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Etude du projet de loi no 50
(Quinze heures huit minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous allons reprendre les travaux. Le temps de donner les explications
de départ, le député de l'Union Nationale a des chances
d'arriver.
Nous allons donc reprendre les travaux de la commission parlementaire
élue permanente de la fonction publique réunie aux fins de faire
l'étude, article par article, du projet de loi no 50 intitulé Loi
sur la fonction publique.
Sont membres de cette commission: M. Brochu (Richmond) remplace M.
Bellemare (Johnson); M. Gagnon (Champlain) remplace M. Bisaillon
(Sainte-Marie); M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de Belleval
(Charlesbourg); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplace M. Garneau
(Jean-Talon); M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M. Jolivet
(Laviolette), M. Pagé (Portneuf).
Pourraient être intervenants: M. Beauséjour (Iberville), M.
Lacoste (Sainte-Anne), M. le Moi-gnan (Gaspé), M. Martel (Richelieu),
Mme Ouellette (Hull), M. Picotte (Maskinongé) remplacé par M.
Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Vaillancourt (Orford).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux lors de la
dernière séance...
M. Pagé: Je crois que la décence la plus
élémentaire à l'égard de nos collègues de
l'Union Nationale...
M. de Belleval: On va attendre M. Brochu.
M. Pagé: ... serait de les attendre quelques minutes.
M. de Belleval: Ah oui!
M. Pagé: Par surcroît, je suis informé que
celui-ci devra se faire remplacer pour la séance de ce soir. Alors, il y
aura soit un consentement à demander aux membres de cette commission ou
encore à vous donner des avis. Je crois qu'il y aurait lieu de suspendre
la séance et d'attendre que M. Brochu arrive.
Le Président (M. Dussault): Pour terminer: Au moment
où nous avons ajourné nos travaux, nous avions adopté
l'article 52.
Comme la commission semble le désirer, nous allons suspendre nos
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 10)
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Dussault): Nous reprenons les travaux de
la commission et j'appelle l'article 53.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... avant d'aborder l'étude de l'article
53, vous me permettrez d'intervenir pour formuler quelques commentaires dans un
premier temps et en arriver éventuellement avec une motion dans un
deuxième temps.
M. le Président, mercredi après-midi, avant d'amorcer
l'étude du projet de loi 50 article par article, nous, les
représentants de l'Opposition officielle, avons présenté,
appuyé par notre bon ami, notre collègue, le député
de Richmond, une motion demandant d'entendre à la commission
parlementaire de la fonction publique les représentants des syndicats
affectés par le projet de loi 50. Je ne reprendrai pas les motifs que
j'ai invoqués à ce moment-là au soutien de la
présentation de la motion. (15 h 15)
La motion a été refusée. Ce que nous demandions
effectivement, c'était uniquement que les parties puissent se faire
entendre sur le projet de loi pendant quelques heures, pendant trois heures.
Cela a eu la suite qu'on a connue, M. le Président: Hier matin,
plutôt que d'avoir les représentants syndicaux avec nous pour
échanger et se donner des informations mutuellement sur le contenu ou
les inquiétudes qu'il pouvait y avoir face au projet de loi, ils
n'étaient pas ici à cette commission, mais en avant du Parlement.
Par surcroît, on a eu de la difficulté à entrer.
M. le Président, la situation a évolué de
façon assez sensible depuis mercredi après-midi. Aujourd'hui, non
seulement plusieurs secteurs de la fonction publique québécoise,
mais toute la fonction publique québécoise a été
particulièrement affectée dans ses activités quotidiennes.
Chacun des parlementaires a constaté ce matin qu'il y avait
peut-être 4000 personnes devant le Parlement à un moment
donné. Les activités du ministère de la Justice ont
été perturbées; j'ai eu l'occasion de communiquer avec le
palais de justice à Québec ce matin et il n'y avait pas beaucoup
de travail qui se faisait là. Les activités de la commission
d'enquête sur le crime organisé à Québec ont
été paralysées; les bureaux du gouvernement du
Québec au 200, chemin Sainte-Foy, et particulièrement au
ministère de l'Agriculture du Québec et au ministère des
Terres et Forêts ont été fermés toute la
journée; la même chose à la Place d'Youville pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières; la
même chose à Montréal; la même
chose au palais de justice de Montréal; la même chose
à Rimouski, à Sherbrooke et un peu partout dans la province.
Sachez, M. le Président, que je n'ai pas d'appréhension,
mais j'ai tous les motifs raisonnables et probables de croire que la situation
pourra encore prévaloir jusqu'à lundi.
M. le Président, on est dans une situation qui est certainement
très malheureuse, que je déplore personnellement et que
l'Opposition officielle... Je pense que tous les parlementaires sont unanimes
à déplorer la situation qui prévaut actuellement et
particulièrement ce qui s'en est suivi hier à l'Assemblée
et ce qui s'en suit en termes d'activités gouvernementales
courantes.
Ce matin, M. le Président, à l'Assemblée nationale,
des questions ont été posées au gouvernement sur ce qu'il
entendait faire avec tout cela et particulièrement, M. le
Président, des questions ont été posées au premier
ministre, le chef du gouvernement. En mon absence vous savez qu'hier
soir on a fini très tard, M. le Président; je suis arrivé
quelques minutes en retard le député de Gatineau, M.
Gratton, a demandé au premier ministre si celui-ci entendait suspendre
l'étude du projet de loi no 50, article par article, compte tenu des
requêtes formulées, de l'opposition massive qu'on connaît
depuis quelques jours à l'adoption de cette loi et ce par les
travailleurs mêmes qui sont visés.
Le premier ministre dans sa réponse a semblé, a voulu
mettre en doute la représentativité des leaders syndicaux ou de
ceux qui pouvaient protester, se référant probablement en cela au
fait qu'hier matin il y avait 200 ou 300 personnes ici près des
édifices gouvernementaux. Mais ce matin, ce n'étaient pas 200 ou
300 personnes. C'étaient des milliers de personnes et la situation a
été perturbée partout à travers le Québec.
Ce ne sont pas seulement quelques personnes. Je crois que les leaders syndicaux
représentent les aspirations de la très grande majorité
des travailleurs de la fonction publique et de ceux qui seront
éventuellement visés par le projet de loi 50.
Ceci dit, M. le Président, pour rétablir un peu ce que le
premier ministre a évoqué ce matin au chapitre de la
représentativité des leaders dans le mouvement de contestation,
je voudrais vous faire part de ce que le premier ministre a informé la
Chambre qu'il était disposé à rencontrer les
représentants syndicaux au début de la semaine. Le premier
ministre a déclaré que son ordre du jour était très
chargé jusqu'à dimanche prochain. Je me permets, M. le
Président, de citer le texte du premier ministre, le 16 juin 1978
à 10 h 31, à la page R/3494 de notre journal des Débats.
Le premier ministre, M. Lévesque, répondant aux questions du
député de Gatineau, M. Gratton: "Mais au début de la
semaine, s'ils le veulent, on verra comment les contacter à propos de la
dialectique... Vous savez, le premier ministre des fois prend des
voies... il parle de beaucoup de choses en même temps Je
rappellerai en terminant au député qu'au début de la
semaine, si l'étude article par article, qui est, je pense, le travail
qu'on pourrait appeler semi-technique, se- mi-professionnel de
l'Assemblée nationale, est terminée en commission, la
troisième lecture reviendra devant l'Assemblée nationale, si on
arrive avec des idées concrètes qui paraissent valables, je pense
que toute l'Assemblée nationale pourra apporter des amendements en
troisième lecture", tout ça. Le premier ministre a clairement
indiqué qu'il était disposé à rencontrer les
représentants, mais au début de la semaine, parce que son agenda
était fort chargé.
M. le Président, j'ai confiance que cette rencontre avec le
premier ministre, des représentants du Syndicat de la fonction publique
et des représentants du Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec, puisse aboutir ou tout au moins en arriver éventuellement
à une entente sur ce problème qu'on connaît actuellement.
Je ne veux pas revenir à la question de fond, je vous indique que je
crois que les membres de l'Assemblée nationale, les membres de la
fonction publique sont en droit de présumer et de s'attendre à
des résultats concrets, tangibles, spécifiques, suite à la
rencontre avec le premier ministre au début de la semaine prochaine.
Demande de suspension de l'étude des articles
du projet de loi no 50
M. le Président, pour ces motifs, compte tenu que le premier
ministre a accepté de rencontrer les représentants syndicaux au
début de la semaine, compte tenu que de cette rencontre peuvent
découler des modifications, des amendements au projet de loi 50 que nous
sommes actuellement à étudier, compte tenu, de plus, qu'il n'est
pas souhaitable c'est le voeu que je formule qu'on rejette du
revers de la main une motion comme celle-là un peu comme cela a
été fait mercredi sur la motion d'amendement à la
commission d'entendre les parties parce que les appréhensions et
les informations qu'on a sont à l'effet que ça n'ira probablement
pas mieux lundi matin qu'aujourd'hui et c'est pénible, non seulement
pour les travailleurs eux-mêmes, mais pour le gouvernement, pour les
activités, pour le public, etc., je fais motion pour que la
commission accepte de suspendre l'étude des articles du projet de loi
50, Loi sur la fonction publique jusqu'à ce que les représentants
du Syndicat de la fonction publique du Québec et du Syndicat des
professionnels du gouvernement du Québec aient rencontré le
premier ministre, M. René Lévesque.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous pourriez me
fournir le texte de votre motion, M. le député de Portneuf?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez en faire la lecture, M. le
Président, parce que je voudrais parler de la recevabilité.
Le Président (M. Dussault): La motion serait à
l'effet de "suspendre l'étude des articles du projet de loi 50, Loi sur
la fonction publique, jusqu'à ce
que les représentants du SFPQ et du SPGQ aient rencontré
le premier ministre, M. René Lévesque'. Je vais entendre les
membres de cette commission sur la recevabilité de cette motion.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une directive
à vous demander. Est-ce que dans votre esprit, dès qu'une motion
est présentée, on se doit de plaider sur sa recevabilité?
Il y a, de plein droit, des motions qui sont recevables.
Le Président (M. Dussault): Oui.
M. Pagé: Entre autres, une motion pour suspendre
l'étude d'un projet de loi à la commission est, non seulement de
plein droit, mais de facto, par la coutume qui s'est établie ici
à l'Assemblée nationale, recevable, M. le Président. Je ne
vois pas en quoi on devrait perdre des minutes précieuses. Remarquez
bien que le sens de la motion n'est pas dilatoire, c'est strictement pour
améliorer la condition de la situation qui prévaut actuellement.
C'est une motion sérieuse. Je ne crois pas qu'il soit opportun de parler
pendant vingt minutes sur la recevabilité de la motion. Elle est, de
plein droit, recevable.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Joliette-Montcalm. Vous avez raison, M. le
député, je pourrais la recevoir immédiatement, mais il
est, dans le règlement, du droit du président de consulter la
commission. J'ai besoin de consulter la commission sur la recevabilité
de cette motion. M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je dois vous rappeler un
fait qui n'est pas passé inaperçu à l'Assemblée
nationale. Il est vrai que le député de Gatineau a posé
une question quant à la lettre adressée au premier ministre.
Effectivement, le premier ministre a répondu qu'il y avait
possibilité de rencontre. Et ceci a été fait à la
période de questions, donc avant les avis à la Chambre, avant que
le président de l'Assemblée nationale ne donne ordre à la
commission de la fonction publique de siéger pour continuer
l'étude article par article du projet de loi 50. Ceci était
avant.
La Chambre savait donc, à ce moment-là, qu'il y avait une
possibilité de rencontre lundi. Mais malgré tout,
l'Assemblée nationale a donné l'ordre de siéger...
M. de Belleval: Unanimement.
M. Chevrette: ... et cela, unanimement, avec l'accord de tous les
partis politiques, l'Union Nationale, le Parti libéral, et on savait
à ce moment-là que cette rencontre allait avoir lieu. Donc, je
crois que la motion est carrément irrecevable, dans ce contexte, puisque
c'est un ordre de la Chambre et qu'on doit continuer à faire comme si
rien n'existait. On étudie le projet de loi article par article et on
verra si les rencontres portent fruit et s il y a des changements
éventuels. Il y a toujours possibilité d'en tenir compte au
niveau de la troisième lecture, et de voir à présenter des
amendements.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Sur la question de la recevabilité de la motion
qui vient d'être présentée par mon collègue le
député de Portneuf. J'aimerais aussi apporter quelques
opinions.
M. le Président, c'est reconnu dans notre règlement aussi
que la commission est maîtresse de ses procédures et de ses
travaux, au point de départ. Je pense que c'est le premier constat qu'on
doit faire en ce qui concerne nos règlements.
Deuxièmement, je vous rappellerai qu'à différentes
occasions, même à plusieurs occasions on pourrait vous
citer différents cas des motions telles que celle qui a
été présentée il y a quelques minutes par le
député de Portneuf ont été présentées
dans le passé et ont été également
immédiatement reçues, je vous rappellerai seulement, M. le
Président, pour aider la décision que vous allez rendre
bientôt, le cas de la Loi de l'assurance automobile, la loi 67 qui a
été étudiée en commission parlementaire article par
article où la commission parlementaire avait le même mandat que
nous avons aujourd'hui celui d'étudier un projet de loi article par
article tel que celui qui est devant nous actuellement.
A un moment donné, il s'est avéré qu'on a
demandé d'avoir une étude de coûts en ce qui concernait
l'application du nouveau Régime d'assurance automobile. Compte tenu du
fait que cette évaluation des coûts n'était pas
prête, on a présenté une motion, à ce
moment-là, pour suspendre l'étude du projet de loi 67. La motion
a été reçue, non seulement elle a été
reçue, mais elle a été acceptée, de sorte qu'on a
suspendu les travaux de la commission jusqu'à ce qu'on ait justement
cette étude sur les coûts et qu'on puisse continuer la discussion
avec ces éléments nouveaux dont on avait besoin pour fins de
discussions.
Je vous rappellerai également, M. le Président, aux fins
de rendre votre jugement, qu'au moment où on recommence les travaux de
notre commission parlementaire aujourd'hui, nous avons sur la table des faits
nouveaux, oui, des faits nouveaux, premièrement, dans le
télégramme auquel on a fait allusion ce matin à la
période des questions auxquelles a répondu le premier ministre,
télégramme qui a été envoyé par M.
Harguindeguy qui a mentionné son intention, son souhait, son
désir de rencontrer les plus hautes instances du gouvernement pour faire
état de la situation, d'une part. Premier fait nouveau.
Deuxième fait nouveau. Je vous rappelle que le premier ministre,
dans sa réponse, a indiqué une ouverture d'esprit en ce qui
concerne une rencontre éventuelle qui doit avoir lieu au début de
la semaine. Le premier ministre reconnaisssait
donc un bien-fondé à la demande du président du
Syndicat des fonctionnaires du Québec. Le premier ministre je
vous le rappelle, M. le Président a indiqué à ce
moment-là que si la rencontre n'avait pas lieu aujourd'hui, ou demain,
ou dimanche, c'est que son programme était trop chargé.
C'était donc tout simplement une difficulté d'horaire. Il a dit
qu'il serait prêt tout simplement lundi matin ou lundi dans la
journée à effectuer cette rencontre.
M. le Président, je porte ces faits à votre attention pour
vous indiquer que, pour que nos travaux puissent être continués de
la meilleure façon possible, vous devez recevoir dans un premier temps
la motion du député de Portneuf, premièrement, parce
qu'elle est tout à fait recevable en vertu des règlements,
deuxièmement, parce qu'elle s'appuie sur des faits nouveaux qui vont
aider la commission à procéder davantage.
Je vous rappelle également et ce n'est pas
l'élément le moins important que la commission, dans ce
sens, est maîtresse de ses travaux et que le tout est conforme aux
dispositions de notre règlement et aux us et coutumes
également.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, de la commission...
Oui, M. le député de Jacques-Cartier. (15 h 30)
M. Saint-Germain: II est entendu que l'ordre de la Chambre qui
fait que nous siégeons cet après-midi, a été fait
sans condition. Comme on l'a dit antécédemment, nous sommes
maîtres de nos travaux. Si nous jugeons bon de suspendre nos travaux,
croyant que de la sorte le projet de loi pourrait être bonifié
à cause d'une rencontre entre les représentants syndicaux et le
premier ministre, je crois que cette commission est tout à fait libre de
le faire. La Chambre, à ce point de vue, ne nous a imposé aucune
restriction. Il en reste tout de même que si la commission veut
décider ou croit que suspendre nos travaux serait positif, il faut tout
de même laisser à la commission la possibilité d'en
discuter et de prendre position sur la motion du député de
Portneuf, qui est une motion tout à fait régulière. Cette
motion ou des motions tout à fait semblables ont été
acceptées et reçues par le président sans discussion, lors
de l'étude en commission ou lors du travail d'une commission qui a
été convoquée dans le passé, d'une façon
tout à fait semblable, à l'ordre de la Chambre que nous avons
reçu ce matin.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Seulement quelques mots, encore une fois. Sans
vouloir exprimer ma surprise de l'appel que vous avez fait en demandant aux
membres de la commission si elle était recevable ou non, je voudrais
vous faire part qu'en vertu des us et coutumes, en vertu d'une pratique depuis
longtemps admise qui témoigne d'une connaissance de notre
règlement, les présidents de commissions acceptent
immédiatement, lorsqu'elles sont présentées, les motions
formulées par quelques membres de celles-ci, demandant de suspendre les
travaux. Je suis convaincu qu'elle est recevable. J'ai la conviction que vous
allez la recevoir. Il y a peut-être eu un ordre de la Chambre qui a
été donné ce matin. Vous savez, dans un ordre qui est
donné par la Chambre, c'est le leader du gouvernement qui, somme toute,
livre à la Chambre, à l'information des députés, le
nombre et les commissions qui étudieront des projets de loi pendant la
journée. C'est une motion qui, encore une fois, en raison de la coutume,
n'est pas débattable, et par surcroît, les membres de la
commission parlementaire, le député de Limoilou, le
député d'Abitibi-Est ou Ouest, je ne me rappelle jamais...
M. Gendron: Ouest.
M. Pagé: ... le député de Joliette-Montcalm,
le député de Jacques-Cartier, le député de Richmond
le député de Charlesbourg et moi-même ne pouvions pas avoir
la possibilité, de par notre règlement, de nous concerter, de
nous consulter et de prendre une décision face à un tel avis
invoqué par le leader du gouvernement et, par surcroît, M. le
Président, il est admis qu'une commission est maîtresse de ses
travaux. Nous sommes la prolongation de l'Assemblée nationale. On peut
faire, on peut présenter ici des motions, les adopter. On peut juger
opportun de mettre fin à nos travaux. On peut juger opportun de faire
rapport à la Chambre. On peut juger, M. le Président, opportun de
prendre toute une gamme, toute une foule de décisions que je ne voudrais
reprendre ici.
M. le Président, c'est recevable et je voulais, dès que
vous l'aurez déclaré reçue, M. le Président, que
vous me permettiez de soumettre, le plus respectueusement possible, aux membres
de la majorité ministérielle, les nombreux motifs qu'ils auraient
à voter pour une telle motion.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je vous remercie de
l'éclairage que vous avez apporté au président. Je dois
dire que beaucoup d'arguments qui ont été apportés
relevaient plus du fond que de la forme, ce sur quoi le président
s'attend habituellement à recevoir des arguments.
La commission parlementaire siège sur un ordre de la Chambre. Je
rappelle que l'ordre de la Chambre n'est pas un ordre du leader du
gouvernement, mais un ordre voté par l'Assemblée nationale.
M. Charron: Unanimement.
Le Président (M. Dussault): Unanimement, d'ailleurs, et
ça, vous l'avez tous rappelé, d'ailleurs, dans votre
argumentation.
M. Pagé: Question de règlement. Est-ce que le
leader du gouvernement est membre de la commission?
Le Président (M. Dussault): Non, le leader du gouvernement
n'est pas membre de la commission. Je le prierais de ne pas intervenir.
M. Chevrette: II a seulement soufflé.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît! Je l'ai entendu et c'est pour ça que je me suis
permis de faire la remarque, M. le député...
M. Chevrette: C'est moi que vous cherchez?
Le Président (M. Dussault): ... dont le comté
m'échappe, mais qui, de toute façon, n'a pas non plus droit de
parole à cette commission.
M. Chevrette: il se fie à moi. il voulait que je le
dise.
M. de Belleval: Le député de Saint-Maurice.
M. Pagé: On constate que le député de
Saint-Maurice est même très connu dans son caucus.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît! Si vous ne voulez pas qu'on perde de temps, je pense qu'il
faudrait, le plus tôt possible, connaître la décision du
président.
Je rappelle aussi aux membres de cette commission qu'il est de
l'habitude d'une commission, quand il s'agit de suspendre des articles, un,
deux ou trois articles, d'avoir l'assentiment de toute la commission,
c'est-à-dire l'unanimité de la commission. Parce que nous avons
l'ordre de la Chambre de procéder article par article à
l'étude d'un projet de loi.
Si je jugeais recevable cette motion de l'Opposition, j'accepterais,
comme président, de nier, moi-même, l'ordre de l'Assemblée
nationale, voulant qu'on siège à cette commission sur le projet
de loi no 50, article par article. Et, pour ces raisons, je juge irrecevable
cette motion du député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on peut vous
signaler, sans remettre en cause votre décision, chose qu'on peut faire
en vertu de l'article 68 et qu'on va peut-être faire, quitte à
revenir après le 23, je voudrais, M. le Président, même si
celui-ci n'est pas membre de la commission, lui indiquer, au leader du
gouvernement, M. le Président, parce qu'il est présent dans la
salle, que c'est avec des décisions comme celle-là où, par
surcroît, et dans certains cas M. le Président, je ne fais
pas référence à vous-même le leader s'est
permis de faire...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: ... des soufflages au président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: Je tiens à vous dire, M. le
Président, qu'il y a un article 68 qui existe dans notre
règlement, et je tiens à vous dire, le plus respectueusement
possible, que votre décision, encore aujourd'hui, n'est pas le genre de
décision qui va faire autorité dans notre règlement, comme
celle de mercredi dernier, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, je vous rappelle que notre règlement ne permet pas à un
membre d'une commission de remettre en question la décision du
président de la commission. Je vous ai donné les raisons pour
lesquelles je jugeais cette motion irrecevable; je maintiens ma position et je
demande à la commission de se mettre au travail sur l'article 53 du
projet de loi.
M. le député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, c'est une directive que je
veux vous demander au cas où il y aurait d'autres motions et aussi pour
la bonne conduite de nos travaux futurs en ce qui concerne la
présentation de telles motions.
Lorsque le règlement est clair sur des questions et que le
président statue sur ces mêmes questions, c'est normal et c'est
conforme au règlement. Lorsque des précédents ont
été créés, lorsqu'une ligne de conduite a
été tracée par des présidents de commission dans
des contextes tout à fait je le souligne identiques, comme
la motion qui vient d'être présentée par le
député de Portneuf, sur quoi la commission ou le président
doit-il baser son jugement à ce moment-là? Est-ce sur les
jugements précédents rendus par les présidents de
commission dans pareille circonstance sur des motions identiques?
C'est une directive que je vous demande, M. le Président, afin de
bien éclairer ma lanterne.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, les précédents, bien sûr, doivent être
considérés par le président, mais ils ne doivent pas
être considérés en soi et uniquement comme tels. Le premier
guide du président, c'est d'abord et avant tout le règlement;
c'est le premier guide du président. Me basant sur les règlements
de l'Assemblée nationale et des commissions, j'ai rendu mon jugement.
Que je sache je ne veux pas ouvrir ici de porte pour contester la
décision du président on ne m'a pas fait valoir de
précédent pour me faire accepter, sur la recevabilité, la
motion de M. le député de Portneuf.
M. Brochu: M. le Président, si vous me permettez une autre
demande de directive et en même temps un éclaircissement. Puisque
vous mentionnez qu'on ne vous a pas fait état de
précédent, j'avais pensé être suffisamment clair
lorsque j'ai fait appel à la situation analogue que nous avons
vécue au niveau de l'étude du projet de loi 67 concernant
l'assurance automobile où une motion non seulement similaire, mais tout
à fait identique, avait été présentée pour
suspendre les travaux de la commission jusqu'à ce qu'une information
pertinente aux travaux de la commission soit transmise.
Le Président, se basant j'imagine sur le principe
que vous venez d'évoquer, sur les règlements, puisque sa
décision n'a pas été contestée,
a rendu une décision immédiate, à savoir que la
motion était recevable. Elle a été reçue tant et si
bien qu'elle a même été adoptée et que la commission
a suspendu ses travaux. Donc, M. le Président, c'était pour vous
rappeler qu'on vous a signalé peut-être que cela s'est fait
rapidement les précédents, au moins un si vous en
voulez d'autres, on peut vous en signaler d'autres que l'on jugeait
suffisamment clair pour vous permettre de rendre votre décision.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, le président a pour rôle de faciliter l'expression des
membres de cette commission. Si votre demande de directive est à savoir
s'il n'y a pas une autre façon d'arriver quand même à
l'objectif qui est couvert par la motion de M. le député de
Portneuf, je peux quand même vous dire que, si la volonté d'un
membre d'une commission est en vue d'ajourner nos travaux comme tels sans les
conditionner d'aucune façon je suis là aussi pour vous
aider dans ce sens-là, je vous dis tout de suite qu'une telle motion
pourrait être recevable... M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, avant l'étude de
l'article 53, je fais motion pour que la commission ajourne ses travaux sine
die.
Le Président (M. Dussault): Cette motion est recevable et
elle est débattable.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux obtenir,
pour un instant, une seule intervention, si j'ai le consentement de
l'assemblée?
M. Pagé: M. le Président, à cette demande de
consentement, on aurait tous les motifs de répondre non, parce que c'est
surprenant de voir le leader du gouvernement assis à la droite du
fauteuil du président; celui-ci pourrait au moins avoir la
décence de s'asseoir avec la majorité ministérielle et de
se priver de souffler les réponses. Mais quand même, M. le
Président, on va donner notre consentement.
M. Charron: C'est parce qu'il n'y a pas de place. Je peux bien
aller me mettre au bout.
Le Président (M. Dussault): M. le leader du gouvernement,
vous avez le consentement de la commission pour...
M. Pagé: Mais pas sur la motion. M. Charron: Oui,
sur la motion.
M. Chevrette: II demande le consentement sur la motion?
M. Charron: Oui. M. le Président, mes collègues
membres réguliers de la commission et intervenants auront tout droit de
parler. J'ai sollicité ce consentement unanime et je remercie la bonne
grâce de l'Opposition de me l'accorder.
Le Président (M. Dussault): M. le leader du gouvernement,
si vous permettez, avant que vous n'alliez plus loin, il serait sûrement
utile de connaître la règle qui va-régir ce débat
sur cet ajournement. Selon notre règlement, selon l'article...
M. Charron: C'est l'article 77, je pense, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Selon l'article 157, chaque
parti pourrait s'exprimer sur la motion par le biais d'un représentant
pas plus de dix minutes.
M. Charron: Si mon parti y consent. M. le Président, je
serai l'intervenant au nom de la majorité ministérielle.
Le Président (M. Dussault): Alors, M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Ce matin, M. le Président, j'aurais pu
fournir... Je vais le dire parce que je le pense. J'ai senti ce matin dans les
questions, dans la première question de l'Opposition officielle, la
stratégie de cet après-midi, de son côté,
c'est-à-dire la motion qui vous est présentée. Il ne
fallait pas être grand devin pour sentir que cela s'en venait. J'aurais
pu profiter de l'échange que nous avons eu, le premier ministre et moi,
avec des membres de l'Opposition, ce matin, au sujet de cette question d'une
rencontre avec les dirigeants, question qui tournait autour d'un ajournement
des travaux que j'avais l'intention de commander cet après-midi sur
cette question. Le cadre et la volonté de ne pas envenimer le
débat, d'en haut m'ont fait taire, mais maintenant je
bénéficie de cette tolérance de la commission pour
exprimer ce pourquoi, je pense, nous devons poursuivre nos débats.
La question fondamentale est la suivante, et elle m'est donnée
par l'Opposition officielle elle-même. Nous tous avons partagé
hier l'indignation peut-être pas dans les termes, c est ce qui
nous a amené à conduire un vote négatif à la motion
du chef de l'Opposition nous avons partagé, je le
réaffirme aujourd'hui, l'indignation de tous les membres de
l'Assemblée envers les événements qui nous ont
empêchés hier de nous réunir à l'heure
prévue. Très clairement, j'affirme que si aujourd'hui la
commission décidait d ajourner ses travaux, ce serait donner raison aux
moyens de pression invoqués et utilisés hier et
dénoncés unanimement par l'Assemblée nationale. On aurait
la preuve qu'il suffit de bloquer les portes de l'Assemblée nationale
pour que le lendemain, une commission dûment convoquée par un vote
unanime, comme celui pris ce matin par l'Assemblée nationale, soit
paralysée. A la dénonciation unanime d'hier, les dirigeants
syndicaux irresponsables qui ont convoqué le blocage de rentrée
de cette Assemblée aux membres dûment élus par la
population, diraient: D'accord. On s est fait dénoncer par un
débat qui a duré dix heures à
l'Assemblée nationale, mais finalement, on a eu raison. Est-ce
qu'on les a empêchés de se réunir? Malgré leur
décision unanime de procéder à l'étude article par
article, est-ce qu'ils ont arrêtés ou s'ils n'ont pas
arrêté? Est-ce qu'ils ont eu peur ou s'ils n'ont pas eu peur?
Est-ce qu'ils ont stoppé ou s'ils n'ont pas stoppé? (15 h 45)
Le premier ministre a donné l'information ce matin, cette
commission peut poursuivre, article par article, l'étude du projet de
loi, ça ne veut pas dire que c'est la version finale du projet de loi.
Il y aura une rencontre des dirigeants du Syndicat des fonctionnaires
provinciaux avec le premier ministre lundi, à Montréal, on verra.
Il sera toujours temps, au moment où on prendra en considération
le rapport, d'introduire des amendements, M. le Président, vous
connaissez notre règlement à cet effet.
Mais aujourd'hui, si la commission ne veut pas que le geste unanime de
l'Assemblée, hier, soit interprété, cet après-midi,
comme un feu de paille, et qu'on recule devant des moyens de pression
illégaux, inacceptables qui ont été faits sur cette
assemblée à procéder unanimement, elle doit poursuivre ses
travaux. Sinon, nous allons simplement paraître comme quoi nous avons eu
peur et que nous avons reculé devant notre responsabilité,
après, pour la frime, nous être insurgés contre les moyens
qui nous ont paralysés hier.
Je dis, M. le Président, que si tel était, soit la
décision de l'Opposition de ne pas participer à nos travaux cet
après-midi, ou de souhaiter qu'ils n'aient pas lieu cet
après-midi, il y a eu une motion légalement
présentée par celui qui vous parle à l'Assemblée ce
matin et nos collègues d'en face n'avaient qu'à voter contre.
Nous sommes ici à 15 heures parce qu'à 11 h 30 ce matin,
unanimement, l'Assemblée a décidé que nous poursuivions
il y a à peine quatre heures ici, cet après-midi,
comme il se doit, sans céder aux pressions de ceux qui ont voulu nous
empêcher de faire notre travail, l'étude article par article du
projet de loi 50.
Cette commission est convoquée jusqu'à minuit ce soir,
elle aura ou elle n'aura pas terminé. J'invite les membres de la
commission à accorder toute l'attention, article après article,
au projet de loi. Il n'y a pas d'impératifs à ce que tout soit
terminé ce soir, on ne bouscule pas; si vous voulez passer une heure sur
un article, faites-le. Si vous voulez présenter des amendements sur un
article, faites-le; si vous voulez vous faire les porte-parole des gens qui ont
fait des représentations, je le dis aux deux côtés de la
table, c'est tout à fait légitime, faites-le. Mais travaillez
jusqu'à minuit. Ne cédez pas aux pressions qui nous ont
été faites, elles sont illégales, et que nous avons
été invités à dénoncer hier, à
l'appel même de l'Opposition officielle.
Il y a des articles plus litigieux que d'autres, qu'on s'y arrête
et qu'on les scrute, c'est une loi importante. Nous nous attachons à des
conditions de travail, à des droits peut-être même, comme on
l'a invoqué je ne nie rien de cela de travailleurs de la
société québécoise qui sont importants pour la
collectivité québécoise. Cette loi mérite
d'être étudiée attentivement. Mais ça ne
mérite pas, suite aux appels d'irresponsables qui ont amené le
blocage de l'entrée de l'Assemblée nationale, qu'on soit pris de
frayeur aujourd'hui et qu'on n'y procède pas. On va le faire, la loi
n'est pas adoptée parce que cette commission va remplir l'ordre de la
Chambre qu'elle a reçu unanimement ce matin. Il y aura une rencontre
avec les dirigeants, il y aura des représentations qui seront sans doute
faites à l'Opposition, celle-ci choisira d'épouser les
thèses qu'elle voudra, nous ferons de même, c'est le jeu
démocratique d'une société.
Mais le jeu démocratique de la société qui a
été brimé hier ne doit pas l'être à nouveau
aujourd'hui, parce que certains membres ont peur des représailles qu'on
pourrait recevoir. On doit continuer à faire notre travail. Si vous
étiez contre hier, si vous étiez contre cette séance de la
commission aujourd'hui, il fallait le dire ce matin.
M. Pagé: Voyons donc, l'homme de théâtre! On
va vous répondre tantôt.
M. Charron: Allez-y, je vous en prie, répondez-moi
là-dessus. Mais je vous annonce tout de suite que la majorité
ministérielle procédera, quels que soient les calculs, à
nouveau, comme on a pu s'en apercevoir hier, partisans, mesquins, foireux que
l'Opposition peut faire là-dessus, nous allons continuer les travaux
tels qu'ils ont été appelés et votés unanimement
par les propres membres du parti. Ce matin, M. le Président, à
11h 30, le député de Portneuf, le député de
Jacques-Cartier, se sont levés pour dire: Oui, la commission doit
siéger à 15 heures cet après-midi. Ils arrivent à
15 heures, petit calcul, petite passe, petite tentative d'embêter, petite
tentative de ça, ils ont changé d'opinion.
La commission n'a pas à être ébranlée par le
fait que des députés, entre 11 h 30 et 15 heures, ont vu
l'occasion de faire une petite passe partisane qui pourrait embêter le
gouvernement et satisfaire certains appétits de gens que, par ailleurs,
eux-mêmes, hier, dénonçaient pour avoir commis des actes
illégaux. Je pense que la commission doit passer par-dessus ces petits
calculs partisans, se rendre au vote auquel ont participé les
députés de l'Opposition ce matin et procéder
légitimement, dans un caractère régulier, à
l'étude article par article du projet de loi 50.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Même si j'ai donné mon consentement
à ce que le leader du gouvernement, qui n'a aucunement participé
à nos débats et aux travaux de cette commission depuis le
début, mercredi, qui, si je me rappelle bien, n'a même pas
participé au débat en deuxième lecture, il était
à présumer,
on devait s'attendre que celui-ci nous servirait, comme d'habitude, son
petit spectacle bien émotif, mêlant le fond, la forme, ce qui
s'est passé à l'Assemblée nationale, ce qui s'est
passé hier, la motion du chef de l'Opposition officielle à
l'Assemblée, ma motion présentée aujourd'hui.
C'était à prévoir qu'il nous servirait un mêle-tout
de l'ensemble de ces motions, M. le Président.
Le représentant du gouvernement invoque qu'il y a eu un vote ce
matin, un vote qui a été appelé suite à l'annonce
par le leader du gouvernement du menu législatif pour la journée,
lequel demandait que la commission de la fonction publique se réunisse
cet après-midi, à partir de quinze heures.
M. le Président, il est dans les coutumes de l'assemblée
que cette motion qui est généralement déposée
immédiatement après les affaires du jour, n'entraîne pas de
débat. C'est bien simple parce que cette motion avait plusieurs volets.
Dans un premier temps, il y avait le volet de la convocation de la commission
parlementaire de la présidence du conseil pour étudier le projet
de loi 92, il y avait le volet de la convocation de la commission de la
fonction publique pour étudier le projet de loi 50. A ce
moment-là, on aurait pu intervenir pour diviser la motion, ce qui aurait
entraîné un débat sur cette motion, ce qui aurait
entraîné deux votes. On a préféré,
après que mes collègues de l'Opposition officielle m'eurent
consulté sur ce qu'il convenait de faire avec une telle proposition du
leader, j'ai prié mes collègues de l'Opposition officielle de
voter pour la motion et ce, non seulement pour éviter un débat
là-dessus à midi, mais aussi par souci et respect des membres de
cette commission.
Une décision comme celle-là revient aux membres de la
commission et non pas, selon moi, à un leader du gouvernement qui n'a
pas participé au débat, qui n'était pas
intéressé au débat par surcroît et qui, aujourd'hui,
en petit caporal, vient nous demander le consentement et nous indiquer, surtout
à la majorité ministérielle, comment voter sur une telle
motion.
M. le Président, le premier ministre, ce matin, a effectivement
donné réponse à une question formulée par le
député de Gatineau, ce qui apporte un élément
nouveau aux événements qu'on vit depuis quelques jours. Je vous
dirai et le leader du gouvernement le comprendra que si le leader
du gouvernement avait démontré autant d'empressement à
venir participer à nos travaux mercredi après-midi,
peut-être que celui-ci aurait recommandé à sa
majorité ministérielle et silencieuse de voter en faveur de la
motion que j'ai présentée, permettant aux gens de venir se faire
entendre. On n'aurait pas eu les événements malheureux qu'on a eu
à vivre hier, comme parlementaires, événements pour
lesquels l'Opposition officielle a adressé de sévères
reproches, tant aux travailleurs, tant aux leaders syndicaux, en leur faisant
savoir que ce n'était pas une façon de faire et qu'ils
remettaient en cause le droit le plus légitime d'un parlementaire
élu et mandaté de venir faire son boulot, en vertu d'une loi qui
s'appelle la Loi de la Législature, ici, à l'Assemblée
nationale.
L'Opposition officielle ne s'est pas limitée, dans le cadre de ce
débat, à adresser des reproches sévères à
l'égard des travailleurs, mais aussi à l'égard du
gouvernement qui a failli à sa tâche, non seulement depuis
l'étude de cette question dans ce dossier, mais qui a
particulièrement failli à sa tâche hier matin, par le biais
du ministre de la Justice responsable, qu'il était d'assurer le bon
ordre, ici.
C'est le gouvernement qui a flanché, c'est le gouvernement qui a
foiré. Je ne voudrais pas reprendre tous les éléments qui
ont été invoqués par le chef de l'Opposition officielle
à l'Assemblée nationale, à savoir que ce gouvernement agit
de façon ni chair ni poisson, en flirtant d'une part, avec les
syndicats, en n'osant pas trop adopter de mesures pour faire en sorte que les
travaux de la Chambre puissent se dérouler normalement et qui, d'un
autre côté, fait tout pour présenter le projet de loi 50
qui remettra en cause éventuellement les droits des travailleurs de la
fonction publique du Québec et des droits aussi importants que ceux dont
on a eu l'occasion de parler depuis le début de nos travaux et ceux dont
on aura l'occasion de parler d'ici la fin de nos travaux.
M. le Président, la motion d'ajournement... Vous avez
refusé tantôt une motion de suspendre nos travaux jusqu'à
ce que le premier ministre, le chef du gouvernement rencontre les
représentants des syndicats, lundi matin. Le premier ministre l'a
annoncé en Chambre. C'est un élément suffisant pour que
les membres de la commission parlementaire, conscients qu'ils sont ou qu'ils se
doivent de l'être, suspendent l'étude du projet de loi. C est un
élément important dans le débat. Cela peut amener des
modifications dans la position gouvernementale. On peut présumer que la
rencontre avec le premier ministre aboutira à une discussion au Conseil
des ministres sur le sujet. On peut présumer que les points chauds, les
points sur lesquels on ne s'entend pas dans le projet de loi ce n'est
pas tout le projet de loi, ce sont quelques articles du projet de loi
seront soumis à nouveau au Conseil des ministres et qu'on aura
éventuellement des modifications à apporter au projet de loi
50.
Le leader du gouvernement nous dit: II y a la troisième lecture.
M. le Président, vous le savez je pense que vous le savez; je ne
sais pas trop si vous le savez, parce qu'avec les décisions qu'on a
connues depuis deux jours... mais quand même! selon l'article 125
de notre règlement, seulement le ministre peut faire des amendements en
troisième lecture. Cela voudrait donc dire que si on poursuivait
l'étude du projet de loi article par article... Le leader du
gouvernement est intervenu. Si on continuait l'étude du projet de loi
article par article, qu'on la terminait ce soir chose que je ne pense
pas, mais quand même! que la rencontre du chef du gouvernement
avec les représentants des syndicats ait lieu lundi, mardi de la semaine
prochaine, au début de la semaine, si nous avons terminé ce soir
ou encore si nous
avons terminé avant la rencontre... Le ministre pourra
éventuellement amener des modifications avant le débat en
troisième lecture, en vertu de l'article 125, dès le début
de la troisième lecture. La participation des membres de l'Opposition,
à ce moment-là, si elle est faite jusqu'au bout, le gouvernement
sera le premier à venir nous taxer de faire un "filibuster"
là-dessus.
Ce qu'on demande purement et simplement il y a des articles qui
sont litigieux, on y arrivera bientôt c'est d'ajourner les travaux
de cette commission jusqu'à ce que le premier ministre...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Portneuf!
M. Charron: J'invoque le règlement.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. J'ai
permis...
Le Président (M. Dussault): M. le leader.
M. Charron: J'invoque le règlement sur ce que j'estime
être une erreur du député de Portneuf. Je ne veux pas
contester son opinion. Il faut qu'il comprenne le...
M. Pagé: ... le rapport, d'accord.
M. Charron: Oui.
M. Pagé: Oui, mais cela va amener quoi?
M. Charron: Le rapport...
M. Pagé: Les membres de la majorité
ministérielle, que pourront-ils faire dans cela eux autres?
M. Charron: Tout le monde compris... C'est parce que vous venez
d'affirmer que l'Opposition serait ainsi dépourvue de présenter
des amendements. Ce n'est pas vrai. Le rapport de la commission peut avoir lieu
lundi, mardi. Jusqu'à 22 heures, le même soir, tous les
membres...
M. Pagé: La troisième lecture.
M. Charron: Non, pas la troisième lecture, avant la prise
en considération du rapport, tous les membres de la commission, y
compris le député de Portneuf, s'il en a, peuvent, même une
fois l'étude de chacun des articles faite, présenter,
déposer au bureau du secrétaire général de nouveaux
amendements et les débattre lors de la prise en considération du
rapport qui a lieu un jour franc plus tard et ce n'est qu'un jour franc plus
tard que la troisième lecture a lieu. Nous ne sommes pas
empêchés...
M. Pagé: La troisième lecture.
M. Charron: ... personne n'est empêché, dans cette
assemblée, d'introduire de nouveaux amendements, même des gens qui
ne sont pas membres de cette commission.
M. Pagé: M. le Président, je continue.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: C'est faire fi du droit le plus légitime
des membres de cette commission et particulièrement des membres de la
majorité ministérielle de participer étroitement au
débat à la lumière d'événements, de demandes
de représentations formulées. C'est ce qui sera fait lors de la
rencontre avec le chef du gouvernement.
Je ne comprends pas qu'aujourd'hui les membres de la commission, quand
on sait pertinemment que le premier ministre a accepté de rencontrer les
représentants syndicaux, lundi ou au début de la semaine,
acceptent de continuer d'étudier cela. Tranquillement, pas vite, on va
regarder cela, parce qu'on peut présumer que nos amendements seront
refusés du revers de la main, comme ils l'ont été depuis
le début des travaux de cette commission. Même les motions le
sont. On peut présumer qu'on aura l'opportunité de
présenter des amendements et on peut présumer que ce sera
refusé.
Les membres de la majorité ministérielle comme nous de
l'Opposition, nous ne connaissons pas les résultats de l'entretien entre
le chef du gouvernement et les représentants du syndicat au début
de la semaine. Qu'on prenne le cas des articles 115 et 116, les articles les
plus litigieux dans ce projet de loi: on est en droit de présumer qu'il
y aura probablement des modifications. Je conviens que le leader du
gouvernement est hanté par la fin des travaux de la Chambre pour le 23
juin prochain. (16 heures)
Dès la rencontre entre le chef du gouvernement et les
représentants des syndicats, l'Opposition officielle est disposée
je suis assuré que mon collègue, le député
de Richmond vous dira la même chose tantôt à revenir
en commission, à étudier avec diligence le projet de loi le plus
rapidement possible, sans mêler trop l'horaire du leader du gouvernement.
C'était normal, c'était explicable, c'était
peut-être prévisible, comme le dit le leader du gouvernement,
qu'on présente cette motion, parce que c'était essentiel qu'elle
soit présentée. A quoi bon discuter aujourd'hui de choses qui,
éventuellement... A quoi bon apporter des amendements à ces
articles qui, éventuellement, et peut-être dès lundi,
seront modifiés par le chef du gouvernement? C'est faire fi des travaux
de notre commission; à quoi bon travailler dans ce sens? Ce que je
demande, c'est l'ajournement de la commission. Celle-ci sera ajournée
sine die. Le leader du gouvernement, lundi matin, après la
période des questions, vers 11 heures, saura, à ce moment, si le
chef du gouvernement a rencontré ou à quel moment il rencontrera
les représentants des syndicats. Il sera en mesure de convoquer la
commission immédiatement après, dès que nous serons
informés des résultats de cette rencontre ou encore de la
rencontre qui suivra, soit celle du Conseil des ministres, pour apporter des
modifications au projet de loi. Cela nous permettra peut-
être... Vous savez, il y a une question d'attitude... Il me reste
deux minutes, d'après ce que je constate.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, votre temps est écoulé.
M. Pagé: II me reste deux minutes. J'ai été
interrompu par le leader du gouvernement.
Le Président (M. Dussault): Je l'ai compté d'une
façon très conservatrice, mais je vous permets de conclure
brièvement, s'il vous plaît!
M. Pagé: Oui, c'est toujours bref. Le leader du
gouvernement nous a dit tantôt que la situation, etc. Je ne voudrais pas
reprendre son petit show, je trouve cela trop disgracieux. On appréhende
et on peut présumer que la situation sera aussi difficile et aussi
tendue entre le gouvernement et ses travailleurs lundi matin. Ce n'est pas
souhaitable. Le fait d'accepter la motion aujourd'hui, ce n'est pas de
cautionner ce qui s'est fait hier. Tous les partis ont été
unanimes à reprocher la situation qui a prévalu hier et à
reprocher les positions qui ont été adoptées par les
représentants syndicaux. Ce n'était pas correct. Ce qui s'est
passé hier et le fond du débat sur la loi 53, c'est deux. On est
ici, non pas pour faire un procès, on est ici, non pas pour juger les
actes commis hier par les représentants syndicaux et les travailleurs en
ce qu'ils nous ont privés d'entrer à la commission, on est ici
pour étudier le projet de loi 50. Le fait d'accepter de suspendre le
projet de loi 50 et d'ajourner notre commission, suspendant ainsi les travaux
d'étude du projet de loi 50, ne constitue en rien une caution de ce qui
s'est passé hier.
J'ose croire que... Je ne sais pas si je devrais y croire. Vous savez
que les membres de la majorité ministérielle sont très
sages, très fidèles. Comme on dit, il y a une expression bien
populaire qui dit bien "yes man" dès que le leader du gouvernement
s'annonce. C'est cela. Là, ils votent en fonction du signe du leader.
Quand même, je croyais qu'il était opportun de présenter
cette motion. C'était nécessaire non seulement pour la bonne
marche de nos travaux, non seulement pour être concluants envers
nous-mêmes... A quoi bon étudier un projet de loi qui sera
modifié d'ici quelques jours, suite à une rencontre avec le chef
du gouvernement, et par le fait même favoriser des relations beaucoup
trop tendues actuellement entre le gouvernement et ses travailleurs?
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
député de Richmond.
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier. En quoi consiste votre question de
règlement?
M. Saint-Germain: Le leader parlementaire, dans son intervention,
a prononcé mon nom et a interprété certaines
déclarations que j'aurais pu faire en Chambre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je ne peux pas vous laisser la parole. C'est une question de
privilège que vous me demandez là. Cela n'existe pas en
commission parlementaire.
M. Saint-Germain: Je ne soulève pas une question de
privilège.
Le Président (M. Dussault): C'est quand même l'objet
de votre intervention.
M. Saint-Germain: Je soulève une question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II est de coutume... Allez-vous me laisser
finir?
M. Jolivet: Non.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je vous dis que vous faites une question de privilège
déguisée sous une question de règlement. Je ne l'accepte
pas, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, c est une question de
règlement et je veux vous expliquer le règlement auquel je
pense.
M. Chevrette: L'article du règlement.
M. Saint-Germain: Laissez-moi parler, si vous voulez savoir si je
suis dans l'ordre ou à l'encontre du règlement.
Le Président (M. Dussault): J'en avais suffisamment
entendu, M. le député de Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: Non, je ne vous ai rien dit encore.
Le Président (M. Dussault): ... pour vous dire que ce
n'était pas une question de règlement.
M. Saint-Germain: Je n'ai rien dit. Vous ne pouvez pas lire dans
ma pensée.
Le Président (M. Dussault): Rapidement, M. le
député.
M. Saint-Germain: Là, je veux dire qu'il est de coutume,
en Chambre comme en commission, que lorsqu'un député est
mentionné et qu'un député interprète faussement les
déclarations d'un collègue...
Le Président (M. Dussault): Après un discours qu'il
a tenu, M. le député.
M. Saint-Germain: ... il est de tradition qu'on laisse au
député...
Le Président (M. Dussault): Après un discours qu'il
vient de tenir, M. le député.
M. Saint-Germain: ... qui a été
attaqué...
Le Président (M. Dussault): Selon l'article 96.
M. Saint-Germain: La coutume veut que ce député
puisse expliquer...
Le Président (M. Dussault): Après un discours qu'il
vient de tenir.
Une Voix: Ce n'est pas vrai...
M. Saint-Germain: ... l'intervention fausse...
Le Président (M. Dussault): Ce n'était pas le cas,
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Comment, ce n'était pas le cas?
Le Président (M. Dussault): Parce que vous n'avez pas fait
de discours à cette commission.
NI. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Vous n'avez pas encore
parlé à cette commission sur la motion en question. Or, comment
pouvez-vous invoquer qu'il...
M. Saint-Germain: J'invoque le fait que le leader
parlementaire...
Le Président (M. Dussault): ... vous a mal cité sur
un discours que vous avez tenu, alors que vous ne l'avez pas fait.
M. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que vous entendez,
M. le Président...
M. Jolivet: ... c'est un "yes man".
M. Pagé: M. le Président, rappelez donc à
l'ordre les députés...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: C'est parce que vous vous permettez d'insulter tout
le monde, et vous êtes surpris qu'on vous en pousse une petite vite de
temps en temps.
M. Pagé: J'ai demandé, par...
M. Jolivet: Un geste de la main, sur les genoux...
M. Pagé: ... un geste de la main, à mon honorable
collègue de Jacques-Cartier...
M. Chevrette: Sur les genoux, à la main, pour fins du
journal des Débats.
M. Pagé: ... du calme, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît!
M. Pagé: ... il faut rester calme et serein. M.
Saint-Germain: ... laisser la parole...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, à l'ordre! M. le député de
Jacques-Cartier, à l'ordre!
M. Saint-Germain: II y a quelque chose de mal
là-dedans?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: ... les enfants...
Le Président (M. Dussault): ... pour la troisième
fois...
M. Saint-Germain: On a assez de misère avec le
président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, pour la troisième fois, je vous dis: A l'ordre!
M. Pagé: II est à l'ordre, M. le
Président.
M. le Président, j'en étais à ma question de
règlement. Je voudrais vous soumettre, le plus respectueusement
possible, que lorsqu'un membre d'une commission est attaqué ou qu'on lui
impute des motifs ou autres, ou même qu'il est cité, M. le
Président, il est de coutume que le député ainsi
visé, ait la permission du président, soit pour rappeler des
faits, soit pour donner des informations sur ce qui a été
allégué par le député le citant et, M. le
Président, on n'a pas à passer 20 minutes sur des questions de
règlement et de privilège sur cette question.
Le député de Jacques-Cartier, poli et soucieux...
M. Jolivet: Poli!
M. Pagé: ... du respect du règlement comme il
l'est, M. le Président...
M. Jolivet: Soucieux...
M. Pagé: ... a cru opportun d'attendre la fin de mon
intervention avant de soulever cette question. Si vous lui permettiez, M. le
Président, ça va durer une minute, et on va passer à
d'autre chose.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, brièvement, s'il vous plaît!
M. Pagé: Bon!
M. Saint-Germain: Dans ma déclaration d'hier, M. le
Président, en Chambre, je n'ai jamais blâmé ceux qui ont
fait une démonstration et ceux qui nous ont empêchés
d'entrer dans le Parlement, jamais! J'ai blâmé le gouvernement
pour sa mollesse et son manque de prévision des
événements. C'est ce que j'ai fait, exactement. Aujourd'hui, si
j'appuie la motion du député de Portneuf, je ne fais aucune
relation entre le fait qu'on m'a empêché d'entrer à
l'Assemblée nationale hier et ma position de principe que je prends
aujourd'hui.
J'espère que c'est très clair, ce que j'ai dit là,
et je n'ai jamais dit, M. le Président, à qui que ce soit,
à aucun corps intermédiaire ou à aucun citoyen, que s'ils
voulaient atteindre des buts très précis, la meilleure
façon était d'empêcher les députés d'entrer
à l'Assemblée nationale. Je n'ai jamais dit ça et je n'ai
jamais laissé entrevoir que ceux qui l'ont fait hier avaient
gagné quelque chose ou avaient fait avancer leur cause. J'ai simplement
dit que le gouvernement y avait beaucoup perdu.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Jacques-Cartier. Je tiens à vous rappeler que
l'article 96 vous permettait d'intervenir immédiatement après le
discours de M. le leader du gouvernement.
M. le député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'enchaînerai mes
propos à ceux qu'a tenus le leader du gouvernement et je lui rappellerai
qu'hier, à l'Assemblée nationale, non pas par le vote, parce que
cela a été modifié, mais sur le contenu des deux motions
qui ont été présentées. Tous les partis à
l'Assemblée nationale ont été d'accord pour
déplorer et dénoncer les gestes illégaux qui ont
été posés hier. On a également
dénoncé...
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement!
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier, question de règlement.
M. Saint-Germain: Demandez donc à ce noble
député, s'il a quelque chose à dire contre le
député de Jacques-Cartier et sa façon de voir les choses,
qu'il prenne donc la parole en temps et lieu. Cela me fera plaisir de
l'écouter. Cela me fera plaisir de lui répondre tel que le veut
notre règlement.
M. Jolivet: J'ai simplement répété vos
paroles.
Le Président (M. Dussault): Alors, à I'ordre,
messieurs!
M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je reviens à mes propos, M. le
Président.
M. Pagé: Le député de Richmond est plus
intéressant que le député de Laviolette.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Portneuf!
M. Chevrette: Taisez-vous!
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, M. le
député de Joliette-Montcalm!
M. Chevrette: ... demandez, à lui...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, vous avez la parole. Je demande la collaboration de la commission,
s'il vous plaît!
M. Brochu: Merci, M. le Président. Je disais donc que nous
avions tous déploré les gestes illégaux qui avaient
été posés et à différents degrés;
c'est d'ailleurs pour cela que le gouvernement a présenté une
motion pour diluer un peu sa responsabilité. Nous avons attribué
une part des responsabilités aussi au gouvernement.
Aujourd'hui, cependant, le leader du gouvernement vient en commission
parlementaire et semble établir une relation directe entre les
événements d'hier et la motion qui est actuellement en discussion
visant à suspendre nos travaux jusqu'à ce qu'on puisse attendre
les résultats de la rencontre éventuelle que doivent avoir les
représentants des fonctionnaires provinciaux avec le premier
ministre.
Or, il n'y a pas de relation entre les deux. Honnêtement, je crois
que c'est faux de prétendre qu'il y a une relation directe entre les
deux de sorte que le fait d'accepter la motion, c'est reconnaître
l'illégalité des gestes qui ont été posés
hier. Ce sont deux choses complètement différentes.
De la même façon, M. le Président, la manifestation
que nous avons connue hier n'avait aucune relation avec la motion que nous
avons présentée, nous, de l'Opposition, ici à cette
commission parlementaire pour demander que soit entendu le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux avant de commencer l'étude du projet de loi
50 article par article. Ceci pour être sûr de bien vider la
question pour ensuite savoir de quoi on parle et vider le reste de l'autre
question, celle du fond.
Ce n'est donc pas non plus je pense que c'est un exemple qui
défait l'argumentation du député de Saint-Jacques
la manifestation qui nous a amenés à demander que soit entendu le
Syndicat des fonctionnaires provinciaux avant le début de l'étude
du projet de loi puisque la manifestation n'avait même pas eu lieu. Je
pense que
c'est dans le même cadre que s'inscrit aujourd'hui la
présente motion. D'ailleurs, M. le Président, si on avait eu la
sagesse, à ce moment-là, d'accepter la motion tout simplement,
quelles que soient nos opinions sur le fond... Qu'on dise que les
fonctionnaires ont raison sur tel point et ont tort sur tel autre, c'est
l'autre question. Mais si on avait accepté tout bonnement, à ce
moment-là, la première motion que nous avons
présentée, nous aurions actuellement fini d'entendre les
doléances et les représentations de ces gens-là et nous en
serions rendus à l'étude du projet de loi article par
article.
De plus, si je ne m'abuse, nous n'aurions pas connu la manifestation
d'hier. Honnêtement, je ne crois pas que nous aurions connu la
manifestation d'hier parce que, à ce moment-là, le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux comme les autres organismes qui sont ici aujourd'hui
n'auraient eu aucun argument valable et sérieux pour faire une
manifestation de l'envergure de celle qu'il a faite et pour poser de tels
gestes, s'il avait eu la chance d'être entendu ici en commission
parlementaire et d'amorcer la discussion là-dessus avant que nous ne
procédions à l'étude du projet de loi article par
article.
M. le Président, nous aurions pu adopter la première
motion qui visait à entendre ces témoins. Si le gouvernement qui
est devant nous, qui est formé par le Parti québécois,
avait suivi le grand cri de ralliement qui a été lancé par
le premier ministre lui-même lors du récent sommet
économique, lorsqu'il a dit à ce moment-là et je cite:
Dans le cadre de l'étude des projets de loi, tous les mécanismes
de consultation que nous permettent les règlements parlementaires vont
être mis en branle pour arriver au meilleur résultat possible.
Je conçois que, sur le projet de loi 253, il y avait
déjà eu une commission parlementaire.
M. Chevrette: Le projet de loi 53.
M. Brochu: Le projet de loi 53, je m'excuse.
M. Chevrette: La loi 253 est une loi défunte.
M. Brochu: Cependant, il y a eu modification tant et si bien que
le projet de loi 53 est mort et qu'on est revenu avec le projet de loi 50,
mineur dans certains cas et plus important dans d'autres; je n'aborderai pas le
contenu, M. le Président. Je pense que le fait d'avoir entendu des gens
à ce moment-là aurait permis d'éviter toute la situation
malheureuse avec les résultats malheureux qu'on connaît et avec la
pression qui se maintient de ce côté-là, du
côté des fonctionnaires et également du côté
de la commission parlementaire. Je me rends compte que nos travaux s'embourbent
à cause de tout le contexte. Je trouve cela malheureux.
De la même façon que j'ai fait appel hier aux
syndiqués de la fonction publique pour qu'ils ne répètent
pas les gestes qu'ils ont posés, de la même façon aussi je
fais appel aux membres de la commission aujourd'hui pour agir de la
manière la plus responsable possible, pour qu'on discute des vraies
questions pour arriver au meilleur résultat possible.
M. Jolivet: Consultation. (16 h 15)
M. Brochu: Non. Je pense que ce qu'on m'indique, je l'avais
souligné tout à l'heure. C'est un nouveau projet de loi et s'il y
avait eu une consultation minimale, à ce moment-là, on aurait
évité le long cheminement qu'on a connu. On a d'ailleurs offert,
à ce moment-là et vous vous le rappellerez, M. le ministre,
lorsqu'on a présenté cette motion, on avait dit qu'on ne voulait
pas une commission parlementaire qui aurait un mandat indéfini de
procéder à des discussions sans fin. On était prêt
à avoir un cadre de discussion, à entendre durant une, deux ou
trois séances les syndicats impliqués. M. le Président, ce
sont les quelques remarques que...
M. Chevrette: Me permettez-vous une petite question?
Le Président (M. Dussault): Si M. le député
de Richmond le permet.
M. Brochu: Vous n'avez pas droit de parole, mais je vais vous le
permettre.
M. Chevrette: Moi, je n'ai pas le droit de parole?
M. Brochu: Pas sur la motion.
M. Chevrette: Non, sur votre exposé.
M. Brochu: Vous n'avez pas droit de parole, mais je veux
bien.
M. Chevrette: Vous dites que c'est un nouveau projet de loi.
Cependant, il y a eu une commission parlementaire sur le projet de loi 53.
M. Brochu: C'est cela.
M. Chevrette: Comme le Syndicat des fonctionnaires provinciaux a
dit que c'était pareil, que la loi 50 était pareille à la
loi 53, est-ce que vous ne croyez pas qu'on aurait eu les mêmes arguments
sur le projet de loi 50 que sur le projet de loi 53?
M. Pagé: Est-ce que le député de Joliette me
permet une question?
M. Chevrette: Vous pourrez après, mais je n'ai pas eu ma
réponse.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: Ce n'est pas à vous à
décider, c'est à lui.
Le Président (M. Dussault): Non. Le règlement
prévoit, si M. le député de Richmond l'accorde, que M. le
député de Montcalm puisse poser une question, mais ce que vous
voulez faire n'est pas prévu par le règlement.
M. Pagé: De l'autre côté, et je mets mes
mains comme cela, on craint les questions.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le
député de Joliette-Montcalm a terminé sa question à
M. le député de Richmond?
M. Chevrette: Oui, mais pour bien la comprendre, parce qu'on
s'est fait déranger toujours par le même, je voudrais la
résumer en une phrase: Est-ce que vous ne croyez pas que les arguments
sur la loi 50 auraient été les mêmes que sur le projet de
loi 53, puisque tous les documents d'information émanant du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux disent que le projet de loi 50 est pareil au projet
de loi 53?
M. Brochu: Ce que je crois, M. le Président, et ce que je
constate, puisque je dois fonctionner à partir d'une constatation de
faits, c'est qu'il y a un problème, soit de communication ou
d'interprétation des données à ce moment-ci. C'est ce qui
explique d'ailleurs la manifestation qu'il y a devant nous. Parce que si les
fonctionnaires sont satisfaits du projet de loi qui est maintenant
présenté, du nouveau projet de loi, alors il y a une erreur
quelque part, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. C'est dans ce
sens-là, je pense, qu'une simple audition de quelques heures nous aurait
peut-être permis au moins d'avancer quelque peu pour éclaircir
cette confusion au niveau de l'interprétation qu'il peut y avoir dans le
projet de loi actuellement. C'est dans ce sens-là que je dis qu on
aurait dû, dès le début, avoir la sagesse de s'entendre sur
un certain nombre d'heures, entendre ces gens-là et ensuite
procéder logiquement article par article à l'étude du
projet de loi. Est-ce que cela répond à votre question? M. le
député de Montcalm, est-ce que cela répond à votre
question?
M. Chevrette: Oui. Je peux tout vous dire ce qu'il a dit.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Richmond?
M. Brochu: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Alors, les trois partis
reconnus ont eu chacun le temps prévu pour discuter de la motion. Est-ce
que cette motion est adoptée?
M. Pagé: Un vote enregistré.
Le Président (M. Dussault): Vous dites si vous êtes
pour ou contre. M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. de Belleval
(Charlesbourg)?
M. de Belleval: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Gendron
(Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Dussault): Contre: 6 Pour: 3. La
motion est rejetée. J'appelle l'article 53.
Les sous-ministres et les dirigeants
d'organismes
M. Pagé: M. le Président, on pourrait se permettre
de souhaiter une bonne fin de journée au leader du gouvernement qui s'en
va, ses basses oeuvres étant faites. Bonne fin de semaine.
Une Voix: Le député de Montcalm.
M. Chevrette: Je reviens.
M. Pagé: Vous pouvez I amener.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 53 est
adopté? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 53, il
est dit: Un sous-ministre est chargé, sous la direction du ministre
titulaire, de la direction générale des affaires du
ministère et il exerce les autres pouvoirs et devoirs qui lui sont
assignés par le gouvernement et par le ministre titulaire. M. le
Président, cela reprend, à quelques mots près, ce qui est
déjà dans la loi, ce qui est normal, ce qui est expliquable qui
soit dans la loi, à savoir une
identification, une définition des sous-ministres, mais il y a un
élément nouveau qui apparaît dans l'article 53 et
j'aimerais poser des questions au ministre là-dessus, c'est que pour la
première fois, on ajoute: "II exerce les autres pouvoirs et devoirs qui
lui sont assignés par le gouvernement et c'est là qu'on
ajoute et par le ministre titulaire. "
M. le Président, j'interprète cette addition comme
étant de nature à diminuer l'autorité du premier ministre
sur les sous-ministres. Je m'explique. Dans notre droit parlementaire, dans
notre hiérarchie gouvernementale, nos structures gouvernementales, le
premier ministre, c'est le chef du gouvernement. C'est non seulement le
président ou le patron du Conseil des ministres, le leader, dis-je, du
Conseil des ministres, mais c'est celui qui assume la responsabilité,
non seulement devant la Chambre, mais qui assume la responsabilité
devant les contribuables québécois des actes de chacun de ses
ministres, des actes posés par son gouvernement et ce, peu importe par
quel ministère.
On sait que les sous-ministres sont nommés
généralement par le premier ministre. Il est de coutume, de mise,
que le conseil soit consulté ou encore que le ministre titulaire du
ministère soit consulté, ça va de soi, mais ce pouvoir
appartient au premier ministre, comme chef de gouvernement et ça
s'inscrit dans une coutume de parlementarisme britannique.
M. le Président, ma question au ministre de la Fonction publique
est la suivante: Ne croyez-vous pas que cette simple inclusion de cinq mots,
à l'article 53 de la Loi de la fonction publique, pourrait,
éventuellement, je dis bien éventuellement, parce que ce ne sont
quand même pas des situations qu'on retrouve tous les jours, limiter
l'autorité du chef du gouvernement, du premier ministre, cette
autorité qu'il a et qu'il est en droit d'avoir en vertu non seulement de
la coutume, mais de notre système parlementaire, sur les personnes des
sous-ministres.
Ce que je crains éventuellement, M. le Président, ce qui
est à craindre, ce seraient les positions conflictuelles entre un
ministre et le premier ministre, non seulement sur toute la question du
travail, mais aussi de l'avenir, tout ça, d'un sous-ministre dans un
ministère donné. C'est là le sens de ma question. Est-ce
que ça s'inscrit dans le cadre d'une approche particulière qui
visera éventuellement à placer les sous-ministres, non pas sous
l'autorité du premier ministre, mais sous l'autorité du ministre
titulaire?
M. de Belleval: M. le Président, je ne vois pas où
veut vraiment en venir le député de Portneuf. Comme il l'a
lui-même mentionné, l'autorité du premier ministre sur les
sous-ministres est une autorité traditionnelle, morale qui n'est
inscrite dans aucune loi. Je ne vois pas en quoi les mots, "et par le ministre
titulaire", viendraient restreindre cette autorité, s'il en existe une
d'ailleurs, en tout cas, certainement pas sur le plan légal. Les autres
devoirs qui sont assignés par le gouvernement et le ministre titulaire
s'inscrivent tout sim- plement dans les responsabilités
générales du chef par rapport au sous-chef, c'est-à-dire
de lui assigner toute tâche ancillaire à ses tâches, tel
qu'exprimé dans les lois de chaque ministère. Ce sont des
tâches diverses.
M. Pagé: Si, éventuellement, une action devait
s'exercer contre un sous-ministre et que le ministre titulaire avait une
position différente de celle adoptée par le premier ministre,
qu'est-ce qui arriverait quant à l'article? Parce que les pouvoirs et
les devoirs sont assignés par le gouvernement et aussi par le ministre
titulaire.
Prenons un cas bien hypothétique on est quand même
ici pour envisager des probabilités, il faudra vivre avec cette loi
d'un gouvernement minoritaire. Je ne pense pas que ce soit le cas du
prochain gouvernement, ça va être une victoire éclatante du
Parti libéral, mais prenez le cas, comme cela s'est déjà
présenté en Ontario, dans d'autres provinces d'un gouvernement
minoritaire, un gouvernement de coalition où le chef du gouvernement et
les ministres seraient de formations politiques différentes, mais en
coalition, dans le but d'assumer le pouvoir.
Prenez les cas où, avec une loi comme celle-là, une telle
situation venait à prévaloir entre un ministre et le premier
ministre. Mais là, je crois que cet article, strictement cette
inclusion, vient contribuer à mettre de côté un principe
qui est nécessaire pour l'autorité du chef du gouvernement.
Je veux simplement l'indiquer au ministre pour qu'il s'interroge
là-dessus. Et je veux profiter de son étude. Je n'ai pas
l'intention de faire d'amendement, de faire une bataille rangée
là-dessus.
M. de Belleval: On prend bonne note de l'inquiétude du
député de Portneuf.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que c'est une
réponse qui est beaucoup trop simple. On sait que traditionnellement,
dans nos institutions, c'est le premier ministre qui est l'homme clé de
tout gouvernement. D'ailleurs, c'est bien dans nos moeurs. La population est
traditionnellement habituée à voter pour un parti politique qui
doit former le gouvernement et ce qui fait que la population appuie un parti
politique ou un autre, c'est bien souvent une question de leadership.
Je ne ferai pas une longue déclaration sur l'importance
qu'attache la population à la crédibilité des leaders des
partis. Dans le succès d'un parti, c'est bien souvent fondamental.
Même au niveau parlementaire, au niveau de l'autorité, on sait
tout de même que l'autorité du premier ministre est suprême,
j'entends, sur son cabinet et sur la majorité du gouvernement.
Plus on le pense ou plus semble le penser le ministre, je crois qu'on
semble restreindre ou limiter l'importance du premier ministre. Je crois
que même si cette importance doit se faire, même si ce
surplus d'autorité doit être laissé au premier ministre au
détriment du ministre même, je crois que cette tradition devrait
être respectée. Cela peut certainement amener des conflits et
certainement placer des sous-ministres dans des conditions excessivement
difficiles même s'il y avait des nuances entre la façon de voir du
premier ministre et la façon de voir du ministre.
Je ne crois pas que les sous-ministres doivent avoir le doigt entre
l'arbre et lécorce. Les sous-ministres doivent réellement savoir
que le chef du gouvernement, c'est le premier ministre. Cela doit être
clair et très précis.
M. de Belleval: M. le Président, l'article 53 actuel
reprend, dans une formulation plus simple, les dispositions des articles 18 et
19 de la loi actuelle et, en particulier, l'article 19 traite de l'aspect qu'a
soulevé le député de Portneuf et se lit comme suit: "Un
sous-ministre doit consacrer tout son temps à sa fonction et s'acquitter
des devoirs que lui confie le chef du ministère'.
M. Pagé: ... en termes de fonction, pas en termes de
nomination et de désignation.
M. de Belleval: Ce à quoi réfèrent les
autres devoirs qui lui sont assignés par le ministre titulaire, les
pouvoirs administratifs précis étant d'ailleurs dans l'ancienne
loi, indiqués à l'article 18, ce qui est indiqué dans la
première partie de la phrase de l'article 53 actuel.
Donc, il n'y a aucun changement, sur le plan légal, dans la
formulation de l'article 53 par rapport aux articles 18 et 19.
M. Saint-Germain: On n'a pas ajouté sous la direction du
ministre titulaire, dans cette nouvelle formulation de l'article 53, par
rapport aux deux autres?
M. de Belleval: C'est la même chose que les articles 18 et
19 actuellement.
M. Pagé: M. le Président, le problème, c'est
que la réunion des articles 18 et 19 vient créer le
problème que je vous ai soulevé tantôt, et j'espère
que vous n'aurez jamais à vivre de tels problèmes parce que cela
pourrait remettre en cause un principe aussi fondamental que l'autorité
du chef du gouvernement.
M. de Belleval: D'accord.
M. Pagé: L'article 53 adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 54.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 55.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 56.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: A l'article 56, un sous-ministre ne peut exercer
aucune fonction incompatible avec I exercice des fonctions que la loi attribue
ou que le gouvernement lui assigne.
M. le Président, à plusieurs endroits dans ce projet de
loi, on assimile le statut de sous-ministre à celui de dirigeant
d'entreprise, lorsqu'on cite à plusieurs reprises les... (16 h 30)
M. de Belleval: De dirigeant de l'organisme.
M. Pagé: De dirigeant de l'organisme, d'accord. Pourquoi
la même chose ne sapplique-t-elle pas autant aux dirigeants d'organismes
qu'aux sous-ministres dans le cas de fonctions qui pourraient être
incompatibles? Pourquoi ne profitez-vous pas de l'article 56 pour qu'une
prévision analogue s applique aux dirigeants d'organismes qui, à
plusieurs endroits dans la loi. ont le même...
M. de Belleval: La loi constitutive de chaque organisme
prévoit les devoirs de chacun de ces dirigeants qui varient, d'ailleurs,
d'un organisme à l'autre.
M. Pagé: C'est cela le problème.
M. de Belleval: Parce que cela dépend de la nature
même de l'organisme.
M. Pagé: Si vous le disiez ici, vous n auriez pas de
variations d'un organisme à l'autre en raison de leurs lois
constitutives respectives.
M. de Belleval: Parce que les organismes ne sont pas de
même nature, les incompatibilités ne sont pas non plus de
même nature. Par exemple, le président du Conseil consultatif de
la culture, qui est un organisme, n'a pas les mêmes
incompatibilités que le président-directeur général
de la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
M. Pagé: Oui, mais vous ne faites pas de distinctions en
termes d'incompatibilités pour tous les sous-ministres, peu importe dans
quel ministère ils ont à oeuvrer. Vous vous en faites une...
M. de Belleval: Les ministères sont tous de même
nature, en termes légaux, tandis que les organismes ne sont pas de
même nature. Chaque loi constitutive prévoit cela.
M. Pagé: Vous conviendrez avec moi que ce serait une
solution, une approche passablement
plus logique que de limiter les pouvoirs compte tenu de la loi
constituante de chacun des organismes.
M. de Belleval: J'ai donné la réponse, M. le
Président.
M. Pagé: II y a beaucoup de flexibilité de la part
du ministre, M. le Président! C'est non! De la part du ministre, c'est
non.
Le Président (M. Dussault): L'article 56 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 57. Cet article est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. La
même chose, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. M.
Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 58.
Organisation de la fonction publique
M. Pagé: M. le Président, des
représentations ont été formulées au ministre de la
Fonction publique par le Syndicat de la fonction publique. Je me permets de
faire lecture, assez brièvement, de l'article 58. "Les personnes qui
sont nommées conformément à la présente loi font
partie du personnel de la fonction publique. Les personnes admises dans la
fonction publique en vertu d'une loi antérieure sur la fonction publique
ou le service civil sont réputées avoir été
nommées conformément à la présente loi. " Cela
c'est très bien.
Dans les représentations formulées par le Syndicat de la
fonction publique et je me permets de les citer: "Nous estimons, comme dans le
cas de nos recommandations présentées lors de l'étude du
projet de loi no 53, que la nouvelle formulation de cet article ne garantit
aucunement pour les employés qui auparavant auraient été
connus à titre d'ouvriers irrégulièrement nommés
que les dispositions de la loi leur seront également applicables,
puisque ces personnes n'ont jamais été admises dans la fonction
publique en vertu d'une loi antérieure."
Le ministre pourrait-il nous éclairer sur toute cette question
des ouvriers irrégulièrement nommés? Je suis convaincu
qu'il a pris connaissance de la requête ou des représentations du
syndicat.
M. de Belleval: Les ouvriers irrégulièrement
nommés sont protégés, d'abord et avant tout, par les
dispositions de leur convention collective. Ayant été
irrégulièrement nommés, la commission a déjà
statué qu'il serait impossible de reprendre les processus de nomination.
Ces ouvriers sont protégés par les dispositions de leur
convention collective depuis plusieurs années. La situation de ce
côté-là ne peut être redressée par une
disposition de la loi pour la bonne et simple raison d'ailleurs qu'il serait
extrêmement difficile, non pas extrêmement difficile, absolument
impossible d'identifier ainsi quels seraient ces soi-disant ouvriers
irrégulièrement nommés qui seraient touchés par une
telle disposition législative.
La question a fait l'objet d'un examen fouillé, tant à la
Commission de la fonction publique que par les juristes du gouvernement. De
toute façon, le problème ne se pose pas d'ailleurs depuis de
nombreuses années.
M. Pagé: Ils ont été nommés comment,
ces ouvriers, s'ils ont été irrégulièrement
nommés?
M. de Belleval: De toutes sortes de façons. M.
Pagé: Sont-ils nombreux?
M. Chevrette: Ce seraient plutôt vos partis qui pourraient
nous le dire.
M. Pagé: Non, écoutez, il faut poser des
questions.
M. de Belleval: On n'a aucune espèce d'idée. M.
Pagé: Aucune espèce d'idée?
M. de Belleval: Pas plus que l'ancien gouvernement, d'ailleurs,
n'avait aucune espèce d'idée à ce sujet, sur le même
rapport, c'est une situation...
M. Pagé: Ils sont régis par leur convention
collective.
M. de Belleval: C'est cela. Ils sont inclus.
M. Pagé: En fait, c'est un peu comme la motion du
président, l'autre jour...
M. de Belleval: Exactement. Elle est... M. Pagé:
Irrecevable, mais reçue. M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: Ils sont régis par la convention
collective. Ils sont membres de la fonction publique et ils ne sont pas
régis par la Loi de la fonction publique.
M. de Belleval: On ne les connaît même pas.
M. Pagé: Vous ne les connaissez pas et vous ne savez pas
combien ils sont.
M. de Belleval: On sait qu'il y en a.
M. Saint-Germain: Ils sont irrégulièrement
engagés.
M. Pagé: A part cela, cela va bien?
M. de Believal: Chez vous sont bien aussi?
M. Brochu: M. le Président, sur le même sujet, sur
la question de cette recherche que le ministre fait actuellement. Est-ce que le
ministre peut nos dire à quel moment il sera capable de rendre publics
les résultats de sa recherche?
M. de Believal: Quelle recherche?
M. Brochu: La recherche que vous faites sur
l'évaluation.
M. de Believal: II n'y a aucune recherche et aucune
évaluation. C'est absolument impossible. C'est une situation
inextricable. L'ancien gouvernement, d'ailleurs, en avait conclu de la
même façon. Je crois même que la situation remonte à
un gouvernement de l'Union Nationale, et même avant.
M. Brochu: C'est parce que tout à l'heure vous aviez
mentionné une étude dans vos propos...
M. de Believal: Non, il n'y a pas d'étude
là-dessus.
M. Brochu: Ah bon!
M. Pagé: Même pas d'étude sommaire,
absolument rien?
M. de Believal: J'ai l'impression qu'il y en a eu dans le temps.
La situation est ce qu'elle est depuis ces nombreuses années.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 58 est
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 59. Oui, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. ie Président, l'article 59, à la
section II du chapitre VI, prévoit toute la question des plans
d'organisation et de classification, qui ne doit pas, dans son étude,
être traitée à la légère, parce qu'il y a
quand même beaucoup d'éléments. Vous savez, ce n'est pas un
article de concordance comme on en retrouve dans chaque loi. C'est un article
de fond. Je me permets de vous le citer: "Le Conseil du trésor approuve
les plans d'organisation de chaque ministère ou organisme sur la
recommandation du ministre titulaire ou du ministre responsable de l'organisme.
Il détermine les effectifs requis pour la gestion des ministères
et des organismes et la répartition de ces effectifs, ainsi que le
niveau des emplois des fonctionnaires des cadres supérieurs en relation
avec la classification. "
M. le Président, à l'article 59, on retrouve... Je vais
parler plus fort. A l'article 59, on retrouve les premiers
éléments, les premiers jalons de toute cette question, ce
problème entre le ministre de la Fonction publique actuellement et les
travailleurs syndiqués de la fonction publique. Sur toute cette question
de l'aire de négociation, des limitations à l'aire de
négociation, on y inclut les questions de classification, les plans
d'organisation, les promotions, etc. Le moment serait peut-être choisi
lors de I'étude de l'article 59, pour que le ministre nous donne
peut-être un peu plus de renseignements, que le ministre nous indique en
quoi I'article 59 peut être lié à l'article 115 ou à
l'article 116. en termes de relation dans l'application des objets ou ce qui
est prévu dans les deux articles.
M. de Belleval: L'article 59, conformément à
I'économie générale de la loi, prévoit quel est
l'organisme gouvernemental qui a la responsabilité, l'initiative
d'approuver les plans d organisation de chaque ministère et de
déterminer les effectifs de ces ministères et le niveau des
emplois des cadres supérieurs, de la même façon que, comme
on l'a vu au tout début, c'était le ministre de la Fonction
publique, mais pas le Conseil du trésor dans ce cas, qui
déterminait le niveau des emplois en relation avec la classification
pour les emplois autres que cadres supérieurs. Il n'y a rien d'autre que
cette identification de l'organisme gouvernemental responsable de ses actions,
à l'article 59.
M. Pagé: C'est le Conseil du trésor qui
déterminera les effectifs requis pour chacun des ministères.
M. de Believal: C'est cela, comme c est le cas actuellement.
M. Pagé: Cela a quand même de l'implication
on verra cela tantôt dans d'autres articles, où des personnes
à l'article 60, par exemple, lorsqu'il est prévu...
M. de Believal: II y a deux questions différentes. Il y a
l'identification de l'autorité gouvernementale pour poser un geste
administratif, c'est l'article 59...
M. Pagé: Le Conseil du trésor.
M. de Believal: L'autre question à laquelle vous faites
allusion, c'est: Est-ce que ces actions du gouvernement sont négociables
ou non? C'est une autre chose complètement différente. Peu
importe que ces actions soient négociables ou ne soient pas
négociables, il faut déterminer dans la loi une autorité
gouvernementale pour effectuer un geste. C est ce que fait l'article 59.
M. Pagé: Vous avez répondu à ma
première question, c'est le Conseil du trésor. Deuxième
question...
M. de Believal: Voulez-vous la répéter? M.
Pagé: Est-ce que c'est négociable?
M. de Belleval: On le verra quand on arrivera à l'article
116. Bien sûr, ce n'est pas négociable, mais c'est une autre
question complètement séparée de la première.
M. Pagé: Ah bon! Ce n'est pas négociable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: J'aurais peut-être une question ici. Au
deuxième paragraphe de l'article 59, on dit: "II détermine les
effectifs requis pour la gestion des ministères et des organismes et la
répartition de ces effectifs... " II semble y avoir une
différence entre la détermination des effectifs et la
répartition comme telle. On sait que le syndicat, de son
côté, semble insister pour la négociation en ce qui
concerne la répartition...
M. de Belleval: ... le nombre des effectifs, c'est le nombre
total des effectifs dans un ministère et la répartition des
effectifs, c'est la répartition par classe d'emploi, par type de
tâche et par service ou direction générale.
M. Brochu: C'est surtout ce dernier point, je pense, que le
syndicat a indiqué pour avoir le pouvoir de négociation, que ce
soit négociable. C'est ce dernier point-là, surtout. Est-ce que
c'est ça?
M. de Belleval: Cela fait partie de leurs revendications,
oui.
M. Pagé: ... M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que mon collègue de Richmond a
d'autres questions?
M. Brochu: Non.
M. Pagé: M. le Président, comme je vous le disais
au début, dans mon intervention sur l'article 59, c'est à cet
article que commence surtout ce qui peut être litigieux en termes de
positions adoptées par le syndicat...
M. de Belleval: Pas du tout! Les articles que I'on a vus
auparavant, l'article 3 et l'article 4 entre autres, sont autrement plus
litigieux de ce côté-là.
M. Pagé: Oui, mais quand on... C'est surtout à
l'article 59 qu'on entre dans le mécanisme 59, 60, etc., jusqu'à
116 qu'on entre dans le...
M. de Belleval: Pas plus qu'auparavant.
M. Pagé: Ecoutez! C'est votre opinion. Moi, j'ai une
opinion qui est différente.
Pour moi, des articles 59 à 116, c'est là qu'on entre dans
le mécanisme des pouvoirs donnés au
Conseil du Trésor, au ministre, etc. C'est là aussi que
monte à la surface toute la question de la limitation de l'aire de
négociation en raison de l'article 116 et ce qui précède.
Tout ça, M. le Président, c'est surtout ce qui fait l'objet du
débat... Peut-être pas du débat, parce qu'il ne semble pas
y avoir beaucoup d'échanges entre la partie syndicale et la partie
patronale. Mais...
M. de Belleval: Est-ce que je peux vous arrêter, seulement
une seconde, là-dessus, si vous me permettez? Le syndicat ne conteste
absolument pas que le Conseil du trésor soit responsable de ces
matières.
M. Pagé: J'en conviens, qu'il ne conteste pas. M. de
Belleval: Alors, votre problème?
M. Pagé: C'est l'organisme qui est habilité pour
déterminer les effectifs requis pour la gestion des ministères.
Mais, de l'article 59 découle l'article 60. De l'article 60
découlent d'autres articles. Cela va comme ça jusqu'à
l'article 116, M. le Président.
M. de Belleval: Pas du tout! L'article 116 ne découle
absolument pas de l'article 59, d'aucune façon.
M. Pagé: il y a des implications dans des articles par
rapport à l'article 116, parce... Le ministre me laissera terminer, M.
le Président. Dans la politesse qu'on lui connaît, il va me
laisser terminer.
Les articles 59 à 116 sont reliés. De 59 à 116,
tout le long de l'étude de ces articles, il y a une relation et le noeud
du problème et du litige est à 116, en ce qui concerne l'aire de
négociation.
M. de Belleval: C'est ça. Sur cela, vous avez raison.
M. Pagé: M. le Président, j'ai souvent
demandé au ministre et j'ai souvent fait part au ministre entre
autres c'était un des arguments à l'appui de la motion que je
présentais l'autre jour, parce que moi, je suis convaincu que s'il y
avait eu un meilleur échange entre les représentants syndicaux et
le ministre, on en serait arrivé probablement à se comprendre un
peu mieux, parce qu'on ne se comprend pas.
M. Chevrette: M. le Président...
M. Pagé: On ne se comprend pas, M. le Président,
surtout sur la question de l'aire de négociation et surtout sur la
question de l'application de I article 116 et, par le fait même, les
articles allant de 59 à 116, parce que le Conseil du trésor
intervient, en fait, il y a tout le mécanisme, et on pourrait reprendre,
M. le Président, chacun des articles...
M. de Belleval: Je pourrais vous donner un renseignement
supplémentaire là-dessus.
M. Pagé: Je vais terminer, M. le Président. M.
de Belleval: D'accord.
M. Pagé: Je vais terminer. C'est interrelié. C est
ce qui fait l'objet du litige actuellement, 116 et les articles qui
précèdent, parce qu'il y a des références
continuelles, M. le Président. On se rappellera qu aux articles de la
formation de la commission, il y était fait état de 67, 87, 97,
94 dans leur application. Or, M. le Président, pour tous ces motifs, je
veux tenter une dernière fois d amener peut-être un peu plus de
bonne foi dans le cadre de l'étude de cette loi-là, de la part de
la majorité ministérielle.
Etant donné que c'est surtout ça le noeud du
problème, étant donné que les problèmes, en termes
d interprétation, se font connaître en ce qui concerne
I'application des articles 59 à 116, je suis convaincu que c est ce qui
va faire l'objet des discussions entre le premier ministre et les
représentants syndicaux lundi ou mardi. C'est surtout ça qui va
faire I'objet des discussions. Ce ne sont pas les articles comme ceux qu'on
vient d'étudier en ce qui concerne le statut d'un sous-ministre. (16 h
45)
Demande de suspension des articles 59 à
116
M. le Président, étant donné l'importance... Je ne
voudrais pas reprendre ici tout ce que j'ai invoqué, en ce qui concerne
cette rencontre avec le premier ministre, je fais présentement motion,
M. le Président, afin que la commission parlementaire de la fonction
publique suspende l'étude des articles 59 à 116 jusqu'à ce
que les représentants du Syndicat de la fonction publique
québécoise et du Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec aient rencontré le premier ministre et aient fait valoir
leur requête quant à l'aire des négociations.
M. de Belleval: M. he Président...
M. Pagé: M. le Président, on serait disposé
à continuer l'étude des articles 117 et suivants.
M. de Belleval: ... cette motion est, de toute évidence,
irrecevable...
M. Pagé: Elle est recevable.
M. de Belleval: ... puisqu'elle est exactement la même que
celle que le député de Portneuf a faite tout à l'heure. Il
s'agit d'une motion purement dilatoire et je vais le prouver d'autant plus
facilement que le lien que fait le député de Portneuf entre
l'article 59 et l'article 116 est tout à fait inexistant.
Je vais le prouver par le témoignage même du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec dans un mémoire qu'il me
faisait parvenir au tout début de la semaine dernière sur le
projet de loi 50 et qu'il a eu le temps de m'exposer article par article
pendant plusieurs heures, quand j'ai rencontré son président et
tous les membres de son exécutif. Ceci démontre bien d'ailleurs
que le ministre de la Fonction publique a été disponible pour
discuter à fond du projet de loi 50 même après son
dépôt, directement avec l'ensemble de la partie syndicale et en
détail, article par article...
M. Pagé: Vous êtes sur le fond.
M. de Belleval: Le député de Portneuf cite, depuis
le début de nos débats d'ailleurs, il se sert de ce
mémoire et de tous les paragraphes de ce mémoire, article...
M. Pagé: Vous êtes sur le fond.
M. de Belleval: J'en arrive sur le fond, M. le
député.
M. Pagé: Vous êtes sur le fond.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Vous ne devriez pas être sur le fond.
M. de Belleval: Non, j'arrive non pas sur le fond, mais j'arrive
à démontrer qu'il n'y a aucune relation entre l'article 59 et
l'article 116 puisque c'est le fond de votre motion, le sens de votre
motion.
Donc, le député de Portneuf cite constamment ce
mémoire qui, comme je le disais, démontre je l'ai entendu
avec les syndicats bien qu'il y ait eu consultation juqu'à la fin
et démontre bien aussi l'inutilité de tenir de nouveau une
commission parlementaire alors que tous ces faits sont connus de tous les
parlementaires d'ailleurs. Dans ce mémoire, M. le Président,
à l'article 59, le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec n'a aucune remarque à formuler au gouvernement; il ne
conteste absolument pas la teneur de l'article 59. Et pour cause, M. le
Président, parce que l'article 59 détermine, à
l'intérieur de l'organisation administrative, qui est responsable d'un
geste et cette identification d'un responsable n'a aucune relation avec le fait
de savoir si ce pouvoir est négociable ou non. M s'agit de deux choses
complètement séparées, comme tout le reste d'ailleurs des
articles du projet de loi qu'on a étudiés jusqu'à
maintenant. La motion du député de Portneuf n'a pas plus de
valeur maintenant que les motions précédentes sur tout autre
article dont il a accepté de parler jusqu'à maintenant sans
attendre l'article 116.
M. le Président, pour tous ces motifs, je vous demande de rejeter
la motion du député de Portneuf qui est, de toute façon,
une motion dilatoire.
M. Brochu: M. le Président, sur la question de...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député: vous aviez compris que le président
écoutait les membres de cette commission sur la
recevabilité...
M. Pagé: C'est recevable.
Le Président (M. Dussault): ... de cette motion. M. le
député de Portneuf, vous voulez parler sur la
recevabilité?
M. Pagé: J'ai une directive à vous demander.
Doit-on plaider sur la recevabilité, si elle est recevable, M. le
Président? On demande la suspension de certains articles; on ne demande
pas l'ajournement des travaux de la commission. On ne demande pas la suspension
des travaux de la commission. On demande de suspendre les articles 59 à
116; il va rester les articles 117 à 144 et on va continuer à les
étudier. Sans vouloir...
M. de Belleval: J'avais mal saisi la motion du
député de Portneuf, je regrette.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Elle est tout à fait recevable, à
mon avis.
Le Président (M. Dussault): Habituellement, M. le
député, sur une question de suspension de quelques articles, on
ne fait pas un long débat; on convient très rapidement de cela.
Sauf que je crains que le contenu soit tel qu'on veuille vraiment discuter de
la question. Habituellement, on y va très rapidement; on suspend...
M. de Belleval: J'ai donné mon opinion.
Le Président (M. Dussault): ... d'un commun accord.
M. Pagé: Selon le ministre, elle est recevable. Selon le
député de Richmond?
M. Brochu: M. le Président, elle est recevable ou elle ne
l'est pas. Ensuite, on passe à la discussion sur le fond.
M. de Belleval: Elle est recevable; j'avais mal saisi le sens de
la motion. Je croyais que le député de Portneuf voulait, encore
une fois, ajourner le débat sur l'ensemble du dossier. Je m'excuse;
j'avais mal saisi. Elle est tout à fait recevable.
Le Président (M. Dussault): Je ne veux pas vraiment
formaliser la procédure sur cette question. Habituellement, on passe
assez rapidement; on s'arrange assez rapidement pour savoir si on est d'accord
ou non à ce sujet.
Alors, M. le député de Portneuf, voulez-vous la parole
à ce sujet?
Cette motion est recevable, il n'y a pas de doute.
M. Pagé: Elle est reçue?
Le Président (M. Dussault): Sauf que, si on peut
s'entendre, sans formaliser le débat à ce sujet, pour ne pas
perdre de temps.
M. Pagé: Brièvement.
M. de Belleval: Je me rends compte, M. le Président, que
j'ai donné mes arguments sur le fond.
M. Pagé: Sur le fond. Alors, en termes de
présentation et de réplique, je vous dirai, M. le
Président, que cette motion que vous jugez recevable, qui est admise
comme recevable par tous les membres, vise essentiellement à suspendre
l'étude des articles 59 à 116, parce que c'est ce bloc d'articles
qui constitue le noeud du litige, la mésentente ou le manque
d'échange ou d'interprétation, les interprétations
différentes entre le ministre de la Fonction publique et les
représentants des syndicats.
Le premier ministre, dans la rencontre qu'il aura lundi ou mardi avec
les représentants des syndicats, sera à même de constater
que c'est effectivement dans ces articles 59 à 116 que les syndicats ont
à faire le plus de représentations. Ils ont informé le
premier ministre de leur inquiétude en ce qui concerne l'application de
ces articles, lesquels sont intimement liés, M. le Président,
à la question de l'article 116.
Le ministre dans son intervention a fait état du mémoire
présenté par le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec en disant que l'article 59 n'avait pas été
traité par le syndicat. S'il avait lu attentivement le mémoire du
Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec je me
permets de le citer il aurait vu les remarques que le Syndicat des
professionnels du gouvernement du Québec fait quant à l'article
59: Le Conseil du trésor conserve la haute main sur l'organisation des
ministères et en plus il n'y a rien à 116b et 116e qui soit
négociable.
M. de Belleval: 116, il ne conteste pas l'article 59 comme
tel.
M. Pagé: Ce qui est relié à 116... Non, mais
c'est quand même relié à 116b et 116e. Ce sera la
même chose, M. le Président, lorsqu'on arrivera à d'autres
articles tantôt. Que ce soit 67, 87, je ne veux pas tous les reprendre,
ce n'est pas le moment... Ceci pour vous dire, M. le Président, que ces
articles ont une importance, non seulement en termes de contenu, mais aussi en
ce qui concerne les revendications et l'information qui, je l'espère, se
donnera enfin de part et d'autre. Selon moi et j'en demeure convaincu, les
problèmes se situent surtout au niveau de l'interprétation. Si
les parties s'assoyaient et s'entendaient, on n'aurait peut-être pas tous
les problèmes qu'on connaît actuellement.
M. le Président, c'est dans ce sens-là que je demande aux
députés d'accepter l'adoption de cette motion. On peut
présumer que d'ici minuit ce soir on n'étudiera probablement pas
plus d'une cinquantaine ou une quarantaine d'articles. On pourra continuer
à siéger après l'adoption de la motion. On commencera
à 117, M. le Président. On ira jusqu'à 145, probablement
jusqu'à minuit.
Encore là, on a des amendements. Il y a des articles après
117 pour lesquels on a des amendements, qui seront probablement
débattus.
M. de Belleval: On verra en temps et lieu.
M. Pagé: M. le Président, ce serait
légitime, dans les circonstances, d'attendre la rencontre du premier
ministre pour traiter des articles 59 à 116 et continuer ainsi par la
suite l'étude des articles 117 à 144. C'est le sens de ma motion,
M. le Président. J'espère que la position inflexible du ministre
depuis le début de nos travaux pourra changer. Ce n'est pas trop
encourageant de participer aux débats de cette commission. Le ministre
est inflexible, c'est non tout le temps. Sur des questions aussi incidentes,
sans les qualifier de banales, des questions aussi minimes que celles que j'ai
soulevées tantôt sur le pouvoir du ministre par rapport au pouvoir
du premier ministre sur l'avenir ou le travail d'un sous-ministre,
c'était non, systématiquement.
M. le Président, j'attends un peu plus de flexibilité de
sa part et j'ose croire que les membres de la majorité
ministérielle accepteront que l'étude de ces articles litigieux,
qui sont le coeur du problème, soit reportée après la
rencontre du premier ministre avec les syndicats et ainsi on pourra continuer
de 117 à 144. Ce sera aussi intéressant pour eux. Ils pourront
rester jusqu'à minuit, parce qu'on a autant de travail et de
représentations à formuler de 117 à 144.
M. Chevrette: Adopté, sur division.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: J'aimerais terminer brièvement sur le fond de
la motion qui est devant nous. Tout à l'heure, j'ai plaidé la
recevabilité parce que, sur le plan technique, elle
réapparaissait comme devant être reçue et vous l'avez
effectivement reçue, M. le Président. Maintenant, sur la question
de fond, je diffère quelque peu d'opinion avec le proposeur de la
motion. Il m'apparaît, au point de départ, que toute la question
de la négociabilité ou de la non-négociabilité est
identifiée à l'article 116, que l'article 116 dise oui ou non
à la négociabilité, l'article 59 demeurerait le
même.
M. de Belleval: Exactement.
M. Brochu: Si j'ai bien compris et si mon interprétation
est correcte.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Brochu: il m'apparaît, à ce stade-ci, que ce
serait s enfarger inutilement...
M. de Belleval: Dans les fleurs du tapis.
M. Brochu: ... que de suspendre l'ensemble de ces articles. Je
comprends qu il y a une relation, mais la relation n est pas de cause à
effet.
M. de Belleval: De cause à effet, c est ça.
M. Brochu: II n'y a aucune relation de cause à effet, c
est une relation d'explication, de contexte, mais, lorsqu on va arriver, par
exemple, à I article 116, on va faire le débat de fond sur la
question de savoir si c est négociable ou non négociable ou
pourquoi, sur les raisons qui militent en faveur et les raisons qui militent
contre, les deux points de vue.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Brochu: Là, on pourra vider la question.
M. de Belleval: Exactement.
M. Brochu: Mais indépendamment du résultat auquel
on va arriver au niveau de l'article 116. l'article 59 ne sera pas
modifié.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Brochu: II va rester le même. Alors, il m'apparaît
qu'on doive s'inscrire plutôt dans le sens de la logique et dire:
Continuons l'étude article par article comme on est parti, on fera le
gros du débat lorsqu'on sera rendu à l'article 116 et on videra
vraiment la question.
Peut-être qu'en cours de route et même immédiatement,
il y aurait des choses qu'on pourrait établir, parce qu'il y a quand
même des relations de nature dans ce qu'on discute ici et ce qui est
rattaché à l'article 116, comme à d'autres articles
également. Par exemple, lorsqu'on parle du plan d'organisation,
lorsqu'on parle de la détermination, de la répartition des
effectifs, ce ne serait peut-être pas mauvais de définir les
concepts de base de tous ces éléments. De sorte qu'à
mesure qu'on évoluera dans la discussion, ce soit un entonnoir qui
s'ouvre plus grand pour déboucher sur la grande discussion.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Brochu: Ce serait peut-être une suggestion que je ferai
au ministre à ce stade-ci plutôt que de suspendre l'ensemble des
articles. D'ailleurs, je n'ai pas l'impression, d'après ce que je
connais du conflit, que le syndicat insiste sur l'article 59. Il insiste sur
l'article 116, mais pas sur l'article 59.
M. de Belleval: D'accord, M. le Président, on rejette
peut-être même la motion à l'unanimité?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Pagé: Sur division.
M. de Belleval: Sur division, d'accord.
Le Président (M. Dussault): Rejeté sur division.
Article 59. Il était appelé, le débat se fait sur
l'article 59.
M. Brochu: Est-ce que le ministre aurait objection à ce
qu'on procède immédiatement à l'établissement des
concepts de base qui sous-tendent les éléments auxquels j'ai fait
allusion?
M. de Belleval: C'est très bien que vous le mentionniez. A
l'article 59, je m'en tiendrai simplement à l'explication de ce qu'est
un plan d'effectifs.
M. Brochu: Oui.
M. de Belleval: Alors, quand un ministère est
créé ou quand on modifie ses cadres, on établit ce qu'on
appelle son plan d'organisation, c'est-à-dire son organigramme, quelles
sont les grandes directions générales qui existent dans le
ministère, les services, les sous-services, les directions
régionales, les services auxiliaires, les services du personnel, le
contentieux, etc., donc, on détermine l'organigramme
général du ministère. C'est fait sous l'autorité du
Conseil du trésor puisque cet organigramme est en relation avec les
objectifs du ministère, les programmes qui sont eux-mêmes
déterminés dans les lois ou dans les règlements
d'application et qui font l'objet d'études au Conseil du trésor,
en même temps que le budget de l'organisme en question.
C'est ce qu'indique cette première phrase de l'article 59, au
premier alinéa; le Conseil du trésor approuve de tels plans et il
détermine, dans chacune des cases de l'organigramme, le nombre de
personnes qui travailleront dans chacune de ces directions
générales, dans chacun de ces services. Il détermine aussi
le type des emplois ou le niveau des emplois supérieurs, des cadres qui
seront affectés à la direction de chacune de ces directions
générales ou services. C'est ce qu'indique l'article 59.
Donc, tant le niveau des effectifs que le nombre d'effectifs, leur
composition, leur qualité.
M. Brochu: C'est le même principe lorsqu'on met sur pied
une entreprise.
M. de Belleval: Une entreprise, c'est ça.
M. Brochu: Lorsqu'on évalue l'ensemble des besoins, des
activités...
M. de Belleval: ... tant d'ouvriers, c'est ça.
M. Brochu:... avec les définitions de tâches, le
nombre de personnes. D'accord, ça va.
Le Président (M. Dussault): L'article 59 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. (17
heures)
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 60.
M. Pagé: A l'article 60, on prévoit les cas
où un nombre de fonctionnaires à l'emploi d'un ministère
serait plus élevé que les plans d'effectifs prévus et
acceptés par le Conseil du trésor, selon l'article 60.
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: L'article 60 prévoit les cas où un
ministère ou un service aurait un nombre de fonctionnaires plus
élevé, en surplus, par rapport au plan d'effectifs
approuvé par le Conseil du trésor, ainsi que ce qu'il advient de
ces fonctionnaires, etc.
Le syndicat des professionnels du gouvernement du Québec a
allégué que cela pouvait toucher, "par la bande" la
sécurité d'emploi, en raison de l'affectation. Moi, je ne me le
suis pas expliqué et j'aimerais bien que le ministre nous dise si cela
affecte la sécurité d'emploi. Est-ce qe cela pourrait affecter
éventuellement la sécurité d'emploi? Et en quoi?
M. de Belleval: Cela ne l'affecte pas du tout. M. Pagé:
Cela ne l'affecte pas.
M. de Belleval: D'ailleurs, c'est le mécanisme qui assure
la sécurité d'emploi.
M. Pagé: Oui, quoique la personne qui sera ainsi en
surplus sera réaffectée...
M. de Belleval: Dans un autre ministère.
M. Pagé: ... dans un autre ministère. Mais est-ce
qu'elle a la garantie, de la même classe, des mêmes conditions de
traitement, etc.?
M. de Belleval: Si les postes sont disponibles, oui.
M. Pagé: Si les postes ne sont pas disponibles?
M. de Belleval: II peut y avoir reclassification en respectant
les niveaux de compétence des individus dans un autre corps ou classe
d'emploi qui serait de même niveau. Cela peut arriver. Par exemple, le
gouvernement engage des vétérinaires, maintenant.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: A un moment donné, s'il décide
qu'il n'a plus besoin de vétérinaires, qu'il n'y a plus de
travail pour les vétérinaires...
M. Pagé: II les affecte.
M. Chevrette: II pourrait les mettre à la recherche.
M. Pagé: Ils sont envoyés à l'office. Ils
ont un test d'aptitude à subir.
M. de Belleval: On n'a pas besoin de faire de tests d'aptitude.
Ils sont reclassés dans une classe
d'emploi la plus apparentée à la classe de
vétérinaire, au corps de vétérinaire.
M. Pagé: II n'y a rien qui garantit aux travailleurs ainsi
affectés de conserver les mêmes conditions de traitement?
M. Chevrette: Le traitement est assuré.
M. Pagé: Le traitement est assuré.
M. de Belleval: Oui, le traitement est assuré.
M. Pagé: Mais pour le reste, cela peut être une
classe différente avec ce que cela implique de différent.
M. Chevrette: Cela peut être une classe
inférieure... s'il a la garantie de traitement. S'il est à une
classe supérieure, il suit le salaire de la classe
supérieure.
M. Pagé: D'accord qu'il ne peut y avoir de diminution de
salaire ou de conditions de traitement, mais en raison du changement de classe,
il peut y avoir des différences au chapitre de l'amélioration du
revenu et de ses conditions de traitement.
M. de Belleval: Pour des classes similaires...
M. Pagé: Mais si les classes sont différentes,
c'est là que cela peut avoir un effet.
M. de Belleval: Mais les classes qui demandent des
habiletés similaires...
M. Pagé: Qu'on prenne le cas d'un
vétérinaire, comme vous venez de nous le citer. Vous n'avez plus
besoin de vétérinaires demain matin. Ces cas sont
référés à l'office qui prévoit une
affectation éventuelle...
M. de Belleval: Ils ne sont pas référés
à l'office, mais au ministère de la Fonction publique.
M. Pagé: Au ministère, d'accord. L'affectation se
fait. Si la personne est affectée à la recherche, elle peut avoir
le même salaire. Elle peut avoir les mêmes conditions de
traitement. Mais cela peut affecter la personne sur son avenir en termes de
plan de carrière sur les possibilités, les augmentations,
etc.
M. de Belleval: Normalement, comme la personne en question serait
reclassée dans un corps d'emploi similaire...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... semblable à celui dans lequel elle
était, elle aura plutôt le même plan de carrière,
à ce moment-là. Tous les corps de même type
possèdent le même plan de carrière.
M. Pagé: Mais vous conviendrez avec moi qu'il est
possible, suite à une telle affectation, qu'un travailleur n'y perde pas
en termes de diminution, mais y perde, à long terme en termes
d'augmentation et d'avantages.
M. Chevrette: Jusqu'à ce qu'il les rejoigne.
M. de Belleval: Normalement, il va être
réaffecté, comme je le dis, dans un corps d'emploi pour lequel le
plan de carrière sera similaire. Par exemple, que vous soyez agent de
recherche ou ingénieur, dans la fonction publique, vous avez à
peu près le même plan de carrière, en termes de
professionnels.
M. Pagé: Sensiblement.
M. de Belleval: Sensiblement.
M. Chevrette: Et je peux ajouter...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Si on faisait une comparaison avec la commission de
la fonction publique fédérale que, quand il y a un surplus de
personnel, ces personnes tombent dans le vide. La seule clause au niveau de
l'emploi, c'est qu'elles sont sur une liste prioritaire d'embauche pour une
période, je crois, d'une année, quelque chose du genre, alors
qu'ici les gens ont la permanence. Ils conservent leur permanence, leur
sécurité d'emploi. Ils peuvent être classés dans les
classes différentes. Si elle est supérieure, l'employé a
le traitement de la classe supérieure; si elle est inférieure, il
est assuré de garder le traitement qu'il avait antérieurement. C
est une sécurité maximale.
Les enseignants, par exemple, ont obtenu une sécurité
d'emploi. S'ils se voient mis à pied à cause d'un surplus de
personnel, ils ont obtenu au cours des négociations antérieures
la clause équivalente au fédéral, à savoir que leur
nom est inscrit dans les bureaux de placement provinciaux et qu'il y a des
priorités de rappel. Ce que les fonctionnaires ont déjà
d'acquis, c'est ce qu'on maintient.
M. Saint-Germain: II reste tout de même, par exemple, si
vous prenez un professionnel, un vétérinaire, pour garder le
même exemple, que ce vétérinaire ait une formation en
recherche et que le gouvernement décide qu'on ne peut plus, pour une
raison ou une autre, continuer d'avoir des recherches dans le sens où ce
fonctionnaire travaillait, là, on peut le changer de... Tout en gardant
la même classe, on lui donne d'autres responsabilités qui ne sont
pas celles de la recherche. Il peut bien arriver qu'il tombe dans
l'administration ou dans la pratique d'une profession tout simplement.
Si vous avez un type qui est formé pour la recherche, c'est
entendu que si vous le mettez à la
production, par exemple, il sera un peu désemparé. Il peut
y avoir pour lui sans aucun doute un bris dans sa carrière, parce que
vous le faites oeuvrer dans un champ d'activité où il est moins
bien préparé.
M. de Belleval: II n'y a pas de garantie absolue à la
progression de la carrière d'un individu dans la fonction publique pas
plus qu'ailleurs. Si les conditions technologiques changent, si les besoins du
service changent, l'individu, bien sûr, doit s'adapter aussi à ces
changements.
Le gouvernement dans des cas semblables... Cet article-là, je
crois, à ma connaissance, n'a jamais été mis en
application depuis qu'il existe dans nos lois. Ce n'est pas un nouvel article,
c'est un article qui existait. A ma connaissance, il n'a jamais
été mis en application ou à peu près pas, s'il l'a
déjà été. Les services gouvernementaux et les corps
sont ainsi faits que par simple rotation normale, par simple roulement normal
des postes, quand il arrive que des postes ne sont plus requis dans un
ministère, il est facile de muter les fonctionnaires dans des postes
exactement semblables à d'autres ministères.
Il est possible aussi de prévoir des plans de perfectionnement ou
de recyclage pour des fonctionnaires qui seraient ainsi affectés.
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est entendu que si
vous protégez à l'excès les employés civils, cela
risque de coûter énormément cher aux contribuables pour
garantir cette stabilité. Pour répondre au ministre, un bel
exemple, c'est lorsque les écoles techniques provinciales étaient
gérées par la province. Les enseignants étaient
fonctionnaires. Lorsque ces écoles ont été placées
sous l'autorité des commissions scolaires, il est devenu évident
que le gouvernement n'avait aucun besoin de cette multitude de
fonctionnaires.
M. de Belleval: C'est-à-dire que les personnes en
question, dans le cas que vous mentionnez, avaient le choix soit de quitter le
service gouvernemental et de continuer la carrière qu'ils poursuivaient
au sein des nouveaux instituts ou CEGEP, ou de joindre les rangs de la fonction
publique puisqu'ils avaient une sécurité d'emploi. Il y avait une
clause de sécurité d'emploi, de permanence au sein de la fonction
publique.
A ce moment-là, bien sûr, s'ils décidaient de
demeurer dans la fonction publique plutôt que de continuer leur
carrière comme enseignants, il fallait effectivement les reclassifier
dans la fonction publique et leur trouver un nouveau plan de
carrière.
M. Saint-Germain: En fait, ce qui est arrivé, c'est que
plusieurs, pour raison d'âge ou pour d'autres raisons, ont
préféré rester à l'emploi du gouvernement.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Saint-Germain: Ils ont reçu leur chèque à
la maison à ne rien faire pendant plusieurs mois.
M. de Belleval: II y en a qui sont reclassifiés plus
facilement, d'autres plus difficilement.
M. Saint-Germain: II y en a qui ont été
payés à ne rien faire pratiquement pendant deux ans...
M. de Belleval: C'est vrai.
M. Saint-Germain: ... et plusieurs centaines.
M. de Belleval: Enfin, vous parlez de 1967 ou 1968, oui?
M. Saint-Germain: Oui, cela a coûté plusieurs
millions aux contribuables pour garder ces gens à ne rien faire,
à la maison...
M. de Belleval: Ce sont des problèmes.
M. Saint-Germain: ... et recevoir leur chèque par la
poste.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Oui, M. le Président, j'aimerais poser une
question au ministre. Pour la bonne compréhension de ma question, je lis
l'article 60, premier paragraphe. "Si dans une classe, le nombre de
fonctionnaires permanents devient plus élevé que le nombre
fixé dans un plan d'organisation, ceux qui sont en surplus deviennent
des fonctionnaires surnuméraires et ils sont mutés au
ministère de la Fonction publique conformément à un
règlement du ministre de la Fonction publique, à titre de
fonctionnaires en disponibilité, avec les postes et les crédits
afférents. Le sous-paragraphe 3 du paragraphe n) de l'article 1 du Code
du travail ne s'applique pas à eux tant qu'ils demeurent à ce
ministère à titre de fonctionnaires en disponibilité."
Or, les fonctionnaires, dans ce sens, dans la fonction publique, ne sont
pas considérés en réalité comme des salariés
au sens du Code du travail.
M. de Belleval: Cela veut dire que si ce salarié, cet
employé était au ministère des Transports, il était
syndicable, à ce moment, il faisait partie d'un syndicat.
M. Brochu: Oui.
M. de Belleval: Le fait de le transférer au
ministère de la Fonction publique où les employés ne sont
pas syndicables, ne lui fait pas perdre sa condition d'employé
syndicable. Il continue donc de bénéficier de la protection de la
convention collective.
M. Brochu: II garde ses mêmes droits et
privilèges.
M. de Belleval: Pardon?
M. Brochu: II conserve ses mêmes droits et
privilèges.
M. de Belleval: C'est cela. Tant qu'il est fonctionnaire
disponible, bien sûr. Quand il est réaffecté, s'il est
réaffecté par hasard dans un ministère où les
fonctionnaires ne sont pas syndiqués ou dans un service où les
fonctionnaires ne sont pas syndiqués, là, évidemment, il
perdra sa qualité de fonctionnaire syndiqué. On retrouve cela
à tout bout de champ, quand une secrétaire peut passer d'un
ministère à l'autre. A un moment donné, elle peut entrer
dans une partie du gouvernement où les fonctionnaires ne sont pas
syndiqués.
M. Brochu: Ce statut lui vient du fait qu'il est en transition,
qu'il est simplement en attente de...
M. de Belleval: C'est cela. En transition, il ne perd aucun de
ses droits, autrement dit.
M. Brochu: D'accord, merci. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 60 est-il... Oui, M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il
y a des fonctionnaires, comme des directeurs du personnel, par exemple, qui
sont disponibles à la fonction publique actuellement?
M. de Belleval: S'il y a des directeurs du personnel disponibles
à la fonction publique?
M. Saint-Germain: Oui.
M. de Belleval: Non.
M. Saint-Germain: II n'y a aucun directeur...
M. de Belleval: A mon avis, il n'y a actuellement aucun
fonctionnaire visé par l'article 60 au ministère de la Fonction
publique. Si je me souviens bien, il n'y en aurait jamais eu.
Une correction, nous avons effectivement trois fonctionnaires de ce type
actuellement au ministère de la Fonction publique.
M. Saint-Germain: Ils sont disponibles depuis combien de
mois?
M. de Belleval: Depuis quelques semaines.
M. Saint-Germain: Quelques semaines. Les professeurs que je
mentionnais dans ma première question...
M. de Belleval: Aucun.
M. Saint-Germain: ... est-ce que ces gens n'étaient pas
disponibles dans le sens de l'article 60 au niveau de la fonction publique?
M. de Belleval: Je ne crois pas que l'article...
Il n'a pas joué dans leur cas dans le temps. L'article 45 de
l'ancienne loi ou de la loi actuelle, toujours, n'a pas joué, à
ce moment, pour eux. Ils ont été reclassés au
ministère même de l'Education qui s'en est occupé.
M. Saint-Germain: Est-ce que je dois interpréter la
déclaration du ministre affirmant qu'il y a simplement trois
fonctionnaires actuellement disponibles relativement à l'article 60 au
niveau du ministère de la Fonction publique, comme étant les
seuls fonctionnaires actuellement dans l'ensemble du gouvernement qui sont
disponibles, ou est-ce qu'il y a d'autres règlements ou d'autres
façons au niveau de certains ministères de garder des
fonctionnaires disponibles?
M. de Belleval: Un ministère peut prendre toute
disposition utile pour muter du personnel d'un ministère à
l'autre. Là, il faut bien voir de quoi il s'agit. Il s'agit d'un article
technique qui prévoit qu'à un moment donné, dans un
ministère, supposons qu'il y ait 30 postes d'agent de recherche dans ce
ministère, et tout à coup, les effectifs sont ramenés
à 25 postes. On se trouve avec cinq fonctionnaires de trop. A ce moment,
l'article 60 joue. Ces fonctionnaires sont réaffectés au
ministère de la Fonction publique et celui-ci se charge de les
réaffecter ailleurs dans un autre ministère. Il se peut fort bien
que, sans que l'article 60 ne joue, ces fonctionnaires, d'eux-mêmes, ou
avec l'aide de leur ministère, se trouvent un poste dans un autre
ministère sans avoir besoin de l'aide du ministère de la Fonction
publique. (17 h 15)
Autrement dit, le ministère de la Fonction publique a une
obligation légale, advenant que les mécanismes usuels, même
informels ne jouent pas, de leur trouver un autre emploi dans la fonction
publique. C'est l'article qui assure donc la sécurité d'emploi de
chacun des employés, parce que, étant permanents, ils ne peuvent
perdre leur permanence du simple fait qu'il y a un manque de travail. Il faut
donc, légalement, trouver un mécanisme pour leur trouver du
travail, quand, dans leur service en particulier, il y a diminution du
personnel.
M. Pagé: Concrètement et brièvement, M. le
ministre, ça se passe comment, à ce moment? Qu'on prenne le cas
de vos 25 agents de recherche. Le plan d'effectifs adopté par le conseil
en prévoit 22...
M. de Belleval: Bon! Comme j'ai dit, concrètement, la
plupart du temps...
M. Pagé: ... les trois gars s'en vont où? Chez
eux?
M. de Belleval: Concrètement, la plupart du temps, par des
mécanismes plus ou moins formels, ils sont mis au courant des postes
vacants de même niveau qui existent dans d'autres ministères et
ils font une demande de mutation. Les
deux sous-ministres, par simple signature d'un acte administratif...
M. Pagé: D'accord, mais lorsqu'il y a un poste d'ouvert
ailleurs et qu'il y a une demande de mutation faite dans ce
sens-là...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Mais lorsqu'il n'y en a pas, lorsque les
personnes arrivent à la fonction publique, est-ce qu'il y a une
initiative de prise auprès des différents directeurs du personnel
pour tenter de trouver des postes et tout ça?
M. de Belleval: Dans un cas semblable, il y a un service
spécialisé qui prend connaissance des capacités des
individus, de leur curriculum vitae. Il passe des entrevues et il est
chargé de leur trouver un autre emploi ailleurs dans la fonction
publique.
M. Pagé: Ils prennent feu et lieu où, à la
fonction publique ou chez eux?
M. de Belleval: Non, à la fonction publique.
M. Pagé: Dans les locaux de la fonction publique. Ils s'en
vont là et ils attendent.
M. de Belleval: Ils ont des locaux, oui. M. Pagé:
D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 60 est-il
adopté?
M. Saint-Germain: Non, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Les fonctionnaires qu'on dit communément
sur les tablettes, est-ce qu'ils sont affectés par l'article 60?
M. de Belleval: Pas nécessairement. Voyez-vous, un
fonctionnaire qui est sous-utilisé ou qui doit réorienter sa
carrière, peut demeurer à son poste actuel en attendant qu'on lui
trouve une autre affectation. Mais c'est notre intention, justement, une fois
le projet de loi no 50 adopté et une fois les pouvoirs du ministre
clairs en cette matière actuellement, les pouvoirs du ministre
sont purement consultatifs en collaboration avec les ministères,
c'est notre intention de dépister l'ensemble des personnes qui sont
ainsi sous-utilisées ou dont les capacités ne sont pas à
la hauteur des fonctions qu'elles doivent normalement exécuter, pour
qu'il y ait un renouvellement de la carrière de ces individus et que
ça se fasse de façon systématique. Il n'est pas
nécessaire, pour que ça puisse se faire, que ces gens-là
soient nécessairement transférés au ministère de la
Fonction publique. Je pense que cela devrait plutôt être
l'exception.
M. Saint-Germain: Si je comprends bien...
M. de Belleval: II s'agit d'appliquer des programmes de
perfectionnement, en accord, d'ailleurs, avec l'individu autant que possible,
trouver de nouvelles occasions de travail dans la fonction publique, dans les
autres ministères.
M. Saint-Germain: Ceux qui deviennent sous l'autorité de
la fonction publique par l'article 60 sont exclusivement des gens qui font
appel à la Loi de la fonction publique pour maintenir leur revenu ou
leur salaire, si vous voulez.
M. de Belleval: C'est ça, exactement. C'est le but
même de cet article.
M. Saint-Germain: Alors, quand vous me dites qu'il y en a
simplement trois, ça ne donne aucune indication sur le nombre de
fonctionnaires qui pourraient, à divers ministères, être
sous-utilisés.
M. de Belleval: Ah non! pas du tout! M. Saint-Germain:
Et...
M. Pagé: ... dans le cas d'un surplus d'effectifs.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Saint-Germain: ... est-ce que vous avez fait des études
ou des constatations de façon à pouvoir nous dire combien il y a
actuellement de fonctionnaires, au niveau des divers ministères, qui
sont sous-utilisés?
M. de Belleval: N'ayant aucune responsabilité en la
matière en vertu de la loi actuelle. Je n'ai pas à faire une
telle recherche, mais c'est bien mon intention, comme je l'ai mentionné
quand on a étudié l'article 8 du projet de loi, de mettre en
place tout un système d'étude pour faire en sorte que la
productivité de l'ensemble de nos fonctionnaires augmente et qu'en
particulier les fonctionnaires, en difficulté sur le plan de la
carrière, soient réaffectés ou qu'on puisse renouveler
leur carrière.
M. Saint-Germain: Vous voulez dire, en fait, que ni vous, ni
d'autres ministres, ni le premier ministre, ni le cabinet n'ont la moindre
idée actuellement du nombre de fonctionnaires qui sont
sous-utilisés.
M. de Belleval: Comme tel, non. Je pense que c'est la
responsabilité de chaque ministre et sous-ministre d'utiliser au mieux
les effectifs de son ministère. Mais le problème là-dessus
c'est pourquoi on a décidé de maintenir un
ministère de la Fonction publique et lui donner ces
responsabilités c'est qu'il faut bien admettre que les ministres
sont chargés de dossiers souvent urgents, que leurs sous-ministres aussi
doivent répondre rapidement à leurs demandes pressantes et
qu'il
s'ensuit qu'un certain relâchement général de ces
responsabilités en matière d'amélioration de la
qualité de la gestion de la productivité peut se produire; parce
qu'il y a toujours des choses plus urgentes, plus terre à terre, plus
immédiates à faire. Ce sera la responsabilité d'un
ministre en particulier, au nom de ses collègues et avec la
collaboration de ses collègues, de mettre en place les mécanismes
permanents, constants, toujours à réinventer d'ailleurs et
à revitaliser pour faire en sorte que, dans l'ensemble des
ministères, la productivité de nos services administratifs
augmente.
Une Voix: M. le Président...
M. Saint-Germain: Vous savez...
M. de Belleval: C'est là le coeur même de la
loi.
M. Saint-Germain:... il y a certainement là des
éléments qui doivent être étudiés. Surtout
ceux qui ont une longue expérience à l'Assemblée nationale
savent qu'à chaque élection il y a plusieurs dizaines de
fonctionnaires qui, du jour au lendemain...
Une Voix: Sont mis en disponibilité.
M. Saint-Germain: ... sont mis en disponibilité ou sont du
moins sous-utilisés.
M. de Belleval: Je vous arrête tout de suite...
M. Saint-Germain: Je ne sais pas, mais je crois que ce serait
très important de savoir...
M. de Belleval: ... pour vous dire...
M. Saint-Germain: ... comment cette politique...
M. de Belleval: ... que, comme fonctionnaire, j'ai assisté
à quatre changements de gouvernement et le problème des
fonctionnaires sous-utilisés provient bien davantage des
problèmes personnels des fonctionnaires en question ou de la mauvaise
gestion comme telle des autres fonctionnaires plutôt que de
phénomènes politiques. C'est la minorité des
fonctionnaires je l'ai vécu sous quatre gouvernements qui
sont affectés sur le plan même de leur carrière par des
changements de gouvernement.
Je rendrais plutôt hommage à l'amélioration de nos
moeurs politiques dans ce domaine poursuivie par les gouvernements qui se sont
succédé au pouvoir depuis 1960, en ce sens que les vendettas
qu'on pouvait connaître autrefois n'existent plus à mon avis dans
la fonction publique québécoise moderne, bien qu'il soit normal
qu'il existe des cas particuliers. Mais ce sont effectivement des cas
particuliers. Le problème général ou le problème
des quelques fonctionnaires qui seraient sous-utilisés rarement
provient, ou en minorité pro- vient, de problèmes politiques. Il
provient d'autres facteurs, des facteurs humains, des facteurs de mauvaise
gestion. Parfois, ce n'est pas la faute de l'individu comme tel; c'est parce
que ces gestionnaires, ceux qui sont responsables de lui sur le plan
hiérarchique, utilisent mal ses capacités.
M. Saint-Germain: Pour terminer mon intervention, M. le
Président, vous savez très bien... loin de là ma
pensée de revenir en arrière. Je ne dis pas que les politiques
qui existaient antérieurement étaient valables; pas du tout. Mais
il reste que, du moins la première année ou plus longtemps, avant
de recaser ces fonctionnaires, ils sont longtemps sous-utilisés,
toujours au détriment de leur propre carrière et toujours au
détriment des contribuables. Il en coûte plusieurs millions de
dollars par année chaque fois que le gouvernement change. Très
souvent, ce ne sont pas des fonctionnaires parmi les plus mal payés qui
sont dérangés par un changement de gouvernement.
Le Président (M. Dusault): Oui, M. le député
de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, l'article 60
prévoit les cas de surplus, les personnes qui seront affectées
à la fonction publique temporairement avant d'être
réaffectées dans un autre ministère. Prenons le cas de 27
employés dans un service où les plans d'effectifs
prévoient 24 employés. Comment sera déterminé que
c'est Jos Bleau par rapport à Pierre X qui s'en va à la fonction
publique? Quelles seront les modalités d'application et est-ce qu'il y a
des mécanismes d'appel?
M. de Belleval: Actuellement, en vertu des pratiques en vigueur,
le sous-ministre a toute autorité, ou le ministre a toute
autorité, pour réaffecter un employé.
M. Pagé: Pas question...
M. de Belleval: Maintenant, s'il faut le transférer dans
un autre ministère, cela suppose aussi l'accord...
M. Pagé: De l'autre ministère.
M. de Belleval:... de l'autre ministère.
M. Pagé: Ce n'est pas le sens de ma question.
M. de Belleval: Mais effectivement, oui, il pourrait choisir
n'importe lequel des 27.
M. Pagé: II peut choisir n'importe lequel des 27. Alors,
il n'y a pas de modalités précises comme l'ancienneté.
M. de Belleval: Non.
M. Pagé: Alors, s'il y a 27 personnes qui travaillent dans
un service et que les plans d'effectifs
approuvés par le Conseil du trésor stipulent qu'à
l'avenir c'est 24, il y en a trois qui, demain matin ou quelques jours
après, s'en iront à la fonction publique en attendant un autre
ministère. C'est déterminé par le sous-ministre et le
ministre et il n'y a pas de mécanisme d'appel.
M. de Belleval: En vertu des règles en vigueur
actuellement, je ne me trompe pas, je crois, en disant que vous avez
raison.
M. Pagé: Mais cela peut laisser place... Je ne vous dis
pas que cela sera la règle générale, mais le pauvre gars
qui va se retrouver dans un plan d'effectifs où il y a un surplus, si,
par malheur, il n'est pas aimé de son supérieur, il a de bonnes
chances d'être le premier à prendre le bord.
M. de Belleval: II peut y avoir des problèmes dans ce
domaine-là. C'est pourquoi la nouvelle loi, le projet de loi 50,
prévoit que le ministre, justement, doit faire des règlements sur
les affectations, les mutations, ces choses-là, de façon à
régulariser cet aspect de la gestion du personnel. Les modalités
d'application de ces gestes-là, d'ailleurs, peuvent être
négociables.
M. Pagé: Pourquoi n'avez-vous pas prévu des
modalités d'application comme l'ancienneté, des exemples comme
cela?
M. de Belleval: Les futurs règlements du ministre vont le
prévoir.
M. Pagé: Dans le cadre de la loi, il n'y en a pas.
M. de Belleval: A l'heure actuelle, non.
M. Pagé: II pourra éventuellement y en avoir par
règlement.
M. de Belleval: Je crois que la Commission de la fonction
publique, actuellement, pourrait faire des règlements là-dessus,
mais, à ma connaissance, elle n'en a jamais fait... Même la
commission ne pourrait pas le faire.
M. Pagé: D'accord.
M. Brochu: M. le Président, j'aurais une question, si le
député le permet. Je pense que le député de
Portneuf touche le point sensible de la question, d'une des questions
importantes. Il y a toute une zone qui est laissée purement à
l'arbitraire, à toutes fins utiles, à la discrétion.
M. de BeIleval: Tout à fait d'accord.
M. Brochu: II y a quand même un risque très grand.
Je me mets dans la peau des fonctionnaires qui se trouvent dans certains
services où il peut y avoir depuis X temps certains conflits de
personnalité ou quoi que ce soit. Le lendemain matin, il peut y avoir
des mutations qui se feront pour d'autres raisons que celles
d'efficacité ou quoi que ce soit, simplement parce qu'on aura dit un
matin: On a moins d'effectifs qu'avant et on en envoie trois ou quatre
ailleurs.
M. de Belleval: C'est tout à fait juste.
M. Brochu: Je voulais savoir, M. le Président, quel
rôle jouent dans cela les syndicats. Est-ce qu'il y a dans les
conventions collectives de ces gens des recours prévus en ce qui
concerne l'ancienneté ou d'autres points sur lesquels ils voudraient
faire valoir leur point?
M. de Belleval: C'est un point très important que vous
soulevez. Effectivement, il y a tout un secteur de ce qu'on appelle les
modalités de la carrière dans la fonction publique qui pourrait
être touché par les conventions collectives en vigueur, qui est
parfaitement négociable actuellement et qui va le demeurer d'ailleurs,
mais qui n'a pas fait l'objet jusqu'à maintenant des priorités
syndicales dans les dernières conventions collectives.
M. Brochu: Si je comprends bien, ces éléments n'ont
jamais été demandés à l'intérieur des
conventions collectives. (17 h 30)
M. de Belleval: Je termine la réponse qui est
essentiellement la même. Ces choses sont négociables, n'ont pas
fait l'objet, jusqu'à maintenant, de beaucoup de dispositions des
conventions collectives. Dans le cas du surplus de personnel au sens strict,
puisqu'on est à l'article 60, il y est prévu des comités
ad hoc pour étudier la question avec le syndicat, pour prévoir
des règles ad hoc. Mais pour le reste, la réglementation est
très pauvre en ces matières.
Il faut bien voir aussi que la fonction publique
québécoise, c'est une chose importante en termes de nombre; ceci
permet une souplesse de gestion à ce point de vue qu'on ne retrouve pas
dans un organisme où il y a peu d'effectifs, de sorte qu'il est beaucoup
plus facile pour les individus d'avoir accès à des postes dans un
service ou dans un autre que dans un autre type de structure. D'autant plus
qu'au niveau des fonctionnaires, en particulier des professionnels, leur acte
de nomination ne comporte pas l'affectation à un poste en particulier.
Ils sont mobiles dans la structure.
Rien n'interdit de penser que, pour l'avenir, il faudra de plus en plus
perfectionner nos règlements en cette matière. Tout en ayant une
souplesse de gestion nécessaire, il faudra avoir des règles qui
protègent les individus contre des décisions arbitraires et
soudaines.
M. Brochu: Oui.
M. de Belleval: Mais comme je l'ai dit, ces choses sont
parfaitement négociables. Donc, les syndicats peuvent s'y
intéresser autant qu'ils le veulent. Du côté du
gouvernement, dans le cadre des conventions collectives, il faut aussi conclure
des ententes qui protègent à la fois le mieux les
employés, mais aussi les besoins de la gestion.
M. Brochu: Si la loi devait être adoptée comme
telle, j'imagine facilement... C'est quand même un élément
nouveau qui est introduit...
M. de Belleval: Non, ce n'est pas un élément
nouveau, ça existe déjà.
M. Brochu: Cette possibilité d'arbitraire? M. de
Belleval: Ah oui!
NI. Brochu: Sauf qu'on la place dans le projet de loi.
M. de Belleval: A l'article 60, on reprend une disposition de
l'ancienne loi.
M. Brochu: A ce moment-là, dans le contexte qui est
nouveau, losque vous dites que ça pourrait être
négocié, en parlant de clauses négociables dans les
conventions...
M. de Belleval: Cela l'est, d'une certaine façon
aussi.
M. Brochu: ... qu'est-ce que vous avez à l'esprit? Cela
pourrait toucher quoi, par exemple?
M. de Belleval: Prenons le cas des mutations
géographiques, décentralisation de ministères, on peut
prévoir des mécanismes pour établir d'une façon ad
hoc les priorités dans les déménagements, etc., les
modalités qui devront être utilisées par les gestionnaires
pour affecter un individu de Québec à Gaspé; je prends un
exemple qu'on connaît.
M. Brochu: Est-ce que ça pourrait inclure I
ancienneté, ces éléments-là?
M. de Belleval: Tous ces aspects, I ancienneté, le type de
fonction, etc.
M. Brochu: Donc, le syndicat a un rôle à jouer
à ce niveau?
M. de Belleval: II a un rôle à jouer
là-dedans, c'est bien sûr.
M. Brochu: Pour aller chercher les pouvoirs
nécessaires...
M. de Belleval: C'est ça, prévoir les
dispositions.
M. Brochu: ... pour protéger ses gens.
M. de Belleval: Je pense aussi que l'Etat, de ce
côté, a l'obligation d'adopter des politiques administratives qui
concilient, comme je l'ai dit, le respect des employés et aussi les
nécessités d'une gestion efficace, normale, des effectifs. Il y a
toujours ces deux pôles qu'il s'agit de concilier.
Il ne faut pas sombrer dans l'arbitraire et le caprice, ni d'un
côté, ni de l'autre; ni du côté du ges- tionnaire, ni
du côté de l'employé. Il faut trouver les mécanismes
qui ajustent ces deux types de besoins.
M. Brochu: Tracer la ligne à la bonne place.
M. de Belleval: C'est ça. Et ça se fait, au fond,
progressivement et par entente mutuelle.
M. Brochu: Mais jusqu'ici, les comités ad hoc qui
existent, est-ce qu'ils ont bien fonctionné?
M. de Belleval: II y en a eu un qui a fonctionné pour la
CAT...
M. Brochu: La Commission des accidents du travail, oui.
M. de Belleval: ... dans le cadre de son plan de centralisation
et vous vous souvenez qu'au début cela avait posé des
problèmes, mais il semble que ça se déroule maintenant
normalement.
M. Pagé: Les pêcheries de Gaspé, comment
ça va?
M. de Belleval: Les pêcheries, c'est un bon exemple. Les
comités multiples qui doivent être mis sur pied ont
commencé à siéger.
M. Pagé: Cela va bien jusqu'à maintenant? M. de
Belleval: Oui
M. Brochu: Est-ce qu'il y a eu d'autres évaluations qui
ont été faites, par la suite, dans le domaine de la Commission
des accidents de travail, qui a été centralisée,
transférée dans la région? Est-ce qu'il y a eu d'autres
évaluations de I impact et de la façon dont cela a
été mis en marche, de même que de l'efficacité par
la suite?
M. de Belleval: Pas à ma connaissance.
M. Brochu: Je vous dis cela parce qu on a eu des résultats
de l'autre côté de la question. Il semble qu'il y avait de
drôles de problèmes d'implantation au niveau de certaines
régions.
M. de Belleval: Au début surtout, oui, l'année
passée.
M. Brochu: II y avait la question de la centralisation des
données, et il y avait aussi la question des dossiers et de ces
choses-là. Je sais que cela se promenait d'un bureau à l'autre.
Même les fonctionnaires avaient de drôles de problèmes
à l'intérieur des services. Je ne sais pas comment c'est au
moment où on se parle, mais il y a deux mois ou deux mois et demi,
c'était la situation.
M. Chevrette: Sur le même sujet.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais dire que, même si cela devenait
un objet négociable en tout, cela deviendrait, sur le plan
administratif, pratiquement inopérant, parce qu'on a le réflexe
de penser en termes de la convention collective, de dire que les affectations,
pour les journaliers, par exemple, si c'est un travail à la
chaîne, c'est facile de penser à introduire des notions
d'ancienneté.
Mais au niveau d'un travail clérical et d'un travail de
recherche, par exemple, ce n'est pas la même chose. On peut avoir un
employé qui a 20 ans d'expérience au niveau de la recherche, qui
n'a vraiment pas la compétence d'un employé de cinq ans
d'expérience, par exemple, pour un type de recherche bien
spécifique à faire.
Je dis donc qu'il ne faut créer de faux espoirs à personne
dans cela. Un gouvernement, c'est comme une commission scolaire. Vous allez
prendre les enseignants, ils obtiennent les mises à pied par
ancienneté. Mais au niveau des affectations par matières, c'est
selon la compétence et les capacités.
Il faut faire attention au sens de "réaffectation" quand on pense
à la mise à pied et au sens de "réaffectation" quand on
pense à l'attribution de tâches spécifiques. Si on fait la
distinction nette, quand on travaille avec des hommes, ce n'est pas du tout la
même approche qu'on emploie, parce qu'on pourrait paralyser à ce
moment-là, si on introduisait une notion d'ancienneté, tout un
secteur. C'est une question de compétence et d'aptitudes.
M. Pagé: J'aurais une dernière question.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Je tiens à vous dire que, tout à
l'heure, la commission a failli regretter votre départ. Nous pensions,
M. le Président, que vous nous quittiez pour la soirée. Mais nous
sommes heureux de voir que vous êtes revenu avec nous.
Le Président (M. Dussault): Vous n'avez pas à vous
inquiéter, M. le député de Portneuf, je serai avec vous
jusqu'à minuit, s'il le faut.
M. Pagé: Ah bon!
J'aurais une dernière question à poser au ministre. On a
parlé de plans d'effectifs, d'approbation des plans et tout cela. Le
moment serait peut-être choisi, pour le ministre, d'ajouter un peu de
lumière à deux notions qui suscitent un peu
d'ambiguïté dans l'interprétation qu'on pourrait leur
donner.
La différence entre "corps d'emploi" et "classe", qu'est-ce que
c'est?
M. de Belleval: Si vous voulez, on arrive à l'article 61,
c'est le sujet de l'article 61?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: On pourrait adopter l'article 60?
M. Pagé: On pourrait adopter l'article 60 et vous pourriez
introduire l'article 61 en répondant à ma question. M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): L'article 60 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 61.
M. de Belleval: C'est la responsabilité du ministre de la
Fonction publique d'établir, en vertu du projet de loi 50, à
l'article 61, la classification des emplois, ce qui comprend entre autres les
conditions d'admission à chaque classe et les règles qui
s'appliquent au passage d'une classe à l'autre.
Actuellement, cette classification des emplois est sous la
responsabilité de la Commission de la fonction publique.
Désormais, ce sera sous la responsabilité du ministre de la
Fonction publique. C'est certainement un des articles... Non, on ne peut pas le
déléguer, je ne crois pas. Non, pas du tout.
C'est un des articles les plus importants du projet de loi puisqu'il
confère aux responsables politiques la décision d'organiser la
distribution des tâches dans la fonction publique, selon les besoins,
tels que déterminés par le gouvernement.
Au niveau du gouvernement fédéral, ce pouvoir a aussi
été transféré de la commission au Conseil du
trésor, suite à une réforme qui est survenue il y a
quelques années. C'est la situation qui existe dans à peu
près tous les Etats nord-américains et dans les pays
européens. La classification est de la responsabilité du pouvoir
politique et non pas d'une commission indépendante. D'ailleurs, il y a
un consensus là-dessus depuis de nombreuses années, même au
Québec.
La classification des emplois, c'est quoi exactement? C'est la
description de tout, de chacune des tâches qui sont accomplies par un
fonctionnaire en particulier et qui sont regroupées dans des emplois
similaires.
Par exemple, la classification détermine ce qu'est un
employé de secrétariat, un auxiliaire de bureau, un
professionnel, un cadre, et dans chacun des corps, par exemple les corps de
professionnels, chacun des corps spécifiques, le corps des
ingénieurs, le corps des agents de recherche... Le corps regroupe la
description générique d'un type d'emploi, la classe étant
une subdivision à l'intérieur de ce corps.
Par exemple le corps des professionnels agents de recherche est
lui-même divisé en trois classes, comme vous le savez, la classe
I, la classe II, la classe III, les attributions de chaque classe faisant
l'objet d'une description spécifique.
Entre autres, la description de la classe ou du corps explique quelles
sont les attributions générales d'un employé qui a cette
classification, les conditions pour entrer dans ce corps, si cela prend un
diplôme universitaire, une douzième année, si cela prend de
l'expérience ou pas et
comment on passe d'une classe à une autre à
l'intérieur d'un même corps, par exemple comment passe-t-on de la
classe III à la classe II, à la classe I? Essentiellement, c'est
cela la classification, c'est la description des tâches dans la fonction
publique.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on discute de ces tâches pour
savoir de quelle manière on clas-sifie les gens, de quelle
manière on leur attribue certaines tâches? Est-ce que c'est
discuté lors de la négociation collective, d'une façon ou
d'une autre?
M. de Belleval: La classification est établie par la
commission, mais les conventions collectives prévoient des
comités consultatifs sur les changements à la classification.
M. Saint-Germain: Mais pour la classification même, il n'y
a pas de discussion là-dessus lors des négociations de la
convention collective?
M. de Belleval: C'est-à-dire que la classification ayant
été établie dans le passé, la consultation porte
soit sur l'établissement de nouvelles classes, soit sur des changements
dans les descriptions de classes actuelles, existantes.
M. Saint-Germain: Mais à la table de négociation,
ces sujets viennent-ils habituellement en discussion?
M. de Belleval: C'est-à-dire que ce qui est prévu,
c'est que la convention collective prévoit la mise sur pied de
comités consultatifs sur la classification. Chaque fois que le
gouvernement ou que la commission, dans le cadre actuel, désire changer
un règlement de classification, il y a consultation avec le
syndicat.
M. Pagé: M. le Président, comment sera prévu
l'avancement d'une classe par rapport à une autre? Est-ce que ce sera
par règlement ou par...
M. de Belleval: Le règlement détermine que, pour
avoir accès à la classe II, il faut avoir atteint tel
échelon de la classe III, dans un corps de professionnels, par exemple,
parce qu'il y a différents corps de professionnels.
M. Pagé: Quels sont les recours prévus... M. de
Belleval: Les recours?
M. Pagé: ... dans le cas où...
M. de Belleval: Actuellement, il n'y a aucun recours. Avec le
projet de loi, comme vous le savez, à l'avenir, il y aura un recours sur
la régularité du processus.
M. Pagé: On en appelle à la commission?
M. de Belleval: A la commission, oui, je m'excuse.
M. Pagé: Sur la régularité du... M. de
Believal: Du processus.
M. Pagé: ... processus. Donnez-moi donc un exemple de
cela, parce que je reviendrai peut-être avec une autre question?
M. de Believal: Si...
M. Pagé: Donnez-moi un exemple de situation qui pourrait
permettre un recours à la commission? (17 h 45)
M. de Believal: Un concours de promotion a eu lieu ou un concours
de recrutement, peu importe. Un concours de promotion, excusez-moi, c'est
vrai.
M. Pagé: Oui.
M. de Believal: Dans le cas d'un concours de promotion, un
candidat se plaint d'une irrégularité dans le concours.
M. Pagé: Dans le concours ou dans le choix, par la
suite?
M. de Believal: Par exemple, cela peut même être dans
le choix aussi; en vertu de la loi maintenant, il faut nommer les candidats
selon l'ordre de la liste d'éligibilité qui est émise.
M. Pagé: D'accord. Le ministre conviendra avec moi
on va se comprendre qu'il y a un recours en cas
d'irrégularité technique ou autre sur l'examen de promotion et il
y a un recours advenant le cas où, en vertu de la règle du
mérite, les candidats à l'examen, c'était un, deux ou
trois...
M. de Belleval: Plus besoin de prévoir on y
arrivera plus loin on n'a pas eu besoin de prévoir de recours en
cas de non-nomination, puisque la nomination, c'est péremptoire dans la
loi. Elle doit se faire selon l'ordre de la liste
d'éligibilité.
M. Pagé: A ce moment, M. le ministre...
M. de Believal: On y arrivera tantôt, si vous voulez, en ce
qui concerne cet aspect, en particulier.
M. Pagé: Oui, mais pourquoi ne pas prévoir un droit
de recours à ce chapitre, même...
M. de Believal: Si vous voulez. Je pense que, pour avoir une
discussion ordonnée, on pourra toujours en discuter quand on arrivera
à cet article. D'accord?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, j'aurais une question...
M. Pagé: Sauvé par le consentement, M. le
député.
M. Brochu: Oui, c'est cela. Supposons que vous avez un corps
d'emploi et que vous avez un certain nombre de classes qui sont
déterminées; vous dites: Le syndicat a des pouvoirs consultatifs.
En réalité, comment cela fonctionne-t-il? Est-ce que le syndicat
va être automatiquement consulté? Ou est-ce que le syndicat va
devoir taire des représentations pour faire valoir certains points
à l'intérieur de l'établissement des classes ou à
l'intérieur de la répartition, ensuite, à
l'intérieur des classes comme telles?
M. de Belleval: Quand on change un règlement de
classification, il y a tout simplement un comité consultatif qui est mis
sur pied avec le syndicat. Il y a un comité permanent qui étudie
ces questions au fur et à mesure qu'elles se présentent.
M. Brochu: C'est par le biais de ce comité que le syndicat
pourra faire valoir ses points.
M. de Belleval: II peut donner son point de vue.
M. Brochu: C'est strictement le rôle qui lui est
dévolu, à ce moment, à l'intérieur de ce cadre
législatif?
M. de Belleval: Exactement.
M. Brochu: Est-ce que cela va demeurer comme cela?
M. de Belleval: Si les syndicats sont d'accord, oui. S'ils
veulent continuer à participer à des comités consultatifs
comme cela, c'est notre intention de les maintenir.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait me faire un court résumé de toutes les décisions
prises en vertu de l'article 61 ? Quelles sont celles qui sont
négociables?
M. de Belleval: Les décisions prises...
M. Saint-Germain: De toutes les décisions prises en vertu
de l'article 61, quelles sont celles qui sont négociables?
M. de Belleval: Les décisions prises?
M. Saint-Germain: De toutes les décisions qui peuvent
être prises découlant de l'article 61, quelles sont celles qui
sont négociables?
M. de Belleval: L'établissement de la classification comme
telle, on le verra à l'article 116, n'est pas négociable.
Cependant, l'application de la classification à un employé en
particulier... Par exemple, un individu est classé, à un moment
donné, à un niveau donné, en vertu de la classification.
On dit: Vous, monsieur, vous êtes un agent de recherche classe II,
échelon 7, et vous prétendez qu'il y a eu une mauvaise
interprétation du plan de classement, etc. Vous avez un droit de grief,
sur le classement comme tel.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 61 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais que le
ministre me confirme, avant son adoption, que le droit d'appel à la
commission est limité à une irrégularité à
l'examen, dans le cas de la promotion.
M. de Belleval: Oui. En fait, ça ne touche pas l'article
61. Cela touche un autre...
M. Pagé: Oui, mais c'est quand même d'une classe
à une autre.
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: La promotion peut être d'une classe
à une autre.
M. de Belleval: Exactement, oui.
M. Pagé: Bon! Alors, par incidence, on peut en discuter
à l'article 61. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Nous passons
à l'article 62.
M. Pagé: Je conviens que les membres de la majorité
ministérielle ont hâte, mais soyez patients!
M. Jolivet: Cela va bien aller. M. Giasson: Votre affaire
va bien? M. Jolivet: Oui ça va bien. M. Giasson:
D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 62 est-il
adopté?
M. Pagé: Cela touche évidemment à la
tâche... Qu'est-ce qu'il y a de négociable, M. le ministre, dans
la tâche?
M. de Belleval: Dans la tâche? A quoi faites-vous alllusion
à l'article 62?
M. Pagé: M. le Président, on va lire l'article 62:
La description des attributions d'un emploi ne restreint pas les attributions
d'un fonctionnaire en vertu d'une loi quelconque ni le pouvoir du gouvernement,
du ministre titulaire, du sous-ministre ou du dirigeant d'organisme de
définir les devoirs du fonctionnaire et de diriger son travail.
D'accord, vous avez raison. C'est un petit peu plus loin.
M. Brochu: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: ... ici, évidemment, il est question de la
liberté de maoeuvre des supérieurs à fixer les
attributions d'emploi. Mais est-ce qu'un tel supérieur, à ce
moment-là, agit à l'intérieur des certaines
frontières? Par exemple, est-ce qu'il pourrait confier à un
fonctionnaire, jouissant d'une classification clairement identifiée, des
attributions qui iraient à l'encontre des descriptions de la
classification? Est-ce c'est délimité de quelque façon ou
si c'est un mandat qui est large?
M. de Belleval: C'est dans le cadre du plan de classification
établi.
M. Brochu: Strictement à l'intérieur des
définitions de ce côté-là.
M. de Belleval: II s'agit de tâches ancillaires à
son travail...
M. Brochu: Oui.
M. de Belleval: ... compte tenu de la description de la
classification. Autrement dit, je ne peux pas demander à un agent de
bureau, disons, à la classe nominale, de faire une tâche d'agent
de bureau principal sans, à ce moment-là, déclencher un
mécanisme qu'on voit un peu plus loin. Autrement dit, il y a
effectivement des sauvegardes qui empêchent de faire faire n'importe quoi
à un fonctionnaire. Il faut respecter le règlement de
classification malgré tout. Mais il y a des tâches ancillaires qui
peuvent être confiées...
M. Brochu: D'accord, ça va.
M. de Belleval:... définir ses devoirs, etc.
M. Brochu: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 62 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté. Une Voix:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 63.
M. Pagé: M. le Président, le ministre pourrait-il
nous donner des détails de l'application éventuelle? Qu'est-ce
qui sera amélioré par rapport à la loi actuelle, au moment
où on se parle, avec l'application de l'article 63?
M. de Belleval: L'article 63 détermine qui est responsable
de cet acte administratif comme tel. On dit que c'est le ministre de la
Fonction publique qui fait ce genre de choses. Les règlements
d'intégration des fonctionnaires à une nouvelle classe d'emploi
sont entièrement négociables. C'est très important de
faire remarquer cela. Autrement dit, si on modifie une classification, à
un moment donné, et qu'il faut changer les gens d'une classe à
une autre, les règles d'intégration, qui vont faire que justement
les individus ne seront pas pénalisés en termes de
carrière et en termes d'attribution de fonctions semblables dans le
nouveau plan de classification, sont entièrement négociables.
Il y a grief d'ailleurs sur chaque cas particulier si un fonctionnaire
n'est pas satisfait de la nouvelle classe d'emploi qu'on lui donne lors d'un
changement de classification ou de l'établissement d'une nouvelle
classification. Je pense que c'est très important de le remarquer. C'est
ce qu'on appelle justement les modalités d'application de la
carrière qui sont entièrement négociables.
M. Pagé: C'est négociable. Cependant, au lendemain
de la signature d'une convention collective, négociation pendant
laquelle il y a eu des échanges, des discussions et des ententes
même sur toute cette question des règles d'intégration,
vous pourriez adopter un règlement.
M. de Believal: Non, pas du tout. Souvent, dans le cas de la
convention collective, tout ce qui joue, c'est le mécanisme
d'encadrement quand un changement à la classification nécessite
une intégration.
M. Pagé: A ce moment-là, M. le
Président...
M. de Belleval: II y a un comité qui est mis sur pied,
etc.
M. Pagé: A ce moment-là, le ministre conviendra ou
acceptera le postulat voulant que, à moins de dispositions contraires de
la convention collective, le ministre détermine, etc.
M. de Belleval: C'est évident qu'il n'y a jamais un
syndicat qui signera une convention collective qui dirait que le ministre peut
changer la classification et intégrer les fonctionnaires comme il le
voudra.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, dans ce
cas-là, le ministre acceptera certainement mon amendement qui vise
à introduire au tout début de l'article 63 les mots suivants:
Sauf disposition
contraire d'une convention collective, le ministre de la Fonction
publique détermine, par...
M. de Belleval: Je m'excuse, j'ai...
M. Pagé: Le ministre acceptera mon amendement qui se lit
comme suit, M. le Président, si je me réfère à ce
qu'il vient de me confirmer, soit introduire au tout début de l'article
les mots suivants: "Sauf disposition contraire d'une convention collective, le
ministre de la Fonction publique détermine, par règlement, les
règles d'intégration des fonctionnaires à une nouvelle
classe d'emploi lors de l'entrée en vigueur d'une nouvelle
classification ou d'une modification à une classification existante." M.
le Président, je dépose l'amendement.
Le Président (M. Dussault): Donc l'amendement se lirait
comme suit: Ajouter au début de l'article 63 les mots: "Sauf disposition
contraire d'une convention collective et l'article se continuerait
le ministre de la Fonction publique. détermine, par
règlement, les règles d'intégration des fonctionnaires
à une nouvelle classe d'emploi lors de l'entrée en vigueur d'une
nouvelle classification ou d'une modification à une classification
existante."
M. de Belleval: M. le Président, le projet d'amendement du
député de Portneuf part d'un bon naturel, mais il est
superfétatoire, comme dirait le député de Johnson, qui
n'est malheureusement pas avec nous aujourd'hui. L'article 4 de la loi dit
qu'aux fins de l'article 3 et sous réserve des articles 50 et 116, le
ministre peut faire des règlements qui portent justement sur l'article
63, si vous reprenez l'article 4. Alors, tout cela est déjà dit
à l'article 4.
M. Pagé: M. le Président, trop fort casse pas. Le
ministre me disait tantôt qu'il a le droit d'adopter un règlement
sur l'intégration, que cela demeure négociable, que les
conventions collectives s'appliquent, qu'il ne peut se servir de son pouvoir
qui lui est conféré en vertu de l'article 63 pour adopter un
règlement et modifier ce qui aurait été accepté
dans le cadre de la négociation de conventions collectives et, par
surcroît, signé dans une convention collective, à ce
moment-là, pouquoi ne pas accepter l'amendement disant que: "Sauf
disposition contraire d'une convention collective, le ministre de la Fonction
publique détermine, par règlement, les règles
d'intégration des fonctionnaires..."
M. de Belleval: On a déjà dit une fois pour toutes,
M. le Président, le législateur a déjà dit une fois
pour toutes à tous les articles en question, 10, 60, 61, 63, 66, 70, 75,
90, 91 et 93 et on a déjà voté l'article 10 et vous n'avez
pas fait la même remarque, on a déjà voté l'article
60, on a déjà voté l'article 61, vous n'avez pas fait
cette remarque-là, sur toutes les règles concernant
l'évaluation, le classement, la promotion, l'affectation, la mutation,
le reclassement du personnel, que tous les règlements que le ministre
adopte dans ces matières, il le fait sous réserve de l'article
50, en ce qui concerne les pouvoirs de l'office et de l'article 116,
c'est-à-dire l'article qui détermine le champ de
négociation.
Deuxièmement, M. le Président, c'est que justement
d'après la façon dont nous avons rédigé l'article
116 maintenant il n'est plus nécessaire de prévoir ça.
C'est que tout est négociable, sauf ce qui est expressément
prévu à l'article 116, tandis que l'ancien article 52...
M. Pagé: On reviendra à l'article 116, si vous
voulez.
M. de Belleval: L'ancien article 52a, évidemment, ne
procédait pas par élimination semblable. On était toujours
obligé de répéter la même chose. De toute
façon, on a mis à l'article 4 la disposition onmibus qui
s'adresse à tous les articles concernés. C'est le
député de Portneuf lui-même qui me reprochait l'autre jour
la façon dont était rédigé un article en trouvant
qu'une de ces phrases ou partie de phrase était redondante. C'est lui
maintenant qui veut que je faisse une redondance, à l'article 63,
redondance d'ailleurs qu'il ne m'a pas demandé de faire aux articles 10,
60, 61, qu'il pourrait faire d'ailleurs tantôt de nouveau aux articles
66, 70, 75, 90, 93. Lisez l'article 4, c'est ce que ça dit
exactement.
M. Pagé: M. le député de Richmond.
Le Président (M. Dussault): Je vais écouter le
député de Richmond sur la recevabilité de cet
amendement.
M. Pagé: M. le Président, un instant, je vous
demande une directive. Le député de Richmond me permettra. Est-ce
qu'il faudra plaider, pendant dix minutes, chacun des partis, à chaque
amendement qu'on apportera pour déterminer la recevabilité d'un
amendement, M. le Président? On n'est pas ici pour les beaux yeux du
président, des membres de la commission et du public. On est ici pour
étudier un projet de loi, apporter des amendements, si on veut. Pourquoi
discuter de la recevabilité?
Est-ce que vous pourriez, je vous dis ça le plus respectueusement
possible, entre 18 heures et 20 heures, prendre 15 minutes de votre repas pour
aller demander au président de l'Assemblée nationale ce qui est
recevable et ce qui ne l'est pas?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: A chaque motion... la recevabilité, voyons
donc.
Le Président (M. Dussault): II est de mon devoir, M. le
député...
M. Pagé: Votre métier, j'espère que vous
allez l'apprendre.
Le Président (M. Dussault): ... de juger de la
recevabilité d'une motion, aussi longtemps et aussi souvent que j'aurai
un doute sur sa recevabilité.
M. Pagé: Quel doute avez-vous, je vous demande une
directive? (18 heures)
Le Président (M. Dussault): J'en ai un, M. le
député.
M. Pagé: C'est quoi le doute, sur ma motion? Tout le monde
convient que c'est recevable.
Le Président (M. Dussault): II y a déjà eu,
M. le député, des stipulations votées, par la commission
parlementaire, sur la même question. M. le ministre a commencé son
intervention en disant que c'était...
M. Pagé: Ce n'est pas une motion d'ajournement ou
de...
Le Président (M. Dussault): ... en disant que
c'était superfétatoire. Je me rappelle très bien...
M. Pagé: Lorsqu'un ministre dit que c'est
superfétatoire...
Le Président (M. Dussault): ... laissez-moi terminer, M.
le député...
M. Pagé: ... ça met en cause la
recevabilité?
Le Président (M. Dussault): ... effectivement, j'ai
déjà vu...
M. Saint-Germain: II est 18 heures, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): ... le président de la
commission sur la loi 101, juger une motion irrecevable parce que
c'était superfétatoire. Je pourrais vous apporter le fait bien
précisément. Mais de toute façon, comme il est
présentement 18 heures, je suspends les travaux... Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Avant de suspendre, M. le Président, vous me
permettrez de faire motion, étant donné que cela m'est impossible
d'être présent ce soir, avec le consentement de la commission,
pour que mon nom soit substitué à celui de M. Goulet,
député de Bellechasse, qui représentera l'Union Nationale
ce soir.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que j'ai le
consentement de la commission?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Dussault): Nous avons le consentement de
la commission. M. le député de Bellechasse remplacera M. le
député de Richmond.
Oui, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je vous remercie beaucoup de...
M. Saint-Germain: ... la recevabilité de la motion du
député.
M. Chevrette: C est le genre de farce plate...
Le Président (M. Dussault): il y a consentement unanime,
M. le député de Jacques-Cartier. On ne perdra pas de temps
à faire de la procédure là-dessus. Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Je vous remercie personnellement et je remercie le
député de Portneuf d'avoir demandé la suspension de
l'appel nominal au début pour me permettre de faire cette motion
à six heures.
M. Pagé: M. le Président, je remercie le
député de Richmond. Est-ce que ce serait possible, en raison de
la chaleur excessive ici, de siéger au salon rouge ce soir? Je crois que
le ministre conviendra avec moi... Les fenêtres s'ouvrent plus facilement
et il n'y a pas de gros rideaux de velours.
Le Président (M. Dussault): M. le député, je
vais vérifier si c'est possible de le faire.
M. Pagé: il faut le dire dans I avis.
M. Chevrette: On viendra ici et si on peut changer, on
changera.
Le Président (M. Dussault): Je ne peux pas prendre la
décision comme telle. Je dois d'abord vérifier et nous vous
aviserons le plus tôt possible.
M. Pagé: Vous allez déterminer si c est
recevable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: On suspend jusqu'à huit heures. Une
Voix: Dix-huit heures.
Le Président (M. Dussault): Je vais plutôt me
retenir sur les propos que je pourrais tenir.
Je suspends les travaux de cette commission jusqu à 20
heures.
(Suspension des travaux à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire de la fonction
publique réunie aux fins d'étudier article par article le projet
de loi no 50, Loi de la fonction publique.
Au moment de la suspension des travaux, à 18 heures, M. le
député de Portneuf me demandait s'il était possible de
siéger dans une autre salle. Je me suis renseigné et M. le
député de Portneuf parlait même du salon rouge
effectivement le salon rouge est disponible. Je veux savoir si vous
désirez faire une motion dans le sens de changer de salle.
M. Pagé: Je constate que mes collègues de la
majorité ministérielle et même mon collègue de
l'Opposition officielle semblent être profondément attachés
à cette salle. Probablement que l'habitude qu'il a d'y siéger...
On va rester ici.
Le Président (M. Dussault): M. le député,
pour ce qui est de l'amendement que vous nous aviez soumis dans le sens
d'ajouter au début de l'article 63 les mots "sauf disposition contraire
d'une convention collective" n'ayant pas la certitude qu'il est recevable ni la
certitude qu'il est irrecevable, je vais laisser le bénéfice du
doute à l'avantage du proposeur et je vais donc le juger recevable.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Lorsqu'on a
abordé l'étude de l'article 63, j'ai eu l'occasion de demander au
ministre de la Fonction publique des commentaires, des considérations
sur ce qu'il prévoyait être éventuellement l'application de
cet article et particulièrement en ce qui concerne la
détermination par règlement par lui des règles
d'intégration des fonctionnaires à la nouvelle classe
d'emploi.
Je lui ai demandé à ce moment-là je ne
voudrais pas reprendre l'échange qu'on a eu tous les deux si
cette question de l'intégration demeurait négociable. Il m'a dit
oui. Il m'a dit d'ailleurs qu'il était prévu que
d'éventuelles conventions collectives allaient pouvoir contenir des
clauses touchant les questions prévues à l'article 63.
Les questions que je lui ai posées m'ont permis aussi d'avoir des
réponses du ministre dans le sens qu'advenant le cas où une
convention collective dûment négociée, dûment
signée, advenant le cas où celle-ci prévoirait des clauses
particulières sur les matières qui font l'objet de l'article 63,
celui-ci ne pourrait par voie réglementaire, par le pouvoir
réglementaire qui lui est conféré à ce même
article modifier les règles applicables en vertu d'une convention
collective. Or, dans ce sens, je ne vois pas en quoi le ministre pourrait
refuser d'accepter l'amendement que j'ai proposé, à savoir que,
sauf dispositions contraires dune convention collective, le ministre de la
Fonction publique détermine par règlement les
règles d'intégration des fonctionnaires et tout cela.
Cette motion, cet amendement a été demandé et
présenté uniquement dans le but que le texte de loi soit plus
clair, uniquement dans le but de garantir aux travailleurs syndiqués que
ce qui sera négocié fera autorité, aura force de loi dans
le sens que le ministre ne pourra, par règlement, venir modifier ce qui
aura été entendu dans le cadre d'une convention collective. C'est
strictement là l'objet de l'amendement qui est proposé. C'est,
somme toute, qu'il soit clairement indiqué dans la loi, et
particulièrement en ce qui concerne l'intégration, les
règles d'intégration, que ce qui aura été
négocié, élaboré, faisant suite ainsi à des
ententes, ne pourra être modifié par la suite par un
règlement du ministre.
Je ne vois pas en quoi le ministre, je ne vois en quoi la
majorité ministérielle pourrait refuser un tel amendement. Comme
je le disais au début, "trop fort ne casse pas " et "trop clair" non
plus. Ce sera sans ambiguïté. Le législateur aura
parlé clairement, aura clairement indiqué ses intentions. Il
restera à souhaiter que ce soit adopté. Cela permettra ainsi de
mieux faire la démarcation entre le pouvoir réglementaire, ce qui
est négociable et ce qui est, par surcroît, contenu dans une
convention collective.
C'était là l'essentiel de mes commentaires à
l'appui de la motion que j'ai formulée. Non seulement j'espère,
mais j'ose croire que cela sera accepté. (20 h 15)
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, après avoir pris
connaissance de l'amendement proposé par le député de
Portneuf, je me pose des questions. Après avoir signé une
convention collective, le ministre pourrait passer un règlement, en
vertu de l'article 4, qui irait à l'encontre... Dans l'article 4, on dit
que c'est sous toutes réserves et qu'il ne peut aller à
l'encontre des articles 50 et 116. S'il ne peut aller à l'encontre de
l'article 116... l'article 116 dit qu'on ne peut aller à l'encontre des
conventions collectives, si conventions collectives il y a. C'est une question
que je pose. J'aimerais avoir la réplique du ministre avant de voter sur
cet amendement, en ce qui me concerne, ou avoir une autre argumentation du
député de Portneuf, mais je pense que c'est
spécifié que l'article 116 est bien compris là-dedans et
qu'on ne peut aller à l'encontre de ça.
M. de Belleval: M. le Président, le député
de Bellechasse, effectivement, a dû remplacer rapidement le
député de Richmond et c'est ce qui explique pourquoi il pose la
question, avec justesse d'ailleurs. J'avais expliqué tout à
l'heure à votre collègue pour quelle raison l'amendement du
député de Portneuf, qui me surprend beaucoup parce que le
député de Portneuf est un avocat... Evidemment, personne n'est
parfait, mais il n'en
reste pas moins qu'il possède cette auguste compétence et
qu'il devrait savoir que son amendement est superfétatoire, qu'il est
déjà inscrit, en fait, à l'article 4, qui est l'article
général qui donne au ministre un pouvoir de réglementation
et qui inscrit qu'aux fins de l'article 3, et sous réserve des articles
50 et 116, le ministre est chargé de faire des règlements qui
sont indiqués là. On mentionne nommément qu'un de ces
règlements est visé à l'article 63; donc, les
règlements du ministre sur la question de l'article 63 doivent
être exercés sous réserve de l'article 116. L'article 116
est très clair: II dit que les fonctionnaires sont régis par les
dispositions des conventions collectives qui leur sont applicables.
Par conséquent, cette matière est entièrement
négociable et le pouvoir réglementaire du ministre doit
s'exercer, comme le veut l'amendement du député de Portneuf, sous
réserve de l'article 116, tel qu'inscrit à l'article 4. C'est une
technique juridique de rédaction parfaitement admise, et je ne pense pas
que le député de Portneuf, tout avocat qu'il soit, contestera la
capacité des conseillers juridiques du gouvernement d'écrire une
loi de la façon qu'elle est écrite, de l'écrire
correctement, comme cela se fait d'ailleurs dans de nombreuses lois, avec cette
technique et, plutôt que de répéter à tous les
articles où le ministre a des pouvoirs réglementaires assujettis
aux dispositions des conventions collectives que ce règlement est
assujetti à la disposition de la convention collective, on l'a
écrit une fois pour toute à l'article 4. Je pense que le
député de Portneuf, pour des fins politiques peut-être, ne
fait pas honneur à sa réputation d'avocat en présentant un
pareil amendement.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... je suis assuré que le ministre est
bien au courant et qu'il est complètement sincère lorsqu'il dit
qu'il devient évident que l'article 63 peut être discuté
lors des négociations à une convention collective. Mais comment
se fait-il on peut faire confiance aux légistes j'en suis
et je ne dis pas que les légistes sont incompétents non plus,
loin de là, surtout au niveau du syndicat des professionnels, on
semble avoir des doutes sur la clarté de cet article? Admettons que les
légistes du gouvernement sont crédibles, admettons aussi que ce
n'est pas la première convention que signent le syndicat des
professionnels. Il doit certainement y avoir des avocats qui les...
M. Chevrette: Avez-vous un doute? M. Saint-Germain: Si
j'ai quoi? M. Chevrette: Avez-vous un doute?
M. Saint-Germain: Je ne suis ni légiste, ni avocat.
M. Jolivet: Vous êtes toujours plein de doutes.
M. Saint-Germain: Si j'étais le seul à avoir des
doutes, ce ne serait pas bien grave. D'ailleurs, je ne suis pas ici
nécessairement pour dire si, personnellement, j'ai des doutes ou pas. Il
est certain qu'il y a des doutes chez le syndicat des professionnels; ceux-ci
doivent aussi avoir à leur service des gens habitués à
interpréter les lois et à discuter pied à pied avec les
avocats du ministère. Ces gens aussi ont des doutes. Pour quelle raison
ne peut-on s'entendre sur un texte qui serait aussi clair pour le ministre que
pour la partie syndicale?
M. de Belleval: M. le Président, je voudrais aussi
réitérer les remarques que j'ai faites un peu plus tôt en
ce sens que le député de Portneuf n'avait pas soulevé
d'ailleurs cette proposition d'amendement aux articles précédents
où le ministre avait aussi des pouvoirs de réglementation aussi
assujettis aux conventions collectives, tels qu'indiqués à
l'article 4, mais non pas indiqués aux articles en question parce que
l'article 4 est l'article omnibus, notamment, entre autres, l'article 60 et
l'article 61 qu'on vient tout juste de voir. Le député de
Portneuf n'avait pas d'amendement à ce moment-là pas plus
qu'à l'article 10 qu'on a vu auparavant, qui est couvert par l'article 4
et qui n'indique pas à l'article 4 nommément, que c'est assujetti
aux dispositions des conventions collectives, puisque c'est déjà
dit, à l'article 4.
Finalement, M. le Président, toujours pour en revenir au document
fondamental du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, qui
m'a été présenté la semaine dernière et qui
fait la revue du projet de loi, article par article, et que j'ai revu
d'ailleurs avec eux pendant trois bonnes heures... Pour un ministre
hitlérien, fasciste, qui n'écoute pas la population, etc., je
pense que...
M. Saint-Germain: Le ministre ne devrait pas me dire cela
à moi. J'ai toujours été d'un tel respect pour le
ministre.
M. de Belleval: Je ne vous dis pas cela à vous, je
m'adresse à la galerie, M. le Président. Donc, j'ai revu avec ses
fonctionnaires, avec les représentants de ses fonctionnaires, tous les
articles du projet de loi. Dans le mémoire en question, si vous allez
à l'article 63, le Syndicat des fonctionnaires lui-même n'a aucune
remarque particulière à faire sur l'article 63, et je n'ai pas
besoin de vous dire que s'il y avait eu un doute dans leur esprit, sur la
capacité du ministre de faire des règlements au-dessus des
conventions collectives, en vertu de l'article 63, ils me l'auraient dit. A
l'article 63, ils n'ont pas les doutes cosmiques et juridiques de l'avocat
député de Portneuf ce qui, dans ce sens-là, confirme le
bon jugement des juristes du gouvernement et l'exposition des faits que j'ai
faite.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'ai un document ici.
Le projet de loi 50 et ce document a comme entête, comme vous le voyez,
SPGQ. Je l'ouvre à la page 8.
M. de Belleval: Ce sont les professionnels. M. Saint-Germain:
C'est juste.
M. de Belleval: Ce ne sont pas les fonctionnaires. Je faisais
allusion au mémoire des fonctionnaires, un mémoire très
fouillé, M. le Président, très bien écrit, article
par article, que j'ai vérifié article par article avec les
représentants des fonctionnaires en question.
M. Saint-Germain: Alors, voulez-vous dire que le syndicat des
fonctionnaires est mieux outillé, est plus sérieux, comprend
mieux les choses que...
M. de Belleval: Oui, M. le Président.
M. Saint-Germain: Alors, c'est toujours cela de pris. Parce que
je vois ici qu'à l'article 63 on a comme commentaire: Les règles
d'intégration étaient le seul point négociable dans la
classification. On nous l'enlève d'autorité. De plus, rien ne
précise que le reclassement se fera sans diminution de traitement.
M. de Belleval: Ce qui confirme, M. le Président, ce que
je dis depuis plusieurs mois, d'ailleurs, que le syndicat des professionnels,
plutôt que d'essayer d'informer la population correctement,
conformément d'ailleurs à leur statut de professionnels, ce
syndicat ment effrontément et utilise des documents mensongers qui ne
sont même pas confirmés par un autre syndicat qui, avec lui, fait
les revendications actuelles et dans un mémoire, on verra facilement la
facture de ces deux documents... Dans un cas il s'agit d'un document
sérieux et bien fait, article par article, avec des remarques
précises, et dans l'autre cas il s'agit non pas d'un document semblable,
c'est-à-dire de nature technique et sérieuse, mais de toute
évidence d'un document qui, dans sa facture même extérieure
et dans les slogans que l'on retrouve sur sa page couverture et un peu partout
ailleurs, n'est rien d'autre qu'un document de propagande qui ne fait pas
honneur aux gens qui l'ont écrit et à la profession qu'ils
prétendent pratiquer.
M. Saint-Germain: M. le Président, je laisse volontiers au
ministre ses opinions. Je suis tout de même un peu surpris. Voulez-vous
que j'en déduise qu'il y a beaucoup d'avocats dans ce syndicat?
M. de Belleval: II n'y a pas d'avocat dans ce syndicat, M. le
Président.
M. Saint-Germain: II n'y a pas d'avocat. Alors c'est à
l'avantage des avocats, au moins pour une fois.
M. de Belleval: Des avocats, c'est un peu comme des
économistes aussi, ils diffèrent parfois d'opinion.
M. Saint-Germain: Ah bon!
M. Jolivet: Ils font de l'argent avec...
M. de Belleval: Ils font de l'argent, d'ailleurs, avec ces
diverses interprétations.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une Voix: Refusé.
M. de Belleval: Rejeté, M. le Président.
Une Voix: Vote enregistré.
Le Président (M. Dussault): On demande le vote
enregistré. Vous signifiez si vous êtes pour ou contre. M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Contre.
Le Président (M. Dussault): Le député de
Champlain?
M. Jolivet: II est absent ce soir. Il est à l'autre
commission.
Le Président (M. Dussault): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Je suis contre.
Le Président (M. Dussault): M. de Belleval
(Charlesbourg)?
M. de Belleval: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Gendron
(Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour, M. le Président.
M. de Belleval: Vous ne mentionnez pas le député de
Bellechasse?
Une Voix: Oui, le premier.
Le Président (M. Dussault): J'ai commencé par
celui-là, M. le ministre.
M. de Belleval: Quel était le vote du député
de Bellechasse?
Une Voix: Contre.
M. Goulet: Vous auriez dû être attentif, M. le
ministre.
M. de Belleval: Je m'excuse, monsieur, j'étais distrait
par mon collègue de Joliette-Montcalm.
M. Goulet: Cela lui arrive souvent de distraire tout le
monde.
Le Président (M. Dussault): A I'ordre, messieurs!
M. Pagé: C'est un jeune député distrayant,
d'ailleurs.
Le Président (M. Dussault): Deux pour et six contre. Cette
motion d'amendement est donc rejetée.
Est-ce que l'article 63 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Pagé: L'article 63 est adopté sur division, M.
le Président.
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division.
J'appelle l'article 64.
M. Goulet: M. le Président, j'ai dit qu'il n'était
pas adopté, je m'excuse.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, j'avais entendu
adopté, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Non.
Le Président (M. Dussault): L'article n'est pas
adopté. M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Une seule question que je veux poser au ministre. Cet
article nous décrit ce qui arrive lors de la création d'une
nouvelle classe d'emploi ou encore lors de la modification d'une classification
existante.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Si vous me le permettez, j'aimerais soulever un cas
concret, de façon que le ministre puisse expliquer la façon
d'interpréter cet article dans un cas semblable. On a le cas des agents
de rentes.
M. de Belleval: Des agents de...?
M. Goulet: Agent de rentes, comme on les appelle, du
Régime de rentes. C'est le titre qu on leur donnait.
Je ferai un bref historique et j'aimerais que le ministre nous dise
comment il interprète cela, avant qu'on adopte cet article.
M. de Belleval: D'accord.
M. Goulet: Lors de l'instauration du Régime de rentes du
Québec, les personnes préposées au traitement des demandes
et à l'adjudication des rentes étaient des agents de
sécurité sociale. Elles avaient été engagées
selon les critères requis pour ce corps de fonctionnaires et en avaient
le salaire.
Le corps a été modifié par la suite et est devenu
celui d'agent de rentes.
Les prérequis d'admissibilité ont été
diminués à l'équivalent de trois années
d'expérience et leur salaire a été diminué en
conséquence. Ces personnes dont la nomination comporte le titre d'agent
de sécurité sociale ont la ferme conviction d'avoir
été lésées dans leurs droits en étant, du
jour au lendemain, sans leur consentement, changées de titre et
également de salaire. (20 h 30)
M. le Président, il y a un certain temps, les agents ainsi
diminués ont voulu faire un grief collectif suite à cet
abaissement des prérequis d'admissibilité. Le président
syndical du temps a déconseillé très vivement un tel
procédé alléguant que le tout serait réglé
lors d'une prochaine convention collective. Mais depuis ce temps, il y a eu
deux conventions collectives et rien n a été fait. Cela touche
directement l'article 63 maintenant.
Le malaise dont j'ai fait mention plus haut consiste en ce fait que
depuis deux ans, ce corps doit être réévalué. Vu le
peu de progrès des négociations, un mouvement a pris forme au
sein du corps d'agents de rentes afin de fournir au syndicat et au patronat un
dossier démontrant la complexité des cas soumis à un agent
de rentes. Rien ne bougea jusqu'au mois de mai 1977 où une autre
étude et analyse approfondie du travail effectué par un agent de
rentes fut commandée par le service du personnel.
Je conclus en disant qu'il n'y a pas très longtemps, la
commission de la fonction publique avait rendu une décision au sujet des
agents de rentes et que contrairement à ce qu'on était en droit
de s'attendre, il semblerait qu'il n'y aurait pas de révision du
règlement de classification des agents de rentes.
J'aimerais, M. le Président, me servir de ce cas-là et que
le ministre apporte des éclaircissements sur ce dossier afin que l'on
puisse avoir une illustration concrète de l'application de cet article
qui est présentement à l'étude avant de l'adopter, dans un
cas semblable.
Non, ce n'était pas l'intention, c'était pour donner un
exemple concret. C'est moins long que d apporter un amendement.
Le Président (M. Dussault): Pour les fins du journal des
Débats, nous attendons la réponse du ministre.
M. de Belleval: M. le Président, dans le cas d'un
changement de classification où l'on passe, par exemple, de la classe
d'agent de sécurité sociale...
M. Goulet: Agent de rentes.
M. de Belleval: ... à la fonction, à la classe
d'agent de rentes, il y a une négociation qui a lieu avec le syndicat
pour s'entendre sur les règles qui font qu'un employé passe de la
classe d'agent de sécurité sociale à la classe d'agent de
rentes. Tout cela est complètement négociable et a
été négocié, ils se sont entendus sur des
règles pour dire: M. X, qui est agent de sécurité sociale
à tel échelon, s'il y a des échelons je ne sais
pas, il y a peut-être des échelons dans ce cas-là va
passer à tel endroit dans la classification des agents de rentes. Si par
hasard, dans un cas particulier, un individu prétendait que les
règles de classification, que les règles d'intégration ont
été mal appliquées dans son cas, il peut faire un grief
devant un tribunal d'arbitrage, un agent de grief ou un tribunal
d'arbitrage.
On met une garantie additionnelle, c'est que si par hasard un agent de
sécurité sociale devait baisser de salaire dans la nouvelle
classification, on lui maintient son salaire actuel ce qui veut dire qu'il ne
peut pas baisser de salaire.
Cela va très bien jusqu'à maintenant?
M. Goulet: Jusque-là, cela va, c'est ce que je
voulais.
M. de Belleval: Voilà le mécanisme et la
façon dont on l'applique pour s'assurer que personne n'est
pénalisé dans le changement.
M. Goulet: Vous avez bien dit, M. le ministre, que le salaire ne
sera pas diminué; même si, à l'échelon où il
est transféré, il serait supposé être diminué
de salaire, pour travail égal, compétence égale, le
salaire ne sera pas diminué. Il va être maintenu jusqu'à ce
qu'il puisse avoir une autre augmentation de salaire. Cela veut dire qu'il peut
être deux, trois ou quatre ans au même salaire, mais celui-ci ne
sera jamais diminué, d'après votre interprétation.
M. de Belleval: Oui. M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 63 est
adopté?
M. Goulet: La motion est adoptée sur division.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division.
J'appelle l'article 64. Est-ce que l'article 64 est adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 65? Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 66. Est-il adopté?
M. Pagé: Non, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, la section III de ce
chapitre, particulièrement à l'article 66, prévoit des
exclusions particulières pour des motifs de non-praticabilité,
des motifs d'intérêt public. Le ministre peut faire en sorte que
soit exclu un emploi de caractère occasionnel dans la fonction publique
ou un emploi auprès d'un agent ou d'un délégué
général du Québec. Il peut, sur avis de la commission et
avec l'approbation du Conseil du trésor, soustraire cet emploi d'une
disposition de la présente loi qu'il indique, sauf qu'il ne peut
soustraire un emploi d'un caractère occasionnel de l'application des
articles 110 à 116. J'aimerais bien que le ministre de la Fonction
publique nous entretienne sur l'entente qui est intervenue entre le
gouvernement du Québec et le Syndicat de professionnels du gouvernement
du Québec, concernant les amendements à la convention collective,
signée le 2 novembre 1976. Cette entente a été
signée le 15 mai 1978. Je voudrais savoir dans quel but l'entente a
été signée, jusqu'où cela s'inscrit dans le cadre
des prévisions de l'article 66.
M. de Belleval: De quelle entente parlez-vous?
M. Pagé: L'entente entre le gouvernement du Québec
et le Syndicat de professionnels concernant la convention collective
signée le 2 novembre pour les délégations du Québec
à l'extérieur. Vous avez signé l'entente avec le syndicat
le 15 mai dernier.
M. de Belleval: Cela ne vise pas du tout les employés
occasionnels, cette entente.
M. Pagé: Cela vise l'article 66, en ce que... M. de
Belleval: Non, pas du tout.
M. Pagé: ... l'article 66 concerne les emplois
auprès d'un agent ou d'un délégué
général du Québec.
M. de Belleval: L'article 66 ne touche que les employés
autochtones de l'endroit où est située la
délégation.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: L'entente que vous avez actuellement ne vise pas
ces employés. Elle vise les employés permanents, les
Québécois qui sont en délégation à
l'étranger. Alors, on ne parle pas de la même chose.
M. Pagé: Vous ne pourrez exclure de la loi, en vertu de
l'article 66, les employés dans les délégations
générales du Québec un peu partout dans le monde, les
employés qui viennent du Québec. Je voudrais qu'on se comprenne.
Il y a une entente qui a été signée et il y a un article
66 qui vous donne le pouvoir d'en exclure.
M. de Belleval: Ces employés sont syndica-bles
actuellement. C'est ce qui fait l'objet de votre entente.
M. Pagé: D'accord. Les employés du Québec
travaillant dans ces maisons sont syndicables. Par l'article 66, vous pourriez
quand même les déclarer non soumis à la présente
loi. Vous pourriez les déclarer non soumis à la présente
loi.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Par l'article 66.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Tout comme les occasionnels?
M. de Belleval: Sauf qu'il ne peut soustraire un emploi d'un
caractère occasionnel de l'application des articles 110 à 116. On
ne peut pas soustraire un emploi occasionnel de l'application d'une convention
collective à l'avenir.
M. Pagé: Je suis d'accord. Est-ce que vous pourrez
soustraire les employés d'une délégation
générale...
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: ... si la convention signée avec le
syndicat des professionnels touche seulement les autochtones dans ces
maisons?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Quel est le motif?
M. de Belleval: Les emplois auprès d'un
délégué général sont d'un caractère
très particulier. Ils sont situés dans des endroits
éloignés et ils ne sont pas toujours groupés. Il n'y a pas
de possibilité de faire d'unités locales ou quelque chose comme
ça, de sorte que, souvent aussi, il peut arriver que ce soit absolument
impossible d'appliquer vraiment la convention collective à ces
employés. Normalement, on s'entendrait avec le syndicat sur
l'opportunité de les soustraire ou pas, selon les possibilités
réelles d'application de la convention collective à certains de
ces employés.
Maintenant, ça ne nous empêche pas de les reconnaître
aussi et nous l'avons fait.
M. Pagé: D'accord. Si, en raison du caractère de
l'emploi, du fait que c'est éloigné du Québec, etc., il
devient presque impraticable pour le ministre ou le ministère de faire
en sorte qu'ils soient soumis à la loi, ils auraient pu être
l'objet de l'entente que vous avez signée avec les professionnels, tout
comme les autochtones là-bas?
M. de Belleval: Oui, ça peut être le cas.
M. Pagé: Une fois que le projet de loi no 50 sera
adopté...
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: ... ces gens-là seront régis par
qui et comment?
M. de Belleval: De la même façon qu'ils le sont
actuellement.
M. Pagé: Comment sont-ils régis actuellement?
M. de Belleval: Selon qu'il y ait un règlement qui les
intègre ou qui ne les intègre pas.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: A l'accréditation syndicale, ils sont
intégrés ou pas, ils font l'objet d'une convention collective ou
pas. On ne change pas la situation présente de ce
côté-là. Pour l'instant, nous avons exclu de l'aire
d'accréditation seulement les employés autochtones. Nous n'avons
pas exclu les Québécois de l'accréditation.
M. Pagé: Est-ce votre intention de les exclure?
M. de Belleval: Non, pas du tout. Pour I instant, on a
signé une annexe à la convention collective. Nous voulons
continuer dans ce sens.
M. Pagé: Mais vous vous en donnez le pouvoir, en vertu de
l'article 66.
M. de Belleval: Le pouvoir demeure toujours, d'accord, comme
actuellement.
Le Président (M. Dussault): L'article 66 est-il
adopté?
M. Goulet: Sauf, si j'ai bien compris, M. le Président...
Cela veut dire que cette nouvelle exclusion ne touche pas les
employés...
M. de Belleval: II n'y a pas de nouvelle exclusion.
M. Goulet: En tout cas, ça ne touche pas les
employés des délégations du Québec à
l'étranger, sauf s'il y a des occasionnels. C'est bien ça?
M. de Belleval: Les employés autochtones des
délégations à l'étranger sont exclus de l'aire
d'accréditation, mais les Québécois qui sont à
l'étranger y sont inclus. Ils font l'objet de l'annexe à la
convention collective en vigueur que nous avons conclue, que nous allons
maintenir, que nous allons renouveler.
M. Pagé: Serait-il possible que les étrangers
soient...
M. de Belleval: Inclus aussi?
M. Pagé: ... inclus par une entente...
M. de Belleval: Ils le pourraient aussi.
M. Pagé: ... et que les Québécois ne le
soient pas?
M. de Belleval: Je pense que...
M. Pagé: Ce serait possible.
M. de Belleval:... l'absurdité serait tellement...
M. Pagé: Oui, ce serait possible?
M. de Belleval: Oui, ce serait possible.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Dussault): L'article 66 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. Gestion
de la fonction publique
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 67.
M. Pagé: La règle du mérite.
Le Président (M. Dussault): Cet article est-il
adopté?
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: L'article 67 prévoit la sélection
au mérite. Il y a des éléments certainement très
positifs dans ce qui est prévu à l'article 67. Il y a des
éléments aussi qui ne peuvent que susciter chez nous un peu
d'inquiétude.
M. le Président, j'aimerais et je vais y aller de front
que le ministre m'explique comment il se fait que son collègue de
l'Agriculture, dans une déclaration qui apparaît dans le Journal
de Québec d'août 1977, disait, et je cite le ministre de
l'Agriculture, M. Jean Garon, député de Lévis: C'est bien
simple; on veut s'assurer que les prochains fonctionnaires ne seront pas des
adver- saires. Quant à ceux qui existent déjà, et dont on
n'est pas sûr, on les déplacera pour qu'ils ne puissent pas nuire.
(20 h 45)
M. de Belleval: Qui a dit cela, M. le Président?
M. Pagé: M. le député de Lévis, votre
collègue au Conseil des ministres.
M. de Belleval: Où et quand a-t-il dit cela?
M. Pagé: En août 1977 et cela paraît dans le
journal de Québec.
M. de Belleval: Dans le?
M. Pagé: Journal de Québec.
M. de Belleval: Ah! Mon Dieu!
M. Pagé: En faisant état de la règle du
mérite.
M. de Belleval: A un moment je croyais que c'était dans
l'encyclopédie britannique.
M. Pagé: M. le Président, je vais demander au
ministre évidemment, il y a d'autres députés un peu
moins importants qui se sont servis de cette question du mérite pour
faire part d'agressivité à l'égard de certains
fonctionnaires. Je ne voudrais pas reprendre ici tout ce qui s'est dit, mais
c'est inquiétant. J'aimerais bien que le ministre nous rassure et nous
explique comment il se fait qu'un membre du gouvernement peut faire des
déclarations comme celle-là.
M. de Belleval: Je vais devoir le demander...
M. Pagé: C'est aussi pire que la flotte
québécoise.
M. de Belleval: ... au député concerné ou au
ministre concerné; je ne suis pas compétent pour...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président.
M. de Belleval: ... commenter des articles et d'en juger la
véracité.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. Le ministre
remet-il en cause l'article que j'ai cité?
M. de Belleval: Je ne peux le remettre en cause puisque je ne le
connais pas et que je ne suis pas compétent pour le commenter.
M. Pagé: Je viens de vous en faire part et je vous dis que
c'est inquiétant. Si cela avait été un
député d'arrière-ban qui a l'autorité très
limitée qu'on connaît, surtout dans la majorité des
ministériels...
M. de Belleval: Pourriez-vous déposer à cette table
une copie de la coupure de presse en question?
M. Pagé: La coupure de presse, M. le Président, on
pourrait en avoir au service du "clipping". En raison de l'heure tardive...
M. de Belleval: Quand vous l'aurez, on regardera cela,
d'accord?
M. Pagé: ... je ne peux le lui déposer.
M. de Belleval: Parce que j'ai l'impression que votre source
consiste en un document syndical qui m'apparaît suspect.
M. Pagé: M. le Président, je tiens à dire au
ministre que je me rappelle l'avoir vu moi-même. Si ma mémoire est
fidèle, c'était un samedi matin. Mon épouse s'en souvient
certainement parce que j'ai sursauté dans la maison; j'étais
offusqué...
M. Jolivet: Voyons donc!
M. Pagé: ... de voir qu'un membre du cabinet puisse en
arriver à une déclaration comme celle-là.
M. de Belleval: C'est incroyable.
M. Pagé: M. le Président, c'est
inquiétant.
M. de Belleval: Non, c'est surtout incroyable.
M. Pagé: C'est inquiétant aussi. Qu'un
député dise cela, mais...
M. de Belleval: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'article
67, M. le Président?
M. Pagé: ... qu'un ministre le dise en
référence à l'article 67 en faisant état de la
règle du mérite, je pense que cela mérite des explications
de la part du ministre. Que le ministre en donne à la lumière de
l'article 67.
M. Chevrette: De la part du ministre Garon.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, j'ai beaucoup de difficulté à voir le lien entre
l'article 67 que nous avons devant nous et les demandes que vous faites au
ministre.
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Dussault): Je dis que j'ai beaucoup de
difficulté à voir la pertinence de vos propos.
M. Pagé: M. le Président, je vous ai dit tout
à l'heure en se référant à la règle du
mérite que le ministre de l'Agriculture avait dit ce que je viens de
vous citer. La règle du mérite, M. le Président, c'est
à l'article 67.
M. Jolivet: Vous n'avez pas de mérite à ajouter
cela.
M. Pagé: Sélection au mérite.
Le Président (M. Dussault): Mais je lis l'article 67 et je
ne vois pas...
M. Pagé: J'ai demandé des explications au ministre
qui est membre du cabinet...
Le Président (M. Dussault): II n'est pas question du
ministre et député de Lévis dans cet article et il n'y a
rien sur les déclarations du ministre non plus dans l'article 67.
M. de Belleval: Cela a beau être un article important, M.
le Président...
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas pertinent.
M. de Belleval: II n'est effectivement pas question du ministre
de l'Agriculture.
M. Pagé: Vous êtes fort, M. le ministre. M.
Jolivet: Très bien, très bien.
M. Pagé: Vous êtes pas mal fort. Je reviendrai avec
l'article.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Pagé: J'avais d'autres questions, je vais laisser
passer mon collègue de...
M. Goulet: M. le Président, je voudrais savoir de quel
recours dispose une personne qui s'estimerait lésée, ne
reconnaissant pas, à son avis, avoir été nommée
selon les critères établis à l'article 67. Y a-t-il un
recours? On parle de nomination et de promotion à l'article 67. A
l'article 77, on prévoit un recours pour les promotions; mais pour les
nominations, y a-t-il un recours pour une personne qui pense avoir
été lésée?
M. de Belleval: Non.
M. Goulet: II n'y en a pas.
M. de Belleval: II n'y en a pas et aucune fonction publique dans
le monde, aucune loi dans le monde, ne donne un droit de recours à un
candidat de l'extérieur dans un cas de concours de recrutement
basé sur les mêmes critères que les nôtres parce que
dans la plupart des fonctions publiques, les concours sont basés sur les
mêmes règles que les nôtres, de ce point de vue-là,
sur le plan juridique. En fait, cet article se trouve à clarifier et
à expliciter, à mettre dans la loi les principes qui sont
déjà appliqués dans la fonction publique du Québec.
Il n'y a aucun recours donné, comme je le dis, ni au Québec, ni
ailleurs, ni à Ottawa, ni dans les autres provinces, ni aux Etats-
Unis, ni ailleurs dans le monde. Parce que cela n'est tout simplement
pas administrable. Il est évident que tout candidat refusé
à un concours de recrutement dans la fonction publique se plaindrait
automatiquement parce qu'il n'a rien à perdre, bien entendu,
d'interjeter un appel et, effectivement, la loi ne serait pas
administrable.
Cependant, ce qu'on fait, c'est qu'on inscrit les principes dans la loi
de façon très claire. On dit que les concours doivent être
de nature à constater impartialement la valeur des candidats, que la
sélection est établie sur la base de critères de
compétence et d'aptitudes. On fait en sorte que tout ce système
soit administré par un organisme autonome. Dans le cas de la Loi de la
fonction publique du Québec, tel que proposé par le projet de loi
50, tout ce système de protection sera en plus sous la surveillance,
l'inspection d'un autre organisme indépendant du premier, l'office de
sélection. Ce sera la Commission de la fonction publique qui
vérifiera les plaintes que des candidats malheureux pourraient lui
soumettre et qui fera les enquêtes nécessaires, etc.
Alors, je pense que de ce point de vue-là, nous avons le
système le plus étanche possible, mais il n'est pas possible de
donner un droit de recours à des candidats de l'extérieur. Ce
serait tout simplement non administrable. D'ailleurs, aucune fonction publique
au monde, aucune loi semblable ne donne un tel recours.
M. Goulet: C'est impossible qu'il y ait du patronage.
M. de Belleval: Pardon?
M. Goulet: C'est impossible qu'il y ait du patronage. C'est
étanche. Vous êtes sûr de cela et il n'y a aucune...
M. de Belleval: J'ai expliqué, l'autre soir, qu'on
s'était mis une paire de bretelles...
M. Goulet: Non, je pose la question.
M. de Belleval: ... une paire de chaussures à crampons,
etc. On a mis tout ce qui était possible pour protéger le
système. Ce qui reste, bien sûr, ce sont les possibilités
de fraude. Il n'y a aucun système à l'épreuve des fraudes.
La chambre forte la mieux gardée est toujours ouvrable. C'est le cas, je
suppose, de l'article 67, mais, comme je viens de l'expliquer, le fait que ce
soit administré par un organisme autonome, indépendant du pouvoir
politique, nommé par l'Assemblée nationale, qui est
lui-même surveillé par un autre organisme autonome, sous la
compétence de l'Assemblée nationale et que les critères
soient mis dans la loi, je pense qu'on ne peut aller plus loin. Effectivement,
aucune loi dans le monde ne va plus loin que cela.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. de Belleval: Si vous avez des suggestions pour qu'on aille
plus loin, je serais heureux de les entendre.
M. Saint-Germain: Pour la promotion, ce n'est pas la même
règle. Est-ce la même règle?
M. de Belleval: Dans le cas de la promotion, il y a une
possibilité d'appel.
M. Saint-Germain: Si l'employé a passé un concours
pour une promotion ou qu'il a la promotion, mais que cette promotion n'ait pas
été faite selon cette règle de l'ordre du mérite,
est-ce qu'un employé a un droit d'appel?
M. de Belleval: La loi est claire et nette, elle est
péremptoire. Les nominations doivent se faire selon cet ordre et il n'y
a pas possibilité de passer à côté.
M. Saint-Germain: Mais si elles ne l'étaient pas.
M. Pagé: Si elles ne l'étaient pas.
M. de Belleval: Si elles ne l'étaient pas, la loi serait
violée et à ce moment-là l'individu en question aurait les
recours que donnent les tribunaux ordinaires dans un cas de violation de la
loi. Je n'ai pas besoin de vous dire que non seulement il y aurait ces recours
purement juridiques, mais plus que ces recours, il y aurait le doigt accusateur
de la Commission de la fonction publique alertée par le candidat
malheureux qui se plaindrait en disant: J'étais le premier sur la liste,
ou j'étais le cinquième et je n'ai pas été
nommé, c'est le sixième ou le troisième qui a
été nommé avant moi. Il y aurait rapport à
l'Assemblée nationale et le ministre aurait des explications ardues
à donner et, d'autre part, il serait possible de poursuite devant les
tribunaux pour viol d'une loi.
M. Saint-Germain: Ecoutez, c'est compliqué votre...
M. de Belleval: C'est au contraire très simple, à
mon avis. La crainte d'un rapport semblable à l'Assemblée
nationale serait certainement le commencement de la sagesse pour un ministre,
d'une part; d'autre part, les tribunaux sont là pour redresser un tort
dans un cas semblable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je conviens que l'article
67...
M. de Belleval: Quand le Code civil est violé, qu'est-ce
que vous faites? Vous n'allez pas voir un fonctionnaire, vous n'allez pas voir
un policier pour dire: Redressez-moi ce tort-là. Vous vous adressez
à un tribunal.
M. Saint-Germain: II y a des appels, il y a des griefs qui se
font tous les jours pour des choses beaucoup moins importantes que cela.
M. de Belleval: A qui voulez-vous qu'on s'adresse pour faire un
grief? C'est le ministre qui nomme et le ministre refuse de nommer. Il n'y a
personne dans la fonction publique qui puisse redresser le grief. Le seul qui
puisse le faire, à ce moment-là, c'est un tribunal ou l'opinion
publique.
Une fois le rapport émis par la commission, je vois un
député, comme le député de Portneuf, qui est si
compétent à poser des questions à l'Assemblée
nationale, se lever et s'adresser au ministre des Transports, devenu ministre
de la Fonction publique ou au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche actuel devenu ministre de la Fonction publique dans une quinzaine
d'années d'ici le député aurait vieilli un peu mais
il aurait gardé toute sa verdeur je suis certain qu'avec son
doigt accusateur il dirait: Le ministre peut-il m'expliquer, non pas comment il
se fait qu'un pilote d'avion ait pris un avion pour aller à la chasse,
mais comment se fait-il que le ministre ait refusé de suivre l'ordre
d'un concours tel que stipulé dans une liste d'admissibilité
émise par l'Office de recrutement?
M. Jolivet: Préalablement fournie par...
M. de Belleval: Je pense que le député de
Saint-Maurice ou le député de Saguenay sachant que l'oeil
inquisiteur de la Commission de la fonction publique, d'une part, et du
ministre de Portneuf d'autre part...
M. Pagé: Bientôt, bientôt!
M. de Belleval: ... pardon, et le député de
Portneuf d'autre part, sachant cet oeil inquisiteur sur lui en tremblerait et
respecterait la loi avant même qu'on l'y force.
M. Saint-Germain: Si mon collègue devient ministre de la
Fonction publique dans quinze ans il ne sera jamais le successeur direct du
ministre actuel.
M. de Belleval: Non. Il y aura entre-temps d'autres ministres de
la Fonction publique.
Une Voix: Entendons-nous pour quinze mois. M. Chevrette:
Vous vous contredites.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une question au
ministre, si vous voulez, on va revenir à des choses plus
concrètes.
M. de Belleval: Je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi
de demeurer encore bien des années ministre de la Fonction publique.
M. Goulet: Vous pouvez toujours démissionner.
M. de Belleval: Je ne suis pas un "démissionneur".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je conviens que... M.
de Belleval: Je ne suis pas fou non plus.
M. Pagé: Je peux vous laisser trois ou quatre
minutes...
M. Saint-Germain: Je ne perdrai pas mon droit de réplique,
certain.
Une Voix: Vous voulez vous joindre à eux.
M. de Belleval: Cela suffit! Cela suffit! J'ai pensé que
les images étaient de meilleure nature à faire comprendre le
député de Portneuf parce que, sur le plan juridique, tout
à l'heure, j'ai eu beau utiliser des arguments complexes il ne m'a pas
suivi, alors j'essaie de ramener mes raisonnements, maintenant, sur une base
plus terre à terre.
M. Pagé: En termes de professionnalisme, M. le
Président, s'il y en a un dans cette assemblée qui est
très mal placé pour remettre en cause ma profession, et surtout
en ce qui me concerne, ou encore en ce qui concerne mon bureau d'avocats, c'est
certainement le député de Charlesbourg qui est le moins bien
placé pour faire quelque référence que ce soit,
particulièrement en ce qui concerne mon étude légale.
M. de Belleval: Je n'ai pas parlé de votre étude
légale.
M. Pagé: M. le Président, je reviendrai à
l'article 67...
M. de Belleval: Dans une étude légale on trouve des
gens d'inégale compétence.
M. Pagé: Ne soyez pas surpris. Ne vous inquiétez
pas là-dessus. Chez nous, cela va très bien dans mon bureau. Pas
de problème.
M. de Belleval: A part cela, chez vous sont bien.
M. Pagé: Oui. Chez vous? Etes-vous allé souper chez
vous finalement?
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
M. Page: M. le Président, je reviens à l'article
67...
M. Goulet: ... réglé hors cour.
M. Pagé: M. le Président, je conviens que l'article
67 relatif à la sélection au mérite est
certainement une amélioration dans 50 par rapport à 53 en
ce qu'il fonde cette sélection, cet élément de
mérite sur des appuis plus précis, à savoir sur les
critères de compétence et d'aptitude.
Je conviens comme le ministre qu'il serait invivable qu'il y ait un
appel de prévu pour discuter du fond lui-même en ce qui concerne
le mérite. Ce serait tout le temps des appels et ce serait impossible
d'avoir une jurisprudence suivie qui puisse s'établir. Mais là
où je ne souscris pas à ce qu'énonce le ministre, c'est
qu'il n'y ait pas d'appel de prévu dans les cas où, suivant un
examen, que la sélection se fasse non pas dans l'ordre du mérite
mais qu'on ne respecte pas cette règle du mérite. Je vais donner
un exemple, M. le Président. A la suite d'un concours de promotion,
trois personnes se sont présentées, elles ont réussi
l'examen. L'article 67 est appliqué sur les bases de critères de
compétence et d'aptitude; on détermine que monsieur Untel est le
numéro 1, un autre est le numéro 2, et un autre est le
numéro 3. Pour quelque motif que ce soit, on prend le numéro 2
avant de prendre le numéro 1. Moi, je ne m'explique pas qu'il n'y ait
pas d'appel dans ces cas-là. Le ministre pourra me dire qu'il y aura le
rapport annuel qui sera déposé à l'Assemblée
nationale, qu'il y aura l'oeil ou les yeux inquisiteurs de l'Opposition, ou
peut importe de qui, qu'il y aura la possibilité pour le candidat ainsi
brimé de faire valoir cette question sur la place publique, dans les
journaux, etc. et il y a aussi les recours devant les tribunaux... (21
heures)
Vous savez qu'il y a des exclusions particulières en ce qui
concerne les recours extraordinaires prévus au Code de procédure
civile. Vous savez que si un juge accepte de donner suite à un des
recours extraordinaires, pour ce qui est de l'office, immédiatement la
Cour d'appel peut réviser l'assentiment qui a été
donné à l'exercice d'un recours extraordinaire en vertu du Code
de procédure civile.
M. de Belleval: Le mandamus serait donné contre le
ministre, pas contre l'office.
M. Pagé: il serait donné contre le ministre, mais
cela implique des procédures judiciaires, tout cela. Pourquoi ne pas
prévoir un appel? Pourquoi obliger le gars qui ne sera pas choisi et
qui, normalement, aurait dû l'être, à s'en aller devant le
tribunal? Si c'est à l'égard du ministre, il a le pouvoir de se
prévaloir d'un recours extraordinaire. Mais présenter un mandamus
devant la cour, cela coûte des sous. Ce sont des procédures. Ce
sont des délais. Et il y a un droit d'appel là-dessus, il peut y
avoir des appels sur des questions de droit. Pourquoi ne pas prévoir que
la personne pourra loger un appel, dans un mécanisme établi? La
Commission de la fonction publique est habilitée à entendre des
appels, à donner des avis, à faire des études. Pourquoi ne
pas le prévoir? Pourquoi obliger la personne, si jamais cela se
présente, à aller se promener devant les tribunaux de droit
commun, à aller se chercher un mandamus, à s'engager un avocat?
Voyons! Je ne m'explique pas cela. Tout simplement pas.
M. de Belleval: il s'agit d'une disposition d'ordre public qui
est péremptoire, qui est très claire. On ne peut pas mettre dans
la loi une présomption qu'un ministre va violer carrément et
clairement une loi aussi explicite. C'est la règle qui existe dans
toutes les dispositions semblables d'ordre public retrouvées dans nos
lois. C'est d'ailleurs la même disposition qu'on retrouve dans la loi
fédérale, exactement la même chose ou à peu
près.
M. Pagé: Ce n'est pas parce que c'est péremptoire,
ce n'est pas parce que c'est d'ordre public et parce que le
fédéral le fait, vous savez.
M. de Belleval: Cela commence à faire des bonnes raisons,
quand même.
M. Pagé: Je ne vous demande pas un recours, un droit
d'appel sur le fond, pas du tout. Je sais comme vous que ce ne serait pas
praticable, que ce ne serait pas vivable avec cela. Je vous demande un appel
possible qui pourrait être fait à la Commission de la fonction
publique, comme c'est son rôle dans d'autres cas, et qui
prévoirait un mécanisme pour rétablir des situations qui
pourront éventuellement arriver.
M. de Belleval: Je crois que j'ai donné, de mon mieux, une
réponse au député de Portneuf et qu'il y a toutes sortes
de bonnes raisons pour...
M. Pagé: Alors, c'est non?
M. de Belleval: C'est non.
M. Pagé: Comme d'habitude.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: L'erreur humaine est toujours possible, les
injustices sont toujours possibles, amenées par des erreurs humaines ou
des erreurs voulues, indépendamment du ministre.
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: Mais je me pose des questions. Je sors d'ici ce
soir, je me fais frapper par une voiture, on me brise la colonne
vertébrale et je suis invalide pour le reste de mes jours...
M. de Belleval: il y a deux lois qui s'appliquent.
M. Saint-Germain: Je n'ai aucun recours devant les tribunaux de
droit civil, aucun. Je suis paralysé, impotent pour le reste de mes
jours.
Et le même gouvernement, avec une chose aussi simple que cette
liste au mérite, me dit: Non, il faut que tu ailles devant les
tribunaux. C'est le même gouvernement. C'est supposé être
sous-tendu au moins par un minimum de philosophie semblable...
M. Pagé: Cohérente.
M. Saint-Germain: Où est la cohérence dans tout
cela? Je m'y perds. Je ne suis pas avocat, mais je suis absolument perdu. J'ai
argumenté sans cesse lors de l'étude de la loi de l'assurance
automobile pour avoir un recours devant les tribunaux pour des raisons que je
croyais justes. Cela ne m'a rien donné, mais tout de même, j'ai
fait le travail que je devais faire.
Là, j'entends le ministre qui m'arrive avec un principe tout
à fait à l'opposé et à l'extrême, à
part cela, pour des choses qui me paraissent très simples.
M. de Belleval: Je ne comprends pas la cohérence du
député de Jacques-Cartier ou du député de Portneuf
qui s'offusquent toujours de la création de ces tribunaux quasi
judiciaires exceptionnels, qui sortent toujours des choses du droit commun et
quand on les laisse dans le droit commun, ils disent: Non, mettez-les dans le
cadre des tribunaux quasi judiciaires.
M. Sant-Germain: il y a une cohérence, M. le
Président.
M. de Belleval: M. le Président, j'en ai les bras
cassés, je ne comprends plus rien.
M. Saint-Germain: Je n'aurais aucune objection à ce qu'il
y ait un premier droit d'appel au niveau du ministère, quitte à
laisser un droit d'appel aux tribunaux de droit commun. Je n'ai pas d'objection
à cela, pas du tout, mais au moins pour une erreur qui pourrait
être simple, qu'on pourrait découvrir facilement, peut-être.
Ce serait imposer des frais énormes à un fonctionnaire qui, bien
souvent n'a pas les moyens de se les permettre. Je ne comprends pas.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je voudrais simplement savoir ce que viendrait faire
le Protecteur du citoyen là-dedans. Il ne peut pas...
M. de Belleval: Le Protecteur du citoyen pourrait intervenir dans
un cas semblable.
M. Goulet: Oui?
M. de Belleval: Bien sûr, une autre paire de bretelles de
plus.
Une Voix: Des bretelles et des ceintures.
M. Chevrette: Pour tenir tes culottes, cela prend des bretelles
et une ceinture.
M. Saint-Germain: C'est cela.
M. de Belleval: Vous avez raison de le faire remarquer, M. le
député de Bellechasse. Il y a aussi l'intervention du Protecteur
du citoyen.
Le Président (M. Dussault): L'article 67 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 68. Cet article est-il adopté? M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, une courte question. Il y a du
nouveau d'abord là-dedans. C'est l'office qui donne l'avis d'un
concours, comparativement à l'ancien article du projet 53. Qui doit
faire la preuve de la réception? J'ai encore eu un cas concret
dernièrement justement avec la fonction publique. Qui doit faire la
preuve de la réception? Est-ce le candidat? A mon avis, c est le
candidat. Souvent cette preuve est difficile à faire. La dernière
fois, c'était une question d'une journée, si vous voulez.
M. de Belleval: Vous parlez de quel avis? Vous parlez de l'avis
donné par...
M. Goulet: Non, la preuve. "Une candidature reçue dans les
délais fixés pour la réception des candidatures doit
être examinée". Qui doit faire la preuve de la
réception?
M. de Belleval: Elle doit être examinée.
M. Goulet: Si c'est inscrit: Fin du concours le 30 juin et que la
demande arrive...
M. de Belleval: Ce sont les règles normales qui sont
utilisées en pareille matière.
M. Goulet: J'aimerais que vous me les disiez. J'aimerais que le
ministre dise les règles normales.
M. de Belleval: Je ne suis pas un juge ou un expert de la
jurisprudence dans ces matières. Je pense qu'il y a la question
d'estampille de la poste qui est souvent reconnue ou la plupart du temps
reconnue comme une preuve suffisante. Il y a l'enregistrement postal, une
lettre recommandée par exemple, etc. Tout cela sert.
M. Goulet: M. le Président, je voudrais être bien
compris. Je donne un exemple.
M. de Belleval: II peut même y avoir le témoignage
de quelqu'un qui va porter l'enveloppe à l'endroit, avec un
témoin, etc. Toutes les preuves normales dans ce domaine
s'appliquent.
M. Goulet: Mon cas est concret. Il s'applique ici. Je poste une
lettre par exemple le 25 juin par courrier recommandé et j'ai mon
récépissé, c'est bien le mot qu'on y donne. Le concours se
termine le 26 et la lettre arrive ici par exemple le 5 juillet, huit jours
après. Ne me demandez pas pour quelle raison, mais elle arrive
après. Qu'est-ce qui se passe?
M. de Belleval: Si vous avez un récépissé
d'une lettre recommandée, c'est valable.
M. Goulet: Oui, mais il y a déjà eu audition et
c'est...
M. de Belleval: C'est valable.
M. Goulet: C'est valable? Mais s'il ne peut pas avoir recours
comme on a dit...
M. de Belleval: Vous me diriez que le concours aurait
été tenu? Cela ne se peut pas.
M. Goulet: Si vous dites que la date limite est le 25, le
concours se tient quand? Quand est-ce qu'on évalue?
M. de Belleval: Ne nous enfargeons pas dans les fleurs du
tapis.
M. Goulet: Non, absolument pas, M. le Président, parce que
c'est un cas concret que je soumets au ministre. C'est arrivé à
son ministère.
M. de Belleval: Supposons que vous avez une date limite qui est
le 25.
M. Goulet: Je ne peux pas avoir recours, d'après l'article
67, comme vous l'avez dit tantôt, si ce n'est pas une promotion.
M. de Belleval: Puis-je répondre?
M. Goulet: Oui, il ne peut pas avoir recours. Ce sont des cas qui
sont...
M. de Belleval: Disons que vous avez un concours qui se termine
le 24 juin. Vous allez à la poste et vous postez le 23 juin.
M. Goulet: Oui.
M. de Belleval: On vous donne un récépissé
de lettre dite recommandée.
M. Goulet: Recommandée.
M. Pagé: Sous pli recommandé.
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: Sous pli recommandé.
M. de Belleval: Sous pli recommandé, oui. La semaine
suivante, vous vous inquiétez de ne pas avoir reçu
d'accusé de réception ou, au contraire, vous recevez un
accusé de réception disant que vous n'êtes pas admissible
parce que vous nous avez envoyé votre candidature en retard.
M. Goulet: Voilà.
M. de Belleval: Vous vous présentez au bureau avec votre
papier et vous dites: Regardez, j'ai posté ma candidature à la
bonne date, et on va vous admettre.
M. Goulet: C'est cela que je demande, mais j'aimerais savoir le
délai pour le concours. Si toute cette procédure prend quinze
jours...
M. de Belleval: Non, normalement, entre la date de clôture
de réception des candidatures et la tenue même du concours, il y a
suffisamment de jours pour que le candidat puisse intervenir.
Deuxièmement, il va recevoir de toute façon un accusé de
réception à temps pour pouvoir faire valoir ses droits. Il s'agit
d'aménager les règlements, etc., pour cela.
M. Goulet: J'ai un beau cas pour lundi matin.
M. de Belleval: Est-ce que c'est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 68...
M. Saint-Germain: Pour quelle raison, tout simplement, au lieu de
dire "une candidature reçue dans le délai fixé pour la
réception des candidatures"... Là, la date de réception,
comme preuve, c'est le type qui veut passer l'examen. C'est le candidat qui
doit faire la preuve de la date de réception. Pourquoi ne
laisseriez-vous pas plutôt au candidat de faire la preuve de la date
d'envoi s'il est obligé de poster cet avis?
M. de Belleval: II fait la preuve de l'envoi.
M. Saint-Germain: Non, là, il faut qu'il fasse la preuve
de la réception. C'est différent.
M. de Belleval: Pardon?
M. Chevrette: C'est la théorie du
récépissé qui est dans le...
M. de Belleval: Oui, mais les règlements d'application de
tout cela prévoient qu'un individu qui a un
récépissé daté de la journée qui
précède ou de la journée de la date de clôture est
admis. L'office, on va le voir un peu plus loin, fait des règlements
de...
M. Saint-Germain: Je pensais simplement à la poste. Vous
savez, pour la poste, que le service est...
M. de Belleval: Oui, c'est sûr, c'est évident.
M. Saint-Germain: Si j'envoie une lettre aujourd'hui qui devrait
être reçue dans trois ou quatre jours et qu'elle l'est dans dix
jours, qu'est-ce que vous voulez? Si, dans dix jours, le concours n'est pas
passé, je serai tout de même éliminé...
M. de Belleval: C'est cela, oui.
M. Saint-Germain: ... parce qu'il est bien possible que ma lettre
soit arrivée après la dernière journée de
réception des lettres. C'est ce que je veux dire.
M. de Belleval: Article 68, adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Adopté? Adopté.
J'appelle l'article 69.
M. Pagé: A l'article 69, seulement une question concernant
l'avis qui est donné. On dit: Aussitôt qu'un emploi devient vacant
dans un ministère ou dans un organisme, le sous-ministre ou le dirigeant
d'organisme doit en donner avis au ministre de la Fonction publique. Pourquoi
n'en donne-t-il pas avis à l'Office du recrutement?
M. de Belleval: Parce que c'est le ministre qui est responsable
de l'élaboration des règlements en cette matière et qui
est aussi responsable de voir à leur application. C'est lui qui est
responsable des règlements de dotation, c'est-à-dire qu'il doit
décider comment le poste en question doit être
comblé...
M. Pagé: Sera comblé.
M. de Belleval: Par conséquent, il doit en être
avisé.
M. Pagé: Oui, mais il n'y a rien qui empêche
d'aviser l'office. C'est l'office qui devra faire passer les examens et tout
cela.
M. de Belleval: Cela dépend. Si le ministre décide
que le poste ne sera pas comblé, que, par exemple, il sera aboli, il n'y
aura pas de concours, ou si j'ai des employés surnuméraires
à placer prioritairement dans les postes vacants, je vais utiliser ces
postes vacants et il faut qu'il soit informé.
M. Pagé: Quoique l'avis au ministre n'empêche pas
non plus un avis à l'office.
M. de Belleval: Non, mais c'est inutile. Souvent, cela peut
être inutile. Si c'est un poste qui peut être comblé par
mutation, par exemple, l'office n'interviendra pas.
M. Pagé: Oui, je suis d'accord que, dans certains cas, ce
serait inutile, mais ce ne serait pas toujours inutile.
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: Dans certains cas, cela pourrait être
inutile, mais cela ne serait pas toujours inutile.
M. de Belleval: Non, mais, de toute façon, c'est le
ministre ou le ministère concerné qui va demander à
l'office, à un moment donné, de faire un concours. Qu'il ait
reçu, une semaine avant ou dix jours avant, un avis disant qu'il y a un
poste vacant, il ne sait même pas s'il sera comblé par un concours
de l'office, cela ne lui donne pas grand-chose.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Article 69, adopté.
Article 70? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: A l'article 70, je lis: "Un emploi dans la
fonction publique est comblé par affectation, mutation, promotion,
recrutement ou par tout autre mode de dotation..." Qu'est-ce que cela veut dire
exactement?
M. de Belleval: Vous voulez dire: Tout mode de dotation?
M. Saint-Germain: Oui.
M. de Belleval: Pourquoi posez-vous la question?
M. Saint-Germain: II me semble que, lorsqu'on a
énuméré comment un emploi dans la fonction publique peut
être comblé, qu'on a une telle énumération...
M. de Belleval: Reclassement, par exemple.
M. Saint-Germain:... on se demande si "mode de dotation" n'est
pas une sorte de sortie pour...
M. de Belleval: Non, reclassement, par exemple.
M. Saint-Germain:... faire un peu ce que le ministre veut bien
faire...
M. de Belleval: Non, reclassement... Cela peut être
comblé par reclassement. On a nommé les modes de dotation
principaux, mais il y en a d'autres qui sont employés
exceptionnellement, qui peuvent prendre différentes formes.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Saint-Germain: II faut tout de même comprendre que c'est
un terme qui peut inclure bien des façons de procéder à
combler l'emploi.
M. de Belleval: Oui. (21 h 15)
M. Goulet: M. le Président, l'article 70 du présent
projet de loi remplace, d'après moi, l'article 75 du projet de loi no
53.
Personnellement, j'aimais bien mieux, surtout le premier alinéa
de l'article 75 du projet de loi no 53 qui disait, et je cite: "Les emplois
sont comblés à même le personnel de la fonction publique
chaque fois qu'il est possible d'agir ainsi"...
L'article 70 dit autre chose. C'est plus dilué.
M. le Président, il me semble que c'était clair.
C'était un principe qui était clair. C'était établi
qu'avant d'aller à l'extérieur on s'assurait qu'on pouvait avoir
quelqu'un à l'intérieur de la fonction publique, à
l'intérieur du personnel en place. Si on n'en trouvait pas et qu'il n'y
avait personne qui faisait l'affaire, après avoir épluché
tout ça, on pouvait aller à l'extérieur.
Maintenant, on ouvre une porte avec le nouvel article 70. il me semble
que c'est dilué. Je comprends que la philosophie de base peut être
la même, mais pourquoi ouvrir une telle porte? Pourquoi ne pas permettre
d'aller d'abord à l'intérieur de la fonction publique? Si on a
des gens compétents, leur donner toute la chance voulue. Après
ça, si on n'en trouve pas, aller à l'extérieur. Là,
on peut aller directement à l'extérieur, si on s'en tient
à l'article.
M. de Belleval: Strictement parlant, oui. M. Goulet:
Oui.
M. de Belleval: C'est vrai qu'on avait mis l'ancien article de la
loi actuelle dans le projet de loi no 53. Finalement, on l'a retiré du
projet de loi no 50, parce que, après réexamen et étude
on a eu le temps, pendant l'année écoulée, de
repenser un certain nombre de choses on s'est rendu compte que ce voeu
pieux, au fond, n'était rien d'autre qu'un voeu pieux, et que c'est par
les règlements de dotation du ministre qu'on va déterminer en
pratique ce qu'on fait dans chaque cas et dans chaque type de situation.
Effectivement, un principe sain de gestion, c'est d'abord de motiver le
personnel interne en lui offrant des occasions particulières de
promotion. Le pire qui pourrait arriver, ce serait que le ministre
décide toujours de procéder par concours ouverts à tout le
monde; donc, internes et externes. Les gens de l'intérieur ne seraient
jamais exclus, de toute façon, parce que ça irait contre le
principe du mérite.
Tout ce qu'il y a, c'est que, évidemment, les gens de
l'intérieur seraient toujours en concurrence avec les gens de
l'extérieur. Le ministre ne fera pas ça, parce que ce serait
onéreux pour rien. Cela suppose toujours des annonces dans les journaux,
etc., des délais additionnels, et ça va aussi contre le principe
qu'il y a une motivation à aller d'abord du côté interne
dans beaucoup de cas.
Alors, c'est pour ça qu'on n'a pas cru bon de mettre ce principe
pieux qui permettait toutes les portes de sortie en pratique dans la loi.
M. Goulet: M. le Président, je me permettrai de vous dire
que je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que le ministre vient de
dire. Un voeu pieux... je ne suis pas tout à fait d'accord avec
ça. C'est un principe fondamental qui était dans la loi...
M. de Belleval: C'était autant que possible.
M. Goulet: C'est un droit acquis aux syndiqués.
Là...
M. de Belleval: L'ancienne formulation disait...
M. Goulet: On peut aller n'importe où, passer par-dessus
tout le monde.
M. de Belleval: ... autant que possible, à moins que le
ministre ne juge qu'il n'est pas dans l'intérêt public de le
faire. Une fois que tu as dit ça, au fond, tu es pour la vertu et contre
le vice. On a décidé de ne pas le mettre. Ce sont les
règlements du ministre qui vont... Je dois dire, d'ailleurs, que les
dispositions des conventions collectives... Il y a des dispositions dans les
conventions collectives qui peuvent porter là-dessus, et qui portent,
d'ailleurs, déjà, sur les modalités qui peuvent être
mises dans les conventions collectives.
M. Goulet: C'est parce que, M. le Président, on disait cet
après-midi, même si je n'étais pas à cette table,
j'ai assisté quand même, que lorsqu'un gouvernement changeait...
le ministre nous a dit: Ah! Depuis trois ou quatre gouvernements, il n'y a pas
de problèmes.
M. de Belleval: Un instant! Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas
de problèmes.
M. Goulet: Dans les moeurs je voudrais bien me rappeler
les mots exacts que vous avez dits en tout cas, dans les moeurs des
Québécois, cela allait de soi, maintenant, que...
M. Chevrette: Les moeurs politiques.
M. Goulet: Les moeurs politiques, ça ne changeait plus
tellement, ce qu'on appelle du patronage. On prenait un groupe de
fonctionnaires, on leur montrait la porte...
M. de Belleval: Je l'ai vécu en 1966...
M. Goulet: Non, mais regardez. Si vous me permettez de... On leur
montrait la porte...
M. de Belleval: ... que l'Union Nationale est venue au pouvoir,
je dois dire que M. Johnson a été, à mon avis, très
correct, il n'a pas procédé à du grand ménage.
M. Goulet: M. le Président, je ne veux mentionner
personne, il y avait un certain principe de base...
M. de Belleval: Après aussi.
M. Goulet: ... selon lequel on n'ouvrait pas la porte, on ne
donnait pas l'occasion de le faire. On s'assurait qu'on irait au moins à
l'intérieur, chez les gens qui étaient là.
Je ne dis pas que c'est le ministre actuel qui va le faire,
j'espère que non, mais si quelqu'un, à un moment donné,
voulait le faire avec cet article de loi, il pourrait passer par-dessus tout le
monde.
M. de Belleval: II ne peut le faire, M. le Président. Je
ne suis pas le député de Bellechasse du tout à ce sujet
parce que...
M. Goulet: Comment?
M. de Belleval: Selon ce que vous dites, un nouveau gouvernement
déciderait de privilégier toujours les gens de
l'extérieur. Mais de toute façon, il ne pourrait pas le faire
davantage. Il faudrait qu'il fasse des concours qui s'adresseraient autant aux
gens de l'intérieur qu'aux gens de l'extérieur. Dans un concours
semblable, les gens de l'intérieur sont toujours
privilégiés, par définition, parce qu'ils connaissent
déjà beaucoup mieux l'entourage des fonctions pour lesquelles il
y a concours. De toute façon, il s'agit de concours tenus par un
organisme indépendant. Alors, ce n'est pas ce moyen-là qu'un
gouvernement utiliserait pour muter des gens qu'il n'aime pas.
M. Pagé: J'ai seulement une question, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: C'est une question assez concrète. Dans
l'ancienne loi, on voyait souvent des situations... M. le Président, le
ministre pourrait nous prêter oreille.
M. de Belleval: Je m'excuse. M. Pagé: Allez.
M. de Belleval: Pouvez-vous me donner une seconde?
M. Pagé: Oui, délibérez,
délibérez. (Suspension à 21 h 21)
(Reprise à 21 h 25)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs! Nous
allons reprendre les travaux de la commission. Est-ce que l'article 70 est
adopté?
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une
dernière question à poser au ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, ma question est relative
à l'article 70 et aussi à la règle du mérite. Dans
la situation qui prévalait dans l'ancienne loi, des
événements malheureux arrivaient à l'occasion. Prenez le
cas d'un poste qui était ouvert, un examen écrit était
appelé. Prenons le cas où il y avait, par exemple, 60 personnes
qui se présentaient à l'examen écrit. Cinq candidatures,
par exemple, étaient retenues et il y avait trois ou deux postes
d'ouverts. Un jury de la commission entendait les candidats retenus et, parmi
ces quatre ou cinq candidats, on choisissait le nombre de personnes
nécessaires. La personne qui avait passé l'examen écrit,
qui était allée jusqu'au jury, souvent ce n'était pas
facile, c'était à même une sélection, dans certains
cas pouvant aller jusqu'à une centaine de candidats. Cette personne
n'était pas retenue, sa candidature n'était pas retenue, elle
était obligée de s'en retourner chez elle et de se
présenter à nouveau pour un nouveau poste. Dans le cadre de la
nouvelle loi, comment va-t-on fonctionner relativement à ce
chapitre-là? Dès que des personnes auront passé
favorablement l'étape de l'examen écrit, est-ce que suite
à la rencontre avec un jury... il y aura encore des rencontres avec un
jury, probablement, pour déterminer les critères de
compétence et d'aptitude, est-ce que toutes les personnes qui auront
passé l'examen écrit deviendront automatiquement admissibles
suivant l'ordre du mérite ou si encore cette situation pourra subsister,
à savoir que quelqu'un qui a bûché, quelqu'un qui a
passé un examen écrit s'en retourne chez lui et c'est fini:
Recommence à zéro, mon homme?
M. de Belleval: Les règlements de dotation du ministre
vont prévoir un certain nombre de choses de ce
côté-là. La grande différence par rapport à
la situation actuelle, c'est que, d'abord, les nominations devront se faire
selon l'ordre de la liste. C'est très important. C'est-à-dire
que...
M. Pagé: Oui, mais il faut que le nom soit sur la
liste.
M. de Belleval: Oui, mais une fois que vous apparaissez sur une
liste, vous êtes assuré d'un poste au fur et à mesure que
les nominations se font aux postes vacants qui sont offerts en relation
avec...
M. Pagé: L'examen.
M. de Belleval: ... le concours.
Maintenant, les épreuves de sélection elles-mêmes
seront déterminées par l'office. Est-ce qu'il y a des jurys,
est-ce qu'il y a des épreuves écrites ou pas? Cela dépend
des types de postes, des types de concours que l'office prépare.
M. Pagé: D'accord.
M. de Belleval: Si j'ai bien compris votre question, une fois que
vous avez passé toutes ces épreuves, que vous avez
été mis sur la liste d'admissibilité...
M. Pagé: Non, avant. Avant d'être admis à la
fonction publique, avant d'être placé sur une liste
d'admissibilité, il faut passer généralement deux examens
selon le type de concours.
M. de Belleval: Cela dépend; plusieurs épreuves
parfois.
M. Pagé: Pour la très grande majorité des
concours, c'était deux types d'examen: un examen écrit puis une
rencontre avec un jury qui constituait, somme toute, un examen oral.
M. de Belleval: Vous avez passé l'écrit, mais vous
n'avez pas passé l'oral. Est-ce qu'il faut recommencer à
zéro? Bien sûr.
M. Pagé: C'est cela. A l'examen oral, M. le ministre,
c'est strictement un jugement de valeur qui est porté par les deux,
trois ou quatre membres du jury qui sont là.
M. de Belleval: Le concours comme tel est constitué de
plusieurs épreuves et vous passez le concours ou vous ne le passez pas.
Vous ne pouvez pas reprendre ensuite le concours une épreuve par ci, une
épreuve par là.
M. Pagé: Cela va rester. Les personnes vont passer un
examen écrit...
M. de Belleval: Vous le savez, tel que vous me le
présentez, théoriquement, il n'y a rien qui empêcherait
l'office de modifier la règle de ce côté-là. Je ne
vois pas. Je ne suis pas un expert, imaginez-vous en dotation, en
sélection, mais cela pourrait peut-être se faire.
M. Pagé: Avec les pouvoirs que vous avez dans la loi, vous
allez le devenir.
M. de Belleval: Non, ce n'est pas moi, c'est l'office qui fait
les...
M. Pagé: Abstraction faite de cela. Abstraction faite des
pouvoirs de l'office, avec tous les pouvoirs que vous avez dans la loi, vous
avez beaucoup de...
M. de Belleval: Ce n'est pas moi qui détermine les
épreuves et la façon dont elles sont... (20 h 30)
M. Pagé: Vous avez beaucoup d'éléments pour
devenir un expert, entre parenthèses.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Actuellement, quelqu'un passe un concours, il
reçoit une lettre dans laquelle on lui dit: Tu as passé tes
examens, tu es correct, on peut te prendre, mais pour l'instant il n'y a pas de
poste disponible parce qu'il y en a dix qui ont réussi le concours. Cela
arrive actuellement, cela. Est-ce possible qu'au bout de six mois, par exemple,
ce monsieur ou cette dame attende toujours chez elle et qu'on arrive avec un
concours identique pour la même tâche.
M. de Belleval: Cela ne sera plus possible. M. Goulet:
Mais, maintenant.
M. de Belleval: Maintenant, c'est possible. Cela arrive.
M. Goulet: Cela arrive.
M. de Belleval: Oui. On va régler cela.
M. Chevrette: On pourrait prendre le neuvième.
M. de Belleval: La commission fait cela comme cela, qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise?
M. Goulet: Là, cela n'arrivera plus. Cela veut dire que le
gars peut être... Est-ce qu'il y aura une date limite, par exemple, si on
a besoin de quelqu'un aujourd'hui, il s'est qualifié, on lui confirme,
tout est correct. Cela peut prendre combien de temps? Six mois, douze mois? Il
est sur la liste d'attente combien de temps? Cela se produit actuellement.
M. de Belleval: Ce genre de chose là ne se produira
plus.
M. Goulet: Pourquoi pouvez-vous dire cela?
M. de Belleval: Parce que vous allez faire vos concours pour le
nombre de postes vacants ou possiblement vacants, disons, pour une
période de temps raisonnable et les personnes qui auront
été mises sur la liste d'admissibilité seront
nommées au fur et à mesure selon l'ordre de la liste, au fur et
à mesure que les postes deviendront vacants ou sont vacants.
M. Goulet: Combien de temps?
M. de Belleval: Les règlements de...
M. Goulet: Bien, M. le ministre, écoutez, vous dites que
cela va être fait en toute objectivité...
M. de Belleval: Je trouve que c'est une très bonne
question. Je vais y répondre si vous me permettez. Je prends le temps
pour y répondre parce que vous allez admettre avec moi qu'on va loin et
avec justesse, d'ailleurs, c'est très technique.
Les règlements de l'office vont prévoir la période
de validité d'une telle liste, comprenez-vous? De façon à
ne pas décourager les candidats, on va ajuster la longueur de la liste
au nombre de postes vacants ou qui peuvent devenir vacants durant la
période de validité de la liste.
M. Goulet: Quand vous parlez de périodes, pour vous,
qu'est-ce que ce serait? Un an? Six mois?
M. de Belleval: A mon avis, ces listes ne devraient pas
être faites pour plus de six mois ou un an. Certainement pas plus.
M. Goulet: Cela arrive souvent.
M. de Belleval: C'est pour éviter qu'il y ait de ces
listes interminables de 500 et 600 noms et la personne qui est au 600e rang,
évidemment, peut attendre trois ans avant que son tour ne vienne
finalement. C'est complètement ridicule.
Remarquez que c'est encore pire actuellement. C'est que non seulement il
y a une période de temps très longue, mais qu'elle n'est
même pas assurée, même si elle est au premier rang du
concours, d'être choisie en premier. C'est la grosse amélioration
que la loi apporte de ce côté-là.
M. Goulet: Adopté.
M. de Belleval: Adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. de Belleval: C'est le cas de le dire: c'est intellectuellement
et techniquement séduisant.
M. Saint-Germain: Pour une dernière fois, j'aimerais
revenir sur cette question de mode de dotation. N'y aurait-il pas moyen que les
modes pour combler un emploi dans la fonction publique il y en a un
nombre relativement limité, avec l'expérience, avec le temps on a
appris à bien définir les modes qui peuvent exister pour combler
un poste dans la fonction publique n'y aurait-il pas moyen d'en faire
une liste prioritaire et dire dans la loi...
M. de Belleval: Affectation, mutation, promotion,
recrutement.
M. Saint-Germain: Quand on ne peut pas, par les modes qui ont
fait leurs preuves, combler un poste, bien, il restera un mode de dotation
déterminé par un règlement du ministre de la Fonction
publique. Là, vous mettez tous ces modes sur le même pied, en
fait. Vous ne vous obligez à aucune priorité.
M. de Belleval: Ce sont les règlements qui vont
déterminer les règles de priorité.
M. Saint-Germain: A l'article 70 il n'y a rien qui vous oblige
à établir des règles de priorité. Vous dites: "Un
emploi dans la fonction publique est comblé par affectation, mutation,
promotion, recrutement ou par tout autre mode de dotation
déterminé par règlement du ministre... " L'article ne dit
pas que vous devez vous imposer une règle de priorité.
M. de Belleval: Bien, non, cela dépend des cas. Dans
certains cas cela va aller mieux de faire une mutation, dans d'autres cas ce
sera une affectation, dans d'autres cas une promotion. Cela va être
variable.
M. Saint-Germain: Oui, mais surtout si vous faites des
délégations de pouvoir.
M. de Belleval: Quelles délégations de pouvoir?
M. Saint-Germain: Si vous voulez faire passer un de vos amis,
vous ou quelqu'un qui travaille près de vous, il va dire: Moi, je prends
le mode de dotation pour remplir un tel emploi.
M. de Belleval: Oui, et après? Je ne comprends pas ce que
vous voulez dire.
M. Saint-Germain: S'il y a actuellement...
M. Chevrette: Ils veulent les articles 67, 68 et 69. C'est ce
qu'il a dit.
M. de Belleval: Cela ne pose pas de problème.
M. Saint-Germain: S'il y a actuellement un poste à combler
dans la fonction publique, si ce poste peut être facilement comblé
par quelqu'un qui est au service de la fonction publique et qui aurait avantage
à occuper ce poste, il est bien possible qu'on puisse décider de
combler ce poste par dotation.
M. de Belleval: La dotation, c'est la méthode
générale. La dotation, c'est un terme général qui
couvre différents modes de recrutement de quelqu'un dans un poste. Cela
peut être par recrutement au sens strict, c'est-à-dire aller
chercher quelqu'un à l'extérieur de la fonction publique.
M. Saint-Germain: Mais vous dites par tout autre mode de
dotation". Vous voulez dire de n'importe quelle façon? C'est cela que
cela veut dire.
M. de Belleval: II y a un mode que je ne peux certainement pas
utiliser, c'est la création. A part cela, je suppose qu'il y a pas mal
de façon de recruter quelqu'un, oui.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 70 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Saint-Germain: Peut-être que je m'exprime mal, M. le
Président, mais il me semble que si le ministre m'a compris, la
réponse n'est pas satisfaisante.
M. Jolivet: Est-ce que l'article 70 est adopté?
M. Saint-Germain: S'il y a une promotion, un poste à
remplir, cela peut être une promotion dans le ministère...
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: Vous dites. On va aller chercher quelqu'un de
l'extérieur, pour une raison, pour un caprice, pour la raison que vous
voudrez.
M. de Belleval: Cela n'empêche pas la personne de
l'intérieur de se porter candidat au concours. Pour elle, c'est un
concours de promotion, pour la personne de l'extérieur, c'est un
concours de recrutement.
M. Pagé: J'ai une question bien concrète qui
pourrait peut-être mettre de la chair à l'ossature de l'argument
de mon collègue de Jacques-Cartier.
M. de Belleval: Vous ne trouvez pas qu'il a assez de chair autour
de son ossature?
M. Pagé: C'est disgracieux.
M. Saint-Germain: Si vous continuez comme cela, vous allez me
faire faire des ulcères.
M. Chevrette: Cela ne serait pas si mauvais.
M. Pagé: Quand le gouvernement veut aller chercher une
personne en autorité dans un champ d'action particulier, qu'on prenne le
secteur du tourisme, par exemple, le gouvernement a besoin d'une...
M. de Belleval: D'un directeur général de la
direction générale du tourisme.
M. Pagé: Oui, exactement, pour ne pas le nommer. Vous
voulez avoir ce candidat qui a la compétence, les aptitudes, les
valeurs, etc. C'est lui qui, en raison de son expérience, de ses
connaissances, des études qu'il a faites dans un secteur donné,
est le candidat tout désigné pour le gouvernement pour occuper
telle fonction. Vous appelez cela comment?
M. de Belleval: J'ai déjà choisi dans ma tête
le gars que je veux nommer là?
M. Pagé: Non, mais vous le choisissez effectivement.
M. de Belleval: Je ne peux pas le choisir, il faut que je fasse
un concours.
M. Pagé: Ah! vous ne pourrez plus choisir?
M. de Belleval: On ne peut pas plus le choisir actuellement, il
faut faire un concours. Il y a des exceptions, les concours ad hoc et ces
choses-là, mais justement, tout le monde se plaint que...
M. Pagé: Est-ce qu'on peut se permettre d'exprimer notre
surprise, M. le ministre?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: M. le Président, je me permettrai, en
m'adressant à vous, d'exprimer ma surprise et particulièrement en
ce qui concerne un des ministères que le ministre vient
d'évoquer.
M. Jolivet: Adopté?
M. Pagé: Je veux vous demander tout simplement comment
vous appelez cela. Ce n'était pas de l'affectation, ce n'était
pas de la mutation, pour revenir à ce que mon collègue
disait...
M. de Belleval: Un instant, si c'est quelqu'un qui est
déjà à l'emploi du gouvernement...
M. Pagé: Non.
M. de Belleval: Non, c'est quelqu'un qui vient de
l'extérieur?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: II faut faire un concours de recrutement public
et tout le monde peut se présenter. C'est l'office qui fait le concours,
ce n'est pas moi. Et on émet une liste d'admissibilité et on dit:
C'est M. X qui est le premier à votre concours, M. Y, M. Z...
M. Pagé: Concours écrit, concours oral, etc.
M. de Belleval: Selon que l'office aura déterminé
les épreuves qu'il faut faire passer.
M. Pagé: Et vous avez la conviction profonde qu'en aucun
cas ce sera chance égale à tout le monde?
M. de Belleval: C'est l'office qui va faire ces concours, c'est
lui le responsable de respecter la loi. Et il y a \a Commission de la fonction
publique qui va vérifier si l'office fait bien cela. Et je suis certain
que le député de Portneuf va également surveiller cela de
très près.
M. Pagé: Je n'hésite pas à le croire.
M. Chevrette: Comme vous avez la conviction d'avoir tout bien
fait dans le passé, comment faisiez-vous pour vous assurer que
c'était neutre?
M. Pagé: Par la Commission de la fonction publique.
M. Chevrette: Là, c'est l'office... M. Pagé:
Oui.
M. Chevrette: ... spécialement chargé du
recrutement.
M. Pagé: Je n'ai pas la prétention de soutenir
qu'il n'y a jamais eu dans la fonction publique du Québec... Tout le
monde en est conscient. Il y a déjà eu, selon moi je parle
en mon nom des concours qui ont été ouverts pour des
candidats, pour des personnes bien désignées et c'est ce qui va
continuer selon moi.
M. Chevrette: Mais vous n'aviez pas...
M. de Belleval: C'était légal autrefois parce que
la commission pouvait faire des examens ad hoc.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Mais ce n'est plus possible maintenant.
M. Pagé: On verra dans l'application de la loi, M. le
Président. Adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 70, est
adopté.
M. Pagé: Adopté. M. Jolivet:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 71.
M. de Belleval: A l'article 71, M. le Président, j'ai un
amendement à proposer. Est-ce que je peux l'avoir l'amendement? M. le
Président, je propose l'amendement suivant:
M. Pagé: Est-ce qu'on peut discuter de la
recevabilité de l'amendement?
Le Président (M. Dussault): II faudrait l'avoir, il n'a
pas encore été lu, M. le député de Portneuf.
M. de Belleval: Je propose que l'article 71 du projet de loi soit
amendé de la façon suivante: A la première ligne du
deuxième alinéa, en remplaçant le mot "fonctionnaire" par
les mots "membres du personnel de la fonction publique". L'article se lira
maintenant comme suit: "Une personne qui, à l'occasion d'un concours,
commet une manoeuvre frauduleuse cesse d'être admissible à tout
concours pour une période de deux ans, mais si elle est nommée
à la suite d'une telle manoeuvre, elle doit être destituée,
en la manière prévue par la présente loi. "De même,
si à l'occasion d'un concours, un membre du personnel de la fonction
publique commet une manoeuvre frauduleuse, il doit être destitué,
qu'il soit ou non candidat ".
M. Pagé: C'est très bien cela, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Cet amendement est
reçu. Est-il adopté.
M. Pagé: Non seulement il est recevable, mais il est
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Pagé: Pour le bénéfice de mes
collègues, je tiens à dire que le législateur fait un bon
geste en modifiant ce terme, cet article, parce que cela aurait pu permettre
beaucoup d'ambiguïté éventuellement dans les cas où
une personne qui n'est pas fonctionnaire qui se présentait à
l'examen... Je ne le sais pas, personne n'est exempt de commettre des fautes;
vous savez, on est tous nés avec le péché originel
apparemment. On aurait pu avoir une personne qui n'était pas
fonctionnaire, qui aurait pu user de manoeuvres frauduleuses dans un examen et
elle n'aurait pas pu être destituée en vertu du deuxième
alinéa. Très bien.
M. Goulet: M. le Président, qui décide qu'il y a
une manoeuvre frauduleuse. Est-ce que c'est I office, seulement l'office?
M. de Belleval: M. le Président, un amendement de
calligraphie ou presque, comment dirais-je... Il faut, à l'article 71,
au premier alinéa, après lavant-dernière virgule, le
membre de phrase qui est écrit ou qui se lit "elle doit être
destituée, en la manière " entre les mots "destituée" et
"en la manière", enlever la virgule.
Le Président (M. Dussault): On ne fera pas de
formalités, cette virgule sera enlevée sans débat.
M. de Belleval: L'article 71 serait-il adopté, M. le
Président?
M. Jolivet: M. le député de... M. Verreault n'est
pas ici?
M. Goulet: Qui décide qu'il y a fraude? Est-ce seulement
l'office qui décide, qu'il y a manoeuvre frauduleuse?
M. de Belleval: Quand il y a une fraude, il y a quelqu'un qui
porte plainte et qui dit qu'il y a fraude.
M. Goulet: Je peux porter plainte, mais cela ne veut pas dire que
ma plainte est recevable. Avant de destituer une personne, qui décide
qu'il y a eu fraude? Est-ce l'office?
M. de Belleval: Dans le cas du premier alinéa, si c'est
quelqu'un de l'extérieur qui commet une fraude, l'office l'avise qu'il
ne peut se représenter au concours pendant une période de deux
ans.
Dans le cas du deuxième alinéa, il s'agit du sous-ministre
qui doit destituer la personne en cause et elle a les recours que
prévoit la loi en cas de destitution. (21 h 45)
Le Président (M. Dussault): Article 71, adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté tel
qu'amendé. L'article 72?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 73. Est-ce que l'article 73 est adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 74. Est-ce que l'article 74 est adopté? M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président...
M. de Belleval: Pardon? M. le Président, je m'excuse, vous
avez dit?
Le Président (M. Dussault): J'ai appelé M. le
député de Portneuf qui semblait vouloir prendre la parole...
M. de Belleval: Sur quel article?
Le Président (M. Dussault): Sur l'article 74.
M. de Belleval: 74. D'accord, j'écoute.
M. Pagé: L'article 74 stipule qu'un fonctionnaire obtient
le statut de fonctionnaire permanent par un écrit du sous-ministre ou du
dirigeant de l'organisme dont il relève. Simplement une question qui
fait suite à l'étude des crédits du ministère de la
Fonction publique, qui a été amenée par mon
collègue d'Orford. On a appris que plus ou près de 2000 personnes
avaient été nommées dans la fonction publique sans passer
d'examen.
M. de Belleval: il s'agit des cadres de la fonction publique.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Les cadres actuellement en vertu des concours
qu'administre la Commission de la fonction publique, ne subissent pas d'examen
écrit. Alors, ce sont ces fameuses 2000 personnes qui, oh scandale!
auraient été nommées sans passer d'examen, il s'agit
d'examens écrits, il n'y a pas de scandale.
M. Pagé: Elles n'ont pas passé d'examen
écrit.
M. de Belleval: Elles ont passé des examens oraux.
M. Pagé: Elles ont passé des entrevues.
M. de Belleval: C'est cela, des entrevues, enfin, devant jury,
parce qu'actuellement, les règlements de la commission prévoient
ce mode d'examen pour ce genre de personnes.
M. Pagé: Et à l'avenir?
M. de Belleval: A l'avenir, j'espère que ce sera
changé.
M. Pagé: Est-ce que vous espérez seulement ou si
vous prévoyez?
M. de Belleval: C'est l'office qui sera responsable de
l'administration des concours. Les plans que j'entretiens pour les cadres
seront qu'on devra faire passer d'autres types d'épreuves puisque les
habiletés que l'on demndera seront plus précises et
nécessiteront, de toute évidence, des examens écrits.
M. Pagé: C'est à souhaiter.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 74... M.
le député de Bellechasse.
M. Goulet: Seulement une question. Quand il s'agit de la
permanence, on prévoit six mois, mais quand il s'agit du stage de
probation, c'est le ministre qui décide. Pourquoi? Est-ce qu'il y a
plusieurs catégories? Est-ce qu'il y a des régimes
différents?
M. de Belleval: Vous parlez de quel article? M. Goulet: De
l'article 74.
M. de Belleval: L'article 74, oui. Quelle est votre question?
M. Goulet: Quand il s'agit de la permanence, de six mois, quand
il s'agit du stage de probation, c'est le ministre qui décide.
Pourquoi?
M. de Belleval: Cela ne touche pas l'article 74. M.
Pagé: Cela touche l'article 75.
M. de Belleval: C'est de l'article 75 dont vous parlez.
M. Goulet: Je m'excuse.
M. de Belleval: Excusez-moi, au deuxième alinéa.
"Aucun fonctionnaire n'obtient le statut de fonctionnaire permanent, à
moins qu'il n'ait été employé à titre temporaire
dans la fonction publique de façon continue pendant une période
d'au moins six mois."
M. Goulet: Je m'excuse. C'est à l'article 75. Les deux
étaient... Cela répondra...
M. de Belleval: D'accord. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté? J'appelle
l'article 75. M. le député de Portneuf.
M. Goulet: Voilà ma question.
M. Pagé: A l'article 75, j'avais ses questions, mais je
vais...
M. Goulet: Je m'excuse pour tantôt, c'est là que ma
question s'applique. Les six mois, et l'autre, il n'y a pas de période
déterminée, pourquoi? A l'article 75. Regardez, "... de plus de
six mois est requise avant l'octroi du statut de fonctionnaire permanent".
Ensuite, on parle de stage probatoire. La durée d'un tel stage, ce n'est
pas mentionné.
M. de Belleval: il faut faire la différence entre le stage
probatoire à l'entrée dans la fonction publique et le stage
probatoire à la suite d'une promotion. La période minimale pour
devenir permanent, c'est six mois, c'est-à-dire quelqu'un qui vient de
l'extérieur doit faire au moins six mois avant d'être nommé
à titre permanent. C'est ce dont il est question à l'article 74.
L'autre fonctionnaire continue à être permanent. De toute
façon, il est déjà permanent. Alors, on n'a pas à
prévoir cela à l'article 74. L'article 74, c'est la nomination
à titre permanent seulement, et non pas le stage probatoire. On ne parle
pas du stage probatoire comme tel, on parle de la nomination à titre
permanent. D'accord?
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui arrive si vous établissez
la période probatoire à six mois? Au bout de six mois,
automatiquement, cet employé devient permanent?
M. de Belleval: A moins que vous ne le renvoyiez.
M. Saint-Germain: Autrement dit, il reçoit automatiquement
une lettre selon laquelle il est permanent.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Saint-Germain: Ou, à sa demande, il reçoit une
lettre selon laquelle il est permanent.
M. de Belleval: C'est ça.
Le Président (M. Dussault): L'article 75 est-il
adopté?
M. Goulet: Oui.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une question sur
l'article 75.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le ministre peut prolonger le stage de probation,
à l'alinéa b), "Indiquer les classes d'emploi à
l'égard desquelles un stage probatoire est requis lors d'une promotion
et fixer...
M. de Belleval: ... "la durée d'un tel stage".
M. Pagé: ... la durée d'un tel stage. " M. de
Belleval: C'est ça, oui.
M. Pagé: II n'y a aucune limite à cette probation.
Prenons l'exemple d'un concours.
M. de Belleval: Disons qu'on nomme quelqu'un de la classe
d'administrateur IV à la classe d'administrateur III et qu'on
prévoit un stage probatoire de six mois ou d'un an pour la nomination,
la promotion à titre permanent.
M. Pagé: Mais vous pouvez le prolonger plus longtemps que
ça?
M. de Belleval: Non, la période probatoire est
fixée une fois pour toutes, par le règlement.
M. Saint-Germain: Et elle peut varier selon...
M. de Belleval: Et elle peut varier. Elle peut être plus ou
moins longue...
M. Saint-Germain: ... six mois à...
M. de Belleval: ... selon le type de concours.
M. Saint-Germain: Et ça va de six mois à...
M. de Belleval: Normalement, je pense bien qu'un stage probatoire
ne doit pas dépasser un an ou à peu près. A
première vue...
M. Pagé: Mais dans ce stage probatoire, vous pouvez...
M. de Belleval: Cela peut être moins que ça
aussi.
M. Pagé: Est-ce qu'il y a une évaluation qui est
faite pendant le stage probatoire?
M. de Belleval: Le règlement du ministre prévoit
ça.
M. Pagé: II y a une évaluation qui est faite
à la fin du stage, je présume, ou à un certain moment
pendant le stage?
M. de Belleval: ... ça dépend de ce qui est
prévu. Cela peut dépendre...
M. Pagé: Vous trouverez peut-être que ma question
reflète un peu d'inquisition, mais quand même, ne croyez-vous pas
qu'on pourrait mettre de côté la règle du mérite
pour ça? Suite à un concours de promotion, vous avez pris la
personne qui s'est classée la première; vous auriez eu davantage
de satisfaction si la personne classée deuxième avait eu le
poste. Vous faites faire un stage de probation qui est prévu par le
règlement dans le cas des promotions et, à la notation qui est
faite pendant le stage, la notation est purement et simplement négative
et vous passez au no 2.
M. de Belleval: II se pourrait qu'un gestionnaire malveillant
fasse ça, laisse passer le bonhomme et après ça, tu...
M. Pagé: II le reprend sur la notation...
M. de Belleval: II le reprend sur le stage probatoire.
M. Pagé: ... sur le stage probatoire. Il n'y a aucun
recours possible ou quoi? Aucun recours?
M. de Belleval: Dans ce cas-là, non.
M. Pagé: Alors c'est une porte ouverte. C'est une petite
brèche.
M. de Belleval: Là encore, on doit faire face à une
contrainte qui est la suivante: Ou bien on fait des stages probatoires ou bien
on n'en fait pas. Si on fait des stages probatoires, c'est parce que,
effectivement, pour certains postes, on pense que le concours comme tel n'est
pas un organe définitif ou suffisamment parfait pour déterminer
si une personne est effectivement apte à occuper une fonction. On pense
qu'un stage probatoire est utile, au nom d'une bonne efficacité, d'une
bonne productivité de la Fonction publique.
Par contre, si c'est utilisé comme porte de sortie... Evidemment,
un gestionnaire malhonnête pourrait se servir de ça pour
éliminer des personnes...
M. Pagé: ...
M. de Belleval: Et si on donne un droit d'appel ou autre chose,
évidemment, on a tous les problèmes, à ce
moment-là, de ce que veut dire le stage probatoire? Autrement dit, comme
vous le savez, il est tellement complexe de prouver qu'un employé est
incompétent; c'est l'un des problèmes que l'on affronte, bien
sûr.
On a fait un choix en ce qui concerne la permanence dans la fonction
publique; on a trouvé qu'au nom de l'intérêt public, on
était mieux de donner une permanence absolue aux fonctionnaires pour les
mettre à l'abri du patronage administratif ou politique. Mais, en retour
également, il faut se garder des règles minimales de gestion
efficace pour pouvoir apprécier la compétence des individus.
C'est le stage probatoire qui est une des épreuves, au fond, ultimes
avant de donner sa permanence à quelqu'un et la permanence, il l'a pour
longtemps.
Je ne crois pas qu'il y ait moyen d'en sortir. C'est une règle
qui est fixée, là encore, dans toutes les lois similaires. C'est
le meilleur compromis qu'on puisse faire. C'est évident que ce sont
toujours des compromis à ce moment-là.
Mais il faut bien voir que si un gestionnaire était aussi
malhonnête, de mauvaise foi, je pense que cela finirait aussi par se
voir. En tout cas...
M. Pagé: Vous conviendrez avec moi que c'est quand
même une brèche assez sérieuse. La personne qui se
présente à un concours de promotion, il y a une inscription au
mérite qui se fait. Cette personne-là n'a aucun recours si ce ne
sont les recours devant les tribunaux si on a pris le numéro 2 par
rapport au numéro 1. Si, par surcroît, la personne qui est
habilitée à mettre tout cela en application, craignant les
recours devant les tribunaux de droit commun, lui fait faire un stage
probatoire et se reprend au moment de la notation et le problème est
réglé... C'est une brèche qui est quand même assez
sérieuse, M. le Président.
M. de Belleval: Ecoutez! Il n'y a pas de système à
l'épreuve de toute mauvaise foi ou de toute malhonnêteté;
je l'ai dit d'ailleurs tout à l'heure.
M. Pagé: Cela ne prendrait pas seulement de la
malhonnêteté; cela pourrait prendre l'allure du patronage purement
et simplement.
M. de Belleval: II n'y a pas de système à
l'épreuve des voleurs.
M. Pagé: Le ministre convient que le système n'est
pas parfait.
M. Saint-Germain: Maintenant, lorsqu'il y a promotion, les
concours ouverts aux candidats qui sont à l'intérieur de la
fonction publique actuellement, est-ce que leurs dossiers les suivent pour une
promotion? Est-ce que cela est pris en considération?
M. de Belleval: Pardon?
M. Saint-Germain: S'il y a une promotion au niveau de la fonction
publique et si une personne qui est actuellement fonctionnaire se
présente au concours pour obtenir une promotion, est-ce que son dossier,
comme fonctionnaire, le suit?
M. de Belleval: En vertu des règles actuelles en vigueur
administrées par la commission, les dossiers de notation sont vus par
les membres du jury.
M. Saint-Germain: Cela passe dans l'examen oral, je suppose.
Est-ce exact?
M. de Belleval: Cela fait partie de l'examen. M. Jolivet:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 75 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 76.
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 77.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf. M. le député de...
M. Goulet: Bellechasse.
Le Président (M. Dussault): ... Bellechasse, je
m'excuse.
M. Goulet: M. le Président, j'allais... Oui.
Le Président (M. Dussault): Je n'avais pas
regardé.
M. Pagé: II s'est excusé.
Le Président (M. Dussault): J'ai cru reconnaître la
voix.
M. Goulet: C'est un hommage qu'il vous a rendu.
M. le Président, à la cinquième ligne, je ne vois
pas pourquoi on ne changerait pas le mot "expédition" pour le remplacer
par "réception". Tout dépend de la date à laquelle la
lettre a été écrite et quand elle a été
envoyée. Si le gars reçoit la lettre au bout de 7 jours ou 14
jours... Il faut travailler avec le courrier pour savoir comment cela peut
prendre de temps. Il me semble que ce serait... Ce qui se fait normalement
légalement, c'est sur réception. Vous avez un avis de
comparaître en cour, ce n'est pas la journée que l'avis est
envoyé, c'est la journée que vous le recevez qui compte. Si vous
ne recevez jamais l'avis, il peut bien avoir été
expédié, mais... C'est seulement un mot, mais je pense qu'il est
assez important. L'idée est de donner quinze jours francs environ au
gars pour préparer sa défense et dire: Je fais appel. Mais s'il
ne le reçoit pas, vous avez bien beau l'expédier. S'il ne
reçoit pas l'avis. (22 heures)
M. de Belleval: II y a des règles de jurisprudence
là encore qui s'appliquent dans ce domaine. Si c'était dans les
quinze jours de la réception d'un avis, le candidat en question pourrait
toujours prétendre qu'il n'a pas reçu l'avis en question, et il
ne serait absolument pas possible de faire la preuve qu'il n'a pas reçu
l'avis en question. Par contre, la preuve de l'expédition est beaucoup
plus facile à faire, parce que, là encore, il y a toujours le
récépissé qui est en cause.
M. Goulet: M. le Président, l'argumentation du ministre ne
tient pas plus. Si vous êtes capable de faire la preuve de
l'expédition, vous êtes capable de faire la preuve de la
réception. Vous avez bien beau faire la preuve de l'expédition,
si le type ne reçoit pas la missive, qu'est-ce que vous voulez qu'on
vous dise? Je ne voudrais pas prolonger les débats plus qu'il ne faut,
mais, quand même, vous auriez cinquante...
M. de Belleval: II s'agit d'un concours de promotion.
M. Goulet: Oui.
M. de Belleval: Bon! Les gens qui sont inscrits à un
concours de promotion s'informent du résultat du concours de promotion.
Ils peuvent s'informer très facilement des résultats du concours
de promotion. Les résultats de ces épreuves sont rapidement
connus. A ce moment, il est facile pour l'individu en question de profiter du
délai pour se plaindre.
M. Goulet: M. le Président, est-ce que le ministre peut
s'enquérir rapidement des résultats... Ecoutez, je vais vous
emmener à mon bureau lundi, je vais vous faire téléphoner
à la fonction publique pour des résultats de concours, vous allez
voir que c'est facile.
M. de Belleval: Si vous êtes inscrit à un concours,
par exemple, vous allez vous informer du résultat du concours, parce que
la date de la fin du concours est connue, vous avez subi vos épreuves et
vous allez vous informer du résultat du concours. De toute façon,
vous allez recevoir une lettre qui va vous donner le résultat de ce
concours.
M. Goulet: M. le Président, dans 99,9% des cas, on va
recevoir la lettre, mais si je ne reçois pas la fameuse lettre, c'est
cela que je veux dire, cela arrive.
M. de Belleval: Oui, mais la lettre en question va être
remise probablement de main à main par votre directeur du personnel,
etc. Ecoutez, il faut tout de même donner une chance au coureur
aussi.
M. Goulet: Je ne veux pas allonger le débat, mais...
M. Chevrette: Le député de Bellechasse comprendra
que ce n'est pas par un texte de loi qu'il va régler les
problèmes postaux. Par exemple, la Loi du ministère de
l'Education, de l'Instruction publique, on l'appelle ainsi, dit qu'on doit
congédier un individu avant le 1er mai. Ce sont toutes les bagarres
juridiques sur l'envoi de la lettre par rapport à la réception de
la lettre et c'est au niveau de la réglementation qu'on peut assouplir
un mécanisme, faire en sorte qu'il y en ait le moins possible, mais vous
n'éliminerez jamais cela.
M. de Belleval: D'ailleurs, je dois évoquer
l'expérience passée de l'application de règles semblables
dans la fonction publique, il y a des règles semblables qui existent,
par exemple, dans le cas d'une intégration dont je parlais tout à
l'heure, où on donne à quelqu'un le droit d'en
appeler de son intégration dans les quinze jours. Je pense qu'on
a administré 12 000 cas d'intégration comme cela et cela n'a
jamais posé de problèmes.
M. Goulet: Jamais?
M. de Belleval: II ne semble pas. Jamais, c'est un très
grand mot qu'il ne faut jamais employer, je suppose, mais cela ne semble pas
poser de problème.
Le Président (M. Dussault): L'article 77 est-il
adopté?
M. de Belleval: Je reconnais avec le député de
Bellechasse que, sans doute, il doit y avoir des exceptions là
encore.
M. Goulet: Si quelqu'un à un moment donné veut
arranger, comme on dit vous me passerez l'expression quelqu'un,
on le fait dans les affaires, l'entreprise privée le fait, on le fait
dans les affaires, légalement parlant, ce n'est jamais la question de
l'expédition, c'est toujours la question de la réception,
n'importe où.
M. de Belleval: J'ai regardé entre autres les
règlements de la Commission administrative du régime de retraite,
dans le cas des pensions, c'est la même règle qui s'applique.
M. Goulet: L'expédition, d'accord. M. de Belleval:
L'expédition, oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 77 est-il
adopté?
M. Saint-Germain: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Lorsqu'on dit qu'il peut en appeler à la
commission dans les quinze jours de l'expédition... Le candidat qui a
été refusé peut-il voir ses concours écrits? Est-ce
qu'il peut se faire indiquer où il a manqué à certaines
questions?
M. de Belleval: Se faire communiquer le résultat des
épreuves? Actuellement, c'est le cas. Je suppose que cela continuera
à être le cas.
M. Saint-Germain: On peut lui indiquer où il a fait ses
erreurs dans son concours écrit.
M. de Belleval: Exactement. Vous pouvez vous faire communiquer le
résultat des concours.
M. Saint-Germain: Je ne parle pas du résultat global.
M. de Belleval: Non seulement le résultat, mais le contenu
des épreuves et le résultat de l'épreuve.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 67 est-il
adopté?
M. Pagé: J'avais presque envie d'ajouter quelque chose
à l'attention du ministre qui l'aurait certainement fait sursauter.
M. de Belleval: C'est l'office qui fait cela. C'est l'office qui
est responsable de cela.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il est
adopté?
M. Pagé: Oui, il est adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Pagé: Je pourrais, pour ajouter à la
réponse du ministre, dire que pour avoir la copie de son épreuve
il faudrait se rendre à une compagnie de pâtes et papiers de la
région de Québec où il pourrait avoir une copie de son
épreuve. J'expliquerai cela au ministre après nos travaux de ce
soir, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 78.
Une Voix: Article 77, adopté.
Le Président (M. Jolivet): C'est le 77? Ah!
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a une différence dans le
terme promotion et avancement de classe?
M. de Belleval: La promotion est le terme général.
L'avancement de classe est une forme de promotion.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 78.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 79. Oui,
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: L'ancien projet de loi 53, dans l'article 82 qui est
remplacé par 79 dans le projet de loi 50, on mentionnait
"Vérificateur général". Maintenant, on n'en parle plus.
Est-ce qu'il y a une raison ou...?
M. de Belleval: C'est le contrôleur des finances. C'est
français.
M. Goulet: C'est le même type. C'est le même
gars.
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Goulet: Un instant!
M. de Belleval: Un instant! Ce n'est pas le même homme.
C'est cela.
Maintenant, le vérificateur, en vertu de la loi n'agit qu'a
posteriori. A priori, c'est le contrôleur des finances. C'est pour cela
maintenant qu'on parle du contrôleur des finances.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 80.
L'article 80 est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 81
est-il adopté? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 82
est-il adopté?
M. Pagé: M. le Président, une question au ministre,
assez générale qui permettrait peut-être d'ajouter de la
lumière à toute cette question de la délégation du
pouvoir. Je ne veux pas revenir aux échanges qu'on a eus au
début. Quand on dit que les pouvoirs sont délégués
à un fonctionnaire du ministère. Qui effectivement aura ce
pouvoir dans le ministère? Est-ce que c'est le chef de district? Est-ce
que c'est...
M. de Belleval: Normalement, ce sont des cadres supérieurs
comme par exemple le directeur du personnel.
M. Pagé: Règle générale, ce seront
les directeurs du personnel qui auront les pouvoirs qui peuvent être
délégués?
M. de Belleval: C'est cela.
Le Président (M. Dussault): L'article 82 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 83.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 84. Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 85. Est-il adopté?
M. Pagé: L'article 85 s'applique dans le cas des
sous-ministres, je présume? Oui, l'article 72a. C'est axact?
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 86. Est-il adopté?
M. Pagé: Attendez un peu, M. le Président. Il y a
un droit d'appel prévu à l'article 86, à la
commission?
M. de Belleval: Dans le cas des employés syndiqués,
c'est soit la commission, soit les gens qui sont nommés dans les
conventions collectives.
M. Pagé: D'accord.
M. Goulet: Lorsqu'on parle d'incapacité, cela peut vouloir
dire infirmité suite à un accident par exemple ou une
maladie?
M. de Belleval: Incapacité physique, oui. M. Goulet:
Incapacité.
M. de Belleval: Ou incapacité juridique, par exemple,
perte d'un droit.
M. Goulet: Est-ce qu'il est rétrogradé? M. de
Belleval: Oui. Il peut l'être.
M. Goulet: II peut l'être. Maintenant, si, au bout de six
mois, un médecin dit: II est exactement dans la même condition
qu'il était lorsqu on l'a rétrogradé, est-ce qu'il revient
automatiquement? Si on le rétrograde parce qu'il a une
incapacité...
M. de Belleval: Dans ces cas-là, il y a les dispositions
des conventions collectives qui jouent en matière
d'assurance-invalidité, etc. Habituellement, il y a au moins une
période de deux ans. On a donc le temps de voir si l'invalidité
est permanente ou temporaire. Ce sont les règles normales qui
s'appliquent dans ces cas-là.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 86 est
adopté?
M. Goulet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 87.
M. Pagé: Seulement une seconde. Le Président (M.
Dussault): Adopté?
M. Goulet: Seulement une seconde, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: D'accord, je m'excuse.
Le Président (M. Dussault): L'article 87 est
adopté.
M. Pagé: Vous allez vite. Je pense qu'à I'article
87, mon collègue de Bellechasse a des questions, M. le
Président.
M. Goulet: Non, M. le Président.
M. Pagé: II est adopté? Adopté, M. le
Président. J'étais occupé.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 88. Est-il adopté?
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Une personne est rétrogradée, elle
en appelle à la commission et la commission maintient la
rétrogradation. Une nouvelle affectation est-elle faite?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Est-ce qu'il y a un droit d'appel sur cette
affectation?
M. de Belleval: Non, elle est rétrogradée à
une classe inférieure?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Et ensuite, une fois qu'elle est ainsi
rétrogradée, elle est affectée à un poste de cette
classe.
M. Pagé: Et est-ce qu'il y a un droit d'appel
là-dessus?
M. de Belleval: Pour les affectations? M. Pagé:
Oui.
M. de Belleval: Non, c'est sur la rétrogradation comme
telle qu'il y a un droit d'appel.
M. Pagé: D'accord, mais une fois que la commission...
M. de Belleval: Non, pour l'affectation, il n'y a pas de droit
d'appel.
M. Pagé: II n'y a pas de droit d'appel
là-dessus.
M. de Belleval: Non.
M. Pagé: On peut l'affecter n'importe où et le gars
n'a pas un mot à dire?
M. de Belleval: N'importe où, mais cela dépend.
M. Pagé: Même si la mesure est excessive, compte
tenu du degré d'incompétence pour laquelle il a été
rétrogradé?
M. de Belleval: Non, cela est autre chose. Si la personne est
rétrogradée à un niveau que l'individu considère
comme trop bas, il peut demander à la commission d'être
référé à l'office...
M. Pagé: A nouveau.
M. de Belleval: ... à nouveau, qui examine ses
compétences et qui lui donne...
M. Pagé: Cela se fait comment, l'évaluation des
compétences? Par un examen?
M. de Belleval: Par un examen, les dossiers, etc., selon que le
détermine l'office. Il détermine la classe la plus proche des
anciennes compétences de l'individu compte tenu de ses
compétences actuelles.
M. Pagé: Oui, mais c'est absolument parfait et absolument
aimable, cette affaire-là. Cela paraît très bien, il n'y a
pas de problème. Mais il peut y en avoir. Quand on dit qu'il y aura un
nouveau contrôle d'aptitudes par l'office, c'est bien. Cela paraît
très bien et il n'y a pas de problème. C'est
sécurisant.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Quand on arrive au contrôle d'aptitudes,
c'est là qu'il y a des problèmes. Prenez le cas des agents de la
conservation. Vous avez dû être concerné par cette question
des agents de conservation, des étudiants qui finissent le CEGEP.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: 85% ne passent pas.
M. de Belleval: Oui. Ce n'est pas une rétrogradation,
cela.
M. Pagé: Non, mais quand même, je parle du test
d'aptitudes.
M. de Belleval: Vous voulez parler des tests d'aptitudes que fait
passer l'office...
M. Pagé: Suite à la rétrogradation.
M. de Belleval: Ou avant, ou pour le recrutement, ou peu importe.
Est-ce que les tests d'aptitudes vont être des bons tests ou des mauvais
tests?
M. Pagé: Je vous dis: Est-ce que ce seront des tests
écrits? Vous me dites: Peut-être. Je veux savoir comment.
M. de Belleval: Cela dépend des règlements que
l'office adoptera pour chaque type de fonction. Imaginez-vous que pour engager
un ouvrier, un manoeuvre, on ne lui fait pas passer les mêmes examens que
si c'est pour le directeur général du tourisme auquel vous
faisiez allusion tout à l'heure.
M. Pagé: Je présume.
M. de Belleval: L'office fait des règlements.
M. Pagé: Mais les deux peuvent avoir un examen quand
même.
M. de Belleval: Oui. Dans un cas, cela peut être
écrit, dans un cas, cela peut être écrit et oral, dans un
cas, cela peut être seulement oral. Cela dépend des cas. C'est
selon que le détermine l'office.
M. Pagé: Mais il n'y a pas d'appel sur l'affectation...
(22 h 15)
M. de Belleval: Non.
M. Pagé: Sauf que demander un nouvel examen?
M. de Belleval: il n'y a rien qui empêche de
prévoir, dans le cadre des conventions collectives des règles
d'affectation.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 89 est
appelé.
M. de Belleval: Tout cela est négociable. M.
Pagé: Tout cela est négociable. M. de Belleval:
L'affectation, bien sûr. M. Pagé: On va voir cela
tantôt.
Le Président (M. Dussault): L'article 89, est-il
adopté?
M. Pagé: L'affectation est négociable?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Dites-le plus fort un peu: Oui.
M. de Belleval: Oui.
Une Voix: Oui, je le veux.
M. de Belleval: Je le veux.
Le Président (M. Dussault): L'article 89 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Pagé: Adopté, M. le Président. Qui
correspond à l'article 27 de la loi.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 90. L'article 90 est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Pagé: Cela me fait me poser des questions.
M. le Président, et je les poserai au ministre. On est à
l'article 90, c'est bien cela?
Le Président (M. Dussault): C'est cela. oui.
M. Pagé: "Le ministre de la fonction publique fixe, par
règlement, la rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail des fonctionnaires; s'il doit en résulter
une augmentation de dépenses, la rémunération fixée
n'entre en vigueur que lorsque la Législature a voté les
crédits nécessaires". Cela s'applique dans quel cas?
M. de Belleval: Vous parlez de l'article 92? M. Pagé:
De l'article 90.
M. de Belleval: De l'article 90. Le ministre de la fonction
publique fixe, par règlement, la rémunération, les
avantages sociaux et les autres conditions de travail des fonctionnaires; s'il
doit en résulter une augmentation de dépenses, la
rémunération fixée n'entre en vigueur que lorsque la
Législature a voté les crédits nécessaires".
Alors?
M. Pagé: C'est par rapport à l'ancienne loi. M.
de Belleval: C'est la même chose.
M. Pagé: Dans quel cas est-ce que cela s applique.
M. de Belleval: Cela s'applique dans le cas de tous les
employés, mais, bien sûr, en vertu de l'article 4, dans le cas des
employés syndiqués. C'est sous réserve des dispositions
des conventions collectives.
M. Pagé: D'accord. L'ancien article ne stipulait-il pas
que l'employé qui était dans une classe donnée recevait le
minimum de cette classe et tout cela?
M. de Belleval: Non, cela n'a rien à voir avec cela.
M. Pagé: Cela n'a rien à voir. Ah! c'est l'article
29.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, ce n'est pas I opinion du
SFPQ. Si le ministre me permet, je lui rappellerai qu'il dit dans le
mémoire qu'il a présenté: Nous estimons que, par ces
dispositions, les employés de l'Etat subissent la perte de droits acquis
puisque dorénavant ils ne peuvent bénéficier de la
garantie de traitements que leur accordait l'article 29 de la Loi de la
fonction publique actuel. Cet article se lit comme suit: "Le traitement d'un
fonctionnaire, lors de sa nomination, doit être le taux minimum prescrit
pour la classe. Néan-
moins, quand il est déjà titulaire d'un autre emploi
permanent dans la fonction publique, son traitement ne doit pas être
inférieur à celui qu'il recevait avant cette nouvelle nomination,
à la condition qu'il ne dépasse pas le taux maximum prescrit pour
la classe. Sous la même restriction, la commission peut permettre que le
traitement accordé lors de la nomination sera fixé à un
taux plus élevé que le minimum". La loi devrait donc, quant
à nous c'est le SFPQ qui parle maintenir une telle
garantie.
M. de Belleval: Cela est négociable. C'est une disposition
qui est purement négociable. On n'a plus besoin de mettre cela dans la
loi. C'est une disposition particulière qui fait l'objet de
négociations collectives. Dans le cas des employés
syndiqués, on peut prévoir toute autre chose que cela et dans le
cas des employés non syndiqués aussi.
Une Voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Article 90, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 91.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 92?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 93? L'article 93 est-il adopté?
M. Pagé: Seulement une question d'information, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que généralement dans une
année courante dans la fonction publique...
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: Dans une année courante, de la fonction
publique, est-ce qu'il y a beaucoup de suspensions ou de mesures
disciplinaires?
M. de Belleval: Ahl Mon dieu! M. Pagé: Cela peut
être quoi?
M. de Belleval: Un instant! Une centaine de cas en tout de
révocation, en ce qui concerne la révocation.
M. Pagé: Une centaine de cas de révocation.
M. de Belleval: Par année.
M. Pagé: Les suspensions et tout cela, c'est beaucoup
plus.
M. de Belleval: Là, écoutez!
M. Pagé: II y a un pouvoir réglementaire
là-dedans. Le ministre de la Fonction publique établit les normes
de conduite et de discipline et tout cela. Cela demeure quand même
négociable. Est-ce que c'est négociable?
M. de Belleval: Les normes de discipline? Les normes de
discipline ne sont pas négociables.
M. Pagé: Elles sont édictées par
règlement purement et simplement.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: II n'y a pas d'appel dans le cas de
décision rendue?
M. de Belleval: Les normes comme telles ne sont pas
négociables, mais les sanctions sont négociables et font l'objet
de griefs, etc.
M. Pagé: De griefs prévus à la convention,
d'accord.
Le Président (M. Dussault): Article 93... M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, il s'agit là d'un code
d'éthique. Je sais que le prédécesseur du ministre en
avait soumis un je pense que c'était M. Parent code
d'éthique au syndicat pour fins de consultation. Je me rappelle
qu'à ce moment la réaction avait été plutôt
négative. Où est ce dossier, à l'heure où on se
parle? Est-ce que le ministre l'a vu? Est-ce qu'il y a eu des
réactions?
M. de Belleval: L'arrêté en conseil qui contient ce
règlement existe depuis trois ou quatre ans. Là-dessus, j'ai
reçu des représentations de la Commission des droits de la
personne qui critiquent le contenu de ce texte, le trouvant trop
général, etc. C'est mon intention de réviser cette chose,
en collaboration, d'ailleurs, avec les représentants des
employés, d'avoir des consultations avec eux.
Le Président (M. Dussault): L'article 93 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 94.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 95. Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 96. Est-il adopté? M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: On peut déléguer au sous-ministre, et
d'après l'article, on peut même déléguer aux
fonctionnaires. Vous ne trouvez pas que la délégation de pouvoirs
est poussée un peu loin?
M. de Belleval: Là encore, la suspension ou l'imposition
d'une sanction disciplinaire, il n'est pas obligatoire qu'elle soit toujours
rendue par le sous-ministre. Il y a des sanctions et des suspensions qui sont
très légères. Là encore, c'est toujours le
même cas. Il y a des ministères qui sont plus ou moins
considérables. Il est normal que les gestionnaires de ces
ministères aient des responsabilités en rapport avec leur rang
dans la hiérarchie. Maintenant, il y a des droits d'appel
là-dessus. Il y a des droits de griefs, etc.
M. Pagé: ... le principe de délégation qu'on
a discuté et débattu au début.
Le Président (M. Dussault): L'article 96 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 97.
M. de Belleval: II y a un amendement à l'article 97.
L'amendement...
M. Pagé: Pendant qu'il sera déposé, est-ce
que je me permettrais de faire part à mon bon ami, le
député de Joliette, que je crois qu'il est réclamé
en avant, étant donné qu'il y a une grande affiche des gens du
Conseil central de Joliette. Je ne sais pas si c'est une invitation qui lui est
formulée...
M. de Belleval: Je propose, M. le Président, que l'article
97 soit amendé de la façon suivante: A la deuxième ligne
du deuxième alinéa, en ajoutant, après le mot "sanction",
les mots "disciplinaire ou la décision de le relever provisoirement de
ses fonctions".
La nouvelle rédaction serait donc la suivante, article 97,
deuxième alinéa: "La Commission peut maintenir, annuler ou
modifier la sanction disciplinaire ou la décision de le relever
provisoirement de ses fonctions ".
Le Président (M. Dussault): C'est un amendement
recevable.
M. Pagé: Oui? Vous ne croyez pas qu'il change le...
Non?
Le Président (M. Dussault): Non.
Une Voix: La recevabilité vient plus vite dans leur
cas.
M. Pagé: Vous êtes chanceux. La recevabilité
vient plus vite dans votre cas que dans le nôtre.
Le Président (M. Dussault): Elles sont peut-être
plus faciles à juger recevables, M. le député.
M. Pagé: M. le Président, vous pouvez porter des
jugements de valeur là-dessus.
M. le Président, on ne... Oui, cela a du bon sens aussi.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement est
accepté?
M. Pagé: L'amendement est accepté, jugé
reçu et accepté, quant à nous.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Pagé: Oui. L'article tel qu'amendé aussi.
Le Président (M. Dussault): L'article tel
qu'a-menté aussi?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 97 est adopté
tel qu'amendé.
M. Pagé: C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 98. Est-ce
qu'il est adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): Alors, article 98
adopté. J'appelle l'article 99.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 99 est
adopté. J'appelle l'article 100. Est-il adopté?
M. Pagé: Ah! ça, ça devient
intéressant! "Le fonctionnaire qui veut se porter candidat à une
élection fédérale ou provinciale doit remettre sa
démission; cependant, il a droit de reprendre son poste le lendemain de
la date de la présentation des candidats s'il n'est pas candidat ou le
huitième jour qui suit la date à laquelle une autre personne que
lui est proclamée élue dans cette élection. "
II y a un article, M. le Président... C'est plus loin, c'est
à 120. C'est à l'article 120 qu'on permet à un
fonctionnaire qui s'est présenté à une élection,
qui a été élu, de revenir après un certain temps et
de réintégrer ses fonctions après cinq ans, 60 mois.
M. de Belleval: C'est l'article 101, ça.
M. Pagé: Ah oui! Parfait! Article 100 adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Article 100 adopté.
J'appelle l'article 101.
M. Pagé: A l'article 101, M. le Président, j'ai une
question à poser au ministre. Est-ce que ça s'appliquera à
la présente Législature? Est-ce une évaluation sommaire de
votre plan de carrière ou...
M. de Belleval: Non, M. le Président.
M. Pagé: Non? Ce n'est pas une évaluation sommaire
de votre plan de carrière?
M. de Belleval: Non, M. le Président.
M. Pagé: Est-ce que ça s'appliquera... On va dire
les choses comme elles sont: Vous vous faites battre aux prochaines
élections.
M. de Belleval: C'est une hypothèse gratuite, M. le
Président.
M. Pagé: Est-ce qu'en vertu...
Une Voix: Comme les sondages le laissent prévoir.
M. Pagé: Les sondages l'indiquent. Des sondages qu'on a
faits...
M. de Belleval: Je ne réponds pas à des questions
hypothétiques.
M. Pagé: Vous allez être obligé d'y
répondre. Vous vous faites battre aux prochaines élections.
Est-ce qu'en vertu de l'article 101, vous avez le droit de
réintégrer vos fonctions?
M. de Belleval: Comme je l'ai dit, M. le Président, je ne
réponds pas à des questions hypothétiques.
M. Pagé: Non, mais c'est important, ça. Un instant,
M. le Président!
M. de Belleval: Non.
M. Pagé: Ce n'est pas une hypothèse, ça,
c'est une certitude. Abstraction faite de ça...
Une Voix: II y en a...
M. Pagé: M. le Président, sérieusement main-
tenant, est-ce que cet article s'appliquera aux membres de la
Législature actuelle qui étaient possiblement fonctionnaires
avant le 15 novembre dernier et qui, advenant leur défaite, lors du
prochain scrutin?...
M. de Belleval: Non, ça ne s'applique pas... M.
Pagé: Cela ne s'applique pas à eux?
M. de Belleval: ... aux membres de la Législature
actuelle.
M. Pagé: D'accord, parce que j'aurais eu un amendement,
vous savez.
M. de Belleval: Pourquoi? Je ne comprends pas, M. le
Président, pourquoi le député de Portneuf...
M. Pagé: J'aurais eu un amendement.
M. de Belleval: ... qui est si certain du sort malheureux qui
échoira à certains députés de cette Chambre aux
prochaines élections voudrait présenter un tel amendement, si un
tel amendement avait été nécessaire. (22 h 30)
M. Pagé: Non, parce que je...
M. de Belleval: La logique du député de
Portneuf...
M. Pagé: Ah! vous savez. M. Jolivet: II est
partisan.
M. Pagé: Non, ce n'est pas la question d'être
partisan; c'est la question que j'aurais mal vu un membre de l'Assemblée
nationale et, par surcroît, un membre du gouvernement qui se serait vu
dans cette situation profiter, par surcroît possiblement parrain
du projet de loi de ce projet de loi pour s'assurer, somme toute, une
sécurité à laquelle d'autres antérieurement n'ont
pas eu droit.
M. de Belleval: Mais, M. le Président... M.
Pagé: M. le Président...
M. de Belleval: ... je suis très surpris de voir que le
député de Portneuf ne prévoit pas un tel amendement
justement de façon à être magnanime envers les futurs
malheureux de ce côté-ci de cette table. Je m'attendais à
ce que le député de Portneuf propose un amendement pour rendre
cette disposition applicable aux députés actuels puisqu'il est si
certain qu'ils seront malheureux après les prochaines
élections.
M. Pagé: Ce n'est pas la question, M. le Président.
J'ai vécu...
M. Jolivet: Connaissant sa grandeur d'âme...
M. de Belleval: Mais je ne vous comprends pas vraiment. J'admets
que cela aurait été un peu excessif de le proposer.
M. Pagé: Vous ne lavez pas présenté parce
que vous attendiez que j'en présente un.
M. de Belleval: Bien sûr, c est évident.
M. Pagé: Ah oui! Mais là, je pense que votre
question hypothétique de tantôt... Je vous ai
ébranlé quand j'ai dit que cela s'en venait de plus en plus
certain, parce que vous êtes en train de me demander un amendement.
Une Voix: On va lui changer cela pour un amendement...
M. Jolivet: Adopté.
M. de Belleval: Si vous voulez, M. le Président, on va
suspendre l'examen de cet article...
M. Pagé: Est-ce que c'est recevable, M. le
Président?
M. de Belleval: ... de façon à ce que les
députés de l'Opposition puissent se concerter là-dessus et
voir s'il ne serait pas opportun d'étendre...
M. Saint-Germain: Ce serait un amendement non recevable parce que
c'est nous qui serions obligés de le faire.
M. de Belleval: ... cette disposition aux gens actuellement en
poste.
M. Jolivet: C'est la première parole sensée qu'il a
dite ce soir.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Le président ne se
prononce pas quand il n'a pas à se prononcer.
M. de Belleval: Vous êtes bien certain que vous voulez
l'adopter? Vous ne voulez pas présenter l'amendement?
Le Président (M. Dussault): L'article 101 est-il
adopté?
M. Pagé: Vous le pouvez, vous savez. M. Jolivet: On
va l'adopter à contrecoeur.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 102.
M. de Belleval: C'est la mort dans l'âme, M. le
Président, que j'adopte cet article.
Le Président (M. Dussault): Parlez-vous de l'article 102,
M. le ministre?
Une Voix: Non, de l'article 101.
Le Président (M. Dussault): Je viens d'appeler l'article
102.
M. Pagé: II parlait de l'article 102, M. le
Président.
M. de Belleval: Vous êtes bien certain que dans
l'Opposition actuellement il n'y a pas de députés à qui
cela pourrait s'appliquer. Ils ont déjà été
battus.
M. Pagé: Je ne sais pas; je n'ai pas
vérifié.
M. Jolivet: Ils ont tous été battus aux
dernières élections.
M. Pagé: Je ne le sais pas.
M. de Belleval: Je serais prêt à le faire... M. le
Président, je m'excuse, mais cet article n'est pas encore adopté;
on va trop vite. C'est important de regarder cela comme il le faut. Je pense
qu'on pourrait rendre cet article rétroactif même à la
dernière élection. Par exemple, l'ancien ministre de la Fonction
publique et l'ancien ministre des Communications pourraient profiter d'un tel
article s'ils voulaient bien s'en prévaloir, à ce
moment-là, avec un amendement adéquat du député de
Portneuf.
M. Pagé: II y aurait d'autres députés aussi.
M. de Belleval: Exactement. M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Qui pourraient en profiter, mais cela ne vous
tente pas.
M. Pagé: Je ne crois pas que ce serait opportun dans les
circonstances.
M. de Belleval: Je suis bien de l'avis...
M. Pagé: D'ailleurs, ils vont revenir après les
prochaines élections.
M. de Belleval: Bon! Alors, je terminerai, M. le
Président, en disant que je suis totalement de l'avis du
député de Portneuf, tant en ce qui concerne les membres de
l'ancienne Législature qu en ce qui concerne les membres de la
présente Législature.
M. Pagé: On s'entend là-dessus.
M. de Belleval: On s'entend, c est le parfait accord.
Le Président (M. Dussault): L article 101 est-il bel et
bien adopté?
M. de Belleval: Mais je suis quand même surpris, M. le
Président, qu'il n'ait pas présenté un
amendement malgré tout que j'aurais refusé, bien
sûr.
M. Pagé: Bien sûr, vous voyez sa flexibilité,
M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 102 est
appelé.
M. Pagé: M. le Président, sur l'article 102. Il est
interdit à un membre du personnel de la fonction publique ou un
dirigeant d'organisme de se livrer à un travail de partisan au cours
d'une élection fédérale ou provinciale. Celui qui
contrevient au présent article doit être destitué.
C'est beaucoup, cela.
M. de Belleval: C'est ce qui existe actuellement.
M. Pagé: Oui, il y a un petit peu de voeux pieux quand
même là-dedans. Ils ont droit de faire de la politique, mais pas
pendant la période électorale. C'est aussi simple que cela.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Ils peuvent pendant un mandat faire du
militantisme, être président de l'association du Parti
rhinocéros autant que du Parti québécois et il n'y a pas
de problème. C'est cela?
M. de Belleval: C'est la disposition qui existe depuis de
nombreuses années à ce sujet.
M. Pagé: Cependant, il y a d'autres problèmes. Il y
a peut-être le problème du militantisme comme tel. Mais là
où cela devient plus délicat, c'est lorsque des informations
recueillies par un fonctionnaire dans le cadre de ses fonctions servent
à des fins politiques.
M. de Belleval: Vous voulez dire que, quand un fonctionnaire
désobéit à son serment d'office et transmet des
informations confidentielles, par exemple. Ce n'est pas par l'article 102.
M. Pagé: C'est à quel article à ce
moment-là?
M. de Belleval: C'est un autre article qui dit que... C'est 106,
je crois? C'est 108.
M. Pagé: 108. Il n'y a rien qui prohibe l'accomplissement
d'activités politiques pendant les heures de travail. C'est
peut-être prohibé par le règlement, mais...
M. de Belleval: Pendant les heures de travail? Oui.
M. Pagé: En quoi est-ce prohibé et à quel
endroit?
M. de Belleval: C'est le code d'éthique.
M. Pagé: C'est le code d'éthique qui le prohibera,
d'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Dans le communiqué que le ministre a fait
circuler la journée qu'on a déposé ce projet de loi, on
disait qu'on tenait compte des recommandations du rapport Martin-Bouchard. Vous
n'en avez pas tenu compte dans cet article.
M. de Belleval: Pardon?
M. Goulet: Vous disiez que vous teniez compte des recommandations
du rapport Martin-Bouchard. Vous n'avez pas tenu compte... Pour cet
article-là, vous allez complètement à l'encontre de ce que
recommandait le rapport Martin-Bouchard.
M. de Belleval: M. le Président, sur 102, j'avoue que j'ai
réfléchi longuement à la question. J'ai consulté
aussi beaucoup de mes collègues du caucus et des militants du parti.
J'ai consulté des fonctionnaires qui connaissent bien ces
matières. J'ai consulté aussi d'autres hommes politiques.
L'historique de cette disposition est la suivante: On a appliqué
cette disposition d'abord et avant tout non pas aux hauts fonctionnaires, mais
aux fonctionnaires en général, en particulier pour soustraire ces
fonctionnaires aux pressions indues qui s'exerçaient sur eux. On pense
en particulier aux cantonniers de la voirie, etc.. Ces pressions
s'exerçaient sur eux pour, au fond, faire des activités
politiques en campagne électorale. Je n'ai pas besoin de vous rappeler
les anciennes moeurs électorales qui avaient cours au Québec. Les
organisateurs électoraux de bien des partis politiques...
M. Pagé: Je suis trop jeune pour cela, M. le
Président.
M. de Belleval: Non, je ne fais allusion à aucun
régime très récent, etc.
M. Pagé: Non, mais je ne me rappelle pas cela.
M. de Belleval: C'est à la suite de ces choses que ces
dispositions ont été mises dans la loi, je crois, en 1964? Depuis
1943 que ces dispositions existent, effectivement. C'est sous un régime
libéral...
M. Pagé: 1939 à 1944...
M. de Belleval: M. Godbout.
M. Pagé: ... de M. Godbout.
M. de Belleval: ... que ces dispositions ont été
mises. Alors, j'ai été assez surpris de voir que la commission
Martin-Bouchard nous faisait une
recommandation là-dessus, qui d'ailleurs dépassait
complètement son mandat, parce que cette question est une question
d'intérêt public qui n'a rien à voir avec l'aire de
négociation comme telle. Ce n'est pas la question de savoir si c'est
négociable ou non, bien entendu. Une telle disposition n'est pas
négociable par essence. Elle existe ou elle n'existe pas.
Malgré tout, j'ai considéré sérieusement la
recommandation du rapport et j'en suis venu à la conclusion que dans les
circonstances actuelles, je n'étais pas suffisamment informé ou
péremptoirement informé pour modifier ce régime qui tend
à assurer la neutralité du fonctionnarisme tout en minimisant les
entraves à leurs droits politiques normaux qu'ils ont le droit d'exercer
comme tout citoyen.
Je pense que le régime actuel, de ce côté-là,
est très libre au Québec, il permet aux fonctionnaires d'exercer
leurs droits politiques normaux de la façon la plus large possible,
particulièrement hors des campagnes électorales. Mais pendant les
campagnes électorales, on admettra que souvent les esprits sont
échauffés, c'est normal. Je pense que pour maintenir dans
l'opinion publique cet esprit de neutralité de la fonction publique et
en même temps pour soustraire les fonctionnaires à des pressions
politiques indues, il faut maintenir cet article.
Toutefois, je dois dire là-dessus que notre position n'est pas
coulée dans le béton. Cette loi peut être amendée
dans l'avenir avant même les prochaines élections, si on pense que
c'est nécessaire, mais j'aimerais que cela donne lieu à une
discussion plus serrée avec l'ensemble des partis politiques. Je pense
que c'est une disposition qui doit faire l'objet d'un consensus assez large de
l'ensemble des formations politiques puisque cela touche les formations
politiques aussi profondément et qu'il s'agit d'une disposition d'ordre
public très importante.
Voilà les choses que j'avais à dire là-dessus.
M. Pagé: Adopté, M. le Président. M.
Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, on dit: A un dirigeant
d'organisme de se livrer à un travail de partisan au cours d'une
élection fédérale ou provinciale.
S'il y avait une campagne référendaire dans un mois, cela
ne toucherait pas à cela?
M. de Belleval: Cela ne s'applique pas à cela. M.
Chevrette: Electorale.
M. Goulet: Les fonctionnaires peuvent s'impliquer, peuvent
organiser, peuvent travailler pour un côté ou l'autre, il n'y a
pas de problème?
M. de Belleval: C'est vrai.
M. Jolivet: Après le référendum, on
enlèvera le mot "fédéral ".
M. Goulet: Pourquoi une telle...? Vous conviendrez avec moi que
la prochaine...
M. de Belleval: II faut restreindre, comme je l'ai dit, les
droits politiques des fonctionnaires au minimum. Je pense qu'un
référendum n'est pas nécessairement une question
partisane. Il y a tous genres de référendums qui peuvent
être tenus. On peut tenir un référendum sur
l'opportunité d interdire l'utilisation des véhicules automobiles
un dimanche sur quatre au Québec.
M. Goulet: D'accord. M. le Président, le ministre avait
compris de quel référendum je voulais parler.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Le référendum. Ecoutez! Ce n'est pas de
savoir si on doit utiliser des cordes à linge au lieu de ... Non, pas
cela. Le référendum dont on parle... C'est que vous prenez un
autre chemin.
M. de Belleval: Non, je crois que même dans le cas de ce
référendum, il s'agit d'une loi qui n'est même pas encore
votée.
M. Goulet: Elle n'est pas loin.
M. de Belleval: Qui n'est même pas encore votée,
d'abord, qui recouvre tout genre de référendum et, à mon
avis, il serait excessif de mettre une disposition contraignante sur tout type
de référendum et je ne vois pas pourquoi on mettrait une
disposition contraignante pour le référendum en question. Il ne
s'agit pas d'une question partisane au sens strict. Ce référendum
va s'adresser à l'ensemble des Québécois,
indépendamment de leur option politique. D'ailleurs, on sait très
bien que sur cette question en particulier, les partis politiques, quels qu'ils
soient, sont traversés de courants de tous ordres. Ce n'est pas une
question partisane, à mon avis.
M. Goulet: Ce que je voulais dire, c'est que le prochain
référendum, celui dont on parle, il n'aura pas grand
différence avec une élection générale, M. le
Président. C'est ce que je voulais dire au ministre.
M. Jolivet: On en parlera de cela.
M. de Belleval: A mon avis, c'est très différent
d'une élection.
M. Goulet: Oui? M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 102 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 103.
M. de Belleval: A l'article 103, nous avons quand même
voulu préciser et élargir les possibilités pour les
fonctionnaires d'exercer leur droit civil, leur droit politique.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 103 est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 104.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 105. Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 106. Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 107. Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 108. Est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 109. Est-il adopté?
M. de Belleval: M. le Président, je ferais la proposition
que nous suspendions l'examen de ce projet de loi, que nous ajournions sine
die, compte tenu de l'heure tardive et que les dispositions que nous allons
maintenant aborder, de toute évidence, vont nécessiter un examen
important, minutieux et que cet examen doit se faire au moment où nous
sommes dans la meilleure condition, à la fois physique et
intellectuelle.
C'est pour démontrer, M. le Président, qu'il n'est pas
question d'adopter quelque projet que ce soit à la vapeur.
M. Pagé: Même s'il fait chaud.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous voulez dire,
M. le ministre, que c'est après l'adoption de l'article 109?
M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 109 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 45)