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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions se réunit ce matin afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du Conseil
exécutif, programme 7, Affaires intergouvernementales canadiennes, pour
l'année financière 1985-1986. M. le secrétaire, y a-t-il
des remplacements ce matin?
Le secrétaire: Aucun.
Le Président (M. Gagnon): Aucun remplacement. Avant de
commencer, M. le ministre devrait être en face de moi et on a
demandé qu'il soit sur les banquettes ministérielles. Est-ce que
la commission est d'accord? Aucun problème?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Gagnon): Si la commission est d'accord,
comme elle est maîtresse de ses travaux...
M. de Bellefeuille: M. le Président, cela me gêne
d'être d'accord avec les libéraux.
M. Rivest: Disons que c'est moi qui suis d'accord avec vous.
M. de Bellefeuille: Mais cette fois-ci, je vais y consentir.
Le Président (M. Gagnon): Nous étions rendus
à l'étude du programme 7, éléments 1, 2 et 3.
Est-ce qu'on a terminé les remarques d'ordre général?
M. Rivest: Oui. En tout cas, je ne suis pas les
éléments.
Le Président (M. Gagnon): Pardon?
M. Rivest: Je ne suis pas programme par programme, comme vous le
savez. Arrangez cela comme vous voulez.
Discussion générale (suite)
Le Président (M. Gagnon): Oui. Est-ce qu'on peut aborder
l'élément 1 ou si on discute des trois
éléments?
M. Rivest: Des trois en même temps.
Le Président (M. Gagnon): Des trois éléments
en même temps?
M. Rivest: Ce sont des sujets ouverts.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
Le dossier constitutionnel
M. Rivest: M. le Président, le ministre m'a indiqué
tantôt, avant qu'on commence la séance, que les chiffres que
j'avais demandés, cela viendrait. Hier, à la période des
questions, le premier ministre a indiqué qu'en ce qui concerne les
conditions pour la signature par le Québec de la Loi constitutionnelle
de 1982 le Conseil des ministres devait compléter la chose hier
après-midi. Je voudrais demander au ministre s'il est en mesure de nous
confirmer que maintenant, la position du Québec est établie de
façon définitive. Si elle l'est, quelles indications peut-il
fournir à la commission pour m'éviter d'aller à Ottawa
pour savoir ce qui se passe à Québec?
M. Johnson (Anjou): À la deuxième question, je n'ai
aucun commentaire. À la première, le premier ministre annoncera
les choses en temps et lieu.
M. Rivest: M. le ministre, je voudrais, au moins, vous signaler
une chose qui est tout à fait d'actualité. Je vous parlais hier
de votre façon de procéder, c'est-à-dire de simplement
réparer l'erreur historique que votre gouvernement a commise en
abandonnant le droit de veto, entre autres, lors de la négociation
constitutionnelle de 1982. Voilà un sujet d'actualité. Quand je
vous disais qu'en vous limitant simplement à corriger vos erreurs en ce
qui concerne les droits du Québec, sans avoir de politique
constitutionnelle cohérente, j'en ai, dans l'actualité de ce
matin même ou d'hier, une illustration absolument patente.
Vous savez que le gouvernement canadien s'apprête à
modifier d'une façon substantielle les pouvoirs du Sénat. Or,
dans le régime fédéral, historiquement, malgré que
la chose ait évolué et soit peut-être très loin des
objectifs initiaux, le Sénat est extrêmement important, en tout
cas
certainement au niveau des régions, ainsi qu'au niveau de la
représentation de la dualité du Canada. Vous vous apprêtez
à participer éventuellement à une conférence
constitutionnelle où il n'en sera pas question, dans la mesure où
les conditions de signature ne touchaient pas initialement la question du
Sénat. Or, la question du Sénat se présente. Est-ce que le
gouvernement du Québec va devoir développer, face à la
résolution qui est devant la Chambre des communes, une espèce
d'improvisation sans égard aux autres dimensions?
Je vous signalais qu'il est très important, quand on
décide d'opter et de jouer d'une façon honnête le jeu du
fédéralisme, comme vous dites vouloir le faire, d'avoir un plan
complet. Quant à nous - je pense qu'on peut l'indiquer - je peux vous
dire que la réforme proposée par le gouvernement canadien nous
inquiète très fortement, parce que, dans notre conception et
notre vision du fédéralisme et de l'évolution du
fédéralisme en regard des besoins et des aspirations propres du
Québec, nous avons proposé un plan extrêmement
sérieux, je pense, de réforme de la deuxième Chambre
à Ottawa, qui consacrerait, justement, et qui accorderait au
Québec et à la société québécoise, en
tant que société distincte, des garanties extrêmement
solides au niveau du pouvoir de ratification dans certains domaines - on
prévoyait un comité dualiste; on reconnaissait le dualisme du
Canada, on pense que c'est une valeur très importante - au niveau
également du pouvoir consultatif en matière linguistique, entre
autres, en matière de développement de politiques
culturelles.
Or, voilé que le gouvernement actuel du Québec, pour le
temps qui lui reste, est placé devant une résolution
constitutionnelle. Il n'a pas adhéré à la charte
constitutionnelle. Il y a une résolution constitutionnelle qui est
proposée. Le gouvernement du Québec n'a pas de programme
cohérent de réforme du fédéralisme. On modifie
substantiellement le Sénat et le gouvernement du Québec nous a
dit - et cela, au moins, on le sait - que dans le préambule de la
constitution - je reviens là-dessus parce que cela me paraît
très important, cette discussion - d'après les
déclarations mêmes du ministre - il l'a
répété à moult reprises - on parle de la
reconnaissance du caractère distinct ou de la spécificité
de la société québécoise, mais il ne relie cela
à absolument rien. On s'apprête à signer, à
négocier avec le gouvernement fédéral et les autres
partenaires de la fédération dans ce domaine quelque chose qui ne
voudra strictement rien dire.
Cette chose, que vous allez placer - on est d'accord pour que vous le
fassiez, c'est d'ailleurs dans notre document - la notion de la
société distincte, dans le préambule de la constitution,
pour nous, ce n'est pas qu'une phrase qu'on mettrait là. Je pense bien
que, pour les interlocuteurs fédéraux, c'est la même chose.
Cela va avoir, quant à la réforme du fédéralisme
canadien, à l'équilibre, à l'évolution des
institutions, une importance très grande et, notamment, en ce qui
concerne le Sénat.
La première question que je vous pose est celle-ci: Très
concrètement, face à la réforme proposée par le
premier ministre du Canada dans la résolution constitutionnelle qui est
devant la Chambre des communes, quelle est la position du gouvernement du
Québec quant à ce qu'on est en train de faire avec le
Sénat, dans le sens où on est en train de le faire
évoluer, simplement pour des fins fédérales, pour des fins
de fonctionnement du gouvernement fédéral, qu'on n'a pas à
commenter ici, qui sont l'apanage de nos collègues qui siègent
à Ottawa? Je ne veux pas dire si M. Mulroney a raison ou tort de
modifier substantiellement les pouvoirs du Sénat. Mais comme État
membre de la fédération, on a quelque chose à dire,
premièrement.
Deuxièmement, comme partenaire majeur de la
fédération, comme société distincte, assise,
même assise principale, de la dualité linguistique, est-ce que le
gouvernement du Québec entend' développer, face à
l'initiative fédérale sur le Sénat, une position
articulée, à défaut d'une position articulée sur
l'ensemble de la révision du fédéralisme, parce que cela
ne viendra probablement pas? Mais, à tout le moins, en plus de ces
conditions pour la signature, l'adhésion du Québec à la
loi de 1982, est-ce que le gouvernement du Québec entend faire valoir
les points de vue fondamentaux pour notre société
québécoise ici, à l'intérieur du Canada, et
l'intérêt privilégié qu'on doit porter à une
modification substantielle du Sénat canadien, un sujet qui est sur la
table et qui risque d'arriver bien avant les conditions que vous pouvez avoir
élaborées hier, d'après ce que je crois lire des
priorités au niveau du gouvernement canadien?
M. Johnson (Anjou): D'abord, M. le Président, le contexte.
On se souviendra que le premier ministre canadien a laissé entendre
qu'il entendait toucher au Sénat au moment où s'est
présenté cet événement qui a irrité
passablement de parlementaires élus à Ottawa, à la Chambre
des communes, quand le Sénat a retenu un projet de loi de nature
financière pendant de nombreux jours. La réaction initiale du
premier ministre du Canada était qu'il y avait là une
quasi-usurpation, de la part du Sénat, de pouvoirs - je ne le cite pas,
mais disons que c'est l'interprétation que je peux donner à sa
réaction - qui reviennent légitimement aux élus, d'autant
plus que son gouvernement
venait d'être élu avec un mandat manifestement très
très clair sur le plan du vote populaire.
Je pense, ma foi, qu'à sa place on peut comprendre sa frustration
de voir, d'une part, des non-élus, deuxièmement une Chambre
contrôlée par le parti d'opposition qui a recueilli vraiment une
minorité des suffrages au moment de l'élection du 4 septembre, de
voir, dis-je, ce Sénat retenir un projet de loi gouvernemental de
très grande importance sur le plan du financement. Sa réaction a
été de dire: Moi, je vais m'occuper du Sénat.
On aurait cru, pendant les premiers jours, qu'il aurait
été question d'abolition carrément du Sénat, ce
qui, en soi, est une idée qui, je pense, est répandue dans
beaucoup de milieux, particulièrement des milieux progressistes,
à savoir que . cette Chambre a un caractère plutôt
désuet et qu'elle pose le problème évident d'une Chambre
de non-élus dans un contexte particulier qui vient intervenir à
l'égard d'une décision d'un gouvernement qui a sa
légitimité à partir d'une élection. Cela s'est
matérialisé non pas par une résolution visant l'abolition
du Sénat, comme certains auraient pu le penser, mais par une
résolution qui, pour l'essentiel, vise à diminuer les pouvoirs du
Sénat quant au temps de considération que la Chambre haute peut
avoir à l'égard de tout ce qui émane de la Chambre des
communes. (10 h 15)
Dans ce contexte, nous avons fait savoir au gouvernement
fédéral que, dans la mesure où le gouvernement canadien
avait choisi, semble-t-il, au minimum deux étapes dans une
réforme du Sénat, l'une visant à réduire de
façon considérable ses pouvoirs et l'autre qui reste absolument
aléatoire, qui risque d'être conditionnée par
l'opportunité de le faire, par l'évaluation qui sera faite par le
fédéral, par les pressions, nous le savons, de l'Ouest en
particulier qui réclame cette réforme depuis de nombreuses
années. On sait qu'une commission itinérante de la
Législature de l'Alberta est venue siéger un peu partout, y
compris au Québec.
Donc, notre position devant cette approche en deux temps est la
suivante. Quant à la première partie, qui consiste à
réduire les pouvoirs du Sénat, nous avons dit que nous ne nous
opposerions pas à l'amendement constitutionnel qui est proposé,
sans pour autant y participer, ce qui fait partie de l'approche que nous avons
eue dans toutes les conférences constitutionnelles qui ont eu lieu
depuis le "Canada Bill". Et nous réitérons que nous ne pourrons
participer, et nous croyons que le Québec ne pourra participer à
quelque réforme des institutions que ce soit, tant et aussi longtemps
qu'il n'y aura pas un contexte qui marque, de la part du Canada anglais et du
gouvernement fédéral, une volonté de reconnaître le
Québec pour ce qu'il est, de reconnaître par un certain nombre
d'amendements au "Canada Bill" cette spécificité
québécoise. Dans ce contexte, notre position n'est pas
différente sur cela de ce qu'elle a été, par exemple, en
matière de droits des autochtones.
M. Rivest: M. le Président, je dois dire que je trouve la
position du gouvernement nettement irresponsable, je pense, à tout le
moins, à ce désintéressement politique dans le sens
peut-être le plus dangereux du terme. D'une part, le gouvernement du
Québec peut très bien, comme le ministre l'a indiqué -j'en
conviens - admettre que le premier ministre du Canada ou le gouvernement du
Canada peut avoir ses raisons de modifier substantiellement le fonctionnement
de son appareil législatif à lui. Au fond, ce qu'il fait, c'est
qu'il enlève le droit de veto du Sénat sur les lois
financières et les autres. Cela, ce sont ses fins propres.
Mais, quand même, je relie cela à ce que vous vous
apprêtez à demander au gouvernement canadien, que le Québec
est une société distincte et de reconnaître le
caractère distinct du Québec dans le préambule de la
constitution. Mais ce, n'est pas juste un mot qui va vous permettre
éventuellement de revenir à vos idées souverainistes et de
dire: On est tellement distinct. On a essayé que le
fédéralisme fonctionne. Cela ne fonctionne pas. Patati.
Dans le préambule, vous allez, je l'espère, non seulement
reconnaître le caractère distinct ou les particularismes du
Québec, mais aussi reconnaître que ces particularismes, quand on
demande que ce soit inscrit dans la constitution du Canada, doivent avoir une
signification par rapport à ce qu'est le Canada, c'est-à-dire
qu'ils sont basés sur la dualité linguistique et culturelle de ce
pays. Il faut que cela ait une signification, lorsqu'on met cela dans la
constitution du Canada, pour que non seulement le caractère distinct
soit l'illustration, la base, l'explication, la source de la dualité
canadienne, mais qu'il soit également la consécration objective
du Québec, partenaire majeur à ce titre de la
fédération canadienne. Si vous mettez cela dans le
préambule, il faut que cela ait cette signification.
Si c'est comme je pense que cela doit l'être et comme je pense que
vous voulez que ce le soit, puisque vous vous inscrivez dans la démarche
fédérale, à ce moment, ne laissez pas, grand dieu, tomber
cela sans rien dire, sous prétexte qu'on n'a pas adhéré
à la constitution. Au moins, écrivez, faites quelque chose.
Faites une déclaration publique au gouvernement du Canada
réservant pour l'avenir les droits et les objectifs fondamentaux que la
société québé-
coise peut avoir comme société distincte au niveau du
Sénat. C'est dans ce sens. Je ne vous demande pas d'adhérer aux
propositions qu'on a faites d'une transformation du Sénat dans le sens
d'un conseil fédéral. Voici par exemple, le type de pouvoirs que
nous avions essayé d'imaginer et de construire pour le Sénat.
Nous voulions que le Sénat ait un certain pouvoir de ratification, par
exemple, sur l'exercice des pouvoirs unilatéraux du gouvernement
canadien, que ce soit le pouvoir de désaveu, le pouvoir de
réserve, le pouvoir de dépenser. Nous utilisions cette technique
du Sénat. On voulait que le Sénat, la deuxième Chambre, le
conseil fédéral ait un droit de regard sur l'utilisation du
pouvoir de dépenser.
Quand je vous dis que tout se tient dans la réforme
constitutionnelle, il me semble qu'on en a là une belle illustration.
Vous allez laisser aller la chose sans au moins signaler son
intérêt primordial pour le Québec, comme
société distincte, assise du dualisme culturel canadien et source
du fait que le Québec est un partenaire majeur de la
fédération canadienne. On comprend que c'est une démarche
qui, au premier chef, comme vous l'avez indiqué, intéresse et
préoccupe le premier ministre du Canada. Ce sont ses affaires, mais,
comme partenaire majeur de la fédération et comme membre de la
fédération canadienne, il y a des choses que dans l'avenir il
serait drôlement utile pour le Québec d'avoir.
Je vous ai parlé des pouvoirs unilatéraux. On pourrait
songer, au Québec, à donner à un Sénat
réformé un certain nombre de choses. Il ne faudrait pas que ce
soient juste des pouvoirs de rétention que le Sénat actuel va
avoir pendant 30 jours ou 90 jours sur les initiatives fédérales,
si tant est qu'on doive se servir du Sénat pour protéger les
particularismes ou les droits fondamentaux des provinces. Même chose pour
les questions linguistiques et les questions culturelles. Nous, on pense que
cela pourrait être intéressant, quand il s'agit de domaines qui
intéressent à ce point la spécificité du
Québec comme point d'appui du fait français au Canada, non
seulement du fait français linguistique, mais du fait français
culturel, c'est-à-dire la différence de sociétés,
que le Sénat puisse servir d'instrument de freinage, de
modération, d'orientation nouvelle des initiatives du gouvernement
canadien qui pourraient être prises dans le domaine culturel et
même au titre des nominations très importantes qui sont faites
parfois au niveau d'organismes comme le CRTC, comme Radio-Canada et des choses
comme ça.
Culturellement parlant, comme société distincte, si la
petite phrase que vous vous apprêtez à mettre dans le
préambule de la constitution a un sens, j'aimerais bien que le ministre
des Affaires intergouvernementales - il laisse passer pour les raisons qu'il
vient d'indiquer, à savoir que le Québec n'est pas là,
bon, et que cela se fait pour le gouvernement fédéral - ait une
politique et un texte complet qui réservent pour l'avenir les droits
fondamentaux que la société québécoise a, comme
membre de la fédération, dans toute espèce de
réforme du Sénat.
Autrement, si vous laissez passer, comme vous me l'avez indiqué
dans votre première réponse, la chose comme une lettre à
la poste, si la chose ne vous intéresse pas personnellement et comme
gouvernement, au fond, tout ce que vous essayez de faire en vous inscrivant
dans une démarche qui doit mener à une adhésion du
Québec à la Loi constitutionnelle de 1982, c'est purement
réparer pour l'histoire, pour le jugement de l'histoire sur les
personnes qui ont été en cause dans cette démarche
terrible pour le Québec, l'image personnelle de ces gens. Je pense qu'il
y a plus que cela. Ce sont les droits fondamentaux d'une société.
Vous dites que ces droits fondamentaux du Québec actuellement
s'inscrivent dans le Canada. C'est ça que vous avez écrit et
c'est ça, je pense, que mes collègues, en tout cas, de Rosemont
et de Deux-Montagnes ont compris de votre démarche, et que je veux bien
comprendre, moi aussi. Je doute que vous soyez tellement sincères.
Si vous ne faites rien dans le domaine de la réforme du
Sénat, je vais être porté à croire qu'au fond de
Bellefeuille et Paquette ont fait tout un plat avec une chose qui n'existait
pas. Ils auraient pu vous accompagner dans cette démarche purement
temporaire de séparatistes qui disent, à la veille des
élections, qu'ils sont fédéralistes et qui redeviennent
séparatistes le lendemain. C'est aussi bête que cela. Mais
là, on aura une belle preuve. Si vous ne faites rien, on va pouvoir
mesurer quelles sont vos intentions véritables. Peut-être
allez-vous récupérer MM. de Bellefeuille et Paquette par la
même occasion, mais vous allez perdre les droits du Québec, ce qui
est plus grave, à mon avis, en toute déférence pour mes
collègues.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, vous me permettrez de
ne pas reconnaître l'aune du député de Jean-Talon pour
mesurer la sincérité du gouvernement et les revendications qui
seront rendues publiques en temps et lieu. Encore une fois, le
député sait très bien que c'est le premier ministre qui
rendra publique un certain nombre de choses dans les jours qui viennent...
M. Rivest: Vous avez commencé pas mal par les rendre
publiques vous-même,
n'est-ce pas?
M. Johnson (Anjou): ...et que je n'entends pas, ici, par
anticipation, lors de l'étude des crédits, entrer dans l'ensemble
des préoccupations qu'on retrouvera dans ce document.
Je pourrai lui dire, par exemple, qu'en ce qui concerne le Sénat
je vois deux failles à son raisonnement. La première, c'est de
nous imputer injustement des intentions et de l'insouciance. Nous surveillons
et nous avons été extrêmement attentifs aux projets du
fédéral en matière des pouvoirs du Sénat en
matière de nominations, de "représentativité" des
différentes régions, entre guillemets, parce que c'est ainsi
qu'il le voit. Dans quelle mesure la proportion de sénateurs
québécois serait-elle réduite ou non? Nous croyons qu'il
faut, s'il s'agit d'une réforme substantielle du Sénat,
défendre une position qui fasse que le Québec non seulement ne
ressorte pas affaibli d'une éventuelle réforme du Sénat,
mais que le Québec y trouve son intérêt, sauf que ce n'est
pas ce qui est en cause ici, M. le Président.
Le 7 mai 1985, le ministre fédéral de la Justice a fait
connaître un avis de motion qui émanait du gouvernement et qui
évoque essentiellement une résolution qui vise à
réduire le temps où le Sénat pourra considérer
l'ensemble des projets de loi qui proviennent de la Chambre des communes. C'est
cela qui est en cause. Une autre chose, c'est que M. Mulroney - et c'est ce
qu'évoque un des deux considérants de cet avis de motion en ce
qui concerne cette étape - a évoqué le fait que, d'ici la
fin de son mandat, il convoquerait une conférence constitutionnelle
quant à la réforme du Sénat. C'est là-dessus qu'on
va travailler. Ce n'est pas cela qui est en cause en ce moment.
Ce qui est en cause, c'est essentiellement l'affaire des 45 jours et
nous disons, dans les circonstances: Il nous apparaît que cela vous
regarde. Deuxièmement, vous n'avez pas besoin de notre concours
là-dessus et vous savez pourquoi on ne vous le donnera pas
là-dessus. Si l'État fédéral arrivait avec un
projet plus substantiel de réforme du Sénat, il est
évident qu'on aurait un certain nombre de choses à dire.
M. Rivest: M. le ministre, seulement une petite question, si vous
le permettez.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Johnson (Anjou): Vous voulez consulter vos collègues,
oui? Excusez-moi.
M. Rivest: La seule chose que je veux signaler, c'est que si...
Oui, je vais leur en parler.
M. Johnson (Anjou): Pardon?
M. Rivest: Si le Sénat, maintenant, ne peut plus bloquer
une projet de loi du gouvernement canadien et que nous, comme Québec ou
comme État membre de la fédération, on pense que, par
exemple, certaines lois financières d'exercice du pouvoir de
dépenser devraient être soumises - nous avons cela comme projet,
entre autres - à une deuxième Chambre, le fait que cette
deuxième Chambre puisse bloquer une telle loi ou ne puisse, selon la
réforme du premier ministre actuel du Canada, que simplement la
retarder, c'est toute une différence. C'est pour cela que je vous
demande de réserver pour l'avenir la position du Québec, si vous
n'en avez pas pour l'instant, sur les pouvoirs du Sénat, disant qu'il
serait peut-être utile que, dans la réforme que vous avez
évoquée au cours du mandat de M. Mulroney, quant à
certaines matières qui intéresseraient davantage les provinces -
je pense au domaine linguistique, au domaine des arts, aux lois qui touchent
à la langue, par exemple, au niveau canadien - le Sénat, comme
deuxième Chambre représentant des régions, des provinces
ou le Québec, ait un pouvoir qui soit autre chose que simplement ce
qu'indique la résolution fédérale qui a été
déposée, c'est-à-dire un simple droit de retarder. C'est
dans ce sens-là que je vous demande d'agir.
M. Johnson (Anjou): Mais ce n'est pas ce qui est en cause
à ce stade-ci.
M. Rivest: Voyons!
M. Johnson (Anjou): Non, mais ce n'est pas ce qui est en cause
à ce stade-ci. La réforme éventuelle...
M. Rivest: Le Sénat va devenir simplement un instrument de
retard.
M. Johnson (Anjou): À moins que le député ne
me dise que, s'il était assis de ce côté-ci de la Chambre -
Dieu nous en garde! Je trouve qu'il fait un bon boulot dans l'Opposition
-...
M. Rivest: Je ne peux malheureusement pas vous dire la même
chose. (10 h 30)
M. Johnson (Anjou): ...il considérerait que le projet de
résolution fédérale du 7 mai 1985 ne doit pas avoir lieu
et qu'il s'oppose à toute réduction des pouvoirs d'un
Sénat qui, en ce moment, a causé un certain nombre d'ennuis assez
majeurs aux élus. Si ce qu'il veut, c'est que tout cela soit revu dans
le cadre général de la réforme des institutions
fédérales, c'est autre chose. Mais
je vous dis que, quant à la réforme générale
des institutions fédérales, il n'y a pas péril en la
demeure pour le moment pour le Québec. On parle au plus tôt de
1987 et, d'ici ce temps-là, le Québec pourrait obtenir un certain
nombre de...
M. Rivest: II n'y aura peut-être pas de catastrophe parce
que vous achevez.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, avez-vous
terminé?
M. Johnson (Anjou): Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rosemont, vous avez la parole.
M. Paquette: M. le Président, je constate que le ministre
est beaucoup plus calme ce matin. Je ne sais pas si c'est la réunion du
Conseil des ministres d'hier qui l'a apaisé.
J'aurais quelques questions à lui poser sur la démarche
qui entoure la préparation des discussions constitutionnelles. Hier, le
ministre nous a dit qu'il y avait actuellement, au Secrétariat aux
Affaires intergouvernementales canadiennes, environ 75 personnes. Pourrait-il
nous dire combien de personnes travaillent plus spécifiquement au
dossier des relations constitutionnelles et depuis combien de temps? Je peux
peut-être continuer, j'avais quelques autres questions. Également,
le ministre pourrait-il nous dire brièvement, sans entrer dans tous les
détails, comment s'effectue à l'intérieur du gouvernement
la concertation et, en particulier, si ses fonctionnaires ont à
travailler avec les fonctionnaires d'autres ministères pour
préparer la négociation constitutionnelle et, oui, lesquels?
Une autre question. On a appris que le premier ministre était
maintenant coresponsable du dossier des négociations constitutionnelles.
Comment s'articule le travail entre le secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes et le secrétariat du Conseil
exécutif? J'imagine que c'est par là que le premier ministre
exerce sa surveillance sur les activités de son collègue dans ce
dossier.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): C'est tout?
M. Paquette: J'aurai d'autres questions ensuite, mais je vais
vous laisser répondre à celles-là.
M. Johnson (Anjou): Bon. M. le Président, le dossier
constitutionnel a toujours été dans l'histoire du Québec
un dossier de premier ministre, pour des raisons manifestes et
évidentes. Je pense que votre collègue de Jean-Talon en sait
quelque chose, étant donné qu'il a connu l'époque de
Victoria. Le Secrétariat aux affaires intergouvernementales du Conseil
exécutif est un secrétariat qui fournit des documents d'appui,
qui fournit une aide technique, mais, fondamentalement, le dossier
constitutionnel est un dossier de premier ministre et cela a toujours
été le cas au Québec. Je pense qu'on n'a pas à se
scandaliser ou à être outré du fait que le premier ministre
a laissé entendre à quelques reprises qu'il avait la main haute
sur ce dossier. C'est parfaitement normal et c'est parfaitement
justifié.
Deuxièmement, il y a une douzaine de personnes du
ministère proprement dit qui sont associées assez directement au
dossier constitutionnel, dont une demi-douzaine très
spécifiquement. Il y a aussi un certain nombre de personnes de
l'extérieur qui ont été associées à des
recherches de nature technique sur des textes, etc.
Troisièmement, oui, il y a à l'occasion des
échanges entre fonctionnaires de différents ministères sur
certains aspects qui peuvent toucher l'évaluation de la
problématique autour d'un objet spécifique, mais je ne peux pas
aller plus loin que cela, c'est évident, sans commencer à
évoquer le contenu de ce qui fera l'objet des déclarations du
premier ministre éventuellement.
M. Paquette: M. le Président, ces personnes
extérieures qui travaillent... Je crois comprendre que la collaboration
avec le premier ministre s'exerce par le biais du secrétaire
général et, probablement, du conseiller en matière
constitutionnelle du premier ministre, M. Samson. M. Louis Bernard doit aussi y
être associé. Le ministre nous dit qu'il y a six personnes plus
immédiatement affectées à ce dossier et une douzaine au
total de son propre ministère, de son secrétariat. Ces personnes
de l'extérieur sont-elles généralement des professeurs
d'université à qui vous donnez des contrats ou s'il y a d'autres
types de personnes qui sont associées à la préparation des
positions du Québec en matière constitutionnelle?
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas pour rien que la loi
d'accès à l'information prévoit un article
spécifique sur le caractère confidentiel des documents qui
peuvent affecter les relations intergouvernementales. Je comprends que des gens
considèrent que c'est presque de la nature d'un sport que de s'amuser
à rendre publiques les stratégies. Ce sport est plus ou moins
pratiqué par un certain nombre de personnes avec plus ou moins
d'efficacité, mais je considère que, quand on parle de relations
intergouvernementales, par exemple, on ne
rend publics ni les mécanismes ni les façons de
procéder. On a à rendre publiques ce que sont des positions
gouvernementales et non pas la façon d'y arriver et même pas les
documents de soutien.
Par exemple, je me permets de reprendre ici ce qui a déjà
fait l'objet de certaines affirmations, en particulier, de mes deux
collègues qui siègent comme indépendants maintenant et de
quelques autres, et des écrits qu'ils ont commis sur un document qui
avait été mis en circulation dans un comité de
développement économique, ce document étant
rédigé essentiellement pour la préparation de la
conférence de Regina et constituant effectivement un document de
stratégie dans un contexte où nous croyions alors qu'à
Regina nous devions, au maximum, dans cette recherche d'une attitude
pragmatique sur le plan économique, avoir comme objectif de faire valoir
des points de vue, d'enclencher un certain nombre de mécanismes de
collaboration pour réduire le chômage au Québec.
Je n'ai pas l'intention de rendre ce document public. Si quelqu'un l'a
fait, quelle que soit cette personne, je crois qu'il s'agit là d'un
geste d'une indignité absolument incroyable, qui met en péril
dans son essence ce qu'est la défense des stratégies normales
qu'un gouvernement du Québec doit avoir dans ce type de relations. La
personne qui a remis ce document ou des extraits de ce document à un
journaliste s'est conduite comme une irresponsable. Je me permets de le dire
parce que, à quelques reprises, j'ai entendu des députés,
notamment des députés indépendants, dont un qui
siège à la droite du député de Rosemont, affirmer
que nous avions l'intention de négocier à la baisse et que nous
ne demanderions jamais rien d'inacceptable en appliquant cette phrase 1) qui
était sortie de son contexte et 2) qui s'appliquait strictement à
la conférence de Regina, au dossier constitutionnel. C'est une
fausseté absolument monumentale. Ce qui a amené des gens à
le faire, c'est effectivement un document de stratégie qui touchait
autre chose et qui émanait du ministère des Affaires
intergouvernementales.
En conséquence, je n'ai pas l'intention de dévoiler ici le
nom des personnes qui participent à la mise sur pied et au soutien qui
est donné au Conseil exécutif et au bureau du premier ministre
dans cette démarche de définir une position
québécoise en matière constitutionnelle.
M. Raquette: M. le Président, je pense que le ministre a
dévié sur un autre sujet qui va m'amener à faire certains
commentaires. Cependant, je ne lui ai pas demandé le nom des personnes,
je lui ai demandé si les personnes de l'extérieur qui participent
à l'établissement des positions constitutionnelles étaient
des personnes commanditées par le gouvernement ou s'il y a d'autres
personnes.
Je vais me faire un peu plus précis par la suite, mais avant je
voudrais simplement relever l'affirmation du ministre. Je suis parfaitement au
courant de ce que veut dire le serment d'office pour un ministre et
l'obligation qu'il a de préserver la confidentialité des travaux,
surtout dans une question aussi délicate pour l'avenir du Québec
que celle des négociations constitutionnelles.
J'aimerais lui dire que nos commentaires quant à la faiblesse du
gouvernement dans le dossier constitutionnel sont liés à un
ensemble de facteurs, dont un document comme celui dont il a fait état,
qui a été publié par un journal, je pense, l'automne
dernier, sur lequel il a émis un commentaire le lendemain disant que
c'était un document de fonctionnaires et que ce n'était pas
nécessairement la position du gouvernement.
C'est un des éléments. Il n'en demeure pas moins que c'est
un document qui a été préparé à son
secrétariat, comme le ministre l'a lui-même confirmé
à ce moment-là, tout en disant que ce n'était pas la
position du gouvernement. Il y a bien d'autres éléments dont le
fait que, ce matin, vous nous avez remis une feuille comportant 769 000 000 $ -
c'est un minimum - de coupures fédérales qui ont
été faites à l'automne dans le domaine de la
recherche.
M. Rivest: C'est ma feuille!
M. Paquette: Oh, pardon! Je m'excuse. Je pensais que le ministre
avait déjà répondu à la demande. Je corrige, c'est
une évaluation du député de Jean-Talon...
M. Johnson (Anjou): Oui, mais qui la tient lui-même, je
pense, du député Garneau, qui est député de
Jean-Talon au fédéral. C'est le même comté au
fédéral?
M. Rivest: Oui.
M. Johnson (Anjou): Cela s'appelle Jean-Talon aussi.
M. Paquette: D'accord. Oublions cette feuille pour le moment en
attente...
M. Johnson (Anjou): C'est le même groupe, la même
"gang".
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Rivest: Lesage, Garneau, Rivest.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, en attente des documents
officiels du ministre, je vais oublier cette feuille pour le moment et
simplement vous dire que la plupart des informations qui sont là ont
été publiées dans les journaux. On sait qu'il y a eu des
coupures dans l'assurance-chômage; on sait qu'il y a eu des coupures dans
les centres de recherche; on sait qu'il y a eu des coupures dans l'habitation
et pas un seul ministre du gouvernement, pas même le ministre des
Affaires intergouvernementales canadiennes, n'a dit un mot sur ces questions.
Il y a eu un seul cas, qui était tellement manifeste qu'on ne pouvait
pas le passer sous silence, où le ministre des Finances a pris
l'initiative de faire une déclaration ministérielle pour prendre
les devants et éviter de se faire trop questionner sur ce sujet, c'est
la péréquation parce que c'était tellement évident.
Cela aussi est à verser au dossier de l'approche de faiblesse.
Un autre élément nous fait dire que le ministre,
même si ce n'est pas la position du gouvernement, n'a pas l'intention
d'être très revendicateur envers le gouvernement. On peut se
tromper, on ne demande pas mieux qu'être détrompé. À
l'automne, quand le premier ministre Mulroney s'est amené à
Québec, j'ai parcouru le verbatim de la conférence de presse
conjointe qu'il a donnée avec le premier ministre du Québec. Ils
ont parlé des routes sur la Côte-Nord, ils ont parlé de
tout et de rien. Le premier ministre a dit: La balle est dans notre camp. On
déposera nos propositions à Pâques ou à la
Trinité, alors que c'est le premier ministre canadien qui, lors des
dernières élections fédérales, a dit qu'il comptait
rapatrier le Québec.
De ce fait - on n'est pas les seuls à le dire, il y avait
plusieurs éditoriaux là-dessus - le Québec se place dans
une position intenable sur le plan de la négociation et dans une
position de faiblesse, surtout qu'il commence sa démarche en fin de
mandat, sans appui populaire. Ce sont toutes ces raisons-là qui nous
amènent à dire ce qu'on dit. Ce n'est pas un document qui a
coulé dans un journal et que, le lendemain, le ministre a
qualifié de document de fonctionnaires. Il y a peut-être eu
d'autres documents là-dessus. C'est l'ensemble de l'attitude de ce
gouvernement qui nous amène à dire qu'il s'en va négocier
en position de faiblesse. (10 h 45)
M. le Président, il y a deux questions auxquelles le ministre n'a
pas répondu. Encore une fois, je ne lui demande pas de donner les noms
de ceux qui travaillent sur la position constitutionnelle, mais le type de
personnes. Je lui ai demandé depuis combien de temps cela se
prépare, depuis combien de temps il y a un travail sérieux, pour
qu'on puisse évaluer si la position du Québec qui s'en vient est
improvisée ou s'il y a un travail le moindrement valable qui justifie
les crédits que cette Assemblée nationale alloue au
Secrétariat des affaires intergouvernementales canadiennes. C'est ma
première question, à laquelle je n'ai pas encore eu de
réponse.
Deuxièmement, le ministre a dit qu'il y a des personnes de
l'extérieur qui ont travaillé au dossier. Encore là, je ne
lui demande pas les noms. Je vais lui poser une question précise, parce
qu'on sait qu'il y a beaucoup de liens et que le premier ministre canadien va
être le premier informé, après le Conseil des ministres et
peut-être le caucus du parti ministériel, des positions
constitutionnelles du Québec, avant les représentants élus
en cette Chambre et avant qu'on ait pu en discuter et que le gouvernement sache
s'il a l'appui, et jusqu'à quel point, de l'ensemble des parlementaires
de cette Chambre. Est-ce que, parmi ces personnes de l'extérieur qui ont
participé à la préparation des négociations sur la
position constitutionnelle du Québec, le ministre peut nous assurer
qu'il n'y a aucun des conseillers du premier ministre canadien, ni M. Arthur
Tremblay ni M. Lucien Bouchard ni aucune autre personne qui, de cette
façon, serait placée en conflit d'intérêts et qui
ferait en sorte que le gouvernement fédéral a, dans le fond, un
plus grand mot à dire dans l'élaboration des positions
constitutionnelles du Québec que cette Assemblée nationale qui
attend toujours les positions constitutionnelles du gouvernement du
Québec?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'aurais beaucoup de
commentaires à faire sur ce que soulève le député,
mais je vais d'abord commencer par répondre en partie à ses
questions.
D'une part, il y a de fait de l'extérieur un certain nombre de
personnes qui sont des spécialistes dans ce domaine, dont
l'intégrité sur le plan professionnel et la compétence ne
font aucun doute à mes yeux. Quant à d'autres personnes, je peux
lui dire qu'à ma connaissance le sénateur Tremblay a eu, je
crois, un mandat du premier ministre du Canada comme conseiller en
matière constitutionnelle. Je ne sais pas quel est son mode de
fonctionnement. Je ne sais pas s'il participe à un comité de
stratégie fédéral, mais je sais qui est le sénateur
Tremblay, je le connais. Le premier ministre le connaît aussi. La plupart
des hauts fonctionnaires du gouvernement du Québec, y compris les gens
associés à notre dossier constitutionnel, le connaissent
très bien. Il a été une figure
dominante de la fonction publique québécoise pendant 20
ans. Je sais que le sénateur Tremblay vit toujours dans la région
de Québec et je présume qu'il fréquente les mêmes
restaurants que la plupart des gens qui le connaissent. Je ne peux pas vous
assurer qu'il n'a pas été question de cela entre le
sénateur Tremblay et des gens. Je peux simplement vous dire que le
sénateur Tremblay ne siège pas aux comités de travail
techniques du Secrétariat des affaires intergouvernementales
canadiennes, pas plus, d'ailleurs, que Me Lucien Bouchard, qui est
également un homme reconnu pour ses grands talents, les services
considérables qu'il a accordés è l'État
québécois, son engagement évident, manifeste et reconnu,
je crois, à l'égard des causes québécoises. Mais il
y a aussi le fait qu'il est un ami de longue date du premier ministre du
Canada. Je. crois qu'ils se connaissent depuis une douzaine ou une quinzaine
d'années, si je ne me trompe pas. Il est parfois vu en compagnie du
premier ministre du Canada dans certaines fonctions officielles. Je dois dire
que Me Bouchard ne siège pas, non plus, aux comités de
préparation de la position gouvernementale québécoise.
M. Paquette: M. le Président, une dernière
question.
M. Johnson (Anjou): Ce qui ne veut pas dire que ce serait une
mauvaise idée.
M. Paquette: Pardon?
M. Johnson (Anjou): Ce qui ne veut pas dire que ce serait une
mauvaise idée...
M. Paquette: Ah bon!
M. Johnson (Anjou): ...s'il avait un mandat du gouvernement du
Québec. C'est un homme qui sait exécuter des mandats et qui est
d'une intégrité professionnelle que je ne mets pas en doute.
M. Paquette: M. le Président, je ne peux pas être en
désaccord avec ce que le ministre vient de dire sur les qualités
personnelles des deux personnes mentionnées. La question n'est pas
là; il le sait très bien. La question est la suivante:
Au-delà de ces conversations, de rencontres fortuites entre des gens qui
se connaissent, qui peuvent toujours se produire, bien sûr, et où
on jase des questions d'actualité, au-delà du fait que cela
m'étonnerait, que cela m'aurait renversé si le ministre nous
avait dit que l'une ou l'autre de ces personnes siégeait à des
comités techniques de son ministère, au-delà de cela,
est-ce que le ministre peut nous assurer que ni l'une ni l'autre de ces
personnes ou nulle autre personne agissant comme conseiller auprès du
premier ministre du Canada n'est intervenue dans l'élaboration des
positions constitutionnelles du gouvernement avec des mandats et des demandes,
des orientations ou des suggestions précises de nature à
influencer la position constitutionnelle du gouvernement du Québec?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je peux
répondre, pour l'essentiel, de l'activité des fonctionnaires du
secrétariat et je peux répondre de mes gestes. C'est le seul cas
que j'évoquerai, simplement pour démontrer au
député que je n'ai pas l'intention de dévier de sa
question, mais que, par ailleurs, il y a quand même des limites à
embarquer dans ce type de questions. Je peux dire, par exemple, que j'ai eu
l'occasion, moi, de rencontrer le sénateur Tremblay l'automne dernier au
moment où il avait reçu un mandat du premier ministre du Canada
comme conseiller constitutionnel. J'ai eu une longue conversation avec lui, en
termes assez généraux. J'ai surtout écouté ce qu'il
avait à dire, ce qui ne m'apparalt absolument pas anormal.
Je connais également Me Bouchard depuis cinq ou six ans. Il
m'arrive à l'occasion de le rencontrer, mais je peux vous dire qu'en ce
qui concerne le Secrétariat aux affaires intergouvemementales
canadiennes, le secrétariat et celui qui vous parle, Me Bouchard n'a pas
participé à l'élaboration de la position
québécoise qui sortirait du Conseil des ministres. Cependant, les
conversations qu'il a pu avoir avec d'autres personnes ou les conversations
qu'il a eues avec moi, en tout cas, ont été marquées par
le fait de ma connaissance très précise non pas de son
intimité, mais du fait qu'il est un homme proche du premier ministre du
Canada. Cela implique des distances que lui et moi respectons dans nos
conversations.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Vachon.
M. Payne: M. le ministre, depuis maintenant plusieurs
années, il y a des discussions dans plusieurs salons, que ce soit
politiques, académiques, linguistiques, sur la question du
français au Canada, aussi bien au Québec que dans les provinces
où il s'agit d'une langue minoritaire. Après de longues
délibérations, le gouvernement a jugé bon d'entreprendre
une démarche qui, à mon avis, était progressiste et
intelligente, montrant que la question linguistique québécoise
débordait les limites de notre province. Je fais référence
aux accords de réciprocité. À St.Andrews, je pense que le
gouvernement du Québec a montré un leadership assez remarquable
et on est arrivé presque au point où on était pour signer
le début de quelques accords de réciprocité.
Deuxièmement, si je peux ajouter une
considération personnelle, je pense qu'une faiblesse fondamentale
de la thèse constitutionnelle de M. Trudeau était sa
volonté, dans ma lecture, d'imposer une symétrie artificielle
vis-à-vis de la langue française au Canada et au Québec,
faisant en sorte qu'on voulait mettre sur le même pied
d'égalité la langue française dans les provinces autres
que le Québec et la langue anglaise au Québec.
Depuis les amendements à la loi 101, est-ce qu'il y a eu des
rapports qui ont été préparés faisant suite
à la volonté qui a été manifestée à
plusieurs endroits que le Québec devrait avancer ou continuer les
négociations et les discussions avec les autres provinces? Je sais bien
que la question touche particulièrement le ministre responsable de la
langue française au Québec, mais aussi cela relève de la
juridiction de votre ministère. Est-ce qu'il y a eu des suivis formels
dans les trois dernières années? Est-ce qu'il y a eu des rapports
écrits dont nous pourrions prendre connaissance ici à
l'Assemblée, sur le suivi des accords de réciprocité?
Où en est-on dans les négociations et dans les discussions avec
les autres provinces? Est-ce qu'il y a des progrès qui ont
été faits? On a discuté avec le Nouveau-Brunswick et il y
a eu une discussion véhémente au Manitoba il y a deux ans. Le
Québec n'a pas participé formellement à ces débats.
Notre politique a été plutôt de rester à
l'écart. Est-ce qu'il y a eu des discussions continues?
M. Johnson (Anjou): D'abord, il faut parler un peu de ce concept
de réciprocité qui peut être présenté un peu
trop facilement comme ayant un caractère odieux. Je crois que c'est de
la facilité de le présenter de façon odieuse. Il faut
mesurer les résultats. Il faut savoir que les Québécois
traitent bien leurs minorités et l'affirmer, contrairement,
malheureusement, à ce qui a pu se dégager à un moment
donné de certaines positions politiques au Québec. Les
Québécois traitent leurs minorités et, en particulier, le
Québécois traite la minorité anglophone au Québec
d'une façon respectueuse, ce qui, historiquement, n'est pas le cas pour
les francophones hors Québec, qui n'ont pas obtenu ce type de traitement
au cours des années.
Cela étant dit, il y a eu un certain nombre de progrès
constatés dans certaines provinces canadiennes depuis, disons, sept ou
huit ans. Je crois que l'arrivée au pouvoir du gouvernement actuel
à Québec y a été pour quelque chose. Je crois que
l'affirmation de la nécessité pour le Canada anglais de
démontrer sa bonne foi y a été pour quelque chose. Je
crois que, finalement, les minorités francophones y ont gagné
dans la reconnaissance de certaines de leurs activités et, je dirais,
dans le fait qu'on ait sorti de l'anonymat, leurs revendications dans beaucoup
de provinces canadiennes. Ces minorités y ont gagné par le fait
que le Québec, avec vigueur et avec force, je crois, a affirmé
l'importance que représentaient les progrès pour ces
minorités comme un geste tangible et concret de reconnaissance de la
particularité de la présence du Québec et des francophones
au Canada.
Dans le cas des accords de réciprocité, il faut bien voir
que ces accords ne rendaient pas conditionnel l'accès è
l'école anglaise à nos propres minorités, mais bel et
bien, qu'ils rendaient conditionnelles à l'évaluation que l'on
pouvait faire par la réciprocité du progrès des
minorités hors Québec soit l'accès à l'école
ou la maîtrise de certaines institutions. Dans le cas du
Nouveau-Brunswick, il n'y a pas eu d'accord proprement dit, mais il y a eu une
reconnaissance législative dans notre loi d'une "clause Canada", si on
veut, applicable aux gens du Nouveau-Brunswick, dans la mesure où nous
reconnaissions qu'il y avait à l'égard des francophones du
Nouveau-Brunswick des efforts considérables qui avaient
été faits pour leur faciliter l'accès au français
et dans la mesure où le Québec, quand il a des citoyens qui vont
s'installer au Nouveau-Brunswick - c'est plutôt le contraire, en
général, qui arrive - considère qu'il y a là un
accès raisonnable pour ses propres citoyens au français.
Quant au suivi sur le reste, non, il n'y a pas eu, à ma
connaissance, de négociation de réciprocité avec d'autres
provinces. On se rend compte, cependant, qu'en Ontario, bien que la situation
soit extrêmement fluide en ce moment, qu'il y a eu des choses positives,
en tout cas à l'époque de Roy McMurtry, qui était
Procureur général et extrêmement préoccupé
par ce dossier. (11 heures)
J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec lui à quelques reprises.
M. McMurtry n'est plus là, il est maintenant haut-commissaire du Canada
en Grande-Bretagne. Il y avait des projets législatifs en Ontario pour
reconnaître - je dis bien des projets législatifs en Ontario - la
maîtrise par les francophones d'institutions d'enseignement. Encore une
fois, le fait qu'il y ait en ce moment un gouvernement minoritaire change un
peu le contexte. J'ai pris connaissance, ce matin, d'une déclaration de
l'ACFO, l'Association canadienne-française de l'Ontario, qui a
laissé entendre qu'à ce stade-ci elle n'entendait pas pousser la
revendication de la reconnaissance du bilinguisme officiel, mais qu'elle
acceptait de se contenter d'un cadre législatif qui garantisse
l'accès à des services en français, etc. Cela me semble
une approche, je dirais, si je peux me permettre de qualifier quelque chose qui
se passe à l'extérieur du Québec, assez habile de gens
constants, de gens qui
acceptent que le progrès se fasse par la constance, justement,
l'habileté, l'adaptation aux circonstances. Je dois dire, d'ailleurs,
que je pense que le gouvernement du Québec pourrait peut-être se
reconnaître un peu dans ce que fait l'ACFO en ce moment à
l'égard de son propre progrès.
M. Payne: II y avait...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon, avant de vous donner la parole à nouveau, je voudrais vous
avertir que le président de l'Assemblée nationale nous demande de
nous abstenir de prendre du café au salon bleu.
M. Rivest: De ce côté-ci, nous nous opposons
à cette directive du président.
Le Président (M. Gagnon): Je dois la transmettre, quand
même. Une autre chose que je voudrais vous demander, c'est de...
M. Rivest: Je vous dis cela afin que vous n'en portiez pas la
responsabilité, M. le Président.
M. Payne: Est-ce qu'on peut voter là-dessus?
M. Rivest: Les "tataouinages" de Guay!
Le Président (M. Gagnon): Une autre chose que je voudrais
vous demander afin qu'on puisse suivre plus facilement les travaux, c'est de
parler peut-être un peu plus fort ou un peu plus près des micros.
Cela va? M. le député de Vachon. Après, ce sera à
vous.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce une directive
que vous nous donnez, parce que je me sens coupable?
Le Président (M. Gagnon): Je dois vous...
M. de Bellefeuille: J'ai une tasse de café devant moi, que
je suis allé chercher moi-même, M. le Président, puisque
que les services de l'Assemblée refusaient d'aller me la chercher. Je
vous prierais de bien vouloir dire au président que vous
représentez ici qu'au moins, à mon avis - je pense que...
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole, M. le
député, sur une question de règlement.
M. de Bellefeuille: ...cet avis pourrait être
partagé par d'autres - si l'on veut évaluer ou juger des accrocs
au protocole, parce que j'imagine que c'est de cela qu'il s'agit, et sans tenir
compte de considérations de santé qui iraient dans le même
sens que le commentaire que je vais faire, ce qu'il faudrait interdire en
commission, avant même de songer à interdire de boire du
café, c'est de fumer.
M. Rivest: Là, je ne suis pas d'accord.
M. de Bellefeuille: II devrait être absolument interdit de
fumer en commission. Dites à M. le président, de ma part, que je
m'abstiendrai de boire du café en commission lorsqu'il aura interdit de
fumer en commission. Merci.
Le Président (M. Gagnon): Si M. le
député...
M. Rivest: Je suis solidaire pour le café, mais je me
dissocie de mon collègue concernant la cigarette.
M. de Bellefeuille: Je note, M. le Président, que la
réaction du ministre, lui-même médecin, c'est de s'allumer
immédiatement une cigarette. Je vois la considération qu'il
accorde aux propos que je viens de tenir.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Je n'ouvrais pas cette
parenthèse dans le but d'en faire un débat. J'avais le devoir de
vous demander de vous abstenir de boire du café, comme le
président m'a demandé de le faire. S'il y a un débat
à soulever là-dessus, on aura sûrement d'autres occasions
de le faire. Je donne donc la parole au député de Vachon.
M. Payne: C'est sûr qu'il y a eu une tension dynamique et,
à mon avis, constructive au moment du référendum, qui a
fait en sorte de déclencher une vigoureuse réévaluation du
statut des langues minoritaires au Canada. Mais, depuis le virage du Parti
québécois d'il y a six mois, reflété dans le
gouvernement, je pense qu'il y a au moins la possibilité d'une nouvelle
dimension, d'une nouvelle tension dynamique, positive et constructive qu'on
pourrait déclencher maintenant à partir de la prémisse
que, justement, la symétrie artificielle que je viens de décrire,
à mon avis, n'a plus de bon sens pour le Québec dans la mesure
où l'article 23 de la charte du Canada fait en sorte de mettre l'anglais
au Québec sur le même pied que le français dans les autres
provinces.
Ma question est la suivante: Le ministre croit-il que le virage du
gouvernement va mieux faciliter l'amélioration du statut de la langue
française dans les autres provinces et celui de la langue anglaise au
Québec que, bien sûr, on tient pour acquis? Je pense que nous
avons une excellente occasion de mieux revendiquer les intérêts
des francophones
hors Québec et, en même temps, de faire en sorte de
souligner auprès du gouvernement du Québec que le fait de
revendiquer sous le biais de notre exclusivité une juridiction exclusive
fait en sorte que nous ici, au Québec, on peut peut-être se
retirer de l'article 23, au moins dans les faits.
M. Johnson (Anjou): En termes d'orientation, M. le
Président, vous savez que le sort qui est fait aux francophones hors
Québec est un sort qui préoccupe et qui a toujours
préoccupé au plus haut point les gens en politique au
Québec. On n'a qu'à se souvenir de l'époque de Riel. On
n'a qu'à se souvenir, notamment, de ce qui est arrivé au
Manitoba, bien qu'il faille constater que 85% des francophones hors
Québec sont situés en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Cette
sensibilité nous provient, je crois, d'un sentiment, qui va très
loin dans nos racines historiques au Québec, que les francophones hors
Québec font partie de cette souche commune, à l'exception des
Acadiens, qui ne sont pas des Québécois, qui ont habité
leur territoire et qui l'ont colonisé eux-mêmes. Pour l'essentiel,
la plupart des francophones hors Québec qu'on retrouve ont entretenu de
façon institutionnelle, de façon culturelle, de façon
sociologique, de façon idéologique, des relations tout à
fait particulières à l'égard du Québec. Je crois
qu'il y a une réciprocité dans ce sentiment que ni l'un ni
l'autre ne peut être indifférent à ce qui arrive à
l'un ou l'autre.
Deuxièmement, le fait que le territoire québécois
soit le seul territoire en Amérique du Nord où les francophones
puissent mouler leur environnement non seulement sur le plan de la langue, mais
sur le plan de leur culture au sens le plus large du terme est une
donnée fondamentale qui, elle, est en conflit direct avec la conception
qu'en avait l'auteur du "Canada Bill", M. Trudeau. Si on regarde l'histoire
récente, au-delà de constater l'émergence d'une sorte de
nouveau nationalisme ou d'une fierté pancanadienne, comme
l'évoquait le député de Deux-Montagnes hier, on se rend
compte que cela a été fait au prix d'une dilution du
caractère territorial de la revendication des francophones, dans la
mesure où le "Canada Bill", avec tout ce qui s'ensuivit comme actions
administratives, par exemple, de l'État fédéral à
l'égard des minorités francophones hors Québec, est devenu
manifeste.
On ne peut pas traiter la minorité anglophone du Québec
comme on traite la minorité francophone hors Québec, non pas par
esprit de vengeance, non pas parce qu'on considère que l'histoire est
une chose à refaire. L'histoire ne se refait pas. C'est un fait que les
francophones hors Québec ont été passablement
malmenés dans l'histoire des cent dernières années et que,
depuis une quinzaine d'années, un certain nombre de choses
s'améliorent, mais ce n'est pas suffisant de constater ce bilan et de
s'inspirer exclusivement de ces considérations pour avoir une attitude
qui serait vengeresse. Je crois qu'il est important que la
société québécoise agisse de façon ouverte
à l'égard de ses minorités, que son appartenance
continentale et l'ensemble des mesures administratives, l'ensemble des droits
que cette Assemblée donne aux minorités reflètent ce
caractère de générosité, de tolérance et de
diversité que nous recherchons.
Cependant, précisément parce que le Québec est le
seul territoire que les francophones peuvent mouler en partie à leur
visage, est le seul territoire où ils peuvent, à toutes fins
utiles, par l'intervention législative entre autres, se donner un
certain nombre d'instruments qui reflètent le fait que cette
société n'est pas simplement bilingue ou canadienne, mais qu'elle
est, d'abord et avant tout, québécoise et essentiellement,
majoritairement francophone, nous devons revendiquer avec cohérence un
certain nombre de choses, y compris la remise en question de l'article 23 du
"Canada Bill". Je crois que dans les... Pardon?
M. Rivest: Bonne chance!
M. Johnson (Anjou): Je trouve cela regrettable, parce que
j'entendais récemment un professeur d'université, qui est un
homme qui a suivi longuement ces questions depuis 20 ans, me dire qu'il
considérait que le livre beige avait été le premier
document - non pas qu'il l'a fait lui-même - qui a suscité une
remise en cause de la légitimité de l'intervention exclusive de
l'Assemblée nationale du Québec à l'égard des
questions linguistiques, parce que, pour la première fois, on retrouvait
dans ce document l'évocation que nous maltraitions nos minorités
ou que nous n'étions pas assez généreux envers nos
minorités et que nous nous exposions, à toutes fins utiles...
M. Rivest: Oui, citez donc le passage. M. Johnson (Anjou):
...à des critiques.
M. Rivest: À quel endroit? C'est complètement faux,
ce qu'il vient de dire.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jean-Talon, vous avez demandé
la parole imédiatement après le député de
Deux-Montagnes. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Ce que j'évoque ici, M. le
Président, c'est ceci: au moment où nous avons eu ces
débats autour de la loi 101, en 1977, comme dans les années qui
ont suivi - ces débats sont revenus périodiquement à
l'Assemblée nationale, que ce soit à la période des
questions ou au moment où nous étudiions d'autres textes
législatifs qui modifiaient la loi 101 - au moment où nous avons
adopté cette résolution de l'Assemblée nationale en 1981,
l'Opposition officielle, par ses discours, par son attitude, a montré
l'absence de solidarité autour de cette notion que c'est cette
Assemblée qui doit légiférer en matière
linguistique sur son territoire et l'unanimité qui s'était faite
au Québec pendant des années a été brisée.
Cela n'a pas été sans conséquence. Encore une fois, je
n'en impute pas la responsabilité qu'au Parti libéral et je ne
prétends pas que c'est le Parti libéral qui est le grand
responsable de cela, mais je dirai que l'attitude du Parti libéral, en
1981 en particulier, à la suite du livre beige, etc., a accordé
au Canada anglais, dans la presse anglophone du Canada et, évidemment,
au gouvernement fédéral de l'époque, une certaine
assurance quand il prétendait par l'article 23 venir régler aussi
le problème de cette minorité qu'on présentait dans le
reste du Canada comme étant maltraitée sur le territoire du
Québec.
Ce ne sont pas que des mots. C'est une réalité qui n'est
pas juridique; elle est politique. Le jour où cette Assemblée a
brisé l'unanimité séculaire autour de ces questions, le
Québec s'est exposé à ce qui est arrivé par la
suite. Ce qui est arrivé par la suite, c'est une certaine vision qu'il
faut standardiser les conditions juridiques dans lesquelles évoluent les
minorités au Canada, ce qui est un phénomène qui fait
presque penser à certains aspects plus désagréables de la
péréquation. On maintient, à toutes fins utiles, le statu
quo, c'est-à-dire le rapport de faiblesse relative des gens en
prétendant renforcer les minorités hors Québec, mais, en
même temps, en forçant le seul Parlement où il y a une
majorité francophone à devoir se plier à des mesures qui
sont identiques à l'égard de sa propre minorité. Cette
vision, qui est absolument théorique dans sa
générosité, a pour effet d'affaiblir le caractère
territorial de la spécificité française en
Amérique. (11 h 15)
C'est ce qui est central dans ce débat, autour de l'article 23.
Encore une fois, cela ne veut pas dire que le Québec ne peut pas traiter
avec générosité, ouverture, tolérance, ses
minorités. Cela ne veut pas dire, non plus, que le Québec entend
faire du chantage avec ses propres minorités, il ne l'a jamais fait,
mais l'affirmation très claire que c'est ce Parlement, cette
Assemblée nationale qui doit disposer de ces questions nous
apparaît comme une chose fondamentale.
Je dirai aussi que, s'il est vrai que les francophones hors
Québec ont pu progresser quelque peu depuis quelques années, bien
que les statistiques nous démontrent des taux d'assimilation absolument
faramineux, c'est qu'il n'est pas vrai que, comme communautés, elles
peuvent évoluer strictement à partir du caractère
linguistique que leur reconnaît, dans cette dilution de la concentration
territoriale francophone, le bilinguisme officiel. Il ne suffit pas de parler
sa langue dans un univers qui tantôt lui est hostile, mais surtout
indifférent, dans un univers où elle a peu d'utilité sur
le plan du travail, par exemple, sur le plan de la vie quotidienne
au-delà de la culture ou au-delà de la vie familiale. Ce qui
permettra aux minorités francophones hors Québec non seulement de
survivre, mais peut-être de se développer avec
authenticité, avec l'intégrité de ces groupes, c'est leur
capacité de maîtriser un certain nombre d'institutions
culturelles.
Ce qui guette ultimement les minorités francophones hors
Québec, par la vision de bilinguisation officielle, quand on voit le
succès étonnant, mais intéressant, malgré tout, des
cours d'immersion totale pour anglophones dans l'Ouest canadien, ce qui les
guette, c'est que le français devienne une langue à
l'égard de laquelle il y a plus de tolérance quand elle est
parlée, mais que les communautés francophones, ces prolongements,
ces rameaux de ce tronc commun centré essentiellement sur le
Québec, en tant que communautés, pourraient être
vouées à la dilution totale.
En ce sens, le gouvernement du Québec, non seulement à
l'égard des pouvoirs de sa propre Législature, de ce seul
Parlement où nous sommes majoritaires, doit revendiquer qu'il demeure le
seul Parlement où ces décisions sont prises quant à son
territoire, encore une fois avec ouverture, générosité et
en reconnaissant l'utilité des échanges avec le reste du Canada;
le Québec doit aussi agir pour maintenir, appuyer les minorités
francophones hors Québec dans leur recherche d'une consolidation non
seulement de l'usage de leur langue, mais du tissu social, du tissu de
communautés qu'elles forment.
C'est en ce sens que, s'il apparaît a priori menaçant que
l'article 23 soit remis en cause pour certains francophones hors Québec,
je dirai qu'au contraire c'est reconnaître que c'est l'Assemblée
nationale du Québec qui, devant avoir l'exclusivité des pouvoirs
dans ce domaine, peut avec assurance leur fournir des appuis, ce qui sera
évoqué plus tard dans d'autres contextes que le contexte
constitutionnel.
Si le député de Vachon me le permet, j'aimerais revenir
sur des affirmations que j'ai faites au sujet des propos de mes
collègues d'en face concernant l'approche avec laquelle nous
abordions le dossier constitutionnel. J'ai bel et bien dit que jamais je n'ai
écrit ou dit que nous devions formuler des demandes qui ne soient pas
inacceptables autrement qu'un document...
M. Rivest: Oh!
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'insiste pour le
faire parce que... Oui, il me reste deux minutes.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Johnson (Anjou): Je pense que j'ai encore trois minutes et
j'ai l'intention...
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le ministre, si vous vous dissociez ainsi des
documents qui sortent de votre ministère, libre à vous...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ...mais nous, nous parlons au ministre, on ne parle
pas au ministère. C'est votre ministère, vous en êtes
responsable.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon...
M. Rivest: C'est un point...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, ce n'est pas une question de règlement.
M. Rivest: J'ai une question de règlement,
certainement.
Le Président (M. Gagnon): Vous aurez la parole
immédiatement après le député de
Deux-Montagnes.
M. le ministre, il vous reste deux minutes.
M. Rivest: Non. J'ai une question de règlement, M. le
Président, sur la conduite de nos travaux.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense qu'il n'y a
pas de question de règlement en commission.
M. Rivest: Question de règlement. Je voudrais savoir de
vous si, lorsqu'on est en commission lors de l'étude des crédits,
il est loisible à un ministre de se dissocier de documents qui existent
à son ministère et, à ce moment-là, de priver
l'Opposition de commenter. On n'étudie pas les crédits du
ministre, on étudie les crédits du ministère. Si le
ministre n'est pas d'accord avec son ministère, qu'il le dise, mais
c'est une drôle de façon pour un ministre de fonctionner que de se
dissocier...
Le Président (M. Gagnon): Je soutiens que ce n'est pas une
question de règlement. Ce n'est pas au président de juger de la
réponse ou de la question.
M. Rivest: Vous ne demandez rien d'inacceptable, vous ne dites
rien. C'est ça, votre attitude. Voyons donc! Les faits le prouvent.
M. Johnson (Anjou): Arrête donc! Arrête donc! Tu n'es
pas "fair". Tu n'es pas "fair".
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon, à l'ordre!
M. le ministre, vous avez deux minutes.
M. Johnson (Anjou): En deux minutes, M. le Président, je
citerai un article du Devoir d'il y a quelques jours qui dit: "Par ailleurs, le
ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, M. Pierre-Marc
Johnson, a déjà proposé que les revendications
constitutionnelles du Québec soient formulées de façon
à ne pas déplaire aux interlocuteurs fédéraux."
J'affirme, M. le Président, que ce qui est écrit là par un
des députés du groupe des indépendants est une
fausseté totale.
M. Rivest: En pratique, c'est ce que vous faites, depuis que vous
êtes ministre. Depuis votre virage, c'est ce que vous faites, de toute
façon.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon!
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, je vous prie de lire l'article 42. Je vous rappelle à
l'ordre pour la première fois, et vous avez le droit à trois
fois. Bon!
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, le député
de Jean-Talon... M. le Président...
M. Rivest: M. le Président...
M. Gratton: Je vais prendre la relève, moi.
Le Président (M. Gagnon): La troisième fois peut
venir assez rapidement, M. le
député. Il nous reste 37 minutes pour l'étude des
crédits.
M. Gratton: On est 49, on va prendre la relève, si
ça ne vous fait rien.
Le Président (M. Gagnon): II y a deux autres
députés qui ont demandé la parole. Votre tour viendra.
M. le ministre.
M. Payne: Est-ce que je peux terminer? Ma question ne concernait
pas...
M. Gratton: C'est rendu que le président fait la "job" de
bras du ministre. Voyons donc!
M. Rivest: Voyons donci
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'affirmais tout
à l'heure...
M. Rivest: En vertu de quoi?
M. de Bellefeuille: Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Johnson (Anjou): J'affirmais tout à l'heure que le
député...
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: J'écoute le ministre avec le plus
grand intérêt; j'aimerais bien qu'il respecte non seulement la
lettre, mais aussi l'esprit du règlement et qu'il nous permette
d'intervenir tous. Nos travaux doivent se terminer à midi.
Le Président (M. Gagnon): Voilà! Voilà!
M. de Bellefeuille: J'aimerais demander au ministre de collaborer
de façon à condenser ses brillants propos.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Deux-Montagnes, nous venons de perdre au moins deux grosses minutes
précieuses. Le ministre a droit è 20 minutes; je l'ai
déjà averti qu'il ne lui restait que deux minutes. On va le
laisser terminer sa réponse et, ensuite, je reconnaîtrai le
député de Vachon, vous-même, M. le député de
Deux-Montagnes, et le député de Jean-Talon.
M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je tiens à revenir sur le livre beige
rapidement, car ce que j'ai affirmé tout à l'heure est
puisé à partir de la page 14 du livre beige - je ne sais pas s'il
y a eu plusieurs éditions - de 1980.
Je respecte beaucoup les capacités et l'intégrité
intellectuelle du député d'Argenteuil qui, je crois, est un homme
remarquable à bien des égards. Je disais simplement qu'un
professeur d'université, à partir du livre beige, me disait que
le sentiment qu'il avait eu au moment de la publication dudit livre beige,
c'est que, pour la première fois, on brisait l'unanimité d'une
certaine vision qu'il appartenait d'abord et avant tout è cette
Législature de décider des questions en matière
linguistique. La phrase est la suivante, à la page 14, le dernier
paragraphe à gauche: "Mais, alors que ces mesures nouvelles
commençaient à peine à porter des fruits, le Québec
durcissait à son tour sa politique dans le sens de l'unilinguisme
français. En même temps qu'il limitait les droits de la
minorité anglophone, il manifestait un intérêt moindre pour
l'objectif de l'égalité linguistique à la grandeur du
pays."
M. le Président, c'est à partir de cette phrase, je
présume, que cet universitaire me disait cela. Ce n'est pas tellement
cette phrase seule, c'est tout ce qui s'ensuivit dans le débat,
notamment sur la résolution de 1981.
M. Rivest: Est-ce que le ministre conviendra que le Parti
libéral a voté pour la résolution de 1981?
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
La parole est au député de Vachon.
M. Payne: Je remercie le ministre pour sa réponse. Je
comprends que la position du gouvernement est la suivante et, si c'est bien le
cas, j'en suis bien solidaire. Le gouvernement du Québec n'est pas
réfractaire en soi, en principe, à la clause Canada, d'abord,
mais, dans sa forme actuelle, l'article 23 est inacceptable, parce que cela
touche la juridiction exclusive du Québec en cette matière, et,
deuxièmement, également sur le principe, le faux principe contenu
dans le "Canada Bill", à savoir que les deux minorités
étaient sur le même pied, que ce soit au Québec ou dans les
autres provinces. Je terminerai simplement en faisant une observation. À
mon avis - j'ai en tête les commentaires d'hier de M. Létourneau
concernant les francophones hors Québec - cela n'empêche pas que
le gouvernement du Québec peut mieux aider les francophones hors
Québec sans avoir le joug qu'est l'article 23. C'était un
commentaire.
M. Johnson (Anjou): C'était un commentaire, un simple
commentaire.
Le Président (M. Gagnon): C'était un
commentaire. M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
Une voix: Le ministre n'écoutait pas la question.
M. de Bellefeuille: Parmi les propos abondants du ministre, je
crois l'avoir entendu exprimer l'avis qu'on ne devrait pas établir un
parallèle ou qu'il n'y a pas de véritable parallèle
à établir entre la situation des anglophones au Québec et
la situation des francophones hors Québec. Je crois que le ministre a
dit cela. C'est une opinion que je partage entièrement, M. le
Président, et je suis heureux de voir que, dans les rangs
gouvernementaux, cette idée fait son chemin. Je voudrais, cependant,
exprimer aussi l'avis que, si l'on doit rejeter cette notion d'un
parallèle, si l'on en vient à la conclusion qu'il s'agit d'un
faux parallélisme, on prive de sa base l'argumentation en faveur de la
réciprocité dont il a été beaucoup question en
cette Chambre ces jours derniers, parce que l'argument de la
réciprocité, c'est: Nous allons ouvrir nos écoles de
façon inverse à ce qui sera fait dans les autres provinces pour
les francophones, ce qui repose sur un parallèle, ce qui repose sur le
parallèle que le ministre vient de rejeter. J'en prends bonne note. Je
ne sais pas comment le ministre va concilier tout cela. C'est très
important cette question du parallèle qui n'a pas de véritable
fondement dans les faits, parce que, si on poursuit sa réflexion, on se
rend compte, par exemple, que, dans une optique fédéraliste qui
est la vision des choses qu'on a à ma droite et qui est une des deux
visions des choses qu'on a devant moi, l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, c'est-à-dire la clause de la
constitution canadienne qui impose un curieux statut particulier au
Québec, seule province officiellement bilingue, si on rejette la notion
du parallélisme et si, d'autre part, on veut que le Québec
détermine lui-même la situation exacte de la langue
française dans ses statuts, on doit en conclure que cet article 133
doit, en toute raisonnabilité, s'appliquer à l'Ontario, mais ne
doit pas, en toute raisonnabilité, s'appliquer au Québec. Ce
serait, de la part du gouvernement du Québec, une position
fédéraliste extrêmement raisonnable, ce n'est pas une
position indépendantiste, c'est une position fédéraliste
extrêmement raisonnable que de réclamer que l'article 133 ne
s'applique pas au Québec, mais qu'il s'applique à l'Ontario. Si
on se réfère, entre autres éléments, aux
débats qui ont précédé l'Acte de la
confédération en 1867, on se rend compte que le marché qui
a été conclu en quelque sorte, parce qu'à cette
époque-là aussi on faisait du barguignage sur les questions
constitutionnelles, c'était qu'on traiterait les catholiques de
l'Ontario, du Haut-Canada, de la même façon que les protestants du
Bas-Canada seraient traités. C'est le marché qui avait
été conclu. Georges-Étienne Cartier en a fait état
à plusieurs reprises et il a été trahi, il a
été floué, parce que ce n'est pas cela qui est
arrivé. Précisément, cet article 133 ne s'applique pas
à l'Ontario comme il aurait dO l'être et il s'appliquait
plutôt au Québec. (11 h 30)
Or, dans une optique, le ministre a affirmé ces jours derniers
avec force à l'Assemblée nationale qu'il appartient à
l'Assemblée nationale de trancher ces questions. Il a absolument raison.
La question de la langue -l'article 133 traite des questions de langue -devrait
être tranchée ici au Québec. Donc l'article 133 ne devrait
pas s'appliquer au Québec, mais il devrait s'appliquer à
l'Ontario, parce qu'il y a les conditions objectives et les engagements
historiques qui donnent une base suffisante pour réclamer que l'article
133 s'applique à l'Ontario.
J'en fais donc la suggestion au gouvernement par l'intermédiaire
du ministre qui est devant nous et dont je constate, à l'instar de mon
collègue de Rosemont, le calme ce matin. Je ne vais pas chercher
à...
M. Rivest: À faire grouiller les tasses dans les
soucoupes.
M. de Bellefeuille: ...brouiller cette atmosphère si
paisible. Je ne voudrais pas, par exemple, taquiner le ministre en disant que,
tout à l'heure, il a presque indiqué que les positions
constitutionnelles du Québec pouvaient s'élaborer en partie au
Chalet suisse. Non. Je ne dirai pas cela. Il a fait allusion à des gens
qui mangent dans les mêmes restaurants que nous. Non. Je ne dirai pas
cela. Ce serait excessif.
M. Johnson (Anjou): Alors, si vous ne le dites pas, ne le dites
pas.
M. de Bellefeuille: Voilà, M. le ministre. Nous sommes
totalement d'accord. Je ne le dis pas.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, cela me confirme que,
lorsque le député parle, il ne sait pas ce qu'il dit.
M. Rivest: C'est gentil, celai
M. Johnson (Anjou): Oui, mais, si vous ne le dites pas...
Le Président (M. Gagnon): J'avoue...
M. de Bellefeuille: C'est là un autre niveau de langage,
M. le Président, mais je
ne m'arrêterai pas à cela...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ...comme je ne veux pas m'arrêter non
plus...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Deux-Montagnes, ce que vous ne voulez pas dire, ne le dites donc pas. Comme
cela, on ne soulèvera pas de débat, s'il vous plaît. Alors,
terminez.
M. de Bellefeuille: Mais, M. le Président, vous ne pouvez
me priver de mon droit d'utiliser des figures de style qui me conviennent.
Le Président (M. Gagnon): Oui, effectivement. Mais...
M. de Bellefeuille: Bon. Bon. Alors... Non, non. Je ne vais pas
rompre cette atmosphère de calme bien que la lecture du Soleil de ce
matin m'ait fait un peu de peine, parce que, si c'est exact... Il s'agit de la
chronique quotidienne, je ne sais pas si elle est quotidienne, mais elle est
fréquente, de M. Jean-Jacques Samson dans le Soleil, et elle est
intitulée "Les tasses dansent dans les soucoupes." M. Samson affirme,
et, apparemment, il y aurait d'autres témoins, M. Samson affirme,
dis-je, parmi beaucoup de choses, parce que, pendant que les tasses dansaient
dans Ies soucoupes, apparemment, il y a eu aussi abondance de paroles de la
part du ministre, comme ce matin.
Sur un autre ton, puisque les tasses dansaient dans les soucoupes, parmi
ces propos, j'en relève qui sont attribués au ministre et qui
touchent mon collègue de Rosemont et moi, puisque M. Samson affirme que
le ministre nous reprochait notre malhonnêteté. Ce n'est pas
gentil. Je ne demande même pas au ministre de retirer ses propos.
C'était dit sous le coup de peut-être, peut-être...
M. Paquette: Moi, je le lui demande.
M. de Bellefeuille: Je ne veux pas porter d'accusation.
C'était peut-être dit dans un moment d'emportement. Puisque les
tasses dansaient dans les soucoupes, le ministre s'était emporté,
mais il s'est calmé depuis, peut-être précisément
parce qu'il a défoulé hier au restaurant du parlement.
Cette accusation de malhonnêteté, je crois comprendre
qu'elle a trait aux allusions que nous avons faites à un document
gouvernemental dont le ministre récuse la paternité.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau, sur une question de règlement.
M. Blouin: M. le Président, j'avais le sentiment que nous
avions été convoqués pour étudier les
crédits des Affaires intergouvernementales canadiennes. J'entends depuis
quelques minutes, et, semble-t-il, depuis un bon moment le député
de Deux-Montagnes parler de tout autre chose que des crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. M. le
député de Rousseau, nous sommes maintenant à la
cinquième heure de l'étude des crédits. Il a
été convenu au tout début qu'on n'aborderait pas les
crédits programme par programme, mais que ce serait une discussion
générale sur...
M. Johnson (Anjou): C'est le danger de cette approche, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): C'est le danger de cette
approche mais vous comprendrez que ce n'est pas...
M. Johnson (Anjou): Mais j'ai pris ma leçon en ce qui
concerne une couple de membres de la commission, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, M. le
ministre! Vous comprendrez que j'ai maintenant de la difficulté à
limiter le débat strictement à l'étude des crédits.
M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. À
propos de ce document que le ministre récuse, je voulais dire qu'il y a
une solution aux difficultés créées par ce document. La
solution est évidente, il me semble. C'est la transparence, vertu dont
le gouvernement qui est devant nous s'est beaucoup vanté pendant
plusieurs années. J'ai l'impression que c'est un thème qu'il a un
peu laissé tomber depuis quelque temps, parce que ce serait trop
grossièrement évident qu'il n'y a plus de transparence de la part
de ce gouvernement. La solution serait la transparence, c'est-à-dire que
le ministre réponde à nos questions, que le gouvernement
réponde à nos questions autrement que par des faux-fuyants.
L'élaboration de la position constitutionnelle du Québec dans la
situation actuelle est une chose de toute première importance pour la
société québécoise. À mon avis, et là
je ne prétends pas que tous les précédents justifient
l'avis que je vais énoncer parce que je sais que dans le passé
j'ai fait allusion aux conditions dans lesquelles l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique a été négocié, dans des temps
plus récents, il est arrivé que des négociations
constitutionnelles se soient déroulées dans des restaurants ou
dans de petites pièces enfumées, dans la cave de M. Bourassa ou
dans quelque autre cave et que
cela se soit passé dans un contexte de barguignage secret.
Ce que je voudrais dire au ministre c'est que, lorsqu'un gouvernement
veut jouer au poker et, en l'occurrence, ce poker c'est du bluff les mains
vides, c'est extrêmement dangereux pour le Québec de voir le
gouvernement aller à Ottawa bluffer les mains vides. En tout cas, si le
gouvernement tient absolument à faire du barguignage constitutionnel, il
prend un très grand risque. Ce qui répondrait à ces
difficultés, ce serait la transparence et, au-delà de la
transparence, ce serait de provoquer un véritable débat.
Mon collègue de Rosemont a dit, avec raison, nous l'avons dit
plusieurs fois, je crois que d'autres membres de l'Assemblée l'ont dit
aussi, qu'il serait extrêmement souhaitable que le gouvernement fasse
connaître ses positions à l'Assemblée nationale avant de
les faire connaître à tout autre interlocuteur. Ce n'est pas
l'intention du gouvernement. Je le déplore. Non seulement, les
intentions du gouvernement devraient d'abord être communiquées
à l'Assemblée nationale, mais elles devraient, à mon avis,
faire l'objet d'un vaste débat public. Les circonstances sont telles que
de traiter cela comme une partie de poker, c'est absolument indigne. Ce qu'il
faut faire, ce qu'il faudrait faire, le gouvernement ne le fera pas
malheureusement, ce qu'il aurait fallu faire, c'est, sur ces questions,
provoquer un vaste débat public. Je regrette beaucoup que le
gouvernement n'ait pas choisi cette voie qui est celle de la démocratie.
Nous savons depuis hier que ce gouvernement, au moins dans la tête de son
chef, a de fortes réserves sur certaines formes d'exercice de la
démocratie. Il a parlé de logomachie. Je ne sais pas qui la
pratique le plus. En tout cas, ce qui aurait été vraiment
démocratique, dans le sens profond du terme, cela aurait
été de provoquer dans tout le Québec un vaste débat
sur cette question d'importance vitale. Une autre raison pour laquelle le
ministre, ce matin, est calme, à part le fait qu'il a
défoulé hier au restaurant du parlement, c'est peut-être
qu'il aurait, hier aussi, encaissé en quelque sorte un coup dur à
la séance du Conseil des ministres.
M. Rivest: C'est Bernard qui a gagné!
M. de Bellefeuille: ...à la suite d'une déclaration
- oui, mon collègue de droite dit: "C'est Bernard qui a gagné" -
du premier ministre, hier, à l'Assemblée nationale: "Vous
admettrez tout de même que, derrière les mots "clause
québécoisée", il y avait au moins une explication que
même un profane comme moi pouvait comprendre." Tout le monde a compris
que, dans l'espèce de souque à la corde qui se déroule
dans les bureaux ministériels, là, il y a eu un bon point ou
plusieurs bons points marqués par le ministre des Relations
internationales et du Commerce extérieur et que le perdant, en
l'occurrence, c'était le ministre qui est devant nous.
Au fond, cela n'a pas grande importance parce qu'à moins que je
me trompe, ce qui est très fréquent, je le dis au ministre, comme
lui, d'ailleurs, c'est très fréquent qu'il se trompe, mais moi
aussi, à moins que je me trompe, la clause québécoise que
défend le ministre des Relations internationales et du Commerce
extérieur, c'est, grosso modo, la même chose que la clause Canada
bis défendue par le ministre qui est devant nous. C'est à peu
près la même chose.
En quoi cela consiste cette clause Canada bis ou
québécoise? Cela consiste en ceci qu'on dit: II est inacceptable
que cela nous soit imposé par le Parlement du Canada. Il faut que ces
questions soient tranchées par le Parlement du Québec. Donc, le
gouvernement du Québec va dire au gouvernement d'Ottawa: Faites en sorte
que l'article 23 du "Canada Bill" ne s'applique plus au Québec et nous,
de notre propre initiative, nous allons nous imposer la même obligation.
Qu'est-ce que cela veut dire? M. le Président, cela veut dire qu'on
évite le viol des prérogatives du Québec, mais qu'on le
replace par la prostitution, puisque cette attitude en est une selon laquelle
on fait la même chose, mais en attendant une compensation sous forme
d'une éventuelle collaboration entre les deux gouvernements,
éventuelle collaboration dont on n'a vu, jusqu'ici, que des bribes peu
significatives, mais c'est une autre question.
Puisque le ministre a dit plusieurs fois que le Québec est une
société distincte et qu'il a donné à entendre - il
l'a peut-être même dit clairement - que le Québec, dans ses
revendications constitutionnelles, allait réclamer que le "Canada Bill"
reconnaisse que le Québec est une société distincte, je
voudrais que le ministre nous dise si la demande du Québec va être
qu'il y ait une "pieuserie" quelque part dans le texte, peut-être dans le
préambule, c'est-à-dire quelques mots rattachés à
rien de particulier disant: Au Canada, il y a particulièrement des
autochtones et une société nationale distincte qui est le
Québec ou quelque chose comme cela, pour passer ensuite aux choses
sérieuses. Ou bien, entend-il que cette reconnaissance, justement, soit
dans les choses sérieuses, que la reconnaissance du Québec comme
société distincte, ce soit une reconnaissance véritable
qui pourrait, par exemple, comporter - je connais l'avis du ministre
là-dessus, mais je peux répéter le mien - la
reconnaissance explicite dans le "Canada Bill" du droit du Québec
à l'autodétermination? Cela pourrait aussi
comporter - la position que je vais énoncer de nouveau est
strictement fédéraliste, et la moitié
fédéraliste de nos amis d'en face ne pourra qu'être
d'accord - qu'une des positions fondamentales, ce qu'on appelle les
revendications traditionnelles du Québec, a toujours été
de réclamer un nouveau partage des pouvoirs, jusqu'au gouvernement
Bourassa. Je ne pense pas que le gouvernement Bourassa ait gueulé
très fort pour cela, mais mon collègue... Oui, il parlait de
souveraineté culturelle dont l'actuel gouvernement ne parle même
pas. En tout cas!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Deux-Montagnes...
M. de Bellefeuille: Oui.
Le Président (M. Gagnon): ...je dois vous inviter à
conclure. Votre temps est écoulé.
M. de Bellefeuille: Oui, je concluais, M. le Président,
sur cette question au ministre, à savoir: Quel est le sens exact de la
reconnaissance du Québec comme société distincte qu'il va
proposer que le gouvernement du Québec demande au gouvernement
fédéral? J'étais en train de parler du nouveau partage des
pouvoirs. C'est une revendication traditionnelle du Québec. C'est une
revendication que l'actuel gouvernement n'a jamais reprise. Je le
déplore; je le regrette et j'invite le ministre à le faire.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le premier ministre
rendra publique en temps et lieu la position du gouvernement dans le dossier
constitutionnel.
M. le Président, si le député de Jean-Talon, qui
m'a posé des questions hier, est prêt, on pourrait peut-être
aborder...
M. Rivest: M. le Président, étant donné le
très peu de temps, si le ministre n'y a pas d'objection, je voudrais
parler de deux sujets. Il y a la question des coupures fédérales.
Je sais que le ministre a un document. Je ne sais pas s'il pourrait simplement
le déposer. Êtes-vous en mesure de le déposer ou est-ce un
document qui demande des...
M. Johnson (Anjou): Oui, je peux le remettre aux membres de la
commission, mais je pense que cela va...
M. Rivest: Bon, parce que l'autre question...
M. Johnson (Anjou): Je pourrais le remettre aux membres de la
commission. Cependant, avant de le faire, M. le Président,
j'aimerais...
M. Rivest: ...donner quelques explications?
M. Johnson (Anjou): ...pouvoir m'assurer qu'on puisse en donner
un sommaire.
M. Rivest: Brièvement, oui, pour autant que je pourrai
avoir cinq petites minutes, parce que je voudrais poser une autre question
d'ici midi. Laissez-moi cinq minutes.
M. Johnson (Anjou): Oui, d'accord, parfait. On peut
peut-être... Voulez-vous poser l'autre question dès maintenant?
Ensuite, on passera...
M. Rivest: Oui, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon. (11 h 45)
M. Rivest: Je vais poser la question. Hier, dans ses remarques,
le ministre a fait état... Je pense que c'est rapporté quelque
part dans l'Argus. Avec l'arrivée du nouveau gouvernement conservateur,
on a beaucoup parlé de chiffres. On disait: M. Johnson trouve cela
intéressant. Il y a des perspectives nouvelles. Les relations
Québec-Ottawa au coin du pragmatisme économique. On a
parlé du dossier de Domtar. Le ministre a indiqué que M.
Mulroney, pour souligner tout le renouveau et toute l'efficacité de sa
performance et de celle du gouvernement actuel du Québec après le
soi-disant virage fédéraliste... Il a dit que cela allait
relativement bien dans les négociations, qu'il n'y avait pas trop de
problèmes. Il a souligné le cas de Domtar, la déclaration
du premier ministre du Canada, intéressante, bien sûr, et
drôlement significative au titre des relations directes et
privilégiées avec la France. Il a parlé du
règlement de la question des loteries, de Mirabel, enfin, des choses qui
ont fonctionné, mais, M. le ministre, je voudrais dans un bref
commentaire situer cela en perspective. Je vous pose la question tout
simplement dans différents domaines - vous avez mentionné trois
ou quatre domaines - pour qu'on ait un peu le tableau pour porter un jugement
sur les progrès réels.
Je vous ai signalé que, dans le domaine des relations
internationales, la rencontre entre M. Clark et M. Landry n'a pas marqué
à mon point de vue un changement significatif de l'attitude du
ministère des Affaires étrangères du Canada quant à
la présence du Québec à l'étranger,
premièrement, avec les formules de condo qu'on a évoquées
sur les maisons du Québec.
Deuxièmement, dans le domaine de la Justice - c'est votre
ministère - je n'ai pas vu beaucoup de progrès au sujet des
revendications du Québec, au sujet du droit de la famille, du droit de
poursuite, de la police. Je n'ai pas vu cela du tout. Troisièmement, le
C-3, il est appliqué actuellement. Vous aviez protesté.
D'ailleurs, vous savez très bien que c'est le Parti conservateur qui
avait insisté. On n'entend jamais parler de cela.
Dans le domaine des pêches, je n'ai pas eu souvenance ou
indication concrète que -la chicane est peut-être finie entre De
Bané et Garon - l'action du gouvernement fédéral va
tellement dans le sens des priorités du Québec. Il y a dossiers
encore beaucoup plus lourds comme l'harmonisation des programmes de
création d'emplois. Mme MacDonald a procédé avec ses
programmes. Il y a eu une rencontre. On n'a pas eu de progrès
significatifs. Dans le domaine de la formation professionnelle, les
revendications du Québec au sujet de tout le problème du
placement, de la formation, etc., ce contentieux-là, aucun
progrès, en tout cas, visible aux yeux de l'opinion publique.
Dans le domaine des transports, est-ce que la position du gouvernement
canadien a à ce point changé? Dans le domaine de l'habitation, on
vient de voir les crédits pour la rénovation urbaine, où
le Québec profitait plus compte tenu de notre condition objective: aucun
progrès. Dans le domaine de l'éducation, la même chose. La
condition féminine, la politique sur les garderies, y a-t-il eu des
changements dans les normes nationales? Dans le domaine de la
pétrochimie?
Une voix: ...
M. Rivest: Non, mais je veux simplement faire le point. Vous
n'avez pas le temps de répondre, de toute façon...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Rivest: ...mais je veux vous signaler...
M. Johnson (Anjou): Non, non, M. le Président,
là-dessus...
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. Rivest: M. le Président, j'ai droit à 20
minutes, moi aussi! Il nous a fait un grand laïus sur les grandeurs des
minorités françaises, sur le livre beige.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, dans la mesure...
Le Président (M. Gagnon): Un instant!
M. Rivest: C'est moi qui ai la parole, là.
M. Johnson (Anjou): M. le Président!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Tel que j'ai cru voir l'entente entre le
ministre et le député de Jean-Talon, c'est que le
député de Jean-Talon avait un certain nombre de questions
à poser et il donnait la chance au ministre de répondre en
même temps sur le document qu'il avait...
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas pour étirer cela
jusqu'à midi, quand même.
Le Président (M. Gagnon): C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Si on doit terminer à midi,
j'apprécierais...
M. Rivest: Si vous le prenez sur ce ton, je vais le faire.
M. Johnson (Anjou): Non, mais il me semble, M. le
Président, que le député de Jean-Talon avec qui je n'ai
pas de raison d'avoir noise... On a réussi à s'entendre sur la
forme, etc., il pose toutes ses questions et il fait ses brillants
exposés...
M. Rivest: M. le Président, je conclus.
M. Johnson (Anjou): Oui. On se comprend?
M. Rivest: Ce que je veux dire - je sais que vous n'aurez pas le
temps de répondre...
M. Johnson (Anjou): Je voudrais pouvoir répondre, M. le
Président.
M. de Beliefeuille: Entre fédéralistes, cela va
bien.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Deux-Montagnes, vous avez eu votre
droit de parole. M. le député de Jean-Talon, si vous
voulez...
M. Rivest: Je conclus. Une phrase. Comme l'a dit mon
collègue, le...
M. Johnson (Anjou): Je veux bien croire que vous ne me poserez
pas de questions en Chambre, mais vous n'allez pas m'empêcher quand
même de parler ici!
Le Président (M. Gagnon): A l'ordre! À l'ordre, M.
le ministre! M. le ministre, à l'ordre! M. le député de
Jean-Talon.
M. Johnson (Anjou): Peureux!
M. Rivest: Quoi?
M. Johnson (Anjou): Peureux.
M. Rivest: M. le Président, je vais prendre mes 20 minutes
pour vous montrer que je n'ai pas peur. On est en Chambre. Où
sommes-nous? On est en Chambre.
M. Johnson (Anjou): ...des questions cet après-midi,
à 14 heures.
Le Président (M. Gagnon): A l'ordre, ou je vais suspendre
les travaux immédiatement! Donc, personne ne va prendre ses 20
minutes.
M. Rivest: Non. Ne faites pas cela. Vous allez...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Est-ce que je vais avoir droit à ma phrase pour
conclure?
Le Président (M. Gagnon): Vous allez avoir votre phrase,
effectivement.
M. Rivest: Bon! Bon! On n'est pas pour se chicaner, le ministre
et moi, parce que, comme l'a dit le député de Deux-Montagnes,
entre fédéralistes, quand même, on n'est pas pour se
chicaner, nous autres.
M. Johnson (Anjou): C'est bien.
M. Rivest: Même si vous ête9 de
fédéralisme récent et que cela ne durera pas longtemps,
à mon point de vue, le temps que cela passe, je vais le prendre.
Le Président (M. Gagnon): Votre phrase, s'il vous
plaît!
M. Rivest: On ne se chicanera pas. Pour conclure, ce que je veux
simplement dire... Je sais que c'est un peu injuste d'arriver comme cela
à la dernière minute, mais ce n'est pas ma faute, vous avez fait
un grand laïus avec le député sur les minorités
francophones. Ce que je veux vous dire, c'est que ce n'est pas vrai - c'est ce
que je veux vous faire commenter - que vous avez au ministère dans le
domaine des relations fédérales-provinciales
réalisé des progrès significatifs parce que les dossiers
que je viens de vous énumérer... Je vous en ai donné une
liste. Je pourrais vous en ajouter quinze autres, si vous voulez. Jamais vous
ne l'avez dit publiquement. Des progrès, il n'y en a pas eu dans ces
dossiers et je vous dis simplement que vous avez tout un travail à
faire. C'est ce que je vous disais hier et ce n'est pas parce que vous avez
réglé les loteries et Mirabel que cela change vraiment la nature
des choses. Vous avez tout un travail. Vous n'avez pas de politiques. Vous
procédez ad hoc et, quand cela ne marche pas, vous y allez par-dessous
la table. C'est ce que je vous ai dit depuis le début.
M. Johnson (Anjou): M. le Président,
brièvement...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): D'abord, sur C-3, la position du gouvernement
est celle qui a été connue au moment de l'adoption de cette loi
à Ottawa et qui a mobilisé passablement de gens au Québec.
L'actuel ministre de la Santé et du Bien-Être du Canada
était à l'époque le critique en matière sociale du
Parti conservateur dans l'Opposition et il avait appuyé C-3. Je dois
dire que mon collègue, l'actuel ministre des Affaires sociales du
Québec, M. Chevrette, a rencontré M. Epp et lui a fait savoir
que, quant à nous, nous considérons que des amendements à
C-3 devraient être introduits pour faire en sorte qu'on retourne au
régime des ententes qui est la position qu'on a toujours maintenue. La
réaction préliminaire que nous avons, c'est que le ministre
fédéral entend appliquer la réglementation avec souplesse
à l'égard du Québec, ce qui est déjà quelque
chose d'un peu différent de ce qui nous attendait sous le
précédent gouvernement.
Quant à M. Bourassa, je ferai remarquer au député
de Jean-Talon, qui lui prête les vertus de la vigueur de la
défense des intérêts du Québec, que M. Bourassa
s'est enterré comme une taupe au moment de la bataille de C-3 et que,
peut-être, si le Parti libéral avait appuyé le
Québec, on aurait eu des chances de succès devant la Chambre des
communes ou devant le Sénat. M. Bourassa s'est conduit à cette
époque avec opportunisme, avec facilité. Il a même en cours
de route dénoncé le gouvernement qui voulait faire des chicanes
à l'État fédéral. Et, en ce moment, on entend le
député de Jean-Talon, sur ce sujet précis sur lequel son
chef a une responsabilité quant à son silence qui est
inacceptable, venir nous faire la morale.
Deuxièmement, sur l'ensemble des autres dossiers qui touchent les
relations fédérales-provinciales, on a qualifié de lune de
miel ce qui existait entre Québec et Ottawa. Je ferai remarquer au
député que la notion de lune de miel implique, d'une part, qu'il
n'y a pas de problèmes et que, deuxièmement, cela ne durera pas.
C'est cela, la définition d'une lune de miel, c'est temporaire. Oui,
effectivement, pendant un certain nombre de mois, l'ensemble des dossiers que
nous traitions trouvait des
solutions rapides. Nous sommes parvenus, cependant, à maintenir
un climat qui nous permet de régler un certain nombre de
problèmes, ce qui ne veut pas dire qu'ils vont tous se régler. La
solution pour les régler tous a déjà été
proposée aux Québécois et ils l'ont rejetée au mois
de mai 1980. Dans ce contexte, le fédéralisme, quel qu'il soit,
sous quelque gouvernement que ce soit, fait partie des contraintes comme
l'azote et l'oxygène font partie de l'environnement. En ce sens, oui,
nous bâtissons des dossiers. Nous considérons que, compte tenu de
la situation budgétaire catastrophique dont a hérité le
gouvernement conservateur, ce dont nous voulons prendre acte parce qu'on n'a
pas le droit de fermer les yeux là-dessus, le Québec a
réussi, malgré tout, en l'espace de quelques mois, à
réaliser des gains substantiels qui ont renversé, en tout cas, ce
qui était une tendance à la centralisation outrancière
absolument incroyable. Encore une fois, on n'a jamais prétendu qu'il n'y
aurait plus de problèmes et qu'on vivrait dans un système
idéal. On dit simplement que, dans la mesure où on est
préoccupé par l'emploi, dans la mesure où on est
préoccupé par le succès d'un certain nombre d'entreprises
au Québec, dans la mesure où on se préoccupe de
développement dans un contexte de contraintes financières
considérables, à la fois pour l'État
québécois et pour l'État canadien, il s'agit de faire un
certain nombre de choses. Et nous les faisons, M. le Président. C'est ce
que nous avons fait à Regina en établissant quelles
étaient les positions du Québec, notamment à
l'égard des politiques monétaires. Nous leur avons parlé
des questions de programmes d'emplois. Nous sommes activement à
travailler à l'harmonisation des programmes dans le secteur de la
main-d'oeuvre et de la création d'emplois et nous considérons
qu'il est du devoir de l'État québécois non pas de
s'amuser à refaire les chicanes comme le fait en ce moment le
député de Jean-Talon, en évoquant un contentieux qui est
encore plus long que celui qu'il a énuméré...
M. Rivest: J'en ai ça de long.
M. Johnson (Anjou): ...et qui peut prendre des centaines de
pages, qui est dans la nature même du type de contraintes que
représente le régime fédéral actuellement...
M. Rivest: Vous ne nous dites pas quelle est votre position.
M. Johnson (Anjou): ...et de ce qu'il amène.
M. Rivest: Vous ne les définissez même pas, vos
positions.
M. Johnson (Anjou): Donc, nous n'avons que faire de cette
approche chicanière, de cette approche stérile qu'on nous a
même déjà reprochée et qu'évoque ici le
député de Jean-Talon, pas plus que nous n'avons que faire d'une
approche théorique, d'une approche idéalisée qui n'a rien
à voir avec le concret...
M. Rivest: Votre position, ce n'est pas l'approche, c'est la
fuite.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, M. le
député de Jean-Talon!
M. Johnson (Anjou): ...de ce que vivent nos concitoyens qui sont
en ce moment préoccupés par des questions de chômage, nos
concitoyens qui sont préoccupés par des questions de revenu, de
stabilité en emploi et de progrès économique. C'est sur
cela, c'est de ce sceau que nous avons marqué les relations
fédérales-provinciales depuis... Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Le silence, la fuite, l'inaction, la faiblesse,
l'incohérence!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson (Anjou): Je comprends que cela rend le
député de Jean-Talon nerveux quand je lui dis que son chef, M.
Bourassa, est un homme qui, par ses silences, ses atermoiements, son
à-plat-ventrisme, n'a pas défendu...
M. Rivest: ...Québec à Victoria.
M. Johnson (Anjou): ...un secteur fondamental pour le
Québec en matière de santé.
M. Rivest: Victoria! Victoria! Victoria!
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson (Anjou): Je comprends que cela l'embarrasse de
constater qu'il n'y a pas de monopole des préoccupations
économiques et que ce gouvernement offre encore plus, en termes de
garanties à l'égard du pragmatisme économique pour
régler les problèmes d'emploi, que le Parti libéral.
M. Rivest: ...beau programme, c'est beau!
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on peut prendre dix minutes de
plus, si vous voulez voir le reste?
Le Président (M. Gagnon): Vous aviez un document à
déposer?
M. Rivest: Avez-vous des commentaires sur le texte?
Bilan des coupures fédérales
M. Johnson (Anjou): J'aurais des commentaires avant de le
déposer. Enfin, on pourrait peut-être s'entendre parce que je ne
voudrais pas... Je fais confiance au député, mais disons qu'il
étire la confiance qu'on peut avoir l'un et l'autre avec ses
exposés; on est déjà à 11 h 56. Est-ce qu'on
pourrait étendre nos travaux pour à peu près dix minutes
afin de traiter de cette question? Est-ce qu'il en conviendrait? La question
des chiffres sur les effets des énoncés de principe de M. Wilson.
Cela va?
M. Rivest: ...le territoire que vous vous apprêtez à
céder au gouvernement canadien au Lac-Saint-Jean à propos des
F-18 et des champs de tir.
M. Johnson (Anjou): Les nouveaux pacifistes. Est-ce qu'on
pourrait traiter de ce document, M. le Président?
Une voix: Jusqu'à 12 h 10. M. Rivest: Pardon?
M. Johnson (Anjou): À ce moment-là, on va laisser
faire, il est 11 h 58.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que la commission serait
d'accord pour qu'on aille jusqu'à 12 h 10?
M. Rivest: 12 h 10, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): 12 h 10. Alors, allez-y, M. le
ministre.
M. Rivest: 12 h 10, M. le ministre, vous pouvez le
déposer. Si vous voulez expliquer votre texte.
M. Payne: Est-ce que le document sera déposé, M. le
Président?
M. Johnson (Anjou): Bien oui, c'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Pardon? Le document va
être déposé.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'aimerais que ce
soit clair.
M. Payne: II était question de déposer le
document.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Vachon.
M. Johnson (Anjou): On a jusqu'à quelle heure et on a
combien de temps pour traiter de cette question?
Le Président (M. Gagnon): 12 h 10. M. Johnson (Anjou):
Bon.
M. Rivest: D'ailleurs, je n'ai pas de remarque, je veux
simplement voir vos chiffres. Donnez vos explications et on passera à
l'adoption des crédits.
M. Johnson (Anjou): Je peux faire distribuer cela, s'il vous
plaît, avant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon, vous aviez soulevé une question.
M. Payne: Non, non, j'ai demandé si on allait
déposer le document.
Le Président (M. Gagnon): Cela va.
M. Johnson (Anjou): Hier, le député de Jean-Talon
me demandait si le gouvernement avait évalué les
conséquences budgétaires. Le député de Rosemont,
notamment, a fait allusion au secteur de la science et de la technologie, etc.,
si on a évalué les conséquences des coupures
annoncées par M. Wilson dans ce qu'il a appelé son
énoncé budgétaire du 8 novembre 1984. Oui. Le document que
je vous distribue est un document du Secrétariat aux Affaires .
intergouvernementales canadiennes dont les données proviennent de
documents plus substantiels du ministère des Finances de l'époque
et auxquelles nous avons fait un ou deux ajouts plus récents.
Je dirai que ce dont on parle ici, c'est 482 000 000 $ qui sont des
dépenses fédérales qui ne se feront plus sur le territoire
du Québec si on prend les affirmations de M. Wilson. Une
réduction de l'ordre de 17 %... En gros, cela représente dans les
coupures globales introduites par M. Wilson 26 % de ce qu'il a annoncé,
c'est-à-dire ce qui correspond pour l'essentiel à la population
du Québec. La ventilation peut se faire de la façon suivante: la
réduction des dépenses des programmes, 17 % s'appliquent au
Québec; 26 % dans la gestion dite plus rigoureuse des programmes;
l'élimination de programmes, 29 %; le report ou l'annulation de projets
d'immobilisation, 45 %.
Cependant, dans le cas de ces 45 %, il est extrêmement important
de constater que le gros bloc des 125 000 000 % qui affectent le Québec,
c'était les 85 000 000 $ que le fédéral devait mettre sur
les embranchements gaziers et, depuis ce temps, le ministre de l'Énergie
et des Ressources du Québec et celui du fédéral ont eu
l'occasion
d'échanger là-dessus. La décision
fédérale a été effectivement d'injecter 40 000 000
$ pour le prolongement gazier vers Drummondville. (12 heures)
Si on les reprend maintenant par secteur, dans le cas des sciences et de
la technologie, il me paraît assez important de noter que, sur 105 000
000 $ au total de coupures fédérales dans ce secteur, il y en a
17 000 000 $ au Québec, ce qui fait à peu près 16 %, dont
le report, à toutes fins utiles, ou l'annulation - on verra bien - du
Laboratoire pharmaceutique de Trois-Rivières et celui de recherche sur
les plantes à Victoriaville. Quant à l'Institut
électrochimique de Shawinigan, il y a en ce moment des pourparlers quant
à la possibilité, d'ailleurs, d'une approche conjointe dans ce
domaine.
Le gros des montants qui touchent la recherche et le
développement dans les sciences et la technologie, ce sont des
réductions des dépenses de recherche et de développement
en énergie, 60 000 000 $ au total au Canada, dont 10 000 000 $ au
Québec, à peu près un sixième, donc, moins de 20
%.
Dans le cas de l'assurance-chômage, c'est 60 000 000 $ qui
touchent le Québec sur 200 000 000 $ au total. La proportion est donc
plus élevée. Je fais remarquer que ces 60 000 000 $, c'est ce que
l'énoncé budgétaire fédéral considère
comme des objectifs de gestion plus rigoureuse. En pratique, c'est le type
d'approche que nous avons eue notamment dans le cas de l'aide sociale où
il s'agit de s'assurer que dans le système de gestion il n'y a pas
émission de chèques au-delà des périodes normales
comme cela arrive dans les machines. Deuxièmement, de faire un
contrôle, évidemment, sur l'admissibilité des personnes qui
soit plus serré au niveau de l'administration. Je dirai que ce sont des
objectifs qui, normalement, visent pour 60 000 000 $ les chômeurs du
Québec, ce qui correspond cependant au fait qu'il y a plus de
chômeurs au Québec qu'en Ontario.
Quant à la mesure de la prise en compte des revenus de pension
elle est proportionnelle. D'abord, la prise en compte des indemnités de
cessation d'emploi n'est pas en vigueur et, deuxièmement, elle
représente le fait, encore une fois, qu'il y a un taux de chômage
plus élevé au Québec. Je dirai cependant que, s'il y a eu
coupure dans les programmes de création d'emplois et qu'on a
affecté les programmes d'assurance-chômage, depuis cet
énoncé budgétaire Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu du gouvernement du Québec est en
pourparlers avec sa vis-à-vis fédérale, Mme MacDonald qui,
depuis ce temps, a obtenu que soient dégagés 685 000 000 $ pour
la création d'emplois dont 30 %, normalement, devraient revenir au
Québec. Ceci, dans le fond, présente le double avantage, une fois
qu'il y a une espèce de resserrement de la gestion de
l'assurance-chômage, contrôle d'admissibilité, etc.,
d'injecter des sommes à toutes fins utiles qui ne sont pas loin de
l'équivalent dans des programmes de création d'emplois et dans un
cadre où nous avons, je crois, de fortes chances d'obtenir une
harmonisation sérieuse de ces programmes de création d'emplois
entre les programmes québécois et les programmes
fédéraux, ce qui est, encore une fois, un progrès
considérable par rapport à la situation antérieure.
Encore une fois, tout cela est marqué par nos
préoccupations en matière économique et de recherche
d'efficacité dans ce domaine.
Dans le cas du logement, qui a été évoqué
par le député de Jean-Talon, je ferai remarquer que la diminution
des dépenses fédérales sur le territoire
québécois est environ de 11 000 000 $, ce qui représente
environ 24 % du total, la réduction de l'aide à la
rénovation constituant à cet égard le montant le plus
important.
Dans le cas de l'énergie... Enfin, c'est toute la
problématique éternelle: de la réglementation, pas de
réglementation, ligne Borden, politique canadienne ou pas. On est dans
un contexte qui, en ce moment, supprime la réglementation et ce qu'on
sait, c'est que, historiquement, chaque fois qu'il y a eu réglementation
dans ce secteur-là, cela s'est fait au détriment du
Québec.
Est-ce que la déréglementation maintiendra le statu quo?
Est-ce que, au contraire, elle risque de favoriser le Québec? Disons que
c'est la seule chose qui n'avait pas été essayée et qu'en
ce sens-là ce qu'on sait, c'est que la réglementation, dans le
cas du Québec, lui a historiquement toujours été
défavorable. Là on est dans le contexte où il y a de la
déréglementation. C'est un dossier extrêmement difficile.
On connaît tout le problème, Sarnia, Québec,
Pétromont, etc. C'est un dossier qui, de toute façon, reviendra
dans les mois qui viennent, j'en suis sûr.
L'enseignement postsecondaire, la loi C-12 du gouvernement
libéral précédent, la décision du
fédéral a été de réduire la croissance
à 5 % de l'aide fédérale au financement de l'enseignement
postsecondaire pour 1984-1985, 1985-1986, mais cela s'applique au Québec
comme au reste du Canada et tout cela, de toute façon, implique la
renégociation des accords fiscaux à compter de l'automne
prochain.
En conclusion, M. le Président, je dirai donc que oui,
premièrement, nous avons fait ces analyses; deuxièmement, nous
avons, dans certains cas, entrepris des démarches spécifiques
pour essayer de réduire les effets de ces coupures
fédérales. Je crois que nos
démarches concernant la création d'emplois sont
extrêmement importantes pour maintenant comme pour l'avenir dans ce
domaine, compte tenu de nos préoccupations. Les succès quant au
prolongement de l'oléoduc, enfin, du système gazier, les
embranchements gaziers vers Drummondville, c'est également un gros bloc
de ce montant. Il faut en tenir compte. Ce n'est plus, donc, 45 % du total;
c'est beaucoup moins que cela, et cela dit, M. le Président, dans un
contexte marqué essentiellement par deux choses. D'une part, le fait que
nous reconnaissons que ce n'est pas vrai qu'on va approcher la
réalité des problèmes économiques du Québec
dans les mois ou les années à venir sans tenir compte de ce que
sont non seulement les contraintes du système dans lequel nous vivons,
mais les contraintes réelles sur le plan financier de l'État
fédéral. Il ne suffit pas de se mettre à hurler parce
qu'il y a 100 000 000 $ qui sont coupés quelque part dans
l'activité intrinsèque du fédéral sur notre
territoire. Ce qu'il faut faire, c'est trouver des solutions qui partent de
certaines de ces contraintes, bien que nous réservions, après le
budget Wilson qui risque d'être extrêmement dur pour tout le monde,
y compris pour le Québec, nos commentaires pour voir quelle ampleur
prennent ces contraintes fédérales.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Si vous
me le permettez, même si, théoriquement il vous reste encore du
temps, Mme la députée de Jonquière a une question à
vous poser et j'aimerais vous laisser également le temps d'y
répondre. Mme la députée de Jonquière.
Implantation d'un champ de tir
Mme Saint-Amand: Merci, M. le Président. Le ministre est
sûrement au courant du débat qui a cours dans la région au
sujet de l'implantation d'un champ de tir pour répondre aux exigences de
la base des Forces armées qui est installée à Bagotville.
Surtout depuis l'arrivée des F-18, il semble que ce champ de tir
s'avère indispensable pour la pratique avec les F-18. Un certain nombre
de représentations et de démarches ont été faites.
Il y a eu des négociations dont le ministre est sûrement au
courant. Ce qui m'intéresse de savoir à ce moment-ci, M. le
Président - on nous annonce que le rapport de la firme Polytec a
été complété et déposé - c'est si le
ministre en a eu une copie, s'il en a pris connaissance. Sinon, est-ce que
c'est au ministère de l'Environnement qu'on remet ce genre de rapport et
quelles sont les conclusions auxquelles ce rapport nous amène?
M. Rivest: La superficie du terrain.
Mme Saint-Amand: La superficie du terrain.
M. Rivest: 160 kilomètres.
Mme Saint-Amand: 160 kilomètres carrés. C'est
effectivement le territoire qui est concerné. Deux sites étaient
proposés sur un premier choix de huit emplacements. J'aimerais savoir
aussi de la part du ministre si le gouvernement du Québec a l'intention
de rendre ce rapport public, tel que réclamé dans la
région par les différentes personnes qui ont pris position sur le
champ de tir.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, brièvement. On
peut peut-être prendre trois ou quatre minutes de plus. D'abord, je ne
peux pas m'empêcher d'ironiser un peu autour des retombées du F-18
au Québec. Les retombées, ce seront des balles à blanc
dans un champ de tir. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on a eu bien
de la misère à avoir l'appui du Parti libéral quand on
disait que cela n'avait pas de bon sens et qu'il fallait...
M. Rivest: Vous l'avez eu!
M. Johnson (Anjou): Oui, mais cela a été dur.
M. Rivest: Non, non.
M. Johnson (Anjou): On a été obligé de vous
pousser. Cela dit...
Mme Saint-Amand: Mais considérant vos bonnes relations
maintenant avec le gouvernement canadien?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Maintenant, je reviens la-dessus. Je ne
pouvais pas m'empêcher de faire le commentaire. Je pense que Mme la
députée le reconnaîtra. Donc, les retombées du F-18
au Québec pour le moment, ce sont des bombardements d'obus à
blanc dans un champ de tir. Ce champ de tir, pour le ministère canadien
de la Défense nationale, devrait être situé, à ses
yeux, dans la région puisque les F-18 seront stationnés à
Bagotville. Toute la problématique que cela pose, au-delà de
l'étude d'impact, des conséquences, des questions quant au bruit,
etc., c'est la suivante: d'une part, les questions idéologiques qui
peuvent entourer cette question; deuxièmement, les conséquences
d'une décision qui pourrait être prise par le gouvernement
fédéral quant au fait qu'il va avoir son champ de tir près
de Bagotville ou pas; troisièmement, des questions quant à la
nature de la transaction autour du terrain.
Je m'explique.
Un certain nombre de groupes pacifistes s'opposent à l'ensemble
des actions à caractère militaire sur notre territoire, ce qui
est une chose que je respecte sauf que dans la région il faut seulement
être bien conscient d'une chose. Si jamais la problématique c'est,
n'ayant pas le champ de tir, il faut fermer Bagotville, il faut que les gens le
sachent. Est-ce que la population du SaguenayLac-Saint-Jean est d'accord,
à toutes fins utiles, avec la fermeture de la base militaire
aérienne de Bagotville pour que cela s'en aille quelque part è
Terre-Neuve? Il me semble que cela intéresse beaucoup M. Peckford.
Alors, est-ce que les problèmes sont associés, oui ou non?
Première chose. Je pense que c'est la première question qu'il
faut se poser dans ce dossier pour l'aborder. Je ne connais pas la
réponse personnellement. Je présume que les députés
de la région la connaissent mieux que moi.
Deuxièmement, quels sont les impacts de l'utilisation d'un tel
champ de tir? Oui, le ministère de la Défense nationale a
commandé cette étude d'impact. Non, je n'ai pas le rapport. Je ne
sais pas s'il a été déposé récemment et
auprès de qui. C'est une étude du fédéral. Je nepeux pas m'engager ici à la rendre publique. Et je ne la connais
pas.
Troisièmement, que l'étude d'impact soit rendue publique
ou non, en admettant que l'étude d'impact conclue que les impacts sont
"acceptables", entre guillemets, sur le plan de l'environnement ou, en tout
cas, satisfont la population de la région, quelle sera la nature de la
transaction entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral? Quand on sera rendu à ce pont on le
traversera.
Il y a deux possibilités essentiellement. Une c'est que nous
acceptions, le cas échéant, si la décision est favorable
de la part de la population, si c'est ce que veulent les citoyens du
SaguenayLac-Saint-Jean, de nous départir de ce terrain d'une
façon ou d'une autre sous forme de bail emphytéotique ou
autrement. L'autre hypothèse est une expropriation par le gouvernement
fédéral en vertu de sa juridiction en matière de
défense nationale.
C'est comme cela que le problème se pose. Donc, vous voyez que je
n'ai pas beaucoup de réponses à vous donner parce qu'il manque
des éléments mais je pense que c'est comme cela qu'il faut
aborder ce dossier.
Le Président (M. Gagnon): Une dernière
question.
Mme Saint-Amand: Une dernière question, M. le
Président. Je vous remercie. Est-ce qu'en tant que gouvernement vous
avez suffisamment étudié la question pour avoir une position
claire qui soit déjà arrêtée à ce moment-ci?
Est-ce que vous avez l'intention de prendre une position au moment où le
rapport sera déposé?
M. Johnson (Anjou): On ne peut pas prendre de position tant qu'on
n'a pas l'ensemble des éléments. Parmi ces
éléments, d'une part, il y a l'étude d'impact et
l'évaluation qu'on en a fait. Deuxièmement, la réaction de
la population dans la région nous apparaît importante, et le
contexte dans lequel cette décision devra être prise à
l'égard du maintien ou du non-maintien de la base de Bagotville selon le
cas.
Je dois d'ailleurs vous avouer que... Je pense que c'est au
ministère de la Défense nationale de répondre a cela. Car
eux, évidemment, comme il s'agit de questions de nature militaire, sont
aux prises avec le problème de ce qu'ils peuvent dire sur le rayon
d'action des avions, pourquoi dans cette région plutôt que 500
milles plus au nord où il n'y a pas de population ou dans un endroit
isolé où il n'y aurait pas de population? Ils ont peut-être
des réponses, mais je pense que c'est à eux de les fournir parce
qu'elles relèvent finalement de ce qu'ils veulent rendre public quant
à la technologie militaire qui est impliquée. Je ne pense pas que
ce soit au gouvernement du Québec de faire cela. Je ne suis même
pas sûr d'ailleurs qu'on pourrait avoir tous ces renseignements.
Mme Saint-Amand: Sauf qu'ils ne peuvent pas implanter un champ de
tir sans l'accord du gouvernement du Québec.
M. Johnson (Anjou): Pardon?
Mme Saint-Amand: Ils ne peuvent pas implanter un champ de tir au
Québec sans l'accord du gouvernement du Québec, sans une cession
de territoire de la part du gouvernement du Québec.
M. Johnson (Anjou): À moins qu'ils n'exproprient. À
moins qu'ils ne choisissent d'exproprier les terrains.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Est-ce que les
crédits du programme 7 du Conseil exécutif, Affaires
intergouvernementales canadiennes, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté.
M. de Bellefeuille: Appel nominal.
M. Johnson (Anjou): Vote à l'appel nominal.
M. Blouin: M. le Président....
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Le député de Deux-Montagnes demande
l'appel nominal. Je signale cependant que l'objet de cette commission est
d'étudier les crédits et que l'adoption se fait à
l'Assemblée nationale. C'est l'Assemblée nationale qui
décide si oui ou non les crédits sont adoptés. L'objectif
du vote nominal que demande le député, je ne le comprends pas
trop, parce que dans les faits c'est l'Assemblée nationale qui adopte
les crédits. (12 h 15)
M. de Bellefeuille: Vous avez...
Le Président (M. Gagnon): M. le. député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ...posé vous-même la question
à savoir si les crédits seraient adoptés. C'est sur la
question que, vous, vous avez posée que j'ai demandé un vote par
appel nominal.
M. Rivest: On vote à main levée.
Le Président (M. Gagnon): Effectivement... Pardon?
M. Blouin: M. le député de Deux-Montagnes s'est
amusé toute la matinée. Il continue.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'appel nominal. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), absent. M. Blais (Terrebonne), absent. M.
Blouin (Rousseau)?
M. Blouin: Pour.
Le Président (M. Gagnon): Pour. M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Dussault,
(Châteauguay)? M. Gagnon (Champlain)? Pour. Mme Lachapelle (Dorion)? Mme
Lachapelle: Pour.
Le Président (M. Gagnon): M. Leduc (Fabre)? J'ai le droit
de vote comme président.
M. de Bellefeuille: Non, M. le Président, pas pendant que
vous siégez comme président.
Le Président (M. Gagnon): Je suis membre de la
commission.
M. de Bellefeuille: C'est le cas Dussault qui se
répète.
Le Président (M. Gagnon): Ce n'est pas le cas Dussault. De
toute façon, on pourra vérifier. On me dit que je suis membre de
la commission. J'ai le droit de vote. S'il vous plaît, nous allons
continuer...
M. Rivest: Vous présidez. Où est-ce qu'est le
président, d'abord?
M. de Bellefeuille: C'est la seule assemblée au monde
où le président vote.
Le Président (M. Gagnon): Nous allons continuer l'appel
nominal et, à ce moment-ci, il n'y a pas question de règlement.
On verra par la suite. M. Leduc (Fabre)? Nous sommes au moment du vote.
Vraiment! M. Levesque (Bonaventure)? M. Mailloux (Charlevoix)? M. Marx (D'Arcy
McGee)?
M. Marx: Contre, contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Gagnon): M. Payne (Vachon)?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Gagnon): M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Gagnon): M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Contre.
Le Président (M. Gagnon): Mme Saint-Amand
(Jonquière)?
Mme Saint-Amand: Contre.
M. Rivest: M. Johnson (Anjou).
M. Johnson (Anjou): Johnson (Anjou)?
Le Président (M. Gagnon): II n'est pas membre de la
commission.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai que je ne suis pas membre. C'est
le président qui décide.
M. Rivest: Quand c'est égal, le président vote, je
suppose?
Le Président (M. Gagnon): Cinq à cinq. M.
Blouin: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: D'abord, il n'y a aucune espèce de
problème, parce qu'à partir du moment où à
l'Assemblée nationale il n'y a pas une majorité qui s'oppose
à un élément cela ne crée pas de difficulté.
Deuxièmement, je rappelle que ce vote est complètement inutile
puisque c'est l'Assemblée nationale qui décidera si oui ou non
elle accepte ou rejette les crédits du gouvernement. Et je rappelle
qu'il s'agit d'une fantaisie du député de Deux-Montagnes dont on
aurait pu se passer.
M. Rivest: J'invoque le règlement, parce que les propos du
député de Rousseau vont à l'encontre d'une décision
que vous avez vous-même prise, c'est-à-dire de procéder au
vote. Et la commission se trouve devant une situation assez inédite
où les crédits ne sont pas adoptés. Vous allez appeler le
premier programme et, pour être logique avec vous-même - j'ai la
parole, M. le député de Rousseau - vous devez appeler chacun des
autres éléments de programme de façon que nous les
adoptions, tel que vous en avez décidé. Si le
député de Rousseau veut en appeler de votre décision, il
n'a qu'à le faire par d'autres moyens que j'ignore, mais qui doivent
sans doute exister.
Le Président (M. Gagnon): Mais nous avons pris le vote sur
les trois éléments du programme. J'ai appelé le programme
7.
M. Rivest: Prolongation! Prolongation!
Le Président (M. Gagnon): C'est donc 5-5. Dans ce cas, je
n'ai pas de vote prépondérant non plus, parce que j'ai
voté comme membre de la commission. Qu'est-ce qu'on fait?
M. Rivest: Supplémentaire! M. Blouin: M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Rousseau.
M. Blouin: ...je rappelle que toute la tradition parlementaire va
dans le sens que, lorsqu'une motion n'est pas battue, elle est adoptée.
Alors, les crédits sont adoptés.
M. de Bellefeuille: Sur la question de règlement, je
voudrais bien...
Le Président (M. Gagnon): Or la commission des
institutions...
M. Rivest: Une minute, M. le Président!
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais vous
entendre dire clairement que les crédits n'ont pas été
adoptés.
M. Rivest: Non, ils ne sont pas adoptés. C'est ce qu'il a
dit.
Le Président (M. Gagnon): Le résultat du vote est
5-5.
M. Rivest: Donc, ils ne sont pas adoptés.
Le Président (M. Gagnon): Donc, les crédits ne sont
pas adoptés. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous permettez, je
présume que vous allez trouver les canaux nécessaires pour...
Le Président (M. Gagnon): Un instant! On vous a
écouté tantôt sur la question de règlement.
M. Rivest: Question de règlement.
M. Johnson (Anjou): Mets-le donc dehors et va reprendre le
vote.
Le Président (M. Gagnon): Oui, le ministre est sur une
question de règlement.
M. Rivest: Non. J'ai une question de règlement, parce que
le ministre n'a pas le droit de soulever une question de règlement. Il
n'est pas membre de la commission; il est l'invité de la commission.
M. Blouin: M. le Président, j'en ai une à
soulever.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau, sur une question de règlement.
M. Blouin: M. le Président, j'en ai une à soulever.
M. le Président, je vous demanderais de prendre en
délibéré, ou plutôt je vous demanderais simplement
de vérifier la lettre du règlement de l'Assemblée
nationale. Je dois malheureusement vous signaler que, contrairement à ce
que vous venez de dire et conformément au règlement qut
régit nos travaux...
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Blouin: ...les crédits se trouvent à être
adoptés...
M. Rivest: Question de règlement.
M. Blouin: ...puisqu'il n'y a pas eu de vote significatif pour
renverser leur adoption.
M. Rivest: Je soulève une question de
règlement.
M. Blouin: M. le Président - le député de
Jean-Talon s'énerve, cela n'a pas de bon sens - encore une fois...
M. Rivest: J'ai une question de règlement.
M. Blouin: ...ce que je vous demande de faire, M. le
Président, c'est de baser votre évaluation davantage sur le
règlement de l'Assemblée plutôt que sur la surexcitation du
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Je soulève une question de règlement. Je
n'en ai pas le droit?
Le Président (M. Gagnon): J'écoute
présentement une question de règlement du député de
Rousseau.
M. Rivest: Mais vous allez me donner la parole?
Une voix: C'est clair.
Le Président (M. Gagnon): Vous soulèverez la
vôtre après.
M. Rivest: Très bien.
M. Blouin: M. le Président, le député de
Jean-Talon est dans un état de surexcitation inimaginable. Tout ce que
je vous rappelle - il a veillé tard, je pense -c'est que...
M. Rivest: Les crédits ne sont pas adoptés.
M. Blouin: ...notre règlement - je vous demande de
vérifier la lettre de notre règlement - prévoit qu'une
décision de l'Assemblée nationale peut être
renversée s'il y a une majorité qui s'y oppose.
Une voix: Question de règlement.
M. Blouin: Or, actuellement, la commission a
procédé à l'étude des crédits...
M. Rivest: II a rendu sa décision.
M. Blouin: ...du ministre des Affaires intergouvernementales
canadiennes et, ensuite, elle a soumis aux voix cette... De toute façon,
je répète qu'il s'agit d'une pratique complètement
inutile, mais le député de Deux-Montagnes a insisté pour
que ce soit mis aux voix. A partir du moment où ce n'est pas battu,
c'est adopté.
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, sur la question de règlement.
M. Rivest: Merci, M. le Président. Les derniers propos du
député de Rousseau constituent un appel de votre décision.
Vous avez vous-même affirmé, devant cette commission - on peut le
vérifier au Journal des débats - que les crédits
budgétaires n'étaient pas adoptés, parce que le vote est
de 5-5. Nous sommes dans une impasse extrêmement grave et...
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Gagnon): Effectivement, ils ne sont pas
adoptés, mais ils ne sont pas...
M. de Bellefeuille: Le char de l'État.
M. Rivest: M. le Président, je vais finir ma question de
règlement. Et cela témoigne de l'improvisation
générale qui caractérise l'action du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement, ce que j'ai dit...
M. Rivest: Ajournement, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Gagnon): ...tantôt, c'est
qu'effectivement les voix étaient 5-5. Donc, ils ne sont ni
adoptés ni refusés. On est 5-5.
Sur ce, la commission ajourne ses _ travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 23)