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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Desbiens): Mesdames, messieurs.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas besoin d'être
rappelée à l'ordre, je suis très tranquille.
Le Président (M. Desbiens): Alors la commission
élue permanente de la fonction publique se réunit pour entendre
les représentations des organismes relativement au projet de loi no 22,
Loi modifiant la Loi sur la fonction publique, et adopter celui-ci article par
article.
Les membres de la commission sont: M. Assad (Papineau), M. Gagnon
(Champlain), M. Rivest (Jean-Talon), M. Blais (Terrebonne), M. Cusano (Viau),
M. Marquis (Matapédia), M. Gravel (Limoilou), Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), M. LeMay (Gaspé), Mme Lachapelle (Dorion),
M. Polak (Sainte-Anne).
Les intervenants sont Mme Bacon (Chomedey), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau (Verchères), M. de Belleval
(Charlesbourg), M. Dubois (Huntingdon), M. Gratton (Gatineau), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) et M. Tremblay (Chambly).
Il serait maintenant dans l'ordre de désigner un rapporteur, s'il
vous plaît. Alors M. LeMay, de Gaspé, sera le rapporteur de la
commission. Nous entendrons successivement le Syndicat des agents de la paix de
la fonction publique, ensuite la Fraternité des constables du
ministère des Transports, en troisième lieu, l'Union des agents
de la paix en institution pénale et finalement le Syndicat des
constables spéciaux du gouvernement du Québec.
J'inviterais le Syndicat des agents de la paix de la fonction publique
à s'approcher de la table, s'il vous plaît. Pendant que ces
messieurs s'approchent de la table, je demanderai à Mme la ministre de
la Fonction publique ses commentaires préliminaires et, par la suite,
les députés de l'Opposition.
Remarques préliminaires Mme Denise
LeBlanc-Bantey
Mme LeBlanc-Bantey: Très rapidement, M. le
Président, je voudrais simplement répéter un peu, redire
ce que je disais cet après-midi, soit que le but du projet de loi que
nous avons devant nous est d'écouter les agents de la paix, ce soir, et
finalement de mettre fin à un problème qui perturbe depuis
très longtemps les relations des agents de la paix entre eux-mêmes
et les relations des agents de la paix vis-à-vis de leur employeur, qui
est le gouvernement du Québec. Je répète aussi ce que j'ai
dit cet après-midi. J'aurais honnêtement
préféré que nous n'ayons pas à déposer ce
projet de loi, que le problème se règle par lui-même,
à l'intérieur même du syndicat, parce qu'il
m'apparaît odieux d'avoir l'air de vouloir s'immiscer dans les affaires
du syndicat, même si le projet de loi prévoit - il est très
clair là-dessus - que, finalement, le gouvernement respectera
intégralement la volonté des membres.
Je ne crois pas que nous ayons à faire l'historique de tout le
problème qui perturbe le dossier des agents de la paix, tant
vis-à-vis des intervenants que nous avons ce soir, que vis-à-vis
de l'Opposition, si vous permettez le pléonasme, compte tenu du fait que
je l'ai fait longuement cet après-midi. La seule chose que j'aimerais
quand même spécifier, c'est que j'espère franchement que
les démarches que nous nous voyons obligés de faire dans le
moment ramèneront, si vous voulez, la sérénité
à l'intérieur du syndicat lui-même, et nous permettront de
continuer les négociations avec le syndicat des agents de la paix ou
avec d'autres unités, selon les conclusions que nous verrons dans les
prochains mois, le plus rapidement possible, pour permettre à ces
syndiqués, qui finalement se voient privés d'une convention
collective, d'en conclure une le plus rapidement possible.
Et je me permettrai d'ajouter aussi, pour le bénéfice de
mes vis-à-vis, que nous avons, dans les dernières semaines,
consulté déjà le Syndicat des agents de la paix, plus les
autres syndicats dissidents, sur le sens même du projet de loi et que
nous aurons certains amendements à déposer lors de l'étude
article par article. J'espère quand même que l'audition des
différents groupes nous permettra de nous éclairer davantage sur
le problème qui sévit à l'intérieur de ce syndicat
depuis quelques années. Le député de Papineau a convenu
cet après-midi que cela n'existait pas depuis mon entrée au
ministère mais bien depuis au moins huit ans. Si j'ai bien compris, M.
le député de Jean-Talon, vous aurez le temps de faire vos
commentaires après.
Je suis très heureuse d'écouter ce soir, le Syndicat des
agents de la paix et ceux qui suivront, que ce soient les syndiqués des
institutions pénales, les inspecteurs de transport et les autres.
J'espère que cela permettra à tout le monde d'en arriver à
un projet de loi satisfaisant. Je le dis tout de suite, ce n'est pas un projet
de loi qui vise à faire le tour de la roue et à régler
tous les problèmes. C'est un projet de loi qui vise essentiellement
à régler le problème de représentativité.
Mais il se peut que les interventions que vous aurez à faire nous soient
utiles pour tenter de rendre satisfaction au plus grand nombre de gens
possible. Dans ce sens-là, la démarche que nous faisons ce soir
est pertinente. Je vous remercie M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, seulement une remarque. Comme
mon collègue de Papineau l'a indiqué cet après-midi
à l'Assemblée nationale, pour ce qui est de l'Opposition, nous
voulons simplement redire - d'ailleurs nous avons eu des rencontres de notre
côté également avec les porte-parole des syndicats en cause
- notre volonté de trouver une solution à un problème qui
est vécu, comme la ministre le rappelait, depuis un certain nombre
d'années à travers toutes ces péripéties dont sans
doute nos invités vont nous rappeler les faits marquants. Au bout du
compte, il reste qu'il y a des travailleurs qui ont droit, comme n'importe quel
autre travailleur à des conditions de travail qui puissent être
les meilleures. Tous les problèmes qui sont survenus au niveau des
structures ou de l'organisation syndicale, on s'en doute, peu importent les
responsabilités des uns et des autres et du gouvernement
également, ou des gouvernements, Mme la ministre, ont sans doute
compromis ou enfin causé des inconvénients majeurs aux
travailleurs impliqués dans l'ensemble de ce secteur de l'administration
publique.
Nous voulons regretter, avec Mme la ministre, comme elle l'a fait cet
après-midi, que cette situation ait conduit une fois de plus, le
gouvernement à changer pour ainsi dire de chapeau, c'est-à-dire
son rôle d'État employeur, il fait une intervention de
l'État législateur. Mme la ministre le disait tantôt,
à la suite de consultations, cela corrige déjà le
caractère. Mme la ministre a employé cet après-midi,
l'expression "odieux", elle trouvait odieux ce procédé, mais on
le fait dans le sens d'améliorer les situations et d'arriver surtout
à donner aux travailleurs une convention collective. Le projet de loi no
22 dans ses principes et compte tenu des situations vécues par les gens,
peut apparaître globalement et avec les dispositions, comme étant
une voie raisonnable. Vous me permettrez également de regretter que
cette intervention existe au moment où, depuis cinq ou six mois des
négociations ont été amorcées, et c'était en
pleine période de négociations. Ce qu'il y a de plus odieux au
niveau de la théorie ou des principes, c'est que, en plein cours de
négociations, on remet en cause d'une façon législative -
ce qui est par ailleurs inévitable compte tenu des circonstances
l'accréditation qui était régulièrement obtenue par
le Syndicat des agents de la paix. Et ça c'est quand même une
donnée de base objective du problème mais qui est
inévitable compte tenu des problèmes vécus, très
réels, par certaines catégories de travailleurs.
Finalement le grand constat que tout le monde doit faire de part et
d'autre, c'est que tel qu'il était constitué dans le
passé, le Syndicat des agents de la paix regroupait des groupes d'emploi
qui, à bien des égards, et c'est peut-être une des causes
fondamentales des difficultés que les gouvernements, le gouvernement
actuel et les gouvernements passés ont vécues, c'est que c'est
peut-être la disparité entre les différents corps d'emploi
qui a amené ces tensions, car chacun de ces corps d'emploi a des
intérêts ou un univers ou un milieu de travail qui sont tellement
différents que cela a résulté aux difficultés que
l'on connaît.
Alors, c'est vraiment dans un esprit positif que j'ai pris connaissance
de certains des mémoires qui nous sont présentés et je
suis très heureux de noter qu'il y a des propositions
d'amélioration très concrètes du projet de loi. Nous
aurons l'occasion d'entendre d'abord nos invités et, par la suite,
d'étudier avec nos collègues le projet de loi article par
article.
Mme la ministre nous indique qu'elle aura des amendements en cours de
route. Je lui signalerais que la seule affaire qui m'inquiète au niveau
du texte de la loi, c'est le dernier article du projet de loi. Je voudrais bien
que cette espèce d'entrée en vigueur de la loi par proclamation,
qui donne un pouvoir tout à fait discrétionnaire à la
ministre législateur, je ne voudrais pas que la confusion entre l'Etat
employeur et l'État législateur se répercute
jusque-là, parce que cette entrée en vigueur par proclamation,
à la discrétion du gouvernement, alors que les
négociations... J'espère que les négociations
s'amorceront. Je veux bien que la ministre assure tout le monde qu'elle
n'utilisera pas ce pouvoir à titre de ministre ou d'État
employeur parce que cela pourrait être un pouvoir drôlement
exorbitant et très dangereux pour les droits des syndiqués. Je
comprends qu'il y a peut-être des raisons
sérieuses de prévoir ce mécanisme d'entrée
en vigueur de la loi que nous adopterons, mais je m'inquiète
drôlement si on accorde ce pouvoir au gouvernement, alors que le
gouvernement va devoir entreprendre des négociations avec les syndicats.
J'espère que nos invités pourront également travailler
avec nous dans ce sens, de façon à assurer la plénitude
des droits des travailleurs de la base. C'est dans cet esprit, M. le
Président, que nous abordons les travaux de cette commission.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
Mme Denise LeBlanc-Bantey
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais réagir très
rapidement. D'abord, je veux rassurer le député de Jean-Talon et,
s'il y a lieu, les syndiqués impliqués. Entre nous, le dernier
article, il ne m'avait...
M. Rivest: II avait quoi?
Mme LeBlanc-Bantey: ... il ne m'avait jamais frappé avant
que vous en parliez parce qu'il m'apparaît que c'est la formule usuelle
dans les projets de loi où le gouvernement décide de la
proclamation...
M. Rivest: Permettez-vous, Mme... Mme LeBlanc-Bantey:
Certainement.
M. Rivest: En tout cas, on pourra y revenir, c'est que je ne sais
pas, enfin, on pourra en discuter, si cela permettrait au gouvernement de
dissocier ce pouvoir de permettre que certaines accréditations soient
reconnues sur la base de la loi à certains groupes et non à
d'autres.
Le Président (M. Desbiens): Vous me permettrez de vous
suggérer de revenir à cette discussion au moment de
l'étude de l'article?
Mme LeBlanc-Bantey: Au moment de l'article.
M. Rivest: Ou que certains comités de négociations,
tels que prévus au projet de loi, puissent démarrer alors que
d'autres ne démarreront pas. Qu'on commence par les plus petits, qu'on
leur fasse signer une convention collective et, ensuite, qu'on aborde les plus
gros. C'est cela le danger, c'est cela que je veux éviter. On y
reviendra.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais simplement rassurer le
député de Jean-Talon et les autres, comme je le disais
précédemment, et spécifier que, comme je le disais cet
après-midi, à l'instar de tous ceux qui ont été
impliqués dans le dossier, j'ai bien hâte que la paix soit revenue
dans le dossier des agents de la paix et qu'on n'a pas du tout
intérêt à retarder la proclamation de la loi, compte tenu
du fait qu'on est fort conscient qu'il y a quand même des
syndiqués qui attendent, depuis quelques mois déjà, la
conclusion d'une convention collective.
Par ailleurs, j'aimerais quand même revenir sur certains propos du
député de Jean-Talon, quand il dit qu'il déplore que le
projet de loi arrive en cours de négociations, ce qui n'est pas usuel,
c'est vrai. J'aimerais lui rappeler que, si nous en arrivons à cette
solution ultime, si vous me permettez l'expression, c'est vraiment que nous
avons toujours cru jusqu'au mois de septembre dernier qu'il serait possible de
régler le problème autrement et que le syndicat officiel
accepterait de vérifier sa représentativité sur une base
volontaire.
Je pense que le pari que nous avons fait, finalement, était un
mauvais pari. On n'a pas eu d'autres moyens que le projet de loi que nous avons
devant nous pour tenter de vérifier le caractère de la
représentativité et c'est ce qui fait que nous sommes en train de
passer un peu à côté des mécanismes prévus au
Code du travail dans la mesure où des syndicats dissidents ont
tenté de se faire reconnaître par le Tribunal du travail mais que,
compte tenu du libellé de la loi actuelle, le Tribunal du travail a
été obligé de répondre négativement à
la demande des syndicats dissidents parce que la Loi sur la fonction publique
avait préséance sur le Code du travail.
C'est ce qui explique, aujourd'hui, deux mois plus tard, que le
problème est toujours le même et que nous avons dû suspendre
les négociations pour vérifier la représentativité.
Nous en sommes désolés, de la même façon que vous
l'êtes. Les circonstances ont voulu que cela se passe comme cela et tout
ce que nous avons à faire, c'est de le déplorer, tout le monde
ensemble. Je pense qu'il n'y avait pas là de stratégie patronale
de tenter de retarder le cours des négociations, je vous le dis tout de
suite.
M. Rivest: Jamais.
Mme LeBlanc-Bantey: Tout ce que j'espère, c'est que le
projet de loi, effectivement, sera adopté et proclamé le plus
rapidement possible pour qu'enfin nous puissions négocier avec une ou
plusieurs unités d'accréditation, le cas
échéant.
Cependant, j'ajouterai, en terminant, que, pour bien clarifier les
propos du député de Jean-Talon, je suis convaincue qu'il
avait
déjà compris l'intention du projet de loi et qu'il n'a
jamais été dans l'intention de viser, si vous voulez, à
l'élimination du syndicat actuel. On s'est dit que toutes les
hypothèses étaient possibles. Il pourrait se voir confirmé
dans sa représentativité, comme il pourrait aussi ne pas se voir
confirmé. Les votes qui seront pris dans les semaines qui suivent
décideront, de par la volonté des membres, avec qui nous
négocierons dans les prochains mois.
Le Président (M. Desbiens): Alors, M. Maurice Corriveau,
je vous demanderais, tout d'abord, de présenter les membres qui vous
accompagnent, s'il vous plaît, et de nous faire part de votre
mémoire.
Audition d'organismes
Syndicat des agents de la paix
M. Corriveau (Maurice): M. le Président, Mme la ministre,
messieurs les députés, permettez-moi, tout d'abord, de vous
présenter les gens qui m'accompagnent, ici à la table. Me
François Côté, à ma gauche, conseiller technique au
Syndicat des agents de la paix; j'ai également, à ma droite, M.
Rémi Vinet, directeur aux griefs au Syndicat des agents de la paix, et
un des directeurs, M. Michel Martel.
Nous tenons à remercier cette commission d'avoir permis au
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique de faire connaître
ses vues sur le projet de loi 22. Cette occasion que vous nous fournissez est
d'autant plus appréciée qu'il s'agit pour nous de la
première chance que nous avons de faire connaître notre position
auprès du législateur sur un projet de loi qui nous affecte au
premier chef.
Le Syndicat des agents de la paix est une association de salariés
représentant tous les agents de la paix assujettis à la Loi sur
la fonction publique. Nous existons comme syndicat depuis le 14 avril 1965. Le
23 février 1966, notre syndicat était accrédité par
arrêté en conseil. Aujourd'hui, nous sommes toujours
accrédités pour représenter les agents de la paix
répartis dans les fonctions et ministères suivants: 1)
surveillants et surveillantes, instructeurs et préposés aux soins
infirmiers dans les établissements de détention (1500 agents de
la paix); 2) agents de conservation de la faune, ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche (437 agents de la paix); 3) constables
spéciaux, ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
(400 agents de la paix); 4) inspecteurs, ministère des Transports (170
agents de la paix); 5) agents de pêcheries, ministère de
l'Agriculture, des Pêcherie et de l'Alimentation (73 agents de la paix);
6) constables spéciaux, Assemblée nationale (80 agents de la
paix); 7) constables spéciaux au Tribunal de la jeunesse,
ministère de la Justice (40 membres).
Le Syndicat des agents de la paix est, en conséquence,
actuellement accrédité - et est le seul à l'être -
pour représenter tous ces employés de l'État pour les
fins, entre autres, de la négociation d'un convention collective.
Avant d'aborder le projet de loi et son contenu, il importe de rappeler
brièvement le contexte dans lequel il s'inscrit. Le 26 juin 1980, le
Syndicat des agents de la paix déposait auprès du ministre de la
Fonction publique ses demandes en vue de la négociation d'une convention
collective. Cette demande répondait à toutes les exigences de la
loi et de la constitution du syndicat.
Dès cette époque, le processus de négociation
devait s'amorcer normalement, le gouvernement déposant ses offres le 30
décembre 1980. À compter de cette date, les comités
patronal et syndical de négociation se sont rencontrés au rythme
moyen de deux séances par semaine. La négociation se
présentait ardue et s'annonçait fort longue. Tout à coup,
le 6 mars 1981, en plein processus de négociation, le gouvernement
décide d'interrompre la négociation et demande au syndicat de
vérifier le caractère approprié de l'unité
d'accréditation. Cette démarche prenait prétexte du
rapport d'un nébuleux groupe de travail concluant à la
nécessité de vérifier l'accréditation
détenue par le Syndicat des agents de la paix. Dès lors et
depuis, le gouvernement du Québec refuse de se soumettre au processus de
négociations collectives prévu à la loi. Cette position
enfreint manifestement les dispositions du Code du travail auxquelles le
ministre de la Fonction publique est soumis et que le ministre du Travail, de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a la
responsabilité, à tout le moins morale, de faire appliquer. (20 h
30)
Devant cette situation, le Syndicat des agents de la paix a toujours
manifesté son accord pour vérifier le caractère
approprié de son unité d'accréditation et pour le faire
sur la base de la volonté des travailleurs. Cependant, cette
opération ne devait se faire au prix d'une convention collective.
Pour tenter de sauver l'essentiel, à compter du 6 mars 1981, le
syndicat a tenté de négocier un protocole d'entente prenant la
forme d'une convention collective d'un an, assurant la continuité
pendant le processus de révision de l'accréditation.
L'aboutissement de ces discussions a été de fait
décevant et le comité de négociations n'a pas pu
recommander l'acceptation des dernières offres patronales. Cependant,
pour clarifier une fois pour
toutes la situation, le syndicat décidait en juin 1981 de
soumettre la dernière offre patronale sans faire de recommandation
officielle. Le résultat de ce vote a été le suivant: pour
le protocole: 302; pour le retour à la négociation: 1104, soit
71% des voix; bulletins nuls: 150; total des bulletins reçus: 1556;
donc, 60% des membres se sont exprimés; total des bulletins émis:
2585, soit la totalité des membres.
Le résultat de ce scrutin est fort important puisque, suivant les
termes mêmes utilisés par la ministre de la Fonction publique,
c'est à compter de ce vote qu'est née l'idée du
présent projet de loi.
À compter de ce vote, le gouvernement a publiquement émis
l'opinion que le Syndicat des agents de la paix ne jouissait plus du
caractère représentatif de ses membres. Pour une gymnastique de
l'esprit, le gouvernement a comparé le nombre d'abstentions et le nombre
de voix qui ont rejeté le protocole pour conclure que le syndicat
était en minorité.
Paradoxalement, le nombre d'abstentions relevées à ce
scrutin était inférieur au nombre d'abstentions sur le vote
d'acceptation de la convention collective de 1978. Puisque, à
l'époque, il s'agissait d'une acceptation de la convention, le
gouvernement n'a pas jugé opportun de la remettre en doute, bien
sûr. En 1981, la même situation se présente mais cette fois,
en sens inverse, et le gouvernement décide alors que le syndicat n'est
plus représentatif. Il est dès lors fort périlleux de
distinguer entre l'objectivité et la neutralité du
législateur et les intérêts par ailleurs fort
légitimes de l'employeur.
L'opportunité du projet de loi. De ces remarques
préliminaires, l'on peut affirmer -et cela n'a jamais été
démenti - que c'est dans une position d'illégalité que la
ministre de la Fonction publique se présente à l'Assemblée
nationale pour soumettre le projet de loi 22.
En second lieu, il faut bien reconnaître qu'en pratique, c'est
l'État employeur qui prend position et le projet de loi se
caractérise, comme nous le verrons, pour une manifestation des
intérêts de l'employeur.
Enfin, les modifications à la loi qui vous sont proposées
le sont au prix d'une négociation et d'une convention collective avec le
syndicat accrédité.
A) Les mécanismes de la loi actuelle. Le gouvernement, tout en
consentant à titre d'employeur à s'inscrire dans le cadre des
rapports collectifs de travail, s'est toujours muni par voix
législative, d'un système particulier et plus restrictif des
relations patronales-syndicales.
Dans le cas des agents de la paix, ces restrictions que l'on retrouve
dans la Loi sur la fonction publique, touchent principalement aux sujets
suivants. 1. La détermination de l'unité d'accréditation.
La Loi sur la fonction publique, en effet, détermine l'unité
d'accréditation. Cet élément implique que, l'unité
d'accréditation étant inscrite dans la loi, on ne peut
forcément la modifier que par un amendement à la loi.
Ce régime se singularise du régime commun en ce que, sous
l'égide du Code du travail, la détermination de l'unité
d'accréditation s'inscrit dans le cadre d'un processus quasi judiciaire
avec possibilité de contestation et d'appel.
Sous l'empire de la Loi sur la fonction publique, cependant, les parties
sont privées de faire valoir leurs prétentions auprès d'un
organisme neutre, sont privées de leur droit à une enquête
et à une audition, et sont privées de leur droit d'appel de la
décision. 2. L'octroi de l'accréditation. En vertu des
dispositions de la Loi sur la fonction publique, l'accréditation, pour
les agents de la paix, est accordée par le gouvernement. Encore une
fois, l'accréditation étant une matière contentieuse, le
Code du travail prévoit audition, contestation et appel. Encore une
fois, la Loi sur la fonction publique fait échec à ce processus.
3. Le droit à l'affiliation. La Loi sur la fonction publique restreint
considérablement le droit du syndicat et de ses membres de s'affilier
à d'autres organismes syndicaux. 4. Le droit à la grève.
La loi actuelle interdit à tous les agents de la paix de faire la
grève sans, paradoxalement, interdire le lock-out. 5. L'arbitrage des
différends. La loi interdisant le recours à la grève, il
eût été normal de retrouver dans le texte un
mécanisme de règlement des différends par voie
d'arbitrage. Or, il n'existe aucune telle disposition.
À notre connaissance, nous constituons l'un des seuls groupes,
sinon le seul, à qui et le droit de grève et le droit à
l'arbitrage sont refusés. Nous passons ici sous silence le fait que
certaines matières - nominations, promotions, stages et classification -
sont entièrement ou partiellement soustraites au processus de
négociations collectives.
B) Les règles du jeu. En définitive, par
l'opération simultanée de la Loi sur la fonction publique et du
Code du travail, le scénario de la négociation est le suivant:
Entre le 270e et le 240e jour précédant l'expiration d'une
convention collective, il y a une période de dépôt de
requêtes en accréditation, communément appelée
période ouverte. La phase des négociations débute le 180e
jour précédant l'expiration de la convention collective. Avant le
150e jour précédant l'expiration de la convention collective, le
comité syndical dépose ses demandes en vue de la
négociation d'une convention collective. 60 jours après,
l'employeur dépose ses offres. Date d'expiration de la convention
collective.
Poursuite des négociations et conclusion d'une nouvelle
convention.
Il ressort de ce scénario prévu à la loi, que la
question de l'accréditation et les sujets connexes surviennent bien
avant les négociations. Pour bien assurer
l'étanchéité de la vérification de
l'accréditation, d'une part, et de la période des
négociations, d'autre part, le législateur a reculé de six
mois, par rapport aux dispositions du Code du travail, la période de
maraudage afin justement d'assurer que la négociation puisse
s'entreprendre, indépendamment des questions relatives à
l'accréditation.
Ces dispositions sont d'ordre public en ce sens que toute demande
relative à l'octroi, la modification ou la révocation d'une
accréditation, doit obligatoirement se faire à l'intérieur
des délais prescrits. Voilà les règles du jeu.
Le projet de loi 22, qui traite de l'accréditation du Syndicat
des agents de la paix, a été imaginé, conçu,
rédigé et présenté en dehors de cette
période prévue, par ailleurs, par la loi. Ce projet de loi, en
conséquence, vient briser l'équilibre prévu au Code du
travail. Il y a un temps pour parler d'accréditation, il y a un temps
pour négocier. L'époque de maraudage, dans le cas des agents de
la paix, se situait au mois d'août 1980 et le Syndicat des agents de la
paix a maintenu son accréditation. Suivant l'équilibre
imposé par la loi, c'est maintenant le temps de négocier, non pas
de remettre en cause l'accréditation.
Il s'agit, ici, d'une question lourde de conséquences. En effet,
le produit direct de la position de la ministre de la Fonction publique est de
priver tous les agents de la paix de leur droit de négocier une
convention collective et les prive d'une telle convention collective pour une
période que l'on peut facilement évaluer à 18 mois. Nous y
avons recherché, sans succès, un préjugé favorable
aux travailleurs.
Première proposition: le Syndicat des agents de la paix
dénonce le projet de loi 22, en ce qu'il intervient à une
époque où la ministre de la Fonction publique doit, en vertu de
la loi, négocier une convention collective avec le syndicat
accrédité, et à une époque où, suivant
toutes les règles applicables, il est interdit de remettre en question
l'accréditation détenue par un syndicat.
Deuxièmement, le projet de loi lui-même. Suivant les notes
applicables au projet de loi 22, ce dernier se présente sous deux
volets. L'instauration d'un mécanisme relatif à la
détermination des unités d'accréditation
appropriées, et l'élaboration d'un mécanisme de
règlement de différend. Nous suivrons ce plan de travail; a) les
unités d'accréditation. 1) Le morcellement des unités. La
détermination de l'unité constitue l'une des matières les
plus importantes en matière d'accréditation. Cette matière
qui déterminera l'ère dans laquelle s'engageront les relations
patronales-syndicales, doit être appropriée. Sans entrer dans les
détails, on peut soutenir que pour être appropriée,
l'unité doit regrouper des fonctions qui s'harmonisent d'une part, et
que cette unité doit être viable d'autre part. Le projet de loi
pèche en ne respectant pas le second critère. À notre
avis, le Tribunal du travail ne déterminerait pas une unité de
négociation qu'il saurait, par ailleurs, ne pas être viable.
Voyons la combinaison des articles 2 et 10 du projet de loi. Le
législateur, en permettant le dépôt d'une requête en
accréditation pour chacun des six groupes énumérés,
considère comme unité appropriée, tous et chacun des
groupes.
Comment peut-on penser, un seul instant, que le groupe des constables du
Tribunal de la jeunesse, groupant 40 personnes dispersées de Hull
à Montréal, de Sherbrooke à Québec, constitue une
unité apte à négocier une convention collective avec le
gouvernement du Québec? Comment peut-on penser que les agents de
pêcherie, dispersés de Blanc-Sablon à Rimouski en passant
par Natashquan, Cap-aux-Meules et Gaspé, peuvent, avec leur effectif de
90 membres, constituer une unité apte à négocier avec le
gouvernement du Québec?
Cette disposition de la loi n'est pas raisonnable. Elle ne peut
résister a l'analyse. Elle ne peut représenter le fruit d'une
étude sérieuse et objective par le législateur de la
situation. Bien au contraire, cette disposition laisse transparaître
l'autre facette du rôle de la ministre de la Fonction publique, celle de
l'employeur. Il est de commune connaissance, que la division défavorise
celui qui en est l'objet. Divise et règne. Cette maxime trouve toute sa
pertinence en relations du travail. Et dans le projet de loi 22, si le
gouvernement ne visait qu'à favoriser l'expression démocratique
d'une certaine insatisfaction à l'intérieur de l'unité
actuelle, pourquoi invite-t-il les groupes non viables, qui n'ont jamais
exprimé leur désir de se dissocier de l'unité, à se
séparer et à demander leur accréditation. En joignant le
fait que le système d'accréditation projeté évite
le processus judiciaire, au fait que le projet de loi propose des unités
qui sont manifestement non viables, force est de conclure que le gouvernement
invite la formation des syndicats faibles, incapables de négocier une
vraie convention collective. Le gouvernement se réfugie devant un
argument facile. La ministre de la Fonction publique annonce qu'elle se pliera
à la volonté des salariés. En matière
d'accréditation, cette position constitue un sacrilège. Jamais,
dans le système actuel, le Tribunal du travail ne fera primer la
volonté des salariés sur la viabilité de l'unité.
Il serait alors trop facile
pour un employeur de morceler une unité d'accréditation
afin de mieux régner. C'est pourtant ce que nous propose le projet de
loi 22.
Il faut bien distinguer la pertinence de la volonté des
salariés dans le choix de leur syndicat et celle de la volonté
des salariés dans la détermination de l'unité de
négociation. Suivant les principes émis par le gouvernement et
repris publiquement par la ministre de la Fonction publique, qu'adviendra-t-il
si des composantes de l'unité des fonctionnaires désiraient avoir
leur propre unité d'accréditation et, partant, leur propre
convention collective.
Accordera-t-on une unité distincte aux sténographes, aux
pilotes d'aéronef, aux commis du ministère du Revenu ou aux
dizaines de classifications à l'intérieur de la fonction
publique? Se pourrait-il que la volonté des salariés amène
la création de dizaines de syndicats dans la fonction publique?
Serait-ce alors dans l'intérêt des travailleurs, ou dans
l'intérêt de l'employeur? Diviser pour mieux régner,
voilà la réponse. (20 h 45)
Deuxième proposition: le Syndicat des agents de la paix
blâme le gouvernement de tenter, par le projet de loi 22, de créer
des unités d'accréditation tout à fait inaptes à
négocier une convention collective.
La technique de modification de l'accréditation.
La loi actuelle, comme nous l'avons vu, détermine les
unités d'accréditation. Cette situation a créé un
imbroglio à la fois juridique et pratique. Il a donné lieu
à un rejet de requête en accréditation sur une question
technique. Il a donné lieu à des scènes disgracieuses de
part et d'autre. Il a donné lieu à des délais dont les
membres paient les frais.
En plus, ce système a soumis le législateur à toute
forme de pression, de part et d'autre.
Au lieu, par deux syndicats rivaux, de présenter des arguments
raisonnables de part et d'autre devant un juge impartial, ce système
force celui qui veut un changement, tantôt à quémander,
tantôt à faire chanter la ministre responsable de la loi, qui, par
coïncidence, est l'employeur lui-même.
Nous aurions espéré que le projet de loi apporte une
modification à ce système. L'intérêt du syndicat ici
est fort simple. L'audition d'une cause devant le tribunal et la
décision qui en ressort sont beaucoup plus expéditives que le
processus de convaincre le législateur de changer la loi.
Le temps, à ce moment, c'est la jouissance des conditions de
travail améliorées. C'est bien simple: plus le processus est
long, moins les membres jouissent de la convention à intervenir, plus le
processus est long, meilleur marché c'est pour l'employeur.
Imaginons, pour un seul instant, que les unités prévues au
projet de loi 22 ne conviennent plus en 1983. Comment se fera le rajustement?
Représentations, pressions, épreuves de force, etc., et, au
surplus, une modification de la loi qui surviendra forcément 6 mois, 12
mois ou 18 mois après l'expiration de la convention collective. Qui est
pénalisé alors? L'employeur ou les travailleurs? Diviser pour
mieux régner.
Troisième proposition: le Syndicat des agents de la paix propose
que toute la question de l'unité d'accréditation des agents de la
paix puisse être soumise au Tribunal du travail avec juridiction pleine
et permanente pour déterminer l'unité ou les unités
d'accréditation appropriées. 4. La confusion de
l'allégeance syndicale.
Le projet de loi prévoit que, durant la période de
maraudage spéciale, la signature d'une carte d'adhésion influe
non seulement sur le caractère représentatif, mais
également sur la détermination de l'unité de
négociation. Cette ambiguïté est lourde de
conséquences.
À titre d'exemple, la ministre de la Fonction publique nous
reproche de ne plus être représentatifs. Pourquoi le projet de loi
ne permet-il pas à un autre syndicat de nous déloger de
l'unité actuelle?
Autre exemple, pourquoi les constables du Tribunal de la jeunesse, avec
un effectif de 40 membres, sont-ils forcés de demeurer dans nos rangs,
s'ils ne veulent pas être isolés?
La confusion de ces deux notions dépasse tout entendement. Si
l'agent de la paix désire telle structure de négociation, il doit
choisir tel syndicat. Si, par ailleurs, il choisit tel syndicat, il
hérite de l'unité que la loi lui a accolée.
Cette relation entre les deux données n'a jamais
été reconnue par aucun système législatif. Avec la
coïncidence des deux questions, l'une sur l'accréditation et
l'autre sur l'agent négociateur, le gouvernement nie, à toutes
fins utiles, l'expression démocratique de la volonté des membres.
Si l'un désire être représenté par un certain
syndicat, il ne peut pas s'exprimer sur son unité
d'accréditation.
En conséquence, le choix de l'unité d'accréditation
doit être dissocié du choix du syndicat.
Quatrième proposition: en plus de suggérer que le Tribunal
du travail ait juridiction pour déterminer la ou les unités
d'accréditation, le Syndicat des agents de la paix propose que le
tribunal statue d'abord sur l'unité d'accréditation avant la
période de maraudage. 4. Les regroupements possibles.
L'article 3 du projet de loi prévoit que les membres de plus d'un
groupe peuvent, par consentement, se joindre à la même
unité d'accréditation. Voilà un autre
casse-tête chinois. Comment un agent de la paix peut-il, durant la
période de maraudage, décider de se joindre ou de ne pas se
joindre à un autre groupe sans savoir si ce groupe constitue un groupe
autonome ou s'il est lié avec d'autres groupes? Envisageons le
scénario suivant: les agents de pêcheries décident de se
joindre aux agents de conservation de la faune, c'est leur premier choix. Comme
second choix, ils préfèrent demeurer dans la structure actuelle.
Or, pour respecter leur premier choix, ces agents demanderont une
accréditation séparée à laquelle ils attacheront un
consentement à se joindre aux agents de conservation de la faune. Dans
l'éventualité où ces derniers n'obtiennent pas une
accréditation séparée, les agents de pêcheries se
retrouveront tout fin seuls dans une unité qu'ils n'ont, à
proprement parler, jamais choisie. Le respect de la volonté des
travailleurs, tel qu'exprimé dans le projet de loi 22, conduit
paradoxalement à la nier purement et simplement.
Par ailleurs, permettre une seconde période pour permettre les
regroupements provoquerait encore des délais dans l'octroi de
l'accréditation, dans les négociations et la conclusion d'une
convention collective. Bien que le principe du regroupement soit endossé
par le Syndicat des agents de la paix, il place toute formation syndicale
devant l'absurdité du processus proposé.
Cinquième proposition: le Syndicat des agents de la paix
enregistre son opposition à la confusion créée par la
possibilité de regroupement prévue à l'article 3 du projet
de loi 22.
Le droit d'affiliation. Le projet de loi 22 maintient l'interdiction de
s'affilier à une association autre que d'agents de la paix. Cette fois,
on interdit aux agents de la paix de s'affilier aux membres de la
Sûreté du Québec. C'est le cadenas à double tour.
Après avoir, à titre d'exemple, invité les agents de
pêcheries ou les constables du Tribunal de la jeunesse à former
leur unité séparée, avec les aléas que nous avons
vus, on leur interdit maintenant, en désespoir de cause, de trouver
refuge chez les membres de la Sûreté du Québec.
Compte tenu de la nature spécialisée des tâches des
agents de la paix, nous aurions plutôt cru que le législateur
aurait été enclin à permettre à certains groupes,
sinon à tous, de s'affilier à tout autre organisme syndical. Les
fonctions des agents de la paix regroupés dans l'unité actuelle
ne peuvent pas les placer dans le conflit d'intérêts que peut
créer la tâche de policier, par exemple. Cette restriction,
à notre avis, va à l'encontre des principes fondamentaux de la
liberté d'association. Et cette restriction n'est aucunement
justifiée.
Sixième proposition: le Syndicat des agents de la paix demande
que le projet de loi 22 prévoie plutôt l'abrogation de l'article
114 de la Loi sur la fonction publique.
Le droit de grève. Le projet de loi reprend, avec la concordance
appropriée, l'interdiction du droit de grève. Cette proposition,
à première vue, semble attrayante. Cependant, en pratique, elle
est vide de sens. En effet, le seul argument militant en faveur d'une telle
interdiction réside dans le fait que les agents de la paix fournissent
des services essentiels. Comment alors expliquer la situation suivante? Au
soutien de leurs demandes en 1981, les inspecteurs des transports
décident de porter le "jean" au travail. Outré, l'employeur les
renvoie chez eux tant qu'ils ne porteront pas l'uniforme. L'employeur a alors
lui-même défini les services essentiels: aux Transports, ils
n'existent pas.
Quant au secteur plus névralgique de la surveillance en
établissement de détention, comparons-le au secteur des
hôpitaux. Il est bien établi que, comme dans les hôpitaux,
un minimum de personnel peut fort bien assurer la sécurité du
public. Les inconvénients qui en résultent ne compromettent pas
nécessairement la sécurité du public. En
conséquence, nous croyons que les agents de la paix, tout en remplissant
des tâches fort importantes, ne peuvent être privés du droit
de grève.
Septième proposition: le Syndicat des agents de la paix propose
que l'article 5 du projet de loi 22 soit modifié pour amender la Loi sur
la fonction publique de façon à reconnaître le droit de
grève suivant un mécanisme analogue à celui applicable aux
autres salariés de la fonction publique ou du secteur parapublic.
Le mode de négociation. Le projet de loi prévoit un
mécanisme de négociations tout à fait singulier. Une
expérience fort partiellement comparable a été
vécue à la Sûreté du Québec. Cependant, il
nous apparaît tout à fait inouï que le gouvernement
intervienne dans la formation des comités de négociation
syndicaux dans un projet de loi qui vise, semble-t-il, à régler
une question d'accréditation. Encore plus incroyable est le fait que
personne n'a demandé tel mécanisme. Aucun syndicat ne l'a fait.
D'où vient la nécessité de nous enfermer dans une telle
structure? S'il est un sujet devant être laissé à la
discrétion des parties, c'est bien la formation des comités de
négociation.
Huitième proposition: le Syndicat des agents de la paix propose
que l'article 6 du projet de loi 22 soit modifié en biffant les articles
116.1, 116.2, 116.3 et 116.4.
Le mode de règlement des différends. L'article 116.6
stipule que le mode de règlement des différends sera
négocié entre les parties. C'est la négociation de la
négociation.
Dans tous les systèmes de relations du travail, les
différents législateurs accordent ou n'accordent pas le droit de
grève. Dans la négative, et au nom du maintien de la paix
industrielle, le législateur prévoit par la loi un recours
à l'arbitrage sur demande de l'une des deux parties.
Nous ne comprenons pas que, pour les agents de la paix, le
législateur refuse l'un et l'autre. Quel sera le mode de
règlement, si les parties ne s'entendent pas sur ce dernier? Il est
inexistant.
De plus, cette proposition ne place plus les parties à la
négociation sur un même pied. En effet, un président est
nommé par le gouvernement, bien sûr après consultation avec
le syndicat. On dit bien que le gouvernement est distinct de notre employeur,
la ministre de la Fonction publique, mais alors, pourquoi la loi
n'oblige-t-elle pas le gouvernement à consulter aussi l'employeur, s'il
s'agit de deux entités distinctes?
Enfin, si la consultation équivaut à une entente entre les
parties, pourquoi ne pas avoir prévu l'inverse, c'est-à-dire la
nomination par le syndicat, après consultation avec l'employeur, et ce,
afin d'éviter toute apparence de partialité?
Il y a anguille sous roche. Cette structure imposée, à
notre avis, va à l'encontre des déclarations de la ministre de la
Fonction publique disant qu'elle respectera la volonté des
salariés. En la présente matière, elle va carrément
à l'encontre de la volonté des salariés. La logique d'une
telle démarche nous échappe. Qui bénéficie de
l'absence d'un tel mode de règlement, l'employeur ou le syndicat? Le
statu quo au niveau des conditions de travail bénéficie à
qui, au patron ou à ses employés? La réponse vient d'elle
même.
On nous propose de négocier le mode de règlement des
différends. En pratique, l'on nous force à négocier le
mandat d'un arbitre éventuel. L'employeur demandera un mandat restreint;
le syndicat demandera un mandat large, et la négociation
s'entreprendra.
Cette matière ne doit tout simplement pas faire l'objet de
négociations. Il est, à notre avis, tout à fait
déplacé de demander à un syndicat de se compromettre sur
les conditions de travail pour obtenir une formule consensuelle de
règlement du différend. Ce sont deux niveaux bien distincts.
Neuvième proposition: le Syndicat des agents de la paix
suggère que l'article 6 soit modifié en remplaçant
l'article 116.6 par le suivant: "Si le comité patronal et le
comité syndical ne peuvent s'entendre sur le renouvellement de la
convention collective, l'une ou l'autre des parties peut demander l'arbitrage
en donnant un avis écrit. Dans les dix jours de cet avis, les parties
s'entendent sur la nomination d'un arbitre. À défaut d'entente,
l'une ou l'autre des parties peut s'adresser au ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour demander la
nomination d'un arbitre chargé d'entendre les parties et de
déterminer les termes de la convention collective."
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais d'abord remercier le Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique de son mémoire, qui est assez
volumineux. Je vais faire des commentaires très brefs et je vais poser
quelques questions, d'une façon brève aussi, afin de permettre
à mes collègues de poser leurs questions.
Je dois vous dire que je suis un peu surprise en lisant votre
mémoire. Je sais bien qu'il est monnaie courante et de discours courant
aussi que l'employeur est la méchante partie, et la partie syndicale,
finalement, la bonne partie, mais, par ailleurs, dans tout votre
mémoire, on a l'impression que vous tentez d'ignorer totalement le fait
qu'à l'intérieur de votre syndicat, il y a une dissidence, en
tout cas un malaise qui existe. Vous avez parlé d'un certain malaise.
Après quelques mois au ministère de la Fonction publique, je
parlerais plutôt d'un malaise certain, un malaise que même les gens
de l'Opposition officielle ont reconnu. Entre nous, pour qu'ils soient d'accord
avec nous là-dessus, par les temps qui courent, il fallait vraiment que
la conviction soit inscrite au plus profond de leur âme, parce qu'ils
n'ont pas l'habitude, au moins sur des questions de principe, d'accorder la
partie facile au gouvernement. Tout le monde reconnaît ce malaise; je
répète donc: y compris l'Opposition. (21 heures)
Vous nous présentez un mémoire où finalement vous
nous parlez comme si effectivement, il n'y avait rien là et, que tout
ça était un peu issu de l'imagination du gouvernement et tant de
voyeurs qui cherchent par tous les moyens possibles à diviser le
syndicat pour régner. Moi, je vous le dis honnêtement, je suis un
peu surprise de ces énoncés parce que, j'ai comme l'impression
que vous nous prêtez plus d'intentions qu'on en a eues en
réalité. Je crois que depuis un an, le gouvernement a
tenté par tous les moyens possibles, d'éviter le biais de la
législation. Je pense que le gouvernement a sincèrement
espéré que le malaise se résorbe et que, finalement, vous
arriviez à faire la preuve que vous étiez représentatifs
de tous vos syndiqués.
Je ne crois pas que ce projet de loi soit significatif d'une
volonté du gouvernement de diviser ses membres, qu'il
s'agisse du Syndicat des agents de la paix ou encore du Syndicat des
fonctionnaires. Nous agissons, dans votre cas, parce qu'il s'agit vraiment d'un
cas particulier où un malaise existe depuis un certain nombre
d'années et, comme je le disais cet après-midi et, comme le
député de Jean-Talon le disait tout à l'heure, qui a
peut-être été créé en fait par la
diversité des tâches qu'ont exercées l'ensemble de vos
membres, ce qui n'existe pas dans l'ensemble de la fonction publique. Qu'une
dactylo soit dactylo au ministère de la Justice ou à
l'Assemblée nationale, ça demeure quand même un travail qui
présente beaucoup de parenté. Donc, il y a un problème, il
y a un malaise que tout le monde a reconnu et, je pense honnêtement que
vous nous prêtez des intentions dont j'ai le sentiment très
sincère qu'on n'a pas.
Vous parlez par exemple, d'un préjugé favorable aux
travailleurs, j'ai vu d'ailleurs le député de Jean-Talon tiquer
à cet énoncé, ça fait partie des slogans faciles.
Un préjugé favorable aux travailleurs, ça veut aussi dire
que dans une situation comme celle que vous vivez, c'est justement permettre
aux travailleurs de s'exprimer démocratiquement, permettre aux
travailleurs de prendre leurs responsabilités et de choisir en
connaissance de cause, compte tenu de malaises qu'ils ont à subir depuis
un certain nombre d'années, l'unité d'accréditation
à laquelle ils désirent s'affilier. Je pense que je n'ai pas
à réaffirmer mes convictions prosyndicales; ce n'est pas parce
que je suis devenue, par hasard, représentante de l'État
employeur du jour au lendemain, que je vais me sentir dans la peau d'un
méchant patron, prêt à égorger les travailleurs et
à les diviser pour mieux régner. Je pense que mes convictions
prosyndicales sont connues depuis longtemps. Mes convictions prosyndicales vont
aussi au point de faire confiance à la responsabilité des membres
dans une unité syndicale, surtout dans un cas où justement, il
existe un problème de dissidence qui a été
manifesté à de nombreuses reprises dans les dernières
années. Finalement, ça m'a pris un certain nombre de mois, comme
ministre de la Fonction publique, pour me résigner à choisir une
telle alternative parce que, effectivement, j'étais consciente à
l'époque et je suis toujours consciente qu'un fractionnement ou qu'un
morcellement de certaines unités syndicales peut, tout au moins
apparemment, présenter un affaiblissement de la partie syndicale. Par
ailleurs, comme je le disais il y a deux minutes, il me semble que, les
syndiqués eux-mêmes, sont assez responsables pour choisir
librement leur unité, dans un cas comme le vôtre, et que, de toute
façon, nous avons même prévu dans le projet de loi, pour
éviter justement, ce genre de problème, que des unités
différentes pourraient s'affilier entre elles, si ça peut
être une façon d'avoir plus de force face à l'employeur.
Dans ce sens-là, je vous le dis, je ne sens pas moins de
préjugé favorable aux travailleurs que je n'en sentais avant de
déposer le projet de loi.
Je vais terminer là-dessus mes commentaires. Je vais vous poser
quelques questions qui j'espère, seront les plus brèves possible.
À la page un et là, honnêtement j'ai été
surprise, vous dites qu'il s'agit pour vous de la première chance que
vous avez de faire connaître votre position auprès du
législateur sur un projet de loi qui vous affecte. Je suis très
surprise parce que je suis certaine que des gens vous ont rencontrés la
semaine dernière pour vous consulter sur le projet de loi qui
était déposé parce qu'il n'était pas prévu,
à l'époque, qu'il y ait une commission parlementaire où
nous pourrions vous entendre. Le gouvernement avait estimé que, somme
toute, beaucoup de choses avaient été dites dans ce dossier,
qu'on connaissait les arguments des parties en cause et qu'une consultation de
notre ministère avec vous pourrait finalement suffire à apporter
les amendements qui pourraient améliorer le projet de loi. D'ailleurs,
la demande est venue de nos amis d'en face et nous l'avons agréée
sans grande discussion d'ailleurs parce que nous n'avons pas d'objection du
tout à vous rencontrer. Il reste quand même que vous avez
été consultés et qu'il y a des amendements qui seront
déposés d'ici quelques heures à la suite des consultations
que nous avons eues avec vous. Je ne sais pas s'il y a lieu d'expliciter cette
affirmation, puisqu'elle m'apparaît pour le moins surprenante.
Vous parlez d'un vote que vous interprétez... Oui.
M. Rivest: Mme la ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Vous venez d'évoquer les amendements. Est-ce
que ces amendements existent en ce moment ou si vous les avez
déjà préparés?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, ils existent. On peut même les
déposer si...
M. Rivest: Mon inquiétude est que les mémoires et
nos invités vont nous suggérer des amendements et je voudrais
qu'on les entende avant de faire les amendements. Non?
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai aucune objection. Par exemple, vous
savez fort bien, M. le député de Jean-Talon, car vous êtes
beaucoup plus familier avec les corridors de cette auguste enceinte et avec
toutes la
procédure, qu'il y a lieu de faire des amendements jusqu'à
l'adoption en troisième lecture et que, même si les amendements
ont déjà été préparés en fonction des
auditions privées qui ont déjà été faites
sur ce projet de loi, rien ne nous empêcherait, si cela apparaissait
pertinent à tout le monde, de proposer d'autres amendements à la
suite de cette commission parlementaire.
Donc, vous parlez d'un vote, effectivement du vote sur le protocole
d'entente que vous aviez convenu de présenter à vos membres, si
ma mémoire est bonne, au mois de juin dernier, protocole que vous aviez
semblé accepter à l'époque, vote qui vous est apparu,
à vous, représentatif, parce que, sur les membres qui avaient
voté - je pense que vous parlez de 72%, si ma mémoire est bonne,
ou en tout cas - au-delà de 60% parmi les membres qui avaient
voté se disaient d'accord avec le retour des syndiqués à
la table de négociation. Mais ce vote ne nous est pas apparu, à
nous, représentatif, parce que seulement 60% des membres avaient
voté et aussi parce que, parmi les membres qui avaient voté, par
rapport au nombre total des syndiqués des agents de la paix de la
fonction publique, il nous apparaissait que même pas la moitié
était d'accord pour le retour à la table de négociation.
En plus, il nous apparaissait que, de la façon que la question a
été rédigée, elle était tellement
ambiguë qu'elle ne permettait pas de régler le problème de
la représentativité à l'intérieur des corps
d'emploi qui avaient officiellement manifesté de la dissidence.
Alors, admettez-vous, qu'effectivement, sur le problème de la
représentativité, tel que vous sembliez vous être
engagés dans le protocole d'entente, le vote ne réglait rien?
Est-ce que j'y vais avec toutes mes questions? D'accord, ça va,
je vais attendre.
Le Président (M. Desbiens): M.
Corriveau? M. Côté.
M. Côté (François): Si vous me permettez de
répondre à la première question...
Le Président (M. Desbiens): M. Côté, c'est
ça.
M. Côté: Puisque j'ai été
impliqué dans la consultation ou ce que vous qualifiez de consultation,
le syndicat a effectivement fait des démarches auprès de vos
représentants et non l'inverse, et non pas pour soumettre des
propositions, mais pour avoir une idée claire de ce que le projet de loi
voulait dire aux yeux du gouvernement. Je pense que nous n'avons pas
ménagé la teneur de la discussion, que nous n'avons pas
ménagé le caractère du dialogue que nous avons
engagé à ce moment-là. Le projet de loi nous est apparu,
à première vue, ambigu dans plusieurs de ses dispositions. Nous
étions intéressés non pas à faire des
représentations auprès de vos représentants, mais à
savoir ce que le gouvernement voulait dire par son projet de loi.
Effectivement, il y a eu une rencontre à laquelle nous avons
demandé de pouvoir discuter de trois choses. Premièrement: de la
volonté politique du gouvernement par ce projet de loi.
Deuxièmement: de pouvoir discuter avec les représentants de votre
ministère qui ont vu à la rédaction du projet de loi.
Troisièmement: de pouvoir discuter avec des personnes qui puissent faire
le lien entre ce qui est écrit et ce qui serait exprimé lors de
cette réunion au niveau de la volonté politique du
gouvernement.
La réunion que nous avons eue ne nous a pas permis de discuter
à notre satisfaction de la volonté politique du gouvernement
puisqu'il n'y avait aucun représentant élu à cette table.
Vous avez décidé - je n'ai pas à le contester - de vous
faire représenter par un de vos hauts fonctionnaires. Quand nous avons
fait la démarche, il était très clair que nous souhaitions
pouvoir entreprendre la discussion concernant des objectifs
généraux qui débordent le cadre de la loi, avec des
représentants élus membres du gouvernement. Cette première
démarche n'a pas été possible. Nous avons quand même
continué la discussion sur, uniquement et exclusivement, ce que le
gouvernement entendait présenter par son projet de loi.
Pour autant que ma mémoire me sert bien, nous n'avons pas fait de
représentations. Les représentations qui sont devant vous
aujourd'hui vous sont communiquées pour la première fois,
à ma connaissance. C'est dans ce sens-là que nous affirmons que
c'est la première fois que le Syndicat des agents de la paix a
l'occasion de pouvoir transmettre au gouvernement sa position sur le projet de
loi no 22.
En second lieu, vous avez parlé du vote qui a été
tenu. Il est vrai que le vote était à plusieurs égards
assez ambigu. Par ailleurs, il est aussi vrai que le document qui était
présenté était également ambigu.
Je fais une parenthèse ici. Vous dites qu'il y avait un protocole
conclu. Je m'inscris en faux, il n'y avait pas de protocole signé, il
n'y a jamais eu d'entente de quelque nature que ce soit sur ce document, ni
à la table, ni ailleurs. Nous avons convenu, compte tenu du cul-de-sac
où nous étions, le gouvernement refusant de négocier avec
le syndicat accrédité, le gouvernement refusant de
négocier 90% de la convention collective, de poursuivre la discussion
sur le 10% de la convention collective sur laquelle le gouvernement voulait
bien engager la discussion. Et nous nous sommes rendu compte, à un
moment donné, que c'étaient des positions finales, ce
n'était pas un protocole d'entente, c'étaient des
positions finales à la fois sur le régime d'accréditation
et sur les conditions de travail. C'est ce protocole qui a été
présenté tel quel aux membres. Maintenant, le document
lui-même pouvait prêter à ambiguïté parce qu'il
était intitulé: Protocole d'entente intervenu entre le
gouvernement du Québec et le Syndicat des agents de la paix.
Évidemment, c'est un projet d'entente, mais ce n'est pas une entente. Il
n'y a pas eu d'entente ni verbale, ni écrite entre qui que ce soit
relativement ou impliquant le Syndicat des agents de la paix.
Évidemment, c'est de l'histoire, je pense bien que le syndicat
n'a pas intérêt à rebrasser tout ce qui a été
vécu au cours de ce vote-là, sauf que la question a
été posée, comme je l'indiquais tantôt, en tentant
de tenir compte de l'ambiguïté du texte qui était soumis,
puisque le texte qui était soumis traitait à la fois
d'accréditation et des conditions de travail. Alors, la question, il est
vrai, était ambiguë parce qu'elle couvrait deux sujets, la personne
qui votait pouvait être d'accord avec le premier volet et pas d'accord
avec le deuxième à l'intérieur de la même
possibilité ou du même carré où elle devait inscrire
son vote. (21 h 10)
Alors, dans ce sens-là, il me semble que le syndicat comme tel a
été placé dans une situation de négociations tout
à fait intenable et c'est pour se sortir de cette situation intenable
que le vote a été organisé. Et maintenant, sur le
résultat du vote, je vous rappelle ce que M. Corriveau vous a dit
tantôt; je vous rappelle qu'il y avait moins d'abstentions à ce
vote qu'il n'y en a eu lors de la conclusion de la dernière convention
collective. Et pourtant, vos prédécesseurs ont jugé bon de
signer cette convention quand même et ils ont jugé à propos
de ne pas remettre en question le caractère représentatif du
syndicat.
En dernier lieu, je pourrais peut-être vous suggérer un
commentaire relativement à l'existence de la dissidence. Bien sûr,
la dissidence existe. Et bien sûr, je ne voudrais pas que les propos du
Syndicat des agents de la paix soient interprétés à titre
d'exemple, pour tenter de vous convaincre que l'unité qui est
proposée pour les surveillants et surveillantes en établissements
de détention n'est pas appropriée. Nous n'avons jamais soutenu le
contraire. En soi, elle peut, à notre avis, constituer une unité
appropriée. Il n'y a aucun problème à ce niveau-là.
Mais en lisant votre projet de loi, nous en venons à la conclusion que
vous allez beaucoup plus loin; vous morcelez, à ce que je comprends dans
le projet de loi, des groupes qui, en soi, ne peuvent pas être viables.
Vous donnez la possibilité à 40 constables du Tribunal de la
jeunesse de former leur unité; 40 constables - tout simplement pour
déborder peut-être un peu le cadre - 40 constables dont la
sécurité des postes est actuellement en jeu. Ce sont quarante
constables à qui on envoie des ultimatums pour leur dire: Vous
déménagez, vous prenez un autre poste ou vous vous en allez chez
vous parce que votre poste n'existe plus. Ils sont quarante. Est-ce que, dans
ce contexte, ces quarante personnes peuvent, suivant les critères qui
sont normalement utilisés - et je suis obligé de me
référer aux tribunaux, puisque ce sont eux qui ont
élaboré ces critères - ... Est-ce que, suivant les
critères généralement établis, un groupe comme
celui-là est un groupe qui est apte à négocier
collectivement une convention collective avec un employeur? D'autant plus que
l'on fait face à un employeur qui a une taille tout à fait
considérable, qui est le gouvernement du Québec. Alors, c'est
à travers les dispositions relativement aux petits groupes que nous en
venons à la conclusion que vous allez beaucoup plus loin que de
régler le problème de la dissidence qui s'est exprimée.
Et, concernant la question de la dissidence qui s'est exprimée, le
projet de loi est rendu en deuxième lecture. Nous tenons pour acquis
qu'il sera adopté et qu'au niveau des requêtes en
accréditation qui ont déjà été
demandées, il disposera de la situation, tel que le gouvernement l'a
entendu. Cela va bien. Mais pourquoi aller toucher aux autres groupes? Pourquoi
isoler ou donner une chance de s'isoler aux 90 agents des pêcheries, aux
40 constables du Tribunal de la jeunesse? C'est à la lumière du
sort que vous faites aux petits groupes que nous sommes obligés d'en
venir à la conclusion que l'intérêt du législateur
déborde peut-être celui de régler un problème de
dissidence. En d'autres termes, il ne m'apparaîtrait pas opportun que
pour régler un problème - et, encore une fois, vous avez pris une
position, et le Syndicat des agents de la paix va s'y soumettre - ... Vous avez
pris une position relativement à des problèmes et dans Ia
réponse que vous donnez, vous embrassez une réalité qui
est beaucoup plus grande que les problèmes qui vous ont
été présentés.
Le Président (M. Desbiens): Madame la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je veux faire simplement quelques
commentaires, M. le Président, et je laisserai tomber mes autres
questions, parce que, quand même, le temps avance et il y a des groupes
qui attendent; c'est vendredi soir et mes autres collègues ont
posé des questions.
Pour commencer par la fin où finalement vous nous
soupçonnez - bon, c'est à la lumière du sort que l'on
réserve aux petits groupes, si j'ai bien compris votre expression - de
vouloir finalement créer des
unités d'accréditation qui seraient non viables, je vous
dirai que sur six groupes actuellement ou sept, il y a quand même trois
demandes d'unités d'accréditation. II nous est apparu que
c'était déjà extrêmement complexe et que ce serait
finalement plus facile, pour la compréhension de tout le monde, de le
faire tel que prévu dans l'ancienne loi, par corps d'emploi. Nous avons
justement prévu aussi que votre syndicat, au lendemain de la loi,
demeure toujours en place; il est toujours le syndicat légalement
accrédité. Si des dissidences n'existent pas à
l'intérieur de ces petits groupes, que ce soit les constables du
Tribunal de la jeunesse, les agents des pêcheries et les autres, je pense
que le constat que nous pouvons faire, c'est que normalement ces syndicats se
regrouperaient sous l'égide du syndicat actuel ou sous l'égide
d'autres groupes, parce que c'est aussi prévu par la loi. Donc, encore
là, il s'agit de la responsabilité et de l'intérêt
des membres qui composent ces petites unités. Je pense que la
responsabilité syndicale va jusque-là aussi.
Si des constables du Tribunal de la jeunesse, dans le contexte, devaient
décider de se morceler, je pense qu'ils devraient en assumer la
responsabilité eux-mêmes. L'employeur, de la même
façon que nous avons jugé bon de donner la liberté
à d'autres syndiqués, ne pouvait pas, par un instinct
paternaliste, décider d'en protéger quelques-uns parce qu'il nous
semblait qu'ils n'étaient pas capables de se défendre
eux-mêmes.
Sur la question du vote, nous avons eu notre interprétation, vous
avez eu la vôtre. Vous reconnaissez, comme je l'ai reconnu, qu'il y avait
finalement beaucoup d'ambiguïté. Je ne vous en blâme pas non
plus; c'est un dossier qui a été extrêmement complexe. Je
crois bien que, comme vous le disiez si bien, ça ne servirait à
rien de refaire l'historique et de tenter de réexpliquer, de part et
d'autre, des gestes qui ont été posés dans les
dernières années dans ce dossier.
Par ailleurs, sur la rencontre que vous avez eue avec nos
représentants sur le projet de loi, encore là, je suis surprise
de voir que, dans le fond, ce qui vous importait vraiment, c'est de
connaître la volonté politique du législateur. Il me semble
que la volonté politique du législateur a été
exprimée déjà depuis un an, tout au moins certainement
depuis le dépôt du rapport Boily qui a tenté d'en arriver
à une entente avec vous sur la vérification volontaire de
l'unité d'accréditation. C'était la même
volonté politique du gouvernement qui a été
exprimée lors de la discussion sur le protocole d'entente. Quand j'ai
fait une conférence de presse en septembre, j'ai dit que j'avais
l'impression qu'on se retrouvait dans une impasse et que si, après un
ultime effort de médiation que j'avais proposé avec le juge
Wilhelmy, nous n'en arrivions pas à une entente et à un accord
sur le processus de la vérification de l'unité, nous serions
obligés de légiférer pour permettre aux syndicats
dissidents ou non de s'exprimer sur leur unité syndicale.
La volonté politique était connue très clairement
depuis déjà quelque temps et le projet de loi ne vient que
confirmer cette volonté politique, qui est de permettre aux membres de
s'exprimer une fois pour toutes sur leur unité d'accréditation,
ce qui va vous permettre, à vous comme à nous et à
d'autres unités s'il y a lieu, de recommencer à négocier
sur une base sereine, même si je ne me fais pas d'illusions. Une
négociation est toujours une négociation et ce n'est pas parce
que le problème de la vérification va être
réglé qu'on n'aura plus jamais de problèmes avec les
agents de la paix, ça va de soi. Mais il reste que la volonté
politique a été très clairement exprimée
là-dessus et que le projet de loi ne vient que confirmer cette
volonté politique.
Par ailleurs, je réitère que le projet de loi, bien
sûr, ne règle pas tous les problèmes des agents de la paix,
que ce soit, par exemple, le droit de grève, l'arbitrage, etc., parce
que notre intention première et notre volonté première
était de vérifier surtout l'unité. Nous avons tenté
de nous rapprocher le plus possible de ce qui existait déjà, tant
à l'intérieur de la Loi sur la fonction publique que dans le Code
du travail et dans la convention collective que vous avez et qui est
expirée. Rien n'empêchera que, durant les prochains mois, à
l'occasion de la révision globale de la fonction publique, nous ayons
d'autres discussions sur des problèmes qui peuvent affecter les agents
de la paix.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. Corriveau, je voudrais, au nom du
député de Papineau et en mon nom, vous remercier de votre
mémoire qui a certainement le mérite, pour les parlementaires et
l'opinion publique, je le présume, de situer le problème
très précis et très identifié, que vous
reconnaissez vous-même au niveau de la représentativité,
dans une perspective beaucoup plus large, d'une part, de l'état actuel
tout à fait déficient de la loi qui préside aux relations
du travail pour l'ensemble des agents de la paix, c'est-à-dire de la Loi
sur la fonction publique. Vous évoquez des incongruités
évidentes, au niveau du statut, du régime de négociation
qui est fait aux travailleurs de votre secteur par rapport à d'autres
secteurs, incongruités qui ne sont pas nouvelles, ce n'est pas la
première fois que vous avez l'occasion de les exprimer. Il y a
même un document
gouvernemental, le rapport Martin-Bouchard, qui en avait fait
état à certains égards; le rapport Bouchard est de 1978,
Cela fait longtemps que le gouvernement, Mme la ministre, est saisi de ce
problème. C'est même antérieur au gouvernement actuel.
Malheureusement, on est obligé d'attendre encore la solution de
cet aspect qui est général, non seulement le droit de
grève ou l'arbitrage, mais enfin tous les éléments que
vous avez indiqués dans votre mémoire. Il y a une initiative qui
a été prise par Mme la ministre de la Fonction publique, ce
fameux "select committee" dont on a parlé, qui a commencé ses
premiers balbutiements. On en est vraiment là. Il y a des documents
extrêmement intéressants qui nous ont été produits.
Le mandat est beaucoup plus large que le problème des agents de la paix.
Spécifiquement, la question des agents de la paix fait partie de nos
travaux.
Mon collègue de Papineau est le porte-parole de notre groupe au
sein de ce comité; j'y suis moi-même. Je veux simplement, au nom
de notre formation politique, vous indiquer notre désir de trouver
effectivement une voie de solution au problème des agents de la paix
dans l'ensemble de la législation du travail. Exceptons les gens qui
travaillent dans les institutions de détention. Vous avez
vous-même mentionné dans votre mémoire qu'ils pouvaient
s'apparenter peut-être au personnel qui travaille dans les
hôpitaux. C'est évident qu'au niveau du droit de grève, la
notion de "services essentiels", vous l'avez bien illustrée avec
l'initiative prise par les gens, les inspecteurs des Transport, la notion de
services essentiels devient quand même assez bizarre, pour ne pas dire
cocasse. Donc, il n'y a pas de dogme de ce côté et au niveau du
"select committee". L'ensemble de ces questions, c'est de cette manière
que nous abordons le problème. C'était très utile que vous
profitiez du forum qui vous est donné pour l'affirmer publiquement.
Quant à nous, cela va nous être extrêmement utile.
Ce soir et dans le cadre du projet de loi, notre ambition est quand
même beaucoup plus limitée. On a fait largement état du
problème de la représentativité. C'était une des
conclusions auxquelles mon collègue de Papineau était
arrivé. Effectivement, il existe un problème de
représentativité. À la suite de votre mémoire et
des conversations qu'on a eues, il y a effectivement un problème qui me
paraît sérieux, qui porte deux dimensions. J'espère qu'on
va pouvoir y réfléchir et, à tout le moins, essayer
d'éviter d'adopter des solutions qui pourront avoir des
conséquences beaucoup plus larges que dans le cas du Syndicat des agents
de la paix, entre autres, la dimension viabilité que vous avez
soulignée - on peut faire des beaux discours, comme le projet de loi,
à sa face même - est très intéressante. Ce sont les
membres, selon la volonté de la majorité des salariés.
C'est un beau principe qu'on peut respecter, mais le domaine des
relations du travail est ainsi fait que cela ne suffit pas. Il faut bien
convaincre les travailleurs que l'unité de négociation dans
laquelle ils choisissent de se regrouper, non seulement doit être l'objet
d'un choix libre, mais cette unité de négociation doit donner ce
qui est capital dans le domaine des relations du travail, un réel
"bargaining power", un réel pouvoir de négociation. C'est souvent
l'aspect concret du pouvoir de négociation que l'on obtient à
l'intérieur d'un syndicat, c'est cela qu'est la mesure des
libertés syndicales. Un syndicat qui n'a pas de pouvoir de
négociation, à cause de son nombre ou a cause de sa situation, a
beau avoir les structures les plus démocratiques possible, cela reste
très dangereux au bout de la ligne pour les conditions de travail.
Surtout, en plus, que vous avez affaire au gouvernement qui est un très
gros appareil et qui a affaire à énormément de syndicats
qui sont drôlement plus puissants que le Syndicat des agents de la paix
actuel. C'est le premier problème, la viabilité. Le ministre en a
fait état. (21 h 30)
Dans votre mémoire, c'est très clair et c'est un aspect en
tout cas qui m'inquiète. Je ne parle pas tellement du regroupement des
gens en institution pénale, je pense qu'ils ont un volume et, en plus,
vu l'endroit où ils exercent leurs fonctions, la nature de leur fonction
leur donne une certaine marge. Quant aux autres, je les ai rencontrés;
je sais quelles sont leurs préoccupations et je les inviterais en tout
cas à bien réfléchir à cet aspect.
L'autre dimension qui m'inquiète également dans le projet
de loi et que vous avez soulignée dans votre mémoire, non sans
raison, c'est la notion d'homogénéité des unités de
négociation. C'est un excellent principe aussi à première
vue, mais je pense que vous avez illustré le danger que cela pourrait
comporter pour d'autres fonctionnaires. Je pense que dans le mémoire,
nommément, vous mentionnez le Syndicat de la fonction publique.
Effectivement, la notion d'homogénéité est une
belle notion théorique, peut-être plus que théorique, mais
il ne faut pas aller trop loin non plus dans ce sens, parce qu'il n'y a pas
grand syndicat qui pourra satisfaire à tous les critères
d'homogénéité, parce qu'il y a des gens qui viennent un
peu de tous les horizons. Comme Me Côté le soulignait, les groupes
que vous invitez dans le projet de loi, d'une façon implicite à
tout le moins, à se morceler selon ce que j'ai compris des explications
de Mme la ministre, c'est une chose, et quand on invoque le principe... C'est
déjà ouvert la question, on va en
parler à nouveau tantôt. Vous les avez mentionnés
comme cela, mais, tantôt, Mme la ministre, quand vous aurez à
répondre aux préoccupations des gens qui sont constables au
ministère des Travaux publics face à ceux de l'Assemblée
nationale, vous aurez à trouver une application très
concrète. Je ne veux pas préjuger de ce que M. Brochu va nous
dire tantôt, mais si, par hasard, par hypothèse, des gens dans
cette unité, dans ce corps d'emploi ne voulaient pas, ou que ce soient
les constables de l'Assemblée nationale qui ne le voulaient pas et
qu'ils sont une cinquantaine ou quelque chose comme cela -enfin, on a eu les
chiffres tantôt - en vertu de quoi 40 gars des Transports, ou je ne sais
pas lesquels, qui seraient de même taille, auraient-ils le droit de se
constituer en unité, alors qu'un autre corps d'emploi n'en aurait pas le
droit? Cela va soulever un paquet de problèmes que le syndicat
connaît très bien.
Ce sont, pour l'instant, mes préoccupations. Le mémoire du
syndicat m'impressionne dans le sens qu'il a souligné d'une façon
très objective ces problèmes et je ne voudrais pas qu'on en
dispose... Notre préoccupation ici, au niveau de l'étude article
par article, c'est d'essayer de régler un problème qui est quand
même localisable; on peut le localiser, mais il faut bien faire attention
de ne pas prendre d'attitudes ou d'adopter des articles qui risqueraient non
seulement pour le Syndicat des agents de la paix, mais pour d'autres syndicats
d'être invoqués comme précédents.
C'est déjà un précédent que ce projet de loi
soit déposé alors que, selon les affirmations du Syndicat des
agents de la paix, en période de négociations chacun peut
discuter. Qu'on conteste la représentativité d'un syndicat par un
projet de loi, je pense que c'est un fait absolument brutal. Je me demande
d'ailleurs quelle aurait été l'attitude du gouvernement si, dans
le secteur privé... Il faut penser à cela aussi dans l'ensemble
des relations du travail. Le gouvernement est vertueux par définition,
j'imagine, mais, dans le secteur privé, il peut exister des
problèmes comme cela. Si une méchante multinationale, pour
prendre une chose qui risque de frapper l'imagination de nos amis du
gouvernement, faisait la même chose, si à un moment donné
elle avait des difficultés de négociation avec un syndicat et
qu'effectivement il y avait des mouvements de troupes dans le syndicat qui
seraient visibles et réels et que cette entreprise se rende au
ministère du Travail, invoque le projet de loi no 22 et dise: Vous
autres, au gouvernement, il y a eu des problèmes de
représentativité au niveau d'un syndicat dans la fonction
publique, vous avez changé de chapeau et vous avez ordonné un
vote. Vous avez adopté une loi, vous avez fractionné le syndicat.
J'aimerais bien entendre la réponse que le gouvernement pourrait donner
à cette méchante multinationale qui se comporterait d'une
façon aussi antisyndicale.
Je ne veux pas abuser de l'absence de Mme la ministre qui nous a
quittés pour quelques minutes, mais je sais que le gouvernement pourrait
nous répondre là-dessus que ce n'était pas en
période de négociations nécessairement, enfin les
explications qu'elle a données. Vous savez, cela a l'air de rien, ce
petit projet mais, dans le domaine des relations du travail ça peut
avoir des conséquences extrêmement sérieuses.
Je voudrais poser quelques questions. Je ne veux pas reprendre
l'ensemble. Je veux bien comprendre, au niveau du morcellement - je vais
employer le terme, pour ne pas choquer Mme la ministre - comment appelle-t-elle
ça? C'est le fractionnement, dans ses notes explicatives - des
unités de négociation, que vous avez insisté sur le
rôle du Tribunal du travail. À la rédaction du texte, quel
est le point essentiel que vous voulez faire marquer vraiment au niveau du
rôle du Tribunal du travail au sujet du morcellement des unités de
négociation? Je voudrais que vous me l'exprimiez en deux mots.
M. Côté: Voici. Le gouvernement, à titre
d'employeur, est assujetti aux dispositions du Code du travail. Normalement, il
est assujetti également au processus judiciaire ou quasi judiciaire du
Tribunal du travail, pour toutes matières, y inclus la
détermination de l'unité d'accréditation. Si, par une loi,
en réalité, c'est faute d'un meilleur terme, j'appellerais
ça une loi d'exception, on retire à la juridiction
générale du Tribunal du travail un certain nombre de sujets par
voie législative, ce que nous ne comprenons pas, c'est que le
problème qui nous amène ici a été
créé justement parce que le législateur est intervenu au
niveau de la détermination des unités d'accréditation.
Il y a déjà eu, même Mme la ministre en a
déjà fait état, un certain nombre de requêtes en
accréditation. Dans la mesure où le Tribunal du travail aurait pu
statuer sur cette question, au moment où il en a été
saisi, il y a plus d'un an, on ne serait pas ici aujourd'hui et on n'aurait pas
le problème que nous avons actuellement.
Évidemment, on peut excuser tout le monde, puisqu'on prend la loi
comme elle est. Ce que nous ne comprenons pas, c'est que, dans le
mécanisme qu'on propose, les unités sont encore
réinscrites dans la loi, de sorte que - et je prends votre exemple - si,
à l'expiration de la prochaine convention collective, les constables de
l'Assemblée nationale désiraient se séparer du groupe des
constables des Travaux publics, ils ne pourraient pas, par simple requête
au
Tribunal du travail, aller plaider leur cause et se faire dire oui ou se
faire dire non, suivant qu'ils constituent ou non une unité
appropriée.
On invite le même processus qu'on a connu depuis un an et dont on
veut se débarrasser à se renouveler encore. Le gouvernement nous
propose aujourd'hui une division en six corps d'emplois; sans intervenir plus
avant sur ce que ça représente aujourd'hui. Il n'est pas certain
que ça va toujours représenter la réalité. Ce qui
veut dire que, chaque fois qu'il se produira un problème au niveau de la
description des unités, soit que de nouvelles tâches se soient
ajoutées, soit que des tâches aient été
modifiées, soit que des regroupements ou des modifications
administratives aient créé des liens avec une partie de groupe et
une autre partie de groupe, on se retrouvera toujours devant le même
problème. C'est un peu le sens.
M. Rivest: Je comprends, et vous me corrigerez, parce que je ne
fréquente pas le Tribunal du travail très souvent, mais un aspect
qui m'a paru très important dans votre mémoire, c'est à la
page 27, ça regarde le problème de la viabilité. Est-ce
qu'effectivement, nous, on parle toujours de la représentativité,
vous savez, c'est la raison qui est le problème, il paraît, au
Syndicat des agents de la paix, c'est sans doute un problème, vous avez
insisté aussi sur la viabilité? Ce n'est pas juste parce que
c'est l'intérêt des travailleurs, mais, est-ce que nous autres,
à l'Assemblée nationale, on va disposer du problème de la
viabilité? Vous en parlez à la page 23 et je voudrais vous
demander si c'est ça vraiment que vous avez voulu dire que l'une des
responsabilités et une des pratiques qui existent au niveau du Tribunal
du travail est de refuser une accréditation même si la
majorité le fait, si le Tribunal du travail estime que ce syndicat n'est
pas viable. Est-ce que c'est une des... Jamais non.
M. Côté: Nécessairement...
M. Rivest: Voici la phrase exacte que je veux vous faire
commenter. Je l'avais interprétée de cette façon: Jamais,
dans le système actuel, le Tribunal du travail ne fera primer la
volonté des salariés sur la viabilité de l'unité.
Est-ce qu'il est exact que c'est la pratique du Tribunal du travail?
M. Côté: Bien sûr, quand un syndicat demande
l'accréditation, il prétend avoir la majorité. Alors, la
question de la représentativité ne se pose pas. Pour utiliser une
expression qui a été utilisée il y a plusieurs
années et qui a été reprise dans différentes causes
présentées au Tribunal du travail, on veut éviter - et le
tribunal l'utilise comme politique d'interprétation de la loi - la
balkanisation des unités d'accréditation.
M. Rivest: Et ça, c'est la pratique. M.
Côté: C'est la pratique.
M. Rivest: C'est la pratique du Tribunal du travail. Est-ce que
la ministre convient de cette pratique?
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
M. Rivest: Je ne veux pas vous mettre en conflit, je veux avoir
des informations.
Mme LeBlanc-Bantey: Je m'excuse mais, malheureusement, j'ai
été distraite pendant quelques secondes. La seule chose que je
puisse dire, ce que j'en sais à ce jour, c'est que la volonté du
législateur, dans le Code du travail, prévoit qu'une seule
personne peut former un syndicat. Vous admettez ça Me
Côté?
M. Côté: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Là où j'ai envie d'intervenir,
si le député de Jean-Talon me le permet, tout de suite, c'est sur
l'homogénéité des unités. Vous dites que le fait
qu'on maintient toujours les corps d'emploi tels quels, le même
problème pourrait se reposer à l'égard, par exemple, des
gardiens constables de l'Assemblée nationale et des Travaux publics.
Mais, tout le monde admet que s'il y a dissidence à l'intérieur
de votre syndicat, je crois que c'est surtout dû à la
disparité des tâches et des conditions de travail des gardiens
d'institutions pénales et des agents de la paix. Tout le monde est
d'accord - qu'ils n'ont pas les mêmes responsabilités ou les
mêmes fonctions. Un garde-chasse ou un garde-pêche aux
Îles-de-la-Madeleine ou à Blanc-Sablon qui travaille en plein air
a des conditions de travail qu'il nous est permis de supposer bien moins
stressantes qu'en institution pénale où effectivement, on peut
souvent avoir affaire à quelques individus dangereux.
Dans le cas des gardiens constables et des gardiens de
l'Assemblée nationale, si nous avons tenu à ce que ça
demeure quand même une unité d'accréditation assez
fermée, c'était pour justement éviter le problème
que vous craignez du morcellement des unités à l'infini.
Qu'importe les intentions que vous pourrez nous prêter, l'intention du
gouvernement, là-dedans, n'est pas de diviser les syndiqués que
sont les agents de la paix, les fonctionnaires ou autres, pour régner.
On a agi en fonction d'un problème qui existait. Entre nous, je
pense que tout le monde conviendra qu'un gardien constable à
l'Assemblée nationale ou un gardien constable aux édifices
publics exerce, à peu de choses près, les mêmes fonctions
et sensiblement, probablement exactement les mêmes fonctions. Alors, le
problème ne se pose pas dans ce cas-là et il n'est pas du tout le
même type de problème que vous avez à vivre à
l'intérieur de vos différents corps d'emploi.
J'ajouterai aussi, pour répondre à ce problème
spécifique des gardiens constables de l'Assemblée nationale et
des Travaux publics, qu'il y a eu une discussion qui, à ma connaissance,
existe depuis quelques années déjà, en tout cas, je dirais
une forme de polémique sur la nécessité de garder,
à l'intérieur de la Loi sur la fonction publique, les
employés de l'Assemblée nationale. Parce que pour certaines
raisons, que je n'énumérerai pas ici ce soir, il y a une
théorie à l'effet que les employés de l'Assemblée
nationale devraient être sortis de la Loi sur la fonction publique.
Alors, là encore, comme je l'ai dit à plusieurs reprises depuis
le début de la soirée, nous ne voulions pas réinventer la
roue et régler tous les problèmes en même temps. On s'est
dit que la discussion se ferait à l'occasion du comité
spécial de la fonction publique. J'aime mieux ça que le "select
committee" M. le député de Jean-Talon. Si le comité devait
nous recommander et que le gouvernement devait décider que cela a du bon
sens de sortir de la Loi sur la fonction publique les employés de
l'Assemblée nationale, du même coup, les problèmes des
gardiens de l'Assemblée nationale seraient réglés.
Par ailleurs, je répète que notre intention n'était
pas de morceler à l'infini les unités et qu'il nous est apparu
que, dans ce cas-là, il n'y avait pas de raison de justifier le
morcellement justement parce que les fonctions étaient sensiblement les
mêmes et que quelqu'un qui négocie pour une unité ou pour
une autre, doit normalement être capable de négocier les
mêmes conditions de travail sans que ça porte préjudice
à ses syndiqués. (21 h 45)
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous avez un
commentaire?
M. Côté: Oui, M. Corriveau. Le Président
(M. Desbiens): Oui.
M. Côté: Sur la question que vous avez
évoquée vous avez fait référence aux agents des
pêcheries. Prenons l'exemple aux Îles. Il se pourrait
suivant...
Mme LeBlanc-Bantey: ... ça, vous le savez.
M. Côté: II se pourrait, madame, suivant le projet
de loi que vous présentez que les agents des pêcheries, et ce
n'est pas une hypothèse farfelue, se retrouvent dans la même
unité et uniquement avec des constables du Tribunal de la jeunesse. Et
votre projet de loi détermine qu'il s'agit d'unités
appropriées. Cela, sous aucune considération à moins que
je sois complètement en dehors de la compréhension des choses,
sous aucune considération, un Tribunal du travail ne
déterminerait que 40 constables du Tribunal de la jeunesse
principalement localisés à Montréal, Sherbrooke, Hull et
Québec puissent constituer une unité appropriée avec 90
agents de pêcheries qui sont par la force des choses, le long de la
côte. Votre projet de loi permettrait une telle situation. J'ajouterais,
permettrait non pas par la volonté des salariés, permettrait
uniquement attrition, par le fait que les autres groupes s'en vont; le Syndicat
des agents de la paix qui reste serait formé uniquement de ces deux
groupes-là. Vous avez parlé de disparité et
d'homogénéité; bien sûr, on peut parler de la
ressemblance des fonctions entre les surveillants en établissements de
détention et les autres groupes, j'en suis, mais je considère que
votre projet de loi ne règle pas ce problème-là.
Mme LeBlanc-Bantey: En fait, je pense que le projet de loi offre
vraiment beaucoup de latitude et beaucoup de possibilités. Effectivement
la situation pourrait se retrouver comme la situation qui voudrait que les
gardes-pêche qui sont prévus dans la loi - on les a toujours
appelés les gardes-pêche aux Îles, mais là j'ai
réalisé, avec la Loi sur la fonction publique, que les
gardes-pêche étaient ceux de la pêche sportive et que ceux
qu'on appelait les gardes-pêche, aux Îles, s'appellent, en
réalité, je ne sais plus trop comment...
Le Président (M. Desbiens): Les agents de la faune?
Mme LeBlanc-Bantey: Les agents de conservation.
Alors, il se pourrait qu'effectivement on retrouve cela comme situation.
Par ailleurs, la loi permet aussi aux gardes-pêche de demander une
unité qui leur est propre quand même, permet aux gens du Tribunal
du travail de demander une unité qui leur est propre, mais de se
regrouper ou de s'affilier dans une même unité
d'accréditation qui pourrait négocier deux conventions
collectives, mais par le principe d'une fédération qui se
retrouvera un peu regroupée. Par ailleurs, vous dites que le Tribunal du
travail n'accepterait pas cela. Je vous avoue, je ne prétendrais pas que
je suis suffisamment familière avec tous les mécanismes du Code
du travail et avec la
jurisprudence pour vous donner raison ou non. Je pense cependant que
l'argument contraire peut être invoqué. Je n'ai pas envie de
m'instituer en juge du tribunal ce soir, et de prévoir la
réaction du Tribunal du travail. Ce que je dis, moi, c'est que, je
l'admets en toute modestie et en toute simplicité, ce projet de loi
prévoit énormément de possibilités, il ne
règle pas tout. Par ailleurs, il permet tout au moins de régler
le problème qui sévissait à l'intérieur de votre
syndicat depuis plusieurs années, et dans ce sens-là, c'est tout
au moins un pas important pour la paix comme je l'ai dit aussi dans le syndicat
des agents de la paix.
Si d'autres situations devaient survenir absolument abracadabra, mon
Dieu, je pense qu'on tenterait de manifester la même ouverture d'esprit
qu'on a manifestée à ce jour dans le dossier.
M. Rivest: C'est mon prochain commentaire, j'aurais d'autres
questions, bien sûr, sur la technique de modification de
l'accréditation, je vais aller assez vite.
Mme LeBlanc-Bantey: Pourquoi veut-il aller... assez vite.
M. Rivest: Effectivement, vous avez souligné avec raison
que s'il y avait d'autres problèmes qui survenaient en cours de route
assez curieusement c'est l'Assemblée nationale qui va devoir intervenir
pour amender le projet de loi sur la technique de modification de
l'accréditation; cela va être une intervention législative
à chaque fois, ça va être beau, en tout cas avec tout ce
que cela implique, on y va-t'y, on y va-t'y pas?
Mme LeBlanc-Bantey: ... veiller jusqu'à quatre heures du
matin par les temps qui courent.
M. Rivest: Vous savez que les gouvernements et c'est le propre
également du vôtre, au lieu de faire commencer les sessions en
septembre, les font commencer à la mi-novembre, je ne sais trop; alors
c'est ce qui produit les imbroglios législatifs que je vous ai
dénoncés mais c'est tout à fait vrai, c'est un scandale,
vous avez beau nous abreuver de tous vos rapports de valorisation...
Mme LeBlanc-Bantey: On sait ce que cela donne vos scandales ces
temps-ci, ça se "déballoune" vite.
M. Rivest: Mais je sens que d'un autre côté, on
s'éloigne du sujet...
M. Blais: Question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre:
M. le député de Terrebonne, sur une question de
règlement.
M. Blais: Je ne voudrais pas qu'on accuse faussement le
gouvernement de commencer les sessions tard; même si on commence un peu
plus tard que vous avez déjà commencé quand vous
étiez au pouvoir, on travaille en double.
Mme LeBlanc-Bantey: ...
Le Président (M. Desbiens): Ceci n'existe pas en
commission parlementaire. C'est une opinion.
M. Rivest: Alors, troisième élément. La
confusion de l'allégeance syndicale. Je voudrais vous demander, M.
Corriveau, Me Côté, un commentaire à la page 30. Je
comprends cela, quand vous écrivez, au deuxième paragraphe,
l'accréditation et l'agent négociateur. "Le gouvernement nie
à toutes fins utiles l'expression démocratique de la
volonté des membres. Si l'un désire être
représenté par un syndicat, il ne peut pas s'exprimer sur son
unité d'accréditation." À quoi référez-vous,
exactement, dans votre affirmation?
M. Côté: Voici. Le projet de loi prévoit que
la demande d'accréditation, endossée par une majorité...
Tenons pour acquis l'exemple qu'un syndicat autre que le Syndicat des agents de
la paix, décide de demander une accréditation; il doit
nécessairement demander l'accréditation pour un groupe et pour le
séparer. Suivant mon entendement du projet de loi, il ne pourrait pas
demander l'accréditation pour le groupe, tel qu'il est actuellement.
Alors, l'individu qui adhère à un syndicat se trouve à
adhérer et au syndicat et à l'unité. Et comme il est
prévisible de croire qu'il n'y aura pas quinze ou vingt demandes dans
chacun des groupes, il est prévisible de croire que dans certains
groupes, il n'y aura qu'une seule demande en accréditation, pour
représenter ce groupe-là. Alors l'individu, lui, qui
désire une certaine unité d'accréditation, à titre
d'exemple, un surveillant en établissement de détention qui
désirerait son unité pourrait, suivant les différents
scénarios qui peuvent être élaborés, ne pas avoir le
choix de son syndicat. Et l'inverse est vrai aussi. L'individu qui
adhère à un syndicat parce qu'il croit que ce syndicat est plus
apte à le représenter que le syndicat actuel, étant
donné qu'il ne peut pas y avoir de requête en accréditation
pour remplacer le syndicat accrédité dans son
accréditation actuelle, va nécessairement choisir son
unité aussi. En fait, on se trouve un peu avec la même
ambiguïté du protocole.
Mme LeBlanc-Bantey: Moi, j'ajouterais
simplement là-dessus qu'on a un amendement qui va peut-être
régler ce problème tout à l'heure.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Papineau. Vous n'avez pas terminé?
M. Rivest: Non, j'ai une dernière... Vous avez
souligné également, au sujet des regroupements possibles, la
possibilité... Votre exemple est assez concret, je ne sais pas si c'est
à vous, mais en tout cas. J'ai noté, par exemple, à la
page 32: "Les agents des pêcheries décident de se joindre aux
agents de la conservation de la faune - j'allais dire de la conversation de la
faune - c'est leur premier choix. Comme second choix, ils
préfèrent demeurer dans la structure actuelle. Or, pour respecter
leur premier choix, ces agents demanderont une accréditation
séparée, à laquelle ils attacheront un consentement
à se joindre aux agents de la conservation de la faune. Dans
l'éventualité où ces derniers n'obtiennent pas une
accréditation séparée, les agents des pêcheries se
retrouveront tout fin seuls dans une unité qu'ils n'ont à
proprement parler, jamais choisie." Cela, je pense que c'est sans doute un
danger. Je ne sais pas comment. Il faudra peut-être que vous vous forciez
les méninges pour essayer de trouver un amendement pour éviter
cette affaire. Non; allez-vous faire...
M. Côté: Si toute la matière était
soumise au Tribunal du travail, le Tribunal du travail aurait le pouvoir de
faire les enquêtes, les sondages; il peut décréter un vote
s'il le juge à propos, pour régler le problème de
l'unité d'accréditation.
M. Rivest: J'aurais d'autres questions, mais il y en a une qui me
frappe parce qu'elle couvre tout un chapitre, c'est le mode de
négociation prévu dans le projet de loi, qui est quand même
capital. Vous dites que cela a déjà été vécu
à la Sûreté du Québec et que ça n'a pas
été bon, cette affaire; en fait, c'est ce que vous indiquez,
non?
M. Côté: Non, non. Cela dépend de quel point
de vue on se place.
M. Rivest: Pourquoi? Quand vous dites: Une expérience fort
partiellement comparable... Excusez, j'ai mal interprété
l'affaire. Mais, sur l'article 6, une fois que vous nous proposez de biffer
toute la "patente" 116, vous proposez quoi, comme mode? Je comprends qu'il y a
l'intervention du gouvernement là-dedans, le président et tout
cela; qu'est-ce que vous proposez comme mode de négociation?
M. Côté: En fait, la première question qu'on
se pose, c'est: D'où cela nous vient-il? Nous, en tout cas, ne l'avons
jamais demandé et je ne pense pas, je n'ai jamais entendu parler de
quelqu'un qui voulait s'encadrer dans un comité de négociation
prévu à la loi. Maintenant, ce comité... On ne voit pas
comment la loi, et peut-être à cause de la confusion... On n'en a
pas parlé dans le mémoire parce que cela ne touche pas exactement
le projet de loi, mais il y a la confusion de l'État employeur et
l'État législateur, particulièrement incarnés dans
la même personne et comment un projet de loi encarcane la partie
syndicale dans une structure de négociation. Ce que nous
suggérons, purement et simplement, c'est la situation actuelle, le statu
quo. Cela n'a pas posé de problème quant à la formation
des comités de négociation; en tout cas, si cela en a
posé, on n'en a pas entendu parler. À titre d'exemple, quand les
négociations se sont amorcées avec le Syndicat des agents de la
paix il y a près d'un an maintenant, le Syndicat des agents de la paix
s'est présenté avec son comité de négociation. Nous
étions, effectivement, plus de quatre; je pense que nous étions
cinq, et la partie patronale s'est présentée avec son
équipe de négociation; ils étaient plus de quatre.
Pourquoi limiter dans la loi... À ma connaissance, il n'y a pas eu de
problème; à ma connaissance le fonctionnement actuel n'a
soulevé aucune espèce de difficulté au niveau de la
structure des comités de négociation. Je vois mal, quand on veut
régler le problème de l'allégeance syndicale, qu'on
règle également la constitution ou la formation du comité
de négociation syndicale. J'ai l'impression qu'on saute du coq à
l'âne peut-être un peu trop facilement.
M. Rivest: Pourquoi, madame la ministre?
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais reprendre mon sérieux parce
que mon collègue de Terrebonne qui aime bien faire des blagues vient de
m'en passer une.
Je dirai simplement là-dessus que, honnêtement, nous avons
cru rendre service au syndicat en introduisant ces mesures, dans la mesure
où cela existait déjà à la Sûreté du
Québec, que c'était un processus de médiation qui par le
passé avait fait ses preuves, que cela permettait, entre deux
conventions collectives, au syndicat qui n'a pas le droit de grève
d'avoir un lieu, si vous voulez, où il pourrait au fur et à
mesure soumettre des griefs ou des représentations et régler
finalement, s'il y a lieu, entre deux conventions collectives certains
problèmes que vous avez à vivre. Cela nous apparaissait un
processus plus valable que les habitudes que vous avez dans le moment, dans le
sens où, en nommant un président avec le
consentement des deux parties, y compris la partie du ou des syndicats,
il nous semblait que cette personne, qui est une tierce personne neutre,
étant choisie par les deux, on peut supposer cela - agirait comme
conciliateur, comme médiateur tant pendant la convention collective
qu'entre-temps. Et, honnêtement, ces articles...
M. Rivest: Excusez, quand on veut rendre service comme cela
à des gens, à des parties, comme vous le dites, pourquoi on ne
les consulte pas?
Mme LeBIanc-Bantey: Bien, c'est cela qu'on est en train de
faire...
M. Rivest: Ah bon!
Mme LeBIanc-Bantey: Mais si, honnêtement, les gens nous
disent, y compris tous les autres intervenants qui viendront: Cela ne nous
intéresse pas, bien, écoutez, on verra bien!
Une voix: ...
Mme LeBIanc-Bantey: Pardon? C'est simplement dans ce sens que
cette procédure avait été prévue. Nous sommes
très ouverts à la discussion là-dessus. Par ailleurs, vous
ne semblez pas non plus avoir d'objections majeures et fondamentales
là-dessus. Si j'ai bien compris, c'étaient plutôt des
interrogations, vous vous demandiez ce que cela venait faire là.
Pardon?
M. Rivest: Est-ce que vous êtes contre...
Mme LeBIanc-Bantey: Si le député de Jean-Talon
écoutait quand on parle, cela risquerait d'être moins
compliqué.
M. Rivest: Est-ce que vous êtes contre, carrément,
ou si vous êtes prête à vivre avec?
M. Côté: Je me réfère à notre
mémoire, ce n'est pas notre premier choix, bien sûr!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Papineau, sans vouloir brimer votre droit de parole, je veux tout simplement
vous rappeler que cela fait une heure trente que...
M. Assad: Est-ce que vous avez fini, madame la ministre?
Mme LeBIanc-Bantey: Ah oui, très certainement; Je ne fais
que réagir aux propos du député de Jean-Talon, autrement
il y a longtemps que je ne parlerais plus.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Papineau.
M. Assad: Oui, je pense que mon collège a pas mal
synthétisé vos problèmes. Vous avez un mémoire qui
est assez explicite et précis. Cela évoque beaucoup de
pensées et de questions qu'on pourrait poser. (22 heures)
De toute façon, je voudrais arriver à un point qui
m'intéresse après avoir suivi le mémoire avec vous.
Comment expliquez-vous - on est ici, parce que, évidemment, il y a un
problème - que le gouvernement arrive avec un projet de loi comme le
projet de loi no 22? C'est une question vaste. Vous avez évoqué
plusieurs raisons pour lesquelles il n'est pas nécessaire qu'un projet
de loi soit sanctionné pour fractionner votre syndicat en
différentes unités de négociation. D'après vous,
pourquoi est-on ici, alors?
Le Président (M. Desbiens): M. François
Côté.
M. Côté: À mon sens, le gouvernement est
prisonnier de la loi actuelle, bien sûr. Ce que nous déplorons,
entre autres - ce sont les événements qui nous ont amenés
ici -c'est qu'à cause du fait que la loi était structurée
telle qu'elle l'était les causes du malaise ne sont pas
nécessairement extirpées du projet de loi, ne sont pas
nécessairement réglées pour autant. Bien sûr, il est
possible que le projet de loi actuel règle le problème qui se
pose à nous maintenant, mais ce que nous avons tenté de
démontrer, c'est que des problèmes tout aussi nombreux peuvent
surgir de l'application du projet de loi actuel.
Dans ce sens, évidemment, le syndicat est réaliste. Il y a
effectivement un problème qu'il faut régler. Le gouvernement a
décidé de procéder par voie législative et la loi
sera adoptée. Mais nous souhaitons que le projet de loi n'engendre pas
pour l'avenir des problèmes aussi graves que ceux que nous avons connus.
À la lecture du projet de loi, il ne nous semble pas que nous puissions
avoir cette garantie.
M. Assad: Je regarde peut-être au-delà de votre
mémoire, mais une idée qui me vient quand je le lis, c'est:
Est-ce que le projet de loi cache l'échec des négociations,
d'après vous?
M. Côté: Ce serait difficile de faire l'analyse et
de savoir si le projet de loi existe parce que les négociations ont
été suspendues ou si les négociations ont
été suspendues parce que le projet de loi existe. Au point
où nous en sommes actuellement, il y a une situation de fait. Le projet
de loi est là et, vraisemblablement, il sera adopté. Ce que nous
essayons de dire, par notre contribution, c'est que quant à
légiférer,
réglons-le, le problème, et organisons-nous pour ne pas
qu'il se représente à l'expiration de chaque convention
collective.
M. Assad: À l'intérieur de votre syndicat, les
différents groupes, ceux qui travaillent pour le ministère des
Transports, la conservation de la faune et le reste, est-ce qu'ils ont
été satisfaits de la façon dont la négociation
s'est déroulée ou si le problème est que, apparemment, il
n'y a pas d'homogénéité à l'intérieur de
votre syndicat et de vos six groupes?
M. Côté: II faudrait le leur demander à eux,
je pense bien.
M. Assad: Peut-être, M. le Président, s'il n'y a pas
d'autre question, pourrait-on entendre le deuxième groupe.
Le Président (M. Desbiens): D'accord.
M. Rivest: Est-ce que vous avez d'autres commentaires, M.
Corriveau, peut-être, en terminant?
M. Corriveau: En terminant, je pense que le mémoire
résume bien notre pensée et, pour conclure, je vous remercie de
nous avoir entendus ce soir.
Le Président (M. Desbiens): Au nom des membres de la
commission, je remercie le syndicat des agents de la paix pour sa participation
à cette commission.
Fraternité des constables du ministère
des Transports
J'invite la Fraternité des constables du ministère des
Transports à s'approcher, s'il vous plaît. M. Waltzing.
M. Waltzing: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Voulez-vous présenter
votre compagnon?
M. Waltzing (Jean): À ma droite, M. Raynald Leduc,
vice-président de la fraternité. Je suis Jean Waltzing.
Le Président (M. Desbiens): Oui, allez-y.
M. Waltzing: M. le Président, MM. les membres de la
commission parlementaire, Mme la ministre. J'avais oublié, Mme la
ministre, parce que je ne croyais pas que vous seriez ici.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah bon! Je vous pardonne à l'heure
qu'il est.
M. Waltzing: La Fraternité des constables du
ministère des Transports du Québec, organisme syndical
voué à la défense des intérêts des constables
du service de l'inspection du ministère des Transports du Québec,
profite de l'occasion qui lui est offerte pour vous faire part de ses
commentaires et remarques sur le projet de loi no 22.
Dans son ensemble, ce projet de loi nous est satisfaisant. S'il est
adopté, nous l'espérons, il permettra aux surveillants routiers
de voir se concrétiser le choix qu'ils ont fait dernièrement
concernant leur appartenance syndicale et ce, en toute démocratie.
Permettez-nous d'abord de faire un bref historique de la
Fraternité des constables du ministère des Transports. Cette
association a été fondée le 4 juillet 1981. Le 20
août 1981, forte de l'appui de 64% de l'ensemble des constables du
ministère des Transports, la fraternité présentait au
commissaire général du travail une demande
d'accréditation. La même demande fut acheminée au ministre
de la Fonction publique. Le 31 août 1981, un agent d'accréditation
au ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu vérifiait la liste des membres de la
fraternité ainsi que les cartes de membres. Tout, à son avis,
s'avérait conforme. En septembre 1981, le commissaire
général du travail n'a pu se prononcer sur l'accréditation
demandée, ce cas relevant de la Loi sur la fonction publique.
À notre humble avis, les fonctions des surveillants routiers du
ministère des Transports diffèrent beaucoup de celles des autres
agents de la paix. Par exemple, si on devait comparer leur champ
d'activité à d'autres, il faudrait se tourner vers ceux des corps
policiers.
Les surveillants routiers sont des constables spéciaux en vertu
de la Loi de police et aussi des agents de la paix selon cette même loi.
L'application de la Loi des transports et des règlements en
découlant, l'application du Code de la route et des règlements
s'y rattachant, tous les règlements et ordonnances régissant le
transport routier, maritime et aérien relèvent de leur
compétence et font d'eux des policiers spécialisés dans
leur domaine.
Les besoins des surveillants routiers diffèrent aussi de ceux des
autres agents de la paix. Les heures de travail, la sécurité au
travail, leur équipement, les constats d'infractions, les rapports
qu'ils ont à remplir, les interceptions de véhicules automobiles
contrevenant à la loi, les comparutions fréquentes à la
cour pour relater des faits survenus dans l'exercice de leurs fonctions, leur
formation actuelle de cinq mois à l'Institut de police, tout cela les
différencie des autres agents de la paix, crée des besoins qui
leur sont propres et
particuliers.
La grande majorité des constables du ministère des
Transports ont plus de dix ans d'expérience. Ils ont tous vécu le
régime syndical actuel qui leur est imposé en vertu de la Loi sur
la fonction publique. Dans ce régime, ils ont toujours été
minoritaires. Ils n'ont jamais pu, à leur juste mesure, faire valoir
directement à leur employeur leurs droits, leurs désirs, leurs
attentes, leurs besoins. Ayant donc vécu une longue expérience
syndicale, ayant été noyés parmi les 2500 agents de la
paix de la fonction publique, ils sont à même, aujourd'hui, de
dire ce qu'ils veulent.
Ils désirent donc une association syndicale fondée par
eux, contrôlée, dirigée et administrée par eux. Ils
veulent que les sommes versées en cotisations syndicales servent
à la défense de leurs droits, de leurs intérêts et
à promouvoir l'importance de leur travail.
À l'heure actuelle, 114 constables du ministère des
Transports ont adhéré à la fraternité sur une
possibilité de 161, soit plus de 70%. Donc, plus de 70%,
démocratiquement, ont dit oui à un renouveau syndical et ont dit
oui à leur propre association.
Voilà que le gouvernement s'apprête à amender la Loi
sur la fonction publique afin de permettre aux divers groupes d'agents de la
paix d'obtenir démocratiquement et légalement
l'accréditation désirée. La fraternité est d'accord
avec le projet de loi no 22. Elle est d'accord pour que la libre
syndicalisation prônée et reconnue par le gouvernement à
tous les travailleurs du secteur privé soit aussi accessible aux agents
de la paix.
Pour terminer, la fraternité aimerait que l'accréditation
prévue à l'article 116.7 du projet de loi soit plus explicite
précisément à l'endroit où doit être
acheminée la demande d'accréditation.
Merci de nous avoir écoutés et nous espérons que ce
projet de loi sera adopté dans les plus brefs délais afin de
mettre un terme aux tiraillements actuels qui durent depuis deux ans et aussi
afin de permettre aux agents de la paix d'être fixés syndicalement
et de commencer à négocier de bonne foi.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je voudrais faire un bref commentaire et
formuler une petite question. D'abord, pour revenir a ce que vous dites
à la fin de la page 3, vous parlez de la nécessité
d'expliciter, si vous me permettez le terme, l'article 116.7. Je pense qu'on va
apporter un amendement aussi qui va correspondre à votre
inquiétude là-dessus.
J'aimerais vous poser une question qui est la suivante: Le Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique, qui vous a
précédés, a fait longuement état d'une crainte
à lui, qui était également une inquiétude du
député de Jean-Talon, une inquiétude aussi du
ministère de la Fonction publique depuis longtemps et qui l'est
toujours. Vous dites que vous êtes 161 membres et que vous voulez avoir
votre propre unité pour avoir le droit de négocier en votre
propre nom, selon vos propres besoins, compte tenu du fait que vous
évaluez que vous avez des conditions de travail différentes de
celles de l'ensemble des agents de la paix.
Est-ce que, justement en tant que syndicat qui veut représenter
les gens du ministère des Transports, vous ne craignez pas que le
morcellement de votre syndical en une petite unité qui vous
représenterait soit préjudiciable ou dangereux, compte tenu du
fait que plusieurs personnes ont souligne que le gouvernement, finalement, est
un employeur énorme, puissant, et qu'il pourrait somme toute, s'il le
voulait bien, tenter de vous noyer dans l'ensemble des problèmes de la
machine gouvernementale? J'aimerais juste souligner ici que, même si le
gouvernement est un employeur puissant, il est, par ailleurs, un employeur
quand même extrêmement vulnérable. Je pense que le
député de Jean-Talon va le reconnaître: comme on dit, ce
n'est pas toujours la grosseur qui fait le poids.
M. Rivest: L'Opposition vous atteint facilement.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah! on a vu ça lors de la
dernière élection.
M. Rivest: Dans ce sens-là, vous êtes
vulnérable.
Mme LeBlanc-Bantey: Ma question est très simple. Comment
réagissez-vous face à cette préoccupation qu'ont
manifestée ceux qui vous ont précédés?
M. Waltzing: Après avoir vécu trois conventions
collectives signées par le Syndicat des agents de la paix qui nous
représentait à ce moment-là et qui nous représente
encore présentement, on est à même de dire qu'on ne fera
pas pis qu'eux, parce que nous avons perdu des droits acquis dans ces
dernières conventions collectives. On a voté majoritairement, au
ministère des Transports, contre la signature de ces conventions
collectives et on a eu à les subir.
Si je regarde aussi le secteur privé, dernièrement, un
petit groupe de travailleurs de douze personnes a quand même
réussi ou presque à faire présenter un projet de loi
à l'Assemblée nationale. Je parle des employés
de la Société des traversiers.
Mme LeBlanc-Bantey: Le projet de loi n'a pas passé.
M. Waltzing: J'ai dit qu'il a presque réussi, Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est la seule question que j'avais.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Le principe que vous recherchez, et seuls vos membres
sont probablement en mesure de le décider, je pense que ce n'est pas aux
gens de la commission, vous est reconnu dans la loi. Je présume que
c'est ce qui... On avait causé un peu avant et j'aimerais
peut-être obtenir une précision au sujet de ceux qui seront
membres du comité de négociation des quatre. Est-ce que les
mêmes avantages vous sont assurés, par exemple au niveau de ceux
qui paient le temps? Le salaire de ces gens qui vont travailler au niveau de
ces comités, est-ce le même régime? Est-ce que c'est
l'employeur qui va payer cela? C'est négociable?
M. Waltzing: En d'autres mots, ce qu'on voulait dire, c'est que
la loi nous oblige à nommer quatre membres par association à un
comité de négociation; la loi nous l'impose. Si on est
obligé de négocier les libérations syndicales avec
remboursement, peut-être que notre association se contenterait de trois
ou de deux.
On prétend que si la loi nous oblige à quatre membres, les
libérations syndicales ou le temps que les gens sont
libérés de leur travail, ça doit être aux frais du
gouvernement ou du ministère de la Fonction publique.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce sera certainement le même traitement
pour tout le monde. Par ailleurs, il se peut qu'une unité syndicale plus
petite ait moins besoin de siéger à ce fameux comité
qu'une unité syndicale plus grosse. Alors, j'imagine que ce sera
à négocier, compte tenu de certaines circonstances, mais ce sera
certainement le même traitement, dans l'ensemble, pour tout le monde. (22
h 15)
Ce que je veux dire, c'est qu'entre deux conventions collectives, il se
peut qu'un groupe, qui représente 150 membres, ait moins de griefs,
moins de problèmes qu'un groupe qui en représente 1500. On
tiendra compte des heures, du temps de travail, etc., mais ce sera un
traitement équitable pour tous, c'est clair.
M. Waltzing: J'aurais quelques questions à poser à
Mme la ministre, M. le Président. À l'article 116.9, pour toucher
un point déjà mentionné par le député de
Jean-Talon, on dit que la loi entrera en vigueur à la date fixée
par proclamation. Pourquoi Mme la ministre n'a-t-elle pas indiqué que
ladite loi entrera en vigueur le jour de sa sanction ou le jour de sa parution
dans la Gazette officielle? Ce serait pour éviter que d'autres
délais viennent s'ajouter aux troubles syndicaux que connaissent
déjà les agents de la paix et pour éviter le prolongement
inutile ou l'attente qui dure déjà depuis presque deux ans pour
certains groupes et aussi pour éviter que par proclamation le
gouvernement dise - je ne veux pas préjuger de votre mauvaise foi - que
l'article qui accorde les accréditations et qui fait les divers groupes
s'applique, mais pour les agents de la paix en institutions pénales et
les gars du transport. Cela voudrait dire que seulement deux associations
pourraient déposer des demandes d'accréditation; les autres
devraient attendre lorsque leur tour viendra.
Mme LeBlanc-Bantey: Entre nous, si on est allé aussi loin
pour déposer un projet de loi et régler ce problème, je
vais le répéter, c'est bien parce qu'on a l'intention de
régler le problème le plus vite possible. Je pense que c'est une
formule consacrée, qui est à l'article 9. Je me rends compte que
c'est normal. Il y a toujours une méfiance de bon aloi entre employeur
et employés, mais je ne pense pas que votre inquiétude se
justifie.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais vous poser la question suivante. L'article
4, sur le droit d'affiliation, est limité à des salariés
qui exercent des fonctions d'agents de la paix. Est-ce que cela vous satisfait,
dans les circonstances actuelles?
M. Waltzing: Cela ne nous satisfait pas. Par contre, si on
faisait disparaître "à l'exception des membres de la
Sûreté du Québec", cela permettrait à tout corps
d'agents de la paix d'avoir des affiliations -j'imagine qu'on ne comprend pas
les ententes de services, là-dedans - avec les groupes d'agents de la
paix qui le désirent, soit les corps policiers ou autres.
M. Rivest: Pourquoi, Mme la ministre, cette exclusion au niveau
des membres de la Sûreté du Québec? Est-ce que les ententes
de services que monsieur vient de mentionner sont impossibles à couvrir?
Pourquoi l'exception spécifique mentionnée pour la
Sûreté du Québec?
Mme LeBlanc-Bantey: Parce qu'il est
prévu, dans la loi de la Sûreté du Québec,
une clause qui dit que les membres de la sûreté ne peuvent
être membres d'une association qui n'est pas formée exclusivement
de membres de la Sûreté du Québec. Donc, c'était
déjà un empêchement, si vous voulez. J'imagine que le
législateur, à ce moment-là - peut-être que le
député de Jean-Talon pourrait nous le dire, il était
peut-être déjà dans l'entourage des législateurs - a
voulu éviter des situations où, en cas de conflit, par exemple,
des agents de la Sûreté du Québec, le syndicat pourrait
regrouper d'autres agents de la paix et, finalement, il n'y aurait plus
personne pour assurer le maintien de l'ordre. Forcément, dans des cas
comme cela, la solidarité syndicale étant portée à
jouer, cela pourrait créer des situations assez dramatiques. Comme
c'était déjà prévu dans la loi de la
Sûreté du Québec, on a maintenu cette exclusion, pour des
raisons d'ordre social, si vous voulez.
Mais cela n'empêche pas les syndicats de s'associer, par ailleurs,
avec d'autres corps policiers, qu'ils soient municipaux ou autres. Il n'y a que
l'exclusion des agents de la Sûreté du Québec.
M. Waltzing: Ce projet de loi ne permet que des affiliations avec
des groupes d'agents de la paix de la fonction publique. Les corps policiers,
dans le Code du travail, ça leur est interdit.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est interdit aux corps policiers?
M. Waltzing: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous me l'apprenez, mais j'imagine que,
là aussi, cela a été fait pour de bonnes raisons.
M. Waltzing: Maintenant, ce projet de loi ne vise pas les
ententes de services, vous ne parlez que d'affiliation?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement.
M. Waltzing: Une dernière question, Mme la ministre. Vous
avez parlé d'un vote qui pourrait peut-être avoir lieu
après l'adoption de la loi. J'aimerais que vous donniez des
détails là-dessus. De quel genre de vote voulez-vous parler?
Est-ce que c'est un vote sur le caractère syndical du Syndicat des
agents de la paix? Ou, si une association représentant les surveillants
routiers du ministère des Transports qui a déjà plus de
70% d'adhésions présente une demande d'accréditation au
Tribunal du travail, au gouvernement, insistez-vous pour qu'on fasse un autre
vote encore?
Mme LeBlanc-Bantey: Non, ce sont tous des votes prévus au
Code du travail dans la formule normale, ni plus ni moins. Il a
été question de vote avant la représentativité.
Mais, ayant senti la nécessité d'adopter un projet de loi, on a,
comme je l'ai dit au début, tenté de coller le plus possible au
mécanisme prévu dans le Code du travail.
M. Waltzing: Si je comprends bien, vous allez amender l'article
116.7 qui dit qu'une association de salariés peut, dans les 45 jours,
présenter une demande d'accréditation. Vous allez situer un
endroit où va être disposée cette demande
d'accréditation?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, effectivement.
M. Waltzing: Si vous dites qu'on est soumis au Tribunal du
travail, cela va être probablement au Code du travail.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez des intuitions très
fortes.
M. Waltzing: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Papineau.
M. Assad: M. Leduc, vous m'avez fait part et on le retrouve dans
votre mémoire... Il y avait une question sur l'équipement et des
ententes avec la Sûreté du Québec et différentes
choses dont vous m'avez parlé concernant vos fonctions. Le fait que vous
allez former votre propre unité de négociation... Face aux
questions des heures de travail, de la sécurité, à toutes
les choses que vous voulez améliorer, ne trouvez-vous pas qu'il y a
toujours ce danger que vous allez perdre votre force de frappe avec une
unité aussi restreinte que celle que vous allez avoir?
M. Leduc (Raynald): On peut dire que depuis le mois de mai
l'année passée, on travaille ce dossier. Le Syndicat des agents
de la paix ne nous a jamais aidés. Ce sont toujours les exécutifs
de Montréal qui ont été obligés de présenter
les mémoires, de faire les rencontres. On n'a eu aucun appui du Syndicat
des agents de la paix. Donc, en plus, comme on ne contrôlait pas les
cotisations syndicales, on n'avait pas d'argent. Ce sont des fonds qu'on a
été obligés de ramasser de nos membres. Un fonds
spécial de 36 $ par membre de la région de Montréal qui
nous a permis de préparer les dossiers, de venir ici à
Québec devant les commissions parlementaires. Donc, je peux dire que
depuis un an, même si je suis membre d'un syndicat de 2500 agents, cela
ne m'a rien donné. Ce sont seulement les agents de Montréal et du
reste de la province qui, par des cotisations spéciales,
ont pu nous donner la chance de présenter notre cas devant le
gouvernement. Donc, je suis certain qu'en contrôlant nos propres
cotisations, on va être capable de présenter nos propres
mémoires, de faire nos propres dossiers.
M. Assad: Vous avez sans doute consulté votre syndicat
quand vous avez eu des griefs en particulier.
M. Leduc (Raynald): Non, monsieur. Depuis deux ans, la chicane
est prise avec le Syndicat des agents de la paix et c'était rendu
tellement pénible qu'on avait demandé une rencontre avec le
ministre de la Justice, Marc-André Bédard. Le Syndicat des agents
de la paix nous a dit: On va vous arranger ça et on attend encore. On
attend. Donc, pour finir, je crois que je suis mieux servi par moi-même
que par quelqu'un d'autre, comme moi, je ne pourrais pas servir les
intérêts des constables des Travaux publics. Je ne connais pas
leur ouvrage, je ne vis pas les difficultés qu'ils ont quotidiennement.
Donc, je ne pourrais pas les défendre adéquatement.
M. Assad: À l'intérieur de l'unité possible
que vous voulez former, n'y en a-t-il pas qui ont exprimé une
inquiétude par rapport à vos démarches? En d'autres mots,
de vous fractionner dans un coin, d'être isolés d'une
façon...
M. Leduc (Raynald): Je vais vous répondre. Si on a obtenu
114 adhésions sur 161, je crois que les inquiétudes ne sont pas
manifestes. Ces cartes de membres ont été signées dans
l'espace d'un mois. Donc, on a commencé au mois de juillet et au mois
d'août, on avait déjà 100 membres et on a ajouté 14
membres depuis ce temps. Donc, je crois que les membres savent où ils
s'en vont et ils ont confiance dans leur fraternité. C'est certain qu'on
ne pourra pas se payer certains luxes, mais on est prêt à
travailler assez fort pour obtenir ce qu'on désire.
Union des agents de la paix en institutions
pénales
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autre
intervenant, je remercie les membres de la fraternité de leur
participation aux travaux de la commission et j'invite l'Union des agents de la
paix en institutions pénales à s'approcher, s'il vous
plaît! M. Noël Lacas.
M. Lacas (Noël): Mon nom est Noël Lacas. Je suis
conseiller syndical à la CSN avec laquelle l'Union des agents de la paix
en institutions pénales a une entente de services comme l'ancien
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique en avait une
également; j'étais à ce moment-là conseiller de
l'autre syndicat aussi. J'ai à ma gauche Raymond Pion, qui est
président de cette union - il travaille à Parthenais -Jean-Marie
Gélinas qui travaille à Bordeaux, Claude Héroux qui
travaille à Parthenais, Raymond Théroux qui travaille à
Sorel et Jean-Charles Mignault qui travaille à Orsainville.
M. le Président, Mme la ministre et MM. les membres de la
commission, cette commission parlementaire convoquée en catastrophe en
48 heures pour étudier article par article le projet de loi 22, Loi
modifiant la Loi sur la fonction publique, ne nous permet pas de faire une
étude exhaustive de ce projet de loi. Comme le mentionnent les notes
explicatives, ce projet de loi a pour objet de modifier la Loi sur la fonction
publique en vue d'instituer un régime syndical particulier pour les
fonctionnaires préposés à des fonctions d'agents de la
paix. Selon la volonté des salariés, il sera désormais
possible de fractionner l'unité de négociation actuelle qui
regroupe tous les préposés à des fonctions d'agents de la
paix en plusieurs unités distinctes composées de salariés
exerçant des activités différentes. Ce projet de loi
prévoit enfin pour chaque unité la création d'un
comité paritaire bipartite chargé de la négociation d'une"
convention collective ainsi qu'un mode de règlement des
différends. - Les soulignés qui sont dans le texte sont de
nous.
Avant de procéder à des commentaires sur ce projet de loi,
il y aurait lieu, croyons-nous, de faire un bref historique des
événements qui ont en somme forcé le gouvernement à
présenter ce projet de loi. Depuis février 1966, le Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique est accrédité par le
lieutenant-gouverneur en conseil pour représenter tous les
employés de la fonction publique du gouvernement du Québec qui
sont des agents de la paix salariés, gardiens de prison, gardes-chasse,
inspecteurs des transports ou des autoroutes et autres préposés
à des fonctions d'agents de la paix, tel que prévu à
l'article 69d) de la Loi sur la fonction publique. Notez bien que l'article
69d) est devenu l'article 110d) de la Loi sur la fonction publique.
La jurisprudence et la doctrine ont reconnu unanimement que la Loi sur
la fonction publique était une loi spéciale qui avait
préséance sur le Code du travail. Le régime syndical qui y
est prévu est une contradiction flagrante des dispositions relatives
à l'accréditation prévue au Code du travail.
C'était là la prétention de Me Réjean Gauthier,
procureur du gouvernement du Québec devant le Tribunal du travail lors
de la présentation de notre requête en accréditation. Le
juge en chef du Tribunal du travail, Me Jean-Paul Geoffroy, le 7 juillet
1981, dans sa décision sur la demande d'accréditation de
l'Union des agents de la paix en institutions pénales déclare
cependant que le tribunal sera dépourvu de toute compétence pour
modifier les unités de négociation ou la composition des groupes
visés aux paragraphes a), b), c) et d) de l'article 110, sauf
l'exception prévue à l'article 113, parce que le
législateur a fixé dans la loi les unités de
négociation. Toute velléité de modifier ces unités
doit emprunter la voie législative.
Cette décision du Tribunal du travail faisait suite à une
requête en accréditation de l'Union des agents de la paix en
institutions pénales en vue d'être reconnue pour
représenter uniquement tous les surveillants en établissements de
prévention et de détention du Québec. Cette nouvelle union
avait reçu l'appui d'une majorité de surveillants à
l'occasion de la période légale de maraudage prévue
à l'article 111-4. du Code du travail. (22 h 30)
Donc, le gouvernement refusait au Tribunal du travail le droit de
fractionner l'unité de négociation du Syndicat des agents de la
paix de la fonction publique et le Tribunal du travail lui donna raison. Le
gouvernement et le Tribunal du travail étaient donc d'accord et seul le
gouvernement législateur pouvait, par un amendement à la Loi sur
la fonction publique, permettre un fractionnement du syndicat actuel, soit le
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique. Le gouvernement
était dans une impasse; il devait négocier avec un syndicat qui
était accrédité, mais qui était en même temps
contesté par près de 1900 salariés sur les 2500 qu'il
représentait. Deux requêtes avaient déjà
été déposées devant le Tribunal du travail, une
pour représenter 1500 agents de la paix en institutions pénales,
l'Union des agents de la paix en institutions pénales, et une autre pour
représenter 400 constables des Travaux publics, le Syndicat des
constables spéciaux du gouvernement.
Par contre, ce même gouvernement hésitait à modifier
unilatéralement cette loi qui aurait eu pour effet de mettre fin
à une accréditation accordée par le lieutenant-gouverneur
en conseil et de permettre d'en reconnaître plus d'une. Afin de pouvoir
démocratiquement modifier une loi en respectant le désir des
membres, le Conseil des ministres préférait, avec raison
d'ailleurs, connaître l'opinion de tous les membres du Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique avant de procéder à des
modifications à cette Loi sur la fonction publique.
À cette fin, le Conseil des ministres essaya de connaître
le choix des membres par une multitude de démarches qui respectaient le
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique qui détenait et
détient encore l'accréditation syndicale.
Commission Boily. Suite aux requêtes en accréditation
présentées par le Syndicat des constables spéciaux du
gouvernement du Québec et par l'Union des agents de la paix en
institutions pénales du Québec, le Conseil des ministres
décidait, le 26 novembre 1980, "de constituer un groupe de travail
composé de représentants du ministère de la Fonction
publique, du ministère de la Justice et du secrétariat du Conseil
du trésor et chargé de revoir le régime
d'accréditation de certains groupes d'employés du secteur
public". L'Union des agents de la paix présenta à cette occasion
un volumineux mémoire prouvant que les surveillants en institutions
pénales étaient un groupe homogène et que le contenu de
leur classification avait tellement changé et évolué
depuis 1966 qu'ils ne se voyaient plus aucune affinité avec les autres
corps d'agents de la paix.
La commission Boily, dans son rapport du 4 mars 1981, recommandait au
ministre de la Fonction publique de requérir auprès du
gouvernement le mandat d'entreprendre des discussions avec le Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique aux fins de "convenir de
l'opportunité et du processus de vérification du caractère
approprié de l'unité de négociation des agents de la
paix". Le Syndicat des agents de la paix refusa de convenir de
l'opportunité et du processus de vérification du caractère
approprié de l'unité de négociation. Rien ne pouvait donc
fonctionner et tout le processus fut bloqué.
L'Union des agents de la paix en institutions pénales, devant ce
refus, fit signer une pétition par 900 de ses membres, exigeant du
gouvernement la reconnaissance de ladite union en amendant la Loi sur la
fonction publique. Il faut noter ici que, pendant toute la durée de ces
événements, la ministre de la Fonction publique continuait de
négocier avec le Syndicat des agents de la paix de la fonction publique.
Tout le monde réalisait qu'il n'était pas possible de
négocier une convention avec un syndicat qui était
contesté par quelque 2050 salariés sur les 2500: l'Union des
agents de la paix en institutions pénales, 1500 membres, le Syndicat des
constables spéciaux, 400 membres et la Fraternité des constables
du transport, 150 membres. Il faut noter que la fraternité,
s'était formée le 3 juillet 1981 et s'ajoutait aux
dissidents.
Tous réalisent aussi que cela déplairait au gouvernement
de décréter soit un vote ou soit des amendements à la Loi
sur la fonction publique avant de faire confirmer le choix syndical des
membres. Le gouvernement, comme employeur, suspend donc les
négociations. Le 23 septembre 1981, le gouvernement, par son Conseil des
ministres, par décret, nomme le juge François Wilhelmy, qui est
chargé de
rechercher un accord des parties en cause sur la vérification du
choix de l'unité de négociation. En octobre 1981, un nouveau
décret "extensionne" le premier et élargit le mandat du juge
Wilhelmy. Comme il l'avait fait avec le rapport Boily, le Syndicat des agents
de la paix de la fonction publique refuse de coopérer les deux fois avec
le juge Wilhelmy. Au lieu d'accepter de procéder à un vote pour
connaître le choix syndical des membres afin que le gouvernement puisse
modifier la Loi sur la fonction publique avec l'accord des parties, le Syndicat
des agents de la paix de la fonction publique dépose une requête
en injonction le 6 octobre 1981 pour "empêcher la ministre de penser de
mettre en doute la représentativité du Syndicat des agents de la
paix de la fonction publique et forcer la ministre à entreprendre les
négociations". L'Union des agents de la paix en institutions
pénales place une requête en intervention agressive le 20 octobre
1981 pour contester la première partie de la requête en injonction
du Syndicat des agents de la paix de la fonction publique et permettre au
ministre de continuer à penser et à rechercher un moyen de
connaître le choix syndical des agents de la paix.
Dans son jugement, l'honorable juge Gilles Saint-Hilaire, de la Cour
supérieure, déclare: "La Cour supérieure n'est pas
compétente pour l'empêcher - en parlant de la ministre - de
présenter un projet de loi et, en conséquence, elle ne voit pas,
non plus, en vertu de quel principe elle pourrait lui demander (à la
ministre) de cesser de mettre en doute l'accréditation du Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique."
De tout ce qui précède, toutes les démarches
faites, depuis juillet 1980 (c'est-à-dire la date des requêtes en
accréditation de l'Union des agents de la paix en institutions
pénales) et le dépôt de ce projet de loi no 22 pour
connaître le choix des agents de la paix, en une ou plusieurs
unités syndicales, ont été bloquées par le Syndicat
des agents de la paix de la fonction publique.
Il y aurait lieu de noter que le Syndicat des agents de la paix de la
fonction publique représente 2500 agents de la paix répartis dans
neuf classifications. Une de ces classifications, celle des constables des
autoroutes, 150 salariés approximativement, fut abrogée et les
salariés versés à la Sûreté du Québec
par un règlement de la fonction publique. Cinq de ces classifications,
comptant quelque 2050 agents de la paix ne voulant plus être
représentés par le Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique, ont placé trois requêtes en accréditation. Vous
avez les 400 gardiens constables des Travaux publics, sauf ceux du parlement;
les 1500 surveillants, instructeurs et infirmiers en établissements de
détention qui concernaient trois classifications, soit les infirmiers,
les instructeurs et les surveillants, et, depuis le 3 juillet, quelque 150
constables du ministère des Transports ont aussi fondé leur
fraternité.
Les trois autres classifications, c'est-à-dire les agents de
conservation de la faune, les agents de pêcheries et les constables de la
Cour de bien-être social, semblent vouloir conserver le Syndicat des
agents de la paix de la fonction publique. Le 10 avril 1981, un
règlement de la fonction publique, concernant certaines conditions de
travail du personnel de direction des agents de la paix en
établissements de détention, prévoit, à l'article
7.12, le paiement à 250% pour chaque heure travaillée lors de la
présence des fonctionnaires en raison d'absences massives des
surveillants. Par contre, lors de moyens de pression des officiers
supérieurs, les surveillants ont rempli les postes à taux simple.
Donc, il y a, là aussi, une particularité reconnue par le
ministère de la Fonction publique.
Que faire, alors, sinon modifier la Loi sur la fonction publique,
puisque le Syndicat des agents de la paix de la fonction publique refuse de
coopérer dans la prise d'un vote démocratique sur un choix
syndical? C'est ce que le gouvernement a fait avec le projet de loi no 22.
L'Union des agents de la paix en institutions pénales est-elle d'accord
avec cette loi, oui ou non? Cela semble être le but de cette commission
parlementaire.
Le gouvernement veut, encore une fois, donner toutes les chances au
Syndicat des agents de la paix de la fonction publique de faire ses
représentations. Si le Syndicat des agents de la paix a des commentaires
à faire, il peut venir les exposer. Cela sera une preuve
supplémentaire soit de sa dictature ou de sa démocratie, selon
qu'il continuera à refuser de faire face à ce qui, en somme,
représente un vote ou qu'il acceptera de procéder de bonne foi
dans le processus prévu dans ce projet de loi 22.
De toute façon, le Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique part gagnant. L'article 8 de la loi prévoit que "malgré
le deuxième alinéa de l'article 113 de la Loi sur la fonction
publique, le Syndicat des agents de la paix du gouvernement du Québec
continue de représenter les groupes de salariés visés au
paragraphe d) de l'article 110 de cette loi, à l'exclusion, cependant,
de ceux qui auront obtenu d'être représentés par une autre
association accréditée à cette fin."
Donc, rien n'oblige les trois classifications, les agents de
conservation de la faune, les agents de pêcheries et les constables de la
Cour de bien-être social, à se séparer du syndicat. Elles
n'ont qu'à ne pas bouger et elles seront à l'intérieur du
syndicat en place. Il faut noter ici que le nom est Syndicat des agents de la
paix de la fonction publique et non Syndicat des agents
de la paix du Québec, dans l'article 8.
Donc, l'effort pour le Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique est négatif. C'est encore nous, de l'Union des agents de la
paix en institutions pénales, qui devrons faire la preuve, encore une
autre fois, de notre majorité pour déloger le Syndicat des agents
de la paix de la fonction publique. Nous sommes d'accord avec la loi
malgré que le droit d'affiliation soit limité, pour ne pas dire
inexistant et que la grève soit interdite.
Maintenant, sans que ceci puisse être interprété
comme des changements majeurs et sans avoir pour conséquence de retarder
l'adoption de ce projet de loi no 22, nous suggérons humblement les
amendements suivants. À l'article 2 où on dit que "l'article 110
de cette loi est modifié par le remplacement du paragraphe d) par le
suivant: Les salariés," nous aimerions voir ajouter le mot "agents de la
paix" après "les salariés" et, ensuite, faire la nomenclature:
agents de conservation de la faune, agents de pêcheries et tout cela.
En terminant, nous considérons le texte de cette loi un peu
ambigu en ce qui concerne le dépôt d'une requête en
accréditation selon cette loi amendée de la fonction publique.
L'article 112 de la Loi sur la fonction publique, qui, lui, n'est pas
amendé, se lit comme suit: "Le gouvernement peut accorder
l'accréditation à toute association de salariés pour
représenter chacun des groupes visés dans les paragraphes a), c)
et d) de l'article 110 et les membres de chacune des professions visées
dans le paragraphe b) du même article avec les personnes admises à
l'étude de cette profession. "Cette accréditation n'est
accordée que sur la recommandation d'un comité conjoint
constitué à cette fin par le gouvernement et formé pour
moitié de représentants du groupe intéressé. Cette
accréditation a le même effet qu'une accréditation
accordée par un commissaire du travail en vertu du Code du travail. "Le
Tribunal du travail décide de tout litige sur l'exclusion ou l'inclusion
effective d'un membre du personnel de la fonction publique dans chacun de ces
groupes. Il a le pouvoir de révoquer l'accréditation et d'en
accorder une nouvelle aux conditions prévues par le Code du
travail."
Donc, cet article comporte quatre paragraphes: le premier mentionne que
le gouvernement peut accorder une accréditation; le deuxième
mentionne que cette accréditation n'est accordée que sur la
recommandation d'un comité conjoint; le troisième mentionne que
cette accréditation a le même effet qu'une accréditation
accordée en vertu du Code du travail, et le quatrième mentionne
que c'est le Tribunal du travail qui décide de tout litige. Il y aurait
lieu de préciser la procédure pour déposer ces nouvelles
requêtes en accréditation soit au ministère de la Fonction
publique ou au Tribunal du travail.
L'article 116.2 pose des problèmes. Devrons-nous commencer et
poursuivre les négociations déjà entreprises sur la base
du projet du Syndicat des agents de la paix de la fonction publique ou
pourrons-nous présenter un nouveau projet de convention collective,
rétroactif au premier janvier 1980 ou au 1er avril 1980? De toute
façon, nous sollicitons humblement l'adoption de cette loi avant la fin
de la présente session du Parlement et nous sommes prêts à
procéder au projet tel que présenté, quoiqu'il y aurait
avantage pour tous d'en préciser certains textes, ce qui permettrait aux
agents de la paix en institutions pénales d'avoir leur propre union tant
désirée depuis 15 ans, et non pas depuis huit ans, mais avec plus
de détermination depuis 18 mois. Le tout respectueusement soumis, Union
des agents de la paix en institutions pénales.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je remercie l'Union des agents de la paix en
institutions pénales de son mémoire. On s'excuse, justement,
comme son porte-parole l'a dit, de l'avoir convoquée en catastrophe mais
c'est pour les raisons que nous avons évoquées tout à
l'heure.
Le moins que je puisse dire, c'est que vous comprenez fort bien la
volonté politique du gouvernement et vous admettez que vous êtes
d'accord, c'est très clair. On comprend aussi votre position dans la
mesure où cela fait quand même quelque temps que vous tentez de
vous faire représenter comme unité représentant l'ensemble
des gens oeuvrant en institutions pénales. Par ailleurs, vous semblez un
peu en désaccord avec l'idée qu'on maintienne le syndicat
officiel des agents de la paix dans son rôle tant que de nouvelles
accréditations ne viendront pas...
M. Lacas: Je m'excuse, on ne s'oppose pas à ce que ceux
qui ne veulent pas se séparer restent dedans, il n'y a rien dans mon
texte qui dit qu'on s'oppose à cela. On dit qu'en somme les syndicats
n'y sont pas nécessairement obligés, ils n'ont qu'à ne
rien faire et ils vont être dans le syndicat en place; on n'a pas du tout
d'objection à cela. Il ne faut quand même pas...
Mme LeBlanc-Bantey: Tant mieux d'abord, parce que la seule chose
que j'allais ajouter là-dessus, c'est que de toute façon vous
dites que vous avez encore à faire la preuve que vous êtes
représentatifs. Si tout ce que vous évoquez dans votre
mémoire est
vrai, je pense que vous ne devriez pas avoir trop de
difficulté.
M. Lacas: Non, on n'a aucune crainte, bien au contraire, nous
avions déjà une majorité quand on s'est
présenté au Tribunal du travail. Nous avons une pétition
qui a été signée et, au moment où l'on se parle, on
peut vous dire que nous avons aussi la majorité.
Mme LeBlanc-Bantey: En tout cas, l'avenir nous le prouvera. Moi,
comme je l'ai dit, je n'ai pas à m'immiscer à l'intérieur
des syndicats, on verra bien les résultats en temps et lieu.
Je voudrais vous poser une question. À la page 12, vous sentez le
besoin d'un amendement. Je n'ai aucune objection a priori, j'aimerais seulement
en comprendre le sens. Si je comprends bien, vous sentez le besoin qu'on
dissocie totalement les agents de la paix par cet amendement de l'ensemble des
fonctionnaires. C'est bien cela l'objectif visé?
M. Lacas: Cela peut être à peu près cela.
C'est parce que les gens veulent savoir effectivement s'ils sont agents de la
paix ou pas. Alors, le fait de parler des salariés, agents de la paix,
cela inciterait à faire des groupes homogènes d'agents de la
paix. Tandis qu'avant on parlait des salariés, agents de conservation de
la faune. Il y avait un indice selon lequel on n'était plus sûr si
c'étaient des agents de la paix ou pas, malgré que la
classification prévoit qu'un groupe, les surveillants en
établissements de détention, est considéré comme
des agents de la paix à l'intérieur de la fonction publique. Mais
on veut le faire préciser dans la loi pour que les gens sachent
très bien, d'une façon très précise, qu'ils sont
agents de la paix.
Mme LeBlanc-Bantey: En tout cas, on retient votre suggestion pour
le moment et on verra tout à l'heure s'il y a lieu d'amender la loi
à cet effet.
Il y a une autre question que je voudrais vous poser: Est-ce que vous,
vous êtes d'accord avec la structure du comité paritaire avec
l'intention qui est manifestée dans la loi à cet effet? Est-ce
que cela vous apparaît louche ou si, au contraire, vous pensez que,
compte tenu du fait que les agents de la paix n'ont pas le droit de
grève qu'il est impertinent pour le législateur de prévoir
justement un comité paritaire de la même façon que cela
fonctionne à la Sûreté du Québec? (22 h 45)
M. Lacas: Oui, j'ai cru comprendre effectivement, que c'est un
comité de négociation permanente. Vous limitez à quatre le
nombre de membres de chacune des parties. Cela veut dire que si le gouvernement
a trois représentants, nous on aura droit à quatre mais cela veut
dire aussi qu'à un moment donné, ça peut poser des
problèmes. Mais il est paritaire donc conjoint, alors les nombres
devraient être paritaires. Je vois très bien aussi que plus tard,
si on ne s'entend pas à l'intérieur de ce comité de
négociation, on pourra s'entendre sur la façon de régler
les différends.
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement, le comité est
composé de huit membres, quatre pour la partie syndicale, quatre pour la
partie gouvernementale et d'un président nommé avec entente des
deux parties.
M. Lacas: Une des choses que je n'admettais pas de la part du
Syndicat des agents de la paix, quand ils ont parlé des
différends, c'est un Tribunal d'arbitrage, où le président
serait nommé par le ministre du Travail. Sur cela, j'ai des doutes;
c'est parce que, effectivement, nous négocions avec un gouvernement qui
est employeur, et si on ne s'entend pas, c'est encore le ministre du Travail,
qui lui aussi représente le gouvernement, qui va nommer un arbitre. La
convention actuellement en vigueur, prévoit que c'est le juge en chef du
Tribunal du travail qui nomme l'arbitre devant le Tribunal d'arbitrage, s'il
n'y a pas eu entente entre ces deux parties sur le choix d'un président.
Alors comme nous avions passé devant la commission Bouchard, nous avions
à ce moment-là entente entre les deux parties pour que M. Lucien
Bouchard agisse comme président de ce Tribunal d'arbitrage.
Mme LeBlanc-Bantey: Donc, vous n'avez pas trouvé dans le
fond que ce qu'on suggère, que ce soit le président après
consultation des deux parties ça vous convient.
M. Lacas: C'est un président; il y a deux parties, et on
négocie, il n'y pas de problème là.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous dirai tout simplement, qu'à la
page 13, j'espère qu'avec les amendements qu'on va apporter,
l'ambiguïté va être clarifiée; en tout cas j'en ai
comme l'impression. Et je terminerai là-dessus, pour laisser la chance
à mes collègues de vous interroger.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: D'abord je voudrais vous remercier de votre
mémoire. Je voudrais vous amener aux pages 13 et 14 afin de bien
comprendre le sens de votre demande au sujet de l'article 112. Quel rôle
voyez-vous
au Tribunal du travail dans tout cela?
M. Lacas: Bien, si jamais un autre syndicat voulait prendre notre
place, en totalité, ce serait le Tribunal du travail qui
déciderait lequel des deux doit être reconnu. On s'est
présenté au Tribunal du travail, mais il n'avait pas le droit de
fractionner. Il aurait fallu qu'on place une requête pour renverser la
totalité du syndicat. Mais les motifs pour lesquels les groupes à
l'intérieur du Syndicat des agents de la paix veulent se séparer,
ce n'était pas en vue de rester dans un même groupe, qui aurait pu
être un autre syndicat que celui qui est en place. Cela aurait
été facile; on aurait rencontré les Travaux publics, et on
avait notre majorité; le Tribunal du travail nous aurait accordé
une accréditation pour remplacer l'autre.
Le but justement des groupes qui veulent se séparer du syndicat,
et je pense que tous les événements qu'on vous a cités le
prouvent, c'est qu'il n'y a plus moyen de s'entendre à
l'intérieur de ce gros syndicat et chacun des groupes, pour des motifs
qui lui sont particuliers, veut s'en sortir et organiser sa propre unité
syndicale.
Alors le Tribunal du travail va avoir encore motif, si jamais un autre
syndicat que l'Union des agents de la paix en institutions pénales
voulait remplacer l'Union des agents de la paix en institutions pénales,
mais toujours avec un groupe homogène de gardiens de prison, de ce genre
d'établissements de détention.
M. Rivest: Et pour les fins du différend qui se vit, on ne
parle pas d'un autre syndicat, évidemment, la voie du projet de loi vous
apparaît hautement préférable.
M. Lacas: Mais il faudrait savoir où déposer la
requête. Si on dit que c'est le Tribunal du travail, si vous me dites
d'une façon très précise, que c'est le Tribunal du travail
qui recevra la requête, le Tribunal du travail jugera de notre
requête. Mais là on ne le sait pas. II va falloir refaire ce qu'on
a fait au mois de juillet 1980: la déposer au Tribunal du travail, la
déposer à la fonction publique, la déposer au Conseil du
trésor, la déposer devant le ministre de la Justice; on a
déposé cinq, six requêtes et il n'y en n'a pas un, sauf par
la Loi sur la fonction publique, qui à un moment donné, a voulu
apporter des amendements.
M. Rivest: Oui, là-dessus je pense que la ministre peut
accepter...
Mme LeBlanc-Bantey: Je pourrais tout simplement dire qu'avec
l'amendement qui est prévu, c'est effectivement le Tribunal du travail
qui décidera du caractère approprié de
l'accréditation.
M. Lacas: Du moment qu'on sait où aller nous autres, il
n'y a pas de problème. Nous, on sait où on s'en va.
M. Rivest: Quant à moi, je n'ai pas d'autres questions. Je
vous signale aussi pour le reste, que vous avez vous aussi repris, vous auriez
pu en ajouter, tout ce qui concerne le droit de grève, le droit
d'affiliation et tout cela. Enfin, vous l'avez rappelé tout simplement,
en le mentionnant...
M. Lacas: On ne comprend pas nécessairement que ce soit de
l'affiliation.
M. Rivest: ... en sachant que ce n'est pas dans ce projet de loi
là, de toute façon, que ces questions-là seront
réglées. C'est le sens de vos remarques.
M. Lacas: On comprend que si on accepte le projet de loi tel
qu'il est là, cela voudrait dire qu'on accepte d'avance, que le droit de
l'affiliation ne soit jamais reconnu. Ce n'est pas cela que je note mais
seulement que ce droit d'affiliation, c'est un principe auquel nous on croit.
On a le droit d'être affilié à une centrale syndicale.
M. Rivest: Affilié n'importe où.
M. Lacas: N'importe où, ce sont des travailleurs comme les
autres.
Syndicat des constables spéciaux
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
intervenants, je remercie l'Union des agents de la paix en institutions
pénales de sa participation à nos travaux. J'invite le Syndicat
des constables spéciaux du gouvernement du Québec à se
présenter en avant, s'il vous plaît.
M. Brochu, si vous voulez présenter les membres qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
M. Brochu (Michel): Bonsoir. À ma gauche, Me Michel
Saint-Hilaire, conseiller juridique du Syndicat des constables spéciaux
du gouvernement du Québec; à ma droite, M. Adélard Racine,
vice-président du Syndicat des constables spéciaux; à mon
extrême droite, M. Pierre Guimont, qui représente Montréal,
toujours pour le Syndicat des constables spéciaux; en arrière, le
sergent Claude Massicotte, de Longueuil, et aussi M. Guy Brunelle, de
Longueuil.
Nous serons très brefs. Je vais passer mon droit de parole
à Me Michel Saint-Hilaire.
Le Président (M. Desbiens): Me Saint-Hilaire.
M. Saint-Hilaire (Michel): Mme la
ministre, MM. les membres du comité, le Syndicat des constables
spéciaux du gouvernement du Québec est un de ces groupes
dissidents qui ont présenté une requête au ministère
de la Fonction publique afin de fractionner l'unité
d'accréditation des agents de la paix. Le syndicat regroupe 400 membres
de toutes les régions du Québec. On ne veut pas reprendre ici
tous les arguments qui ont déjà été
déposés et qui militaient en faveur du fractionnement de
l'unité déjà imposé par la Loi sur la fonction
publique. Ce soir, nous voulons vous faire connaître notre acquiescement
au projet de loi et principalement à l'article 2, qui permet aux
constables spéciaux qui le désiraient de se créer enfin
une unité qui répond à leurs aspirations et où ils
se sentiraient enfin chez eux. Nous sommes bien conscients toutefois que
l'article 116.6 reconduit une situation d'impasse institutionnelle que l'on
retrouve aussi dans la Loi sur la fonction publique.
Nous souhaitons que la commission spéciale de l'Assemblée
nationale ou le "select committee" dont a parlé M. Rivest viendra
rapidement résoudre ce problème qui place le syndicat dans un
cul-de-sac du seul fait que l'employeur n'a qu'à dire non et à
toujours assurer que rien ne peut venir changer sa décision. Nous avons
entendu plusieurs mémoires, surtout le premier, qui discutaient du
fractionnement des unités prévu par la loi. Nous sommes bien
conscients aussi que ce présent fractionnement prévu à
l'article 2 du projet restreint les pouvoirs du Tribunal du travail. Mais
laisser le tout à la discrétion du même tribunal ferait
à notre avis, courir le risque d'un morcellement encore plus grand que
celui prévu par le projet actuel. En conséquence, nous soumettons
que ce serait justement amplifier les dangers de morcellement que de remettre
le tout entre les mains du Tribunal du travail.
Si la loi est amendée, tel que l'a annoncé la ministre,
pour permettre au Tribunal du travail de reconnaître les
différentes unités d'accréditation, nous croyons que c'est
là la meilleure vérification de l'exercice de la
démocratie au sein du syndicat. Créer des comités
conjoints pour permettre des accréditations où l'employeur
participerait ou laisser le gouvernement reconnaître les
différentes unités serait, à notre avis, permettre
à l'employeur, le gouvernement, de s'impliquer dans la formation du
syndicat contrairement à la philosophie du Code du travail en
matière d'accréditation. Ce sont là nos remarques, il se
fait tard, et nous remercions les membres du comité de nous avoir
entendus.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je remercie le Syndicat des constables
spéciaux du gouvernement du Québec. Je serai très
brève, moi aussi, compte tenu de l'heure qui passe et de la semaine que
l'ensemble de mes collègues ont passée et de celle qui s'en vient
surtout. Par ailleurs, prévoir que la fatigue de ce soir les
empêcherait de "filibuster" la semaine prochaine, je continuerais bien un
peu, mais je n'ai pas l'impression qu'on peut négocier ça.
M. Rivest: Non, parce qu'on a une cause juste.
Mme LeBlanc-Bantey: D'abord, je constate que vous êtes
d'accord que l'employeur garde quand même un certain regard sur la
définition des corps d'emploi ou des unités
d'accréditation dans son ensemble sur ce que je pourrais me permettre
d'appeler la parenté des emplois. Vous craignez justement que si nous
laissions le tout au Tribunal du travail, ça pourrait créer des
morcellements plus grands qui pourraient être préjudiciables aux
syndiqués et je suis contente de voir que vous le constatez
vous-mêmes. Je voudrais tout simplement vous poser une question, la
même que j'ai posée à ceux qui vous ont
précédés à cette table: Est-ce que vous êtes
d'accord avec le comité paritaire prévu dans la loi 22?
M. Saint-Hilaire: Mme la ministre cela peut être un
début de négociation. Mais rendu au bout, s'il y a un
différend, où s'en va-t-on? Nulle part.
Mme LeBlanc-Bantey: Je conçois que...
M. Saint-Hilaire: Le comité paritaire négocie le
mode de règlement des différends. Si le comité paritaire
est dans une impasse, où est la solution?
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que le comité paritaire, les
syndiqués et la partie patronale, avec un président, encore une
fois, je le répète, qui est choisi avec les deux parties, qui a
un rôle de conciliateur et de médiateur neutre, je pense que le
comité en question aura tout intérêt à se
négocier un mode de règlement des différends. Je pense que
dans l'ensemble des relations du travail, il peut toujours arriver ce genre de
situation d'impasse où effectivement, toutes les solutions n'ont pas
été prévues et qui ne seraient sans doute pas
prévisibles non plus. C'est évidemment une question qui se
pose.
Par ailleurs, il peut être aussi dangereux pour le
législateur de vouloir prévoir tous les cas possibles. À
vouloir trop encadrer, il arrive qu'on brime la liberté des gens
impliqués. Dans ce sens-là, je comprends votre réticence.
Par ailleurs, comme je vous le dis, on espère, comme ça
fonctionne déjà ailleurs, qu'on arrivera à trouver
un terrain d'entente. C'est assez simple, on a justement prévu que le
président soit nommé par les deux parties. J'ai terminé,
M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Papineau.
M. Assad: Je voudrais remercier Me Saint-Hilaire pour
l'exposé de son groupe, le Syndicat des constables spéciaux. J'ai
pu comprendre - pas dans votre exposé - les motifs pour lesquels vous
n'êtes pas intéressés à incorporer, dans votre
unité de négociation, les agents du service de protection de
l'Assemblée nationale.
M. Saint-Hilaire: Non, il n'y a pas de motifs pour ne pas les
incorporer, ils sont incorporés par la loi. Si je peux faire un peu
d'histoire dans le dossier, c'est que lors de la formation du Syndicat des
constables spéciaux, le syndicat a été, au point de
départ, formé par les constables spéciaux du MTPA,
ministère des Travaux publics et d'un seul employeur. Comme les membres
de l'Assemblée nationale n'avaient pas été recrutés
à ce moment-là, on constate, en lisant le projet de loi, qu'on
les envoie de force chez nous. Ils sont les bienvenus, mais il faut qu'ils
veuillent venir chez nous. C'est ce qu'on craignait. On en a discuté
avec eux et s'ils sont prêts à venir chez nous, ils peuvent venir.
Mais on ne veut pas qu'il arrive chez nous ce qui existait auparavant. C'est la
seule restriction qu'on avait.
M. Assad: Mme la ministre, les agents du service de protection de
l'Assemblée nationale ne sont pas intéressés,
d'après ce qu'on peut voir, à faire partie de cette unité
de négociation.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire que jusqu'à
maintenant, on n'a aucune preuve qu'ils ne sont pas intéressés,
on verra bien...
M. Assad: Ils n'ont pas de porte-parole ici. (23 heures)
Mme LeBlanc-Bantey: Ils n'ont pas de porte-parole, mais
effectivement, il se peut qu'ils soient intéressés ou pas. Par
ailleurs, il ne nous est pas permis d'en présumer, dans l'état
actuel des choses. Je répéterai ce que j'ai
répété à plusieurs reprises. Ce projet de loi ne
peut, comme aucun projet de loi, prévoir toutes les situations possibles
et impossibles. Je répète aussi que nous voulions justement
éviter un trop grand morcellement des unités, des corps
d'emplois, qui irait à l'encontre des objectifs des parties
syndicales.
M. Rivest: Prenons, par exemple, les agents de la paix. Combien
sont-ils à l'Assemblée nationale?
Mme LeBlanc-Bantey: 74 ou 80.
M. Rivest: 80. Votre argument du morcellement... Les agents de
pêcheries, par exemple, sont 73. C'est un peu embêtant, parce qu'au
Syndicat, M. Brochu et Me Saint-Hilaire nous disent: Nous sommes prêts
à les recevoir. Vous en avez vu probablement un certain nombre. On ne
sait pas s'ils veulent y aller, mais par la loi, on n'aura pas le choix. Une
fois qu'on aura décidé cela, ils vont être poignés
pour y aller. C'est un peu embêtant.
Mme LeBlanc-Bantey: Je m'excuse, ce que j'ai dit en
deuxième lecture et ce que j'ai répété ce soir,
c'est qu'une des causes profondes du malaise qui existe à
l'intérieur du Syndicat des agents de la paix et ce qui justifiait
à mon avis l'intervention de l'employeur, c'est qu'il y avait dans ce
syndicat des corps d'emploi extrêmement différents avec des
conditions de travail différentes. Comme le gouvernement ne s'est pas
prononcé encore, que je sache, moi, comme ministre de la Fonction
publique, ma volonté n'est pas de provoquer le fractionnement de tous
les syndicats de la fonction publique, que ce soit les sténographes -
comme je le disais tout à l'heure - du ministère des Travaux
publics de la Justice... Ou encore, à la limite, des ouvriers de
Blanc-Sablon ou des Îles-de-la-Madeleine ou de Rimouski pourraient bien
vouloir se dissocier de leur syndicat sous prétexte que, dans ces
régions, les conditions de travail sont différentes parce
qu'elles sont éloignées. Comme l'intention du législateur
n'était pas, je le répète, de provoquer une avalanche de
morcellements dans les syndicats de la fonction publique, que ce soit les
professionnels, les fonctionnaires ou d'autres, nous avons tenté, par ce
projet de loi, d'éviter de créer un précédent qui
pourrait être extrêmement dangereux. C'est dans ce sens qu'il ne
nous est pas apparu opportun, compte tenu du fait que ces employés
occupent sensiblement ou pratiquement exactement le même genre de
tâche, de provoquer le morcellement des deux unités.
M. Rivest: Je m'excuse, mais si cela vous intéresse, si
vous avez des commentaires... Est-ce que vous réalisez que, dans la
rédaction de l'article 2, vous parlez en termes de morcellement - c'est
sans doute très légitime à bien des égards - et
enlevez aux constables de l'Assemblée nationale jusqu'à la
possibilité de continuer d'adhérer au Syndicat des agents de la
paix dans la mesure où, par hypothèse, la majorité des
gardiens constables des Travaux
publics décidait de se dissocier des agents de la paix? Vous
êtes 400. Vous allez noyer 60 personnes dans les 400. Mettons que la
majorité décide de se dissocier du Syndicat des agents de la
paix, à ce moment, les constables de l'Assemblée nationale qui
ont -parce que l'Assemblée nationale, ce n'est pas les Travaux publics,
et tout cela - peut-être des prétentions différentes, n'ont
même pas la possibilité, eux, non pas de se fractionner ou de se
morceler en un syndicat indépendant - ils ne l'auront pas - mais en
plus, de continuer d'adhérer au Syndicat des agents de la paix.
Mme LeBlanc-Bantey: Pour toutes les raisons que je viens
d'évoquer, par ailleurs, rien n'empêche le Syndicat des agents de
la paix, compte tenu de la façon dont le projet de loi est
rédigé, de marauder, par exemple, ceux qui veulent
représenter les gardiens constables des Travaux publics et effectivement
d'y arriver. Dans ce sens...
M. Rivest: Peu importe le résultat du maraudage, quand on
parle des constables de l'Assemblée nationale, que ce soit le groupe de
M. Brochu ou le groupe de M. Corriveau qui gagne, à cause de leurs
normes, ils n'ont rien à dire, c'est-à-dire qu'ils vont
être noyés dans l'un ou l'autre des nombres et ils vont suivre la
majorité.
Mme LeBlanc-Bantey: Comme le seul gardien de prison des
Îles-de-la-Madeleine peut être en désaccord avec le syndicat
des institutions pénales.
M. Rivest: Sauf qu'ils travaillent tous en institution
pénale, tandis que ces gens travaillent à l'Assemblée
nationale. On nous dit que l'Assemblée nationale, ce n'est pas...
Mme LeBlanc-Bantey: Ils font le même genre de travail. Je
terminerai en disant au député de Jean-Talon que le mieux est
souvent l'ennemi du bien.
M. Rivest: Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: Le mieux est souvent l'ennemi du bien.
M. Rivest: C'est une règle que vous pratiquez très
peu souvent au gouvernement.
Mme LeBlanc-Bantey: Si je me comprends.
M. Rivest: Si vous avez l'occasion de la pratiquer pour une fois,
je veux bien, mais je ne veux pas que cela se fasse au détriment d'un
certain nombre de gens.
Mme LeBlanc-Bantey: Remarquez que l'inspiration ne vient pas
souvent de votre côté non plus.
M. Rivest: Ah! vous savez, nous autres, on a un
préjugé défavorable au gouvernement.
Je voudrais revenir sur le rôle du Tribunal du travail qui est
autour de la reconnaissance de l'accréditation. J'aimerais que vous
repreniez votre petit laïus, parce que j'en ai manqué un petit bout
et cela me paraît capital finalement dans ce projet de loi.
M. Saint-Hilaire: Sous l'ancien article 112, c'est le
gouvernement qui accordait les accréditations. On a eu un mémoire
qui nous dit: Qu'on nous dise où aller, que ce soit à la fonction
publique ou au Tribunal du travail ou qu'il y ait un comité conjoint
formé pour accorder les accréditations. Notre prétention
est en ce sens que, normalement, dans les relations du travail, l'employeur
n'intervient jamais dans la formation du syndicat ou dans l'émission du
certificat d'accréditation.
M. Rivest: C'est cela.
M. Saint-Hilaire: À ce moment-là, notre
prétention va dans le sens que ce doit être le Tribunal du
travail, purement et simplement, qui accorde des accréditations, tel que
cela semble devoir se faire, d'après les amendements
proposés.
M. Rivest: Ce serait un amendement à l'article...
M. Saint-Hilaire: De présenter la requête
prévue, ce serait à quel article?
Une voix: L'article 116.7.
M. Rivest: L'article 116.7, enfin, qui apparaît...
D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: On a déjà répondu
à cela.
M. Rivest: Oui, très bien.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie...
M. Racine (Adélard): J'aurais une question à poser
à Mme la ministre.
Le Président (M. Desbiens): Oui.
M. Racine: Vous avez émis l'hypothèse tout à
l'heure que, possiblement, les constables de l'Assemblée nationale
seraient assujettis ou asservis à l'Assemblée nationale comme
telle. Si cela se fait, est-ce que cela va se faire avant le projet de loi?
Mme LeBlanc-Bantey: Non. Écoutez,
tout cela fait partie d'une longue discussion qui a cours dans les
corridors ici, semble-t-il, depuis quelques années où certaines
personnes de l'Assemblée nationale, y compris certains
députés pensent qu'effectivement la fonction publique devrait
être complètement dissociée de l'Assemblée nationale
et que l'Assemblée nationale devrait reprendre le contrôle sur ses
employés, pour certaines raisons que je n'évoquerai pas ici ce
soir.
Je disais tout à l'heure que la discussion va se faire à
l'intérieur du comité bipartite, qui a été mis sur
pied pour étudier la réforme de la loi 50 et les propositions ne
viendraient qu'après Noël. On ne sait pas quelles seront les
recommandations une fois que l'étude aura été faite.
Par ailleurs, là-dessus, je vous le dis très
honnêtement, je n'ai absolument aucune opinion à ce jour.
M. Rivest: Pendant que tout le monde est ici, j'ai une question
à l'esprit qui est peut-être une question bête, mais je la
donne pour ce qu'elle vaut.
M. LeMay: II ne faudrait pas.
M. Rivest: Par hypothèse, parce qu'il faut parler
d'hypothèse pour l'instant, parce que ma question préjuge
évidemment des votes qui seront pris. Mais il y a des gens qui ont
été regroupés dans un syndicat, environ 2000. Il y a des
problèmes. Le projet de loi permet à un certain nombre de groupes
de se retirer. Ces gens ont payé des choses. Ce syndicat a des biens,
etc. Comment l'accession à la souveraineté sans association se
fait-elle cette fois-là? Je pose la question dans le sens qu'il y a
peut-être des choses légitimes, des intérêts qui
doivent être défendus qui président à cela. Comment
fait-on ces affaires? C'est la première fois à ma connaissance
que l'Assemblée nationale va permettre, par un geste d'autorité,
qu'un syndicat puisse courir - c'est le moins qu'on puisse dire - le risque de
perdre ses morceaux.
Comment l'Assemblée nationale, en posant ce geste, parce que ce
sont évidemment les affaires du syndicat, bien sûr, le fait-elle?
On leur dit: Oui, le Syndicat des agents de la paix, vous avez la
possibilité de perdre des morceaux et on se désintéresse
complètement de savoir s'il n'y a pas des choses, des fonds de retraite,
des ceci, des cela. Comment est-ce que cela fonctionne? Est-ce que vous vous
êtes préoccupés de ces problèmes?
Mme LeBlanc-Bantey: Le député de Jean-Talon pose
des hypothèses extrêmement pessimistes, sans doute à cause
de l'heure. Semble-t-il qu'effectivement il n'y a rien de prévu à
cet effet. Le syndicat en place garde le fonds. J'imagine qu'il pourrait
toujours y avoir une entente avec le syndicat et les autres pour tenter
d'être juste et équitable envers tout le monde. Cela n'existe pas
comme mécanisme prévu.
M. Rivest: Vous dites qu'il garde tous les biens qui
appartiennent actuellement au syndicat.
Mme LeBlanc-Bantey: Légalement, oui, il garde les biens.
Effectivement. Je ne le sais pas. M. Drouin me dit que ça dépend
aussi de la constitution. Vous savez mieux que moi s'il y a des choses
prévues à cet effet dans la constitution.
M. Racine: II y des choses qui sont prévues mais surtout
pour les valises. Quand ils partent, les agents de la paix apportent leur
valise. Alors, il y a un gros commerce de valises.
Une voix: C'est à peu près la seule chose
concrète qui se fait.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie les membres du Syndicat des constables
spéciaux du gouvernement du Québec de leur participation. Je
constate maintenant que nous passons à l'étude article par
article du projet de loi no 22, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique,
mais, auparavant, je suspendrai pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 11)
(Reprise de la séance à 23 h 17)
Etude du projet de loi
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
Nous allons maintenant procéder à l'étude du projet
de loi. Je m'excuse, pour les besoins du journal des Débats, la
commission permanente de la fonction publique reprend ses travaux pour
l'étude du projet de loi no 22 article par article.
Nous allons procéder maintenant à l'étude de
l'article 1.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, à l'article 1,
j'ai un amendement... non, c'est à l'article 2, je m'excuse.
Le Président (M. Desbiens): Article 1. Aucun commentaire.
Article 1, adopté? Article 1, adopté.
Article 2.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 2, j'ai un amendement que
vous avez déjà entre les mains, je pense, mais j'aurais, à
la suite d'une suggestion qui nous est venue lors des
auditions de ce soir, un amendement à l'amendement,
c'est-à-dire que ça se lirait comme suit: "Les salariés
agents de la paix faisant partie d'un des groupes suivants..." Vous l'avez sur
votre copie, je pense, c'est indiqué.
Le Président (M. Desbiens): Alors, ça va.
L'amendement proposé serait le suivant. L'article 2 du projet de loi no
22 serait remplacé par le suivant: "L'article 110 de cette loi est
modifié par le remplacement du paragraphe d par le suivant: les
salariés agents de la paix faisant partie d'un des groupes suivants:
premièrement, les agents de la conservation de la faune;
deuxièmement, les agents de pêcheries; troisièmement, les
constables au Tribunal de la jeunesse; quatrièmement, les
gardiens-constables; cinquièmement, les inspecteurs des transports;
sixièmement, les instructeurs, surveillants et préposés
aux soins infirmiers en établissement de détention;
septièmement, tout autre groupe de préposés à des
fonctions d'agents de la paix". Est-ce que l'amendement...
Mme LeBlanc-Bantey: C'était pour mieux clarifier les
groupes, si vous me permettez, parce que l'article tel que rédigé
dans le projet de loi nous permettait peut-être de confondre et de penser
qu'on pouvait faire, par exemple, des unités distinctes pour les
instructeurs, les surveillants et préposés aux soins infirmiers
en établissement de détention, alors qu'il s'agit de les
regrouper en un corps d'emploi ou en une unité pour éviter
justement, encore une fois, un morcellement trop grave. Alors, le premier
amendement ne visait qu'à ça et on ajoute le deuxième pour
répondre à un souhait qui a été exprimé tout
à l'heure.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre, est-ce que
vous faites un seul amendement de l'ensemble?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, enfin je ne connais pas la
procédure. Si vous me suggérez ça, M. le Président,
je...
M. Rivest: On accepte... Cela fait quoi, ça fait un
amendement? Mais je voudrais reparler sur l'article amendé.
Le Président (M. Desbiens): M. le député.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Amendement adopté. M.
le député de Jean-Talon, sur l'article 2.
Dispositions générales
M. Rivest: Je tiens, à ce moment-ci, à
réaffirmer, pour ce qui est des constables de l'Assemblée
nationale, qui sont des constables spéciaux, que ce que l'on fait pour
ce groupe de travailleurs qui rassemble quelque 70 personnes, ce n'est pas un
problème de morcellement, puisque les morcellements que le projet de loi
fait vont constituer des unités comparables. C'est que, pour ces
travailleurs, je regrette que le gouvernement n'ait pas pris la peine de se
pencher sur les prétentions de ce groupe pour peut-être lui
reconnaître les mêmes droits que ceux qui sont reconnus aux autres,
c'est-à-dire le droit de pouvoir choisir de rester à
l'intérieur du Syndicat des agents de la paix et le droit de choisir
librement d'adhérer à l'unité qui pourrait, en vertu du
projet de loi, être constituée par les gardiens-constables qui se
disent prêts à les recevoir, sauf qu'on ne donne même pas
l'occasion à ces gens-là de choisir librement d'aller du
côté des gardiens-constables. On les met dans le groupe, je
déplore ça. Je ne sais pas si la ministre accepterait de
suspendre cet article-là pour quelques minutes, pour peut-être y
repenser, pour voir si ça serait une catastrophe nationale si on
permettait aux gens de choisir. Je demanderais que la ministre y pense
sérieusement, parce que ce sont des gens... Surtout, comme elle l'a
elle-même évoqué, que, pour l'ensemble du personnel de
l'Assemblée nationale, par rapport aux autres fonctionnaires, il existe
effectivement un débat qui sera peut-être réglé dans
un an ou deux ans. À ce moment-là, pourquoi ne pas permettre aux
constables de l'Assemblée nationale cette liberté de choix qu'on
accorde aux autres?
Je le dis comme ça et je sais, pour en avoir dit quelques mots -
je ne veux pas mal interpréter leur point de vue - que, du
côté des gardiens-constables, on est prêt à les
recevoir, mais on ne fera pas un plat de ça. Malgré que
là, je ne veux pas non plus dire que j'ai parlé à tous les
constables de l'Assemblée nationale, mais à quelques-uns qui
apprécieraient, à tout le moins, sans que l'Assemblée leur
dicte où aller, avoir le droit de choisir. Peut-être que, si la
ministre songeait à faire un amendement, mettre les gardiens-constables,
Travaux publics, et, quatrièmement, comme vous l'avez fait dans
l'amendement, faire un autre point, mettre les gardiens-constables de
l'Assemblée nationale. Je vous le demande, je n'en fais pas un
amendement formel, mais je vous le demande néanmoins.
Mme LeBlanc-Bantey: J'enregistre la réaffirmation du
député de Jean-Talon. Je ne voudrais pas, comme on dit, oser
croire qu'il est dur de comprenure, mais il me semblait avoir expliqué
longuement pourquoi il ne nous était pas paru utile de dissocier les
constables des Travaux publics et ceux de
l'Assemblée nationale. Il me semblait d'ailleurs avoir
été très explicite sur ce sujet-là et je
répète qu'une des causes de la dissension à
l'intérieur du syndicat était la disparité de certains
corps d'emploi, ce qui ne s'applique pas du tout dans le cas des gardiens de
l'Assemblée nationale et des Travaux publics. Je répète
que le but du législateur par ce projet de loi n'est pas de morceler
à l'infini les différentes unités de négociation.
Si cela peut rassurer le député de Jean-Talon, le projet de loi
est déposé depuis quelques semaines et officiellement je n'ai
reçu aucune représentation des gardiens de l'Assemblée
nationale à cet effet.
Je pense, M. le Président, qu'il ne serait pas opportun de
suspendre cet article, même pour quelques minutes. Nous avons
retourné ce problème dans tous les sens depuis quelques mois, et
nous avons, dans l'intérêt des syndiqués et à cause
du précédent dangereux que cela aurait pu créer,
décidé de maintenir ces gens-là à
l'intérieur d'un même corps d'emploi qui existe déjà
dans la classification du ministère de la Fonction publique.
M. Rivest: La ministre nous indique la voie qu'elle entend
suivre. Je voudrais néanmoins lui demander ceci. On est vendredi, on
adoptera le projet de loi ce soir; la troisième lecture aura lieu dans
le courant de la semaine prochaine, cela donne trois ou quatre jours, peu
importe c'est une formalité, mais une formalité qui pourrait,
pour les gardiens-constables de l'Assemblée nationale, s'avérer
utile. Est-ce qu'elle peut me dire ce soir si elle est absolument ferme dans
ses positions? Si un groupe représentatif des gardiens-constables de
l'Assemblée nationale se constituait et que le problème à
l'ensemble des membres était présenté, et que ce groupe
avisait la ministre ou l'Assemblée nationale de son désir d'avoir
la liberté de choix d'adhérer à l'unité des
gardiens-constables ou de demeurer à l'intérieur du Syndicat des
agents de la paix, est-ce que la ministre accepterait de proposer un amendement
en troisième lecture pour faire droit à ces gens? Le
règlement de l'Assemblée nationale nous le permet.
Mme LeBIanc-Bantey: Je vais être très honnête,
je ne crois pas que je pourrais changer d'avis dans les prochains jours. Je le
répète, le morcellement du syndicat peut être possible en
vertu de la disparité des emplois. Nous avons toujours été
à la fonction publique, et je pense que le député de
Jean-Talon le sait, contre le morcellement géographique. Dès le
moment où nous permettons un morcellement entre des gens qui exercent
les mêmes activités sous le seul prétexte que pour l'un les
activités ne s'exercent pas au même endroit que l'autre, parce
que, effectivement, c'est cela le problème, sans une stratégie
globale qui concerne l'Assemblée nationale, cela nous apparaît
extrêmement dangereux. Je ne voudrais pas qu'en vertu de ce
précédent, demain, comme je l'ai répété
plusieurs fois au courant de la soirée, des ouvriers, par exemple, d'un
endroit donné au Québec, revendiquent une unité
différente parce que, justement, ils pourraient juger qu'ils ont un
travail qui ne s'exerce pas dans le même cadre physique que leurs
confrères. Dans ce sens là, il m'apparaît que donner le
libre choix aux gens de l'Assemblée nationale peut être
préjudiciable à l'ensemble des syndiqués. C'est pour cette
raison que même si des raisons suffisantes nous avaient donné le
choix, si vous me permettez l'expression, on n'aurait pas été
opposés à obtempérer. Mais, dans les circonstances,
l'intérêt de l'ensemble nous apparaît primer, si vous
voulez, la liberté même des agents de l'Assemblée
nationale.
M. Rivest: II n'y aurait pas morcellement de l'unité de
négociation si les gardiens-constables de l'Assemblée nationale
décidaient de demeurer avec le Syndicat des agents de la paix.
Mme LeBIanc-Bantey: C'est toujours possible en vertu de la loi.
Il se peut qu'ils demeurent avec le syndicat, donc il n'y aura pas
morcellement. Mais on ne va pas commencer à morceler les agents de la
faune de la Mauricie et les agents de la faune de la Gaspésie, par
exemple. Le même problème pourrait bien se poser. Et c'est en
fonction de la complexité de tout cela qu'il ne m'apparaît pas
préférable de faire un amendement en ce sens. Je suis convaincue,
qu'importe la sympathie qu'éprouve le député de Jean-Talon
à l'égard des gardiens de l'Assemblée nationale, laquelle
sympathie je partage, je suis convaincue que le député de
Jean-Talon est conscient du problème que je pose. (23 h 30)
M. Rivest: ... je vais réessayer.
Le Président (M. Desbiens): Je voudrais ici pour le
bénéfice du journal des Débats demander... Je vais revenir
en arrière, si vous me le permettez pour relire les amendements.
Tantôt j'ai fait une lecture en fait de ce qui est le nouvel article et
j'aimerais pour le bénéfice du journal des Débats
présenter l'amendement qui nous a été soumis par Mme la
ministre et qui serait le suivant: Après les salariés, d, les
salariés ajouter "agents de la paix d'un des groupes suivants": On
ajoute "premièrement, les", c'est l'amendement; après faune, ";";
"deuxièmement, les" est ajouté et après pêcheries
";"; "troisièmement" est ajouté de même que le mot "les";
à la suite de jeunesse ";"; on ajoute "quatrièmement, les"
et ";" après constables; "cinquièmement" est ajouté
avec le mot "les" aussi suivi d'un ";" après transports;
"sixièmement" est ajouté avec le mot "les" suivi d'un ";"
après détention; "d" est enlevé; "septièmement" est
ajouté et le mot... Je reprends. Après "détention" il y a
un ";" d'ajouté et "autres" est enlevé et remplacé par
"septièmement, c'est un amendement compliqué! tout autre groupe
de".
Alors voilà l'amendement. Ce qui fait que l'article 2 se lirait
de la façon suivante tel qu'amendé: "L'article 110 de cette loi
est modifié par le remplacement du paragraphe d), par le suivant: d) les
salariés agents de la paix faisant partie d'un des groupes suivants:
Premièrement, les agents de conservation de la faune;
deuxièmement, les agents de pêcherie; troisièmement, les
constables au Tribunal de la jeunesse; quatrièmement, les
gardiens-constables; cinquièmement, les inspecteurs des transports;
sixièmement, les instructeurs, surveillants et préposés
aux soins infirmiers en établissement de détention;
septièmement, tout autre groupe de préposés à des
fonctions d'agents de la paix."
M. Rivest: J'ai une dernière question. "Tout autre groupe
préposé à des fonctions d'agents de la paix", est-ce que
cela ne pourrait pas recouvrir les gens de l'Assemblée nationale?
Mme LeBlanc-Bantey: Non, parce qu'ils sont déjà
prévus à un autre alinéa.
M. Rivest: Je m'essaie.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je repose la question.
Les amendements ont été adoptés. Est-ce que l'article 1
est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Une voix: ...
Mme LeBlanc-Bantey: Article 2?
Le Président (M. Desbiens): Article 1, adopté.
Article 2?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): II y a un amendement
également à l'article 3.
Mme LeBlanc-Bantey: II y a un amendement également
à l'article 3 qui, je crois, va correspondre à des
préoccupations et de représentations qui avaient
été faites au moment de la consultation et que j'ai entendues ce
soir aussi.
Le Président (M. Desbiens):
L'amendement proposé par Mme la ministre à l'article 3
consiste à ajouter un paragraphe qui se lirait comme suit:
"Malgré le délai prévu à l'article 111.3 du Code du
travail, l'accréditation pour représenter plus d'un groupe, selon
le deuxième alinéa, peut être demandée au Tribunal
du travail dans les quinze jours de la décision de ce tribunal rendue en
vertu de l'article 112." Est-ce que l'amendement est adopté? Mme la
ministre.
Mme Leblanc-Bantey: Je voudrais simplement spécifier que
cet amendement est ajouté afin de permettre à une association qui
aurait obtenu des accréditations distinctes pour représenter
plusieurs groupes d'agents de la paix de requérir du Tribunal du travail
de les représenter par le biais d'une seule accréditation. Parce
que ce processus exige une nouvelle consultation auprès des membres,
c'est dans cet objectif que nous avons accordé un délai de quinze
jours, justement pour permettre aux associations de se prévaloir de cet
article. Cette formule aura peut-être aussi par ailleurs l'avantage de
réduire le nombre d'unités de négociation.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Leblanc-Bantey: Adopté.
M. Rivest: Vous pensez que quinze jours, c'est suffisant?
Mme Leblanc-Bantey: On s'est dit que le projet de loi
étant déposé depuis quelque temps, les gens sachant ce
qu'il y avait dedans, normalement, on a tenté, tout en donnant plus de
chances, de réduire en même temps les délais pour
recommencer à négocier le plus rapidement possible. Il y a
déjà 45 jours de passés entre la décision du
Tribunal du travail et les demandes d'accréditation.
Le Président (M. Desbiens):
Amendement adopté? Adopté.
M. Rivest: C'est dommage qu'on ne puisse pas vérifier avec
nos principaux intéressés.
Mme Leblanc-Bantey: Qu'est-ce que vous voulez, le processus
parlementaire étant comme ça...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 3...
M. Rivest: Est-ce qu'il n'y aurait pas
moyen qu'on leur donne les amendements, M. le Président? Vous ne
les avez pas?
Le Président (M. Desbiens): Je regrette, on est à
l'étude article par article.
Mme Leblanc-Bantey: Est-ce que le député de
Jean-Talon admettrait qu'il n'est pas capable de décider par
lui-même?
M. Rivest: Non, j'aime bien consulter, moi, je ne suis pas
ministre.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 3 se lirait
donc de la façon suivante: "L'article 113 de cette loi est
modifié par l'addition des alinéas suivants: "Du consentement de
la majorité des salariés membres d'un groupe visé dans le
paragraphe d de l'article 110, l'accréditation peut être
accordée à une association pour représenter plus d'un de
ces groupes. "Malgré le délai prévu à l'article
111.3 du Code du travail, l'accréditation pour représenter plus
d'un groupe, selon le deuxième alinéa, peut être
demandée au Tribunal du travail dans les quinze jours de la
décision de ce tribunal rendue en vertu de l'article 112."
Est-ce que l'article 3 tel qu'amendé est adopté?
Mme Leblanc-Bantey: Adopté.
M. Rivest: Pourquoi me regardez-vous, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 4.
Mme Leblanc-Bantey: II n'y a pas d'amendement à l'article
4, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Rivest: Je voudrais simplement rappeler les
commentaires...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... qui ont été faits par les
intervenants ce soir, pour bien sensibiliser la ministre - pour qu'elle en
fasse part à ses collègues - sur le droit d'affiliation qui est
malheureusement très limité en ce qui concerne les agents de la
paix et lui rappeler, à cet égard, parce que le gouvernement
semble les oublier à l'occasion, les recommandations précises que
le rapport
Martin-Bouchard, qui date de 1978, avait faites au sujet du droit
d'affiliation des agents de la paix, invitant aussi le gouvernement à
considérer ce qui, au moment de l'adoption du Code du travail, ou enfin
de la Loi sur la fonction publique, il y a un certain nombre d'années,
pouvait apparaître raisonnable. Il y aurait peut-être lieu, de ce
côté, d'adopter une attitude un peu plus libérale.
Mme Leblanc-Bantey: M. le Président, je n'ai certes pas
l'intention d'adopter des attitudes libérales. Je termine et je
rappellerai au député de Jean-Talon que je disais tout à
l'heure qu'il est effectivement prévu dans la loi de la
Sûreté du Québec que ses membres ne peuvent s'associer
à d'autres unités d'accréditation. Je répète
que j'imagine que le législateur à l'époque avait
prévu des situations où, pour l'ordre public et le
bien-être de tout le monde, il était préférable
qu'il en soit ainsi. Nous n'avons pas cru bon, encore une fois, avec ce projet
de loi de réinventer la roue. Si, à l'occasion du comité
de réforme de la loi 50, vous avez des arguments extrêmement
convaincants, on ne sait jamais, peut-être bien que nous manifesterons de
l'ouverture d'esprit à ce moment.
M. Rivest: Pour terminer, je voudrais simplement, étant
donné que le libéralisme semble laisser indifférente la
ministre...
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai dit l'attitude libérale.
M. Rivest: ... m'appuyer... Je vais juste vous lire une phrase du
rapport Martin-Bouchard qui dit, à la page 32: "Pour ces raisons, la
commission jugerait opportun que le législateur - il s'agirait de vous,
sans doute - assouplisse l'interdiction absolue d'affiliation qui frappe les
agents de la paix."
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, j'enregistre le
dernier commentaire du député de Jean-Talon. Je vois qu'il a fait
ses devoirs.
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est-il
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 5
est-il adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 5, c'est tout simplement un article
de concordance dans le fond. Adopté.
M. Rivest: Même remarque que sur le droit de grève.
Quand le gouvernement
maintient le droit de grève dans les hôpitaux et
qu'après 56 heures de commission parlementaire et les trois mois qui se
sont écoulés on n'a aucune politique gouvernementale, pour ce qui
est de l'exercice du droit de grève dans les secteurs public et
parapublic, et qu'on continue d'interdire la grève à des gens,
par exemple, comme les inspecteurs du transport qui ne mettent certainement pas
en péril la santé et la sécurité publique en
exerçant le droit de grève, je refais la même affirmation
que je viens de faire sur le droit d'affiliation. La ministre et le
gouvernement devraient peut-être considérer de revoir cet aspect,
étant donné la disparité. Je ne dis pas qu'on doive
nécessairement accorder aux agents en service de détention un
droit de grève aussi illimité qu'à d'autres, mais il y a
certainement des corps d'emplois qui pourraient, tout autant que ceux de
n'importe quel autre fonctionnaire dans la fonction publique, exercer leur
droit de grève qui est, comme vous le savez, étant donné
les préjugés favorables au syndicat que vous avez vous-même
évoqués antérieurement, la base de leur pouvoir de
négociation, comme à n'importe quel autre travailleur.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dois dire au député de
Jean-Talon qu'effectivement son intervention est très pertinente et
qu'en tant que ministre de la Fonction publique je me suis moi-même
posé la question sur la pertinence d'enlever le droit de grève
à tous les corps d'emploi de salariés à agents de la paix.
Nous avons eu une discussion à l'intérieur du ministère
là-dessus. Si nous avons cru bon de maintenir encore cette interdiction
pour le moment, c'est qu'il nous est apparu qu'il s'agissait d'un débat
de fond qu'il fallait que le gouvernement fasse et l'ensemble de la machine
chargée des relations du travail du gouvernement. Compte tenu de
l'urgence qu'il y avait à régler le problème
d'accréditation, pour permettre de reprendre d'une façon sereine
et normale les négociations avec les syndiqués impliqués,
nous risquions de prolonger le débat. Encore une fois, nous aurons
l'occasion de nous reprendre à l'occasion des amendements que nous
ferons bientôt à la loi 50. Par ailleurs, je répète
que je ne suis pas du tout fermée à la perspective qu'on
étudie sérieusement la possibilité de donner le droit de
grève, tout au moins à certains corps d'emploi des agents de la
paix.
Le Président (M. Desbiens): L'article 5 est-il
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Dispositions particulières
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
Article 6?
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 6, il y a un
amendement...
Le Président (M. Desbiens): Pour le bon fonctionnement, on
pourrait peut-être commencer par le paragraphe 116.1, étant
donné que l'amendement ne vient qu'au 116.2.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): On va les adopter
partiellement. Cette loi est modifiée. L'article 6, paragraphe 116.1
est-il adopté?
M. Rivest: Un instant. Je voudrais que la ministre puisse, d'une
façon précise, répondre aux préoccupations et
à la suggestion formulée par le Syndicat des agents de la paix
lorsqu'il proposait, à la huitième proposition, que l'article 6
soit à toutes fins utiles biffé. Pourquoi ne pas accepter les
recommandations du Syndicat des agents de la paix à cet effet? (23 h
45)
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas eu l'impression que le Syndicat
des agents de la paix nous demandait de biffer l'article. Je crois qu'il se
posait des questions.
M. Rivest: Je lis la page 39 de son mémoire,
huitième proposition: "Le Syndicat des agents de la paix propose que
l'article 6 du projet de loi 22 soit modifié en biffant les articles
116.1, 116.2, 116.3, 116.4."
Mme LeBlanc-Bantey: Peut-être que les écrits restent
et que les paroles s'envolent, mais il m'a semblé, quand j'ai
posé la question directement aux représentants, qu'on ne tenait
pas mordicus à ce que cet article soit biffé, qu'on avait des
réserves qu'on a exprimées et qu'on se demandait comment cela
fonctionnerait.
Par ailleurs, si vous vous rappelez, les autres groupes qui ont
succédé au Syndicat des agents de la paix de la fonction publique
se sont dits d'accord avec l'idée du comité paritaire. Ils
trouvaient la proposition du gouvernement intéressante.
Je pense qu'il serait, compte tenu de tout cela, pertinent de maintenir
cet article et je crois que cela ne peut que rendre service à l'ensemble
des syndiqués.
M. Rivest: Quant aux remarques - je ne veux pas le mal
interpréter - de Me Saint-Hilaire, au cas où on arriverait dans
une situation d'impasse, comment en sort-on? Est-ce que vous avez
réfléchi à cette remarque que Me Saint-Hilaire a faite
quant au mode de négociation?
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président,
j'espère que le député de Jean-Talon ne me
demandera pas à 11 h 45, ce soir, de régler l'ensemble des
problèmes des relations du travail...
M. Rivest: Hélas! ce n'est pas ma faute, M. le
Président, c'est le leader...
Mme LeBlanc-Bantey: ... et tous les problèmes qui n'ont
jamais été réglés dans les deux dernières
décennies.
M. Rivest: Oui, mais on fait un projet de loi pour régler
des problèmes et le leader du gouvernement nous a demandé de
siéger à 11 h 45. Ce n'est pas ma faute.
Mme LeBlanc-Bantey: On fait un projet de loi pour régler
les problèmes, mais surtout un problème qui était
l'accréditation. Il s'agit là d'un problème qui n'a pas
été réglé par tous les spécialistes du
secteur des relations du travail dans les deux dernières
décennies. Je vous avoue que je ne me sens pas assez prétentieuse
pour prétendre le régler ce soir.
M. Rivest: Quand?
Mme LeBlanc-Bantey: Nous aurons l'occasion d'en parler à
nouveau, je pense bien.
M. Rivest: Je m'excuse, mais il faut poser ces questions à
la ministre pour la pousser au bout. Elle est capable de beaucoup mieux que
cela; j'en suis convaincu.
Mme LeBlanc-Bantey: Je me passerai de commentaires, M. le
Président.
M. Rivest: Très bien. M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que 116.1 de l'article
6 est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté, M. le Président.
M. Rivest: ... nous sommes condamnés à...
Pardon?
Le Président (M. Desbiens): 116.1, l'article 6,
adopté.
M. Rivest: Oui, les rédactions, mais sur l'article, on
verra.
Le Président (M. Desbiens): À l'article 116.2, la
proposition d'amendement, c'est de remplacer l'article 116.2 de l'article 6 du
projet de loi no 22 par le suivant: "Le comité est chargé de
commencer et de poursuivre des négociations auxquelles ses membres
participent à titre de représentants du ministre de la Fonction
publique ou de l'association accréditée en vue de la conclusion
ou du renouvellement d'une convention collective. Le comité exerce toute
autre fonction que les parties peuvent convenir de lui confier." Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, encore là, il
s'agit d'un voeu qui avait été exprimé à l'occasion
des consultations pour permettre finalement au comité d'élargir
un peu le mandat et, entre autres, de pouvoir régler des griefs ou de
discuter de relations professionnelles ou autres. Je pense que c'est un
amendement très simple qui devrait convenir à tout le
monde...
M. Rivest: D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: ... même à l'esprit
torturé du député de Jean-Talon.
M. Rivest: Torturé, n'est-ce pas? D'accord, M. le
Président.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas dit "tortueux", j'ai dit
"torturé".
M. Rivest: Quand la ministre fait un effort pour bonifier son
projet de loi, on est d'accord.
Le Président (M. Desbiens): L'article 116.2 introduit par
l'article 6, tel que proposé, est-il adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Rivest:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 116.3. Est-ce que
l'article 116.3 est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Rivest: Tel quel,
oui?
Le Président (M. Desbiens): Tel quel. L'article 116.4 de
l'article 6 est-il adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 116.5
est-il adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Article 116.6.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, il y a encore un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Mme la ministre, article
116.6.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah non! je
m'excuse, pas à l'article 116.6.
Le Président (M. Desbiens): L'article 116.6, c'est dans
l'article 6. Est-il adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est ça, c'est l'article 7.
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté.
L'article 7. Alors, Mme la ministre propose de remplacer l'article 7 du
projet de loi 22 par le suivant: "Malgré le délai prévu
à l'article 111.3 du Code du travail, une association de salariés
peut, dans les 45 jours qui suivent celui de l'entrée en vigueur du
présent article, demander au Tribunal du travail l'accréditation
prévue à l'article 112 de la Loi sur la fonction publique pour
représenter un ou plusieurs groupes de salariés visés au
paragraphe d de l'article 110 de cette loi."
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, il s'agissait
simplement de régler l'ambiguïté qui avait été
soulevée à plusieurs reprises à l'occasion de cette
soirée, à savoir qui devait décider de
l'accréditation, etc. Donc, c'est clair que c'est le Tribunal du
travail.
M. Rivest: De modifier également l'accréditation,
oui?
Mme LeBlanc-Bantey: Effectivement. M. Rivest: Modifier,
c'est 5.
Mme LeBlanc-Bantey: On va l'avoir dans l'article 8.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le nouvel article 7
est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 8,
Mme la ministre propose...
Mme LeBlanc-Bantey: II y a aussi un amendement...
Le Président (M. Desbiens): ... un amendement à
l'article que vous remplacez.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Alors, Mme la ministre propose
de remplacer l'article 8 du projet de loi no 22 par le suivant: "Malgré
le deuxième alinéa de l'article 113 de la Loi sur la fonction
publique, le Syndicat des agents de la paix de la fonction publique continue de
représenter les groupes de salariés visés au paragraphe d
de l'article 110 de cette loi à l'exclusion cependant de ceux qui auront
obtenu d'être représentés par une autre association
accréditée à cette fin, dans ce cas,
l'accréditation du Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique est modifiée en conséquence."
Est-ce que ce nouvel article 8 est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 8 est
adopté.
Article 9. Est-ce que l'article 9 est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté, je pense qu'on en a
discuté amplement dans le courant de la soirée.
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 9 est
adopté.
Je dois revenir en arrière encore une fois, on a passé
l'article 6. Est-ce adopté pour chaque paragraphe?
M. Rivest: Oui, l'article 6, justement, je vous attendais.
Le Président (M. Desbiens): L'article 6, dans son
ensemble, est-il adopté?
M. Rivest: Sur division, M. le Président. Pour bien faire
remarquer à la ministre de la Fonction publique qu'elle doit continuer
ses efforts de recherche parce que j'ai de très forts doutes que son
intervention législative puisse effectivement atteindre tous les
objectifs louables qu'elle s'est fixés.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, justement, dans cet
effort de recherche que j'ai l'intention de poursuivre, j'ai déjà
l'engagement du député de Jean-Talon de m'aider dans cet effort
de recherche sur la réforme de la loi 50. Si ses suggestions sont
pertinentes, intéressantes et valables pour régler
d'énormes problèmes qui ne l'ont pas été au cours
des vingt dernières années, elles seront accueillies avec
beaucoup d'ouverture d'esprit.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 6, dans
son ensemble, est adopté tel qu'amendé?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
M. Rivest: Oui, j'aurais peut-être une dernière
remarque à faire. À l'article 112 de la Loi sur la fonction
publique, sur les pouvoirs du Tribunal du travail, le dernier alinéa:
"Le Tribunal du travail décide de tout litige sur l'exclusion et
l'inclusion effectives d'un membre du personnel de la fonction publique dans
chacun de ces groupes et il a le pouvoir de révoquer
l'accréditation et d'en
accorder une nouvelle aux conditions prévues." Est-ce que la
ministre aurait objection à amender l'article 112 pour prévoir
que le Tribunal du travail aurait peut-être le pouvoir de révoquer
ou de modifier l'accréditation?
Mme LeBlanc-Bantey: Les légistes n'ont pas cru bon de me
recommander cette possibilité parce que le Code du travail ne
prévoit pas de modification. Il prévoit seulement la
révocation d'unités d'accréditation ou une nouvelle
accréditation en soi. Alors, là encore il ne nous est pas apparu
opportun dans le contexte de tenter d'aller à l'encontre des voeux du
législateur quand il a...
M. Rivest: Dans la mesure où cette loi est une loi
d'exception qui ne pourra avoir d'autre portée que celle du monde des
agents de la paix et que donc, elle ne pourrait pas être
interprétée ou même invoquée pour d'autres
travailleurs, est-ce qu'il n'y aurait pas eu moyen de penser d'y introduire
cette souplesse comme ceci au niveau des fonctions du Tribunal du travail en
matière d'accréditation? Cela pourrait être un
élément d'assouplissement qui collerait à la
réalité extrêmement complexe du monde des agents de la
paix. L'argument que la ministre invoque est un argument technique qui a sans
doute ses mérites, mais là vous dérogez à bien des
égards aux dispositions du Code du travail et au rôle des
institutions dans le monde du travail. Je me demandais, devant ce projet de
loi, c'est sa fonction première, quelles objections de fond vous auriez
à prévoir un tel amendement.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, le problème
que la suggestion du député de Jean-Talon pose, c'est que
l'article no 112 ne s'applique pas qu'aux agents de la paix, il s'applique
à tous les fonctionnaires de l'ensemble de la fonction publique, les
professionnels et compte tenu de ce fait, son amendement, qui apparaît
mineur dans les circonstances, peut créer encore là des
précédents qu'il ne nous apparaît pas important de
créer ce soir. Et cela, le député...
M. Rivest: Je comprends cet argument-là, mais vous
pourriez mettre dans la loi "en ce qui concerne les agents de la paix, le
Tribunal du travail, etc., modifier l'accréditation." À ce
moment-là, ça répondrait à votre objection.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ajouterai au bénéfice du
député de Jean-Talon que, quand nous avons rédigé
ce projet de loi, c'était pour régler un problème
précis, que nous avions comme objectif de tenter de nous coller le plus
possible à la Loi sur la fonction publique telle qu'elle existe
actuellement parce que, encore là, nous aurons une réforme qui
viendra dans les prochains mois, et en plus de vous coller aussi au Code du
travail pour prévoir pour les agents de la paix le même type de
mécanisme qui existe pour d'autres syndiqués dans le secteur
privé. Dans ce contexte, je suis désolée d'avoir l'air de
ne pas manifester de souplesse, mais je ne peux m'empêcher
d'éprouver une certaine méfiance à l'égard de la
suggestion du député de Jean-Talon parce que, justement,
l'amendement que vous présentez et qui semble très mineur ne
l'est peut-être pas. Je terminerai en disant que compte tenu du
précédent que cela pourrait créer, dans le doute
abstiens-toi.
M. Rivest: En termes de précédent, on n'en est pas
au premier dans ce projet de loi-là et quand je vous dis, vous n'avez
pas répondu, quand je vous dis: Je comprends pour le Tribunal du travail
et toutes les autres conséquences que cela pourrait avoir sur la nature,
mais si dans un projet de loi qui concerne les agents de la paix, on prenait la
peine de parler de l'article no 112 de la Loi sur la fonction publique en
spécifiant bien, peu importe la formulation, qu'en ce qui concerne les
agents de la paix, le Tribunal du travail ta, ta, ta, - je ne sais pas comment
elles vont écrire cela au journal des Débats, ta, ta, ta, mais en
tout cas - de modifier l'accréditation, et là, à ce
moment-là, tout ce qui ne serait pas agent de la paix ne pourrait jamais
être couvert par cette suggestion que je fais.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, il est
déjà prévu à l'article no 8 que cette modification
peut être possible pour le Syndicat des agents de la paix de la fonction
publique tel qu'il existe actuellement. Je ne voudrais pas encore là
déplaire au député de Jean-Talon et au
député de Papineau qui ont manifesté tous les deux ce soir
une collaboration que tout le monde aura beaucoup appréciée, y
compris les syndiqués qui sont venus témoigner devant nous, mais
j'ajouterai qu'il ne m'apparaît pas pertinent de faire cette modification
à l'article en question.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article no 6 dans
son ensemble est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Rivest: Sur
division.
Le Président (M. Desbiens): L'article no 6, adopté
sur division. (Minuit)
Est-ce que le projet de loi no 22 est adopté? Oui,
automatiquement.
Alors, le projet de loi no 22, Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique, est adopté avec ses amendements, sur division
également, pour l'ensemble?
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Desbiens): Non, cela va?
M. Rivest: ... pour l'ensemble cela va, le principe, en
souhaitant, par ailleurs...
Le Président (M. Desbiens): Je prie le... Oui, il est
adopté.
M. Rivest: En souhaitant la meilleure chance possible à
Mme la ministre et surtout, si vous me permettez, à l'ensemble des
travailleurs dans le secteur, de manière que peut-être la
démarche de la ministre -qui est sans doute de très bonne foi -
puisse, effectivement, contribuer. Peut-être faudrait-il le dire aussi -
en se penchant sur le dossier, on l'a découvert - il faudra bien que, de
part et d'autre, il y ait énormément Je bonne foi. Non seulement
de la part des structures syndicales présentes mais surtout,
peut-être, des structures syndicales à venir. Comme je le disais
au début, comme la ministre elle-même l'a évoqué,
tous les problèmes qui existent, les tensions et les conflits qui
existent, au bout de la ligne, c'est le pouvoir de négociation des
travailleurs face à leur employeur, le gouvernement, qui est
diminué.
Je reconnais volontiers que la démarche de Mme la ministre vise,
je pense, à -comme je le disais au début - trouver une voie
raisonnable, boiteuse à certains égards mais raisonnable, tout de
même, pour permettre, finalement, à ces travailleurs, de
négocier leur convention collective comme tous les autres
travailleurs.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela va être surprenant mais j'endosse
l'ensemble des propos du député de Jean-Talon. J'espère,
moi aussi, que c'est un pas important dans le règlement du dossier des
agents de la paix. Je remercie tout le monde qui a bien voulu collaborer
à nous aider à trouver - comme l'a si bien dit le
député de Jean-Talon - une voie raisonnable, compte tenu de la
situation.
Le Président (M. Desbiens): Merci, je prie donc le
rapporteur désigné de présenter son rapport à
l'Assemblée nationale.
Au nom de notre commission, je remercie Mme la ministre et MM. les
membres participants. La commission permanente de la fonction publique ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 03)