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Étude des crédits du ministère de
la Fonction publique
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la fonction publique est réunie pour
procéder à l'examen des crédits budgétaires du
ministère de la Fonction publique.
Les membres de cette commission sont M. Bellemare (Johnson), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de Belleval
(Charlesbourg), M. Garneau (Jean-Talon), M. Gen-iron (Abitibi-Ouest), M. Gravel
(Limoilou), M. Jolivet (Laviolette) et M. Pagé (Portneuf).
Les intervenants sont M. Beauséjour (Iberville), M. Dussault
(Châteauguay), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Martel (Richelieu), M. Ouellette (Hull), M. Picotte (Maskinongé), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaillancourt (Orford).
Avant de commencer les travaux de cette commission, il y aurait lieu de
désigner un rapporteur. Le député de Sainte-Marie
accepterait-il d'agir comme rapporteur?
M. Bisaillon: J'ai quasiment envie de dire non. Oui, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne l'Opposition
officielle, étant donné que MM. Garneau et Pagé ne sont
pas ici, c'est moi qui vais être le porte-parole de l'Opposition
officielle.
Le Président (M. Clair): M. Vaillancourt (Orford), vous
étiez déjà indiqué comme intervenant. J'imagine que
vous désirez remplacer l'un des deux membres de la commission. Alors,
disons que vous remplacez M. Garneau (Jean-Talon) comme membre.
M. Vaillancourt (Orford): Parfait.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Sainte-Marie, vous agirez comme rapporteur pour cette commission. M. le
ministre, vous avez la parole.
M. de Belleval: Bienvenue mes chers collègues et messieurs
les députés de l'Opposition. J'ai quelques remarques
préliminaires, si vous le désirez bien.
M. Bellemare: Comme d'habitude. M. de Belleval: C'est
l'habitude. M. Bellemare: C'est la tradition.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que ce serait une bonne
idée de nous faire un exposé des vues futures de votre
ministère.
Remarques préliminaires M. Denis de
Belleval
M. de Belleval: D'accord. Je voudrais simplement rappeler les
responsabilités qui sont confiées au ministre de la Fonction
publique en vertu de la loi actuelle de la fonction publique.
La responsabilité exécutive la seule qui est
confiée nommément au ministre de la fonction publique est celle
de négocier les conventions collectives avec les fonctionnaires des
ministères et organismes nommés en vertu de la Loi de la fonction
publique. Les autres responsabilités confiées au ministre sont
des responsabilités de type conseil auprès du gouvernement sur
les méthodes les plus susceptibles d'améliorer la gestion de la
fonction publique. Les autres responsabilités administratives
réglementaires sont confiées à un organisme autonome qui
s'appelle la Commission de la fonction publique ou au Conseil du
trésor.
Dépend aussi du ministre de la Fonction publique la Commission
administrative du régime de retraite responsable de l'administration
effectivement du système de pensions qui s'applique soit aux
fonctionnaires, soit aux enseignants, soit au personnel des Affaires sociales
ou soit à d'autres personnels particuliers.
Dans ce contexte, vous savez que déjà, l'an dernier,
j'avais fait part à cette commission de l'intention du gouvernement de
changer d'une certaine façon cette répartition des tâches
et de confier au ministère de la Fonction publique un pouvoir plus large
en matière de gestion du personnel. Cette intention a été
concrétisée par la présentation d'un projet de loi qui a
fait l'objet d'une commission parlementaire et qui devrait nous revenir durant
les prochaines semaines sous forme remaniée à la suite de cette
commission parlementaire ou de suggestions et réflexions
supplémentaires qui ont été faites depuis ce temps et
à la suite aussi, en partie, du dépôt du rapport de la
commission Martin-Bouchard sur le régime de négociation dans les
secteurs public et parapublic.
M. Bellemare: Plus le rapport...
M. de Belleval: Dans ce contexte, la tâche du ministre de
la Fonction publique, cette année, a consisté conformément
à sa loi, à mettre en branle les processus nécessaires et
à coordonner les actions en matière de renouvellement de
conventions collectives de travail.
Comme vous le savez, un certain nombre de conventions collectives ont
été renouvelées. Les deux plus importantes sont celles des
policiers de la Sûreté du Québec et des agents de la paix
de la fonction publique. Une négociation collective est en cours
actuellement, celle très importante des fonctionnaires du Syndicat des
fonctionnaires de la province de Québec. À cet égard, le
syndicat a
déjà déposé des demandes complètes et
nous avons commencé à déposer graduellement les offres du
gouvernement. Les offres complètes en matière dite normative ont
déjà été déposées et les discussions
se poursuivent là-dessus. Ce qui concerne les dispositions relatives
à la carrière des fonctionnaires et, bien sûr, les clauses
dites financières sera déposé, un peu plus tard au fur et
à mesure.
Du côté de la Commission administrative du régime de
retraite, nous avons procédé cette année à la
rédaction d'un projet de loi assez important qui vise à
régulariser une fois pour toutes la situation des enseignants
ex-religieux en matière de bénéfices de retraite. Un
projet de loi devrait être déposé incessamment à
l'Assemblée nationale à ce sujet. Du côté de la
Commission de la fonction publique, outre ses tâches normales, de concert
avec le ministère et le secrétariat du Conseil du trésor,
elle a procédé au début de la rédaction d'un projet
de nouvelles politiques de gestion des cadres supérieurs du
gouvernement, ce qui était une des priorités dont j'avais
parlé l'an dernier. (10 h 15)
Le projet a été accepté dans ses grandes
orientations, mais la rédaction du contenu même n'est pas encore
terminée. Pendant l'année aussi, nous avons procédé
à la reconnaissance officielle des associations de cadres
supérieurs ou de cadres dits intermédiaires dans la fonction
publique. Reconnaissance formelle par un arrêté en conseil qui
prévoit essentiellement quels sont les personnels qui sont ainsi
reconnus au sein d'une association et qui prévoit que le gouvernement
s'engage à consulter ces personnes, via leur association, avant de
modifier leurs conditions de travail. Nous sommes en voie, actuellement,
d'appliquer le contenu de ces arrêtés en conseil. Voilà en
gros les remarques préliminaires que je voulais faire. Je n'ai pas
besoin d'insister de nouveau sur l'importance, à mon avis, d'une
réforme en profondeur de la Loi de la fonction publique en vue de
confier à un ministre de la Couronne, pour prendre l'expression
consacrée, compte tenu du contexte constitutionnel dans lequel nous
sommes, la responsabilité véritable d'améliorer
constamment la gestion de notre fonction publique.
Ceci s'impose d'autant plus que, comme vous le savez, en l'espace d'une
dizaine ou d'une quinzaine d'années, cette fonction publique a pris des
proportions inconnues, compte tenu de notre évolution antérieure.
Une telle évolution, tant en nombre qu'en qualité aussi, impose
au gouvernement des responsabilités supplémentaires et demande
aussi que des mesures plus concrètes soient prises, de façon
à digérer, jusqu'à un certain point, et à
bâtir sur cette évolution et sur cette inflation, au sens non
péjoratif du terme, de bons effectifs.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, il me fait
plaisir de saluer toute la batterie de fonction- naires qui accompagne le
ministre, ici ce matin. J'aurais bien aimé qu'il nous les
présente, mais je pense qu'il l'a peut-être oublié, ou il
ne lui semble pas nécessaire de nous présenter ses
fonctionnaires. Est-ce qu'il serait possible de nous donner un petit peu la
fonction...
M. de Belleval: M. le député d'Orford, certains
n'étant pas arrivés au moment ou nous avons commencé cette
réunion, j'ai cru préférable d'attendre que tout le monde
soit ici avant de vous les présenter. Il me fera plaisir de le faire
après vos remarques préliminaires, si vous êtes
d'accord.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. de Belleval: Je crois, d'ailleurs, qu'en habitué de
cette commission, vous connaissez ces messieurs, le ministre étant
l'occasionnel de passage et les hauts fonctionnaires étant le substrat
permanent essentiel de l'action gouvernementale.
M. Georges Vaillancourt
M. Vaillancourt (Orford): Considérant les nombreux
événements survenus au cours de l'année budgétaire
qui vient de se terminer, considérant que nous aurons à voter des
crédits de $72 776 800 pour l'année 1978, année qui sera
marquée par des négociations avec le Syndicat des fonctionnaires
du Québec groupant près de 48 000 syndiqués, quelque 5000
enseignants anglo-catholiques et quelque 22 000 employés du secteur des
Affaires sociales à titre d'infirmiers, infirmières et
techniciens, ceci représentant près du tiers des employés
des secteurs public et parapublic; considérant que c'est le premier
véritable budget de la part de ce gouvernement que nous constatons une
augmentation de $3 637 400, soit à peine 5,2% d'augmentation
comparativement à l'augmentation globale du ministère qui est de
12%; suite à l'analyse de ces faits, nous pouvons informer le ministre
qu'il peut s'attendre que l'étude des faits et la gestion de son
administration seront l'objet d'une attention toute particulière, ce qui
n'avait pas été le cas lors de l'étude des crédits
de 1977/78.
Depuis votre nomination, M. le ministre, il y a de cela 16 mois,
plusieurs sujets ont fait l'objet de déclarations ou de prises de
positions qui n'or pas semblé être à la hauteur du poste
que vous postulez, soit celui d'amiral de la flotte
québécoise.
Ce qui nous inquiète au plus haut point, c'est le manque de
jugement manifeste à certaines occasions; qu'il suffise de citer le cas
de Le Bourg-neuf. Ceci nous inquiète, M. le ministre, puisque vous avez
la responsabilité de conduire les négociations dans les secteurs
public et parapublic.
Vous déclariez au journal La Vie, et je cite; "J'ai laissé
dernièrement mes fonctions de vice-président au Conseil du
trésor, ce qui me permettra de conserver toutes mes énergies et
mon attention au dossier des négociations collectives et à celui
de la réforme de la fonction publique." Cette
déclaration a de paradoxal que la seule autorité
constituée en vertu du projet de loi no 53, votre projet de loi, est le
Conseil du trésor, ne vous en déplaise, M. le ministre, puisque
vous devez soumettre, pour approbation du Conseil du trésor, tous ces
règlements. Ce projet de loi no 53, dès son dépôt
à l'Assemblée nationale, a suscité des réactions
très violentes de la part des syndiqués concernés.
C'est grâce à une action soutenue de l'Opposition
officielle, à l'Assemblée nationale, que nous avons réussi
à obtenir que les principaux groupes visés par ce projet de loi
puissent se faire entendre. Vous vous souvenez certainement, M. le ministre, de
cette commission parlementaire puisque, au moment où elle atteignait son
apogée, vous avez, par le moyen d'une astuce parlementaire, mis fin
à l'audition des intervenants.
Par la suite, nous avons dû constater, à la reprise de la
session, début mars, que le projet de loi 53 était disparu du
feuilleton. Vous nous permettrez, M. le ministre, puisque vos intentions, quant
au devenir de ce projet de loi, si elles sont claires à votre esprit,
sont imperceptibles malgré votre supposée transparence, de vous
faire quelques observations quant au fond du projet de loi 53.
À l'émission "Point de vue" de CHRC, le 4 novembre 1977,
vous disiez: "La première chose, c'est d'établir une
autorité claire en matière de gestion de personnel dans la
fonction publique. Actuellement, une chatte ne retrouverait pas ses petits dans
l'ensemble des autorités qui sont responsables de gérer le
personnel de la fonction publique, avec des inconvénients pour les
fonctionnaires eux-mêmes, y compris d'ailleurs pour les associations de
fonctionnaires, les syndicats et aussi avec les inconvénients qui en
découlent, pour l'utilisation la plus efficace et la plus productive
possible de la machine administrative gouvernementale.
Alors, ce que le projet de loi vise d'abord, c'est regrouper toutes ces
autorités dispersées sous le ministère de la Fonction
publique. Deuxièmement, le projet de loi vise à renforcer les
mécanismes qui protègent le fonctionnarisme contre ce qu'on
appelle l'arbitraire, le favoritisme ou, si vous aimez mieux, le patronage
politique ou même administratif. Essentiellement, c'est ce que fait le
projet de loi." Ce sont vos paroles.
M. le Président, il est vrai que le projet de loi vise à
regrouper toutes les autorités dispersées, non pas sous le
ministère de la Fonction publique, mais bien sous l'autorité
politique du Conseil du trésor, ce qui a pour effet qu'une chatte ne
retrouvera pas ses petits, compte tenu du devoir de soumission et du ministre
et de la commission envers le Conseil du trésor, ce qui aura pour effet
de créer l'arbitraire, le favoritisme et, si on aime mieux, le patronage
politique de même qu'administratif. Il suffit, M. le Président, de
se rappeler ce que le ministre de la Fonction publique disait en commission
parlementaire, le 17 novembre 1977, du Conseil du trésor, et je cite:
"Le Conseil du trésor n'est pas un organisme administratif, c'est un
organisme politique. C'est un comité du cabinet composé
exclusivement de ministres, qui reçoit une délégation
d'autorité de la part du cabinet."
Ces personnes reçoivent des directives du cabinet, et ce qui nous
inquiète, M. le ministre, ce sont les déclarations à
gauche et à droite de certains de vos collègues.
N'est-ce pas le "smiling minister", le ministre de l'Agriculture, qui
disait ceci le 1er août 1977? "C'est bien simple, on veut s'assurer que
les prochains fonctionnaires ne seront pas des adversaires. Quant à ceux
qui existent déjà et dont on n'est pas sûrs, on les
déplacera pour qu'ils ne puissent pas nuire".
Et que dire, M. le ministre, de vos propres paroles à la
même date? Vous disiez: "ça va bouger dans la fonction publique.
Des mutations horizontales d'un ministère à l'autre
il va y en avoir, de même que d'une région à une autre, de
façon à éliminer la création ou la constitution de
fiefs, népotisme, etc. "
Que penser du député des Îles-de-la-Madeleine, par
surcroît, adjoint parlementaire à un service qui s'apprête
à déménager une partie de la 5e colonne à
Gaspé, qui qualifiait, au journal Montréal-Matin, le 13 mai 1977,
la fonction publique de "machine infernale", ajoutant qu'elle fonctionne plus
lentement qu'avant le 15 novembre 1976 et soupçonne le complot d'une
cinquième colonne.
Pour vérifier dans la réalité, nous nous sommes
astreints à la compilation des réponses à une série
de questions posées au feuilleton par le député de
Rouyn-Noranda, relatives au mouvement du personnel dans les différents
ministères pour la période du 25 novembre 1976 au 31 mars 1977.
Abstraction faire du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports qui n'a pas fourni les renseignements, cette compilation nous donne les
résultats suivants: congédiements, 97; rétrogradations,
12; coupures de salaires, 2096; engagements non renouvelés, 914;
démissions, 510; nouveaux engagements, 2041, dont 843 sans examens
écrits.
Vous comprendrez, M. le ministre, qu'il y a de quoi nous
inquiéter et nous vous demandons si c'est là le résultat
de la règle du mérite dont vous avez abondamment parlé au
moment du projet de loi 53.
Pour conclure sur ce sujet, nous espérons que vous ne tenterez
pas de nous faire accepter indirectement, par l'entremise des trois projets de
loi annoncés, ce que vous n'avez pas pu passer directement, soit le
projet de loi no 53.
Quant aux négociations en cours et à venir dans les
secteurs public et parapublic, ce sujet ayant fait l'objet de discussion
vendredi, je retiens quelques propos de mon collègue, le
député de Saint-Laurent: "Ce qu'il y a de plus sérieux,
c'est cette insistance sur les attitudes. Quand on parle d'attitude au lieu de
parler du contenu, j'ai un peu l'impression qu'on veut prendre les
salariés du secteur public et parapublic pour des imbéciles.
C'est très gentil le contenu, c'est-à-dire les attitudes: On va
être gentil, on va être crédible, on va être ouvert,
on va avoir un bel esprit, on va avoir.
comme le disait le ministre, une capacité de communiquer
clairement ses objectifs. C'est très joli mais, en fin de compte, ce que
les syndiqués, qui ne sont pas tous des imbéciles en dépit
de ce qu'on semble supposer de l'autre côté, vont vouloir savoir,
c'est combien d'augmentation ils vont obtenir, quelle est l'augmentation et
l'amélioration de leurs conditions de travail."
Plus loin, il ajoutait: "Au nom de la largeur de vues, de l'attitude,
comme le dit le député de Joliette-Montcalm, l'attitude, cela
vaut combien dans l'opinion du gouvernement"?
M. Chevrette: A-t-il mal fait encore?
M. Vaillancourt (Orford): "Combien est-il prêt à
faire payer aux contribuables pour garder cette belle attitude jusqu'à
la fin? C'est cela qu'on voudrait savoir. Il me semble que c'est un
minimum".
Abordons, M. le Président, un autre problème: celui des
frais de voyage. Le 14 mars 1977, on déposait les demandes syndicales.
À partir du 13 juin 1977, les employés itinérants
refusent, en majorité, d'utiliser leur automobile. Le syndicat
désire que la compensation pour chaque mille parcouru soit de $0.25. Les
services du taxi sont compensés à raison de $0.50 le mille.
(10 h 30)
Certains fonctionnaires peu enclins à se servir de leur voiture
ont à subir le chantage et les mesures de congédiement
exercés par l'employeur. Cette attitude peut sûrement se comparer
à une forme d'action du plus bel antisyndicalisme.
Au cours de l'opération "J'roule pu", le gouvernement a fait
appel, pour ainsi dire, au service de "scabs" et a dépensé de
fortes sommes en location de véhicules automobiles à des
entreprises privées, doublant ainsi le coût de
déplacement.
Le 22 juillet 1977, vous disiez: "Cependant, nous avons convenu de
créer avec le syndicat un groupe de travail conjoint qui se penchera sur
certains produits particuliers de cette directive, de façon à
mieux cerner les problèmes et aussi à mieux préparer la
prochaine ronde des consultations qui est prévue aux conventions
collectives lorsque nous établirons de nouveaux taux, s'il y a lieu, en
1978.Je pense que nous avons réussi à rétablir un climat
de relations et de dialogue entre les parties. J'ai l'impression que c'est de
bon augure pour l'avenir".
M. le ministre, vos négociations avec le SFPQ sont en cours.
Pourriez-vous déposer cette étude puisque cela a
déjà fait l'objet d'un débat public et que, somme toute,
c'est le contribuable qui doit défrayer la note?
Abordons maintenant, M. le Président, la question de la
décentralisation administrative. C'est au cours de la dernière
semaine que le premier ministre, de passage à Gaspé,
annonçait que la Direction générale des pêches
quitterait le Québec pour s'établir à Gaspé. Geste
courageux, mais qui risque de rencontrer des obstacles dans l'application.
Rappelons-nous le cas des employés de la Commission des accidents du
travail du Québec lorsqu'on décida de la décentralisation
de ce ser- vice à Montréal. Une entente se signa finalement le 10
mai 1977 entre le SFPQ et la CAT. Nous en profitons ici pour demander au
ministre le dépôt de cette entente. Nous avons hâte, M. le
ministre, de vous entendre sur la politique du ministère face aux
personnes touchées par cette décentralisation.
Au cours de l'année, plus précisément le 27 juillet
1977, vous déclariez au journal Le Soleil que 22 000 des 325 000
employés des secteurs public et parapublic occupent un double emploi et,
à ce titre, touchent deux salaires. Ce phénomène existe
surtout dans les établissements du secteur de la santé, des
affaires sociales et de l'éducation. Le ministère a pris
connaissance de ces faits lorsqu'il a examiné la question des
régimes de retraite et de certains avantages sociaux. Il serait
intéressant de savoir comment le gouvernement a régularisé
la situation.
Quelle place fait-on aux anglophones dans la fonction publique
québécoise? Depuis longtemps, on entend des commentaires parfois
acerbes contre le gouvernement fédéral sur la place qu'il fait
aux francophones. Lise Bissonnette, dans un article publié dans le
Devoir du 11 avril 1978, fait état du rapport annuel de la fonction
publique fédérale. Il y est dit que "la proportion totale des
francophones est passée de 26,3% à 27,2% et celle des anglophones
de 73,7% à 72,8%, ce qui correspond à peu près à
l'équilibre démographique canadien. On trouve 21,6% de
francophones à la haute direction et 19,9% chez les scientifiques et les
spécialistes et c'est, dans les deux cas, une augmentation de 0,5% par
rapport à 1976. Dans les catégories intermédiaires, les
francophones sont 26,6% à occuper des tâches administratives et
tombent à 18% chez les techniciens. Ils sont plus nombreux, comme
toujours, parmi le personnel de soutien, soit 30,9%, et le personnel
d'exploitation, soit 29,5%, où leur proportion tend même à
augmenter légèrement."
Quelle est la situation pour la fonction publique provinciale
comparée à celle du fédéral? M. le ministre, votre
principal fait d'armes est d'avoir permis la syndicalisation des nombreux
occasionnels que le gouvernement emploie. Compte tenu que cela concerne 50 000
personnes pour 10 000 heures-homme-année, quelle sera votre attitude
à la table des négociations concernant les conditions qui
régiront ces travailleurs pour les prochaines années? Sera-t-elle
basée sur la même logique qui a prévalu à l'occasion
de la Saint-Jean-Baptiste le 24 juin 1977, alors que votre gouvernement a
décrété que cette fête serait désormais une
journée fériée et payée pour tous les travailleurs
québécois, sauf les occasionnels?
Les fonctionnaires fédéraux ont aussi fait l'objet de vos
préoccupations. Vous avez déclaré que ces fonctionnaires
de votre ministère travaillent présentement à faire un
inventaire complet des emplois fédéraux dans la province et
à en faire le profil. Un rapport doit être remis incessamment. Le
plan détaillé de réaffectation des fonctionnaires
fédéraux résidant au Québec est-il maintenant
prêt en vue de l'indépendance? Toujours selon le mi-
nistre, il y aurait 10 000 fonctionnaires fédéraux dans
l'Outaouais québécois et 15 000 dans la seule région de
Montréal. Combien y en a-t-il dans tout le Québec?
Vous affirmez, M. le ministre, que les pourparlers d'intégration
des employés fédéraux à une fonction publique
québécoise élargie ont déjà commencé
c'est la déclaration que vous avez faite dans le Soleil, le 9 mai
1977 et "qu'en attendant l'indépendance, nous relocaliserons
plusieurs bureaux administratifs et agences gouvernementales à Hull au
cours des prochains mois et des prochaines années ".
Quels sont les bureaux et agences qui ont été
regroupés à Hull à ce jour? À Hull, vous avez dit
que des programmes pour l'intégration ordonnée d'employés
fédéraux seront rendus publics et que des assemblées sur
les propositions du Québec seront tenues avant le
référendum. Est-ce commencé?
Toujours à Hull, M. le ministre, vous disiez que des pourparlers
préliminaires sont déjà en cours avec l'Alliance des
employés de la fonction publique, deux syndicats regroupant des
fonctionnaires fédéraux, sur les questions de salaires, des
bénéfices marginaux, d'ancienneté, etc. À quel
stade ces pourparlers en sont-ils rendus?
M. le Président, nous pourrions continuer sur beaucoup d'autres
points, par exemple les caisses de régimes de retraite, le fonds de
retraite des ex-religieux enseignantsle ministre a dit tout à
l'heure qu'une loi serait déposée au cours de la présente
session, je croisla Commission de la fonction publique concernant les
décisions de l'Ombudsman.
Nous y reviendrons à l'étude programme par programme. Je
pense que d'autres ont à dire quelque chose pour faire suite aux
exposés du ministre sur l'administration du ministre de la Fonction
publique. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, j'ai remarqué, parmi
les officiers de la fonction publique, des visages connus que je revois avec
plaisir. Ils ont été de grands serviteurs de l'État et ont
payé de leur présence, en moult circonstances, dans des
difficultés très nombreuses, par un certain sens des proportions,
et je les félicite à ce jour du travail qu'ils ont accompli.
M. le Président, je voudrais dire que le poste qu'occupe
présentement le ministre responsable de la Fonction publique est un
poste excessivement onéreux, un poste qui demande un esprit de
détermination et de courage qui dépasse même celui d'un
ministre du Travail ou ailleurs. C'est une responsabilité énorme
pour un gouvernement et particulièrement pour un ministre que de diriger
la Fonction publique. Il a à rencontrer, je pense, des contrevenants et
des vents qui sont assez difficiles à régler d'avance parce qu'il
y a beaucoup d'im- provisation. Pour ce faire, il doit être d'une
souplesse assez grande. Il peut avoir fait des déclarations, M. le
Président, j'en ai dans des dossiers, ici, sur le sort qui était
réservé aux fonctionnaires, après l'élection de
1976. Mais je pense que le ministre s'est beaucoup assagi, qu'il a passé
par le creuset de l'épreuve en étant le ministre responsable
à la commission parlementaire des engagements financiers. Dans le
tordeur des discussions, il a pu se faire une maturité qui m'inspire
confiance, pour le moment.
Je voudrais, M. le Président...
M. de Belleval: Un moment.
M. Bellemare: Oui, parce que l'évolution et du parti et du
Conseil des ministres peut se faire aussi.
M. de Belleval: Je ne vous le reproche pas.
M. Bellemare: Non, parce que j'ai eu peur, à un moment
donné, quand vous avez présenté le bill 53, que vous
sautiez, que vous "sautassiez ". Mais cela a été, puisqu'on parle
du bill 53, une leçon pour vous, l'occasion d'approfondir
véritablement l'esprit de trottoir des fonctionnaires. Cette philosophie
veut qu'on ne peut être de grands législateurs sans avoir au moins
le courant populaire derrière soi. J'ai assisté à toutes
les séances sur le bill 53; je pense que le retrait que vous avez fait
était sage. Dans le bill 53, il y avait des choses qui étaient
inacceptables; d'abord, vous l'avez entendu vous-même, après cela
vous vous en êtes rendu compte, par les sages conseils qui vous ont
été donnés. Vous nous avez dit, il y a quelques minutes,
que le bill 53 reviendrait amélioré. J'escompte qu'il sera
amélioré. J'escompte, pour le "P. Quiou ", comme pour le
ministre, qu'il ne cherchera pas à persister dans une arrogance qui
serait de mauvais ton, surtout à l'occasion des négociations qui
sont en cours.
Le ministre est assez souple pour s'adapter à des situations
difficiles, je lui concède cela. Je pense que cette maturité
qu'il a acquise depuis un an fait que peut-être l'administration va se
bonifier. Mais, M. le Président, j'ai de la misère à
comprendre; en 1977, le 14 avril, je disais, en guise de remarques
préliminaires: Je voudrais attirer l'attention du ministre sur trois
points majeurs. Premièrement, je pense que le ministre sait, sans doute,
la réforme urgente qui s'impose dans le processus de la
négociation collective dans les secteurs public et parapublic.
Deuxièmement, il s'agit des réformes administratives
souhaitées dans la gestion du personnel, dans laquelle s'inscrit
l'annonce récente de la syndicalisation des employés
occasionnels. Troisièmement, de la réforme de la Loi de la
fonction publique et celle du ministère, afin de les rendre plus
efficaces et plus humaines. Le ministre, lui-même, annonçait l'an
dernier, d'ailleurs en réponse à ce que je lui demandais, que la
priorité de son ministère pour 1977/78 était la
réforme globale de la Loi de la fonction publique.
La réforme globale, disait-il, visait deux objectifs. D'abord, le
recrutement des fonctionnaires, sans favoritisme, selon la règle du
mérite, tel qu'il l'exposait. Sur cela, M. le Président, je fais
un arrêt et je dis que celui qui est sans péché lui jette
la première pierre. Je ne suis peut-être pas sans
péché, mais je pourrais dire au ministre qu'il s'est fait un
patronage, dans la fonction publique, quasiment désordonné, par
la nomination de ceux qui ont été nommés.
M. de Belleval: Avez-vous des exemples de cela, M. Bellemare?
M. Bellemare: Ah oui! il y a des pages et des pages. Quand on y
arrivera, je vous donnerai cela. "Pas de grand remue-ménage dans la
fonction publique au Québec". Cela était votre déclaration
en 1976. Le lendemain, on a vu autre chose: "Grand remue-ménage au sein
de la fonction publique ", avec la liste des noms de tous ceux qui ont
été nommés. Cela a paru dans le Devoir, journal qui fait
autorité, ce n'est pas moi qui peux l'avoir inventé.
J'espère que...
M. de Belleval: Vous parlez des sous-ministres et des
sous-ministres adjoints? Vous avez des exemples?
M. Bellemare: Je parle des gens qui sont, par exemple,
André Larocque, Michel Caron, Jean-Claude Careau. Il y en a des dizaines
et des dizaines comme cela. (10 h 45)
M. de Belleval: On y reviendra tantôt, d'accord?
M. Bellemare: D'accord, c'est parce que vous m'avez
demandé des noms. Je pourrais vous en donner. Tout cela s'est fait sans
patronage, c'est certain. Surtout les 500 nouveaux fonctionnaires qui
étaient enregistrés au "P Quiou" avant d'entrer au gouvernement,
qui ont formé les cabinets des ministres, là où fonctionne
véritablement l'esprit "P Quiou".
M. Vaillancourt (Orford): Cela s'est fait selon la règle
du mérite.
M. Bellemare: Le député a peut-être raison un
peu, mais je pense que le grand mérite qu'ils ont, c'est d'être "P
Quiou" d'abord. L'as-tu, oui ou non, ta carte? Depuis quand l'as-tu? Si cela ne
fait qu'un an, ce n'est pas bon, il faut que ce soit depuis trois ou quatre ans
pour avoir une véritable assurance d'obtenir "la job".
M. de Belleval: Je ne veux pas vous interrompre, mais...
M. Bellemare: Non, et je ne veux pas que ce soit un
questionnaire, non plus. En vertu du règlement, M. le Président,
on n'a pas le droit...
M. de Belleval: Je vais vous laisser aller.
M. Bellemare: ... de procéder à un
interrogatoire.
M. Vaillancourt (Orford): Vous aurez la chance de parler.
M. Bellemare: Je pense avoir fait, au début, certaines
remarques qui doivent vous plaire.
M. de Belleval: Je ne suis pas fâché.
M. Bellemare: J'espère que vous allez continuer
d'être aussi "mature".
M. Chevrette: On flatte souvent pour mieux assommer.
M. Bellemare: Cela dépend. Il y a un vieux proverbe qui
dit que ce n'est pas la pesanteur de la masse qui compte, c'est la "swing" du
manche.
M. Chevrette: Vous avez bien raison. Si j'en avais une, je vous
masserais.
M. Bellemare: Le ministre avait répondu, l'année
passée, que la réforme visait deux objectifs. Le premier, le
recrutement des employés, sans favoritisme, avait-il dit, selon la
règle du mérite; deuxièmement, redonner aux gestionnaires
responsables, le ministre de la Fonction publique et autres ministres, une plus
grande responsabilité directe dans la gestion de leur personnel:
classification, mobilité, promotion, responsabilité
vis-à-vis du parti. Cela avait été, dans le temps,
annoncé par le ministre. Cette réforme, qui était la
première priorité du ministère, comprenait ces deux
points.
La deuxième priorité était la réforme du
système des relations de travail dans les secteurs public et parapublic,
assurer une meilleure cohérence dans le déroulement des
négociations futures, ne pas revivre ces expériences
passées qui ont été assez pénibles, assurer un
meilleur climat social au sein de la fonction publique. Dans la poursuite de
ces objectifs, pour les priorités qu'il s'était lui-même
fixéesce n'était pas nous autres qui le lui avions
demandé, c'était lui qui s'était fixé ces
prioritéslà, il a failli à sa tâche, il n'a
pas su remplir le mandat tel qu'il s'était engagé à le
faire.
D'abord, la loi 53, la réforme globale de la Loi de la fonction
publique, cela a été une faillite monumentale. Je n'ai pas besoin
de vous parler des nombreuses séances qui ont eu lieu et de ce que le
ministre en a récolté. La réforme des cadres de la
négociation a été réduite aussi presque à
néant. Nous avons en main le rapport Martin-Bouchard. Presque tout le
monde a eu des représentations à faire contre ce rapport. Des
déclarations ont été faites par toutes les centrales
syndicales pour dire que c'était contre l'intérêt
public.
J'ai ici des coupures de journaux. Vous allez peut-être m'accuser
de revenir à ces bonnes vieilles habitudes que j'avais de ramasser des
documents, mais il y a les déclarations des centrales syndicales.
Presque toutes les centrales syndica-
les disent... Voici des titres: Un nouveau cadre dans les
négociations des secteurs public et parapublic (Le Devoir)... Ne pas
attendre à demain... Les centrales syndicales revendiquent une solution
au-delà de la propagande.
Je continue: Le rapport Martin-Bouchard, c'est une lourdeur de
mécanique... Le rapport Martin-Bouchard ne sera pas étudié
en commission parlementaire... Le rapport Martin-Bouchard. Les
infirmières protestent avec véhémence... Le rapport
Martin-Bouchard préoccupe M. Charbon-neau, président de la CEQ...
La CEQ s'élève contre plusieurs points du rapport Bouchard... Les
cégeps exigent des explications sommaires quant au rapport
Martin-Bouchard. La FCSCQ craint un excès de centralisation... La
centrale prépare une critique commune. En tout cas, il y en a et il y en
a. Quand on reviendra tout à l'heure au rapport Bouchard, on pourra
peut-être en discuter.
M. le Président, dans un cas comme dans l'autre, nous ne savons
pas ce qui nous attend. Le ministre a dit, tout à l'heure, qu'il
reviendrait avec une loi améliorée, dans le projet de loi 53.
Est-ce bien le temps, maintenant que les négociations sont
commencées dans les secteurs public et parapublic, d'amener une
révolution au sein des employés? On a vécu une
séquence qui a été fort lamentable et qui a
coûté une fortune lors des négociations de 1975: $5
millions qui ont été pris à même les taxes des
électeurs pour payer les négociations. Est-ce de
l'imprévoyance? Est-ce de la mauvaise préparation? Est-ce qu'il y
a eu des gens qui en ont profité pour étendre leurs
négociations? Est-ce que cela n'a pas été fait avec
diligence et bonne foi? Il y a là bien des questions, parce que, dans la
réponse qui a été déposée en Chambre et que
j'ai ici, on dit que cela a coûté $5 millions et la prison pour
quelques-uns.
M. de Belleval: C'était en 1972. Vous avez seulement les
chiffres de 1975.
M. Bellemare: Oui, mais la prison, quand on l'a fait en 1972.
M. Chevrette: Adressez-vous à vos confrères de
droite.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous pour le faire.
M. Chevrette: Non, mais je vous l'indique.
M. Bellemare: Oui, mais j'espère, M. le Président,
que vous allez garder l'ordre. Si le député est fringant et, s'il
a des choses à dire, il parlera à son tour. Je l'ai dit avant
vous.
M. Chevrette: Vous me servez de modèle.
M. Bellemare: J'espère que le miroir reflète une
autre image que celle-là.
M. le Président, quand on voit les tables de négociations
qui ont existé, je ne voudrais pas que ce soit
répété aujourd'hui. Je voudrais que l'im-
prévoyance qui a coûté $5 millions à la province et
qui a aussi coûté, en 1972, la prison à certains chefs
syndicaux, ne se répète pas cette année. On est rendu,
d'ici un mois, à l'échéance de certaines conventions
collectives qui vont prendre fin. Je pense que ces $5 millions ne doivent pas
revenir cette année.
A-t-on véritablement bien préparé les
négociations? Le ministre nous avait dit, l'an passé, qu'il y
aurait là une table qui serait préparée avec des gens
compétents, avertis, qui prépareraient la convention collective;
on y est arrivé. Le ministre va sûrement nous dire: On est
prêt! Je connais assez le principe des conventions collectives pour
savoir qu'on n'est quasiment jamais prêt avec les syndicats. Ils arrivent
toujours, quand on a des solutions pour tels problèmes, avec un autre
qui est un à-côté et cela prolonge énormément
les négociations.
La réforme visait donc deux objectifs; j'ai déjà
parlé de recrutement des employés sans favoritisme. Dans un cas
comme dans l'autre, nous ne savons pas. Le ministre semble vouloir oublier la
triste aventure de son projet de loi 53 et ne nous laisse pas espérer
qu'il le reverra et nous en présentera un nouveau. Il a dit oui, tout
à l'heure, qu'il serait amélioré. Mais est-ce qu'il sera
représenté pendant la session en cours ou un peu plus tard? Je ne
le sais pas.
Dans le cas du rapport Martin, peut-être nous dira-t-il qu'il
pense que sont contenues les décisions qu'il prendra, par la suite, en
vue de procéder à une réforme dans le cadre des
négociations. Il pourra prendre, dans le rapport Martin que j'ai lu avec
beaucoup d'intérêt, certaines suggestions qui sont heureuses. Mais
est-ce que le rapport Martin est réellement le dogme pour les prochaines
négociations? Je ne le pense pas, parce qu'il y a peut-être
là des pierres d'achoppement qui pourraient peut-être être
futiles.
Il est urgent de prendre des décisions quant à ce rapport
Martin-Bouchard. Ce qui est encore pire, c'est que là, vous allez
donner, comme État employeur, à toute la province, le modus
vivendi de ce qui peut se produire ailleurs. Vous êtes l'État
employeur, le plus gros employeur de la province dans les secteurs public et
parapublic; 325 000 ou 330 000 employés, je ne le sais pas au juste.
Vous représentez actuellement la plus grosse organisation sociale,
économique et la plus grosse organisation des ouvriers, tous les cadres
compris. Est-ce que le ministre est prêt à adopter une attitude
rigide vis-à-vis de la fonction publique? Cela a été le
début quand vous avez coupé le salaire des députés,
c'est-à-dire l'augmentation due à l'inflation à laquelle
on avait droit.
M. de Belleval: Ce n'est pas moi!
M. Bellemare: C'est l'Assemblée nationale!
M. de Belleval: Ce n'est pas le ministre de la Fonction
publique.
M. Bellemare: Non, mais c'est le premier ministre qui nous a dit
qu'il fallait que nous donnions
l'exemple. Vous nous avez enlevé $4000 sur nos salaires, ce qui
représentait $4000, pour suivre l'inflation. Vous avez dit: C'est le
début. Je suis convaincu que le gouvernement "P Quiou" veut se servir de
la coupure qu'il a fait subir à ses députés, de l'argent
dont ils auraient eu bien besoin à cause des 62% qu'on va payer,
à partir de l'année prochaine, en impôt sur le revenu.
N'oubliez pas que ceux qui gagnent plus de $25 000 par année paient
actuellement 52%. Je ne me plains pas et je n'irai pas pleurer sur
l'épaule de M. Parizeau. Non. On va payer nos impôts, tel qu'on
doit le faire! Mais c'est nous qui sommes le plus taxés, nous et les
cadres, ceux qui gagnent $25 000, $30 000, $35 000 ou $40 000. Vous en avez
dans la fonction publique qui gagnent jusqu'à $50 000. C'est sûr
et certain qu'eux aussi vont être pris par l'impôt sur le revenu,
à 62% avec le nouveau budget.
Je suis convaincu que les fonctionnaires ont déjà
été avertis par ce geste symbolique pas seulement
symbolique, mais de nos deniers, en payant pourqu'une évolution va
se faire au point de vue de la conscience professionnelle chez les
fonctionnaires. Sinon, le premier ministre l'a déclaré
cela va jouer dur. Je dirais même que cela pourrait aller
jusqu'à l'élection. En voulant mettre de côté votre
grand principe du référendum parce qu'il n'est pas populaire,
vous voudrez, à ce moment-là, mon cher monsieur, prendre comme
argument, pour faire une nouvelle élection, pour avoir un nouveau mandat
de quatre ans: la fonction publique, ils ne veulent pas céder, c'est
trop cher $1 milliard de plus, on n'est pas capable de le payer, allons au
peuple, allons demander un mandat d'autorité. Vous l'avez, le mandat!
Vous n'avez pas besoin de retourner au peuple! Mais l'autorité que vous
voulez exercer sera différente parce que vous aurez derrière la
tête quatre autres années pour faire votre
référendum. C'est cela votre problème! Et là, vous
irez devant le peuple pour dire: Écoutez, nous voulons de l'ordre, nous
voulons de l'autorité. C'est le temps de mettre un frein à cela.
Les gens vont dire: C'est vrai! Là encore, vous allez tromper le peuple.
Là encore vous allez lui faire voir un autre aspect pour l'attirer dans
le piège. Après cela, vous direz: On l'a, notre mandat de quatre
ans, pour faire le référendum. C'est là le fond de la
question.
Cette méthode que vous allez employer vis-à-vis de la
fonction publique va peut-être être rigoureuse, va peut-être
vouloir mettre un stop à l'échelle grandissante des salaires,
à cette inflation que l'on connaît sur tous les salaires qui sont
payés et aux dépenses que fait le gouvernement. Dans le rapport
du vérificateur, il y a des dépenses qui sont irraisonnables,
comme acheter des bottines, mon cher monsieur, à des employés de
la province, à $50 l'unité. Des gens qui ont des salaires, ici
à l'Assemblée nationale, est-ce qu'on a le droit de faire cela?
On a battu un gouvernement avec les culottes à Vautrin, on pourrait bien
battre le gouvernement avec les bottines que vous donnez à vos
fonctionnaires! À $50 l'unité! En voici une preuve ici.
M. de Belleval: Le plus bottine des deux n'est pas celui qu'on
pense!
M. Bellemare: Oh! Écoutez un peu, mon cher monsieur... Je
ne voudrais pas marcher dans les vôtres et je ne vous laisserai pas
marcher dans les miennes!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Oui, merci. Non, non, cela lui a été
soufflé, M. le Président. Une chose reste sûre, pour
assurer des droits et le rôle de l'État, qui est celui de gardien
des droits individuels et collectifs, il faut que vous adoptiez une attitude
qui garantira la satisfaction de vos fonctionnaires pour un bon rendement,
assurera la population qu'elle sera à l'abri des perturbations sociales
dont le Québec a tant souffert au cours des dernières
années. En outre, le ministre devra tenir compte dans son choix
d'attitudes d'un aspect bassement pécuniaire que représente le
coût des négociations. Qu'il ne se retrouve pas avec une facture
de $10 millions quand on aura terminé cette ronde de
négociations. Le ministre pourra peut-être nous dire quelles sont
les perspectives qu'il y a, si elles sont bonnes, si elles sont moyennes. (11
heures)
II nous a dit qu'il y avait deux conventions collectives de
signées. Il s'agit de celle des policiers de la Sûreté du
Québec. Oui, on en a eu connaissance. Il y a aussi celle des agents de
la paix qui ont été un peu plus difficiles. Il restera toutes
celles du secteur parapublic, c'est-à-dire l'éducation, les
services dans les hôpitaux, les infirmières et le reste.
Après cela, il restera les cadres. Cela fait aussi partie des
négociations.
Il n'y a qu'un des aspects de ce coût que nous pouvons
vérifier aujourd'hui. Il y en a énormément d'autres qu'on
n'a jamais eus dans le coût des négociations. Dans la
réponse qui nous a été donnée à
l'Assemblée nationale, il y avait seulement le traitement des centrales
syndicales, $844 000: et, pour le sectoriel, $1 629 000. Cela faisait au grand
total $5 millions.
Je ne sais si on répétera assez, pour les chiffres qui
nous ont été fournis suite aux questions qu'on a posées et
qui étaient inscrites au feuilleton de la Chambre, que pour la fonction
publique les frais de fonctionnement ont monté à $233 841, que
pour le secteur parapublic cela a monté à $220 346, pour les
Affaires sociales cela a monté à $2 044 777 et pour
l'Éducation cela a monté à $1 560 891.
M. le Président, j'ai un autre élément à
développer maintenant, si vous le voulez. Je reviendrai sur cela. C'est
le rapport du Vérificateur général. Je voudrais parler
particulièrement au ministre et à ses collègues des cycles
respectifs de la Commission administrative des régimes de retraite, des
différents régimes pour fins de référence, le
régime de retraite des fonctionnaires, le régime de retraite des
enseignants, le régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics.
Je voudrais aller à la fin du rapport du vérificateur
où il dit ceci: "Nous croyons que les autorités du
ministère de la Fonction publique donc on
ne peut pas être plus dans le sujet que là et de la
CARR, la Commission administrative du régime de retraite, devraient
étudier les critères ayant servi à la répartition
de la ristourne en demandant à leurs conseillers juridiques de
définir clairement les droits de l'assurécela n'a jamais
été fait et ce, non seulement de votre temps, mais aussi avant;
c'est le vérificateur qui le dit dans son rapport annuel de cette
annéeet les droits collectifs ou individuels des participants et
de s'assurer que la disposition de ces dividendes, par le truchement d'un
compte en fidéicommis, ne va pas à l'encontre de la Loi de
l'administration financière ". Il dit qu'en vertu de l'article 47 de la
Loi des employés publics le gouvernement du Québec assume le
coût de l'assurance collective sur la vie des fonctionnaires ou
employés publics. "Au cours de l'année financière 1976/77,
le ministère a assumé directement le coût du régime
d'assurance-vie collective et a traité cette dépense comme une
dépense statutaire alors que nous croyons, comme nous l'avons
mentionné dans notre dernier rapport, que, selon l'article 47, cette
dépense ne doit pas être considérée comme
étant statutaire puisqu'il ne s'agit pas de primes payées
à une compagnie d'assurance ". Il termine en disant: "II faut noter
qu'à la suite de nos observations les autorités du
ministère ont clarifié cette situation en obtenant pour
l'année financière 1977/78 des crédits votés par
l'Assemblée nationale pour assurer le coût de l'assurance
collective sur la vie des fonctionnaires ou employés publics ou
parapublics ".
Cela aussi, lorsqu'on reviendra sur le sujet, c'est-à-dire quand
on passera à l'élément 2 ou 3, on parlera de la loi 28 et
de son application. Il a été question aussi, par des
pétitions qu'ont signées les anciens religieux, de pouvoir
obtenir les mêmes privilèges que selon la loi des retraites
aujourd'hui. Ils ont trouvé un "lapsus". Le ministre est bien au courant
de cette idée. Maintenant, M. le Président, nous allons passer.
Ce sont les remarques préliminaires que j'avais à faire. J'en
aurai peut-être d'autres.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, avant d'entendre la réplique du ministre, je pense que d'autres
intervenants, du côté ministériel, désirent
intervenir au niveau des remarques préliminaires. M. le
député de Joliette-Montcalm, vous avez la parole dans ce
sens.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je serai bref, M. le Président. Je voudrais
tout simplement dire que je suis heureux de voir que le ministre annonce que le
projet de loi no 53 sera remodifié. À mon sens, le projet de loi
no 53 a été mal interprété.
M. Bellemare: Passons!
M. Chevrette: Excusez-moi si je vous dérange!
M. Bellemare: Je voulais vous rendre la politesse.
M. Chevrette: C'est fait, M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Pas vous faire trébucher.
M. Chevrette: Pas de problèmes! Je pense qu'il a
été mal interprété. Si on relit toutes les
délibérations de la commission parlementaire, je crois qu'il y a
eu, au moins à une quarantaine de reprises, une clarification du texte
de loi. Délibérément, je pense qu'on a charrié des
interprétations fausses, même si on rectifiait les
interprétations données par les parties qui se
présentaient. Donc, le fait de clarifier le sens de
l'interprétation officiellement donnée par le ministre
empêchera un charriage inutile et permettra fort probablement de
revaloriser la fonction publique selon l'objectif préconisé dans
la loi 53 au tout départ. Ceci, moi, personnellement, je
l'achète, et j'ai même hâte qu'on puisse aborder ce projet
de loi avec une autre attitude à la table des
délibérations de la commission parlementaire pour qu'on en arrive
à avoir une loi qui reconnaisse l'évaluation au mérite
pour la promotion, chose qui est de nature à motiver, en tout cas
à susciter, à mon sens, une motivation accrue dans le
fonctionnarisme québécois.
Je profiterai de l'occasion, dans un petit laïus, pour relever
certains propos que j'ai entendus depuis que je suis arrivé ici. Il
m'est très difficile de comprendre les allégations du
député de Johnson en particulier qui s'en prend
spécialement au patronage en citant des noms. Il m'a dit qu'il y
reviendrait. J'ai bien hâte. Je pense que la nomination d'individus dans
les cabinets politiques ou dans les structures de sous-ministres, cela a
toujours été et sera toujours des engagements en fonction d'une
orientation politique. Contrairement à ce qui s'est déjà
fait, je pense qu'on peut affirmer que le grand remue-ménage dont il
parle, ce n'est pas le cas. Cela a été beaucoup plus
prononcé dans le temps des deux vieux partis traditionnels. On pourrait
citer des exempleset lancer des noms de changements sous l'Union
Nationale en 1967, et on verrait le chambardement qu'il y a eu à
l'arrivée de l'Union Nationale qui a pris la relève du
gouvernement Lesage, le nombre de remplacements ou de substitutions...
M. Bellemare: C'est cela, votre argument? Ce n'est pas fort pour
dire que vous allez faire bien mieux que nous autres. C'est un maudit
argument!
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Excusez-moi si je vous dérange! Au niveau
des cabinets politiques, je ne vois pas en quoi un gouvernement ou un ministre
n'a pas le droit de s'entourer d'hommes qui partagent les visées
politiques d'un gouvernement. Je vais vous donner des exemples de ce qui s'est
produit dans mon comté, puisque le député de Johnson a
refusé de m'écouter à l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: J'ai refusé où?
M. Chevrette: Je voudrais lui donner quelques exemples concrets
qui prouvent que nous avons tenté, avec beaucoup d'acharnement, de
dépolitiser l'embauche. On n'a qu'à prendre, par exemple,
l'embauche au niveau de Loto-Québec. Dans mon propre comté, ce
sont deux individus engagés sous le régime libéral qui ont
gardé les emplois et il n'y a pas eu de problèmes. Il y a la
nomination au poste de directeur de l'indemnisation des actes criminels
à la CAT. L'agent officiel de l'ex-ministre, M. Robert Quenneville, M.
Jean-Marc Bertrand, vient d'être embauché par la fonction publique
pour occuper un poste de haute direction à la Commission des accidents
du travail. Cela doit être épouvantable. Il doit avoir
signé sa carte pé-quiste probablement depuis seize mois. Cela
doit être du patronage éhonté de la part du parti au
pouvoir d'avoir posé un tel geste. C'est bien évident qu'on peut
se gargariser de certaines nominations, mais on cite des chiffres dans un
même souffle de 2000, de 500, 1000 employés nouveaux et on se
contente de faire un petit laïus sur une trentaine d'individus parce
qu'ils ont la carte du parti ou ont été identifiés au
Parti québécois. On pourrait en relever, nous autres aussi, une
bonne liste de fonctionnaires engagés qui ne sont pas du tout de
l'allégeance politique du Parti québécois, mais qui, par
leur compétence dans un secteur donné, ont purement et simplement
obtenu un poste.
Je pourrais pousser l'insulte un peu plus loin et dire qu'on a
même embauché dans certains cabinets politiques des individus qui
n'étaient pas nécessairement identifiés au Parti
québécois et qui étaient recherchistes à l'Union
Nationale.
M. Bellemare: On peut nommer bien des libéraux qu'on a
placés, nous autres, qu'on a ramassés: Filion, Sabourin et
d'autres. Si c'est sur cela que vous voulez vous baser, ce n'est pas...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! M. le député de Joliette-Montcalm, vous
avez la parole.
M. Chevrette: Je vous ferai remarquer que j'avais
dérangé une fois, M. le Président, et que je
m'étais complètement retenu par la suite. Là, cela fait
quatre fois.
Le Président (M. Clair): Je suis convaincu que le
député de Johnson va en tenir compte.
M. Bellemare: Merci, M. le Président. Est-ce que vous me
mettez en pénitence?
Le Président (M. Clair): Absolument pas. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: II y a une autre contradiction que je veux relever
dans l'exposé du député de Johnson. Dans un premier temps,
il nous demande d'agir avec une très grande souplesse au niveau des
négociations qui viendront. Il nous supplie presque les larmes aux yeux
et nous dit:
Écoutez, abordez donc la négociation avec souplesse. Vous
avez commencé à être durs le jour où vous nous avez
privés, nous les parlementaires, d'une augmentation de salaire. Et, dans
un deuxième temps, il nous dit: Ne soyez donc pas ridicules. Ne payez
pas les bottines.
M. Bellemare: II y a une différence de raisonnement
aussi.
M. Chevrette: C'est pour démontrer comment le
député de Johnson s'attaque à des gestes posés par
nos prédécesseurs et nous demande de ne pas faire pareil,
d'être très souples. Il nous dit: Écoutez, on va payer bien
de l'impôt; ouvrez donc vos goussets et payez pas mal de salaires. Je lui
donne raison sur un aspect bien précis de la négociation et je le
répète parce que je l'ai dit vendredi dernier. D'après
moi, le cadre juridique est secondaire dans une négociation. C'est un
instrument et non pas une fin. Par les exemples qu'on a vécus au cours
des dix dernières années, le cadre de la négociation de la
fonction publique et parapublique, on doit l'aborder avec une nouvelle
attitude. J'en suis persuadé. Cette nouvelle attitude ne se
reflète pas seulement au niveau d'un cadre juridique. Elle se
reflète par l'ouverture d'esprit que les parties peuvent avoir et aussi
en déterminant clairement, dès le départ, les lignes
d'autorité dans une négociation, pour ne pas se ramasser avec des
retards indus qui proviennent bien souvent des mésententes parce qu'on
n'a pas clarifié au départ le type de coordination qu'on devait
avoir même entre les parties au niveau patronal, par exemple. On sait
qu'à la table de l'éducation, ils ont subi des retards de
plusieurs mois de négociation parce qu'il y avait mésentente
entre, d'une part, la Fédération des commissions scolaires et,
d'autre part, les représentants gouvernementaux à cette
même table.
Je pense qu'il faut définir au départ, clairement les
types de fonctionnement et, par la suite, agir en conséquence, faire
diligence parce que cela a de l'importance en négociation de ne pas
traîner des mois pour le dépôt de contreproposi-tions, le
dépôt d'offres patronales globales. Je pense que là-dessus
on a à retirer des exemples du côté syndical. Eux ont su,
depuis quelques années, depuis même plusieurs années, se
coordonner à leur table et déposer des demandes de façon
assez rapide comparativement à ce que la partie patronale faisait
antérieurement. Donc, avec ces leçons du passé, il semble
qu'on peut aborder la prochaine ronde de négociations avec une attitude
positive et faire en sorte que tous les partis à l'Assemblée
nationale contribuent à créer ce climat, au lieu de chercher
à se faire du capital politique sur une éventuelle ronde de
négociations.
Je terminerai, parce que j'aurai la chance de revenir au niveau des
programmes, avec deux questions au ministre de la Fonction publique, qui pourra
répondre lors de son droit de réplique. Je voudrais
connaître la politique complète face aux occasionnels. J'ai
ouï-dire qu'il y avait eu une entente signée il y a quelques mois.
Personnellement, j'ai reçu à mon bureau de comté
certains
individus qui se plaignaient du fait qu'il baissait de salaire par
rapport à l'an dernier, à cause de l'entente signée il y a
quelques mois. Je voudrais savoir si cette entente existe toujours, s'il y a eu
des modifications ou si on s'apprête à en apporter. (11 h 15)
La deuxième question, c'est la suivante: Est-ce qu'on pourrait
nous fournir, éventuellement, des chiffres sur le coût des
libérations pour toute activité, non seulement de
négociation mais activité syndicale en ce qui regarde soit la
présence aux commissions parlementaires de délégués
syndicaux du secteur public, comme tel, qui dépendent de l'État?
En ce sens, je vous donne un exemple: un syndicat peut avoir droit, je pense,
à X libérations au cours d'une année. Passé tel
nombre, je suppose, qu'il doit rembourser, s'il obtient la permission. Je
voudrais savoir quelle somme cela représente. Où ces sommes
sont-elles versées? Est-ce qu'elles sont versées au
ministère de la Fonction publique, ou au fonds consolidé de la
province? Supposons qu'un syndicat libère des gens pour $100 000.
L'argent qui revient du syndicat, qui est facturé au syndicat, est-ce
que cela revient au fonds consolidé de la province? Là-dessus,
j'avoue candidement mon ignorance. Je ne le sais pas et j'aimerais le savoir.
Qu'est-ce que cela représente pour la fonction publique? Y a-t-il
possibilité d'avoir ces chiffres? On entend toutes sortes de bobards
là-dessus. Comme c'est de notoriété publique, on a le
droit, je crois, de connaître ces faits. Moi, cela m'intéresserait
de le savoir pour pouvoir renseigner ceux qui nous questionnent. J'aurais
d'autres questions au niveau de programmes spécifiques.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: Avant d'aller plus loin, M. le Président,
je voudrais présenter les fonctionnaires qui m'accompagnent. D'abord
à la Commission de la fonction publique, le président de la
commission, M. Gérin, que vous connaissez tous, je crois. Mme Hendriks,
qui est aussi commissaire à la Commission de la fonction publique, et M.
Bolduc, que vous connaissez tous aussi.
M. Bellemare: C'est un ancien sous-ministre aux Affaires
municipales.
M. de Belleval: Entre autres. À la Commission
administrative du régime de retraite, M. Monfette, qui en est le
directeur général. Au ministère de la Fonction publique,
M. Bélanger, le sous-ministre, est absent, en vacances. Le sous-ministre
adjoint, M. Lefebvre, est sous-ministre par intérim. D'autres
fonctionnaires sont ici actuellement, M. Perrin, qui est à la Commission
de la fonction publique. M. Marc-Aurèle, qui est adjoint au
sous-ministre, du ministère de la Fonction publique. M. Nadon, qui est
responsable des relations de travail. Mme Per-tuiset, qui est responsable de la
direction de la mise en valeur des ressources humaines. M. Bol-duc, etc.,
M. Bellemare: Quel est son prénom? Parce qu'il y en a
deux, Bolduc.
M. de Belleval: Émile.
Le Président (M. Clair): M. le ministre,
désirez-vous répondre à un certain nombre de questions qui
ont été soulevées par les intervenants?
M. de Belleval: Oui, rapidement, parce que le
député de Johnson a souligné un certain nombre de...
M. Bellemare: Pourquoi le député de Johnson?
Lâchez-le donc.
M. de Belleval: Le député de Johnson, donc, a
souligné...
M. Bellemare: II fait plus image qu'un autre.
M. de Belleval: Oui, il fait image, c'est normal. C'est un homme
haut en couleur. Ce n'est pas nécessairement un défaut.
M. Bellemare: Non, parce que cela m'a permis de réaliser
ma vie.
M. de Belleval: C'est cela. Il a souligné la position un
peu inconfortable du ministre de la Fonction publique en plusieurs
circonstances et sous plusieurs aspects. J'ai voulu aussi le souligner d'une
façon peut-être un peu subtile en expliquant, au fond, les limites
des responsabilités véritables du ministre de la fonction
publique, qui est un homme à tout faire, au sein du gouvernement, sous
plusieurs aspects, mais dont les responsabilités précises sont,
quand même, relativement restreintes en vertu de la loi actuelle.
Au fond, si je regarde les trois priorités que je m'étais
fixées l'an dernier, je pense que je peux dire, au moment où l'on
se parle, que la mise en oeuvre de ces trois priorités est, quand
même, profondément engagée. Dans le cas de la
réforme de la Loi de la fonction publique, il a fallu, bien sûr,
d'abord accélérer les travaux; non seulement a-t-il fallu les
accélérer, mais il a fallu mettre en oeuvre des travaux pour la
rédaction d'un projet de loi qui faisait suite, au fond, à
plusieurs années de velléités, sinon de tergiversations,
des précédentes administrations. Ce n'est pas d'aujourd'hui, au
fond, qu'on espère refaire le cadre juridique de l'administration de
notre personnel. Les gouvernements précédents, en particulier la
précédente administration, avaient entretenu des projets à
cet égard.
Il faut bien dire que c'est un sujet délicat puisqu'il touche
à un aspect de notre régime politique qui peut porter facilement
à l'exploitation démagogique, d'autant plus qu'il n'est pas
extraordinaire de s'attendre que le milieu syndical, d'une part, et
l'Opposition, d'autre part, fassent rapidement une opposition circonstancielle
commune dans un pareil domaine. Au fond, il est beaucoup plus facile pour un
gouvernement de remettre sur le feu d'en arrière, parmi toutes ses
priorités, parmi tous ses projets, une réforme dans un domaine
semblable, qui est toujours une ré-
forme largement technique, difficile à vulgariser et à
expliquer, dont les bénéfices sont certainement à moyen et
à long termes plutôt que des bénéfices
immédiats. Cela, comme je l'ai dit, donne facilement prise à une
opposition circonstancielle, qui n'a pas manqué, d'ailleurs, de se
manifester.
Ayant été fonctionnaire moi-même pendant dix ans et
ayant eu des échos, à l'occasion de mes fonctions, des projets
qui existaient et des besoins, ayant même ressenti le besoin d'une
réforme, j'étais conscient des difficultés dans lesquelles
je m'engageais, mais j'ai cru qu'il était de ma responsabilité,
de mon devoir de le faire. J'ai bien l'intention, si le premier ministre en
décide ainsi, d'aller jusqu'au bout et d'avoir le plaisir de
présenter un projet de loi remanié portant sur une réforme
importante de la fonction publique. Quand elle sera faite, au fond, j'aurai
l'approbation de tous les observateurs et de toutes les personnes
intéressées de bonne foi qui connaissent bien les
difficultés actuelles et qui espèrent un changement.
M. Bellemare: Est-ce pour cette session-ci?
M. de Belleval: J'espère qu'effectivement ce sera pour
cette session-ci; comme je l'ai dit, soit cette session-ci ou au tout
début de la prochaine session, dans le cadre d'un train de mesures qui
font suite, comme vous le savez, au rapport Martin-Bouchard et auquel a
été lié d'une certaine façon et sous un certain
aspect, je ne dirais pas mineur, mais sous un aspect particulier, le projet de
loi sur la réforme de la fonction publique, à savoir
essentiellement, au fond, l'aire des négociations dans la fonction
publique, sujet qu'a d'ailleurs traité en détail la commission
Martin-Bouchard, et qui a...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ça ne sera pas
remplacé par trois projets de loi?
M. de Belleval: ... à toutes fins utiles,
entériné la position du gouvernement lorsqu'il a
présenté le projet de loi no 53. Les autres projets de loi
traitent, bien sûr, de l'organisation des parties patronale et syndicale
en matière de négociations collectives, l'ancien bill 95. Le
troisième traitera, dans un chapitre spécial, du Code du travail,
tout le dossier de l'organisation des négociations comme telles,
à savoir l'échéancier des négociations, la
méthode pour définir les différents rôles de
l'information publique, les services essentiels, etc.
M. Bellemare: Est-ce pour faire disparaître le bill
253?
M. de Belleval: Et entre autres pour remplacer le bill 253.
Je pense que du côté de cette première
priorité, loi portant réforme de la fonction publique, j'ai
rempli ma part du mandat. Le reste dépend, bien sûr, des
contingences normales de la vie parlementaire.
Deuxièmement, en ce qui concerne la réforme des
négociations collectives dans les secteurs public et parapublic,
là aussi je pense avoir rempli ma partie du mandat et avoir mené
le dossier jusqu'à sa solution finale par l'Assemblée nationale.
Une réorganisation administrative a été faite pour donner
au gouvernement une structure permanente pour traiter et coordonner l'ensemble
des questions en matière de relations de travail au sein soit de la
fonction publique, soit de la fonction parapublique. Il y a eu la
création d'un secrétariat spécial au Conseil du
trésor pour traiter de ces questions. Je pense qu'il ne s'agit pas
là d'une réforme insignifiante puisqu'une des difficultés
importantes des dernières négociations a toujours
été, en particulier, ce manque de coordination appropriée
faite au début et bien avant le début des négociations
collectives.
Nous avons aussi établi les principes d'une politique de
rémunération dont les grandes lignes ont déjà
été exposées, à savoir que les
rémunérations dans la fonction publique, par principe
d'équité et de justice distributive et sociale, devaient
être alignées plus ou moins sur les rémunérations
payées dans les secteurs privés pour des secteurs comparables,
tenant compte de l'ensemble des conditions de travail, sur le plan
pécuniaire tout au moins, c'est-à-dire revenus, salaires,
traitements et ce qu'on appelle les avantages sociaux. Les études se
poursuivent en cette matière de façon à traduire
concrètement, en chiffres, ces principes, de sorte que nous soyons en
mesure de faire des propositions adéquates aux syndicats, en temps et
lieu. Bien entendu, tout l'appareil statistique utilisé et la
justification de ces offres feront l'objet de publication et de défense
publique par le gouvernement.
Troisièmement, nous avons créé une commission
d'étude, la commission Martin-Bouchard, de façon à obtenir
un avis impartial, et aussi un avis éclairé par les propositions
des parties concernées, sur la révision du cadre juridique des
négociations collectives. Ce rapport a été
déposé. Il a fait l'objet d'études attentives de la part
des cinq ou six ministres directement concernés, et nous sommes à
la veille de publier nos réactions, notre propre prise de position
à la suite de ce rapport. Cette prise de position permettra de
procéder à une dernière ronde de consultations avec les
intéressés avant le dépôt formel d'un projet de loi,
ou de trois projets de loi comme je l'ai expliqué tout à
l'heure je l'espère, soit au mois de juin, soit au tout
début de la reprise de la session au mois de septembre. De sorte que
nous aurons ce nouveau cadre juridique disponible bien avant le début ou
avant l'échéance de la ronde générale des
négociations de 1979 et même bien avant le début des
négociations proprement dites, conformément à la
recommandation du rapport Martin-Bouchard voulant que les négociations
formelles débutent six mois avant l'échéance des
prochaines conventions collective ce qui nous mettrait en janvier 1979.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre peut-il
nous dire, à ce moment-ci, comment va se faire la consultation
après le dépôt des projets de loi? (11 h 30)
M. de Belleval: Compte tenu des consultations qui ont
déjà été faites par la commission Martin-Bouchard,
compte tenu du programme de l'Assemblée nationale actuellement et vu
que, de toute façon, quand les projets de loi seront
déposés, il y aura possibilité, si l'Assemblée
à ce moment-là trouve que c'est utile, à l'étape de
l'étude du projet de loi comme telle, d'avoir une commission
parlementaire, compte tenu de tous ces facteurs, cette consultation se fera
directement entre les ministres intéressés et les corps
intéressés, associations syndicales et patronales.
M. Vaillancourt (Orford): La consultation va se faire
après la première lecture?
M. de Belleval: La consultation dont je parlais se fera avant le
dépôt d'un projet de loi au sens strict. Donc, je pense que, sous
ce deuxième aspect du mandat que je m'étais donné, j'ai
amené le dossier à bon port. Il sera maintenant repris par
d'autres que moi, en particulier par le Conseil du trésor et par le
ministre du Travail qui est responsable du Code du travail et de
l'élaboration des règles du jeu en matière de relations de
travail. Il ne revient pas à un ministre qui représente le
gouvernement en tant qu'employeur d'élaborer les règles du jeu
qui sont de la responsabilité de l'État législateur. Cela
dépend, vous le savez, d'abord du ministre du Travail.
Troisièmement, j'avais aussi parlé de l'importance de
valoriser notre système de gestion des cadres supérieurs de la
fonction publique. C'est une responsabilité qui ne me revient pas
personnellement en tant que ministre de la Fonction publique, puisqu'en grande
partie les responsabilités en cette matière dépendent d'un
organisme autonome, indépendant, la Commission de la fonction publique.
Il n'en reste pas moins que, de concert avec la commission, un groupe de
travail a été mis sur pied, comme je l'ai indiqué tout
à l'heure, et qu'un document exposant les principes et les nouvelles
avenues de gestion de nos cadres supérieurs devrait être
éventuellement disponible.
Je pense que sur ces trois aspects, j'ai rempli le mandat que je
m'étais donné compte tenu des contraintes que vous connaissez
bien dans le domaine de la fonction publique et aussi dans notre processus
politique. Sur les autres aspects qui ont été soulignés
tout à l'heure, des points particuliers, rapidement, pour
accélérer nos délibérations, je peux
peut-être donner quelques renseignements, même si cela recoupe des
choses que nous pourrions examiner au moment de l'étude d'un programme
particulier du budget du ministère.
Le député d'Orford avait parlé, entre autres, de la
question des frais de voyage qui avait donné lieu à un petit
débat l'an dernier. Je tiens à faire remarquer, d'abord, qu'il
n'y a pas eu de demandes ou de dépôts d'offres du gouvernement en
cette matière, puisque, comme je l'ai indiqué à cette
époque, il ne s'agit pas de questions qui font l'objet des conventions
collectives au sens strict et que les fonctionnaires ne sont pas obligés
de fournir des véhicules au gouvernement. Ils le font volontairement
s'ils acceptent les remboursements prévus par le gouvernement. Je
récuse entièrement, bien sûr, les propos
démagogiques du député d'Orford, ou plutôt du
recherchiste qui a préparé le travail du député
d'Orford, sur tous les aspects dérogatoires quant au dossier qui a
entouré cette question des frais de voyage, disant qu'il y aurait eu des
pressions gouvernementales, des pressions des gestionnaires contre des
fonctionnaires qui auraient pris des actions dans un sens ou dans l'autre
à l'égard de ce dossier.
Effectivement, nous avons offert au Syndicat des fonctionnaires de
mettre sur pied un comité de travail conjoint pour étudier plus
en détail cette question quand le syndicat s'est enfin
décidé à arrêter sa campagne absurde dans ce domaine
et à accepter formellement la réglementation prévue par le
Conseil du trésor. Je dis campagne absurde par son ampleur, compte tenu
de l'enjeu et aussi compte tenu que les propositions que nous faisons aux
fonctionnaires lesquelles sont toujours en vigueursont
marginalement supérieures à celles qui sont faites aux
fonctionnaires de l'Ontario et du gouvernement fédéral.
Malheureusement, le syndicat des fonctionnaires n'a jamais daigné
participer à la convocation du comité conjoint, de sorte que je
n'ai pas de rapport à soumettre aux députés. Cependant,
j'avais aussi prévu la mise sur pied d'un comité conjoint
élargi, cette fois, non seulement entre le Syndicat des fonctionnaires
et le ministère de la Fonction publique, mais toutes les associations
d'employés et le ministère. Ce comité, effectivement, a
commencé à siéger, mais son rapport n'est pas encore
disponible.
En ce qui concerne la Commission des accidents du travail et le
protocole d'entente qui serait survenu entre la Commission des accidents du
travail et le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, je ne
suis pas partie à ce protocole d'entente. Vous poserez la question
à mon collègue du Travail qui est responsable de la Commission
des accidents du travail.
En ce qui concerne les doubles emplois, actuellement, dans les secteurs
public et parapublic, cela monte, semble-t-il, à environ 8000
annuellement. Ils sont donc en régression. D'ailleurs, je dois dire que
la plupart de ces doubles emplois se situent, comme je l'ai dit, dans le
secteur des affaires sociales. C'est souvent dans le domaine hospitalier. Ils
concernent aussi, la plupart du temps, des emplois de
rémunération relativement modeste. Ce sont des emplois de
soutien. Là-dessus, il convient de respecter la liberté de
chacun, pour autant que la prestation de service est normale. Il ne faut pas
commencer une chasse aux sorcières contre des employés modestes
d'hôpitaux ou de centre de services sociaux. D'autant plus, comme je l'ai
dit, que l'employeur n'est pas le gouvernement comme tel, mais une entreprise
particulière. Je ne vois pas le gouvernement commencer une
chasse aux sorcières pour vérifier si tous et chacun de
ses fonctionnaires dans le cas qui nous concerne, c'est surtout des
fonctionnaires employés d'hôpitaux font du peinturage,
tondent des gazons ou ont un autre emploi subsidiaire. D'ailleurs, quand je dis
1000 emplois, il ne s'agit pas de 1000 emplois à plein temps. Pour
plusieurs de ces emplois, il s'agit d'emplois à temps partiel. C'est la
majorité, d'ailleurs.
M. Vaillancourt (Jonquière): La question avait
été posée dans le passé. C'était pour savoir
quel était le résultat de l'enquête.
M. de Belleval: Comme vous le voyez, le dossier a tendance
à prendre des proportions plus normales.
Vous avez parlé des occasionnels, la question du 24 juin, comment
se fait-il que les occasionnels n'ont pas telle ou telle fête. Vous savez
très bien que la rémunération des occasionnels comprend
une compensation pour les jours fériés etc. Ce sont des avantages
sociaux.
La question de la décentralisation. C'est un dossier important.
On en a eu des échos ces jours-ci avec la décentralisation de la
Direction générale des pêcheries à Gaspé. Le
dossier n'est pas de ma responsabilité. Il est maintenant de la
responsabilité du ministre d'État à l'aménagement
du territoire et de la responsabilité du Conseil du trésor. Je ne
voudrais pas m'engager sur un dossier qui est maintenant de la
responsabilité de ces collègues. J'ai fait le nécessaire
pour établir la problématique de ce dossier. Je l'ai soumise au
Conseil des ministres en temps et lieu. Il était normal
d'ailleurs j'en ai fait la recommandation que ces organismes en soient
responsables. Vous pourrez poser la question à mes collègues lors
de l'étude de leurs crédits.
M. Vaillancourt (Orford): Je comprends que la
décentralisation ne relève pas du ministre de la Fonction
publique, mais les employés qui vont être déplacés
de Québec à Gaspé ou ailleurs, cela relève du
ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: En ce qui concerne les conditions de travail des
employés, celles qui sont prévues par convention collective,
c'est, bien sûr, par le biais des conventions collectives que les
conditions de mutations territoriales, de déménagement sont et
seront prévues. D'ailleurs, dans la négociation en cours
actuellement avec les fonctionnaires, ce sera certainement un aspect important.
Personnellement, j'ai indiqué vous l'avez remarqué
lors du débat avec la Commission des accidents du travail que je
favorise une approche extrêmement humaine dans ce domaine, qui respecte
intégralement les droits normaux minimaux d'un employé à
ne pas être mis devant des faits accomplis dans des délais
déraisonnables. On prévoit aussi des compensations
financières et autres, normales dans le cas de
déménagements.
Je n'ai pas changé d'idée là-dessus. Je suis
très favorable à la discussion sur ces modalités de
façon à protéger le bien-être normal des
employés.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les mutations vont
être possibles dans ce dossier, advenant que certains employés
préfèrent rester ici, à Québec?
M. de Belleval: Je pense qu'il faut effectivement élaborer
des normes qui prévoient dans quelles circonstances un employé
doit déménager ou peut refuser un déménagement ou
un ordre de priorités, etc., et quels sont les dédommagements qui
s'appliquent dans le cas d'un déménagement.
M. Bellemare: Combien y a-t-il d'employés en tout?
M. de Belleval: Dans le cas de la Direction
générale des pêcheries, je pense que c'est un peu plus
d'une centaine.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que c'est ce qui a
été annoncé, environ 100 ou 125.
M. de Belleval: Ce sont des dossiers dans lesquels nous avons
relativement peu d'expérience. Nous sommes, je pense, le premier
gouvernement qui se préoccupe de cette question d'une façon
véritable.
M. Bellemare: Répétez-moi cela!
M. de Belleval: Je pense que le gouvernement actuel est le
premier gouvernement qui a envisagé une véritable politique de
déconcentration de ses effectifs. La Commission des accidents du travail
a réalisé une première expérience, assez difficile
d'ailleurs, mais qui semble se dérouler maintenant avec assez de
succès.
M. Vaillancourt (Orford): Ce sont à peu près les
mêmes modalités qui vont être suivies dans le
déménagement des pêcheries, je suppose?
M. de Belleval: Comme je l'ai dit, dans le cas de la CAT, la
convention collective qui est en vigueur actuellement ne contient pas beaucoup
de dispositions particulières quant aux modalités de
dédommagement pour déménagements, etc. C'est ce qui a
amené la CAT à s'entendre sur une procédure ad hoc, dans
le cas qui la concernait mais, dans le cadre du renouvellement de la convention
collective actuelle, c'est une question importante qui fera l'objet de
négociations.
M. Vaillancourt (Orford): Dans la convention collective actuelle,
cela ne protège pas un employé qui veut rester à l'endroit
où il est actuellement?
M. de Belleval: Non. C'est pour cela. Comme je l'ai dit, dans le
passé le problème ne se présentait à peu
près jamais, parce que les gouvernements procédaient à des
mutations sur une base
exceptionnelle; cela pouvait donc se faire relativement volontairement.
Mais, si on veut le faire d'une façon plus considérable, il est
évident qu'il faut prévoir maintenant des modalités
particulières.
M. Vaillancourt (Orford): Vous pourriez peut-être faire
valoir les modalités du fédéral?
M. de Belleval: On étudie actuellement le dossier et on se
référera aux exemples disponibles dans cette matière.
M. Vaillancourt (Orford): Ce que vous nous aviez annoncé
pour Hull, est-ce que cela va se réaliser?
M. de Belleval: Là-dessus, sur un dossier particulier,
comme je l'ai dit; comme le dossier ne relève plus de ma
compétence et qu'il relève du ministre responsable de
l'aménagement du territoire et du Conseil du trésor en ce qui
concerne les modalités administratives, etc., et une partie du dossier,
j'aimerais mieux ne pas empiéter sur le dossier d'un voisin.
M. Bellemare: Est-ce que je peux poser la question autrement et
vous demander si le gouvernement a des intentions bien délimitées
quant à Hull? (11 h 45)
M. de Belleval: Je pense que le programme même du parti
gouvernemental est assez explicite de ce côté. Il veut faire de
Hull, compte tenu de la position particulière de cette ville, un centre
administratif important. Je n'insisterai pas beaucoup sur le dossier qu'a
soulevé le député de Johnson un de ses dossiers
favoris en ce qui concerne le patronage des emplois. Je pense que
lui-même est en mesure de faire la distinction entre les emplois
réguliers de la fonction publique, pour lesquels il existe un
régime d'emplois selon le mérite, administré par la
Commission de la fonction publique, qui s'étend maintenant, d'une
certaine façon, pour reprendre une expression favorite au
député de Johnson, mutatis mutandis, aux occasionnels...
Vous admettrez que le recrutement des occasionnels était une
occasion de plantureuses négociations non collectives entre certains
députés et certains électeurs.
M. Bellemare: M. Michaud? Non?
M. de Belleval: Je vais continuer, vous allez me laisser
terminer, M. le député.
M. Bellemare: D'accord.
M. de Belleval: Donc, au niveau des occasionnels, vous le savez
maintenant, nous avons aussi voulu dépolitiser l'engagement en donnant
au Centre de main-d'oeuvre du Québec le soin de procéder au
recrutement. Nous avons aussi appliqué d'une façon plus
sévère les normes adminis- tratives qui prévoient qu'un
emploi occasionnel doit être un emploi occasionnel et qu'il ne doit pas
être utilisé de façon déguisée pour
contourner le régime du mérite et engager, pendant de nombreuses
années, des employés qui ne passent pas à travers le
creuset normal des engagements réguliers, des engagements des
fonctionnaires au sens strict. Je pense que de ce côté...
M. Bellemare: Quelle est la réponse que vous donnez
pour...
M. de Belleval: Je peux continuer, oui? Je pense que, de ce
côté, nous avons fait un effort pour dépolitiser davantage
l'engagement d'employés gouvernementaux. En ce qui concerne les emplois
discrétionnaires auxquels fait allusion le député de
Johnson dans ses exemples, il sait très bien qu'effectivement il s'agit
de quelques dizai-nez d'emplois dont l'engagement est à la
discrétion du gouvernement, de tous les gouvernements. Il n'y a jamais
eu, d'ailleurs, d'objections à cette façon de procéder par
tous les partis politiques. Il s'agit de pratiques reconnues, normales et qui
ne sont pas dérogatoires du tout aux règles qui s'appliquent
à l'ensemble de la fonction publique, qu'il s'agisse, bien sûr,
des attachés de cabinet ou même des emplois de sous-ministres ou
de sous-ministres adjoints qui échappent, comme vous le savez, aux
règles de recrutement ordinaires de la fonction publique, dans toutes
les fonctions publiques du monde entier. Là-dessus, je pense que notre
dossier est tout à fait correct. Je supplierais, bien que j'aie bien peu
d'espoir que ma supplique soit entendue, le député de Johnson de
ne pas mêler les deux aspects, les deux types de recrutement et de ne pas
laisser croire, si par mégarde la population l'écoutait, à
un moment donné, qu'effectivement il existe un régime de
patronage dans l'octroi des postes dans la fonction publique.
M. Bellemare: Vous n'avez pas vécu le gouvernement
précédent avec l'Opposition "P Quiou", parce que vous ne me
feriez pas cette supplique ce matin.
M. de Belleval: Tantôt, vous avez prêché ce
même argument à mon collègue de Joliette-Montcalm qui vous
donnait en exemple à ne pas suivre. Je vous fais la même
réponse que vous lui avez faite: De grâce, reconnaissez...
M. Bellemare: Si vous aviez vu cela, le déchaînement
qu'avait le parti "P Quiou" contre le parti au pouvoir du temps! C'était
épouvantable, c'était effrayant.
M. de Belleval: Je ne me souviens pas... M. Bellemare:
Vous n'y étiez pas, non plus.
M. Vaillancourt (Orford): Je conseillerais au ministre de lire le
journal des Débats du temps. Je pense qu'il s'instruirait passablement
dans une journée.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Vous allez poser au vertueux. Vous allez dire: II
n'y a pas de vice dans notre affaire.
M. de Belleval: Ce que je veux dire... Je pense non, c'est
important qu'il est facile de faire du cynisme en politique et de faire
croire facilement des choses à une population qui a des doutes souvent
légitimes sur la façon dont, parfois, les hommes politiques se
comportent. Il est donc facile, dans ce domaine, de jouer sur le cynisme
naturel d'une partie de l'opinion publique et de faire croire que l'octroi des
emplois dans la fonction publique se fait en fonction d'un système
maintenant approuvé d'ailleurs par tous les gouvernements et qui est un
système indépendant du pouvoir politique, sauf comme je l'ai dit,
pour un certain nombre d'emplois qui, dans tous les régimes politiques,
même démocratiques, sont soumis à la discrétion
ministérielle et le sont d'une façon normale et
régulière, sans qu'il y ait matière à scandale
d'aucune sorte. Tout ce que je voudrais dire, c'est ceci: Est-ce que le
député de Johnson, au nom de l'intérêt public et de
la qualité du débat public, démocratique au Québec,
ne cite pas, en exemple de patronage, des emplois qui, en vertu de la loi, font
justement l'objet d'un recrutement discrétionnaire par le gouvernement
et, comme je l'ai dit, une pratique normale et régulière dans
tous les régimes démocratiques.
M. Bellemare: Je soulève un point de règlement. Le
ministre nous a dit que c'était du cynisme que de faire cela. Je ne
pense pas que, en venant remplir notre devoir dans l'Opposition, on est ici
pour acculer le ministre au pied du mur.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, je vais disposer immédiatement de votre question de
règlement. Il m'apparaît que le terme "cynisme" n'est pas un terme
antiparlementaire, dans le contexte actuel...
M. Bellemare: II ne faut pas qu'il s'adresse à un individu
en particulier, par exemple. Je ne l'endurerai pas, parce qu'il dit: Le
député de Johnson devrait considérer qu'en
démocratie... et il avait mis le mot "cynisme" avant.
Le Président (M. Clair): ... et qu'en conséquence,
il n'y a pas lieu de soulever...
M. Bellemare: II est en train de m'habiller du mot "cynisme", et
je n'endurerai pas cela, jamais, jamais, si je remplis mon mandat comme
député, que l'Opposition fasse son devoir. Nous ne sommes pas ici
pour "laudater" le ministre. Non, il faut qu'il s'habitue à cela
aussi.
M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, je vous indique que j'ai disposé de la ques- tion de
règlement. Si vous voulez aller plus loin, vous savez que vous pourriez
soulever une question de privilège à l'Assemblée
nationale.
M. Bellemare: Non.
Le Président (M. Clair): Je n'ai pas à vous faire
la leçon, mais je vous l'indique quand même.
M. Bellemare: II n'est pas question de chinoiseries comme cela.
Non. Je ne veux pas que le mot "cynisme" s'applique à moi. Point. Et au
journal des Débats, lorsqu'on relira cela tout à l'heure, celui
qui lira cela dira: Le député s'est fait arranger, il s'est fait
traiter de "cynique". Écoutez un peu, non, non!
M. de Belleval: Je ne vous ai pas traité "d'acabit".
M. Bellemare: Non. "Acabit", je sais, c'est de l'humour noir
qu'on a fait. Les gens ont travesti cela en autre chose.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît! Je voudrais simplement rappeler à tout le monde que
nous sommes actuellement à la réplique du ministre de la Fonction
publique. Je vous invite à respecter son droit de parole. M. le
ministre.
M. de Belleval: M. le Président, d'ailleurs... M.
Bellemare: II dit qu'il termine, alors...
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford, sur une question de règlement.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, sur un point de
règlement, ordinairement, lors de la réplique du ministre, il est
permis de poser des questions pour se renseigner. Ce sont des questions sur
lesquelles on ne reviendra pas, assez souvent. Je crois qu'il a toujours
été permis qu'un dialogue se fasse lors de la réplique du
ministre.
Le Président (M. Clair): Vous reconnaîtrai
sûrement, M. le député d'Orford, que, dans la mesure
où les questions étaient pertinentes et directement
adressées au ministre, j'ai permis ces questions. Je vous en ai
laissé passer plusieurs, d'ailleurs.
M. le ministre de la Fonction publique.
M. Vaillancourt (Orford): J'aurais une autre question à
poser au ministre, à ce moment-ci.
M. de Belleval: Seulement sur cette question, M. le
député, et je reviens immédiatement.
Le Président (M. Clair): M. le ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: Le député de Johnson pourra relire
les débats, et je pense qu'il verra que je ne
l'ai pas traité de "cynique". Deuxièmement, je lui ai
adressé une supplique.
M. Bellemare: Oui. Sur cette supplique, je vous ai répondu
que, aujourd'hui, vous êtes en position de gouverner, vous nous supplier
de ne pas intervenir, de ne pas vous déranger. Je vous connais.
M. de Belleval: Relisez les débats.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de les relire, je sais où
va votre intuition.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. de Belleval: D'accord. Là-dessus, j'ai terminé.
Il y avait deux questions de mon collègue de Joliette. Puis-je lui
répondre ou si on peut passer au député de Johnson?
M. Bellemare: Vous pouvez répondre à cela, pour les
occasionnels, d'abord.
M. Vaillancourt (Orford): Continuez.
M. de Belleval: En ce qui concerne les occasionnels, nous avons
négocié avec le Syndicat des fonctionnaires seulement un
amendement à leur convention collective actuelle à la suite des
règlements de la Commission de la fonction publique de juillet dernier,
qui permettaient aux occasionnels de bénéficier du régime
syndical. Il fallait, bien sûr, négocier un amendement à
leur convention collective puisque les dispositions qui s'adressent aux
employés réguliers peuvent difficilement s'appliquer aux
employés occasionnels. Il faut, là encore, faire mutatis
mutandis.
À cette occasion, le Syndicat des fonctionnaires a conclu une
entente qui prévoit que les employés occasionnels sont
recrutés au salaire de l'échelon d'entrée dans la classe
ou dans le corps concerné. Toutefois, comme cette disposition
appliquée sans discrimination aurait amené des employés
occasionnels actuels à être l'objet d'une réduction de
salaire, une directive a été émise qui prévoit que
leur salaire actuel est maintenu.
M. Bellemare: À quel échelon?
M. de Belleval: À l'échelon qu'ils ont
actuellement.
M. Bellemare: D'accord.
M. de Belleval: S'il y avait une mauvaise interprétation
de la directive ou s'il y avait des problèmes particuliers...
M. Bellemare: Qu'arrive-t-il des sommes d'argent?
M. de Belleval: Pardon?
M. Bellemare: Qu'est-ce qui arrive de la question des sommes
d'argent?
M. de Belleval: J'y arrive. J'ai fini là-dessus. S'il y
avait des problèmes particuliers qui étaient soulevés
malgré tout, je vous prie de les soumettre à mon cabinet et nous
ferons faire les corrections nécessaires s'il y a lieu.
En ce qui concerne le coût des libérations pour
activités syndicales, je ne sais pas si la question avait trait à
la fonction publique au sens strict ou au secteur parapublic.
M. Bellemare: II est parti.
M. de Belleval: II est parti. Comme il s'agissait d'une question
particulière, je ferai faire les recherches et je pourrai donner la
réponse à un peu plus tard.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Je vous indique, M. le
député d'Orford, que ce sont des questions au niveau de la
réplique du ministre. Sinon, on pourrait entamer immédiatement
l'étude du programme 1.
M. Vaillancourt (Orford): Ce sont des questions...
M. Bellemare: M. le Président, si vous nous le permettez,
dans toutes les commissions parlementaires, un nombre considérable de
questions sont posées au ministre au début et on n'a pas à
y revenir. On peut plus facilement après...
Le Président (M. Clair): C'était simplement
à titre indicatif.
M. Bellemare: ... liquider le programme ou
l'élément du programme, parce que la question a reçu une
réponse. On passe.
Le Président (M. Clair): Effectivement, je suis tout
à fait de votre avis et c'est la raison pour laquelle je posais la
question au député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Ce sont des questions d'ordre
général que j'ai à poser au ministre. Probablement que ce
seront des questions sur lesquelles je n'aurai pas à revenir.
Ma première question est celle-ci: Le ministre aurait-il
objection à déposer la liste de son personnel de cabinet, comme
les autres ministères l'ont fait, avec les salaires et tous les
détails?
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford...
M. Vaillancourt (Orford): J'aimerais que cette liste soit
inscrite au journal des Débats.
Le Président (M. Clair):... je vous indique qu'il n'y a
pas de dépôt comme tel en commission. Cependant, si le ministre
veut en donner lecture ou s'il veut la distribuer, suivant ce que vous
désirez et suivant ce qu'il décidera, il peut le faire.
M. Vaillancourt (Orford): Cela s'est toujours fait.
M. Bellemare: Vous avez dû siéger à d'autres
commissions où, quand on demande le dépôt d'un document
comme celui-là, le ministre s'empresse de dire oui parce que c'est une
nouvelle clarté à apporter. Ils sont clairs, ces gens-là,
ils sont transparents! Comme ils sont transparents et clairs, ils n'ont pas
d'objection à déposer cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, vous reconnaîtrez cependant qu'il est également de
coutume de déposer le moins de choses possible en commission.
M. de Belleval: Voulez-vous que je donne les noms?
Le Président (M. Clair): Si vous voulez, M. le ministre,
cela disposerait de la question immédiatement.
M. Bellemare: Non, non, vous déposerez le document.
M. Vaillancourt (Orford): On aimerait autant avoir le
document.
M. Bellemare: On peut le comparer.
M. Vaillancourt (Orford): Cela nous fait un papier de plus, mais
cela nous fait aussi une addition au dossier.
M. de Belleval: On l'aura cet après-midi. M.
Vaillancourt (Orford): D'accord.
Le Président (M. Clair): Je vous indique que, de toute
façon, messieurs, ma décision est celle-ci: il ne s'agira pas
d'un dépôt formel; il peut s'agir d'une distribution de document
aux membres de la commission ou d'une lecture de ce document par le ministre,
mais il n'y aura pas de dépôt formel en commission.
M. de Belleval: D'accord.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, si vous refusez
le dépôt du document, tout ce qu'a à faire le ministre,
c'est d'apporter le document et de le lire, il sera alors inclus au journal des
Débats.
Le Président (M. Clair): II peut le lire et le distribuer
aux membres. Je n'ai aucune objection à ce fait.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord.
M. Bellemare: Ou encore on peut procéder par les moyens
ordinaires. On peut lui poser une question au feuilleton et il va
déposer le document.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que ce serait plus vite fait
si le ministre, cet après-midi, nous déposait le document. Le cas
serait réglé.
M. Bellemare: Les crédits de la Fonction publique, on
devrait pouvoir les adopter dans pas trop de temps. Je ne pense pas qu'il y ait
des motivations qui nous poussent à faire des recherches outre mesure.
Dans le cas qui est soumis, on ne voudrait pas non plus entraver
l'exécution du mandat qu'on a. (12 heures)
M. de Belleval: Si vous voulez, je vais vous donner la liste tout
de suite, verbalement, et je vous distribuerai le document cet
après-midi. Les personnes sont les suivantes: Mme Madeleine Quesnel, M.
Jean-François Gosselin, Mme Ray-monde Bolduc et Mme Claire Couillard. Je
vous donnerai leur curriculum vitae, si vous le désirez.
M. Vaillancourt (Orford): Non, ce ne sera pas
nécessaire.
La liste des membres de votre cabinet et leur salaire, comme cela a
été fait dans d'autres...
M. Bellemare: ... commission de la...
M. de Belleval: Vous voulez avoir le salaire aussi? D'accord, sur
le document, cet après-midi, vous aurez le salaire.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord.
M. Bellemare: Est-ce qu'il y a une explication aux $3 millions
d'augmentation de cette année?
M. de Belleval: Les $3 millions des crédits?
M. Bellemare: La différence entre $52 millions et $55
millions.
M. de Belleval: Je vais regarder. De toute façon, il est
midi, est-ce qu'on arrête?
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il ne s'agit pas
là, M. le député de Johnson, d'une question qui
apparaîtrait à un élément particulier?
Est-ce qu'on suspend à midi ou à midi et demi?
M. Bellemare: Habituellement à midi et demi, mais en tous
les cas...
Le Président (M. Clair): À midi et demi,
plutôt, je pense.
M. de Belleval: D'accord.
M. Bellemare: Le programme no 1, M. le Président, c'est le
secteur de l'administration du personnel.
Le Président (M. Clair): Désirez-vous, M. le
député de Johnson, qu'on entame l'étude du programme
1?
M. Bellemare: Je ne sais pas si c'est l'Opposition officielle qui
doit...
M. Vaillancourt (Orford): Disons que cela revient au même.
On va poser les mêmes questions sur les programmes que si on les avait
posées...
Le Président (M. Clair): D'accord. Alors, nous
considérons les discussions préliminaires et nous abordons
immédiatement l'étude du programme 1.
M. le ministre de la Fonction publique.
Gestion du personnel et aménagement
des conditions de travail dans
les secteurs de la fonction
publique et du péri-public
M. de Belleval: Essentiellement, c'est l'augmentation des
traitements qui passent de $42 millions à $46 millions.
M. Bellemare: Ce sont les traitements qui passent de $42 millions
à $46 millions?
M. de Belleval: C'est cela, oui.
M. Bellemare: Comment expliquez-vous que les emplois permanents,
en 1977/78, étaient de 292 et vont être en 1978/79 de 326?
M. de Belleval: Les employés permanents?
M. Bellemare: La gestion du personnel et l'aménagement des
conditions de travail dans les secteurs de la fonction publique et du
péripublic.
M. de Belleval: Essentiellement, il s'agit de l'augmentation des
postes prévus à un programme qui s'appelle: La
réorientation des carrières. Vous connaissez le
phénomène en vertu duquel certains fonctionnaires, à un
moment donné, désirent réorienter leur carrière ou
ont des problèmes d'adaptation ou d'évolution dans leur
carrière.
M. Bellemare: Ils veulent changer de ministère!
M. de Belleval: On a prévu, au sein du ministère de
la Fonction publique, une banque de postes. Les fonctionnaires qui doivent
quitter un ministère à un moment donné ou qui ne
progressent plus normalement dans leur carrière sont affectés
à cette banque de postes et, par des entrevues, etc., nous les
réintégrons dans la fonction publique ou ailleurs.
M. Bellemare: Cela prend 34 employés
supplémentaires?
M. de Belleval: Ce sont simplement des pos- tes qui servent, ni
plus ni moins, de postes de transfert d'un ministère à l'autre.
Il ne s'agit donc pas d'employés nouveaux, au sens strict, il s'agit
tout simplement...
M. Bellemare: En 1977/78, vous en aviez 292 et en 1978/79, vous
allez en avoir 326. Cela fait 34 employés de plus qui doivent figurer
sur l'augmentation des rémunérations.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: Ce sont 34 nouveaux postes.
M. de Belleval: Non, ce ne sont pas 34 nouveaux postes, c'est
purement une écriture budgétaire, si vous préférez.
C'est une réserve de postes vacants qui sont...
M. Bellemare: Qui sont attribués à ceux qui
veulent...
M. de Belleval: ... attribués à ceux qui
reviennent; ensuite l'individu retourne dans un autre ministère.
M. Bellemare: Oui, mais si je suis votre raisonnement à la
lettre, le type qui part de là laisse un poste vacant?
M. de Belleval: Pas nécessairement, son poste va
être rempli par quelqu'un d'autre.
M. Bellemare: Alors, cela va faire un employé de plus.
M. de Belleval: Oui, si vous voulez, mais au total nous avons
demandéparce qu'il y a des plus et des moins à des
endroitscette année à tous les ministères de
réduire leur effectif de 1%. Quand on aura ajouté les nouveaux
programmes, etc., et la conversion de postes occasionnels en postes permanents,
l'effectif total de la fonction publique augmentera de cinq postes...
M. Bellemare: Non, diminuera; 1115 en 1977/78, et en 1978/79,
1107.
M. de Belleval: Non, de tous les ministères... cela
augmentera de cinq postes.
M. Bellemare: Oui, mais l'évolution budgétaire...
je regarde chez vous: en 1977/78 il y en avait 1115, et cela tombe en 1978/79
à 1107. C'est pour cela que je vous demande si ces 34 postes
supplémentaires dans la gestion du personnel et l'aménagement des
conditions de travail existent ou vont exiter. Si je prends le programme no 2,
le régime de retraite, assurance collective, je vois 503 et on tombe
à 462. Au programme no 3, la Commission de la fonction publique, de 320
à 319.
M. de Belleval: Dans ce cas, on parle simplement des
employés du ministère.
M. Bellemare: Vous dites que le total est de $42 millions?
M. de Belleval: De $42 millions à $46 millions pour les
traitements.
M. Bellemare: Croyez-vous qu'avec ce budget vous allez être
capables de faire face aux négociations qui viennent?
M. de Belleval: En ce qui concerne les négociations dans
la fonction publique au sens strict, oui.
M. Bellemare: Au maximum, $46 millions?
M. de Belleval: Oui. L'augmentation, comme je l'ai dit, n'a rien
à voir avec les négociations collectives, cela concerne les
programmes de formation de cadres ou de réorientation de
carrière. Mais il ne s'agit pas d'une véritable augmentation.
M. Bellemare: Vous avez au ministère des emplois à
temps partiel. Vous en aviez 18...
M. de Belleval: Et ils sont réduits à 10. M.
Bellemare: C'est rendu à 10.
M. de Belleval: On réduit dans tous les
ministères, d'ailleurs les emplois occasionnels.
M. Vaillancourt (Orford): Vous en aviez 78 l'an passé et
cette année, 34?
M. de Belleval: C'est cela. M. Bellemare: Au total. M.
de Belleval: Au total.
M. Bellemare: Au total des trois programmes. 50 dans le
régime de retraite et assurance collective, cela tombe à 15, et
la Commission de la fonction publique en avait 10, cela tombe à 9. Cela
fait 78, 34.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce sont des gens qui sont
remplacés par des permanents, étant donné qu'il y a une
diminution de 78 à 34?
M. de Belleval: Non, pas dans notre cas. M. Vaillancourt
(Orford): Pas dans votre cas?
M. de Belleval: Dans le cas peut-être du Tourisme, vous
allez trouver cela, Terres et Forêts.
M. Vaillancourt (Orford): Dans certains ministères?
M. de Belleval: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Dans le cas de l'Agriculture, je crois,
aussi.
M. de Belleval: Peut-être, oui.
Le Président (M. Clair): L'élément 1 du
programme 1.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, le ministre de
la Fonction publique a renconnu, au mois d'octobre 1977, qu'un sondage
était alors effectué auprès des employés des divers
syndicats de la fonction publique afin de connaître leur opinion
relativement au projet de loi 53. Il serait intéressant de
connaître le coût d'un tel sondage et le résultat, si c'est
possible.
M. de Belleval: Je crois que le coût était de $19
000.
M. Vaillancourt (Orford): $19 000, et quel est le
résultat? Serait-il possible d'avoir un dépôt de ce
rapport, étant donné que c'est un rapport qui est...
M. de Belleval: Non, je n'ai pas l'intention de le déposer
pour la bonne raison qu'il est, bien entendu, dépassé
complètement par les événements. Il a été
fait au début du débat sur le projet de loi 53...
M. Bellemare: ... fournir une arme contre le gouvernement
aussi!
M. de Belleval: En fait, il n'est pas d'intérêt
public de déposer un rapport dont l'interprétation n'a plus
aucune relation avec l'état actuel du dossier.
M. Bellemare: Parce que le projet de loi 53 est
retiré?
M. de Belleval: De toute façon!
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, le ministre ne
veut pas faire le dépôt du rapport?
M. de Belleval: II n'est pas retiré, il n'est plus
à l'ordre du jour. Il sera remplacé par un autre projet de
loi.
M. Bellemare: Sine die.
M. de Belleval: Stand by.
M. Charron: II est comme le dollar, il flotte.
M. de Belleval: II ne flotte pas.
M. Bellemare: II ne flotte pas parce que le ministre a
flotté...
M. de Belleval: Mon cher collègue, il est bien
ancré.
M. Bellemare: Le ministre a flotté...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait nous
donner les résultats de l'enquête, globalement?
M. de Belleval: Non. Je ne les ai pas.
M. Vaillancourt (Orford): Vous aimez mieux ne pas les donner!
M. de Belleval: Je ne les ai pas, vraiment. Je n'ai pas...
Écoutez, une trentaine de questions, etc.
M. Bellemare: Même si la question est bien pertinente, M.
le député d'Orford, il y a peut-être la sagesse du ministre
de ne pas les donner pour ne pas se mettre en cause! Ce n'était
peut-être pas véritablement contre le bill 53, mais c'était
peut-être sur les questions techniques, comme le mérite de
certaines choses.
M. Vaillancourt (Orford): Étant donné que le bill
53 est retiré, je pense que cela ne ferait de mal à personne si
on nous donnait les résultats de cette enquête.
M. de Belleval: Cela ne ferait de mal à personne.
M. Bellemare: Ce n'est pas sûr!
M. Vaillancourt (Orford): Dans ce cas-là, vous pourriez
nous le déposer.
M. Bellemare: Le ministre est plus fin que cela.
M. de Belleval: J'ai donné ma réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Je n'insisterai pas plus. M. le
Président, au cours des négociations de la fonction publique, la
CSD a proposé la mise en place d'un système de
négociations permanentes assorti d'un droit de grève et de
lock-out en tout temps. La CSD est d'avis qu'il y a une accumulation
inconsidérée de griefs. Elle suggère la création
d'un tribunal permanent d'arbitrage qui siégerait 24 heures sur 24
heures selon les besoins. Nous aimerions avoir l'avis du ministre concernant
ces suggestions.
M. de Belleval: Pour ce qui concerne la fonction publique, parce
que c'est ma responsabilité je ne parlerai pas du secteur des
affaires sociales ni de l'éducation j'ai l'impression que les
remarques que vous rappelez de la part de la CSD s'adressent surtout au secteur
des affaires sociales ou de l'éducation. Ce sont sans doute les affaires
sociales, parce que je ne crois pas que la CSD ait beaucoup d'adhérents
dans le domaine de l'éducation. Le système en vigueur donne toute
satisfaction.
De plus, il faut bien voir qu'il existe aussi des éléments
de négociations permanentes qui ont de plus en plus tendance à
faire surface. Par exemple, dans le cas des agents de la paix, il y avait trois
ou quatre points auxquels le syndicat tenait beaucoup, mais sur lesquels nous
n'étions pas disposés, quant à nous, à
procéder à des engagements fermes. Nous avons quand même
conclu la convention collective. Nous avons convenu de la mise sur pied de
trois ou quatre comités conjoints qui continueront l'étude de ces
questions. Cela m'apparaît une forme de négociations permanentes.
Cela peut se faire dans le cadre juridique actuel. Quoi qu'il en soit, pour le
reste, je vous en référerai au rapport Martin-Bouchard et
à la prise de position que le gouvernement fera connaître à
ce sujet.
M. Vaillancourt (Orford): Trouvez-vous que le système de
négociations actuel est adéquat?
M. de Belleval: Dans la fonction publique, oui.
M. Vaillancourt (Orford): Ce que la CSD propose, ce n'est pas
seulement pour les fonctionnaires qu'elle représente.
M. de Belleval: C'est pour l'ensemble.
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour l'ensemble de la fonction
publique.
M. de Belleval: Sans doute. Oui.
M. Bellemare: M. le Président, je serais curieux de poser
une question au ministre sur des bobards qui nous sont rapportés. C'est
peut-être du commérage ou cela provient-il de gens qui essaient de
détruire le prestige de la fonction publique. Je prends mes
précautions, parce que cela ne vient pas de moi.
On dit qu'un ministre, qui voudrait avoir un employé
désigné d'avance à un poste qu'il a créé ou
qui était créé peut, de son influence, faire changer le
résultat pour faire passer ledit candidat avant les autres. Est-ce vrai
ou faux?
M. de Belleval: Vous faites peut-être...
M. Bellemare: Exemple. Au ministère de l'Agriculture,
à un moment donné, un concours a été tenu pour
obtenir un cinéaste qui produirait un film dans un programme
particulier. Il a été bien reconnu qu'un candidat avait
été voir le sous-ministre et ce dernier lui avait dit:
Écoutez, ne vous dérangez pas; le ministre veut avoir un tel et
c'est lui qui va passer. Est-ce possible?
M. Charron: Est-ce un exemple réel ou une image que vous
donnez?
M. Bellemare: Non, non. Il s'agit de mon neveu. Cela peut
être un conflit d'intérêts, mais je voudrais savoir si c'est
vrai ou faux.
M. de Belleval: Je suggère au député de
Johnson de m'écrire un mot là-dessus et je vais faire faire une
enquête auprès de la commission...
M. Bellemare: Non. Les écrits restent.
M. de Belleval: II n'y a rien de grave à cela. Vous avez
le droit de faire une représentation pour un de vos
électeurs.
M. Bellemare: J'ai le droit et je vous la fais ici.
M. de Belleval: Quel est le nom de la personne en question, de
votre neveu?
M. Bellemare: C'est un diplômé de
l'Université d'Ottawa.
M. de Belleval: Son nom encore? Je ne veux pas connaître
toute sa vie. Je veux son nom.
M. Bellemare: Non, non. Vous ne me conduirez pas là.
M. de Belleval: Un concours de cinéastes...
M. Bellemare: Je vous cite l'exemple, parce que cela s'est
produit dans ce cas. Je vous demande si cela peut se produire encore
aujourd'hui, dans un cas similaire. Pensez-vous qu'il y a des ministres qui
veulent avoir tel individu avec telle formation, et qui peuvent intervenir
auprès de la fonction publiqueils sont ici pour répondre
est-ce que cela s'est fait, cela se fait encore ou cela pourrait se
faire qu'un concours soit ouvert...
M. de Belleval: Je vous ai compris.
M. Bellemare: ... que 200 candidats soient sur les listes et que
le ministre intervienne à un moment donné et dise: C'est un tel
que je veux avoir? Il a réussi son examen, peut-être comme les dix
ou quinze premiers, mais il a un choix à faire et je pense que le
ministre peut venir et dire: Parmi ces quinze, c'est celui-là que je
veux. Est-ce possible? (12 h 15)
M. de Belleval: D'accord. Le système juridique actuel
prévoit que les candidats sont soumis à un examen
administré par la commission, qui émet ensuite une liste
d'admissibilité.
M. Bellemare: ... qui reste en vigueur pendant six mois.
M. de Belleval: C'est cela. En vertu des règles juridiques
actuelles, le ministre peut choisir qui il veut, a même une liste...
M. Bellemare: Parmi les dix...
M. de Belleval: ... parmi les 10, 20 ou 100, si c'est le cas. Il
peut choisir.
M. Bellemare: À la fonction publique, dans les directives,
cela, c'est prévu, c'est légal?
M. de Belleval: C'est légal et c'est justement un des
aspects qui m'apparaît...
M. Bellemare: ... discrétionnaire.
M. de Belleval: ... discrétionnaire dans un sens qui peut
être préjudiciable à des gens, à savoir qu'on donne
l'espoir à des gens de se présenter à un concours, ils
sont déclarés admissibles et, finalement, ils ne se verront
jamais offrir d'emploi.
Je pense que c'est un système vicieux dans son principe
même, en tout cas dans son application, et c'est pour cela que, dans le
projet de loi no 53, nous avons prévu que les fonctionnaires, les
candidats qui font l'objet d'une liste d'admissibilité...
M. Bellemare: ... choisis au mérite...
M. de Belleval: ... non seulement doivent être choisis au
mérite mais doivent être nommés aussi selon le
résultat de cette liste d'admissibilité. Ce qui veut dire
que...
M. Bellemare: Pas en premier ni en deuxième, mais parmi la
liste.
M. de Belleval: Non. On dit même: Selon l'ordre du
mérite ou selon l'ordre du résultat au concours.
M. Bellemare: Le mérite, qui l'établit? Le
ministre?
M. de Belleval: On ne refera pas tout le débat. Selon les
critères appliqués par la Commission de la fonction publique ou
le nouvel office de recrutement, les mêmes critères
qu'actuellement, ce n'est pas le ministre qui détermine le
mérite, ce sont les règlements et les concours.
M. Bellemare: C'est encore pire, là, ce sont les
fonctionnaires qui décident.
M. de Belleval: Comment?
M. Bellemare: Dans la liste, ils ne prennent pas le premier de
droit, ils prennent celui qu'ils veulent. Vrai ou faux?
M. de Belleval: Actuellement?
M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: Oui, vrai, actuellement.
M. Bellemare: C'est avec cela qu'on a fait le patronage depuis
deux ans.
M. de Belleval: Pas depuis deux ans, depuis que la loi
existe.
M. Bellemare: Oui. C'est fini, cela. Les autres gouvernements ont
payé pour!
M. de Belleval: Êtes-vous a accord qu'il faut changer
ce...
M. Bellemare: Non. Je veux que vous me répondiez. Ne
m'amenez pas ailleurs. Les autres gouvernements ont payé pour. On a eu
notre temps, nous aussi, le Parti libéral aussi, et on a passé
devant l'opinion publique.
M. de Belleval: Pour longtemps, d'ailleurs.
M. Bellemare: Cela va arriver avant longtemps aussi. Remarquez
bien ce que je vous dis. Je ne fais pas de prophéties.
M. Vaillancourt (Orford): Le député de Johnson ne
veut pas que vous tombiez dans le même péché.
M. Bellemare: II existe depuis deux ans et on vient de l'avoir.
Le ministre l'a admis. Les nominations ont été faites en vertu de
ce critère. À partir de là, vous l'admettez, M. le
ministre, et c'est bien de l'admettre, parce que cela confirme ce qu'on a dit,
que le patronage qui s'est fait là, c'est vrai. Vous venez de nous le
dire et vous ne pouvez pas dire le contraire. On ne vous bouscule pas. C'est
librement que vous nous avez dit: Oui, c'est vrai, le ministre choisit dans la
liste. Vous nous avez dit que c'étaient des critères vicieux.
C'est vous qui avez dit cela et vous continuez de les appliquer. Vrai ou
faux?
M. de Belleval: M. le Président, j'ai
déclaré toutes ces choses déjà lors du débat
sur le projet de loi 53. J'ai tout expliqué cette question. C'est une
des raisons pour lesquelles d'ailleurs...
M. Bellemare: Vous n'avez rien fait.
M. de Belleval: ... le député de Johnson m'a
empêché de faire quelque chose lors de la commission
parlementaire.
M. Bellemare: Non, monsieur. Ce n'est pas vrai cela, monsieur. Je
soulève un point de règlement.
M. de Belleval: Parce qu'au lieu...
M. Bellemare: Ce n'est pas moi qui ai empêché cela.
C'est l'opinion publique, par exemple, qui vous a mis au pied du mur, et qui
vous a traité, mon cher monsieur, dans un cercueil, ici à la
porte. Vous étiez un beau défunt.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, M. le député d'Orford, M. le ministre, je vous indique
que nous avons déjà eu l'occasion à cette commission
parlementaire, d'étudier, justement, le projet de loi 53. Je veux bien y
permettre des allusions directes. Cependant, je voudrais qu'on évite de
reprendre le débat, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais vous signaler
que ce n'est pas du tout la loi 53... J'ai commencé...
Le Président (M. Clair): Mais on a glissé lentement
vers la loi 53.
M. Bellemare: Bien, c'est le ministre qui nous a amenés
là. Il voulait refaire, par une législation, ce qui était
vicieux. C'est le député de Johnson, mon cher monsieur, qui l'a
empêché. À partir de là, il a essayé de s'en
sortir parce qu'il a dit tout à l'heure que c'était un
système vicieux que de permettre à un ministre de venir choisir
celui qui fait son affaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, par vos propos, vous reconnaissez justement qu'on a glissé sur
le projet de loi 53.
M. Bellemare: Non, mon argument du début, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): Je voudrais éviter qu'on
revienne à cette discussion.
M. Bellemare: À mon argument du début je lui ai
posé la question: Est-ce que c'est possible?... Il y a des
circonstances, j'ai pris toutes les précautions oratoires pour vous le
demander.
M. de Belleval: ...continuer... M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: Écoutez, la réponse à la
question du député de Johnson, je la donne depuis au moins un an.
C'est toujours la même réponse, et c'est une des raisons pour
lesquelles je désire faire une réforme par un projet de loi et
j'espère avoir l'appui du député de Johnson pour cet
aspect particulier de la réforme.
M. Bellemare: C'est épouvantable de l'avoir devant nous
pour vous donner ma réponse. Sur les questions hypothétiques, je
ne marche pas.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous dire quel montant a coûté l'étude de
la commission Martin-Bouchard? Quel est le coût?
M. de Belleval: Oui, je peux vous le donner. Je peux dire tout de
suite que c'est la commission qui a coûté le meilleur
marché de toutes les commissions depuis des dizaines d'années.
Deuxièmement...
M. Bellemare: C'est la commission qui a rempli son mandat le plus
rapidement. Justement, c'est le "P Quiou" qui a prévu cela parce qu'il
est transparent...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: II va répéter la même chose, M.
le Président, on le sait par coeur.
Le Président (M. Clair): Si vous le savez
déjà, inutile de le répéter.
M. Bellemare: II a demandé le prix, il n'a pas
demandé autre chose.
M. de Belleval: Vous ne voudriez pas que...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît!
M. de Belleval: Le budget de la commission émarge au
budget du Conseil exécutif. Vous pourrez poser la question...
M. Bellemare: Vous demanderez la réponse de l'autre
bord.
M. de Belleval: Mais pour placer la réponse dans une bonne
perspective, j'essayais de démontrer... Parce que c'est la justice de
comparaison que le député de Johnson comprend le plus facilement,
c'est ce qui demande le moins d'effort intellectuel. Je m'excuse, M. le
député, de vous taquiner...
M. Bellemare: Je sais que ce n'est que pour me taquiner parce que
je sortirais mes griffes.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford, vous avez la parole.
M. Bellemare: C'est quoi le montant?
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien...
M. de Belleval: Ce n'est pas cher.
M. Vaillancourt (Orford): Malgré que cela relève du
Conseil exécutif, est-ce que le...
M. de Belleval:... des centaines de milliers de dollars.
M. Vaillancourt (Orford): ... ministre pourrait nous dire, quand
même, combien cela a coûté, parce que...
M. de Belleval: Une centaine de milliers de dollars; mais vous
poserez la question au premier ministre, cela émarge à son
budget.
M. Vaillancourt (Orford): C'est au cas où l'on n'aurait
pas la chance de le lui demander.
M. de Belleval: À la commission de la présidence.
Il y a une commission cet après-midi?
M. Bellemare: On n'est pas là.
M. de Belleval: Vous êtes partout, vous êtes comme le
bon Dieu, vous êtes partout.
M. Bellemare: Non, la présence réelle...
L'apostolat de la présence vaut souvent l'apostolat de la
prière.
M. de Belleval: Si vous pouviez monter au ciel, ce serait
parfait.
M. Bellemare: Je suis déjà monté, saint
Pierre m'a dit que ce n'était pas le temps. Il m'a renvoyé en
bas. Il a dit: Tu n'as pas fini, va-t-en en bas.
M. de Belleval: Si je rencontre saint Pierre, je vais lui
parler.
Le Président (M. Clair): À l'ordre! S'il vous
plaît! Je vous invite à respecter le droit de parole du
député représentant l'Opposition officielle. M. le
député d'Orford, vous avez la parole.
M. Bellemare: Mais, là on sait que c'est $100 000 environ.
Cela peut peut-être aller à $150 000...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Vaillancourt (Orford): Cela peut varier entre $100 000 et $300
000, je suppose?
M. Bellemare: Non, c'est $162 000.
M. de Belleval: Je commence à connaître le
député de Johnson.
M. Bellemare: Oui, moi aussi, je commence à
connaître le ministre. Je l'ai eu en commission parlementaire des
engagements financiers assez longtemps.
M. Vaillancourt (Orford): J'aurais aimé que le ministre
confirme nos chiffres.
M. de Belleval: $2000.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, le ministre a
reçu une lettre de M. Harguindeguy, qui lui faisait parvenir, par
écrit, certains commentaires suite à une rencontre qu'ils ont eue
le 2 mars dernier. Est-il en mesure de nous faire part de ses réactions
à ces commentaires?
M. de Belleval: Ces commentaires, que j'ai sollicités de
M. Harguindeguy, concernaient sa réaction au rapport
Martin-Bouchard.
M. Vaillancourt (Orford): C'est cela, concernant la commission
Martin-Bouchard.
M. de Belleval: J'ai pris connaissance de ses remarques et, comme
je l'ai indiqué tout à l'heure, il y aura de nouveau des
rencontres avec lui et d'autres associations syndicales suite au
dépôt de nos propres réactions au rapport Martin-Bouchard;
ces réactions devraient être connues, je crois, cette semaine.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, il vous a fait
parvenir cette demande, par écrit, est-ce que vous n'étiez pas
supposé lui répondre par écrit?
M. de Belleval: Exactement, je vais lui répondre quand la
position gouvernementale sera connue. Elle sera connue cette semaine.
M. Vaillancourt (Orford): Elle sera connue cette semaine.
M. Bellemare: Concernant les employés des cadres, M. le
Président, est-ce que vous pourriez nous donner des statistiques; par
exemple, des adjoints aux cadres, ils avaient $16 000 en 1975/76, ils sont
passés à $21 260 et, en 1975, ils avaient $23 500 et ils sont
passés à $29 425. En 1976/77, ils reçoivent combien
actuellement?
M. de Belleval: Vous voulez avoir l'échelle de
rémunération des cadres du gouvernement?
M. Bellemare: Oui. D'abord, l'administrateur IV, l'administrateur
III, l'administrateur II, l'administrateur I. Vous n'avez pas cela ici?
M. de Belleval: Je ne l'ai pas sous la main, non. Ah! mon Dieu!
Merci beaucoup M. Gérin.
M. Bellemare: M. Lajoie? M. Gérin?
M. de Belleval: Non, pas M. Lajoie. Non d'accord, vous l'avez
fiché, l'an dernier.
M. Bellemare: Je l'ai connu petit gars, en culotte courte, votre
président, il était notre voisin, à Grand-Mère, il
s'appelait Gérin-Lajoie.
M. de Belleval: Cela recommence.
M. Bellemare: Sa soeur, sa grande soeur aussi, Jeanne et
l'autre.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
M. Bellemare: Alors, vous les avez là?
M. de Belleval: Si on pouvait avoir l'arbre
généalogique, cela irait plus vite. On économiserait du
temps.
M. Bellemare: II y en a beaucoup qui ne le lisent pas. Alors,
pour les adjoints aux cadres, c'est quoi l'échelle aujourd'hui?
M. de Belleval: Les échelles de rémunération
des cadres du gouvernement sont les suivantes. Les adjoints aux cadres
supérieurs vont de $26 500 à $32 900.
M. Bellemare: De $26 000 à $39 000? Une voix: $32
900.
M. de Belleval: Ce sera inscrit au journal des Débats,
vous pourrez les reprendre là. Je vous passerai mon petit papier,
ensuite.
M. Bellemare: Merci.
M. de Belleval: Cela vous permettra de me confondre plus
facilement avec vos questions.
M. Bellemare: Non, je ne recherche pas cela, mais, quand c'est
d'adon, par exemple, je vous le rapporte.
M. de Belleval: Les adjoints aux cadres supérieurs vont de
$26 500 à $32 900; les administrateurs IV de $29 600 à $36 200;
les administrateurs III de $32 600 à $39 800, les administrateurs II de
$35 800 à $43 800, et les administrateurs I de $39 400 à $48
200.
M. Bellemare: Merci.
M. de Belleval: Quant à être masochiste.
M. Bellemare: Non, ce n'est pas pour me faire mal, c'est
seulement pour vous faire mal à vous autres. C'est parce que je suis
convaincu que, chez les administrateurs de classe I, il y a des salaires qui
sont plus élevés que cela. Par exemple, un cas me vient en
mémoire, l'ancien député Mi-chaud. A-t-il
été engagé par contrat ou par la fonction publique?
M. de Belleval: II a été engagé par la
fonction publique. M. Michaud était déjà
fonctionnaire.
M. Bellemare: Oui, d'accord, mais comment se fait-il que son
salaire dépasse celui d'un administrateur de classe I?
M. de Belleval: À moins que M. Michaud soit sous-ministre
adjoint ou sous-ministre, ce qui n'est pas le cas.
M. Bellemare: Non, sûrement pas.
M. de Belleval: Je ne vois pas comment son salaire peut
dépasser cela, actuellement. Est-ce qu'il dépasse cela, à
votre avis?
M. Bellemare: Oui, à mon avis, parce qu'on a fait
déposer une liste de ses dépenses et de son salaire.
M. de Belleval: Oh! Un instant!
M. Bellemare: Un instant, des dépenses et de son
salaire.
M. de Belleval: Quel est son salaire, actuellement?
M. Bellemare: $51 000, je pense.
M. de Belleval: À ce moment-là, il serait
sous-ministre adjoint. Mais je crois que cela ne se peut pas, n'est-ce pas?
Cela ne se peut pas. Non, je ne vois pas.
M. Bellemare: M. Michaud n'aurait pas plus cher qu'un
administrateur de classe I.
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez dit que la réponse a
été donnée au feuilleton.
M. de Belleval: Là encore, il s'agit d'un fonctionnaire
qui dépend d'un autre ministre; vous pourrez poser la question.
M. Bellemare: C'est cela, mais, d'un autre côté, il
est fonctionnaire de la province.
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Ces cadres vont être négociables
aussi, dans la convention collective des fonctionnaires.
M. de Belleval: Non, les...
M. Bellemare: C'est une convention collective à part.
M. de Belleval: Le phénomène des salaires des
cadres est effectivement, en partie, tributaire, en tout cas, jusqu'à
maintenant, a été largement tributaire du résultat des
négociations collectives avec les professionnels et, en particulier,
quand nous sommes arrivés en 1976, nous nous sommes rendu compte qu'il y
avait plusieurs adjoints aux cadres supérieurs ou administrateurs classe
IV qui demandaient à être rétrogradés au niveau de
professionnels classe I parce qu'en vertu des conventions collectives
applicables aux professionnels, ils bénéficiaient d'un traitement
plus élevé que comme administrateurs.
M. Bellemare: Oui, mais on a pris comme exemple, pour fixer nos
salaires à nous, membres de la Législature, le salaire
payé aux administrateurs classe III. Vrai ou faux?
M. de Belleval: Non.
M. Bellemare: Nos salaires ont été basés sur
le salaire d'un sous-ministre?
M. de Belleval: Vos salaires sont basés sur la loi qui a
été votée en 1975, non avant cela... On s'éloigne
du sujet.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est midi et demi;
la commission permanente de la fonction publique ajourne ses travaux sine die,
mais je vous dis cependant que, selon mes indications, elle devrait reprendre
ses travaux après la période des questions de cet
après-midi, suivant un ordre de la Chambre.
(Fin de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 16 h 9
Le Président (M. Clair): Alors, messieurs! La commission
permanente de la fonction publique est réunie pour continuer l'examen
des crédits budgétaires du ministère de la Fonction
publique.
Les membres de cette commission sont: M. Bellemare (Johnson), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Beauséjour (Iberville) remplace M.
Bisaillon (Sainte-Marie), comme membre; M. de Belleval (Charlesbourg), M.
Garneau (Jean-Talon), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M.
Jolivet (Laviolette), M. Pagé (Portneuf).
M. le député d'Orford désire-t-il remplacer, comme
membre, comme ce matin, le député de Jean-Talon, M. Garneau?
Effectivement, M. Garneau (Jean-Talon) est remplacé comme membre, par M.
Vaillancourt (Orford).
Les intervenants de cette commission sont: M. Dussault
(Châteauguay), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Martel (Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Picotte (Maskinongé), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Au moment où nous avons interrompu nos travaux à midi,
nous en étions encore aux commentaires généraux sur le
programme 1. C'est le député d'Orford qui avait la parole. M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, le ministre
vient de nous remettre un tableau concernant les membres de son cabinet. Je
remarque sur le tableau qu'il a seulement quatre personnes à son
service. Est-ce que vous avez un chef de cabinet et des secrétaires?
M. de Belleval: Le chef de cabinet qui était un
fonctionnaire, d'ailleurs, vient de retourner à ses fonctions de
fonctionnaire. Quant au personnel de soutien, je n'ai pas senti le besoin de
l'indiquer. Il s'agit tout simplement du personnel de secrétariat normal
d'environ cinq ou six personnes. Je pourrais fournir aussi le nom du personnel
de soutien, si vous le voulez, mais j'avais cru que c'était surtout le
nom des attachés du cabinet que vous vouliez.
M. Vaillancourt (Orford): Ordinairement, on aime avoir les noms
du personnel au complet, même les noms du personnel de soutien. Cela
complète.
M. de Belleval: D'accord. Je vous le ferai parvenir.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, ce matin vous
avez parlé de frais de voyage que la SFPQ... Est-ce que la SFPQ a
participé à des rencontres avec vous, suite à votre
déclaration du 22 juillet?
M. de Belleval: Effectivement, il y a eu des réunions au
sein d'un des deux comités dont la constitution était
prévue, un comité élargi avec l'ensemble des associations
syndicales de la fonc-
tion publique et des fonctionnaires du ministère. Il y a eu des
rencontres, effectivement, au sein de ce comité élargi, et le
dialogue se poursuit au sein de ce comité.
M. Vaillancourt (Orford): Maintenant, dans cette même
déclaration, M. le Président, M. le ministre disait... Vous
désiriez que tout soit prêt pour la ronde de négociations
de juin 1978. Est-ce que...
M. de Belleval: En ce qui concerne les frais de voyage, il y a
consultation avec les associations d'employés, mais il n'y a pas de
négociations formellement, de sorte que les consultations en cours se
déroulent normalement et, lorsqu'il y aura lieu de modifier les
barèmes en vigueur, ces modifications seront faites après
consultation avec les associations, mais il n'y a pas de négociations
prévues en vertu des conventions collectives en vigueur.
M. Vaillancourt (Orford): Je crois que vous avez commencé
les négociations actuellement.
M. de Belleval: Nous avons effectivement commencé les
négociations. Celles-ci se poursuivent normalement. Nous n'avons pas
abordé les clauses à incidences pécuniaires et,
là-dessus, j'aimerais mieux ne pas faire de commentaires sur le contenu
même de la négociation qui se poursuit. Je pense que ce ne serait
pas approprié.
M. Bellemare: Dans l'amélioration de la gestion du
personnel et de l'organisation, quoi de neuf là-dedans?
M. de Belleval: Pourriez-vous répéter?
M. Bellemare: Dans l'amélioration de la gestion du
personnel et de l'organisation du ministère, quoi de neuf? Parce que je
remarque qu'il y a un montant dans le programme 1 de presque $175 000 de plus.
En 1978/79, c'est $5 971 000.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Bellemare: Et, en 1977/78, c'était $4 907 000. Il y a
là, je pense, quelque chose de neuf. Je voudrais savoir en quoi
ça consiste.
M. de Belleval: II s'agit essentiellement des
responsabilités de la direction générale de la mise en
valeur des ressources humaines, et...
M. Bellemare: La mise en valeur des ressources humaines.
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Ce sont des grands mots pour moi. Expliquez-moi
ça.
M. de Belleval: II s'agit essentiellement, entre autres, de la
question du perfectionnement, de toutes les questions qui ont trait au
perfectionnement des fonctionnaires ou à la mise en valeur des
ressources humaines et du perfectionnement. (16 h 15)
M. Bellemare: Vous avez une augmentation de plus de $100 000.
M. de Belleval: D'environ $1 million? M. Bellemare:
Oui.
M. de Belleval: De 1977 à 1978, et de 1978 à
1979?
M. Bellemare: Oui, $1 million.
M. de Belleval: Renouvellement des carrières
Essentiellement, la direction conseille d'abord les ministères sur
l'élaboration de leur plan de perfectionnement interne. Chaque
ministère a à sa disposition environ 1,25% de sa masse salariale
en termes de jours-homme.
M. Bellemare: 1,25%.
M. de Belleval: 1,25%.
M. Bellemare: De sa masse salariale.
M. de Belleval: Ou de ses si vous voulez...
M. Bellemare: De ses jours-homme.
M. de Belleval: ... de ses jours-homme ou de ses
jours-femme...
M. Bellemare: Oui, parce que cela doit être plus cela
qu'autre chose.
M. de Belleval: Très souvent, oui. 1,25% est
consacré aux activités de perfectionnement de tout ordre dans le
ministère.
M. Bellemare: Cela veut dire que pour un plan de perfectionnement
de $100 000, il y a 1,25% qui est consacré au perfectionnement.
M. de Belleval: C'est-à-dire sur une masse salariale de
$100 000, il y aurait 1,25% de cette masse...
M. Bellemare: Comment ce 1,25% est-il distribué?
M. de Belleval: II est utilisé pour toutes sortes
d'activités de perfectionnement à l'intérieur du
ministère. Il peut s'agir de perfectionnement formel; par exemple, des
fonctionnaires sont envoyés en congé pendant un mois, deux mois
ou trois mois et parfois même ce peut être plus longtemps
pour assister à des activités formelles.
M. Bellemare: Quels sont les critères qui dé-
signent ces gens-là? Est-ce par convention collective ou par
directive du ministère?
M. de Belleval: C'est par directive du ministère. Dans le
cas des employés syndiqués, il y a effectivement des
consultations avec les associations syndicales. Alors, des cours de tous
genres. Il existe en particulier deux programmes spéciaux de
perfectionnement: un programme de maîtrise à l'Ecole nationale
d'administration publique et un programme de formation par stage appelé
format-cadre auquel s'inscrivent des professionnels qui sont admissibles
à la fonction de cadre. À la suite de critères de
sélection assez sévères dans les deux cas d'ailleurs, pour
les fonctionnaires qui sont envoyés en stage de perfectionnement
à l'Ecole nationale d'administration ou dans ce programme de
format-cadre à la suite d'un examen rigoureux des candidats et
l'élimination, bien sûr, d'un assez grand nombre, on retient je
pense véritablement, dans le cas de format-cadre, une douzaine de
fonctionnaires par année, et dans le cas de l'ENAP, peut-être
aussi une autre douzaine à temps plein et d'autres à temps
partiel. Donc, après ce système de filtrage, des fonctionnaires,
par exemple, vont suivre des cours de maîtrise à l'Ecole nationale
d'administration publique, ou entrent dans ce programme spécial de
perfectionnement qui s'appelle format-cadre. Essentiellement, donc, les
crédits que vous voyez augmenter touchent en particulier le programme
format-cadre et aussi le programme de réorientation des carrières
auquel je fais allusion.
M. Bellemare: Est-ce que les deux fonctionnaires qui ont
été promus, M. Paul Ohl, qui devient directeur du plein air au
MTCA, et M. Gaston Germain, sont passés par ce genre de formation
spéciale.
M. de Belleval: II faudrait poser la question à mon
collègue du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Bellemare: M. Duhaime, ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche. Ces gens-là sont mutés sur simple
requête du ministre de la Fonction publique, à la demande du
ministre intéressé?
M. de Belleval: Dans le cas de programmes de réorientation
de carrière...
M. Bellemare: Ces deux-là.
M. de Belleval: ... ou de format-cadre, etc., ils ne sont pas
nécessairement mutés, mais ils s'inscrivent au jury d'admission,
à ces programmes de perfectionnement, et ils sont choisis. Je pense que
le poste demeure dans le ministère en question, pendant que le
fonctionnaire est en stage. Outre ces programmes de perfectionnement, il existe
des dizaines d'autres activités de perfectionnement et le rôle de
la direction générale de la mise en valeur des ressources
humaines, au ministère de la Fonction publique, est justement de
conseiller les ministères dans l'élaboration de leurs programmes
et, à l'occasion, de demander des modifications, éventuellement
de les proposer pour approbation au Conseil du trésor.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, sur un autre
sujet, vous avez déclaré ce matin qu'il n'y avait que 8000
fonctionnaires à double emploi. C'est loin de la déclaration que
vous aviez faite en juillet 1977, lorsque vous déclariez qu'il y en
avait 22 000. Est-ce que vous avez révisé les chiffres et que
vous êtes arrivé au nombre de 8000 ou si...
M. de Belleval: Je donnais les chiffres pour l'année qui
vient de s'écouler, le nombre est maintenant de 8000.
M. Vaillancourt (Orford): C'est une déclaration que vous
avez faite lors du débat sur le projet de loi 53?
M. de Belleval: Oui, on parlait de l'année
précédente.
M. Vaillancourt (Orford): Lorsque les frais de voyage
étaient très aigus dans le temps. Qu'est-ce qui peut expliquer
que l'écart soit aussi...
M. de Belleval: ... aussi grand?
M. Vaillancourt (Orford): ... de 22 000 à 8000?
M. de Belleval: II y a eu, d'une certaine façon, une
certaine régularisation de la situation. Les doubles emplois
étaient plus nombreux, à un moment donné, et la situation
se normalise, si je peux dire.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, le nombre
diminue...
M. de Belleval:... graduellement.
M. Vaillancourt (Orford): ... graduellement et le dernier chiffre
qu'on vous a fourni était de 8000 au lieu de 22 000.
M. de Belleval: Environ, oui, sur une période annuelle;
cela ne veut pas dire qu'il y a 8000 personnes à un moment donné
qui sont en double emploi à temps plein. D'ailleurs, il y en a
là-dedans qui sont à temps partiel.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, les doubles
emplois, ce sont des emplois, ce ne sont pas des doubles emplois au sein des
ministères.
M. de Belleval: Non.
M. Vaillancourt (Orford): Non, c'est un type qui est
fonctionnaire et qui a un emploi soit dans une industrie, un magasin ou...
M. de Belleval: C'est au sein même du système public
ou parapublic. Il se peut qu'un employé d'un hôpital, à
Québec, un employé de soutien, à temps plein à cet
hôpital, travaille à temps partiel dans un autre hôpital de
la même ville ou qu'il travaille à deux endroits
différents, mais à temps partiel dans chaque cas ou à
trois quarts de temps dans une place et à demi temps ailleurs. Il y a
toutes sortes de combinaisons possibles.
M. Vaillancourt (Orford): II est possible aussi qu'il ait un
emploi à temps plein à deux endroits différents.
M. de Belleval: Dans des cas exceptionnels, oui.
M. Vaillancourt (Orford): Parce que j'en connais, oui.
M. de Belleval: Évidemment, ça ne se peut pas que
ce soit dans la fonction publique proprement dite qu'un fonctionnaire soit
payé, avec notre système de paye, à temps plein...
M. Vaillancourt (Orford): Ce serait un peu difficile à
passer.
M. Bellemare: Est-ce que vous avez un endroit bien
spécifique, M. le ministre, où vous voulez qu'on discute du
rapport Martin-Bouchard?
M. de Belleval: Non, à votre guise.
M. Bellemare: Vous n'avez pas d'objection qu'on le passe...
M. de Belleval: Pas du tout.
M. Vaillancourt (Orford): Pour ma part, je n'ai pas
d'objection.
M. Bellemare: C'est parce que j'aurais certaines explications
à vous demander, M. le ministre. Comment se fait-il que M. Michel Grant
aurait démissionné, est-ce qu'il y a une explication quelconque
à ce sujet?
M. de Belleval: II a donné une explication lui-même,
officiellement; j'accepte cette explication, je n'ai pas à la mettre en
cause.
M. Bellemare: II s'est dit amèrement déçu,
c'est sûr.
M. de Belleval: Chacun a droit à son amertume.
M. Bellemare: Chacun a droit aussi de savoir pourquoi il y a de
l'amertume, après avoir été nommé à une
fonction aussi importante. On dit qu'il a été coordonnateur de la
FTQ et que lors du dernier front commun, il a pris part aux décisions du
gouvernement, d'inclure dans le Code du travail, par le moyen de la loi 45, en
référence à une loi de services essentiels dans le
conflit...
Quant au rapport Martin lui-même, est-ce que vous n'avez pas
vous-même constaté des lourdeurs des mécanismes dans ce
rapport, même si vous dites que vous allez vous en inspirer pour
promulguer certaines thèses au sujet des négociations qui vont
être en cours prochainement? Est-ce que vous n'avez pas vu
vous-même des lourdeurs des mécanismes dans ce rapport?
M. de Belleval: Le gouvernement va faire connaître sa
position officiellement dans les prochaines heures, là-dessus.
J'aimerais mieux laisser à mes collègues qui sont coresponsables
de ce dossier le soin de faire des commentaires au moment où ils auront
rendu public notre...
M. Bellemare: Est-ce que ce n'est pas l'endroit le mieux choisi
actuellement? Parce qu'on étudie justement le ministère qui le
concerne.
M. de Belleval: Pour ce qui concerne la Fonction publique
proprement dite...
M. Bellemare: Pourquoi vouloir nous reporter à une autre
discussion et un autre endroit?
M. de Belleval: II y a un principe qui est celui de la
responsabilité ministérielle, qu'il faut respecter ici
même.
M. Bellemare: La solidarité.
M. de Belleval: Le gouvernement est divisé en
différents ministères et il y a des sujets qui concernent
d'autres collègues. Pour ce qui concerne la Fonction publique proprement
dite, je pense que la commission a donné l'avis que les
mécanismes actuels sur le plan de la négociation en
général étaient satisfaisants. Elle ne propose pas de
changements pour ce qui concerne les négociations dans la Fonction
publique.
Par conséquent, la question que vous soulevez a surtout trait,
par exemple, à l'échéancier des négociations qui
est proposé par la commission, ou aux services essentiels, des
matières qui touchent surtout ou exclusivement le secteur de
l'éducation ou des affaires sociales; bien que pour ce qui concerne
l'échéancier, cela concerne aussi la Fonction publique proprement
dite.
M. Bellemare: Votre collègue du ministère du
Travail s'était prononcé, je pense, contre certains des aspects
de lourdeur de ce rapport, devant les étudiants de l'Université
de Sherbrooke. Il a dit qu'il avait des réserves sur certains aspects
techniques du rapport même, sur certains principes mis de l'avant. Je
pense...
M. de Belleval: C'est un rapport valable, mais ce n'est pas une
bible, ce n'est pas la parole de Dieu. On peut mettre en cause, effectivement,
tel ou tel aspect particulier du rapport. Je pense que nous aurons
l'occasion...
M. Bellemare: Je prends la parole du ministre du Travail comme
véritablement une parole qui
doit guider le ministre de la Fonction publique. Il dit qu'il faudra que
le gouvernement lui-même mette de la bonne foi dans ses
négociations. Je trouve que ce n'est pas bête comme idée,
c'est sûr. Est-ce une dénonciation du ministre de la Fonction
publique, selon laquelle il manquerait de bonne foi? C'est peut-être
significatif, je ne le sais pas. Que M. le ministre du Travail vienne
publiquement dire que ce rapport est lourd de mécanismes et que le
gouvernement lui-même devra négocier de bonne foi, c'est
peut-être un avertissement, une lumière rouge qui va attirer
l'attention de plusieurs personnes dans les négociations.
M. de Belleval: Une lumière bleue.
M. Bellemare: Non, une lumière bleue, on passe sur cela,
une lumière verte et une lumière bleue, on passe dessus.
J'aimerais bien passer sur la rouge aussi des fois. En tout cas!
Il y a une chose qui reste sûre...
M. de Belleval: ... dans Johnson.
M. Bellemare: Je ne sais pas si c'est toujours certain.
Quelques-uns m'ont accusé d'avoir des parrains dans la personne de M.
Paul Desrochers. J'ai répondu que M. Paul Desrochers avait
été défait dans des élections contre moi, et que,
pour une fois, l'élève ne dépassera pas le maître.
C'est moi qui lui ai montré à faire des élections, Paul
Desrochers, lors d'une élection partielle où il était venu
travailler pour moi.
J'ai peur que dans les négociations, non seulement sur les termes
marginaux, non seulement sur les questions pécuniaires ou les questions
marginales... ce que j'ai peur, c'est que, quand on en arrivera à
discuter dans la Fonction publique avec les fonctionnaires, ce qui regarde les
services essentiels ne soit plus défini. Ce sera quoi, demain matin? On
est en négociation et on n'a absolument aucun signe de ralliement pour
préconiser les services essentiels, dans la santé,
l'éducation et au travail particulièrement. Dans la santé,
on va prendre les malades ou les vieux en otage. En éducation, on va
prendre les élèves et on va leur faire subir ce qu'on a subi il y
a deux ans ou trois ans. Ce sera encore le renouvellement des mêmes
péripéties. (16 h 30)
Vous vous étiez prononcés, dans le temps, disant que cela
ne se répéterait plus jamais sous un gouvernement transparent
comme le vôtre. Je ne dis pas que vous n'avez pas fait votre possible,
mais votre possible n'était pas gros, quand on est rendu demain matin
à avoir une négociation et qu'on ne sait pas ce qui va être
défini comme bonne foi dans les services essentiels. Le ministre est
peut-être bien disposé, c'est un homme qui, je pense, vit, comme
tous nous autres, avec la philosophie du trottoir. Il y a une chose qui reste
vraie, par exemple, c'est que les actes sur lesquels il va falloir s'appuyer
quand on va être rendu à la négociation et qu'on va nous
faire chanter, pas nous autres, mais le gouvernement, en prenant comme otage ce
que je viens de dire, je ne sais pas si le ministre est prêt à me
répondre sur cela.
M. de Belleval: La commission Martin-Bouchard fait des
propositions là-dessus.
M. Bellemare: Oui, mais qu'est-ce qu'on a de prêt?
M. de Belleval: Nous avons promis une loi et elle viendra en
temps et lieu.
M. Bellemare: Ce n'est pas la réponse que j'attends d'un
législateur, qui a prévu sa responsabilité dans le cas
présent. Écoutez, elle va venir en temps et lieu, sine die, quand
cela fera l'affaire du gouvernement... Ce n'est pas la réponse d'un
ministre, pas un ministre responsable comme lui, avec l'expérience qu'il
a du fonctionnarisme. Il a vécu au sein du fonctionnarisme plus que tout
autre. Il peut personnellement dire: Écoutez, le ministre qui vous parle
est prêt. Il ne peut pas nous dire cela aujourd'hui. Le ministre de la
Fonction publique a étudié le rapport Bouchard en détail.
Je le crois, il a dû le lire lui aussi, comme un ministre lit un rapport,
les grosses recommandations, il peut aussi peut-être entendre le rapport
des commissaires. Demain matin, on est en face d'une décision à
prendre. Est-ce qu'on va réunir le Parlement pour adopter une loi qui ne
sera peut-être pas adoptée avant l'automne?
M. de Belleval: La loi en vigueur pour les services
essentiels...
M. Bellemare: 253?
M. de Belleval: ... demeure toujours.
M. Bellemare: Oui, vous savez ce que cela vaut...
M. de Belleval: Comme vous savez...
M. Bellemare: ... le ministre lui-même s'était
trompé lors de la rédaction. Il a fallu qu'il refasse un
amendement à la loi.
M. de Belleval: Maintenant, l'échéance des
négociations est en juin 1979. Nous avons le temps, d'ici là, de
présenter notre loi, tel qu'annoncé. Cette loi devrait être
présentée, comme je l'ai dit à quelques reprises, durant
les derniers jours de la présente session ou au tout début de la
reprise de la session, au mois de septembre, de sorte que ces nouvelles
règles du jeu...
M. Bellemare: Avez-vous véritablement prévu quelque
chose?
M. de Belleval: Bien sûr!
M. Bellemare: Qu'est-ce que c'est?
M. de Belleval: La position gouvernementale sera officiellement
rendue publique cette semaine.
M. Bellemare: Ah! Pas devant nous autres, qui sommes des
législateurs pour l'étudier? Pas de budget?
M. de Belleval: Elle sera rendue publique devant les
législateurs en temps et lieu.
M. Bellemare: Oui, mais c'est ici qu'on devrait le dire. C'est
devant nous autres. On est intéressé à le savoir. On
débat justement la question de principe, la question de base, ce que
sera, pour la prochaine négociation, le rapport Martin-Bouchard?
M. de Belleval: Je l'ai dit, d'ailleurs, ce matin.
M. Bellemare: Où cela commence-t-il et où cela
finit-il?
M. de Belleval: J'ai indiqué ce matin au
député de Johnson, comme à tous les membres de cette
commission, l'échéancier que nous suivions. Je pense que j'ai
répondu correctement aux interrogations tout à fait
légitimes qui se posent aujourd'hui, comme je l'ai fait, d'ailleurs,
vendredi dernier, lors d'un débat spécial, où son parti
était représenté, sur cette même question.
M. Bellemare: D'accord. Moi, j'ai aussi le droit de faire valoir
mes propres arguments. Si vous, vous prétendez que vous êtes juste
et correct dans vos assertions, je pense que, nous aussi, nous sommes pas mal
justes et on a un peu l'expérience de ce qui s'est produit dans le
passé. Quand on voit que des gens comme des membres de la CEQ, M.
Charbonneau, protestent avec véhémence contre le rapport
Martin-Bouchard, qu'on voit des gens comme ceux de la CSN et d'autres
mouvements, les infirmières, par exemple, dire qu'elles n'auront jamais
satisfaction, je me demande si tout ce tollé général
n'attire pas un peu l'attention du ministre. Si le ministre nous dit: La
décision sera rendue cette semaine, s'il la connaît, pourquoi ne
nous la transmet-il pas? Parce qu'il n'a pas autorité? Il n'a pas
autorité parce que le premier ministre n'a pas confiance?
Écoutez! Il a passé proche du trou déjà. Je
ne sais pas s'il va retomber dans les mêmes inquiétudes que celles
qu'il a déjà eues.
Alors, la réponse est qu'on ne le sait pas. On le saura en temps
et lieu, et ici, on n'est pas en commission pour le savoir.
M. de Belleval: J'ai répondu à tout ça, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Messieurs, s'il n'y a pas
d'autres réflexions...
M. Bellemare: Cela ne me satisfait pas, M. le Président,
je vous le dis sincèrement, parce que...
Le Président (M. Clair): S'il n'y a pas d'autres questions
sur le programme 1, j'appellerai l'élément 1 du programme 1 pour
adoption.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président... Le
Président (M. Clair): M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): ... je pense que j'ai encore quelques
questions à poser sur le programme 1.
Ce matin, lors de mon intervention, j'ai demandé au ministre de
nous faire le point en ce qui concerne la place des anglophones dans la
fonction publique québécoise. J'ai donné des exemples,
c'est-à-dire un article de journal de Lise Bis-sonnette qui était
publié dans le Devoir du 11 avril, en ce qui concerne le rapport annuel
de la fonction publique du fédéral, les proportions totales des
francophones et des anglophones. Est-ce que le ministre serait en mesure de
nous dire quel est le pourcentage au niveau des cadres supérieurs et des
autres catégories d'anglophones dans la fonction publique? Est-ce que
c'est proportionnel comme le fédéral en ce qui concerne le
pourcentage de la population?
M. de Belleval: Au niveau des cadres supérieurs, je pense
que le pourcentage tourne autour de 2%, 3% ou 1%, en ce qui concerne les cadres
supérieurs. Je pense que c'est un chiffre qui n'a pas varié
beaucoup depuis une dizaine d'années.
M. Vaillancourt (Orford): Si c'est 2%, 3% ou 1%, il y a une
grosse différence.
M. de Belleval: Je crois que c'est 2%, quelque chose comme
ça. C'est un ordre de grandeur, je pense, qui indique bien
qu'effectivement, depuis, comme je le disais, au moins une dizaine
d'années, dans la haute fonction publique, l'élément
anglophone est, pour ainsi dire, absent.
En ce qui concerne la fonction publique en général, il est
assez difficile de faire une recherche, à moins, justement, de passer un
questionnaire et de demander quelle est la langue maternelle, disons, de tous
les fonctionnaires.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas de statistiques
établies en ce...
M. de Belleval: Non.
M. Vaillancourt (Orford): ... qui concerne les anglophones dans
la fonction publique?
M. de Belleval: Non.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce serait environ de 4000
à 5000?
M. de Belleval: Si je n'ai pas de chiffres, je ne peux pas vous
donner une appréciation.
M. Vaillancourt (Orford): Mais vous n'avez aucune
idée...
M. de Belleval: Je suis informé qu'il serait possible de
faire une telle démarche, mais il faudrait en faire une
spécifique.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense qu'il est anormal qu'un
gouvernement comme celui du
Québec n'ait pas de statistiques en ce domaine, à savoir
la place des anglophones dans la fonction publique au niveau des cadres
supérieurs et dans les autres catégories.
M. de Belleval: Je pense que le problème est bien connu et
bien posé depuis plusieurs années; la participation des
anglophones dans la fonction publique est relativement minime.
M. Chevrette: Combien en avez-vous engagés, vous?
M. de Belleval: II y a à cela plusieurs causes. Je ne
pense pas que ce soit...
M. Bellemare: Dans un comté comme le mien où il y a
86% des 3000 anglophones...
M. Chevrette: C'est juste...
M. Vaillancourt (Orford): Plusieurs.
Une voix: Quelques-uns.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas moi qui suis ministre de
la Fonction publique; il est assez difficile de vous dire combien il y en a eu
d'engagés sous le gouvernement précédent.
M. Chevrette: Je comprends.
M. Vaillancourt (Orford): C'est impossible et c'est pour cette
raison que je pose la question au ministre de la Fonction publique ainsi
qu'à tous ses fonctionnaires autour de lui. Je pense qu'il serait normal
que des statistiques soient établies pour ce qui concerne la
représentation d'un groupe important comme celui des anglophones dans la
fonction publique du Québec. Le ministre me dit qu'il y a environ 1%
à 2% dans les cadres et environ...
M. de Belleval: Un nombre à déterminer.
M. Vaillancourt (Orford): ... Il ne le sait pas dans l'autre
catégorie.
M. de Belleval: II nous serait possible, parce que j'ai
demandé, à cet égard, à la Commission de la
fonction publique qui peut nous fournir des renseignements et qui est
responsable d'ailleurs du recrutement de toute façon dans la fonction
publique, et on me dit que d'ici une dizaine de jours il serait peut-être
possible de connaître le nombre approximatif d'anglophones dans la
fonction publique par une enquête..
M. Bellemare: II y en a sûrement 5000 dans
l'enseignement...
M. de Belleval: On parlait de la fonction publique au sens
strict.
M. Vaillancourt (Orford): Fonction publique. Sur les 40 000
fonctionnaires de...
M. de Belleval: Oui, si vous voulez.
M. Vaillancourt (Orford): Environ 40 000 fonctionnaires dans la
fonction publique?
M. de Belleval: Environ 50 000.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, le
ministre...
M. de Belleval: ... une demande.
M. Vaillancourt (Orford): ... n'est pas en mesure de me donner
les chiffres aujourd'hui, mais ce sera possible dans une dizaine de jours.
Pourriez-vous transmettre aux membres de la commission la liste ou le
pourcentage...
M. de Belleval: Bien sûr. Les renseignements que j'aurai
à ce sujet-là.
M. Vaillancourt (Orford): Vous pourrez nous les fournir
aussitôt qu'ils seront prêts.
M. de Belleval: Oui. Relativement à la question des
anglophones, j'ai déjà indiqué que c'était notre
intention d'améliorer notre système de recrutement à
l'égard des Québécois anglophones pour améliorer la
situation actuelle. Il faut aussi être conscient qu'il y a des obstacles
proprement sociologiques et même géographiques qui, sinon qu'ils
s'opposent, du moins qui rendent difficile le recrutement d'anglophones. Le
fait d'abord que le gros de l'administration gouvernementale soit à
Québec et qui ne fournit pas un milieu particulièrement
cosmopolite.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les normes sont...
M. de Belleval: En outre, sur le plan de l'intérêt
même des anglophones, je ne peux pas dire qu'il y a eu dans le
passé jusqu'à récemment une inquiétude, de la part
de la communauté anglophone, vraiment articulée pour que les
gouvernements prennent des mesures draconiennes de ce
côté-là de façon à améliorer leur
présence dans la fonction publique.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce à cause des normes?
M. de Belleval: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce à cause des
critères ou des normes...
M. de Belleval: Non.
M. Vaillancourt (Orford): ... que les anglophones sont...
M. de Belleval: Sous réserve d'une connaissance minimale
de la langue française appropriée à leurs fonctions...
M. Vaillancourt (Orford): On exige qu'ils soient parfaitement
bilingues, je pense.
M. de Belleval: Non, on n'exige pas qu'ils soient parfaitement
bilingues. Comme je l'ai dit, une connaissance suffisante, appropriée
à la fonction qu'ils postulent. On exige, bien sûr, un minimum de
connaissance du français. Cette connaissance n'est pas la même
pour tous les types d'emplois.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce sont les mêmes
critères que le ministre des Transports a établis pour les
engagements d'occasionnels?
M. de Belleval: En ce qui concerne les occasionnels, vous savez
que le système de recrutement n'est pas celui des employés
réguliers. Je pense que la question est un peu à
côté du sujet.
M. Bellemare: M. le Président, il y avait une tradition,
dans la province de Québec, jusqu'en 1944, date de l'arrivée au
pouvoir de l'Union Nationale, qui voulait que tous les ministres des Finances
soient des Anglais. L'Union Nationale a brisé cela en nommant M. Gagnon
premier trésorier canadien-français. On a, à ce
moment-là, sans tapage, changé les chèques, qui
étaient presque exclusivement en anglais, pour les mettre en
français seulement. Cela a été un grand geste qu'a
posé l'Union Nationale en 1945 et qui est resté aujourd'hui. De
là vient peut-être le fait que de nombreux anglophones travaillent
encore dans les ministères. Ils sont venus du ministère des
Finances qui avait toujours été, depuis 1867,
représenté par des anglophones. Il s'était établi
une espèce de tradition qui voulait que ce soit le département
des Anglais. Depuis 1944, on a complètement changé cette
orientation et on a nommé un Canadien-français et depuis ce
temps-là, je pense que le ministère des Finances n'a pas
été dévalué. L'élément anglais est
plutôt rare à cause justement de ce fait que dans les
gouvernements précédents et même dans notre temps, on a eu
seulement un représentant anglais. Quand M. Robinson est mort
subitement, on est allé chercher M. French, comme ministre des Mines. On
avait seulement un représentant anglophone. (16 h 45)
Nécessairement, quand la députation ne fournit pas
l'élément essentiel pour être ministre, de là vient
le commencement de la difficulté. On pourrait retourner la question, si
on regarde Ottawa. On n'a pas la proportion de francophones qu'on devrait avoir
à Ottawa. C'est sûr et certain. Pour une province qui a fourni
quasiment la totalité des membres du gouvernement élus aux
élections, on n'a certainement pas la représentation dans les
différents ministères qu'on devrait avoir. Je pense que la
province de Québec n'a pas à se faire de reproche de ne pas
avoir... bien que chez moi, dans mon comté, je viens de le dire, M. le
ministre, on a, sur 30 000, 10% d'Anglais, 3000 votants anglais. Ils sont
très rares ceux qui cumulent des fonctions et qui veulent
véritablement venir dans la province de Québec exercer un
rôle. On en a un seul qui joue un rôle assez important dans le
comté, c'est Bob Simpson... M. Shaw, c'est dans le West Island. Dans mon
comté de Johnson c'est Bob Simpson, qui est président,
secrétaire de sociétés d'agriculture et d'autres
mouvements qui s'occupent d'agriculture. Alors, M. le ministre...
M. de Belleval: Sur les anglophones, en terminant, je dois dire
que depuis 1974, la Commission de la fonction publique a prospecté
systématiquement les campus des cégeps et des universités
anglophones et la proportion d'anglophones rejoints par nos campagnes de
recrutement augmente constamment.
On permet aussi à un anglophone qui postule un emploi dans la
fonction publique de rédiger ses examens écrits en anglais, bien
qu'on vérifie, comme je l'ai dit, sa connaissance d'usage du
français lors de l'examen oral.
M. Vaillancourt (Orford): II y a des questions qui sont
posées dans les deux langues?
M. de Belleval: On peut les poser dans les deux langues, mais on
vérifie surtout, évidemment la capacité du candidat
à s'exprimer en français.
M. Bellemare: Comme d'ailleurs le "service civil" vérifie
aussi la capacité du candidat de parler anglais, aujourd'hui plus que
jamais.
M. de Belleval: Personnellement, je suis préoccupé
de cette question, mais non pas parce que je pense que nous avons comme vous
l'avez dit, M. le député, injustement traité la
minorité anglophone. Je pense qu'il y a des facteurs,
indépendamment de toute discrimination voulue, qui font qu'il y a peu
d'anglophones dans la fonction publique.
Cependant, je pense qu'on a intérêt à faire des
efforts pour avoir au sein de la fonction publique une plus large
représentation des milieux anglophones et, de concert avec la Commission
de la fonction publique, nous allons examiner durant les prochains mois les
mesures supplémentaires qu'il y aurait à prendre de ce
côté.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce n'est pas dû aussi
au fait que les anglophones ne s'intéressent pas tellement à la
fonction publique?
M. de Belleval: C'est ce que je disais. Il y a toute une
série de facteurs, le milieu géographique...
M. Bellemare: Ils s'en vont à Ottawa.
M. de Belleval: ... et sociopolitiquement, ils sont même
peu intéressés à la question. Comme je disais, sur le plan
de la communauté anglophone comme telle, elle n'a jamais fait beaucoup
de représentations à cet effet, peut-être parce que les
anglophones avaient une espèce de mauvaise conscience, compte tenu du
mauvais traitement qu'eux-mêmes avaient réservé à la
minorité fran-
cophone au sein des entreprises privées, particulièrement
dans la région de Montréal.
Je pense que l'exemple de la Sun Life, là-dessus, est un cas
type...
M. Bellemare: C'est le contraire, ce sont les francophones...
M. de Belleval: ... où non seulement le passé est
un mauvais exemple, mais où on refuse même de s'ajuster à
l'avenir même d'une façon raisonnable. Enfin...
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne cette question, je
suis satisfait de la réponse du ministre.
Dans un autre domaine, concernant les fonctionnaires occasionnels,
est-ce que le ministre pourrait me dire combien d'occasionnels ont
été engagés en 1977?
M. de Belleval: En jours-homme, je dirais que c'est environ une
douzaine de milliers? 12 344. Une douzaine de milliers.
M. Vaillancourt (Orford): Une douzaine de milliers.
M. de Belleval: En jours-homme-année.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre tient encore
à ce que les occasionnels ne soient pas rémunérés
lors du congé du 24 juin, étant donné que c'est
désormais une fête, un jour férié? Autrefois, les
occasionnels travaillaient tous les jours...
M. de Belleval: Ils n'ont jamais été
rémunérés le 24 juin, ce n'est pas une nouvelle politique
qu'on a inaugurée. Le mode de rémunération des
occasionnels prévoit une compensation pour ce genre de conditions de
travail. Ils seront effectivement rémunérés pour le 24
juin.
M. Vaillancourt (Orford): Quelle sera votre attitude, M. le
ministre, à la table des négociations concernant les
occasionnels? Est-ce qu'ils vont être inclus dans la convention
collective ou conservera-t-on le statu quo?
M. de Belleval: Ils le sont déjà, en ce qui
concerne le syndicat des fonctionnaires. Nous sommes en pourparlers avec le
syndicat des professionnels sur la même question. Effectivement, il y
aura des dispositions particulières qui s'appliqueront aux
employés occasionnels dans les futures conventions collectives, comme il
y en a qui s'appliquent dans la convention actuelle des fonctionnaires.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela veut dire que
l'occasionnel va être traité sur le même pied que le
saisonnier? Si je me souviens, le saisonnier commençait à
travailler au début du mois d'avril pour terminer vers le 15
décembre. Automatiquement, il était protégé par la
Fonction publi- que, on ne pouvait pas le remplacer tant et aussi longtemps
qu'il voulait rester à l'emploi du gouvernement comme saisonnier. Est-ce
que les occasionnels vont être sur le même pied,
c'est-à-dire protégés comme l'étaient les
saisonniers?
M. de Belleval: La convention collective actuelle des
fonctionnaires prévoit que l'employé occasionnel qui a fourni une
prestation de services continus pendant trois mois l'année
précédente est admissible à une liste de rappel.
Maintenant, le statut des employés dit saisonniers a
été aboli depuis plusieurs années; maintenant il n'y a
qu'un statut général d'occasionnel.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a que des occasionnels.
M. de Belleval: C'est cela, oui.
On me fait remarquer qu'en ce qui concerne les employés qui
avaient le statut de saisonniers, eux continuent, bien sûr, d'être
protégés, mais il n'y a plus de nouveaux employés
admissibles à ce statut. Les nouveaux sont recrutés selon le
régime général des occasionnels.
M. Vaillancourt (Orford): Sur un autre sujet, en ce qui concerne
les fonctionnaires fédéraux, vous avez déclaré que
vous aviez des fonctionnaires qui travaillent présentement à
faire un inventaire complet des emplois fédéraux dans la
province, pour en faire le profil. Un rapport doit vous être remis
incessamment. Est-ce que le plan détaillé de la
réaffectation des fonctionnaires fédéraux résidant
au Québec est maintenant prêt, en vue d'être
déposé sous peu?
M. de Belleval: Le travail de compilation et d'analyse se
poursuit. Il ne s'agit pas d'un problème nouveau. Bon an mal an, il a
toujours existé des transferts de fonctionnaires fédéraux
vers le Québec. Un des exemples les plus patents que nous ayons, c'est
celui du transfert de l'hôpital Queen Mary à Montréal, de
l'hôpital des Vétérans, au réseau des affaires
sociales du Québec, ce qui implique un transfert d'employés du
gouvernement fédéral vers le régime de la fonction
publique ou parapublique québécoise.
À cette occasion, comme à des occasions similaires, il y a
un dossier particulier pour protéger les droits de ces employés
et effectuer les transferts nécessaires sur le plan administratif, les
fonds de pension, etc.
Il ne s'agit pas d'un problème spécial ou nouveau, mais
d'une question qui prendrait une ampleur nouvelle dans le cadre de notre projet
souveraineté-association. Le travail préliminaire est en cours
d'inventaire et d'examen concernant les problèmes particuliers qui
pourraient survenir à cette occasion. C'est dans le cadre de notre
projet comme tel qu'on pourra mieux voir quelle sera l'importance des effectifs
en cause et quel genre de régime particulier devra leur être
appliqué.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, c'est un
comité qui fait cette étude, qui va
faire un rapport en vue de la souveraineté ou de
l'indépendance du Québec, si cela se produisait. Combien de
fonctionnaires fédéraux y a-t-il dans l'Outaouais? Est-ce que
vous avez cette compilation?
M. de Belleval: Je n'ai pas le chiffre en particulier, mais cela
fait partie effectivement du travail de recherche qui est en cours, de trouver
réponses à toutes ces questions.
M. Vaillancourt (Orford): Pourriez-vous me dire quand ce rapport
peut être prêt?
M. de Belleval: J'espérerais que, dans le courant de
l'été, le début de l'automne, il soit terminé.
M. Vaillancourt (Orford): Cette année? M. de Belleval:
Enfin une partie de...
M. Bellemare: Croyez-vous qu'une recommandation qu'a faite le
comité des cadres de porter la retraite à 55 ans pourrait
être admissible avant longtemps?
M. de Belleval: L'admission à la retraite à un
âge plus avancé que celui que nous avons actuellement est
essentiellement, au fond, un problème financier. Le passif, le
coût des plans de retraite actuels est assez élevé et ne
peut pas faire autrement que d'augmenter, je pense, dans les prochaines
années. Si on veut accorder des bénéfices additionnels,
comme, par exemple, la retraite à 60 ans, sans réduction de
pension, ou à 55 ans, à moins de 35 ans de services, par exemple,
30 ans, dans toute combinaison qu'on peut imaginer, il y a des coûts
auxquels toute la société doit faire face d'ailleurs. Il n'y a
pas de projet actuellement pour modifier considérablement les
régimes actuels dans la fonction publique qui sont déjà
parmi les régimes les plus ambitieux, les plus généreux
qui existent au Québec.
D'ailleurs, le rapport de COFI-rentes démontre que la
priorité durant les prochaines années devrait être
plutôt du côté de l'amélioration de notre
régime public universel.
M. Bellemare: II y a un document qui avait été
produit par Mme Kathleen Hendricks-Francoeur...
M. de Belleval: Oui, j'y ai fait allusion ce matin en parlant des
trois grandes priorités que je m'étais fixées. À la
suite de ce rapport, nous avons préparé, en collaboration avec la
commission, puisqu'une grande partie des responsabilités en
matière de gestion des cadres supérieurs relève de la
Commission de la fonction publique, un groupe de travail a été
mis sur pied qui devrait produire d'ici quelques jours ou quelques semaines un
premier brouillon d'une nouvelle politique de gestion des cadres
supérieurs.
M. Bellemare: M. Gilles Néron en fait-il encore
partie?
M. de Belleval: Peut-être que M. Néron faisait
partie du comité de Mme Francoeur à ce moment-là. Non, il
n'en fait plus partie.
Le Président (M. Clair): Messieurs, s'il n'y a pas
d'autres questions sur le programme 1, peut-être pourrions-nous
l'adopter.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, sur un autre
sujet. Pour ce qui concerne les handicapés dans la fonction publique, le
ministre pourrait-il nous dire quelle est sa politique pour l'avenir?
M. de Belleval: Là encore, de concert avec la Commission
de la fonction publique, parce que, toujours, la réglementation pour ce
qui concerne le recrutement des employés est sous la
responsabilité, l'initiative de la commission, en collaboration avec la
commission, différents programmes, qui existent d'ailleurs depuis
quelque temps et qu'on tente d'améliorer, visent à
l'égalité des chances, au fond, dans l'accès à la
fonction publique et dans le déroulement de la carrière à
l'égard de plusieurs catégories de personnel, qu'il s'agisse
d'abord des femmes, par exemple, pour lesquelles des réformes et des
programmes spéciaux ont aussi été mis en oeuvre, de
façon à éliminer des formes de discrimination plus ou
moins sournoises qui existaient dans le passé, et aussi pour ce qui
concerne les handicapés...
M. Bellemare: Le bill no 9.
M. de Belleval: ... de façon à améliorer nos
mécanismes de recrutement pour améliorer les chances des
handicapés d'obtenir des emplois dans la fonction publique.
Il existe effectivement des programmes dans ce domaine pour... (17
heures)
M. Bellemare: Le projet de loi no 9 est resté en suspens.
On a entendu les mémoires...
M. de Belleval: Je peux vous dire qu'en ce qui concerne les
handicapés excusez, je peux y revenir un groupe de travail
a été formé en mars dernier, en vue de concevoir et,
éventuellement, d'implanter une politique d'embauche des
handicapés dans la fonction publique, conformément au projet de
loi no 9 de façon à assurer l'exercice des personnes
handicapées. Autrement dit, on prend les devants, et avant même
l'adoption du rapport, on essaie de voir comment il faudra modifier les
pratiques actuelles, de façon à assurer l'exercice des droits des
personnes handicapées.
M. Bellemare: D'ailleurs, la loi le dit plus loin.
M. de Belleval: II s'agit d'un programme d'un groupe de travail
interministériel. Toutes sortes d'aspects sont couverts, par exemple,
l'aménagement des lieux physiques. On a décidé de
transformer les édifices qui sont la propriété du
gouvernement, pour en favoriser l'accès aux person-
nés handicapées, soit des employés, soit des
visiteurs, etc.
M. Vaillancourt (Orford): Quand ce comité va-t-il
être prêt à faire son rapport? Est-ce que vous êtes au
courant?
M. de Belleval: II travaille. Il y a des recommandations qui
peuvent être mises en application au fur et à mesure.
M. Bellemare: Bien avant l'application du projet de loi no 9?
M. de Belleval: Oui, parce que...
M. Bellemare: Le projet de loi no 9 viendra confirmer simplement
une entente de principe entre les ministères.
M. de Belleval: En ce qui concerne la fonction publique,
effectivement, déjà nous faisons un effort spécial pour
engager des personnes handicapées, faciliter leur accès à
la fonction publique. L'adaptation des concours vise aussi à faciliter
ieur recrutement.
M. Vaillancourt (Orford): Chez les employés saisonniers,
je pense que le gouvernement, je ne sais pas si c'est le ministre de la
Fonction publique, a donné des directives, surtout en ce qui concerne le
travail au ministère des Transports. Je sais que, chez nous, j'ai un
type qui n'a qu'un bras. On l'employait pour diriger la circulation avec un
drapeau. Cette année, on m'a dit, je ne peux pas vous garantir que c'est
officiel, qu'il était possible que, cette année, on prenne un
type qui a deux bras. Ce serait plus pratique, si on n'a pas assez de travail,
on pourra lui faire faire autre chose.
M. Bellemare: Peut-être que le gouvernement va louer des
machines d'un certain monsieur, à Montréal.
M. de Belleval: Non, je pense qu'effectivement, on fait des
efforts pour trouver aussi des postes de travail, d'affectation qui sont
particulièrement adaptés aux handicapés. D'ailleurs, la
commission, en février 1977, mettait déjà en vigueur un
certain nombre de propositions du groupe de travail dont je parlais tout
à l'heure. J'ai ici, par exemple, les procédures qui sont
utilisées pour favoriser l'accès à la fonction publique
aux personnes handicapées.
M. Bellemare: M. le Président, il y a des
handicapés qui rendent d'immenses services à la fonction
publique. Par exemple, quand j'ai été nommé
président de la Commission des accidents du travail, je suis
arrivé un soir dans mon bureau, et il y avait un homme qui fouillait
dans les dossiers. Je lui ai demandé ce qu'il faisait là et il ne
m'a pas répondu. Je me suis approché de lui et je lui ai dit:
Qu'est-ce que vous faites là? Vous fouillez dans les dossiers dans mon
bureau? Il m'a fait signe qu'il était muet et qu'il était sourd.
J'ai commencé à comprendre qu'il faisait bien son ouvrage. Il ne
perdait pas de temps. La Commission des accidents du travail avait
engagé, à ce moment, sept ou huit hommes pour travailler de nuit.
Cela ne dérangeait absolument personne. D'ailleurs, cela
dérangeait encore moins. Vu qu'ils étaient handicapés, on
les avait engagés pour travailler à des dossiers, pour ramener
à leur place les dossiers qui étaient sortis depuis le matin.
C'étaient des gens très bien disciplinés, on a
trouvé que c'était véritablement un bon facteur, parce
qu'ils ne perdaient pas leur temps à "placo-ter" ou à prendre des
"breaks".
M. de Belleval: Enfin, je crois que, pour ce qui concerne
vraiment l'attraction de personnes handicapées dans la fonction
publique, on doit certainement être à l'avant-garde des
entreprises au Québec actuellement. Il y a de nombreux handicapés
physiques qui travaillent déjà, et c'est la ferme intention de la
commission d'améliorer encore davantage son programme de ce
côté. Entre autres, je pense qu'à la Commission de la
fonction publique même, actuellement, il y a une aveugle qui y est
employée, ce qui démontre que la commission applique les bonnes
intentions qu'elle prêche aux autres ministères.
M. Bellemare: Vous allez en trouver plusieurs à la
Commission des accidents du travail.
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: Pierre Meloche, qui s'est fait couper une jambe au
Canadien Pacifique, a été engagé par nous pour faire de la
prévention. Il n'avait qu'une jambe et, justement, parce qu'il
était handicapé, on l'avait placé à la
réception en bas. Il comprenait bien mieux l'élément de la
perte d'un membre qu'un autre.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que c'est une bonne politique
d'encourager les ministères à engager des handicapés,
parce que si on ne les engage pas, le gouvernement est obligé de les
faire vivre quand même, comme bénéficiaires de l'assistance
sociale.
M. de Belleval: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense qu'on est aussi bien de leur
donner du travail quand on peut plutôt que de les faire vivre à ne
rien faire. Au point de vue du moral des handicapés, je pense que c'est
beaucoup mieux...
M. Bellemare: ... certains critères, M. le
député, parce qu'il y en a quelques-uns... J'ai assisté
à plusieurs débats ici, à la commission parlementaire des
handicapés au sujet du projet de loi no 9, et je vous garantis qu'il y
en a quelques-uns qui ne m'ont pas épaté, qui n'ont
suscité aucun enthousiasme de ma part...
Le Président (M. Clair): Messieurs...
M. Bellemare: Ils étaient plutôt... Ah! Est-ce que
j'enfreins le règlement?
Le Président (M. Clair): Non, je voulais simplement vous
signaler que nous nous éloignons peut-être un peu du sujet.
M. Bellemare: Oui, pour ma part, je suis prêt à
accepter le programme 1, M. le Président, dans son ensemble.
Le Président (M. Clair): Alors, si...
M. Vaillancourt (Orford): Non, j'ai une autre question à
poser. Il y a un peu plus d'un mois, M. le Président, le ministre
déclarait qu'il y aurait entre 200 et 400 finissants que le gouvernement
se proposait d'employer. Est-ce que vous pourriez me dire si vous avez
donné suite à cette déclaration?
M. de Belleval: C'est-à-dire que tous les ans, le
gouvernement, sans augmenter l'effectif total de la fonction publique,
procède à des concours de recrutement pour combler les vides
normaux qui se creusent par le mouvement ordinaire de personnel, qu'il s'agisse
de démissions, de mises à la retraite, de décès,
etc. Ce mouvement normal du personnel représente environ 6% de notre
effectif, c'est-à-dire entre 3000 et 4000 personnes tous les ans.
Là-dessus, il y a une bonne proportion qui sont des finissants, soit de
cégep, soit d'université. Alors, les ministères
préparent eux-mêmes leurs programmes de besoins et les soumettent
à la Commission de la fonction publique qui procède aux concours
de recrutement quand les listes d'éligibilité en vigueur ne sont
pas suffisantes.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous avez des
relevés, par exemple, des années antérieures pour ce qui
concerne...
M. de Belleval: J'ai demandé à la commission de me
fournir des relevés à cet égard et les chiffres d'une
année à l'autre varient entre 200 ou 300 finissants et, disons,
700.
M. Vaillancourt (Orford): Selon les besoins des
ministères?
M. de Belleval: Selon les besoins. Il y a des cycles dans ce
domaine.
Le Président (M. Clair): Programme 1, adopté?
M. Bellemare: Adopté. Le programme 2, M. le
Président...
M. Vaillancourt (Orford): Un instant! J'ai encore...
M. Bellemare: Je vais vous laisser...
Le Président (M. Clair): Vous avez d'autres questions, M.
le député d'Orford?
M. Vaillancourt (Orford): J'ai encore d'autres questions.
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, lors de
l'étude des crédits en 1975, le critique du parti de l'Opposition
officielle d'alors faisait trois observations dignes d'être
répétées. J'aimerais recevoir vos commentaires.
M. Burns s'attaque au nombre effarant de personnel politique. Quelle est
la situation en 1977, comparé à celle de 1975?
M. de Belleval: Est-ce que vous avez le nombre des
employés des cabinets dits politiques en 1975?
M. Vaillancourt (Orford): Donnez-moi 1977. Avec les autres, je
pense qu'on va les trouver.
M. de Belleval: Bon, écoutez! Je peux...
M. Vaillancourt (Orford): II s'en prenait aussi à
l'engagement de nombreux contractuels par le gouvernement...
M. de Belleval: Oui, il avait bien raison.
M. Vaillancourt (Orford): II ajoute que les sous-ministres sont
grassement payés, que les professionnels ne le sont pas, etc. Vous
savez, ce sont des extraits du journal des Débats.
M. de Belleval: En fait, je ne suis pas convaincu que, là
encore, la question des employés de cabinet soit de ma
responsabilité. À mon avis, elle ne l'est pas du tout; c'est
même plutôt quelque chose qui relève de la
responsabilité du premier ministre et du Conseil exécutif. Pour
vous donner un ordre de grandeur, il existe actuellement environ 27 ministres,
je crois, dans le Conseil des ministres, en y incluant le premier ministre. En
moyenne, ces cabinets comptent quatre ou cinq personnes. Vous avez vu le mien
ce matin; je crois qu'il y avait quatre personnes.
M. Bellemare: II y a des superministres et il y a des ministres
ordinaires.
M. de Belleval: J'ai dit 27 ou 28 ministres actuellement, y
compris le premier ministre. Ceci fait une moyenne, disons, de quatre ou cinq
personnes par cabinet; cela vous donne le nombre de personnes en cause.
M. Vaillancourt (Orford): Cela ne comprend pas les contractuels,
par exemple.
M. de Belleval: Les contractuels?
M. Vaillancourt (Orford): Le personnel de soutien et tout cela.
La liste que vous nous avez donnée ce matin...
M. de Belleval: Cela comprend les chefs de
cabinet et les chefs de cabinet adjoints qui sont prévus par la
Loi de la fonction publique.
M. Chevrette: Vous en aviez comme ministre d'État.
M. Vaillancourt (Orford): Mais, en ce qui concerne, par exemple,
certains ministères, vous nous disiez ce matin qu'au niveau des
sous-ministres, il y avait des personnes qui étaient un peu
politisées.
M. de Belleval: Des sous-ministres?
M. Vaillancourt (Orford): Au niveau des sous-ministres.
M. de Belleval: Je n'ai pas dit cela.
M. Bellemare: Ceux qui ne le sont pas sont changés.
M. de Belleval: Je ne sais pas à quoi vous faites
allusion. Ce que je disais ce matin, ce à quoi je faisais
référence, c'est que les sous-ministres et les sous-ministres
adjoints sont recrutés à la discrétion du gouvernement en
vertu de la loi et non pas par le système de concours de la Commission
de la fonction publique.
M. Vaillancourt (Orford): Combien de conseillers ont
été engagés par les ministères?
M. de Belleval: De conseillers?
M. Vaillancourt (Orford): De conseillers?
M. de Belleval: Je ne saurais vous donner un nombre comme
cela.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas le nombre...
M. de Belleval: II y a toujours à l'intérieur d'une
fonction publique comme celle du Québec un certain nombre de
contractuels qui sont engagés, mais peu nombreux à ma
connaissance.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas des chiffres
approximatifs?
M. de Belleval: Je crois qu'à ce moment-là il
faudrait poser une question au feuilleton et demander au Conseil du
trésor de faire une enquête à cet égard.
L'engagement d'employés contractuels relève directement du
ministère concerné et du Conseil du trésor.
M. Vaillancourt (Orford): Cela voudrait dire qu'il y aurait
environ 135 à 150 personnes dans les ministères, dans les
cabinets.
M. de Belleval: Je vais vous donner un chiffre comme ordre de
grandeur: environ cinq personnes par ministre en moyenne et, là-dessus-
il y en a qui en ont moins et quelques-uns qui en ont plus, mais, à mon
avis, ce serait plutôt moins que plus. Je pense qu'une telle question
peut faire l'objet d'une question au feuilleton. Cela me surprendrait
d'ailleurs si, effectivement, il y a eu durant la dernière année
des questions à cet égard. Je pense qu'une réponse a
été donnée avec le nom exact de chacun et son salaire.
M. Vaillancourt (Orford): On verra peut-être...
M. de Belleval: Ce sont des renseignements publics.
M. Vaillancourt (Orford): Peut-être qu'on y reviendra lors
de l'étude au feuilleton.
M. Bellemare: M. le Président, est-ce que le programme 1
est adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford, l'élément 1 du programme 1 est-il adopté?
M. de Belleval: Je crois qu'on a adopté tout le programme,
mais, en tout cas...
M. Chevrette: C'est le programme qu'on adopte.
Le Président (M. Clair): Pour les fins du journal des
Débats, on adopte les crédits programme par programme,
c'est-à-dire élément par élément.
M. Chevrette: Si on est d'accord ou pas, on le dit.
Le Président (M. Clair): Oui. Cela prend 30 secondes.
M. Chevrette: L'Assemblée doit être maîtresse
ici.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford, avez-vous d'autres questions sur le programme 1?
M. Vaillancourt (Orford): Oui, monsieur. Le ministre pourrait-il
nous dire le nombre de fonctionnaires québécois et ontariens qui
sont impliqués dans un programme d'échanges?
M. de Belleval: Le programme d'échanges débute
actuellement et je ne sais pas si nous avons effectivement commencé ces
échanges.
M. Chevrette: Je crois que non.
M. Vaillancourt (Orford): II y a eu un entente de signée
entre...
M. de Belleval: L'entente a été signée
récemment et des rencontres sont d'ailleurs prévueson me
dit dès la semaine prochaine pour mettre en route le programme
d'échanges.
M. Vaillancourt (Orford): Combien prévoyez-vous en avoir?
Quel est le nombre?
M. de Belleval: Mon Dieu! Cinq par année au
début.
M. Vaillancourt (Orford): Cinq par année. Cette
année, vous n'avez pas encore les personnes.
M. de Belleval: On commence, on commence.
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas encore choisi les
personnes.
M. de Belleval: Je ne crois pas, non.
M. Vaillancourt (Orford): Vous ne pouvez pas nous fournir les
noms des personnes. (17 h 15)
M. de Belleval: Non, il n'y a eu personne de choisi encore. On
commence.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord. M. le Président, le
Journal de Québec, vendredi le 28 avril dernier, publiait un article de
la Presse canadienne qui vous prêtait les propos suivants: S'il y a des
disparités qui sont à l'avantage des fonctionnaires et cela
s'applique aussi aux cadres, aux fonctionnaires syndiqués il va
falloir mettre en place des mécanismes de dérapage graduel pour
aligner progressivement les salaires au niveau du secteur privé. Quel
mécanisme voyez-vous...
M. de Belleval: II s'agit de la politique salariale du
gouvernement, auquel je faisais référence, selon laquelle nous
désirons aligner les salaires des fonctionnaires sur ceux de
l'entreprise privée pour des emplois similaires, compte tenu de la
rémunération globale dans chaque cas. Évidemment, s'il y a
du rattrapage à faire, il devra être fait. Si, pour certaines
catégories de fonctionnaires, les salaires actuels sont
inférieurs au marché, il faut prévoir une période
de rattrapage qui, habituellement aussi, est graduelle. S'il y a un
dérapage, c'est-à-dire s'il y a un "dérattrapage" à
faire dans certains cas, il faut aussi assurer, au nom de la politique
salariale, qui elle-même s'inspire d'un concept de justice distributive,
comme je le disais...
M. Vaillancourt (Orford): Le mécanisme n'est pas encore
prêt.
M. de Belleval: C'est dans le cadre des offres salariales que
nous ferons à l'occasion des négociations collectives que nous
expliciterons concrètement les mécanismes.
M. Vaillancourt (Orford): Cela va faire partie de vos offres.
M. de Belleval: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Lors des négociations.
M. de Belleval: Lors des négociations. Comme je l'ai dit,
il ne peut s'agir d'autre chose que d'une parité qui n'est pas absolue,
mais qui est réelle et qui doit s'établir graduellement.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, est-ce que le
gouvernement offre à ses employés de suivre des cours d'anglais
gratuits?
M. de Belleval: Oui, cela fait partie des programmes de
perfectionnement auxquels je faisais allusion tout à l'heure, couverts
par le quota de 1,25% des jours-homme travaillés. Certains utilisent ces
sommes pour des cours d'anglais.
M. Vaillancourt (Orford): Combien y a-t-il de fonctionnaires qui
se sont prévalus de ces cours en 1977/78?
M. de Belleval: Des cours d'anglais en particulier?
M. Vaillancourt (Orford): Des cours d'anglais en particulier.
M. de Belleval: Je ne saurais le dire, mais on peut faire une
recherche, si vous le voulez.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord, je serais
intéressé à avoir ces informations-là.
M. de Belleval: Si on les a, c'est tout un travail de
statistiques.
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le coût approximatif par
fonctionnaire?
M. de Belleval: Le cours d'anglais?
M. Vaillancourt (Orford): Le cours d'anglais.
M. de Belleval: Je ne saurais le dire. Est-ce que vous l'avez,
madame... C'est un programme qui existe depuis de nombreuses années au
sein de la fonction publique.
M. Vaillancourt (Orford): En nous fournissant la politique, vous
pourriez peut-être nous indiquer une moyenne du coût?
M. de Belleval: On fera faire des recherches de ce
côté-là et si, par hasard, vous n'étiez pas
satisfait, vous pourriez toujours poser une question au feuilleton et
j'essaierai de faire les recherches nécessaires.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord. M. le Président,
j'aimerais savoir si vous prévoyez hausser sensiblement, dès
1978, le prix du stationnement pour les automobiles des fonctionnaires?
M. de Belleval: Cela fait aussi partie des négociations
collectives qui sont en cours et les offres salariales ou les offres à
caractère pécuniaire ne sont pas encore prêtes. Il s'agit
d'une question à caractère pécuniaire. Je ne suis pas en
mesure de vous répondre.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est une clause qui va
être négociée en même temps que la convention
collective?
M. de Belleval: Exactement.
M. Vaillancourt (Orford): Ce qui veut dire que l'augmentation du
stationnement peut être incluse dans l'augmentation du salaire des
fonctionnaires.
M. de Belleval: Oui, par différence. J'ai
déjà indiqué que nous désirions encourager
davantage l'utilisation du transport en commun. Vous savez qu'au gouvernement
fédéral, d'ailleurs, on a eu une politique assez draconienne dans
ce domaine en faisant payer le coût réel du stationnement aux
fonctionnaires et en diminuant graduellement le nombre de places
réservées aux fonctionnaires. Ceci doit s'accompagner,
parallèlement, d'une amélioration du système de transport
en commun. Je ne veux pas parler davantage sur...
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, s'il y a
augmentation du coût du stationnement, c'est pour inciter les
fonctionnaires à prendre les transports en commun.
M. de Belleval: Cela peut avoir deux effets; cela peut avoir pour
effet de faire payer le coût réel et, dans le cas où le
prix actuel serait inférieur au coût réel du
stationnement... Cela coûte quelque chose à l'État de
fournir un stationnement couvert, surtout à un fonctionnaire.
Actuellement, je n'ai pas l'impression que le prix que l'on exige couvre
peut-être même le coût des intérêts ou encore
moins de l'amortissement du coût du stationnement.
M. Vaillancourt (Orford): C'est $15 par mois?
M. de Belleval: $15 par mois. Je doute fort que...
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le coût réel,
est-ce que vous avez ce coût?
M. de Belleval: J'ai l'impression qu'un espace de stationnement
peut facilement coûter $3000 ou $4000, peut-être même
plus...
M. Vaillancourt (Orford): Par année?
M. de Belleval:... de construction. Alors, si on compte...
Probablement plus que ça, d'ailleurs.
M. Vaillancourt (Orford): Mais ça dure plusieurs
années.
M. de Belleval: Mais si vous calculez l'amortissement,
l'intérêt et l'entretien, vous pouvez être certain que le
coût du stationnement est trop bas actuellement.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, ce n'est pas
avant les négociations...
M. de Belleval: Non, c'est dans ce cadre-là. C'est le
cadre normal, d'ailleurs. Vous comprenez que ce n'est pas dans le cadre d'une
commission parlementaire que le ministre pourrait commencer à
déballer ses outils et ses offres salariales...
M. Vaillancourt (Orford): Sur un autre sujet, M. le
Président...
M. de Belleval: ... financières.
M. Vaillancourt (Orford): ... j'aimerais savoir, à la
suite d'une réponse que nous avons eue à une question au
feuilleton de l'Assemblée nationale, concernant le mouvement du
personnel dans divers ministères pour la période du 25 novembre
1976 jusqu'au 31 mars 1977... La réponse était:
congédiements, 97; rétrogradations, 12; coupures de salaire,
2096; engagements non renouvelés, 914; démissions, 510; nouveaux
engagements, 2041. Est-ce que le ministre pourrait faire le point sur cette
réponse? Il y en avait aussi 843 sans examen écrit. Tout à
l'heure, vous nous avez dit que le personnel des cabinets était environ
de 125, si je comprends bien...
M. de Belleval: Sans examen écrit.
M. Vaillancourt (Orford): Sans examen écrit.
M. de Belleval: Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas un examen
oral, qu'il n'y a pas un examen. Il y a des concours pour lesquels il n'est pas
nécessaire d'avoir des examens écrits.
M. Vaillancourt (Orford): Lesquels?
M. de Belleval: Je ne sais pas, quand on engage un ouvrier
à la voirie, je suppose qu'on ne lui fait pas faire une dissertation sur
les beautés...
M. Chevrette: Comment peinturer un poteau noir et blanc.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que, dans ce chiffre de
843...
M. de Belleval: C'est vrai, oui. Dans le cas des cadres et des
diplômés d'université, il n'y a pas d'examen écrit,
on le signale.
M. Vaillancourt (Orford): Dans ce chiffre de 843, je ne crois pas
que les occasionnels fassent partie de ce nombre, ce sont des...
M. de Belleval: Un ouvrier n'est pas nécessairement un
employé occasionnel, il peut être un ouvrier permanent. Mais on me
signale qu'il y a aussi des professionnels et des cadres, diplômés
d'université, cadres qui ne sont pas soumis à des examens
écrits. Le point, vous l'avez parfaitement et clairement.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne les
congédiements, est-ce que ce sont des personnes qui ont fait des...
M. de Belleval: Vous savez fort bien que les congédiements
sont pour cause et il y a des procédures d'appel qui sont
prévues.
M. Vaillancourt (Orford): C'est après grief et
jugement?
M. de Belleval: ... grief et arbitrage ou jugement, enfin
recommandation de la Commission de la fonction publique en ce qui concerne les
employés non syndiqués.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne les coupures de
salaire, qu'est-ce que c'est? Pour quelle raison y a-t-il eu des coupures de
salaire?
M. de Belleval: C'est un employé qui ne se présente
pas au travail, son salaire est coupé.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord, s'il manque du temps...
M. de Belleval: Je ne crois pas qu'il y ait des coupures de
salaire pour mesures disciplinaires, à moins qu'il y ait suspension, je
ne crois pas. Évidemment, s'il y a suspension... Ce sont des mesures
administratives, ce ne sont pas des mesures disciplinaires, règle
générale.
M. Vaillancourt (Orford): Mais ce ne sont pas des coupures de
salaire, un employé qui est à X dollars par année...
M. de Belleval: Vous voulez dire une rétrogradation? Pas
du tout.
M. Vaillancourt (Orford): Une rétrogradation.
M. de Belleval: Non, non. Je ne crois pas qu'on ait...
M. Vaillancourt (Orford): Ici, j'ai douze
rétrogradations.
M. de Belleval: Oui, mais...
M. Vaillancourt (Orford): C'est normal, ça?
M. de Belleval: Aussi, il y a une procédure prévue
dans les conventions collectives, des rétrogradations.
M. Chevrette: Cela dépend des négociations pour
éviter des congédiements.
M. Bellemare: Surtout après un changement de gouvernement,
c'est impossible.
M. Chevrette: Avez-vous remarqué qu'il n'y en a pas
beaucoup?
M. Bellemare: Non.
M. de Belleval: Conservons ce bel esprit qui nous anime depuis
une heure.
M. Bellemare: II y en a peut-être plus sur les tablettes
qu'il y en a de rétrogradés.
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez déclaré qu'il
n'y avait pas encore de décision prise quant au projet de
reclassification des fonctionnaires tablettés à
l'intérieur de la fonction publique québécoise. Vous avez
déclaré cela le 17 mars 1977. Quelle est la situation
aujourd'hui?
M. de Belleval: Ce terme de "tabletté", c'est un
terme...
M. Vaillancourt (Orford): Vous ne connaissez pas le terme?
M. de Belleval: Non, ce n'est pas ce que je dis. C'est un terme
qui, sur le plan administratif, n'a aucune signification. Quand les
fonctionnaires, comme je l'ai dit, ont des problèmes en termes de pleine
utilisation de leurs capacités, ou ne progressent plus normalement dans
leur carrière, ou ne sont plus capables de remplir les fonctions pour
lesquelles ils ont été nommés, il existe un certain nombre
de mécanismes pour les utiliser selon leur potentiel. Entre autres, il y
a le mécanisme de la rétrogradation qui peut s'appliquer dans
certains cas. Il y a aussi des mécanismes de rétrogradation
volontaire, qui ne sont pas comptabilisés comme tels. Des
fonctionnaires, parfois, demandent à être
rétrogradés. D'autres aussi, de concert avec les directions de
personnel et leur sous-ministre, peuvent demander une mutation dans un poste
plus approprié à leur fonction.
Enfin, il existe le programme de renouvellement des carrières au
sein de la Direction générale des ressources humaines, auquel
j'ai fait allusion tout à l'heure et qui explique, entre autres, une
partie de l'augmentation des postes du ministère cette année, qui
permet à des fonctionnaires d'être transférés
temporairement au ministère de la Fonction publique. Il y a là
une équipe qui les conseille et qui facilite leur
réintégration dans d'autres ministères, dans d'autres
postes de la fonction publique, parfois même à l'extérieur
de la fonction publique.
Ce sont ces différents mécanismes qu'on essaie de
perfectionner de façon que nos fonctionnaires soient utilisés
à leur plein potentiel.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il reste encore des
fonctionnaires tablettés? L'an passé, vous aviez
déclaré lors de l'étude des crédits que vous aviez
détecté une cinquantaine de tablettés. Est-ce qu'ils
existent encore ou y en a-t-il plus ou moins?
M. de Belleval: Je ne me souviens pas d'avoir identifié
des fonctionnaires en particulier.
M. Vaillancourt (Orford): J'ai le relevé du journal des
Débats, à la page 198 du 17 mars 1977.
M. de Belleval: II y a 2200 fonctionnaires de niveau cadre, par
exemple. Puisqu'on parle des
cadres, en ce qui nous concerne actuellement, c'est la question qui
revient le plus souvent à la surface. Dans toute organisation d'une
pareille dimension, il est bien évident qu'à un moment ou l'autre
des fonctionnaires, des employés, connaissent des difficultés
dans leur carrière.
M. Vaillancourt (Orford): Mais quel est le nombre précis
de ces personnes?
M. de Belleval: II n'y a pas de recensement de tout ce monde
régulièrement. On a des programmes disponibles et ils sont
à la disposition des sous-ministres, des gérants de personnel,
des fonctionnaires eux-mêmes. Je pense que, tranquillement pas vite, on
est en train de faire du progrès dans ce domaine.
M. Vaillancourt (Orford): Merci.
M. de Belleval: Je dois dire que l'utilisation efficace de
l'ensemble de notre personnel doit rester la préoccupation
première des gestionnaires du ministre concerné et de ses
sous-ministres. J'ai expliqué à plusieurs reprises ce que nous
voulons faire durant les prochaines années. (17 h 30)
Le sens de la réforme de la Loi de la fonction publique que j'ai
mise de l'avant, c'est d'améliorer nos mécanismes de gestion
centrale pour aider les ministères à mieux utiliser leur
personnel. Tant, à mon avis, qu'on va rester avec la structure actuelle
où chaque ministre, chaque ministère, de façon un peu
isolée, est responsable de ce dossier et tant qu'on interviendra
purement par des normes très passives en matière de gestion du
personnel, je pense qu'on ne progressera pas. Il faut que, le plus rapidement
possible, il y ait un ministre responsable de cela devant l'opinion publique,
devant les pressions normales de la vie politique qui, au nom de ses
collègues, sera chargé de l'établissement du cadre
d'ensemble, de l'élaboration des politiques interministérielles
dans ce domaine... auprès des différentes administrations
ministérielles tout en conservant le principe de la
responsabilité ministérielle.
M. Vaillancourt (Orford): Comme conclusion, c'est la même
politique qui est toujours suivie après un changement de
gouvernement.
M. de Belleval: Non, pas du tout. Cela n'a rien à voir
avec un changement ou pas du gouvernement. C'est un défi qui existe dans
toutes les administrations publiques, quelles qu'elles soient, où
qu'elles soient. J'ai proposé, de ce côté, des
réformes législatives et administratives propres à nous
faire faire des progrès de ce côté. J'espère qu'avec
la collaboration de l'Opposition, durant les prochaines semaines, j'aurai
l'occasion de mettre en application ces projets pour avoir les meilleurs outils
et améliorer la gestion de la fonction publique, la qualité,
l'utilisation à plein du potentiel de nos fonctionnaires.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord. M. le Pré- sident, ma
toute dernière question sur le programme 1. Le gouvernement a
confié à M. Florian Rompré, secrétaire
général associé du Conseil exécutif, le mandat
d'établir un programme de gestion des cadres supérieurs de la
fonction publique. C'est ainsi que les 325 hauts-fonctionnaires,
hauts-serviteurs de l'État, ont dû certainement répondre
à un questionnaire factuel, assorti de la possibilité d'exprimer
leurs préférences et leur champ d'action
privilégiée dans l'avenir, dans le cadre du brasse-camarades, si
vous voulez, au niveau des sous-ministres, entre autres. Peut-on avoir un
exemplaire de ce questionnaire?
M. de Belleval: II faudra encore poser la question au premier
ministre, de qui relève la nomination des hauts-fonctionnaires en
question. Il ne s'agit pas des cadres en général, mais il s'agit
des sous-ministres et des sous-ministres adjoints. Au Conseil exécutif,
il existe effectivement un coor-donateur pour certains aspects de la gestion de
la carrière de ces sous-ministres et sous-ministres adjoints, c'est M.
Florian Rompré. Vous poserez la question au premier ministre, puisque M.
Florian Rompré relève de son autorité.
Le Président (M. Clair): Messieurs, les
éléments 1, 2, 3 et 4 du programme 1 sont-ils adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Programme 2?
Régimes de retraite et assurance collective sur
la vie des fonctionnaires ou employés publics
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, au programme
2...
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): ... quel est le rapport entre le
ministère de la Fonction publique et celui des Finances en ce qui a
trait au déficit des caisses de retraite des trois régimes
touchant les gens de la fonction publique?
M. de Belleval: Je pense que c'est une bonne question. Le
ministère de la Fonction publique et la Commission administrative du
régime de retraite sont responsables de la gestion, effectivement, du
système.
En ce qui a trait aux questions proprement financières qui
découlent de cette gestion ou d'une nouvelle façon d'envisager
des programmes, cela relève du ministre des Finances, entre autres, en
ce qui concerne l'utilisation budgétaire ou non budgétaire, non
pas de l'utilisation, mais des aspects budgétaires ou non
budgétaires des déficits actuariels, des actifs, du versement des
cotisations, etc.
Je pense que ce serait davantage à mon collègue des
Finances de répondre aux questions
que vous auriez quant à tout l'aspect financier en
général des dossiers administrés par la Commission
administrative du régime de retraite.
M. Vaillancourt (Orford): Cela relève exclusivement du
ministre des Finances.
M. de Belleval: D'ailleurs, le ministre des Finances, lors de
l'étude des crédits l'an dernier et peut-être
même cette année et dans le cadre du discours du budget a
déjà donné les indications pertinentes, je pense. J'aime
mieux lui laisser le soin de faire les représentations
nécessaires.
M. Bellemare: Ce qui m'étonne le plus, c'est que, dans le
rapport du vérificateur, cette année, il nous dit
qu"'également, nous avons pris connaissance des évaluations
actuarielles établies, à partir des données du 31
décembre 1975, concernant les régimes de retraite des enseignants
et des fonctionnaires. Nous nous en sommes remis aux résultats
mentionnés dans les divers rapports d'évaluation actuarielle, et
ces régimes préparés par un actuaire conseil,
conjointement avec les services actuariels de la commission administrative du
Régime de retraite." Là arrive ma question: Aucun certificat n'a
été produit. Comment cela se fait-il?
M. de Belleval: Là, vous parlez du rapport du
vérificateur, mais de quelle année?
M. Bellemare: Je parle du rapport du vérificateur de cette
année, 1976/77...
M. de Belleval: 1976/77. M. Bellemare: ... qui vient
d'être déposé. M. de Belleval: C'est cela, oui.
M. Bellemare: II dit qu'il a également pris connaissance
des évaluations actuarielles qui sont établies à partir du
31 décembre 1975, concernant les régimes de retraite des
enseignants et des fonctionnaires cela, c'est la mise en demeure
nous nous en sommes remis aux résultats mentionnés dans les
divers rapports d'évaluation actuarielle de ces régimes
préparés par un actuaire conseil, conjointement avec les services
d'actuariat de la commission administrative du Régime de retraite. Il
ajoute ceci: "Aucun certificat n'a été produit."
M. de Belleval: Aucun certificat de quoi? Je ne vois pas le
lien.
M. Bellemare: Aucun certificat de ce qu'il vient de mentionner
concernant le rapport d'évaluation.
M. de Belleval: Je ne vois pas effectivement où veut en
venir cette remarque du vérificateur, parce que les rapports actuariels
ont été remis, tel que convenu, tel que prescrit. Il n'y a pas de
certificat à émettre, que je sache, enfin, on pourra
vérifier, mais je ne vois pas d'irrégularité
là-dedans. .
M. Bellemare: "Les transactions financières et les
mécanismes de contrôle de la commission administrative du
Régime de retraite ont fait l'objet d'un mandat de vérification
distinct, couvrant son exercice financier terminé le 31 décembre
1976."
M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: "Les commentaires à ce sujet paraissent
à la section Vérification des comptes et Système de
contrôle des entreprises du gouvernement du Québec au
présent rapport." Il a pris connaissance aussi des évaluations
actuarielles établies à partir des données du 31
décembre 1975. Il dit: "Aucun certificat n'a été produit
concernant... Nous nous en sommes remis aux résultats mentionnés
dans les différents rapports." Il n'y a eu aucun certificat qui a
été émis.
M. de Belleval: C'est-à-dire que le vérificateur
lui-même n'aurait pas fait une vérification.
M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: II n'aurait donc pas émis de certificat de
vérification...
M. Bellemare: Non.
M. de Belleval: ... sous l'autorité du
vérificateur.
M. Bellemare: Ce qui arrive, c'est qu'il découle...
M. de Belleval: II n'a d'ailleurs pas à le faire. Il faut
seulement une constatation. Ce n'est pas un blâme.
M. Bellemare: II découle de la loi...
M. de Belleval: II en a pris connaissance, autrement dit, il en a
pris acte, il n'a pas émis de certificat et il n'a pas à en
émettre, d'ailleurs.
M. Bellemare: Pour faire suite à la loi 28,
sanctionnée le 10 août 1977...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: ... modifiant le Régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: ... il découle du projet 28,
sanctionné le 10 août 1977, que les remboursements de cotisation
font partie du coût de RREGOP.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Bellemare: II dit que cela devrait être le contraire.
"À la suite de cette précision apportée par le projet de
loi, nous nous demandons si le mode actuel de gestion budgétaire du
ministère
ne devrait pas être modifié aux fins de considérer
tous les remboursements de cotisations relatives aux divers régimes de
retraite, pour une dépense statutaire au gouvernement, au lieu
d'être déduit des revenus de cotisations, comme c'est le cas
présentement." II dit un peu plus loin qu'il a essayé de
vérifier auprès de la CARR ces procédures et ces
méthodes de calcul dans la répartition. "Nous concluons, dit le
vérificateur, que nous ne pouvons pas, pour notre part, nous assurer
d'une façon rigoureuse de la justesse de cette répartition entre
les différents ministères concernés, c'est-à-dire
le ministère de l'Éducation, $57 millions, le ministère
des Affaires sociales, $105 millions, le ministère de la Fonction
publique, $191 millions."
M. de Belleval: Et alors?
M. Bellemare: Et alors? Quelles sont les conclusions que vous
avez tirées de ce rapport?
M. de Belleval: Pour ce qui concerne la première remarque,
les dispositions administratives ont été prises pour se conformer
aux remarques du vérificateur.
M. Bellemare: Parce qu'il disait ceci à la fin de son
rapport: "Nous croyons que les autorités du ministère de la
Fonction publique et de la CARR devraient étudier les critères
ayant servi à la répartition de la ristourne, en demandant
à leurs conseillers juridiques de définir clairement les droits
de l'assuré " c'est important "et les droits collectifs ou
individuels des participants et de s'assurer que la disposition des dividendes
par le truchement d'un compte en fidéicommis ne va pas à
l'encontre de la Loi de l'administration financière. " C'est
correct?
M. de Belleval: Actuellement, on étudie justement les
solutions possibles aux problèmes que pose le Vérificateur
général.
M. Bellemare: Cela ne devrait pas être
considéré comme statutaire.
M. de Belleval: On a demandé au ministère de la
Justice de nous donner un avis sur l'interprétation, et s'il y a des
corrections à apporter, on les apportera.
Le Président (M. Clair): D'autres questions sur le
programme 2?
M. le député de Johnson?
M. Bellemare: J'avais ça. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Clair): Messieurs, les
éléments 1, 2, 3, 4 et 5 du programme 2 sont-ils
adoptés?
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
M. Bellemare: II y a une différence de $3 mil- lions
encore, M. le Président, dans le total de ce programme aux
éléments de Régime de retraite des fonctionnaires,
Régime de retraite des enseignants, Régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics, Assurance collective
sur la vie des fonctionnaires ou employés publics et administration.
Cela passe de $186 millions...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Bellemare: ... l'année passée, c'était
$185 millions. Est-ce que le ministre a l'intention, pour les anciens
religieux, d'apporter une modification à la loi de retraite, tel qu'il
l'avait spécifié dans un discours qu'il a fait en Chambre?
M. de Belleval: Oui, je vais au Conseil des ministres avec un
mémoire à ce sujet très bientôt. Le projet de loi
est rédigé. J'espère pouvoir déposer quelque chose
au cours des prochaines semaines.
M. Bellemare: Parce qu'il y en a qui se sentent
lésés. On a reçu, je pense, tous les députés
ont reçu...
M. de Belleval: Oui.
M. Bellemare: ... des pétitions à ce sujet.
M. de Belleval: Je pense avoir une solution, sinon miracle, du
moins...
M. Bellemare: Acceptable.
M. de Belleval: ... très acceptable.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce sera déposé
à cette session-ci?
M. de Belleval: J'espère bien. C'est mon intention.
M. Bellemare: D'ailleurs, c'est dans le discours inaugural...
M. de Belleval: Comme disait le ministre de l'Agriculture, ce
n'est pas tellement la date du dépôt des projets de loi qui est
important comme la date de leur adoption. Alors, avec la collaboration de
l'Opposition, on va agir.
M. Vaillancourt (Orford): Mais, ordinairement, M. le
Président, les bons projets de loi sont toujours adoptés
très vite.
M. de Belleval: Je pense que celui-là ne causera pas de
problèmes.
M. Bellemare: II n'y a qu'un élément, M. le
Président, sur lequel je voudrais avoir plus d'explication. Loi des
tribunaux judiciaires...
M. de Belleval: Oui, les pensions des juges. M. Bellemare:
... les modifications, Loi des
coroners, $1 700 000. Est-ce que le ministre pourrait me donner
certains...
M. de Belleval: C'est le fonds de retraite des magistrats.
M. Bellemare: Cela, c'est le fonds de retraite des magistrats et
des coroners?
M. de Belleval: C'est ça.
M. Bellemare: ... qui sont attribués à
ça.
M. de Belleval: Les déboursés.
M. Bellemare: D'accord, adopté.
Le Président (M. Clair): Alors, le programme 2 est
adopté. Le programme 3.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président... Le
Président (M.Clair): Le député d'Orford.
Commission de la fonction publique
M. Vaillancourt (Orford): Dans le programme 3, la Commission de
la fonction publique, est-ce que le ministre pourrait me dire quelle est son
attitude face aux recommandations du Protecteur du citoyen dirigées
à son ministère ou à la Commission de la fonction
publique, suite à des plaintes fondées?
M. de Belleval: Je pense que, systématiquement, toutes les
plaintes de l'Ombudsman, actuellement, ont été
agréées, du côté de la Commission de la fonction
publique, sauf, peut-être, une ou deux.
J'ai un petit mot ici: Nous avons eu depuis septembre 1976, date de sa
nomination comme Protecteur du citoyen... Depuis cette date, Mme Luce Patenaude
a transmis 119 plaintes à la Commission de la fonction publique. Durant
cette période, la commission a traité 100 000 candidatures. 99
plaintes ont été reconnues comme non fondées par
l'"Ombudswoman", si vous voulez, par la protectrice du citoyen. La commission a
apporté les correctifs requis à 15 des plaintes fondées.
Il y aurait cinq plaintes restantes; la commission a apporté des
correctifs en partie à deux d'entre elles; les trois autres sont
à l'étude. Comme vous le voyez, cela confirme mon jugement. (17 h
45)
M. Vaillancourt (Orford): Combien de plaintes ont
été portées?
M. de Belleval: 119.
M. Vaillancourt (Orford): 119.
M. de Belleval: Là-dessus, 99 non fondées.
Évidemment, on n'a pas à s'en occuper. Sur les seize qu'il reste,
quinze ont été... Excusez.
M. Chevrette: C'est 20 qu'il reste.
M. Vaillancourt (Orford): II en reste 20.
M. de Belleval: Des 20 qu'il reste c'est cela
quinze ont été acceptées par la commission et les griefs
ont été redressés. Des cinq plaintes restantes, la
commission a apporté des correctifs à deux d'entre elles et les
trois autres sont à l'étude. Il reste donc trois plaintes en
suspens actuellement.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre partage l'opinion du
président de la Commission de la fonction publique quand il dit, dans
une déclaration, que les fonctionnaires devraient être
nommés par la commission?
M. de Belleval: Les remarques du président de la
commission se situaient justement dans le contexte que nous avons abordé
ce matin.
M. Bellemare: Le régime de mérite.
M. de Belleval: L'aspect plus ou moins facultatif du choix dans
la liste d'admissibilité fournie.
M. Bellemare: Des dix ou douze.
M. de Belleval: C'est cela. Ou 100, ou 200, selon le cas.
M. Bellemare: Oui, d'accord.
M. de Belleval: Je pense que le projet de loi 53 répond
justement à cette inquiétude du président de la
commission.
M. Bellemare: Par exemple, il dit qu'il y a dans la fonction
publique du Québec un quarteron de hauts fonctionnaires qui, sans mettre
en doute les valeurs fondamentales du régime de mérite,
voudraient s'en voir confier l'application comme la solution à leurs
problèmes administratifs. Pour ma part, cette situation me laisse
songeur, dit M. Gé-rin.
M. de Belleval: Je pense que le projet de loi 53, là
encore, fournit toutes les réponses adéquates à ses
inquiétudes.
M. Bellemare: Ce sont des doutes qu'il a manifestés assez
publiquement. A-t-il été autorisé par son ministre?
Oui.
M. de Belleval: Le président de la Commission de la
fonction publique est un personnage absolument éminent dans notre
organisation gouvernementale.
M. Bellemare: Non influençable.
M. de Belleval: II doit être au-dessus de tout
soupçon, et je peux dire que...
M. Bellemare: Comme la reine.
M. de Belleval: ... en ce qui me concerne, il l'est.
M. Bellemare: Ou la femme de César.
M. de Belleval: C'est ce qui lui donne également le droit,
à mon avis, de donner ses opinions.
M. Bellemare: On n'a pas d'objection à conserver ses
écrits.
M. de Belleval: II n'a pas consulté le ministre dans ces
domaines...
M. Bellemare: Non, mais seulement...
M. de Belleval: ... pour cet aspect comme pour les autres.
M. Bellemare: ... il parle de discrimination dans son discours.
Il dit: On a constaté des cas où l'autorité des
ministères s'est refusée de choisir parmi les candidats
déclarés admissibles et qui s'étaient pourtant soumis aux
processus de sélection parce que, dit-on, le candidat qu'on avait en vue
n'était pas sur la liste des plus admissibles. C'est ce que je disais ce
matin.
M. de Belleval: C'est pourquoi j'ai présenté un
projet de loi pour corriger ces aspects.
M. Bellemare: Comme vous le disiez si bien, c'est un
système vicieux.
M. de Belleval: Dérogatoire.
M. Bellemare: Dérogatoire et vicieux qui date
peut-être d'avant vous, mais qui a persisté depuis deux ans.
M. de Belleval: Je ne vous donnerai pas l'exemple du
régime qui a précédé les années soixante
à cet égard.
M. Bellemare: Écoutez, le verre de lait renversé,
vous ne pouvez pas le remettre dans une fiole.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministère de la
Fonction publique respecte les recommandations du Protecteur du citoyen
relativement aux plaintes fondées au sujet de réserves de
congés de maladie refusés à des fonctionnaires même
si ces plaintes sont accumulées depuis deux ou trois ans?
M. de Belleval: Depuis deux ou trois ans et plus. C'est un vieux
dossier, un de ceux sur lequel s'était accumulée beaucoup de
poussière.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous vous êtes
penché sur ce dossier-là?
M. de Belleval: Vous devriez le savoir, parce que je crois que
vous avez siégé au Conseil du trésor pendant un bout de
temps sous l'ancienne administration. J'ai demandé qu'on me fasse
rapport sur ce dossier. Je l'étudie actuellement.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait me dire, étant donné qu'il s'est penché
sur ce dossier, combien de temps il lui reste encore...
M. Bellemare: D'être penché.
M. Vaillancourt (Orford): ... d'être penché, avant
d'avoir un rapport.
M. de Belleval: Je ne sais pas si j'ai dit que je m'étais
penché sur ce dossier...
M. Bellemare: Oui. (17 h 50)
M. de Belleval: C'est une mauvaise expression, parce qu'on essaie
justement de se relever des dossiers plutôt que de se pencher sur eux. Je
ne voudrais pas donner de faux espoirs aux intéressés qui liront
peut-être les rapports de notre débat. C'est un vieux dossier,
comme je l'ai dit. Le Conseil du trésor dans le passé a
refusé d'accéder à la recommandation de l'Ombudsman dans
ces cas. Il y a eu des plaintes qui ont été portées devant
les tribunaux et les gens en question ont toujours subi des déboires
judiciaires comme ils en avaient subi administrativement par l'entremise des
décisions du Conseil du trésor.
Personnellement, j'ai décidé de me faire une idée
justement là-dessus et de revoir la question. Mais je ne veux pas
m'avancer plus loin, parce qu'il y a eu trop de rapports de toutes sortes,
peut-être de faux espoirs soulevés à cet égard et
j'ai demandé qu'on me fasse rapport. J'étudie actuellement, je
suis en train de lire justement ce rapport et je verrai ce qu'il y a moyen de
faire. Je ne veux pas en dire davantage pour l'instant, parce que cela va
soulever encore peut-être de faux espoirs que je ne serai peut-être
pas capable de satisfaire, pas plus que ceux qui m'ont
précédé là-dessus. Je dois dire d'ailleurs que je
suis un peu, presque en conflit d'intérêts, parce que mon
père, qui a été fonctionnaire au ministère de
l'Agriculture, pendant de nombreuses années, plus de 30 ans d'ailleurs,
est un des...
M. Bellemare: Des requérants.
M. de Belleval: ... requérants, oui.
M. Bellemare: C'est son droit.
M. Vaillancourt (Orford): C'est son droit.
M. de Belleval: C'est tout à fait son droit. Je le
souligne comme une anecdote et non pas comme un...
M. Bellemare: Comme le père de Godbout.
M. de Belleval: Cela ne me cause pas de problème.
M. Vaillancourt (Orford): Pour ce qui concerne ce cas
précis dont nous discutons, est-ce qu'il est exact que vous êtes
un peu en désaccord avec le président de la commission?
M. de Belleval: Le président de la Commission de la
fonction publique?
M. Vaillancourt (Orford): De la fonction publique.
M. de Belleval: J'avoue que je ne lui en ai jamais parlé,
à ma connaissance.
M. Bellemare: II n'est pas loin, on va le savoir.
M. de Belleval: M. Gérin, je ne crois pas vous avoir
déjà parlé de ça?
Je ne me souviens pas d'un désaccord que j'aurais eu avec le
président à ce sujet.
M. Bellemare: Non, il faut que vous vous teniez en bon termes,
c'est sûr.
M. de Belleval: J'espère... M. Bellemare: Oui.
M. de Belleval: ... que c'est la recommandation que vous me
faites.
M. Bellemare: Je ne vous en fais pas de reproche. Je vois
simplement à la bonne administration. Très bien.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, un instant,
dans le rapport du Protecteur du citoyen de 1976, à la page 11, le no
13, Fonction publique, nombre de recommandations: 101; recommandations suivies:
31; recommandations non suivies: 70. Est-ce que le ministre pourrait me donner
des explications?
M. de Belleval: C'est le rapport de... M. Vaillancourt
(Orford): 1976. M.Bellemare: 1976. M. de Belleval:
1976.
M. Bellemare: Vous n'étiez peut-être pas tout
à fait arrivés encore. Ils sont arrivés avec l'hiver.
M. de Belleval: Depuis septembre 1976, je vous ai donné
les chiffres tout à l'heure; alors...
M. Vaillancourt (Orford): Non, mais je demande une explication et
le président de la Commission de la fonction publique est ici, il peut
vous renseigner, parce que je pense qu'il était là avant votre
arrivée.
M. de Belleval: À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
Président, est-ce que je pourrais avoir de l'ordre?
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Bellemare: Le rapport de 1976 comprenait l'année 1975.
c'est sûr. Alors, c'est en 1977, s'il y avait eu quelque cnose, qu'on
aurait pu retrouver, pour l'espace de six semaines, du 15 novembre au 1er
janvier, les difficultés que soulève le député
d'Orford.
M. de Belleval: II n'y a pas de contradiction entre les chiffres
que vous avez là et les chiffrés que j'ai donnés tout
à l'heure qui s'adressent à la Commission de la fonction
publique, parce qu'on est au programme 3. Comme je l'ai dit, il y a
actuellement trois plaintes qui sont encore à l'étude et qui
restent en plan; toutes les autres plaintes, nous y avons apporté des
corrections, sauf partiellement dans le cas de deux d'entre elles.
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le genre de plaintes dans les
trois cas qui n'ont pas été satisfaites?
M. de Belleval: Je ne sais pas.
M. Bellemare: Malversation des fonds publics, dans plusieurs des
cas. Il y en a particulièrement un qui vient d'être plaidé
devant la Cour supérieure et le fonctionnaire a gagné contre le
gouvernement.
M. de Belleval: Quand il s'agit de plaintes devant les tribunaux,
bien sûr, ça ne fait pas l'objet de la compétence de
l'Ombudsman.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que ce sont des plaintes qui
sont devant les tribunaux actuellement?
M. de Belleval: Non, c'est le processus. Le Protecteur du citoyen
n'a pas compétence au processus judiciaire.
M. Vaillancourt (Orford): Mais est-ce que le président de
la Commission de la fonction publique peut nous renseigner sur les trois cas
qui restent en suspens? Quel genre de cas est-ce?
Une voix: Page 76?
M. Bellemare: C'est peut-être un congé de maladie
mal réglé.
M. de Belleval: On va faire les recherches et trouver de quel
genre de cas il s'agit. D'accord?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce inclus dans le rapport de la
Commission de la fonction publique?
M. de Belleval: Pour être plus clair, est-ce que vous
pensez qu'il s'agirait d'anciens secrétaires particuliers qui auraient
soumis des plaintes? Je
vérifierai et je vous le dirai. D'accord? Cela va aller plus
vite. Je ferai faire les recherches.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cela vous aide?
M. Bellemare: Oui, et cela ne nuit pas non plus.
M. le ministre, une dernière question pour moi.
M. de Belleval: On me signale que les cas indiqués
viennent tout juste d'arriver à la Commission de la fonction publique et
n'étaient pas dans ces statistiques au moment où elles ont
été faites. Ces cas-là n'étaient pas
entrés.
M. Vaillancourt (Orford): Cela voudrait dire qu'il y en a plus
que trois?
M. de Belleval: II y en avait trois au moment où, la
semaine dernière, le 1er mai, cela a été fait. Ils
venaient tout juste d'arriver. Il ne s'agit pas de... Ces autres cas, on va les
examiner. Vous pourrez poser la question plus tard, si vous voulez, dans un
mois, au feuilleton.
M. Bellemare: Un fonctionnaire qui est libéré par
la cour, qui a été poursuivi par un ministère et qui est
reconnu innocent, a-t-il droit à une indemnité depuis le temps
où on l'a accusé, oui ou non?
M. de Belleval: Un fonctionnaire qui aurait
été...
M. Bellemare: Un fonctionnaire qui a été
accusé injustement, qui a été suspendu et dont la cause a
duré trois ans, quand le jugement vient d'être émis en sa
faveur, sera-t-il...
M. de Belleval: Si l'employé a fait un grief et a
effectivement gagné son grief, il sera dédommagé de...
M. Bellemare:... de toute la rétroactivité de ce
qu'il a perdu.
M. de Belleval: Cela va dépendre de la décision qui
sera prise par l'arbitre.
M. Bellemare: Là, ce n'est pas l'arbitre, une minute!
M. de Belleval: II y a un processus qui s'appelle un processus
judiciaire.
M. Bellemare: Bon.
M. de Belleval: À ce moment-là, c'est le juge qui
décide, dans le verdict...
M. Bellemare: Qui est coupable ou non.
M. de Belleval: C'est cela et, s'il y a des compensations, le
juge est habilité, je crois, à les déterminer. S'il s'agit
d'un grief...
M. Bellemare: Cela, c'est une autre chose.
M. de Belleval: ... l'arbitre détermine les
réparations.
M. Bellemare: M. le Président, je serais disposé
à...
Le Président (M. Clair): Messieurs, les
éléments 1 et 2 du programme 3 sont-ils adoptés?
M. Bellemare: Adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la commission de la
fonction publique termine ici l'étude des crédits
budgétaires du ministère de la Fonction publique.
M. Bellemare: On remercie le ministre. Si le député
veut parler avant moi, je n'ai pas d'objection.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense qu'avant de terminer,
j'aimerais remercier le ministre et tous ses fonctionnaires des réponses
qu'ils ont bien voulu nous fournir. Pour les questions qui restent en suspens,
vous nous avez dit que vous nous fourniriez les réponses et
j'espère que vous avez bien pris note de cela et que vous allez nous
fournir les réponses dans les plus brefs délais possible.
M. Bellemare: M. le Président, pour interpréter
sagement et d'une manière amicale cette journée que nous avons
passée à l'étude des crédits du ministère de
la Fonction publique, je dois dire que le ministre nous a facilité la
tâche et je pense que, si cela se faisait dans tous les ministères
comme cela s'est produit aujourd'hui, on aurait beaucoup moins de
difficultés à adopter les crédits. Je le remercie, lui,
ainsi que tous les fonctionnaires qui nous ont vus travailler. C'est avec
beaucoup de diligence... Nous n'avons pas voulu répéter les
mêmes questions, mais on a eu des réponses à celles que
nous avons posées, des réponses qui ne nous ont peut-être
pas comblés à 100%, mais on a espoir que l'amélioration
viendra avec le temps.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. de Belleval: Un seul mot pour remercier aussi les
fonctionnaires qui se sont dérangés aujourd'hui avec nous, mais
je crois que cela fait aussi partie de leur travail. Mais je pense qu'il est de
bon ton de les en remercier et de les remercier aussi pour le travail qu'ils
font en général pour l'ensemble des citoyens, peu importe le
gouvernement qui, à un moment donné, est chargé des
responsabilités de l'État. Je remercie mes collègues de
l'Opposition de leur courtoisie et de leur coopération dans
l'étude de ces crédits.
M. Bellemare: Je pense que c'est comme cela
qu'on doit travailler dans une Législature. On doit travailler en
collaboration et non pas essayer de détruire la bête, ou le gars,
ou le ministre en lui dressant des traquenards.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la commission de la
fonction publique ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)