Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de toi no 50
(Vingt heures onze minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire élue
permanente de la fonction publique qui se réunit pour faire
l'étude article par article du projet de loi no 50, Loi sur la fonction
publique.
Sont membres de cette commission: M. Brochu (Richmond) remplace M.
Bellemare (Johnson), M. Lacoste (Sainte-Anne) remplace M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de. Belleval
(Charlesbourg), M. Giasson (Montmagny-L'islet) remplace M. Garneau
(Jean-Talon), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M. Jolivet
(Laviolette), M. Pagé (Portneuf).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (iberville), M. Le Moignan
(Gaspé), M. Martel (Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) remplace M. Picotte (Maskinongé), M. Roy (Beauce-Sud),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Orford).
M. Gendron: M. le Président, pouvez-vous inscrire le nom
de M. Alfred comme intervenant, à la place de Mme Ouellette?
Le Président (M. Dussault): Donc, M. Alfred (Papineau)
remplace Mme Ouellette (Hull). Oui, M. le député de Richmond.
M. Brochu: En commençant nos travaux, nous savons tous que
ce matin le premier ministre d'ailleurs, il l'avait annoncé
a rencontré, avec le ministre de la Fonction publique, les
représentants des groupements intéressés par le projet de
loi no 50. Je me demande, pour le bon entendement et la bonne procédure
de nos travaux s'il ne serait pas souhaitable qu'à ce stade, le ministre
nous fasse un rapport sommaire des discussions qu'il a eues et des conclusions
auxquelles il est arrivé, et qu'il nous transmette certaines
informations. A l'intérieur de nos travaux qui vont continuer ce soir,
cela pourrait préparer les discussions que nous allons avoir. En somme,
de faire le point, si vous voulez.
M. de Belleval: Avec la permission de la commission, quand nous
arriverons à l'article 116, je pourrai, à ce moment, faire un
court résumé de ce qui s'est passé ce matin, si vous
êtes d'accord.
M. Pagé: M. le Président, le ministre veut-il
indiquer par là que les échanges entre le premier ministre et les
représentants des syndicats ont porté uniquement et
essentiellement sur l'article 116?
M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, à la
dernière séance, au moment de l'ajournement, la commission avait
adopté l'article 109. J'appelle donc l'article 110.
Régime syndical
M. de Belleval: C'est la reconduction oe l'article actuel.
M. Pagé: Oui, comme le ministre en fait état, c'est
essentiellement la reconduction des articles 69 à 75 de la Loi actuelle
de la fonction publique. Nous allons considérer l'article 110 comme
étant accepté, cependant, même si nous avons des questions
aux articles 111 et 112.
Le Président (M. Dussault): L'article 110 est-il
adopté?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 111.
M. de Belleval: Là encore, il s'agit d'une reconduction de
l'article actuel.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 111,
j'ai eu l'occasion, au début des travaux de cette commission, de
demander au ministre pourquoi, dans la nomenclature des définitions
prévues à l'article 1, il n'était pas fait mention de la
définition du terme ouvrier. Je m'étais
référé au fait que l'article 111 identifiait le groupe de
fonctionnaires, et particulièrement les ouvriers.
J'aimerais que le ministre nous informe et qu'il nous dise pourquoi on a
une mention à l'article 111 qui veut que l'accréditation porte
sur deux groupes distincts de salariés, soit les fonctionnaires autres
que les ouvriers, dans un premier temps, et les ouvriers, dans un autre temps.
Pourquoi cette... (20 h 15)
M. de Belleval: Les conventions collectives définissent le
mot "ouvrier"...
M. Pagé: J'en conviens.
M. de Belleval: ... et s'il y avait un litige sur
l'interprétation, à savoir si un employé, à un
moment donné, est ouvrier ou pas, c'est le Tribunal du travail qui en
décide. Cet article, comme je l'ai dit, existe depuis environ quatorze
ans et il n'a jamais causé de problèmes d'application.
M. Pagé: Quel est le motif?
M. de Belleval: De faire une distinction?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Je pense qu'il y a d'abord un motif historique
et, à ce moment-là, comme vous
le savez, particulièrement au ministère des Transports ou
de la Voirie du temps, le personnel ouvrier était singularisé. Il
reste aussi que les conditions de travail qui s'appliquent aux ouvriers sont
quand même assez originales par rapport aux employés dits de
bureau. C'est ce qui explique qu'on prévoie deux conventions collectives
différentes; beaucoup de stipulations des deux conventions collectives
sont semblables mais, malgré tout, il existe des stipulations assez
spécifiques pour les ouvriers, compte tenu de la nature de leur
travail.
Quant à nous, nous aurions été d'accord pour faire
disparaître cette distinction mais le syndicat préfère la
maintenir. Alors, nous nous rendons à son avis.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 111 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 112.
M. de Belleval: L'article 112, là encore c'est une
reconduction de l'article actuel.
M. Pagé: M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous donne davantage d'information sur le contenu de l'article 112 qui
prévoit que le gouvernement puisse accorder l'accréditation
à toute association de salariés pour représenter chacun
des groupes prévus à l'article 110.
M. de Belleval: Effectivement...
M. Pagé: Ce qui suscite des questions chez moi, c'est le
deuxième alinéa qui dit: Cette accréditation n'est
accordée que sur recommandation d'un comité conjoint
constitué à cette fin par le gouvernement et formé pour
moitié de représentants du groupe intéressé. Je ne
vois pas en quoi la Loi de la fonction publique prévoit un régime
particulier dans lequel je décèle des pouvoirs assez exorbitants
à la partie patronale, dans le sens que l'accréditation sera
déterminée suivant le rapport favorable ou non émis par un
comité qui sera formé de la partie patronale et de la partie
syndicale; pourquoi ne pas tout simplement faire régir cette situation
par les dispositions du Code du travail qui, par surcroît, vient
d'être amendé...
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: ... un Code du travail qui, si on se
réfère aux informations fournies par les membres de la
majorité ministérielle, colle plus à la
réalité ou, tout au moins, à votre programme politique. A
ce moment-là, pourquoi les travailleurs du secteur public et de la
fonction publique ne seraient-ils par régis par le Code du travail,
purement et simplement, en ce qui concerne l'accréditation?
M. de Belleval: Le système d'accréditation dans la
fonction publique, comme vous le voyez, est un système particulier qui
existe depuis le début, 1965 la loi est entrée en vigueur
en 1965 et qui a donné entière satisfaction aux parties et
qui est tout simplement maintenu. Mais, à toute fin pratique, du moins
depuis plusieurs années, l'application de ces articles est suspendue de
facto puisque les accréditations ont été données en
vertu de ces articles; ils sont maintenus et n'ont jamais été
remis en cause.
Ce que fait l'article 112, entre autres, c'est que dans le cas des
salariés dits professionnels, ils peuvent d'eux-mêmes, à la
suite d'un rapport de comité conjoint auquel ils participent,
décider de joindre ensemble des groupes de façon à former
une espèce de cartel intersyndical ou, enfin, plus que cela.
M. Pagé: ...
M. de Belleval: ... en fait, un seul syndicat. Ils ne nous ont
d'ailleurs jamais demandé de modifier ce régime qui donne
satisfaction.
M. Brochu: Est-ce que le ministre...
M. de Belleval: II donne plus de souplesse, autrement dit, aux
intéressés eux-mêmes.
M. Pagé: Quelle est l'obligation du gouvernement de
s'assurer du caractère représentatif de l'association?
M. de Belleval: Chacune des associations mentionnées forme
son comité d'accréditation et, au sein d'un comité,
recommande une unité syndicale donnée.
M. Pagé: J'en conviens. Une dernière question, si
mon collègue me le permet, c'est dans le même filon: Lorsqu'il est
question d'un litige sur l'exclusion ou l'inclusion effective d'un membre du
personnel dans chacun de ces groupes, vous vous en référez aux
conditions prévues par le Code du travail?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: A ce moment-là, comment pouvez-vous
expliquer qu'en ce qui concerne l'accréditation comme telle, c'est un
régime spécial, d'une part, et que, d'autre part, quand il est
question de contestation, de mécanisme d'appel sur des décisions
rendues, ce sont les règles du Code du travail qui prévalent?
M. de Belleval: La première partie de l'alinéa
traite évidemment des exclusions ou des inclusions d'employés
confidentiels, ce qui est une clause normale...
M. Pagé: Oui, il en est question à l'article 134 ou
135...
M. de Belleval: Dans la deuxième partie de la phrase c'est
que si, à un moment donné, une
association ne devenait plus représentative, le Tribunal du
travail aurait le pouvoir de modifier l'accréditation, non pas
l'unité syndicale comme telle, mais l'accréditation.
M. Pagé: A ce moment, ce serait l'association
requérante ou celle qui se considère comme légitime, en
termes de représentativité, qui devrait se charger des
procédures devant le tribunal?
M. de Bellevai: C'est cela, il y a des périodes de
maraudage de prévues.
M. Pagé: Le comité est formé comment, en ce
qui concerne la partie gouvernementale?
M. de Bellevai: Le comité conjoint dont il est question au
deuxième alinéa de l'article 112?
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: Vous voulez dire quelles sont les personnes qui y
participent du côté gouvernemental?
M. Pagé: Oui, est-ce que des personnes nommées
d'office y siègent?
M. de Bellevai: Ce sont les représentants nommés
par la partie gouvernementale qui sont normalement des fonctionnaires de la
direction générale des relations de travail.
M. Pagé: Au nombre de trois?
M. de Bellevai: Cela dépend de l'importance que les
parties décident de donner au comité en question. Remarquez que
ces articles n'ont pas été utilisés depuis 1965, ils n'ont
joué qu'une seule fois.
M. Pagé: Quoiqu'ils pourraient l'être. M. de
Bellevai: Ils pourraient l'être.
M. Pagé: Cela donne quand même un pouvoir assez
exorbitant au gouvernement. C'est quand même le gouvernement qui peut
accorder l'accréditation à toute association de salariés
et, par surcroît, le comité conjoint qui est formé pour
juger de ces questions, qui prend fait et cause à la place des
mécanismes prévus au Code du travail, ce sont des gens qui sont
nommés par le gouvernement.
M. de Bellevai: Oui, mais il faut bien voir que le régime
qui est décrit à l'article 110 est le régime
général...
M. Pagé: Oui.
M. de Bellevai: C'est-à-dire que chacun peut être
reconnu individuellement. Maintenant, si un comité conjoint recommande
autre chose, il peut y avoir un syndicat interprofessionnel.
M. Pagé: Oui, j'en conviens.
M. de Bellevai: Mais alors ce régime fait l'affaire des
parties...
M. Pagé: ... mais, M. le Président, le ministre ne
semble pas me comprendre. Je ne m'explique pas... D'accord, la situation
prévaut peut-être...
M. de Bellevai: Mais tout cela a été entendu avec
les syndicats en question ou avec les professionnels en question dès
1964, les dispositions ont été mises dans la loi, elles ont
joué, elles donnent entière satisfaction aux parties.
M. Pagé: Ce n'est pas parce qu'elles sont là depuis
1964...
M. de Bellevai: Qu'il faudrait que cela change?
M. Pagé: Non, ce n'est pas parce que c'est là que
cela devra toujours demeurer là et que c'est la situation parfaite et
idéale. Pourquoi ne pas profiter d'une loi de refonte pour faire en
sorte que cela soit régi, comme les autres cas, par le Code du travail
purement et simplement? Pourquoi ne pas en profiter? Vous procédez
à une refonte de votre loi.
M. de Bellevai: Je ne vois pas pourquoi on ferait des changements
pour faire des changements. Ces dispositions...
M. Pagé: Non, mais un instant, M. le Président,
quand vous procédez à une loi de refonte
généralement, ce n'est pas strictement des objets
spécifiques que vous voulez modifier, sur lesquels vous jouez. Vous en
profitez généralement pour faire une réévaluation
complète de toutes les approches prévues dans la loi et, par
surcroît, vous venez d'apporter des améliorations au Code du
travail...
M. de Bellevai: II y a un régime qui existe et qui donne
satisfaction à tout le monde. On consulte les gens là-dessus et
personne ne nous recommande de changer cela; nous-mêmes, on n'a pas non
plus le désir de le changer parce que cela fonctionne. Je ne vois pas
pourquoi on changerait, cela n'a pas de raison de changer seulement pour une
espèce de cohérence théorique. Cela fonctionne bien comme
cela, cela continue!
M. Pagé: Oui, mais vous ne favorisez pas cette
espèce de cohérence théorique et vous conviendrez que
c'est un pouvoir qui est exorbitant au gouvernement.
M. de Bellevai: Je suis très anglophile de ce
côté.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Pour enchaîner sur le même sujet, est-ce
qu'il y a eu effectivement à un moment donné des demandes de
certains groupes d'être inclus dans l'autre secteur? Je pense qu'à
ce moment-là, cela relève de la loi 45? il n'y a eu aucune
demande?
M. de Belleval: Pas du tout, il y a eu, cependant, des
dissidences à l'intérieur d'un même groupe, comme par
exemple, des professeurs du conservatoire qui voulaient se dissocier des
salariés enseignants mentionnés au paragraphe a) de l'article
110; le Tribunal du travail à ce moment-là, statue à
savoir s'ils ont le droit de former un syndicat à part; le Tribunal du
travail a statué que non. Mais, comme tel, il n'y a pas eu de dissidence
en termes de profession.
M. Brochu: il n'y a pas eu de démarche d'un groupe
donné pour dire: Nous autres on se veut inclus dans l'autre loi
plutôt que dans celle-là?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Brochu: A l'article 112, au deuxième paragraphe: "Cette
accréditation n'est accordée que sur la recommandation d'un
comité conjoint constitué à cette fin par le gouvernement
et formé pour moitié de représentants du groupe
intéressé ". Est-ce que les représentants sont choisis
uniquement par les groupes ou si le gouvernement a une participation dans le
choix des représentants?
M. de Belleval: Non, on choisit nos représentants et ils
choisissent les leurs.
M. Brochu: On a fait état, tantôt, de la liste des
syndicats à l'article 112, 1er paragraphe a,c,d. Est-ce que le ministre
aurait une liste qu'il pourrait déposer ou nous faire parvenir plus
tard. La liste des syndicats concernés, j'entends.
M. de Belleval: D'accord.
M. Brochu: il y a combien de groupes qui ont demandé leur
accréditation? Et qui sont encore en voie de demandes?
M. de Belleval: il n'y en a pas. Tout cela est
réglé depuis 1965; cela n'a jamais été remis en
cause. Enfin, je crois que oui. Alors, tous les groupes qui sont
mentionnés ici, à l'article 110 sont accrédités,
sauf les avocats-notaires, qui n'ont jamais demandé
d'accréditation. Autrement dit, il n'y a pas de syndicats des
avocats-notaires, mais il y a une association et on négocie avec cette
association bona fide.
M. Brochu: ils gardent le même statut; ils n'ont pas besoin
de changer de statut?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Brochu: Cela va, M. le Président. Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 112 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 113.
M. de Belleval: C'est la même chose qui existe
actuellement.
Le Président (M. Dussault): L'article 113, oui. Est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 114.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté? J'appelle
l'article 115.
M. de Belleval: C'est la même chose qui existe
actuellement.
M. Pagé: Article 115, M. le Président. La
grève est interdite aux groupes de salariés visés dans le
paragraphe d) de l'article 110. " Ce sont les agents de la paix, je
présume?
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: "La grève est aussi interdite à
tout autre groupe, à moins que les services essentiels et la
façon de les maintenir ne soient déterminés par une
entente préalable entre les parties ou par une décision du
Tribunal du travail." M. le Président, on a un projet de loi qui est
étudié à l'Assemblée nationale, le projet de loi no
59. Les dispositions de l'article 115 par rapport à l'article 5 du
projet de loi no 59 sont en totale contradiction.
M. de Belleval: Elles ne sont pas en contradiction...
M. Pagé: ... en quoi?...
M. de Belleval: ... elles sont différentes. Toute cette
question des services essentiels a fait l'objet d'une étude par la
Commission Martin-Bouchard qui a recommandé que le régime qui
existe dans la fonction publique soit maintenu, puisque ce régime a
donné entière satisfaction aux parties jusqu'à maintenant,
et que le régime dans le domaine du secteur hospitalier et des services
sociaux qui, lui, de toute évidence, n'a pas donné satisfaction
aux partis, soit modifié. De sorte que nous avons conservé,
conformément à la recommandation de la Commission
Martin-Bouchard, le régime actuel. C'est aussi le voeu du syndicat que
cela soit maintenu. Alors, tout le monde est d'accord. Ce n'est pas toujours
facile...
M. Pagé: Oui, mais, M. le Président...
M. de Belleval: ... de faire un accord, mais quand on en a un, on
en profite.
M. Pagé: Le ministre conviendra que dans le cas de
l'article 115, la grève est interdite, à moins que les services
essentiels et la façon de les maintenir soient déterminés
par une entente préalable entre les parties ou par une décision
du Tribunal du travail. On va en arriver à la question de l'entente
préalable. S'il n'y a pas d'entente...
M. de Belleval: Cela va au Tribunal du travail. M.
Pagé: Dans quel délai?
M. de Belleval: Tout cela se fait en plein milieu de la
négociation. C'est préalable à l'acquisition du droit de
grève. On n'a jamais eu besoin de recourir à cet article et
d'aller au Tribunal du travail.
M. Pagé: Oui, mais M. le Président...
M. de Belleval: Tout cela se fait avant l'acquisition du droit de
grève parce que si cela n'est pas fait, il n'y a pas d'acquisition de
droit de grève. Habituellement, les services essentiels se
négocient avant l'expiration de la convention collective, de toute
façon. (20 h 30)
M. Pagé: La convention collective expire le 30 juin
prochain, dans le cas des fonctionnaires provinciaux.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Vous avez une prévision ici... On va se
référer à l'article 5 du projet de loi no 59 qui se lit
comme suit et on va mieux se comprendre, M. le Président: "Le chapitre V
A édicté par l'article 4 de la présente loi ne s'applique
pas aux négociations visant au renouvellement d'une convention
collective dans le cas d'une association accréditée de
salariés dans les secteurs public et parapublic dont la convention
collective ou ce qui en tient lieu expire avant le 1er juillet 1978.
Malgré le premier alinéa, les dispositions suivantes
s'appliquent: a) une telle association doit conclure une entente avec
l'employeur ou, à défaut, produire une liste décrivant les
services qu'elle entend maintenir en cas de conflit de travail et la
façon de les maintenir ".
M. de Belleval: Cela s'applique seulement aux services sociaux et
hospitaliers.
M. Pagé: Bon. "b) la grève ne peut être
déclarée qu'après l'expiration d'un délai de
quarante-cinq jours de la date de la transmission de l'entente ou de la liste
visée au paragraphe a)".
M. de Belleval: Tout l'article que vous lisez ne s'applique
qu'aux services sociaux et hospitaliers.
M. Pagé: II ne s'applique pas. M. de Belleval:
C'est cela.
M. Pagé: Pourquoi, à ce moment-là, ne pas
avoir profité du projet de loi no 59 pour faire en sorte que tout le
monde soit régi de la même façon, par les mêmes
dispositions?
M. de Belleval: J'ai dit que le régime de la fonction
publique donne entière satisfaction aux parties et la commission
Martin-Bouchard, après avoir étudié cela, constatant cette
satisfaction, a recommandé de le maintenir. C'était aussi notre
avis et nous l'avons maintenu.
M. Pagé: Oui mais, c'est...
M. de Belleval: C'est un pragmatique bien anglo-saxon que nous
avons décidé d'appliquer dans cette matière.
M. Pagé: L'article 115...
M. de Belleval: Je m'étonne que l'esprit cartésien
du député de Portneuf...
M. Pagé: M. le Président, l'article 115 existait
à quel endroit dans l'ancienne loi?
M. de Belleval: II existait exactement... C'est l'article 75.
M. Pagé: 75?
M. de Belleval: Oui, il n'y a eu aucune modification.
M. Pagé: La recommandation Martin stipulait: Que soit
constitué, pour la fonction publique, un comité mixte permanent
chargé de tenir à jour une liste des services essentiels.
M. de Belleval: C'est exactement cela. M. Pagé: Ce
n'est pas cela.
M. de Belleval: Le comité en question se réunit
à la veille de chaque renouvellement de convention collective. Dans
l'intervalle, entre chaque convention collective, il y a une clause qui stipule
que le syndicat s'engage à ne faire aucun arrêt de travail,
journée d'étude, etc., entre les deux conventions, de sorte qu'il
n'y a pas besoin de comité conjoint permanent puisqu'il y a assurance,
de la part du syndicat, que le travail sera maintenu.
M. Pagé: Est-ce que le comité s'est réuni
jusqu'à maintenant?
M. de Belleval: Ah! oui, il s'est réuni à plusieurs
reprises, il a presque terminé son travail.
M. Pagé: Combien de fois depuis un an? Cela a
commencé quand? Cela fait combien de temps, un an, six mois, huit
mois?
M. de Belleval: Ah! non, quelques semaines, au mois de mars.
M. Brochu: M. le Président, pour enchaîner sur un
élément que le ministre vient à l'instant de mentionner.
Il parlait de la date d'expiration du 1er juillet 1978. Je pense que le seul
groupe dont la convention collective vient effectivement à
échéance à cette date, dans le groupe des affaires
sociales, ce sont les infirmières?
M. de Belleval: C'est cela, c'est le COPS.
M. Brochu: A ce moment-là, cela voudrait dire que tout
cela s'applique strictement au niveau du COPS, des infirmières?
M. de Belleval: En ce qui concerne l'article du projet de loi
qu'a lu le député de Portneuf...
M. Brochu: Les articles 4 et 5 du projet de loi no 59.
M. de Belleval: ... mais en ce qui concerne l'article 115, cela
ne touche pas à cela du tout. Cela ne touche que la fonction publique et
non pas le parapublic. D'accord?
M. Brochu: Ah bon! d'accord.
M. de Belleval: Est-ce que l'article 115 sera adopté, M.
le Président?
Le Président (M. Dussault): L'article 115 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 116.
M. de Belleval: A l'article 116, M. le Président,
j'aimerais donner un certain nombre d'explications à la commission,
puisqu'il s'agit d'un article assez important sur lequel il y a eu un certain
nombre de questions de posées. Tout d'abord, l'article 116 reprend en
gros des dispositions qui existaient dans la loi actuelle au titre de l'article
52a. Cette question de l'aire de négociation a été
étudiée par la commission Martin-Bouchard qui a recommandé
que le système actuel à cet égard soit maintenu, à
savoir que le système dit de mérite, de selection au
mérite des candidats à la fonction publique, à la
promotion dans la fonction publique, y compris l'acte de nomination, de
même que la classification, soit exclu du rapport de force qui existe
lors d'une négociation.
Toutefois, la commission a recommandé que ce que l'on appelle les
modalités l'application de ces matières soit
négociée, de sorte que nous avons changé la
rédaction de l'article 116. Plutôt que de dire: "qu'aucune
disposition de la convention collective ne doit porter sur ces matières
", comme c'est le cas actuellement à l'article 52a, on dit: "qu'aucune
disposition d'une convention col- lective ne vienne restreindre les pouvoirs de
l'organisme indépendant ou du gouvernement en ces matières".
Ce régime existe, comme je l'ai dit, depuis 1964. Ce n'est donc
pas du droit nouveau que nous introduisons de ce côté. De plus,
toutes les lois de la fonction publique, sur lesquelles nous avons pu mettre la
main, excluent ces matières du rapport de force, comme je l'ai
mentionné. C'est le cas en Amérique du Nord et c'est le cas en
Europe, dans les pays démocratiques européens, pour autant que
nous soyons informés de toutes les situations qui existent dans tous ces
pays, ce que, bien sûr, nous n'avons pas la prétention d'avoir
fait, mais aucun exemple ne nous a été apporté de ce
côté. C'est le cas, entre autres, de l'Allemagne, de la France et
de l'Angleterrre.
Par conséquent, le régime de négociation collective
que nous avons dans la fonction publique québécoise, là
encore, ne constitue pas un régime d'exception. Bien au contraire, de
l'aveu même des experts en la matière, et en particulier de ceux
du Bureau international du travail, il semblerait que notre régime soit
le plus "généreux" entre guillemets qui existe de
tous les régimes semblables dans les pays démocratiques. C'est
certainement celui qui est le plus ouvert, celui qui permet de négocier
sans contraintes le plus de matières. Simplement pour mémoire,
aux Etats-Unis, le gouvernement fédéral lui-même et les
lois qui s'appliquent dans ces juridictions, soit fédérales, soit
des Etats, excluent même parfois le droit à la négociation
des salaires des fonctionnaires, ceux-ci devant être fixés
comme c'était le cas jusqu'à maintenant au Québec pour les
juges, par exemple par la législature ou par les Parlements de
ces Etats ou du Congrès américain, dans le cas du gouvernement
fédéral américain.
Comme on le voit, notre régime est beaucoup plus libéral
passez-moi le terme, M. le député de Portneuf en ce
qui concerne l'aire de négociation. Donc, on peut dire que nous avons un
régime extrêmement libre, extrêmement généreux
de ce côté. C'est le minimum qui fait l'objet d'un certain nombre
de restrictions. A ce sujet, d'ailleurs, le projet de loi no 53, de l'aveu
même du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec,
constitue une amélioration par rapport à la situation existante
et, dans un mémoire que me faisait parvenir ce syndicat quelques jours
après la présentation du projet de loi no 50, ce fait est
reconnu.
Je rappelle l'existence de ce mémoire que lOpposition a entre les
mains d'ailleurs, qui passe en revue tous les articles dignes de mention de la
part du syndicat, le jugement du syndicat sur le projet de loi no 50. Ce
mémoire a fait l'objet d'une discussion extrêmement
fouillée entre l'exécutif du syndicat et moi-même, dans une
séance qui a duré, je crois, environ trois heures, et qui nous a
permis, d'ailleurs, d'approfondir une dernière fois un certain nombre de
choses sur le projet de loi.
Le préambule de ce mémoire du Syndicat des fonctionnaires
dit: "Le projet de loi no 50, et
notamment l'article 116, constitue une amélioration par rapport
à la situation que nous connaissons en vertu de la Loi de la fonction
publique et particulièrement une amélioration de l'aire de
négociation. "C'est très important, effectivement. Nous avons
quand même amélioré la situation existante, puisque, comme
je l'ai indiqué, et conformément à la recommandation du
rapport Martin-Bouchard, nous avons désormais inclus explicitement dans
l'aire de négociation les modalités d'application de ces
matières qui doivent être normalement exclues du rapport de force,
en particulier en matières de nominations, de promotions et de
classifications.
Donc, non seulement nous maintenons le régime en vigueur qui,
comme je l'ai indiqué tout à l'heure, est un des plus
généreux qui existent dans le monde entier, mais nous l'avons
amélioré du témoignage même du syndicat des
fonctionnaires.
Pourquoi ces matières, entre autres la classification, sont-elles
exclues du rapport de force? Effectivement, il ne s'agit pas, M. le
Président, d'une question qui relève de ce qu'on appelle
généralement dans ces questions, dans cette matière, des
droits de gérance. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas aussi dans
la fonction publique de telles choses qu'on pourrait appeler des droits de
gérance, de la part de l'employeur, mais à l'égard des
dispositions de l'article 116 ce n'est pas au nom des droits de gérance
que tous les Etats démocratiques excluent ces choses du rapport de
force. C'est plutôt au nom de la responsabilité de l'Etat et du
gouvernement qui a la responsabilité de la gestion des affaires de
l'Etat à un moment donné, c'est au nom de ses
responsabilités que ces questions sont exclues du rapport de force.
Essentiellement, cela veut dire qu'il revient à l'Etat, au gouvernement
légitime qui est élu en fonction d'un programme politique, qui
est élu afin de mettre sur pied un certain nombre de projets, qu'il
revient à cet Etat de déterminer la façon dont la fonction
publique sera organisée, le nombre des effectifs qui seront mis en
action, leur répartition par type de fonction, il revient donc à
ce gouvernement de mettre en application ces outils en matière de
ressources humaines.
Il ne serait pas normal qu'un gouvernement légitimement
élu soit obligé de négocier avec un syndicat la mise en
application même de ces programmes; ce qui serait en cause, bien
sûr, s'il fallait négocier la classification. De même le
régime de nomination d'entrée dans la fonction publique et de
promotion repose sur un principe de non-favoritisme, de non-patronage des
emplois sur un système d'excellence, un système de concours
impartiaux ouverts à l'ensemble de la population, conformément
aux dispositions de la loi et dont les critères de base sont des
critères de compétence et d'aptitudes, qui sont sortis là
encore, du rapport de force entre les parties, mais qui sont confiés
à des organismes indépendants, généralement une
commission de la fonction publique ou, dans le cas qui nous occupe, un office
de sélection autonome par rapport au gouvernement.
Il n'est donc pas question dans les fonctions publiques occidentales
démocratiques de laisser aux parties le soin de décider qui
entrera dans la fonction publique, qui aura une promotion dans la fonction
publique; ceci est confié à des organismes autonomes et
indépendants des deux parties, étant entendu que le patronage du
gouvernement ou le patronage conjoint du syndicat et du gouvernement ne serait
pas plus acceptable qu'un patronage unilatéral gouvernemental.
Alors, la classification, outre le système de recrutement selon
la compétence et les aptitudes des individus, est exclue du rapport de
force. Cela se comprend puisque la variété des types d'emplois
est considérablement plus grande dans la fonction publique qu'en
particulier dans le secteur parapublic, genre hôpitaux ou commissions
scolaires. (20 h 45)
Si la classification était négociable comme les plans
d'organisation ou les effectifs toutes ces questions sont intimement
liées cela voudrait dire qu'un gouvernement ne pourrait pas
mettre en oeuvre ses programmes de législation, approuvés par
l'Assemblée nationale et approuvés par l'électorat, sans
négocier préalablement avec les syndicats l'ouverture de tant de
postes, de tel niveau, comportant des employés de tel corps d'emploi,
ayant telle exigence déterminée. Aussi bien dire qu'un
gouvernement devrait continuellement négocier ses activités avec
les instances syndicales, malgré les voeux déjà
exprimés par les institutions politiques élues.
Encore une fois, il n'y a aucune commune mesure entre la
variété des emplois dans la fonction publique et les emplois
standards que l'on retrouve dans les établissements publics, les
affaires sociales et l'éducation. Il n'y a non plus aucune commune
mesure entre le pouvoir d'initiative du gouvernement et la gestion
décentralisée des établissements publics, des affaires
sociales et de l'éducation. La responsabilité n'est pas la
même dans les deux cas, je pense que c'est évident. C'est parce
que, justement, un gouvernement est susceptible d'avoir à modifier
rapidement ses orientations, ses programmes, et l'aménagement de son
organisation et de ses ressources humaines, qu'il a accordé la
sécurité d'emploi complète à ses employés,
en même temps que pour soustraire ses employés aux pressions du
patronage politique ou administratif. Autrement dit, rendre la classification
négociable annihilerait complètement la marge de manoeuvre qu'il
lui reste, compte tenu, par ailleurs, des contraintes que lui imposent la
convention collective et la permanence qu'il accorde à ses
employés.
Je pense que cette sagesse des Etats démocratiques ne se
dément pas, puisqu'elle semble être universelle et, comme je l'ai
dit, en ce qui concerne le Québec, ce régime est un des plus
larges qui existent de toutes les fonctions publiques des Etats
démocratiques connus. C'est le cas même au Canada, par exemple, de
gouvernements très avancés en ce domaine, comme la Saskatchewan
qui, depuis 1953, reconnaît le droit de grève
et le droit de libre négociation à ses fonctionnaires.
Ce fait est d'ailleurs confirmé aussi par des observateurs
indépendants, entre autres, je voudrais citer Me Patrice Garand, qui est
une autorité reconnue en matière de droit administratif, et qui a
dû être le professeur en particulier en cette matière du
député de Portneuf, et qui déclare, dans une entrevue
récente, le 16 juin, à Radio-Canada, un programme Présent
Québec: "Au Canada, à ma connaissance, dans la fonction publique,
nulle part les plans de classification ou la classification n'est
négociable. Même dans les législations les plus
avancées, comme en Saskatchewan, où on négocie les
conventions collectives depuis 1953, l'article 53 de la Loi de la Saskatchewan
exclut expressément la question de la classification du champ des
matières négociables. Partout ailleurs, c'est exlu
expressément également dans la fonction publique
fédérale, dans les législations les plus avancées,
comme en Colombie-Britannique, ou au Manitoba".
On lui demande, à ce moment: Est-ce qu'en dehors de
l'Amérique du Nord, dans les pays nordiques, par exemple, est-ce que les
syndicats ont ce pouvoir? Il répond: "Je ne pourrai pas vous
répondre en ce qui concerne les pays Scandinaves, mais en ce qui
concerne la France et l'Angleterre, il n'y a pas de négociation au sens
nord-américain du terme. Il y a de la consultation, de la participation,
des comités paritaires, mais, dans la plupart des cas, sur une base
évidemment consultative. C'est le gouvernement qui, en dernier ressort,
décide de l'aménagement interne de l'appareil
gouvernemental".
On pose une autre question à M. Garand, et cela nous
amènera un autre aspect de la question: Le projet de loi no 50
opère-t-il un transfert? Actuellement, le pouvoir de classification
appartient à la Commission de la fonction publique, et le projet de loi
no 50 voudrait transférer ce pouvoir au ministre de la Fonction
publique, et M. Garand répond: "Effectivement, tout comme au
fédéral, on l'a fait en 1967. Les pouvoirs de
réglementation, en ce qui concerne la classification, seront
transférés par l'article 4 de la loi, au ministre, mais ceci est
fort défendable, parce que cette responsabilité de faire des
règlements est une responsabilité essentiellement politique et il
est normal que ce soit vraiment le gouvernement, par son ministre, ou que ce
soit au fédéral, le fédéral par le Conseil du
trésor, qui remplisse cette responsabilité politique et qui en
rende compte devant l'Assemblée nationale. Il est plus normal que ce
soit comme cela qu'un organisme purement indépendant et non responsable
directement devant la Chambre, comme c'était le cas au Québec
jusqu'ici, et comme c'est le cas dans certaines provinces, mais comme ce n'est
pas le cas au niveau fédéral et au Québec
dorénavant ".
D'ailleurs, je dois dire que cette façon d'organiser la
répartition des pouvoirs pour la gestion des fonctions publiques se
généralise; un peu partout dans le monde on confie au pouvoir
politique le soin de déterminer la classification.
Cependant, il y a des sauvegardes qui sont données en cette
matière, à savoir que, tout d'abord, quand il y a un changement
à la classification, les règles d'intégration des
fonctionnaires qui appartenaient à un corps d'emploi pour lequel un
changement est opéré, ces règles d'intégration de
ce corps dans l'autre sont entièrement négociables. C'est cela
qui est important, c'est que, évidemment, un employé ne soit pas
pénalisé à la suite d'un changement de classification. Or,
toutes les règles d'intégration sont négociables.
Deuxièmement, si un employé, à la suite de l'application
de ces règles, s'estime lésé, il y a un droit d'appel
à un employé, en matière de classement. Ceci, aussi, est
entièrement négociable et confié à des arbitres
choisis conjointement par la partie patronale et par la partie syndicale.
Donc, les droits des employés sont entièrement
protégés, c'est ce qu'on appelle justement la négociation
des modalités d'application. La seule divergence entre nous et les
recommandations du rapport Martin-Bouchard, là-dessus, c'est la
stipulation d'une période minimale de probation, c'est-à-dire,
cette période pendant laquelle un employé temporaire doit faire
ses preuves avant d'obtenir la permanence absolue dans la fonction publique. La
Commission Martin-Bouchard proposait de rendre les modalités de cette
période de probation négociables, nous avons cependant
fixé une période minimale puisque, si nous laissions au rapport
de force le soin de déterminer cette période minimale, le danger
serait qu'à l'occasion justement d'un tel rapport de force, cette
période minimale soit réduite de façon telle qu'elle ne
signifie plus rien, donc que le principe même d'une période
probatoire disparaisse. Alors, au fond, c'est la raison pour laquelle nous
avons maintenu, quand même, dans la loi une période minimale, et
je pense que c'est logique. D'ailleurs, le syndicat des fonctionnaires ne
conteste pas cette partie, comme telle, de l'article 116. Il est d'accord qu'il
doit y avoir une période minimale de probation.
Voilà, en gros, M. le Président, ce que j'avais à
dire sur l'article 116.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, on aborde l'étude
de l'article qui est peut-être celui qui suscite le plus de controverses,
celui qui est placé au coeur même de la situation qui
prévaut actuellement, soit celle d'affrontement entre le syndicat des
fonctionnaires de la fonction publique, et le Syndicat des professionnels du
gouvernement du Québec, et le ministre de la Fonction publique dans ce
projet de loi 50.
M. le Président, le projet de loi 50 nous a servi une version,
peut-être un peu corrigée, de l'article 116, mais qui somme toute
veut essentiellement dire la même chose. Dans le projet de loi 53,
l'article 116 prévoyait...
M. de Belleval: ... juste une petite chose. Je ne veux pas vous
interrompre, mais là-dessus, le
syndicat des fonctionnaires lui-même admet cependant, que c'est
une amélioration par rapport à la situation existante.
M. Pagé: M. le Président, on y reviendra
tantôt. Vous savez que le ministre va nous servir les mêmes
redondances à savoir que tout le monde est content, que tout le monde
est satisfait, que cela va bien, que cela va pour le mieux dans le meilleur des
mondes...
M. de Belleval: ... je m'excuse, M. le Président, mais ce
n'est pas cela que j'ai dit, M. le député de Portneuf. J'ai juste
voulu corriger...
M. Pagé: ... oui, laissez-moi donc compléter...
M. de Belleval: ... une de vos affirmations à l'effet que
c'était la même chose. Je veux juste dire que le syndicat dit le
contraire...
M. Pagé: M. le Président, vous avez des pouvoirs
sur lui, vous savez...
M. de Belleval: ... je m'excuse, mais je ne vous interromprai
plus M. le député de Portneuf, mais...
M. Pagé: Si vous voulez répliquer, vous
interviendrez tantôt. Vous serez le bienvenu.
M. de Belleval: ... vous disiez quand même une
erreur...
M. Pagé: ... on a tout le temps donné, on a
jusqu'à minuit, on aura demain matin, on peut siéger, on a tout
le temps qu'il faut.
M. de Belleval: ... sur les faits...
M. Pagé: M. le Président, le député
de Papineau est fatigué? J'en étais à dire avant que le
ministre m'interrompe que, dans le projet de loi 53, il était dit que
les employés de l'Etat pouvaient négocier leur
rémunération et leurs conditions de travail. C'était,
somme toute, ce que prévoyait l'article 116 du projet de loi 53.
M. de Belleval: II n'y en a pas d'article 116 dans le projet de
loi 53.
M. Pagé: Les dispositions de l'article 119 qui sont
reproduites dans l'article 116...
M. de Belleval: ... qui maintenaient l'ancien projet de loi
52a.
M. Pagé: M. le Président, demandez-lui donc, si
c'est possible...
M. de Belleval: Je m'excuse.
M. Pagé: Je comprends votre enthousiasme. Soyez calme,
soyez patient, cela va mieux aller.
Ce qui était prévu dans les dispositions de cet article,
c'était ce qui était négociable: la
rémunéra- tion et les conditions de travail. Evidemment, cela a
suscité un tollé de protestations; on se rappellera le
débat assez vif et pour employer un terme qui est cher au
député de Dorion, Mme Payette c'était un
débat assez viril. On se rappellera les parties qui sont venues
comparaître et qui ont eu l'occasion de nous faire part de leurs
préoccupations et de leurs inquiétudes.
La version corrigée, dans le projet de loi no 50, dit que tout
est négociable. C'est négociable, sauf cela, cela, cela et cela.
Essentiellement, le contenu est sensiblement le même ou à peu
près. Le ministre arrive aujourd'hui et invoque des principes de la
responsabilité de l'Etat. Je voudrais ici le citer au texte, si
possible: Au nom de la responsabilité de l'Etat qui se doit de
déterminer l'organisation, le nombre d'effectifs, mettre en application
ses propres programmes, l'équilibre des parties, etc. Je l'entendais ce
matin à la radio nous dire: Vous savez, on a été
élu pour mettre en application un programme politique et on doit avoir
les possibilités, les leviers de gestion nécessaires pour mettre
en application un tel programme. Ce n'était peut-être pas aussi
bien dit mais c'est ce que cela voulait dire.
M. de Belleval: C'est pas mal, je trouve, vous commencez à
apprendre.
M. Pagé: M. le Président, le ministre ajoute
à cela des commentaires du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec selon lesquels il est satisfait.
On va prendre la question de la promotion: Le ministre n'a pas repris la
recommandation no 15 du rapport Martin et on aurait aimé qu'il la
reprenne. J'aurais aimé qu'il nous dise pourquoi il ne l'a pas reprise.
Il était dit: "Que soit reconnues comme matière négociable
les modalités d'application des décisions qui ont un lien direct
avec le cheminement de la carrière du fonctionnaire, notamment celles
qui touchent la promotion et l'évaluation qu'elle présuppose.
"
En ce qui concerne la période de probation, la commission Martin
a recommandé également que ce sujet puisse faire l'objet de la
négociation. Là, M. le Président, je voudrais faire part
au ministre qu'on convient que, d'une part, il y a le pouvoir de l'Etat
en termes de principe et il y a un autre principe: ce qui est
négociable ou ce qui ne l'est pas. Le rapport Martin disait que
l'attribution du statut de fonctionnaire permanent doit demeurer un acte
administratif unilatéral. C'est une responsabilité de l'Etat, une
responsabilité qui doit appartenir à l'Etat. La durée de
la période de probation, cependant, peut faire l'objet de
négociations. M. le Président, même si le ministre, par le
texte de l'article 116, au lendemain de l'adoption de la loi 50, jugeait
opportun d'élargir, de prévoir dans une convention collective
certaines choses prévues à l'article 116, il y a des
éléments qu'il ne pourrait pas prévoir, même s'il le
voulait.
Prenez le texte de l'article 116, M. le Président; j'aimerais
bien que vous nous suiviez: Aucune disposition d'une convention collective ne
peut restreindre les pouvoirs de l'office ou de la
commission; elle ne peut, non plus, restreindre les pouvoirs du ministre
de la Fonction publique ou du Conseil du trésor à l'égard
de l'une ou l'autre des matières suivantes: la nomination, la
classification, l'attribution du statut, l'établissement de normes
d'éthique, etc., l'établissement des plans d'organisation et la
détermination et la répartition des effectifs. M. le
Président, on a l'impression d'avoir assisté à un dialogue
qui, non seulement n'est pas fructueux, mais j'ai l'impression qu'il y a trop
de demi-vérités qui ont été dites par le
ministre.
Vous savez, c'est facile de dire que telle chose est négociable
quand on sait pertinemment que, dans les faits, cela ne le sera pas. Qu'on
prenne le plus bel exemple, la question de la période probatoire; le
ministre nous a dit tantôt, par surcroît: Les représentants
syndicaux se montrent satisfaits. On a des motifs pour se poser des questions
sur la façon dont le ministre a dirigé cette question de
l'article 116 et on pourrait même mettre en doute, jusqu'à un
certain point, la bonne foi qui a prévalu ou qui aurait dû
prévaloir dans le cadre des échanges avec les
représentants syndicaux. (21 heures)
Je ne m'explique pas que si c'est si clair, si c'est si libéral,
comme il le dit, que personne ne s'entende sur cette question et qu'encore
aujourd'hui, au moment où on se parle, on ait des interrogations et que
les gens ne soient pas contents. L'interprétation que vous donnez
à 116 n'est pas celle que les gens visés par 116 lui donnent,
vous savez...
M. de Belleval: Oui, c'est la même interprétation,
mais on n'est pas d'accord pour être d'accord. On est d'accord pour ne
pas être d'accord!
M. Pagé: M. le Président, le ministre interviendra
tantôt.
Le ministre nous a parlé de la responsabilité de l'Etat.
Ce grand principe, de la responsabilité de la gestion qu'il avait en
tant que ministre de la Fonction publique. Le ministre nous a même
donné des exemples, a cité Me Garand, mais, M. le
Président, je conviens que le ministre, à l'étude de
l'article 111 ou 112, tout à l'heure, nous disait: A quoi bon changer
des choses qui existent là où il n'y a pas trop de
problèmes, etc. Il faudrait que le ministre convienne qu'un projet de
refonte aussi important que la refonte de la Loi de la fonction publique, avec
ce qui est prévu, ce ne sont pas des modifications de concordances, qui
sont prévues; c'est une refonte globale, cela se doit de s'inscrire dans
une approche globale de la part d'un gouvernement. Il doit y avoir des suites
logiques.
Le ministre nous parle souvent de la cohérence qu'on se doit
d'avoir dans des positions adoptées par un parti politique. Cela
réfère au projet de loi 45; le projet de loi 45 qui a
été présenté par le même gouvernement, qui
visait et où les membres du gouvernement plaidaient en faveur
d'un équilibre plus juste, plus d'équité, plus de justice,
meilleur rapport de forces entre les parties, entre les groupes qui
négocieront... Dans le journal des Débats du 23 août 1977,
je me permettrai de citer le ministre du Travail: "Le
déséquilibre systématique des parties ne peut qu'engendrer
la frustration, la cristallisation des préjugés et la violence,
que celle-ci soit ouverte ou qu'elle soit larvée. Le gouvernement du
Québec a donc décidé d'intervenir pour, entre autres,
instaurer l'égalité en considérant que les salariés
québécois répondraient avec responsabilité et bonne
foi à cet ajustement de l'équilibre des forces".
Je n'ai pas l'impression, à lire cela, que ce sont deux membres
du même gouvernement; un membre du gouvernement qui, en tant que ministre
du Travail, par un projet de loi aussi important que celui qu'est 45, qui vient
de nous parler de l'équilibre des forces, du rapport des forces,
etc.
M. Jolivet: Vous avez voté contre!
M. Pagé: Oui on a voté contre, M. le
député de Laviolette, et on avait de bons motifs. Je ne sais pas
si vous avez participé aux débats, à ce moment...
M. Jolivet: Certainement!
M. Pagé: Si vous avez participé assez
étroitement aux débats, vous avez dû être à
même de voir les motifs tout à fait fondés pour lesquels on
a voté contre.
Alors, d'un côté, on a un ministre du Travail qui nous dit
des choses et de l'autre côté, on a le ministre de la Fonction
publique qui invoque son grand principe de la responsabilité de
l'Etat.
On a l'impression, M. le Président, que le ministre du Travail se
permettait d'énoncer de tels principes parce que ce n'était pas
lui, ce n'était pas le même gouvernement qui payait. Dans le cas
de 45, ce n'était pas grave, c'était l'entreprise privée,
c'étaient les petites et moyennes entreprises, ce n'étaient pas
eux. Mais quand le ministre de la Fonction publique arrive et que c'est lui qui
paie et que c'est lui qui a la responsabilité de la gestion, là,
c'est une autre affaire; c'est complètement autre chose.
L'équilibre des forces recherché souhaité par le
gouvernement dans le projet de loi no 45 et le rapport des forces qui est
évoqué dans le projet de loi no 50, par les motifs
invoqués par le ministre, au nom de la responsabilité de l'Etat,
vous savez qu'on constate que c'est assez éloigné.
J'aimerais que le ministre, surtout suite à la rencontre de ce
matin avec les représentants syndicaux et le premier ministre, auquel le
ministre n'a pas répondu; la question se pose depuis le
début. D'ailleurs vous nous avez dit tantôt: On est d'accord pour
ne pas s'entendre. L'article 116 fait l'objet du litige, l'article 116 a fait
l'objet de représentations de la part des partis d'Opposition, tant lors
de l'étude de 53, ce n'était peut-être pas 116, mais
l'article qui prévoyait ces dispositions. Tout le monde est unanime pour
constater que c'est le noeud du problème. J'aimerais que vous nous
disiez parce que vous semblez sûr de
vous qu'il n'y en a pas de problème. Qu'on prenne la
question de la classification par rapport à la négociation. Vous
nous dites: La masse salariale est négociable on a l'esprit
très libéral la masse salariale est négociable;
mais c'est l'enveloppe qui est négociable parce que la façon pour
un employé de l'Etat d'améliorer sa condition salariale, c'est
par sa classification. La classification n'est pas négociable. Alors,
quand vous dites que la masse salariale est négociable, M. le ministre,
je m'excuse mais c'est une demi-vérité.
M. de Belleval: Est-ce que je peux vous répondre?
M. Pagé: C'est vrai que la masse salariale est
négociable mais en termes d'enveloppe. Mais en ce...
M. de Belleval: Voulez-vous que je vous réponde?
M. Pagé: Non, vous répondrez tantôt et, si
vous voulez, vous reprendrez élément par élément le
dossier qui fait l'objet du problème et on va en discuter.
M. de Belleval: J'aurais pu répondre tout de suite,
uniquement à cette question.
M. Pagé: Quand on parle de masse salariale, c'est beau de
venir nous dire et cela paraît bien devant les journalistes,
devant la presse que la masse salariale est négociable. Il y a
certains pays, il y a des Etats où ce ne l'est pas; on est un
gouvernement libéral, on fait beaucoup. Mais, faites le joint entre la
masse salariale, en termes d'enveloppe, et l'effet chez l'employé; on
constatera que c'est par la classification que c'est important chez
l'employé. Cette classificaticn...
M. le Président, demandez donc au député de
Papineau de se taire; s'il n'est pas capable de se taire, il y a d'autres
endroits où il peut aller placo-ter, il y a le salon de lecture.
M. Alfred: Je disais que je n'endure pas trop ta suffisance.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais
à dire avant d'être interrompu de façon aussi
intempestive par un membre de la commission qui n'est pas encore venu une fois
et qui, par surcroît, devrait se taire parce qu'il ne connaît
probablement pas le dossier...
M. Alfred: Excusez-moi, excusez-moi. M. le Président, je
n'ai pas parlé, j'ai dit que la suffisance du député
m'importune.
M. Pagé: C'est très bien... Est-ce qu'on vous
dérange, est-ce que votre dîner était trop long, ou
quoi?
M. Alfred: D'accord, continuez.
M. Pagé: C'est bien de dire que la masse salariale est
négociable, cela paraît bien. Mais un des effets, pour le
travailleur lui-même, de cette masse salariale, c'est sa classification
et ce n'est pas négocaible.
M. de Belleval: Est-ce que je peux vous répondre
là-dessus?
M. Pagé: M. le Président, vous me permettrez de
passer par vous pour dire au ministre que quand il vient nous dire que les
travailleurs auraient tous les motifs pour remercier le gouvernement de son
ouverture, le ministre devrait quand même mettre les deux
côtés de la médaille parce que dire que la masse salariale
est négociable, donc que tout est négociable en termes de
piastres et cents pour le travailleur, c'est trop facile à dire.
M. de Belleval: Est-ce que je peux vous répondre tout de
suite là-dessus?
M. Pagé: D'accord.
M. de Belleval: Tout d'abord, il faut bien se rendre
compte...
M. Pagé: Allez-y aussi sur les recommandations du rapport
Martin, sur la question de l'approbation.
M. de Belleval: Non, non, seulement sur cette question parce que,
sur le reste, j'ai répondu tantôt. Sur la classification versus
les salaires, d'abord, il serait étrange que, depuis quatorze ans que le
régime est en vigueur, jamais les syndicats n'aient pu négocier
la répartition de la masse salariale, sous prétexte que la
classification n'était pas négociable. Ce n'est pas nouveau, cela
a toujours été comme cela. Ils n'ont jamais prétendu que
la répartition de la masse salariale n'était pas
négociable. Effectivement, la répartition de la masse salariale
est négociable puisque, dans chacune des conventions collectives
et c'est ce que j'ai expliqué tantôt en regard de chaque
classification, il y a des échelles salariales qui sont
négociées, bien sûr. Deuxièmement, tout changement
à la classification, en cours de convention, doit faire l'objet d'une
négociation sur les règles d'intégration d'une
classification à l'autre et tout cela est négociable. En plus, il
y a un appel de classement pour chacun des individus.
Donc, il est bien évident que l'intégration de la masse
salariale aux échelles de classification est entièrement
négociable, va le demeurer et que, si cette chose n'avait pas
été négociable dans le passé, il est évident
qu'il y aurait eu une révolte des syndicats avant même
aujourd'hui, on l'aurait su avant. Tout cela pour vous dire que toutes les
échelles salariales s'appliquent à chaque classification et que
tout cela est entièrement négociable, ce qui me faisait dire que
les modalités d'applica-
tion de la classification sont, bien sûr, entièrement
négociables.
Mais, dans le passé, on ne pouvait même pas en parler dans
les conventions collectives puisqu'on disait: Aucune disposition ne peut porter
sur... alors que maintenant on a une formulation qui est beaucoup plus large,
ce que d'ailleurs le syndicat reconnaît lui-même; la citation que
j'ai lue tantôt de son dernier mémoire là-dessus le prouve
hors de tout doute. Maintenant...
M. Pagé: Le pouvoir réglementaire sur ces questions
va être appliqué comment et va aller jusqu'où?
M. de Belleval: Le pouvoir réglementaire existe
déjà, il est confié à une commission
indépendante, la Commission de la fonction publique, alors que,
maintenant, ce même pouvoir il n'est pas plus large, il n'est pas
plus étroit, c'est le même est transféré au
ministre de la Fonction publique, comme cela a été le cas au
fédéral, en 1957, et comme c'est le cas...
M. Pagé: 1967.
M. de Belleval: ... dans la plupart... J'ai dit...?
M. Pagé: Vous avez dit 1957, c'est 1967.
M. de Belleval: 1967, et comme c'est le cas dans la plupart des
pays maintenant, parce que c est au coeur même de l'organisation
gouvernementale. Alors, de ce côté...
M. Pagé: Si vous me permettez une question tout de
suite?
M. de Belleval: Je vais terminer là-dessus, vous disiez:
Mais où est le coeur du désaccord qui existe? Comme je le disais,
les choses sont très claires, on s'entend très bien sur le point
de désaccord de ce côté et, pour revenir à
l'entrevue de ce matin avec le premier ministre, cela a été
très clair, c'est que, d'une part, il y a, je pense, neuf syndicats dans
la fonction publique...
Une Voix: Sept.
M. de Belleval: Sept syndicats dans la fonction publique. Il y en
a cinq sur sept qui, au fond, acceptent les règles du jeu que le
ministre a mises de l'avant, que le gouvernement a mises de l'avant avec le
projet de loi no 50...
M. Brochu: Lesquels sont d'accord et lesquels ne le sont pas?
M. de Belleval: Le syndicat des... Enfin, quand je dis d'accord;
un instant! Ils auraient aimé eux aussi que l'aire de
négociation...
M. Pagé: Oui, il se corrige!
M. de Belleval: Ils auraient aimé eux aussi que l'aire de
négociation soit élargie, mais le gouvernement parce que
tout le monde veut avoir de la crème glacée, je suppose, quand
c'est gratuit, ils auraient préféré qu'on leur en donne
gratuitement ayant fait son lit de ce côté et
exprimé une position claire, ils se sont ralliés, à
regret, mais ils se sont ralliés quand même à cette
position et ils n'ont pas l'intention... Vous le voyez, ils ne font pas
d'ailleurs l'objet des manifestations actuelles; cinq sur sept.
M. Brochu: Pourriez-vous quand même nous indiquer
lesquels?
M. de Belleval: Oui, le Syndicat des agents de la paix, le
Syndicat des enseignants; le Syndicat des médecins-dentistes,
médecins d'un côté, dentistes de l'autre et le Syndicat des
avocats-notaires, associations bona fide dont j'ai parlé tout à
l'heure.
Il reste deux syndicats: Le Syndicat des fonctionnaires, d'une part, et
le Syndicat des professionnels. Le Syndicat des professionnels a une position
radicale, lui...
M. Pagé: Même la nature est contre nous.
M. Giasson: On avait besoin d'une bouffée d'air frais.
M. de Belleval: Cela ne m'épouvante pas plus qu'autre
chose!
M. Pagé: Avec vos aspirations d'amiral des grandes mers,
vous vous sentez capable de faire face au grand vent!
M. de Belleval: Revenons sur le plancher des vaches! Revenons
à nos moutons!
M. Giasson: Sur la terre ferme! Quittons la flotte!
M. de Belleval: Revenons sur la terre ferme, à nos
moutons.
Les deux syndicats qui contestent, le Syndicat des professionnels, qui
compte environ 6000 à 7000 membres et le Syndicat des fonctionnaires qui
en compte entre 30 000 et 40 000. Ce sont, vous avez raison, M. le
député de Jacques-Cartier, les deux plus importants
syndicats.
Le Syndicat des professionnels a une position extrêmement radicale
de ce côté. Il désire qu'il n'y ait aucune entrave d'aucune
sorte. Le Syndicat des fonctionnaires serait content, si au moins la
classification était négociable. Ce point est très clair,
on en a discuté à fond ce matin; le premier ministre a
demandé aux deux leaders syndicaux de lui fournir des
éléments qui l'amèneraient à changer d'opinion
là-dessus. Malheureusement, ils n'ont pas apporté
d'éléments nouveaux de ce côté.
Comme je l'ai dit, nous avons derrière nous la sagesse des
nations, aucune d'entre elles n'a un régime plus large, plus
généreux que celui que
nous avons, au nom des principes que j'ai expliqués.
Je pense que, de ce point de vue, le dossier est effectivement clair, le
dossier a été plaidé jusqu'au fond. Tous les arguments ont
été expliqués, mais il y a un désaccord qui est
irrépressible et dont il faut prendre note.
Il n'en reste pas moins qu'en ce qui concerne les conditions salariales,
tout cela est entièrement négociable et tout cela est lié
avec les classifications existantes; tout changement aussi à ces
classifications existantes est entièrement négociable en ce qui
concerne l'intégration dans une nouvelle classification et un nouveau
classement. De sorte que les intérêts des employés sont
entièrement protégés. (21 h 15)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Sur le même sujet. Sur la question des
modalités d'application, pour clarifier un peu la confusion qui existe,
il semble que le Syndicat des fonctionnaires dit: Dans la loi, vous nous dites
que la classification, y compris la définition, l'admission, l'examen au
niveau de l'emploi, en relation avec la classification, la nomination des
candidats à la fonction publique ou la promotion de fonctionnaires, ce
n'est pas négociable.
M. de Belleval: C'est-à-dire que le gouvernement conserve
ses pouvoirs ultimes de réglementation dans ce domaine. On ne dit pas
que ce n'est pas négociable. On dit qu'aucune disposition d'une
convention collective et il peut y avoir des dispositions des conventions
collectives là-dessus, contrairement à ce qui existait avec
l'article 52a. Désormais, il peut y avoir des dispositions
là-dessus, sur les conventions collectives, mais le pouvoir ultime de
décision ou de réglementation du gouvernement, ou de l'office, ou
de la commission, ou du Conseil du trésor, en ce qui concerne la
détermination des effectifs, par exemple, le nombre de fonctionnaires,
c'est la décision du gouvernement.
M. Brochu: Eux semblent dire que si cela ne leur est pas reconnu,
que même les modalités d'application, à ce moment, ne les
avancent pas plus.
M. de Belleval: Cela ne les avance pas plus dans le sens qu'ils
voudraient plus, ils voudraient davantage, ils voudraient que non seulement les
modalités d'application soient négociables, mais que le pouvoir
réglementaire ultime du gouvernement soit négociable.
M. Brochu: Mais il semblait du moins y avoir un problème
d'interprétation à ce niveau. C'est un peu pour cela qu'on aurait
peut-être aimé avoir la commission parlementaire et être
capable d'en discuter, voir où cela accrochait, c'était quoi
exactement la définition. Parce que dans votre esprit, cela va
jusqu'où cette question de modalités d'emploi, cela commence
où et cela finit où?
M. de Belleval: C'est aussi vaste que l'on veut. La seule limite
c'est qu'à la fin, c'est le gouvernement qui détermine la
classification. C'est le gouvernement qui détermine le nombre de
fonctionnaires, l'organigramme des ministères. C'est tout.
Mais tout le reste, tout ce qui s'ensuit, une fois que ce principe est
sauvegardé, cela peut faire l'objet de dispositions dans les conventions
collectives. Par exemple, par la convention collective, le gouvernement
s'engage à consulter le Syndicat des fonctionnaires sur tout changement
à la classification. C'est important cela, etc.
Par exemple, les syndicats peuvent déléguer des membres
sur les jurys de sélection. C'est une modalité d'application.
Cela existe dans les conventions collectives des fonctionnaires. Cela peut
prendre toutes les formés que l'on veut.
M. Brochu: Ce matin, est-ce que les discussions ont porté
essentiellement là-dessus, sur la question des modalités
d'application?
M. de Belleval: Pas du tout. La discussion porte sur le fait que
malgré tout, au-delà des modalités d'application, le
gouvernement conserve l'autorité de décréter la
classification. Le litige ne porte pas sur l'étendue des
modalités d'application, il porte sur quelque chose de beaucoup plus
fondamental qui est le pouvoir du gouvernement de décider de
l'organisation de la fonction publique ultimement.
Maintenant, je parlais tantôt de modalités d'application
extrêmement importantes, ce sont justement les salaires qui sont en
relation avec cette classification. C'est entièrement négociable.
Tout changement à cette classification qui implique un transfert d'une
classe à l'autre, tout cela est entièrement négociable. Le
classement d'un employé dans le plan de classification, tout cela est
entièrement négociable. Par exemple, votre coefficient
d'expérience, la détermination de ce coefficient
d'expérience, est-ce que c'est deux, trois, ou quatre ans? Et les
critères pour déterminer cela, tout cela est entièrement
négociable.
M. Saint-Germain: Les échelons.
M. de Belleval: Oui, tout cela est entièrement
négociable. Les échelons sont négociables, le nombre
d'échelons, les salaires affectés à chacun des
échelons, tout cela est négociable et négocié
d'ailleurs.
M. Brochu: D'abord, sur ce pouvoir que le gouvernement a, dans ce
secteur bien précis, est-ce que ce matin il y a eu des modifications
quelconques de position d'un côté ou de l'autre, à la suite
de la discussion. Quand je regarde par exemple l'article 116 de a) à
e)...
M. de Belleval: Je pense que le premier ministre a
été très clair à l'Assemblée nationale.
Excusez-moi, M. le député, je vous laisse terminer, je croyais
que vous aviez terminé.
M. Brochu: ... tout ce que cela comprend, puis ce qu'on a entendu
de part et d'autre. On a entendu certaines déclarations du premier
ministre; on a vu les articles de journaux de l'autre côté aussi.
Je pensais au stage de probation, aux emplois temporaires, etc. Y a-t-il eu une
quelconque modification ou si à la fin de la réunion, on en
était exactement au même point?
M. de Belleval: Le premier ministre a été
très clair, à l'Assemblée nationale, ce matin, quand il a
répondu à la question du député de Gatineau
à ce sujet. Il a indiqué que "The buck stops here",
c'est-à-dire que, dans les dispositions de l'article 116... Je l'ai
expliqué, c'est déjà le régime qui est le plus
généreux de tous les régimes semblables qui existent dans
le monde et aller plus loin que cela, le premier ministre a la conviction que
ce serait abdiquer devant nos responsabilités en matière
d'intérêt public. Là-dessus, nous avons l'exemple de toutes
les nations démocratiques du monde, ou à peu près,
à notre connaissance en tout cas. Nous avons la recommandation du
rapport Martin-Bouchard qui va exactement dans ce sens. Comme je l'ai dit, en
ce qui concerne les détails, le problème ne se pose pas pour le
Syndicat des professionnels, il récuse la totalité de l'article
et, en ce qui concerne le Syndicat des fonctionnaires, je pense qu'il serait
satisfait si au moins on permettait la négociation de la
classification.
M. Brochu: Même sur la durée des stages probatoires,
il n'y a eu aucun adoucissement? Je pense que les recommandations du rapport
Martin-Bouchard étaient claires.
M. de Belleval: Non, on en a parlé explicitement avec M.
Harguindeguy, puisque, comme je vous l'ai dit, dans le cas du Syndicat des
professionnels, de toute façon, ce dernier récuse l'ensemble.
Mais en ce qui concerne M. Harguindeguy, il est d'accord qu'il faut une
période minimale de probation et une période minimale de six mois
ne lui apparaît pas excessive.
M. Brochu: Et à son avis, il n'est pas absolument
nécessaire que ce soit négociable?
M. de Belleval: C'est toujours la position de principe
général, parce que comme je l'ai dit...
M. Pagé: Parce que vous allez pouvoir la prolonger?
M. de Belleval: Oui.
M. Brochu: Elle est minimale, mais elle n'est pas maximale? Elle
peut être étendue, à ce moment-là.
M. Pagé: La notation effectuée à la fin du
stage probatoire peut mettre de côté la règle du
mérite.
M. de Belleval: Là, il s'agit de modalités...
M. Pagé: Ah oui!
M. de Belleval:... d'application et tout cela est ouvert.
M. Pagé: Oui, mais on l'a établi vendredi, entre
autres; quand vous nous dites que tout cela est ouvert, que ce sont des
modalités; on l'a établi noir sur blanc, vendredi soir, que la
probation, la notation à la fin de la probation, pouvait faire en sorte
que la règle de mérite soit mise de côté et qu'il
n'y avait aucun mécanisme d'appel de prévu pour
l'employé.
M. de Belleval: II n'y en a pas actuellement, en vertu des
règles en vigueur, mais il n'y a rien qui dit que cela peut rester comme
cela jusqu'à la fin du monde. En particulier, je pense que notre
système de probation doit être revu, notre système de
notation doit être revu et là-dessus, il n'y a rien qui
empêche que cela soit fait en collaboration avec le syndicat.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, est-ce que vous avez terminé votre intervention?
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais revenir sur la
question du mérite. Est-ce que j'ai bien compris, à savoir qu'en
fait, la recommandation 18 du rapport Martin-Bouchard serait suivie, celle qui
dit que ce principe ne doit pas en tant que tel être objet de
négociation, mais que ses modalités d'application peuvent
cependant l'être, dans la mesure où elles en respectent
l'intégrité?
M. de Belleval: Par exemple?
M. Brochu: Est-ce qu'on va retrouver, dans la pratique, cette
préoccupation?
M. de Belleval: Exactement; par exemple, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, le système de sélection au
mérite, basé sur des critères de compétences et
d'aptitudes, c'est le coeur du système. Rien n'interdit que dans une de
ces modalités d'application... Exemple: la formation des jurys, le
syndicat participe à la formation des jurys. C'est une modalité
d'application; cela ne met pas en cause le principe lui-même, le concours
ne sera pas nécessairement moins impartial ou plus impartial si on
choisit des membres du jury parmi des syndiqués.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, j'allais poser une question au
député de Portneuf. Est-ce qu'il met en cause le système
de probation en soi?
M. Pagé: Comment dites-vous?
M. Alfred: Est-ce que vous mettez en cause le système de
probation en soi?
M. Pagé: Je ne le mets pas en cause, mais je
m'inquiète sérieusement à son sujet. Vous n'y étiez
pas vendredi... Mais pour répondre à votre question, je vais vous
donner deux exemples. M. le Président, je présume que j'ai le
consentement de la majorité ministérielle...
M. Alfred: Avant que vous ne...
M. Pagé: Très brièvement. On a un examen;
cinq candidats, candidats identifiés 1, 2, 3, 4 et 5. Selon la
règle du mérite, à partir des critères d'aptitudes
et de compétences, le gouvernement doit prendre la personne no 1. Si le
gouvernement opte pour la personne no 2, le no 1 n'a aucun recours, sauf
à se prévaloir du recours devant les tribunaux ordinaires ou avec
un bref de mandamus en vertu du Code de procédure civile, pour forcer le
ministre à agir, premier exemple.
Deuxième exemple, si on veut être un peu plus subtil, la
personne qui aura à juger et à déterminer, à
choisir le candidat, il n'en veut pas du no 1, il préfère son no
2, il veut être un peu plus subtil, parce que s'il le prend directement
il y a un recours devant les tribunaux, que va-t-il faire? il va choisir son no
1, il va lui donner une période de probation, la période de
probation qui est de six mois et qui par surcroît peut être
prolongée par le ministre, à la fin de cette période de
probation, la notation sur la probation n'a qu'à être
négative et là il peut prendre le no 2, et la personne qui est
ainsi lésée par une annotation faite avec mauvaise foi n'a aucun
recours sauf ceux que le ministre dit qu'éventuellement il aura
peut-être. Mais c'est cela votre acte du mérite, c'est cela votre
question de probation, c'est du trompe-l'oeil, puis il y en a beaucoup.
Je ne dis pas que c'est partout comme cela dans le projet de loi, mais
plusieurs éléments du projet de loi prévoient des cas
comme ceux-là. Puis le ministre nous arrive aujourd'hui; liberté
d'esprit, on est très ouvert, ce sont des améliorations
sensibles; c'est plein de trompe-l'oeil comme cela, il y a un tas de gens qui
ne le voient pas, et c'est ce qui est malheureux. J'apprécie que le
député de Papineau pose une question dans ce sens, cela
démontre que les députés de la majorité
ministérielle se sont peut-être trop laissé endormir par le
ministre.
M. Alfred: Non, ne charriez pas mon collègue. Ne charriez
pas.
M. Pagé: Je ne charrie pas. C'est très bien la
question, parce que cela démontre que vous ne connaissez pas votre
projet de loi. Vous allez être le premier à vous lever. Vous ne
savez même pas ce qu'il y a dedans. Non seulement vous ne connaissez pas
ce qu'il y a dedans, mais vous ne pouvez pas prévoir, à ce
moment-ci, parce que vous n'avez pas participé au débat, et ce ne
sont pas les 72 députés qui ont participé au débat.
Vous ne pouvez pas prévoir l'application de ce projet de loi.
Les syndiqués, eux, ils ont eu l'occasion de s'asseoir et de
regarder le projet de loi, voir et constater les pouvoirs exorbitants du
ministre et ils ont été à même de saisir la
dimension du problème de l'application de ce projet, et c'est pour cela
qu'ils sont contre. Et pourquoi, nous, sommes-nous contre? C'est parce qu'on
veut faire en sorte que le ministre prenne ses responsabilités et tout
au moins qu'il dise la vérité et qu'il nous dise exactement les
deux côtés de la médaille, les éléments
douteux et les trompe-l'oeil dans le projet de loi. Cela répond à
votre question, M. le député. Est-ce que vous en avez
d'autres?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Papineau?
M. Alfred: Non, M. le Président, excusez-moi. J'ai
terminé...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, la parole est à M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, la question que j'ai
posée à M. le député de Portneuf lui a permis de
faire un 'show "; heureusement, l'auditoire est là pour le voir faire un
"show " irresponsable...
M. Pagé: Avez-vous des exemples concrets de la question
que vous avez posée?
M. Alfred: Je vous remercie, je n'en poserai pas d'autres.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Giasson: Période de probation terminée. M.
Alfred: Merci... et non réussie, en tout cas.
M. Saint-Germain: M. le Président, lorsque le ministre dit
qu'on a un système très ouvert, très libre, très
libéral dans le sens large du mot, et qui, en comparaison avec ceux des
autres pays, gouvernements démocratiques comme nous, permettez-moi de
dire qu'il faudrait des études assez exhaustives avant d'arriver
à une telle conclusion, il faudrait analyser chaque loi, il faudrait
analyser probablement chaque convention collective et même avoir une
réelle notion des termes. Le même terme peut vouloir dire des
choses relativement différentes dans divers pays et cela, ce n'est pas
facile. On accepte volontiers qu'il le dise mais de là à ce que
tout le monde le croit, il y a une marge.
D'ailleurs, le ministre parle de toutes ces choses d'une façon
détachée, comme si, constamment, ce sont les grands principes qui
vont toujours prévaloir et le parfait désintéressement,
cela, vous savez, on peut en douter. Si on prend l'article 116 en particulier,
paragraphe a), la nomination des candidats à la fonction publique, cela
semble être simple. Mais pour la population, pour ceux même qui s'y
connaissent un peu et même un député, on sait pertinemment
que cette loi, comme l'ancienne loi j'ai devant moi le texte de
l'article 52a j'ai assisté, dans ma carrière,
à bien des changements de gouvernements: il y a eu les libéraux,
cela a passé à l'Union Nationale, de l'Union Nationale aux
libéraux, puis cela a été votre tour. A chaque fois...
M. Pagé: Du PQ aux libéraux, M. le
député de Jacques-Cartier. (21 h 30)
M. Saint-Germain: ... les partisans, tout à coup, sont
arrivés au niveau de la fonction publique et avec des postes
extrêmement importants. Par pur hasard, lorsque les libéraux
étaient au pouvoir, c'étaient des libéraux qui
étaient nommés; quand cela a été l'Union Nationale,
c'étaient des unionistes qui étaient nommés ou qui avaient
les promotions. Aujourd'hui c'est le Parti québécois et on voit
les ex-candidats, les organisateurs, ainsi de suite, toute une kyrielle d'amis
et d'aides. On les voit.
M. Pagé: Encore un, en fin de semaine.
M. Saint-Germain: D'ailleurs, on a vu, en fin de semaine, un long
article dans la Presse, avec les noms, ainsi de suite. Ce n'est pas un reproche
que je fais au ministre, je ne le dis pas dans le sens négatif, mais les
gens peuvent se poser de sérieuses questions sur la valeur
intrinsèque d'une telle loi, de la façon qu'on peut la
contourner, tout en la suivant, qu'on peut atteindre ses buts, comme le
député de Portneuf a donné un exemple au point de vue du
mérite. Cela se fait. C'est drôle, ceux qui sont nommés,
c'est toujours les sympathisants du pouvoir, quel que soit le gouvernement.
Autrement dit, plus cela change plus c'est pareil.
M. Pagé: Non, pire c'est.
M. Saint-Germain: Bon. Là, on a la nomination des
candidats à la fonction publique. On a des preuves concrètes que
c'est ce qui arrive et, après cela, on parle de la promotion des
fonctionnaires, si on peut, à la nomination des candidats, amener dans
la fonction publique des gens de son parti, il serait logique de croire que
lorsqu'il s'agit de promotion, c'est la même chose qui se produit.
D'ailleurs, c'est drôle mais, sous les divers gouvernements, c'est
toujours les sympathisants du gouvernement qui sont promus.
Si vous avez des réactions aujourd'hui parmi la fonction
publique, j'imagine bien que les gens pensent à cela, surtout ceux qui
sont là depuis un certain nombre d'années. A l'article 52a, on
dit: "Toutefois, aucune disposition c'est la loi actuelle d'une
convention collective ne peut porter sur un autre sujet qui, en vertu de la
présente loi, relève de la commission ou du lieutenant-gouverneur
en conseil, à moins que la commission n'y ait concouru par
règlement et qu'un tel règlement n'ait été
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil".
Il y a déjà, au moins, un échappatoire dans
l'ancienne loi. Si les négociations se font dures, on peut toujours
demander à la commission de soumettre au Conseil des ministres un
règlement qui sera adopté. Il y a un espoir pour le type qui est
à la table de négociation. Tandis que là, avec l'article
116, il n'y a plus d'ouverture. La porte est fermée. Si le ministre,
pour des raisons valables, calculait qu'on pourrait, peut-être, à
la suite de négociations, apporter des modifications à une classe
ou sur la façon de donner des promotions aux fonctionnaires, il serait
probablement dans un cul-de-sac parce qu'il faudrait modifier la loi pour
arriver à quelque chose de valable. Vous me dites non.
M. de Belleval: Non, cela ne touche pas aux pouvoirs du
ministre.
M. Saint-Germain: Bien, vous ne pouvez pas... M. Pagé:
Vous ne pouvez pas? Voyons!
M. de Belleval: On peut changer la classification.
M. Saint-Germain: La nomination des candidats à la
fonction publique ou la promotion des fonctionnaires, ce n'est pas
négociable. C est le cas, la promotion des fonctionnaires. Bien souvent,
qu'est-ce qu'une promotion pour les fonctionnaires? C'est de changer de classe,
à un moment donné.
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: C est vrai?
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: Alors, ce n est pas négociable. C est le
paragraphe a) de I'article 116.
M. de Belleval: Depuis quand une promotion n est pas
négociable?
M. Saint-Germain: Elle ne l'est pas. Tandis que dans lancienne
loi, vous auriez pu dire à la Commission de la fonction publique: Cela a
du sens, ce qu'on nous demande à la table de négociation,
peut-être pourriez-vous arriver avec un règlement: par pur hasard,
vous demandez au Conseil des ministres un règlement et ce dernier
l'accepte. Tout a coup, la discussion se termine là-dessus, l'article
est accepté. Là, vous ne pouvez plus.
Une Voix: Même si tout le monde le veut.
M. Saint-Germain: Même si tout le monde veut. Il ne faut
pas être trop surpris de voir que les fonctionnaires sont inquiets, parce
qu'on ne sait pas exactement lorsque cette loi va être votée et
mise en application. On a de la difficulté à en connaître
toutes les modalités... et cerner réellement ce qui va rester
négociable et ce qui ne restera pas négociable. Ce n'est pas
facile. Donnons un exemple concret. Les négociations sont conclues, on
signe un contrat de travail. Le ministre, d'autorité, comme il a le
droit, modifie le classement ou en crée un
nouveau, il a le droit. Pour une certaine classe de fonctionnaires, cela
prend pour faire partie de cette classe une expérience de
temps, quatre ans d'études universitaires dans telle ou telle
discipline. On trouve que vous avez une classe qui est équivalente ou
considérée comme équivalente, mais qui demande trois ans
d'études ou deux ans d'études universitaires ou encore des
qualifications qui semblent moindres. Ce n'est pas négociable, ce que
vous allez mettre dans la classe, vous allez établir une nouvelle
classe. Cela ne se négocie pas. Les fonctionnaires qui vont être
intégrés dans cette classe-là, qu'est-ce qui arrive?
M. de Belleval: Les intégrations sont
négociables.
M. Saint-Germain: Vous dites: Si on a une classe de gens, cela
demande trois ans d'université. Vous en avez créé une
autre qui en vaut quatre. Qu'est-ce que vous allez négocier, le revenu,
la rémunération des fonctionnaires qui vont faire partie de cette
nouvelle classe?
M. de Belleval: Si vous voulez.
M. Saint-Germain: Nécessairement, en toute justice, la
rémunération devrait être plus élevée que
l'autre classe qui ne demande que trois ans, ou deux ans.
M. de Belleval: Par exemple?
M. Saint-Germain: Vous dites: Cela ne vaut pas plus.
M. de Belleval: C'est tout négociable.
M. Saint-Germain: Bon. Le contrat est signé, qu'est-ce qui
arrive, on fait un grief?
M. de Belleval: Non, tout changement suppose des règles
d'intégration qui doivent être négociées entre les
périodes de convention collective, s'il le faut.
M. Saint-Germain: Bon, d'accord. Vous négociez et vous ne
vous entendez pas. Qu'est-ce qui arrive? On se remet en grève? On n'a
pas le droit, le contrat est signé.
M. de Belleval: Les règles d'intégration doivent
être négociées.
M. Saint-Germain: D'accord, mais vous ne modifierez pas les
classes ou vous n'établirez pas de nouvelles classes exclusivement lors
de la négociation du contrat. Quand le contrat de travail va être
signé et être en vigueur, vous allez pouvoir modifier les classes
ou en ajouter des nouvelles. Vous négociez, vous n'arrivez pas à
des conclusions, qu'est-ce qu'il arrive?
M. de Belleval: On peut décider d'aller devant un
arbitre.
M. Saint-Germain: II n'y a pas de grève possible. La
grève deviendrait absolument illégale.
M. de Belleval: A moins que la convention collective
prévoie qu'il y a ouverture au droit de grève sur une disposition
semblable. Ce n'est pas interdit.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas facile.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf et M. le député d'Abitibi-Ouest avaient demandé
la parole.
M. Gendron: Très brièvement, c'est tout simplement
pour reprendre les propos du député de Jacques-Cartier lorsqu'il
mentionnait que les fonctionnaires pouvaient se poser des questions et surtout
lorsqu'il avait l'éloquence ou la démagogie, cela dépend
comment on appelle cela, de citer les cas de patronage...
M. Saint-Germain:... de la démagogie? M. Gendron:
Un instant, M. le député...
M. Saint-Germain: ... si vous aviez été ici, le
temps que votre parti était dans l'Opposition...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier!
M. Gendron:... vous l'avez pratiqué pendant six ans, M. le
député.
M. Saint-Germain: Si vous voulez faire de la démagogie, on
peut en faire, on peut en parler au moins.
M. Pagé: Le candidat péquiste dans Bellechasse a
été nommé en charge des chauffeurs en fin de semaine.
Est-ce que c'est un concours de promotion cela?
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gendron: ... je voulais juste signaler que, dans les cas qui
ont été mentionnés dans l'article d'aujourd'hui de la
Presse...
M. de Belleval:... pas d'hémorragie,
j'espère...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question?
M. Gendron: ... un instant, M. le député de
Portneuf, cela ne sera pas long. Je veux signaler que, dans ces cas, M. le
député de Jacques-Cartier sait très bien que, d'aucune
façon, la loi qu'on discute actuellement s'applique pour les personnes
qu'on a mentionnées. Ce n'est pas d'hier qu'il est tout à fait
normal et même responsable, je pense que si le contraire se
présentait, on aurait raison d'accuser un gouvernement
d'irresponsabilité, de
ne pas s'entourer dans les cabinets politiques de personnel avec qui on
peut travailler en climat de confiance, cela s'est toujours fait comme cela. Si
vous aviez mentionné que c'étaient des fonctionnaires
réguliers, je pense que cela serait inacceptable, mais ce n'est pas du
tout le cas. Je pense que la loi, actuellement, ne s'applique pas pour les
personnes qu'on a signalées.
M. Pagé: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Gendron: Oui.
M. Pagé: Le candidat péquiste dans Bellechasse qui
aurait été nommé en fin de semaine ou il y a une semaine,
environ, en charge des gardes du corps et des chauffeurs, est-ce que
c'était à la suite d'un concours de promotion, un avancement de
classe, ou quoi?
M. Gendron: Je ne suis pas au courant de ce cas
particulier...
M. Pagé: Vous voyez bien ce que vous voulez voir. Il va
falloir le demander au ministre.
M. Gendron: Pour terminer là-dessus, M. le
Président, je n'ai vu que ce à quoi il a fait
référence, c'est-à-dire les gens qu'on a mentionnés
dans un article de la Presse d'aujourd'hui; je n'ai parlé que de cela et
c'est dans ce sens que je trouvais cela tout à fait inapproprié,
parce que, d'aucune façon, ce que nous discutons ce soir ne s'applique
aux gens qui ont été cités dans l'article de la
Presse.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous... M.
Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Le député de Jacques-Cartier a
tenté, tout à l'heure, de mettre en relief, et il l'a très
bien fait, mais je pense que le ministre n'a pas saisi la portée de
l'argumentation de mon collègue de Jacques-Cartier, lorsque celui-ci
faisait état aux membres de cette commission que l'article 116
prévoit des restrictions, d'ailleurs, il y a une nomenclature de a), b),
c), d), e), en termes de restriction à ce qui peut être
négocié dans une convention collective...
Je vais le citer au texte, et j'aimerais bien avoir l'attention du
ministre: "Les fonctionnaires sont régis par les dispositions de la
convention collective qui leur sont applicables ou, à défaut de
telles dispositions dans une telle convention collective, par les dispositions
de la présente loi. Toutefois, aucune disposition d'une convention
collective ne peut restreindre les pouvoirs de l'office ou de la commission;
elle ne peut non plus restreindre les pouvoirs du ministre de la Fonction
publique ou du Conseil du trésor à I égard de l'une ou
l'autre des matières suivantes: a) la nomination des candidats, etc; b)
la classification, c), d) et e)".
Advenant le cas où le ministre de la Fonction publique... Cela
fait un an qu'on a à vivre, que les parties ont à vivre avec le
projet de loi 50, un an ou deux ans, on a une convention collective qui est
signée, qui est en application; le ministre constate qu'un des
éléments prévus à a), b), c), d) ou e) se devrait
d'être négocié dans la convention collective ou faire
l'objet d'une négociation, vous ne pouvez pas.
M. de Belleval: II s'agit d'une modalité.
M. Pagé: Laissez-moi compléter. Vous devrez
utiliser votre pouvoir réglementaire, parce qu'il est clairement
indiqué, dans la loi, à l'article 116: "Toutefois, aucune
disposition d'une convention collective ne peut restreindre les pouvoirs de
I'office ou de la commission... les pouvoirs du ministre". C'est donc dire que
le ministre est d accord, les parties le souhaiteraient, le demandent, le
ministre a dit oui, le Conseil des ministres est d'accord, le Conseil du
trésor donne son consentement, tout le monde est d'accord, tout le monde
le souhaite et le ministre ne peut pas.
M. le Président, je pense qu'il serait tout au moins raisonnable
que le ministre prévoie, ailleurs qu'à cet article, des
dispositions pour qu'advenant de telles circonstances, il y ait quand
même une latitude qui soit établie. C'est dans ce sens que je
présenterai la motion d'amendement suivante: D'ajouter après
l'alinéa e) "Cependant, du consentement de l'office, de la commission,
du ministre ou du Conseil du trésor, les matières ci-haut
énumérées peuvent être négociées et
faire I'objet d'entente avec les parties".
M. de Belleval: M. le Président, sur cet amendement, si
vous le jugez recevable...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, si vous
permettez, je vais répéter l'amendement. J'ai le texte ici, mais
il ne dit pas précisément ce que devient cet amendement; si je ne
me trompe pas, on doit ajouter après l'alinéa e), avant le
dernier paragraphe de l'article 116, les mots suivants: "Cependant, du
consentement de l'office, de la commission, du ministre ou du Conseil du
trésor, les matières ci-haut énumérées
peuvent être négociées et faire l'objet d'entente avec les
parties". Je vous dis immédiatement que cela m'apparaît recevable.
(21 h 45)
M. de Belleval: M. le Président, il n'est pas possible
pour le gouvernement d'accepter cet amendement pour les raisons suivantes. Je
dois dire, d'ailleurs, que nous avons considéré
profondément la possibilité d'apporter un tel amendement quand
nous avons rédigé le projet de loi, pendant les jours qui ont
suivi et depuis les rencontres avec les représentants syndicaux.
Il faut voir que nous changeons considérablement la formulation
de l'article 116 par rapport à celle de l'article 52a. En effet,
l'article 52a disait:
"Aucune disposition d'une convention collective ne doit porter sur... "
Autrement dit, il était interdit de parler de ces matières dans
les conventions collectives, de façon absolue. C'est ce qui expliquait
pourquoi on avait prévu une porte de sortie en disant: "A moins que, par
règlement, la commission n'y consente." II faut dire d'ailleurs que,
dans le passé, jamais la commission n'y a consenti.
Deuxièmement, nous avons, comme je l'ai dit, changé la
formulation de cet article. En effet, nous n'interdisons plus maintenant, de
façon absolue, que des dispositions dans les conventions collectives
portent sur ces matières. Nous disons: ...aucune disposition des
conventions collectives ne doit aller à l'encontre du pouvoir de la
commission, de l'office...
M. Pagé: ... ne peut.
M. de Belleval: Excusez-moi. ... ne peut aller à rencontre
des pouvoirs de la commission, de l'office, du Conseil du trésor ou du
ministre. C'est-à-dire que nous avons mis la limite ultime
au-delà de laquelle il n'est pas possible d'aller au nom de
l'intérêt public; entre autres, le système de recrutement
et de promotion au mérite doit demeurer. Cela est conforme à la
recommandation 18 du rapport Martin-Bouchard et aux recommandations 12, 13 et
14. Nous avons mis, autrement dit, la limite ultime, mais les modalités
d'application peuvent faire l'objet de négociations.
M. Saint-Germain: ... d'aucune façon.
M. de Belleval: D'accord. Maintenant, il y a une dernière
modification d'importance. C'est qu'autrefois, c'était un organisme
autonome qui pouvait consentir par règlement; toutefois, maintenant,
c'est le ministre lui-même qui négocie l'ensemble de ces
questions, sauf la sélection et la promotion qu'il confie à des
organismes indépendants et le droit de regard de la commission
d'enquête sur l'ensemble du fonctionnement de la loi, sauf ces
matières, maintenant, c'est le ministre lui-même qui
négocie toutes ces questions avec le syndicat.
S'il avait le pouvoir par règlement d'abdiquer ses pouvoirs lors
d'une convention collective de travail, il est évident qu'on
retournerait toutes ces questions au sein même du rapport de forces et
qu'à toutes fins pratiques, l'article ne voudrait plus rien dire.
D'ailleurs, je n'ai pas voulu argumenter sur la recevabilité de cette
motion parce que vous vous rendez compte que cela nous mènerait loin
comme discussion, exclusivement sur la recevabilité, et je
préférerais, pour ma part, discuter...
M. Pagé: Elle est recevable, vous l'avez
déclarée recevable.
M. de Belleval: J'ai dit que j'aurais pu vouloir le faire; je ne
l'ai pas fait parce que j'aimais mieux discuter immédiatement sur le
fond.
M. Pagé: Vous n'auriez pas dû parce qu'elle
était recevable.
M. de Belleval: Ce que cela veut dire, c'est que si, en pratique,
on mettait... Je ne conteste pas ce fait. Je dis que si, en pratique, nous
mettions cet amendement dans l'article 116, cela voudrait dire que tout le
reste de l'article 116 ne voudrait plus rien dire, parce que le gouvernement
pourrait, par simple règlement, annihiler complètement les
dispositions de l'article 116. Je voudrais faire appel... Je regrette beaucoup
qu'il n'y ait pas, du côté de l'Opposition, à cette
commission actuellement, des ministres qui ont négocié
directement des conventions collectives sous les anciens gouvernement; ils
comprendraient ce que je veux dire, à savoir que...
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président, vous savez qu'on ne peut soulever des questions de
privilège, mais on peut quand même soulever une question de
règlement pour rétablir certains faits.
Je tiens à informer le député de Charlesbourg,
ministre de la Fonction publique, que mon collègue de Montmagny-L'Islet
était ministre d'Etat aux Affaires sociales. Ce n'est quand même
pas le moindre des ministères. D'autre part, je tiens à faire
part au ministre, pour sa gouverne, que l'Opposition officielle a eu l'occasion
de se pencher et d'étudier tous les éléments contenus dans
le projet de loi no 50 au sein de son caucus au cours duquel tous les membres
étaient présents, sauf un, M. le député de
Sainte-Anne, qui était à l'hôpital, si ma mémoire
est fidèle, et nous avons abordé ces questions. Pour les
commentaires que j'ai apportés, les motions que j'ai
présentées depuis le début de nos travaux, les opinions
que j'ai émises depuis mercredi ou jeudi de la semaine dernière
cela fera bientôt une semaine que l'on siège
là-dessus je suis mandaté, j'ai l'appui entier, la
solidarité clairement exprimée par les membres de mon caucus.
M. de Belleval: M. le Président...
M. Pagé: Ce n'est pas le député de
Sainte-Anne, le député de Westmount, excusez-moi.
M. de Belleval: Quoi qu'il en soit, M. le Président, je
dois dire que les ministres qui ont justement négocié dans ces
circonstances savent très bien ce qui se passe quand, à 3 h 15 du
matin, à la veille d'une élection générale, combien
il peut être tentant pour un gouvernement d'abdiquer ses pouvoirs
pas ses pouvoirs à lui personnellement, mais les pouvoirs de l'Etat
pour régler une question de convention collective,
c'est-à-dire s'engager et engager ses successeurs dans une voie
où, pour des gains politiques à court terme, il pourrait
être amené à sacrifier les intérêts
supérieurs de l'Etat à long terme et faire en sorte que toutes
ces questions tombent dans l'aire du rapport de forces et que ce soient les
intérêts de
l'ensemble des Québécois qui soient alors sacrifiés
aux intérêts mêmes, je ne dirais même plus d'un
gouvernement, je dirais d'un parti politique. Au fond, tout le sens de
l'article 116 c'est pour cela, encore, que la sagesse des nations
auxquelles je faisais allusion tout à l'heure est universelle en ce
domaine c'est de protéger l'Etat et le gouvernement contre cette
transformation, non plus en gardien de l'intérêt public, mais en
parti politique qui a des intérêts politiques à court terme
qui ne sont pas toujours équivalents aux intérêts de l'Etat
proprement dit. Cet article est là pour protéger, non pas le
gouvernement employeur, je dirais, il est là pour protéger le
gouvernement et l'Etat au nom du bien commun. Accepter l'amendement du
député de Portneuf signifierait que tout ce système de
protection que nous mettons en place pourrait être annihilé
à l'occasion d'un rapport de forces défavorable au parti
politique qui, à un moment, assume le gouvernement. Je dirais donc que
l'article 113 protège l'Etat contre les partis politiques, y compris le
parti politique qui, à un moment don.,e, assume le pouvoir.
M. Saint-Germain: M. le Président... M. Giasson: M.
le Président...
M. de Belleval: Je le dis d'une façon aussi claire, aussi
cruelle peut-être, que je dois le dire, mais je ne le dis pas d'une
façon cynique. Je le dis d'une façon réaliste et je le dis
au nom de l'expérience de tous les gouvernements québécois
qui se sont succédé au pouvoir depuis de nombreuses années
et au nom, comme je le disais tout à l'heure, de la sagesse de tous les
Etats démocratiques qui ont mis ces sauvegardes ultimes dans leurs
lois.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... suite aux propos que vient de tenir le ministre,
je dois lui rappeler certains faits. Au moment où j'ai eu l'occasion
d'accéder au Conseil des ministres, la négociation dans le
secteur des fonctionnaires du gouvernement était bel et bien
réglée. Quand il a fait allusion tout à Iheure aux
problèmes qu'on a vécus au cours de 1976, quand, à la
veille d'une élection, on avait des problèmes de relations de
travail et de négociations, il fait allusion à des groupes
parapublics; c'étaient les employés de l'Hydro-Québec dans
le temps, comme on a vécu des périodes beaucoup plus difficiles
avec les fonctionnaires du secteur des affaires sociales et du secteur de
l'éducation. Ce n'est pas du tout en rapport avec ce qu'on appelle les
fonctionnaires du gouvernement. L'état de dépendance que pourrait
subir l'Etat et que pourrait subir le bien public au moment de l'approche d'une
élection, lorsque des employés d'organismes gouvernementaux ou du
parapu- blic... ne change rien a la situation; on peut revivre ces
circonstances dans l'avenir, il ne faut pas se faire d'illusion.
M. de Belleval: ... votre gestion, M. le
député.
M. Giasson: Rappelez-vous les conditions qui étaient
posées par les employés de l'Hydro-Québec lorsque le
grabuge existait en septembre et octobre 1976.
M. de Belleval: Cela pourrait être le cas à la
veille d'une élection avec...
M. Giasson: Quelles étaient les principales demandes?
Quelle était la stratégie ou les faits recherchés par les
gens de l'Hydro-Québec, à ce moment-là? Vous vous en
souvenez? C'était justement une question de la classification à
partir uniquement de l'ancienneté, sans tenir compte de la
compétence et du potentiel des employés.
M. de Belleval: C'est un très bon exemple.
M. Giasson: On peut revivre cela en dépit de la loi que
nous allons voter; il ne faut pas se créer d'illusions et se payer
d'illusions, dans ce monde-là.
M. de Belleval: Je suis tout à fait d'accord avec vous, M.
le député de Montmagny-L'Islet; c'est justement à cause de
circonstances semblables qui sont survenues à la veille de la
dernière élection, entre autres, dans le cas du parapublic, mais
qui pourraient survenir dans le cas des fonctionnaires comme tels, que cette
sauvegarde est mise dans la loi.
M. Brochu: Cela pourrait même survenir dans le cas du
référendum, si on présume qu'il vient l'an prochain; par
exemple, vous avez des conventions collectives qui viennent
échues...
M. de Belleval: A l'occasion de toute situation difficile
où un gouvernement est placé, à un moment donné,
sur le plan de la partisanerie politique, à tout moment. Je vous ai
parlé d'une élection, c'est un exemple, cela pourrait être
d'autres circonstances.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'ai écouté avec attention le
ministre; il était temps qu'il arrête, parce que je croyais qu'il
allait dire que le cabinet faisait étudier cette loi par
l'Assemblée nationale pour se protéger contre les faiblesses de
son propre ministre, si les négociations étaient trop dures.
M. de Belleval: Je l'avoue sans honte au nom de l'ensemble des
partis politiques en cette Chambre, au nom des anciens gouvernements comme des
futurs. Je le dis de façon aussi claire que cela doit être
dit.
M. Saint-Germain: Je suis complètement renversé, je
vous le dis en toute sincérité. Il m'a été
donné, dans le passé, d'assister à des négociations
et d'être témoin de grèves, de pressions par les syndicats
et ainsi de suite, et très souvent, de voter, d'avoir à
étudier des lois spéciales de retour au travail et ainsi de
suite, constamment.
Nous avons eu une Opposition, l'Opposition du Parti
québécois, qui est responsable du gouvernement, qui était
en faveur des syndiqués. Il n'y avait pas une assemblée de
protestation autour du parlement sans que les représentants et ceux qui
avaient les personnalités les plus fortes aillent rencontrer les
protestataires et les haranguer, leur dire: Les "boys", ne lâchez pas!
C'était rendu à un tel point qu'on ne s'est pas gêné
de dire, et le premier ministre non plus, qu'on avait un gouvernement qui avait
des préjugés favorables vis-à-vis des syndicats et la
négociation libre, collective, transparente, démocratique.
D'entendre ce soir le plaidoyer du ministre, un plaidoyer clair,
structuré, précis, qui nous livre le fond de la pensée du
cabinet, sa façon de voir les choses vis-à-vis des
négociations futures qui sont déjà amorcées,
d'ailleurs, pour un certain groupe, c'est renversant, absolument renversant. Si
ces choses avaient été dites dans le passé, il y a deux,
trois, quatre ou cinq ans, peut-être que les relations du travail au
Québec auraient été plus positives et moins
préjudiciables, je dois le dire, à l'intérêt de la
communauté québécoise.
Je ne suis pas surpris, malgré que le ministre nous assure que
cette loi est, en principe, très libérale, de voir la
réaction de ceux qui sont en autorité et qui ont à
représenter les fonctionnaires lors de la future négociation. Je
crois qu'on pourrait être estomaqué à moins, et si leur
réaction est négative et méfiante, personnellement, je les
comprends. Enfin! (22 heures)
Relativement à cet amendement, M. le Président, il reste
qu'à chaque paragraphe de l'article 116, il y a des choses assez
surprenantes et qu'on dit absolument non négociables. Il y a, par
exemple, ce stage probatoire, surtout hors de promotion. Est-ce à dire
que le ministre d'autorité peut l'établir de la façon
qu'il l'entend? Est-ce à dire que la façon dont on analyse le
comportement, le rendement, les règlements... je suppose qu'il y a
certains barèmes pour observer un fonctionnaire qui est en stage
probatoire en vue d'une promotion.
M. Jolivet: ... c'est votre recherchiste qui vous
dérange.
M. Saint-Germain: Je suppose, par exemple, qu'un fonctionnaire
fait son stage probatoire en vue d'une promotion ou d'un changement de classe.
Est-ce qu'il y a des règlements, est-ce qu'il y a des barèmes qui
sont établis? Qui est-ce qui va observer son rendement et dire s'il est
compétent ou pas? Qui est responsable de cette analyse?
M. de Belleval: Ce sont des modalités à
déterminer.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'elles sont déterminées,
actuellement?
M. de Belleval: II y en a effectivement.
M. Saint-Germain: Est-ce que ces modalités sont
négociables?
M. de Belleval: II n'y a rien qui s'oppose à ce que ces
modalités soient négociables.
M. Saint-Germain: D'après la loi, est-ce que ces
modalités sont négociables ou pas?
M. de Belleval: Pour autant qu'elles ne touchent pas au principe
même qui est dans la loi, à savoir que les engagements et les
promotions doivent se faire sur la base des articles de loi qui sont
indiqués, soit une sélection au mérite basée sur
des critères d'aptitude et de compétence.
M. Saint-Germain: Ces modalités d'observation ou
d'évaluation...
M. de Belleval: ... oui, c'est possible.
M. Saint-Germain: ... il faudrait un oui ou un non. Est-ce que
c'est négociable ou pas négociable?
M. de Belleval: C'est oui. Cela peut être
négocié.
M. Saint-Germain: Alors, c'est oui, c'est négociable.
M. de Belleval: Les modalités, par exemple, d'observation
des stages?
M. Saint-Germain: Oui?
M. de Belleval: Oui, c'est négociable.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut suspendre, M. le
Président?
M. Gendron: Non, parce qu'on attend une autre question.
Une Voix: Cela peut lui prendre quelques minutes avant de trouver
ce qu'il a à dire.
M. Saint-Germain: Comment peuvent-ils être
négociables, puisque vous dites à d) que l'établissement
de normes d'éthique et de discipline dans la fonction publique n'est pas
négociable. Ces normes d'éthique et de discipline ne sont pas
négociables; elles vont servir à observer l'établissement
du barème pour juger de...
M. de Belleval: Ce sont deux choses complètement
différentes.
M. Saint-Germain: C'est complètement différent?
M. de Belleval: Cela n'a rien à voir avec les
critères de compétence et d'aptitude de ces derniers.
M. Saint-Germain: Oui, je suppose bien que, si un fonctionnaire
veut changer de classe et que dans le poste qu'il vise, il a des
responsabilités administratives au niveau d'un bureau et qu'il est en
autorité vis-à-vis d'autres fonctionnaires, je suppose que les
règles d'éthique et sa propre discipline vont devenir très
importantes. Il y a un rôle de leadership, là.
M. de Belleval: Cela n'y touche pas, cela touche à
d'autres aspects.
M. Saint-Germain: Cela n'y touche pas.
M. de Belleval: C'est sa performance sur le plan de la
compétence et de ses aptitudes de gestionnaire que le stage porte et non
sur...
M. Saint-Germain: Son observance des règles
d'éthique va certainement entrer en ligne de compte.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Saint-Germain: Non, j'aimerais avoir une réponse
là-dessus.
M. de Belleval: Les normes, les sanctions disciplinaires, etc.,
tout cela est négociable.
M. Saint-Germain: Je parle du type qui est en stage
probatoire.
M. de Belleval: II n'y a pas de différence à ce
point de vue entre une personne en stage probatoire et une personne
permanente.
M. Saint-Germain: Ecoutez, il y a des règles
d'éthique...
M. de Belleval: Exactement.
M. Saint-Germain: ... pour tout le monde. Ces règles
d'éthique ne sont pas négociables.
M. de Belleval: Ne pas voler, c'est une norme d'éthique,
je ne dois pas négocier cela.
M. Saint-Germain: Bien oui, mais il y en a d'autres. Ecoutez, il
ne faut pas aller à l'extrême non plus. Ce n'est pas une
règle d'éthique, ne pas voler.
M. de Belleval: C'est de cela qu'on parle.
M. Saint-Germain: C'est le Code criminel, cela vient de s
éteindre.
M. Jolivet: Voler un crayon.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas une règle
d'éthique.
M. de Belleval: Bien oui, c'est cela des règles d
éthique.
M. Jolivet: Voulez-vous la cogestion? Est-ce que c est cela que
vous voulez avoir?
M. Saint-Germain: D'habitude, dans une profession ou un groupe
d'hommes qui ont atteint un certain niveau, qui ont le sens des
responsabilités, ces gens établissent eux-mêmes leurs
règles d é-thique ou, du moins, concourent à les
établir, si vous voulez. On ne peut certainement pas les établir
et, dans les professions, il serait inimaginable qu on établisse des
règles d éthique professionnelle sans en parler aux
professionnels, premièrement.
M. de Belleval: D'accord.
M. Saint-Germain: Pourquoi en serait-il autrement au niveau des
règles d'éthique du fonctionnaire en autorité?
M. de Belleval: Cela peut être établi.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas négociable?
M. de Belleval: La norme, ultimement, n est pas
négociable,
M. Saint-Germain: Bon. Ce sont des choses comme cela qui font
qu'on se pose des questions auxquelles on ne peut jamais avoir de
réponse claire, nette. C'est difficile de voir cette loi en application,
il ne faut pas... Le ministre a beau dire que c'est une loi qui est
acceptée...
M. de Belleval: On ne vous empêche pas de poser des
questions, c'est tout à fait correct.
M. Saint-Germain: Non, mais je vous blâme de ne pas me
donner des réponses trop trop précises.
M. de Belleval: Là, écoutez...
M. Saint-Germain: Et je crois que je ne suis pas le seul, il y a
certainement des hommes en autorité, au niveau des syndicats, comme il y
a des fonctionnaires actuellement qui se posent à peu près les
mêmes questions que celles que je me pose et qui n'ont pas de
réponses plus claires. C est probablement une des causes qui font qu ils
protestent. De toute façon...
La longueur de ce stage probatoire, maintenant, est fixée
d'autorité par le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, est-ce qu on discute sur
l'amendement actuellement ou sur I'ensemble?
M. Saint-Germain: Bien, c'est à cause de cela;
l'amendement, c'est ce qu'on détermine, ce sont des choses qui
vont être modifiées par l'amendement.
M. de Belleval: D'accord, si vous voulez. Je pense que j'ai
répondu là-dessus que le stage probatoire est fixé par
règlement.
M. Saint-Germain: Que voulez-vous! M. le Président, nous
sommes de l'Opposition, si le gouvernement a fait son lit...
M. de Belleval: C'est cela, c'est une réponse claire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: En regardant la motion du député de
Portneuf, il me semble que, du moins, cela apporte en principe, de façon
générale, une certaine souplesse et une certaine liberté
d'action aux parties dans ce secteur. Cela ouvre la voie; cela pourrait
peut-être permettre aussi de clarifier la confusion à laquelle
j'ai fait allusion plusieurs fois, parce qu'il semble que, d'un
côté, on n'interprète pas de la même façon que
de l'autre côté. Disons que les arguments qui ont
été apportés de part et d'autre jusqu'ici ne m'ont pas
convaincu que la confusion était enlevée. Je ne sais pas si on
continue un peu dans la même forme de discussion, mais...
M. Pagé: C'est parce qu'on l'entretient. C'est d'ailleurs
la position du gouvernement.
M. Brochu: Si on continue un peu dans ce sens, je me demande si,
à la fin des travaux de la commission, on aura dissipé ces doutes
ou si cela va demeurer en plan.
J'aurais une question à poser au ministre à ce stade pour
essayer de comprendre comme il faut ce qui en est. Je prends l'article 116a.
Vous dites: la nomination des candidats à la fonction publique ou la
promotion des fonctionnaires. Est-ce que c'est simplement l'acte de promouvoir
ou de non promouvoir qui n'est pas négociable ou si c'est tout le
processus qui précède l'acte de promouvoir ou de non
promouvoir?
M. de Belleval: Le processus de sélection est
déterminé par un organisme indépendant, l'office de
sélection. C'est lui qui détermine le type d épreuve qui
doit être administré, etc.
M. Brochu: Cela est négociable.
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'aucune disposition d'une
convention collective ne doit restreindre le pouvoir de l'office de
déterminer ces épreuves. C est ce que cela veut dire. D'ailleurs,
comme vous le voyez, les mots 'non négociable" n'apparaissent nulle part
dans cet article.
M. Brochu: Donc, ce n'est pas négociable.
Dans le fond, on ne le dit pas directement, mais cela revient à
cela.
M. de Belleval: Cela veut dire que I'autorité de l'office
de déterminer les épreuves doit être
préservée. C'est I'office qui, à la fin, détermine
ces épreuves. C est le cas actuellement et c'est le cas dans toutes les
fonctions publiques, comme je l'ai dit. il n'y a rien de spécial
là-dedans. Ou bien le processus est un processus qui est
administré par un organisme indépendant des parties, basé
sur des critères objectifs; ou bien, au contraire, non, ce n est pas
cela, c'est basé sur l'opportunité telle que
déterminée à la suite d'un rapport de forces. C'est
I'autre système qui est choisi.
M. Brochu: Oui, je reviendrai plus tard, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je ne suis pas surpris de
constater que le ministre se prépare à voter contre la motion
d'amendement que je propose, parce que cela a été une attitude
intransigeante, aucune fexibilité, aucune motivation dans des dialogues
ou des discussions ou des approches sur des motions présentées
qui visaient essentiellement à bonifier ce projet de loi, mais je me
console, cependant, d'une chose, c'est la constatation que j'ai que le masque
est enfin tombé.
Le ministre a souvent mis en parallèle une action
gouvernementale, une responsabilité d'Etat et un engagement politique
pris à partir d'un programme politique pour plaider des thèmes
qui lui sont aussi chers que celui de la responsabilité de l'Etat. Et
par surcroit, le ministre de la Fonction publique, le député de
Charlesbourg, appelle souvent ses collègues à la cohérence
et veut souvent faire des leçons à ce chapitre.
Quand je vous disais tantôt que le masque était
tombé, c'est que, depuis le début du mandat du gouvernement du
Parti québécois, on vit dans une situation de ni chair ni
poisson, vous savez. Ce sont des gens qui avaient un préjugé
favorable. Ce sont des gens qui font tout pour courtiser, flirter, comme on dit
en bon canadien, ou en bon québécois, avec les parties
syndicales. Le ministre vient de nous dire qu il y a une responsabilité
d'Etat, et vous savez comment cela a été entretenu, cette
période de flir-tage avec des milieux syndicaux, entretenue et
souventefois répétée par les membres du gouvernement. On
se rappellera le fameux thème des barrières autour du parlement,
le pétage de bretelles auquel on a assisté à
l'Assemblée nationale, quand on nous a dit: Le Parlement du peuple ne
sera jamais barricadé, il ne sera jamais entouré de
barrières. Il y en avait des barrières vendredi soir.
La situation qui a prévalu jeudi, quand le gouvernement a
manqué à sa responsabilité, non seulement il a
manqué, il l'a acceptée et il a acquiescé, mais il s'est
lui-même fait des reproches, en disant: On n'a pas pris toutes les
responsabilités qu on devait prendre. Une autre attitude, ni blanc, ni
noir.
Mais le masque vient de tomber. Le ministre dit: On a une
responsabilité gouvernementale. On s est donné des pouvoirs dans
I'article 116. on s est donné des pouvoirs de gestion, peu importe les
amendements que vous présenterez, et ce, même s'ils ne peuvent que
favoriser un meilleur échange entre les parties, c'est nous qui avons la
vérité, la vérité, c'est celle-là, la
position juste et vraie, c'est nous qui I'avons et c'est celle que nous
conserverons et que nous adoptons.
Notre amendement ne vise pas du tout à enlever la
responsabilité que le ministre peut avoir en tant que ministre de la
Fonction publique, en tant que responsable de la gestion, cela ne vise pas
cela. Cela ne vise qu'à favoriser de meilleurs échanges, d une
part, et aussi qu'à résoudre un problème qui
m'apparaît à la lecture de l'article 116.
D'ailleurs, le ministre a convenu, au début de son argumentation,
qu'il s'était lui-même interrogé sur la possibilité
d'inclure une disposition comme celle que je propose pour adoption. Nous allons
reprendre, somme toute, ce qui est dit dans l'article 116. On dit: Les
fonctionnaires sont régis par des dispositions de la convention
collective qui leur est applicable. C'est le principe, cela paraît bien,
cela a l'air ouvert, cela a l'air généreux, comme le ministre le
dit si bien, il n'y a pas de problème, c'est négociable. C'est
établi dans le premier paragraphe, dans la première phrase.
Toutefois, aucune disposition d'une convention collective ne peut restreindre
le pouvoir du ministre, le pouvoir de l'office, le pouvoir de la commission.
(22 h ?5)
Jusque-là, M. le Président, je vous ai dit que
j'étais surpris, mais j'ai été doublement surpris quand le
ministre m'a parlé de l'intérêt public. Là, de deux
choses l'une: Le ministre ne comprend pas la dimension exacte de mon
amendement, ou il fait fi de la connaissance de ce contenu; dans les deux cas,
c'est inquiétant parce que c'est justement pour et au nom de
l'intérêt public que je propose cette motion.
Prenons des cas où la convention collective est signée,
elle s'applique. Evidemment, à l'article 116, ce qui est prévu
à a), b), c), d) et e) n'aura pu faire objet de la négociation
pour la signature de cette convention collective. On constate, le gouvernement
constate, suite à un problème vécu ou qu'il est à
vivre, que l'élément prévu à a), b), c), d) ou e),
se doit d'être négociable. Par surcroît, le gouvernement y
consent, le Conseil du trésor est d'accord, la commission est d'accord,
les parties syndicales sont d'accord, tout le monde est d'accord et c'est dans
l'intérêt public de poser le geste. Vous ne pourrez pas le faire
parce que le texte vous en empêche: "Aucune disposition d'une convention
collective ne peut restreindre les pouvoirs de l'office ou de la commission.
Elle ne peut, non plus, restreindre les pouvoirs du ministre de la Fonction
publique ou du Conseil du trésor à l'égard de l'une ou
l'autre des matières suivantes".
C'est donc dire que même si vous vouliez aborder une question dans
a), b), c), d) ou e), la négocier, si tout le monde était
d'accord et que, par surcroît, c'était dans l'intérêt
public de le faire, vous ne pourriez pas le faire, à moins de revenir
devant le Parlement et d'adopter une loi.
La motion que je formule, cependant, du consentement de l'office, de la
commission, du ministre ou du Conseil du trésor, les matières
ci-haut énumérées peuvent être
négociées et faire I'objet d'entente avec les parties.
M. de Belleval: Cela ne veut plus rien dire.
M. Pagé: Ce n'est pas que cela ne veut plus rien dire,
cela donne le pouvoir au ministre, si la commission, le ministre, le Conseil du
trésor jugent que c'est dans l'intérêt public d'intervenir,
c est lui-même qui le juge, ce n'est pas une tierce partie, la
décision n'est pas prise par un mécanisme d'appel, c'est celui
qui a la responsabilité au début qui a aussi la
responsabilité à la fin, purement et simplement.
M. le Président, je ne comprends pas l'attitude du ministre et
par surcroît, je ne comprends pas quand ce dernier nous dit qu'il y a
songé au début.
M. Gendron: Vous me permettrez...
M. Pagé: Là-dessus, nos idées se sont
rejointes. Je ne vois pas en quoi le gouvernement, en plus de s'établir
un carcan, n'accepte pas le moyen de se sortir éventuellement du carcan
lorsqu'il voudra bien en sortir et si jamais toutes les parties jugent que
c'est dans l'intérêt public d'en sortir. Vous pouvez refuser
l'amendement, c'est évident, vous avez la majorité, comme vous
avez d' illeurs refusé tous nos amendements jusqu'à maintenant;
quand je parlais d'une attitude intransigeante, c'est celle-là. Vous
nous avez d'ailleurs dit tantôt, vous avez acquiescé lorsque mon
collègue de Jacques-Cartier vous a dit que votre lit était fait:
votre lit est fait, on en convient. Vous dites: C'est cela, on a la
vérité, notre interprétation est celle-là et c'est
celle qui est juste; on a une différence d'interprétation, on ne
s'entend pas sur l'interprétation, mais ce n'est pas grave, c'est nous
qui avons raison. On ne bouge pas, notre lit est fait, la vérité
c'est nous qui l'avons et c'est la position qu'on adopte. Le carcan est
fixé, il est établi; vous avez songé à vous donner
un moyen pour sortir du carcan, vous l'avez refusé. Je présente
une motion pour donner une certaine latitude qui vous permettrait
éventuellement, dans l'intérêt public, une
responsabilité qui vous appartient elle n'appartient pas à
autrui, elle appartient au ministre de se sortir de ce carcan, vous
pouvez dire non. Cela vous appartient, vous avez la majorité, il est
évident que vous pouvez notre battre; on est deux ici, et un
collègue de l'Union Nationale, vous pouvez nous battre. C'est un
commentaire.
La motion que j'ai présentée vise essentiellement à
vous sensibiliser davantage à l'opportunité que vous auriez de
vous prévaloir d'une telle motion, de l'accepter, de vous
prévaloir d'une telle introduction dans l'article 116, pour sortir de ce
carcan.
M. le Président, j'espère que le ministre va
réviser sa position. Quand ce dernier nous dit que le projet de loi ne
voudra plus rien dire, je m'excuse, les mêmes pouvoirs sont là, le
texte sera le même, sauf que dans les moments où celui-ci le
jugera opportun, du consentement de l'office, du ministre, du Conseil du
trésor, etc, il pourra rendre une chose négociable et comme on
est conscient qu'un gouvernement agit, dans ces cas-là, seulement dans
l'intérêt public, je ne m'explique pas que le gouvernement ne se
donne pas ce moyen additionnel de bonifier son projet de loi. Le
préjugé favorable aux travailleurs, il est rendu loin, le masque
est tombé, tout au moins.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. Brochu (Richmond), pour ou
contre?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)? M. de Belleval (Charlesbourg)?
M. de Belleval: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: M. le Président, j'ai un préjugé
très favorable.
M. Pagé: Pas de masque.
Le Président (M. Dussault): M. Gendron
(Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Pagé: Vous qui avez autant de fonctionnaires dans votre
comté.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous sommes en train de prendre le vote, M. le
député. M. Jolivet (Laviolette)?
M. Pagé: Je m'excuse. M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Dussault): Je fais le décompte. 3
pou r et 5 contre. L'amendement est donc rejeté. Nous revenons à
l'article principal, le no 116. Est-il adopté?
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre au sujet de l'article 116...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le ministre tout à l'heure a fait
état de la rencontre de ce matin entre le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec, le Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec et le premier ministre du Québec en compagnie de son
ministre de la fonction publique.
M. le Président, mercredi dernier si ma mémoire est
fidèle, parce que jeudi on n'a pas siégé sur la loi no 50,
le gouvernement n'ayant pas rempli sa responsabilité qu'il avait de
protéger les législateurs pour que ceux-ci puissent venir remplir
leur mandat... Mercredi dernier j'ai demandé, avant l'étude du
projet, avant d'amorcer l'article 1, de convoquer les parties pour permettre
aux parties intéressées par le projet de loi no 50 de se faire
entendre. J'ai demandé, non pas, une commission parlementaire qui aurait
siégé aussi longtemps, avec autant d'attention que la commission
parlementaire de la fonction publique, lorsqu'elle a étudié le
projet de loi 53. Mon collègue de Richmond s'est associé à
moi à ce moment-là, on a demandé un délai de trois
ou de quatre heures et le ministre de la Fonction publique a demandé
à ses collègues de la majorité minitérielle de
battre ma motion.
Jeudi, sont survenus les événements qu'on a connus, qu'on
se rappelle très bien et qu'on s'en rappellera longtemps. Vendredi, nous
avons demandé d'attendre pour adopter l'article 116, d'attendre la
rencontre avec le premier ministre en espérant et en souhaitant que
cette rencontre pourrait aboutir à un dénouement heureux en
termes de meilleure entente entre les parties sur l'interprétation
à donner au projet de loi et notamment à l'article 116. Cette
rencontre a eu lieu ce matin. Le chef du gouvernement, le premier ministre du
Québec a rencontré les parties syndicales.
M. le Président, je voudrais demander au ministre s'il ne croit
pas qu'il aurait dû, ou tout au moins qu'un des membres de la
majorité ministérielle aurait dû, dès le
début des travaux de cette commission ce soir, ou encore, dès
l'étude, l'analyse de l'article 116. Vous auriez dû, M. le
ministre, selon moi, demander à la commission d'entendre les parties.
C'est faire fi... je n'en fais pas une motion et je n'en ai pas fait une
motion, M. le Président, parce que je vois déjà les
députés, comme le député de Papineau, me taxer de
vouloir faire un "filibuster" ou de retarder les travaux. Ce n'est pas du tout
mon intention, je commence à être habitué du sort qui est
réservé à mes motions. Elles se font battre, point final,
à la ligne.
Et, ces défenseurs du pouvoir législatif, que le ministre
incarne, se doit d'incarner en tant que membre du cabinet, député
aussi, ces gens qui se font les défenseurs... Quoiqu'il n'y a pas parmi
les membres de la commission ceux qui écrivent
régulièrement sur le rôle du législateur ou du
parlementaire, à savoir que c'est lui qui doit avoir...
décision... I'importance de ses fonctions etc. Je ne me I explique pas
et je demande au ministre de la fonction publique que les membres
de la Commission de la fonction publique aient accepté qu'une rencontre
ait lieu entre le premier ministre, d accord, nous y souscrivons; et je ne
m'explique pas que, dès le début de nos travaux ce soir, M. le
ministre n'ait pas. demandé que les parties viennent se faire entendre,
parce que lorsque les parties ont rencontré ce matin le premier
ministre, ce n'était pas les membres de l'Assemblée nationale, ce
n'était pas les membres de notre commission parlementaire, mais le chef
du gouvernement, le chef de l'exécutif, qui est une chose et nous, c'est
une autre chose.
On a étudié l'article 116, on n'a pu entendre les parties
au début des travaux de notre commission; d'ailleurs, j'ai fait des
motions dans ce sens et vous vous rappellerez qu'il y en a quelques-unes qui
ont été jugées irrecevables, à ma grande
déception, et à la grande satisfaction de la majorité
ministérielle. J'ai demandé qu'on retarde l'étude de
I'article 116 jusqu'à ce que la rencontre ait lieu par concours de
circonstances ou autrement, ou par les échanges fort importants et fort
judicieux qu'on a eus vendredi soir. On ne s'est pas rendu à I'article
116. On l'étudié maintenant, l'article 116 et on n'a pas encore
entendu les parties. On doit se limiter à un rapport verbal d'un
rapporteur qui n'a pas été désigné à ce
chapitre c'est le ministre de la Fonction publique qui nous a fait un
rapport sommaire ce soir, sans entrer au coeur du débat et dire:
Ecoutez, le problème c'était cela et peut-être que si on
avait proposé cela, ils auraient accepté cela, etc. Du tout, on a
eu un rapport très sommaire.
Je voudrais poser une question au ministre, M. le Président
parce que je ne veux pas en faire une motion, sachant qu'elle sera
battue et je souhaite qu'en leur glissant l'idée comme cela, ils
pourront la faire parce que c'est la seule façon, devant cette
majorité intransigeante et inflexible, de faire passer des principes ou
des idées comme celle-là. Je demande au ministre: Comment
expliquez-vous, que vous, membre de la commission parlementaire,
député par surcroît et aussi député qui a
beacoup de gens concernés par ce projet de loi dans son comté,
n'ayez pas cru opportun, ce soir, d'accepter ou tout au moins d'inviter les
représentants de la partie syndicale à venir se faire entendre
non pas devant le gouvernement, parce que vous nous dites que le gouvernement a
fait son lit, mais devant les membres de la commission parlementaire?
M. de Belleval: M. le Président, le député
de Portneuf a raison de mentionner qu'il y a effectivement plusieurs
fonctionnaires dans mon propre comté. D'ailleurs, je pense qu'il serait
facile, sur un plan purement démagogique, pour le député
de Charlesbourg, de consentir à toutes les demandes du Syndicat des
fonctionnaires; politiquement, électoralement, ce serait sans doute plus
rentable, à court terme. Mais j'ai été élu pour
protéger les intérêts de l'ensemble de la population et non
pas d'une classe particulière de la population.
Deuxièmement, je n'ai pas honte de l'article 116, tel qu'il est
rédigé puisque, comme je l'ai dit, cet article représente
le régime probablement le plus généreux qui existe dans
toutes les démocraties occidentales en matière d'aire de
négociation dans la fonction publique. Finalement, nous avons entendu
les parties à de multiples reprises et le chef du gouvernement a
déclaré que si le Syndicat des fonctionnaires avait des
représentations nouvelles à nous faire, nous étions
disposés à les écouter. Nous les avons encore
écoutés une dernière fois aujourd'hui; le premier ministre
a consenti à rencontrer deux chefs syndicaux qui, durant les derniers
jours, avaient perturbé gravement les travaux de cette Assemblée
et s'étaient engagés dans une voie illégale, à tous
points de vue.
Lors de cette réunion, il n'a pas été
déposé de documents nouveaux, il n'a pas été
déposé d arguments nouveaux non plus; tout le débat a
été fait et, de lavis même d'ailleurs du
représentant syndical des fonctionnaires, tout a été dit
sur cette question. Je pense que nous avons été à
l'extrême de ce qu'un gouvernement démocratique peut faire dans
les circonstances.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que I'article 16 est
adopté?
M. Pagé: L'article 16 a été adopté
dès le début, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Excusez-moi, l'article
116.
M. Pagé: L'article 116, M. le Président. M.
Saint-Germain: Une dernière question.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Dans les secteurs parapublics comme les
secteurs hospitaliers et scolaires, on négocie le contenu de la
classification.
M. de Belleval: Partiellement, oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que le ministre se propose, puisque ce
sont deux secteurs extrêmement importants, est-ce qu'on va laisser la
liberté de négocier à ce niveau...
M. de Belleval: Dans le secteur hospitalier, les
négociations se font exclusivement en vertu du Code du travail. Le
gouvernement n'a pas l'intention de changer cette situation.
M. Saint-Germain: Alors, pourquoi deux poids, deux mesures?
M. de Belleval: Je l'ai indiqué au tout début, il
n'y a pas une commune mesure entre les responsabilités de l'Etat, en
termes d'organisation gouvernementale et ministérielle, et les
responsabilités d'établissements particuliers
décentralisés dont les fonctions sont très circonscrites,
limitées, et où la complexité de la classification n'est
absolument pas la même. (22 h 30)
M. Saint-Germain: On peut dire bien des choses, mais si on
établit une règle de négociations au niveau des
fonctionnaires, une autre règle au niveau du secteur hospitalier et une
autre règle au niveau de l'éducation, qui sont des champs
d'activité extrêmement importants, c'est difficile d'accepter
qu'un principe ne vaut pas pour tout le monde, même si l'application de
ce principe peut paraître, à première vue, plus
compliqué à un endroit qu'à l'autre. Cela ne devrait pas
être un élément valable pour ne pas essayer, au moins, de
traiter tout le monde comme il se doit. Ce n'est certainement pas plus
difficile d'établir la classification au niveau de l'éducation
que cela peut l'être dans la fonction publique. C'est même plus
spécialisé; cela doit probablement être plus facile.
Probablement que c'est la même chose dans le secteur hospitalier.
Etablir les classes de fonctionnaires peut devenir assez difficile,
parce qu'on a des fonctionnaires qui travaillent à peu près dans
tous les champs d'activité, de nombreux champs d'activité. Vous
avez deux secteurs qui sont plus spécialisés et cela devrait
certainement être plus facile dans ces deux secteurs qu'au niveau de la
fonction publique. Je ne comprends pas très bien pourquoi on veut faire
les négociations qui s'en viennent et établir des processus tout
à fait différents. Si cela vaut pour un, cela doit valoir pour
l'autre.
M. de Beileval: C'est le régime qui existe depuis 14
ans.
M. Saint-Germain: J'en conviens, mais vous trouvez bon d'en
changer un.
M. de Beileval: On ne le change pas, on le maintient en
l'élargissant d'une certaine façon.
Le Président (M. Dussaultl): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Une dernière question, M. le Président.
Le ministre a indiqué que les normes d'éthique et de discipline
ne sont pas négociables; par contre, les sanctions le sont. Le ministre
a évoqué, en parlant de l'article 116, le principe de la
responsabilité de l'Etat plutôt que du droit de gérance.
Comment est-ce que cela se situe là-dedans? Comment peut-on concilier le
fait que les normes d'éthique et de discipline ne soient pas
négociables et que les sanctions le soient? Ce n'est pas un tout?
Comment concilier ces deux choses-là?
M. de Beileval: Quand il y a une infraction, il y a toute
l'appréciation d'un preuve à présenter. D'abord, c'est
à la charge de l'employeur de démontrer qu'il y a eu infraction;
deuxièmement, si, effectivement, il y a eu infraction, l'ampleur de la
sanction ne peut être laissée au jugement de l'Etat, elle doit
être laissée au jugement d'un tribunal impartial.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: J'aimerais qu'on ait un vote
enregistré.
Le Président (M. Dussault): Ah bon! D'accord. Le vote est
donc demandé. M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)? M. de Beileval (Charlesbourg)?
M. de Beileval: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Pagé: II arrive, M. le Président. Une Voix:
... des libéraux.
Le Président (M. Dussault): On y reviendra, si vous
permettez. M. Gendron (Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Sur l'article 116, M. le
député...
M. Pagé: Vous oubliez mon collègue de
Montmagny-L'Islet; vous ne l'avez pas appelé.
Le Président (M. Dussault): C'est ce que
j'étais
en train de faire, M. le député de Portneuf,
j'étais en train de lui dire que nous étions sur l'article 116 et
que nous prenions le vote enregistré.
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Dussault): Contre. Je fais le
décompte: trois, contre; cinq, pour. L'article 116 est donc
adopté.
Personnel des cabinets des ministres
et de certains membres de
l'Assemblée nationale
J'appelle l'article 117.
M. de Belleval: C'est la même chose que l'article actuel,
M. le Président.
M. Pagé: On passe maintenant, M. le Président,
à un chapitre assez intéressant, soit celui des cabinets des
ministres et de certains membres de l'Assemblée nationale. Je
demanderais, M. le Président, si c'était possible pendant
l'analyse de ces articles, que mon bon ami, le député
d'Abiti-bi... j'oublie toujours si c'est Est ou Ouest ...
M. Gendron: Ouest.
M. Pagé: ... Ouest. Le principal, c'est de ne pas perdre
le nord. Je lui demanderais d'être attentif, parce qu'il y a bien des
éléments qu'on va discuter dans cela, vous allez voir.
M. Gendron: ... M. le député, si vous dites des
choses intéressantes, ce serait nouveau.
M. Pagé: M. le Président, je pourrais vous parler
de choses intéressantes, vous savez, si c'était un débat
ouvert.
M. Gendron: Allez!
M. Pagé: Je pourrais parler de l'augmentation des taxes
à La Sarre...
M. Jolivet: Faites-vous aller!
M. Gendron: On pourrait parler de vos trois cas de patronage en
arrière.
M. Pagé: ... suite à la position d'un certain
conseiller municipal qui, avant d'être député, était
réfractaire à toute...
M. de Belleval: Est-ce qu'on pourrait revenir à la
pertinence du débat ou à son impertinence?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf!
M. Gendron: Vos ex-candidats à l'arrière!
M. Pagé: Oui, vous n'avez pas besoin de me le
demander...
M. Gendron: Vos ex-députés ou ex-candidats à
l'arrière!
M. Pagé: Je ne veux pas faire...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
M. Pagé: ... rougir mon collègue d'Abitibi-Ouest.
J'en aurais tellement à dire sur l'administration de la ville de La
Sarre et des pressions faites par un certain conseiller municipal.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, on arrive à
l'article 117?
Le Président (M. Dussault): Je vous rappelle à
l'article 117, c'est bien cela.
M. Gendron: Je n'étais même pas conseiller à
la ville.
M. Pagé: M. le Président, l'article 117 serait
adopté.
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Avant d'adopter l'article 117, je n'ai aucune
objection pour l'adoption de l'article 117. J'ai une question qui s'inscrit
peut-être indirectement dans le cadre de l'article 117 ici. Le personnel
des députés à l'Assemblée nationale vient
évidemment d'un "pool". Ce personnel est classifié à la
fonction publique. Lorsque le député est élu, on lui
désigne ou il choisit, parmi le nombre de personnes qui sont là
en disponibilité, les secrétaires ou la secrétaire pour
son bureau. Par contre, j'ai vécu l'expérience dans un autre
Parlement aussi. A Ottawa, je sais que cela fonctionne un petit peu
différemment, c'est-à-dire que les personnes qui sont directement
attachées au bureau d'un député sont
considérées jusqu'à un certain point comme du personnel
politique, et, à ce moment, ne sont pas engagées par la fonction
publique. On décerne non pas une enveloppe, mais cela va selon la
compétence, c'est-à-dire qu'un député peut engager
à ce moment un ou une secrétaire, et selon ses compétences
et ses fonctions, on lui attribue un salaire. Si, par après, le
député part ou est battu, et que la personne veut être
intégrée à la fonction publique, elle peut en faire la
demande par la suite, mais elle n'est pas, d'office membre de la fonction
publique. Est-ce que cela a déjà été pensé
pour ici? Est-ce qu'il y a déjà eu des approches de faites dans
ce sens?
M. de Belleval: La Loi de la législature permet une
latitude semblable, si on voulait la mettre en application au sein de
l'Assemblée nationale. Je
crois qu'il est de l'intention du président actuel de
l'Assemblée nationale de discuter de ces nouvelles façons de
gérer le personnel de l'Assemblée nationale avec les leaders de
l'Opposition. C'est tout à fait possible, en vertu de la Loi de la
Législature.
M. Brochu: Cela ferait peut-être partie des discussions
à venir au cours de l'été.
M. de Belleval: Exactement.
M. Brochu: Je pense qu'il y a une commission qui a
été convoquée sur l'ensemble...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Brochu: Si je comprends bien les dispositions de la Loi de la
Législature actuellement, cela permettrait qu'un député,
qu'un membre de l'Assemblée nationale...
M. de Belleval: Ait préséance là-dessus.
M. Brochu:... demande de pouvoir choisir une personne qui serait
hors de la fonction publique. A ce moment, elle serait
rémunérée selon son taux de compétence. Merci.
M. de Belleval: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 117 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 118. Est-il adopté?
M. de Belleval: C'est la même chose qu'actuellement.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 119.
M. de Belleval: C'est la même chose qu'actuellement.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
Adopté. Article 120?
M. de Belleval: C'est la même chose qu'actuellement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 120,
lorsqu'une personne cesse d'être employée dans un cabinet, elle a
droit, si elle est un fonctionnaire permanent, de requérir de l'office
qu'il procède à une nouvelle vérification de ses
aptitudes, et, par priorité, soit qu'il l'affecte dans le
ministère où elle oeuvrait, soit qu'il la mute dans tout autre
ministère ou organisme, mais à l'emploi de la fonction publique,
à la classe à laquelle correspond son classement. La nouvelle
vérification des aptitudes, comment cela va-t-il se faire, cette
déclaration d'aptitudes?
M. de Belleval: C'est l'office...
M. Pagé: Par un examen, par un contrôle oral, un
contrôle écrit...
M. de Belleval: C'est l'Office de sélection qui fait un
pareil examen.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: II le fait en vertu des règlements qu'il
adopte en ce sens. Cela peut être effectivement un simple examen de
dossier.
M. Pagé: Ah! Cela peut être simplement un examen de
dossier. Ce ne sera pas un test d'aptitudes quelconque.
M. de Belleval: C'est l'office qui va le déterminer.
M. Pagé: Parce qu'une déclaration d'aptitudes, je
pense qu'il va de soi, il est essentiel qu'il y ait...
M. de Belleval: II faut bien voir que le fonctionnaire en
question a déjà une classification.
M. Pagé: ... un contrôle quelconque.
M. de Belleval: II a déjà une classification, il
est déjà permanent. Cependant, s'il s'est passé quelques
années, il a droit, par exemple, à ses avancements
d'échelon, etc.
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: II a pu évoluer dans sa carrière.
Il a appris de nouvelles choses, etc.
M. Pagé: Oui, d'accord.
M. de Belleval: C'est l'office qui détermine cela.
M. Pagé: Lorsqu'on fait état d'une
vérification des aptitudes, je ne vois pas en quoi, je ne m'explique pas
en quoi une vérification des aptitudes de quelqu'un peut être
faite en son absence par l'analyse de son dossier faite par un tiers.
M. de Belleval: Pas nécessairement en son absence. Cela
peut prévoir des examens écrits ou oraux, si l'office le juge
utile.
M. Pagé: Ah! C'est l'office qui va déterminer tout
ça.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Pagé: Par règlement.
M. de Belleval: Par règlement, oui.
M. Pagé: Vous n'avez aucune prévision
jusqu'à maintenant.
M. de Belleval: L'office est un organisme autonome qui agira au
mieux de sa connaissance.
Le Président (M. Dussault): L'article 120 est-il
adopté?
M. Pagé: Mais, là-dessus, M. le Président,
la modification vient un peu plus loin, en ce qui concerne les dispositions
diverses et transitoires sur le temps nécessaire pour qu'un
employé d'un cabinet devienne permanent.
M. de Belleval: Tout ça est aboli.
M. Pagé: C'est aboli et celui-ci est nommé par le
ministre. Il a un statut d'occasionnel ou quoi? Il doit se présenter
à un examen?
M. de Belleval: On verra à l'article 121, si vous
voulez.
M. Pagé: Oui, mais si vous permettez, M. le
Président, on pourrait le regarder tout de suite, l'article 121. On
pourrait regarder les deux ensemble.
M. de Belleval: Si vous voulez.
M. Pagé: Sauf le présent chapitre de l'article 104,
les dispositions de la présente loi ne s'appliquent pas aux membres du
personnel d'un cabinet.
M. de Belleval: Alors, s'il s agit d'une personne qui vient de
l'extérieur de la fonction publique...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... elle a un statut, comme vous dites,
d'occasionnel ou de contractuel.
M. Pagé: Est-ce que son mandat sera limité à
six mois?
M. de Belleval: Les dispositions de la loi ne s'appliquent pas
à ce personnel.
M. Pagé: Mais la question des occasionnels, à
savoir que le maximum de temps qu'ils...
M. de Belleval: Cela ne s'applique pas à ça.
M. Pagé: ... peuvent être... Cela ne s'applique pas
aux membres d'un cabinet. Mais cette disposition sur les occasionnels, c'est en
vertu d'un règlement, ce n'est pas en vertu de la loi.
M. de Belleval: Avec la nouvelle loi, tout ça sera
géré par la Législature un point, c'est tout
et non par les autres dispositions de la loi. Autrement dit, les
règlements du ministre ne s appliquent pas du tout à ce genre de
chose.
M. Pagé: A ce genre de chose.
Alors, les personnes qui, une fois la loi adoptée, vont
être engagées à contrat, devront se qualifier à un
examen de la fonction publique...
M. de Belleval: Si elles veulent devenir fonctionnaires...
M. Pagé: D'accord.
M. de Belleval: ... elles seront sur le même pied que tous
les autres citoyens.
M. Pagé: D'accord. Elles devront avoir travaille pendant
un délai de combien de temps avant d avoir le statut de permanent?
M. de Belleval: Aucun. Elles sont considérées,
vis-à-vis de l'Office de sélection ou de promotion comme tous les
citoyens ordinaires. Si elles ne sont pas membres de la fonction publique et qu
elles veulent avoir un poste dans la fonction publique, elles devront se
présenter aux mêmes concours que tout le monde.
M. Pagé: D accord.
M. de Belleval: Et le fait qu'elles aient été dans
un cabinet ne leur donnera plus aucun avantage ou privilège.
M. Pagé: La déclaration d'aptitude ne s'appliquera
que dans les cas où l'employé sera permanent, soit parce qu'il
proviendra de la fonction publique...
M. de Belleval: D'accord.
M. Pagé: ... avant sa nomination.
M. de Belleval: Exactement.
M. Pagé: D'accord. La présente loi, cependant, ne
s'appliquera pas à la centaine de secrétaires particuliers que
vous avez nommés depuis ! election du Parti québécois.
Ceux-ci sont tous permanents.
M. de Belleval: Non, parce que je pense que ces personnes ont
été engagées selon une certaine règle du jeu. Il
est normal que la loi ne soit pas retroactive.
M. Pagé: Ces gens sont tous permanents ou presque
lorsqu'ils auront complété leur délai de...
M. de Belleval: Pas nécessairement. Cela dépendra
de ce que les ministres et les personnes en question décideront dans le
cadre de la loi actuelle.
M. Pagé: Mais, quand même, pour
résumer...
M. de Belleval: Ils auront ce privilège,
effectivement.
M. Pagé: ... le lendemain de la prochaine élection,
comme on peut présumer que le gouvernement changera, ces gens-là,
que vous avez nommés, des fonctionnaires politiques, d'autorité,
en vertu de l'article 65 ou 63 de l'ancienne loi c'est 65, si ma
mémoire est fidèle vont avoir le statut de permanent avec
toute la sécurité que ça implique.
M. de Belleval: Si le ministre qui...
M. Pagé: Et le gouvernement qui va vous
précéder...
M. de Belleval: S'ils ont été employés
pendant au moins un an...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... et qu'ils ont fait l'objet dune
recommandation de la part de leur ministre.
M. Pagé: Oui, mais on peut présumer, à moins
d'un conflit très aigu entre un ministre et son secrétaire
particulier, qui est un fonctionnaire politique, que la recommandation va
être positive. Je serais curieux de demander au ministre, jusqu'à
ce jour, depuis la formation du gouvernement, combien il y a de
secrétaires particuliers, de chefs de cabinets, de secrétaires
particuliers adjoints ou autres qui ont reçu une recommandation
négative de la part de leur ministre pour avoir le statut de
permanent.
M. de Belleval: Les dispositions de la loi s'appliqueront, vous
avez raison de le mentionner.
M. Pagé: Cela veut donc dire que tous ceux qui sont
nommés depuis le 15 novembre, une centaine environ, sont permanents,
sécurité d'emploi, toute leur vie dans la fonction publique,
fonctionnaires politiques, sans examen et autrement. Le gouvernement qui va
vous battre, les siens, ses fonctionnaires politiques, devront se conformer
à cette loi, aucune sécurité d'emploi, se présenter
à un examen, déclaration d'aptitude, simple citoyen. C'est
ça?
M. de Belleval: Y compris tous les futurs membres des cabinets
ministériels.
M. Pagé: Oui, quoiqu'ils sont déjà
très bien garnis jusqu'à maintenant.
M. le Président, je suis quand même surpris. Je
m'étonne de voir ça. Cela sonne faux un peu. Vous ne trouvez
pas?
M. Jolivet: Voulez-vous que ça s'applique pour les
vôtres avant?
M. Pagé: Vous ne trouvez pas que ça sonne un peu
faux?
M. de Belleval: C'est la loi qui s'applique depuis, je pense...
(22 h 45)
M. Pagé: Cette loi s'applique depuis 1964, 1965.
M.Jolivet: Depuis 1964.
M. Lacoste: Voulez-vous faire une loi rétroactive?
M. Pagé: Des lois rétroactives, vous êtes
habitués d'en faire. Vous en avez fait une pour Val-Martin. Vous avez
voulu, l'année dernière, en faire une pour l'Université de
Sherbrooke, etc. Il y a bien des lois rétroactives que vous avez
faites.
Je voudrais poser seulement une question avant de passer à autre
chose. Combien y a-t-il de fonctionnaires politiques qui ont été
nommés depuis le 15 novembre 1976?
M. de Belleval: La question a déjà
été posée à l'Assemblée nationale. Je n'en
connais pas la réponse, M. le Président.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. Le ministre
de la Fonction publique ne sait pas combien il y a de membres...
M. de Belleval: Je n'ai aucune autorité
là-dessus.
M. Pagé: Vous n'êtes quand même pas le
moindre, vous êtes concerné par ces questions.
M. de Belleval: La question a déjà
été posée au feuilleton, il y a eu une réponse de
donnée, je ne connais pas cette réponse.
M. Pagé: Si, par surcroît, vous proposez
l'amendement, politisé comme vous l'êtes, politicien même...
C'est politique de faire en sorte que ceux qu'on a nommés je
parle de ceux que vous avez nommés soient permanents, aient la
sécurité d'emploi, c'est beau, ad vitam aeternam, pour le restant
de leurs jours.
M. Jolivet: Comme c'était dans le passé.
M. Pagé: Oui, mais pourquoi ne le restez-vous pas? Vous
allez vous faire battre aux prochaines élections et la centaine de gars
que vous aurez nommés auront le statut de permanents et le gouvernement
libéral qui va vous battre n'aura pas le droit de nommer ses
fonctionnaires...
M. Jolivet: Arrêtez donc de charrier. Le
Président (M. Dussault): A l'ordre!
M. Pagé: Oui, M. le Président, rappeliez vos
collègues ministériels à l'ordre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, le président fait son travail, c'est ce qu'il faisait, et je
ne vois pas pourquoi vous me demandez de le faire.
M. Pagé: M. le Président, c'est parce que je veux
ajouter ma voix à la vôtre.
Le Président (M. Dussault): Je n'en ai pas besoin, M. le
député de Potneuf.
M. Pagé: M. le Président, je prends vos remarques
avec beaucoup de réserve.
M. de Belleval: Est-ce que l'article 120 sera adopté, M.
le député?
M. Pagé: M. le Président, je pose une
dernière question au ministre. Combien y en a-t-il? Vous êtes
ministre de la Fonction publique, vous présentez vous-même un
amendement, vous savez combien il y a de personnes dans un cabinet de ministre.
Combien y a-t-il de personnes qui, depuis le 15 novembre, jouissent d'une
permanence?
M. de Belleval: J'ai déjà indiqué au
député de Portneuf que je ne savais pas cette réponse. Ou
bien j'ai raison...
M. Pagé: Est-ce que vous savez combien vous avez de
collègues au Conseil des ministres?
M. de Belleval: Est-ce que vous prenez ma parole que je ne
connais pas cette réponse?
M. Pagé: D'accord, c'est possible; quoique cela me
surprend, vous devriez le savoir. Combien êtes-vous de ministres au
Conseil des ministres, 24,26? Il s'en ajoute régulièrement, mais,
quand même, combien y en a-t-il?
M. de Belleval: Là encore...
M. Pagé: Vous êtes membre du conseil et vous ne
savez pas cela!
M. de Belleval: II y a un tas de choses qui m'encombrent le
cerveau. J'essaie de me garder le plus d'espace libre possible de programmes
dans mon petit ordinateur qui est mon meilleur ami pour des choses plus
importantes que celles-là.
M. Pagé: Vous ne savez pas combien il y a de ministres
dans le gouvernement du Parti québécois et vous en êtes.
Cela est décevant! Cela est surprenant.
M. Jolivet: Presque autant que vos députés.
M. Pagé: Prenons 26, une moyenne de cinq
secrétaires, cela fait quand même 130 personnes qui viennent
d'acquérir la permanence et le gouvernement qui va vous succéder,
dans un avenir de plus en plus rapproché, ses fonctionnaires politiques
seront privés d'avantages et de droits acquis par la
Loi de la fonction publique, tels qu'elle les prévoit
actuellement à 65. C'est bon pour vous autres, mais ce n'est pas bon
pour les autres. C'est simplement cela que cela veut dire.
M. de Belleval: Le prochain gouvernement, dans 20 ans, pourra
toujours changer la loi.
M. Pagé: Est-ce que vous accepteriez une
rétroactivité de l'article 120 au 15 novembre 1976? Vous en avez
déjà passé des lois rétroactives. Rappelez-vous de
Val-Martin. Si vous voulez être conséquent, vous qui plaidez
je présume que c'est fait... Vous parlez d'aptitudes, vous ne
parlez pas de patronage ni de nominations politiques et vous nous
présentez un article comme celui-là. Ce n est cependant pas bon
pour vous autres, c'est bon juste pour les autres. Si vous voulez être
conséquent, le ministre de la Fonction publique nous parle souvent de sa
cohérence, de sa logique, soyez-le. On serait peut-être
disposé à analyser la possibilité de voter en faveur d'un
amendement qui ramènerait l'applicabilité de l'article au 16
novembre 1976...
M. Perron: Vous avez bien dit le 16 novembre 1976?
M. Pagé: 15 novembre, 16 novembre, vous avez pris le
pouvoir le 22 novembre. Vous n'êtes pas disposés à
cela?
M. Perron: Vous avez bien dit le 16 novembre!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Duplessis, vous m'avez demandé la parole. Etes-vous en train d'exercer
ce droit?
M. Perron: Non, je n'ai pas le droit. M. Pagé: M.
le Président.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 120 est
adopté?
M. Alfred: Adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président, tous ces
employés ne sont pas syndiqués non plus. Je suppose que la raison
en est qu'ils sont très bien rémunérés. Ils n'ont
pas besoin des syndicats pour établir leur...
M. de Belleval: Les ministres non plus ne sont pas
syndiqués.
M. Saint-Germain: Ils sont très bien
rémunérés, si ce n'est que cela.
M. Pagé: Oui, vous avez eu une augmentation très
sensible, vous êtes à $59 000 ou $60 000. C'est $13 000 que vous
avez eus depuis l'année dernière. A ce montant, je pense que vous
n'avez pas besoin d'être syndiqués.
M. de Belleval: L'article 120 est-il adopté?
M. Pagé: Adopté sur division. M. de Belleval:
121 aussi? M. Pagé: M. le Président...
M. Saint-Germain: Mais les simples députés, il
faudrait qu'ils soient syndiqués!
Le Président (M. Dussault): L'article 120 est
adopté sur division. L'article 121 est-il adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Dussault): Adopté.
Dispositions diverses, transitoires et finales
J'appelle l'article 122.
M. Pagé: A l'article 122, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. de Belleval: A l'article 122, j'aurais un amendement, M. le
Président.
M. Pagé: Nous aussi, M. le Président.
M. de Belleval: C'est peut-être le même.
M. Pagé: Les grands esprits se rejoignent?
M. de Belleval: Où est-il le fichu amendement?
M. Pagé: Si vous n'avez pas le vôtre, j'ai le
mien.
M. de Belleval: Si vous voulez...
Le Président (M. Dussault): il a
préséance.
M. de Belleval: Où est-il?
M. Pagé: Le ministre cherche des amendements de la
même teneur que les miens, c'est inquiétant. Vous auriez dû
adopter cette position-là avant.
M. de Belleval: Alors, M. le Président, l'amendement que
je propose à l'article 122 se lirait de la façon suivante: a)
à la deuxième ligne du premier alinéa, en
remplaçant le chiffre 54 par le chiffre 55; b) à la
première ligne du deuxième alinéa, en remplaçant le
chiffre 54a par les chiffres et mots suivants "55a sous réserve de
l'article 55,"; c) à la première ligne du troisième
alinéa, en ajoutant, après le mot "secrétaire", le mot
"général"; d) à la troisième ligne du
troisième alinéa, en remplaçant les mots "dirigeant
d'organisme " par le mot "sous-ministre".
M. Pagé: M. le Président, cela vise quoi? La
même chose que moi? Que le secrétaire de l'Assemblée
nationale est le sous-ministre de cet organisme...
M. de Belleval: Exactement.
M. Pagé: II a le statut de sous-ministre.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Pagé: Parce que, M. le Président, on se
rappellera qu'à 122, dans l'article tel que rédigé dans la
formule initiale, il était dit: Le secrétaire de
I'Assemblée nationale exerce, à l'égard de ce personnel,
les pouvoirs que la Loi sur la fonction publique attribue au dirigeant
d'organisme. Alors, M. le Président, je ne m'expliquais pas, un peu
comme le ministre, qu'on confère un pouvoir à une Dersonne qui
occupe un poste quelconque donné et qu'on ne lui confère pas le
statut en même temps. Ne croyez-vous pas, M. le ministre, que cela
prévoirait une modification à l'article 1?
M. de Belleval: Non. Je crois qu'à ce moment-là, ce
serait la Loi de la législature que l'on pourrait amender et ce serait
plus approprié, j'ai l'impression. Parce que vous savez,
l'Assemblée nationale comme telle n'est pas un ministère. Si on
veut créer un ministère ou l'équivalent de
l'Assemblée nationale, je pense que ce serait par la Loi de la
législature qu'on devrait le faire.
M. Pagé: Mais quand même, M. le Président, le
ministre conviendra que l'Assemblée nationale, dans son
administration... D'abord, il y a une fiction légale qui s'est
dégagée par la coutume et qui veut que le président de
l'Assemblée nationale ait le statut de ministre.
M. de Belleval: Oui, mais il n'y a pas de ministère comme
tel.
M. Pagé: D'accord, j'en conviens, mais le président
de l'Assemblée nationale a un statut de ministre; d'autre part,
l'Assemblée nationale est une entité quand même très
importante, dans le sens que c'est là que s'exprime toute la population
par le biais de ses députés, avec tout ce que cela implique en
termes d'administration et tout cela. Je conviens qu'avec l'administration et
le style d'administration, l'orientation administrative qui est donnée
à l'Assemblée nationale depuis quelques années, le
secrétaire général de cette Assemblée a, somme
toute, les pouvoirs ou devait avoir ou devrait avoir les pouvoirs d'un
sous-ministre.
M. de Belleval: Est-ce que vous suggéreriez qu'on demande
l'article 1?
M. Pagé: On pourrait l'inclure aussi.
M. de Belleval: Je vais vous faire plaisir. Si vous proposez un
amendement, je vais l'accepter.
M. Pagé: On pourrait suspendre les travaux pendant
quelques minutes, le temps que je prépare mon amendement, si c'est
opportun.
M. de Belleval: Non, je vais vous en proposer un si vous
voulez.
M. Pagé: Pourquoi ne le présentez-vous pas?
M. de Belleval: Si vous voulez, on va continuer avec le projet de
loi et on reviendra là-dessus. Je suis tout à fait d'accord avec
le député de Portneuf.
M. Pagé: D'accord, je vais continuer. Vous savez, il y a
peut-être le fait que l'Assemblée nationale n'est pas un
ministère, mais, si on compare les tâches... Je voudrais bien,
entre autres, comparer la tâche du secrétaire
général de l'Assemblée nationale avec la tâche du
sous-ministre de la Fonction publique, du sous-ministre des Consommateurs ou
autres. Ce sont des tâches qui sont sensiblement de même envergure.
Cependant, j'aimerais demander au ministre s'il envisage... Autant un
sous-ministre a des sous-ministres adjoints dans son ministère, autant
je crois que le secrétaire général a un ou sera
peut-être appelé à avoir des secrétaires adjoints
éventuellement. Est-ce que le secrétaire adjoint de
l'Assemblée nationale aura éventuellement le statut de
sous-ministre adjoint?
M. de Belleval: Si son acte de nomination prévoit un tel
statut.
M. Pagé: Je suis d'accord pour que le secrétaire
adjoint soit nommé par arrêté en conseil sur proposition du
premier ministre. Alors, si on se comprend bien, avec l'amendement
proposé, vous envisagez que, si le secrétaire adjoint de I
Assemblée nationale est nommé, si son acte de nomination, soit
son arrêté en conseil, prévoit qu'il a le statut de
sous-ministre, il pourra avoir le statut de sous-ministre adjoint en vertu de
la loi de la fonction publique. C'est bien ça?
M. de Belleval: On ne parle pas des secrétaires adjoints
à l'article 122.
M. Pagé: Non, mais je me pose la question, parce qu'autant
je souscris au principe que le secrétaire général de
l'Assemblée nationale doit avoir le statut de sous-ministre, si on veut
respecter la coutume et la pratique voulant que le secrétaire
général est le sous-chef du président de
l'Assemblée nationale qui, par la coutume, a le statut de ministre,
autant je ne vois pas en quoi le secrétaire général
adjoint n'aurait pas le statut de sous-ministre adjoint et ce, même si ce
statut est conféré par l'acte de nomination.
M. de Belleval: Je n'ai pas d'objection. M. Pagé:
Alors, c'est quoi, c'est oui? M. de Belleval: C'est oui, si vous
voulez.
M. Pagé: Ecoutez, ce n'est pas la question si je veux ou
si je ne veux pas, je vous demande si le se- crétaire
général va avoir le statut de sous-ministre. On y souscrit,
parfait, il est temps que ça se fasse, premièrement.
Deuxièmement, au sujet du secrétaire général
adjoint, vous dites: Si vous voulez, il va l'avoir. Ce n'est pas moi qui vous
le demande. Je vous dis: Est-ce qu'il l'a en vertu de la loi ou s'il ne l'a
pas? Selon moi, il devrait l'avoir.
M. de Belleval: Ecoutez, si vous voulez, je ferai examiner cette
question par le légiste et nous pourrons revenir avec un amendement en
troisième lecture ou d'ici la fin de la séance?
M. Pagé: On pourra, d'ici la fin de la séance, le
faire, de préférence.
M. de Belleval: D'accord. On pourrait aller à l'article
123.
M. Pagé: L'article 122, on passe outre. On va à
l'article 123.
Le Président (M. Dussault): Donc, on suspend l'article
122...
M. Brochu: Est-ce qu'on suspend aussi I amendement proposé
par le ministre?
Le Président (M. Dussault): Oui. c'est implicite, M. le
député de Richmond.
M. de Belleval: On reviendra avec ça.
Du personnel du lieutenant-gouverneur
Le Président (M. Dussault): Article 123.
M. de Belleval: C'est la même chose qu actuellement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 123 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault) : Adopté. Article
124.
M. Pagé: Notre gouverneur...
M. de Belleval: La même chose, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, l'article 124
prévoit... C'est la même chose en quoi, M. le ministre?
M. de Belleval: Non, d'accord, je vous laisse parler.
M. Pagé: Larticle 124...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé:... prévoit les exclusions, je ne
reprendrai pas les dispositions du premier paragraphe de l'article qui sont
restées ardues en termes d'amen-
dements et d'amendements par-dessus amendements. M. le Président,
on a beaucoup d'exclusions dans la fonction publique, à plusieurs
chapitres, que ce soit... ici, c'est défini. "Troisièmement, les
fonctionnaires du gouvernement dont l'emploi est de caractère
confidentiel au jugement du Tribunal du travail ou aux termes d'une entente
liant le gouvernement et les associations accréditées. Tel est
l'emploi d'un conciliateur du ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre, d'un agent d'accréditation ou d'un commissaire du
travail, d'un membre du personnel du Conseil exécutif, du Conseil du
trésor, du Vérificateur général, du
ministère de la Fonction publique, de la Commission de lafonction
publique, de l'Office de recrutement de la sélection du personnel de la
fonction publique, du Cabinet des ministres, des sous-ministres, des membres du
personnel dans un ministère ou un organisme du gouvernement faisant
partie du service du personnel ou d'une direction du personnel." Cela fait pas
mal de monde.
M. de Belleval: C'est ce qui existe actuellement. M.
Pagé: Le pourcentage est de combien?
M. de Belleval: Moins de 10% des fonctionnaires.
M. Pagé: Moins de 10%. Cela voudrait dire combien de
fonctionnaires environ?
M. de Belleval: Environ 3000, à peu près. M.
Pagé: 3000 fonctionnaires.
M. Brochu: Tous les membres du personnel de la fonction publique
sont exclus?
M. de Belleval: Du ministère de la Fonction publique,
oui.
M. Brochu: Au complet.
M. de Belleval: Oui.
M. Saint-Germain: Les dactyloraphes...
M. de Belleval: Oui, oui.
M. Saint-Germain: ...même s'ils font les travaux les plus
humbles.
M. Brochu: Mais pourquoi?
M. de Belleval: C'est la situation actuelle, la loi ne change
rien de ce côté. Ce sont des employés qui travaillent dans
le ministère qui est responsable de la gestion même des relations
de travail et du personnel de la fonction publique.
M. Brochu: Mais là-dedans, il me semblait y avoir des
objections majeures.
M. de Belleval:... l'employeur.
M. Brochu: Oui. Il me semblait y avoir eu des revendications
majeures de la part des fonctionnaires provinciaux. Dans le mémoire
qu'ils ont présenté, quand je regarde à la page 13,
concernant l'article 124, et je cite: "Comment concevoir que le ministre de la
Fonction publique ne tienne pas compte des constatations de la commission
Martin qui considère "que les limitations apportées au statut de
salarié, en raison de l'exercice de fonctions confidentielles, ne
devraient pas être utilisées pour priver
inconsidérément un fonctionnaire de son droit à la
syndicalisation. La commission estime en particulier que l'exclusion expresse
de tous les employés du ministère de la Fonction publique est un
excès. Comment admettre que tous les fonctionnaires de ce
ministère représentent l'employeur dans ses relations avec ses
salariés ou qu'ils ont accès à des données de
nature à les placer en conflit d'intérêts?" (23 heures)
II continue en disant: "La commission devrait donc recommander que soit
modifié le troisième paragraphe", il donne la modification qui
doit avoir lieu et il continue: "D'ailleurs le critère de
confidentialité n'existe qu'au gouvernement et le projet de loi nous
enlève des membres puisque le gouvernement, plutôt que d'amender
la loi, aurait pu en appeler de la décision du Tribunal du travail,
comme dans le cas de Gaétan Rosa qui syndicali-sait les membres du
service du personnel".
Et finalement, il pose la question: "Pourquoi le gouvernement actuel
doit-il adopter le même comportement que les gouvernements
précédents en changeant des règles du jeu lorsque des
décisions lui sont défavorables? "
En regardant ce mémoire et lorsque je regarde l'article de la loi
tel que rédigé, je me dis qu'il y a sûrement des questions
qui se posent à ce sujet.
M. de Belleval: La recommandation du rapport Martin-Bouchard se
situait dans l'optique d'une autre recommandation qu'ils faisaient, indiquant
que ce soit le Conseil du trésor, à l'avenir, qui soit le
ministère employeur, et non plus le ministère de la Fonction
publique.
Toutefois, comme vous le savez, en vertu du projet de loi 55, nous
n'avons pas retenu cette recommandation qui centralisait
énormément les responsabilités de l'Etat employeur entre
les mains du Conseil du trésor et nous avons décidé de
maintenir le statut de ministère employeur pour le ministère de
la Fonction publique. Nous avons donc maintenu le statu quo.
M. Brochu: Tel que cela existait avant.
M. Pagé: Le ministre invoque encore la refonte de la loi.
Pourquoi le ministre n'a-t-il pas opté pour l'avenue selon laquelle ce
serait le Tribunal du travail qui déterminerait les exclusions
possibles, plutôt que d'en faire état dans la loi? Vous savez, la
secrétaire sténodactylo, au ministère de la Fonction
publique, c'est aller loin pas mal pour invoquer le fait qu'elle ne peut
être syndiquée. Le
caractère confidentiel de la fonction, vous savez, cela laisse
place à de l'interprétation.
Les travailleurs qui font face à un litige
d'interprétation de la partie patronale et de la partie syndicale sont
obligés de s'en aller devant le Tribunal du travail. A ce
moment-là, plutôt que d'obliger l'initiative de la personne
visée ou encore de la partie patronale vers le Tribunal du travail,
pourquoi ne pas, à partir des listes d'effectifs, à partir des
descriptions de tâches, à partir de toute la gamme
d'éléments nécessaires pour juger si, dans
l'intérêt public, une personne doit être exclue ou non,
pourquoi ne pas soumettre tout cela au Tribunal du travail et déterminer
les exclusions à partir de la recommandation du Tribunal du travail? Ce
serait le procédé à rebours, mais ce serait certainement
moins compliqué pour tous et chacun, selon moi.
M. de Belleval: Ce serait effectivement plus compliqué
pour tous et chacun.
M. Pagé: Ce serait moins compliqué.
M. de Belleval: Ce serait plus compliqué. C est pour cela,
d'ailleurs, que la loi, que le législateur de 1965 a voulu
rédiger cet article de loi.
M. Pagé: Oui, mais le législateur, depuis 1965, a
pris de la maturité, en termes d'application des lois. C'était la
première version à ce moment-là.
M. de Belleval: M. Lesage va être content d'entendre
cela.
M. Pagé: Non. Tout le monde conviendra que la Loi de la
fonction publique s'appliquait au début. Et avec les années et le
fait de vivre dans le cadre de cette loi, je suis convaincu que...
M. de Belleval: Je ne comprends pas le député de
Portneuf de vouloir changer des articles de loi qui ont établi un mode
de fonctionnement régulier, qui est un facteur de clarification des
règles du jeu dans cette matière, pour introduire des nouvelles
dispositions qui ne seraient que de nature à perturber le fonctionnement
du système.
M. Pagé: Ce serait aussi clair si le Tribunal du travail
disait: Cela, ça l'est; cela, ça l'est, etc.
M. de Belleval: C'est un point de vue, M. le Président. Je
ne dis pas que son point de vue est dénué de toute
rationalité. Pas du tout.
M. Pagé: Oui.
M. Saint-Germain: II y a une multitude de gens au niveau du
ministère de la Fonction publique qui font leur travail comme cela se
fait partout ailleurs. Ce ne sont pas tous les gens qui ont des
responsabilités et des décisions à prendre. Ce ne sont pas
tous des gens qui sont autorisés à parler au nom du
ministère.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec le député de
Jacques-Cartier, mais il sait très bien, pour avoir travaillé au
sein d'administrations complexes, que justement, à cause de la
complexité des tâches, des affectations multiples des
employés, en pratique, tout cela donnerait lieu à des conflits
d'interprétation interminables et que le système actuel, de ce
point de vue, a le mérite de la clarté, de la
simplicité.
M. Saint-Germain: C'est clair, on n'accepte personne. Cela ne
peut pas être plus clair.
M. de Belleval: Je pense bien que le syndicat des fonctionnaires
ne manque pas d'adhérents.
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez nous donner la
ventilation du nombre d'employés affectés par service?
M. de Belleval: Dans le cas du ministère de la Fonction
publique, c'est 300 personnes.
M. Pagé: Je suis d'accord, mais...
M. de Belleval: En tout et partout, peut-être une centaine
d'employés qui tombent dans l'aire...
M. Pagé: C'est 10% du 10%. Vous avez dit tantôt
qu'il y en avait 3000 qui étaient...
M. de Belleval: II y a le Conseil du trésor, le
Conseil exécutif...
M. Pagé: Est-ce que ce serait possible de nous en faire
parvenir une copie? Le projet de loi ne sera pas adopté avant la fin de
la semaine, peut-être même pas avant la fin de la session.
M. de Belleval: On pourra vous en envoyer une copie.
M. Pagé: Peut-être pas au moment du rapport, mais au
moment de la troisième lecture vous pourriez déposer ce document
pour notre information.
M. de Belleval: D'accord. M. Pagé: Vous en
convenez.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 124 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 125.
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 125 est
adopté.
M. Pagé: Pas trop vite, M. le Président.
L'arti-
de 125, le pouvoir du ministre, du sous-ministre, très bien on
pourra en faire écho tantôt, lors de l'amendement proposé
par le ministre à l'article 122.
Le Président (M. Dussault): Adopté? M.
Pagé: Oui.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 126.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Article 126, adopté.
Article 127?
M. Saint-Germain: Vous allez vite, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'y vais au rythme de vos
collègues, M. le député.
M. Saint-Germain: L'article 125.
M. de Belleval: On est rendu à l'article 127, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Brochu: On est à l'article 127, oui.
M. Saint-Germain: Vous les avez tous passés très
vite.
M. de Belleval: On s'excuse.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on peut revenir pour une
question?
M. de Belleval: Oui, si vous avez une question.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Jolivet: Une bonne question, par exemple. M. Pagé:
Voulez-vous en poser une?
M. de Belleval: Le député de Jacques-Cartier a le
droit de poser de mauvaises questions comme tout le monde.
M. Pagé: Pour le bénéfice du journal des
Débats, M. le Président, le ministre regardait la majorité
ministérielle, je crois.
M. de Belleval: Non, je regardais à gauche.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cet article fait disparaître les
sous-ministres associés au ministère de l'Education, ai-je
raison?
M. de Belleval: Non. Il faut le lire en corrélation avec
l'article 1 qui dit que sont sous-ministres les ministres associés du
ministère de l'Education. Article 1, paragraphe h ou paragraphe v.
M. Jolivet: Mauvaise recherche. M. Saint-Germain: On
garde...
M. Pagé: Amende honorable, le député de
Jacques-Cartier n'a pu être ici au début de nos travaux.
M. de Belleval: Mais c'est une bonne question que le
député de Jacques-Cartier pose.
Une Voix: Vous avez remarqué cela.
M. Saint-Germain: On garde pour les écoles catholiques et
les écoles protestantes les sous-ministres de chaque croyance
religieuse.
M. de Belleval: C'est cela, comme sous-ministres.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 127.
M. Jolivet: II était adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article
128?
M. Jolivet: Adopté. M. Pagé: Un instant!
Une Voix: Adopté.
M. Pagé: Le ministre de la Fonction publique est exclu du
Conseil du trésor.
M. de Belleval: Pardon?
M. Pagé: II y avait une coutume voulant que le ministre de
la Fonction publique soit vice-président du Conseil du
trésor.
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'il y a eu il y a
une coutume un ministre de la Fonction publique qui était
effectivement vice-président du Conseil du trésor.
M. Pagé: Vous l'avez été vous aussi? M.
de Belleval: Je l'ai été aussi, oui. M. Pagé:
Cela fait deux? M. de Belleval: Cela fait deux.
M. Pagé: Bon. il est bon, il y en a eu un et cela fait
deux.
M. le Président, parlons pour demain... Evi-
demment, on ne siégeait pas au Conseil des ministres lorsque ces
discussions ont eu lieu, à savoir qui devait aller siéger au
Conseil du trésor comme vice-président. Est-ce le ministre de la
Fonction publique? Est-ce le ministre d'Etat à l'aménagement?
Est-ce le ministre le plus en disponibilité qui plutôt que de
devoir se ronger les pouces était envoyé au Conseil du
trésor siéger pour faire quelque chose? A l'avenir, cela va
marcher comment tout cela? Est-ce que ce sera encore le ministre...
M. de Belleval: Les nominations au Conseil du trésor sont
discrétionnaires. Il n'y a pas de règles pour nommer les
ministres au Conseil du trésor. C'est un comité du cabinet. Le
premier ministre peut y nommer qui il veut.
M. Pagé: J'en conviens. Ne pouvez-vous pas le
prévoir dans la loi?
M. de Belleval: Ce serait la Loi de l'administration
financière qu'il faudrait amender.
M. Pagé: C'est cela, oui, pour faire en sorte que le
ministre de la Fonction publique ne siège pas au Conseil du
trésor parce que le Conseil du trésor a un pouvoir
réglementaire, le ministre en a, l'office en a. Tout cela est
interrelié. Il pourrait y avoir un conflit d'intérêt.
M. de Belleval: Tous les ministres sont membres d'office au
Conseil du trésor, de toute façon.
M. Pagé: De sous-comités du Conseil du
trésor.
M. de Belleval: Non, y compris du Conseil du trésor. Ils
peuvent venir au Conseil du trésor en tout temps.
M. Brochu: Le député de Portneuf amène la
question du conflit d'intérêt...
M. Pagé: Bien oui.
M. Brochu: ... d'avoir la double fonction.
M. de Belleval: Tout notre régime de cabinet
ministériel repose sur la collégialité. Tous les
ministres...
M. Pagé: ... le ministre, c'est...
M. de Belleval: Est-ce que je peux continuer?
M. Pagé: Allez-y, continuez.
M. de Belleval: Tous les ministres sont cores-ponsables de toutes
les décisions...
M. Pagé: De tous les ministres.
M. de Bellval: ... du Conseil des ministres et de toutes les
décisions de tous les comités du Conseil des ministres.
M. Brochu: Au Conseil du trésor on ne trouve pas tous les
règlements adoptés par tous les autres ministères?
M. de Belleval: Que le ministre soit membre d'office ou qu'il y
soit nommément désigné par le premier ministre, il est
coresponsable des décisions du Conseil du trésor. Dans ce sens,
il est en conflit permanent d'intérêts, si un tel conflit
d'intérêts existait, mais il n'y en a pas puisque, de toute
façon, la règle est que tous les ministres sont...
M. Brochu: Mais ils ne siègent pas là, comme tels,
au Conseil du trésor.
M. de Belleval: Ils n'y siègent pas nommément, mais
ils sont tous membres de l'Office du Conseil du trésor.
M. Brochu: Dans le fond, la nuance que vous faites est
plutôt théorique que pratique.
M. de Belleval: C'est ce que je dis. Cela ne sert à rien
de faire des chicanes là-dessus puisque, de toute façon, ils sont
tous membres du Conseil du trésor.
M. Brochu: Non, c'est-à-dire que la nuance que vous
apportez pour répondre, c'est elle qui est théorique. C'est votre
réponse que je veux.
M. de Belleval: Un ministre ne peut pas être exclu du
Conseil du trésor, par définition, ce serait la règle de
la responsabilité ministérielle qui serait mise en cause,
à ce moment-là. Cela ne se peut pas. Tous les ministres sont
responsables de toutes les décisions du Conseil des ministres ou des
comités du Conseil des ministres. On ne peut pas les exclure.
M. Brochu: M. le Président, vous conviendrez avec moi que
ça donne lieu à une drôle de situation quand même, ce
qui n'était pas le cas avant.
M. de Belleval: Non, c'est le principe de la...
M. Brochu: Puisque là, vous lui transportez des pouvoirs
nouveaux...
M. de Belleval: ... responsabilité ministérielle
qui est comme ça.
M. Pagé: Vous ne pensez pas, M. le Président, ne
convenez-vous pas que... D'abord, c est la première fois qu'on
confère au Conseil du trésor un pouvoir d'approbation d'un
règlement présenté par un ministre.
M. de Belleval: Non, il y a d'autres ministres qui ont des
pouvoirs de réglementation dont les règlements sont
approuvés par le Conseil du trésor ou par le Conseil des
ministres...
M. Pagé: Mais ça, c'est différent.
M. de Belleval: Ce n'est pas différent en termes
juridiques.
M. Pagé: Le Conseil du trésor est
habilité...
M. de Belleval: II approuve des règlements au nom du
Conseil des ministres...
M. Pagé: Oui.
M. de Belleval: ... son autorité est
déléguée du Conseil des ministres.
M. Pagé: Généralement, avant le projet de
loi 50, un règlement était soumis au Conseil du trésor.
Là, il doit être approuvé par le Conseil du trésor,
par surcroît le Conseil du trésor a ses propres
règlements.
M. de Belleval: II y a d'autres règlements.
M. Pagé: Le Conseil du trésor, dans cette loi, a un
pouvoir de réglementer.
M. de Belleval: II a un pouvoir réglementaire propre et il
a un pouvoir d'approbation des règlements. Ce pouvoir, il l'avait
déjà à l'égard de différents ministres qui
ont des pouvoirs semblables.
M. Pagé: Oui, mais vous aviez, je conviens qu'exclure le
ministre de la Fonction publique, en vertu de la Loi d'administration
financière du Conseil du trésor, remettrait en cause le principe
de la responsabilité ministérielle.
M. de Belleval: C'est évident.
M. Pagé: Mais vous allez convenir que vous vous
créez un problème de conflit d'intérêts en donnant
un tel pouvoir au Conseil du trésor.
M. de Belleval: II ne peut pas y avoir de conflit
d'intérêts...
M. Pagé: Bien oui.
M. de Belleval: ... puisqu'en vertu de la responsabilité
ministérielle, qu'il en soit membre, nommément ou pas, il est
coresponsable.
M. Pagé: Oui, et puis!
M. de Belleval: Alors, il n'y a pas moyen de l'exclure, à
moins de changer tout le principe de la responsabilité
ministérielle.
M. Pagé: J'en conviens qu'il n'y a pas moyen de l'exclure,
mais ce n'est pas ce que je vous demande.
M. de Belleval: Ah bon! d'accord.
M. Pagé: Je vous dis qu'il peut y avoir un conflit
d'intérêts.
M. de Belleval: Je ne vois pas en quoi, mais en tout cas.
M. Pagé: Le Conseil du trésor adopte une position
sur un règlement donné. Le ministre de la Fonction publique
adopte un règlement sur les mêmes sujets.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Les deux n'ont pas les mêmes
prévisions.
M. de Belleval: Bien non.
M. Pagé: Pour vous, ça se règle au Conseil
des ministres.
M. de Belleval: Ecoutez, c'est la règle qui joue dans
toutes les circonstances, sur tous les sujets, quels qu'ils soient, de ce
côté. Un ministre qui n'est pas satisfait d'une décision du
Conseil du trésor, quelle qu'elle soit, peut toujours en appeler
à l'arbitrage final du Conseil des ministres.
M. Pagé: J'en conviens, c'est quand même...
L'arbitrage final du Conseil... c'est soumis au Conseil des ministres,
discuté tout simplement, il n'y a pas de mécanisme d'appel comme
tel.
M. de Belleval: Non, c'est un arbitrage normal qui existe dans
une direction collégiale. C'est de la nature même de la direction
collégiale.
Est-ce que cet article sera adopté, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): L'article 128 est-il
adopté, M. le Président?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article
129.
M. de Belleval: J'aurais un amendement, M. le Président,
à l'article 129. Je propose que cet article soit amendé de la
façon suivante: A), aux deuxième et troisième lignes du
premier alinéa en remplaçant les mots: "l'insertion après
le deuxième alinéa, du suivant ", par les mots "le remplacement
du deuxième alinéa par les suivants", B), après le premier
alinéa, par l'addition de l'alinéa suivant: "Sous réserve
du premier alinéa, le directeur adjoint, ainsi que les autres
fonctionnaires et employés nécessaires à la bonne
administration des services de protection de l'environnement sont nommés
et rémunérés suivant la loi de la Fonction publique"
(1978, chapitre, insérez ici le numéro du chapitre du projet de
loi no 50); C), à la première ligne du deuxième
alinéa, par le remplacement des mots" au sujet "par les mots", à
l'égard"; C), à la quatrième ligne du deuxième
alinéa, par le remplacement des mots "dirigeant d'organisme", par le mot
"sous-ministre".
Le but de cet amendement est, là encore, de rendre plus
cohérent le statut du directeur des services de protection de
l'environnement en faisant non pas un dirigeant d'organisme, mais un
sous-ministre comme il se doit et en prévoyant le statut du directeur
adjoint des autres fonctionnaires. C'est un simple amendement de concordance.
(23 h 15)
Le Président (M. Dussault): Je reçois cet
amendement, M. le ministre. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, non pas sur la
recevabilité de l'amendement, mais je voudrais demander au ministre si
c'est une façon de concrétiser un voeu qui est chéri
depuis longtemps par un des membres du cabinet, soit le ministre
délégué à l'environnement...
M. de Belleval: Non, M. le Président, il faudra pour
ça...
M. Pagé: ... qui se bat depuis longtemps au sein du
Conseil des ministres qui en appelle même à la population pour
faire pression auprès du premier ministre...
M. de Belleval: Non, M. le Président. Est-ce que je peux
répondre?
M. Pagé: Laissez-moi compléter, j'arrive à
ma question. Le ministre délégué à l'environnement,
qui n'a pas de ministère...
M. de Belleval: J'ai compris, elle a été
posée. M. Pagé: ... qui a un mandat sans sou... M. de
Belleval: D'accord.
M. Pagé: ... et qui crie de tous bords, tous
côtés, qui fait appel à la population pour que celle-ci
fasse pression auprès du cabinet et particulièrement
auprès du premier ministre, en écrivant au premier ministre,
demandant la création d'un ministère de l'environnement. Je
conviens que le député, M. Léger, le ministre
délégué à l'environnement, le député
de Lafontaine, a des pouvoirs très, très limités et une
autorité très, très limitée, même si selon
moi, il a plus de mérite parce que c'était l'organisateur en chef
du PQ. il aurait dû, selon moi, avoir un plus gros ministère que
ça. Quand même...
M. le Président, si on se réfère à la
règle du mérite, il aurait mérité un plus gros
ministère que ça. Pauvre gars, il se ramasse pas de
ministère et il se bat pour en avoir un.
Le Président (M. Dussautt): M. le
député de Portneuf...
M. Pagé: M. le Président, ma question...
Le Président (M. Dussault):... puis-je vous rappeler
à la pertinence, s'il vous plaît.
M. Pagé: ... est-ce que c'est un moyen
détourné, pour le ministre, pour le Conseil des ministres, pour
le cabinet, de créer un ministère de l'environnement?
M. de Belleval: Non, M. le Président, puisqu'il faudrait
pour ça un amendement en bonne et due forme, un projet de loi en bonne
et due forme créant le ministère de l'Environnement. Dans ce cas,
il s'agit simplement de confier au directeur de I'environnement les fonctions
et statuts de sous-ministre.
M. Pagé: L'amendement a été adopté,
l'article est adopté...
Le Président (M. Dussault): L'amendement est
adopté.
M. Pagé: ... mais on constate cependant qu il y aura un
sous-ministre, mais pas de ministre et ce, comme c'est la coutume de
l'Assemblée nationale.
M. de Belleval: il y a un ministre en vertu de la Loi de la
Législature.
M. Pagé: Oui, mais sans ministère.
M. de Belleval: La loi de l'exécutif. D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 129, tel
qu'amendé, est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article
130.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 130,
le président est membre de la Commission de la fonction publique
instituée par la présente loi. D'accord.
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 130 est
adopté. Article 131.
M. Pagé: M. le Président, article 131. Je vous dis
que j'ai sursauté quand j'ai vu l'article 131.
M. de Belleval: Oui.
M. Pagé: Mon Dieu. Article 127. La présente loi
remplace la Loi de la fonction publique, 1965, première session,
chapitre 14. Elle remplace également la Loi du ministère de la
Fonction publique, 1969, chapitre 14.
Donc, la Loi de la fonction publique, 1965, première session,
chapitre 14, est abolie et la Loi du ministère de la Fonction publique
est abolie elle aussi. Article 127, c'est le législateur qui parle.
Malgré une disposition inconciliable de la présente loi, un
membre de l'ancienne commission, visé
à l'article 130, continue d'être régi par les
articles 6, 7, 8 et 9 de la Loi de la fonction publique, comme si elle n'avait
pas été remplacée par la présente loi. Je m'excuse,
M. le Président, vous avez vanté les capacités de vos
légistes et de vos juristes, il y a quelques jours, je ne veux pas
remettre en cause leurs capacités qui, selon moi...
M. de Belleval: Personne n'est infaillible.
M. Pagé: ... sont très bonnes et concluantes au
chapitre de la rédaction des lois. Je présume que le projet de
loi 50 ayant été rédigé peut-être un peu
rapidement après le dépôt du rapport Martin, c'est
peut-être un peu délicat, il fallait faire ce qu'il y avait au
projet de loi 53 et ne pas le dire. Alors, je me demande comment on peut en
arriver, à l'article 127, déclarer la loi abrogée d'une
part et d'autre part, prévoir à l'article 131, que certains
articles de la loi abrogée s'appliquent encore. Vous allez m'expliquer
ça.
M. de Belleval: C'est pour conserver les droits acquis de ses
membres...
M. Pagé: Je comprends... Pourquoi ne pas les
spécifier dans la nouvelle loi plutôt que de dire que l'ancienne
loi qui est abrogée s'applique dans ces cas-là? M. le ministre,
je conviens que vous n'êtes pas avocat, je conviens que vous n'avez pas
beaucoup de connaissances dans ça, mais vous allez admettre avec moi que
ça fait drôlement boiteux juridiquement...
M. Jolivet: Avocasserie.
M. Pagé: ... de dire que... ce n'est pas de l'avocasserie,
un instant. Ecoutez, vous êtes ici pour apprendre, vous. Vous devriez
écouter plus attentivement, vous apprendriez.
M. Jolivet: Ne t'inquiète pas.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, pourriez-vous vous adresser au président, s'il vous
plaît?
M. Pagé: M. le Président, vous constatez, on aborge
la loi dans un premier temps...
M. Jolivet: J'en ai appris plus que tu penses.
M. Pagé: ... quatre articles plus loin, on dit que la loi
s'applique cependant pour tel ou tel article. Ce n'est pas la façon la
plus élégante au point de vue juridique, je considère que
c'est boiteux, que vous devriez... les droits acquis aux articles 6, 7, 8 et 9
de la Loi de la fonction publique de 1965 devraient être écrits,
"textuali-sés" dans l'article 131, plutôt que d'avoir une culbute
juridique comme celle-là.
M. de Belleval: Je prends bonne note des scrupules...
M. Pagé: J'espère que vous arriverez avec un
amendement, en troisième lecture.
M. Jolivet: Si c'est une culbute c'est donc un invocatif.
M. de Belleval: Est-ce quece serait adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 131 est
adopté?
M. Pagé: Je voudrais avoir une meilleure réponse du
ministre. Ce que vous êtes en train de faire en termes de "textualisation
" de loi, ce n'est pas correct. Vous abolissez une loi, et quatre articles plus
loin vous dites: les articles s'appliquent quand même. M. le
Président, c'est toujours le même législateur qui doit
parler et tantôt on aura des prévisions comme celles-là
dans d'autres projets de loi et on aura peut-être des problèmes en
Chambre.
M. de Belleval: M. le Président, on m'informe qu'il s'agit
de dispositions transitoires et que cette technique est courante et classique
en la matière.
M. Pagé: Vous savez, courante et classique, un
instant-là, je vous dis qu'en cinq ans de vie politique je n'en ai pas
vu beaucoup, et en trois ans d'université et en un an de stage je n'en
ai pas vu beaucoup aussi...
M. de Belleval: ...vous n'êtes pas allé bien loin
non plus.
M. Jolivet: Le député de Portneuf est encore jeune,
il en verra d'autres.
M. Pagé: Non, ce n'est pas la question d'être jeune
ou de ne pas être jeune, c'est une formulation juridique qui ne tient pas
debout.
M. de Belleval: il va apprendre, il va apprendre.
M. Jolivet: Adopté.
M. Pagé: Je vous demande de prévoir... je vous le
demande-là, est-ce que c'est possible de prévoir
spécifiquement les articles 6, 7, 8 et 9 dans le texte de loi? On
pourrait suspendre et on l'adoptera tantôt.
M. Jolivet: On n'a pas de suspension, on est prêt à
adopter cela.
Le Président (M. Dussault): On demande la suspension de
l'article 131, est-ce qu'il y a consentement de la commission?
M. de Belleval: J'ai pris bonne note des scrupules du
député de Portneuf. Les légistes m'informent que c'est une
disposition normale,
transitoire, que c'est la façon de la rédiger, qu'il n'est
pas nécessaire de tout reprendre ces articles dans la loi. Je propose
l'adoption de cet article tel quel, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 131 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 132.
M. Pagé: Le législateur ne parle pas un bon
français légal.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 132 est
adopté?
M. Pagé: 132?
M. de Belleval: il faut que je laisse du travail au
député de Portneuf quand il sera ministre de la Justice dans 30
ans.
M. Pagé: Ah! non, peut-être bien avant, vous savez.
Cela va venir plus vite que vous ne croyez. Cela serait un aboutissement
normal.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre! C'est une tangente
qu'il ne faudrait pas prendre. L'article 132, s'il vous plaît.
M. Pagé: Le tout, bien humblement soumis. 132, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 132,
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 133.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 133 est-il
adopté?
M. Pagé: Un instant.
Le Président (M. Dussault): L'article 133 est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 134. L'article 134 est-il adopté?
M. Pagé: Adopté. Oui, c'est normal.
Le Président (M. Dussault): Adopté, j'appelle
l'article 135.
M. Pagé: ils reviennent encore eux? L'article 135 ? Les
secrétaires...
M. de Belleval: ... vous avez déjà fait
l'argumentation là-dessus, M. le député.
M. Pagé: ... les secrétaires particuliers et leurs
adjoints nommés en vertu de l'article 65 de la Loi de la fonction
publique remplacée par la présente loi qui sont en fonction
continuent à être régis par les dispositions
législatives et réglementaires qui leur sont applicables. Alors,
insérer ici, la date de lentrée en vigueur du présent
article. Quelles sont vos intentions. M. le ministre, sur l'entrée en
vigueur du présent article? Le 16 novembre 1976?
M. de Belleval: Aussitôt que possible. M. Jolivet:
Adopté.
M. Pagé: Un instant. Le principe c'est que ce n'est pas
rétroactif?
M. de Belleval: Non, ce n'est pas rétroactif. C'est juste
cela.
M. Pagé: Non, comme on le disait tantôt.
M. de Belleval: Le député de Portneuf a fait,
à mon avis, une brillante démonstration là-dessus tout
à l'heure.
M. Brochu: En somme vous êtes d'accord avec nous.
M. Pagé: C'est qu'ils ont nommé leurs
secrétaires permanents et les autres ne le seront pas.
M. Brochu: Mais les vôtres sont permanents.
M. Pagé: Les nôtres le sont, mais quand on va
prendre le pouvoir ils ne le seront pas.
M. de Belleval: Les vôtres l'étaient! M. Jolivet:
Vos derniers l'étaient.
Le Président (M. Dussault): L'article 135 est-il
adopté?
M. Brochu: On sort quitte.
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Alors, adopté sur
division. J'appelle l'article 136.
M. de Belleval: Adopté, M. le Président, l'article
136?
Le Président (M. Dussault): L'article 136 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 137.
M. de Belleval: Adopté.
M. Pagé: Un instant, M. le Président. Pas de
problème, cela va. M. le Président, vous devriez nous poser la
question, pour eux vous pouvez toujours présumer...
Le Président (M. Dussault): Je la pose toujours de votre
côté, M. le député.
M. Pagé: D'accord, continuez comme cela.
Le Président (M. Dussault): Vous avez remarqué que
j'entends souvent des "adopté" de ce côté-là et je
n'en tiens pas compte.
M. Jolivet: Quoi?
Le Président (M. Dussault): Parce que j'attends d'abord
les vôtres, M. le député.
M. Pagé: Adopté, l'article 137, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 137
adopté.
M. Jolivet: Adopté, adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 137 adopté.
J'appelle l'article 138. Est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Vous me dites adopté,
M. le député de Portneuf?
M. Pagé: L'article 138? Oui.
Le Président (M. Dussault): L'article 138, adopté.
J'appelle l'article 139...
M. Brochu: A l'article 139, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: II est question, ici, des fameuses listes
d'admissibilité actuellement en vigueur et quand je réfère
au document présenté par le syndicat, on demande qu'il y ait un
laps de temps maximal pour la durée de vie des listes en question. Si le
législateur ne prévoit aucune durée dans ce sens, est-ce
que le ministre aurait des objections à inclure une durée de vie
maximale à ces listes?
M. de Belleval: Le problème c'est qu'évidemment, il
faudra mettre en place le nouvel office, etc, et je ne pense pas qu'il soit
possible pour le législateur, à ce moment-ci, d'indiquer
jusqu'à quel moment ces listes devraient être valables ou pas.
M. Brochu: Disons que cela ne prendra pas plus qu'un an pour les
mettre en fonction.
M. de Belleval: Non, mais ceci étant dit, il y a toujours
des listes d'admissibilité qui vont conti- nuer à être
établies par l'ancienne commission et je pense qu'on ne peut pas mettre
de date limite là-dessus.
Le Président (M. Dussault): L'article 139 est-il...
M. Saint-Germain: Est-ce que vous...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous vous proposez d'établir
une certaine limite, tout de même?
M. de Belleval: Ah oui! II y aura une limite établie par
l'office, une fois qu'il sera en fonction, qui pourra varier, d'ailleurs, d'un
type de liste à l'autre. Il s'agit de protéger à la fois
les intérêts des gens qui sont sur ces listes et qui ne devraient
pas, je pense, voir les listes abolies comme cela, du jour au lendemain.
M. Saint-Germain: Non, c'est seulement... Mais d'un autre
côté, si vous voulez engager des gens au mérite...
M. de Belleval: Ils le sont...
M. Saint-Germain: II faut bien qu'il y ait des examens, au
moins...
M. de Belleval: Le système prévoit, actuellement,
des concours, etc; ces listes sont établies quand même au
mérite.
M. Saint-Germain: Oui, mais si elles durent trop longtemps...
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous.
M. Saint-Germain: Elles peuvent desservir, si vous voulez, cet
engagement.
M. de Belleval: Le nouvel office devra examiner cela et proposer
une réglementation adéquate.
M. Brochu: Est-ce que je me trompe... le ministre a
répondu au député de Bellechasse, qui me remplaçait
l'autre soir, qu'il y avait quand même un maximum d'un an, sur le plan
pratique, pour l'application de cela.
M. de Belleval: On ne voudrait pas faire des listes qui
s'éternisent à n'en plus finir et où les gens ne savent
pas, au fond, quand ils auront une chance d'être employés.
D'accord.
Le Président (M. Dussault): L'article 139 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 140.
M. Pagé: II vient de s'en apercevoir.
Le Président (M. Dussault): L'article 140 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 141.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 142.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 142.
M. Pagé: L'article 142 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): J'ai dit: Adopté, M. le
député. L'article 143 est-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 144. Est-il adopté?
M. Pagé: On aurait peut-être un amendement, M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): L'article 144,
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
M. Brochu: A l'article 144, M. le Président,
habituellement, la date d'entrée en vigueur est explicite dans les
textes de loi; pourquoi est-ce qu'on prévoit, ici, un délai?
M. de Belleval: Parce qu'il faudra prévoir toute une
série d'actes administratifs pour mettre en place les nouvelles
structures, et comme il ne doit pas y avoir de délai entre les anciennes
et les nouvelles, il faut se donner le temps de roder les nouvelles structures
avant de les faire entrer en vigueur. C'est contingent.
M. Brochu: Est-ce qu'il y a une approximation, en termes de
temps, de ce délai qu'on met dans la loi?
M. de Belleval: Aussitôt que le projet de loi 50 sera
adopté, je vais prendre quelques jours de vacances mais je vais demander
à mes sous-ministres de travailler là-dessus.
M. Pagé: Le ministre s'en va en vacances?
M. Brochu: Mais vous n'avez pas d'estimation...
M. de Belleval: Le plus tôt possible. M. Pagé:
Avant la troisième lecture? M. de Belleval: Non.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, l'article 144
est-il adopté?
M. de Belleval: Après l'adoption de la loi. M. Alfred:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): L'article 144 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
Annexes
II y a deux annexes, est-ce que l'annexe A est adoptée?
M. de Belleval: C'est la même annexe qu'actuellement.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'annexe B
est-elle adoptée?
M. Pagé: Adopté.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Nous avions suspendu l'article
122...
M. de Belleval: On va d'abord revenir à l'article 1, de
façon à faire tout cela d'une manière correcte.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Il y a consentement
de la commission pour qu'on revienne au chapitre 1, article 1.
Le secrétaire général de
l'Assemblée nationale
M. de Belleval: M. le Président, je propose I'amendement
suivant à l'article 1: Modifier le paragraphe h) en insérant
après le sous-paragraphe i) ce qui suit: ii) "Le secrétaire
général de l'Assemblée nationale." En renumérotant
les sous-paragraphes ii, à 6 et iii, à 7. (23 h 30)
M. Saint-Germain: Je n'ai rien compris dans les iii!
M. de Belleval: Est-ce que cet amendement sera adopté, M.
le Président?
Le Président (M. Dussault): Je reprends
l'amendement: "A l'article 1, modifier le paragraphe h en
insérant, après le sous-paragraphe i, ce qui suit donc,
après le paragraphe i qui dit "le secrétaire du Conseil
exécutif", il faudrait ajouter "ii...
M. Saint-Germain: Il y a "iii" aussi.
Le Président (M. Dussault): ... le secrétaire
général de l'Assemblée nationale." Comme nous avons
utilisé le "ii", il faudrait faire un décalage, ce qui donnerait
"ii, a, b, i".
M. Pagé: Voulez-vous le lire au complet, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Cela donnerait... Si vous me
permettez, M. le député de Portneuf, je suis convaincu que vous
ne souhaitez pas que j'en fasse la lecture au complet. Est-ce que cet
amendement est adopté?
M. Pagé: Avec votre timbre de voix, cela aurait
été pas mal.
Le Président (M. Dussault): Probablement, M. le
député.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Pagé: Avant d'arriver à l'article 122, ne
croyez-vous pas qu'il faudrait...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Portneuf. Pour les écritures, est-ce que
l'article 1, tel qu'amendé, est adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Brochu: II y avait d'ailleurs une autre question à ce
sujet, posée par le député de Portneuf, sur le
secrétaire adjoint.
Le Président (M. Dussault): Maintenant, nous... M. de
Belleval: On y arrive.
M. Brochu: D'accord.
M. de Belleval: A l'article 122.
Le Président (M. Dussault):... allons à l'article
122 qui avait été suspendu.
M. de Belleval: M. le Président, je propose l'amendement
suivant: "Après le texte de l'article 55a, insérer l'article
suivant...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le ministre. Vu
que nous avions aussi suspendu l'amendement que vous aviez soumis à la
commission...
M. de Belleval: D'accord.
Le Président (M. Dussault): ... je suppose que vous
retirez l'amendement.
M. de Belleval: Non, je ne le retire pas, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Le premier, non?
M. de Belleval: Nous allons prendre cela dans l'ordre, si vous
voulez, M. le Président. Est-ce que je peux lire l'amendement?
Le Président (M. Dussault): Allez-y, M. le ministre.
M. Pagé: A l'article 55?
M. de Belleval: Je propose, M. le Président, que l'article
122 soit amendé de la façon suivante: a) A la deuxième
ligne du premier alinéa, en remplaçant le chiffre "54" par le
chiffre "55"; b), à la première ligne du deuxième
alinéa, en remplaçant le chiffre "54a " par les chiffres et mots
suivants "55a. sous réserve de l'article 55"; c), à la
première ligne du troisième alinéa, en ajoutant,
après le mot "secrétaire", le mot "général"; d),
à la troisième ligne du troisième alinéa, en
remplaçant les mots "dirigeants d'organismes" par les mots
"sous-ministres "; e), en ajoutant, après le texte de l'article 55a,
l'article suivant: "55b. Le lieutenant-gouverneur en conseil nomme, sur la
recommandation du premier ministre, le secrétaire général
de l'Assemblée nationale; il nomme aussi les secrétaires
généraux adjoints et il peut leur attribuer, par leur acte de
nomination, le rang et les privilèges d'un sous-ministre adjoint."
Le Président (M. Dussault): II faut donc ajouter,
après l'amendement que vous nous aviez soumis au départ, le texte
de petit e, qui dit...
M. de Belleval: C'est cela, que je viens de lire.
Le Président (M. Dussault): Que vous venez de lire. Est-ce
que cet amendement...
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous lire
l'article tel qu'amendé?
M. de Belleval: Ce sera compliqué.
Le Président (M. Dussault): Bon, d'accord. Cela va
être assez compliqué, c'est pour cela que je voulais comme
vous avez déjà le texte de l'amendement qui avait
été soumis dès le départ vous lire ce que le
ministre ajoutait, ce qui, en tout cas, pourrait suffire pour le journal des
Débats.
M. de Belleval: Je pense que c'est clair pour le journal des
Débats, M. le Président.
M. Pagé: Cela prévoit le cas... Le
secrétaire général de l'Assemblée nationale aura le
statut de sous-ministre, en vertu de l'article 1h.
M. de Belleval: Exactement.
M. Pagé: Le secrétaire général, sa
nomination sera prévue par l'article 122 et le secrétaire
général adjoint pourra avoir le rang de sous-ministre adjoint si
c'est prévu à son acte de nomination adopté et
signé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. de Belleval: Pour une plus grande clarté, encore, M. le
Président, je vais relire le nouvel article 122, tel qu'amendé,
au complet, ce qui clarifiera toute la question.
M. Pagé: Une dernière petite question, pour
clarifier... le secrétaire général adjoint inclut le
secrétaire général associé?
M. de Belleval: La loi ne prévoit pas la nomination de
secrétaire général associé, dans le cas de la
Législature, actuellement. Maintenant, si la loi est amendée,
cela pourra se faire.
M. Pagé: il n'y a pas un secrétaire
général associé, actuellement?
M. de Belleval: Pas de l'Assemblée nationale, il ne s'agit
pas d'un titre légal, c'est un titre informel.
M. Brochu: M. le Président, avant que le ministre fasse la
lecture de l'article 122 avec son amendement au complet, j'aurais une question
à lui poser. Est-ce que la première partie de son amendement,
celle qu'il nous a présentée sur cette feuille-ci...
M. de Belleval: il va rester tel quel.
M. Brochu: Oui, d'accord, mais étant donné qu'on
l'a adopté à l'article 1 du projet de loi, est-ce que ce n'est
pas une répétition inutile que de ramener toute cette
modification au niveau de l'article 122?
M. de Belleval: Non, dans le cas de l'article 122, on
prévoit les pouvoirs, tandis que dans l'article 1, on donne le
titre.
M. Brochu: Mais dans le titre, étant donné qu'il y
avait déjà la description complète de ce que vous avez
ici, vous n'avez pas besoin de le ramener.
M. de Belleval: il faut savoir comment...
M. Brochu: On dit qu'il ne faut pas que le législateur
parle trop non plus.
M. de Belleval: Non, il faut déterminer comment il est
nommé, etc. et cela amende la Loi de la Législature.
M. Brochu: D'accord.
M. de Belleval: Je vais lire l'amendement, c'est-à-dire
pas l'amendement, mais le nouvel article 122 tel qu'amendé. Article 122:
"La Loi de la Législature (Statuts refondus 1964, chapitre Vi) est
modifié par l'insertion, après l'article 55, du suivant: "55a.
Sous réserve de l'article 55, le personnel de l'Assemblée
nationale est nommé et rémunéré selon la Loi sur la
fonction publique (1978, chapitre insérer ici le numéro du
chapitre de la loi 50). Le secrétaire général de
l'Assemblée nationale exerce, à l'égard de ce personnel,
les pouvoirs que la Loi sur la fonction publique attribue au sous-ministre".
"55b. Le lieutenant-gouverneur en conseil nomme, sur la recommandation du
premier ministre, le secrétaire général de
l'Assemblée nationale; il nomme aussi les secrétaires
généraux adjoints et il peut leur attribuer, par leur acte de
nomination, le rang et les privilèges d'un sous-ministre adjoint".
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement
à l'article 122 est adopté?
M. Brochu: M. le Président, avant qu'il soit
adopté, j'ai une question...
M. de Belleval: Est-ce que l'article 122 serait
adopté?
M. Brochu: C'est l'article dans son ensemble tel
qu'amendé. Une question avant, M. le Président...
M. de Belleval: Un instant, je pense qu'on devrait quand
même procéder...
Le Président (M. Dussault): Je ne demande pas mieux; c'est
ce que j'insistais pour faire depuis le début, d'ailleurs, il faudrait
d'abord adopter l'amendement. Est-ce que vous voulez parler sur l'amendement,
M. le député de Richmond?
M. Brochu: Oui, d'accord.
Le Président (M. Dussault): Allez-y.
M. Brochu: C'est simplement une question. Est-ce que j'ai bien
compris le ministre, tout à l'heure, quand il a dit qu'il n'y avait pas
de secrétaire général associé?
M. de Belleval: Non, pas légalement.
M. Brochu: La fonction de M. Desmeules, à ce
moment-là, est-ce que ce n'est pas cela?
M. de Belleval: C'est un titre honorifique, ce n'est pas un titre
légal.
M. Pagé: Quoi? Honorifique?
M. de Belleval: C'est un titre informel.
M. Brochu: il y a une légère différence.
M. Pagé: informel et honorifique, vous savez... M. de
Belleval: C'est quasiment pareil. M. Pagé: C'est
informellement honorifique.
M. de Belleval: J'accepte l'amendement du député de
Portneuf et du député de Richmond. Vous ne direz pas que je
n'accepte pas des amendements.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'amendement...
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Je voudrais savoir quel est
l'amendement...
M. de Belleval: il n'y a pas d'amendement, c'est une blague, M.
le Président. Je retire ma blague et je retire mon amendement, etc. il
est irrecevable, d'ailleurs.
Le Président (M. Dussault): Pour le journal des
Débats, c'est bien que vous l'ayez dit. Ceci dit, est-ce que
l'amendement...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que la blague
était recevable?
Le Président (M. Dussault): Je n'ai pas à me
prononcer sur cette question, M. le député de Portneuf. Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le nouvel article
122 tel qu'amendé est adopté?
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le projet de loi no
50 tel qu'amendé est adopté?
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur
division.
M. Pagé: Sur les articles pour lesquels...
Le Président (M. Dussault): Messieurs de la commission, je
vous remercie de votre collaboration. M. le député nommé
au début des travaux de cette commission pour jouer le rôle de
rapporteur fera rapport à l'Assemblée nationale et j'ajourne les
travaux de cette commission sine die.
(Fin de la séance à 23 h 41)