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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions se réunit ce matin avec le mandat
de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du Conseil exécutif, programmes 1 et 2, pour
l'année financière 1985-1986.
Les crédits prévus à l'élément 8
-projet Archipel - du programme 2 ont été étudiés
et adoptés par la commission de l'aménagement et des
équipements le 16 avril 1985.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement à
signaler.
Le Président (M. Gagnon): Nous abordons donc
immédiatement les programmes 1 et 2. M. le premier ministre, avez-vous
des remarques préliminaires a faire? Avant de vous céder la
parole, j'aimerais vous faire remarquer que nous n'avons pas de micro dans la
salle. Le micro qu'on a sert uniquement à l'enregistrement. Il faudrait
parler assez fort, parce qu'il y a des gens qui ne comprendront pas; On a
reçu le mandat du président de l'Assemblée nationale de
siéger ici.
Conseil exécutif
Remarques préliminaires
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Nous sommes restés
prisonniers en bas durant cinq minutes; l'ascenseur ne fonctionnait pas. Il a
fallu demander la permission.
Vous savez très bien, M. le Président, que le
ministère du Conseil exécutif est une sorte de salade de divers
organismes, plus ou moins rattachés les uns aux autres. Comme il s'agit
des programmes 1 et 2, il s'agit dans ce cas-ci - les autres ayant
été, je pense, éliminés déjà - du
bureau du lieutenant-gouverneur et des services de soutien auprès du
premier ministre et du Conseil exécutif. Pour ce qui est du
lieutenant-gouverneur, il y a une chose importante, vous verrez qu'il n'a plus
d'employés en tant que tels. Il y a une coquille dans les
crédits: il est indiqué qu'il y avait quinze employés
permanents et un occasionnel. En fait, il y en avait sept l'an dernier; il y a
une erreur. Cela a été ramené de quinze à sept l'an
dernier. Cette année, le lieutenant-gouverneur va travailler à
partir d'une masse salariale. Autrement dit, il a une enveloppe dans laquelle
se retrouvent les sept mêmes. On lui a dit: Si vous voulez bien vous
servir d'une enveloppe, cela vous donne plus de souplesse, vous pouvez placer
les gens où vous voulez. C'est l'essentiel, je pense, de ce qu'il y a de
changé.
Dans le cas des services de soutien, il faut que je vous souligne qu'il
y a à peu près 8 500 000 $ qui ont été
affectés à l'Année internationale de la jeunesse. Vous
pourrez en voir l'affectation si vous voulez en parler avec M. Clair. Durant
l'année 1984-1985, il y a eu la création de trois nouveaux
secrétariats - évidemment, des mini-secrétariats - un pour
la politique familiale, un pour l'emploi des jeunes, un secrétariat ad
hoc...
Le Président (M. Gagnon): M. Lévesque, est-ce
possible de parler un peu plus fort?
M. Lévesque (Taillon): Je vais essayer. Est-ce que cela
peut aller? Est-ce que cela se rend jusqu'à vous? Il y a eu trois petits
secrétariats nouveaux qui ont été créés en
1984-1985, c'est-à-dire des petits groupes de trois à cinq
personnes. Le total représente 500 000 $; alors, on voit que ce n'est
pas énorme, mais je pense que cela rejoint ce dont on avait besoin, au
moins ad hoc, pendant un certain temps. Alors, il y en a un pour la politique
familiale, il y a un secrétariat qui rejoint pas mal de
ministères pour l'emploi des jeunes et un - qu'il va falloir mettre en
marche d'ici la fête nationale, certaines nominations
préliminaires ont été faites - mini-secrétariat qui
s'occupe de l'Ordre national du Québec. Pour le reste, il y a 1 700 000
$ qui ne sont plus là parce que le dernier versement annuel
découlant de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois a été effectué pendant
l'année 1984-1985; donc, c'est nettoyé.
En gros, comme notre cabinet a été
réorganisé, je voulais simplement vous dire -je sais que vous
allez poser des questions -qu'il y a quelques nominations importantes qui ont
été faites et qui constituent un
renouvellement partiel du cabinet, c'est-à-dire de mon bureau.
Comme chef de cabinet, c'est Mme Martine Tremblay, maintenant, qui remplace qui
vous savez bien; M. Bellerose est devenu directeur adjoint du cabinet, à
la place de M. Carpentier; M. Jean-K. Samson est entré comme conseiller
en matières constitutionnelle et juridique; M. Pierre Fortin,
économiste de Laval, comme consultant en matière
économique à temps partiel, M. Jean-Denis Lamoureux, comme
directeur des communications et M. Michel Lapierre - cela n'a pas de rapport
ici, mais enfin - comme responsable de mon bureau du comté de Taillon.
En gros, c'est cela, je crois, sauf que je dirais que dans l'ensemble le
ministère du Conseil exécutif va remarquablement bien.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le chef de
l'Opposition.
Discussion générale
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, si le Conseil
exécutif va bien, j'aimerais bien savoir comment va ce matin le
président du Conseil exécutif. D'après les nouvelles que
nous avons de part et d'autre, tout cela semble être assez troublant,
surtout lorsqu'on pense à l'importance du gouvernement du Québec
et à l'importance des sujets que ce gouvernement a à traiter
particulièrement dans le domaine économique, dans le domaine des
emplois, dans le domaine des négociations dans les secteurs public et
parapublic et, surtout, ce qui touche l'avenir du Québec, les
propositions constitutionnelles. Nous aurons sûrement quelques questions
à poser au premier ministre là-dessus. Il pouvait
évidemment s'y attendre.
Revenant à la situation générale et à la
santé - c'est le premier ministre lui-même qui a parlé de
la santé du Conseil exécutif -on peut ne pas rester insensible
à la situation interne du gouvernement bien que je ne veuille pas
devenir indiscret sur les relations ou les incompatibilités ou les
compatibilités entre personnes. En tenant compte de l'importance du
gouvernement lui-même et de sa liberté d'action et de manoeuvre
dans les situations actuelles que j'ai évoquées il y a quelques
instants et étant donné la situation un peu turbulente qui semble
ressortir des rapports entre le premier ministre, les membres de son
exécutif, les membres de son caucus, le comité exécutif du
parti qui est supposé attendre le premier ministre ce soir, etc., est-ce
que le premier ministre pourrait nous rassurer sur cette situation qui semble
de plus en plus délicate pour employer un mot délicat, surtout
que nous sommes dans une cinquième année de mandat? Il y a
déjà plus de deux mois et demi que le premier ministre... On se
serait attendu qu'il aurait décidé d'aller devant le peuple. Il a
encore le temps de le faire... Bon! je crois qu'il y pense aux élections
générales.
J'aimerais bien que le premier ministre puisse, au tout début de
cet examen de ses crédits, nous parler précisément de
cette situation. Je le demande en toute objectivité sans essayer de
tourner le couteau dans la plaie.
M. Lévesque (Taillon): Je ne sens pas de couteau; des fois
dans le dos...
La situation économique
Je vais être très bref quand même. Je prends certains
des points les plus importants, j'en prends trois. Au point de vue de la
situation économique, malgré le travail qu'on fait et les
résultats que cela donne, il est évident qu'on a encore cette
terrible quadrature du cercle quasiment. L'investissement rentre comme jamais
auparavant. En fait, il suffit de regarder Montréal ou d'autres coins du
Québec. À Montréal, l'autre jour on était en train
d'inaugurer un des très beaux projets qui vont arriver sur l'île
Notre-Dame. Comme tout le monde le sait quand on se souvient de l'Expo, quand
on est sur les îles on voit la ville. On voyait les chantiers et les gens
disaient: Cela commence à ressembler à avant l'Expo, tellement il
y a une espèce de résurgence de la construction. On sait que, si
Montréal fonctionne, il y a des chances que le Québec fonctionne
assez bien aussi, merci. C'est vrai partout au Québec. L'investissement
rentre. La construction est en marche comme jamais auparavant depuis au moins
dix ans, mais je dis "quadrature du cercle". Vous le voyez dans le budget,
d'ailleurs, vous allez le voir dans le budget fédéral et vous
allez probablement avoir des chances de le voir dans le budget de l'Ontario,
autant l'économie remonte, jusqu'à nouvel ordre - touchons du
bois - autant cela ne se traduit ni par plus d'emplois tellement, ni par plus,
forcément, de retombées budgétaires. (10 h 15)
Ce n'est pas pour rien qu'on est dans un virage technologique, pour
employer une expression usée jusqu'à la corde, mais qui est
là. C'est que chaque investissement représente des emplois plus
sophistiqués, souvent des emplois nouveaux, des emplois inédits,
quoi, mais avec une tendance inévitable dans le monde d'aujourd'hui
à réduire le nombre d'emplois. Ce sont de bons emplois, ce sont
souvent de meilleurs emplois, mais on ne peut pas multiplier les emplois,
c'est-à-dire la masse salariale, comme on le faisait auparavant, parce
qu'on est dans un monde de concurrence. On veut robotiser, on veut que tout
soit, le plus
possible, capable de se produire par bouton. Vous savez, vous pesez sur
un bouton, la pièce arrive, etc. Je suis un profane. Enfin, vous avez
déjà vu des usines modernes. J'ai même vu un cas où
on élève des truites par bouton électronique. Vous allez
voir cela, des élevages de truites. Un homme et son épouse
suffisent pendant la saison à faire pousser, pousser
littéralement, des milliers de truites qui, éventuellement, iront
sur le marché. Tout est électroniquement contrôlé.
Donc, au point de vue économique, il y a vraiment une relance et
même plus que cela, un nouvel élan, sauf que cela ne crée
pas autant d'emplois.
Je termine là-dessus, je vais vous donner l'exemple
particulièrement frappant d'Alcan. Alcan, à Laterrière,
près de Chicoutimi - c'est maintenant Chicouti-mi - construit une usine
d'environ 1 000 000 000 $ et tout ce qu'ils ont pu dire - je pense qu'ils
étaient obligés d'être francs, c'est normal - c'est que
cela allait probablement, ce milliard d'investissements, maintenir les emplois,
pas augmenter, maintenir les emplois dans la région. Donc, il y a ce
problème.
Tout à l'heure, on me posait des questions en entrant sur le
nombre d'assistés sociaux qu'il y a encore au Québec. Bien oui,
c'est difficile, et c'est difficile partout. Deuxièmement, je lisais
hier ou j'ai entendu à la radio, je ne sais pas, que quelqu'un dans une
grande entreprise a accepté le gel complet des salaires pour
l'année qui vient et, si j'ai bonne mémoire, il s'agit, je n'ai
pas le nom... Cela devait être dans les nouvelles d'hier soir. Je n'ai
pas le nom de l'entreprise, mais ils ont accepté le gel des salaires
afin de ne pas perdre leurs emplois. Là je reviens au budget. C'est que
cette reprise économique très réelle ne donne pas des 10
%, des 12 % et des 14 % d'augmentation comme on en a vu il y a quelques
années.
Par conséquent, il n'y a pas de retombées dans le budget
de la même façon. Je pense que tout le monde le sait, quand tu
changes - comme on dit dans le jargon - de "bracket", que tu montes solidement,
le budget se nourrit à même cela beaucoup plus facilement. Quand
tu es rendu que tu as des 0 % d'augmentation ou des 3 %, cela n'alimente pas
beaucoup les budgets. En gros, c'est à peu près comme cela que se
présente la situation au point de vue économique en termes de
profanes: a, b, c.
Pour ce qui est de la négociation constitutionnelle, tout ce que
j'ai pu dire en entrant, et je le répète, c'est qu'on peut dire
que le texte que nous aurons à proposer à nos interlocuteurs au
nom du Québec est à peu près terminé. Il va, de
toute façon, être terminé, final, demain au Conseil des
ministres - c'est mercredi - et je n'ai pas besoin de vous dire que dans les
jours qui suivront il va être transmis à qui de droit,
c'est-à-dire d'abord au premier ministre fédéral. J'ai lu
les journaux de fin de semaine, je n'ai pas lu ceux de ce matin. Je n'ai pas eu
le temps. J'avais tout cela à regarder. J'aurais dû? Bien non,
s'ils sont mauvais, je les lis toujours assez tôt. S'ils sont bons, cela
peut attendre.
Le texte sera prêt à expédier là où il
doit aller d'abord à partir de demain. Je ne peux pas en dire plus long.
J'espère et j'ai bonne confiance que cela va être un texte -ce
n'est pas une thèse, une bible longue comme ça - très
cohérent et très concret. Pour ce qui est de la question
délicatement posée, parce qu'elle est délicate, que le
chef de l'Opposition a employée en ouvrant son propos, je viens de lui
répondre. Je n'ai pas lu les journaux et je ne commencerai pas à
commenter ce que je n'ai pas lu. Je promets au chef de l'Opposition une
réaction, par exemple, quand je les aurai lus, quelle qu'elle soit.
La situation du premier ministre
M. Levesque (Bonaventure): Si je peux simplement,
peut-être, gâter son plaisir - le premier ministre se
réserve celui de les lire - il est question, évidemment, dans les
journaux de ce matin, d'une déclaration de son ministre du Commerce
extérieur.
M. Lévesque (Taillon): Ici ou à
l'étranger?
M. Levesque (Bonaventure): Ici. Je ne . veux pas le mal citer. La
déclaration est dans le sens que le premier ministre ne serait pas
l'homme de la situation.
M. Lévesque (Taillon): Quand tu entends cela le matin, tu
es sûr que c'est vrail
M. Rivest: Je pense que c'est en soirée qu'il a fait sa
déclaration!
M. Lévesque (Taillon): ...que ce soit le matin.
M. Levesque (Bonaventure): C'est pour cela que je posais la
question, étant donné la situation actuelle où il y a des
sujets que le premier ministre reconnaît être extrêmement
importants, entre autres celui qui touche l'avenir du Québec et les
propositions constitutionnelles.
Le premier ministre ne croit-il pas que la meilleure façon
d'être en mesure de régler d'un coup et les problèmes
internes...
M. Lévesque (Taillon): Comment faites-vous, vous? Vous
êtes pleins de problèmes internes. M. le Président, je
m'excuse. Je m'adresse directement, mais on peut le faire en commission.
Comment réussissez-vous à
"patcher" tous vos trous et vos fossés? Vous avez une chance!
M. Rivest: On croit ce que les journaux écrivent.
Le Président (M. Gagnon): M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je sais que le premier ministre
aimerait tourner cela à la blague...
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas de la blague.
M. Levesque (Bonaventure): ...mais je pense que c'est important
pour le Québec qu'on puisse, à ce moment-ci, prendre les
dispositions qui nous paraissent les plus saines, les plus logiques et plus
objectives pour faire face à ces situations. Le premier ministre ne
croit-il pas qu'il peut, à la fois, faire face à la situation
interne, mais surtout à ces problèmes extrêmement
sérieux en sollicitant, le plus tôt possible, un nouveau mandat de
la population? Si la population décide de lui donner un nouveau mandat,
il sera en meilleure position - c'est clair - et du côté interne
et du côté du reste du Canada, pour faire face à cette
situation difficile.
Si le peuple indique une préférence pour une autre
formation politique pour continuer ce travail, bien, cela arrive à tous
les premiers ministres depuis je ne sais pas combien de temps.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas le drame du
siècle.
M. Levesque (Bonaventure): S'il doit sortir, il sortira par la
grande porte.
Une voix: Avez-vous des questions nouvelles à lui
poser?
M. Levesque (Bonaventure): Je vous ai parlé, vous?
M. Lévesque (Taillon): Ne commencez pas la chicane,
là.
Le Président (M. Gagnon): M. le chef de l'Opposition, vous
avez la parole. Cela va?
M. Lévesque (Taillon): Comme disaient les anciens, je vais
mettre cela dans ma pipe; je n'en ai pas, mais j'emprunterai celle de
Gérard. Je vais mettre cela dans ma pipe et je vais
réfléchir.
M. Levesque (Bonaventure): Je suis heureux, au moins, que le
premier ministre réagisse comme cela parce qu'il a peut-être
quelques heures ou quelques jours à peine pour prendre une
décision dans ce sens. Je voulais simplement lui rappeler cela dans le
contexte de l'Histoire, avec un grand H.
M. Lévesque (Taillon): Cela me rappelle - je l'ai
déjà évoqué - l'un des plus jolis romans des soeurs
Groult, Flora Groult et l'autre. Le titre est très beau: "Un seul ennui,
les jours raccourcissent".
La situation constitutionnelle
M. Levesque (Bonaventure): Prenons maintenant le
côté des propositions constitutionnelles. Le premier ministre
pourrait-il nous indiquer... Je sais qu'il ne veut pas nous donner la primeur,
il ne veut pas la donner à l'Assemblée nationale, il veut
à peine la donner à son caucus. Ce qu'il garde pour le premier
ministre du Canada serait-il tellement secret qu'il ne pourrait pas nous en
donner les grandes lignes, ce matin, étant donné que
lui-même nous dit que le texte est à peu prèsterminé? Deuxièmement, la réunion subite d'hier soir,
qui semblait un peu en catastrophe, d'après ce qu'on a compris encore ce
matin - peut-être que cela a été mal compris quelque part -
est-ce que cela a abouti à une entente? Est-ce que les problèmes
internes sont reliés à une mésentente entre les ministres
sur les principales lignes de force de ces propositions?
M. Lévesque (Taillon): Non. D'abord, premièrement,
ce n'est relié à aucune mésentente. C'est relié, je
pense, à un souci assez compréhensible d'être bien
sûr, autant qu'humainement il est possible, qu'on frappe le clou sur la
tête convenablement. On sait très bien que M. Mulroney, quand il
va recevoir cela, va devoir aussi vérifier rapidement non seulement -
d'ailleurs, comme vous et nous - l'état de la situation en ce qui
concerne la réaction des gens un peu partout au Québec, mais un
peu partout au Canada. D'ailleurs, à peu près
simultanément - je n'ai pas la mécanique exacte à l'esprit
- il va falloir que des gens, dans le reste du pays - à ce
moment-là, le chef de l'Opposition sera bien sûr au courant, et
son entourage - soient mis au courant de ce que représente
concrètement l'effort que le Québec prétend engager pour
régler le problème qu'on traîne non seulement depuis 1981
ou 1982, mais quasiment depuis des générations, à travers
tous les gouvernements du Québec que j'ai connus, de près ou de
loin. Ce n'est pas d'hier qu'il y a des problèmes qui s'accumulent, dans
le sens que c'est comme un carcan pour le Québec, surtout pour un
Québec moderne de plus en plus dynamique, la forme de gouvernement, de
fédéralisme
dans lequel on est installé. Il est évident que, partant
de là, il s'agit d'une réaffirmation, premièrement, de la
nécessité de corriger certaines des choses qui ne seront jamais
acceptables pour quelqu'un qui se respecte comme chef de gouvernement ou comme
membre d'un gouvernement québécois, c'est-à-dire certaines
des retombées de 1982, le rapatriement tel qu'on l'a vu.
Deuxièmement, il ne faut quand même pas oublier que ça,
c'est un sinistre accident de parcours, mais qu'au-delà de cela il y a
depuis très longtemps une sorte de contentieux, si on veut, que le
Québec ne doit pas laisser tomber, d'autant plus que, plus il se
modernise, plus il a besoin d'avoir certaines coudées franches. Je ne
peux pas aller beaucoup plus loin.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, dans ce dossier, il y a deux
choses. Il y a ce que le premier ministre vient d'évoquer: corriger,
déterminer les conditions de l'adhésion à la Loi
constitutionnelle de 1982 - je vais revenir tantôt brièvement
là-dessus, bien que le premier ministre doit...
M. Lévesque (Taillon): Je ne pourrai pas entrer dans
beaucoup de détails.
M. Rivest: Non, non, je le sais. Oui, d'accord. Mais,
au-delà de ça, est-ce qu'il y a de la part du gouvernement du
Québec une volonté, une fois que les conditions auront
été acceptées ou modifiées selon le résultat
des négociations, une volonté claire et nette, compte tenu du
virage qui a été fait par le gouvernement actuel, de continuer de
presser le reste du Canada, en tant que gouvernement du Québec, en vue
de la poursuite du processus de révision constitutionnelle en tant que
telle sur d'autres aspects qui ont un intérêt drôlement
important pour le Québec? Est-ce que le gouvernement du Québec
entend manifester sa volonté d'aller au-delà, parce qu'on a
d'autres revendications en tant que gouvernement du Québec, partenaire
majeur de la fédération canadienne? Est-ce qu'il va y avoir une
expression très claire de cette intention?
M. Lévesque (Taillon): Comme on dit pour les peuples - nos
concitoyens autochtones - autochtones ou comme on l'a dit déjà
dans d'autres cas, ce qu'on appelle en anglais un "ongoing process", oui. Je
pense que c'est évident.
M. Rivest: Cela veut dire que le virage que vous avez
amorcé comme gouvernement, à savoir de mettre la
souveraineté - je ne sais plus quel terme employer - de
côté, c'est pour...
M. Lévesque (Taillon): La mettre dans un autre avenir que
demain.
M. Rivest: Oui, c'est un avenir très lointain si, comme
gouvernement du Québec, vous voulez...
M. Lévesque (Taillon): Ah! ça, vous ne le savez pas
plus que moi. On ne se chicanera pas là-dessus.
M. Rivest: Oui, mais il faut être logique. Une fois les
conditions acceptées et que le Québec a adhéré
à la Loi constitutionnelle - ce qui est le court terme - ce que vous
m'avez répondu, ce que j'ai compris de votre réponse, c'est que
vous indiquiez également au reste du Canada la volonté du
gouvernement du Québec de poursuivre, au-delà d'une
adhésion du Québec à la Loi constitutionnelle de 1982,
au-delà de cela, le processus de révision constitutionnelle et
d'y mettre au nom du Québec tout le poids politique que le gouvernement
du Québec doit mettre là-dessus.
M. Lévesque (Taillon): II reste...
M. Rivest: Autrement dit, vous vous engagez dans la voie du
renouvellement du fédéralisme, renouant en cela avec une
tradition de vos prédécesseurs et avec autant d'insistance,
espérons avec plus de succès, mais avec autant d'insistance. (10
h 30)
M. Lévesque (Taillon): Enfin, on verra, mais il y a une
chose qui est évidente, c'est que, d'une part - je me souviens de
l'avoir dit à nos collègues des autres provinces à
plusieurs reprises avant 1980 et jusqu'à un certain jour de 1981 - tel
qu'on proposait notre objectif pour l'avenir, on n'était pas
opposé du tout à ce que le fédéralisme soit de plus
en plus vivable pour nous comme pour les autres; autrement dit, qu'il
s'améliore. Et on a essayé, Dieu sait! Je ne sais pas s'il y a
des gens qui se souviennent, cela s'appelait, dans le jargon
fédéral-provincial, la "short list" et la "long list", les listes
de choses que, jusqu'en 1979 et même jusqu'en 1980, après le
référendum, particulièrement, nous, du Québec,
avons mis sur la table pour voir s'il y avait moyen, par exemple, de faire
réduire certains aspects -prenons le judiciaire - de l'article 96 qui
sont "encarcaneux". Autrement dit, améliorer le système tout en
ne cachant pas que cela ne nous paraissait pas l'idéal, ni pour le pays
tout entier qu'est le Canada, ni pour le Québec.
Qu'on essaie de nouveau, du mieux qu'on peut, d'établir une
certaine pression d'amélioration ne me paraît pas contraire
à l'avenir du Québec tel qu'on l'a évoqué, sauf
que ce n'est jamais personne d'autre que les Québécois qui
détermineront leur avenir, le jour venu. Un exemple bien simple: le
droit à l'autodétermination. On l'a exercé en 1980.
Personne ne pouvait contester que c'était un élément
d'exercice très bien connu à l'échelle internationale du
droit à l'autodétermination. Il existe toujours, ce droit. On n'a
presque pas besoin de le réaffirmer. Dans un monde civilisé, il
n'y a pas un peuple à qui tu peux dire - je ne parle pas d'un monde
dictatorial ou d'un monde totalitaire - mais il n'y a pas un peuple
authentiquement peuple è qui tu peux dire: La porte est fermée
à tout jamais pour le changement ou pour tes libres
décisions.
M. Rivest: Et cette pression sur l'avenir qu'est le poids
politique du Québec pour continuer le processus de révision
constitutionnelle, on peut, bien sûr, l'exprimer, comme le premier
ministre vient de l'indiquer, sauf que, pour la crédibilité
même - et c'est dans la nature de la démarche; c'est une
conséquence inéluctable, qu'on ne peut éviter - on doit,
à titre de gouvernement du Québec, proposer des choses...
M. Lévesque (Taillon): Oui.
M. Rivest: ...et mettre sur la table des choses, par exemple, au
niveau de ce qui n'est pas dans les conditions - probablement pas, en tout cas
- dans l'immédiat. Par exemple, au niveau de la réforme des
institutions fédérales, au niveau même du partage des
pouvoirs, le premier ministre a lui-même évoqué la
réforme de l'organisation judiciaire avec tous les problèmes de
l'article 96.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas nouveau.
M. Rivest: Est-ce que, à ce moment-là, cela
implique dans l'esprit du premier ministre, de la part du gouvernement, une
volonté de déposer sur la table ultérieurement, à
titre de gouvernement du Québec, une vision et les modalités d'un
renouvellement du fédéralisme, chose que, pour des raisons
politiques que tout le monde connaît, vous n'avez pas faite avant le
référendum ni après? Mais, maintenant que vousêtes engagé dans cette voie, la conséquence
inéluctable de la voie sur laquelle vous êtes engagé comme
gouvernement, c'est de le faire. Je rappelais à votre collègue,
le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes, qu'en ce qui nous concerne, dans notre document adopté
à notre dernier congrès, il y a un certain nombre de conditions,
mais il y a aussi une référence expresse au projet qui a
été endossé par notre congrès plénier
où on voit l'ensemble des modalités et des perspectives qui
étaient contenues dans le livre beige.
M. Lévesque (Taillon): Ce que vous... Allez-y.
M. Rivest: II y a toujours une référence
là-dessus. Cette proposition, au moins, on sait dans quelle direction...
Faire une pression politique pour faire une pression politique de s'engager
dans la révision constitutionnelle, il faut qu'il y ait une substance.
Je vous pose la question: Est-ce que le gouvernement du Québec, votre
gouvernement, entend indiquer à ses partenaires, pour que soient
crédibles les pressions de poursuite de révision
constitutionnelle, que vous allez effectivement, dans d'autres domaines, au fil
des semaines, des mois et des années, proposer des modalités, un
plan de révision du fédéralisme?
M. Lévesque (Taillon): Bah! je ne sais pas si... Je vous
l'ai dit: "an ongoing process", c'est-à-dire quelque chose qui n'est pas
fini.
M. Rivest: Oui, oui.
M. Lévesque (Taillon): Je ne suis pas pour entrer dans
tout le détail, parce que vous verrez comment cela se déroule
dans le texte très bientôt. Je pense que vous verrez un peu aussi
comment commence à se dessiner une perspective. Maintenant, je ne veux
pas entrer dans le détail, parce que je vous l'ai dit, on peut bien
continuer... Ce sera à vous de juger, comme à tous les
Québécois, comme aussi aux gens du reste du Canada, à
commencer par le premier ministre fédéral et son gouvernement,
cette première étape assez substantielle qui est proposée
à la fois pour essayer de corriger au mieux ce que je considère
comme une erreur de parcours catastrophique, celle de 1982, et ouvrir une
perspective qui élargisse un peu les choses... Ce sera au gouvernement
fédéral, aux autres, à vous, à nous de ce
côté-ci, de juger si cela suffit, et surtout à l'opinion
publique de dire: On voudrait cela, oui. Il faudrait aussi se demander si on en
veut éventuellement davantage. D'accord?
M. Rivest: Je comprends le premier ministre et ses
réserves, de ne pas vouloir entrer dans les modalités...
M. Lévesque (Taillon): Non.
M. Rivest: ...mais je vais vous donner un exemple.
Éventuellement, cela doit mener à un programme complet du
gouvernement du Québec ou des perspectives, en tout cas, assez
sûres de révision globale du système
fédéral, indépendamment des conditions. Et
même dans les conditions... Par exemple, lorsqu'on a évoqué
- je pense que le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes et vous-même l'avez indiqué
publiquement à plusieurs reprises, c'est public - qu'un des
éléments serait la reconnaissance du Québec en tant que
société distincte dans le préambule, nous, quand on met
cela dans notre perspective, on ne met pas cela pour le plaisir de le mettre,
on le met parce qu'on accepte et qu'on adhère non seulement à la
réalité distincte du Québec, mais à cette autre
notion dans notre vision à nous, en tant que fédéralistes,
que le caractère distinct de la société
québécoise est l'assise même de la dualité
canadienne, qui est une valeur à laquelle nous croyons.
Par exemple, quand vous affirmez publiquement, vous-même et votre
ministre, le caractère distinct de la - société
québécoise, est-ce que vous entendez indiquer très
clairement à vos interlocuteurs que c'est une acceptation pleine et
entière d'une valeur qu'on considère comme bonne et saine,
c'est-à-dire celle de la dualité canadienne qui fonde ce pays-ci?
Est-ce que vous allez aller aussi loin que cela?
M. Lévesque (Taillon): Je vais simplement vous dire ceci:
les onze gouvernements, il n'y a pas longtemps, étaient réunis
à Ottawa pour les autochtones. J'ai été obligé de
souligner un peu lourdement que cela faisait quand même étrange
que soit déjà inscrite dans la constitution
fédérale la reconnaissance de l'identité de peuples et
nations inuit, micmac, iroquois, algonquin, attikamek. Grosso modo, que soit
reconnue cette identité des nations et des peuples autochtones, qui y
ont droit à cause des différences historiques fondamentales,
linguistiques, culturelles, tout ce qu'on voudra, et que par ailleurs ne soit
pas reconnu, sauf comme une collection d'individus qui n'appartiennent à
aucune collectivité, un peuple aussi authentique que le peuple
québécois.
M. Rivest: Un des aspects que je voudrais que le premier ministre
clarifie, c'est que lui-même, à l'occasion, ou certains de ses
ministres, comme le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes, a affirmé récemment à
l'Assemblée, je pense, que sa conception, sa vision personnelle des
choses était, bien sûr, celle de la souveraineté, mais que,
compte tenu de l'évolution de l'opinion, pour l'instant, il voulait
continuer... Je pense que c'est la position officielle du premier ministre et
du gouvernement, finalement.
La chose qui est difficile à arrimer, quand on la situe dans le
temps, c'est comment peut-on, d'une part, adhérer à une loi
constitutionnelle pour corriger et réparer les erreurs commises en 1982,
les injustices qui ont été faites à l'endroit du
Québec -cela, on le comprend - et le faire dans un processus
constitutionnel, donc, accepter que cela ait une certaine durée, et dire
par la même occasion - et le premier ministre vient de l'indiquer -
qu'éventuellement il faudra dégager aussi des perspectives
d'avenir, de poursuite du processus de révision constitutionnelle? Donc,
toujours dans le système fédéral, admettre que le
Québec est une société distincte, qui est l'assise d'une
dualité canadienne qui est encore une des valeurs premières de la
réalité canadienne, et en même temps dire: Vous savez, nous
autres, on est pour cela tant que le monde sera pour cela.
Quand on est en politique, il me semble qu'on est là pour
défendre, véhiculer des choses dans l'opinion publique et se
battre pour un certain nombre de principes. Si on n'y croit pas et si on
continue de dire qu'on est en faveur de la souveraineté dans son for
intérieur, qu'on fait de l'action politique qui va exactement dans le
sens contraire des convictions, vous ne trouvez pas qu'il y a comme un
problème de logique? Vous n'avez pas beaucoup le coeur à
l'ouvrage, il me semble, si vous demeurez indépendantiste et que vous
vous avancez aussi loin 'que de vouloir dégager des perspectives
d'avenir de révision constitutionnelle à l'intérieur du
fédéralisme. C'est pour cela que nous disons, nous, que c'est
peut-être mieux, au fond, quant au processus de révision
constitutionnelle, que les gens qui sont en charge soient des gens qui y
croient. Est-ce que vous y croyez, en la démarche dans laquelle vous
vous inscrivez?
M. Lévesque (Taillon): Non seulement j'y crois... Si vous
voulez dire des gens qui y croient comme, par exemple, le Parti libéral
provincial...
M. Rivest: Oui, oui.
M. Lévesque (Taillon): ...non, je n'y crois pas, parce
qu'il ne suffit pas simplement d'avoir une conviction...
M. Rivest: Disons, M. le premier ministre...
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, c'est peut-être
à mon tour.
M. Rivest: ...quelqu'un qui y croit comme M. Mulroney y croit.
D'accord?
M. Lévesque (Taillon): Oui, d'accord.
M. Rivest: Laissons le Parti libéral provincial.
M. Lévesque (Taillon): Je ne ferai pas de comparaison ad
hominem. Je veux bien que les libéraux provinciaux croient au
fédéralisme. Je veux bien qu'on y croie mais on a
déjà vu fonctionner le monsieur qui est votre chef, qui serait
éventuellement, dans ce cas-là, premier ministre un certain
temps. De la façon dont cela s'est fait, tout ce qui entourait le
gouvernement Bourassa, le gouvernement libéral - je ne parle pas de
celui de M. Lesage - de M. Bourassa ne donnait pas l'impression dans ses
résultats de mener à un renforcement du Québec. Or, le
renforcement du Québec n'est pas uniquement constitutionnel. Les
juristes peuvent bien faire des avocasseries, mais c'est un cadre, la
constitution, un cadre écrit. En dessous de cela, il y a ce qu'on peut
appeler le pays réel, c'est-à-dire le pays
québécois. Pour le pays québécois réel... Je
n'ai jamais cru à l'éternité des constitutions. Il suffit
de connaître l'histoire un tout petit peu pour savoir que les
constitutions, ça évolue. On a même eu quatre ou cinq
régimes, ici, au Québec, depuis 200 ans. Le pays réel,
c'est autre chose. Qu'est-ce qu'il va décider dans cinq ans, dans dix
ans? Je souhaite du fond de mon coeur qu'on trouve une forme... On a toujours
parlé d'"égal à égal". Cela revient à votre
dualité canadienne, la dualité Pepin-Robarts, qui est
fondamentalement vraie.
Je crois, au fond de mon coeur, qu'à mesure que le Québec
devient extraordinairement plus moderne, devient, à mon humble avis,
l'avant-garde, et de loin, à bien des points de vue, de tout le Canada
et, à certains points de vue, de l'Amérique du Nord... On a fait
des maudits sacrifices dans les années soixante, quand on s'est
aperçu qu'on était bien en retard au point de vue de
l'éducation et que nos adultes du Québec n'avaient même pas
fini l'école primaire; c'est le rapport Parent de 1964. Le
député de Bonaventure et moi, on était là dans le
temps. On a eu la panique aussi. À ce moment-là, il y a eu une
discussion, à savoir: Est-ce qu'on doit attendre deux, trois ou quatre
ans avant de commencer à corriger cela et fabriquer des enseignants avec
soin, ou bien si on doit plonger tête première et commencer tout
de suite? La décision a fini par être prise que c'était
mieux de commencer tout de suite et de faire le moins mal possible mais, bon
Dieu! de sauver le plus de gens possible de ce qu'on pourrait appeler un
handicap pour la vie.
Il a été un temps - je me souviens de l'UNESCO; je
demanderai cela à Michaud pour voir s'il peut me fournir des
détails -où l'UNESCO, si j'ai bonne mémoire, soulignait
que le coin du monde où, par tête d'habitant, per capita, on
faisait le plus grand effort du côté de l'éducation...
C'était un peu en même temps où on disait: Qui s'instruit
s'enrichit". On était très cynique, on était très
sceptique, ça prend toujours un peu de temps à donner des
résultats. Il y a vingt ans et plus maintenant, mais regardez ce que
cela a donné et ce qui s'en vient est encore plus frappant que ce que
cela a donné. Cela a donné que, dans une foule de domaines, on
est en avant du reste du Canada comme jamais auparavant. Dans une foule de
domaines, on est même sollicité à l'étranger - le
tout petit Québec avec ses 6 500 000 habitants, ce qu'on a produit:
génie-conseil, Bombardier, Hydro International et les PME, les individus
- plus, et de plus, en plus que, n'importe quelle population comparable, et ce
n'est qu'un début.
Qu'on pense à un exemple bien simple: tout le monde est assez
normalement obsédé par la création d'entreprises, par la
compétitivité, par la qualité de la production. Qu'on
pense que pour 26 % de la population canadienne, juste dans des domaines qui
touchent la gérance, le management, qui mènent très
naturellement à la création d'entreprises, on a plus du tiers des
étudiants ou des étudiantes - à peu près la
moitié sont des femmes - qui sont un peu partout dans nos grandes
écoles. On voit que cela se multiplie. Qu'est-ce que cela va donner
comme éventuelle formule politique d'égalité réelle
- laissons de côté le papier -entre le peuple qu'est le
Québec, que sont les Québécois, et le reste du Canada? Je
ne suis pas prophète, mais je sais une chose: ce sera quelque chose qui
veut dire essentiellement que d'égal à égal on est capable
de mieux diriger nos affaires que d'autres qui les dirigent à
moitié à notre place. Ça, j'y crois. Comment cela
viendra-t-il, de quelle façon? Je ne le sais pas. (10 h 45)
M. Rivest: Une dernière question, si vous me permettez, M.
le Président. Ce discours, qui est très juste, je pense, cette
analyse du premier ministre, c'est ce que j'essaie d'élucider, de
comprendre très clairement. Par exemple, au moment du
référendum, l'essentiel des propos que M. Ryan tenait, la
proposition qu'on faisait à l'époque, c'était
précisément que cette capacité, cette performance du
Québec lui permettait, à l'intérieur du régirne
fédéral, d'assurer sa présence, que le régime
fédéral n'était pas une chose qu'on devait écarter.
Le premier ministre tenait ce discours-là -je ne sais pas, à
moins qu'il me corrige - au moment du référendum, au moment
où la question de la souveraineté en tant que telle était
posée. Ce que j'ai compris et ce que je comprenais de son discours,
c'était que cette capacité, cette performance devait
déboucher sur la voie nécessaire, disait-il, je pense, de la
souveraineté. Aujourd'hui, il nous dit - je demande à le croire
et je pense que beaucoup de gens demandent à le croire, quant à
moi - que sa conviction est plus
qu'une conviction de correction de la loi de 1982, qu'elle est une
conviction profonde qu'effectivement les performances du Québec, le
caractère moderne, etc., et les perspectives d'avenir mêmes qui
sont très réelles chez nos jeunes et chez tout ce qu'on a, nos
entreprises, etc., cela nous permet d'adhérer sans espèce
d'arrière-pensée et sans réserve aucune au Canada et au
fédéralisme, puisque c'est dans cette voie que vous vous
engagez.
M. Lévesque (Taillon): Bien non!
M. Rivest: Vous avez choisi cela. Laquelle des deux voies est
réelle?
M. Lévesque (Taillon): Vous commencez à tourner en
rond. C'est un peu la tapisserie de Pénélope.
M. Rivest: Non, je m'en vais dans une direction très
simple...
M. Lévesque (Taillon): Je la vois, mais...
M. Rivest: ...qui est celle - je m'excuse, M. le Président
- qui est la nôtre, en tout cas, et je me demande si le premier ministre
et son gouvernement ont véritablement rejoint nos rangs.
Le Président (M. Gagnon): M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'ai lu un peu ce qu'est la
vôtre, jusqu'à nouvel ordre...
M. Rivest: Celle de M. Mulroney, disons, pour ne pas
"antagoniser" cela.
M. Lévesque (Taillon): Attendez un peu! Ne confondez pas
tout. Vous n'êtes pas encore une aile provinciale conservatrice.
M. Rivest: Plus que vous pensez! Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lévesque (Taillon): Wo!
M. Rivest: Plus que vous pensez, vous seriez surpris.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, la parole est au premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas ce que j'ai cru
comprendre, enfin, le peu de renseignements que j'ai, mais ne vous prenez pas
pour... Bien, est-ce que ce serait énorme de dire: Ne vous prenez pas
pour d'autres?
M. Rivest: Non.
M. Lévesque (Taillon): Non. Tout ce que je veux dire,
c'est très simple. Il me semble que - je reviens au point de
départ, parce que, finalement, l'on tourne en rond pour vrai - plus on
améliore le système dans lequel on vit, plus on en corrige les
défauts, et surtout les défauts qui ont été
perpétrés très volontairement - donc, ce ne sont pas des
défauts accidentels - comme une sorte de fixation personnelle,
essentiellement grâce à l'influence prépondérante
d'un homme qui était M. Trudeau... Au-delà de corriger ces
défauts-là qui sont inacceptables et qui le demeureront pour
n'importe quel Québécois qui se tient debout, il y a le
développement du Québec. Il peut s'insérer aussi longtemps
qu'il veut dans un régime fédéral pourvu qu'il
s'améliore et il peut également trouver une autre façon de
définir son avenir, qui ne soit pas déchirer tout, mais qui soit,
par son affirmation même, arriver à la pleine possession de
lui-même. C'est tout.
Le Président (M. Gagnon): M. le chef de l'Opposition.
M. Lévesque (Bonaventure): Est-ce qu'on peut dire, pour
résumer - je ne veux pas mettre de paroles dans la bouche du premier
ministre... Mais est-ce que lui-même et son gouvernement sont
déterminés à aller jusqu'au bout de la révision
constitutionnelle et mettre de côté ce qu'il y a dans le programme
du PQ comme objectif dans son article 1, c'est-à-dire l'accession du
Québec à l'indépendance? Je voudrais simplement...
M. Lévesque (Taillon): Je veux simplement dire qu'on n'a
pas de congrès normalement pendant encore un an et demi. Le dernier
qu'on a eu, régulier ou...
M. Rivest: Sûr?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lévesque (Taillon): Enfin, il y a toujours des
congrès extraordinaires.
M. Rivest: Promis?
M. Lévesque (Taillon): Si jamais il vous arrivait des
malheurs au moment des prochaines élections, je sais à quelle
vitesse - je connais le Parti libéral - il y aurait un congrès.
Cela dit, tout ce que je peux dire, c'est que le programme ne sera pas
changé pendant probablement un an et demi. Tel qu'il est, il est. Comme
tous les programmes changent, des gens décideront un jour, dans un
congrès, de le changer, de l'ajuster complètement. Ce qui est
ajusté - tout de même, vous l'admettrez - c'est que, de toute
façon, la prochaine élection, quel qu'en soit le moment, ne
portera pas là-dessus. Elle portera sur d'autres aspects de l'avenir
du
Québec, bien sûr, mais pas là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): On reviendra là-dessus. Je sais
qu'il y en a d'autres qui veulent intervenir. En terminant, est-ce que le
premier ministre pourrait nous dire, parce que je lis toutes sortes de
scénarios dans les journaux et je pense que, comme parlementaires, nous
devrions être les premiers informés...
M. Lévesque (Taillon): De?
M. Levesque (Bonaventure): Je sais que le premier ministre ne
veut pas nous dire la nature des propositions en détail, mais il
pourrait au moins nous dire, sur la question de la procédure... On
arrive à un point où le premier ministre dit: Maintenant, nous
sommes arrivés au terme de notre réflexion. Le texte sera final
demain. Est-ce que je puis maintenant savoir du premier ministre
l'échéancier un peu plus précis des choses qui vont se
passer et de quelle façon cela va se passer? Autrement dit, à
quel moment le premier ministre du Canada sera-t-il informé? À
quel moment le caucus des députés ministériels sera-t-il
informé? À quel moment l'Assemblée nationale sera-t-elle
informée du contenu de ces propositions? Deuxièmement, comment le
premier ministre a-t-il l'intention d'impliquer l'Assemblée nationale
dans ce processus et à quel moment?
M. Lévesque (Taillon): II est évident que, comme il
y a des fuites et que j'ai quand même... J'ai parlé à M.
Mulroney hier pour lui dire qu'il l'aurait avant la fin de la semaine. Donc,
avant la fin de la semaine, il va l'avoir. Ce qui veut dire aussi que le
caucus, je l'avais déjà dit en Chambre, notre caucus à
nous, le caucus ministériel va être mis au courant lui aussi plus
ou moins en même temps puisque les grandes lignes de ce document doivent
lui en être exposées. On peut dire que - cela va? - dans les
quelques brèves journées qui viennent, d'ici la fin de la semaine
au plus tard, le premier ministre canadien - et notre caucus à nous,
pour les grandes lignes, en tout cas - aura le texte. Notre caucus pourra voir
- il a déjà donné son input, c'est-à-dire
donné ses idées, il y a quelques jours, la semaine
dernière - si cela correspond à peu près à quelque
chose avec lequel il peut vivre.
Au plus tard mardi prochain, l'Assemblée nationale sera mise au
courant, c'est évident, aura le document. Au-delà de cela, ce
qu'on peut appeler l'échéancier, cela doit faire partie d'une
discussion - normalement, très simple, mais quand même il faut
qu'on la fasse d'abord - qu'on doit avoir demain au Conseil des ministres.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre a
à l'esprit la façon dont cela serait discuté ou
abordé à l'Assemblée nationale? Est-ce qu'il veut
impliquer l'Assemblée nationale?
M. Lévesque (Taillon): Je ne suis pas le leader, je ne
suis pas parlementaire dans le sens de professionnel du parlementarisme. Tout
ce que je peux vous dire, c'est qu'il est évident que l'Assemblée
nationale va avoir l'occasion d'en parler, d'en discuter, j'espère, dans
le bon sens, dans un sens positif, puisqu'il s'agit de l'intérêt
du Québec, vous l'avez dit tous les deux. Mais ne me demandez pas sous
quelle forme, à quel moment.
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre ne doit-il pas
être absent mardi prochain, au moment où les propositions seraient
rendues publiques et transmises à l'Assemblée nationale?
M. Lévesque (Taillon): Je parle de mettre
l'Assemblée nationale au courant. Je n'ai pas absolument besoin
d'être là pour le faire. Le ministre des affaires canadiennes,
entre autres, est au moins aussi qualifié que moi, surtout du
côté des questions constitutionnelles à l'état pur,
pour répondre aux questions parce que, quand on est rendu avec la
formule Canada et une formule québécoise, j'aime autant ne plus
m'en mêler.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je comprends bien que le
caucus ministériel ne pourra pas modifier ces propositions parce
qu'elles auront été déclarées finales à
votre dernière réunion du Conseil des ministres?
M. Lévesque (Taillon): Cela est exact. Je pense que c'est
entendu avec le caucus. On s'est entendu entre nous qu'il y avait deux
étapes rapides: une qui a eu lieu la semaine dernière, je pense,
qui était d'avoir les idées du caucus... C'était la
semaine dernière? L'autre serait à peu près en même
temps que M. Mulroney le recevrait, pour ne pas qu'il y ait des fuites partout.
Les grandes lignes du texte seraient expliquées pour voir si cela
correspond vraiment - mais je pense que cela va correspondre puisqu'on en a eu
une bonne idée la semaine dernière - à quelque chose qui
est acceptable et surtout qu'on peut défendre avec enthousiasme ou, en
tout cas, au moins avec conviction.
M. Rivest: Vous êtes confiant là-dessus?
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre pense
que l'Assemblée nationale, lorsqu'elle sera saisie de ces propositions,
dans une motion, un projet de loi ou une autre forme, sera appelée
à discuter, à modifier, s'il y a lieu, à ajouter
ou à retrancher, ou est-ce que dans l'esprit du premier ministre
les propositions telles que formulées au gouvernement
fédéral sont finales?
M. Lévesque (Taillon): Elles sont finales, pour autant
qu'il s'agit de mettre nos interlocuteurs, aussi bien à Ottawa que dans
le reste du pays, que l'ensemble de nos citoyens du Québec, au courant.
Mais cela n'exclut pas qu'il y ait des modifications en cours de route...
M. Rivest: Les négociations.
M. Lévesque (Taillon): ...y compris pendant des
négociations éventuelles.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. J'entends, ce
matin, M. le Président, le premier ministre tenir des propos qu'on
pourrait décrire comme optimistes. Le premier ministre tire beaucoup
d'encouragement, par exemple, du fait qu'il y ait des chantiers importants
à Montréal et dans les environs de Montréal. 11 fait une
comparaison, à laquelle je suis très sensible, avec la
période qui a précédé l'Expo 67, où
Montréal était un chantier et cela créait une ambiance.
Cela donnait l'impression qu'il y avait beaucoup de développement
économique.
Le premier ministre compare la situation actuelle à cette
situation, mais sans donner dans des excès d'optimisme, puisque le
premier ministre reconnaît que ces investissements nombreux n'ont pas
comme principale caractéristique d'être très
créateurs d'emplois pour des raisons qu'il nous a esquissées
sommairement.
Le premier ministre, en réponse aux questions de l'Opposition, a
aussi commenté des événements d'actualité. Je ne
sais pas si le mot "événement" est le mot juste quand il s'agit,
par exemple, des grenouillages, que ce soit dans les rangs de l'exécutif
national du Parti québécois ou que ce soit dans les rangs
mêmes du Conseil des ministres, puisqu'on cite, dans plusieurs journaux,
plusieurs journalistes qui ont dû, par conséquent... On peut faire
des recoupements mais, quand ce sont plusieurs journalistes qui attribuent les
mêmes paroles au même ministre, cela donne l'impression qu'on peut
difficilement dire que, là encore, les médias ont toujours
tort.
Alors, il y a un ministre assez "high profile", le ministre des
Relations internationales et du Commerce extérieur, qui aurait fait des
déclarations assez étonnantes et troublantes. Le premier ministre
nous parle du dossier constitutionnel avec une belle assurance dont on ne peut
que le louer. Il répond aux questions des députés de
l'Opposition, à savoir si l'indépendance ou la
souveraineté est renvoyée ou complètement mise de
côté. Il parle d'une nouvelle formule. Antérieurement, il
avait employé des expressions comme les calendes grecques ou l'an 2000.
Ce matin, c'est une nouvelle expression que je trouve très originale. Il
parle d'un autre avenir. Cela ressemble aux calendes grecques. Mais tout cela
est dit dans le plus grand calme.
La première question que je voudrais poser au premier ministre,
M. le Président...
M. Lévesque (Taillon): Pourquoi? Pour me faire sortir de
mon calme?
M. de Bellefeuille: Non, pour chercher à comprendre
là où s'en va, tous ensemble, dans ce char de l'État.
C'est: Qu'est-ce qui ne va pas? Puisque la situation économique va bien,
puisque le virage fédéraliste a été bien pris et
continue - si j'ai bien compris le premier ministre - de se montrer prometteur,
qu'est-ce qui ne va pas? Pourquoi ce grenouillage? Même parmi des gens
qui ont toujours été des inconditionnels du premier ministre ou
des membres du Conseil exécutif national du Parti
québécois, il paraît que ces gens sont en train de
conspirer pour demander au premier ministre de s'en aller. Qu'est-ce qui leur
prend?
Le premier ministre, il me semble, a fait plus, enfin, tout ce qu'ils
pouvaient lui demander. Plus particulièrement, les révisionnistes
sont des gens qui devraient n'avoir absolument aucun reproche à faire au
premier ministre. Ce sont des gens dont la loyauté au premier ministre
devrait être acquise, de façon absolument indéfectible,
puisque le premier ministre a été le grand timonier de ce virage
fédéraliste. (11 heures)
M. Lévesque (Taillon): Cela est une mauvaise image.
M. de Bellefeuille: Le grand timonier? Non, bien on peut avoir
notre échelle à nous. Vous avez déjà dit que le
Québec est quelque chose comme un grand pays...
M. Lévesque (Taillon): Grand peuple.
M. de Bellefeuille: Grand peuple. Petit pays, grand peuple.
Alors, à l'échelle québécoise, vous avez
été au cours des dernières années notre...
M. Lévesque (Taillon): Ah! Cela va faire pour...
M. de Bellefeuille: ...grand timonier.
M. Lévesque (Taillon): ...les remarques
nécrologiques.
M. de Bellefeuille: Ah: Pas du tout: Pas
du tout! Parce que moi, je ne fais pas partie de ces conspirations. J'ai
pris une autre voie; je ne conspire, M. le Président, ni contre vous ni
contre le premier ministre. Mais je voudrais demander au premier ministre,
puisque tout cela a été fait, le virage a été fait,
la situation économique est bonne...
M. Lévesque (Taillon): Bien, elle n'est pas si
bonne...
M. de Bellefeuille: ...ce que les révisionnistes, le
Conseil exécutif national du Parti québécois, M. Bernard
Landry lui reprochent. Pourquoi disent-ils que vous n'êtes pas l'homme de
la situation, ou peut-être pas? Dans le cas de M. Landry, il y a un
peut-être.
M. Lévesque (Taillon): C'est gros cela, un
peut-être.
M. de Bellefeuille: Oui, oui. Alors, qu'est-ce qui ne va pas, M.
Lévesque?
M. Lévesque (Taillon): Je ne sais pas. Vous avez appris
vos fables de La Fontaine, l'occasion, l'herbe tendre et quelque diable me
poussant: Je ne le sais pas, moi.
M. de Bellefeuille: Vous? Pas vous poussant, vous.
M. Lévesque (Taillon): Je parle de ce que vous
évoquez. Il y a aussi inévitablement une certaine petite panique.
Quand cela fait pas loin de neuf ans, c'est vrai que c'est beaucoup, plus de
huit ans, d'une claque, au gouvernement... Donc, quand cela ne fait pas loin de
neuf ans, on sait que les précédents au Québec - enfin, je
pars de M. Lesage -sont que, sauf erreur... Cela veut dire que depuis 1960,
donc un quart de siècle, il n'y a pas eu de gouvernement au
Québec qui a duré plus de deux mandats. Cela crée une
certaine panique par anticipation, surtout quand les sondages ne sont pas
nécessairement - je l'ai dit à bien des reprises, je ne m'en
cache pas déterminants dans notre sens. Il y a encore une marge, elle
peut - c'est déjà arrivé -disparaître; il y a encore
une marge, alors, tout cela crée un climat de... Enfin, je ne sais pas,
je ne suis pas l'ange des Arabes qui est capable de sonder les reins et les
coeurs, mais cela crée un climat interne qui, parfois, te donne le
goût d'être plutôt en tournée, plutôt à
Boston, même pour la fin de semaine à Cap Cod, que d'être
à Québec. D'accord?
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais demander
au premier ministre s'il croit, lui, aujourd'hui, être l'homme de la
situation.
M. Lévesque (Taillon): Ah non! Non! Je ne suis pas pour
commencer à répondre à une question comme cela. Cela est
piégé. Si je dis oui, je vais avoir l'air d'un
présomptueux, si je dis non, je vais avoir l'air d'un masochiste ou,
enfin, d'un...
M. de Bellefeuille: Parlons donc de constitution alors...
M. Lévesque (Taillon): D'accord. M. Rivest: Dites
peut-être.
M. de Bellefeuille: Ah! Alors, vous êtes d'accord avec M.
Landry.
M. Lévesque (Taillon): Je n'y ai pas pensé.
M. de Bellefeuille: Parlons donc de constitution, M. le
Président. En Chambre, l'autre jour, je vous ai posé une
question, M. le premier ministre, à laquelle vous avez répondu;
la question était: Pensez-vous que le Canada va consentir à
modifier substantiellement, d'une façon importante, une constitution
qu'il s'est donnée avec un certain mal et qu'il considère
aujourd'hui comme un monument historique? Vous m'avez répondu -
là, c'est dans mes propres mots -que c'est l'oeuvre de M. Trudeau, que
c'est surtout dans l'esprit de M. Trudeau et de ceux qui appuient M. Trudeau
que cette constitution est un monument. Je voudrais en toute humilité,
M. le Président, dire au premier ministre...
M. Lévesque (Taillon): Ce que j'ai essayé de
dire...
M. de Bellefeuille: Oui.
M. Lévesque (Taillon): ...c'était essentiellement
ceci: II me semble que cela ne prend pas la tête à Papineau pour
comprendre que c'est un peu vrai, surtout ceux qui l'ont vécu
jusqu'à la dernière minute en 1981-1982: C'est un monument
d'abord et avant tout à la fixation personnelle, obsessive, d'un homme
qui était M. Trudeau, oui.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne partage pas cet
avis. Je pense que M. Trudeau, à qui je serais le premier à
reprocher beaucoup de choses, y compris un certain esprit
antiquébécois qui était à la base d'une bonne
partie de son action et qui était absolument inacceptable... Il faut
quand même reconnaître que M. Trudeau a insufflé, disons,
aux Canadiens, à tous ceux qui se définissent avant tout comme
Canadiens, un nouveau patriotisme, un esprit nouveau qui est un fait accompli.
C'est une chose faite et, par conséquent, il me semble que ce sont
les Canadiens dans leur ensemble qui considèrent cette
constitution comme une chose extrêmement importante à laquelle il
ne faut pas porter atteinte et une étape historique.
M. Lévesque (Taillon): Je dois dire que je crois que le
député de Deux-Montagnes se trompe un peu dans le sens suivant.
Depuis John A. Macdonald, il y a toujours eu quelque chose comme le "Canadian
nationalism", le "Canadian patriotism", "the national policy", dans le temps de
Macdonald. Il n'y a rien de nouveau là. Cela prend des formes
régionalisées. Souvenez-vous. On parlait tantôt de la
dualité canadienne. Les deux éléments essentiels
qu'identifie la commission Pepin-Robarts, ce sont la dualité et le
régionalisme ou la diversité. Donc, c'est une espèce de
magma, le Canada, à ce point de vue. Tu as une identité
régionale aussi forte dans bien des coins, dans les Maritimes, en
particulier, et en Colombie britannique, aussi forte, sinon plus, à
l'occasion, que le "Canadian nationalism" ou tout ce que vous voudrez.
Mais ce que Trudeau a accompli pour eux qui traînait dans le
paysage depuis très longtemps, ce n'est pas tellement la constitution en
tant que telle, le "Canada Bill" en tant que tel, c'est le rapatriement.
Ça, par exemple, c'était une vieille idée fixe qui
traînait au Canada anglais, "repatriation", depuis aussi longtemps que
certaines de nos revendications, quant à nous. Il a fait cela, Dieu sait
comment. Il a dit aux Anglais, de toute façon: Bouchez-vous le nez, cela
sent mauvais. Bouchez-vous le nez et ramenez-la pareil. Ils ont accepté,
ce que j'ai trouvé un peu curieux de la part de la mère des
Parlements, mais, enfin, ils l'ont fait. Je pense que c'est ce qui est
intouchable, si vous voulez, au point de vue du Canada anglais. Il n'est plus
question de revenir avec une constitution dont on irait téter des
morceaux à Londres. Le contenu lui-même, je ne suis pas si
convaincu que cela.
M. de Bellefeuille: M. le Président, à ce sujet,
évidemment, nous sommes devant le secret ministériel. Le premier
ministre ne pourra pas nous répondre à moins qu'il ne change
d'idée et qu'il décide de saisir l'Assemblée nationale de
ses propositions constitutionnelles avant de les envoyer à Ottawa. Il
semble que ce ne sera pas le cas, mais si les propositions du gouvernement du
Québec contiennent des revendications substantielles au chapitre de la
reconnaissance du Québec comme société nationale distincte
et d'une reconnaissance qui ne soit pas seulement quelques paroles pieuses dans
le préambule, mais qui comporte des éléments substantiels,
que ce soit le principe d'un nouveau partage des pouvoirs, l'acceptation du
principe du droit à l'autodétermination - je ne sais ce que cela
pourrait être, mais quelque chose de vraiment substantiel. Est-ce que le
premier ministre qui a participé depuis cinq ans à cette ronde
constitutionnelle qui a mené au "Canada Bill" croit, sans parler du
gouvernement fédéral pour le moment, que les gouvernements des
autres provinces en nombre suffisant sont capables d'accepter ce genre de
reconnaissance du Québec?
M. Lévesque (Taillon): C'est à l'usage qu'on va
voir, parce que, honnêtement, je ne les ai pas sondés. Si je n'ai
pas encore mis ce que notre gouvernement va demander devant le premier ministre
fédéral, il est très évident que je n'étais
pas pour commencer à sonder à gauche et à droite à
des réunions de premiers ministres provinciaux. Ils évitent, en
général, très religieusement le sujet, parce que s'ils
abordent le sujet, à partir de là - je le dis comme je le sais -
ils regardent n'importe qui sauf moi. Autrement dit, c'est gênant, parce
qu'ils ont été quelque peu... Ils n'étaient pas
très fiers le matin où ils m'ont appris - parce qu'on a pris un
petit déjeuner ensemble et je dois vous dire qu'il a été
très bref - qu'ils avaient déchiré ce qu'on avait
signé ensemble quelques semaines avant, pendant la nuit. Pas besoin de
vous dire que le sujet n'est pas plaisant pour eux. Il ne serait pas plaisant
pour moi, sauf qu'ils savent sacrement bien ce qu'ils auraient par la
tête s'ils l'évoquaient. Alors, ils ne l'évoquent pas. Il
reste à voir comment ils réagiront. Je ne suis pas plus
prophète que vous.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, une dernière
question au premier ministre. Le premier ministre nous a dit avec une
fierté manifeste que le Québec est à l'avant-garde de
toute l'Amérique du Nord à certains égards.
M. Lévesque (Taillon): À certains
égards.
M. de Bellefeuille: Oui. Et en avant du reste du Canada...
M. Lévesque (Taillon): À beaucoup
d'égards.
M. de Bellefeuille: ...à beaucoup d'égards. Bon. Ce
sont des choses qui me réjouissent tout autant qu'elles peuvent
réjouir le premier ministre, tout à fait sans
arrière-pensée. Cependant, quelqu'un a déjà
signalé une autre manchette des journaux d'aujourd'hui à propos
du nombre des assistés
sociaux. Depuis quelques années, j'essaie de me tenir au courant
d'un des indicateurs sociaux les plus significatifs, soit l'évolution du
phénomène de la pauvreté au Québec. Comme le
premier ministre est sûrement au courant, la pauvreté au
Québec aujourd'hui... D'abord, première constatation, la
pauvreté au Québec est toujours un peu plus élevée
que la moyenne canadienne. Lorsqu'on dit que le Québec est en avant du
Canada, malheureusement, il est en avant du Canada aussi pour la
pauvreté. Il y a un écart entre le Québec et le Canada et
c'est au Québec que la pauvreté, de façon constante depuis
les six dernières années, sinon plus loin dans le temps, est la
plus élevée.
Deuxième constatation à propos de la pauvreté,
selon des données pancanadiennes du Conseil canadien du bien-être
- il y a un autre seuil de pauvreté qu'on utilise moins, celui qui a
été défini par le Sénat du Canada et qui est plus
exigeant encore -c'est que les femmes sont plus pauvres que les hommes,
c'est-à-dire qu'il y a un plus grand nombre de femmes qui sont pauvres
et les femmes qui sont pauvres sont plus pauvres que les hommes qui sont
pauvres. Cet écart entre les hommes et les femmes quant à la
pauvreté au Québec a eu tendance à s'accroître au
cours des six dernières années. Quand je parle des six
dernières années, c'est exprès, parce que les courbes
montrent un affaissement de la pauvreté et, ensuite, une
remontée. Alors, si on compare aujourd'hui à 1979, si on prend
l'année 1979 comme point de départ, la situation est plus grave
qu'elle ne l'était en 1979. Au cours des trois dernières
années, la pauvreté a remonté comme cela.
La question que je voudrais poser à ce sujet au premier ministre
est la suivante: Puisque l'évolution économico-technologique
actuelle, comme il l'a lui-même signalé, n'est pas
particulièrement créatrice d'emplois, quelles mesures son
gouvernement entend-il prendre pour stopper cette croissance de la
pauvreté au Québec et, en particulier, la croissance de la
pauvreté chez les femmes?
M. Lévesque (Taillon): Cela demanderait toute la
journée. Les questions du député tournent autour de ce
qu'on peut appeler à la fois l'économie et le social - c'est
socio-économique - et, entre nous, il y a à boire et à
manger là-dedans. Un exemple... Je n'essaie pas de l'escamoter, c'est
simplement pour essayer d'ajouter à ce que je disais un peu tout
à l'heure. Mais ne vous attendez pas à des recettes magiques, je
n'en connais pas. C'est vrai que le développement ultramoderne dont on a
absolument besoin -je rejoins ce que je disais tout à l'heure -pour
tenir notre place convenablement dans un monde très compétitif,
c'est vrai que cet investissement ultramoderne est nécessaire.
Autrement dit, tu n'as plus le droit d'avoir des usines de broche
à foin, tu n'as plus le droit d'avoir des bineries, même des
grandes usines qui sont devenues des bineries. Prenons le cas de Domtar
à Windsor. S'il n'y avait pas eu, finalement, après tous les
tiraillements qui l'ont précédée, cette décision -
et il fallait qu'elle soit conjointe, fédérale-provinciale - de
relancer - pas simplement de rafistoler, mais de relancer -Domtar à
Windsor, c'était fini, sauf que cela ne créera pas plus
d'emplois, fort probablement. Est-ce que cela en créera autant? Cela
reste è voir, mais cela va être beaucoup plus "olé
olé", si vous voulez, sur les marchés internationaux, en
particulier le marché américain. D'autant plus que les grandes
entreprises - et là, c'est encore plus frappant - ne sont pas les
grandes créatrices d'emplois. On en a besoin. Supposons que
l'économie, c'est comme une plaine. Tu as besoin d'avoir des montagnes
dans la plaine, parce que cela irrigue les autres. Les PME viennent au monde en
grand nombre à cause des grandes entreprises. (11 h 15)
Une tendance se développe un peu partout depuis plusieurs
années, selon laquelle une grande entreprise qui prétend tout
fabriquer, y compris les pièces dont elle a besoin, etc., finit par
devenir si monstrueusement compliquée qu'elle devient inefficace. Il y a
beaucoup de ces sous-contrats qui créent en soi des PME et, dans
l'ensemble de l'économie, ce sont les PME qui créent le plus
d'emplois. C'est vrai chez nous, c'est vrai aux États-Unis, c'est vrai
en Allemagne, c'est vrai partout dans le monde qu'on appelle
développé.
Alors, cela vous explique, par exemple, que le REAQ, le Régime
d'épargne-actions du Québec, a été quelque peu
resserré pour les grandes entreprises, assez sérieusement, pour
ne pas fabriquer des "blue chips" pour le plaisir de fabriquer des "blue chips"
et dire qu'on va sacrifier des fonds publics pour des entreprises qui n'en ont
pas besoin, passé une certaine taille. Par ailleurs, le REAQ va s'ouvrir
beaucoup plus vers les PME et de façon très systématique
pour créer de l'emploi dans le secteur où il s'en crée le
plus, de toute façon. C'est celui-là qu'il faut
privilégier.
Maintenant, j'ajoute que dans le budget - et cela rejoint la
pauvreté - on a redéfini les besoins essentiels. Les besoins
essentiels, tels que définis à peu près ou dessinés
par n'importe qui qui connaît cela, par rapport à tel ou tel
revenu, seront détaxés, deviendront le plancher à partir
duquel on peut taxer ou le plafond, si vous voulez, de ce qui est exclu de la
taxation, de l'impôt. Cela devrait aider quand même pas mal de
gens. C'est surtout adressé aux familles qui ont un enfant, deux
enfants, ce qui est à peu près le maximum à notre
époque. Cela, c'est pour
aider des familles à revenu très modeste surtout, de
façon qu'elles ne tombent pas dans la pauvreté.
Maintenant, comment définit-on la pauvreté? Cela, c'est un
sacré problème. Le député l'a indiqué
lui-même, on peut avoir une définition du conseil du
bien-être, on peut avoir une définition du fédéral,
on peut avoir une définition de telle autre agence. Il arrive parfois
qu'on définisse la pauvreté plutôt en fonction non pas des
besoins essentiels, mais en fonction du confort minimal; cela se fait. Je
voyais l'Oeuvre de la soupe à Vancouver récemment; on est sorti
de ces choses-là. Dans l'Ouest canadien, il y a des gens qui font encore
couramment la queue pour avoir de la soupe. Je n'ai pas de définition
absolue de la pauvreté, j'ai connu des femmes - ma mère en
était une -qui vivaient, encore il y a trois ou quatre ans, avec la
moitié de l'aide sociale, mais qui nous engueulaient parce qu'on leur
disait: Passé 80 ans, tu devrais prendre un taxi pour aller à ta
"moses" d'épicerie. Mais c'est du gaspillage. Je connais des gens qui
prennent le taxi et qui considèrent que c'est absolument scandaleux
qu'on ne paie pas le taxi qu'ils doivent prendre pour aller chercher leur
chèque d'assistance sociale. Alors, c'est quoi, la pauvreté
exactement?
Que ce soient les femmes surtout, je pense que c'est vrai. Cela
découle de pas mal de choses. Il y a encore un sacré écart
salarial entre les hommes et les femmes; il se rétrécit,
grâce au ciel, mais pas assez. Et il y a énormément de
femmes - on sait que la longévité féminine est plus
évidente que celle des hommes - qui sont veuves et qui n'ont pas de
revenu parce qu'elles font partie d'une génération où on
n'apprenait pas de métier ou de profession. Alors, elles doivent se
contenter du peu qu'il reste. Mais... (trois points de suspension) on fait ce
qu'on peutl
Le Président (M. Gagnon): Merci. Avant de vous
céder la parole, M. le chef de l'Opposition, je voudrais vous faire
remarquer qu'il nous reste pas tout à fait trois quarts d'heure pour
étudier deux programmes et six éléments. Si j'ai bien
compris, par la suite, pour ce qui relève du Secrétariat à
la jeunesse, ce sera le président du Conseil du trésor qui
viendra répondre aux questions.
M. Lévesque (Taillon): Non, l'Année internationale
de la jeunesse. Le Secrétariat à la jeunesse, en tant que tel,
c'est ici, si on veut.
Le Président (M. Gagnon): D'accord, l'Année
internationale de la jeunesse. M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Vu que le temps presse, je vais poser
quelques questions peut-être un peu rapidement au premier ministre afin
de donner une chance aux autres aussi de pouvoir participer. Je voudrais
d'abord, simplement et brièvement, poser une question sur la
péréquation. La demande initiale du Québec portait sur une
perte évaluée à...
M. Lévesque (Taillon): Trois quarts de million.
M. Levesque (Bonaventure): ...757 000 000 $ en cinq ans.
M. Lévesque (Taillon): ... Sur deux ans. En cinq ans,
parce que ce sont des trucs de cinq ans. Cela n'a pas été
négocié, cela a été imposé. Enfin, c'est une
période de cinq ans, mais ce sont les deux dernières
années où on mange la claque d'à peu près trois
quarts de million.
M. Levesque (Bonaventure): L'offre d'Ottawa, on s'en souvient,
était de 110 000 000 $ pour 1985-1986 et rien par la suite.
M. Lévesque (Taillon): Curieusement une offre sur une
année seulement de 110 000 00 $ pour le Québec pour 1985-1986,
mais une offre sur deux ans, assez substantielle merci, au Manitoba,
également pour 1986-1987, ce qui fait que le Manitoba en sortira gagnant
de 200 000 000 $ ou à peu près, et le Québec perdant -
faites le compte, 750 000 000 $ moins 110 000 000 $ - si cela ne change
pas.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre des Finances...
M. Lévesque (Taillon): Et ça, c'est
inqualifiable.
M. Levesque (Bonaventure): ...du Québec a prétendu,
à la suite des négociations qui avaient eu lieu entre le bureau
du premier ministre et le bureau du premier ministre du Canada, que les
discussions se poursuivaient avec une sorte d'espoir de règlement, mais
apparemment au moment du budget, il n'avait encore rien obtenu. Par la suite,
le ministre fédéral des Finances, M. Wilson, a
déclaré aux Communes qu'à ses yeux le dossier était
clos.
M. Lévesque (Taillon): M. Wilson avait déjà
dit cela deux ou trois fois avant de finir par aboutir à 110 000 000
$.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre
considère le dossier comme clos ou est-ce qu'il continue...
M. Lévesque (Taillon): Je considère que le minimum
de décence intergouvernementale
qui serait indiquée serait une correction dans le budget
fédéral - parce que c'est leur occasion - du 23 mai, ça
vient vite. Ce serait un minimum minimorum de décence, surtout
après les deux paiements et non pas un qui ont été
consentis au Manitoba. En effet, les deux seules victimes, c'étaient le
Québec qui perdait en deux ans, grâce à vos éminents
collègues, au point de vue du parti en tout cas, qu'étaient MM.
Trudeau et compagnie, 750 000 000 $ ou à peu près -on ne se
chicanera pas pour des grenailles -et le Manitoba avec 1 000 000 $ de plus ou 1
000 000 $ de moins sur cinq ans. Tous les autres gagnaient. Avec l'arrangement
qui a été fait pour le Manitoba, qui continue l'an prochain, je
pense qu'ils sortent gagnants des cinq ans è peu près à
l'échelle de 200 000 000 $ à 250 000 000 $. Le Québec
demeure perdant pour bien au-delà de 600 000 000 $.
Ils ont un budget le 23 mai, c'est bientôt. Je le dis ici - on
aura l'occasion de le faire répéter à M. Mulroney
puisqu'il doit être vu avant - Un minimum, vraiment un minimum,
d'équité, de décence dans un régime
fédéral où la péréquation a son rôle,
et on le connaît, serait qu'il fasse une correction pas mal plus
substantielle que, franchement, l'espèce de paiement symbolique qu'ils
nous ont envoyé. Cela s'appelle en anglais "adding insult to
injury".
M. Levesque (Bonaventure): II est évident, M. le
Président, que nous allons appuyer tous les efforts que le gouvernement
peut faire pour essayer d'avoir un traitement encore plus juste pour le
Québec. Tout progrès de ce côté-là sera
bienvenu de notre part, tout en rappelant au premier ministre que ses petites
incursions dans les relations du Parti libéral fédéral et
du Parti libéral du Québec sont peut-être "de la petite
politique" - entre guillemets - mais que cela ne correspond à aucune
réalité.
M. Lévesque (Taillon): C'est vrai que si on pouvait
toujours rester aussi stratosphéri-ques que vous autres en Chambre.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une question additionnelle sur la
péréquation. Une chose m'étonne. Il me semble que
traditionnellement quand on avait des demandes, on trouvait qu'on perdait de
l'argent. Je sais qu'à certains moments vous avez des relations
difficiles...
M. Lévesque (Taillon): II n'y en avait jamais assez.
M. Rivest: ...parfois avec la presse, mais il y a une chose qui
m'étonne. Comment se fait-il que les positions précises, les
demandes du Québec à ce sujet-là ne sont pas rendues
publiques, avec la réserve de courtoisie et de communication qui doit
être donnée? Par exemple, dans la péréquation, vous
aviez demandé une réduction de 2 %. C'est la position officielle
dans une note de Louis Bernard à Bernard Roy, le chef de cabinet de M.
Mulroney, le 22 février, on lit ceci: "C'est dans cet esprit que le
Québec pourrait accepter comme arrangement satisfaisant dans les
circonstances toute solution qui aurait comme résultat de limiter
à 2 % la diminution du total des paiements en vertu de la formule, etc."
C'est cela, 2 %, plus une ouverture du Québec à regarder la
possibilité pour le gouvernement fédéral d'ouvrir la loi
de 1982.
Ma question là-dessus est la suivante. Pourquoi, dans les
négociations constitutionnelles - on vous l'a reproché aussi par
une question du chef de l'Opposition -une fois qu'on a transmis la position du
Québec, selon l'usage, à notre interlocuteur, celle-ci n'est-elle
pas rendue publique pour que les gens puissent en prendre la mesure? C'est
facile de dire publiquement que c'est inacceptable, qu'on se fait avoir. Mais
il me semble qu'aux médias, à l'opinion publique, à
l'Assemblée nationale, au moment opportun, doit indiquer publiquement:
La demande du Québec, c'est cela. Après, on mesure si le beau
risque a été payant ou pas; très bien. Ne trouvez-vous pas
que, dans votre attitude... Je n'emploierai pas l'expression "cachotteries",
mais il me semble que le gouvernement, dans ses négociations avec
Ottawa, se sort un peu du côté de l'opinion publique.
Il y a un autre exemple que je pourrais donner. Dans le dossier de
Domtar, vous avez pris de l'argent à même les ententes et jamais
personne ne l'a dit.
M. Lévesque (Taillon): Probablement qu'on aurait dû,
mai3...
M. Rivest: Pourquoi c'est secret, cette affaire-là?
M. Lévesque (Taillon): Non, ce n'est pas secret, quand
même. C'est vrai que c'est apparu dans la discussion sur le budget de M.
Duhaime que l'Opposition ne s'était pas fait mourir à lire ce qui
forme un bloc, c'est-à-dire les annexes directes et le discours sur le
budget, sinon, on ne comprend rien. Mais il reste quand même - je me
souviens, on en avait parlé la veille que le discours soit envoyé
à l'impression - qu'on a inscrit dans le budget lui-même pour que
cela ne soit pas dans le discours - je peux me tromper, mais il me semble que
c'est cela - le tableau essentiel de la péréquation. Je m'en
souviens, on était trois ou quatre ensemble, avec M. Duhaime, cela a
été décidé la veille
même de la "finalisation" du budget dans le genre. Il s'en va
à l'impression.
M. Rivest: Je parle de la demande de 2 %.
M. Lévesque (Taillon): Écoutez! Laissez faire, une
chose à la fois, quand même!
Une voix: C'est cela, la question.
M. Rivest: C'est cela, la question. C'est ma chose.
Le Président (M. Gagnon): M. le premier ministre, vous
avez la parole.
M. Lévesque (Taillon): C'est cela, la question. Vos 2 %,
on y reviendra dans deux secondes. Je voudrais voir le texte, si vous y
tenez.
Dire que cela a été caché... On aurait
peut-être dû le faire avant, mais il n'y a pas de texte plus
complet, plus officiel, de la part d'un gouvernement, en ce qui concerne
l'argent, que le budget, chaque année. Or, dans le discours, dans le
corpus du discours sur le budget, se trouve, forcément avec des
commentaires, le tableau le plus illustratif de ce que j'ai expliqué il
y a quelques instants, c'est-à-dire: Voici la perte et voici le gain des
autres. C'est un graphique très clair et expliqué.
Cela dit - c'est à cela que doit se référer le
texte qu'a le député de Jean-Talon - on savait que les
fédéraux sont poignés avec un déficit de plus de 35
000 000 000 $, 35 500 000 000 $, je pense, 35 600 000 000 $, quelque chose
comme cela. Autrement dit, ils sont en faillite technique. Si ce n'était
d'une espèce de préférence du monde... Je ne sais pas, on
est en Amérique du Nord anglophone; les anglophones, dans les coins
où ils sont dominants, ne peuvent pas - vous savez, il y a presque une
sorte de préjugé qu'on pourrait appeler "culturo-bancaire" -
être dans le même état que, disons, de pauvres pays
d'Amérique latine ou d'Afrique. Mais, techniquement, juste à
regarder ce que cela représente, multipliez 35 000 000 000 $ par 10,
cela fait 350 000 000 000 $. Ce serait le déficit que les
États-Unis auraient s'ils avaient un déficit comparable à
celui du Canada. Si les États-Unis avaient un déficit de 350 000
000 000 $, ce n'est pas compliqué - les Américains sont
peut-être plus vite pour réagir que les Canadiens - ils diraient:
Ce n'est pas possible, on n'est plus dans un monde civilisé, on n'est
plus dans un monde administré.
Alors, on n'était pas pour leur dire: On veut les 750 000 000 $
à la "cenne". On leur a dit: Faites un effort substantiel en fonction de
l'équité; quant à nous, on est prêt à ce que
l'effort ne soit pas total en fonction de vos damnés problèmes.
C'est probablement à cela que se référaient les 2 %.
M. Rivest: C'est cela. Mais pourquoi cela n'est-il pas rendu
public à un moment donné?
M. Lévesque (Taillon): Écoutezl
M. Rivest: Pourquoi le public n'a-t-il pas le droit de le
savoir?
M. Lévesque (Taillon): Je vous dis bien franchement qu'on
n'en a pas discuté. Non, je ne vois pas de sacrée raison pour
laquelle cela n'aurait pas été rendu public. Si vous voulez, on
peut bien vous en déposer l'essentiel rapidement, parce qu'il n'y a pas
tellement de pièces là-dedans.
M. Rivest: Non. (11 h 30)
M. Lévesque (Taillon): M. Mulroney n'est pas là
depuis très longtemps. On leur a donné le temps de s'installer,
etc. Il a dû y avoir trois, quatre communications. Elles peuvent
être rendues publiques. Cela dit les mêmes choses.
M. Rivest: Le point, M. le premier ministre - vous permettez -
c'est que l'opinion publique...
M. Lévesque (Taillon): Si cela avait été
demandé, je suis sûr que cela aurait été rendu
public rapidement. Je peux le faire motu proprio.
M. Rivest: Je pense que c'est une information essentielle pour
quelqu'un qui suit les débats: qu'il sache que le Québec demande
ceci, en voulant être raisonnable, selon l'analyse qu'a faite le premier
ministre, laquelle est juste et se reflète très bien dans la note
de M. Bernard. Il me semble que l'opinion publique a le droit de savoir cela.
Cela évite les fuites. Même chose pour le Québec, en tout
cas...
M. Lévesque (Taillon): II n'y a pas eu de fuite, mais je
n'aurais pas été contre. Il ne faut pas oublier, non plus, qu'en
même temps on était obligé d'essayer de "dealer", excusez
l'expression, la question de Domtar parce que c'étaient des emplois
immédiats.
M. Rivest: C'était une autre affaire.
M. Lévesque (Taillon): Non, mais c'était en
même temps. C'était fédéral-provincial. Il y avait
Pétromont.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau. Après, je reconnaîtrai le chef de l'Opposition.
M. Blouin: M. le premier ministre a évoqué
très rapidement le dossier du Secrétariat à la jeunesse
dans votre...
Le Président (M. Gagnon): On y reviendra.
M. Blouin: Non.
Secrétariat à la jeunesse
M. Lévesque (Taillon): M. le député araison parce que tout à l'heure, si le temps le permet, c'est
strictement l'Année internationale de la jeunesse.
M. Blouin: Je sais que j'ai entendu des commentaires, notamment,
d'un éminent député de l'Opposition qui me disait il y a
quelques mois que c'était un organisme moribond, si j'ai bonne
mémoire. J'aimerais, M. le premier ministre, compte tenu des
crédits qui sont impliqués dans le dossier du Secrétariat
à la jeunesse, que vous m'indiquiez d'abord si c'est un organisme qui
sert aux jeunes et de quelle façon, qui y fait appel et quels sont les
montants qui sont engagés dans ce dossier.
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse parce qu'on a
été obligé de faire un petit va-et-vient; l'essentiel de
la question, c'est quoi?
M. Blouin: L'essentiel, c'est de savoir, compte tenu des budgets
qui y sont assignés, si c'est le cas, de quelle façon les jeunes
s'en servent, qui y fait appel principalement, et quels genres de services cela
rend à la jeunesse du Québec.
Une voix: Une belle petite question plantée!
M. Lévesque (Taillon): Vous avez des jeunes, vous autres
aussi, dans votre mouvance, dans votre entourage, amis d'en face. C'est quand
même assez intéressant de savoir que, dans les deux centrales, ce
qu'on appelle les centres de services pour les jeunes, qui ont
été déménagées sur la rue, un peu comme on
fait pour les universités dans les villes, de façon que ce soit
accessible, que cela n'ait pas l'air caché, il y a 1000 appels par jour
sur les lignes régulières à Montréal et à
Québec. Cela donne une idée, en tout cas, du
déclenchement. Il y a 100 appels par jour sur la ligne Watt,
c'est-à-dire la ligne de partout. Cela concerne l'année
internationale essentiellement; cela ne concerne pas les programmes
réguliers. Cela donne une idée. Et 250 jeunes par jour se
présentent, depuis un bon nombre de semaines, au Secrétariat
à la jeunesse pour obtenir des renseignements, des services ou le
pilotage des dossiers, ce qui est normal. On peut dire que ces données
peuvent se transposer à l'échelle du Québec mutatis
mutandis. Québec et Montréal, évidemment, c'est plus de
monde.
Pour ce qui est de ce que cela donne, ça va prendre une seconde.
Tiens, pourquoi pas? Cela va vous permettre de faire connaissance avec lui. Je
cède la parole à M. Guy Rousset, qui est directeur du
Secrétariat à la jeunesse. On laisse de côté
l'année internationale. D'accord?
M. Rousset (Guy): Ce que cela donne couramment, c'est que les
organismes de jeunes nous appellent ou viennent nous voir pour nous demander de
les aiguiller dans la machine gouvernementale pour les aider à
présenter leur projet et pour les aider à pénétrer
cette machine qui, pour eux, au départ, est un peu compliquée.
Juste pour faire une parenthèse sur l'année internationale quand
même, parce que c'est un volume d'activités considérable,
on a reçu, au 15 avril...
M. Lévesque (Taillon): Ne parlez pas trop fort, j'ai de la
misère à suivre.
M. Rousset: ...de cette année...
M. Lévesque (Taillon): On se dirait au Conseil des
ministres.
M. Rousset: ...pour des demandes de subventions dans le cadre de
l'année internationale, plus de 4000 projets, venant de partout dans
tout le Québec, de jeunes et d'organismes de jeunes qui veulent
bâtir un projet à partir d'idées sur l'année
internationale de la jeunesse. C'est un volume d'activités très
considérable et qui a été possible par l'implantation en
région d'équipes régionales qui sont nées au mois
de juillet de l'année dernière et qui commencent à avoir
un rendement très important, c'est-à-dire que les jeunes ont de
plus en plus ce réflexe de venir au Secrétariat à la
jeunesse, à la fois pour donner leur perception sur la façon dont
le gouvernement entreprend ses progammes, pour aider celui-ci à les
améliorer et aussi pour faire en sorte que le secrétariat puisse
piloter les dossiers, les projets que les jeunes ont à
présenter.
M. Lévesque (Taillon): Quel est le résultat
chiffré?
M. Rousset: Les demandes qui sont faites au Secrétariat
à la jeunesse?
M. Lévesque (Taillon): Non, combien il y en a que cela a
aidés à se replacer, ceux qui en avaient besoin, au fond.
M. Blouin: Combien de jeunes ont utilisé ses services et
pourquoi
principalement ils y ont fait appel?
M. Rousset: On peut dire que plusieurs dizaines de milliers de
jeunes sont passés par le Secrétariat à la jeunesse pour
que celui-ci les aide à bénéficier des différents
programmes gouvernementaux et les aiguille dans les différents
ministères pour différentes informations,
références et du soutien technique, parce que le
Secrétariat à la jeunesse offre aux organismes de jeunes du
soutien technique comme du secrétariat, le prêt de salles de
réunion et toutes formes de services qu'un organisme gouvernemental peut
offrir à des jeunes et à des organismes de jeunes qui n'ont pas
les ressources nécessaires.
M. Lévesque (Taillon): M. Rousset, excusez, ce que veut M.
Blouin... Écoutez-moi une seconde, si vous voulez, M.. Blouin. Il faut
expliquer une chose: le seul programme que le Secrétariat à la
jeunesse a mis au monde, c'est Jeunes volontaires. Le reste, c'était de
la coordination et c'était d'aiguiller les gens, et c'est encore cela.
Le programme Jeunes volontaires qui a été accueilli avec beaucoup
de scepticisme, sinon de cynisme au début - parce que cela a pris un
certain temps - est maintenant rendu au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, qui est devenu son ministère de tutelle. Si
le secrétariat commence à donner des subventions et à
bâtir des programmes, cela va devenir une autre bureaucratie; on ne veut
pas cela.
Seulement, je pense que le coeur de votre question - M. Rousset peut
sûrement y répondre - si j'ai bien compris, c'est: Combien de
jeunes, non pas engagés par le Secrétariat à la jeunesse -
ce n'est pas son job - ont profité des programmes qui leur sont
offerts?
M. Rousset: Les programmes gouvernementaux pour les jeunes?
M. Lévesque (Taillon): Oui, c'est cela, pour les
jeunes.
M. Rousset: II y a différents programmes. Il y a le
programme de l'Année internationale de la jeunesse. On peut dire que le
programme de l'Année internationale de la jeunesse va profiter
indirectement à plusieurs centaines de milliers de jeunes, en ce sens
qu'environ 5000 jeunes vont directement bénéficier des
subventions et des retombées. Les jeunes qui vont participer de
façon active au programme de l'année internationale, on peut les
chiffrer à plusieurs centaines de milliers.
M. Blouin: Les jeunes qui font appel aux services du
Secrétariat à la jeunesse et qui sont en région, ils
procèdent comment pour contacter le Secrétariat à la
jeunesse?
M. Rousset: Il y a toutes sortes de moyens. D'abord, le
Secrétariat à la jeunesse, en région, est
hébergé dans les bureaux de Communication-Québec. Nos
responsables régionaux parcourent le Québec à la rencontre
des organismes de jeunes. Nous sommes en train, à l'heure actuelle, de
faire un répertoire des 2000 organismes de jeunes les plus importants au
Québec. Le répertoire va sortir ce mois-ci. Par ce biais, nos
responsables régionaux ont une fonction d'animation sur le terrain et
une fonction de permettre aux jeunes d'aller à l'intérieur de la
machine gouvernementale, à la fois en région et à la fois
à Québec.
M. Blouin: Le plus souvent - si je comprends bien ce que vous
expliquez - c'est ce contact initial qui permet aux jeunes de se diriger vers
les différents programmes, notamment les programmes à consonance
économique?
M. Rousset: Pouvez-vous répéter votre question?
M. Blouin: Je dis: Si je comprends bien vos explications, c'est
ce premier contact qui permet aux jeunes, ensuite, de bénéficier
d'un certain nombre de programmes, notamment, celui d'aide aux jeunes
investisseurs.
M. Rousset: Tout à fait. À partir d'un article dans
un journal, à partir d'une information à la
télévision, les jeunes, instantanément, viennent au
Secrétariat à la jeunesse, en région, à
Québec ou à Montréal, se renseigner sur le nouveau
programme, sur le programme dont ils peuvent bénéficier.
M. Blouin: Merci.
Le Président (M. Gagnon): Cela va? M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: M. le Président, sur le même sujet. Dans
le cadre de l'Année internationale de la jeunesse, il y avait un budget
de 10 000 000 $, je crois, pour des programmes.
M. Rousset: 9 400 000 $.
M. Dauphin: À ma connaissance, les organismes de jeunes
avaient jusqu'au 15 avril pour présenter leurs demandes de subventions.
Jusqu'à maintenant, sur les 9 400 000 $, est-ce que beaucoup d'argent
est engagé? Où est-ce que c'est rendu?
M. Rousset: Sur les 9 400 000 $, on peut dire que d'ici le
début du mois de juin, l'ensemble du programme de subventions aura
été dépensé en subventions directes aux
organismes de jeunes.
M. Lévesque (Taillon): Si vous voulez entrer dans plus de
détails pour l'année internationale, vu que cela passe à
la fois par le Trésor et par un ministre - parce que c'est à lui
que j'ai confié la responsabilité -M. Clair, sera ici...
Le Président (M. Gagnon): Une question de M. le chef de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voudrais
poser une question au premier ministre qui s'apprête à partir pour
Paris dans quelques jours. Je comprends que c'est dans le cadre des visites
annuelles que s'échangent le premier ministre de la France et le premier
ministre du Québec; cela me semble assez institutionnalisé comme
procédure.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que c'est bon.
Voyage du premier ministre en France
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre pourrait-il nous
dire quelle sera la durée de ce voyage? Pourrait-il nous dire quelle
délégation fera partie de ce voyage? Et quels sont les buts plus
précis de ce voyage-là, cette année?
M. Lévesque (Taillon): D'abord, cela peut avoir l'air
d'être venu très vite, parce que M. Fabius est venu il y a
quelques mois seulement. Mais c'est en juin ou juillet de l'an dernier qu'on
s'attendait à avoir, comme c'est normal, à peu près un an
plus tard, la visite du premier ministre français, sauf que M. Mauroy a
perdu le poste de premier ministre. Il a été changé en
faveur de M. Fabius; alors, il y a eu un délai. Normalement, cela aurait
été en juin. Alors, vous voyez, on est en mai. Mais comme cela
s'est fait pendant l'été et que cela a pris un certain temps, M.
Fabius est arrivé avant les premières neiges ici, vers octobre ou
novembre, je pense, évidemment, c'est seulement six ou sept mois plus
tard. C'est quand même pour rétablir cette idée que c'est
annuel.
C'est, d'ailleurs, très bon, parce que l'exemple entraîne.
Je ne dis pas que c'est parce qu'il nous copie, mais le gouverneur Cuomo, par
exemple, a dit: "Why don't we do it?" On a commencé à
établir des contacts. J'espère que cela va rester une tradition,
c'est notre plus gros client, le plus gros État américain, celui
avec lequel on a le plus de contact. Je suis allé à Albany
récemment lui rendre la visite qu'il avait faite à Québec
l'an dernier. Comme par hasard, l'autre jour à Boston, le gouverneur
Dukakis du Massachusetts propose lui-même l'idée, si j'ai
bonne mémoire - Dieu sait qu'on l'a endossée - qu'une fois par
année on devrait se voir alternativement. Cela n'empêche pas de se
voir à d'autres moments.
Donc, c'est très bon, parce qu'on sait que c'est toujours
beaucoup sur la base de relations personnelles, pourvu qu'elles soient bonnes,
que s'établissent toute une série de retombées. Un exemple
très simple: il y a une dizaine d'hommes d'affaires des principales
entreprises qui étaient représentées par leurs dirigeants
au Japon, en Chine - en Corée c'était pour une journée -
lorsqu'on y est allé récemment. Avec un certain scepticisme au
début, mais en sortant, quand on s'est ramassé à Hong
Kong, après la Chine, leur opinion unanime, c'était: II faudrait
absolument recommencer cela régulièrement. J'ai dit:
Écoutez, 24 heures de décalage en 15 jours, on va se reposer un
peu, quand même.
Parce que la présence politique dans certains pays ouvre lesportes. Il y a beaucoup de cela dans les voyages - je reviens à la
question du chef de l'Opposition - en France qui, souvent, se prolongent en
Belgique, l'an dernier au Jura français, parce que cela amène des
retombées. Cela ne se chiffre pas, mais cela amène des
retombées.
Maintenant, il y a, évidemment, parmi les choses qu'on va
examiner très sérieusement, ce qui peut être conjoint du
côté de l'Année internationale de la jeunesse. Il y a des
choses encore qui peuvent avoir beaucoup à la fois de - excusez
l'expression - "sex appeal" et de rendement parmi les choses qu'on peut faire
à l'échelle francophone extérieure ou intérieure,
donnant donnant. Il y a également une série de dossiers que je
dois examiner - je regrette, parce que je n'ai pas pu le faire - demain ou
après-demain au plus tard, parce qu'on a la réunion annuelle des
délégués du Québec à l'étranger qui a
lieu ici à Québec en ce moment. Alors, on doit faire un briefing,
faire le point, sur la façon dont cela se présente d'ici à
mercredi. J'aurai peut-être plus d'informations à donner.
M. Lévesque (Bonaventure): Qui va faire partie de la
délégation? (11 h 45)
M. Lévesque (Taillon): Normalement, votre serviteur - je
suis bien obligé de me nommer en premier puisque c'est une visite de
premier ministre - et le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
M. Brassard. Au point de vue du gouvernement, on ne peut pas en ajouter
beaucoup parce qu'on n'a pas une énorme majorité en Chambre,
à moins que vous ne nous offriez généreusement et
convenablement de "pairer" pour ce voyage. Vous savez que c'est important.
Qu'est-ce que vous en dites?
M. Levesque (Bonaventure): Continuez. Cela va bien.
M. Lévesque (Taillon): Et aussi, normalement, le ministre
des Relations internationales et du Commerce extérieur.
M. Rivest: Malgré tout, peut-être.
M. Lévesque (Taillon): Je vais les lire, les damnés
journaux. Je ne les ai pas lus. Mme Lalonde, ministre
déléguée à la Condition féminine...
M. Rivest: Oui, c'est une bonne idée.
M. Lévesque (Taillon): ...devait venir. Je garderais
vaguement l'espoir de la reconvaincre, mais, apparemment, il y a eu -ce qui est
assez normal - des pressions dans le comté où vous savez qu'elle
est occupée, que même une journée - c'est vrai qu'une
journée, cela veut dire deux décalages horaires - ce ne serait
pas bon. Pourtant, il y a des gens qui pensent que c'est bon d'être
à l'étranger à l'occasion, même pour publier un
livre, par exemple.
M. Levesque (Bonaventure): C'est tout pour la
délégation. Est-ce qu'elle comporte des fonctionnaires aussi?
M. Lévesque (Taillon): Ah oui! Mais, au maximum, une
douzaine, je pense, parce que c'est une journée et demie, le voyage
officiel. On ne veut pas quand même multiplier les choses inutilement,
mais il faut quand même un certain nombre...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre pense
à une visite à l'UNESCO?
M. Lévesque (Taillon): Non, mais j'aurai des
renseignements, quand même.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Là-dessus, vous ne trouvez pas, puisqu'on parle
de l'UNESCO et de Michaud... Il est responsable du Palais des congrès
et, voilà, il part six mois. Cela se fait couramment? Vous ne trouvez
pas cela saugrenu? Il avait peut-être un mandat important au Palais des
congrès.
M. Lévesque (Taillon): Non seulement...
M. Rivest: Est-ce qu'il doit réintégrer ses
fonctions après? Je comprends qu'il a eu un congé sans solde ou
quelque chose comme cela.
M. Lévesque (Taillon): ...un mandat important, mais je
vais être obligé de vérifier de quelle façon il a
organisé l'intérim, parce que je lui avais bien dit -c'est normal
parce qu'il m'avait évoqué cette possibilité d'être
engagé, genre occasionnel, par l'UNESCO pour voir s'il pouvait
être utile du côté des relations publiques; ils en ont
sacrement besoin par les temps qui courent - Je ne sais pas, je vais
vérifier si c'est possible. Un congé sans solde, cela peut
exister, mais il faudrait être bien sûr que le palais n'est pas
laissé à n'importe qui, n'importe comment. Mais je vais le
vérifier.
M. Levesque (Bonaventure): Autrement dit, le premier ministre
n'est pas au courant des conditions qui ont entouré ce
déménagement?
M. Lévesque (Taillon): Oui, je suis au courant puisque je
savais de quoi il s'agissait. C'est un congé sans solde. Apparemment, ce
qui a été décidé - parce que j'étais en
tournée au moment où M. Michaud était en vacances... Le
secrétaire général doit savoir cela.
Une voix: II devait être bien surpris quand il a vu passer
cela.
M. Lévesque (Taillon): Cela a été
vérifié pendant que j'étais hors des bureaux et comme cela
coïncidait avec un bout de vacances, l'arrangement qui a été
pris, c'est durant six mois, remplacé par intérim par le
vice-président et, si cela devait se prolonger, remplacé de
façon permanente au Palais des congrès.
Recours au fonds de suppléance des
Finances
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'aurais une
question d'ordre un peu plus technique. On me dit que le Conseil
exécutif a fréquemment recours au fonds de suppléance du
ministère des Finances. Évidemment, cela lui donne
peut-être plus de flexibilité, mais, en même temps, il
évite l'essentiel du processus de l'étude des crédits.
M. Lévesque (Taillon): Quels crédits?
M. Levesque (Bonaventure): En 1984-1985, par exemple - je vais
être plus précis - le ministère du Conseil exécutif
a recouru 22 fois au fonds de suppléance. C'est bien davantage que tout
autre ministère. Dans les programmes que nous étudions
présentement, les programmes 1 et 2, on y a eu recours pour 60 000 $
pour des rénovations mineures à la résidence du
lieutenant-gouverneur; 61 000 $ pour une demande d'octroi de deux
employés supplémentaires et 40 000 $ pour la surveillance par une
agence de sécurité de la résidence.
M. Lévesque (Taillon): La résidence du
lieutenant-gouverneur?
M. Levesque (Bonaventure): Oui. Ensuite, dans l'autre programme,
le financement de la commission d'étude sur l'Outaouais, la commission
Robidas, 190 000 $ et les dépenses de fonctionnement de deux nouveaux
cabinets ministériels, 124 600 $.
M. Rivest: Mon Dieu!
M. Levesque (Bonaventure); Par exemple, les dépenses en
personnel de deux nouveaux cabinets ministériels, 1 780 000 $. Cela fait
des sommes assez considérables pour des cas qui sont normalement
exceptionnels. J'en ai toute une liste ici ce qui fait qu'au programme 1 on
aurait eu recours à ce fonds de suppléance pour 161 330 $ et, au
programme 2, 2 302 815 $, sans compter qu'il y a eu deux recours additionnels
au projet Archipel, au programme 5. Cela fait pas mal d'argent. Est-ce que
c'était impossible de procéder comme dans les autres
ministères?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que tout le monde fait
appel, à l'occasion, au fonds de suppléance. Ce n'est pas pour
rien qu'il s'appelle de suppléance. Notre budget au Conseil
exécutif est très serré, il est calibré très
serré, malgré qu'on ait réussi cette année, comme
depuis trois ou quatre ans, à avoir des crédits
périmés. Donc, on les comprime le plus possible. Seulement, il y
a des imprévus qui se produisent et qui ne sont pas couverts.
M. Levesque (Bonaventure): Non.
M. Lévesque (Taillon): Par conséquent, il faut bien
aller chercher l'argent quelque part, si c'est nécessaire.
Peut-être que M. Gilles Tremblay, qui est chef de cabinet adjoint du
côté administratif, pourrait vous expliquer la plupart de ces cas.
Allez-y donc, M. Tremblay.
M. Tremblay (Gilles-R.): Évidemment, la nature même
du Conseil exécutif fait que certaines choses qui n'avaient pas
été prévues initialement dans le budget et qui se
développent en cours d'année nécessitent des
crédits additionnels. Seulement à titre d'exemple, lorsqu'il y a
eu - le chef de l'Opposition y faisait allusion tout à l'heure -une
réduction des effectifs au bureau du lieutenant-gouverneur, il faut
voir, comme c'est inscrit dans le livre des crédits, que ces
gens-là étaient des employés permanents. Étant
donné que les effectifs ont été réduits de quinze
à sept personnes comme employés permanents qui restaient autour
du bureau du lieutenant-gouverneur, il y a d'autres employés permanents
qui ont dû être mis en disponibilité. Ces gens-là,
évidemment, d'ici à ce qu'ils soient placés à des
postes vacants ailleurs dans la fonction publique du Québec,
nécessitaient - et, là, il y a eu un emprunt au fonds de
suppléance - des crédits en attendant que le statut de ces
employés permanents soit réglé. C'est un exemple.
M. Lévesque (Taillon): Pour les porter.
M. Tremblay (Gilles-R.): Il y a, évidemment, souvent en
cours d'année financière, des modifications. On a vu qu'il y a eu
l'abolition de certains ministères, celui des Travaux publics, la
création de la Société immobilière. Cela a fait en
sorte, toujours au bureau du lieutenant-gouverneur, qu'il a fallu que le
ministère assume chez nous, par exemple, le gardiennage pour la
résidence, assume des dépenses qui n'étaient pas
prévues. Au programme 2, si on sort du bureau du lieutenant-gouverneur,
encore là, en cours d'année, le premier ministre peut prendre des
décisions qui font en sorte qu'il y a des modifications dans la
constitution du Conseil des ministres. II y a aussi la nomination de certains
ministres. Comme vous le savez, les ministres délégués
sont rattachés au ministère du Conseil exécutif. Alors, il
faut prévoir, lorsque cela se fait en cours d'année, les
crédits nécessaires pour le cabinet du ministre
délégué et, également, parfois pour une nouvelle
structure de secrétariat qui peut s'ajouter.
M. Lévesque (Taillon): Ou la commission Robidas.
M. Tremblay (Gilles-R.): Voilà! La commission Robidas sur
l'Outaouais.
M. Levesque (Bonaventure): Mais lorsqu'on parle de
dépenses en personnel de deux nouveaux cabinets ministériels,
est-ce qu'il y a eu tellement plus de cabinets ministériels ou s'il y a
eu simplement des réaménagements? Pourquoi ajouter ainsi aux
dépenses publiques?
M. Tremblay (Gilles-R.): Par rapport au budget 1984-1985, il y a
eu quand même trois ajouts à l'équipe ministérielle,
c'est-à-dire que, si vous prenez l'ancienne équipe
ministérielle, y compris M. Lévesque - sauf erreur - on
était 26; il y avait 26 membres du Conseil des ministres et maintenant
il y en a 29. Ces trois ajouts se reflètent, évidemment, au
niveau des crédits et expliquent les emprunts au fonds de
suppléance faits au cours de l'année financière
1984-1985.
M. Lévesque (Taillon): D'accord? M. Levesque
(Bonaventure): Cela va.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon.
M. Payne: J'aimerais revenir à la question de la jeunesse.
Parmi les Québécois les plus aptes à
bénéficier des programmes du gouvernement du Québec, dans
le cadre de l'année internationale de la jeunesse, il y a la population
amérindienne et inuit. On sait qu'il y a 63 % de cette population qui a
moins de 30 ans.
M. Lévesque (Taillon): Mais, David, est-ce que c'est
à propos de l'Année internationale?
M. Payne: Oui.
M. Lévesque (Taillon): C'est que, dans quelques minutes,
je pense, M. Clair va répondre à vos questions, à toutes
les questions qui touchent l'année internationale. So...
M. Payne: Ah bon!
M. Lévesque (Taillon): D'accord?
M. Payne: D'accord.
M. Lévesque (Taillon): Si vous voulez attendre un tout
petit peu...
M. Payne: Cela marche.
M. Lévesque (Taillon): ...vers 12 heures ou 12 h 10, je ne
sais pas.
Le Président (M. Gagnon): Cela va? M. le
député de Marquette.
M. Dauphin: Oui, merci, M. le Président. Avant de
terminer, sur un autre sujet, hier soir, je visionnais un film sur le
tremblement de terre au Chili il y a deux mois. Je m'excuse si cela
déborde un peu les crédits, c'est parce qu'il y a plusieurs
membres de la communauté chilienne de Montréal qui sont ici avec
nous et je leur ai dit que je vous poserais la question. Effectivement, il y a
eu plusieurs morts, des centaines de blessés et 200 000 personnes sans
abri. Le gouvernement du Québec a offert un chèque de 17 000 $
à Développement et Paix pour venir en aide aux sinistrés.
Le montant me semble minime. Ma question est bien simple: Comme chef du
gouvernement, seriez-vous prêt à recommander à votre
gouvernement d'accorder une aide plus substantielle au peuple chilien, comme on
l'a vu dans d'autres cas, d'ailleurs?
M. Lévesque (Taillon): Oui, sûrement. La
réponse est oui. Mais j'irais plus loin que cela. Il y a eu une
espèce de mobilisation presque instinctive, si on veut... C'est l'un des
rares - je dirais assez rare - moments où la télévision
est utile socialement. Les images provoquent.
Une voix: Ah?
M. Lévesque (Taillon): Mais non. Écoutez, il y a un
proverbe chinois qui dit qu'une image vaut mille mots. Les images provoquent et
cela secoue. Il y a eu une sorte de mobilisation autour des images de
l'Ethiopie, on s'en souvient, il y a un certain nombre de mois. L'idée
était venue - il faut rendre à César ce qui est à
César - de Mme Harel, qui était alors au Conseil des ministres,
d'établir pour cette fois une idée très simple qui serait
- je me souviens que certains, plus précautionneux en ce qui concerne
les fonds publics, cela s'explique, étaient un peu inquiets, mais cela a
très bien tourné - que le gouvernement donne dans ce cas
exactement le même montant, ce qu'on appelle en anglais "matching funds",
que ce que non seulement les organismes internationaux comme OXFAM, etc., mais
aussi des organismes "business" - parce qu'il y a eu une organisation où
il y avait le Mouvement Desjardins et d'autres entreprises que tous ces gens
ensemble, ici, au Québec, auront recueilli; le gouvernement doublera.
L'Ethiopie est un cas, le Chili en est un autre. Le Sahël tout entier en
est un autre, en Afrique. Si cela pouvait devenir une tradition, ce serait
l'idéal.
Vous savez, on ne dépense pas autant que ce qui a
déjà été recommandé. Même si on tient
compte de la contribution québécoise à l'ACDI et à
des organismes comme cela, parce que l'argent québécois va
là aussi, on ne dépense pas la proportion minimale
recommandée pour tenir compte de la faim dans le monde et des
catastrophes qui arrivent ici et là pendant que nous, à toutes
fins utiles, sommes à l'abri. Si on pouvait en faire une
tradition...
Vous parlez du Chili. On ne le souhaite pas, mais, demain, ce peut
être n'importe où, en Asie, dans un autre coin de l'Afrique ou au
Moyen Orient. Vous devriez, il me semble en tout cas, être du même
avis et pousser cela de façon que cela devienne une tradition chaque
année. On a, pour nos propres gens qui en ont besoin, la campagne
annuelle de Centraide. On pourrait avoir un Centraide international modeste,
mais permanent et qui, chaque année, ramasserait des fonds et il y
aurait des fonds équivalents de la part du gouvernement. Je vous jure
qu'on ne dépasserait pas nos moyens. En tout cas, pour revenir à
votre question, la réponse est oui.
M. Dauphin: D'accord, merci.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: Avant de passer au ministre Clair, une dernière
question, M. le premier ministre. Est-ce qu'au secrétariat du Conseil
exécutif - je comprends qu'il y a des projets ad hoc comme la
privatisation de la Société des alcools, etc. - il y a encore des
gens qui regardent la question de l'évolution des sociétés
d'État, la performance des sociétés d'État,
etc.?
M. Lévesque (Taillon): Voulez-vous répéter,
s'il vous plaît?
M. Rivest: Est-ce qu'il y a encore, au secrétariat du
Conseil exécutif, quelqu'un, soit le secrétaire
général ou l'un de ses collaborateurs, qui surveille ou qui
réunit de temps à autre l'ensemble des sociétés
d'État pour voir leur évolution, leur performance? Est-ce que
cela existe encore? Il y avait une politique qui avait été
adoptée, il y avait des critères, il y avait des réunions.
Est-ce que cela existe encore, cette préoccupation?
M. Lévesque (Taillon): Cela s'est fait, mais cela ne se
fait plus parce que cela a été passé essentiellement au
Comité permanent du développement économique et aussi,
conjointement, au ministère des Finances parce que c'est le ministre des
Finances qui préside le comité. On ne voit pas pourquoi on
dédoublerait. D'accord?
M. Rivest: D'accord. Pourvu que la chose se fasse, de toute
façon, peu importe l'endroit. D'accord.
M. Lévesque (Taillon): Ah oui! Cela va? Merci.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je vous en prie.
Le Président (M. Gagnon): Nous allons suspendre les
travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 12 h 2)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plattl
Nous poursuivons l'étude des crédits du Conseil
exécutif avec le président du Conseil du trésor,
responsable de l'Année internationale de la jeunesse. M. le
député de Jean-Talon et, après, ce sera le
député de Vachon qui avait une question.
Année internationale de la jeunesse
M. Rivest: Brièvement. J'en ai déjà
parlé au ministre et je veux simplement lui fournir l'occasion de faire
le point concernant révolution des budgets. Déjà, ses
collaborateurs ont fourni certains éléments de réponse. Je
voudrais également parler, bien sûr, parce qu'on en parle
beaucoup, du projet ONET. Où est-ce que cela en est rendu? Cependant, je
trouve qu'il y a tellement de publicité, avec raison, qui est faite
autour de ce projet que cela met un peu de côté les autres aspects
de l'année internationale. On a l'impression qu'il y a juste ONET qui
existe comme programme, alors qu'il y a d'autres initiatives.
Une première question, M. le ministre, concernant
l'évolution actuelle des budgets, des sommes engagées.
Deuxièmement, sur le programme ONET, il y avait un blitz, je pense, au
début du mois de mai pour l'inscription des jeunes. Où est-ce que
c'est rendu? Il y a eu, entre autres, certaines difficultés parce que
certaines caisses populaires n'avaient pas reçu les fiches. C'est
peut-être normal. J'imagine que cela a été corrigé.
Je voudrais bien savoir du ministre qui a été prudent dans sa
démarche de subventions à ONET, en y allant par étapes,
s'il est bien certain, à ce jour, ou s'il peut nous indiquer si,
à ce jour, les informations qu'il a sont qu'effectivement les jeunes
vont embarquer dans le projet et que les sommes engagées lui
apparaissent devoir être dûment dépensées et
atteindre les objectifs qui sont poursuivis.
M. Clair: M. le Président, cela me fait plaisir de faire
le point sur l'état des budgets alloués à l'Année
internationale de la jeunesse. D'abord, je dirai au député de
Jean-Talon que le budget total consacré au programme d'aide à
l'Année internationale de la jeunesse pour des projets par et pour les
jeunes, c'est 9 400 000 $ dont 85 %, en gros, si on exclut les dépenses
de fonctionnement, de publicité et d'information, iront directement en
subventions, ce qui, je pense, est excellent par rapport au budget de 9 400 000
$.
La façon dont les budgets se répartissent est la suivante.
Il y avait de prévu - il y a toujours de prévu, d'ailleurs -5 200
000 $ pour les projets régionaux qui sont sélectionnés par
des comités régionaux de sélection. On a voulu mettre
l'accent sur les projets régionaux précisément pour donner
l'occasion au plus grand nombre de jeunes possible de participer à des
initiatives, je dirais, de dimension modeste, mais efficaces, quant à la
mise en valeur du potentiel des jeunes. Un montant de 2 311 000 $ et des
poussières pour les projets nationaux et internationaux et 1 888 000 $
pour les projets dits spéciaux, c'est-à-dire des initiatives
comme ONET qui ne peuvent pas rentrer dans des critères de
sélection
réguliers.
Quant aux sommes engagées actuellement, on sait qu'il y avait
deux dates de tombée pour la présentation de projets: le 15
janvier et le 15 avril. Les sommes engagées pour les projets du 15
janvier -cela pourrait varier au cours de la semaine, parce que dès
cette semaine de nouveaux projets vont commencer à être
acceptés -c'est 1 364 000 $ pour les projets régionaux, 1 460 000
$ pour les projets nationaux et internationaux et 1 698 000 $ pour les projets
spéciaux.
Cela veut dire que le plus gros budget disponible en ce moment, c'est
pour les projets régionaux: 3 800 000 $ sont disponibles et vont
être engagés très rapidement à compter de maintenant
puisqu'on espère avoir terminé la sélection et
l'acceptation des projets pour les premiers jours du mois de juin. Il reste 850
000 $ en gros pour les projets nationaux et internationaux et 190 000 $ pour
les projets spéciaux.
M. Rivest: Votre collaborateur nous a indiqué
précédemment qu'à toutes fins utiles, en juin, au moment
surtout où les projets régionaux seront acceptés, ce qui
est imminent, le budget sera globalement engagé. J'ai une question sur
les projets internationaux. Le premier ministre vient de nous indiquer
qu'à l'occasion de son voyage en France, il discuterait entre autres de
l'éventualité de projets bilatéraux entre des jeunes
Français et Françaises et des jeunes Québécois et
Québécoises. Je suppose que, dans les sommes encore disponibles
pour les projets internationaux, c'est un des volets importants.
M. Clair: Oui. Distinguons bien deux choses. D'une part, la
programmation à l'occasion de l'Année internationale de la
jeunesse de l'Office franco-québécois pour la jeunesse. Je ne
pourrais pas dire combien, mais un certain nombre de projets, probablement
autour de la demi-douzaine ou de la dizaine, un ordre de grandeur plutôt
qu'un chiffre...
M. Rivest: Dans le fonctionnement courant de l'office.
M. Clair: Exact. ...ont déjà été mis
en marche lors de la visite récente de M. Fabius, premier ministre de
France, au Québec l'automne dernier. D'autres sont en discussions
à l'OFQJ, mais je ne pourrais pas en faire état. J'en suis
vaguement informé puisque je ne suis pas le ministre responsable de
l'OFQJ. Par ailleurs, dans le cadre de l'Année internationale de la
jeunesse, nous avons voulu faire une large place aux possibilités
d'échanges, en particulier franco-québécois, de
coopération internationale, de missions culturelles, d'échanges
technologiques. Nous étions en présence, au 15 janvier, d'un
grand nombre de projets de jeunes désirant aller à
l'étranger pour diverses raisons. Dans la mesure où ces projets
nous sont apparus être autre chose que simplement un voyage touristique,
point à la ligne, on a pris la décision de faciliter la
tâche d'un plus grand nombre de jeunes qui voulaient vivre de telles
expériences. On a retenu un critère qui n'était pas
prévu comme tel dans les critères et normes de subvention. Mais
on a plafonné à 400 $ la contribution pour un échange
international, un grand nombre de ces échanges étant
effectivement - une vingtaine, à peu près -orientés vers
la France, d'autres vers la Belgique, plusieurs vers Haïti. Il y a eu, par
exemple, plusieurs initiatives, je dirais, provenant des milieux de
coopération internationale tournant autour des "missionnaires" - entre
guillemets - ici même à Québec, si ma mémoire est
fidèle. Deux projets conduits par des membres du clergé
séculier ou de communautés religieuses qui étaient
déjà implantés là-bas nous donnaient toutes les
garanties à savoir qu'une demi-douzaine ou une dizaine de jeunes
participeraient vraiment à du relèvement socio-économique
là-bas, en Haïti, et seraient insérés dans des
initiatives "connues et reconnues, soit par l'ACDI ou par la COSI. On a
décidé d'y aller sur un critère, dans le fond, qui force
les jeunes à aller chercher beaucoup de contributions dans le milieu.
C'était la même chose pour les échanges
franco-québécois, mais il y en a effectivement une vingtaine et
il n'y a pas eu d'imposition de critères de "bilatéralisme". On
n'a pas exigé que les échanges soient bilatéraux. Mais,
dans la plupart des cas, il s'agit d'échanges qui auront une suite
bilatérale.
Je donne un exemple, si le projet se matérialise du
côté de la polyvalente à Saint-Hyacinthe. Une couple de
centaines de jeunes ont déjà été impliqués
avec des jeunes Français qui sont venus l'année dernière.
Cette année, ils y vont dans le cadre de l'Année internationale
de la jeunesse. Toute la polyvalente, la commission scolaire, etc., ont
appuyé cette initiative.
Le Président (M. Gagnon): Si vous le permettez, je passe
au député de Vachon.
M. Rivest: Juste une dernière question et, après
cela, j'ai fini. Vous m'excuserez, juste une dernière petite.
Le Président (M. Gagnon): Cela va.
M. Rivest: Vous-même et vos collaborateurs êtes pris
dans l'administration de ces choses. Est-ce qu'il y a quelqu'un, quelque part,
qui regarde l'après-Année
internationale de la jeunesse? Il y a certains types
d'expériences qui sont tentées à la faveur de
l'Année internationale de la jeunesse. Est-ce qu'il y a des gens
à votre service qui pensent qu'éventuellement, par exemple, ce
que vous venez d'évoquer, entre autres, en Haïti pourrait servir
d'expérience pilote, qui aurait été faite pendant
l'année internationale, pour éventuellement développer des
programmes de nature permanente pour les jeunes sur ce type de
coopération socio-économique dans les pays en voie de
développement ou des choses comme cela, ou d'autres types d'initiatives
au niveau régional, à l'interne, au Québec?
Est-ce que vous vous préoccupez qu'on n'aura pas simplement,
autrement dit, à la fin de l'année, un bilan des
opérations et qu'on fermera les livres, mais que le gouvernement pourra
se servir de cette expérience et des sommes qui ont été
dépensées pendant l'année internationale pour
lui-même développer, sur une base permanente, une politique de la
jeunesse, dans le sens de l'initiative de la jeunesse, en dehors des questions
d'emploi et d'autres questions qui préoccupent les jeunes?
M. Clair: Brièvement, comme réponse, oui, cette
réflexion se fait au Secrétariat à la jeunesse.
D'ailleurs, même si c'est toujours difficile à évaluer,
l'un des critères de sélection, c'est l'impact à long
terme des projets. D'autre part, en ce qui concerne les projets nationaux et
internationaux, dans tous les cas, les ministères sectoriels habituels
sont informés et sont associés à la démarche de
sélection. Le ministère des Relations internationales, notamment,
celui du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et, également, les
Affaires culturelles sont informés des résultats, afin que les
résultats de l'Année internationale de la jeunesse puissent
être pris en compte par les ministères sectoriels dans
l'élaboration de mesures à plus long terme.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Vachon.
M. Payne: La question que je posais au premier ministre
était la suivante: Parmi les Québécois qui sont les plus
aptes à bénéficier des programmes d'aide du gouvernement
dans le cadre de l'Année internationale de la jeunesse sont bien les
familles inuit et amérindiennes.
On sait, par ailleurs, que 60 % ou 65 % de cette population ont en bas
de trente ans. Deux questions. D'abord, combien de demandes spécifiques
ont été formulées de la part de ces groupes?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a eu un suivi particulier étant
donné leur concentration particulière au Québec? Est-ce
qu'il y a eu de la publicité et des invitations faites à leur
égard de la part du gouvernement et de votre secrétariat, en
particulier?
M. Clair: Oui, il y a eu du travail de fait pour fins
d'information avec le SAGMAI, le Secrétariat des activités
gouvernementales en milieu amérindien et inuit. Je pense même
qu'il y a eu de la traduction de documents - non pas impression toute couleur -
d'information qui ont été acheminés dans quatre langues
différentes, afin de s'assurer que les Amérindiens et lesInuit aient l'occasion de participer à l'Année internationale
de la jeunesse. (12 h 15)
D'ailleurs, nous avons déjà accepté trois projets
d'envergure. Je me souviens en particulier de deux d'entre eux, dont l'un qui
s'intitule Le village de la paix que j'avais d'ailleurs l'occasion d'annoncer
vendredi dernier à Pointe-Bleue. C'est un projet qui réunira 120
ou 140 jeunes de toutes les ethnies du Québec. C'est un projet
lancé par les Montagnais de Pointe-Bleue. Il réunira, du 15
juillet au 15 août, des jeunes Québécois francophones,
amérindiens et inuit, des jeunes d'origine italienne, grecque et autre -
le nombre des représentants des ethnies vivant au Québec sera
proportionnellement inverse à ce qu'est la population
québécoise - dans la réalisation d'un projet commun afin
de, justement, permettre de sensibiliser environ 150 jeunes aux
problèmes que peuvent vivre les communautés autochtones.
Il y a également un projet qui a été mis de l'avant
par les Montagnais de Sept-Îles, dont le nom est Innu Nikamu, si ma
mémoire est fidèle, qui réunira des jeunes artistes de
toutes les nations amérindiennes du Québec; il se
déroulera également en août. Le troisième, c'est la
formation d'une association inuit de jeunes avec des représentants de
chaque village inuit. Déjà, pour la deuxième date de
tombée, le 15 avril, il y a un certain nombre de projets aussi qui sont
entrés, il y a 11 projets au total.
M. Payne: Quelle est la dernière initiative pour les
villages inuit?
M. Clair: Veux-tu y aller, Claude? Je me souviens moins de
celui-là.
Mme Variasse (Claude): C'est la formation d'une association
inuit, c'est la première fois que cela se fait. Tous les projets qu'on
subventionne sont des iniatives des jeunes. Les jeunes Inuit ont
décidé de se regrouper avec un représentant jeune de
chaque village. Alors, tous les villages sont là même les
dissidents et ils forment une association pour faire valoir leur point de vue.
L'un des éléments, entre autres, était la participation
à la conférence socio-économique dont vous connaissez
sûrement
l'existence et qui a eu lieu en avril. Ces jeunes-là
représentaient la voix des jeunes à cette conférence
socio-économique. M. Clair parlait du nombre de projets reçus.
Ils ont aussi stimulé la présentation de différents
projets de jeunes Inuit pour le programme de subventions de l'année
internationale pour que vraiment les jeunes se prennent en main et puissent
présenter des choses concrètes pour l'année de la
jeunesse.
M. Payne: Ivujivik et Povungnituk sont là-dedans?
Mme Variasse: Tous les villages sans exception sont là; on
a trouvé cela très intéressant.
M. Clair: C'était Mme Claude Vanasse, pour les fins du
Journal de débats.
M. Payne: Qui?
M. Clair: Mme Claude Vanasse.
M. Payne: Qui cela? Ah! Je m'excuse.
M. Clair: C'est pour les fins du Journal des débats.
M. Payne: J'étais dans les villages, je m'excuse.
M. Clair: On m'informe qu'il y aurait onze projets de
reçus pour la date du 15 avril: cinq, sur le plan national et
international, et six régionaux. À titre d'exemple aussi, parce
que j'ai passé une partie de ma fin de semaine à travailler
à des projets nationaux et internationaux, je me souviens de l'un
d'entre eux - cela intéressera en particulier le député de
Vachon - les jeunes Amérindiens de la communauté de
Saint-Augustin ont présenté un projet visant à faire un
échange avec les Algonquins d'Abitibi vivant dans la région du
lac Victoria. Il y en a plusieurs comme cela; il y en aura sûrement
d'autres d'acceptés. Maintenant, comme il est entré 4000 projets
au total, tant dans la première série que dans la
deuxième, très visiblement, tous ces projets-là ne
pourront pas être acceptés avec le budget disponible de 9 400 000
$. Cela m'étonnerait que tous les projets amérindiens et inuit
soient acceptés, mais il y en aura sûrement un grand nombre. Je
pense que l'intérêt a été réel. Je dois
souligner l'excellence de la qualité des projets qui nous ont
été soumis et qui ont été acceptés
jusqu'à maintenant. Je ne connais pas tous les onze derniers, mais je
dois dire que c'étaient des projets d'excellente qualité.
M. Payne: II y a donc des rapports plus que propices avec SAGMAI,
la publicité a été faite d'une manière
systématique et les demandes sont en train de se faire, si je comprends
bien.
M. Clair: Oui.
M. Payne: Souvent, bien sûr, le problème reste celui
des communications. Ce qui est remarquable ici, c'est que les dissidents sont
aussi là-dedans. C'est assez exceptionnel. Merci beaucoup.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Vachon. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Très brièvement, je voudrais poser une
question au ministre en rapport avec le dossier de Saint-Augustin. Quant aux
Montagnais anglophones du comté de Duplessis, est-ce que vous pourriez
expliquer le projet qui est présenté par la bande de
Saint-Augustin?
M. Clair: En fait, ce sont deux projets qui sont
présentés différemment. Je dois dire que j'en ai
reçu un bon nombre. Si j'avais Ies documents avec moi... J'ai
passé au travers d'une cinquantaine en fin de semaine. C'est utile
d'avoir les documents, mais en gros, ce sont deux projets différents
dont l'un est présenté par les Algonquins du lac Victoria, en
Abitibi, si ma mémoire est fidèle, parrainé par un
organisme sans but lucratif dont je ne pourrais pas vous dire le nom; celui de
Saint-Augustin est présenté, si ma mémoire est
fidèle, avec l'appui du conseil de bande. Un détail qui vous
intéressera peut-être, mais vraiment de mémoire, il me
semble que, dans le cas de Saint-Augustin, le conseil de bande s'engageait
à appuyer le groupe de jeunes et à combler l'écart qu'il y
aurait entre les subventions provenant de l'Année internationale de la
jeunesse et les besoins pour la réalisation de l'échange.
Un dernier détail aussi, ce dont je me souviens et qui ne
surprendra pas le député de Duplessis, non plus que le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, dans le projet
d'échange, c'est évident que les coûts de transport
comptent pour une très large partie, puisque déplacer je ne sais
plus combien de jeunes, ne serait-ce qu'une vingtaine dans les deux directions,
de Saint-Augustin au lac Victoria en Abitibi-Témiscamingue, c'est une
assez forte distance. Que ce soit par transport routier, aérien,
maritime ou autre, les frais sont excessivement élevés. Si le
député veut plus de détails, il me fera plaisir de les lui
communiquer.
M. Perron: Surtout en rapport avec les deux dossiers que vous
venez de mentionnez, parce qu'il y a une jonction qui se fait entre les deux,
si j'ai bien compris.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Sur ONET. ONET
M. Clair: Oui. Sur ONET, quelques mots? Sur ONET, l'engagement
total du gouvernement est pour un montant de 1 000 000 $. Actuellement, il y a
environ, je pense, 400 000 $ d'effectivement payés ou qui le seraient
incessamment. Le gouvernement fédéral, de son côté,
s'est engagé par le biais de son programme Défi 1985 pour un
montant de 2 000 000 $, je pense.
Une voix: 1 200 000 $.
M. Clair: C'est cela, 1 200 000 $ et, aux dernières
nouvelles, on était toujours en négociation pour 800 000 $. Ce
serait un peu du genre des subventions que nous avons apportées,
c'est-à-dire des montants d'argent qui peuvent servir non pas uniquement
à des fins de salaire. On connaît le programme Défi 85 qui
est un peu le pendant de Canada au travail jusqu'à un certain point. Je
dois dire qu'on suit cela de très près. C'est un projet de
très grande envergure. Il est vrai que, jusqu'à maintenant, c'est
sans doute le projet qui a le plus frappé l"'imagination populaire",
entre guillemets, en termes de réalisation dans le cadre de
l'Année internationale de la jeunesse. Ce n'est pas surprenant qu'il en
soit ainsi, non plus, puisqu'il s'agit là d'un projet de très
grande envergure. Vous savez que les promoteurs envisageaient de mobiliser 100
000 jeunes. À la suite de négociations, nous avons cru plus
faisable de réduire l'objectif à 50 000 jeunes. La mobilisation
est en cours depuis maintenant deux semaines...
Une voix: Depuis le 1er mai. M. Clair: ...depuis le 1er
mai. M. Rivest: Êtes-vous satisfait?
M. Clair: Jusqu'à maintenant, je suis satisfait des
efforts déployés pour les fins de la mobilisation, oui.
Maintenant, quant à la comptabilisation des résultats, justement
à cause de problèmes auxquels faisait référence le
député, à savoir la comptabilisation des jeunes qui,
effectivement, sont mobilisés, nous n'avons pas encore de statistiques,
mais nous allons avoir un suivi au 31 mai.
Une voix: La semaine prochaine, le jeudi 23.
M. Clair: On en aura un premier, le jeudi 23 mai. C'est cela, on
aura alors un premier rapport sur l'état de la mobilisation. Cela vaut
ce que cela vaut, mais il est passé deux petits gars chez nous en fin de
semaine.
M. Rivest: Mais, M. le ministre, vous devez surveiller cela,
parce que finalement, le succès de l'opération et sa
rentabilité vont dépendre de la nature de la participation des
gens.
M. Clair: Oui, on est bien conscient de cela.
M. Rivest: C'est très délicat. Il ne s'agirait
pas... Cela m'a inquiété un peu quand j'ai entendu à la
radio, la semaine dernière, que, par exemple, ici, dans la région
de Québec, au moment où il y avait un blitz d'inscription, aucun
jeune n'avait pu s'inscrire, parce que pour des raisons d'organisation, les
formulaires n'étaient pas disponibles dans les caisses populaires de la
région de Québec. Cela a peut-être été
corrigé depuis. Mais si vous avez un certain droit de regard, un droit
à l'information, il faudrait vous assurer que l'organisation... Il faut
que les jeunes soient là. Sans cela, on va avoir gaspillé pas mal
d'argent.
M. Clair: On est conscient de cela. On suit cela de très
près. Nous avons deux observateurs au conseil d'administration. Le
gouvernement fédéral a aussi un observateur, les caisses
populaires également. Je dois vous dire que, que ce soit pour les
caisses populaires, les entreprises privées, le gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec ou les
municipalités, si on avait abordé ce projet sous l'angle de
normes d'assurance à tous crins que tout va fonctionner exactement tel
que prévu au départ, ce projet n'aurait jamais été
accepté par les entreprises privées, non plus que par les
gouvernements.
Il y avait un risque, mais un grand nombre de jeunes ont fondé
beaucoup d'espoir dans la réalisation de ce projet. Les sommes
engagées l'ont été avec beaucoup de prudence; je pense que
le député l'a reconnu lui-même au début de son
intervention. Le rôle que nous tentons de jouer auprès de ceux-ci
est à la fois, pour employer une expression déjà connue,
un rôle de non-ingérence, mais de non-indifférence, de
s'assurer que les sommes d'argent investies ne le sont pas en pure perte, et
d'avoir une attitude plutôt positive en essayant de faire en sorte que le
projet puisse se réaliser plutôt que d'avoir l'attitude des deux
pieds sur le frein et de dire: Non, non, non, vous voyez bien que ça ne
peut pas marcher! Ce n'est pas cette attitude que nous avons. Avec des
ressources limitées pour un projet d'aussi grande envergure - 1 000 000
$ pour tenter de rejoindre 50 000 jeunes, c'est
quand même limité - c'est dans un esprit positif qu'on l'a
fait, afin de donner une chance aux jeunes de pouvoir exprimer leurs attentes
dans un grand projet écologique au Québec.
M. Rivest: Une dernière question, M. le Président,
parce que je vois que le député de Terrebonne s'impatiente.
Peut-être sera-t-il intéressé, d'ailleurs, par ma
dernière question. Je voudrais demander au ministre si, dans le cadre de
l'Année internationale de la jeunesse, il participe, semble-t-il avec
quelques-uns de ses collègues, députés et militants de son
parti, au rajeunissement du leadership du gouvernement et du Parti
québécois?
M. Clair: Je pense, M. le Président, que cette question
n'a pas à être débattue ici. Je pense que le
député de Jean-Talon, lui-même ancien membre d'un cabinet
dans au moins deux gouvernements, est la preuve vivante...
M. Rivest: Un gouvernement, n'exagérez pas!
M. Clair: Un gouvernement?
M. Rivest: Un seul, le meilleur, celui de M. Bourassa, de 1970
à 1976.
M. Clair: ...avec son chef, qu'on aurait besoin d'un
rajeunissement en face.
M. Rivest: C'est rajeuni, c'est complètement
renouvelé.
M. Clair: Quand on a comme meilleur argument...
M. Rivest: M. le Président, à l'ordre, le ministre
va à rencontre du règlement.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Clair: ...en politique: Je ne suis plus le même, j'ai
changé, faites-moi confiance, je ne suis plus comme
j'étais...
Le Président (M. Gagnon): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Alors, vous n'êtes pas dans les putschistes?
Adoption des crédits
Le Président (M. Gagnon): Le programme 1 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Le programme 2
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires, les programmes 1 et 2, du
ministère du Conseil exécutif pour l'année
financière 1985-1986 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Rivest: M. le Président, est-ce qu'on a le droit de
demander le vote? Vote nominal, M. le Président.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. La commission des
institutions, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 26)
(Reprise à 20 h 7)
Directeur général des
élections
Le Président (M. Gagnon): La commission des institutions
se réunit avec le mandat de procéder à l'étude des
prévisions budgétaires du Directeur général des
élections pour l'exercice financier 1985-1986. M. le secrétaire,
est-ce que vous voulez nous faire connaître les remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. Levesque (Bonaventure) est
remplacé par M. Côté (Charlesbourg).
Le Président (M. Gagnon): Merci. Pour les remarques
préliminaires, je donnerai donc la parole à M. Pierre-F.
Côté, Directeur général des élections.
M. Côté (Pierre-F.): Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Si vous voulez, M.
Côté, en même temps nous présenter les gens qui vous
accompagnent.
Remarques préliminaires M. Pierre-F.
Côté
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Avec votre permission, M.
le Président, je vais d'abord vous présenter les personnes qui
m'accompagnent et vous remettre une copie du texte de présentation dont
je voudrais vous faire part.
À ma droite, il y a M. Yvon Desbiens, qui est directeur de
l'administration; à côté de M. Desbiens, c'est M. Fernand
Bédard, qui est directeur des services financiers. À ma gauche,
il y a M. Jean Lambert, qui est
adjoint au financement; également M. Jean-Luc Lemieux, qui est
adjoint è la représentation, et M. Eddy Giguère, qui est
conseiller-cadre. Il y a également d'autres employés de mon
bureau qui sont ici pour, éventuellement, pouvoir répondre aux
questions que vous aimerez bien nous poser.
M. le Président, madame et messieurs les membres de la commission
des institutions de l'Assemblée nationale, pour la troisième
année consécutive, je me présente aujourd'hui devant une
commission de l'Assemblée nationale, conformément aux exigences
des articles 483 et suivants de la Loi électorale. Cette brève
présentation me permet d'abord de situer l'institution qu'est le
Directeur général des élections, de souligner aussi
certains événements et faits saillants qui se sont produits au
cours du dernier exercice financier et finalement d'esquisser certaines
perspectives d'avenir, non sans avoir échangé avec vous au sujet
du rapport financier préliminaire pour l'exercice budgétaire
1984-1985 et des prévisions budgétaires pour l'exercice
1985-1986.
Il m'apparaît opportun de donner une vue d'ensemble de ce qu'est
aujourd'hui l'institution que j'ai l'honneur de diriger. Il y a à peine
quelques années, le rôle du Directeur général des
élections ne se limitait-il pas à gérer des
événements électoraux uniquement? Ces
événements n'ont pas perdu de leur prépondérance,
tout au contraire. Le rôle qu'y joue maintenant toute mon équipe
s'est trouvé modifié et diversifié. L'institution est
devenue une entreprise que je qualifierais d'importante, occupant un rôle
de premier plan dans la sauvegarde des valeurs démocratiques qui
constituent le fondement de notre société politique.
Nous agissons, par exemple, à titre de conseillers en
législation électorale. À ce sujet, il faut se
réjouir de l'adoption d'une nouvelle Loi électorale en
décembre dernier. Nous participons de façon active et positive
à la rédaction d'une nouvelle législation
électorale municipale et, comme vous le savez, nous sommes
appelés à faire des suggestions concernant la législation
électorale scolaire, non seulement a faire des suggestions mais à
assumer des responsabilités.
Nous assumons donc de nouvelles responsabilités qui sont le
complément du mandat premier qui est le nôtre, soit celui de
l'élection des membres de l'Assemblée nationale. Ces nouvelles
responsabilités s'exercent, par exemple, dans les domaines municipal et
scolaire et sont reliées au financement des élections
municipales, au contrôle des dépenses des candidats, à la
délimitation des districts électoraux municipaux, au
rôle-conseil auprès des présidents d'élection des
municipalités et à la tenue d'un scrutin scolaire en 1985.
D'autres responsabilités se sont développées depuis
quelques années comme le service aux électeurs, les relations
avec les médias d'information, les consultations auprès de la
population concernant la délimitation des territoires à
caractère provincial et municipal. Â titre d'exemple, mentionnons
que depuis 1978 - en 1978, il y en avait trois - il y a maintenant 127
municipalités regroupant près de 4 000 000 d'habitants qui sont
assujetties à l'application au chapitre II de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités. Est-il également
nécessaire de vous rappeler que l'automne dernier, lors d'une commission
parlementaire, il a été question de la réforme du mode de
scrutin?
Nous assumons également des responsabilités sur la
scène nationale et internationale. L'été prochain, nous
accueillerons à Québec nos collègues des autres provinces
- les Directeurs généraux des élections de toutes les
provinces du Canada - et, à titre d'information, je désire vous
signaler à nouveau que je fais présentement partie pour une
période de trois ans du Steering Committee et du Council on Governmental
Ethics Laws des États-Unis. Et il est peut-être possible que nous
accueillons les membres de cette illustre organisation, illustre aux
États-Unis, lors du congrès de 1985.
En somme, nous nous "occupons de beaucoup de choses en même temps,
pour reprendre une expression populaire. Nous le faisons avec du personnel dont
la compétence est reconnue de tous dans le domaine électoral
traditionnel et qui a la qualité de s'adapter rapidement à nos
nouvelles responsabilités en y développant une expertise unique.
Qu'on me permette de rendre hommage à tous mes employés pour
l'excellence de leur travail et leur sens du devoir.
Voyons maintenant rapidement trois faits marquants de la dernière
année.
La nouvelle Loi électorale. Vous avez voté en
décembre dernier une nouvelle Loi électorale qui a amendé
et intégré les trois lois suivantes: La Loi électorale, la
Loi sur les listes électorales et la Loi régissant le financement
des partis politiques. Cette réforme a été
réalisée grâce au travail soutenu du conseil consultatif
avec la collaboration du personnel du Directeur général des
élections. Tous les amendements apportés à la
législation électorale dans le projet de loi 19 ont donc fait
l'objet au préalable d'un consensus de la part des deux partis
politiques représentés à l'Assemblée nationale qui
sont membres du conseil consultatif. Je profite de l'occasion pour souligner le
travail remarquable accompli par deux comités techniques mis sur pied
par le conseil consultatif à cet effet: il s'agit du comité de
révision de la Loi régissant le financement des partis politiques
et de celui de la révision de la Loi sur les listes
électorales.
Le comité technique de révision de la Loi régissant
le financement des partis politiques avait pour mandat de procéder
à l'évaluation des difficultés d'application de la loi, de
faire le partage des difficultés d'ordre technique et celles qui
comportent des questions de principe ou des orientations, de formuler des
propositions de changement, de prendre connaissance des projets d'amendement
rédigés par la Direction du contentieux du Directeur
général des élections et de faire rapport au conseil
consultatif par l'intermédiaire du Directeur général des
élections. Ce comité technique s'est réuni dix fois au
cours de l'été et de l'automne 1984.
Quant à lui, le comité de révision de la Loi sur
les listes électorales a tenu six séances de travail pour
proposer des changements à la loi à l'aide de suggestions
antérieures du Directeur général des élections.
Chacun des comités techniques était composé de
représentants des partis politiques et de membres du personnel du
Directeur général des élections. À la fin de ces
travaux, les membres du conseil consultatif ont analysé les
recommandations des deux comités et le Directeur général
des élections a formulé les propositions d'amendement à la
suite des consensus établis. Tout ce travail avait pour objectif de
faciliter l'application générale de la loi, de simplifiesr les
procédures administratives et de remédier à certaines
lacunes de la loi. L'intégration de la législation
électorale s'est ajoutée à ces objectifs en cours de
route.
La Loi électorale intégrée adoptée en
décembre dernier est un événement marquant dans le
processus de la réforme électorale entreprise depuis quelques
années. Dans une seule loi, de façon cohérente et
ordonnée, l'on retrouve en langage clair ce qui constituait auparavant
trois lois. Les électeurs et les partis politiques seront ainsi mieux
servis.
Un mandat spécial: des élections scolaires. Au cours des
délibérations de la commission parlementaire qui étudiait
le projet de loi sur l'enseignement primaire et secondaire public, le 11
décembre 1984, j'ai déposé deux documents qui
suggéraient une réécriture des dispositions
électorales au niveau scolaire. Ces remarques visaient à
harmoniser le scrutin scolaire au scrutin provincial en tenant compte de
l'évolution du processus électoral au Québec depuis les 40
dernières années. Le législateur, quant à ces
suggestions, en a décidé autrement.
Ce projet de loi a confié au Directeur général des
élections la responsabilité des élections de 1985 dans
certaines commissions scolaires nouvelles. Il s'agit d'un mandat en trois
volets qui comprend la confection de la liste électorale, la
délimitation des quartiers électoraux et la tenue du scrutin
proprement dit. Pour le 17 juin 1985, un décret gouvernemental
prescrivait, en février, des élections dans sept commissions
scolaires linguistiques de l'île de Montréal et
Vaudreuil-Soulanges, soit cinq francophones et deux anglophones.
On nous a par la suite demandé d'élargir le mandat du
Directeur général des élections pour que se tiennent aussi
des élections dans les commissions scolaires confessionnelles des villes
de Montréal et de Québec. Cette nouvelle demande exigeait des
amendements à la Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Comme vous le savez, le projet de loi 29 est maintenant à
l'étude, tandis que les élections scolaires ont été
reportées au 9 décembre 1985, lors de l'adoption du projet de loi
33, le 4 avril dernier.
Je me permets de souligner que l'application de ce mandat nous a
causé de nombreux problèmes d'ordre juridique pour lesquels il
faut prévoir des solutions avant l'arrêt des travaux de la
présente session, en amendant l'article 495 de la loi 3,
présentement à l'étude. (20 h 15)
Malgré ces problèmes reliés à la nature du
mandat, tous les travaux nécessaires à la réalisation des
élections du 17 juin 1985 ont été effectués. Ce
mandat spécial constitue le deuxième du genre après celui
des caisses d'entraide économique de 1982.
Jusqu'à maintenant, environ 660 000 $ ont été
dépensés au chapitre de ces élections scolaires.
Depuis le 4 avril, les bureaux des directeurs de scrutin ont
été fermés et le comité des élections
scolaires, mis sur pied en janvier dernier chez le Directeur
général des élections, s'emploie à la confection
d'un bilan et d'un plan d'action en vue des élections scolaires du 9
décembre.
Il faut, à partir de maintenant, revoir toute l'organisation du
recensement puisque la loi 33, en annulant les élections scolaires, a
aussi devancé la date du recensement annuel provincial de 1985 dans le
but de le faire servir à la confection des listes électorales
scolaires et provinciales. Ce recensement sera bien différent du
recensement annuel de 1984. Quelques questions supplémentaires devront
être posées par les recenseurs: pour le choix à faire entre
une commission scolaire anglophone ou une commission scolaire francophone, et
pour la déclaration de confessionnalité s'il y a lieu.
Selon les informations qu'on nous a transmises au mois d'avril, il se
peut que toute cette démarche se fasse non plus seulement sur
l'île de Montréal et dans Vaudreuil-Soulanges, mais bien sur tout
le territoire du Québec pour les commissions scolaires anglophones; cela
en tenant pour
acquis que le projet de loi 29 soit adopté et que l'avis
d'élection soit décrété avant le 1er juin prochain.
Il faut être conscient que cela demandera la confection de trois listes
distinctes: une provinciale, une liste scolaire anglophone et une liste
scolaire francophone. Sur le territoire des commissions scolaires
confessionnelles, il y aura cinq listes à confectionner.
Techniquement, la confection des listes électorales scolaires
sera plus complexe qu'au provincial. En plus des questions
supplémentaires à administrer, un travail de regroupement des
électeurs de plusieurs sections de vote sera nécessaire. 11 faut
en effet se rappeler qu'une section de vote au provincial comprend environ 300
électeurs et correspond à un bureau de vote. Pour les
élections scolaires, un recenseur pourra par exemple recueillir 200 noms
pour la commission scolaire francophone et 100 noms pour la commission scolaire
anglophone ou vice et versa. C'est donc dire qu'il faudra regrouper les noms
des électeurs à partir de plusieurs sections de vote provinciales
pour créer une section de vote scolaire qui correspondra à un
bureau de vote d'environ 300 personnes.
Nous avions préparé des hypothèses de calendrier
électoral qui tenaient compte de toutes les démarches à
effectuer dans l'éventualité d'un scrutin scolaire partout au
Québec dans les commissions scolaires anglophones. Le ministère
de l'Éducation nous a aussi demandé de considérer la
possibilité de confectionner la liste électorale des commissions
scolaires francophones de l'extérieur de Montréal pour la
transmettre à ces dernières qui seront responsables de tenir
leurs élections en 1986. Il est certain qu'une révision de la
liste scolaire sera nécessaire avant le scrutin du 9 décembre.
Cette date du 9 décembre a d'ailleurs été
déterminée à la suite d'une consultation que le
gouvernement a effectuée auprès du Directeur
général des élections.
La réforme électorale municipale. Poursuivant l'objectif
d'harmoniser les dispositons électorales municipales à celles du
niveau provincial, le Directeur général des élections a
continué cette année de travailler avec le ministère des
Affaires municipales en ce sens. Le Directeur général des
élections a été invité à la table de
concertation Québec-municipalités en août 1984. Nous avons
donc soumis au ministre et intervenants à cette table une proposition en
vue d'avoir une liste électorale unique qui serve à la fois aux
niveaux provincial et municipal. Nous recommandions que le cens
électoral municipal soit identique à celui du provincial, que la
date du recensement annuel soit modifiée ou que la date des
élections municipales soit reportée; cela pour permettre aux
municipalités de disposer de listes électorales è temps,
soit avant la tenue du scrutin municipal. Les municipalités doivent en
effet réviser les listes et les compléter par une liste des
non-domiciliés inscrits au rôle d'évaluation.
Cette proposition est encore à l'étude puisque l'Union des
municipalités régionales de comté et l'Union des
municipalités se sont opposées au changement du cens
électoral municipal. Logiquement, les listes électorales
provinciales ne peuvent donc plus être utilisées aux niveaux
municipal et scolaire, puisqu'elles sont confectionnées selon des
exigences différentes. Continuer à fournir les listes
électorales aux municipalités présenterait des
problèmes d'ordre juridique. C'est pourquoi le législateur a
éliminé de la Loi électorale, en décembre dernier,
l'obligation de faire parvenir copie de la liste provinciale aux
municipalités et aux commissions scolaires.
En ce qui concerne les listes électorales scolaires de cette
année, nous avons trouvé des solutions. Nous estimons que le
même résultat pourrait être obtenu à l'égard
des listes électorales municipales.
Sur un autre plan, le Directeur général des
élections a fourni au ministre des Affaires municipales des
recommandations au sujet de l'ensemble de la réforme électorale
dont on avait annoncé le dépôt à l'Assemblée
nationale pour cette session. Ces recommandations s'intéressent au
scrutin lui-même, à la délimitation des districts
électoraux, au financement et au contrôle des dépenses
électorales. Elles tiennent compte des nouvelles dispositions contenues
dans la Loi électorale adoptée en décembre 1984. Les
contacts que nous avons eus au mois de mars dernier avec le ministère
des Affaires municipales nous portent à croire que cette collaboration a
porté ses fruits. La majorité des remarques du Directeur
général des élections devraient être prises en
considération lors du dépôt du projet de loi sur la
réforme électorale municipale.
L'institution qu'est le Directeur général des
élections a beaucoup changé au fil des dernières
années. Nous nous sommes adaptés à une constante
évolution générée par la réforme
électorale. Nous croyons maintenant être de plus en plus en mesure
d'assurer une meilleure unité d'action face aux nombreuses tâches
que nous confie l'Assemblée nationale. Le système
électoral québécois a subi depuis quelques années
de multiples modifications qui l'ont considérablement
amélioré. Même s'il reste encore du chemin à
parcourir, nous entrevoyons le jour où toutes les dispositions
électorales formeront un ensemble plus cohérent, rendant ainsi
possible la réalisation d'un code électoral harmonisé. La
démocratie chez nous s'en portera mieux. L'exercice du droit de vote, de
façon libre, démocratique et éclairée, demeurera,
à tous les niveaux du gouvernement, la meilleure sauvegarde de la
liberté.
Les meilleures lois électorales du monde ne peuvent cependant
à elles seules favoriser l'exercice de la démocratie. Il faut
souhaiter que tous les électeurs continuent d'être vigilants
à l'égard de leur système politique, soutenus en cela par
les législateurs. Je m'emploie, comme personne désignée,
à ce que l'institution continue d'être digne de votre confiance
pour assurer la reponsabilité du processus démocratique.
Permettez-moi, avant de poursuivre, d'ouvrir une parenthèse sur
un point précis d'une perspective d'avenir: celle des listes
électorales informatisées.
À quelques reprises, j'ai reçu de la part de certains
membres de l'Assemblée nationale, des demandes pour que les listes
électorales puissent être fournies sur disquettes, à l'aide
de l'informatique ou du traitement de textes.
Il va sans dire que le développement intense que subit cette
technologie rend ces demandes tout à fait pertinentes. Le soutien
informatique est devenu partout un outil de travail de plus en plus essentiel
de sorte qu'on peut de moins en moins ignorer son existence et son apport.
Cependant, je suis très prudent au sujet de la faisabilité
et de l'opportunité d'informatiser maintenant les listes
électorales. Comme je le répète depuis quelques
années, à la suite du rapport sur le registre des
électeurs, cela demanderait d'entreprendre des études qu'il n'a
pas été possible de réaliser jusqu'à maintenant.
Pour répondre aux attentes de tous et chacun, il faudrait
réévaluer avec précision les coûts engendrés
par cette opération, et analyser l'impact que cela pourrait
entraîner dans l'application de la loi.
Dans le contexte juridique actuel, il n'est pas essentiel pour le
Directeur général des élections d'informatiser les listes
électorales pour répondre aux exigences de la loi. C'est pourquoi
je ne crois pas qu'il me soit permis de changer les règles du jeu et de
dépenser des fonds publics à cet effet, si cela ne fait pas
l'objet d'une volonté ferme de l'Assemblée nationale.
Il appartient donc à l'Assemblée nationale de me donner un
mandat clair pour réaliser ces études et répondre ainsi
aux attentes des députés.
Après ces considérations, il faut évidemment
aborder ce qui constitue le nerf de la queston ou le nerf de la guerre, selon
l'expression consacrée, à savoir l'argent.
Le 29 mars dernier, j'ai transmis au président de
l'Assemblée nationale des exemplaires du rapport financier
préliminaire pour l'exercice budgétaire 1984-1985 du Directeur
général des élections, ainsi que des exemplaires des
prévisions budgétaires pour l'exercice 1985-1986.
Les résultats que vous trouvez à la page 3 du rapport
financier ont été estimés à partir des
dépenses comptabilisées au système informatique du
gouvernement le 15 mars 1985.
Je vous souligne que l'écart de 1 757 000 $ qui existe entre les
prévisions 1984-1985 et les dépenses en fin d'exercice,
représente une diminution de 5,6 % du montant prévu. Ce montant
aurait été encore plus important s'il n'avait fallu, en cours
d'exercice, se réapprovisionner en matériel électoral
à la suite de l'adoption de la nouvelle Loi électorale; cette
dépense était imprévisible au début de l'exercice
financier.
Il m'apparaît donc utile de vous préciser que les sommes
non dépensées proviennent de deux natures: au chapitre des sommes
prévues pour la tenue des élections partielles et du recensement,
les prévisions étaient de 20 700 000 $ alors que les
dépenses ont été de 18 700 000 $, tandis que les autres
dépenses reliées à l'administration démontrent une
diminution de 500 000 $ par rapport aux prévisions.
Les économies réalisées à la suite de la
tenue des activités électorales tiennent au fait qu'un certain
montant avait été prévu pour la mise à jour du
tarif de la rémunération du personnel électoral qui ne
s'est réalisée que partiellement cette année. Elles
dénotent aussi un souci constant de toujours maintenir une grande
rigueur administrative.
Pour ce qui est des autres dépenses de fonctionnement
(dépenses d'administration), une somme de 300 000 $ avait
été prévue pour des employés en
disponibilité alors que la majorité de ceux-ci ont
été affectés à d'autres ministères au
début de l'exercice 1984-1985.
De plus, certains travaux reliés à l'entretien de
l'immeuble ont été retardés, l'immeuble que nous occupons
actuellement, les bureaux actuels sur la rue de la Pérade, nous faisant
ainsi épargner un montant de 200 000 $.
Les prévisions budgétaires 1985-1986 ont été
préparées suivant les paramètres établis par le
Conseil du trésor. Outre les dépenses normales d'administration,
elles renferment des sommes en vue de la tenue de quatre élections
partielles, d'un recensement à l'automne et du scrutin scolaire sur
l'île de Montréal.
Le total des prévisions 1985-1986 démontre donc une
variation de 248 300 $ par rapport à celles de 1984-1985,
représentant ainsi une augmentation de moins de 1 %. Le tableau figurant
à la page 4 de votre document des prévisions budgétaires
indique les variations à chacune des catégories de
dépenses.
Je crois utile d'apporter quelques précisions concernant les
principaux écarts par rapport à nos prévisions
antérieures puisque nous avons tenu compte de certaines priorités
dans l'établissement de notre
budget. À cet égard, on remarque qu'en ce qui concerne les
traitements, l'intégration du personnel temporaire et la création
de quelques nouveaux postes viennent gonfler sensiblement la masse
salariale.
Au chapitre des autres dépenses de fonctionnement, les
prévisions pour l'exercice 1985-1986 présentent une diminution de
1,1 %. Cette diminution provient essentiellement des efforts
déployés lors du dernier exercice budgétaire pour mettre
fin au bail qui liait le Directeur général des élections
pour la location des bureaux occupés par le personnel du financement des
partis politiques à Place Desjardins, è Montréal.
De plus, les sommes prévues à la catégorie 11
(autres dépenses) sont inférieures à celles de 1984-1985,
compte tenu des changements dans la nouvelle Loi électorale selon
lesquels le recensement annuel ne doit plus être suivi d'une
révision.
Madame, messieurs, je vous remercie de votre attention, et vous
également, M. le Président, et je demeure à votre
disposition pour répondre aux questions qu'il vous plaira de
m'adresser.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. Côté. M.
le député de Vachon.
M. Payne: Non.
Le Président (M. Gagnon): Non. M. le député
de...
M. Payne: C'est-à-dire que je proposerais que le
responsable de l'Opposition prenne la parole avant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis extrêmement heureux que l'on puisse, cette année, plus
calmement que l'an dernier, étudier les crédits du Directeur
général des élections.
Effectivement, en écoutant M. Côté nous faire part
du texte, j'ai également' revécu des moments de l'année,
qui, somme toute, ont été assez fructueux, principalement en ce
qui touche le Code électoral, lequel était réclamé
depuis déjà de nombreuses années. Avant d'aborder les
questions précises, compte tenu du peu de temps que nous avons à
notre disposition pour les aborder, je veux féliciter et remercier
l'ensemble du personnel du Directeur général des
élections, à tous les échelons pour l'excellent travail
qui a été fait au cours de la dernière année. Je
pense qu'il n'y a pas de secret pour eux, la prochaine année va
être superbement remplie. On aurait espéré que cela soit
plus tôt, vous auriez pu passer, comme nous, des vacances plus
tranquilles, mais il semble que ce sera un petit peu plus tard que
prévu, tout cela vous faisant un automne assez chargé, à
la fois d'élections scolaires et d'élections provinciales. Je
pense qu'on aura l'occasion de se revoir l'an prochain à pareille date
avec beaucoup de changements.
Moi aussi, je veux dire au Directeur général des
élections, malgré, bien sûr, les différences qu'on
peut avoir sur certains sujets particuliers qui font parfois les manchettes,
mais on s'en reparlera tout à l'heure, que l'Opposition aussi a
été admirablement satisfaite du travail qui a été
fait. Quant aux points de désaccord, on verra dans l'heure et demie qui
nous reste ce que l'on peut discuter pour s'entendre, mettre des choses au
clair et les rendre le plus claires possible. Encore une fois, au nom de
l'Opposition, merci pour l'excellent travail qui a été fait.Je pense que, dans la présentation, ce que vous nous avez clairement
dit, ce n'est pas fini, il faut aller encore plus loin et, sur le Code
électoral, explorer davantage, par exemple, la possibilité de la
tenue d'élections peut-être à date fixe, ce qui
simplifierait la tâche de bien des gens et ce qui pourrait aussi faire
épargner des sommes d'argent assez fabuleuses aux partis politiques qui,
eux, n'ont pas l'initiative du déclenchement des élections et qui
doivent monter des machines, les ralentir, les relancer et ainsi occasionner
des dépenses assez formidables.
Dans ce sens, M. le Président, je serais prêt à
aborder, lorsque mon collègue de Vachon aura fait son topo d'ouverture,
des questions précises.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Charlesbourg. M. le député de Vachon. (20
h 30)
M. David Payne
M. Payne: Je voudrais également, M. le Président,
féliciter le Directeur général des élections pour
son travail remarquable des douze derniers mois. À la dernière
commission parlementaire, ici, on a eu une bonne discussion sur un certain
nombre de sujets sur lesquels je voudrais revenir pour approfondir quelques
considérations de l'an dernier. Le Directeur général des
élections se présente depuis trois ans devant la commission de
l'Assemblée nationale pour défendre les crédits de cet
organisme. Il y a eu un recensement à l'automne 1984, je pense, et des
élections partielles au mois de juin 1984 ainsi qu'au mois de
décembre. 11 y a eu aussi des modifications importantes à la Loi
électorale qui a été adoptée à la fin de
décembre avec le projet de loi 19.
J'aurais quelques questions à aborder concernant le rapport
financier et sa présentation. Je voudrais aussi revenir sur la question
de l'implantation de l'informatique, cette question qui sera parmi nous pendant
plusieurs années encore. J'ai aussi quelques considérations, mais
je pense bien que mon collègue, le député de
Châteauguay, voudrait probablement revenir sur la question de la
réforme du mode de scrutin. Nous partageons ensemble quelques
idées là-dessus, mais tout cela peut-être tout à
l'heure, si le député de Charlesbourg veut lancer la balle.
M. Côté (Charlesbourg): Certainement. M. Dussault:
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lachapelle): Est-ce pour une question
ou un préambule?
M. Dussault: C'est un préambule, parce que je regarde dans
les documents et j'essaie de trouver où je pourrais faire cela.
La Présidente (Mme Lachapelle): M. le député
de Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Je vais devoir le faire d'une façon
préliminaire. Il se peut même que je choque un peu M. le
député de Charlesbourg...
M. Côté (Charlesbourg): Nous autres, il n'y a rien
qui nous surprend.
M. Dussault: ...mais j'espère que cela ne rendra pas pour
autant nos travaux difficiles. Mme la Présidente, la loi 2, Loi
régissant le financement des partis politiques, est une loi qui avait
comme premier objectif, je pense bien, la transparence, de faire en sorte que
les électeurs soient en mesure de savoir très
précisément, très clairement, très rapidement qui
finance les partis politiques. Puisque c'est une loi pour les électeurs,
je pense qu'il est important qu'on se préoccupe de savoir si les
rapports qui découlent de cette loi sont faits de façon telle
qu'ils soient vraiment au service de l'électeur.
Mme la Présidente, je remercie beaucoup le Directeur
général des élections d'avoir fait le nécessaire
pour nous faire parvenir le rapport pour l'exercice se terminant le 31
décembre 1984. J'ai, évidemment, fait l'effort de regarder ce
qu'il contenait et j'ai eu la grande surprise, M. le Président -
maintenant que Mme la présidente a été remplacée -
de constater qu'il y a un changement bien important qui s'est effectué
dans le rapport 1984 par rapport à celui de 1983. C'est la partie du
rapport qui concerne le Parti libéral. Je m'excuse d'avance
auprès du député de Charlesbourg des propos que je vais
tenir.
Je constate dans le rapport de 1984, contrairement è ce qu'on
constatait dans le rapport de 1983, que toute la partie des données de
ce rapport qui concerne les dons dépassant 100 $ au Parti libéral
apparaît dans une seule brique alors qu'en 1983, comme d'ailleurs les
autres partis le font, comme le Parti québécois le fait depuis le
début, donc, contrairement à ce que le Parti
québécois fait... C'est d'une seule brique et c'est
extrêmement difficile de retrouver là-dedans qui a fourni des dons
au Parti libéral.
Je dois vous donner comme exemple, M. le Président, que ce matin,
aussitôt après avoir reçu le rapport, je me suis mis
à analyser son contenu et, avant de découvrir le premier don qui
a été fait par un électeur du comté de
Châteauguay, cela a pris au moins trois quarts d'heure et, pour en
arriver à déceler tous les donateurs au Parti libéral dans
le comté de Châteauguay, cela a pris une heure et demie.
Je suis convaincu que ce n'est pas vraiment l'objectif que visait le
législateur quand il a mis dans la loi 2 que les partis politiques
devaient fournir au Directeur général des élections,
annuellement, ces données relativement aux contributions. J'ai la
conviction que ce n'était pas du tout ce qu'il visait.
On me dira: Oui, mais nous traitons maintenant toutes ces questions avec
un ordinateur et cela nous pose des problèmes. Bien, en 1983, il est
facile de constater que cette section des dons au Parti libéral
était présentée totalement sur du papier avec la forme qui
découle d'un travail d'ordinateur. Donc, j'en conclus que ce n'est pas
parce qu'on a changé les techniques qu'on n'a pas été
capable de fournir, cette année, une présentation analogue
à celle de l'an dernier.
Je peux vous dire, M. le Président, que, dans mon comté,
lors de la campagne de financement du Parti libéral l'an dernier, il y a
des gens qui nous ont raconté toutes sortes d'histoires, des soupers
à 500 $ le couvert, à raison de 57 personnes présentes. Ce
n'est pas par hasard que je cherchais à comprendre un peu comment
fonctionnait le rapport du Parti libéral cette année, parce que
je cherchais à voir quelle était la portée de ces
communiqués, de ces grandes annonces de la présence du chef
libéral...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. Nous sommes
toujours - c'est parce que j'ai de la misère à suivre un peu -
dans les remarques préliminaires et...
M. Dussault: Je suis toujours dans les remarques
préliminaires, M. le Président. Il sera difficile de placer cela
ailleurs que dans les notes préliminaires. C'est pour cela que je le
fais valoir comme cela, mais je n'en ai
pas pour longtemps, de toute façon. C'est important puisque ce
rapport - je le répète, M. le Président - est un rapport
qui est fait d'abord et avant tout pour les électeurs.
M. Côté (Charlesbourg): Question de règlement
M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
ne veux pas lancer un débat de procédure, mais je pense qu'on
s'était entendu pour une déclaration très
préliminaire. Il est très clair que, dans les crédits, il
y a des crédits qui sont affectés au Directeur
général des élections avec toutes ses
responsabilités, et le député de Châteauguay pourra
faire à ce moment-là tout son boniment. De toute façon, on
ne s'attend pas à autre chose de lui. C'est sa marque de commerce.
Le Président (M. Gagnon): Non, mais faites votre...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je veux vous dire, M.
le Président, c'est que j'ai des questions à poser au Directeur
général des élections, ce sont des questions
précises quant aux crédits, et j'aimerais bien pouvoir les
poser.
Le Président (M. Gagnon): À cette question de
règlement, vous allez comprendre que c'est difficile pour moi de juger
si on est dans les remarques préliminaires générales ou si
on aborde un point bien précis. Il m'a paru, M. le député
de Châteauguay, que vous alliez vers un point bien précis
où vous auriez des questions à poser à l'organisme qui est
avec nous. J'aimerais que vous vous en teniez aux remarques
préliminaires. Sur cette question de règlement aussi, je veux
vous dire que je n'ai pas eu connaissance d'une entente, mais je suis
obligé d'appliquer le règlement là où le
règlement permet à chaque député de faire des
remarques préliminaires pendant 20 minutes.
M. Dussault: Oui, j'avais droit à 20 minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Je suis obligé
d'appliquer le règlement comme tel, sauf s'il y a une autre entente. Je
vous demanderais de vous en tenir le plus possible aux remarques
préliminaires, quitte à ce que vous reveniez sur des questions
bien précises.
M. Dussault: Oui. M. le Président, quand viendra le temps,
je vais demander au Directeur général des élections s'il y
a une solution à ce type de problème, parce que je voudrais qu'on
comprenne bien la portée du problème que cela pose. Comme je vous
le disais, j'ai fait un travail d'au moins une heure et demie aujourd'hui pour
pouvoir identifier, à travers la forme du rapport du Parti
libéral, qui, dans le comté de Châteauguay, a donné
au Parti libéral. J'avais commencé à vous dire, M. le
Président, que, si j'ai eu ce souci, je ne suis sans doute pas le seul
à l'avoir eu. Je suis un électeur du comté de
Châteauguay. Il y a beaucoup de gens qui votent dans le comté de
Châteauguay et qui se préoccupent de ces questions. Il y a eu
toutes sortes de choses qui ont été dites pendant la campagne de
financement et il est normal qu'à partir du moment où on
reçoit le rapport qu'ils nous remettent de bien voir si les gens ont
été leurrés et si les gens se sont fait raconter des
histoires correctes. Il est donc important qu'on puisse être en mesure de
voir rapidement ce qui en est.
On est obligé de constater que ce rapport met l'électeur
énormément dans l'embarras. Je sais que je ne suis pas tout seul
à avoir connu ce problème aujourd'hui parce que beaucoup de mes
collègues m'en ont parlé. J'ai discuté de la situation
avec certains de mes collègues qui me disaient: Cela n'a aucun bon sens!
Qu'est-ce que vise une telle présentation puisque, l'an dernier et les
années précédentes, le Parti libéral
présentait son rapport d'une façon qui permettait aux
électeurs de l'analyser d'une façon correcte? Cette année,
il décide de nous le présenter tout d'un bloc et sans aucun
ordre, je dis bien "sans aucun ordre", sinon celui-ci - et c'est écrit
en haut de chacune des pages - "donateurs par ordre de lots". Pour ceux qui ne
sont pas très familiers avec ce langage, on est obligé de penser
que cela veut dire l'ordre des numéros d'ordinateur parce qu'on constate
qu'au début, à chaque ligne, il y a un numéro d'ordinateur
et c'est un numéro continu. On en conclut donc que c'est par ordre
d'entrée des données dans l'ordinateur. Je ne voudrais pas
prêter de mauvaises intentions au Parti libéral. Je pense que,
tout au moins, on peut dire qu'on aurait des raisons de se plaindre qu'au Parti
libéral on n'ait pas eu le souci de faire un rapport au Directeur
général des élections qui soit apte à lui permettre
de nous donner un rapport convenable. Je pense qu'on peut au moins dire
cela.
On peut aussi dire, si on se fie à certaines choses qui ont
été dites dans le milieu à l'occasion de la campagne de
financement l'an dernier, que cela pourrait aussi cacher certaines
réalités. Une de mes collègues a, aujourd'hui,
regardé aussi ce rapport et elle a constaté que, dans un
comté - je n'irai pas plus loin dans ce genre de détails -
toujours dans ce rapport du Parti libéral, le nom d'une personne revient
-
c'est difficile de trouver un comté là-dedans - dans un
comté donné, la députée me disait que le nom d'une
personne revenait au moins sept fois, à sept endroits différents.
Non seulement cela pose une question, à savoir si on fait un rapport qui
soit apte à être bien vu par les électeurs, mais cela pose
aussi une question très importante sur le plan de la loi 2, puisque la
loi 2 dit que chaque électeur peut donner jusqu'à un maximum de
3000 $ à des partis politiques. Comment peut-on - pour un
électeur, toujours - arriver à dire dans un tel rapport,
présenté de cette façon, si une personne n'a pas
versé des dons de façon telle que cela dépasse 3000 $? Je
pense que M. le Directeur général des élections s'est
déjà fait poser la question lors d'une commission parlementaire
ces dernières années, dans le sens de savoir si on ne peut pas
penser que certains électeurs donnent dans différents
comtés. Que .cela se retrouve comme cela ici et là,
c'était déjà une difficulté, mais imaginez-vous ce
que c'est comme difficulté d'arriver à établir si un
électeur n'a pas donné plus de 3000 $ dans un tel fouillis. Je
m'excuse de l'expression, mais, en fait, c'est la réalité. Ce
rapport - la partie du rapport du Parti libéral - est un fouillis pour
les électeurs. Ils ne peuvent vraiment pas s'y retrouver facilement.
Deuxièmement, retrouver, à toutes fins utiles, cette
réalité d'un électeur qui donnerait plus de 3000 $, c'est
comme essayer de trouver une aiguille dans une botte de foin. C'est cela, la
difficulté qui se pose pour un électeur. Cela me paraissait
important de le dire.
Puisque, de toute façon, je me serai rendu au bout de mon
exposé, je vais terminer par une question et le Directeur
général des élections pourra donner la réponse
quand cela l'arrangera au cours de nos travaux. J'aimerais bien savoir de sa
part s'il n'y aurait pas lieu qu'il se penche sérieusement sur cette
question, qu'il ait le souci d'éviter qu'un électeur puisse
verser plus de 3000 $ en dons électoraux, mais aussi faire en sorte que,
parmi les pouvoirs que lui donne la loi, il puisse créer aux partis
politiques une obligation de remettre un rapport qui soit potable pour les
électeurs. Je lui pose la question. Je n'attends pas la réponse
immédiatement, mais je pense qu'au minimum le Directeur
général des élections doit avoir ce souci. Maintenant que
le cas est patent, qu'il est évident que cela n'a aucun sens de
présenter un rapport de cette façon, j'aimerais que le Directeur
général des élections nous dise de quelle façon il
arrivera à se soucier dorénavant que le rapport soit fait d'une
façon correcte. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Châteauguay. Toujours dans les remarques
préliminaires, est-ce qu'il y a d'autres députés qui
demandent la parole? Non? Est-ce que, M. le Directeur général des
élections, vous voulez répondre immédiatement à
l'interrogation du député de Châteauguay? Non?
M. Côté (Pierre-F.): Comme il vous conviendra, M. le
Président. Je peux le faire...
Le Président (M. Gagnon): Cela va.
M. Côté (Pierre-F.): ...si cela vous convient. Je
voudrais attirer l'attention du député de Châteauguay sur
l'article 392.3 de la Loi électorale qui indique que le rapport
financier doit, en outre, indiquer le nom et l'adresse complète de
chaque électeur qui a versé une ou plusieurs contributions dont
le total dépasse 100 $. C'est la seule spécification de la Loi
électorale actuelle. Il n'y a pas d'autre spécification - je le
répète - dans la Loi électorale qui me permettrait, par
exemple, d'exiger de la part d'un parti politique de présenter cette
liste des contributions de plus de 100 $ d'une autre façon, ou de la
façon dont on aimerait que ce soit fait. Pour répondre à
la question du député de Châteauguay, il me semble que la
seule solution serait que la loi soit plus précise dans l'exigence
qu'elle a , de la présentation des rapports financiers ou dans les
pouvoirs que j'aurais d'émettre une directive ou, enfin, de demander
qu'on procède d'une autre façon. Je vous signale, par ailleurs,
que, malgré la présentation qui peut être différente
dans le rapport financier de la part des partis politiques, nous
procédons, au cours de l'année, à la vérification
des rapports qui nous sont soumis. (20 h 45)
Le Président (M. Gagnon): Merci.
M. Dussault: M. le Président, si on me permet quelques
secondes...
Le Président (M. Gagnon): M. le
député...
M. Dussault: ...M. le député de Charlesbourg
s'amuse à nous faire des signes du genre d'un ballon qui se
dessouffle.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Châteauguay, les signes...
M. Dussault: II n'y a pas de ballon, M. le Président, la
réalité est là et il faut la constater comme elle est.
Cela n'a aucun bon sens, c'est une injure à l'électeur, M. le
Président, cette façon de présenter un rapport. Ce n'est
pas parce que la loi ne peut pas permettre au directeur d'exiger plus que cela
rend la chose acceptable, c'est complètement inacceptable.
L'électeur ne
peut pas s'y retrouver, le Parti libéral injurie totalement les
électeurs en ce faisant et j'espère que mon intervention, cette
année, aura pour effet que l'année prochaine on ait un rapport
présenté exactement comme il était présenté
l'an dernier. C'est cela, respecter l'électeur. Tel que cela a
été fait cette année, c'est de l'irrespect total pour
l'électeur et il fallait que quelqu'un le dise ici. Que cela donne lieu,
de la part de M. le député de Charlesbourg, à des signes
d'un ballon qui dessouffle ou pas, cela ne change rien. C'était
important de faire cette intervention et j'en suis satisfait, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Châteauguay, d'abord, vous devez vous adresser au président.
Deuxièmement, les signes ou les gestes ne sont pas inscrits au Journal
des débats et la séance n'est pas télévisée.
La parole est au député de Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
comprends le degré de frustration du député de
Châteauguay, ce n'est pas la première fois qu'il manifeste son
caractère. Cela lui appartient, avec toutes ses ballounes qui se
dégonflent. De toute façon, si j'ai bien compris le Directeur
général des élections concernant ce sujet, qui sera clos
très vite d'après moi, le Parti libéral s'est
conformé à l'esprit et à la lettre de la Loi
électorale. Est-ce exact? Ai-je bien compris?
M. Cûté (Pierre-F.): Si vous me posez la question,
je dirais qu'il s'est conformé peut-être davantage à la
lettre qu'à l'esprit de la loi. Je veux préciser ma remarque, si
vous me le permettez, M. le député.
M. Côté (Charlesbourg): S'il vous plaît,
oui.
M. Côté (Pierre-F.): J'ai terminé tout
à l'heure en faisant la remarque à M. le député de
Châteauguay que nous allions procéder à une
vérification. Nous avons commencé, évidemment, à
regarder ce rapport, le rapport du Parti libéral, et la forme de
présentation est certainement un peu plus longue, il n'y a aucun doute,
que la présentation de l'an dernier, mais je tiens à
répéter cependant ce que j'ai dit au départ, que
l'exigence de l'article 392.3 est complètement remplie.
M. Côté (Charlesbourg): Complètement?
M. Côté (Pierre-F.) Complètement remplie.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis bien heureux d'entendre tout cela. Évidemment, cela va prendre
beaucoup plus de temps à examiner le rapport du Parti libéral,
compte tenu du nombre de dons, qu'à examiner celui du Parti
québécois, c'est bien sûr. Ne vous en faites pas pour
l'année prochaine. Le rapport de l'an prochain sera le même que
cette année-ci; ce sera la même chose, ne vous en faites pas. Cela
se démontre très bien par les sondages, vous allez en prendre
connaissance très bientôt.
Discussion générale
M. le Président, je voudrais revenir aux crédits,
puisqu'on est là pour cela. Les batailles politiques, on les fera en
temps et lieu; il n'y a pas de problème. N'importe quand, la
transparence du député de Châteauguay comparativement
à la nôtre, cela ne nous inquiète pas.
Fonctionnement du personnel
Lorsqu'on regarde les crédits, principalement quant au
fonctionnement du personnel, il y a un certain écart cette année
par rapport à l'an dernier. Si on se souvient des prévisions de
1984-1985, qui avaient été déposées au même
titre que les prévisions de 1985-1986, il y a un écart de
près de 500 000 $. On avait 5 502 000 $ l'an passé et, cette
année, ce sont des prévisions de 6 010 000 $, alors que les
dépenses ont été effectivement de 5 215 000 $. Cela fait
quand même... Les dépenses au 31 mars, par rapport aux
prévisions de cette année, démontrent quand même un
écart de près de 800 000 $. Est-ce qu'on pourrait, à ce
stade, avoir quelques explications?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président. M.
le député a évidemment raison, il y a un écart
assez considérable de 875 800 $. Il s'explique de la façon
suivante: Sur ces 875 800 $, il y a 300 000 $ qui proviennent des
employés mis en disponibilité au moment de la fusion. Si vous
vous souvenez, au moment de la fusion des institutions électorales, on
avait prévu être obligé d'avoir encore pendant un certain
temps - je pense que c'est une question d'équité - avec nous un
certain nombre d'employés de l'ancienne Direction générale
du financement des partis politiques. Or, cela s'est réglé
beaucoup plus rapidement que prévu, d'où une "économie",
entre guillemets, si vous voulez, de 300 000 $. Quant au reliquat de 575 800 $,
il s'agissait de postes vacants non dotés, au 31 mars 1985. Il y avait
des postes vacants qui n'étaient pas dotés à cette
date-là, totalisant ce montant, qui étaient couverts par des
employés
temporaires. C'est presque le même montant qu'on retrouve, 589 000
$, dans Autres rémunérations à la catégorie 2, ce
qui fait un total de 875 800 $. Est-ce que c'est clair ou si...
M. Côté (Charlesbourg): Cela va pour le moment. De
toute façon, en cours de route, on va...
M. Côté (Pierre-F.): Cela va.
M. Côté (Charlesbourg): C'est que, finalement, sur
le plan global des effectifs, si on regarde 1984-1985, vous aviez une
prévision de 171 employés permanents et de 13 employés
occasionnels, pour 184; en 1985-1986, vous avez 177 contre 171, donc 6
permanents additionnels et 27 employés occasionnels, pour 204. Il y a
donc une différence de 20 personnes. L'an passé, le 22 mai,
à l'étude des crédits, lorsqu'on vous avait
interrogé sur le même sujet, vous aviez dit ceci, en parlant des
employés: "À cet égard, je souligne que pour l'exercice
1984-1985 j'entends maintenir le statu quo quant au niveau de mes effectifs,
c'est-à-dire 161 postes permanents auxquels vient s'ajouter une
enveloppe de 13 personnes." Est-ce que cette différence provient de
l'intégration, à la suite de l'adoption de la loi, au mois de
décembre, ou si ce sont d'autres personnes?
M. Côté (Pierre-F.): Il y a différents
facteurs qui entrent en ligne de compte. D'abord, je vais vous signaler que...
Je vais prendre le chiffre des employés temporaires qui passe de 13
à 27. Vous savez, évidemment, que ce sont des - c'est ainsi qu'on
les appelle dans le jargon du personnel; j'ai moi-même, parfois, de la
difficulté à comprendre - personnes-année. Les 27
personnes au lieu de 13, c'est qu'on a utilisé, pour établir 27,
les normes - ce qu'on ignorait l'an dernier, je vous l'avoue bien franchement -
du Conseil du trésor dans ce sens qu'un organisme gouvernemental ou un
ministère dispose d'une enveloppe qui s'établit en fonction d'un
manque à gagner de huit semaines par poste autorisé et ce, pour
palier les avantages sociaux dont bénéficient les employés
réguliers d'un ministère ou d'un organisme. Ceci veut dire que
177 postes occupés, multiplié par 8 semaines à gagner,
divisé par 52 semaines, cela nous donne 27. Je vous explique la
façon dont le Conseil du trésor, présentement, pour les
ministères et les organismes, le calcule. Au lieu de 13, on arrive au
chiffre 27.
À l'égard des autres postes, il y a eu des postes nouveaux
qui ont été créés, six postes nouveaux qu'on
envisage de créer. Je vais être bien franc avec vous, je vais vous
dire que, contrairement à ce que je vous ai dit l'an dernier, c'est un
minimum, ce qui est envisagé là. Je vous le précise, dans
ma présentation de tout à l'heure... Je dis un minimum mais je ne
veux pas vous laisser croire que je vais partir pour la gloire et qu'on va
avoir une augmentation considérable d'employés, non. À la
suite - et ceci s'est produit en particulier l'an dernier - des
responsabilités nouvelles qui nous échoient, je dois vous dire
que j'envisage sérieusement de revoir le plan d'organisation des
effectifs et du personnel. Là encore, je veux être bien clair et
je ne voudrais pas que vous vous mépreniez l'an prochain: Nous
n'arrivons pas - ce n'est pas compliqué - avec la somme de travail et
les mandats nouveaux qui nous incombent et le personnel qu'on a. Alors, il faut
vraiment que je revoie la situation et je vous avoue franchement que ce qui me
surprend, c'est qu'on n'ait pas augmenté plus que ce qu'on a
augmenté là, à cause des nouveaux mandats et des nouvelles
responsabilités qu'on a, que nous acceptons, ce qui, je pense, va dans
le sens de notre mission - si je peux employer ce grand mot - et de nos
responsabilités sur le plan électoral au Québec. Quand on
a des responsabilités accrues dans le domaine municipal - c'est
considérable, le domaine municipal, c'est de plus en plus lourd - dans
le domaine scolaire et avec certains mandats spéciaux qui nous
échoient dans le courant de l'année, parfois on se demande
comment on va faire pour passer à travers la liste avec le personnel
qu'on a.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on arrive à la
catégorie 2, Autres rémunérations, les prévisions
de 1984-1985 étaient de 448 000 $, celles de 1985-1986 sont de 681 000
$, alors que la dépense réelle au 31 mars est de 1 037 000 $.
C'est quand même un peu plus que le double en termes de dépenses
d'autres rémunérations. Qu'est-ce qui entre là-dedans et
qu'est-ce qui explique le dépassement de 110 %?
M. Côté (Pierre-F.): C'est dans le sens de ce que
j'ai signalé tout à l'heure. Fondamentalement, je vais essayer
d'être le plus clair possible là-dessus, vous parlez de 448 800 $,
les prévisions de 1984-1985, des prévisions de 1985-1986, 681 000
$, et les dépenses sont de 1 037 800 $. L'écart, et je suis
d'accord avec vous, est considérable. Il s'explique par le fait que
c'est le personnel temporaire qui a occupé des fonctions de personnel
permanent. En fait, ce montant on devrait le retrouver, il devrait être
absorbé à la catégorie 1. C'est la différence avec
tout à l'heure.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la seule
différence. Au chapitre des communications... Je passe vite parce qu'il
y a quelques sujets que je veux traiter.
M. Côté (Pierre-F.): Cela va. J'espère
pouvoir vous donner toutes les réponses que vous aimeriez avoir.
M. Côté (Charlesbourg): Au niveau des
communications, on aperçoit aux prévisions de 1984-1985, 641 000
$, aux prévisions de 1985-1986, 550 000 $. On ne vous blâmera
certainement pas de diminuer le budget de 90 000 $ au niveau des
communications. Cela veut dire que cela ne prévoit pas un
scénario électoral parce que j'imagine qu'en temps de campagne
électorale vous avez un budget publicitaire qui doit être plus
élevé que dans une période normale.
M. Côté (Pierre-F.): Mes collègues pourront
me corriger, mais si je ne me trompe pas, il y a une partie considérable
des dépenses des communications en période électorale qui
entre dans la catégorie 11 plutôt, dans Autres dépenses. Ce
que comprend la catégorie 3, ce sont les communications
générales.
M. Côté (Charlesbourg): Uniquement normales.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, téléphonie.
Il y a un élément qui a diminué considérablement,
la téléphonie; on a rationalisé davantage notre
système.
M. Côté (Charlesbourg): Au niveau des services,
à la catégorie 4: 690 000 $ à 916 000 $. Qu'est-ce que
cela comporte comme dépenses?
M. Côté (Pierre-F.): 690 000 $ et...
M. Côté (Charlesbourg): À 916 000 $ en termes
de prévisions, prévision pour prévision, alors que les
dépenses au 31 mars ont été de 801 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): Ah oui! C'est un écart
de 111 060 $ qui découle essentiellement des points suivants. Au cours
de l'année, une somme d'environ 30 000 $ a servi à la
rémunération des enquêteurs pour régler diverses
plaintes. D'autre part, on a procédé à un virement de 80
000 $ provenant de la catégorie 6, loyers pour procéder au
développement d'un nouveau système informatique et d'un montant
d'environ 15 000 $ pour acquitter les différentes taxes
supplémentaires pour le nouveau centre de distribution. Il y a un point
qu'on n'avait pas prévu suffisamment l'an dernier, c'est l'augmentation
des recherches, des enquêtes qu'on doit faire. J'ai dû
procéder dans l'année à l'engagement d'enquêteurs
vraiment professionnels, ce qui explique ce déboursé de 30 000 $
qui n'avait pas été prévu.
L'établissement du système informatique pour
l'organisation du bureau a été plus rapide que prévu. II
fallait un montant additionnel de 80 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui veut dire qu'on est
à 226 000 $ de plus cette année comme budget par rapport aux
prévisions de l'an passé.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Cette augmentation de 226
000 $ provient essentiellement des points suivants: les services professionnels
en génie, 20 000 $, les services juridiques, 40 000 $, les taxes, 36 000
$, traitement informatique, prévisions pour la prochaine année,
évidemment, 55 000 $ et la main-d'oeuvre informatique, 75 000 $. On a un
plan d'établissement de l'informatique au bureau qui se poursuit sur une
période de trois ans. Nous commençons la deuxième
année d'implantation de l'informatique.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai entendu: génie,
20 000 $. Est-ce qu'on entend le génie conventionnel pour des
structures... (21 heures)
M. Côté (Pierre-F.): C'est que, concernant
l'immeuble qu'on occupe présentement sur la rue de la Pérade - je
vous ai fait part de cela l'an dernier - on avait prévu un montant de
200 000 $ pour l'isolation de l'immeuble à la suite de la recommandation
du ministère, lesquels n'ont pas pu être
dépensés.
M. Côté (Charlesbourg): Ah boni
M. Côté (Pierre-F.): Je peux vous dire, entre
parenthèses, pourquoi. C'est que les événements malheureux
du 8 mai de l'an dernier ont empêché le principal responsable de
ce dossier de s'en occuper. Il a fallu qu'il guérisse avant de s'occuper
de l'isolation, ce qui fait qu'on a reporté cette dépense dans
notre budget actuel. Cela comprend des services professionnels de 20 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Cela répond à
la question suivante, en ce qui concerne l'entretien.
M. Côté (Pierre-F.): Des 200 000 $.
M. C6té (Charlesbourg): Oui, 200 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): Une question sur le loyer,
à la catégorie 6. Les prévisions de 1984-1985, 759 000 $,
les dépenses réelles de 676 000 $, cela peut être dû
principalement...
M. Côté (Pierre-F.): C'est la
fermeture...
M. Côté (Charlesbourg): Place Desjardins.
M. Côté (Pierre-F.): ...des locaux à Place
Desjardins, c'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Qu'est-ce qui fait
que, cette année, on arrive à 523 000 $?
M. Côté (Pierre-F.): Ah, 523 000 $... M. le
député, je m'excuse, vous voulez le détail des 523 000
$?
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est parce que...
M. Côté (Pierre-F.): Vous voulez la
différence?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Outre la disparition du
coût de loyer de ce que M. Boucher avait installé à
Montréal, il reste quand même une différence de...
M. Côté (Pierre-F.): Une diminution, n'est-ce
pas?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Côté (Pierre-F.): De 235 800 $; est-ce cela?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Côté (Pierre-F.): Cette diminution... Le premier,
c'est les 556 000 $ de Place Desjardins; location de machines de bureau, 11 000
$; location de matériel informatique, 68 000 $, ce qui est en moins, car
on prévoit moins de besoins.
M. Côté (Charlesbourg): Il semble y avoir de
l'informatique un peu partout. Il y a des bouts que je...
M. Côté (Pierre-F.): Non. C'est parce que, tout
à l'heure, peut-être que c'est moi qui vous ai
mélangé. On avait une prévision pour les dossiers en
informatique. Comme je vous l'ai mentionné, à un moment
donné, cela a été plus rapide que prévu. Dans un
certain sens, c'est plus avantageux; on a fait une demande de soumissions, ce
qui nous a fourni un appareil merveilleux. Alors, il nous a manqué 80
000 $; on l'a implanté immédiatement. On est allé chercher
80 000 $, ce que j'ai mentionné tantôt. Par ailleurs, à
cause de cela, la location du matériel informatique va être
moindre.
Le Président (M. Gagnon): Je vais passer la parole au
député de Vachon et je reviendrai à vous; est-ce que cela
va?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, cela va. Le
Président (M. Gagnon): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): On est bien conciliant, il
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Comme vous voulez, cela ne me dérange pas.
Le Président (M. Gagnon): Non, non.
M. Payne: Le conseil consultatif, M. le Président, s'est
réuni combien de fois dans l'année, les douze mois?
M. Côté (Pierre-F.): Je pourrais vous donner
l'information précise dans quelques minutes. De mémoire, je peux
vous dire qu'il s'est réuni certainement près d'une quinzaine de
fois, je dirais l'année dernière. Alors, on me donne le chiffre
précis. On s'est réuni onze fois. Les séances ont surtout
porté sur la préparation conjointe des modifications à la
Loi électorale.
M. Payne: Dans l'article 51 de la loi, il est
précisé que le conseil peut rendre public le résultat de
ses travaux. Est-ce que le conseil a jugé bon de suggérer que ces
résultats soient contenus dans le rapport annuel qui, normalement, est
déposé? Selon la loi, c'est censé être
déposé au mois de septembre, je pense. Cette année, cela a
été déposé juste avant Noël, peu importe.
Est-ce qu'il a été jugé propice d'inclure dans le rapport
annuel les résultats de ces travaux?
M. Côté (Pierre-F.): M. le député de
Charlesbourg, qui est membre du conseil, pourra me corriger, mais la question
n'a pas été étudiée par les membres du conseil
consultatif. Puisque vous posez la question, peut-être qu'à la
prochaine séance il faudrait l'étudier pour savoir si c'est
opportun ou pas, parce que l'expression qui est employée dans l'article
51, c'est "peut". Ce sera aux membres du conseil consultatif de décider
s'ils croient que ce serait nécessaire de rendre public le
résultat de leurs travaux et de quelle façon cela pourrait
être fait aussi. Vous suggérez que cela pourrait être fait
dans le rapport annuel, je pense qu'il faudrait voir de quelle façon
cela pourrait être fait.
M. Payne: Oui, mais...
M. Côté (Pierre-F.): Je vous avoue que j'ai une
certaine hésitation. Je vais vous donner tout de suite ma
réaction première, c'est que le fonctionnement du conseil
consultatif jusqu'à maintenant me semble
être un forum tout à fait privilégié pour
permettre aux deux partis politiques représentés à
l'Assemblée nationale de s'exprimer très facilement, très
librement et d'échanger. Évidemment, l'article dit: le
résultat de ses travaux. En fait, le résultat des travaux des
onze séances de l'an dernier s'est manifesté avec beaucoup
d'éclat par l'adoption de la Loi électorale au mois de
décembre. Faudrait-il rendre public davantage le contenu des travaux
eux-mêmes ou des séances que nous tenons? Je pense qu'il faudrait
poser la question au conseil.
M. Payne: Non; d'ailleurs, ma recommandation n'est pas dans ce
sens. Je me servais de la tribune de la commission parlementaire pour exprimer
mon idée là-dessus. Personnellement, je jugeais qu'il y aurait un
certain intérêt public à savoir combien de fois il s'est
réuni, quelles étaient les grandes lignes des discussions. Il y a
bien des gens qui voudraient en connaître davantage sur les
préoccupations des partis. On parle aujourd'hui d'une certaine question
d'éthique. Selon l'esprit de la loi, il y aurait un intérêt
à ce que ce soit contenu dans le rapport annuel, étant
donné qu'il s'agit là d'un titre spécifique de la loi,
même si ce n'est qu'une référence de passage.
M. Côté (Pierre-F.): Je comprends mieux votre
intervention, M. le député, et je dirais que je suis assez
d'accord avec votre suggestion, en vous signalant, par exemple, qu'une des
façons de travailler du conseil consultatif n'est pas seulement les
séances du conseil lui-même, mais la constitution de groupes de
travail ou de comités techniques auxquels j'ai fait
référence dans mon introduction tout à l'heure, ce qui est
là aussi une manifestation assez éloquente de la collaboration
très active qui existe entre les partis politiques.
M. Payne: Depuis trois ans, le public n'a aucune information sur
le résultat de ces travaux. Je pense bien que c'est une lacune, cela
nous échappe; c'est une suggestion tout à fait positive que je
fais.
M. Côté (Pierre-F.): J'en prends bonne note, et je
vais certainement attirer l'attention des membres du conseil
là-dessus.
Coût des élections partielles
M. Payne: II y a eu beaucoup de discussions sur le coût des
élections partielles. Avez-vous des commentaires à faire pour
élucider cela plus objectivement que nous ne sommes capables de le
faire?
M. Côté (Pierre-F.): Bon. Une mise au point au
départ à ce sujet. J'espère qu'il n'y aura pas de
méprise et qu'on ne se trompera pas sur mes explications ou sur les
informations que je vais vous donner. Il est bien clair - je l'ai dit en
conférence de presse vendredi dernier - que je veux éviter - et
pour moi c'est un impératif absolument primordial - de m'impliquer de
quelque façon dans cette question qui prend la forme d'un débat
politique. Ce que je voudrais faire pour répondre à votre
question, c'est vous donner ce à quoi vous avez droit,
évidemment, des chiffres très précis sur le coût des
élections.
Si je prends ce qui s'est passé l'an dernier, les
élections partielles du 18 juin dans Marguerite-Bourgeoys,
Marie-Victorin et Sauvé, leur coût a été de 881
488,99 $. Je peux vous donner pour chacune des circonscriptions
électorales ce que cela représente, comment on arrive à ce
total. Si vous divisez les 881 000 $, disons, grosso modo, pour les fins de la
discussion, les 900 000 $, s'il y en avait une, cela pourrait
représenter 300 000 $. Je vais revenir à ces 300 000 $ dans une
minute, si vous me le permettez.
Mais, dans le cas de Saint-Jacques -c'est ce qui va me permettre de
clarifier les 300 000 $ - le coût de cette élection a
été de 172 938,70 $. Comment expliquer la différence?
Essentiellement, dans Marguerite-Bourgeoys, Marie-Victorin et ' Sauvé,
ces élections ont été précédées d'un
recensement. Il n'y avait pas eu de recensement antérieur, il a fallu
tenir un recensement. Grosso modo, parce qu'on n'a pas établi nos
données - on va le faire de façon plus détaillée
à l'avenir - pour savoir, par exemple, combien coûte le
recensement proprement dit avec toutes les implications, seulement les
honoraires des recenseurs pour les trois élections, donc, sur les 900
000 $, représentent facilement 120 000 $.
Alors, je reviens à Saint-Jacques avant de préciser cette
question des 300 000 $. Dans Saint-Jacques, l'élection partielle a eu
lieu immédiatement après le recensement et après la
révision annuelle et les locaux pour le directeur du scrutin
étaient déjà disponibles, ce qui veut dire qu'on a
"épargné", entre guillemets, dans le cas de l'élection
partielle de Saint-Jacques, les déboursés pour le recensement, et
pour la révision. C'est ce qui explique ce chiffre de 172 000 $.
Pour Marguerite-Bourgeoys, Marie-Victorin et Sauvé, ce qui est
compris dans le chiffre de 300 000 $, grosso modo, il faut bien comprendre que
c'est le coût du recensement.
M. Payne: Donc, effectivement il faut enlever ce qu'on appelle en
anglais les "fixed overheads" qui représenteraient, par exemple, les
coûts fixes d'un recensement.
M. Côté (Pierre-F.): S'il y a une
élection partielle qui se tient sans qu'il y ait de recensement,
il faut enlever environ - et ce sont toujours des estimations - la somme de 75
000 $ à 85 000 $. Alors, là, c'est une proportion qu'on
établit. Combien coûte un recensement annuel? Combien coûte
une révision annuelle et combien coûte une élection
générale? Alors, en établissant la proportion, si on veut
l'appliquer à des élections partielles, on arriverait au fait
qu'il faut enlever au coût d'une élection partielle le recensement
quand il n'a pas lieu. Est-ce que c'est assez clair?
M. Payne: Oui. Selon le rapport annuel, ce que je constate, c'est
que les cinq élections partielles tenues en 1983, par exemple, ont
coûté à la province la somme globale d'à peu
près 1 500 000 $...
M. Côté (Pierre-F.): Les cinq?
M. Payne: ...soit 300 000 $ chacune.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, mais ces élections
comprenaient également un recensement. Le recensement n'a pas eu lieu,
ni en 1983, ni en 1984.
Contributions de 100 $
M. Payne: Donc, on est loin de 10 000 000 $. Pour quelques
minutes, avant de céder la parole à quelqu'un d'autre, j'aimerais
revenir à une préoccupation que j'avais, le même genre de
préoccupation qu'avait mon collègue de Châteauguay, sans
que nous nous soyons consultés.
Moi aussi, j'ai été frappé par la
présentation du rapport cette année. Je regarde également
et peut-être particulièrement l'esprit de la loi. On voit à
l'article 392: "Le rapport financier doit en outre indiquer - alinéa 3 -
le nom et l'adresse complète de chaque électeur qui a
versé une ou plusieurs contributions dont le total dépasse 100
$."
D'abord, une question théorique: Quelqu'un décide de
financer un parti politique, décide de contribuer soit par
chèque, soit en argent comptant, de contribuer par exemple, pour un
souper bénéfice et c'est échelonné sur une
période de plusieurs mois, est-ce que c'est possible que le nom de
quelqu'un qui a contribué pour plusieurs centaines de dollars
versées en plusieurs chèques n'apparaisse pas sur la liste des
donateurs?
M. Côté (Pierre-F.): Est-ce que je comprends bien
votre question? Une personne qui aurait versé plus de...
M. Payne: Est-ce que théoriquement c'est possible que
quelqu'un, disons, qui a contribué effectivement pour 500 $ puisse faire
en sorte que son nom n'apparaisse pas sur le rapport des donateurs?
M. Côté (Pierre-F.): M. le député, je
vais vous fournir une information qui est assez importante, je pense. Le
rapport que vous avez en main, il a été fait conformément
aux dispositions de l'article 83.2 de la Loi régissant le financement
des partis politiques qui était évidemment en vigueur au 31
décembre avant que la nouvelle Loi électorale soit en vigueur. La
nouvelle Loi électorale est en vigueur depuis le 13 mars. Le rapport
financier - on le dit dans cet article - doit en outre indiquer le nom et
l'adresse complète de chaque électeur qui a versé une
contribution dépassant 100 000 $. (21 h 15)
M. Payne: 100 $.
M. Côté (Pierre-F.): Voyons: Qu'est-ce que j'ai dit?
100 000 $? Voyons! Dépassant 100 $. Je m'excuse.
M. Payne: On devient futuriste.
M. Côté (Pierre-F.): "Le nom et l'adresse
complète de chaque électeur qui a versé une contribution
dépassant 100 $." Le nouvel article se lit: "Le nom et l'adresse
complète de chaque électeur qui a versé une ou plusieurs
contributions dont le total dépasse 100 $." Pour l'an dernier, c'est le
nom et l'adresse de chaque électeur qui a versé une contribution
dépassant 100 $. Chaque contribution dépassant 100 $ doit
être inscrite. La nouvelle disposition, c'est: un montant "dont le total
dépasse 100 $". Dans l'ancienne, pour répondre plus
spécifiquement à votre question, quelqu'un qui aurait
versé 500 $, s'il l'avait fait, par exemple, en six versements de 75 $ -
le chiffre n'est pas exact, il faudrait établir la proportion exacte -
son nom n'apparaissait pas, mais, dès que le montant qui est
versé va au-delà de 100 $, le nom apparaît.
M. Payne: Maintenant. M. Côté (Pierre-F.):
Oui.
M. Payne: Est-ce que vous êtes satisfait que, règle
générale, aucun nom n'apparaît... Comme pourrais-je le
formuler? C'est plus facile en anglais.
M. Côté (Pierre-F.): I may try to answer you.
M. Payne: Non, non, c'est mon défi. Est-ce que vous pensez
- je vais reformuler la question - qu'il y a une nette amélioration avec
la loi telle que formulée maintenant à cet égard? Est-ce
que vous croyez que vous pouvez éviter le problème selon
lequel
quelqu'un pouvait contribuer un montant X, disons 500 $, tout en faisant
en sorte que son nom n'apparaisse pas?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Je dirais que c'est mieux
de la façon dont c'est formulé présentement parce que ce
qui est exigé, c'est que le montant total soit inscrit.
M. Payne: Alors, ma deuxième question...
M. Côté (Pierre-F.): Cette division que je vous
mentionnais tout à l'heure, qui était possible dans le
passé...
M. Payne: Ma deuxième question, ce serait...
M. Côté (Pierre-F.): Oui?
M. Payne: ...quels sont les mécanismes que vous
détenez qui vont faire en sorte que vous pourrez vous assurer que chaque
électeur, chaque contribuable ne verse pas plus de 100 $ sans que son
nom apparaisse?
M. Côté (Pierre-F.): Votre question est importante.
Elle est assez fondamentale, mais il n'y a pas beaucoup de réponses
autres que, premièrement se fier au rapport qui nous est soumis, et
deuxièmement, s'en remettre à deux autres éléments
dont celui de la vérification que nous effectuons nous-mêmes,
parce que, quand les rapports financiers sont déposés, nous
faisons une vérification. Troisièmement, c'est d'intervenir de
façon plus spécifique è la suite de plaintes, de remarques
ou d'observations que quelqu'un peut nous soumettre dans le sens qu'il y
aurait...
M. Payne: Dans un premier temps, je suis moins
intéressé par la question de votre vérification, mais
plutôt par la question de l'obligation, à savoir que, pour suivre
l'esprit et même la lettre de la loi, on devrait avoir une façon
d'émettre un reçu à quelqu'un qui a fait une contribution.
Une copie de ce reçu serait dans les mains d'un parti politique, disons
et le parti politique en question aurait l'obligation de déposer
auprès du Directeur général des élections le
montant global donné par cette personne aux fins de ce parti politique.
 ce moment-là, vous auriez les pièces justificatives pour
faire la vérification qui s'impose.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, nous les avons, M. le
député. Il vous faut lire l'article 395 de la loi qui dit que:
"Le représentant officiel d'un parti autorisé ou d'une instance
autorisée d'un parti doit, pendant une période de deux ans
suivant la date de production du rapport financier, conserver les reçus
qui lui ont été remis pour les contributions reçues. Il
doit cependant les remettre au Directeur général des
élections si ce dernier lui en fait la demande."
Autrefois, l'obligation était faite aux partis politiques de
faire parvenir ces reçus. Nous avons convenu que c'était mieux de
le formuler ainsi pour éviter le déménagement d'un tas de
paperasse, mais ils doivent les conserver pendant deux ans et je peux exiger de
voir tous les reçus que je désire voir ou sur lesquels je
désire avoir des informations, qui ont été émis
pour les contributions reçues. Est-ce que cela répond à
votre question? Je l'ai peut-être mal comprise.
M. Payne: Non. Je voudrais bien qu'on se comprenne. II y a un
problème majeur dans la loi si nous n'avons pas le mécanisme de
contrôle qui s'impose, notamment, pour que le Directeur
général des élections puisse vérifier facilement si
quelqu'un a contribué pour plus de 100 $, tout en vérifiant si
son nom apparaît sur la liste.
J'aurais une autre préoccupation. De la façon dont le
rapport financier du Parti libéral est fait, c'est très difficile
pour un simple citoyen de se retrouver là-dedans, parce que ce sont des
donateurs par ordre de lots. Il n'y a personne qui travaille selon le
modèle des lots. La structure de la loi, l'économie de la loi est
fondée sur les circonscriptions électorales. Mais, lorsque
plusieurs personnes ont contribué à plusieurs reprises pour plus
de 100 $, on ne peut pas les retrouver ensemble là-dedans. Donc, on ne
peut pas voir facilement le montant pour lequel quelqu'un a contribué
dans une seule période de douze mois. C'est ma deuxième
préoccupation. Ma première, c'était au sujet de quelqu'un
qui peut passer à côté de l'exigence de la loi,
c'est-à-dire qui a contribué pour plus de 100 $, mais dont le nom
ne paraît pas dans la liste, et je me demande si le Directeur
général des élections a le contrôle qu'il faut.
M. Côté (Pierre-F.): Vraiment, je ne vois pas trop
quoi répondre à votre première question, parce que le seul
moyen dont on dispose pour déterminer si une personne a contribué
pour 100 $, ou moins ou plus, c'est celui des reçus émis par les
partis politiques. Nous avons accès à ces reçus et c'est
la seule façon pour nous de vérifier. La loi précise
qu'une personne doit fournir une contribution à même ses propres
biens.
M. Payne: Non. Je vais être plus clair, parce que, dans mon
esprit, ce n'est pas trop compliqué. C'est difficile à exprimer,
mais, dans ma tête, c'est un peu plus clair, je pense. Pourquoi un parti
politique ne devrait-il pas fournir au Directeur général des
élections une liste par noms pour que cela paraisse tout de suite si
quelqu'un - Jeanne
Mélançon, par exemple - a versé une contribution de
500 $? Que le parti fournisse tous les reçus, toutes les pièces
justificatives démontrant tout de suite sur une liste que,
effectivement, cette personne a versé plus de 100 $.
M. Côté (Pierre-F.): La réponse à
votre question me paraît assez simple, M. le député: il
faudrait que la loi le dise.
M. Payne: Non. Dans le nouvel article, c'est assez clair que cela
devrait apparaître. Dans le prochain rapport, je présume que le
nom va apparaître.
M. Côté (Pierre-F.): Je ferai le commentaire
général suivant: dans l'application du nouveau titre VIII de la
Loi électorale, qui était autrefois la Loi régissant le
financement des partis politiques, plus nous la creusons, plus nous la mettons
en application, plus nous nous rendons compte que, dans toute loi de ce genre,
il y a des imprécisions. C'est ce qu'on a essayé de corriger tous
ensemble au mois de décembre dernier. On est placé devant une
situation où il paraîtrait peut-être nécessaire,
selon le désir qu'expriment certains députés, que la loi
soit plus explicite à cet égard, c'est-à-dire que la
présentation du rapport financier indique le nom et l'adresse
complète de chaque électeur, par ordre alphabétique, par
ordre de circonscription électorale, dans un ordre
déterminé. Mais, à moins qu'on ne m'exprime une opinion
juridique tout à fait contraire à celle que je vous exprime
présentement, je crois, pour ma part - je l'ai signalé tout
à l'heure à M. le député de Charlesbourg - que la
façon dont le Parti libéral a présenté son rapport
financier et la liste des donateurs de plus de 100 $ est strictement conforme
à la lettre de la loi.
M. Payne: Juste une demi-minute. Je vais terminer
là-dessus. Moi, je ne crois pas que la lettre - certainement pas
l'esprit -ait été respectée, non plus, selon l'article
392. C'est l'article qui s'appliquait au moment où ce rapport a
été déposé. Il dit que "le rapport financier doit
en outre indiquer le nom et l'adresse complète de chaque électeur
qui a versé une ou plusieurs contributions dont le total dépasse
100 $." On vient tout juste de constater que quelqu'un peut faire en sorte que
son nom ne paraisse pas sur le rapport si, effectivement, il utilise le truc
que je viens de décrire, à savoir de verser plusieurs
chèques de moins de 100 $. Je crois avoir raison d'en déduire que
son nom ne paraîtra pas sur la liste.
M. Côté (Pierre-F.) Je m'excuse, M. ledéputé, mais il faut bien revenir à la
précision que j'ai faite tout à l'heure: l'article 392.3 est la
nouvelle disposition qui va s'appliquer pour le rapport de l'an prochain. Il
faut bien réaliser ici que ce qui concerne le rapport de l'an dernier,
dont vous faites état, c'est l'article 83.2 de la Loi régissant
le financement des partis politiques, dont la formulation n'est pas tout
à fait pareille. L'article 83.2 dit que "le rapport doit indiquer le nom
et l'adresse complète de chaque électeur qui a versé une
contribution dépassant 100 $", tandis que la nouvelle disposition dit
"dont le total dépasse 100 $".
Le Président (M. Gagnon): Cela va? Juste avant de vous
donner la parole, M. le député de Charlesbourg, il y en a
peut-être ici qui sont intéressés par un autre débat
qui se passe au Colisée. Les Nordiques mènent 1 à 0 en
deuxième période. M. le député de Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Châteauguay, tout à l'heure, nous livrait les fruits de sa
recherche d'une heure et demie cet après-midi en disant: N'est-ce pas
épouvantable, il y a une personne qui a donné sept montants
à sept endroits différents? C'était catastrophique,
c'était épouvantable. Ah! c'était extraordinaire.
Une voix: Est-ce vrai?
M. Dussault: J'ai dit que le nom paraissait à six endroits
différents dans le rapport.
M. Côté (Charlesbourg): Six endroits
différents.
M. Dussault: Six endroits différents dans le rapport.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg, vous avez la parole.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président.
M. Dussault: C'est un peu différent.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, à six endroits
différents. Et il s'interrogeait sur la possibilité, n'est-ce
pas, que quelqu'un ait pu transgresser la loi en donnant plus que la loi ne l'y
autorisait. C'était sa question. Juste un petit regard très
rapide...
M. Blouin: C'est inexact, on le sait.
M. Côté (Charlesbourg): ...pour vous informer...
S'il vous plaît! Tantôt, cela allait bien, vous n'étiez pas
là. Si jamais vous voulez prendre la parole, le président est
tout disposé à prendre votre nom pour vous entendre.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez toujours la parole, M.
le député de Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, dans le
passé, vous avez déjà manifesté vos interventions
avec le maire de je ne sais trop où, de
Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson?
Le Président (M. Gagnon): Vous devez vous adresser au
président.
M. Blouin: Bien oui, le Directeur général des
élections m'avait donné raison, d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): On a vu une sortie
très bien réussie.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre! S'il vous plaît!
M. Blouin: Le Directeur général des
élections m'avait donné raison, d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Une sortie très bien
réussie, d'ailleurs.
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît!
M. Côté (Charlesbourg): Je regarde et je vois qu'il
est possible de donner à deux endroits différents au Parti
québécois aussi, comme ailleurs.
M. Dussault: Ce n'est pas mon cas.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas votre cas;
d'ailleurs, vous n'êtes pas ministre. Peut-être que, si vous
étiez ministre, vous pourriez en donner autant.
M. Dussault: J'en ai donné plus que des ministres.
M. Côté (Charlesbourg): Si on regarde le
député de Joliette, M. Guy Chevrette, il a donné au parti
850 $; et de un! On va voir dans le comté de Joliette et il a
donné aussi au comté de Joliette; et de deux! Donc, il y a des
possibilités. Je ne me pose même pas la question si cela a
dépassé le montant; il a donné deux fois 850 $. Il s'agit
de faire l'addition et vous allez voir que les gens qui ont donné
à six moments différents se sont conformés à la
loi.
Coût d'une élection
générale avant le 70 juin
De toute façon, je pense que le député de Vachon a
ouvert une discussion très intéressante, que je m'apprêtais
à ouvrir, sur, bien sûr, le coût d'une élection
générale avant le 30 juin et le coût d'une élection
générale après le 30 juin. Pour l'information du
député de Vachon, je vais lui remettre -il pourra vérifier
ce que cela comporte -trois petits tableaux que j'ai préparés
pour qu'on se comprenne bien. À la lumière des renseignements
cueillis un peu partout et à partir du rapport du Directeur
général des élections, on a calculé exactement ce
que cela coûterait à partir de données précises pour
différents niveaux d'intervention: recensement, révision,
scrutateurs, greffiers, etc. On les a tous calculés à partir des
chiffres du Directeur général des élections pour les
quatre comtés. Le coût, je vais vous surprendre, n'est pas de 1
200 000 $.
Une voix: Non? (21 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est 1 107 331,20 $.
C'est le coût des quatre élections partielles. Il est
déterminé de la façon suivante: compte tenu des 160 211
électeurs qui sont visés lors des quatre élections
partielles, il y a 660 sections de vote, 27 bureaux de dépôt, 20
commissions de révision, 1 commission de révision rurale et 26
bureaux de vote par anticipation. Je ne veux pas faire la nomenclature de tout
cela; je veux seulement le distribuer pour le bon entendement de tout le monde
et qu'on se comprenne très bien. Il y a différents chapitres,
évidemment, pour ce qui est des dépenses remboursables de la
tenue du scrutin lui-même, lorsqu'on paie les scrutateurs et les
secrétaires de bureaux de vote. On a tenté de faire quelque chose
de très honnête pour qu'on se comprenne bien et, dans ce sens,
à 1 107 000 $, on n'est pas loin de ce que le Directeur
général des élections avait dit: 1 200 000 $, en
arrondissant les chiffres. Je pense que là-dessus on ne perdra pas de
temps plus longtemps. On va mettre cela de côté tout en tenant
pour acquis que c'est pas mal près de la vérité.
M. Côté (Pierre-F.): Vos chiffres
m'intéressent quand même, M. le député.
M. Côté (Charlesbourg): Certainement. Vous allez
voir. On est ouvert à la contestation. On va même vous en
distribuer une copie. On avait prévu que vous y verriez de
l'intérêt au point d'en vouloir une copie. Pardon?
M. Payne: Pourquoi ne posez-vous pas la question...
M. Côté (Charlesbourg): Sur la justification?
M. Payne: ...au directeur lui-même pour avoir une
réponse objective?
M. Côté (Charlesbourg): Pour une
réponse objective, elle est objective, elle est inférieure
à ce que le Directeur général des élections a
prévu: 1 200 000 $. Elle est de 1 107 000 $. Si le Directeur
général des élections veut contester les chiffres, libre
à lui, ils sont sur la table. Ce sont exactement les mêmes
critères et, pour l'information du député de Vachon, je
vais lui en remettre une copie. Vous avez les références qui
tiennent compte des élections partielles déjà tenues, tout
à fait comme vous l'avez fait tout à l'heure, avec les chiffres
que vous citiez en discutant d'élections partielles. Si une
élection générale était tenue après le 30
juin - on a encore des chances que ce soit avant - cela nous permettrait de
faire une économie assez substantielle. Pas de chance?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg, nous avons des invités. Entre nous, nous aurons d'autres
occasions de faire ce débat.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, vous
parlerez au député de Rousseau.
Le Président (M. Gagnon): C'est pour cela que je vous
indique que vous avez la parole et que vous pouvez vous adresser aux
invités.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que vous vous
adressez à moi en disant: M. le député de
Charlesbourg.
M. Blouin: Je cesse immédiatement.
Le Président (M. Gagnon): Non. À ce
moment-là, je me rends compte que c'est au député de
Rousseau que j'aurais dû m'adresser. Je m'excuse.
M. Blouin: Je suis en train de perturber le député
de Charlesbourg. J'arrête tout de suite.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, si
des élections étaient tenues après le 30 juin, à
partir du principe de la tenue de l'élection de 1981, avec les tarifs de
1981, l'élection de 1981 a coûté 23 393 927 $. On a tenu
pour acquis que le coût de la tenue de l'élection cette
année, en 1985, quel que soit le moment où elle viendra
après le 30 juin, serait le même qu'en 1981. Il y a effectivement
des coûts additionnels à cela. On s'est dit: Mettons le plancher
de l'élection de 1981.
Remboursement des partis politiques. Compte tenu de la nouvelle loi,
avec 0,80 $ par électeur, dont 0,40 $ sont remboursables, cela
coûterait, compte tenu du nombre d'électeurs, en remboursement de
dépenses électorales, 3 639 268 $. On avait estimé, selon
nos calculs, que la tenue d'un recensement coûterait 13 300 000 $. On
diverge un peu d'opinion avec vous parce que, dans votre introduction, tout
à l'heure, vous avez parlé de 11 000 000 $. On ne se chicanera
pas pour ces 2 000 000 $, vous allez voir cela comme conclusion tantôt.
Cela fait un total de 40 333 195 $. Additionnez le coût des
élections partielles à 1 200 000 $, cela fait donc, pour la
situation dans laquelle on est - élections partielles maintenant,
élection générale après le 30 juin - 41 533 195 $.
Quant à nous, c'est la conclusion à laquelle on est
arrivés en termes de coûts de la tenue d'une élection
après le 30 juin. C'est très simple, vous allez voir, on va vous
distribuer des petits tableaux, on en a préparés. Pour justifier
les 23 393 000 $, j'ai quelques tableaux à vous fournir, si vous en
voulez.
M. Blouin: C'est comme la Baie James II, cela ne finit plus,
votre affaire.
M. Côté (Charlesbourg): Ne vous énervez pas,
M. le député de Rousseau.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rousseau, vous n'avez pas la parole. M. le député de Charlesbourg
a la parole. À l'ordre: À l'ordre: M. le député de
Charlesbourg, vous avez la parole.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Dans un autre tableau
que j'ai distribué au Directeur général des
élections, des dépenses reliées à la tenue d'une
élection générale...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg. À l'ordre, s'il vous plaît: Pas à l'ordre
pour vous, mais pour les autres.
M. Dussault: On est en train de dire, M. le Président,
qu'avec le Parti québécois c'est moins cher, on en fait tous les
cinq ans. Chez eux, c'était tous les trois ans; c'est bien plus
coûteux que de faire des élections tous les cinq ans.
M. Côté (Charlesbourg): On vous promet qu'on ne
recommencera pas aux trois ans.
M. Dussault: C'est ce qu'on disait, M. le Président, et
c'est plein de bon sens.
Le Président (M. Gagnon): Je suis en train de vous dire
aussi que vous n'avez pas la parole. M. le député de Charlesbourg
a la parole. Le temps passe.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, un
peu de respect pour les citoyens qui nous écoutent, vous qui avez
toujours le respect des citoyens.
J'ai distribué la ventilation des 23 393 000 $. À titre
d'exemple: personnel
rattaché aux diverses opérations, directeurs de scrutin,
122, ce que cela coûte; secrétaires de scrutin, 122, ce que cela
coûte; aides dans les bureaux de dépôt, réviseurs
urbains, réviseurs ruraux, scrutateurs, secrétaires de bureaux de
vote, préposés à l'information et au maintien de l'ordre,
aides aux directeurs de scrutin, aides-enquêteurs, représentants
des partis politiques, location de bureaux et d'ameublement, impression de
listes électorales, information publique, matériel
électoral, transport du matériel électoral,
téléphonie et frais généraux. Compte tenu de
l'expérience vécue à l'élection de 1981, le
coût total était de 23 393 000 $.
Ce que nous avons prétendu dans tout ce débat, c'est que,
dans la mesure où des élections auraient été tenues
avant le 30 juin, cela permettait - c'est ce qu'on disait à
l'époque des économies minimales de 10 000 000 $. Dans la mesure
où un gouvernement élu déciderait, comme cela avait
été le cas pour 1981, comme cela a été le cas pour
1982 et comme cela a été le cas pour 1983, d'adopter un petit
projet de loi et d'annuler le recensement annuel, il y avait donc une
économie d'au-delà de 10 000 000 $, si la tenue des
élections était avant le 30 juin 1985, et cela nous paraissait
très clair. C'est pour cela qu'on a voulu mettre sur des petits tableaux
ce que cela coûtait, compte tenu des informations que nous avions. Je
pense qu'on a échangé sur le plan public un peu sur ces
affaires-là. Le but n'est pas de remettre quiconque à sa place,
mais qu'on puisse effectivement tenter de tirer au clair toute cette histoire
parce que, dans le cas des élections partielles, c'est maintenant fait,
c'est clair: à peu près tout le monde s'entend sur environ 1 200
000 $, à raison d'à peu près 300 000 $ par élection
partielle.
Je maintiens et je continue de maintenir que, si des élections
étaient tenues maintenant et que le gouvernement élu aux
élections générales éliminait le recensement
prévu pour l'automne prochain, il y aurait une économie effective
minimale de 10 000 000 $. M. Côté, est-ce que vous partagez mon
avis?
Le Président (M. Gagnon): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Évidemment, les chiffres
que vous me donnez méritent une étude attentive. Je peux juste
vous donner des impressions quant aux chiffres que vous donnez. Par exemple, le
chiffre que vous donnez, les 23 393 000 $, vous expliquez bien dans la note que
vous nous avez fournie que c'est une adaptation du coût de 1981, qui
était de 22 629 000 $, à ce que coûteraient des
élections générales en 1985. Vous avez des notes qui
indiquent que cela tient compte, par exemple, de la révision plus ou
moins 10 %, des commissions de révision, des bureaux de
dépôt. Il faudrait qu'on fasse - je ne veux pas douter de vos
chiffres - l'évaluation pour savoir si c'est 23 000 000 $.
Ce pourquoi je soulève ce point, c'est que je vous avoue bien
franchement que nous n'avons pas fait le même exercice. Nous avons
plutôt établi, comme vous l'avez dit tout à l'heure,
lorsqu'il y a eu certains échanges, des ordres de grandeur. Je n'aurais
pas d'objection à revoir mes chiffres ou à essayer de les
préciser plus en détail, comme vous le faites, et à les
adapter à 1985 de façon plus précise. Mais les ordres de
grandeur qu'on envisageait, c'était que, pour un recensement annuel, on
arrivait aux environs de 10 000 000 $, contrairement aux 11 000 000 $ de nos
prévisions budgétaires.
Là-dessus, je voudrais vous donner une précision. Quand on
a indiqué les 11 000 000 $ dans nos prévisions
budgétaires, il y a 1 000 000 $ qu'on a ajoutés, qui
étaient une augmentation de la rémunération des
recenseurs, en particulier, et d'autre personnel électoral. Alors, il y
avait une augmentation, qui ne nous a pas été accordée; je
pensais bien l'arracher, pour ainsi dire, au gouvernement. Ce qui fait que pour
le recensement - là, on diverge un peu d'opinion - vous avez dit tout
à l'heure: II y a peut-être une différence de 2 300 000 $;
je la verrais plutôt de 3 300 000 $.
En ce qui concerne le coût des partielles, j'ai mentionné,
tout à l'heure, 1 200 000 $ - c'est vrai que j'ai cité ce chiffre
- mais c'est dans l'hypothèse où ces élections partielles
sont précédées d'un recensement. Je disais, tout à
l'heure - je voudrais être plus précis là-dessus - que
c'est un ordre de grandeur - enfin, là encore, il n'y a pas une
très grosse différence - d'environ 1 000 000 $ que vont
coûter les élections partielles. Plus bas que 1 000 000 $, je
pense, mais...
J'hésite beaucoup à donner ces chiffres, parce que si,
à la fin des élections partielles, je vous arrive avec une
facture qui est de 1 300 000 $, vous allez me taper sur la tête et dire:
Qu'est-ce que c'est cela? Qu'est-ce que cela veut dire? C'est pour cela que je
suis très embarrassé dans ce genre de débat, surtout pour
l'avenir, parce qu'il est très difficile de vraiment établir de
façon précise ce que va coûter un événement
électoral et ce n'est pas pour rien que j'ai la liberté d'avoir
accès au fonds consolidé lorsqu'un tel événement
électoral se produit.
La raison fondamentale, vous la connaissez, je ne m'attarderai pas
longtemps là-dessus, c'est qu'il n'y a pas de possibilité de
prévoir, dans une année donnée, qu'il va y avoir une
élection générale, c'est évident, dans notre
système. Mais il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte,
qui vont m'amener, par exemple, dans certains
cas, à des augmentations de coût ou à des
diminutions, selon qu'il y aura modification des honoraires du personnel
électoral, selon qu'il y aura aussi, par exemple, ce qui s'est produit
en 1981, une augmentation des coûts de la publicité à cause
de dispositions nouvelles dans la Loi électorale, ce qu'il ne sera pas
nécessaire de répéter lors d'une élection
générale subséquente s'il n'y a pas eu un grand nombre de
modifications à cette loi.
Or, toutes ces considérations font que j'insiste bien gros sur le
fait que je veux être très prudent dans les ordres de grandeur que
je vous fournis. Alors, je reviens aux ordres de grandeur de tantôt. Je
dis, pour ma part, qu'un recensement, c'est une dizaine de millions de dollars;
la révision, c'est 8 000 000 $; un scrutin, c'est de l'ordre de 17 000
000 $. Globalement, l'ordre de grandeur qu'on envisage pour de prochaines
élections générales, c'est d'environ 35 000 000 $. Vous
arrivez au chiffre de 41 000 000 $. Je dis 35 000 000 $; je pourrais dire 36
000 000 $ ou 37 000 000 $, je pourrais dire 33 000 000 $, 34 000 000 $. Vous
dites 41 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon...
M. Côté (Pierre-F.) C'est 35 000 000 $
comparés à 41 000 000 $. Là, je serais prêt à
échanger longtemps avec vous et à analyser nos chiffres, nos
prévisions. Remarquez que, l'an dernier, par exemple, les
prévisions qu'on avait pour le recensement étaient de 19 500 000
$. Effectivement, cela a coûté 17 500 000 $: Pourquoi? C'est parce
qu'on exerce assez de rigueur administrative, mais nos prévisions
n'étaient quand même pas si mauvaises. Je ne vous cache pas que
j'aime mieux - et vous connaissez le truc de tout bon administrateur - avoir
des prévisions plus optimistes que pessimistes, quand on fait des
prévisions budgétaires.
M. Blouin: II n'est pas fort;
M. Côté (Charlesbourg): M. le directeur
général, je vous ai soumis des documents faits avec les moyens
dont on dispose, compte tenu des rapports soumis sur 1981. M. le
Président, j'ai entendu le député de Rousseau dire que ce
n'est pas fort. C'était votre thème en 1981 et regardez où
vous avez mené le Québec depuis ce temps.
M. Blouin: Ah! On l'a mené à bon port.
M. Côté (Charlesbourg): 720 000
chômeurs...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais cela ouvre un
genre de débat comme celui-là.
M. Blouin: Regardez les performances de la création
d'emplois du Québec par rapport à celles du reste du Canada.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blouin: Les yeux vont vous rondir encore un peu plus.
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît! M. le
député de Charlesbourg, il vous reste très peu de temps,
si je veux donner la chance à d'autres députés de poser
des questions.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas une question de
donner la chance. J'ai 20 minutes, M. le Président, voulez-vous
m'indiquer combien j'en ai utilisé? (21 h 45)
Le Président (M. Gagnon): Je vous en ai donné 29
depuis le début.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais un instant, M. le
Président, on ne me jouera pas comme cela.
Le Président (M. Gagnon): Non, il n'est question de jouer
personne. En fait, si vous voulez prendre tout le temps, vous avez trois
éléments. Vous n'avez pas d'éléments? Ce sont tous
les crédits.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon...
Le Président (M. Gagnon): Vous auriez terminé votre
temps.
M. Côté (Charlesbourg): ...M. le Président,
j'ai été très ouvert aussi tout à l'heure.
Le Président (M. Gagnon): Oui, oui, effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, à partir ce
cela...
Le Président (M. Gagnon): C'est juste pour demander aux
membres de la commission de le laisser poser ses questions si vous voulez avoir
la chance de poser aussi des questions. M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté (Charlesbourg): M. le directeur
général, je vous ai soumis des petits tableaux. J'imagine qu'avec
vos services vous êtes capable de corriger la où il " y a des
erreurs. On n'est pas infaillible.
M. Côté (Pierre-F.): Et peut-être même
qu'on va s'instruire aussi.
M. Côté (Charlesbourg): J'apprécierais
beaucoup recevoir par le courrier ou par voie publique la réponse
à ces tableaux.
M. Côté (Pierre-F.): Vous n'avez pas d'objection si
je ne le fais pas par voie publique?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on tire des
conclusions de certains événements de part et d'autre.
Commission de la représentation
électorale
Je voudrais aborder très brièvement l'autre sujet qu'il me
reste, M. le Président, c'est la Commission de la représentation
électorale. Lorsqu'on a étudié le rapport, j'avais
donné presque un préavis dans mon petit discours au directeur
général. Lorsqu'on regarde ce qui a été fait au
niveau du rapport de la Commission de la représentation
électorale, il est clair que le travail qui est fait découle
d'une loi qui a été adoptée par les libéraux -
donc, on va se positionner très vite - qui voulait qu'après
chaque élection on enclenche le processus d'une révision de la
carte électorale. Je l'ai dit dans mon discours de deuxième
lecture: C'est peut-être le temps de regarder si cela ne devrait pas
être tous les dix ans compte tenu de ce que cela coûte par rapport
à ce que ça produit. Si j'ai bien compris, c'est 269 personnes
qui ont changé de comté, au bout de l'exercice de la Commission
de la représentation électorale: 269 personnes sont parties d'un
comté et sont allées dans d'autres comtés.
J'ai vérifié pour tenter de trouver le budget de la
Commission de la représentation électorale et ce que
coûtait une opération comme celle-là, par exemple la
dernière, où vous êtes allés dans différents
endroits. Il y a Matane et Lebel-sur-Quévillon, où on avait
annulé les auditions, mais, comme processus de travail, il y a quand
même six ou sept endroits, si je me souviens, que vous avez
visités pour entendre les doléances des gens concernant le
réaménagement de la carte électorale. Qu'est-ce que
coûte le dernier processus de la révision de la carte
électorale au lendemain de l'élection de 1981? Si je ne m'abuse,
ce mouvement a été enclenché, arrêté, repris
par la suite, compte tenu des différents mandats que vous avez eus.
Combien coûte comme montant global toute cette opération pour
arriver aux changements qu'on a eus? Je pense que la réaction de votre
collaborateur, lorsque j'ai dit 269, a été de dire non. Je me
souviens assez bien de les avoir comptés un à un; des
comtés de sept, des comtés de huit. Je pense qu'il y en a 269, si
je ne m'abuse. Si ce n'est pas cela, je suis prêt à corriger mon
tir, mais il y a 269 personnes qui ont changé de comté.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous me le permettez, je
fais vérifier. Le chiffre de 269 qui a été
mentionné, c'est juste, mais, je crois comprendre qu'on va me donner une
précision là-dessus parce que c'est un chiffre qui a
été mentionné seulement dans les derniers ajustements qui
ont été faits. Je vais vérifier, parce que j'ai
l'impression qu'il y en a plus que cela. Ce n'est pas énorme de toute
façon, le nombre d'électeurs qui changent de circonscription.
Je voudrais d'abord répondre à la première partie.
Vous avez fait état dans le discours que vous avez prononcé
à l'Assemblée nationale que la différence de 104 500 $
serait ce qu'aurait coûté la tournée. Ce n'est pas la
qualification, je vais vous donner le coût de la tournée.
L'écart de 104 500 $ s'explique essentiellement par le fait que les
prévisions pour les dépenses de publicité, journaux et
revues, de même que les publications des ministères ont
été réduites respectivement. Il y a deux
réductions, en effet, de 50 000 $ dans nos prévisions.
Quant au coût de la tournée, nous sommes allés
à Rivière-du-Loup, Hull, Québec, Montréal, Windsor.
Nous ne sommes pas allés à Matane, ni à
Lebel-sur-Quévillon et les séances également que nous
projetions de tenir avec les membres de l'Assemblée nationale n'ont pas
eu lieu ici à Québec. Le coût global de ces tournées
a été de 45 463,34 $. Ces 45 000 $, on les retrouve...
Le Président (M. Gagnon): La commission va suspendre ses
travaux pour... Non?
M. Côté (Pierre-F.): Le coût de 45 000 $, vous
le retrouvez à la page 5 du rapport financier préliminaire. Il
est inclus à la catégorie 3: Communications, 106 680 $. Je
voulais apporter cette précision pour donner la différence qu'on
a mentionnée tantôt de 104 000 $. Les 45 000 $ sont compris dans
les 106 000 $ qui ont été effectivement
dépensés.
M. Côté (Charlesbourg): Le processus qui a
été entamé au lendemain de l'élection de 1981,
d'abord avec un premier rapport, si je ne m'abuse, à moins que...
M. Côté (Pierre-F.): Il a été
déposé le 13 mars 1983.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Côté (Pierre-F.): Le 13 avril 1983, pardon.
M. Côté (Charlesbourg): Par la suite, on a
arrêté une deuxième tournée, si je ne m'abuse.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous le permettiez,
très rapidement, la procédure est la suivante: après une
élection générale, la loi prévoit que la commission
prépare un projet de révision de la carte électorale selon
les critères établis par la loi. Au bout de cette année,
on dépose un rapport et, dans l'année qui suit, on fait une
tournée dans la province. C'est suivi d'un débat de cinq heures
et la commission prend ses décisions par la suite.
Ce qui explique tout ce qui s'est passé je veux seulement le
rappeler pour mémoire c'est qu'on a remis notre rapport et qu'on a pris
nos décisions finales il y a seulement trois ou quatre jours. Il y a eu
remise. L'Assemblée nationale nous a donné instruction de
reporter notre rapport, si je peux m'exprimer ainsi. Au lieu de le faire dans
les deux années qui ont suivi l'élection générale,
c'est-à-dire d'arriver avec une décision finale en 1983, on est
rendu en 1985.
Pour répondre à votre question de tout à l'heure,
M. Côté, votre chiffre de 269 est exact, mais il faut ajouter
à cela d'autres chiffres. Ceux que nous avons font suite à des
ajustements mineurs que la commission a apportés à la suite du
débat qui s'est tenu en janvier 1985. On a tenu compte de certaines
fusions et annexions qui sont intervenues entre le 13 avril 1983 et le 13 avril
1985. Évidemment, il faut ajouter à cela - et c'est dans notre
rapport - que des ajustements seront apportés à 33
circonscriptions dont onze impliquent moins de 500 électeurs et huit
impliquent plus de 500 électeurs, ce qui fait qu'il n'y a pas une
très grande variante sur 4 500 000. Cela ne fait pas un grand nombre
d'électeurs qui ont été impliqués dans
l'opération qu'on vient de vivre.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être une
dernière question là-dessus. À la lumière de
l'expérience qui vient de se terminer, l'hypothèse de se ranger
à ce que fait le fédéral, une révision de la carte
électorale aux dix ans après le recensement du Canada, est-elle,
aujourd'hui, réaliste, au lieu de le faire au lendemain de chaque
élection?
M. Côté (Pierre-F.): Je pense que cela vaut
certainement la peine d'y réfléchir, mais il y a un
élément dont il va falloir tenir compte sérieusement
à ce moment-là. Le critère sur lequel la loi dit à
la commission de se baser pour la détermination des circonscriptions,
c'est la liste électorale, tandis que là, ce serait le
recensement. Il y a un problème de chiffres ou de données de
base. Mais l'élément essentiel, ce n'est pas celui que vous
soulevez, c'est, au lieu d'avoir une fréquence à tous les quatre
ans ou à tous les cinq ans selon les élections
générales, que ce soit fixé à tous les dix ans.
Pour ma part, je ne serais pas réfractaire à une telle
suggestion. Je pense que cela assurerait une certaine continuité de la
carte et des chambardements moins fréquents. Ce qui a guidé les
décisions de la commission - je pense bien que c'est ce que vous laissez
entendre ce soir à l'égard du rapport qu'on a soumis - c'est
qu'on aurait pu proposer, vous le savez, une augmentation du nombre des
circonscriptions électorales, les critères demeurant les
mêmes et n'ayant pas été changés. On aurait pu
augmenter au moins de trois circonscriptions. Cependant, la commission a
jugé plus sage de ne pas le faire dans le contexte actuel et de
maintenir le nombre de circonscriptions à 122. Il est certain que si la
Loi sur la représentation électorale reste ce qu'elle est
présentement, après la prochaine élection
générale, le travail de la commission va être assez
considérable - toutes choses étant égales, par ailleurs -
si les critères de 27 000, de 45 000 et la moyenne de 36 000
électeurs ne sont pas modifiés. Il faut aussi nous rappeler que
les chiffres sur lesquels a travaillé la commission pour établir
la présente décision sont ceux de 1981. Il ne faut pas oublier
cela. Ce qu'on a tous en mémoire présentement, ce sont des
chiffres de 1984. On ne pouvait pas faire autrement. .
M. Dussault: M. le Président, j'aimerais avoir la parole.
Je voudrais, étant donné que le temps du député est
écoulé, qu'il y ait au moins une autre personne qui puisse
prendre la parole. Il m'a déjà fait le truc à une
émission de télévision.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Il ne me restait plus de temps pour parler à
la fin. J'apprends beaucoup des expériences que je vis avec le
député de Charlesbourg.
Une voix: Ratoureux!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Châteauguay, vous avez la parole.
M. Dussault: Merci, M. le Président. En fait, je ne
voulais pas que ce débat sur la question du coût des
élections se termine sans qu'on puisse apporter un point de vue nouveau
sur cette question. Je sais, M. le Directeur général des
élections, que le député de Charlesbourg et les membres de
sa formation politique vous ont fait perdre
beaucoup de temps à faire des calculs. Je sais que l'initiative
ne vient pas de vous. Ce n'est pas vous qui avez décidé de dire
à la population combien coûtait telle ou telle élection
partielle. C'est parce qu'il y a eu une déclaration d'un homme public
qui a avancé des chiffres que vous vous êtes senti obligé
de venir corriger, parce que c'était votre devoir de le faire. Mais je
pense qu'il faudrait peut-être reprendre les choses un peu plus loin et
rappeler que, si, aujourd'hui, il y a des élections partiales qui ont
été déclenchées par le premier ministre enfonction du 3 juin, c'est parce qu'un jour il y a eu une réforme de
la Loi électorale, réforme qui avait été
précédée d'un comité de travail que je
présidais, d'ailleurs, qui a échangé ensuite avec le Parti
libéral sur ses conclusions. Cela a donné une réforme
électorale, une loi nouvelle dans laquelle on disait que,
dorénavant, un premier ministre ne pourrait plus passer six mois avant
de déclencher des élections s'il y avait vacance dans un
comté. C'est de là que cela vient. Et si on a adopté un
jour cet amendement important à la Loi électorale, c'est parce
qu'on pensait que la qualité de la démocratie est plus importante
que le coût d'une élection. C'est à cause de cela qu'il y a
eu des élections partielles qui ont été
déclenchées carrément et simplement pour cela. Ces
questions de coût deviennent bien secondaires, d'autant plus que - on
faisait tout à l'heure une boutade avec cela, mais c'est quand
même très sérieux - si on considère les choses
à plus long terme, parce que la vision du député de
Charlesbourg est une vision à très courte vue, on se rend compte
que des élections qui viennent tous les cinq ans coûtent,
évidemment, à la population moins cher que des élections
qui viennent tous les trois ans. Vous vous rappelez qu'à un moment
donné' les deux mandats que les libéraux ont faits, ont
été de trois ans. Tout cela, dans le fond, c'est bien relatif,
c'est très relatif. La seule façon de regarder cela, c'est au
niveau des principes afin de constater que la démocratie et la
qualité qui doit en découler sont largement supérieures
à de telles préoccupations.
Je voudrais rappeler qu'au tout début de nos travaux le
député de Charlesbourg nous a dit: Pourquoi pas des
élections à date fixe? Des élections à date fixe,
cela veut dire des élections tous les cinq ans. En même temps
qu'il nous dit qu'il serait peut-être souhaitable d'avoir des
élections à date fixe, tous les cinq ans, ce qui coûterait
moins cher, il vient nous dire qu'il aurait mieux valu déclencher des
élections générales immédiatement et non pas au
bout de cinq ans. Contradiction du député de Charlesbourg. On y
est habitué, alors, on n'en fera pas de cas, M. le Président. Je
vous remercie.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que les prévisions
budgétaires du Directeur général des élections pour
l'année financière 1985-1986 sont approuvées?
Une voix: Approuvé.
Le Président (M. Gagnon): Approuvé. La commission
ayant terminé ses travaux, j'ajourne donc sine die.
(Fin de la séance à 21 h 59)