Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de loi no 50
(Quinze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Jolivet): La commission permanente de la
fonction publique est réunie pour étudier le projet de loi no
50.
Sont membres de cette commission: M. Belle-mare (Johnson)
remplacé par M. Brochu (Richmond); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Garneau
(Jean-Talon) remplacé par M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M. Jolivet (Laviolette) remplacé
par M. Beauséjour (Iberville); M. Pagé (Portneuf).
La commission doit étudier article par article le projet de loi
50. J'aurais besoin qu'on me donne le nom d'un rapporteur de cette
commission.
M. Chevrette: Je propose M. Gravel.
Le Président (M. Jolivet): M. Gravel (Limoilou).
M. Pagé: On n'a pas le choix, mais on va choisir M.
Gravel.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, vous avez
maintenant la parole sur le projet de loi 50. J'appelle l'article 1. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Avant d'en arriver à l'étude et
l'adoption de l'article 1, à moins que le ministre ait des commentaires
préliminaires à formuler, M. le Président, je rappelle
qu'on a effectivement adopté en deuxième lecture, non seulement
sur division, mais avec un vote négatif tant de l'Opposition officielle
que de l'Union Nationale, le projet de loi no 50, la Loi sur la fonction
publique. Dans les débats que cela a impliqués dans cette
deuxième lecture, soit le discours du ministre, le discours de mon
collègue de Saint-Laurent, qui, cet après-midi, ne peut
être avec nous en raison de sa participation à l'étude du
projet de loi 52 en Chambre, j'ai eu l'occasion d'intervenir et notre
collègue de Johnson, M. Bellemare on regrette aujourd'hui son
absence est intervenu lui aussi. Nous avons, M. le Président,
dans nos interventions de ce débat de deuxième lecture, voulu
attirer l'attention du ministre encore une fois, et, si je dis encore une fois,
c'est qu'à plusieurs reprises depuis le dépôt du feu projet
de loi 53 nous avons eu l'occasion ici à l'Assemblée nationale
d'échanger et de discuter de l'occasion que le gouvernement avait de
légiférer sur la fonction publique québécoise. Et
faire des commentaires sur le choix politique que le ministre avait fait en
incluant dans la loi 50 des dispositions selon lesquelles, la gestion du
personnel revenait en grande partie, ses pouvoirs, dis-je, revenaient au
ministre, évoquant en cela les deux possibilités qu'avait le
gouvernement, soit de conférer des pouvoirs aux ministre de la Fonction
publique, qui était une avenue possible, ou de conférer des
pouvoirs à une commission, qui aurait pu être la Commission de la
fonction publique qui se voit par le projet de loi 50 enlever beaucoup de
pouvoirs et de prérogatives au chapitre de la gestion...
Il y a aussi un autre élément sur lequel je suis
particulièrement intervenu, de même que mes collègues.
C'est sur les articles du projet de loi qui concernent l'aire de
négociation et les limitations au champ et à l'aire de
négociation qu'on peut retrouver dans ce projet de loi par rapport
à ce qui existait antérieurement.
Toute cette question de l'aire de négociation a non seulement
fait couler beaucoup d'encre, mais a fait couler beaucoup de salive. On se
rappellera qu'aux auditions des groupes intéressés, les syndicats
concernés, lors de l'étude du projet de loi 53, le
dénominateur commun de tous les mémoires présentés
a été une inquiétude, des questions posées sur tout
ce sujet de l'aire de négociation qui était limitée.
C'est là que s'est posé un problème quand
même assez épineux. Le ministre de la Fonction publique, notre
collègue de Charlesbourg, a toujours invoqué que ce qui
était interprété par les syndicats comme étant une
limitation à l'aire de négociation n'en était pas une. A
ce moment-là, on avait souhaité que la commission
Martin-Bouchard, qui avait été annoncée peu de jours avant
ou après le dépôt du projet de loi 53, nous avions
formulé le voeu, et je me rappelle que le député de
Jean-Talon avait déposé une motion devant la commission
élue de la fonction publique pour qu'on mette fin à
l'étude du projet de loi et qu'on attende le dépôt du
rapport de la commission Martin-Bouchard.
Le gouvernement, évidemment, s'est opposé au
dépôt de cette motion, mais quelques semaines après, on y a
donné suite de façon favorable en déférant le tout
et en préférant attendre le rapport de la commission
Martin-Bouchard. On se rappellera que le Syndicat de la fonction publique entre
autres est intervenu devant nous. On se rappellera aussi que le débat
s'est terminé de façon assez rapide et expéditive. Tous
ceux qui ont participé ce soir-là aux travaux de cette commission
auront constaté que les échanges n'ont pas été des
plus fructueux en termes de dialogue et d'ententes sur l'interprétation
à donner au projet de loi 53.
La commission Martin-Bouchard a siégé, elle a entendu les
parties, elle a déposé un rapport, le ministre de la Fonction
publique a présenté, à l'Assemblée nationale, un
nouveau projet de loi, le projet de loi 50. Encore aujourd'hui cette question
de l'aire de négociation et l'interprétation à donner aux
articles qui prévoient l'aire de négociation dans le projet de
loi 50, fait encore place à des différends en ce qui concerne son
interprétation, tant de la part du ministre de la Fonction publique,
d'un côté, que des syndicats de la fonction publique, de l'autre
côté.
On n'a quà regarder. Je suis convaincu que,
intéressé comme vous l'êtes à toutes ces questions,
vous avez pris connaissance, comme nous, que depuis le dépôt du
projet de loi 50, des représentations sont faites par les
représentants syndicaux sur le contenu, sur l'interprétation
à donner à différents articles, particulièrement
sur toute cette question de l'aire de négociation. Le gouvernement ne
nous a pas indiqué, tout au moins, qu'il avait l'intention de
présenter des amendements à ce chapitre-ci. On peut conclure que
l'écart est aussi grand entre les parties, aujourd'hui, le 14 juin,
qu'il pouvait l'être à la fin de la commission chargée
d'étudier le projet de loi 53.
M. le Président, ce n'est pas sain en soi, ce n'est pas positif,
ce n'est pas normal. C'est peut-être explicable, mais ce n'est pas normal
que dans une conjoncture comme celle-ci, dans le cas où on est sur le
point de terminer des conventions collectives, dans le cas où un projet
de loi est devant l'Assemblée nationale pour être
étudié, en raison d'ambiguïtés, en raison de
dialogues ou d'échanges qui n'ont pas eu lieu ou qui n'ont pas lieu,
qu'on connaisse des situations telles que celles qui ont prévalu ce
matin. Je suis convaincu que l'ensemble des députés ont
été à même de constater ce matin qu'il y avait des
séances d'étude ou d'information qui se faisaient un peu partout.
Tout le monde a été à même de constater qu'il y
avait des lignes de piquetage, tout au moins des lignes de sensibilisation, si
on peut appeler cela ainsi, qui ont été dressées
près des murs ou des enceintes du parlement et des édifices
gouvernementaux.
Ce n'est pas sain en soi et je suis convaincu que l'essentiel du
problème, le noeud du problème, c'est cette question et le
député de Joliette-Montcalm me regarde avec un sourire. Il n'y a
pas de quoi sourire de l'aire de négociation.
M. le Président, pour tous ces motifs; avant qu'on aborde
l'étude du projet de loi article par article, avant qu'on adopte ces
articles sur division ou autrement, avant que le projet de loi ne soit
adopté il n'y a quand même pas urgence nationale à
adopter le projet de loi 50 dans le moment. Il nous reste encore huit jours de
session, ou à peu près. On a tous les motifs de croire que la
session se terminera le 23 juin. La commission parlementaire élue de la
fonction publique nous a avisés qu'on siégerait cet
après-midi, ce soir et probablement demain matin. On a encore sept jours
pour voter et délibérer sur cette question.
M. le Président, je suis convaincu qu'il y a des groupes, des
représentants syndicaux qui seraient intéressés à
se faire entendre sur le contenu du projet de loi 50. Je conviendrai avec le
ministre ou avec les autres membres de la commission, et
particulièrement avec les autres membres de la majorité
ministérielle, qu'ils ont eu l'occasion de se faire entendre sur le
projet de loi 53, qu'ils ont eu l'occasion de présenter des
mémoires et de se faire entendre devant la commission Martin-Bouchard,
mais quand même, sur le projet de loi 50, spécifiquement sur le
contenu du projet de loi, même s'il ne s'agissait que de discuter et de
vider cette fameuse question de l'interprétation à donner sur les
articles touchant l'aire de la négociation, ce serait déjà
beaucoup. Ce serait beaucoup et ce serait positif qu'enfin un dialogue entre
les représentants syndicaux et le ministre de la Fonction publique en
arrive éventuellement à une entente pour qu'on appelle les choses
par les mêmes noms et qu'on se comprenne sur l'interprétation de
ces articles.
Motion pour les représentants des
différents syndicats
Pour tous ces motifs, je ne vois pas pourquoi la commission
n'accepterait pas, avant qu'on commence l'étude du projet de loi article
par article, d'entendre les parties. C'est à ce titre que je me permets,
dès le début de nos travaux, de faire une motion. "Que cette
commission invite les représentants du SFPQ, du SPGQ, du SPMQ, du SAPFQ
et du SPEQ, du Syndicat des avocats, des notaires et du Syndicat des
chirurgiens dentistes à se faire entendre le 15 juin 1978 à 10
heures de l'avant-midi devant cette commission afin de renseigner les membres
et intervenants de cette commission sur le projet de loi 50".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): ... vous avez le texte de
cette motion, je suppose.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Je relis la motion qui dit
ceci: "Que cette commission invite les représentants du SFPQ, du SPGQ,
du SPMQ, du SAPFQ, du SPEQ, du syndicat des avocats, notaires, et du syndicat
des chirurgiens-dentistes à se faire entendre le matin du 15 juin 1978
à 10 heures devant cette commission afin de renseigner les membres et
intervenants de cette commission sur le projet de loi no 50".
Avant de juger de la recevabilité de cette motion, je vais
entendre les membres de cette commission quelques minutes sur la
recevabilité.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que vous avez ici
sous les yeux l'ordre de la Chambre, disant qu'on doit étudier la loi
article par article? La question a été posée en Chambre,
à savoir s'il y avait commission parlementaire. Il n'y en a pas eu. Dans
la coutume parlementaire, il faut qu'on fasse à la commission, comme on
a fait hier, je crois, avec les centrales syndicales et les groupes, il faut
que cela devienne un ordre de la Chambre pour déroger aux coutumes des
commissions parlementaires. Lorsque l'ordre de la Chambre est
d'étudier une loi article par article, ce n'est pas une
commission parlementaire pour écouter des mémoires. Donc, si tel
est le cas, et je pense que c'est cela, à ma souvenance, il faudrait que
vous jugiez la motion irrecevable.
Le Président (M. Oussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais dix minutes. Je
ne voudrais pas qu'on amorce les travaux de cette commission par des
discussions à caractère juridique entre autres, on pourrait en
faire et Dieu sait combien longtemps. Ce serait, d'une part, s'enfarger dans la
procédure et ce serait, d'autre part, mal utiliser le temps dans les
circonstances. Cette motion est recevable. Je me limiterai à vous citer
un seul cas. Un précédent a été créé,
il n'y a pas longtemps, lors de l'étude en commission parlementaire d'un
projet de loi qui était déféré devant la commission
pour étude article par article. C'était l'étude
après la deuxième lecture du projet de loi sur la
Société nationale de l'amiante. On se rappellera qu'à la
commission des richesses naturelles, à ce moment, une motion avait
été déposée par les membres de l'Opposition,
notamment par l'Opposition officielle, demandant que différents groupes
concernés ou intéressés par le projet de loi puissent
être entendus. Effectivement, on se rappellera, j'en suis convaincu, les
membres de la majorité ministérielle en conviendront, que,
à ce moment, le président avait jugé recevable une telle
motion. Non seulement elle avait été jugée recevable, mais
elle avait été adoptée devant une commission comme la
nôtre aujourd'hui, chargée d'étudier un projet de loi
article par article. Ceci s'était fait avant l'étude de l'article
1, comme je vous l'ai indiqué au début. Alors, selon moi, la
motion est recevable et elle devrait être débattue. Je
présume qu'elle ne sera pas débattue longtemps parce que
j'espère qu'elle sera acceptée de bon gré. J'ose croire
que le premier intervenant à appuyer la motion que je présente
aujourd'hui sera le ministre de la Fonction publique et député de
Charlesbourg qui acceptera d'entendre les parties sur le projet de loi no 50 et
ce, même si ce n'était que la matinée de demain.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Oui, merci, M. le Président.
Très brièvement également sur la question de
recevabilité de cette motion. Je me référerai
également au contexte que vient de mentionner le député de
Portneuf puisque, au nom de l'Union Nationale, j'ai eu à débattre
ce projet de loi durant quelque trois mois et je suis donc au courant de ce qui
s'est passé. Je vous rappellerai que le mandat qui avait
été accordé à cette commission parlementaire pour
l'étude de la loi visant la création de la Société
nationale de l'amiante était le même que celui qui nous a
été dévolu aujourd'hui, soit celui d'étudier
article par article le projet de loi en question et ensuite d'en faire rapport
à la Chambre, dans un premier temps. (15 h 30)
Or, lorsque nous sommes arrivés devant la table de la commission
parlementaire, il s'est révélé que, compte tenu des
circonstances, nous aurions besoin d'avoir des éclairages
supplémentaires, justement parce que les personnes susceptibles
d'être interviewées et de venir témoigner à la barre
de la commission parlementaire pouvaient, de cette façon, apporter des
éléments nouveaux qui étaient directement reliés au
fond de notre discussion. C'est dans ce cadre-là que le
précédent a été créé et pour le
mieux, je pense, M. le Président, puisqu'à l'avenir, nous aurons
à utiliser, lorsque le besoin s'en fera sentir, la même
façon de procéder. Il m'apparaît aujourd'hui que, sur la
recevabilité de la motion, vous devez rendre la même
décision que celle qui a été rendue à ce
moment-là par le président, soit la décision d'accepter
comme recevable une telle proposition puisque, justement, le fait d'entendre
les organismes mentionnés par le député de Portneuf dans
sa motion est directement relié au fond de la question dont nous avons
à discuter actuellement. Tant et si bien, M. le Président, que je
vous rappellerai très brièvement que, lors de l'étude du
projet de loi no 53, on a justement senti le besoin, on a reconnu le besoin,
dans les faits, d'entendre les parties en cause puisqu'elles étaient
directement impliquées et on a procédé à l'audition
des témoins.
Le projet de loi no 53 a été retiré. On revient
maintenant avec une nouvelle pièce de législation, le projet de
loi no 50, qui doit tout au moins changer l'ancienne législation, et on
se retrouve donc avec les mêmes groupes de fonctionnaires qui sont
impliqués et qui, à notre avis, devraient avoir leur mot à
dire.
Alors, M. le Président, de la même façon que cela a
été extrêmement positif de recevoir les témoignages
des gens lors de l'étude article par article du projet de loi no 70
créant la Société nationale de l'amiante, je pense que
vous devez utiliser ce précédent pour faciliter les travaux de
notre commission parlementaire à ce stade-ci, pour éviter qu'en
cours de route, nous ayons continuellement à buter sur l'opinion
possible des différents groupements qui ont été
mentionnés dans la motion du député de Portneuf. Nous
allons devoir continuellement faire référence à ce qu'eux
auront à vivre et à ce qu'ils pensent de ce projet de loi. On
leur aura refusé le droit de comparaître devant cette commission
parlementaire pour faire connaître maintenant, à la suite de la
modification de la loi 53 par le gouvernement, leur position actuelle.
Je demande au président de se servir du précédent
qui a été créé à bon droit afin de rendre sa
décision judicieusement. Je demande même au ministre,
au-delà de la question de règlement et de recevabilité,
pour le bon fonctionnement de la commission parlementaire et pour entreprendre
de la meilleure façon possible les relations qui viendront dans ce
secteur, d'ouvrir la porte pour
qu'on puisse entendre... On peut même s'entendre sur une
façon de limiter le nombre d'heures pour partager le temps de
façon raisonnable.
Je pense qu'il serait sain de la part du ministre d'ouvrir la porte
à ce stade-ci avant de passer à l'étude, article par
article, du projet de loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, juste quelques mots. Si
la Chambre nous a ordonné d'étudier le projet de loi 50, article
par article, elle ne nous a pas défendu non plus de prendre les moyens
nécessaires pour comprendre, dans toute l'amplitude, chaque article et
s'informer à bon escient. Entendre certains groupes
intermédiaires qui nous permettraient de mieux approfondir ce projet de
loi ne nous a pas été défendu; ce serait simplement une
aide qui nous permettrait de mieux accomplir le mandat que l'Assemblée
nationale nous a donné.
Le Président (M. Dussault): II n'y a plus d'autres
intervenants sur l'éclairage que le président demande à la
commission.
Je suspends les travaux de cette commission pour quelques minutes de
façon à prendre en délibéré la
décision que je dois rendre; nous suspendons quelques minutes, à
peine cinq minutes, M. le député.
(Suspension de la séance à 15 h 35)
Reprise de la séance à 15 h 45
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs! Nous
allons reprendre les travaux de la commission. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, avant que vous ne rendiez
votre décision, je voudrais porter à votre attention les
débats de l'Assemblée nationale du 16 mars 1978, à la page
B-504 du journal des Débats où le député de
Saint-Laurent disait: "M. Forget: ... La motion que je veux présenter se
lit comme suit: Que cette commission invite les représentants
autorisés de General Dynamics à se faire entendre, le 22 mars,
à 10 heures a.m., devant cette commission afin de renseigner les membres
et intervenants de cette commission. "Le président (M. Vaillancourt,
Jonquière): Merci. Alors, la motion est déclarée
recevable; M. le ministre."
Je voulais respectueusement porter à votre attention le
précédent créé par le député de
Jonquière, M. Vaillancourt, lors de l'étude en commission
parlementaire chargée d'étudier le projet de loi créant la
Société nationale de l'amiante.
Le Président (M. Dussault): Alors, c'est un
éclairage additionnel. J'aurais pu vous dire tout de suite en arrivant
que j'étais prêt à rendre ma décision, mais je vais
quand même relire le texte que vous m'avez soumis et je vous demande
encore une couple de minutes. Je suspends pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
Reprise de la séance à 15 h 48
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît. Je vais me référer à l'article 140 de notre
règlement qui stipule qu'une commission parlementaire peut être
convoquée, mais qu'on doit indiquer l'heure, l'endroit et l'objet de la
réunion et qu'aucun autre sujet ne peut y être discuté.
Cela revient à dire, dans le langage que l'on connaît un
peu plus dans notre travail quotidien de parlementaires, que la commission
parlementaire ne doit étudier que ce que l'Assemblée nationale
lui donne l'ordre d'étudier.
Le mandat de cette commission est de faire l'étude article par
article du projet de loi no 50. Il est vrai que, dans le passé, je pense
que c'est M. le député de Richmond qui me le soulignait, il est
arrivé qu'une commission parlementaire ait accepté d'entendre des
témoins. Cela s'est fait avec un consentement de la commission. Dans le
cas que me souligne le député de Portneuf, je comprends qu'il y a
eu, au moment où M. le Président a jugé recevable la
motion, consentement tacite de la commission parce que, s'il n'y avait pas eu
consentement, la commission aurait fait connaître son point de vue.
Je ne considère donc pas le point de vue qu'a porté
à mon attention M. le député de Portneuf comme
étant un point de vue que je dois tenir comme absolu et parce que je
n'ai pas eu, jusqu'à maintenant, de point de vue de la commission,
à savoir qu'elle consentirait que l'on entende des témoins,
aujourd'hui, demain ou après-demain, je ne peux pas recevoir cette
motion du député de Portneuf. Je la juge donc irrecevable.
M. Brochu: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Mon jugement étant
rendu, je demeure quand même disponible pour entendre la commission sur
un consentement unanime d'entendre des témoins.
Oui, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je sais qu'en vertu des dispositions de notre
règlement, on ne peut pas contester une décision que vous avez
rendue; cependant, vous nous invitez à poursuivre la discussion autour
d'une entente possible à ce sujet. Il est évident que vous avez
l'autorité de décider. On a cru bon, tout à l'heure, de
vous rappeler le précédent qui avait été
créé en soulignant bien que le mandat était apparemment
restrictif pour la commission d'étude sur l'amiante, mais que ce
n'est qu'en cours de route que la commission elle-même,
maîtresse de ses travaux internes, a jugé bon de recourir au
témoignage de certaines personnes.
C'est de cette façon que cela s'est produit. A l'intérieur
de cette situation, c'est là qu'est arrivé le consentement
tacite, tant et si bien que l'on a suspendu les travaux pendant quelques
minutes et on a eu une réunion des leaders parlementaires avec le
ministre, pour savoir qui serait entendu. On s'est même entendu sur le
contenu de la motion qui avait été présentée,
à savoir quels groupes on retiendrait et quels groupes on ne retiendrait
pas, puisqu'il y avait un certain nombre de groupes supplémentaires
qu'on avait demandé de convoquer.
On entre donc, selon votre directive et vos bons voeux, dans la
deuxième partie, non pas au niveau de la première
décision... C'est maintenant qu'on doit se tourner vers le gouvernement
et vers le ministre pour savoir s'il y a cet accord tacite de la commission
parlementaire et si on s'entend sur l'enveloppe de temps qu'on pourrait
accorder aux éventuels témoins...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, si vous le permettez, je vous arrête immédiatement. Cet
accord unanime de la commission ne devrait pas faire l'objet d'un débat,
mais tout simplement d'un consentement rapide. Je dois effectivement poser la
question aux membres de cette commission, à savoir s'ils sont d'accord,
unanimement, pour entendre des témoins. Je pose la question. Je ne
voudrais pas qu'on tienne de longs propos. Ce n'est vraiment pas le temps et ce
n'est pas approprié.
M. Brochu: En terminant, je veux vous rappeler, sur l'accord
possible, que je ne crois pas que cela donne lieu à des auditions
excessivement longues, puisqu'il y a des points d'accord et des points de
dissension...
M. de Belleval: M. le Président, il n'y a pas
d'accord.
Le Président (M. Dussault): S'il n'y a pas accord du
ministre, il n'y a donc pas unanimité.
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Gendron: J'avais signalé que j'étais
intéressé à prendre la parole.
Le Président (M. Dussault): C'était non pas sur la
recevabilité, mais sur votre accord.
M. Gendron: C'est sur la question des accords, très
rapidement. Je pense que...
M. Pagé: J'ai une question de règlement.
M. Gendron: Excusez. Ce n'est pas à moi...
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, M. le
député de Portneuf, quelques secondes. Il reste M. le
député d'Abitibi-Ouest. Je sais déjà, de la part
d'un membre de cette commission, qu'il n'y a pas accord. Je dois conclure
immédiatement qu'il n'y a pas unanimité.
M. Pagé: J'ai soulevé une question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: C'est à moi?
Le Président (M. Dussault): Oui. Je faisais une question
de règlement sur l'intervention du député d'Abitibi-Ouest.
Je pense que cela relève du président de le faire. Je vous
écoute.
M. Pagé: M. le Président, il y a un grand principe,
il y a plusieurs principes qui guident, qui doivent guider la présidence
et les membres de la commission, lorsque cette commission est appelée
à se prononcer sur des motions ou des requêtes
présentées par un membre de cette commission, lorsque les travaux
de celle-ci sont commencés.
M. le Président, la commission parlementaire de la fonction
publique, comme toute autre commission, est une émanation de
l'Assemblée nationale. C'est peut-être jouer sur des fictions
légales, mais c'est important, parce que c'est ce sur quoi s'appuie tout
notre système parlementaire.
Une commission parlementaire comme celle de la fonction publique, c'est
vraiment la prolongation de l'Assemblée nationale et on peut dire, on
peut constater, on se doit de constater qu'on est à l'Assemblée,
nationale ici. Ceci entraîne comme effet qu'autant l'Assemblée
nationale est maîtresse de ses travaux par les décisions qui sont
prises à la majorité des voix à l'Assemblée, autant
une commission parlementaire est maîtresse de ses travaux. Cela va aussi
loin qu'une commission et je pense que vous pourrez vous
référer aux auteurs, vous pourrez...
M. Jolivet: M. le Président...
M. Pagé: J'en arrive à ma question de
règlement.
M. Jolivet: Moi aussi j'ai le droit de poser une question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): C'est déjà une
question de règlement. Si vous le permettez, M. le député
de Laviolette...
M. Pagé: Vous devez normalement me laisser
compléter.
Le Président (M. Dussault): Je tiens à dire au
député de Portneuf que je sens déjà, dans ses
propos qui ont été suffisamment longs, une façon...
M. Pagé: Non. J'ai une partie du premier principe
d'évoqué, M. le Président, et c'est important.
Le Président (M. Dussault): ... si vous me permettez...
D'accord, mais je sens déjà une façon de remettre en
question la décision du président et vous savez que ce n'est pas
permis.
M. Pagé: Je suis trop respectueux de la présidence
et je suis trop légaliste pour mettre en doute la décision que
vous avez rendue, mais je m'en viens avec une autre motion par exemple, je
tiens à vous le dire tout de suite.
M. Jolivet: Faites-la. M. le Président, ma question de
règlement est un peu dans ce sens. C'est que je voulais savoir justement
de la part du député s'il remettait en question votre
décision ou s'il avait l'intention de faire une autre proposition, de
façon qu'on puisse discuter dans l'ordre.
Le Président (M. Dussault): Quand on fait une
motion...
M. Pagé: Ecoutez, vous allez me voir venir. Cela s'en
vient.
M. Jolivet: Je vous ai vu venir, cela fait longtemps.
M. Pagé: J'ai tout le temps qu'il faut.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, quand on prépare une motion, on n'en fait pas une question de
règlement. On présente notre motion. Si vous avez l'intention de
présenter une autre motion, je vais l'écouter.
M. Pagé: M. le Président, j'ai soulevé une
question de règlement pour entourer ma motion, pour y ajouter des
allégations de caractère juridique qui sont importantes.
M. le Président, je ne parle pas de vous, je parlerai d'autres
circonstances où, trop souvent malheureusement, des présidents
ont dû hésiter avant de rendre des décisions, des
présidents ont dû s'interroger avant de rendre des
décisions. Soucieux du règlement et soucieux de ce respect qu'on
se doit d'avoir du fauteuil et de la personne qui l'occupe, on n'a pas pu
contester, parce qu'on ne peut pas contester outre que par une motion
privilégiée à l'Assemblée nationale. C'est
pourquoi, M. le Président, dans le but de vous éclairer davantage
j'ai voulu étoffer ma motion d'arguments juridiques, en vous disant,
dans un premier temps, qu'on est ici la prolongation de l'Assemblée
nationale et que, dans un deuxième temps, la commission est
maîtresse de ses travaux. Cela va tellement loin qu'une commission qui
est manda- tée pour étudier une question très
spécifique et encore plus spécifique qu'un projet de loi aurait
le pouvoir référez-vous à May qui est un des grands
auteurs en droit britannique de par sa propre décision, de passer
à l'étude d'un autre sujet, parce qu'elle est maîtresse de
ses travaux.
Je conviens qu'un mandat a été donné en vertu de
notre règlement et spécifiquement de l'article 140. Tout à
l'heure, sur l'autre motion, vous avez allégué l'article 140 et
je me permets de le citer. "Une commission élue est convoquée par
le secrétaire des commissions à la demande du leader
parlementaire du gouvernement." Cela a été fait dans le cas de la
commission parlementaire de la fonction publique chargée
d'étudier le projet de loi 50 article par article, après son
adoption en deuxième lecture. "La demande et l'avis de convocation
doivent indiquer l'heure, l'endroit et l'objet de la réunion et aucun
autre sujet ne peut y être discuté."
Etant donné que l'avis de convocation qui a été
donné par le leader du gouvernement en Chambre, ce matin, après
la période des questions stipulait que cette commission était
chargée d'étudier le projet de loi 50, la motion que vous n'avez
peut-être pas reçue tout à l'heure, mais la motion que je
m'apprête à présenter ne va pas au-delà du mandat
qui a été donné par la...
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Portneuf, mais nous sommes appelés à
l'Assemblée nationale pour un vote. Je suspends les travaux de cette
commission pour le temps de ce vote. (Suspension de la séance à
15 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 23
Le Président (M. Dussault): La commission parlementaire de
la fonction publique... Nous allons attendre que le député de
l'Opposition officielle soit arrivé, puisque c'est lui qui avait la
parole au moment où nous avons suspendu nos travaux.
A l'ordre! Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire de
la fonction publique. Au moment de la suspension, j'écoutais M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'étais
à vous dire que cette commission est maîtresse de ses travaux,
qu'elle est habilitée à décider, non seulement en vertu du
règlement qui nous guide, mais en vertu de l'interprétation
donnée aux différents règlements applicables dans le
système parlementaire britannique. En conclusion de tout cela, une
commission comme celle-ci a le droit, et c'est même un privilège
qui appartient aux membres de la commission, de décider de ses travaux,
même si ceux-ci sont amorcés.
M. le Président, avant d'en arriver à la
présentation d'une nouvelle motion, je me permettrai de
vous faire lecture de l'article 154: "En commission
plénière ou élue on est en commission élue
après la deuxième lecture, on ne peut discuter que les
détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir audition publique que
devant une commission élue on est en commission élue
pourvu que celle-ci y consente". Le consentement s'exprime, à ce
moment, par le vote.
M. le Président, le député de Laviolette n'est pas
membre de la commission et je lui refuse tout droit de parole, à part
cela. C'est assez clair!
M. Jolivet: Je m'excuse, je suis membre de la commission.
Regardez vos notes.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Laviolette est effectivement membre de la commission.
M. Pagé: Vous l'avez remplacé par M. le
député d'Iberville.
Le Président (M. Dussault): Mon problème, M. le
député de Portneuf, c'est que je n'étais pas
président de la commission au moment où les présences ont
été prises.
M. Pagé: Sur la feuille officielle... On ne se fera pas
mener comme une classe d'enfants d'école. Un instant! Le
député de Laviolette n'est pas membre de la commission et depuis
tantôt qu'il intervient.
M. Chevrette: ...
M. Pagé: II a été remplacé par vous.
Vous lui donnez le droit de parole. On refuse les motions. Un instant!
M. Chevrette: On va régler cela rapidement.
M. Pagé: II y a un article 68 dans ce règlement,
vous savez. On peut passer trois jours en Chambre sur l'article 68. Vous savez
ce qu'est l'article 68.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, vous avez raison. Il faut que les règlements soient suivis. Il
faut qu'on soit membre de la commission pour parler. Qui a été
inscrit au début de la commission?
M. Chevrette: M. le Président, on ne s'obstinera pas.
Effectivement, dans les membres officiels, il y a eu une substitution, de la
part du député de Laviolette...
M. Pagé: Faites-nous grâce de vos remarques!
M. Chevrette: ... et le député d'Iberville est
délégué officiel de la commission.
M. Pagé: ... et simplement. Bonne fin de
journée!
M. Jolivet: Merci! Cela me libère.
M. Pagé: M. le Président, je reviens à
l'article 154.
Le Président (M. Dussault): Je vous écoute, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Je disais donc, à l'article 154, en
commission plénière ou élue, après la
deuxième lecture, on ne peut discuter que les détails d'un projet
de loi et il ne peut y avoir audition publique que devant une commission
élue. On est devant une commission élue et il ne peut y avoir
audition publique... pourvu que celle-ci y consente. Le consentement, à
ce moment-là, M. le Président, c'est le vote à la
majorité des membres de la commission.
Motion pour offrir aux représentants du SFPQ et
du SPGQ de se faire entendre
M. le Président, en me référant à l'article
154, j'en arrive à une deuxième motion qui n'est pas identique
à l'autre parce qu'elle restreint le nombre de groupes à
entendre. Je fais motion pour que cette commission offre aux
représentants je n'ai pas dit: invite du syndicat de la
fonction publique québécoise et du Syndicat de professionnels du
gouvernement du Québec de se faire entendre le 15 juin 1978, soit
demain, à 10 heures dans la matinée, devant cette commission,
afin de renseigner les membres et intervenants de cette commission; ce qui,
selon moi, en vertu de 154, est admissible.
Le Président (M. Dussault): Vous pourrez me passer une
copie, M. le député?
M. Pagé: Volontiers.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie.
Si je comprends bien, M. le député de Portneuf, votre
motion ne fait que changer le mot "invite" de votre motion
précédente par le mot "offre".
M. Pagé: On restreint le nombre de groupes à
entendre demain.
Le Président (M. Dussault): Et on n'entendrait, comme vous
dites, que deux groupes.
Vous avez invoqué, M. le député, sur la
recevabilité, bien sûr, l'article 154 où vous nous dites,
entre autres, qu'après la deuxième lecture, en commission
plénière ou élue, on ne peut discuter que les
détails d'un projet de loi et qu'il ne peut y avoir audition publique
que devant une commission élue, pourvu que celle-ci y consente.
Je pense que je dois faire appel à l'économie
générale de notre règlement et relier cette question aux
propos que je vous tenais sur la recevabilité...
M. Brochu: M. le Président, avant que vous rendiez votre
décision, si vous permettez, est-ce que vous accepteriez certains propos
sur la recevabilité de celle-ci également?
Le Président (M. Dussault): Oui, j'allais le faire, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Alors, je vous laisse terminer, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Ce que j'allais tout
simplement dire, avant même d'écouter vos propos, parce que vous
pourrez aussi réagir à ceux que je tiendrai, c'est que je ne peux
m'empê-cher de relier cette question aux propos que j'ai tenus sur la
recevabilité de la motion précédente.
Le député de Portneuf dit que la commission est
maîtresse de ses travaux et j'en conviens. Je vous rappelle que je disais
ça demeure toujours vrai que la commission ne peut
remettre en question l'objet pour lequel elle a été
convoquée. Je pense qu'il faut l'avoir très clairement à
l'esprit et que, si l'exclusivité de cet objet... Si l'on veut remettre
en question l'exclusivité de cet objet, une commission parlementaire
peut le faire, mais à l'unanimité des membres de cette
commission; ce qui veut dire que, si on ne peut pas recevoir de motion qui
demande d'entendre des témoins, mais que la commission, par consentement
unanime, veut les entendre, il est donc possible de le faire. (16 h 30)
Je conclus qu'il faut, pour briser l'exclusivité de cet objet
pour lequel une commission est élue, avoir le consentement de la
commission. Je vous rappelle ces principes de base pour pouvoir
déterminer de la recevabilité de cette motion.
Ceci dit, je suis disposé à entendre les membres de la
commission sur la recevabilité.
M. Pagé: Sur la recevabilité ou sur le
consentement?
Le Président (M. Dussault): Sur la recevabilité de
votre motion, à savoir que cette commission offre...
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. de Belleval:... sur la recevabilité. Même si la
motion est recevable, cela n'indique pas qu'elle sera pour autant reçue.
Je pense qu'il serait possible de recevoir effectivement cette motion et
ensuite de la débattre sur le fond. Si, une fois ce débat tenu,
il n'y a pas consentement unanime tel que le veut le règlement, bien
sûr, à ce moment-là, elle sera rejetée. Si, par
hasard, il y a consentement unanime, je suppose que, conformément aux
règlements, on pourra entendre les personnes en cause.
Dans ce sens-là, je serais prêt à débattre de
cette motion sur le fond.
M. Saint-Germain: M. le Président, sur cette même
question de règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je remercie le ministre. Je crois que c'est
exactement la procédure qui aurait dû être suivie lors de la
première motion qui a été présentée par le
député de Portneuf. C'est cela la procédure parlementaire.
Je crois que le ministre est tout à fait correct. Cela va simplifier la
procédure et nos travaux également. Je crois que vous devriez
porter énormément d'attention, comme président, à
la déclaration du ministre qui est tout à fait conforme à
nos règlements.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Je retiens avec énormément de
satisfaction les derniers propos que le ministre vient de tenir. Je pense qu'il
parle le langage de la sagesse en ce moment, surtout selon l'esprit et
l'économie de notre règlement. M. le Président, je vous
rappelle les décisions qui ont déjà été
rendues et auxquelles on a fait allusion tout à l'heure concernant les
mêmes problèmes que nous rencontrons actuellement, les mêmes
motions pour faire comparaître des témoins. Vous me corrigerez, M.
le Président, si je me trompe, mais la recevabilité d'une motion,
fût-ce celle présentée par le député de
Portneuf et que j'aurais pu avoir l'intention de présenter
également, ne se fait pas selon l'accord de la commission. La motion est
reçue pour elle-même ou non. C'est pas la suite que, par le vote
sur la question de fond, on dispose de la motion ou non. Mais la
recevabilité n'a aucune relation avec l'accord ou non des membres de la
commission.
Ceci s'applique pour l'article 154.-1., et je cite: "En commission
plénière ou élue, après la deuxième lecture,
on ne peut discuter que les détails d'un projet de loi et il ne peut y
avoir audition publique que devant une commission élue pourvu que
celle-ci y consente." Comment peut-elle y consentir, sinon par une motion? Mais
pour y consentir, il faut que la motion soit reçue.
Donc, la question de la recevabilité est fort différente
de celle du fond que la motion prétend atteindre. Je pense qu'il faut
retenir cette nuance pour qu'à l'avenir la décision que vous
allez rendre, avec la même sagesse, soit dans la même ligne de ce
qui a déjà été établi, de sorte que ces
motions puissent, à l'avenir, être quand même reçues
dans leur forme, mais battues ou acceptées quant au fond, par la suite,
lors de la discussion.
Pour la deuxième partie de mes remarques, je vous
réfère à l'article 154.-2. où il est dit: "La
commission peut amender un projet de loi, pourvu que l'amendement ne soit pas
étranger à l'objet du projet et qu'il ne s'oppose pas au principe
affirmé en deuxième lecture." Si on devait reconnaître
que cela va simplement selon l'accord tacite de la commission, cela
voudrait dire que, même au niveau de l'étude article par article,
on n'aurait la possibilité de présenter aucune motion. Sur le
champ même, quelqu'un pourrait dire: On la refuse, on s'oppose à
ce qu'elle soit présentée. Cela voudrait donc dire que nous
n'aurions plus aucun travail à faire en commission parlementaire puisque
nous n'aurions aucune motion à l'avenir à présenter.
Je tenais à faire ces commentaires pour éviter qu'à
l'avenir on ferme la porte à ce genre de motion qui est tout à
fait justifiable. Si, messieurs, vous étiez de ce côté-ci
de la table, je pense que vous le feriez de la même manière. C'est
tout à fait justifiable et j'espère, M. le Président, que
vous tiendrez compte de ces remarques dans votre décision et que c'est
votre dernière décision après l'éclairage de toute
la discussion qui continuera le précédent qui avait
été créé au niveau du projet de loi 70, de sorte
qu'on ait une même ligne de continuité à l'avenir
concernant le bien-fondé de ce genre de motion.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Etant donné que votre décision risque
de créer un précédent, je peux vous dire que, sur
consentement, je pense que la présidence a le pouvoir d'accepter des
motions. Il semble bien qu'il y ait consentement, d'après ce que j'ai
entendu, pour que cette motion soit présentée. Mais, en ce qui me
regarde, M. le Président, je dois diverger d'opinion avec le
député de Richmond. Le président a essentiellement tous
les pouvoirs de décréter une proposition irrecevable; sinon, on
pourrait se retrouver dans toutes sortes de cul-de-sac à tout moment,
faire des ententes à la bonne franquette pour retrouver un paquet
d'amendements dilatoires, et je pense qu'il faut laisser à la
présidence des pouvoirs qui lui sont dévolus en vertu des
règlements, mais, pour dénouer l'impasse dans laquelle nous
sommes au niveau de la procédure, je suis bien d'accord pour que vous
soyez indulgent et que vous acceptiez la proposition.
M. Brochu: M. le Président, sur une question de
règlement. Je vous rappellerai qu'il n'y a pas d'indulgence à y
avoir, il s'agit simplement d'appliquer l'économie du règlement,
la tradition. Pour bien éclairer ma question de règlement, je
vous rappellerai que, lors de l'étude du projet de loi 70, la motion
avait été présentée pour entendre les
témoins, elle avait été acceptée par la commission
et ce n'est, si ma mémoire est fidèle, que par la suite que nous
avons eu la rencontre avec les leaders pour nous entendre sur le nombre de
témoins qui seraient entendus et sur qui serait entendu. Donc, M. le
Président, la motion a été reçue parce que
présentée tout simplement et parce que recevable. Il ne s'agit
pas, à ce stade-ci, d'une question d'indulgence, mais de suivre la
logique des procédures qui avaient été entreprises.
Le Président (M. Dussault): Toujours sur la
recevabilité, et c'est la dernière intervention, je serai
suffisamment éclairé par la suite, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, très rapidement, si
les membres de la commission s'entendent pour recevoir cette motion et pour
éventuellement l'apprécier quant au fond, je pense que le
président peut être justifié en certaines occasions
d'accepter une motion pour la forme, pour l'avoir quelque part sur la table,
mais c'est dans ce sens-là, je pense, que vous devriez la recevoir, pour
qu'on puisse donner notre appréciation quant au fond et pour rapidement
se sortir de cette impasse.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je vais rendre ma
décision. Contrairement à ce qu'un membre de cette commission a
avancé, en elle-même, cette motion est irrecevable. J'ai
expliqué tout à l'heure que, pour briser l'exclusivité de
l'objet pour lequel la commission parlementaire est convoquée, il faut
qu'il y ait unanimité. Cependant, je suis prêt à rendre un
jugement, non pas de Salomon, parce que le jugement de Salomon faisait une
victime, mais rendre un jugement de convenance, parce qu'il semble que c'est
souhaité par tous les membres de cette commission. Je prends cependant
la précaution de dire tout de suite avec beaucoup d'insistance que ce
qui va se passer, cet accord, ne pourra pas vraiment faire jurisprudence, ne
pourra pas être considéré comme un précédent
et ne pourra donc pas être utilisé pour juger de la
recevabilité d'une telle motion dans d'autres commissions parlementaires
convoquées pour faire l'étude article par article d'un projet de
loi.
Des Voix: On l'espère.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, je permets la
discussion sur la motion de M. le député de Portneuf, qui dit que
cette commission offre aux représentants du SFPQ et du SPGQ de se faire
entendre le 15 juin 1978 à 10 heures du matin devant cette commission
afin de renseigner les membres et intervenants de cette commission.
M. Brochu: Si je comprends bien, vous l'avez jugée
recevable pour qu'on puisse en discuter.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Je vous dis qu'elle n'est pas
recevable en elle-même, mais que, vu l'accord de cette commission pour en
discuter...
M. Pagé: Je soulève une question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): ... j'en permets la
discussion.
M. Brochu: C'est être ou ne pas être. To be or not to
be.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, mais vous ne
pouvez pas en droit déclarer une motion irrecevable et la recevoir. M.
le Président, je me permettrai cela n'a pas de bon sens!
de vous référer à une décision prise et rendue par
l'honorable député de Jonquière, vice-président et
président de commission, dis-je, vice-président, ce serait
peut-être un voeu, ce serait certainement souhaitable, parce qu'il rend
toujours de bonnes décisions.
Je me permettrai, M. le Président, de vous référer
à une décision prise par le député de
Jonquière, M. Vaillancourt, référence B/27-B/RN, page 1,
journal des Débats. Je me permets d'évoquer ce qui, pour lui, est
recevable, en termes de motions préliminaires qui doivent être
acceptées par la présidence. Premièrement, motion sur
l'organisation fonctionnelle des travaux; deuxièmement, motion sur le
droit de parole et la limitation dudit droit de parole; troisièmement,
motion sur le huis clos; quatrièmement, le droit pour la commission de
nommer des sous-commissions, par motion; cinquièmement, le droit pour la
commission, par motion toujours, de déférer l'étude d'un
article et en arriver à l'étude de l'article 50, par exemple,
avant l'étude de l'article 30, sur l'ordre du jour, la tenue d'auditions
publiques en vertu de l'article 154-1.
C'est recevable, M. le Président. Je ne m'explique pas,
aujourd'hui et je présume que c'est peut-être une erreur de
langage de votre part que vous ayez dit: La motion n'est pas recevable, mais je
la reçois. C'est un peu comme le mari qui, au pied de l'autel, disait,
suite à la question du prêtre: Je ne la veux pas, mais je dis oui
et je la prends pareil. Je vous dis que le gars serait drôlement mal
placé.
M. le Président, je présume que c'est un écart de
langage, j'aimerais que vous me confirmiez, que la motion est recevable, qu'on
va enfin en discuter. Il est 16 h 40, cela aurait été bref, cela
n'aurait pas pris de temps si cela avait été accepté, ce
serait probablement accepté, les travaux seraient ajournés, les
parties seraient en train de se préparer pour se faire entendre
demain.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. de Belleval: II y a un mot clé qui a été
prononcé par le député de Portneuf dans sa citation, soit
les motions préliminaires. Il s'agit de motions préliminaires.
Toutefois, actuellement, nous ne sommes plus au niveau des motions
préliminaires, nous sommes au niveau de l'étude du projet de loi
article par article puisque vous avez appelé l'article 1.
M. Pagé: Non, avant l'article 1, j'ai
écouté, M. le ministre.
M. de Belleval: Si vous voulez me laisser terminer. Je suppose,
M. le Président, que vous avez rendu votre décision, compte tenu
du fait que vous aviez effectivement appelé l'article 1. Toutefois, ce
serait le consentement, j'ai l'impression, unanime de cette commission de
revenir aux motions préliminaires, de suspendre pour l'instant le
début de l'étude article par article de ce projet de loi, je
crois qu'à ce moment-là, au niveau de l'étude des motions
préliminaires, mais non pas au niveau de l'étude article par
article, cette motion serait recevable.
M. Pagé: M. le Président, je vous dis
respectueusement qu'au tout début de nos travaux, j'ai bien dit, avant
d'étudier l'article 1: Je voudrais intervenir et c'est là.
où je suis intervenu par des commentaires généraux et par
la présentation d'une motion.
M. de Belleval: Le président avait déjà
appelé l'article 1, M. le Président, je le rappelle.
M. Brochu: M. le Président, je vous rappellerai que c'est
la coutume à nos...
Le Président (M. Dussault): De toute façon, M. le
député de Richmond, si vous permettez, sur cette question, le
présent président ne pourrait pas vous jurer qu'il a
appelé l'article 1 puisque la personne que je suis n'était pas la
personne qui présidait au moment où les travaux ont
commencé.
M. Pagé: ... n'a pas le droit de parole.
M. Brochu: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Dussault): Je veux terminer en disant que
si j'avais été le président de cette commission,
dès le départ, j'aurais appelé l'arti-cle1.
M. le député de Richmond.
M. Brochu: Et vous auriez bien fait, M. le Président,
parce que c'est tout simplement la coutume. Arrêtons de nous enfarger
dans les fleurs du tapis, c'est la coutume, vous appelez l'article 1 et on dit:
Avant l'article 1, on aurait quelque chose à proposer. C'est simplement
la coutume.
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas que la coutume,
M. le député de Richmond, c'est aussi la raison pour laquelle la
commission est convoquée. C'est de faire l'étude article par
article du projet de loi. La première chose que l'on fait quand on
commence à faire l'étude article par article d'un projet de loi,
c'est d'appeler l'article 1.
M. Brochu: A ce moment-là, c'est notre rôle, si on a
des motions préalables, de dire: Avant l'article 1, M. le
Président, on aurait telle chose.
Le Président (M. Dussault): Cela dit, de toute
façon, M. le député de Richmond, je vous ai dit que je
permettrais de faire le débat sur la motion
faite par le député de Portneuf et je voudrais
qu'immédiatement, nous puissions nous mettre à ce travail.
M. Saint-Germain: Avant de commencer, il faudrait savoir si c'est
recevable, si c'est reçu ou si ce n'est pas reçu.
Le Président (M. Dussault): Je vous ai dit, M. le
député de Jacques-Cartier, qu'en elle-même, cette motion
n'était pas recevable, mais que je portais un jugement de convenance
puisqu'il était établi de toute évidence, chez tous les
membres de cette commission, qu'on souhaitait discuter de cette motion. C'est
pour cette raison que je permets que nous puissions discuter de cette motion.
Ceci dit... (16 h 45)
M. Brochu: Je m'excuse, question de règlement. A ce
moment-là, c'est 154, premièrement, qui s'applique. La motion est
reçue, on la discute. Vous la déclarez recevable. Sans cela, on
n'est pas capable de discuter; c'est aussi simple que cela.
M. Chevrette: S'il permet la discussion, c'est parce qu'elle est
reçue.
M. Brochu: Qu'il le dise.
M. de Belleval: Voulez-vous le passer à la torture? On
pourrait commencer à étudier votre motion, si vous voulez.
M. Brochu: Ce n'est pas cela. Je ne vous en veux pas du tout.
Nous nous sommes embarqués dans un imbroglio. Ce n'est pas contre vous
du tout que j'en ai là-dessus, sauf que je ne voudrais pas que...
J'espère que je ne dérange pas trop le député de
Joliette-Montcalm. Je ne voudrais pas que cela crée un
précédent et qu'après, on se retrouve...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! Je connais très bien les performances et la qualité
des performances du député de Jacques-Cartier. Il n'y a donc pas
de quoi s'inquiéter. Oui, M. le député de Richmond.
M. Saint-Germain: Comment? M. Brochu: M. le
Président...
M. Saint-Germain: Question de privilège, M. le
Président. Vous allez m'expliquer, je vous en prie, vous allez me
décrire ces performances. Ecoutez une minute!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, c'est ma façon à moi de vous demander
d'être poli envers le président.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous êtes président
ou... Oui, j'avoue que j'ai été impoli, mais avouez que la
patience a des limites.
Le Président (M. Dussault): Puisque vous avouez que vous
avez été impoli...
M. Saint-Germain: On a essayé, de votre côté,
on vous a tendu la perche pour vous sortir du pétrin, mais vous semblez
vouloir vous enliser complètement et éternellement. Ecoutez une
minute.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, si vous admettez que vous avez été impoli
à l'égard du président, je suis bien prêt à
remettre en question ce que j'ai dit sur la qualité de vos
performances.
M. Saint-Germain: Vous vous mettez les pieds dans les plats et
vous semblez aimer cela, rester dans le même plat. Faites un effort un
peu, au moins intellectuellement.
M. Jolivet: Cela, c'est de l'impolitesse.
M. Chevrette: Passons et déclarons cela comme on voudra,
mais discutons du fond.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, est-ce que vous aviez terminé votre intervention?
M. Brochu: Pas tout à fait, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Alors, je vous permets de
continuer.
M. Brochu: M. le Président, par préoccupation aussi
pour les commissions futures qui vont siéger, cela fait
déjà quelques années que je suis en cette Chambre, et on
s'aperçoit que, lorsqu'il y a des décisions de rendues, cela fait
foi de précédent.
Si on accepte aujourd'hui, à cause de l'imbroglio de terminologie
dans lequel on a pu s'embourber, qu'à l'avenir, il sera possible
d'arriver à recevoir une motion sans qu'elle soit reçue, par
convenance, mais non pas par règlement ni par tradition, je pense qu'on
ouvrirait la porte et c'est là votre rôle de gardien des
traditions et des règlements à ce que, dans l'avenir, on
ait des discussions interminables et qu'on s'embourbe dans des bourbiers
d'où on ne pourrait pas sortir.
M. le Président, je pense que c'est votre responsabilité
maintenant de trancher cette question pour éviter qu'on éventre
le règlement, pour ainsi dire, de cette façon-là.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, vous avez tout à fait raison de dire que le président
est le gardien des règlements. Le présent président est
bien conscient qu'en acceptant de recevoir la motion, la première et la
deuxième d'ailleurs, il ouvrait une porte qui, effectivement, n'est pas
nécessairement un service à rendre aux parlementaires. C'est la
raison pour
laquelle j'ai essayé d'être le plus strict possible sur la
recevabilité.
Mais je conviens avec vous que tous les membres de cette commission
veulent discuter sur le fond de cette motion. C'est la raison pour laquelle je
vous dis que je vous permets de discuter de cette motion et de pouvoir voter
sur cette motion. Si ce n'est pas clair, je ne sais pas vraiment ce que vous
voulez.
M. Brochu: Je vous rappellerai que, lorsque vous avez rendu votre
décision, vous avez fait appel à une décision que le
député de Jonquière avait déjà rendue, dans
des circonstances analogues, mais c'est une décision qui se
révèle ne pas être tout à fait la même que
celle que vous avez rendue.
Je me dois donc, à ce stade-ci, de vous demander une directive,
en vertu du règlement. A quel endroit, dans le règlement, en tant
que responsable et gardien de nos travaux, des traditions et du
règlement, pouvez-vous m'indiquer que, pour déclarer recevable
une motion, vous devez avoir un quelconque consentement tacite ou officiel des
membres de la commission, plutôt que vous baser sur la motion
elle-même? Est-ce que vous pourriez répondre à cette
question, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, j'ai donné les raisons, tout à l'heure, pour lesquelles
j'ai rendu ma décision. J'ai donné les raisons. Je pense qu'elles
étaient suffisantes et je ne crois pas nécessaire de m'expliquer
davantage sur la question.
Je vous dis que, pour les fins de la motion actuelle, tout en ne
créant pas de précédent, je reçois cette motion et
je vous demande immédiatement de faire le débat sur le fond de
cette motion.
M. Brochu: Donc, elle est jugée recevable?
M. Chevrette: II vient de dire "je reçois", mosus. Arrive
en ville.
Le Président (M. Dussault): J'ai dit: Je reçois la
motion. Je l'ai dit depuis le début, sauf que j'ai fait des restrictions
et les restrictions, je les ai faites pour être bien sûr qu'on ne
pourra pas invoquer le présent jugement pour pouvoir obtenir la
recevabilité de telles motions dans l'avenir. C'est tout ce que je vous
dis, M. le député.
M. Brochu: On s'en tiendra donc au jugement qui avait
été précédemment rendu par le député
de Jonquière, dans le cas de la loi 70. C'est ce que vous nous
dites.
M. Chevrette: Vous direz ce que vous voudrez.
Le Président (M. Dussault): Quand le problème se
posera, M. le député de Richmond, le président fera ce
qu'il croira nécessaire de faire. Sur le fond. M. le
député de Portneuf, sur le fond.
M. Pagé: M. le Président...
M. Brochu: M. le Président, je m'excuse.
M. de Belleval: ... avait demandé la parole d'abord sur le
fond.
M. Brochu: Sur la question de règlement, M. le
Président, je reviens sur la question de règlement; j'avais
posé une question en dehors de ce contexte pour éviter qu'on
s'embourbe à l'avenir, comme je vous l'ai dit. Je ne veux pas être
long là-dessus, je ne voudrais pas vous torturer inutilement, mais
où, dans notre règlement, retrouve-ton que la recevabilité
doit être basée sur un accord des membres de I? commission?
Le Président (M. Dussault): M. le député,
vous savez très bien que tout n'est pas dit dans notre règlement
et qu'il y a des usages et des décisions qui se prennent en fonction de
l'économie générale de notre règlement. Ce que j'ai
expliqué tout à l'heure, c'est en fonction de l'économie
générale de notre règlement que je l'ai fait et non pas en
fonction spécifiquement d'un règlement, en fonction d'un
numéro du règlement.
M. Brochu: A ce moment-là, pourriez-vous me citer
l'économie générale ou me citer la tradition sur
laquelle...
M. Chevrette: M. le Président, je fais appel au
règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous avez rendu une décision. Vous avez dit:
Je la reçois et commençons les discussions. Aucune
décision du président ne doit être contestée.
M. Brochu: C'est une question de directive, je demande une
directive.
M. Chevrette: C'est fait, qu'on commence. Le Président
(M. Dussault): M. le député...
M. Chevrette: Est-ce que cela prend un dessin 'pour savoir ce que
veut dire: Commencez, je la reçois?
M. Brochu: Je demande une directive, cela ne prend pas de dessin
non plus.
Une Voix: Elle est recevable.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Joliette-Montcalm à
l'ordre, s'il vous plaît vous avez raison. Les propos de M. le
député de Richmond peuvent être facilement
considérés comme une façon de remettre en question la
décision du président. Ceci dit, je vous demande...
M. Brochu: M. le Président, j'ai trop de respect pour
vous. Je le pense, je peux le penser, mais je ne vous le dirai pas.
M. Chevrette: ... à dire.
M. Brochu: Je ne l'ai pas dit.
Le Président (M. Dussault): J'appelle le débat sur
la motion.
M. Pagé: M. le Président...
M. Gendron: J'avais demandé la parole.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Abitibi-Ouest, effectivement, avait demandé la parole.
M. Pagé: Normalement, M. le Président, c'est quand
même le proposeur de la motion.
Le Président (M. Dussault): Oui, c'est vrai.
M. Gendron: C'est tout à fait vrai et cela me fait plaisir
si M. le député de Portneuf est en mesure de commencer...
M. Brochu: Est-ce en vertu de la tradition, de l'économie
ou quoi?
M. Chevrette: ... visuelle là-dessus.
M. Gendron: C'est en vertu de l'économie du
règlement.
M. Brochu: Voulez-vous un autre dessin? Je vais vous faire un
dessin.
M. Gendron: M. le député de Portneuf, cela me fait
plaisir de vous laisser présenter le fond de votre motion.
Le Président (M. Dussault): Je demanderais l'accord de la
commission, la collaboration de la commission pour que nous fassions les
travaux tels qu'ils devraient se faire. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Que de paroles,
que de procédure, que de questions de règlement, de
privilège, si cela avait été possible d'en formuler, pour
en arriver au débat, après presque deux heures de discussion sur
la recevabilité, chose qui n'est peut-être pas encore
déterminée et qui est devenue précise! Elle est
reçue, sans savoir si elle est recevable.
J'ai présenté cette motion à la fin de mes
commentaires généraux du début. M. le ministre qui voyait
probablement venir cette motion s'est peut-être attardé à
penser qu'il devait voter pour ou voter contre, pendant que je lui faisais part
de mes allégations et des motifs pour soutenir la présentation de
ma motion. Si je dis qu'il devait penser s'il devait voter oui ou non, c'est
parce que je suis convaincu que le ministre jugeait cette motion recevable.
Tout cela pour vous dire que, quand j'ai étoffé ma motion par des
arguments, le ministre n'a peut-être pas eu une oreille très
attentive. Je voudrais lui réitérer ce pourquoi je
présente cette motion. Je conviens que cela peut...
M. de Belleval: Je peux vous assurer que j'ai retenu tous vos
arguments.
M. Chevrette: Si cela peut abréger le débat, il a
tout retenu.
M. Pagé: Pardon? Est-ce que je peux me permettre de
vous...
M. de Belleval: Je peux vous assurer que j'ai retenu tous vos
arguments.
M. Pagé: Vous les avez retenus. Si vous les retenez, vous
avez seulement à voter pour. C'est la meilleure façon de les
retenir, vous savez.
M. de Belleval: Je les ai retenus en mémoire.
M. Pagé: Ah! ah! ce n'est pas pareil.
Le ministre a utilisé le terme "moyen dilatoire". Ce n'est pas un
moyen dilatoire, une motion comme celle-là, mais pas du tout. Ce n'est
pas un moyen dilatoire. Un moyen dilatoire, c'est une motion, ce sont des
procédures qui sont présentées et qui ont uniquement pour
but de faire retarder les travaux. Parfois, cela s'explique. On l'a vu dans le
cas du projet de loi 44 la semaine dernière où des moyens
dilatoires, vraiment un refus systématique d'avancer dans l'étude
d'un projet de loi aura permis à l'Opposition de faire reculer le
gouvernement et de faire en sorte que l'étude du projet de loi 44 soit
reportée à demain, soit après la tenue de la
conférence municipale-provinciale. Cela, c'est un moyen dilatoire. Un
moyen comme celui-là, une motion comme celle-là, n'est pas une
motion à caractère dilatoire. Elle n'a pas pour but de retarder
l'étude du projet de loi 50. Au contraire. Elle contribue, somme toute,
à faire en sorte que plus d'information et qu'une meilleure information
soit donnée, de part et d'autre, par les échanges que la motion
entraînera, si elle est adoptée, les parties concernées,
soit le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec et le Syndicat
des professionnels du gouvernement du Québec, recevant une audition
demain matin à 10 heures devant cette commission. Là, je
tiendrais vous me le permettez, entre parenthèses à
m'excuser auprès des autres syndicats, si j'ai présenté ma
deuxième motion de façon différente en restreignant le
nombre de groupes à entendre. C'était uniquement pour qu'il y ait
consentement et qu'elle puisse être recevable... pour qu'elle puisse
être reçue, tout au moins.
M. le Président, comme je l'indiquais tout à l'heure, on a
eu le projet de loi 53 qui a entraîné des discussions, qui a
amené une commission parlementaire à laquelle beaucoup de gens
ont eu à faire part de leurs commentaires et de leurs
considérations. On a eu des auditions. Le Syndicat de la fonction
publique est venu se faire entendre, le Syndicat des professionnels du
gouvernement, le Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec, etc., un
peu tout le monde est venu se faire entendre, tous ceux qui étaient
concernés. Ils ont fait part aux membres de la commission de leur
inquiétude quant à l'application ou à
l'interprétation à donner à certains articles du projet de
loi 53.
Le ministre a accepté, à la toute fin des travaux, le
résultat. Il a dit oui à une motion qui avait été
présentée au début par le député de
Jean-Talon, M. Garneau, pour suspendre l'étude du projet de loi 53 et
attendre le rapport de la commission Martin-Bouchard, qui était, encore
là, un autre moyen pour les parties intéressées par toute
cette question de la négociation dans le secteur public et parapublic de
se faire entendre, de soumettre leurs représentations, leurs objectifs
à une commission chargée d'étudier la question et de faire
rapport au gouvernement. Cela a été le deuxième moyen de
se faire entendre.
Le projet de loi 50 est revenu, il y a quelques semaines. Il a refait
surface. Ce projet de loi constitue, reproduit, tout au moins, sensiblement
plusieurs principes, plusieurs énoncés prévus dans
l'ancien projet de loi 53. Il modifie d'autres articles. Il modifie les
approches du gouvernement sur d'autres aspects. Les parties
intéressées, notamment les deux syndicats, le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec et le Syndicat des professionnels
du gouvernement du Québec, n'ont pas été entendues sur ce
projet de loi. Non seulement, elles n'ont pas été entendues pour
l'ensemble du projet de loi, ce qui, selon moi, est nécessaire dans les
circonstances parce que, quand un gouvernement veut agir avec
objectivité, de façon constructive et surtout avec transparence,
ce même gouvernement ne devrait pas être gêné
d'accepter de bon gré de discuter dudit projet publiquement ou
ouvertement devant les media d'information avec les groupes concernés...
C'est le moins qu'on puisse attendre d'un gouvernement et, par surcroît,
d'un gouvernement qui se dit transparent.
C'est le premier élément. Cet élément dit
qu'un projet de loi est présenté, qui viendra refondre la Loi de
la fonction publique, qui affectera les milliers de travailleurs dans la
fonction publique, somme toute, nos partenaires à nous, les membres de
l'Assemblée nationale, les partenaires du gouvernement dans la mission
qu'ils ont de collaborer et de contribuer au travail fait par le gouvernement.
C'est normal, ce serait le moindre qu'on puisse faire des ententes, qu'on
puisse connaître leurs considérations, leur appréciation
dans certains cas et leur désaccord dans d'autres cas sur le projet de
loi.
Il y a un autre élément qui s'ajoute à tout cela.
D'accord, et je me permets de vous citer, il y a l'économie
générale qui nous indique qu'on devrait les entendre, mais il y a
aussi une question aussi spécifique qu'un malentendu sur
l'interprétation à donner au projet de loi. Cette fameuse
question, comme je le disais tantôt: Qu'est-ce qu'il y aura, qu'est-ce
qui ne sera pas, qu'est-ce qui ne sera plus dans l'aire de négociation?
Ce sera quoi et ce sera comment, après l'adoption de la loi 50?
M. le Président, il semble, selon ce que j'en constate, qu'on ne
se comprenne pas à ce chapitre. Le ministre de la Fonction publique nous
a dit, dans le cadre du projet de loi 53: Telle chose, telle chose, c'est
négociable. La partie syndicale qui était en avant nous disait:
Selon nous, ce n'est pas négociable.
Il faudrait au moins régler ces questions. Les mêmes
arguments sont invoqués, les mêmes inquiétudes sont
soulevées par la partie syndicale, non pas sur le projet de loi dans ce
cas, mais sur la question de l'application de certains articles, eu
égard à l'aire de négociation. On se pose encore des
questions, on s'interroge et les gens sont encore inquiets (17 heures)
Le ministre nous dit: Pas de problèmes au chapitre de l'aire de
négociation. On se comprend bien. C'est clair dans la loi, etc. Si c'est
si clair que ça et s'il n'y a pas de problèmes... Moi, j'ai
l'impression qu'il y en a, parce que ce matin, quand je suis venu ici, je ne
sais pas, M. le Président, par où vous êtes passé,
mais moi, je suis venu ici par la rue de la Chevrotière et il y a un
complexe qui s'appelle le complexe G où il y a beaucoup de gens qui
travaillent et il avait l'air à y avoir des gens pas trop heureux
à la porte. Moi, de voir qu'un gouvernement qui dit voter une loi qui
reçoit la faveur des travailleurs, qui dit que c'est une bonne loi,
où il y a eu des auditions, des consultations, de la participation, et
de voir des gars à la porte pas contents avec une affiche dans les
mains, je vous dis: Il y a un problème quelque part, et, par
surcroît, je sais parce que j'ai participé au débat sur le
projet de loi no 53, les différentes interprétations entre le
ministre de la Fonction publique, d'une part, et les syndicats, d'autre part,
sur ce que c'était, l'aire de négociation, je me dis: II y a
encore un problème quelque part et il faudra continuer à le
régler. Le meilleur véhicule, je pense, et le moment le mieux
choisi pour régler ce problème... Je voudrais bien que les
membres de la commission m'écoutent. Je comprends que le
député de Limoilou est peut-être en train de lire, pour la
première fois, le projet de loi no 50, mais vous devriez
m'écouter. Vous êtes concerné, vous aussi.
M. Gravel: Ne t'en fais pas.
M. Pagé: Vous avez beaucoup de gens qui travaillent
aujourd'hui dans la fonction publique qui sont dans votre comté et qui
vont voter aux prochaines élections. Si j'étais à votre
place, moi, j'écouterais le député de Portneuf. Je vous
dis ça le plus humblement possible.
M. Gravel: Fais ton travail et laisse faire les autres.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais
à vous dire...
M. Gravel: Mon comté, je suis capable de m'en occuper, je
peux te le dire.
M. Pagé: Cela, on verra ça aux prochaines
élections.
M. Gravel: Je peux te dire ça.
M. Pagé: Vous savez, des gars qui devaient être
réélus avec des grosses majorités, j'ai vu ça au
dernier coup, moi...
M. Gravel: C'est parce que tu n'as plus rien à dire.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre! A l'ordre!
M. Pagé: ... on était 102 et on est rendu seulement
26.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre!
M. Gravel: Parle donc sur le fond de ta motion!
M. Pagé: C'est parce qu'on avait fait des erreurs que vous
êtes en train de faire et vous allez faire les mêmes que nous
autres et vous allez sortir aussi vite.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! A l'ordre!
M. Pagé: M. le Président, je reviens sur le
sujet.
Le Président (M. Dussault): Oui, s'il vous
plaît!
M. Gravel: C'est parce que tu n'as plus rien à dire, comme
d'habitude.
M. Pagé: D'ailleurs, sur cet aspect ou sur cette
parenthèse, il y a plusieurs députés péquis-tes qui
auront à vivre cette situation au soir du prochain scrutin.
M. Chevrette: Cela n'a pas l'air drôle.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais
à dire qu'il y a un problème. Plusieurs conventions collectives
sont sur le point d'être échues. Il y a une nouvelle
négociation qui s'approche, qui s'en vient, et le moins qu'on puisse
s'attendre d'un ministre de la Fonction publique, au nom du gouvernement, c'est
de vouloir favoriser, tenter, par tous les moyens possibles, de favoriser des
échanges sereins, des débats sérieux et que, tout au
moins, on s'entende sur l'interprétation à donner au projet de
loi no 50 et particulièrement à l'aire de négociation.
Je comprends ces gens-là de ne pas être contents, dans un
sens, parce que les inquiétudes qu'ils ont, pour beaucoup j'en
ai, moi aussi et que ce sont eux qui, au lendemain de la loi 50... Vous
savez, M. le Président, on adopte des lois, on vote, on se prononce sur
certaines lois et les lois passent, Dieu sait si elles passent vite, de ce
temps-ci! Mais ce sont eux qui auront à vivre avec la loi 50 demain
matin quand elle sera adoptée ou dans quelques mois quand elle sera
adoptée.
Ce sont eux qui ont raison d'être inquiets, quand on avait, dans
le Journal de Québec, une déclaration je pourrais vous en
citer plusieurs, M. le Président en tout cas, du ministre de
l'Agriculture qui disait: Une fois que la loi 50 va être passée,
vous savez, il y a un paquet de fonctionnaires qui nous embêtent et on va
pouvoir les muter facilement.
Vous savez, ça, M. le Président, ce n'est rien pour
sécuriser le gars qui fait un bon travail, d'une part, et qui, d'autre
part, voit son gouvernement adopter une loi qui régira toute la gestion
du personnel, l'avenir, les aires de négociation, le droit de
négocier certains points par rapport à d'autres, certaines choses
qui ne le seront pas, une commission qui aura juridiction, un Office de
recrutement là-dedans; ces gens-là sont en droit de se faire
entendre; ces gens-là sont en droit de demander au gouvernement des
explications sur certains articles, et ça pourra contribuer... Moi, je
suis convaincu, M. le Président, qui si, demain matin, la
majorité ministérielle accepte la motion, ce que j'espère
qu'elle fera d'emblée, si elle est acceptée, les gens vont venir
demain matin et vont dire, de façon quand même dans des
délais assez brefs, parce qu'on aura de 10 heures à 1 heure, dans
trois heures, deux groupes syndicaux sont capables de nous dire et sont
capables d'échanger sérieusement et de faire part au ministre et
à la commission de leurs inquiétudes dans le projet de loi no
50... et peut-être que le ministre pourra répondre à ces
inquiétudes et peut-être que les gens partiront bien contents,
bien satisfaits et probablement que le lendemain, il n'y aura pas de gars
devant le complexe G. Les gens pourront entrer facilement et iront travailler
sereinement, confiants qu'ils sont que leur ministre de la Fonction publique a
enfin compris, ou encore qu'ils se sont enfin compris entre eux.
M. le Président, c'était ça, le sens de ma motion.
Ce n'est pas une motion dilatoire. C'est une motion qui vise essentiellement
une dernière tentative de rapprochement entre les parties, parce que
moi, j'ai l'impression que vous n'êtes pas trop prêts. Il y a des
taloches qui sont à la veille de se donner, de part et d'autre. Quand
j'entends un ministre dire: Quand la loi 50 va être passée, il y a
des gars dans mon ministère dont je ne suis pas trop heureux, on va te
"shipper" ça aux Iles-de-la-Madeleine. Cela, d'une part, c'est
inquiétant. D'autre part, quand je vois des lignes de piquetage, moi, je
me dis que c'est encore inquiétant, parce que les gars ne sont pas
heureux. Je parle à la lumière d'une expérience. On a fait
des erreurs; le député de Limoilou nous a dit tantôt: Vous
autres, on verra cela aux élections. On a eu l'impression, nous aussi,
à certains moments, sur certains projets de loi, que la
vérité on l'avait et qu'on était
seuls à l'avoir. On en a fait des erreurs; on a payé pour
nos erreurs et on s'est ramassé dans l'Opposition de ce
côté-ci.
M. Gravel: Mais avec des barrières autour du
parlement.
M. Pagé: Mais la façon dont vous...
M. Gravel: Six ans et demi avec des barrières autour du
parlement.
M. Pagé: Mais la façon dont le gouvernement...
M. Gravel: C'est cela.
M. Pagé: Vous vous le rappelez parce que,
généralement, c'étaient des gars comme vous qui
étiez de l'autre côté de la barrière. Quand on
regarde cela, on constate qu'on a raison d'avoir des barrières.
M. Gravel: Mais je peux dire que je suis fier d'être un
travailleur de la base.
M. Pagé: Demeurez-le, restez-le, et défendez les
travailleurs; c'est le temps de les défendre. On ne parle même pas
du fond; on parle de la possibilité pour ces gens de se faire entendre.
C'est le droit le plus élémentaire de faire en sorte que des
parties soient entendues. On se rappellera, M. le Président, je
suis convaincu que vous vous le rappellerez également, parce que vous
avez certainement fait des recherches en droit depuis que vous avez
été désigné président la fameuse
règle audi alteram partem; c'est normal que, dans tout procès,
tout litige, les parties soient entendues. Il en est de même ici.
J'invite le ministre de la Fonction publique par cette motion à y penser
comme il faut, à faire en sorte que, demain matin, seulement dans un
délai de trois heures de dix à treize heures... On
s'engage et je vais même au-delà de cela je m'engage
et je suis convaincu que mon collègue de Richmond abondera dans le
même sens, je suis convaincu que, si les parties sont capables de venir
ici demain, on prendra le moins de temps possible en commission, on agira avec
diligence, de la façon la plus rapide possible, pour adopter le projet
de loi article par article. Je m'engage à cela, M. le Président,
de façon que, si l'audition est faite demain matin, probablement
qu'après la séance de demain après-midi ou tout au moins
celle de demain soir, on serait en mesure de terminer l'étude du projet
de loi.
Pour cela, je vous demande que les parties soient entendues. C'est une
règle élémentaire; cela s'incrit dans un processus de
participation des gens concernés à l'élaboration, à
la discussion et à l'adoption d'un projet de loi; c'est permis par notre
règlement; la motion a été reçue. Cela s'inscrit
dans un principe de transparence. Non seulement il ne faut pas avoir de
barrières devant le parlement, mais il faut laisser entrer ces gens et
les écouter. Qu'on les entende, et on aura l'occasion d'échanger
avec eux, on va être en mesure de connaître leurs griefs. Je suis
certain qu'ils n'arriveront pas ici en prenant le projet de loi article par
article et en faisant la critique de chacun des articles. Ils vont arriver et
ils vont prendre l'article sur l'aire de négociation et ils vont dire:
Qu'est-ce que cela? Qu'est-ce que cela veut dire? Qu'est-ce que cela implique
pour nous? Qu'est-ce qui sera négociable dans la prochaine convention
collective? C'est cela que les gens vont demander. C'est cela que les gens vont
nous dire. Cela va éclairer le député de Charlesbourg et
ce dernier sera satisfait.
M. le Président, je souhaite au gouvernement d'avoir suffisamment
de clairvoyance et de transparence pour entendre les parties et surtout avoir
assez de clairvoyance pour entendre les parties parce que cela est important en
politique. D'accord, on est au pouvoir; on a l'impression qu'on est là
pour bien des années. A voir aller certains péquistes, je
n'hésite pas à croire que, pour plusieurs d'entre vous, vous avez
l'impression que vous êtes là pour tout le temps. Non seulement
vous avez la vérité, mais vous êtes là pour tout le
temps.
Dites-vous que ces éléments sont secondaires. Soyez plus
réalistes, soyez plus près des gens concernés par vos
projets de loi. Ecoutez-les. Je vous parle par expérience. Probablement
que si on avait agi d'une façon un peu plus judicieuse, on serait encore
à votre place, mais, quand même, cela ne tardera pas pour qu'on y
retourne. Je suis pas mal certain de cela; on n'a qu'à se
référer au dernier sondage, aux erreurs
répétées de ce gouvernement, qui est encore en train d'en
faire une sur le projet de loi 50.
M. le Président, voulant souhaiter une meilleure entente, une
meilleure relation entre les parties impliquées dans la fonction
publique et particulièrement dans la négociation, je souhaite
que, par cette motion, les parties puissent être entendues. Je suis
assuré que cela pourra aboutir à des échanges
sérieux et concluants sur l'interprétation de nos projets de loi.
Je suis convaincu que, pour plusieurs griefs, c'est seulement une question
d'interprétation.
J'hésite à croire que le ministre de la Fonction publique
puisse dire non à cette motion. Je suis convaincu d'ailleurs
qu'aussitôt que j'aurai terminé ou que mon collègue de
Richmond aura terminé, il sera le premier à prendre la parole,
peut-être même avant le député de Richmond pour dire:
Ecoutez! On arrête de discuter, elle est acceptée, on entend les
parties demain matin. J'attends cela du ministre de la Fonction publique et du
député de Charlesbourg.
M. le Président, j'espère que cette motion sera
reçue et je demande aux députés péquistes d'y
penser deux fois avant de voter.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Alors...
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Abitibi-Ouest m'avait demandé la parole.
M. Brochu: Je m'excuse. Je vais faire appel à la
même tradition, à la même économie de
règlement sur lequel vous vous êtes généreusement
assis tout à l'heure. Vous vous rappelez que, lorsqu'une motion est
reçue ou que le...
M. Chevrette: Cela va prendre plus de temps si vous parlez tout
de suite.
M. Brochu: ... président dit qu'il la reçoit, on
commence d'abord par le proposeur de la motion, ensuite les autres partis
d'Opposition et enfin la réplique du ministre. Je pense que c'est
conforme au règlement. C'est le tour de l'Union Nationale, M. le
Président. Je ne voudrais pas être mesquin, mais je pense que
c'est dans la logique des choses. Je vous demande de me reconnaître. Je
pense que mon collègue de l'Abitibi n'aura pas d'objection.
M. Gendron: Cela me fait plaisir, M. le député de
Richmond.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président, de me
reconnaître. M. le Président, j'appuie sans réserve cette
motion qui a été présentée par le
député de Portneuf. Si le député de Portneuf
n'avait pas présenté cette motion, j'aurais pu tout aussi bien
faire la même chose, puisqu'il m'apparaît, moi aussi, important,
impératif que les gens concernés puissent être entendus,
pas nécessairement pendant deux ou trois jours de débat, mais
pendant une période de temps sur laquelle on pourrait s'entendre, comme
cela a été le cas pour la loi 70.
On croyait, lorsque la discussion s'est amorcée sur le projet de
loi créant la Société nationale de l'amiante, que
l'audition des témoins en question aurait pour effet de retarder
indûment la commission parlementaire, alors qu'avec l'entente survenue
entre les partis, on a pu entendre les groupes sans pour autant retarder
indûment les travaux de la commission. Cela a été une
question de quelques heures et par la suite, tout au cours de nos travaux, nous
avons pu bénéficier des informations qu'on a recueillies lors de
l'audition de ces témoins, comme SORES, les syndicats concernés,
les villes intéressées, etc. Je pense que c'est exactement la
même chose actuellement, surtout à la veille des
négociations collectives qui s'en viennent.
M. le Président, le ministre avait l'air un peu triste tout
à l'heure. Peut-être est-ce parce que M. Bellemare est absent et
qu'il aurait aimé le voir présent ici. Je le rassurerai en lui
disant que je le remplace au nom de l'Union Nationale et que j'essaierai de
faire mon possible pour continuer dans la ligne de celui qui est absent pour le
mo- ment et qui reviendra avec plus d'ardeur qu'il n'avait puisque,
d'après les dernières nouvelles, son état de santé
est meilleur qu'il n'était.
M. le Président, voilà un an qu'on a commencé
à parler de cette question, puisque le premier bébé du
ministre en ce sens-là, le projet de loi 53, a été
présenté approximativement il y a un an. L'Union Nationale,
à ce moment-là, avait fortement critiqué beaucoup de
points qui se trouvaient à l'intérieur du projet de loi 53. On
retrouve encore de nombreux points sur lesquels on devrait, actuellement,
entendre aussi les critiques des parties intéressées, sur le
changement ou non d'orientation que le gouvernement a pris sur ces
différentes questions.
On avait parlé à l'époque, et le ministre s'en
souviendra, des pouvoirs dictatoriaux que l'on voyait attribués ainsi au
ministère. On parlera des pouvoirs de délégation et de
sous-délégation quasiment illimités qu'on regrettait et
qu'on retrouve malheureusement dans le projet de loi 50 au sujet desquels les
groupes mentionnés dans la motion du député auraient
sûrement intérêt à prendre la parole et à nous
éclairer. Il y a toute la question de la définition
imprécise de la règle de sélection au mérite au
sein de la fonction publique et l'attitude attentiste et vague du ministre sur
la question du régime syndical dans le secteur de la fonction publique
et plus particulièrement l'intransigeance sur la question cruciale de
l'aire de négociation.
Cela, M. le Président, on le retrouve encore aujourd'hui dans le
projet de loi 50 où c'est largement en discussion sur la table. Je pense
qu'on aurait intérêt à ce chapitre-là à
s'attabler autour de cette question et avoir le point de vue de ceux qui auront
à vivre, à toutes fins pratiques, avec cette loi en fin de
course.
A l'ouverture de la session, comme je l'ai indiqué, le projet de
loi 53 n'a pas été rappelé au feuilleton. On pouvait donc
s'attendre au dépôt d'une nouvelle loi, mais qui tiendrait compte
des recommandations des groupes qu'on a entendus en commission parlementaire au
cours de la dernière session. On pouvait aussi espérer voir dans
la nouvelle loi les recommandations du rapport Martin-Bouchard sur la
révision du régime des négociations collectives dans les
secteurs public et parapublic.
On devait donc, à ce moment-là, s'attendre à ces
pièces maîtresses à l'intérieur d'une nouvelle loi,
mais aujourd'hui on se rend compte que les modifications ne sont pas
allées nécessairement dans ce sens-là et même,
à certains égards, cela semble différent des approches ou
des changements qu'on souhaitait. Tant et si bien que lorsqu'on regarde les
récents communiqués qui ont été émis par les
syndicats de la fonction publique le ministre apportera les correctifs
s'il juge à propos de les apporter en cours de route dans le
dernier communiqué qu'il m'a été possible de recevoir ici,
on indique que le projet de loi 50 n'est simplement qu'un genre de copie du
projet de loi 53. On dit: Le projet de loi 50: de l'ancien servi à la
moderne. Je cite le communiqué de presse qui
vient d'être émis. "Le projet de loi no 53 avait
soulevé de vives protestations de toutes les associations et de tous les
syndicats de la fonction publique, avec l'appui massif de ses membres. Rien n'a
changé avec la loi 50. Pour preuve, l'article 116 de la loi redonne les
mêmes pouvoirs au ministre." (17 h 15)
C'est donc là un des éléments aussi qui nous fait
croire que nous devrions, à ce stade-ci, entendre ces gens qui,
déjà, par le biais des moyens qui sont à leur disposition,
soit celui de rendre publique leur opinion, nous font savoir qu'ils ont des
doutes sur l'approche qui est celle du gouvernement actuellement, qu'ils ont
des recommandations à faire, qu'ils voient dans la continuation du
projet de loi 53, dans le projet de loi 50, certaines pierres d'achoppement
avec lesquelles ils auront certaines difficultés.
Au lieu de ça, on semble vouloir aller un peu rapidement avec la
fin de la session. Je comprends qu'on soit pris actuellement avec les
règlements sessionnels et qu'on doive, à l'intérieur de ce
cadre législatif que le gouvernement s'est fixé, terminer pour le
23 juin. Cependant, il ne faudrait pas que l'un ou l'autre de ces projets de
loi ou que l'un ou l'autre des groupements qui sont touchés
actuellement, soit, en quelque sorte, victime de cette règle
parlementaire qui a été fixée. Je pense qu'il serait
drôlement malheureux qu'il en soit ainsi. Il ne faudrait pas qu'on ait un
groupe, en particulier dans le cas présent, celui de nos fonctionnaires,
qui ait à payer la note parce qu'on a décidé, à
l'Assemblée nationale, que maintenant, on terminait nos travaux le 23
juin.
A ce moment-là, le Parti québécois qui est
aujourd'hui le gouvernement, qui prétendait avoir un
préjugé favorable à l'endroit des travailleurs, se
retrouverait sur un fauteuil passablement inconfortable à ce chapitre,
comme dans d'autres secteurs également aussi. J'ai eu à le
mentionner souvent. Le député de Joliette-Montcalm pourrait en
prendre note d'ailleurs, encore une fois; j'en avais déjà fait
état. Le même gouvernement disait avoir un préjugé
favorable envers les travailleurs, il y a presque deux ans, sur les "hustings"
publics, lors de la campagne électorale. Il disait, par exemple: Tous
les cas de maladie industrielle d'amiantose, ceux qui sont aux prises avec
ça, ça va être réglé; il n'y a pas de
problème, on va modifier la loi, il s'agit d'une technique
législative. Cela fait presque deux ans, ça fait X fois que
j'interviens ici maintenant.
Au lieu de bonifier la loi, de corriger ces erreurs, au moment où
je vous parle, on permet encore de faire la chasse à ces travailleurs
qui vivent avec les maigres revenus de la loi 52, on permet de déduire
de leur chèque ce qu'ils reçoivent de leur fonds de pension, qui
est payé à part comme ce qu'ils reçoivent également
du régime de rente-invalidité, et ça se fait depuis une
couple de mois, cette forme de chasse aux travailleurs.
Cette forme de chasse aux travailleurs se fait aussi avec l'assentiment
puisque vous êtes le gouvernement du Parti
québécois qui est maintenant le gouvernement, qui avait un
préjugé tellement favorable envers les travailleurs. Pour
corriger cette situation, messieurs, M. le ministre, je pense que vous allez
être ouvert à cette formule pour éviter qu'on ne puisse
prétendre indûment que le préjugé favorable aux
travailleurs est disparu de la "map". Ce que vous prétendiez être
de la transparence est devenu tellement lumineux qu'on ne voit plus rien. Ce
n'est plus de la transparence; il n'y a plus rien à voir.
Pour éviter ça, M. le Président, je pense que le
ministre aurait intérêt à éviter que le rouleau
compresseur de fin de session ne mette fin brutalement à un projet de
loi au sujet duquel on aurait besoin plus d'éclairage de la part des
gens qui ont à vivre avec les conséquences de cette loi.
Il y a des points positifs dans le projet de loi; il y en a. Il faut le
dire aussi. Je pense que les syndicats concernés le reconnaissent
également. Cependant, il y a également des lacunes sur lesquelles
on doit honnêtement s'attabler. On reconnaîtra que le rôle de
l'Opposition, d'un côté, est de reconnaître le
bien-fondé... mais en même temps, d'être un gardien des
droits des citoyens, pour dire: Voici, dans telle pièce de
législation, vous allez trop loin, vous allez mal, ou on a d'autres
informations, ou on voudrait avoir d'autres informations pour que votre projet
de loi soit le meilleur possible. C'est le rôle de l'Opposition, et c'est
ce qu'on veut faire à ce moment-ci.
C'est pour ça que j'appuie la proposition qui a été
présentée par le député. On ne voudrait pas qu'il y
ait un usage abusif des pouvoirs qui sont concernés, qui sont
donnés. On voudrait discuter largement avec ces gens concernés,
toute la question de l'aire de négociation qui est un point crucial. Le
projet de loi 50 donne au ministre de la Fonction publique le pouvoir de faire
des règlements, "pour établir les normes de conduite et de
discipline, de même que les sanctions applicables au personnel de la
fonction publique. "
Le ministre a jugé bon de soustraire à la
négociation ces normes de conduite et de discipline. Le ministre devrait
peut-être justifier cette exclusion et on aurait eu l'occasion d'en
discuter à ce moment-là. J'espère qu'on aura l'occasion de
le faire avec les gens qui se présenteront devant nous, parce que le
ministre n'est pas sans ignorer que ces normes auront une influence directe sur
chacun des fonctionnaires et par conséquent, sur l'évolution de
leur carrière au sein même de la fonction publique
québécoise. Il y va de l'ensemble de toute l'atmosphère de
travail de notre fonction publique québécoise, d'où
l'intérêt des syndicats à exiger une participation active
à l'élaboration de ces normes.
Il faudrait donc tout au moins et c'est là ma
préoccupation, c'est pour cela que je vous dis que si la motion n'avait
pas été présentée, j'aurais pu la présenter
compte tenu de ces circonstances, que le ministre accepte d'entendre,
dans un délai sur lequel on pourra s'entendre, un délai qu'on
pourra fixer, accepté d'entendre les parties en cause, pour mettre les
points sur les "i" et bonifier son projet de loi.
Le projet de loi 50 touche également une question importante, la
question des services essentiels et du droit de grève dans le secteur de
la fonction publique. On en a d'ailleurs discuté en commission. Le
député de Joliette-Montcalm était présent à
ce moment-là, à la commission parlementaire du Travail et de la
Main-d'Oeuvre où on siégeait tous les deux. Cette
question-là fait aussi partie de tout ce contexte.
J'aimerais connaître, spécifiquement sur cette question, le
point de vue des syndicats qui sont mentionnés ici sur la motion du
député.
Il y a donc des points importants et je termine là-dessus,
M. le Président en cause actuellement, qui militent en faveur du
fait qu'on doit obtenir, dans un délai raisonnable, demain, mais
à des heures fixées, des auditions pour entendre ces
témoins.
J'aimerais qu'on discute de l'usage abusif, qui nous apparaît
abusif, de la délégation de pouvoirs, des dangers de la
règle du mérite et de son application intégrale.
Deuxièmement, j'aimerais qu'on discute de la limitation restrictive et
intransigeante de l'aire de négociation. Troisièmement, de la
confusion au sujet du maintien des services essentiels et du droit de
grève. La loi 50 risque de créer un climat d'affrontement et de
confrontation avant même que ne débutent les négociations
proprement dites dans le secteur de la fonction publique. Il y a
déjà un front commun qui est amorcé à ce
sujet-là. Ces gens qui font partie de ce front commun, étant
donné toute la situation, étant donné les implications
avec lesquelles ils auront à vivre, ont maintenant le droit, selon
l'Union Nationale et selon d'autres participants de cette commission
parlementaire, d'être entendus, non pas dans une atmosphère de
confrontation, mais dans une atmosphère de saine volonté d'aller
chercher l'information et dans l'atmosphère d'une discussion voulant
aboutir au meilleur projet de loi possible dans ce secteur.
M. le Président, c'est donc en demandant à ce gouvernement
qui dit avoir des préjugés favorables envers les travailleurs,
c'est donc en demandant à ce même gouvernement d'avoir les
mêmes préjugés qu'il dit avoir envers l'ensemble des
travailleurs du Québec, de les avoir d'abord pour ses propres
employés chez eux, les avoir d'abord pour ses fonctionnaires, d'avoir le
même respect pour ses fonctionnaires qu'il dit avoir pour l'ensemble des
travailleurs du Québec. Même si j'ai mentionné l'exception
pour les cas d'amiantose que je trouve déplorables, regrettables, et
pour lesquels j'aurai encore à revenir à la charge parce que le
préjugé favorable en a mangé une claque, même si
cela existe, je suis prêt à dire au gouvernement, à ce
stade-ci, que je lui donne une chance de prouver qu'il a un
préjugé favorable envers ceux qui sont dans sa propre maison.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, j'aimerais commenter quelque
peu le fond de la question, à savoir s'il y aurait lieu de souscrire ou
non à l'invitation qui nous est faite, dans la motion du
député de Portneuf, d'entendre à nouveau les parties.
M. le Président, je me dis que l'objectif qu'on pourrait
éventuellement poursuivre en acquiesçant à cette motion
qui a été présentée par le député de
Portneuf... Habituellement, quand on désire faire entendre les parties
à nouveau, c'est que l'un des objectifs visés ou le sujet
traité dans la discussion ont été modifiés, il y a
des points de vue qui sont différents quant à
l'interprétation ou au niveau de l'argumentation qu'on pourrait nous
servir.
Pour ce que j'ai pu observer, suite aux commentaires, autant sur le
projet de loi 53 que sur le projet de loi 50, il ne m'apparaît d'aucune
façon que des positions aient été modifiées, du
moins quant à la partie impliquée, c'est-à-dire l'ensemble
des représentants de la fonction publique.
Il y a également un autre besoin, quand on veut rencontrer les
parties, c'est de connaître ou de vérifier l'apport que ces
parties pourraient apporter de ce que j'appellerais éléments
neufs qui pourraient être apportés dans une nouvelle
démarche du projet de loi. Le point de vue des représentants de
la fonction publique est exactement le même sur le sujet dont on discute,
sur la question qui est en libre cours actuellement dans le projet de loi
50.
A ma connaissance, on ne peut pas parler d'évolution dans leur
cas. Il n'y a pas grand chose de changé, même si pour ma part, je
prétends que le projet de loi 50 est passablement différent du
projet de loi 53. D'ailleurs, si on se réfère à certains
articles de journaux, je ne dis pas que l'appréciation globale qu'on en
a faite est une appréciation totalement positive, mais je pense qu'il
faut être assez honnête pour admettre qu'il y en a plusieurs qui
ont senti le besoin de souligner que dans le projet de loi 50, par rapport au
projet de loi 53, il y avait de très grandes améliorations. Cela
signifie que, lorsqu'on a eu à entendre les parties sur le projet de loi
53, tous ces groupes ont exprimé leur point de vue. Ils ont
exprimé leur point de vue quant à l'interprétation qu'ils
faisaient des différents articles, sur le fond et ils nous ont fait
connaître leur position, ce qui est tout à fait sain et tout
à fait normal.
J'entendais le député de Portneuf mentionner tantôt
que c'était un droit des plus élémentaires, le droit le
plus sacré, si on a un moindre respect des travailleurs et que si ce
gouvernement est, comme on le qualifie souvent, transparent, il devrait faire
toute son administration publique sur la place publique. Je pense que c'est ce
que nous avons fait, puisque les délibérations ont eu libre cours
pendant tout près d'un an sur le sujet.
Je pense que les parties nous ont communiqué leur point de vue.
Je pense qu'elles-mêmes ont déjà mentionné que
presque tout avait été dit sur le projet de loi. D'ailleurs, je
fais seulement relever quelques contradictions fondamentales dans les propos du
député de Portneuf. D'ailleurs, comme on l'a prétendu
souvent, ce n'est pas la
cohérence qui est, je pense, la ligne de force de ses
interventions. Il mentionnait lui-même, dans son intervention, que
d'après lui ce qu'on sert actuellement, au niveau des arguments, pour
soutenir que le projet de loi 50 ne répond pas aux besoins des
représentants de la fonction publique, ce sont les mêmes arguments
qu'on invoque, ce sont les mêmes inquiétudes qui sont
soulevées. Je prenais également je n'ai pas la
transcription devant moi note, lorsqu'il faisait son intervention. Il
disait un peu plus loin: On devrait faire venir ces gens pour qu'ils nous
fassent part de leurs inquiétudes, pour qu'ils nous fassent part de leur
point de vue, pour qu'ils nous disent quelle interprétation ils font des
différents articles, alors qu'il y a à peine quelques minutes, au
préalable, il mentionnait...
M. Pagé: Voulez-vous que je vous l'explique?
M. Gendron: Non, j'ai très bien compris, M. le
député.
M. Pagé: Non, vous ne m'avez pas bien compris.
M. Gendron: De toute façon, c'est moi qui ai la parole. On
pourra voir un peu...
M. Pagé: Je peux vous l'expliquer parce que vous ne
comprendrez rien.
M. Gendron: Cela me fera plaisir.
M. Pagé: Donnez-moi le droit de parole.
M. Gendron: A ma connaissance, ce sont exactement les mêmes
intervenants, ces mêmes oppositions qui sont devant nous, ce sont les
mêmes gens qui sont touchés par le projet. A ce moment-là,
je pense qu'on devrait souscrire à la motion du député de
Portneuf si on était convaincu qu'ils avaient des éléments
nouveaux à nous transmettre. S'il n'y avait pas eu de progrès, je
pense, si on revenait avec un projet de loi où on n'aurait
retouché que quelques technicités, si on était revenu avec
le projet de loi 50 où il n'y avait aucune amélioration sensible
par rapport, justement, aux argumentations qui, dans certains cas, me sont
apparus valables, personnellement, lorsqu'on a eu l'occasion d'entendre les
mémoires lors du projet de loi 53 parce que bien honnêtement, je
ne prétends pas que le projet de loi 53... Il répondait
fondamentalement à l'esprit d'une réforme en profondeur dans la
fonction publique, mais je dois vous dire qu'il y avait des technicités
qui étaient assez difficiles de compréhension. Il y avait
également quelques points de vue sur le fond qui devaient être
corrigés.
Dans la réanalyse du projet qui est devant nous aujourd'hui qui
s'appelle le projet 50, je pense que le gouvernement actuel a fondamentalement
tenu compte de ces modifications qui devaient être apportées pour
rendre le projet de loi beaucoup plus souple, beaucoup plus crédible,
mais quand même pour répondre fondamentale- ment à l'esprit
du projet de loi. On a fait toutes sortes d'analyses tantôt en disant:
Ecoutez, vous êtes là. Vous ne serez pas là pour longtemps
si vous continuez comme cela, parce qu'on n'a pas le respect des travailleurs,
etc. Je me dis: On pourrait faire de très longues analyses mais prendre
peut-être d'autres points de vue analytiques; on peut peut-être
même mentionner qu'après un an de discussions sur le projet de loi
pour modifier la fonction publique, il y a sûrement des gens dans le
milieu qui s'attendent, une fois pour toutes, que le gouvernement du
Québec prenne une décision.
Je ne pense pas qu'on ait un passé qui a témoigné
qu'on soit un gouvernement qui, lorsque qu'il avait l'intention de faire des
réformes en profondeur parce que, d'une part, le milieu nous avait
sensibilisé à une nécessité de faire des
réformes, laisse traîner pendant des années.
Je me dis que, concernant le projet de loi 50 dans sa forme actuelle, je
suis tout à fait d'accord qu'en discussion article par article, il y a
peut-être lieu d'améliorer encore des points de vue bien
particuliers. Je suis tout à fait ouvert et très sensible
à différentes argumentations qui pourraient nous être
apportées et soutenues pour corriger encore certains
éléments au niveau d'une étude article par article, mais
quant à l'essence même du projet de loi, je ne pense pas qu'on
avancerait d'aucune manière à réentendre les parties pour
qu'elles viennent nous dire exactement les mêmes choses. Je respecte leur
position. Je me dis que ces gens ont peut-être des positions à
défendre. On en a également. On prétend qu'il est en
mesure de les défendre. On a de l'argumentation pour les soutenir. C'est
dans ce sens que je ne vois pas en quoi cela ajouterait, en aucune
façon, de réentendre les parties sur des sujets fondamentalement,
pour lesquels elles ont déjà été entendues. (17 h
30)
D'ailleurs, quand M. le député commençait son
intervention, il disait ceci: Le projet de loi 50 reproduit sensiblement la
plupart des points de vue exprimés. Je vous répète que ce
n'est pas mon appréciation du projet de loi 50, mais c'était
quand même son commentaire de départ. A ce moment, je me dis que
si on est le moindrement cohérent et qu'on a la prétention que ce
avec quoi on revient, c'est sensiblement la même chose sur laquelle on a
discuté pendant un an de temps, il faut vraiment profiter de la
situation qui est peut-être leur droit, pour faire semblant que ce serait
un avantage terrible de réentendre les parties pour qu'elles nous disent
à peu près les mêmes choses. Reprendre encore un temps de
reconsidération, en sachant très bien que nos positions sur
l'esprit fondamental du projet de loi sont assises, elles sont définies.
Les discussions ont eu libre cours. Je pense que, en aucune façon, cela
permettrait de bonifier le projet de loi. A ce moment, je ne prétends
pas qu'on réaliserait des objectifs valables en réentendant les
parties dire des choses qu'elles nous ont dites déjà.
M. le Président, je pense que pour ces raisons, nous ne serons
pas en mesure de souscrire à la motion du député de
Portneuf. Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'ai
écouté avec attention le député d'Abitibi-Ouest, et
j'ai trouvé son intervention très positive. Je vous avoue que
j'aimerais bien avoir l'occasion d'écouter aussi un représentant
des fonctionnaires, avoir la liberté d'exprimer avec autant de
facilité, autant de clarté et de concision, son point de vue. Je
crois qu'en ayant les deux points de vue, ceux des députés de
l'Opposition et ceux du public qui a le droit de savoir en
général, on pourrait être beaucoup mieux informé sur
cette loi, en particulier. Il est dommage qu'on ait étudié une
loi d'une telle importance à la fin d'une session. D'ailleurs, c'est
là une vieille tradition. C'est le cas de le dire, plus cela change,
plus c'est pareil.
M. Pagé: Non, pire c'est.
M. Saint-Germain: Peut-être que le gouvernement, à
cause de cette fin de session qui est proche, veut précipiter
l'étude de cette loi. C'est dommage. Je crois tout de même qu'avec
un peu de coopération de la part du ministre, on pourrait trouver le
temps d'écouter les représentants des employés, car cette
loi modifiera profondément le processus de négociation entre les
employés et le plus important employeur du Québec, soit le
gouvernement. Le gouvernement est dans Québec de beaucoup le plus
important des employeurs.
Si ces négociations se déroulent dans l'ordre et si on
arrive à des conclusions, à la signature de contrats, il en
résultera une qualité de services aux citoyens, qualité de
services gouvernementaux. Il sera fait en sorte que le coût des services
sera raisonnable, aussi bien pour les citoyens que pour les fonctionnaires, et
que la productivité aussi pourrait s'en ressentir.
Vous n'êtes pas sans savoir que dans nos gouvernements modernes,
le fonctionnaire joue un rôle très important en ce qui regarde la
qualité de vie des citoyens, et de par la quantité des services
qu'à tort ou à raison les gouvernements semblent vouloir donner
à la population, la qualité et le coût de ces services a
une importance énorme dans le niveau de vie de la population et dans le
niveau de taxation de la population.
Inutile de vous dire qu'au Québec, ces dernières
années, relativement aux relations de travail dans la fonction publique,
les résultats ont été extrêmement négatifs,
je suppose que les employés ont été malheureux, mais il ne
faudrait jamais oublier que ces négociations de travail difficiles ont
coûté énormément cher aux citoyens du Québec
et on en subit encore les répercussions.
Alors, il est important et fondamental que les nouvelles
négociations commencent sur un bon pied, et, en étudiant cette
loi, on s'aperçoit bien que, déjà, même au niveau de
l'étude, cette loi crée des réactions négatives. On
sait pertinemment que, ce matin, on a eu une journée d'étude, on
a eu des gens qui ont fait du piquetage. Cela augure très mal pour
l'avenir.
Alors, vu que nous avons un soi-disant gouvernement transparent, pour
quelle raison ne prendrait-on pas quelques heures pour écouter les
représentants des syndicats nous donner leurs points de vue? Il semble
qu'on ne s'entend même pas sur la signification de certains termes, de
certaines phrases, de la portée de certains articles. M me semble qu'il
serait sage et simple d'entendre les représentants des syndicats nous
dire quelle signification, quelle portée ils donnent aux mots et, d'un
autre côté, on pourrait entendre le ministre nous donner son point
de vue au moins. J'ai l'impression qu'on pourrait inclure dans la loi des
phrases et des mots qui auraient au moins la même signification pour tout
le monde. Ce serait tout à fait élémentaire.
Même si tous ces gens ont eu l'occasion, dans le passé, de
donner leurs points de vue au niveau du projet de loi no 53, même si
cette loi a été modifiée, certains disent
profondément, d'autres disent qu'elle a été
modifiée d'une façon moins significative, pourquoi ne pas laisser
aux fonctionnaires le soin de nous dire, eux, ce qu'ils en pensent? Je crois
que ce serait une marque de collaboration du ministre, ça
détendrait l'atmosphère, et ça permettrait non seulement
à l'Opposition, mais surtout à la population du Québec de
mieux comprendre la portée de la loi. Ne l'oublions pas, si les choses
vont bien ou vont mal, ceux qui vont en subir les répercussions de plein
fouet, ce sont toujours les citoyens, M. le Président.
Je demanderais au ministre, et nous sommes prêts, nous, de
l'Opposition, à collaborer avec lui... qu'on entende les
représentants des unions; ceci pourrait se faire d'une façon
rapide et à la satisfaction de tout le monde, j'en suis
assuré.
M. de Belleval: Le député d'Abitibi-Ouest a
très bien expliqué la position du gouvernement.
Une Voix: Le vote.
M. Pagé: M. le député de Limoilou, il y a
beaucoup de gens concernés dans votre comté.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Il n'y a plus d'intervenants.
M. Pagé: Vous avez des préjugés favorables
aux travailleurs?
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous le
permettez...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... je crois que le ministre devrait nous dire
quelque chose là-dessus, non pas pour moi ou pour nous...
M. Pagé: Mais pour les travailleurs.
M. Saint-Germain: ... mais je crois qu'il y a une multitude de
fonctionnaires qui seraient intéressés à l'entendre. Il
peut avoir ses raisons de ne pas écouter ces gens-là, mais je
crois qu'il devrait le dire clairement.
M. de Belleval: M. le Président, j'ai indiqué que
le député d'Abitibi-Ouest avait très bien expliqué
les raisons qui nous portent à ne pas accéder à la motion
du député de Portneuf.
M. Saint-Germain: On n'a pas d'objection de principe, M. le
Président, à ce que le ministre transmette ses
responsabilités à un député.
Une Voix: Le vote.
M. Saint-Germain: Mais si j'étais représentant
syndical, je me croirais un peu humilié par cette procédure, qui
marque une certaine suffisance, à mon avis, de la part du ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, le ministre est libre d'intervenir ou non sur une motion, en
plus qu'il n'y a...
M. de Belleval: M. le Président, là-dessus,
seulement un mot. La Commission de la fonction publique, en ce qui concerne les
membres du gouvernement, s'est réunie à plusieurs reprises pour
préparer ce projet de loi. Des députés ont
été associés le plus étroitement possible au
travail du gouvernement à ce sujet. C'est jouer dans le sens d'une
réforme du parlementarisme que de faire en sorte que les
députés soient mieux associés et plus associés aux
travaux ministériels dans ce domaine. Dans ce sens-là
également, ils sont en mesure d'intervenir à la commission d'une
façon exemplaire. Je pense, au contraire, que ce serait un
progrès de notre parlementarisme si, dans ces commissions, les ministres
ne prenaient pas toute la place comme c'est trop souvent le cas, comme cela a
trop souvent été le cas dans le passé et laissaient
justement aux députés le soin d'apporter une contribution active
et non pas simplement passive à nos commissions. C'est le genre de
fonctionnement que je veux utiliser le plus possible dans les commissions
où j'aurai l'honneur de représenter le gouvernement. Je ne vois
pas, dans ces circonstances, pourquoi répéter les mêmes
choses ferait avancer les travaux de cette Chambre et comment cela pourrait
constituer un crime de lèse-majesté envers qui que ce soit dans
cette Chambre ou ailleurs.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, avant de vous demander de voter sur la motion, puisque le
problème risque de se poser, je ne veux pas préjuger du
résultat du vote sur la motion. C'est pour cette raison que je me
permets de vous lire une directive qu'a rendue un président en
commission parlementaire le 5 novembre 1974 relativement à l'audition
publique en commission.
Il disait ceci: Dans l'économie de notre règlement
j'insiste sur l'expression parce qu'elle va sûrement faire plaisir
à M. le député de Richmond l'audition publique en
commission se fait immédiatement après la première
lecture, avant l'adoption du principe même de la loi. Lorsqu'on entendra,
par exception par exception; c'est l'article 154 auquel vous faisiez
allusion des témoins en commission élue après la
deuxième lecture, ce ne sera que pour recevoir certaines explications
sur des particularités de cette loi. Je tiens à vous donner cette
explication préalable parce que je pense que, si la motion est
adoptée, c'est quand même le corridor à travers
lequel...
M. Pagé: L'aire des négociations.
Le Président (M. Dussault):... le travail devrait se
faire.
M. Pagé: C'est de cela qu'on va discuter. C'est de cela
qu'on aurait discuté si elle avait été adoptée.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, M. le
député de Portneuf, je pense que vous m'avez demandé le
vote enregistré.
M. Saint-Germain: Avant le vote, M. le Président, est-ce
que vous nous avez ouvert la porte à une discussion du
règlement?
Le Président (M. Dussault): Non, pas du tout, M. le
député.
M. Saint-Germain: Ah! bon.
Le Président (M. Dussault): Du tout. C'est un
éclairage minimal qu'il semblait de mon devoir de faire avant le
vote.
M. Saint-Germain: Le président affirme des choses
semblables devant une commission, je ne vous dis pas que c'est faux ou correct,
mais sans donner de droit à personne de donner ses explications.
Le Président (M. Dussault): Je ne voudrais pas, M. le
député, que l'on s'allonge sur cette question.
M. Saint-Germain: Non.
M. Pagé: Ce n'est pas lui qui parlait, il en citait un
autre.
Le Président (M. Dussault): Peut-être, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, M. Brochu,
député de Richmond, êtes-vous pour ou contre la motion?
M. Brochu: En faveur, favorablement.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Lacoste, (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Chevrette (Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
M. Pagé: Contre les travailleurs.
Le Président (M. Dussault): M. de Belleval
(Charlesbourg)?
M. de Belleval: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
M. Gendron: Contre.
M. Saint-Germain: Pour moi, nous allons encore être
battus.
Le Président (M. Dussault): M. Gravel (Limoilou).
M. Gravel: Contre.
Une Voix: Cela prend du moral.
Le Président (M. Dussault): M. Beauséjour
(Iberville). M. Pagé (Portneuf).
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il des abstentions? Non,
évidemment.
Alors, pour: 3, contre: 5. La motion est donc rejetée.
M. de Belleval: ... adopté, M. le Président? (17 h
45)
Interprétation
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est-il
adopté?
M. Pagé: II y a des questions à poser au
ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Dans un document ou une demande envoyée
récemment, le syndicat de la fonction pu- blique du Québec
demandait que soit inclus, à l'article 1 qui prévoit, comme toute
loi d'ailleurs, les définitions, que cette définition comprenne
également la définition d'ouvrier puisqu'on retrouvait ce terme.
Il y avait une référence au terme ouvrier aux articles 106 et
111. Si on se réfère aux articles 106 et 111, M. le
Président, on constatera qu'il est dit: L'article 110 a le même
effet que l'accréditation accordée par un commissaire du travail
en vertu du Code du travail pour deux groupes distincts de salariés,
soit les fonctionnaires autres que les ouvriers et les ouvriers. Est-ce que
vous avez l'intention, dans l'article 1, de définir le terme
ouvrier?
M. de Belleval: Non, M. le Président, le terme
fonctionnaire, tel qu'il est utilisé dans la loi, recouvre tous les
fonctionnaires, y compris les ouvriers.
M. Pagé: Etant donné qu'à 111 vous faites
une distinction entre les ouvriers et les autres, il serait logique et normal,
je crois, et ce n'est pas dans le but de s'opposer au projet de loi, c'est
strictement dans le but de faire en sorte, par le biais de notre contribution
à ces travaux, que la loi soit plus claire... Trop souvent on a des
problèmes...
M. de Belleval: L'article 110 détermine toute une
catégorie d'employés qui ne sont pas d'ailleurs autrement
définis, qui n'ont pas besoin de l'être.
M. Pagé: A l'article 110.
M. de Belleval: C'est cela. On détermine les
salariés enseignants, les salariés membres de corporations
professionnelles, etc. Il n'est pas nécessaire autrement de
définir ce type d'employés, pas plus que les fonctionnaires ou
les ouvriers. L'accréditation est donnée à un seul
syndicat pour recouvrir à la fois les fonctionnaires et les ouvriers.
C'est dans le cadre, tout simplement, de la convention collective comme telle
qu'on retrouve les distinctions nécessaires. On n'a pas besoin, dans le
reste de la loi, de le définir.
M. Pagé: Vous ne craignez pas que cela donne place
à des problèmes au niveau de l'interprétation?
M. de Belleval: Pas du tout.
M. Pagé: Vous savez, quand on dit... Je vois celui qui
aura à siéger, à rendre une décision, si jamais un
litige survenait sur cette question de la définition du statut d'ouvrier
et qu'on lui cite l'article 111 où il est bien dit, à
l'alinéa a): Les fonctionnaires autres que les ouvriers... Normalement,
le juge ou celui qui aura à rendre une décision va se
référer à l'article 1 et vous n'avez pas de
définition.
M. de Belleval: II s'agit d'une accréditation dans le
cadre du Code du travail pour deux groupes distincts de salariés. C'est
dans le cadre des
mécanismes du Code du travail et de la convention collective
comme telle qu'on retrouve les définitions nécessaires; dans tout
le reste du projet de loi, de toute façon, le mot "fonctionnaire",
comprenant les ouvriers, il ne se pose aucune difficulté.
M. Pagé: On vous le souhaite bien, on espère bien
qu'il n'y aura pas de difficulté, mais cela aurait été si
facile et si simple.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est-il
adopté?
M. Pagé: Avez-vous des commentaires à l'article
1?
M. Brochu: J'aurais peut-être une question à
l'article 1e.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: A l'article 1e, on ajoute les mots: "titulaire" dans
le titre et "ministre d'Etat et ministre délégué", dans la
définition. C'est beaucoup plus complet, mais, contrairement au ministre
délégué, les ministres d'Etat n'ont pas de
ministère comme tel, donc aucune fonction administrative. En
réalité, de qui relèvent les fonctionaires qui sont
à leur emploi? Est-ce que c'est du Conseil exécutif directement?
Selon quelles modalités cela fonctionne-t-il?
M. de Belleval: Le ministre délégué, comme
le ministre d'Etat, exerce les fonctions de ministre à l'égard
des fonctionnaires qui sont placés sous sa compétence, bien qu'il
n'y ait pas de ministère au sens strict placé sous sa
compétence. La même chose arrive dans le cas d'un ministre
délégué; le ministre délégué à
l'environnement est responsable des fonctionnaires des services de protection
de l'environnement, bien que ces services ne soient pas constitués en
ministère. C'est la Loi de l'Exécutif qui, à ce
moment-là, prévoit...
M. Brochu: S'applique.
M. de Belleval:... qui s'applique et qui prévoit les
devoirs et les pouvoirs des ministres.
M. Brochu: Ah bon, d'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, à la
définition de l'article 1, au chapitre I, au même paragraphe e),
"ministre titulaire": le ministre qui dirige un ministère, un ministre
d'Etat, un ministre délégué ainsi que le président
de l'Assemblée nationale." On pourrait profiter de l'étude de cet
article pour demander au ministre la fameuse question du grief des jeunes
filles qui travaillent au journal des Débats? Est-ce que c'est
réglé, cette question?
M. de Belleval: Je ne le sais pas, il faut poser la question au
président de l'Assemblée nationale; c'est lui qui est responsable
de l'administration de son ministère, y compris les décisions de
ce genre.
M. Pagé: Vous comprendrez, M. le ministre, que, dans un
premier temps, la période des questions, selon l'économie de
notre règlement, selon les prévisions de notre règlement,
prévoit que des questions peuvent être adressées aux
ministres, à un membre du cabinet... D'ailleurs, le règlement est
tellement rigoureux qu'on ne peut même pas poser une question à un
député, on ne peut poser...
M. de Belleval: Je ne peux pas répondre pour le
président de l'Assemblée nationale.
M. Pagé:... une question au président de
l'Assemblée nationale. Vous allez me renvoyer aux crédits. Vous
conviendrez que les crédits de l'Assemblée nationale ont
été étudiés il y a déjà une dizaine
de jours environ et je n'ai pu poser cette question au président de
l'Assemblée nationale parce que j'agissais comme vis-à-vis du
ministre du Tourisme à l'étude des crédits du
ministère du Tourisme. Alors, on est en droit, à l'article 1,
où il est question du président de l'Assemblée nationale,
de demander au ministre de la Fonction publique: Qu'est-ce qui est
arrivé? Parce que vous savez qu'il y a eu plusieurs griefs qui ont
été soulevés, il y a eu des décisions qui ont
été rendues et les décisions qui ont été
rendues, M. le Président, selon les informations que j'ai ou tout au
moins celles que j'ai recueillies dans les media d'information, parce qu'il y a
même eu des procédures judiciaires...
M. de Belleval: Ce n'est pas pertinent au débat, M. le
Présient.
M. Pagé: J'ai le droit de le demander, M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: ... c'est relatif à l'application de
l'article 1, ainsi qu'au président de l'Assemblée nationale. Le
ministre de la Fonction publique...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, je m'excuse, une petite minute. Je vous invite à lire le titre
du chapitre I qui parle d'interprétation...
M. Pagé: Bien oui.
Le Président (M. Dussault):... vous avez là les
définitions et je ne pense pas qu'il soit pertinent de poser des
questions sur un cas, un problème particulier qui peut se poser en
dehors de l'interprétation de l'article 1.
M. Pagé: M. le Président, on parle du
président de l'Assemblée nationale. Le ministre de la Fonction
publique aurait pu prendre 30 secondes pour répondre, cela aurait
été réglé.
M. de Belleval: Je ne l'ai pas la réponse.
M. Pagé: Pouvez-vous répondre à huit
heures?
M. de Belleval: Je me renseignerai auprès de mon
collègue.
M. Pagé: Ça, c'est bien. C'est de la bonne foi,
c'est de la collaboration. Cela aurait été bien plus simple de
dire cela avant de soulever la pertinence du débat. On attendra une
réponse, soit à huit heures ou à dix heures demain
matin.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, M. le
député de Portneuf, il est du devoir du président de vous
appeler à la pertinence et ce n'était pas pertinent.
M. Pagé: Est-ce à dire que vous allez
empêcher le ministre de répondre à huit heures?
Le Président (M. Dussault): Si vous interpellez à
nouveau le président sur cette question, je vous dirai que ce n'est pas
pertinent.
M. Pagé: A l'article 1, il y a des représentations
qui ont été faites par le syndicat des professionnels en ce qui
concerne la définition du terme "classe".
M. de Belleval: Le terme "classe"?
M. Pagé: Oui. Pourquoi ne définissez-vous pas les
classes par rapport aux corps d'emploi? Je suis informé qu'il y a de
l'imbroglio à ce chapitre-là. Lorsqu'on utilise le terme "corps
d'emploi" dans la loi...
M. de Belleval: Le règlement de classification
détermine les classes, s'il y a lieu.
M. Pagé: Oui, mais les classes, vous les définissez
comment?
M. de Belleval: Elles sont déterminées par
règlement.
M. Pagé: Et c'est dans le règlement de
classification qu'on déterminera la classe. Je ne parle pas de la
détermination des classes, mais "classe" englobe quoi, pour vous?
M. de Belleval: C'est une subdivision d'un corps, s'il y a lieu
de le subdiviser.
M. Pagé: C'est une subdivision d'un corps d'emploi.
D'accord. Et c'est rattaché à un corps d'emploi.
M. de Belleval: C'est rattaché à un corps
d'emploi.
M. Pagé: D'accord. Article 1, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 1 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Le ministère de la Fonction publique
J'appelle l'article 2.
M. de Belleval: Adopté, M. le Président?
M. Brochu: C'est la même chose qu'il y avait dans l'autre
projet de loi.
Le Président (M. Dussault): L'article 2 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 3.
M. Pagé: L'article 3, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: C'est un article très bref, mais qui
implique beaucoup. Le ministre a la responsabilité
générale de la gestion du personnel de la fonction publique. J'ai
évoqué, dans mon intervention en deuxième lecture, que le
gouvernement avait deux choix, deux avenues possibles, celle de conférer
au ministre des pouvoirs aussi étendus, qui sont évoqués
à l'article 3 et qui sont précisés à d'autres
articles, ou il avait encore l'avenue de conférer à une
commission, en l'occurrence, cela aurait pu être la commission de la
fonction publique... de faire en sorte que cette commission conserve les
pouvoirs qu'elle détient et qu'elle a actuellement.
M. le Président, à l'article 3, j'aimerais savoir du
ministre de la Fonction publique jusqu'où la Commission de la fonction
publique a pu faire part de ses opinions au gouvernement c'est quand
même une commission indépendante, autonome ou être entendue
sur ses opinions. La commission a-t-elle pu se faire entendre sur la question
de l'article 3, qui évoque, somme toute, l'ensemble du projet de
loi?
M. de Belleval: La commission n'a pas la responsabilité
générale de la gestion de la fonction publique en vertu de la loi
actuelle.
M. Pagé: Non, mais elle est affectée. M. de
Belleval: Elle est affectée.
M. Pagé: La commission perd beaucoup de pouvoirs.
M. de Belleval: La commission, comme organisme gouvernemental,
n'est pas un corps consti-
tué qui a à avoir une opinion autonome sur les
décisions gouvernementales en matière de législation.
M. Pagé: La commission pour vous n'a pas à avoir
d'opinion purement et simplement.
M. de Belleval: La commission n'a d'ailleurs pas eu cette
prétention.
M. Pagé: Article 3, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 est-il
adopté?
M. Pagé: On y reviendra plus longuement aux articles qui
touchent cette question.
Une Voix: C'est adopté. M. de Belleval: L'article
4.
Le Président (M. Dussault): Article 3, adopté.
J'appelle l'article 4. L'article 4 est-il adopté?
M. Pagé: Article 4, possiblement, M. le Président.
Aux fins de l'article 3 et sous réserve des articles 50 et 116, le
ministre est chargé de faire des règlements sur
l'évaluation, le classement, la promotion, l'affection, etc., la
mutation, le reclassement du personnel de la fonction publique, la
rétrogradation, la révocation pour insuffisance professionnelle
ainsi que sur les autres matières reliées à la gestion du
personnel...
Il y aurait deux questions que je voudrais poser au ministre. Avant
d'adopter de tels règlements, prévoyez-vous ou peut-on
présumer que, dès l'application de la loi 50, plusieurs
règlements viendront ajouter de la chair à l'ossature que
constitue la loi 50 des auditions sur les règlements, comme cela
a été le cas d'ailleurs dans l'application de plusieurs projets
de oi?
M. de Belleval: Les règlements en vigueur concernant
toutes ces questions vont, bien sûr, demeurer en vigueur jusqu'à
ce qu'ils soient changés par la nouvelle autorité. Certains de
ces règlements seront modifiés graduellement, bien entendu, parce
qu'il s'agit d'un corps considérable de réglementations et, au
fur et à mesure qu'ils seront changés, ils seront publiés,
mais il n'est pas prévu dans la loi de consultation systématique
sur ces règlements avant leur publication ou leur adoption, ce qui
n'exclut pas, par ailleurs, que...
M. Pagé: Non, je ne demande pas que ce soit prévu
dans la loi non plus. Je vous demande si c'est dans vos intentions, parce que
l'application de l'article 3 va prévoir...
M. rie Belleval: D'abord, il y a un mécanisme de
consultation qui est prévu officiellement, celui qui s'adresse à
la Commission de la fonction publique...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... qui doit donner son avis sur tout
règlement du ministre, du point de vue de sa pertinence avec la
règle de la sélection au mérite. Il n'est pas interdit
que, par ailleurs, effectivement, les règlements fassent l'objet de
consultations. Par exemple, en vertu des conventions collectives, il est
prévu que tout changement à la classification doit faire l'objet
d'une consultation avec les associations d'employés. Ce sera
maintenu.
M. Pagé: Quoique vous savez que l'avis de la Commission de
la fonction publique, je conviens que la commission sera en mesure
d'émettre des avis fort judicieux, mais la Commission de la fonction
publique a des pouvoirs actuellement. Vous nous avez dit tantôt que la
Commission de la fonction publique, vous savez que son opinion... Prenez le cas
de l'application de la loi 50 avec une Commission de la fonction publique qui a
des pouvoirs très limités. On peut craindre...
M. de Belleval: Ma réponse, c'est oui, à
l'occasion, certains de ces règlements feront l'objet de
consultation.
M. Pagé:... que les opinions de la commission sur les
règlements...
M. de Belleval: La réponse est oui.
M. Pagé: Vous prévoyez que les audiences, que les
parties...
M. de Belleval: Des consultations sous toute forme.
M. Pagé: Est-ce que vous prévoyez des audiences
éventuellement sur l'application de règlement?
M. de Belleval: On verra si cela peut être une
modalité.
M. Pagé: C'est possible pour vous.
M. de Belleval: II n'y a rien de figé dans le béton
là-dedans.
M. Pagé: Non, je ne vous demande pas s'il y a de quoi de
figé dans le béton, je vous demande si c'est possible...
M. de Belleval: C'est possible, oui.
M. Pagé: C'est possible qu'il y ait des audiences. Est-ce
qu'on peut s'attendre à des audiences...
M. de Belleval: C'est possible.
M. Pagé:... avant l'adoption de règlements ou la
mise en vigueur de règlements...
M. de Belleval: C'est possible. Je ne vous dis pas qu'on doit s'y
attendre...
M. Pagé: Je ne vous demande pas qu'il y ait des audiences
chaque fois que vous adopterez un règlement. Il faut appeler les choses
par ce qu'elles sont. Il y a des règlements de fond qui seront
adoptés par le gouvernement et mis en vigueur suivant les
procédures de parution dans la Gazette et tout cela. Ce que je vous
demande, c'est pour les règlements de fond qui toucheront l'affectation,
la mutation, le reclassement, etc. Ce sont ces questions. Je vous demande qu'il
y ait des audiences, ce n'est pas compliqué.
M. de Belleval: II peut y avoir des audiences.
M. Pagé: Bon. Evidemment, j'avais des questions sur la
question de l'insuffisance professionnelle. On reviendra à 20
heures.
Le Président (M. Dussault): II est 18 heures. Nous
suspendons nos travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire de la fonction
publique afin de faire l'étude, article par article, du projet de loi no
50, Loi sur la fonction publique.
Au moment où nous avons ajourné nos travaux, le
député de Portneuf avait la parole.
M. Pagé: Est-ce qu'on en était au vote sur la
motion quand on a suspendu les travaux?
Le Président (M. Dussault): Nous en étions à
l'article 4.
M. Pagé: Est-ce qu'on en était au vote...
M. de Belleval: Nous en étions, je crois, sur...
M. Pagé: L'insuffisance professionnelle.
M. de Belleval:... l'insuffisance professionnelle, oui.
M. Pagé: Pourriez-vous nous donner la façon dont
tout ça sera... Cela va se faire comment dans la pratique?
M. de Belleval: La notion d'insuffisance professionnelle est
déterminée dans les conventions collectives de travail en ce qui
concerne les employés syndiqués. Là-dessus, je pourrais
lire l'article de la convention collective qui touche à ça. Le
principe est que l'employeur, bien sûr, doit faire la preuve de
l'insuffisance professionnelle, doit démontrer que l'employé n'a
plus les qualités professionnelles requises à l'exercice de ses
fonctions, soit, par exemple, parce qu'il a perdu le droit d'exercer...
M. Pagé: Une profession.
M. de Belleval: ... une profession, par exemple...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... ou que ses habilités au travail ne
sont pas celles que requiert la description de ses fonctions.
M. Pagé: Ou il s'est fait relever du droit de piloter un
avion, quelque chose comme ça?
M. de Belleval: Dans le cas des employés syndiqués,
bien sûr, ils ont un droit d'appel et il revient à la
partie...
M. Pagé: L'appel est logé auprès de...
M. de Belleval: ... auprès d'un arbitre choisi d'un commun
accord par les deux parties...
M. Pagé: Choisi par les deux parties, d'accord.
M. de Belleval: ... après griefs, etc. Dans le cas des
employés non syndiqués, ce sera éventuellement
auprès de la commission.
M. Pagé: Auprès de la commission pour les
employés non syndiqués.
M. de Belleval: Non syndiqués, oui.
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrive entre le moment où la
décision ou le jugement pour insuffisance professionnelle, de la part de
la partie patronale, est tenue et le mécanisme d'appel? Qu'est-ce qui
arrive entre-temps?
M. de Belleval: Le projet de loi, là-dessus, ne change pas
la situation actuelle. On le retrouve pour d'autres gestes du même genre,
qu'il s'agisse de suspension ou de rétrogradation ou même de
congédiement. Le geste administratif vient de l'employeur et il
déclenche le mécanisme de grief en question et d'appel. Si on
donne raison à l'employé à la suite de l'utilisation de
ces divers mécanismes, il est rétabli dans tous ses droits, bien
sûr, y compris les dédommagements s'il y a lieu.
Mais, dans l'intervalle, s'il est suspendu, sa
rémunération est suspendue; s'il est congédié, sa
rémunération est suspendue. Les mécanismes d'appel
semblent à la satisfaction de tout le monde et permettent d'obtenir des
décisions suffisamment rapides pour qu'un individu ne soit pas
pénalisé par des délais qui seraient tellement
longs que même si on lui donnait raison contre son employeur, il en
aurait quand même reçu des préjudices importants.
En ce qui a trait à ces matières, c'est le statu quo, au
fond, et il semble que cela donne satisfaction à tout le monde.
Maintenant, toutes ces questions sont entièrement
négociables.
M. Pagé: Négociables.
Le Président (M. Brochu): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre, à savoir la différence entre ses règlements
à lui en ce qui concerne la promotion et les règlements
éventuels qui seront adoptés par l'office. Quelle
différence fondamentale y a-t-il entre les deux?
M. de Belleval: C'est pour cette raison que c'est marqué:
Sous réserve de l'article 50. L'article 50 traite des pouvoirs de
l'office de faire des règlements sur la sélection des candidats
à la promotion, c'est-à-dire sur le mécanisme
précis ou les mécanismes qui font que, quand on a à
choisir entre différents candidats pour une promotion, on met sur pied
telles et telles épreuves dans tel cas et telles autres dans tel autre
cas. Evidemment, on ne fait pas les mêmes épreuves pour engager un
ouvrier que pour engager un cadre, ou pour donner une promotion à un
ouvrier ou à un cadre.
Alors, ce sont des règlements sur la sélection, sur le
mécanisme même du choix ou des concours. Tandis que les
règlements de promotion en général touchent à tout
le reste, sauf ceux qui portent sur la sélection comme telle parce que
cela ne relève pas de la responsabilité du ministre. Cela
concerne plutôt des matières comme les bassins pour le choix des
candidats, la détermination même d'un poste vacant et le
déclenchement du mécanisme de concours de promotion, etc. Donc,
les autres aspects. (20 h 15)
M. Brochu: II n'y a donc pas de chevauchement des deux.
M. de Belleval: II n'y a pas de chevauchement, non.
M. Brochu: Ce sont deux domaines bien spécifiques.
M. de Belleval: C'est-à-dire que le domaine qui est
très spécifique, c'est celui de la sélection, du choix.
Tout le reste est entre les mains du ministre.
M. Brochu: D'ailleurs, c'est l'élément que vous
avez ajouté dans l'appellation de l'office: "office de recrutement et de
sélection". Vous avez ajouté ces mots.
M. de Belleval: Pour que ce soit plus explicite.
M. Brochu: Merci.
Le Président (M. Dussault): L'article 4 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 5. M. le député de Richmond.
M. Brochu: Est-ce que je pourrais demander au ministre pourquoi,
ici à l'article 5, c'est le Conseil du trésor qui est
désigné et non pas le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. de Belleval: II s'agit d'abord de questions de gestion
courante. Donc, il ne s'agit pas de questions de grandes orientations
politiques. Ces choses relèvent de mécanismes d'administration
courante qui sont confiées, en vertu de la Loi de l'administration
financière, au Conseil du trésor.
M. Pagé: ... à incidences financières.
M. de Belleval: C'est cela... ou administratives, ce qui
n'empêche pas d'ailleurs qu'à l'occasion quelques-unes de ces
matières remontent au Conseil des ministres, selon le cas. Le Conseil
des ministres est toujours l'arbitre final, puisque le Conseil du trésor
n'est qu'un comité du Conseil des ministres. Plutôt que
d'embourber le Conseil des ministres, comme vous le savez, c'était
d'ailleurs un des problèmes, cela l'est même encore le
travail de clarification n'est pas encore fait de ce
côté-là on fait en sorte que le Conseil des
ministres se concentre sur les grandes orientations politiques et
administratives et non pas sur ces questions. Cela évite...
M. Brochu: C'est un détour qui devenait pesant tout
simplement.
M. de Belleval: C'est cela, et cela crée un
mécanisme spécialisé pour ce genre de choses, ce qui
n'exclut pas, quand même, un appel au Conseil des ministres. Le fait
qu'il y ait un arbitrage au Conseil du trésor, c'est très
important, parce qu'on donne à un ministre des pouvoirs qui touchent
à l'ensemble de ses collègues. Dans notre système de
responsabilité ministérielle, il est normal que dans des cas
comme cela, il y ait un mécanisme d'arbitrage interministériel.
On ne peut laisser à un ministre le soin de décréter des
conditions semblables de gestion du personnel sans qu'il y ait un
mécanisme d'arbitrage avec ses collègues. C'est la philosophie
même de l'organisation de notre système parlementaire et
gouvernemental qui veut cela.
M. Brochu: Vous tendez, de façon générale,
si je comprends bien, à décharger le conseil de ce qu'on peut
appeler la "tuyauterie". Toutes les décisions d'ordre plutôt
technique ne devraient pas embourber inutilement le Conseil du
trésor.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Brochu: Je dois donc comprendre que dans l'ensemble des
projets de loi, on peut retrouver éventuellement cette même
préoccupation.
M. de Belleval: On la retrouve de plus en plus surtout depuis
1970, depuis que la Loi de l'administration financière a
été votée.
M. Brochu: Et vous dites que, malgré tout cela,
aujourd'hui on éprouve encore certaines difficultés. Il y a
encore un décongestionnement possible à ce niveau-là.
M. de Belleval: Oui, d'ailleurs il y a des études
constantes qui se font soit pour changer des lois... Parfois il faut changer
des lois, puisque dans beaucoup de lois on dit: C'est le lieutenant-gouverneur
en conseil qui doit adopter. Souvent, il faut changer des lois avant que toute
cette opération de dégraissage ne se fasse. Elle doit se faire
aussi prudemment, parce qu'il y a toujours le danger que trop de choses se
fassent dans des comités restreints alors qu'elles devraient être
vues par l'ensemble du Conseil des ministres. Mais là, il y a un
jugement de prudence à apporter dans chaque cas; il y a du pour et du
contre.
Mais, tous les gouvernements modernes doivent fonctionner avec ces
contraintes.
M. Brochu: Avec cette façon de procéder. M. de
Belleval: C'est ça.
Le Président (M. Dussault): L'article 5 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 6.
Adopté?
M. Pagé: A l'article 6, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Cet article reproduit l'article 4 du projet de
loi 53 et on ne définit pas, à l'article 1, l'expression
"fonctionnaires des cadres supérieurs". Pourtant, on en fait mention
à l'article 61.
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: On fait mention des cadres supérieurs
à l'article 61. Alors, il y aurait lieu, tout au moins, d'indiquer,
à la fin de l'article 6, d'ajouter après les mots "cadres
supérieurs ", les mots "visés au deuxième alinéa de
l'article 61". Cela concerne la forme avant d'en arriver au fond.
M. de Belleval: La définition est donnée à
l'article 61, deuxième alinéa, où on dit: "La
classification identifie également les emplois des cadres
supérieurs; les personnes nommées et les fonctionnaires promus
à ces emplois constituent les cadres supérieurs."
M. Pagé: Mais vous ramenez la définition de cadres
supérieurs à la classification.
M. de Belleval: C'est ça. Autrement dit, c'est la
classification qui détermine ce que sont les cadres
supérieurs.
M. Pagé: Mais, dans votre article 6, je ne veux pas faire
de chicane sur la question du vocable utilisé, vous devriez faire une
référence à l'article 61.
M. de Belleval: Voyez-vous, on peut...
M. Pagé: Parce que le terme "cadre supérieur" est
défini à l'article 61, par le premier alinéa de l'article
61.
M. de Belleval: Je comprends votre question, mais, à
l'article 6, c'est tout simplement la détermination du niveau des postes
en relation avec la classification. C'est l'article 61 qui détermine les
pouvoirs en matière de classification, au sens strict.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: L'article 6, c'est la détermination du
niveau même des emplois. Par exemple, voici ce que ça veut dire;
pour les emplois au niveau des fonctionnaires, c'est le ministre qui
détermine que tel poste est un poste d'agent de bureau principal et non
pas d'agent de bureau, classe I, disons. On vient de déterminer le
niveau du poste, en relation avec la classification, à l'exception des
postes de cadre supérieur, c'est-à-dire que s'il s'agit d'un
poste d'administrateur, cela ne revient pas au ministre de la Fonction publique
de déterminer si c'est un poste d'administrateur classe IV ou classe
III. Cela revient au Conseil du trésor, parce que c'est en relation avec
la structure des programmes. La structure des programmes est en relation
directe avec le budget et c'est le Conseil du trésor qui
détermine ces choses.
C'est juste la détermination du niveau d'un poste. Quant à
la classification comme telle, les pouvoirs sont donnés à
l'article 60 et la classification des postes, de tous les postes, est faite par
le ministre de la Fonction publique, y compris les postes de cadre
supérieur. Mais la détermination du niveau d'un poste en
particulier, en relation avec cette classification est faite, soit par le
ministre de la Fonction publique, soit par le Conseil du trésor.
J'admets que cela semble assez jargonneux et technique.
M. Pagé: C'est assez technique, mais quand même.
D'accord pour cela.
Cependant, ce pouvoir que vous avez en vertu de l'article 6 peut
être délégué par l'article 7.
M. de Belleval: Oui. Et on comprend pourquoi. Est-ce qu'il faut
vraiment que ce soit le ministre de la Fonction publique ou ses fonctionnaires,
au ministère, qui administrent tous les
règlements de détermination de niveau de postes en
relation avec la classification ou si le directeur du personnel, dans un
ministère important, comme le ministère des Transports, n'est pas
apte à déterminer si tel poste d'agent de bureau à tel
endroit doit être de niveau de la classe principale ou de la classe
nominale.
Pour de telles tâches, il est normal qu'on puisse avoir un
règlement de délégation qui permette aux gestionnaires
compétents de faire eux-mêmes, à l'intérieur du
règlement de délégation, sous réserve des
mécanismes d'examens, etc., plusieurs gestes semblables.
M. Pagé: Mais c'est beaucoup. C'est beaucoup de pouvoir
conféré par délégation.
M. de Belleval: Evidemment, le pouvoir de
délégation est un pouvoir habilitant. Ce n'est pas un pouvoir qui
doit être exercé obligatoirement et sous tous les aspects et dans
tous les cas. C'est un pouvoir effectivement habilitant et il doit être
exercé avec prudence et selon plus ou moins d'extension dans
différents cas. C'est évident que dans un ministère
où on a 12 000 personnes, qui constitue en lui-même un très
important employeur et à l'égal des plus importants qu'on trouve
un peu partout non seulement au Québec mais ailleurs, il est normal de
déléguer à ce ministère qui a une structure bien
organisée depuis de nombreuses années davantage de pouvoirs dans
certains domaines de la gestion du personnel que par exemple dans un petit
ministère qui n'a pas tous les services, toutes les compétences
pour administrer toutes les parties de la loi.
Le pouvoir doit être exercé avec prudence et être
adapté à toutes les situations.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: II faut bien voir que, cela étant dit, le
fait pour le ministre de déléguer ces pouvoirs ne lui
enlève pas la responsabilité ultime, le droit et le devoir de
vérifier si ces pouvoirs sont exercés de façon
adéquate et finalement aussi ne soustrait pas l'exercice de cette
délégation à l'examen de la Commission de la fonction
publique et de tous les autres mécanismes de vérification qui
sont inscrits dans la loi.
M. Pagé: Si les membres le permettaient, M. le
Président, on pourrait aborder l'étude des articles 6 et 7 en
même temps.
M. de Belleval: Si vous voulez, oui. M. Pagé: Ils
sont interreliés.
M. Brochu: M. le député de Portneuf, j'aurais
seulement une question avant de procéder au sujet de fond si vous
permettez.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Allez-y, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: J'aimerais savoir ce que le ministre entend par "le
ministre procède à la détermination du niveau des emplois
de la fonction publique".
M. de Belleval: Oui.
M. Brochu: S'agit-il de nombre d'échelons? A quoi fait-on
référence?
M. de Belleval: Non, le niveau... on détermine une
classification. On détermine par exemple que pour tels types d'emplois,
ce sont des emplois d'agent de bureau. C'est une classe d'emploi, agent de
bureau. Il y a différents niveaux d'emploi dans cette classe en
particulier. Il peut y avoir une classe nominale et une classe principale.
Qu'est-ce qu'on fait? Si, dans un ministère, on a du travail à
faire faire, on dit: Compte tenu de la nature du travail, c'est un travail
d'agent de bureau. Est-ce un travail d'agent de bureau principal ou d'agent de
bureau à la classe nominale? C'est cela déterminer le niveau de
l'emploi en relation avec la classification. Est-ce que c'est un travail qui
est suffisamment important dans sa complexité pour répondre
à la définition d'agent de bureau principal ou si, au contraire,
cela répond à la définition plutôt d'agent de bureau
de classe nominale? C'est ce que cela veut dire.
M. Brochu: D'accord, merci. Cela va.
M. de Belleval: Pourrait-on adopter l'article 6 et passer
à l'article 7? Dans le fond, le sens de vos questions, c'est surtout en
vertu de l'article 7.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 6 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Présient (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Pagé: Sur l'article 7, on a eu évidemment
l'occasion d'échanger, surtout sur l'application de ces articles, lors
de l'étude du projet de loi en deuxième lecture. Le principe de
la délégation de pouvoirs fait l'objet de beaucoup
d'études et de beaucoup d'analyses dans notre droit. Le ministre de la
Fonction publique en a évoqué quelques mots dans sa
réplique du débat en deuxième lecture. Il y a un grand
principe en droit qui veut on pourrait dire qui voulait, parce que, plus
cela va, plus ce principe, on porte des atteintes à son application
qu'un pouvoir déjà délégué ne peut
à nouveau être délégué. C'est la fameuse
règle du "delegatus non potest delegare". Ce principe s'applique encore
intégralement, comme en a fait état le ministre de la Fonction
publique en se référant aux commentaires de M. Garant,
distingué professeur à l'Université Laval, il y a quelques
années, qui est vraiment une autorité en la matière et
dans ce secteur. C'est le cas qu'un pouvoir
délégué de la part de la Législature
à une municipalité, à un organisme, ne peut être
délégué à nouveau. C'est le cas aussi que les
interprétations données par les tribunaux à cette
règle ont été, si on pouvait utiliser le terme,
très strictes pendant plusieurs années. Elle a eu tendance
vraiment à se libéraliser depuis quelques années, surtout
en ce qui concerne l'administration interne des organismes des corps publics,
des gouvernements qui ont la possibilité de déléguer des
pouvoirs.
Dans l'article 7, on permet au ministre de déléguer un
pouvoir qui lui incombe en vertu de l'article 6. On aura plus tard d'autres
types de cette délégation de pouvoir. On donne au ministre de
déléguer le pouvoir qui lui appartient en vertu de cette loi 50,
à un sous-ministre ou à un dirigeant d'organisme, et cela va plus
loin, on en arrive à la sous-délégation, et indiquer dans
l'acte de délégation que ces derniers peuvent en
sous-délé-guer l'exercice à un fonctionnaire que le
ministre désigne. (20 h 30)
Cela fait un pouvoir de contrôle ou d'administration qui est,
somme toute, très dilué à la fin. Au début, dans
mes commentaires préliminaires, je vous disais que le ministre avait
deux possibilités ou que le gouvernement avait deux possibilités
en termes d'approche, en termes d'action pour conférer, par exemple, des
pouvoirs de classification. Il y avait l'approche de conférer tout
ça à une commission impartiale, indépendante,
formée de membres désignés par le gouvernement, qui est
habilitée à entendre ces questions et tout ça. Ce qui
semble sous-tendre le projet de loi, et particulièrement en ce qui
concerne les pouvoirs qui sont enlevés à la commission et qui
sont maintenant conférés au ministre, c'est une meilleure
gestion, une meilleure administration, c'est plus de contrôle et une
responsabilité de l'exécutif devant le législatif.
On dit: Les pouvoirs que la Commission de la fonction publique avait,
c'est maintenant le ministre de la Fonction publique qui les a.
M. de Belleval: ...
M. Pagé: Oui, et avant ça, vous savez,
c'était difficile pour le ministre de la Fonction publique d'être
responsable des décisions, des actes posés par la commission dans
son champ de juridiction.
M. de Belleval: ...
M. Pagé: Mais là, M. le Président, où
je m'inquiète... Aller jusque-là, d'accord, ça se tient,
mais là où je commence à m'inquiéter, c'est quand
ce pouvoir est délégué et, si seulement il était
délégué, je ne m'inquiéterais pas trop parce
qu'à ce moment-là, le ministre, par rapport au sous-ministre ou
à un dirigeant d'organisme, la relation est quand même assez
étroite, beaucoup plus étroite qu'elle peut l'être entre,
par exemple, le ministre de la Fonction publique et le directeur du personnel
du ministère des Transports qui, en vertu de l'article 7, pourra se voir
sous-déléguer un pouvoir qui était attribué
à un sous-ministre.
Mais, M. le Président, c'est que ce pouvoir, ce contrôle
que le ministre se donne par la loi pour les motifs qu'il invoque, à
savoir saine gestion, administration, responsabilité du ministre, ce
pouvoir est dilué.
Je ne vois pas en quoi le ministre de la Fonction publique pourra
être responsable d'un acte ou d'un geste administratif posé dans
le cadre de sa juridiction, dans le cadre du mandat qui lui a été
donné par l'acte de délégation; je ne vois pas en quoi le
ministre de la Fonction publique pourra répondre des actes posés
par ce directeur du personnel. Je ne vois pas, par exemple, en quoi le ministre
pourra répondre devant la Chambre. Le ministre dira, M. le
Président: C'est un acte qui a été posé par un
fonctionnaire dans le cadre d'une délégation de pouvoirs, un acte
qui lui appartient et auquel le gouvernement n'est absolument, mais absolument
pas lié. A ce moment-là, on revient au problème initial.
On revient à la même situation où c'est quelqu'un d'autre
que le ministre qui a le pouvoir de gérer. On sera obligé de
vivre avec la même situation que celle qu'on connaît actuellement
avec la Commission de la fonction publique.
M. de Belleval: Enfin, je vais vous laisser terminer. Est-ce que
je peux, ou si vous avez...
M. Pagé: M. le Président, on a voulu, par nos
remarques, par nos commentaires, sensibiliser le ministre à cette
question. Vous savez, j'ai confiance parce qu'il faut avoir une
présomption que tout le monde va agir dans le cadre de cette loi avec
bonne foi, et ce pouvoir qui est sous-délégué va aussi
loin que la classification. Cela pourrait quand même être
éventuellement utilisé de façon arbitraire. Vous me direz:
Ecoutez! Le pouvoir pourra être, la délégation de ce
pouvoir pourra être révoquée. Si cela l'est, ce sera
révoqué après que des gestes, des positions, des
décisions arbitraires pourront éventuellement être
posées.
Moi, je vois le directeur du personnel, dans un ministère ou dans
un service quelconque qui, pour un motif peu importe le motif se
dit: Cette personne-là, c'est bien de valeur, sera agent de bureau,
telle classe, et cela va rester là parce que le pouvoir m'appartient. En
quoi le ministre de la Fonction publique peut-il contrôler cela? En quoi
peut-on pallier des gestes comme ceux-là? En quoi peut-on, par le biais
de l'article 7, éviter que de telles choses ne se produisent? Je suis
d'accord pour dire qu'il y aura des mécanismes d'appel, mais, selon moi,
c'est ouvrir une brèche assez sérieuse à des abus
éventuels qui pourront être faits à cause de cette fameuse
sous-délégation.
Avant d'aller plus loin et d'envisager la possibilité de
procéder à des amendements, je demanderais au ministre s'il a
l'intention de réviser le contenu de l'article 7, compte tenu des mises
en garde qui lui ont été faites tant par le député
de Saint-Laurent, par le député de Johnson et par moi-même
lors du débat en deuxième lecture.
Selon moi, M. le Président, et je termine là-dessus, on
veut régler un problème par cette loi en conférant des
pouvoirs au ministre, en disant: II y
aura quelqu'un du gouvernement qui sera responsable. C'est fini la
commission. On se rejette immédiatement dans le même dilemme, dans
le même problème. Le ministre n'aura plus ces pouvoirs.
M. de Belleval: Est-ce que je peux répondre?
M. Pagé: Ce sera dilué. Allez-y.
M. de Belleval: Si je comprends bien votre argumentation... Il
faut bien voir que l'article 7 ne permet la délégation
qu'à l'égard des pouvoirs de I article 6,
c'est-à-dire...
M. Pagé: C'est déjà beaucoup.
M. de Belleval: Non, ce n'est pas beaucoup; c'est ce que je veux
vous expliquer. C'est la détermination du niveau des emplois; ce n'est
pas la classification. Je ne peux pas déléguer la classification
à un fonctionnaire ou à un autre sous-ministre. Dans
l'application d'un règlement de classification, en ce qui concerne la
détermination d'un niveau de poste particulier l'exemple que j'ai
donné tout à l'heure c'est seulement cela que je peux
déléguer à un sous-ministre ou à un employé
sous la direction d'un sous-ministre, comme le détermine d'ailleurs le
règlement de délégation.
M. Pagé: L'acte...
M. de Belleval: Alors, ce n'est pas un aspect très
extraordinaire de la gestion du personnel que de permettre à un
ministère important de déterminer le niveau d'un poste en
particulier en relation avec la classification. Cela ne met en cause aucune
règle d'éthique; cela ne met pas en cause l'intérêt
d'un employé ou pas. C'est un geste relativement mineur. C'est pour cela
d'ailleurs qu'il faut...
M. Pagé: Mais qui peut avoir des répercussions sur
la personne visée.
M. de Belleval: Non, il n'y a pas de personne visée. On ne
vise personne. C'est un poste en particulier qu'on...
M. Pagé: Oui, vous visez le poste, mais quelqu'un
tantôt va occuper ce poste.
M. de Belleval: Comme pour tous les postes. Les postes sont
ouverts aux promotions, aux mutations ou aux engagements de nouvelles
personnes, mais il n'y a pas d'individu qui peut être, en vertu de cet
article, déclassifié ou reclassifié, etc.
M. Pagé: D'accord.
M. de Belleval: Cela ne touche pas un individu; cela touche un
poste tout simplement.
M. Pagé: Le niveau du poste.
M. de Belleval: Le niveau d'un poste, mais un poste sous les
cadres supérieurs. C'est une règle de gestion courante qui est
loin d'être extraordinaire.
Deuxièmement, le ministre ne perd pas sa responsabilité
sous prétexte qu'il délègue. Déjà, dans
l'administration courante des ministères, un tas de choses sont
déléguées et sous-déléguées presque
à l'infini.
Là-dessus, je pourrais vous remettre en mémoire l'exemple
que vous avez soulevé par votre question à l'Assemblée
nationale ce matin. Il y a un fonctionnaire qui a décidé de
prendre un avion pour conduire quelqu'un à la pêche. Mais vous
n'avez pas mis en cause ce matin par votre question la responsabilité ou
l'irresponsabilité du ministre. Le ministre n'a pas perdu sa
responsabilité sur le fonctionnaire en question. En
général, il est toujours responsable du geste de ce
fonctionnaire. Cependant, tout le monde sait qu'en pratique le ministre ne peut
être blâmé pour un cas particulier qui est survenu en
dérogation par un fonctionnaire en particulier.
Il ne vous est pas venu a l'idée ce matin d'accuser le ministre
de la Fonction publique, le ministre des Transports de négligence sous
prétexte qu'un fonctionnaire, à un moment donné... Si,
cependant, il vous était venu à l'idée de démontrer
que le ministre a été négligent dans la gestion
générale du service aérien et que c'est à cause de
sa négligence générale dans la gestion du service
aérien que des dizaines de fonctionnaires, non pas à son insu,
mais à sa connaissance, se mettent comme cela à tout bout de
champ à prendre les avions du gouvernement pour aller à la
pêche, là, vous auriez pu le mettre en cause et vous l'auriez fait
d'ailleurs.
M. Pagé: C'est possible.
M. de Belleval: Tout cela pour dire que, au fond, dans la gestion
courante de nos ministères, nous sommes effectivement légalement
responsables de tous les actes administratifs de nos fonctionnaires, même
si ces actes sont délégués à des sous-ministres,
des sous-ministres adjoints, etc., même à un fonctionnaire dans le
champ, un directeur régional, un ingénieur de district ou
même un simple surveillant de la voirie dans une région
donnée, sauf qu'on sait très bien que, pour autant que le
ministre gère selon des règles normales de gestion et qu'il prend
un soin normal de la surveillance de tels gestes, s'il survient une
dérogation, s'il survient une pratique dérogatoire, il ne sera
pas blâmé personnellement pour cela, pour autant qu'il ait fait,
en général, son travail correctement. C'est la même chose
dans un cas semblable. Il existe en plus dans ces cas des mécanismes
dans la loi qui viennent entourer l'exercice de ces droits. Au fond, je ne vois
pas en quoi il y ait vraiment un problème qui se pose. Vous auriez
raison davantage, je pense, si le
ministre pouvait déléguer son pouvoir de faire des
règlements de classification dans un ministère donné.
M. Pagé: Cela n'aurait pas de sens.
M. de Belleval: Là, évidemment, ce serait
extraordinaire.
M. Pagé: Ce serait aller un peu loin.
M. de Belleval: Ce serait aller loin. Mais il s'agit de
déterminer dans ce cas-là le niveau des postes en relation avec
la classification. Je veux vous expliquer les problèmes
considérables que cela pose actuellement, justement le fait de
centraliser à la Commission de la fonction publique des gestes
administratifs semblables, les délais incroyables pour mettre un niveau
de classification à un poste de sténodactylo à un moment
donné, de sténo ou de sténo-secrétaire. Il faut
établir un compromis entre des règles et, en même temps,
les pouvoirs d'application de ces règles, d'autant plus qu'il y a des
mécanismes d'inspection, que le ministre conserve toujours d'ailleurs sa
responsabilité et qu'il peut révoquer cette
délégation, si elle est mal utilisée. Si, à un
moment donné, elle est utilisée tout de travers et qu'il ne prend
pas les précautions nécessaires pour faire l'inspection et pour
s'assurer que les règlements sont bien appliqués,
évidemment, il sera blâmé à ce moment-là.
M. Pagé: Je pense que le ministre souscrit, que dans
l'administration, on peut être beaucoup plus souple sur la règle
de la délégation des pouvoirs. Si on ajoute à cela que,
dans l'administration courante des ministères, la
délégation en termes administratifs d'un sous-ministre à
un directeur général des services est chose courante et chose
assez fréquente, pourquoi croyez-vous nécessaire d'indiquer que
le pouvoir ainsi délégué peut être
sous-délégué?
M. de Belleval: Là encore, parce que, comme je l'ai
expliqué, il existe... Prenons un ministère comme les Transports.
Il y a là 12 000 employés. Pas plus qu'on va s'imaginer que c'est
normal que le ministre détermine lui-même personnellement le
niveau des postes en relation avec la classification dans tous les domaines des
postes au ministère des Transports, peut-on s'attendre que ce soit le
sous-ministre des Transports lui-même qui va déterminer, dans tous
les bureaux du ministère des Transports, parmi les 12 000
employés, tous les niveaux des postes. Il va y avoir un directeur
général du personnel qui va faire cela pour lui, bien sûr,
et il se peut même que, dans certaines grandes directions
générales qui regroupent plusieurs centaines d'employés,
un fonctionnaire puisse ainsi le faire, par exemple le Bureau des
véhicules-automobiles. Il n'y a rien qui empêche le directeur
général du Bureau des véhicules automobiles de
déterminer le niveau des postes de secrétaire par exemple dans
son bureau, quitte à ce que, évidemment, il soit inspecté,
qu'on fasse des enquêtes et qu'on se rende compte si, oui ou non,
à un moment donné il fait cela comme il faut. Mais, là
encore, même s'il se trompe, il n'y a pas de règles
d'éthique ou il n'y a pas de droits individuels qui vont être
brimés. La chose sera plus ou moins bien administrée. Il s'agit
plutôt de gestes de nature très administrative et non pas de
gestes qui impliquent des conséquences humaines importantes. (20 h
45)
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II en reste tout de même, M. le
Président, que cette délégation de pouvoirs du ministre,
à l'article 7, revient à un sous-ministre ou à un
dirigeant d'oganisme et il peut même indiquer à ces gens qui va
avoir la responsabilité finale de cette délégation de
pouvoirs.
M. de Belleval: C'est ça. On peut dire, par exemple, qu'au
ministère des Transports, vous pourrez déléguer, M. le
sous-ministre, au directeur du Bureau des véhicules automobiles le
pouvoir de déterminer le niveau des postes de sténodactylo, enfin
d'employé de bureau dans votre bureau. Il pourra dire ça.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas pour quelle raison le ministre
ne dit pas, dans cet article, qu'il peut lui-même déléguer,
enfin, c'est ce qui va arriver. Pourquoi passer par le sous-ministre ou un
dirigeant d'organisme si, à la fin, c'est toujours le ministre qui
désigne s'il y a une délégation de pouvoirs du
sous-ministre ou du dirigeant d'organisme à un fonctionnaire en
particulier, c'est le ministre qui va le désigner.
M. de Beileval: Pour les raisons que souligne le
député de Portneuf. Plutôt que de faire une "delegatus non
potest delegare " et si on veut que le sous-ministre ait le pouvoir de
déléguer lui-même à quelqu'un d'autre, il faut le
lui dire. Pour donner une sauvegarde supplémentaire, on détermine
d'ailleurs, dans l'acte de délégation, à qui il peut
sous-déléguer, s'il pense que cette sous-délégation
est opportune. Il ne serait pas normal d'ailleurs que le ministre de la
Fonction publique passe directement par-dessus la tête d'un sous-ministre
d'un ministère donné pour aller directement
déléguer à un directeur général ou à
un directeur régional.
Je pense que c'est normal qu'on maintienne tout le long la ligne
hiérarchique pour ne pas qu'il y ait de bris au niveau de la
responsabilité. C'est que le ministre est responsable, le sous-ministre
sera responsable et tous les autres qui seront dans la ligne de
commandement.
M. Saint-Germain: Justement. Mais je veux dire qu'il y a des
fonctionnaires qui vont avoir la responsabilité de cette
délégation de pouvoirs et
peuvent être choisis par le ministre lui-même, s'il le veut
bien.
M. de Belleval: Ah oui. M. Saint-Germain: Bon.
M. de Belleval: II va le faire de concert avec le sous-ministre
du ministère concerné, c'est bien évident.
M. Saint-Germain: L'office aussi délègue des
pouvoirs.
M. de Belleval: On les verra tantôt, oui.
M. Saint-Germain: Mais ce qui me fait poser cette question,
à l'article 7 en particulier, c'est que ce même fonctionnaire qui
va avoir la responsabilité d'une délégation de pouvoirs du
ministre peut être aussi le même fonctionnaire qui va lui aussi
être responsable de délégation de pouvoirs de l'office.
Cela peut être le même fonctionnaire...
M. de Belleval: II pourrait être récipiendaire de
deux actes de délégation différente.
M. Saint-Germain: Justement.
M. de Belleval: Cela se peut fort bien.
M. Saint-Germain: Alors vous aurez dans la fonction publique un
homme très puissant, parce qu'il aura la responsabilité que le
ministre lui délègue par l'article 7 et il aura des
responsabilités probablement encore plus considérables
délégués par l'office.
M. de Belleval: Là-dessus, je vous donne tout à
fait raison, dans un sens, c'est qu'effectivement, les pouvoirs de
sous-délégation, en vertu de l'article 7, sont relativement
mineurs. Les pouvoirs de sous-délégation ou de
délégation de l'office seront des matières plus
importantes. On pourra y revenir tout à l'heure quand on y sera.
M. Pagé: Plus contentieuses.
M. de Belleval: Oui, et plus audacieuses, d'une certaine
façon. On pourra en discuter à ce moment-là.
M. Saint-Germain: Ne croyez-vous pas que ce pouvoir énorme
qui va être très important, laissé à ce
fonctionnaire...
M. de Belleval: En vertu de l'article 7, ce n'est pas un pouvoir
énorme.
M. Saint-Germain: Non, mais l'addition des deux, vous avez un
pouvoir ici, un pouvoir là, ainsi de suite. Si vous additionnez toutes
ces responsabilités pour un seul individu, ça devient un individu
très puissant.
M. de Belleval: Je n'ai pas besoin de vous dire que le directeur
général du personnel, au ministère des Transports, c'est
quelqu'un d'important. Ce bonhomme gère 12 000 personnes.
M. Saint-Germain: C'est ça et tout ceci n est pas
négociable.
M. de Belleval: Ah oui. Qu'est-ce que vous voulez dire, tout
ça n'est pas négociable? La détermination du niveau d'un
emploi dans la fonction publique?
M. Saint-Germain: Oui, vous dites: Le ministre procède
à la détermination du niveau des emplois. Le niveau des emplois,
c'est le ministre qui en est responsable.
M. de Belleval: II y a d'autres mécanismes qui
protègent un employé.
M. Saint-Germain: Mais cela n'est pas négociable. C'est le
pouvoir qui est donné au ministre par la loi.
M. de Belleval: Si vous voulez.
M. Saint-Germain: On additionne toujours les pouvoirs de
l'office, qui lui sont donnés par la loi. Ce n'est pas négociable
non plus.
M. de Belleval: Non. On y reviendra tantôt, si vous
voulez.
M. Pagé: Continuez, vous êtes bien parti.
M. Saint-Germain: Vous dites que ce n'est pas
négociable...
M. de Belleval: Enfin, on verra.
M. Saint-Germain: ... parce que ce sont des décisions
très importantes, qu'il faut protéger la responsabilité
ministérielle et les hautes responsabilités de l'Etat.
M. de Belleval: Là-dessus, je ne veux pas vous
interrompre, mais je pense que le débat sur cette question de
négociable et de non-négociable, on pourra le faire quand on
arrivera à l'article 116 et on pourra toucher à cela à
fond. Je pense qu'on serait mieux de procéder en ordre pour les
questions, parce que là, nous sommes vraiment sur un pouvoir de
délégation.
M. Pagé: M. le ministre, vous conviendrez que le pouvoir
de délégation apparaît à plusieurs endroits et le
principe de la sous-délégation est là, un peu partout,
dans le projet de loi, et on commence à l'attaquer de front.
M. de Belleval: On pourra les voir les uns après les
autres parce que, quand même, dans le cas qui nous occupe, à
l'article 7, vraiment ce
n'est pas un pouvoir considérable. Si vous voulez contester les
pouvoirs de délégation de l'office de sélection, par
exemple, on pourra toujours le voir à ce moment-là. Mais pour
l'instant, à l'article 7, sur le fond, on n'a pas grand-chose.
M. Saint-Germain: Comme le disait mon collègue, ce sont
tous des pouvoirs qui s'additionnent, des délégations de pouvoir
qui appartiennent au même homme.
M. de Belleval: Qui pourraient échoir au même
homme.
M. Saint-Germain: Et c'est le premier qu'on rencontre.
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: Admettons simplement que les pouvoirs de
l'office sont considérables, tenons-nous-en à cela, si vous
voulez. On ne discutera pas des pouvoirs de l'office à ce stade-ci, j'en
conviens avec le ministre. Mais je veux dire qu'en principe, le ministre ne
veut pas négocier les pouvoirs qu'il a par l'article 6 et par l'office
et il évoque, pour ce faire, les hauts intérêts de la
province. Et voilà qu'il délègue à un fonctionnaire
anonyme la masse de ces pouvoirs non négociables.
Ecoutez.
M. de Belleval: II n'y a rien là.
M. Saint-Germain: Si un ministre avec un tel pouvoir veut revenir
en arrière, et bien des années en arrière dans la province
de Québec, et établir un patronage systématique, il a le
moyen.
M. de Belleval: M. le Président, je ne voudrais pas vous
interrompre. Je pense que les arguments que vous avez à évoquer
là-dessus, vous seriez mieux de les évoquer quand on arrivera
à ces articles. Je pense que, pour l'instant, on devrait s'en tenir
à l'article 7, adopter l'article 7 et on reprendra le débat quand
on arrivera aux articles en question.
M. Saint-Germain: Mais, rendu à l'article 50, on va nous
défendre de parler des articles 6 ou 7.
M. de Belleval: Si vous voulez, mais je pense que vraiment vous
êtes en train de couper les cheveux en quatre.
M. Saint-Germain: Je pense qu'on pourrait suspendre ces articles
avec cette réserve d'en parler en même temps qu'on parlera de la
délégation.
M. de Belleval: Je ne pense pas que ce soit conforme au
règlement, parce que, peu importe ce qui sera décidé
à l'article 116 ou à n'importe quel autre article, la question
est de savoir si, oui ou non, ce pouvoir peut être
sous-délégué. Si ce pouvoir est négociable oui ou
non, c'est une autre question. Ne mélangeons pas les pommes et les
oranges.
M. Saint-Germain: C'est tout à fait conforme au
règlement.
M. de Belleval: Que le pouvoir soit négociable ou non
négociable, il est opportun ou non opportun de le
déléguer. Je pense que j'ai démontré que ce
pouvoir, il était opportun de le déléguer. Si vous
n'êtes pas d'accord, on va voter et vous voterez contre, c'est tout.
M. Saint-Germain: Si on se place dans les chaussures du
fonctionnaire, pour lui, tous ces pouvoirs vont s'additionner. Il n'est pas
protégé par sa convention collective plus que cela
là-dedans.
M. de Belleval: II n'y a personne dans le poste et c'est une
détermination de niveau de poste. A l'Hydro-Québec, n'importe
où, c'est comme cela que cela se fait. Il n'y a rien de spécial
là-dedans.
M. Saint-Germain: C'est entendu que si vous voulez parler
exclusivement de l'article 6, c'est cela. Mais l'article 6, comme je vous le
disais, comme on l'a dit et comme on l'a admis, s'additionne avec d'autres
délégations de pouvoirs qui vont devenir l'office, entre
autres.
M. de Belleval: Je vous ai donné mes arguments.
M. Saint-Germain: Et vous allez créer des hommes
extrêmement puissants et ces hommes sont, en pratique,
désignés par le ministre; il a le libre choix de choisir qui il
veut bien choisir.
M. de Belleval: On ne choisit rien, on détermine un niveau
de poste.
M. le Président, j'appellerais l'article 7 pour le vote, si vous
voulez.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Avec votre permission, j'aimerais aussi faire certains
commentaires sur cette délégation des pouvoirs et la
sous-délégation des pouvoirs également qui sont comprises
à cet article qu'on discute actuellement. Je comprends que le ministre
veut peut-être plus strictement discuter de l'article 7 en soi ici,
cependant, il est également difficile de le discuter strictement en soi
en ne tenant pas compte du contexte complet auquel il se rattache.
Je veux d'abord dire qu'en ce qui nous concerne, la
délégation de pouvoirs, cela constitue un principe qu'on ne doit
pas accorder sans beaucoup de circonspection et avec une très grande
prudence et avec des raisons fort sérieuses pour y arriver. Je pense que
le député de Johnson avant
moi avait fait état de cette situation. En ce qui le concerne, il
s'élevait beaucoup contre cette délégation de pouvoirs,
surtout contre la sous-délégation de pouvoirs.
M. de Belleval: Je voudrais vous arrêter, c'est que le
projet 53, la promotion des fonctionnaires, la sélection des candidats
à la promotion, c'était de la compétence du ministre.
C'est disparu, dans le projet de loi 50, c'est maintenant de la
compétence d'un oganisme indépendant, autonome, l'office de
sélection, et on y verra tout à l'heure.
Deuxièmement, il n'y a jamais personne, dans tous les
débats qu'on a eus jusqu'à maintenant, qui se soit
élevé contre le pouvoir de délégation du ministre
à l'égard de cet aspect bien mineur de la gestion du personnel
qui s'appelle la détermination du niveau des postes, des emplois de la
fonction publique en relation avec la classification. Il n'y a jamais eu de
débat sur cet aspect des choses, pas plus de la part des syndicats que
du député de Johnson.
Le député de Johnson parlait de la question de la
possibilité de délégation en matière de
sélection des candidats à la promotion, c'est très
différent. Là-dessus, il n'y a rien, c'est tout ce que je peux
dire.
NI. Brochu: Je comprends que le point limitatif que le ministre
indique, ce n'est pas là-dessus qu'est le grand débat. Par
contre, quand on arrive pour en discuter, on est lié quand même
à tout le reste de la question et c'est là que le problème
se pose, contrairement à l'article 3 du projet de loi 53. Le projet de
loi 53 permettait au ministre de déléguer également ses
pouvoirs sur la sélection à des fonctionnaires. C'est cela.
M. de Belleval: On ne peut plus là.
M. Brochu: C'est l'office qui aura ce pouvoir. L'office, à
son tour, peut déléguer et sous-déléguer.
M. de Belleval: On y verra quand on y arrivera.
M. Brochu: Qu'est-ce que cela change?
M. de Belleval: Cela change beaucoup. Vous allez voir que
l'économie de la loi est complètement changée en ce qui
concerne cet aspect des choses et on y verra quand on arrivera à cet
article. Cela ne met pas du tout en cause cet acte administratif mineur et
courant que constitue la détermination d'un niveau de poste en relation
avec la classification.
M. Brochu: L'approche de la discussion est rendue difficile
le ministre en conviendra avec moi à cause de...
M. de Belleval: Pas du tout. La question de la possibilité
de délégation à l'office de sélection, c'est un
problème en soi et qu'on pourra regarder en soi.
M. Brochu: J'ai l'impression qu'on laisse sécher le ciment
derrière nous à mesure qu'on avance. C'est parce que c'est une
question globale.
M. de Belleval: Non, cela ne porte pas sur les mêmes
choses.
M. Chevrette: Cela n'est pas le même objet.
M. Gendron: Cela ne porte pas du tout sur le même
objet.
M. de Belleval: Si je vous permets de vous acheter une
bicyclette, cela ne vous donne pas en même temps un permis de conduire
pour un camion de dix tonnes. Ce sont deux choses complètement
différentes.
M. Brochu: Ce que j'aimerais qu'on discute, et je pense que
c'était la préoccupation de l'autre aussi, c'est la
délégation de pouvoirs dans son ensemble, et la
sous-délégation.
M. de Belleval: Je vous dirais: Je ne vous donne pas le permis,
parce que c'est conduire un véhicule.
M. Saint-Germain: Si vous permettez...
M. de Belleval: Dans les deux cas. c'est conduire un
véhicule. Un instant! Ce n'est pas la même chose de conduire une
bicyclette et de conduire un camion de dix tonnes.
M. Saint-Germain: Non.
M. de Belleval: On me dira: Je ne vous donne pas un permis de
conduire une bicyclette tant qu'on n aura pas vérifié vos
aptitudes pour conduire un camion de dix tonnes. Je vais dire: Cela ne marche
pas. Ce sont deux choses vraiment différentes et une ne préjuge
pas de l'autre.
M. Brochu: C'est votre façon de voir, ce n'est pas la
mienne.
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: On peut dire à quelqu'un: On te permet
de conduire une bicyclette. Ce n est pas grave, une bicyclette. Le lendemain,
c'est un pédalo et, trois jours après, c'est une voiture et cela
finit par un avion.
M. Chevrette: Vous pouvez l'arrêter au pédalo, ou
vous l'arrêterez à la voiture.
M. Saint-Germain: On dit: Ce n'est pas grave, tout le monde
conduit un avion.
M. Chevrette: Si vous êtes d'accord avec la bicyclette,
laissez-le pédaler.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas grave, une bicyclette, ce n'est
jamais grave, mais, quand vous additionnez le tout... Eh bien!
M. de Belleval: Je serais d'accord, si c'était Mme Payette
ou vous-même qui conduisiez une bicyclette, il faudrait y penser comme il
faut, mais...
M. Saint-Germain: M. le Président, je m'y oppose au nom de
Mme Payette. M. le ministre n'a pas le droit de faire des allusions
malveillantes sur sa collègue. Je sais pertinemment que si elle
était ici...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, il n'y a pas de question de privilège à la
commission parlementaire et, à l'Assemblée nationale, on ne peut
pas invoquer une question de privilège pour une autre personne que pour
soi.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas un privilège, monsieur,
c'est le pur bon sens que je vous dis là.
M. Gendron: C'est une promotion au conditionnement physique.
M. Saint-Germain: Comment?
M. Gendron: Ce n'est pas une allusion malveillante.
M. Saint-Germain: Bien oui.
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'article
7, M. le Président?
M. Chevrette: Oui, ce serait plus intéressant.
M. de Belleval: L'article 7 pourrait-il être adopté,
M. le Président?
M. Brochu: Seulement une question.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Chevrette: Ne prenez pas le pédalo, restez sur la
bicyclette.
M. Brochu: Est-ce que le ministre a songé... M.
l'honorable député de "Montcalm-Joliette", je veux bien
laisser...
M. Chevrette: Joliette-Montcalm.
M. Brochu: Joliette-Montcalm, cela ne fait rien. Vous êtes
parfois à l'envers vous aussi.
M. Chevrette: C'est à peu près l'image de l'Union
Nationale.
M. Brochu: Ne commencez pas, parce que cela va aller loin. (21
heures)
M. Chevrette: Continuez. Montrez votre vrai visage pour deux
minutes.
M. Brochu: Je reviens à ma question. Est-ce que le
ministre a songé, à un moment donné, à un
mécanisme de publicité, par exemple, en ce qui concerne ses
éventuels actes de délégations soit par la Gazette
officielle ou autrement?
M. de Belleval: Dans le cas qui nous occupe, il y a des
règlements du ministre qui doivent être édictés. Ces
règlements, comme je l'ai dit, doivent être soumis à la
commission qui doit donner son avis là-dessus. Ses avis sont publics.
Deuxièmement, en ce qui concerne une délégation semblable,
comme la commission, on le verra plus loin, a un pouvoir d'enquête sur
tout aspect de la loi, elle pourra voir si les délégations que le
ministre donne, sont judicieuses ou sont exercées judicieusement, par
exemple.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 7 est
adopté? Oui, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Je voudrais quand même qu'on fasse vite et
je ne voudrais pas qu'on soit taxé de passer un tantinet trop de temps
là-dessus. Nos arguments, c'est qu'on n'est pas d'accord avec le
principe de cette sous-délégation qu'on retrouve à
plusieurs articles. Est-ce qu'il y aurait possibilité de reporter
l'adoption de l'article 7, lorsqu'on arrivera aux articles 50 et 51. On va tous
les passer en même temps.
M. de Belleval: Non, je ne suis pas d'accord, parce que ce n'est
vraiment pas...
M. Pagé: C'est le même principe. Peu importe la
portée du principe, mais c'est le même principe.
M. de Belleval: La question du principe, c'est que la
portée n'est vraiment pas la même au niveau du contenu. Dans ce
cas, je ne vois aucune raison pour laquelle l'autorité de ministre ne
pourrait pas être sous-déléguée là-dessus si
on veut respecter le principe du projet de loi qu'il faut aussi mettre dans la
fonction publique un mécanisme, un minimum d'efficacité
administrative, faire confiance à un minimum, à des gestionnaires
aussi importants que ceux qu'on a, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas.
Ce n'est pas moi qui fais exprès pour qu'il y ait 12 000 personnes dans
le ministère des Transports. Il faut un directeur du personnel. Quant tu
es rendu là, il faut que tu donnes des pouvoirs à ce gars, sinon
cela ne vaut plus la peine. S'il faut que le ministre se mêle de tout. On
sait, de toute façon, que cela n'a pas de bon sens, que cela ne se fait
pas comme cela, et que ce n'est pas possible que cela se fasse comme cela. Le
mérite de la loi, c'est que cela devra être officiel. Cela ne se
fera plus en catimini, cela va être connu de tout le monde. C'est cela la
grosse amélioration que la loi fait, c'est que dans des gestes,
même des gestes que je qualifie de relativement mineurs, malgré
tout, on les met dans une loi et on les encadre dans une loi. Il y a des
centaines d'autres gestes administratifs qui se font dans
l'administration, en vertu de délégation et de
sous-délégation, etc., au jour le jour. Personne n'en parle. Le
mérite de la loi, c'est d'en parler justement et de l'encadrer. Il n'y a
rien là.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous étudions ce
soir une loi qui n'est pas facile, qui est très technique et pas facile
à maîtriser. On s'aperçoit, plus on l'étudie
à fond, plus on y voit des choses qui, quelquefois même, nous
surprennent un peu. Ce n'est pas parce que nous voulons nécessairement
ne pas accepter l'article 7 et que nous ne comprenons pas les arguments du
ministre, mais seulement, si on pouvait ensemble étudier le principe de
cette délégation de pouvoirs dans un tout, l'important vient de
l'addition de toutes ces délégations de pouvoirs. Cela ne vient
pas de l'article 7 exclusivement. Etudier exclusivement l'article 7 reste
mineur, mais il peut devenir une addition et une multiplication de I'article 7,
et cela peut mériter une étude assez sérieuse pour avoir
le portrait de la loi dans sa totalité. C'est dans ce sens qu'on
aimerait, à un moment donné, être capable d'étudier
l'ensemble des principes que sous-tend l'article 7 pour réellement
connaître le type qui va recevoir toutes ces délégations,
l'ensemble de ces délégations, quelles vont être ses
responsabilités, et s'il serait dans l'intérêt public qu'il
en soit ainsi, tout simplement.
M. de Belleval: Je comprends bien vos arguments, mais je reviens
quand même avec ma demande qu'on vote l'article 7.
M. Pagé: Une dernière question. Le directeur du
personnel du ministère des Transports aura des pouvoirs qui pourront lui
être éventuellement conférés en vertu des articles 6
et 7. Est-ce qu'il y a quelque chose qui nous permet de conclure ou d'avoir la
certitude que les critères qui guideront le directeur du personnel du
ministère des Transports, dans l'application des articles 6 et 7 seront
les mêmes que ceux du directeur du personnel du ministère des
Richesses naturelles?
M. de Belleval: C'est le règlement de classification qui
donne le cadre. Il est obligé de fonctionner dans ce cadre.
M. Pagé: Dans le cadre du règlement de
classification?
M. de Belleval: C'est ça. Au fond, le directeur du
personnel du ministère des Transports ne sera pas dans une situation
différente que tel fonctionnaire du ministère de la Fonction
publique qui ferait la même chose au nom du ministre. Il faut bien
s'imaginer que ce n'est pas le ministre ou le ministère de la Fonction
publique qui va faire ce geste. Il va y avoir des fonctionnaires qui vont faire
ça pour lui. Alors, ces fonctionnaires ne seront pas dans une situation
meilleure ou pire, au point de vue uniformité, que les autres
fonctionnaires dans les autres ministères. Tous ces gens-là vont
suivre le manuel de classification et vont l'appliquer.
M. Chevrette: Adopté.
M. Pagé: Contre l'article 7, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 7 est-il
adopté?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Dussault): Adopté, sur
division.
J'appelle l'article 8.
M. Pagé: L'article 8, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... cet article reprend des pouvoirs qui
étaient conférés au ministre, en vertu de la loi
existante. Cependant, en ce qui concerne l'alinéa a), le ministre est en
outre chargé d'élaborer et d'appliquer une politique de
développement des ressources humaines et, notamment, d'établir et
d'administrer des programmes de perfectionnement.
En ce qui concerne la masse salariale, la partie de la masse salariale,
par exemple, qui est affectée au perfectionnement des employés,
est-ce que ce sera négociable?
M. de Belleval: C'est négociable.
M. Pagé: C'est négociable.
M. de Belleval: Bien sûr.
M. Pagé: En vertu de?
M. de Belleval: C'est négociable. Ce n'est pas interdit;
ce n'est pas exclu.
M. Chevrette: Ce n'est pas un objet exclu des
négociations.
M. Pagé: Ce n'est pas exclu des négociations?
M. de Belleval: Non, pas du tout.
M. Pagé: La masse salariale qui est affectée
au...
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: La masse qui est affectée au
perfectionnement des employés?
M. de Belleval: C'est négociable. M. Chevrette:
C'est négociable.
M. Pagé: II n'y a pas de problèmes à ce
chapitre-là.
Mais, quand on dit, à l'article 8, que le ministre a le pouvoir
d'élaborer et d'appliquer une poli-
tique de développement des ressources humaines, cela implique
toute la question du perfectionnement.
Vous pouvez, de par les pouvoirs conférés en vertu de
l'article 8, déterminer ce que ce sera.
M. de Belleval: Bien sûr. Je peux le déterminer,
mais je négocie aussi avec le syndicat des fonctionnaires. Je peux dire:
Ce que vous allez déterminer, ça va être telle chose, telle
chose et telle chose, et on en convient par contrat. C'est ce qu'on fait
déjà.
M. Chevrette: C'est la même chose à l'Education. Le
ministre de l'Education, dans ses prérogatives, est chargé
d'administrer une politique de perfectionnement. Le perfectionnement est un
chapitre complet de la négociation de l'Education.
M. de Belleval: Tout ce que ça dit, c'est que dans le
gouvernement, il y a un ministre qui est chargé de coordonner les
politiques de perfectionnement et c'est le ministre de la Fonction publique.
Cela n'en fait pas un objet non négociable pour autant, pas plus que si
c'était confié au ministre individuellement.
M. Pagé: Au paragraphe b)...
M. de Belleval: C'est la même chose que la loi actuelle,
d'ailleurs.
M. Pagé: ... "d'élaborer et de proposer au
gouvernement des mesures visant à accroître l'efficacité du
personnel de la fonction publique, de coordonner l'exécution de ces
mesures sous la direction du gouvernement et d'en surveiller l'application".
Qu'est-ce que ça veut dire?
M. de Belleval: Cela veut dire que, par exemple, le ministre de
la Fonction publique sera responsable de mettre sur pied des programmes, des
projets d'examens de la productivité d'un service d'un ministère
et de proposer au gouvernement des mesures pour améliorer
l'efficacité administrative d'un ministère donné, la
productivité du personnel, la façon d'organiser le travail et,
sur accord du gouvernement, de surveiller l'application de ces projets ou de la
mise en oeuvre de ces mesures d'augmentation, disons, de la productivité
ou de l'organisation administrative. Il ne peut pas le décréter
lui-même, parce qu'il va se mêler des affaires d'un autre ministre,
mais il a le pouvoir d'initiatives, de les proposer, et si le gouvernement est
d'accord, à ce moment-là, de mettre en place les choses qu'on
doit faire.
En particulier, je pense que ce qu'il nous faut dans la fonction
publique du Québec, c'est un peu l'équivalent d'une commission
Glassco, peut-être moins considérable, moins englobante, mais plus
permanente, plus spécialisée et peut-être plus
particularisée. On dit que c'est le ministre de la Fonction publique qui
sera responsable de cela à l'avenir.
C'est une responsabilité nouvelle et importante.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le député de Portneuf, aviez-vous
fini de poser vos questions à l'article 8?
M. Pagé: J'en aurai une autre; je la poserai tout à
l'heure.
M. Brochu: J'aimerais revenir, avec votre permission, M. le
Président, à l'article 8a. Etant donné qu'ici il y a des
incidences sur l'éventuelle création du ministère des
ressources humaines, on sait qu'il a été question de cela; le
gouvernement a des projets dans ce sens-là. L'article 8a dit ceci:
"d'élaborer et d'appliquer une politique de développement des
ressources humaines et, notamment, d'établir et d'administrer des
programmes..."
M. de Belleval: C'est un sens très strict. Le
ministère des ressources humaines touche aux ressources humaines en
général, de la société tandis que les ressources
humaines dont il est question sont les employés mêmes du
gouvernement. Ce sont des gestes administratifs internes. Cela n'a rien
à voir avec le futur ministère des ressources humaines.
M. Brochu: Aucune relation ni même de conception...
M. de Belleval: Non, pas du tout.
M. Brochu: ... à ce niveau-ci dans l'approche que vous
faites.
M. de Belleval: Pas du tout.
M. Brochu: D'accord. Maintenant à l'article 8b sur
l'efficacité du personnel de la fonction publique. Y a-t-il eu, à
ce jour, des études de faites un peu du genre de celles que vous voulez
mettre sur pied avec le programme? Y en a-t-il eu de faites?
M. de Belleval: II y a eu des études particulières,
mais très embryonnaires.
M. Brochu: Rien de sérieux.
M. de Belleval: Non, je ne dirais pas qu'il n'y a rien de
sérieux, mais...
M. Brochu: Entendons-nous!
M. de Belleval: A mon avis, il faut donner beaucoup. Je
considère que cela devient un champ extrêmement important et
prioritaire du ministère pour l'avenir.
M. Brochu: Est-ce que ces études sont récentes?
M. de Belleval: II s'en est fait depuis quelques années:
des études de motivation, etc.
M. Brochu: Oui.
M. de Belleval: II faut être sérieux dans ce
domaine. On a mis sur pied une direction générale de
l'organisation administrative qui doit justement proposer aux ministères
des politiques de rationalisation de leur gestion administrative.
M. Brochu: Doit-on comprendre par là qu'on veut faire une
approche plus globale de l'ensemble de la situation par une étude
à une plus grande échelle?
M. de Belleval: Je dirais à la fois plus
générale et plus particulière aussi en même temps.
Plus concrète.
M. Brochu: Est-ce que ce sont là les projets que le
ministre entretient quant à la mise en place de cette possibilité
qu'il se donne dans le projet de loi?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Brochu: Cette étude globale de la situation
M. de Belleval: Exactement.
M. Brochu: Y a-t-il des délais?
M. de Belleval: Ce sera une responsabilité continue; elle
l'est déjà dans un sens, mais le ministère, ayant des
pouvoirs, à toutes fins pratiques, purement consultatifs actuellement,
c'eût été très difficile au fond de s'engager dans
ce domaine-là. Mais maintenant comme il a des pouvoirs exécutifs
en matière de gestion du personnel, ces pouvoirs deviendront, à
mon avis, plus importants parce que le ministre aura une autorité plus
grande pour exécuter ces responsabilités.
M. Brochu: Au moment où on se parle, étant
donné que vous l'introduisez dans la loi, avez-vous un projet bien
précis à court terme dans ce sens-là?
M. de Belleval: J'ai des projets généraux, mais pas
encore précis. Il faut que j'en discute d'ailleurs avec des
collègues parce que tout cela devra se faire en collaboration
étroite avec les ministres concernés qui sont quand même
responsables de la gestion, au premier chef, de leur personnel et de leurs
ressources.
M. Brochu: Maintenant au sous-paragraphe c), "de conseiller le
gouvernement, ses ministères ou ses organismes en matière
d'organisation administrative", c'est un élément nouveau qui est
introduit ici.
M. de Belleval: Exactement, c'est complémentaire.
M. Brochu: On prévoit évidemment la création
de nouveaux ministères, soit ceux des loisirs, de l'environnement.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Brochu: Le ministre pourrait-il nous dire, à ce
stade-ci, où ces dossiers sont rendus globalement?
M. de Belleval: Je ne suis pas, comme tel, responsable de ces
dossiers; je ne suis pas au courant des projets du gouvernement précis
en matière d'organisation de nouveaux ministères.
M. Brochu: D'accord, merci.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que I article 8 est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
I'article 9. L'article 9 est-il adopte? M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, je voudrais savoir du ministre
pourquoi on a biffé à la deuxième ligne du paragraphe de
l'article 9 les mots suivants "Code du travail"? Est-ce par souci d'une
concordance ou si on avait un autre but visé à ce
moment-là?
M. de Belleval: On a donné au début la
définition de "convention collective" et on a fait
référence au Code du travail dans la définition au tout
début de l'article 1. On n'avait pas besoin de le refaire. (21 h 15)
M. Brochu: Quelles sont les associations
accréditées de salariés de la fonction publique avec
lesquelles le ministre recevra le mandat...
M. de Belleval: Ils sont prévus à l'article 114 ou
111, on verra un peu plus loin.
M. Brochu: Ils sont inclus là-bas.
M. de Belleval: C'est cela. C'est le statu quo d'ailleurs de ce
côté-là. C'est un régime spécial
d'accréditation qui donne satisfaction à tout le monde.
M. Brochu: Et on maintient le même régime. M. de
Belleval: On maintient le même régime.
Le Président (M. Dussault): L'article 9 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 10. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: A l'article 10, M. le Président, lorsqu'il
n'existe aucun recours auprès de la commission en faveur de
fonctionnaires qui ne sont pas régis par une convention collective, le
ministre adopte un règlement pour prévoir, sur les
matières qu'il détermine, l'appel d'une décision
rendue et édicter les règles de procédure qui doivent
être suivies lors de cet appel. Un comité d'appel formé
d'au moins un et d'au plus trois membres nommés par le ministre entend
et décide d'un appel visé dans le premier alinéa. Pourquoi
le ministre n'a-t-il pas jugé plus opportun de prévoir que le
comité d'appel en question devrait être formé d'au moins
deux personnes, tout d'abord, et une des personnes pourrait être
nommée par la partie plaignante ou tout au moins qu'elle ne soit pas
nommée seulement par le ministre.
M. de Belleval: Cela dépend des aspects. Il y a des
aspects pour lesquels cela devient vraiment inutile d'avoir un comité
d'appel de plus d'une personne. Ce qui n'empêche pas que le membre de ce
comité d'appel puisse être désigné d'un commun
accord par le plaignant ou le ministre. Deuxièmement, il s'agit de
matières quand même de gestion courante. Je vais vous donner un
exemple. Un cadre se voit couper un compte de dépenses et il conteste
l'interprétation que le gestionnaire a faite d'une directive qui
prévoit le remboursement d'un compte de dépenses. Je ne
créerai pas un comité d'appel de trois membres pour entendre
cela, un grief là-dessus.
M. Pagé: Ce comité va être formé de
qui?
M. de Belleval: II va être formé de
différentes personnes qui seront spécialisées dans ce
domaine, qu'on spécialisera là-dedans, comme on fait dans le cas
des conventions collectives, où on s'entend sur des arbitres, etc. Il
s'agit d'employés non syndiqués qui, actuellement, souvent sur
beaucoup d'aspects de la gestion courante, sont moins bien
protégés, au fond, d'un arbitraire quelconque qu'un
employé syndiqué. Alors le ministre, avec ce nouvel article, aura
la responsabilité de prévoir des mécanismes
particuliers.
M. Pagé: D'accord, mais quand même on est en droit
d'exiger des précisions.
M. de Belleval: Pour les aspects les plus importants de la
gestion du personnel, qu'il s'agisse de révocation, de
rétrogradation, etc., c'est la commission qui jugera, mais on ne voulait
pas charger la Commission de la fonction publique d'arbitrages ou de griefs sur
des matières ordinaires courantes. Les choses importantes seront
à la commission et pour les choses moins importantes on créera
des mécanismes ad hoc.
M. Pagé: Concernant les pouvoirs de ce comité
d'appel, est-ce que ce sera les mêmes pouvoirs qu'un arbitre...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: La même chose que les pouvoirs
dévolus à un arbitre en vertu du Code du travail à
88m.
M. de Belleval: Mutatis mutandis, c'est cela, exactement.
M. Pagé: Confirmer, modifier ou casser la décision.
C'est cela?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: 34, 37, la révocation, tout cela,
d'accord. Je ne sais pas si mon collègue de Richmond a quelque
chose.
M. Brochu: Non, cela va.
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 10 est-il
adopté?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 11.
M. Pagé: Adopté.
M. Brochu: C'est identique.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. de Belleval: Les articles 11,12, 13 et 14, M. le
Président, sont des articles qu'on retrouve dans toutes les lois; la
même chose pour 15, 16,17 et 18.
M. Brochu: C'est identique à ce qu'il y avait dans l'autre
projet de loi.
M. de Belleval: Je proposerais qu'ils soient adoptés en
bloc à moins que vous n'ayez des questions.
M. Brochu: Est-ce que le ministre me permettrait une question
pour mon information, à l'article 14? Les devoirs dont il est question
ici, est-ce que vous auriez des exemples sur ce que ces devoirs peuvent
comprendre, auxquels on fait référence à l'article 14?
M. de Belleval: C'est une disposition omnibus qu'on retrouve dans
toutes les lois semblables. Il y a un tas de gestes administratifs courants qui
ne sont pas prévus par la loi mais que le ministre détermine tous
les jours quand il donne un ordre à un sous-ministre de faire telle
chose, de lui faire rapport, par exemple, sur tel dossier. Ce n'est pas
déterminé par une loi, c'est la gestion courante.
M. Pagé: Ce n'est pas ce qui a été
discuté à la rencontre des sous-ministres et du premier ministre
peu de temps après l'élection, non?
M. de Belleval: Non.
M. Pagé: D'accord. Article 14 adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que les articles 11
à 18 sont adoptés?
M. Pagé: Article 11, adopté; article 12,
adopté; article 13, adopté; article 14, adopté; article
15, adopté; article 16, adopté; article 17, adopté.
M. Brochu: Article 18 aussi. M. Pagé: Article 18,
adopté.
Le Président (M. Dussault): Les articles 11 à 18
sont adoptés.
M. Pagé: On n'est pas à la course.
La Commission de la fonction publique
Le Président (M. Dussault): Article 19.
M. Pagé: Lorsqu'on les accepte vite, on se fait taxer
d'aller lentement et lorsqu'on les accepte lentement, on se fait taxer de ne
pas aller assez vite.
M. de Belleval: A l'article 19, il y a un amendement. Ajouter
à la fin de l'article: "Le gouvernement fixe leur traitement et leurs
allocations".
Le Président (M. Dussault): L'amendement consiste à
ajouter à la fin de l'article 19, au dernier alinéa, les mots,
"Le gouvernement fixe leur traitement et leurs allocations". Est-ce que cet
amendement est adopté?
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. de Belleval: ... de ce côté-là.
M. Pagé: C'est du nouveau, c'est du recul.
M. de Belleval: Non, c'est la même chose
qu'actuellement.
M. Pagé: Oui et non. On institue une Commission de la
fonction publique formée d'au moins trois et d'au plus cinq membres dont
un président. On innove, parce qu'on prévoit que les membres
seront nommés par l'Assemblée nationale. Dans le texte de loi
original, avant le dépôt de l'amendement, c'était
l'Assemblée nationale, sur proposition du premier ministre, qui
établissait le...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): ... la formulation de
l'amendement est différente de ce que j'ai dit. Pour les fins du journal
des Débats, pour qu'il n'y ait pas d'erreur, je vais reprendre, si vous
le permettez.
M. Pagé: Cela pouvait porter à interrogation, cela
faisait sauter tout le deuxième alinéa, votre affaire.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Alors, le texte de
l'article reste le même, au deuxième paragraphe, jusqu'au mot
"commission" et on met un point. On ajoute ensuite les mots: "Le gouvernement
fixe... le reste de l'article reste tel quel. Donc, je répète. On
met un point après le mot commission, on fait disparaître le mot
"et", on ajoute "Le gouvernement" et le reste de l'article reste le
même.
M. Pagé: D'accord, troisième alinéa.
Le Président (M. Dussault): A partir des mots "Le
gouvernement", ça devient un troisième alinéa. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, depuis quelques
années, il est devenu de pratique courante ou non, Lavenir nous
démontrera si ça devient courant, que des membres ou des
présidents de commissions, de régies ou d'organismes qui ont
comme mandat, en vertu de nos lois, d'assumer un certain contrôle sur les
actions gouvernementales, que ces membres soient désignés par
l'Assemblée nationale aux deux tiers des voix sur proposition du premier
ministre. Généralement, ce qui s'est dégagé depuis
qu'on a conféré ce pouvoir à l'Assemblée nationale,
c'est que ça s'appliquait dans les cas où les gens ainsi
nommés dans une régie ou un organisme, peu importe le vocable
utilisé, avaient des pouvoirs autrement plus d'envergure que ceux
prévus à l'article 19.
Si la Commission de la fonction publique avait conservé ses
pouvoirs de sélection et de gestion du personnel, on aurait
été en droit de souscrire au principe voulant que ces gens soient
désignés par l'Assemblée nationale. En raison du
caractère d'impartialité exigé des membres de cette
commission, en raison du travail judicieux qu'ils ont à faire
c'est vraiment un travail de sélection et tout cela ce sont
vraiment des décisions à prendre. C'est un peu comme agir comme
juge.
Je ne vois pas en quoi une commission dont les membres, en vertu de
l'article 50, n'auront de pouvoir que celui d'entendre des appels et surtout
des pouvoirs consultatifs, je ne vois pas l'opportunité que ces gens
soient nommés par l'Assemblée nationale.
Si on continue dans cette veine, tantôt, tout le monde ou presque
tout le personnel de commissions, de groupes, d'entités, aura à
être désigné par l'Assemblée nationale. C'est un
commentaire comme cela que je formule et j'aimerais bien avoir l'opinion du
ministre et savoir surtout jusqu'où le gouvernement veut aller dans
cette veine de procéder à la nomination de représentants,
de personnes en autorité à des commissions, des régies, ou
peu importe le terme. Jusqu'où voulez-vous
aller dans ce processus de nomination qui doit être soumis
à l'Assemblée nationale?
Par surcroît, là où je constate une certaine
contradiction, c'est que, depuis qu'on a donné à
l'Assemblée nationale le pouvoir de procéder à la
nomination, sur proposition du premier ministre, de personnes comme cela, que
ce soit l'Om-budsman, que ce soit les mécanismes prévus en vertu
de la Loi sur le financement des partis politiques, etc.,
généralement, la pratique jusqu'à maintenant veut que le
traitement et les allocations soient prévus dans la motion
présentée par le premier ministre.
On se rappellera d'ailleurs que, souventefois, le premier ministre, dans
une motion, c'est généralement à la fin de la session,
demande que le traitement de telle personne qui occupe telle fonction et qui
est nommée par l'Assemblée nationale soit augmenté de tel
montant, les allocations et tout cela.
Je ne comprends pas trop le ministre. Le ministre souscrit à un
principe qui est nouveau de la désignation des membres, de la nomination
des membres par l'Assemblée nationale, d'accord. Et là, il,
recule un peu en nous présentant son amendement, en disant que le
traitement et les allocations vont être fixés par le
gouvernement.
Est-ce que cela indique qu'éventuellement, le traitement du
Protecteur du citoyen et le traitement des membres de la régie de la
surveillance de la Loi sur le financement des partis politiques seront
éventuellement déterminés par le gouvernement et non plus
par l'Assemblée nationale? Est-ce que c'est ce que cela indique?
Le Président (M. Dussault): Avant que vous ne preniez la
parole, M. le ministre, je tiens à préciser que l'amendement ici
ne vise que le fait suivant. C'est qu'au lieu que l'Assemblée nationale
fixe le traitement, c'est le gouvernement. Et c'est uniquement là-dessus
que porte l'amendement. Normalement, nous devrions discuter de l'amendement
seulement, à moins que l'on ne considère l'amendement comme
faisant maintenant partie de l'article et que nous discutions maintenant sur
l'article au complet. D'accord? Il faudrait faire le choix.
M. Pagé: M. le Président, on évoque en cela
notre fair play habituel dans les travaux de cette commission. On ne
s'enfargera pas dans les fleurs du tapis.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je comprends que la
commission est d'accord pour que l'on considère le nouvel article en
incluant l'amendement qui a été soumis par le ministre.
D'accord.
M. Pagé: II ne faudrait pas que ce soit vous qui fassiez
le "filibuster", M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Non, M. le
député, je n'en ai pas l'intention et je pense que vous en
êtes convaincu.
M. Pagé: J'espère. J'aimerais avoir les
commentaires du ministre là-dessus.
M. de Belleval: Je crois que les questions du
député de Portneuf sont pertinentes. Il y a un danger que, comme
cela, on en arrive à faire nommer trop de gens par l'Assemblée
nationale, sous prétexte d'impartialité dans le processus de
nomination, quand on considère des institutions qui touchent
peut-être de très près, de façon névralgique,
au régime politique lui-même.
Je pense qu'on a avantage à pécher dans un sens
plutôt que dans l'autre, du côté d'une trop grande prudence
plutôt que d'un autre, pour assurer une espèce de
prééminence à certaines personnes. D'un autre
côté, il ne faut pas exagérer et diluer le
mécanisme. La question est pertinente.
Quant aux allocations et aux traitements, je pense que, là aussi,
on s'en va de plus en plus vers des régimes statutaires et uniformes de
rémunération de ces types de fonction et non pas vers des
systèmes de rémunération ad hoc, comme c'était trop
souvent le cas dans le passé. C'est pour cela que, pour plusieurs de ces
fonctions maintenant, les traitements sont fixés par le gouvernement. Je
n'ai pas de position gouvernementale à donner là-dessus pour la
bonne et simple raison que je ne crois pas qu'il y en ait. C'est un sujet de
réflexion, comme celui d'ailleurs qui touche à toute la
réforme de notre système ou de notre pseudosystème de
tribunaux administratifs que l'ancien gouvernement avait commencé
d'ailleurs à examiner et dont l'examen se poursuit encore au
ministère de la Justice. (21 h 30)
M. Pagé: Je souscris à cela, M. le ministre.
M. de Belleval: J'y souscris aussi.
M. Pagé: Vous pourrez informer le député de
Chicoutimi, le ministre de la Justice, que l'Opposition officielle est
disposée à collaborer avec lui dans l'étude qu'il peut
faire sur la possibilité de doter notre administration d'une structure
plus adéquate, tout au moins plus fonctionnelle des tribunaux
administratifs, parce qu'il y a des niveaux où cela ne va pas trop
bien.
M. de Belleval: En attendant, on maintient les pratiques qui
existent actuellement. Dans le cas qui nous occupe, on a cru que, comme cette
commission, un peu comme le Vérificateur général de la
province, aurait des pouvoirs d'inspection très vastes, de sa propre
initiative, des pouvoirs d'enquête sur l'application de la loi et
qu'à l'occasion elle serait mise dans la position sinon de blâmer
carrément le gouvernement, d'attirer l'attention de l'Assemblée
nationale sur les irrégularités qui auraient pu être
commises, de bonne foi ou de mauvaise foi, c'était normal de lui donner
un statut qui ferait qu'elle se sentirait toute l'indépendance
nécessaire pour porter les jugements en cause, comme le
Vérificateur doit le faire.
En fait, les pouvoirs de la nouvelle commission sont plus vastes que
ceux du Vérificateur,
d'une certaine façon, puisqu'ils sont beaucoup plus
généraux en matière d'enquête. Il n'en reste pas
moins que le Vérificateur général doit vérifier la
régularité du processus budgétaire dans un sens
très strict. Il n'a pas de jugement d'opportunité
véritablement à poser, contrairement d'ailleurs à ce qui
existe au niveau fédéral, où les pouvoirs sont plus
larges. C'est dans ce sens pour ce qui concerne le Vérificateur
général.
M. Pagé: II a plus de pouvoirs.
M. de Belleval: Dans le cas de notre commission, on lui donne des
pouvoirs très larges d'enquête. Ce n'est pas surtout du
côté de ces pouvoirs d'appel que cette autonomie est
nécessaire, c'est beaucoup plus du côté des pouvoirs
d'appel qu'elle aura en matière de certains aspects de la gestion du
personnel non syndiqué et vis-à-vis de son pouvoir
général d'enquête. Mais elle doit avoir cette espèce
de prééminence dont j'ai parlé.
M. Pagé: Vous parlez de pouvoirs d'enquête et de
pouvoirs d'entendre des appels. Vous aviez évoqué tantôt
cette question des tribunaux administratifs. Les juges ne sont pas
nommés par l'Assemblée nationale. Je profite de l'étude de
cet article 19 pour vouloir sensibiliser le ministre de la Fonction publique,
parce qu'avec les débats que nous avons actuellement à
l'Assemblée nationale, il est quand même difficile de sensibiliser
le gouvernement à certaines questions, autrement que par des
commentaires sur des articles comme ceux-là. Je voudrais vous
sensibiliser à cette approche et je voudrais inviter le ministre de la
Fonction publique à en discuter avec ses collègues du Conseil des
ministres et particulièrement avec le ministère de la Justice sur
l'obligation que vous avez selon moi en tant que gouvernement de clarifier
toute cette question.
Par qui seront nommés ces gens? Cela m'amène à une
autre question. Lorsqu'on nous dit que le gouvernement fixe leurs traitements
et leurs allocations, vous avez semblé regretter tout à l'heure
le fait que, pour certaines fonctions dans le passé et encore pour
certaines fonctions aujourd-hui, le traitement et les allocations soient
déterminés un peu de façon ad hoc au bon vouloir de la
proposition du premier ministre, qui se fait généralement
à la fin de la session pour le revenu du Vérificateur
général, du Protecteur du citoyen, etc., si on s'en
réfère au projet de loi 40 qui a été
déposé à l'Assemblée nationale cette semaine, qui
prévoit particulièrement que le traitement des juges pourra
être fixé par le lieutenant-gouverneur en conseil. Aujourd'hui, le
lieutenant-gouverneur en conseil, par l'amendement que vous apportez à
l'article 19, aura encore une fois ce pouvoir d'établir et de fixer
l'allocation et le traitement des membres de la Commission de la fonction
publique qui, eux, sont nommés par l'Assemblée nationale.
Est-ce que cela indique qu'éventuellement le gouvernement en
arrivera à placer sous sa juridic- tion et sous la juridiction du
lieutenant-gouverneur en conseil la fixation des traitements et allocations des
juges, des membres de la commission, du Protecteur du citoyen, du
Vérificateur général, de tous ceux qui aujourd'hui ou
avant voyaient leurs traitements fixés ou établis par
l'Assemblée nationale.
M. de Belleval: Je ne saurais me prononcer sur les intentions du
gouvernement à l'égard de l'ensemble de ces personnes,
véritablement.
M. Pagé: Est-ce que cela s'inscrit dans une
démarche, dans une perspective... Est-ce qu'on se dirige vers cela ou
quoi?
M. de Belleval: Je ne saurais le dire. Je dois dire que je n'ai
pas d'indication qu'il s'agit là d'un système
définitif.
M. Pagé: Comme cela, vous avez décidé de
l'amender et de faire établir le traitement par le lieutenant-gouverneur
sans que cela s'inscrive dans une approche quelconque? Vous avez
décidé cela comme cela, mais en vertu de quoi et pour quel motif
lavez-vous décidé?
M. de Belleval: Parce que c'est conforme aux règles
nouvelles de rémunération de ces types de personnes qui
s'inscrivent, je dirais, non seulement de plus en plus, mais
généralement, et presque exclusivement, maintenant, dans des
politiques salariales effectivement générales. D'ailleurs, ces
politiques salariales générales ont été mises en
place par l'ancien gouvernement.
M. Pagé: Cela a été une approche... il y a
quand même un principe qui sous-tend tout cela. Ce sera mon dernier
commentaire et j'apprécierais avoir la réponse du ministre. Si le
traitement et les allocations, c'est la même chose pour les juges...
Vous savez, il y a plusieurs éléments dans tout cela. Je
suis d'accord pour dire qu'il y a un danger, lorsqu'on dit que le traitement
des juges ou le traitement des membres de la commission, dans ce cas, sera
établi par l'Assemblée nationale, il y a un danger de
politisation et il y a un danger de débat politique sur toute motion
proposant à l'Assemblée d'augmenter le traitement.
On se rappellera le "show" spectaculaire du Parti
québécois. D'ailleurs, il n'y avait aucun membre de
l'équipe qui est avec nous ce soir qui était là entre 1973
et 1976. Cela a été un "show" vraiment... En tout cas, on ne fera
pas de commentaires, parce que ce serait certainement peu élogieux
à l'égard de l'équipe ministérielle qui est devant
nous. Je suis convaincu que si elle avait été là, elle
aurait usé de beaucoup plus de jugement. Elle ne se serait pas permis un
tel débat démagogique pendant plus de cinq jours, obligeant le
Parlement à siéger je me le rappellerai toute ma vie
le 26 décembre au matin, mettant de côté les
réjouissances familiales de Noël pour venir s'astreindre à
un débat convoqué par le Parti québécois. Il y a ce
danger. Il y a le danger d'une
politisation. Tant qu'il y aura des hommes, il y aura de l'hommerie et
particulièrement tant que le Parti québécois sera dans le
décor.
Il y a un autre élément, c'est que, lorsqu'on donne ce
pouvoir à l'Assemblée, les tribunaux, comme les membres de la
commission, dépendront de l'Assemblée. Le principe de
l'Assemblée et le principe de l'exécutif, c'est
complètement distinct. En tout cas. j'hésite à souscrire
à des principes comme ceux-là, parce qu'éventuellement,
non seulement l'appareil judiciaire, mais les commissions comme
celles-là qui sont chargées d'entendre des appels qui impliquent
dans la décision qu'ils rendent le gouvernement seront placées
sous la férule de ce même gouvernement en termes de traitements et
d'allocations.
Vous allez me dire: Le gouvernement est assez judicieux, le gouvernement
est assez correct pour ne pas se servir de sa férule quant aux
traitements. D'accord, j'y souscris et j'en conviens. Je crois qu'il n'y a pas
à avoir de craintes exagérées dans le moment, mais c'est
quand même l'affrontement des deux principes. Cela pourrait être
dangereux. Ce ne sera pas toujours le député de Charlesbourg qui
sera ministre de la Fonction publique. Que ce soit un autre
député... Pardon?
M. de Belleval: Dieu m'en préserve!
M. Pagé: Pourquoi? Etes-vous déjà
fatigué? Cela pourrait être un autre ministre qui, à un
moment donné, fasse une recommandation au lieutenant-gouverneur,
à savoir que le traitement et les allocations, cela va attendre encore
six mois. On ne sait pas pour quel motif, motif personnel... Comme le je disais
tantôt, tant qu'il y aura des hommes, il y aura de l'hommerie. Cela
pourrait arriver. Quand j'étais à l'Assemblée nationale,
l'indépendance était beaucoup plus nette entre le judiciaire et
l'exécutif. J'aimerais avoir les commentaires du ministre sur ce dernier
sujet. Je n'ai pas envie de passer deux heures sur l'article 19, mais je pense
que...
M. de Belleval: Non, j'admets la validité du raisonnement
du député de Portneuf, qui place bien le problème, mais je
pense aussi qu'il a convenu lui-même d'ailleurs que, de plus en plus, ces
choses sont placées dans le cadre de politiques générales
et que toute action discriminatoire d'un gouvernement dans ce domaine envers
une personne en particulier non seulement, d'abord, est passé de moeurs,
mais, deuxièmement, serait très facile à détecter,
parce que, justement, il existe maintenant des règles
générales de gestion des traitements de cette catégorie de
personnes. C'est la seule réponse que je peux lui faire.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... il y a tout de même là une
contradiction qui s'explique très mal.
Vous nous arrivez avec un article 19 qui fait que c'est le Parlement qui
fixe la rémunération et les nominations. C'est global. Vous nous
amenez un amendement et c'est le gouvernement maintenant qui fixe les
traitements et les allocations. Il y a une raison, je suppose bien, surtout
que... Est-ce un oubli? De toute façon, on y a attaché assez
d'importance pour apporter un amendement ce soir. Qu'est-ce qui a motivé
le ministre à nous apporter cet amendement? Je ne le sais pas. Il n'est
pas obligé de nous le dire non plus, mais enfin, on le constate.
Vous voulez que les membres soient nommés par le Parlement. Le
gouvernement se conserve le droit de fixer les traitements. Il y a quelque
chose qui est en contradiction. Si vous voulez réellement
protéger l'indépendance des membres de la commission en les
faisant nommer par l'Assemblée nationale, on doit poursuivre le
raisonnement et laisser l'Assemblée nationale, à mon avis, fixer
les traitements et les allocations, parce que le gouvernement peut aussi bien
augmenter que baisser les traitements et les allocations des gens de la
fonction publique. Moi, je n'ai pas si confiance que ça aux moeurs
modernes, vous savez, au niveau du gouvernement; il ne faut pas s'en faire. Il
ne faut pas exagérer ça non plus.
M. Pagé: Vous êtes moins idéaliste que
moi.
M. Saint-Germain: Oui, beaucoup moins. Alors, pourquoi? Je ne le
sais pas. Mais il semble y avoir un illogisme, un bris, si vous voulez.
Pourquoi ne va-t-on pas à la limite du raisonnement qu'on
établit?
M. de Belleval: Je pense que le député de Portneuf
et ma dernière remarque ont donné la réponse au
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Enfin, c'est toujours une réponse et il
faut bien dire quelque chose, j'en suis.
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: Mais il me semble aussi que c'est une
réponse qui n'explique pas réellement... Si vous nous dites: On
veut protéger l'indépendance de ces gens-là. Très
bien, on l'admet! Pour ce faire, on les fait nommer par le Parlement,
très bien! Et vous devez continuer le même raisonnement, les
allocations et les traitements sont fixés par l'Assemblée
nationale, de façon qu'on sente bien que ces gens-là sont
complètement protégés de toute pression politique. Cela me
semble être normal.
M. de Belleval: Je pense que l'allusion du député
de Portneuf, d'ailleurs, était judicieuse de ce
côté-là. On voit que la règle actuelle ne
protège pas plus ces gens contre les interventions politiques.
M. Saint-Germain: Mais pourquoi dites-vous ça?
M. de Belleval: Pas surtout du parti au pouvoir, mais du parti
d'Opposition, au fond.
M. Saint-Germain: Pourquoi?
M. de Belleval: II l'a très bien indiqué.
M. Saint-Germain: Ecoutez! Ces débats que le...
M. Chevrette: On se sert très bien de vos paroles.
M. Saint-Germain:... député de Portneuf vient de
mentionner...
M. Pagé: ... à l'Assemblée? M. Chevrette:
Oui.
M. Saint-Germain: Enfin, ça peut être
désagréable pour les gens au pouvoir, très
désagréable, ces genres de débats.
M. de Belleval: C'est surtout désagréable pour les
gens en question.
M. Saint-Germain: C'est peut-être désagréable
aussi pour les gens en question, mais, au moins, chacun prend publiquement ses
positions; c'est normal, c'est ça, le parlementarisme; c'est ça,
la démocratie.
M. de Belleval: Ils deviennent les otages de débats.
M. Saint-Germain: Quelqu'un veut abuser de... Il l'a fait, mais
il l'a fait en laissant la population juger les actes de chaque personne.
Là, il peut faire la même chose, mais il peut le faire de
façon bien plus cachée; il peut faire par en arrière ce
qu'il ne veut pas faire par en avant.
M. de Belleval: Je prends note des remarques du
député de Jacques-Cartier, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'avais une
dernière question sur l'article 19. Est-ce que les membres actuels de la
commission seront proposés à l'Assemblée ou s'ils sont
reconduits?
M. de Belleval: Ils sont reconduits dans la loi par une
disposition transitoire.
M. Pagé: Tous? M. de Belleval: Tous, oui.
M. Chevrette: Adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Oussault): Est-ce que le nouvel article
19 est adopté?
M. Chevrette: Adopté. (21 h 45)
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 20.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 20 est
adopté. J'appelle l'article 21.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 22.
M. de Belleval: Adopté, M. le Président.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté? Une Voix:
Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 24.
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
Une Voix: II n'y a rien là.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 25.
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
M. de Belleval: Adopté.
M. Pagé: Aucun membre de la commission ne peut, sous peine
de déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct
ou indirect dans une entreprise mettant en conflit son intérêt
personnel et celui de la commission. Toutefois, cette déchéance
n'a pas
lieu si un tel intérêt lui échoit par succession ou
par donation, pourvu qu'il y renonce ou en dispose avec toute la diligence
possible.
M. de Belleval: Disposition qu'on retrouve dans toutes les lois
semblables.
M. Pagé: Oui, j'en conviens. Le droit du conjoint?
M. de Belleval: Direct ou indirect.
M. Pagé: Cela couvre dans l'esprit du législateur
par le terme "intérêt indirect" les possibilités que le
conjoint...
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 25 est-il
adopté?
M. Pagé: Une minute, je voudrais bien que le ministre me
dise oui.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Vous faites signe que oui, mais pour le
-bénéfice du journal des Débats.
M. de Belleval: D'accord.
M. Pagé: Vous savez, on n'a pas encore la
télévision.
Le Président (M. Dussault): Alors adopté? L'article
25 est adopté. J'appelle l'article 26.
M. de Belleval: Adopté. M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 26 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 27.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 27 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 28.
M. de Belleval: Adopté. M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté? Une
Voix: Oui.
Le Président (M. Dussautt): Adopté. J'appelle
l'article 29.
Une Voix: II y a un amendement.
M. Pagé: Section II au complet, adopté.
M. Gendron: ... tout de suite, on en a un.
M. de Belleval: II y a un amendement à l'article 29, M. le
Président, qui se lit comme suit actuellement: "La commission entend et
décide d'un recours exercé par un fonctionnaire..." On remplace
le mot "fonctionnaire" par les mots "membre du personnel de la fonction
publique". Et le reste de l'article reste tel quel.
Le Président (M. Dussault): Donc, il s'agit de remplacer
à l'article 29, deuxième ligne, le mot "fonctionnaire" par
"membre du personnel de la fonction publique".
M. de Belleval: II s'agit de couvrir le sous-ministre qui n'est
pas un fonctionnaire au titre de la définition de la loi.
M. Pagé: Je m'excuse j'étais en caucus.
M. de Belleval: Le sens de l'amendement, c'est de couvrir aussi
le sous-ministre qui n'est pas un fonctionnaire.
M. Pagé: Bon!
M. de Belleval: Adopté, M. le Président?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Dussault): Cet amendement est-il
adopté?
M. Pagé: 77, promotion. Pardon?
M. de Belleval: Est-ce que l'article 29 irait?
M. Pagé: Oui, j'arrive à 77; je vais jeter un coup
d'oeil à 77. Une seconde, j'ai une référence.
M. de Belleval: Vous voulez dire 78. M. Chevrette:
Conformément à 77. M. Pagé: Conformément
à 77. M. de Belleval: D'accord.
M. Pagé: D'accord, je réserverai mes commentaires
là-dessus sur 77.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement est
adopté? Adopté. Le nouvel article 29, tel qu'amendé,
est-il adopté?
M. de Belleval: Oui, adopté. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 30. Est-il adopté?
M. Pagé: M. le Président, à l'article 30, la
commission est chargée de faire enquête sur le fonctionnement,
c'est un pouvoir qui est assez large, et l'observance de la présente loi
et de ses règlements, notamment sur le respect de la règle de la
sélection au mérite, et de formuler des recommandations aux
autorités compétentes. Alors, la commission aura à
formuler des recommandations au ministre de la Fonction publique et au Conseil
du trésor éventuellement. Il n'y a rien qui indique
jusqu'où le gouvernement sera lié ou sera engagé par les
recommandations formulées. Cela veut dire qu'on ne donne pas beaucoup de
dents à la commission. On lui donne un pouvoir qui semble assez large au
début, de faire enquête c'est beaucoup sur le
fonctionnement et l'observance de la présente loi et de ses
règlements, mais rien n'indique que ce pouvoir en sera même un...
Cela va être strictement un pouvoir incitatif. Le ministre de la Fonction
publique aurait pu tout au moins prévoir, dans le projet de loi 50...
C'est bien de parler de contrôle, c'est bien de dire que la commission
pourra faire enquête, pourra étudier, pourra produire des
rapports, des études et tout cela, mais cela se limite là,
purement et simplement. Cela revient à ce que je disais au début.
Outre le pouvoir d'entendre des appels, et de prendre des décisions tout
comme c'est dévolu à un arbitre en vertu du Code du travail, le
reste des pouvoirs, vous savez que cela ne signifie pas grand-chose.
M. de Belleval: Au contraire, la principale sanction de ce
pouvoir, justement, c'est une sanction qui est ultimement politique, c'est la
pire des sanctions au fond. Comme celle qui s'adresse aux avis ou aux rapports
du vérificateur général, qui n'a pas un pouvoir de
redressement, mais qui a un pouvoir moral extrêmement fort. Il fait des
rapports à l'Assemblée nationale, la crainte du
Vérificateur, comme la crainte de la commission est le commencement de
la sagesse. D'abord, cet article a un aspect préventif, qui est
très important, peut-être plus important que tout le reste
vis-à-vis des gestionnaires, et puis, le pouvoir moral est très
fort. Un blâme à l'Assemblée nationale peut donner lieu
à des débats, donne lieu à un embarras réel pour le
gouvernement. C'est cela qui est la sanction ultime. Cela n'empêche pas,
de toute façon, les autres articles de la loi de jouer s'il y a eu des
illégalités ou des choses comme cela. Elles pourront être
redressées de toute façon.
M. Pagé: Au troisième alinéa, on dit: La
Commission adresse à l'Assemblée nationale une copie d'un avis
qu'elle donne au Conseil du trésor. C'est sur les règlements
soumis par le ministre au Conseil du trésor. Nécessairement, la
commission donnera son avis.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: Cet avis sera déposé à
l'Assemblée nationale. C'est bien, on souscrit à ce principe,
mais pourquoi, à ce moment-là les rapports et les enquêtes
de fonctionnement et l'observance de la loi et des règlements ne
seraient pas eux aussi...
M. de Belleval: C'est l'article 40 qui prévoit que la
commission doit adresser un rapport, tous les ans, à l'Assemblée
nationale.
M. Pagé: Oui, cela va être dans le rapport
annuel.
M. de Belleval: C'est cela, comme le rapport annuel du
Vérificateur général.
M. Pagé: Oui, mais pourquoi la même commission qui
détient somme toute deux pouvoirs en vertu de l'article 30, soit un de
donner des avis sur un règlement soumis par le ministre au Conseil du
trésor, cet avis est immédiatement déposé à
l'Assemblée nationale, et en ce qui concerne les études, les
enquêtes sur le fonctionnement et l'observance de la loi et des
règlements, ces avis seront déposés seulement à la
fin de l'année par la commission à l'Assemblée nationale
dans son rapport annuel avant le 1er juillet ou dans les quinze jours de
l'ouverture de la session.
M. de Belleval: Oui, mais l'article 40...
M. Pagé: Pourquoi ne pas avoir une règle commune
dans les deux cas?
M. de Belleval: ... est très explicite qui dit que le
rapport doit porter notamment sur l'observance de la présente loi et de
ses règlements et, deuxièmement, la commission aura donné,
entre-temps, une recommandation, un avis, à l'autorité
compétente qui y aura donné suite dans un sens ou dans l'autre,
de sorte que quand le rapport sera soumis à l'Assemblée
nationale, non seulement il y aura ce rapport de la commission, mais en plus on
pourra interroger le gouvernement sur le cas qu'il aura fait de l'avis de la
commission.
M. Pagé: Oui, mais je présume, M. le ministre, que
dans le rapport annuel qui doit être déposé avant la fin
juin ou dans les quinze jours d'ouverture de la session, on retrouvera un peu
ce qu'on a dans le rapport déposé par le Protecteur du citoyen,
où il est dit: On a traité tant de cas, on a formulé tels
commentaires, telles recommandations au gouvernement, etc. Ce sera un rapport
comme celui-là qui sera déposé, évoquant le nombre
d'appels logés.
M. de Belleval: II y a des cas particuliers aussi dans les cas
les plus importants.
M. Pagé: C'est ça.
M. de Belleval: Comme le Vérificateur
général le fait d'ailleurs.
M. Pagé: Et les cas qui peuvent éventuellement
faire autorité ou influencer des décisions
ultérieurement.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Mais en ce qui concerne les avis de la
commission, les rapports de la commission sur le fonctionnement et l'observance
de la loi et des règlements, je présume que la commission ne fera
pas d'enquêtes et d'études sur l'observance de la loi toutes les
semaines. Cela va arriver dans des cas particuliers...
M. de Belleval: Ah non, au contraire. Justement, la commission va
avoir un système d'inspection permanent très important. Ça
va être, effectivement, sa plus grande responsabilité. Elle va
faire des rapports, elle va monter ses dossiers comme ça
continuellement. Elle va en faire un compendium pour soumettre ses
vérifications à l'Assemblée nationale. Lors de
l'étude des crédits des ministères, par exemple, de la
même façon que vous le faites actuellement pour le Protecteur du
citoyen, vous allez attirer l'attention d'un ministre sur tel aspect du rapport
de la commission. Vous allez lui demander ce qu'il va avoir fait avec
ça.
M. Pagé: II n'y a rien qui empêcherait la
commission...
M. de Belleval: Si, effectivement, il s'agit de quelque chose de
grave et que le ministre n'a pas pris de mesures, vous allez pouvoir attirer
l'attention du public en général là-dessus, le
blâmer, s'il y a lieu, etc.
M. Pagé: Oui, mais il n'y a quand même rien qui
empêche la commission de traiter de tout le bagage d'études et
d'enquêtes qu'elle a faites tant sur l'observance de la loi que sur les
règlements et le fonctionnement de tout ça dans son rapport
annuel. Même si elle peut le faire dans son rapport annuel, il n'y a rien
qui l'empêche de déposer ses études et ses avis à
l'Assemblée nationale, comme elle le fait à titre de commentaires
sur les règlements présentés au Conseil du
trésor.
M. de Belleval: Oui, mais les enquêtes qu'elle va faire
sont multiformes et, comme je l'ai dit, constantes. Il y a toutes sortes de
choses qui vont surgir de ça, qui ne seront pas toutes dignes de
mentions explicites immédiatement à l'Assemblée nationale.
Pour fins de commodité, elle fera ça une fois par
année.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 30 est
adopté. Article 31.
M. de Belleval: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 31 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, mais avant son adoption... La commission
peut adopter un règlement pour prévoir les règles de
procédures dans les cas d'appels, appels qui peuvent être
exercés en vertu des articles 64, 77, 78, 87 ou 97 et elle "fixe le
nombre de membres requis pour entendre ces recours et en décider, et
édicte les règles de preuve et les procédures utiles."
Je conviens que lorsqu'on donne un pouvoir d'audition et de
décision à un organisme comme celui-là, on doit ajouter de
la chair à l'os par les règles de pratique. Selon moi, cela
aurait été plus simple de prévoir, dans la loi... On est
capable de donner à la commission un pouvoir d'appel et on le lui donne.
On serait capable de prévoir, dans la loi, comment ça va
fonctionner et combien il y aura de personnes au minimum, et tout ça. On
en arrive à l'alinéa 2 en disant: "La Commission peut instituer
un comité d'appel composé d'au moins une et d'au plus trois
personnes qu'elle désigne pour entendre et décider d'un recours
visé dans l'article 64."
M. de Belleval: A l'article 64, ce sont les appels de
classement.
M. Pagé: C'est ça.
M. de Belleval: C'est la règle actuelle, en fait.
C'est...
M. Pagé: Je reviens à la même question que
tout à l'heure: Pourquoi ne pas prévoir que le comité
d'appel aura au moins deux personnes?
M. de Belleval: Premièrement, je dois dire que l'article
31 reconduit, mutatis mutandis, les règles qui existent actuellement en
cette matière. Ces règles n'ont jamais posé de
problèmes, en particulier en ce qui concerne l'article 64 qui devient le
nouvel article 64.
M. Pagé: Un peu comme l'article 16 de la loi actuelle qui
prévoit...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: ... le droit à la commission de se doter
de règles de régie interne. (22 heures)
M. de Belleval: Et de prévoir des mécanismes
d'arbitrage semblables pour les appels de classement. Il n'est pas
obligé. Tout dépend des cas, parfois, c'est tout à fait
opportun
qu'il n'y ait qu'une seule personne, plutôt que trois
personnes.
M. Pagé: II n'y aura aucune représentation
syndicale dans les cas où le comité sera formé de plus
d'une personne?
M. de Belleval: Oui, un instant. En ce qui concerne les appels de
classement, tout cela est négociable. Cela va aux arbitres de
griefs.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: II y a une représentation syndicale.
M. Pagé: Mais, dans les décisions prises par le
comité d'appel de la commission, dans les cas où il y a plus de
deux membres?
M. de Belleval: La désignation des membres, tout le
mécanisme est complètement négociable. On ne change rien
à ce qui existe actuellement. Mais il peut y avoir un seul membre.
M. Pagé: D'accord, mais sur le mécanisme, je ne
suis pas certain qu'on se comprenne. La commission, par ses règles de
pratique, peut mettre sur pied un comité d'appel, c'est par ses
règles de pratique à elle?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Dans les cas où il y aura plus d'un
membre, il n'y a rien qui garantit la désignation par le syndicat?
M. Chevrette: Regardez l'article 29. M. de Belleval: C'est
sous réserve...
M. Chevrette: On fait abstraction de toute la partie
syndiquée, quand on dit: A moins qu'une convention collective n'attribue
dans ces matières une juridiction à une autre personne.
M. de Belleval: A moins qu'une convention collective n'attribue
dans ces matières une juridiction à une autre personne. C'est le
cas.
M. Chevrette: Cela serait surtout pour les non-syndiqués
qu'il n'y aurait pas de représentation.
M. Pagé: Sauf pour 64. M. de Belleval: Y compris
64. M. Pagé: Y compris 64? M. de Belleval: Oui. M.
Pagé: D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 31 est-il
adopté?
M. Pagé: 32 adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 31 est
adopté. L'article 32 est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 33.
M. Chevrette: Adopté.
M. Pagé: J'aurais une petite question technique. Pourquoi
n'avez-vous pas prévu le pouvoir de siéger en plusieurs divisions
dans les pouvoirs de régie interne ou de règles de pratique de la
commission, plutôt que de le mettre dans la loi?
M. de Belleval: Pour que ce soit explicite qu'elle a vraiment ce
pouvoir. On pourrait dire que ce n'est pas une règle de pratique. C'est
une question de fond et si elle n'a pas le pouvoir de le faire, elle ne peut
pas le faire. Là, c'est clair qu'elle peut le faire.
M. Pagé: Vous voulez éviter tout problème.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: En avez-vous déjà eu sur des
questions comme celle-là?
M. de Belleval: Non. C'est la règle actuellement.
Le Président (M. Dussault): L'article 33 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article
34est-il adopté?
M. Pagé: Oui. La Loi des commissions d'enquête.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article
35est-il adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article
36est-il adopté?
M. Chevrette: Oui. M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article
37est-il adopté? Adopté. L'article 38 est-il adopté?
M. Pagé: En l'absence de règles uniformes ou de
coutumes assez strictes dans la révision des décisions rendues
par la commission, quand vous parliez tantôt des tribunaux
administratifs, c'est un aspect important de la question, ce qui est
prévu à
l'article 38, c'est-à-dire le droit pour la commission de
réviser ou de révoquer une décision qu'elle a rendue, pour
cause. Mais, encore là, tant qu'on n'aura pas une jurisprudence
établie, suite à des décisions rendues par nos tribunaux
administratifs, on risque que l'interprétation à donner pour
cause soit différente d'un organisme à un autre.
M. de Belleval: C'est toujours le problème.
M. Pagé: J'aimerais avoir les commentaires du ministre
là-dessus. Comment tout cela va-t-il se faire? Est-ce qu'une partie...
On dit que la décision de la commission est finale et sans appel. Est-ce
que les règles de régie interne ou de pratique de la commission
prévoiront la façon dont une personne qui croit avoir un motif
suffisamment raisonnable pour que la commission révise ou révoque
la décision qu'elle a prise et qui est pourtant finale et sans appel en
vertu de l'article 37... Comment tout cela va-t-il se faire? Le gars qui, par
une question qui a été soulevée ou un appel...
M. de Belleval: La commission devra effectivement établir
ces règles et elle devra, pour établir ces règles,
utiliser la jurisprudence qui existe en ce domaine dans d'autres tribunaux
semblables.
M. Pagé: Oui, c'est le principe.
M. de Belleval: En pratique, je ne peux pas vous dire plus.
M. Pagé: Vous me confirmez qu'il y aura des règles
de pratique...
M. de Belleval: Exactement.
M. Pagé: ... qui permettront à une personne qui a
des motifs raisonnables pour demander à la commission de réviser
ou de révoquer une décision qui a été prise, en
vertu d'un appel logé, qui est cependant, en vertu de la loi, finale et
sans appel...
M. de Belleval: Sans appel.
M. Pagé: ... cela risque de devenir un mécanisme
d'appel.
M. de Belleval: II ne faut pas que cela en devienne un.
M. Pagé: Le problème, c'est de savoir comment se
déterminera le fait de juger...
M. de Belleval: D'accord.
M. Pagé: ... parce que c'est vraiment de juger si c'est
recevable, oui ou non.
M. de Belleval: Je suis d'accord.
M. Chevrette: ... nouveau... Elément additionnel... De
toute façon...
M. Pagé: Oui, mais le problème, c'est qu'il n'y a
pas beaucoup d'encadrement.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous qu'il y a une marge
d'interprétation et qu'il va falloir qu'elle fasse ce que vous
suggérez.
M. Pagé: Les règlements de la commission doivent
être approuvés par le lieutenant-gouverneur?
M. de Belleval: Pas pour ce genre de chose.
M. Pagé: Pas pour cela?
M. de Belleval: En vertu de l'article 31, non. Ah oui!
excusez:moi, oui, vous avez raison.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: C'est publié dans la Gazette
officielle.
M. Pagé: Ces règlements permettant les cas
où l'article 38 pourra s'appliquer seront adoptés par la
commission, seront soumis pour approbation au lieutenant-gouverneur en vertu de
l'article 31?
M. de Belleval: Ce n'est pas clair. M. Pagé: II
faudrait...
M. de Belleval: Parce que, si je regarde l'article 31,
"édicte les règles de preuve et de procédures utiles";
elle édicte les règles de preuve et de procédures utiles,
mais elle n'a pas à les faire approuver.
M. Pagé: Le problème, M. le ministre, c'est que, si
ce n'est pas clair pour nous, les législateurs...
M. de Belleval: Je veux dire, si...
M. Pagé: ... ce ne sera certainement pas clair pour ceux
qui auront à l'appliquer et cela laissera de la place à de
l'interprétation et à de la contestation pour ceux qui auront
à vivre avec cela. Je me mets dans la peau je vais vous donner un
exemple, M. le Président d'une personne qui a logé un
appel et, en vertu des pouvoirs conférés à la commission,
elle n'est pas satisfaite de la décision. Elle croit avoir un motif
suffisamment valable pour demander la révocation de la décision.
Il n'y a même pas de règle de pratique ou de régie interne
qui prévoit comment cela peut se faire. A qui s'adresser? La
requête présentée doit-elle l'être devant la
commission, devant son président? Est-ce que cela doit être
déposé au bureau du secrétaire? Est-ce que cela doit
être déposé au comité d'appel qui a entendu l'appel
et qui a rendu la décision? Il n'y a pas de règle. Qu'est-ce
qu'on va répondre au gars, à la personne en question?
M. de Belleval: La commission devra établir ses
règles de pratique en ces matières.
M. Pagé: Oui, mais il n'y a rien qui nous indique dans
quel délai. Par surcroît, vous-même qui êtes
l'initiateur du projet de loi, vous-même qui le présentez, vous
dites que ce n'est pas clair.
M. de Belleval: Je m'excuse.
M. Pagé: Si on a tant de contestation aujourd'hui devant
les tribunaux, sur quelque question que ce soit, trop souvent, malheureusement,
le législateur a soit mal dit ce qu'il voulait dire ou tout au moins son
intention n'est pas perceptible. Même si nos lois sont claires ou
semblent claires au législateur, aux députés qui les
adoptent cela semble clair, il ne semble pas y avoir de problèmes
avec cela même si tout est clair et tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes, il y a des problèmes d'interprétation et
cela va devant les tribunaux. Si, par surcroît, non seulement les
législateurs, mais le ministre qui présente le projet de loi pour
adoption conviennent que ce n'est pas clair, je me demande... Ce sera un
fouillis tantôt. C'est même important parce que cela peut remettre
en cause des droits qui appartiennent à des individus de demander la
révocation ou la révision d'une décision. On pourrait se
retrancher sur l'article 36 ou l'article 37 et dire que c'est final et sans
appel; point final à la ligne, "bye-bye", bonjour, et le problème
est réglé.
M. Chevrette: Si vous lisez l'article 31, le règlement
doit contenir les règles de preuve et de procédure utile. Cela
veut dire que le règlement est approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil. D'accord? Cela va-t-il juque-là?
M. Pagé: Oui, mais je voudrais que le ministre me le
dise.
M. Chevrette: II va le dire après. Il dira ce qu'il
voudra, j'ai le droit de dire ce que je pense, j'espère. Quand tu
reviens à l'article 38...
M. Pagé: Cela arrive parfois dans le caucus que vous avez
le droit de dire ce que vous pensez.
M. Chevrette: Non, c'est parce qu'on est autonome.
M. Pagé: L'autonomie est une chose très
relative.
M. Chevrette: Quant à la partie évaluation de la
valeur d'une requête en demande de révision, cela reste au
jugement des arbitres. Est-ce un fait nouveau? Est-ce qu'il y a suffisamment
matière pour demander une révision, oui ou non? Cela ne peut pas
entrer dans une réglementation. Cela reste à
l'appréciation d'un individu ou de deux individus, selon le cas.
M. de Belleval: Là-dessus, je pense qu'après
vérification avec les légistes, en ce qui concerne les
procédures, comme vous mentionnez, à qui, comment on doit
s'adresser, etc., pour invoquer... Evidemment, c'et prévu par les
règlements. Maintenant, en ce qui concerne le jugement à exercer
sur le fond, c'est la jurisprudence établie en cette matière qui
sert à la commssion, établie soit dans d'autres tribunaux
administratifs, soit dans les tribunaux réguliers sur des cas
semblables.
M. Pagé: Oui, mais il y aura des problèmes.
M. de Belleval: II y aura des problèmes, je n'en doute
pas.
M. Pagé: Je veux vous mettre en garde
là-dessus.
M. de Belleval: Comme il y en a... M. Pagé: Par
contre, on se doit...
M. de Belleval: Qu'est-ce qui arrive quand dans les tribunaux au
civil ou au criminel, on demande de rouvrir une cause sous prétexte
que...
M. Pagé: On se doit d'être le plus clair
possible.
M. de Belleval:... qu'il y a des faits nouveaux. Vous l'avez le
problème.
M. Pagé: A ce moment, il y a des mécanismes
d'appel.
M. de Belleval: Non, même quand une cause a
été rendue au dernier niveau, vous le savez. Il y a toujours
possibilité.
M. Pagé: Oui, il y a des cas où il n'y a pas
d'appel, par exemple, en Cour provinciale, etc.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Je vous dis que cela va prêter flanc
à des problèmes, non seulement d'interprétation, mais cela
peut, éventuellement, prêter flanc à des problèmes.
Je tenais à vous mettre en garde là-dessus.
M. de Belleval: Je suis d'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
M. Pagé: Les règlements vont être
publiés? M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 39?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 40?
Est-il adopté?
M. de Belleval: Rapport annuel.
M. Pagé: En fait, à l'article 40, on reprend ce
qu'on disait tantôt.
M. de Belleval: D'accord. M. Pagé:
Adopté.
M. de Belleval: Adopté, M. le Président?
L'Office du recrutement et de la sélection du
personnel de la fonction publique
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 41?
M. page: Ce sont les articles relatifs à la
commission.
M. de Belleval: A l'article 41, j'aurais un amendement qui est le
même que celui que nous avions tout à l'heure...
M. Pagé: Pour le cas du sous-ministre?
M. de Belleval: Non, la commission, c'est-à-dire
que...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... à la suite d'un mandat de sept ans...
Je vais recommencer pour que ce soit clair pour le journal des Débats.
L'article 41 est amendé de la façon suivante: Au deuxième
alinéa, après les mots "sept ans", il faut mettre un point, rayer
le reste et ajouter un nouvel alinéa qui va se lire comme suit: "Le
gouvernement fixe leurs traitements et leurs allocations".
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission est
d'accord pour considérer l'amendement comme faisant partie de
l'article?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Nous avons donc un nouvel
article 41. Est-il adopté? Est-ce que le nouvel article 41 est
adopté?
M. Pagé: Des représentations vous ont
été formulées par le Syndicat de la fonction publique,
vous demandant d'étudier la possibilité que la nomination des
trois membres de l'Office du recrutement et de la sélection, que les
associations accréditées en vertu de la Loi sur la fonction
publique puissent être consultées, un peu comme on le fait dans
plusieurs cas de nominations ou de désignations de personnes dans des
organismes comme ceux-là. On constate, lorsqu'on nomme un juge, par
exemple, que le gouvernement consulte le Barreau, et je crois que cette
possibilité vous a été soumise... (22 h 15)
M. de Belleval: J'ai répondu aux syndicats
là-dessus que j'étais tout à fait disposé
à...
M. Pagé: Oui, je vous pose la question, parce que quand
vous avez répondu aux syndicats, vous ne m'avez pas répondu,
à moi.
M. de Belleval: Non, je vous le dis, d'accord.
M. Pagé: Alors, vous me le dites, que vous êtes
disposé à les consulter.
M. de Belleval: Oui, disposé à consulter les
associations représentatives là-dessus.
M. Pagé: Avant la désignation des membres de
l'office... une réponse qui évoque l'enthousiasme de votre
ouverture.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
41 est adopté?
M. Pagé: Oui, évidemment, M. le Président.
Je ne vais pas reprendre ici les commentaires qu'on a formulés...
M. de Belleval: Non, c'est la même discussion.
M. Pagé: ... dans la deuxième lecture du projet de
loi, à savoir que c'est encore un autre office qui était
créé. Créer des offices, des sociétés, etc.,
c'est ajouter à la "structurite" du gouvernement et Dieu sait s'il y en
a de ce temps-ci! Particulièrement avec l'étude
accélérée des projets de lois, je pense, M. le
Président, qu'on marche à un rythme, probablement, d'un office
par semaine ou à peu près. Mais, quand même...
Le gouvernement a fait son lit. Le gouvernement a choisi d'ajouter
encore aux sociétés gouvernementales... Non, M. le
Président, pour le bénéfice du journal des Débats,
le député de Joliette-Montcalm vient de nous dire que plus
ça change, plus c'est pareil. Ce n'est pas le cas. C'est plus ça
change, pire c'est; je pense qu'il y a beaucoup de gens au Québec qui
sont en mesure de le constater.
M. Chevrette: C'est le député de Jacques-Cartier
qui avait dit ça avant le souper. Moi, je l'avais trouvé
brillant.
M. de Belleval: Revenons à nos moutons.
M. Pagé: Mais, quand même, je ne reprendrai pas tous
les commentaires que j'avais formulés en deuxième lecture. Ce
serait être un peu long et je pourrais être taxé de vouloir
faire un "filibuster", mais je tenais quand même à faire part de
mes commentaires, à rappeler mes commentaires au ministre et,
là-dessus, M. le Président, on va adopter l'article 41.
Le Président (M. Dussault): Alors, adopté. M.
Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 42.
M. Chevrette: Adopté.
M. Pagé: Même chose, M. le Président. Ce sont
les mêmes règles qui prévoient la démission
d'un membre de l'office, tout comme c'est le cas de la commission,
où la destitution... Adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 42 adopté,
j'appelle l'article 43.
M. Pagé: Même chose, M. le Président... M.
Brochu: ...
M. Pagé: ... c'est une concordance... Les modes de
remplacement et l'expiration du mandat, adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 43 adopté.
J'appelle l'article 44.
M. Brochu: Identique également.
M. Pagé: C'est la même chose, adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 45. Est-il adopté?
M. Pagé: M. le Président, il y aurait seulement une
question.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: C'est probablement un oubli légal qu'on a
fait. Il est indiqué: "Au cas d'absence ou d'incapacité
temporaire d'un membre de l'office, le gouvernement peut nommer une personne
pour assumer l'intérim et il fixe son traitement et ses
allocations".
Je pense que cela ne serait pas nécessaire, suite aux amendements
apportés, où il est dit, à l'article 41, que le traitement
et les allocations des membres sont établis par le gouvernement. Le
législateur parle trop dans ce cas-là.
M. de Belleval: Ce n'est pas le même membre quand
même.
M. Pagé: Non, mais quand même; il remplace l'autre
membre. C'est un pouvoir qui lui est conféré. Si on part du
principe qu'un membre qui est nommé par l'Assemblée nationale,
membre permanent, son traitement...
M. de Belleval: Qui peut le plus, peut le moins, vous voulez
dire.
M. Pagé: Pardon?
M. de Belleval: Qui peut le plus, peut le moins.
M. Pagé: Bien oui! Il ne faut pas que le
législateur parle trop, vous savez. Il ne faut pas que le
législateur parle pour ne rien dire. Cela, c'est une règle qui
existe en droit. On présume que le législateur va toujours parler
pour dire quelque chose dans ses lois.
M. Chevrette: J'ai failli...
M. de Belleval: Le problème, c'est que ce sont les
législateurs qui parlent trop.
M. Pagé: C'est: Le législateur ne doit pas parler
pour ne rien dire. Là, vous parlez vraiment pour ne rien dire. Je veux
porter ça à votre attention, pour que, dans les collèges
et universités qui auront éventuellement à étudier
cette loi, on ne dise pas que le ministre de la Fonction publique est un
législateur qui parle trop.
M. de Belleval: En tout cas, on pourra dire...
M. Pagé: Parce que ce qui est prévu à
l'article 45...
M. de Belleval: ... que le député de Portneuf
l'avait averti.
M. Pagé: Pas seulement là-dessus, par
surcroît.
M. de Belleval: D'accord, adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Article 45 adopté?
Adopté. J'appelle l'article 46.
M. de Belleval: Adopté.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté? Adopté.
J'appelle l'article 47.
M. Pagé: La déchéance de la charge...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: ... on a la même chose que dans le cas des
membres de la commission. "Aucun membre de l'office ne peut, sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise mettant en conflit son intérêt
personnel et celui de l'office".
Cela se fait par résolution de l'Assemblée, à ce
moment?
M. de Belleval: S'il y avait déchéance?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Effectivement, oui.
M. Pagé: Sur propostion? Vote des deux tiers?
L'impeachment', c'est le lieutenant-gouverneur en conseil.
Le Président (M. Dussault): L'article 47 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 48.
M. Chevrette: C'est une concordance.
Le Président (M. Dussault): L'article 48 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 49.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 49 est-il
adopté?
M. Pagé: Ici, je voudrais...
M. de Belleval: Je croyais qu'on finissait le chapitre 4.
M. Pagé: On avait convenu, M. le Président, pour le
bénéfice...
M. de Belleval: Vous m'aviez dit onze heures; il est dix heures
et vingt minutes.
M. Pagé: On voulait finir à dix heures. M.
de Belleval: Pardon? M. Pagé: On voulait...
M. de Belleval: On va adopter le chapitre 4, si cela vous va, et
ensuite on terminera. Il reste trois articles. D'accord?
Le Président (M. Dussault): Alors, l'article 49
était adopté.
M. de Belleval: On commencera ensuite le chapitre 5.
M. Pagé: Ce ne sera pas plus long demain matin. On
convient d'adopter...
M. de Belleval: On commencera ensuite le chapitre 5.
M. Pagé: On convient d'aller jusqu'à l'article
53.
Le Président (M. Dussault): Alors, je comprends que
l'article 49 était adopté. J'appelle l'article 50.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... l'Office est une structure nouvelle dans le
cadre de la loi 50, dans toutes les lois et règlements qui
régiront notre fonction publique. L'Office est chargé d'adopter
des règlements je voudrais ici prendre quelques minutes pour
reprendre les pouvoirs qui sont consentis à l'Office en vertu de
l'article 50.
L'Office est chargé: a) d'adopter des règlements
concernant le recrutement et la sélection des candidats à la
nomination dans la fonction publique, ainsi que la sélection des
candidats au reclassement et à la promotion dans la fonction publique;
b) de procéder, conformément à la présente loi et
à ses règlements: i) au recrutement, à la sélection
et à la déclaration d'aptitudes des candidats à la
nomination dans la fonction publique; ii) à la sélection et
à la déclaration d'aptitudes des candidats au reclassement et
à la promotion dans la fonction publique. Il exerce, en outre, les
autres fonctions qui lui sont dévolues par la présente loi. Un
règlement de l'Office est soumis à l'approbation du Conseil du
trésor un peu comme c'était le cas tantôt.
Est-ce à dire que pour tout ce qui s'appelle sélection,
les règlements seront proposés par l'Office? Tout le temps?
M. de Belleval: C'est cela. Il a l'initiative.
M. Pagé: II a l'initiative. Ce règlement sera
préparé par l'Office, déposé au Conseil du
trésor pour approbation et est-ce qu'il passera directement à la
Gazette officielle du Québec ou s'il sera présenté par le
ministre au lieutenant-gouverneur?
M. de Belleval: Présenté par?
M. Pagé: Le ministre de la Fonction publique au
lieutenant-gouverneur pour approbation?
M. de Belleval: Non, il sera présenté par l'Office.
Il y a un avis de la commission sur sa pertinence avec la règle de
sélection au mérite, bien sûr. Mais le ministre
n'intervient pas dans ce mécanisme.
M. Pagé: La question de l'application de la règle
du mérite; toute cette question de la règle du mérite a
amené beaucoup d'ambiguïté, a suscité beaucoup de
questions.
Pourriez-vous nous dire en quoi... Je conviens qu'il y a eu un
assouplissement dans 50 par rapport à 53...
M. de Belleval: C'est surtout à la définition de la
règle de la sélection au mérite...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... qui a eu une clarification. On a
indiqué que le fondement de cette règle, ce
sont les critères de compétence et d'aptitudes. Vous vous
souvenez qu'il y avait des critiques selon lesquelles cette règle
était trop vague, selon lesquelles le mérite pouvait être
n'importe quoi. Maintenant, l'article 67 indique que les critères de
sélection au mérite sont basés sur la compétence et
les aptitudes des candidats.
M. Pagé: Oui, et si...
M. de Belleval: Ce qui a d'ailleurs rallié, je pense,
l'opinion de tout le monde en ce sens que, effectivement, c'était une
clarification...
M. Pagé: Par rapport à 53.
M. de Belleval: ... non seulement utile... C'est cela, oui.
M. Pagé: Mais lorsqu'on arrive à la question de
promotion dans la fonction publique, cela touche beaucoup l'avenir ou la
carrière d'une personne dans la fonction publique.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Si on se réfère à la
recommandation 88 du rapport Martin-Bouchard je m'y réfère
parce que je vous disais au début, sur ce qui était
négociable et non négociable... Le problème, vous savez,
est là.
M. de Belleval: La commission dit que... M. Pagé:
Toute la question...
M. de Belleval: ... la sélection ne doit pas faire l'objet
de processus de négociation.
M. Pagé: Promotion?
M. de Belleval: La sélection.
M. Pagé: La promotion?
M. de Belleval: Les modalités d'application des
règles de promotion peuvent faire l'objet de négociation. C'est
d'ailleurs ce que reflète maintenant l'article 116, puisque,
contrairement à l'ancien article 116, au lieu de dire qu'aucune
disposition d'une convention collective ne doit faire mention seulement de ces
questions, à l'avenir, il pourra en être fait mention,
c'est-à-dire que les modalités d'application pourront être
négociées.
M. Pagé: Pour vous, les modalités d'application des
promotions, des règlements édictés par l'office en ce qui
concerne les promotions seront négociables.
M. de Belleval: C'est cela, contrairement à la
règle actuelle qui veut qu'on ne peut même pas en parler, pas
simplement de la promotion, mais d'autres aspects de la carrière.
M. Pagé: Comment interprétez-vous les modifications
que vous apportez par rapport à la recommandation 88 du rapport
Martin-Bouchard?
M. de Belleval: C'est justement, selon la recommandation de
l'article 88, seules les modalités devraient être
négociables, selon la commission Martin-Bouchard. Mais pour
déterminer ce qui est modalité et ce qui est pouvoir comme tel,
il s'agissait de trouver une formulation. C'est ce qu'on a trouvé
à l'article 116.
M. Pagé: C'est pour cela, M. le Président, que je
vous demandais que l'étude de l'article 50 soit reporter à
demain. C'est interrelié.
M. de Belleval: Pas en ce qui concerne cet aspect. Sur l'aspect
de la sélection, Martin et Bouchard sont très clairs. Ils disent
que cette question, qui est reliée au principe même sur lequel
repose l'entrée dans la fonction publique ou la promotion, à
savoir le principe de la sélection au mérite, ne peut pas faire
l'objet d'une négociation. La sélection des candidats à la
promotion ou à l'entrée dans la fonction publique est
confiée à un organisme indépendant dans toutes les
fonctions publiques modernes ou à peu près. Ou si la
sélection est faite par un organisme exécutif, non
indépendant, cette sélection doit être faite selon le
principe de la sélection au mérite et n'est pas
négociable. Autrement dit, il n'y a pas de "closed shop" dans la
fonction publique.
M. Pagé: II n'y a pas de recours, d'appel d'une
décision rendue par l'office.
M. de Belleval: Oui, il y a un recours. M. Pagé: A
la commission.
M. de Belleval: A la commission, oui. M. Pagé: En
vertu des articles 64, 77, 87.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: C'est seulement les recours prévus
spécifiquement à ces articles-là.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: Est-ce qu'il y aurait possibilité, M. le
Président, de reporter à demain matin l'adoption de l'article 50?
Je vais vous dire bien franchement que de 50... L'article 50 est relié
à plusieurs autres articles dont 116, par incidence...
M. de Belleval: Pas du tout. Il y a deux questions bien
différentes. Il y a le processus de sélection qui est
confié à un ofice ici. C'est une chose.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Ensuite, il y a les critères que l'office
doit utiliser. C'est autre chose. A savoir si
ces choses-là sont négociables, c'est une autre affaire.
Elles peuvent être vues tout à fait séparément.
M. Pagé: On va y aller chose par chose.
M. de Belleval: C'est ça, voyons l'article 50 d'abord.
M. Pagé: Les règles de sélection. M. de
Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Vous donnez à l'article 50 des
pouvoirs...
M. de Belleval: L'article 50, ce sont seulement...
M. Pagé: Les pouvoirs de l'office.
M. de Belleval: ... les pouvoirs de l'office.
M. Pagé: Ses fonctions, ses pouvoirs,
procéder...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: ... conformément à la
présente loi et à ses règlements, ses règlements
seront soumis au Conseil du trésor avant adoption, ils seront
publiés dans la Gazette officielle, tout ça. Il va pouvoir
adopter des règlements sur la sélection, le recrutement, les
déclarations d'aptitudes d'une classe par rapport à une autre?
(22 h 30)
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: C'est ça?
M. de Belleval: Oui, oui.
M. Pagé: Déclaration d'aptitudes d'une classe par
rapport à une autre?
M. de Belleval: C'est-à-dire déclaration
d'aptitudes à l'admission à une classe.
M. Pagé: Qui va déterminer et édicter des
règlements pour prévoir la possibilité ou les aptitudes
d'un bonhomme pour passer de telle classe à telle classe? C'est
l'office?
M. de Belleval: C'est l'office.
M. Pagé: Et les normes guidant cette action et cette
opération seront édictées par l'office, les
règlements.
M. de Belleval: Les normes sont dans les règlements de
classification. On dit, par exemple, que, pour avoir telle classification, il
faut être avocat, ingénieur, etc.
M. Pagé: Et ces pouvoirs pourront être
délégués en vertu de l'article 51?
M. de Belleval: On y verra ensuite.
M. Pagé: On pourrait étudier les articles 50 et 51
en même temps.
M. de Belleval: Les pouvoirs de l'office de faire des
règlements ne peuvent pas être négociés, ils ne
peuvent pas être délégués.
M. Pagé: Non, je suis d'accord, mais, dans le cas du
paragraphe b) de l'article 50 qui prévoit...
M. de Belleval: Ah oui, procéder.
M. Pagé: Procéder conformément à la
présente loi et à ses règlements. Lorsque je vous
demandais si l'office était chargé de la déclaration
d'aptitudes des candidats à l'avancement de classes, vous avez
répondu oui.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Bon. Au paragraphe b), c'est "procéder,
conformément à la présente loi et à ses
règlements", au recrutement, à la sélection." Article 51.
"L'office peut déléguer l'exercice d'une fonction visée
dans le paragraphe b) de l'article 50 à un de ses fonctionnaires". Le
paragraphe b) de l'article 50 dit: a), d'adopter des règlements; b),
procéder conformément à la présente loi et à
ses règlements au recrutement, à la sélection et à
la déclaration d'aptitudes des candidats à la nomination dans la
fonction publique". Cela veut donc dire que la sélection, la
déclaration d'aptitudes des candidats pourront être
déléguées par l'office, en vertu de l'article 51 à
un de ses fonctionnaires.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Ce sera une personne qui pourra assumer cette
responsabilité.
M. de Belleval: C'est évident, personne ne s'imagine que
ce sont les trois membres de l'office de sélection qui vont
procéder eux-mêmes à tous les concours.
M. Pagé: Oui, mais, à l'article 51, si on continue,
"II peut aussi déléguer l'exercice d'une telle fonction à
un sous-ministre ou à un dirigeant d'organisme et indiquer, dans l'acte
de délégation, les fonctions que ces derniers peuvent
sous-déléguer, les personnes à qui cette
sous-délégation peut être faite".
L'office peut, en tout temps, révoquer une
délégation".
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Lorsqu'on a voulu, lors de l'étude de
l'article 7, porter à l'attention le problème de la
délégation et de la sous-délégation, à
l'article 7, c'était le ministre qui pouvait déléguer ce
pouvoir. Là, la loi donne un pouvoir à l'office, en vertu de
50, le précise, précise ses fonctions et ses pouvoirs et
à l'article 51, on revient avec une autre délégation, non
pas du ministre, mais que l'office peut, de son propre chef,
déléguer les pouvoirs prévus au paragraphe b de l'article
50, à un sous-ministre, à un dirigeant d'organisme, ou à
toute autre personne à qui la sous-délégation peut
être faite et qu'elle désigne. Cela va pas mal loin. Et il n'y a
rien qui prévoit...
M. de Belleval: Je suis d'accord, M. le Président, pour
qu'on étudie les articles 50 et 51 ensemble. Cela ne me pose pas de
problème.
M. Pagé: II n'y a rien qui prévoit... Le ministre
ne pourra pas intervenir?
M. de Belleval: Non, pas du tout, justement parce que c'est un
aspect essentiel du projet de loi. C'est le principe même.
M. Pagé: Je ne parle pas d'intervenir dans les
règlements proposés par l'office pour la sélection et tout
cela. Mais c'est rendu pas mal loin. On confère, on dit...
M. de Belleval: II n'y a rien là. Je vais vous l'expliquer
encore, si vous voulez me donner deux minutes. Premièrement, en
vertu...
M. Pagé: Mais je n'en suis pas au pouvoir donné
à l'office.
M. de Belleval: Non, je ne parle pas de cela.
M. Pagé: J'en reviens encore à la
sous-délégation.
M. de Belleval: Je vais vous donner l'exemple de ce qui existe
actuellement. Comme je vous l'ai dit, je vous le répète, il n'y a
rien là, à mon avis. Actuellement, c'est la commission qui a ces
pouvoirs. La commission n'a pas, en vertu de la loi actuelle, le pouvoir
explicite de déléguer. Mais en pratique, qu'est-ce qui se passe?
En pratique? La commission n'est pas capable de "régimenter"
c'est le cas de le dire tous les concours de promotion ou de recrutement
de la fonction publique. Cela deviendrait une bureaucratie incroyable si on
faisait cela et je pense que le député de Portneuf serait le
premier à s'insurger contre un pareil fonctionnement.
Qu'est-ce qu'elle fait? Elle est obligée effectivement de
confier, sous son autorité, sans délégation officielle, de
déléguer, en pratique, la tenue de dizaines de concours de
recrutement ou de promotion, entre autres, la formation des jurys, qui est
très complexe, dans le système actuel, en particulier de
classification ou de nomination des cadres. Tout cela se fait en dehors de tout
contexte officiel, explicite, public, connu. On n'est pas la première
fonction publique qui a eu ces problèmes en matière de
fonctionnement. Entre autres, on les a eus dans les autres fonctions publiques
semblables, parce que toutes les fonc- tions publiques nord-américaines,
en particulier, fonctionnent selon ces mêmes principes.
On les a eus, entre autres, au niveau du gouvernement
fédéral. Et qu'est-ce qu'ils ont fait? Ces gens ont changé
la loi et ils ont permis une délégation, un pouvoir de
délégation explicite à leur Commission de la fonction
publique, envers les ministères.
Maintenant, là encore, il s'agit d'un pouvoir important et il
doit être exercé avec prudence. Il ne s'exerce pas de la
même façon envers tous les ministères ni envers tous les
types de fonction. Je vais revenir encore avec mon exemple facile à
comprendre. Le ministère des Transports doit engager des ouvriers, des
centaines d'ouvriers. Est-ce qu'il faut que tout cela se fasse à
l'office de recrutement? C'est absurde. Il faut que l'office soit en mesure,
dans le cas que je vous cite, de permettre au ministère des Transports
de procéder, à partir des règlements qu'elle
édicte, dans le cadre de ces règlements, au recrutement des
fonctionnaires ouvriers. Et ce recrutement se fait...
M. Pagé: Pour les saisonniers, les temporaires et tout
cela?
M. de Belleval: Non, par exemple des ouvriers permanents. Ces
activités vont se faire ou peuvent se faire sous l'autorité d'un
fonctionnaire de l'office, sous sa surveillance, son inspection, mais en
délégation à des fonctionnaires du ministère des
Transports, de la direction du personnel et sous l'inspection de la nouvelle
Commission de la fonction publique qui va entre autres surveiller ce type de
concours, justement parce qu'il est délégué. L'office fait
un rapport expliquant si cela se fait correctement. L'office d'ailleurs devra
le faire lui-même, avoir son système d'inspection aussi, et pourra
retirer cette délégation si des problèmes se posent.
Au fond, ce qu'on fait, c'est qu'on cesse d'être hypocrite. On
reconnaît la réalité. On concilie à la fois la
règle de protection des fonctionnaires ou des non-fonctionnaires, des
aspirants fonctionnaires contre l'arbitraire. On fait le compromis, je
n'appelle même pas cela un compromis, on fait un heureux mariage d'une
plus grande efficacité administrative. On s'éloigne d'un danger
de bureaucratisation épouvantable au sommet. On accélère
les procédures et, en même temps, on met sur pied des
mécanismes de protection, entre autres, délégation, mais
délégation explicite, publique, à l'intérieur des
règlements aussi publics et avec inspection par un organisme
indépendant autonome, la commission.
Au fond, M. le Président, là encore je le
répète, il n'y a rien là. On n'innove pas, on n'est pas
à la fine pointe de l'évolution nord-américaine ou
mondiale. On fait ce que font les autres fonctions publiques analogues.
M. Pagé: Cela a l'air qu'il n'y a rien, nulle part, dans
ce projet de loi.
M. de Belleval: C'est ce que j'essaie d'expliquer depuis un an,
mais on ne me croit pas.
M. Pagé: Je ne suis pas convaincu qu'il n'y a pas rien,
nulle part, là-dedans.
M. de Belleval: Le problème c'est que, quand on examine
cela article par article et qu'on décompose le monstre dans ses parties
composantes, on se rend compte qu'il n'y a rien là.
M. Pagé: C'est votre interprétation.
M. Brochu: En le voyant morceau par morceau, vous le voyez mort,
mais quand il est tout d'une pièce, il est en vie, c'est cela la
différence.
M. de Belleval: Quand je lui examine les pattes et quand je lui
examine les dents, je me rends compte que ce n'est plus un monstre; ce n'est
pas une vache non plus qui regarde passer un train.
M. Pagé: C'est un corps qui paraît assez bien, avec
deux jambes, deux bras et tout cela, mais il y a des bras en arrière qui
donneront de bonnes taloches par en arrière, vous savez. C'est le
troisième bras.
M. de Belleval: Ce n'est pas pour rien, M. le
député de Portneuf, que tous les observateurs
indépendants, les gens qui n'ont pas d'os à ronger,
légitimement d'ailleurs...
M. Pagé: Qui n'ont pas d'os à ronger?
M. de Belleval:... trouvent que c'est un projet de loi
merveilleux, bien fait, bien rédigé.
M. Pagé: C'est grave!
M. Brochu: La manifestation de ce matin, dehors, est-ce que
c'était pour cela? Est-ce que c'était pour signifier le projet de
loi merveilleux?
M. Pagé: Je tiens à dire au ministre que si
j'étais un politicailleur, je reprendrais son allusion aux personnes ou
aux groupes qui ont des os à manger, parce qu'on sait que ceux qui ont
des os à manger...
M. de Belleval: Je faisais allusion au député de
Portneuf.
M. Pagé: ... qui mangent des os, qui rongent après
les os, ce sont généralement des animaux et tout cela. De toute
façon, ce n'est pas bien...
M. de Belleval: Là, vraiment vous...
M. Pagé: Je n'ai pas dit que je dirais cela.
M. de Belleval: D'accord.
M. Pagé: Le ministre a voulu être clair. Le ministre
a voulu nous donner des exemples. Quand le ministre avait des pouvoirs de
déléguer, cela pouvait s'expliquer, par surcroît avec
l'exem- ple qu'il vient de donner, avec l'application des articles 50 et 51.
L'office pourra déléguer on le dit au nom d'une
pseudo-hypocrisie qu'il y avait avant, parce que, somme toute, c'est un
ministère qui jouait peut-être le rôle prédominant
dans la préparation des examens... On ne reviendra pas là-dessus,
mais quand même. Le ministre a dit: Le ministère des Transports,
ce sera un fonctionnaire du ministère des Tranports. Ce pourra
être le directeur du personnel qui pourra appliquer... Je prends le
paragraphe b)i), ce qui peut être délégué:
Procéder, conformément à la présente loi et
à ses règlements c'est bien beau : au recrutement,
à la sélection et à la déclaration d'aptitudes des
candidats à la nomination dans la fonction publique. Avant d'avoir le
statut d'employé permanent, on devait passer un examen de la Commission
de la fonction publique. C'était une commission qui était
responsable...
M. de Belleval: Continuez! M. Pagé: Bien non.
M. de Belleval: Oui. Procéder, conformément
à la présente loi et à ses règlements.
M. Pagé: Oui, mais s'il y avait des évasions en
termes d'application de la loi avant, là où on avait une
commission, on a pas mal plus de chances d'en avoir maintenant.
M. de Belleval: Non, beaucoup moins.
M. Pagé: Laissez-moi terminer! On aura un office. Cet
office pourra déléguer ce pouvoir à un fonctionnaire du
ministère des Transports. Ce ne sera plus une commission
indépendante qui sera chargée de déterminer la
déclaration d'aptitudes des candidats en nomination dans la fonction
publique, et particulièrement dans le ministère des Transports,
cela va être un fonctionnaire du ministère des Transports.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Je ne m'explique pas cela. C'est un pouvoir
dilué. Cela peut laisser place à de l'arbitraire. Je ne
conçois pas cela. Cela peut laisser place à un patronage
éhonté.
M. de Belleval: Les grands mots sortent.
M. Pagé: Ce ne sont pas des grands mots, c'est ce qui va
arriver dans quelques mois.
M. de Belleval: C'est tout le contraire.
M. Pagé: C'est la promotion... déclaration
d'aptitudes des candidats au reclassement et à la promotion.
M. de Belleval: C'est tout le contraire qui va arriver par
rapport... C'est là qu'est toute l'amélioration du projet de
loi.
M. Pagé: Oui, mais je voudrais terminer. Le ministre me
laissera terminer.
M. de Belleval: Excusez, je vous laisse terminer. D'accord.
M. Pagé: Le ministre nous dit: Cela va être
inspecté par l'office. On avait une commission et vous mettez en doute
la surveillance que la commission pouvait avoir sur le travail
nécessaire ou la collaboration nécessaire des ministères.
Vous avez semblé mettre cela en doute tantôt en disant que
c'était un système qui contenait...
M. de Belleval: Un système bâtard.
M. Pagé:... bâtard et hypocrite. Là, vous
dites qu'il n'y aura pas de problème, parce que l'office va pouvoir
assumer une surveillance des inspections et des contrôles sur le travail,
sur ce qui sera délégué. Cela revient à la
même chose que tantôt. C'est aussi hypocrite, c'est aussi
bâtard.
M. de Belleval: Si c'était...
M. Pagé: En tout cas, ce n'est pas explicable, quant
à moi.
M. de Belleval: D'accord. Je vous laisse terminer, je m'excuse.
Avez-vous terminé? Oui?
M. Page': J'aurai bientôt terminé... M. de
Belleval: D'accord.
M. Pagé:... en vous disant que ce pouvoir... le plus loin
que, selon moi, le législateur devrait aller, ce serait que l'office
puisse le déléguer à un sous-ministre ou à un
dirigeant d'organisme.
M. de Belleval: Un sous-ministre? Une demi-hypocrisie serait
mieux que toute une hypocrisie.
M. Pagé: Non, ce n'est pas la question d'hypocrisie. La
question est que dans l'application de l'article 50b i) et 50b ii)
procéder, conformément à la présente loi au
recrutement, à la sélection et à la déclaration
d'aptitudes des candidats à la nomination, par le fait même, dans
la fonction publique, à la sélection et à la
déclaration d'aptitudes des candidats au reclassement et à la
promotion dans la fonction publique, c'est beaucoup de choses dans l'avenir
d'un fonctionnaire. Ces pouvoirs sont donnés en vertu des articles 50 et
51 à une personne qui les aura, en vertu de l'article 51, par l'office.
(22 h 45)
Je vais résumer brièvement, M. le Président, avant
de conclure. On se targue en disant: Maintenant, on aura un office
indépendant, nommé de telle façon, qui verra au
recrutement. Le recrutement, la sélection, ce sera une chose. On aura
des mécanismes d'appel où la commission sera chargée non
seulement d'entendre les appels et de faire des études sur l'application
de cette loi-là, et là, c'est beau! Ce sur quoi on se penche
moins longtemps, c'est que tout ça sera appliqué
éventuellement par un directeur du personnel dans le ministère
des Transports. Ce n'est pas un office, ça, c'est un homme, qui peut se
laisser aller à des choses qui ne vont pas nécessairement dans le
sens de la loi, au chapitre de la promotion et au chapitre de la nomination et
du reclassement.
Il peut y avoir de l'arbitraire, et non seulement il peut y en avoir,
mais on a tous les motifs raisonnables et probables de croire qu'il puisse y en
avoir et ça, plus que le ministre peut penser, et du patronage, à
part de ça. Il faut appeler les choses comme elles sont. Il y a des
fonctionnaires qui vont peut-être se faire serrer dans le coin. La
promotion et le reclassement, ça va être difficile! Parce que le
directeur du personnel de tel ministère aura dit: Toi, tu es sur la
"black list" et mon pouvoir, le ministre... la fonction publique vient de me le
donner, l'office me l'a délégué. C'est moi le "boss" chez
nous. Je vous dis que vos inspections de l'office, un instant! M. le
Président, le ministre appellera ça de la semi-hypocrisie, il
appellera ça comme il voudra, ce n'est pas là qu'est le
problème.
Moi, je voudrais que l'office délègue si... D'abord,
j'hésite à souscrire au principe d'une délégation
des pouvoirs accordés à l'office, et le plus loin qu'on pourrait
aller, selon moi, ce serait que ce pouvoir soit délégué au
sous-ministre et aux dirigeants d'organismes.
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que je
présenterais un amendement pour retrancher du premier paragraphe de
l'article 51 les mots "et indiquer dans l'acte de délégation les
fonctions que ces derniers peuvent sous-déléguer et les personnes
à qui cette sous-délégation peut être faite".
M. de Belleval: Voulez-vous répéter?
M. Pagé: Retrancher du premier paragraphe de l'article 51
les mots "et indiquer dans l'acte de délégation les fonctions que
ces derniers peuvent sous-déléguer et les personnes à qui
cette sous-délégation peut être faite".
M. de Belleval: Bon!
M. Pagé: Cela se résume donc à dire que la
délégation pourrait être faite par l'office au
sous-ministre et aux dirigeants d'entreprises.
M. de Belleval: Le...
M. Pagé: Excusez, M. le Président, j'ai
écrit cet amendement à la main, de façon peut-être
un peu expéditive...
M. de Belleval: Non, j'ai très bien compris et je l'ai
dans la tête.
Le Président (M. Dussault): Alors...
M. de Belleval: Je suppose, M. le Président, que vous
allez déclarer cet amendement recevable.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, d'abord, je
pense qu'on considère l'article 50 comme étant suspendu.
M. de Belleval: On discute 50 et 51 en même temps, je suis
d'accord.
M. Chevrette: II y a eu un consentement.
M. Pagé: L'amendement est à l'article 51. Il y a un
consentement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Pagé: Là, où il y a consentement, il n'y
a généralement pas de problème.
Le Président (M. Dussault): D'accord. L'amendement vise
à soustraire du deuxième paragraphe, je m'excuse, du premier
paragraphe de l'article 51 les mots "et indiquer dans l'acte de
délégation les fonctions que ces derniers peuvent
sous-déléguer et les personnes à qui cette
sous-délégation peut être faite".
Cet amendement est recevable.
M. le ministre.
M. de Belleval: Alors...
M. Pagé: Le ministre s'apprête à nous dire
que non seulement il le juge recevable, mais il y souscrit.
M. de Belleval: Oh non! Certainement pas... M. Pagé:
Ah!
M. de Belleval:... parce que je suis contre les monstres et le
député de Portneuf vient d'en créer un. Je pense qu'il
vient d'égaler le record du maire de Montréal, qui disait que les
olympiques ne pouvaient pas plus faire un déficit qu'un homme pouvait
avoir une femme... avoir un enfant. On sait ce qui est arrivé; c'est le
premier cas de parthénogenèse au Québec depuis 300 ans. Le
député de Portneuf vient de faire la même chose; il vient
de créer quelqu'un qui est à moitié vierge et à
moitié putain, en ce sens qu'il serait insensé et dangereux sur
le plan de la non-partisanerie et du non-favoritisme de déléguer
des pouvoirs au directeur du personnel du ministère des Transports, mais
qu'il ne serait pas dangereux de le faire au sous-ministre des Transports. Je
n'ai pas besoin de lui rappeler qui était le sous-ministre des
Transports il y a quelques mois pour lui montrer sur quelle pente dangereuse il
s'est engagé, mais je ne vois pas en quoi...
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrive?
M. de Belleval: ... un sous-ministre...
M. Pagé: De qui parlez-vous?
M. de Belleval: ... serait plus vierge qu'un directeur
général du personnel.
Ou bien le pouvoir de délégation est valable ou bien il ne
l'est pas. Si le pouvoir de délégation est valable envers un
sous-ministre, je ne vois pas pourquoi ce pouvoir pourrait être
sous-délégué aussi à un autre fonctionnaire.
Là encore, revenons à quelque chose de concret. A qui allez-vous
faire accroire que le sous-ministre des Transports, par exemple, à
supposer qu'il soit plus à l'abri des motifs de partisanerie
alors qu'on sait très bien que les sous-ministres et les sous-ministres
adjoints dans notre système sont les seuls fonctionnaires qui font
l'objet de nominations discrétionnaires, sans concours à
supposer donc que cette personne soit en principe plus à l'abri des
soupçons que son directeur du personnel, à qui fera-t-on accroire
que c'est cet homme qui, effectivement, va pouvoir procéder à des
actes dont on parle à l'article 50, au paragraphe b)? On sait
très bien que cela n'a pas de bon sens, que le sous-ministre ne peut pas
faire cela, qu'il va être obligé de déléguer, lui
aussi. Donc, en pratique, la sous-délégation va revenir par la
porte d'en arrière. C'est ce que j'appelle une demi-hypocrisie.
Ou bien on admet le principe de la délégation ou bien on
le refuse complètement; on ne peut pas comme je le disais
être à moitié vierge et à moitié enceinte
excusez l'expression.
Là-dessus, je voudrais quand même expliquer de nouveau au
député de Portneuf le changement fondamental que fait le projet
de loi 50 par rapport à la situation actuelle. En vertu de la situation
actuelle, vous avez une commission plus ou moins autonome parce que,
évidemment, ses membres ne sont pas nommés par l'Assemblée
nationale; ils sont nommés par le gouvernement. Deuxièmement,
cette commission est amenée, par la force des choses, à
déléguer des choses; qu'elle le veuille ou qu'elle ne le veuille
pas, par la force des choses, elle est obligée de le faire. Mais cela se
fait dans un contexte coutumier plutôt que dans un contexte
réglementaire et législatif en bonne et due forme.
Troisièmement, cette commission est à la fois juge et
partie de son propre fonctionnement. Quand elle tient des concours, qu'elle
délègue par la porte d'en arrière de toute façon,
elle est appelée elle-même à juger de la validité de
ces concours quand une plainte ou quand un soupçon plane sur la
régularité d'un concours. Evidemment, elle est dans un conflit
d'intérêts.
Que fait la loi 50 de ce côté-là? La loi 50,
d'abord, clarifie les choses; elle termine cette espèce de conflit
d'intérêts dans lequel est un même organisme. Qu'est-ce
qu'elle fait? Elle met un organisme chien de garde, d'abord, qui
n'exécute rien, donc qui n'est pas placé en conflit
d'intérêts. Deuxièmement, elle crée un organisme
autonome en bonne et due forme, un office de recrutement qui n'a que cela
à faire, exécuter des concours de recrutement, des concours de
sélection, qu'il s'agisse de recrutement ou de promotion. On
prévoit cette fois-là explicitement, non pas par la bande comme
c'est le cas actuellement, par des pratiques non officielles une
délégation en bonne et due forme. De sorte que justement le chien
de garde sera alerté puisqu'on va lui sonner
des clochettes. On ne fera pas de délégation par en
arrière, ce sera officiel, ce sera public. Donc, il sera alerté,
il pourra en particulier surveiller la façon dont la
délégation est exécutée et non seulement il le
fera, mais l'office aussi le fera lui-même parce qu'elle conservera sa
responsabilité et elle saura qu'elle sera justement surveillée
sur cet aspect-là en particulier. Finalement, la
délégation se fera bien sûr parce qu'elle doit se faire et
en pratique elle se fait déjà.
Alors, l'amendement du député de Portneuf, j'aimais mieux
sa première position, sa position de principe du début. Elle
était contestable, mais au moins elle était logique. Mais
là avec son amendement, il vient de perdre toute logique parce qu'il
permet une délégation à un fonctionnaire éminemment
politique, un sous-ministre, qui est nommé en vertu de notre
système de façon discrétionnaire et quand je dis un
fonctionnaire éminemment politique, je ne dis pas un fonctionnaire
politique au sens partisan du terme, mais un fonctionnaire nommé
directement par l'autorité politique sans concours, sans système
de sélection au mérite. Alors, je ne vois pas en quoi sa position
se tient. Sa première position se tenait mieux.
M. Pagé: Je vais vous l'expliquer, M. le Président,
parce que j'ai un droit de réplique avant que le député
de...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Lorsque j'ai abordé la question de la
délégation, la sous-délégation à l'article
7, j'ai, somme toute, fait mon lit en ne souscrivant pas à ce principe
de délégation et de sous-délégation, j'en conviens.
Ce principe, on l'a discuté dans le débat en deuxième
lecture et je l'ai repris ce soir.
M. de Belleval: Franchement... D'accord. M. Pagé:
Je suis contre ce principe-là.
M. de Belleval: Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs, compte
tenu des arguments que je viens de vous...
M. Pagé: On pourrait revenir à la
responsabilité diluée, c'est-à-dire que le ministre... Je
vois déjà des cas de patronage et on va poser une question au
ministre et il va dire: Je ne suis pas responsable là-dedans, c'est
l'office et l'office va dire: Le pouvoir est délégué et on
aura l'occasion de vivre avec cette loi.
M. de Belleval: Et la commission va faire enquête et tout
ce monde-là va s'en laver les mains. Cela fait bien du monde à
s'en laver les mains.
M. Pagé: En tout cas, on verra. La motion que j'ai
présentée peut paraître ne pas s'inscrire dans une logique
par rapport à ce que j'ai évoqué à l'étude
de l'article 7, mais c'est certain, M. le Président. Je suis conscient
que le ministre tient à une délégation.
M. de Belleval: On ne peut pas faire autrement.
M. Pagé: Le ministre y tient. Je suis conscient que si
j'avais présenté une motion enlevant même tout pouvoir de
délégation à un sous-ministre ou à un dirigeant
d'entreprise, mon argument, ma motion aurait été battue en deux
temps, trois mouvements. Bien oui, parce que le ministre tient à la
délégation, lui.
M. de Belleval: Je n'y tiens pas, c'est la réalité
qui y tient. On peut faire comme les anciens catholiques et dire que la terre
ne tourne pas, mais comme disait Copernic, elle tourne, qu'est-ce que vous
voulez que j'y fasse? La délégation existe...
M. Pagé: On ne s'embarquera pas avec les catholiques et la
terre qui tourne à cette heure-là. On va rester...
M. de Belleval: C'est Copernic ou Galilée, je suis
peut-être...
M. Pagé: Oui, c'était plutôt Galilée,
selon moi. On vérifiera ça tous les deux en arrivant.
M. de Belleval: C'est Galilée.
M. Pagé: M. le Président, on peut suspendre aussi.
Je pars du principe que je ne suis pas d'accord avec la
délégation, je l'ai évoqué tantôt, si j'avais
présenté une motion enlevant tout droit de déléguer
à l'office, cela aurait été battu en deux temps, trois
mouvements. Ce pourquoi je me limite à une délégation
possible à un sous-ministre, c'est que le sous-ministre est sous-chef du
ministère. Le sous-ministre est responsable au même titre que le
ministre, ça faisait quelqu'un de responsable si la motion était
adoptée, je pense qu'elle ne le sera pas parce que le ministre a dit
qu'elle ne le serait pas ou tout au moins qu'il ne voterait pas en faveur.
Si cette motion avait été adoptée, ou si elle
était adoptée, le ministre serait responsable par le biais du
sous-ministre qui est le sous-chef du ministère, qui agit, et je pense
que c'est dans toutes les lois...
M. de Belleval: Cela va être délégué
au sous-ministre d'abord.
M. Pagé: Oui, mais il va le déléguer
à nouveau.
M. de Belleval: Mais il va être responsable quand
même.
M. Pagé: C'est que s'il y a des erreurs, s'il y a du
patronage, s'il y a un pouvoir arbitraire qui est utilisé, le
sous-ministre et le ministre pourront s'en laver les mains en disant: Cela a
été sous-délégué
au directeur du personnel qui malheureusement, dans les circonstances,
peu importe pour quel motif, pour des motifs qu'on ne connaît pas, a
utilisé son pouvoir de façon arbitraire en ce qui concerne la
promotion, la déclaration d'aptitudes de tel monsieur. Cela ne
réglera pas le problème. Autant avec la commission de la fonction
publique, c'était trop lourd, des concours, etc., chez les 12 000
fonctionnaires du ministère des Transports, autant ce sera difficile et
pratiquement impossible pour l'office en question de faire une inspection
adéquate c'est ce que je soutiens, je me trompe peut-être,
l'avenir le démontrera de toutes les questions
déléguées et de tous les sujets
délégués au directeur du personnel des Transports. On ne
règle pas le problème, on va en créer, M. le ministre.
M. de Belleval: Avez-vous une solution?
M. Pagé: C'est ce pourquoi je voudrais, par ma motion,
qu'il y ait quelqu'un de responsable là-dedans. Vous savez, c'est
important dans l'application des lois, qu'il y ait quelqu'un de responsable
devant l'Assemblée nationale.
M. de Belleval: II va rester responsable.
M. Pagé: Non, parce que le pouvoir aura été
délégué.
M. de Belleval: Bien voyons!
M. Pagé: Et vous n'en serez pas informé.
M. de Belleval: On va revenir à mon exemple du pilote
d'avion de tantôt. (23 heures)
M. Pagé: Je vois déjà le lavage de mains,
à deux mains, à part ça. C'est dans ce sens, M. le
Président, que je présentais ma motion, purement et simplement.
Evidemment, j'aurais pu présenter une motion faisant sauter toute cette
question de la délégation, mais le ministre y tient trop. C'est
ce qu'il a choisi, il a fait son lit là-dessus.
M. de Belleval: Je n'y tiens pas plus qu'à la Loi de la
gravité universelle, remarquez, mais je ne peux rien y faire.
M. Pagé: J'ai voulu minimiser, j'ai voulu aller au moindre
mal, j'ai voulu aller à ce qui était, somme toute, moins pire.
Là, le ministre me dit non. On aura à vivre avec ça et je
ne peux pas être en faveur d'un article comme celui-là, ça
va laisser place à de l'arbitraire, ça va laisser place à
du patronage et il y a trop de pouvoirs consentis à un seul homme
là-dedans, le recrutement, la promotion, tout ça.
Par surcroît, lorsqu'on arrivera à l'étude des
articles 116, 77, 64, 87 et tout cela, particulièrement à 116
pour ce qui est négociable ou non négociable. Encore, on aura
autant de questions, parce que demain, le gros du sujet va être ce qui
est négociable et ce qui ne l'est pas. Les parties semblent être
très éloignées. Vous dites que c'est négociable.
Chaque fois qu'on arrive avec quelque chose, c'est toujours
négociable.
M. de Belleval: J'ai bien hâte de vous entendre
là-dessus.
M. Pagé: J'ai surtout hâte de voir si ce qui est
négociable selon vous, va l'être, en réalité, dans
l'application de cette loi.
M. de Belleval: -C'est écrit dans la loi. C'est clair.
M. Pagé: II y a beaucoup d'interprétations. M. le
Président, j'invite le ministre à réviser sa position et
à voter pour ma motion. On aura enfin quelqu'un de responsable, en vertu
des articles 50 et 51 et quand il y aura quelque chose qui ne fera pas, on
pourra soulever des questions à l'Assemblée nationale. On pourra
demander au ministre ce qui s'est passé chez lui, ce qui est
arrivé? Jos Bleau avait droit à une promotion, il ne l'a pas eue
pour tel ou tel motif. Lui sera responsable, parce que c'est son sous-ministre,
son sous-chef, qui agit. Mais avec votre loi, cela va se diluer dans les
méandres de la sous-délégation et du lavage de mains, cela
va être vrai.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, sur la motion qui a
été soulevée par le député de Portneuf, je
pense que l'élément essentiel qu'on doit retenir des propos qui
ont été tenus sur ce point particulier de la
responsabilité, c'est que toute responsabilité, du moment qu'elle
est répartie et morcelée ainsi, en de nombreux paliers en
même temps, dans un contexte donné comme celui du projet de loi
actuel, elle devient moins une autorité responsable
identifiée.
Je me demande où on va situer notre possibilité de
recours, même en tant que membres de l'Assemblée nationale,
à qui on va s'intéresser comme autorité responsable dans
un tel contexte de la loi.
Je comprends que, du côté du ministre, ce n'est pas facile
non plus de trouver une solution, comme il le disait, pour essayer de tracer la
ligne. Mais ce n'est pas parce que c'est difficile de trouver une solution
qu'on doive prendre non plus la première planche qui se présente
en disant: On va s'accommoder avec cela. Cela me donne un peu l'impression que
la responsabilité va être en caoutchouc, c'est-à-dire
qu'elle va rebondir du sous-ministre au ministre, à un chef de section
ou ailleurs.
M. de Belleval: D'accord.
M. Brochu: Finalement, on risque de ne pas être capable
d'identifier la fameuse responsabilité.
M. de Belleval: D'accord.
M. Brochu: Dans le concept vous me passerez l'expression,
je le dis d'une façon générale d'un gouvernement
même responsable, vous dites que vous êtes un gouvernement
responsable, c'est-à-dire que vous voulez avoir les leviers de vos
décisions, en assumer l'entière responsabilité, les mener
à terme et tout cela. Au même moment, lorsqu'on arrive dans un
projet de loi comme celui-ci, vous êtes prêt à
"désidentifier" ou à diluer la personnalité
responsable.
Comment conciliez-vous ce...
M. Pagé: Le général ne se tient pas
responsable de ses petits colonels. C'est cela le problème.
M. de Belleval: Votre question est très pertinente, je
l'avoue. C'est le problème de toutes les grandes organisations, de
toutes les grandes bureaucraties, qu'elles soient privées ou publiques,
d'ailleurs. C'est le problème de toutes ces grandes bureaucraties
d'identifier finalement le patron. Vous imaginez-vous le problème que
cela peut représenter, dans une fonction publique comme celle des
Etats-Unis, où il y a aussi une commission de la fonction publique,
où on s'apprête à créer, selon la proposition du
président Carter, un office de sélection, un office de
recrutement, séparé de la commission actuelle, pour les
mêmes principes, entre autres pour régler ce problème de
juge et partie qu'on retrouve dans les commissions actuelles?
Vous imaginez-vous la chaîne de délégations qui
existe dans une bureaucratie semblable entre les trois ou quatre commissaires
qui sont à la tête de l'organisation et les centaines et
probablement les milliers de ramifications d'une fonction publique comme celle
des Etats-Unis d'Amérique? Elle a elle aussi ce problème,
partout. Plus l'organisme, d'ailleurs, s'amplifie et grossit, plus les
problèmes de respect de la chaîne et de contrôle à
partir du sommet sont difficiles. Tous ces organismes sont pris dans le
dilemme, à savoir s'ils vont périr sous leur propre poids en
matière de contrôle et de bureaucratisation ou bien s'ils vont
jouer les règles du jeu que j'identifie presque à ce que je
disais tantôt, des lois de la nature, la loi de la gravité
universelle qui veut que, si vous voulez avoir une organisation qui fonctionne,
vous êtes obligés de déléguer des pouvoirs. Si
l'empereur veut tout gouverner à partir de son trône, c'est
évident que son empire va s'écrouler dans l'insignifiance et
l'incompétence. S'il ne veut pas tout contrôler, s'il veut avoir
un peu d'efficacité, il sera bien obligé de
déléguer des pouvoirs à des gens et d'essayer quand
même de maintenir une cohérence à travers tout cela.
On n'est est évidemment pas rendu à la complexité
d'un organisme comme l'organisme bureaucratique de la fonction publique
fédérale américaine, mais, nous aussi, on administre un
nombre considérable d'individus. On doit motiver nos gestionnaires. Pour
les motiver et les rendre efficaces, il faut leur confier des
responsabilités. En même temps, il faut encadrer tout cela, au nom
de l'intérêt public, de mécanismes de contrôle et de
mécanismes de sauvegarde de l'intérêt public et de
non-partisanerie, de non-ingérence, de non-favoritisme.
On essaie de trouver le juste milieu, mais, si on se voile les yeux et
qu'on dit qu'il n'y aura pas de délégation, qu'on est contre la
délégation, c'est comme si on disait: On est contre la loi de la
gravité universelle; c'est bien malheureux, mais, à partir de
maintenant, les pommes ne tombent plus des arbres, elles montent dans les
arbres. Qu'est-ce que tu veux, ce n'est pas comme cela que cela marche. Ce
n'est pas comme cela non plus que cela marche en matière de gestion de
la fonction publique.
Là encore, si je présentais un principe nouveau dans le
monde entier, dans les démocraties occidentales, en Amérique du
Nord, au Canada même, mais non, nos amis d'en face, qui portent si
fièrement le drapeau de l'Etat fédéral à leur
boutonnière, quand je prends même l'exemple de leurs grands
frères d'Ottawa, ils se voilent les yeux et ils disent: Cela ne se peut
pas, ce n'est pas possible. S'ils font cela, c'est du patronage qu'ils doivent
faire, c'est épouvantable tout ce qui doit se passer à Ottawa;
eux qui admirent tant cet organisme, cette organisation centrale. Que
voulez-vous que je vous dise? Ils refusent de voir la réalité ou
bien, s'ils ne la refusent pas... Je suppose que le sourire du
député de Portneuf reflète, au fond, davantage...
M. Pagé: Pour le bénéfice du journal des
Débats, je ne souris point.
M. de Belleval: ... le désir d'argumenter pour argumenter,
avec d'autres choses.
Je pense que, si on revient à la réalité...
M. Chevrette: Cela ne paraîtra jamais!
M. de Belleval: ... on va admettre que la
délégation existe déjà, que la
sous-délégation, d'ailleurs, existe déjà, en
pratique, qu'on ne peut rien y faire. Mais, ce qui est important, c'est de le
reconnaître, de cesser de se voiler la face et d'organiser cela d'une
façon maintenant cohérente, explicite, publique et de donner des
mécanismes additionnels qu'on n'a pas actuellement pour encadrer cela et
faire que cela se déroule de la meilleure façon possible.
Là, on se pose une paire de bretelles, on se met une ceinture, un
parachute, on "pad " cela partout de caoutchouc et on en veut davantage. Je ne
le sais pas, mais, à mon avis, on est rendu à la limite, on va
sombrer dans l'absurdité, si on continue, dans le domaine des
pare-chocs. On va être bien "paddé", mais on ne sera plus capable
de bouger. On va être transformé en pachyderme.
M. Pagé: Je conçois que...
M. de Belleval: M. le Président, devant tout cela, comme
je le dis, devant le fait qu'il n'y a rien là, au fond, quand on fait le
tour et qu'on se compare à ce qui existe ailleurs et qu'on regarde
la réalité, qu'on arrête de se voiler la face, de
déchirer son linge et de se mettre de la poussière sur la
tête.
M. Pagé:... linge, mais on veut vous mettre en garde.
M. de Belleval: ... Je pense qu'on se rend compte que ce qu'on
suggère actuellement est raisonnable. C'est ce qui existe ailleurs. Je
dirais même que c'est encore mieux protégé.
M. Brochu: Cela ne me rassure pas lorsque le ministre nous dit
simplement qu'il n'y a rien là.
M. de Belleval: Seulement un petit mot. D'ailleurs, je dois dire
que parmi toutes ces abominations dont on soulève la possibilité,
on a ajouté une chose, un droit d'appel des mécanismes de
sélection, ce qui n'existe pas actuellement. C'est ce qui me fait dire
qu'on a un parachute, une paire de bretelles et une paire de...
M. Pagé: Continuez comme cela, vous allez vous
péter les bretelles au début, et après cela vous allez
péter votre parachute. C'est ce qui va arriver.
M. de Belleval: Une paire de ceintures, des souliers à
crampons avec un recouvrement en acier, etc.
M. Pagé: Continuez comme cela, oui. La motion, M. le
Président?
M. de Belleval: On est chromé.
M. Brochu: Cela ne me rassure pas, même si vous avez tout
cet équipement.
M. Pagé: ... un chapeau à parachute et on est
chromé. Est-ce assez fort?
M. de Belleval: Un chapeau dur.
M. Brochu: Ce que je retiens des derniers propos du ministre,
c'est un constat de difficultés majeures qui se posent au niveau de
l'organisation d'une fonction publique. Cela a été, d'ailleurs,
une des premières constatations que le président Carter ait
faites aux Etats-Unis lorsqu'il a pris le pouvoir. On se rappellera ses
premières déclarations dans lesquelles il se disait un peu
époustouflé devant l'envergure des problèmes que cause une
fonction publique à une aussi large échelle.
M. de Belleval: Entre autres, le fait qu'il ne pouvait pas mettre
à la porte autant de fonctionnaires qu'il pensait pouvoir le faire avant
de devenir président.
M. Brochu: Ici, évidemment, il y a des problèmes un
peu similaires qu'on peut...
M. Pagé: Constatation...
M. de Belleval: On n'a pas le "spoil system" ici. Aux Etats-Unis,
la très haute fonction publique est amovible. Ce n'est pas notre cas. On
ne peut pas s'engager là-dedans non plus.
M. Pagé: Combien y a-t-il de sous-ministres qui ne sont
plus les mêmes depuis le 15 novembre?
M. de Belleval: Deux ou trois peut-être. M. Brochu:
Qui ont été mutés ou...
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'il y en a un ou deux qui
sont allés au niveau fédéral, peut-être... C'est
à peu près tout.
M. Pagé: D'autres ont été
prêtés à des villes, etc. Revenons à la motion.
M. Chevrette: Rejetée sur division.
M. Brochu: Ce que je veux dire vous me permettrez de
conclure là-dessus c'est que le ministre fait quand même le
constat suivant: Est-ce qu'un jour ou l'autre on va devoir périr sous le
poids, sous le fardeau de cela? Tout ce qu'on fait actuellement, c'est qu'on
tente de déplacer le problème, jusqu'à un certain point.
C'est un peu cela. Je comprends qu'on ne réglera pas dans ce projet de
loi tout le problème de la fonction publique et toutes les
difficultés auxquelles les fonctionnaires et les administrateurs ont
à faire face. C'est pour cela que je vous disais que la
responsabilité m'apparaissait un peu comme une balle de caoutchouc qu'on
était en train d'étendre et de diluer. L'ensemble du
problème ressemble un peu à cela. Actuellement, on déplace
un peu le problème en espérant qu'en le déplaçant
à un autre niveau il soit moins pire.
M. de Belleval: Non, enfin.
M. Brochu: Si on prend sur le plan pratique ce qu'on a
discuté depuis tout à l'heure, les décisions quant aux
différentes affectations qu'on a mentionnées vont être
prises à d'autres paliers, soit au niveau du sous-ministre ou à
d'autres niveaux, surtout à des niveaux autres que ceux du ministre et
du sous-ministre. N'oubliez pas que vous allez avoir des pressions qui vont
être politiques et même d'autres natures. Lorsque vous arriverez
dans des secteurs où, il y aura des conflits internes de
personnalité ou autre chose, le lendemain matin où vous allez
transmettre votre pouvoir, vous allez envoyer votre balle de caoutchouc dans ce
secteur. Ne vous imaginez pas qu'il n'y en aura pas qui auront de belles
parties de plaisir à dire: Lui, ça fait assez longtemps que je le
vois ici, ou qu'il y ait question de mutation ou d'augmentation ou quoi que ce
soit. Alors, ce qui me fait dire que, en somme, on déplace le
problème de quelque façon.
M. de Belleval: Je vous répondrai de cette façon.
Selon l'expérience des autres pays et des
autres provinces, c'est un pouvoir qui doit être exercé
avec prudence. Là-dessus, d'ailleurs, l'office, comme la nouvelle
Commission de la fonction publique, va attirer l'attention du ministre ou de
l'office si elle exerce son pouvoir de façon imprudente,
c'est-à-dire qu'elle délègue ou
sous-délè-gue trop de choses, sans suffisamment de
cohérence et de garde-fous. C'est évident. La solution ultime,
à mon avis, c'est d'alléger surtout nos bureaucraties.
Moi, personnellement, je rêve d'un Etat où on aura des
administrations plus légères que celles qu'on a actuellement. Je
donne toujours l'exemple du ministère de l'Education de la Suède,
qui est un pays un peu plus important que le nôtre. Il y a 300 personnes
au ministère de l'Education en Suède. Les Suédois ont un
système de gestion différent. C'est plutôt vers ces
solutions qu'il faut aller.
Il faut alléger notre bureaucratie, parce que le danger, c'est
comme pour tous les empires, qu'ils croulent sous leur propre masse.
M. Brochu: ...
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'on est prêt
à voter sur l'amendement à l'article 51?
M. Chevrette: Oui.
M. de Belleval: II faudrait adopter l'article 50 d'abord.
M. Pagé:50?
M. de Belleval: A 50, vous êtes d'accord?
M. Chevrette: Adopté.
M. Pagé: Article 50 adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 50... C'est
ça, en fait. Quant à moi, je veux bien être très
souple, MM. les députés de cette commission, mais il y a un
certain ordre qu'il faudrait suivre. Il y avait un amendement. On vous demande
d'abord si l'amendement à l'article 51 est adopté.
M. Pagé: Adopté, M. le Président. M. de
Belleval: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Alors, rejeté sur
division.
Est-ce que l'article 50 est adopté?
M. Brochu: Adopté.
M. Pagé: Adopté. (23 h 15)
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 51 est
adopté?
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Les articles 50 et 51...
M. Brochu: Sur division.
Le Président (M. Dussault): ... sont adoptés.
L'article 51, sur division. J'appelle l'article 52.
M. Chevrette: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 52 est
adopté...
M. de Belleval: M. le Président, le député
de Portneuf a des problèmes d'horaire. Je pense qu'il est normal qu'on
s'entraide dans cette fin de session où nous avons tous des
difficultés personnelles et autres. Je le remercie de sa collaboration,
de toute façon, ce soir...
M. Pagé: Habituelle et légendaire.
M. de Belleval: ... légendaire....
Une Voix: La modestie ne l'étouffe pas.
Le Président (M. Dussault): Si je comprends bien, M. le
ministre, vous demandez l'ajournement des travaux de cette commission.
M. de Belleval: Je vous propose l'ajournement du débat
jusqu'à demain, dix heures, si j'ai bien compris.
M. Pagé: Non, sine die. On siège en Chambre.
M. de Belleval: Sine die. C'est vrai, à cause de la
Chambre.
Le Président (M. Dussault): Comme nous aurons besoin d'un
ordre de la Chambre, je dois ajourner les travaux sine die.
M. de Belleval: D'accord.
(Fin de la séance à 23 h 17)