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(Neuf heures seize minutes)
Le Président (M. Rivest): Nous allons commencer les
travaux de la commission des institutions dont le mandat est d'étudier
les crédits ou les propositions budgétaires du Directeur
général des élections. C'est le mandat spécifique
de la présente commission. Normalement, nous devrions poursuivre nos
travaux jusqu'à environ 12 h 30, selon le voeu des membres de la
commission.
Je voudrais d'abord donner lecture des noms des membres présents:
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Payne (Vachon), Mme Saint-Amand (Jonquière). Maintenant, à cette
liste s'ajoutent un certain nombre de députés, les avez-vous? Il
y a M. Rochefort (Gouin), M. Blouin (Rousseau), M. Fallu (Groulx), M. Brouillet
(Chauveau), M. Pagé (Portneuf). Y a-t-il d'autres députés
qui veulent intervenir ou qui veulent participer aux travaux?
Des voix: M. Côté.
Le Président (M. Rivest): M. Côté est membre
de la commission.
Une voix: M. le Président, M. Côté n'a pas
été nommé.
Le Président (M. Rivest): M. Côté, de
Charlesbourg, est membre de la commission.
Une voix: Mme Saint-Amand.
Le Président (M. Rivest): Mme Saint-Amand, je l'ai
nommée.
M. le directeur général, comme nous avons une
période de temps relativement limitée pour examiner vos
propositions budgétaires, j'ai eu l'occasion de causer avec les membres
de la commission avant que ne commencent nos travaux. S'il nous était
possible dès maintenant, de façon à permettre à
tous les députés qui veulent soulever un aspect ou l'autre des
responsabilités qui vous incombent, de convenir de réserver
peut-être une quinzaine de minutes au début pour la
présentation que vous voudriez faire de vos crédits, par la
suite, nous pourrions aborder l'ensemble du droit électoral,
c'est-à-dire le code électoral ou le problème de
l'intégration des diverses dispositions législatives dans le
domaine électoral. Comme troisième élément, ce
serait la question du financement des partis politiques; comme quatrième
élément, le mode de scrutin et, comme cinquième
élément, les prévisions budgétaires proprement
dites.
S'il y avait des membres de la commission qui voulaient interchanger ce
projet de programme de travail que je vous donne, ou vous-même, M. le
directeur général, je suis prêt, à condition que ce
soit relativement court, pour qu'on ne prenne pas trop de temps sur des
questions d'organisation de notre travail, à entendre les
représentations des députés qui voudraient le faire.
On peut aussi prévoir - j'en ai discuté avec les deux
côtés - à peu près l'ordre de grandeur, disons
quinze minutes pour votre exposé préliminaire, environ quarante
à quarante-cinq minutes pour le problème de l'intégration
des diverses lois dans le domaine électoral, trente minutes pour le
financement, trente minutes pour le mode de scrutin et environ une heure pour
le problème des prévisions budgétaires.
Est-ce que cela convient aux membres de la commission? Ce sont les
sujets qui ont été signalés à la présidence
de la commission par les membres de la commission. Je ne voudrais pas, selon
l'ordre des sujets que j'ai dû faire ici en début de
séance, que l'un ou l'autre des sujets soit escamoté. Est-ce
qu'on pourrait convenir de se discipliner et que M. le secrétaire de la
commission puisse indiquer à la présidence, une fois
écoulé le temps que j'ai imparti - mais c'est là vraiment
à titre de suggestion - une fois cette période
épuisée, qu'il convient de passer à un autre sujet et de
permettre ainsi aux membres de la commission d'étudier tous et chacun
des aspects qu'ils veulent bien discuter avec le Directeur
général des élections? Est-ce que cela convient aux
membres de la commission? Si oui, je vais donner la parole au directeur
général, à moins qu'il n'y ait des remarques. Est-ce qu'il
y a des remarques de la part des membres de la commission? Cela va?
Une voix: Grosso modo, oui. M. Fallu: M. le
Président.
Le Président (M. Rivest): Oui M. le député
de Groulx.
M. Fallu: Vous avez prévu une présentation
générale de la part du directeur et aussi un temps pour les
présentations générales de part et d'autre?
Le Président (M. Rivest): J'accorde volontiers au
directeur général un temps de présentation, mais,
étant donné qu'on a décortiqué les sujets, je
voudrais demander aux membres de la commission s'il leur serait possible de
faire leurs remarques préliminaires sur chacun des
éléments puisque les éléments ont été
mentionnés: le financement, le mode de scrutin et les prévisions
budgétaires. Cela constituerait normalement les remarques
préliminaires, mais on a convenu de les faire pour que cela ne devienne
pas répétitif, selon les sujets qui ont été
arrêtés. Cela va?
M. le Directeur général des élections, bienvenue
d'abord à la commission ainsi qu'à tous vos collaborateurs.
Crédits du Directeur général des
élections
Remarques préliminaires M. Pierre-F.
Côté
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président,
mesdames et messieurs les membres de la commission des institutions de
l'Assemblée nationale, en raison des événements du 8 mai
dernier, c'est avec beaucoup d'émotion que je me présente devant
vous aujourd'hui. À l'endroit précis où je me trouve
présentement, un fonctionnaire de mon bureau, M. Roger
Lefrançois, fut assassiné alors qu'un autre gisait à ses
côtés, blessé. Dans l'antichambre, six membres de mon
groupe ont essuyé le feu de ce militaire: deux furent grièvement
blessés et les autres ont subi un choc nerveux très
sérieux.
En hommage à la mémoire de Roger Lefrançois,
employé loyal, consciencieux et estimé de tous, j'ai pris la
décision que le nouveau centre de distribution du Directeur
général des élections portera dorénavant son nom et
sera connu sous la désignation de: "Le Centre de distribution
Roger-Lefrançois du Directeur général des
élections".
J'adresse aujourd'hui même la lettre suivante à M. le
président de l'Assemblée nationale, et je cite la lettre: "M. le
Président, "Après les tristes événements qui se
sont produits le mardi 8 mai dernier dans l'Hôtel du Parlement et
à la suite de l'assassinat de M. Roger Lefrançois, fonctionnaire
à mon emploi, je vous soumets respectueusement la requête à
l'effet que soit apposée, à l'endroit où il est
décédé, une plaque commémorative pour rendre un
hommage posthume à cet employé tué dans l'exercice de ses
fonctions dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale. C'est la
première fois qu'un meurtrier cause mort d'homme dans ce salon. "Si les
membres de l'Assemblée nationale décidaient d'adopter toute
mesure de nature financière autre que celles prévues par la Loi
sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels afin d'aider les familles
des fonctionnaires assassinés en devoir, soit MM. Lefrançois,
Boyer et Lepage, il va de soi que je ne pourrais qu'en souligner toute mon
appréciation. Ces fonctionnaires faisaient partie du personnel de
soutien et occupaient des fonctions essentielles. Toutefois, il est
évident que ce serait là un geste qui ne comblerait que
faiblement la perte de personnes chères qui ont eu le malheur
d'être au mauvais endroit au mauvais moment. "C'est d'ailleurs au moment
précis où je m'apprêtais avec mes collaborateurs à
rejoindre le groupe déjà rendu à l'Assemblée
nationale que le forcené s'est dirigé vers ce salon. "Depuis
cette journée fatidique, des mesures de sécurité ont
été mises en place par le président de l'Assemblée
nationale pour protéger les membres de cette Assemblée, les
fonctionnaires et le public. En mon nom personnel et au nom des fonctionnaires
qui m'accompagnaient, je ne puis qu'exprimer toute ma satisfaction pour le fait
que l'on ait pris des mesures adéquates de sécurité. "En
terminant, qu'on me permette de remercier publiquement le sergent d'armes de
cette Assemblée, M. René Jalbert, dont la présence
d'esprit et le sang-froid ont empêché que plus de personnes
subissent cette meurtrière fusillade. Mes huit employés
directement impliqués méritent un hommage particulier pour le
courage dont ils ont fait preuve entre le moment de la fusillade et celui
où ils furent enfin secourus, soit pendant une période d'au moins
40 minutes."
Avant de procéder à la poursuite de mon exposé, M.
le Président, et avec votre permission, je voudrais à ce
moment-ci présenter les membres de mon personnel qui m'accompagnent.
À ma gauche, M. Jean-Luc Lemieux, qui est adjoint au président de
la Commission de la représentation; Me René Giguère,
adjoint au scrutin; M. Claude Fournier, secrétaire exécutif, et
M. Sylvio Dumas, qui est le directeur du service de la recherche. À ma
droite, M. Jean-Pierre Bédard, directeur du contentieux; M. Jean
Lambert, adjoint au financement; M. Fernand Bédard, directeur du service
de la gestion financière. En arrière de M. Bédard, M.
Laurent Rodrigue, directeur du service du personnel, et M. Yvon Desbiens,
directeur des ressources. En arrière complètement, il y a Mme
Lise Dallaire, agent d'information, et Mme Léola Charron, qui remplit la
fonction de directrice intérimaire des communications.
Pour la deuxième année consécutive, je me
présente devant une commission de l'Assemblée nationale
conformément aux exigences des articles 232.3 et suivants de la Loi
électorale. Le but de cette brève présentation qui va
suivre est de souligner certaines activités accomplies au cours du
dernier exercice financier et d'esquisser certaines perspectives d'avenir.
Par la suite, il va sans dire, je répondrai aux questions qu'il
vous plaira de m'adresser. Par ailleurs, je comprends que, selon les
dispositions de l'article 114, quatrième paragraphe, des règles
de procédure de votre Assemblée qui se lit comme suit: "La
commission de l'Assemblée nationale entend chaque année le
Directeur général des élections," je devrai, d'ici la fin
de l'année 1984, faire état de façon peut-être plus
élaborée de l'exercice de mes activités et faire
état de la façon dont j'assume mes responsabilités
à titre de personne désignée de l'Assemblée
nationale.
Le 29 mars dernier, je transmettais au président de
l'Assemblée nationale des exemplaires du rapport financier
préliminaire pour l'exercice budgétaire 1983-1984 du Directeur
général des élections ainsi que des exemplaires des
prévisions budgétaires pour l'exercice 1984-1985.
En tenant compte des faits suivants: l'annulation du recensement des
électeurs à l'automne 1983, la tenue des élections
partielles du 5 décembre 1983 et le mandat spécial confié
à la Commission de la représentation électorale sur le
mode de scrutin, événements non prévisibles au moment de
la présentation des prévisions budgétaires de l'an
dernier, il est juste d'affirmer que les prévisions budgétaires
du Directeur général des élections et de la Commission de
la représentation électorale pour l'exercice 1983-1984 ont
été respectées sans que le Directeur général
des élections revienne devant l'Assemblée nationale pour faire
approuver un budget supplémentaire.
Le tableau de la page 3 du rapport financier préliminaire de
l'exercice 1983-1984, qui renferme une ventilation des prévisions en
question pour le Directeur général des élections et la
Commission de la représentation électorale, ainsi qu'une
estimation des dépenses réelles au 31 mars 1984, démontre
effectivement que les prévisions budgétaires
considérées dans leur totalité ont été
respectées. Je m'excuse, M. le Président, mais je me demande si
on a distribué aux membres de la commission le texte que j'ai.
Sur le plan administratif, l'année 1983-1984 a surtout
été marquée, d'une part, par la mise en place de nouvelles
structures administratives à la suite de l'intégration de
l'administration du système électoral et, d'autre part, par le
déménagement du Centre de distribution Roger-Lefrançois du
Directeur général des élections dans de nouveaux
locaux.
L'intégration administrative du système électoral
s'est accomplie de façon harmonieuse et à la satisfaction des
employés concernés, il ne reste que quelques cas à
régler. On ressent déjà les bienfaits de cette
intégration dans la perspective d'un service plus adéquat pour
les électrices et les électeurs du Québec.
Le nouveau Centre de distribution Roger-Lefrançois permettra de
réaliser des économies substantielles de l'ordre de 200 000 $ par
année et nous permettra surtout une administration plus rigoureuse et
plus efficace pour la tenue de tout événement
électoral.
On se souviendra qu'à l'automne 1982, au moment de l'étude
en commission parlementaire du projet de loi 96, Loi sur l'intégration
de l'administration du système électoral, le Directeur
général des élections avait avancé, sur la base de
données pour l'exercice financier 1981-1982 contenues au rapport du
comité technique d'évaluation des institutions et organismes
reliés à l'administration des lois électorales, que les
économies résultant de cette intégration pourraient
atteindre 2 400 000 $. (9 h 30)
Afin de mettre en lumière les économies en question, il
apparaît nécessaire d'analyser les dépenses
d'administration du système électoral, c'est-à-dire le
total des dépenses duquel il faut soustraire les paiements de transferts
aux partis politiques représentés à l'Assemblée
nationale et le coût des événements électoraux.
En outre, pour comparer ce qui est vraiment comparable, il importe de
mettre en parallèle, premièrement, le total des dépenses
d'administration encourues par les trois institutions lors du dernier exercice
budgétaire complet avant le regroupement des institutions, soit en
1981-1982; deuxièmement, le total des dépenses d'administration
encourues par le Directeur général des élection lors du
premier exercice budgétaire complet après le recrutement des
institutions, soit 1983-1984. Puisque l'intégration s'est produite au
cours de l'année 1982-1983, les données de cet exercice ne
peuvent refléter adéquatement les effets financiers du
regroupement.
Le total des dépenses des trois institutions pour l'exercice
1981-1982 - donc le dernier exercice budgétaire complet avant
l'intégration - était de 29 926 800 $, tel qu'indiqué dans
le rapport du comité technique auquel j'ai fait référence
précédemment. Si nous soustrayons de ce montant les
dépenses reliées aux événements électoraux,
18 500 300 $, et celles de transfert aux partis politiques, 1 086 600 $, nous
obtenons comme dépenses réelles d'administration un montant
de
10 332 900 $.
Le total des dépenses du Directeur général des
élections au 31 mars 1984 est de 11 445 700 $, montant que vous
retrouverez à la page 3 du rapport financier préliminaire pour
l'exercice budgétaire 1983-1984 du Directeur général des
élections. Encore ici, si nous soustrayons de ce montant les
dépenses reliées aux événements électoraux,
2 202 800 $, et celles de transferts aux partis politiques, 1 085 000 $, nous
obtenons comme dépenses d'administration un montant de 8 157 900 $. Par
ailleurs, les données budgétaires du Directeur
général des élections pour l'exercice 1983-1984 incluent
une somme de 637 000 $ pour les dépenses transitoires,
c'est-à-dire des dépenses non récurrentes reliées
directement à l'intégration. À la page suivante, vous avez
la liste en détail de ce montant de 637 000 $: le personnel en
disponibilité, le déménagement des employés du
financement, les locaux du complexe Desjardins, la location des stationnements
au complexe Desjardins et le déménagement mobilier du financement
de Montréal à Québec.
C'est donc dire que le total des dépenses d'administration du
Directeur général des élections, à l'exclusion des
dépenses transitoires, a été en 1983-1984 de 7 520 900 $.
Nous pouvons donc conclure de ce qui précède que les
économies résultant de l'intégration de l'administration
au système électoral ont été de 2 812 000 $, soit
10 332 900 $ moins 7 520 900 $. Ces économies, obtenues par la
comparaison des dépenses réelles s'appuyant sur les années
1981-1982 et 1983-1984, ne tiennent pas compte de la croissance qu'auraient
connue les trois institutions non regroupées. En appliquant un taux de
croissance normale, il serait plus juste d'affirmer que les économies
excèdent 4 000 000 $.
Les cinq élections partielles qui se sont tenues en 1983 ont
permis la mise à l'essai, conformément aux dispositions de
l'article 184 de la Loi électorale, de nouveaux mécanismes de
votation par voie de protocole d'entente. Cette disposition de la Loi
électorale se révèle un instrument de travail
intéressant et d'expérimentation fructueuse.
Cette expérience se continue puisque j'ai signé la semaine
dernière avec le premier ministre et le chef du Parti libéral du
Québec une entente à l'effet d'utiliser, pour les
élections partielles du 18 juin prochain, des urnes en carton dans tous
les bureaux de vote des trois circonscriptions électorales en cause.
Cette entente est intervenue après discussions et consultations avec les
principaux délégués des partis politiques autorisés
et représentés à l'Assemblée nationale. De plus,
cette entente comporte une disposition à l'effet de faciliter le vote
par anticipation.
Le 21 juin dernier, vous avez confié à la Commission de la
représentation électorale le mandat spécial de
l'étude du mode de scrutin. Comme vous l'avez constaté à
la lecture du rapport déposé le 28 mars cette année,
l'exécution de ce mandat a requis beaucoup de travail. Du point de vue
budgétaire, compte tenu de l'intérêt que cette question a
suscité dans l'opinion publique, la commission, contrairement à
ses prévisions, a tenu 19 audiences publiques plutôt que 13. Cela
a eu pour conséquence un dépassement proportionnel des
prévisions budgétaires qui avaient été
établies.
Il est important de rappeler que le rapport de la commission comporte
une recommandation fondamentale, celle du nouveau mode de scrutin de type
proportionnel et soumet des suggestions ou des préférences et non
pas des recommandations en ce qui concerne les mécanismes
électoraux tels que la façon de voter, l'établissement des
listes de candidats, etc. Cet approche se veut un pas en vue de
l'établissement d'un dialogue fructueux entre tous les membres de
l'Assemblée nationale. Nous avons pris cette attitude non pas parce que
nous n'avons pas eu le courage de toutes nos convictions, mais essentiellement
parce que toute notre proposition, tout le texte que nous avons soumis se
tient, c'est que nous croyons qu'il vous appartient de débattre des
éléments qui sont conciliables.
Les amendements de la Loi sur la représentation électorale
adoptés le 21 juin 1983 ont fait en sorte de reporter au 13 avril 1984
la reprise des travaux de la Commission de la représentation
électorale en ce qui regarde la délimitation des circonscriptions
électorales. La commission, par contre, a poursuivi ses travaux en ce
qui regarde l'ajustement de certains secteurs électoraux, ainsi que ses
responsabilités à l'égard de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités concernant les
délimitations des districts électoraux municipaux. La Commission
de la représentation électorale a repris ses travaux depuis le 13
avril dernier et, comme la loi le prévoit, elle devra, dans les mois
à venir, entendre les représentations des députés,
des citoyens et des organismes intéressés pour la mise au point
de la proposition d'une nouvelle carte électorale au Québec
qu'elle a déposée à l'Assemblée nationale le 13
avril 1983.
Les prévisions totales de dépenses du Directeur
général des élections pour l'exercice financier 1984-1985
indiquent une augmentation de 3,4% par rapport aux prévisions de
l'exercice financier 1983-1984. Par contre, si l'on compare les
prévisions de dépenses d'administration, c'est-à-dire les
dépenses totales desquelles on soustrait le coût des
éléments électoraux, les prévisions des
dépenses d'administration du Directeur
général des élections pour l'année 1984-1985
connaissent une augmentation de 2,2% par rapport à l'estimation des
dépenses d'administration encourues pour l'exercice 1983-1984. C'est
là évidemment moins que le taux d'inflation pour la même
période.
Conformément à la Loi sur les listes électorales,
le Directeur général des élections est tenu de
procéder au recensement annuel des électeurs à l'automne
1984. C'est la raison pour laquelle les prévisions budgétaires
1984-1985 incluent des provisions de 19 500 000 $ pour le déroulement de
ce recensement.
Si l'on exclut des prévisions budgétaires totales de 30
636 300 $ des dépenses prévues pour la tenue
d'événements électoraux, 21 210 000 $, et le paiement des
allocations aux partis politiques, 1 085 000 $, on se rend compte que les
dépenses d'administration du Directeur général des
élections pour l'exercice en cours devraient atteindre 8 341 000 $, dont
plus de 66% de ce montant, 5 102 100 $, est consacré au paiement du
salaire des employés. À cet égard, je souligne que, pour
l'exercice 1984-1985, j'entends maintenir le statu quo quant au niveau de mes
effectifs, c'est-à-dire 161 postes permanents auxquels vient s'ajouter
une enveloppe de 13 personnes-année temporaires. Néanmoins,
compte tenu que, depuis le 1er avril 1984, la Direction de la
comptabilité de l'Assemblée natinale n'assume plus la gestion
financière du Directeur général des élections et
que je n'ai été prévenu de ce fait qu'à la toute
fin du mois de mars 1984, il est possible que je sois tenu d'ajouter deux
postes permanents à mes effectifs pour les porter à 163.
Les prévisions budgétaires 1984-1985 renferment une
provision de 1 600 000 $ au seul chapitre du paiement des loyers du Directeur
général des élections. Je précise qu'actuellement
les dépenses de cette nature émargent au budget du
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement pour les
ministères et organismes du gouvernement. Pour des raisons que vous
connaissez, le Directeur général des élections doit,
à même son budget, absorber ces dépenses. Si mes
informations sont exactes, je crois comprendre par ailleurs qu'à la
suite du démembrement du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement et de la création de la Société
immobilière du Québec, les ministères et organismes du
gouvernement devront, pour l'exercice 1985-1986, inclure à leurs
prévisions budgétaires leurs déboursés à cet
égard.
Quoi qu'il en soit, je voudrais ajouter au sujet de cet
élément budgétaire que les prévisions pour
l'exercice en cours incluent une somme de 156 000 $ destinée à
régler de façon définitive le cas des locaux qu'occupait
l'ancien Directeur général du financement des partis politiques
au complexe Desjardins à Montréal. Ce montant doit être
corrigé de la façon suivante: il passe de 156 000 $ à 57
114,72 $; donc une économie de près de 100 000 $. Je viens tout
juste en effet il y a trois jours de louer les locaux du vingt-deuxième
étage du complexe Desjardins à l'Agence québécoise
de valorisation industrielle de la recherche et les pourparlers avec le
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement se poursuivent
pour le règlement des espaces qui étaient réservés
anciennement au Centre de renseignement du Directeur général du
financement des partis politiques. Je voudrais profiter de l'occasion pour
indiquer que des efforts louables ont été faits par certains
officiers du ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
pour nous aider à régler ce dossier.
Avant le 31 mars 1983, la gestion financière du Directeur
général des élections transigeait par l'entremise de la
Direction de la comptabilité du ministère du Conseil
exécutif. À la suite de l'intégration du système
électoral, à compter du 1er avril 1983, les mêmes
transactions se faisaient par le biais de la Direction de la
comptabilité de l'Assemblée nationale, direction qui agissait
dans le cadre d'un protocole d'entente intervenu entre le Contrôleur des
finances et le président de l'Assemblée nationale. Au cours des
années, le Vérificateur général et le
Contrôleur des finances ont réalisé, comme dans d'autres
secteurs de l'administration publique, des programmes de vérification
chez le Directeur général des élections. Il s'avère
que le contenu des rapports de vérification sont très positifs,
ce qui démontre une gestion à tout le moins satisfaisante du
Directeur général des élections dans l'administration des
deniers publics.
À la suite d'une décision du Bureau de l'Assemblée
nationale, à la toute fin de l'exercice budgétaire qui a pris fin
le 31 mars dernier, la Direction de la comptabilité de
l'Assemblée nationale n'était plus mandatée pour assurer
la gestion financière du Directeur général des
élections. Dans ce contexte, j'ai rencontré le Contrôleur
des finances pour discuter de cette question et nos pourparlers ont conduit
à la signature d'un protocole d'entente qui fait en sorte que le chef de
la gestion financière du Directeur général des
élections a maintenant des pouvoirs délégués du
Contrôleur des finances pour procéder à ce qu'on appelle
communément la vérification avant paiement pour que celle-ci soit
conforme aux exigences juridiques.
Il m'apparaît important de mettre en lumière un autre
dossier, à savoir notre participation au Comité de la
réforme électorale municipale. Un groupe de travail, sous
l'autorité du ministère des Affaires municipales et auquel
participaient des
représentants du Directeur général des
élections, a approfondi au cours des dernières années les
dispositions législatives touchant les élections municipales. Le
but de cet exercice était de dégager les principales mesures
qu'il serait bon de mettre de l'avant afin d'harmoniser dans toute la mesure du
possible le système électoral municipal avec le système
électoral en vigueur pour l'élection des députés
à l'Assemblée nationale. Une des principales composantes du
système en question a trait indubitablement à la confection des
listes électorales. Des efforts appréciables ont
été déployés en vue de dégager le plus
clairement possible la problématique entourant l'utilisation des listes
électorales provinciales à des fins municipales.
Nous poursuivons évidemment quand même nos activités
normales dans le domaine municipal, conformément aux dispositions de la
Loi sur les élections dans certaines municipalités.
Le projet de loi 40, ayant pour titre: "Loi sur l'enseignement primaire
et secondaire public", comportait, comme vous le savez, de nouvelles
dispositions pour l'élection des commissaires d'école. Ce projet
de loi nous confiait des responsabilités à cet égard.
À cause de notre expertise dans le domaine électoral, nous avons
travaillé en collaboration avec le personnel du ministère de
l'Éducation pour la rédaction des articles concernant ces
élections. Je tiens également a rappeler que l'on devra se
pencher sur la difficulté que pose la délimitation des quartiers
scolaires pour qu'ils s'harmonisent avec les secteurs électoraux et les
sections de vote. Ces divisions territoriales sont la base même de la
confection des listes électorales provinciales. Ainsi, ces listes
pourront vraiment servir aux fins des élections scolaires. (9 h 45)
Notre participation aux groupes de travail auxquels je viens de faire
référence est faite dans un esprit de collaboration: l'on fait en
somme appel à notre expertise dans ce domaine. Notre seul
intérêt est de rendre service pour qu'on en arrive un jour
à l'harmonisation de la législation électorale au
Québec, principalement en ce qui concerne l'utilisation complète
des listes électorales établies sur le recensement annuel des
électeurs. En somme, il faudra en arriver un jour à une
législation électorale intégrée.
Le regroupement de l'administration du système électoral
produit déjà des effets d'unité de pensée et
d'action. Une plus grande cohérence de l'administration des lois
afférentes aux élections au Québec permet auxélectrices et électeurs de mieux s'y retrouver. Je dois vous
avouer que nous sommes fiers de la nouvelle boîte - si je peux employer
cette expression - que constitue le Directeur général des
élections.
Vous savez évidemment - je n'ai pas à vous le rappeler -
que cette appellation désigne à la fois une personne et une
institution.
Le Directeur général des élections couvre
présentement trois grands secteurs d'activité: scrutin,
financement, représentation électorale. Il a notamment la
responsabilité de l'application de la Loi électorale, de la Loi
sur les listes électorales, de la Loi sur la consultation populaire, de
la Loi régissant le financement des partis politiques et de certaines
dispositions de la Loi sur les élections dans certaines
municipalités. Il remplit également la fonction de
président de la Commission de la représentation
électorale.
J'ai l'intention d'étudier prochainement, avec la collaboration
du Conseil consultatif, les propositions de modifications à la Loi
électorale. Il s'agit plutôt d'ajustements mineurs que de
propositions de changements majeurs. De plus, il m'apparaît de plus en
plus impérieux d'intensifier la collaboration des partis politiques par
la poursuite d'améliorations à apporter dans l'administration de
la Loi régissant le financement des partis politiques. Il faut
préserver évidemment les grandes lignes directrices, les
principes qui sont inscrits dans cette loi, mais je suis d'avis qu'elle y
gagnerait à être plus cohérente et plus facile
d'application.
Ces tâches ont essentiellement pour but de faciliter l'exercice
des droits démocratiques des électrices et des électeurs
pour que vous puissiez exercer en toute légitimité et en toute
liberté vos fonctions de représentants de la population en cette
Assemblée.
Je puis assurer les membres de l'Assemblée nationale que je
veille à ce que l'administration des lois précitées se
fasse avec impartialité et avec un souci constant de préserver
les deniers publics conformément aux responsabilités qui me sont
dévolues par les lois. Les responsabilités sont grandes, le
volume de travail considérable, les domaines d'intervention sont parfois
délicats et je répète souvent qu'il est impossible pour le
Directeur général des élections de s'acquitter de son
mandat s'il ne jouit pas de la confiance des membres de l'Assemblée
nationale. À ce propos, je tiens à vous souligner jusqu'à
quel point j'apprécie la confiance que vous me manifestez, M. le
Président, madame et messieurs. Je vous remercie et je demeure à
votre disposition pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Rivest): M. le directeur
général, je vous remercie. Je me permets de faire distribuer
à vous-même, M. le directeur général, ainsi qu'aux
porte-parole du groupe de l'Opposition et du côté
ministériel, à titre simplement indicatif, de façon
à préserver le droit de parole des
députés sur les sujets qu'ils ont bien voulu proposer
à la présidence, l'horaire que j'inviterais tous les membres de
la commission à suivre de manière que, encore une fois, les
droits des membres de la commission soient pleinement respectés.
Maintenant, vous constaterez qu'avec l'aide des collaborateurs du
secrétariat je prévois la fin des travaux vers 12 h 30 dans la
mesure où nous avons eu un petit délai au départ. Si c'est
le voeu des membres de la commission, on pourra prolonger, en tout cas,
certainement pas au-delà de 13 heures, mais on aura au moins 20 minutes
de jeu ou quelque chose comme cela en fin de commission pour ajuster un peu
notre horaire. Est-ce que cela convient aux membres de la commission? Alors,
leur premier élément soulevé, avant de donner la parole au
député de Vachon, c'est le problème de
l'intégration des lois électorales ou du code électoral.
M. le député de Vachon, en vous signalant que cette discussion
sur cet aspect des responsabilités du directeur devrait normalement
pouvoir se terminer vers 10 h 30.
M. Payne: M. le Président, au nom de notre formation et
comme membre de la commission des institutions, je me permets d'exprimer
à la famille de M. Roger Lefrançois toute notre sympathie ainsi
qu'aux familles de MM. Camille Lepage et Georges Boyer. On sait bien que
l'institution dont vous assurez la présidence est le symbole même
de la démocratie, dont nous tous, les parlementaires, sommes les
bénéficiaires. Par conséquent, notre tristesse face
à cette tragédie est d'autant plus grande. Je peux vous assurer
que cette institution, j'en suis sûr, sortira de cette tragédie
plus forte et peut-être même plus saine à l'avenir.
Merci.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlesbourg.
Code électoral
M. Côté (Charlesbourg): Nous joignons notre voix
à celle du député de Vachon, M. le Président, pour
offrir à la famille de M. Lefrançois toutes nos
condoléances, sachant fort bien que ce sont des personnes qui ont
occupé des places qui, normalement, nous étaient dévolues.
Peut-être que, en cours de route, c'est nous qui aurions pu être
là si les événements s'étaient produits à
une heure plus avancée. De même, je pense qu'il faut redire aux
travailleurs du Directeur général des élections, qui ont
été passablement perturbés par cet
événement, qu'ils ont notre appui, je le dis au nom des membres
de la commission et aussi au nom du Parti libéral.
J'aimerais aborder maintenant le code électoral et la liste
unique et faire un retour, si vous me le permettez, aux
événements qui se sont passés au fil des ans de même
qu'à des déclarations tant de la part du Parti libéral que
du Parti québécois qui ont été faites et qui
laissaient présager finalement qu'il y aurait des changements. Ce matin,
malheureusement, en prenant connaissance du texte de M. Côté - on
pourra en discuter par la suite - j'ai l'impression qu'on n'est pas plus
avancé qu'on ne l'était il y a quelques années.
On s'interroge depuis plusieurs années sur la pertinence de
confectionner au Québec un code électoral, une liste
électorale unique que l'on pourrait utiliser lors des élections
provinciales, municipales et même scolaires. Il faut bien
préciser, quant à nous, que cette liste unique ne se
réfère aucunement au registre des électeurs et que nous
n'avons nullement l'intention de raviver ce débat. Notre but, en amenant
une fois de plus sur la table la possibilité d'utiliser une liste
électorale unique, en est un d'équité pour les
électeurs et d'économie pour l'ensemble des contribuables.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on en parle, comme je le disais tout
à l'heure. Lors de l'adoption de la loi 87, Loi concernant la confection
des listes électorales permanentes et modifiant diverses dispositions
législatives, le 20 décembre 1972, M. Gérard D. Levesque
nous disait ceci: "Ce projet de loi fait obligation au président des
élections de transmettre une copie des listes électorales aux
municipalités et aux commissions scolaires. Cela constitue un premier
pas vers l'uniformisation des listes électorales pour fins provinciales,
municipales et scolaires. Nous aurions aimé aller plus loin, mais des
disparités au cens électoral nous ont empêchés de
réaliser pour le moment la pleine intégration de ces listes
électorales." Il était visionnaire parce que, onze ans plus tard,
on est encore aux prises avec le même problème de cens
électoral.
Le 23 décembre 1970, le Parti québécois
présentait un document de travail sur la réforme du
système électoral dans lequel on pouvait lire des pages
très intéressantes concernant la liste unique et permanente.
C'étaient des propos du Dr Camille Laurin. Il disait: "II s'est presque
dégagé un consensus à savoir que non seulement la liste
unique et permanente devait être adoptée en principe, mais que les
méthodes modernes pouvaient répondre à toutes les
objections."
En décembre 1978, lors de l'adoption de la Loi modifiant la Loi
électorale, M. Jean-Noël Lavoie, alors député de
Laval, nous disait: "Nous avons discuté dans le passé sur le fait
qu'on devait - en 1978, à la fin de 1978 - être capable de dresser
une liste permanente qui pourrait servir non seulement aux élections
provinciales, mais également aux élections municipales, qui
pourrait servir aux élections scolaires et, partant de là, il
y
a toute l'économie qu'on pourrait réaliser par le moyen
d'une liste permanente." M. Burns rétorquait: "Ce à quoi nous
tendons par une éventuelle loi du registre des électeurs, c'est
d'arriver à ce que cette liste unique universelle puisse être
applicable au niveau des municipalités."
Cela continue. En 1979, lors de l'adoption du projet de loi 3, Loi sur
le registre des électeurs: "Je pense que, dans ce sens - c'est M. Burns
qui parlait, le 15 mai 1979 - le projet de loi est attendu par tout le monde et
va permettre justement d'épargner ces millions de dollars que,
annuellement, tant le gouvernement du Québec que les
municipalités dépensent pour fabriquer une liste. Le jour
où nous aurons effectivement cette liste permanente, qui sera utilisable
à tous les niveaux, c'est autant de fonds qui seront
épargnés."
En mars 1979, M. Burns nous disait: "Elle - en parlant de la liste des
électeurs -sera permanente et elle sera utilisable au niveau municipal,
au niveau régional éventuellement pour être
dépendant - comme je le disais hier - de ce que décidera mon
collègue le ministre à l'Aménagement." Il poursuivait en
disant: "On ne s'est pas caché depuis le début pour dire que
l'économie que le Québec pourrait éventuellement retirer
d'un projet de loi comme celui-ci sera l'utilisation du registre des
électeurs pour des fins des élections municipales."
En 1982, lors de l'adoption du projet de loi 96, Loi sur
l'intégration de l'administration du système électoral, M.
le directeur général nous disait, à ce moment-là:
"II faudra approfondir à fond celle - la question - de savoir si un jour
les listes électorales provinciales serviront vraiment pour des fins
municipales. Je peux vous dire qu'il y a un comité qui approfondit
attentivement ces questions présentement. C'est un comité de
fonctionnaires. C'est très restreint. On réfléchit
là-dessus et on se pose des questions." C'était le 2
décembre 1982.
Le 8 décembre 1982, M. Bédard disait: "Je tiens à
souligner que le gouvernement a l'intention de continuer à
améliorer la qualité de notre vie démocratique. À
cette fin, plusieurs projets font encore l'objet de réflexions, dont
celui des listes électorales permanentes qui pourraient servir lors des
élections municipales."
Finalement, à peu près tout le monde municipal dans son
ensemble, de nombreuses municipalités ont fait parvenir au
ministère des Affaires municipales des résolutions de leur
conseil demandant des modifications afin de faire coïncider le recensement
provincial annuel avec le recensement municipal. Ces demandes ont
entraîné la constitution d'un groupe conjoint de travail sur la
réforme électorale municipale. La loi 66 adoptée en 1983 a
apporté certaines modifications comme l'utilisation d'un nouveau
bulletin de vote.
Quelles sont les intentions ou tout au moins les pensées du
directeur général? On en a eu quelques extraits tout à
l'heure, mais il faut se rabattre, pour les dernières nouvelles,
à mai 1983, au moment de l'étude des crédits le printemps
dernier, à la suite d'une question du ministre Bédard concernant
l'intérêt que pourrait représenter, tant au point de vue de
l'efficacité du système électoral que des économies
à réaliser, l'utilisation des listes provinciales aux finsd'élections municipales ou même scolaires.
M. Côté répondait: "II y a beaucoup de
progrès d'accomplis. Il faut aplanir certaines difficultés, par
exemple, sur le plan du cens électoral - le même cens
électoral qu'en 1972. Il y a des problèmes techniques qui peuvent
se poser. Il faudrait peut-être devancer d'une semaine le recensement
provincial pour que les listes électorales puissent effectivement servir
aux élections municipales. Il faudrait faire des arrangements ou des
ententes avec les municipalités ou avoir des dispositions dans la loi
qui permettraient des accommodements pour que les listes électorales
provinciales, qui sont établies sur la base de sections de vote et de
secteurs électoraux, puissent servir pour des délimitations
territoriales municipales qui correspondent. Personnellement, je dois vous dire
que plus on avance dans l'étude du problème, plus il semble qu'on
serait en mesure, assez prochainement, de trouver des réponses à
ces problèmes techniques."
Sachant que la Commission de refonte des lois municipales avait fait en
1975 des recommandations concernant la confection des listes électorales
afin qu'elles soient utilisées également aux fins
d'élections municipales, différentes municipalités ont
demandé au ministère des Affaires municipales de faire
coïncider le recensement provincial avec le recensement municipal. Vu que
la Commission de la représentation électorale a le mandat de
délimiter les secteurs électoraux municipaux et que, lors de
l'étude des crédits de mai dernier, en 1983, il semblait qu'on se
dirigeait finalement vers des études qui aboutiraient, Je pense qu'il
n'est pas de trop, à ce moment-ci, de se parler de l'institution d'un
code électoral parce que, au cours des dernières années -
je pense qu'il faut aussi rendre hommage à M. Côté dans ce
sens-là -il y a eu beaucoup d'efforts pour améliorer la
qualité de la tenue d'un vote, la simplification de la tenue d'un vote
sur le plan provincial. (10 heures)
Avec toutes les études qu'on a faites dans le passé et
parce qu'on considère qu'il y a des coûts absolument très
importants pour la tenue de recensements sur le plan
municipal, on a fait une tournée des principales villes du
Québec pour tenter de voir ce que cela pouvait coûter et on s'est
rendu compte qu'il y avait passablement d'argent de dispersé pour avoir
des listes à trois niveaux différents. On est maintenant
arrivé au temps où ce n'est plus le temps des études, mais
où c'est le temps d'agir. Dans ce sens-là, le Directeur
général des élections ne peut que faire des études
et c'est au parti ministériel de préparer et de proposer des lois
afin de présenter un code électoral et, le cas
échéant, une liste unique. Il faut - et c'est là le sens
de ma première question à M. Côté - faire le point
sur tout ce que nous avons, sur ce que cela pourrait représenter comme
économie d'avoir une liste unique. Je voudrais, de plus, savoir quand on
peut espérer que le comité d'étude formé pourra
déposer un projet de recherche et des solutions concrètes.
Le Président (M. Rivest): M. le
Directeur général des élections.
M. Côté (Pierre-F.): Comme je l'ai mentionné,
M. le Président, dans le texte dont j'ai fait état tout à
l'heure, sans employer l'expression "code électoral", j'ai rejoint
l'opinion exprimée par le député de Charlesbourg selon
laquelle il faudrait en arriver à une plus grande harmonisation de la
législation électorale. Je suis évidemment d'avis qu'on ne
pourrait que bénéficier d'une loi qui soit complète, qui
comprendrait les différentes dispositions en ce qui a trait aux
élections, non seulement provinciales, mais municipales et
scolaires.
Les travaux auxquels on a participé dans ce domaine depuis
quelques années -vous l'avez mentionné - sont des travaux qui ont
été effectués surtout au niveau des fonctionnaires.
À cet égard, je dois vous dire que la collaboration des
fonctionnaires concernés, en particulier ceux du ministère des
Affaires municipales, a été très positive.
Cependant, je me permettrais peut-être d'aller un peu plus loin,
de devancer une question et de faire une suggestion très concrète
qui m'est venue à l'esprit ces jours derniers. Je crois qu'on pourrait
procéder encore pendant plusieurs mois à des travaux de
recherche, d'étude, pour essayer d'en arriver à une harmonisation
de la législation électorale. En fait, il y a des
problèmes considérables qui se posent et dont je vais vous donner
deux exemples. Au niveau municipal, on doit régler le problème
toujours présent du cens électoral, le fait que quelqu'un doit
habiter dans une municipalité depuis un an pour pouvoir agir à
titre d'électeur, contrairement à ce qu'on retrouve dans la loi
électorale provinciale. Sur ce point, on est tout près d'en
arriver à des ententes et à des conclusions.
Dans le domaine des élections scolaires, l'autre exemple,
à l'occasion des échanges que nous avons eus concernant le
défunt projet de loi 40, s'est posée une autre difficulté,
qui est celle de la délimitation des districts électoraux
municipaux. Vous savez que les commissions scolaires procèdent
également à des élections et, en principe, elles devraient
se servir des listes électorales provinciales. Elles ne s'en servent pas
parce que - c'est la même raison que sur le plan municipal - les listes
électorales provinciales sont faites, d'une part, à partir des
exigences de la Loi électorale en ce qui concerne le cens
électoral et, d'autre part, à partir d'une division du territoire
qui est celle que vous connaissez bien, les secteurs électoraux et les
sections de vote. Or, il n'y a pas de correspondance exacte ni sur le plan
municipal, ni sur le plan scolaire entre ces divisions territoriales et les
districts électoraux municipaux, quoique, dans ce domaine-là, il
y ait toujours possibilité d'en arriver à une certaine entente,
à une façon de procéder qui nous permettrait d'avoir une
liste électorale. Mais, sur le plan municipal, il y a aussi la date ou
la période des élections. Une solution très simple a
été envisagée; pour que les listes électorales
provinciales servent aux fins municipales, il ne s'agirait que de devancer
d'une quinzaine de jours le recensement proprement dit.
Mais, face à tout cela, qu'est-ce qu'on devrait faire, à
mon avis? Je pense que c'était cela le sens de votre question bien
précise. À titre d'exemple, j'ai touché surtout à
la Loi sur les listes électorales. Il y a également la Loi sur
les élections dans certaines municipalités, il y a les
différentes dispositions que l'on retrouve dans des chartes de certaines
villes, comme Québec, Montréal. Il y a des dispositions qu'on
retrouve dans la Loi sur les cités et villes, dans le Code municipal; il
y a une foule de dispositions qui ne sont pas toujours en harmonie, loin de
là, avec des dispositions qu'on retrouve dans la Loi électorale
provinciale.
Si j'osais exprimer tout haut ce que je pense, ce serait de la
façon suivante qu'on devrait procéder pour que le problème
soit finalement réglé. Il serait peut-être opportun, soit
par l'intermédiaire de l'adoption d'une loi ou autrement, de confier la
responsabilité de mettre au point ce code électoral à un
groupe de travail qui serait composé d'experts - il va de soi - de
fonctionnaires, mais j'y verrais très bien également des membres
de l'Assemblée nationale. Par analogie, le groupe de travail qui a
été constitué lorsque la nouvelle Loi électorale a
été adoptée, qu'on a appelé le comité
Dussault, est devenu le comité Dussault élargi dans lequel il y
avait des représentants du gouvernement et de l'Opposition.
Si on procédait de cette façon, il
faudrait déterminer des objectifs précis, confier une
autorité bien claire, bien déterminée à ce groupe
de travail, car il faudra que ce groupe de travail joue le rôle de
rassembleur. Il y a des difficultés qui se présentent sur le plan
des relations avec les municipalités, sur le plan des relations avec
l'Union des municipalités ou sur le plan des relations avec les
municipalités régionales de comté. Il faudrait
également établir un échéancier bien précis
et finalement prévoir le personnel requis pour accomplir cette
tâche.
Je dois vous dire que, à mon avis, ce n'est pas un travail facile
et ce n'est pas un travail qui peut se faire rapidement. C'est un travail
considérable, mais nous sommes assez avancés, en tout cas en ce
qui nous concerne, pour pouvoir vous dire que c'est faisable et dans une
période de temps qui ne serait pas trop longue.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): En faisant le tour du
Québec, M. le Président, auprès de grandes villes, pour
savoir comment se confectionnaient les listes pour fins électorales, on
a des surprises parce que les variations sont très grandes. Dans le cas
de Laval, par exemple, c'est fait par la poste annuellement, avec une
révision; dans d'autres cas, c'est un recensement au sens où on
le connaît, avec des variations de coûts tout à fait
exceptionnelles. Par exemple, à Gatineau, il y a un coût de 2,03 $
par électeur; à Charlesbourg, probablement une ville plus
économe, c'est 0,81 $ l'électeur; à Montréal c'est
1,42 $. On arrive avec beaucoup de difficulté à savoir exactement
ce que cela comprend. Est-ce que cela comprend des fonctionnaires municipaux
qui font ce travail? Dans vos recherches, avez-vous pu évaluer ce que
coûterait une liste électorale unique? Avez-vous aussi
envisagé la possibilité, pour tenter de régler certains
problèmes, comme les élections scolaires ne sont pas tenues
à la même période, que cela n'empêcherait pas, dans
une loi, que ces élections puissent être tenues à la
même période, à l'automne au lieu du printemps? Avez-vous
envisagé la possibilité que, la liste étant unique et
confectionnée sous votre autorité, la révision, quant
à elle, pourrait être confiée à chacune de ces
entités, soit le niveau municipal ou le niveau scolaire?
M. Côté (Pierre-F.): Non. Ce qui a été
envisagé a été que la liste électorale provinciale
soit confectionnée selon le système qui prévaut
présentement. En devançant la période, nous serions en
mesure de fournir aux muncipalités et aux commissions scolaires les
listes électorales dont elles ont besoin, parce que les élections
municipales se tiennent le premier dimanche de novembre, sauf erreur de ma
part. Actuellement, la période de recensement ne leur donne pas
suffisamment de temps pour pouvoir disposer des listes, mais la raison pour
laquelle nous croyons qu'il y aurait des économies énormes
à faire, c'est que non seulement la confection de la liste
électorale serait faite selon la façon dont on procède
présentement, mais également la révision des listes, ce
qui veut dire que les municipalités et les commissions scolaires, le cas
échéant, n'auraient ni à confectionner la liste, ni
à s'occuper de la révision de la liste. Dans le domaine
municipal, il resterait un élément important qui, à mon
avis, doit être préservé et qui peut être accompli
par le secrétaire-trésorier ou le greffier; c'est le
complément ajouté à la liste électorale des
personnes non domiciliées et qui sont propriétaires. Ceci peut
être fait à partir du rôle d'évaluation.
Vous avez souligné certains chiffres. Je vous avoue que c'est une
question qui me préoccupe beaucoup et j'aimerais avoir le pouvoir de
vraiment aller interroger les municipalités sur les coûts
réels que comporte leur façon de procéder actuellement. Je
voudrais vous souligner un autre problème qui m'apparaît assez
grave et qui se produit présentement dans la confection des listes
électorales municipales. Il y a certaines municipalités qui font
appel à des institutions ou à des corporations
spécialisées en informatique, qui offrent leurs services en
prétendant être capables de fournir une liste électorale
qui soit adéquate. Je ne veux pas nommer de municipalités ici.
J'en ai quelques-unes à l'esprit, mais, d'après ce que j'ai pu en
juger et d'après ce qu'on a étudié brièvement, les
résultats sont plutôt désastreux qu'avantageux. Une des
difficultés que pose la confection des listes municipales, c'est que,
traditionnellement, les municipalités profitent de ce recensement,
certaines d'entre elles et celles qui le feront d'une façon plus
sérieuse, pour obtenir d'autres informations. Ce sont des informations
qui leur seront utiles sur le plan des loisirs, sur différents autres
plans. Je pense qu'à cet égard les municipalités
pourraient obtenir des informations en procédant autrement, et j'irais
même plus loin, je dirais, s'il fallait amender la loi provinciale sur
les listes électorales pour y inclure des informations, une ou deux
informations supplémentaires qui seraient requises, pourquoi pas,
pourquoi ne pourrions-nous pas le faire? Cela peut vouloir dire une
journée de travail de plus pour les recenseurs provinciaux. Quelques
jours de plus au pis. Cela va entraîner des coûts
supplémentaires, mais je ne crois pas que ce soient des coûts
très élevés et je ne crois surtout pas que, si jamais cela
se faisait, si on était obligé d'en arriver là, ces
coûts atteindraient - loin de
là - ce qui est présentement dépensé par les
municipalités.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'à ce
moment-ci, des études qui ont été réalisées,
on est à même de savoir ce que coûte - du moins, pour les
chiffres qu'on en a - un recensement fait par l'ensemble des
municipalités du Québec? Je pense que si on s'embarque dans un
processus comme celui-là - quant à nous, on croit qu'on doit s'y
embarquer maintenant, c'est quand même très important pour la
démocratie - cela obligerait de tenir un recensement annuel. Est-ce que,
pour vous, c'est le cas?
M. Côté (Pierre-F.): Je vous signale que la loi
prévoit un recensement annuel et c'est par exception que le recensement
annuel ne se tient pas.
M. Côté (Charlesbourg): L'exception est presque
devenue la règle maintenant.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Cela fait deux ou trois
ans que le recensement est suspendu. Cependant, s'il y avait ce recensement
annuel comme il a été institué - vous l'avez
mentionné, en 1971 ou en 1973 - si ce recensement annuel se. continuait,
je crois qu'il faudrait évidemment l'évaluer. C'est plutôt
une hypothèse qu'une opinion très ferme. Je pense que cela en
vaudrait le coup à cause des bénéfices ou des avantages
financiers qu'en retireraient les municipalités et les commissions
scolaires, éventuellement, mais surtout aussi parce que les
municipalités disposeraient d'une véritable liste
électorale, d'une liste électorale je pense, bien
confectionnée, qui aurait bénéficié d'une
révision compétente, à savoir une liste électorale
qui soit très complète. Je ne sais pas si vous le savez, mais,
dans bien des municipalités, le jour de l'élection, il y a bien
des électeurs qui se plaignent de ne pas avoir leur nom inscrit sur les
listes. (10 h 15)
Quant à savoir ce que cela coûte présentement, je
vous avoue qu'il n'y a personne qui ait été capable de nous
donner des chiffres précis. Pour autant que je sache, au
ministère des Affaires municipales, on ne le sait pas non plus. Tout ce
qu'on peut faire, c'est d'avancer un certain nombre d'hypothèses ou de
renseignements comme ceux que vous avez fournis tout à l'heure. Mais,
personnellement, je crois qu'on serait assez étonné du montant
élevé que la confection de listes électorales
entraîne, si on en laisse encore la responsabilité à chaque
municipalité. Dans le cas de la ville de Montréal, si je ne me
trompe, le dernier recensement a coûté une couple de millions de
dollars.
M. Côté (Charlesbourg): Environ 1 050 000 $...
M. Côté (Pierre-F.): Mais il y a d'autres
difficultés. Vous mentionnez le chiffre de 1 050 000 $ et moi je parle
de 2 000 000 $. Alors, il faudrait établir très clairement
comment se répartissent les coûts. Est-ce qu'il y a seulement le
coût des recenseurs? Est-ce qu'il y a aussi le coût du personnel de
l'hôtel de ville qui a travaillé là-dessus? Il faudrait
comptabiliser tous les coûts afférents à la confection de
la liste. Ce travail n'a pas été accompli. Quant à savoir
de façon précise ce que coûte le recensement à
chacune des municipalités, nous ne possédons pas ces
données pour le moment.
M. Côté (Charlesbourg): Qu'est-ce que
coûterait comme somme additionnelle à votre budget une
opération semblable? Tenons pour acquis que les municipalités...
On nous en a assez passé dans le passé; sur le plan
gouvernemental, on s'est déchargé de la responsabilité en
la transférant aux municipalités. Donc, le gouvernement pourrait
prendre une partie de cette responsabilité. Est-ce que, pour le
Directeur général des élections, le fait de tenir un
recensement qui concurrencerait la liste et qui servirait à la fois au
provincial, au scolaire et au municipal ajouterait au coût du recensement
tel qu'on le connaît actuellement?
M. Côté (Pierre-F.): Il est assez difficile, M. le
député, de répondre à votre question de
façon précise. Prenons un exemple. Si on en arrive à une
entente sur le cens électoral et si les municipalités sont
d'accord pour dire que c'est le même cens électoral que celui
qu'on retrouve dans la Loi électorale provinciale, à ce
moment-là, le travail est facilité. On n'a pas à ajouter
une information supplémentaire sur la liste électorale. C'est un
peu difficile de vous dire ce que cela représenterait. Il faudrait voir
exactement à quoi on pourrait en arriver comme entente avec les
municipalités - je dis toujours les municipalités - mais il y a
aussi les commissions scolaires, car le but premier - vous l'avez
mentionné depuis le début et à plusieurs reprises - est
que ces listes servent, non seulement pour fins d'élections provinciales
mais aussi municipales.
Ma première impression serait - je le dis avec beaucoup de
réserve - que le coût actuel, celui qu'on prévoit pour le
recensement de 1984 - on l'a mentionné tout à l'heure - qui est
de 19 500 000 $, pourrait être sensiblement le même, si on
devançait le recensement de quinze jours et qu'on fournissait aux
municipalités les listes
électorales. Je dis cela sous réserve. Je veux être
bien clair là-dessus; il y a des données qui nous manquent pour
voir à quoi aboutiraient les ententes avec les municipalités et
les commissions scolaires finalement.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
comme vous m'avez indiqué qu'il me reste deux minutes, on s'est
attardé un peu sur la liste, c'est ce qui fait que, lorsqu'on a peu de
temps finalement, on s'accroche sur un point, mais il ne s'agit pas seulement
de la liste électorale, c'est tout le sens de la loi et de la
procédure électorale qu'il faudrait uniformiser aux paliers
scolaire et municipal. Si les listes font défaut par rapport au
provincial, la tenue môme d'élections suscite aussi bien des
commentaires et des interrogations, elle aurait besoin d'être
modifiée.
Sur ce point, est-ce que vos recherches ont dépassé le
stade de la liste? Dans vos études, est-ce qu'on s'est penché sur
l'uniformisation? Quand on parle de code électoral, évidemment,
cela concerne aussi la tenue du scrutin.
M. Côté (Pierre-F.): Je suis très content que
vous souleviez ce point. Effectivement, on s'est attardé sur la liste
car c'est là qu'était le problème. Mais, sur tous les
autres points, il y a pratiquement consensus dans le sens que les grands
principes ou les grandes lignes directrices qu'on retrouve dans la Loi
électorale provinciale, on les retrouve dans une loi électorale
municipale qui s'appliquerait à toutes les municipalités du
Québec. Là-dessus, il n'y a pratiquement pas de difficulté
pour le moment.
M. Côté (Charlesbourg): À la remise de votre
rapport ou dès la fin des études, est-ce qu'on peut dire
qu'à l'automne, si tout le monde s'assoit autour d'une table, il y a
possibilité que votre rapport soit déposé pour que le
gouvernement fasse son lit et dépose un projet de loi?
M. Côté (Pierre-F.): Évidemment, cela
dépendrait de la volonté du gouvernement. C'est au gouvernement
à décider et subséquemment aux membres de
l'Assemblée nationale. Pour ma part, j'ai précisé tout
à l'heure qu'il faudrait établir un cadre très
précis de réalisation de ce travail.
M. Côté (Charlesbourg): Dans le camp de qui est la
balle actuellement?
M. Côté (Pierre-F.): Les membres de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Rivest): Je vais maintenant donner la
parole au député de
Gouin. M. le député de Charlesbourg et M. le Directeur des
élections, si vous voulez conclure ce chapitre de nos travaux,
malheureusement trop court, après l'échange avec le
député de Gouin, on passera à un autre sujet vers 10 h
30.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Dans un premier
temps, je veux m'associer aussi aux députés de Vachon et de
Charlesbourg pour offrir à la famille Lefrançois ainsi
qu'à tous les membres du personnel du Directeur général
des élections qui ont été victimes soit de blessures
corporelles ou de traumatismes à la suite des événements
malheureux d'il y a deux semaines, à la fois mes sincères
condoléances pour la famille Lefrançois et aussi toute la
solidarité des membres de l'Assemblée nationale à
l'endroit des membres du personnel du Directeur général des
élections pour les moments très difficiles qu'ils ont
vécus, doit-on le rappeler, à la place de ceux et de celles qui
se retrouvent ici ce matin.
Quant aux interventions et aux échanges qu'on a vus tantôt
entre le député de Charlesbourg et le Directeur
général des élections, je dois souligner quant à
moi que je reçois très positivement cette préoccupation
d'en venir à faire progresser les travaux qui sont actuellement
effectués à la fois chez le Directeur général des
élections et ailleurs, notamment dans le monde municipal, dans le monde
scolaire et à l'intérieur des partis politiques provinciaux,
quant à cette volonté d'en arriver à une liste
électorale unique qui servirait pour l'ensemble des consultations
électorales que le Québec connaît, en tout cas quant aux
principales, c'est-à-dire provinciales, municipales et scolaires.
Il va sans dire que je . crois que, normalement, sans avoir
étudié à fond tout ce dossier, à première
vue, tout le monde aurait intérêt à ce qu'on en arrive
à une liste électorale unique pour chacun des paliers
d'administration publique que nous connaissons au Québec.
Cela dit, je crois qu'il importe de souligner deux conditions qui
doivent être réunies pour en arriver à une telle fin,
à un tel objectif. Dans un premier temps, il est évident, quant
à moi, qu'il faut s'assurer que, tout au long des travaux qu'on
mènera dans cette voie, nous ne remettions jamais en question des acquis
que nous avons réussi à construire et à accumuler au cours
des années quant à la qualité de la confection des listes
électorales provinciales québécoises. Je crois qu'on peut
affirmer avec fierté tous ensemble qu'on en est arrivé, quand on
se compare à ce qui se fait dans le monde occidental, à obtenir
une méthode pour établir nos listes électorales -
pour les confectionner - qui fait l'envie de plusieurs pays dans le
monde et qui nous permet d'atteindre des résultats, une qualité
et un taux d'inscription très élevés.
Il est donc clair, quant à moi, qu'une des deux premières
conditions qui doivent être obtenues dans la poursuite de cet objectif,
c'est que, d'aucune façon, les acquis que nous avons accumulés au
cours des années quant à la confection des listes
électorales provinciales ne devraient être remis en question pour
en arriver à cette liste électorale unique.
La deuxième chose qui me paraît aussi très
importante, c'est qu'il est clair qu'autant nous, du palier provincial, nous
semblons à la fois en être arrivés d'une certaine
façon à un consensus quant à l'importance, quant à
l'aspect très intéressant, quant à l'utilité d'en
arriver à une liste électorale unique, autant, je crois, il faut
s'assurer que tout ce processus se fera en consultation et en concertation avec
le monde politique municipal et le monde politique scolaire.
Quant à moi, il est évident qu'on ne peut d'aucune
façon entrevoir la possibilité d'imposer nos vues au monde
municipal et au monde scolaire à cet égard. En
conséquence, je reçois très positivement la suggestion du
Directeur général des élections qu'il faisait tantôt
au député de Charlesbourg et à l'ensemble des membres de
la commission quant à l'idée de constituer un groupe de travail
qui pourrait être composé à la fois de fonctionnaires et
d'élus. Je pense cependant qu'il faudrait s'assurer que les
fonctionnaires et les élus des trois niveaux soient présents,
tant du niveau provincial, municipal et scolaire, parce qu'il me semble
essentiel que ce cheminement ne se fasse pas en vase clos pour ce qui est de
l'Assemblée nationale et de la Direction générale des
élections, mais qu'il se fasse en concertation, que ce soit un travail
d'équipe avec le monde politique et le monde administratif du niveau
municipal et du niveau scolaire.
Je crois que, jusqu'à maintenant, les grandes réformes que
le gouvernement du Parti québécois a apportées dans le
monde municipal ont été faites en concertation avec les
élus municipaux. Sur un sujet qui, pour certains, peut paraître
sans beaucoup d'importance - peut-être qu'on peut le situer dans les
questions d'ordre technique - mais, lorsqu'on entre dans l'ensemble des
détails très précis et quotidiens de ces questions, on
s'aperçoit jusqu'à quel point on touche à des questions
qui, souvent, peuvent toucher profondément l'ensemble du monde municipal
et l'ensemble du monde scolaire. C'est pour cette raison qu'il me semble
absolument essentiel que ces deux niveaux d'administration politique soient
impliqués, soient associés dès le début des travaux
d'un éventuel groupe de travail sur cette question.
D'autre part, M. le Président, je voudrais réagir non
seulement aux propos que nous a tenus ce matin le député de
Charlesbourg, mais également aux propos qui ont été
rapportés par quelques médias d'information au cours de la fin de
semaine quant à son intention de soulever ce matin la question de la
liste électorale unique et de l'intégration des
différentes lois électorales. Il est évident, comme je le
disais tantôt, que, quant à l'idée elle-même, je la
reçois très positivement. D'ailleurs, depuis plusieurs
années, comme il en a fait état tantôt, des gens du Parti
québécois comme de son parti ont posé des gestes dans ce
sens-là.
Par contre, si je prends plus à la lettre les propos qui lui ont
été imputés par certains médias d'information au
cours de la fin de semaine et dans lesquels on retrouve une affirmation qui dit
à peu près ceci - je ne cite pas au texte, mais je pense que le
sens est là - que, pour le député de Charlesbourg et sa
formation politique, la grande priorité et l'unique priorité
à laquelle devraient se livrer, se consacrer le Directeur
général des élections et les membres de l'Assemblée
nationale au cours de la prochaine année, ce devrait être, quant
à l'amélioration de la démocratie électorale au
Québec, cette question de la liste électorale unique et de
l'intégration des différentes lois électorales, j'avoue
que je ne peux m'associer à de tels propos, à de telles
intentions. Il est évident que, quant à moi, ces questions sont
intéressantes et peuvent revêtir une certaine importance, mais il
y a des choses ou des questions beaucoup plus majeures qu'on doit se poser et
sur lesquelles on doit travailler si on veut vraiment en arriver à
améliorer la démocratie, le degré de démocratie que
nous connaissons dans nos institutions et particulièrement concernant
les questions électorales, les questions de scrutin, dans l'ensemble du
Québec.
Je me permettrai de souligner que, quant à moi, deux choses
devraient retenir la priorité - en tout cas, en priorité - de
l'attention des membres de l'Assemblée nationale et du Directeur
général des élections au cours de l'année qui vient
quant à l'importance d'accroître le degré de
démocratisation de nos institutions. Dans un premier temps, fortdu travail qui a été réalisé jusqu'à
maintenant et de l'ensemble de l'émulation qui s'est créé,
de l'animation qui s'est faite au Québec autour de la question du mode
de scrutin, je serais extrêmement navré que tout cela tombe
à l'eau comme une roche au fond d'un lac et que, dans quelques
années, deux, trois, cinq, dix ou douze ans, on reparte avec tout ce
processus à zéro. Il me semble qu'on a investi trop de temps,
trop d'argent, trop d'énergie jusqu'à maintenant pour que
nous
laissions tomber cette question au cours de l'année qui vient. Il
me semble que l'ensemble de la société québécoise
s'est suffisamment animé, s'est suffisamment intéressé
à cette question particulièrement au cours des deux années
qui viennent de s'écouler, mais aussi depuis dix ou quinze ans, pour
qu'on ne puisse d'aucune façon prétendre qu'au cours de
l'année qui vient le grand effort de démocratisation auquel
devront se livrer l'Assemblée nationale et le Directeur
général des élections, ce soit uniquement la question des
listes électorales ou de l'intégration des différentes
lois électorales.
La deuxième chose qui me semble fondamentale - très
objectivement, sans aucune partisanerie, M. le Président - ne concerne
évidemment pas le Directeur général des élections,
mais elle concerne à plus d'un titre le député de
Charlesbourg quant à la démocratisation de l'institution, quant
aux gestes qui doivent être posés pour maintenir, pour
améliorer la démocratie qui règne au Québec. Il me
semble que le geste, c'est celui de faire entrer à l'Assemblée
nationale le chef de l'Opposition. (10 h 30)
II me semble, M. le Président, que, lorsqu'on parle de
démocratie, il est pour le moins surprenant qu'un chef de parti
récemment élu, il y a environ dix mois, soit encore hors les murs
de l'Assemblée nationale. Il semble que ce soit un fait assez unique
dans les annales politiques. Il me semble que, si les gens du Parti
libéral veulent poser un geste dans le sens d'accroître le
degré de démocratie, d'accroître le vécu
démocratique de nos institutions politiques, c'est d'inciter leur chef
à entrer à l'Assemblée nationale, puisque de très
nombreuses occasions lui ont été présentées
jusqu'à maintenant. Est-ce que j'ai entendu des voix, M. le
Président?
M. Mailloux: Vous irez dire cela à votre chef de 1970
à 1976.
M. Rochefort: Justement, M. le Président, je suis heureux
que le député de Charlevoix aborde cela parce que cela va me
permettre de répondre à cette question qui circule depuis
très longtemps.
Le Président (M. Rivest): M. le député
de...
M. Rochefort: Quand on compare... M. le Président, on
parle de démocratisation des institutions, il me semble qu'un chef de
parti est un élément important dans la démocratisation des
institutions.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Gouin, je veux simplement...
M. Rochefort: J'imagine, M. le Président, que vous ne
prétendrez pas que votre chef, c'est quelque chose qui n'est pas
relié à la démocratie au Québec.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Gouin, je vous inviterais à conclure vos remarques, dans le sens que
vous voudrez bien le faire, en respectant l'entente qui est intervenue. C'est
parce que je dois, à partir de vos remarques, accorder la parole au
Directeur général des élections sur le code
électoral et une très brève conclusion au
député qui a soulevé cette question, le
député de Charlesbourg. Étant donné que j'ai
l'intention de suivre la même procédure pour les sujets comme le
financement des partis politiques, le mode de scrutin, etc., qui ont
été évoqués par d'autres membres de la commission
et comme nous avions convenu -remarquez que je ne joue pas sur une ou deux
minutes - de terminer à 10 h 30, je vous inviterais à conclure,
s'il vous plaît1.
M. Rochefort: Oui, sûrement, M. le Président, je me
permettrai de conclure en quelques minutes, si vous permettez, puisque j'ai
commencé un peu plus tard que ce qui était prévu et je
comprenais qu'il s'agissait de permettre au député de
Charlesbourg de poursuivre son intervention, son échange avec le
Directeur général des élections.
Quant à l'intervention du député de Charlevoix qui
nous dit: Oui, mais votre chef, pendant six ans, a siégé hors les
murs du parlement, d'abord, il faut savoir qu'à l'époque il n'y
avait pas de disposition dans la Loi électorale qui forçait le
gouvernement, à l'intérieur de six mois, à
déclencher des élections partielles lorsqu'une vacance d'un
siège était observée. Il est clair que, même si un
député du Parti québécois avait, à
l'époque, démissionné de son siège, nous n'avions
aucune assurance de la part du Parti libéral, du chef à ce
moment, qui était premier ministre, qui était M. Bourassa, que
des élections partielles seraient déclenchées.
D'autre part, toutes les circonscriptions électorales qui ont
été en élections partielles au cours du mandat pendant
lequel M. Bourassa était premier ministre du Québec
étaient de celles qui n'étaient pas bonnes pour le Parti
québécois et nous en étions conscients, comme le chef du
Parti libéral en était conscient. Par contre, qu'avons-nous fait
dès l'élection de M. Bourassa pour une deuxième fois
à la tête du Parti libéral? Le premier ministre du
Québec, M. Lévesque, le député de Taillon, s'est
engagé à ouvrir le premier siège qu'un
député libéral voudrait rendre disponible à son
chef et à l'intérieur de délais encore plus courts que
ceux auxquels nous nous sommes astreints dans la nouvelle Loi électorale
et auxquels ne s'était pas astreint l'ensemble des députés
libéraux
lorsque M. Bourassa était premier ministre du Québec.
Dernier sujet, M. le Président, que je veux aborder avec le
directeur général en une minute, c'est le conseil consultatif. On
sait que, lorsque nous avons intégré les différentes lois
électorales au niveau du financement de la représentation, des
listes électorales et du scrutin, nous avons étendu les
responsabilités du conseil consultatif à l'ensemble de
l'application des différentes lois alors qu'à l'époque ces
responsabilités étaient restreintes au financement des partis
politiques. Je me souviens que, dans le débat qui avait entouré
l'élargissement des responsabilités du conseil consultatif, le
Directeur général des élections nous avait demandé
de ne pas être trop stricts quant aux travaux du conseil consultatif en
période électorale puisque c'était une période qui
se déroulait très rapidement. Je m'étais rendu à
ces arguments même si je considérais que, finalement,
c'était peut-être là qu'il pouvait jouer le plus grand
rôle, mais, au minimum, on s'est entendu pour que, dans la mesure du
possible, le conseil consultatif soit associé à l'ensemble des
réflexions et des démarches du directeur
général.
J'ai été extrêmement surpris, la semaine
dernière, lorsque j'ai reçu de votre bureau copie de l'entente
intervenue entre vos services, vous-même et les chefs des deux partis
politiques représentés à l'Assemblée nationale,
quant aux tentatives de nouvelles procédures électorales que vous
voulez tester au cours des élections partielles en cours. Non pas que je
ne sois pas d'accord avec cette idée de vérifier un certain
nombre de nouvelles procédures au cours des élections partielles.
Il me semble qu'il est absolument nécessaire que nous ayons des
laboratoires pour vérifier un certain nombre de méthodes. Il me
semble aussi, M. le Président et M. le directeur général,
que si nous voulons que le conseil consultatif soit un instrument valable, un
instrument à caractère permanent, il faut absolument que de
telles questions soient débattues à ce conseil consultatif,
quitte à ce que ce soit une consultation téléphonique,
s'il est difficile de le réunir, mais que ces questions soient
débattues au conseil consultatif par les membres du conseil consultatif
avant qu'elles ne voient le jour. Quant à moi, c'est la seule
façon d'assurer une continuité dans l'administration des lois
électorales et d'assurer aussi que le conseil consultatif soit un
instrument privilégié, un instrument permanent pour venir en aide
au Directeur général des élections et à l'ensemble
des formations politiques quant à l'application des différentes
lois électorales du Québec. Merci.
Le Président (M. Rivest): Merci, M. le
député de Gouin. Très brièvement malheureusement,
M. le directeur général, et la conclusion au député
de Charlesbourg; nous avons déjà pris sept ou huit minutes sur
l'autre sujet. On essaiera d'ajuster les choses.
M. Côté (Pierre-F.): À peine deux minutes
pour signaler à M. le député de Gouin qu'en ce qui a trait
aux remarques qu'il a faites concernant le code électoral je suis
parfaitement d'accord avec la suggestion qu'il fait d'élargir le groupe
auquel je faisais référence, que je suggérais de
constituer tout à l'heure, c'est-à-dire non seulement avec des
fonctionnaires, mais avec des élus des trois niveaux. C'est une
excellente suggestion. Je le maintiens, à mon avis, évidemment,
cette disposition, il faudrait qu'elle soit étudiée par le
gouvernement lui-même et ce travail ne pourrait être accompli que
si on adopte une loi dans ce sens. Il faudra peut-être en discuter plus
longuement pour voir de quelle façon et il faudra peut-être
même en discuter avec le conseil consultatif. Relativement à la
remarque que vous faites concernant le conseil consultatif, vous avez
parfaitement raison, je crois que je devrais y recourir davantage. Sur le point
même que vous avez mentionné de l'accord qui vient d'être
conclu, on aurait dû le faire.
Les raisons sont les suivantes: c'est tout simplement d'abord qu'au
courant du mois d'avril, on a essayé de tenir une réunion et il a
été extrêmement difficile d'en trouver l'occasion. La
solution d'une conférence téléphonique est une solution
heureuse, je vais la retenir pour essayer de la mettre davantage en application
à l'avenir. À ce sujet, tout simplement, ce que je peux vous
dire, c'est que vous avez raison et je peux vous dire qu'à l'avenir je
m'efforcerai de consulter davantage le conseil consultatif. Une des
suggestions, je pense, qu'on a évoquée juste avant le
début de la séance pourrait être qu'on s'entende pour avoir
à tout le moins des rencontres du conseil consultatif à une date
fixe, par exemple, je ne sais pas, tel mercredi, le troisième mercredi
de chaque mois, peu importe, on se serait entendu d'avance. Je pense que ce
serait une bonne façon de maintenir des relations constantes avec le
conseil consultatif sur lesquelles je compte peut-être plus que
l'impression que je peux en donner présentement, parce que je suis
d'accord avec les remarques que vous avez faites.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis extrêmement
heureux qu'il y ait consensus des partis politiques sur l'obligation que nous
avons comme parlementaires d'aboutir à un
code électoral et à une liste électorale unique
sans brimer, comme disait le député de Gouin, l'autonomie des
municipalités et des commissions scolaires. Je pense qu'il faut
poursuivre le travail, même l'accélérer, et cela va
exactement dans le sens où je l'ai dit, cela doit être une
priorité, cela doit être, quant à nous, je le
répète, la priorité du Directeur général des
élections, car nous avons à vivre actuellement avec un
système électoral qui n'a pas encore été
changé, quelles que soient les volontés ou les
velléités de certains parlementaires, et nous nous devons, comme
parti politique, d'appuyer des démarches qui vont dans le sens de
l'amélioration de ce qui est en vigueur aujourd'hui. Le
député de Gouin a soulevé dans ses remarques trois sujets
que je ne peux malheureusement pas laisser passer. Le mode de scrutin, nous
aurons l'occasion d'y revenir, parce que les ministériels ont
eux-mêmes demandé qu'on y revienne. Il sera intéressant de
voir quelle sorte d'unanimité il peut y avoir dans ce parti. La
deuxième remarque que je ne peux pas laisser passer, c'est celle de la
présence au sens démocratique du chef du Parti libéral, M.
Robert Bourassa, à l'Assemblée nationale. Bien sûr que le
député de Gouin est parti dans une flambée comme...
Le Président (M. Rivest): Oui. Les remarques que j'ai
faites au député de Gouin s'appliquent sur ce sujet.
M. Côté (Charlesbourg): Exactement, et, M. le
Président...
Le Président (M. Rivest): Brièvement.
M. Côté (Charlesbourg): ...je vous promets que je
prendrai exactement le même temps que le député de Gouin
pour lui répondre.
Le Président (M. Rivest): Mais pas le même ton, s'il
vous plaît!
M. Côté (Charlesbourg): C'est exactement le
même langage qu'il avait en 1976, lui, et, dans son cas, il n'a pas
évolué. Je peux vous dire qu'en ce qui concerne les
élections partielles, il s'en est tenu cinq entre 1970 et 1976. Bien
sûr, le député a raison de dire qu'il y a certaines
circonscriptions qui n'étaient pas favorables au Parti
québécois, sauf qu'il y en a eu une en 1974 dans le comté
de Johnson, qui a élu un député de l'Union Nationale, M.
Maurice Bellemare. Est-ce que M. le premier ministre Lévesque avait peur
à ce moment-là d'affronter M. Bellemare? Dire aujourd'hui que le
chef du Parti libéral doit être à l'Assemblée
nationale, c'est leur interprétation. Quant à nous, on ne se
laissera jamais dicter notre conduite par les gens d'en face, qui n'ont de
leçon à donner à personne sur le sens de la
démocratie.
Quant au comité consultatif, M. le Président,
personnellement, je ne me sens pas lésé et les membres du Parti
libéral ne se sentent pas lésés du tout quant à sa
non-consultation par le Directeur général des élections,
à la suite de l'entente signée, parce que le chef du Parti
libéral, qui a signé l'entente, a consulté, avant de la
signer, les trois membres du Parti libéral au préalable. Si votre
premier ministre, qui a signé l'entente, n'a pas cru bon de vous
consulter, cela témoignait très nettement du pouvoir et du
respect qu'il vous accorde.
Financement des partis politiques
Le Président (M. Rivest): Messieurs les membres de la
commission, si vous le voulez bien, maintenant, avec une dizaine de minutes de
retard sur notre horaire, nous allons aborder le sujet soulevé par le
député de Vachon, le financement des partis politiques.
Je demanderais à tous les membres de la commission qui veulent
intervenir de le faire le plus brièvement possible, dans la mesure
où nous avons convenu, encore une fois à titre indicatif, de ne
consacrer malheureusement pas plus de 30 minutes à ce sujet. Comme c'est
un sujet qui a été soulevé par un député
ministériel, j'applique un peu la même règle d'une
façon analogue à celle que j'ai soulevée pour le sujet
antérieur, c'est-à-dire que la majeure partie du temps sera
accordée au député ministériel, avec un temps
beaucoup plus restreint au député de Portneuf, qui m'a
déjà indiqué qu'il voulait traiter de cette question au
nom de l'Opposition. M. le député de Vachon.
M. Payne: En ce qui concerne le financement des partis
politiques, nous sommes unanimes à croire que la notion de transparence
et de visibilité devrait être considérée comme une
notion essentielle.
Dans un premier temps, M. le Directeur général des
élections, pouvez-vous m'indiquer de quelle manière, par exemple
dans votre rapport général annuel, vous faites état des
griefs et des plaintes qui vous ont été soumis au cours de
l'année? Par la suite, j'aurai quelques questions particulières
concernant le financement des partis politiques à propos d'un certain
nombre de dossiers.
M. Côté (Pierre-F.): Est-ce que vous me permettriez
de vous prier de préciser? Je ne saisis pas très bien votre
question quand vous demandez de quelle façon j'en fais état dans
le rapport annuel.
M. Payne: Par exemple, le Vérificateur
général fait état d'un certain nombre de dossiers
qui lui sont soumis. Il en fait l'analyse; il accepte ou il rejette tel ou tel
grief, telle ou telle plainte qu'on lui a soumis. Il fait état
également des condamnations prononcées ou des poursuites
intentées contre certains individus ou certaines compagnies. Est-ce que
cela est codifié dans votre rapport général annuel?
M. Côté (Pierre-F.): Sauf erreur, je
répondrai que oui...
M. Payne: D'accord.
M. Côté (Pierre-F.): ...mais, après
vérification, j'aurai la réponse dans quelques minutes. Dans le
rapport annuel de 1982-1983, aux pages 22 et 23, au tableau IV, on analyse les
enquêtes et les poursuites qui ont été menées en
vertu de la Loi électorale.
M. Payne: Combien y en a-t-il eu l'année
dernière?
M. Côté (Pierre-F.): Pardon?
M. Payne: Combien de griefs ont été soumis
l'année dernière?
M. Côté (Pierre-F.): Un instant, je vais consulter.
(10 h 45)
Le Président (M. Rivest): Si vous ne pouvez pas trouver
l'élément d'information, peut-être que vos collaborateurs
pourraient vérifier votre documentation sur la question précise
du député de Vachon? Ah! Vous l'avez?
M. Côté (Pierre-F.): Je pense que je peux donner la
réponse, oui. M. le député, je me suis trompé de
page, c'est à la page 61. J'ai ici un autre tableau qui n'apparaît
pas dans le rapport financier, mais qui résume peut-être la
situation. Pendant la période du 1er avril 1983 au 31 mars 1984, en
vertu de la Loi régissant le financement des partis politiques, il y a
eu une poursuite d'intentée et, à la suite de cette poursuite, un
plaidoyer de culpabilité. En vertu de la Loi sur les élections
dans certaines municipalités, il y a eu huit poursuites
d'intentées, sept plaidoyers de culpabilité et une cause est
encore en suspens. Il y a eu également des requêtes d'autorisation
de corriger un rapport, trois requêtes qui ont également
été accordées et une demande de permission d'assermenter
un rapport qui a également été accordée par la
cour. Il a eu d'autre part des appels faits au Directeur général
des élections d'une décision de trésoriers municipaux; il
y en a eu trois. En ce qui concerne la Loi électorale proprement dite,
là aussi il y a possibilité d'intenter des poursuites, il y a eu
une poursuite et il y a eu la cause où la personne a été
déclarée coupable sur un chef d'accusation et acquittée
sur l'autre. J'ai ici les tableaux des différentes causes et des
différentes...
M. Payne: Ce document n'est pas rendu public?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, si je ne me trompe
pas.
M. Payne: Vous avez dit tout à l'heure: Un document
à part.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, qui résume ce qu'on
y retrouve. Est-ce que c'est exact, M. Bédard? C'est
présenté d'une façon différente dans le rapport
annuel. Il n'est pas présenté de façon succincte comme je
viens de vous le donner. Je n'aurais pas objection à vous remettre une
copie de ce dont je viens de vous faire état, mais c'est
présenté sous une autre forme dans le rapport annuel.
M. Payne: C'est parce que cela m'apparaissait logique, moi aussi,
j'ai fait le même exercice. Nous ne trouvons pas état dans le
rapport annuel des griefs exposés formellement auprès du
Directeur général des élections et je pense qu'il y aurait
lieu non seulement de considérer comme un document à part les
poursuites intentées mais également, peut-être, un
état des plaintes et des griefs déposés officiellement et
le suivi de ces plaintes et de ces griefs.
J'aimerais centrer mon intérêt sur quelques cas
particuliers. Il nous apparaît que, l'an passé, les stations de
radio CJFP Ltée, CKRT et la Radio La Pocatière ont versé
chacune 100 $ à la caisse du Parti libéral du Québec,
ainsi que la compagnie Radiateur Baie-Comeau qui a fait elle-même un don
de 200 $ au Parti libéral du Québec. Où en sommes-nous
avec les plaintes telles que déposées? Pour être plus
précis, si le Parti libéral a effectivement reçu une
contribution, est-ce que les chèques ont été
encaissés?
Le Président (M. Rivest): M. le directeur
général.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, un
instant s'il vous plaît, cela va prendre une seconde, je veux consulter
le dossier que j'ai à cet égard.
En premier lieu, il y a eu effectivement des contributions
versées de plus de 100 $ qui ont été
déclarées à l'annexe III du rapport financier 1983 de
l'Association du Parti libéral. Si je m'exprime bien, c'est ce à
quoi vous faites référence, l'Association du Parti libéral
de Rivière-du-Loup. Est-ce bien cela?
M. Payne: Dans quel document?
M. Côté (Pierre-F.): Je vous donne une information
qui n'est pas dans le document que vous avez en main présentement. Mais,
si je comprends bien, vous parlez de trois postes de radio: CKRT, Radio La
Pocatière et Radio CJFP?
M. Payne: C'est cela.
M. Côté (Pierre-F.): Donc, ce sont des contributions
qui apparaissent dans le rapport annuel qu'on vient de déposer sur le
financement des partis politiques.
M. Payne: Et les chèques ont-ils été
encaissés?
M. Côté (Pierre-F.): Ce sont des informations que je
vais vous fournir. Je vais faire lecture du document, cela va être plus
clair. Ce ne sont que quelques paragraphes. Donc, les trois entreprises ont
effectivement contribué 100 $. Ceci est contraire à l'article 62
de la loi, qui stipule que seul un électeur peut verser une
contribution. Alors, il s'agit de trois chèques en date du 23 novembre -
les entreprises, vous les avez mentionnées - au montant de 100 $
chacun.
Le 1er mai 1984, M. Jacques Bureau, de la permanence du Parti
libéral du Québec à Montréal, me faisait parvenir
trois copies de lettres qu'il a envoyées à M. Luc Simard,
concernant le remboursement des contributions mentionnées ci-dessus et
conformément à l'article 74 de la loi. Donc, les trois montants
en question ont été remboursés aux trois postes de radio.
Le chèque n'a pas fait l'objet d'un encaissement par le
bénéficiaire. Il faudra donc avoir copie des chèques
après encaissement. Les montants des chèques ont
été remboursés.
Je crois qu'on peut dire que, techniquement et de façon
très légaliste, il y a une infraction à la loi. Cependant,
je profiterai de la question que vous me posez pour vous expliquer de quelle
façon je décide ou non qu'il y a poursuite dans des cas
analogues. Je n'ai pas comme philosophie générale ou comme
façon de procéder générale qu'il doit y avoir
automatiquement une poursuite intentée dès qu'il y a infraction.
Je pense que cela était fait de cette façon autrefois. J'ai la
liberté d'intenter des poursuites quand je crois que c'est une
façon de bien appliquer la loi et de voir à ce que l'esprit de la
loi en particulier soit bien observé.
Il faut savoir que, par le passé, quand les poursuites
étaient automatiquement intentées, un très grand nombre
des poursuites étaient rejetées et que la plupart de celles qui
étaient reçues l'étaient parce qu'il y avait confession de
jugement. Les parties en cause disaient: D'accord, nous plaidons coupables et
elles payaient une amende.
Pour illustrer ma pensée, je vais prendre un autre exemple. En
vertu de la loi concernant les élections dans certaines
municipalités, il y a un article qui prévoit que seul un
électeur résidant dans une municipalité peut contribuer
à un parti politique municipal. Il est arrivé dans un cas qu'une
personne assez âgée, qui était à sa retraite et qui
était domiciliée dans une autre municipalité, a
versé une contribution de quelques centaines de dollars à un
parti politique municipal d'une municipalité où elle
n'était pas domiciliée. Quand le parti municipal en cause a eu
connaissance de ce fait, il a retourné le chèque. Il y avait
là techniquement une infraction à la loi commise par ce citoyen.
Pour ma part, je pense que, même lorsqu'il y a techniquement une
infraction, il n'y a pas lieu de prendre automatiquement une poursuite. Tout
est question d'appréciation et je crois surtout que l'objet de la loi
est avant tout que les électeurs soient bien instruits des dispositions
de la loi et qu'on en observe les grands principes généraux.
Lorsqu'une poursuite est intentée, pour ma part, je vais m'assurer qu'on
a de fortes chances d'obtenir gain de cause devant la cour.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Vachon, en signalant aux divers intervenants que j'ai plusieurs demandes de
droit de parole sur ce sujet et qu'on est très limité, je
demanderais, s'il vous plaît, de poser la question d'une façon
succincte et que la réponse le soit également.
M. Payne: Oui. Mes considérations se résument
ainsi: je considère que le rapport annuel devrait avoir comme partie
intégrante tout état de griefs et de plaintes intentés. Je
pense aussi qu'il y a une certaine zone grise en ce qui concerne les
chèques qui sont envoyés à un parti politique. Si on
considère qu'un chèque est une reconnaissance légale
d'endettement, et si le bénéficiaire retient le chèque
tout en ne l'encaissant pas, ne s'agit-il quand même pas d'une
reconnaissance de cet endettement de la part du parti politique? Bref, à
quel moment quelqu'un devient-il bénéficiaire d'un don
présumément illégal?
Voici ma dernière question et j'aimerais avoir votre avis.
À ce que je sache, ce n'est pas illégal qu'un parti politique
reçoive lui-même un don. C'est plutôt que
l'illégalité porte sur le donateur. D'abord, j'aimerais que vous
le confirmiez ou l'infirmiez. Si c'est le cas, ne jugez-vous pas que cela
serait dans l'intérêt public que le parti politique soit aussi
condamné à l'amende en vertu d'une telle infraction?
M. Côté (Pierre-F.): À ce qu'on me signale,
il n'y a pas de disposition dans la loi qui prévoit que le parti
politique lui-même
peut être condamné. À moins que je ne me trompe, on
va se référer...
M. Payne: Et votre avis?
M. Côté (Pierre-F.): Je pense que le premier geste
que doit poser un parti politique, c'est celui d'effectuer le remboursement
dès qu'il y a un paiement qui est contraire aux dispositions de la loi,
et ceci le plus rapidement possible.
M. Payne: Ce n'est pas gratuit. Souvent, un don est l'objet d'une
sollicitation.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, vous avez raison. Mais,
vous savez, dans la Loi sur le financement des partis politiques, vous soulevez
un point qui est d'un clair obscur, si je peux m'exprimer ainsi, et qui
mériterait peut-être d'être approfondi pour voir s'il ne
faudrait pas aller plus loin et envisager que des dispositions additionnelles
soient contenues dans la loi et voir s'il n'y aurait pas lieu qu'une certaine
action soit entreprise contre un parti politique qui endosserait un
chèque, l'encaisserait formellement. Dans le cas qui nous occupe, vous
l'avez mentionné tout à l'heure, les chèques n'ont pas
été encaissés, ils ont été retournés.
Il y a eu remboursement des chèques.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Merci, M. le Président. Je dois d'abord dire
à M. Côté et à son équipe
qu'évidemment nous partageons l'émotion dont il nous a fait part
quant aux victimes du 8 mai dernier, d'autant plus que, comme il l'a si bien
dit, nous aurions facilement pu être nous-mêmes, tous tant que nous
sommes, au mauvais endroit au mauvais moment.
Ceci dit, permettez-moi, puisque nous abordons maintenant le dossier du
financement des partis politiques, de revenir sur cette question par le biais
d'une situation vécue que j'ai moi-même soumise au Directeur
général des élections il y a quelque temps et qui touchait
une contribution de 225 $ qu'une municipalité avait effectivement
versée au Parti libéral du Québec.
J'ai été heureux d'apprendre, dans votre lettre du 7 mai
1984, M. le directeur général, que le chèque de 225 $
adressé au Parti libéral du Québec par la
municipalité de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson avait effectivement
été retourné, évitant ainsi, vous en conviendrez,
la commission d'une illégalité. Cependant, le fait que la lettre
que je vous adressais à ce sujet était datée du 5 avril et
que le chèque ait été retourné à la
municipalité le 9 avril 1984, soit quatre jours après notre
intervention, indique bien que nous avions raison d'intervenir, d'autant plus
que ce chèque avait été émis à la fin de
février et que le Parti libéral du Québec n'avait toujours
pas retourné cette contribution illégale au début d'avril.
(11 heures)
Puisque votre enquêteur spécial dans cette affaire, M.
Marcel Sainte-Marie, m'a confirmé que les faits que nous avions
révélés étaient en tout point conformes au
déroulement des événements, je souhaiterais que vous
m'éclairiez sur un certain nombre de questions. Ainsi, afin de s'assurer
que l'esprit et la lettre de la Loi régissant le financement des partis
politiques, qui stipule à l'article 63 qu'une contribution doit
être versée par l'électeur lui-même et à
même ses propres biens, soient respectés et afin de s'assurer
également que les partis politiques fonctionnent démocratiquement
plutôt que d'être contrôlés par des personnes morales,
soit des compagnies ou des corporations, comme ce fut le cas trop longtemps,
permettez-moi donc de vous adresser très rapidement trois questions
auxquelles, j'en suis sûr, vous pourrez répondre rapidement,
puisque je vous ai déjà, à la fin de la semaine
dernière, avisé que je vous adresserais effectivement ces
questions.
La première question qui me vient à l'esprit: Les partis
politiques ne devraient-ils pas obligatoirement remettre à leur
solliciteur autorisé un résumé des règles
dominantes contenues dans la Loi régissant le financement des partis
politiques? Ce document objectif pourrait être préparé par
votre propre bureau, M. le directeur général, vous qui êtes
chargé de l'application de cette loi.
Deuxième question: les solliciteurs ainsi avisés ne
devraient-ils pas retourner sur-le-champ toute contribution qui, de toute
évidence, contrevient à la loi? Dans le cas qui nous occupe, il a
fallu que cette contribution illégale franchisse trois étapes,
passe par trois mains différentes pour qu'on en vienne, après
notre intervention, à la retourner à celui qui l'avait
expédiée. D'abord, le solliciteur local, M. Lionel Constantini,
du Parti libéral, n'a pas jugé bon de retourner cette
contribution illégale. Il l'a plutôt transmise à la
présidente du Parti libéral, Mme Huguette Blondin-Taylor qui,
elle-même, n'a pas jugé bon de retourner cette contribution
illégale à celui qui la lui avait adressée, mais elle l'a
transmise elle-même au Parti libéral du Québec. Ce dernier,
comme nous l'avons dit, l'a finalement retournée après que nous
sommes intervenus.
Donc, y aurait-il lieu que le solliciteur avisé ait l'obligation
de retourner des contributions illégales lorsqu'il se rend compte...
Comme l'a affirmé Mme Blondin-
Taylor, dans une entrevue qu'elle a accordée à la radio,
elle s'est rendu compte que le chèque n'était pas un
chèque légal et, malgré tout, elle a cru bon de
l'acheminer à la permanence du Parti libéral.
Troisièmement, devrait-on fixer des délais pour retourner
ces contributions illégales afin d'éviter d'accumuler inutilement
des contributions qui contreviennent à la loi, d'autant plus que M.
Michel Gratton, le leader de l'Opposition officielle, indiquait
récemment que le Parti libéral du Québec retournait pour
environ 20 000 $ de ces contributions illégales chaque année?
Essentiellement, M. le directeur général, vous comprendrez
que ces préoccupations ont pour objectif de faire en sorte que non
seulement nous ayons une loi au Québec qui assure le financement
démocratique des partis politiques, mais qu'elle puisse s'appliquer de
façon efficace et aussi de façon responsable par ceux qui, au nom
des partis politiques, ont à recueillir des contributions auprès
de nos concitoyens et concitoyennes du Québec.
Le Président (M. Rivest): M. le directeur
général.
M. Côté (Pierre-F.): Très brièvement,
M. le Président, je veux répondre aux trois questions que pose M.
le député. À la première question - je ne la
répéterai pas, si vous le permettez - j'affirme évidemment
qu'il est souhaitable que les solliciteurs des partis politiques
autorisés aient une connaissance suffisante de la Loi régissant
le financement des partis politiques. À cet égard, il serait de
mise que les solliciteurs prennent notamment connaissance du dépliant
"Vulgarisation de la loi" préparé par le Directeur
général des élections. Si jamais vous en désirez
des exemplaires, nous pourrions vous en faire parvenir dans les plus brefs
délais. Dans ce dépliant, on retrouve toutes les informations
pertinentes pour la cueillette de contributions.
À votre deuxième question, je réponds que, si les
solliciteurs sont bien informés, ils devraient normalement refuser toute
contribution faite non conformément aux dispositions de la loi. De plus,
l'article 74 se lit de la façon suivante: "Toute contribution faite
contrairement à la présente loi doit, dès que le fait est
connu, être retournée au donateur, si son identité est
connue. Au cas contraire, les fonds sont remis au directeur
général qui les verse au ministre des Finances."
Finalement, à votre troisième question, comme vous le
constatez à la lecture de l'article 74 que je viens de vous lire, la loi
ne prévoit pas de délai mais plutôt que les remboursements
doivent se faire dès que le fait est connu.
Finalement et quatrièmement, j'ajou- terais, comme commentaire
général, si vous me le permettez, concernant ce cas, que j'ai
été passablement étonné que la municipalité
de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson n'ait pas été au courant des
dispositions de la loi qui est en vigueur depuis 1977 et ait
procédé à émettre un chèque de 225 $. Je
crois qu'il y a du travail d'information qu'il faudrait intensifier de notre
part pour rappeler à toute corporation et aux municipalités que
le versement de contributions à un parti politique n'entre pas le cadre
des dispositions de la Loi sur le financement des partis politiques.
M. Blouin: M. le directeur général, je
considère que les réponses que vous apportez sont autant de
consignes qui, me semble-t-il, devraient être suivies par tous les partis
politiques et notamment par ceux qui jusqu'à aujourd'hui ne les ont pas
suivies. J'ai retenu particulièrement votre assertion que, selon votre
interprétation, lorsqu'une personne est saisie d'une contribution
illégale et qu'elle est effectivement consciente que cette contribution
est illégale, elle devrait normalement la retourner à ceux qui
ont procédé de façon illégale. Je rappelle que ce
n'est pas ce qui s'est passé dans le cas que nous avons soulevé
et j'espère que cette intervention que vous avez faite contribuera
à épurer encore davantage la procédure de financement des
partis politiques au Québec.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je comprends que
le temps est limité. Sachez que je dois me freiner et me retenir
moi-même pour ne pas relever le propos du député de Vachon.
J'espère pour lui qu'il n'y a pas trop d'étudiants en droit ou
trop de personnes au Québec qui ont pris connaissance de son propos qui
était tout à fait erratique. Je n'ai jamais entendu de choses
aussi insensées que celles qu'il a formulées tout à
l'heure...
M. Payne: Cela fait mal, n'est-ce pas?
M. Pagé: ...quand il disait que le fait d'émettre
un chèque constitue un endettement. Je ne sais pas où il a pris
cela et c'est incroyable d'entendre cela de la part d'une personne qui a, par
surcroît, le statut de membre de l'Assemblée nationale.
Je ne veux pas non plus relever les propos du député de
Rousseau, mais c'est avec beaucoup de réceptivité qu'on accueille
ses commentaires de ce matin. Somme toute, après avoir logé une
plainte concernant la municipalité de Sainte-Marguerite-du-Lac Masson,
il vient essentiellement nous dire: Je m'excuse, je ne recommencerai plus et
je
suis bien satisfait. Sauf qu'il aurait peut-être dû y penser
avant et analyser son dossier.
M. Blouin: C'est entendu.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais aimé
aborder avec M. Côté, qui nous fait l'honneur d'être avec
nous ce matin, plusieurs des questions qui concernent le financement, quoiqu'on
doive convenir que le comité consultatif aura l'occasion de se
réunir dans des délais assez brefs probablement, d'ici une
semaine. Plusieurs des aspects spécifiques et concrets de l'application
de la Loi sur le financement des partis politiques pourront - au lieu
d'être soulevés ce matin, parce que le temps fuit -être
abordés lors de cette rencontre.
M. le Président, j'aurais un cas particulier à porter
à votre attention et plusieurs questions à vous poser. Je vais
donc me limiter à un bref commentaire et à un préambule se
référant à des faits, se référant au texte
de la Loi sur le financement des partis politiques. Les questions seront
peut-être jugées par vous, M. Côté, comme
étant peut-être un peu directes, mais elles doivent être
posées, comme à la suite d'une décision que vous auriez
rendue, qui nous a été livrée en date du 7 mai 1984 et qui
se réfère - vous comprendrez - au dîner-causerie sur la
relance économique de la circonscription électorale de
Roberval.
Je dois d'ores et déjà vous dire, M. le Président
de l'Assemblée et M. le Directeur général des
élections, que c'est avec surprise, pour ne pas dire avec consternation,
que nous avons pris connaissance, que j'ai personnellement pris connaissance,
de votre décision. En effet, tout le monde se rappelle que, le 27
février 1984, à l'hôtel Colonial de Saint-Félicien,
le député péquiste du comté de Roberval, M. Michel
Gauthier, organisait un souper bénéfice auquel étaient
conviés des individus, des compagnies, des corporations publiques, des
corps publics. Les informations que nous possédons - on pourra y revenir
plus tard - sont qu'un peu tout le monde dans le comté était
conscient et bien au fait que c'était une activité politique
préparée par un député et à laquelle se sont
associés les membres de l'Exécutif du Parti
québécois dans la vente des cartes. L'activité a eu cours
et le Parti libéral du Québec du comté de Roberval et son
exécutif ont constaté que des chèques de compagnies
avaient été signés et adressés à l'ordre du
Parti québécois, endossés personnellement par le
député et déposés dans un compte en fiducie.
Dans votre lettre du 7 mai adressée au président de la
commission juridique de notre groupe politique, Me Louis Rémillard, vous
dites, et je cite, sous votre signature: "Bien que plusieurs corporations, tant
publiques que privées, aient participé à ce dîner
causerie, les sommes recueillies n'ont pas été versées au
Parti québécois, ni à l'association de ce parti dans la
circonscription électorale de Roberval. En effet, tous les argents
perçus, les argents provenant des corps publics, soit des compagnies -
ce qui est abordé et traité dans la loi - ont été
déposés dans un compte en fiducie, ouvert par M. Gauthier
à la Caisse populaire de Chambord pour constituer un fonds permettant de
tenir des activités ayant comme objectif la relance économique de
la circonscription de Roberval." Vous ajoutez: "J'ai demandé qu'une
enquête soit faite. Les résultats de cette enquête
démontrent qu'il n'y a pas eu d'infraction commise à l'article 62
de la Loi régissant le financement des partis politiques ni à
d'autres dispositions de cette loi."
J'aimerais vous poser les questions suivantes. Je vais vous les donner
en vrac, je m'en excuse, en espérant que le député de
Jean-Talon aura assez de déférence pour vous et pour l'ensemble
des membres pour vous donner le temps de répondre
adéquatement.
Le Président (M. Rivest): Ce n'est pas autant le
député de Jean-Talon que le président qui
s'inquiète de voir à ce que l'horaire qui a été
convenu soit respecté. Ce sujet sur le financement des partis
politiques, malgré tout son intérêt, devra être
terminé vers 11 h 15, de façon à protéger le droit
des autres députés qui ont déjà signalé
à la présidence des sujets tels que le mode de scrutin et les
propositions budgétaires de M. le directeur général.
M. Rochefort: Est-ce que vous comptez respecter les demandes de
droit de parole sur le sujet présentement en discussion?
Le Président (M. Rivest): Je compte vous accorder un droit
de parole sur ce sujet, mais très limité, probablement une
minute.
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
M. Fallu: ...s'il vous plaît, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que vous voulez me
protéger, s'il vous plaît?
Le Président (M. Rivest): Oui, c'était ma
préoccupation. Je veux bien que la commission continue, car c'est elle
qui est maîtresse de ses travaux, mais il y a quand même eu une
demande adressée au début de la séance à la
présidence, selon laquelle nous consacrerons à la question du
mode de scrutin une trentaine de minutes - je pense qu'il s'agit d'une demande
légitime - et sur les propositions budgétaires proprement dites,
auxquelles nous consacrerons aussi de 45 à
60 minutes. Je veux bien qu'on continue à débattre de
différents aspects du financement des partis politiques, mais je pense
que c'est la responsabilité de la présidence de faire en sorte
qu'on puisse étudier les crédits du Directeur
général des élections.
M. Payne: Je propose tout simplement...
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Vachon.
M. Payne: ...que nous prenions trois minutes de notre
côté pour une toute dernière question, si cela vous
convient.
Le Président (M. Rivest): Après que...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. Question de
règlement.
Le Président (M. Rivest): Si vous le permettez, laissons
le député de Portneuf terminer, il va collaborer avec la
présidence, j'en suis certain; trois minutes seront ensuite
accordées à la demande du député de Vachon et on
passera ensuite à l'autre sujet.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président, en vous demandant
de protéger mon droit de parole. Nous n'avons pas interrompu les
députés péquistes, lorsqu'ils sont intervenus tout
à l'heure.
Première question... Oui, vous êtes péquiste,
avez-vous honte de cela, j'imagine, à 26%?
M. Rochefort: On s'en reparlera...
M. Pagé: Première question, M. le Président.
Devons-nous comprendre de votre décision, dans le cas de Michel Gauthier
et de son compte en fiducie, que, par dérogation aux dispositions de la
Loi sur le financement des partis politiques, une personne autre qu'un
électeur, c'est-à-dire une compagnie, peut souscrire un
chèque de plus de 25 $ à l'ordre d'une association
autorisée ou d'un parti politique, si le produit est
déposé dans le compte en fiducie d'un tiers? (11 h 15)
Deuxièmement, devons-nous comprendre de votre décision que
des activités ayant comme objectif la relance économique qui sont
enclenchées par un député n'ont pas d'impact politique
pour ce député ou pour son parti dans son comté et ce,
suivant votre décision?
Troisième question, devons-nous comprendre que l'association
autorisée et le parti politique autorisé n'ont aucun rapport
quelconque à vous faire des chèques reçus aux fins ci-haut
mentionnées si le produit a été déposé dans
un compte en fiducie et, par surcroît, pour un tiers?
Quatrièmement, devons-nous comprendre de votre décision
qui n'importe qui peut légalement solliciter d'une personne autre qu'un
électeur, une entreprise, une société, une corporation,
sans limite quant au montant des contributions, au nom d'une association
autorisée ou d'un parti politique autorisé, si les fonds sont
déposés, comme mentionné plus haut, dans un compte en
fiducie et utilisés aux fins ci-haut mentionnées?
À l'article 62 de la loi, on dit - je me permets de le citer,
même si nous sommes présumés la connaître - "Seul un
électeur peut verser une contribution. Il ne peut le faire qu'en faveur
d'un parti politique, d'une association ou d'un candidat indépendant
détenant l'autorisation du directeur général et ce,
conformément à la présente section." Comment concilier
l'interprétation que vous donnez à l'article 62 avec la
présomption qui est créée par l'article 72: "Dès
qu'elle a été encaissée, une contribution est
réputée reçue par le parti, l'association ou le candidat
auquel elle est destinée?" J'aimerais savoir dans ce cas en quoi cette
présomption a été réfutée.
J'ai une autre question et je termine bientôt, M. le
Président. Devons-nous comprendre, de votre décision, qu'à
compter de maintenant tout député siégeant à
l'Assemblée nationale du Québec peut se constituer un fonds en
fiducie, organiser des activités dans son comté, activités
contre rémunération pour lesquelles il y a un versement d'argent
qui peut venir de compagnies, sommes qui sont versées dans ce compte en
fiducie et pour lesquelles il n'y a pas de règle régissant
l'utilisation de ce fonds? Je vous donne un exemple. Supposons que,demain matin, le député de Rousseau décide de
créer un fonds en fiducie dans son comté, pour recueillir des
sommes de compagnies; ce fonds est constitué de plusieurs milliers ou
dizaines de milliers de dollars. Nous devons comprendre de votre
décision que, le lendemain matin de la constitution de ce fonds, le
député de Rousseau pourrait dire: Moi, j'ai des producteurs
d'agneau dans mon comté; je décide, comme gestionnaire de mon
fonds en fiducie, d'aller étudier, avec mon épouse
évidemment, en Australie, la commercialisation de l'agneau
là-bas. De septembre à octobre, il paraît que c'est une
période assez intéressante. Comme il pourrait, dès le
retour, après être venu siéger quelques jours à
l'Assemblée et recueillir son chèque, dire: Je m'en vais
étudier en Floride, et plus particulièrement à Miami, les
structures d'accueil touristique, parce que cela a une incidence
économique dans mon comté. Vous comprendrez, M. le
Président, à la lumière d'exemples comme ceux-là,
pourquoi je vous
exprimais non seulement notre surprise, mais aussi notre consternation
de voir une telle décision.
Enfin, j'aimerais vous demander quelles sont les règles qui
devraient présider à la gestion, à l'administration,
à la distribution et, éventuellement, à la liquidation
d'un tel fonds en fiducie. C'est un homme politique, c'est un
député qui a recueilli de l'argent dans une activité
à laquelle s'est prêté un membre du gouvernement, le
ministre des Finances. Il y a de l'argent qui est là et il n'y a pas de
problème apparemment.
Enfin, deux petites questions bien précises et bien
particulilères: Y a-t-il eu une enquête? Il y a eu une
enquête, vous le confirmez. Mais, dans le cadre de cette enquête,
j'aimerais que vous m'indiquiez si les personnes qui ont porté plainte
auraient pu être entendues et, si tel n'a pas été le cas,
pourquoi elles n'ont pas eu le loisir d'être entendues et
d'établir la preuve qu'elles voulaient vous présenter, ou
d'autres informations ou même vous faire entendre des personnes qui
auraient été prêtes à être entendues devant
votre commission. C'était là l'essentiel de mes questions, M. le
Président.
Le Président (M. Rivest): M. le directeur
général, j'espère que vous avez pris note de l'ensemble
des questions. Ce sont évidemment des questions qui vont causer à
la présidence un certain nombre de problèmes dans la mesure
où je vais devoir vous accorder tout le temps que vous voudrez pour y
répondre.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, je
pense que le député de Portneuf soulève un bon nombre de
questions auxquelles j'hésiterais à donner des réponses
précises. Je vais émettre certaines considérations, mais
non pas des réponses précises. La raison est la suivante:
Effectivement, les questions que vous posez sont également contenues
dans une lettre que j'ai reçue de Me Rémillard, en date du 11
mai, et qui a été reçue à mon bureau le 17 mai.
Nous sommes rendus au 22 mai et nous procédons à l'étude
des questions que vous avez reprises ce matin. Cependant, vous soulevez
également, par ce genre de questions qui sont pertinentes, un aspect de
mes fonctions sur lesquelles il faudrait aussi que j'en arrive à
déterminer une certaine ligne de conduite, ce qu'on appelle en droit
l'établissement d'un roulé. Est-ce qu'il est dans les fonctions
du Directeur général des élections qui voit à
l'application de la Loi sur le financement des partis politiques
d'émettre un certain nombre d'opinions très précises sur
l'application de la loi? Là encore, je ne voudrais pas vous donner de
réponse définitive, mais seulement vous donner des indications
sur la réflexion que nous faisons présentement à cet
égard.
En particulier, j'attirerais votre attention sur le fait que l'ancienne
loi prévoyait, à l'article 16, que le directeur
général a entre autres fonctions de veiller à
l'application de la loi et, deuxièmement -alinéa a - stipulait
que le directeur général devait, en ce qui a trait à
l'information du public, donner à tout intéressé des avis
ou directives touchant l'application et l'interprétation du
présent chapitre.
Le nouvel article 183.3 de la loi a enlevé ce pouvoir de donner
une interprétation des articles de la loi et je crois qu'il est
peut-être sage qu'il en soit ainsi. Il faut éviter que la personne
qui a la responsabilité de l'application de la loi et
éventuellement d'intenter des poursuites soit la personne qui serait
appelée à donner de façon systématique des
interprétations de la Loi sur le financement des partis politiques.
Cependant, je crois que, malgré cette réserve que je veux faire,
il est normal que les partis politiques, comme vous le faites
présentement et comme Me Rémillard l'a fait, s'adressent à
moi pour avoir une meilleure compréhension de l'application de la loi.
À cet égard, il faut bien souligner que toute
interprétation ou toute explication que je pourrais donner de la
compréhension que j'ai de la loi ne pourrait en aucune façon lier
les tribunaux si, subséquemment à une opinion que j'aurais
émise, je décidais quand même de poursuivre. Je veux
être bien clair là-dessus.
Deuxièmement, je pense que tout ce que je peux faire, c'est de
donner, non pas formellement une opinion juridique, mais ce que j'appellerais,
en termes très généraux, un "feeling" ou une impression
juridique. De plus, j'apprécierais, quant à moi, lorsqu'on me
pose des questions comme celles-là, que les partis politiques aient
d'abord - il me semble - la réaction de demander une opinion à
leurs propres conseillers juridiques et surtout, lorsqu'on s'adresse à
moi pour avoir une interprétation, qu'on ne le fasse pas à la
dernière minute, comme cela s'est produit il y a quelque temps - je ne
voudrais pas invoquer un cas de façon précise - qu'on ne le fasse
pas à la dernière minute, pour que je sois placé devant un
fait accompli et là qu'on me demande: Qu'est-ce qu'on doit faire?
Comment la loi devrait-elle s'appliquer? Il faudrait peut-être se pencher
- et c'est un des objectifs que vous avez mentionnés tout à
l'heure, le conseil consultatif devrait le faire - sur la façon de
procéder du Directeur général des élections.
Devrait-il y avoir des directives formelles d'émises? Devrait-il y avoir
des bulletins d'interprétation? Devrait-on procéder par voie de
règlement? Mais il est certain que la loi actuelle, à mon avis,
n'est pas suffisamment claire à cet égard.
Pour revenir de façon plus précise au cas que vous avez
soulevé concernant le
député de Roberval, l'enquête à
été faite à ma satisfaction. C'est la première
réponse que je veux vous fournir et il est clair que, dans ce cas - et
c'est peut-être une disposition de la loi qu'il faudrait
éventuellement corriger - à mon avis, il n'y a pas eu infraction
à la loi.
Vous avez fait allusion au fait qu'il peut arriver que n'importe quel
député, pour n'importe quelle fin, constitue des fonds
spéciaux en déposant cet argent dans un compte en fiducie. Je
crois personnellement que, si cette coutume se généralisait,
à tout le moins, cela irait à l'encontre de l'esprit de la loi.
Mais, formellement, dans le cas qui me préoccupe, et l'opinion juridique
que j'ai à cet effet est très claire, il n'y a pas eu infraction
à la loi.
M. Pagé: J'aurais une question bien spécifique, M.
le Président. Comment la présomption prévue à
l'article 72 a-t-elle été réfutée?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, je n'ai pas
compris.
M. Pagé: Comment la présomption prévue
à l'article 72 de la loi et qui dit: "Dès qu'a été
encaissée une contribution..." Il y a eu encaissement. Il y a eu
contribution. On dit: "...est réputée..." - donc, il y a eu une
présomption - "...reçue par le parti, l'association ou le
candidat..." Comment cette présomption a-t-elle été
réfutée dans le présent dossier? Puisque la preuve a
établi que les montants ont été...
M. Côté (Pierre-F.): Dans le cas en cause, il faut
que la contribution en question ait été encaissée par les
personnes à qui elle était destinée. Vous faites
référence à un chèque qui a été
adressé à l'association du comté et qui a
été déposé dans le compte en fiducie du
député en question.
M. Pagé: Écoutez, M. le Président, je...
M. Côté (Pierre-F.): Ce chèque est le
résultat d'une erreur qui a été commise par la banque,
parce que, normalement, le montant n'aurait pas dû être
encaissé et déposé dans ce compte en fiducie, car il
était adressé à un autre que le député, il
était adressé à l'association.
M. Pagé: C'est donc dire que, malgré qu'un
chèque de compagnie soit fait à l'ordre d'un parti politique
autorisé, par exemple le Parti québécois, comté de
Roberval, endossé, non pas par le premier venu, mais par le
député péquiste du comté, déposé dans
un compte en fiducie, il n'y a pas matière à ce que l'article 72
de la loi s'applique.
M. Côté (Pierre-F.): C'est une
irrégularité qui découle non pas de la Loi sur le
financement des partis politiques, mais de la Loi sur les lettres de
change.
M. Pagé: II n'y a pas d'irrégularité en
vertu de votre loi.
M. Côté (Pierre-F.): Non.
Le Président (M. Rivest): Cela va? Sur ce dernier sujet,
j'accorde un droit de parole aux députés ministériels, si
je veux protéger quelque peu la question du mode de scrutin et les
propositions budgétaires proprement dites, mais, par contre, la
présidence a un problème. Il y a deux demandes: Une du
député de Gouin...
M. Rochefort: M. le Président, je la cède au
député de Groulx.
Le Président (M. Rivest): Ah bon! Alors, M. le
député de Groulx. Brièvement, s'il vous plaît, parce
que je voudrais qu'on aborde un autre sujet à 11 h 30.
M. Fallu: En effet, moins d'une minute. M. le Président,
on sait que certains ont la tradition d'organiser des dîners et des
soupers bénéfices. La question est toujours un peu
inquiétante du fait que, d'une part, le prix est inférieur
à 100 $. Donc, on ne peut pas retrouver cela autrement que par un
certain anonymat dans la déclaration globale de l'association locale du
parti politique. D'autre part, on apprend que certaines associations ou
compagnies, etc., financeraient de telles activités, sauf que ce ne sont
pas des gens qui écrivent cela dans les journaux qui viennent nous le
dire et encore moins vont-ils le dire au Directeur général des
élections.
Or, le journal de Joliette, celui qu'on appelle "Le Joliette journal",
daté du mercredi 11 avril 1984, nous apprenait que la
municipalité de Saint-Cuthbert avait versé 100 $, non pas
à l'association libérale, mais au conseiller Réal Brizard
pour lui permettre d'assister au souper bénéfice au profit de
l'Association libérale provinciale de Berthier, tenu le 25 mars. Le
montant de 100 $ veut dire, comme le prix était de 50 $ chacun, deux
fois 50 $, pour lui et pour son épouse. (11 h 30)
J'aimerais savoir si de telles pratiques, c'est-à-dire le fait
que des compagnies, des municipalités entre autres achètent des
billets pour les distribuer ou qu'un conseiller municipal se fait rembourser le
prix d'un souper au profit du Parti libéral par sa municipalité
ou par sa compagnie, c'est, oui ou non, légal.
M. Côté (Pierre-F.): Pour savoir si la question que
vous me posez est carrément légale ou illégale, il
faudrait étudier le cas à
fond. On m'informe que le cas ne nous a pas été soumis
comme tel. Je vais vous donner juste une première réaction.
À tout le moins, je dirais que cela ne va pas en conformité avec
l'esprit de la loi.
M. Fallu: Donc, cela ne va pas avec l'esprit de la loi.
M. Côté (Pierre-F.): Si je comprends bien l'esprit
de la loi, c'est que toute corporation ne doit pas fournir de contribution pour
des fins électorales.
M. Fallu: Du fait qu'il y ait eu publication dans un journal,
sous la plume de Chantai Hétu, le 11 avril 1984, j'imagine que personne
ne vous a déjà soumis ce cas.
M. Côté (Pierre-F.): Non, on m'informe que c'est la
première fois que le cas est soulevé.
M. Fallu: Vous me permettez de vous le souligner... Je vous
remettrai...
M. Côté (Pierre-F.) Nous en prenons bonne note et
nous allons l'étudier avec soin maintenant que vous l'avez
soulevé.
M. Fallu: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rivest): Nous allons maintenant passer
finalement à un autre sujet. Puisque la présidence de la
commission a maintenant le droit de faire certaines remarques, je signale que
les intéressants dossiers qui ont été soulevés de
part et d'autre n'auront pas, je l'espère, d'effets dissuasifs sur
l'ensemble de nos concitoyens qui souscrivent aux partis politiques.
Malheureusement, les exemples qui ont été donnés
risqueraient de créer l'impression chez certains de nos concitoyens
qu'il y a danger ou même piège à l'occasion de fournir au
financement des partis politiques.
Mode de scrutin
Pour le mode de scrutin, il est 11 h 30, je vais accorder 15 ou 20
minutes au maximum à ce sujet - je sais qu'on ne fera malheureusement
que l'effleurer - pour ensuite aborder ce qui fait quand même l'essentiel
de l'objet de notre réunion, les propositions budgétaires
proprement dites où on n'aura malheureusement que 45 minutes à
peu près pour étudier cela.
M. le député de Gouin, sur le mode de scrutin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je ne veux pas
reprendre tout le débat sur le mode de scrutin qui a eu lieu
récemment au Québec. Je ne veux pas non plus aborder l'ensemble
du rapport qu'a produit le
Directeur général des élections à titre de
président de la Commission de la représentation, avec ses deux
collègues, MM. Lessard et Bourassa. Je me contenterai, en guise
d'introduction, de les remercier pour le rapport qu'ils nous ont fourni. Je
crois que nous devons tous convenir qu'il s'agit sûrement du meilleur
document que le Québec ait reçu depuis que des
Québécois et des Québécoises se penchent sur les
questions relativement au mode de scrutin. Je souhaite sûrement qu'on
puisse, dans la mesure du possible, y donner des suites dans les meilleurs
délais.
Les questions que je veux aborder ce matin avec le Directeur
général des élections, plutôt en sa qualité
de président de la Commission de la représentation qu'en sa
qualité de Directeur général des élections, ont
trait à trois ou quatre aspects très particuliers de l'ensemble
de la question du mode de scrutin et ne se veulent d'aucune façon, en ce
qui me concerne, un survol, un tour d'horizon complet soit sur le rapport qui
nous a été soumis ou encore sur l'ensemble du débat qui a
été soulevé au Québec.
J'imagine que, pour ce faire, nous aurons probablement l'occasion
éventuellement de pouvoir - en tout cas je le souhaiterais, M. le
Président - tenir une commission parlementaire qui sera chargée
d'étudier le rapport que nous ont présenté le Directeur
général des élections et ses deux collègues de la
Commission de la représentation afin que nous ayons l'occasion
d'étudier à fond l'ensemble de ce rapport en plus de 30 ou 40
minutes, le temps que nous aurons probablement ce matin à notre
disposition.
La première question que je veux aborder est reliée
directement à une des recommandations du rapport et a été
longuement débattue. On sait que, dans la formule qui nous est
proposée, vous recommandez qu'en conséquence de cette formule qui
nous est proposée il n'y ait plus d'élections partielles à
l'intérieur d'un mandat et que, deuxièmement, il n'y ait plus
possibilité pour un député élu sous une
bannière politique à l'occasion d'un scrutin de devenir, en cours
de mandat, député indépendant.
Comme vous avez pu être à même de le constater, M.
Côté, ces deux recommandations très précises ont
été commentées par un certain nombre de personnes:
intellectuels, parlementaires, éditorialistes entre autres, et
j'aimerais connaître vos réactions quant à l'ensemble des
commentaires qui ont été formulés sur ces deux aspects
très précis des recommandations que vous nous avez faites.
Le Président (M. Payne): M. le
Directeur général des élections.
M. Côté (Pierre-F.): M. le député, je
voudrais d'abord vous faire remarquer que je l'ai mentionné, j'y ai fait
référence dans mon texte d'introduction tout à l'heure et
il me semble très important d'y revenir, le rapport de la commission est
divisé en deux grandes parties. La première, c'est celle de la
proposition que le mode de scrutin soit à l'avenir un mode de scrutin
proportionnel, qu'on a appelé proportionnel territorial. C'est
l'essentiel du rapport. Tout le reste du rapport, les deux aspects particuliers
que vous soulevez, ce ne sont pas des recommandations formelles - je pourrais
vous donner les références exactes de ce que je vous dis - de la
commission, ce ne sont que des préférences exposées, ce ne
sont que des suggestions. Voici pourquoi nous allons procéder dans cette
perspective. À partir du moment où la décision est prise
de modifier le mode de scrutin, nous en sommes arrivés à la
conclusion, à la suite des consultations qui ont été
faites partout au Québec et à la suite de nos propres
études, que le mode de scrutin qui devrait être adopté soit
un mode de scrutin de type proportionnel territorial qui réponde ou qui
soit la suite logique d'un certain nombre de constatations que nous avons
faites, que nous avons appelées les caractéristiques
québécoises.
On m'a suggéré, au moment de la rédaction du
rapport, de ne pas employer l'expression suivante que je vais maintenant
employer, pour être bien clair sur cette distinction dans le rapport,
à savoir qu'il a été présenté de cette
façon-là, c'est-à-dire une recommandation formelle et un
certain nombre de préférences, dans un effort de conciliation de
points de vue différents, pour que le rapport ne soit pas pris comme
étant un tout global auquel rien ne peut être changé.
À notre avis, ce qui ne peut pas être changé, c'est notre
recommandation. Évidemment, vous pouvez la suivre ou ne pas la suivre.
En ce qui concerne le contenu du rapport, c'est notre recommandation
qu'à l'avenir le Québec, au lieu d'avoir le mode de
système majoritaire nominal à un tour, ait un mode de scrutin
proportionnel territorial.
Tout ce qui reste, toutes les autres dispositions, par exemple celle
concernant la façon de voter, celle concernant la désignation des
candidats, celle concernant l'hypothèse qu'il n'y ait plus
d'élections partielles, celle concernant l'hypothèse qu'il n'y
ait plus de possibilité de devenir député
indépendant, ce sont des constatations, des suggestions, et non pas des
recommandations formelles que nous faisons. Non, c'est très clair dans
le rapport; je m'excuse, je vois votre réaction, mais j'insiste
là-dessus. Elles sont quand même le fruit d'une certaine logique
de l'ensemble du rapport. Oui, le rapport se tient quand même. C'est
logique dans l'ensemble du rapport. Quand on avance l'hypothèse qu'il
n'y ait plus d'élections partielles, par exemple - les deux points que
vous avez soulevés - ou qu'il n'y ait plus de possibilité de
devenir député indépendant, les raisons fondamentales sont
les suivantes, sur lesquelles vous pourriez, membres de l'Assemblée
nationale, décider de suivre une autre ligne de conduite si vous
décidez de retenir la proposition principale, une proportion
territoriale.
Prenons simplement un autre exemple qui est très clair aussi. Les
hypothèses de découpage que nous avons soumises ne sont que des
hypothèses. On peut en imaginer plusieurs autres. Nous en avons
d'ailleurs imaginé une troisième qui n'a jamais été
rendue publique. Pourquoi il n'y aurait plus d'élections partielles, de
façon plus précise? Parce que nous sommes d'avis qu'une fois que
le mode de scrutin proportionnel est établi, ce moyen - ce peut
être un des moyens, ceci peut être fort discutable - peutêtre un des moyens de maintenir la stabilité gouvernementale,
car un mode de scrutin proportionnel peut avoir comme conséquence, par
définition même, une plus juste équation entre le
pourcentage du vote et le pourcentage de représentants élus. Si,
pendant le mandat d'un gouvernement, par exemple, une élection donne un
résultat où il y a une différence de cinq ou six
sièges et qu'il y a six ou sept élections partielles, on vient de
changer le gouvernement qui a été élu lors de
l'élection générale; c'est la raison pour laquelle on fait
cette proposition. C'est le même raisonnement qu'on fait pour la
possibilité de devenir ou non un député
indépendant.
Dans un système proportionnel, ce qui est essentiel et ce qui est
différent du système actuel, c'est que le choix des candidats est
fait par les partis politiques. Il y a évidemment une importance
considérable qui est accordée aux partis politiques. Des
personnes qui se présentent sous la bannière d'un parti politique
dans un mode de scrutin proportionnel le font en choisissant, en toute
connaissance de cause, le parti politique en question et devraient normalement
poursuivre leur vie de député à l'intérieur de ce
parti. Pour la même raison que celle que je viens d'invoquer, si ces
personnes en arrivaient à la conclusion qu'on puisse permettre que
n'importe quel député élu selon le mode proportionnel
puisse devenir indépendant comme bon lui semble soit selon son humeur ou
sa divergence de vues avec le parti politique auquel il a adhéré,
cela pourrait avoir des conséquences sur la stabilité
gouvernementale. Mais il y a également un autre aspect qui - je fais une
parenthèse -me fatigue passablement, c'est qu'un député
élu sous une bannière et qui décide d'en choisir une autre
devrait, je pense, à tout le moins retourner devant ses électeurs
afin d'en obtenir un mandat très clair. Je ferme
là la parenthèse.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Justement, M. le Président,
j'apprécie beaucoup plus la deuxième partie de la réponse
de M. Côté que la première, parce que je trouve qu'il faut
faire attention à l'orientation que vous vous êtes donnée
dans le rapport où vous dites: Finalement, on a une recommandation,
c'est celle d'avoir un scrutin de type proportionnel. Tout le reste, ce sont
des suggestions, des références, des hypothèses de
travail. Il me semble qu'il faut faire attention à cette orientation
parce que, quant à moi, à partir du moment où, par
exemple, on recommande un scrutin de type proportionnel, la base du
château de cartes -prenons pour hypothèse que c'est un
château de cartes - la base, c'est celle qu'il faut que le système
soit fermé pendant tout le mandat. Il faut qu'aucune dynamique ne puisse
intervenir pour remettre en question l'équilibre des forces politiques
à l'intérieur du mandat pendant une Législature. Les deux
cartes de base du château ce sont: pas d'élection partielle, pas
de possibilité de devenir indépendant. Dès le moment
où on retire ces deux cartes, tout le château s'écroule,
comme vous l'avez expliqué dans la deuxième partie de votre
intervention, parce que la prime au vainqueur, par le fait qu'on a passé
d'un mode scrutin uninominal à un mode de scrutin de type proportionnel,
a été considérablement réduite. Par exemple, dans
la recommandation que vous nous avez faite en 1981, la prime au vainqueur, la
majorité gouvernementale aurait été de cinq sièges;
évidemment, cela n'avait sa raison d'être que si nous nous
assurions qu'aucun événement se serait survenu à
l'intérieur de la présente Législature pour remettre en
question l'équilibre des forces politiques sur le parquet de
l'Assemblée nationale.
C'est pour cela qu'en conséquence, quant à moi, dès
le moment où on recommande un mode de scrutin de type proportionnel, il
est clair que les deux cartes à la base de tout ce beau château de
cartes, sans aucune connotation péjorative quand j'appelle cela un
château de cartes, c'est le fait qu'il faut qu'il n'y ait rien qui se
produise pour changer la dynamique ou l'équilibre. Donc, on ne peut
avoir un régime de type proportionnel si on n'exclut pas la
possibilité d'élection partielle ou celle pour un
député de devenir indépendant.
Ce sont deux choses absolument inacceptables. Je prendrai par exemple ma
circonscription électorale. Si elle avait élu aux
dernières élections un député libéral autre
que le candidat qui se présentait comme moi et si cet individu avait
été le suivant sur la liste, je suis profondément
convaincu, et en toute objectivité, qu'aujourd'hui les citoyens de ma
circonscription électorale, tant libéraux que péquistes,
ne souhaiteraient d'aucune façon le voir devenir, simplement par le fait
que quelqu'un est parti, automatiquement député à
l'Assemblée nationale. (11 h 45)
Ainsi, son organisateur en chef est devenu un de mes principaux
organisateurs. La dynamique politique sur le terrain se poursuit. Si on
souhaite qu'à l'Assemblée nationale il n'y ait rien qui se
produise pour remettre en question l'équilibre des pouvoirs, on ne peut
pas prétendre que, sur le terrain, que dans la vie de tous les jours, la
dynamique s'arrête totalement, que c'est en serre-chaude, fermé.
Je pense que c'est extrêmement dangereux d'exclure la possibilité
d'élections partielles ou, pour un député, celle de
devenir indépendant en cours de mandat. On a beau dire, comme vous
disiez: Écoutez, les partis auront une importance considérable,
beaucoup plus grande que celle qu'ils ont actuellement. En cours de mandat, il
peut se produire des choses fondamentales, considérables, sur des
questions d'orientation de société qui fassent en sorte qu'un
député ne soit plus à l'aise dans la formation politique
dans laquelle il s'est présenté, dans laquelle il a
été élu trois ou quatre ans auparavant. On ne peut pas
dire à cette personne: Écoutez, de deux choses l'une. Ou votre
silence doit être maintenu ou vous vous en allez chez vous et qu'on
permette à un autre député du même parti politique
d'entrer. Sinon, tout ce qu'on aura, c'est un régime de partis sans
aucun candidat. Tout ce qu'il faudra, c'est attendre que nos partis disent ce
qui se passe et quoi faire. Il n'y aura pas de place à l'initiative
personnelle. Cela me semble extrêmement dangereux.
Deuxième question que je voulais soulever. Encore là, vous
nous dites: Le découpage électoral est une recommandation. Oui,
j'en suis, sauf que je voudrais savoir si vous avez pratiqué,
effectué un certain nombre de simulations découlant des
propositions de cartes électorales que vous nous avez faites. Par
exemple, moi je vous dirai que je me suis amusé avec un certain nombre
de collaborateurs à produire le bulletin de vote que les citoyens et les
citoyennes de l'est de Montréal, aux dernières élections
générales, le 13 avril 1981, auraient trouvé devant eux
dans l'isoloir pour voter si la proposition de proportionnelle avec 19
députés à élire dans la grande circonscription de
l'est de Montréal avec le même nombre de candidats et le
même nombre de partis politiques que nous avons connus au dernier scrutin
avait été appliquée.
Je vous dis immédiatement que je n'ai grossi d'aucune
façon les caractères. J'en ai
seulement une copie. Je vous la remettrai par la suite. Ils sont de la
grosseur de ceux qu'on retrouve sur un bulletin de vote normal. C'est le
bulletin de vote qu'on aurait retrouvé dans la circonscription de l'est
de Montréal aux élections du 13 avril 1981 dans
l'hypothèse d'une circonscription à 19 députés, 19
sièges, si le même nombre de partis avait présenté
le même nombre de candidats que ceux que nous avons connus, que ceux qui
étaient en lice aux élections du 13 avril 1981. C'est pour cela
que, lorsque je dis qu'il faut regarder à fond non seulement la
recommandation fondamentale qui nous est faite, mais l'applicabilité de
toutes les mesures qui sont absolument nécessaires et essentielles
à la cohérence, à la logique de la recommandation
fondamentale qui nous est faite, il faut voir dans quelle situation cela peut
nous mener. Je doute qu'un bulletin de vote de ce format, et je vous le
montrerai tantôt, puisse faciliter pour l'électeur le choix du
parti ou du candidat qu'il désire avoir comme député dans
sa circonscription territoriale de l'est de Montréal.
Il ne faut jamais perdre de vue, pour cela... Je sais que vous et vos
deux collègues-commissaires avez eu en tête, tout au cours du
travail que vous avez assumé, la préoccupation prioritaire
d'assurer une meilleure qualité de vie démocratique pour le
citoyen électeur, un meilleur accès, une plus grande
facilité de compréhension. Il me semble qu'on a là des
éléments qui doivent nous permettre de nous inquiéter de
l'application d'un certain nombre de recommandations absolument essentielles
à la cohérence du rapport qui nous est présenté
quant à l'idée de retenir la proportionnelle comme formule de
mode de scrutin. Je me limite, vu les restrictions qui nous sont faites ce
matin, compte tenu du temps.. J'en aurais eu pour plusieurs heures à
discuter avec vous comme j'aurais souhaité le faire avec vos deux
collègues-commissaires.
Je souhaite que nous ayons éventuellement, dans une commission
parlementaire qui pourrait prendre quelques semaines pour recevoir le
président de la Commission de la représentation et ses deux
collègues-commissaires, MM. Lessard et Bourassa, l'occasion
d'étudier toute cette question afin d'être bien certains que nous
comprenons bien les recommandations et les suggestions qui en découlent
et qu'en contrepartie les commissaires aient l'occasion d'entendre une
réaction, une rétro information de la part de ceux et celles qui
sont peut-être les premiers concernés dans le vécu d'un
mode de scrutin.
Évidemment, les électeurs sont plus concernés que
nous, mais, dans le vécu de l'application de la loi au jour le jour sur
toute une Législature, il me semble utile qu'il y ait un dialogue qui
s'amorce entre la Commission de la représentation et les membres de
l'Assemblée nationale, de façon qu'on en arrive au meilleur mode
de scrutin possible pour faire en sorte que nous connaissions une plus grande
démocratie que celle que nous avons connue jusqu'à maintenant.
C'étaient les deux points que, de façon très rapide, je
voulais soulever.
Il y en aurait eu d'autres tels que la question des délais et,
évidemment, d'autres propositions, notamment celle que j'ai faite
à la commission, qui m'a laissé un peu sur ma faim lorsque j'ai
lu le rapport quant aux analyses qui en étaient faites. Je fais
référence à la formule de l'uninominal à deux
tours. J'avoue que j'aurais aimé que, là aussi, nous soyons en
mesure d'en discuter plus largement. C'est pour cette raison que je reviens
avec l'idée qu'on convoque une commission pour discuter largement et
longuement de toute cette question avec les trois commissaires qui ont
préparé ce rapport très important et très
intéressant.
Une voix: Très bien.
Le Président (M. Rivest): Merci, M. le
député de Gouin. M. le Directeur général des
élections, je vous demanderais de faire quelques remarques,
évidemment, qui...
M. Côté (Pierre-F.): Très brièvement,
M. le Président, je souscris parfaitement à la suggestion du
député que nous puissions éventuellement discuter plus
longuement de cette question et échanger à fond. Mais, avec toute
la déférence que je vous dois, il m'apparaît que
l'argumentation que vous venez de nous servir est un bel exemple de la sagesse
que nous avons voulu manifester en ayant une recommandation et des suggestions.
Il me semble...
Une voix: C'est lié.
M. Côté (Pierre-F.): ...et voilà le point
précis sur lequel je voudrais m'exprimer - il me semble que vous
fournissez une foule d'exemples qui seraient intéressants à
débattre; d'ailleurs, de points sur lesquels on peut diverger
d'opinions, sur lesquels on peut avoir des suggestions ou des orientations
différentes. Prenons l'exemple très concret que vous avez
cité du bulletin de vote. Des bulletins de vote de cette dimension ou de
plus grands, il en existe dans différents pays; ce n'est pas la fin du
monde. Par ailleurs, nous sommes en train d'étudier la
possibilité d'avoir un bulletin de vote qui soit assez original et, si
jamais le projet aboutit, qui ne présente pas de difficulté pour
les électeurs.
Un autre exemple que je voudrais souligner: lorsqu'il a
été question d'un mode de scrutin proportionnel, avant que la
commission commence ses travaux et même au tout début de nos
travaux, certains se
sont arrêtés à ce que j'appellerais des questions
essentielles, importantes, mais complémentaires. À partir de ces
questions, on a dit: Non, on n'est pas d'accord pour avoir un mode de scrutin
proportionnel, parce que, dans la proposition qui est faite, comme c'est un
tout et que cela se tient, il y a tel bulletin de vote qui apparaîtrait
et sur lequel on n'est pas d'accord. Nous nous sommes dit par la suite qu'il
nous semblait préférable que les députés, sur des
questions complémentaires, échangent, discutent et en arrivent
à un consensus.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
étant parfaitement conscient qu'on ne peut pas régler toutes les
questions soulevées par la réforme du mode de scrutin en quinze
minutes ou en une demi-heure, je voudrais me limiter à deux seuls
points.
D'abord - et je pense qu'il est dans l'ordre, puisque M.
Côté et ses collègues avaient reçu un mandat de
l'Assemblée nationale - à la lecture des déclarations qui
ont été faites au lendemain de la parution du rapport, il y a une
critique qui est revenue à plusieurs reprises, soutenue par plusieurs
personnes, et qui portait sur le mandat lui-même. J'imagine que M.
Côté a été informé, qu'il a eu connaissance
de ces déclarations. La motion de l'Assemblée nationale disait
ceci: "Que, conformément au troisième alinéa de l'article
2 de la Loi sur la représentation électorale, soient
confiées à la Commission de la représentation
électorale l'évaluation du mode de scrutin actuel et
l'étude des différentes formules de réforme du mode de
scrutin."
À la lecture du document, on se rend compte que c'est aux pages
55 à 60 qu'on traite du mode de scrutin actuel, qui nous a quand
même très bien servi malgré les quelques anicroches qu'on a
pu connaître dans les années 1973, 1966, et trois fois dans
l'histoire. C'est cet aspect du mandat qui nous apparaît ne pas avoir
été traité suffisamment - du moins, dans le rapport, il
n'y en a que cinq pages - peut-être avez-vous d'autres documents ou
d'autres études ou peut-être que l'étude a
été beaucoup plus approfondie que ce que révèle le
rapport, et c'est sur ce point que porterait ma première question.
Quelle est votre réponse à cette interrogation que nous avons
eue, nous du Parti libéral, et que plusieurs personnes ont eue aussi,
à savoir que vous n'aviez pas rempli votre mandat quant à
l'analyse du mode de scrutin actuel? C'était la première partie
du mandat.
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, je
m'attendais évidemment à cette question de votre part, M.
Côté. J'ai un petit texte dont on pourrait même vous
remettre un exemplaire, s'il vous intéresse. C'est assez court, mais je
pense qu'il est bon - je suis très heureux que vous me posiez la
question - de faire le point sur cette question que vous soulevez.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que c'est la
première fois que vous avez, sur le plan public...
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...l'occasion de
préciser ces critiques.
M. Côté (Pierre-F.): Vous remarquerez, d'ailleurs,
quand vous dites que c'est la première fois, sur le plan public, que
j'ai l'occasion de le faire, que nous nous sommes imposé de ne pas
accorder d'entrevue ni de faire des commentaires à caractère
public sur le rapport. Nous croyons que nos réflexions et nos
commentaires doivent être soumis avant tout aux députés
avant de l'être aux médias de l'information qui courent
après nous, mais nous refusons de donner suite à leurs demandes.
À cet égard, j'ai donc un petit texte qui, je pense, pourrait
peut-être vous éclairer, parce qu'il faut le voir dans une
perspective quand même assez large. Il va sans dire que les commissaires
ne partagent pas le point de vue que vous venez d'exprimer. Nous avons donc, en
conséquence, convenu, les trois commissaires, de faire la mise au point
suivante. "Pour déterminer si la Commission de la représentation
électorale a oui ou non rempli le mandat spécial que lui a
confié l'Assemblée nationale, il faut évidemment, en
premier lieu, comme vous l'avez fait, se référer au texte complet
de ce mandat et, en second lieu, voir de quelle façon la commission l'a
compris et accompli. "Fondamentalement, la démarche de la commission a
d'abord été celle de consulter la population. Ce qui était
inédit dans cette approche, c'est que nous devions, à la fois, et
informer la population et recueillir ses opinions. Nous avons
procédé à la cueillette des opinions sans formalisme
rigide, ce qui aurait pu être un obstacle à la libre expression
d'opinions des 464 intervenants. "Au cours des mois d'octobre, novembre et
décembre, on nous a à plusieurs reprises demandé si la
commission entendait soumettre ou non des recommandations à
l'Assemblée nationale. Notre réponse a toujours été
la même: aucune décision n'avait encore été prise
à ce sujet. "Après avoir procédé avec soin à
l'étude de la consultation effectuée à travers le
Québec - consultation fructueuse, si l'on en juge par le nombre, la
qualité des intervenants et l'intérêt des médias -
et
après avoir procédé à notre propre analyse,
notre cheminement nous a conduits, au début du mois de janvier, à
la conviction que nous devions soumettre un rapport comportant une
recommandation. L'analyse à laquelle j'ai fait référence
s'est effectuée au cours des mois de janvier et de février. "La
décision, donc, de soumettre une recommandation s'est imposée
à nous dès l'instant où il nous est apparu clairement que
le mode de scrutin actuel souffre d'une grande carence, soit les distorsions,
c'est-à-dire des écarts qui existent entre le pourcentage des
votes des électeurs et le pourcentage de sièges qu'obtient un
parti politique à la suite d'une élection générale.
"Dès lors, faire une recommandation est devenu pour nous une partie
essentielle du mandat. "On aurait pu en arriver à une autre conclusion
et produire un rapport strictement factuel, à savoir les avantages et
les désavantages du mode de scrutin actuel et l'exposé des
formules proposées. Il aurait tout simplement fallu reproduire ce qui
s'écrit à ce sujet depuis plusieurs années. Il est
à remarquer que seuls quelques intervenants ont fait état des
avantages et des désavantages du mode actuel. "Par ailleurs, si l'on
étudie bien le contenu du rapport, on se rend compte qu'en somme le mode
de scrutin actuel forme en quelque sorte une trame ou une toile de fond
sous-jacente qui est présente dans tout le rapport et non pas seulement
dans quelques pages. On aurait pu d'ailleurs soumettre une recommandation si
nous n'avions pas eu constamment à l'esprit le mode de scrutin actuel.
"Au lieu de remettre un rapport d'une centaine de pages, donc une lecture
relativement facile, nous aurions pu nous contenter de reproduire un portrait
de la situation telle que présentée par les intervenants et
inclure dans notre rapport les deux mille pages de notes sténographiques
des audiences. (12 heures) "La commission a cependant décidé
d'aller plus loin, c'est-à-dire de tirer les conclusions qui
s'imposaient à la suite de l'obligation que nous faisait le mandat de
consulter la population. La prise de position de la commission s'est alors
imposée comme la cueillette d'un fruit mûr. "Il eût
été plus simple de s'abstenir de toute recommandation. Cependant,
nous aurions eu la conviction de manquer à notre devoir, si nous nous
étions défilés, d'autant plus que le reproche
adressé dernièrement aux travaux d'une autre commission d'avoir
dépensé des millions pour aboutir à un constat de la
situation nous aurait facilement été adressé si nous
avions procédé de la même façon. "Il faut bien
distinguer entre l'inexécution d'un mandat, l'exécution
incomplète d'un mandat et l'exécution d'un mandat qui s'inscrit
dans la suite logique d'une démarche entreprise depuis au-delà de
dix ans. Le travail de la commission et l'exécution de son mandat
s'inscrit dans le temps comme la suite normale des prises de position et des
nombreuses expressions d'opinions qui ont précédé notre
travail. Il ne s'agissait pas pour nous d'inventer la roue. D'autre part, il ne
faut pas perdre de vue que le court laps de temps dont nous disposions nous a
contraints à privilégier certains aspects de notre mandat
à d'autres. "L'on peut, cela va de soi, ne pas être d'accord avec
la façon donc nous avons accompli notre mandat. L'on peut, cela va de
soi également, ne pas être d'accord avec notre recommandation.
Pour notre part, nous sommes convaincus d'avoir bien rempli le mandat que
l'Assemblée nationale nous avait confié. "Bien sûr, pour
terminer, on peut invoquer l'argument que la dernière partie de notre
mandat stipulait que notre rapport devait comporter, le cas
échéant, des recommandations. Pour nous, c'est devenu
échéant comme une échéance, un terme normal de nos
travaux reflétant surtout les opinions émises."
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense que nous aurons le temps, si le voeu est agréé par le
député de Gouin, d'avoir éventuellement une commission
parlementaire pour étudier tout le mandat. Il m'apparaissait important
de poser la question pour qu'on ait une première réponse
discutable, je pense. La première partie du mandat concernait
effectivement l'analyse du mode de scrutin actuel. Je pense qu'on aura
l'occasion d'y revenir et j'espère que la commission sera
éventuellement convoquée pour qu'on puisse en discuter.
Nous sommes dans une situation où le gouvernement doit faire son
nid maintenant. La balle est dans le camp du gouvernement quant à la
réforme du mode de scrutin. On se doit d'attendre à ce moment-ci
la décision et l'action du gouvernement.
Je ne veux discuter que d'un seul point. À la suite de votre
proposition, nous avons fait chez nous l'analyse du document. On a tenté
d'appliquer vos propositions à l'élection à 1976 avec les
risques d'erreur qu'il peut y avoir. Je voyais tantôt le
député de Gouin nous montrer son bulletin de vote sur des
feuilles de papier pour 1981. Je comprends que l'effort était là
et que l'idée était très bonne, parce qu'on a eu
exactement la même idée. Elle n'était pas
nécessairement bonne parce qu'on l'a fait nous aussi, mais on l'a
appliquée à 1976 en respectant intégralement tout ce qui a
été mis en place depuis quelques années par le Directeur
général des élections quant à un bulletin de
vote
amélioré pour faciliter et simplifier le vote et faire en
sorte qu'il y ait de moins en moins de bulletins de vote d'annulés.
Toutes les démarches ont toujours été dans ce
sens-là. On a appliqué exactement la même partie à
laquelle faisait référence tout à l'heure le
député de Gouin à l'est de Montréal, la formule
proposée par la commission dans l'est de Montréal. On a fait le
bulletin de vote en respectant la typographie, la grandeur des cercles pour
inscrire le (x), le (y) ou le (+). Effectivement, M. Côté avait
raison de dire tantôt que, dans le monde entier, il y a des bulletins de
vote quand même assez grands et que cela occupe passablement d'espace.
Avec une méthode comme celle-là, on va devoir faire effectivement
du travail et cela va prendre plus de huit mois pour être capable de
résoudre tous les problèmes que cette réforme pourrait
supposer. Je veux seulement montrer à l'ensemble des individus ce que
donne un bulletin de vote.
M. le Président, en respectant exactement la typographie des
bulletins de vote des dernières élections avec les candidats - il
y en avait 124 en 1976 dans les comtés touchés dans l'est de
Montréal -effectivement, c'est rigide, parce que cela doit se tenir,
mais, bien sûr, il reste beaucoup de travail à faire.
Là où je veux en arriver, M. le Président, c'est
à dire que, si on appliquait la formule de la proportionnelle
territoriale à l'élection de 1976, on arrive à un
gouvernement minoritaire dans l'hypothèse 1 et dans l'hypothèse
2. Je ne sais pas si vous avez fait l'exercice, mais, quant à nous, avec
les chiffres qu'on avait, avec les moyens de calcul qu'on avait, dans
l'hypothèse 1, le PLQ aurait recueilli 48 députés, le PQ,
58, l'Union Nationale, 19, le Ralliement des créditistes, 1, sur 126.
Sur 124, dans l'hypothèse 2, 44 du Parti libéral, 57 du PQ, 21 de
l'Union Nationale et 2 du Ralliement des créditistes.
On parlait tantôt de corriger les injustices du passé avec
la réforme du mode de scrutin. Même avec votre hypothèse,
les écarts demeurent des écarts. À titre d'exemple, dans
l'hypothèse 1, le Parti libéral aurait eu 38% des
députés pour 34% du vote, le Parti québécois aurait
eu 46% des députés pour 41% du vote et l'Union Nationale aurait
eu 15% des députés pour 11% du vote dans l'hypothèse 1, et
l'écart grandissait au niveau de l'hypopthèse 2 pour l'Union
Nationale.
Bien sûr, vous avez senti le besoin de proposer une formule. Je
pense qu'il y a eu des efforts de travail qui ont été assez
phénoménaux, des efforts de recherche aussi. Je pense qu'on a dit
au nom du Parti libéral qu'on ne souscrivait pas à cette
hypothèse parce qu'il y a aussi une question dont il faut tenir compte,
la question de la stabilité des gouvernements. Dans un cas comme
celui-là, avec l'application de ces hypothèses, le gouvernement
n'aurait pas connu la stabilité qu'on a connue dans le passé, ce
qui fait que cela donne une bonne gestion et de bons gouvernements.
Je pense, M. Côté, qu'il reste encore effectivement
beaucoup de travail à faire et de recherche dans la mesure où
cette hypothèse va de l'avant quant à toute la mécanique -
et c'est là que se posent véritablement des problèmes -
quant à la mécanique d'application d'un mode de scrutin comme
celui que vous proposez ou d'une formule comme celle que proposera le
gouvernement. Si je ne m'abuse, lors de votre conférence de presse, vous
aviez dit que cela prendrait un minimum de huit mois pour faire toutes les
expériences nécessaires à l'application de la
réforme du mode de scrutin, entre autres celle que vous proposiez
à l'époque. Je n'imagine même pas penser ce que ce serait
le jour d'une élection où on serait soumis à l'ordinateur
pour avoir des résultats on ne sait quand et avec tout le
problème que cela comporte.
C'était la deuxième considération, et je pense que
le député de Gouin avait abordé dans sa première
partie tout le problème du bulletin. Cela crée et va
créer, d'après ma petite expérience politique, un effet
contraire quant à tous les efforts qui ont été faits
depuis que vous êtes là, et davantage depuis que vous êtes
là, dans le sens de simplifier, de bonifier les lois électorales
de façon que la plus grande partie de la population exprime clairement
son bulletin de vote et qu'il y ait moins de bulletins de vote
rejetés.
Le Président (M. Rivest): M. le directeur
général, des remarques de conclusion sur ce sujet
évidemment, qui seront, encore une fois, préliminaires.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Je veux seulement
souligner que je trouve que les commentaires que M. Côté fait sont
des plus intéressants, que cela va dans le cadre de ce qui a
été dit tout à l'heure, qu'il faudrait évidemment
approfondir ces questions. Vous donnez des exemples qui, je le pense aussi,
confirment ce que j'ai affirmé, qu'il y a des points dans le rapport qui
ne sont pas des recommandations formelles, mais sur lesquelles il faudrait
échanger et en arriver à des compromis et à des ententes.
Tous les deux, c'est le même exemple que je lis du bulletin de vote, je
peux vous dire que nous nous penchons avec beaucoup d'attention sur ce
problème et il y a des éléments de solution que nous
serions en mesure de proposer le cas échéant, si jamais
c'était étudié en commission parlementaire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est dans ce
sens-là. Ce n'est pas sûr que la volonté
gouvernementale va se traduire dans un projet de loi.
M. Côté (Pierre-F.): Non. Disons que nous continuons
nos réflexions. Il va y avoir des études. Nous continuons nos
réflexions dans ce domaine. Il y a peut-être seulement un point
sur lequel je voudrais attirer votre attention mais, là encore, cela
demanderait un développement beaucoup plus considérable. Il ne
faut pas perdre de vue, que si jamais il y a un changement du mode de scrutin
actuel, quel que soit le changement qui sera apporté, que ce soit celui
que la commission propose ou un autre, le comportement des électeurs
serait un peu différent, il a des chances d'être un peu
différent. C'est ce qui a été constaté ailleurs
où les modes de scrutin ont été modifiés.
La dernière observation que je voudrais soumettre, c'est que je
crois les Québécois assez intelligents et assez ouverts pour
être capables de comprendre rapidement des changements qui pourraient
intervenir dans un mode du scrutin. Je pense que, là-dessus,
Il ne faut pas douter de leur facilité de compréhension.
Je crois, par ailleurs, que pour les députés c'est un
problème qui est extrêmement délicat et difficile. Nous
avons accompli notre mandat, la balle est maintenant de votre
côté, ce sera à vous de décider de l'avenir de ce
problème.
M. Rochefort: Des deux côtés.
Adoption des crédits
Le Président (M. Rivest): Maintenant, sur les propositions
budgétaires proprement dites, je donne la parole au député
de Charlevoix, par la suite au député de Vachon. Bien sûr,
la commission doit normalement terminer ses travaux à 12 h 30. Comme je
l'ai indiqué antérieurement, la présidence n'a pas
d'objection à ce qu'on dépasse de quelques minutes, selon le
consensus des membres de la commission.
M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, comme je m'aperçois
qu'il ne reste qu'une vingtaine de minutes, je vais borner mes questions
à trois ou quatre postes budgétaires seulement. Est-ce qu'il
serait possible au Directeur général des élections de nous
informer... Quand on regarde les prévisions budgétaires pour
l'année 1983-1984, vous demandiez, à la catégorie
Traitements, 5 102 000 $ et, à Autres rémunérations, 519
000 $. Quand vient le temps d'estimer les dépenses, le 31 mars 1984, les
5 102 000 $ se résorbent en un montant de 3 636 00 $, alors que les 519
000 $ demandés pour Autres rémunérations semblent
totaliser 1 340 000 $. Que s'est-il produit en cours de route?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, M. le
député, mais j'ai mal saisi votre question. Je demande à
mes collègues s'ils l'ont bien suivie parce que j'ai de la
difficulté à la comprendre. J'ai des éléments de
réponse, j'en suis sûr, mais il y a un point que je n'ai pas saisi
dans votre exposé. Je vais prendre le même document que celui que
vous avez en main, si vous le permettez.
M. Mailloux: On est à l'élément 1 du
programme Administration du système électoral et on compare les
prévisions budgétaires que vous demandiez en 1983-1984 avec ce
que vous demandez cette année. Pour ce que vous demandiez en 1983-1984,
à moins que je ne lise mal, à la catégorie Traitements, il
s'agissait de 5 102 000 $ et, à Autres rémunérations de
519 000 $. Il semblerait qu'en fin d'année, ces prévisions
deviennent, à Traitements, 3 636 000 $ et, à Autres
rémunérations, 1 340 000 $. Est-ce qu'il y a eu moins de salaires
versés et plus de mandats donnés à des professionnels?
M. Côté (Pierre-F.): Dans les prévisions
1983-1984 - vous me direz, M. le député, si je suis dans la bonne
ligne de la question que vous posez; je m'en excuse, et vous me corrigerez tout
de suite si ce n'est pas le cas - c'était 5 102 300 $; les
dépenses qui ont été effectuées en 1983-1984 sont
de l'ordre de 3 636 400 $ et les prévisions pour 1984-1985 sont de 5 053
300 $. Cette catégorie de dépenses comprend la
rémunération et le paiement des avantages sociaux pour les 161
employés permanents du Directeur général des
élections. Les prévisions de 5 100 000 $ avaient
été établies en fonction du paiement de 161
employés permanents alors qu'effectivement, au 31 mars 1983, le nombre
des employés permanents était de 89. Durant le dernier exercice,
47 postes ont été comblés pour terminer l'année
avec 25 postes vacants. Cette situation explique l'écart de
I 400 000 $ entre les prévisions et les dépenses
décrites à la catégorie 1.
(12 h 15)
M. Mailloux: Je comprends mieux pourquoi il y a un tel
écart en fin d'année.
II me semble qu'en date du 31 décembre 1983 la division du
financement des partis politiques était déjà rendue chez
vous. C'est le personnel qui venait de l'autre direction et qui, en cours de
route, a été fusionné. De là la
différence.
Cela répond forcément à ma première
question. Ce que je voulais vous demander, c'est si on va se retrouver cette
année avec une demande de crédits, au poste Traitements, qui
iraient évidemment à Autres rémunérations à
la fin de l'année. Je pense
que cela n'a pas de raison de se produire cette année. Quand vous
demandez 5 053 000 $, il y a une chance qu'à la fin de l'année ce
soit aux alentours de 5 053 000 $ parce qu'il n'y a plus de transfert de
personnel.
M. Côté (Pierre-F.): Si je ne me trompe pas, il
reste encore dix personnes -huit, je pense, parce qu'il y a deux cas qui
viennent de se régler - sur les 26 ou 28 qu'on avait du financement des
partis politiques. Il va aussi rester dans Autres rémunérations -
c'est un montant qui peut fluctuer - le personnel temporaire que nous sommes
dans l'obligation d'engager. Nous prévoyons treize personnes
actuellement. Ce chiffre peut être augmenté selon les
événements. Prenons seulement le recensement de cet automne et
d'autres élections partielles, il peut arriver qu'on ait besoin de
personnel supplémentaire. C'est un chiffre qui peut varier, mais non pas
de façon très significative.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, au poste Entretien.
M. Côté (Pierre-F.): Merci.
M. Mailloux: Excusez-moi, si j'ai mal à la gorge et qu'on
m'entend mal. Au poste Entretien, en 1983-1984, vous demandez des
crédits de 142 900 $ et les dépenses en fin d'année sont
de 132 200 $. Cette année, vous demandez des crédits de 393 000
$. D'où provient la différence importante de la demande de
crédits supplémentaires? C'est à quelles fins?
M. Côté (Pierre-F.): Essentiellement, cela provient
du montant suivant. Les prévisions de 1984-1985 excèdent de 197%
les dépenses de 1983-1984 si on le calcule en pourcentage. Ce que vous
venez de signaler, c'est qu'il y a un montant de 262 000 $ prévu pour
des travaux préventifs à l'immeuble que nous occupons
présentement, rue de la Pérade. Nous avons consulté des
spécialistes du ministère des Travaux publics qui nous ont
recommandé - on avait envisagé d'exécuter ces travaux
préventifs de fenestration sur une période d'un certain nombre
d'années - de faire cela tout de suite, dès cette année,
ce qui entraîne ce coût. C'est une estimation de 262 000 $.
M. Mailloux: M. le Président, est-ce que cela ne va pas en
contradiction avec la réponse que vous aviez donnée devant la
commission au moment où mes collègues et moi-même parlions
de l'achat de l'édifice de La Pérade des entrepreneurs
Belmont
Construction? Vous aviez répondu à ce moment-là -
cela apparaît d'ailleurs à la page 10 620 du journal des
Débats - que Belmont Construction ferait des travaux pour 250 000 $
à même son argent pour rendre l'édifice en bon état.
On parlait des parements qui étaient brisés, des panneaux
extérieurs de béton. Vous aviez donné comme réponse
que l'édifice serait livré par Belmont Construction après
une évaluation de la Trésorerie et du ministère des
Travaux publics et que l'édifice serait bien réparé et
sécuritaire. Est-ce que je dois comprendre qu'il était mal
réparé et non sécuritaire, s'il faut ajouter 250 000
$?
M. Côté (Pierre-F.): Ce qui a été
fait, c'est que des réparations ont été faites pour un
montant supérieur à celui que vous venez de mentionner pour les
parements extérieurs. C'est la compagnie qui était
propriétaire de l'immeuble au moment de l'achat qui a assumé la
totalité des coûts. Les travaux que nous devons entreprendre
présentement sont, selon le ministère des Travaux publics, des
travaux d'entretien normaux car c'est un immeuble de verre - il y a beaucoup de
fenêtres - et il est nécessaire de s'assurer que tous les joints
des fenêtres sont entretenus. On nous dit que c'est une question
d'entretien normal; ce ne sont pas des travaux d'une envergure aussi grande que
celle à laquelle vous avez fait référence et dont j'ai
parlé l'an dernier. Comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, on avait envisagé de faire un côté de l'immeuble
cette année -cela coûterait environ 50 000 $ - et le reste une
autre année pour éviter de grever le budget d'un très gros
montant, mais les spécialistes du ministère des Travaux publics
nous ont dit qu'il était préférable de faire les travaux
tout d'un coup.
M. Mailloux: M. le Président, je me demande quand
même une chose. Il y a eu énormément de critiques lors de
l'achat de l'édifice La Pérade. On nous avait dit que les
officiers de la Trésorerie, experts en la matière,
s'étaient prononcés, que les officiers du ministère des
Travaux publics vous avaient donné des consultations. Je pense qu'il
s'agit d'un édifice de 1979; on est rendu en 1984...
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse...
M. Mailloux: C'est un édifice acheté en 1979 et qui
datait de cinq ans.
M. Côté (Pierre-F.): Il a été
acheté en 1979. Je pense qu'il a été construit en 1974 ou
en 1975.
M. Mailloux: C'était quand même un édifice de
moins de dix ans pour lequel la compagnie, avant de le livrer, avait fait
des
réparations de 250 000 $ à ses frais. Est-ce qu'il est
normal qu'on dépense encore 250 000 $ pour un édifice
après huit ou neuf ans? Est-ce que cela ne répond pas un peu
à la question que le public se posait quant à la réelle
valeur de l'édifice? Trouvez-vous tout à fait normal d'avoir un
coût semblable cette année?
M. Côté (Pierre-F.): Enfin...
M. Mailloux: Je ne veux pas en faire un plat, non plus.
M. Côté (Pierre-F.): Ce que je peux vous
répondre là-dessus, M. le député, c'est qu'au
moment de l'achat de l'édifice - vous l'avez souligné - nous
avions consulté le ministère des Travaux publics et le Conseil du
trésor. Le président du Conseil du trésor de
l'époque, M. Parizeau, avait lui-même donné son
autorisation. Le Conseil du trésor trouvait que l'acquisition de
l'immeuble au prix où il était offert en valait tellement la
peine qu'il fallait l'acquérir. On nous a proposé à ce
moment-là deux façons de procéder: soit que ce soit le
ministère des Travaux publics qui s'en porte acquéreur, soit que
ce soit le Directeur général des élections. Or, comme le
propriétaire avait signé avec le Directeur général
des élections un bail avec une option d'achat, il n'a voulu faire
affaires qu'avec le Directeur général des élections. C'est
comme cela que j'ai hérité de l'acquisition de l'immeuble et de
son administration.
Les études qui ont été faites à
l'époque nous ont révélé qu'on n'avait pas raison
de croire que l'immeuble n'était pas en très bon état,
surtout que le coût d'achat à l'époque - c'est encore vrai,
j'en suis certain - était très raisonnable. D'ailleurs, je peux
vous dire que le vendeur a fort regretté d'avoir signé une option
d'achat, il ne pensait jamais qu'elle serait exercée par le
gouvernement.
Les travaux dont vous avez parlé tout à l'heure, de 275
000 $, si je ne me trompe pas, ont atteint facilement la somme - je vous la
donne sous réserve - de 325 000 $ et ont été
assumés par le constructeur, par la compagnie qui était
propriétaire. C'étaient des défauts de construction sur
lesquels nous pouvions exercer un recours.
Quant aux travaux dont nous parlons présentement, il n'y a pas
possibilité d'exercer de recours. C'est une usure qui est
peut-être - il faudrait voir, mais pas d'après les informations
qu'on a des Travaux publics - prématurée, mais il reste, comme
fait, que ce sont des travaux d'entretien qu'il faut nécessairement
entreprendre.
M. Mailloux: M. le Président, une dernière
question, en raison de l'heure, à la catégorie Loyers. En
1983-1984, vous aviez demandé 592 000 $. En fin d'année, cela
s'est monté à 1 431 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): À quel article, M. le
député?
M. Mailloux: À Loyers. Vous demandiez 592 100 $ et, en fin
d'année on trouve 1 431 000 $. Cette année, vous faites une
demande de crédits de 759 000 $. Qu'est-ce qui s'est passé entre
1983 et maintenant? Il y a eu augmentation l'an passé; cette
année, on s'en va vers une diminution. Est-ce parce que l'édifice
La Pérade étant votre propriété vous avez moins de
loyers à payer?
M. Côté (Pierre-F.): L'explication de la
différence se comprend de la façon suivante, M. le
député. D'abord, si je ne me trompe pas, votre première
question est: Pourquoi les dépenses sont-elles supérieures aux
prévisions?
M. Mailloux: En 1983-1984.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. C'est la première
partie de votre question, si j'ai bien compris.
M. Mailloux: Oui.
M. Côté (Pierre-F.): C'est dû au facteur
suivant. D'abord, il y a eu prolongation du bail du 915, boulevard Charest, qui
a entraîné une augmentation de 75 000 $. Il y a eu
renégociation du bail des locaux du Centre Bois de Boulogne à
Montréal, où sont situés mes bureaux. Maintenant, je n'ai
qu'un étage de quelques bureaux à Montréal, ayant
fermé les bureaux du complexe Desjardins. Je l'ai mentionné tout
à l'heure, ils sont occupés par l'AQVIR. Il reste à louer
le rez-de-chaussée. Au Centre Bois de Boulogne, on disposait de locaux
au deuxième étage. J'ai avisé, il y a quelques jours, le
propriétaire que je m'en départissais étant donné
qu'il y avait une concentration des activités au bureau de
Québec, mais nous avons renégocié le bail des locaux du
Centre Bois de Boulogne pour une période d'une dizaine d'années,
ce qui entraîne des déboursés de 51 000 $. Nous avons
essayé - et nous venons tout juste de réussir, il y a quelques
jours - depuis un an de louer les locaux du financement des partis politiques
au complexe Desjardins, ce qui a entraîné des
déboursés lorsque nous avons dû payer ces locaux. Il y a un
bail de signé jusqu'en 1986, je crois, et la difficulté majeure
qui s'est posée dans le cas des locaux occupés au complexe
Desjardins, c'est qu'à l'origine le coût de location, selon le
bail qui a été signé, était beaucoup trop
élevé. Nous avons hérité de ce problème et
nous essayons de le régler de la meilleure façon possible. Comme
je vous le dis, nous avons réussi à en louer une bonne
partie,
mais il a fallu payer pendant toute l'année, ce qui a
entraîné un déboursé additionnel de 150 000 $.
Le dernier montant, c'est l'aménagement du nouveau centre de
distribution Roger-Lefrançois dont j'ai parlé tout à
l'heure. Vous savez qu'autrefois nous avions nos bureaux et nos locaux sur le
boulevard Charest, dans un immeuble qui comportait 100 000 pieds carrés
et qui était tout à fait inadéquat. Je n'ose pas trop vous
le décrire, parce que je pense que ce serait loin d'être
élégant. En collaboration encore avec le ministère des
Travaux publics, nous avons aménagé dans un nouveau centre de
distribution sur la rue Kepler, à Sainte-Foy, en profitant d'un
édifice qui était loué par la Société des
alcools. À la suite d'une entente avec la Société des
alcools, nous avons pris les deux tiers de cet édifice pour en faire nos
nouveaux locaux, passant de 100 000 pieds carrés à quelque 50 000
pieds carrés, mais en hauteur, cette fois. L'aménagement de ce
nouveau centre de distribution représente un montant de 310 000 $.
M. Mailloux: M. le Président, il y a une dernière
question qui me vient à l'esprit. Lors de la commission parlementaire,
quand on discutait de la fusion des trois directions, il avait
été fortement question de l'ensemble des fonctionnaires
intégrés dans une seule unité. Il devait y avoir des
économies un peu sur tous les plans. Dans votre esprit, actuellement,
les trois services prennent-ils moins d'espace qu'ils en prenaient dans le
temps, alors qu'ils étaient dispersés?
M. Côté (Pierre-F.): Assurément. M.
Mailloux: Quel est, à votre...
M. Côté (Pierre-F.): En termes de diminution
d'espace? Il faudrait voir, évidemment, ce que... Est-ce qu'on a en
mémoire les espaces qu'il y a? Il faudrait donner les espaces qu'on
occupait au complexe Desjardins. Évidemment, nous avons quelque part
cette information. Il y avait de la place pour environ 26 employés dans
le complexe Desjardins. En plus d'un centre d'information et de documentation
qui n'a jamais servi pour personne. Ceci occupait et occupe encore d'ailleurs -
on a beaucoup de difficulté à le louer - un coin de rue parce que
c'est situé au rez-de-chaussée du complexe Desjardins. Jamais
personne ne s'y est rendu. C'était un très grand espace qui
était équipé de façon assez exceptionnelle.
Ces deux espaces sont donc récupérés. Les
personnels qui occupaient ces bureaux ont en très grande
majorité, comme je l'ai mentionné tantôt, été
intégrés dans la fonction publique. Certains d'entre eux sont
venus à Québec. D'autres occupent d'autres fonctions dans la
fonction publique à Montréal. Il ne reste plus que quelques cas
à régler. Comme nous disposions de plus d'espaces disponibles
dans l'édifice actuel, c'est là que nous avons
aménagé cette concentration du personnel.
Le Président (M. Rivest): J'ai des demandes pour deux
interventions qu'on me dit relativement courtes. Il est maintenant 12 h 30. Une
intervention de la part du député de Vachon et une autre du
député de Charlesbourg. M. le député de Vachon. (12
h 30)
M. Payne: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
évident, pour tout lecteur objectif, que le projet de loi 96 a connu un
succès phénoménal, si on considère le montant de 2
400 000 $ que cela a permis à l'État de récupérer
grâce à l'intégration et, de toute évidence,
grâce également à vos efforts de gestionnaire. Si on lit le
rapport comme il faut, s'ajoutent à cela, tout en tenant compte d'une
croissance normale, environ 4 000 000 $ au total, ce qui est tout à fait
phénoménal. Aussi, si on vous comprend bien, ce n'était
pas un leurre pour les fonctionnaires qui étaient sous votre
administration, c'était sans préjudice, ils étaient tous
inclus grâce à l'intégration.
Lorsqu'on parle de la liste électorale, là encore on
pourrait dire que l'année passée on a épargné aux
contribuables aux alentours de 18 000 000 $, je crois.
Jusqu'à maintenant toute banque de données, qui est une
banque de données publiques, sur la liste électorale est
rédigée et maintenue à l'aide de plumes et de dactylos. La
discussion de l'heure dans les Assemblées nationales, à travers
le monde, dans les pays et dans les gouvernements, c'est la question de
l'informatisation. Avez-vous un plan d'action pour informatiser la liste
électorale? Si oui, quel est l'échéancier en vue de
faciliter l'accès à cette banque de données publiques par
ordinateur?
M. Côté (Pierre-F.): Effectivement, M. le
député, j'ai remis - et on en recherche une copie parce que je
voudrais vous la donner - au mois de mars 1982 un rapport final sur le travail
- je dirais plutôt intermédiaire que final, vous allez voir
pourquoi par la suite - qui avait été accompli concernant ce
qu'on a appelé le registre des électeurs ou une liste
informatisée des électeurs. Ce rapport a été
déposé au mois de mars 1982.
M. Payne: À l'Assemblée nationale?
M. Côté (Pierre-F.): À l'Assemblée
nationale. Chacun des députés en a eu un exemplaire. Je me
permets juste d'attirer votre attention sur la conclusion de ce rapport qui
souligne les points suivants à la
page 55 et à la suivante. Il y a deux pages de recommandations.
Évidemment, c'est la suite logique de ce qui précède. Pour
que tout le travail qui a été fait soit réaliste, "il faut
s'assurer, au préalable, des réponses satisfaisantes aux
préoccupations majeures qui ont surgi au cours des débats et plus
particulièrement à la fin des travaux."
On s'est inquiété, par exemple, du respect de la vie
privée des gens. "Le gouvernement doit indiquer quelle attitude il
entend prendre pour répondre à ces inquiétudes.
Peut-être serait-il plus exact de dire qu'il est nécessaire que le
gouvernement et les législateurs indiquent leurs orientations; en
matière électorale, il est éminemment souhaitable de
procéder par voie de consensus (...) Il faut plus
particulièrement faire le point sur deux grandes questions, à
savoir comment la confection d'une liste électorale en utilisant
l'informatique respecte la vie privée des électeurs et comment la
réalisation d'un tel registre est avantageuse à tous les
égards. "Le premier problème soulevé devrait être
étudié avec la collaboration de tous les
intéressés, de façon à s'assurer que le recours
à l'informatique respectera la vie privée des individus", ce
à quoi personnellement, j'en suis convaincu - il y a possibilité
d'arriver.
La seconde question pourrait faire l'objet d'une analyse
coûts-bénéfices afin de vérifier si la confection
d'une liste électorale permanente basée sur l'informatique
comporte des bénéfices directs et indirects, financiers et
autres, qui sont supérieurs aux coûts. "Cette analyse devrait
permettre de faire ressortir que le nouveau système présente de
grands avantages eu égard aux responsabilités premières du
Directeur général des élections. Elle pourrait
également faire ressortir les avantages et les inconvénients d'un
registre informatisé pour la confection des listes électorales
municipales et scolaires, ainsi que les bénéfices indirects que
pourraient en retirer certains organismes gouvernementaux. De plus, cette
analyse devrait pousser davantage les recherches sur le contrôle de la
qualité des renseignements inscrits sur les listes électorales,
étant donné les contraintes que le respect de la vie
privée pourrait imposer. "Dans une première étape, les
recherches relatives à ces deux ordres de questions pourraient
être confiées au Directeur général des
élections pourvu que cela soit l'expression d'un consensus de
l'Assemblée nationale. "Dans une deuxième étape - dans la
mesure où des réponses positives et satisfaisantes seront
données aux questions qui précèdent - le Directeur
général des élections, à la lumière des
travaux qui ont été faits et en tenant compte des
considérations contenues dans la première partie de cette
conclusion, recommande que soit mené à terme le projet de la
création d'un registre d'électeurs québécois
à l'aide de l'informatique, l'objet de ce registre étant la
confection des listes électorales permanentes. À la suite d'un
consensus des membres de l'Assemblée nationale, le Directeur
général des élections accepterait d'assumer la
finalisation de ce projet; la volonté de le mener à terme devrait
s'exprimer sous la forme d'un projet de loi."
C'est signé et daté du mois de mars 1982. Je vous avoue
que je ne l'avais pas relu depuis un certain temps et que je ne changerais pas
un mot à cette recommandation.
M. Payne: C'était plutôt au niveau des principes.
À l'heure actuelle, la loi traite d'une banque de données
publiques et écrites. Par exemple, chaque parti politique reçoit
un certain nombre de copies. C'est accessible à chaque citoyen
québécois. Donc, il y en a à peu près une vingtaine
qui sont données à chaque député. Cette liste, qui
actuellement est une banque de données d'intérêt public
accessible à tout le monde, est-ce qu'au niveau du principe vous jugez
qu'elle devrait être accessible sur bande informatisée?
M. Côté (Pierre-F.): Cela pourrait facilement se
faire. Il n'y a aucun doute à ce sujet.
M. Payne: Mais vous jugez que c'est bon?
M. Côté (Pierre-F.): Il faudrait voir ce que cela
comporterait comme coût additionnel. Il faut aussi voir si cela
répondrait aux objectifs du rapport auquel j'ai fait
référence, parce que l'informatisation des listes
électorales n'est pas seulement le fait de transposer sur un ordinateur
le travail du recensement qui a été fait lors d'un recensement
annuel. Cela pourrait consister en cela, mais il faudrait voir ce que cela
coûterait et ce que cela donnerait en fin de compte. Le projet est
maintenant en suspens depuis ce temps parce que j'attends qu'on donne suite
à cette recommandation; je n'ai pas eu de nouvelle de personne depuis
que le rapport a été soumis. Personnellement, je crois qu'il
faudrait aller plus loin que simplement transcrire sur n'importe quel
ordinateur une liste électorale à la suite d'un recensement. On
devrait aller plus loin et avoir véritablement un registre des
électeurs.
M. Payne: Je considère que c'est d'une utilité
évidente. D'ailleurs, plusieurs municipalités ont leur liste
informatisée. Dès que vous acceptez selon la loi même le
fait
qu'il s'agit d'une banque de données publiques écrites
à la plume ou reproduites à la dactylo, à partir de cela
la rendre accessible sur un logiciel qui contient ni plus ni moins de
détails n'est pas - d'ailleurs, ce n'est pas votre insinuation, j'en
conviens - présumer qu'on dépasse les normes concernant la vie
privée des individus. C'est mon idée.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. On ne peut pas
résumer mieux que vous venez de le faire le contenu de ce rapport.
Le Président (M. Rivest): Alors, pour conclure nos
travaux, le député de Vachon a-t-il une remarque finale à
adresser à la commission ou au directeur?
M. Payne: Non. Il nous fait plaisir de proposer l'adoption des
crédits.
Le Président (M. Rivest): M. le député de
Charlesbourg. Le dernier mot, je le laisserai au Directeur
général des élections.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
j'écoutais le député de Vachon nous parler
d'économie de 2 400 000 $. Je le corrigerai si je tiens pour acquis que
les chiffres de M. Côté sont exacts: 2 800 000 $.
M. Payne: 4 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Avec l'inflation, 2 800 000
$. J'aimerais quand même lui rappeler que le 26 août 1977
était adoptée la loi 2, Loi sur le financement des partis
politiques. À ce moment, le Parti libéral avait vivement
souhaité que cette loi soit sous la responsabilité du Directeur
général des élections et non sous un chapeau
différent. Si cette recommandation avait été
acceptée, on n'aurait pas à parler aujourd'hui d'économies
de 2 400 000 $ et de 2 800 000 $.
De plus, récemment était déposé à
l'Assemblée nationale le projet de loi 84, un bill omnibus, ce qui est
comme vous le savez, une sorte de projet de loi où on fait un ramassis
de tout ce qu'il y a à corriger ou de tout ce qu'on veut passer sans que
personne ne s'en rende compte. Notre surprise a été de constater
que, par l'article 50 de ce projet de loi 84, on abrogeait l'article 232.8, ce
qui fait que nos débats sur l'étude des crédits du
Directeur général des élections ne seront pas
télévisés l'an prochain.
Je ne sais pas à la demande de qui, je ne sais pas qui a eu
l'audace d'inclure cela dans un projet de loi, mais je peux vous certifier que
la bataille sera ferme et très dure au moment où nous aborderons
l'étude du projet de loi 84 précisément au niveau de
l'article 50 et on vous en donne avis immédiatement, quel que soit celui
qui a demandé d'inclure cet article. Mais, effectivement, à
l'intérieur du projet de loi 84, il y a une prévision pour faire
disparaître la télédiffusion des débats de
l'étude des crédits du DGE.
Finalement, en terminant, M. le Président, je voudrais remercier
M. Côté et toute son équipe pour s'être
prêtés pendant trois heures à répondre à nos
questions. Même si on n'a qu'effleuré ou à peu près
différents sujets qui sont de sa responsabilité. Je pense que, vu
la situation qu'on a vécue initialement, cela devait être cinq
heures.
On conclut en trois heures, vu les événements qui se sont
passés et la disponibilité de chacun, mais je retiens comme
conclusion qu'au cours de nos discussions il y a eu une proposition du
député de Gouin pour qu'on puisse éventuellement avoir une
semaine, deux semaines ou tout le temps voulu pour étudier le rapport du
DGE ou le mandat qu'on avait confié au DGE et à ses
collègues sur l'étude de la réforme du mode de scrutin.
C'est une initiative très intéressante et qui nous permettrait,
sinon de vider la question, du moins d'en discuter abondamment et avec tout le
temps dont on a besoin. Je remarque aussi qu'il y a, à la lumière
des discussions qu'on a eues ce matin, une volonté très ferme de
se diriger vers un code électoral et vers une liste électorale
unique. Quant au registre, quel que soit le niveau du coût, si chacun des
individus, quel que soit son niveau d'autorité, décide de
s'avancer, je pense qu'il sera très judicieux et très important
d'impliquer les partis politiques dans une telle démarche, sinon par le
comité consultatif, du moins par l'Assemblée nationale. Je pense
que ce serait très prudent de le faire avant de s'avancer le cou.
À M. Côté et à toute son équipe, merci.
Le Président (M. Rivest): Pour l'approbation des
prévisions budgétaires, M. le député de Vachon.
M. Payne: Je pense que c'est un débat fructueux et
animé que nous avons eu. J'aimerais aussi féliciter le Directeur
général des élections et toute son équipe, tout en
me souvenant que ce n'est pas avec gaieté de coeur qu'on s'est
réuni ce matin pour offrir aussi nos plus sincères
condoléances aux familles éprouvées dans des circonstances
récentes. Sur ce, je propose que la commission approuve les
prévisions budgétaires et dépose son rapport à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Rivest): Est-ce que c'est adopté
par les membres de la commission?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Payne:
Adopté.
Le Président (M. Rivest): Monsieur, avez-vous quelques
remarques?
M. Côté (Pierre-F.): Si vous permettez, M. le
Président, j'aurais un bref commentaire sous forme de remerciements
à votre adresse et à l'adresse des membres de cette commission.
J'apprécie énormément les échanges que nous avons
eus et surtout la façon dont les échanges se sont faits. Je ne
puis que vous assurer de mon entière collaboration ainsi que de celle de
tous mes collègues et de tous mes employés dans l'exercice de nos
fonctions. Comme par le passé, nous serons très heureux de
collaborer avec vous tous.
Le Président (M. Rivest): La présidence vous
remercie également ainsi que tous vos collaborateurs. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise de la séance à 15 h 20)
Étude détaillée du projet de loi
72
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
se réunit pour l'étude détaillée du projet de loi
72. Je déclare donc la séance ouverte. Le mandat de la commission
est effectivement d'étudier article par article le projet de loi 72, Loi
sur les aspects civils de l'enlèvement international et interprovincial
d'enfants.
Les membres de la commission sont MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Brassard (Lac-Saint-Jean), Marx (D'Arcy
McGee), Payne (Vachon), Mme Saint-Amand (Jonquière), M. Johnson
(Anjou).
Je demanderais au secrétaire de nous faire part des
remplacements.
Le Secrétaire: J'annonce les remplacements suivants: M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes) est remplacé par M. Laplante (Bourassa);
M. Dussault (Châteauguay) par Mme Lachapelle (Dorion); M. Vaugeois
(Trois-Rivières) par M. Brouillet (Chauveau).
Le Président (M. Dauphin): Je demande donc au ministre de
la Justice ainsi qu'au porte-parole de l'Opposition, le député de
D'Arcy McGee, s'ils ont des remarques préliminaires à faire avant
l'étude détaillée du projet de loi 72.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense qu'à
l'occasion des discours sur la prise en considération du principe on a
dit essentiellement ce qu'on avait à dire là-dessus. Quant
à nous, nous sommes prêts à procéder à
l'étude détaillée, si mon collègue le souhaite.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député?
M. Marx: Oui, on s'entend sur le principe encadré dans ce
projet de loi. Effectivement, s'il y a des corrections à faire dans
l'étude article par article, on va les faire. Sinon, on va adopter le
projet de loi tel quel.
Le Président (M. Dauphin): Voici donc l'article 1 du
projet de loi. Cet article est-il adopté?
M. Marx: J'aimerais simplement demander... Je sais que le
ministre est bien préparé pour ces débats, étant
donné qu'il a un ministère bien rodé qui l'assiste...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le...
M. Marx: Non, juste un mot... M. Johnson (Anjou): Oui,
pardon.
M. Marx: J'aimerais, si c'est possible, demander au ministre
d'expliquer chaque article pour les fins du journal des Débats.
Même s'il n'y a pas de débat entre nous sur l'article, je pense
que ce serait bon, pour l'histoire législative du Québec, de
procéder ainsi.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
Interprétation et application
M. Johnson (Anjou): M. le Président, à l'article
premier, je peux dire qu'on établit, finalement, les objets de la loi.
Le premier est de caractère curatif, si on veut. Il consiste à
assurer le retour de l'enfant en cas d'enlèvement ou de rétention
abusive. Le second est plutôt de nature préventive dans la mesure
où il vise à empêcher des enlèvements, notamment par
l'intervention des autorités centrales au sens de la Convention de La
Haye, dans le but de permettre aux parties d'exercer paisiblement leur droit de
garde et de visite.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 2.
M. Johnson (Anjou): M. le Président,
c'est la définition du droit de garde, du droit de visite pour
les fins de l'application de la loi. Quant au troisième paragraphe, il
prévoit l'application à l'État, à la province ou au
territoire désignés par un décret du gouvernement du
Québec. Dans le fond, c'est un article, dans la mesure où on y
définit "État désigné" comme étant une
province ou un territoire désigné suivant l'article 41. Il permet
l'extension de l'application de ces dispositions aux provinces canadiennes, aux
territoires ou à des États non signataires n'ayant pas
ratifié la convention ou ne l'ayant pas signée.
M. Marx: Je n'ai pas la convention devant moi.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que ces définitions sont les mêmes
que dans la convention ou que celles des lois des autres provinces canadiennes
qui ont adopté des lois semblables à la nôtre?
M. Johnson (Anjou): Je crois que, dans le cas de l'État
désigné, cela va au-delà de la Convention de La Haye. Cela
inclut les signataires et les ratificateurs de la Convention de La Haye; mais
cela va au-delà de cela dans la mesure où, encore une fois, cela
s'étend aux provinces, aux territoires canadiens ou à tout
État qui serait désigné et, en vertu de l'article 41, cela
pourrait être un État non signataire de La Haye.
Quant à la deuxième question concernant la formulation
dans les autres provinces, dans le fond, notre article va peut-être un
peu plus loin que celle des autres provinces dans la mesure où les
autres provinces se contenteraient de limiter dans leurs lois le texte de la
convention, ce qui présuppose que ce sont des États signataires,
qu'ils en font partie. Quant à nous, on peut aller au-delà de
cela.
M. Marx: Le ministre a dit que le terme "État
désigné" au paragraphe 3 signifie un État, une province ou
un territoire autres que ceux qui ont signé la convention.
M. Johnson (Anjou): Cela peut signifier cela dans la mesure
où l'article 41 prévoit qu'on peut désigner d'autres
États que les États signataires de la convention. L'article 41
dit...
M. Marx: Comment est-ce que cela va... Oui, je vois, à
l'article 41.
M. Johnson (Anjou): "Le gouvernement, sur recommandation du
ministre de la Justice et, selon le cas, du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et
du ministre des Relations internationales, désigne par décret
tout État, province ou territoire dans lequel il estime que les
résidents québécois peuvent bénéficier de
mesures analogues à celles que prévoit la présente
loi."
Or, il se peut qu'un État ne soit pas signataire de la Convention
de La Haye, mais qu'on estime qu'on puisse appliquer et protéger les
droits des résidents québécois en convenant d'une entente
avec un tel État.
M. Marx: Et l'autre État, l'autre province ou l'autre
territoire adopterait une loi semblable à cette loi.
M. Johnson (Anjou): C'est cela, c'est-à-dire qu'il
peut...
M. Marx: Mais il ferait partie de la convention?
M. Johnson (Anjou): Ou il estime que les résidents peuvent
bénéficier de mesures analogues à celles que
prévoit la présente loi et non pas identiques, puisqu'on
présupposerait la convention.
M. Marx: C'est un mécanisme que nous avons utilisé
dans d'autres lois et même dans le Code de procédure civile.
D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 2, paragraphes 1, 2,
3, est-il adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 3?
M. Johnson (Anjou): II s'agit de déterminer les
circonstances dans lesquelles le déplacement ou le non-retour sera
considéré comme illicite ici. Il faut non seulement qu'un droit
de garde ait été attribué par l'État de la
résidence habituelle de l'enfant, mais également que ce droit ait
été exercé d'une façon effective au moment du
déplacement ou du non-retour.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il d'autres
interventions?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 3 est adopté.
Article 4?
M. Johnson (Anjou): Il s'agit du prolongement de la notion de
déplacement ou de non-retour illicite qui n'est pas prévue
à la convention. Il est apparu souhaitable en principe et compatible
avec l'esprit de la convention de remédier à cette lacune dans la
loi. On dit donc, à l'article 4, que le déplacement ou le
non-retour est considéré
comme illicite s'il se produit alors qu'une instance visant à
déterminer ou à modifier le droit de garde a été
introduite au Québec ou dans l'État désigné
où l'enfant avait sa résidence habituelle. Cela va?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 4 est adopté.
Article 5?
M. Johnson (Anjou): On précise à l'égard de
quels enfants la loi s'applique. Il s'agit des enfants de moins de seize ans
qui avaient leur résidence habituelle au Québec ou dans un
État désigné immédiatement avant l'atteinte aux
droits de garde ou de visite. Dans tous les cas, cela cesse de s'appliquer
lorsque l'enfant atteint l'âge de seize ans.
M. Marx: Dans la convention, il s'agit aussi des enfants de seize
ans dans les autres provinces, quoiqu'ils soient encore mineurs à
dix-sept ans.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais c'est le texte de la convention, et
les autres provinces aussi.
M. Marx: Quel est le rationnel de tout cela?
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas. Je pense qu'il s'agit de
s'harmoniser avec le droit international qui essaie d'établir le plus
bas dénominateur commun entre les législations. Je présume
que, dans un certain nombre de pays, la majorité s'atteint à
seize ans. C'est le genre de compromis qui se fait dans les discussions
internationales où on accepte, par exemple, que, pour les fins de ce
type d'objet... Ce sont peut-être les pays de foi arabe, je ne suis pas
sûr. Il me semble que la majorité est atteinte à seize ans
dans un certain nombre de pays. Compte tenu du nombre de signataires de la
convention, on trouve une espèce de dénominateur commun. On peut
vivre avec seize ans, eux ne pourraient peut-être pas vivre avec dix-huit
ans.
M. Marx: J'imagine que le ministre est bien au courant qu'au
Québec, un homme peut se marier à quatorze ans et une femme
à douze ans.
M. Johnson (Anjou): Je le sais.
M. Marx: Le ministre n'a pas encore mis en vigueur les nouvelles
dispositions de notre Code civil. Donc, on voit qu'on se rapproche d'autres
pays sur cette question. D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Une voix: Article 6.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 6?
M. Johnson (Anjou): II s'agit de désigner le ministre de
la Justice comme étant celui qui assume le rôle de ce qu'on
appelle l'autorité centrale, dans le traité. On attribue ici
à la Cour supérieure le rôle de l'autorité
judiciaire sur le territoire du Québec pour l'application de la loi.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 7?
Autorités centrales
M. Johnson (Anjou): II établit l'obligation de
coopération qui est à la base même du système qui
est proposé et qui en conditionne le succès.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 8. (15 h
30)
M. Johnson (Anjou): Article 8. Il s'agit de
l'énumération des principales fonctions de l'autorité
centrale du Québec. Le deuxième alinéa prévoit
l'obligation d'agir le plus rapidement possible dans l'exécution des
fonctions.
M. Marx: Bon point. D'accord. Parfait. Il n'y a rien
là.
Le Président (M. Dauphin): L'article 8 est
adopté.
M. Johnson (Anjou): À l'article 9, nous avons un papillon,
M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Le ministre de la Justice
propose l'amendement suivant: L'article 9 est modifié par la
suppression, dans le deuxième alinéa, de ce qui suit: "...les
dispositions de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels (1982, chapitre 30) ainsi
que..."
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il s'agit pour nous
de faire en sorte que le texte modifié se lise donc comme suit: "Le
présent article s'applique malgré toute disposition
incompatible d'une loi générale ou spéciale
prévoyant la confidentialité ou la non-divulgation de certains
renseignements ou documents. Toutefois, il ne s'applique pas à une
personne qui a reçu ces informations dans l'exercice de sa profession et
qui est liée par le secret professionnel envers l'enfant ou la personne
avec qui il se trouverait."
L'amendement fait suite à l'opinion qui nous a été
transmise par la Commission d'accès à l'information du
Québec. Nous donnons cours à cette suggestion puisqu'il ressort
de cette opinion que la dérogation expresse à la loi sur
l'accès à l'information est inutile dans le contexte de l'article
étant donné que l'article 171 paragraphe 3 de la loi 65 y
pourvoit.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Johnson (Anjou): Je rappelle, pour le député,
que l'article 171 de la loi sur l'accès à l'information dit ceci:
"Malgré les articles 168 et 169, la présente loi n'a pas pour
effet de restreindre: 3) la communication de documents ou de documents
exigés par assignation, mandat ou ordonnance d'une personne ou d'un
organisme ayant le pouvoir de contrainte à leur communication."
L'opinion de la commission est à savoir qu'on n'avait pas besoin
des dispositions qu'on ratifie par notre amendement.
Le Président (M. Dauphin): L'article 9 tel
qu'amendé est adopté. À l'article 9, cela va?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 10?
M. Johnson (Anjou): L'article vise à assurer la meilleure
exécution du devoir de l'autorité centrale du Québec et de
prendre les mesures qui sont appropriées afin de prendre en charge les
enfants qui sont déplacés ou retenus illicitement. Il faut se
rappeler que les pouvoirs du Procureur général ne nous permettent
pas, dans l'état actuel du droit, d'ordonner à un policier de
s'emparer d'un enfant qui est déplacé ou retenu illicitement. Il
s'agit donc, dans cet article, pour les fins d'application de cette loi, de
remédier à ce qui est une insuffisance susceptible de nuire
à l'application efficace de la loi.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas d'autre
intervention?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 11?
M. Johnson (Anjou): II permet au directeur de la protection de la
jeunesse d'assumer certaines des fonctions qui relèvent de
l'autorité centrale, c'est-à-dire le ministre de la Justice, ce
qui n'empêche pas, évidemment, que l'autorité centrale
puisse les assumer directement dans les cas où elle le juge à
propos.
Le Président (M. Dauphin): L'article 11 est-il
adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 12?
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'offrir au titulaire du droit de
visite le concours de l'autorité centrale pour assurer l'exercice
paisible du droit de visite.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 13?
Retour de l'enfant
M. Johnson (Anjou): II prévoit que la demande de retour
peut être adressée à l'autorité centrale du
Québec ou à celle d'un État désigné suivant
la loi.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 14?
M. Johnson (Anjou): II énonce les renseignements qui
doivent obligatoirement être fournis lors de la demande de retour
à l'autorité centrale: des renseignements, pour l'essentiel,
nominatifs; les motifs sur lesquels le demandeur se base; l'autorisation
écrite donnant à l'autorité centrale... et toute
information disponible qui touche la localisation de l'enfant.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que
les paragraphes un à cinq de l'article 14 sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 15?
M. Johnson (Anjou): II s'agit ici d'énumérer un
certain nombre de documents qui peuvent accompagner ou compléter la
demande de retour à l'autorité centrale, qu'il n'est pas
nécessaire de fournir au moment de la demande, en l'occurrence, la copie
authentifiée de la décision et les accords utiles, l'attestation
ou la déclaration sous serment qui émane de l'autorité
centrale de l'État ou du Québec où l'enfant a sa
résidence habituelle, qui touche le droit applicable en cette
matière et les autres documents utiles.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 15 et ses
paragraphes un à trois sont adoptés?
M. Laplante: Adopté.
M. Johnson (Anjou): Oui, assez large, effectivement.
M. Laplante: Ils peuvent être bloqués, à un
moment donné, parce que tel document que la cour avait jugé utile
n'est pas là.
M. Marx: Non, ce n'est pas cela. La demande peut être
accompagnée ou complétée.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela. Il n'est pas obligatoirement
accompagné. C'est possible. En d'autres termes, on n'interdit pas aux
gens de fournir d'autres documents qu'ils jugeraient utiles. Alors que les
documents qui sont obligatoires, ce sont ceux qu'on retrouve dans l'article qui
précède.
Mme Saint-Amand: D'accord. Cela veut dire qu'il n'est pas
essentiel d'avoir les documents cités.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. L'article 14 prévoit les
documents essentiels à la production de la demande. L'article 15
prévoit que des documents peuvent accompagner cette demande.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article
16?
M. Johnson (Anjou): On prévoit que l'autorité
centrale peut refuser d'intervenir à l'égard des demandes qui se
situent hors du domaine d'application de la loi ou qui sont manifestement sans
fondement. Dans ces cas, il impose l'obligation de motiver la décision,
cependant, de ne pas intervenir.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 17?
M. Johnson (Anjou): II vise à réduire au minimum
les pertes de temps dans la transmission des demandes lorsqu'un enfant qu'on
croyait au Québec se trouve dans un État désigné ou
lorsqu'il se trouvait au Québec, à un certain moment, mais qu'il
a été déplacé de nouveau dans un État
désigné.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 18?
M. Johnson (Anjou): On précise quelles sont les
règles de procédure applicables à cette demande en justice
et en matière de droit familial.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 19?
M. Johnson (Anjou): II vise à ce que les demandes
judiciaires relatives au retour de l'enfant soient instruites et jugées
d'urgence en modifiant le Code de procédure.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 19 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Article 20?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse; j'ai dit "en modifiant le Code
de procédure", c'est "en se référant au Code de
procédure".
M. Marx: C'est "en se référant" et non "en
modifiant". On fait référence à l'article 861.
Le Président (M. Dauphin): Article 20?
M. Johnson (Anjou): Ce sont les situations dans lesquelles la
Cour supérieure est tenue d'ordonner le retour de l'enfant.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
M. Marx: Un instant. Il y a deux paragraphes à l'article
20.
M. Johnson (Anjou): L'article ne détermine pas le lieu
où l'enfant doit retourner. On a considéré que le retour
de l'enfant dans l'État de sa résidence habituelle,
immédiatement, face au déplacement, poserait des problèmes
dans l'hypothèse où le demandeur n'habiterait plus au même
endroit. Le silence de la loi sur ce point peut donc être
interprété comme permettant de renvoyer l'enfant au demandeur,
peu importe où ce dernier se trouve.
Mme Saint-Amand: Est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Jonquière.
Mme Saint-Amand: Qui s'assurera que l'enfant sera
intégré dans son nouveau milieu, si les délais sont de
plus d'un an? Qui devra statuer sur le fait que l'enfant s'est adapté ou
non dans son nouveau milieu, tel que le stipule le deuxième paragraphe?
La cour ordonne également le retour de l'enfant à moins qu'il ne
soit établi que ce dernier s'est intégré dans son nouveau
milieu.
M. Johnson (Anjou): C'est la cour qui va décider. Je
prends l'hypothèse où la démonstration serait faite que
l'enfant, en retournant dans le milieu où il sera, pourrait être
soumis à des choses qui seraient vraiment inacceptables et de
façon évidente quant aux pratiques qu'il y a ici. Qu'un enfant
puisse être forcé à travailler alors qu'il a sept ou huit
ans; qu'un enfant puisse être sujet, même si les parents ont obtenu
dans le pays d'origine ou que le parent qui est demandeur a obtenu une
ordonnance du tribunal local pour avoir la garde, mais qu'on ait
démontré, finalement, que la situation peut présenter des
dangers considérables pour l'enfant... Cela reste à
apprécier en termes de preuves. Je n'ai pas de doute que nos tribunaux,
compte tenu du fait qu'il s'agit d'appliquer une convention internationale,
auront tendance à être extrêmement prudents pour ne pas
passer à côté de la convention et que ce ne sera que dans
des situations exceptionnelles qu'ils viendront se substituer au jugement au
fond qu'a rendu le premier État qui a accordé la garde aux
enfants.
Mme Saint-Amand: Est-ce que ces cas, M. le Président,
prévoient ou comprennent aussi le cas de parents divorcés ou
séparés quand l'un d'eux décide d'enlever l'enfant dont la
garde a été confiée à l'un ou l'autre des
parents?
M. Johnson (Anjou): Pour l'essentiel, j'aurais tendance à
considérer que le gros du volume qui va être traité en
vertu de cette loi va provenir de ce qu'on voit souvent se manifester surtout
au Etats-Unis depuis un certain temps, c'est peut-être parce que les
médias en parlent plus et des émissions de
télévision, "Public Broadcasting System", qui sont des reportages
de fond, ces choses sont très actuelles. L'enlèvement,
l'"Interstate Kidnapping" aux États-Unis est un problème
considérable. Ne nous faisons pas d'illusion, cela risque d'être
un problème de plus en plus grand dans la mesure où le taux de
divorce est phénoménal depuis un certain nombre d'années
et ne semble pas être en train de se réduire. Donc, le bassin
potentiel de difficulté de cette nature où le père a
obtenu la garde de l'enfant et la mère décide de prendre l'enfant
et de lui faire traverser une frontière, ou le contraire, va se poser de
plus en plus. Pour l'essentiel, cette loi va s'appliquer à des cas comme
ceux-là.
Maintenant, la loi va aussi s'appliquer à l'égard des
personnes qui n'ont aucun lien de parenté avec l'enfant, que ce soit
dans le cas de conditions criminelles ou non. Qu'il y ait des accusations au
criminel qui soient portées ou pas, il s'agit de protéger ceux
qui, en vertu d'une décision d'un Etat, ont une garde et des droits de
visite spécifiques à l'égard d'un enfant et de faire en
sorte que ce soit respecté sur notre territoire, en règle
générale.
Mme Saint-Amand: Si je comprends bien l'esprit de la loi, cela
veut dire que la cour ne tiendrait pas compte de la demande d'un enfant de
moins de seize ans, qui aurait été enlevé par son
père ou par sa mère, de vivre avec celui des deux qui l'aurait
enlevé, le cas échéant.
M. Johnson (Anjou): Le tribunal pourrait en tenir compte.
Mme Saint-Amand: Même si l'enlèvement date de moins
d'un an?
M. Johnson (Anjou): Même si l'enlèvement date de
moins d'un an.
Mme Saint-Amand: Je pense qu'il est important que...
M. Johnson (Anjou): Mais, encore une fois, je pense qu'il est
prudent d'affirmer que l'interprétation que vont en faire nos tribunaux
va... Je pense que nos tribunaux vont être le moins interventionnistes
possible parce qu'il s'agit d'une convention internationale. Il ne s'agit pas
de recommencer, en règle générale, le jugement au fond sur
la garde de l'enfant. Il s'agit de voir à l'exécution de
décisions qui ont été prises dans d'autres États,
par les autorités centrales ou les autorités judiciaires, tel que
désiré dans la convention. Mais, encore une fois, il y a deux
soupapes très claires dans la loi. Il y a celle de l'article 20 et il y
en a une autre sur les circonstances, les articles 21 et 22 également
où, effectivement... Par exemple, dans certains cas, on prévoit
que l'enfant, indépendamment de son âge... C'est cela,
indépendamment de l'âge, le tribunal peut apprécier, compte
tenu de la "maturité" - entre guillemets - dont fait preuve l'enfant et
des événements et prendre une décision qui ne va pas dans
le sens de reconduire ce qui aurait été des droits
accordés dans un autre État, compte tenu des circonstances. Je
pense que ce sont des soupapes, mais que cela ne devrait pas être la
règle. (15 h 45)
Mme Saint-Amand: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Vous avez terminé, Mme
la députée?
Mme Saint-Amand: Oui, cela va. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 20 est
adopté? Adopté. Article 21?
M. Johnson (Anjou): C'est important: ce sont des moyens de
défense. Une fois qu'on a dit que l'autorité centrale et que nos
tribunaux sanctionneraient la mise en vigueur des décisions prises par
d'autres États, il n'en reste pas moins qu'il y a des moyens de
défense qui peuvent être soulevés par celui qui est dans
des circonstances devant le tribunal où, à toutes fins utiles, il
a défié l'ordonnance d'origine. On prévoit, parmi ces
moyens de défense, que celui qui avait le soin de la personne de
l'enfant n'exerçait pas, effectivement, un droit de garde à
l'époque du déplacement ou du non-retour. Exemple: la mère
qui viendrait démontrer ici, devant notre tribunal, que le père
qui avait eu la garde des enfants dans un État américain ne s'en
occupait plus depuis longtemps - de fait, il n'exerçait pas son droit de
garde, l'enfant était à l'orphelinat ou ailleurs - je pense que
les dispositions de l'article 21 pourraient permettre au juge de modifier,
à toutes fins utiles, ce que serait une application mécanique des
jugements d'un autre pays.
Le deuxième exemple qu'il faut lire en conjonction avec l'article
20, c'est qu'il existe un risque grave que le retour de l'enfant ne l'expose
à un danger physique, psychique ou, de toute autre manière, ne le
place dans une situation intolérable. On peut penser à un cas qui
avait fait l'objet, il y a cinq ou six ans, d'une jeune fille qui devait
retourner dans son pays d'origine où les gens étaient soumis
à des sévices, etc. C'est le genre de cas où le juge
pourrait décider que la garde est confiée à l'autre parent
qui est ici, ou à la personne qui l'a.
M. Marx: Par contre, il va y avoir un jugement, une ordonnance
d'une cour de l'État de New York qui ordonne que l'enfant soit avec sa
mère dans l'État de New York...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Marx: ...et le juge ici va apprécier...
M. Johnson (Anjou): II va apprécier la preuve.
M. Marx: ...et dire: Non, qu'il reste avec son père ici.
Quel juge a raison dans tout cela? Pourquoi donnerait-on plus facilement raison
à nos juges...
M. Johnson (Anjou): Pour deux raisons. Il faut bien voir comment
c'est présenté. À l'article 21, ce sont les moyens de
défense. En d'autres termes, l'initiative est à celui qui a la
garde de l'enfant à New York, par exemple. Il se présente devant
le tribunal ici et dit: Mon enfant a été enlevé par sa
mère ou par son père, le cas échéant, qui est rendu
au Québec. On dit: Quel est le moyen de défense - disons que
c'est le père qui a enlevé l'enfant - qu'il a pour que l'enfant
ne soit pas retourné à New York? C'est ce dont on parle. Parmi
les moyens de défense qu'il peut soulever, c'est... Là-bas,
à New York, même s'il y avait une ordonnance, il ne s'occupait pas
de l'enfant. De fait, les conditions et les responsabilités qu'il devait
exécuter en vertu de l'ordonnance de New York, il ne les assumait pas.
Deuxièmement, c'est qu'il y ait un risque grave pour l'enfant. Je
comprends que c'est assez large comme notion. Cela va sans doute donner lieu
à des plaidoiries qui resteront célèbres pendant un
certain temps. Mais il reste, encore une fois, qu'il faut bien voir que dans la
loi, c'est présenté comme un moyen de défense.
M. Marx: Je pense que la théorie ici, c'est qu'on veut
mettre le pouvoir dans les mains de nos juges, le dernier mot dans la bouche de
nos juges et non pas des juges d'une autre juridiction. C'est bien possible
qu'un juge américain ait rendu une ordonnance il y a deux semaines
et
qu'aujourd'hui un juge du Québec décide que le juge
américain a fait une erreur. C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Mais c'est la nature même de ce que
sont les conventions internationales, c'est la reconnaissance de la
souveraineté des États.
M. Marx: Des juridictions, non pas des États.
M. Johnson (Anjou): Des juridictions. M. Marx:
D'accord.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a pas d'autres
interventions. Est-ce que l'article 21, paragraphes 1 et 2, est
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
22.
M. Johnson (Anjou): II permet à l'enfant de se faire
l'interprète de son propre intérêt. Le deuxième
paragraphe permet au tribunal de refuser son retour dans des cas exceptionnels
où il serait contraire aux droits de l'enfant ou aux droits et
libertés de la personne. C'est très large.
M. Marx: Oui, mais dans les droits et libertés de la
personne il y a la notion d'ordre public qui est implicite dans la loi,
c'est-à-dire qu'il faut respecter l'ordre public. Est-ce que c'est plus
large que l'ordre public ou plus étroit?
M. Johnson (Anjou): Non, on fait référence au texte
de la convention qui dit, à l'article 20: Le retour de l'enfant,
conformément aux dispositions de l'article 12, peut être
refusé quand il ne serait pas permis par les principes fondamentaux de
l'État requis sur la sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales.
M. Marx: C'est très difficile de décrire quels sont
les droits et libertés de la personne au Québec, sans parler des
droits fondamentaux. D'après vous, M. le ministre, à
l'alinéa 2, les droits et libertés de la personne sont-ils aussi
couverts par la charte fédérale des droits et
libertés?
Une voix: Non, pas exclusivement.
M. Johnson (Anjou): Cette loi s'applique nonobstant...
M. Marx: Nonobstant. On n'en est pas arrivé là.
J'ai pensé qu'en changeant de ministre on changerait cet article.
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas inquiet, je pense que les
droits fondamentaux des Québécois sont couverts par notre Charte
des droits et libertés de la personne; ils sont mêmes plus larges
que ceux qu'on retrouve dans la constitution du Canada.
M. Marx: Oui, mais disons qu'un article soit sensiblement le
même dans la constitution du Canada et dans la charte
québécoise et que les tribunaux donnent une interprétation
plus large à l'article de la constitution du Canada, on aimerait bien
que les gens profitent de cette interprétation plus large, étant
donné qu'un article fait partie de la constitution et que l'autre est
dans une loi statutaire. C'est pourquoi j'ai...
M. Johnson (Anjou): "You cannot have the best of two worlds."
Notre charte est très large.
M. Marx: "You can if you want to live in a federal system." Mais
j'ai lu l'interview dans la Presse de ce week-end, et je comprends bien.
Le Président (M. Dauphin): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Marx: On va arriver à l'article de la fin et on verra
si le ministre est prêt à faire appliquer la charte
constitutionnelle à cette loi, étant donné que c'est une
initiative fédérale qui fait en sorte que nous ayons ce projet de
loi devant nous.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Je passe
maintenant à l'article 23.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'assister le juge dans
l'appréciation des moyens de défense qui sont
soulevés.
Le Président (M. Dauphin): L'article 23 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
24.
M. Johnson (Anjou): On prévoit le cas où un enfant
serait amené à l'extérieur du Québec, alors qu'une
demande pour obtenir son retour forcé a été
présentée à la Cour supérieure.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 24 est adopté.
L'article 25.
M. Johnson (Anjou): II vise à empêcher que le
ravisseur n'obtienne une décision sur la garde avant que les
procédures prévues dans la présente loi aient
été entamées ou complétées.
Le Président (M. Dauphin): L'article 25 est-il
adopté?
Une voix: Adopté. M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
26.
M. Johnson (Anjou): On vise à empêcher que la seule
existence d'un jugement de garde qui est rendu au Québec ou susceptible
d'y être reconnu constitue un obstacle au retour de l'enfant. Ainsi, le
ravisseur ne pourra protéger son action ni par une décision
antérieure au déplacement, mais jamais exécutée, ni
par une décision obtenue subséquemment et qui pourrait être
entachée de fraude.
M. Laplante: Y a-t-il un droit d'appel? Il y a un droit d'appel
dans ce projet de loi.
M. Johnson (Anjou): C'est un droit normal.
M. Laplante: C'est un droit normal, d'accord, adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 26 est-il
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
27.
M. Johnson (Anjou): On vise ici le cas où un retard serait
constaté lors d'une demande judiciaire de retour.
Le Président (M. Dauphin): L'article 27 est-il
adopté? M. le député.
M. Marx: Je ne comprends pas tellement cet article. Supposons que
la Cour supérieure n'ait pas statué dans un délai de six
semaines, comment un ministre peut-il indiquer les raisons justifiant ce retard
si le juge ne donne pas de raison?
M. Johnson (Anjou): C'est parce que la convention prévoit
ceci, et c'est effectivement assez délicat. Lorsque l'autorité
judiciaire ou administrative qui en est saisie - en l'occurrence...
M. Marx: Je comprends, oui.
M. Johnson (Anjou): ...on parle de la Cour supérieure -
n'a pas statué dans un délai de six semaines à partir du
moment où elle a été saisie de la cause, le demandeur ou
l'autorité centrale de l'État requis, de sa propre initiative ou
sur requête de l'autorité centrale de l'État
requérant, peut demander une déclaration sur les raisons de ce
retard. Si la réponse est reçue par l'autorité centrale de
l'État requis, cette autorité doit la transmettre à
l'autorité centrale de l'État requérant ou, le cas
échéant, au demandeur.
En d'autres termes, effectivement, c'est un article d'un
caractère exceptionnel. Encore une fois, c'est parce qu'il doit
prévoir un minimum de communication possible entre États et de
responsabilités. Effectivement, une autorité centrale dans
l'État de New York ou en Belgique ou ailleurs pourrait dire: Cela fait
six semaines que c'est entendu, est-ce qu'on pourrait savoir pourquoi il n'y a
pas de jugement? L'autorité centrale, en vertu de l'article 27, dit
à la Cour supérieure: S'il vous plaît, nous devons
répondre à une autorité centrale; nous aimerions que vous
nous donniez les raisons pour lesquelles il y a un retard.
M. Marx: Le juge est en Floride depuis déjà huit
semaines; il va revenir dans quatre semaines.
Une voix: C'est une raison.
M. Marx: C'est une raison, voilà. Je pense que cela peut
être important dans d'autres systèmes judiciaires où je ne
sais pas exactement comment cela fonctionne. Mais ici, souvent, les juges sont
très en retard. On attend'. Après six mois, on peut demander les
raisons du retard au juge en chef - ce n'est pas souvent qu'on le fait -parce
qu'on veut respecter la convention internationale. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 27 est adopté.
L'article 28.
M. Johnson (Anjou): Alors, il s'agit de simplifier la
procédure. On rend inutile le recours aux procédures qui sont
habituellement utilisées pour la preuve de droit étranger ou la
reconnaissance des jugements étrangers. On permet ainsi à la Cour
supérieure de rendre ses décisions plus rapidement.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 28 est
adopté.
M. Johnson (Anjou): C'est quand même d'un caractère
exceptionnel, M. le Président,
ces dispositions; il faut le mentionner.
Le Président (M. Dauphin): L'article 28 est adopté.
L'article 29.
M. Johnson (Anjou): II répond aux difficultés que
la Cour supérieure ou le tribunal d'un État désigné
peut éprouver à statuer sur une demande de retour lorsqu'on doute
que le droit de la résidence habituelle de l'enfant s'applique au cas
d'espèce et qu'on n'est pas certain de la façon dont il
s'applique. Dans ces cas, ils peuvent demander une attestation constatant que
le déplacement ou le non-retour était illicite.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 29 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
30?
M. Johnson (Anjou): L'article prévoit qu'une
décision sur le retour de l'enfant ne doit pas être
considérée comme une décision au mérite qui
concerne le droit de garde.
Une voix: C'est la nature même de l'article 29 de la
convention.
M. Marx: Oui.
M. Laplante: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Laplante: Un parent, celui qui réclame le droit de
garde de l'enfant et l'obtient... À qui vont les frais de voyage et les
frais de cour? (16 heures)
M. Johnson (Anjou): En vertu du projet de loi, les frais
pourraient être facturés au ravisseur.
M. Laplante: Ils pourraient être...
M. Johnson (Anjou): Mais ce n'est pas automatique. Je serais
personnellement étonné que, dans la majorité des cas, il
puisse y avoir des dédommagements.
Une voix: D'accord. M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 30 est-il
adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
L'article 31.
Droit de visite
M. Johnson (Anjou): En faisant les adaptations
nécessaires, il s'agit de rendre applicables les articles 13 à 17
de la loi aux demandes qui visent à faire organiser ou protéger
un droit de visite.
M. Marx: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 31 est adopté.
L'article 32.
M. Johnson (Anjou): II s'agit de permettre à
l'autorité centrale du Québec de prendre ou de faire prendre les
procédures judiciaires ou administratives qui sont nécessaires
dans le but d'organiser ou de protéger le droit de visite.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
d'Arcy McGee.
M. Marx: C'est seulement pour favoriser l'introduction de toute
procédure. Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que cela implique les
règlements ou le Code de procédure civile?
M. Johnson (Anjou): En vertu du texte de la convention,
évidemment, les règles de droit sont bien différentes sur
le plan international. Il y a des distinctions judiciaires administratives
qu'on fait ici et qui ne se font sans doute pas dans certains pays. On a
tendance à toujours parler des deux. Je pense, par exemple, que
l'obtention d'un passeport pour enfant, ou pour une des parties, c'est une
mesure de nature administrative. Je pense que l'article 32 vise cela, entre
autres, mais il peut aussi viser des procédures de nature
judiciaire.
M. Marx: "Le ministre de la Justice peut introduire ou favoriser
l'introduction de toute procédure en vue d'organiser, etc." Il sera
nécessaire de modifier la loi. Supposons que l'on veuille changer la
procédure du Code de procédure civile.
M. Johnson (Anjou): Non. Je pense que c'est dans le cadre des
lois existantes. Cela prendrait un pouvoir habilitant spécifique.
M. Marx: C'est cela, si ce sont seulement des mesures
administratives, et pas plus. D'accord.
M. Johnson (Anjou): Des mesures administratives et judiciaires,
nos pas législatives.
M. Marx: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
33.
Dispositions diverses
M. Johnson (Anjou): Cet article permet au demandeur de s'adresser
directement aux autorités judiciaires, sans être
nécessairement obligé de passer par le comité central.
M. Marx: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 33 est adopté.
L'article 34.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'éliminer les obstacles
à la recevabilité des documents devant les tribunaux, notamment,
en ce qui a trait à ceux qui sont transmis par une autorité
centrale à l'occasion de la demande.
Le Président (M. Dauphin): L'article 34 est adopté.
L'article 35.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'éliminer la
nécessité de fournir, à l'occasion des procédures
judiciaires, la caution qui pourrait être exigée
conformément aux procédures civiles.
M. Marx: Même pour des cas en appel, j'imagine.
M. Johnson (Anjou): Même pour...?
M. Marx: Pour des cas en appel, des cas devant la Cour d'appel ou
à la Cour suprême du Canada.
M. Johnson (Anjou): Aucune caution ne peut être
imposée pour garantir le paiement des frais.
M. Marx: D'accord. On ne veut pas empêcher les gens de
faire appel lorsqu'ils n'ont pas déposé de caution. Cela pourrait
être un empêchement pour les gens d'exercer leur droit. Supposons
qu'on le fasse ici, qu'est-ce qu'ils font dans d'autres pays? Cela peut
être une barrière.
M. Johnson (Anjou): Cela ne se fera pas ailleurs non plus.
M. Marx: Non. C'est cela, pas dans les...
M. Johnson (Anjou): C'est dans la convention.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 35 est
adopté? M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 35 est adopté.
J'appelle maintenant l'article 36.
M. Johnson (Anjou): On a un amendement, M. le Président.
C'est une erreur de transcription à l'imprimerie. Il s'agit de remplacer
le mot "législation" par le mot "légalisation".
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Marx: "Aucune légalisation ni formalité
similaire n'est requise pour..." Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, la légalisation est une
formalité connue dans le contexte des relations internationales. Elle
est souvent exigée relativement aux actes produits loin du ressort de
leur signataire. Même si le terme "légalisation" n'est pas
utilisé, à notre connaissance, dans le cadre de la loi qui assure
l'application de l'entente sur l'entraide judiciaire entre la France et le
Québec, par exemple, il existe, malgré tout, des
formalités similaires prévues dans le droit
québécois, notamment dans le cas du certificat du
secrétaire d'un État étranger, article 1220 du Code civil
du Bas-Canada, et du certificat du lieutenant-gouverneur, article 136, dernier
alinéa, du Code de procédure civile.
M. Marx: Donc, la loi s'applique automatiquement.
M. Johnson (Anjou): Dans le fond, on dit qu'une fois que le
tribunal a rendu son ordonnance, on n'a pas besoin d'une formalité
documentaire étatique spécifique pour donner valeur juridique aux
actes rendus, alors que souvent, sur le plan des relations internationales, on
exige cela et c'est signé par le Secrétaire d'Etat, le ministre
des Affaires étrangères, etc.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement veut que l'article
36 soit modifié par le remplacement du mot "législation" par le
mot "légalisation". L'amendement est-il adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 36 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
37.
M. Johnson (Anjou): II s'agit de poser le principe
d'accessibilité au système d'aide juridique du Québec en
faveur des ressortissants et des résidents habituels de tout État
désigné.
M. Marx: On sera plus généreux envers les
étrangers qu'envers nos citoyens.
M. Johnson (Anjou): Non, non, s'ils répondent à nos
critères.
M. Marx: D'accord, mais on dit: "Les ressortissants d'un
État désigné et les personnes qui y résident
habituellement ont droit, pour l'application de la présente loi,
à l'aide juridique au Québec, selon ce que prévoit la Loi
sur l'aide juridique."
M. Johnson (Anjou): La loi ne prévoit pas que c'est
l'accès universel. Si c'était cela, on abolirait beaucoup de
choses.
M. Marx: Donc...
M. Johnson (Anjou): Donc, ce sont les barèmes qui
s'appliquent en vertu de notre loi. Ce sont les barèmes non
indexés dont vous parliez.
M. Marx: Ce sont les barèmes non indexés, l'aide
sociale. Un bénéficiaire de l'aide sociale dans l'État de
New York ne paie pas les frais si... Bon, d'accord.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 37 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article
38.
M. Marx: L'article 37 se retrouve aussi dans les autres lois,
j'imagine, dans la convention et dans les lois des autres provinces,
étant donné que le gouvernement fédéral
subventionne une grande partie de l'aide juridique au Québec et
ailleurs. D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, l'article 38
prévoit le principe de la gratuité totale au demandeur pour ce
qui concerne les demandes introduites en application de la loi. Le
deuxième alinéa prévoit deux exceptions au principe,
c'est-à-dire les frais reliés au retour de l'enfant ainsi que les
frais de l'aide juridique qui ne sont pas couverts par la Loi sur l'aide
juridique.
M. Marx: Les frais de justice, on comprend ce que cela veut dire.
Après cela, c'est écrit: "...ainsi que les frais liés
à l'assistance ou à la représentation juridique".
S'agit-il des frais d'avocat?
M. Johnson (Anjou): "Aucune somme n'est requise du demandeur en
relation avec les demandes introduites en application de la présente
loi. Cependant, le ministre de la Justice peut lui réclamer le
paiement..." Cela va?
M. Marx: "...peut lui réclamer le paiement des
dépenses causées ou qui seraient causées par les
opérations liées au retour de l'enfant." J'imagine qu'il s'agit
du billet d'autobus ou du billet d'avion. D'accord. "De plus, le demandeur est
tenu de payer, sous réserve de l'article 37, les frais de justice ainsi
que les frais liés à l'assistance ou à la
représentation juridique." Supposons qu'il ait droit à l'aide
juridique, il doit payer, le cas échéant, le ticket
modérateur.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. M. Marx: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): En admettant qu'il y ait un ticket
modérateur.
M. Marx: Votre prédécesseur s'y est toujours
grandement opposé, quand on parlait du ticket modérateur...
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas d'accord avec cela...
M. Marx: II a voulu parler des frais de traitement des
dossiers...
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas d'accord que vous disiez que
c'est un ticket modérateur...
M. Marx: Mais, c'est quoi?
M. Johnson (Anjou): Écoutez, c'est parce qu'on...
M. Marx: Qu'est-ce que c'est? Une voix: II est
complaisant. M. Marx: Qu'est-ce que c'est?
M. Johnson (Anjou): II n'y a pas de frais d'étude de
dossiers à l'aide juridique.
M. Marx: Bien oui!
M. Johnson (Anjou): Lesquels? De quels frais parlez-vous?
M. Marx: Si vous n'avez pas droit à l'aide
juridique...
M. Johnson (Anjou): Bien oui, si vous n'y avez pas droit, vous
n'y avez pas droit.
M. Marx: Non, un instant, je n'ai pas terminé ma phrase,
M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Ah bon!
M. Marx: ...M. le ministre. Il saute. Il pense...
M. Johnson (Anjou): Jamais, jamais, jamais.
M. Marx: Non. Si vous n'avez pas droit à l'aide juridique
en tant qu'assisté social, mais si vous avez droit à l'aide
juridique en tant que citoyen qui travaille, vous avez un ticket
modérateur de 20 $ ou 30 $ avant d'avoir droit à l'aide
juridique. On a adopté cela dans une loi à laquelle l'Opposition
s'est vigoureusement opposée, mais...
M. Johnson (Anjou): On va vous donner cela dans quelques
minutes.
M. Marx: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas sûr si vous n'êtes
pas à côté de la coche, M. le...
M. Marx: Cela va. Voilà! Le député de
Bourassa connaît bien cela. Il aide le monde.
M. Johnson (Anjou): Vous appelleriez cela un ticket
modérateur?
M. Marx: Ticket modérateur, j'ai appris cela quand le
ministre des Affaires sociales, qui est maintenant le ministre de la Justice, a
parlé de cela à l'Assemblée nationale.
M. Johnson (Anjou): C'est effrayant. Imaginez-vous, on parle des
choses. C'est épouvantable.
M. Marx: Oui, il a parlé de cela. Il a appelé cela
un "Big Mac et un Coke" pour le ticket modérateur...
M. Johnson (Anjou): Anathème!
M. Marx: ...en assurance-maladie. Mais, en toute justice, il n'a
jamais imposé cela quand il était ministre des Affaires sociales.
Il a cependant laissé le ministre de la Justice imposer un ticket
modérateur dans le domaine de l'aide juridique. Maintenant, il a
hérité de tout cela.
Le Président (M. Dauphin): Alors, voulez-vous suspendre
l'adoption de l'article 38?
M. Marx: Non, non, on va...
M. Johnson (Anjou): On va l'adopter, mais je reviendrai sur les
commentaires. Je sais qu'on aura toutes sortes de forums intéressants
pour cela.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle maintenant l'article
39.
M. Johnson (Anjou): II permet à la Cour supérieure
de condamner le ravisseur à payer ou à rembourser les frais au
demandeur. C'est ce qu'on a discuté tout à l'heure.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 39... Oui,
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Ce sont les... C'est-à-dire que la personne qui a
perdu la cause peut être condamnée à... D'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 39 est-il
adopté?
M. Marx: ...des dépenses faites pour localiser l'enfant,
c'est-à-dire les frais de police. Est-ce cela?
M. Johnson (Anjou): C'est le juge qui va apprécier. Vous
savez qu'il y a là-dedans - je me suis fait raconter un certain nombre
de cas - des choses absolument incroyables: des gens qui ont passé trois
mois à rechercher leur enfant sur le territoire ici et qui ont
engagé des polices privées. Cela donne lieu à des drames
et à un déploiement d'énergie absolument
phénoménaux. Alors, en cours de route, le juge, compte tenu des
circonstances, peut considérer que le ravisseur n'était
carrément pas, ni en apparence, ni en droit... et que,
deuxièmement, à l'occasion de la démonstration et de la
preuve qu'il a devant lui, il peut considérer que le ravisseur a agi de
façon absolument incroyable, en plus de cela, il y a de l'argent. Il
peut alors décider de le condamner au paquet.
M. Marx: C'est très large, cela. M. Johnson (Anjou):
Oui, c'est vrai.
M. Marx: Je pense que c'est un peu spécial dans notre
droit. Je ne pense pas
qu'on retrouve cela dans d'autres lois. C'est dans la convention.
M. Johnson (Anjou): C'est dans la convention. Les
Américains ont insisté pour que ce soit dans la convention, en
plus. Ils ont une assez large expérience de ces choses.
M. Marx: Oui, parce que j'ai, dans un autre contexte et aussi en
ce qui concerne une autre matière, demandé au
prédécesseur, l'ancien ministre de la Justice, d'accorder au
citoyen qui gagne sa cause contre un organisme d'État que lui soient
remboursés tous ses frais. Le ministre n'a jamais réagi.
Peut-être que le nouveau ministre va réagir, étant
donné qu'il a fait cette modification dans cette loi. D'accord,
adopté. On va revenir sur l'autre question en temps et lieu.
Le Président (M. Dauphin): L'article 39 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 40.
M. Johnson (Anjou): II s'agit de dire qu'il n'y a pas un
caractère exclusif à cette loi pour régler les cas
d'enlèvement d'enfants. D'autres parties du droit
québécois peuvent s'appliquer, ou des ententes qui iraient
beaucoup plus loin seraient beaucoup plus précises, comme celles qu'on
peut avoir avec la France peuvent s'appliquer.
M. Marx: Qu'est-ce qu'on a avec la France? Un accord'.
M. Johnson (Anjou): Oui. On a une entente sur l'entraide
judiciaire entre le Québec et la France.
M. Marx: Sur l'entraide judiciaire? C'est cela?
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article... Oui,
Mme la députée.
Mme Saint-Amand: C'est parce qu'ici, M. le Président, on
change l'âge de l'enfant. On avait parlé, depuis le début
du projet de loi, de 16 ans et ici on arrive avec 18 ans. (16 h 15)
M. Johnson (Anjou): Oui, on a cela. Quel article
déjà?
Mme Saint-Amand: L'article 40.
M. Johnson (Anjou): C'est dans les États qui ne sont pas
couverts par la convention. On dit qu'on peut s'entendre avec d'autres
États; mais, dans la mesure où, cette fois-ci, c'est sur une base
bilatérale plutôt que multilatérale, on veut couvrir les
enfants de moins de 18 ans.
Mme Saint-Amand: Est-ce qu'on peut considérer que c'est un
élément nouveau ou si cela faisait partie de la convention?
Est-ce que c'est un élément nouveau?
M. Johnson (Anjou): Pardon?
M. Marx: Vous avez parlé d'une entente d'entraide entre la
France et le Québec, mais c'est prévu dans une loi quelque
part.
M. Johnson (Anjou): C'est dans les Lois refondues du
Québec, chapitre A-20.1.
M. Marx: Qu'est-ce que c'est?
M. Johnson (Anjou): C'est la Loi assurant l'application de
l'entente sur l'entraide judiciaire entre la France et le Québec.
M. Marx: Parce qu'il y a beaucoup d'accords et d'ententes, il
faut...
M. Johnson (Anjou): Dans certains cas, elles vont plus loin.
M. Marx: Cela va plus loin... M. Johnson (Anjou): C'est
cela.
M. Marx: Si on veut avoir d'autres accords, d'autres ententes, il
faudra une loi habilitante pour... D'accord. Supposons qu'on veut faire une
entente avec un pays qui va au-delà de cette loi, il faudra aussi une
loi habilitante pour la mise en oeuvre des dispositions de l'entente.
M. Johnson (Anjou): Si cela va au-delà de la loi, oui, il
faudra d'autres dispositions législatives, mais, si c'est dans le cadre
d'application de cette loi, il n'en faut pas.
M. Marx: Comment cela peut-il être plus favorable? Si c'est
dans...
M. Johnson (Anjou): Si, par exemple, on désigne des
personnes quant à l'accès à l'aide juridique dans
l'entente...
M. Marx: Cela est couvert par la loi que vous venez de citer.
M. Johnson (Anjou): Oui, LRQ chapitre A-20.1, où on peut
avoir une application simultanée de la loi où alternativement
dans des causes comme celle-ci, cela ne serait d'aucun secours. Par exemple, on
me dit que, dans le cas de la loi qui couvre l'entraide judiciaire entre la
France et le Québec, on
peut, nous, se prononcer sur le droit de garde; ce n'est pas l'objet de
cela ici, dans le cadre d'application de cette loi. On a des fondements
législatifs pour le faire à la suite de l'entente avec la
France.
M. Marx: La loi est déjà adoptée en vertu de
cette entente?
M. Johnson (Anjou): Voilà. M. Marx: Et vous
pouvez...
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on dit, c'est qu'elle peut s'appliquer
dans le cadre de l'application de celle-ci.
M. Marx: C'est déjà adopté?
M. Johnson (Anjou): Pardon?
M. Marx: L'autre loi est déjà adoptée?
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Marx: Je comprends, d'accord.
M. Johnson (Anjou): C'est une réserve prévue par la
convention. D'instinct, sans me prononcer comme un spécialiste sur la
technique juridique utilisée, dans la mesure où il s'agit d'un
projet de loi spécifique qui vise à intégrer les
dispositions d'une convention internationale, je pense qu'il faut y
intégrer même les dérogations ou les additions que propose
cette convention. Et c'est le cas. La convention, à son article 36, dit:
"Rien dans la présente convention n'empêche deux ou plusieurs
États contractants, afin de limiter les restrictions auxquelles le
retour de l'enfant peut être soumis, de convenir entre eux de
déroger à celles de ces dispositions qui peuvent impliquer de
telles restrictions."
Par exemple, en principe, nous ne nous prononçons pas sur le
droit de garde; par contre, dans l'entente avec la France, on se prononce sur
le droit de garde. On dit, dans notre loi, qui est l'intégration d'un
traité international, de faire en sorte qu'effectivement, si nous avons
des dispositions habilitantes sur le plan législatif pour qu'un juge se
prononce, par exemple, sur le droit de garde, il puisse le faire. C'est en
vertu d'une autre loi.
Donc, en d'autres termes, un enfant français qui arriverait
devant la Cour supérieure dans des conditions analogues au projet de loi
suivant, les procureurs pourraient plaider le statut À -20 des lois
refondues du Québec.
M. Marx: M. le président, ces accords, ententes ou toute
autre disposition peuvent prévoir des conditions plus favorables,
c'est-à-dire que nous donnerons à l'Exécutif le pouvoir
d'établir une entente qui aura préséance sur notre loi.
Est-ce que c'est cela que ça veut dire? Je ne pense pas que le ministre
aimerait un si grand pouvoir.
Une voix: Vous avez le don...
M. Johnson (Anjou): Les accords n'habilitent pas. On peut
présumer qu'on peut effectivement conclure des accords, saufqu'ils ne sont applicables que dans la mesure où ils sont
ratifiés législativement.
M. Marx: II faudrait peut-être vérifier cela, car
cela peut être une délégation en ce sens que
l'Assemblée décrète que telle et telle disposition, dans
telle et telle entente, aura préséance ou modifiera la loi.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Marx: Si l'on doit avoir une loi chaque fois, à
l'avenir, pour faire une entente, ce n'est pas....
M. Johnson (Anjou): Non, ce qu'il arrive de la formulation, et je
pense que le député connaît bien la formulation, les
accords internationaux entre États présupposent qu'au niveau de
ceux qui assument le pouvoir exécutif il y a l'équivalent de ce
que l'on appelle une entente de principe, en relations de travail, si l'on
veut, et que la règle, c'est qu'il y ait une ratification des
dispositions de ces ententes par voie législative, si elles impliquent
effectivement des modifications législatives par les États.
Dans le cas de l'entente avec la France, par exemple,...
M. Marx: Cela, ça va, parce que c'est un exemple...
M. Johnson (Anjou): C'est un exemple, dans le passé...
M. Marx: ...c'était déjà dans une loi. Ici,
ce n'est pas dit; ici, c'est écrit: "Ces accords, ententes ou autres
dispositions - je ne sais pas ce que veut dire l'expression "autres
dispositions" - peuvent prévoir des conditions plus favorables au retour
de l'enfant que celles que prévoit la présente loi."
M. Johnson (Anjou): Donc, il faut se référer
à ce que disent nos lois à l'égard de l'application et des
ententes ou des autres dispositions entre États.
M. Marx: Vous dites, maintenant, peut-être pouvez-vous me
répondre oui ou non, que, s'il y avait un accord, une entente ou une
autre disposition, cela prendrait aussi une loi de l'Assemblée nationale
pour donner
suite à...
M. Johnson (Anjou): Ce que je dis, c'est que le droit qui
s'applique au niveau des accords internationaux n'est pas modifié pour
autant, car ce n'est pas une disposition habilitante. Dans le débat que
vous faites sur la capacité du pouvoir du Conseil exécutif,
à toutes fins utiles, de modifier les lois existantes dans des relations
bilatérales, il faut aller voir ce que dit la loi sur les affaires
internationales, il faut voir quel est le processus qui est suivi. Or, le
processus prévoit en général, en tout cas de
mémoire, que, dans le cas des accords internationaux, ils ne prennent
effect législativement que s'ils sont sanctionnés par
l'Assemblée nationale. Encore une fois, je ne pense que ce que nous
discutons ici soit une disposition habilitante, je pense que c'est une
disposition qui renvoie aux règles générales et aux
procédures générales qui sont suivies quand le
Québec conclut des ententes sur le plan international.
M. Marx: Donc, supposons qu'il y a un accord...
M. Johnson (Anjou): S'il y a un accord entre le Québec et
un pays non signataire, par exemple...
M. Marx: II faudrait une loi québécoise pour mettre
en oeuvre cet accord.
M. Johnson (Anjou): Je le pense.
M. Marx: J'aimerais le savoir.
M. Johnson (Anjou): C'est la règle.
M. Marx: Non, mais c'est quoi maintenant, en vertu de cette
loi?
M. Johnson (Anjou): La règle, c'est que l'Exécutif
ne peut pas modifier les lois sans passer par la Législature; alors, si
le contenu de l'accord est un contenu qui modifie une loi, il faut une loi de
l'Assemblée nationale.
M. Marx: L'Assemblée nationale pourrait adopter une loi
pour intégrer dans nos lois, par référence à
d'autres lois, d'autres règlements dans d'autres pays et faire des
règlements d'autres juridictions ou d'autres États; dans notre
droit, cela se fait souvent, l'adoption par référence.
"Referential legislation" ou l'adoption par référence.
M. Johnson (Anjou): Mais, encore une fois, c'est un geste du
Parlement.
M. Marx: Ce que je me demande, c'est si c'est une loi par
référence, d'une certaine façon.
M. Johnson (Anjou): Écoutez, si M. le député
le désire, je pourrai lui fournir une réponse plus
précise...
M. Marx: En troisième lecture?
M. Johnson (Anjou): ...au moment de la troisième
lecture.
M. Marx: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Pour le rassurer, je peux faire cela. Mais
j'ai l'impression...
M. Marx: Oui, je pense que ce n'est pas...
M. Johnson (Anjou): ...que ce n'est pas une disposition
habilitante.
M. Marx: C'est pour vérifier.
M. Johnson (Anjou): On va vérifier.
M. Marx: Oui.
M. Johnson (Anjou): Si c'est le cas, on va corriger.
M. Marx: Sur le coup, je ne suis pas sûr. Je pose la
question et je pense que...
M. Johnson (Anjou): D'accord.
M. Marx: ...c'est dans l'intérêt du gouvernement
également de ne pas adopter une loi comportant une coquille, comme son
prédécesseur l'a fait déjà en 1982.
Dispositions finales
M. Johnson (Anjou): Article 41, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 40 est
adopté?
M. Marx: I am leaving in one minute. M. Johnson (Anjou):
Alors, ce sont les... Le Président (M. Dauphin):
Adopté?
M. Johnson (Anjou): ...conditions... Article 41, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 41.
M. Johnson (Anjou): Oui. Il s'agit des conditions de
désignation des États, provinces ou territoires auxquels
s'appliquera la loi.
M. Marx: Adopté.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire
l'adoption de...
Le Président (M. Dauphin): L'article 41 est
adopté.
M. Marx: Article 42.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 42.
M. Marx: Je trouve qu'à l'article 42, le gouvernement se
donne un pouvoir de réglementation assez large: "...peut faire tout
règlement utile à l'application de la présente loi". Les
rédacteurs de la loi voulaient rédiger une disposition
très courte sur le pouvoir de réglementation.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai. C'est-à-dire que c'est
vrai que c'est un pouvoir très large. D'ailleurs, le
député reconnaîtra qu'il est très rare qu'on
l'exprime en des termes semblables dans nos lois depuis un certain nombre
d'années. Mais je pense que, compte tenu du domaine que recouvre cette
loi, c'est-à-dire l'application d'ententes internationales, d'une
convention internationale et d'ententes bilatérales,
l'énumération serait risquée, parce qu'on pourrait se
retrouver dans une situation où on fait une énumération
des objets sur lesquels on peut adopter des règlements, et on en
échapperait un morceau, alors qu'en fait l'autorité centrale n'a
pas l'intention d'avoir des ennuis avec les autres autorités centrales
parce que le pouvoir de réglementation ne serait pas assez large.
M. Marx: En somme, franchement, on ne sait pas ce qu'on fait ici.
On donne un pouvoir au gouvernement dont on ne connaît même pas
l'étendue.
M. Johnson (Anjou): Vous savez... M. Marx: Cela couvre
tout et rien.
M. Johnson (Anjou): Non, non, l'étendue...
M. Marx: C'est comme de dire au ministre: Voici le pouvoir de
réglementer. Si le Code de procédure ne vous convient pas, faites
les changements. Ce n'est pas nécessaire d'avoir une loi omnibus chaque
année.
M. Johnson (Anjou): Non, non, c'est sur l'application de la loi,
d'une part. D'autre part, je ne disconviens pas avec le député de
D'Arcy McGee que c'est un pouvoir très large. Il est même de
nature infinie. Je pense que, si j'avais à plaider devant un tribunal
dans des mesures de défense ou des mesures préliminaires
quelconques et si le lieutenant-gouverneur en conseil n'avait pas le droit
d'édicter un règlement qu'on m'aurait jeté entre les
pattes dans ma procédure, je plaiderais probablement jusqu'à
Montesquieu sur les limites de la séparation des pouvoirs et des
obligations qu'elles imposent.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Marx: D'accord, adopté. Adopté, avec les
réserves que nous avons exprimées.
Le Président (M. Dauphin): L'article 42 est adopté.
J'appelle maintenant l'article 43.
M. Marx: Oui, parce que je n'ai pas peur que le ministre n'abuse
de cet article mais j'ai peur que son successeur, celui qui le remplacera
après les prochaines élections, n'en abuse. D'accord.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 43.
M. Johnson (Anjou): Cet article détermine le domaine
d'application de la loi dans le temps.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 43 est adopté.
J'appelle l'article 44.
M. Marx: Oui. Si le ministre a vérifié avec M.
Parizeau, nous sommes d'accord.
Le Président (M. Dauphin): L'article 44 est adopté.
J'appelle l'article 45.
M. Johnson (Anjou): Adopté.
M. Marx: On ne donnerait la responsabilité à aucun
autre ministre, parce qu'on peut se fier au ministre actuel.
Le Président (M. Dauphin): L'article 45 est adopté.
J'appelle l'article 46.
M. Marx: L'article 46 est adopté sur division, parce qu'on
écarte l'application de la Constitution canadienne en ce qui concerne
les droits de la personne. Adopté sur division.
Le Président (M. Dauphin): L'article 46 est-il
adopté?
M. Marx: Oui. Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Adopté sur division.
J'appelle l'article 47.
M. Marx: Adopté, mais inutile. Je ne vois pas la
nécessité de l'article 47. L'article 47, c'est...
M. Johnson (Anjou): L'article 47? C'est à cause... Il y a
des choses...
M. Marx: C'est une clause de style qu'on met dans chacune des
lois sans penser...
M. Johnson (Anjou): Oui, mais on l'utilise.
Le Président (M. Dauphin): Madame la députée
et messieurs les députés, avant de...
M. Laplante: J'aurais une correction à demander de la part
de M. le ministre sur...
M. le ministre, vous aviez une correction à faire, je pense, sur
les...
M. Johnson (Anjou): Non, non. M. Laplante: Non?
M. Johnson (Anjou): On y reviendra plus tard.
M. Laplante: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Avant d'ajourner nos travaux,
en vertu du nouveau règlement, il faut adopter les titres, chapitres et
sections du projet de loi. Est-ce que les titres, chapitres et sections du
projet de loi sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le préambule
doit être adopté également? Est-ce que le préambule
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le préambule
est adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi, c'est-à-dire la Loi sur les aspects civils de
l'enlèvement international et interprovincial d'enfants, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Puisque le président et
le vice-président sont absents, je demanderais à un
député d'en faire le rapport, ou à un membre de la
commission.
M. Laplante: Je peux faire le rapport, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Selon le règlement, ce
doit être un membre. Le député de Vachon ferait-il le
rapport?
M. Payne: Oui.
Le Président (M. Dauphin): La commission, ayant accompli
son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 31)