objet de la
commission Martin, en vertu même du projet de loi 53, sont maintenues en
vigueur et sont transférées dans une autre loi, la Loi sur le
régime syndical. Quand la commission Martin aura remis son rapport, il
faut par exemple se rendre à certaines des revendications que fait M.
Harguin-deguy, à ce moment-là on amendera, non pas le projet de
loi 53, ce qui pourrait devenir la loi 53, mais la Loi sur le régime
syndical. Mais il est très urgent que le plus tôt possible on
clarifie les responsabilités du gouvernement et des ministères en
matière de pouvoir général de la gestion de la fonction
publique. C'est ce qui nous permet de faire ces deux opérations de
front. Cependant, comme de toute façon, dans toute loi, il existe bien
sûr des correspondances avec d'autres lois en vigueur, qu'il existe
toujours des zones grises, de façon qu'il n'y ait pas
d'équivoque, j'ai déjà déclaré ici,
dès le début des audiences de cette commission que, de toute
façon, le projet de loi 53 ne serait pas adopté avant le
dépôt du rapport de la commission Martin. Nous aurons donc tous
les instruments à notre disposition pour terminer l'étude du
projet de loi quand le rapport de la commission Martin aura été
produit.
M. Pagé: Ce que je vous demande, M. le ministre... Vous
avez dit beaucoup de choses, mais je vous demande deux points, je pose deux
questions. Pourquoi, plutôt que de dire: On amendera possiblement le
projet de loi pour clarifier cette
question, ne pas profiter de ce débat pour régler
immédiatement...
Vous avez déposé des amendements jusqu'à
maintenant. Vous pourriez en faire d'autres pour assurer les intervenants qu'il
n'y a rien d'exclu au niveau du champ de négociation. Vous pourriez le
faire. Vous l'avez déjà fait sur d'autres articles. Le
deuxième volet de ma question, c'était: Est-ce que vous
êtes disposé à vous engager à déclarer que le
projet de loi 53 ne sera pas adopté en deuxième lecture avant le
dépôt du rapport de la commission Martin? C'est interrelié
et c'est important. On pourra, tout à l'heure, par d'autres questions
ou, demain, j'espère, parce qu'il se fait tard, il est
déjà 22 h 55, revenir à cette question. Je suis convaincu
que vous serez en mesure de constater que ce serait normal, parce que, vous
savez, il y a beaucoup d'ambiguïté. Il y a un mandat
conféré d'une part et d'autre part, il y a un projet de loi qui a
été déposé. A ce moment-là, vous devriez,
selon moi, retarder l'étude, l'adoption du projet de loi en
deuxième lecture, le retarder jusqu'à ce que le rapport soit
déposé. Vous avez dit: L'adoption. Cela peut être
l'adoption en troisième lecture. Ce que vous pouvez faire, vous pouvez
l'adopter en deuxième lecture ici, attendre le dépôt du
rapport, arriver avec des amendements et c'est passé. Pouf! Plus
d'autres intervenants. L'Opposition aura étudié le projet de loi
article par article et on ne pourra intervenir là-dessus. Dans la
transparence, il semble, par laquelle vous voulez vous caractériser, ou
plutôt par une pseudo-transparence, une chose est certaine, c'est que si
le projet de loi 53 est adopté en deuxième lecture d'ici quelques
mois, on aura par la suite l'étude article par article, on n'aura pas
encore le dépôt du rapport de la commission Martin. On ne sera pas
en mesure de déposer des amendements. Ils auront déjà
été déposés et vous aurez le loisir d'en
déposer, à votre discrétion à ce
moment-là.
M. Chevrette: En vertu de l'article 100, me permettez-vous une
question?
M. Pagé: Je ne doute pas, Mme le Président, que,
dans des délais peut-être plus brefs que beaucoup de gens ne le
pensent, le député de Joliette-Montcalm aura
éventuellement à poser des questions aux membres de l'Opposition
officielle, du Parti libéral, parce qu'avant longtemps vous allez
être sortis de là. Vous allez avoir perdu votre
référendum, vous allez avoir perdu votre élection et vous
pourrez me poser des questions à ce moment-là, vous allez avoir
tout le loisir de me poser des questions.
M. Chevrette: L'angélisme libéral. M. Pagé
qui défend le mouvement syndical!
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Ce moment-là va venir plus vite que vous
ne pensez.
M. de Belleval: Mme le Président, là-dessus, je
dirais que je comprendrais peut-être un peu les craintes de M.
Harguindeguy quant à la formulation finale du projet de loi, parce que
c'est certain que les syndicats, jusqu'à maintenant, n'ont pas
été habitués à pouvoir se fier au Parti
libéral pour protéger leurs intérêts.
Le Président (Mme Cuerrier): ... M. le ministre.
M. Pagé: Une question de règlement, est-ce que vous
comprenez?
Le Président (Mme Cuerrier): Un moment s'il vous
plaît!
M. Pagé: Envoyez...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
je vous ai très bien entendu. M. le ministre, un moment s'il vous
plaît! Il y a une question de règlement qui est soulevée.
Je dois m'en tenir au règlement. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Je présume que, dans cette habitude qui
caractérise le ministre de la Fonction publique...
M. de Belleval: Quel est l'article du règlement que vous
invoquez?
M. Pagé:... la présidence, comme un juge, est
censée connaître son règlement et elle le connaît. Je
connais Mme le Président et je suis en mesure de constater qu'elle
connaît son règlement sur le bout des doigts; je n'ai pas besoin
de la référer à l'article.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
votre question de règlement, s'il vous plaît.
M. Pagé: Chose certaine, je peux présumer que le
ministre tentera d'envoyer des flèches partisanes...
Le Président (Mme Cuerrier): Sur une question de
règlement.
M. Pagé: C'est sur la question de règlement.
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, sur la question de
règlement.
M. Pagé: Mme le Président, ce que je demande, c'est
qu'au lieu de se jeter dans son petit jeu politique habituel qui le
caractérise... Répondez donc à mes questions.
M. de Belleval: Est-ce que je peux terminer, Mme le
Président.
M. Pagé: Voulez-vous répondre à mes
questions?
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous ferai remarquer, M.
le député de Portneuf, qu'il y a eu
consentement unanime à ce que vous posiez une question.
M. le ministre, c'est votre tour d'intervention.
M. de Belleval: Mme le Président, je suis
émerveillé de voir le zèle soudain des
représentants du Parti libéral en faveur du mouvement syndical.
C'est une conversion tardive...
M. Pagé: Mme le Président, question de
règlement.
M. de Belleval: ... je comprends... Il n'y a aucune question de
règlement là-dessus.
M. Pagé: Oui, pour mon privilège, pour
rétablir mon privilège de député...
M. de Belleval: Je comprends le mouvement syndical...
M. Pagé: Question de règlement, Mme le
Président...
M. de Belleval: ... de ne pas pouvoir se fier tellement à
vous pour l'étude article par article du projet de loi. Ces gens n'ont
pas eu tellement de bonnes leçons à recevoir de vous dans le
passé quant à la protection des droits syndicaux.
M. Pagé: Je n'ai certainement pas de leçon à
recevoir de vous; répondez donc à mes questions.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Répondez donc à mes questions.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Une chose est certaine, je peux vous dire une
chose là-dessus...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, un moment, s'il vous plaît! Vous voulez...
M. Pagé: On a perdu le pouvoir le 15 novembre; il y a des
choses... Si on les avait faites, on ne l'aurait peut-être pas perdu,
mais là, vous avez des gens devant vous, vous êtes en train de
bafouer des droits; répondez donc à mes questions.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
à l'ordre! M. le député, à l'ordre! Vous avez
demandé...
M. Harguindeguy:... on peut s'en aller, si vous voulez, si on
vous dérange. J'aurais peut-être une question à poser, Mme
le Président, qui est pertinente au projet de loi 53; vous pourrez vous
chicaner après, on va partir.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président
général, si ces deux messieurs veulent bien vous permettre
d'intervenir, posez votre question.
M. Harguindeguy: J'aurai aussi quelques questions à poser,
si j'ai le droit d'en poser.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, il
vous reste une minute, exactement.
M. Harguindeguy: Je vais en poser une, au moins, pour commencer.
Le ministre nous a déclaré que tout ce qu'il faisait avec le
projet de loi 53, dans ce qui touchait le champ du négociable,
c'était strictement de conserver ce qui existait à l'heure
actuelle.
Je voudrais demander au ministre s'il ne serait pas possible,
également dans son cas, dans le cas des pouvoirs qu'il transfère
au ministre, s'il ne pourrait pas, dans l'immédiat, en attendant la
commission Martin, se contenter strictement de transposer ce qui est dans la
loi actuelle de la commission au ministre et ne pas s'arroger d'autres droits
qui, à l'heure actuelle, sont peut-être flous, ne sont pas
précisés dans la loi actuelle. Qu'on en fasse le débat
lorsque le rapport de la commission Martin sera connu et
qu'éventuellement un projet de loi sera déposé. Cela
éviterait toute ambiguïté...
M. de Belleval: Si je comprends bien, M. Harguindeguy, si, dans
la rédaction finale du projet de loi, il n'y a pas
d'ambiguïté quant au maintien du statu quo en matière de
régime syndical, cela vous ira?
M. Harguindeguy: Je n'ai pas dit cela.
M. de Belleval: C'est ce que vous venez de me dire.
M. Harguindeguy: Pour autant que vous acceptiez que, dans votre
cas particulier, comme ministre, les seuls transferts de juridiction que vous
pourriez faire soient ceux qui, dans la loi actuelle, sont indiqués
comme étant ceux de la Commission de la fonction publique au ministre,
sans rien changer. Partout où c'est marqué "commission", qu'on
lise "ministre". Si vous faites cela, on va garder notre statu quo. Et quand le
rapport de la commission Martin sortira, on se reverra à ce
moment-là.
M. de Belleval: J'ai pris bonne note de votre... M.
Harguindeguy: Demande. M. de Belleval: ... suggestion. M.
Harguindeguy: D'accord.
M. de Belleval: Et nous verrons comment la formulation pourra
être très claire à cet égard. Personnellement, je
vous remercie de votre contribution à cette commission.
M. Harguindeguy: Etes-vous d'accord avec ce principe?
M. Pagé: II nous reste des questions, Mme le
Président.
Le Président (Mme Cuerrier): II est 23 heures.
M. Pagé: II nous resterait des questions à poser
aux représentants, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Je me vois dans l'obligation
de prononcer l'ajournement de cette séance. Je ne le ferai pas avant
d'avoir remercié les observateurs qui s'en sont tenus, le plus possible,
aux règlements, peut-être avec un petit accroc. Vous saviez fort
bien, d'ailleurs, que les observateurs n'avaient le droit d'intervenir en
aucune façon. Il y a peut-être eu quelques sourires un peu
bruyants et une fois des applaudissements...
M. Pagé: On n'a plus le droit de sourire.
Le Président (Mme Cuerrier): Je veux vous remercier pour
avoir bien pris garde de vous en tenir au règlement.
M. Pagé: J'ai une question, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): II me reste à
remercier le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec
d'être venu ce soir et, sur ce, j'ajourne la séance sine...
M. Pagé: Ce n'est pas fini, Mme le Président. On a
encore des questions à poser. Pour demain?
Le Président (Mme Cuerrier): J'ajourne la commission
parlementaire sine die.
M. Pagé: Ah!
(Fin de la séance à 23 heures)