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Etude du projet de loi no 53 Loi sur la fonction
publique
(Vingt heures neuf minutes)
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, messieurs!
C'est une nouvelle séance de la commission de la fonction
publique dont les membres sont: M. Bellemare (Johnson) remplacé par M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Caron
(Verdun), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de Belleval (Charlesbourg), M.
Dussault (Châteauguay), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou),
M. Grégoire (Frontenac), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marchand (Laurier), M. Marcoux
(Rimouski), Mme Ouellette (Hull), M. Picotte (Maskinongé)
remplacé par M. Pagé (Portneuf); M. Vaillancourt (Orford).
Cette commission entendra ce soir le mémoire du Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique dont M. Laurent Caplette est le
président provincial. C'est lui qui est le porte-parole du syndicat.
M. Chevrette: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: ... j'ignore comment vous entendez procéder
ce soir, car le mémoire du Syndicat des agents de la paix est
très volumineux. Je ne sais pas s'ils ont l'intention de tout le lire.
On a deux heures à notre disposition pour poser des questions. Je ne
sais pas, je serais prêt à faire une suggestion. C'est qu'ils nous
résument les points forts de leur mémoire pour qu'on puisse
questionner sur les points principaux.
M. Pagé: Mme le Président...
M. Chevrette: Ignorant d'avance la façon dont ils veulent
fonctionner, vous avez peut-être une réponse à cela.
M. Pagé: ... on pourrait demander l'avis...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé:... de nos représentants. Nous avons quand
même deux heures.
M. Chevrette: C'est cela, deux heures.
M. Pagé: Peut-être qu'ils peuvent procéder
à la lecture intégrale de leur mémoire dans 25 minutes ou
une demi-heure, ce qui nous laissera quand même une heure, une heure
trente d'échanges et de discussion.
Le Président (Mme Cuerrier): Oui, monsieur? Vous
êtes M. Laurent Caplette, j'imagine? Monsieur...
M. Caplette (Laurent): Nous préférerions lire le
mémoire d'une façon intégrale.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous préférez
lire le mémoire?
M. Caplette: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): Si nous avons des
intervenants, M. Caplette, pourrais-je vous demander de les identifier pour
qu'on puisse les identifier aussi au journal des Débats?
M. Caplette: D'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord. M. Caplette.
Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique
M. Caplette: Mme le Président, je suis accompagné
de quelques membres du conseil d'administration du syndicat des agents de la
paix. Nous sommes heureux d'être ici ce soir, d'autant plus qu'on a remis
notre audition à trois reprises.
Pour faire suite au dépôt du projet de loi 53 et à
l'avis public donné dans la Gazette officielle du 17 août 1977
invitant les personnes ou les groupes intéressés à faire
leur représentation sur ce projet de loi, le Syndicat des agents de la
paix de la fonction publique qui regroupe au-delà de 2500 membres
répartis comme suit: 440 agents de conservation de la faune: 67 agents
de pêcheries: 76 constables de l'Assemblée nationale: 50
constables de la Cour de bien-être social; 380 constables des Travaux
publics et Approvisionnement: 85 inspecteurs des autoroutes; 137 inspecteurs
des Transports et 1483 surveillants, instructeurs et préposés aux
soins infirmiers en établissement de détention, a
décidé de déposer à la commission parlementaire de
la fonction publique le présent rapport.
Les premières pages de ce mémoire représentent un
aperçu général de notre position sur le bill 53. Suivra en
deuxième partie une étude plus détaillée des
articles qui, à nos yeux, nous semblent inacceptables et pour lesquels
le Syndicat des agents de la paix de la fonction publique souhaiterait obtenir
tantôt des précisions, tantôt des modifications et de
meilleures garanties.
Nous faisons aussi référence, à quelques endroits,
à une étude menée par la firme de psychologues industriels
conseils Pierre DuBois et Asso-
ciés; étude qui fut menée dans le courant de
l'année 1976, dont le rapport fut déposé à nos
bureaux au mois de novembre 1976 et dont le ministre de la Fonction publique
ainsi que tous les ministères concernés par les membres que nous
représentons ont obtenu copie lors d'une rencontre organisée le
17 décembre 1976. Précisons que cette étude fut faite
auprès de 2500 membres de notre syndicat et portait sur le sujet
suivant: "Etude du stress inhérent à la fonction d'agent de la
paix".
Quant au projet de loi en lui-même, nous sommes d'avis que le
gouvernement du Québec semble avoir privilégié une
approche qui ne tient compte ni de l'existence et du rôle des syndicats
dans la société québécoise, ni de l'apport qu'ils
ont été et qu'ils continuent d'être à cette
même société.
Cette approche, antisyndicale à nos yeux en ce qu'elle ne
reconnaît pas le rôle principalement dévolu aux syndicats
dans la fonction publique, est différente de celle que, par ailleurs, le
gouvernement a choisi de se donner en d'autres secteurs
(référence au bill 55).
C'est en effet en choisissant...
M. Chevrette: Pour les fins du journal des Débats.
M. Caplette: 45, excusez-moi, je me souviens de l'ancienne loi de
la Fonction publique. C'est en effet en choisissant
délibérément de restreindre le champ de négociation
des syndicats et plus précisément en retirant, par exemple, les
droits de griefs et d'arbitrage (sur la révocation, la destitution, les
mesures disciplinaires), en instituant des mécanismes d'appel
différents de ceux déjà prévus (notamment en
matière de classement, de promotion) que le gouvernement du
Québec a la prétention d'assainir la fonction publique. Nous
pensons, quant à nous, qu'il a frappé à la mauvaise
porte.
Une majeure partie du projet de loi 53 nous confirme que
l'Etat-employeur a pris la ferme décision à la fois de
réduire le pouvoir de négociation et de représentation des
syndicats, en même temps qu'il prétend, d'autre part (d'une
manière plutôt paternellement bienveillante en instituant de
nouveaux mécanismes) qu'il pourra mieux sauvegarder les droits de ses
employés.
Il nous semble cependant qu'il eût mieux valu faire l'exercice de
pensée et la démonstration évidente, avant de changer quoi
que ce soit dans les règles du jeu, que le libre exercice du
syndicalisme dans la fonction publique fut à ce point nocif que son bon
fonctionnement en était empêché, puisque au-delà des
déclarations de principe qui veulent que le gouvernement vise, par ce
projet, à assainir la fonction publique, il n'en demeure pas moins que
sa conséquence première est de remettre en question l'existence
même du syndicalisme.
Or, nous avions, sur ce point, la prétention contraire. Non
seulement le syndicalisme n'a pas nui à la fonction publique, mais il
lui fut d'un apport considérable, au point que nous en étions ve-
nus à croire qu'il était enfin arrivé le temps où
nous pourrions nous préparer à assumer un plus grand
rôle.
Nous pensions que le gouvernement du Parti québécois,
convaincu qu'il était aux valeurs de la démocratisation, serait
prêt à tenir le pari d'étendre le champ de la convention
collective en rendant possible la négociation de plusieurs secteurs qui
étaient de la responsabilité de l'ancienne Commission de la
fonction publique (nous citons la classification comme exemple).
Nous étions plusieurs à penser que le gouvernement du
Québec était mûr pour explorer des avenues originales plus
appropriées, plus scientifiquement et plus humainement
défendables que ne le sont celles qu'il a choisies par l'introduction,
entre autres points, de nouvelles notions comme celles de la
rétrogradation, de la révocation ou de la destitution pour
insuffisance professionnelle et incapacité d'agir, pour ne citer que
celles-là.
Cette philosophie ne tient compte ni des besoins, ni des
problèmes des employés et, de plus, ne correspond pas à
une approche qui soit socialement acceptable. Nous croyons que ces cataplasmes
(entre autres la rétrogradation) qui ne vont ni aux origines, ni aux
causes du mal sont voués à l'échec et, de ce fait, ne
constituent pas des solutions. Encore là, nous étions prêts
à faire, conjointement avec les responsables du gouvernement et de la
fonction publique, cet effort de réflexion pour trouver, sonder et
expérimenter quelques voies particulières.
C'est d'ailleurs sur la règle du mérite que le ministre de
la Fonction publique a fait preuve de sa plus grande intransigeance, de son
"intraitabi-lité" la plus extrême. Le Soleil du 20 juin 1977
rapportait les propos du ministre en ces termes: "II y a, en tout cas, un point
sur lequel M. de Bel-leval n'a pas envie de lésiner: la règle du
mérite sera appliquée et sans détour. S'il est prêt
à discuter avec les syndicats de ses modalités d'application, le
principe, lui, n'est pas négociable".
Serions-nous revenus au temps où la "reine ne négociait
pas avec ses sujets"? Nous ne sommes pas en possession tranquille de la
vérité et nous présumons qu'il en est de même pour
tous. Nous pensons que substituer à l'arbitraire de la commission
l'arbitraire de la règle du mérite n'est pas et ne correspond pas
au dessein du ministre de la Fonction publique de doter cet organisme d'un
cadre de travail plus sain et va à l'encontre des objectifs des
syndicats de procurer aux employés de la fonction publique un
environnement de travail où les chances de promotion et de
sélection seront plus égales et plus justes pour tous.
A la fin, nous énoncerons nos principales recommandations.
A l'article 3, Pouvoirs du ministre. a) Pouvoir de réglementation
concernant: i) Classification. L'article 17.02 de notre convention collective
conférait le droit au Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique de faire les représentations nécessaires sur toute
éventuelle modification apportée à la classification en
vigueur.
Avec les nouveaux pouvoirs qui sont dévolus au ministre en ce
domaine, le Syndicat des agents de la paix de la fonction publique n'a aucune
garantie de pouvoir faire valoir ses positions.
L'article 17.06 garantissait au SAPFP la formation d'un comité
conjoint chargé de faire l'évaluation de la classification et de
faire les recommandations qui s'imposent. D'ailleurs, à ce chapitre, le
SAPFP avait obtenu le 22 juin 1977 la formation d'un "comité consultatif
permanent de la classification des agents de la paix pour toute modification
apportée ou désirée par l'une des parties formant ce
comité consultatif". Ces dispositions seront-elles désormais
conciliables avec la réglementation?
C'est donc dire que rien en principe ne garantit aux syndicats la
possibilité de négocier toute modification à la
classification et rien ne nous permet de croire que les modifications qui
pourraient être apportées à la classification par les
règlements du ministre répondent à un besoin du milieu ou
réfléchissent les préoccupations de ce milieu. ii)
Conditions de rémunération et de travail.
Parce que nous n'avons pas plus de précisions sur ce chapitre, il
est difficile de connaître les vues du gouvernement. Serait-ce un premier
jalon de posé dans la fonction publique afin d'instaurer
éventuellement le salaire au mérite tel que peuvent nous le
laisser croire les tentatives qui sont actuellement faites auprès de la
Fédération des principaux du Québec? Cet article aurait
intérêt à mieux cerner les intentions du ministre. iii)
Evaluation. Encore là, l'article 20.06 de notre contrat de travail
permettait une consultation des parties sur les méthodes de notation.
Cette consultation s'effectuera-t-elle? Le ministre usera-t-il de son pouvoir
de réglementation pour fixer les conditions de l'évaluation du
personnel à la fonction publique? iv à xi) Promotion,
affectation, classement, reclassement, mutation, mise en disponibilité,
rétrogradation, révocation ou destitution pour insuffisance
professionnelle, sanctions disciplinaires.
Ici, en s'abstenant de faire une évaluation critique et suivie
des dangers que comportent tous et chacun des points soulevés aux
alinéas iv à xi de l'article 3a, il n'en reste pas moins que,
globalement, les syndicats n'ont pas l'assurance d'être consultés
sur tout projet de réglementation touchant tous ces points
particuliers.
Les notions (promotion, affectation, destitution pour insuffisance
professionnelle, etc.) ne sont pas clairement définies et recouvrent de
nombreux articles de notre convention collective.
Il devient donc évident que tous ces articles par lesquels le
ministre de la Fonction publique voudrait réglementer devraient
être assortis au minimum d'une obligation faite à ce dernier non
seulement de consulter les parties concernées sur les sujets
visés, mais d'en négocier la forme et le fond.
D'ailleurs, le Code du travail n'impose aucune restriction au champ de
négociation des employés du secteur privé et il faudrait
donc connaître les motivations profondes du ministre de dissocier
travailleurs du secteur privé et parapublic du secteur public.
Des commentaires plus précis apparaîtront un peu plus loin
sur la plupart de ces points. b) Autres pouvoirs. Pourquoi encore ici le
ministre tient-il tant à conserver le pouvoir de réglementation
sur des sujets qui ne sont pas de la compétence ni de l'office ni de la
commission? La loi serait-elle expressément muette sur certains
points?
Article 4. Les articles 3c et 4 cernent le problème de la
délégation et de la subdélégation de pouvoir et
touchent entre autres "à la sélection, à la
déclaration d'aptitude et à la promotion des fonctionnaires."
Alors qu'antérieurement la Commission de la fonction publique n'a
jamais garanti l'impartialité totale de ses concours; et nous avons tous
en mémoire certaines déclarations des hommes politiques selon
lesquelles il était normal que le parti procède d'abord à
l'embauche des amis du parti; il est normal que notre syndicat entretienne
certaines appréhensions pour l'avenir. Le changement apporté dans
la procédure, soit le transfert de ces responsabilités de la
commission au ministre, ne nous offre pas des garanties plus solides et plus
certaines d'une plus grande justice dans la sélection, la
déclaration d'aptitude et la promotion des fonctionnaires.
Article 5. Il ne suffit pas d'énoncer des principes et de faire
étalage de pieuses intentions pour que la réalité des
faits soit transformée. S'il est un domaine où les programmes de
perfectionnement sont importants, il s'agit bien des secteurs où
oeuvrent les membres des différents ministères qui forment notre
syndicat. Or, par le passé, il nous a été permis de
constater que des politiques différentes selon les ministères
concernés étaient appliquées. Qu'on songe en particulier
aux programmes de formation et de perfectionnement dans le secteur de la
détention. Depuis plusieurs années, nous piétinons et les
mêmes demandes ont dû être reformulées de nombreuses
fois sans que des solutions appropriées ne soient mises de l'avant, ni
implantées.
Au niveau des constatations et des recommandations contenues dans le
rapport DuBois sur le stress inhérent à la fonction d'agent de la
paix, il y a des commentaires et des propositions que nous ne pouvons passer
sous silence.
La recommandation no 5. Nous recommandons qu'une formation de base
intensive de même qu'un recyclage périodique soient donnés
à tous les agents de la paix affectés à une tâche
jugée stressante par la présente recherche. Notre examen de la
formation et du perfectionnement reçu par les agents de la paix nous a
en effet révélé que, contrairement à toute attente,
ces derniers sont souvent mal préparés à effectuer leur
travail qui comporte pourtant des éléments réels au
potentiel de danger et de risques. La formation reçue varie
énormément en fonction des classifications si bien qu'elle est
à peu de choses près inexistante dans certains cas. Il nous
semble donc essentiel et indispensable de fournir aux agents de la paix un
enseignement intensif sur les connaissances, les
habiletés, les techniques et les aptitudes susceptibles de
faciliter leur tâche et d'augmenter leur rendement, ce qui aurait pour
conséquence probable de rehausser la compétence du professionnel
des agents de la paix tout en diminuant la perception du stress.
Ces programmes de perfectionnement, nous les réclamons d'abord
pour nos membres, en tenant compte, bien sûr, que de telles mesures
devraient s'accompagner de programmes adéquats pour les gestionnaires
sous la gouverne desquels nos membres ont à travailler. Le rapport
formule donc cette autre recommandation, que les personnes occupant le premier
niveau de gérance reçoivent la formation technique et humaine
nécessaire à l'exercice de leurs fonctions.
Nous désirons donc que des programmes appropriés à
chaque groupe d'employés faisant partie de la fonction publique soient
implantés et que les crédits nécessaires y soient
affectés le plus rapidement possible.
Article 6. Nous remercions le ministre de reprendre à son compte
le rôle que les syndicats ont toujours assumé, bien avant sa
nomination, soit la surveillance de l'application des conventions. Nous n'en
continuons pas moins de faire comme par le passé en gardant toujours
à l'esprit que le ministre devra faire lui-même l'objet d'une
stricte surveillance. Même s'il est clair que le ministre de la Fonction
publique, en s'appropriant une grande partie du champ de négociation des
différents syndicats, verra la surveillance qu'il aura à faire
réduite d'autant de façons, nous aimerions connaître le
type de coordination qu'il entend faire et s'il sous-entend par là qu'il
pourrait diriger l'interprétation.
Articles 16 à 27. Commission de la fonction publique. Deux
principaux points sont à retenir au sujet de la constitution de la
Commission de la fonction publique. En premier lieu, le mandat de ses
membres...
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais vous interrompre une
seconde?
M. Caplette: Certainement.
Le Président (Mme Cuerrier): Le ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: Je ne voudrais pas avoir l'air inconvenant, mais
vous avez quand même 40 pages de texte à lire sur les articles,
l'un après l'autre. Nous avons reçu les mémoires plusieurs
semaines à l'avance. Je pense que la plupart des gens les ont lus et les
membres de la commission ont des questions à vous poser. Evidemment,
c'est votre privilège de lire tout ça, mais je me demande si
ça ne serait vraiment pas plus productif pour vous comme pour nous que
nous puissions passer aux questions, compte tenu que vous avez lu
l'introduction de votre mémoire, qui fait bien le point sur l'ensemble
des questions. Je me demande si c'est utile à ce stade-ci, que nous
repassions tout ça, article par article. Là encore, je ne veux
pas vous presser, mais, au rythme où vous allez, on n'aura pas le temps
de vous poser beaucoup de questions.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: Bien sûr, je présume que tout le monde
a eu la chance de prendre connaissance de notre mémoire; de toute
façon, pour ne pas passer chaque article, mais pour faire des
commentaires au niveau de certains principes, par exemple les articles 70, 80
et 88 sur lesquels...
M. de Belleval: Ce serait plus...
M. Caplette: ... j'aimerais insister davantage, lire nos
commentaires et ensuite passer à notre conclusion.
M. de Belleval: Je pense que oui. M. Caplette: Je suis
bien disponible.
M. Marchand: Mme le Président, j'aurais une suggestion
à faire.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laurier, je veux simplement laisser terminer M. le Président, je vous
donne la parole immédiatement après.
M. Marchand: D'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): Avez-vous terminé, M.
le président?
M. Caplette: C'étaient mes commentaires.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laurier et, ensuite, M. le député de Gaspé.
M. Marchand: J'aurais une suggestion à faire. Ce qui reste
à lire, je suggérerais au président du syndicat qu'il soit
inscrit automatiquement au journal des Débats, ce qui lui
épargnera d'en faire la lecture et il sera officiellement inscrit. A ce
moment-là, je pense que cela pourrait être à la
satisfaction du président du syndicat.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, Mme le Président. J'aurais une
suggestion. Il y a peut-être des points forts sur lesquels M. Caplette
voudrait insister d'une façon spéciale. Il y a peut-être
trois ou quatre endroits où il désirerait tout de suite attirer
notre attention. Ce serait peut-être une façon, pour nous, de
mieux comprendre vos préoccupations immédiates. J'ai parcouru
votre mémoire, mais il y y a peut-être des points que vous
aimeriez nous signaler en passant. C'est une suggestion personnelle que je
fais.
M. Caplette: Comme je l'ai dit tantôt, j'aimerais lire les
commentaires sur les articles 70, 80 et 88 et ensuite passer aux
conclusions.
M. Chevrette: On va donner notre consentement à ce que M.
Marchand a dit.
Le Président (Mme Cuerrier): C'est vrai, c'est le
député de Laurier...
M. Chevrette: Excusez, je n'ai pas le droit... à ce que le
député de Laurier a dit, et cela va permettre à M. le
Président de nous donner les points forts du mémoire.
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, il y a consentement
pour que le mémoire soit reproduit au journal des Débats comme
s'il avait été lu en entier, (voir annexe)
M. le Président du syndicat, vous vouliez appuyer sur un point en
particulier?
M. Caplette: D'accord. J'inviterais les membres de la commission
à passer à la page 20, à l'article 70. L'introduction du
principe du mérite pour le recrutement et la promotion du personnel de
la fonction publique suscite plus de questions sans réponse qu'il
n'énonce de solutions aux problèmes que chercbe à
résoudre le ministre.
Nous restons dans l'ignorance totale sur les points suivants:
Quels sont les critères des concours?
Quelle sera la définition du mérite?
Quelles seront les interprétations qu'en donneront les personnes
chargées d'examiner le mérite de tel ou tel candidat?
De combien de personnes seront formés les jurys?
De qui seront-ils formés?
Quelles garanties d'impartialité aurons-nous au sujet de ces
jurys?
Quelle compétence sera exigée des personnes
appelées à exercer les fonctions du jury?
Quelle formation sera donnée à ceux qui seront
appelés à y siéger sans détenir à cette date
cette compétence?
Les syndicats seront-ils appelés à désigner des
observateurs membres de ces jurys?
Ici, nous sentons la nécessité de rappeler l'une des
recommandations contenues dans l'étude faite pour le Syndicat des agents
de la paix de la fonction publique par Pierre DuBois et associés.
Nous recommandons donc la révision des mécanismes actuels
de promotion et l'établissement, au besoin, d'un programme
systématique de promotion du personnel cadre.
Une meilleure formation et un système de promotion mieux
articulé pourraient permettre d'atteindre cet objectif.
Au plan technique, il importe de fonder le système de promotion
sur une batterie de tests psychométriques valides et sur l'entrevue
psychologique en profondeur. Le personnel assigné à
l'évaluation des candidats devrait posséder une formation et une
expérience adéquates dans ce domaine de l'administration du
personnel.
Ce système devrait mesurer les connaissances et le potentiel
administratif des candidats de même que leurs compétences
interpersonnelles.
Nous avons l'impression que cette recommandation est plus explicite que
la nébuleuse notion de mérite et qu'elle présuppose un
programme à moyen terme qui ne s'accommoderait pas d'une
législation et d'une réglementation faites sans consultation.
A ces remarques préliminaires qui concernent plus
précisément la sélection du personnel de cadre
(promotion), nous ajoutons le pendant qu'elles possèdent au niveau de la
sélection à l'embauche (nomination).
Nous recommandons une analyse complète des procédures
actuelles de et l'établissement au besoin d'un système
scientifique de sélection du personnel.
L'établissement d'un système scientifique de
sélection du personnel permettrait de retenir les candidats qui
partagent des caractéristiques psychologiques des agents de la paix qui
s'acquittent avec facilité de leurs fonctions.
Ce système de sélection devrait reposer sur trois
techniques d'évaluation, soit la fiche biométrique, les tests
psychométriques et l'entrevue psychologique. La fiche biométrique
et les tests psychométriques devraient être soumis au processus de
validation et de normalisation. Les critères de validation devraient
comprendre les mesures d'adaptabilité psychologique à la
fonction.
Si le principe du mérite recouvre les recommandations telles
qu'énoncées, nous nous en réjouissons.
Je devrais passer maintenant à l'article 80 qui est encore
attaché à la question du mérite.
Le mécanisme d'appel prévu à cet article nous
semble être un recours illusoire dans le cas où l'appel que
pourrait faire l'employé le serait sur le mérite même.
Comment la vérification sera-t-elle possible pour connaître si
l'office a sélectionné effectivement en fonction de la
règle du mérite? Puisque la règle du mérite risque
de comporter une grande part de subjectivisme, comment un employé
pourrait-il prétexter l'illégalité ou
l'irrégularité?
Conséquemment au fait qu'aucun recours n'existe sur le
mérite lui-même et bien que la commission soit appelée
à surveiller l'application de la règle du mérite, comment
pourrons-nous nous assurer que tous les fonctionnaires seront traités
uniformément et équitablement partout, si les recours, nous le
répétons, ne portent pas sur le mérite lui-même?
Je voudrais préciser qu'actuellement, la Commission de la
fonction publique a un droit de regard sur le mérite, mais un
employé qui se croirait lésé par une nomination, soit
à l'embauche, soit à la promotion, ne peut pas en appeler sur le
mérite même, à savoir selon ce qu'on peut en comprendre du
mérite, sur la compétence ou si le meilleur candidat a
été nommé.
A l'article 88 sur la fameuse rétrogradation et révocation
pour insuffisance professionnelle, l'article 88 impose aux syndiqués du
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique les notions de
destitution, révocation ou rétrogradation pour insuffisance
professionnelle ou incapacité d'agir.
Quels seront les juges de l'incompétence et de
l'incapacité d'agir de tel ou tel employé? En vertu de quels
critères seront déterminées l'incompétence ou
l'incapacité d'agir? Quelle uniformité y aura-t-il au sein de la
fonction publique dans l'application des critères? N'y a-t-il pas risque
qu'il y ait autant de définitions de l'incompétence et de
l'incapacité d'agir qu'il y aura de sous-ministres ou de dirigeants
d'organismes?
Nous pensons qu'à ce sujet, le gouvernement, dans
l'incapacité qu'il était d'agir pour solutionner les
problèmes qu'il avait avec ses cadres supérieurs, a
décidé d'en faire une mesure universelle, rayant d'un trait de
plume les ententes prises avec les syndicats où de telles clauses
avaient été négociées et ne permettant pas l'ombre
d'une discussion, d'une négociation chez les unités syndicales
où des dispositions semblables n'apparaissaient pas dans leur convention
collective.
D'ailleurs, de telles dispositions remettent en question la
sélection qui a été faite à l'origine pour
l'embauche des employés de la fonction publique. Or, si c'est cette
question qui amène le gouvernement à prévoir des
mécanismes de destitution, de révocation et de
rétrogradation pour insuffisance professionnelle, c'est une intervention
qui ne correspond pas à la racine du mal. Nous pensons que
l'introduction de la notion d'insuffisance professionnelle devrait amener le
gouvernement à se pencher d'abord sur ses échecs lamentables dans
l'élaboration de ses programmes de recyclage et de perfectionnement.
L'insuffisance professionnelle se développe lorsque l'employé
n'est pas mis en face d'un train de mesures visant à maintenir sa
compétence au niveau de l'évolution de sa tâche et des
responsabilités qui en découlent. C'est justement à ce
niveau que nous nous serions attendus à voir le ministre mettre
l'accent.
D'autre part, la destitution, la révocation et la
rétrogradation sont introduites pour les employés se trouvant
dans l'incapacité d'agir. Quels sont les sombres desseins du ministre
derrière cette question? Visent-ils les cas d'invalidité?
L'invalidité oc-cupationnelle et non occupationnelle?
C'est donc dire que, là où l'emploi comporte des dangers
supérieurs pour l'employé de devenir invalide, les protections
seront moindres ou tout au moins les chances d'être
révoqué, destitué ou rétrogradé plus
sérieuses.
De telles mesures sont inacceptables et constituent la négation
même de la responsabilité de l'employeur vis-à-vis de ses
employés. Si les fonctions assumées par nos membres comportent
des exigences, exigences qui en viendraient à diminuer les
capacités physiques ou psychologiques de ces derniers à assumer
leur tâche, il est de la responsabilité stricte de l'employeur de
pourvoir à la sécurité de ses employés,
sécurité tant sur le plan de leur santé comme celle de
leur emploi.
Une saine question des ressources humaines commande de chercher les
origines des maux plutôt que de mettre en place des mesures qui
ressemblent beaucoup plus à des palliatifs.
Une récente étude faite chez les membres de notre syndicat
par la firme de psychologues indus- triels conseils Pierre DuBois et
Associés en arrivait à la conclusion suivante: 18% des agents de
la paix éprouvent un stress professionnel constant dans l'exercice de
leurs fonctions, alors que 24% de leurs confrères le ressentent d'une
façon occasionnelle ou modérée;
Le stress professionnel observé chez les agents de la paix
dépasse celui enregistré chez des groupes équivalents
(policiers, pompiers);
Le stress professionnel ressenti par les agents de la paix
entraîne un éventail impressionnant de problèmes de
santé tant physique que psychologique. Ces malaises efou maladies,
d'origine nerveuse pour la plupart, dépassent en fréquence et en
gravité ceux ressentis par des groupes de comparaison équivalents
(policiers et pompiers).
Donc, nos fonctions, en plus de comporter des risques évidents
plus grands pouvant conduire à une invalidité professionnelle
plus ou moins complète, minent quotidiennement la santé physique
et psychologique de nos membres et peuvent les diriger à moyen ou
à long terme vers un état pouvant permettre, en vertu de
l'article 88, à des dirigeants d'organisme de conclure que ces personnes
sont dans un état qui leur interdit désormais de remplir leurs
fonctions.
A-t-on déjà songé à rétrograder un
agent de la Sûreté du Québec? Pourtant, le même
rapport faisait la recommandation suivante qui nous apparaît comme une
réponse plus adéquate aux problèmes constatés chez
nos membres. "Nous recommandons l'établissement d'un service de
santé professionnel qui aurait pour objectif d'améliorer la
santé physique et psychologique des agents de la paix, de
dépister les agents de la paix qui présentent des
problèmes psychologiques et physiques et d'implanter des programmes de
prévention du stress professionnel".
Il aurait fallu privilégier une approche préventive
plutôt que celle mise de l'avant dans le projet de loi qui, à nos
yeux, sans aller aux sources des maux, visent à sauver les meubles
lorsque tout l'édifice est sur le point de s'écrouler. Nous
suggérons, d'ailleurs, aux auteurs du projet de loi de s'arrêter
au discours de M. Pierre Marois devant les Hautes études commerciales,
discours prononcé le 10 juin 1977, dont le thème était:
"Santé, sécurité et qualité de vie au travail."
M. Marois disait qu'il serait naïf de croire, cependant, qu'il n'y
a pas de problème sérieux de qualité de vie au
travail.
Les indices d'une telle situation sont trop nombreux pour qu'on n'en
tienne pas compte... Ces problèmes sont sérieux et il
m'apparaît évident qu'il faudra éventuellement trouver des
solutions originales. Et ce, d'autant plus que, si on ne le fait pas, ces
problèmes risquent, à mesure que les situations vont se
détériorer davantage, d'avoir un impact marqué sur le
climat des relations de travail". M. Pierre Marois ajoutait à la fin de
son discours: "II est encore trop tôt pour indiquer dans quelle mesure
l'Etat québécois pourrait être appelé à
intervenir dans cette direction".
Nous lui répondons donc que la fonction publique a trouvé
sa voie et ses solutions originales,
ce sont celles de la matraque. Le ministre de la Fonction publique n'a
pas plus de respect pour son personnel que les multinationales de l'amiante
n'en avaient de leurs "amiantosés".
Cependant, et M. Marois le faisait remarquer, une telle attitude risque
de marquer le climat des relations de travail. Il faudra donc s'entendre si
c'est la concertation que l'on vise ou la confrontation.
Quant à nous, il nous semble évident que le gouvernement a
déjà fait son choix. Il devra cependant en faire son lit.
Je passe à la conclusion, à la page 38. Nous
considérons ce projet de loi no 53 comme antisyndical et, par
conséquent, nous demandons: Que la classification, les conditions de
travail et de rémunération, l'évaluation du personnel,
l'affectation, le classement, le reclassement, la mutation, la mise en
disponibilité et les sanctions disciplinaires deviennent ou continuent
de faire partie du champ de la négociation.
Que la rétrogradation, la révocation ou la destitution
pour insuffisance professionnelle ou incapacité d'agir soit
abandonnée par le gouvernement tant dans ce projet de loi que dans son
introduction dans les conventions collectives, car ce principe nie la
responsabilité du gouvernement vis-à-vis de ses
employés.
Que le gouvernement élabore et applique une véritable
politique de perfectionnement qui, à ce moment-là, rehausserait
la compétence professionnelle de ses employés.
Que des mécanismes assurant l'indépendance de l'Office de
recrutement et de la Commission de la fonction publique vis-à-vis du
gouvernement et du ministre de la Fonction publique soient prévus,
notamment en ce qui regarde la durée du mandat et la nomination de leurs
responsables.
Que soit retiré à la Commission de la fonction publique le
rôle d'arbitre des griefs qui lui est conféré par le
présent projet de loi et que soient maintenues les garanties
prévues dans les conventions collectives.
Que l'Office de recrutement nous fournisse des assurances suffisantes
que le recrutement, lorsqu'il sera fait à des paliers inférieurs
de gérance (référence à l'article 45, 3e
paragraphe: Délégation de pouvoir), ne sera pas l'occasion de
camoufler un recrutement qui ne respecterait pas les articles 71, 72, 73.
Que le principe du mérite soit aboli s'il ne respecte pas les
recommandations contenues dans "l'étude du stress inhérent
à la fonction d'agent de la paix" (recommandations 8 et 12).
Qu'un mécanisme d'appel sur le mérite soit instauré
dans l'éventualité où notre précédente
recommandation ne serait pas retenue.
Que les employés de la fonction publique puissent profiter de
tous les droits qui sont conférés à tous les autres
citoyens en matière de "parti-sanerie" politique sous la réserve
que ces droits ne s'exercent pas durant les heures de travail.
J'aurais une courte déclaration à faire, à la suite
des amendements qui ont été déposés par le
ministre, le 19 octobre dernier.
Depuis le dépôt de notre mémoire, le 16 septembre
dernier, le ministre de la Fonction publique a déposé, le 19
octobre, des amendements qui, dans l'esprit du ministre, ont pour effet de ne
plus toucher au champ de la négociation.
Nous croyons que les amendements déposés n'ont pas cet
effet, que l'aire des négociations est effectivement touchée. Il
est vrai, par contre, que l'arbitrage des mesures disciplinaires et des appels
de classement demeure dans l'aire des négociations sous réserve
du pouvoir réglementaire.
De plus, devant le manque de limpidité du projet de loi et de ses
amendements, la non-concordance, quant à nous, entre l'esprit qui semble
animer le ministre, le texte du projet de loi, ses amendements et le mandat de
la commission Martin, il nous apparaît toujours que l'étude de ce
projet de loi aurait dû et devrait être suspendue jusqu'au
dépôt du rapport de la commission Martin.
Je vous remercie.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: Vous venez de dire que, malgré le
dépôt des amendements, nous continuons à toucher à
l'aire des négociations. Qu'est-ce qui vous fait dire cela?
M. Caplette: L'exemple qu'on a déjà invoqué
à un autre endroit, la question de la rétrogradation.
Actuellement, la Loi de la fonction publique, telle qu'elle est, celle en
vigueur, ne parle pas du tout de rétrogradation.
M. de Belleval: Y a-t-il d'autres aspects que celui-là
où on touche à l'aire des négociations?
M. Caplette: C'est un exemple à mes yeux qui est bien
clair, qui est touché d'une façon ou de l'autre. On pourrait
citer, deuxièmement, une chose qui touche aussi à l'aire de
négociation, quant à nous: la question de la classification.
Actuellement, la classification appartient à la Commission de la
fonction publique et, par le biais des conventions collectives ou de certaines
ententes, on a le droit de faire des représentations qui
dépassent le stade des voeux pieux, qui sont basées sur une
certaine structure, sur certains moyens de recherche.
Avec le projet de loi, le ministre aura le mandat de faire les
règlements concernant la classification, c'est-à-dire que, par le
biais de ce pouvoir de réglementation, il pourra, par exemple, si tel
est son désir, faire en sorte qu'au lieu d'avoir 2600 membres, on en ait
1800. Il pourra changer les règles du jeu au niveau des critères
de l'embauche, ce qui aura des conséquences directes sur la
rémunération, les avancements de classe, etc.
Selon nous, le fait de prendre cette responsabilité touche
à l'aire de négociation parce qu'effectivement ce sera la
même personne, vous, M. le ministre, qui allez négocier les
conditions de travail qui nous restent en vertu de l'article 119 que
vous avez déposé. Par contre, vous allez faire aussi la
classification et cela a un lien direct, tandis qu'actuellement il y a une
certaine garantie à cause de la Commission de la fonction publique qui
fait ces règlements de classification, garantie absolue de consultation
d'une personne qui n'est pas à la fois l'employeur, le
législateur et le patron.
M. de Belleval: Pouvez-vous me citer l'article de la loi actuelle
qui vous garantit un droit de consultation sur la classification?
M. Caplette: Vous savez très bien que c'est par le biais
d'un arrêté en conseil.
M. de Belleval: Bon. Alors en quoi la nouvelle loi change-t-elle
quelque chose par rapport à cela? L'ancienne loi vous ne garantit rien
de ce côté.
M. Caplette: Vous aurez le pouvoir de réglementer la
commission.
M. de Belleval: J'ai déjà ce pouvoir. Vous venez de
dire vous-même que c'est en vertu d'un arrêté en conseil
qu'on vous consulte. Ce n'est pas en vertu de la loi. C'est en vertu d'un
arrêté en conseil. C'est en vertu d'un geste du gouvernement. Cela
va continuer à être comme cela. Il n'y a pas de changement.
M. Caplette: II y a un changement énorme selon moi parce
qu'actuellement c'est la Commission de la fonction publique qui fait les
règlements de classification. Bien sûr qu'ils sont
approuvés par le Conseil du trésor, etc. On a la garantie
d'être consulté par l'intermédiaire de personnes qui ont
une certaine impartialité.
Vous aurez tous les pouvoirs qu'a actuellement la commission au niveau
de la classification. Ce sera avec vous qu'on va négocier notre contrat
de travail et ce sera vous qui déterminerez unilatéralement ce
que sera le contenu de notre classification. Cela fait une différence
énorme, quant à moi.
M. de Belleval: Actuellement, c'est la Commission de la fonction
publique qui, unilatéralement, décide cela. En vertu du projet de
loi, c'est le ministre qui prend ces pouvoirs. Mais cela ne vous enlève
aucune garantie par rapport à la situation actuelle. D'ailleurs, vous
avez été incapable de me mentionner l'article de la loi qui vous
garantissait un droit de consultation. Vous n'en avez pas n'en avez pas de
droit de consultation. Vous avez obtenu le droit de consultation dans le cadre
de vos négociations collectives, dans le cadre des négociations
de bonne foi que vous avez eues avec vos employeurs. C'est exactement la
situation qui va perdurer, une fois le projet de loi adopté.
J'ai lu tout votre document à plusieurs reprises et, en fait, ce
que vous nous avez expliqué tout au long de cela, ce sont des questions
qui dépendent essentiellement de la négociation col- lective et,
de ce point de vue, le projet de loi ne touche absolument pas au système
de négociation collective en vigueur. Toutes les revendications que vous
nous faites, vous devez les faire à votre employeur quand vous
négociez vos conventions collectives, pas au législateur quand il
propose un réaménagement des pouvoirs des différents
organismes en matière de gestion de la fonction publique. Je pense que,
de ce côté-là, si vous avez des demandes à faire,
c'est à votre table de négociation collective et pas à la
table de cette commission. Vous parlez entre autres d'un mécanisme de
perfectionnement du personnel, vous aimeriez avoir un meilleur
mécanisme, de meilleures dispositions en matière de
perfectionnement, en matière de plan de perfectionnement du personnel;
c'est en vertu de vos conventions collectives que tout cela est
négocié, cela n'a rien à voir avec le projet de loi qui
est devant nous. C'est la même chose au niveau de la
rétrogradation. Vous n'êtes pas capable de me citer un article de
la loi actuelle qui sort du champ de négociation la
régrogradation, pas plus que le projet de loi 53. C'est en vertu des
conventions collectives que les clauses de rétrogradation ont
été négociées, ce n'est pas en vertu d'un pouvoir
de la Commission de la fonction publique. Alors, vous êtes le dernier
syndicat, d'ailleurs, à faire face à une négociation
collective dans laquelle l'employeur vous propose une clause de
rétrogradation. Vous allez la négocier et cette clause sera
finalement dans votre convention collective selon le résultat même
de cette convention collective, pas en vertu d'un pouvoir
discrétionnaire du ministre.
M. Caplette: Au niveau de la classification, M. le ministre, si
cela ne change pas la renégociation, le fait que ce soit vous qui en
ayez la responsabilité par rapport à la commission, cela change
effectivement et c'est dans la convention collective. Il y a des lettres
d'entente disant qu'on va avoir un comité consultatif, qui a une
certaine indépendance d'esprit, qui est dans la classification.
M. de Belleval: Cela vous a été consenti par le
gouvernement en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires. Cela ne vous a
pas été consenti par les anciens gouvernements en vertu de la
loi. Ce n'est pas en vertu de la loi que vous avez le droit de consulter, c'est
en vertu d'un règlement, exactement comme cela va être avec la
nouvelle loi. Alors, cessez donc de dire que la loi vous enlève quelque
chose. Elle ne vous enlève absolument rien. C'est le statu quo de ce
côté-là.
M. Caplette: Au niveau de la rétrogradation, c'est la
même chose. La loi ne nous enlève rien. Actuellement, avec la Loi
de la fonction publique, vous avez mis des clauses dans la convention
collective pour avoir le droit de rétrograder. Notre convention est
échue depuis le 30 juin et, avec la convention qu'on avait, qui est
encore en vigueur actuellement, vous n'avez pas le droit de
rétrograder chez nous. Actuellement, avec le projet de loi 53,
indépendamment de l'article 88, si vous me dites qu'il ne s'applique pas
chez les syndiqués ou s'il s'applique, je ne le sais pas, mais, de toute
façon, cela va...
M. de Belleval: II ne s'applique pas chez les syndiqués,
je vous l'ai dit à plusieurs reprises, vous le savez. Il ne s'appliquera
pas chez les syndiqués, c'est sous réserve des conventions
collectives. Je vous l'ai dit à plusieurs reprises d'ailleurs.
M. Caplette: Actuellement, avec les amendements et le projet de
loi qui est sur la table, au niveau de la rétrogradation, on n'a aucune
garantie que cela va être négociable et si cela devenait
négociable, ce serait une modification à l'aire de
négociation.
M. de Belleval: Je vous ai déjà
déclaré, j'ai déjà déclaré d'ailleurs
à cette commission que si les projets d'amendement étaient
effectivement ce qu'ils étaient, c'est-à-dire des projets, et si
en rétablissant intégralement l'article 52a comme il était
dans la loi, il fallait en plus ajouter la rétrogradation, je vous ai
dit qu'il n'y a aucun problème pour ajouter le mot
"rétrogradation". Mes intentions sont très claires
là-dessus. La rétrogradation sera assujettie, en vertu du projet
de loi 53 au régime des négociations collectives, comme le
congédiement.
M. Caplette: C'est-à-dire que vous allez l'ajouter
à l'article 119?
M. de Belleval: Oui, c'est ça. Je vous l'ai dit à
plusieurs reprises.
M. Caplette: Les droits résiduaires que vous avez
gardés, à la fin de l'article 119, quand vous dites: "...
à moins que selon le sujet, est attribué par la Loi de la
fonction publique ou la Commission de la fonction publique à l'Office de
recrutement ou au ministre de la Fonction publique, la commission, l'office ou
le ministre n'y encourt par règlement, et qu'un tel règlement ne
soit approuvé par le gouvernement". Cela a quelque signification, par
rapport à l'aire des négociations?
M. de Belleval: C'est que l'aire des négociations en
vigueur est maintenue intégralement. C'est le statu quo de ce
côté.
M. Caplette: Si vous y encourez par règlement, si vous n'y
encourez pas par règlement?
M. de Belleval: Si je concours par règlement à
négocier certaines choses qui relevaient de la commission autrefois et
qui n'étaient pas négociables, bien entendu, à ce
moment-là, c'est la soupape qui permet, comme autrefois d'ailleurs, de
négocier des choses qui, normalement, ne font pas partie de l'aire des
négociations. Comme je l'ai déjà dit, c'est une
amélioration de ce côté pour vous, puisqu'au lieu d'avoir
affaire à un ministre qui peut se cacher derrière le paravent
d'une commission indépendante, à l'avenir, c'est le ministre
lui-même qui peut concourir par règlement, à
négocier des choses qui, jusqu'à maintenant, ne faisaient pas
partie de l'aire des négociations suivant la loi.
M. Caplette: Cela veut dire qu'effectivement, vous allez encourir
par règlement pour qu'on puisse continuer à négocier
certaines clauses qui touchent l'évaluation, la mutation, la mise en
disponibilité, la sécurité d'emploi, etc.?
M. de Belleval: Toutes ces choses font partie déjà
du champ des négociations.
M. Caplette: Elles ne font pas partie du champ des
négociations. Ce qui fait partie du champ des négociations, c'est
du paragraphe a) à g), ce qui est là.
M. de Belleval: Pardon?
M. Caplette: Ce qui fait partie du champ des négociations,
c'est du paragraphe a) à g), et vous allez ajouter un rétro?
M. de Belleval: Spécifiquement, oui.
M. Caplette: Le restant ne fait pas partie de l'aire des
négociations?
M. de Belleval: Pas nécessairement; c'est-à-dire
seulement les matières qui, en vertu de la loi actuelle, relèvent
de la Commission de la fonction publique. Par exemple, la rétrogradation
ne relève pas de la Loi de la fonction publique. Cela ne relève
pas de la Commission de la fonction publique, donc c'est négociable. Si
vous aimez mieux qu'on l'ajoute, comme je vous dis, on l'ajoutera.
M. Caplette: Si vous ne l'ajoutez pas, ce ne sera pas
négociable.
M. de Belleval: Oui, parce que de toute façon, en vertu de
la loi actuelle, en vertu de la loi qui est en vigueur, la
rétrogradation n'est pas une chose qui tombe sous la compétence
de la Commission de la fonction publique, donc c'est négociable.
M. Caplette: II n'y a pas de clause de rétrogradation dans
ma convention collective actuelle. Si la loi est adoptée demain, si vous
n'ajoutez pas le mot "rétrogradation" à l'article 119, cela ne
sera pas négociable, ce sera dans le pouvoir réglementaire du
ministre, avec tous les pouvoirs de l'article a) et l'incidence...
M. de Belleval: Votre convention collective est le
résultat d'une négociation de bonne foi. Mais il n'y a rien qui
vous garantit que votre convention collective va être comme vous voulez
qu'elle soit négociée. Elle va être le résultat du
rapport de forces qui existe dans toute convention collective. Je ne peux pas
vous garantir à
l'avance que tout ce que vous demandez dans la convention collective,
vous allez l'obtenir. Vous ne pouvez pas non plus me garantir que vous allez
accepter tout ce que je vous propose. Il va y avoir des négociations, il
y en a, et finalement, il y a un résultat de ça, qui n'est pas
parfait, qui n'est pas une oeuvre de logique, mais qui est le résultat
d'un compromis. C'est tout.
M. Caplette: Indépendamment...
M. de Belleval: Cela va continuer à être comme
ça.
M. Caplette: Indépendamment du résultat de la
négociation de la convention actuelle, si effectivement, je veux
souligner que c'est très important d'ajouter le mot
"rétrogradation" à l'article 119, à ce moment-là,
vous allez avoir le pouvoir de réglementer la rétrogradation, ce
ne sera pas une chose négociable. C'est un exemple bien simple, bien
clair, c'est pour ça que je le souligne, c'est un exemple qui touche
l'aire des négociations d'une façon ou d'une autre.
M. de Belleval: Cela ne touche pas l'aire des négociations
en vigueur.
M. Caplette: Selon la Loi de la fonction publique actuelle, M. le
ministre...
M. de Belleval: La preuve, c'est qu'il y a des conventions
collectives qui possèdent déjà cette clause, donc
c'était négociable. Parce que si cela n'avait pas
été négociable, cela ne serait pas dans les conventions
collectives.
M. Caplette: M. le ministre, actuellement, avec la Loi de la
fonction publique en vigueur, dans les syndicats où il n'y a pas de
clause de rétrogradation, vous n'avez pas le droit de
rétrograder, de la façon que la loi est faite. Vous modifiez la
loi et vous donnez le droit de rétrogradation, c'est-à-dire qu'il
faut que je négocie une clause de rétrogradation dans ma
convention collective pour empêcher la rétrogradation. Autrement,
si je ne le fais pas, vous allez avoir le pouvoir réglementaire de
rétrograder, de faire un règlement et subséquemment, vos
fonctionnaires vont pouvoir rétrograder, vos sous-ministres, qui vous
voudrez. Pour moi, c'est un exemple bien limpide, bien clair, que votre projet
de loi touche l'aire des négociations, à tout le moins chez nous,
au niveau de la rétrogradation.
M. de Belleval: Surtout les articles qui sont négociables.
De toute façon, en vertu de la loi, de n'importe quelle loi, un
employeur, quel qu'il soit, n'est pas obligé d'accéder à
quelque demande que ce soit d'une partie syndicale.
L'important, c'est qu'il y ait une négociation de bonne foi et
qu'à un moment donné, il y ait un résultat qui sort de
cela. Le résultat concret ne vous est pas garanti en fonction de la loi.
Ce qui vous est garanti, c'est qu'il y a un champ, un champ normal, où
les deux parties doivent négocier de bonne foi.
En ce qui concerne la rétrogradation, je vous ai
déjà dit que, de ce point de vue, cela entrerait dans le champ du
négociable et que, s'il faut, pour que ce soit très clair, que ce
soit mis en toutes lettres, cela sera fait.
M. Caplette: Quant à nous, si vous ne le mettez pas
à l'article 119, c'est une chose qui sera négociable en vertu
d'un pouvoir réglementaire du ministre, point. Cela ne sera pas garanti
par la loi.
M. de Belleval: C'est une question d'interprétation. Je
vous ai déjà dit, de toute façon, que cela serait dans
l'article 119.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, Mme le Président. Je tiens à
remercier les intervenants de ce soir de la qualité du mémoire
qu'ils nous présentent, et je tiens, de plus, à vous faire part
que vous déployez beaucoup de courage et de détermination, en
venant comparaître ce soir, sur le projet de loi 53, avec les
commentaires que vous avez apportés, tout en constatant le fait que vous
êtes quand même en négociation actuellement. Je trouve que
c'est pas mal courageux de votre part de venir dire au ministre: Ecoutez, on
n'est pas d'accord avec votre projet de loi, même si vous êtes en
négociation.
J'espérais, Mme le Président, que M. le ministre puisse
profiter du moment qu'il avait au début de nos travaux, après
l'audition du mémoire, pour faire la lumière sur plusieurs points
qui ont été soulevés par nos représentants de ce
soir.
Ceux-ci ont demandé, par la présentation de leur
mémoire, des précisions sur certains points, ont demandé
au ministre les réponses les plus précises possible sur des
interrogations qui, selon moi, sont fondées et j'ose croire que le
ministre sera en mesure, d'ici dix heures, de répondre à ces
questions.
J'aurais une première question, Mme le Président. Vous
savez, vous m'avez interdit d'en poser directement au ministre. Si vous le
permettez, je vais m'interroger, quitte à ce que le ministre
réponde par la suite.
Mme le Président, c'est le cinquième ou le sixième
groupe qu'on entend et tous ces gens qui ont comparu devant nous viennent nous
dire: On veut des précisions, on s'inquiète du pouvoir
réglementaire qui est conféré au ministre en vertu de
l'article 119 et qui permettra, une fois la loi adoptée, au ministre de
la Fonction publique d'intervenir par règlement pour restreindre, somme
toute, le champ des négociations, et ce, par l'application de l'article
3.
Mme le Président, il faut ajouter à cela. J'ai eu
l'occasion d'en faire état à quelques reprises depuis quinze
jours; il y a une situation d'affrontement qui s'est élaborée,
qui a poussé comme un champignon entre, d'une part, le gouverne-
ment, le ministre de la Fonction publique et les travailleurs de la
fonction publique. C'est quand même un élément qui n'est
pas du tout positif avec les campagnes de publicité de part et d'autre;
on semble se tirailler royalement.
On n'a qu'à regarder le sondage qui est sorti il y a quelques
jours et qui nous démontre que 93% des gens qui ont été
interrogés, 93% des travailleurs de la fonction publique étaient
contre le projet de loi qui, somme toute, aura à les régir
éventuellement. C'est malsain en soi. 96% de ces travailleurs
favoriseraient que leur syndicat respectif accentue les procédures ou
les pressions auprès du gouvernement pour le faire céder sur
certains points. Peut-être que le sondage du ministre pourra contredire
ces chiffres. Libre à lui de le déposer oui ou non.
Ce que je dis, somme toute, c'est ceci. Il y a une situation où
les syndicats s'interrogent, et ils sont en droit de s'interroger et je pense
que tout le monde est unanime autour de cette table pour constater qu'il y a
des questions auxquelles il n'y a pas de réponse précise.
Le gouvernement a jugé opportun, après plusieurs pressions
de part et d'autre, de convoquer une commission parlementaire. Une commission
parlementaire comme celle-là ne doit pas devenir un dialogue de sourds.
C'est le moment le mieux choisi pour répondre à des questions
comme celles-là.
Vous faisiez état, Mme le Président, tout à
l'heure, de la question de la rétrogradation. Il faut se comprendre.
C'est là-dessus que je m'interroge, Mme le Président, je vais en
faire ma question au ministre. D'accord qu'actuellement, vous êtes
à négocier votre convention collective.
Vous êtes à négocier une clause particulière
sur ce sujet. Une fois que le projet de loi 53 sera adopté, que ce soit
avant le dépôt du rapport Martin ou après, et, entre
parenthèses, vous recommandez qu'on sursoie à l'étude du
projet de loi jusqu'à ce que le rapport de la commission Martin soit
déposé, on est d'accord avec vous, l'Opposition officielle, et je
pense que mon collègue de l'Union Nationale l'est aussi. Ce qu'on a
demandé au ministre je suis convaincu que vous allez le
réitérer ce soir et que vous allez peut-être dire que vous
êtes d'accord avec nous c'est qu'on sursoie à toute
étude du projet de loi 53, et particulièrement qu'on ne passe pas
à la deuxième lecture avant le dépôt du rapport
Martin.
Je reviens à la question de la rétrogradation. Vous
êtes à la négocier actuellement. Le pouvoir qui est
conféré au ministre, en vertu de l'article 119 et de l'article 3,
c'est d'intervenir par règlement. Le ministre nous dit: Je ne m'en
servirai pas et je ne limiterai pas le champ de négociation par cela et
cela ne changera rien de ce qu'il y avait avant. Le projet de loi, selon moi,
le ministre... C'est l'interrogation que je me pose. Pourquoi le ministre ne
profite-t-il pas, d'une part, des audiences? D'autre part, au moment où
on en est, entre les première et deuxième lectures de ce projet
de loi, pourquoi ne profite-t-il pas de cette étude pour établir
clairement devant nos groupes qui comparaissent jusqu'où le champ de
négociation ne serait pas restreint ou jusqu'où il serait
restreint? Comment le ministre peut-il s'assurer et quelle est la garantie
qu'il offre aux parties, à ses employés, qu'il n'usera pas de ce
pouvoir pour restreindre des questions qui sont directement
intégrées dans le champ de négociation, qui ont
été gagnées par des négociations de conventions
collectives? Je me dis: II y a quelque chose qui ne marche pas quelque
part.
Nos gens, d'un côté, s'interrogent. Nos gens disent: Oui,
M. le ministre, si on interprète 119 et si on interprète
l'article 3, vous aurez le pouvoir, une fois que le projet de loi sera
adopté, de limiter le champ de négociation. Le ministre dit: Non,
je n'ai pas l'intention de le faire.
Je m'excuse, mais M. le ministre peut être appelé è
d'autres fonctions éventuellement. Le ministre de la Fonction publique,
la couronne de la fonction publique, parce que c'est vraiment la couronne,
c'est Sa Majesté, en toute Sa Majesté, ce ne sera pas toujours le
député de Charlesbourg qui va être là. Je me dis:
Vous devriez profiter du débat qui intervient, des questions qui sont
posées, et le plus bel exemple, c'est le cas de la
rétrogradation. Il y a d'autres cas de précision comme cela. On
parlait tantôt de l'article 88, le pouvoir qu'aura un sous-ministre ou un
dirigeant d'un organisme de révoquer, destituer tout fonctionnaire
incompétent dans l'exercice de ses fonctions.
Le pouvoir de destitution qui existait dans l'ancienne convention
collective appartenait au gouvernement, mais sur recommandation de la
commission après enquête. Pour appliquer l'article 88, il y aura
certaines normes réglementaires ou autres de pratique ou d'usage qui
vont se bâtir autour de cet article. Dans votre mémoire, vous
faites état qu'il y aura peut-être autant de jurisprudence qu'il y
aura de ministères. Vous demandez dans votre mémoire des
précisions et vous êtes en droit de les demander. Y aura-t-il des
normes qui seront applicables, sectorielles, ou est-ce que ce seront des normes
générales qui découleront de ce pouvoir? En vertu de quoi
ce pouvoir pourrait-il être appliqué? De quelle façon ces
normes pourront-elles être appliquées? Je fais miennes les
interrogations que vous vous posez. J'ai plusieurs autres questions à
vous formuler. Je suis prêt à passer immédiatement le micro
au ministre pour qu'il puisse, si possible, répondre à toutes ces
questions. Je suis d'accord qu'il vous donne une assurance aujourd'hui, mais
jusqu'où, entre autres, engage-t-il le prochain ministre de la Fonction
publique, si prochain ministre il y a? Jusqu'où est-il disposé
à dire, noir sur blanc, dans la loi pourquoi ne pas dire dans la
loi que telle chose entre dans le champ de négociation et que telle
autre chose n'est pas négociable? plutôt que de dire oui ou
de laisser croire que c'est oui? La commission Martin va déposer son
rapport. La deuxième lecture sera adoptée. La loi sera
votée. Par la suite, tout sera négociable, jusqu'au jour
où le ministre dira que cela ne l'est plus, que cela ne fait plus mon
affaire.
En vertu de l'article 3 de la nouvelle loi, il aura le droit d'agir et
il aura le droit de limiter ce champ de négociation. Ce n'est pas une
attitude qui peut favoriser un débat serein, un échange
sérieux, valable et concluant entre les parties que d'adopter une
position comme celle-là. On voit jusqu'où ira l'escalade de
procédure et d'affrontement entre les groupes, sur la foi de tout cela,
non seulement de l'escalade et sur la foi des représentations qui nous
sont faites, M. le ministre, vous devriez être en mesure de
répondre avec beaucoup plus de précision aux interrogations que
ces gens se posent. Entre autres...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Pagé: Je ne veux pas faire de procédure.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm...
M. Pagé: II ne faudrait pas se chicaner ce soir. C'est
trop important.
Le Président (Mme Cuerrier): ... sur la question de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Mme le Président, c'est justement parce que
je ne veux pas de procédure que j'en appelle au règlement. On
n'en est pas au discours article par article sur un amendement ou quelque chose
du genre. On est là pour interroger ceux qui sont venus. Je
préférerais...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm, j'allais justement demander...
M. Pagé: Je fais miennes les interrogations de ces gens.
Je demande, par des interrogations que je me pose et que ces gens se sont
posées... Qu'on regarde leurs commentaires à l'article 3,
à l'article 6 à la page 12, à l'article 70 à la
page 21, si tout le monde a lu le mémoire à
l'article 80 à la page 24, concernant la règle du mérite;
c'est une foule d'interrogations que ces gens se posent. Ils sont en droit
d'avoir des réponses. C'est le moment et c'est le temps
choisi, la commission parlementaire, pour y répondre. Je ne prendrai pas
plus de temps. Je veux donner la parole tout de suite au ministre pour qu'il
réponde à ces précisions pour que ces gens partent
contents, qu'ils partent satisfaits. Ils vont savoir à quoi s'en tenir,
il va y avoir moins d'escalade de procédures de part et d'autre et cela
va améliorer le débat. Je vais avoir d'autres questions
tantôt.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat, j'allais vous demander si vous vouliez intervenir sur les questions
que M. le député de Portneuf se pose à lui-même.
M. Pagé: Est-ce que vous faites miennes les interrogations
que je me pose?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: On a posé, dans notre mémoire,
beaucoup d'interrogations que le député de Portneuf a
soulevées de nouveau. Effectivement, au-delà de l'exemple de la
rétrogradation... Je ne voudrais pas me mettre à négocier
le mérite de la clause de rétrogradation, sauf qu'au niveau de
nos commentaires, on a dit ce qu'on pensait de la rétrogradation. On a
dit aussi qu'effectivement, cela change les règles du jeu avec le projet
de loi 53, parce qu'obligatoirement devra figurer dans la convention collective
une clause de rétrogradation parce que, si elle ne figure pas, vous
aurez le droit de réglementer, tandis qu'avant cela, quand il n'y avait
pas de clause de rétrogradation dans la convention collective, il n'y
avait pas de rétrogradation possible.
C'est bien sûr qu'il y a plusieurs interrogations. Il ne faut pas
recommencer le débat qu'il y a déjà eu dans cette enceinte
au niveau de l'aire des négociations. Je trouve regrettable ou je me
pose l'interrogation pour savoir clairement les intentions du ministre au
niveau de la fameuse question de l'aire des négociations et du carcan
réglementaire qui figure à l'article 3. Par exemple, dans
l'amendement que vous avez déposé à l'article 91, vous
faites allusion, à un moment donné, "régi par les
conventions collectives ou en l'absence de dispositions dans les conventions
collectives"; on négocie avec vous, M. le ministre. Evidemment, si,
à un moment donné, on a une clause dans notre convention
collective actuellement et, suite à une négociation, selon
l'interprétation que vous donnez, cette clause disparaît de la
convention collective, une clause, par exemple, sur la mutation ou je ne sais
pas quoi, sur la mutation ou l'affectation ou la notation... La clause
disparaît dans la convention collective. Subséquemment, on n'aura
plus le droit de négocier cette clause, parce qu'il ne sera pas garanti
par la loi de la négocier. On pourra toujours faire des interventions
auprès de vous pour que, par règlement, vous accédiez
à ce que ce soit négociable. Ce sont beaucoup d'interrogations,
des interrelations qui existent entre le fameux article 3, l'article 91 et
l'article 119 et d'autres droits qui apparaissent au niveau de votre
réglementation et qui auront une influence majeure.
M. de Belleval: M. Caplette, là-dessus, cela ne change
rien à la situation actuelle. Actuellement, il y a un tas de
dispositions en matière de gestion du personnel, de conditions de
travail qui peuvent être réglementées par le gouvernement
et qui sont, effectivement, réglementées par le gouvernement.
M. Caplette: On négocie et on se fait répondre
ça tout le temps: C'est couvert par tel règlement, c'est couvert
par telle loi.
M. de Belleval: Non, je parle de choses dans l'aire des
négociations actuelle, dans votre aire
de négociations; le fait qu'une chose soit négociable
n'enlève pas au gouvernement, en vertu de la loi actuelle, le droit de
faire des règlements. Le gouvernement a le droit de faire des
règlements actuellement, indépendamment de vos conventions
collectives. Cependant, et c'est là que c'est très important, ces
règlements ne peuvent pas aller à l'encontre d'une disposition de
vos conventions collectives. C'est ce que dit clairement l'article 91. C'est
sûr que le gouvernement a un pouvoir général de
réglementation. D'ailleurs, ce pouvoir s'adresse à des
employés non syndiqués autant qu'à des employés
syndiqués. Il faut donc que quelqu'un soit responsable de ce pouvoir
quelque part. Il y a une philosophie derrière le projet de loi, je l'ai
expliquée, à savoir qu'il était normal qu'à
l'avenir, ce soit le gouvernement qui ait ce pouvoir, parce que c'est lui qui
est responsable devant la population de l'efficacité de sa fonction
publique. Cependant, il ne peut pas le faire de façon
discrétionnaire. Il y a, dans le projet de loi, toute une série
de batteries, de sauvegardes, qui font que ce pouvoir doit être
exercé d'une façon impartiale, et non pas à l'en-contre
des intérêts des employés.
En plus deça, pour ce qui est des employés
syndiqués, ce sont les conventions collectives qui priment les
règlements du ministre. En ce qui concerne le pouvoir qu'ont les
associations syndicales de négocier librement les conventions
collectives de travail, nous maintenons intégralement le champ actuel
des négociations. Je vous accorde le point particulier sur la
rétrogradation, qui est un cas spécifique, et je vous ai dit
là-dessus et je vous le redis encore: La rétrogradation sera
incluse dans l'aire des négociations clairement, de la même
façon, par exemple, que le congédiement. Je pense que ça
répond à une de vos préoccupations particulières,
c'est-à-dire que cet aspect des choses sera autant négociable
à l'avenir pour vous qu'il l'a été pour les autres
syndicats. Ce droit sera garanti dans la loi et non pas, comme essayait de le
faire croire tantôt le député de Portneuf, par l'arbitraire
ministériel.
M. Pagé: Je le soutiens et l'avenir va le
démontrer.
M. de Belleval: J'ai dit que ce sera fait conformément aux
promesses et aux déclarations que j'ai faites, qui sont
enregistrées, d'ailleurs, au journal des Débats et ailleurs, et
qui ne...
M. Pagé: Ce n'est pas toujours vous qui allez être
là...
M. de Belleval: ... peuvent être plus claires. On verra
ça quand on en arrivera à l'étude, article par article, du
projet de loi. Vous pourrez toujours me la remettre dans le visage à ce
moment-là.
M. Pagé: Dans la pipe. On va en faire, des amendements.
Préparez-vous!
M. de Belleval: Je pense que c'est un point important pour vous.
Je le conçois que c'est un point important et, d'ailleurs, j'ai dit que
ce sont des choses tellement délicates, à mon point de vue, sur
le plan de la sensibilité des employés, que c'est normal que ce
soit exclusivement prévu dans le cadre des conventions collectives, et
ce le sera, et il y aura une disposition qui le garantira.
En ce qui concerne les autres aspects, par exemple, la consultation en
matière de classification, l'aménagement du mécanisme de
promotion, toutes ces choses relèvent déjà, actuellement,
de la volonté gouvernementale et, de ce point de vue, il n'y aura pas de
changement. Bien entendu, encore, dans le courant des négociations
collectives et au seul titre des négociations collectives, non pas au
titre d'une loi qui existerait actuellement, parce qu'il n'y en n'a pas
là-dessus, on va continuer à en discuter et mettre dans les
conventions collectives des dispositions particulières qui vont
prévoir des mécanismes de consultation, etc., sur un tas de
choses, mais la loi, de ce point de vue, ne change pas le statu quo; elle le
maintient intégralement.
C'est la bonne foi des parties, dans le passé, qui a fait que ces
choses ont été mises dans vos conventions collectives et
ça va continuer. C'est évident que, si un ministre arrivait et
n'était pas de bonne foi, s'il ne voulait pas que ces dispositions
apparaissent dans les conventions collectives, il aurait toujours le droit de
le faire. Tout ce que je tiens à vous dire là-dessus, c'est qu'il
pouvait ne pas le faire non plus dans le passé, la loi ne disait rien
là-dessus. Ce n'est pas en vertu de la loi que ces choses se font. C'est
en vertu de la bonne foi, et la bonne foi, ça ne se
légifère pas, vous le savez. C'est le résultat d'un
processus de négociation normal.
Pour ma part, je dis qu'avec ces deux précisions, celle sur la
rétrogradation, plus celle sur la garantie de l'aire des
négociations en vigueur, une grande partie, la partie principale de vos
revendications est satisfaite. Je sais, par ailleurs, que vous aimeriez que
l'aire des négociations soit plus large qu'elle ne l'est
déjà en vertu des lois en vigueur. Là-dessus, je vous dis
que ce n'est pas le but du projet de loi no 53, ce n'est même pas le but
de cette commission de discuter de ces aspects. C'est le but du
mécanisme enclenché par la mise sur pied de la commission Martin.
Quand la commission Martin aura remis son rapport, s'il y a des modifications
à faire, ce ne sera même pas au projet de loi no 53 qu'elles
seront faites, ce sera à la Loi sur le régime syndical, qui sera
instituée à la suite de l'application éventuelle, de
l'approbation éventuelle du projet de loi no 53 et qui comprendra toutes
les clauses en vigueur qui, justement, traitent du droit de négociation,
de l'aire des négociations, de l'accréditation, etc.
Je pense que j'ai été très clair là-dessus.
Vous-même, je pense, l'avez reconnu, au moins au niveau des
déclarations de principe, mais c'est justement à ce niveau qu'on
en est pour l'instant.
Quand on sera en discussion, article par article, du projet de loi en
commission parlementaire, évidemment, on verra comment la formulation
précise doit refléter ces intentions.
Il vous sera toujours loisible à ce moment de critiquer cette
formulation si vous pensez qu'elle n'est pas conforme aux intentions que j'ai
exposées.
Je pense que l'important, pour l'instant, pour faire progresser le
débat, au moins sur ces deux choses fondamentales, c'est que je vous
dise clairement ce qui en est, et comme je vous ai dit, clairement, ce qui en
est, c'est que nous allons maintenir intégralement l'aire des
négociations en vigueur et nous allons faire en sorte que la clause de
rétrogradation fasse l'objet des conventions collectives et non pas
d'une réglementation qui enlèverait le droit aux syndicats de
négocier une telle clause.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: Merci. Au niveau de la rétrogradation, on ne
demande pas de pouvoir en appeler devant un arbitre. On demande qu'on puisse
négocier toute la question de la rétrogradation et que les
règlements que vous pourriez faire ou qui pourraient être faits ou
qui existent peut-être je ne le sais pas en vertu de
l'article 88, ne s'appliquent pas.
Si vous nous donnez un droit d'appel sur la rétrogradation devant
un arbitre et que, par contre, les règlements sur la
rétrogradation continuent de s'appliquer, on tombe encore dans le
même panneau. On n'est pas plus avancé.
M. de Belleval: J'essaie de vous suivre. Voulez-vous dire par
là que...
M. Caplette: Vous avez le droit de réglementer.
M. de Belleval: Si vous refusez, dans le cadre de vos
négociations collectives...
M. Caplette: Vous n'aurez pas le choix de...
M. de Belleval: ... de refuser une clause de
rétrogradation, vous voudriez que le gouvernement s'interdise le droit
de décréter une telle clause unilatéralement? C'est
cela?
M. Caplette: Je ne vais pas jusque là. On est contre le
principe de...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Caplette:... ce que je sous-entends à l'article 81,4M
est contre le principe d'une façon générale pour les
motifs qu'on a expliqués. Indépendamment de cela, si vous rendez
la rétrogradation négociable, il faudrait que tout ce qui entoure
la rétrogradation, la réaffectation ou le reclassement ou le
recyclage soit négociable, autant les modalités qui vont entourer
la réaffecta- tion ou la rétrogradation que l'appel
lui-même à un certain moment devant l'arbitre.
Nos propos ne sont pas... Je veux bien expliquer ma position. Si cela
figure à un certain moment dans le projet de loi, on va être bien
content de l'entendre.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Caplette: Pour ce qui est de la question de l'aire des
négociations, quant à nous, on ne veut pas s'obstiner sur des
points-virgules très longtemps... Regardez attentivement vos amendements
et le projet de loi et, dans la formulation actuelle, selon nos conseillers
juridiques et l'étude qu'on en a faite, selon nous, cela touche à
l'aire des négociations. C'est notre interprétation de ce qui est
sur la table.
Si, effectivement, en deuxième lecture ou en troisième
lecture, c'est modifié en cours de route et que cela devient plus clair
et qu'il n'y a pas d'ambiguïté, il y en a, à l'article 119,
en bas, on parle de sujet, à moins que, etc., cela ne nous
apparaît pas clair du tout, dans l'analyse qu'on a faite avec nos
conseillers juridiques et... précisément, selon nous, cela touche
l'aire des négociations, si, effectivement, au bout du compte, cela n'y
touche pas, cela n'y touchera pas. C'est ce qu'on en pense.
M. de Belleval: Bon. Alors...
M. Caplette: Pour passer à un autre sujet, j'aimerais vous
poser une question.
M. de Belleval: D'accord. Juste là-dessus, pour
terminer... Je suis d'accord avec vous que, premièrement, le principe
est clair et on se comprend sur le principe. Quant à la formulation,
nous aussi, de notre côté, on réétudie d'ailleurs
toute cette formulation que, lorsqu'on arrivera à l'étude article
par article, cela soit encore plus clair que cela ne l'est déjà,
si nécessaire; sur le principe, je pense qu'on se comprend.
M. Caplette: Si on se comprend sur quelque chose, peut-être
allons-nous nous comprendre sur autre chose tantôt.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf, vous vouliez continuer. Je vous demanderais...
M. Pagé: Oui, je vais filer vite vite. Je vous le
promets.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demanderais de faire
rapidement, pour que d'autres personnes aient la chance de poser des questions
aux représentants du syndicat.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Vous savez, Mme le Président, que vous
avez toujours ma collaboration. Je vais faire vite.
A la page 27 de votre mémoire, vous dites que, d'autre part, la
destitution, la révocation et la rétrogradation sont introduites
pour les employés se trouvant dans l'incapacité d'agir. Je ne
ferai pas état des sombres desseins du ministre. Vous posez la question
suivante: Visent-ils les cas d'invalidité? Dans le cas de votre
syndicat, il va de soi qu'il y a plus de risques pour un agent de la paix, un
agent de conservation de la faune que peut-être pour un autre travailleur
de la fonction publique que, par des situations données, des accidents,
des circonstances ou autres un de vos employés souffre
d'incapacité et d'invalidité pour une période
déterminée.
Vous vous posez des questions là-dessus. Je pense que vous
êtes en droit de vous en poser, c'est normal de vous en poser. Qu'on
prenne le cas du gardien de prison, par exemple, ou de l'agent de conservation
de la faune qui, à la suite d'une émeute dans le cas du gardien
de prison ou d'une attaque dans le cas de l'agent de conservation de la faune,
ou d'un accident en forêt, qui a 18% ou 20% d'incapacité physique
dans une jambe ou ailleurs, c'est possible que ce type ne soit plus capable de
remplir sa fonction comme il l'occupait avant. Vous avez certainement
posé des questions au ministre, dans les échanges que vous avez
eus. Vous vous êtes certainement interrogés. Est-ce que vous avez
eu des réponses précises sur cette question?
Le deuxième volet de ma question, j'y arrive... C'était le
premier volet, Mme le Président. Le deuxième volet, dans la
dernière minute qui me reste, vous faites part, aux pages 11, 28 et 29,
de la question du stress. Ce problème est très bien cerné,
très bien indentifié. Il va de soi que c'est peut-être plus
stressant je pense qu'il faudrait que les membres de la commission en
prennent conscience pour un agent de la paix, ou un gardien de prison,
ou un gardien de l'Assemblée nationale que le type qui est sur une
balance de la voirie, par exemple. On ne sait pas quand on peut se faire
attaquer dans une prison, etc.
Le problème, vous l'avez très bien cerné, je
pourrais en parler plus longtemps, mais mon temps est limité. Vous
faites état des recommandations précises du rapport DuBois.
Est-ce que vous avez eu l'assurance, de la part du ministre, que les
recommandations du rapport pourront être éventuellement mises en
place, adoptées et mises de l'avant?
D'autre part, ne croyez-vous pas que cette question du stress, en raison
de la fonction elle-même, pourrait entraîner une possibilité
de révocation, de destitution ou autre toujours au sujet de ce
problème qui est quand même inhérent à la fonction?
Je pense que le contexte dans lequel vos membres ont à évoluer
est assez particulier, qu'il devrait y avoir un aspect particulier dans le
projet de loi ou dans la position du ministre sur ces sujets. Est-ce que vous
avez eu ces assurances du ministre et quelles sont vos recommandations sur ces
sujets? Là-dessus, Mme le Président, j'arrête, cela fait
deux minutes et demie.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: Au niveau de la rétrogradation, on est en
négociation et, effectivement, le gouvernement a déposé
une clause de rétrogradation avec diminution de traitement pour les cas
d'invalidité. On l'a rejetée. Le comité de
négociation est en consultation. Effectivement, il n'a pas encore
été reconnu d'une façon précise. On n'a pas eu
d'entente là-dessus. On trouve complètement aberrant, par
exemple, de rétrograder un gars qui a travaillé 25 ans dans une
prison, quand il s'est usé à la "job" il y a les facteurs
de stress professionnel et le contexte qui entoure cela de diminuer son
traitement et de l'envoyer ailleurs. C'est casser sa carrière.
Au niveau de la négociation d'une convention collective, on n'a
pas d'assurance du ministre là-dessus et on n'en a pas non plus au
niveau de l'introduction de certaines recommandations du rapport de Pierre
DuBois et associés. Par exemple, il est question, à un moment
donné, d'un service de santé professionnel et le tout petit bout
de chemin que la partie patronale a fait, c'est d'être d'accord sur le
principe d'un comité conjoint pour étudier la possibilité
qu'il y ait un service professionnel de santé. On en est très
loin. Je ne sais pas si c'est l'endroit pour discuter du contenu de la
négociation actuellement. On a eu des offres finales globales le 21
octobre et on s'en va vers une consultation des membres. Effectivement, on est
très loin du ministre et nous n'avons pas eu d'assurance dans le sens
que vous le demandez, pas du tout. On en est très loin.
M. Pagé: ... c'est le temps.
M. Caplette: II y a eu, à un moment donné, quelque
chose de déposé au niveau des accidents du travail.
Peut-être que dans le cas des accidents du travail, s'il y a de la place,
on sera réaffecté avec plein traitement, s'il y a de la place. Ce
n'est pas du tout une chose impérative. C'est un voeu pieux, mais s'il
n'y a pas de place, on va se servir de la rétrogradation, on va diminuer
notre salaire et on va être envoyé un peu partout, signaleur sur
la 20 ou ailleurs. C'est un objet qui est...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: Je pense que M. Caplette a répondu. Il
savait quelle réponse, en fait, il fallait donner à la question
que lui-même s'était posée, à savoir est-ce que
c'est vraiment le lieu ici pour discuter de ces questions. La réponse,
évidemment, c'est non. Actuellement, votre syndicat est en
négociation avec le ministère de la Fonction publique et c'est
dans le cadre de la table de négociation que ces questions doivent
être discutées. C'est justement...
M. Pagé: C'est relatif... M. de Belleval: Bien
non.
M. Pagé: Bien oui.
M. de Belleval: Cela n'a rien à voir avec la loi, puisque
tout ce que la loi détermine là-dessus, c'est un cadre, et le
cadre approprié, c'est la négociation collective. Ensuite, au
niveau du contenu particulier précis, c'est dans le cadre des
conventions collectives que toutes ces choses doivent être
réglées, comme elles l'ont été avec les autres
syndicats, d'ailleurs.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, Mme le Président.
M. Pagé: Je m'excuse auprès de mon collègue,
M. le ministre a peut-être omis de répondre à la
deuxième partie de ma question sur le dépôt du rapport
DuBois.
M. Le Moignan: II va répondre après.
M. de Belleval: C'est la même réponse, M. Caplette
le sait très bien. Le rapport DuBois est un instrument
intéressant pour discuter de ces questions dans le cadre de la table de
négociations collectives qui existe actuellement. Cela n'a rien à
voir avec la Loi de la fonction publique comme tel. Je pense que là, on
mélange les choux et les raves.
M. Pagé: Relisez votre article et vous pouvez...
M. de Belleval: Je comprends le député de Portneuf,
il n'est pas tellement familier avec ces choses-là et il mélange
tout. Mais...
M. Pagé: M. le Président, demandez donc au
ministre... D'ailleurs, ces gens-là avaient la même
interprétation que moi...
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député...
M. Pagé: Les bons juristes donnent les mêmes
interprétations des lois.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Pagé: Ne soyez pas inquiet là-dessus. En toute
humilité, M. le ministre.
M. de Belleval: Ramenez votre doigt, vous allez vous le faire
couper.
M. Le Moignan: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): C'est M. le
député de Gaspé qui a maintenant la parole. M. le
député.
M. Le Moignan: Je vous remercie une fois de plus.
M. de Belleval: J'avais quelque chose à dire
là-dessus, peut-être une dernière chose avant...
Le Président (Mme Cuerrier): Vous permettez, M. le
député?
M. Le Moignan: Pour M. Caplette, oui, pour les autres, non.
M. Pagé: Pas pour moi?
M. Le Moignan: Non, pas pour le député de
Portneuf.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: J'ai une question à poser à M. le
ministre; je suis bien d'accord pour ne pas amener tout le contenu de la
négociation ici. Le fait que vous ayez déposé dans le
projet de loi, à l'article 88, la rétrogradation, la
révocation, etc, vous me dites: d'accord, cela devrait être
négocié à la table de négociation des agents de la
paix; mais le dépôt de ce fameux article 88 sur la
rétrogradation dénote quand même, je suppose, les
intentions du gouvernement du Québec ou du ministre d'un tel principe de
rétrogradation et de révocation pour insuffisance
professionnelle. C'est ce que je voulais souligner et vous faire remarquer de
nouveau...
M. de Belleval: Je ne l'ai pas inventé d'ailleurs, je l'ai
repris des conventions collectives en vigueur, négociées par
l'ancien gouvernement de ce point de vue. Ce n'est pas moi qui ai
inventé le principe de la rétrogradation. Là-dessus, je
pense qu'on s'est expliqué suffisamment tantôt et qu'on s'est bien
compris sur le fait que ça fait l'objet de vos négociations
collectives. Cela ne fait pas l'objet d'une réglementation qui
enlèverait ça du champ des négociations collectives.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je reviens, Mme le Président, une fois de
plus, et j'espère continuer jusqu'au bout, surtout à cause de nos
intervenants.
Le Président (Mme Cuerrier): On ne vous laissera pas
tomber pour la troisième fois, M. le député de
Gaspé.
M. le Moignan: Non, mais étant donné qu'ils sont
ici pour la troisième fois, eux, je voudrais leur éviter le
supplice de revenir demain pour la quatrième fois. Ce serait pire ou que
leur tour soit remis sine die et qu'ils soient appelés dans un mois
comme la fonction publique. C'est pour ça que j'admire leur courage,
leur patience, leur franchise, leur conviction, parce que ce mémoire est
passablement bien préparé. C'est peut-être ce qui est
frappant, depuis le début des audiences de cette commission,
contrairement à la commission sur la langue, tous les intervenants, sans
exception, sont inquiets. Ils ont tous un point d'interrogation. Je comprends
un peu votre position, parce que vous avez à traiter avec
l'employeur, avec l'Etat et en même temps avec le ministre qui
symbolise un peu, je ne voudrais pas employer la comparaison du
député de Portneuf, avec sa couronne, qui symbolise...
M. Pagé: En termes juridiques, c'est vrai.
M. Le Moignan: En termes juridiques, c'est vrai.
M. Pagé: La couronne de sa majesté.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député de Portneuf!
M. Le Moignan: Le député de Portneuf a une
démangeaison ce soir, mais ce n'est pas la première fois; de
toute façon, c'est très bien.
M. Pagé: Cela n'a pas de bon sens ce projet de loi, vous
le savez.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député, à l'ordre!
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je remarque que vous avez la science du doute;
tous les autres groupes l'ont eue avant vous; vous vous sentez enfermé
dans une espèce de carcan, il y a chez vous une atteinte au syndicalisme
et je crois qu'il est bon que vous en fassiez mention au ministre. D'autres
groupes reviendront après vous et ils auront encore les mêmes
préoccupations. Quand on regarde la fonction publique, les
différents intervenants, surtout vous, vous êtes des agents de la
paix, vous auriez été mal venus d'écrire, en
première page cet adage: Si tu veux la paix, prépare la
guerre.
Autrement, on ne vous aurait pas pris au sérieux. Votre patience
indique que, pour des agents de la paix, même si on vient de loin, j'en
vois qui sont des agents de pêcheries, par exemple, qui n'ont
peut-être pas la crainte, l'inquiétude, de se faire assommer dans
une prison, mais qui pourraient se faire dévorer par un requin, par
exemple, même si on est gros, même si on est...
M. de Belleval: Se faire avaler par une baleine.
M. Chevrette: Cela avale des tout petits poissons aussi.
M. Le Moignan: Se faire avaler par une baleine, ou encore, se
faire apostropher par un manigaud. On ne sait jamais, les manigauds, cela
dévore, c'est mauvais. Il y a un monsieur là-bas qui pourrait
vous en dire quelque chose.
M. de Belleval: ...
M. Le Moignan: Vous me retardez tout le temps et vous êtes
pressé.
M. Chevrette: Jonas dans la baleine.
M. Le Moignan: Mais vous êtes inquiets pour l'avenir de
votre syndicat et je vous comprends. Vous avez mentionné je ne
veux pas tout reprendre ce qui a été dit que ce soit la
question du mérite, les nombreuses questions que vous venez de poser,
d'autres groupes les ont posées avant vous et ces groupes attendent
toujours une réponse. Si vous partez avec la réponse, vous
êtes chanceux. Vous allez avoir le don de toucher le coeur du ministre.
Et le ministre, sous des dehors tellement chaleureux, tellement sympathiques,
conserve un intérieur plutôt glacial. Vous allez le sentir, vous
l'avez déjà senti depuis que vous êtes ici. Je sais que
vous avez une convention, j'ai regardé cela un peu, et vous vous sentez
un peu brimés. Vous craignez que le pouvoir du ministre soit trop grand,
avec l'abolition de la Commission de la fonction publique et, en ayant affaire
au ministre, à ce moment-là, vous n'avez plus aucune
sécurité.
On a parlé beaucoup de patronage dans le passé.
Maintenant, le patronage du ministre est beaucoup plus inquiétant, parce
qu'il sera, comme l'a dit mon confrère de Johnson, un tsar. C est un mot
sur lequel il est revenu souvent et je crois que c'est inquiétant pour
eux. Ils ont p sur, ils craignent pour l'avenir.
Quand on regarde les concours, cette impartialité... Je ne pose
pas de question, M. le ministre, j'en viens à ma question. Je fais juste
un préambule. Je veux vous préparer, M. le ministre, pour
répondre à leurs questions.
M. Pagé: M. le député de Gaspé, le
tsar, cela venait du député de Jean-Talon. La vraie
identification, cela venait des libéraux.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre! A l'ordre, M. le
député de Portneuf! Vous ferez cette mise au point...
M. Le Moignan: Pour toutes ces choses, sur les aspects qu'ils ont
touchés, qui n'ont pas encore eu de réponse, je sais que le
ministre réfléchit. Vous voyez, le ministre est revenu, il a le
sourire. Tout à l'heure, il était inquiet, il était
nerveux, et là, il est calme. I! a eu le temps de mijoter ses
réponses. Vous allez les avoir, mais pas c 3 soir. De toute
façon, cela arrivera un jour.
Vous avez mentionné des articles tout de même assez
importants. Les articles 70, 80 et 88; je ne peux pas les reprendre, mais c'est
le point névralgique de toute votre affaire. Qu'il s'agisse de
révocation, de destitution, de classification, de promotion, tout joue
là-dedans et, en définitive, tout cela va dépendre d'un
seul homme. Qu'il soit ministre dans le gouvernement actuel ou dans un futur
gouvernement, quelle que soit la couleur ou l'allégeance politique, je
pense qu'il y a là quelque chose pour nous inquiéter. Mais c'est
parce que vous avez cette science du doute qu'il est bon que vous posiez vos
questions.
On a mentionné, la dernière fois, que le ministre aurait
dû attendre le rapport de la commission Martin, j'y reviens encore
on l'a mentionné tout à l'heure, et c'est très important
autrement, on risque de faire fausse route.
Ma question, pour n'en poser seulement qu'une, vous avez parlé de
matraque et de toutes ces choses-là, je sais très bien ce que
vous voulez dire, je n'ai pas besoin de l'expliquer, tout le monde l'a compris,
mais cette question du mérite, telle que vos questions sont
formulées, si on regarde ce qui se faisait antérieurement,
quelles sont vos craintes pour l'avenir, quand c'est un seul homme qui est roi
et maître de toute cette situation?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: Le problème avec le mérite, cela a
semé plusieurs interrogations, on ne sait pas exactement ce que cela
veut dire. On entend parler de compétence, mais il n'y a rien,
actuellement, dans la loi, telle qu'elle est faite, qui va garantir, selon
nous, que les gens les plus compétents vont être nommés.
C'est d'autant plus vrai que finalement, une personne qui se croirait
lésée par une décision d'un jury, ou des personnes qui
vont la nommer à une promotion, n'a aucun mécanisme d'appel
prévu pour savoir si, effectivement, c'est le plus compétent
je n'emploierai pas le mot méritant, parce que cela sous-entend
un paquet de choses il n'y a absolument rien dans la loi, qui garantit
que le plus compétent va être nommé.
La meilleure façon de le garantir, c'est de permettre à la
personne qui a passé un cou-cours, qui se croit la plus
compétente et qui n'a pas été nommée, d'en appeler
par un mécanisme quelconque. Cela n'existe pas dans le projet de loi. Il
n'y a rien qui garantit cela dans le projet de loi. Il y a la commission qui
voit à l'application de la règle du mérite, mais, au
niveau de la compétence, le projet de loi dit que le plus
compétent doit être nommé. Cependant, il n'y a rien qui
garantit un mécanisme d'appel à ce sujet dans le projet de loi.
C'est pour cela qu'on dit que la question de la compétence ou du
mérite est illusoire.
M. de Belleval: II y a l'appel, M. Caplette, qui est
prévu.
M. Caplette: On est trois ici. On passe un concours. Si je pense
être plus compétent que lui et qu'il est nommé, je ne peux
en appeler à une tierce partie ou à une tierce personne pour lui
demander de vérifier si c'est vrai, à moins qu'il y ait eu
irrégularité ou qu'il y ait eu des vices de forme. Si cela
apparaissait dans la loi, selon nous, ce serait la garantie que le plus
compétent serait nommé. Avec la subdélégation,
toute la ramification qu'il va y avoir dans l'application de cela et les textes
réglementaires qui vont exister à ce sujet, il n'y a pas de
garantie. Indépendamment de cela, il y a actuellement des vices de forme
importants qui existent et des personnes incompétentes siègent
à des jurys qui nomment des candidats aptes à des promotions. Le
projet de loi ne corrige pas cela encore. Il va peut-être le corriger
à long terme, mais c'est un apport de gestion.
M. de Belleval: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît?
M. Caplette: Le point névralgique, c'est que les candidats
ne peuvent pas en appeler, si ce n'est pas le plus compétent qui est
nommé.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: Je pense que là encore il est important de
voir les mécanismes nouveaux qu'introduit le projet de loi, qui assurent
une impartialité beaucoup plus grande, qui renforcent les
mécanismes, qui protègent le fonctionnarisme contre l'arbitraire
et le favoritisme et qui rendent le fonctionnement de la loi beaucoup plus
transparent que la loi actuelle.
En fait, quand j'ai rédigé ce projet de loi, j'ai
pensé qu'un jour, évidemment dans beaucoup d'années, un
nouveau gouvernement, un nouveau parti pourrait accéder...
M. Pagé: D'ici trois ans à peu près. Le
Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Pagé: Regardez les sondages, même pas, deux ans
et demi, tout de suite après le référendum.
M. de Belleval: ... et qu'évidemment, par malheur, dans un
moment de faiblesse, il...
M. Le Moignan:... le pouvoir à Montréal...
M. Pagé: 3000 personnes, en fin de semaine.
M. de Belleval: ... pourrait arriver qu'un très mauvais
ministre...
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. de Belleval:... de la Fonction publique accède à
la fonction. C'est pour cela qu'il y a, dans le projet de loi, des
mécanismes nouveaux qui font reculer l'arbitraire et le favoritisme,
mais, évidemment, je comprends que le député de
Gaspé fasse semblant de ne pas les voir, parce qu'à ce
moment-là il serait obligé d'admettre que la loi est bonne et
l'Opposition ne peut pas admettre qu'une loi est bonne.
M. Le Moignan: Ah!
M. de Belleval: C'est normal. J'aimerais...
M. Le Moignan: Quand la loi est bonne, on le dit, nous autres de
l'Union Nationale.
M. de Belleval: ... expliquer un certain nombre de choses. Cela
répondra, je pense, explicitement aux remarques que votre mémoire
soulève, entre autres, sur toute la question des concours.
Tout d'abord, les pouvoirs du ministre ne sont pas
discrétionnaires. Il ne peut décider de gérer la fonction
publique par simples directives administratives. Il faut qu'il le fasse dans un
cadre réglementaire, un cadre stable. Ce cadre, ces règlements ne
sont pas adoptés en catimini, ils sont publics et ils doivent être
soumis à l'avis d'une commission indépendante, commission qui,
contrairement, à la commission actuelle ne sera pas nommée par le
gouvernement, mais sera nommée par l'Assemblée nationale. Vous
faites une remarque d'ailleurs sur le terme d'office. Vous aimeriez que le
terme soit plus long de façon à assurer encore davantage cette
indépendance. Je trouve que c'est une remarque intéressante. On
va se pencher aussi sur cet aspect de la question.
Donc, une commission indépendante donne son avis. Cet avis ne
tourne pas en vase clos comme c'est le cas actuellement en vertu de la loi
actuelle, mais il est transmis à l'Assemblée nationale, ce qui
répond d'ailleurs à une critique qu'on fait souvent aux
lois-cadres. On dit que les règlements ne sont pas soumis à
l'Assemblée nationale pour pouvoir faire l'objet de l'étude, par
exemple, d'une commission parlementaire, s'il y a lieu.
Ensuite, cette nouvelle commission de la fonction publique a le pouvoir
d'enquêter, de sa propre initiative, sur tout aspect du fonctionnement de
la loi. Par exemple, si un concours est entaché d'une
irrégularité, si on pense qu'un jury n'a pas été
formé d'une façon impartiale, quelqu'un peut se plaindre, ou la
commission elle-même peut faire enquête. Les résultats de
ces enquêtes sont publics et peuvent être embarrassants justement
pour un gouvernement, ou pour un ministre, ou pour un fonctionnaire qui
n'aurait pas suivi les prescriptions de la loi de ce côté.
Finalement, on en arrive au principe du mérite au niveau des
concours. Vous faites un tas de remarques là-dessus. Comment seront
constitués les jurys? Quels seront les critères? etc.
Je tiens à vous dire là-dessus qu'il n'y a aucune loi de
la fonction publique, n'importe où dans le monde, qui met dans la loi
même, qui répond dans la loi même aux questions que vous
vous posez. Toutes ces choses doivent être déterminées par
voie réglementaire. De ce point de vue, on suit la pratique
générale, sauf que, comme je l'ai dit, il y a un organisme
autonome, indépendant qui va surveiller le fonctionnement de cela, alors
qu'actuellement, qu'est-ce qu'on a? On a un organisme qui est à la fois
juge et partie, un organisme qui fait des concours. Si on se plaint de la
qualité de ces concours, il faut s'adresser au même organisme qui
vérifie si son concours est bon ou n'est pas bon. Cela s'appelle
être juge et partie dans sa propre cause. C'est contraire à tous
les principes de notre droit administratif. De ce côté, la loi met
fin à cette pratique. A l'avenir, il y a un ministre qui exécute.
Il y a un chien de garde qui le surveille en faisant rapport à
l'Assemblée nationale, qui est le chien de garde ultime dans notre
système démocratique.
En ce qui concerne la règle du mérite, on reprend des
dispositions qui sont déjà en vigueur, les concours doivent
être ouverts à tous ceux qui peuvent être admissibles. Ces
concours doivent être de nature, comme c'est écrit dans la loi
actuelle, à constater impartialement la compétence ou le
mérite ou l'aptitude ou la valeur des candidats. Troisièmement,
les nominations doivent être faites conformément aux
résultats de ces concours, contrairement à la pratique actuelle
où on peut faire du patronage par en arrière en ne nommant pas
quelqu'un, même s'il a réussi un concours, et en nommant n'importe
qui, peu importe sa compétence, à la suite du concours.
Finalement, il y a un droit d'appel qui est permis sur la
régularité du processus, ce qui n'existe pas en vertu de la loi
actuelle. Bien sûr, vous dites que ce processus d'appel ne porte pas sur
le contenu même du jugement du jury. C'est bien évident. Il n'y a
aucune loi dans le monde qui traite de cette question, qui comprend les
mêmes dispositions et qui permet un appel sur le jugement même du
jury, parce que cela serait absurde. Cela reviendrait à dire que des
gens de l'extérieur, un tribunal d'appel qui n'a pas suivi tout le
processus pourrait substituer son jugement au jugement d'un jury
régulièrement constitué. Cela n'existe nulle part. Ce qui
est quand même très important, c'est de permettre un droit d'appel
sur la régularité du processus; par exemple, on ne pourra plus
exclure un fonctionnaire de l'accès à un concours de promotion
si, normalement, il a le droit d'avoir l'accès à ce concours de
promotion. S'il y a un conflit d'intérêts entre des membres du
jury et des fonctionnaires qui sont jugés devant ce jury, le concours
pourra être annulé et ces gens pourront être
disqualifiés, etc. Je pense, Mme le Président, que tout cela
constitue un progrès remarquable par rapport à la loi actuelle
qui fera que le fonctionnement, l'administration de la gestion de la fonction
publique devra se faire dans un contexte beaucoup plus transparent que
maintenant. Je comprends pourquoi l'Opposition n'est pas tellement favorable
à cela. Elle se dit: Si jamais on prend le pouvoir, on va être
pris pour gouverner au grand jour. Ces gens n'ont jamais aimé cela.
M. Pagé: Mme le Président, vous avez noyé le
poisson de la question...
M. Le Moignan: On va fermer la radio de Portneuf une seconde,
madame, et on va prendre le poste de Gaspé. J'ai une dernière
question.
M. Pagé: Je peux vous aider?
Le Président (Mme Cuerrier): Rapidement, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Une dernière question qui demande une
longue réponse, mais je la veux courte. Vous êtes en train de
négocier, je crois, dans le moment. C'est votre petit bouquin, je ne
vous demande pas de lire cela page par page. Quand vous regardez le projet de
loi 53, est-ce que l'affrontement est difficile, pénible ou si cela
s'annonce prometteur?
M. de Belleval: Mme le Président, je pense... Mais
ça ne me fait rien qu'on y réponde, sauf qu'on perd du temps
précieux pour discuter du projet de loi no 53.
M. Le Moignan: Non, j'ai demandé une réponse
très courte, M. le ministre.
M. de Belleval: D'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le président du
syndicat.
M. Caplette: Au niveau de la négociation, on a eu des
offres finales le 21 octobre, qui ont été refusées par le
comité de négociation. On s'en va voir nos membres. Il est bien
sûr que le ministre est à la fois le législateur,
l'employeur, etc.
M. Pagé: Juge et partie, oui.
M. Caplette: ... juge et partie, si vous voulez. On n'a pas
besoin de faire des grands dessins pour savoir...
M. de Belleval: Est-ce qu'il y a moyen de sortir de ce dilemme,
M. le député de Portneuf?
M. Caplette: ... dans quel carcan on est pris actuellement. C'est
bien sûr qu'on n'est pas proche d'un règlement je le
souhaite je suis de bonne foi, le ministre aussi. C'est possible qu'on
ait un règlement à un moment donné. Mais, bien sûr,
l'employeur, au niveau de la rétro, a des intentions bien claires dans
un projet de loi pour qu'on négocie finalement avec la même
personne, et pour une question de rétrogradation, ça fait tout un
poids avec lequel le ministre est bien placé pour négocier une
clause par rapport aux syndicats. C'est pour ça qu'on a fait des
remarques au sujet du projet de loi et on va continuer d'en faire au niveau de
la négociation. Vous êtes à la fois employeur et
législateur. C'est ça le problème des négociations
dans le secteur public.
Je voudrais revenir à la question du mérite. Si on ne peut
pas en appeler de la compétence, s'il n'y a pas de garantie que ce sera
le plus compétent qui sera nommé, même s'il y a des
règles qui existent, parce que ce sera finalement le ministre qui fera
les règlements, je suis bien d'accord que la commission va regarder le
mérite ou la compétence, mais, si on n'a pas la garantie d'en
appeler sur le fait que le plus compétent va être nommé,
quant à nous, ce sera l'arbitraire du mérite au lieu de
l'arbitraire de la commission, parce qu'on n'aura pas de garantie. Il se fait
des rapports...
M. de Belleval: II n'y a pas moyen d'en sortir.
M. Caplette: ... de jurys. Il y a un jury qui siège
à Québec, il y a un jury qui siège à
Montréal au niveau des inspecteurs, il y a des échanges entre
fonctionnaires et ce sont ces mêmes fonctionnaires qui seront
nommés. Ce sera un peu la question de "lécher le boss" pour avoir
la promotion" parce qu'ils ne pourront pas en appeler et il pourra toujours y
avoir des justifications et c'est très subjectif, un jury, et il n'y a
pas de tests, il n'y a pas de règles bien précises qui existent,
et si on ne peut pas en appeler, ce sera du patronage. Ce sera de la
subdélégation, si c'est le directeur de la prison qui...
M. de Belleval: Avez-vous une solution à proposer
là-dessus?
M. Caplette: Pardon?
M. de Belleval: Avez-vous une solution à proposer
là-dessus?
M. Caplette: Que les membres puissent en appeler de la
compétence de...
M. de Belleval: II n'y a aucune loi dans le monde qui permet
ça et ce serait absolument impossible, puisque ça voudrait dire
qu'on substituerait le jugement d'un autre jury, par exemple, à celui
d'un premier jury. Il n'y a rien qui garantirait que le deuxième serait
plus objectif que ie premier. Cela n'existe nulle part, M. Caplette, ce que
vous demandez.
M. Caplette: Si on établit un...
M. de Belleval: Ce n'est pas pour rien que ça n'existe
nulle part. C'est parce que ce n'est pas applicable.
M. Caplette: ...
M. de Belleval: Le seul appel qui peut être permis, qui
n'est pas permis en vertu de la loi actuelle, mais qui le sera maintenant,
c'est sur la régularité du processus. Cela n'existe nulle part
dans le monde. Cela ne se peut pas non plus, ça se comprend bien.
M. Caplette: II y a des moyens et le rapport DuBois en soulevait,
à savoir de rendre les concours de promotion, les jurys, une
façon de procéder pour que ce soit le moins subjectif
possible.
M. de Belleval: Je suis d'accord. Tout ça relève de
la réglementation; ça ne relève pas de la loi.
M. Caplette: On parle au niveau de la loi actuellement. Si vous
mettez dans la loi un appel pour savoir que quand ce n'est pas fait dans les
formes et quand c'est fait dans les formes, c'est vérifiable, on demande
que ce soit vérifié par un
appel, c'est-à-dire que ça apparaisse finalement dans les
règlements au lieu d'une loi. Ce ne serait pas la même garantie,
ce serait... C'est la seule façon, selon nous, pour assurer que les plus
compétents seront nommés. C'est la seule façon qui existe.
Dans les autres dispositions, cela peut devenir très arbitraire, surtout
avec la subdélégation et la délégation qui vont
exister au niveau des nominations et des promotions. Selon nous, ce n'est pas
une garantie.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm avait demandé la parole.
M. Chevrette: Mme le Président, j'ai plusieurs petites
questions relativement courtes. Je voudrais précéder mes
questions d'un petit préambule qui dit ceci:
A mon sens, c'est tout à fait normal que vous soyez un peu
inquiet sur les bords, bien sûr, et que vous ne compreniez
peut-être pas tout du premier coup...
Puis-je terminer?... En ce sens que le projet de loi est tellement
galvaudé et charrié que vous en apprenez des bribes un peu
partout. Je peux vous dire une chose. Il y a eu des réponses de
données, il n'y a pas eu un dialogue de sourds ici. Il y a eu des
réponses de données à plusieurs questions, dont une en
particulier, l'aire des négociations, et je ne suis pas surpris
qu'après une fois ou deux, une ou deux répétitions du
ministre, cela soit encore ambigu. Cela fait une trentaine de fois qu'il le
répète à la table et nos amis de gauche ne l'ont pas
encore compris.
Donc, que vous autres c'est la première fois vous
soyez un peu embarrassés, je le comprends personnellement, et je me
permettrai de le répéter une autre fois en dernier.
La première question que je voudrais vous poser, c'est la
suivante. Ai-je bien compris votre mémoire en disant que votre grand
souci, le plus grand de vos soucis est de ne pas voir diminué le champ
des négociations que vous avez actuellement diminué.
M. Caplette: Notre mémoire visait plusieurs choses. Entre
autres choses...
M. Chevrette: Je parle de votre plus grand souci.
M. Caplette:... d'étendre le champ des négociations
et à tout le moins, maintenir le champ actuel.
M. Chevrette: Je n'ai pas compris.
M. Caplette: D'étendre le champ des négociations
dans le secteur de la fonction publique et à tout le moins, maintenir le
champ actuel; si on change les règles du jeu, on dit simplement de les
changer... Je donnais l'exemple de la classification tantôt. On change
les règles du jeu dans la classification. Selon nous, cela touche l'aire
des négociations. Qu'on la rende négociable parce qu'on change
les règles du jeu.
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, vous voulez, dans un premier
temps, au moins maintenir le champ actuel, quitte plus tard, à le voir
agrandir. C'est bien cela?
M. Caplette: Dans les premières pages de notre
mémoire, lorsqu'il a été préparé et on
maintient encore notre position, on trouve que lors d'une réforme de la
Loi de la fonction publique, quant à toucher à cela, on aurait
dû étendre le champ des négociations pour bien faire les
choses dans un ordre de grandeur, pour ne pas les faire à la
pièce et notre mémoire dit bien clairement qu'on doit
étendre le champ des négociations.
Il est bien sûr que si les règles du jeu sont une partie de
notre objectif, on va atteindre une partie de notre objectif. Les objectifs
sont d'étendre le champ des négociations. Il y a la commission
Martin. Il y a bien des choses. On dit ce qu'on pense de tout cela. L'objectif
est d'étendre le champ des négociations.
M. Chevrette: Etes-vous conscient, avez-vous lu ou avez-vous
entendu des déclarations du ministre de la Fonction publique indiquant
à plusieurs reprises: Le statu quo est au moins assuré dans
l'aire des négociations?
M. Caplette: On y a fait allusion tantôt ici. On y a fait
allusion à plusieurs reprises. M. le ministre a
répété aujourd'hui qu'il ne voulait pas modifier l'aire
des négociations. On dit qu'actuellement, avec le projet de loi et ses
amendements tels que déposés, à cause de certains articles
en particulier, du pouvoir réglementaire, l'analyse qu'on en fait est
que cela touche l'aire des négociations.
M. Chevrette: Au-delà du texte que vous avez devant vous,
le texte du projet de loi 53, si le ministre vous dit... Vous savez que c'est
en troisième lecture qu'on amende un projet de loi, article par article,
mais prenez-vous la parole du ministre selon laquelle le statu quo est au moins
maintenu actuellement? Si vous vous refusez dès maintenant de prendre la
parole du ministre, c'est vrai que cela va devenir un dialogue de sourds.
M. Caplette: J'ai pris tantôt la parole du ministre
là-dessus.
M. Chevrette: Pardon?
M. Caplette: J'ai pris tantôt la parole du ministre
là-dessus. Je lui ai tout simplement dit qu'actuellement, selon nous, le
texte de loi et ses amendements ne voulaient pas dire cela. Si,
ultérieurement, cela veut dire ça, je vais être bien
content. Je ne suis pas pour me mettre... Je l'ai dit tantôt.
M. Chevrette: Vous allez être très contents. Je sais
que vous avez un processus mental plus rapide que celui du député
de Portneuf.
A la page 4 de votre mémoire, vous dites ceci: II n'en demeure
pas moins que sa conséquence première est de remettre en question
l'existence même du syndicalisme. Vous dites que le projet de loi 53
remet en question l'existence même du syndicalisme. Est-ce que vous
pourriez me dire en quoi?
M. Caplette: Monsieur, quand j'ai vu la première fois le
projet de loi et quand j'ai vu que l'approche que le gouvernement avait
décidé de prendre allait jusqu'à enlever les
premières choses qui se négocient dans les conventions
collectives: le droit d'arbitrage, les congédiements et les mesures
disciplinaires, on était en droit et c'était notre devoir et
notre responsabilité de syndicalistes de se poser de drôles de
questions parce que...
M. Chevrette: Dans quel article du projet de loi pouviez-vous
interpréter que le droit à l'arbitrage d'un grief vous
était enlevé? Ce que vous aviez lu à l'époque,
l'article 52 par rapport à l'article 91. Est-ce que vous aviez lu,
à l'époque, l'article 52a par rapport à l'article 91?
M. Caplette: C'était clair, quand le projet de loi a
été déposé, avant que les amendements ne soient
déposés, qu'on nous enlevait un droit de représentation
qui est la première chose qu'un syndicat négocie quand il est
accrédité, le droit d'aller devant un arbitre pour qu'il puisse
juger les recours sur les mesures disciplinaires. Quand le projet de loi a
été présenté, il représentait quand
même, je présume, l'intention du gouvernement; à ce
moment-là, en partant, il y avait ce droit acquis qui était
enlevé. Cela nous a amenés à nous poser la question et
à en' conclure que ce projet de loi mettait en cause l'existence
même du syndicalisme, d'autant plus je ne veux pas revenir sur ce
que j'ai déjà dit que toute l'approche
réglementaire qui est dans ce projet de loi va très loin; ce
n'est pas une question de se cacher des choses, le ministre de la Fonction
publique est à la fois employeur et législateur. Cela fait un
carcan qui est très lourd. L'argument principal des employeurs en
négociation je m'excuse d'y revenir c'est
déjà dans la loi, c'est déjà dans tel
règlement, cela s'applique déjà à tel secteur, etc.
A ce moment-là, on s'est posé la question: A quoi sert,
finalement, un syndicalisme si on ne peut même pas aller devant un
arbitre au niveau d'un congédiement pour mesures disciplinaires?
M. Chevrette: Est-ce que l'article 91 n'oblige pas le ministre,
ne soustrait pas l'autorité du ministre uniquement... Je vais la poser
autrement. Est-ce que le ministre de la Fonction publique n'est pas
impliqué uniquement au niveau des objets qui font l'objet précis
d'exclusions à l'intérieur de la loi 53 et que vous retrouvez
à l'article 52?
M. Caplette: Le nouvel article 91 ou l'ancien?
M. Chevrette: Les numéros, vous me pardonnerez...
Une Voix: Cela ne change rien.
M. Chevrette: ... je ne sais pas si c'est le nouveau ou l'ancien,
je les ai assez lus... Je sais que le Code du travail vous permet de
négocier tout en soi, d'accord. Sauf qu'à l'intérieur de
la Loi de la fonction publique, il y a une clause qui exclut des objets bien
précis. Ce sont ces objets qui ne sont pas négociables. Le
ministre n'a qu'un pouvoir de réglementation sur les objets qui sont
exclus de l'aire des négociations. En vertu des articles 52 et 91, je
les ai lus à plusieurs reprises, le ministre n'a pas le pouvoir
d'intervenir dans les objets de la négociation. Est-ce que vous avez
retrouvé l'arbitrage des griefs comme étant exclu de la
négociation pour soutenir l'argumentation que vous soutenez
présentement?
M. Caplette: J'ai déclaré tantôt qu'avec les
amendements il était évident que l'arbitrage, les mesures
disciplinaires, les appels de classement, les suspensions ou les
congédiements maintenaient le statu quo. C'est un bout de chemin qui a
été fait par le ministre. Je suis content qu'il l'ait fait. Quand
on a écrit le mémoire au mois de septembre, on était
convaincu que le projet de loi, tel que déposé, mettait
l'existence du syndicalisme en jeu. C'était la négation de
certains droits.
M. Chevrette: En d'autres mots, M. Caplette, en vertu de la
déclaration du ministre, des échanges qu'il y a eus, de l'article
52, de l'article 91, si vous aviez à réécrire votre
mémoire, vous ne vous serviriez plus de l'argumentation sur laquelle
vous vous basiez pour écrire que le projet de loi constituait un danger
énorme pour le syndicalisme lui-même?
M. Caplette: Est-ce que vous attendez sérieusement une
réponse?
M. Pagé: Pouvoir réglementaire.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais... M. de Belleval: Le
souffleur.
M. Chevrette: Pardon?
M. Caplette: Est-ce que vous attendez sérieusement une
réponse?
M. Chevrette: C'est pour vous démontrer que je vous ai
fait faire un cheminement pour arriver à ce que je pensais.
M. Pagé: Est-il fort, ce jeune homme? M. Le Moignan:
II voulait le dérider.
M. Chevrette: Je ne peux pas être aussi fort que la
duchesse de Portneuf, c'est impossible. Deuxième question, M. Caplette.
Vous dites, "avec les nouveaux pouvoirs qui sont dévolus au ministre
dans ce domaine, le Syndicat c'est à la page 7, je crois
des agents de la paix de la fonction publique n'a aucune garantie de pouvoir
faire valoir ses positions." Par rapport au statu quo qui est
décrété à la page 7, deuxième
paragraphe, de l'article "Pouvoirs et réglementations concernant la
classification" vous dites que vous n'avez plus aucune chance de faire
valoir vos positions. Mais ce n'est pas l'objet de ma question.
M. Caplette: On a dit, je l'ai explicité tantôt,
qu'on n'avait aucune garantie de faire valoir nos positions. Je me suis
fié à un comité consultatif. La commission a
accepté, par le moyen d'un règlement, un comité
consultatif sur la classification. C'est une garantie qu'on a, jusqu'à
preuve du contraire. Ce n'est pas dans la loi, mais c'est la commission qui a
le pouvoir, ce n'est pas le ministre.
Il y a un règlement qui a été fait,
c'est-à-dire que la commission a accepté une demande, cela a
été concrétisé dans les conventions collectives. On
n'a pas de garanties, avec le nouveau projet de loi, qu'on va nous consulter
avant qu'il y ait des modifications de classification. Il est possible que, par
règlement, le ministre décide de maintenir une forme semblable de
statu quo. Mais, de toute façon, on va perdre une partie dans ces
comités consultatifs, qu'est la Commission de la fonction publique.
M. de Belleval: Juste un petit mot. Je suis d'accord avec vous
que vous n'avez pas de garantie, en vertu du projet de loi. Tout ce que j'ai
dit tantôt, c'est que vous n'en aviez pas plus en vertu de l'ancien
projet de loi. Il n'y a pas de changement là-dessus. C'est la bonne foi
des parties qui va s'appliquer.
M. Caplette: Cela a pris dix ans de représentations pour
pouvoir avancer et faire des représentations qui se tiennent au niveau
des classifications.
M. de Belleval: Oui, mais le projet de loi ne change rien par
rapport à cela.
M. Caplette: Selon moi, on a des droits acquis et, dans la
convention collective, ce sont des garanties de trois ans en trois ans pour
lesquelles il faut se battre souvent, pour les reconduire. Ce sont des
garanties qui existent dans la convention collective, qui ne sont pas dans la
loi.
Là, on dit tout simplement, dans notre mémoire, au niveau
de la classification, qu'avec le projet de loi, on n'a plus de garanties. On
n'a plus de garanties, parce qu'il faut recommencer à zéro. La
commission n'aura plus ce pouvoir, ce n'est pas elle qui va faire la
classification, qui va réglementer pour faire les classifications, cela
va être le ministre. C'est donc dire que la garantie qu'on a acquise avec
des luttes de cinq ou dix ans, on ne l'aura plus. Il va nous falloir
recommencer à zéro avec vous, M. le ministre, pour avoir droit
d'être consultés au niveau de la classification.
M. de Belleval: Non, je ne suis pas d'accord avec votre
interprétation. Je m'inscris en faux contre cela. Vous n'avez pas moins
de garanties avec le projet de loi actuel qu'avec l'ancienne loi. Ce n'est pas
en vertu de la loi que vous avez ces garanties, c'est en vertu de vos
conventions collectives et en vertu de la bonne foi des parties.
Le Président (Mme Cuerrier): Je me vois dans l'obligation,
messieurs...
M. Chevrette: Mme le Président, je ne sais pas si on
prévoit... si vous nous permettez, avant que vous ne prononciez le mot
fatal.
Le Président (Mme Cuerrier): Deux minutes pour remercier
les...
M. Pagé: II est dix heures moins deux.
M. Chevrette: II est dix heures moins deux, Mme le
Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Rapidement, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais demander une prolongation, étant
donné que nous sommes seulement deux ou trois à avoir
parlé, c'est assez odieux, il y a des gens qui viennent de loin,
peut-être qu'en dépassant de quelques minutes, nous pourrions
permettre à ces gens de teminer leur exposé ce soir, je
trouverais cela très décent pour eux.
M. Pagé: Oui. Vous avez mon consentement, Mme le
Président. On va arrêter l'horloge.
Le Président (Mme Cuerrier): Tout le monde sait bien que
nous sommes assujettis à un nouveau règlement de
l'Assemblée nationale, que nous avons des contraintes...
M. Chevrette: Je me suis informé auprès du leader
de la Chambre...
M. Pagé: L'assemblée est souveraine, Mme le
Président. Il y a consentement unanime, Mme le Président.
M. Chevrette: II y a consentement unanime.
Le Président (Mme Cuerrier): Pour terminer
l'intervention...
M. Pagé: M. le député de Joliette, M. le
député de Laurier et un petit mot pour terminer, s'il n'y a pas
d'autres intervenants. On est d'accord. M. le député de
Saint-Hyacinthe...
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce que vous êtes
prêts à fixer un certain moment pour terminer?
M. Pagé: Dix ou quinze minutes.
M. Chevrette: Si cela dure trop longtemps, on invoquera un
règlement quelconque.
M. Pagé: Dix minutes.
Le Président (Mme Cuerrier): II y a consentement unanime.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous venez de me répondre sur la question de
la classification. Je vais passer à l'ancienneté. Vous avez fait
miroiter que l'ancienneté pouvait être un des critères de
promotion, tout en parlant de compétence. Vous avez accolé
cela... A une réponse au ministre, vous disiez ceci, face à la
rétrogradation: Advenant qu'on ait le pouvoir de négocier les
critères de mutation, ou d'affectation, ou de réaffectation... Le
principe comme tel de rétrogradation, est-ce que j'ai bien compris que
vous l'acceptiez, pour autant qu'il y ait cette possibilité de
négocier les retours, les réaffectations?
M. Caplette: Ce que j'ai dit au niveau de la
rétrogradation, c'est qu'on est contre le principe de prendre un
employé qui s'est usé pendant 5 ans, 10 ans, 25 ans sur le "job"
et de l'affecter à un "job" qui comporte une diminution de traitement.
On trouve le principe même de rétrograder des individus
inacceptable, parce que, finalement, il doit y avoir des dispositions, quand,
à un moment donné, un employé n'est plus capable de
remplir sa fonction, pour qu'il puisse s'en aller chez lui pour
invalidité ou autre chose. La responsabilité de l'employeur,
à ce moment-là, est très grande.
Tout ce que j'ai souligné, c'est qu'on devrait beaucoup plus
parler, à ce moment-là, non pas de rétrogradation, mais de
réaffectation. C'est-à-dire qu'à un moment donné,
peut-être qu'un agent de la paix devrait avoir un droit dans la
convention collective qui dirait que, quand il aurait fait un certain nombre
d'années, cinq ans ou dix ans, et que c'est évident que c'est le
"job" qui l'a usé, il aurait une possibilité, à son choix,
d'être réaffecté ailleurs. Cela dépend si c'est de
l'usure professionnelle ou que... Cette possibilité, je l'ai tout
simplement évoquée comme cela, mais, quand même, au niveau
de l'invalidité, notre précision c'est qu'on ne doit pas,
après qu'un employé a travaillé dix ans ou quinze ans dans
une fonction, le changer de classification avec une diminution de salaire. On
doit beaucoup plus privilégier des avenues qui pourraient être,
par exemple, de confier une partie des tâches qui sont dans la
classification, la description de tâches, à ces employés,
ou de leur faciliter l'accès à des "jobs" moins stressants, etc.
Cela dépend des nuances à apporter. C'est un sujet qui est assez
complexe. Cela dépend de chaque cas, etc.
L'approche de la rétrogradation, je la trouve aberrante, non
acceptable, etc.
M. Chevrette: D'accord, mais, même si vous la trouvez
aberrante, non acceptable, il y a souvent des positions dans le syndicalisme...
J'en ai fait passablement. Vous savez qu'on est placé
peut-être que vous avez eu à en régler parfois, dans
des situations aussi aberrantes ou répugnantes; on efface un
congédiement et, grâce à une clause du genre, on
réussit à sauver quelques individus. Vous le savez aussi.
M. Caplette: Je l'ai déjà dit au ministre. Pour
moi, révoquer quelqu'un ou le rétrograder, c'est à peu
près la même chose, cela a la même signification et les
mêmes répercussions. Je vais prendre un exemple bien
précis. La clientèle que je...
M. Chevrette: Pour le droit au travail, vous maintenez cela
même face au droit au travail, M. Caplette?
M. Caplette: Pardon?
M. Chevrette: Dans une rétrogradation, le gars ou
l'individu, la personne conserve son droit au travail. C'est très
différent d'un congédiement.
M. Caplette: Je dis que cela a les mêmes effets au niveau
de l'employé. Actuellement, on a des cas d'invalidité.
L'employeur n'est même pas capable de trouver des fonctions ou des
"jobs". Il congédie le gars purement et simplement. C'est se conter une
peur de penser qu'on va être capable de trouver à
l'intérieur de la fonction publique des emplois où seraient
reclassés ou réaffectés ces employés. Je dis
simplement que si, pendant 25 ans, un agent de conservation de la faune,
à un moment donné, a exercé son métier et qu'il a
eu un accident de motoneige ou bien qu'il a eu des répercussions au
niveau de sa santé qui ne lui permettent plus d'accomplir efficacement
son "job", ce n'est pas en lui disant: Je te rétrograde et je t'envoie
là avec une diminution de salaire qu'on fait quelque chose pour cet
employé. C'est aussi mauvais pour lui que s'il était
congédié et que de le renvoyer chez lui. Cela a le même
effet psychologique sur l'individu, et il y a la frustration que cela engendre,
etc. C'est ce que je dis. On devrait beaucoup plus essayer de trouver des
emplois à ces gens où ils feraient une partie de la
classification des agents de conservation de la faune ou, au pis aller, si ce
n'est pas possible d'en trouver, regarder une réaffectation avec plein
traitement et un "job" équivalents au niveau des avantages marginaux,
etc. C'est complètement aberrant de croire qu'un employeur peut penser
qu'après 25 ans, on va rétrograder quelqu'un avec une diminution
de traitement qui, va affecter ses droits à la retraite, ses avantages
sociaux, etc. Je trouve cela, complètement aberrant. Chez nous, une
étude l'a démontré, on a des problèmes
graves de santé. Notre inquiétude est très grande. On est
en négociation. On va faire la bataille avec les moyens qu'on a.
M. Chevrette: Je vais terminer rapidement, Mme le
Président. Je vais prendre un exemple concret. J'aime parler dans le
concret. Vous avez un gars qui occupe un poste de promotion, un poste
d'autorité dans la hiérarchie. Il est petit patron, cadre
intermédiaire, et il est syndiqué quand même, il a droit
à la syndicalisation. Je suppose que le bonhomme en question prend un
coup dans l'exercice de ses fonctions. Entre vous et moi, vous allez chercher
à lui dire: Ecoutez, il ne mérite pas d'être à la
porte, vous ne lui donneriez pas un poste de travailleur à une
barrière, je ne sais pas? Ce n'est pas votre façon de fonctionner
quand vous faites face à un congédiement?
M. Caplette: Ce que vous me dites là, M. Chevrette, c'est
un nouveau principe que vous introduisez, parce que la rétrogradation
actuellement est pour la perte d'un droit, l'incompétence,
l'invalidité ou pour insuffisance professionnelle. Ce n'est pas une
mesure disciplinaire. Si vous introduisez la rétrogradation comme mesure
disciplinaire, je vais crier d'une autre façon. Dites-le moi, je vais
faire d'autres représentations.
M. de Belleval: On ne l'a pas mis non plus.
M. Chevrette: M. Caplette, est-ce que celui-là se
négocie de plein droit?
M. Caplette: M. Chevrette m'a posé la question
tantôt. Comme mesure disciplinaire, qu'est-ce que j'en pense? La
rétrogradation actuellement, selon l'explication,
l'interprétation qu'on en fait, cela n'a jamais été une
mesure disciplinaire. Si c'est pour donner une mesure disciplinaire...
M. Chevrette: Je terminerai, Mme le Président, en disant
que je comprends que le mémoire, qui est plutôt teinté de
négociation... C'est un peu normal parce que vous êtes en
négociation présentement. J'ai bien l'impression que,
inévitablement, vous avez été influencés par le
contexte de la négociation, mais le mémoire, comme tel,
représente beaucoup plus une position de négociation qu'une
position de vision ou de perception de la loi. Je ne peux pas vous blâmer
pour ça. Vous êtes sans doute influencés par le contexte,
c'est bien évident. Mais je voudrais, une fois de plus, vous rassurer
quant aux droits acquis et au statu quo. On vous a dit qu'au-delà du
texte qui est devant vous, on va chercher, article par article, à
ramener ça dans les circonstances en vous disant que la commission
Martin siège et que, pour l'élargissement, on attend le rapport
de la commission Martin. C'est ce qu'on a dit à plusieurs reprises.
Peut- être que, ce soir, cela contribuera à faire poser d'autres
questions par nos amis d'en face.
M. de Belleval: Et d'à côté.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Mme le Président, merci. Moi aussi, comme il
ne reste que quelques instants, je voudrais tout d'abord remercier le Syndicat
des agents de la paix de la fonction publique du sérieux de son
mémoire, mais, par contre, je veux aussi lui dire que je sympathise avec
lui. Je suis peiné, à l'instar de tous les autres groupes qui ont
présenté des mémoires ici, que vous retourniez chez vous,
ce soir, vous qui vous êtes déplacés de très loin
comme tous les autres groupes, sans réponse. Je me demande si je
pourrais même suggérer qu'on vous rappelle et que vous reveniez,
parce que, comme le syndicat de la fonction publique, je me demande si vous
devez repasser. Ils sont venus et ils sont retournés sans
réponses, eux aussi. Je voulais suggérer qu'on vous rappelle,
mais je me demande si ça vaut la peine qu'on vous déplace, parce
qu'il semble que le ministre n'ait donné aucune réponse
concrète. Il veut garder cette "tsarerie" et tout décider
lui-même dans ses règlements, au Conseil du trésor,
où il passera ce qu'il voudra, et je regrette infiniment pour vous. Je
ne vous poserai pas...
J'avais deux questions et je ne vous poserai même pas la
deuxième question. J'avais l'intention de vous demander si vous
considériez que ce projet de loi est antisyndical. Je ne vous demanderai
même pas de répondre. Je pense que, comme fonctionnaire, vous vous
êtes déjà exposés pas mal et je vous félicite
de ne pas avoir eu peur de dire ce que vous aviez à dire, de
revendiquer... Ce que vous avez dit est vrai. Depuis dix ans...
Ce gouvernement, ces gens qui avaient tout prévu et promis qu'ils
régleraient tout dans la grande démocratie, ils sont, je pense,
les tsars aujourd'hui du Parlement de Québec, et de la province de
Québec et je sympathise avec vous.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, Mme le Président. Dans votre
mémoire, quand vous parlez de l'article 88, à la page 27, vous
mentionnez: Nous pensons que l'introduction de la notion d'insuffisance
professionnelle devrait amener le gouvernement à se pencher d'abord sur
ses échecs lamentables dans l'élaboration de ses programmes de
recyclage et de perfectionnement.
Ma question est la suivante: D'après votre expérience
passée, que reprochez-vous à ces programmes de recyclage et de
perfectionnement?
M. Caplette: Je vais vous donner seulement un exemple bien
précis. Au niveau du secteur de
la détention, où on a environ 1500 membres, cela fait
à peu près dix ans qu'on fait des représentations pour
qu'il y ait des programmes de formation et de recyclage cohérents. Tout
ce que cela a donné, même au moment où on se parle, ce sont
dix pénibles jours ouvrables par année pour les nouveaux
employés et un recyclage pour tous les employés de dix jours par
année depuis qu'ils sont entrés en fonction. Le rapport Pierre
DuBois et Associés démontre très bien que, dans le milieu
où on travaille, il faut du recyclage régulièrement et il
faut une formation de base donnée par l'employeur indépendamment
des capacités ou des compétences de l'individu. Là-dessus,
on n'a jamais atteint nos objectifs, contrairement à d'autres secteurs,
par exemple je n'ai pas peur de le dire comme les agents de
conservation de la faune qui, effectivement, ont des programmes de formation et
de recyclage qui sont cohérents, qui sont acceptables et qui sont bons.
Au niveau du secteur de la détention, c'est une vraie cochonnerie. Cela
n'a jamais abouti et cela ne mérite même pas le nom d'un programme
de formation. C'est une tentative très timide et, en détention,
il y a des problèmes de recrutement de personnel, etc., et on est
toujours aux prises avec le même problème depuis l'existence du
syndicat, soit depuis dix ans.
M. Cordeau: Votre problème date de plusieurs
années?
M. Caplette: Depuis l'existence du syndicat, on se bat pour qu'il
y ait une formation et un recyclage cohérents au niveau du secteur de la
détention, cela fait onze ans.
M. Cordeau: Alors, nous devrons attirer l'attention du
gouvernement sur ce manque de recyclage des employés.
Merci, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense que, sur les points fondamentaux, on
s'est expliqué d'une façon assez extensive à plusieurs
reprises. Je pense aussi que non seulement on s'est expliqué, mais aussi
qu'on s'est rejoint sur pas mal de points.
Sur les points les plus essentiels, je pense qu'on s'est mis d'accord.
Je comprends par ailleurs que vous avez des objectifs plus vastes et je les
respecte. On pourra toujours en discuter dans un autre contexte.
Pour ma part, j'apprécie aussi votre souci de discuter de cette
question d'une façon rationnelle pour essayer vraiment de cerner les
problèmes et faire en sorte qu'on soit mutuellement sur la même
longueur d'ondes et qu'autant que possible c'est mon souci sur
les choses essentielles il existe quand même un consensus et qu'on
établisse ensemble des règles du jeu mutuellement admises. Je
suis particulièrement ouvert à un certain nombre de questions que
vous avez soulevées qui touchent à certaines classes
d'employés que vous représentez et qui ont des conditions de
travail bien particulières. Dans mon propre comté j'ai un
établissement de détention, un des plus importants du
Québec. Je suis allé le visiter, j'entretiens des relations
étroites comme député avec les employés de ce
centre; avec les cadres aussi et je suis bien au fait de ce que cela implique.
Je vous assure de ma sympathie par rapport à un tas de remarques que
vous avez faites et qui touchent à ces questions. Je pense que si on
maintient un climat d'ouverture, un climat de discussion par rapport à
un climat qui serait plutôt un climat d'affrontement stérile, je
pense qu'on va progresser. D'ailleurs, on n'a pas intérêt, ni vous
ni moi, à maintenir des climats qui sont justement agressifs; nous
devons, au contraire, essayer de maintenir un climat d'ouverture d'esprit et de
dialogue. Je suis bien convaincu que c'est aussi votre point de vue, en tout
cas c'est le mien.
Le Président (Mme Cuerrier): J'aimerais me faire le
porte-parole de cette commission pour remercier le Syndicat des agents de la
paix de la fonction publique d'avoir bien voulu contribuer au travail de la
commission. J'aimerais vous dire que nous n'avons dépassé l'heure
de l'ajournement que de quelques secondes, malheureusement, nous devons
ajourner maintenant sine die.
M. Caplette: Nous vous remercions, Mme le Président.
(Fin de la séance à 22 h 16)
ANNEXE
(Partie du mémoire du Syndicat des agents de la
paix de la fonction
publique qui n'a pas été lue devant la
commission)
Commission de la fonction publique
ARTICLES 16 à 27
Deux principaux points sont à retenir au sujet de la constitution
de la Commission de la fonction publique.
En premier lieu, le mandat de ses membres est écourté
à cinq ans. Bien qu'en principe une telle procédure puisse
être un gage d'un certain renouvellement continu des ressources humaines
siégeant à la Commission, nous nous devons de nous interroger sur
la sensibilité qui se développera au sein de cette Commission aux
changements politiques qui s'opèrent lors des élections et des
tractations politiques qui les accompagnent malheureusement trop souvent.
Et même si le renouvellement du mandat des membres de la
Commission ne coïncidait pas normalement à chaque élection,
il n'en resterait pas moins que les habitudes, les procédures et la
philosophie générale adoptées sous un gouvernement ne
seront pas nécessairement celles du gouvernement qui le suivrait. Pour
cette raison, l'indépendance de la Commission est contestable a
priori.
En second lieu, puisque l'article 28 de la loi de la fonction publique
vise à substituter aux arbitres de griefs les domaines qui
relèvent aujourd'hui des conventions collectives (classification;
promotion ou avancement de classe; rétrogradation; révocation ou
destitution entendues ici comme mesures disciplinaires) pour édicter que
ces sujets seront dorénavant entendus devant la Commission, les
syndicats perdront le droit qu'ils avaient de déterminer, d'un commun
accord entre les parties, les personnes qu'elles désiraient voir
auditionner les causes litigieuses.
Puisqu'il semble qu'au niveau de ses intentions le gouvernement semblait
déterminé à créer un organisme dont
l'intégrité ne devait pas faire l'ombre d'un doute (réf:
Art. 23: Loi de la fonction publique), nous nous attendions à ce qu'il
crée une Commission qui, dans son fonctionnement, ne puisse pas
être placée en conflit d'intérêt avec son
créateur. Un organisme indépendant du gouvernement et du
ministère de la fonction publique aurait acquis une
crédibilité que n'aura jamais celle qu'il vise à mettre
sur pied.
ARTICLE 28 a)
Comme nous l'avons mentionné dans nos commentaires sur l'article
27, le gouvernement supprime la procédure d'arbitrage connue et la
remplace par des appels à la Commission.
En termes clairs, ceci signifie que les recours prévus à
l'article 17 de notre contrat et concernant la classification, l'article 18
concernant l'avancement de classe et l'article 22 concernant les mesures
disciplinaires à la fois dans leur lettre comme dans leur esprit sont
supprimés et remplacés. Il institue de plus chez les
syndiqués du S.A.P.F.P. la rétrogradation, la révocation
ou la destitution pour insuffisance professionnelle.
Les règles du jeu sont non seulement faussées mais il nous
apparaît qu'elles le sont démesurément en faveur de l'une
des deux parties puisque ces règles seront déterminées par
les règlements du Ministre au lieu de faire l'objet de l'entente des
parties.
A nos yeux, la Commission n'aura d'autre choix que de fonctionner tels
que le prescritont les règlements.
ARTICLE 28 b)
La Commission aura le mandat de faire "de sa propre initiative
enquête sur le fonctionnement de la présente loi".
Qu'adviendra-t-il si, à la suite de plaintes de divers syndicats sur le
fonctionnement de cette loi, la Commission refuse d'user de son
privilège d'initiative pour faire enquête? Il serait sain et
normal qu'une procédure de plaintes sur le fonctionnement de la loi
permette aux organismes touchés par le bill 53 d'être
assurés qu'une enquête juste et impartiale sera menée
jusqu'à satisfaction des parties.
Conséquence de la suggestion émise au paragraphe
précédent, il serait utile que le pouvoir de recommandation
qu'elle détiendra pour faire rapport aux autorités
compétentes, pèse plus que des voeux pieux.
ARTICLE 28 c)
Si la Commission commente sur la règlementation à venir,
il serait sainement démocratique que cette dernière,
premièrement, ne soit pas bâillonnée si le Ministre refuse
de prendre avis de celle-ci et qu'en second lieu, les prises de position de la
Commission vis-à-vis de la règlementation que le Ministre se
propose de faire soient du domaine public et livrées à l'analyse
des organismes concernés.
II nous semble donc que la Commission devrait adresser à
l'Assemblée nationale ses avis sur les règlements que le Ministre
entend faire même si ce dernier n'a pas cru bon de les lui demander.
Peut-être serions-nous mieux éclairés si le Ministre
décidait de bâillonner la Commission en s'abstenant de lui
réclamer ses commentaires.
ARTICLE 28 d)
Quant à son pouvoir d'aviser sur le principe du mérite
à savoir si les règlements y sont conformes ou non, on comprendra
très bien que si cette définition laisse une place trop
importante au subjectivisme, les avis qu'elle donnera auront autant de valeur
que les avis que se partageront les personnes qui seront appelées
à en appliquer les principes.
ARTICLE 29 aucun commentaire
ARTICLE 30 aucun commentaire
ARTICLE 31 aucun commentaire
ARTICLE 32
Le règlement de la Commission concernant l'application de
l'article 28 n'étant pas connu il est impossible de déterminer
qui et combien de personnes siègeront pour statuer sur les recours
visés au paragraphe a) du premier alinéa de l'article 28. Le
syndicat sera-t-il assuré d'être représenté ou tout
au moins de participer à la décision? La présence des
procureurs du syndicat sera-t-elle permise? Quelle sera la procédure?
Autant de questions sur lesquelles la loi est muette.
ARTICLE 33 aucun commentaire
ARTICLE 34 aucun commentaire
ARTICLE 35 aucun commentaire
ARTICLES 36 à 44
Le bicéphalisme n'est pas une garantie d'une meilleure
organisation et d'un meilleur fonctionnement de la fonction publique. Les
remarques faites quant à la durée du mandat des membres de la
Commission s'appliquent à ceux de l'Office "mutatis mutandi".
ARTICLE 45
Bien qu'à première vue la dichotomie faite entre l'Office
et la Commission assure théoriquement (cette assurance, ce n'est pas
nous qui l'avons mais le Ministre) une sélection du personnel plus
juste, il n'en reste pas moins que l'Office, de par son organisation, n'offre
pas de meilleures garanties que ne l'offrait par le passé la Commission
de la fonction publique. Qu'il suffise d'avoir en tête que la personne
présidant aux destinées de l'Office ne bénéficie
que d'un mandat de cinq ans, que la délégation et la
subdélégation de pouvoir risquent de noyer, d'éparpiller
et de diffuser ce pouvoir d'admettre les candidats aux emplois de la fonction
publique au sein de chaque ministère et, conséquemment, de
compromettre le contrôle de la conformité à la fois
à la lettre comme à l'esprit dans laquelle devraient se faire le
recrutement, la sélection, la déclaration d'aptitude et la
nomination des candidats.
ARTICLE 46 aucun commentaire
ARTICLE 47 aucun commentaire
ARTICLE 48 aucun commentaire
ARTICLE 49 aucun commentaire
ARTICLE 50 aucun commentaire
ARTICLE 51 aucun commentaire
ARTICLE 52 aucun commentaire
ARTICLE53 aucun commentaire
ARTICLE54 aucun commentaire
ARTICLE 55 aucun commentaire
ARTICLE 56 aucun commentaire ARTICLE 57
Cet article reprend les dispositions de l'ancien article 45 de la loi de
la fonction publique avec les différences suivantes: -"La mise en
disponibilité" se fera de façon que le Ministre
déterminera par voie de règlement. Or, comme les syndicats ne
sont pas assurés d'être consultés sur ces modalités,
tout se fera au bon vouloir du Ministre. La sécurité d'emploi
sera donc rattachée à une foule de variables sur lesquelles les
syndicats n'auront aucun contrôle. - Le traitement de l'employé
est maintenu; cependant l'employé n'est pas assuré de continuer
à obtenir les mêmes augmentations salariales qu'il aurait eues
s'il était resté en poste au moment de sa mise en
disponibilité. Certains fonctionnaires qui seront mis en
disponibilité paieront donc de leur personne le manque de
prévoyance des gestionnaires qui ne sont pas habiles dans la confection
et la préparation de plan d'organisation.
ARTICLE 58
L'article 58 précise les volontés du Ministre de
réglementer en vertu de l'article 3a) i) et iv). La Commission n'a plus
aucun rôle à jouer, les syndicats non plus.
ARTICLE59 aucun commentaire
ARTICLE 60
L'actuelle classification de tous les corps d'agents de la paix
comportait déjà une clause permettant à l'employeur de
faire accomplir "toutes les tâches connexes" à celles qui sont
décrites dans la classification. L'article 60 confirme, tout comme dans
l'ancienne loi, l'élasticité des tâches décrites
dans la classification.
ARTICLE 61
Cet article décrit les recours d'un employé
lésé par un nouveau classement. Au lieu de faire primer la
négociation de bonne foi d'une entente entre les parties, le Ministre
privilégie une procédure qui sera établie par la
Commission sur laquelle ni le syndicat ni les employés n'auront de
prise.
ARTICLE 62 aucun commentaire
ARTICLE 63 aucun commentaire
ARTICLE 64 aucun commentaire
ARTICLE 65 aucun commentaire
ARTICLE 66
Nous espérons que le prix des privilèges accordés
au personnel politique ne taxera pas les chances d'un fonctionnaire de
carrière d'obtenir une nouvelle affectation, une mutation ou une
promotion. Le fonctionnaire de carrière sera-t-il moins bien
considéré que le personnel politique?
ARTICLE 67 aucun commentaire
ARTICLE 68 aucun commentaire
ARTICLE 69 aucun commentaire
ARTICLE 70
L'introduction du principe du mérite pour le recrutement et la
promotion du personnel de la fonction publique suscite plus de questions sans
réponse qu'il n'énonce de solutions aux problèmes que
cherche à.résoudre le Ministre.
Nous restons dans l'ignorance totale sur les points suivants: -quels
sont les critères des concours? -quelle sera la définition du
mérite? -quelles seront les interprétations qu'en donneront les
personnes chargées d'examiner le mérite de tel ou tel candidat?
-de combien de personnes seront formées les jurys? -de qui seront-ils
formés? -quelles garanties d'impartialité aurons-nous au sujet de
ces jurys? -quelle compétence sera exigée des personnes
appelées à exercer les fonctions du jury? -qu'elle formation sera
donnée à ceux qui seront appelés à y siéger
sans détenir à cette date cette compétence? -les syndicats
seront-ils appelés à désigner des observateurs membres de
ces jurys?
Ici, nous sentons la nécessité de rappeler l'une des
recommandations contenues dans l'étude faite au Syndicat des Agents de
la Paix de la Fonction Publique. 12.0 - NOUS RECOMMANDONS LA REVISION DES
MECANISMES ACTUELS DE PROMOTION ET L'ETABLISSEMENT, AU BESOIN, D'UN PROGRAMME
SYSTEMATIQUE DE PROMOTION DU PERSONNEL CADRE.
Une meilleure formation et un système de promotion mieux
articulé pourraient atteindre cet objectif. Au plan technique, il
importe de fonder le système de promotion sur une batterie de tests
psychométriques valides et sur l'entrevue psychologique en profondeur.
Le personnel assigné à l'évaluation des candidats devrait
posséder une formation et une expérience adéquates dans ce
domaine de l'administration du personnel.
Ce système devrait mesurer les connaissances et le potentiel
administratif des candidats de même que leur compétence
interpersonnelle. 3
Nous avons l'impression que cette recommandation est plus explicite que
la nébuleuse notion de mérite et qu'elle présuppose un
programme à moyen terme qui ne s'accommoderait pas d'une
législation et d'une règlementation faites sans consultation.
A ces remarques préliminaires qui concernent plus
précisément la sélection du personnel de cadre
(promotion), nous ajoutons le pendant qu'elles possèdent au niveau de la
sélection à l'embauche (nomination). 8.0 - NOUS RECOMMANDONS UNE
ANALYSE COMPLETE DES PROCEDURES ACTUELLES DE SELECTION ET L'ETABLISSEMENT, AU
BESOIN, D'UN SYSTEME SCIENTIFIQUE DE SELECTION DU PERSONNEL.
L'établissement d'un système scientifique de
sélection du personnel permettrait de retenir les candidats qui
partagent les caractéristiques psychologiques des agents de la paix 'qui
s'acquittent avec facilité de leurs fonctions...
Ce système de sélection devrait reposer sur trois
techniques d'évaluation, soit la fiche biométrique, les tests
psychométriques et l'entrevue psychologique. La fiche biométrique
et les tests psychométriques devraient être soumis au processus de
validation et de normalisation. Les critères de validation devraient
comprendre des mesures d'adaptabilité psychologique à la
fonction. 4 3. Idem, page: 320 * Nous n'aborderons pas ici les
caractéristiques de la fonction de l'agent de la paix qui font
qu'à nos yeux un statut particulier devrait leur être
accordé. Tout les différencie des autres groupes de travail de la
fonction publique et, à ce titre, ils commandent un traitement
différent de celui qui est accordé à tout autre
fonctionnaire; que ce soit au chapitre de l'embauche, de la promotion, de la
classification comme de bien d'autres domaines. 4. Idem page: 317
Si le principe du mérite recouvre les recommandations telles
qu'énoncées, nous nous en réjouissons.
ARTICLE 71
Qui définira la "raisonnabilité" de l'occasion
accordée à un candidat de postuler à un emploi ou à
une promotion.
Si nous prenons en considération que les 2,500 membres de notre
syndicat sont inégalement répartis sur toute la superficie du
Québec, dans des centaines de lieux de travail, il est important que les
parties s'entendent sur ce qu'il est raisonnable de faire pour communiquer aux
intéressés les avis de concours. Il ne faudrait pas que
l'isolement de certains lieux de travail pénalise ces
employés.
ARTICLE72 "Examinées" est-il synonyme de "retenues" dans
l'esprit du Ministre.
ARTICLE 73
Quels sont les mécanismes prévus pour contester cette
impartialité? N'y a-t-il pas risque, ici, que le même organisme
soit juge et partie de l'impartialité? Les diverses conventions
actuellement en vigueur contiennent à l'heure actuelle des dispositions
qui permettent aux syndicats de s'assurer en partie du déroulement
impartial des concours par la délégation de représentants
syndicaux sur les jurys. Le Ministre entretient-il le désir de maintenir
cette pratique?
ARTICLE 74 aucun commentaire
ARTICLE 75
Le Ministre aurait pu y aller en accordant d'abord le privilège
aux employés faisant déjà partie de l'unité
syndicale où se produit la vacance de façon à permettre
entre autres cas la mutation, le reclassement ou la promotion
interministériel privilégié entre le personnel faisant
déjà partie de l'unité syndicale à laquelle ces
employés appartiennent.
ARTICLE 76
Cet article confirme nos appréhensions contenues dans nos
remarques à l'article 45.
ARTICLE 77 aucun commentaire
ARTICLE 78
Serons-nous consultés si le Ministre décidait de prolonger
ou de réduire la période de probation actuellement définie
dans le règlement de la classification des agents de la paix?
ARTICLE 79 aucun commentaire
ARTICLE 80
Le mécanisme d'appel prévu à cet article nous
semble être un recours illusoire dans le cas où l'appel que
pourrait faire un employé le serait sur le mérite même.
Comment la vérification sera-t-elle possible pour connaître si
l'Office a sélectionné effectivement en fonction de la
règle du mérite? Puisque la règle du mérite risque
de comporter une grande part du subjectivisme, comment un employé
pourra-t-il prétexter l'illégalité ou
l'irrégularité?
Conséquemment au fait qu'aucun recours n'existe sur le
mérite lui-même et bien que la Commission soit appelée
à surveiller l'application de la règle du mérite, comment
pourrons-nous nous assurer que tous les fonctionnaires seront traités
uniformément et équitablement partout si les recours, nous le
répétons, ne portent pas sur le mérite lui-même?
ARTICLE 81
Notre convention à l'article 17.04 prévoyait une
possibilité de grief sur ce sujet. La procédure est maintenant
remplacée par un appel à la Commission. Cet article, tel que
rédigé, nous semble ignorer la possibilité de pratiques
injustes possibles. La présélection des candidats à des
postes d'une classe supérieure n'est-elle pas validée de cette
façon? Il suffira d'affecter temporairement un fonctionnaire à
une classe d'emploi supérieure à celle qu'il occupe pour garantir
de cette façon détournée un poste supérieur
à tel candidat plutôt qu'à tel autre. En vertu de quel
critère sera faite la déclaration d'aptitude?
Qui se prononcera sur cette déclaration d'aptitude? Cet article
semble contredire les dispositions de la règle du mérite.
ARTICLE82 aucun commentaire
ARTICLES 83 à 87
Les dispositions contenues dans ces articles permettront aux
gestionnaires de se débaras-ser des employés dont ils ne sont pas
satisfaits. Nous pouvons aussi nous demander jusqu'à quel point ces
dispositions ne constitueront pas dans les faits des mesures disciplinaires
déguisées en mesures administratives.
Nous ajoutons, de plus, que nous trouvons étonnant qu'aucune des
personnes responsables de l'affectation, de la mutation, du reclassement et de
la rétrogradation d'un employé ne soit tenue de justifier par
écrit les raisons qui motivent le geste posé à leur
égard.
Nulle part n'est inscrite la possibilité pour un employé
de réclamer une nouvelle affectation, une mutation, un classement ou un
reclassement différent de celui qu'il possède. La gestion du
personnel est faite à sens unique.
ARTICLE88
L'article 88 impose aux syndiqués du S.A.P.F.P. les notions de
destitution, révocation ou rétrogradation pour insuffisance
professionnelle ou incapacité d'agir.
Quels seront les juges de l'incompétence et de
l'incapacité d'agir de tels ou tels employés? En vertu de quels
critères seront déterminés l'incompétence et
l'incapacité d'agir? Quelle uniformité y aura-t-il au sein de la
fonction publique dans l'application des critères? N'y a-t-il pas risque
qu'il y ait autant de définitions de l'incompétence et de
l'incapacité d'agir qu'il y aura de sous-ministres et de dirigeants
d'organisme?
Nous pensons qu'à ce sujet le gouvernement, dans
l'incapacité qu'il était d'agir pour solutionner les
problèmes qu'il avait avec ses cadres supérieurs, a
décidé d'en faire une mesure universelle, rayant d'un trait de
plume les ententes prises avec les syndicats où de telles clauses
avaient été négociées et ne premettant pas l'ombre
d'une discussion, d'une négociation chez les unités syndicales
où des dispositions semblables n'apparaissaient pas dans leur convention
collective.
D'ailleurs, de telles dispositions remettent en question la
sélection qui a été faite à l'origine pour
l'embauche des employés de la fonction publique. Or, si c'est cette
question qui amène le gouvernement à prévoir des
mécanismes de destitution, de révocation et de
rétrogradation pour insuffisance professionnelle, c'est une intervention
qui ne correspond pas à la racine du mal. Nous pensons que
l'introduction de la notion d'insuffisance professionnelle devrait amener le
gouvernement à se pencher d'abord sur ses échecs lamentables dans
l'élaboration de ses programmes de recyclage et de perfectionnement.
L'insuffisance professionnelle se développe lorsque l'employé
n'est pas mis en face d'un train de mesures visant à maintenir sa
compétence au niveau de l'évolution de sa tâche et des
responsabilités qui en découlent. Et c'est justement à ce
niveau que nous nous serions attendus à voir le Ministre mettre
l'accent.
D'autre part, la destitution, la révocation et la
rétrogradation sont introduites pour les employés se trouvant
dans l'incapacité d'agir. Quels sont les sombres desseins du Ministre
derrière cette question? Visent-ils les cas d'invalidité?
L'invalidité occupationnelle et non-occupationnelle?
C'est donc dire que, là où l'emploi comporte des dangers
supérieurs pour l'employé de devenir invalide, les protections
seront moindres ou tout au moins les chances d'être
révoqué, destitué ou rétrogradé plus
sérieuses.
De telles mesures sont inacceptables et constituent la négation
même de la responsabilité de l'employeur vis-à-vis ses
employés. Si les fonctions assumées par nos membres comportent
des exigences, exigences qui en viendraient à diminuer les
capacités physiques ou psychologiques de ces derniers à assumer
leur tâche, il est de la responsabilité stricte de l'employeur de
pourvoir à la sécurité de ses employés.
Sécurité tant sur le plan de leur santé comme celui de
leur emploi.
Une saine gestion des ressources humaines commande de chercher les
origines des maux plutôt que de mettre en place des mesures qui
ressemblent beaucoup plus à des palliatifs.
Une récente étude faite chez les membres de notre syndicat
par la firme de psychologues industriels conseils Pierre DuBois et
Associés en arrivait à la conclusion suivante: 18% des agents de
la paix éprouvent un stress professionnel constant dans l'exercice de
leurs fonctions, alors que 24% de leurs confrères le ressentent de
façon occasionnelle ou modéré...
Le stress professionnel observé chez les agents de la paix
dépasse celui enregistré chez les groupes équivalents
(policiers, pompiers).
Le stress professionnel ressenti par les agents de la paix
entraîne un éventail impressionnant de problèmes de
santé tant physique que psychologique. Ces malaises et/ou maladies,
d'origine nerveuse pour la plupart, dépassent en fréquence et en
gravité ceux ressentis par des groupes de comparaison équivalents
(policiers et pompiers). 5 5. Idem, page: 276.
Donc, nos fonctions, en plus de comporter des risques évidents
plus grands pouvant conduire à une invalidité professionnelle
plus ou moins complète, minent quotidiennement la santé physique
et psychologique de nos membres et peuvent les diriger à moyen ou
à long terme vers un état pouvant permettre, en vertu de
l'article 88, à des dirigeants d'organisme de conclure que ces personnes
sont dans un état qui leur interdit désormais de remplir leurs
fonctions. A-t-on déjà songé à rétrograder
un agent de la S.Q.?
Pourtant le même rapport faisait la recommandation suivante qui
nous apparaît comme une réponse plus adéquate aux
problèmes constatés chez nos membres. 7.0 - NOUS RECOMMANDONS
L'ETABLISSEMENT D'UN SERVICE DE SANTE PROFESSIONNEL QUI AURAIT POUR OBJECTIF
D'AMELIORER LA SANTE PHYSIQUE ET PSYCHOLOGIQUE DES AGENTS DE LA PAIX, DE
DEPISTER LES AGENTS DE LA PAIX QUI PRESENTENT DES PROBLEMES PSYCHOLOGIQUES ET
PHYSIQUES. ET D'IMPLANTER DES PROGRAMMES DE PREVENTION DU STRESS PROFESSIONNEL.
6
II aurait fallu privilégier une approche préventive
plutôt que celle mise de l'avant dans le projet de loi qui, à nos
yeux, sans aller aux sources des maux vise à sauver les meubles lorsque
tout l'édifice est sur le point de s'écrouler.
Nous suggérons, d'ailleurs, aux auteurs du projet de loi de
s'arrêter au discours de Monsieur Pierre Marois devant les Hautes Etudes
Commerciales, discours prononcé le 10 juin 1977, dont le thème
était: "Santé, Sécurité et Qualité de vie au
travail".
Monsieur Marois disait qu'"il serait naïf de croire cependant qu'il
n'y a pas de problèmes sérieux de qualité de vie au
travail. Les indices d'une telle situation sont trop nombreux pour qu'on n'en
tienne pas compte... Ces problèmes sont sérieux et il
m'apparaît évident qu'il faudra éventuellement trouver des
solutions originales. Et ce, d'autant plus que, si on ne le fait pas, ces
problèmes risquent, à mesure que les situations vont se
détériorer davantage, d'avoir un impact marqué sur le
climat de relations de travail." Monsieur Pierre Marois ajoutait à la
fin de son discours: "il est encore trop tôt pour indiquer dans quelle
mesure l'Etat québécois pourrait être appelé
à intervenir dans cette direction."
Nous lui répondons donc que la fonction publique a trouvé
sa voie et ses solutions oriaina-les, ce sont celles de la matraque. Le
Ministre de la Fonction publique n'a plus de respect pour son personnel que les
multinationales de l'amiante en avaient de leurs "amiantosés".
Cependant, et Monsieur Marois le faisait remarquer, une telle attitude
risque de marquer le climat des relations de travail. Il faudra donc s'entendre
si c'est la concertation que l'on vise ou la confrontation.
Quant à nous, il nous semble évident que le gouvernement a
déjà fait son choix. Il devra cependant en faire son lit.
ARTICLE89
Les mécanismes d'appel prévus à l'article 89 sont
la négation des dispositions prévues dans les conventions
collectives là où ces mesures existent. Encore là, et au
risque de nous répéter, les règles de l'arbitrage font en
sorte qu'il y ait concertation dans le choix des arbitres. Les
mécanismes de la Commission ne prévoient rien à cet
égard.
ARTICLE 90 aucun commentaire
ARTICLE 91 aucun commentaire
ARTICLE 92 aucun commentaire
ARTICLE 93 aucun commentaire
ARTICLE94
II s'agit encore ici d'un recul et d'une perte des droits de grief et
d'arbitrage connus sur les sanctions imposables en vertu des normes de conduite
et de discipline édictées par le Ministre. Et, puisque la
Commission sera placée devant la réglementation que le Ministre
aura fait adopter, on peut s'interroger jusqu'à quel point la Commission
pourra exercer son libre arbitre. 6. Idem, page: 316.
D'autant plus qu'il est sans doute possible que cette
réglementation équivaille au code de discipline tel qu'il est
connu dans les corps policiers, et que chaque type d'infraction aux normes de
conduite et de discipline soit assorti jusque dans le moindre de ses
détails d'une série de sanctions, graduées ou non selon la
gravité des gestes posés et de leur fréquence.
ARTICLE 95 aucun commentaire
ARTICLE 96 aucun commentaire
ARTICLE 97 aucun commentaire
ARTICLE 98
La révocation, la destitution, le relevé provisoire et les
sanctions disciplinaires ne sont plus contestables par la procédure
habituelle prévue à la convention collective.
Mais il y a plus. A l'heure actuelle, l'arbitre à l'article 22.03
ne pouvait imposer une sanction disciplinaire d'un niveau plus
élevé que celui que l'employeur avait choisi de décerner
à un employé alors que la Commission pourra dorénavant
transformer par exemple une réprimande en révocation.
Cet article ne crée pas d'obligation vis-à-vis de
l'employeur de formuler les raisons de l'imposition d'une ou des sanctions
disciplinaires. On peut se demander dans quelle disposition l'employé
touché par les mesures décrites à l'article 98 pourra en
appeler à la Commission s'il n'en connaît pas les raisons.
L'article tel que rédigé vient non seulement à
l'encontre des dispositions des conventions collectives mais nie et viole
quelques principes de droit reconnus (droit à une défense pleine
et entière, droit de savoir de quoi on est accusé, droit
d'être représenté par une personne de son choix).
Il est enfin inadmissible qu'un membre d'un syndicat ne puisse en
appeler d'une décision (art. 98) devant un arbitre selon des termes
négociés. Il est abusif de confier une responsabilité
d'arbitre à une tierce partie qui n'est pas choisie et qui ne fait pas
l'accord des deux autres. Il s'agit à toute fin pratique de la
disparition des clauses 22.01 22.02 22.03 22.04 de notre
convention collective de travail.
ARTICLE 99 aucun commentaire
ARTICLE 100 aucun commentaire
ARTICLE 101 aucun commentaire
ARTICLE 102 aucun commentaire
ARTICLE 103
Le fonctionnaire demeure donc un citoyen de deuxième classe et
confirme qu'il existe pour cette catégorie d'individus un délit
d'un type bien particulier: le délit d'opinion.
ARTICLE 104 aucun commentaire
ARTICLE 105
L'ancien article 55 faisait que le travail partisan pouvait
entraîner une destitution. Sous la férule du gouvernement du Parti
québécois, un tel comportement devra comporter de façon
automatique la destitution.
ARTICLE 106 aucun commentaire
ARTICLE 107 aucun commentaire
ARTICLE 108 aucun commentaire
ARTICLE 109 aucun commentaire
ARTICLE 110 aucun commentaire
ARTICLE 111
Les garanties prévues à l'article 3.03 de notre convention
collective seront-elles reconduites dans les termes décrits à
notre convention ou si la disposition prévue à l'article 111 en
tiendra lieu?
ARTICLE 112 aucun commentaire
ARTICLE 113 aucun commentaire
ARTICLE 114 aucun commentaire
ARTICLE 115 aucun commentaire
ARTICLE 116 aucun commentaire
ARTICLE 117 aucun commentaire
ARTICLE 118 aucun commentaire
ARTICLE 119
Cet article a comme conséquence première de retirer du
champ de négociation tout ce qui concerne le classement et les mesures
disciplinaires.
Nous comprenons fort mal l'intention du gouvernement de vouloir retirer
aux syndicats les droits de représentation et de négociation
qu'ils avaient acquis historiquement sur ces sujets.
Ces mesures auraient été mieux comprises s'il
s'était agi, comme dans le cas du projet de loi 45 et du secteur
privé, d'assurer et de garantir une protection minimale à des
fonctionnaires de l'Etat non visés et protégés par une
convention collective.
Non seulement ce n'est pas le cas, mais le gouvernement retire
effrontément aux syndiqués des droits que ces derniers avaient
acquis par le biais des négociations collectives.
Il met donc ainsi en jeu l'existence même des syndicats puisque sa
réglementation prétend pouvoir mettre sur pied des organismes et
des mécanismes capables, à ses yeux, de mieux assurer la
défense des employés.
Nous nous étions au contraire attendus à un
élargissement du champ de négociation des syndicats faisant
affaire avec l'Etat, et à une reconnaissance du rôle dynamique qui
est reconnu aux syndicats dans la société
québécoise.
Nous citons encore ici Monsieur Marois qui, rappelant
l'expérience suédoise, en faisait un modèle-guide:
La Suède, par exemple, s'est déjà rendue assez loin
dans cette direction: on va, par exemple, jusqu'à remettre en question
le droit de gérance de l'employeur dans tous les domaines qui concernent
directement les travailleurs.
De plus, alors que, d'une part, l'Etat a décidé de
s'engager dans une voie où il veut laisser une place à la
consultation et où il se vante de vouloir partager le pouvoir avec la
population (réf. projet sur le référendum), d'autre part,
il décide de faire machine arrière dans le secteur de la fonction
publique. Ces deux voies sont irréconciliables et il faudra qu'il
s'ajuste. Une loi n'est pas un phénomène marginal; elle est
l'indicatif d'un type de gouvernement. Serait-ce alors celui que le Parti
québécois a choisi de nous imposer?
ARTICLE 120 aucun commentaire
ARTICLE 121 aucun commentaire
ARTICLE 122 aucun commentaire
ARTICLE 123 aucun commentaire
ARTICLE 124 aucun commentaire
ARTICLE 125 aucun commentaire
ARTICLE 126 aucun commentaire
ARTICLE 127 aucun commentaire
ARTICLE 128 aucun commentaire
ARTICLE 129 aucun commentaire
ARTICLE 130 aucun commentaire
ARTICLE 131 aucun commentaire
ARTICLE 132 aucun commentaire
ARTICLE 133 aucun commentaire
ARTICLE 134 aucun commentaire
ARTICLE 135 aucun commentaire
ARTICLE 136 aucun commentaire
Nous considérons ce projet de loi 53 comme antisyndical et, par
conséquent, nous demandons: -que la classification, les conditions de
travail et de rénumération, l'évaluation du personnel,
l'affectation, le classement, le reclassement, la mutation, la mise en
disponibilité et les sanctions disciplinaires deviennent ou continuent
de faire partie du champ de négociation; - que la rétrogradation,
la révocation ou la destitution pour insuffisance professionnelle ou
incapacité d'agir soit abandonnée par le gouvernement tant dans
ce projet de loi que dans son introduction dans les conventions collectives car
ce principe nie la responsabilité du gouvernement vis-à-vis ses
employés; -que le gouvernement élabore et applique une
véritable politique de perfectionnement qui, à ce
moment-là, rehausserait la compétence professionnelle de ses
employés; -que des mécanismes assurant l'indépendance de
l'Office du recrutement et de la Commission de la fonction publique
vis-à-vis le gouvernement et le Ministère de la Fonction publique
soient prévus notamment en ce qui regarde la durée du mandat et
la nomination de leurs responsables; -que soit retiré à la
Commission de la fonction publique le rôle d'arbitre des griefs qui lui
est conféré par le présent projet de loi et soient
maintenues les garanties prévues dans les conventions collectives; -que
l'Office du recrutement nous fournisse des assurances suffisantes que le
recrutement, lorsqu'il sera fait à des paliers inférieurs de
gérance (réf. art. 45, 3e paragraphe: délégation de
pouvoir), ne sera pas l'occasion de camoufler un recrutement qui ne
respecterait pas les articles 71-72-73; - que le principe du mérite soit
aboli s'il ne respecte pas les recommandations contenues dans "l'étude
du stress inhérent à la fonction d'Agent de la Paix"
(recommandations: 8.0 et 12.0); -qu'un mécanisme d'appel sur le
mérite soit instauré dans l'éventualité où
notre précédente recommandation ne serait pas retenue; -que les
employés de la fonction publique puissent profiter de tous les droits
qui sont conférés à tous les autres citoyens en
matière de "partisanerie" politique sous la réserve que ces
droits ne devraient pas s'exercer durant les heures de travail.