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(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Payne): Avec le quorum, je déclare
la séance ouverte. Rappelons le mandat de la commission. C'est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé 254, Loi concernant certains actes de
donation et de fiducie de M. Samuel Bronfman, et le projet de loi 233, Loi
concernant les immeubles situés au 3470 et 3480 rue Simpson à
Montréal. M. le secrétaire, si vous voulez bien souligner les
remplacements.
Le Secrétaire: Mme Lachapelle (Dorion) remplace M.
Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Laplante (Bourassa) remplace M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes); M. Blouin (Rousseau) remplace M. Léger
(Lafontaine).
Projet de loi 254
Le Président (M. Payne): À l'ordre du jour de la
séance, aujourd'hui, comme je vous le disais tout à l'heure,
c'est le projet de loi 254, on pourrait bien commencer avec cela: Loi
concernant certains actes de donation et de fiducie de Samuel Bronfman. Si le
ministre veut bien procéder à quelques remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires
M. Johnson (Anjou): Oui. Alors, M. le Président,
peut-être en trois temps. D'abord, le projet de loi 254, que nous
présente Me Vineberg concernant certains actes de donation et de fiducie
de Samuel Bronfman, nous fait une demande, essentiellement, sur trois points
des pouvoirs des fiduciaires et sur trois des quatre fiducies
constituées par donation, en 1942, de Samuel Bronfman, au
bénéfice de ses enfants et de leurs enfants à
naître. D'abord, un pouvoir d'emprunt; les fiduciaires à qui les
actes de fiducie accordent le pouvoir d'emprunter aux fins d'administrer les
fiducies, en anglais: "for the purposes of the administration of the trust",
demandent le pouvoir d'emprunter pour le compte des fiducies ou "on behalf of
the trust".
Deuxièmement, un pouvoir de cautionnement: les actes de fiducie
accordent aux fiduciaires le pouvoir de s'associer à d'autres personnes,
mais non celui de garantir l'exécution des obligations de leurs
associés, l'article 16, paragraphe c): Les fiduciaires demandent le
pouvoir "de cautionner avec ou sans garantie toute obligation ou
engagement".
Troisièmement, un pouvoir de faire des dons à des
organismes de charité. Les fiduciaires à qui le troisième
alinéa de l'article 763 du Code civil accorde le pouvoir de donner des
choses modiques dans l'intérêt de leur charge demandent le pouvoir
général de faire des dons à des organismes de
charité à même le capital ou à même les
revenus des fiducies.
M. le Président, peut-être pourrions-nous demander à
Me Vineberg de nous résumer l'objet et les raisons qui le motivent
à nous présenter ce projet de loi au nom de la fiducie de Samuel
Bronfman. Par ailleurs, je dois simplement dire que nous avons un certain
nombre d'amendements à apporter au projet de loi, qui visent
essentiellement à le rendre le plus conforme possible à nos
techniques législatives. Je crois que Me Vineberg a été
consulté, d'ailleurs, dans l'élaboration des amendements.
Peut-être qu'on pourrait donner la parole à Me Vineberg.
Le Président (M. Payne): Alors, j'invite Me Vineberg
à prendre la parole.
M. Vineberg (Michel): Merci, M. le Président. M. le
ministre a déjà donné un résumé des objets
de la loi. Les raisons sont les suivantes. Jusqu'à ce moment, depuis
1942, on a fait la plupart des placements des fiducies Bronfman par l'entremise
de sociétés de "holding", dont la plus connue est la
société Cemp Investments. En ce moment, on veut faire une
restructuration des fiducies et chacune des fiducies veut faire ses propres
placements directement, au lieu de les faire par l'entremise nécessaire
des sociétés de "holding". C'est-à-dire que nous devons
élargir les objets des fiducies. Jusqu'à maintenant, la plupart
des dons charitables ont été faits par l'entremise de Cemp
Investments. Je pense que les sommes s'élevaient à 30 000 000 $
pendant les trois dernières années et, certainement, toutes les
sommes empruntées l'ont été par l'entremise des
sociétés de "holding". Toutes les choses qu'on a faites par les
sociétés jusqu'à ce jour, on veut avoir la
possibilité de les faire par l'entremise directe de chacune des
fiducies.
Étude détaillée
Le Président (M. Payne): Merci, M, Vineberg. Alors, si je
comprends bien, M. le ministre, vous avez quelques amendements à
apporter à l'article 1.
M. Johnson (Anjou): Oui, M. le Président. Le texte
français de l'article 1 de la Loi concernant certains actes de donation
et de fiducie de Samuel Bronfman est modifié par la suppression,
à la deuxième ligne de la clause 16c édictée par
cet article, du mot "nécessaire".
Le Président (M. Payne): Est-ce que l'amendement tel
que...
M. Johnson (Anjou): ...proposé est adopté.
Le Président (M. Payne): ...déposé est
adopté?
M. Johnson (Anjou): Des commentaires? Cela va? Alors, M. le
Président, l'amendement est adopté. Est-ce que l'article 1 est
adopté, M. le Président?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Payne): Oui.
M. Johnson (Anjou): L'article 2, M. le Président. Le texte
français de l'article 2 de la Loi concernant certains actes de donation
et de fiducie de Samuel Bronfman est modifié par le remplacement des
première et deuxième lignes de la partie de cet article qui
précède la clause 25 par ce qui suit: "2. Les actes de donation
et de fiducie de Samuel Bronfman concernant les fiducies de Phyllis Barbara
Bronfman et de Charles".
Le Président (M. Payne): Amendement déposé.
Discussion? Adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Payne): L'article 2 est
adopté.
M. Johnson (Anjou): Le préambule de la loi, M. le
Président...
Le Président (M. Payne): L'article 3?
M. Johnson (Anjou): ...serait modifié. L'article 3.
Le Président (M. Payne): L'article 3, adopté?
M. Blank: Adopté.
M. Johnson (Anjou): Adopté.
M. Marx: Avant qu'on adopote le projet de loi, est-ce que le
ministre s'est assuré qu'on a des consentements de toutes les personnes
qui pourraient être affectées par ce projet de loi?
M. Johnson (Anjou): Est-ce que Me Vineberg, qui représente
la fiducie, pourrait nous rassurer sur ces questions?
M. Vineberg: Les sept fiduciaires des trois fiducies ont
demandé cette loi et on a remis aux avocats du ministre de la Justice
les consentements personnels de tous les bénéficiaires, sauf deux
des sept enfants d'Edgar Bronfman qui n'ont que cinq et six ans, en ce moment.
Les cinq autres qui sont déjà majeurs et tous les autres
bénéficiaires ont déjà donné leur
consentement,
M. Marx: Cela va. Je comprends que l'on a les consentements de
tout le monde, y compris de tous les enfants, sauf des deux qui sont
mineurs.
Une voix: Oui, oui.
M. Marx: Pour eux, est-ce qu'il y a un consentement de leurs
parents?
M. Vineberg: Oui, c'est-à-dire qu'Edgar Bronfman a
donné son consentement et tous les frères, etc.
M. Marx: Pour les mineurs et tout cela. M. Vineberg:
Oui.
M. Johnson (Anjou): On a les documents ici, M. le
Président...
M. Marx: Si on a tous les consentements, alors parfait.
M. Johnson (Anjou): ...qui nous le confirment par
écrit.
Le Président (M. Payne): Vous avez un amendement à
faire au préambule?
M. Johnson (Anjou): Oui, nous avons un amendement à faire
au préambule, M. le Président, ou même deux, si je ne me
trompe pas. Alors, deux amendements au préambule. Le préambule de
la Loi concernant certains actes de donation et de fiducie de Samuel Bronfman
est modifié par le remplacement du premier alinéa par les
suivants: "Attendu que, par actes de donation reçus le 1er mai 1942 et
enregistrés au bureau de la division d'enregistrement de Montréal
sous les numéros 523231, 523232 et 523233, feu Samuel Bronfman a
constitué des fiducies au bénéfice de Phyllis Barbara
Bronfman, Edgar Miles Bronfman et Charles Rosner Bronfman ainsi que leurs
enfants à
naître; "Que, des sept fiduciaires actuellement chargés
d'administrer ces fiducies, quatre sont les enfants du donateur;".
Le Président (M. Payne): Le préambule, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Une voix: Oui.
M. Johnson (Anjou): II y a un autre amendement au
préambule, M. le Président.
Le Président (M. Payne): Le deuxième, s'il vous
plaît.
M. Johnson (Anjou): Le deuxième amendement au
préambule: Le préambule de la Loi concernant certains actes de
donation et de fiducie de Samuel Bronfman est modifié par le
remplacement des trois derniers alinéas par les suivants: "Que les
fiduciaires n'ont qu'un pouvoir imprécis de faire des donations à
des organismes de charité et qu'il est opportun de préciser ce
pouvoir dans le cas des fiducies constituées au bénéfice
de Phyllis Barbara Bronfman et de Charles Rosner Bronfman; "Que les fiduciaires
et les bénéficiaires majeurs des trois fiducies consentent
à l'adoption de la présente loi et que celle-ci n'est pas
susceptible de causer préjudice aux bénéficiaires
mineurs;".
Le Président (M. Payne): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que le préambule est
adopté, M. le Président?
Le Président (M. Payne): J'étais pour l'appeler,
effectivement, M. le ministre.
Le titre et les chapitres du projet de loi 254, Loi concernant certains
actes de donation et de fiducie de Samuel Bronfman, sont-ils
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Payne): Est-ce que le projet de loi
privé 254 est adopté?
M. Blank: Adopté. Félicitations, Me Vineberg.
M. Vineberg: Je veux remercier le président et les membres
de la commission.
Le Président (M. Payne): Félicitations pour le
président aussi.
Projet de loi 233
On passe au projet de loi 233, Loi concernant les immeubles
situés au 3470 et 3480 rue Simpson à Montréal. M. le
ministre.
Remarques préliminaires
M. Johnson (Anjou): II s'agit du projet de loi 233, Loi
concernant les immeubles situés au 3470 et 3480 rue Simpson à
Montréal. Je vais en faire un résumé rapide et je crois
qu'ensuite nous devrions entendre les personnes concernées par ce projet
de loi.
Le Président (M. Payne): Est-ce que vous voulez vous
identifier?
M. Gagnon (Jean-H.): Me Jean Gagnon, représentant les
usufruitiers de Place Simpson.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je vais plutôt
résumer la situation qui prévaut et qui forme le cadre dans
lequel ce projet de loi nous est présenté. Il vise à
permettre la transformation en copropriété d'un immeuble de 253
logements qui a été construit avant 1979. Il y a un moratoire
depuis 1974 relatif à de telles transformations. Il découle,
entre autres, de modifications législatives, qui ont été
adoptées en 1979, qui prescrivaient l'autorisation préalable de
la Régie du logement pour procéder à une telle
transformation, laquelle autorisation ne peut être donnée que
selon les critères établis par règlement et aucun
règlement ne fut adopté.
L'existence du moratoire résulte du problème de
l'éviction généralisée des locataires et des
coûts cachés des frais d'administration et de réparation.
Ces problèmes découlent de l'absence de dispositions sur ces
sujets dans le Code civil et le moratoire ne devrait être levé
normalement qu'à la suite de la mise en vigueur de la réforme du
Code civil qui, comme on le sait, fera l'objet d'un dépôt,
normalement, d'ici à Noël.
Le promoteur, qui est Place 3470 Simpson Inc., a acheté
l'immeuble à un coût considérable dont, environ, pas tout
à fait, un huitième comptant et le solde qui devenait dû au
1er novembre 1983. Ne pouvant vendre en copropriété des
logements, les promoteurs ont procédé à la vente
d'usufruits; 96 usufruits de logements ont été vendus à un
prix total de plus de 4 000 000 $ à 85 usufruitiers et six seulement
parmi eux habitent les logements qui sont achetés. Plus de 1 100 000 $
ont été payés comptant. Les usufruitiers ont
été attirés par les avantages fiscaux qui leur
permettaient d'investir sans que cela leur coûte un sou ou à peu
près et, pour ce faire, ils ont emprunté le montant payé
comptant sous forme de prêts personnels.
Les personnes intéressées par ce projet sont Place 3470
Simpson Inc., identifiée à un groupe dont nous avons ici un
représentant, qui est propriétaire des immeubles, à
l'exception des 96 logements qui sont en usufruit et dont elle est
nue-propriétaire, et 85 usufruitiers, les deux créanciers
hypothécaires et les locataires.
Il y a impossibilité pour le propriétaire de rencontrer
les obligations hypothécaires lors du renouvellement des
hypothèques au 1er novembre 1983, ainsi que de refinancer l'immeuble
parce que celui-ci est surhypothéqué compte tenu de
l'évaluation municipale et à cause de l'existence des droits
d'usufruit.
L'exercice de la clause de transport de loyer par les créanciers
hypothécaires empêche ainsi le remboursement des emprunts
personnels des usufruitiers au moyen des revenus du loyer.
L'avis de 60 jours des créanciers hypothécaires pour
exercer la clause de dation en paiement entraînerait la reprise par eux
et la possession de l'immeuble, et la radiation des droits d'usufruit.
L'intérêt à l'adoption du projet pour le
propriétaire et les usufruitiers serait l'augmentation de la valeur
marchande de l'immeuble qui résulterait de la transformation en
copropriété, ce qui permettrait, par ailleurs, de régler
le problème de financement. Voilà.
Le Président (M. Payne): M. le procureur, Me Gagnon,
avez-vous des commentaires?
M. Gagnon (Jean-H.): Oui. MM. les membres de la commission.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, avant que le
procureur s'adresse à la commission, je voudrais dire que je crois que
nous mettrons le temps qu'il faut lors de cette commission. Il y a beaucoup
d'intérêts qui sont en cause et je pense que le procureur pourrait
nous exposer de façon générale son objectif, les
conséquences du , projet de loi et comment il croit que la solution
qu'il propose dans ce projet de loi est, à toutes fins utiles, la
meilleure pour tous, compte tenu des circonstances.
Le Président (M. Payne): Me Gagnon.
M. Gagnon (Jean-H.): J'ai préparé pour les membres
de la commission un petit texte. Je crois que, si quelqu'un peut venir le
chercher - c'est pour expliquer un peu le problème en termes plus
concrets - cela pourrait rendre ma présentation d'autant plus
brève.
Essentiellement, tout d'abord, je dois dire tout simplement, afin de
vous montrer la situation, que je ne représente aucunement le
propriétaire. Je représente strictement les 85 usufruitiers qui
ont acquis, en 1982, 96 usufruits au total sur l'immeuble. Ce qui s'est
passé, essentiellement, très brièvement - le texte
l'établit plus en détail - c'est qu'une compagnie qui s'appelle
Place 3470 Simpson Inc. a acquis, en décembre 1981, un immeuble de deux
particuliers, MM. Garfinkle et Trimarchie, pour une somme totale de 8 100 000
$. Immédiatement après cette vente, ils se sont retournés
vers des personnes, qui sont mes clients, qui n'ont aucun intérêt
ou aucune forme d'expérience antérieure dans l'investissement
immobilier et on leur a représenté qu'on pourrait leur vendre des
usufruits sur des appartements dans les immeubles sans que cette vente ne leur
entraîne aucun déboursé personnel de quelque nature que ce
soit. La façon était la suivante: C'est que, sur un usufruit...
Si vous consultez le document, à la partie 5, la deuxième partie
de la page 7 décrit l'usufruit moyen. Donc, pour une personne qu'on
approchait - elle a été approchée par un processus de
vente, littéralement du style assemblée de cuisine ou
l'équivalent - pour l'usufruit moyen, on lui vendait un appartement,
l'usufruit sur un appartement, pour une somme de 44 000 $. De cette somme, on
demandait à l'usufruitier de contracter un prêt personnel
d'environ 16 000 $ auprès de la Banque de commerce canadienne
impériale, lequel devait se rembourser à même les revenus
de l'immeuble et à même des déductions fiscales qui
seraient entraînées des pertes possibles de cet immeuble. Donc, 16
000 $ empruntés personnellement sur billet avec un contrat signé,
indiquant que cela ne nécessite aucun déboursé personnel.
Cela a été mis dans un contrat signé par une compagnie qui
est aujourd'hui insolvable. Ensuite, chacun des usufruitiers assumait des
portions d'hypothèques existantes, c'est-à-dire une
hypothèque de la Caisse de dépôt et placement qui
était de premier rang, en moyenne de 12 000 $, et une hypothèque
en faveur des vendeurs de l'immeuble, d'environ 8000 $. On avait un solde de
prix de vente dû à la compagnie Place Simpson de 7000 $. Tout cela
a bien fonctionné, cahin-caha, en tout cas, a fonctionné
jusqu'à l'échéance des hypothèques le 1er novembre
1983 alors que tout le monde s'est aperçu - ceux qui ont monté le
système Place Simpson et les usufruitiers qui ne s'attendaient à
absolument rien de semblable - avec un immeuble sur lequel on avait 85
usufruits d'enregistrés, et sur un immeuble également qui
était endetté pour à peu près 7 300 000 $ pour une
valeur d'à peu près 8 000 000 $, qu'il n'était pas
finançable. Il n'y a pas un créancier, il n'y a pas une
institution financière approchée qui acceptait de prêter
pour payer les hypothèques existantes sur un immeuble avec 85 usufruits
d'enregistrés. Le
système est unique et la question des 85, en tout cas,
inquiétait beaucoup les créanciers; d'ailleurs, cela
inquiète les créanciers actuels qui sont ici, mais cela
inquiétait encore plus les institutions approchées. Ceci fait
que, depuis le 1er novembre 1983, les créanciers en deuxième
rang, MM. Garfinkle et Trimarchi, ont exercé leur clause de cession de
loyers. Ils perçoivent les loyers et administrent l'immeuble, à
toutes fins utiles. Cela a comme résultat que la plupart des
usufruitiers ont personnellement un endettement sur un prêt personnel
à la Banque de commerce canadienne impériale d'à peu
près 15 000 $ ou 16 000 $ et les douze qui en ont deux ont un
endettement personnel de l'ordre de 32 000 $ et le rythme de remboursement d'un
prêt personnel n'est pas de 20 ou 25 ans à 11%, il est de 5 ans et
plutôt à 14%. Comme le document le dit, ces usufruitiers sont,
pour la plupart, des gens à revenu moyen d'environ 30 000 $ ou 35 000 $
par année avec charge de famille. Ils n'ont absolument pas les moyens de
rembourser ces sommes.
En plus de cela, les usufruitiers ont été
confrontés, comme vous le voyez aux pages 10 et 11 du document, à
toute une série de procédures, parce que le créancier qui
a repris l'administration de l'immeuble, à un certain moment - il y
avait des comptes antérieurs - a payé certains comptes et,
à d'autres, il a décidé de garder les loyers dans un
compte spécial et de ne plus payer les fournisseurs, ce qui fait qu'aux
pages 10 et 11, vous avez une idée d'une série de
procédures pendantes. La principale, la première, S. Albert
contre Place Simpson était rendue au stade d'une vente par shérif
le 28 décembre. Il y a des oppositions pendantes, mais, en principe, il
y a toujours une vente par shérif fixée au 28 décembre. 11
y a une série d'autres procédures que vous avez sur deux
pages.
En plus de cela, naturellement, il y a le créancier
hypothécaire en deuxième rang qui a pris une action pour
reprendre la propriété de l'immeuble pendante depuis une date
entre les mois de février et avril. Il y a le créancier en
premier rang, la Caisse de dépôt qui, n'étant plus
payée depuis le mois d'août, elle non plus, a donné un avis
de 60 jours qui devrait entraîner aussi des procédures de dation
en paiement au début du mois de février.
Les usufruitiers peuvent donc se retrouver, à tout le moins, avec
un endettement personnel sans rien pour le garantir. La plupart ne pourront pas
le rembourser. Cela entraînera donc un certain nombre de faillites
personnelles dans le groupe et d'autres auront des difficultés
financières graves. Ils se retrouvent également dans une
situation où il peut y avoir des recours basés sur les
estimations d'hypothèques. Il y a déjà eu des indications
dans le sens que, si des créanciers n'étaient pas satisfaits de
la valeur de l'immeuble, ils pourraient changer leur action en dation en
paiement pour une action hypothécaire. Comme il y a une estimation
d'hypothèques, si on prend les deux, qui est, en moyenne, facilement de
l'ordre de 12 000 $ ou 13 000 $, ils peuvent aussi avoir cet endettement sur le
dos. Ils sont dans une situation qui, selon les moyens légaux habituels,
est désespérée, d'autant plus que la compagnie Place 3470
Simpson Inc. ainsi que l'autre compagnie qui avait signé la garantie
disant qu'ils n'auraient rien à débourser, les deux, sont,
à toutes fins utiles, insolvables. Elles le sont plus qu'à toutes
fins utiles, elles sont complètement insolvables.
La seule solution... On décrit à la fin du document,
à la page 14 et au début de la page 15, les tentatives qui ont
été faites, qui vont de recours judiciaires qui n'ont pas
été intentés parce que les rapports de crédit ont
démontré que les défendeurs potentiels étaient
à peu près tous insolvables... Le refinancement était
impossible à cause des 85 usufruitiers et de l'état de
surendettement de l'immeuble. La vente de l'immeuble donnerait à tout le
mieux un résultat pour les usufruitiers à peine équivalent
à 20% de leur endettement. La cession des immeubles à une
société en commandite, cela ne règle pas du tout le
problème. On s'est donc retrouvé devant un cul-de-sac. La seule
solution à ce cul-de-sac a été la présentation du
projet de loi 233 qu'on a demandé à Me Harry Blank,
député du comté dans lequel est situé l'immeuble,
de déposer en notre nom.
Cela complète la situation. Juste avant de terminer, je dois dire
qu'il y a eu vraisemblablement un malentendu au moment du dépôt du
projet de loi, ce qui fait que l'article 3 du document imprimé n'est pas
celui du projet comme il aurait dû l'être. J'ai avec moi le texte
de l'article 3. La différence est essentiellement qu'on voulait
s'assurer par l'article 3, hors de tout doute, que la permission qui pourrait
être accordée par le projet de loi ne pourrait pas
bénéficier à d'autres personnes qu'aux victimes qui sont
les usufruitiers et que, entre autres, un créancier ou un
propriétaire ne pourrait pas, par un jeu légal, faire
disparaître les droits de l'usufruit et profiter du projet à des
fins autres. Donc, je vais déposer l'article 3. J'imagine que c'est le
député qui va faire la demande d'amendement qui vise à
s'assurer que les seuls à pouvoir bénéficier de
l'autorisation sont les usufruitiers qui possèdent les usufruits
à l'époque de l'entrée en vigueur de la loi et non pas une
autre personne, ce qui fait que, si jamais une fois l'autorisation
accordée on devait perdre nos droits avant d'être en mesure de
procéder, la loi, à ce
moment, ne pourrait pas s'appliquer au bénéfice d'une
autre personne. Donc, j'ai ce texte d'amendement...
Le Président (M. Payne): Merci, Me Gagnon. De toute
évidence, il y aura des intervenants. (12 heures)
Une voix: Oui.
Le Président (M. Payne): Si tel est le cas, voudront-ils
se présenter à la table en avant?
M. Gagnon (Jean-H.): Maintenant, au niveau du texte
d'amendement...
M. Johnson (Anjou): Vous l'envoyez ici au secrétariat et
on va jeter un coup d'oeil dessus.
Le Président (M. Payne): Si vous voulez patienter un peu,
on va d'abord entendre les intervenants.
M. Johnson (Anjou): Me Gagnon, je m'excuse, j'ai fait un lapsus
qui a laissé entendre que vous représentiez les
propriétaires. Je vous ai entendu dire cela au début.
M. Gagnon (Jean-H.): Les propriétaires ne sont pas
présents pour des raisons qui me semblent très évidentes,
peut-être pas pour un député, mais pour moi elles sont
très évidentes.
M. Marx: M. le Président...
Le Président (M. Payne): Oui, M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, avant de continuer, j'aimerais
savoir si le ministre a pris tous les soins nécessaires pour contacter
l'autre partie?
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee, c'est la raison pour laquelle je viens tout juste de demander
s'il y avait d'autres intervenants. Voulez-vous vous identifier, monsieur?
M. Gagnon (Jean-H.): Je peux peut-être...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, pour répondre
à la question du député de D'Arcy McGee...
Le Président (M. Payne): Je pense que la réponse
est manifeste. Je viens de demander s'il y avait un intervenant dans la
salle.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Payne): Si vous voulez vous identifier,
à ce moment on va procéder.
M. Lachapelle (Lucien): Mon nom est Lucien Lachapelle. Je
représente MM. Issie Garfinkle et Angelo Trimarchi, des personnes qui
détiennent, sur cette propriété, un solde de prix de vente
de 4 000 000 $. On vous a dit, tantôt, qu'elle avait été
vendue, cette propriété, pour 8 000 000 $ et mes clients
détiennent sur cette propriété 4 000 000 $ ou 4 500 000 $
et ils s'opposent formellement à ce que ce projet de loi soit
adopté. Est-ce que vous voulez entendre mes arguments ou si vous voulez
savoir s'il y en a d'autres qui veulent s'identifier?
Le Président (M. Payne): Je voudrais vous inviter à
présenter votre point de vue.
M. Lachapelle (Lucien): Maintenant. À première vue,
à supposer que le gouvernement adopterait ce projet de loi, on peut
être tenté de dire tout de suite: Pourquoi vous opposez-vous
puisque la propriété va, de toute évidence, avoir une
valeur beaucoup plus élevée? Mes clients, bien sûr,
aimeraient bien mieux détenir un solde de prix de vente sur une
propriété qui en vaudrait demain 12 000 000 $ ou 14 000 000 $, on
m'a même dit 17 000 000 $, alors qu'ils ont des garanties, quant à
eux, qu'ils croient n'être pas plus élevées que la valeur
de leurs hypothèques, la valeur des deux hypothèques,
c'est-à-dire 8 000 000 $.
C'est plus compliqué que cela. On demande à
l'Assemblée nationale d'intervenir dans des droits immobiliers et,
à cause du fait que des procédures judiciaires ont
déjà été instituées, par ricochet on va
intervenir dans des procédures judiciaires qui sont déjà
contestées et pour lesquelles on attend notre tour à la cour.
J'ai dit tantôt: Tenons pour acquis que la propriété
aura une plus grande valeur, tenons pour acquis que mes clients consentiraient
à la déclaration de copropriété. On entre dans des
problèmes très difficiles, à mon avis.
L'article 441m dit que, lors de l'enregistrement, la déclaration
doit être signée par tous les propriétaires de l'immeuble -
cela ne serait pas difficile de l'obtenir, vraisemblablement ils l'auraient -
et être accompagnée du consentement écrit de toutes les
personnes qui détiennent sur l'immeuble des privilèges ou des
hypothèques enregistrés. Je dis: C'est bien simple, demandez
à votre client et il va venir signer. Ce n'est pas si simple que cela
quand il s'agit de droits de copropriété.
Si vous revenez à l'article 4411, il dit -et il faudrait le lire
- si vous voulez que je vous le lise: "La déclaration de
copropriété définit la destination de l'immeuble et de
ses
parties exclusives et communes dont elle donne une description
détaillée; elle détermine la valeur relative de chaque
fraction, eu égard à la nature, à la superficie et
à la situation de la partie exclusive qu'elle comprend," etc. Cela
voudrait dire que mes clients devraient intervenir pour consentir à un
acte de déclaration de copropriété et on leur demanderait,
à ce moment-là, d'accepter que la division se fasse comme ils
voudraient qu'elle soit faite. Mais encore, c'est une division, et l'effet...
Je vous dirai tantôt, si mes clients refusaient, ce qui va arriver. Je le
sais ce qui va arriver. Je suis avocat depuis assez longtemps pour savoir les
conséquences. Disons qu'ils accepteraient que ce soit ainsi. Il
arriverait quoi? Au lieu de détenir, sur chacune des unités, sur
chacun des petits appartements, un droit réel et hypothécaire
pour 4 000 000 $, ils devraient diviser leur droit réel et
hypothécaire par autant d'unités de copropriété.
Mes clients et, je pense bien, tous les créanciers qui détiennent
des hypothèques, à Montréal, sur des
propriétés ne trouveraient pas cela drôle. C'est
différent de détenir une hypothèque pour la
totalité du montant sur chacune des unités et n'en avoir qu'une
partie seulement. Encore une fois, faudrait-il qu'ils s'entendent sur le
montant pour chacun des immeubles, mais, s'ils consentent, il faut qu'ils
fassent cela.
Encore pourrait-on dire: Très bien, nous acceptons que
l'hypothèque de vos clients affecte, pour la totalité du montant
qui leur est dû, chacune des unités. Supposons que ce serait fait.
Sur le plan juridique, je n'en suis pas sûr. J'ai fait vendre
moi-même une propriété d'une importance semblable à
celle que nous avons aujourd'hui. J'avais réservé pour le
créancier hypothécaire la totalité du montant qui lui
était dû sur chacune des unités mais, cela, sur le plan
juridique, je n'en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr si mes clients
auraient un droit certain sur chacune des unités, même s'il
était dit que le montant total est réservé. Je ne suis pas
sûr que ce serait cela. On vous demande, ici, de changer les
règles de l'immeuble, de changer des droits de mon client,
créancier hypothécaire, qui détient sur ces immeubles des
droits sur la totalité; on demande maintenant de les diviser.
Autre question. On parlait tantôt d'un amendement. On a dit: Le
privilège qu'on vous demande d'accorder, ne l'accordez pas à tout
le monde, ne l'accordez qu'aux usufruitiers seulement. Si c'est bien ce que
j'ai compris, cela voudrait peut-être dire, à moins que je fasse
erreur, que la déclaration de copropriété n'affecterait
qu'une partie de la propriété. Encore une fois, comment, moi, je
pourrais établir que mon hypothèque a une portion pour cette
partie qui ne serait pas déclarée comme pouvant être
convertie en copropriété, et, pour l'autre partie, on demanderait
à mon client d'établir un montant? Si on ne s'accorde pas - je
vais y venir tantôt - de quoi on a l'air? Vous allez voir! Tout cela est
grave. C'est plus grave si on ne s'accorde pas. Si on s'accorde sur tout? Il
n'y a rien; c'est parfait: Si on ne s'accorde pas? Ce sera grave.
Sur la déclaration de copropriété, il faut aussi
indiquer et on va demander qu'un délai soit accordé pour
rembourser les sommes dues à mon client. Or, on vous a dit qu'une action
a été instituée, une action de dation en paiement, et ce,
depuis le 4 avril, et que cette action est contestée par les
usufruitiers.
Une autre chose que mes clients pourraient avoir. Mes clients se sont
prévalus de la clause de transport de loyer. Ils ont droit, je pense, de
dire: Les loyers doivent nous revenir pour être appliqués comme
nous croyons devoir les appliquer, c'est-à-dire, d'abord, sur les
charges, les taxes et peut-être même sur les hypothèques. Le
fait que l'on dise qu'une partie de l'immeuble pourrait être
tranformée en copropriété, à mon avis, cela
pourrait influencer les droits de mes clients en ce qui concerne ces
unités, pour l'exercice de la clause de transport de loyer.
Une autre chose encore plus importante, je pense. Quand il s'agit de
convertir une propriété en copropriété, il y a un
conseil d'administration et c'est lui qui décide des frais
d'administration. Mon client qui, présentement, à l'occasion de
l'exercice de la clause de cession de loyer, a l'administration de la
propriété, se verrait privé tout au moins de
l'administration d'une partie de cette propriété, celle qui
pourrait être transformée en usufruit. L'avocat pourrait vous
dire: Ne vous inquiétez pas, on va voir à cela puis on va
s'entendre. Mais, là-dessus, on ne s'est pas beaucoup entendu parce
qu'on a reçu deux requêtes en irrecevabilité que nous avons
dû plaider. Des procédures, oui nous en avons, mais des ententes
nous n'en avons pas, même pas de projets d'entente.
Au conseil d'administration, qui est nommé? Ce n'est certainement
pas le créancier hypothécaire, ce sont ceux qui vont
détenir des droits de copropriété. Mes clients n'auront
pas le droit d'intervenir dans l'administration de la propriété.
Remarquez bien qu'il s'agit de décisions à être prises par
des usufruitiers qui n'auront qu'une partie de l'immeuble. C'est
incroyable.
En ce qui concerne l'administration d'une copropriété,
avec les lois que nous avons au Québec, on pourrait vous en faire des
commentaires, on a tellement de difficultés concernant les consentements
que l'on doit obtenir des personnes pour les administrer, imaginez-vous les
difficultés que l'on aurait dans une propriété où
il y aurait seulement une partie qui serait convertie en
copropriété et l'autre ne le serait pas. Ce serait
augmenter encore les difficultés, donc, affecter le gage de mon
client.
On pourrait dire: C'est très bien; vous allez vous entendre et,
si vous ne vous entendez pas, ce n'est pas grave, votre client n'a qu'à
ne pas signer. Parmi vous il y a plusieurs avocats. Vous savez comment
fonctionnent les procédures. Je vais vous dire qu'il n'y a pas besoin de
chercher longtemps. Si on adopte ce projet de loi et que l'on dise à mes
clients: Voulez-vous signer, s'il vous plaît! et mes clients disent:
Voyez-vous, il faudrait ci et cela, des exigences qui nous apparaissent
normales, mais depuis le début qu'on ne s'entend pas, qu'arrive-t-il
après? Ils vont ajouter une procédure à la
procédure déjà prise, puis ils vont dire: Action en
dommages vu votre mauvaise foi pour ne pas signer la déclaration de
copropriété partielle de l'immeuble pour un montant égal
à celui que vous réclamez, c'est-à-dire 4 000 000 $. Allez
donc défendre devant la cour cet argument et calculez les années
que nous allons avoir à attendre avant d'avoir un jugement final, afin
de savoir que les dommages ils ne doivent pas en réclamer et ils ne leur
sont pas dus. Cela fait un bon moyen que vous donnez aux usufruitiers
vis-à-vis de mes clients, qui s'en seraient privés, concernant
des procédures judiciaires déjà instituées.
Parlons encore des procédures judiciaires que j'ai
instituées qui sont de la nature d'une dation en paiement. Je serais
obligé de recommencer mes procédures. Il y aurait tout un
amendement et ce n'est pas sûr que je pourrais procéder par
amendement. Me voyez-vous, messieurs, devant une procédure
contestée par plusieurs parties pour un montant de 8 000 000 $ où
je pourrais dire à mes clients: Je ne suis pas sûr si je vais
procéder par amendement ou non? Puis, je serais tenté de dire:
J'aurais le goût de recommencer mais je ne peux pas parce qu'il faut que
je paye des frais de 80 000 $ à je ne sais combien d'avocats, parce que
c'est 1%, mais cela fait bien de l'argent à mes clients d'avoir à
payer, seulement pour commencer ces procédures, parce que vous auriez
voulu rendre service à ces usufruitiers. Cela mettrait mes clients,
concernant leurs créances et leurs procédures, dans un
sérieux embarras. Ce qu'on vous demande de faire, c'est de venir aider
des gens pour convertir une propriété en
copropriété, mais, savez-vous, à Montréal, ils ne
sont pas les seuls à avoir des difficultés à respecter
leurs obligations. Plusieurs personnes seraient tentées de venir vous
dire: Messieurs, voulez-vous, s'il vous plaît, nous rendre le service
d'adopter un projet de loi pour qu'on ait aussi le droit? J'en connais,
d'ailleurs. Nous sommes un groupe de citoyens et notre immeuble n'est pas
converti en copropriété. On ne peut pas le faire. On voudrait le
faire, mais d'autres locataires ne veulent pas. On vous demande d'adopter un
projet de loi spécial. Vous allez en avoir des projets de loi
spéciaux. Il y aurait beaucoup de gens dans le public, si à la
radio et à la télévision on savait cela dans le milieu des
informations, qui viendraient cogner à votre porte pour dire: Moi aussi
je veux un petit projet de loi.
M. Blouin: Ils vont le savoir.
M. Lachapelle (Lucien): Je vous assure que je n'ai pas eu le
temps de leur dire encore, mais voir les droits de mes clients affectés
à ce point, c'est-à-dire faire en sorte que mon client soit dans
l'obligation, pour ne pas avoir à recevoir une action en dommages ou des
contestations sérieuses dans des procédures judiciaires qui
traîneraient devant les cours, juste pour dire que vous refusez, ou, si
vous acceptez, votre créance est maintenant divisée, et pour une
partie de l'immeuble seulement... Je crois que l'on intervient dans des jeux
qui pourraient, à mon avis, avoir des conséquences graves
concernant plusieurs propriétaires d'immeubles, plusieurs
créanciers au Québec. C'est pourquoi je dis que mes clients
s'opposent à ce que ce projet de loi soit adopté tel que
présenté. (12 h 15)
Le Président (M. Payne): Merci, M. Lachapelle. De l'avis
des membres de la commission, est-ce qu'on veut entreprendre tout de suite un
dialogue ou une discussion avec Me Lachapelle ou préfère-t-on
entendre d'autres intervenants? Je vois qu'il y en a d'autres devant nous.
Voudriez-vous vous identifier...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, est-ce que je peux me
permettre de suggérer qu'on entende peut-être - je crois que la
Caisse de dépôt et placement est le premier créancier
hypothécaire, si je ne me trompe -la Caisse de dépôt et,
ensuite, qu'on puisse adresser des questions à chacun des
intervenants?
Le Président (M. Payne): Pourriez-vous vous identifier,
s'il vous plaît?
M. Scraire (Jean-Claude): M. le Président, Jean-Claude
Scraire, de la Caisse de dépôt et placement. Je suis
accompagné de Me de Grandpré, qui est notre procureur au dossier,
et de notre vice-président -placement hypothécaire, M. Jacques
Bourré.
Au niveau de la Caisse de dépôt, nous estimons que le
projet de loi est en effet assez particulier. Par ailleurs, on a pu constater
depuis un certain temps que la situation est également assez
particulière. Dans l'ensemble, nous sommes pour la solution qui est
proposée, essentiellement
dans un souci d'équité à l'égard des 85 ou
95 personnes qui ont fait des investissements, peut-être
légèrement imprudents, mais quand même des investissements
dans cet immeuble, sous forme d'usufruit. Il reste qu'au niveau de
l'équité, s'il est possible et s'il nous paraît possible
que cela soit réparé dans la mesure où les droits de
personne ne seraient brimés, cela nous semblerait être la solution
idéale.
Dans le cas spécifique, sous réserve peut-être de
certaines légères modifications au projet de loi dont je pourrai
vous donner le texte, il nous paraît possible de faire en sorte que les
propriétaires actuels ne voient pas leurs droits brimés
même si leur situation d'insolvabilité rend ces droits plus
aléatoires. Il paraît également possible que les droits des
locataires soient protégés. Il nous paraît que les
créanciers actuels sur l'immeuble, par le projet de loi, sous
réserve de certaines modifications toujours, mais dans la mesure
où il en ressortirait une augmentation de la valeur de l'immeuble, donc
que les créanciers actuels pourraient récupérer leurs
créances... En tout cas, au niveau de la Caisse de dépôt,
on n'a aucun doute sur la valeur actuelle de notre créance et encore
moins sur la valeur de notre créance une fois le projet de loi
adopté parce qu'il est certain que cela donne une plus-value importante
à l'immeuble. En même temps, le cadre du projet de loi qui est
avancé permet possiblement de protéger les usufruitiers.
Au niveau des amendements ou des modifications que nous
suggérons, nous avons eu l'occasion d'en parler avec le procureur des
usufruitiers, il n'y voit pas d'inconvénient. Le premier principe qui
nous semblerait important c'est que, au lieu de donner un droit à
l'ensemble des usufruitiers, cela devrait être un droit qui est
accordé à la majorité des usufruitiers pour éviter
qu'un ou deux ou trois usufruitiers puissent mettre en péril les droits
qui seraient consacrés par ce projet de loi.
La seconde modification vise l'article 2, où on dit que les
droits des locataires s'exerceraient à compter de la vente du logement.
Il nous semblerait - encore là, je peux vous soumettre le projet de
texte - que cela devrait être à compter de l'enregistrement de la
déclaration de copropriété que les droits des locataires
s'exercent contre les propriétaires du logement.
Enfin, une troisième modification, un peu plus substantielle
celle-là, mais qui répond certainement à des
préoccupations de la caisse comme créancier et probablement aux
préoccupations d'autres créanciers sur l'immeuble. Il s'agirait
d'ajouter un article stipulant que les droits des créanciers et les
procédures judiciaires et actes qui ont été
institués par ceux-ci, à la date de la sanction de la loi, ne
sont ni affectés ni modifiés par la présente loi. De sorte
que les créanciers conservent les droits actuels dans leur état
actuel.
Le seul inconvénient peut-être que l'on peut voir au projet
de loi, s'il était ainsi modifié, c'est que la solution n'est ni
facile ni automatique. C'est une base de solution. Il est certain qu'il n'y a
pas de solution automatique. On sait que cela peut parfois constituer un
handicap pour l'adoption d'un projet de loi de ne pas régler
automatiquement un problème par le projet de loi. C'est le cas, le
problème n'est pas réglé automatiquement, mais cela
permettrait peut-être aux parties d'en venir à une solution.
Peut-être!
Le Président (M. Payne): Merci, Me Scraire. On a entendu
les procureurs des créanciers hypothécaires. Est-ce qu'il y
aurait d'autres intervenants, par exemple, ceux qui représentent les
locataires? Personne?
M. Marx: Non, il n'y a pas d'autres intervenants.
M. Johnson: II n'y a pas d'autres intervenants.
M. Marx: II n'y a plus d'intervenants sur notre liste.
Le Président (M. Payne): Je m'excuse, je constate alors
qu'il n'y a pas d'autres intervenants, pour la dernière fois. Alors, M.
le ministre.
M. Johnson: Rapidement, j'aurais un certain nombre de questions
à poser...
M. Lachapelle (Lucien): Est-ce que je peux répondre
à cela?
M. Johnson: Non, pas tout de suite, s'il vous plaît, Me
Lachapelle.
M. Lachapelle: Merci, parfait.
M. Johnson: D'abord, ma première question s'adresse
à Me Gagnon. Pouvez-vous m'expliquer comment les usufruitiers ont
été approchés pour investir dans les immeubles Simpson et
qu'est-ce qui fait que des personnes aient pu croire vraiment qu'il n'y avait
aucun risque alors qu'il est fait mention dans les actes d'usufruit qu'elles
ont signés que des hypothèques de plus de 7 000 000 $ devenaient
échues le 1er novembre 1983 sans qu'aucun remboursement de capital ne
soit prévu avant cette date et que le solde du prix qu'elles payaient
devenait également dû à cette même date?
M. Gagnon (Jean-H.) C'est une excel-
lente question. Cela relève autant du témoignage, j'ai des
gens avec moi qui pourront le confirmer, si vous voulez l'entendre
d'eux-mêmes. Essentiellement, le mode d'approche a été le
suivant et la façon dont cela a été signé a
été la suivante pour la grande majorité d'entre eux.
C'était, comme je le disais brièvement au moment de ma
présentation, lors d"'assemblées de cuisine" tenues dans des
régions. Il faut dire que ce ne sont pas des gens de Montréal, il
y en a énormément du Lac-Saint-Jean, de la région de
Joliette, de la région de Thetford-Mines, il y en a un peu de
Québec. Et l'approche était la suivante: des vendeurs de la
compagnie qui faisaient la promotion de ce système rencontraient ces
gens lors d"'assemblées de cuisine", comme on peut les appeler -
donnons-leur le nom qu'on veut -pour expliquer un système qui
était connu, qui est encore connu sous le nom de rente
immobilière. D'ailleurs, une des compagnies mêlées
là-dedans s'appelle Rentes immobilières de Montréal.
Le système de la rente immobilière est le suivant: Vous
acquérez un immeuble qui a des endettements, vous contractez un
prêt personnel, qui constitue un autre endettement, sauf que nous, par un
contrat qui s'intitule "accord administratif", on vous fournit ce qu'on appelle
une garantie de liquidité, c'est-à-dire une garantie
signée par une entreprise comme quoi vous n'aurez pas à
débourser un seul cent dans cette affaire, sauf vos remises
d'impôt ou la portion de déduction additionnelle d'impôt que
vous acquérez à cause de l'investissement. On vous garantit cela
dans un contrat précis, vous n'avez pas à débourser un
cent et vous ne faites pas un cent d'ailleurs tant que les créanciers ne
sont pas payés, c'est-à-dire qu'il y a des hypothèques
à échéance, des renouvellements. On administre, et
supposons que dans 25 ans l'immeuble est payé; au moment où
l'immeuble est payé, au moment de vos vieux jours et même, dans le
cas de certains, de très vieux jours, au moment où l'immeuble est
payé, à ce moment-là, n'ayant plus d'endettement, vous
avez un revenu de l'immeuble, ce qu'on décrit sous le nom de rente
immobilière, une rente pour vos vieux jours basée sur
l'immeuble.
Je dois également ajouter que le processus de vente - cela
éclaircit peut-être pour certains ce que je disais tantôt,
pourquoi je comprenais que les propriétaires n'étaient pas ici -
se concluait sur place. Le notaire était présent, les documents
étaient présents et, comme les documents étaient
relativement volumineux, celui qu'on montrait beaucoup au client était
celui qui garantissait la liquidité d'administration. Dans la plupart
des cas, ils ont signé l'acte de vente comme tel qui décrit des
hypothèques, sans l'avoir lu. On leur présentait la page de ce
document. Comme il y avait quinze ou vingt personnes dans une seule
assemblée, les gens signaient le document un derrière
l'autre.
Je dirais que ce processus a été suivi pour à peu
près les trois quarts; pour l'autre quart, il y a des processus
variables, il y a des contacts personnels, mais disons que, pour les trois
quarts des gens, c'est le même processus.
Le Président (M. Payne): Merci, Me Gagnon. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: C'est le même notaire qui a signé tous les
contrats?
M. Gagnon (Jean-H.) Oui.
M. Marx: Un notaire itinérant qui a suivi les
vendeurs?
M. Gagnon (Jean-H.) Un notaire qui suivait les vendeurs au
gré des rencontres pour la grosse majorité des actes, oui. C'est
le même notaire qui a toujours signé les actes.
M. Marx: C'est qui, le notaire?
M. Johnson: Savez-vous s'ils respectaient la loi sur les vendeurs
itinérants?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Marx: C'est qui, le notaire?
M. Gagnon (Jean-H.) Pour autant qu'on le sache, ils n'avaient pas
de permis de l'Office de la protection du consommateur.
M. Marx: C'est qui, le notaire?
M. Gagnon (Jean-H.) C'est le notaire Michel Trudeau, de Longueuil.
M. Johnson (Anjou): J'aurais une question à Me Scraire qui
disait que, dans les amendements qu'il proposerait au projet de loi, il y en
aurait un disant que l'effet du projet de loi ne peut être de modifier
les droits des causes en litispendance, à toutes fins utiles. Est-ce
bien ça?
Je lui pose la question, peut-être un peu naïvement: Si on
met une clause pareille, dans la mesure où il y a des causes en
litispendance et qu'il y a aussi des avis de 60 jours déjà pris
dans ces causes-là, c'est comme s'il n'y avait pas de projet de loi,
à toutes fins utiles. Est-ce que ce n'est pas le danger? Je pense que Me
Lachapelle veut répondre.
M. Lachapelle (Lucien): Oui. Je ne pense pas qu'il fasse
recommencer l'avis de 60 jours, mais il pourrait recommencer... Il
faudrait, au moins, amender l'action parce que si...
Une voix: II faudrait l'amender...
M. Lachapelle (Lucien): L'amender, ce serait facile,
ça.
Une voix: ...Si on met cette clause-là.
M. Lachapelle (Lucien): Oui, je pourrais dire: Au lieu d'avoir
l'immeuble présentement décrit, ce serait maintenant l'immeuble
qui serait décrit dans l'acte de déclaration de
copropriété. C'est un amendement qui ne me serait pas
refusé, ce serait facile pour moi. Avec tout le respect que j'ai pour Me
Scraire, je n'aurais pas besoin de cette phrase-là. Ce n'est pas
à cause de ça, mes problèmes, ce n'est pas du tout
ça. Mon problème est double. Juste un mot. Si je refuse, je suis
poursuivi en dommages et j'attends mon jugement, on va avoir un beau
procès dans bien des années. Si j'accepte, je suis pris pour
avoir des hypothèques divisées, ce que je ne veux pas.
S'il m'avait dit, avant de venir ici: Entendez-vous donc ensemble et
regardez donc le projet de déclaration de copropriété.
C'est ce qu'on fait quand on veut un prêt. Pour un gros gros prêt,
on dit au gars: Regarde donc si ça fait ton affaire, ces
divisions-là, et, si oui, tu reviendras. Là, je ne suis pas
inquiet.
Je ne sais pas quelle sorte de procédure ou quelle sorte d'acte
de copropriété il va me présenter. C'est ça qui est
mon problème. Si je refuse, j'ai une action en dommages, et j'attends
mon jugement. Si j'accepte, j'accepte quoi? Je ne veux pas accepter
aveuglément. Il faut que je voie ce qu'on va me présenter. C'est
important pour la division, pour l'administration, surtout, M. Johnson, pour le
délai que je devrai accorder pour remboursement parce que le prêt
est exigible.
On dit au gars: Veux-tu accepter de signer un document, alors que mon
prêt est exigible et les procédures en cours? C'est une
atmosphère un peu difficile, dans des conditions que je ne connais
même pas.
M. Johnson (Anjou): C'est presque aussi difficile que pour les
usufruitiers, si je comprends bien, quand ils ont signé ces
papiers-là.
M. Lachapelle (Lucien): Très difficile. Eux viennent ici
et vous disent: S'il vous plaît, je vais plaider ma turpitude. C'est
vrai, j'ai fait des erreurs, je n'ai peut-être pas regardé comme
il faut, mais je voudrais que vous adoptiez un projet de loi qui va affecter
les droits du créancier hypothécaire. Wo! Devant les cours - ce
n'est pas ici - nul ne peut plaider sa propre turpitude. Ce n'est pas devant
vous qu'on peut plaider ça, mais c'est un principe qu'on applique devant
les tribunaux.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Vous avez demandé, si je comprends bien, que
l'Assemblée nationale n'intervienne pas.
M. Lachapelle (Lucien): Je demande que le projet de loi n'ait pas
de suite, oui.
M. Marx: C'est ça, j'ai compris ça. Il y a 85
usufruitiers qui ont investi 1 500 000 $. Qu'est-ce qui va arriver à ces
personnes si on n'intervient pas? Est-ce qu'elles seront
dépouillées de leurs droits?
M. Lachapelle (Lucien): II va arriver la même chose que
pour tout citoyen qui se trouve pris dans des situations semblables à
Montréal. C'est plein, devant les tribunaux, de gens qui sont
obligés de payer des dettes parce qu'ils se sont engagés.
M. Marx: C'est ça. Vous savez qu'en Angleterre on a
appelé le Parlement "The High Court of Parliament", c'est-à-dire
la cour de dernière instance. Je pense que nous avons
hérité de la même institution. Donc, ici, c'est la
dernière instance en ce qui concerne le droit civil. Donc, venir nous
dire: II ne faut pas intervenir quand il y a une injustice flagrante, ça
ne m'impressionne pas beaucoup.
M. Lachapelle (Lucien): Je n'essaie pas de vous impressionner;
j'essaie de vous donner les arguments de mon client.
M. Marx: L'argument ne m'impressionne pas beaucoup.
M. Lachapelle (Lucien): Non, moi non plus.
M. Marx: Vous dites qu'il y a une injustice flagrante; 85
personnes seront dépouillées de leurs droits et vont perdre 1 500
000 $. Mon collègue me dit qu'il y a peut-être plus que 1 500 000
$ en jeu. Vous dites: Vous ne devez pas intervenir en vertu de principes selon
lesquels il ne faut pas intervenir.
M. Lachapelle (Lucien): Plus que ça. Mon client aura des
droits diminués. Juste ça.
M. Marx: Qu'est-ce que vous allez faire pour les 85 personnes?
Elles n'auront pas de droits du tout, ni d'argent.
M. Lachapelle (Lucien): Je le sais bien, mais puisque vous
êtes "the High Court of the Court", il va dire... (12 h 30)
M. Marx: Cela veut dire...
M. Johnson (Anjou): Qu'on décide.
M. Lachapelle (Lucien): Oui, vous décidez. Ce n'est pas
moi qui décide.
M. Marx: Cela veut dire qu'en fin de compte il faut que quelqu'un
prenne ses responsabilités. S'il y a une injustice, tout est
bloqué partout. Si vous voulez faire une entente avec les 85 personnes,
ce serait excellent. On peut suspendre et vous donner le temps de vous
entendre.
M. Lachapelle (Lucien): Je vais vous en suggérer une
chose. Malgré le texte de l'article 441m du Code civil, les
hypothèques n'auront pas pour effet d'être divisées.
M. Marx: Est-ce que c'est possible...
M. Lachapelle (Lucien): J'attendais que cet argument-là
vienne d'eux, mais je vous dis: Je voudrais, c'est très bien.
M. Marx: D'accord. Est-ce que c'est possible, pour vous et Me
Gagnon, les avocats de la Caisse de dépôt et d'autres personnes
qui sont intéressées, de vous entendre pour que les 85 personnes
qui ont investi plus de 1 500 000 $ soient protégées, que leurs
droits soient protégés et que, le cas échéant,
votre client soit protégé aussi? C'est-à-dire que
l'Assemblée nationale ne veut pas intervenir, mais il ne faut pas nous
forcer à intervenir, non plus. Il ne faut pas nous forcer jusqu'au bout
et qu'on n'ait pas le choix. Si vous nous forcez à prendre nos
responsabilités, on va les prendre. Mais ce serait mieux, je pense, pour
vous et pour les autres personnes impliquées, de vous entendre, le cas
échéant. Si vous êtes tous de bonne foi, peut-être
que ce sera possible.
M. Lachapelle (Lucien): Vous prenez vos responsabilités.
Je prends les miennes aussi et je vous fais mes représentations.
M. Marx: C'est cela. Vous ne pouvez pas vous entendre.
M. Lachapelle (Lucien): Je peux essayer de m'entendre avec lui
sur des points principaux: les effets du dépôt de la
déclaration de copropriété. Je peux essayer.
Le Président (M. Payne): Un instant. M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Me Lachapelle, vous avez parlé des garanties de
vos clients. Est-ce que ce sont des garanties personnelles ou si ce sont les
corporations insolvables qui ont fait les garanties?
M. Lachapelle (Lucien): Les deux. C'est-à-dire que ses
clients sont responsables...
M. Blank: Je ne parle pas de ses clients. Vos clients, M.
Garfinkle et l'autre monsieur, est-ce qu'ils ont donné des garanties
personnelles dans cette affaire?
M. Lachapelle (Lucien): Mes clients ont donné des
garanties personnelles?
M. Blank: Oui.
M. Lachapelle (Lucien): Ils ont des garanties personnelles, mais
ils n'en ont pas donné.
M. Blank: Sur l'hypothèque de 4 000 000 $, ont-ils
donné une garantie personnelle?
M. Lachapelle (Lucien): Ils ont probablement assumé le
prêt de la Caisse de dépôt, mais c'est à peu
près tout. Mais non, ils ne ne sont pas engagés vis-à-vis
d'un tiers. C'est cela que vous voulez savoir?
M. Blank: Non, monsieur. Quand ils ont signé
l'hypothèque, è savoir qu'ils doivent 4 000 000 $ à la
Caisse de dépôt, c'est une compagnie qui a signé?
M. Lachapelle (Lucien): Je ne le pense pas. Il faudrait que je
regarde, mais je pense que c'est personnellement.
M. Blank: C'est cela qui est important. Une voix: II faut
le savoir.
M. Johnson (Anjou): Une garantie personnelle.
M. Blank: Une garantie personnelle. Ces gens-là,
jusqu'à maintenant, d'après les chiffres, ont investi 1 600 000
$.
M. Lachapelle (Lucien): Ces usufruitiers?
M. Blank: Non. Vos clients.
M. Lachapelle (Lucien): Ils ont investi?
M. Blank: Oui.
M. Lachapelle (Lucien): C'est leur argent.
M. Blank: Oui, ils ont investi 1 600 000 $.
M. Lachapelle (Lucien): Qui a investi? Il leur est dû. La
différence entre le montant qu'ils ont payé et le montant qu'ils
ont vendu?
M. Johnson (Anjou): 1 100 000 $.
M. Lachapelle (Lucien): Peut-être, possible.
M. Blank: Oui, et ils ont perçu 1 522 000 $ à ce
jour.
M. Lachapelle (Lucien): C'est possible.
M. Johnson (Anjou): Et le reste, c'est des créances
hypothécaires. C'est cela.
M. Lachapelle (Lucien): C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Et, à la fin, on a 85 usufruitiers
qui, eux, sont dedans pour 1 000 000 $ et quelque.
M. Gagnon (Jean-H.): 1 500 000 $.
M. Johnson (Anjou): 1 500 000 $.
M. Gagnon (Jean-H.): Payés.
M. Johnson (Anjou): Cela ressemble à quelque chose. Je
n'aime pas bien cela.
Une voix: Oui, c'est cela.
M. Johnson (Anjou): Je n'aime pas bien cela, Me Lachapelle, ce
que je vois là. Vous comprendrez pourquoi les députés ici
unanimement sont extrêmement sympathiques à l'idée
défendue par les procureurs des usufruitiers. Quand on additionne cela,
quand on nous décrit les circonstances dans lesquelles ces citoyens des
quatre coins du Québec ont été amenés à
s'engager de cette façon - ils se retrouvent dans une telle situation
après combien d'années? Trois ans, quatre ans, selon le cas -
alors que, pour celles-ci et ceux-là, il s'agissait, dans le fond, de
faire un investissement qui représentait peut-être une garantie de
revenus de retraite. Vous comprendrez que des élus de la population, qui
ont la responsabilité, comme le disait fort bien le député
de D'Arcy McGee, de prendre des décisions en ces matières, quand
ils voient le type d'abus évident, manifeste à sa face
même, avec les chiffres qu'on nous donne, que cela représente,
qu'ils soient fort sympathiques à la cause de ces gens. Dans les
circonstances, je me dis que l'orientation devrait nous amener, nonobstant
certaines difficultés que pose ce projet de loi, la nature du
précédent, par exemple, le problème des causes en
litispendance et il y en a d'autres, des causes de fournisseurs, etc., qui sont
en ce moment...
M. Blank: M. le ministre, il y a un précédent.
Votre gouvernement a déjà adopté un projet de loi pour
aider des personnes dans une situation semblable à Laval.
M. Johnson (Anjou): Disons analogue.
M. Blank: Analogue. Cela veut dire que ce n'est pas la
première fois que l'Assemblée nationale intervient.
M. Johnson (Anjou): Mais, dans ces circonstances, messieurs, si,
à l'égard, notamment, des créanciers et des
inconvénients que cela représente pour le gouvernement de
créer de tels précédents, on vous donnait quelques jours
pour régler le problème entre vous, on pourrait décider
ensuite.
M. Blank: Quelques jours, cela veut dire jusqu'à jeudi
matin?
M. Johnson (Anjou): Jeudi, on pourrait siéger à
nouveau.
M. Lachapelle (Lucien): Nous sommes ici. On peut rester ici et
essayer de s'entendre.
Une voix: Tant mieux.
M. Johnson (Anjou): La Chambre va continuer de siéger
jusqu'à jeudi soir.
M. Blank: Mais il y a une autre façon. On peut adopter le
projet de loi et...
Une voix: C'est cela, "make it over".
M. Blank: ...si cela ne se règle pas, on peut, avec le
consentement de la Chambre, adopter ce qui reste dans dix minutes.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais dans la mesure où il y a des
projets d'amendement qui nous sont soumis à la fois par le premier
créancier hypothécaire et le procureur des usufruitiers, je pense
que l'autre méthode aurait peut-être des chances d'être plus
efficace dans le contexte actuel.
M. Marx: J'ai seulement une petite question à poser.
Le Président (M. Payne): II y a quelques suggestions sur
la table. Un instant! Je vous rappelle que, vu l'heure avancée,
étant donné que la commission doit ajourner ses travaux à
13 heures, nous avons des contraintes très pratiques, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Oui, je suis tout à fait d'accord avec le
ministre pour donner la possibilité aux gens de s'entendre et de
trouver un règlement qui va satisfaire tout le monde et ne va
dépouiller personne de ses droits et de son argent d'une façon
injuste.
Une autre chose, M. le Président. Est-ce que l'avocat du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur est
ici?
M. Johnson (Anjou): Le sous-ministre est là.
M. Marx: J'aimerais entendre, le cas échéant, des
représentants du ministère, s'ils ont quelque chose à
ajouter dans ce dossier. Ils pourraient peut-être aussi être utiles
aux intervenants en ce qui concerne un règlement, une entente, parce
qu'ils ont un point de vue neutre dans ce dossier.
M. Chapdelaine (Claude): M. le Président, mon nom est
Claude Chapdelaine. Je suis sous-ministre au ministère de l'Habitation
et de la Protection du consommateur. Je voudrais rappeler simplement qu'en
1974, lorsque le moratoire a été imposé sur les
conversions en copropriété divise, il y avait quatre motifs. Le
premier, c'était la protection des locataires. Il y avait de très
nombreux locataires à l'époque, particulièrement des
personnes âgées, qui étaient évincés de leur
logement à la suite de conversions en copropriété. On a
encore cela dans le Code civil actuel, le droit pour un propriétaire ou
pour un copropriétaire indivis de reprendre possession de son logement.
La deuxième raison, c'est qu'il y avait beaucoup de plaintes de la part
d'acquéreurs qui se faisaient refiler des logements ou des immeubles en
plus ou moins bon état au point de vue de la structure, du
système électrique, de la plomberie, de l'insonorisation. Parmi
ces acquéreurs, il y avait parfois des propriétaires qui se
sentaient forcés d'acheter leur logement afin de ne pas être
évincés. Il y avait, bien sûr, un impact, parce qu'on
craignait, à l'époque, de voir fondre ou diminuer le parc de
logements locatifs à loyer raisonnable. Finalement, il y avait au moins
50% des copropriétaires qui étaient en conflit juridique soit
avec le convertisseur, soit avec le promoteur ou entre eux. Cela explique,
d'ailleurs, qu'à plusieurs reprises le précédent ministre
de l'Habitation et de la Protection du consommateur a déclaré
que, pour la conversion en copropriété, il n'y aurait pas de
règlement de proposé tant que les articles du Code civil ayant
trait à la copropriété ne seraient pas reformulés,
ce qui est le cas actuellement par un projet de loi, je pense, qui sera
déposé.
Dans le cas qui nous préoccupe, on voudrait donc voir
précisément dans un projet de loi quelles sont les mesures que
l'on prendrait pour contourner les difficultés qui ont été
constatées en 1974 et à de multiples reprises depuis lors. Il
apparaît certain que d'autoriser la conversion en
copropriété divise, dans ce cas-là, pourrait avoir des
effets de plus-value extrêmement exceptionnels puisque, dans le livre
vert qu'il a publié, le ministère propose éventuellement
d'ouvrir la conversion en copropriété, mais de le faire dans
l'optique où on inciterait les locataires en place à acheter leur
logement et dans l'optique où on aurait une réglementation qui
favoriserait la concurrence entre les convertisseurs, donc, pour éviter
un phénomène d'inflation. S'il est facile de convertir en
copropriété, nous pensons que la concurrence et la loi du
marché vont faire qu'il n'y aura pas d'inflation
phénoménale.
Dans le cas qui nous préoccupe, un projet de loi privé,
spécifiquement pour un immeuble, donne possiblement à ces 250
logements une possibilité de plus-value qui peut être absolument
extraordinaire, qui peut se faire soit au détriment des locataires en
place, si on ne prévoit pas des choses ou, peut-être, au
détriment de certains acquéreurs. On est inquiet, on se demande
comment d'éventuels acquéreurs des quelque 180 ou 170 logements
qui seraient à vendre, vont s'inscrire dans ces négociations,
dans ce processus entre les créanciers, propriétaires,
usufruitiers actuels, etc. Alors, voilà pourquoi le ministère
s'oppose à ce projet. Du moins, ce sont les arguments que je voulais
vous faire valoir.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Qu'est-ce que le responsable de la protection du
consommateur pense de tout cela? L'autre partie du ministère? Vous avez
parlé pour l'habitation; maintenant, l'autre partie du
ministère.
M. Chapdelaine: Non, quand je parle des acquéreurs, c'est
sous le chapeau de la protection du consommateur. En fait, déjà
en 1974, des gens ont acquis des logements en copropriété qui
n'étaient pas en bonne condition. Nous prévoyons, lorsqu'un
règlement permettra la conversion en copropriété et par la
loi et par le règlement d'application d'une part, et par le
règlement de conversion, des dispositions qui feront en sorte que
l'acquéreur sera particulièrement bien informé du produit
qu'il achète et des circonstances financières et légales
qui entourent ce produit qu'il achète.
Le Président (M. Payne): M.
Chapdelaine...
M. Marx: Je ne veux pas présumer pour le ministre, mais
les amendements au Code civil ne sont pas pour cette session, possiblement pas
pour la session suivante et
dans le cas où il n'y aurait pas de session suivante - le premier
ministre a même soulevé la possibilité qu'il y aurait des
élections - s'il y a des élections, cela peut aller
jusqu'à l'automne et c'est une autre année sans que cette partie
du Code civil ne soit adoptée. Effectivement, il y a trois ou quatre
chapitres qui seront adoptés en même temps. Il y a la mise en
vigueur, la mise en application de ces chapitres et tout cela. Tout cela pour
dire que cela peut être long avant que tout cela soit adopté et
après cela, avant qu'il y ait la réglementation. On en a
peut-être jusqu'en 1990.
Si j'ai bien compris, vous avez dit que si on adopte le projet de loi
tel quel, qui prévoit des condominiums, les propriétaires
actuels, les compagnies et les deux personnes peuvent faire fortune parce que
la valeur du bâtiment va augmenter considérablement.
Le Président (M. Payne): M.
Chapdelaine. (12 h 45)
M. Chapdelaine: M. le Président, cela nous amène un
peu à savoir qui va payer la note. Si vous avez un immeuble qui vaut 6
000 000 $ et dont la valeur passe à 18 000 000 $ - on a mentionné
14 000 000 $ ou 17 000 000 $ - il va falloir que quelqu'un paie la note quelque
part. Éventuellement, ceux qui paient la note devraient être ceux
qui sont dans cet immeuble. Ceux qui sont dans cet immeuble sont les
locataires, ils sont dehors, les locataires, ce seront de nouveaux venus. C'est
également une optique de protection des locataires, si je peux dire.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Payne): Je voudrais
réitérer qu'il est 12 h 45 et je voudrais que les membres de la
commission m'indiquent de quelle façon ils veulent bien procéder,
s'ils veulent bientôt passer à l'analyse des articles.
M. Blank: J'ai une autre question, M. Chapdelaine. Avec
l'amendement proposé par M. Jean Gagnon, je comprends que la question de
condominium s'applique seulement à ces 85 personnes et que cela ne
touchera pas au reste de la bâtisse.
Le Président (M. Payne): M. le sous-ministre.
M. Chapdelaine: Ce n'est pas très clair pour moi. Vous
dites "le reste de la bâtisse".
Le Président (M. Payne): On est encore dans les
discussions générales.
M. Blank: Oui.
M. Chapdelaine: Je ne peux pas analyser sur place.
M. Johnson (Anjou): Je comprends la préoccupation que vous
évoquez.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je pense que le ministre a fait la suggestion qu'on
permette aux parties de s'entendre et, le cas échéant, qu'on
suspende les travaux de cette commission. De toute façon, la commission
va siéger ce soir et demain probablement. Donc, peut-on demander aux
avocats des parties intéressées de revenir en commission demain
et si nécessaire, on peut...
Le Président (M. Payne): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, dans le fond, il faut
revenir à l'essentiel dans ces choses. L'essentiel, c'est qu'il y a un
immeuble et qu'il y a une transaction autour de laquelle 85 ou 90 personnes se
retrouvent le bec à l'eau, à toutes fins utiles.
Deuxièmement, à l'origine, des investissements par deux personnes
qui sont inférieurs au montant qui a été versé par
les 85 autres. C'est une situation d'équilibre, finalement, entre deux
groupes. L'un, promoteur financier et immobilier, l'autre, citoyen qui pensait
se garantir des revenus de retraite - de bonne foi - dans un contexte qui nous
a été décrit comme étant quasiment dolosif. Nous
savons que la solution que nous présente le projet de loi -il faudra
revoir ce qu'impliqueraient les amendements à ce projet de loi et ce que
nous ferons ici immédiatement - comporte, nous en sommes conscients, des
inconvénients à l'égard du ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur. Mais cette cohérence
administrative qui est recherchée dans un dossier ne nous empêche
pas, quant à nous comme députés, d'être conscients
que nous avons là un problème à régler. Je pense
que tous les membres de la commission seraient heureux de constater que les
parties puissent s'entendre d'ici à demain sur une solution et
n'obligent pas les membres de la commission parlementaire à prendre une
décision qui n'est pas sans conséquence pour les uns comme pour
les autres, ni sans être un accroc à la cohérence que
recherche le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur dans ses politiques en matière d'habitation. Je crois que
les trois parties en l'occurrence ont avantage à trouver une solution
d'ici à demain puisque nous reverrons l'ensemble des projets
d'amendement. Tout en étant sympathiques à la cause des 85
usufruitiers, nous avons aussi un certain nombre de limites quant à ce
que
nous pouvons faire. Je rappellerai cette phrase d'un vieux juriste du
début du siècle qui disait - et dans la mesure où nous
considérons ici que c'est le plus haut tribunal en matière de
droit civil, pour reprendre l'expression du député de D'Arcy
McGee - le plus mauvais règlement hors cour est le meilleur des
règlements à côté du meilleur règlement en
cour. Je vous suggère de faire, messieurs, le plus mauvais
règlement hors cour, avant que le Parlement ne soit obligé
d'intervenir.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, puis-je seulement
enchaîner sur ce que M. le ministre a dit et ajouter que si les parties
s'entendent et si c'est nécessaire d'encadrer cette entente dans un
projet de loi, nous serons prêts à prendre les mesures
nécessaires cette semaine, et adopter un projet de loi qui encadrera
cette entente?
M. Lachapelle (Lucien): Revenez-vous ce soir?
M. Blank: Demain matin.
M. Johnson (Anjou): Ce sera demain.
Le Président (M. Payne): Pour le moment, il y a
consentement, si je comprends bien, que l'étude de ce projet de loi soit
suspendue.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. M. Blank: Oui.
Le Président (M. Payne): La commission suspendrait ses
travaux pour d'autres études jusqu'à 20 heures.
M. Marx: Ce soir, c'est cela.
Le Président (M. Payne): C'est entendu.
M. Johnson (Anjou): Par ailleurs, à l'égard des
pourparlers que pourraient avoir les parties impliquées dans ce projet
de loi, nous pourrions probablement revenir demain.
Le Président (M. Payne): À ce moment-là,
cela prendrait la forme d'un consensus hors de la commission parlementaire pour
un possible rappel à une date ultérieure.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. M. Marx: Adopté.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Le Président (M. Payne):
Adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Payne): La commission est ajournée
sine die.
M. Blank: Non pas sine die, elle est suspendue jusqu'à 20
heures.
Le Président (M. Payne): La commission est suspendue
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise à 20 h 25)
Projet de loi 15
Le Président (M. Blank): Nous reprenons nos travaux et
notre mandat est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 15, Loi modifiant diverses
dispositions législatives.
Le secrétaire va annoncer les changements des membres de cette
commission.
Le Secrétaire: M. Levesque (Bonaventure) est
remplacé par M. Ryan (Argenteuil), M. Mailloux (Charlevoix) est
remplacé par M. Leduc (Saint-Laurent). C'est tout.
Le Président (M. Blank): Nous allons procéder
à l'étude du projet de loi. À quel article
sommes-nous?
Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel
M. Bérubé: Si je ne me trompe, M. le
Président, nous commençons avec l'article 17. C'est avec le plus
profond regret, M. le Président, que j'ai dû quitter une
célébration où nous chantions des cantiques de Noël.
Cela m'étonne, d'ailleurs, que le député d'Argenteuil
n'ait pas été avec nous. Je suis convaincu qu'il aurait pu
contribuer, avec l'ex-ministre de l'Éducation, le député
de Bourget, à quelques cantiques particulièrement bien choisis,
dans un ton d'amitié et d'amour qui caractérise bien la
période des fêtes.
Mais, M. le Président, nous devons revenir à l'article 17
qui porte...
M. Ryan: Le député de Bourget est encore à
l'art baroquel
M. Bérubé: ...sur la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel. On me suggère de
recommander un amendement à l'article proposé. Je vous le lis:
L'article 6... Non, je ne vous lirai pas l'article 17, puisque vous l'avez
tous. Je vous lirai, cependant, l'amendement: Remplacer, dans la
deuxième ligne du deuxième alinéa, le mot
"louer" par les mots "prendre en location". Je suppose que "louer"
pouvait vouloir dire "louange", sans doute. Enfin, on a suggéré
les mots "prendre en location" qui sont peut-être un peu plus clairs.
Je me référerai, cependant, au texte comme tel de
l'article qui représentait, quand même, un amendement à la
loi actuelle. Il est proposé pour la raison très simple
qu'à l'heure actuelle il faut procéder par décret
gouvernemental pour tous les transferts d'actifs auxquels est impliqué
un collège et ceci représente une démarche administrative
complexe beaucoup trop longue. Ce que nous proposons à la place, c'est
que ce soit approuvé directement par le ministre; je pense que cela
permettra une opérationnalisation plus facile des transactions
immobilières impliquant les collèges.
C'est le sens précis de l'amendement qui était
proposé initialement. Les juristes me suggèrent de remplacer le
mot "louer" par les mots "prendre en location". Je ne chercherai absolument pas
à justifier un tel amendement, en présumant que l'Opposition, de
toute façon, en a saisi la substantifique moelle et que, par
conséquent, elle est d'accord. Je devine, à l'éclair
d'intelligence qui illumine le regard du député de Saint-Laurent,
que mon propos est absolument inattaquable.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: Tout ce qu'on peut dire, n'est-ce
pas?
Une voix: C'est effrayant de dire des conneries semblables!
M. Ryan: Je ne sais pas si on se comprend bien. Le texte actuel
de l'article 17, à l'endroit où le gouvernement voudrait le
modifier, dit qu'un collège ne peut faire certaines opérations
"sauf a l'intérieur des limites financières fixées par
règlement". Ce n'est pas écrit "sauf sur approbation du
gouvernement"; c'est écrit: "sauf à l'intérieur des
limites financières fixées par règlement". On voudrait
remplacer cela par "sauf sur autorisation du ministre". Il y a un changement,
ce n'est pas ce que le ministre vient de présenter. Il nous dit que
c'est soumis à l'approbation du gouvernement, alors que c'est
supposé être "à l'intérieur des limites
financières fixées par règlement".
Je voudrais demander ceci au ministre. D'abord, est-ce qu'il pourrait
nous donner le texte des règlements en question, s'il y en a?
Deuxièmement, qu'est-ce qu'il arrive de ces règlements, avec
l'amendement qu'il propose?
M. Bérubé: Vous allez répondre,
certainement.
M. Ryan: Oui, je présume.
M. Bérubé: Ce serait plus simple que de me le
chuchoter à l'oreille...
M. Ryan: Je le suppose bien.
M. Bérubé: ...pour qu'après je puisse le
répéter.
M. Ryan: Oui, cela paraîtrait trop.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas une question de
paraître, mais dans la mesure où...
M. Ryan: C'est un peu moins prétentieux quand arrive la
réponse.
M. Bérubé: ...le député d'Argentueil
m'a posé une question technique, je vais laisser le conseiller juridique
répondre à ma place.
M. Ryan: Oui, c'est mieux.
Le Président (M. Blank): Voulez-vous donner votre nom pour
le Journal des débats?
M. Lavoie (Marc-André): Marc-André Lavoie, du
service juridique de l'Éducation. Le règlement permettait...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de ce
règlement-là, M. Lavoie?
M. Lavoie: Si je puis le trouver dans le dossier. Le
règlement permettait de procéder à des locations
jusqu'à 100 000 $ par année, à même le budget. Cela
faisait un deuxième contrôle parce que le règlement disait:
Un collège d'enseignement général et professionnel peut
louer un immeuble sans l'autorisation du gouvernement, lorsque, calculés
sur une base annuelle, le montant du loyer et les frais afférents
à ce montant sont inférieurs à 100 000 $, à
l'exclusion du coût des clauses d'indexation, etc."
Il y a déjà un premier contrôle exercé.
L'enveloppe est annuellement prévue lors de la préparation de la
programmation budgétaire au ministère de l'Éducation et
est soumise à l'approbation du Conseil du trésor. Il y a
déjà un premier contrôle. À la fin d'une
année budgétaire, les états financiers des collèges
sont vérifiés. Il y a donc un autre contrôle. Il est donc
inutile, d'après nous - on le dis humblement - de soumettre au
gouvernement une demande d'autorisation pour louer et la même chose dans
cette façon de procéder vu qu'il y a déjà un
premier contrôle. C'est un autre contrôle
supplémentaire.
M. Ryan: Si je comprends bien, pour un loyer inférieur
à 100 000 $ par année ou d'une valeur totale inférieure
à 300 000 $, il n'y a pas besoin d'autorisation de quiconque.
M. Lavoie: Actuellement, on passe un décret à ce
moment-là. Excusez-moi, il n'y en a pas besoin.
M. Ryan: Je vais vous donner mon opinion. Je veux savoir si c'est
bien la situation.
M. Chaussé (Pierre): Pierre Chaussé, Direction
générale de l'enseignement collégial. Le règlement
que nous avons actuellement permet, comme vous le mentionniez, des transactions
de 100 000 $ par année pour un maximum de 300 000 $ par année,
sans pour ça qu'on ait de décret, seulement avec l'autorisation
du ministre ou avec une délégation, bien sûr, de signature
du ministre. Ce que nous voulons maintenant, sur le plan administratif, c'est
hâter les procédures et éliminer cette limite, ce qui
permettrait au ministre d'autoriser les locations, sans pour ça aller
chercher un décret chaque fois, indépendamment ici de la limite
de 100 000 $.
M. Ryan: Voulez-vous me rappeler encore une fois, pour que ce
soit clair dans mon esprit, si, pour un loyer inférieur à 100 000
$, ça prend l'autorisation du gouvernement ou du ministre
actuellement?
M. Chaussé: Non, monsieur. M. Ryan: Pas du tout?
M. Chaussé: Non. Ça ne prend pas l'autorisation du
gouvernement quoique nous devons prévoir, dans la programmation
budgétaire, le programme 05, dans nos crédits, les locations que
nous allons faire durant l'année à cause des fluctuations de
clientèles et autres. Cette prévision est approuvée, bien
sûr, par le Conseil du trésor à l'intérieur de
l'enveloppe 05. Par la suite, des contrôles se font tant au niveau de
l'administration de l'unité d'ordre collégial qu'au niveau du
Conseil du trésor. Si nous n'utilisons pas la totalité des sommes
que nous avons prévues, elles retournent au Trésor. Comme je le
mentionnais, si c'est en bas de 100 000 $, on n'est pas obligé d'aller
chercher un décret. Si ça dépasse 100 000 $, on est
obligé d'aller chercher un décret. Même si c'est
déjà prévu dans notre enveloppe, même si c'est
déjà prévu dans notre programme, nous sommes
obligés de suivre la procédure et d'aller jusqu'au Conseil des
ministres pour chercher un décret. Ce que nous voulons éviter
ici, c'est les délais administratifs parce que les contrôles vont
être sensiblement les mêmes.
M. Ryan: Mon souci, c'est le suivant: Je me dis qu'en bas de 100
000 $ il y a une latitude laissée aux collèges.
M. Chaussé: Exact.
M. Ryan: Si vous nous disiez dans l'amendement qui est
proposé: Nous leur laissons cette latitude-là, mais pour les
montants supérieurs à cela, nous voudrions que ce soit le
consentement du ministre plutôt que du gouvernement. Je ne sais pas
jusqu'où cela peut aller. Vous autres, vous voulez qu'il n'y ait pas de
limite, que ce soit le ministre, un point c'est tout, quelle que soit la valeur
du loyer.
M. Chaussé: C'est exact, parce que la majorité de
nos loyers, il y en a plusieurs d'ailleurs qui excèdent 100 000 $ et
sont des... On peut parler, par exemple, de location d'immeuble sur une base de
20 ans ou 25 ans à des montants qui excèdent de beaucoup le
montant de 100 000 $. Cela devient récurrent d'année en
année et, chaque année, on est obligé d'aller chercher un
décret ou encore... De toute façon, on le met à
l'intérieur de notre programme budgétaire.
M. Bérubé: ...M. le Président, en indiquant
que la préoccupation du député d'Argenteuil vient de ce
que le montant de 100 000 $ qui sert de balise n'est pas inscrit nulle part
dans la loi.
M. Ryan: Non, ce n'est pas cela. M. Bérubé:
Non?
M. Ryan: Il est inscrit dans la loi. C'est compris dans
l'alinéa qu'on veut modifier. Je n'ai pas de problème avec
celui-là.
M. Bérubé: II n'y a pas de 100 000 $.
M. Ryan: Mon problème est le suivant, M. le ministre.
M. Bérubé: Il n'y a pas de référence
à 100 000 $.
M. Ryan: Sauf à l'intérieur des limites
financières fixées par règlement.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Ryan: Cela fait mon affaire. Il n'y a pas de problème
là-dessus.
M. Bérubé: D'accord. Je croyais que c'était
cela qui était votre problème.
M. Ryan: Ma difficulté est la suivante. C'est que je me
dis: II y a une marge de
manoeuvre en bas de 100 000 $ qui est laissée par le
règlement et, par l'amendement qu'on apporte, on la fait sauter. Par
conséquent, on risque d'accroître la dépendance des
institutions vis-à-vis du ministre, alors que c'est plutôt le
contraire qu'on semble viser par le règlement. On veut simplifier et
alléger les procédures. Pour les baux de moindre importance, ceux
d'une valeur inférieure à 100 000 $, on va l'accroître par
rapport à ce qui existe aujourd'hui. Je dis qu'à ce
moment-là, l'argument de simplification et d'allégement ne vaut
pas. Vous me dites qu'il n'y a pas beaucoup de ces cas-là, que la
majorité des cas représentent une valeur supérieure
à 100 000 $.
M. Chaussé: Si vous me le permettez. Actuellement, tout ce
qui est en bas de 100 000 $, c'est réglé à
l'intérieur même de l'unité administrative. On accepte ou
on refuse selon les besoins, après examen des demandes que nous font les
collèges. Par ailleurs, si cela dépasse 100 000 $, actuellement
le collège a une contrainte. C'est qu'il est obligé d'attendre
qu'on aille chercher un décret au Conseil des ministres. Ce qu'on dit
ici, c'est qu'on ferait disparaître la balise de 100 000 $. En fin de
compte, on ne mettrait pas de montant, quel qu'il soit, et toute location
pourrait être faite et on pourrait, sur le plan administratif, gagner du
temps en n'allant pas au Conseil des ministres puisque, déjà, ces
sommes-là sont prévues dans nos enveloppes, sont
vérifiées au niveau du Conseil du trésor et sont
vérifiées une seconde fois au niveau des états financiers.
C'est strictement pour gagner du temps. Ici on gagne du temps pour tout ce qui
est en bas de 100 000 $, là on veut gagner du temps pour ce qui est en
haut de 100 000 $.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président.
M. Bérubé: M. le Président, j'ai
peut-être deviné. Enfin, j'essaie de deviner la
préoccupation du député d'Argenteuil; je ne suis pas
sûr que je la comprends exactement. Tel que je comprends la loi actuelle
en ce qui a trait à des acquisitions, des constructions, des
agrandissements, il faut procéder par autorisation du gouvernement, mais
c'est en ce qui a trait à des locations inférieures à 100
000 $ que l'on procède à ce moment-là par autorisation du
ministre plutôt que par autorisation du gouvernement.
M. Ryan: Je comprends bien cela. Évidemment, c'est l'objet
même de la discussion.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Laurent veut-il ajouter quelque chose?
M. Ryan: Le point de fond, M. le ministre, c'est qu'en bas de 100
000 $ actuellement, en vertu du règlement, je vous dis d'abord que j'ai
une préférence pour un contrôle par un règlement
objectif plutôt que par une décision ministérielle à
chaque coût. En principe, il me semble que c'est
préférable, quand le ministère traite avec des
institutions, que ce soit balisé par des règlements qui
garantissent l'objectivité des décisions et aussi la
responsabilité de chaque partie qui est impliquée dans une
décision. J'essaie de comprendre pourquoi on veut résoudre un
problème que je comprends, celui des décisions impliquant des
sommes supérieures à 100 000 $. Je comprends cela et je suis
prêt à l'examiner, mais je comprends moins bien pourquoi on va
éliminer la latitude qui existe actuellement. Pourquoi ne laisse-t-on
pas celle-là?
M. Chaussé: Dans mon esprit, en éliminant la balise
pécuniaire ici, c'est qu'on permet à l'ensemble des
collèges qui veulent des locaux ou veulent louer des locaux,
indépendamment du montant, de le faire après contrôle au
niveau de l'unité gouvernementale sans aller chercher un décret,
quel que soit le montant.
M. Ryan: Vous ne répondez pas à ma question, M.
Lavoie. En bas de 100 000 $, on n'a pas besoin de décret.
M. Chaussé: Présentement, il n'en a pas besoin.
M. Ryan: Et puis là, il va y avoir besoin d'une
décision du ministre. Par conséquent, vous ajoutez une contrainte
nouvelle.
M. Chaussé: Présentement, on est obligé
d'aller chercher une autorisation du ministre si on loue en bas de 100 000
$.
M. Ryan: Par le jeu des règles budgétaires.
M. Chaussé: Je pense, M. le Président, que...
M. Ryan: Juste une minute, si vous me le permettez. Relisez
avant, je ne suis pas pressé.
M. Bérubé: Je pense, M. le Président, que le
problème, dans le fond, est quand même relativement simple.
À l'heure actuelle, il faut demander une autorisation
du ministre pour les locations qui excèdent la valeur plancher
prévue par règlement. Ce que nous disons, maintenant, c'est que
nous enlevons l'obligation de demander au ministre une autorisation lorsqu'il y
a des locations. Nous enlevons ce plancher, et je le comprends ainsi, parce que
nous estimons que, simplement par l'encadrement budgétaire
général au niveau collégial, il n'est pas
nécessaire d'ajouter un contrôle ministériel, dans le fond,
a la location comme telle.
Donc, ce que nous disons, c'est qu'il n'est pas nécessaire de
soumettre les locations qui excèdent, par exemple, le plancher de 100
000 $ à l'approbation ministérielle dans la mesure où nous
avons approuvé le budget global. C'est cela, l'idée et c'est pour
cela que c'est, en fait, avec une certaine confiance qu'on retire du
contrôle gouvernemental ces locations dans la mesure où le budget
général du collège fait en sorte que l'administration va
finalement respecter les contraintes auxquelles elle est soumise. Par
conséquent, elle n'a pas besoin de demander une autorisation
ministérielle. Nous supprimons toute autorisation gouvernementale ou
ministérielle en ce qui a trait aux locations.
M. Chaussé: Quel que soit le montant.
M. Lavoie: Parce qu'en vertu de l'enveloppe budgétaire, il
fallait quand même l'autorisation du ministre via ses fonctionnaires pour
la programmation budgétaire et, à la fin de l'année
budgétaire, les états financiers des collèges sont
vérifiés. Il y a donc un nouveau contrôle. Il y avait un
contrôle, d'une certaine façon, par le ministre. Alors, on
supprime le plancher de 100 000 $; donc, c'est le ministre qui va le donner
officiellement par la loi au lieu que cela se fasse uniquement par la
programmation budgétaire.
M. Ryan: C'est d'accord, cela va. Maintenant, il n'y aura plus de
plafond du tout.
M. Chaussé: Il n'y a pas de plafond comme tel,
actuellement, mais je pense qu'au niveau des fonctionnaires, si on a à
faire face à une demande de montants très, très
élevés pour une période extrêmement longue, je pense
qu'il y a une prudence qui s'exerce et, à ce moment, on ira chercher
quand même des avis juridiques comme on le fait actuellement. S'il y a
lieu, on peut toujours revenir devant le Conseil des ministres si on a besoin
d'un décret dans des cas très particuliers parce que les articles
font état, par exemple, de cession de terrains, de cession d'immeubles.
Il faudra, à ce moment, quand même aller chercher des
décrets. Ici, on ne touche strictement que les locations qui
représentent quand même une part du budget qui est minime.
M. Ryan: Vous ne trouvez pas que ce serait plus prudent de
prévoir un plafond au-delà duquel cela devrait être le
gouvernement?
M. Chaussé: Actuellement, on a vérifié au
niveau des affaires sociales, au niveau de l'Université du Québec
et il n'y a pas de plafond comme tel.
M. Ryan: Non.
M. Chaussé: Les suggestions que nous avons eues des
conseillers juridiques tant du ministère que du ministère de la
Justice, pour autant que je sache, c'était de ne pas mettre de plafond
parce que de toute façon, cela sera contrôlé au niveau de
l'enveloppe budgétaire qui, elle, lors de l'étude des
crédits, passe devant les parlementaires de même que lors de
l'examen des états financiers.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'amendement est
adopté? M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, j'aurais
nettement préféré un montant, d'autant plus que dans
beaucoup de cas le montant ne veut rien dire. Cela dépend de la
période. Si vous louez, je ne sais pas, un édifice à 100
000 $ pour un an et à 100 000 $ pour cinq ans, il y a toute la
différence au monde. Cela me semble assez, je dirais, cocasse. J'accepte
assez mal qu'on s'en remette à un chiffre absolu, critique. Je pense que
cela devrait fonctionner ou on devrait considérer le montant à
l'intérieur d'une année financière. (20 h 45)
Je le répète, s'il y a une location de 100 000 $ pour un
an, c'est peut-être, dans certains cas, très cher et 200 000 $
pour cinq ans, c'est peut-être très bon marché. Cela me
semble être une règle qui ne veut à peu près rien
dire si on ne tient pas compte de la période de location. Je pense qu'on
devrait mettre, et un montant, et puis un terme, pour la période en
cours, pour l'année financière; sans cela, je dirais que c'est
mettre du texte qui ne veut absolument rien dire.
M. Chaussé: Par exemple, si on loue l'emplacement d'un
collège complet, je pense au Collège John Abbott ou au
collège de La Pocatière, ce sont des locations où on a
loué tous les édifices d'une communauté religieuse ou d'un
organisme public. Je pense que les universités peuvent être
considérées comme des organismes publics, comme tels. À ce
moment là, même si je mets 1 000 000 $ ou 2 000 000 $, si je mets
une limite, il va
falloir que j'aille chercher un décret, chaque année, pour
ce montant. En fait, cela représente peut-être quelques millions,
mais la garantie qui est donnée aux parlementaires est dans
l'approbation des crédits et dans la vérification et le
contrôle, au niveau des états financiers, à tous les ans
et, bien sûr, par les vérificateurs internes des institutions et
les vérificateurs du gouvernement, également.
M. Leduc (Saint-Laurent): Quand vous aviez un plancher,
c'est-à-dire quand le montant critique était de 100 000 $, est-ce
que vous teniez compte de la période de location?
M. Chaussé: Compte tenu du fait qu'on parlait de 100 000 $
- et c'est très récent, c'est en 1984 qu'on s'est donné un
règlement à 100 000 $ - ce règlement, au tout
début, ne devait pas avoir de plancher. Nous avons cru qu'il serait bon
de remettre le plancher, nous avons expérimenté cela pendant un
an ou presque et on se rend compte, aujourd'hui, que le plancher ne veut rien
dire. On est encore obligé de faire des décrets et, très
souvent, nous présentons des documents au gouvernement, là
où les collèges ont dû, dans certains cas, procéder
à des locations, de bonne foi, pour répondre à des
clientèles surtout, ces temps-ci, qui sont des clientèles
additionnelles allant en augmentant; on ne fait qu'entériner des choses
vécues.
Le Président (M. Blank): II y a quelqu'un d'autre qui a
des questions?
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
essayer de comprendre le sens de l'intervention de l'Opposition. Ce que nous
faisons, c'est que nous supprimons le concept de location du concept auquel on
fait référence dans la loi actuelle, lorsqu'il s'agit de demander
une autorisation ministérielle ou gouvernementale. Nous la retirons
purement et simplement. Pourquoi retirons-nous cette référence
à la location? Parce que nous estimons qu'une administration scolaire
qui a un budget, normalement, est capable de poser des gestes administratifs
classiques, sans avoir perpétuellement le contrôle direct d'une
administration publique. Il y a des gens nommés au conseil
d'administration et, par conséquent, on présume que
l'administration du collège peut poser de tels gestes de façon
intelligente. Évidemment, c'est un postulat. C'est un postulat qui nous
amène à présumer de l'intelligence générale
des Québécois. Disons que nous posons en hypothèse le
postulat. C'est pour cela que j'essaie de comprendre pour voir si c'est le
postulat inverse que fait l'Opposition. Nous constatons que, en ce qui a trait
aux universités, elles ne posent pas de questions de ce type, à
savoir si elles doivent obtenir l'autorisation du ministre ou du gouvernement
quand il s'agit de louer des équipements additionnels. De la même
façon, dans le domaine des affaires sociales, nous ne nous posons pas la
question. Alors, je présume que, si on devait restreindre le postulat
que fait l'Opposition, lorsqu'on fait l'hypothèse que les
Québécois sont incapables de poser de tels gestes de façon
un peu raisonnable, cela ne s'applique qu'à ceux qui dirigent les
collèges d'enseignement général et professionnel du
Québec car, dans les autres lois du Québec, on a
déjà fait sauter cette restriction et on permet aux institutions
de procéder à des locations, sans avoir à demander
l'autorisation ministérielle ou gouvernementale. J'essaie de comprendre,
dans le fond, quelle est la préoccupation de l'Opposition
libérale. Est-ce que c'est une préoccupation concernant la
capacité des autorités collégiales à poser de tels
gestes?
M. Ryan: Non. Je vais vous l'expliquer. Ce que nous voulons
éviter, c'est que les institutions tombent dans un état de
dépendance trop grand vis-à-vis du ministre. C'est que,
justement, nous leur faisons confiance. Nous ne voulons pas que l'obligation de
s'astreindre à des permissions du ministre aille jusque dans les
détails. C'est pour cela que nous insistons sur ce point. Pour illustrer
ma pensée, M. le ministre, je dois vous dire, encore une fois, parce
qu'on essaie de se comprendre que si c'était écrit au
troisième alinéa que vous proposez - et c'est à titre
hypothétique que je dis cela, je n'en fais pas l'objet d'un amendement
pour le moment, si c'était écrit - il ne peut, en outre, exercer
les pouvoirs mentionnés aux paragraphes b à e du premier
alinéa, ni prendre en location un immeuble, ni établir une
servitude sur un de ses immeubles sans l'autorisation du ministre, sauf s'il
s'agit d'une transaction impliquant une somme de 100 000 $ ou moins, cela
ferait mieux mon affaire, je serais favorable à l'amendement que vous
proposez. Mais, c'est que là, on va perdre cet élément.
Vous me dites: On le récupère par le jeu des règles
budgétaires. Je comprends très bien cela.
M. Bérubé: Je saisis mal, M. le
Président.
M. Ryan: Je vais vous l'expliquer de nouveau. Je vais essayer. Si
c'était écrit comme ceci, par exemple: II ne peut, en outre - je
prends le troisième alinéa - il ne peut en outre...
M. Bérubé: Je vais prendre le troisième
alinéa de la loi actuelle?
M. Ryan: Du texte proposé. Du texte
que vous proposez.
Il ne peut, en outre, exercer les pouvoirs mentionnés aux
paragraphes b à e du premier alinéa, ni louer un immeuble, ni
prendre en location un immeuble, ni établir une servitude sur un de ses
immeubles sans l'autorisation du ministre, à moins qu'il ne s'agisse
d'une transaction impliquant une somme de 100 000 $ ou moins. Là, on
préserverait ce que l'on a actuellement et on obtient
l'élargissement qui est demandé pour le reste.
M. Lavoie: Si vous permettez, M. Ryan.
M. Ryan: Oui, mais je ne sais pas si on s'est compris, M. le
ministre et moi, si vous me permettez. Si on se comprend sur ce qu'on veut
dire, cela va déjà être énorme.
M. Bérubé: Je comprends que, antérieurement,
il y avait une réglementation qui régissait tout ce qui avait
trait à la location. Je comprends également que désormais,
nous soustrayons la location de l'obligation de réglementation et, par
conséquent, nous donnons une plus grande autonomie aux
collèges.
Toutefois, ce que nous disons, c'est qu'un collège ne peut pas
louer un immeuble sans l'autorisation du ministre. J'essaie de comprendre, je
présume que l'obligation réglementaire que nous venons de
supprimer, vous voudriez également qu'on l'étende à tout
contrôle ministériel de quelque nature que ce soit.
M. Ryan: Ce que nous disons, nous - et cela est une
vérité de La Palice, me semble-t-il, dans le domaine politique -
c'est que la meilleure façon de contrôler l'arbitraire du
ministre, c'est de soumettre ses actes à une réglementation.
C'est pour cela qu'on édicte des règlements. C'est pour baliser
les interventions décisionnelles du ministre. Là, vous faites
disparaître le règlement. C'est cela que je comprends. Alors, vous
donnez tout le contrôle au ministre. C'est une manière de
concevoir l'autonomie des collèges. Je ne la conçois pas comme
cela, en principe, en tout cas. Je suis bien prêt à essayer de
faire mon bout de chemin pour comprendre dans ce cas-ci, mais j'aimerais me
comprendre avec lui pour une fois, car c'est très difficile. Il me
semble que ce sont des choses, des concepts de base qu'en tout cas tout le
monde connaît, qu'on n'invente pas.
M. Chaussé: Durant les dix dernières années
d'expérience où nous avons dû soumettre des contrats de
location au Conseil des ministres, à ma connaissance, aucun n'a
été refusé. Finalement, cela devenait, ni plus ni moins,
une estampille.
M. Ryan: Ce n'est pas cela... Je comprends très bien cette
partie de votre argumentations, mais si on peut se comprendre tous les deux sur
les concepts...
M. Bérubé: Je comprends, je pense qu'on se
comprend.
M. Ryan: Oui, oui. À part de cela, il n'y a pas de
problème. Je suis prêt à aller assez loin de ce
côté. Si vous me dites que c'est la pratique qui est suivie dans
le domaine des institutions sociales, avec les universités, avec les
commissions scolaires aussi, à ce moment-là, je ne veux pas qu'on
fasse un régime spécialement restrictif pour les collèges,
au contraire.
M. Bérubé: En fait, ce que je comprends, M. le
Président, c'est que dans les lois concernant les institutions des
affaires sociales et les lois concernant les commissions scolaires, on a
supprimé le contrôle par le gouvernement, par voie
réglementaire et on a introduit un contrôle ministériel
plus souple, qui, généralement, se fait de façon plus
automatique. C'est ce qui existe présentement, c'est-à-dire qu'il
maintient une certaine responsabilité générale de
l'État sauf qu'il la fait transiter à travers, disons, une
procédure d'autorisation qui est plus souple.
Je comprends également que l'intervention du député
d'Argenteuil va dans le sens suivant. Puisque vous avez supprimé
l'intervention réglementaire, pourquoi ne supprimez-vous pas
l'intervention ministérielle? L'intervention ministérielle?
Une voix: Non.
M. Ryan: Comme c'est difficile de se comprendrel Au contraire, je
sais, M. le ministre, que, si on supprime l'intervention réglementaire,
il faut maintenir l'intervention ministérielle. C'est évident. Je
suis tout à fait d'accord; quand vous dites que vous ne voulez pas aller
devant le Conseil des ministres pour tous ces genres de décisions, je
comprends cela très bien aussi et j'essaie de vous faciliter les choses.
Mais ce qui me satisferait pleinement - si vous ne voulez pas, vous voterez
contre cela et cela va finir là - c'est, s'il y avait moyen de le faire,
de préserver cette marge, ce plancher d'autonomie défini par le
montant de 100 000 $ par année qui était dans votre
règlement de l'année passée. Cela ne fait pas longtemps.
Je ne vous parle pas de choses préhistoriques. À ce
moment-là, tout le monde serait content. Je comprends très bien
votre souci. Je suis prêt à voter pour cela, à condition
qu'on essaie de nous donner satisfaction sur ce point. C'est tout. Je vous le
dis d'autant plus librement que, lorsque je suis venu ici, je ne connaissais
pas le texte
du règlement.
M. Chaussé: À toutes fins utiles, le but ultime,
c'est de faire sauter tous les planchers et de permettre à une
unité administrative d'accepter ou de refuser la demande d'un
collège en fonction réellement d'une analyse faite de ses
besoins.
M. Ryan: Cela va plus loin que ce que je suis prêt à
concevoir. Ce plancher, je ne le haïssais pas.
M. Lavoie: Me permettez-vous, M. Ryan, un certain
parallèle?
M. Ryan: Oui.
M. Lavoie: Ce n'est pas un précédent qui serait
créé, parce qu'en vertu de l'article 213 de la Loi sur
l'instruction publique les corporations scolaires peuvent procéder
à la location d'un immeuble sans l'autorisation du gouvernement, en
ayant celle du ministre. Cela existe déjà dans la Loi sur
l'instruction publique. Si on prend les universités comme
l'Université Laval, l'Université de Montréal, ainsi que
l'Université du Québec, qui sont des corporations au sens du Code
civil, elles peuvent exercer les pouvoirs généraux des
corporations en outre des pouvoirs spéciaux qui leur sont
accordés par leur loi constitutive et, concernant les locations, elles
ont pleins pouvoirs et elles ne sont assujetties à aucune demande
d'autorisation. De plus, en vertu de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux (chapitre S-5), les établissements n'ont pas besoin
de l'autorisation du gouvernement pour la signature de baux, mais,
conformément à un décret et à la décision du
Conseil du trésor, les conseils régionaux de la santé et
des services sociaux se voient confier la gestion de la location d'espaces de
ces établissements. En somme, le gouvernement n'exerce plus de
contrôle.
Ce n'est pas un précédent qu'on crée actuellement,
c'est l'idée d'enlever le plancher en question, alors qu'il y a
déjà contrôle par le ministre en vertu des règles
budgétaires avant et après le début de l'année
financière. Là, on se dit: Voici, ce serait suffisant. Il y
aurait peut-être une deuxième autorisation du ministre
officiellement, plus officiellement encore qu'avec les règles
budgétaires. Cette deuxième autorisation du ministre ne serait
même pas nécessaire. C'est le sens du papillon qui a
été proposé: si le collège le prend en
location.
Une voix: C'est location.
M. Lavoie: C'est-à-dire le donne en location.
M. Chaussé: Si un collège décide de louer
certains espaces qu'il a, il n'est pas obligé de demander l'autorisation
gouvernementale. Par ailleurs, nous limitons dans un sens les collèges
au niveau des enveloppes budgétaires, lesquelles sont établies
selon des prévisions et approuvées lors de la présentation
des crédits.
M. Lavoie: En vertu du papillon qui est présenté,
il n'aurait même pas besoin de l'autorisation du ministre s'il donnait en
location; c'est seulement s'il prend en location.
M. Chaussé: Avant l'amendement de l'année
dernière, chaque fois qu'un collège voulait "louer de" ou "louer
à", quel que soit le montant, il fallait aller chercher un
décret.
M. Ryan: Une question. Pourquoi aviez- vous mis ce plancher de
100 000 $, il y a à peine un an? En février 1984, cela ne fait
même pas un an. Pourquoi aviez-vous mis cela là? Pourquoi n'est-ce
plus bon aujourd'hui alors que cela l'était le 15 février
1984?
M. Chaussé: D'accord. Nous ne voulions pas mettre de
plancher, mais nous avons voulu, jusqu'à un certain point, faire quand
même une expérience et ne pas ouvrir la porte trop vite, ni trop
grande. On voulait voir si, oui ou non, l'expérience serait
probante.
M. Bérubé: Ah! de toute façon, je pense que
j'ai la clef.
M. Ryan: On va écouter cela.
M. Bérubé: En fait, antérieurement, tout ce
qui était en bas de 100 000 $ n'était pas assujetti au
contrôle du gouvernement. Les montants de plus de 100 000 $
étaient assujettis au contrôle gouvernemental. Maintenant, on
enlève carrément ce pouvoir réglementaire et tout est
soumis au contrôle ministériel. (21 heures)
Donc, ceci entraîne, pour le député d'Argenteuil,
une certaine inquiétude concernant un certain contrôle additionnel
qui n'existait pas antérieurement pour tout ce qui est en bas de 100 000
$. Par contre, dans la mesure où maintenant c'est un contrôle
ministériel, il suffit d'émettre une directive
ministérielle pour tout ce qui est inférieur à 100 000 $
de telle sorte que cette directive va soustraire à l'approbation
ministérielle toutes les transactions de location de moins de 100 000 $.
Par conséquent, on reviendra à la situation antérieure
avec, cependant, un avantage additionnel. C'est qu'au lieu de devoir
procéder a travers les rouages étatiques d'un Conseil des
ministres qui, comme vous le savez, est un ensemble de rouages très
lents, l'approbation sera beaucoup plus rapide puisqu'elle ne sera que
ministérielle. Je pense que c'est comme cela qu'il faut voir le
règlement.
M. Ryan: Si le ministre nous dit qu'il est prêt à
émettre une directive de cette nature...
M. Bérubé: Oui, M. le Président. M. Ryan:
...on est prêt à voter.
Le Président (M. Blank): L'amendement à l'article
17 pour remplacer, dans la deuxième ligne du deuxième
alinéa, le mot "louer" par les mots "prendre en location" est-il
adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 17 tel
qu'amendé est adopté?
M. Bérubé: Je pense, M. le Président, que
l'amendement s'explique par lui-même. Il ne s'agit pas, pour le
collège, de céder ou d'aliéner temporairement un bien en
location, mais il s'agit d'obtenir, par location, un bien additionnel. Le mot
"louer" a l'inconvénient de ne pas être absolument explicite.
M. Ryan: Dès que vous émettrez cette directive, si
vous voulez avoir l'amabilité de nous en informer, cela nous fera
plaisir.
Le Président (M. Blank): L'article 17 est adopté
tel qu'amendé.
M. Bérubé: J'avise par la présente la
directrice générale des collèges de bien vouloir,
dès qu'il y aura eu approbation d'une telle directive par le ministre
responsable, en faire parvenir copie immédiatement au
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Blank): J'appelle l'article 18.
M. Bérubé: Dans le cas de l'article 18, M. le
Président, il s'agit tout simplement d'un amendement de concordance,
à ce que je peux comprendre, dans la mesure où nous supprimons
également le concept de "location" de l'article concernant les
règlements que le gouvernement peut adopter.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Ryan: C'est prendre en location ici aussi, je suppose?
Le Président (M. Blank): L'article 18 est
adopté?
M. Lavoie: Non. C'est simplement pour l'article 17.
M. Bérubé: Non, parce que nous supprimons le mot
"louer" de l'amendement.
M. Ryan: D'accord.
M. Bérubé: Excusez-moi. L'amendement consiste
à supprimer le mot "louer" de l'article 18. En d'autres termes,
désormais le gouvernement ne pourra pas adopter de règlements
généraux concernant les locations.
Le Président (M. Blank): J'appelle l'article 19.
M. Ryan: L'article 18 est adopté. Le Président
(M. Blank): Adopté. M. Ryan: Très bien. M.
Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Ryan: L'article 19, c'est un peu plus compliqué. On va
se le faire expliquer parce que cela a l'air que c'est de la
rétroactivité. On veut confirmer après coup
l'illégalité.
M. Bérubé: L'article 19, je me souviens,
c'était un règlement ou un article de la loi que nous n'avons pas
appliqué pendant des années, semble-t-il. Essayons de voir ce
qu'il en est. Est-ce que je pourrais trouver l'article 19 quelque part dans les
notes que vous m'avez remises?
M. Ryan: M. le Président, voulez-vous que je vous donne ma
lecture?
M. Bérubé: D'accord. En fait, il faut faire
référence à la loi, à l'article 24, qui disait:
"Sur recommandation du ministre, le gouvernement peut, par règlement -
et je prends le troisième alinéa - définir aux fins du
présent article l'expression étudiant venant de
l'extérieur du Québec". L'alinéa suivant indiquait: "Les
règlements faits en vertu du présent article n'entrent en vigueur
qu'après leur publication à la Gazette officielle." Or, ce qui
s'est produit, c'est que le ministère a omis de publier à la
Gazette officielle les règlements ayant trait à l'alinéa
c) de la loi qui consistait à "définir aux fins du présent
article l'expression étudiant venant de l'extérieur du
Québec". Donc, n'ayant pas publié à la Gazette officielle
de tels règlements, un tel règlement théoriquement ne
devrait pas
s'appliquer. Toutefois, il s'est appliqué dans les faits. Il
s'agit donc de rectifier une situation de fait.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Ryan: Non. J'aurais une couple de questions avant cela, M. le
Président.
M. Bérubé: Pas de problème.
M. Ryan: D'abord, est-ce qu'il y a eu des indices de
réclamations quelconques à cause de cette non-application de la
loi? Est-ce qu'il y a des plaintes qui ont été
déposées auprès du ministère ou des tribunaux en
protestation contre des frais qui auraient été exigés dans
l'illégalité? Cela n'a pas été appliqué de
manière générale. Est-ce qu'on peut savoir pourquoi cela
n'a pas été appliqué?
M. Bérubé: Allez-y.
M. Lavoie: Si vous me permettez une explication en une dizaine de
lignes, lors de l'adoption de l'article 24, l'article ne contenait que les deux
premiers alinéas. L'article fut modifié pour inclure deux
alinéas supplémentaires pour demander un prix aux
étudiants étrangers, mais le quatrième alinéa ne
voulait viser que les règlements du gouvernement. Il y a eu erreur, on a
oublié de noter que le deuxième alinéa parlait aussi de
règlements. On a, par une modification à la loi, ajouté
deux paragraphes et on disait qu'il fallait que ce soit publié à
la Gazette officielle. Dans le temps, ce n'était pas l'intention du
législateur ou de ceux qui ont proposé les amendements à
la loi de faire publier ce qui existait en vertu de l'article 24, qui
étaient des règlements pour un montant inférieur à
50 $ la plupart du temps.
À cause de cette erreur, on aurait été
obligé, depuis 1978, de faire publier les petits règlements que
les collèges passaient pour une valeur inférieure à 50 $.
Cela n'a jamais été fait; cette portée-là de la loi
n'avait jamais été connue de la part des collèges. On se
dit aujourd'hui: II s'agirait de rétablir les faits, ce sont les
amendements pour les troisième et quatrième alinéas pour
les étudiants étrangers. Ils sont obligés, si on passe des
règlements en vertu de cet amendement-là, de les publier à
la Gazette officielle, mais non pas les petits règlements maison qui
sont passés pour une valeur inférieure à 50 $ par les
collèges, soit pour les cartes d'identité d'étudiants ou
des pécadilles comme cela que le collège réglemente. On
suggère de donner un effet rétroactif à la loi pour ce qui
n'a pas été fait de bonne foi, n'a pas été
publié pour ces règlements mineurs.
M. Ryan: Pouvez-vous m'expliquer le passage précis qui
confère un caractère rétroactif à la loi?
M. Lavoie: C'est l'article 186.
Le Président (M. Blank): L'article 186.
M. Lavoie: II donne un effet rétroactif à l'article
19 du projet de loi, donc à la modification apportée au
quatrième alinéa de l'article 24 de la Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel. C'est
pour que cela ne soit pas reproduit dans les statuts révisés,
mais que cela apparaisse seulement une fois; c'est pour cela que cela a
été mis dans un article à part et on veut que cela ne soit
pas reproduit dans les statuts refondus.
M. Ryan: On va procéder par ordre. Sur l'article 19, je ne
pense pas qu'il y ait de problème parce que cela veut que, pour
l'avenir, il y ait seulement le troisième alinéa qui soit l'objet
d'une publication obligatoire dans les règlements. Je pense que cela est
bien conforme et si, M. le Président, vous pouviez demander le vote sur
l'article 19, je serais prêt à voter.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Ryan: Maintenant, il reste l'article 186. Celui-là,
voulez-vous me l'expliquer de nouveau, parce que cela fait bien curieux?
Le Président (M. Blank): C'est une façon de
légiférer. On a dû utiliser le mot "déclaratoire";
c'est ce que cela dit.
M. Lavoie: C'est sur le mot "déclaratoire" que vous voulez
avoir une explication? Cela veut dire que cela donne un effet rétroactif
à la mesure dont on parlait tout à l'heure. La façon de
procéder est qu'il le mette dans un article à part pour que ce ne
soit pas reproduit dans les statuts. Mon confrère, Me Gélinas,
qui est spécialiste des affaires législatives pourrait apporter
plus de précision sur cette qualité-là.
M. Gélinas (Claude): L'expression déclaratoire
signifie que l'article tel que rédigé a effet comme s'il avait
toujours existé tel qu'il aurait dû être
rédigé dès le départ. C'est exactement l'effet du
terme "déclaratoire". On a mis cela au niveau des dispositions
transitoires pour que cela soit très clair que c'est un effet
rétroactif et c'est la façon dont on légifère
d'habitude au niveau de la nature rétroactive. C'est une technique
législative qu'on emploie tout le
temps.
M. Ryan: Excusez une seconde.
Le Président (M. Blank): On est rendu à un autre
article même sans le ministre. On est rendu à l'article 186.
M. Bérubé: Ah! J'ai la plus grande confiance en
ceux qui m'accompagnent. Je suis convaincu que leurs propos sont plus clairs
que les textes qu'ils m'avaient fournis.
M. Ryan: Étant donné les explications plutôt
limitées que nous avons reçues sur cet article, nous sommes
prêts à voter, mais nous allons demander que ce soit adopté
sur division.
Le Président (M. Blank): L'article 186 est adopté
sur division.
M. Bérubé: J'accepte la division de l'Opposition,
M. le Président.
Le Président (M. Blank): À quel article
procède-t-on après?
Les corporations professionnelles c'est vous? Oui. Cela veut dire que ce
serait l'article 52, je pense, la Loi sur les ingénieurs.
Loi sur les ingénieurs
M. Leduc (Saint-Laurent): On va entendre les explications du
ministre.
Le Président (M. Blank): C'est un ingénieur qui
peut nous expliquer l'article 52, pour le bénéfice de
l'Opposition.
M. Bérubé: Je prendrais bien également un
amendement que j'aimerais proposer, si on veut me le présenter.
Le Président (M. Blank): On a besoin des amendements par
écrit.
M. Bérubé: M. le Président, je vais vous le
présenter tantôt.
Le problème vient de ce que... Je ne sais pas, est-ce que je
m'adresse..
Le Président (M. Blank): Le député de...
M. Bérubé: ...à vous, M. le
Président? C'est vrai qu'effectivement c'est sans importance s'il y a un
député de l'Opposition qui écoute ou quoi que ce soit;
dans la mesure où la présidence écoute, si je comprends
bien, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Blank): Le président est toujours
à l'écoute.
M. Bérubé: Oui! D'ailleurs, je remarque,
M. le Président, qu'effectivement vous portez une attention
particulière aux propos que je vais prononcer.
Essentiellement, nous savons qu'à l'heure actuelle les
diplômés de l'École de technologie supérieure de
l'Université du Québec à Montréal pratiquent leur
profession dans un domaine qui est très près de la profession
d'ingénieur, d'une part. D'autre part, lorsque nous tentons de
définir le champ d'exercice de cette profession, il est clair que ce
champ s'avère tellement voisin de celui de la profession
d'ingénieur qu'il est difficile sur le plan juridique, du moins pour
l'instant, d'opérationnaliser une définition telle qu'un juge
puisse statuer si un geste posé dans l'exercice d'une profession
appartient véritablement à la profession d'un
diplômé de l'École de technologie ou d'un
diplômé d'une école d'ingénieurs en
général. (21 h 15)
À cette fin, je vais demander à l'Office des professions
d'évaluer comment nous pourrions modifier le champ de pratique des
ingénieurs de manière à permettre la pratique d'un
diplômé de l'École de technologie supérieure de
l'Université du Québec. Toutefois, d'ici à ce que nous
ayons tenté de résoudre la quadrature du cercle... Je ne vous
cache pas, M. le Président, que je préférerais de beaucoup
que l'Ordre des ingénieurs intègre les diplômés de
l'École de technologie supérieure et prévoie une certaine
distinction des catégories de pratique du génie de manière
à pouvoir prendre en compte ceux qui pratiquent ce que l'on appelle le
génie d'application de ceux qui, dans mon cas, devraient
théoriquement pratiquer le génie métallurgique, mais se
trouvent, hélas, obligés de pratiquer l'art de la
législation ou encore de ceux qui pratiquent le génie civil. En
d'autres termes, il serait sans doute plus sage, pour protéger
véritablement le public, de distinguer entre les diverses formations
d'ingénieurs.
En effet, j'ai de la difficulté à imaginer que, simplement
parce que je possède le droit de pratiquer le génie en vertu
d'une décision de l'Ordre des ingénieurs et, évidemment,
dans le cadre d'un règlement gouvernemental et d'une loi publique, que
je puisse aller pratiquer le génie civil, alors que je n'ai aucune
connaissance en génie civil, mais des connaissances en
métallurgie. Mais on présume que, disons, pouvant me
prévaloir du titre d'ingénieur, j'exercerai un certain jugement
et que, par conséquent, je n'essaierai pas de pratiquer en dehors du
domaine que je connais. Cela pose le problème des
différenciations dans la pratique du génie, d'une part. D'autre
part, un deuxième problème se pose lorsqu'une formation, disons,
assez voisine de celle d'un ingénieur est, néanmoins,
suffisamment
distincte pour que, suivant les standards nord-américains,
devrais-je dire, de pratique du génie, on ne puisse pas
considérer un diplômé de l'École de technologie
supérieure de l'Université du Québec comme ayant droit
véritablement au titre d'ingénieur ou, suivant l'appellation
nord-américaine classique, de "professional engineer".
Nous cherchons présentement, par une meilleure
délimitation des champs d'exercice de la pratique, à
définir ce qui devrait relever proprement dit du génie et ce qui
devrait relever d'une autre corporation professionnelle intermédiaire
entre celle des ingénieurs et celle des technologues. Toutefois, en
attendant, il est clair qu'il faut permettre à ces diplômés
de l'École de technologie supérieure de l'Université du
Québec d'exercer leur profession ou, en tout cas, leur métier,
s'il ne s'agit pas d'une profession.
Pour ce faire, nous procédons par un amendement à
l'article 5 de la Loi sur les ingénieurs qui consiste tout simplement
à dire que rien dans la présente loi - et là je cite de
mémoire - ne doit - et là, je cite au texte - "empêcher le
titulaire d'un diplôme délivré par l'Université du
Québec au terme d'études de baccalauréat de l'École
de technologie supérieure ou le titulaire d'un diplôme
équivalent pour l'Université du Québec d'exécuter
des travaux pour lesquels il est préparé en vertu de la formation
qu'il a reçue." Ceci ferait en sorte que les diplômés de
l'École de technologie, d'ailleurs comme les chimistes et les
géologues, pourraient exercer leur métier sans avoir à
craindre des représailles judiciaires résultant de la Loi sur les
ingénieurs. Cela m'apparaissait comme une formule raisonnable.
Si quelqu'un de mon cabinet veut bien avoir la gentillesse de me
présenter l'amendement qu'on m'a subtilisé, entretemps. Merci, M.
le Président. Je comprends, maintenant, que j'ai un ajout manuscrit,
mais qu'on aura bientôt, pour la présidence, un ajout
dactylographié.
Je comprends, M. le Président, qu'une inquiétude
exprimée par les diplômés de cette école est que
l'amendement, tel qu'approuvé, pourrait avoir comme résultat de
contourner, dans le fond, certaines procédures judiciaires
présentement en cours. Dans la formulation proposée, un tel
article 5k de la Loi sur les ingénieurs pourrait être
interprété comme un désaveu du décret qui fait
encore l'objet de procédures judiciaires et comme un désistement
de ces procédures judiciaires en Cour d'appel de la part du
gouvernement. Je fais référence ici à une lettre que
m'adressait le président de l'Université du Québec, M.
Gilles Boulet, en date du 17 décembre 1984. On me proposait, donc, un
amendement qui, au dire des juristes engagés par l'Université du
Québec, pourrait prémunir les requérants face à
certaines procédures judiciaires qu'ils ont intentées. On
ajouterait à la fin de l'amendement actuel: "Rien dans le présent
paragraphe ne porte atteinte aux droits reconnus par le Code des professions au
titulaire du diplôme ci-haut décrit."
En effet, les diplômés de l'École de technologie
supérieure ont plaidé en cour que la loi actuelle de l'ordre ne
pouvait pas avoir comme conséquence de les empêcher de pratiquer
en tant que professionnels. Pour leur donner, disons, une certaine
sécurité face à des procédures judiciaires
présentement entamées, nous avons examiné cet amendement
sur le plan juridique et il ne nous apparaît pas, en soi,
répréhensible. Il ne nous apparaît pas nuire de quelque
façon aux procédures judiciaires en cours et, de plus, il permet
d'accorder une certaine sécurité à ceux qui plaident
présentement devant les cours de justice. En conséquence, M. le
Président, nous sommes d'accord pour présenter un tel
amendement.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, il me semble
raisonnable que les diplômés de l'ETS soient autorisés
à exécuter "des travaux, comme l'article le dit, pour lesquels
ils ont reçu une formation adéquate." Alors, je pense que c'est
une amélioration sur la situation qui prévalait auparavant.
Je comprends, par ailleurs, que ce ne sera qu'une solution provisoire,
parce que je comprends qu'on ne règle pas complètement le
problème. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, éventuellement, de
créer une corporation mixte qui pourrait, je ne sais pas, chapeauter les
architectes, les ingénieurs, les diplômés de l'ETS et,
peut-être les chimistes? C'est peut-être une avenue
qu'éventuellement on pourra retenir.
Que, dans l'intervalle, on permette à ces gens-là de
travailler, de faire des travaux pour la formation qu'ils ont reçue,
moi, je suis parfaitement d'accord. Je suis parfaitement d'accord, donc, avec
la première partie de l'alinéa k. Si je lis le paragraphe k -
ça me semble, d'ailleurs, dans un très mauvais français;
moi, j'aurais peut-être un autre texte à soumettre - je suis
d'accord pour qu'on dise que rien dans la présente loi ne doit
empêcher le titulaire... En fait, ce que je pourrais proposer, c'est que
rien ne doit empêcher un bachelier en technologie, titulaire d'un
diplôme décerné par l'Université du Québec,
d'exécuter des travaux pour lesquels la formation qu'il a reçue
l'a préparé. L'alinéa k serait amputé du texte
où on dit: "ou le titulaire d'un diplôme équivalent pour
l'Université du Québec d'exécuter des
travaux pour lesquels il est préparé en vertu de la
formation qu'il a reçue."
Ici, on donne un pouvoir à une université, en
l'occurrence, l'Université du Québec, d'évaluer le
diplôme qui aurait pu être décerné ailleurs.
D'ailleurs, la première question que je pose, c'est: Par cet article,
entendez-vous donner le pouvoir a l'Université du Québec,
autrement dit que l'Université du Québec soit la seule instance,
la seule autorité québécoise compétente en cette
matière et qu'aucune autre autorité compétente
québécoise n'ait un mot à dire? Cela me semble
inacceptable. À supposer le cas où l'Université Laval
donnerait un cours pour former ces diplômés, faudrait-il alors
qu'elle s'adresse à l'Université du Québec pour
évaluer ou établir l'équivalence du diplôme? C'est
la première question que je soulève. L'article veut-il dire cela?
Cela s'applique-t-il pour les étrangers seulement ou si cela
s'appliquerait également pour ceux qui ont reçu une formation
à l'Université de Sherbrooke, à l'Université Laval
ou une autre université?
M. Bérubé: La question du député de
Saint-Laurent est pertinente. Pour l'instant, il ne s'applique dans le fond et
au total qu'à des diplômés venant de l'extérieur du
Québec. En effet, on peut retrouver au Québec des
diplômés allemands, ayant reçu un diplôme
d'ingénieur technique, par exemple, ce que l'on retrouve en Hollande, en
Allemagne ou au Danemark, et qui viennent exercer leur métier exactement
comme le font les diplômés de l'École de technologie
supérieure. L'article, tel que rédigé, prévoit ces
cas, ceux qui nous viennent de l'extérieur.
Le problème que soulève le député de
Saint-Laurent en ce qui a trait, cependant, à d'autres
diplômés du Québec ne se pose pas pour l'instant puisqu'il
n'y a pas d'autres universités au Québec qui donnent un tel
enseignement. Néanmoins, le député de Saint-Laurent a
raison de soulever la question pour l'avenir. Dans l'avenir, s'il devait y
avoir une autorisation de programme donnée à d'autres
universités au Québec pour accorder, finalement, la même
formation que celle qu'accorde l'École de technologie supérieure,
ceci nous amènerait à devoir modifier la loi de manière
à adopter une loi plus générale qui couvre non plus les
diplômés d'une école, mais les diplômés d'un
ensemble d'écoles.
Ce problème se posant, il m'apparaît, comme le dit le
député de Saint-Laurent, qu'il faudrait à ce
moment-là voir dans quelle mesure on ne peut pas adopter le concept
d'une corporation mixte pour ceux qui pratiquent le génie ou, disons,
des professions apparentées de tellement près au génie
qu'il devient légalement difficile de les distinguer les unes des
autres. C'est là le problème.
Dans le cas de la pratique des sciences de la santé, nous avons
des corporations ou des ordres professionnels pour les infirmières, les
inhalothérapeutes, comme nous allons en débattre bientôt,
ou encore pour les physio-thérapeutes. Toutefois, en
général, dans tous ces domaines-là, les médecins
conservent un droit exclusif de pratique et, par conséquent, tout autre
titulaire d'un permis en vertu d'une loi constituant un ordre donné,
doit l'exercer dans le respect des juridictions du médecin et doit
généralement le faire sous ordonnance. Nous maintenons les
règles d'ordonnance. (21 h 30)
Toutefois, dans le cas de la pratique du génie, il n'y a pas
d'ordonnance de génie qui ferait en sorte que l'ingénieur
demeurerait le professionnel ayant compétence exclusive. À cause
de cela, nous avons de très sérieux problèmes dès
que nous commençons à aborder le problème de ces
corporations, très voisines les unes des autres.
Personnellement, je ne vous cache pas que c'est un imbroglio qui va
aller en se compliquant avec les années, au fur et à mesure que
nous raffinons les formations que nous offrons à nos
diplômés sortant de nos écoles, de nos universités.
Cela va sans doute entraîner un besoin de réformer la loi
régissant l'ensemble de ces ordres professionnels. Maintenant, nous
sommes en réflexion présentement; justement nous avons
vécu - il y a maintenant une semaine et demie - une semaine qui porte
sur les professions. Et sont entamées, au cours de la prochaine
année, une réflexion concernant cette loi sur les professions et
une certaine modernisation de cette dernière.
Si je devais émettre une opinion personnelle, je vous dirais que
j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi personnellement,
comme député de Matane, je pourrais demain recommencer à
pratiquer le génie avec tous les droits que me confère l'ordre,
alors que je n'ai pas pratiqué pendant huit ans et que,
forcément, j'ai rouillé un peu.
Par conséquent, je tire la conclusion que, dans le fond, si nous
voulons constituer des ordres professionnels dans un but précis, celui
de protéger le public, il faudrait peut-être voir à ce que
les ordres professionnels ne s'appliquent qu'à ceux qui pratiquent sur
une base privée leur profession et qui offrent des services sur le
marché privé à leurs concitoyens. À ce
moment-là, nous verrions la loi concernant les différents ordres
professionnels comme étant une loi de protection du public, ce qu'elle
n'est pas complètement, présentement. Reconnaissons qu'il y a
camouflé, derrière cette loi, beaucoup de corporatisme de tout
ordre, qui va bien au-delà de la simple protection du public dans
l'exercice privé d'une profession. Je pense que c'est une
réflexion à laquelle
nous sommes tous appelés. Pour l'instant, nous n'avons pas la
réponse à toutes ces questions que je soulève et, n'ayant
pas de réponse, il m'apparaît préférable de
régler les problèmes à la pièce plutôt que
d'attendre encore pendant des années et d'amener les
diplômés de l'École de technologie à exercer, je ne
dirai pas dans l'illégalité puisque ceux-ci plaident
présentement en cour qu'ils exercent dans la légalité,
mais, dans l'hypothèse où ils remportent devant les cours,
effectivement ils exerceront leur métier dans la légalité.
Mais, s'ils devaient perdre, ils se trouveraient à exercer leur
métier dans l'illégalité. C'est cette incertitude
juridique concernant l'exercice de leur métier qui pose problème
et l'article 52 permet, à tout le moins, de corriger cette incertitude,
mais elle ne règle pas le problème fondamental que pose le
député de Saint-Laurent: comment baliser, dans le domaine du
génie, l'exercice de professions voisines, qui ne sont pas
nécessairement toutes équivalentes, certaines requérant
des formations, je dirais, moins complètes que d'autres ou encore
différentes par rapport à d'autres formations. Notre loi,
à l'heure actuelle, ne nous permet pas de tenir compte de ces nuances,
de ces subtilités. C'est ce que nous essayons de régler par le
présent projet de loi, mais d'une façon ad hoc, d'une
façon qui n'est pas, disons, sur une base cartésienne
parfaitement satisfaisante.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais lorsque l'on mentionne, à
l'alinéa k, que rien dans la présente loi ne doit empêcher
un bachelier en technologie, titulaire d'un diplôme décerné
par l'Université du Québec, est-ce qu'à ce
moment-là on n'engloberait pas également l'étranger...
Une voix: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...qui aurait obtenu un diplôme?
Parce que, à ce moment-là, quand on parle d'équivalent,
est-ce que cela veut dire "nouveau diplôme" ou bien si on fait simplement
évaluer le diplôme et on dit "tu as le droit de pratiquer"? Est-ce
qu'on ne lui décernera pas un diplôme? À ce
moment-là, on couvrirait tous les cas? Est-ce que, autrement dit,
l'Université du Québec, quand elle reconnaît
l'équivalence, émet un diplôme?
M. Bérubé: Non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Elle n'émet pas un
diplôme. Bien, elle émet un document, elle doit dire: Le
diplôme de l'étranger est équivalent à celui de
l'Université du Québec. Ils doivent certainement émettre
quelque chose. Je pense que...
M. Bérubé: Elle pourrait émettre une
reconnaissance d'équivalence.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que cela ne serait pas plus
facile de lui demander, à ce moment, d'émettre un
diplôme?
M. Bérubé: Elle émettra un diplôme si
l'étudiant a rempli les exigences que pose l'université.
L'université pourra poser des exigences de résidence, des
exigences d'accumulation d'un certain nombre de crédits de cours suivis
à l'université même et, par conséquent, dans la
mesure où ces exigences ne sont pas faciles à remplir, à
ce moment, ce que l'Université du Québec va émettre c'est
un certificat d'équivalence.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je pense que c'est la même chose.
On joue avec les mots. Si on dit: On reconnaît l'équivalence,
c'est donc qu'on reconnaît qu'il a les crédits, qu'il a la
compétence pour avoir le diplôme. Pourquoi ne pas lui
émettre un diplôme qui mentionnerait que, vu la formation
reçue antérieurement, je ne sais pas, en Tchécoslovaquie,
il est habilité à exercer la profession des diplômés
de l'IETS? Je me demande vraiment si c'est nécessaire.
M. Bérubé: M. le Président, il est courant
que l'université soit amenée à dire que les études
effectuées par une personne soient fondamentalement équivalentes
à celles qu'elle dispense à ses propres étudiants. Tout ce
qu'elle fait c'est qu'après avoir analysé les curriculums, avoir
examiné la performance de l'étudiant à travers ses divers
curriculums, tout ce que l'université est amenée à
reconnaître c'est que l'étudiant a, effectivement, suivi quelque
chose qui est équivalent à ce qui se donne en son sein propre.
L'université n'a pas à dire: Je vous décerne un
diplôme de l'Université du Québec puisque l'étudiant
en question ou, enfin, le candidat en question n'a jamais suivi quelque cours
que ce soit à l'Université du Québec. Il ne s'agit donc
pas de reconnaître que l'étudiant a effectué des
études à l'Université du Québec, mais il s'agit
pour l'Université du Québec de dire: Voilà, nous
reconnaissons que les études suivies à l'étranger sont
équivalentes à ce que nous offrons à nos propres
étudiants. Cela me paraît simple. D'ailleurs, je vois par la mine
lumineuse du député de Vaudreuil-Soulanges qu'il a parfaitement
compris dès le début.
Quant à la présidence, qui porte une attention
redoublée à nos travaux, il n'y a aucun doute qu'elle ne pourra
pas se prononcer, mais néanmoins, à ce regard par dessus les
lunettes que le président me lance, il est clair qu'il a compris depuis
le début.
Le Président (M. Blank): Si j'ai le droit de parole, je
peux vous apporter un autre argument sur cet article.
M. Bérubé: Voyez-vous, M. le Président, en
fait, non, ce n'est pas la peine d'ajouter des arguments encore plus lourds
à ceux que j'ai déjà fournis.
Le Président (M. Blank): Mais je pense que l'article ne
dit pas ce que vous voulez qu'il dise. Je parle maintenant comme avocat.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, on est
prêt à voter.
M. Bérubé: Ah! Voilà.
M. Leduc (Saint-Laurent): Sur division.
Le Président (M. Blank): L'amendement à l'article
52 est-il adopté? Sur division.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui.
Le Président (M. Blank): L'article 52 est adopté
tel qu'amendé. Quel article?
Loi sur la pharmacie
M. Bérubé: Nous sommes à l'article 99, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): Article 99, Loi sur la
pharmacie.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce qu'on
peut passer à l'article 99?
Le Président (M. Blank): Oui. Est-ce que l'article 99 est
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): J'attends les explications du
ministre.
M. Bérubé: Oui. Vous avez raison, M. le
Président. Je vais vous avouer que, s'il fallait absolument prendre les
explications que les juristes nous fournissent pour essayer de comprendre ce
qu'ils nous demandent de faire, des fois, M. le Président, on
s'arracherait tout ce qu'il nous reste de cheveux.
Une voix: Nommez-les.
M. Leduc (Saint-Laurent): Nommez-les! Des nomsl
M. Bérubé: M. le Président, ils ont l'art de
camoufler un problème simple. Notez bien que, au fur et à mesure
qu'on parle d'un problème et qu'il est expliqué à
différents ordres de décision du gouvernement, il y a quand
même un avantage, c'est que le premier niveau, n'ayant pas
été capable de comprendre ce que le niveau inférieur
expliquait, à ce moment-là, il a réussi à
synthétiser dans une expression qui est encore moins confuse. Cependant,
quand on monte assez haut dans la pyramide, à un moment donné, on
finit par avoir une explication simple.
M. le Président, ce n'est pas tellement compliqué, il
suffisait de dire que, en fait, l'article 61 du Code des professions a
été modifié et permet maintenant, à des
corporations de plus de 1500 membres d'être composées, soit de16, soit de 24 administrateurs, plutôt que de 24 administrateurs,
comme cela existait antérieurement. Lorsque vous examinez le texte
actuel de la Loi sur la pharmacie, on constate que l'ordre est
administré par un bureau formé d'un président et de 24
administrateurs. Tout ce que l'on fait, maintenant, c'est qu'on va leur
permettre d'être administrés, soit par 16, soit par 24
administrateurs, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): Nous avons de très bons
recherchistes. Moi, j'ai le cahier; c'est indiqué. Vous avez dû
avoir le même cahier.
M. Bérubé: C'est ce que je vous dis. C'est que, au
fur et à mesure que cela remonte dans la pyramide...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une petite pyramide, et
puis...
M. Bérubé: C'est cela. Au fur et à mesure
qu'on remonte dans la pyramide, cela devient de plus en plus clair.
Le Président (M. Blank): L'article 99 est
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Leur pyramide est haute.
Le Président (M. Blank): Adopté? M. Leduc
(Saint-Laurent): Oui.
Le Président (M. Blank): L'article 99 est
adopté.
Dispositions transitoires et finales
M. Bérubé: Alors, M. le Président, nous
sommes à l'article 194.
Le Président (M. Blank): Oui, l'article 194.
M. Bérubé: Vous l'appelez, je présume. Il
est d'une limpidité telle que je suis convaincu que le
député de Saint-Laurent n'a pas de question mais,
néanmoins...
M. Leduc (Saint-Laurent): On attend les explications, M. le
ministre. (21 h 45)
M. Bérubé: M. le Président, ce n'est pas
tellement malin. Dans la mesure où nous constituons par lettres patentes
une corporation professionnelle des inhalothérapeutes, nous devons
procéder au transfert des actifs, des biens provenant de la Corporation
des techniciens inhalothé-rapeutes qui existe présentement. Par
conséquent, l'article 194, lisons-le: "La Corporation, professionnelle
des inha-lothérapeutes du Québec, ci-après appelée
"La Corporation", constituée par lettres patentes
délivrées en vertu de l'article 27 du Code des professions - il
s'agit ici d'un décret - acquiert les biens et les droits de la
Corporation des techniciens inhalo-thérapeutes du Québec, en
assume toutes les obligations et devient également partie à tout
contrat ou entente auquel cette dernière était partie." Existait
donc une Corporation des techniciens inhalothérapeutes; elle est
remplacée par la Corporation professionnelle des
inhalothérapeutes et, forcément, tous les engagements pris
antérieurement par l'ancienne corporation seront désormais
assumés par la nouvelle. S'agit-il là d'une explication
suffisamment limpide, M. le Président?
Le Président (M. Blank): Pour des juristes, oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, M. le Président. J'avais
saisi.
M. Bérubé: Oui, mais, enfin, un juriste
spécialisé dans le code de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Blank): Ohl Je ne le sais pas. Je n'ai
pas fait la même erreur que vous. J'ai toujours maintenu ma pratique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est en voie de formation,
cette nouvelle corporation?
M. Bérubé: Oui. Nous devrons évidemment,
lorsque la loi sera adoptée, présenter un décret
gouvernemental constituant la nouvelle corporation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qui aurait effet quand?
M. Bérubé: On me dit qu'elle entre en vigueur
dès la publication des lettres patentes dans la Gazette officielle. Je
peux également vous confirmer, à ma connaissance, que j'ai
signé le décret, mais je ne sais pas s'il est adopté.
Une voix: II va être en vigueur lorsqu'il...
M. Bérubé: II est adopté
présentement, mais il n'est pas en vigueur. Il ne sera en vigueur que
lorsqu'il sera publié et il sera publié lorsque la loi sera
adoptée.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi par lettres patentes
plutôt que par décret? Y a-t-il une raison?
M. Bérubé: C'est en vertu de la loi, plus
précisément l'article 27 du Code des professions. Cela vous en
bouche un coin, M. le député de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oh, sûrement.
M. Bérubé: Je peux vous lire l'article 27 qu'on m'a
fourni avec amabilité. Oh! C'est un long article: "Le gouvernement peut,
après consultation de l'office et du conseil interprofessionnel,
constituer par lettres patentes toute corporation professionnelle groupant les
personnes auxquelles, en vue de la protection du public, il juge
nécessaire d'attribuer un titre réservé." Donc, c'est le
gouvernement qui décide et cela constitue un décret. C'est un
décret pour établir des lettres patentes.
Le Président (M. Blank): L'article 194 est-il
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela va, M. le Président.
M. Bérubé: Bien oui, il est adopté. Le
Président (M. Blank): Article 195.
M. Bérubé: M. le Président, il s'agit de
constituer le bureau de la nouvelle corporation et, tel que l'indique
l'article, l'Office des professions du Québec nomme trois autres
administrateurs et les membres du conseil d'administration de la corporation
deviennent membres du bureau de la corporation, j'entends de la Corporation des
techniciens inhalothérapeutes, c'est-à-dire la corporation
actuelle.
Le Président (M. Blank): Adopté? Une voix:
Oui.
Le Président (M. Blank): L'article 195 est adopté.
Article 196.
M. Bérubé: L'article permet de désigner le
président de la nouvelle corporation et de fixer la date d'expiration de
son mandat ainsi que celui des autres membres du bureau. Il s'agit toujours de
dispositions, évidemment, transitoires, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Adopté? L'article 196 est
adopté. Article 197. On a un amendement.
M. Bérubé: Je ne peux rien vous cacher, M. le
Président. Il paraît que c'est une erreur de frappe. On a
tapé 196 plutôt que 200. Il s'agit de remplacer 196 par le nombre
200. C'est une erreur de frappe inhabituelle; "sous réserve de l'article
200", M. le Président, au lieu de "sous réserve de l'article
196".
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Si je comprends bien, cela a pour but
de déterminer l'inscription, je suppose. C'est cela?
M. Bérubé: Vous avez les mêmes notes que
celles que l'on m'a fournies en provenance du ministère de la Justice,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est la même pyramide.
M. Bérubé: Vous êtes rendu au même
niveau de la pyramide. En général, c'est un niveau plus limpide
à cet endroit-là.
Le Président (M. Blank): L'article 197 est-il
adopté tel qu'amendé? L'amendement est-il adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 198?
M. Bérubé: II s'agit tout simplement de transformer
le nom de l'ancienne corporation en celui de la nouvelle corporation.
Le Président (M. Blank): Article 198, adopté.
Article 199?
M. Bérubé: Il s'agit de maintenir en vigueur pour
une durée limitée les règlements actuels. Enfin, les
règlements de l'ancienne corporation.
Le Président (M. Blank): Article 199, adopté.
Article 200?
M. Bérubé: L'article 200 porte sur les affaires
relatives à la discipline des membres de la Corporation des techniciens
inhalothé-rapeutes et fait en sorte que l'on ne se retrouve pas avec un
vide juridique résultant de la création de la nouvelle
corporation.
Le Président (M. Blank): Article 200, adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui.
Le Président (M. Blank): Article 201?
M. Bérubé: II s'agit de maintenir les cotisations
qui sont présentement imposées aux membres de l'actuelle
corporation, durant la période transitoire, de manière à
ne pas priver la nouvelle corporation des revenus dont elle a besoin.
Le Président (M. Blank): Adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui.
Le Président (M. Blank): Article 202?
M. Bérubé: J'ai l'impression que le
député de Saint-Laurent a compris en lisant l'article, comme je
viens de le faire d'ailleurs. Étant donné qu'il lit exactement
les mêmes textes que moi, il devrait comprendre à la même
vitesse.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, je n'ai pas de note
ici.
M. Bérubé: Et même plus vite.
Le Président (M. Blank): Article 202, adopté?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai aucune note.
Des voix: Adopté.
M. Bérubé: C'est clair, ça. Celui-là
était bien fait.
Le Président (M. Blank): Pour les fins du Journal des
débats, on a fait d'autres changements à ce stade-ci. Le
secrétaire va inscrire que le député de Champlain remplace
le député de Trois-Rivières et que le député
de Vaudreuil-Soulanges remplace le député de Jean-Talon. Le
député de Hull remplace la députée de
Jonquière. Maintenant, on cherche le ministre. M. Payne, d'accord. Quel
article? Le premier article sur les archives, c'est quoi?
Une voix: On peut commencer avec l'article 6...
Loi sur les archives
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Poursuite
de l'étude du projet de loi 15, j'appelle l'article 6.
Qui demande la parole sur l'article 6?
M. le député de Vachon.
M. Payne: J'aimerais proposer un
amendement à l'article 6, M. le Président, en ce qui
concerne la Loi sur les archives.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Vous avez
cela par écrit, M. le député?
Une voix: C'est le texte qui est dans le projet de loi.
M. Payne: II est déjà dans le projet de loi 15.
Dans la liste de classement de la loi sur l'accès à
l'information, la date retenue était le 1er janvier 1986. Or, on trouve
effectivement, à l'heure actuelle dans la loi 50, la Loi sur les
archives...
Une voix: Le 21 juin 1985.
M. Payne: ...le 21 juin 1985. Pour rendre cela un peu plus
cohérent avec la loi sur l'accès à l'information, il est
recommandé que ce soit modifié par l'amendement suivant: Que
l'article 50 de la Loi sur les archives soit modifié par le
remplacement, à la deuxième ligne, des mots et chiffres "21 juin
1985" par les mots et chiffres "1er janvier 1986". L'amendement est
déposé, M. le Président.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): II
apparaît au projet de loi 15.
M. Blank: Cela a l'air logique, adopté. Loi sur le
cinéma
M. Payne: J'aurais une deuxième proposition sur le
cinéma.
M. Blank: Quel article?
Une voix: C'est après 182 qu'on ajoute...
M. Blank: Article 182.
M. Payne: Si on peut aller à l'article 182.1, il est
question de la Loi sur le cinéma. Ce qu'on y retrouvait
effectivement...
M. Blank: Est-ce un papillon?
M. Payne: Cela deviendrait un papillon.
M. Blank: Est-ce qu'on en a discuté avec le
député de Saint-Henri?
Une voix: Oui.
Une voix: J'espère que oui.
M. Payne: Oui, effectivement, parce que... Si je peux
m'expliquer...
M. Blank: Est-ce que je peux en avoir une copie?
M. Payne: L'effet essentiel est de changer le nom de la
Société générale du cinéma par la
Société générale du cinéma du Québec.
On demande de rajouter "du Québec".
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela a l'air capital, on devrait y
aller sur division.
M. Payne: Le député de Saint-Louis serait-il en
désaccord?
M. Leduc (Saint-Laurent): Sur division, M. le
Président.
M. Payne: Cela a fait l'objet d'une discussion. C'est
présenté pour une raison très simple: la
Société générale du cinéma, cela
prêtait à un certain nombre de confusions,
particulièrement, par exemple, pour les fournisseurs de
l'extérieur, de l'étranger. Il est proposé en conclusion
que l'on modifie cela par les mots suivants: la Société
générale du cinéma du Québec. On se souviendra, par
exemple, qu'il y a souvent eu confusion avec Téléfilm Canada.
M. Leduc (Saint-Laurent): Société
générale du Canada.
M. Blank: Cela veut dire que la section V est intitulée
maintenant Société générale du cinéma et
vous voulez changer cela pour Société générale du
cinéma du Québec.
M. Payne: C'est bien cela.
M. Blank: Vous ne changez pas la Loi sur le cinéma pour
Société générale du cinéma du Québec,
vous changez Société générale du cinéma pour
Société générale du cinéma du Québec.
D'accord. Article 182.1, adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix: Oui.
M. Payne: Par la suite... (22 heures)
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Un
instant, M. le député de Vachon! Est-ce que l'article 182.1 est
adopté?
M. Rocheleau: M. le Président, est-ce qu'on peut
m'expliquer la différence entre la Société
générale du cinéma... Pourquoi ajoute-t-on du
Québec?
M. Payne: C'est une question
d'identification. Comme vous le savez, l'organisme fédéral
s'appelle Téléfilm Canada. Cela prête souvent à
confusion avec la Société générale du cinéma
qui est la société générale
québécoise. Pour faciliter l'identification on propose qu'on
devrait l'appeler plutôt la Société générale
du cinéma du Québec.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on nous assure...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): M. le député de Hull.
M. Rocheleau: ...par la nouvelle terminologie, que la
Société générale du cinéma fonctionnera
beaucoup mieux si on y accroche le mot "Québec"?
M. Payne: Vous vous identifierez peut-être davantage
à la société québécoise si elle s'appelle
Société générale du cinéma du Québec.
Sérieusement, comme société de la couronne, c'est la
société elle-même qui avait recommandé aux
législateurs que cela soit modifié à l'Assemblée
nationale, pour mieux l'identifier.
M. Rocheleau: M. le Président, je n'ai pas d'objection
majeure; je me posais simplement la question.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): L'article
182.1 est-il adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Payne: Suivant le même principe, M. le
Président...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
J'ai un autre amendement ici.
M. Payne: Il est proposé, par l'article 182.2,
d'insérer après l'article 182.1 le suivant: "182.2. L'article 47
de cette loi est modifié par l'addition, après les mots
"Société générale du cinéma", des mots "du
Québec". Donc, une question de concordance.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
Adopté?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, d'accord.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
L'article 182.2 est adopté.
M. Payne: Dans la même veine...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): L'amendement qui se lit à l'article 182.2 est
adopté.
M. Payne: Dans le même esprit, l'article 193.5 se lit comme
suit: Insérer après l'article 193.4 le suivant: Dans toute loi,
tous règlement, proclamation, arrêté en conseil,
décret, contrat ou autre document, les mots "Société
générale du cinéma" sont remplacés par les mots
"Société générale du cinéma du
Québec".
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): M. le député de Vachon, si vous voulez bien me
soumettre...
M. Payne: Pour la même raison.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Il y aun amendement. Article 193.5...
M. Payne: Je voudrais dire quelque chose, M. le
Président...
M. Blank: Article 182.3...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): On se promène dans le temps.
L'article 193.5 est adopté. M. le député de
Vachon.
M. Payne: On a parlé de la question...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Dans quel
ordre procédez-vous à ce moment-ci?
M. Rocheleau: C'est 182.3.
M. Payne: Non, je suis l'ordre qu'on propose parce qu'on a
discuté tout à l'heure de la Société
générale du cinéma...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): Pour compréhension, si vous pouviez appeler le
numéro de l'article que revêt votre amendement de telle sorte
qu'on puisse suivre ici à l'avant.
Loi modifiant la Loi sur les mines
M. Payne: C'est ce qu'on appellerait l'article 182.3:
Insérer après l'article 182.2 le suivant: 182.3. L'article 168 de
cette loi est modifié par le remplacement du paragraphe 2 par le
suivant: "2. Établir les conditions pour l'obtention ou le
renouvellement d'un permis d'exploitation selon ces catégories."
Amendement déposé.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): L'article 182.3 est-il adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): Adopté.
M. Payne: Est-ce que je peux (n'expliquer?
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): Si vous voulez.
Une voix: Nous, on comprend.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Les
députés ont indiqué leur compréhension.
M. Payne: Cela viendrait avec l'autre. Donc, on arrive...
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-
Soulanges): M. le député de Vachon.
Loi sur le Musée des beaux-arts de
Montréal
M. Payne: On arrive à la Loi sur le Musée des
beaux-arts de Montréal, M. le Président. À l'article 98.1,
on recommande d'ajouter, après l'article 98, ce qui suit: Loi sur le
Musée des beaux-arts de Montréal, article 98.1: L'article 15 de
la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal est modifié
par l'addition, après le premier alinéa, des suivants: "La
corporation peut également, avec l'autorisation du gouvernement,
exproprier dans un rayon de moins de 325 mètres de l'édifice
situé au 1379, rue Sherbrooke ouest dans la ville de Montréal,
tout bien qu'elle juge nécessaire à l'exercice de ses
activités. L'autorisation du gouvernement ne prend effet que le 30e jour
après la date de sa publication à la Gazette officielle du
Québec. Tout avis d'expropriation en vertu du présent article
doit être publié à la Gazette officielle du Québec
dans les 30 jours de la date où il est transmis à
l'exproprié. "Aucune instance d'expropriation ne peut être
commencée en vertu du présent article après le 31
décembre 1987."
M. Blank: Concernant cet article, le Musée des beaux-arts
de Montréal veut faire une expansion de l'autre côté de la
rue Sherbrooke pour construire un édifice pour exposer des oeuvres d'art
qu'ils ont dans leur sous-sol et partout. Il paraît qu'ils ont tellement
de tableaux et d'autres pièces d'art qu'il n'y a pas de place pour les
exposer. Le ministre a approché l'Opposition pour donner cette
autorisation sauf que, quand la première approche a été
faite, il y avait une expropriation illimitée. Dans
l'intérêt, pas seulement de tout le Québec, qui pouvait
être exproprié avec la première version, on a voulu la
limiter. On l'a limitée pour le rayon. C'est maintenant 325
mètres et aussi on donne à l'exproprié la chance de faire
valoir ses objections à l'expropriation, s'il y a lieu, et de faire des
représentations au ministre durant les 30 jours qui suivent la
publication à la Gazette officielle. Aussi, si on n'utilisait pas tout
le territoire inclus ici, ce devait être comme une homologation sur tout
le territoire. Je peux annoncer ici que j'ai un intérêt parce que
ma maison est située en dedans de ces 325 mètres.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez un conflit
d'intérêts.
M. Blank: Je ne suis pas intéressé d'avoir cela sur
ma tête comme une épée de Damoclès, sur ma maison,
et pas seulement la mienne. Vous avez des maisons comme la maison
d'appartements Port-Royal, peut-être 300 condominiums de luxe, de grande
valeur, les appartements Château, trois églises. Le Ritz-Carlton
n'est pas loin. Peut-être que c'est touché par cette
affaire-là. Holt Renfrew, où les femmes de nos
députés font des achats. Voyant que le conseil d'administration
du musée a un plan particulier, on veut qu'il mette ce plan en marche le
plus tôt possible et on limite ce droit d'expropriation à trois
ans. Nous sommes d'accord avec cela.
M. Payne: En tout cas, on mettrait de côté le
conflit d'intérêts possible du député de
Saint-Louis, mais...
M. Blank: C'est une déclaration d'intérêts.
Ce n'est pas un conflit. C'est une déclaration
d'intérêts.
M. Payne: II y a deux principes dans l'amendement. D'abord, il
n'y a pas d'autorisation d'expropriation avant le 30e jour après la
parution à la Gazette officielle et, deuxièmement, il n'y aurait
pas de possibilité d'expropriation après le 31 décembre
1987, M. le Président. Je pense que cela faisait l'objet d'une entente
avec les membres de l'Opposition.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Souianges): M. le
député de Saint-Laurent, avant l'adoption.
M. Leduc (Saint-Laurent): Là, cela change. Vous dites
qu'en vertu de... Pourriez-vous répéter vos explications? J'ai
mal saisi, à la suite de la question du député de
Saint-Louis.
M. Payne: J'ai dit en dernier, M. le député de
Saint-Laurent, qu'aucune instance d'expropriation ne peut être
commencée en vertu du présent article après le 31
décembre 1987. Nous acceptons cette recommandation du
député de Saint-Louis.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous acceptez donc la recommandation.
Je ne peux être que d'accord.
M. Payne: Vous pouvez dormir en paix. M. Blank:
Adopté.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous le permettez, M. le
Président, je dois dire qu'il n'y avait aucun conflit
d'intérêts, parce que c'est moi qui ai mentionné au
député de Saint-Louis qu'il fallait peut-être y mettre un
terme.
M. Payne: II vient d'arriver. Il a sa maison en face.
M. Blouin: Cela faisait son affaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela faisait peut-être son
affaire, mais il n'y a pas de conflit d'intérêts.
M. Blank: Une déclaration d'intérêts. Chaque
député, si on analyse nos règlements, doit déclarer
son intérêt dans la chose sur laquelle il vote. Adopté.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges):
Adopté. D'autres matières, M. le député de
Vachon?
M. Payne: Non. C'est tout, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Johnson, Vaudreuil-Soulanges): Merci. (22
h 15)
Le Président (M. Payne): M. le ministre, avec quel article
voulez-vous débuter?
M. Duhaime: M. le Président, si vous me permettez, on a
trois amendements.
Le Président (M. Payne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Duhaime: Nous avons trois amendements que j'appellerais
mineurs, mais, eu égard aux travaux de cette commission, il n'y a jamais
rien de mineur. Ce sont des amendements d'importance qui portent sur les
articles 9, 12 et 50 du projet de loi 15. Voulez-vous qu'on les appelle dans
l'ordre?
Le Président (M. Payne): S'il vous plaîtl
Loi sur l'assurance-dépôts
M. Duhaime: L'article 9 porte sur la Loi sur
l'assurance-dépôts. C'est une modification qui voudrait asseoir de
façon juridique un règlement qui est déjà en
vigueur, parce que vous allez comprendre que l'article 9 veut modifier
l'article 43 de la Loi sur l'assurance-dépôts qui porte sur le
pouvoir réglementaire. Nous voulons modifier, en ajoutant au paragraphe
a de l'article 43 les paragraphes a.1 et a.2 que vous retrouvez à
l'article 9, qui vont dans le sens de donner une base juridique à un
pouvoir réglementaire qui est déjà édicté.
Pour de plus amples informations aux membres intéressés de cette
commission, Me Bouchard, qui est l'Inspecteur général des
institutions financières, pourrait peut-être vous donner un peu
plus de détails. Me Bouchard, si vous voulez parler dans le micro pour
que tout le monde vous entende et qu'on vous enregistre, cela va aller
mieux.
M. Bouchard (Jean-Marie): En vertu du règlement actuel,
à 43a, il était prévu que le gouvernement pouvait adopter
des règlements pour déterminer, entre autres, les conditions
requises pour la délivrance d'un permis. C'est le libellé actuel
du paragraphe a. Et, fort de cette disposition, nous avons adopté, en
1981, un règlement qui prévoyait les conditions d'obtention de
permis dans le cas d'institutions qui étaient contrôlées
par des étrangers. Et les étrangers étaient
considérés comme des non-résidents canadiens.
Cette règle existe déjà dans la Loi sur les
assurances et dans toutes les lois des institutions financières au
Canada, c'est la fameuse règle du 10/25, c'est-à-dire que l'on
permet à des non-résidents canadiens de détenir 10% des
actions individuellement et 25% au total. Le règlement que nous avons
adopté n'a pas retenu la règle du 10%, mais s'est contenté
du 25%. Nous avons dit: Les non-résidents qui détiennent au total
plus de 25% ne peuvent pas s'inscrire à la régie. Pour cela on a
dit: Les conditions requises pour la délivrance d'un permis, entre
autres, c'est cela, que vous soyez des résidents canadiens dans une
proportion d'au moins 75% de votre capital-actions.
Il est arrivé subséquemment que des doutes sont survenus
quant à la possibilité de fonder un pouvoir de détention
pour déterminer, entre autres, qui peut détenir des actions, et
exclure une catégorie... Ce n'était pas certain juridiquement.
"Conditions requises", c'est tellement vaste que, justement parce que c'est
trop vaste, peut-être que les tribunaux auraient interprété
que ce n'est pas si certain que le pouvoir habilitant existe. Alors, c'est la
raison pour laquelle on propose d'asseoir juridiquement le règlement qui
existe. Les paragraphes a.l et a.2 sont à toutes fins utiles exactement
ce que nous avons dans le règlement actuel de la régie qui est
prévu pour la détention. Pourquoi l'avons-nous mis là?
Pour une raison bien simple. C'est que notre loi des compagnies de fiducie -
ça ne couvre que les
institutions de dépôt - qui date du début du
siècle, ne prévoit rien pour la détention du capital
étranger, à la différence de la Loi sur les assurances et
à la différence de toute législation canadienne qui existe
dans le secteur. Alors, il devenait important de le faire et, lorsque nous
aurons une loi des compagnies de prêt et de fiducie remodelée,
cette règle-là, normalement, se trouverait dans la loi
organique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'accord.
M. Bouchard: Alors, avec le nouveau pouvoir qui est prévu
dans a.1 et a.2, nous allons réédicter le règlement qui
existe et, là, nous sommes certains que personne ne pourra le
contester.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'accord. Vos derniers mots me
laissent soupçonner que ce n'est peut-être pas
nécessairement proprio motu et que c'est après mûres
réflexions spontanées que vous amenez ce changement-là.
Vous semblez évoquer, pour l'avenir, des possibilités de
contestations. Est-ce qu'on peut présumer qu'il y en a eu et qu'elles
vous ont aiguillonnées?
M. Bouchard: II n'y en a pas eu, M. le député, mais
lorsque nous avons refondu notre réglementation à la
régie... Subséquemment aux amendements que nous avons
apportés l'an dernier - vous vous rappelez - il a fallu refondre tous
nos règlements généraux. À cette occasion, le
bureau de la législation déléguée nous a
souligné qu'il était possible que selon une partie de notre
règlement, qui prévoyait justement cet aspect-là,
l'article 13j, il n'était pas si certain que, juridiquement, nous avions
le pouvoir habilitant, mais ils l'ont laissé quand même en disant:
Écoutez, réglez le problème éventuellement parce
que, possiblement, un avocat pourra soulever ce doute-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que cela arrive souvent,
M. Bouchard, dans les lois qui tombent sous la coupe du ministre des Finances
ou de l'Inspecteur général des institutions financières,
que le libellé des règlements dépasse le fondement qui
apparaît à la face même du texte de loi?
M. Bouchard: Écoutez, à ma connaissance...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va peut-être en voir
un, un peu plus loin.
M. Bouchard: ...c'est la première fois que cela arrive,
c'est peut-être un excès de prudence de ma part d'avoir
suggéré au ministre de l'adopter, s'il a un doute. Vous savez,
quand on administre une loi, c'est toujours très délicat de
marcher seulement par interprétation parce que, tant que la Cour
suprême n'a pas décidé, on n'est jamais certain et, dans le
domaine des institutions financières, c'est très grave de dire:
Tout à coup, il y aurait une possibilité de contestation dans une
mesure administrative comme celle-là. Pour répondre à
votre question, c'est le premier exemple que j'ai et j'espère que c'est
le dernier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais vous gager qu'il y en a
un autre.
Le Président (M. Payne): L'article 9 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Payne): Passons alors à l'article
12, M. le ministre.
Loi sur les assurances
M. Duhaime: Je voudrais déposer un amendement, M. le
Président. M. Johnson, est-ce qu'on vous l'a transmis? Cet amendement
tiendrait lieu du nouvel article 12.
Le Président (M. Payne): Nous avons les copies, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Duhaime: Alors, c'est dans le genre définition, ce que
doit être un assureur, un agent d'assurances et un expert en sinistres de
façon que ces définitions puissent s'appliquer sans pour autant
que cette loi ne les identifie sous la coupe de la Loi sur les assurances et
qu'elle oblige ces gens à une capitalisation qui risquerait de leur
créer des embêtements. Me Bouchard, je vous demanderais
d'expliquer à nos collègues de cette commission ce dont il
s'agit.
M. Bouchard: Les contrats de garantie supplémentaire sont
des contrats qui, comme vous le savez, sont vendus beaucoup dans la province de
Québec et au Canada. Ils sont essentiellement des extensions de garantie
accordées par des commerçants soit sur les automobiles, soit sur
tous les biens meubles, frigidaires, etc. Par suite d'une interprétation
donnée par le ministère de la Justice, les contrats de garantie
supplémentaire ont été interprétés et
considérés comme étant des contrats d'assurance.
Étant des contrats d'assurance il faut donc que ceux qui les
mettent sur le marché soient des assureurs. Étant des
assureurs, ils tombent sous la Loi sur les assurances et doivent en
conséquence respecter toutes les normes des assurances,
c'est-à-dire au point de départ une capitalisation minimale de 3
000 000 $, et respecter tous les critères et les ratios de l'inspecteur
général pour ce genre de commerce.
Il est évident que ces commerçants ne sont pas en pratique
de facto capables de satisfaire aux exigences de la Loi sur les assurances et
la solution qui restait était l'une des hypothèses suivantes: Ou
bien on modifiait le Code civil pour dire carrément que les contrats de
garantie supplémentaire ne sont pas de l'assurance ou bien on maintenait
l'interprétation que ce sont des contrats d'assurance, mais on les
assujettit à un mode de surveillance et de contrôle
différent de celui qui existe à l'heure actuelle pour les
assureurs. Si on prévoit un mode de contrôle différent de
celui qui est prévu pour les assureurs, l'inspecteur
général est obligé de concevoir tout un système qui
n'entre pas dans son champ de juridiction, qui ne relève pas des
institutions financières. Donc, nous aurions été dans
l'obligation de prévoir chez l'inspecteur général une
série de mesures qui ne sont pas de la nature d'une institution
financière, pour contrôler des commerçants qui offrent des
produits qui sont considérés comme étant de
l'assurance.
L'autre solution était celle qui a été retenue,
soit des contrats d'assurance, mais assujettis à un mode de surveillance
différent et ce mode qui est plus approprié, c'est celui qui est
déjà actuellement utilisé et qui existe au niveau de
l'Office de la protection du consommateur, d'où le but de l'amendement.
D'une part, il modifiait la Loi sur la protection du consommateur - ce qui a
été fait à l'article 321 - pour dire que ces
commerçants devront à l'avenir obtenir un permis de l'Office de
la protection du consommateur. Mais, comme c'est de l'assurance et comme on ne
veut pas assujettir ces commerçants à une double juridiction,
c'est-à-dire à la fois à l'Office de la protection du
consommateur et à l'inspecteur général, il fallait amender
nos définitions d'assureur dans la Loi sur les assurances pour dire
qu'une personne qui vend de tels contrats n'est pas un assureur, de telle sorte
qu'elle tombera sous la juridiction de l'Office de la protection des
consommateurs. Mais, par ailleurs, un assureur qui lui voudrait les offrir,
comme on dit que c'est encore de l'assurance, il continuera de le faire.
Le but de l'amendement c'est de dire, donc, exclusion, ce ne sont pas
des assureurs, et la même chose pour les agents d'assurances et les
experts en sinistres qui sont assujettis aux mêmes normes. Tous les
vendeurs et les personnes qui travaillent pour ces commerçants seraient
- si on ne faisait pas l'amendement - considérés comme des agents
d'assurances. Il y aurait obligation de passer un examen auprès de
l'inspecteur général et d'obtenir un permis d'agent d'assurances.
Alors, pour être conséquent avec tout le reste, on les exclut
carrément de la juridiction de l'inspecteur général pour
les faire tomber sous celui de l'Office de la protection du consommateur.
Le Président (M. Payne): Merci, M. Bouchard.
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, dans le même
contexte, quand on touche plus particulièrement aux estimateurs
d'assurances, est-ce qu'on a une disposition qui tient compte des
régions frontalières? On voit des compagnies... Par exemple, dans
la région de l'Outaouais, des compagnies résident à Ottawa
et ont souvent un bureau du côté québécois, un
numéro de téléphone et c'est à peu près tout
ce que l'on concède au point de vue d'emploi au Québec pour faire
de l'estimation d'assurances. Est-ce qu'on apporte en même temps des
correctifs dans le but d'obliger justement les firmes d'experts à avoir
leur siège social au Québec et aussi faire en sorte qu'ils aient
leurs bureaux pour tenir compte des emplois au Québec? Est-ce que vous
êtes au courant de ce problème qui existe plus
particulièrement dans les zones frontalières?
M. Bouchard: Oui, c'est très vrai et c'est très
juste. C'est un problème qui est excessivement difficile dû au
fait que sur le plan constitutionnel, avec la Charte des droits et
libertés qui existe, on n'est plus capable de réglementer
l'exercice des professions et l'exercice des activités, de telle sorte
qu'il est loin d'être certain que sur le plan constitutionnel on puisse
poser comme condition d'exercice d'une activité quelconque qu'on doive
détenir son domicile dans la province de Québec. Le
problème que vous posez, c'est vrai. J'ai été saisi
plusieurs fois de cette situation et c'est vrai qu'il y a des abus. On tente
actuellement de trouver une solution en laissant la situation juridique telle
qu'elle est, parce que juridiquement je ne suis pas certain que l'on soit
capable d'agir, suivant les opinions que j'ai eues. Il faut faire des
représentations auprès des compagnies, auprès des agents,
auprès des estimateurs et des experts en sinistres qui, comme vous le
dites, sont domiciliés, par exemple, à Ottawa et envahissent le
territoire québécois sans être assujettis à la
juridiction. C'est très vrai, c'est un problème. (22 h 30)
M. Rocheleau: Mais, M. le Président, on mentionne l'aspect
constitutionnel. Il y a une
loi qui existe actuellement. Est-ce qu'on a tenté de faire une
cause type pour réellement déterminer si la loi s'applique comme
telle ou si elle peut être contestée au point de vue
constitutionnel?
M. Bouchard: On n'a pas encore fait de cause type, mais on songe
sérieusement à tester cela. Cela voudrait dire qu'il faudrait
modifier notre règlement et le faire juger par le tribunal. Ce que nous
avons à l'heure actuelle c'est qu'il faut résider au
Québec, avoir une certaine expertise et passer un examen auprès
de l'inspecteur général. C'est la règle qui existe.
Le problème est qu'en pratique - parce qu'on ne le sait pas
toujours - surtout dans la région que vous mentionnez, il est
très facile pour les compagnies d'assurances de faire affaires avec des
personnes qui n'y sont pas domiciliées et avec lesquelles elles sont
accréditées parce que les compagnies d'assurances s'entendent
rapidement et parfois ont des ententes avec les estimateurs, avec les bureaux
d'experts qui vont faire l'évaluation et, lorsque nous le savons, c'est
un peu tard. Très souvent, ce sont des compagnies qui ne sont pas sous
la juridiction québécoise mais des compagnies
fédérales. Alors, il faut donc prendre le problème par
l'autre bout de la lorgnette et essayer de pénaliser ou de
réprimander non pas la compagnie d'assurances, parce qu'elle ne tombe
pas sous notre juridiction, mais ces experts en sinistres qui n'ont pas de
permis du Québec mais qui s'en vont dans la région d'Ottawa-Hull
et qui y transigent.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais par contre... Je
ne veux pas prendre tout le temps de cette Assemblée, mais chez nous
c'est un problème réel et depuis quelques années on
s'aperçoit que de plus en plus certaines compagnies d'assurances ont
leur propre bureau d'experts, alors qu'antérieurement il y avait
plusieurs compagnies indépendantes et il y avait aussi des bureaux
d'estimateurs indépendants. De plus en plus, ils tentent d'avoir une
certaine concentration des activités et la majeure partie des compagnies
d'assurances, parmi les plus importantes, ont leur siège social à
Ottawa et cela crée un exode important au niveau des emplois du
côté québécois. On doit faire appel à un
bureau qui est simplement superficiel: un numéro de
téléphone à Hull, à Gatineau ou dans l'Outaouais et
ce sont les employés d'Ottawa qui prennent la cause en main. J'ai eu
plusieurs plaintes d'experts indépendants qui résident du
côté québécois et qui ont déjà
porté plainte auprès du ministre des Finances du temps. On n'a
pas eu de résultat concret jusqu'à maintenant. Je me pose encore
la question et j'aimerais savoir, de la part du ministre, si on a l'intention
de faire effectivement une cause type prochainement dans le but de tenter au
moins cette expérience. Si elle est contestée au point de vue
constitutionnel, c'est une autre affaire, mais il n'en demeure pas moins
qu'à cause de l'exode qui s'est créé on semble se foutre
éperdument aujourd'hui d'avoir un bureau ou d'avoir sa place d'affaires
du côté du Québec et on s'en va plutôt du
côté de l'Ontario. Cela nous préoccupe, M. le
Président, parce que plusieurs emplois sont
déménagés du côté de l'Ontario.
Le Président (M. Payne): M. le ministre.
M. Duhaime: En fait, M. le député de Hull, on a
deux choix devant nous: ou bien essayer de vivre avec les moyens du bord, avec
la législation et la réglementation qui en découlent et
que nous avons actuellement ou, encore, inscrire une procédure et faire
une cause type. Je ne suis cependant pas certain si, dans le régime
constitutionnel actuel, ce genre de commerce n'est pas qualifié par les
plus hautes instances judiciaires comme étant un commerce de nature
interprovinciale qui échapperait à notre propre
législation. Alors, je pense que la prudence nous commande de prendre un
certain nombre de précautions dans ce dossier.
N'y a-t-il pas des aménagements possibles sur le plan très
pratique? Là il y a un point d'interrogation. Si la voie judiciaire est
la seule qui nous reste, on pourrait peut-être tenter une cause type,
mais, si vous voulez avoir ma première réaction dans ce genre de
matière, je serais plutôt enclin à croire que, s'agissant
d'un commerce de la nature que les tribunaux pourraient reconnaître comme
étant interprovinciale, donc, qui échapperait à notre
propre législation, là, on n'a aucune espèce de garantie
du résultat devant les tribunaux.
M. Rocheleau: Mais il n'en demeure pas moins, M. le
Président, que la loi est quand même très
spécifique. C'est que l'on craint qu'il puisse y avoir, à la
suite d'une procédure, un appel, je veux dire qu'on pourrait traiter de
tout l'aspect constitutionnel; j'en conviens. Mais il n'en demeure pas moins
que la loi est explicite de ce côté-là. La loi
prévoit qu'il peut y avoir des sanctions prises pour ceux qui
n'opèrent pas un commerce au Québec, qui n'ont pas leur place
d'affaires au Québec.
M. Duhaime: II n'y a pas de problème sur le plan de la
clarté de nos lois et des règlements qui en découlent. Le
problème n'est pas là. Le problème, c'est de tester le
champ d'application de nos lois. Est-ce que ces législations peuvent
avoir un caractère extraterritorial? Moi, j'aurais
beaucoup de réserves là-dessus. Est-ce qu'on peut,
effectivement, par extension, réglementer des activités de
compagnies ou de bureaux qui sont du côté d'Ottawa, par rapport
à leurs affaires faites au Québec? Là, j'avoue que j'ai
des doutes.
Mais est-ce qu'il n'y a pas une façon pratique, en dehors de la
voie judiciaire, de régler ce problème-là? On peut
toujours l'essayer.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Rocheleau: Mais, j'ai d'autres choses. Est-ce que le
député de D'Arcy McGee veut parler sur le même sujet?
Le Président (M. Payne): Effectivement, mais vous
pouvez... Si vous voulez continuer.
M. Marx: Moi, je veux parler sur ce sujet un peu en
général, pour 30 secondes.
M. Rocheleau: Bien, j'aimerais peut-être terminer en dix
secondes.
M. Marx: Oui.
Une voix: Vous avez 40 secondes.
M. Rocheleau: Je voudrais que le ministre puisse nous assurer
que, face au problème qui est actuellement créé, à
cause du facteur interprovincial, il va faire tout son possible pour appliquer
la loi, telle qu'elle existe, et ses règlements. S'il y a une
procédure à prendre, bien, quitte à être
défaits, on va le savoir une fois pour toutes. Mais, si on ne l'essaie
pas, on ne le saura pas.
En attendant, c'est que nos bonhommes, du côté de
l'Outaouais québécois, se font faire littéralement par les
compagnies qui opèrent du côté d'Ottawa et qui viennent
chercher les profits de ces expertises-là, du côté
québécois. Je comprends que vous êtes de nouveaux
fédéralistes, M. le ministre. Je comprends que vos avenues avec
Ottawa semblent de beaucoup meilleures que ce qu'elles étaient avant le
4 septembre. Mais il faudrait peut-être mettre à profit, pour le
court temps que ça va durer, ces nouvelles amours, pour tenter de
régler le problème qui nous préoccupe, comme ça
pourrait préoccuper d'autres régions.
Mais, moi, je vous parle des gars chez nous qui opèrent dans ce
genre de commerce. Malheureusement, on n'a pas encore tellement de filles
là-dedans, mais on pourrait en avoir si on avait la capacité de
garder ces expertises-là de notre côté.
M. Duhaime: Laissez-moi réagir, M. le
député, en disant que vous êtes très malin, en nous
disant de but en blanc que ça pourrait être de court terme. Le
gouvernement de M. Mulroney vient d'être élu. Alors...
M. Rocheleau: Mais le vôtre s'en va. M. Duhaime: Le
nôtre va être réélu. Une voix: Voyons, on
pourrait être élu! M. Gauthier: Vous n'êtes pas
sérieux?
M. Blouin: Regarde les sondages, Gilles, voyons! Lis les
sondages, voyons!
M. Duhaime: À partir du moment où une loi et les
règlements qui en découlent ne sont pas déclarés
ultra vires par un des tribunaux, ces règlements et ces lois ont force
de loi. Si on prenait le risque - je dis bien, il y a un "risque" - d'inscrire
une procédure et que nous perdions, ce que vous déplorez
aujourd'hui serait, sans aucun doute, accéléré.
Ce que beaucoup de gens craignent, à l'heure actuelle, c'est de
se dire: Il y a des lois au Québec, il y a des règlements qui en
découlent. Tant et aussi longtemps que les tribunaux n'ont pas
démantibulé ces choses-là, ça tient. Je ne
prendrais pas le risque de vous dire: Nous allons nous-mêmes amorcer une
cause type pour la tester devant les tribunaux. J'aimerais mieux qu'on se place
sur la défensive. Nous avons nos lois et leurs règlements et, si
quelqu'un les enfreint, on va mettre en marche la machine judiciaire et, si
c'est contesté, on verra; on va se défendre. Mais, en faire une
cause type et aller de l'avant au risque de se faire désavouer par les
tribunaux, je ne vois pas tellement ce qu'on pourrait y gagner.
M. Blank: Ce n'est pas un argument. Pourquoi adopter les lois si
vous ne les utilisez pas?
Le Président (M. Payne): Je m'excuse! M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Si je comprends bien, ici le problème est la
réglementation des estimateurs qui ne sont pas au Québec.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas ce dont il est question ici, c'est
la question que pose le député de Hull. Nous discutons ici un
amendement à la loi, ce qui est une tout autre question.
M. Marx: D'accord. La question que le député de
Hull a posée c'est: La réglementation, le contrôle des
experts qui font des estimations au Québec, c'est cela?
M. Blank: Vous avez cela ici dans votre amendement: expert en
sinistres.
M. Duhaime: Oui.
M. Blank: C'est votre définition d'un estimateur.
M. Marx: D'accord, est-ce cela le problème?
M. Blank: Dans votre papillon.
M. Duhaime: Oui, mais on parle des régions
frontalières. C'est une autre dimension du problème, mon cher
Harry!
M. Blank: Oui, mon oncle! M. Marx: Je reprends...
M. Duhaime: J'espère qu'on ne va pas inscrire cela dans
les Débats.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee, s'il vous plaît, je vous rappelle qu'on a
déjà passé 17 minutes sur cet article.
M. Blank: Chaque député a 20 minutes.
Le Président (M. Payne): Non, je pense que, selon
l'entente, c'est...
M. Blank: Chaque député a 20 minutes.
Le Président (M. Payne): Ah! Il n'y a pas d'entente, non?
Allez!
M. Marx: La question soulevée par le député
de Hull, c'est la réglementation des experts - c'est cela? - qui sont de
l'Ontario, mais qui viennent faire des estimations au Québec. D'accord?
Je ne vois aucun problème là. Pourquoi cela ne serait-il pas sous
la juridiction du Québec? Premièrement, l'assurance relève
en principe de la compétence des provinces; le droit civil est
provincial. Je ne vois pas d'où vient la difficulté, étant
donné qu'il me semble que la Cour suprême a déjà
rendu une décision, par exemple, en ce qui concerne les avocats.
C'est-à-dire qu'elle a dit qu'il est bien clair que les provinces
peuvent réglementer, si vous voulez, la profession d'avocat. Je ne vois
pas l'incidence que l'article 6 de la constitution pourrait avoir sur le fait
de travailler au Québec; si on vient de l'Ontario, on n'a pas le droit
de travailler comme on veut, il faut que les lois et les règlements du
Québec soient respectés.
M. Duhaime: Là-dessus, M. le Président,
l'information qui vient d'être donnée par le député
de D'Arcy McGee devrait répondre à toutes les
préoccupations de notre collègue de Hull. Je proposerais
que...
M. Blank: Je dis que vous avez le droit de prendre des
poursuites.
M. Marx: C'est cela, vous avez le droit d'adopter des lois et des
règlements en ce qui concerne les estimateurs qui travaillent au
Québec.
M. Duhaime: Alors tout le monde est d'accord. Adopté?
M. Blank: Pourquoi le faites-vous?
Le Président (M. Payne): Si c'est bien le cas,
l'amendement est-il adopté?
M. Marx: J'ai compris que vous ne faites pas ce que le
député de Hull...
M. Duhaime: Mais le député de Hull ne nous a rien
demandé... Il a seulement posé la question à savoir ce qui
arriverait devant les tribunaux. Alors, on dit que nous ne prendrons pas
l'initiative d'une poursuite, on va attendre. Alors l'opinion...
M. Marx: Vous allez gagner votre cause.
M. Duhaime: ...que vous venez de nous donner ce soir va nous
épargner beaucoup de frais; vu que vos propos sont enregistrés,
on va s'en inspirer et on va plaider dans le sens que vous venez de nous le
dire...
M. Marx: II ne faut pas que...
M. Duhaime: ...en espérant que le Cour suprême soit
d'accord avec vous.
M. Marx: J'espère que le ministre n'oubliera pas que je ne
peux pas prendre un mandat de son ministère. C'est défendu par la
Loi sur l'Assemblée nationale. Si le ministre veut proposer des
amendements à la Loi sur l'Assemblée nationale pour me permettre
de plaider sa cause, cela est une autre question.
M. Duhaime: Cher collègue, même si on amendait la
Loi sur l'Assemblée nationale, je ne suis pas convaincu que je prendrais
pareil risque.
Le Président (M. Payne): Est-ce qu'on peut revenir
à l'étude? L'amendement est-il adopté?
M. Duhaime: Cela va, adopté. Une voix: Non.
M. Duhaime: Non? Qu'est-ce qui arrive? (22 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce qui me frappe - ce n'est pas
la première
fois, on l'a vu dans la loi 3, les avalanches d'amendements de
dernière minute, l'amendement qui amende un papillon qui venait nous
arriver par la tête - comment est-ce que, dans le processus d'apporter
devant nous des propositions d'amendement à des lois, on arrive 24
heures avant la tenue d'une séance avec de nouvelles définitions?
C'est un cas patent, évidemment, et je n'ai pas vraiment saisi pourquoi
la nouvelle formulation est de loin préférable à ce
qu'elle était autrefois. C'est, comme M. Bouchard l'a expliqué,
blanc bonnet et bonnet blanc. Pourquoi le blanc bonnet n'était-il pas
bon?
M. Duhaime: II y a certainement des nuances très
importantes. Nous allons demander à M. l'Inspecteur
général des institutions financières de vous
l'expliquer.
M. Bouchard: C'est un amendement qui est de concordance avec
l'amendement que vous avez apporté à la Loi sur la protection du
consommateur à l'article 321. Les deux organismes doivent jouer de pair
et vous avez eu un papillon à l'article 321. Donc, il faut s'ajuster sur
l'amendement qui a été apporté à l'amendement
proposé et le but de cela, c'est de faire en sorte qu'au lieu de se
référer à une définition qui n'existe plus, pour
être bien certain, on reprend ici dans le texte ce qu'est un contrat de
garantie supplémentaire au lieu de dire "au sens de la Loi sur la
protection du consommateur" pour être bien certain que la
définition, c'est ce qu'on veut dire. Deuxièmement, c'est qu'on
veut vraiment toucher toutes les personnes qui font ce commerce et non pas
seulement ce qui est prévu à l'office, parce que l'office ne
touche qu'à un commerçant et un individu, mais pas deux
commerçants. Ici, on veut être bien certain, comme ces gens ont
modifié, eux, leur définition pour dire "une partie", qu'on
touche la même chose et qu'on va couvrir le même terrain dans notre
définition d'assureur.
M. Duhaime: En d'autres mots, M. le député, ce que
M. l'Inspecteur général des institutions
financières...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous êtes d'accord avec
cela, oui.
M. Duhaime: ...ne vous dira pas, c'est qu'étant un
personnage de l'État fort occupé, il ne veut pas s'occuper
désormais des contrats de garantie supplémentaire. Il veut que
ces choses relèvent de l'Office de la protection du consommateur selon
les dispositions de l'article 321 - c'est une question de logique - pour
éviter le double emploi. Si vous êtes d'accord, on pourrait
l'adopter.
M. Marx: M. le Président, sur la question que j'ai
posée avant, vous avez un règlement en ce qui concerne les
ajusteurs qui viennent de l'Ontario. Le règlement n'est pas
appliqué?
M. Duhaime: Oui.
M. Marx: C'est appliqué?
M. Bouchard: Oui, il est appliqué. C'est parce que le
problème qu'il a soulevé... D'ailleurs, depuis cette question,
j'ai fait deux réunions dans la région et si vous me dites que ce
n'est pas encore tout à fait réglé, là, je
l'apprends, parce que je n'ai pas eu de nouvelles depuis quatre ou cinq mois.
On avait fait une réunion globale. On a averti les compagnies
d'assurances. On a averti les ajusteurs en question qu'ils n'avaient pas le
droit de faire affaires au Québec sans permis. Je croyais que
c'était réglé, parce que je n'avais pas eu d'autres
plaintes et, là, vous me dites qu'apparemment, ce n'est pas
réglé. Alors, je vais m'informer et je vais voir ce qui se
passe.
M. Rocheleau: Disons, M. le Président, que cela a
modéré temporairement, mais c'est revenu de plus belle.
M. Bouchard: C'est revenu? Ah boni Alors...
M. Marx: Donc, si je comprends bien, le ministre et l'inspecteur
général sont d'accord avec le député de Hull et ils
vont appliquer le règlement comme on applique n'importe quel autre
règlement.
M. Duhaime: Bien sûr.
M. Marx: Bon! Si vous êtes d'accord, vous auriez dû
dire cela au début, M. le ministre.
M. Duhaime: On n'a jamais dit qu'on n'était pas d'accord,
cher ami. Mais, le député de Hull a soulevé un point
très pertinent et on va s'en occuper avec beaucoup d'attention.
M. Rocheleau: Comme tous les points que je soulève sont
pertinents, M. le ministre.
Des voix: Ahl Ah!
Le Président (M. Payne): Absolument!
M. Duhaime: Je n'étais pas ici au début de la
soirée. Je ne m'en porterais pas garant.
Le Président (M. Payne): De toute
évidence, ils sont pertinents, M. le député de
Hull. Est-ce que l'amendement est adopté?
Une voix: Oui.
M. Duhaime: Nous avons un dernier amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Payne): À ce moment-là...
Un instant, s'il vous plaît; Est-ce que l'article 12 tel qu'amendé
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Payne): Je passe à ce
moment-là à l'article...
M. Duhaime: 50.
Le Président (M. Payne): ...50, effectivement.
Loi sur les dépôts et
consignations
M. Duhaime: Oui. Cela concerne la Loi sur les dépôts
et consignations. Il s'agit de ratifier en quelque sorte... Le très
brillant légiste du contentieux du ministère des Finances pourra
éclairer vos fanaux, si besoin est. C'est un amendement qui est plus que
très technique, qui consiste à coller des timbres sur une
politique déjà en cours depuis huit ou dix ans, qui fait en sorte
qu'en vertu de la Loi sur les dépôts et consignations,
mécaniquement, ces sommes d'argent étaient
déférées, dans la loi actuelle, au ministère des
Finances proprement dit plutôt qu'au fonds consolidé. L'amendement
va dans le sens que nous modifions l'article 7 de la Loi sur les
dépôts et consignations pour faire en sorte que ces
dépôts et consignations, plutôt que d'aller dans les coffres
du ministre des Finances, s'en aillent au fonds consolidé. Alors, c'est
de la pure mécanique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y avait un bureau
général des dépôts. Est-ce un service à
l'intérieur du ministère des Finances?
M. Duhaime: Oui, jusqu'à présent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a quelqu'un qui s'appelle
le directeur du bureau général des dépôts?
M. Rousseau: Oui, effectivement...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Monsieur, si vous voulez vous
identifier, s'il vous plaît:
M. Rousseau (Pierre): Pierre Rousseau, du service juridique du
ministère des Finances. Il y a effectivement un directeur du bureau des
dépôts et consignations, mais le ministre responsable de ce
bureau, c'est le ministre des Finances. Bien que ces fonds soient placés
au bureau général des dépôts ou ce qu'on appelle
maintenant le bureau des dépôts et consignations, le ministre est
gestionnaire de ces fonds. La pratique comptable avait été
établie que les fonds étaient versés au fonds
consolidé du revenu.
L'ancien article 7 de la loi ne permettait pas cette pratique comptable
mais, pour des raisons pratiques, puisque le ministre des Finances est à
la fois gestionnaire du fonds consolidé du revenu, en vertu de la Loi
sur l'administration financière, et responsable des fonds
déposés au bureau des dépôts et consignations en
vertu de la Loi sur les dépôts et consignations, les fonds
étaient versés au fonds consolidé du revenu. Et afin de
consacrer cette politique comptable avec, d'ailleurs, l'assentiment du
Contrôleur des finances, il a été convenu d'apporter un
amendement à cet article.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela faisait combien
d'années que durait cette pratique comptable administrative, finalement,
qui ne correspondait pas à la loi?
M. Duhaime: "Ne correspondait pas à la loi"...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Aux exigences de la loi.
M. Duhaime: On était à la marge, si on veut, c'est
une façon de regarder cela, mais au moins dix ans.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas de...
M. Duhaime: Cet article va dans le sens que le ministre des
Finances veut...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Régulariser.
M. Duhaime: ...déléguer en même temps.
M. Rousseau: Je pense, si vous me le permettez, M. le ministre,
que cela éclaircit la loi sur un point. Au niveau des retraits des
sommes déposées au fonds consolidé du revenu, avant cela
la loi était assez floue sur la mécanique qui devait être
utilisée. Maintenant, cette mécanique est précisée
par l'article 7 où on prévoit que sur demande, le ministre des
Finances rembourse, à même le fonds consolidé du revenu,
les montants d'argent qui auraient pu être déposés par les
requérants.
M. Duhaime: L'ordre de grandeur, M. le
député, cela peut jouer sur n'importe quoi entre 45 000
000 $ et 50 000 000 $ par année.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De dépôts.
M. Duhaime: C'est exact.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est considérable.
M. Duhaime: C'est considérable en effet.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour votre plus grand bien.
Pour le plus grand bien du Trésor public étant donné
qu'avec autant d'argent, quant à l'intérêt produit, vous
n'êtes pas obligés d'emprunter ou de lever des impôts.
M. Duhaime: Non, mais cela ne change rien dans la pratique
courante.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends cela.
M. Duhaime: On enlève un tamis.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas de changement de
personnel? Il n'y a pas besoin de moins de gens? Cela fonctionnait tout seul
d'une façon qui, aujourd'hui, est régularisée.
M. Duhaime: Ni des gens en plus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ni des gens en plus, c'est
entendu.
M. Duhaime: L'article 50 est-il adopté?
Le Président (M. Payne): L'article 50 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Payne): À ce moment, on passe, en
dernier, je pense, à l'article 51. L'article 51, cela ne vous
intéresse pas, M. le ministre?
M. Duhaime: Cela va avec l'autre.
Le Président (M. Payne): L'article 51 est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, une seconde.
M. Marx: C'est une concordance avec l'article 50. Est-ce
cela?
M. Duhaime: C'est exact.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela, c'est tout. Vous
avez tout ramassé à l'article 50.
Le Président (M. Payne): Adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté.
Le Président (M. Payne): L'article 51 est-il
adopté? Merci, M. le ministre. L'article 51 est adopté.
Loi sur l'Assemblée nationale
M. Guay (président de l'Assemblée): Écoutez,
je n'ai pas d'objection, si la commission me donne la permission de m'exprimer
devant elle, si elle a des questions à poser sur les amendements
à la Loi sur l'Assemblée nationale... Le leader du gouvernement
s'en vient puisqu'il faut quand même un parrain et que je n'ai pas le
droit d'initiative législative. Ce sont, néanmoins, des
amendements qui...
Le Président (M. Payne): Je pense bien qu'on pourrait
avancer si M. le président voulait bien proposer ses amendements. On
est, si je comprends bien, de l'article 6.
M. Guay (président de l'Assemblée): II s'agit en
effet, d'insérer après l'article 6...
M. Rocheleau: On avait décidé, M. le
Président, que le leader devait être présent. Est-ce qu'il
y a une...
M. Guay (président de l'Assemblée): II s'en vient.
C'est simplement aux fins de discussion puisque c'est...
Le Président (M. Payne): C'était seulement si cela
vous convenait. On procède tout de suite avec le dépôt de
l'amendement. Si cela vous convient davantage, on peut effectivement, suspendre
les travaux pour quelques minutes.
M. Guay (président de l'Assemblée):
Étant donné que ce sont des propositions d'amendements qui
émanent de chez nous, le leader du gouvernement et ministre responsable
de l'Assemblée, si on peut ainsi qualifier cet anachronisme qu'un
ministre soit responsable de l'Assemblée. Donc, il s'en vient aux fins
de la proposition des amendements, mais pour ce qui est des explications du
bien-fondé des amendements, à ce moment-là, avec le
consentement de la commission, j'ai l'intention de les donner.
M. Rocheleau: Je vous avoue franchement, M. le Président,
vu les circonstances, le leader est, à toutes fins utiles, le
responsable, je préférerais, peut-
être, étant donné qu'il y a certains des amendements
qui sont traités, je pense que pour le bénéfice du leader,
il devrait normalement être ici.
Le Président (M. Payne): Alors, si on peut commencer avec
l'amendement à l'article 6.
Alors, M. le ministre, voudriez-vous déposer l'article 6.1? (23
heures)
M. Bertrand: Alors, M. le Président, il s'agit
effectivement ici de prévoir une modification à l'article 26 pour
ajouter deux alinéas. Le premier, relatif à la
rémunération, aux avantages sociaux et autres conditions de
travail du secrétaire général et des secrétaires
généraux adjoints, et l'autre, relatif au rattachement des
secrétaires généraux adjoints au personnel de la fonction
publique. Je voudrais donc remettre ce premier amendement qui se lit de la
façon suivante: Insérer, après l'article 6, ce qui suit:
6.1 L'article 26 de la Loi sur l'Assemblée nationale (Lois refondues du
Québec, chapitre A-23.1) est modifié par l'addition des
alinéas suivants: "La rémunération, les avantages sociaux
et autres conditions de travail du secrétaire général et
des secrétaires généraux adjoints sont
déterminés par le Bureau. Les secrétaires
généraux adjoints font partie du personnel de la fonction
publique."
Le Président (M. Payne): L'article 6.1. Discussion.
M. Bertrand: II s'agit essentiellement, M. le Président,
de permettre que, conformément aux pouvoirs et aux attributions qui sont
confiés au Bureau de l'Assemblée nationale, tout ce qui s'appelle
rémunération, avantages sociaux ou conditions de travail du
secrétaire général et des secrétaires
généraux adjoints, puisse être déterminé par
le Bureau de l'Assemblée nationale. Qu'on s'assure aussi, pour
être bien clair, quant au rattachement, en vertu des différentes
lois qui existent, que les secrétaires généraux adjoints
fassent partie du personnel de la fonction publique.
M. Blank: Est-ce que c'est nouveau qu'ils fassent partie du
personnel de la fonction publique?
M. Bertrand: Là-dessus, M. le Président, je pense
que le président de l'Assemblée nationale pourrait
peut-être ajouter quelques éléments.
Le Président (M. Payne): M. le Président.
M. Guay (président de l'Assemblée): Non, M. le
Président, c'est simplement une reprise de l'article 121 actuel de la
Loi sur l'Assemblée nationale. Les secrétaires
généraux adjoints font partie du personnel de la fonction
publique; on le place simplement à un autre endroit.
Le Président (M. Payne): L'amendement...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Payne): ...le nouvel article 6.1 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Payne): L'article 6.2, M. le leader.
M. Bertrand: 6.2, M. le Président, il s'agit effectivement
d'un amendement qui se lirait de la façon suivante: Insérer,
après l'article 6.1, le suivant: "6.2 L'article 27 de cette loi est
remplacé par le suivant: 27. En cas d'absence ou d'incapacité
d'agir du secrétaire général ou de vacance de son poste,
le président désigne un des secrétaires
généraux adjoints pour le remplacer pendant que dure l'absence,
l'incapacité ou la vacance."
Essentiellement, M. le Président, tout en vous remettant cet
amendement, l'ajout qui est fait, c'est de prévoir la vacance du poste
et de s'assurer que, lorsqu'il y a vacance du poste, pour ce qui est des
fonctions attribuées au secrétaire général, le
président peut désigner un des secrétaires
généraux adjoints pour le remplacer pendant que dure l'absence,
l'incapacité ou - et c'est là qu'est l'amendement,
essentiellement - la vacance du poste de secrétaire
général.
Le Président (M. Payne): Très bien. L'article 6.2
est déposé. Y a-t-il discussion?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Payne): Adopté.
M. Bertrand: Troisième amendement, M. le Président.
Il s'agit d'insérer, après l'article 6.2, le suivant: "6.3 Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 110, du
suivant: 110.1 Sous réserve de la présente loi et aux fins de la
présente section, le Bureau peut adopter tout règlement qu'il
juge nécessaire à la gestion de l'Assemblée."
Le Président (M. Payne): 6.3 déposé. Est-ce
qu'il y a une discussion? Adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Payne): L'article 6.4.
M. Bertrand: 6.4 II s'agit d'insérer,
après l'article 6.3, le suivant: "L'article 113 de cette loi est
remplacé par le suivant: 113. Le Bureau établit les effectifs
maxima dont l'Assemblée a besoin pour l'administration de ses services
et en détermine la répartition. Il adopte le plan de
l'organisation administrative de l'Assemblée."
Le Président (M. Payne): L'article 6.4...
M. Bertrand: II s'agit essentiellement, M. le Président,
de se conformer à la politique du Conseil du trésor, qui demande
aux organismes de fixer les effectifs maxima. Donc, à ce point de vue,
le Bureau de l'Assemblée nationale aura la responsabilité de
déterminer ces effectifs maxima.
Le Président (M. Payne): Déposé.
L'amendement est adopté? M. le Président de l'Assemblée
nationale, je m'excuse.
Une voix: Adopté.
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Payne): Adopté. L'article 6.5?
M. Bertrand: À l'article 6.5, il s'agit d'insérer,
après l'article 6.4, le suivant: "6.5 L'article 116 de cette loi est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant: À cette fin,
le président peut constituer un comité consultatif pour
l'assister dans l'examen et la mise en oeuvre de toutes mesures de
sécurité et de protection. Les membres du comité ont
droit, le cas échéant, aux honoraires et autres allocations que
détermine le Bureau."
Le Président (M. Payne): Déposé. Discussion?
Est-ce qu'il est adopté? Messieurs?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Payne): Adopté. L'article 6.6?
M. Bertrand: L'article 6.6. M. le Président, il s'agit
d'un amendement qui consiste à insérer, après l'article
6.5, un nouvel article, l'article 6.6, qui se lirait de la façon
suivante: "L'article 119 de cette loi est modifié par le remplacement du
premier alinéa par le suivant: 119. Sous la direction du
président dont il relève, le secrétaire
général exerce les fonctions qui lui sont assignées par le
président et, le cas échéant, par le Bureau."
Le Président (M. Payne): Amendement déposé.
Discussion?
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Cela complique peut-être un peu la situation,
dans le sens que la Loi sur la fonction publique, au chapitre I,
déterminait antérieurement, en plus des postes de sous-ministres,
une brochette de hauts fonctionnaires, qui avaient le même statut qu'un
sous-ministre.
À l'article 6.6, c'est qu'on ne retrouve pas, au niveau
hiérarchique, le titre de sous-ministre pour le secrétaire
général. Je me pose certaines questions, pour savoir si, en
l'occurrence, il n'y aurait pas lieu de déterminer, par l'addition d'un
alinéa, que le secrétaire général a aussi le rang
et les privilèges d'un sous-ministre, tenant compte du fait qu'on
retrouve depuis cette nouvelle loi, à l'intérieur de chacune des
lois particulières, cela pourvoit effectivement le fait... On peut
prendre le cas du directeur de cabinet du premier ministre, qui a aussi le rang
et les privilèges d'un sous-ministre.
Je me pose la question suivante: Pourquoi est-ce qu'on ne donne pas les
mêmes privilèges au secrétaire général de
l'Assemblée nationale, qui, antérieurement, avait ces mêmes
prérogatives?
Le Président (M. Payne): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Guay (président de l'Assemblée): M. le
Président, la raison est bien simple. C'est à dessein que la Loi
sur la fonction publique ne mentionne plus le secrétaire
général comme ayant un rang de sous-ministre parce que ce dernier
est le premier fonctionnaire du pouvoir législatif. En soi, c'est un
titre qui vaut par lui-même, on n'est pas obligé de
l'équivaloir. C'est quelque chose d'un peu humiliant pour le pouvoir
législatif d'équivaloir son premier haut fonctionnaire à
une notion purement gouvernementale, à une référence au
sein de l'administration publique, du pouvoir exécutif.
De la même façon qu'on ne dit nulle part, dans aucune loi,
qu'un sous-ministre a rang de secrétaire général de
l'Assemblée nationale, il ne m'apparaît pas nécessaire,
utile, pertinent ou à propos de dire que le secrétaire
général de l'Assemblée a rang de sous-ministre. Il y a
quelque chose d'un peu... Le temps où l'Assemblée devait
s'accrocher à des notions comme celles-là me semble révolu
avec l'autonomie administrative qu'a acquise l'Assemblée, avec la
création du Bureau de l'Assemblée nationale. C'est pourquoi le
sens de la nouvelle Loi sur la fonction publique est d'éliminer
justement toute relation entre le secrétaire général de
l'Assemblée et un sous-ministre.
Par concordance, nous proposons que dans la Loi sur l'Assemblée
nationale, on fasse de même. Le secrétaire général
est le premier fonctionnaire de l'Assemblée nationale, du pouvoir
souverain démocratique au Québec. Il n'a pas besoin de se faire
valoriser en disant qu'il est aussi bon qu'un sous-ministre. En soi, cela se
tient tout seul, pas plus qu'un sous-ministre voudrait se faire valoriser en
disant qu'il est aussi bon qu'un secrétaire général de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: II n'en demeure pas moins, M. le Président, qu'au
niveau de l'évaluation des tâches, actuellement le sous-ministre,
à l'intérieur de la loi, a certaines prérogatives,
certains privilèges et à l'intérieur de l'amendement que
l'on retrouve ici, on mentionne: "en administre les affaires courantes et
exerce les autres fonctions qui lui sont assignées par le Bureau."
M. Guay (président de l'Assemblée): L'amendement
n'est pas celui que vous avez sous les yeux. L'amendement se lit comme suit:
"Sous la direction du président dont il relève, le
secrétaire général exerce les fonctions qui lui sont
assignées par le président et, le cas échéant, par
le Bureau." Je vous rappelle qu'on vient d'adopter l'article 6.1 qui dit que
"la rémunération, les avantages sociaux et autres conditions de
travail du secrétaire général et des secrétaires
généraux adjoints sont déterminés par le Bureau".
En d'autres mots, si le Bureau veut accorder au secrétaire
général l'équivalent, en termes d'avantages
matériels, de ce dont peuvent bénéficier les
sous-ministres, le Bureau peut fort bien décider de le faire. Il peut
même décider d'en ajouter comme il peut aussi bien décider
de ne pas le faire. C'est une décision administrative du Bureau, qui
relève administrativement du Bureau de l'Assemblée nationale.
Cela donne au Bureau la flexibilité requise à cet égard au
moment où il détermine justement les conditions de travail,
rémunérations et avantages sociaux du secrétaire
général. C'est au Bureau d'en décider.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je me demande quand même pourquoi, alors que,
dans d'autres cas, indépendamment de la Loi sur la fonction publique, on
retrouve a chacune des lois particulières qu'on donne les mêmes
privilèges d'un sous-ministre à certains autres postes, dans ce
cas-ci, on voudrait omettre de donner les mêmes privilèges?
Même si le Bureau, en l'occurrence, pourrait lui donner plus de
privilèges ou moins de privilèges. Au niveau du poste qui est
occupé actuellement et au niveau de la Loi sur la fonction publique
où, antérieurement, on retrouvait entre autres le
secrétaire général du Conseil exécutif, le
secrétaire général de l'Assemblée nationale, le
chef de cabinet du premier ministre - on vient de reconfirmer dans ce dernier
cas, entre autres, qu'il a les mêmes privilèges qu'un
sous-ministre...
M. Guay (président de l'Assemblée): C'est
l'ancienne Loi sur la fonction publique.
M. Rocheleau: L'ancienne loi.
M. Guay (président de l'Assemblée): Justement, la
nouvelle loi ne mentionne plus ça, à dessein.
M. Rocheleau: Dans la nouvelle loi, je l'ai mentionné
tantôt, quand on traite, entre autres, du directeur de cabinet du premier
ministre, on dit qu'il a aussi le rang et les privilèges d'un
sous-ministre.
M. Guay (président de l'Assemblée): M. le
député, pour ce qui est du directeur de cabinet du premier
ministre, je n'en sais rien. Les raisons pour lesquelles ça se trouve
dans la Loi sur la fonction publique ne me concernent pas. C'est le
législateur qui en a ainsi décidé. Je ne vote pas à
l'Assemblée. Je ne vois pas pourquoi il faut assimiler le
secrétaire général de l'Assemblée au directeur de
cabinet du premier ministre.
En d'autres mots, ce que j'essaie de faire valoir, c'est que la
manière dont le pouvoir exécutif s'organise administrativement,
c'est une chose. La manière dont le pouvoir législatif, ayant
acquis l'autonomie qu'il a maintenant en vertu de la Loi sur l'Assemblée
nationale, avec la création du Bureau, s'organise, c'est une autre
chose. De vouloir calquer l'un sur l'autre n'est pas nécessairement une
bonne façon d'administrer.
L'Assemblée a une dynamique propre, un mode d'organisation qui
lui est propre parce qu'il n'y a pas un ministère qui a les
responsabilités qu'a l'Assemblée. Il n'y a pas un
ministère qui doit en même temps avoir une administration et faire
fonctionner un Parlement. C'est le propre de l'Assemblée nationale.
Donc, de vouloir calquer systématiquement sur l'Assemblée
nationale une structure ministérielle, à mon avis, c'est une
erreur qui rend inutilement lourde et difficile l'administration de
l'Assemblée nationale.
Je pense qu'il est essentiel, pour le bon fonctionnement de
l'Assemblée nationale, que l'Assemblée ait un minimum de
souplesse dans son fonctionnement administratif. J'en veux ceci à titre
d'exemple. Le secrétaire
général de l'Assemblée est élu par
l'Assemblée sur motion du premier ministre. Cela se trouve dans
l'actuelle Loi sur l'Assemblée nationale. De ce fait, il est élu
pour un bon moment et, règle générale, à titre
comparatif, je crois être le 36e président de l'Assemblée
nationale et je pense que nous venons de saluer le départ du 6e
secrétaire général de l'Assemblée. Pour la
même période de temps, il y a eu 36 présidents et six
secrétaires généraux. C'est vous dire que quand on nomme
un secrétaire général, on engage l'avenir. Si on engage
l'avenir, il faut aussi se prémunir contre une autre chose qui est le
fait que le secrétaire général, du fait de son
élection par l'Assemblée comme premier fonctionnaire de la
Chambre, cela entraîne, ce faisant, des responsabilités
administratives, en tout cas, dans la loi actuelle, qui sont analogues à
celles d'un sous-ministre. (23 h 15)
Par contre, dans tous les ministères du gouvernement, dans tous
les organismes publics, un sous-ministre ou un président d'organisme,
c'est amovible si cela ne fait pas l'affaire. Le secrétaire
général est inamovible, à toutes fins utiles. Vous savez
comme moi la procédure qu'il faut suivre pour congédier ou
remercier un secrétaire général. Cela ne s'est jamais vu
et cela ne se verra probablement jamais. Ce qui veut dire que, quand la Chambre
choisit un secrétaire général, elle se trouve à
choisir, par la bande, en même temps, le premier fonctionnaire
administratif de l'Assemblée et pour la même durée que sa
fonction de secrétaire général; il devient inamovible.
Je me dis que le Bureau qui est responsable de l'administration de
l'Assemblée qui est en quelque sorte le conseil d'administration de
l'Assemblée, devrait pouvoir avoir une certaine souplesse à cet
égard, de manière que, tout en laissant le secrétaire
général comme premier fonctionnaire de l'Assemblée, si,
soit par sa nature, soit en cours de route, le secrétaire
général manifeste soit un manque d'intérêt, soit une
compétence insuffisante en matière administrative pour le bon
fonctionnement de l'Assemblée, que le Bureau puisse avoir la
possibilité, à ce moment-là, de déléguer
certaines des fonctions habituellement réservées au sous-ministre
à quelqu'un d'autre dans la fonction publique de l'Assemblée
nationale. C'est un minimum de souplesse.
À défaut de pouvoir changer le sous-ministre, en d'autres
mots, pour se parler en termes de concept clair, comme peuvent le faire
n'importe quel ministère avec la bénédiction du premier
ministre et du secrétaire général du Conseil
exécutif, à défaut de pouvoir le changer ce sous-ministre,
au moins qu'on donne la possibilité de modifier les fonctions de
manière à s'assurer qu'elles sont remplies par la personne la
plus compétente. Parce que, contrairement aux autres sous-ministres qui
relèvent, en définitive, du secrétaire
général du Conseil exécutif, ils relèvent à
la fois de leur ministre et du secrétaire général du
Conseil exécutif qui est le premier des sous-ministres, le
secrétaire général de l'Assemblée ne relève
de personne et il est inamovible.
Cela me semble, dans le contexte de l'autonomie administrative de
l'Assemblée, une notion quelque peu abusive et qui risque de paralyser
l'administration de l'Assemblée au moment où l'Assemblée
évolue vers une plus grande autonomie, du fait de celle qui lui est
accordée, qui est accordée au Bureau par la Loi sur
l'Assemblée nationale.
M. Rocheleau: M. le Président, je comprends mal que le
président, tantôt, mentionnait que depuis... On en était au
36e ou 38e président de l'Assemblée nationale, on en était
au 6e secrétaire général. Cela semble avoir toujours assez
bien fonctionné, que je sache. C'est l'Assemblée nationale qui,
par un vote majoritaire, nomme le secrétaire général en
l'occurrence, et, dans ce contexte, on pourrait aussi selon le président
qui occupe les fonctions de président, qui est de passage parce que,
selon les gouvernements, les changements de gouvernements, on peut retrouver de
nouveaux présidents, mais on retrouve toujours le même
secrétaire général qui est là, normalement,
jusqu'à l'âge de sa retraite. Il a été nommé
dans ses fonctions, j'imagine, à cause de ses capacités, son
expérience, sa compétence ainsi de suite.
À un moment donné, il peut frapper un président qui
est malcommode aussi. Ils n'ont pas nécessairement tous les mêmes
caractères ou les mêmes compatibilités, et il pourrait y
avoir incompatibilité. Je considère qu'à ce
moment-là, cela pourrait créer des problèmes assez
particuliers à celui qui occupe le poste ou qui pourrait occuper le
poste de secrétaire général de l'Assemblée
nationale, et en maintenant les privilèges que l'on retrouve au
sous-ministre... Le président mentionnait tantôt que c'est une
question d'efficacité peut-être ou une question de... En tout cas,
je ne veux pas m'étendre sur le sujet trop longuement, mais je trouve
qu'actuellement, les sous-ministres qui sont à l'emploi ou qui sont
affectés à différents ministères font leur travail
et, dans ces cas-là, comme le président mentionnait tantôt,
il se peut qu'un sous-ministre soit déplacé, mais dans le cas du
secrétaire général, je pense que par son poste et par son
titre, il est là tant et aussi longtemps qu'il n'a pas atteint
l'âge de la retraite. S'il décide...
M. Guay (président de l'Assemblée): Mais vous
imaginez dans quelle situation cela
peut mettre l'Assemblée. Cela peut paralyser complètement
le fonctionnement de l'Assemblée. Il peut y avoir un président
malcommode. Il peut y avoir des secrétaires généraux
malcommodes aussi.
M. Rocheleau: Oui, mais ce n'est pas nécessairement...
M. Guay (président de l'Assemblée): Ce qu'on fait,
en créant une situation inamovible comme celle-là, c'est
d'empêcher l'évolution de l'administration de l'Assemblée,
le cas échéant. Enfin, on peut en arriver à cette
situation-là. Il n'est pas dit que parce qu'un secrétaire
général a été choisi par l'Assemblée en l'an
de grâce 1988, s'il est encore là en l'an de grâce 2004, il
est encore nécessairement aussi vert et aussi compétent. Mais il
est toujours là et il est inamovible. Il y a peut-être du monde
qui va trouver ça long à attendre l'an 2004, pour pouvoir
finalement se trouver quelqu'un qui, sur le plan administratif, ait les
compétences qu'on ne reconnaîtrait peut-être pas à la
personne qui, pourtant, avait été choisie par l'Assemblée,
mais en 1988, soit 15 ans, 16 ans ou 20 ans auparavant. C'est long, 20 ans,
dans la vie d'une Assemblée, dans l'évolution d'une
Assemblée.
Vous dites que les choses ont bien fonctionné jusqu'à
maintenant. Mais il faut bien comprendre que l'Assemblée sort à
peine de l'âge de pierre sur le plan administratif. Savez-vous que
jusqu'en 1977, il n'y avait pas de plan d'organisation administrative
supérieure. La référence que vous semblez
privilégier, enfin, le parallélisme entre le secrétaire
général et un sous-ministre, ce n'était même pas
dans la Loi sur la Législature. Cela date d'à peine deux ans.
À mon avis, je pense qu'à cet égard, on a voulu bien faire
mais je pense qu'on a fait une erreur ce faisant.
L'Assemblée, jusqu'à il y a dix ou quinze ans,
fonctionnait trois ou quatre mois par année. Maintenant,
l'Assemblée fonctionne à coup sûr, selon le
règlement, six mois par année. Les commissions fonctionnent
possiblement à longueur d'année. C'est rendu un Parlement qui
fonctionne à peu près à longueur d'année. Cela
prend donc du monde qui est capable de le faire fonctionner à longueur
d'année. Ce qu'on cherchait il y a 20, 25, ou 30 ans ou 50 ans, comme
compétence pour être le secrétaire général de
l'Assemblée et ce qu'on cherche aujourd'hui, c'est le jour et la nuit.
Il n'y a aucune commune mesure. Ce qu'on va chercher dans 20 ans peut ne pas
avoir de commune mesure non plus mais on peut être pris dans 20 ans avec
la personne qu'on aura choisie cette fois-ci, parce qu'il est inamovible et
que, dans 20 ans, on peut trouver cela joliment pesant à porter.
Ce que je dis c'est que, évidemment, effectivement, des
présidents peuvent être malcommodes parfois. Mais, au moins, les
présidents répondent de leurs gestes parce que ce sont des hommes
politiques. Ils sont choisis par leurs pairs, par l'Assemblée et ils
répondent de leurs actions. Le secrétaire général,
lui, est inamovible. Si on veut laisser le pouvoir administratif dans les mains
du premier fonctionnaire de l'Assemblée, c'est une option possible.
Mais, à mon avis, je dis que c'est une erreur. Parce que, de toute
façon, dans une Assemblée, dans un Parlement, il y a deux ou
trois groupes parlementaires qui sont là. Au niveau du président,
rien n'est politique au sens partisan mais tout est politique d'une certaine
manière parce que tout refoule, le plus simple problème refoule
tôt ou tard, s'il n'est pas réglé ou bien
réglé, chez le président. Oui, au moins, donnons-lui la
capacité de le régler de concert avec le conseil d'administration
de l'Assemblée, qui est le Bureau de l'Assemblée nationale.
Ne paralysons pas les présidents à venir en leur imposant
une situation qui fait qu'ils vont hériter d'une situation figée,
bloquée, coulée dans le béton et qu'ils vont devoir vivre
avec cela tant bien que mal. À mon avis, c'est l'Assemblée
nationale, à ce moment-là, qui va s'en porter le plus mal.
Je suis de ceux qui pensent que les élus du peuple sont
élus pour faire des choses, pour administrer, pour faire des choix.
S'ils se trompent, ils en portent les responsabilités. Ce n'est pas aux
fonctionnaires à porter les responsabilités de cela. C'est aux
gens qui sont en avant. Dans le cas du président de l'Assemblée,
c'est à lui de porter les responsabilités des choix qu'il propose
et des choix qu'il fait. Mais, au moins, qu'il ne soit pas paralysé par
une situation qu'il n'a ni voulue, ni créée et qui a
peut-être été faite des années avant lui.
M. Rocheleau: Il faut quand même remarquer que dans le cas
du secrétaire général, il faut mentionner un fait
important. C'est qu'il y a une question de continuité aussi. Les
gouvernements peuvent changer. Je pense qu'il est souhaitable que le
secrétaire général continue justement à exercer les
fonctions qu'il a toujours exercées et soit quand même
protégé au niveau des privilèges qu'il devrait avoir et
même des privilèges qu'on accorde à l'ensemble des
sous-ministres que l'on retrouve à l'intérieur de chacun des
ministères.
En réalité, je pense qu'il y a la continuité. Si le
prochain gouvernement, hypothétiquement, était un gouvernement
libéral...
Des voix: Oh! Oh!
Des voix: Oh! Oh! Oh!
M. Rocheleau: Disons que pour le moment, je n'ai pas voulu aller
plus loin que l'hypothèse; on confirmera la prochaine fois. Il n'en
demeure pas moins que dans ce contexte, le secrétaire
général continuerait effectivement sa fonction, son travail avec
un nouveau gouvernement, avec un nouveau président, possiblement. Il
continuerait d'oeuvrer à l'intérieur des compétences que
la Chambre lui a reconnues par sa nomination. On a conféré le
titre de secrétaire général à une personne que je
crois compétente, capable, efficace et je considère qu'on
devrait...
M. Guay (président de l'Assemblée): M. le
député, il faut faire la nuance. Quant è la
continuité, je suis parfaitement d'accord avec vous, elle est aux
articles 26, 27 et 28 de la loi, mais il faut faire une distinction entre les
fonctions parlementaires du secrétaire général où,
en effet, il est important qu'il y ait continuité comme, en quelque
sorte, ce que les Anglais appellent "clerk", à défaut de
meilleure expression, greffier de la Chambre. Cela, c'est un volet.
D'ailleurs, la Loi sur l'Assemblée nationale, si vous le
remarquez, est faite en deux parties: la première partie touche
l'Assemblée et son fonctionnement; la deuxième partie touche
l'administration de l'Assemblée, qui est une autre chose. La
première partie touche les 122 députés, la réunion
des 122 députés, qui choisissent un fonctionnaire comme "clerk",
comme secrétaire général de l'Assemblée.
La deuxième partie - et c'est uniquement à la
deuxième partie que nous touchons - concerne l'administration de
l'Assemblée. Je ne mets pas en cause la continuité du
secrétaire général comme greffier, comme "clerk" des 122
députés, où, en effet, une continuité est utile, ce
que je dis, c'est que du fait de cette continuité et de ce
caractère inamovible, il devient inamovible aussi dans la partie
administrative. Dans la partie administrative, là, je ne suis pas
certain que s'il y a un gouvernement libéral élu à la
prochaine élection ou à une autre élection, peu importe
quand, on sera très heureux d'être pris avec la personne qu'en
1985 ou 1986 on aura choisie, si on est rendu en l'an 2000. S'il y en a eu six
depuis la Confédération, c'est vous dire qu'ils durent
longtemps.
Surtout que maintenant, il n'y a plus d'âge de retraite, cela peut
durer très longtemps. Vous pouvez vous retrouver avec des personnes qui
ont 70 ans ou 75 ans, qui sont là depuis 25, 30, ou 35 ans. Les choses
ont évolué, les choses ont changé mais il est inamovible;
vous ne pouvez pas le changer. C'est le seul sous-ministre dans l'appareil de
l'État, ministère comme organisme d'État, qui soit
inamovible. Au nom de quoi l'Assemblée serait-elle ainsi contrainte dans
cette espèce de camisole de force alors que rien, nulle part, personne
d'autre au sein de l'appareil de l'État ne l'est et ce pour des raisons
évidentes, parce que ce n'est pas fonctionnel; cela n'a ni queue ni
tête sur le plan administratif. Je dis que cela n'a ni queue ni
tête sur le plan administratif pour l'Assemblée.
Le Président (M. Payne): Oui, si vous voulez attendre
après M. le leader qui patiente depuis une demi-heure.
M. Bertrand: Une demi-heure, ce serait peut-être un peu
gros, M. le Président.
Le Président (M. Payne): Allez-y donc, M. le
député.
M. Bertrand: Je vais y aller. Le président de
l'Assemblée nationale est placé dans la position où il
doit donner des explications à titre de président, mais je pense
qu'à titre de parlementaire assumant des responsabilités de part
et d'autre à l'Assemblée nationale, il est peut-être
important qu'on fasse valoir notre point de vue là-dessus.
Je voudrais, comme leader parlementaire du gouvernement, indiquer
qu'effectivement, lorsque nous avons voté la nouvelle Loi sur
l'Assemblée nationale, le deuxième alinéa de l'article 120
- qu'on va d'ailleurs tout à l'heure supprimer, si nous adoptons bien
sûr ce nouvel article 119 - à l'effet que le secrétaire
général exerce à l'égard du personnel de
l'Assemblée les pouvoirs que la Loi sur la Fonction publique attribue
aux sous-ministres, c'était, jusqu'à un certain point de vue - je
ne me rappelle pas exactement du débat qu'on avait eu à
l'époque - c'était une vue de l'esprit, une certaine forme de
fiction. Il n'est pas exact, d'aucune façon, qu'on puisse assimiler les
responsabilités du secrétaire général à
celles d'un sous-ministre. (23 h 30)
D'abord, son mode de nomination est totalement différent, sa
relation avec l'ensemble des hauts fonctionnaires de l'État est
totalement différente et, troisièmement, sa relation avec la plus
haute autorité au sein de l'organisme est différente.
Effectivement, non seulement le secrétaire général est
nommé par l'Assemblée nationale, mais au-delà du
secrétaire général, qui a un mode de nomination
particulier par rapport au sous-ministre, le président de
l'Assemblée nationale est nommé par l'Assemblée nationale
et le président de l'Assemblée nationale, si on fait au moins une
comparaison qu'on veut traiter par analogie à ce qui existe dans les
ministères, le président a certainement une autorité plus
grande sur le fonctionnement de l'Assemblée nationale que le
secrétaire général. Il serait anormal, dans
notre système, que le secrétaire général,
aussi long que puisse être l'exercice de ses responsabilités, ait
préséance sur le président de l'Assemblée nationale
au niveau de ce qu'on pourrait appeler l'administration même de
l'Assemblée nationale. Il m'apparaît normal que le choix du
président, tant et aussi longtemps que ce président est en poste
et que l'Assemblée nationale l'a voulu ainsi, s'assure avec la
collaboration du Bureau de l'Assemblée nationale, le cas
échéant, que le secrétaire général exerce
les fonctions qui sont déterminées par le président de
l'Assemblée nationale.
Dans un ministère, il peut arriver, et j'ai connu des situations
sous notre propre gouvernement où c'est arrivé, dans le cas du
ministère des Communications, par exemple, où quelques ministres
ont occupé cette responsabilité avec le même sous-ministre.
Il est évident, bien sûr, que la relation du sous-ministre par
rapport au secrétaire général du gouvernement et la
relation du sous-ministre par rapport au ministre a pu varier selon, bien
sûr, la présence de ministres différents comme titulaires
du ministère des Communications.
Dans ce contexte, s'il doit y avoir une définition
d'autorité dans la Loi sur l'Assemblée nationale, il
m'apparaît que cette définition d'autorité sur le plan
hiérarchique doit commencer par être celle, d'abord, du
président de l'Assemblée nationale qui est un élu choisi
par ses pairs; deuxièmement, d'un secrétaire
général aussi choisi par des élus mais qui n'est pas
lui-même un élu et qui n'est pas soumis aux mêmes
règles pour ce qui est, comment dirais-je? de sa disparition du
décor de l'Assemblée nationale que ce ne peut l'être pour
le président de l'Assemblée nationale lui-même. Tant et
aussi longtemps qu'un président de l'Assemblée nationale exerce
la fonction de président de l'Assemblée nationale, la relation
d'autorité qui doit exister va du président de l'Assemblée
nationale au secrétaire général en incluant, bien
sûr, puisque c'est un mécanisme nouveau, une institution nouvelle
qui est prévue par la Loi sur l'Assemblée nationale, le cas
échéant, la participation du Bureau de l'Assemblée
nationale.
Il m'apparaît que cet article est un article qui, dans le fond,
placé dans le contexte très spécifique et particulier de
l'Assemblée nationale, dit bien ce qu'il doit dire relativement à
la répartition de l'autorité au sein de l'Assemblée
nationale. Il serait assez malheureux de concevoir que ce serait le contraire
qui existerait et que le président de l'Assemblée nationale ne
pourrait pas, à l'égard du secrétaire
général, exercer un certain nombre de pouvoirs comme, par
exemple, celui qui est le plus important d'entre tous, déterminer les
fonctions qu'assume le secrétaire général de
l'Assemblée nationale tout en respectant, bien sûr, la
volonté des élus qui ont choisi ce secrétaire
général et en respectant, bien sûr, les privilèges
qui sont attachés à la fonction même de secrétaire
général.
Cet article, M. le Président, nous l'avons discuté au
niveau ministériel. Nous l'avons soumis au comité de
législation et nous convenons que la façon dont il est
rédigé répond tout à fait à la façon
dont les choses doivent exister dans le fonctionnement normal de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Payne): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais poser une question au président de
l'Assemblée nationale. Qu'est-ce qu'on fait dans d'autres Parlements?
Est-ce que, dans d'autres Parlements, c'est le système qu'on a
aujourd'hui ou si c'est le système qui est proposé dans cet
amendement? C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on fait à Ottawa, en
Ontario ou ailleurs?
Le Président (M. Payne): M. le président de
l'Assemblée nationale.
M. Guay (président de l'Assemblée): À
Ottawa, M. le Président, il y a eu une réforme en
profondeur qui a été faite il y a quelques années
où on a scindé la fonction. Si vous regardez l'organigramme de la
Chambre des communes à tous égards, pas seulement sur le plan
administratif, vous voyez que du président relève
l'équivalent de trois sous-ministres dont un est le sergent d'armes qui
a un certain champ de responsabilités qui lui est assigné, un est
le greffier, le "clerk" et le troisième est l'administrateur de la
Chambre des communes. Donc, on a fait éclater le poste de
secrétaire général formellement en deux. Ce n'est pas ce
que nous proposons ici, nous proposons un mécanisme plus souple, mais
qui permettrait, le cas échéant, si à un moment
donné le Bureau est d'avis que le secrétaire
général est davantage intéressé par les travaux de
la Chambre, mais il a moins de temps à sa disposition pour des travaux
administratifs, il peut y avoir d'autres fonctionnaires dans l'Assemblée
qui pourraient exercer un certain nombre des fonctions administratives qui sont
normalement dévolues à un sous-ministre.
En Ontario, je suis moins familier avec la situation. Je sais qu'ils
sont un peu "pris" entre guillemets avec un problème qui a
été créé où, justement, on a nommé un
greffier à vie. Le greffier en question a plus de 75 ans ou autour de
là. De l'avis général, sans vouloir porter atteinte
à sa personne ou à sa réputation, on aurait pu se
dispenser de le nommer à vie et pour le bon fonctionnement de la
l'Assemblée, cela faciliterait les choses.
Ce que nous proposons, c'est qu'on donne un minimum de souplesse
administrative à l'Assemblée de manière à ne pas
être prise ad vitam aeternam.
M. Marx: À Ottawa, le sergent d'armes, le greffier et
l'administrateur sont-ils sous la direction? Relèvent-ils directement du
président? Est-ce que le président pourrait définir leurs
fonctions et ainsi de suite?
M. Guay (président de l'Assemblée): Ils
relèvent directement du président qui est assisté d'un peu
l'équivalent du Bureau de l'Assemblée, mais qui n'est pas tout
à fait la même chose, mais c'est quelque chose qui ressemble
à cela.
M. Marx: Est-ce que ces trois personnes exercent les fonctions
qui leurs sont assignées par le président? En d'autres
mots...
M. Guay (président de l'Assemblée): Deux dans
l'organigramme de la Chambre des communes relèvent d'un certain nombre
d'autres fonctionnaires qui font un certain nombre de choses. Du greffier
relève essentiellement la Chambre. Il y en a d'autres, les "deputy
clerks" qui s'occupent d'un tas de choses, mais qui sont rattachés
à la Chambre.
M. Marx: Peut-être que je peux poser ma question d'une
façon un peu plus claire. Est-ce que le régime de ces trois
personnes est celui proposé à l'article 6.6 pour le
secrétaire général de l'Assemblée nationale? Est-ce
que ces trois personnes à Ottawa relèvent directement du
président? Est-ce que le président peut leur attribuer des
fonctions, définir leur champ de juridiction et ainsi de suite ou si,
à Ottawa, c'est dans la loi?
M. Guay (président de l'Assemblée): II semble que,
non, au contraire, ce ne soit pas dans la Loi de la Chambre des communes.
À vrai dire, je ne suis pas assez familier avec la mécanique de
la Chambre des communes. Je sais comment cela fonctionne sur l'organigramme. Je
sais pourquoi cela a été fait parce que, notamment, ils avaient
des problèmes administratifs sérieux et que ces problèmes
administratifs ont été corrigés. Le Vérificateur
général du Québec d'ailleurs pourrait vous en raconter
assez long là-dessus puisqu'il a participé à la
correction, à l'époque où il était fonctionnaire
à la Chambre des communes à Ottawa.
Maintenant, est-ce que c'est dans la loi, dans un règlement,
à quel endroit sont réparties les choses qui relèvent
tantôt du sergent d'armes, tantôt de l'administrateur? Il me semble
que ce ne soit pas dans la loi. J'imagine qu'il doit y avoir un pouvoir
réglementaire au Board of Internal Economy qui remplit un peu la
même fonction que le Bureau de l'Assemblée nationale.
M. Blank: Notre secrétaire général occupe la
fonction des deux d'Ottawa.
M. Guay (président de l'Assemblée): C'est cela.
M. Blank: Ne croyez-vous pas que cela peut créer un
problème? On peut trouver un greffier secrétaire
général qui est un très bon greffier, qu'on a besoin d'un
très bon greffier, mais la fonction administrative cela demande quelque
chose...
M. Guay (président de l'Assemblée): Mais
voilà vous mettez...
M. Blank: Mais on peut trouver le contraire aussi. Ce n'est
peut-être pas mieux de viser cela.
M. Guay (président de l'Assemblée): Écoutez,
à défaut de le diviser, ce qui aurait été
effectivement une option, nous proposons de maintenir le secrétaire
général comme premier fonctionnaire de l'Assemblée mais la
possibilité que des pouvoirs normalement exercés par un
sous-ministre dans un ministère puissent être exercés, le
cas échéant, par un autre fonctionnaire de l'Assemblée si,
en effet, on se retrouve dans une situation où on a un excellent
greffier sur le plan du droit parlementaire, selon le fonctionnement de
l'institution, mais un piètre administrateur.
M. Blank: Est-ce qu'on a un secrétaire
général actuellement?
M. Guay (président de l'Assemblée): Par
intérim.
M. Blank: Par intérim seulement.
M. Guay (président de l'Assemblée): Donc, c'est un
moment opportun pour apporter cet amendement-ci du fait qu'il n'y a pas de
secrétaire général qui occupe la fonction.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, l'article 121, je veux
simplement faire référence parce qu'ici on lit que
l'Assemblée peut attribuer aux secrétaires généraux
adjoints, par leur acte de nomination, le rang et les privilèges d'un
sous-ministre adjoint.
M. Guay (président de l'Assemblée): Nous proposons
l'abolition de cet article-là, M. le député. Je m'excuse,
ce n'était pas
dans la liste des amendements mais par concordance, si vous regardez le
deuxième alinéa 221, on dit: Les secrétaires
généraux adjoints font partie du personnel de la fonction
publique. Vous vous souviendrez que tantôt on a mis cet
alinéa-là dans un autre article qu'on a adopté...
M. Tremblay: L'article 6.1
M. Guay (président de l'Assemblée): ...le but
étant de rayer l'article 121 de la Loi sur l'Assemblée nationale
et d'éviter encore de faire référence au sous-ministre
adjoint. Vous vous souviendrez d'ailleurs qu'on a eu une discussion au Bureau -
je ne veux pas entrer dans les détails de la discussion - sur les
secrétaires généraux adjoints et les sous-ministres
adjoints et le coût que cela pouvait entraîner, le cas
échéant. À trop encadrer, on risque, à un moment
donné, de s'accrocher au mur.
M. Rocheleau: M. le Président, écoutez, je ne suis
pas en accord du tout avec le président de l'Assemblée nationale
sur cet amendement. Il a son opinion là-dessus et j'ai également
la mienne. Je considère encore aujourd'hui qu'il y a quand même un
facteur important de continuité et le fait qu'on accorde au
secrétaire général les privilèges d'un
sous-ministre, je pense qu'il y a une question à toutes fins utiles,
là-dedans, que ce sont des privilèges, ce sont des acquis.
M. Guay (président de l'Assemblée): Écoutez,
M. le député, j'attire votre attention sur le fait que les
privilèges d'un sous-ministre à 3500 $ par année pour
l'utilisation de son automobile, c'est cela et un compte de dépenses. Ce
sont là les privilèges. Le Bureau peut l'accorder n'importe quand
en vertu de la disposition qu'on a adoptée
précédemment.
Le Président (M. Payne): Je pense qu'à ce
moment-là, on va suspendre quelques secondes si le caucus continue.
Est-ce qu'on suspend quelques minutes?
M. Bertrand: Est-ce qu'il y a possibilité que le
député de Saint-Louis reprenne ses fonctions.
M. Guay (président de l'Assemblée): J'ai cru
comprendre que le député de Saint-Louis était plutôt
d'accord par son intervention de tantôt avec l'approche
générale, il irait même plus loin, si je comprends
bien.
M. Blank: J'essayais de trouver la raison pour cette affaire, et
je pense que je l'ai trouvée. Vous cherchez quelqu'un d'impossible
à trouver, une personne qui peut s'occuper des deux postes.
M. Guay (président de l'Assemblée): Je
désire... je laisse...
M. Blank: Peut-être que ce n'est pas la façon de
procéder. Cela va donner quoi. Si on part cela et qu'on ne peut pas
trouver une personne qui a ces qualités-là.
M. Guay (président de l'Assemblée): Au moins on
peut, sur le plan administratif, prendre certains des pouvoirs qui sont
normalement exercés par un sous-ministre et les donner à une
autre personne dans l'administration de l'Assemblée. Donc, on donne la
souplesse requise pour...
M. Blank: Si on a un vote, votons...?
Le Président (M. Payne): L'amendement est-il
adopté?
M. Bertrand: Adopté.
M. Rocheleau: Sur division.
M. Bertrand: M. le Président, un nouvel amendement
à l'article 6.7, à insérer après l'article 6.6 le
suivant. Évidemment, il s'agit d'une concordance. L'article 6.7 se lit
comme suit: "L'article 120 de cette loi est modifié par la suppression
du deuxième alinéa."
Le Président (M. Payne): L'article 6.7 est
déposé. Y a-t-il discussion?
M. Bertrand: Purement de concordance, M. le Président.
Le Président (M. Payne): Adopté?
M. Rocheleau: M. le Président, on n'est pas pour reprendre
toute la discussion. Sur division aussi.
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Payne): Adopté sur division.
Est-ce qu'il y a d'autres amendements, M. le leader?
M. Bertrand: Oui. Insérer l'article suivant: "6.8
L'article 121 de cette loi est abrogé." Encore là, il s'agit d'un
article de concordance qui réfère à l'article 6.1 que nous
avons adopté antérieurement. Je vous propose cet amendement, M.
le Président.
Le Président (M. Payne): Permettez-moi de le
distribuer.
M. Blank: Sur division, c'est la même chose.
M. Bertrand: C'est purement de concordance aussi.
Le Président (M. Payne): L'amendement...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Payne): ...est-il adopté sur
division?
M. Rocheleau: Vous n'êtes pas d'accord?
Le Président (M. Payne): Adopté sur division.
M. Bertrand: Sur division.
M. Rocheleau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Payne): Très bien. Est-ce qu'il y
a autre chose? Sinon, je déclare que - merci, M. le Président -
la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 46)