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Etude du projet de loi no 60
(Onze heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Messieurs, puisque nous avons quorum, nous allons commencer les travaux
de cette commission.
La commission parlementaire élue permanente de la fonction
publique est réunie ce matin pour faire l'étude, article par
article, du projet de loi no 60, Loi concernant la protection à la
retraite de certains enseignants.
Sont membres de cette commission: M. Le Moignan (Gaspé) remplace
M. Bellemare (Johnson), M. Lacoste (Sainte-Anne) remplace M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Beauséjour (Iberville) remplace M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Belleval (Charlesbourg), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)
remplace M. Garneau (Jean-Talon), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel
(Limoilou), M. Jolivet (Laviolette) et M. Pagé (Portneuf).
Je suppose, M. le député de Jacques-Cartier, que vous
remplacez M. le député de Portneuf.
Mme Lavoie-Roux: M. Pagé, de Portneuf. M,
Saint-Germain: C'est juste.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Voudriez-vous, s'il vous plaît c'est moi
qui ai fait l'erreur tantôt laisser M. Guy Chevrette comme membre
et annuler le remplacement par M. Beauséjour?
Le Président (M. Dussault): Donc, M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) reste membre de la commission.
M. Gendron: Et vous laissez M. Beauséjour comme
intervenant éventuel.
Le Président (M. Dussault): Seraient donc intervenants: M.
Beauséjour (Iberville), M. Martel (Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M.
Picotte (Maskinongé), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouy-Noranda) et
M. Vaillancourt (Orford).
Avant dé commencer les travaux proprement dits, il faudrait
nommer un rapporteur pour cette commission. M. le ministre propose M. Gendron.
M. Gendron accepte-t-il? La commission est-elle d'accord pour la nomination de
M. Gendron, le député d'Abitibi-Ouest?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): II devient donc rapporteur de
la commission. J'appelle immédiatement l'article 1 du projet de loi no
60 et je donne la parole à M. le ministre de la Fonction publique. Mme
le député de L'Acadie.
Commentaires préliminaires
Mme Lavoie-Roux: Préalablement à l'étude de
l'article 1, ordinairement on a le loisir de faire quelques remarques
générales quand on aborde un projet de loi, article par article.
Ce ne sont pas tellement des...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, Mme le
député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser quelques questions
préalables au ministre.
Le Président (M. Dussault): Le Président prend
toujours, quand il est question de l'étude d'un projet de loi, la
précaution quand même d'appeler l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Et il donne ensuite la
possibilité à chacun des membres de cette commission d'intervenir
et de faire des remarques générales.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): C'est dans cet esprit que j'ai
donné la parole à M. le ministre. M. le ministre de la Fonction
publique.
M. de Belleval: M. le Président, une seule remarque pour
corriger un lapsus que j'ai fait hier, à propos de
l'admissibilité éventuelle du député de
Gaspé au régime, advenant qu'il change d'orientation, au point de
vue de son état civil.
M. Le Moignan: Et même s'il ne changeait pas il est
admissible, parce que j'ai considéré d'autres aspects.
M. de Belleval: Effectivement, le député de
Gaspé serait admissible. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je regrette de ne pas
avoir été ici, hier, parce que j'avais des engagements à
Montréal, ce qui explique mon absence. C'est quand même un projet
de loi dont je souhaitais l'adoption depuis fort longtemps, parce qu'il
crée, dans le domaine scolaire, des situations extrêmement
difficiles, et j'y reviendrai tout à l'heure.
Evidemment, vous pouvez imaginer ma consternation quand j'ai vu que le
projet de loi laissait de côté le plus grand nombre de personnes
qui auraient pu être touchées par une telle mesure. Je veux parler
ici des enseignants religieux qui ne sont pas laïcisés. Je ne veux
pas, à ce moment-ci, en faire un reproche au ministre; le ministre a
évidemment fait ce que le cabinet a décidé de
faire, mais j'aimerais, comme première question, s'il veut bien
me répondre, ou par la suite, lui demander combien d'enseignants
enfin, qu'on qualifie d'enseignants se retrouvent parmi les enseignants
qui sont encore dans les ordres et combien d'enseignants ex-religieux, ou
d'enseignants religieux laïcisés seront touchés par ce
projet de loi. J'ai l'impression que c'est dans une proportion de trois quarts
à un quart, trois quarts étant encore des religieux et un quart
étant des religieux laïcisés. Le ministre pourra confirmer
ou infirmer ces données.
Deuxièmement, je voudrais qu'il nous éclaire sur le
rôle exact qu'à joué la Conférence religieuse
canadienne, la CRC, dans tout ce dossier, et quel était le mandat
qu'elle avait reçu, s'il est au courant. Il semble vraiment qu'il y ait
une consternation générale parmi les enseignants qui se trouvent
encore dans les ordres religieux. Je ne voudrais pas revenir sur les arguments
qu'ont fait valoir mon collègue de Roberval, hier, et le
député de Gaspé, plus tard dans le débat qui a eu
lieu. Je présume que le ministre de la Fonction publique a
été également sensible aux arguments qu'ont fait valoir
ces collègues que je viens de mentionner.
Avant de poursuivre mes commentaires, je me demande si M. le ministre
accepterait de clarifier les deux points que je viens de soulever, à
savoir le rôle et le mandat du CRC et le nombre d'enseignants
touchés par ce projet de loi.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, j'ai indiqué hier,
brièvement, que la Conférence religieuse canadienne avait
délégué des représentants au comité ad hoc;
c'est le frère Labonté qui a été
désigné comme porte-parole de la conférence. Toutefois, il
faut bien mentionner que la Conférence religieuse est un organisme
consultatif, une espèce de comité consultatif pour les
communautés religieuses; comme telle, elle n'est pas un organe
exécutif de ces mêmes communautés. Jusqu'à quel
point la conférence avait-elle un mandat péremptoire de la part
des communautés? Je ne suis pas en mesure de le dire.
Quoi qu'il en soit, j'ai indiqué hier que, sauf erreur, la
position prise par la conférence était assez attentiste dans le
dossier et que sa contribution au comité s'était au fond
résumée à une position de principe qui serait la suivante:
les responsabilités des communautés envers leurs anciens membres
sont plutôt limitées, sont de nature plutôt morale et
encore, même de ce point de vue, sont assez limitées. Ce sont des
obligations plutôt de charité que de justice, selon les termes
employés par les conseillers de droit canonique auxquels leur
représentant s'est référé. Pour le reste, la
conférence a réitéré le principe selon lequel
l'Etat devait accorder aux membres des communautés les mêmes
bénéfices qu'il accordait aux membres laïcisés, aux
anciens membres.
J'ai indiqué aussi hier que j'étais tout à fait
d'accord pour revoir le dossier des membres religieux enseignants avec les
porte-parole dûment autorisés des communautés religieuses
concer- nées au Québec; que, de notre point de vue, le dossier
n'était pas clos, ne pouvait pas couler dans le béton. Ce n'est
pas une position finale de notre part, mais on ne peut pas non plus faire
l'autruche et traiter le dossier sur une base purement individuelle, puisqu'il
y a des questions complexes qu'il faut étudier avec les
communautés comme telles et pas simplement avec les membres de ces
communautés individuellement.
J'ai rappelé aussi que le but du projet de loi, c'était de
rétablir le statu quo avant 1965, à savoir que jusqu'à
cette date, et j'ai référé à ce que j'appellerais
un concordat tacite entre la société québécoise et
les communautés religieuses, jusqu'à cette date, le
système qui prévalait était le suivant: Les
communautés s'occupaient de leurs membres jusqu'à leur retraite,
en y incluant la protection dont ils pouvaient avoir besoin une fois à
la retraite et que la société québécoise s'occupait
des membres laïcs, des enseignants laïcs et des ex-enseignants
religieux. En 1960, ce statu quo a été rompu et on a interdit aux
ex-religieux de bénéficier des mêmes privilèges que
leurs collègues laïcs en leur permettant de racheter leurs
années d'enseignement comme religieux, ce qui était permis
auparavant. En contrepartie... (11 h 45)
M. Saint-Germain: Je n'ai pas très bien compris. Est-ce
qu'il y avait un mélange dans vos dates. Vous dites; jusqu'en
1965...
M. de Belleval: ... jusqu'en 1965. C'est cela. M.
Saint-Germain: II n'était pas permis... M. de Belleval: II
était permis jusqu'en 1965.
M. Saint-Germain: ... aux religieux? Les religieux ne faisaient
pas partie du régime de retraite?
M. de Belleval: Les religieux n'en faisaient pas partie, mais les
ex-religieux étaient admis au régime public qui avait
été crée en 1880.
M. Saint-Germain: Ensuite, vous avez parlé, vous
êtes revenu à 1960?
Mme Lavoie-Roux: 1965.
M. de Belleval: C'est 1965 qui est la date fatidique, si je puis
dire.
M. Saint-Germain: II y a eu modification?
M. de Belleval: C'est le moment où les choses se sont
embrouillées. J'ai cité des passages du journal des Débats
qui traitent du dossier en troisième lecture du projet de loi du temps;
le projet de loi 56, où, de toute évidence, cet aspect
très important que nous sommes appelés à traiter
aujourd'hui est revenu à la surface, comme en
arrière-pensée, comme en après-coup. On voit,
décidément, que le dossier n'avait pas été
traité à fond, à savoir le maintien du droit pour les
enseignants ex-religieux de bénéficier du régime
de retraite public pour les enseignants en général qui
existait depuis 1880 et qui aurait dû être reconduit en 1965. J'ai
aussi mentionné que, de toute évidence, il semblait y avoir de ce
côté une espèce d'accord tacite pour ne pas fournir, dans
un contexte social nouveau qui prévalait depuis les années
soixante, ou enfin, peut-être un peu avant, mais aux environs de ces
années, d'encouragement aux enseignants à quitter l'état
religieux, en leur fournissant des bénéfices convenables de
protection à la retraite.
Je donne cette explication, sous toute réserve, comme
étant peut-être une explication de commune renommée, mais
qu'on ne retrouve nulle part explicitement dans les débats. Mais,
d'après les gens qu'on a consultés, cela pourrait être une
des raisons. Deuxièmement, en contrepartie, les communautés aussi
ne demandaient pas que leurs membres religieux soient admissibles, tout en
restant religieux, aux bénéfices des années
accumulées avant 1965. Autrement dit, on rompait le statu quo seulement
sous un aspect, c'est-à-dire l'admissibilité des ex-religieux.
Mais on continuait à maintenir le statu quo en ce qui concerne les
religieux. Sauf qu'avec le régime de 1965, pour les années
futures, pour les années après 1965, on décidait de
traiter les enseignants religieux sur le même pied que les enseignants
laïcs, à tous points de vue, au point de vue de la
rémunération comme au point de vue du régime de
retraite.
C'est la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui. Le projet de
loi no 60 rétablit le statu quo avant 1965 et rien d'autre. Si on veut
maintenant, ni plus ni moins revenir sur l'espèce de contrat social qui
existait entre les communautés religieuses et la société
québécoise, avant 1965, nous sommes disposés à
examiner cette question, mais à l'examiner d'une façon franche,
ouverte, et en ayant tous les éléments du dossier devant nous,
avec les communautés religieuses. Mais, de ce point de vue, pour
répondre plus précisément à votre question, je n'ai
pas eu de représentations vraiment intensives, vraiment directes de la
part des communautés religieuses comme telles. Sans vouloir reprendre
une analogie qui a fait fortune durant les dernières semaines et dire
qu'elles ont adopté l'attitude placide de la vache qui regarde passer le
train, je pense que, malgré tout, sans vouloir prendre cette analogie,
je ne peux pas dire que, d'un autre côté, elles se sont
poussées sur le quai de la gare pour avoir le droit d'entrer dans le
train, une fois celui-ci à la station.
Pour ma part, pour continuer dans l'analogie, le train n'est pas
passé définitivement; l'heure, évidemment, d'un train est
passée, mais il y aura toujours d'autres trains qu'elles pourront
prendre si elles veulent bien venir en parler avec nous. Voilà, Mme le
Président, l'attitude que nous prenons dans ce dossier...
Le Président (M. Dussault): M. le Président.
M. de Belleval: M. le Président, je m'excuse; on ne pourra
pas maccuser de biais sexiste contre les femmes, mais je ne voudrais pas non
plus qu'on m'en accuse contre votre auguste personne, M. le
Président.
De ce point de vue, je pense qu'hier, tous les partis d'Opposition en
ont pris bonne note, la discussion a été très ouverte de
ce côté et le principe du projet de loi a été
adopté, étant entendu qu'il permet de régler les
problèmes de ceux qui ont vraiment des besoins à court terme, en
matière de protection à la retraite, et que, pour le reste, on
verra dans les prochains mois ce qu'il y aura à faire.
Mme Lavoie-Roux: II y avait une deuxième question que
j'avais posée au ministre, quant au...
M. de Belleval: ... nombre?
Mme Lavoie-Roux: Oui, quant au nombre impliqué.
M. de Belleval: Vous avez raison de mentionner une proportion un
quart-trois quarts. Les ex-religieux concernés sont au nombre d'environ
2400 j'oublie les deux derniers chiffres, non pas que les personnes
concernées ne soient pas importantes et 8800 personnes
religieuses enseignantes pourraient être concernées.
Mme Lavoie-Roux: Quel coût prévoyez-vous pour les
2400 ex-religieux?
M. de Belleval: Le coût est de $50 millions environ,
à être dépensé en dollars de 1978, sur une
période de 40 à 50 ans; évidemment, en dollars courants,
ce sera environ $300 millions, selon les hypothèses des actuaires. En
dollars d'aujourd'hui, il faudrait investir $50 millions immédiatement,
dans un compte de banque, pour couvrir les engagements futurs des 40 à
50 prochaines années, et cela est pour les 2400 personnes
concernées, c'est-à-dire les ex-religieux.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais y revenir, pour être bien
certaine que le ministre a, de fait, dit que le CRC s'était dit d'accord
sur le projet de loi, mais avait quand même indiqué que les
ex-religieux et les religieux devraient être couverts. Vous avez bien dit
cela?
M. de Belleval: Effectivement, c'est ce que j'ai dit et c'est ce
qui est la réalité d'après les témoignages que j'ai
reçus; je n'étais pas, bien sûr, au comité.
Mme Lavoie-Roux: J'étais restée avec l'impression
que ces gens s'étaient prononcés, ils avaient donné leur
accord sur le projet de loi, non pas tel qu'il est, ils ne l'ont
peut-être pas vu d'une façon définitive... En fait, ils
avaient indiqué on ne le sait pas, vous n'y étiez pas et
moi non plus que les ex-religieux devraient être aussi couverts
dans un projet de loi touchant le fonds de pension des enseignants
religieux.
M. de Belleval: Essentiellement, cela a été le sens
de leur participation et c est ce qui faisait que je prenais une analogie, tout
à l'heure, sans la prendre. Ils ont exposé leur principe et ils
ont dit: Faites ce que vous voulez, au fond; si la manne passe, on en profitera
et si elle ne passe pas, alors tant pis. Je dois dire que...
Mme Lavoie-Roux: Une autre question, M. le Président.
Pourquoi à ce moment-là, j'avais compris qu'ils avaient eu une
attitude tout à fait passive, ils avaient donné un accord tacite,
ils n'avaient même pas montré d'intérêt, c'est
peut-être exagéré...
M. de Belleval: II faut mettre toutes sortes de nuances à
cet égard, vous et moi.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, ils ont indiqué que les deux
groupes devaient être couverts. Comment se fait-il que le gouvernement en
laisse un de côté?
M. de Belleval: Le dossier auquel je réfère, c'est
le rapport d'un comité consultatif que le gouvernement avait mis sur
pied pour étudier la question. Il a étudié un certain
nombre d'hypothèses et il s'est prononcé unanimement en faveur
d'une des hypothèses, comme étant une hypothèse
raisonnable pour toutes les parties.
Maintenant, le gouvernement ne s'est pas engagé à accepter
le rapport du comité, ni dans son entier, ni dans ses parties, quelles
qu'elles soient. Après avoir examiné le dossier, le gouvernement
a accepté la recommandation du comité, sauf qu'il présente
un projet de loi en faveur des seuls ex-religieux, comme je l'ai
expliqué précédemment, c'est-à-dire en revenant
à la situation qui existait avant 1965. Quant au reste du dossier,
l'autre aspect auquel nous faisons référence, à savoir
changer la situation qui existait avant 1965 du côté des religieux
comme tels, il n'a jamais été traité à fond. Il
faut bien se rendre compte que ce sont les ex-religieux, d'abord et avant tout,
qui ont été les porte-parole des revendications en ce domaine,
d'une façon à mon avis vraiment active et qui
avaient un intérêt très spécial dans le dossier.
Il y a eu des représentations des communautés religieuses,
mais elles n'ont jamais eu le caractère, à mon avis, des
revendications des associations représentatives des ex-religieux et il
n'y a pas eu vraiment de discussions à fond entre ces communautés
et le gouvernement sur cette question, comme il y en a eu entre les
représentants des associations des enseignants laïcisés et
les représentants des communautés. De ce point de vue, tout ce
que je constate et que le gouvernement a constaté, c'est que le dossier
a besoin d'un supplément de discussion, d'information et de
consultation, avec les communautés religieuses, en ce qui concerne la
situation de leurs membres enseignants.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même faire remarquer une chose au ministre. J'ai ici un extrait du
rapport que vous aviez déposé à l'Assemblée
nationale, dont vous avez fait mention dans votre discours d'hier, et dans
lequel plusieurs solutions sont proposées. La solution 11 traite des
années d'enseignement des religieux ou des ex-religieux. C'était
d'ailleurs aussi un autre mandat qui avait été donné pour
des études actuarielles, par l'ancien gouvernement je ne le
retrouve pas, je sais que je l'ai quelque part dans le but
d'étudier la situation dans laquelle se trouvent les groupes religieux
enseignants et les religieux enseignants laïcisés, depuis le 1er
juillet 1965. Il semblerait il y a peut-être d'autres rapports que
je n'ai pas vus que cette notion des deux groupes de religieux, qu'ils
soient laïcisés ou encore religieux, ait été dans la
pensée des gens qui ont reçu le mandat et même du
gouvernement. (12 heures)
C'est pour cette raison que l'explication que vous me donnez en disant:
Bien, ils n'ont pas été aussi vibrants ou aussi éloquents
que ne l'ont été les ex-religieux, ne me semble enfin, on
peut toujours l'invoquer pas très convaincants. J'ai l'impression
qu'eux, dans leur esprit, qui suivaient le dossier j'ai eu des
représentations de certains religieux à Montréal justement
hier on devait toujours considérer les deux situations. Tout
à coup, le gouvernement présente un projet de loi où on en
a éliminé une. Je me demande si ce n'est pas plutôt une
question de coût pour le gouvernement. Le ministre m'a transmis des
données selon lesquelles ce sera $50 millions pour 2000. Les
données actuarielles, déjà, sous l'ancien gouvernement
prévoyaient $200 millions. Si on fait un calcul simple, on a un quart.
Il semble que ce soient à peu près les mêmes données
actuarielles qui avaient été obtenues il y a déjà
un bon bout de temps.
M. de Belleval: C'est toujours en dollars de 1978.
Mme Lavoie-Roux: Bien...
M. de Belleval: II ne faut pas oublier que, en dollars courants,
cela va se monter à S1 milliard.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. de Belleval: Même $1 200 000 000.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est cela qu'on avait estimé,
même en dollars courants de 1976, que c'était de l'ordre de $200
millions pour couvrir tout le monde. Je me demande si la décision du
gouvernement, à l'heure actuelle, qui dit: II y en a qui n'ont pas
été aussi... qui ne semblent pas avoir montré autant
d'ardeur ou n'ont pas fait autant de démarches... Finalement, c'est un
des principes sur lesquels vous vous basez pour décider de couvrir
seulement le quart parce que, au point de vue financier, c'est beaucoup moins
onéreux. L'autre raison dont vous parlez...
M. de Belleval: J'ai expliqué hier, dans mon
discours, qu'effectivement c'était un élément
d'ailleurs, c'est un élément du mandat même du
comité qui devait manoeuvrer, si je puis dire, entre deux contraintes:
assurer une retraite décente à des vieux serviteurs de l'Etat, si
je puis dire, et de la société québécoise et en
même temps tenir compte des coûts aux contribuables qui, eux,
souvent, ne bénéficient pas de régimes semblables.
Historiquement, la société québécoise s'est
comportée de la façon suivante: Avec l'accord de tout le monde,
les communautés, à même leurs revenus de tous ordres,
s'occupaient de leurs membres jusqu'à leur décès et l'Etat
s'occupait des autres. On n'a pas de dossier qui nous démontre
qu'actuellement on doive changer cette situation, compte tenu des coûts
qui sont impliqués. S'il faut changer cette situation qui a
existé jusqu'en 1965, comme je l'ai expliqué, et qui a
été confirmée par la loi de 1965 la loi de 1965 a
confirmé cet état de faits. La seule chose qu'elle n'a pas
confirmée, c'est le droit des anciens religieux... C'est dans ce sens
que cette loi était inique. Elle n'était pas inique dans le sens
qu'elle ne permettait pas aux religieux de faire compter leurs années
d'enseignement pour fins de pension; elle n'a jamais eu de critique de ce point
de vue, du moins pas en 1965 ou dans les années qui ont suivi. C'est du
côté des anciens religieux que le problème se posait.
Alors, je règle le problème des anciens religieux.
Maintenant, l'autre question est plus large. On est ouvert pour en
discuter avec les représentants dûment autorisés des
religieux ou même avec les membres de ces communautés,
individuellement. Mais là, on est dans une situation qui est un peu
ambiguë, vous allez l'admettre vous-même, je pense, en ce qui
concerne les membres des communautés. Hier, le député de
Roberval a très bien souligné la question, lui qui, par sa
profession, est à même de poser un jugement sur ces questions. Il
a bien démontré que, dans le cas d'un membre d'une
communauté religieuse, en général... Qui prendra la
décision de permettre le rachat des années d'enseignement, rachat
que prévoit obligatoirement le projet de loi? Est-ce que c'est le membre
individuellement ou la communauté? Est-ce qu'on se retrouvera dans des
situations assez disparates, selon qu'on est membre d'une communauté ou
d'une autre? A mon avis, il faut que le problème soit regardé
dans son ensemble, avec les communautés...
Mme Lavoie-Roux: Bien...
M. de Belleval: ... comme avec les membres individuellement.
Mme Lavoie-Roux:... je pense qu'on aurait pu au moins prendre le
temps de consulter les communautés religieuses.
M. de" Belleval: C'est ce qu'on a fait.
Mme Lavoie-Roux: Bien, vous avez consulté la CRC qui, me
dites-vous, est une espèce de comité ou de commission
consultative à la dispo- sition des différentes
communautés religieuses mais qui, en fait, n'a aucun mandat
exécutif. Alors, déjà, on peut se demander si cette
consultation était suffisante.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. de Belleval: Là-dessus, est-ce que je peux vous
répondre?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. de Belleval: Evidemment, la conférence participait au
comité ad hoc comme tel; donc, de ce point de vue, il y avait une forme
de consultation. Toutefois, à mon avis, cette forme de consultation
n'était pas suffisante, et j'aurais voulu pousser plus loin le dossier.
J'ai demandé aux fonctionnaires de faire des approches, il y a le
frère Labonté, qui participait au nom de la Conférence
religieuse canadienne, en lui faisant savoir que j'aimerais avoir un
complément d'information et de consultation directement avec les
communautés religieuses concernées.
Là-dessus, je dois dire que la réponse du frère
Labonté, officieuse, n'a pas été très
encourageante. Il nous a fait savoir qu'il ne voyait pas en quoi le ministre
avait à discuter des affaires internes des communautés, entre
autres, que la conférence canadienne, de toute façon, n'avait
qu'un caractère consultatif et que les communautés religieuses,
de toute façon, n'étaient pas toutes dans la même situation
sur le plan des richesses matérielles qu'elles pouvaient consacrer
à la protection, entre autres, de leurs membres âgés et
que, de ce point de vue, il ne semblait pas y avoir un appétit
très grand de la part des communautés de s'engager plus à
fond dans le dossier.
Dans ces circonstances, nous avons décidé de
procéder avec la question qui était urgente, qui était
cruciale, celle qui consistait à rétablir les droits des
ex-religieux tels qu'ils existaient avant 1965, et, pour le reste, de voir
ensuite avec les communautés ce qu'il y avait lieu de faire.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, je m'excuse de vous couper la parole. Je voudrais vous rappeler que
le mandat de la commission est d'étudier le projet de loi article par
article. Je sais ce que vous allez me dire, on tolère quand même
qu'on puisse regarder d'une façon générale le projet de
loi lors de l'étude du premier article, mais il ne faudrait pas, non
plus, en venir à étudier des détails d'autres articles du
projet de loi, ce qui fait qu'effectivement, nous contournons le
règlement.
Deuxièmement, je voudrais vous rappeler aussi que M. le
député de Laviolette a demandé la parole il y a de cela
assez longtemps; M. le député de Gaspé a fait de
même par la suite. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de faire
brièvement, si vous avez d'autres remarques générales, de
façon au moins à faire profiter du temps les autres
députés.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
vous dire que cette discussion au préalable, je pense, va enlever de la
discussion
aux autres articles. Si vous voulez qu'on procède autrement, je
peux à l'article I, faire de l'obstruction pendant 20 minutes et mon
collègue pendant 20 minutes et ainsi de suite, et à l'article 2,
et on va se rendre jusqu'à l'article 27 comme cela.
Si je pose ces questions, c'est qu'il n'y a pas eu de commission
parlementaire où les communautés religieuses auraient pu se faire
entendre. Je pense que c'est la seule occasion où on peut
éclairer points qui demeurent obscurs. Je n'ai pas l'impression que mes
questions ont eu pour effet de faire piétiner, j'ai voulu essayer
vraiment d'avoir l'éclaircissement nécessaire pourqu'on comprenne
ce qui s'est passé. C'est dans ce sens.
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
je pense que vous savez très bien que le président ne souhaite
jamais d'obstruction. Au contraire, il souhaite vraiment la collaboration de
tous les membres de cette commission. Si je vous ai fait la remarque, c'est
surtout pour insister sur le fait que d'autres députés ont
l'intention aussi de poser des questions d'ordre général. Comme
on en est à cette phase, je voudrais aussi pouvoir leur donner la
parole, quitte à revenir à votre tour, par la suite, si vous
tenez à compléter. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux poser encore deux petites
questions?
Le Président (M. Dussault): Oui, allez.
Mme Lavoie-Roux: Tout le monde est d'accord il faut
s'entendre là-dessus sur le fait de restituer aux ex-enseignants
les droits qui leur ont été enlevés en 1965; des
hypothèses, vous en avez fait une, je pourrais en faire d'autres, mais
comme ce n'est écrit nulle part, on reste au niveau des
hypothèses. Il reste que, néanmoins, je trouve que... le ministre
vient de nous dire: On a consulté M. Labonté, qui nous a
répondu d'une façon officieuse et c'est à travers une
organisation qui a un rôle consultatif alors, finalement, l'impression
qu'il me reste, c'est qu'on s'est dit: On coupe la poire en deux, même
pas en deux, on la coupe au quart. Au moins, on va résoudre
M. de Belleval: C'est une analogie; j'ai parlé de la vache
tantôt; là, vous parlez de la poire; mais je suis certain qu'il
n'y a rien de méchant dans tout cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez pris un quartier de la poire. Il reste
qu'il faut penser aussi que la situation des communautés religieuses a
changé; elle a changé depuis 1965 et c'est probablement aussi
à ce moment-là qu'a eu lieu ce revirement, parce que c'est
surtout depuis 1965 qu'on a assisté à un grand départ des
religieux qui étaient dans l'enseignement.
Dans les communautés religieuses, on le sait, la moyenne
d'âge à l'heure actuelle est de... Il y en a qui nous donnent 54
ans, cela peut varier; il y en a qui montent dans la soixantaine, etc. Il ne
faut pas oublier qu'un petit nombre de personnes sont obligées de
supporter l'ensemble de ces personnes qui ont vieilli et qui, souvent, n'ont
même pas occupé des fonctions d'enseignants; elles ont
occupé de multiples fonctions à l'intérieur de nos
institutions d'enseignement et sont maintenant supportées par les
autres.
Un deuxième point sur lequel je voudrais attirer l'attention du
ministre. Je me souviens, quand j'étais à la CECM, que j'ai fait
des démarches pour qu'on régularise cette situation tant pour les
ex-religieux que pour les religieux, pour la bonne raison qu'on retrouve
présentement, dans le système d'enseignement, des professeurs...
Vous avez dû recevoir, M. le ministre, un télégramme; je
pense que c'est la meilleure preuve que je puisse vous donner. Il y a quatre
professeurs d'Amqui, il y en a un qui dit avoir 42 ans d'enseignement; un autre
a 41 ans d'enseignement je le dis de mémoire il y en avait
peut-être un qui avait 44 ans; j'en connais qui ont 46 ans
d'enseignement. A ce moment-là, vous figez aussi le système
d'enseignement; ces gens disent: Si on se retire à ce moment-ci... on
n'a qu'un nombre X d'années calculées.
Comme vous ne pouvez obliger personne à prendre sa retraite,
à moins que la personne n'y consente, même après 35 ans
d'enseignement, alors que la majorité des enseignants, aujourd'hui,
peuvent se retirer après 35 ans d'enseignement, avec même une
année de préretraite maintenant, vous retrouvez un certain nombre
de ces enseignants qui sont rendus à au-delà de 40 ans
d'enseignement. Je pense qu'ils auraient souhaité que leur situation se
trouve un peu régularisée ou pensé que les
problèmes auraient été moins complexes si on les avait
inclus dans ce projet de loi. C'est tout ce que je vais dire à ce
moment-ci, mais mon impression demeure que le gouvernement a dit: Cela va nous
coûter seulement $50 millions. Je regrette que vous présentiez ce
projet de loi le 6 juin, même après les délais
prévus, et qu'il faille l'adopter pour le 12 ou pour le 25, en mettant
les dates les plus tardives possible. Je suis loin de penser que l'attitude du
gouvernement en soit une de parfaite transparence dans tout ce dossier.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Laviolette, je crois que, comme on en est aux remarques
générales, je ne me sens pas lié par le tour de parole
spécifique habituel. Je vous laisse le soin de décider
vous-même.
M. Jolivet: II y a seulement une chose que je voudrais rappeler
à Mme le député de L'Acadie, quand elle dit que le
ministre a présenté le projet de loi après les
délais. Je m'excuse, mais il a été présenté
dans les délais, après entente, à cause d'une
difficulté au niveau de l'impression. Ce n'est pas vrai de dire qu'il a
été présenté après les délais; il a
été présenté dans les délais, avant la date
limite pour la présentation des projets de loi.
Mme Lavoie-Roux: On l'a présenté à la date
limite.
M. Jolivet: II y a une différence entre après les
délais et la date limite.
Mme Lavoie-Roux: J'avais oublié qu'il y avait eu cette
difficulté d'impression.
M. Jolivet: Quand je regarde tout le dossier, ayant eu à
travailler au niveau du syndicat d'enseignants sur la question des ex-religieux
et des religieux eux-mêmes, il y a des questions, quand même, que
je me pose, face à l'intervention faite par les représentants de
l'Opposition actuellement, sur la question des religieux encore en place. On
parle de réparer ante une erreur qui, d'après moi, a
été une injustice créée par le projet de loi de
l'époque envers les ex-religieux, mais non pas envers les religieux. Je
vais employer le terme "religieux" pour tout englober ce qu'on entend.
C'est un contrat qui existait à l'époque, faisant en sorte
que les communautés religieuses étaient exclues de beaucoup de
choses au niveau des paiements qu'elles devaient faire à la
société québécoise, pour des raisons diverses, que
ce soit parce qu'on avait, à l'époque, dit que les
communautés religieuses, par les salaires, payaient chacun des
individus, payaient le loyer des écoles dans lesquelles elles
étaient, des écoles qui é-taient, à
l'époque, leurs propriétés, mais qui sont devenues ensuite
propriétés de l'Etat ou de commissions scolaires.
Il reste que ce qu'on prépare par le projet de loi, c'est ce qui
a existé comme iniquités envers les ex-religieux. Quant aux
religieux eux-mêmes, on dit qu'il y a eu, depuis 1965, beaucoup de choses
de changées. C'est réel qu'au niveau des communautés
religieuses, il y a eu un exode qui fait qu'on en arrive avec des gens plus
âgés à l'intérieur des communautés
religieuses; mais il ne faut pas remonter très loin pour se rappeler des
choses qui se sont passées dans les communautés religieuses et
qui font que, d'elles-mêmes, elles s'excluent des possibilités
offertes par l'Etat. Je tiens pour acquis, d'abord, le RREGOP lui-même.
Tout individu, au moment où le RREGOP a été
installé, avait le droit de racheter des années. Qu'il soit un
ex-religieux ou un laïc en fonction, il avait des droits de rachat. (12 h
15)
Pourquoi les communautés religieuses ont-elle refusé que
les individus eux-mêmes le fassent? Parce qu'elles s'étaient
donné des fonds de pension. Quand on dit qu'ils sont encore dans
l'enseignement après 42, 46 ou 48 ans, il faut cependant convenir d'une
chose: S'ils avaient eu certains droits de rachat et qu'ils les aient
utilisés à l'époque du RREGOP, on ne les aurait
peut-être pas dans l'enseignement aujourd'hui de la façon qu'on
les a.
Les communautés religieuses se sont formé
elles-mêmes des fonds de pension pour se préserver pour le futur.
Elles l'ont désiré; j'ai vu des enseignants religieux qui
auraient voulu racheter, mais qui n'ont pu le faire parce que la
communauté ne le voulait pas. Il ne faut pas oublier cela non plus. Il
ne faut pas plus oublier une chose, qui n'a peut-être pas trait au projet
de loi lui-même, mais qui a trait à la pensée même
des communautés religieuses. J'ai fait une vérification pour
être bien sûr de ce que j'avancerai, parce qu'il y a des gens
autour de moi qui ne croyaient pas ce que je disais. Je suis allé faire
tout à l'heure une vérification précise sur la question de
l'assurance-chômage.
Comme enseignant laïc, père de 4 enfants, je paie de
l'assurance-chômage en sachant très bien qu'il est fort possible,
avec la sécurité d'emploi que j'ai actuellement dans le
système de l'enseignement, que je n'en retire jamais, presque jamais.
Pourquoi? Parce que la société s'est donné un
régime d'assurance-chômage pour l'ensemble de la
société québécoise en disant que ceux qui n'en
profitaient pas en faisaient profiter les autres. Souvenez-vous d'une chose,
par exemple: Les communautés religieuses s'en sont exclues parce que
dans la loi de l'assurance-chômage on les considère comme clercs.
Les frères et les soeurs ne paient aucun montant
d'assurance-chômage.
Je trouve drôle qu'on dise maintenant: Les communautés
religieuses vont profiter de tout ce que l'Etat leur permet à cause du
système dans lequel ils sont clercs. D'un autre côté, il
faudrait tout leur donner, ne sachant pas ce qu'elles sont prêtes
à y mettre. Je suis d'accord pour que les communautés religieuses
viennent discuter du problème, mais elles vont y mettre aussi du leur.
Ce n'est pas tout que l'individu lui-même y participe; il faut que les
communautés religieuses aussi y participent. Cela m'insulte d'une
certaine façon... Hier soir j'ai entendu un discours d'un
représentant du Parti libéral, ici en face de moi, le
député de Jacques-Cartier, sur l'argent qu'on a mis pour essayer
de sauvegarder les emplois et même d'en créer d'autres, comme on
l'a fait pour Tricofil. On a fait en sorte que des gens ne soient ni sur
l'assurance-chômage, payée par l'ensemble des gens d'ici, ni
bénéficiaires de l'aide sociale. On a permis que des gens
essaient des formules nouvelles. On s'est exclamé, du côté
du Parti libéral, que l'on avait, comme gouvernement, essayé de
sauver du monde de l'ensemble de l'assurance-chômage et du
bien-être social. Que je sache, il n'y a pas de communautés
religieuses qui, actuellement, bénéficient de l'aide
sociale...
M. Saint-Germain: ...
M. Jolivet: C'est directement dans le sujet.
M. Saint-Germain: Je n'ai aucune objection à changer le
débat.
M. Jolivet: Ce n'est pas la question de changer de débat,
M. le député de Jacques-Cartier. Vous avez parlé, vous
aviez le droit de parole, laissez-moi parler. C'est rare que je prends la
parole ici, mais il y a quand même quelque chose qui
m'intéresse.
M. Saint-Germain: Entre Tricofil et les communautés
religieuses, je ne vois pas le joint.
M. Jolivet: Vous ne voyez pas le joint.
Le Président (M. Dussault): M. le député
de
Jacques-Cartier, j'ai vu que M. le député de Laviolette
faisait une analogie pour faire comprendre ses propos et je pense qu'elle
était pertinente.
M. Jolivet: Entre des millions mis dans Tricofil pour permettre
à des gens de rester au travail dans des circonstances tout à
fait normales par rapport à plus de $160 millions qu'il faudrait mettre
pour les religieux qui, eux-mêmes, dans certaines circonstances, au
niveau du RREGOP ou d'autres systèmes, en sont
délibérément sortis, je me demande qu'est-ce qu'on a
envers les communautés religieuses, si elles ne sont pas prêtes
à faire le pas.
M. Saint-Germain: Peut-être que les millions qui ont
été investis dans les communautés religieuses, à
long terme, ont produit plus que les millions investis dans Tricofil.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous me permettez une question?
Est-ce qu'elles ont toutes refusé le RREGOP, les communautés
religieuses?
M. Jolivet: La majorité des communautés religieuses
se sont refusées au RREGOP, parce qu'elles se sont formé
elles-mêmes des fonds de pension.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez des chiffres
là-dessus?
M. Jolivet: Dans mon coin, chez nous, ils sont tous en dehors du
RREGOP, les religieux et les religieuses. Au niveau de
i'assurance-chômage, j'étais responsable du système, elles
ont elles-mêmes demandé au bureau de I'assurance-chômage
fédéral d'être exclues, parce qu'elles étaient
considérées comme clercs à l'intérieur du
système.
Quand on vient, après cela, dire qu'on veut réparer une
erreur causée par le gouvernement par une loi de 1965, je suis tout
à fait d'accord avec cela; je vais me battre et je suis bien content que
le projet de loi le corrige. Mais qu'on vienne corriger une erreur, je
n'appellerais pas cela une erreur, mais une erreur des communautés
religieuses qu'on peut considérer après coup, qui, à
l'époque d'avant 1965, s'étaient dit: Nous, on s'occupe de nos
gens. On en a vu des cas. J'ai vu des gens, chez moi, dans mon bureau, à
54 ans, venir brailler sur des causes parce qu'ils venaient de sortir des
communautés religieuses et qu'au bout de la course, ils n'avaient pas
grand-chose entre les mains pour vivre; actuellement, ils sont rendus à
l'âge de la retraite et de la préretraite. Je suis allé
discuter d'un cas encore la semaine dernière, relativement au projet de
loi no 60, avec le responsable du syndicat chez nous. Je vous dis que ce n'est
pas un cadeau de voir comment la communauté religieuse a placé
des ex-religieux dans des circonstances où ils sont vraiment au seuil de
la pauvreté, dans certains cas.
Quand on parle du minimum du régime de retraite des enseignants,
dans ce contexte, je dis: Nous avons une porte ouverte, que les
communautés religieuses viennent discuter du problème avec le
gouvernement; j'en suis, mais on ne me fera pas croire qu'on va le
régler sans qu'elles mettent aussi une main dans leurs poches. Dans le
montant de $160 millions, par rapport aux $4 millions que nous avons mis dans
Tricofil, il y a une différence de montants d'argent qui fait en sorte
que c'est plus profitable dans un cas que dans l'autre.
Ce sont des choix que nous avons faits et je pense qu'à ce
niveau, nous n'avons pas à être mécontents du projet de
loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, il est bien évident
que le projet de loi vise d'abord à rendre justice aux ex-religieux
enseignants. Depuis treize ans, ils ont fait des pressions. Ils ont
défendu leur cause. Quand j'ai pris la parole, hier soir, à
l'Assemblée nationale, évidemment, je ne voulais pas exclure les
droits, les revendications légitimes qui parviennent de ce groupe. Tout
de même, en me basant sur le comité ad hoc, où on avait
discuté du cas des religieux actuels, à ce moment, je me posais
la question. Le ministre a apporté certaines explications. Le
député de Laviolette en apporte d'autres. Il y a un certain point
qui semble un peu discriminatoire et je crois l'avoir mentionné. C'est
que les religieux actuels se considèrent un peu comme des personnes de
seconde zone. Ils ne deviendront respectables, à leur point de vue, que
le jour où ils auront quitté leur communauté. C'est une
impression que je ne partage peut-être pas, mais, s'ils sont
délaissés par la loi actuelle, cela créera certainement
des problèmes.
Je sais qu'au Hilton, le 12 novembre 1977, le ministre a
rencontré un groupe minoritaire d'ex-religieux qui avaient...
M. de Belleval: Un groupe représentatif.
M. Le Moignan: Je veux dire qu'ils n'étaient pas nombreux.
Le ministre avait dit je résume un peu ma pensée il
est impensable de faire une loi pour un groupe de citoyens tout en le niant
à un autre groupe. Je comprends votre point de vue. Vous dites que les
autres communautés ne vous ont pas approché, qu'elles n'ont pas
fait d'instances, mais je prends ici un bulletin de l'Association des
religieuses enseignantes du Québec qui, le 25 mars 1971,
présentait un mémoire à M. Robert Bourassa, premier
ministre. Je vous fais simplement un abrégé: Nous avons l'honneur
de vous présenter aujourd'hui un bref mémoire relatif au rachat
d'années de services pour le personnel enseignant religieux; donc, les
religieux toujours enseignants, pas les ex. Nous avons divisé ce
mémoire en deux parties: premièrement, demande de rachat
d'années de services; deuxièmement, catégorie de
religieuses, bénéficiaires éventuelles.
Dans ce mémoire, ce groupe, qui représente
l'Association des religieuses enseignantes, voulait justement racheter
un certain nombre d'années de services, années antérieures
à 1965. Je ne sais pas quelles ont été les conclusions de
ces négociations, mais il reste que ce groupe assez nombreux, qui
représentait une association, voulait apporter sa contribution et
racheter des années. On donnait certains arguments, comme la question de
salaire que j'ai évoquée hier, où le salaire des
religieuses représentait 55%, 60% et 65% du traitement de l'institutrice
laïque. Il est vrai qu'elles ne payaient pas d'impôt
fédéral, pas d'impôt provincial, qu'elles n'avaient pas de
retenues syndicales; j'admets tout cela, mais il y avait tout de même une
compensation.
On voulait que le gouvernement étudie la situation et leur
permette d'entrer dans les régimes de pension. Je ne sais pas du tout
quelles ont été les conclusions, à ce moment, mais une
chose est certaine: II y a beaucoup de communautés religieuses qui,
depuis des années, voulaient apporter leur contribution, voulaient faire
partie du régime. Il y a eu, récemment, un certain document
provenant de la CEQ qui invite ses membres à ne pas passer au RREGOP,
une circulaire qui a été envoyée au mois de mai.
M. Jolivet: C'est parce qu'on attendait ce projet de loi.
M. Le Moignan: Si on attendait le projet de loi, très
bien. Quand on considère l'ensemble, on parle de religieux,
d'ex-religieux enseignants, on veut leur rendre justice, je suis d'accord, mais
je crois qu'il faudrait aussi considérer, avec le temps, d'ouvrir la
porte aux autres communautés, parce que, individuellement, beaucoup de
sujets se sentent lésés dans leur fierté, dans leur
honneur, parce qu'ils ont tout de même leur dignité de citoyen et
ils se sentent brimés là-dedans.
Il y a plusieurs communautés religieuses qui seraient
prêtes à venir discuter. Si elles ne l'ont pas fait, je n'ai pas
à les juger, je n'ai pas à juger ce qui s'est passé
là, et, quand on parle de communautés, j'ai mentionné hier
le clergé séculier. On mentionne dans la loi ceux qui ont
appartenu au clergé séculier, mais il y a des prêtres
séculiers qui enseignent actuellement dans les CEGEP, dans les
polyvalentes ou ailleurs, et qui ont enseigné anciennement.
M. Monfette pourrait peut-être nous dire tout à l'heure, je
n'ai pas de statistiques, si le clergé séculier représente
actuellement un fort contingent. Je serais porté à croire que
c'est un montant pas tellement élevé. Pour le clergé
séculier, c'est peut-être différent des communautés,
parce que ceux qui enseignent actuellement agissent à titre
peut-être plus individuel, même s'ils ont un supérieur dans
le collège, que ce soit le séminaire de Québec ou le
collège de Lévis; si un professeur décide de racheter ses
années antérieures, il le fait de son propre pouvoir; à ce
moment-là, je pense qu'il est en état de payer une contribution
beaucoup plus forte pour ses années de rachat. Ce qui veut dire que le
gouvernement aura moins à débourser quand il s'agit d'un
prêtre séculier qui demeure toujours prêtre
séculier.
Je ne sais pas si le ministre comprend bien ce que je veux dire, parce
que je ne sais pas si c'est basé sur une quote-part que les
communautés devront verser, que les individus dans les
communautés devront verser, ou encore ce qu'un prêtre
séculier lui-même, en raison des états de service qu'il a
donnés dans le passé, soit dans la pastorale paroissiale, soit
dans l'enseignement dans un collège privé qui est devenu CEGEP ou
d'autre chose après coup, je crois qu'il y aurait quelque chose à
considérer, et, à ce point de vue, ce sera très facile de
vérifier, de faire un petit changement dans votre loi: "Les membres du
clergé séculier qui ont appartenu et qui appartiennent encore au
clergé séculier", et je crois qu'à ce moment, ce point
pourrait être réglé, parce qu'on n'a pas à aller
consulter l'ensemble des évêques; chaque prêtre
séculier pourrait décider lui-même de son avenir ou de son
passé, relativement à la pension.
C'est ce que je voulais dire pour le moment; je ne veux pas ajouter aux
remarques générales, parce que je sais qu'au séminaire de
Québec, les laïcs font partie du RREGOP et paient eux-mêmes,
je crois, leur contribution; ce n'est pas le séminaire de Québec.
Les prêtres séculiers du séminaire de Québec, je
crois, ne sont pas dans le RREGOP. Je n'ai pas d'information précise...
ou ils sont peut-être dans le RREGOP également?
M. de Belleval: S'ils enseignent, ils sont dans le RREGOP.
M. Le Moignan: S'ils enseignent, ils sont dans le RREGOP. Donc,
ces prêtres, on pourrait leur offrir la même possibilité de
racheter des années antérieures. C'est pour cela que j'aimerais
avoir des éclaircissements sur ce point.
M. Jolivet: C'est la même chose pour les femmes qui ont
quitté l'enseignement pour accoucher d'un enfant, et vous allez voir que
le problème va être vaste. Quand vous vous présentez pour
un groupe en particulier, vous vous présentez pour l'ensemble ou vous ne
vous présentez pas du tout, parce que c'est tout l'ensemble des
questions qui peuvent se poser.
M. Le Moignan: Si je mentionne les prêtres
séculiers, c'est parce que c'est un groupe assez minime, je
croirais.
M. Jolivet: Je le sais, mais c'est parce que votre
problème, c'est un problème pour l'ensemble, ce n'est pas
seulement pour un petit groupe.
M. de Belleval: M. le député de Gaspé, pour
terminer là-dessus, parce qu'il faudrait commencer article par article,
il faut regarder le problème des religieux dans son ensemble, que ce
soit des prêtres séculiers, des prêtres en
communauté, des religieuses en communauté ou des frères
enseignants en communauté. (12 h 30)
Un dernier mot pour conclure là-dessus, M. le Président,
je pense qu'il faut quand même être logique de la part des
communautés.
Elles ne peuvent pas dire d'un côté: Nous, on n'a aucune
obligation envers nos ex-membres, donc on n'a pas besoin de racheter d'aucune
façon, de participer d'aucune façon au rachat de leurs
années d'enseignement comme religieux, et en même temps dire: Que
l'Etat s'occupe de cela, ou que les religieux s'en occupent, ou que l'Etat s'en
occupe, et on voit qu'actuellement, avec ce projet de loi, c'est l'Etat qui
s'en occupe.
Sur les $50 millions, il y a à peine $1 ou $2 millions qui sont
fournis par les membres concernés eux-mêmes; le reste est fourni
par l'ensemble de la société québécoise. Je ne veux
pas revenir sur la situation de la société
québécoise dans son ensemble, en matière de fonds de
retraite et en même temps dire: Que l'Etat paie pour les "ex" et qu'il
paie maintenant aussi pour les religieux alors que dans le système qui
fonctionnait avant, c'était la société, dans son ensemble,
qui s'y employait. Les communautés ne sont pas toutes dans la même
situation, il se peut qu'il y en ait qui soient dans des situations difficiles.
On est d'accord pour regarder cela avec elles, sur une base individuelle, sur
une base de groupe, et voir ce qu'on pourra faire.
M. Jolivet: II y a une autre question qui va surgir aussi, pour
les communautés religieuses, concernant le droit qu'elles ont, les
obligations qu'elles avaient quand elles avaient des missionnaires à
l'extérieur. Il ne faut pas oublier tout ce problème. C'est pour
cela qu'il faut regarder cela bien à fond avant de dire une chose, parce
que cela implique que des gens qui auraient enseigné pendant des
années au Japon, en Afrique ou ailleurs auraient certains droits.
M. Le Moignan: C'est mentionné dans le préambule de
l'article de la loi.
M. Jolivet: Oui.
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je me permets de
vous rappeler que nos travaux doivent se terminer à 13 h et il est 12 h
31, donc il reste encore 29 minutes de travail. M. le député de
l'Abitibi-Ouest m'a demandé la parole et M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Gendron: Je vais essayer d'être très rapide, M.
le Président, parce que je suis tout à fait d'accord avec vous
que le mandat de la commission n'est pas de reprendre le débat qui a eu
lieu en deuxième lecture mais de tenter d'analyser le projet de loi
article par article. Alors rapidement, je peux dire que j'ai eu l'occasion de
travailler sur ce comité. J'ai devant moi un certain document qui a
été produit par la Conférence religieuse canadienne
où on fait les distinctions entre... le document s'intitule comme suit:
"Les communau- tés et la protection de leurs membres à la
retraite". Elles-mêmes disaient: II faut faire une distinction entre les
membres actuels et les ex-membres et on allait jusqu'à mentionner qu'il
était évident pour elles que les communautés ont le devoir
d'assurer une retraite décente à leurs membres; cependant, elles
ajoutaient: Cela n'enlève pas du tout l'obligation pour l'Etat de
pourvoir lui aussi, dans la même mesure où il le fait pour les
autres citoyens.
Ce que je veux signaler, dans une recommandation très
générale, c'est que c'est quand même à partir
d'elles qui font une série de nuances entre ceux qui sont membres des
communautés et ceux qui sont ex-religieux et tout cela peut-être
pour faire la considération générale... Il
m'apparaît que dans ce projet de loi, là où on était
prêt à intervenir parce qu'il y avait vraiment une injustice
à corriger, c'était pour les ex-religieux qui n'ont pas pu
contribuer au régime.
Je suis tout à fait d'accord, comme M. le député de
Gaspé l'a mentionné, avec le principe d'ouvrir la porte,
éventuellement, pour donner, dans un projet de loi, une protection de
retraite aux membres des communautés, cela doit être hautement
considéré par un gouvernement responsable, c'est une
responsabilité. Je ne pense pas qu'il faille le faire sans
considération plus poussée, plus avancée, dans des modes
de participation partagés, parce qu'à ce que je sache,
l'état des communautés n'est pas le même partout et il est
clair que lorsqu'on dit dans les documents officiels, lorsqu'elles-mêmes
admettent qu'elles ont le devoir d'accepter une certaine responsabilité
pour assurer une retraite convenable à leurs membres, à ce
moment-là, il y aurait lieu de discuter quelle sera la part
gouvernementale et en même temps, peut-être, revoir le fait
qu'elles se dissocient rapidement de la responsabilité qu'elles
pourraient avoir au niveau d'une certaine participation financière pour
leurs ex-membres.
Je me dis que la porte est ouverte et qu'il y a véritablement une
volonté manifeste de revoir toute cette question, mais ce n'est pas de
vouloir volontairement créer deux classes de citoyens en
prétendant qu'aujourd'hui, le projet s'applique uniquement aux
ex-religieux; c'est tout simplement pour dire qu'il y a lieu de statuer sur un
problème qui était devenu urgent et qui m'apparaît
très clair pour les ex-religieux, mais qui l'est beaucoup moins pour
ceux qui sont encore en communauté.
Je serais toujours très intéressé et toujours
très ouvert à regarder cela d'une façon plus
poussée pour établir des mécanismes de collaboration, pour
ne pas faire absorber, à même les fonds publics, des coûts
monétaires quand même passablement élevés, alors
qu'on sait que ces mêmes communautés ont été quand
même souvent exclues de certaines participations à des avantages
sociaux pour une société avancée. C'était la
remarque générale que je voulais faire.
Le Président (M. Dussault): Je rappelle à nouveau
que nos travaux se terminent à 13 heures. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ce qui me surprend dans toutes ces discussions,
M. le Président, c'est qu'on semble mêler je ne sais pas si
on le fait sciemment communautés religieuses et individus. Le
régime qu'on étudie présentement n'est pas un
régime de retraite pour communautés religieuses ou associations
quelles qu'elles soient, c'est un régime pour individus. Pour chaque
citoyen, c'est un régime absolument individuel. Ceux qui, pendant
longtemps, ont enseigné à l'intérieur d'une
communauté religieuse l'ont fait en toute liberté et de plein
droit, et cette liberté existe autant pour les ex-religieux que pour
ceux qui enseignent présentement à l'intérieur comme
membres d'une communauté. Ceux qui ont accepté pendant des
années d'oeuvrer à l'intérieur de la communauté et
d'enseigner à la population et qui ont décidé, soit au
niveau communautaire ou au niveau individuel, de ne pas faire partie du
régime des rentes, avaient le droit de le faire. L'Etat l'a reconnu.
Aujourd'hui, celui qui sort de la communauté n'a aucun droit d'avoir un
régime de retraite qui inclut les années où il a
oeuvré à l'intérieur de la communauté. Il n'a
tellement pas ce droit qu'on est obligé de légiférer pour
lui donner ce droit. Je ne dis pas que l'Etat est injuste envers l'ensemble de
la communauté du Québec, mais il reste qu'en fait l'Etat est
obligé de légiférer pour redonner aux individus des droits
qu'eux-mêmes s'étaient refusés dans le passé.
L'Etat doit s'adresser aux citoyens, doit respecter les décisions
des citoyens. Et cette loi en particulier s'adresse aux citoyens, non pas aux
communautés. Pour quelle raison, par quel principe l'Etat va-t-il faire
une différence et va-t-il donner des droits à celui qui sort de
la communauté, il le fait librement, et refuser ces mêmes droits
à ceux qui veulent oeuvrer encore à l'intérieur de leur
communauté? C'est encore un droit qui appartient à ces
gens-là. Pour quelle raison l'Etat fait-il une différence?
M. de Belleval: Cela a toujours été comme cela, M.
le député. Voyons donc! On peut bien se mettre la tête dans
le sable et faire semblant que les communautés n'existent pas, que les
membres des communautés sont des citoyens comme tout le monde, mais, au
fond, c'est ce qu'on fait.
M. Saint-Germain: Dire que cela a toujours été
comme cela, c'est une fausse affirmation. Le Québec a
évolué depuis 1960 et le ministre s'est d'ailleurs servi de cette
évolution pour justifier son projet de loi. Cela a toujours
été de cette façon dans le passé, mais c'est loin
d'être comme cela aujourd'hui.
M. de Belleval: II faut regarder les choses en face.
M. Saint-Germain: Alors, c'est justement ce qu'il faut faire. Il
faut les regarder en face.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Saint-Germain: II ne faut surtout pas faire de discrimination
parmi les citoyens. Vous avez dit qu'en 1965 on était revenu en
arrière, qu'on avait enlevé certains droits à certains
citoyens pour les inciter à rester en communauté.
M. de Belleval: C'est une rumeur.
M. Saint-Germain: C'est une hypothèse. C'est
peut-être une hypothèse très plausible aussi, mais
c'était une hypothèse absolument injuste, une hypothèse
qu'on n'aurait pas dû faire en toute justice.
M. de Belleval: Ce qu'on n'aurait pas dû faire, ce n'est
pas une hypothèse; c'est...
M. Saint-Germain: On aurait dû, à ce stade,...
M. de Belleval: C'est la loi qu'on n'aurait pas dû
faire.
M. Saint-Germain: ... respecter... M. de Belleval: Bon! On
y va!
M. Saint-Germain: ... les libertés et les décisions
individuelles de chaque citoyen. Pourquoi, maintenant, faites-vous une
différence de traitement et par la loi entre celui qui décide de
rester en communauté et celui qui décide de s'en retirer? Je
crois que le gouvernement n'a pas le droit de faire cela. Si cette loi, pour
être juste, devait s'adresser à tous les membres des
communautés, qu'ils soient ex-membres ou membres actuels, il serait
beaucoup plus logique de laisser les communautés décider
d'elles-mêmes si elles doivent faire partie du régime ou
s'abstenir, et laisser...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... aux individus...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jacques-Cartier, je m'excuse, mais
nous prenons un temps extrêmement précieux pour revenir sur des
questions qui relevaient de débats antérieurs à cette
commission et je dois vous amener le plus tôt possible à vous en
tenir à l'article 1. A la rigueur, on s'en tenait à l'article
2.
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement...
Le Président (M. Dussault):... dans le sens de la section
I, mais, au forçail... Oui, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... Il est de tradition au début de
l'étude d'un projet de loi article par article, de laisser aux
députés et surtout à ceux
de l'Opposition la liberté de faire des déclarations comme
celles que je fais présentement. On le fait traditionnellement depuis
des années que je suis ici, depuis des années que cela se fait.
J'aimerais bien, simplement, exiger de vous de protéger mon droit de
parole. J'ai le droit de parler et je parle, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: ... et si vous voulez avoir nos
déductions positives et constructives, alors, je vous en prie,
laissez-moi parler, parce que vous n'en êtes pas sortis, je vous en
garantis.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre! M. le
député de Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: Je vais parler ici quand j'en aurai le droit,
M. le Président.
Le Président (M. Dussault): ... je sais, M. le
député de Jacques-Cartier, à quoi vous faites allusion. Je
connais vos performances, parce que vous ne me cacherez rien dans ce
domaine...
M. Jolivet:... vous êtes capable de parler vingt minutes
pour rien.
Le Président (M. Dussault): ...je tiens à
interpréter les habitudes...
M. Saint-Germain: ... même sans parler de Tricofil,
à part cela...
Le Président (M. Dussault):... M. le député
de Jacques-Cartier, je vous parlais...
M. Jolivet: ... c'est rare...
Le Président (M. Dussault): ... je tiens à
interpréter l'habitude que nous avons de tolérer les discussions,
non pas pour revenir sur les principes mêmes qui ont été
discutés en deuxième lecture, mais pour s'expliquer davantage le
contenu du projet de loi tel qu'il a été accepté dans ses
principes. C'est dans ce sens-là que je vous demande, M. le
député de Jacques-Cartier, de revenir à la pertinence du
débat pour faire en sorte que le temps qui nous est précieux
puisse être utilisé vraiment aux fins pour lesquelles la
commission a été mandatée par l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire étudier article par article le projet de
loi no 60.
M. Saint-Germain: M. le Président, ce que je dis en ce
moment...
Le Président (M. Dussault): ...je vous demanderais donc,
brièvement, de conclure vos propos.
M. Jolivet: M. le Président...
M. Saint-Germain: ... n'a jamais été dit et c'est
un point de vue; c'est mon point de vue, c'est ma façon de voir les
choses et je veux en informer le ministre. C est mon droit.
M. Jolivet: M. le député, me permettez-vous,
à la fin de votre intervention, de vous poser une question?
M. Saint-Germain: Moi, monsieur, je n'ai jamais enlevé le
droit de parole à qui que ce soit.
M. Jolivet: A la fin, je vous poserai une question.
M. Saint-Germain: Vous pourrez parler autant que vous le
voudrez.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que je peux compter que
vous allez conclure, M. le député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Laissez-moi parler, M. le Président.
Est-ce que je peux conclure? Vous allez me laisser la paix à un moment
donné.
M. Jolivet: Pas de menaces, pas de menaces. C est impoli, ce
n'est même pas parlementaire.
M. Saint-Germain: Je me demande pour quelle raison...
Mme Lavoie-Roux: Quand même, n exagérez pas, il n a
pas fait de menaces.
M. Saint-Germain: Je disais que cette loi.. M. Jolivet:
Laissez-moi parler. Mme Lavoie-Roux: ... S'il demande son droit.
M. Saint-Germain: ... ne devrait pas...
Mme Lavoie-Roux: Bien, à un moment donné...
M. Saint-Germain: ... ne s'adresse pas aux communautés, ne
devrait pas s'adresser aux communautés. Elle doit s'adresser à
des citoyens et c est à ce titre qu'elle peut être juste ou
injuste. Pourquoi ne pas laisser aux membres des communautés actuelles
le libre choix de s'inscrire au régime de rentes ou de le refuser? Cette
décision, quelle soit collective ou personnelle, ne nous regarde pas
à titre de législateurs et de gouvernement. Les gens ont le droit
de refuser de s'inscrire à un tel régime et ont aussi le droit
strict de se soumettre aux ordres, à la philosophie, à la
façon de vivre de leur communauté. Ce sont des droits qui leur
appartiennent, comme individus.
Mais, dans cette loi, il me semble certain, il me semble clair qu'on
donne des droits à ceux qui sortent de communauté qui sont
différents des droits de ceux qui y demeurent. Je crois que c est un
précédent dangereux.
M. de Belleval: C'est comme cela. Cela a toujours
été comme cela; toute la société
québé-
coise a fonctionné comme cela pendant des années. Je suis
d'accord qu'on change cela, mais il faut le regarder en face, il ne faut pas
faire semblant qu'on peut régler cela d'un trait de plume.
M. Saint-Germain: C'est ce que je fais, je regarde les choses
bien en face.
M. de Belleval: Parce qu'en fait, ce n'est pas
réglé d'un trait de plume.
M. Saint-Germain: On ne vit pas dans un régime de 20 ans
passé, ni de 40 ans passé.
M. de Belleval: Alors, il faut donc l'examiner.
M. Saint-Germain: Ceux qui, aujourd'hui, restent en
communauté, y demeurent, et ceux qui laissent la communauté, ils
le font aujourd'hui...
M. de Belleval: J'ai compris votre point de vue.
M. Saint-Germain: ... dans le contexte d'aujourd'hui.
M. de Belleval: D'accord.
M. Saint-Germain: Si vous voulez faire l'analyse des
années passées, au point de vue de la vie communautaire, vous
allez vite vous apercevoir qu'il y a des gens qui vivent encore aujourd'hui
dans les communautés et qui ont enseigné pendant des
années au Québec pour une pitance, pour une pitance, et dans des
conditions extrêmement difficiles.
M. de Belleval: Personne ne nie cela. M. Jolivet: C'est
vrai. M. le Président...
M. Saint-Germain: Alors, pourquoi voulez-vous refuser des droits
à ces gens?
M. de Belleval: On ne les leur refuse pas...
M. Saint-Germain: Parce qu'ils sont restés en
communauté? (12 h 45)
M. de Belleval: On ne les leur refuse pas, on a dit qu'on
était ouvert à discuter du dossier avec les gens
intéressés.
M. Saint-Germain: Vous faites une loi aujourd'hui, comme cette
loi, et vous excluez tout un secteur de la population. Quand aurons-nous
l'avantage d'étudier une autre loi qui s'adressera à toute la
communauté? Vous savez pertinemment, M. le ministre, que cela peut
être remis aux "galères " grecques ou dans dix ou quinze ans.
M. Jolivet: Aux calendes...
M. Saint-Germain: Surtout qu'il y a des moti- vations, pour un
gouvernement, à garder cela lettre morte. Du moment qu'il va bouger, il
y a plusieurs centaines de millions qui peuvent être
dépensés, que l'Etat va être obligé d'investir.
Alors, la motivation pour un gouvernement de garder le statu quo de cette loi
va être très forte, surtout dans le contexte économique et
financier, dit-on, dans lequel on vit actuellement. Ce sont là des
injustices qui perdureront.
M. de Belleval: D'accord.
M. Jolivet: M. le Président, puisqu'il m'avait permis une
question à la fin de son intervention...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: En tenant compte de la philosophie actuelle des
communautés religieuses, des droits de chaque personne, vous allez
m'expliquer ce qui va arriver à un enseignant qui, demain matin, perd
son job parce qu'il n'a plus d'emploi. La communauté religieuse a
décidé pour tout l'ensemble des individus qu'ils ne payaieront
pas d'assurance-chômage. Expliquez-moi ce que vous venez de me dire au
niveau de la philosophie des communautés religieuses, du droit
individuel de la personne. La personne n'a rien.
M. Saint-Germain: Je ne vous expliquerai pas, M. le
Président, la philosophie des communautés religieuses, cela ne me
regarde pas. Elles sont libres d'avoir la philosophie qu'elles croient la
meilleure.
M. Jolivet: C'est exactement ce qu'il y a dedans.
M. Saint-Germain: Je ne suis pas un spécialiste de cette
question. Cela revient à l'argument que je défendais. Au lieu de
penser au niveau des individus, on raisonne au niveau des communautés.
Le régime de retraite n'est pas payé à la
communauté, il est payé à des individus, citoyens du
Québec.
M. Jolivet: Qui va payer, par exemple, à la place de la
communauté religieuse qui n'a pas payé l'assurance-chômage?
C'est l'individu, parce que la communauté l'a décidé ainsi
et non pas l'individu, n'oubliez pas cela. Et cela, c'est en 1978.
M. Saint-Germain: C'est par cette loi qu'on paie, à des
individus qui ont librement choisi de vivre en communauté, qui ont
librement choisi de ne pas s'inscrire au régime de retraite...
M. Jolivet: C'est la société qui va les faire
bénéficiaires de l'aide sociale.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs, à
l'ordre!
M. Saint-Germain: Cette loi nous permet de le faire. On
enlève ce droit à ceux qui prennent la décision de rester.
C'est là l'injustice.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de votre
collaboration, M. le député de Jacques-Cartier. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Dussault): Je suppose, Mme le
député de L'Acadie, que vous voulez prendre la parole?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de vous faire attendre.
Le Président (M. Dussault): Vous êtes toute
pardonnée, Mme le député.
M. de Belleval: Je suis à votre disposition, Mme le
député de L'Acadie. Vous pouvez nous demander toutes les
indulgences.
Mme Lavoie-Roux: Merci, c'est bien gentil.
M. de Belleval: C'est le cas de le dire dans le cas qui nous
occupe.
Mme Lavoie-Roux: Ne vous octroyez pas les prérogatives que
vous n'avez pas, M. le ministre.
M. Jolivet: Elle est à votre gauche cette
prérogative.
M. Le Moignan: Cela dépend combien de jours vous voulez
obtenir.
M. de Belleval: Ne vous en faites pas, je ne m'appelle pas
Grégoire.
M. Le Moignan: Indulgence partielle ou
plé-nière.
M. de Belleval: Ni Tremblay.
M. Gendron: Allez-y donc pour une plénière.
M. Le Moignan: Une plénière réglerait
tout.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai un amendement
à proposer à l'article 1, mais avant de le proposer, je voudrais
prendre juste quelques minutes pour bien clarifier une situation concernant la
CRC, la Conférence religieuse canadienne, dont l'attitude, selon le
ministre, a été plus ou moins claire, à savoir dans quelle
mesure elle était prête à donner son appui au projet de loi
no 60. Je ne pense pas que le ministre l'ait consultée sur le projet de
loi no 60, dans sa rédaction finale; est-ce que je m'abuse, M. le
ministre?
M. de Belleval: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non, bon. Dans les études
antérieures qui ont été faites, j'ai entre les mains une
lettre de la Conférence religieuse canadienne, datée du 31
octobre 1977, et qui faisait suite à ce comité ad hoc qui avait
été mis sur pied pour parler de ce projet de fonds de pension.
Vous pouvez lire je suis certaine que le ministre l'a, elle lui a
été adressée le 31 octobre 1977, et toujours le
comité a travaillé sur l'hypothèse qu'à la fois les
religieux et les ex-religieux seraient inclus. La CRC offre des
félicitations au ministre de la Fonction publique, pour la façon
dont le comité ad hoc a travaillé, le félicite sur
l'excellence du travail accompli. "La solution recommandée par le
comité ad hoc, solution no 11, apparaît dans les circonstances la
plus équilibrée, compte tenu des facteurs en cause. Elle aura
pour effet de procurer aux personnes qu'elle vise une protection plus
adéquate en regard de la retraite. La conférence reconnaît,
avec le comité ad hoc, que la solution préconisée
entraîne des inconvénients pour certains groupes que le mandat
dudit comité ne rejoignait pas. Conséquemment, elle est sensible
aux situations incidentes signalées en appendice au rapport, pages 71 et
72 qui, probablement, sont ici et que je n'ai pas consultées.
Compte tenu des considérations qui précèdent, la
Conférence religieuse canadienne, région du Québec,
approuve le gouvernement dans l'initiative qu'il veut prendre en donnant suite
aux recommandations présentées par le comité ad hoc et
recommande l'adoption de la solution no 11 préconisée par ce
comité."
Si vous regardez cette solution no 11, toutes les années d
enseignement comme religieux sont comptées dans le régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, sous
forme de crédits de rente, à l'enseignant religieux et à
l'enseignant religieux laïcisé, après le 30 juin 1965.
Là, encore, dans cette solution no 11, on fait allusion aux deux
catégories de personnes. Alors, il me semble bien que la position du CRC
là-dessus, il ne faudrait pas qu'il y ait d'ambiguïté
était vraiment d'en approuver une dans laquelle à la fois
les religieux actuels et les ex-religieux soient inclus. Je regrette que le
ministre ne l'ait pas retenue et je pense que la raison fondamentale
m'apparaît une raison financière.
Je suis d'accord avec le ministre que s'il y avait des obligations
à encourir, qu'elles soient encourues par les individus ou qu'elles
soient encourues par les communautés que chacun soit appelé
à payer sa quote-part. Je pense que c'est une question de justice, non
seulement à l'égard des religieux concernés mais à
l'égard de la communauté en général. Mais
ceci...
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, excusez-moi...
Mme Lavoie-Roux: Mais j'arrive, je prépare ma motion.
Le Président (M. Dussault): ... mais c'est qu'il m'est
bien difficile de juger de la...
Mme Lavoie-Roux: Je peux bien vous passer ma motion.
Le Président (M. Dussault): ... pertinence...
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous la passer.
Le Président (M. Dussault): ... si je ne peux pas savoir
quel est l'objet de votre amendement. Est-ce que vous parlez, de toute
façon, sur cet amendement? Vous ne m'en donnez pas le contenu et je ne
peux pas juger s'il est en relation avec l'article 1. Il faudrait vraiment que
vous me disiez, dès maintenant...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président, je vais
essayer de me conformer le mieux possible, comme toujours. L'article 1
définit quand même des termes, des personnes qui sont incluses ou
qui peuvent être exclues du projet de loi. Mon amendement va porter sur
le fait d'inclure certaines personnes qui, d'après les
définitions des termes actuellement, sont exclues.
Le Président (M. Dussault): Vous allez donc me donner une
définition à ajouter à l'article 1?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela, M. le Président.
M. de Belleval:... tout de suite, je pense que...
M. Saint-Germain: Ce n'est pas nécessaire. Si madame veut
parler sur l'article 1, sans faire d'amendement, cela la regarde. Qu'est-ce que
l'amendement a à faire là-dedans?
Le Président (M. Dussault): M. le
député...
M. Saint-Germain: Elle fera un amendement ou elle n'en fera pas,
selon son désir.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, les explications de Mme le député de L'Acadie me
suffisaient.
M. Saint-Germain: Alors, laissez-la parler.
Le Président (M. Dussault): C'est ce que je vais faire,
mais si vous lui laissez la parole, M. le député de
Jacques-Cartier. Allez, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux vraiment pas faire de drame, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): C'est certain, madame.
Mme Lavoie-Roux: II m'apparaît que les enseignants
religieux ont été, selon les explications du ministre, exclus du
présent projet de loi parce que les communautés étaient
plutôt froides ou avaient montré une certaine passivité
j'essaie de mesurer mes termes, pour ne rien exagérer
vis-à-vis de toute cette étude, quoiqu'elles aient
participé au comité ad hoc à l'intérieur de la
Conférence religieuse canadienne et elles se sont prononcées,
finalement, pour une solution qui retenait les deux groupes d'enseignants:
religieux et ex-religieux.
En admettant l'hypothèse que le ministre a énoncée
au cours de sa présentation antérieure selon laquelle les
communautés religieuses auraient dit: On ne veut quand même pas
que le gouvernement s'ingère dans la vie interne de nos
communautés, et qu'elles aient pris un certain recul, selon le ministre,
serait-il possible que le projet se soit appliqué à tout le
monde, à tous ceux qui avaient le titre d'enseignant, quitte à ce
que certains individus ne s'en prévalent pas? Il ne faut pas oublier, en
dépit de ce que le député de Laviolette dit, qu'à
ma connaissance, les enseignants qui fonctionnent dans le secteur public sont
payés à titre individuel; leur chèque leur est
adressé, ils paient leur impôt fédéral, ils paient
leur impôt provincial. Ils ne paient pas d'assurance-chômage.
M. de Belleval: Ils ne paient pas d'impôt
fédéral non plus.
M. Jolivet: L'impôt fédéral est
récupéré après, n'oubliez pas cela.
M. de Belleval: Ils ne paient pas d'impôt
fédéral.
Mme Lavoie-Roux: Mais en tout cas, ils paient de l'impôt
provincial, c'est une disposition provinciale quand même.
M. de Belleval: C'est cela, oui, mais ils ne paient pas
d'impôt fédéral.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, de leur paie, on leur retire
à la fois l'impôt fédéral et l'impôt
provincial.
M. de Belleval: Et ils se font rembourser l'impôt
fédéral.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez donc, le fédéral,
d'habitude, cela ne vous donne pas les arguments de force.
M. de Belleval: Non, mais...
M. Jolivet: II y a peut-être une autre chose, c'est
intéressant...
Le Président (M. Dussault): La pertinence, s'il vous
plaît! La pertinence!
M. Jolivet: ... il y a peut-être une autre chose qu'il faut
ajouter, c'est que, dans certains cas, des communautés religieuses se
sont désistées du Régime de rentes, selon le droit
qu'elles ont de se désister. Je ne sais pas les noms.
Mme Lavoie-Roux: Si, à ce moment-ci, elles ne voulaient
pas que leurs membres individuels ou qu'elles-mêmes, comme
communautés, participent à un projet de fonds de pension tel
qu'il est prévu, pourquoi ne leur avez-vous pas laissé le loisir
de le faire elles-mêmes? Supposons que les communautés se soient
dit: Non, ils vont venir se mettre le nez dans nos affaires et nous n'en
vou-
Ions pas. Nos membres n'y vont pas. Et que, comme communauté ou
comme individu, on ne leur permette pas. Pourquoi ne pas avoir
créé la disposition générale pour tout le monde,
quitte à ce que les communautés religieuses qui n'auraient pas
voulu s'en prévaloir ne s'en seraient pas prévalu? Si elles
avaient eu des luttes intestines avec leurs membres individuels qui auraient
voulu s'en prévaloir, alors que la communauté n'en voulait pas,
elles auraient réglé leurs problèmes entre elles.
J'ai l'impression que c'est le gouvernement qui a posé le
diagnostic général qui est celui d'une certaine passivité,
d'une froideur. D'après le député de Laviolette, il
m'apparaît qu'on mesure un peu a compte-gouttes ce que les
communautés religieuses ont fait. On met sur la table le bilan positif
et négatif et je ne voudrais pas le mettre en demeure de faire ce
diagnostic en blanc et noir, parce que je ne suis pas sûre que ce n'est
pas la communauté québécoise qui en devrait encore
beaucoup aux communautés religieuses je ne fais pas de
démagogie là-dessus si on tient compte de toute l'histoire
du Québec.
Il ne faudrait pas s'accrocher sur les virgules et dire: Elles n'ont pas
fait telle ou telle chose. Qu'ont-elles fait, par contre? C'est une
parenthèse, M. le ministre. Ma question précise est celle-ci:
Aurait-il été possible?
M. de Belleval: La réponse que je vais vous donner est la
réponse qui vaudra pour tous les articles, si vous voulez faire des
amendements dans ce sens. Je pense qu'on est mieux, si on veut
collaborer...
Mme Lavoie-Roux: Je ne répéterai pas un article
à vingt exemplaires.
M. de Belleval: C'est cela. On est mieux de régler le
problème une fois pour toutes. On a refait un peu le débat de
deuxième lecture ici, mais je ne suis pas contre non plus. Le
député de Jacques-Cartier avait un peu raison, de ce
côté. La coutume veut qu'au début, on puisse même
déborder; d'accord? Cela va bien? Je pense qu'on a examiné assez
bien le problème principal du projet de loi. Là-dessus, je n'ai
pas le mandat du Conseil des ministres. Il s'agirait, d'ailleurs, d'une mesure
financière, vous vous en rendez bien compte, ce sont des centaines de
millions qui sont en cause. Je n'ai pas le mandat d'élargir la
portée du projet de loi au-delà des ex-religieux, compte tenu des
aménagements qui ont été faits. Je n'ai pas ce mandat. A
ce moment, cela ne sert à rien de revenir là-dessus, d'une
façon ou d'une autre. Je n'ai pas ce mandat. Cela dépasserait,
d'ailleurs, à mon avis, l'objet de l'approbation de principe qui a
déjà été donnée en deuxième lecture,
compte tenu de l'importance des sommes en cause. Vous vous rendez compte? Ce
serait quatre fois plus élevé que les sommes qui sont
déjà impliquées par ce projet de loi. Je pense que
là-dessus, il faut que ce soit clair. (13 heures)
Deuxièmement, notre position c'est qu'on est prêt à
en discuter, je pense qu'on laisse le dossier ouvert. Ce n'est pas un refus, ce
n'est pas final. On laisse le dossier ouvert. Je veux terminer là-dessus
en disant que le dossier des religieux, des communautés, des membres des
communautés est intimement lié. On ne peut pas faire de
séparation abstraite entre des individus, des communautés et
penser qu'on peut s'adresser seulement à des individus. On sait
très bien qu'en pratique ce n'est pas cela qui se passe.
Deuxièmement, aussi, c'est que selon des décisions qui vont
être prises par des communautés, il va y avoir des engagements
futurs pour l'ensemble de la société qui vont être
différents et qui vont fluctuer dans le temps, d'ailleurs, selon qu'une
chose ou l'autre va se produire.
Je pense qu'il est temps qu'on s'asseoit ensemble et qu'on regarde
l'ensemble du dossier et qu'on n'essaie pas de le régler à la
pièce, communauté par communauté. Si on le fait
communauté par communauté il va falloir regarder la situation
réelle des gens qui sont dans cette communauté et dans les
autres. Il faut s'entendre une fois pour toutes sur un système
adéquat de protection pour tout le monde, mais on ne peut pas faire
abstraction des dossiers.
Ma conclusion, Mme le député de L'Acadie, c'est que je
n'ai pas le mandat pour aller au-delà de ce qui existe
déjà dans le projet de loi, quitte à y revenir une fois
qu'on aura examiné le dossier à fond pour les religieux. C'est la
seule réponse que je peux vous donner. Dans ce contexte-là aussi,
si vous êtes prête à accepter cette réponse de facto,
même si vous ne l'acceptez pas en principe, je vous fais remarquer
là-dessus que votre propre parti hier l'a acceptée. Il a
accepté mes explications au niveau du principe, a regretté, bien
sûr, que le dossier n'aille pas plus loin du côté des
religieux mais il a quand même accepté que le principe qui
était dans ce projet de loi était valable et permettait de
régler les problèmes les plus urgents, il faut bien l'admettre
aussi.
Compte tenu de cela, je pense qu'à ce moment-là nous
pourrions assez rapidement faire le tour du dossier technique maintenant dans
un cadre plus restreint, et assez rapidement. De ce point de vue-là, je
vous demanderais votre collaboration si c'est possible pour dépasser une
heure et qu'on regarde article par article le dossier sur son plan technique
parce qu'au fond, il n'est pas très long à ce point de vue. Il
est assez simple à expliquer, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, M. le Président, mais nous,
on a des obligations à 13 heures. Je veux avertir le ministre que ce
n'est pas la question de faire durer cela jusqu'à demain matin.
M. de Belleval: Non, ce n'est pas...
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas répondu à ma question
précisément, probablement parce que je ne l'ai pas
formulée clairement. J'aimerais y revenir, mais je proposerais la
suspension du débat compte tenu de l'heure.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie. Je ne sais pas si vous avez en tête qu'on doive continuer
aujourd'hui, mais selon l'ordre de l'Assemblée nationale, cette
commission ne reviendra pas aujourd'hui en commission.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
Le Président (M. Dussault): Si nous mettons fin à
nos travaux immédiatement, je ne saurais même pas vous dire quand
nous reviendrons. Chose certaine, cela ne peut pas être cet
après-midi. Cela pourrait être ce soir après que
l'Assemblée nationale aura commencé à siéger. Je
pense que ce serait possible à ce moment-là, mais
déjà M. le leader du gouvernement a annoncé les travaux
pour ce soir et il n'est pas question du projet de loi 60. Il est question de
deux autres commissions parlementaires en plus de l'Assemblée
nationale.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, nous aussi sommes bousculés par
toutes sortes de responsabilités. Je propose la suspension. Ce serait
sine die, je suppose.
Le Président (M. Dussault): Ce serait un ajournement,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Un ajournement, sine die.
M. de Belleval: Vous pensez qu'on n'a pas le temps d'examiner ce
dossier durant la prochaine heure; on pourrait continuer jusqu'à deux
heures. On aurait le temps de voir cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai expliqué, M. le ministre, que
j'ai un rendez-vous qui m'attend depuis un quart d'heure à mon bureau.
Je ne peux vraiment pas. Je vous assure que dès qu'on va avoir... J'ai
une question à vous poser. Je vais faire cet amendement qui va
être rejeté pour les raisons que le ministre vient de me citer.
Après cela on procédera avec diligence. Mais, pour le moment,
je...
Le Président (M. Dussault): Alors, mesdames et messieurs,
je me vois forcé de comprendre qu'il n'y a pas d'unanimité pour
que cette commission continue à siéger, et j'ajourne donc les
travaux de cette commission sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 14
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame, messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire élue
permanente de la fonction publique aux fins de faire l'étude article par
article du projet de loi 60, Loi concernant la protection à la retraite
de certains enseignants.
Sont membres de cette commission: M. Le Moignan (Gaspé) en
remplacement de M. Belle-mare (Johnson); M. Gendron (Abitibi-Ouest) en
remplacement de M. Bisaillon (Sainte-Marie)... Je m'excuse, M. Bisaillon n'est
pas membre, tout simplement. M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de Belleval
(Charlesbourg), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) en remplacement de M. Garneau
(Jean-Talon); M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M. Jolivet
(Laviolette), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Pourraient être intervenants: M. Beauséjour (Iberville), M.
Lacoste (Sainte-Anne), M. Martel (Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Picotte
(Maskinongé), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Vaillancourt (Orford).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux aujourd'hui,
nous en étions toujours à l'article 1 et Mme le
député de L'Acadie avait la parole.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il a fallu que je
fasse le tour des salles 81 et 91.
Au moment où nous avons ajourné, je faisais part de mon
intention de présenter une motion, parce que je vais
résumer brièvement les arguments que le ministre a fait
valoir m'appa-raissent bien davantage fondés sur une question de
disponibilité financière ou de charge financière que le
gouvernement veut bien assumer à ce moment-ci. J'en veux pour preuve le
fait que la Conférence religieuse canadienne avait bien donné son
consentement à une proposition qui était la proposition 11, qui
résultait d'un comité d'étude que le gouvernement avait
mis sur pied pour essayer de trouver une solution au problème des
enseignants religieux et anciens religieux. Je pense que les communautés
religieuses voulaient y participer.
Je réaffirme le fait que certaines modalités devaient
être examinées avec les communautés religieuses pour voir
quel serait leur participation, mais je dois constater qu'on ne l'a pas fait et
que la seule participation qu'on leur ait demandée a été
celle de la Conférence religieuse canadienne, laquelle a toujours
compris qu'on prévoyait un projet de loi qui tiendrait compte à
la fois des enseignants anciens religieux et des enseignants religieux.
Ce matin, le député de Laviolette a fait grand état
du fait qu'ils ne participaient pas à l'assurance-chômage, que
leur impôt fédéral était réclamé d'une
autre façon, mais qu'ils payaient bien l'impôt provincial. J'ai
dit: Si on entrait dans ces discussions, ce serait un peu comme entrer dans la
discussion des comptes nationaux et des comptes économiques. S'il
fallait établir le déficit ou le budget de la contribution des
communautés religieuses, ce serait difficile. Je ne voudrais, pour
prouver ceci, que mentionner une chose: II ne faudrait pas oublier que
même au moment où les religieux, sont devenus à l'emploi
des commissions scolaires, déjà, le décalage entre les
salaires payés aux religieux et ceux payés aux laïcs
était très grand.
J'ai devant moi je ne vous en signalerai qu'un. Ce n'est
peut-être pas loin de la région du député de
Laviolette les salaires payés par la commission scolaire locale
du Cap-de-la-Madeleine. Je ne vous les donnerai pas pour chaque année,
mais ça s'étend de 1948 où un religieux recevait $800
comparativement à un laïc qui en recevait $3000. Je n'ai les
chiffres que jusqu'à 1953-1954. Encore là, la différence
s'atténue peut-être un peu, mais vous avez encore les professeurs
religieux payés à $1500, les religieuses à $1050, les
professeurs laïcs à $3100.
M. Jolivet: Les femmes non plus, ce n'était pas le
même montant.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Si vous voulez qu'on entre dans ce
débat-là, vous savez.
M. Jolivet: Mais, à l'époque, il y avait des
distinctions entre les hommes et les femmes, entre une personne mariée
et une non mariée. Faites attention à cela.
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous, je l'ai entre les professeurs
religieux et religieuses. Déjà, c est de $1500 à
$1050.
M. Jolivet: Entre les hommes et les femmes.
Mme Lavoie-Roux: Entre les hommes et les femmes. Mais il reste
que, par rapport aux professeurs laïcs, déjà, pour rendre le
même type de service, les deux étant enseignants, les religieux et
religieuses étaient beaucoup moins payés que ne l'étaient
les laïcs.
Ils ont payé. Et je remonte à 1953-1954. J'imagine que
cela a dû être régularisé vers les années
soixante-cinq à peu près, même plus tard que cela.
M. Jolivet: Dans certains cas, oui. Je ne le nie pas, sauf qu'il
y avait, au niveau des enseignants, religieux et religieuses, qui
étaient à l'intérieur des bâtisses qui appartenaient
aux commissions scolaires et aux syndics, des montants d'argent qui
étaient enlevés à cause du loyer qu'ils payaient pour des
bâtisses appartenant à l'ensemble de la société. Il
ne faut pas l'oublier non plus.
Dans les années 1964 et 1965, au moment du bill 25, ils
étaient à une différence de $800 en majorité.
Mme Lavoie-Roux: Mais si on parle des bâtiments des
religieux et des religieuses j'en parle avec pertinence, parce que je
l'ai vécu quand le secteur public a fait l'acquisition d'une
maison qui appartenait à des religieux, il faut bien se dire que, dans
l'évaluation de la vente de la maison, on a toujours tenu compte des
subventions qui avaient été versées par le gouvernement
pour la construction du pensionnat ou du collège classique, etc., qui
passaient au secteur public.
A ce moment-là, ceci était déduit du prix global de
vente.
M. Jolivet: A mon avis, vous comparez là des pommes avec
des oranges. Au niveau des enseignants religieux, à l'époque, il
n'y avait pas non plus d'impôt, ce que le laïc payait, ce que le
laïc aussi avait, en termes d'autres choses, au niveau de certaines taxes.
Il ne faut pas l'oublier non plus. Si vous me donnez $1050 ou $1500 par rapport
à $3000 et qu'on en fait la déduction des impôts et des
loyers...
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas qu'en 1953 ou 1954, sauf le
respect que je vous dois, M. le député de Laviolette, sur un
salaire de $3000, il se payait $1500 en impôt. Je regrette, mais je pense
que c est un peu exagéré.
M. Jolivet: II y avait le loyer, il y avait tout cela.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours pour arriver à ma
proposition. Après cela, la discussion sera close, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Je vais vous expliquer dans
quel piège vous allez tomber bientôt, si vous continuez dans la
voie que vous avez choisie. La règle, en commission parlementaire sur ce
projet de loi...
Mme Lavoie-Roux: Je ne pourrai plus parler sur ma motion. J'aurai
tout dit sur la motion.
Le Président (M. Dussault): Vous avez encore quelques
secondes pour vous exprimer sur l'article comme tel. Et, après vingt
minutes de parole, vous ne pouvez plus faire d'amendement. Vous m avez
annoncé un amendement.
Mme Lavoie-Roux: II me reste quelques secondes pour faire ma
motion.
Le Président (M. Dussault): II vous reste quelques
secondes.
Mme Lavoie-Roux: Et je pourrai alors parler sur la motion.
Le Président (M. Dussault): Si vous voulez demeurer
marraine de votre amendement, il faudrait vraiment fonctionner avec votre
amendement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Chevrette: C'est concernant les ex-religieux, si j'ai bien
compris le projet de loi?
Mme Lavoie-Roux: Vous ne savez pas encore ce dont il s agit, M.
le député?
M. Chevrette: C'est parce que, depuis que je suis arrivé,
je vous entends parler des communautés religieuses.
Mme Lavoie-Roux: II me semblait que les ex-religieux, à un
moment ou l'autre, avaient fait partie des communautés religieuses.
M. Chevrette: S'ils demandent de réviser leur cas, c'est
qu'ils en sont sortis. Je ne voulais que vous faire remarquer que la pertinence
du débat...
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je vais proposer mon
amendement pour ne pas courir le risque de me faire imposer le
bâillon.
Le Président (M. Dussault): Ce serait par le
règlement, madame, et non pas par le président.
Mme Lavoie-Roux: J'en suis certaine, M. le Président,
parce que vous êtes toujours bien tolérant, comme le dirait
l'ancien député de Notre-Dame-de-Grâce, avec tout le
respect que je dois à votre auguste personne.
M. Chevrette: ...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est l'ex-député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Chevrette: Je pensais que c'était le
député de Jacques-Cartier.
Mme Lavoie-Roux: Mon amendement consisterait à introduire
à l'article 1, après la définition, à d, où
vous avez cinq sous-divisions. Ce serait d'en ajouter une sixième: "Les
enseignants religieux qui (frères, soeurs, prêtres) avant le 1er
juillet 1965 ont enseigné et qui n'ont pas cotisé au fonds de
pension des fonctionnaires de l'enseignement".
Je vais vous passer la résolution.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, Mme le
député. L'amendement consisterait à ajouter, à
l'article 1...
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'en ai plusieurs, pour tout le monde.
Le Président (M. Dussault): "d)" après la division
V, le texte suivant, qui deviendrait "VI": Les enseignants religieux qui
(frères, soeurs, prêtes) avant le 1er juillet 1965 ont
enseigné et qui n'ont pas cotisé au fonds de pension des
fonctionnaires de l'enseignement."
Je dois au départ juger de la recevabilité de cet
amendement et je vais laisser quelques minutes à chacun des partis pour
me faire des remarques sur la recevabilité, tel que le règlement
le permet.
M. de Belleval: M. le Président, nous avons adopté
hier un projet de loi assurant aux ex-religieux une protection adéquate
en matière de fonds de retraite. Le principe que nous avons
adopté hier concernait exclusivement les ex-religieux. D'ailleurs, toute
la discussion qui a eu lieu en deuxième lecture confirme le fait,
l'opinion que j'émets selon laquelle nous avons adopté en
principe un projet de loi qui traitait d'une caté- gorie bien
spécifique d'enseignants et nous l'avons fait en toute connaissance de
cause.
Deuxièmement, le petit paragraphe qu'on veut ajouter a pour effet
d'engager des dépenses supplémentaires d'environ $1 milliard.
Vous compendrez facilement que ce n'est pas une mince somme comparée aux
$300 millions en dollars courants...
Mme Lavoie-Roux: ... depuis ce matin. M. de Belleval: Oui,
c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous nous avez dit $50 millions en dollars
d'aujourd'hui qui iraient chercher $200 millions.
M. de Belleval: Oui, mais c'est $50 millions en dollars de...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Madame, oui, parce que je suis
en train d'écouter les partis sur la recevabilité de la
motion.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Si vous voulez m'aider...
M. de Belleval: On voit tout de suite, par la disproportion des
sommes, que le principe même du projet de loi est changé. Cela en
fait d'ailleurs un "money bill". Je doute fort qu'un député de
l'Opposition puisse, en vertu de notre système constitutionnel, proposer
un amendement à un "money bill" qui a pour effet d'augmenter les
dépenses de l'Etat, surtout dans cette proportion.
J'ai indiqué aussi toutes les raisons qui font qu'il n'est pas
possible pour l'instant d'accepter un tel amendement. Comme il s'agirait d'une
discussion sur le fond et non pas sur la recevabilité, je m'arrête
immédiatement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je vous prierais de prendre
avec moi les notes explicatives du projet de foi, les quatre a, b, c, et d. Je
vais seulement lire des petits bouts pour démontrer que c'est tout
à fait irrecevable. Le projet de loi a fait son lit concernant les
ex-religieux et ceux qui ont été sécularisés
à une certaine date, donc qui sont devenus laïcs. "a) des
enseignants religieux sécularisés avant le 1er juillet..." "b)
des ex-enseignants religieux... "c) des enseignants qui ont appartenu..." C'est
passé. "d) des enseignants laïcs qui ont enseigné dans..."
C'est très clair, le lit est fait, la deuxième lecture est
votée. Ce serait changer fondamentalement le principe même de la
loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Question de règlement. Si je prends le
titre...
Le Président (M. Dussault): Vous voulez dire sur la
recevabilité, M. le député?
M. Saint-Germain: Justement, excusez-moi. La recevabilité
fait aussi partie de nos règlements. (20 h 30)
M. Saint-Germain: Justement, excusez-moi. La recevabilité
fait partie aussi de nos règlements, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): II n'y avait pas de
règlement d'invoqué. C'est pour cela que je faisais la
distinction.
M. Saint-Germain: Alors, voilà. De toute façon, si
je lis le titre de ce projet de loi, on voit ici, à la première
page, projet de loi no 60, et en sous-titre, on voit Loi concernant la
protection à la retraite de certains enseignants. C'est là le
principe de la loi.
Le principe contenu dans cette courte phrase ne dit pas
nécessairement à qui cette protection sera accordée. Le
principe ne détermine pas à qui on permettra la protection
à la retraite. On dit simplement, d'une façon très vague,
parce que nous sommes au niveau des principes: Certains enseignants.
C'est là-dessus que j'ai voté, en principe, en
deuxième lecture. C'est la raison pour laquelle j'ai voté en
faveur de ce principe exclusivement car, comme je l'ai dit, d'ailleurs, ce
matin, on accorde la protection à la retraite à certains
enseignants qui, dans le passé, n'avaient pas voulu, pour des raisons
personnelles ou collectives, si vous voulez, faire partie du régime de
retraite. On a accepté le principe qui veut que certains enseignants qui
n'avaient pas droit à la retraite puissent l'avoir.
C'est dans l'application de ce principe qu'on étudie, dans les
articles 1, 2 et ainsi de suite, les technicités du principe que je
viens d'énoncer. C'est tellement vrai qu'on voit tout de suite à
l'article 1 une définition de ceux qui pourront profiter de ce principe
qu'on a accepté en deuxième lecture.
Rien n'empêche le gouvernement, s'il le veut bien, de soustraire
certaines personnes énumé-rées à l'article 1, rien
ne l'empêche de les soustraire à cette protection qu'on a
acceptée en principe. Le gouvernement a toute autorité pour faire
cela à ce stade de nos travaux. Comme, de l'Opposition, nous avons le
droit de demander au gouvernement ou de demander à cette commission
d'étendre ce principe à d'autres enseignants.
Deuxièmement, M. le ministre a parlé de "money bill". Ce
n'est pas le bill de l'Opposition. Nous, on n'aurait pas eu le droit de
demander de faire voter l'Assemblée nationale sur un tel principe, et
surtout un principe qui aurait exigé du gouvernement des sommes
considérables. C'est un bill gouvernemental. On ne peut pas dire que
c'est nous qui avons présenté à l'Assemblée
nationale un "money bill". C'est un bill gouvernemental.
Autrement, vous savez très bien que, s'il fallait ne pas
permettre à l'Opposition de faire quelque amendement que ce soit
à un bill présenté pour étude à
l'Assemblée nationale, aucun amendement qui diminuerait ou augmenterait
les dépenses gouvernementales, on paralyserait l'Opposition
immédiatement.
L'amendement de madame s'inscrit dans les modalités d'application
du principe que nous avons accepté. Il s'inscrit très
élégamment, d'ailleurs. Il fait simplement suite à une
série de définitions.
M. Chevrette: Me permettriez-vous de donner un cas de
jurisprudence?
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais que vous vous référiez
à la loi 101, au moment où l'Opposition officielle a voulu
introduire, après la deuxième lecture... Je m'excuse, ce n'est
pas la loi 101; c'est la loi que le député de Jacques-Cartier
connaît très bien, c'est la Loi sur l'assurance automobile. Le
gouvernement a voulu introduire une dimension additionnelle, à savoir le
pouvoir d'acheter une compagnie d'assurances. C'est l'Opposition officielle qui
s'y objectait.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce n'est pas du tout le même
ordre de principe.
M. Chevrette: Je m'excuse, mais c'est la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Non...
M. Saint-Germain: ... l'économie...
M. Chevrette: Quand l'économie de la loi... Est-ce que je
peux terminer, M. le député de Jacques-Cartier? Je ne vous
dérange pas?
M. Saint-Germain: Non, j'ai dit: Remémorez-nous...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
J'étais en train d'écouter le député de
Joliette-Montcalm sur la recevabilité. Je demanderais à
I'Opposition, s'il vous plait, si elle veut voir ses droits respectés,
d'aider le président à pouvoir les clarifier.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Donc, selon l'économie de la loi, telle
qu'elle est rédigée, votée en première et
deuxième lecture, expliquée à l'Assemblée
nationale, et lue par le ministre lui-même lors du dépôt, il
était clair qu'elle était en fonction d'une catégorie bien
spécifique de gens. Comme certains ont laissé passer la
deuxième lecture sans exiger d'amendements profonds au principe...
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc! On ne fait pas ça à
la deuxième lecture!
M. Saint-Germain: Voyons donc!
M. Chevrette: Des amendements profonds en deuxième
lecture... On vote contre, à ce moment-là et on se bat. Vous
n'avez pas voté contre en deuxième, que je sache. Donc, les
membres de l'Opposition ont même voté pour en deuxième
lecture et, aujourd'hui, ils veulent la changer. La cohérence ne vous
étouffe point.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, sur la recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puisque le
député de Joliette-Montcalm a cru bon de répliquer au
député de Jacques-Cartier, vous me permettrez de répliquer
au député de Joliette-Montcalm sur la question...
M. Chevrette: L'honneur, Madame.
Une Voix: C'est le plus intelligent qui cède.
Le Président (M. Dussault): Allez, madame!
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas poli, mais ça ne fait
rien.
M. Chevrette: C'est une blague.
Mme Lavoie-Roux: C'est une blague, je sais.
Mais sérieusement, vous faites référence à
la loi 67, où on avait voulu introduire un nouveau principe dans
l'économie de la loi c'était le gouvernement qui avait
voulu introduire un amendement qui proposait, somme toute, d'exproprier
éventuellement des compagnies d'assurances mais là, vous
entriez tout à fait dans un autre principe.
Ce qu'on propose ici, M. le Président... D'acheter, si vous aimez
mieux, je m'excuse...
M. Jolivet: ... gré à gré; c'est très
différent.
Le Président (M. Dussault): Je suis quasi informé,
Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Le Président (M. Dussault): ... de L'Acadie. Je vous
demanderais, s'il vous plaît, peut-être d'être attentive
à votre réflexion plutôt qu'à celle de vos...
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, vous nous avez
rappelés à l'ordre, M. le Président, je vous prierais de
les rappeler à l'ordre, pour qu'on puisse poursuivre notre
réflexion.
Le Président (M. Dussault): C'est ce que je faisais
subtilement, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que vous vous adressez continuellement
à moi.
M. Chevrette: Vous êtes une cible de
prédilection.
Le Président (M. Dussault): C'est parce que je vous aime
bien, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est bien beau, tous vos beaux mots!
Ici, on n'introduit pas un principe différent dans
l'économie de la loi. On dit simplement que vous prévoyez ici,
comme le projet de loi le dit, une loi concernant la protection à la
retraite de certains enseignants et, de plus, on ne les spécifie pas
ici, mais on sait qu'il s'agit d'enseignants ex-religieux qui ont appartenu
à des communautés religieuses.
On demande d'élargir la loi pour y inclure les ex-religieux. Je
ne pense pas qu'on change le principe. Il s'agit toujours du principe de la
protection à la retraite de certains enseignants, on dit: Ajoutez-y une
catégorie de plus. Libre au gouvernement de voter contre cette
catégorie s'il ne veut pas, pour des raisons que je pense
on connaît maintenant. On est tout à fait justifié et on ne
change pas le principe fondamental de la loi en disant: Elargissez; non
seulement vous considérez les enseignants ex-religieux, mais les
enseignants qui sont encore religieux. Il n'y a pas, au point de vue du
principe fondamental de la loi, de changement essentiel, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, M. le Président. Hier soir, lors de la
deuxième lecture de ce projet de loi no 60, je déclarais que mon
intervention était à la fois positive et négative.
Positive, parce que je devais être tout à fait d'accord avec ce
projet de loi qui était soumis ici, qui avait été
demandé par les ex-religieux enseignants et qui, déjà,
depuis treize ans, essayaient de défendre leur cause. Jusque-là,
tout marchait très bien. J'avais déjà, hier soir aussi,
à l'Assemblée nationale, dans l'autre partie, demandé au
ministre de penser à cette possibilité d'élargir, pour
ceux qui n'avaient pas explicitement ou implicitement réclamé ce
désir d'être associés à ce projet de loi no 60. Le
ministre se souvient très bien de mes demandes et des réponses
qu'il m'avait formulées.
Je veux demeurer d'accord avec ce principe de la loi. Quand on pense
à l'ensemble du problème... Quand j'ai demandé au ministre
hier soir de laisser dans sa loi, une porte ouverte à l'avenir, je crois
que ceci avait une signification. On a parlé ce matin des droits des
individus et des collectivités. Je voudrais apporter une petite
précision. Quand on est membre d'une communauté religieuse, quand
on prononce des voeux, les individus ont droit à des opinions
personnelles,
mais c'est la communauté comme telle qui prend les
décisions.
Or, dans le cas de la loi présente, d'après les
informations reçues, il y a un très grand nombre de
communautés qui n'ont pas souscrit au RREGOP. Donc, elles n'ont pas
payé le fonds de pension, alors qu'elles avaient été
invitées à le faire. Sans vouloir juger des intentions des
communautés et quoique je sois très favorable à ce que les
prêtres qui sont dans l'enseignement, les religieux et les religieuses de
toutes catégories puissent un jour avoir cette possibilité de
négocier je vois que le ministre l'a indiqué ce matin...
Il a dit hier soir à l'Assemblée nationale que la loi
n'était pas figée dans le ciment ou quelque chose du genre.
Si le ministre est prêt à la reconsidérer, il
faudrait que cela vienne dans un nouveau projet de loi, d'après moi,
quoique je trouve que l'amendement proposé ici, le même amendement
que j'avais l'intention de proposer pour les prêtres séculiers,
actifs, les religieux, les religieuses vivant toujours dans leur
communauté... J'ai bien apprécié les interventions de ceux
qui nous ont envoyé des télégrammes à titre
individuel, mais on ne peut pas dire que 15 ou 20 signatures engageaient la
direction de la communauté.
Je crois que ceci est très important. Cela me place dans une
certaine situation, parce que j'ai eu des conversations aujourd'hui avec
certains supérieurs de communauté qui se disaient favorables
à cet amendement proposé par Mme le député de
L'Acadie. D'autres m'ont dit: Avant de vous engager, nous aimerions être
consultés sur le sort fait à tous les membres de notre
communauté.
On s'est adressé à moi personnellement, un peu comme
prêtre, évidemment, mais cela me fait réfléchir un
peu. Je sais qu'actuellement des communautés ont leur propre fonds de
pension. Il y a des communautés qui bénéficient du fonds
de pension RREGOP, mais dès qu'on parle du droit des individus ou des
citoyens, ou de libertés individuelles, il faut être prudent quand
on considère le cas d'une communauté, parce que dans la
communauté...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé, je regrette énormément de devoir vous couper la
parole, mais je dois reconnaître que vous n'êtes vraiment pas sur
la recevabilité, vous êtes vraiment en train d'argumenter sur le
fond de la motion.
Une Voix: C'était bon.
M. Le Moignan: Oui, mais ce que je veux dire, c'est que je
veux...
Le Président (M. Dussault): Je ne conteste pas que
c'était intéressant.
M. Le Moinan: C'est très intéressant, M. le
Président, j'en suis convaincu.
Le Président (M. Dussault): Mais je ne peux vous laisser
continuer, parce que ce n'est vraiment pas sur la recevabilité de la
motion.
M. Le Moignan: Vous voulez que je dise oui ou non d'un coup sec
comme cela?
Le Président (M. Dussault): Peut-être aurez-vous
à vous prononcer tout à l'heure, peut-être n'aurez-vous pas
à vous prononcer.
M. Le Moignan: Je me prononce sur la recevabilité, M. le
Président. Je pense qu'il faut comprendre ce grand principe. Le
député de Jacques-Cartier ce matin a parlé des droits des
individus, et cela entre exactement là-dedans.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gaspé, mais vous êtes vraiment sur le fond
de la question.
M. Chevrette: On pourrait s'en sortir en disant que c'est
irrecevable parce qu'on ne parle plus d'un individu, on parle d'une
communauté.
M. Le Moignan: J'en sors à l'instant...
Le Président (M. Dussault): J'ai même peur, M. le
député de Gaspé, qu'en continuant vous n'en arriviez
à me convaincre que c'est irrecevable.
Mme Lavoie-Roux: Alors, s'il y a des chances...
M. Le Moignan: Je ne voudrais pas vous convaincre, M. le
Président, je vais dire juste le contraire de votre pensée. En
dépit de tout ce que je viens de dire et de ce que je pourrais dire, je
la déclarerais ou je suis favorable à ce qu'elle soit
acceptée et intercalée ou repassée au ministre pour qu'il
lui trouve une place dans le projet de loi. (20 h 45)
Le Président (M. Dussault): Alors, madame, messieurs, je
suis suffisamment informé, je vous remercie de m'avoir
éclairé sur la question. Je pense que sur la recevabilité
de la motion, deux choses doivent être dites: d'abord, dans la section I
du projet de loi, vous avez: définition et application. C'est à
l'article 2 qu'on voit... C'est un principe, je pense, voté par
l'Assemblée nationale, à savoir à qui s'appliquerait le
projet de loi no 60, voté en deuxième lecture.
J'ai beau chercher, à l'article 2, à inclure les personnes
visées par l'amendement de Mme le député de L'Acadie, je
n'y arrive vraiment pas. Deuxièmement, selon l'article 64 de notre
règlement, il est dit qu'une motion ne peut être
présentée que par un représentant du gouvernement,
après recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil lorsqu'elle a
pour objet direct...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas encore rendu votre
décision, M. le Président.
Le Président (M. Dussault):... il y a les points 1, 2 et
3...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
je suis en train de rendre ma décision.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Je suis prêt à
vous écouter, mais je tiens à vous préciser que
j'étais en train de rendre ma décision. Je vous ai dit tout
à l'heure que l'éclairage dont j'avais besoin m'avait
été fourni. Si c'est une question de cet ordre que vous voulez
traiter, je dois vous dire tout de suite que l'éclairage, je l'ai.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il reste quand
même qu'une fois votre décision rendue...
Le Président (M. Dussault): Vous ne pourrez pas en
appeler.
Mme Lavoie-Roux: ... je ne pourrai pas en appeler.
Le Président (M. Dussault): C'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement vous faire remarquer
qu'au moment de la loi 101, on a intégré, dans le projet de loi
101, ce qui n'était pas prévu: les enfants souffrant de troubles
d'apprentissage; ils n'étaient pas couverts par la loi 101. Pourtant,
cela a été jugé recevable, cela a même
été intégré au projet de loi. Alors, je pense que
le fait d'élargir et d'intégrer une nouvelle catégorie est
vraiment recevable. Cela l'a été et il y a certainement un
précédent là.
Le Président (M. Dussault): Alors, Mme le
député de L'Acadie... M. le député, si vous voulez
me laisser rendre ma décision...
M. Chevrette: C'est exactement ce que je voulais vous dire.
Le Président (M. Dussault): Vous aviez déjà
commencé, Mme le député de L'Acadie, à remettre un
peu en question la décision que je rendais...
Mme Lavoie-Roux: ... elle n'était pas rendue, vous l'avez
dit.
Le Président (M. Dussault): ... mais sur la
première partie de ma décision. Je vais quand même oublier
ce que vous m'avez dit. J'étais en train de dire que la deuxième
raison sur laquelle je me basais pour rendre ma décision, c'était
l'article 64 paragraphe 3 de notre règlement ou on dit qu'il n'y a qu'un
représentant du gouvernement qui pourrait, après recommandation
du lieutenant-gouverneur en conseil, apporter un objet, dans le projet de loi,
qui concernerait l'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus
publics ou sur les contribuables.
Puisque l'amendement qui a été présenté ne
vient pas de la seule personne qui pourrait le faire à cette commission
parlementaire, c'est-à-dire le ministre, pour cette raison et pour celle
que je vous ai explicitée tout à l'heure, je rends ma
décision et je dis que votre amendement est irrecevable.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Saint-Germain: J'ai un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: S'il faut faire le fou, on va le faire
longtemps, M. le Président.
M. Chevrette: Je m'excuse, monsieur, respectez au moins la
présidence.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je tiens à vous préciser que le président
rend ses décisions en toute conscience, en essayant de faire son travail
le mieux possible et surtout en s'appuyant sur nos règlements. Le
président n'a pas inventé les règlements, ils ont
été votés par l'Assemblée nationale et je ne pense
pas qu'ils relèvent du délire d'aucune façon. Je vous
demanderais, s'il vous plaît, si vous ne respectez pas la personne que je
suis, de respecter au moins des personnes qui ont conçu le
règlement et qui l'ont adopté à l'Assemblée
nationale.
M. Saint-Germain: Je veux bien, M. le Président et je
m'excuse, mais il reste que vous pourrez lire au journal des Débats vos
déclarations et vous pourrez demander, à qui de droit, si la
façon dont vous avez rendu votre décision est selon nos
traditions et les principes qui nous régissent. De toute
façon...
Le Président (M. Dussault): M. le député, je
ne me poserai pas la question, parce que je suis convaincu que j'ai fait les
choses correctement.
M. Saint-Germain: C'est regrettable, M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): Je ne souhaite pas que vous
continuiez à remettre en question indirectement la décision du
président de la commission.
M. Saint-Germain: C'est regrettable, M. le Président,
parce que le monopole de la vérité, dans ce bas monde,
n'appartient à personne, croyez-moi.
De toute façon, je dois féliciter le ministre pour la
dernière déclaration qu'il a faite avant l'heure du lunch. Je
crois qu'il a été très clair, très
spécifique et qu'il a déclaré cette commission lorsqu'il
nous a expliqué qu'il n'avait pas du cabinet le mandat d'étendre
ce principe à d'autres éduca-
teurs que ceux inscrits dans le projet de loi. C'est clair. Je ne vois
pas pour quelle raison on doit faire indéfiniment un débat
là-dessus. L'Opposition, sur ce point de vue, a fait son lit; le
gouvernement a fait le sien.
Ceci ne m'empêche pas de dire que je crois que ce projet de loi
est discriminatoire, surtout à l'article 2, dans la restriction qu'il y
met dans l'application du principe qui dit: La loi concernant la protection
à la retraite de certains enseignants.
Je crois que c'est discriminatoire, premièrement, excessivement
discriminatoire...
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Question de règlement,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Le député a dit qu'il avait un
amendement à proposer. Pour pouvoir comprendre ce qu'il a l'intention de
faire, j'aimerais bien qu'il dépose son amendement.
M. Saint-Germain: Cela, M. le Président, je le ferai quand
je le voudrai, de la façon dont je le voudrai. Le député
de Laviolette n'a pas d'ordre à me donner.
M. Jolivet: M. le député de Jacques-Cartier, je me
suis adressé au président.
M. Saint-Germain: Je ne suis pas au service du
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je me suis adressé au président sur une
question de règlement et ce ne sont pas vos petites scènes qui
vont me faire peur.
M. Saint-Germain: Laissez-nous donc parler en paix et discuter
d'une façon positive et intelligente.
M. Jolivet: Ah! Ah!
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
M. Jolivet: II n'en a même pas.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Laviolette, je pense que tant et aussi longtemps que M. le député
de Jacques-Cartier parlera sur l'article 1 et qu'il sera pertinent, même
en ayant annoncé un amendement, je devrai l'écouter
jusqu'à la limite de son temps de parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, compte tenu du fait que
l'amendement que j'ai proposé a été refusé, nous
n'avons pas d'autre amendement sur l'article 1 et je proposerais qu'il soit
adopté.
M. Saint-Germain: Excusez-moi. Nous nous sommes mal entendus, si
je comprends bien. Je suis toujours sur l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Vous êtes donc sur les
définitions, M. le député de Jacques-Cartier. Si vous avez
un amendement, cela sera sur les définitions.
M. Chevrette: II parlait de l'article 2. S'il parle de l'article
1, on peut le régler tout de suite. Vous venez de dire l'article 2, M.
le député de Jacques-Cartier. N'est-ce pas que c'est cela?
Le Président (M. Dussault): Avant la suspension
aujourd'hui, nous avions abondamment parlé du projet de loi, mais par
des remarques plus générales. Je vais exiger que nous nous en
tenions très pertinemment au contenu des articles. Nous en sommes
toujours à l'article 1. Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Alors, j'ai encore 20 minutes de droit de
parole?
Le Président (M. Dussault): Vous aviez déjà
pris 19 minutes et tout près de 60 secondes sur l'article 1. En fait,
vous auriez épuisé, à toutes fins pratiques, votre droit
de parole sur l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le
député de Jacques-Cartier veut toujours intervenir sur l'article
1? L'article 1 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Au niveau des définitions, je voulais
inclure les enseignants qui oeuvrent aujourd'hui à l'intérieur
des communautés religieuses. L'amendement que vous nous avez
refusé tout à l'heure a peut-être été
refusé à cause du fait qu'il faisait une certaine allusion aux
communautés religieuses. Personnellement, je n'en vois pas. Je croyais
que cet amendement référait exclusivement aux individus. Mon
amendement serait qu'au lieu de dire les enseignants religieux, frères,
soeurs, prêtres, il se lirait simplement: "tout enseignant qui. avant le
1er juillet 1965, a enseigné et qui n'a pas cotisé au fonds de
pension des fonctionnaires de l'enseignement".
M. Chevrette: M. le Président, m'accordez-vous une petite
question d'information?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
"Montcalm", de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je suis très calme.
M. Saint-Germain: ...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, si vous me le permettez. Je ne sais pas si vous voulez en
faire une question de règlement, M. le député de
Joliette-Montcalm, mais si cela devait être sur le fond de l'amendement
de M. le député...
M. Chevrette: Non, ce n'est vraiment pas sur le fond.
Le Président (M. Dussault): ... je ne pourrais pas vous
laisser intervenir, puisque je dois d'abord juger de la
recevabilité.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas sur le fond, c'est pour nous
permettre d'en faire une question de règlement officielle. C'est une
directive.
Le Président (M. Oussault): Je vous écoute.
M. Chevrette: Quand on dit... L'article 1 a été
adopté, vous en convenez?
Le Président (M. Dussault): Non, l'article 1 n'a pas
encore été adopté, puisque M. le député de
Jacques-Cartier...
Mme Lavoie-Roux: Si vous écoutiez au lieu de parler, vous
pourriez suivre le débat.
Le Président (M. Dussault):... qui a encore un temps de
parole sur l'article, ne donne pas son accord pour voter.
M. Chevrette: Tout le monde a dit "adopté" et personne n'a
parlé.
Mme Lavoie-Roux: II a dit: Un instant!
Le Président (M. Dussault): II a dit qu'il avait un
amendement sur l'article 1.
M. Chevrette: Tout le temps qu'il a pris... Je pensais qu'il
était adopté.
Le Président (M. Dussault): Je vous écoute, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cet amendement, M. le Président, serait
inclus à l'article 1, paragraphe d, cinquième paragraphe. On en
ajouterait un sixième qui se lirait: Je puis le relire, si vous
le voulez bien. "Tout enseignant qui, avant le 1er juillet 1965, a
enseigné et qui n'a pas cotisé au fonds de pension des
fonctionnaires de l'enseignement".
Le Président (M. Dussault): M. le...
M. Saint-Germain: Votre décision sur la
recevabilité a été rendue sur l'autre amendement.
Peut-être avez-vous interprété, comme certains de vos
collègues, que cet amendement s'adressait ou faisait allusion à
des communautés religieuses. Je veux qu'il soit bien clair et bien
défini que l'enseignant est considéré ici non pas comme
faisant partie d'une communauté religieuse ou comme s'étant
retiré d'une communauté religieuse, mais simplement comme un
employé, comme le dit le paragraphe d) de l'article premier.
M. Le Moignan: Pourriez-vous nous relire cet amendement, M. le
Président?
M. de Belleval: A la place de "enseignant religieux", c'est "tout
enseignant".
M. Jolivet: "Tout enseignant", point.
Le Président (M. Dussault): Le reste de l'amendement est
celui que Mme le député de L'Acadie nous avait fourni tout
à l'heure.
M. Jolivet: Avec la parenthèse.
Le Président (M. Dussault): Avant que quelque
argumentation ne se fasse sur l'amendement, M. le député de
Jacques-Cartier, je vais rendre ma décision relativement à sa
recevabilité. Je ne demanderai à aucun membre de la commission de
me donner un éclairage; je pense pouvoir rendre immédiatement ma
décision.
M. Saint-Germain: J'aimerais bien, si vous le permettez, M. le
Président, vous laisser savoir pourquoi je crois que cet amendement est
recevable. Je reviens...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, ce n'est pas nécessaire. Le règlement
prévoit que le président demande aux membres de la commission,
pendant dix minutes tout au plus pour chacun des membres, chacun des partis...
Ce n'est pas nécessaire, je ne juge pas indispensable de vous demander
un éclairage. Je me sens déjà suffisamment informé.
Je pense que les événements de tout à l'heure vont m'aider
largement à prendre ma décision.
M. Saint-Germain: M. le Président, je comprends
très bien, mais il reste qu'il est de tradition de permettre à un
membre de l'Opposition, surtout à celui qui présente un
amendement, de dire et d'expliquer à la commission pour quelle raison il
croit que cet amendement est recevable. Je vous demanderais, avec toute la
courtoisie possible, le privilège de vous expliquer...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, la qualité que je me souhaite la plus grande comme
président, c'est celle d'être tolérant. Je vais vous
laisser à vous seul, pendant quelques courtes minutes, le soin de
m'éclairer sur sa recevabilité. (21 heures)
M. Saint-Germain: Je ne voudrais pas revenir sur l'argumentation
que j'ai donnée tout à l'heure, mais je crois qu'il est important
de dire qu'en deuxième lecture nous avons voté exclusivement sur
le principe. Le principe, comme je le disais, c'est la Loi concernant la
protection à la retraite de certains enseignants. C'est ce que nous
avons accepté en deuxième lecture. C'est tellement vrai que les
procédures de la Chambre veulent qu'après qu'une loi a
été acceptée en principe, on étudie en commission
la loi article par article pour qu'on puisse bien définir les
modalités d'application du principe que nous venons de voter. Il y a
là toute une kyrielle de traditions en ce sens. Tout amendement à
un article donné devient recevable
à la condition qu'il ne vienne pas en contradiction avec le
principe qui a été accepté par l'Assemblée
nationale. En ce sens, si on allait accepter mon amendement, cet amendement
deviendrait une autre modalité d'application du principe du projet de
loi no 60.
Ce serait toujours par le même principe qu'on inclurait dans la
protection à la retraite de certains enseignants tout enseignement qui
aurait enseigné avant 1965. Cela ne ferait, d'ailleurs, que s'ajouter
à déjà cinq modalités d'application du principe
à l'article 1, paragraphe d). On pourrait, toujours sans toucher au
principe, sans modifier le principe, ajouter une septième ou une
huitième définition et aussi en retrancher, toujours en
conservant le même principe. Cela me semble être absolument
évident. Le ministre, d'ailleurs, nous a lui-même, si je ne
m'abuse, déposé une série d'amendements et je suis
convaincu que ces amendements qu'il nous a soumis ne viennent pas en
contradiction toujours avec ce principe que nous avons voté. Autrement,
vous devriez les calculer comme étant irrecevables.
Le député de Joliette, entre autres, a dit qu'il y avait
eu des précédents et que l'Opposition, lors de l'étude du
bill 67, avait pris une position contraire à celle que nous prenons ce
soir. Je crois que c'est absolument dans la même ligne de pensée,
car on avait voté, lors de l'acceptation en deuxième lecture du
principe de l'assurance automobile, l'assurance obligatoire et l'assurance
étatique.
Le gouvernement avait alors voulu amender un article de la loi qui
permettait à la Régie de l'assurance automobile d'étatiser
ou d'acheter de gré à gré une compagnie d'assurance
privée. Voilà, évidemment, qu'il y avait là un
principe, mais absolument différent. Dans ce sens, je crois que mon
amendement est tout à fait recevable à sa face même.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Jacques-Cartier, de l'éclairage que vous m'avez
apporté. J'ai bien peur, une fois de plus, de vous décevoir,
puisqu'en dehors du fait que l'amendement que vous avez soumis n'est pas
couvert par le principe de l'application de ce projet de loi dont j'ai fait
mention tout à l'heure, lors de ma première décision, et
que, deuxièmement, l'amendement que vous soumettez va toujours à
l'encontre de ce deuxième critère qui peut servir pour juger de
la recevabilité d'un amendement, à savoir celui qui est
prévu à l'article 64 et qui dit ceci, je vous le relis: "Une
motion ne peut être présentée que par un
représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet direct
premièrement, ne s'applique pas; deuxièmement, ne s'applique pas
et troisièmement, s'applique l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables. Pour ces
raisons, je déclare votre amendement irrecevable.
L'article 1 est-il adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, pour continuer à
parler sur l'article 1.
Le Président (M. Dussault): II vous reste encore deux
minutes, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, je disais, M. le Président, que
le ministre avait été bien clair et bien précis. Il y a
tout de même certaines choses qu'il a affirmées et dont je doute
énormément. C'est lorsqu'il dit que ce projet de loi n'est pas
gelé dans le ciment. C'est clair. Il n'y a pas de loi dans le ciment.
Une loi peut nécessairement être modifiée lors de n'importe
quelle session.
Seulement, je ne crois pas que ce soit sérieux de dire que, dans
un avenir rapproché, un autre projet de loi semblable, toujours avec le
même principe, sera soumis à l'étude de l'Assemblée
nationale et qu'il inclura les religieux qui sont actuellement au sein des
communautés. Il ne faudra tout de même pas leurrer ces gens. On
devra leur dire qu'ils ont manqué le train et pour plusieurs
années à venir, croyez-moi.
C'est un projet de loi politique, en ce sens que, à l'article 1,
si on limite la protection de cette loi à ceux qui ont laissé la
communauté, c'est que, premièrement, ça diminue
énormément le coût de cette loi et ce sont les seuls qui
ont pu et à qui on a permis de faire des représentations
positives au niveau de cette loi. Mais d'autres... ces gens qui ont
été dans l'enseignement à titre de religieux, qui en sont
sortis, se sont sentis lésés dans leurs droits. C'est la raison
pour laquelle nous avons voté en faveur de cette deuxième
lecture. On a bien voulu les réintégrer, si vous voulez, au
niveau de la justice sociale.
Mais je crois qu'on porte préjudice, qu'on fait tort et qu'on
pose des actes injustes envers ceux qui, pour des raisons bien personnelles,
ont décidé, à ce moment-ci, et jusqu'ici, de demeurer en
communauté. Je crois que ces gens avaient droit à la même
protection que les autres, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Jacques-Cartier.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Chevrette: Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté, M. le Président. Le Président (M.
Dussault): Adopté. Conditions d'admissibilité
J'appelle l'article 3. Oui, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais faire
remarquer que dans l'article 3, c'est-à-
dire toute la section 2, en fait, touche les conditions
d'admissibilité, et on retrouve, tant à l'article 3 qu'à
l'article 4, enfin à d'autres articles de ce chapitre, à
l'article 8, l'allusion au fait qu'une des conditions d'admissibilité
est la sécularisation des religieux.
Je voudrais, à ce moment-ci, faire une dernière
intervention sur le fait que les conditions d'admissibilité
prévues à l'article 3 ne s'appliquent qu'à l'enseignant
religieux sécularisé et, pour sécuriser le ministre, je
lui dirai que ce sera ma dernière intervention sur ce projet de loi qui,
volontairement, exclut l'enseignant religieux.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, est-ce que vous avez terminé votre intervention?
Mme Lavoie-Roux: Bien non.
Le Président (M. Dussault): Non? C'est ce que j'avais
compris.
M. de Belleval: C'est une pause.
M. Chevrette: Je pensais que c'était parce que vous aviez
fini. J'ai dit: Je vais prendre la parole.
Le Président (M. Dussault): Cela donnait l'impression...
J'avais l'intuition que ce n'était pas le cas. Alors, vous avez encore
la parole, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'ai 20 minutes.
Je dois vous dire que je n'utiliserai pas mes 20 minutes. Il ne s'agit pas de
faire de l'obstruction, mais je pense qu'il s'agit d'énoncer clairement
certaines choses qui se sont passées et qui, à mon point de vue,
n'ont pas été clairement dites.
On se rappellera qu'il y a près d'un an, le ministre de la
Fonction publique avait parlé de l'éventuel règlement pour
le cas des enseignants religieux et ex-religieux. Les membres religieux, encore
religieux, ont été pris par surprise quand ils ont tout à
coup découvert qu'après l'étude qui avait
été faite par le comité ad hoc qui toujours laissait
entendre qu'on tiendrait compte des enseignants religieux et ex-religieux... Le
fameux projet de loi 60, qui a été déposé il y a
à peine six jours même si on l'avait annoncé cinq
jours auparavant...
M. de Belleval: II a été déposé
effectivement le 31 mai dans sa forme définitive.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord; ne nous chicanons pas. Il est
arrivé devant nous il y a environ six jours.
M. de Belleval: Non, le 31 mai.
Une Voix: ... parti politique.
Mme Lavoie-Roux: Mais non, vous nous avez demandé de faire
une exception parce qu'il n'était pas encore imprimé.
M. de Belleval: Non, mais vous l'avez eu sous forme
miméographiée le 31 mai et il vous a été
livré dans sa forme imprimée le 6 juin. Vous l'avez eu en sa
teneur...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse une fois de plus, M. le
Président.
M. de Belleval: ... intégrale.
Mme Lavoie-Roux: Je fais erreur; il ne s'agit pas de six jours,
il s'agit de douze jours.
M. Proulx: C'est à peu près cela. M. de
Belleval: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Pour la différence que cela fait.
Une Voix: Quatorze...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est le 14 aujourd'hui?
M. de Belleval: Oui.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas.
Une Voix: Peu importe.
Mme Lavoie-Roux: Non, vous l'avez lu en deuxième lecture
hier. En tout cas, cela fait douze jours.
M. de Belleval: II n'y a pas longtemps; il n'y a pas un
siècle.
Mme Lavoie-Roux: Non, cela ne fait même pas quinze jours,
M. le ministre.
M. Jolivet: Cela traîne depuis 1965 quand même.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, les membres des
communautés religieuses qui sont dans l'enseignement ont
été fort surpris de ce que prévoyait le projet de loi 60
qui les excluait. Je pense que les représentations qu'ils ont faites,
à titre individuel pour la plupart, ou par groupe pour d'autres,
indiquaient qu'ils étaient fort surpris les
télégrammes vous sont sans doute parvenus, M. le ministre
et elles sont causées par deux faits. Ce matin, vous avez dit: Les
communautés religieuses ont été plutôt passives, la
Commission canadienne religieuse était plus ou moins pour le projet;
tout s'était fait officieusement. Alors que
je vous ai lu la lettre tout à l'heure qui indiquait que,
officiellement, elles avaient donné leur avis et leur consentement tant
et aussi longtemps que les deux groupes de personnes étaient
impliqués.
Vous avez également fait allusion ce matin au fait que vous aviez
consulté je dois admettre que cela a été assez
ambigu officieusement le frère Labonté. Mais je pense
qu'il ne faudrait pas considérer comme une consultation officielle une
consultation auprès d'un membre de ce groupe CRC d'autant plus que vous
nous dites que vous l'avez fait d'une façon officieuse. Je pense qu'il
aurait valu la peine, avant que le projet de loi ne soit déposé,
qu'on consulte les communautés. Si elles avaient voulu refuser, elles
auraient eu le loisir de refuser, mais on s'est empressé de
présenter le projet de loi amputé, non pas d'une petite partie,
mais des trois quarts des personnes concernées.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Tout ceci pour vous dire qu'on ne parle que des
sécularisés et non des non-sécularisés, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, j'allais vous rappeler à la pertinence parce que votre
intervention devrait se faire sur les conditions d'application...
Mme Lavoie-Roux: Mais les conditions d'application, après
tout...
Le Président (M. Dussault): ... à l'enseignant
religieux sécularisé et non pas au principe de l'application
à ces personnes. Ce qui fait que je dois vraiment vous demander de vous
en tenir très précisément à la pertinence.
Mme Lavoie-Roux: Mais la pertinence, M. le
Président...
M. Saint-Germain: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier, sur une question de
règlement.
M. Saint-Germain: S'il vous plaît, M. le Président.
Depuis que nous avons commencé nos travaux, c'est avec vous qu'on fait
un débat. Le ministre est assis là, il n'a pas un mot à
dire. S'il vous plaît, voulez-vous présider les débats et
laisser qui de droit parler. Cela donnera le temps aux autres de
répondre, si vous voulez bien.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II y a toujours une limite. Ecoutez-moi! (21 h
15)
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je dois vous rappeler qu'au tout début des travaux de
cette commission cet après-midi, j'ai été
extrêmement je pèse mes mots tolérant quant
à la pertinence. Ce débat, que Mme le député de
L'Acadie est en train de faire, n'étant pas pertinent a
déjà été fait et largement. Vous y avez
participé, et Mme le député de L'Acadie y a
participé aussi.
C'est dans l'ordre des choses d'être tolérant au moment
où nous discutons du premier article en permettant d'être un peu
plus général dans ses propos, mais je ne peux permettre
actuellement à Mme le député de L'Acadie je ne suis
pas sur le fond, je reste sur la forme de continuer dans le sens
où elle est partie parce que ce n'est pas pertinent à l'article 3
qui parle de conditions d'admissibilité.
M. Saint-Germain: C'est justement ce qu'elle veut vous expliquer,
M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je vous ferai remarquer le plus calmement du
monde que j'aurais pu présenter ici un autre amendement, alors qu'au
quatrième paragraphe on parle de l'enseignant religieux
sécularisé. J'aurais pu prendre 19 minutes, M. le
Président, pour introduire un autre amendement qui aurait
répété celui que vous n'avez pas reçu à
l'article 1. Ce que je vous ai dit, c'est qu'à partir de cela je voulais
prendre je pense qu'on va maintenant dépasser 20 minutes, mais je
n'avais pas l'intention de dépasser 20 minutes... pour essayer non pas
de faire un amendement, mais si vous tenez, pour que je puisse utiliser mon
droit de parole, à ce que je fasse un amendement, je vais en faire un
autre. Comme je sais que c'est un amendement qui sera déclaré
inacceptable, je ne veux pas me prêter à ce jeu-là. Je veux
simplement essayer de regrouper certains arguments que nous avons
utilisés et qui, pour moi, concluront, à toutes fins pratiques,
l'étude de ce projet de loi parce qu'il faudrait revenir à
chaque article où c'est marqué sécularisé avec un
amendement de non-sécularisé... Je ne veux quand même pas
faire ce jeu-là.
Je pense qu'on discute un peu pour rien.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, vous savez que c'est le rôle du président de faire en
sorte que l'on s'en tienne à la pertinence du débat. Je fais mon
travail et je le fais le mieux possible. Je veux vous faire remarquer que le
quatrième paragraphe, auquel vous faites allusion, parle bien de
l'enseignant religieux sécularisé, mais on dit bien: "...doit,
pour bénéficier des dispositions de la présente loi, opter
pour le régime en donnant l'avis ". C'est là le fond de ce
paragraphe dont vous parliez à l'article 3. Si vous voulez parler de
l'enseignant religieux non sécularisé, c'est là que je
vous rappelle à la pertinence.
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis, M. le Président, que je
regrette que ce quatrième paragraphe ne fasse allusion qu'à
l'enseignant religieux sécularisé qui cotise à un
régime de retraite. Il doit, pour bénéficier des
dispositions de la présente loi... Je regrette, M. le Président,
qu'on n'y ait pas inclus ou qu'on ait délibérément exclu,
en dépit de toutes les évidences, compte tenu des études
qui avaient été faites sur qui sera admissible à ce
projet...
M. Jolivet: ...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez que je m'amuse à m'en
tenir à la pertinence, je vais y aller avec encore plus de
détails, mais ce sera un peu plus onéreux.
Le Président (M. Dussault): Je vous suivais et
jusqu'à maintenant je n'ai rien à "dire", Mme le
député.
M. Saint-Germain: Comme cela, il n'a rien à dire.
Le Président (M. Dussault): Madame était vraiment
pertinente au moment où elle traitait de la question, jusqu'à
maintenant, en tout cas.
Une Voix: On rit bien, mais ce n'est pas drôle.
M. Saint-Germain: Non, ce n'est pas comique, vous pouvez en
être sûr.
Mme Lavoie-Roux: Non. Alors, je recommence, M. le
Président. Je disais donc que je regrettais que ce projet de loi, qui,
à sa section II, article 3, prévoit une partie des conditions
d'admissibilité de l'enseignant religieux sécularisé, ait
omis ou ait exclu d'une façon évidemment volontaire, à la
suite des explications qui nous ont été données ce
matin... Cette exclusion de l'enseignant religieux non sécularisé
est le résultat d'un choix budgétaire que le gouvernement a fait.
Le gouvernement a décidé je m'en tiens à la
pertinence, M. le Président que pour l'enseignant religieux
sécularisé, il était prêt à dépenser
$50 millions, qui, sur une période de 40 ou 50 ans,
équivaudraient à $200 millions.
Une Voix: $300 millions.
Mme Lavoie-Roux: $300 millions. Ce matin j'avais compris $200
millions; apparemment, ce montant est rendu à $300 millions.
Une Voix: On n'en est pas à $100 millions près.
Mme Lavoie-Roux: Non, il ne semble pas. Alors qu'on avait
prévu cette somme pour l'enseignant religieux sécularisé,
on a exclu une partie importante, les trois quarts de la population
concernée, en ne voulant pas voter des prévisions qui, dans
l'immédiat, auraient coûté $200 millions au lieu de $50
millions vous nous avez parlé de $50 millions ce matin, M. le
ministre et qui, à long terme, auraient coûté
près de $1 milliard.
Malgré les bonnes intentions du ministre, et ceci va être
la fin de mon intervention, M. le Président, pour vous rassurer,
j'espère que vous me permettrez de lire les propos mêmes que
tenait le président hier soir, me dit-on, que, la question de la
participation éventuelle des religieux non sécularisés par
opposition aux enseignants religieux sécularisés que vous
retrouvez à l'article 3 de vos conditions d'admission, que, dis-je, la
participation éventuelle des religieux et des communautés
religieuses à un régime de retraite public pour les enseignants,
qui couvrirait les années précédant 1965, pourrait
être envisagée avec les mêmes communautés, si elles
désirent engager avec le gouvernement des discussions à cette
fin. "Autrement dit, la position du gouvernement dans ce domaine n'est pas
coulée dans le béton, elle vise à fournir le plus
rapidement possible aux gens qui en ont le plus besoin un régime de
retraite convenable. Quant aux enseignants religieux toujours religieux, donc
nous pourrons voir s'il y a des demandes, si les communautés
désirent ouvrir le dossier à ce sujet".
M. le Président, je vous ferai remarquer qu'il y a là un
engagement d'inclure éventuellement, toujours à l'article 3, les
enseignants non sécularisés, c'est presque un voeu pieux de la
part du ministre. Le ministre lui-même nous disait ce matin, M. le
Président, qu'on ne pourrait pas légiférer à la
pièce pour une communauté ou pour l'autre et qu'il faudrait
légiférer pour toutes les communautés. Or, on
connaît la réticence du gouvernement à vouloir l'appliquer
à tout le monde, puisqu'il ne l'applique que pour l'enseignant religieux
sécularisé. Je m'excuse de la répétition, mais
c'est pour que vous me jugiez à l'intérieur de la pertinence je
pense que le fait que le gouvernement ait refusé de dépenser ces
sommes et que, comme le disait le ministre ce matin, on ne pourra pas
procéder à la pièce mais qu'il faudra procéder avec
toutes les communautés, fait, à ce moment-là, je pense,
qu'on pourra toujours compter sur une division quelconque alors qu'il aurait
été tellement plus facile pour les inclure de consulter les
communautés religieuses et que celles qui n'auraient pas voulu s'en
prévaloir...
D'ailleurs, là-dessus, peut-être que le ministre pourra me
répondre, j'imagine qu'un enseignant sécularisé qui ne
voudrait pas s'en prévaloir, ne sera pas tenu de s'en prévaloir.
Est-ce que j'estime bien, M. le ministre? Pour l'enseignant
sécularisé qui ne veut pas s'en prévaloir, la loi ne lui
en fait pas obligation. Il aurait pu en être exactement de même
pour les communautés religieuses ou pour les individus à
l'intérieur de la communauté religieuse puisque, maintenant, ils
sont considérés comme individus quand ils travaillent dans le
service public, etc., dans le secteur public. Je pense que c'est un choix
délibéré du gouvernement de n'inclure dans ce projet de
loi que l'enseignant
religieux sécularisé, et on se cache derrière des
raisons extrêmement vagues et ambiguës pour justifier le fait qu'on
n'ait pas étendu le présent projet de loi à tous les
enseignants religieux, compte tenu surtout des espoirs qu'on avait fait
miroiter à leurs yeux, au point même où on les avait
intégrés au comité ad hoc qui devait étudier ce
projet de loi et qu'on n'a pas tenu compte de leur point de vue.
M. le Président, je dois vous dire que c'est la dernière
intervention que je vais faire, au moins en ce qui touche le problème de
non-inclusion du personnel religieux, et je n'y ajouterai pas tous les autres
arguments dont j'ai parlé ce matin, ce qui fait que même si on
veut faire un calcul du pour et du contre de la participation des enseignants
religieux et du devoir et des responsabilités de leur communauté
à leur endroit, je pense qu'on fait abstraction quand même de ce
principe qui est maintenant reconnu à la personne en communauté
comme étant un individu qui reçoit un salaire individuel et qui,
après cela, détermine avec la communauté la façon
dont on disposera de l'argent. J'ajouterais simplement que faire des calculs
mathématiques trop simples n'est pas une bonne chose, quand on tient
compte que les communautés religieuses, en dehors de leur fonction
d'enseignement, remplissent aussi nombre de responsabilités sociales,
que ce soit par des maisons d'accueil, que ce soit par des pensionnats pour
enfants qui, sur le plan social, ont des problèmes ou les familles ont
des problèmes, etc. On pourrait nommer une quantité de champs
d'intervention qu'elles ont, où elles mettent les fonds de la
communauté elles-mêmes pour continuer à remplir cette
fonction sociale qu'elles ont toujours remplie dans le passé.
Je m'arrête ici, M. le Président, et encore une fois, je
regrette que ce projet de loi ait exclu les enseignants religieux.
Le Président (M. Dussault): Je rappelle à la
commission qu'à l'article 3, pour être pertinent, il faut parler
sur les technicités à remplir pour être admis. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Le Moignan: Je voudrais ajouter un petit mot...
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Gaspé, vous m'aviez en effet demandé la
parole. M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: ... pour déplorer l'attitude du ministre
qui a pris connaissance du rapport du comité ad hoc. Le comité ad
hoc recommandait, à différents endroits et de façon
très explicite surtout après les solutions 10, 11, 12, en
particulier, je ne veux pas énumérer tout ce qu'il y a
là-dedans, mais j'en prends une, c'est la 10e, la 11e, celle en somme
que le ministre veut retenir que "cette solution permettrait aux
enseignants religieux et aux enseignants religieux laïcisés,
après le 30 juin 1965, de faire compter toutes leurs années
d'enseignement comme religieux."
Alors, je crois qu'à partir de ce moment-là, le ministre a
fait une loi pour les ex-religieux enseignants seulement. On peut se demander
pourquoi le ministre n'a pas tenu compte des recommandations du comité
ad hoc et n'a pas pensé inclure les deux groupes selon toutes les
modalités, tenant compte de l'aspect économique, de la
participation des individus, des communautés elles-mêmes, du
gouvernement, sans que le fardeau ne devienne trop lourd pour les
contribuables.
C'est une recommandation qui m'étonne un peu, surtout à la
suite d'un rapport aussi positif, alors qu'on envisageait les deux groupes,
qu'on ne faisait pas de distinction, qu'on les considérait tous à
part égale comme des enseignants.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. de Belleval: ... comme le porte-parole officiel de
l'Opposition officielle, sans vouloir déprécier la contribution
importante du député de Jacques-Cartier, et que le
représentant aussi officiel de l'Opposition non officielle, mais non
moins importante que constitue l'Union Nationale, ont terminé sur cette
question, si c'est le cas, j'aimerais dire un petit mot de réplique;
ensuite, si j'ai bien compris, d'un commun accord, on sera prêt à
continuer.
Mme Lavoie-Roux: On est prêt à continuer.
D'accord.
M. de Belleval: Est-ce que c'est le cas?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm renonce maintenant à son droit de parole. M. le
député de Laviolette...
M. Jolivet: Je cède.
Mme Lavoie-Roux: On voudrait des explications sur vos
amendements, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): ... qui cède aussi son
droit de parole à M. le ministre. M. le ministre.
M. de Belleval: Je voudrais, puisque c'est la fin du débat
sur cet aspect, rappeler un certain nombre de faits qui éclairent ou qui
ont éclairé le jugement du Conseil des ministres
là-dessus.
Tout d'abord, bien qu'il y ait eu un comité créé,
il faut bien voir que le précédent gouvernement ne s'était
pas engagé à mettre en application quelque recommandation que ce
soit de ce comité. Il avait mis sur pied ce comité de bonne foi,
bien sûr, et nous avons repris les choses où elles étaient
et nous avons reconfirmé le mandat, mais, il ne s'était pas
engagé par principe, il l'aurait fait d'ailleurs de façon
imprudente s'il l'avait fait, à accepter quelque recommandation que ce
soit du comité. C'est un comité consultatif, vous savez, je pense
que vous reconnaissez qu'un tel comité n'a
pas une voix décisionnelle. Il a un poids moral important, mais
il n'a pas un poids décisif ou décisionnel.
Le gouvernement gardait donc sa marge de manoeuvre vis-à-vis des
conclusions du comité. C'est ainsi qu'on fonctionne dans notre
système démocratique.
Deuxièmement, je voudrais aussi lire un passage de la lettre de
la Conférence religieuse canadienne, suite au rapport du comité,
qui démontrait aussi très bien l'esprit qui avait
présidé à la participation des communautés
religieuses par le truchement de la Conférence religieuse canadienne,
région du Québec. Ce passage est le suivant: "Lorsqu'en 1976, le
ministre de la Fonction publique a demandé la représentation de
la Conférence religieuse canadienne (région de Québec) au
sein du comité ad hoc que le gouvernement instituait, les membres de
l'exécutif de l'association ont accepté cette participation
prioritairement parce que pouvaient être prévues des modifications
au régime de retraite qui seraient à l'avantage des enseignants
religieux sécularisés après le 30 juin 1965." (21 h
30)
Autrement dit, ils ont participé, mais ils ont participé
prioritairement dans un but précis, celui de régler le
problème des ex-religieux. Et on comprend pourquoi ils ont
participé dans cet état d'esprit; c'est qu'ils avaient des
réticences à voir le gouvernement s'ingérer, de quelque
manière que ce soit et ils l'ont rappelé d'ailleurs
dans ce qu'ils appellent les affaires internes des communautés.
Evidemment, devant l'attrait de la solution proposée par le
comité, si la solution était acceptée
unilatéralement par le gouvernement, je les comprends de désirer
entrer dans un train dans lequel on leur offre si gracieusement un billet
gratuit.
Mais il n'a jamais été dans l'intention de l'ancien
gouvernement, pas plus que du nouveau, de considérer cette entrée
gratuite, a priori. Je pense qu'au contraire, et c'est la raison pour laquelle
le débat s'est poursuivi pendant de nombreuses années, tout le
monde savait qu'une participation sans condition, une extension sans condition,
au bénéfice des enseignants religieux, de dispositions
éventuelles modifiant les régimes de retraite en vigueur, serait
extrêmement onéreuse et qu'il faudrait, bien sûr, en
discuter spécifiquement avec les communautés.
Or, il faut admettre que, jusqu'à présent, ces
communautés n'étaient pas disposées, effectivement,
à en discuter. Elles étaient disposées à en
discuter, mais en ce qui concerne le problème des ex-religieux,
prioritairement.
Comme je l'ai expliqué aussi, le but du projet de loi et le but
de toutes les discussions qui se sont poursuivies depuis 1965 visait à
rétablir la situation avant 1965, à l'égard des
enseignants laïcisés, et non pas à l'égard des
enseignants religieux. La situation d'avant 1965 était très
claire là-dessus et elle reposait sur ce que j'ai qualifié de
concordat tacite entre la société québécoise et les
communautés. Et ce concordat prévoyait que les
communautés, grâce aux diverses sources de revenus qui
étaient à leur disposition, que ces sources de revenus aient
été plus ou moins grandes là-dessus, je suis
d'accord avec vous; si on se mettait à faire le bilan économique
de tout cela, il y aurait du pour et du contre quoi qu'il en soit,
l'entente qui existait, c'était que les communautés
étaient en mesure de subvenir à leurs besoins et aux besoins de
leurs membres âgés.
Si, en 1978, les conditions ont changé, les conditions
matérielles des communautés ont changé, ou si les
conditions sont telles aujourd'hui qu'elles ont des difficultés à
offrir un bien-être minimum ou normal à leurs membres
âgés, ex-enseignants ou ex-enseignantes, mais toujours membres de
leur communauté, je pense qu'il faut regarder le problème. Nous
sommes disposés à le faire. Mais, là encore, il faudra le
faire en regardant l'ensemble du dossier et non pas seulement un de ses
aspects.
Là-dessus, je réitère que la situation des
communautés varie grandement, je pense, d'une communauté à
l'autre, que certaines sont peut-être richement dotées, que
d'autres le sont moins et que, peut-être, certaines ne le sont pas du
tout. Mais je pense que la situation qui existait, qui a toujours existé
au Québec, c'est que les communautés, individuellement comme en
groupe, bénéficiaient de sources de revenus suffisantes.
Vous savez aussi qu'aujourd'hui, tous les jours, on se rend compte que
le patrimoine des communautés est mis en vente et qu'elles peuvent
retirer des sommes considérables de ventes de terrains qui leur ont
été donnés gracieusement dans le passé, dans le
cadre de cette espèce de concordat social dont j'ai parlé.
Normalement, d'ailleurs, on s'attendrait que ces ventes, les sommes
réalisées par ces ventes de terrains, par ces ventes de
patrimoine, de même que par les intérêts accumulés
sur les intérêts que produisent les sommes accumulées pour
certaines d'entre elles en tout cas, pour plusieurs d'entre elles, ces sommes,
normalement, doivent suffire et devraient suffire à assurer à
leurs membres des conditions matérielles satisfaisantes.
Si, effectivement, ces conditions ont changé ou si tel n'est pas
le cas, il faut regarder le dossier, il faut regarder le problème, mais
cela ne sert à rien de faire semblant que le dossier est très
simple, qu'il n'a qu'une facette et qu'on ne doit pas considérer
l'ensemble de ses aspects. C'est la raison pour laquelle nous avons
accepté une partie des recommandations du comité, mais nous ne
mettons pas le couvercle sur l'ensemble du dossier, nous sommes disposés
à en poursuivre l'étude.
Je pense que le projet de loi, pour sa part, répond directement
aux revendications qui ont toujours été non seulement
prioritairement, mais je dirais presque exclusivement mises de l'avant durant
ces dernières années, depuis 1965, en vue de rétablir le
statu quo d'avant 1965. Ce que certaines communautés, certains membres
des
communautés pourraient revendiquer aujourd'hui, ce n'est
même plus le rétablissement du statu quo ante 1965, mais c'est
véritablement une modification des ententes plus ou moins tacites qui
ont toujours existé dans le passé entre la société
québécoise et ses membres. S'il faut le faire, on le fera. On le
fera avec toute l'ouverture d'esprit, sans aucune mesquinerie. Je peux en
assurer les communautés de la part du gouvernement.
Le Président (M. Dussault): J'ai compris que la commission
accordait une permission unanime pour que le ministre traite d'une question qui
n'est pas celle de l'article 3. Mme le député de L'Acadie me
demande la parole sur les propos du ministre. Je vous demanderais, s'il vous
plaît, d'être brève.
Mme Lavoie-Roux: Deux minutes, M. le Président. M. le
ministre, je vous remercie de vos explications. Je crois sincèrement
à votre bonne foi quand vous dites... vous n'avez pas dit: Si je suis
là, mais j'ai l'impression que si vous êtes là, vous les
traiterez sans mesquinerie, si elles vous adressent une demande. Je suis
prête à vous en rendre le témoignage.
Je voudrais simplement dire... Vous avez fait allusion au fait que dans
cette réponse de la CRC on mentionnait, et c'est exact, que les membres
de l'exécutif de l'association ont accepté cette participation
prioritairement parce que pouvaient être prévues des modifications
au régime de retraite qui seraient à l'avantage des enseignants
religieux sécularisés. Je pense que c'est tout à fait
exact.
Par contre, je voudrais, sans entrer dans une discussion, vous faire
remarquer le titre de la lettre, qui est: La Conférence religieuse
Canadienne, région du Québec, et les recommandations du
comité d'étude en regard de la protection à la retraite
des enseignants religieux et des enseignants religieux laïcisés
après le 30 juin. Le premier paragraphe fait encore allusion à la
situation des enseignants religieux et des enseignants religieux
laïcisés après le 30 juin 1965. Je pense que ce que vous
dites au troisième paragraphe est vrai, mais il reste que l'entendement
semblait bien que cela touchait aux deux groupes.
L'autre chose, quand vous faites allusion au patrimoine que les
communautés peuvent vendre, je voudrais simplement vous faire remarquer
que, là-dessus, la situation devient de plus en plus difficile, du
moins, pour certaines communautés, celle avec lesquelles je suis plus
familière. Je vais vous donner les exemples que vous connaissez
très hien, les soeurs Grises, le Collège de Montréal, la
maison mère des soeurs de la Congrégation, de Villa Maria. Il y
en a probablement d'autres dans la région de Québec que je ne
connais pas. Il y a, par exemple, le couvent de la Nativité, dont on a
parlé, qui est dans l'Est de Montréal. Je suis sûre qu'il y
en a dans la région de Québec. A ce moment, à toutes fins
pratiques, on gèle le patrimoine, non seulement cela, on leur impose
quand ils sont classés, des obligations supplémentaires pour
l'entretien.
Alors, ce n'est pas une situation simple.
M. de Belleval: C'est ce qu'on dit, pour l'ensemble. Il y a du
pour et du contre.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Dans le fond, on fait porter maintenant
à une partie, pas à toutes les communautés religieuses,
mais à un certain nombre de communautés religieuses le poids de
la protection du patrimoine. Ce n'est pas que je sois contre, mais je ne veux
quand même pas dire qu'on vend le patrimoine et que cela leur fait des
fonds pour s'occuper de leurs vieillards. Ce n'est pas aussi simple que cela.
Ce sont peut-être les communautés les plus riches dont je vous ai
parlé, celles de Montréal. Il y a à côté de
cela des communautés plus pauvres qui n'en ont pas. Vous l'avez reconnu.
Tout ce que je voudrais dire, à ce moment, c'est qu'il est trop tard
pour quoi que ce soit, c'est d'inviter des communautés religieuses
à faire les représentations. J'ose espérer,
peut-être qu'on pourrait avoir une certitude de la part du ministre
là-dessus, que même si toutes les communautés religieuses
enseignantes ne vous font pas des représentations, même sur un
nombre X de ces communautés religieuses, vous seriez prêt à
rouvrir le dossier dans les plus brefs délais dès que les
représentations vous seraient faites.
M. de Belleval: Là-dessus, seulement un petit mot. Il y a
environ 209 communautés qui pourraient être concernées. Il
est bien évident qu'une façon de noyer le poisson, ce serait de
s'attendre que les 209 inclusivement fassent des propositions; mais, sans aller
jusqu'à pousser le raisonnement jusqu'à l'absurde, je pense aussi
qu'il y a une chose qui existe au Québec, c'est l'Eglise du
Québec. On ne peut pas faire semblant aujourd'hui qu'il n'existe que des
communautés séparées, que des religieux individuels, mais
il existe une chose telle que l'Eglise du Québec. J'ai été
élevé personnellement dans le giron de cette Eglise, comme des
centaines et des milliers de Québécois, je l'ai toujours
perçu comme cela, c'est comme cela qu'on me l'a enseigné,
d'ailleurs. Aujourd'hui que je suis homme politique, je pense qu'on aurait tort
de me renvoyer à la face que l'Eglise du Québec n'existe plus, et
qu'il n'existe que des atomes de cette Eglise un peu partout, dispersés
entre des membres individuels ou même des communautés
individuelles. Entre cette conception que nous expliquait cet
après-midi, peut-être de bonne foi, certainement de bonne foi, je
m'excuse, le député de Jacques-Cartier, cette conception
atomisée de l'Eglise québécoise, et une conception qui
serait tout aussi absurde, qui voudrait que tant qu'on n'a pas I assentiment de
tous les membres importants de cette communauté, il n'y a pas moyen de
procéder, je pense qu'il y a un juste milieu, et c'est dans ce juste
milieu de simple bon sens que nous allons nous engager.
Le Président (M. Dussault): Brièvement, M. le
député de Jacques-Cartier. Je présume que nous avons
l'assentiment unanime de la commission pour ce faire. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Combien de temps me reste-t-il? Je voudrais
mentionner qu'il y a tout de même quelque chose d'assez surprenant dans
l'affirmation du ministre, lorsqu'il dit que les communautés religieuses
qui ont envoyé des représentants ont envoyé ces
représentants en vue de défendre les intérêts des
ex-religieuses, si j'ai bien interprété ses paroles.
M. de Belleval: Ce sont elles-mêmes qui le disent.
M. Saint-Germain: Maintenant, dans le document que vous nous avez
remis, "Les communautés et la protection de leurs membres à la
retraite", je lis très bien que, troisièmement, d'après le
droit canon, l'induit de sécularisation exécuté et
accepté rompt tout lien entre l'institut et le religieux. Il y a
là tout de même une contradiction. Si on croit que les religieux
qui ont été délégués l'ont été
pour prendre les intérêts de gens qu'ils ne représentaient
plus, en fin de compte, d'après leurs traditions et le droit canon, et
qu'ils s'exemptaient de donner l'opinion de ceux qu'il avait l'autorité
en droit de représenter, soit les communautés religieuses et ceux
qui font encore partie de nos communautés. (21 h 45)
Mais enfin, le ministre a bien compris mes interventions. Ce qui nous
différencie, c'est qu'il parle des communautés religieuses en
tant que telles, c'est un principe, je suppose, qu'on peut défendre
très bien, tandis que moi, je dis simplement, et ce n'est pas, à
mon avis, oublier l'existence de la religion et des communautés.
Je dis simplement qu'à titre de législateur, surtout dans
une telle loi qui donne des droits non pas à des groupes, mais à
des individus, et c'est tellement vrai que, pour toucher sa pension, un
éducateur, qu'il soit religieux, ex-religieux ou qu'il n'ait jamais fait
partie d'une communauté religieuse, a un dossier personnel et il est,
à sa retraite, rémunéré selon des facteurs qui lui
sont exclusifs, c'est-à-dire son âge, ses salaires passés,
son expérience, ainsi de suite.
Je dis qu'en accordant à chaque individu, à chaque
Québécois, des droits similaires, on n'oublie pas et absolument
pas l'existence des communautés; on n'en diminue même pas
l'importance, nécessairement, car on laisse toujours aux
communautés, comme groupes et comme telles, et, à chaque individu
qui compose ces communautés, le libre choix de refuser ou
d'adhérer au plan, et je crois que c'est là la justice et que
c'est là que le législateur ne doit pas faire de discrimination
vis-à-vis des citoyens quelles que soient leur religion, leur race ou la
façon de vivre qu'ils s'imposent librement.
Alors, je ne continuerai pas là-dessus, M. le Président,
parce que je crois avoir bien compris le ministre et je crois que le ministre
m'a bien compris. Nous avons fait chacun, à ce point de vue-là,
notre lit, et je crois que ça clôt le débat.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 4. Est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président?
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une seule question: Je vois que le premier
alinéa de l'article 4 prévoit que les employés pouvant
bénéficier des dispositions de la présente loi devront
donner avis à la commission le ou avant le 30 juin 1979.
Si les communautés religieuses devaient lui faire des
représentations, est-ce qu'une telle date pourrait lui apparaître
encore applicable dans le cas de communautés religieuses ou si le
dossier serait trop complexe pour prévoir... Parce que ça donne
quand même un an, ça.
M. de Belleval: Non, ça ne cause pas de problème.
Il s'agit, dans le cas de l'article 4 en particulier, de personnes qui se sont
déjà fait rembourser des cotisations. Cela ne touche pas,
d'ailleurs, les religieux comme tels...
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. de Belleval: ... de toute façon, ça ne causerait
pas de problèmes, en toutes hypothèses. A ce moment-là, il
y aurait une autre date qui serait soumise, mais je ne crois pas qu'à ce
moment-là, même cet article s'appliquerait à ces
personnes.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait un nouveau projet de loi,
évidemment.
M. de Belleval: C'est-à-dire, s'il y avait des
amendements, par exemple...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. de Belleval: ... à ce projet de loi. Je pense que, de
ce point de vue, de toute façon, les employés visés ne
seraient pas affectés par l'article 4 de toute façon, parce qu'il
s'agit d'enseignants déjà laïcisés qui ont
demandé des remboursements de cotisation. Cela ne s'appliquerait pas, de
toute façon, à des religieux.
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est une question de technique, M. le
Président.
Le dernier alinéa dit: Dans le cas d'un enseignant religieux
sécularisé après l'entrée en vigueur de la
présente loi, l'avis prévu au premier alinéa doit
être donné à la commission... Ah oui! Alors là,
ça pourrait dépasser...
M. de Belleval: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ... parce que si c'était
sécularisé le 30 avril...
M. de Belleval: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: ... il pourrait aller jusqu'au... Bon! Parfait!
Merci!
D'accord, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 5. L'article 5 est-il adopté?
M. de Belleval: Chacun de ces articles couvre des situations
particulières. Certains sont dans telle situation, ont fait tel geste;
d'autres ont fait tel autre geste; alors, dans le cas de l'article 5, ce sont
ceux qui comptent moins de deux années de service; s'ils reviennent et
si, finalement, ils ont plus de deux années, ils peuvent aussi
être admis.
Le Président (M. Dussault): Adopté? Une Voix:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 7. Adopté?
M. de Belleval: L'article 7 est l'article très important
qui prévoit qu'il faut racheter quinze années...
Mme Lavoie-Roux: Pour être admissible.
M. de Belleval: ... pour être admissible, moins les
années cotisées au RRE, c'est-à-dire au régime de
retraite des enseignants, qui avait été créé en
1965 pour remplacer le régime de 1880.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le Président, cela peut
vouloir dire quoi comme montant? C'est juste une estimation.
M. de Belleval: C'est variable, on a des exemples; cela peut
aller de quelques centaines de dollars à des situations exceptionnelles
où cela peut être $7000 ou $8000.
Mme Lavoie-Roux: Ceux qui auraient à racheter quinze
années et compte tenu de leur salaire actuel, j'imagine.
M. de Belleval: C'est cela, mais, évidemment, les
modalités de remboursement sont prévues par règlement; on
ne demande pas que tout cela soit remboursé d'un coup, d'autant plus que
les intérêts doivent être acquis. Alors, les
modalités de remboursement peuvent aussi être adéquates,
cela ne cause pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. de Belleval: A vrai dire, sur les $50 millions dont je parlais
tout à l'heure, je crois que c'est environ $2 millions que devront
débourser les personnes intéressées elles-mêmes pour
avoir droit aux bénéfices du régime, ce qui est, somme
toute, relativement minime, compte tenu des bénéfices.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a des statistiques sur la moyenne
d'âge des personnes qui vont se prévaloir de ceci? Il reste quand
même qu'il y a eu un certain vieillissement des communautés
religieuses.
M. de Belleval: Les laïcisés, en
général, sont plus jeunes que les non-laïcisés et
là encore, c'est conforme, je pense, aux connaissances sociologiques
qu'on pourrait avoir du phénomène de la sécularisation,
mais, effectivement, il y en a d'assez jeunes. C'est ce qui causait d'ailleurs
tout le problème, pour trouver une formule qui soit adéquate.
Comme vous le voyez, cela semble assez complexe. Il s'agissait
d'intégrer des modalités qui existaient déjà, mais
entre autres celles qui avaient été créées par le
régime de 1973, de prendre tout cela en ligne de compte et d'offrir
ensuite un complément qui ferait que les plus jeunes ne seraient pas
suravantagés par rapport aux plus vieux. Parce que toutes les
études qui ont été faites sur le plan actuariel avaient le
désavantage de faire en sorte que, pour offrir, disons, 80%, 85%, 90% ou
100% des mêmes bénéfices à ces personnes qu'à
leurs collègues laïcs en général, ou ceux qui avaient
été laïcisés avant 1965, il fallait donner davantage
de bénéfices aux plus jeunes pour pouvoir en donner 85%, 90% ou
95% aux plus vieux.
Toute l'astuce a été, de la part des actuaires, de
finalement trouver cette espèce de point d'équilibre pour
minimiser les coûts pour la société et pour les individus
et maximiser les bénéfices. C'est ce qui m'a fait dire que, en
moyenne, les personnes intéressées auraient des
bénéfices qui seraient environ 85% du niveau des
bénéfices qu'elles auraient eus si la loi n'avait pas
été changée en 1965. Là-dessus, je dois rendre
hommage aux représentants des religieux laïcisés, des
enseignants ex-religieux qui ont participé aux travaux du comité
ou qui, ensuite, ont étudié les travaux du comité. C'est
qu'effectivement, ces personnes ont accepté ce compromis parce qu'il
faut bien voir que c'est un compromis que l'on fait, compromis qui apparaissait
valable à toutes les parties.
Evidemment, l'une des solutions aurait été la solution 4
qui aurait donné intégralement les mêmes
bénéfices, mais qui aurait coûté extrêmement
cher à l'Etat et qui aurait suravantagé les plus jeunes par
rapport aux plus vieux. Or, comme c'étaient les plus vieux qui avaient
des besoins plus grands, cela aurait été doublement injuste;
injuste pour les contribuables et injuste pour les plus vieux, mais, en
même temps, aussi, comme je
le dis, je rends hommage aux ex-religieux qui ont accepté ce
compromis en toute connaissance de cause, parce que il faut bien
l'admettre avec l'amendement de 1965, avec la nouvelle loi de 1965, ils
ont été, au fond, spoliés d'une "certaine façon"
cela n'a pas été fait de mauvaise foi, mais cela a
été fait ainsi de certains bénéfices que,
même aujourd'hui, on ne leur rend pas intégralement par ce projet
de loi.
M. Le Moignan: Mais, cela touchait combien de religieux, au 1er
juillet 1965? Avez-vous des statistiques?
M. de Belleval: Cela touche 2554 personnes.
M. Le Moignan: En tout, à ce jour? C'est-à-dire
qu'au 1er juillet...
M. de Belleval: ... avant 1965?
M. Le Moignan: ... oui, il y avait beaucoup moins de gens
à ce moment-là?
M. de Belleval: Oui, ils ne sont presque pas touchés par
ce projet de loi, sauf... je n'ai pas le nombre avant 1965, de ceux qui
pourraient être touchés.
M. Le Moignan: Est-ce qu'ils avaient une possibilité de
racheter leurs années antérieures?
M. de Belleval: ... peut-être 300 ou 400 personnes,
malgré tout.
M. Le Moignan: Pouvaient-elles racheter leurs années
antérieures en 1965?
M. de Belleval: Oui, elles le pouvaient. La moyenne d'âge
des cohortes est entre 40 et 54 ans; c'est-à-dire, plus de la
moitié: 1600 personnes sur 2500 ont entre 40 ans et 54 ans. Il en reste,
quand même, une partie significative de moins de 40 ans,
c'est-à-dire, 600 personnes de moins de 40 ans et de plus de 55 ans: 325
personnes.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me donner ce renseignement? Quand le
RREGOP est-il entré en vigueur?
M. de Belleval: ... en 1973...
Mme Lavoie-Roux: ... en 1973, à ce moment, est-ce que tous
les enseignants du secteur public sont entrés dans le RREGOP?
M. de Belleval: Non. Ceux qui contribuaient au régime de
retraite des enseignants en 1965, avaient le loisir de demeurer dans ce
régime ou d'opter pour le RREGOP. Un certain nombre d'enseignants ont
décidé d'opter pour le RREGOP, parce qu'ils avaient certains
avantages en vertu du RREGOP, qu'ils ne trouvaient pas dans le régime de
retraite des enseignants.
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Chevrette: On peut dire d'autre part qu'il y a peut-être
certains avantages pour d'autres enseignants qui avaient déjà
déboursé, depuis plusieurs années, de demeurer dans le RRE
à cause des rentes familiales en particulier.
Mme Lavoie-Roux: Parce que le problème que j'apportais ce
matin... je ne veux pas faire retour en arrière, M. le ministre, je ne
veux pas que vous interprétiez cela ainsi, mais le député
de Laviolette m'a aussi dit: Ecoutez, il y a des communautés qui ont
refusé d'entrer dans le RREGOP, etc. Je faisais allusion aux enseignants
qui ont au delà... écoutez, déjà au delà de
35 ans, on devrait s'alarmer un peu mais je parle d'au delà de 40
ans. Et, ce sont, vraiment des enseignants qui contribuent des religieux
actuellement à un régime de retraite, mais qui n'ont pas
suffisamment d'années ou qui se disent, si je peux atteindre mon dix
ans, ou si je peux atteindre mon... alors, le problème est réel
de personnes qui normalement ne devraient plus être dans l'enseignement
dans des conditions normales et qui se disent... cela dépend, vous
disiez, tout à l'heure, les communautés n'ont pas toutes les
mêmes revenus, je ne sais pas si cela touche davantage les
communautés de frères que de religieuses, mais ceux à qui
je pense, c'étaient des frères et le problème est, quand
même, humain, c'est un problème pédagogique et je
pense...
M. de Belleval: II est quand même étrange qu'il y a
très très peu de personnes qui se sont prévalues de la loi
de 1973 et qui ont racheté des années supplémentaires.
Encore aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: II y en aurait combien?
M. de Belleval: Elles pourraient toutes racheter des
années supplémentaires.
Mme Lavoie-Roux: II y en aurait combien qui s'en seraient
prévalus? (22 heures)
M. de Belleval: On n'a pas le chiffre exact mais on sait que
c'est très peu.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais ajouter...
Mme Lavoie-Roux: J'ai cru entendre que c'était difficile
de les identifier.
M. Jolivet: Laïcs ou religieux.
M. de Belleval: Laïcs ou religieux, mais il y en a peu dans
les deux cas.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais...
Mme Lavoie-Roux: C'est un ordre de quoi, de 1000, 2000, 500,
50?
M. Jolivet: Sur les 8000? M. de Belleval: ...
M. Jolivet: C'est cela, les gars de la FTQ, de la CSN auraient pu
y adhérer, c'est un régime gouvernemental, pour tous les
employés gouvernementaux. Il y a seulement une chose que je voulais
ajouter sur les communautés religieuses, si vous voulez bien; je l'avais
oublié ce matin mais M. le député de Gaspé en a
fait mention et je pense que c'est important d'en tenir compte dans la balance.
Au niveau des communautés religieuses, il y a eu des mots d'ordre qui
ont été lancés. J'étais responsable de
l'application du RREGOP chez nous, donc j'ai eu à faire des campagnes
dans l'un dans l'autre au niveau des pressions qu'on a faites auprès du
gouvernement à l'époque. Les communautés religieuses ont
refusé d'y adhérer, en tant que communautés religieuses,
parce que plusieurs s'étaient donné des fonds de pension...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, j'ai compris cela ce matin.
M. Jolivet: ... de telle sorte que le fait d'adhérer au
RREGOP, si on le donnait individuellement aux individus... C'est là le
problème des individus à l'intérieur de la
communauté; ils disent: Nous voudrions bien pouvoir participer au rachat
comme tel mais nos communautés nous le refusent. Il y en a qui
prévoyaient qu'un jour, peut-être, ils décideraient de
quitter la communauté religieuse et le RREGOP ne leur permettait pas,
à l'époque, de pouvoir y adhérer. Tandis qu'actuellement,
au niveau du rachat d'années, vous avez, à l'article 7, la
possibilité qu'une personne qui se sécularise après la
date d'entrée en vigueur de la loi, dans les douze mois, demande
d'être rétro-intégrée au RREGOP avec des
possibilités de rachat pour les années auxquelles elle n'aurait
pas contribué.
Les communautés religieuses, s'il y en a qui sont
hésitantes à y participer, c'est à cause de ces
phénomènes parce que, comme vous le dites, elles ne sont pas
toutes au même niveau l'une et l'autre. Le mot d'ordre qui avait
été lancé à l'époque, au niveau même
de la CEQ, à l'effet de ne pas entrer dans le RREGOP pour certaines
catégories de gens, c'est parce qu'on faisait des pressions pour obtenir
ce que, maintenant, on va avoir. Je pense qu'il faut faire attention à
cela aussi.
Mme Lavoie-Roux: II est arrivé, à ce
moment-là, un certain mouvement de la CEQ...
M. Jolivet: II y a eu des mouvements au niveau de
certaines...
Mme Lavoie-Roux: ... pour les décourager d'entrer
dans...
M. Jolivet: ... personnes parce que c'était trop...
Mme Lavoie-Roux: ... ne leur ont pas conseillé de...
M. Jolivet: Ils ne l'ont pas conseillé pour les raisons
suivantes: c'est qu'il y avait des choses qui étaient trop
onéreuses pour eux et on espérait obtenir un projet de loi qui
permettrait de récupérer. J'ai vu des personnes
âgées à qui cela coûtait, dans certains cas,
énormément cher pour obtenir cela.
Mme Lavoie-Roux: Le problème que je veux apporter, M. le
ministre je remercie le député de Laviolette ceux
qui n'y ont pas adhéré, je les oublie, ils n'y ont pas
adhéré, ils ont fait un choix; qu'ils se soient trompés ou
non, c'est une autre chose. Il reste et c'est un problème humain
que je vous apporte, c'est un problème d'enseignants religieux et
je n'exagère en rien qui ont 44 ans, 46 ans de service; j'en ai
vus, je pourrais aller les chercher et vous les montrer, qui sont encore, et je
pense que le député de Joliette-Montcalm est prêt à
m'appuyer là-dessus, dans l'enseignement. Il ne faut pas oublier que ces
gens qui ont 44 ans d'enseignement prenons 40 ans, je trouve que 40 ans,
cela commence à être respectueux aussi ce sont des gens qui ont
enseigné dans des conditions difficiles...
M. Jolivet: II y a un droit qui leur appartient, le RREGOP est
ouvert jusqu'au 30 juin 1979 pour ces personnes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, mais ce n'est pas cela. Ils sont dans
le RREGOP mais ils essaient d'accumuler des années.
M. Jolivet: C'est cela mais, compte tenu des années qu'ils
ont au RREGOP, il est possible encore pour eux d'aller jusqu'au maximum
prévu de quinze ans, dans certains cas. En 1973, il y avait une
possibilité de sept ans de rachat; de 1965 a 1973, ce qui fait cinq
années; cinq plus huit, cela ferait treize. Il lui resterait une
possibilité de rachat de deux ans encore.
Mme Lavoie-Roux: Supposons que cela ferait un total de dix ans,
il pourrait aller se racheter cinq ans d'un coup?
M. Jolivet: II pourrait aller...
Mme Lavoie-Roux: II pourrait aller.
M. Jolivet: ... selon le RREGOP, jusqu'au 30 juin 1979.
M. de Belleval: Jusqu'au 30 juin 1979.
M. Jolivet: Même un religieux, individuellement, pourrait
le faire.
M. Chevrette: Ils ont des calculs très importants à
faire.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Chevrette: Pour une personne de 49 ou 50 ans d'enseignement,
moi aussi j'en connais, Mme le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, je le sais bien.
M. Chevrette:... mais ils ont un calcul à faire. Ils
calculent 90 ans d'âge combiné, le nombre d'années
d'enseignement et l'âge. Cela crée un problème et il y a le
coût, le fait de débourser des sommes assez extraordinaires parce
que cela s'élève à de très gros montants. Dans le
cas du RREGOP, on a fait des calculs, il y a eu des montants très
importants. S'ils sont presque éligibles à la pension de
vieillesse, à toute fin pratique, cela ne serait pas avantageux. On a
fait des calculs dans plusieurs cas et, dans certains cas, on a même
conseillé ouvertement de ne pas le faire parce que c'était moins
rentable pour eux que de passer directement au régime de pension.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le ministre, je pense que le
député de Joliette-Montcalm vient d'expliquer une raison qui fait
qu'on aurait même déconseillé à des gens, pour des
raisons d'ordre bien pratique, de ne pas les racheter. Mais il reste que, quand
on regarde... Parce que, au fond, ce que ce projet de loi veut faire, c'est
quand même servir avec plus d'équité une catégorie
de personnes qui en ont besoin. Mais dans le cas de ces autres personnes qui
arrivent à 65 ans et vont avoir leur pension de vieillesse et qui ont
derrière elles 40 et 45 années d'enseignement, je trouve que,
à leur égard, l'équité est moins grande.
M. Jolivet: Mais dans le RRE comme dans le RREGOP, à
l'âge de 65 ans, elles ont le droit de retirer les montants d'argent
qu'elles ont payés au niveau du régime, au pourcentage; c'est
là que se pose le problème.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Jolivet: Elles voudraient retirer davantage.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien cela.
M. Jolivet: Mais le problème, c'est qu'elles ont
payé pour cela seulement.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais bien, mais elles ont quand même
40 ans de service derrière elles.
M. Jolivet: Oui. On en est bien conscient.
M. de Belleval: Ecoutez! Il n'en reste pas moins que ce serait
très avantageux pour elles de le faire. Je vais vous donner un cas
extrême: Pour un salaire de $30 000 au 30 juin 1973, le coût du
rachat à 60 ans serait de $13 000 et là-dessus... Oui, pour une
femme... Sur ces $13 000, environ 50% seraient déductibles de
l'impôt de toute façon et la rente annuelle que cela donnerait
serait de $4000. C'est-à-dire qu'en moins d'un an et demi ou moins de
deux ans, disons, elles auraient récupéré leur mise, si je
puis dire. Elles auraient acquis une rente indexée annuellement pour le
reste de leur vie.
Une Voix: Non, pas indexée.
M. de Belleval: Non, elle n'est pas indexée,
celle-là. Elles auraient quand même acquis cette rente
viagère de $4000. Alors, ce serait très avantageux pour elles de
le faire et elles pourraient le faire jusqu'au on dit 30 juin
1979, mais c'est en vertu des conventions collectives. Cette date-là
sera sans doute reportée, de toute façon.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Le Président (M. Dussault): L'article 7 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 8.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, parce que je pensais que
c'était de l'article 8 qu'on discutait.
M. de Belleval: C'est cela; c'est l'article 8.
Mme Lavoie-Roux: C'était de l'article 8 qu'on discutait,
en fait.
Le Président (M. Dussault): L'article 8 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 9.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'était le président qui
était mêlé.
M. Chevrette: C'est beau, cela. Crédit de rente
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous nous dites, M. le
Président... le ministre nous a laissé entendre que toutes les
dispositions, quant aux clauses monétaires, ont été
approuvées par le comité ad hoc, enfin le personnel religieux
sécularisé. Quand même...
M. de Belleval: De toutes ces dispositions.
Mme Lavoie-Roux: Même si je vous disais de mettre 2%...
M. de Belleval: C'est cela, oui.
Mme Lavoie-Roux: ... surtout que vous allez me dire que...
M. de Belleval: C'est cela, oui.
Mme Lavoie-Roux: Un "money bill", il va falloir que vous changiez
cela, M. le ministre.
M. Chevrette: Accepteriez-vous que la commission adopte cela?
M. de Belleval: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: II va falloir que vous traduisiez cela, le
"money bill".
M. de Belleval: "Money bill".
Une Voix: Un bill à saveur monétaire.
M. de Belleval: Cela ne se traduit pas.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 10.
Une Voix: Ce n'est pas mieux.
M. de Belleval: C'est la même chose, mais qui s'adresse
à d'autres...
Le Président (M. Dussault): Adopté? Mme
Lavoie-Roux: Adopté.
M. de Belleval: ... personnes. Il faut couvrir tous les cas
particuliers, les uns après les autres.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. de Belleval: C'est la même chose pour l'article 11.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 11.
M. de Belleval: C'est la même chose pour l'article 11.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: On vous fait confiance là-dessus, M. le
ministre, parce que je réalise bien que c'est du calcul.
M. de Belleval: Je vous avoue que là-dessus, je suis
obligé, moi aussi, de faire confiance aux gens qui rédigent ce
genre de projet de loi; ce qui explique aussi que parfois il faut revenir avec
des amendements parce qu'il se glisse des erreurs. C'est évident; ces
lois sont très complexes.
Mme Lavoie-Roux: D'accord pour l'article 11.
Le Président (M. Dussault): L'article 11 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 12.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 13.
M. de Belleval: C'est la même chose. C'est toujours...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. de Belleval: ... un autre cas spécifique.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 14.
M. de Belleval: II y a un amendement à l'article 14, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: J'avais une question, mais peut-être que
votre amendement va corriger cela.
M. de Belleval: Oui. Je crois que l'amendement a
été distribué. On ajoute tout simplement... Un instant,
c'est plutôt au deuxième alinéa ou...
Mme Lavoie-Roux: Le deuxième.
M. de Belleval: Au deuxième alinéa. "Toutefois, ce
crédit de rente peut être payable à la même date que
la pension annuelle de retraite accordée en vertu du paragraphe c du
premier alinéa de l'article 45 du Régime si l'employé,
à cette date, est âgé d'au moins 60 ans." On ajoute: "Au
moment de sa mise à la retraite, le crédit de rente est
réduit pendant sa durée de 0,5% calculé, pour chaque mois
compris entre la date à laquelle la pension est accordée et la
date du soixantième anniversaire de naissance de l'employé."
C'est le fameux calcul de 90 ans.
Mme Lavoie-Roux: Oui, la somme des deux.
M. de Belleval: La somme des deux et c'est la...
Mme Lavoie-Roux: Les années d'enseignement plus
l'âge.
M. de Belleval: C'est cela et c'est la diminution actuarielle qui
est couverte par cet amendement.
M. Jolivet: Ce n'est pas l'enseignement, c'est le nombre
d'années contributoires, ce n'est pas pareil.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous avez raison.
Le Président (M. Dussault): Alors, madame, messieurs,
d'abord, je...
Mme Lavoie-Roux: Le premier qui fait 90 ans. ...90 ans.
M. Jolivet: Non, les deux ensemble. Parce que je peux
avoir...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, madame,
messieurs, je vais d'abord déclarer cet article recevable...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais discuter de
la recevabilité de l'amendement.
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais dire une chose avant? Si
on ne mettait pas cet amendement, les personnes... Cela ne change pas le
montant...
Mme Lavoie-Roux: Ceux qui prendraient leur retraite avant 60
ans...
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'ils seraient
pénalisés. Ils seraient obligés d'attendre à 65 ans
avant d'avoir leur retraite. Actuellement, on compense cependant en incluant
une diminution actuarielle. Ce qui fait qu'au total le montant n'est pas plus
grand; c'est un montant moindre mais ils peuvent l'obtenir plus tôt.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que mon collègue de
Jacques-Cartier...
M. Gendron: Un sous-amendement.
Le Président (M. Dussault): Madame, messieurs, je tiens
à vous préciser que j'avais déclaré cet amendement
recevable...
Mme Lavoie-Roux: Et on l'adopte, M. le Président.
M. de Belleval: Vous êtes bien bon, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Je dois vous déclarer, M. le
Président, que je ne suis pas surpris...
Le Président (M. Dussault): II faudrait comprendre que le
deuxième paragraphe a été remplacé par le texte que
nous a lu M. le ministre. Est-ce que cet amendement est adopté?
Des Voix: Oui.
M. Chevrette: Et la proposition amendée aussi.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez un aide de camp, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 15.
M. de Belleval: L'article 15 fixe le plancher à $14
000.
Mme Lavoie-Roux: C'est concordant avec...
M. de Belleval: C'est concordant avec les articles
précédents.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. de Belleval: Sauf un ou deux, pour lesquels il existe des
conditions encore spéciales.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 15 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 16.
M. de Belleval: L'article 16 permet d'inclure des situations
incidentes qui couvrent peu d'individus, mais nous avons voulu couvrir
justement tout le monde le mieux possible et ne pas revenir ensuite avec
d'autres contestations, d'autres récriminations ou d'autres demandes
légitimes ou moins légitimes. On a couvert même les
années d'enseignement effectuées à l'extérieur du
Québec. Comme vous le savez, certains de ces enseignants ont fait du
missionnariat en particulier et ils seront considérés sur le
même pied que leurs collègues qui ont enseigné au
Québec. Je pense que, de ce point de vue-là, c'est une...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est
adopté. Adopté, j'appelle l'article...
M. de Belleval: Je voudrais dire un mot, M. le Président,
là-dessus. Je pense que cela reflète bien l'esprit de ce que
j'appelais cette espèce d'accord tacite entre la société
québécoise et les communautés qui voulaient qu'une partie
de nos ressources aille à l'étranger, comme d'autres pays
envoient au fonds de l'aide à l'étranger, comme l'aide que les
Québécois ont envoyée à l'étranger pendant
de nombreuses années; encore aujourd'hui, cette aide, les
Québécois la font sous forme de prêts de services à
même les actifs humains des communautés religieuses. De ce point
de vue, je pense que le Québec, dans son histoire, a
été
certainement un des pays qui a le plus contribué de cette
façon au développement du tiers-monde.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis d'accord avec le
ministre, sauf son concordat tacite, je suis aussi d'accord avec cela, mais il
faudrait qu'il tienne compte que, depuis 1965, peut-être que les
règles du concordat, compte tenu de l'évolution de la
société, sont modifiées quelque peu.
M. de Belleval: C'est ce qu'il faudra réexaminer, je suis
d'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 16 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 17.
M. de Belleval: C'est l'indexation du système comme pour
les autres pensions.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté? Mme
Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 18.
M. de Belleval: Ce sont les modalités de versement de la
rente, qui permettent le plus de flexibilité possible.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté? Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 19.
M. Chevrette: Concordance.
M. de Belleval: C'est un article de concordance pour fixer la
modalité quand il n'y a pas eu de choix explicite. (22 h 15)
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 20.
M. de Belleval: L'article 20, c'est... un instant!
Mme Lavoie-Roux: ... le député de
Joliette-Montcalm.
M. de Belleval: Un instant!
M. Saint-Germain: II ne deviendra jamais ministre, le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: S'il y a un gars qui vous admire, c'est moi.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame,
messieurs!
M. Chevrette: Une déclaration comme ça, je n'en
ferai pas tous les jours.
M. de Belleval: Ce sont les modalités qui permettent de
fixer les rentes selon les options prises à l'article 18.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 20 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 21.
M. de Belleval: C'est un article qui, je pense, parle par
lui-même. Il fixe le choix pour empêcher des...
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté? Mme
Lavoie-Roux: Ne nous provoquez pas.
M. Jolivet: Non, c'est parce que l'amendement deviendrait une
contreproposition.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 22.
M. de Belleval: C'est bien clair, c'est classique.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
Adopté. Article 23.
M. de Belleval: Là encore, c'est un article qu'on retrouve
dans tous les plans du même genre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
M. de Belleval: II faut que le bénéficiaire en
fasse la demande.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
M. Jolivet: Les libertés individuelles de M. Ciaccia.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 24.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
M. Jolivet: Bien religieux!
Cas particuliers
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis d'accord avec
l'article 24. Qu'est-ce que vous voulez, il n'y a plus rien qu'on puisse
faire.
M. Chevrette: On s'y attendait, vous êtes très
logique, d'habitude.
Le Président (M. Dussault): L'article 24 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 25. Est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Administration
Article 26.
M. Jolivet: On a eu des discussions sur ça justement.
M. de Belleval: C'est la commission qui était
chargée d'administrer la présente loi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 27.
M. de Belleval: C'est le fonds consolidé, comme dirait M.
Parizeau.
Mme Lavoie-Roux: C'est là qu'on ne pouvait pas y
toucher.
M. de Belleval: C'est ça, oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'était ici que
ça devenait une proposition financière.
M. de Belleval: Comme dirait le ministre des Finances, c'est
beau, c'est grand, c'est sans fonds consolidé.
Le Président (M. Dussault): L'article 27 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 28.
M. de Belleval: Un instant, s'il vous plaît! Mme
Lavoie-Roux: Mettez des...
M. de Belleval: A la place de l'article 28 actuel, il faudrait
mettre un nouvel article 28, ainsi que des articles 29 et 30. L'article 28
deviendra l'article 31 et tous les autres à la suite seront
décalés d'un numéro. Alors, les articles 28, 29 et 30 sont
des articles de concordance avec les autres régimes qui permettent un
droit d'appel à la Commission des affaires sociales lorsqu'un
employé s'estime lésé par One décision de la
commission administrative.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, qui donne les deux recours, la
Commission des fonds de retraite et la Commission des affaires sociales.
M. de Belleval: C'est ça. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. de Belleval: II s'agit de trois articles de concordance.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 28, tel
qu'amendé...
M. de Belleval: C'est-à-dire que ce n'est pas un article
28 tel qu'amendé, c'est un nouvel article 28...
Mme Lavoie-Roux: Non, on l'ajoute, il devient l'article 31...
M. de Belleval: ... à la place de l'article 28 actuel. Un
nouvel article 28, à la place de l'article 28 actuel, un nouvel article
29 et un nouvel article 30 et l'article 28 actuel devient l'article 31 et ainsi
de suite.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je pense que, pour
les fins du journal des Débats, il va falloir les lire.
M. de Belleval: Je vais lire le nouvel article 28, M. le
Président: "Lorsqu'un employé ou un bénéficiaire
n'est pas satisfait d'une décision rendue par la commission relativement
à l'admissibilité à bénéficier des
dispositions de la présente loi, à l'attribution du crédit
de rentes prévu par la présente loi et du montant prévu
à l'article 24 de ladite loi, il peut, dans l'année qui suit la
date de la mise à la poste de cette décision, demander à
la commission de réexaminer cette décision. La commission doit
alors le faire sans retard."
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
28 est adopté?
M. de Belleval: Adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cela veut dire que le droit d'appel est fait
vis-à-vis d'une commission qui a déjà rendu une
décision?
M. de Belleval: Oui, mais on verra les autres articles qui
corrigent cet aspect. C'est le premier niveau d'appel. C'est ce qui existe
déjà dans les lois existantes, mais vous verrez qu'aux articles
29 et 30, on permet un appel à une instance différente.
Est-ce que l'article 28 sera adopté, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): J'allais poser la question.
Est-ce que le nouvel article 28 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle le
nouvel article 29.
M. de Belleval: Le nouvel article 29 se lit maintenant comme
suit: Sur demande de réexamen, la commission peut confirmer ou modifier
la décision et elle doit notifier par écrit au requérant
sa décision motivée.
Le Président (M. Dussault): Le nouvel article 29 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle le
nouvel article 30.
M. de Belleval: A l'article 30, "Lorsqu'un employé ou un
bénéficiaire n'est pas satisfait du réexamen, il peut
loger à la Commission des affaires sociales un appel auquel il est
donné suite conformément à la Loi de la Commission des
affaires sociales (1974, chapitre 39)".
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
30 est adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Lorsque la Commission des affaires sociales
rend une décision, est-ce que cette décision est finale?
M. de Belleval: Elle est finale, oui. Et elle est
exécutoire, conformément aux dispositions de la Loi de la
Commission des affaires sociales.
M. Saint-Germain: Alors, je me demande pourquoi on laisse
à la Commission des affaires sociales autant de
responsabilités.
M. de Belleval: II faudrait revoir tout le dossier de la Loi de
la Commission des affaires sociales qui a été prévue
spécialement à cet effet et qui sert dans de nombreuses
instances, en particulier dans nos autres lois de régime de
retraite.
M. Saint-Germain: Mais avouez qu'il y a des gens qui vont faire
appel à la Commission des affaires sociales. Pour eux, c'est très
important d'avoir droit à une rente. Cela devient une question
fondamentale pour ces citoyens. La Commission des affaires sociales, en fin de
compte, est exclusivement un tribunal administratif. Qu'on le veuille ou non,
elle reste sous la domination, du moins elle n'est pas tout à fait libre
des hommes politiques.
M. de Belleval: C'est tout le régime des tribunaux qu'il
faudrait remettre en cause.
M. Saint-Germain: C'est tout le régime de nos tribunaux
administratifs qu'il faudrait remettre en cause et cela me semble
extrêmement important. On a actuellement de la difficulté à
faire confiance en nos tribunaux, lorsqu'on sait pertinemment que les juges de
notre système judiciaire jouissent d'une indépendance, qu'ils ne
sont pas sujets à des pressions et qu'ils peuvent facilement se
soustraire aux pressions des hommes élus.
Malgré cela, la population ne voit pas toujours d'un très
bon oeil la façon dont la justice est appliquée. Comment
voulez-vous que les citoyens puissent voir, dans la commission des affaires
sociales, un tribunal? Lorsque la commission des affaires sociales a des
décisions très importantes à rendre relativement aux
intérêts d'un individu, comment voulez-vous que les citoyens
puissent voir, dans cette commission, des juges et des jugements rendus sans
aucune influence politique? C'est très difficile.
M. de Belleval: Est-ce que cela sera adopté quand
même?
Le Président (M. Dussault): Le nouvel article 30 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Saint-Germain: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté, sur
division.
M. Jolivet: II conteste les juges. Mme Lavoie-Roux: Non,
non.
M. Saint-Germain: Je ne conteste pas les juges, je conteste les
commissaires...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs! Le
nouvel article 30 est adopté sur division.
M. Saint-Germain: ... à qui on confie, trop de
responsabilités.
Le Président (M. Dussault): L'ancien article 28 devient
l'article 31. Est-ce que le nouvel article 31 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
M. Le Moignan: J'aurais une question également.
M. de Belleval: Cet article, M. le Président, est le
pouvoir de réglementation qu'on retrouve dans toutes les lois
semblables.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: Reconnaître les communautés
religieuses et les institutions d'enseignement aux fins d'application de la
présente loi...
M. de Belleval: II s'agit de déterminer quels sont les
enseignants laïcs, bien sûr, parce qu'on couvre aussi des
enseignants laïcs par cette loi. On en a très peu parlé,
mais on couvre aussi des enseignants laïcs, bien sûr, et on
détermine, pour fins d'admissibilité, les communautés ou
enfin les établissements qui rendent admissible aux
bénéfices de la loi un enseignant qui a oeuvré dans ces
établissements.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, on verra dans les
règlements.
M. Le Moignan: Si on veut pousser l'analyse de ces deux lignes,
on y voit presque la porte ouverte à ce qu'on mentionnait aujourd'hui.
Si on dit: on reconnaît les communautés religieuses et les
institutions d'enseignement, c'est pour les fins de la présente loi,
mais cela entrouvre presque...
M. de Belleval: Je suis tout à fait d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire que notre premier amendement
n'était pas tellement à l'en- contre du règlement.
M. Le Moignan: II n'était pas si bête, non.
M. Saint-Germain: M. le Président, je me pose...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... de sérieuses questions ici sur la
définition qu'on veut donner à cet article. C'est que, par
règlement, le gouvernement ne se donne pas autorité à
payer un régime de rentes à ceux qui sont dans les institutions
religieuses aujourd'hui; pas du tout, ce n'est pas cela. Par règlement,
le gouvernement peut faire la liste des communautés religieuses
où les ex-religieux peuvent être considérés comme
étant admissibles tout simplement.
M. Le Moignan: "Peut" ou "pourra". On pourrait ajouter
"pourra".
M. Saint-Germain: Cela ne change rien. Je crois que le
député de Gaspé donne une définition ou une
interprétation très large.
M. Le Moignan: Je suis obligé de la donner large.
M. Saint-Germain: Cela ne veut pas dire qu'on ouvre la porte,
d'aucune façon.
M. Le Moignan: C'est une invitation.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas même une invitation.
M. Le Moignan: Une incitation?
M. Saint-Germain: C'est simplement que le gouvernement se donne
l'autorité de reconnaître les communautés religieuses dont
les ex-religieux peuvent être acceptés ou jouir...
M. de Belleval: ... religieux, mais cela peut aussi être
des enseignants laïcs.
M. Saint-Germain: Oui, justement.
Une Voix: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais seulement une dernière remarque
sur l'article 28.
Le Président (M. Dussault): Le nouvel article 31.
Mme Lavoie-Roux: Oui, pardon, le nouvel article 31. Je n'ai pas
d'amendement à proposer, mais j'ai toujours de la difficulté
à accepter, dans quelque projet de loi que ce soit, que les
règlements puissent entrer en vigueur à compter de la publication
dans la Gazette officielle du Québec. Ici, on indique: ou à toute
date ultérieure qui y est indiquée.
Je me demande vraiment ce qui empêche le gouvernement de
prévoir un délai entre la publication dans la Gazette officielle
et l'entrée en vigueur. Je me dis que c'est le seul moment où
quelqu'un peut réagir.
M. de Belleval: Je peux répondre à cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. de Belleval: C'est qu'il y a deux types de règlement.
Il y a ce genre de règlement où, si une personne veut faire des
représentations, elle peut toujours les faire et elle ne sera pas
lésée par l'application intérimaire du règlement.
Il y a d'autres règlements entre autres, c'est le cas des
règlements du ministère de l'environnement ou des services de
protection de l'environnement où, si on ne permet pas une
consultation, c'est-à-dire une espèce de prépublication,
ce qui est d'ailleurs prévu dans la loi, une personne pourrait se voir
lésée dans la période intérimaire. C'est pour cela
qu'à ce moment-là, on prévoit une période
intérimaire. Mais dans le cas qui nous occupe, une personne ne se
trouverait pas lésée de façon importante par la
publication du règlement tel quel avant qu'elle ait pu faire des
représentations. Elle peut toujours faire des représentations et,
s'il y a lieu, le règlement peut être changé et elle ne se
verra pas elle-même lésée par le fait qu'il y a eu un tel
règlement adopté et qui aura eu cours pendant une période
de temps donnée. C'est ce qui fait que, dans certains cas, il faut
prévoir une période de prépublication, une période
intérimaire tandis que, dans ces cas-là, on n'a pas besoin de
prévoir de période intérimaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander une
chose au ministre. Dans son esprit, comme il prévoit une alternative,
soit qu'il entre en vigueur au moment de la publication dans la Gazette
officielle ou à une date ultérieure qui y est indiquée,
peut-il nous dire s'il compte se prévaloir surtout de la deuxième
option?
M. de Belleval: Un instant! je vais le demander, parce que, la
plupart du temps, il s'agit de règlements assez techniques.
Mme Lavoie-Roux: Oui. (22 h 30)
M. de Belleval: Dans le cas qui nous occupe, la plupart de ces
règlements, plus vite ils seront publiés, plus vite ils seront en
vigueur, et plus ce sera à l'avantage des individus qui pourront,
à ce moment, se prévaloir des dispositions de la loi. Alors,
autant que possible, on va utiliser la première hypothèse, parce
que cette première hypothèse, cette première option sera
beaucoup plus à l'avantage des bénéficiaires que la
deuxième.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Si on prenait comme exemple que, dans la
reconnaissance des communautés religieuses, vous décidiez que
telle communauté X n'est pas une communauté religieuse aux fins
de l'éducation, aux fins de l'enseignement, à ce moment, est-ce
que cette communauté pourra faire des représentations?
M. de Belleval: Exactement. C'est cela. Au moins en publiant la
liste tout de suite, une première liste...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. de Belleval: ... les gens qui ont oeuvré dans ces
communautés seront tout de suite admissibles.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi avez-vous mis "toute date
ultérieure"? Pourquoi l'avez-vous mis?
M. de Belleval: Pour donner plus de souplesse probablement.
Mme Lavoie-Roux: Plus de souplesse. Alors, vous voulez appliquer
la première...
M. de Belleval: Autant que possible, si le besoin se fait
sentir.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. On ne se chicanera pas
là-dessus.
M. Jolivet: Les Apôtres de l'amour infini.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
31 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Dans le
papillon remis par M. le ministre, il y a un nouvel article 32 qui se lit comme
suit, M. le ministre...
M. de Belleval: Un nouvel article. C'est cela.
Le Président (M. Dussault): ... qui s'insérerait
après l'article 31, évidemment.
M. de Belleval: Est-ce que vous désirez le lire
vous-même ou quoi?
Le Président (M. Dussault): Je peux le faire, M. le
ministre. Vous aviez commencé à en prendre l'habitude, mais je
n'ai rien contre les changements d'habitudes. Donc, à l'article 32:
"L'article 20 de la Loi de la Commission des affaires sociales (1974, chapitre
39) modifié par l'article 44 du chapitre 48, par l'article 4 du chapitre
49, par l'article 17 du chapitre 42, par l'article 53 du chapitre 22, par
l'article 228 du chapitre 68 des lois de 1977 et par l'article 107 de la Loi
assurant l'exercice des droits des personnes handicapées (1978,
insérer ici le numéro de chapitre du projet de loi no 9) est de
nouveau modifié par le remplacement du paragraphe p), par le suivant: p)
les appels à la suite d'un réexamen fait par la Commission
administrative du Régime de retraite logés en vertu des articles
89 du Régime de retraite des fonctionnaires, 32c du Régime de
retraite des enseignants et 30 de la Loi concernant la protection à la
retraite de certains enseignants (1978, insérer ici le numéro du
chapitre du projet de loi no 60)".
Mme Lavoie-Roux: Non, monsieur...
Le Président (M. Dussault): Fin du nouvel article. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une opposition de principe, pas un
amendement. Je vous ferai remarquer, M. le ministre, que la présente loi
entre en vigueur... Ah! seulement au 1er juillet; cela vous donne une chance,
parce que la loi 9 n'est pas encore adoptée. Comme votre loi entre en
vigueur le 1er juillet, espérons qu'elle sera adoptée pour le 1er
juillet.
M. de Belleval: D'accord.
M. Saint-Germain: Est-ce que c'est dans la tradition de mettre
dans une loi un article d'une future loi? C'est préjuger des
décisions de l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: On se fie à notre majorité.
M. de Belleval: Si la loi en question n'est pas
sanctionnée, automatiquement, cette loi sera amendée. Elle
deviendra caduque, sans portée.
Mme Lavoie-Roux: On a décidé de l'adopter, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'ai vérifié...
M. Jolivet: Avez-vous vérifié votre caucus?
M. Saint-Germain: Non, mais j'ai vérifié...
Mme Lavoie-Roux: Je dois venir pour la fin de l'étude de
ce projet de loi demain soir.
M. Jolivet: L'amenez-vous...
M. Gendron: II se peut que cela ne passe pas.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame, messieurs.
Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'ai vérifié le nouvel article
32, au fur et à mesure que le président l'a lu. C'est bien
correct.
Le Président (M. Dussault): Donc, le nouvel article 32
est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président, tout de
même...
M. de Belleval: C'est de... M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... il faut rire, mais c'est de la
persécution.
M. de Belleval: Oui, je suis d'accord avec vous.
M. Saint-Germain: Nous remettre un article comme cela! Pour
seulement disséquer cela, il y a une journée d'ouvrage
là-dedans. Vous arrivez à la dernière minute.
M. Jolivet: Pour vous...
M. Saint-Germain: Ah! Si vous saviez... J'en ai vu d'autres qui
croyaient être plus rapides...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être faire une motion de
suspension, M. le député de Gaspé.
M. Saint-Germain: Là, on est obligé de faire
entièrement confiance au ministre.
M. de Belleval: ... fonctionnaires.
Le Président (M. Dussault): Vous l'avez fait, M. le
député. L'article a été adopté.
M. Saint-Germain: Non, je ne l'ai pas fait, vous savez cela. J'ai
l'idée de faire un très long débat là-dessus.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, est-ce que le nouvel
article 33 qui était anciennement l'article 29 est adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Jolivet: Cela va permettre aux gens de pouvoir en profiter
dès cette année.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'annexe puisqu'il faut aussi voter l'annexe.
Mme Lavoie-Roux: Avant de terminer, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je voudrais quand même vous faire
remarquer que la fin de la discussion de ce projet de loi no 60 s'est faite
dans un climat de collaboration et de diligence, ce que j'avais promis au
ministre ce matin. Mais cela ne devrait pas nous faire oublier que même
si on se quitte sur une note apparemment gaie, les trois quarts des
intéressés ont été laissés de
côté. C'est tout ce que j'avais à dire, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, nous n'avons pas terminé l'étude du projet de loi. Il
faut aussi adopter l'annexe. Est-ce que l'annexe est adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. Des Voix:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Un instant,
s'il vous plaît! Oui, M. le député de Joliette-Montcalm.
Est-ce sur le projet de loi?
M. Chevrette: C'est un très bref commentaire.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, nous allons
d'abord adopter le projet de loi. Est-ce que le projet de loi no 60, Loi
concernant la protection à la retraite de certains enseignants est
adopté?
M. Le Moignan: Adopté. Des Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Tel qu'amendé, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Tel qu'amendé, vous
avez parfaitement raison, M. le député de Jacques-Cartier. Donc,
le projet de loi est adopté tel qu'amendé.
Mme Lavoie-Roux:... que vous avez le député de
Jacques-Cartier.
Le Président (M. Dussault): Je tiens à vous dire,
M. le député de Jacques-Cartier, que j'apprécie votre
collaboration.
M. Saint-Germain: Je tiens à vous dire, M. le
Président, que j'ai trouvé le débat plus difficile avec
vous qu'avec le ministre.
Le Président (M. Dussault): Et pourtant, je ne me suis pas
impliqué sur le fond. Ceci dit, M. le député de
Joliette-Montcalm. Non, vous renoncez.
M. Chevrette: Je chuchoterai cela à l'oreille de Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord! Des Voix: Ah!
Le Président (M. Dussault): Pardon, M. le
député de Gaspé?
M. Le Moignan: M. le Président, est-ce que je pourrais
ajouter un petit mot?
Le Président (M. Dussault): Oui, oui. Certainement.
M. de Belleval: Vous allez lui susurrer.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je voudrais ajouter un petit mot pour
éviter, peut-être la confusion ou une mauvaise
interprétation, peut-être chez les ex-religieux enseignants mais,
chez les religieux enseignants actuels, est-ce qu'il serait bon de publiciser
un peu cette loi, c'est-à-dire de leur faire parvenir le texte de la loi
une foi adoptée définitivement, afin d'atteindre ceux qui ne se
sont jamais prévalus, même chez les laïcs peut-être,
pour des raisons personnelles ou spéciales. Cela ferait que tout le
monde aurait en main ce texte de loi qui pourrait renseigner davantage,
étant donné l'intérêt, je crois, qui a
été manifesté à ce projet de loi no 60. Vous
connaissez la liste de toutes vos communautés religieuses. Je pense
qu'il serait peut-être bon qu'ils aient ce texte afin de pouvoir en
prendre connaissance. C'est une suggestion que je vous fais.
M. de Belleval: Sinon le projet de loi comme tel qui est
très technique dans sa rédaction, du moins un
résumé vulgarisé.
M. Le Moignan: Un résumé ou un commentaire, ou une
explication, quelque chose pour...
M. de Belleval: D'accord! Je suis tout à fait d'accord
avec la suggestion de l'Opposition.
Le Président (M. Dussault): Madame et messieurs, je vous
remercie de votre collaboration. M. le député d'Abitibi-Ouest
fera rapport à l'Assemblée nationale des travaux de cette
commission.
M. Jolivet: Avec diligence.
Le Président (M. Dussault): J'ajourne les travaux de cette
commission sine die.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
(Fin de la séance à 21 h 38)