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(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît.
Bonjour, tout le monde, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
commission des institutions ouverte. La Commission est réunie afin d'entendre
les intéressés et de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 220, Loi
concernant Joseph Paul-Émile Daniel Michel Marcil. ...les députés, Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Lévesque
(Chapleau).
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je comprends qu'il
y a eu une entente entre les différents groupes parlementaires afin que le
député de Matane-Matapédia fasse la lecture des articles et qu'il bénéficie du
temps de parole de cinq minutes après chaque intervention, en remplacement du
député ayant déjà présenté le projet de loi. Est-ce exact? Tout le monde est d'accord?
Merci beaucoup. Donc, dans un premier temps, je vais céder la parole au député
de Matane-Matapédia afin qu'il puisse nous présenter brièvement le projet de
loi et faire ses remarques préliminaires. Par la suite, je donnerai la parole
aux représentants des oppositions et aux autres membres qui le désirent pour qu'ils
puissent également faire leurs remarques préliminaires. M. le député de
Matane-Matapédia, la parole est à vous.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président, chers collègues, ça fait 18 ans que je siège à l'Assemblée
nationale. C'est la première fois que je suis associé à un projet de loi de
cette nature, très particulier, vous allez le comprendre assez aisément. Alors,
M., qui est avec nous, il vous expliquera tout à l'heure, est né en 1952 à
Montréal. Il réside actuellement dans la circonscription de Camille-Laurin au
3325, rue Beauclerk. On le prononce comme ça? Et il a interpellé son député,
l'actuel député de Camille-Laurin, qui m'a demandé d'être présent aujourd'hui
pour assister ce citoyen de sa circonscription. En date du 17 octobre 2023, il
s'est rendu au bureau de son député afin de solliciter son appui pour la
présentation d'un projet de loi rétablissant sa filiation réelle. Et c'est ce
qu'il faut retenir de ce projet de loi. M. Marcil énonce que les parents
indiqués sur l'acte de naissance ne sont pas ses parents biologiques. De fait,
lors de sa naissance, sa mère biologique, célibataire, résidait chez la famille
Marcil...
M.
Bérubé
:
...pendant la convalescence de la mère, la famille Marcil a inscrit monsieur comme
étant leur enfant. Je valide au fur et à mesure avec notre regard. Depuis
plusieurs années, monsieur effectue des démarches pour rétablir les faits et la
véritable filiation, soit Mme Imelda Chevigny comme mère réelle et M. Edward
George Hall comme père. En date du 25 novembre 1998, un test ADN a pu
établir le lien entre Mr Michel Marcil et ses parents biologiques, Mme Chevigny
et M. Hall. En date du 6 novembre 1999, M. Hall a reconnu par écrit qu'il
était le père biologique de monsieur. Ces derniers ont d'ailleurs eu
constamment des liens, et ce, jusqu'au décès de M. Hall en date du
26 novembre 2001.
Depuis plus de 20 ans, monsieur
entretient des liens significatifs avec sa fratrie, dont trois frères et trois
soeurs. Monsieur énonce clairement que son objectif est de pouvoir rétablir une
forme de justice parentale. Il désire que son nom et sa filiation soient
changés afin de refléter la vérité filiale. Monsieur aurait pu demander un
changement de nom auprès du Directeur d'état civil, mais ne changerait pas la
filiation, il faut retenir ça aussi. Pour changer la filiation, il est
absolument nécessaire de passer par un projet de loi, raison pour laquelle
monsieur fait cette demande, il est avec nous aujourd'hui.
Ainsi, au terme de cette procédure et selon
un dénouement favorable, la filiation réelle sera indiquée et monsieur pourra
prendre le nom de son père biologique, soit Mike Michel William Hall. Il faut
noter qu'aucunement monsieur ne veut profiter des potentiels effets d'une
succession, vu le décès de ses parents biologiques depuis de nombreuses années,
il faut que ce soit retenu aussi. Ce projet de loi est décrit par monsieur
comme étant une loi de nature humanitaire et c'est dans ce sens que le député
de Camille-Laurin a souhaité porter assistance à un citoyen de sa conception et
qu'il m'a demandé d'intervenir en faveur d'un de ses souhaits.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
Chapleau, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Peut-être quelques salutations d'usage,
d'abord, je salue vous, M. le Président, également, les collègues de la
banquette gouvernementale, le collègue de Laval-des-Rapides, Lotbinière-Frontenac
et de Vimont, merci de nous accompagner dans ce... dans ce projet de loi;
également, le collègue de l'opposition, collègue de l'Acadie, Matane-Matapédia
également. Peut-être présenter l'équipe qui nous accompagne, Mes Labrecque,
Morrissette et Juneau du ministère de la Justice, qui vont nous accompagner au
courant de l'étude de ce projet de loi. Également, collègue Mme Leboeuf, qui
m'accompagne ici, donc, très heureux de toute cette équipe-là. Donc... puis,
évidemment, M. Hall, M. Michel Hall qu'on est réunis aujourd'hui, là, tous
ensemble, également, collègue consoeur, merci, Mme Ouellette, Me Ouellette.
Donc, c'est toujours un plaisir pour moi
d'intervenir, au nom du leader parlementaire du gouvernement et du ministre de
la Justice, que je remercie d'ailleurs, là, pour la confiance qu'il m'accorde
aujourd'hui. Donc, en termes très techniques, nous sommes réunis ici
aujourd'hui, et je vais citer, pour entendre, évidemment, comme le président
l'a dit, les intéressés, et procéder à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé n° 220, la Loi concernant Joseph Paul-Émile
Daniel Michel Marcil.
En termes plus humains, je
dirais que nous sommes plutôt réunis afin d'entendre un de nos
concitoyens. C'est un dossier sensible, c'est un dossier particulier qui touche
à l'identité, l'identité propre. Et si on revient vraiment à la base, parce que
la première identité d'une personne, la première appartenance, c'est bien
souvent la famille, sa famille. Et cette identité première, cette identité
d'origine, M. Hall n'est pas en mesure de se la faire reconnaître depuis de
nombreuses années. En effet, les démarches entourant sa filiation... votre
filiation remonte à 1953, alors qu'il n'a même pas encore un an quand sa mère
biologique tente de vous récupérer, de récupérer son fils.
• (11 h 40) •
Malgré ses nombreuses démarches
administratives et la difficulté du droit à s'adapter à sa situation, M. Hall a
eu la chance d'entretenir une relation constante avec sa mère et son père
plusieurs années avant leur décès. Il a même développé des liens familiaux avec
sa fratrie, sa fratrie biologique, votre fratrie biologique dont vous êtes
l'aîné, dont il est l'aîné. On peut très bien comprendre, de chercher évidemment
à se réapproprier son nom de famille, ses véritables liens filiaux. À la suite
de nombreuses démarches infructueuses, M. Hall souhaite que sa filiation soit
modifiée par un projet loi d'intérêt privé, et c'est pourquoi nous sommes
réunis ici aujourd'hui.
Je suis moi-même député depuis sept ans
maintenant, et l'Assemblée nationale réussit sincèrement encore à me
surprendre. Je suis vraiment fier de voir que notre institution démocratique
peut aider un de nos citoyens à passer au travers des enjeux aussi sensibles
que l'identité et les liens de filiation. Peut-être un petit aparté, nous avons
également eu le bonheur, avec le ministre de la Justice, de travailler sur
plusieurs projets de loi en droit de la famille, notamment en lien avec,
également, la filiation...
M. Lévesque (Chapleau) : ...la
recherche de nos origines, ce sont des enjeux qui sont très importants pour nos
concitoyens. Nous avons eu le bonheur de faire ces projets de loi. Donc, voilà.
Donc, on... ça s'inscrit dans cette lignée-là, assurément.
Je nous souhaite donc à tous une étude
détaillée empreinte de respect, d'empathie et d'ouverture surtout. Je remercie
à l'avance tous les intervenants qui... qui vont s'adresser à nous ainsi que
les collègues, les députés pour leur collaboration. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Merci. M. le député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : Alors, bonjour, M.
le Président. Heureux de... de vous retrouver en cette commission. Je salue
également les collègues de la banquette gouvernementale et le collègue du
troisième groupe d'opposition. Merci également aux... aux représentants du
ministère de la Justice qui accompagnent les... les collègues de la banquette
gouvernementale. Je... Je l'ai dit, mais je le répète, M. le Président, leur
rôle est... est vraiment très important dans le cadre de ces travaux.
J'aimerais aussi saluer... Bien, j'ai...
j'ai pris la peine, tout à l'heure, d'aller vous saluer personnellement, M.
Marcil. Je sais que vous êtes accompagné aujourd'hui de votre avocate, Maître
Côté. Merci, merci d'être là.
Et, et je comprends, à la lecture du
projet de loi n° 220... Parce qu'au fond, ce... ce projet de loi raconte votre
histoire et... et toutes les démarches que... que vous avez faites, en fait,
pour... pour finalement être reconnu puis qu'il y ait un lien de filiation qui
se fasse avec vos véritables parents biologiques. Parce qu'effectivement
c'est... c'est de ça dont... dont on va parler, M. le Président. Après avoir lu
le... le projet de loi, pour moi, il m'apparaît effectivement que c'est un dossier
de filiation, pas... pas uniquement, là, de... de changement de nom, mais bien
de... de filiation et. Et... Et donc, je l'ai lu avec... avec intérêt.
On a évidemment des... une procédure
parlementaire qui est... qui est assez stricte et évidemment qu'on... qu'on
respecte. De toute façon, quand on ne le fait pas, M. le Président nous le
rappelle. Il fait ça avec un doigté incroyable. Mais on n'a pas... Je n'aurai
pas beaucoup de temps pour vous poser des... des questions, et... et donc je
vais me servir de cette période qui m'est offerte, qui est un peu plus longue,
pour... pour vous faire part de... de certaines de mes... de mes
interrogations. Puis Me Côté, donc, vous êtes là, ça va... ça va vous permettre
évidemment de... de m'éclairer sur... sur le sujet.
La... La première, la... En fait, ce qui
m'est venu en tête, à part votre votre... votre... votre cheminement, là, puis
de la... la recherche puis la... la quête que vous avez faite dans votre vie,
évidemment, pour être reconnu comme... comme tel, et je comprends que vous avez
toujours maintenu des... des liens, en fait, avec la famille Hall, c'est...
c'est aussi ma compréhension, pendant... pendant des décennies. Mais, comme je
le disais, quand j'ai lu la documentation, ça m'est apparu d'abord comme étant
un dossier de filiation. Et la première question qui m'est venue, bon, c'est
peut-être un mauvais réflexe d'avocat, mais ça a été de dire : Bien, il me
semble, dans le Code civil, le forum compétent pour la filiation, c'est le
tribunal, puis c'est ce que l'article 65 du Code civil nous dit.
Mais là on a un projet de loi privé.
Alors, je comprends, je comprends bien sûr le souhait du... du collègue député
de Camille-Laurin de présenter le projet de loi, mais... mais là, je me
disais : Ça, j'aimerais... j'aimerais éventuellement comprendre pourquoi
c'est l'Assemblée nationale qui est saisie de... de ce projet de loi.
D'autant plus que quand on parle, encore
là, de filiation, l'article 545 du Code civil permet aussi à une personne
majeure d'être adoptée. Parce que, tu sais, souvent, dans le... dans le langage
de tous les jours, bin, on parle adoption, enfants, mais oui, ça arrive
souvent, mais il y a aussi des cas où c'est un majeur. Donc, ça, le Code
civil... le Code civil le prévoit. Donc, ça, c'est un autre élément. Puis 575
aussi du Code civil continue dans cette même voie là.
Alors, j'aimerais... Puis je vous poserez
ces questions-là plus spécifiquement tantôt, mais parce que le temps est un peu
restreint, je voulais d'emblée, d'entrée de jeu, vous... vous expliquer, en
fait, vous partager quelles étaient mes... mes interrogations quand j'ai lu
avec attention le... le projet de loi.
Et j'avais aussi d'autres questions. Parce
que dans les attendus, on parle qu'il y a eu, en 1953, une requête pour un bref
d'habeas corpus qui a été présenté et c'était à peine, quoi, un an après...
après votre naissance, mais... mais on ne dit pas après si la requête a été
rejetée, est-ce qu'il y a eu un...
M. Morin : ...jugement. Est-ce
que c'est parce que vous ne l'avez pas retrouvé? Qu'est-ce qui s'est... qu'est
ce qui s'est passé? Une chose est claire cependant, c'est qu'en 1998 il y a des
tests d'ADN qui ont reconnu officiellement votre filiation avec Edward George
Hall et Imelda Chevigny et... Et donc, et puis, par la suite, mais vous avez
toujours eu des liens avec... avec la famille. Donc, quand on regarde aussi les
dispositions du Code civil, c'est un élément, je pense, qui est important. Puis
vous, ça, vous rencontrez ces éléments-là... c'est clair dans... dans le
document que... que vous nous avez... que vous nous avez présenté.
Je comprends aussi que le directeur de
l'état civil n'a pas voulu donner suite à votre demande, parce que ce n'était
pas vraiment un cas juste de registre puis de changer de nom, c'est un code de
filiation, donc on est... on est ailleurs. Puis, comme je vous le disais au
début, c'est le tribunal qui est... qui est compétent.
Alors, merci d'être là. Effectivement,
c'est... c'est un dossier qui est... qui est vraiment unique. Et, bien sûr,
ici, à l'Assemblée nationale, on est là, évidemment, avec tous les collègues,
pour... pour recevoir, aider, écouter des citoyens, c'est clair. Donc,
clairement, vous vous adressez à nous. Puis clairement on a lu avec attention
ce que... ce que vous... ce que vous dites, ce que vous demandez, mais c'est
les quelques interrogations que... que j'ai eues, et je voulais les partager,
M. le Président, immédiatement, pour ne pas qu'il y ait de surprise puis pour
que nos travaux puissent se... fonctionner plus rondement. Alors, voilà.
Ceci... ceci conclut mes remarques préliminaires.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, M. le député de
l'Acadie. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous sommes maintenant rendus à
l'audition des intéressés. Alors, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue
à M. Michel Marcil ainsi qu'à Me Kamylle Côté. Merci beaucoup d'être avec
nous ce matin. Alors, comme vous savez, vous avez grosso modo cinq minutes de
présentation. Après ça, on aura un court échange avec les membres de la
commission. Donc, je vous cède la parole.
Mme Côté (Kamylle) : Donc,
bonjour à tous. Kamylle Côté de l'étude de La Firme Avocats, accompagnée de
M. Marcil, bientôt M. Hall. Je vais laisser majoritairement, là,
monsieur parler. Effectivement, là, c'est un cas ici majoritairement de
filiation, M. Bérubé, là, a quand même bien mis, là, en images, là, le
préambule. La partie un peu plus factuelle, un peu plus émotive, je vais
laisser monsieur, là, s'exprimer là dessus. Puis je pourrai, bien sûr, là,
répondre aux questions, là, certainement, là, suivant les... les recherches qui
ont été faites, les démarches qui ont été faites par monsieur.
Actuellement, selon le Code civil, ce qui
est mentionné, c'est qu'au niveau de la filiation, nul ne peut contester, là,
un état de filiation. Lorsqu'il y a, par exemple, constante d'état qui est...
qui... qui fonctionne, là, avec l'acte de naissance. Donc, c'est
majoritairement pour ça, là, qu'on est ici aujourd'hui. C'est qu'au niveau de
la filiation paternelle, étant donné que monsieur a un père de mentionné à
l'acte de naissance puis étant donné que ce père-là a eu la possession
constante d'état depuis encore à ce jour, en fait, là, puis jusqu'à ce que
monsieur apprenne, là, très tard, là, qu'il n'était pas nécessairement le fils
de ces... de ces personnes-là, ce n'était pas possible, là, actuellement, là,
de... de revenir en arrière et de contester cette filiation-là. Et monsieur,
bien sûr, ça n'a jamais été, là, son... son but d'être adopté par ses parents,
là, biologiques, là, c'était vraiment un but de rétablir cette filiation-là,
qui est une filiation de sang. Donc, c'est ce que monsieur va pouvoir, là,
mettre en lumière avec son exposé.
• (11 h 50) •
M. Marcil (Michel) : Bonjour,
M. le Président, chers... distingués membres de cette commission, j'apprécie
beaucoup la chance que vous m'offrez, me permettant ici de m'exprimer devant
vous. Ma démarche d'aujourd'hui n'est pas née d'une pulsion soudaine, c'est une
longue réflexion après avoir frappé à plusieurs portes toutes restées fermées.
C'est l'aboutissement d'une vie de mensonges, de questionnements et de
souffrances. D'ailleurs, j'en porte encore aujourd'hui des séquelles et des
stigmates, le plus apparent étant mon bégaiement. Et quant aux autres, on m'a
souvent dit, lorsque j'étais enfant, que ma mère était morte en m'accouchant
et, plus tard, que ma mère m'avait abandonnée à ma naissance et qu'elle n'avait
pas voulu de moi. Un autre tantôt on a influencé l'enfant à peine âgé de trois
ou quatre ans de déchirer les seules photographies de ma mère alors que l'on me
disait qu'elle ne m'aimait pas. Tout pour créer chez un enfant en devenir des
séquelles irréparables et des sentiments, là, de culpabilité d'être responsable
de son départ et de cet abandon. On a volé mon identité réelle et le
développement des liens familiaux avec mes frères et sœurs et mes parents. J'ai
trois frères, trois sœurs et je suis l'aîné de cette fratrie de sept...
M. Marcil (Michel) : ...privé
de tout cela, je ne porte pas le même patronyme que ma fratrie.
Depuis que j'ai entrepris mes démarches
concernant ce projet de loi, je concevais que cela ne serait pas facile. Cela a
ravivé en effet de vives douleurs, des blessures et des tourments, mais ma
détermination et mon besoin sont encore plus grands de rétablir ma réelle
identité. C'est pourquoi je m'adresse à vous, mes pairs, vous qui êtes pour la
plupart parents et qui pouvez imaginer un tel drame, si cela se produisait à
l'un de vos enfants. Je n'ai pas été adopté, mais bien extirpé, volé des bras
de ma mère par des personnes qui avaient toute sa confiance. Mon certificat de
naissance est un faux. J'ai toujours été et je suis toujours honteux de
présenter mon acte de naissance. C'est une honte que je traîne depuis toutes
ces années à répondre, notamment lorsque je fréquente le système de santé, que
le nom de fille de ma mère est bel et bien Marcil et qu'il ne s'agit pas d'une
erreur et qu'elle s'appelait également Marcil. Cela fait remonter en moi toutes
ces blessures qui ne peuvent jamais cicatriser et me rappellent constamment mes
origines. Quand j'ai discuté la première fois avec ma mère, Imelda
Chevigny, en 1998, elle m'a appris que Wilfrid Marcil n'était pas mon père et
qu'elle ne le connaissait pas avant de s'installer chez la famille Marcil,
alors qu'elle était déjà enceinte de moi. Je suis tombé en bas de ma chaise.
Cette même chaise au nom de Marcil n'était plus mienne. Jusqu'à maintenant, je
n'ai plus de chaise ni d'identité propre, car je ne suis pas légalement un vrai
Hall. Je suis dans un état... un état d'errance, de limbes où je ne puis user
de ma vraie identité, celle qu'on m'a volée à ma naissance.
De plus, en adoptant mon projet de loi,
cette commission ne créera pas de précédent ni de jurisprudence puisque combien
d'enfants dans ma situation ont été volés? Combien de parents comme les miens
ont pris des procédures légales de restitution de leur enfant tout de suite
après le vol de leur enfant? À combien de parents un magistrat qui connaissait
pourtant bien la loi d'alors n'a pas permis ou fait fi de leur droit à des
parents, même après leur mariage? Si le but premier d'un projet de loi
d'intérêt privé est d'obtenir réparation d'un tort ou d'une injustice, je ne
vois pas d'obstacle que l'Assemblée nationale du Québec adopte mon projet de
loi. Cela ne contrevient pas à l'ordre public. C'est la seule voie utile pour
atteindre la fin recherchée et cela comporte des motifs suffisamment sérieux
pour être considéré.
Nous sommes en présence d'un vol d'enfant
qui a été entériné par l'Église, mandataire de l'état civil du Québec, cette
même Église qui a délibérément faussé les registres de l'État civil. Je ne suis
plus à l'étape de blâmer une instance ou l'autre, mais pour obtenir réparation
du tort que toutes ces parties m'ont causé. Pour toutes ces raisons, je demande
à l'Assemblée nationale et à vous, chers distingués membres de cette
commission, de bien vouloir réparer cette injustice en rétablissant ma réelle
identité et une filiation correspondante.
Maintenant, si cela n'est pas trop abusé,
j'aimerais prendre deux minutes de plus de votre temps pour faire un rappel des
événements, tel que Monsieur Bérubé le disait tout à l'heure, mais avec
d'autres éléments. Alors, quelque part en 1952, Imelda Chevigny, alors
enceinte, est invitée par sa collègue, madame Marcil, à demeurer chez elle le
temps de finir sa grossesse, en échange de veiller sur sa vieille mère
malade...
M. Marcil (Michel) : ...2 juin
1952, Imelda a donné naissance à son fils, qui est venu par le siège. Elle est
déchirée, elle est en hémorragie et elle doit garder le lit. 7 juin 1952,
Michel est baptisé à l'insu de sa mère et elle apprend qu'il porte le nom de
Marcil. Imelda n'a jamais consenti ni abandonné son fils. Michel est baptisé un
samedi, et non comme la coutume la voulait à l'époque, un dimanche. Pas parce
qu'il y avait trop de baptêmes, le dimanche 8 juin, il n'y en a eu que deux. De
plus, c‘est un prêtre missionnaire de passage dans la paroisse qui a célébré,
entre guillemets, le baptême. Ainsi, les vicaires et le curé de la paroisse
s'évitaient d'être un jour blâmés. Tout a été fait en catimini, ce qui démontre
que les participants savaient ce dont... ils faisaient n'était pas légal ou, à
tout le moins, moral. 5 mars 1953, Imelda présente une requête en habeas corpus
à la Cour supérieure pour restitution de son fils à peine âgé de neuf mois.
Requête entendue le 16 mars 1953. Le dossier est placé en sine die, soit
reporté à une date ultérieure non fixée. Michel demeure quand même au sein de
la famille Marcil. Cette même famille, constituée de la matriarche, sa fille
Marie-Jeanne Marcil, collègue d'Imelda, et de son fils, Wilfrid Marcil, le
pseudopère déclaré dans mon acte de naissance, les deux derniers étant
célibataires. 6 juin 1954, mariage des parents de Michel. Il semblerait que les
nouveaux mariés aient demandé à la cour de rouvrir le dossier, jusqu'alors
resté en sine die. Quelque part en 1954, il y a une audition de chacune des
parties séparément l'une de l'autre dans le bureau du juge... d'un juge.
Michel, alors présent, se rappelle précisément les faits suivants : Mme
Marcil lui a permis pour la première fois de jouer avec son portefeuille,
jusqu'alors interdit. Il était assis sur le sol, sur un tapis genre tapis de Turquie.
On lui a demandé de trier les billets de banque par leur valeur respective. Mme
Marcil a pris la liasse de billets de banque qu'elle a posée... ou déposée sur
le coin du pupitre du juge. Lors de sa sortie du bureau du juge, Michel a
rappelé que les billets de banque étaient restés sur le pupitre. On lui a
répondu que c'était correct. On peut alors comprendre facilement pourquoi
Michel est resté au sein de la famille Marcil durant... durant toute une vie.
• (12 heures) •
Maintenant, là, pour terminer, je
n'avancerais pas... Excusez-moi, j'ai sauté une étape, qui est celle du 14
septembre 1954. Le dossier, toujours resté en sine die, fut classé aux archives
ce 14 septembre 1954. Malgré mes recherches exhaustives, qui ont nécessité un
total de plus de 24 heures et les recherches du ministère de la Justice
lors de l'étude de mon projet de loi, nous n'avons jamais retrouvé trace d'un
quelconque jugement. Si cela avait été le cas, il est certain que la famille
Marcil se serait targuée de ce fait.
Maintenant, là, pour terminer, je
n'avancerais pas de propos qui ne soient pas corroborés par des faits précis.
J'ai trouvé la requête de mars 1953, là, d'habeas corpus, dans l'index de la
Cour supérieure du Québec, dans la partie ex-parte, volume 36, et j'ai vu les détails
dans le plumitif. D'ailleurs, c'est le seul dossier dans le plumitif où il n'y
a pas de jugement. Et, quant à l'audition du bureau du juge, l'enfant...
l'enfant que...
M. Marcil
(Michel) :
...a été et reste encore aujourd'hui marqué de ce
souvenir qui reste gravé malgré toutes ces années. Merci de m'avoir permis de m'exprimer
devant vous. Et s'il y avait des questions...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, alors, on va
procéder, maintenant, à la période d'échange, le temps, le temps coule
rapidement. M. le député de Chapleau, 2 min 30 sec, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Pour
mes... les remarques préliminaires?
Le Président (M.
Bachand) : L'échange.
M. Lévesque (Chapleau) : Pour
ma part, moi, ça va. Je passerais au...
Le Président (M.
Bachand) : Alors M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, alors, merci,
M. le Président. Donc, dans mes remarques préliminaires, j'ai expliqué un peu
mon questionnement puis mon raisonnement. Alors, ce que j'aimerais savoir, est-ce
qu'à un moment donné, vous vous êtes adressé à la cour pour faire reconnaître
votre filiation?
Mme Côté (Camille) : Je peux m'exprimer,
oui. Il n'y a pas eu de démarche en Cour supérieure de la part de M. Marcil
avant qu'il arrive, là, dans mon bureau avec le projet de loi qui était déjà
bien entamé, là, il avait débuté ses recherches quelques années auparavant. Au
courant des recherches qu'on a faites, effectivement, qu'est-ce qui est
ressorti, c'est qu'au niveau, bon, de la filiation maternelle, parce que...
puis je le rappelle, là, Monsieur, ça n'a jamais été une question d'adoption,
même au départ, à la naissance, quand c'est des faux parents qui ont mis leur
nom sur le certificat de naissance, ce ce n'était pas une adoption, c'était, on
le rappelle, un vol d'enfant, là, un vol d'identité. Puis par la suite, Monsieur...
les démarches d'adoption, il a exploré les possibilités, mais ça n'a jamais été
son désir, là, d'être adopté par ses parents. Ça n'aurait pas reflété, là, la
réalité, là, de son identité biologique. Par la suite, au niveau des recherches
pour ce qui est de la Cour supérieure, pour ce qui est des lois, là, qui sont
actuellement en vigueur, comme Monsieur, le temps était... était passé, là, de
beaucoup, Monsieur a appris à 27 ans qu'il avait une mère autre quelque part,
là, parce qu'il a été contacté par un cabinet d'avocats. La mère avait fait des
démarches subséquentes, puis c'est seulement à 46 ans que Monsieur, là, a
accepté de rencontrer cette mère-là, qu'il a appris que M. Marcil Wilfrid n'était
pas son père, qu'elle était déjà enceinte quand il est... quand elle est
arrivée dans la famille Marcil, puis qu'il avait maintenant six frères et sœurs
biologiques, là, nés de même père et mère, là, subséquent au mariage. Donc, à
ce moment-là, avec l'état du droit, c'était pas nécessairement possible de
revenir sur la filiation paternelle de Monsieur, comme il y avait possession...
d'État... qui aurait peut être pu être... être contesté par le fait du vol, là,
mais ça restait que toutes les démarches, toutes les recherches
jurisprudentielles menaient au fait que, comme Monsieur avait les deux éléments
qui constituaient la filiation paternelle à ce niveau-là, ce n'était pas
possible de revenir en arrière pour la stabilité de l'enfant pour, bon... on
connaît, là, l'état actuel. Puis par la suite, il y a eu le test de filiation,
là, de paternité, d'ADN qui a été fait avec les deux parents pour vraiment bien
démontrer. Monsieur a refait, là, d'autres démarches, d'autres recherches,
chose qu'il était possible de faire, mais après ça, s'étant fait dire plusieurs
fois, là, qu'à cause de la possession constante et de l'État du droit, il n'était
pas possible de passer par la Cour supérieure. Il a laissé tomber, là, ses
démarches pendant un petit bout pour, par la suite, là, en faisant des
recherches sur les projets de loi, tomber, là, sur cette possibilité-là. Puis c'est
de là qu'est parti, là, son projet.
Au niveau de la filiation maternelle, ce
qui est très particulier, dans le préambule, on l'explique, Monsieur en a
discuté, c'est une mère qui n'a jamais existé. Elle n'apparaît pas nulle part
dans la généalogie de la famille Marcil, elle n'apparaît pas non plus dans des
registres de mariage avec M. Wilfrid, M. Wilfrid n'a jamais été marié à une
musicienne Marcil, c'est... c'est une personne qui a été mise sur l'acte de
naissance puisque les parents de Monsieur étaient frère et soeur, là, ceux qui
l'ont élevé, là, en tant que figure paternelle, maternelle pouvaient, bien sûr,
ne pas être les deux sur le certificat de naissance de Monsieur. Puis la
constatation de naissance, Monsieur ayant été né à la maison, n'a pas été... n'a
pas pu être constatée, là, par quelqu'un d'autre que la famille Marcil, qui en
a profité, là, pour mettre leur nom et prendre, là, possession de Monsieur
Marcil. Donc c'est ce qui explique, mais en général, non, effectivement, il n'y
a pas eu de démarche préliminaire de notre part en Cour supérieure, mises à
part les démarches que Mme Chevigny avait fait, là, à l'époque en 1953.
M. Morin : D'accord. Oui...
Le Président (M. Laframboise) :
...quelque chose?
M. Morin : Oui, M. Marcil
peut ajouter quelque chose. Je n'ai pas de souci, si vous le permettez, M. le
Président, moi, je n'ai pas...
Le Président (M.
Bachand) :Allez-y, M. Marci.
M. Marcil (Michel) : J'ai une
longue liste d'actions que j'ai... que j'ai entreprises avant de m'adresser à
vous. J'ai, excusez-moi... j'ai vu l'acte... j'ai vu le Code civil du Québec,
là, les articles qui disaient que nul ne peut...
M. Marcil (Michel) : ...sa
filiation, etc. J'ai également aussi, là, consulté des firmes d'avocats qui
n'avaient, là, qu'un... là, qu'un seul but... était de me faire ouvrir un
dossier et ne pas, là, m'assurer de leurs démarches de l'angle que l'on
pourrait aborder la situation, là, devant une cour.
J'ai aussi rejoint le tribunal de la
jeunesse, que je croyais que ma cause avait pu être entendue là-bas. Alors, le
tribunal m'a dit, là, que les cas de... de juvénile... que l'on détruisait les
dossiers à leur majorité, et c'était dépassé depuis très, très longtemps dans
mon cas, donc... Bon. Et que je ne savais pas, là, que c'était une requête
faite à la Cour supérieure, personne ne me l'avait indiqué, et que je ne
connaissais rien de ça.
Ensuite, j'ai... j'ai adressé une lettre
au Centre de la jeunesse et de la famille Batshaw, qui œuvre dans l'ouest de la
ville de Montréal et qui... et qui regarde, là, des cas de familles. Et là,
comme j'avais un père, excusez-moi, anglophone, je me suis dit... Ma mère parle
très, très bien l'anglais, elle parle mieux... elle parle mieux l'anglais que
le français. Alors, j'ai dit peut-être que l'on se serait adressé là. Alors,
des... Alors là, des démarches fut faites, elles sont restées vaines.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
l'Acadie, peut-être une dernière question avant de continuer? Ça va?
M. Morin : Non, je n'ai... je
n'ai pas d'autre question, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) : OK. Merci beaucoup. M. le député de
Matane-Matapédia, avez-vous, rapidement, une petite période d'échange...
M.
Bérubé
: Non.
Le Président (M.
Bachand) : ...ou ça va?
M.
Bérubé
:
C'est bon. Je vous remercie.
Le Président (M.
Bachand) : OK. Alors, Me Côté, M. Marcil, je vous invite à
restez avec nous. On va procéder à l'étude détaillée. Alors, si jamais les
membres ont d'autres questions... Alors, donc, nous sommes rendus à l'étude
article par article. J'invite donc le député de Matane-Matapédia à nous faire
la lecture du préambule. M. le député de Matane-Matapédia, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Oui. Peut-être
d'abord indiquer que c'est un témoignage très touchant, et je suis sûr que mes
collègues partagent ça. Je ne cacherai pas que c'est un des projets de loi qui
me touchent le plus que j'ai vus en 18 ans. C'est... Ça remue beaucoup de
choses. Je vous ai confié quelque chose tout à l'heure. Je dirai que c'est un
peu le hasard qui m'amène ici.
Donc, projet de loi n° 220, le
préambule :
Attendu que Joseph Paul-Émile Daniel
Michel Marcil, ci-après nommé «Michel Marcil», est né le 2 juin 1952 à
Montréal;
Que Wilfrid Marcil et Lucienne Marcil ont
respectivement été inscrits comme père et mère de Michel Marcil sur l'acte de
naissance qui a été dressé à l'occasion de son baptême;
Que Wilfrid Marcil et Lucienne Marcil ne
sont pas les parents biologiques de Michel Marcil;
Que Lucienne Marcil est une personne
fictive et inconnue dans la généalogie de la famille Marcil;
Que la mère biologique de Michel Marcil
est Imelda Chevigny et qu'elle était, au moment de la naissance de l'enfant,
hébergée par sa collègue, Marie-Jeanne Marcil, et le frère de cette dernière,
Wilfrid Marcil;
Que l'inscription de Wilfrid Marcil et de
Lucienne Marcil comme père et mère de Michel Marcil sur son acte de naissance a
été faite à l'insu d'Imelda
Chevigny;
• (12 h 10) •
Qu'Imelda Chevigny n'a jamais consenti à
l'adoption de son enfant, ni à le confier à la famille Marcil;
Que, le 5 mars 1953, Imelda Chevigny a
déposé une requête pour émission... pour l'émission d'un bref d'habeas corpus à
l'encontre de Wilfrid Marcil lui enjoignant de restituer l'enfant sans délai;
Que, malgré cette requête, Michel Marcil
est resté auprès de Wilfrid Marcil jusqu'au décès de celui-ci le 30 novembre
1973;
Qu'aucun jugement ordonnant le maintien de
l'enfant auprès de Wilfrid Marcil n'a été cependant retracé;
Qu'un test d'ADN, en date du 25 novembre
1998, confirme le lien de filiation entre Michel Marcil, Edward George Hall et
Imelda Chevigny;
Que le père biologique de Michel Marcil
est Edward George Hall;
Que, le 6 novembre 1999, Edward George
Hall a lui-même reconnu, par écrit et devant témoin, son lien biologique avec
Michel Marcil;
Que Michel Marcil et son père biologique,
Edward George Hall, ont entretenu une relation constante, et ce, jusqu'au décès
de ce dernier le 26 novembre 2001;
Que Michel Marcil et sa mère biologique,
Imelda Chevigny, ont entretenu une relation constante, et ce, jusqu'au décès de
cette dernière le 30 août 2022;
Que, depuis plus de 20 ans, Michel Marcil
a développé des liens familiaux avec sa fratrie composée de trois frères et de
trois sœurs, dont il est l'aîné;
Que Michel Marcil se présente depuis comme
Michel Hall et qu'il est connu et reconnu comme tel;
Que...
M. Bérubé : ...Michel Marcil a
présenté une demande d'analyse préliminaire pour une demande de changement de
nom auprès du directeur de l'état civil
«Que le directeur de l'état civil n'a pas donné
suite à la demande de Michel Marcil, faute de compétence pour autoriser un
changement de nom lorsque celui-ci est lié à un changement dans la filiation.
«Que Michel Marcel demande que le registre de
l'état civil indique qu'il est le fils d'Edward George Hall et d'Imelda
Chevigny et non le fils de Wilfrid Marcil et de Lucienne Marcil.
«Que Michel Marcil consent à ce qu'un tel
changement n'affecte pas la succession d'Edward George Hall ou d'Imelda
Chevigny ni celle de leurs ascendants ou de leurs descendants.»
Le Président (M.
Bachand) :...des interventions sur le
préambule? S'il n'y a pas d'interventions, est-ce que le préambule est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. M. le député de Matane-Matapédia, pour la
lecture de l'article 1, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Oui. Ça fait
longtemps que je n'ai pas fait ça. Ça va me revenir. Alors,
article 1 : Joseph Paul-Émile Daniel Michel Marcil, né le 2 juin
1952 à Montréal, sera, dès l'entrée en vigueur de la présente loi, connu comme
étant le fils d'Edward George Hall et d'Imelda Chevigny.
Le Président (M.
Bachand) :...des interventions à
l'article 1? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 1
est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Article 2 :
Les liens de filiation établis par la présente loi ont... ont les mêmes effets
que s'ils avaient été établis par un... par jugement de la Cour supérieure.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 2?
M. Lévesque (Chapleau) : ...lire
lecommentaire, si possible?
M. Bérubé : Oui.
M. Lévesque (Chapleau) :
Merci.
M.
Bérubé
:
Alors : cet article vise à assurer que la présente loi produise son plein
effet.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autres interventions, est-ce que
l'article 2 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Article 3 :
Joseph Paul-Émile Daniel Michel Marcil sera dès l'entrée en vigueur de la
présente loi, connu sous le nom de Michel William Hall. Cet article modifie le
nom de Joseph Paul-Émile Daniel Michel Marcil par celui de Michel William Hall.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup, est-ce qu'il y
a des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article trois
est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Article 4 :
La présente loi n'affecte pas la succession d'Edward George Hall ou d'Imelda
Chevigny ni celle de leurs ascendants ou de leurs descendants.
Commentaire : Cet article empêche Michel Marcil de prétendre à des droits,
en sa qualité d'enfant d'Edward George Hall et d'Imelda Chevigny, dans la
succession de ces derniers, de leurs ascendants ou de leurs descendants.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions à
l'article 4? M. député de l'Acadie, s'il vous plaît.
M. Morin : J'aurais une seule
question parce que, là, ici, en plus de la filiation, on parle de droits
successoraux. Donc je comprends que M. Marcil comprend bien, vous savez qu'en
adoptant ça, là, vous... je ne sais pas quel est l'état de la succession ou
s'il y a une succession dans la famille Hall mais que, vous, vous n'aurez aucun
droit.
M. Marcil (Michel) : J'ai
même refusé la succession de ma mère, Imelda Chevigny avant de me présenter ici
parce qu'elle est décédée, là, en 2023, je crois, alors... je n'ai rien
demandé, quoi que j'étais, là, sur le testament et que l'on m'a consenti
1 $, là, symbolique. Mais je n'avais rien demandé, absolument rien.
M. Morin : Très bien, je vous
remercie M....
M. Marcil (Michel) : Je
n'étais pas, là, pécuniaire, mais pas du tout. Et l'argent, pour moi,
quoique... quoique je ne suis pas riche, là, mais l'argent, là, n'était pas un
facteur.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député de
Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, M. Président. On comprend évidemment que la motivation est tout autre,
là, merci de ces observations-là. Peut être une note additionnelle de notre
part, donc cet article assure de ne pas ouvrir des successions qui sont déjà liquidées,
assurant ainsi une sécurité juridique, une stabilité juridique, surtout pour
les héritiers, cet article n'empêche pas un descendant toutefois d'Edward
George Hall ou d'Imelda Chevingy d'avantager Michel Hall par une disposition
testamentaire expresse ou autre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions à l'article 4? S'il n'y a pas d'autres
interventions, est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. M. le député de... Matane-Matapédia, pardon,
excusez-moi.
M. Bérubé : Article 5 :
Le directeur de l'état civil, sur réception de la présente loi et conformément
à ses dispositions, effectue les inscriptions et les modifications requises en
cas de changement de nom ou de changement dans la filiation. Commentaire :
Cet article prévoit que le directeur de l'état civil, sur réception de la
présente loi et conformément à ses dispositions, effectue les inscriptions et
les modifications requises en cas de changement de nom ou de changement dans la
filiation.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 5? S'il n'y a pas d'interventions, est-ce que
l'article 5 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le député.
M. Bérubé : Article 6 :
La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici la date de la sanction de la
présente loi). Commentaires : Cet article prévoit que la loi entre en
vigueur au jour de sa sanction.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Interventions? S'il n'y
a pas d'interventions, est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Nous sommes maintenant rendus à la fin de
l'étude détaillée, est-ce que le titre du projet loi est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Je propose que la commission adopte une
motion d'ajustement des...
Le Président (M.
Bachand) : ...cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Nous sommes maintenant rendus aux remarques finales,
M. le député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Bien, rapidement, bien, d'abord, M. Hall,
privilège de pouvoir m'adresser à vous avec votre nouveau nom, du moins lorsque
la sanction sera effective. Tout un parcours du combattant, toute une vie à
rechercher cette identité. Je n'ose pas imaginer comment vous vous êtes senti.
J'imagine qu'en ce moment, il doit y avoir un certain sentiment, une certaine
émotion de plénitude ou se sentir un peu soulagé dans cette situation-là. Très,
très émouvant, votre témoignage, très troublant aussi. On vient corriger, dans
cette enceinte, dans notre institution, l'Assemblée nationale, une injustice de
nombreuses décennies. Privilège pour moi d'avoir pu participer à ce projet de
loi, à cette étude, et on vous souhaite beaucoup de sérénité pour la suite.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député d'Acadie, s'il
vous plaît.
M. Morin : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, M. Hall, merci de vous être adressé au Parlement. Merci
aussi pour votre témoignage très, très touchant puis les explications
additionnelles que vous avez pu nous donner. Et merci également à votre
avocate, Me Côté, qui vous accompagne. Je vous dis chapeau pour le courage
puis la ténacité que vous avez eus tout au long de votre vie, toujours à la
recherche de la vérité. Puis aujourd'hui, bien, à l'Assemblée nationale, on
arrive à un dénouement qui, je l'estime, pour vous, répond finalement à une
quête que vous avez poursuivie pendant toute votre vie. Alors, je vous remercie
de vous être adressé au Parlement, et, maintenant, M. Hall, je vous
souhaite une longue et heureuse vie. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée de Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac).
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Bonjour, M. Hall. Donc, j'ai été
vraiment touchée par votre témoignage. Je pense que... bien, j'en suis à mon deuxième
mandat et, comme le collègue l'a dit, on n'a pas vu ça souvent. Je vous
souhaite de panser vos blessures puis je vous souhaite une belle vie pour la
suite. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Et finalement,
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Oui. Une quête de
vérité émouvante et inspirante pour d'autres personnes qui, j'en suis
convaincue, ont tristement vécu le même type d'événement. Quand j'étais plus
petit, il y avait une collection de livres qui s'appelait Un bon exemple.
Un bon exemple de ténacité, c'est vous. Vous êtes près du but. Bravo.
Le Président (M.
Bachand) :Merci à tous et toutes pour
votre collaboration. La commission ayant accompli son mandat ajourne ses
travaux sine die. Merci beaucoup, M. Hall et... Merci.
(Fin de la séance à 12 h 19)