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(Dix heures)
Le Président (M. Laplante): J'aimerais que tous prennent
leur place.
La commission de l'habitation et de la protection du consommateur se
réunit afin d'étudier le programme d'aide à l'accession
à la propriété résidentielle; ce sont les
règlements de la loi 1.
Les membres de cette commission sont: M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank (Saint-Louis),
M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gravel
(Limoilou), M. Guay (Taschereau), Mme Harel (Maisonneuve), Mme Lachapelle
(Dorion), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Dean (Prévost), M. Lavigne (Beauharnois),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Maciocia (Viger), M. Paré (Shefford), M.
Sirros (Laurier).
J'aimerais qu'on propose un rapporteur parmi ces membres ou
intervenants, s'il vous plaît.
M. Bisaillon: Je propose le député de
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe est nommé rapporteur de cette commission.
Avant de commencer les travaux, j'aimerais vous proposer que tous les
députés, membres de l'Assemblée nationale, puissent avoir
le droit de parole pendant cette commission. Ce n'est pas un projet de loi et,
après en avoir discuté avec le député de
Mont-Royal, celui-ci n'avait pas d'objection.
M. Ciaccia: Je n'avais pas vu le nombre de députés
qu'il y avait du côté ministériel.
Le Président (M. Laplante): L'habitation étant
un...
M. Ciaccia: Pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): Pas d'objection; motion
adoptée.
M. Mathieu: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je n'ai pas d'objection, je trouve même que
c'est un précédent qu'il serait peut-être bon de renouveler
dans d'autres secteurs.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud, ce n'est pas un précédent, c'est une coutume qu'on a;
on pose la question et les députés se prononcent.
M. Ciaccia: Ce ne serait pas un précédent que ce
soit le président qui le propose?
Le Président (M. Laplante): Ce sera peut-être un
précédent, mais le président s'est fait le porte-parole de
plusieurs députés.
M. Ciaccia: Parfait.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, si vous voulez
commencer... M. le député de Mont-Royal, vous aviez aussi
à nous proposer un processus d'étude des règlements, vous
pourrez le proposer au ministre après son intervention.
M. Ciaccia: Après son intervention? Très bien.
Remarques préliminaires M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, on me permettra, au
début de nos travaux, de remercier les députés qui sont
venus, qui ont peut-être interrompu leurs vacances pour participer
à cette séance de notre commission, afin de discuter ensemble des
modalités du programme d'aide à l'accession à la
propriété, et aussi les fonctionnaires en nombre très
restreint du ministère de l'Habitation, puisque c'est un
ministère créé de récente date et qui compte des
effectifs très réduits, à part votre serviteur et un
sous-ministre maintenant dans la personne de M. Meunier, ex-président de
l'Office de la protection du consommateur. Vous avez là les
fonctionnaires du ministère pour l'instant.
Avec cette équipe formidable, le programme a été
mis au point dans les délais prévus. Vous avez reçu le
document depuis quelques jours et je suis certain que nous pourrons ensemble
aujourd'hui et, si c'est nécessaire, demain, l'examiner afin de
l'améliorer à la suite de vos commentaires et suggestions.
Je rappellerai ici les points à l'appui de ce programme et, par
la suite, nous pourrons, si ça vous convient, procéder ensemble
à une lecture plus approfondie du texte. Je crois comprendre que le
député de Mont-Royal a une proposition quant à la
procédure; nous pourrons certainement l'examiner à ce moment.
Évidemment, il ne s'agit pas pour cette commission d'adopter ce
programme, puisqu'il s'agit d'une prérogative qui relève du
Conseil des ministres, lorsque je lui présenterai ou bien ce programme
ou bien un programme révisé résultant des travaux de cette
commission et résultant aussi des commentaires, des remarques que
d'autres intervenants auront bien voulu nous faire.
Traditionnellement, au Québec comme dans les provinces du Canada,
les programmes gouvernementaux d'aide à l'accession à la
propriété ont été restreints à la
construction neuve, se situant bien souvent dans une perspective de relance de
l'industrie de la construction, ce qui est un objectif tout à fait
louable en soi. Cependant, dans ce programme-ci, contrairement aux programmes
"traditionnels" qui limitaient l'aide aux seuls achats de maisons neuves, pour
la première fois au Québec, voici une proposition d'aide à
l'accession à la propriété qui englobe le logement
existant ainsi que la maison mobile. Sous cet aspect, ce programme est donc
novateur.
Ce faisant, comme les logements du parc résidentiel existant se
vendent à des prix très souvent inférieurs aux logements
neufs, l'aide pourra être accessible à un nombre plus grand
d'individus, de ménages à revenu plus modeste. Les diverses
possibilités offertes par le programme rendent compatibles le prix
à payer pour accéder à la propriété et le
revenu de l'acheteur potentiel. C'est bien là l'objectif fondamental de
ce programme, c'est-à-dire permettre à un nombre plus
élevé de familles avec enfants de devenir propriétaires en
les aidant à payer une partie des frais hypothécaires encourus
à l'achat d'un logement.
Nous sommes tous bien conscients que les taux hypothécaires
atteignent des sommets exceptionnels. Ce sujet a fait et continue d'ailleurs de
faire l'objet de représentations auprès du gouvernement
fédéral responsable des politiques bancaires et
monétaires, mais jusqu'ici la tendance à la hausse se poursuit
malgré tout et même les suppliques des ministres et des chefs
d'État des six pays auprès de M. Reagan au sommet de Montebello
n'ont pas produit de résultats concrets jusqu'à maintenant.
Si le gouvernement du Québec ne peut intervenir au niveau de ces
augmentations maintenant quotidiennes des taux d'intérêt, il veut,
par ce programme, en prenant à sa charge une partie des coûts,
aider les jeunes familles locataires qui désirent devenir
propriétaires à acquérir leur logement.
Bien entendu, cet objectif fondamental, aider les familles à
accéder à la propriété, aura d'autres
retombées non négligeables, c'est bien évident. Même
si j'ai dit tantôt qu'il ne s'agit pas d'un programme de relance de
l'industrie de la construction, dans la conjoncture actuelle, il faut admettre
que le programme sera un élément de soutien de cette industrie
que la poussée actuelle des taux d'intérêt atteint de
façon particulièrement cruciale.
Par ailleurs, en incluant le parc de logements existant, un des
sous-objectifs ou un des effets secondaires de ce programme sera d'avoir un
effet d'entraînement positif sur la qualité des logements anciens
et la revitalisation de certains quartiers urbains qui, dans certains cas, ont
vu fuir leur population active.
Enfin, en favorisant l'accès à la propriété,
le programme encouragera l'épargne chez les jeunes familles et donc, par
le fait même, une forme d'enrichissement collectif. Le fait d'être
propriétaire immobilier permet, en effet, une accumulation de capital
qui suit et parfois même dépasse l'inflation.
Voyons maintenant certaines modalités du programme. Pour y
être admissible, le bénéficiaire devra avoir
déjà un enfant de moins de 12 ans et n'avoir jamais
été propriétaire d'une résidence principale. Il
pourra acheter son logement en propriété unique, en
copropriété ou en coopérative. Tout type de loqement est
admissible: le logement compris dans un immeuble à logements, la maison
unifamiliale, en ranqée, jumelée ou la maison mobile. De plus, le
programme permet également l'achat d'un duplex ou d'un triplex.
Ces logements, cependant, doivent répondre à certaines
caractéristiques. Le prix d'achat maximal d'un loqement, incluant le
coût du terrain, devra être inférieur à 60 000 $.
Dans le cas de l'achat d'un duplex ou d'un triplex, ces prix sont
majorés respectivement à 100 000 $ et 130 000 $. En outre,
à compter du 1er janvier 1982, tout terrain viabilisé,
c'est-à-dire desservi par un réseau d'aqueduc et d'égout,
destiné à recevoir une maison mobile neuve ou un logement
situé dans un immeuble neuf, devra avoir une superficie minimale qui a
été établie selon les normes déjà connues du
monde municipal qui étaient, à l'époque, de dix
unités de logement à l'acre, mais qui, imposées à
un individu, doivent être ramenées en proportion, donc, à
415 mètres
carrés. Dans les cas où le terrain ne serait pas
viabilisé, la superficie minimale acceptable devra répondre aux
normes du ministère de l'Environnement pour ce qui est de ce type de
terrain. On comprendra l'objectif ainsi recherché. L'étalement
urbain coûte de plus en plus cher: la consommation de terrain, le
coût des infrastructures, coût toujours à la hausse des
services, multiplication des équipements communautaires,
équipement des coûts en services, écoles, parcs, centres
récréatifs.
Quand on sait les coûts élevés qu'entraîne un
étalement exagéré de notre espace occupé et
urbanisé, qu'on pense, par exemple, au coût du transport
individuel ou collectif, au coût de construction d'écoles en
banlieue pendant que d'autres en ville ferment, on comprendra et on admettra la
nécessité d'une planification de l'utilisation de l'espace. C'est
dans cet esprit et pour poursuivre les buts visés par les programmes de
subventions et d'encouragement aux municipalités et d'aide à la
densification, connus du monde municipal depuis plus de cinq ans, que ce
programme favorise une plus grande densité de population sur l'espace
disponible.
Par ailleurs, là où les terrains ne sont pas
viabilisés, il faut nous assurer que l'implantation de maisons
résidentielles ne sera pas une cause de destruction de notre
environnement.
J'arrive maintenant aux modalités de l'aide financière que
consentira le gouvernement. Cette aide sera accordée sous forme de
subvention en rabais d'intérêt versée au
bénéficiaire pour la première tranche de 10 000 $, de 6000
$ ou de 4000 $ $ de l'emprunt hypothécaire relative au logement qu'il
occupera, selon qu'il s'agisse d'un logement neuf, d'un logement existant ou
d'une maison mobile. Lors de l'achat d'un logement neuf sur une tranche de 10
000 $ d'emprunt hypothécaire, le gouvernement prendra à sa charge
la première année tous les coûts d'intérêt, la
deuxième année, les deux tiers de ces coûts, et, pour
chacune des trois années subséquentes, le tiers de ces
coûts et ce, jusqu'à concurrence d'une aide totale en rabais du
taux d'intérêt de 5500 $.
Lors de l'achat d'un logement existant, sur une tranche de 6000 $
d'emprunt hypothécaire, le gouvernement prendra à sa charge, la
première année, tous les coûts d'intérêt, la
deuxième, les deux tiers de ces coûts et le tiers pour chacune des
années subséquentes et, dans le cas des maisons existantes,
l'aide ne pourra excéder 3300 $. Lors de l'achat d'une maison mobile
neuve ou existante, sur une tranche de 4000 $ des coûts d'emprunt
hypothécaire, le gouvernement prendra à sa charge une même
proportion des taux d'intérêt et ce, jusqu'à concurrence de
2200 $. Il faut noter que, dans le cas de la maison mobile, celle-ci devra,
cependant, être un immeuble par destination, que son achat devra
être financé en partie par un prêt hypothécaire
assuré par une société d'assurance hypothécaire.
S'il s'agit d'une maison mobile neuve, elle devra, de plus, être de
fabrication québécoise.
Il nous faut revenir sur les modalités de la participation
financière du gouvernement. On se souviendra qu'au moment de l'annonce
initiale de ce proqramme, les taux d'intérêt vascillaient entre
14% et 15%. Le gouvernement s'engageait alors à prendre à sa
charge, la première année, la totalité du coût des
intérêts, puis, la deuxième année, le coût des
intérêts excédant 5%, donc, d'en prendre 10% et, enfin, les
trois années subséquentes, le coût des
intérêts excédant 10%. Ceci, dans le contexte où les
taux étaient à 15%, signifiait 35% des taux
d'intérêt. Depuis cette première annonce, les taux
d'intérêt ont grimpé de cinq à six points de
pourcentage, se situant aujourd'hui entre 19% et 20%. Nous avons donc convenu
de respecter la proportion reconnue dans l'aide apportée à
l'annonce initiale en ajustant le projet de programme aux fluctuations
possibles. Nous proposons une aide équivalant, la première
année, à la totalité des intérêts, la
deuxième année, aux deux tiers, et, les trois années
subséquentes, au tiers, ce qui, somme toute, correspond aux proportions
données alors que les taux d'intérêt atteignaient 15%.
Concrètement, cette aide financière se résume
ainsi. Prenons l'hypothèse des taux d'intérêt actuels
à 20%. Dans le cas du logement neuf, la première année,
prendre à sa charge la totalité des intérêts sur une
tranche de 10 000 $ implique pour l'État une subvention de 2000 $, 20%
de 10 000 $, ce qui, mensuellement, représente un rabais de la
mensualité de 166, 66 $. La deuxième année, cette
proportion des intérêts, dans l'hypothèse où les
taux sont les mêmes... Cela, c'est important à noter, parce que le
fait de l'accrocher au pourcentage des taux d'intérêt, les trois
tiers, les deux tiers et le tiers, si, l'année subséquente, les
taux d'intérêt sont les mêmes, l'aide sera de 111, 10 $ par
mois, mais si les taux étaient, par exemple, au lieu de 20%, de 21%,
l'aide serait proportionnellement plus qrande puisque l'aide qouvernementale
sera ajustée annuellement en fonction des taux évidemment, je dis
annuellement dans la mesure où il s'agit d'un prêt renouvelable;
annuellement, ça veut dire dont le terme vient à
échéance au bout d'un an - et ce jusqu'à concurrence des
montants impliqués. (10 h 15)
Je reprends mon exemple d'une subvention de 10 000 $ à 20%, taux
actuel. La première année, c'est donc un rabat des
mensualités de 166 $, ou un chèque de 166 $ mensuellement qui
sera versé à la
personne. La deuxième année, toujours dans
l'hypothèse où les taux seraient à 20%, ce serait 111, 10
$ par mois, et les trois années subséquentes, pendant 36 mois ou
pendant trois ans, de 55, 55 $ par mois. Dans l'hypothèse d'un logement
usagé, cette aide serait de 100 $ par mois la première
année, de 66 $ la deuxième et de 33 $ pour les trois
années suivantes, les "6 mois qui suivent. Dans le cas d'une maison
mobile, cette aide serait de 66 $ par mois la première année, de
44 $ par mois la deuxième année et de 22 $ par mois pour les
trois années suivantes.
Il me fait plaisir de constater la présence dans la salle de
représentants de l'Association des constructeurs d'habitations du
Québec qui viennent de faire leur entrée; je n'en ai pas vu
d'autres.
M. le Président, ces montants de subvention en rabais du taux
d'intérêt, jusqu'à concurrence de 5500 $ dans le cas du
logement neuf, de 3300 $ dans le cas du logement ancien et de 2200 $ dans le
cas de la roulotte, représentent une augmentation de l'aide
gouvernementale par rapport à l'annonce lorsqu'elle a été
faite. En effet, au moment où elle a été faite et que les
taux d'intérêt étaient de 15%, cette aide
représentait une subvention - pour ce volet-là de l'aide, je ne
parle pas du volet de la prime à la natalité - de 4000 $ par
logement. Maintenant, avec des taux de 20% et plus, cette aide pourra atteindre
5500 $ par logement, c'est-à-dire 1500 $ de plus qu'au moment où
elle a été annoncée.
Évidemment, l'État a décidé de mettre un
frein, c'est-à-dire de ne pas s'accrocher, de ne pas embarquer dans
l'ascenseur indépendamment des taux d'intérêt. Nous avons
dit: On arrête au cinquième palier, ou au cinquième et
demi, c'est-à-dire à 5500 $, et cette aide, si les taux
d'intérêt devaient, par malheur, continuer leur ascension, sera
plafonnée puisque le gouvernement, même s'il veut, est tout
à fait d'accord pour faire ce programme d'aide à l'accession
à la propriété, a quand même d'autres
priorités qui appellent également des deniers publics. À
ce sujet-là, M. le Président, nous avons donc voulu nous
accrocher, prendre, en quelque sorte, une part de la progression des taux
d'intérêt. C'est ce qui nous a amener à augmenter notre
aide de 4000 $ à 5500 $, maximum, dans le cas du logement neuf, mais
nous avons dit: II y a une limite à ce que nous allons supporter dans le
cadre des taux d'intérêt et cette limite, nous l'avons
fixée non pas en termes de taux d'intérêt, mais en termes
de montant, c'est-à-dire 5500 $ par logement.
À cette première subvention, s'ajoute un rabattement
d'hypothèq. que consenti aux bénéficiaires pour compenser,
en partie, les coûts supplémentaires reliés à la
naissance ou à l'adoption d'autres enfants. Ainsi, suite à
l'avènement d'enfants dans un délai de cinq ans après la
date d'admissibilité au programme, c'est-à-dire durant la
période de prise en charge des intérêts, en totalité
ou en partie, par l'État, le bénéficiaire obtiendra un
rabattement d'hypothèque sur la tranche d'emprunt hypothécaire
pour laquelle le gouvernement prend en charge la totalité ou une partie
des intérêts. Ce rabattement d'hypothèque sera de 2000 $
à l'avènement d'un deuxième enfant et de 4000 $ à
l'avènement de tout autre enfant. C'est donc dire que, si le
ménage, au moment où il fait sa demande d'admission au programme,
a déjà deux enfants et que celui qui survient après
l'acquisition est le troisième, la subvention est alors de 4000 $ et non
pas de 2000 $. Donc, le rang, en quelque sorte, est pris en
considération et l'aide immédiate est proportionnellement plus
grande selon qu'il s'agit du deuxième ou du troisième enfant.
Évidemment, ce rabattement d'hypothègue ne peut excéder la
tranche d'emprunt hypothécaire pour laquelle le
bénéficiaire obtient des subventions en rabais
d'intérêt.
Enfin, M. le Président, certains clauses du programme sont
prévues pour que les bénéfices obtenus par le
requérant puissent être poursuivis, continués. Ces clauses
réfèrent notamment au cas de décès du
bénéficiaire, au cas de sinistre survenu, au cas de divorce ou de
séparation de corps, au cas de déménagement pour se
rapprocher d'un lieu de travail ou d'absence temporaire du lieu habituellement
habité pour des raisons reliées soit au travail, soit pour fins
de perfectionnement. Dans ces cas, il est prévu qu'il peut y avoir
poursuite du programme pour l'occupant propriétaire d'une
résidence principale. Voilà donc, en gros, les grandes lignes du
programme sur lequel nous serons appelés à nous pencher au cours
de cette journée, et possiblement demain.
Ce que je voudrais préciser ici en guise de conclusion, c'est que
ce programme est un programme sectoriel. C'est un programme qui vise un
objectif: aider les jeunes ménages, les jeunes familles à
accéder à la propriété. Ce n'est pas un programme
qui se veut la réponse avec un grand R ou un grand L à tous les
problèmes de l'habitation que nous connaissons au Québec. Il y a
d'autres programmes qui visent d'autres fins et d'autres objectifs. Par
exemple, les HLM dont le nombre a été multiplié par deux
à peu près depuis cinq ans, et qui sont actuellement entre 38
000, 39 000 ou 40 000 et qui visent à répondre aux besoins des
familles à très faible revenu d'une part, et surtout des
personnes âgées. Depuis cinq ans, on a mis l'accent sur les HLM
pour personnes âgées. D'ailleurs, je crois savoir qu'il y en aura
un très bientôt que j'aurai le plaisir d'inaugurer dans la Beauce,
me dit-on. Ces logements pour personnes âg. qées qui
répondaient et qui répondent véritablement à
un besoin, et à cela, pour suppléer à ce manque,
même si on a doublé le nombre en l'espace de quatre ou cinq ans,
il s'en est produit plus en cinq ans que dix ans auparavant. Nous avons
également ajouté à ce programme de HLM ce qu'on appelle le
supplément au loyer, c'est-à-dire le programme par lequel nous
louons des immeubles à des organismes sans but lucratif pour qu'ils
puissent loger des personnes âgées ou encore des personnes
handicapées. C'est ainsi qu'à la maison Lucie Bruneau et
Habitation-Plus, par exemple, globalement, nous avons permis à ces
organismes de louer à l'intention des handicapés environ 350
logements à l'intérieur du programme de supplément au
loyer, Donc, programme sectoriel destiné aux familles à
très faible revenu ou aux personnes âgées.
Pour les familles qui ne sont pas à revenu très
très faible et qui seraient la clientèle typique des HLM, nous
avons mis au point, il y a trois ans, un autre programme de coopératives
d'habitations qui était le programme LOGIPOP, que j'ai lancé avec
un certain enthousiasme, pensant que cela allait répondre à un
besoin. Effectivement, cela répond à un besoin, sauf que la
réponse n'a pas été celle que nous attendions à
l'époque. Et c'est normal, parce que, avant de bâtir des logements
coopératifs, nous avons tenté de susciter la formation de
coopératives, c'est-à-dire former les groupes d'abord et les
logements ensuite, non pas faire l'expérience célèbre de
Coop Habitat, c'est-à-dire de faire des logements d'abord et de chercher
des coopérants ensuite. Ce qui, évidemment, n'est pas tout
à fait la meilleure façon d'obtenir le succès dans ce
domaine-là.
Donc, le programme d'habitations LOGIPOP, de coopératives
d'habitations. LOGIPOP, a produit à peu près 2400, 2500 logements
depuis trois ans; tous fonctionnent; nous n'avons repris aucun des logements,
contrairement à ce qui avait été le cas dans d'autres
expériences antérieurement.
Évidemment, il y a aussi des gens, M. le Président, qu'il
faut aider d'une autre manière; c'est par le biais de la restauration de
leur logement, parfois encore fort convenable, et cela a été
l'utilisation au maximum du programme PAREL, qui est un programme
fédéral, un programme d'aide à la remise en état
des logements, et nous avons encore une fois à peu près
doublé le nombre de logements restaurés à
l'intérieur de ce programme. Nous en avons connu très vite les
limites, limites qui se manifestaient en terme d'éviction des locataires
et c'est pour cela que nous avons conçu un nouveau programme qui est le
programme Loginove, et dont le démarrage est lent, j'en conviens, je le
déplore. Quant à nous, il suppose l'aide de deux groupes, enfin
trois devrais-je dire, celui des institutions financières, des caisses
populaires, notamment, celui des municipalités et la collaboration du
fédéral, puisque nous ne voulons pas imposer aux citoyens une
double démarche, à savoir d'aller dans une officine
québécoise, une officine fédérale. D'ailleurs il
nous semblait, nous, et il nous semble toujours, que les caisses populaires
étaient un heureux compromis pour le citoyen qui n'aurait qu'à
s'adresser à sa caisse populaire pour remplir les formulaires, quel que
soit le symbole ou le petit drapeau qu'il y aurait dans le coin.
Ceci n'était pas suffisant, M. le Président, nous avons
voulu y ajouter un autre élément qui était le progqramme
Logirente. Logirente, c'est une forme d'allocation mensuelle au logement,
commencée en octobre dernier et qui rejoint, après six mois
seulement de fonctionnement, 25 OO0 ménages de personnes
âgées. C'est une formule, c'est un virage. Au lieu d'investir dans
la pierre et dans le béton, on commence à investir plus dans la
personne, on passe d'une aide à la pierre à une aide à la
personne avec ce programme et je pense que c'est la direction de l'avenir.
C'est ce vers quoi nous devons tendre de plus en plus puisque les gens ainsi
aidés sont libres d'habiter où ils veulent et ne sont pas
attachés à un logement comme c'est le cas dans le cas des
logements publics. Ceci ne veut pas dire qu'il ne faudra pas faire toujours des
logements publics. Je pense qu'il y aura toujours des gens vivant dans des
taudis ou vivant dans des conditions vraiment déplorables, qu'il faudra
reloger de toute façon.
Évidemment, M. le Président, si je passe rapidement,
d'autres mesures ont été prises au cours des dernières
années. Je pense à la loi 107 qui fait l'objet
présentement de contestations et sur laquelle je ne m'étendrai
pas plus, sauf, tout simplement, pour dire, M. le Président, qu'encore
là, il s'agissait d'une loi particulièrement vieillotte qui
existait depuis 1951 au Québec et que j'ai eu l'insigne honneur de
refondre et de reformuler. Il y a eu la loi 57 également, parce qu'il y
a d'autres façons d'aider l'habitation que de bâtir des logements
et c'est de réduire la fiscalité. Là-dessus, la loi 57 sur
la réforme de la fiscalité municipale est venue apporter un
soulagement en enlevant notamment l'impôt foncier scolaire puisque, entre
nous, en notre XXe siècle, il semblait un peu paradoxal qu'on continue
de financer l'éducation à même l'impôt foncier, comme
s'il y avait une relation entre les besoins en éducation et la richesse
foncière des municipalités. Donc, on a enlevé
l'impôt foncier scolaire en disant: L'État va financer
l'éducation à même les revenus des impôts de tout le
monde et nous avons aboli les taxes de locataires là où elles
existaient. Nous avons aboli les surtaxes sur le
territoire de la communauté urbaine.
Bref, ce sont toutes des mesures qui sont venues apporter un certain
soulagement aux propriétaires. Nous avons introduit le remboursement
d'impôts fonciers, le RIF qui a rapporté aux
Québécois au cours de la seule dernière année 72
000 000 $, quand même, en rabais des taxes, et ce, qu'ils soient
propriétaires ou locataires. Autres mesures, M. le Président,
liées à l'aménagement du territoire, un tas de mesures,
par exemple, je pense, qu'on retrouve dans la loi, notamment, des cités
et villes d'abord et dans la loi de l'aménaqement sur les normes
minimales de construction dans les plaines d'inondation et ailleurs. (10 h
30)
Nous avons accru le rôle des municipalités. À ma
qrande stupéfaction, M. le Président, j'ai constaté en
arrivant au ministère des Affaires municipales que l'habitation n'est
pas une fin municipale. On ne retrouve pas dans ce qu'on appelle les pouvoirs
des municipalités le pouvoir ou le droit de faire des choses dans le
domaine de l'habitation autrement que par la loi de la SHQ. L'habitation n'est
pas une fin municipale. J'ai donc commencé tranquillement à
modifier par charte, par bill privé, la charte de Montréal -
c'est ce qui fait que CIDEM a été créé et que CIDEM
a été impliqué dans l'opération de 10 000 logements
- la charte de la ville de Québec; par bill privé, une charte
particulière pour la ville de Laval; Longueuil; Sherbrooke; Chicoutimi;
Hull; je pense qu'il y a une dizaine de municipalités à qui,
comme ministre des Affaires municipales, j'ai permis, en modifiant leur loi, de
jouer un rôle dans le domaine de l'habitation.
M. le Président, je pourrais continuer lonqtemps. Par le
proqramme d'aide à la densité, ce sont 73 000 loqements qui ont
été bâtis depuis cinq ans au Québec, en vertu de ces
programmes et qui ont coûté 73 000 000 $ aux fonds publics
fédéraux et provinciaux; c'était une prime de 1000 $ par
unité de logement.
Évidemment, ces primes à la densité, ce retour
à la ville, si on peut l'appeler ainsi, devait s'accompagner de mesures
liées à la qualité de la vie. C'est ainsi que, pour la
première fois, on a donné 11 800 000 $ aux parcs de la
communauté urbaine, on a aidé le transport en commun par des
programmes comme notamment la CAM, la carte autobus-métro.
M. le Président, nous voilà donc aujourd'hui en face d'une
autre mesure concrète. Si j'ai fait cette longue
énumération, c'est pour bien vous démontrer que ce n'est
pas le seul levier, le seul moyen par lequel le gouvernement entend intervenir
dans le domaine du logement et de l'habitation. Évidemment, toutes ces
mesures ne nous donnent pas présentement ce qu'on pourrait souhaiter
avoir et ce que j'espère que nous aurons bientôt - je compte m'y
employer - ce qu'on appelle une politique de l'habitation. C'est là, je
pense, le défi qui attend un nouveau ministère, un nouveau
ministre dans ce domaine, d'essayer de réfléchir sur une
politique d'habitation proprement québécoise.
Cependant, je dois avouer que je vais être peut-être un peu
tiraillé, étant d'abord un homme d'action qui, depuis cinq ans,
s'est employé, plutôt que de pondre une politique abstraite,
à donner effet à des mesures concrètes d'aide à nos
concitoyens. Néanmoins, je pense que le temps est peut-être plus
propice, au moment où je n'ai plus la préoccupation d'un autre
ministère, étant donné que l'habitation c'est une
espèce de mineur aux Affaires municipales ou autrement et qu'on avait
l'impression que le fédéral s'occupait de l'habitation, alors que
de plus en plus il se retire; il ne fait plus de prêts ou pratiquement
plus. La Société d'habitation du Québec a vendu
récemment pour 90 000 000 $ - cette société tant
décriée - d'obligations, en l'espace de quelques heures, à
des compagnies d'assurances torontoises, anglophones par surcroît, qui
n'ont pas mis en doute sa crédibilité, comme institution, et qui
ont procédé à l'achat en l'espace de quelques heures
seulement.
Donc, M. le Président...
M. Ciaccia:...
M. Tardif: Non, par ses propriétés. Tout ceci pour
dire que ça ne se voulait pas méchant à l'endroit du
député de Mont-Royal, mais quand même je pense que cet
organisme-là a réalisé des choses et c'est un organisme
à qui on peut faire confiance. Ce que je voulais impliquer ici, c'est
plutôt le fait que le gouvernement fédéral qui
s'était impliqué au lendemain de la guerre pour faire ce qu'on
appelait du "wartime housinq", de petites maisons pour les
vétérans, en est venu assez vite à occuper d'autres
champs, d'autres domaines, à faire des rues, des égouts, des
aqueducs, des programmes d'aide aux municipalités, et que maintenant,
pour toutes sortes de raisons, il se retire, mais ne laisse pas l'argent
là. Nous devrons donc, à la mesure de nos moyens, tenter de
subvenir aux besoins des Québécois en pensant toutefois que nous
ne pourrons satisfaire à 100% des besoins avec seulement 50% des
impôts, évidemment. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je
voudrais rappeler au ministre que le mandat de cette commission est
l'étude du projet de réglementation qui découle de la loi
1. Je lis le mandat qui nous a été fourni par le
secrétaire des commissions: " Le mandat de cette commission est
l'étude du projet de réglementation qui découle de la loi
1, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec, dans le cadre d'un programme d'accession à la
propriété. " Le ministre a voulu faire le bilan de son
ministère plutôt que de nous parler et d'expliquer les
règlements. Je peux le comprendre parce qu'en regardant et en examinant
les règlements, on voit encore une fois que la montagne a
accouché d'une souris. Que d'espoirs déçus pour ceux qui
croyaient pouvoir devenir propriétaires à un prix raisonnable! Le
programme que le ministre nous dévoile ce matin sent l'improvisation
électorale à plein nez. Ce programme contient non seulement moins
que la promesse électorale du mois d'avril dernier, mais il contient
encore moins que le programme que le ministre nous a annoncé en
deuxième lecture pendant l'étude du projet de loi no 1.
Voyons ce qu'il en est exactement, examinons les règlements,
voyons les engagements que le gouvernement a pris et les conséquences
pour ceux qui pourraient bénéficier de ce proqramme.
Premièrement, on voit que le programme présenté
aujourd'hui n'est pas celui que le gouvernement nous a présenté
jusqu'à maintenant. Les changements dans le taux d'intérêt
ne justifient pas les amendements que le gouvernement a faits au programme,
parce que, lorsqu'il s'est engagé par sa promesse électorale, il
ne l'a pas fait d'une façon conditionnelle, il l'a fait d'une
façon inconditionnelle. Il a dit: programme d'accès à la
propriété résidentielle et il a donné une liste de
conditions. Nous voyons ce matin que ces conditions ont non seulement
changé, mais ont changé assez pour rendre le programme moins
accessible encore à ceux qui auraient pu en
bénéficier.
Premièrement nous voyons certaines absurdités dans le
programme. Par exemple, la subvention est plafonnée. Vous nous donnez
comme excuse que les taux d'intérêt ont augmenté. Mais on
savait cela, que les taux d'intérêt augmenteraient; même au
mois de février et au mois de mars, on prévoyait une
augmentation. Tous les analystes disaient que les taux d'intérêt
allaient augmenter. Et votre promesse...
M. Tardif: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Non, un instant! Je ne vous ai pas interrompu.
M. Tardif:... - ce n'est pas méchant -ce qu'il
prévoit pour les prochains mois?
M. Ciaccia: Les conditions que vous aviez mises dans votre
programme électoral ne disaient pas: On va donner ces montants pourvu
que les taux d'intérêt n'augmentent pas. Une personne pouvait se
fier là-dessus et dire: Bon, voici le programme. Ce n'est pas le cas. Ce
qui est absurde dans le plafonnement de la subvention accordée à
ceux qui peuvent bénéficier du programme, c'est que vous
plafonnez la subvention, mais que vous ne plafonnez pas le salaire de ceux qui
peuvent en bénéficier. Je trouve un peu absurde qu'une personne
qui a un salaire plutôt élevé puisse
bénéficier de ce programme alors que ceux qui ont un salaire
moyen, ceux qui auraient besoin de cette aide voient leur subvention
plafonnée. Je crois que c'est une absurdité dans vos
règlements.
On pourrait référer à la question des taux
promulgués dans votre règlement. C'est la société
qui va promulguer le taux. On pourrait vous demander: Pourquoi la subvention
n'est-elle pas basée sur le taux d'intérêt payé par
l'acheteur? Cela peut causer des différences. On pourra en discuter lors
de l'étude des règlements article par article.
Dans votre programme électoral, vous aviez les premiers 10 000 $
sans intérêt pour la première année; la
deuxième, c'était 5% et, la troisième à la
cinquième année, c'était 10%. En deuxième lecture,
vous n'avez pas indiqué que ce serait changé. La deuxième
lecture a eu lieu seulement au mois de mai, à la fin de mai ou au
début de juin. Cela cause deux problèmes: premièrement,
vous ne remplissez pas votre engagement et, deuxièmement, lors de la
deuxième lecture, vous avez dit que le programme serait
rétroactif au 1er mai. Alors, les personnes pouvaient se fier
aux représentations que vous aviez faites. Aujourd'hui, vous dites: Non,
on ne limitera pas à 5% la deuxième année, à 10%
les troisième, quatrième et cinquième années, ce
sera les deux tiers. Alors, au lieu de payer 5%, une personne peut se trouver
à payer 6, 6% dépendant du taux d'intérêt et elle
peut payer aussi jusqu'à 14% dépendant du taux
d'intérêt. Si le taux promulgué par la
société est moindre que le taux actuellement payé, les
montants payés par le bénéficiaire seront encore plus
élevés. Les conséguences de cela, c'est qu'une personne,
pour bénéficier du programme, sera obligée d'avoir un
salaire plus élevé et cela va réduire le nombre de
personnes admissibles au programme parce que vous venez d'augmenter le revenu
minimum requis pour bénéficier du programme.
Votre réglementation ne dit pas que les montants ne seront pas
imposables. On doit
alors tenir pour acquis que toutes les subventions que vous donnerez,
d'après ce règlement, seront imposables. S'ils ne sont pas
imposables, je laisse au ministre de l'indiquer et de proposer un amendement
à l'article afin qu'on puisse stipuler clairement que les sommes, les
subventions qui sont reçues d'après ce programme ne seront pas
imposables. Je laisse au ministre de nous indiquer et de s'engager à
savoir s'ils sont imposables ou non. Mais, si on prend la Loi de l'impôt,
d'après la loi actuelle, les montants qui seront reçus seront
imposables. Cela veut dire que sur une base de cinq ans, 5500 $ ne seront pas
5500 $, parce que c'est le même gouvernement qui va donner la subvention
et le même gouvernement qui va retirer l'impôt. Ces 5500 $ seront
réduits à environ à 2750 $, à 3500 $
dépendamment des revenus de l'impôt payé par le
bénéficiaire.
Même si vous payez les 5500 $ sur une base de cinq ans,
aujourd'hui, la valeur de ces 5500 $ est de 3618 $. Pour arriver à 5500
$ donnez, sur une base de cinq ans, 2000 $ la première année, 6%,
etc., la troisième; si vous le donniez aujourd'hui, vous n'auriez pas
normalement 5500 $. La valeur est de 3600 $. Si ces 3600 $ sont imposables
comme tout indique qu'ils le sont, le montant maximal de la subvention,
vraiment la valeur de la subvention que vous donnez est de 1800 $. Je vous
demande, M. le ministre, avec les taux d'intérêt d'aujourd'hui,
avec le coût de construction d'aujourd'hui, est-ce que 1800 $ sont assez
pour donner une incitation à quelqu'un d'acheter une
propriété ou est-ce que c'est assez même pour permettre
à ceux qui ne pourraient pas l'acheter de le faire? Je crois que toutes
les indications sont que ce n'est pas suffisant. C'est cela l'erreur majeure de
votre programme, c'est que ce n'est pas adéquat et les taux de
restriction des subventions ne feront pas la différence pour une
personne d'acheter ou de ne pas acheter d'après les règlements
que vous avez rendus publics aujourd'hui. (10 h 45)
Si vous parlez de l'autre subvention de 2000 $ pour chaque enfant qui
sera né après l'acquisition de la propriété, si ces
2000 $ sont imposables, ce n'est pas 2000 $ que la personne reçoit, mais
1000 $. Et l'autre pénalité, c'est que vous réduisez la
subvention; au lieu de ne pas payer des intérêts sur 10 000 $, le
calcul des intérêts sera fait sur 8000 $, mais, en effet, la
réduction pour la personne qui recevra cette subvention ne sera que de
1000 $ approximativement.
Quelle autre faille y a-t-il dans les rèqlements que vous venez
de nous proposer ce matin? Premièrement, une autre stipulation du
règlement, c'est que la valeur des maisons sera déterminée
par le gouvernement, la Société d'habitation du Québec.
Alors, on viendra à cet article demander pourquoi la valeur pourrait
être déterminée par la SHQ ou par un autre organisme du
gouvernement. Est-ce que cela ne devrait pas être, le prix payé
par l'acheteur? Sur quels critères la SHQ va-t-elle se baser pour
déterminer la valeur qui sera payée? Il peut arriver que la
valeur municipale soit plus élevée; par exemple, elle peut
être de 65 000 $ et une personne peut acheter la propriété
pour 60 000 $. Est-ce que ça veut dire que le gouvernement aura le droit
de dire à l'acheteur: Nous évaluons la propriété
à la valeur municipale, vous n'êtes pas admissible au programme,
même si le prix que vous avez payé répond aux
critères d'admissibilité au programme?
D'après les règlements, qui est admissible au proqramme?
Vous parlez de jeunes couples. On a déjà fait la critique, en
deuxième lecture, à savoir que vous n'accordez la subvention
qu'à de jeunes couples ayant au moins un enfant de douze ans ou moins.
Nous réitérons la demande que ce programme soit ouvert à
tous les jeunes couples, parce que vous venez de restreindre sensiblement le
nombre de personnes qui pourraient faire une demande. C'est une discrimination
qui n'est pas acceptable. Quand vous parlez de jeunes couples, dans l'esprit
des gens, ce sont tous ceux qui se marient et qui veulent avoir des enfants. Ce
sont eux, vraiment, qui en ont le plus besoin. Quand on arrivera au salaire
nécessaire pour pouvoir bénéficier du programme, vous
verrez que ça va prendre deux personnes pour gagner ce salaire. Si vous
voulez vraiment encourager l'accession à la propriété,
vous devrez enlever cette restriction pour rendre le programme disponible pour
plus de monde.
Il y a le problème des hypothègues renouvelées. Non
seulement vous n'y touchez pas dans les règlements, mais vous l'aggravez
parce que, aujourd'hui, il y a des personnes qui sont obligées de mettre
leur propriété en vente parce que le renouvellement de leur
hypothèque est tellement élevé qu'elles ne peuvent pas
acquitter les paiements mensuels. Je vais vous donner un exemple. Pour une
hypothèque de 40 000 $, il y a cinq ans, les intérêts
étaient de 11, 5%, les paiements mensuels étaient d'environ 450
$. Aujourd'hui, cette personne qui renouvelle l'hypothèque à 20%
doit payer des mensualités de plus de 800 $. Dans bien des cas, les gens
sont obligés de vendre leur propriété ou d'en acheter une
plus petite avec une hypothèque moins élevée ou avec une
hypothèque qui a encore les anciennes conditions.
Je dis que vous aggravez cette situation parce que vous donnez une
subvention à la personne qui va acheter cette propriété.
Une personne qui achète une propriété déjà
construite peut obtenir une
subvention tandis que la personne qui est obligée de la vendre
parce que les taux d'intérêt ont doublé n'a pas de
soulagement d'après vos règlements. On donne une subvention pour
prendre avantage du malheur des autres. Je crois que ce n'est pas une
façon de procéder; par vos règlements, vous devez couvrir
ces situations. Dans vos règlements, vous donnez le droit à une
personne divorcée, une personne séparée de
bénéficier du programme, même si elle est
propriétaire pour la deuxième fois, d'après certaines
conditions stipulées dans le règlement.
La question que je me pose, c'est: Si vous faites cette exception,
pourquoi ne faites-vous pas l'exception pour une personne qui est
obligée de vendre sa propriété parce qu'elle ne peut pas
rencontrer les hypothèques, avec les nouveaux taux
d'intérêt? Et pourquoi ne donnez-vous pas le même droit
à une personne - que ce soit à Trois-Rivières, que ce soit
à Chicoutimi, à quelque endroit que vous pouvez mentionner - qui
a été obligée de vendre sa propriété parce
qu'elle était en chômage et qu'elle a
déménagé à Montréal ou à un autre
endroit au Québec? Cette personne n'est pas admissible à votre
programme. Ce sont des restrictions. Naturellement, ça va réduire
les subventions que vous allez donner, ça va réduire le montant
que le gouvernement va être obligé de débourser, mais aussi
ça va empêcher beaucoup de personnes qui l'auraient
mérité d'accéder au programme et ce sont des distinctions
arbitraires.
Maintenant, parlons pour un instant du salaire qui est nécessaire
pour être admissible à votre programme. Une étude a
été faite par le Royal Trust quant au prix d'un bungalow dans
différentes villes du Québec et on voit que, sur l'île de
Montréal, par exemple, le prix le plus bas - c'est à Pierrefonds
- au mois de juin 1981 était de 58 000 $. Le prix moyen, dans cette
étude, par exemple à Saint-Lambert, d'un bungalow était de
84 000 $; à Saint-Laurent, 79 000 $; à Beaconsfield, 73 000 $;
à Boucherville, 65 000 $; à Hudson, 65 000 $. Ce sont tous des
montants au-dessus de vos règlements. Alors, effectivement, pour
ceux...
M. Tardif: C'est plus cher qu'à Montréal.
M. Ciaccia: Brossard, à Montréal, ça
commence à être...
M. Tardif: Ce n'est pas à Montréal.
M. Ciaccia: Sur l'île de Montréal, je vous
défie de trouver des bungalows ou de construire un nouveau bungalow pour
60 000 $ au moins.
M. Tardif: C'est interdit.
M. Ciaccia: Ne dites pas que c'est interdit parce qu'il y a des
sections de la ville de Montréal, sur la rivière des Prairies, au
domaine Saint-Sulpice, où il y a des terrains qui sont disponibles. Il y
a même le projet de 10 000 logements de la ville de Montréal.
Alors, votre programme, effectivement, écarte tout ce secteur
d'acheteurs possibles parce que c'est limité à 60 000 $. Mais,
pour acheter une maison de 60 000 $, votre maximum, l'hypothèque est de
57 000 $ -admettons qu'on donne 5% de comptant - et au taux
d'intérêt de 20% par mois, le salaire qui sera nécessaire
pour faire cet achat sera de 40 000 $ par année.
M. Blank: Cela exclut les députés.
M. Ciaccia: Oui, même les députés ne pourront
pas profiter de votre programme. Et une maison de 60 000 $, ce n'est pas une
maison luxueuse, c'est très modique. On peut construire encore en bas de
60 000 $ sur la rive sud, à Laval et à d'autres endroits au
Québec. Mais pour acheter une valeur de 60 000 $, il faut avoir un
salaire de 40 000 % par année. Le salaire hebdomadaire moyen au
Québec est, d'après Statistique Québec, de 318, 34 $ par
semaine, en 1980. C'est 16 553 $ par année. On voit immédiatement
que celui qui a le salaire moyen au Québec est exclu d'acheter une
nouvelle construction avec votre programme. Même si on prend le prix de
50 000 $ -supposons qu'on va acheter quelque chose qui est en bas de 50 000 $;
- d'après les chiffres que vous nous donnez et les règlements,
cette personne doit encore avoir un salaire de 30 600 $ par année.
Je fais ces calculs en prenant les paiements mensuels qui devraient
représenter 30% du salaire de l'acheteur. Ce sont les normes que les
compagnies prêteuses utilisent. Et quand j'utilise un salaire de 30 000 $
par année, sur une maison de 50 000 $, je tiens pour acquis que la
subvention n'est pas imposable parce que, si elle est imposable, le salaire
devra augmenter en conséquence. Même si vous prenez le salaire
familial moyen au Québec -tous ceux qui travaillent dans la famille -qui
est de 26 000 $, c'est encore au-dessous du salaire qui sera requis pour
acheter une nouvelle maison de 50 000 $. Je ne parle pas d'une maison mobile
que vous avez rendue disponible dans le programme et ça n'inclut pas les
calculs sur les maisons déjà existantes. Mais n'oublions pas que
sur les maisons existantes, la subvention n'est pas de 10 000 $, mais de 6000
$. Donc, gqrosso modo, les mêmes critères vont s'appliquer.
Alors, nous voyons que ceux qui pourront bénéficier du
programme pour une nouvelle construction seront obligés d'avoir un
salaire d'au moins 30 000 $ par année et
s'ils veulent s'acheter une propriété de 60 000 $, le
salaire nécessaire sera de 40 000 $.
Nous voyons, M. le Président, que l'objection principale au
règlement, c'est des arguments que nous avons apportés en
deuxième lecture, des chiffres que nous avons donnés au
gouvernement en deuxième lecture. Le gouvernement ne les a pas
contredits. Le gouvernement, non seulement n'a pas apporté des
améliorations à la suite des critiques que nous avons faites en
deuxième lecture, mais vous avez empiré les règlements,
vous les avez rendus plus difficiles d'application, vous avez plafonné
le montant, vous avez réduit la subvention quant au pourcentage
d'intérêt - au lieu de 5%, c'est plus - et effectivement, vous
rendez le programme de moins en moins disponible à la plupart de ceux
qui pourraient en bénéficier.
En conclusion, M. le Président, premièrement, le
gouvernement ne remplit pas ses promesses électorales. Quand vous voyez
des articles de journaux qui disent que le gouvernement remplit ses promesses
électorales, je pense que ces articles ont été
écrits avant que vous ayez rendu publics les règlements. Si vous
analysez les règlements, je crois que c'est évident que vous avez
fait des changements et que ces changements sont majeurs.
Les règlements que vous avez déposés en commission
parlementaire, que nous étudions maintenant, sont trop restrictifs et
arbitraires. Vous avez fait de la fausse représentation; vous jouez sur
les mots et sur le sentiment de la population. Vous dites: on veut aider les
jeunes couples, mais quand on analyse comment ils sont aidés, c'est bien
beau de dire: on a augmenté les subventions en allant à 1/3 et
2/3, mais effectivement, la personne qui doit acheter paie encore beaucoup plus
cher. Son salaire, de février jusqu'à aujourd'hui, n'a pas
sensiblement augmenté, pour tenir compte des changements que vous avez
faits à votre réqlementation.
On voit que, premièrement, ce programme, n'est pas un programme
économigue et vous l'avez admis vous-même, parce que vous
êtes tellement conscient que ce programme ne rencontre pas les objectifs
du gouvernement, au point de vue économique, que vous nous avez fait la
litanie de tous les autres programmes que votre ministère administre,
pour faire le point suivant: ne vous fiez pas sur ce programme pour la relance
de l'industrie de la construction. Je le sais qu'ils ne se fient pas
là-dessus. L'Association des entrepreneurs en construction de maisons
domiciliaires ne se fie pas là-dessus pour augmenter le nombre
d'unités qui seront construites. Avec tous les chiffres que vous nous
avez donnés, je ne veux pas faire le débat sur tous vos autres
programmes, mais n'oublions pas qu'en 1979, il y avait eu 41 000 logements mis
en chantier, et qu'en 1980, il y en a eu 29 000. Si on demande aux associations
de construction combien elles en prévoient pour 1981, ce n'est pas
beaucoup plus que 29 000. Avec les taux d'intérêt à 20%, il
y a ceux qui vont vous dire qu'ils en prévoient encore moins.
Alors, le rôle du gouvernement aurait été de trouver
un correctif à cette situation qui, d'après moi, est temporaire.
Elle ne durera pas, espérons-le, encore cinq ou dix ans. C'est
temporaire. Si le gouvernement avait vraiment voulu... Cela ne dépend
pas du gouvernement du Québec, le taux d'intérêt, cela ne
dépend pas non plus du gouvernement fédéral, vous l'avez
souligné vous-même, au sommet économique, les
représentations ont été faites au gouvernement des
États-Unis de réduire le taux d'intérêt. Nous
subissons ça. Mais comme gouvernement, puisque c'est temporaire, cela
affecte quand même les acheteurs aujourd'hui, cela affecte l'industrie de
la construction, vous auriez dû, premièrement, au moins tenir
votre engagement. Mais même cet engagement n'allait pas assez loin.
D'après la loi que vous avez adoptée, que
l'Assemblée nationale a adoptée, c'est une loi-cadre, vous auriez
pu changer le règlement tel que vous le voulez; vous auriez pu venir
avec un programme disant: le taux d'intérêt sera gelé
à 15% et le gouvernement, pour trois ans, quatre ans ou cinq ans, paiera
l'excédent de 15%. Là, vraiment, cela aurait été
une aide à l'industrie de la construction. Cela aurait
coûté plus cher au gouvernement, c'est vrai, mais on s'est
toujours fait dire que le déficit, ce n'est pas important, et vous avez
une marge de manoeuvre. (11 heures)
Alors, c'est ce qu'on s'est fait dire durant la campagne
électorale, nous. Vous auriez pu, une autre année, faire un autre
sacrifice de votre ministre des Finances; mais, comme c'est là, c'est de
la frime. Je vous le dis franchement, c'est du maquillage. Certainement, les
qens qui peuvent en bénéficier vont en tirer avantage.
L'association des constructeurs domiciliaires du Québec va l'approuver
parce que c'est mieux que rien. Si vous me dites aujourd'hui que, si
j'achète une maison, vous allez me donner une subvention sur 10 000 $
pour l'intérêt, je vais l'accepter. Je ne vous dirai pas que je ne
la veux pas, mais ce n'est pas cela qui va m'inciter à acheter cette
maison. C'était le but de ce programme. La façon dont vous l'avez
présenté, et la façon dont l'industrie même l'avait
vu, c'était que nous allions avoir un programme qui va aider. On va
avoir plus de mises en chantier parce qu'on baisse de 60 000 $ à 29 000
$. On
veut que les personnes ne soient pas complètement
pénalisées et qu'il y ait une marge de manoeuvre pour faire ces
achats afin d'avoir plus de constructions domiciliaires.
De ce point de vue, je pense que le programme ne sera pas une
réussite. Les critères du programme sont trop restrictifs. Quant
à l'aspect nataliste de votre programme, premièrement, si c'est
imposable, vous voyez les difficultés que cela peut causer, parce qu'une
personne va croire qu'elle va avoir 2000 $ et, tout à coup, il faut
qu'elle remette 1000 $ au gouvernement. Il va falloir qu'elle augmente ses
paiements mensuels. On ne va pas très loin avec 1000 $. La prime
à la naissance -c'est ce que vous faites dans votre programme -
même d'après les études, c'est contraire à une
politique nataliste. Plusieurs études sérieuses ont
démontré que des allocations familiales plus
élevées ou d'autres incitations économiques n'ont pas
d'impact sur le taux de natalité. Je vous référerais
à l'étude d'Alfred Sauvy dans ses études sur la
population. Par exemple, l'allocation à la maternité a-t-elle
produit un effet sur le taux de natalité? Vous avez un programme qui
n'est ni économique... Cela ne vise pas l'économie, cela vise les
jeunes couples. Ce n'est ni économique, ni nataliste. Vous ne nous avez
pas donné de prévision. Dans la première année,
combien de nouveaux logements seront construits d'après ce programme? On
vous l'a demandé en commission parlementaire, lors de l'étude du
projet de loi, mais vous n'avez pas voulu trop vous avancer. Vous nous avez
donné des chiffres sur ce que cela va coûter au gouvernement, mais
ce n'est pas cela que je veux savoir. Certainement, cela va coûter
quelque chose au gouvernement, parce que tous ceux qui vont construire, qui ont
acheté une maison et qui peuvent en bénéficier vont le
faire. Est-ce qu'il va y avoir des constructions additionnelles à la
suite de votre programme? C'est la question. Je ne pense pas que vous soyez en
mesure de nous dire qu'il y en aura, certainement pas pour l'année
courante.
Il y avait d'autres études, des documents que nous avions
demandé au ministre de produire en commission parlementaire. Il y avait
l'étude de la Régie des logements sur l'élaboration d'un
programme de stimulation et d'aide à l'accession à la
propriété. C'est une étude qui avait été
commanditée par le gouvernement, qui avait coûté 58 000 S.
Nous en avions demandé une copie. Je crois que le ministre, en
commission parlementaire, s'était engagé à nous la
fournir. Je lui demande s'il l'a. Je sais qu'on ne peut pas faire de
dépôt en commission parlementaire, mais vous pourriez nous donner
une copie de cette étude. Les autres renseignements que nous avions
demandés sont: Combien y a-t-il de familles au Québec qui ont un
enfant de moins de 12 ans et qui ne sont pas propriétaires actuellement?
Aussi, l'information sur le salaire moyen des familles qui ont un enfant de
moins de 12 ans et qui ne sont pas propriétaires.
M. le Président, je conclus ces remarques préliminaires
sur la réglementation qui a été déposée ce
matin. En un mot, nous la trouvons inadéquate. Nous trouvons que le
gouvernement a renié ses engagements et que cela n'atteindra pas les
objectifs qu'il prétend que cela va atteindre, à cause des
restrictions et du fait qu'il n'y a pas assez de personnes qui peuvent vraiment
en profiter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président.
Évidemment, c'est très bon d'entendre le ministre nous faire
état de tous les programmes d'habitation qu'a mis au point le Parti
québécois. On nous parle de Loginove, Logirente, LOGIPOP, mais,
de tous ces "logi"-là, pas un seul n'a fonctionné, tout le monde
le sait. On peut comprendre aussi qu'un engagement ou plutôt une promesse
électorale - parce que je crois qu'il faut maintenant l'appeler par son
nom, ce fut bel et bien une promesse électorale - et sa mise en
application, c'est une autre chose.
C'est avec une grande déception que j'ai pris connaissance des
modalités d'application de ce programme et je pense que je parle en
connaissance de cause parce que j'ai à mon actif des centaines et des
centaines de maisons à prix modique, que moi-même j'ai construites
avec des programmes de la Société canadienne d'hypothèques
et de logement, gouvernement fédéral. Et on voit ce programme-ci
tellement compligué qu'il ne répond absolument pas aux besoins
immédiats dans l'habitation. La création même du
ministère de l'Habitation est décevante. Je vois mal le ministre
de l'Habitation cumuler deux fonctions: protection du consommateur et
habitation. Il y a tellement d'ouvraqe à faire au Québec en
habitation que cela nous prend un ministre en habitation.
Autre chose qui me déçoit, c'est de voir que la
Société d'habitation du Québec va appliquer le programme.
La réputation de la Société d'habitation du Québec,
je n'ai pas à la décrire, on l'a assez fait dans le passé.
Je m'excuse, je ne veux pas revenir sur cela, mais il reste une chose, c'est
quand même la Société d'habitation qui va appliquer ce
programme. La Société d'habitation dans le passé n'a pas
démontré qu'elle était vraiment une société
capable d'aider à loger
convenablement les citoyens du Québec.
Le ministre nous a parlé aussi des HLM, mais c'est un vrai
scandale. Ce n'est pas une réussite, vos HLM, c'est un scandale. Dans ma
propre municipalité de 800 de population, on construit treize
unités de logement. On veut faire l'excavation, c'est du roc; on fait
dynamiter et cela coûte une fortune. J'ai dit: Enfin, ils vont faire un
bon sous-sol. Mais non, les critères de la Société
d'habitation interdisent de faire un sous-sol dans un HLM; on remplit
l'excavation qu'on vient de dynamiter pour commencer le premier plancher. Il ne
faudrait pas penser que les HLM, c'est la solution pour améliorer les
conditions de logement au Québec; au contraire, c'est une chose qu'il
faut abandonner le plus tôt possible et s'orienter d'une autre
façon.
Un autre fait qui est assez curieux: d'après le ministre, le
gouvernement actuel a fait beaucoup pour l'habitation au Québec. En
1975, il y a eu au Québec 54 741 mises en chantier pour tomber en 1980
à 29 000. C'est à se demander si vraiment ce quelque chose a
aidé ou, sinon, ce qu'aurait été l'habitation si le
gouvernement n'avait pas été si bon et si compétent.
Je ne veux pas revenir sur chacun des articles parce qu'on va
étudier cela article par article, mais il y a des choses qui me font
peur, lorsque je regarde la densité de 4400 pieds carrés, des
terrains de 44 pieds de façade. Il faut que chacune des
municipalités change tous ses règlements de construction; des
terrains sont déjà desservis et des municipalités qui
avaient un certain espoir de voir leurs terrains se construire dans les
prochains mois, les prochaines années, sont déçues.
Pourquoi demander à des résidents de Trois-Rivières,
Rimouski, Chicoutimi, là où il y a de l'espace, de vivre sur un
terrain de 44 pieds où il faut passer dans le salon avec la tondeuse
à gazon pour aller couper le gazon en arrière? C'est bien
marqué: un terrain maximal.
Encore une fois, le gouvernement du Québec nous montre son
incompétence totale en matière d'habitation au Québec. Ce
qui me déçoit le plus, c'est qu'il ne semble pas prendre en
considération les représentations des associations
compétentes. L'Association provinciale des constructeurs d'habitations
du Québec, dont j'ai été membre très longtemps et
j'en suis fier, a mis au point un programme de certification des maisons
neuves, une garantie. Vous n'avez plus de scandale dans l'habitation au
Québec. Ce n'est pas le gouvernement qui l'a fait, c'est l'association.
Alors, l'association soumet des mémoires, vous donne des idées
valables et pratiques; malheureusement, on ne les met pas en application.
Je reviendrai certainement sur la densité, parce qu'on ne peut
accepter actuellement que cette densité devienne obligatoire à
compter du 1er janvier 1982. Il faut donner aux
Québécois au moins une période de transition d'un an pour
changer leur genre de vie. Je crois qu'on ne rend pas service aux
municipalités qui possèdent actuellement sur leur territoire des
terrains déjà desservis avec une subdivision normale de 60%.
Là où cela devient avantageux aussi, c'est que souvent, ces
terrains sont desservis depuis trois, quatre ou cinq ans et même
davantage avec des taux de taxation de beaucoup inférieurs à ce
qu'on pourrait avoir aujourd'hui si on faisait des services, un nouveau projet.
C'est, évidemment, extrêmement décevant. C'est
décevant aussi de voir que le gouvernement, au moment où les taux
d'intérêt augmentent et que l'acheteur aurait besoin de plus
d'aide, dit qu'au contraire, cette aide va diminuer; parce que ce n'est pas la
faute de l'acheteur non plus, si les taux d'intérêt ont
augmenté. On est d'accord que ce n'est pas non plus la faute du
gouvernement.
Autre chose aussi, la politique nataliste à l'intérieur
d'un programme d'accession à la propriété. Vous avez un
ministère des Affaires sociales. Si vous voulez faire une politique
nataliste, faites-la avec le ministère des Affaires sociales, mais ne
mélangeons pas, s'il vous plaît, la natalité avec
l'habitation. Ce sont deux choses totalement différentes.
Pour résumer, M. le Président, je suis vraiment
déçu. Il y a une chose qui me console, c'est que le ministre nous
a promis au début de son allocution qu'il était ici pour
étudier et améliorer le programme. Espérons qu'il tiendra
compte de nos suggestions. Je veux faire ces suggestions, M. le
Président, non pas dans mon intérêt personnel, non pas dans
l'intérêt de l'association des constructeurs, mais dans
l'intérêt de chacun des aspirants à la
propriété au Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Oui, M. le Président, seulement quelques
remarques supplémentaires. Je ne peux pas m'empêcher bien
respectueusement de relever une mention de M. le ministre tout à l'heure
lorsqu'il a dit que par toute la batterie de lois sur la fiscalité
municipale on a soulagé la charge du contribuable. Je ne peux pas parler
de la ville ou des communautés urbaines, mais en campagne, dans le
comté de Beauce-Sud, tout cet exercice, toute cette batterie de lois
fiscales n'a pas diminué ou soulagé la charge du contribuable,
mais l'a augmentée. Lorsqu'elle sera totalement en vigueur en 1984, on
peut prévoir que c'est trois ou quatre fois une
augmentation de la charge du contribuable.
Par cet exercice ce matin, on s'aperçoit que le ballon est
passablement dégonflé, parce que les gens qui avaient misé
beaucoup d'espoir sur ce projet de loi seront certainement déçus.
Je crois que c'est un exercice pour que le gouvernement se donne bonne
conscience et bonne presse. L'on ne doit pas parler maintenant, je crois, dans
l'état de crise où nous vivons, d'accès à la
propriété avec un programme semblable. On devrait plutôt
parler de conservation de la propriété. S'il y a 500 familles au
Québec qui accèdent à la propriété, ce ne
sera pas à cause du programme, ce sera à cause des moyens
qu'elles ont. Mais il y a combien de familles qui risquent de perdre leur
propriété dans la conjoncture économique actuelle? On ne
fait absolument rien pour elles. Le sinistre est là dans le moment.
Quand on parle d'accès à la propriété à une
personne qui va... Je connais peu de jeunes ménages qui vont aller
emprunter 40 000 $ aux taux d'intérêt actuels même s'ils
bénéficient d'une subvention partielle sur les premiers 10 000 $
à la manière qu'elle est prévue au programme. Ce que je
dois réclamer du ministre de l'Habitation, c'est une politique
d'accès. Si vous faites cette politique d'accès, très
bien, mais ajoutez une politique de conservation de la propriété.
C'est urgent.
Il y a une question que je me pose. M. le ministre pourra
peut-être y répondre à la fin. On dit que pour
bénéficier du programme, il faut un couple avec au moins un
enfant de moins de douze ans. Si l'enfant a onze ans au moment où
l'individu, le couple, bénéficie du programme, l'enfant aura
douze ans la deuxième année, treize ans la troisième
année et quatorze ans la quatrième. La subvention va-t-elle
arrêter ou va-t-elle continuer quand même? Je ne sais pas si je
suis assez clair. C'est une question qu'on doit se poser, parce que les
conséquences de la subvention ne seraient pas les mêmes. C'est
tout pour le moment, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le ministre, des réponses à ces
questions. Il n'y a pas d'autres intervenants avant l'étude?
Réponse du ministre
M. Tardif: M. le Président, évidemment, je
n'essaierai pas de relever tout ce qui a été dit. On aura
l'occasion de le faire lors de l'étude article par article du programme
que nous avons devant nous. Cependant, je constate que malgré toutes ses
réserves, l'Opposition, par son porte-parole officiel, le
député de Mont-Royal, dit somme toute: Ce programme, c'est bien
sûr que si j'avais à me construire ou à me porter
acquéreur d'une propriété, je m'en prévaudrais
puisque quand même une subvention de 5500 $ à l'acquisition, ce
n'est à dédaigner. (11 h 15)
M. le Président, on nous a donné des exemples; le
député de Mont-Royal a cité des cas de
propriétés à Saint-Lambert, à Pierrefonds et dans
quelques municipalités dans l'ouest de l'île où
effectivement le coût des propriétés est très
élevé. Je pense que c'est de bonne guerre de sa part d'avoir
maximisé le coût des propriétés dans ses exemples et
d'avoir minimisé les revenus, ce qu'il a fait en disant: une
propriété de 57 000 $ ou d'environ 60 000 $, avec une
hypothèque de 57 000 $ et un revenu moyen du ménage
québécois de 16 000 $, ce ménage ne pourra pas se porter
acquéreur de la propriété. D'abord, le revenu moyen des
ménages québécois n'est pas de 16 000 $, il est de
près de 26 000 $ présentement.
M. Ciaccia: Excusez, M. le Président, j'ai dit que le
revenu moyen du ménage est de 26 000 $, je l'ai dit; les 16 000 $, ce
n'est pas le revenu du ménage, c'est le revenu d'un contribuable.
M. Tardif: Je suis heureux de voir le député de
Mont-Royal apporter cette précision, puisque en effet le revenu du
ménage est de 26 000 $...
M. Ciaccia: Je l'avais déjà apportée, cette
précision. Si vous aviez écouté, vous auriez entendu.
M. Tardif:... alors que celui du chef de famille est de
près de 18 000 $, lorsqu'il n'y a qu'un seul revenu.
Deuxièmement, M. le Président, les augmentations des
charges des propriétaires ne sont pas le fait du programme
lui-même, elles sont le fait de la progression des taux
d'intérêt et, lorsque le député de Mont-Royal nous
dit que tout le monde aurait pu prévoir il y a quatre mois cette
flambée des taux d'intérêt, je vais lui demander de nous
prêter sa boule de cristal et de nous dire ici ce qu'il voit dans sa
boule pour les trois prochains mois ou les six prochains mois.
M. Ciaccia:... c'est pour ça que vos règlements ne
sont pas bons.
M. Tardif: Je pense bien - et on est d'accord là-dessus -
que présentement nous sommes à la remorque des décisions
qui sont prises à Washington dans ce domaine et que, devant ces taux
d'intérêt et cette augmentation du fardeau, tout ce que nous
pouvons faire, c'est d'essayer de bonifier le programme pour soulager davantage
le contribuable. C'est ce que nous avons tenté de faire en y allant
d'une aide qui peut atteindre 5500 $, c'est-à-dire 1500 $ de plus qu'au
moment où le programme a été
annoncé, alors que les taux d'intérêt étaient
à 15%. Cette augmentation de l'aide de 1500 $ n'est pas
négligeable, c'est un effort additionnel que le gouvernement
consent.
Ceci dit, il est vrai que nous imposons un plafond, nous disons: Nous
allons partager le fardeau que représentent les intérêts
hypothécaires avec le contribuable, mais nous allons le faire
jusqu'à un maximum de 5500 $. On comprendra que le gouvernement ne peut
s'engager à combler l'écart entre les taux effectifs, quels que
soient ces taux, et l'aide qui serait consentie. Nous devons plafonner, il y a
d'autres priorités et c'est la raison pour laquelle, tout en assumant
une part plus grande, nous la limitons à 5500 $.
Deuxième question du député de Mont-Royal quant
à l'imposabilité de ces montants. Ces montants ne sont pas
imposables dans la mesure où ils sont destinés à venir en
aide au propriétaire de logement pour sa résidence principale,
c'est-à-dire la résidence principale du
bénéficiaire. En vertu des lois du revenu, tant
québécoises que fédérales, dans la mesure où
ces contributions sont affectées à des dépenses
raisonnablement attribuables aux locaux d'habitation et pour la
résidence principale du bénéficiaire, à ce moment,
celles-ci ne peuvent être imposées...
M. Ciaccia: Pourrais-je vous poser une question?
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: Pourquoi les subventions pour l'isolation des maisons
étaient-elles imposables?
M. Tardif: Parce que c'est dans la loi qui a créé
ces programmes-là qu'elles le sont. Cela supposerait donc un amendement
législatif de la part du fédéral et du Québec pour
les rendre imposables.
M. Ciaccia: Pouvez-vous nous donner la référence
qui vous permet de dire que les subventions ne sont pas imposables?
M. Tardif: J'ai demandé un avis du ministère du
Revenu et c'est ce que j'ai eu, M. le Président. Cela supposerait un
amendement législatif de la part du fédéral et du
Québec pour les rendre imposables. Effectivement, ça ne l'est pas
présentement.
Autre question, M. le Président, le député de
Mont-Royal nous a parlé de chiffres et de prévisions. Voici ce
que nous pouvons dénombrer après consultation avec des experts en
statistiques et en démographie. Il y a au Québec 683 275 familles
ayant un enfant de moins de douze ans. De ce nombre, 46, 6% sont des
locataires, si bien que, si nous prenons le ratio, la proportion, le nombre de
familles locataires ayant un enfant de moins de douze ans est de 319 000. Si on
enlève de ce nombre ceux qui ont déjà été
propriétaires, les gens qui décideraient de se bâtir
au-delà des plafonds prévus ou encore ceux à qui les
institutions financières, selon les règles actuelles de
financement, par exemple, consentiraient des prêts, nous pouvons ramener
l'univers potentiel de clientèle à au-delà de 100 000
ménages locataires avant un enfant de moins de douze ans qui pourraient
être en mesure ou en situation de se prévaloir du programme.
Combien le feront? C'est peut-être plus cela, la question: combien
le feront effectivement? M. le Président, là-dessus je ne dispose
pas de la boule de cristal du député de Mont-Royal, mais en
présumant une corrélation voisine de l'unité entre la
progression des taux d'intérêt, d'une part, et le nombre de ceux
qui décideraient de se porter acquéreurs d'une
propriété, lorsque les taux d'intérêt étaient
de 15% et qu'ils ont progressé de cinq points de pourcentage, à
peu près à 20%, c'est-à-dire une augmentation du tiers, de
33% des taux d'intérêt, on a constaté une diminution du
nombre de mises en chantier. Est-ce qu'on peut prévoir que la
corrélation sera parfaite et qu'il y aurait possiblement une
réduction du tiers du nombre de ménages qui décideront
d'abandonner leur projet de se porter acquéreurs? Nous ne pouvons que
faire des hypothèses dans ce domaine et au mieux nous pensons, dans la
conjoncture actuelle -et c'est bien connu que tous les programmes prennent un
certain temps avant d'atteindre leur vitesse de croisière - qu'une fois
la vitesse de croisière atteinte au terme de la deuxième
année nous pourrions avoir à peu près 15 000
bénéficiaires par année, se répartissant entre le
neuf et l'ancien et dans des proportions qui, encore une fois, seront fonction
des taux d'intérêt.
L'autre point important à préciser, c'est à partir
des exemples du député de Mont-Royal qui, encore une fois, et
c'est de bonne guerre, a choisi des cas de propriétés très
coûteuses dans les secteurs de la ville ou de l'île de
Montréal. Moi aussi, j'ai fait de la consultation de petits journaux en
fin de semaine et on constate que les prix de ces logements n'atteignent pas,
et de loin, les prix mentionnés par le député de
Mont-Royal. Je vous donne un exemple ici. À Cap-Rouge, jumelé
tout brique, six pièces et demie, deux salles de bain complètes,
terrain fini, près de tous les services, 49 800 $. Exemple, aux Saules,
jumelé cinq pièces et demie, 40 800 $. À Limoilou...
M. Ciaccia: Ce ne sont pas des nouveaux.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des loqements usagés ou
nouveaux?
M. Tardif: M. le Président...
M. Ciaccia: J'ai parlé des nouvelles constructions pouvant
bénéficier des 10 000 $. J'ai les chiffres ici, je peux vous les
donner.
M. Tardif: J'en conviens. J'ai laissé au
député de Mont-Royal le choix de ses exemples. Il les a pris dans
du logement neuf à Pierrefonds, à Brassard ou à
Beaconsfield.
M. Ciaccia: À Charlesbourg, Québec, 58 000 $.
M. Tardif: Je vais lui parler maintenant du logement neuf:
à Saint-Romuald, semi-détaché, six pièces donnant
sur un parc, coût d'achat, 38 000 $; également dans le secteur de
Saint-Rédempteur, 39 000 $ pour une maison neuve. À
Saint-Étienne, pour une construction neuve, 38 000 $.
Je pourrais ainsi continuer la nomenclature. Je reviens, dans ce cas-ci,
à une maison usagée, à Limoilou, un triplex, 57 000 $, ce
qui fait un peu moins de 20 000 $ par logement. Je suis parfaitement conscient
que selon qu'on parle d'un type d'habitat comme le mentionnait le
député ou encore de logements qu'on retrouve dans les journaux,
on peut restreindre la portée du programme, mais il reste que ce
programme vient en aide aux ménages qui décideraient de se porter
acquéreurs de ces logements que j'ai mentionnés.
Le député de Mégantic-Compton a fait état de
la dimution des mises en chantier qui seraient passées de quelque 54 000
à 29 000 unités de logement. C'est un fait que nous avons
assisté à ces diminutions dont les fluctuations sont dues, entre
autres, aux taux d'intérêt, mais aussi à toutes sortes
d'autres phénomènes. Je vais lui en donner un exemple et je pense
qu'il le connaît, celui-là; c'est celui de la très grande
production de logements au Québec, notamment en 1976, et qui a fait que
le marché a pris un certain temps à se résorber.
Il y a également le fait que ces mises en chantier,
accélérées en 1976, et qui ont diminué
subséquemment, proviennent d'un autre phénomène
démographique qui est la diminution dans le rythme de formation des
ménages. Le rythme a diminué au Québec tant pour les
ménages familiaux que pour les ménages non familiaux;
c'est-à-dire que pendant un certain temps la demande a été
plus ou moins artificiellement maintenue par la progression des ménages
dits non familiaux. Mais même ça, ça plafonne et les
demandes ne sont plus ce qu'elles étaient au début des
années cinquante et soixante au Québec. Les analystes, notamment
dans un document que j'ai lu, produit par l'économiste de l'APCHQ,
témoignent de ce changement dans la composition démographique et
donc, dans la demande du logement.
Le député de Mégantic-Compton nous dit
également que la norme de densité va être difficile
à appliquer dans un délai aussi court que le 1er
janvier 1982. Or, cela fait cinq ans que les municipalités du
Québec vivent avec cette norme de densité de dix unités de
logement à l'acre et 73 000 logements ont été construits
en vertu de ce programme d'aide à la densité par lequel une prime
de 1000 $ par logement a été versée aux
municipalités en question. Il y a au-delà de 250
municipalités du Québec qui se sont prévalues du
programme, y compris les villes de Montréal et de Québec, et
elles s'en sont très bien accommodées. (11 h 30)
Je voudrais également préciser, à l'intention du
député de Mégantic-Compton, que selon une étude
effectuée par la Société canadienne d'hypothèques
et de logement, dans quatre régions métropolitaines - ce qu'on
appelle une région métropolitaine de recensement: le "grand"
Montréal qui comprend la rive sud, Laval et la couronne nord, le "grand"
Québec, la région de Chicoutimi et Jonquière et la
région de Hull - il y a présentement, déjà, de
viabilisés au Québec 260 000 terrains pour des logements dans ces
quatre régions seulement et qui permettraient la construction de 260 000
logements selon les tendances actuelles. Ce que la norme de densité fait
serait d'accroître ce potentiel à quelque 300 000 logements, soit
assez, M. le Président, pour les besoins prévisibles pour au
moins dix ans, de sorte qu'il y a, en termes de terrains déjà
viabilisés au Québec, suffisamment d'espaces et de terrains pour
procéder à ces constructions.
Évidemment, c'est vrai, comme l'a mentionné le
député de Mégantic-Compton, que l'industrie de la
construction et l'APCHQ se sont donné un programme de certification et
il a souligné que les scandales dans le domaine de l'habitation, on n'en
voyait pas beaucoup. Je conviens avec lui que l'industrie et plusieurs de ses
membres se sont donné une autodiscipline, mais je voudrais aussi lui
rappeler qu'un organisme qui s'appelle la Régie des entreprises de
construction n'est pas totalement étranger également à
cette espèce d'assainissement qui a pu se produire dans le milieu.
Rapidement, pour en venir aux commentaires du député de
Beauce-Sud qui a d'abord posé une question, à savoir est-ce que
l'âge de douze ans, enfin, est-ce que la subvention diminuait si
l'enfant, au cours de la deuxième année, avait treize ans,
quatorze ans, etc., la réponse est non. C'est l'âge
d'admissibilité au programme. Évidemment, le programme se
continue peu importe si l'enfant, comme c'est tout à fait normal,
vieillit. Donc, c'est l'âge au moment de
l'admission au programme. Je partage sa préoccupation et celles
manifestées par les autres membres de la commission à l'endroit
des personnes qui présentement doivent renégocier une
hypothèque à un taux d'intérêt supérieur, et
j'espère que les représentations que les ministres de
l'Habitation des dix provinces ont faites unanimement à la
dernière conférence fédérale-provinciale sur
l'habitation porteront fruit et que des mesures dans ce sens seront
proposées par le gouvernement fédéral qui, encore une
fois, est responsable de la politique dans notre système actuel, de la
politique bancaire et monétaire. Ce n'est pas lui faire injure que de
lui rappeler cette responsabilité.
Enfin, lorsqu'il parle de la réforme de la fiscalité
municipale et qu'il dit qu'elle ne serait pas venue apporter un soulagement aux
contribuables, M. le Président, c'est quand même, je pense,
méconnaître le résultat ou l'impact de cette mesure, de
cette loi, de cette réforme qui est venue accorder aux
municipalités du Québec des revenus plus substantiels de l'ordre
de 400 000 000 $ par année et ce, M. le Président, de
façon permanente et non plus de façon discrétionnaire,
liée à des formes de subventions. Le gouvernement paie notamment
ses taxes sur ses immeubles, ce qui, à lui seul, représente 200
000 000 $ et il continuera de le faire.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que je
voulais faire très rapidement en réponse aux commentaires qui ont
été faits et, si les membres de cette commission sont d'accord,
je proposerais que l'on en vienne à l'étude du texte
lui-même, ce qui me donnera peut-être l'occasion de revenir sur
certains points qui ont été évoqués.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
Discussion générale
M. de Bellefeuille: Avant de passer à la phase suivante de
nos travaux, M. le Président, j'aimerais que le ministre m'explique
pourquoi le rèqlement fait une distinction entre le neuf et le vieux. Je
sais que le neuf et le vieux, dans le domaine de l'habitation, ça
correspond à des réalités économiques
différentes; il y a des données économiques
différentes pour le neuf et le vieux, mais, au départ, il me
semble qu'il faut s'assurer qu'on concilie des objectifs différents dans
un certain équilibre. Un objectif, c'est sûrement de combler des
besoins de constructions neuves. Il y a sûrement des besoins dans
diverses régions à la fois pour des fins de loqement de certains
types de population et aussi à des fins plus économiques de
soutien de l'industrie de la construction domiciliaire. Par ailleurs, il me
semble qu'il y a un autre besoin qu'il faudrait soutenir de façon
équilibrée, c'est le besoin d'assurer l'entretien,
l'amélioration et la rentabilisation du stock existant de maisons.
Il me semble que si le rèqlement ne faisait pas la distinction
entre le neuf et le vieux ou s'il faisait une distinction moins grande, on
satisferait mieux ce deuxième besoin d'entretien, d'amélioration
et de rentabilisation des logements existants. On peut sonqer à
plusieurs quartiers, plusieurs localités où il y a de très
qrands besoins, où ce besoin de mieux rentabiliser les logements
existants est plus grand, socialement, que le besoin de construire du neuf.
C'est à cette question que j'aimerais que le ministre apporte une
réponse.
M. Tardif: À ce programme d'aide à l'accession
à la propriété peut s'ajouter le programme de restauration
résidentielle qui vise précisément à
répondre aux objectifs mentionnés par le député.
C'est la raison pour laquelle nous avons au départ introduit cet
écart dans la subvention entre le neuf et l'ancien, parce que les
coûts d'acquisition ne sont pas les mêmes. Mais, pour la partie
restauration, rien n'empêche, bien au contraire, les
bénéficiaires du programme pour fins d'acguisition de se
prévaloir des programmes d'aide à la restauration
résidentielle.
M. de Bellefeuille: Vos études, M. le ministre,
démontrent, si on combine les deux programmes, ce programme-ci et celui
de l'aide à la restauration, qu'on apporte une aide éguivalente
dans le cas du vieux...
M. Tardif: Cela peut même être supérieur selon
les programmes d'aide à la restauration résidentielle existant
présentement. Le programme PAREL, notamment, le Programme d'aide
à la remise en état des logements, prévoit une aide
maximale de 3750 % pour le propriétaire occupant et de 2500 $ pour le
propriétaire bailleur, par logement. À cela s'ajoute la
subvention des municipalités et du gouvernement du Québec de 2500
$. Cela veut donc dire une aide de 5000 $ pour les logements sous location et
de 7500 $ dans le cas des logements occupés par le propriétaire
lui-même en vertu des programmes. Si on cumule les deux, on constate que
ça excède le montant de la subvention maximale de 10 000 $
prévue dans le cas du neuf. Cela, c'est en vertu du programme PAREL. En
vertu du programme Loginove, l'aide serait encore plus substantielle
puisqu'elle pourrait atteindre à peu près 11 000 $, dans le cas
de logements vraiment détériorés où c'est une
restauration totale.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis contente que le député de
Deux-Montagnes ait soulevé ce problème parce que je me proposais
de l'aborder un peu plus tard, au fur et à mesure de l'étude des
articles du règlement. Je m'excuse auprès du ministre de mon
ignorance, je connais le nom des programmes de restauration domiciliaire, mais,
en terminant, vous avez laissé entendre qu'il fallait que ce soient des
résidences qui soient dans un état de détérioration
assez grande ou n'importe qui, qui achète une maison usagée,
peut-il se prévaloir des programmes parallèles auxquels vous avez
fait allusion? On pense toujours à Montréal quand on parle de
restauration, ou aux qrands centres urbains comme Québec, mais vous vous
promenez dans les plus petites municipalités et localités
où il y a, finalement, d'excellentes maisons. Je pense qu'on ne peut pas
obtenir des prêts aussi considérables pour les acquérir que
quand on achète des maisons neuves ou, en tout cas, il semble y avoir
une différence entre les deux qui fait que les gens aiment mieux avoir
des maisons neuves. On parle souvent de patrimoine; le patrimoine ça n'a
pas nécessairement 150 ans; le patrimoine, c'est ce que nos gens ont
construit à quelque moment que ce soit, ce qui se construit
quotidiennement et j'avais cette inquiétude de savoir, vraiment, si ce
dont vous parlez s'appliquerait également à une maison qui est en
assez bonne condition mais qui est usagée. Sans ça, je pense que
l'incitation va être très très forte et de plus en plus
forte pour l'acquisition de maisons neuves au détriment de la
conservation, pas dans le sens où mon collègue en a parlé
tout à l'heure, mais de ce qui existe déjà.
M. Tardif: Non. En vertu du programme PAREL, qui est à
frais partagés, fédéral, provincial, municipal, cette aide
est présentement disponible dans les cas que la députée de
L'Acadie mentionne. Ce que j'ai évoqué comme aide
supplémentaire, c'est celle qui avait été prévue et
qui est prévue dans le programme Loginove qui peut atteindre des
montants encore plus élevés lorsqu'on a à faire face
à des zones complètement taudifiées, des logements
barricadés qu'il faut refaire de fond en comble. À ce
moment-là, l'aide peut être plus généreuse. Mais
cela n'empêche pas que, dans la mesure où le programme PAREL
existe, cette aide est accessible aux propriétaires de maisons que vous
mentionnez et peut atteindre, je l'ai mentionné, 5000 $ dans le cas du
propriétaire bailleur, 5000 $ par logement et 7500 $ dans le cas du
propriétaire occupant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est un peu sur le même sujet. Nous voulions
aborder cet aspect-là quand on étudiera le rèqlement
article par article, mais puisque vous en discutez maintenant...
M. Tardif: Est-ce que vous me permettez d'ajouter un
renseignement additionnel...
M. Ciaccia: Oui.
M. Tardif:... à la question de la députée de
L'Acadie? Le programme d'accession à la propriété
prévoit une aide éguivalente au logement neuf, donc de 10 000 $,
en rabattement du taux d'intérêt dès lors qu'il s'agit d'un
logement substantiellement rénové, c'est-à-dire si la
rénovation a eu lieu avant l'acquisition et représentant 30% du
coût d'achat. Donc, soit que l'immeuble ait été
restauré avant son acquisition, auquel cas il est
considéré aux fins du programme comme un logement neuf, ou bien
il est restauré après au moyen du programme de restauration.
D'accord?
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci.
M. Ciaccia: Sur le même sujet, au lieu d'y revenir quand on
étudiera l'article qui traite des subventions pour des maisons
usagées, n'est-il pas exact que, dans des maisons usagées, on a
un problème additionnel quant au montant de l'hypothèque?
L'hypothèque sur une maison usagée, normalement, si vous
négociez un nouvel emprunt, c'est 75% du prix d'achat et ça veut
dire que l'acheteur doit y contribuer en comptant 25%, à moins qu'il
obtienne la garantie de la société canadienne. Mais ça,
c'est toujours. Dans la plupart des cas, l'hypothèque existe, ce n'est
pas une nouvelle hypothèque alors ça donne encore une autre
raison pour ne pas réduire la subvention parce que ça rend
l'achat beaucoup plus difficile. L'acheteur doit donner 25% comptant et pour
une maison neuve, par exemple, l'acheteur ne doit donner que 5% comptant.
Alors, quand il donne 5% comptant, vous lui donnez une subvention qui
s'applique sur 10 000 $ et quand il donne 75% comptant, votre subvention
s'applique seulement sur 6000 $.
M. Tardif: Le député de Mont-Royal a bien fait de
souligner que cette situation-là n'existe que dans l'hypothèse
où il n'y a pas d'assurance hypothécaire. Or, nous avons,
vérifications faites auprès des institutions financières
et des organismes qui font de l'assurance hypothécaire, obtenu
l'assurance dans ce cas que pour le logement ancien
dûment assuré les prêts consentis sont
équivalents à ceux du neuf et peuvent atteindre 90% et 95%
également; il suffit d'avoir une assurance.
M. Ciaccia: Oui. Non seulement il suffit d'avoir une assurance,
mais il faut obtenir une nouvelle hypothèque. Vous ne pouvez pas faire
ça sur un logement de vingt ans qui a une hypothèque d'il y a
cinq ou dix ans. La question de l'assurance ne vous aidera pas pour assurer
l'hypothèque, parce que vous ne renégociez pas une nouvelle
hypothèque...
M. Tardif: II négocie au taux courant.
M. Ciaccia:... et le montant comptant qui est requis. La plupart
de ces maisons usaqées sont des maisons où l'hypothèque
existe déjà. On a besoin de beaucoup plus de comptant pour
l'acheter. (11 h 45)
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse; c'est vrai ce que
dit le député de Mont-Royal, mais celui qui achète une
maison de dix ans peut parfois en acheter une avec des taux
d'intérêt de 10%, 10 3/4% ou 11 1/2%; à ce
moment-là, il est beaucoup plus avantaqeux pour lui de négocier
la reconduction de cette hypothèque que de renéqocier et obtenir
un prêt plus élevé. Il y a une espèce de....
M. Ciaccia: Le point qu'on veut soulever, c'est qu'il a beaucoup
plus besoin de comptant. Alors, votre subvention, vous l'avez divisée,
tandis que l'acheteur a besoin de mettre plus de comptant.
M. Tardif: II n'a pas besoin de plus de comptant si l'immeuble
est assuré, si le prêt est assuré.
M. Ciaccia: II a besoin de plus de comptant, si c'est un
prêt existant. Pour assurer, il faut faire un nouveau prêt, il n'y
a pas d'intérêt pour lui à chanqer une hypothèque de
12% à 20%.
M. Tardif: À ce moment-là, M. le Président,
lorsqu'on réussit à acheter une maison qui date d'une dizaine
d'années et à le faire à un taux d'intérêt de
11 3/4%, on n'a pas beaucoup besoin du type d'aide qu'on apporte
présentement, M. le Président, c'est un faux problème.
M. Ciaccia: Je m'excuse, je pense que la réponse, c'est
que vous avez choisi la somme de 6000 $ arbitrairement. C'est vraiment
ça votre réponse, parce qu'une personne peut quand même
avoir besoin d'aide, parce qu'il faut qu'elle mette plus de comptant. L'aide
dont elle a besoin est aussi nécessaire pour une maison usagée,
dans ce cas-là, que pour une nouvelle maison avec une grosse
hypothèque. Je pense que la réponse à votre question, ce
sont les 6000 $, vous les avez choisis d'une façon assez arbitraire.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, ou bien il ne
paie pas cher d'intérêt parce qu'il est à 11%, auquel cas
les besoins d'aide sont de beaucoup inférieurs, ou bien il paie un taux
élevé, auquel cas on lui consent quand même un rabais du
taux d'intérêt sur 6000 $. Pourquoi 6000 $? Ce n'est pas choisi de
façon arbitraire, c'est que l'écart entre le coût de
construction des maisons neuves et celui des maisons anciennes justifiait
d'avoir un taux différentiel pour les deux. C'est basé sur un
constat de réalité et non pas sur l'arbitraire.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Maisonneuve, sur le même sujet, parce que, si ça déborde
du sujet, je vais être obligé de vous rappeler à l'ordre
pour commencer l'étude section par section.
Mme Harel: Pourquoi présumer que ce serait moi qui serais
en dehors du sujet?
Le Président (M. Laplante): Pardon?
Mme Harel: Pourguoi présumer que ce sera moi qui serai en
dehors du sujet?
Le Président (M. Laplante): Je vous demande si c'est dans
le...
Mme Harel: Ma question porte toujours sur les programmes de
rénovation, particulièrement Loginove, puisqu'on peut
raisonnablement penser que des qens, éventuellement acheteurs,
pourraient l'être dans la mesure où ils vont faire rénover
ce logement qui est usagé, pour le rendre en état de condition
d'habitabilité plus qrande. J'aimerais savoir combien de logements,
actuellement, puisqu'on peut prévoir à partir de ce qui se fait
actuellement, dans les zones de plus grande insalubrité, sont
rénovés dans le cadre de Loginove à Montréal.
M. Tardif: Aucun. Le programme n'est opérationnel,
présentement, sur une base expérimentale, que dans la ville de
Beauport, les institutions financières, les caisses populaires nous
ayant demandé de se faire la main, en quelque sorte, avec le programme,
sur une base réduite, de façon expérimentale, ici
même à Beauport et, à partir de cette expérience, de
l'étendre sur l'ensemble du territoire. Nous voulons l'étendre
sur l'ensemble du territoire québécois et c'est le
deuxième partenaire, en l'occurrence la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, qui nous demande de nous limiter, au
départ, aux 74 municipalités qui ont fait
l'objet de PAQ, c'est-à-dire de programmes d'amélioration
de quartier, de commencer là et, après ça, de
l'étendre éventuellement, de sorte qu'expérimentalement,
il est en cours présentement à Beauport.
J'ai convenu avec les autorités fédérales que nous
pourrions, dès lors que les institutions financières seront
prêtes, l'étendre aux 74 villes où il y a des PAQ. En
attendant, ce qui fonctionne, c'est le programme PAREL auquel nous continuons
à contribuer.
Je m'excuse, en réponse à la députée de
Maisonneuve, l'année dernière, nous avons réalisé
à peu près 6000 restaurations à l'aide du PAREL
urbain.
Le Président (M. Laplante): J'avais l'intention de
suspendre les travaux à 12 heures ou à 12 h 30 et de revenir
à 14 heures ou 14 h 30; ce serait aux membres à décider
s'ils veulent continuer encore une demi-heure. Continuer encore une demi-heure?
D'accord. On va commencer par la section I de la réglementation.
M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais, avant de
commencer l'étude de l'article 1, dire que le président de
l'APCHQ m'a remis par personne interposée, il y a quelques instants, un
document. Je peux l'assurer que je prendrai connaissance de ce document le plus
rapidement possible. Je tenterai même, s'il en a des copies, d'en faire
part aux membres de cette commission, à tout événement,
qui pourront en prendre connaissance à l'heure du lunch. Nous pourrons
peut-être aborder ou voir certains des commentaires qu'il y a
là-dedans et à tout événement, ces commentaires
reçus ici aujourd'hui ou en dehors de cette commission, qui pourraient
contribuer sans en dénaturer le sens à l'amélioration de
ce programme, sont évidemment bienvenus. Je les remercie de cette
contribution.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait en avoir une copie, si
possible?
Le Président (M. Laplante): Juste un moment. Il ne
faudrait pas...
M. Tardif: M. le Président, on m'informe qu'il y a
suffisamment de copies pour les membres de cette commission. Il s'agira de les
distribuer.
M. Ciaccia: Merci.
M. Tardif: Vous aviez appelé, M. le Président?
Étude du règlement
Interprétation
Le Président (M. Laplante): J'avais appelé la
section I. On va aller par section, vu que ce n'est pas un projet de loi qu'on
étudie article par article. Ils ne sont que des rèqlements par
section. On appelle la section I. Vos commentaires, M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer de
répondre aux questions s'il y en a.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: À la section I, vous dites: "Taux
d'intérêt promulgué de temps à autre par la
société et sur lequel sera fondé le calcul de la
subvention en rabais d'intérêt". Cela veut dire que la subvention
sera payable en se basant sur le taux décrété par la
Société d'habitation du Québec et non pas
nécessairement sur le taux réel de l'hypothèque. Qu'est-ce
que le ministre entend par taux promulgué?
M. Tardif: Je remercie le député de Mont-Royal de
sa question, puisque cet article tel que libellé devra être
corriqé. L'objectif ici, c'est évidemment de s'assurer qu'il y a
ce qu'on pourrait appeler une espèce de taux plafond, qui est celui
reconnu présentement par les institutions financières. Lorsqu'on
sait qu'aujourd'hui le taux est de 19 3/4%, c'est ce taux plafond.
Évidemment, si l'immeuble a été financé à un
taux inférieur parce que la personne appartient à un organisme ou
à un syndicat qui lui prête à un taux inférieur, ce
sera ce taux. Le député de Mont-Royal a raison. C'est en termes
de taux plafond. Pourquoi un taux plafond? Évidemment, on ne voudrait
pas que certaines personnes puissent, à un moment donné,
s'arranger avec... C'est dans ce sens. L'amendement sera fait en
conséquence.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, vous pourriez amender cet
article en référant aux taux d'intérêt qui sont
exiqés par les institutions financières de temps à autre.
Autrement dit, aujourd'hui cela peut être 19 3/4%, l'année
prochaine cela peut être 21 3/4%.
M. Tardif: On n'a pas voulu mettre de périodicité
quant à la fixation, parce que c'est presque quotidiennement que ces
taux chanqent actuellement.
M. Ciaccia: J'ai une liste de différentes compagnies et de
différents taux d'intérêt. Par exemple, la caisse
populaire, le 4 août 1981, prêtait à 19 1/2% pour un an.
D'autre part, la Ranque Royale prêtait à 20 1/4% pour un an. Le
taux promulgué devrait être le taux que l'acheteur est
obligé de payer
pourvu qu'il ait emprunté d'une compagnie reconnue dans le
domaine des hypothèques. Je peux comprendre que le ministre veut
éviter que M. X prête à M. Z à 30% sur un prêt
personnel.
M. Tardif: C'est cela.
M. Ciaccia: Très bien, vous ne voulez pas l'inclure parce
que cela peut être un abus. Toutes les compagnies, toutes les
institutions prêteuses, quel que soit leur taux, devraient être
reconnues.
M. Tardif: C'est l'objectif, c'est le but de cet article. Il sera
formulé en conséquence.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur la
section I?
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai une question à
poser sur la définition de "conjoints". Je comprends la
définition telle quelle, mais j'y vois des difficultés
d'interprétation ou d'application quant à la section 3,
paragraphe 3, 3. 3, et 3. 4. Il est important, M. le Président, au
moment de la définition, comment cela va s'appliquer. On parle de
conjoints, l'homme et la femme qui sont mariés, ou qui, sans être
mariés vivent maritalement depuis un an et sont publiquement
représentés comme conjoints. Imaginons le cas de la personne
séparée de fait, qui vit maritalement avec une personne
célibataire...
Le Président (M. Laplante): Je dois vous arrêter,
est-ce que cela fait partie de la section un?
M. Bisaillon: ... définition de "conjoints"...
Le Président (M. Laplante): Très bien.
M. Bisaillon:... quand on va utiliser le mot conjoint, on saura
ce que l'on dit. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II n'est pas nécessaire
d'élever la voix là-dessus.
M. Bisaillon: Dans ce cas que je cite...
M. Ciaccia: On va défendre vos droits ici.
M. Blais: Pas assez pour se tromper de porte.
M. Bisaillon: Dans les circonstances que j'indique, la personne
séparée de fait, qui vit maritalement avec une personne
célibataire au moment où ils feront une demande
d'admissibilité au programme, pour vérifier s'ils ont
été préalablement propriétaires, l'un ou l'autre a
été propriétaire, lequel sera le conjoint de la personne
séparée légalement de fait?
M. Tardif: C'est quoi la question?
M. Bisaillon: Qui sera le conjoint? On dit dans l'application du
mot conjoint dans l'article 3, que ni l'un ni l'autre des conjoints ne doit
avoir préalablement été propriétaire d'une
résidence principale ou d'un immeuble résidentiel. La personne
qui est séparée de fait a un conjoint légal mais elle vit
maritalement avec une personne célibataire. Si ces deux personnes font
une demande d'admissibilité au programme, la personne célibataire
qui vit maritalement fait une demande d'admissibilité au programme. Qui
sera le conjoint aux yeux de l'application du programme?
M. Tardif: M. le Président, pour rencontrer la situation
pour le moins complexe décrite par le député...
M. Bisaillon: Elle n'est pas complexe dans Sainte-Marie et pas
complexe...
M. Tardif:... enfin, pour décrire cette situation,
n'est-ce pas, nous devrons ajouter à la définition du conjoint le
mot "ensemble", ce qui se lirait comme suit: "l'homme et la femme qui sont
mariés ou qui, sans être mariés ensemble, vivent
maritalement depuis un an et sont publiquement représentés comme
conjoints". À ce moment-là, parce que les deux peuvent avoir
été mariés déjà, donc, seraient tous les
deux mariés mais ne le seraient pas ensemble. Premier
élément qui est ajouté à la définition de
conjoints. Le deuxième point, on dit, à 3. 3: "attester pour
être éligibles, que ni elle, ni le cas échéant, son
conjoint n'a jamais, antérieurement à la date de sa demande
d'admission, été propriétaire d'une résidence
principale ou d'un immeuble résidentiel à revenus autre que celui
faisant l'objet de sa demande"; et il y a l'exclusion qui est prévue
à l'article 4 où on dit: "malgré le paragraphe 3, de
l'article 3, une personne divorcée qui a cédé à la
personne qui fut son conjoint, la propriété de la
résidence principale, peut bénéficier du programme" et
"dans le cas où à la suite d'un partage consécutif
à un jugement en séparation de corps, l'un des conjoints a
cédé à l'autre la propriété de la
résidence principale, celui des conjoints qui a ainsi cédé
son droit peut bénéficier du programme".
M. Bisaillon: Alors, j'avais compris que
dans ce que vient de lire le ministre, c'était couvert pour les
personnes qui étaient séparées légalement ou
divorcées, mais je vous parle d'une séparation de fait. La
personne, légalement, aux yeux de la loi, est toujours mariée et
a toujours un conjoint légal parce qu'elle ne vit qu'une
séparation de fait. Donc, aux yeux du programme, deux conjoints, si je
comprends bien la définition de conjoints: elle a un conjoint
légal parce qu'elle est en séparation de fait, mais elle a un
conjoint reconnu par le règlement puisqu'ils vivent maritalement depuis
un an sans être mariés ensemble et sont publiquement
présentés comme conjoints. (12 heures)
Supposons que c'est la femme qui est séparée de fait.
L'homme fait une demande d'admissibilité au programme. Le conjoint
légal est propriétaire d'une maison. Vont-ils pouvoir obtenir
l'admissibilité au programme?
M. Tardif: C'est son premier conjoint?
M. Bisaillon: Je répète, M. le Président. M.
Joe Blow vit maritalement...
M. Ciaccia: Un anglophone. M. Bisaillon: Pardon?
M. Ciaccia: Vous parlez d'un anglophone.
Des voix: Ah! Ah!
M. Bisaillon: M. Joe Blow est célibataire. Il vit
maritalement depuis un an avec Bertha Latulippe qui est séparée
de fait. M. Latulippe est propriétaire d'une résidence. M. Joe
Blow et Mme Latulippe font une demande d'admissibilité au programme. Il
y a, dans la définition du mot "conjoints", deux conjoints. Mme
Latulippe a le conjoint légal et elle a M. Joe Blow. M. Joe Blow va-t-il
pouvoir profiter du critère d'admissibilité puisqu'il y a un
conjoint qui a déjà été propriétaire?
Mme Lavoie-Roux: Qui est encore propriétaire.
M. Ciaccia:... propriétaire.
Mme Lavoie-Roux: Ou qui peut être encore
propriétaire si c'est une résidence familiale.
M. Bisaillon: Et il l'est encore.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il va falloir
faire fouiller sur le plan juridique les conséquences ou le statut de ce
ménage en situation de séparation de fait, à partir de
quel moment on devra s'accrocher. Est-ce qu'on laisse de côté
complètement ce qui s'est passé avant ou est-ce qu'il est
préférable que la situation soit régularisée?Je ne voudrais pas, par le biais d'un tel programme, venir en quelque
sorte interférer dans le processus. J'ai l'impression que c'est un cas
qui peut se présenter. On va l'examiner, parce qu'on a essayé de
prévoir un certain nombre de situations.
M. Blank: Dans la définition de "conjoints", après
les mots "l'homme et la femme", - on pourrait mettre une virgule pour commencer
- "qui sont mariés ensemble ou qui semblent être mariés
ensemble". Cela va vous aider dans votre définition, mettre une virgule
après "femme".
M. Tardif: Le mot "ensemble", on l'avait déjà. Oui,
d'accord.
M. Blank: Deux fois "ensemble". M. Tardif: Deux fois
"ensemble". M. Blank: Deux fois "ensemble".
M. Tardif: Cela ne règle pas son problème!
M. Blank: Oui, cela va régler son problème avec une
virgule après "femme".
M. Tardif: Non, cela ne règle pas son problème.
M. Blais: Ce n'est pas une question de ponctuation. Il y a deux
conjoints.
M. Blank: Non, non. On fait une définition ici des
conjoints, des conjoints mariés ou des conjoints qui ne sont pas
mariés ensemble. Ils sont peut-être mariés avec d'autres,
mais pas ensemble.
M. Tardif: M. le député de Saint-Louis, nous
l'avions réglé en mettant le mot "ensemble" ici, mais ce que vous
proposez...
M. Blais: Cela n'élimine pas un conjoint.
M. Bisaillon: Cela n'élimine pas un conjoint.
M. Tardif: Cela n'élimine pas le problème d'un des
conjoints ayant déjà été...
Une voix: En séparation de fait. M. Tardif:
Voilà:
M. Bisaillon: M. le Président, comme la définition
et l'application du programme permettaient qu'on traite sur le même pied
les couples vivant ensemble légalement et ceux qui vivent ensemble sans
qu'il y ait des
liens légaux qui les unissent, il me semblait qu'il était
important de souligner cet aspect pour ne pas pénaliser dans
l'application les gens qui vivent dans la situation dont j'ai parlé.
Une voix: Ils sont plus nombreux qu'on pense.
M. Blank:... la définition de "son conjoint", "son
conjoint comme défini...
M. Tardif: Oui. M. le Président, ce qu'on a couvert ici,
c'est le cas des unions de fait. On n'a pas couvert le cas des
séparations de fait et je pense que je vais demander aux juristes de
fouiller cette question et de voir comment on peut la couvrir.
Le Président (M. Laplante): Cela peut revenir à la
section III, M. le ministre.
M. Tardif: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Cela pourra revenir à
la section III.
M. Tardif: C'est beaucoup plus peut-être dans la
définition.
Le Président (M. Laplante): Sur la section I, y a-t-il
d'autres commentaires?
J'appelle maintenant la section II. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pas de commentaires. On a fait tous les commentaires
sur cet aspect. C'est l'administration du programme.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que d'autres membres de
la commission ont des commentaires sur la section II?
On passe la section II. J'appelle la section III. M. le
député de Mont-Royal.
Critères d'admissibilité
M. Ciaccia: M. le Président, puisque, à la section
III, nous entrons maintenant dans le coeur du programme, est-ce qu'on pourrait
ajourner nos travaux maintenant pour revenir, suspendre nos travaux, afin qu'on
puisse discuter de la...
Mme Lavoie-Roux: On va revenir à 14 h 20?
Le Président (M. Laplante): On va revenir à 14 h
30, d'accord?
Mme Lavoie-Roux: À 14 h 20.
Le Président (M. Laplante): À 14 h 20?
D'accord.
M. Ciaccia: La raison, M. le Président, c'est qu'il y a
des commentaires qui ont été faits par l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations du Québec et ces commentaires touchent
certains critères d'admissibilité. Je viens seulement de les
avoir.
M. Tardif: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Est-ce qu'on peut revenir à 14 h 20?
M. Ciaccia: On peut revenir à 14 h 15 aussi! Cela nous
donnera la chance de lire les commentaires de l'association.
M. Tardif: Excellent.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 14 h 15.
(Suspension de la séance à 12 h 06) (Reprise de la
séance à 14 h 25)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'habitation et de la protection du
consommateur reprend ses travaux. La parole était au
député de Mont-Royal. M. le député.
M. Ciaccia: M. le Président si je comprends bien nous
étudions la section III.
Le Président (M. Laplante): Exactement.
M. Ciaccia: J'aurais quelques questions. Dans le troisième
paragraphe, vous dites qu'une personne qui désire
bénéficier du programme doit attester que ni elle ni son
conjoint, le cas échéant, n'a jamais, antérieurement
à la date de sa demande d'admission, été
propriétaire d'une résidence principale. De la façon dont
cela est rédigé, ça veut dire que même s'ils
étaient propriétaires il y a 20 ou 25 ans, automatiguement ils ne
peuvent pas avoir accès à ce programme. Est-ce cela l'intention
ou si c'est de dire qu'ils n'étaient pas propriétaires dans les
cinq dernières années? Je pense que ce serait plus
équitable.
M. Tardif: La question se pose en effet, M. le Président.
Nous avons opté au départ pour une exclusion, quitte à
voir le fonctionnement de ce programme au cours des premiers mois de
fonctionnement et subséquemment à l'élargir.
Pourquoi ça? C'est qu'on part du principe que c'est un programme
d'aide à l'accession à la propriété pour les jeunes
ménages et qu'en principe les gens qui ont déjà
été propriétaires d'un immeuble et qui l'ont vendu ou le
revendent réalisent
généralement un profit qui leur permet de se porter
acquéreur d'une deuxième propriété. Donc, au
départ, nous avons décidé de le limiter de cette
façon-là, mais je pense que la question se pose et il serait
concevable que dans une deuxième étape cette restriction soit
peut-être élargie ou assouplie.
M. Ciaccia: Pour le moment vous n'êtes pas prêt
à faire le changement.
M. Tardif: Pas pour débuter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Au deuxième paragraphe de la section
III... Ce ne sera pas bien long.
Le Président (M. Laplante): Posez votre question.
M. Dupré: J'ai deux petites questions ou peut-être
deux ajustements qui pourraient clarifier davantage, "... attester qu'au moment
de sa demande d'admission... " Vu que le programme est rétroactif au
1er mai, il se peut qu'à ce moment-là, si la personne
n'a qu'un enfant qui est près d'avoir douze ans, l'enfant, atteigne
douze ans même avant que sa demande, soit faite. Il se peut que les
demandes ne soient pas nécessairement faites avant septembre ou octobre,
avant que ce soit concrétisé. Je me demande s'il n'y aurait pas
lieu d'ajouter une spécification. La personne sera peut-être
admissible au 15 mai parce que son enfant a moins de 12 ans et elle ne le sera
peut-être plus au mois de septembre s'il n'y a pas un ajustement à
ce sujet.
M. Tardif: En effet, le député m'avait
déjà fait part de cette observation. J'ai vérifié
avec les avocats qui ont travaillé à la rédaction et, en
effet, il n'est pas clair, au libellé du paragraphe 2 de l'article 3,
que le programme couvrirait les enfants ayant moins de 12 ans entre le
1er mai et la date de la demande d'admissibilité, de sorte
que cet article devra être reformulé pour bien démontrer
que l'admissibilité s'applique à compter du 1er mai
dans le cas du logement neuf et que l'âge est à compter de ce
moment-là, et non pas à compter de la demande
d'admissibilité.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Dupré: Dans un deuxième temps, on dit: "Elle ou
son conjoint a un enfant âgé de moins de 12 ans". Comme le
député de Sainte-Marie l'a dit ce matin, il se peut qu'il y ait
des couples qui demeurent ensemble, qui ont des enfants et qu'ils ne les
gardent pas à la maison. Je crois qu'il y aurait peut- être lieu
de spécifier s'ils ont la garde rie l'enfant; s'ils ont des enfants et
qu'ils ne les qardent pas, qu'ils demeurent ailleurs, je ne pense pas qu'ils
devraient profiter de la subvention.
M. Tardif: C'est la définition d'avènement
d'enfant, au premier paragraphe de la section I, où on parle de
"naissance ou adoption d'un enfant pour lequel le bénéficiaire ou
son conjoint est admissible à recevoir des allocations familiales". (14
h 30)
Nous avons l'intention de vérifier avec le ministère des
Affaires sociales pour nous assurer à qui est versée l'allocation
familiale lorsque, par exemple, l'enfant est confié à une maison
ou à un foyer d'accueil et, d'autre part, de jongler avec la notion de
garde. Là, ça peut être drôlement compliqué
puisque la mère peut avoir la garde de l'enfant la semaine, mais, la fin
de semaine, c'est le père parce qu'il a le droit de visite. Là,
cela peut causer toutes sortes de situations. Encore une fois, je veux bien
m'accrocher aux pratiques existantes au ministère des Affaires sociales
à ce sujet et le clarifier.
M. Dupré: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Sur la question d'un enfant de 12 ans. Le ministre ou
le gouvernement a déjà fait marche arrière sur le montant
de la subvention en augmentant le montant que l'acheteur doit payer et
l'acheteur ne peut plus se fier aux chiffres qui lui avaient été
présentés durant la campagne électorale et même
durant la deuxième lecture. Le gouvernement a fait marche
arrière. Vous avez plafonné. Vous avez fait certains changements.
J'aurais cru que peut-être aussi vous auriez pu faire marche
arrière sur la question d'un enfant de douze ans, pour ouvrir le
programme vraiment aux jeunes couples qui veulent avoir accès à
la propriété. Je voudrais porter à l'attention du ministre
- peut-être a-t-il eu l'occasion de les lire à l'heure du lunch -
les commentaires relatifs au programme d'accession à la
propriété faits par l'Association provinciale des constructeurs
d'habitations du Québec. Eux aussi font une recommandation: "Mous sommes
d'avis que la croissance démographique sera davantage favorisée
en permettant l'accessibilité au programme à l'ensemble des
ménages ayant ou non un enfant de moins de douze ans".
Nous appuyons cette position. C'est la position que nous avons prise
même en deuxième lecture. Est-ce que le ministre peut nous
justifier son critère de douze ans? Pourquoi ne serait-il pas
disposé à éliminer
complètement ce critère et à ouvrir le programme
à plus de bénéficiaires?
M. Tardif: M. le Président, déjà il y a eu
une ouverture de faite puisque le critère s'applique également
dans les cas d'adoption, d'une part. D'autre part, nous avons effectivement
introduit ce critère à partir d'une constatation que très
souvent les jeunes ménages vont se contenter d'habiter à loyer
tant et aussi longtemps qu'ils n'ont qu'un seul enfant et que très
souvent c'est lors de la venue du deuxième que se pose le
problème soit de déménager dans un logement plus grand,
soit encore de se porter acquéreurs d'une maison, d'une
propriété ou d'un immeuble. Alors, c'est en considération
de ce fait que cet élément a été inclus, pourquoi
un et non pas plus. D'autre part, c'est un choix que le gouvernement a fait et
qu'il a l'intention de maintenir, ce qui ne préjuge pas
d'assouplissements ultérieurs qui pourraient survenir à ce sujet.
Au départ, c'est la décision du gouvernement de favoriser d'abord
ces ménages pour qui se pose le problème du relogement lors de la
venue d'un deuxième enfant.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, M. le Président, le
ministre n'est pas prêt à apporter ce changement, à ouvrir
le programme à tout jeune couple. Quand le ministre nous dit qu'un des
objectifs est d'aider les jeunes couples, je crois que, d'après les
commentaires du ministre, un autre objectif du programme est de restreindre les
déboursés du gouvernement. En incluant cette restriction d'un
enfant, vous limitez sensiblement vos obligations. Je pense que la population
devrait être au courant que l'objectif n'est pas seulement d'aider les
jeunes couples avec un enfant. Si vous ouvrez le programme à tout jeune
couple, automatiquement, ceux qui ont un enfant pourront aussi en
bénéficier. En faisant cela, naturellement, vous augmenterez
l'obligation du gouvernement et je pense que c'est un des objectifs de ces
règlements, de restreindre autant que possible les
déboursés que le gouvernement sera obligé de faire pour ce
programme.
L'évidence de cela, c'est non seulement la restriction aux
couples ayant un enfant, mais les amendements apportés par les
règlements ayant pour but de plafonner la subvention, de réduire
le montant que vous allez subventionner. Je crois, pour appeler les choses par
leur nom, que l'objectif principal de ces règlements, c'est de
restreindre les déboursés du gouvernement pour les années
à venir dans ce programme. Je dirais que vous favorisez l'achat de
duplex et de triplex à même nos impôts, vous favorisez
l'achat d'une propriété à revenu plutôt que le jeune
couple qui veut acquérir une résidence. Si vraiment vous vouliez
atteindre vos objectifs, je pense que vous auriez toute la marge possible pour
ouvrir le programme un peu plus. À mon point de vue, ce serait plus
équitable de dire: Écoutez, les duplex et les triplex, on ne les
subventionnera pas pour le moment. Quand on parle d'une propriété
de 120 000 $, c'est ça qu'on veut dire, le triplex, c'est 120 000
$...
Une voix: 130 000 $.
M. Ciaccia: 130 000 $ et le duplex, c'est 100 000 $. Je me
demande si c'est vraiment nécessaire de subventionner à ce niveau
pour acheter des revenus. Dans certains cas, vous dites que c'est la
copropriété, deux ou trois personnes peuvent s'associer pour
acheter un triplex, mais ce n'est pas la norme; la norme, c'est qu'une personne
va acheter un duplex ou un triplex, elle va louer les autres logements et va
occuper un des logements. Je crois qu'il aurait été plus
équitable, et cela aurait permis plus de nouvelles constructions pour
l'industrie de la construction, si vous aviez enlevé ce critère
et favorisé l'accès à la propriété aux
jeunes couples et la construction de nouveaux logements unifamiliaux.
M. Tardif: M. le Président, deux petites corrections, mais
quand même importantes. Le gouvernement ne subventionne pas le duplex ou
le triplex; il subventionne l'achat par le ménage d'un logement, c'est
son logement à lui, celui qu'il habite seulement qui est
subventionné...
M. Ciaccia: Ne jouez pas sur les mots.
M. Tardif: Je ne joue pas sur les mots, M. le Président.
Il n'y a pas une subvention accrue s'il s'agit d'un duplex ou d'un triplex,
elle est la même que pour l'unifamiliale. Donc, c'est la même
subvention, sauf qu'il choisit d'habiter dans un logement qui se situe dans un
duplex ou dans une maison unifamiliale pavillonnaire. M. le Président,
il y a donc une seule subvention qui est du même montant. Il n'y a pas de
subvention pour le deuxième ou le troisième logement.
Autre chose, M. le Président, c'est que le gouvernement a
effectivement décidé d'aider ceux qui, dans cette
clientèle-là, en avaient le plus besoin. On peut très bien
dire que l'idéal serait que le gouvernement achète ou
bâtisse une maison et la remette à chacun des
Québécois. Ce serait utopique. À l'autre extrême, M.
le Président, si on doit faire des choix, on a dit: On va aider ceux qui
ont décidé - et ce n'est pas facile dans notre monde
d'aujourd'hui - d'avoir des enfants et d'élever une famille. Or, M. le
Président, quand on dit qu'on élimine un certain nombre de
ménages, le programme
dans neuf mois sera toujours en vigueur et la venue d'un enfant rendra
admissibles les couples qui présentement ne le sont pas.
Troisième point, troisième correction: Le
député dit que le gouvernement a décidé de
réduire la subvention. M. le Président, j'aimerais que le
député m'indique comment un ajout de 1500 $ constitue une
réduction d'une subvention. C'est une augmentation de la subvention
maximale qui passe de 4000 $ à 5500 $, compte tenu des taux
d'intérêt. M. le Président, c'est 1500 $ de plus par
logement.
M. Ciaccia: M. le Président, si le ministre me demande de
répondre, je vais le faire. Je crois que le ministre joue sur les mots.
Le fait que vous payez plus d'après la formule que vous venez
d'énoncer aujourd'hui ne change pas le fait que l'acheteur paie beaucoup
plus et ça ne change pas le fait que, dans vos représentations,
tant durant l'élection - dans votre programme électoral -que
durant la deuxième lecture, vous n'aviez pas mis cette restriction et
vous n'aviez pas plafonné. Vous pouvez faire tous les calculs que vous
voulez....
M. Tardif: Très bien, ce n'est pas pareil.
M. Ciaccia:... ces calculs sont faciles à faire, mais ce
sont des calculs qui sont faits aujourd'hui, rétroactivement aux
promesses que vous avez faites. Dans vos promesses, il n'y avait pas de
plafond, c'était inconditionnel, ça disait: 0% la première
année, 5% la deuxième année, 10%, troisième,
quatrième et cinquième années. Je n'ai pas besoin de vous
rappeler votre programme...
M. Tardif: D'accord.
M. Ciaccia:... mais je l'ai devant moi. Alors, le fait que la
nouvelle formule vous coûte un peu plus ne change pas le fait que
ça coûte beaucoup plus à l'acheteur. Cela veut dire qu'il
va falloir qu'il ait un salaire plus élevé pour se rendre
admissible au programme et ça veut dire que vous éliminez encore
nombre d'acheteurs possibles qui ne pourront pas avoir accès à
votre programme suite à votre nouvelle formule. C'est une nouvelle
formule.
M. Tardif: Si le député de Mont-Royal dit - les
nuances sont importantes - qu'on a introduit un plafond, je lui dis: C'est
vrai, nous avons introduit un plafond. Là où je ne suis pas
d'accord avec lui, c'est quand il dit que nous avons réduit la
subvention. En dollars, elle a été augmentée de 1500 $. M.
le Président, c'est un fait que le gouvernement a choisi, dans cette
flambée des taux d'intérêt, d'imposer un plafond. Le
gouvernement dit: Je vais assumer une part accrue des intérêts.
C'est vrai, comme le dit le député de Mont-Royal, que le futur
acquéreur ou propriétaire devra assumer lui-même aussi une
part accrue, mais ce n'est pas dû au programme, c'est dû à
la montée des taux d'intérêt. Il faudrait que le
député de Mont-Royal ait au moins l'honnêteté de
reconnaître que si tout le monde doit payer plus, et le
propriétaire et le gouvernement, ce n'est pas à cause du
programme, mais à cause des taux d'intérêt qui montent.
C'est élémentaire.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est un changement à
votre programme. Le programme que vous avez établi durant la campagne
électorale n'avait oas cette condition. Et c'est encore plus
sérieux que ça, la restriction que vous nous apportez
aujourd'hui. Les taux d'intérêt étaient pas mal
élevés au mois de mai, mais vous n'avez jamais
référé à un plafond. C'est totalement nouveau,
ça. Et c'est la faute de votre programme, parce qu'il n'avait pas de
telle restriction. Je dis que vous réduisez la subvention, parce qu'au
lieu de subventionner de 10% - de 10% à 20%, c'est 10% - vous
subventionnez seulement de 6, 3% à 3%. C'est une réduction, en
pourcentage, de votre subvention, mais, encore plus important, c'est un
changement complet au programme. Cela peut coûter moins au gouvernement,
pas plus. Savez-vous pourquoi ça va coûter moins au gouvernement?
Parce que moins de personnes vont être admissibles. Vous allez donner
moins de subventions. C'est simple, si tous ceux qui gagnent 20 000 $ par
année sont admissibles au programme, il va y en avoir plus qui vont se
prévaloir du programme que si c'est seulement ceux qui gagnent 35 000 $.
En faisant le changement que vous avez fait à votre rèqlement,
vous venez d'augmenter le salaire qu'une personne doit gagner avant
d'être admissible. Il se peut -je n'ai pas les chiffres -
mathématiquement qu'en faisant ce changement et en essayant de dire que
vous augmentez votre subvention alors façon fait, vous la
réduisez en pourcentage, en somme, en monnaie, en
déboursé, cela peut être beaucoup moins pour le
gouvernement, parce qu'il va y avoir moins de personnes admissibles au
programme.
M. Tardif: M. le Président, j'ai été le
premier à évoquer ce matin le fait que la corrélation
entre la demande du logement et l'augmentation des taux d'intérêt
pouvait en effet être très reliée et amener une diminution
de la clientèle. Le seul point que je voudrais préciser ici, que
le député de Mont-Royal a peut-être laissé
échapper, c'est que dans l'hypothèse où les taux
d'intérêt descendent en bas de 15%, la formule proposée est
quand même plus généreuse que
l'ancienne. C'est ce qu'il a aussi négligé.
M. Ciaccia: Oui. Si le père Noël nous apporte des
cadeaux aussi, cela va être encore mieux.
M. Tardif: Le père Reagan, pas le père
Noël!
M. Ciaccia: Pour descendre à 15% dans l'avenir
immédiat, je voudrais que vous me trouviez des analystes qui vont vous
faire cette prédiction.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Dans les
critères d'admissibilité, à la section III, article 3, on
dit que ni l'un ni l'autre des conjoints ne doit, antérieurement
à la date de la demande, avoir été propriétaire
d'une résidence principale. Je crois qu'il faudrait absolument apporter
certaines exceptions. Je vais vous en donner deux exemples bien précis.
Un travailleur de la région du Bas-du-Fleuve, de la Gaspésie, de
l'Abitibi où il possède sa résidence principale qui est
évaluée à 3000 $ ou 3500 $ - il y en qui vivent
là-dedans - et qui s'en vient travailler à Montréal, qui
normalement a une grosse famille. Vous venez d'éliminer ces gens de
l'accession à la propriété du fait qu'ils ont
possédé dans leur villaqe, dans leur paroisse, dans leur
comté une résidence qui s'appelait la résidence principale
puisqu'il y en avait seulement une. (14 h 45)
On connaît tous le cas de Sept-Îles aussi, la situation
économique de la Côte-Nord où les travailleurs n'ont pas le
choix, ils se doivent de se déplacer s'ils veulent trouver un emploi.
Ils se dirigent où? Vers les grands centres, Québec,
Montréal, Trois-Rivières. Encore une fois, parce que sa
région a été une faillite économigue, il doit se
déplacer. Il est, lui aussi, pénalisé. Je ne crois pas
qu'il ait réalisé de bénéfice avec sa
propriété, au contraire. Dans plusieurs cas, il en a perdu. Je
demande au ministre d'étudier ce problème. Je crois qu'il faudra
absolument trouver une solution pour ces deux exceptions... Je conçois
que le spéculateur qui a acheté une propriété, qui
l'a revendue avec 20 000 $ de profit, je ne veux pas qu'on l'aide, moi non
plus. Mais, dans ces deux cas que je viens de vous mentionner et
peut-être d'autres, je crois qu'on devrait apporter une attention
spéciale.
M. Tardif: M. le Président, je suis bien sensible aux
situations régionales qui peuvent exister. Le député de
Mégantic-Compton a parlé de la Côte-Nord; c'est un fait que
les propriétés dans certains coins comme Port-Cartier et ailleurs
peuvent coûter cher. C'est un fait également que des compagnies
comme ITT et d'autres consentaient à leurs employés des
prêts sans intérêt, incidemment, dans certains cas,
jusqu'à 10 000 $, pour les fins d'acquisition de ces
propriétés, de sorte qu'il y avait une aide ou un soulagement qui
était apporté dans certaines de ces régions, aux villages
miniers de la périphérie. Néanmoins, ce programme tel
qu'il est conçu, et je l'ai mentionné dans le cas d'une
intervention du député de Mont-Royal, au départ, se veut
une aide à l'accession à la première
propriété. Je ne dis pas que nous ne pourrons pas apporter,
à un moment donné, des assouplissements en cours de route. Je
voudrais simplement qu'on puisse roder le programme tel qu'il est conçu,
quitte à l'ouvrir le cas échéant.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires sur la
section III? Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, j'ai été retenue
quelques minutes. Je pense que le ministre a déjà répondu
à certaines questions touchant l'âge, ou enfin une des conditions
de l'admissibilité, soit d'avoir un enfant âgé de moins de
12 ans. Je sais que mes collègues, ce matin, ont fait certaines
remarques sur ce qui nous apparaît des aspects discriminatoires quant aux
catégories de gens qui sont admissibles à ce type de
programme.
Le ministre peut-il nous expliquer pourquoi sont exclues - je pourrais
parler de plusieurs catégories - les familles qui peuvent avoir trois
enfants qui ont entre douze et quinze ans et qui ont économisé un
peu plus où elles en sont rendues au plan de la carrière ou au
plan de l'emploi? Je pense qu'elles accomplissent au plan social des fonctions
absolument semblables et aussi importantes que celles d'une famille dont les
trois enfants sont en bas de douze ans. Je comprends que vous ne continuiez pas
quand les enfants sont majeurs, parce qu'à ce moment-là, ils sont
dans bien des cas, leur propre qaqne-pain. Dans ce cas-ci, c'est cette
démarcation des douze ans qui me semble assez étonnante.
M. Tardif: Oui, mais évidemment, dans le cas d'une famille
avec enfant de 17 ans, cela nous situe à peu près avec un
ménage dont l'âge pourrait être n'importe où dans les
37, 38 ou 39 ans. L'enfant, au bout des cinq ans, par exemple, de la prise en
charge des intérêts, aurait 23 ans et, très souvent, il
peut ne plus être une charqe familiale déjà. D'autre part,
cette décision de se porter acquéreur - et c'est ce que j'ai
expliqué juste avant que la députée de L'Acadie arrive -
se prend par les jeunes ménages à la venue d'un deuxième
enfant très souvent. Dès lors que l'on constate que
le logement qu'on habitait et qui était suffisant, alors qu'on
n'en avait rien qu'un devient trop exigu lorsqu'un deuxième s'annonce,
la décision se prend de déménaqer dans un logement plus
grand ou de se porter acquéreur d'une propriété. C'est la
raison pour laquelle nous avons commencé ce programme en y mettant ce
critère qui correspond dans la pratique à cette prise de
décision qui se prend chez les ménages de 32, 33 ou 34 ans. Nous
avons mis ce critère de douze ans, ce qui ne veut pas dire qu'on ne
pourrait pas, comme je l'ai déjà mentionné,
éventuellement l'élargir, mais il fallait commencer quelque part
et c'est là que nous avons choisi de commencer.
Mme Lavoie-Roux: Ce matin, j'entendais le ministre, M. le
Président, qui disait: On est dans des hypothèses. Je pense qu'on
est encore aussi pour une partie dans des hypothèses quand on semble
dire que cette décision d'acquérir une propriété
n'arrive pas ou à peu près pas une fois que les enfants ont douze
ans et plus, alors que, dans bien des cas, c'est peut-être là
qu'on commence un peu à voir clairement quelles sont ses
responsabilités et qu'on peut penser justement à investir du
côté de la propriété.
C'est vrai - je suis d'accord avec le ministre - que, quand arrive un
deuxième enfant, on pense à s'aqrandir, mais, puisqu'on parle
tout le temps de politique familiale, je pense que pour les enfants qui ont
entre douze et seize ans, si on voulait limiter cela à seize ans, c'est
peut-être le moment où la famille a besoin d'un appui très
important. On peut s'imaginer que c'est de zéro à six ans, mais
une fois qu'on a des enfants qui sont rendus de six à douze et de douze
à 18, on voit bien que les responsabilités ne diminuent pas, sauf
peut-être de les faire garder après le souper. Au contraire, elles
sont croissantes. C'est pour cela que douze ans, il semble que ce soit pour des
raisons économiques que vous l'ayez fait, parce que vous
n'éliminez pas la possibilité qu'éventuellement cela
puisse être élargi pour couvrir peut-être douze à
seize ans ou quelque chose comme cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, d'autres questions?
M. Ciaccia: Juste un autre commentaire sur la section III,
l'article 4. Je trouve regrettable que le gouvernement ne donne pas la
même règle d'exception pour tous ceux qui ont dû ou devront
vendre leur maison en raison de la hausse des taux d'intérêts.
Vous faites une règle d'exception pour les personnes qui sont
divorcées ou séparées légalement, c'est tout
à fait juste et raisonnable, mais vous devriez faire la même
règle d'exception pour ceux qui sont obligés de vendre leur
maison parce qu'ils ont des paiements beaucoup plus élevés.
Ce matin, j'avais donné l'exemple d'une hypothèque de 40
000 t, il y a cinq ans; à 11%, c'était un peu plus de 400 $ par
mois. La même hypothèque aujourd'hui est près de 800 $ par
mois. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas supporter ce paiement tous les
mois. Ces gens vendent leur maison et ils vont en loyer ou ils achètent
une maison plus petite dont l'hypothèque est moins élevée.
Il me semble que, si vous faites une exception dans un cas, ce serait aussi
juste et raisonnable de le faire dans l'autre, parce que ce n'est pas leur
faute, ils subissent des augmentations qui sont hors de leur
contrôle.
M. Tardif: M. le Président, c'est un problème
réel que mentionne le député de Mont-Royal et c'est un
problème dont j'ai parlé ce matin, lorsque j'ai dit qu'à
la dernière conférence fédérale-provinciale sur
l'habitation, tous les ministres ont discuté de la question avec notre
vis-à-vis à Ottawa dans le but de se pencher sur ce
problème. Mais ceci constitue en soi un autre programme. Si tant est
qu'il y avait une ouverture du côté du fédéral
là-dessus, je serais bien volontiers prêt à aller m'asseoir
à une table pour discuter avec eux de la mise au point de mesures visant
à aider ces ménages.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas besoin du gouvernement
fédéral, faites un amendement à votre article 4, faites
une autre exception, c'est simple.
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir dit
également, dans mon exposé liminaire ce matin, qu'il ne fallait
pas s'attendre que le gouvernement du Québec, avec 50% des impôts,
assume 100% des responsabilités dans ces domaines. Je pense que
ça aussi ce fut assez clair dans mon exposé ce matin. C'est ce
à quoi ça référait entre autres.
M. Ciaccia: Vous avez fait une exception; cela aurait
été juste d'en faire une autre pour ces gens. En tout cas, c'est
votre décision.
Application
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires sur la
section III?
J'appelle maintenant la section IV. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Section IV.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît.
M. Ciaccia: Dans le deuxième alinéa, vous parlez de
la valeur selon l'estimation
qu'en fait la société. Est-ce que vous pourriez expliquer
pourquoi vous incluez cette restriction et pourquoi vous ne laissez pas le prix
d'achat déterminer si la subvention s'appliquera oui ou non? Autrement,
j'ai donné l'exemple ce matin, il se peut que la valeur municipale, par
exemple, soit plus élevée que le prix d'achat.
M. Tardif: M. le Président, cet article a
été mis là, et probablement que nous devrons y introduire
soit une balise, soit l'évaluation foncière, par exemple, pour
éviter que ces transactions qui se font pour un dollar et autres bonnes
et valables considérations, ou encore où les prix sont
néqociés, ne viennent rendre admissibles des immeubles qui,
autrement, ne le seraient pas.
Est-ce que la meilleure balise c'est, par exemple, l'évaluation
foncière normalisée? C'est possible. J'ai demandé aux
consultants et aux gens qui travaillent à ce programme d'essayer de
mieux cerner cette définition du prix du logement, de façon
à la rendre la moins discrétionnaire possible.
M. Ciaccia: Deuxième commentaire, M. le
Président.
Une voix:...
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. M. le
ministre, je crois qu'il serait plus logique, parce qu'il s'agit de
transactions de maisons, où il y a continuellement, ou dans 99% des cas,
une hypothèque négociée, il y a donc un prêteur, une
société prêteuse qui a fait faire une évaluation par
des évaluateurs professionnels, que ce soit par la Société
canadienne d'hypothèques et de logement... Je crois que c'est la seule
façon. Il ne faut pas se fier à l'évaluation municipale.
C'est la seule façon, je crois, de déterminer la valeur de la
maison. Je ne vois pas pourquoi la Société d'habitation du
Québec referait une évaluation alors que déjà des
professionnels ont émis un avis. Je crois qu'on devrait se limiter
à ça.
M. Tardif: C'est tout à fait l'objectif et ça
pourrait se présenter uniquement dans les cas d'exception, où ce
n'est pas un prêteur hypothécaire agréé ou
accrédité qui consent le prêt, mais, par exemple, une tante
riche ou quelque chose comme ça. C'est uniquement pour couvrir le cas
d'exception et même là on veut essayer de le baliser.
Je suis tout à fait d'accord avec le député de
Mégantic-Compton, on veut respecter les pratiques existantes dans les
institutions financières à ce sujet-là.
M. Ciaccia: Mais, pour rendre le règlement plus clair et
moins sujet à l'arbitraire, est-ce que vous pourriez inclure maintenant
que, s'il y a une hypothèque d'une institution financière,
l'évaluation de la compagnie qui a émis l'hypothèque sera
utilisée pour déterminer la valeur?
M. Tardif: On me dit que dans 95% des cas la valeur sera celle
reconnue par le prêteur hypothécaire. C'est uniquement pour
couvrir les cas d'exception.
M. Ciaccia: Ce ne devrait même pas être la valeur
reconnue. J'ai dit cela, "la valeur reconnue", mais ce devrait être le
prix d'achat. On peut faire l'évaluation d'une propriété
à 70 000 $, d'après le "replacement value" ou d'autres
critères, mais l'acheteur peut l'avoir pour 60 000 $. Elle ne se vend
pas toujours selon l'évaluation qui a été faite par un
créancier hypothécaire. Cela devrait être le prix
d'achat.
M. Tardif: D'accord. Pour une personne qui achèterait une
propriété dans la ville de Mont-Royal à 42 000 $, on
pourrait peut-être se poser des questions sur le prix. C'est dans ce
sens-là.
M. Ciaccia: Oui, spécialement si elle a une
hypothèque de 60 000 $ dessus!
M. Tardif: Je suis tout à fait d'accord avec
l'objectif...
M. Ciaccia: Vous subventionnez l'hypothèque, pas le prix
d'achat. (15 heures)
M. Tardif:... que poursuivent le député de
Mont-Royal et celui de Mégantic-Compton. Il faut avoir une balise
là pour prévoir l'exception seulement. Dans 95% des cas, ce sera
ce qui est reconnu par le prêteur hypothécaire comme la valeur
marchande de cet immeuble.
M. Ciaccia: Mon expérience m'a prouvé que, quand on
laisse une rédaction comme ça, l'exception devient la
règle. On essaie de restreindre autant que possible pour que ce soit
clair.
M. Tardif: Je suis d'accord pour essayer de le reformuler. Je
suis tout à fait d'accord.
M. Ciaccia: Très bien, merci. Un autre point sur l'article
5. Vous donnez certains chiffres donnant droit au programme et vous incluez la
valeur du terrain. Le danger dans cela c'est que vous allez favoriser les
endroits où le terrain coûte moins cher. Vous allez obliger les
gens à aller plus loin. Par exemple - je vais utiliser un exemple
peut-
être un peu radical - un terrain à Montréal va
coûter beaucoup plus cher qu'un terrain en banlieue, à
Saint-Bruno. Si les 60 000 $ incluent le prix du terrain, cela veut dire que
cela n'a rien à voir avec le coût de construction. Je parle des
nouvelles bâtisses.
Il devrait y avoir possibilité de chanqer ce critère et de
fixer un montant pour le coût de la bâtisse pour ne pas
pénaliser une personne qui pourrait acheter un terrain dans un endroit
où le terrain coûte plus cher. Je pense que c'est aussi une des
recommandations qui ont été faites par l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations du Québec. Je pense que c'est un point
valable.
M. Tardif: C'est, en effet, un point sur lequel on s'est
posé beaucoup de questions. Ce qui fait très souvent la valeur du
terrain, ce n'est pas uniquement le terrain lui-même; ce sont les
services ou la viabilisation qui a pu y être faite par l'entrepreneur ou
la municipalité. Nous nous trouvons devant une situation assez
particulière au Québec où le coût des
infrastructures n'est pas assumé, j'entends d'une façon
qénérale, par l'entrepreneur et ultimement par
l'acquéreur, mais par la municipalité alors que dans les autres
provinces, c'est l'inverse.
À ce sujet-là, pendant les quelques années que j'ai
passées aux Affaires municipales l'Association des constructeurs
d'habitations du Québec m'a demandé, à plusieurs reprises,
de ne pas adopter le mode de financement qui a cours dans les autres provinces
puisque c'est quand même déjà assez lourd pour un
entrepreneur de devoir assumer le financement des terrains, des immeubles,
enfin, de tout ce qu'il faut pour se lancer dans une telle industrie, sans
devoir assumer en plus le coût des infrastructures. Ceci nous semblait un
objectif souhaitable. Ce que l'on craint, en excluant le coût du terrain,
c'est qu'on assiste à cette espèce de surenchère où
justement certains entrepreneurs pourront procéder à la
viabilisation des terrains, quand on sait ce que cela coûte, avec la
conséquence que les petits entrepreneurs ne pourront pas le faire, c'est
l'élimination de la concurrence et c'est cette espèce de
monopolisation de l'industrie de la construction à laquelle on a
assisté dans les autres provinces.
Tout ce processus, qui a été longuement
étudié déjà aux Affaires municipales, nous a
amenés, ici au Québec, à vouloir maintenir le
système que nous avons et, si jamais il fallait plutôt revoir
à la hausse le plafond de 60 000 $, je préférerais cela,
toujours en y incluant le terrain, plutôt que de dire: On ne s'occupe pas
du coût du terrain comme tel. Donc, on pourrait atteindre le même
objectif, mais différemment.
M. Ciaccia: Si je pouvais faire le commentaire suivant sur les
propos du ministre, le coût d'un terrain n'est pas relié
strictement au coût des infrastructures. Non, je regrette parce que, pour
un terrain à Westmount, l'infrastructure ne coûte pas plus cher
qu'à Saint-Bruno, mais le terrain à Westmount va coûter 10
$ le pied carré, à cause de la localisation du terrain, et
à Saint-Bruno, le terrain va peut-être valoir 3 $ ou 4 $ le pied
carré, tenant compte des mêmes infrastructures. Ce n'est pas
l'infrastructure qui détermine complètement la valeur du terrain.
C'est vrai que, s'il y a un terrain sans infrastructure, il vaut moins cher
qu'un terrain avec infrastructure. Le point que j'essaie de faire valoir avec
ce changement qui est proposé par d'autres et par moi-même, c'est
que vous pourriez avoir une valeur moyenne pour un terrain et cela
répondrait aux objectifs que vous avez, c'est-à-dire: Je ne veux
pas donner un monopole à ceux qui vont avoir les moyens de poser les
infrastructures.
En fixant une valeur moyenne du terrain et en fixant un prix pour la
construction de la bâtisse, vous permettez à quelqu'un de pouvoir
se construire à un autre endroit où le terrain est seulement 2 $
ou 3 $, où le terrain est moins cher. Autrement dit, c'est moins
discriminatoire. Vous obligez les personnes... Parfois, les gouvernements se
contredisent. Ils disent: On veut que les gens restent en ville, on ne veut pas
qu'ils aillent dans les banlieues, on veut promouvoir la construction des
terrains le plus près possible des centres-villes, mais vous venez de
promulguer un règlement à l'effet inverse de cela, parce que vous
incluez le prix du terrain dans vos 60 000 $. Si vous faisiez la distinction,
vous pouvez le faire faire par vos experts, si le prix moyen du terrain est X
$, mettons 7500 $, 6000 $ ou 8000 $, la différence, c'est le coût
de construction seulement qui pourrait en bénéficier.
M. Tardif: C'est une chose qu'on peut reqarder en effet, quitte
à le faire par la technique, comme je l'ai dit, de la révision du
prix de base plutôt que par la composante terrain uniquement. Je vais
demander à mes gens d'examiner cette proposition.
M. Ciaccia: Je préférerais, si c'est possible,
avoir un engagement un peu plus ferme que ça. On est dans le domaine des
intentions. On vous fait des recommandations. C'est une association qui
connaît son métier, ce sont eux qui sont impliqués. C'est
une recommandation assez valable et je crois que vous devriez y porter un peu
plus d'attention et prendre un engagement plus ferme à l'égard de
cela. Si vous dites seulement: On va regarder ça, la tendance sera: On
va l'oublier. La prochaine session va commencer, vous aurez toutes
sortes d'autres préoccupations et les qens qui feront affaires
avec la SHQ seront liés par ce règlement. On n'aura pas
l'occasion de revenir et de changer 60 000 $ pour 52 500 $.
M. Tardif: Ce que le député propose peut, encore
une fois, être examiné, mais, de prime abord, je vois des
possibilités de transférer une partie des coûts de la
maison sur le terrain', par exemple, pour entrer à l'intérieur
des balises. Ce que le député demandait ce matin, c'était
d'essayer d'avoir le minimum de balises et de contraintes; or, il en introduit
une additionnelle en ayant un prix plafond moyen pour le terrain et un prix
plafond moyen pour la maison. Ce qu'on dit, c'est qu'on a un prix global qui
couvre les deux. Si ce prix global n'est pas assez élevé,
Peut-être le révisera-t-on à un moment donné
plutôt que d'avoir deux sous-plafonds. C'est tout ce que je dis, M. le
Président: On peut être d'accord avec l'objectif, ce sont les
moyens d'y parvenir.
M. Ciaccia: Vous n'atteindrez pas cet objectif à moins que
vous ne preniez des décisions aujourd'hui sur la façon de
calculer vos 60 000 $. Il n'y a rien de mal à ajouter une autre balise
au règlement si ça le clarifie, si ça le rend plus facile
d'application. Les changements qui rendent le règlement
discrétionnaire et arbitraire, on est contre. On est en faveur des
changements qui pourraient rendre l'application plus claire.
M. Tardif: D'accord, je prends note de la demande du
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Mais vous ne faites pas de changement, vous
n'êtes pas prêt à vous engager?
M. Tardif: Pas sur le coin de la table.
Le Président (M. Laplante): D'autres guestions sur la
section IV?
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: J'aurais préféré le prix
payé pour les maisons qui seront ou qui viennent d'être
construites, dans ce sens que, si le type a déjà acheté un
terrain qu'il a payé 5000 $ il y a sept ou huit ans, qu'il a payé
les taxes, il peut ne pas être admissible au programme si on se fie
à l'évaluation du terrain. Si son terrain est
évalué à 10 000 î ou 12 000 $ et qu'il n'est pas
capable ou qu'il ne veut pas se bâtir une maison qui vaut moins de 50 000
$, ce monsieur qui a acguis son terrain il y a plusieurs années sera
pénalisé si on se fie au barème d'évaluation.
M. Tardif: M. le Président, le cas que l'on nous mentionne
est très réel et c'est la raison pour laquelle on retrouve
d'ailleurs, à l'article 7, cette situation partiellement. On dit: "Dans
le cas d'un logement situé dans un bâtiment neuf, ce programme
s'appligue depuis le 1er mai. La date d'enregistrement de l'acte d'acguisition
du logement détermine, aux fins de cet article, la date
d'admissibilité. Dans le cas où seulement le terrain a
été acguis avant le 1er mai 1981, la date
d'enregistrement de l'acte d'obligation et d'hypothègue détermine
l'admissibilité au programme".
On conçoit qu'il peut y avoir des cas où la personne
était propriétaire d'un terrain bien avant le 1er mai
1981, décide de se faire bâtir; se pose donc le problème de
l'évaluation de ce terrain. C'est la raison pour laquelle, en
réponse au député de Mont-Royal, nous devrons modifier
l'article 5, de façon à préciser, dans ces cas
précis, lorsqu'il ne s'agit pas de l'acquisition par une personne d'un
terrain avec une propriété dessus, la détermination de la
valeur de ce terrain, qui peut avoir été acquis par succession ou
par donation ou autrement. Donc, il est tout à fait juste et nous devons
le faire, et c'est pour ça que je l'ai mentionné ce matin, mais
je fais allusion à l'article 7 parce qu'on voit qu'il y a cette
différence, ce décalage dans le temps qui peut exister entre les
deux gestes qui sont posés. Tout à fait d'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. On en arrive,
je crois, au point le plus délicat: la densité. J'en ai
discuté un peu au début de la commission, à l'article 5,
paragraphe 6.
Le Président (M. Laplante): Non, non, à l'article
4.
M. Bélanger: Article 4, excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): Section IV, article 6.
M. Bélanger: Article 5. Oui. D'accord.
Je pose d'abord une question au ministre. Est-ce que le ministre veut
tout simplement interdire, à compter du 1er janvier 1982, la
construction de maisons unifamiliales?
M. Tardif: Non.
M. Bélanger: Bon. Si tel n'est pas le cas, je crois qu'il
faut absolument réviser et, cette fois-ci, je pense qu'avec tout le
respect que je vous dois, je vais devoir insister. Non pas seulement un voeu
pieux de bien vouloir changer ça un peu plus tard, il faudrait
absolument avoir un engagement
formel que ce sera changé. J'ai fait état de terrains
déjà desservis, viabilisés depuis des années,
où l'acheteur retrouve quand même un avantage, parce qu'il y a un
taux de taxation, étant donné que des infrastructures ont
été faites il y a cinq ans, inférieur au taux qu'il y
aurait avec de nouveaux services. La plupart des municipalités ont
été assez enchantées, pas heureuses, mais assez
enchantées, de voir que le Parti québécois, le
gouvernement actuel, semblait vouloir se soucier un peu de l'habitation et ont
trouvé là peut-être une occasion de finir la construction
des terrains qui sont déjà viabilisés. Si vous appliquez
vos critères de densité, il est évident que pas une seule
municipalité ne pourra se départir d'aucun terrain, parce que la
plupart des municipalités ont un règlement de construction avec
des marges latérales que nous devons respecter, que ce soit six pieds,
que ce soit quinze pieds. Alors, pas une seule des maisons que possèdent
actuellement les constructeurs, les maisons témoins, les maisons
modèles, ne peut être construite sur un terrain de 44 ou de 45
pieds de façade.
On devrait plutôt reporter, changer la date du 1er janvier 1982 au
1er janvier 1983 et, encore là, avec certaines restrictions,
travailler constamment et conjointement avec l'Association provinciale des
constructeurs d'habitations qui est vraiment consciente des problèmes
que cela pose. Il est impensable d'accepter aujourd'hui que les
Québécois changent leur mode de vie, leur mode d'habitation dans
90 jours.
La Société canadienne d'hypothèques et de logement
a tenté par les années passées, il est vrai, de demander
une certaine densité de sept à l'acre, de dix à l'acre.
Mais le ministre s'est servi de ces chiffres ce matin à son avantage.
C'est qu'on pouvait très bien construire une maison multifamiliale de
huit logements sur un terrain restreint et, par la suite, offrir encore des
maisons unifamiliales avec des terrains de 8000 et 10 000 pieds
carrés.
Alors, j'attends la réponse du ministre et j'aimerais un
engagement formel et non pas un voeu pieux: On va regarder ça. C'est
important. Si on ne le fait pas, ce programme ne sera pas en application en
1981 et je peux vous assurer que, l'hiver qui s'en vient, les entrepreneurs ont
besoin de faire travailler leurs hommes, etc. (15 h 15)
M. Tardif: M. le Président, deux choses. D'abord, j'ai
pris connaissance, à l'heure du lunch, comme les membres de cette
commission sans aucun doute, du mémoire de l'APCHQ. Je voudrais
seulement préciser, brièvement, pour la question du prix du
terrain, que le mémoire de l'APCHQ se réfère à la
répartition des coûts des infrastructures qui peuvent
différer d'une municipalité à l'autre. C'est la partie qui
les préoccupe, plutôt que le plafond comme tel.
Pour revenir à la question de la prime à la
densité, en effet, je suis prêt à être beaucoup plus
ouvert sur cette question, n'en déplaise au député de
Mégantic-Compton, non seulement à la suite de ses
représentations, mais à la suite de celles de l'APCHQ. C'est bien
sûr, comme il dit, qu'on ne peut pas demander aux Québécois
de chanqer leurs habitudes de vie en l'espace de 90 jours. Je suis tout
à fait d'accord avec lui; on sait que les changements sociaux prennent
beaucoup plus de temps que ça. Cependant, on constate qu'il y a des
changements d'habitudes qui se font; la petite voiture commence à avoir
une place qu'il n'y a pas tellement longtemps encore on se répuqnait
à lui donner, étant accrochés à la plus grosse
bagnole.
M. le Président, deux choses: c'est vrai que cette norme de dix
unités de logement à l'acre brute, qui est reconnue depuis 1976
à la suite de l'adoption du programme de prime à la
densité, donc depuis cinq ans du monde municipal, est beaucoup plus
facile d'application lorsqu'on parle de dix unités de logement à
l'acre que lorsqu'on l'applique à un individu. Là, il est
possible de faire, sur cette acre, du logement un peu plus dense à un
moment donné et un peu moins à côté, d'avoir cette
variation, cette souplesse. Je suis tout à fait d'accord. C'est la
raison pour laquelle, M. le Président, après avoir pris
connaissance des représentations de l'association, il me paraît
que le délai devrait être prolongé pour l'entrée en
vigueur. On pourrait le mettre le 1er janvier 1983, ce qui donnerait
quinze mois ou dix-huit mois, puisqu'on peut déjà commencer
à penser en termes de remembrement de terrains.
Je suis même prêt, conformément à une demande
de l'APCHQ, à faire en sorte que la norme minimale, au lieu d'être
de 415 mètres carrés, soit de 420 mètres carrés.
Pourquoi 420? C'est parce qu'elle permet des terrains de 45 pieds, ce qui
devient un sous-multiple de terrains remembrés de 60 pieds. En d'autres
termes, on peut prendre trois terrains de 60 pieds qui font 180 pieds et
remembrer en terrains de 45 pieds. Je suis tout à fait d'accord, tout
à fait ouvert. C'est le type d'accommodement technique, je pense, qui
peut répondre aux besoins. À ce sujet, M. le Président, je
n'ai aucune espèce d'hésitation à me rallier à
cette demande de l'Association des constructeurs d'habitations.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avant d'aller
plus loin, on ne peut pas, comme dans une commission normale où on
étudie des lois article par article, faire des amendements, les adopter,
ces choses-là. Ce que vous distribuez actuellement comme feuilles, c'est
seulement pour prouver à la commission, en somme, qu'il y aura des
changements dans la réglementation. J'aimerais que ce soit
considéré de cette façon.
M. Tardif: M. le Président, en effet, c'est pour
l'information de la commission comme telle.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Tardif: L'article 6, si on le relit tel que libellé,
c'est tout simplement pour dire que la restriction quant à la
fabrication québécoise des maisons mobiles ne s'appliquera qu'aux
maisons mobiles neuves vendues après l'entrée en vigueur et non
pas à celles déjà installées sur des terrains,
parce qu'alors là, peu importe la fabrication, elles seront admissibles.
C'est ce que ça veut dire.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser une question au ministre pour
éclairer ma lanterne. Si je comprends bien, pour avoir accès au
programme d'habitation, il faudra se conformer à ce que vous appelez la
mesure de densité, c'est-à-dire que votre maison devra être
érigée sur un terrain qui aura 45 pieds ou 50 pieds de facade, si
on se réfère aux 180, avec 90 de profondeur, grosso modo.
M. Tardif: C'est par unité de logement et non pas par
maison.
Mme Lavoie-Roux: Par unité. Alors, cela devra être
un duplex...
M. Tardif: Par unité de logement.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait être aussi un bungalow.
M. Tardif: Cela pourrait être cela ou un duplex, oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous ne trouvez pas, à ce
moment, que vous enlevez... Je m'inquiète surtout des gens, même
si je ne suis pas dans un comté rural - M. le ministre, vous le savez,
puisque vous êtes mon voisin - qui vont dans les plus petites villes ou
les plus petites municipalités.
M. Tardif: C'est prévu, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment, ils ont droit à un
plus grand terrain.
M. Tardif: Voilà. Il est prévu, à la fin du
même paragraphe... "Lorsque ce logement ou cette maison mobile est
situé sur un terrain non viabilisé, la superficie de ce terrain
doit correspondre aux normes prescrites par le ministère de
l'Environnement dans la région où ce terrain est situé.
"
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est dans le cas de terrain non
viabilisé.
M. Tardif: Non viabilisé.
Mme Lavoie-Roux: Je ne nommerai pas la place, je connais une
petite municipalité... On va parler de Saint-Sébastien, si vous
voulez, ou de Cabano; il reste qu'il y a des terrains viabilisés qui ne
sont pas vendus, qui sont à vendre.
M. Tardif: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Ce terrain peut avoir, au lieu de 45 ou 50 pieds
de façade, 100 pieds de façade, ou 75. Je pense que c'est au
moins un privilège que les qens qui habitent dans des plus petites
agglomérations doivent pouvoir conserver ce privilège de
n'être pas tous entassés comme s'ils étaient dans des
grandes villes, à 45 pieds de distance. Je n'ai pas d'objection à
ce que tout cela soit entré dans le coût global de 60 000 $,
terrain et maison, mais est-ce qu'il lui sera loisible de dire: Moi,
j'achète un terrain qui a 75 pieds ou 100 pieds de facade, parce que je
suis à la campagne et je veux avoir le privilège d'avoir un peu
plus d'air. Je ne suis pas sur la rue Mont-Royal à Montréal,
où il n'y a plus de place pour des bungalows. Vous comprenez ce que je
veux dire.
M. Tardif: D'accord. J'ai deux réponses à cela.
D'abord, cette norme ne s'appliquera que le 1er janvier 1983, ce qui
donnera le temps à celui qui voulait s'en prévaloir avant
l'entrée en vigueur de la norme de le faire. Deuxièmement, il
faut tenir compte de ceci. Ce sont les coûts à la
collectivité et à la municipalité. On considérait
aux Affaires municipales et on considère encore que, pour chaque montant
de 1000 $ investi dans le trou en infrastructure, égout, aqueduc, rue,
trottoir, il faut environ 7500 $ à 8000 % d'évaluation
foncière derrière pour supporter cela, sans quoi c'est
l'endettement perpétuel pour la municipalité. C'est donc dire
qu'il doit y avoir une espèce de ratio entre ce qui est construit et les
services. Évidemment, plus on augmente le "frontage", enfin le nombre de
pieds linéaires, le nombre de services et de rues, plus on augmente les
coûts à la collectivité. C'est donc une espèce
d'étude coûts-bénéfices qu'il faut faire et dire:
C'est vrai que l'individu peut décider de choisir de demeurer où
il y a beaucoup de terrains, beaucoup d'espaces, de
verdure, d'air pur, mais on lui dit: II ne faut pas que tu demandes les
services de la "ville". Si tu demandes les services de la ville ou de la
collectivité, il y a des coûts...
Mme Lavoie-Roux:... en conséquence...
M. Tardif: Ils ne le sont jamais suffisamment. C'est cela
l'endettement d'un bon nombre de nos municipalités. La maison
unifamiliale typique dans ces municipalités qui n'ont pas une assiette
foncière assez diversifiée en termes d'industries, de commerces
et autres est déficitaire, ne rapporte jamais suffisamment en taxes pour
permettre à la municipalité de faire ses frais. C'est cela le
drame du coût des infrastructures. Les municipalités en sont
conscientes, l'industrie en est consciente. Ce que nous faisons
présentement, c'est de dire: Nous allons avoir une norme de
densité qui est d'ailleurs connue du monde municipal depuis cinq ans,
qui était appliquée à la suite d'un programme
fédéral auquel on participait aussi. Ce que nous disons, c'est
qu'avant de l'appliquer à l'individu même, nous lui donnons
jusqu'au 1er janvier 1983 pour se réajuster à la suite des
représentations de l'APCHQ.
Mme Lavoie-Roux: Celui qui ne se soumet pas au programme, qui ne
fait pas appel au programme, mais qui dispose d'un capital de 75 000 $ et qui
dit: J'en veux 100 pieds sur 150...
M. Tardif: Vas-y.
Mme Lavoie-Roux: II y va, lui?
M. Tardif: C'est cela. Ce n'est que pour avoir droit au
programme.
M. Ciaccia: Cela s'appelle la consistance.
M. Dupré: De toute manière, je crois que cet
article est très facilement...
M. Tardif: Ce qu'on n'encourage pas...
M. Dupré: M. le Président, sur le même sujet,
est-ce que vous permettez?
Mme Lavoie-Roux: Dans les grandes villes, je le comprends.
M. Ciaccia: C'est encore le côté ministériel
qui nous dérange.
Une voix: Ce sont toujours les mêmes qui sont
indisciplinés.
M. Dupré: Je crois que ce serait très facile
à contourner, cet article, en faisant subdiviser son terrain, en
bâtissant et en qardant le terrain voisin comme terrasse.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est la même chose que ce que le
ministre vient de me dire. Cela ne marche pas plus.
M. Tardif: Un instant! Les municipalités ont le pouvoir,
en vertu de la Loi sur les cités et villes et du Code municipal,
d'imposer une surtaxe équivalant à 50% sur les terrains
viabilisés, mais vacants.
M. Dupré: Cela ne l'empêchera pas d'aller chercher
la subvention et d'avoir un terrain...
M. Tardif: On n'a parlé que des coûts à la
municipalité. On pourrait parler aussi des coûts à
l'État, puisque Mme la députée était bien au fait
des coûts dans le domaine scolaire, du coût du ramassage des
enfants par autobus scolaires, des coûts des écoles, dans les
milieux urbanisés, que l'on ferme -elle sait ce que cela veut dire dans
la région de Montréal - et qu'on ouvre ailleurs. Il y a
énormément de coûts pour ce qu'on appelle
"l'étalement urbain" plus on s'éloigne des grands centres. Je ne
parle pas des coûts en énergie; on peut se poser des questions sur
le fait que, dans un pays avec un climat comme le nôtre, on bâtisse
des maisons de type californien qui coûtent extrêmement cher
d'énerqie. Je pense que mon ministère devrait se pencher sur le
problème de ces concepts nouveaux en habitation qui viseraient à
répondre à ces critères de densité
d'aménagement, d'économie d'énergie et qui offriraient une
forme d'habitat représentant des avantages de vie dans une
agglomération, sans entraîner des coûts prohibitifs pour la
collectivité. Je suis tout à fait d'accord que c'est une
recherche qu'on doit faire tous ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Mais la solution que propose le
député de Saint-Hyacinthe me semble en contradiction avec les
énoncés de principe du ministre.
M. Bélanger: Ce n'est pas moral, non plus.
Une voix: C'est pour cela qu'il n'est pas ministre.
M. Dupré: De prime abord, cela se contourne très
facilement.
Mme Lavoie-Roux: Si cela se contourne, à ce
moment-là laissez la porte ouverte et les gens achèteront 75
pieds au lieu de 50 s'ils veulent le faire entrer dans leur coût global.
Mais si on veut respecter votre principe, il ne faut pas le contourner en
achetant deux terrains. C'est mieux, quant à cela, de dire aux gens:
Vous pourrez acheter
un terrain de 75 pieds que de leur en faire acheter un de 100 pieds,
parce que les coûts sont les mêmes du point de vue des services
publics.
M. Tardif: Encore une fois, en repoussant l'entrée en
vigueur de cette norme au 1er janvier 1983, Je pense que ceci nous
donnera le temps de nous asseoir aussi bien avec le monde municipal qu'avec les
entrepreneurs en construction pour essayer de raffiner cette norme dont tout le
monde reconnaît le bien-fondé, mais c'est toujours: Où
est-ce qu'on tire la ligne?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: J'ai une autre question à poser au
ministre. Si, par exemple, dans une subdivision où on prend un terrain
non subdivisé et non desservi - on va prendre des exemples précis
- on subdivise 100 terrains dont 60 ne répondront pas aux
critères de densité et 40 répondront aux critères
d'admissibilité, est-ce que l'acheteur hypothétique de cette
maison sera admissible au programme? Parce que je vois mal...
M. Tardif: D'ici le 1er janvier 1983, cela ne
s'applique pas.
M. Bélanger: Après le 1er janvier
1983.
Mme Lavoie-Roux: II faudra qu'ils construisent tous avant.
M. Tardif: Après le 1er janvier, mais cela
donnera le temps de faire des remembrements de terrains. Un entrepreneur -
prenons votre cas hypothétique - qui a acheté une terre et qui
l'a divisée en 100 lots, qui avait fait des lots de 60 X 100 et comptait
en vendre 100, étant donné qu'il les fait à 45, pourra en
vendre 200. À ce moment-là, ce sera intéressant pour
lui.
M. Bélanger: Je vous remercie de vous soucier de mes
intérêts personnels, mais là n'est pas ma question.
M. Ciaccia: S'il les fait à 20 pieds chaque, il en aura
trois fois plus.
M. Bélanger: Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'on met
un prix maximum, on ne devrait pas se soucier de la densité. La
densité se fera automatiquement. Si vous mettez un prix maximum de 60
000 $, il est évident qu'on ne peut pas construire une maison de 60 000
$ avec un terrain de 7 000 pieds carrés à ville Mont-Royal; pas
plus à Brossard. Donc, cela s'élimine automatiquement,
c'est-à-dire que les gens qui voudront rester plus proche des qros
centres urbains devront acheter un semi- détaché, mais celui qui
préfère - et il y en a beaucoup - s'éloigner, voyager
quelques minutes, et quand même avoir l'espace pour vivre,
s'éloiqnera un peu des centres et pourra encore pendant plusieurs
années acheter un terrain de 60 X 100 sans que le gouvernement ait
à le pénaliser.
M. Tardif: D'accord. Il n'est pas question de pénaliser
qui que ce soit; il est question d'aider ceux qui veulent contribuer à
une rationalisation de l'utilisation de l'espace urbain, économie
d'énergie et autre selon une norme qui est reconnue par la SCHL, par les
principaux corps publics en Amérique, par nos municipalités
également. Ce que l'on dit, nous, c'est qu'avant de l'appliquer au
niveau individuel et non pas au niveau d'un ensemble, nous donnons un
délai. Cela m'apparaît normal qu'on puisse s'ajuster et, encore
une fois, nous asseoir avec les qens concernés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Au sixième alinéa de l'article 5...
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia:... vous parlez de 130 000 $ dans le cas de logements
dont la propriété est détenue en indivis. Est-ce que, de
la façon que c'est rédigé...
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia:... cela permettrait à quatre
copropriétaires d'acheter ou de construire douze logements et d'obtenir
des subventions pour un édifice à logements, en effet, douze
logements? Chacun aurait trois logements. Ils pourraient en occuper un et cela
voudrait dire qu'effectivement, vous subventionnez la construction
d'édifices à logements...
M. Tardif: Sous toute réserve... M. Ciaccia:... et
vous...
Mme Lavoie-Roux: Ils pourront mettre cela dans leur
publicité.
M. Tardif:... je dis non, M. le Président, puisque, en
vertu de la loi no 20 que le député de Mont-Royal a fait adopter
à la dernière session avec nous, la conversion en
copropriété indivise est interdite pour les immeubles de cinq
logements et plus.
M. Ciaccia: Excusez. Je ne parle pas de conversion. Je parle
d'une nouvelle construction. Quatre copropriétaires peuvent faire
construire douze logements...
M. Tardif: Oui, il y a...
M. Ciaccia:... et la loi no 20 ne s'applique pas, parce que c'est
une nouvelle construction.
M. Tardif: D'accord. Là, on parle d'une nouvelle
construction. Théoriquement, sujet à vérification, la
réponse serait oui, mais la subvention ne s'appliquant qu'au logement
habité par le propriétaire, à ce moment-là, il n'y
a qu'une subvention pour le logement qu'il habite. Point.
M. Ciaccia: Ce serait 40 000 $. Cela en ferait quatre pour la
bâtisse.
M. Tardif: D'accord, mais ils habitent chacun leur logement et
ils y ont droit. D'accord, vous avez raison dans cette hypothèse.
M. Ciaccia: Ne trouvez-vous pas cela aberrant? Vous allez
subventionner dans un cas semblable et un jeune couple qui n'a pas d'enfant ne
reçoit rien.
M. Tardif: M. le Président, c'est un autre problème
totalement à ce moment-là. Des qens choisissent de vivre; au lieu
de s'étaler à l'horizontale dans les situations champêtres
décrites par le député de Mégantic-Compton, ils
décident de vivre à la verticale dans les milieux urbains. C'est
un choix que les gens font. Cela n'a rien à faire avec l'autre choix qui
est d'avoir des enfants ou de ne pas en avoir.
M. Ciaccia: Non, mais c'est le choix de subventionner des douze
logements plutôt que de subventionner...
M. Tardif: Non, M. le Président. M. Ciaccia: Oui,
oui.
M. Tardif: Ce qui est subventionné, c'est un logement
où réside une personne comme dans la copropriété
divise.
M. Ciaccia: Mais il y a quatre subventions pour le même
édifice à logements.
M. Tardif: Non, chaque personne n'en a qu'une pour le logement
qu'elle habite, comme dans la copropriété indivise que le
député de Mont-Royal m'a supplié de débloquer au
plus tôt. Ce serait cela dans le cas de la copropriété
divise.
M. Ciaccia: Le fait demeure que ce sont quatre subventions pour
le même édifice à logements.
M. Tardif: M. le Président, dans le cas de la
copropriété divise, il y en aurait douze dans le même
édifice.
M. Ciaccia: J'aurais pensé que vous m'auriez dit que cela
ne s'appliquerait pas dans ce cas, que ce serait strictement pour des
triplex.
M. Tardif: C'est comme acheter un triplex, en effet.
Mme Lavoie-Roux: Un triplex avec des...
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur la
section IV?
M. Ciaccia: On est mieux de ne plus en poser.
Bénéfices du programme
Le Président (M. Laplante): On passe maintenant à
la section V.
M. Tardif: M. le Président, on me permettra ici une autre
remarque à la suite des représentations de l'APCHQ concernant les
quelques cas de qens qui louent avec option d'acheter. Il me semble qu'il
s'agit là d'une chose que nous devrions en effet examiner,
c'est-à-dire de permettre aux ménages qui louent avec option
d'acheter de pouvoir faire une demande d'admissibilité; mais ils ne
deviendraient admissibles qu'au moment où ils exercent leur option.
C'est ce que nous demande l'APCHQ et je ne vois pas de difficulté
à cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton. M. le député de Saint-Hyacinthe, ce ne
sera pas long, tout de suite après. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Le ministre
nous annonce-t-il par là que le programme serait rétroactif au
moment de la signature du bail, ou de l'achat de la propriété, ou
au moment où le locataire exerce son pouvoir d'option d'achat, ou au
moment de la signature du bail?
M. Tardif: La demande d'admissibilité peut être
faite avant. Par exemple, s'il y avait une location de douze mois avec
possibilité d'achat au terme des douze mois, on peut faire une demande,
l'entrer dans la machine, mais on devient admissible au moment où l'on
exerce cette option effectivement, au moment où on commence à
faire les paiements hypothécaires, quoi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Je veux juste faire préciser. Si, lors de
la rentrée dans l'immeuble avec option d'achat, le couple a un enfant en
bas de douze ans et, que, trois ou quatre ans plus tard, l'enfant a
dépassé l'âge, le couple est-il encore admissible?
M. Tardif: M. le Président, il semble que ce paraqraphe
devrait être libellé de façon que l'admissibilité au
programme comme tel concernant les enfants n'ait lieu qu'au moment où il
devient effectivement acquéreur. Sans ça, on pourrait très
bien concevoir une situation de location pendant deux, trois ou quatre ans;
donc, on ferait indirectement ce que le programme n'était pas
destiné à faire originalement. Mais, encore une fois,
étant donné qu'il s'agit d'une demande qui nous est
arrivée tantôt et qui, de prime abord, nous semble tout à
fait raisonnable, il s'agit juste de l'insérer là-dedans, ce
qu'on n'a pas eu le temps de faire, on comprendra, ayant eu le mémoire
ce matin.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Si je comprends bien, à ce moment-là, le
programme serait rétroactif à la date d'option d'achat sans qu'il
y ait eu occupation des lieux?
M. Tardif: Non. Il y a deux conditions pour être admissible
au programme: premièrement, être propriétaire et,
deuxièmement, occuper le logement. À l'inverse, on peut voir des
situations où des qens sont propriétaires et n'occupent pas le
logement. Ils ne peuvent pas l'occuper tout de suite; ils voudraient bien
l'occuper, mais il faut qu'il y ait des délais d'éviction, etc.,
en vertu du Code civil. Donc, il fait sa demande d'admissibilité, il est
admissible à la subvention, mais les subventions sont effectivement
versées à partir du moment où il y a occupation du
logement; ce sont les deux conditions. Alors, dans le cas que nous
présente l'APCHQ, c'est l'inverse de la situation d'un
propriétaire qui achèterait et qui ne pourrait pas occuper
immédiatement parce qu'il y a un locataire et il faut qu'il attende les
délais requis par la loi. À l'inverse ici, c'est qu'il occupe,
mais il n'est pas propriétaire. On dit: II est possible d'harmoniser
ça, c'est ce qu'on va s'employer à faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Aviez-vous d'autres questions,
madame?
Mme Harel: En fait, je pense particulièrement à
Montréal et à ce problème que peuvent avoir
d'éventuels acquéreurs à se loger - compte tenu des
coûts d'intérêts dont on parle tant - dans un délai
qui peut être de presque un an et demi. Si tant est qu'ils
achètent la maison après le 31 décembre et qu'ils ne
peuvent pas en prendre possession; ils peuvent avoir un délai allant
jusqu'à un an et demi avant de pouvoir être admissibles au
programme et ça peut diminuer d'autant leur enthousiasme à en
faire partie.
M. Tardif: Oui, sauf que, pendant que le logement est loué
et qu'ils ne l'occupent pas, ils ont non pas la subvention, mais des revenus
provenant de la location, ce n'est pas quand même une perte
sèche.
Mme Harel: Oui, mais souvent ils sont obligés de
refinancer l'hypothèque aux taux qu'on connaît maintenant et les
logements, heureusement, grâce à la Régie des loyers, ne
sont pas toujours conséquents aux taux d'intérêt qui sont
maintenant payés. Alors c'est le cercle vicieux, évidemment.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, je voudrais demander
au ministre si un couple qui, actuellement, est admissible au programme loue
une maison pour 24 mois avec option d'achat - mais de plus en plus on loue des
maisons neuves; donc dans deux ans, elle n'est plus neuve - va être
subventionné pour une maison existante.
M. Tardif: Non, pour une maison neuve, pourvu qu'on l'inclue de
cette façon, c'est-à-dire qu'il y a eu location effectivement
d'une maison neuve, ils ont été les premiers occupants avec une
option d'achat, ils font leur demande d'admission au moment où ils
l'occupent. Cependant, à partir du moment où ils en sont
effectivement propriétaires, elle serait considérée pour
les mêmes fins.
M. Bélanger: Comme une maison neuve? M. Tardif:
C'est ça.
Le Président (M. Laplante): M. le député
Mont-Royal.
M. Dupré: Sur le même sujet, il faudrait tout de
même qu'il y ait un délai parce que, si la location dure six ans
ou plus, l'enfant est parti et il se prévaudrait de l'avantage au moment
où il n'a plus d'enfant...
M. Ciaccia: II va avoir des petits-enfants.
M. Tardif: M. le Président, on me permettra, comme on
vient de recevoir cette représentation-là, qui nous semblait
pleine de bon sens, d'en arrimer la plomberie avec le reste du texte. Est-ce
qu'il faudra, effectivement, pour éviter le qenre d'abus ou de situation
que décrit le député, avoir un délai? Je ne peux
pas le dire à ce moment-ci.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bélanger: Est-ce que je peux au moins sugqérer
au ministre que, dans un court terme - deux ans, selon moi, c'est un court
terme - l'acheteur soit subventionné en fonction d'une maison neuve?
Souvent, il va acheter...
M. Tardif: C'est ce qui nous semble être l'esprit de la
chose.
M. Bélanger: Souvent, s'il n'achète pas
immédiatement, c'est simplement que sa situation financière ne le
lui permet pas. Il attend d'avoir un changement dans sa situation, etc.
M. Tardif: C'est ça.
M. Ciaccia: M. le Président, combien de temps ce programme
sera-t-il en vigueur?
M. Tardif: Nous nous engageons, dès lors que ce programme
devient effectif, pour une prise en charge des intérêts pendant
cinq ans. D'accord?
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose. Vous pouvez prendre
un engagement aujourd'hui pour cinq ans...
M. Tardif: Je sais, M. le Président, que ce n'est pas la
même chose. Je dis qu'au moment où nous nous engageons, nous
faisons une prise en charge des intérêts sur une durée de
cinq ans. Il me semble raisonnable de penser que ce serait à peu
près l'horizon de temps, s'il fallait qu'il y en ait un, d'un tel
programme. Là-dessus, M. le Président...
M. Ciaccia: Vous ne pouvez pas vous engager formellement?
M. Tardif: Non.
Mme Lavoie-Roux: Pour les bébés à
naître, ce sera pour combien de temps?
M. Tardif: La même chose.
Mme Lavoie-Roux: Seulement cinq ans? Alors, il faut qu'ils aient
trois petits dans les cinq ans, plus celui qu'ils ont déjà, cela
en fait quatre.
M. Tardif: II ne faut pas... Ce n'est pas
nécessaire...
M. Ciaccia: Non.
M. Tardif: Ce n'est pas une obligation pour être admissible
au programme, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce que je veux dire...
M. Ciaccia:... une machine à bébés.
M. Tardif: II faut bien se rendre compte...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez quand même prévu qu'ils
pouvaient être bénéficiaires en ayant un enfant ou trois
enfants. Cela veut dire que, s'ils veulent être sûrs de leur
affaire, il faut qu'ils complètent l'opération dans cinq ans,
s'ils veulent une opération totale.
M. Tardif: Mme la députée, je pense qu'il faudrait
qu'on se comprenne.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais aussi savoir s'il y a une limite de
cinq ans pour eux.
M. Tardif: D'accord. L'aide à l'accession à la
propriété permet d'avoir une subvention maximale en rabais du
taux d'intérêt de 5500 ? et la subvention de capital peut
atteindre 10 000 $, à raison de 2000 $ pour le deuxième enfant et
4000 % pour le troisième et les suivants. De sorte que, si le
ménage, au moment où il se prévaut du programme, a
déjà deux enfants, celui qui arrive subséquemment à
son entrée dans le programme, c'est le troisième et c'est 4000 $
et non pas 2000 $ dans ce cas-là - je pense que vous n'étiez pas
là au moment où on en a parlé ce matin - de sorte que,
théoriquement ici, la subvention maximale en rabais du taux
d'intérêt et le deuxième volet qui peut atteindre 10 000 $
représentent en tout 15 500 $. C'est évident que rien n'oblige
les ménages à cette activité...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Est-ce
qu'il y a cette limite de temps? Vous prévoyez cinq ans aussi pour les
enfants à naître?
M. Tardif: C'est pendant la prise en charge des taux
d'intérêt. Pendant que nous avons pris en charge les
intérêts... Mais la tendance est plutôt de les avoir tous
ensemble et, après ça, c'est fini.
Mme Lavoie-Roux: On y reviendra tantôt.
Le Président (M. Laplante): Cherchez-vous de bons coqs? M.
le député de Maisonneuve.
M. le député de Mont Royal.
M. Ciaccia: Je n'ai pas de commentaires sur cet article.
Le Président (M. Laplante): Pas de commentaires. Est-ce
qu'il y a d'autres questions au sujet de la section V? J'appelle la section
VI.
M. Ciaccia: Non, la section V.
Le Président (M. Laplante): Section V?
M. Ciaccia: On vient de finir la section IV, article 5.
Le Président (M. Laplante): D'accord, c'est un ajout qui
avait été fait. Section V.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Rien oui.
M. Ciaccia: On va vous donner quelque chose à faire avant
la fin des travaux. Normalement, dans un projet de loi, l'Opposition et les
députés ministériels aussi peuvent apporter des
amendements au projet de loi. Est-ce qu'on peut suggérer des amendements
aux règlements? (15 h 45)
Le Président (M. Laplante): Lorsqu'un projet de loi est
étudié en commission parlementaire, l'Opposition peut y faire les
amendements voulus. Aujourd'hui, ce sont les règlements; je crois que
cela est unique que les règlements soient présentés en
commission parlementaire. Sachant d'avance que seul le Conseil des ministres
peut adopter ces règlements, on ne peut faire que des suggestions en
commission parlementaire tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de
jurisprudence établie sur la présentation de règlements en
commission parlementaire. C'est pourquoi je n'accepterai aucune motion
là-dessus. Je ne voudrais pas établir de jurisprudence avant
d'avoir étudié les cas avec d'autres peut-être plus au
courant de ces choses que je ne le suis.
M. Tardif: M. le Président, si vous me le permettez et si
le député de Mont-Royal me le permet, je suis ouvert aux
suggestions. Nous en avons reçu de l'APCHQ, du député de
Mégantic-Compton et d'autres. Je recevrai volontiers les
représentations.
M. Ciaccia: Je vais vous faire une suggestion. Puisque vous
êtes ouvert, M. le ministre, je vais vous faire une suggestion.
M. Tardif: Je suis prêt à les écouter.
M. Ciaccia: Je vais vous en faire une à la section V,
article 8. C'est pour cela que j'aurais préféré - mais je
comprends la décision du président - faire un amendement formel,
si vous n'acceptez pas notre suqgestion. Notre suggestion à l'article 8
serait d'amender les bénéfices du programme afin qu'il se
conforme textuellement aux enqaqements que vous avez pris, que le gouvernement
a pris durant la campagne électorale. C'est une suggestion que je vous
fais, puisque je ne peux pas faire une motion formelle, de remplir les
engagements que vous avez déjà pris. Autrement dit, le premier
alinéa de l'article 8 resterait tel quel; le deuxième se lirait
"la deuxième année, l'excédent de 5%" et le
troisième, "l'excédent de 10% de l'intérêt". Je vous
suggérerais de biffer le dernier paragraphe où vous plafonnez la
subvention à 5500 $.
M. Tardif: Je comprends le sens de l'intervention du
député de Mont-Royal. Je sais que cela procède d'un bon
naturel, il est d'une générosité qui lui fait honneur.
Cependant, compte tenu de la progression des taux d'intérêt - je
l'ai mentionné ce matin - le gouvernement a décidé
d'imposer un plafond en disant: Nous allons assumer une part accrue du fardeau
que représentent les intérêts, mais nous plafonnons ce
montant à 5500 $. C'est le choix que nous avons fait.
Si, à un moment donné, il nous semblait possible d'ouvrir
le programme, est-ce par ce biais que nous le ferions? Est-ce en donnant
plutôt satisfaction aux représentations de la
députée de L'Acadie quant à l'âge des enfants?
Autant d'hypothèses que nous pourrions envisager, mais ce n'est pas le
programme qui est devant nous. Le programme qui est devant nous dit cela
présentement, c'est celui qu'on soumet à cette commission.
M. Ciaccia: Je soupçonne que le ministre - et cela vient
aussi d'un bon naturel de sa part - dans le fond de son coeur, voudrait bien
que les règlements reflètent le programme électoral du
Parti guébécois, de son gouvernement. Ce ne sont pas seulement
des soupçons, car en deuxième lecture le ministre s'est encore
engagé aux mêmes conditions, même si le taux
d'intérêt avait augmenté au mois de mai.
M. Tardif: Il était à 18%.
M. Ciaccia: 18%, c'est quand même considérable,
c'est quand même au-dessus du taux d'intérêt du mois de
février. Si cela peut aider le ministre, je soupçonne aussi
que c'est son ministre des Finances ou peut-être le Conseil du
trésor qui lui a imposé ce changement.
M. Tardif: Le ministre y a souscrit, à part ça!
M. Ciaccia: Si cela peut aider le ministre, nous sommes
prêts à suspendre les travaux afin de convoquer le ministre des
Finances, le président du Conseil du trésor pour qu'il en
explique un peu plus les changements qui ont été apportés.
Ce sont des changements qui sont difficiles à accepter de notre part.
Nous aurions voulu un autre programme, mais le minimum, c'est de donner ce
qu'il avait promis. Si vous croyez qu'on pourrait être d'une plus grande
aide au ministre de l'Habitation en convoquant, en faisant venir devant cette
commission le ministre des Finances pour expliquer les montants, parce qu'il a
dû y avoir une raison pour cela: Ils ont dû faire des calculs, ils
ont dû regarder les déficits, les revenus qui s'en venaient, les
déboursés. On pourrait au moins avoir une explication sur la
façon d'en venir à ces chiffres.
M. Tardif: M. le Président, au moment de mon discours en
deuxième lecture, les taux d'intérêt étaient
à 18%. À 18%, si je prends le libellé même de
l'engagement, la première année, cela veut dire une subvention de
1800 $, même si je prends la totalité. La deuxième
année, l'écart entre 5% et 18%, c'est 13%. 13% sur 10 000 $,
c'est 1300 $. Et les trois années subséquentes, l'écart
entre 10% et la totalité, c'est 8% ou 800 $ pendant trois ans, ce qui
fait 2400 $. Donc, 1800 $, plus 1300 $, plus 2400 $, cela fait exactement 5500
$, M. le Président.
M. Ciaccia: Je ne vois pas ce plafond dans vos engagements. Ce
n'est pas 18% aujourd'hui, c'est 20%.
M. Tardif: M. le Président, si le député de
Mont-Royal se référait à mon discours de deuxième
lecture, je lui dis que, même à ce point de vue, à un cent
près, cela balance, M. le Président. Effectivement, le
gouvernement a décidé d'imposer ce plafond et je pense que tout
le monde comprendra, dans notre époque de compression
budgétaire...
M. Ciaccia: Les personnes qui ont acheté et qui se sont
fiées là-dessus rétroactivement, celles-là ne
comprendront pas. Celles qui se sont fiées sur cela ne comprendront pas
non plus.
M. Tardif: M. le Président, il est évident que tout
le monde va comprendre que déjà d'avoir bonifié le
programme dans cette période d'austérité, c'était
quand même, disons, un effort considérable. Je conviens qu'il
serait peut-être souhaitable qu'on puisse améliorer le programme.
Je dis que c'est un début. Nous le lançons et je suis
assuré que les ménages qui s'en prévaudront
bénéficieront de 5500 $ et sauront en profiter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci. Il est évident que j'appuie la
motion de mon collègue de Mont-Royal. Je préférerais qu'on
abolisse la prime à la natalité et qu'on assume vraiment
l'excédent de 5% et de 10%. Mon collègue soupçonne le
ministre de plusieurs choses. Moi aussi, je le soupçonne d'une chose.
Probablement qu'il ne s'est jamais assis dans un bureau de vente pour vendre
une maison à un acheteur. Ces gens ont besoin de sécurité.
C'est le plus gros investissement de leur vie. Ils ont besoin de
sécurité. Si on dit: Le programme du gouvernement vous garantit
l'excédent de 5% à compter de la deuxième année et
l'excédent de 10% les autres années subséquentes, c'est
fantastique, c'est un point de vente pour vendre une maison. Mais, si on leur
parle des deux tiers, des trois tiers, là on met le jeune couple dont
vous aimez tant parler face à un problème où il ne peut
pas savoir la mensualité que lui coûtera sa maison, sa
propriété dans x années; ne sachant pas non plus le revenu
familial à ce même moment, c'est donc dire que c'est un handicap
énorme pour la vente d'une maison.
Il faut comprendre que ces nens font le plus gros placement de leur vie.
Je sais que le vendeur est heureux de vendre une maison parce que j'en ai
déjà vendu, mais je sais aussi que l'acheteur est heureux de
posséder une maison. Si on lui dit que le gouvernement en prendra les
deux tiers, un tiers, ce n'est pas précis pour un acheteur. Il aimerait
beaucoup mieux qu'on lui dise: La première année, c'est
l'entière responsabilité du gouvernement; la deuxième, 5%;
10% les années subséquentes. Je demande au ministre, je
suggère qu'on abolisse les 4000 $, qu'on ramène les 4000 $ pour
le deuxième enfant à 2000 $, cela n'empêchera pas une mise
en chantier. Je ne crois pas que les Québécois soient prêts
à payer leur deuxième hypothèque en faisant des enfants.
Ils sont conscients qu'ils ont la responsabilité de se loger. Alors, on
pourrait peut-être enlever les 2000 $ supplémentaires et assumer
les intérêts tel que promis.
M. Tardif: M. le Président, on a choisi plutôt la
formule des pourcentages qui a ceci de particulier que, dans
l'éventualité d'une baisse des taux d'intérêt en bas
de 15%, eh bien, elle sera plus qénéreuse pour le
bénéficiaire que celle qui est accrochée à
des pourcentges fixes. Cela ne nous apparaît pas une formule
tellement compliquée. Tout ceci sera informatisé.
M. Bélanger: Cela, je n'en doute pas.
M. Tardif: Le prestataire saura exactement quel chèque,
mensuel ou autrement, il recevra. Cela ne devrait pas poser de
difficulté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Un commentaire additionnel sur le calcul des montants
plafonnés par le ministre. Vous avez dit qu'à 18%, ça
menait à peu près à 5500 $.
M. Tardif: 5500 $ exactement.
M. Ciaccia: Mais à 20%, cela monte à 6500 $ et vous
plafonnez ça à 5500 $. Cela veut dire que la perte est de 1000 $
pour ceux qui se fiaient au programme. Autrement dit, ils vont recevoir 1000 $
de moins par votre imposition d'un plafond et par vos modifications du
règlement au programme et aux chiffres que vous avez déjà
annoncés.
M. Tardif: M. le Président, je ne vois pas comment on
peut...
M. Ciaccia: Puisque vous nous avez fait le calcul, je voulais
seulement faire le calcul à 20%; c'est une perte de 1000 $. Je n'ai pas
d'autres commentaires sur la section V.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans la section V, à l'article 9, est-ce
que le ministre pourrait nous dire clairement quel est l'objectif visé
par la prime accordée à la naissance d'un deuxième ou
troisième enfant ou d'un enfant supplémentaire. Quel est
l'objectif?
M. Tardif: C'est que généralement la venue d'un
enfant occasionne des dépenses pour le ménage. À ce
moment-là, il nous semble que c'est une façon, pour ces
ménages qui choisissent, dans nos temps difficiles et coûteux
d'inflation, d'avoir des enfants, de pouvoir leur donner un coup de main. C'est
ce que fait ce programme, point: un coup de main additionnel, c'est tout.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez consulté le Conseil
du statut de la femme sur cette disposition?
M. Tardif: J'ai reçu des représentations du Conseil
du statut de la femme, comme j'en ai reçu d'autres groupements qui ont
choisi, dans certains cas, de considérer cette modalité ou ce
volet du programme comme étant inopportun. Ce n'était pas l'avis
du gouvernement et ce n'est pas encore l'avis du gouvernement qui croit
qu'effectivement une aide supplémentaire peut être bienvenue
auprès de ces ménages sans préjudice à l'endroit de
ceux qui pourraient choisir autrement, soit de ne pas en avoir.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
peut nous dire si c'était l'avis du Conseil du statut de la femme, cette
opinion que vous venez de donner, à savoir que c'était
inopportun? Je n'ai pas lu, l'avis du conseil. Il ne l'a pas rendu public ou,
s'il l'a rendu public, je ne l'ai pas vu.
M. Tardif: C'est un document qu'on m'a remis hier soir seulement
et je l'ai parcouru rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Comme c'est un avis du Conseil du statut de la
femme, est-ce qu'il y aurait possibilité qu'il nous soit remis? Il
s'agit, quand même, d'un organisme-conseil du gouvernement.
M. Tardif: Je n'ai pas d'objection à en remettre une
copie; c'est un document qui m'a été remis hier seulement. On
dit, par exemple: "En premier lieu, le gouvernement, en choisissant d'aider les
jeunes ménages désireux de devenir propriétaires a-t-il
évalué de quelque façon les besoins particuliers de ce
type de familles par rapport à ceux de l'ensemble de la population? En
deuxième lieu, le sens de cette politique nous contraint à
supposer que le gouvernement, en matière de politique familiale, entend
privilégier l'encouragement des naissances et l'installation des femmes
et des enfants à la maison plutôt que le financement des garderies
et d'autres programmes demandés". C'est une question de point de vue
qu'on ne partaqe pas. Il y a des gens qui peuvent faire le choix,
effectivement, de travailler. Cela ça n'empêche pas le
gouvernement de devoir subventionner les garderies et mettre plus d'argent dans
les garderies. C'est une autre formule pour celles qui décident, elles,
de rester à la maison et d'élever leurs enfants. On ne fera pas
ces choix à la place des gens. (16 heures)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si le ministre n'a pas
d'objection, honnêtement, j'ai pensé que le Conseil du statut de
la femme avait pu émettre un avis. J'aimerais, si possible, que nous en
obtenions une copie.
M. Tardif: Madame, il me fera plaisir de vous donner ma copie,
étant donné que nous en avons deux ici, si vous me
permettez...
Mme Lavoie-Roux: Bon, merci bien.
M. Tardif:... qui a été transmise au ministre
responsable.
Une voix: On ne vous entend pas.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Oui, je comprends que vous ne m'entendez
pas. Alors, je remercie le ministre. Je ne l'ai pas lu, j'en prendrai note. Je
dois vous dire que, pour ma part, je trouve assez étonnant... Je me
doutais que l'avis du Conseil du statut de la femme pouvait être de
l'ordre de celui qu'on a envoyé au ministre. Le ministre dit: Ceci ne
nous empêche pas d'accorder d'autres mesures pour aider les familles,
etc. Mais, au moment où on gèle le budget des garderies -
justement, ceci est peut-être une des premières demandes que les
familles font - au même moment, on... Je suis d'accord, le ministre va
dire: On ne les oblige pas, personne n'est obligé. Je pense bien, ce
serait quand même assez étonnant. Il reste qu'on les incite, avec
tout ce qu'un montant d'argent peut, à court terme ou dans une
réflexion peut-être un peu hâtive, avoir d'incitation pour
la natalité dans le cas qui nous occupe.
Je dois vous dire, M. le Président, que je ne puis pas être
d'accord avec une telle approche. Si on veut vraiment accorder un appui
à la famille, je pense qu'il faut l'accorder par des mesures qui
répondent aux demandes que les femmes adressent, que ce soit à ce
gouvernement-ci ou à un autre, depuis plusieurs années. Ceci va
beaucoup plus dans le sens des garderies. Au même moment où on les
incite - on ne leur dit pas, on les incite - par une incitation
financière, à avoir plus d'enfants, on gèle les budgets
des garderies et on est bien loin d'ailleurs des prédictions que le
gouvernement actuel faisait, à coups de conférences de presse
depuis au moins 1978, c'est-à-dire qu'en 1980-1981, on aurait 40 000 000
$ pour les garderies.
On est en 1981-1982 et on en est rendu à 28 000 000 $...
M. Tardif: Comparativement à combien en 1976, madame?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il faut quand même comprendre...
M. Tardif: Comparativement à combien en 1976, Mme la
députée?
Mme Lavoie-Roux: À 4 500 000 $ M. le ministre.
M. Tardif: À 4 000 000 $. 24 contre 4.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez me laisser finir, M. le
Président. Je n'interromps pas le ministre d'habitude.
M. Tardif: Non. Je m'excuse, ça ne se voulait pas
méchant.
Mme Lavoie-Roux: II faut quand même réaliser qu'en
1975, c'était la première année où, finalement, le
gouvernement a assumé, ou a accepté d'assumer, des
responsabilités en matière de garderies. C'était le
lancement du programme. Qu'il soit rendu à 28 000 000 $, je pense que,
si on tient compte de l'inflation, si on tient compte du plus grand nombre de
femmes sur le marché du travail, c'est une progression, je ne dirais pas
très lente, mais ce n'est pas une progression qui soit si
étonnante. De toute façon, les femmes trouvent qu'elle est
insuffisante. Ce n'est pas mon témoignage, c'est celui des femmes du
Québec.
Alors, je pense que ce n'est pas sur cette base qu'il faut... Ce qu'il
faut bien comprendre... M. le Président, vous me permettrez, je n'ai pas
eu l'occasion de faire de remarques d'introduction parce que je n'étais
pas ici, j'étais en retard. C'est que, et on en a discuté ici, il
y a au moins un député qui est à cette table qui m'a
entendue faire les mêmes remarques. Le problème majeur des femmes
est un problème d'indépendance économique ou d'autonomie
économique, si on veut.
Une voix: Ma femme dit ça aussi.
Mme Lavoie-Roux: À ce même moment, on coupe les
vivres au niveau du soutien des familles et on les incite en même temps
financièrement à avoir plus d'enfants. Une fois que les femmes
ont des enfants, avec le peu de ressources qu'il y a, on sait qu'il est
difficile pour elles d'acquérir cette autonomie, enfin, cette relative
autonomie économique qu'elles pourraient avoir et dont dépend
leur bien-être à court, moyen et particulièrement à
long terme. C'est pour ça que je veux exprimer fortement mon
désaccord avec une telle mesure.
La question que je poserais au ministre est celle-ci: Si, tel qu'il me
l'a dit en premier lieu, avec l'arrivée des enfants -c'est
évident, je pense bien que c'est presque une vérité de La
Palice; quand on a trois enfants, ça coûte plus cher que deux; si
on en a quatre, ça coûte plus cher que trois, normalement en tout
cas - pourquoi le gouvernement n'envisagerait-il pas - et là, je veux
quand même tenter de rester dans les limites qu'il a fixées de
douze ans; il a dit: Peut-être qu'on bouqera pour aller au-dessous de
douze ans - ne permettrait-il pas aux familles qui ont déjà
quatre enfants en bas de douze ans - il y en a passablement, M. le ministre;
vous pourriez peut-être obtenir des statistiques - d'obtenir les
mêmes privilèges que celui qui se prévaut de
l'admissibilité au programme avec un enfant de douze ans et qui,
éventuellement, pourrait en avoir deux
ou trois? Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de le
faire?
Je comprends que ceci courrait se traduire par des sommes d'argent
considérables à verser à un seul moment. Il y aurait lieu,
certainement, que le gouvernement étudie les modalités de support
que vous pourriez donner aux familles qui ont quatre enfants en bas de douze
ans, ou trois ou deux. C'est pour ça que, quand vous nous dites que
c'est une mesure de soutien aux familles, je ne suis pas sûre que c'est
ce que vous voulez bien dire. Je reste très convaincue que c'est bien
plus une mesure d'incitation a la natalité qu'une mesure de soutien
à la famille, parce que, si tel était le cas et que
c'était une mesure de soutien à la famille, vous vous
préoccuperiez également et peut-être encore plus, des
familles qui ont deux, trois ou quatre enfants en bas de douze ans. Ceci les
exclut.
Est-ce que le gouvernement envisagerait - je comprends que vous ne
pouvez peut-être pas, économiquement, aller au-delà des
enfants de douze ans - si vous voulez être au moins logiques... C'est
pour ça que je pense que la formule de soutien à la famille par
le truchement de ceci n'est pas une bonne formule, parce qu'elle exclut des
gens. Si on veut vraiment parler de soutien à la famille et de politique
familiale, il faudrait leur accorder tel ou tel montant vraiment en fonction
des obligations qu'au plan familial les familles assument déjà,
non pas de celles qu'éventuellement elles assumeront.
M. Tardif: II y a beaucoup de questions dans l'intervention de la
députée de L'Acadie. Je voudrais simplement souligner, pour son
renseignement, que, d'après les chiffres que l'on m'a fournis, il y a,
au Québec, 58% des familles qui ont un enfant, 28% qui en ont deux, 10%
qui en ont trois, 2, 6% qui en ont quatre et c'est moins de 1% qui en ont
plus.
Mme Lavoie-Roux: Là, vous calculez les familles de 0
à 18 ans. Je m'excuse de vous interrompre.
M. Tardif: On me demandait combien il y en avait à peu
près dans les catégories; je donne les chiffres qu'on m'a
fournis.
L'autre problème - ça revient à la question
déjà posée par la députée de L'Acadie -
c'est que les ménages qui ont des enfants de 14 ans, 15 ans, 16 ans
peuvent avoir des besoins qui correspondent à leurs charges familiales.
C'est aussi un fait qu'ils ont eu la possibilité, à un moment
donné, de devenir propriétaires de leur logement alors que les
taux d'intérêt étaient à 7%, 8% ou 9%, alors
qu'aujourd'hui, avec des taux de 15%, 16%, 17%, 18%, 19%, 20% le
problème n'est plus le même. À ce moment-là, en
effet, on pourrait peut-être dire qu'on pourrait retourner dans le temps
et essayer d'imaginer un programme qui en couvre plus large, de la même
manière qu'il y a eu, pendant un certain temps, le programme d'accession
à la propriété, le programme d'habitation familiale au
Québec, qui était la fameuse ristourne sur les taux
d'intérêt.
Ce programme a existé de 1948 à 1974 et il a
été aboli par le gouvernement qui nous a
précédés en 1974. II est venu en aide à 110 000
familles québécoises. N'en déplaise au
député de Mégantic-Compton, ce programme a
été administré par la Société d'habitation
du Québec également et a rejoint, encore une fois, 110 000
familles québécoises. Ce programme a rendu un certain nombre de
services à des personnes et il a été aboli. Nous en
créons un qui comporte un certain nombre de volets et de restrictions
qui répondent à des objectifs que nous nous sommes fixés.
Les moyens le permettant, qu'il nous soit possible d'élargir certains
volets, de faire des choix dans certaines directions plutôt que dans
d'autres, d'augmenter les plafonds ou d'augmenter l'âge, ce sont des
choix qu'on pourra faire, à un moment donné, pour bonifier ce
programme. Pas pour le départ.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'en partie le
ministre a compris mon intervention, mais ce que j'essayais de faire,
c'était quand même de rester à l'intérieur des
balises que le gouvernement a voulu se fixer. Je ne demande pas au gouvernement
de faire marche arrière pour des gens qui ont déjà fait
l'acquisition d'une propriété et qui ont deux, trois, quatre ou
cinq enfants; ce n'est pas ça. Je me dis qu'à l'intérieur
des balises actuelles vous pouvez avoir des familles dont l'aîné
aura onze ans, puisqu'il faut être en bas de douze ans, et qui peuvent
avoir deux, trois ou quatre enfants. Vous ne voulez quand même pas qu'ils
en aient sept ou huit? S'ils en avaient trois autres de plus, ils auraient
accès aux 10 000 $, parce que, après avoir acquis leur maison
parce qu'ils avaient un enfant de 12 ans - ils en ont peut-être
même trois ou quatre en bas de 12 ans - ils ont droit à
l'intérêt, mais ce n'est qu'avec l'avènement d'un
cinquième, sixième ou septième, si je mets les chiffres
à la limite, qu'ils auraient accès aux 10 000 $. C'est pour cela
que, quand je vous dis de rester à l'intérieur des balises, je
parle de personnes qui voudraient acquérir une propriété,
qui ont plusieurs enfants en bas de 12 ans et qui, normalement... Si vous en
avez quatre, il y a peu de chances que vous en ayez cinq, six, sept ou huit.
Pour ce groupe, qui ne touche même pas les enfants de 12, 13 et 14 ans,
on pourrait élargir de ce côté. Puisque votre raisonnement
est le soutien à la famille, parce que c'est plus dur quand on a deux,
trois ou quatre enfants que quand on n'en a
qu'un seul ou qu'on n'en a pas, je me dis que, pour être au moins
un peu logique, si vous voulez garder cette orientation qui est davantage une
prime à la natalité qu'un soutien à la famille, il
faudrait que vous accordiez à ces personnes qui veulent devenir
propriétaires, peut-être pas nécessairement les mêmes
choses - cela pourrait être discuté selon d'autres
modalités, pour que cela ne coûte pas trop cher brusquement au
gouvernement - mais qu'elles aussi soient compensées d'une certaine
façon.
M. Tardif: M. le Président, nous avons tenté de
tenir compte de ces représentations de la députée de
L'Acadie de la façon suivante. Ce n'est pas lorsqu'il y a 3, 4 ou 5
enfants déjà, mais, dès lors qu'il y en a 2, le
troisième est immédiatement admissible à la subvention de
4000 $ et non pas de 2000 $. C'est donc une aide accrue, plus grande,
immédiate dans ces cas. Je suis d'accord que cela ne va pas aussi loin
que le réclame la députée de L'Acadie, mais cette
modalité fait que le troisième, parce qu'il y en a
déjà deux dans la maison, c'est immédiatement 4000 $
comptant en subvention de capital et non pas 2000 $.
Mme Lavoie-Roux: J'ai bien compris cela, mais la
différence, c'est que la famille qui a présentement quatre
enfants en bas de 12 ans n'est pas admissible à autre chose -je ne veux
pas dire que c'est négligeable -qu'à une partie du taux
d'intérêt qui varie d'année en année. C'est la seule
chose à laquelle elle a droit. Elle deviendra de nouveau admissible si,
à ses quatre enfants, elle en ajoute un cinquième, un
sixième ou un septième. C'est dans ce sens que je trouve... Je
comprends qu'après le deuxième, tout de suite au
troisième, s'appliqueront les 4000 $ et non pas les 2000 $, vous me
l'avez indiqué. D'ailleurs, je l'ai lu depuis ce temps. Si on veut
vraiment parler de soutien à la famille, il faudra peut-être
l'envisager sous l'angle de la famille qui a déjà des
responsabilités avec trois ou quatre enfants. À un moment
donné, vous arrêtez d'avoir des enfants, M. le ministre.
M. Tardif: C'est là évidemment que d'autres
mesures, comme celle notamment de la prime de disponibilité, viennent
apporter un supplément additionnel d'aide.
Mme Lavoie-Roux: Si on fait tout le tour de la question de la
discrimination et si on retient votre raisonnement de soutien à la
famille dans une politique familiale, c'est peut-être là que la
discrimination me paraît la plus aiguë et la plus difficile pour de
jeunes familles avec plusieurs enfants à supporter.
M. Tardif: Je vais concéder à la
députée de L'Acadie que ce n'est pas par un programme d'accession
à la propriété qu'on peut régler tous les
problèmes d'une politique familiale. Ce qu'on peut faire, c'est de
s'inscrire dans une perspective d'aide à la famille en sus des autres
mesures. C'est ce qu'on tente de faire modestement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Je suis très surpris d'entendre les
propos de la députée de L'Acadie. Je trouve que vous minimisez
l'intelligence de la femme en disant que les femmes vont avoir des enfants pour
2000 $.
Mme Lavoie-Roux: Si le député de L'Acadie veut dire
cela, je vais le renvoyer voir sa femme à la maison... De
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: De L'Acadie? J'ai le bonheur de
représenter le comté de Saint-Hyacinthe, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je ne voulais surtout pas offusquer
le député dans son titre très noble de
député de Saint-Hyacinthe. L'Acadie, ce n'est pas si mal non
plus.
M. Dupré: Comme comté, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même ajouter qu'il reste
que le fait d'ajouter des montants de 4000 $, qu'on le veuille ou non, c'est
une incitation à la natalité. Si ce n'était pas cela, ce
ne serait pas dans ce programme, le support à la famille viendrait dans
un autre programme. Arrêtons de nous conter des histoires. C'est quand
même cela qui sous-tend - que cela apporte un appui à la famille,
j'en conviens, mais si on voulait vraiment avoir une politique familiale et
soutenir la famille, on ne le ferait pas d'une façon discriminatoire
vis-à-vis d'un groupe, sauf s'ils acceptent d'avoir des enfants
supplémentaires. (16 h 15)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Mais tout est discriminatoire de toute façon,
c'est normal.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais bien.
M. Blais: Cela s'applique aux gens qui achètent une maison
après le 1er mai. C'est discriminatoire pour ceux qui l'ont
achetée avant. Il y a toujours une discrimination dans les
règlements et le mot règlement dit, en fait, discrimination.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais là, la
discrimination s'applique à deux familles qui toutes les deux
veulent avoir accès à une propriété selon le
programme qui sera mis en oeuvre par le gouvernement. Dans les deux cas, il
s'agit de jeunes familles, mais une a déjà eu ses enfants; elle
en a déjà trois ou quatre et elle n'a peut-être pas
l'intention d'en avoir cinq ou six. Tandis que l'autre, elle, en a un ou deux
et, dès l'arrivée du suivant, elle a une compensation, si on
veut. C'est peut-être à ce moment-là que j'ai dit que
l'aspect discriminatoire était le plus choquant si on se situe dans une
politique que l'on dit vouloir être de support à la famille.
Mme Harel: Ici, il y a des discriminations qui sont de l'ordre de
la sélection, finalement. Il y a des discriminations qui sont permises,
tolérées, admises dans notre société et il y en a
d'autres qui sont interdites, notamment celles à l'article 10 de la
Charte des droits et libertés de la personne. Il y en d'autres sur
lesquelles la société est moins tolérante.
M. Tardif: Bien! Sur ces remarques fort judicieuses...
Mme Lavoie-Roux:... de la gent féminine.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Au paragraphe 16, section V, vous parlez de la
façon dont vous allez payer les subventions, dont la
société va payer les subventions. D'après le
règlement, "la société verse périodiquement au
bénéficiaire la subvention en rabais d'intérêt". Je
voudrais que le ministre explicite ce que veut dire périodiquement parce
que, si la subvention n'est pas versée mensuellement, il y aura un autre
effet négatif pour ceux qui ont droit d'accéder à la
propriété. En effet, la compagnie prêteuse, pour
évaluer la capacité de la personne à payer
l'hypothèque, prendra en considération le fait qu'il devra
financer lui-même. Cela veut dire que vous réduisez encore le
nombre de ceux qui auront le droit d'avoir accès au programme. Si, par
exemple, vous le payez tous les six mois, la première année, 2000
$, c'est 165 $ par mois, cela veut dire que le salaire de celui qui aura
accès au programme doit être plus élevé, tandis que
si vous stipulez que les versements seront faits mensuellement, je crois que
vous allez l'aider en ce sens qu'il n'aura pas besoin d'avoir un salaire
additionnel et la compagnie prêteuse prendra cela en
considération.
M. Tardif: Nous sommes présentement à voir cette
question, aussi bien au niveau de l'implantation du programme que de son
informatisation et en consultation avec les institutions financières.
L'objectif serait d'en arriver à une telle périodicité.
Néanmoins, ce que l'on constate, c'est qu'il y a des frais à
l'émission de chèques par la machine administrative. À
partir de quel moment devient-il plus encombrant de faire des émissions
de chèques mensuelles ou encore de faire des émissions
trimestrielles, mais pour les trois mois à venir, ce qui
éliminerait le problème mentionné par le
député? Ce que je dis, c'est que nous en sommes, après
l'adoption des grands principes de ce règlement, de ce projet, à
l'opérationnalisation. C'est l'objectif que nous visons, à savoir
la plus grande périodicité possible, compte tenu des autres
contraintes administratives que cela peut imposer et sans s'embarquer dans une
bureaucratie ou un "red tape". Alors, cela pourrait être
l'émission de quatre chèques, mais pour les trois mois à
venir, par exemple. Des choses comme ça.
M. Ciaccia: Auriez-vous objection à le dire ou à
amender votre règlement pour qu'il reflète cette intention?
M. Tardif: Absolument pas. Il y a de fortes chances qu'au moment
où le règlement va être imprimé, ceci aura
déjà été précisé.
M. Ciaccia: Avec le résultat que vous vous engagez
à ce que les paiements ne seront pas faits en retard, mais, même
s'ils ne sont pas faits mensuellement, au moins, ils seront faits d'avance.
Est-ce que c'est ce à quoi vous vous engagez?
M. Tardif: Nous allons mettre tout en oeuvre, M. le
Président, et je voudrais que ce soit consigné au
procès-verbal, pour qu'il n'y ait pas de paiements faits au
détriment des bénéficiaires à partir du moment
où la machine est en marche.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions? M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Toujours dans le même article. Le
chèque sera-t-il payable à l'individu ou à l'institution
prêteuse?
M. Tardif: Dans le cas de la subvention à rabais
d'intérêt, c'est à l'individu.
M. Bélanger: Je comprends que le gouvernement veuille
assurer une présence dans les foyers avec la fleur de lys, mais il reste
une chose; si vous envoyez un chèque, comme vous l'avez dit, M. le
ministre, trois mois avant à un propriétaire qui, lui, pour un
besoin quelconque, doit changer de voiture, la réparer et qu'il le
fait...
Une voix:...
M. Bélanger: Non, non, et que, par la suite, l'institution
prêteuse doit lui faire une mise en demeure de 90 jours, je crois qu'il
serait préférable, à mon avis, d'émettre le
chèque directement à l'institution prêteuse. Encore une
fois, cela assure une confiance à l'acheteur et on est assuré que
l'argent que le gouvernement doit dépenser servira bel et bien à
payer la dette hypothécaire de la propriété en
question.
M. Tardif: Je prends bonne note du fait que le
député de Mégantic-Compton nous prête des motifs
bassement politiques, mais, ceci dit, nous avons fait cette démarche
auprès des institutions financières pour leur verser à
elles les mensualités et elles ne sont pas du tout
intéressées à recevoir deux chèques en paiement des
mensualités, l'un venant du bénéficiaire et l'autre du
gouvernement. Nous sommes ouverts à une telle possibilité. Nous
allons tout simplement la négocier avec les institutions en question. Ce
serait peut-être, administrativement, à tout le moins - oublions
l'aspect politique -facile, même en termes de coûts pour le
gouvernement, d'émettre un chèque global à une institution
financière couvrant un certain nombre de cas, mais ce que je dis, c'est
que c'est une chose qui doit se négocier avec les institutions. Pour
l'instant, elles nous ont laissé entendre qu'elles n'étaient pas
intéressées à cette forme de paiement.
M. Bélanger: M. le Président, c'est
extrêmement important. Ce n'est pas la question de dire que je ne fais
pas confiance aux Québécois. Non, ce n'est pas vrai, je fais
confiance aux Québécois, mais il reste une chose. Le
créancier hypothécaire, lui, fait beaucoup moins confiance. C'est
donc dire qu'il ne prendra pas en considération le fait qu'il
reçoit un subside s'il n'est n'est pas assuré que ce subside sera
pour le remboursement de la dette. C'est donc dire que, si vous ne voulez pas
émettre à la société prêteuse ou si les
sociétés prêteuses ne veulent pas, peut-être y
aurait-il lieu d'émettre le chèque conjointement à
l'acheteur et à la société prêteuse. Mais il est
évident que la société prêteuse ne pourra pas tenir
compte d'un subside si ce subside n'est pas indirectement
protégé.
M. Tardif: Encore une fois, je prends note des
représentations du député. Les institutions
financières nous ont, au contraire, fait valoir qu'il fallait faire
confiance à leur clientèle habituelle, mais, encore une fois, on
est ouvert là-dessus.
M. Bélanger: M. le ministre, je m'excuse d'insister, mais
il est évident que le gérant qui fait un prêt
hypothécaire - un gérant de banque ou un gérant de caisse
-doit être beaucoup plus tenté ou porté de faire le
prêt s'il est assuré qu'une part est assumée par le
gouvernement, alors qu'autrement, il n'en est pas assuré. Il dit:
L'individu va recevoir son chèque, c'est évident, mais il n'est
pas assuré que cette somme d'argent servira vraiment à cela.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur la
section V?
Modalités d'inscription
Je passe maintenant à la section VI. M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Vous parlez, dans la
section VI, M. le ministre, d'un certificat d'admissibilité. Est-ce
absolument nécessaire? Est-ce que ça n'ajoute pas à la
bureaucratie, à la paperasserie de la société? Est-ce que
cela ne sera pas seulement... Vous émettez un chèque si la
personne se qualifie ou non. Quelle est la nécessité d'un
certificat d'admissibilité?
M. Tardif: C'est aussi à la suite des
représentations des institutions financières que celles-ci ont
demandé d'être assurées d'abord, avant de consentir le
prêt, que la personne serait admissible à l'aide consentie et,
à ce moment-là, on pourra donc lui consentir le prêt. Elles
ont demandé qu'il y ait cette forme de certification émise par la
SHQ disant: En effet, nous avons étudié votre demande, vous
êtes admissible à... Voilà, c'est tout.
M. Ciaccia: Vous parlez d'un formulaire mis à la
disposition des bénéficiaires.
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: Est-ce que la société a
complété ce formulaire? La raison pour laquelle je le demande,
c'est que, dans d'autres projets de loi, quand vous nous avez donné
lecture des règlements, on s'est aperçu que vraiment les
questions qui étaient posées étaient tellement complexes,
pas simples que ça décourageait la personne de vraiment faire une
demande ou de continuer à remplir son formulaire. Je vous
réfère plus particulièrement au programme d'isolation des
maisons; c'était presque impossible pour une personne de vraiment
compléter ce formulaire; même ça se reflétait dans
le nombre de personnes qui ont fait une demande en tenant compte du pourcentage
total qui était admissible.
Avez-vous un tel formulaire? Pouvez-vous nous assurer que ça va
être un formulaire assez simple? Par exemple, quelles sortes de
pièces justificatives allez-
vous demander, des actes notariés, des choses
assermentées, etc., ou si vous allez vous limiter à quelque chose
de très simple qui peut être complété par le plus
simple des citoyens?
M. Tardif: M. le Président, le formulaire n'est pas fait.
On comprendra qu'il fallait d'abord que les grandes articulations du programme
soient arrêtées avant. Ce que nous avons prévu, de
façon sommaire, c'est d'exiger effectivement le minimum de
renseignements requis pour pouvoir fonctionner. Qu'est-ce que c'est le minimum
de renseignements? Ce sont les renseignements sur la personne du
bénéficiaire, de son conjoint et de ses enfants, puisque
ça fait partie des conditions; ça contient des renseignements sur
la propriété achetée, sur l'acte d'achat ou
d'hypothèque comme tel, ça contient une espèce de
déclaration du propriétaire ou du bénéficiaire
disant: Je n'ai jamais été propriétaire de...
M. Ciaccia: Lisez-vous le formulaire actuellement?
M. Tardif: Non, je ne lis pas le formulaire; je lis des notes
tapées à la machine quant à ce que ça devrait
contenir. Cela contient aussi un certificat du prêteur ou du notaire pour
justement pouvoir s'appuyer sur la valeur, le certificat disant: Je certifie
que la valeur de cet immeuble est de... C'est le minimum de renseignements qui
nous semblent requis. Je suis bien conscient de l'objectif qui doit être
de simplifier au maximum, mais on comprendra aussi qu'avant d'accorder une
subvention de 5500 $ on exige un minimum de renseignements. Mais je suis tout
à fait d'accord qu'on doit faire un effort pour réduire ça
au strict minimum.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Est-ce que le ministre peut nous indiquer le
temps requis pour l'acceptation d'un acheteur éventuel? Parce que je
présume que les constructeurs devront faire des offres d'achat
conditionnelles à l'acceptation par la Société
d'habitation du Québec. C'est donc dire que, au rythme où
augmentent le coût des maisons actuellement et les taux
d'intérêt, c'est extrêmement important de pouvoir dire
à notre acheteur: Dans tant de jours, tu pourras être
accepté ou être refusé.
M. Tardif: Je ne peux pas le préciser. On me dit que ce
qui est visé, ce seraient des délais inférieurs à
une dizaine de jours. Maintenant, l'objectif est de procéder par
mécanographie, en informatisant le tout. Au début, nous devrons
procéder à la mitaine et, en même temps, bâtir le
système informatique qui, lui, devrait nous permettre normalement de
sortir le tout assez rapidement.
M. Ciaccia: C'est important, M. le Président, de maintenir
le délai à dix jours et moins parce que, dans la plupart des cas,
même quand une demande est faite pour une hypothèque, il y a
certaines compagnies qui ne qèleront pas le taux jusqu'à ce qu'on
donne une lettre d'engagement, mais il y a quelques compagnies qui sont
prêtes à geler le taux pour dix jours après que la demande
est faite. Vu les changements...
M. Tardif: Nous essaierons de respecter les délais...
M. Ciaccia:... presque quotidiens des taux
d'intérêt, je pense qu'il est important que vous donniez votre
réponse dans les dix jours.
M. Tardif: D'accord. Nous essaierons de respecter les
délais qui ont cours présentement dans le milieu immobilier,
c'est-à-dire à partir du moment d'une offre d'achat. (16 h
30)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, est-ce que vous avez
aussi l'intention de tenir compte des constructeurs d'habitation qui sont des
spécialistes, dans ce sens que peut-être qu'on pourrait leur
accorder une attention spéciale au lieu d'aller à tour de
rôle... Peut-être que le constructeur qui produit 100, 150 ou 200
maisons par année pourrait avoir un fichier, sachant exactement la
moyenne du prix de ses maisons, etc. Cela deviendrait d'autant plus facile pour
la Société d'habitation. Lorsque vous recevez une demande en
provenance d'un constructeur de la région de
Sainte-Thérèse, de Fabreville, de l'ouest de Montréal,
vous connaissez déjà le projet. Est-ce que vous avez l'intention
de porter une attention spéciale à ces constructeurs qui sont des
professionnels de l'habitation, afin de ne pas les traiter comme l'individu qui
vend sa maison parce qu'il trouve que le chien du voisin est tannant?
M. Tardif: C'est bien sûr, M. le Président, que nous
comptons mettre à profit toute l'expertise professionnelle dont font
preuve et que possèdent les constructeurs d'expérience. Il est
bien évident que, dans le cas d'un projet domiciliaire qui comprendrait
un certain nombre de logements où il y aurait eu une espèce de
dévaluation globale du projet... On sait que les projets dans tel
secteur se vendent à tel prix, que ça répond aux
normes de densité, etc., autant de recherches de moins à faire
et, en principe, de rapidité dans le projet, mais...
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Ciaccia: Pas sur la section VI.
Le Président (M. Laplante): J'appelle la section VIl.
M. Ciaccia: Pas de questions, pas de commentaires.
Le Président (M. Laplante): Pas de questions.
J'appelle la section Vlll.
Entrée en vigueur
M. Ciaccia: Section Vlll, M. le Président, quand le
ministre prévoit-il la publication des règlements? Je sais que
c'est rétroactif d'une façon décevante pour ceux qui
tenaient déjà pour acquis que le programme serait en vigueur
depuis le premier mai, mais il y a eu certains changements. Spécialement
pour les maisons déjà construites, ça ne s'appliquera pas
avant que la publication des règlements soit faite. Quand
prévoyez-vous que les règlements seront publiés?
M. Tardif: Ce que je peux répondre au député
de Mont-Royal, c'est le plus tôt possible et cela nous situe de
façon réaliste vers le mois de novembre, pour que ce soit en
place. Ce n'est pas uniquement une question de dire: Le règlement est
rédigé de façon finale et il est imprimé dans la
Gazette; ça suppose également qu'à partir du lendemain
matin, on appuie sur le bouton et que la première demande qui entre est
analysée, elle est passée dans la machine, le certificat est
émis et que les ententes sont conclues avec les institutions
financières. Or, tout ceci, parce qu'il y a eu quand même
consultation avec les institutions financières, les compagnies qui font
de l'assurance hypothécaire, l'association des constructeurs
d'habitation, l'Union des municipalités du Québec, et j'en passe.
Nous avons tenté de rencontrer le plus grand nombre d'intervenants
possible, il en reste d'autres à voir et il nous faut... Encore une
fois, si c'était uniquement la question d'imprimer le règlement
et de dire: II entre en vigueur... Mais, à partir du moment où il
est imprimé, il faut appuyer sur le bouton et il faut que la machine
à émettre les chèques soit en mesure de fonctionner. On
comprendra que cela demande un certain temps.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres
commentaires? Sur ce, j'ai trouvé l'expérience...
M. Ciaccia: Juste un commentaire final. Le Président
(M. Laplante): D'accord.
M. Ciaccia: En conclusion, nous avons fait certains commentaires
ce matin, certaines critiques sur le règlement. Nos commentaires n'ont
pas changé substantiellement parce que le ministre n'a pas vraiment
chanqé de façon substantielle les règlements. Vous avez
fait quelques petites modifications. En conclusion, on peut dire que nous de
l'Opposition officielle sommes déçus du programme contenu dans le
règlement. C'est encore moins que ce qui nous avait été
représenté. Nous trouvons que les critères sont
restrictifs et même l'Association provinciale des constructeurs
d'habitations du Québec a souligné dans son mémoire que,
sans certains changements... C'est une critigue assez sévère.
Elle dit, à la page 16: " Indépendamment de la conjoncture
économique actuelle, l'adoption de ces trois éléments"...
Ces gens parlaient de l'élément un enfant de douze ans ou moins,
de l'inclusion du prix du terrain à la valeur du logement et du
critère de la densité. Vous avez amendé pour un an le
critère de la densité. Toutefois, le commentaire est le suivant:
"L'adoption de ces trois éléments tels que proposés
rendrait totalement inopérant le programme". Je crois que c'est un
commentaire assez sévère. Cela confirme les critiques que nous
avions faites en deuxième lecture, cela confirme le genre de
recommandations que nous avons faites au gouvernement pour essayer d'amender
son programme pour le rendre accessible à tout le monde.
Ils ont fait certaines recommandations que je cite: "En
conséquence, nous recommandons que la seule contrainte soit celle des
prix maxima suggérés et proposons que cesdits maxima soient
indexés annuellement à la suite de consultations avec l'APCHQ".
Les changements que le ministre a acceptés cet après-midi,
strictement sur la question de retarder l'application de la densité,
cela ne changera pas substantiellement, d'après moi, les commentaires
assez sévères que l'association a faits. Je crois que le temps va
nous dire si vraiment ce programme a atteint ses objectifs, mais nous ne le
croyons pas et cela nous est confirmé par une association d'experts en
la matière.
M. Tardif: On me permettra de m'appuyer également sur
l'association d'experts en la matière que constitue l'APCHQ pour citer
un passage de son mémoire où on dit que "le programme d'accession
à la propriété présenté par le
gouvernement du Québec représente, à n'en pas
douter, un pas dans la bonne direction". Je n'ai pas l'impression ni la
prétention d'avoir franchi tous les pas; c'est un premier pas dans la
bonne direction.
Quant à la demande d'indexation annuelle des prix plafonds, je
m'engage ici même à consulter effectivement dans l'année -
et peut-être même avant - l'association sur cette question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Il est
évident que l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec est formée de gens très polis, très qentils
même. C'est pour cela, M. le ministre, que vous retrouvez un paragraphe
semblable dans son mémoire.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tardif: Parlez-vous au nom de l'association?
M. Bélanger: Puisque c'est le programme que nous avons et
que c'est celui avec lequel il faudra vivre, j'espère qu'il sera mis en
application dans le plus bref délai possible. Je voudrais surtout mettre
le ministre en garde. Il ne faut pas croire que le problème de
l'habitation au Québec est résolu du fait qu'on a un programme,
qu'on l'appelle d'accession à la propriété ou nataliste;
il y a beaucoup de chemin à faire au Québec, on a beaucoup de
retard à combler dans le domaine de l'habitation.
Je ne voudrais pas blâmer seulement le gouvernement actuel parce
que les autres gouvernements précédents n'ont pas fait beaucoup
non plus pour aider l'habitation au Québec.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bélanger: Y compris le mien!
Mme Lavoie-Roux: On ne sait jamais où sont les amis,
n'est-ce pas?
M. Bélanger: Le ministre, tantôt, a fait allusion
à un programme provincial instauré dans les années
soixante-neuf ou soixante-dix; j'espère que ce programme-ci ne sera pas
à l'image de celui-là alors qu'on donnait 13 $ par mois, payables
semi-annuellement, en imposant des restrictions aux constructeurs dont la
plupart ne se sont jamais souciés parce qu'il aurait été
insensé de se soumettre à toutes ces restrictions pour que
l'acheteur puisse recevoir 13 $ semi-annuellement.
J'espère que celui-ci sera plus fonctionnel et que le ministre
continuera - il a quand même la responsabilité de l'habitation, on
l'appelle maintenant le ministre de l'Habitation au Québec - de se
soucier de l'habitation qui est, en même temps, la meilleure façon
de relancer l'économie dont on a tant besoin actuellement au
Québec.
M. Tardif: Je prends note des propos du député en
présumant qu'il parlait en son nom, de député de
Mégantic-Compton et non pas au nom de l'APCHQ.
M. Ciaccia: Au nom de l'Opposition?
M. Tardif: Je laisse le soin au député de
Mont-Royal d'évaluer s'il parlait au nom de l'Opposition ou pas.
Il reste qu'au sujet du programme d'habitation familiale, quand il dit
que cela rapportait des chèques de 13 $ par mois, il faut quand
même se rappeler qu'il a été conçu à une
époque où le coût moyen des maisons était
inférieur à 10 000 $ et où le taux d'intérêt
était de 5%, M. le Président. Je voudrais quand même...
Mme Lavoie-Roux: On vous remercie, M. le ministre.
M. Tardif: Je veux quand même, encore une fois, remercier
les députés qui sont venus nombreux aux travaux de cette
commission. J'ai mentionné les fonctionnaires, au pluriel; c'est
beaucoup, c'est presque un abus des choses que de parler du pluriel des
fonctionnaires du ministère. Mais il y a aussi ceux de la
Société d'habitation du Québec qui ont travaillé au
cours de cette période estivale à la mise au point de ce
programme.
Je voudrais terminer. Le député de Mégantic-Compton
a dit: J'espère que le gouvernement permettra de rattraper les retards
au Québec. Il ne faudrait quand même pas être masochiste au
point de penser que la situation est tellement pire qu'ailleurs. Quand je
regarde la situation de l'habitation et du logement dans le reste du Canada, et
quand on sait que le prix des maisons dans la région de Toronto,
d'Edmonton, de Calgary et de Vancouver est de deux fois à trois fois ce
qu'il est ici pour une maison égale, je pense qu'il fait bon vivre et
habiter au Québec. Merci.
Le Président (M. Laplante): Avant de terminer, j'aurais un
grain de sel à mettre. C'est la première expérience qu'on
a depuis... Je serai très neutre dans mes commentaires, c'est que, en
quatre ans et demi, c'est la première fois qu'on a la chance, comme
députés, je crois, d'étudier la réglementation
d'une loi. Je trouve cela très valable et je souhaiterais que cela
revienne aux députés pour d'autres grandes lois, pour
que le rôle du député soit revalorisé encore
une fois par ces moyens. Qu'il y ait un retour aux législateurs dans la
réglementation. Sur ce, les travaux sont ajournés sine die et je
prie le rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse...
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vois pas de quelle façon cela nous
revalorise plus que le travail régulier, en commission parlementaire
parce que cela me semble du pareil au même.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas de commentaire
là-dessus. Je vous fais une remargue personnelle, c'est-à-dire
que c'est revalorisant pour les députés, je pense, de prendre
connaissance en commission parlementaire de la réglementation d'une
loi.
M. Ciaccia: C'est du pareil au même, dans le sens qu'on
fait des sugqestions et que le gouvernement les refuse.
Le Président (M. Laplante): Je vous laisse
là-dessus, ce ne sont pas mes commentaires. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 43)