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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez prendre vos sièges. La commission de
l'habitation et de la protection du consommateur se réunit afin
d'étudier les prévisions budgétaires de ce
ministère pour l'année 1982-1983, programme par programme.
Les membres de cette commission sont: MM. Bélanger
(Mégantic-Compton), Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Blais
(Terrebonne), Blank (Saint-Louis), Ciaccia (Mont-Royal), Dupré
(Saint-Hyacinthe), Gravel (Limoilou), Guay (Taschereau), Mme Harel
(Maisonneuve) remplacée par M. Paré (Shefford), Mme Lachapelle
(Dorion), M. Mathieu (Beauce-Sud), remplacé par M. Kehoe (Chapleau), M.
Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne)
remplacé par M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Bordeleau
(Abitibi-Est)...
M. Blais: ...
Le Président (M. Laplante): M. Blais, vous êtes
membre, vous remplacez M. Bisaillon.
M. Blais: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Comme intervenant, M. Blais,
vous êtes remplacé par M. Bisaillon (Sainte-Marie). D'accord?
M. Blais: Ah! C'est compliqué.
Le Président (M. Laplante): MM. Bordeleau (Abitibi-Est),
Dean (Prévost) remplacé par Marquis (Matapédia), Lavigne
(Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Maciocia (Viger), M. Paré
(Shefford) remplacé par Mme Harel (Maisonneuve), M. Sirros
(Laurier).
Je voudrais avoir un rapporteur, s'il vous plaît.
Mme Lachapelle: Je propose M. Maurice Dupré.
Le Président (M. Laplante): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe).
Avant d'appeler les programmes, M. le ministre, vous avez un
commentaire.
Exposés généraux M. Guy
Tardif
M. Tardif: Commentaire, pas plus qu'il n'en faut, M. le
Président, si ce n'est pour dire que le ministère dont j'ai
l'honneur d'être le titulaire responsable n'a même pas une
année d'existence, et comme tel ce n'est pas au titre du
ministère lui-même qu'on retrouvera donc le gros des
crédits.
En effet, c'est au mois de juin dernier que l'Assemblée nationale
adoptait la loi créant le ministère, et regroupant quatre
organismes existants, c'est-à-dire la Société d'habitation
du Québec, la Régie du logement, la Régie des entreprises
en construction et l'Office de la protection du consommateur, donc quatre
organismes qui continuent d'exister, d'être régis par leur loi
propre, d'avoir leur finalité propre, d'avoir leur conseil
d'administration, le ministère étant, évidemment, à
l'égard de ces organismes un peu celui qui coordonne - sa loi lui en
fait une obligation, d'ailleurs - qui planifie, qui dirige, qui conçoit
les politiques qui seront éventuellement traduites en programmes et
administrées par ces organismes.
Je dois dire que pour l'instant nous avons dû puiser, au
ministère, puisqu'il y a très peu de ressources, sur les
ressources qu'on retrouve présentement dans ces organismes. Nous avons
ici ce matin deux de ces organismes, c'est-à-dire la
Société d'habitation du Québec et son nouveau
président, M. Bernard Angers, et les membres de cette
société, le personnel. Nous avons également la
Régie du logement qui est ici représentée également
par son nouveau président, M. Houde. (10 h 15)
Nous avons pensé, histoire de ne pas faire attendre
indûment les gens, que les représentants de l'Office de la
protection du consommateur et de la Régie des entreprises en
construction pourraient être ici demain. Si la commission tenait à
ce qu'ils soient présents aujourd'hui, d'accord, mais je pense bien que
le temps dont nous disposons ce matin sera rempli par l'étude des
crédits de ces deux organismes.
Évidemment, si on regarde ce qui apparaît au budget du
ministère - je terminerai là-dessus - de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, on constate
qu'il y a des crédits de l'ordre de 253 252 600 $. Cependant, si
on fait la répartition de cela, on constate immédiatement que
l'organisme qui, de loin, consomme le gros du budget, c'est la
Société d'habitation du Québec qui consomme près
90% de ces sommes, avec 227 671 200 $. La Société d'habitation
suit la Régie du logement avec 11 399 400 $ qui tombent -et alors
là, on est dans un autre ordre de grandeur - à 4,5% du budget du
ministère.
En troisième lieu, nous retrouvons l'Office de la protection du
consommateur, avec 8 800 000 $ qui représentent 3,5% du budget; la
Régie des entreprises de construction, avec son budget de 3 600 000 $,
représente 1,4% du budget et, finalement, si j'exclus pour l'instant les
crédits permanents de la Loi sur l'habitation familiale, il y a le
ministère comme tel, dont le budget est moins de 0.5%. J'imagine que ces
ordres de grandeur, que tout le monde aura notés, sont peut-être
ce qui commande l'ordre dans lequel nous allons procéder. Et
précisément, la SHQ à cause de l'importance qu'elle a au
sein du ministère, nous avons convenu tout à l'heure, avec le
représentant de l'Opposition de commencer par cette
société, si les membres de la commission n'y voient pas
d'inconvénient. Donc, M. le Président, je suis à la
disposition des membres de cette commission pour répondre aux questions
qu'ils voudront bien poser sur tous les organismes, mais
particulièrement en commençant ce matin par la
Société d'habitation du Québec et, subséquemment,
la Régie du logement. Voilà brièvement, M. le
Président, ce que je voulais dire en guise d'introduction.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, quelques remarques
préliminaires avant d'aborder l'étude des crédits et des
programmes du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur.
Il y a onze mois, M. le Président, le lieutenant-gouverneur
sanctionnait la loi créant le ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. C'était le 18 juin 1981. Je crois que tout
le monde avait espoir qu'enfin le secteur de l'habitation allait avoir un
promoteur, un défenseur et des politiques qui devaient aider le secteur
de l'habitation qui passait à ce moment-là et qui continue de
passer par une des pires crises de récente histoire.
Les Québécois espéraient enfin voir
apparaître l'ombre d'une véritable politique de l'habitation. Je
crois, M. le Président, qu'on a tous été
déçus. Le bilan que nous allons tracer pourrait très bien
s'intituler "Un ministère un an après" ou bien "Un ministre six
ans plus tard".
Dans la loi no 7, par exemple, créant le ministère, il y a
deux préoccupations. Une première touche l'habitation au
Québec et une seconde est relative à la protection des
consommateurs québécois. Mon collègue de Chapleau, qui
s'intéresse d'une façon toute particulière à la
protection du consommateur et aux problèmes des victimes de la MIUF, se
chargera de cet aspect du ministère dont nous aborderons l'étude,
je crois, demain matin. Bien que mon intérêt pour la protection du
consommateur soit aussi vif que celui du député de Chapleau, avec
le peu de temps que nous avons pour l'étude des crédits, je veux
m'attarder ce matin à tracer un certain bilan du ministère et du
ministre sous l'angle de l'habitation au Québec.
Parlons de la Régie du logement. À l'automne 1979,
l'Assemblée nationale adoptait la loi no 107 instituant la Régie
du logement. Celle-ci offrit ses services à la population à
l'automne 1980 et, presque aussitôt, ce fut l'engorgement.
L'ex-président, M. Chapdelaine, l'a reconnu dans son premier rapport
annuel et il a déterminé qu'en partie, c'était l'article
573 de la loi no 57 qui était une des sources de cet engorgement, mais
non pas la seule cause.
Comme cette régie venait légalement chambarder les
relations entre les locataires et les propriétaires et que la Cour
suprême a rendu un jugement déclarant inconstitutionnelle la
régie ontarienne du logement, il n'en fallait pas plus pour que
quelqu'un décide de tester la constitutionnalité de notre
régie québécoise. Un jugement a déjà
été rendu par la Cour supérieure du Québec
déclarant inconstitutionnels les pouvoirs exercés par la
régie, à l'exception d'un seul. Je comprends que le gouvernement
ait aussitôt interjeté appel de ce jugement. Il fallait qu'il le
fasse, sinon les relations locataires-locateurs seraient devenues une jungle
pire que celle créée par la loi instituant la régie.
Cependant, le ministre, en allant en appel, ne fait que retarder
à des fins politiques les effets néfastes qu'engendrera un
jugement final que l'on peut présumer. On ne fait que retarder les
problèmes, on ne résout pas les problèmes qui existent
maintenant. On va les compliquer. Le ministre est ancré dans un
immobilisme qui semble être une caractéristique de ce gouvernement
depuis le 13 avril. Au lieu de promouvoir des politiques, on fait plutôt
strictement de l'électoralisme. On n'agit pas au profit de la
population, on regarde toujours ce qui est politiquement rentable et on ne
résout pas les problèmes. Le seul temps où le gouvernement
sort de son immobilisme, c'est pour augmenter les taxes, parce qu'il est pris
avec des déficits sans
précédent, alors il faut absolument faire quelque
chose.
Telle que présentement constituée, la régie ne
répond pas adéquatement aux besoins des intéressés.
Une refonte en profondeur est nécessaire. Le gouvernement avait
même laissé entendre, l'année dernière, que cette
refonte serait préparée et présentée à
l'Assemblée nationale dès ce printemps pour être
adoptée possiblement avant l'automne prochain. Il est plus que temps que
le ministre révise sa loi pour la rendre conforme à la
constitution et protéger adéquatement les locataires. Une fois ce
geste raisonnable posé, sans prendre ni les locataires ni les
Québécois en otage, le ministre devrait s'asseoir avec ses
homologues fédéraux pour régler l'aspect constitutionnel
de cette loi et doter le Québec d'une véritable régie pour
harmoniser les relations entre les locataires et les propriétaires.
Je comprends qu'il y a des difficultés constitutionnelles, je
comprends que le Parti québécois a certaines options
constitutionnelles...
M. Tardif: L'Ontario aussi!
M. Ciaccia: ... l'Ontario aussi sur cette régie. Mais cela
n'aide pas les locataires. La seule façon de régler le
problème, c'est de collaborer, de vous asseoir avec votre homologue au
gouvernement fédéral. Le Québec peut rédiger,
légiférer, réaménager sa loi et, s'il faut une
intervention du gouvernement fédéral pour la rendre
constitutionnellement valable, je ne crois pas qu'il devrait y avoir des
difficultés de votre part. Cela aiderait à résoudre le
problème parce qu'un des aspects concerne, par exemple, la Cour
supérieure qui est de juridiction fédérale. Je crois que
ce serait très facile, avec de la bonne volonté, de s'asseoir
avec le fédéral. Vous rédigez votre loi et vous dites:
Écoutez, rendez cet aspect légal par une intervention
fédérale. Cela n'empêche pas des solutions à long
terme, plus tard, quant à la révision de la constitution, mais en
attendant, au moins, on aura fait un pas pour résoudre les
problèmes qui existent devant la régie. La loi de la
régie, je crois, aurait besoin d'une refonte, même avant cette loi
qui a été déclarée inconstitutionnelle. La
décision de la Cour supérieure a seulement compliqué
davantage la situation juridique, mais cela ne change pas le fond du
problème, parce que c'est une loi qui ne plaît ni aux locataires
ni aux propriétaires. On a l'impression que la régie s'est
substituée aux propriétaires. Dans d'autres pays où il y a
eu des restrictions aussi sérieuses que la présente régie,
on en est arrivé à une situation où il y a eu un
marché noir dans le logement, où il y a eu une
détérioration dans les conditions des logements. On s'en va dans
cette direction. Vous voyez le taux de vacance; c'est vrai que c'est dû
partiellement aux hauts taux d'intérêt, mais aussi il n'y a pas
d'intérêt de la part des investisseurs à cause des
difficultés qui existent avec la régie, qui découragent la
construction de nouveaux bâtiments. C'est là un
phénomène qu'on a vu dans d'autres endroits et qu'on commence
à voir ici.
La loi 107, qui a créé la Régie du logement, a eu
un effet très négatif sur les relations entre
propriétaires et locataires. On n'a jamais vu autant de confrontations
de groupes de locataires qui se sont réunis pour combattre les
propriétaires, de groupes de propriétaires qui mènent des
guérillas judiciaires, véritablement, pour essayer de
réduire ou d'attaquer légalement le fonctionnement de la
régie.
Je crois franchement, M. le ministre, que c'est une situation intenable.
Nous sommes prêts à collaborer avec vous. On ne mettra pas
d'obstacle sur votre chemin, on est prêt à collaborer pour
réviser cette loi, pour que vraiment justice soit faite, pour qu'on
rétablisse une situation beaucoup plus harmonieuse entre les locataires
et les propriétaires. On reçoit beaucoup de plaintes des deux
groupes et on en portera à votre attention durant l'étude des
crédits.
L'autre aspect est la Société d'habitation du
Québec. Au printemps 1975, le rapport Gilbert sur l'administration de la
Société d'habitation du Québec est remis au ministre
Goldbloom. Ce rapport est rendu public au cours de l'été 1975. Le
ministre nomme un nouveau président de la Société
d'habitation du Québec avec le mandat précis de faire le
ménage. Mais survient une élection et un nouveau ministre. Alors,
aussitôt en poste, le ministre nomme de nouveaux administrateurs, ce qui
n'a pas enlevé les espoirs de changement et de nettoyage à la
société d'habitation. Le 25 novembre 1980 éclate, à
l'Assemblée nationale, ce qu'il et convenu d'appeler le scandale de la
Société d'habitation du Québec. Je crois que le
ministre...
M. Tardif: Le scandale des députés de
Marguerite-Bourgeoys et de Mont-Royal.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous aurez un droit de réplique, M. le ministre.
M. Ciaccia: Je ne ferai pas de commentaires parce que je ne veux
pas un autre "mistrial", M. le Président. Je ne ferai pas de
commentaires sur les rapports du Vérificateur général et
sur tous les autres aspects. Je crois que, franchement, vous ne devriez pas, M.
le ministre, essayer de créditer la description que Mme Lise Payette a
faite dans son livre. Franchement, dans ce
dossier, votre nai'veté vous a fait dire que vous avez appris ce
qui se passait à la Société d'habitation du Québec
par les questions du député de Marguerite-Bourgeoys. Du
même souffle, vous avez rejeté la responsabilité sur
l'ancien gouvernement, l'accusant même de ne pas avoir mis en pratique le
rapport Gilbert. On pourrait demander: Qu'a fait le ministre avec le rapport
Gilbert, de 1976 à 1980? Je pense qu'il n'a rien fait. Le refus
systématique du premier ministre de décréter une
enquête publique sur ce dossier, le refus du ministre de la Justice de
rendre public le rapport d'enquête qui nous aurait permis
d'élucider toute la question des pots-de-vin, les basses attaques du
premier ministre, même celles du ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur contre un homme à qui la seule critique qu'on
peut faire, c'est qu'il a eu le courage de dénoncer les
irrégularités commises à la Société
d'habitation du Québec, font que ce scandale est encore existant, est
encore chaud et non résolu. (10 h 30)
Le résultat de ce scandale, eh bien! c'est un départ et
une arrivée. Le départ de l'ex-président avec une prime de
séparation de 471 000 $, comme on l'a déjà décrit,
pour sa complaisance dans les faits de la Société d'habitation du
Québec, dans l'administration des faits du ministre et du gouvernement.
L'arrivée, c'est la nomination de M. Bernard Angers, à qui nous
souhaitons sincèrement bonne chance. Le nouveau président nous a
produit un rapport succinctement honnête sur la division des
réparations majeures.
M. le Président, le scandale est encore chaud et non
résolu parce que, sur le plan administratif, la lumière a
été faite grâce aux révélations de
l'Opposition, aux deux rapports du Vérificateur général et
au rapport de M. Angers. Sur le plan de la responsabilité politique et
du dossier des pots-de-vin, la lumière n'a jamais été
faite; on avait exigé une enquête publique et on ne nous a jamais
donné des raisons valables de ne pas tenir une telle enquête.
Avec l'arrivée de M. Angers à la tête de la
Société d'habitation du Québec, un nouvel espoir est
né, celui de la réorganisation et du nettoyage. Nous faisons
confiance au nouveau président de la Société d'habitation
du Québec, et je suis certain qu'il ne nous décevra pas.
Passons maintenant à quelques solutions, je pourrais dire des
solutions inadéquates, du ministère de l'Habitation. Le ministre
a réussi, après trois annonces infructueuses, à mettre en
vigueur le 1er avril 1982 le programme Loginove. Nous avons déjà
prévenu le ministre du manque de souplesse de son programme ainsi que de
sa non-applicabilité; c'est pour cela que les trois annonces officielles
du programme faites par le ministre sont toujours demeurées lettre
morte. Le ministre semble avoir enfin compris, puisqu'il a assoupli les
modalités de son programme et qu'une institution financière a
accepté de participer à la mise en application de ce programme de
rénovation domiciliaire. Si vous vous rappelez, M. le ministre,
c'était le porte-parole qui m'a précédé dans ce
dossier qui a porté à votre attention tous les règlements
difficiles qui rendaient franchement le programme presque inapplicable; il y
avait des institutions financières qui, vu la lourdeur du programme, ne
voulaient pas en entreprendre l'application.
Il est encore trop tât pour juger de la réussite de ce
programme; espérons toutefois qu'il atteindra son objectif même si
nous sommes sceptiques devant certaines conditions de base du programme; nous
allons discuter avec vous, nous allons poser certaines questions sur les
conditions que vous avez mises quant à l'application du programme.
Le programme d'accession à la propriété
était et demeure avant tout un slogan électoral. Le gouvernement
peut bien se vanter d'avoir concrétisé sa plus importante
promesse électorale, mais ai-je besoin de lui rappeler que le
gouvernement a rempli à la baisse sa promesse? Il l'a changée en
une réalisation moins généreuse que la promesse, pardon!
que l'engagement électoral, une réalisation qui n'a même
pas atteint 50% de son objectif de lancement pour la première
année, selon les statistiques fournies par la Société
d'habitation du Québec, et, pour le premier trimestre de 1982, les mises
en chantier sont de 50% inférieures à celles de l'an dernier.
L'unifamiliale, la mise en chantier, janvier, février, mars, ce sont des
chiffres presque exacts. C'est à peu près 53% de moins qu'en
1981. Ceci semble confirmer les critiques que nous formulions au mois
d'août 1981, lors de l'étude du projet de règlement,
à savoir que les conditions d'admissibilité étaient trop
restrictives.
Alors, en somme il y a deux réalisations, l'une que l'on ne peut
évaluer actuellement, et l'autre qui se révèle une
réussite moins éclatante que semble vouloir le proclamer bien
haut le gouvernement dans ce communiqué de presse de la semaine
dernière. À tout le moins, le programme gouvernemental ne semble
pas avoir eu le succès espéré sur la reprise de la
construction domiciliaire au Québec. L'année dernière, il
y avait quelque 29 000 logements de construits. On avait estimé que
cette année il y aurait une augmentation des mises en chantier, pour
atteindre 31 000, mais je pense que les derniers chiffres de la
société canadienne pour 1982, au Québec, montrent une
baisse à 28 000. Cela va être une autre
baisse par rapport à 1981. Il y a même des experts, des
consultants qui prévoient que le chiffre pourrait baisser à 23
000 ou 24 000 pour cette année.
Nous attendons toujours la définition par le gouvernement d'une
véritable politique de l'habitation. Malgré des études
telles le rapport Castonguay, le gouvernement semble avoir
relégué aux calendes grecques l'élaboration d'une
politique globale de l'habitation, une politique qui devrait viser à un
habitat de qualité, à un prix abordable, équipé de
services adéquats, répondant aux besoins de toutes les
catégories de personnes, que ce soient les personnes âgées,
les personnes seules, les jeunes couples, les jeunes familles, en somme,
répondant aux aspirations de tous les Québécois.
Nous espérons et nous souhaitons que, pour l'année qui
vient, le ministre travaille ardemment à l'élaboration d'une
telle politique de l'habitation car, dans ce domaine, le Québec a
beaucoup de chemin à parcourir.
La relance de la construction, spécialement la relance de la
construction domiciliaire, est un sujet très important. Il y a des
conditions très sérieuses dans cette industrie. Tous les
intervenants dans le domaine de la construction s'entendent pour demander un
plan de relance de l'industrie de la construction. Nous exigeons, nous
demandons au gouvernement qu'il réponde dans les plus brefs
délais à ces attentes.
Le gouvernement, pour ce faire, possède divers moyens
d'intervention. L'Opposition exige du gouvernement, premièrement, qu'il
utilise au maximum les montants mis à la disposition du Québec
par la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Selon les données dont nous disposons, pour l'année 1980, le
Québec n'a utilisé que 34 000 000 $ sur les 296 700 000 $ mis
à la disposition de la population canadienne. Ceci représente
11,5% du montant canadien, alors que sur la base normative le Québec
avait droit, aurait pu demander 26%, si on se base sur la population.
M. Tardif: De quoi parlez-vous?
M. Ciaccia: On parle des investissements directs que la
société canadienne met à la disposition du Québec.
Jusqu'en 1979, cela était restreint particulièrement aux HLM, aux
programmes sociaux, mais depuis 1979, c'est disponible à tout le monde,
les coopératives, les corporations à but non lucratif, ainsi que
les programmes sociaux.
Au Québec, on a utilisé 34 000 000 $, alors que si on se
base sur la population on aurait pu utiliser 77 000 000 $. C'est une perte de
43 400 000 $ pour l'industrie québécoise de la construction.
C'est un des moyens d'utiliser les fonds de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement dans un programme de relance de la
construction.
Un autre moyen se rapporte aux taux d'intérêt qui sont trop
élevés; on l'admet tous que les taux d'intérêt sont
trop élevés. Il y a deux moyens qui s'offrent au gouvernement
pour réduire les taux d'intérêt afin que l'acheteur puisse
avoir un taux d'intérêt lui permettant d'accéder à
la propriété. Premièrement, le gouvernement peut agir
directement sur les taux d'intérêt par des subventions directes
visant à abaisser les taux à un niveau acceptable. Vous l'avez
fait partiellement dans le programme d'accès à la
propriété, mais c'est totalement inadéquat et insuffisant.
C'est trop restrictif. Vous avez réduit les taux d'intérêt,
la première année, seulement sur 10 000 $ et, après cela,
vous avez procédé par étapes sur ces 10 000 $ pour les
prochains quatre ou cinq ans. Il faudrait avoir une réduction globale du
taux d'intérêt qui ne s'applique pas seulement à une
famille qui a un enfant de douze ans. Si l'on veut relancer l'industrie de la
construction, il faut que cela s'applique à la population en
général, avec des restrictions sur le maximum du coût de
construction, si on est d'accord.
Le deuxième moyen pour abaisser les taux d'intérêt,
si vous ne donnez pas une subvention directe, ce serait l'adoption d'un
programme enregistré de prêts hypothécaires, tel que
proposé par l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec. Ceci encore demanderait des pourparlers avec le gouvernement
fédéral pour avoir les bénéfices fiscaux pour ceux
qui voudraient investir dans un tel fonds.
En plus de baisser les taux d'intérêt, vous avez maintenant
les subventions indirectes qui sont données par la SCHL. Il y a 44 000
000 $ que l'on n'a pas utilisés en 1980.
M. Tardif: Quoi?
M. Ciaccia: Les sommes de la Société canadienne, je
vous l'ai expliqué, les chiffres, les programmes...
M. Tardif: C'est une affirmation qui, jusqu'à maintenant,
n'est pas fondée.
M. Ciaccia: Vous pourrez le vérifier.
M. Tardif: J'aimerais pouvoir m'assurer si c'est vrai.
M. Ciaccia: Oui. Oui. Ce sont les informations que j'ai eues de
la SCHL. C'est sujet à vérification. Mais on m'a donné
tous les chiffres de 1976 à 1980. Par exemple, les pourcentages qu'on
utilisait au Québec variaient de 13 à 16%. On n'a jamais
utilisé
le maximum. Maintenant, c'est possible qu'avant 1979 cela impliquait une
participation de fonds du Québec. Si la SCHL mettait un certain
pourcentage sur les programmes sociaux, le gouvernement du Québec devait
fournir un pourcentage aussi. Depuis 1979, cela ne nécessite pas une
participation du gouvernement du Québec. Autrement dit, ces fonds
pourraient être utilisés sans l'obligation du gouvernement du
Québec d'ajouter d'autres fonds.
Un autre aspect pour la relance de la construction, en plus des fonds
qui sont disponibles, en plus de la baisse des taux d'intérêt,
c'est de développer une politique de taxation municipale plus
équitable et moins égorgeante. La situation qui existe
maintenant, la taxation municipale pour l'unifamilial, est tellement
déséquilibrée et inéquitable que cela
décourage l'accès à la propriété. C'est un
fait. Si vous voulez donner une subvention, et c'est contre-productif, pour
aider l'accès à la propriété, vous allez annuler
l'effet de la subvention en permettant un déséquilibre dans la
taxe municipale. Nous avons une motion cet après-midi, et nous
continuons la motion de la semaine dernière, où nous montrons des
chiffres selon lesquels l'unifamilial augmente l'évaluation de 140%,
tandis que le commercial, dans certains cas, baisse de 10% ou de 20%.
Je pense que le ministre des Affaires municipales a reconnu que quelque
chose doit être fait, que ces conditions existent, qu'il y a un
déséquilibre. Comment se produit-il? Est-ce la faute des
évaluateurs? Est-ce la faute des municipalités? Nous
prétendons et je crois, même les municipalités le
confirment, qu'elles ne font qu'administrer la loi 57, le système
d'évaluation sur la base de la valeur marchande. Il faut que le
gouvernement développe une politique de taxation plus équitable
et moins égorgeante. Ce n'est pas avec les hausses de taxes municipales
que nous connaissons actuellement que quelqu'un est intéressé
à devenir propriétaire.
Le dernier volet d'une politique, d'un programme de relance de
construction, c'est sur la question des infrastructures. Vous avez certaines
municipalités, peut-être, qui auraient une demande mais qui n'ont
pas de terrains viables. Elles hésitent aujourd'hui à faire des
emprunts pour construire les infrastructures sur un marché
aléatoire de construction résidentielle. Je pense que c'est la
situation à Laval où le nombre de terrains viables, prêts
à construire, est très réduit.
Ce sont les aspects et les éléments des programmes de
relance de la construction que le gouvernement pourrait mettre en vigueur. Il
devrait le faire le plus tât possible car la situation est très
sérieuse. (12 h 45)
En conclusion, M. le Président, les problèmes demeurent et
s'enveniment. Ils augmentent. La Régie du logement est contestée
et elle est inefficace. Les délais sont trop longs. La lumière
sur le scandale de la Société d'habitation du Québec n'est
pas faite. La construction domiciliaire est à son plus bas niveau depuis
très longtemps. On ne peut que renouveler nos espoirs pour que 1982 soit
l'année de l'habitation au Québec, l'année de la relance.
Il est temps que le gouvernement sorte de son immobilisme et qu'il nous propose
un Québec habitable.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, une
réplique.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, j'ai entendu tellement de
choses que je ne sais pas par quel bout commencer. Je comprends le désir
du représentant de l'Opposition de voir la construction bouger au
Québec et je vais commencer par là d'ailleurs. On va se
rapprocher du micro pour que la postérité puisse conserver ces
notes.
Je partage une chose avec ce que dit le député de
Mont-Royal, c'est la nécessité de relancer la construction.
Là-dessus, je m'entends avec lui à plein. Là où je
suis complètement en désaccord, et, d'ailleurs, certaines des
idées qu'il suggère sont intéressantes et je vais les
relever au passage, mais là où l'aveuglement partisan le tient,
c'est lorsqu'il se refuse à reconnaître la principale cause de la
chute de la construction au Québec, les taux d'intérêt.
Là, je me dis que c'est faire preuve d'une cécité disons
inquiétante, et le député de Mont-Royal, après
ça, s'étonne de voir, devant ces taux d'intérêt
élevés, une baisse de la construction et il s'étonne de
voir des problèmes de relations propriétaires-locataires. Il
s'étonne de voir qu'il y a une demande très forte d'aide pour le
logement social. Il s'étonne, et je me demande bien pourquoi, puisqu'il
a quand même touché dans sa carrière certains aspects de la
construction. Ah! remarquez que ce n'étaient pas des maisons qu'il
construisait, c'étaient des centres commerciaux. Il a été
impliqué dans des transactions de terrains qu'il faisait. Donc, il
devrait être au courant des facteurs qui incitent les investisseurs
à investir ou à ne pas le faire, à développer ou
à ne pas développer. Remarquez que certains vont le faire; ils
vont développer, même si ce n'est pas rentable, parce qu'il y a
des subventions alléchantes en fin de compte, que ce soient des centres
commerciaux ou autre chose.
Mais les facteurs sont notamment ceux que j'ai mentionnés. C'est
sûr qu'il y a d'autres raisons, comme, par exemple, une politique
fiscale, d'abris fiscaux. Le député de Mont-Royal devrait le
savoir, lui qui, je
pense, possède des immeubles à revenus. Le
député de Mont-Royal devrait savoir que le discours sur le budget
de M. MacEachen, au mois de novembre dernier, a aboli les MURB,
c'est-à-dire ces espèces d'abris fiscaux qui sont consentis aux
professionnels comme le député de Mont-Royal ou le
député de Jean-Talon, qui vient de nous honorer de sa
présence.
Tout ça pour dire que le député de Mont-Royal
devrait être au courant que des professionnels comme lui, qui veulent
depuis le discours MacEachen investir dans la construction n'ont plus le droit
aux abris fiscaux qui étaient consentis par le fédéral. Le
député de Mont-Royal n'en parle pas de cela, l'influence de
l'abolition des MURB.
M. le Président, je ne parlerai pas de ce que le
député de Mont-Royal a appelé
l'inconstitutionnalité de la Régie du logement. Il a parlé
de l'inconstitutionnalité de la régie, si j'ai bien noté.
À tout événement, la régie n'est pas
inconstitutionnelle, la loi n'est pas inconstitutionnelle; certains pouvoirs
exercés par la régie ne sont pas conformes à un article de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, the BNA Act, en ce qui
concerne le pouvoir de rendre des injonctions mais, néanmoins, c'est en
vertu - on me signale que cela n'existe plus - de cet article qu'on a interdit,
enfin on a décidé, on a jugé que le Québec n'avait
pas la compétence pour rendre des ordonnances qui étaient
assimilées à des injonctions au sens du BNA Act.
Le député de Mont-Royal, par un de ses raccourcis ou une
de ses entorses à une logique normale que lui seul possède - lui
seul en possède le secret - dit: Si, effectivement, c'est
inconstitutionnel, c'est parce qu'on sait bien que le Québec ne veut pas
s'entendre avec Ottawa. C'est donc un gouvernement qui cherche uniquement la
chicane et il suffirait de s'asseoir avec le gouvernement fédéral
pour régler cela. Mais, que je sache, le même problème se
pose en Ontario. Ce n'est pas un méchant gouvernement séparatiste
péquiste qu'il y a là et le même problème de la
constitutionnalité de la régie ontarienne du logement ou de
certains des pouvoirs exercés par cette dernière se pose.
Encore là, c'est faire une analyse à courte vue que de
prétendre que c'est uniquement une position intransigeante du
Québec qui est en cause ici. Ce qui est en cause, c'est la
compétence des provinces sur le droit civil, sur les matières
civiles et, d'autre part, celle qu'on a reconnue comme étant de la
compétence de la Cour supérieure, dont tous les juges sont
nommés par Ottawa, d'avoir un pouvoir d'injonction ou d'ordonnance.
La cause étant portée en appel, nous laisserons
évidemment les savants juges en décider. Personnellement, je n'ai
pas l'intention d'apporter d'amendement à la loi sur ces questions
fondamentales. Si la conséquence du jugement qui a été
rendu, s'il devait être maintenu, était de faire en sorte que tout
ce qui est présentement justiciable devant la Régie du logement
le devienne devant la Cour supérieure, nous assisterions à cet
embouteillage monstre de juges fédéraux devant entendre des
querelles de cordes à linge. On se plaint présentement, le
député de Mont-Royal se plaint présentement que la
régie prend du temps. Je lui laisse le soin d'apprécier ce que
seraient les délais, s'il fallait que la Cour supérieure ait
à trancher toutes ces bêtises; c'est complètement aberrant
et je vois le sourire moqueur et compréhensible du député
de Jean-Talon.
Cela témoigne, encore une fois, à certains égards,
de l'inaptitude de certaines lois comme le BNA Act à évoluer. En
1867, il n'y avait pas 1 000 000 de locataires au Québec et 1 ZOO 000 en
Ontario. Il faut donc trouver aujourd'hui les formules qui conviennent mieux.
Ce qui est vrai, d'ailleurs, pour la Régie du logement est
également vrai pour un tas d'autres lois à caractère
social, qu'il s'agisse des tribunaux des professions, par exemple, qu'il
s'agisse de différents organismes, que tous les gouvernements des
provinces ont cru bon de mettre sur pied pour régler un certain nombre
de situations exigées par l'évolution de la
société.
Le député de Mont-Royal prend un deuxième raccourci
aussi périlleux lorsqu'il fait une corrélation entre la baisse de
la construction et l'existence de la Régie du logement. Il ne faut pas
être grand clerc ni grand statisticien pour tracer l'évolution de
la construction au Québec depuis 1951 jusqu'en 1982 et se rendre compte
qu'il y a toujours eu une forme de contrôle des loyers pendant cette
période de 30 ans et que la construction a fluctué depuis les bas
que nous connaissons présentement jusqu'au sommet que nous avons connus
au cours de la décennie 1970, alors qu'il y avait quand même un
facteur constant qui était l'existence d'une forme de contrôle des
loyers. Si un de mes étudiants à l'université faisait une
telle corrélation entre ces deux phénomènes, je lui
décernerais la note 0, puisqu'elle n'est absolument pas
démontrée.
Une voix: Je pense qu'il aurait raison...
M. Tardif: Pourtant, la corrélation est très nette,
très visible entre, par exemple, les taux d'intérêt et les
mises en chantier; elle est très nette et très visible entre les
abris fiscaux, l'apparition et la disparition des MURB, à
l'époque, et les mises en chantier; elle est très visible -
à moins qu'elle ne soit faussée par ces autres
facteurs - entre l'offre et la demande. C'est vrai, et j'en conviens
avec le député de Mont-Royal, que les mises en chantier
présentement connaissent une baisse, mais cela n'a rien à faire
avec l'existence de la régie qui était là. Tout ceci est
relié au contexte économique. D'ailleurs, le nombre de mises en
chantier qu'on avait prévu être de l'ordre de 31 000 cette
année, n'était-ce du programme - et je vais y revenir, parce que
le député de Mont-Royal s'est permis des remarques - d'accession
à la propriété, serait encore inférieur à
cette dernière projection que nous avons faite qui est de l'ordre de 25
000 mises en chantier. Il serait plutôt de l'ordre de 20 000 mises en
chantier si ce n'était du programme québécois d'accession
à la propriété.
Nous aurons peut-être l'occasion de préciser combien
d'entreprises en construction ont fermé leurs portes,
précisément en raison des taux d'intérêt.
J'inviterais le député de Mont-Royal à tenir compte de ce
facteur.
En troisième lieu, le député de Mont-Royal a
parlé du rapport Gilbert. Parlons-en du rapport Gilbert! Rapport
émasculé, rapport dont on a fait disparaître nuitamment
tous les noms, rapport qui a été réécrit et qui,
finalement, a été remis au ministre au mois de mai et rendu
public quelque part au mois de juillet, en plein été, alors qu'il
n'y avait plus personne à l'Assemblée nationale que la galerie de
la presse était déserte. Néanmoins, Normand Girard avait
titré le lendemain à la lecture de ce rapport à peu
près ce qui suit: La SHQ érige des taudis flambant neufs. Cela
avait été son titre à l'époque de votre
administration, de l'administration à laquelle appartenait le
député de Mont-Royal.
M. le Président, je pense que le rapport Gilbert avait mis le
doigt sur un certain nombre de problèmes. Je vais concéder que
l'ancien gouvernement, pris de panique à la publication de ce rapport,
avait pris des mesures pour essayer de corriger les choses et avait retenu les
services d'un dénommé Lucien Saulnier. Sauf que Lucien Saulnier,
quand il a vu qu'il n'avait pas les coudées franches, a
décidé de partir et de partir très vite. À la SHQ,
après cela, on a eu droit à d'autres présidents dont l'un
s'était présenté candidat d'ailleurs sur la rive sud,
à Montréal, aux élections 1976. On a eu aussi la direction
de M. Couture et le tandem Couture-Carreau. Je l'appelle ainsi, M. le
Président, parce que incapable en un sens de peut-être retrouver
chez le même individu toutes les qualités que l'on pouvait
espérer trouver au sein de cette direction, nous avons eu M. Couture qui
venait du milieu coopératif et de la Fiducie du Québec et qui
était habitué à gérer un parc immobilier important,
et M. Careau, qui venait du monde universitaire, de l'architecture, qui ont
donné à la SHQ ses lettres de noblesse. (11 heures)
J'aimerais que le député de Mont-Royal, après avoir
jeté autant de boue sur cet organisme et cet homme qu'a
été M. Couture, porte attention à ses propos. Je pense que
la SHQ est sortie des ornières où elle se trouvait à
l'époque du rapport Gilbert. La SHQ est un organisme qui a
démontré qu'il pouvait réaliser de très belles
choses non seulement qualitativement, c'est-à-dire en faisant des
immeubles de qualité qui ne sont pas tarés comme l'étaient
ceux construits à l'époque que connaît bien M. le
député de Mont-Royal, mais également quantitativement. La
société, en l'espace de cinq ans, a doublé le parc
immobilier de logements sociaux au Québec, qui était de l'ordre
de 20 000, en 1976, et qui dépasse les 40 000 logements comme tels, avec
un bon nombre de ces logements qui sont sous forme locative.
Ces immeubles, en fait, si on inclut tous les immeubles loués et
tous les immeubles qui sont soumis à une forme d'aide,
c'est-à-dire des immeubles appartenant à la société
ou qui sont conventionnés, dépasse les 45 000, puisque nous
accordons, par le programme de supplément aux loyers, les mêmes
modalités que dans les immeubles appartenant à la
société d'habitation, qu'ils soient conventionnés ou
propriétés de la société.
Donc, c'est un organisme qui a produit beaucoup, qui a été
le plus grand constructeur d'habitations au Québec, un organisme qui
gère un parc immobilier dont les actifs sont de 1 200 000 000 $. Non
seulement cela, mais c'est un organisme qui a mis au point un tas de nouvelles
formules, de nouveaux programmes. Je pense au programme Logirente d'allocation
aux logements; je pense au programme de supplément aux loyers, je pense
au programme Loginove, dont le député a aussi parlé, et je
pense également au programme Logipop, de coopérative
d'habitation. Le député de Mont-Royal - justement j'aboutis
à Loginove qui est son autre point - dit: Cela a pris trois annonces au
ministre pour que cela démarre; finalement, il a décidé
d'assouplir sa position. C'est montrer une méconnaissance totale du
programme Loginove comme tel qui visait à corriger les lacunes des
programmes existants, le programme PAREL, programme fédéral
d'aide à la remise en état des logements, et le programme
Québec municipalités sur lequel le Québec ajoutait au
programme fédéral.
Les principales lacunes de ce programme étaient les suivantes -
pour une fois je ne comprends pas que le député de Mont-Royal ne
les connaissent pas - elles s'appliquent sur une très infime partie du
territoire québécois, dans quelque 50 municipalités
seulement. Deuxièmement, ce
programme, à l'origine, ne couvrait qu'une partie minime des
travaux et n'avait pas été indexé depuis longtemps.
Troisièmement, il ne comportait pas, et c'est cela, l'aspect le plus
inacceptable sur le plan social, de clause de protection des locataires, c'est
bien évident, si bien qu'on se retrouvait devant la situation, avec des
deniers de l'État, de donner des subventions à des
propriétaires pour restaurer, et la restauration amenait une
augmentation du loyer et l'éviction du locataire. Je vous le demande:
Qu'est-ce qu'on a accompli sur le plan social si, avec des subventions et des
deniers publics, on provoque l'éviction de personnes parce qu'elles ne
peuvent plus payer le loyer?
Le député de Mont-Royal devrait connaître cela.
C'est ce que le programme Loginove a voulu corriger. C'est sûr qu'il y
avait trois partenaires là-dedans: le fédéral, les
municipalités et les institutions financières. Lorsqu'on se met
en tête non pas de construire une bureaucratie gouvernementale lourde
mais d'avoir recours aux services des partenaires et de s'arrimer avec eux,
cela prend du temps. Finalement, le programme a démarré. On parle
d'un programme engagé pour une décennie et qui devrait contribuer
véritablement à améliorer la qualité de l'habitat.
C'est un programme qui, bon an mal an, si les prévisions se
réalisent, devrait générer dans l'économie
québécoise de la construction des travaux de l'ordre de 100 000
000 $ par année. Ce n'est pas une mince chose quand on sait
présentement la déprime qui frappe l'industrie de la
construction.
Troisièmement, le député a parlé de
l'accession à la propriété comme d'un slogan
électoral. Au moment où nous nous parlons, les demandes
officiellement reçues en date du 5 mai pour le programme d'aide à
l'accession à la propriété étaient pile sur les
prévisions, et elles se chiffrent à 6608. Je rappellerai au
député de Mont-Royal que le programme a été
lancé le 17 décembre dernier, donc avec un aspect
rétroactif jusqu'au 1er mai pour les immeubles neufs. Eh bien, ces 6608
demandes nous donnent un rythme de demandes actuellement d'à peu
près 1400 à 1500 par mois, ce qui au début était
plus volumineux, étant donné l'aspect rétroactif du
programme, mais nous avions prévu pour la première année
complète de fonctionnement, c'est-à-dire celle commençant
le 1er avril 1982 jusqu'au 31 mars 1983, 12 000 demandes, 12 000
bénéficiaires et, pour la période avant le 31 mars 1982,
nous avions prévu quelque 3500 demandes, mais nous sommes pile sur les
prévisions.
Le député de Mont-Royal dit: Ce programme-là
n'atteint pas les objectifs, ce n'est qu'un slogan électoral, j'ai ici
la liste de ces demandes, des subventions qui ont été faites par
comté; je constate que, dans le comté de Chapleau, par exemple,
il y a eu 26 personnes admises au programme, 26 ménages admis dans un
comté comme celui de Chapleau en l'espace de quatre mois; je pourrais
ainsi faire la liste des comtés. J'admettrai cependant, pour le
bénéfice du député de Mont-Royal, que dans le cas
du comté de Mont-Royal et dans le cas du comté de
Crémazie, par ailleurs, ce n'est pas particulièrement là
qu'on a les chiffres les plus élevés. C'est sûr qu'il se
fait moins de construction dans ces centres fortement urbanisés et que
l'espace à construire manque. Néanmoins, pour le
bénéfice du député de Mont-Royal, je ne voudrais
pas qu'il soit en reste, j'ai ici dans le comté de Mont-Royal deux
demandes qui ont été agréées, alors que, dans le
comté de Crémazie, il n'y en a qu'une; donc, à ce
moment-là, je ne crois pas...
Évidemment, j'imagine que tout le monde veut connaître les
chiffres ailleurs, alors, puisqu'on y est, allons-y. Dans le comté de
Terrebonne, vraiment, 126 demandes ont été reçues.
M. Blais: Bien!
M. Tardif: 86 ont été agréées comme
telles, d'emblée, 28 sont soumises à acceptation, à des
prêts hypothécaires. Dans le comté de Dorion, c'est 7
demandes. Dans le comté de Bourassa, puisque j'imagine que la
présidence va être intéressée également, M.
le Président, c'est 8 demandes reçues, quatre
agréées, quatre à l'étude. Dans le comté de
Saint-Hyacinthe, je m'excuse, ce ne sera pas très long.
M. Ciaccia: II manque des documents, cela va vous éviter
de le lire.
M. Tardif: C'est parce que j'en ai seulement une copie; non, je
l'aurais donné volontiers aux députés de l'Opposition
aussi, ce n'est pas bien long, 31. Dans Shefford, 73. Et, dans Limoilou, je
crains qu'on retrouve un peu la situation des grands centres déjà
bâtis, n'est-ce pas, C, J, K, L...
M. Ciaccia: II ne doit pas y en avoir. M. Gravel: ...
M. Tardif: C'est 13. M. le Président, voilà donc
que, lorsque le député de Mont-Royal parle d'un programme qui
n'atteint pas les objectifs visés, nous nous acheminons pile, encore une
fois, pour la première année d'activité, vers 12 000
bénéficiaires, environ. Le programme est aussi accessible aux
logements anciens, il faut en convenir. Le ratio actuel est à peu
près le suivant: 60% de neufs et 40% d'anciens. Ce sera inversé
comme proportion sans aucun doute à partir
du moment où, au départ, le neuf est plus volumineux
à cause de l'aspect rétroactif du programme, étant
donné que seuls les immeubles neufs étaient admissibles
rétroactivement.
M. le Président, quand le député de Mont-Royal
parle d'une baisse de 50% des mises en chantier et qu'il dit que c'est la
preuve que le programme ne fonctionne pas, encore une fois, je pense que c'est
la preuve qu'il ne fait pas les relations qu'il faut faire, puisqu'il n'y a pas
de programmes semblables en Ontario, il n'y a pas de programmes semblables dans
les autres provinces. La construction chute de plus de 50%; c'est la même
chose aux États-Unis. Les statistiques sont celles données par la
SCHL et par Statistique Canada. Donc, il n'y a aucune relation entre les deux.
Je serais le premier à souhaiter que la construction ne chute pas
à ce rythme et que l'on réussisse véritablement à
produire suffisamment de logements, parce qu'à l'heure actuelle on ne
produit pas suffisamment de logements, eu égard à ce qu'on
appelle la formation nette des ménages, qui est de l'ordre de 40 000 par
année à peu près.
Le député dit qu'il n'y a rien de fait du
côté des politiques d'habitation. C'est vrai qu'il n'y a rien de
publié, mais il y a des travaux qui se font. Les choses progressent.
J'ai d'ailleurs retenu les services de M. Gérard Divay, de
l'INRS-URBANISATION, comme sous-ministre adjoint, précisément
pour se mettre à l'oeuvre sur la formulation de cette politique
d'habitation.
Rapidement, le député en a tellement dit... Le programme
REPHY, de l'Association des constructeurs, est très intéressant.
On a fait plus que le regarder en passant, puisque des analyses actuarielles
ont été faites et sont en train de se faire au ministère
des Finances sur cette proposition de l'association des constructeurs
d'habitations et sur d'autres propositions, notamment, venant de
différents groupes que nous recevons périodiquement, et aussi
surtout sur une proposition originale conçue au Québec.
Le député de Mont-Royal a cependant attribué la
baisse de la construction à un autre phénomène. En tout
cas, parmi les phénomènes empêchant, selon lui, la relance,
il a situé bien haut la taxation municipale. J'ai fait sortir des
chiffres sur l'importance relative et la progression de quatre facteurs dans la
construction: premier facteur, capital et intérêts;
deuxième facteur, taxes; troisième facteur, énergie;
quatrième facteur, assurances. Or, il pourrait intéresser les
membres de cette commission de savoir que, pour la dernière
décennie, la progression a été la suivante: d'abord, en
1972 - peut-être que les membres de la commission voudront le noter, les
quatre années-repères que je prends sont 1972, 1976, 1980, 1982 -
le prix moyen d'une maison, dans la région de
Montréal, était de 18 500 $ et le taux
d'intérêt était de 9%. À ce moment, le coût
des quatre facteurs mentionnés, capital et intérêts,
énergie, taxes et assurances, ensemble totalisait 227 $ par mois, ce qui
pouvait représenter individuellement 137 $ pour le capital et les
intérêts, 32 $ pour l'énergie, 54 $ pour les taxes, 3,50 $
pour les assurances. (11 h 15)
En 1976, quatre ans plus tard, le coût des maisons est rendu
à 32 000 $, le taux d'intérêt à 11 3/4% et les
mensualités représentent ou coûtent 437,65 $, toujours dans
la région de Montréal pour une maison standard de même
type. À ce moment-là, la remise du capital et de
l'intérêt représente 292 $ par mois, l'énergie 42 $,
les taxes 88 $ et les assurances 15,50 $.
En 1980, le coût d'une maison, dans la région de
Montréal, est rendu à 45 000 $ et le taux d'intérêt
à 14%. À ce moment-là, M. le Président, les
mensualités atteignent 676,65 $, encore une fois: capital et
intérêts 475 $; énergie, 69 $; taxes 112 $; assurances,
20,50 $.
Finalement, en 1982, au moment où nous nous parlons, la
même maison, dans la région de Montréal, coûte 53 000
$ à un taux d'intérêt de 18 1/2%. Incidemment, au moment
où on a fait les calculs c'était 18 1/2% mais en
réalité on est à 19 1/4% présentement. À 18
1/2% d'intérêt, les mensualités pour les quatre facteurs
mentionnés sont de 997,55 $, soit 717 $ pour le capital et les
intérêts, 90 $ pour l'énergie, 161 $ pour les taxes et pour
les assurances, 28,20 $.
M. le Président, je vais vous donner maintenant quatre
pourcentages d'augmention pour la décennie. Le capital et les
intérêts, de 1972 à 1982, cela représente une
augmentation de 420%. Le coût de l'énergie, aussi paradoxal que
cela puisse paraître, en termes relatifs toujours, passe de 31% à
183%. Les taxes représentent une augmentation de 199% et les assurances
de 705%. Donc, même si son poids relatif à l'intérieur de
la maison, j'en conviens, n'est pas celui des autres, le poste qui a le plus
augmenté est le coût des assurances. Le deuxième poste qui
a le plus augmenté est celui du remboursement du capital et des
intérêts, avec 420%. On sait tout l'impact qu'il a, puisqu'il
représente quand même, par exemple, en 1982, sur 997 $, la somme
de 717 $. Leg deux postes qui ont le moins augmenté sont les postes de
l'énergie et des taxes municipales. C'est la situation dans la
région de Montréal et au Québec. Les indications que j'ai
ailleurs, en Ontario et au Canada, nous laissent croire que la situation n'est
pas la même sur le plan des taxes et que la réforme de la
fiscalité qui est survenue au Québec n'est pas
étrangère à la progression moins rapide du secteur de
la
taxation municipale.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de corrections à faire aux
rôles d'évaluation, M. le Président, pour tenir compte des
difficultés d'évaluer le secteur résidentiel, le secteur
commercial et le secteur industriel.
Une autre façon, peut-être, que le député de
Mont-Royal pourrait saisir pour apprécier l'importance de la diminution
des taxes - je comprends qu'il est engagé dans une discussion que ses
chiffres peuvent soulever - c'est de considérer qu'en 1972, la facture
de taxes représentait 24% de la mensualité à payer, 24%,
le quart à peu près. En 1982, ça représente 16%.
Donc, le poids relatif du coût des taxes dans le prix d'une maison a
diminué, eu égard encore une fois aux autres facteurs, et ceci
l'a pondéré pour la maison au coût plus
élevé.
Voilà donc certaines choses que le député de
Mont-Royal aurait intérêt à analyser, à
étudier avant de faire des relations par trop faciles. Lorsqu'il dit
d'abord que c'est la faute des taxes municipales, du système de taxation
et d'une loi faite par Québec, je voudrais quand même lui rappeler
que c'est un comité conjoint Québec-municipalités qui a
élaboré cette réforme de la fiscalité et que le
monde municipal était partie prenante. Je lui concéderai
volontiers qu'il faut, sur le plan technique, en venir à trouver des
solutions adéquates d'évaluation des immeubles industriels et
commerciaux qui ne peuvent avoir un prix fixé en fonction de la valeur
marchande. Des Place Ville-Marie, il ne s'en vend pas souvent dans une
année, ça ne se vend pas souvent, alors que des maisons
unifamiliales à Ville Mont-Royal ou ailleurs, hé bien! il s'en
vend des tonnes et il est possible de mettre un prix en fonction de l'offre et
de la demande.
J'arrêterai là pour dire que le ministère de
l'Habitation est un ministère naissant, au Québec, qui commence
sous des augures qui ne sont pas des plus faciles. Des taux
d'intérêt à 19 1/4% et une conjoncture économique
telle que nous la connaissons ne sont pas les meilleurs auspices pour un
ministère semblable. Et ceci dit, j'ai déjà
commencé des rencontres avec tous les intervenants; constructeurs,
municipalités, propriétaires, locataires, institutions
financières, syndicats, tous les intervenants afin d'essayer de trouver
avec eux des solutions d'abord au problème du logement d'une
façon générale, surtout à celui du financement.
À l'heure actuelle, encore une fois, Ottawa choisit de continuer
à lutter contre l'inflation plutôt que de lutter contre le
chômage et, pour cela, maintient des taux d'intérêt
infiniment plus élevés qu'aux États-Unis. Seule
l'Opposition, semble-t-il, ne voit pas ce phénomène. Après
avoir fait des campagnes électorales sur le thème "La piastre
à Lévesque vaudra tant", quand on sait que la "piastre à
Trudeau" aujourd'hui vaut à peu près 41 cents par rapport
à ce qu'on annonçait comme "piastre à Lévesque"
dévaluée en 1973, "le dollar à Trudeau", par rapport
à 1971, vaut 41 cents, incidemment. Donc, ça ne vaut pas
tellement plus cher. Je comprends qu'on veuille, en termes relatifs, le
maintenir à 81 cents, mais il y a quand même des limites à
vouloir lutter peut-être pour défendre le dollar canadien jusqu'au
dernier travailleur québécois.
M. le Président, comme l'ont dit plusieurs économistes et
non pas des moindres, je pense à M. Galbraith et je pense à M.
Aaron, récemment, à l'émission "Apostrophe":
"Reconnaissons l'inflation pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un mal
importé, un mal qui est un peu la conséquence de la crise
énergétique et qui a eu ses répercussions non seulement
dans les pays de l'Ouest mais également dans les pays de l'Est." On
connaît la situation en Pologne parce qu'on la voit un peu plus
qu'ailleurs à cause du syndicat Solidarité et autres. Mais c'est
vrai dans tous les pays de l'Est. Essayons plutôt de lutter chez nous
modestement avec nos moyens, lutter contre le chômage et non pas contre
l'inflation. C'est du moins, je pense, notre priorité
présentement, et à ce titre, j'irai volontiers m'asseoir avec
n'importe quel interlocuteur, y compris nos vis-à-vis d'Ottawa pour
trouver une solution à ce problème qu'ils ont créé.
Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, j'ai demandé...
M. Ciaccia: J'ai invoqué l'article 96...
M. Blais: ... la parole, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, l'article 96, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne voulais pas interrompre le ministre pendant
qu'il disait toutes sortes de choses à mon égard. Il me faisait
dire des choses que je n'avais pas dites. Comme vous le savez, les
règlements de la commission parlementaire ne sont pas tout à fait
les mêmes que ceux de l'Assemblée nationale. On ne peut pas
invoquer de questions de privilèges. Je suis obligé d'invoquer
l'article 96. Avec votre permission, je voudrais corriger...
Le Président (M. Laplante): ... si vous lisez bien
l'article 96, c'est une rectification courte.
M. Ciaccia: Oui, courte.
Le Président (M. Laplante): ... de sorte...
M. Ciaccia: ... M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... peut-être pas de 20
minutes. Vous avez eu votre droit de parole tout à l'heure, près
de 35 minutes, près de 40 minutes.
M. Ciaccia: Je comprends que l'article 96 m'oblige à faire
une intervention courte, mais je voudrais apporter à votre attention que
cela fait à peu près 25 minutes que le ministre parle. Je vais
essayer d'être aussi court...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal...
M. Ciaccia: ... non les faits qu'il a mentionnés.
Le Président (M. Laplante): Juste une minute. Vous savez,
par l'expérience que vous avez depuis près de douze ans, je
crois, dans cette noble assemblée...
M. Ciaccia: Neuf.
Le Président (M. Laplante): Neuf ans, vous êtes au
courant des règles aussi. Je tiens à vous dire, M. le
député, qu'on commence tout de suite, d'après une motion
que j'ai reçue du ministre dès le début, sur l'habitation.
À ce moment aussi, vous pourriez faire un grand nombre de rectifications
que vous avez à faire...
M. Ciaccia: Mais cela ne sera pas la même chose. Je vais
être bref.
Le Président (M. Laplante): ... je voudrais vous
donner.
M. Ciaccia: Très bien.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Ciaccia: Le ministre m'a fait dire des choses que je n'ai pas
dites et il a aussi insinué à mon égard certains propos
qui sont absolument faux. Premièrement, la question de dire que je
n'accepte pas que la chute de la construction soit due aux taux
d'intérêt, c'est moi qui l'ai dit premièrement.
M. Tardif: Ah!
M. Ciaccia: Que c'est une des causes.
M. Tardif: Vous l'avez dit très partiellement.
M. Ciaccia: Mais j'ai aussi dit que les taux
d'intérêt dans les autres provinces sont les mêmes qu'ici et
que la chute est moindre. J'aurais des chiffres...
M. Tardif: Cela, vous ne l'avez pas dit.
M. Ciaccia: ... que je veux apporter à son attention
après. Premièrement, je vais donner les chiffres et le
pourcentage qui va avec cela.
M. Tardif: Bon!
M. Ciaccia: Deuxièmement, sur la question de la
Régie du logement, je n'ai pas attribué toute la chute de la
construction du logement locatif au fait qu'existe la Régie du logement.
Il m'a fait dire cela et je n'ai pas dit cela.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Tardif: M. le Président. C'est important, c'est
important.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, écoutez un petit peu.
M. Tardif: Je sais qu'il existe des contrôles de loyer,
mais il n'y avait pas...
Le Président (M. Laplante): Je pense que c'est aller trop
loin dans l'article 96, c'est que surtout, vous savez, vous aurez droit, tout
de suite après l'appel du programme no 2, à l'explication du
ministre. Vous aurez immédiatement la chance de faire les rectifications
que vous avez à faire.
M. Ciaccia: D'accord. Seulement un autre sujet, que je crois
assez important pour moi. Je crois que vous allez le comprendre après.
Je ne comprends pas ce que le ministre a dit, que je construisais des centres
commerciaux. Je n'ai jamais de ma vie construit un centre commercial j'ai
été impliqué dans la construction domiciliaire, je
construis des maisons unifamiliales. Les insinuations du ministre, je tenais
à les corriger. Je n'ai jamais été impliqué dans la
construction de centres commerciaux. Je ne voudrais pas qu'il circule certaines
insinuations à mon égard à ce sujet. Je voulais rectifier
cet aspect de la déclaration du ministre.
Le Président (M. Laplante): Cela s'encadre bien dans
l'article 96. On ne lance donc pas une discussion sur cela.
M. Tardif: Je ne veux pas repartir une discussion. Si j'ai
erré en disant que le député de Mont-Royal construisait
des centres commerciaux, je m'en excuse à son endroit
immédiatement. Je pense que ce n'est pas fausser la vérité
que de dire qu'il s'occupait de la promotion de terrains reliés
à
l'implantation de centres commerciaux. Cela faisait partie de ses
occupations professionnelles et ce n'était pas du tout
préjudiciable à son endroit.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. À
l'ordre s'il vous plaît! Là, c'est un débat qui va
s'engager.
M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je n'ai pas
été étonné du discours du député de
Mont-Royal, c'est toujours la même cassette qu'on entend depuis plus d'un
an. Je vais attendre qu'il arrête de parler.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Terrebonne. (11 h 30)
M. Blais: Merci, M. le Président. Au début de son
discours, le député de Mont-Royal a dit que les électeurs
devaient s'attendre à avoir un vrai ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. Ce sont des insinuations que j'ai l'habitude
d'entendre de la part de ce député, mais aussi il aura
passé la cassette des supposés - il dit toujours le mot
-scandales sous le couvert de son immunité parlementaire, des
pots-de-vin, etc. Cependant, je crois que si les Québécois
s'attendaient à avoir un gouvernement qui prenait ses
responsabilités... Je ne vous dérange pas, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Si les
électeurs du Québec s'attendaient à avoir un gouvernement
et des ministres qui prennent leurs responsabilités, j'ai l'impression
qu'ils ont été bien servis. Cependant, il y a une chose que
j'aimerais dire aussi. C'est que les électeurs, même s'ils ont mis
le Parti libéral dans l'opposition la plus totale, s'attendaient
à avoir une Opposition constructive et non pas une Opposition
nébuleuse, insinueuse, qui, avec des airs "dolorosiques" et avec des
expressions à la Maria Goretti, nous amène des faux scandales,
des faux pots-de-vin. Les électeurs s'attendaient à une vraie
Opposition constructive, mais voici qu'on nous revient pour à peu
près la quarante-troisième fois -ils sont quarantre-trois
députés - avec la même cassette des faux scandales de la
SHQ, avec des insinuations malveillantes envers des hauts fonctionnaires,
insinuations qui ne sont pas dignes d'une Opposition de 1982.
Il est excessivement regrettable de voir que continuellement des
ballounes, des ballons qui sont lancés de semaine en semaine, de jour en
jour, reviennent et reviennent, et que, toujours, de façon très
facile, nous les dégonflons. Ce matin il nous arrive encore avec sa
grosse montgolfière bien soufflée. C'est très facile
à "dessouffler", après quoi c'est l'Opposition et les membres de
l'Opposition qui ont l'air de montgolfières. J'aimerais bien qu'à
la longue on se rende compte que cela n'en vaut pas la peine de toujours
pousser les mêmes ballounes. Cela devient fastidieux. Les
électeurs ne s'attendaient pas non plus à avoir une Opposition
aussi mièvre, aussi "mollustique", aussi insidieuse que l'Opposition qui
nous vient de Mont-Royal.
Je ne veux pas parler très longtemps, parce que plus on laisse
parler longtemps l'Opposition, plus cela nous vaut des votes. Alors, je ne
parlerai pas très longtemps, mais je tenais tout de même à
rectifier les choses et à redire que continuellement on revient avec les
mêmes rengaines.
Je voudrais absolument féliciter les deux nouveaux
présidents: celui de la Régie du logement, M. Houde, et celui de
la SHQ, M. Angers. Avec l'Opposition dévastatrice que l'on a, qui balaie
les réputations sans réserve, c'est presque masochiste d'avoir
accepté ces postes. Je leurs souhaite bonne chance et je leurs dis que
nous, du parti au pouvoir, nous allons tout faire pour coopérer avec eux
et appuyer nos fonctionnaires et nos présidents de régie. Mais je
leurs dis de se méfier de cette Opposition qui est une Opposition de
destruction de réputations de façon acharnée,
invertébrée et "mollustique." On dirait que c'est une Opposition
qui a attrapé la picotte vitriolique et mensongère digne des
oppositions du temps des cavernes. Il n'y a rien de positif qui sort de
là, sauf les lamentations qu'on rencontre plus souvent au Mur des
lamentations...
Une voix: En Chine.
M. Blais: Non, pas en Chine, c'est leur Opposition qui est le mur
de Chine. Cela ressemble aux lamentations du Mur des lamentations à
Jérusalem plutôt qu'à des constructions... De l'opposition
c'est tellement facile à faire. À cause du nombre de choses qu'un
pouvoir a à exécuter, c'est automatique qu'il y ait certaines
choses qui sont plus ou moins bien faites, c'est normal. Alors, les choses qui
sont réellement mal faites, sautez donc sur cela pour être
positifs, au lieu de sauter sur de faux scandales continuels, malgré...
J'ai vingt minutes?
Le Président (M. Laplante): Non. Depuis le début
que je vous écoute, je vous ai laissé aller un bon bout...
M. Blais: Oui, c'est bien gentil...
Le Président (M. Laplante): Dans votre
argumentation, il faudrait parler des crédits qu'on étudie
sur l'habitation, s'il vous plaît.
M. Blais: Je commentais le commentaire qui avait
été commenté.
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord.
M. Blais: Je voudrais simplement dire qu'on est ici pour
étudier les crédits et je ne voudrais pas que, continuellement,
les ballounes se regonflent encore, c'est inutile. C'est une Opposition vile,
neutre et improductive. C'est ce que j'avais à dire et je l'ai dit avec
autant de délicatesse que j'ai pu. Si je l'avais dit avec tout ce que
j'ai à l'intérieur de moi, ce que je ressens vraiment, je crois
qu'il y a des mains qui se seraient agitées un peu plus fort que ce que
j'ai vu. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Paré: M. le Président, en rapport avec le
premier crédit qu'on étudie sur la Société
d'habitation du Québec, j'aurais deux questions sur deux points
différents. Le premier touche le programme Loginove qui vient
d'être mis en marche.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford, les préliminaires sont seulement des remarques que vous auriez
à faire, la période de questions vient après. Si vous
voulez, je vous accorderai la parole tout de suite après qu'un membre de
l'Opposition aura parlé, pour les questions que vous auriez à
l'intérieur du programme. Est-ce que cela vous irait?
M. Paré: Je reviendrai sur les questions et les
remarques...
Le Président (M. Laplante): Pas de remarques.
M. Paré: Je pense que tout a été dit.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération, M. le député de Shefford. Est-ce que les
membres sont d'accord à ce qu'on puisse appeler le programme 2 tout de
suite?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Programme 2, M. le
ministre; vous vouliez parler de l'habitation tout de suite?
M. Ciccia: On pourrait faire...
M. Tardif: À moins que vous ayez des questions sur le
programme 1.
M. Ciaccia: Juste une petite question et on pourrait
terminer.
Le Président (M. Laplante): Comme cela, on va appeler le
programme 1.
Une voix: D'accord.
Administration
Le Président (M. Laplante): Programme 1, M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, je n'ai pas de commentaires.
S'il y a des questions...
Le Président (M. Laplante): Pas de commentaires. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Brièvement, pour ne pas laisser les remarques
du député de Terrebonne sans réponse complète.
Premièrement, nous allons faire l'opposition que nous jugeons et
nous allons poser les questions que nous croyons importantes. Je crois que le
rapport du Vérificateur général et le rapport du procureur
de la couronne, dans l'affaire de la Société d'habitation du
Québec, parlent par eux-mêmes. Quant à l'Opposition
négative, je crois, M. le Président, que nous avons fait des
recommandations très positives ce matin au ministre. Quant à la
relance de la construction, nous avons fait des recommandations qui, nous
l'espérons, devraient être adoptées par le gouvernement
pour aider à la relance de cette industrie.
Sur le programme 1, le ministère a octroyé deux contrats
de recherche pour un montant total de 8500 $. Un premier contrat a
été octroyé à M. George Mathews pour produire une
esquisse de problématique relative à la situation
créée par les taux d'intérêt élevés.
Un deuxième contrat a été octroyé à la firme
Lambert, Nantel, Langlais, Hurtubise et associés pour évaluer,
dans le contexte de la conjoncture économique actuelle, à partir
de quel seuil et effort financier la situation du propriétaire devient
critique. Est-ce que le ministre pourrait nous transmettre copie de ces
études?
M. Tardif: M. le Président, il s'agit de documents de
travail qui entouraient la mise au point du programme d'aide à
l'accession à la propriété. J'ai ici les CT d'autorisation
de ces contrats. Quant aux études elles-mêmes, elles ne sont pas
ici. Si le député de Mont-Royal le permet, je vais voir si on
peut les obtenir et, s'il s'agit de documents qui peuvent être transmis
à la commission, il me fera plaisir de les lui remettre.
M. Ciaccia: Très bien. Même si vous ne les avez pas,
cela ne nous...
M. Tardif: Mais ce sont des CT.
M. Ciaccia: Si vous pouviez nous les faire parvenir. Est-ce que
vous savez, selon l'étude, quel est le seuil critique pour un
propriétaire?
M. Tardif: De?
M. Ciaccia: Vous avez dit que l'étude... À partir
de quel seuil et effort financier la situation du propriétaire
devient-elle critique?
M. Tardif: II faut bien situer cette étude dans son
contexte qui était celui des renouvellements de prêts
hypothécaires. Ce qu'on a donc cherché à savoir, c'est
dans quelle mesure... On se souviendra qu'un programme a été
annoncé par M. Cosgrove, à Ottawa, pour venir en aide aux
propriétaires qui, à l'occasion de leur renouvellement, devraient
consacrer plus de 30% de leur revenu pour faire face aux
mensualités.
Ce que nous avons cherché à savoir, c'est combien il
pouvait y avoir de ces gens-là au Québec qui se trouvaient dans
cette situation. Pour autant que je me souvienne, l'étude avait
démontré qu'il ne fallait pas nécessairement dramatiser
cette question des renouvellements, puisque, pour un bon nombre de
propriétaires - il faut d'abord éliminer tous ceux dont la maison
était entièrement payée, tous ceux qui avaient
négocié un emprunt dont le terme était égal
à la période d'amortissement, donc, tous ceux qui avaient fait
des emprunts avant 1970 sur leur propriété alors qu'on
négociait un prêt hypothécaire dont le terme était
égal à la période de remboursement.
Troisièmement, il fallait aussi éliminer tous ceux qui
avaient négocié des hypothèques dans la période de
1970 à 1975, alors qu'on négociait des hypothèques pour
cinq ans, et la plupart de ceux qui l'avaient fait à cette
époque-là, compte tenu du coût d'acquisition des
propriétés, de la valeur de l'hypothèque et de
l'accroissement de leurs revenus, ne se trouvaient pas dans une situation
difficile; si bien que l'étude avait précisé que ceux qui
étaient en difficulté, c'est ceux qui avaient acheté une
propriété en 1979, 1980 ou 1981 et qui se trouvaient à
devoir renouveler leur prêt en 1981 et 1982, par exemple, ceux qui
avaient des prêts à très court terme.
Mais, un seuil critique, encore une fois, de mémoire, je ne me
souviens pas qu'il y en ait eu de fixé comme tel, puisque, dans bon
nombre de cas, les reprises de possession ont été de beaucoup
inférieures - enfin, je veux dire presque insignifiantes en termes
numériques - car les gens qui étaient propriétaires d'un
immeuble le revendaient plutôt que de s'en départir par reprise de
possession par le prêteur hypothécaire, si bien qu'il faut parler
de vente dans ces cas-là. Il devient donc difficile de savoir si la
vente a été effectuée parce que la personne ne pouvait
plus honorer ses mensualités.
Ceci dit, je donne de mémoire l'espèce de
débroussaillage en quoi consistait cette étude et je tenterai de
fournir les textes au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministère s'est interrogé
- vous parlez du seuil critique pour un propriétaire - sur le seuil
critique pour un locataire?
M. Tardif: II y a des études qui ont souvent
indiqué que ces seuils pouvaient varier. Enfin, il y a en anglais une
vieille règle, la "rule of the thumb", une vieille règle de sens
commun. Les gens disaient: Les ménages ne devraient pas consacrer plus
du quart de leur revenu au logement. Cependant, on a constaté que, par
exemple, les banquiers des institutions financières acceptaient des
prêts hypothécaires qui représentaient un fardeau fiscal -
enfin toutes dépenses étant incluses - pouvant aller
jusqu'à 30%, que les jeunes ménages pouvaient se permettre de
consacrer plus, puisqu'ils se bâtissaient une équité en
achetant une propriété. On sait pertinemment, par exemple, que la
moyenne des gens consacrent à peu près 20% de leur revenu
à se loger; donc, c'est peut-être à l'intérieur de
cette fourchette de 20% à 30% que se situe cette espèce de
fardeau tolérable, et on sait pertinemment que, pour des gens à
très faible revenu, malheureusement, ces pourcentages sont beaucoup plus
élevés. C'est la raison pour laquelle, par des programmes
d'habitation sociale, de HLM, de Logirente, de supplément au loyer, on
tente de venir en aide à ceux pour qui ce fardeau est plus
élevé que les autres.
Le Président (M. Laplante): Est-ce adopté, le
programme 1?
M. Ciaccia: Le programme 1 est adopté.
Le Président (M. Laplante): Le programme 1 est
adopté.
Société d'habitation du
Québec
J'appelle le programme 2, M. le ministre.
M. Tardif: C'est le dossier de la Société
d'habitation; encore là, s'il y a des questions, M. le Président,
il me fera plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, un instant.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous que... (11 h
45)
M. Ciaccia: Non. M. le Président, la construction
domiciliaire, comme on le sait, au Québec, est à son plus bas
niveau depuis très longtemps. Je vais prendre la suggestion que vous
m'aviez faite et rappeler certains propos que j'ai tenus durant mon
intervention quand j'ai fait mes remarques préliminaires, qui ont
été complètement, à certains égards,
détournées par le ministre. J'accepte, c'est un fait, que les
taux d'intérêt sont la cause principale de la situation dans
l'industrie de la construction. Évidemment, si les taux
d'intérêt étaient de 12%, il y aurait beaucoup plus de gens
qui pourraient se permettre d'acheter une maison, mais attribuer strictement
aux taux d'intérêt la chute de la construction au Québec,
ce n'est pas dire toute la vérité, parce qu'il y a d'autres
facteurs qui contribuent à défavoriser la construction
domiciliaire. Il y a les taux d'intérêt, il y a les coûts de
construction très élevés, il y a la taxation municipale.
Le ministre nous a donné des chiffres sur les augmentations en
pourcentage de la taxation. Or le fait demeure qu'il se peut que l'assurance,
en pourcentage, ait augmenté plus que la taxation, mais les montants
qu'une personne paie pour l'assurance sont beaucoup moins élevés
que pour la taxation. Il ne faut pas regarder seulement l'augmentation en
pourcentage. Il faut regarder les chiffres réels. C'est un fait que pour
le bill 57, c'est un comité conjoint qui a fait rapport, c'est vrai,
mais vous n'avez pas adopté toutes les recommandations du comité.
Le fait demeure que même si c'est un comité qui a fait rapport au
gouvernement et que le gouvernement a mis en vigueur la loi 57, il y a un
déséquilibre entre les secteurs résidentiel et commercial.
Tous les pourcentages que vous pourriez nous donner quant aux coûts de
l'énergie, quant aux coûts de l'assurance, ne changent pas le
fait. Vous avez ces chiffres. Par exemple, à Anjou, il y a eu une
augmentation de 100% dans l'évaluation de la maison unifamiliale et il y
a eu une réduction dans le secteur commercial. Le fardeau n'est pas
partagé équitablement. Je ne veux pas faire toute l'argumentation
entre 1972 et 1981 sur l'évaluation.
M. Tardif: Entre 1972 et 1981, cela fait dix ans...
M. Ciaccia: Excusez-moi, de 1974 à 1981.
M. Tardif: Cela fait 10% par année.
M. Ciaccia: C'est la comparaison... Pourquoi, dans l'unifamilial,
cela devrait-il augmenter de 100%, et, dans le commercial, baisser de 20%? Je
ne parle même pas des chiffres... Les chiffres actuels, vous pourrez les
diviser par 7 et dire que c'est seulement 15% par année. Le facteur
important, c'est la réduction du commercial et la répartition
inéquitable entre différentes catégories...
M. Tardif: Est-ce que le député de Mont-Royal
voudrait avoir les chiffres exacts pour la Communauté urbaine de
Montréal pour l'année dernière?
M. Ciaccia: Non, je les ai. Je- les ai donnés lors de la
motion...
M. Tardif: II n'y a pas de diminution, il y a une augmentation
moindre, c'est vrai...
M. Ciaccia: Globalement, c'est vrai, il n'y a pas de diminution,
mais dans certaines villes, il y a eu des diminutions. J'ai donné un
exemple la semaine dernière. Il y a une industrie sur la rue
Côte-de-Liesse, dont je ne donnerai pas le nom, parce que je ne pense pas
que cela servirait, les gens vont blâmer l'industrie, ils vont dire que
l'industrie ne paie pas de taxes, tandis que c'est la faute de
l'évaluation... Ce n'est pas la faute de la compagnie si son compte de
taxes a baissé de 150 000 $ dans une année, en 1981-1982. Je
pourrais vous faire parvenir les détails. Pour la maison unifamiliale,
cela a augmenté de 40%. Une baisse de 150 000 $ pour une industrie, il
faut aller chercher beaucoup de propriétés unifamiliales pour
combler cela. Ce sont des facteurs qui affectent l'accès à la
propriété. Le 17 décembre 1981, le gouvernement mettait en
vigueur son programme d'accession à la propriété,
programme qui était moins généreux que celui qui avait
été promis. Nous avons fait certaines critiques du programme. Je
ne referai pas toutes les critiques. Je ne reprendrai pas le discours de
deuxième lecture ni les discours en commission parlementaire sur le
programme.
Il y a deux choses que je veux porter à l'attention du ministre.
Premièrement, la baisse au Québec est plus élevée
que dans les autres provinces. Je vais vous donner quelques chiffres. Par
exemple, pour la valeur estimative globale de la construction dans les
régions métropolitaines, nous étions à un certain
moment au deuxième rang. Nous sommes maintenant, pour l'année
1981, au dernier rang, après des villes comme Calgary, Edmonton,
Montréal, Toronto et Vancouver. Par exemple, à Toronto, il y a eu
2 900 000 000 $ de construction, à Calgary 2 400 000 000 $.
M. Blais: Windsor?
M. Ciaccia: Vous ne pouvez pas comparer la ville de Windsor... M.
le député de Terrebonne, je ne sais pas si vous essayez, si le
rôle que vous avez aujourd'hui, c'est de faire de l'obstruction, mais je
ne crois pas que vous puissiez comparer la ville de Windsor à un centre
métropolitain de l'envergure de Montréal, Toronto, Calgary ou
Vancouver. Écoutez, vous pourriez même aller chercher les autres
petites villes en Ontario. Je parle des grands centres métropolitains et
je fais la comparaison de 1976 à 1981. Nous avons baissé d'une
façon "drastique", dramatique.
M. Blais: Draconienne en français. Drastique, c'est
anglais.
M. Ciaccia: Draconienne, doit-on dire. Ce sont les mêmes
taux d'intérêt. Même au niveau domiciliaire, nous avions
à un certain moment 26% de la construction domiciliaire - 24% ou 25% -
globale canadienne. Nous avons 26% de la population, alors on maintenait le
niveau de la construction domiciliaire. Nous avons baissé à
14%.
L'année dernière, nous avions encore un pourcentage plus
élevé. En 1980, c'était plus élevé qu'en
1981. Cela va toujours en baissant. Voici le point que je veux porter à
l'attention du ministre. C'est vrai qu'il y a des taux d'intérêt,
mais il y a des taux d'intérêt à travers tout le Canada, ce
sont les mêmes taux d'intérêt. La baisse est plus
prononcée au Québec qu'elle ne l'est dans les autres provinces.
On dit qu'on ne fait pas de recommandations positives. C'était cela le
but des recommandations que je vous ai faites dans mes remarques
préliminaires pour relancer l'industrie de la construction,
différents facteurs, les mesures que le gouvernement pourrait
prendre.
Cela ne sert à rien de dire que c'est toujours la faute du
fédéral. Le fédéral est là mais essayons
aujourd'hui de trouver des mesures concrètes pour aider ceux qui en ont
besoin. La querelle fédérale-provinciale ne se réglera pas
cette année ni l'année prochaine. En attendant, il y a 32 000
travailleurs dans l'industrie de la construction qui ont perdu leur carte de
compétence parce qu'ils n'ont pas eu assez d'heures de travail. Il y a,
je pense, 340 compagnies - on va soulever cela demain - qui ont perdu ou qui
sont en train de perdre leur permis de la Régie de la construction parce
que leur condition financière ne répond pas aux normes de la
régie. Faisons quelque chose pour essayer d'aider ces gens plutôt
que d'essayer de mettre le blâme sur le fédéral et de se
disculper du manque de politiques que l'on a.
Le 29 janvier 1982, le ministre traçait le profil des 25 premiers
bénéficiaires du programme d'accès à la
propriété. L'âge moyen était de 29,6 ans, le revenu
du chef de famille de 24 800 $. Dans 20 cas sur 25, le conjoint travaillait. Le
revenu familial moyen était de 30 500 $ pour votre programme
d'accès à la propriété. Il faudrait seulement
souligner que le revenu familial moyen au Québec est de 26 000 $.
M. Tardif: 28 000 $.
M. Ciaccia: Pas pour la période pendant laquelle vous avez
fait le profil.
M. Blais: Entendons-nous pour 27 000 $.
M. Ciaccia: On va faire un compromis, 27 000 $. Alors, pour les
maisons neuves, il y avait 19 acheteurs à 45 000 $; pour les maisons
usagées, il y avait 6 acheteurs à 39 000 $.
À la fin de février 1982, la Société
d'habitation du Québec avait reçu 2500 demandes. Maintenant, vous
avez dit dans vos remarques que vous aviez atteint vos objectifs, que vous
aviez fait certaines prévisions et que ces prévisions ont
été atteintes. Je pense que vous vous êtes trompé
dans les chiffres que vous nous avez donnés. Je prends votre document de
la Société d'habitation du Québec, les notes explicatives
sur les crédits 1982-1983 et les prévisions à la page 61,
pas le nombre de demandes. Vous nous avez fait une grande démonstration,
disant qu'il y avait 6000 personnes qui avaient fait des demandes, que le
programme est un grand succès. À la page 61, vous avez
prévu un certain nombre de bénéficiaires. Pour
l'année 1981-1982, sur le logement existant, vous aviez prévu non
pas les demandes, mais le nombre de ceux qui devaient bénéficier
du programme, 1250, pour le logement existant, et vous en aviez prévu
2000 pour le logement à neuf, pour un total de 3250.
Une réponse à la critique qu'on avait faite de ce
programme que vous avez promis, qu'on a appelé une promesse
électorale, on va en venir à des détails: comment a
été mis en application... M. le Président, est-ce que vous
pourriez rappeler à l'ordre les députés?
M. Tardif: On était en mesure de le réaliser, c'est
une promesse...
M. Ciaccia: C'était une promesse électorale, bon.
Je vais vous donner les chiffres; c'étaient les prévisions et,
dans le même document, les notes explicatives sur les crédits, le
nombre de bénéficiaires se chiffre à 1533. Vous n'aviez
pas prévu la demande, 3250, vous en avez accordé 1533, qui se
partagent comme suit: le logement existant, 537; le logement neuf, 996.
Premièrement, les chiffres que je vous ai donnés, étaient
bons, l'affirmation que j'ai
faite dans mes remarques préliminaires était exacte. Vous
avez atteint 50% de votre objectif. À moins que les chiffres que vous
nous avez donnés dans les notes explicatives ne soient pas exacts.
Maintenant, est-ce que le ministre pourrait indiquer combien de demandes d'aide
à l'accession à la propriété la
Société d'habitation du Québec a reçues entre le 16
décembre 1981 et le 1er mai 1982?
Premièrement, vous pourriez commenter les chiffres que je viens
de vous donner. Est-ce qu'ils sont exacts ou non? Et vous pouviez nous donner
le nombre de demandes qui ont été reçues du 16
décembre au 1er mai.
M. Tardif: M. le Président, j'ai un rapport ici parce que
je reçois un rapport hebdomadaire. Il est du 5 mai. Le
député me demande un rapport au 1er mai, je vais lui donner le
nombre de demandes reçues au 5 mai, il est de 6608.
M. Ciaccia: Cela, ce sont les demandes.
M. Tardif: Du 17 décembre au 5 mai, quatre mois et demi.
Une moyenne de 1400 par mois.
M. Ciaccia: Combien de mois?
M. Tardif: C'est quatre mois et demi. Du 17 décembre au 5
mai. Une moyenne de 1482 exactement.
M. Ciaccia: Combien ont été acceptées?
M. Tardif: Les demandes ou les dossiers admis de façon
absolue sont au nombre de 2685: Ceux admis de façon conditionnelle,
1013. Quand on dit de façon conditionnelle, c'est qu'une personne nous
fait une demande d'admissibilité au programme et sa demande est
conditionnelle à ce qu'il ait son prêt hypothécaire. Donc,
dans la mesure où il a son prêt hypothécaire, où il
remplit les conditions et fournit les preuves d'admissibilité, pour
autant que nous sommes concernés, il est admis, moyennant cela. Et il y
a 914 cas de refus, parce que ne remplissant pas les conditions d'admission.
Avec les autres demandes, si on fait la somme ça donne 3600, 4600, il y
a donc 2000 dossiers qui sont en instance d'analyse, parce qu'il faudrait quand
même souligner que le programme, à ses débuts, comme c'est
tout à fait normal, était administré manuellement et que
l'informatisation comme telle est en voie de réalisation. (12
heures)
M. Ciaccia: Sur les demandes acceptées...
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: ... vous avez dit: II y a 2685 demandes
acceptées.
M. Tardif: C'est cela.
M. Ciaccia: Combien se prévalaient de la
rétroactivité du 1er mai 1981?
M. Tardif: Je n'ai pas ce renseignement, mais je pourrai sans
doute l'obtenir à l'intention du député. Cependant, si je
prends la période en question, les chiffres de 2685 demandes
acceptées de façon absolue et 1013 acceptées de
façon conditionnelle, cela nous donne 3600, alors que la
prévision à la page 61 était de 3250. C'est donc dire que
j'ai plus que la prévision.
M. Ciaccia: La période de 1981-1982 va jusqu'au 31 mars.
Vous venez de donner des chiffres pour avril et mai.
M. Tardif: J'en suis. J'ai fait la réserve en disant bien
que, n'étant pas au 31 mars mais au 5 mai, j'arrive néanmoins
avec 3698 demandes, ce qui est plus que la prévision; mais, il y a un
mois de plus, j'en conviens. Cela m'apparaît être...
M. Ciaccia: Alors, votre page 45 est inexacte. Parce que si vous
regardez à la page 45, vous allez voir, sur la loi de l'habitation
familiale, l'accession à la propriété, les subventions
versées, le nombre de bénéficiaires: Réel
1981-1982, nombre de bénéficiaires, vous n'avez pas 3500, vous
avez 1533 qui sont divisés entre logements existants: 537, logements
neufs: 996. Si on fait la comparaison avec cela...
M. Dupré: Est-ce qu'on peut savoir à quel endroit
vous prenez cela?
M. Ciaccia: Page 45.
M. Tardif: Les documents.
M. Ciaccia: Société d'habitation du Québec,
notes explicatives.
M. Tardif: Si le député de Mont-Royal me permet. Il
s'agit ici d'imputations budgétaires et non pas d'acceptation de
demandes. Or, le premier chèque, il est versé après que
les paiements hypothécaires sont dus. De sorte qu'il est tout à
fait concevable que, pour une personne étant jugée admissible au
cours du mois de mars, par exemple, le premier paiement hypothécaire
soit du seulement au mois de mai et que les mensualités lui soient
versées à partir du mois de mai. Il ne faudrait pas tout de
même qu'on confonde les choses. Il s'agit ici d'imputations
budgétaires comme telles avec le paiement qui suit et c'est
normal, le premier paiement hypothécaire. M. Blais: Un
mauvais filon.
M. Ciaccia: Combien? Est-ce que vous avez les chiffres des
demandes qui ont été acceptées et qui étaient
rétroactives?
M. Tardif: Non, je ne l'ai pas, mais on peut essayer de vous
l'obtenir.
M. Ciaccia: Parce que cela affecte l'idée. Parce que
lorsque vous dites à un rythme de 1400 par mois, si c'était
rétroactif au 1er mai, ce ne sont plus les mêmes montants.
M. Tardif: Oui et j'en conviens avec le député. Je
pourrais lui dire: Voyez, par exemple, ici, pour la dernière semaine le
nombre de demandes reçues est de 400. Imaginons que ce rythme de 400
soit celui des deux derniers mois, cela voudrait dire à peu près
1200 par mois et le surplus de 200, c'est encore ce que nous traînons de
demandes qui ont pu être dues à la rétroactivité. Je
tenterai d'obtenir les chiffres.
M. Ciaccia: Je pense que les chiffres que vous devez utiliser ce
sont les chiffres de demandes actuelles acceptées, non pas les
conditionnelles, parce que dans les conditionnelles, je suis certain que vous
pourriez ajouter toutes sortes de conditions, non pas seulement, je
présume...
M. Tardif: C'est un règlement, ce n'est pas
arbitraire.
M. Ciaccia: Je comprends. Non, non ce n'est pas cela que je veux
dire. Vous pouvez ajouter des conditions qu'on ne rencontre pas dans le
règlement et dire: Écoutez, l'article 32 du règlement doit
être rempli avant qu'on vous accorde...
Autrement dit, dans les conditionnelles, est-ce que la seule condition
sur les 1113, c'est l'hypothèque qu'on n'a pas obtenue?
M. Tardif: Généralement...
M. Ciaccia: Ou, est-ce qu'il y a d'autres conditions du
règlement?
M. Tardif: J'allais dire la quasi-totalité, c'est
conditionnel à l'obtention du prêt hypothécaire. La
personne reçoit un certificat d'admissibilité qui dit: Vous
êtes admis au programme d'accession à la propriété
conditionnellement à l'obtention de votre prêt
hypothécaire. C'est écrit en toutes lettres. Les autres cas,
c'est lorsqu'il s'agit de dossiers incomplets. Exemple: Vous êtes
admissible au programme d'accession à la propriété
conditionnellement à ce que vous fassiez la preuve que vous avez votre
enfant de 12 ans vivant chez vous, avec vous. Alors, c'est la pièce qui
peut manquer, tout le reste est admis. Donc, c'est connu, c'est dit et la
personne en est informée sur le certificat même.
M. Blais: M. le Président...
M. Ciaccia: ... juste quelques autres questions. Le profil des
bénéficiaires...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford et, après cela, le député de Saint-Hyacinthe.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez nous donner le profil de ces
bénéficiaires, l'âge moyen, le nom de l'enfant, le revenu
moyen du chef de famille ou du requérant, le revenu familial moyen, le
régime d'enregistrement réel?
M. Tardif: M. le Président, le député de
Mont-Royal va comprendre que nous avons fait cette compilation à la
mitaine pour les 25 premiers cas. Nous l'avons aussi faite à la mitaine
ultérieurement pour les 100 premiers bénéficiaires et je
vais voir si on peut lui donner des chiffres plus à jour quant au profil
pour l'ensemble des cas. Mais, nous avons, pour, le suivi, autrement que pour
les chiffres que je lui ai cités, attendu que le tout soit
informatisé, alors nous n'aurions qu'à appuyer sur le bouton pour
avoir, disons la couleur des yeux de... enfin, bref, tous les renseignements
qui sont sur le formulaire. Mais je vais tenter de lui obtenir d'autres
données, s'il en veut.
M. Ciaccia: D'après les critiques que nous avions faites
et même les normes qui ont été rapportées dans
différents journaux, il semble qu'il faut gagner 35 000 $ et disposer de
10 000 $ pour acheter une maison neuve, peut-être que c'est 30 000 $.
Est-ce que le ministre prévoit modifier son programme pour le rendre
plus accessible?
M. Tardif: D'abord, quand le député de Mont-Royal
dit: Les chiffres que nous avions cités lors de l'étude de ce
programme en commission parlementaire se confirment. Je m'excuse, mais je lui
citerai des exemples. Je n'ai pas devant moi le texte du journal des
Débats, mais je me souviens qu'il avait pris des exemples de
propriétés valant 75 000 $ à Mont-Royal...
M. Ciaccia: Non, excusez, M. le Président, je n'avais pas
pris de propriété à Mont-Royal, je n'avais pas pris de
propriété dans Crémazie non plus ni dans le district de
Terrebonne. J'avais pris des propriétés, le maximum...
M. Tardif: II avait pris des propriétés
évaluées à 75 000 $.
M. Ciaccia: Non, pas à 75 000 $. Voyez-vous, M. le
Président, Je vais m'opposer, parce que vous allez me dire après
que c'est seulement l'article 96. Le ministre a fait cela toute la
matinée, il m'a accusé de dire des choses que je n'ai pas dites
et on ne peut pas l'interrompre d'après les règlements, mais je
vais l'interrompre, quand même. J'ai donné l'exemple
d'après vos chiffres et le maximum était 60 000 $, le prix de la
propriété de 60 000 $. Je ne pouvais pas prendre 75 000 $, cela
n'entre même pas dans votre programme, les 75 000 $ pour l'unifamilial.
Alors, comment pouvais-je vous donner cela comme exemple? J'ai pris deux
exemples: un exemple à 50 000 $, j'ai fait le relevé des taux
d'intérêt et le paiement qu'une personne devait faire pour 50 000
$, et l'autre d'un maximum de 60 000 $ et on est venu à des chiffres
établissant qu'une personne devait gagner au moins 30 000 $ par
année pour avoir accès au programme.
Si on tient à dire la vérité, peut-être qu'on
pourra faire un peu plus de progrès sur l'étude desdits
crédits, parce que le temps coule.
M. Tardif: Alors, M. le Président, le député
de Mont-Royal dit: Est-ce que nous allons faire quelque chose pour
améliorer la situation? Je dis que nous avons déjà fait
notre part en mettant au point ce programme, puisqu'à un taux
d'intérêt de 18%, par exemple, pour fins de calcul, la
bonification sur 10 000 $ veut dire une subvention de 150 $ par mois pour les
12 premiers mois, de 100 $ par mois pour les 12 mois qui suivent et de 50 $ par
mois pour les 36 mois qui suivent. Alors, M. le Président, que le
député de Mont-Royal veuille dire aux ménages, aux 5000 ou
6000 demandes que nous avons reçues, et aux 12 000 qui en
bénéficieront au cours de l'année à venir, que ceci
ne représente absolument rien, c'est son droit, mais je pense
qu'évidemment...
M. Ciaccia: Je n'ai pas dis que cela ne représentait
rien...
M. Tardif: ... M. le Président, je ne pense pas qu'ils
vont le prendre très au sérieux. Nous allons essayer de faire des
choses, du côté de la densité des terrains et la superficie
des terrains, puisque nous ne sommes pas intéressés. Le
député de Mont-Royal a souligné le problème de la
viabilisation des terrains. Nous ne sommes pas intéressés
à ce que des normes trop rigides viennent contraindre de ce
côté-là la construction, même si, dans beaucoup de
municipalités, on possède présentement des terrains
déjà viabilisés et nous allons tenter de voir si nous
pouvons adapter le programme en ces matières.
Nous suivons également avec beaucoup d'intérêt
l'annonce qui a été faite par le fédéral,
soi-disant pour relancer la construction locative, de logements locatifs,
d'accorder 30 000 logements pour tout le Canada, dont 10 000 pour le
Québec.
Le député de Mont-Royal faisait tantôt des
adéquations entre la population en disant: On a 25% de la population, au
Québec, il devrait y avoir 25% des mises en chantier. La SCHL, le
gouvernement fédéral vient d'accorder au Québec, comme
possibilité d'aide aux logements locatifs, 10 000 logements sur les 30
000. Je m'excuse, pas 10 000, 3000 logements sur les 30 000; c'est 10%
seulement qui est accordé au Québec sur ce plan. Je veux bien que
le député de Mont-Royal prenne toutes sortes de libertés
avec les chiffres, qu'il parle de situations qui évoluent, enfin, qui
sont pires au Québec, je comprends. Cette politique du pire fait partie
de la stratégie de l'Opposition. Le député de Mont-Royal
devrait savoir que pour cette même maison qui coûte 50 000 $ dans
la région de Montréal, un ménage doit payer 100 000 $
à Toronto et 150 000 $ à Edmonton et à Calgary. Il n'en
parle pas de cela. De la même manière, lorsqu'il parle...
M. Ciaccia: Donc, ils devraient en construire plus à
Montréal, pas moins. C'est l'inverse.
M. Blais: L'évaluation municipale est basse aussi.
M. Tardif: M. le Président, le député de
Mont-Royal parle des statistiques et des mises en chantier et dit que la baisse
a été plus sensible au Québec. Je lui produirai
tantôt - parce que ces documents viennent de me parvenir - des chiffres
qui indiquent que la diminution des mises en chantier est encore plus forte
dans les autres provinces qu'au Québec, contrairement à ce qu'il
disait tantôt. On parle du cas de provinces comme l'Ontario, le Manitoba,
l'Alberta et la Colombie britannique, où les baisses de mises en
chantier sont beaucoup plus significatives que pour le Québec. Cela est
cité dans la Presse du 23 février 1982 dans la section
Économie et finances. La source, ce n'est pas, encore une fois, le
gouvernement du Parti québécois, c'est la SCHL. J'invite tout
simplement le député de Mont-Royal à lire les publications
statistiques qui se font; il aura une idée de la baisse dramatique des
mises en chantier, non seulement au Québec, mais partout au Canada.
M. Ciaccia: M. le Président, j'inviterais seulement le
ministre à lire les statistiques plus récentes que celles du 23
février 1982.
L'article du 23 février auquel il se réfère est
basé sur des prévisions pour 1982, et ces prévisions ont
été changées par la Société canadienne
d'hypothèques et de logement. Dans cet article, on démontre qu'il
y aurait 31 000 mises en chantier dans le secteur domiciliaire au
Québec. Ces chiffres sont révisés et ils démontrent
que la baisse sera encore plus dramatique au Québec. J'inviterais le
ministre à mettre ses chiffres à jour et ne pas nous citer des
choses qui ont déjà été changées.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford.
Programmes Loginove et Logirente
M. Paré: M. le Président, les questions que je
voudrais poser au ministre concernent, premièrement, le programme
Loginove. Je dois dire, pour avoir rencontré les municipalités de
mon coin qui y sont éligibles, la satisfaction des gens que le programme
soit en vigueur et qu'il aide, entre autres, non seulement les
propriétaires, mais protège en même temps les locataires.
Qu'on ait réajusté les montants maximaux de 13 000 $ à 15
500 $, je pense que les gens en sont satisfaits. Voici ma question. À
propos des territoires - c'est sûr que les seules municipalités
éligibles à cause de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, ce sont les municipalités
éligibles au PAREL urbain - et vu que notre programme s'applique dans
des zones désignées, je voudrais savoir, étant
donné que ces zones ont déjà eu la chance de participer
à d'autres programmes précédemment ou ne pourront pas
dépenser l'argent dans la zone désignée - il y a des
travaux déjà effectués - si c'est possible et de quelle
façon une municipalité peut s'y prendre pour élargir la
zone désignée.
M. Tardif: M. le Président, dans ce dépliant
Loginove, il y a un passage qui s'appelle territoires couverts, où je
lis: Conçu pour s'appliquer dans tout le Québec, Loginove est
limité au départ aux territoires d'une cinquantaine de centres
urbains (Voir la liste que nous incluons dans le programme) compte tenu des
limites qu'impose la SCHL à son programme PAREL urbains. Loginove sera
étendu graduellement à d'autres territoires au fur et à
mesure que de nouvelles municipalités auront été reconnues
admissibles au PAREL urbain. (12 h 15)
J'ai été en pourparlers avec la SCHL et avec son ministre
responsable, M. Cosgrove, précisément afin d'amener le
fédéral à étendre la couverture du PAREL à
l'ensemble du territoire québécois et jusqu'à maintenant
il y a eu un refus systématique de la part de la SCHL et du ministre
fédéral qui disent: Nous ne sommes pas prêts à
étendre le programme, nous n'avons pas les crédits pour ce faire
mais nous serions prêts éventuellement à ajouter des villes
au fur et à mesure que certaines s'en iront. Si, par exemple,
disent-ils, vous avez 50 municipalités et que dans une
municipalité donnée le nombre de logements à restaurer est
de 200, lorsque cette opération restauration sera terminée, cette
ville s'en ira et nous en accepterons une autre.
J'ai fait des représentations en leur disant que cela nous
paraissait complètement aberrant, que je comprenais que des contraintes
budgétaires pouvaient faire en sorte que le fédéral
veuille limiter sa participation à un certain nombre de logements, donc,
ne pas avoir un bar ouvert mais un bar fermé, et je leur ai dit:
Étendons cela néanmoins à l'ensemble du territoire
québécois. Le président de la société est
présentement en pourparlers avec son vis-à-vis responsable de la
SCHL au Québec pour possiblement étendre le nombre de
municipalités désignées à, disons, une vingtaine de
municipalités de plus au départ, ce qui ferait en sorte que la
couverture de logements possibles cette année pourrait passer par le
fédéral de 4500 à peu près à 7000
logements.
Donc, c'est une des raisons pour lesquelles le programme Loginove n'a
pas démarré avant ce jour, ces difficultés de tractation,
et nous avons décidé de le lancer dans les territoires
désignés. Nous faisons toutes les pressions voulues pour
l'étendre et je demande instamment aux municipalités du
Québec d'adresser un télégramme à leur
député fédéral pour leur dire: Cela n'a pas
d'allure, étendez la couverture de PAREL à l'ensemble du
territoire québécois! Qu'est-ce que vous voulez, encore
là, c'est un autre des dossiers où des gens loin de nous
prétendent avoir la vérité sur les besoins en restauration
au Québec.
M. Paré: D'accord. J'aurais une seconde question. C'est
à propos d'un autre programme que vous avez mis sur pied et qui est
très apprécié, j'espère qu'il va continuer, soit
dit en passant, Logirente. Là, il est limité aux personnes de 65
ans et plus; on avait dit que possiblement on essaierait de l'appliquer aux 55
ans et plus. Moi, je ne veux pas discuter du programme Logirente comme tel sur
sa base, c'est au sujet des habitations à loyer modique. C'est certain
qu'il y a un besoin évident dans la population, et on s'en rend compte
juste à regarder les listes d'attente qu'il y a pour les gens qui
veulent aller demeurer dans les HLM. On sait par contre que les HLM nous
coûtent très cher. Est-ce qu'on regarde plutôt la
possibilité d'élargir ou d'augmenter l'aide financière
pour que les gens profitent davantage des HLM et qu'on ait un besoin
moins grand de HLM?
M. Tardif: C'est un fait que le gouvernement a
décidé, après avoir effectué un rattrapage
considérable dans le domaine du logement social et avoir plus que
doublé le nombre de logements sociaux, si j'assimile 6000 au logement
social le logement conventionné auquel s'applique le supplément
au loyer qu'il faut distinguer de l'allocation de logement, nous avons
présentement au-delà de 7000 logements prévus qui sont en
voie de réalisation et c'est un fait que nous allons, après avoir
effectué ce rattrapage, ralentir le rythme de production des HLM. Au fur
et à mesure de ce ralentissement, nous allons introduire des programmes
plus doux d'aide personnalisée aux logements plutôt que d'aide
à la pierre. Logirente s'inscrit dans cette direction. Nous l'avons
commencé le 1er octobre 1980. C'est un programme qui, au départ,
a rejoint au-delà de 25 000 ménages âgés.
Après sa première année de rodage, des ajustements ont
été nécessaires au programme puisqu'on s'était
rendu compte de l'existence de deux revenus au même endroit, si vous
voulez. Il y a donc eu un réajustement à cela. Nous avons pris
effectivement l'engagement d'étendre l'allocation aux logements en cours
de mandat aux personnes de 55 à 64 ans. Présentement, il y a des
équipes de travail qui sont en train d'évaluer quelle serait
cette clientèle par tranches d'âge; quel est le fardeau que
représente le loyer présentement pour ces ménages, de
façon à couvrir graduellement cette catégorie, et
particulièrement dans le cas des personnes seules et des femmes,
surtout, dont les revenus, parce qu'elles n'ont pas eu de revenus de travail et
de rentes comme telles, sont très faibles et pour qui le logement
représente un fardeau extrêmement lourd. Donc, la réponse,
c'est oui, nous allons continuer ce programme, nous allons le prolonger. Nous
en avons pris le pouls et la mesure au terme d'une année de
fonctionnement.
Cependant, je tiens à préciser immédiatement,
contrairement à ce qui a été dit, que nous allons devoir
continuer à produire du logement locatif dans certains centres, dans
certains endroits, puisque, à quoi servirait un programme d'allocation
au logement s'il n'y avait pas suffisamment de logements? Nous allons le faire
à un rythme moindre que ce que nous avons fait au cours des
dernières années en introduisant, notamment en 197B-1979, deux
programmations de 6000 logements chacune. Nous pensons plus atteindre un rythme
de croisière d'à peu près 2500 logements. Ce "respir" que
nous allons obtenir sur le plan du logement social, qui coûte
extrêmement cher, nous allons diversifier cela dans d'autres programmes
plus souples tels que Logirente.
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer, on va y
aller par sujet, si vous voulez. On va finir d'étudier le programme de
l'accès à la propriété. Si vous avez des questions
là-dessus...
M. Dupré: Ma question porte justement sur l'accès
à la propriété, sur les statistiques.
Le Président (M. Laplante): Juste une question sur
l'accès à la propriété, puis je redonne la parole
au député de Mont-Royal pour terminer le sujet, et je vous donne
la parole après.
M. Dupré: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au ministre. Sur les 914 refus, je voudrais savoir si cela se fait ou
si cela ne se fait pas - ce serait peut-être une suggestion - à
savoir s'il y a une compilation des refus. Si on s'aperçoit que les
refus sont à peu près tous dans les mêmes barèmes,
peut-être qu'un certain assouplissement du règlement pourrait
permettre l'admission d'un nombre plus considérable de gens.
M. Tardif: C'est une excellente suggestion. Encore une fois,
j'attends que le système soit complètement informatisé
pour jouer avec l'ensemble de ces données et nous permettre de voir si
certaines exigences sont telles qu'elles ont pour effet de faire sortir des
gens qui, autrement, seraient admissibles.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Sur le programme de l'accès à la
propriété, je pense que le 17 novembre 1981, vous avez soumis la
17e version de votre programme d'accès à la
propriété, pour adoption au Conseil des ministres. Dans votre
mémoire au Conseil des ministres, vous soumettez un tableau relativement
au coût de démarrage, réparti sur deux colonnes
intitulées: engagé et budgétaires. Au point "Consultants",
il est indiqué: conception du programme, 62 144 $; conseillers en
administration, 195 075 $; dépenses de procédures, 8336,25 $,
pour un total de 265 555 $. Est-ce que le ministre pourrait nous donner les
détails concernant les 62 144 $ relativement à la conception du
programme?
M. Tardif: Bien, pas ici, M. le Président. Je pourrai
certainement les faire demander. Je veux juste rappeler au député
de Mont-Royal que le ministère de l'Habitation compte à peine une
poignée de gens, moins de dix personnes, incluant la
téléphoniste, le sous-ministre, le ministre, et que la mise au
point d'un tel programme a dû se faire avec des consultants externes, M.
le Président, et cela s'est fait selon les
règles. J'obtiendrai le CT d'autorisation de cela et il me fera
plaisir de le produire.
M. Ciaccia: Ce n'est pas exactement le CT que nous demanderons,
on demanderait les détails. Je trouve difficile à comprendre que
vous avez fait un programme conçu, on le suppose, par le Parti
québécois, on regarde ici et on voit que c'est dans les
dépenses du gouvernement. Alors, on se demande qui a conçu le
programme?
M. Tardif: M. le Président, le député de
Mont-Royal charrie complètement. Le programme était là et
les paramètres ont été annoncés au mois de mars
dernier.
M. Ciaccia: Ne vous fâchez pas. Ne vous fâchez pas.
Je vous demande comment l'argent a été dépensé.
Une voix: C'est insidieux.
M. Tardif: Non. C'est complètement irrégulier, M.
le Président. La conception administrative, la traduction administrative
d'un programme se fait en disant: Voilà le programme, les
paramètres sont connus et ont été annoncés au mois
de mars 1981. Maintenant, comment tout ceci va-t-il fonctionner? Sur les
tractations et les négociations avec les institutions, par exemple, M.
le Président, pour faire comprendre au député de
Mont-Royal qui, de toute évidence, ne veut pas comprendre,
néanmoins, je vais donner un exemple.
M. Ciaccia: Faites cela.
M. Tardif: À partir de quel taux hypothécaire
allons-nous fonctionner? À partir du taux réellement payé
par la personne? À partir du taux, et s'il s'agit d'une
propriété ancienne et s'il y a deux hypothèques - il y en
a une première et une deuxième, une première à 10%
négociée à l'origine sur l'immeuble et une deuxième
à 21%, M. le Président, allons-nous devoir concevoir un programme
qui devrait comporter des ajustements? Allons-nous calculer un taux moyen?
Allons-nous calculer un taux qui tienne compte de la part du capital à
un taux et l'autre part à un autre?
M. le Président, ceci a impliqué une mise au point, vous
allez dire de la plomberie, de la traduction administrative des contacts avec
les institutions financières, et c'est ce que des spécialistes en
gestion et en administration ont fait, c'est-à-dire traduire dans les
faits une décision, un programme dont les paramètres ont
été annoncés effectivement au mois de mars 1981.
M. Ciaccia: Quand vous parlez du mois de mars, nous étions
en pleine campagne électorale, cela, ce sont des dépenses qui ont
été faites par le gouvernement.
M. Tardif: C'est exactement cela, M. le Président.
M. Ciaccia: Et quand vous dites qu'il a fallu faire des
études sur la technicité, est-ce que ce sont les taux
d'intérêt, etc.? Dans le programme électoral que vous avez
fait, les promesses électorales étaient très claires. Vous
donniez une subvention sur le taux d'intérêt. 11 n'y avait pas
d'étude à faire, parce que c'était clair. Vous aviez dit:
On donne les premiers 10 000 $, c'est 0%, vous ne payez pas. Vous n'avez pas
dit dans votre programme: Si le taux d'intérêt est de 18% ou s'il
est de 19% ou si on va l'ajuster à 18 1/4%. C'était clair. Les
ajustements sont venus après pour changer cet aspect. Les 175 075 $,
à qui les a-t-on versés à titre de conseiller en
administration? Est-ce que vous pouvez nous donner les détails?
M. Tardif: C'est une firme, M. le Président. Je vais
obtenir les contrats qui ont été donnés.
M. Ciaccia: Je pense que je vous l'avais demandé non, je
ne l'ai pas demandé, mais vous avez anticipé un peu la
réponse, pourquoi cette opération n'a-t-elle pas
été confiée à des fonctionnaires?
M. Tardif: II n'y avait pas de fonctionnaires au
ministère.
M. Ciaccia: Oui, vous n'aviez pas assez de fonctionnaires au
ministère.
M. Tardif: Le ministère venait d'être
créé, M. le Président.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre peut nous dire ce que
recouvrent les 8337,25 $ de dépenses de procédures? Vous avez un
poste "dépenses de procédures". (12 h 30)
M. Tardif: Aucune idée, M. le Président, je vais
vous faire sortir ça. Vous allez l'avoir cet après-midi ou demain
matin.
M. Ciaccia: Très bien. De mai 1981 à mai 1982,
quelle fut votre clientèle et quel fut le taux d'intérêt
reconnu dans votre programme?
M. Tardif: Les taux d'intérêt reconnus... oui, M. le
Président. J'ai ça quelque part. Alors, le taux
d'intérêt reconnu, M. le Président, est basé sur le
taux des prêts hypothécaires ordinaires à cinq ans
titrés du bulletin hebdomadaire de statistiques financières de la
Banque du Canada, et en vigueur à la fin du premier jour d'un mois. Mai
1981, 17%; juin, 18,5%; juillet, 18,75%;
août, 20%; septembre, 21,75%; octobre, 21,75%; novembre, 20,25%;
décembre, 17,75%; janvier, 17,75%; février, 18,75%; mars, 19,5%;
avril, 19,5% et mai 19,5%.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Dorion.
Mme Lachapelle: Peut-être un peu pour répondre au
député de Mont-Royal, qui dit toujours qu'on n'est pas prêt
à penser à la relance de la construction, même s'il ne veut
pas l'avouer, le taux d'intérêt joue un rôle assez
négatif dans la relance de la construction. Comme vous le disiez,
c'était peut-être une promesse électorale, notre programme
d'aide à la propriété, mais vous avez vu que notre
promesse, on l'a tenue. Et ce programme est très bien vu de la
population. Ce programme permet à de nombreuses familles d'avoir leur
première résidence et, pour un programme qui est tout nouveau, je
pense qu'on ne peut qu'en dire du bien.
M. le ministre, vous dites que chaque cas fait l'objet d'une analyse;
est-ce que je pourrais savoir combien de temps dure une analyse avant que les
gens soient acceptés ou non? Dans les cas où on réclame
une certaine superficie de terrain, est-ce que ça arrive que vous ayez
des refus parce que les gens ne possèdent pas les critères de
superficie requise?
M. Tardif: Les premières demandes, je l'ai
mentionné, ont pris plus de temps pour deux raisons. D'abord, il y avait
les arrérages, c'est-à-dire, tous les dossiers des gens qui
soumettaient leurs demandes et qui voulaient bénéficier de la
rétroactivité. Comme le programme a été
lancé le 17 décembre, il y avait toutes les demandes des gens qui
s'étaient acheté une maison neuve entre le 1er mai et le 17
décembre, plus les demandes de ceux qui achetaient une maison en
décembre ou en janvier, d'une part.
Deuxièmement, au début, le programme se faisait à
la mitaine, donc manuellement. Nous sommes en train d'informatiser le
système et l'objectif est d'atteindre un délai de réponse
de moins de 15 jours. Actuellement, c'est à peu près le double,
30 jours, 35 jours. Nous voulons le réduire à moins de 15
jours.
Deuxième question, les terrains. Deux normes régissent les
emplacements. S'il s'agit de terrains viabilisés, donc desservis par
aqueduc et égout, la superficie exigée est de 420 mètres
carrés, c'est-à-dire, un peu plus que la norme admise dans les
municipalités en vertu des programmes d'aide à la densification
du fédéral et des Affaires municipales. Quand ils disaient que
les municipalités avaient droit à 1000 $ par logement, ça
faisait dix logements à l'acre. Dix logements à l'acre, si on
traduit cela en métrique, d'abord, et après ça sur une
base unitaire, ça exige des terrains d'une superficie maximale de 415
mètres carrés. Cependant, l'APCHQ, l'Association provinciale des
constructeurs d'habitations du Québec, nous a demandé de monter
cette superficie de 415 à 420 mètres carrés parce que,
disaient-ils, la plupart des municipalités ont des lots de 60 pieds de
façade. Un lot de 60 pieds façade avec environ 90 ou 100 pieds de
profondeur, si nous devons resubdiviser les lots, en augmentant votre
superficie à 420 mètres carrés vous nous permettriez, M.
le ministre, de faire en sorte qu'avec trois lots de 60 pieds de façade
nous puissions en faire quatre de 45 pieds. Trois lots de 60 pieds donnent 180
pieds, un sous-multiple de cela est 45 pieds, donc en ayant 45 pieds de
façade sur 100 pieds de profondeur il était possible
d'opérer les subdivisions de cette façon. Nous l'avons fait en
incluant dans le programme cette exigence de 420 mètres carrés
plutôt que de 415 mètres carrés.
Deuxièmement, en faisant en sorte, et cela répond encore
plus à votre question, que cette norme ne s'applique qu'à compter
du 1er janvier 1983. Si bien que pour les gens qui se bâtissent
aujourd'hui, on ne tient pas compte de la superficie des lots. Donc, cela n'a
pas été un motif de refus jusqu'à ce jour.
Troisièmement, dans le cas des terrains non viabilisés,
non desservis par des réseaux d'aqueduc et d'égout, il faut
remplir les normes de l'environnement.
D'accord?
Voilà. Je voudrais juste ajouter un petit point, si vous me le
permettez. Le programme d'aide à l'accession à la
propriété comportait deux volets. Un premier volet d'aide en
rabais d'intérêt, d'accord? Je l'ai dit tantôt, 150 $ par
mois, par exemple, pour un intérêt de 18%, pendant douze mois, 100
$ par mois pendant les douze mois qui suivent, 50 $ par mois pendant les 36
mois qui suivent. Donc, pendant 60 mois il y a une aide décroissante
d'accordée. Cela c'était le premier volet. Pour avoir droit
à cela il fallait avoir un enfant de moins de douze ans et n'avoir
jamais été propriétaire.
Il y avait le deuxième volet aussi qui est une prime de 2000 $
lors de la venue d'un deuxième enfant, et, lors de la venue d'un
troisième enfant, elle est de 4000 $. Moins de quatre mois après
le programme, il y a des familles qui ont eu des enfants. La semaine
dernière on a envoyé 52 certificats d'admissibilité et
avis de paiement à 52 ménages parmi ceux qui avaient fait des
demandes pour la subvention de capital. Là-dessus il y a 40 familles qui
vont recevoir un chèque de 2000 $ comptant parce que c'est leur
deuxième enfant, et il y en a douze qui vont recevoir un chèque
de 4000 $ parce que c'est leur troisième enfant. Cela
aussi c'est un autre des volets du programme qui est entré en
vigueur, non seulement qui est entré en vigueur et qui a
été annoncé, mais qui est opérationnel et dont les
avis de paiement sont partis.
Mme Lachapelle: Une deuxième petite question, M. le
ministre. On parle souvent des maisons neuves, des maisons existantes.
Maintenant on a très peu parlé de la maison mobile. Est-ce que
vous avez eu aussi plusieurs demandes dans ce domaine?
M. Tardif: Maisons mobiles. Le nombre de demandes reçues
est de 52, c'est-à-dire 1% des demandes. Je voudrais juste faire
remarquer ici que l'objectif du programme était d'être neutre
vis-à-vis des maisons mobiles, c'est-à-dire ni les encourager, ni
les décourager. Avec 1% de demandes j'ai l'impression en gros qu'on
atteint cet objectif. Il y a des coins du Québec où c'est
à peu près inexistant - sur l'île de Montréal je ne
crois pas qu'il y en ait beaucoup -dans certaines régions du
Québec, la Côte-Nord et ailleurs. La première
difficulté à laquelle se butent les acquéreurs de maisons
mobiles c'est de se faire reconnaître pour fins de prêt
hypothécaire; à partir de ce moment nous les acceptons.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser certaines
questions. Il nous manque du temps. J'aurais voulu parler un peu plus du
programme Logirente. Au début le ministre, je crois, avait donné
des chiffres, quand il a annoncé le programme, quant aux nombres de
personnes qui en bénéficieraient. Si je me rappelle il
avait...
Le Président (M. Laplante): Juste un petit écart.
Là vous vous embarquez sur le programme de...
M. Ciaccia: II y a eu une question sur Logirente qui a
été posée avant.
Le Président (M. Laplante): C'est pour vider la
première, l'accession à la propriété. Vous n'avez
plus de question là-dedans?
M. Ciaccia: J'ai des questions sur la Société
d'habitation du Québec. C'est parce que monsieur en avait une petite sur
l'accession à la propriété. Ce serait fini pour ce
sujet.
Le Président (M. Laplante): 30 secondes.
M. Ciaccia: Allez-y, 30 secondes, je vais vous accorder 30
secondes. Le Président va vous accorder 30 secondes.
M. Blais: Par condescendance, je ne prendrai que 30 secondes, M.
le député de Mont-Royal.
En préambule, quand un parti fait une promesse électorale
et qu'il s'engage, les dépenses quand il est élu deviennent des
dépenses gouvernementales et il ne faut pas s'en surprendre, M. le
député de Mont-Royal. Cependant, vu la tournure des questions, je
suis persuadé que vous allez recevoir en Chambre une question
très précise. J'aimerais vous la poser immédiatement. Les
prévisions du programme et la réalité des faits, est-ce
que c'est concordant ou mieux comme résultat?
M. Tardif: Alors, M. le Président, au rythme où les
demandes entrent présentement, je pense qu'au terme de la
première année de fonctionnement, nous aurons, effectivement,
plus de demandes que ce que nous avions prévu.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: II a peut-être eu plus de demandes que
prévu, mais il y a moins de...
Le Président (M. Laplante): Donnez-vous la réponse
que M. le ministre doit donner?
M. Ciaccia: Je vais donner la réponse d'après les
documents du ministre. Vous n'allez pas m'empêcher de faire
l'intervention que je veux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je vais faire le commentaire suivant: II y a eu plus
de demandes, peut-être, qu'on l'avait prévu, mais dans les faits,
les acceptations sont moins nombreuses que ce qu'on avait prévu.
M. Blais: Ce n'est pas vrai. Il va revenir en Chambre avec cela,
M. le ministre. Je vous le jure.
M. Ciaccia: Un instant, voulez-vous que...
M. Blais: C'est pour cela que j'ai reposé la question.
Une voix: II n'a jamais été fort dans les
chiffres.
M. Blais: II va le soutenir.
M. Ciaccia: Les acceptations ont été moins
nombreuses que prévu et je vous réfère à votre
propre document à la page 45 où les acceptations
réelles...
Une voix: Merci, M. le député. M. Ciaccia:
Bienvenue, M...
M. Tardif: II s'agit d'engagements de crédits; le
député de Mont-Royal confond.
M. Ciaccia: Ce sont les acceptations, il y a eu ces montants.
Maintenant, si le ministre va nous dire qu'il va prendre les chiffres de la
prochaine année fiscale et les inclure dans cette année-ci, pour
justifier que les acceptations et les bénéficiaires sont
exactement ce qu'il avait prévu, s'il veut jouer là-dessus, c'est
une autre affaire. Le fait demeure que les chiffres dans nos documents sont
moindres. Il y a un autre chiffre qui est encore plus important et on ne peut
pas écarter les mises en chantier de votre programme. Le fait demeure
que les mises en chantier ont baissé d'une façon absolument
dramatique.
M. Tardif: C'est à cause du programme.
M. Ciaccia: II y en avait 1400 l'année passée et il
y en a environ 600 cette année. Ce n'est pas à cause du
programme, évidemment; n'essayez pas de détourner ce que je vous
dis. La seule chose que je vous dis, c'est que vous essayez de donner plus
d'ampleur à votre programme, vous l'avez annoncé d'une
façon différente et vous avez donné des espoirs au monde
encore plus grands que les faits. Les faits, c'est que... Certainement ceux qui
en bénéficient sont heureux et je suis heureux pour eux qu'ils
reçoivent une subvention, mais cela n'a pas aidé la relance de la
construction. La baisse au Québec non seulement est dramatique, mais
elle est plus forte que la baisse dans les autres provinces et même vos
chiffres, ceux que vous prévoyez, les nouveaux chiffres pour cette
année, c'est de 25 000 mises en chantier dans le secteur domiciliaire.
Cela inclut les multifamiliales. C'est cela que je vous dis. Le point que je
veux soulever, c'est que le programme est inadéquat. Je ne dis pas
d'enlever le programme, je ne dis pas de l'abolir, je vous demande
d'élargir le programme. Ne donnez pas l'impression à la
population que vous faites quelque chose, que vous faites des miracles. Vous
avez gardé vos promesses électorales que vous avez
changées, admettez-le. Ce que vous avez dit durant votre campagne
électorale quant aux bénéfices, ce n'est pas la même
chose. On n'entrera pas dans tout ce débat. On l'a fait en
deuxième lecture et on l'a fait en Chambre. Ce que je vous dis sur le
progamme d'accès à la propriété, c'est qu'il n'y a
pas les conséquences, les résultats qu'on pouvait espérer
parce qu'il est trop restrictif. Le seuil du salaire moyen pour avoir
accès à ce programme est trop élevé.
La population a besoin de plus d'aide que celle qui est accordée
dans le contexte actuel. (12 h 45)
Au programme Logirente, vous aviez prévu 60 000 personnes, je
crois, qui avaient fait des demandes et qui auraient pu
bénéficier du programme de Logirente; cependant, quand vous
l'avez mis en application, je pense qu'il y avait approximativement 29 000
personnes...
M. Tardif: 26 747 personnes, la première année.
M. Ciaccia: Pour la première année, mais cela a
monté, je crois, jusqu'à 29 000...
M. Tardif: C'est l'ordre de grandeur. Cela n'a pas d'importance.
Ce que le député de Mont-Royal veut poser comme question,
j'imagine - je vais essayer de l'aider - c'est évidemment qu'il y avait
un bassin possible de 60 000 ménages et qu'il y en a 27 000, 28 000 ou
29 000 - on ne se chicanera pas -qui s'en sont prévalus. C'est cela que
ça veut dire.
M. Ciaccia: C'est cela que ça veut dire et vous avez
eu...
M. Tardif: Oui, c'est normal, M. le Président.
M. Ciaccia: Tout est normal, pour vous, même ce qui ne se
produit pas...
M. Tardif: Un bassin possible estimé de ménages
âgés qui consacraient plus de 30%...
M. Ciaccia: Vous avez eu une demande de différents
groupes. Par exemple, il y a le groupe Champlain qui vous a fait des
représentations...
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: ... pour élargir le programme Logirente.
L'argumentation était qu'en élargissant le programme Logirente,
peut-être que cela pourrait aider la question de la construction des HLM.
Je ne pense pas que notre position soit d'abolir la construction des HLM, ce
n'est pas cela du tout. Mais en augmentant les critères de Logirente,
vous pourriez augmenter la clientèle, aider plus de personnes,
peut-être réduire les besoins de HLM et le nombre de personnes qui
se font refuser les HLM. Avec vos coupures budgétaires et le prix de
construction, vous avez réduit le nombre de HLM en construction. Est-ce
que c'est votre intention d'élargir les critères de Logirente
afin que plus de personnes puissent être aidées, selon les
représentations qui vous ont été faites?
M. Tardif: La réponse est oui, M. le Président.
Nous l'avons fait au mois d'octobre dernier. On va sans aucun doute le refaire
pour octobre prochain.
En effet, lorsque le programme Logirente a été
lancé pour la première fois, pour entrer en vigueur au mois
d'octobre 1980, le loyer plafond était de 120 $ pour les chambreurs, de
180 $ pour les personnes seules vivant en appartement, et de 200 $ pour les
couples vivant en appartement. Après une année de fonctionnement,
c'est-à-dire du 1er octobre 1980 au 30 septembre 1981, nous avons
révisé les barèmes qui sont restés à 120 $
pour les chambreurs - et j'expliquerai pourquoi - et sont devenus 195 $ pour
les personnes seules vivant en appartement, et de 210 $ pour les
ménages. Cette analyse résultait d'un constat de
réalité, parce qu'il faut bien dire que les premiers
barèmes ont été établis à partir
d'études prévisionnelles, c'est normal; après une
année d'expérience et avoir mis dans l'ordinateur le loyer
réellement payé par les gens, nous avons pu procéder
à des ajustements au terme de cette année, c'est ce que nous
avons fait.
Pourquoi n'a-t-on pas ajusté le montant dans le cas des
chambreurs? C'est qu'on a constaté que, dans le cas des chambreurs, une
première difficulté se présentait, celle de distinguer ce
qu'on appelle chambre et pension et chambre seule; évidemment, au
programme Logirente, qui est un programme d'aide au logement, la partie pension
n'est pas couverte.
Deuxièmement, on a constaté que, enfin, comme par hasard,
le prix des chambres a eu tendance à monter tout d'un coup au plafond
permis par le programme, c'est-à-dire 120 $. On s'est donc dit: On pense
que les gens qui font commerce de louer les chambres ont, si le loyer des
chambres était à 90 $ par mois ou 100 $, automatiquement
monté au plafond prévu. C'est donc pourquoi, cette
année-là, nous avons marqué un temps d'arrêt; nous
avons laissé au même niveau le prix des chambres, mais je peux
d'ores et déjà dire au député de Mont-Royal que,
pour octobre prochain, nous allons devoir rajuster, comme c'est normal, les
poids aux montants; d'accord, pour octobre prochain, c'est un fait; il faut le
faire sur une base annuelle, et je lui explique pourquoi ça n'a pas
été fait la première année pour un des groupes
seulement. D'accord?
M. Ciaccia: Alors, il nous reste seulement dix minutes, je me
demande si je pourrais passer à certaines questions que j'aurais sur la
Société d'habitation du Québec. Vous permettez?
Le Président (M. Laplante): Oui, tout est dans le
même programme.
M. Ciaccia: Oui, c'est le même programme. Nous avons pris
connaissance du rapport du nouveau président, M. Bernard Angers, sur
l'administration, la qualité douteuse, je dirais, de l'administration de
la Société d'habitation du Québec. On veut le
féliciter pour avoir entrepris de faire ce rapport dans un délai,
je crois, assez bref, et d'une façon assez détaillée. Le
rapport parle à la page 9 de réclamations de 14 000 $ au chapitre
de l'équipement et de la location de machinerie. Où cela en
est-il rendu? Est-ce que des poursuites ont été intentées?
Si oui, quand?
M. Tardif: Je voudrais préciser, avant de demander au
président ce qu'il à dire là-dessus, et je n'ai pas
d'objection d'ailleurs à ce qu'on lui pose directement des questions,
mais je n'ai pas d'objection à répondre non plus, qu'il n'est
nulle part dans le rapport question de rapport du président Angers sur
l'administration douteuse de la SHQ; il y a un rapport sur le dossier des
réparations majeures. Je comprends que le député de
Mont-Royal a une propension à tout confondre et à tout
mêler, mais il faudrait quand même être juste et se rendre
compte que le dossier des réparations majeures ne représente pas
1% des activités totales de la Société d'habitation du
Québec. Sur ce 1% des activités, il y avait une fraction
infinitésimale de 14 000 $ qui posait des problèmes. M. le
Président, qu'est-ce que vous avez à dire?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président. Ce n'est pas tout
à fait l'infinitésimalité, il y avait plusieurs
millions.
M. Tardif: ... là-dessus.
M. Ciaccia: Je n'ai pas seulement des questions sur les 14 000 $.
Je ne voudrais pas laisser l'impression que le dossier des réparations
majeures se limitait à 14 000 $. Il y avait des dizaines de millions de
dollars.
M. Tardif: Vous avez posé une question sur les 14 000
$.
M. Ciaccia: Oui, et je vais en poser d'autres.
M. Tardif: Est-ce qu'on a objection à ce que le
président...
Le Président (M. Laplante): II parle en votre nom, M. le
ministre.
M. Tardif: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
M. le Président, les différents montants qui ont
été identifiés dans le rapport auquel on a fait
référence et le document lui-même, les pièces
d'appui ont tous et toutes
été transmises aux services juridiques services juridiques
au pluriel, parce que le ministère de la Justice et la
société étaient combinés pour ces fins. Des
réclamations de comptes payables ont été transmises aux
différentes personnes, institutions ou entreprises qui, de l'avis des
comptables, auraient dû soit recevoir moins ou nous remettre un peu
d'argent ou inversement. Dans quelques cas aussi, il est arrivé qu'il y
ait un dû de notre part. Donc, tout cela est entre les mains des services
juridiques. Les réclamations comme telles ont été
transmises aux entreprises professionnelles et entrepreneurs visés par
cela.
M. Ciaccia: À votre connaissance, est-ce que des
poursuites ont été entreprises, d'après ce que vous savez,
ou si vous les avez remis aux services juridiques?
M. Tardif: À ma connaissance, certaines entreprises
professionnelles ou entrepreneurs ont réagi en disant: Un instant! On
voudrait comprendre cela un peu. Donc, il y a des sessions d'explication qui
ont commencé à se tenir avec les personnes en cause et les
services juridiques.
M. Ciaccia: II n'y a pas de poursuites comme telles qui ont
été entreprises.
M. Tardif: Non, on a l'impression qu'il nous sera possible d'en
récupérer une bonne partie après explication.
M. Ciaccia: À la page 9 de votre rapport, il est
également question de réclamations contre 14 entrepreneurs pour
un montant de 90 000 $. De quelles sortes de réclamations s'agit-il?
Est-ce que cela fait partie de tous les autres montants?
M. Tardif: Oui, cela fait partie du tout qui a été
transmis aux entrepreneurs professionnels et fournisseurs. Tout le monde a
reçu un peu sa communication. Certains ont réagi, demandant des
explications. D'autres n'ont pas encore réagi.
M. Ciaccia: À la page 11, vous signalez qu'après le
départ de l'homme de confiance du ministre, M. Luc Cyr, il existe des
anomalies sur 18 immeubles...
M. Tardif: M. le Président, je m'oppose. C'est
après le départ d'un contractuel engagé par la
société d'habitation et son conseil d'administration.
M. Ciaccia: Sur la recommandation du chef du cabinet du premier
ministre, très bien, si on peut juste ajouter cela à votre
qualificatif.
Il existe des anomalies. Vous signalez, M. Angers, qu'après le
départ de la personne en question, il existe des anomalies sur 18
immeubles. Cela veut dire qu'il y a des anomalies, et je pense qu'il
était impliqué dans 36, cela fait un projet sur deux qui a des
anomalies, c'est une bonne moyenne. De quelles sortes d'anomalies s'agit-il et
est-ce que vous avez le coût estimé de ces anomalies, et est-ce
que c'est corrigé?
M. Tardif: Le coût estimé, je ne l'ai pas. Quant aux
anomalies elles-mêmes, dans la plupart des cas, ce sont des anomalies qui
sont normales quand un entrepreneur livre un produit et ce sont des correctifs,
que, normalement il apporte de plein gré. Nous prévoyons - on
attendait le dégel pour cela -que, dans quatre dossiers, il pourrait y
avoir des discussions peut-être un peu plus serrées sur cela avec
les entrepreneurs afin qu'ils puissent procéder à des corrections
qu'ils, avaient l'impression avoir faites. Ce que je peux vous dire sur cela,
comme un commentaire sous-jacent, c'est que la Société
d'habitation du Québec, tel qu'indiqué dans le rapport, a
commencé - elle attendait le dégel pour vérifier certains
travaux - à fermer des dossiers au rythme de deux par conseil
d'administration. Ceci veut dire qu'à moins d'imprévus, nous
devrions à la fin de l'été avoir fermé les dossiers
visant les 34 projets immobiliers entre autres.
M. Ciaccia: Vous vous êtes référé
à quatre dossiers, je crois que, dans votre rapport, vous signalez que
ces situations sont plus complexes et susceptibles de constituer une
matière contentieuse entre les parties. Est-ce que vous avez la liste de
ces quatre dossiers? Est-ce que vous avez le coût estimé de ces
quatre cas?
M. Tardif: Je ne les ai pas ici. Il est évident qu'on a la
liste des cas qui devraient faire l'objet d'ajustements, mais je ne l'ai pas
ici.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas le coût estimé de ces
quatre cas ici. Je présume que vous pourriez toujours nous fournir le
coût estimé de ces quatre dossiers et l'endroit? Est-ce qu'on a
révisé le tableau des coûts, à la suite des 18
immeubles à réparer?
M. Tardif: C'est-à-dire que le tableau des coûts qui
est là demeure tel quel. Ce sont des coûts à un moment
donné et, dans la plupart des cas, les ajouts ou les corrections
apportées par les entrepreneurs ont été jugés comme
faisant partie de leurs contrats ou des conséquences normales de leurs
travaux. Cela n'a pas ajouté de déboursés. Quand il y a
des travaux qui sont livrés et qu'il y a des ajustements à
apporter, ça fait partie de la responsabilité.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il va y avoir
d'autres déboursés?
M. Tardif: À l'heure actuelle, il n'y a rien de
changé par rapport à ce qui est dit là, mais la question
contentieuse des quatre dossiers pourrait peut-être faire fluctuer
certaines données. Cela ne devrait pas changer.
M. Ciaccia: Alors, c'est à venir, ce n'est pas encore
réglé. C'est possible que, suivant les négociations ou la
position que la SHQ va prendre, cela ajoute...
M. Tardif: C'est matière contentieuse, dans certains cas
de nature juridique et dans d'autres de nature de travaux.
M. Ciaccia: Le dossier Paul Martin et règlement hors cour,
est-ce que je pourrais avoir le consentement pour finir ce dossier quelques
minutes, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): ...
M. Tardif: Cela compléterait la SHQ? Il y a eu une entente
ce matin selon laquelle on ferait la SHQ et Régie du logement. J'ai fait
venir ces gens-là ici. Je comprends qu'on a pris l'avant-midi sur la
SHQ. Si on me dit qu'on veut prendre dix minutes de plus et qu'on vide
ça, moi, ça ne me fait rien. Mais si on me dit qu'on veut
traîner ça indéfiniment, moi, je dis qu'on reviendra demain
matin. De toute façon, vous avez six heures, alors, moi, je n'ai pas
d'objection.
Le Président (M. Laplante): Demain?
M. Tardif: De bonne foi, j'ai consenti avec le
député de Mont-Royal ce matin que nous examinions en entier les
crédits de deux organismes. Alors, il m'a demandé ça, je
lui ai dit que j'étais d'accord, mais, maintenant, s'il veut changer
ça, c'est différent.
M. Gagnon: Juste une question de règlement. Est-ce que
j'ai bien compris qu'il y avait eu entente, à savoir de passer la
Régie du logement et la SHQ cet avant-midi? Ce qui veut dire, si je
comprends bien le ministre, qu'on ne reviendra pas sur la Régie du
logement cet après-midi? Demain matin?
Le Président (M. Laplante): Écoutez, la commission
est maîtresse de ses travaux. Il n'y a eu aucune entente annoncée,
formelle là-dessus...
M. Gagnon: Moi, j'aurais quelques questions sur la Régie
du logement et...
M. Ciaccia: Moi aussi.
Le Président (M. Laplante): À cause de cela, je me
vois dans l'obligation... Il est 13 heures et...
M. Tardif: ... poser des questions personnelles...
Le Président (M. Laplante): ... je me vois dans
l'obligation, vu qu'il ne semble pas y avoir d'entente - la
députée de Dorion annonce des questions elle aussi - d'ajourner
les travaux sine die.
(Fin de la séance 13 h 01)