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Étude des crédits du ministère de
l'Immigration
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'immigration se réunit pour étudier les
crédits budgétaires du ministère de l'Immigration.
Les membres de cette assemblée sont: M. Alfred (Papineau), M.
Blank (Saint-Louis), M. Bro-chu (Richmond), M. Couture (Saint-Henri), M.
Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Marchand
(Laurier), M. Martel (Richelieu). M. Bellemare (Johnson), est-ce que vous
remplacez quelqu'un? Vous êtes comme intervenant?
M. Bellemare: Non, je suis désigné à la
commission de l'immigration.
Le Président (M. Jolivet): Donc, en remplacement de M.
Brochu (Richmond), puisque vous êtes intervenant à la
commission.
M. Bellemare: C'est M. Brochu qui est intervenant.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, cela va.
M. Bellemare: Pour l'Immigration, le Travail et la Main-d'Oeuvre,
la Fonction publique, c'est moi.
Le Président (M. Jolivet): Mais, d'une façon ou
d'une autre, je dois, pour les besoins...
M. Bellemare: C'est M. Brochu qui était ici l'année
passée, parce que j'étais malade.
Le Président (M. Jolivet): Selon les textes que j'ai, M.
Brochu est membre et vous êtes intervenant, donc vous devenez...
M. Bellemare: Si je l'avais su, je ne serais pas ici.
Le Président (M. Jolivet): Donc, vous devenez membre, en
remplacement M. Brochu pour le début.
M. Bellemare: Comme vous voudrez!
Le Président (M. Jolivet): Je voudrais avoir un
rapporteur. M. Lefebvre (Viau).
M. le ministre, vous avez la parole.
Exposé préliminaire du ministre M.
Jacques Couture
M. Couture: M. le Président, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue aux rescapés de la nuit dernière. Je
voudrais signifier, au départ, que je souhaite que nos travaux à
cette commission par- lementaire puissent, pour les uns et les autres, nous
sensibiliser davantage aux objectifs que nous devrions avoir en commun
d'apporter des interventions intéressantes et efficaces et auprès
des candidats à l'étranger, et auprès de ceux qui arrivent
ici.
Avant de commencer mon petit exposé, j'aimerais présenter
ceux qui m'accompagnent. Je vais essayer de les identifier tous. Vous avez ici
M. Martin, sous-ministre, M. Vigneau, M. Cloutier, trois sous-ministres
adjoints, M. Fournier, directeur du personnel, M. Miron, chef de cabinet, M.
Dion, attaché de presse, M. Barberis qui est membre du cabinet.
M. le Président, j'aimerais profiter de l'étude en
commission des crédits du ministère de l'Immigration pour exposer
les grandes lignes des politiques que nous essayons de réaliser depuis
un an et demi, politiques que nous voulons poursuivre.
En 1978/79, nos priorités sont de commencer à doter le
ministère de l'Immigration du Québec des instruments
nécessaires à la réalisation d'une politique d'immigration
globale et efficace. Cela implique la maîtrise par le Québec de la
sélection des immigrants à l'étranger. Cela implique aussi
de disposer d'une connaissance du marché du travail qui permette de
recruter et d'orienter les immigrants en fonction des capacités
d'absorption du Québec en main-d'oeuvre.
Deuxièmement, nous travaillons à doter le ministère
de l'Immigration du Québec d'une politique et d'instruments
d'information et de communication visant deux objectifs: favoriser les
relations entre les groupes ethniques et la communauté francophone du
Québec, et favoriser ainsi la connaissance réciproque des uns et
des autres, en mettant l'accent évidemment sur les nouveaux
arrivés, et aussi, assurer aux immigrants une connaissance, une
présence véritable des services gouvernementaux qui leur sont
offerts et des ressources communautaires de leurs quartiers.
M. le Président, j'aimerais, au lendemain de la parution du livre
blanc de la politique québécoise du développement
culturel, citer un passage qui a trait directement aux minorités, aux
politiques d'immigration. Je pense que cela peut donner la toile de fond de nos
politiques. Dans ce document, volume I, à la page 83, dans le chapitre
consacré à la culture québécoise et aux
minorités, nous disons ceci: "Depuis 1970, le Québec
reçoit chaque année environ 25 000 immigrants. Leur
période initiale d'adaptation, environ trois ans, conditionne en grande
partie leur mode ultérieur de participation à la vie
québécoise. Or, jusqu'ici, le gouvernement s'est peu
préoccupé de créer des structures adéquates. "
Je fais un petit commentaire sur cette phrase. Je pense que c'est lie
surtout au fait que c'est un ministère qui est assez jeune. Je ne veux
pas être injuste pour mes prédécesseurs, il y a eu une
amorce graduelle de l'intervention du gouvernement à cet effet. Je ferme
ma petite parenthèse et je continue à citer le livre blanc du
développement culturel: "À cet égard, les diverses
commu-
nautés ethniques ont dû puiser, à même leurs
propres ressources, pour des services d'accueil, d'aide, de consultation et
d'orientation. Le ministère de l'Immigration a investi tardivement dans
ce domaine où il n'occupe guère encore une place importante par
comparaison avec les services déjà offerts par les
minorités ethniques, en particulier par la communauté anglophone.
L'État devra consolider au plus tôt son rôle dans ce
domaine. Il représente éminemment la société
d'accueil. Le ministère de l'Immigration du Québec s'emploie
activement à redéfinir une politique en ce sens. Un principe
fondamental l'inspire dans ses activités favorisant l'adaptation des
immigrants aussi bien que dans ses relations avec les
Néo-Québécois: il vise à éliminer la
bureaucratisation. Les préoccupations personnelles, familiales du
Néo-Québécois ne doivent pas être sacrifiées
à des considérations normatives: règlements, structures,
statistiques, procédures, etc. Pour y arriver, les contacts concrets et
suivis avec les minorités déjà établies au
Québec permettront une authentique insertion des nouveaux venus dans la
vie de notre collectivité. "Le ministère de l'Immigration veut
utiliser les centres d'orientation et de formation des immigrants,
appelés COFI, comme instruments offrant des services au sein même
des milieux où vivent concrètement les
Néo-Québécois. Les COFI deviendront des centres de service
polyvalents couvrant des domaines aussi variés que l'accueil,
l'enseignement du français, le service social, l'emploi, les
activités socioculturelles, en coordination, selon le cas, avec les
ministères et les institutions concernés: centres de
main-d'oeuvre, CLSC, centres de services sociaux". Nous y reviendrons tout
à l'heure. "Les services offerts devront s'identifier à la
réalité des quartiers et des communautés locales qui sont
les milieux de vie immédiats des immigrants. Des efforts seront faits
pour créer des comités immigrants québécois dans
les quartiers, afin de favoriser l'insertion des
Néo-Québécois à la société
québécoise. Une attention spéciale sera accordée
aux travailleurs immigrants qui sont souvent exploités au travail et aux
réfugiés qui vivent des expériences douloureuses. Si on
considère que les membres des différents groupes ethniques qui
habitent le Québec sont au moins 500 000, on comprend l'urgence de leur
insertion dans la vie québécoise. Notre projet collectif ne peut
pas faire abstraction de ces Néo-Québécois qu'il faut
associer à part entière au mouvement historique du peuple
québécois vers son plein épanouissement.
"Récemment, le gouvernement du Québec a signé une entente
importante sur l'immigration avec le gouvernement du Canada. Pour la
première fois de son histoire, le Québec assumera ses
responsabilités dans la sélection des immigrants en
exerçant des pouvoirs décisionnels. En conséquence, le
Québec pourra se donner une politique de l'immigration qui
reflétera davantage ses besoins économiques, culturels et
sociaux. Cette entente montre que le Québec s'intéresse de plus
en plus aux immigrants. Aucun immigrant ne pourra venir ici sans avoir eu une
entrevue avec un fonctionnaire québécois qui lui aura
expliqué la réalité québécoise dans ses
divers aspects (la loi 101. etc.). L'immigrant saura à quoi s'attendre
et il y a fort à parier qu'ayant décidé de venir chez
nous, il s'insérera harmonieusement dans la société
québécoise et pourra contribuer à bâtir une
société plus ouverte".
M. le Président, j'ai cité ce passage important du livre
blanc du développement culturel parce qu'il exprime actuellement la
volonté politique du gouvernement québécois en rapport
avec les immigrants, les milieux ethniques et le rôle de
l'État.
Je vous rappelle, M. le Président, les principes qui, du point de
vue québécois, ont été défendus, lors de la
négociation de cette entente dont nous venons de parler:
l'établissement de ressortissants étrangers au Québec doit
répondre à des besoins de main-d'oeuvre et doit aussi contribuer
au développement économique et à l'enrichissement
socioculturel du Québec, compte tenu de sa spécificité
française. Il importe d'assurer une sélection cohérente et
harmonieuse des immigrants et des travailleurs temporaires, en fonction des
capacités d'accueil économiques, démographiques et
socioculturelles du Québec. Le Québec entend se prononcer sur la
venue des ressortissants étrangers, de manière à
sélectionner ceux qui pourront s'intégrer rapidement et avec
succès à la société québécoise.
Le respect des principes de la réunification des familles, la
volonté du Québec d'assumer sa part de responsabilités
internationales en matière d'accueil humanitaire, notamment envers les
réfugiés, ce sont des principes qui, pour nous, sont très
importants. C'est parce que ces principes ont été admis par le
gouvernement du Canada que nous avons pu en arriver à une entente. Cette
entente signée je vous le rappelle le 20 février
1978 entrera en vigueur dès que nous aurons défini les
critères québécois de sélection et que nous aurons
sanctionné ces pouvoirs de recommandation par une loi,
c'est-à-dire, M. le Président, que la Loi de l'immigration
actuelle ne nous permet pas, de l'avis des juristes, de réglementer
l'admission des immigrants, c'est-à-dire la sélection des
immigrants à l'étranger.
Nous mettrons tous nos efforts à raffiner les critères
québécois de sélection. Cette étape constituera un
premier pas dans la préparation à plus long terme d'une
véritable loi québécoise de l'immigration, et
j'espère, mes chers collègues, que vous aurez la joie de
participer à son élaboration et à sa critique, sans doute.
Je peux aujourd hui vous dire que la politique du Québec, quant à
la sélection des immigrants, sera conçue et mise en oeuvre en vue
de promouvoir les intérêts fondamentaux du Québec et en vue
de répondre à ses responsabilités vis-à-vis de la
communauté internationale, tout en respectant et en cherchant à
répondre aussi aux besoins mêmes du candidat à
l'étranger. C'est une chose que je répète souvent, je
crois, qu'autant on doit sélectionner en vue des besoins d'une
société, autant on doit considérer les besoins du candidat
et y répondre.
Cette politique s'exprimera dans les critères de sélection
cela va véhiculer nos objectifs et
fera en sorte que les ressortissants étrangers souhaitant
s'établir au Québec à titre permanent ou temporaire soient
soumis à des critères qui tiennent compte de leur capacité
d'adaptation et en ne faisant aucune discrimination de race, de
nationalité, de couleur, de religion ou de sexe. Cette politique
favorisera aussi la réunion des familles et le rétablissement des
réfugiés et des personnes déplacées ou
persécutées. Cette politique facilitera ensuite l'insertion des
immigrants dans la société québécoise, compte tenu
de son caractère français.
En pratique, tout ressortissant étranger qui souhaite
s'établir au Québec devra, au préalable obtenir d'un
conseiller à l'immigration du Québec, un certificat de
sélection. Un immigrant doit démontrer, à la satisfaction
du conseiller à l'immigration du Québec, qu'il répond aux
normes de sélection réglementaires fixées en vue de
déterminer son aptitude et celle de ses personnes à charge
à s'établir avec succès au Québec, compte tenu des
capacités d'accueil économiques, démographiques et
culturelles de la société québécoise. Ces normes de
sélection sont basées sur des critères tels que la
formation et l'expérience professionnelle du requérant, la
demande au Québec dans sa profession, son âge et ses
qualités personnelles, son instruction générale, ses
connaissances linguistiques, l'aide qu'il peut recevoir de parents ou d'amis
résidant au Québec, les ressources communautaires et la situation
de l'emploi à son lieu de destination. Je dois dire que, pour le moment,
nous sommes assez avancés dans la définition des critères
québécois de sélection. Et nous n'hésitons pas
à demander les avis du comité consultatif à cet
égard.
Pour finir sur ce chapitre, M. le Président, je dois dire cette
année, après avoir vécu la commission parlementaire de
l'immigration l'année dernière, qui a été presque
historique, où on a fait l'unanimité sur la revendication du
Québec à obtenir des pouvoirs dans la sélection des
immigrants à l'étranger, je dois dire qu'après un an, la
mission est accomplie et je le dois aussi à l'appui de plusieurs membres
de cette commission, l'année dernière.
Je veux profiter de l'occasion pour féliciter le Comité
consultatif de l'immigration qui a abattu un travail extraordinaire cette
année. Le mandat des membres, qui devait se terminer au mois de mars, a
été prolongé jusqu'en septembre. Ceci nous permettra de
mieux préparer la nomination des prochains membres du comité. Une
vaste consultation commencera très prochainement à ce sujet. Le
comité consultatif constitue un instrument privilégié des
milieux ethniques auprès du gouvernement, les recommandations transmises
par le comité ont, en effet, beaucoup influencé nos
décisions au niveau du ministère; du colloque sur les
réfugiés organisé par le comité consultatif, pour
donner un exemple, nous sommes en train de tirer les fondements d'une politique
généreuse 3t réaliste envers les réfugiés.
Nous savons aussi qu'il y a eu un vaste colloque au mois de juin, année
dernière, qui a rassemblé plus de 500 personnes de toutes les
ethnies, de toutes les associations possibles et impossibles, je dirais, qui,
nous ont tracé les voies d'une politique québécoise de
l'immigration.
Le remplacement des membres du comité se fera par rotation
progressive. On veillera à ce que, tour à tour, les plus
importantes communautés ethniques soient représentées. Le
ministre nommera donc les nouveaux membres après consultation. Ces
nominations devront respecter les recommandations suivantes M. le
Président, je les énumère, parce qu'elles ne sont pas
longues, pour informer les membres de la commission parlementaire des
paramètres que nous nous donnons pour la nomination des prochains
membres du Comité consultatif de l'immigration voici les
paramètres ou les balises ou les critères pour la nomination de
ces membres: Le comité devra dans sa composition, 1) représenter
les communautés ethniques les plus importantes au Québec; 2)
tenir compte de l'importance des groupes d'immigration récente; 3)
être constitué par une majorité de Québécois
d'origine ethnique, donc au comité il y aura une majorité de
Québécois de nouvelle souche ou de
Néo-Québécois; 4) assurer une représentation
régionale; 5) prendre en considération l'expérience
acquise dans le domaine des relations avec les immigrants; 6) comprendre des
spécialistes en démographie ou main-d'oeuvre, par exemple, pour
une complémentarité de tous les membres; 7) être
constitué par des personnes qui sont reconnues par le milieu et qui ont
une certaine disponibilité. Ce sont des recommandations même du
comité consultatif sortant, pour la nomination des prochains
membres.
Nous avons aussi demandé l'avis du comité consultatif dans
l'élaboration d'une toute nouvelle politique d'aide financière.
Le montant même des subventions est substantiellement accru de
près de $500 000. $500 000 de plus cette année en subventions
pour les communautés ethniques, pour mieux inciter les organismes
intéressés à l'immigration à poursuivre leur
collaboration avec le ministère et leur aide aux immigrants. La
philosophie de base, c'est de reconnaître ces groupes ethniques
souvent, ils nous l'ont demandé, je pense que les membres de cette
commission en sont très conscients comme des partenaires de
l'État. L'État ne doit pas jouer tous les rôles, ne doit
pas les remplacer, il doit identifier ses responsabilités, identifier
les responsabilités des communautés ethniques et les aider
à les assumer.
Désormais, les organismes susceptibles de
bénéficier de cette aide gouvernementale savent mieux à
quoi s'en tenir sur les critères qu'ils doivent remplir pour obtenir
l'aide souhaitée. La politique d'aide financière du
ministère de l'Immigration du Québec vise à promouvoir les
objectifs globaux du ministère, à savoir: l'adaptation et
l'intégration des immigrants à la communauté
québécoise. Par conséquent, les demandes d'aide
financière doivent contribuer à l'atteinte de ces objectifs. La
politique d'aide financière comporte quatre volets, soit le programme de
subventions, le programme d'activités d'adaptation, le programme d'aide
contractuelle et le programme des langues ethniques.
Les principaux objectifs de cette politique d'aide financière
sont les suivants: 1) établir un réseau d'organismes dont
l'action et les services soient étroitement reliés aux
différents services et programmes du ministère de l'Immigration
du Québec; espèce de prolongement de ce que l'on fait, en les
considérant comme des partenaires; 2) rendre efficaces toute action et
toute intervention des organismes qui se situent dans le prolongement des
actions et des services du ministère de l'Immigration du Québec,
c'est ce qu'on appelle le budget de fonctionnement; 3) faire assumer par le
milieu les objectifs d'adaptation et d'intégration du ministère
de l'Immigration. (10 h 30)
Quelques statistiques suffisent à démontrer l'importance
des nouveaux Québécois dans la vie du Québec et l'urgence
de leur insertion dans la société québécoise. Le
Québec reçoit en moyenne, depuis 1961, 28 000 immigrants par
année. Durant les 30 dernières années, 850 000 immigrants
ont choisi le Québec. Ceux qui décident de rester chez nous
s'installent à plus de 80% dans la région métropolitaine
de Montréal.
En 1971, la population dite ethnique constituait 10,4% de la population
totale du Québec. On peut évaluer à près d'un
demi-million actuellement, et même plus, les membres des
différents groupes ethniques qui habitent le Québec. Mais c'est
un fait qu'à peu près 300 000 immigrants ont quitté le
Québec depuis 1960, après être venus y vivre quelque temps.
C'est un fait et je pense que c'est une réalité que l'on doit
regarder en face et y chercher des solutions. C'est bien beau de
sélectionner des immigrants, de les recevoir, de bien les accueillir,
mais s'ils ne restent pas au Québec, je pense qu'on investit pour
rien.
Sans entrer dans une étude exhaustive des causes de ces
migrations, on peut dire sans risque de se tromper que les fonctionnaires
fédéraux qui ont fait la sélection des immigrants dans le
passé n'ont pas tenu suffisamment compte des caractéristiques
propres du Québec. Grâce à l'entente que nous venons de
signer, ce sont des fonctionnaires québécois qui feront la
sélection des immigrants destinés à venir s'installer au
Québec. C'était à peu près accepté par tout
le monde qu'il y avait environ 30% de toute l'immigration
sélectionnée auparavant qui ne coïncidait pas avec les
besoins de la société québécoise au niveau
économique, ou à tous les autres niveaux.
Grâce à cette meilleure sélection et grâce
aussi aux qualités de l'accueil en milieu québécois, nous
pouvons prévoir que les immigrants qui viennent au Québec
nous l'espérons du moins puissent s'y installer en permanence. Le
ministère veut de plus en plus mettre l'accent sur la qualité de
l'accueil, la qualité des interventions sur place, enfin soutenir les
immigrants et les communautés d'accueil à jouer un meilleur
rôle pour qu'ils s'enracinent dans la société
québécoise.
Dans ce contexte, le ministère québécois de
l'Immigration a un rôle capital à jouer, tant auprès des
membres actuels des groupes ethniques qu'auprès des immigrants à
venir. Ce rôle consiste essentiellement à favoriser l'insertion
des immi- grants dans la vie québécoise, en les accueillant et en
les aidant à s'adapter a un contexte nouveau pour eux. Au cours des dix
dernières années j'aborde une des interventions majeures
au ministère que sont les COFI; pour nous, c'est un instrument de choix
pour cette insertion des immigrants à la société
québécoise les COFI ont été. pour plus de 30
000 immigrants, le principal créneau de leur intégration a la
société québécoise: 30 000 immigrants, c'est quand
même beaucoup de monde. À travers bien des aléas et des
vicissitudes, ils sont demeurés fidèles à leur mission
originale: favoriser l'adaptation des nouveaux arrivants par l'enseignement du
français, entre autres.
Sans renier ce but premier, les COFI d'aujourd'hui et je rejoins
ce qu'on disait dans le livre blanc veulent élargir leur champ
d'activités, répondant en cela aux demandes tant des
communautés ethniques que des stagiaires. Devant le véritable
traumatisme que crée pour l'immigrant le fait de devoir s'adapter
à une langue, une culture, voire une civilisation si différente
par son régime social, économique, politique, les moyens a mettre
en oeuvre sont immenses. De plus en plus conscient de cette situation, le
ministère de l'Immigration du Québec a décidé de
réorienter l'action des COFI. Bien sûr, ils continueront
d'enseigner le français; ils le feront avec des formules beaucoup plus
souples qui s'adresseront à une clientèle beaucoup plus vaste.
Présentement, les étudiants qui vont aux COFI sont
sélectionnés pas les centres de main-d'oeuvre du Canada. Les
critères utilisés par ces derniers font que nous ne rejoignons
qu'environ 30% de la clientèle potentielle. Pour nous, la
clientèle potentielle des COFI. ce sont tous les immigrants qui ne
parlent pas français.
Tout en continuant de recevoir cette clientèle, le
ministère de l'Immigration du Québec a déjà
entrepris des démarches pour rejoindre toute la clientèle. C'est
ainsi que des formules très souples: cours du soir, de fin de semaine,
de fin d'après-midi, cours pour clientèle très
spécifique: mères de famille, travailleurs
spécialisés, etc., ont été mis sur pied.
Déjà une quinzaine de professeurs libérés de
l'enseignement régulier, à la suite de la fermeture de dix
classes, sont au travail. Divisés en deux groupes, le premier
établit des contacts avec les groupes ethniques, afin de mettre sur pied
des formules qui leur conviennent le mieux, tandis que le deuxième
élabore les instruments pédagogiques les mieux adaptés
à ces personnes. C'est un proramme typiquement
québécois.
Progressivement, cette transformation s'effectue. Déjà,
des formules ont été mises au point avec la communauté
bengali de la rive sud. Des rencontres ont également eu lieu avec des
représentants des communautés italienne, juive et
tibétaine. On négocie aussi avec la communauté
chinoise.
Généralement donnés dans nos différents
COFI, ces cours sur mesure seront aussi donnés dans les milieux de vie
de quartier ou lieu de travail. On peut prendre, par exemple, des
garçons ou des filles de table dans les restaurants grecs italiens ou
chinois qui, parce qu'ils sont écrasés par le travail, n'ont
jamais eu l'occasion de suivre
un cours de français et ne sont pas capables de le suivre aux
heures régulières. On fait un cours sur mesure aux heures qui
leur conviennent.
La souplesse de la formule n'a pas manqué d'attirer l'attention
des groupes ethniques et les demandes sont nombreuses. À
côté de ces nouveaux cours qui sont plus qu'une simple modulation
de notre action passée, nous nous employons à développer
et à mettre en application l'idée d'un COFI totalement
renouvelé.
Déjà, des actions concrètes ont été
entreprises. Que l'on songe, par exemple, à l'expérience du COFI
de Hull où l'on a pu envoyer en stage de travail tous les finissants du
COFI. Suite à ce stage, plusieurs stagiaires ont été
embauchés par le commerce ou l'industrie qui les avait reçus;
c'est le prolongement de la présence du COFI dans le milieu de
travail.
Inutile de préciser que de telles actions ne peuvent
réussir qu'avec la participation et la collaboration active de la
population et des employeurs. C'est une préoccupation que nous avons de
faire jouer au milieu de vie ses responsabilités normales.
D'ailleurs, toute volonté d'aider les
Néo-Québécois est condamnée à la
stérilité, si elle ne s'appuie pas sur un engagement réel
de la population. C'est cette population que le nouveau COFI veut rejoindre en
lui ouvrant ses portes et ses services.
Ici encore, il ne s'agit pas uniquement de lointaines orientations, mais
de réalisations fort concrètes. Partout où cela est
possible, nous offrons, dans les garderies des COFI, des places en nombre
égal aux enfants québécois. C'est notamment le cas
à Québec et à Hull. Nous mettons à la disposition
des groupes organisés du quartier nos salles de réunion pour
favoriser l'insertion dans le milieu. Nos étudiants participent de plus
en plus à la vie du quartier et aux activités qui l'animent.
Nous avons adopté la formule des petits pas, dont vous avez
entendu parler dans d'autres domaines, pas tant par le choix que par
nécessité M. Marchand qui connaît bien Mao a
dû certainement lire ses oeuvres là-dessus.
M. Marchand: Je vous le laisse. Vous vous entendez beaucoup mieux
avec lui que moi.
M. Couture: Les conversions peuvent être tardives, mais
elles existent quand même. ...Donc, choix d'une approche pragmatique qui
tienne compte à la fois du vécu des
Néo-Québécois et des COFI, choix également d'une
volonté de ne pas doubler des services déjà offerts par
d'autres organismes publics ou parapublics, nécessité aussi de
recycler le personnel traditionnellement affecté à d'autres
tâches et d'aménager les locaux en fonction de leur nouveau
rôle, parce que, si on ne veut pas faire seulement du français, il
faut recycler les professeurs qui seront appelés à oeuvrer dans
d'autres domaines.
Nous prévoyons pour le début de l'automne être en
mesure d'offrir dans au moins un COFI tous les services d'information,
d'accueil, de recherche d'emploi et de service social que l'on retrouve
actuellement au ministère dans cette préparation de la
déconcentration du ministère, et reprendre dans les COFI certains
services qui sont donnés au central.
Mais déjà, au COFI de Québec, nous offrons aux
Néo-Québécois qui s'y présentent, qu'ils soient ou
pas inscrits au COFI, l'aide d'un conseiller en emploi et d'un agent d'aide
sociale en plus de tous les services habituels du COFI.
Certains COFI, notamment ceux à l'extérieur de
Montréal, ont développé d'importants liens avec les
associations locales, particulièrement pour l'accueil des
réfugiés. Nous avons eu une expérience à Sherbrooke
où c'est le COFI qui a réalisé l'accueil d'un groupe de
réfugiés chiliens.
Dès leur arrivée en terre québécoise, nos
services accueillent les réfugiés et les dirigent vers le COFI
où le personnel a organisé une opération pour trouver
logements, vêtements, etc.
Des accords opérationnels aussi ont été conclus
avec les CLSC concernés. Le COFI se veut être ouvert aux
Québécois, anciens et nouveaux et, surtout, il se veut le lien de
l'ouverture à la solidarité humaine.
Tous ces objectifs que nous cherchons à réaliser au
ministère ont, comme toile de fond, deux principes. En premier lieu, on
ne pourra pas bâtir le Québec de demain, quel qu'il soit
d'ailleurs, sans la contribution de ces 500 000 nouveaux
Québécois. Je suis certain d'avoir l'accord de mes
collègues la-dessus. Des études confirment, d'ailleurs, l'apport
substantiel des immigrants au développement économique du
Québec. Dans cette perspective, le ministère de l'Immigration a
un rôle d'animation et d'information. Le gouvernement à lui seul
ne réussira pas à faire que les nouveaux Québécois
se sentent chez eux chez nous. On ne peut pas remplacer l'effort d'accueil et
d'ouverture de tous les Québécois. Il faut que l'ensemble des
Québécois se sente responsable de l'insertion des immigrants
à la vie québécoise. Là-dessus, je dois avouer que
nous avons encore du chemin à faire pour que toute la
société québécoise participe à cette
ouverture pour l'arrivée des immigrants.
Le ministère québécois de l'Immigration va porter
aussi une attention particulière aux travailleurs immigrants. On sait
que dans les premières années, l'immigrant se fait souvent
exploiter au travail et se sent isolé et démuni. Afin de
défendre les droits des travailleurs immigrants et d'intervenir
auprès des employeurs et des syndicats, un poste de secrétaire
délégué auprès des travailleurs immigrants a
été créé à cet égard. Il va
être annoncé dans les prochains jours. En plus, des gestes
précis ont été posés en faveur des
réfugiés politiques. À l'occasion de la réception
du prix Nobel de la paix par l'organisme Amnistie internationale, j'ai
participé à une rencontre avec des responsables
québécois de cet organisme auxquels j'ai apporté mon plus
entier appui. Une fois de plus, j'ai pu me rendre compte, comme vous autres,
des situations intolérables dans lesquelles se trouvent des milliers de
citoyens dans le monde
qui sont emprisonnés et torturés à cause de leurs
idées politiques.
La présence, parmi nous, d'un certain nombre de
réfugiés politiques est un rappel à nos obligations de
solidarité internationale. Je pense qu'on ne peut pas se battre pour la
liberté ici et les droits individuels sans être
préoccupés de la défense de ces mêmes droits et de
ces mêmes libertés partout dans le monde et sans faire un effort
en conséquence.
M. Marchand: Avez-vous l'intention de vider les camps de
Sibérie?
M. Couture: Tous les camps. Afin de coordonner l'ensemble des
activités reliées aux réfugiés, un poste de
secrétaire délégué aux réfugiés a
été créé afin d'établir les liens
nécessaires avec les différents organismes publics et
privés intéressés tant sur le plan international que
national. Pour rassurer mon excellent ami du comté de Laurier, je dois
dire que tous nos efforts faits depuis plusieurs mois dans la politique aux
réfugiés n'ont fait aucune distinction d'idéologie
politique. Pour moi, les réfugiés, quels qu'ils soient, de
quelque pays qu'ils viennent, sont des victimes avant tout. Vous en avez la
preuve dans les chiffres qu'on pourra vous donner des réfugiés
qu'on a fait venir, autant du Cambodge, du Chili, des pays d'Europe de l'Est ou
de n'importe où ailleurs au monde. Là-dessus, on s'appuie
uniquement sur la définition et les recommandations du Haut-Commissariat
des Nations-Unies pour les réfugiés.
En tenant compte de nos objectifs et de nos priorités, 18
nouveaux postes ont été créés au ministère:
12 postes en raison du développement des services à
l'étranger nécessité par le rôle important du
Québec dans la sélection des immigrants, suite à la
récente entente; 2 postes à la direction de l'adaptation pour
développer l'accueil aux immigrants, principalement, à Dorval; 2
postes à la direction des communications, en raison de l'accent que le
ministère veut apporter au travail de cette direction dans l'information
sur les services offerts; 2 postes au secrétariat en raison de
l'intérêt du ministère, que j'ai souvent rappelé,
envers les réfugiés et les travailleurs immigrants.
Comme on le voit, les nouveaux effectifs s'expliquent principalement par
les retombées de l'entente et par les nouveaux objectifs. Les
fonctionnaires du Québec à l'étranger joueront un
rôle décisif qui contribuera à valoriser l'importance du
Québec à travers le monde et sa volonté ferme de
participer à la vie internationale. J'ai pu me rendre compte, lors de
mon récent voyage en Europe, des possibilités très
intéressantes qui s'offrent désormais à un gouvernement
québécois qui, pour la première fois de son histoire,
assume des responsabilités réelles dans la sélection des
immigrants. À cet égard, entre autres, au Portugal, en Italie,
surtout, c'est un problème qui les concerne davantage, et j'ai obtenu
des accords de principe avec les gouvernements de ces pays pour, qu'avant
même l'arrivée, la venue des candidats en territoire
québécois, on les prépare sur place, on les informe et on
leur donne les rudiments de langue française.
(10 h 45)
Je tiens, en terminant mes remarques préliminaires, à
souligner le travail remarquable accompli par les fonctionnaires de mon
ministère il y en a plusieurs autour de moi qui sont en
bonne partie responsables du bilan que je crois très positif de la
dernière année et que je viens rapidement de vous faire, en
espérant que vous voudrez vous associer a ces orientations.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis.
Remarques de l'Opposition
M. Harry Blank
M. Blank: Ce sera relativement bref, voyant qu'on a
déjà passé une grande partie de cette journée en
session, avec quelques heures de repos, nous sommes ici pour discuter au
meilleur de notre capacité, à ce moment-ci, les crédits
de...
M. Marchand: On a donné la chance au ministre de se
reposer.
M. Blank: C'est vrai, le ministre a pu se reposer.
M. Couture: II travaillait, la nuit passée aussi, le
ministre.
M. Blank: Je constate que, l'an passé, a l'étude
des crédits, le bébé du ministre était l'entente
qu'il avait conclue avec le gouvernement fédéral au sujet de la
sélection des immigrants. C'était le projet principal l'an
passé. Comme il l'a dit, nous, dans l'Opposition, sommes tellement
heureux aussi qu'on ait cette entente qui donne un certain droit au
Québec dans la sélection des immigrants, mais je veux que le
ministre soit franc: ce n'est pas un droit absolu. Le fédéral a
encore un mot à dire dans la sélection, voyant qu'il n'y a pas
encore de frontière entre l'Ontario et pas de frontière entre le
Nouveau-Brunswick. Nous sommes encore je pense qu'on le restera pour
longtemps...
M. Couture: Pour un certain temps.
M. Blank: ... chacun a droit à son opinion à cette
table, mais, jusqu'à ce moment, on doit vivre avec la situation
actuelle. Mais essayer de créer une situation où le monde va
penser que c'est le Québec seul qui fait le choix des immigrants, ce
n'est pas vrai, et le ministre est au courant que le fédéral a un
mot à dire, et je ne suis pas certain que ce ne soit pas le mot de la
fin. Mais ce n'est pas ce à quoi je m'oppose. Je ne m'oppose pas
à ce programme, parce que chaque région du Canada est un peu
différente de l'autre, et le Québec, c'est différent. Les
immigrants doivent le savoir avant de venir; quand ils sont ici, il y a une
différence, et ils doivent le savoir.
La seule chose que je constate, partout, dans les discours du ministre,
et même quand il a lu le livre blanc, il a mis complètement de
côté le fait anglais. On ne peut pas mettre de côté
un million de la population du Québec et dire que ça n'existe
pas. On est entouré par les anglophones partout au Canada et aux
États-Unis. Essayer de cacher ça aux futurs immigrants ou
à ceux qui sont ici, je pense que ça fait tort à ces
gens-là, parce que, comme tout le monde le sait, la langue principale au
Québec, c'est le français, mais l'anglais est là aussi et
on ne doit pas mettre l'anglais complètement de côté. Ce
sont les remarques que je fais à ce sujet.
Sur la question des réfugiés, il n'y a personne qui peut
s'opposer au fait de faire venir au Québec ou au Canada des gens qui
sont de vrais réfugiés. À la suite des remarques de mon
confrère, le député de Laurier, le ministre a
répondu qu'au Québec, dans le programme possible, en ce qui a
trait aux réfugiés, il n'y a aucune question d'idéologie,
de race, de couleur, etc. C'est très beau d'avoir ces mots, mais les
faits actuels... C'est vrai qu'on a des réfugiés du Cambodge et
du Vietnam ici actuellement, mais ce n'est pas le Québec qui les a fait
venir ici. C'est le fédéral qui a fait venir ces gens ici. Par
contre, dans les discours du ministre ou du ministère de l'Immigration,
on trouve toujours les mêmes réfugiés, les Chiliens, les
Argentins et des gens semblables. On n'entend pas parler des gens qui sont dans
les camps de Sibérie, des blancs qui se sauvent de la Rhodésie,
des Portugais qui sont partis de Mozambique et d'Angola. Une chose aussi est
très curieuse: Le ministre veut avoir des immigrants qui peuvent
s'intégrer à la culture et à la société
québécoises. Il y a des réfugiés en grand nombre
dans une partie du monde à qui s'applique ce critère. Il y a les
Vietnamiens qui sont dans des camps de la Thaïlande, des Philippines et de
la Malaisie et d'après les dernières nouvelles que j'ai vues
à la télévision la semaine dernière, c'est
difficile de remplir le Canada en ce moment. Je pense qu'il y a un quota de 50
familles par mois. C'est difficile de trouver ces 50 familles. Je dois dire que
c'est très difficile d'avoir 50 familles vietnamiennes et de les faire
venir au Canada. Pourquoi le ministre de l'Immigration du Québec
n'est-il pas là? Ce sont des gens qui sont élevés dans la
langue française, dans la culture française. Est-ce qu'il n'y a
pas....
M. Couture: Vous voulez que je réponde tout à
l'heure, je suppose, parce que j'ai des réponses.
M. Blank: Oui. Je fais des constatations. Peut-être qu'il y
a des choses que je ne sais pas. Je sais que le Canada, en ce moment, sans
aucune autre entente, veut avoir 50 familles vietnamiennes au Canada, chaque
mois. Mais pour une raison ou pour une autre, elles ne viennent pas, parce
qu'elles ne sont pas au courant qu'il y a une place au Canada, au
Québec, où elles peuvent s'intégrer facilement. Est-ce que
c'est parce que cela ne fait pas partie de la pensée politique du
ministre? Je ne le sais pas. Mais je trouve très curieux de voir qu'il
n'y a pas de représentant de la province de Québec dans ces camps
de réfugiés pour faire venir ces gens-là, qui, comme je le
disais, sont déjà à moitié dans notre
communauté française.
M. Couture: Est-ce que pour les Vietnamiens vous voulez avoir une
réponse tout de suite?
M. Blank: Oui, si vous voulez.
M. Couture: De fait, quand vous dites que c'est seulement le
Canada qui sélectionne les réfugiés, c'est vrai dans un
sens. Mais ce qui se passe actuellement, c'est que chaque fois qu'il y a une
sélection de réfugiés ou une arrivée possible de
réfugiés de l'étranger, le ministre fédéral
nous en informe et même le comité mixte. Suite à l'entente,
ce comité va être extrêmement important. Toutes les
informations vont aller là. Maintenant, chaque fois qu'il y a des
réfugiés qui doivent venir, on nous en informe et alors on
exprime notre souhait d'en recevoir tant ou tant.
Par rapport aux Vietnamiens parce que je veux vous laisser
parler, je vais seulement prendre ce point-là pour les 50
familles, le Québec a dit: On va prendre quinze familles sur les 50.
Quinze sur 50 par rapport au Canada, c'est quand même une bonne
proportion, comparativement à notre population dans tout le Canada.
Alors ces quinze familles... Chaque fois qu'il vient des familles
vietnamiennes, cela nous donne 30% du mouvement des réfugiés
vietnamiens qui viennent. Vous avez raison, elles ont des difficultés
à venir. Je peux vous informer à ce sujet-là que j'ai
reçu la visite, il y a trois jours, du consul américain à
Québec, qui a déjà fait partie de l'organisme
américain au Viêt-nam même.
M. Blank: II a déjà été consul au
Vietnam.
M. Couture: Oui, il connaît très bien la situation
et il est venu se plaindre à moi que cela n'allait pas assez vite et il
offre sa collaboration au gouvernement du Québec pour faciliter
l'arrivée d'Indochinois. Je lui ai dit qu'on était tout à
fait ouvert là-dessus. Cela répond à votre question?
M. Blank: D'accord. Aussi, je me pose une question à ce
stade-ci. Est-ce que le Québec est vraiment...
M. Couture: M y a aussi quinze familles cambodgiennes qu'on
reçoit chaque mois. Quinze familles vietnamiennes et quinze familles
cambodgiennes, ce qui fait trente familles d'Indochinois.
M. Blank: Quand le Québec veut sélectionner des
réfugiés, est-ce que le Québec est en position de vraiment
faire des recherches sur les antécédents des
réfugiés, parce qu'il y a des réfugiés et il y a
aussi des réfugiés entre guillemets. Parfois c'est très
dangereux.
M. Couiure: Parlez-vous d'un général qui est venu
à Montréal?
M. Blank: Oui, je parle du général. Voilà un
exemple. Avec tout l'appareil fédéral, l'Interpol et tout cela,
on n'a pas découvert ses antécédents avant son
arrivée ici. Comment le Québec va-t-il découvrir les
antécédents de ces gens-là, sans avoir tous ces appareils?
Est-ce qu'il va encore avoir besoin du soutien fédéral ou
international? Je pense qu'à ce moment-ci, la Sûreté du
Québec n'est pas membre directement de l'Interpol pour savoir exactement
qui vient.
M. Couture: Voulez-vous un commentaire là-dessus?
M. Blank: D'accord, si vous voulez.
M. Couture: Justement, vous parliez tout à l'heure des
limites de l'entente, nous en sommes extrêmement conscients. Pour
l'admission, nous n'avons aucun mot à dire. Nous pouvons
sélectionner un certain nombre d'immigrants, c'est la raison pour
laquelle nous sommes souverainistes d'ailleurs. Mais le Canada, de fait, par
l'admission, par l'émission du visa, fait le contrôle au nom de la
sécurité nationale. C'est seulement le gouvernement
fédéral qui a juridiction, qui est équipé au niveau
des instruments à cet égard, sauf que nous, par rapport à
cette fameuse sécurité nationale, nous commençons à
nous interroger. Vous savez que le ministre de la Justice s'interroge. Quand on
connaît le comportement de la GRC au cours des dernières
années, cela nous préoccupe.
Pour la sélection des immigrants, c'est mon intention d'avoir des
discussions viriles, pour employer une expression connue, avec les membres du
gouvernement fédéral, pour qu'on partage, je ne dis pas qu'on
fasse nous-mêmes une évaluation de la sécurité
nationale, mais qu'on partage certaines informations et qu'on nous prouve que,
quand ils refusent tel ou tel réfugié, ils ont des raisons
sérieuses de le refuser. Parce que je pense que, s'ils acceptent le
principe que le Québec doit choisir ses immigrants et ses
réfugiés, ils doivent reconnaître c'est dans la
même cohérence, dans la même ligne de pensée
au Québec la maturité nécessaire pour faire lui-même
ses évaluations sur la sécurité de ses individus.
M. Blank: D'accord. C'est tout ce que j'ai à dire sur la
question des réfugiés. L'autre bébé du ministre,
cette année, c'est l'extension des activités des COFI. Il semble,
d'après ce qu'il a dit et ce qu'il a lu dans le livre blanc, qu'il veut
faire des COFI les CLSC des immigrants. Il y a une phrase dans le livre blanc
qui m'a frappé; il veut qu'avec l'utilisation des COFI, les immigrants
s'intègrent au mouvement historique du peuple français, du peuple
canadien-français. C'est là que je trouve qu'il y a un grand
risque.
M. Couture: Ce n'est pas tel quel.
M. Blank: Oui, lisez-le.
M. Couture: Ce n'est pas canadien-français.
M. Blank: Pas canadien-français, d'accord...
M. Marchand: Le peuple québécois.
M. Blank: ... le peuple québécois
français.
M. Couture: Les Québécois, c'est tout le monde,
c'est vous et moi.
M. Blank: Non...
M. Couture: Ce sont les Anglais aussi.
M. Blank: Ce n'est pas ça que vous devez dire, c'est
exactement ça... Mais ça, j'ai peur...
M. Couture: Voulez-vous que je vous le cite exactement, pour les
fins du journal des Débats? Le livre blanc dit ceci: "Notre projet
collectif ne peut pas faire abstraction de ces
Néo-Québécois qu'il faut associer à part
entière au mouvement historique du peuple québécois vers
son plein épanouissement". Et le peuple québécois, comme
vous le savez, ça comprend tous les Québécois...
M. Blank: Mais la phrase...
M. Marchand: ... mouvement historique...
M. Blank: ... cette phrase-là veut dire seulement une
chose...
M. Couture: La participation de toutes les communautés,
même les anglophones, au mouvement historique des
Québécois.
M. Blank: Est-ce que je peux donner mon
interprétation?
M. Marchand: C'est quoi, le mouvement historique?
M. Blank: C'est exactement ça.
M. Couture: C'est la continuité d'aspiration; l'Union
Nationale, en 1936, à un moment donné...
M. Blank: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
M. Couture: ... a débloqué certaines choses. Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. Couture: II y en a deux qui me posent des questions.
M. Blank: Je ne vous ai pas posé de questions.
M. Bellemare: Ce ne sont plus des discours d'introduction; ce
sont des éléments qui vont venir plus tard. Je pense que les
questions et réponses qui sont faites présentement...
Le Président (M. Jolivet): J'attendais une intervention,
parce que j'ai cru comprendre tout à l'heure qu'on voulait avoir une
grande souplesse. Je suis prêt à considérer votre appel au
règlement. Que le député de Saint-Louis fasse son
intervention sur les remarques générales pour permettre au
député de Johnson de faire la sienne ensuite.
M. Blank: D'accord, je vais faire...
Le Président (M. Jolivet): Quitte a ce que le
ministre...
M. Blank: Je réitère ma peur sur la question des
COFI élargis; c'est qu'on veut les utiliser comme une arme politique
pour essayer, comme on dit en anglais, le "brain-wash" des immigrants. J'ai
peur qu'il arrive ce qui est arrivé à certains CLSC. Cela a
été confirmé par les quatre ou cinq mots que le ministre a
lus du livre blanc. On veut utiliser les COFI, non seulement pour aider les
immigrants, mais pour essayer de les convaincre de la pensée politique
du gouvernement actuel. Je pense que la, on doit "draw the line".
M. Alfred: What? M. Blank: What? M. Alfred: Je n'ai
pas compris.
M. Blank: Vous n'avez pas compris? J'ai dit qu'on doit
arrêter, à certains endroits, les COFI pour donner les services
aux immigrants, d'accord. Mais s'en servir comme une arme politique du
gouvernement, c'est une autre histoire. J'ai peur, d'après les
discussions du livre blanc, qu'on utilise les COFI à ces fins.
M. Alfred: On va les "québécoiser".
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, ma participation comme
représentant de mon parti me rappelle que c'est l'Union Nationale qui,
en 1956, a été, dès le début, le premier parti
à penser à un ministère de l'Immigration par une motion
faite en Chambre, débattue par M. Loubier, notre ancien chef, et qui a
donné les prémices de ce ministère. Il ne faut pas oublier
qu'en 1956, il y avait un revers à l'immigration. On constatait, dans le
mouvement ouvrier, particulièrement dans nos syndicats, que le
gouvernement en faisait trop pour l'immigration. C'est avec beaucoup de courage
que Loubier et moi-même avons entrepris de faire cette lutte contre ce
mythe qu'on faisait de l'immigration, disant que c'était pour
détruire les positions de nos Canadiens, de nos Québécois.
On a réussi, je pense, à obtenir, à ce moment-là,
l'unanimité de la Chambre. (11 heures)
C'est en 1971 que MM. Lang et Cloutier ont signé les
premières ententes fédérales. En octobre 1975, ce sont MM.
Andras et Bienvenue qui ont signé d'autres participations à
l'immigration. Et ce sont MM. Couture et Cullen qui viennent de terminer ce
qu'on a, avec beaucoup de plaisir, lu et relu, l'entente entre le gouvernement
du Canada, la collaboration en matière d'immigration et celui de
Québec.
Je dois dire que je suis très heureux de féliciter le
ministre de cet apport particulier surtout aujourd'hui, dans un état de
fait. On reconnaît maintenant certaines juridictions,
particulièrement en considération du choix, de la
sélection qui doit être faite au début. Je pense que le 20
février 1978 restera dans nos annales politiques un geste fort
apprécié. Cela ne s'est pas fait tout seul. On doit rendre
hommage à tous nos prédécesseurs d'avoir participé,
progressivement, par des bonnes procédures, à en venir à
une entente fédérale.
Cela prouve que dans un pays comme le nôtre, il y a moyen de
s'entendre sur diverses questions et de rester dans la
confédération canadienne, sans prêcher la
séparation. Ce qui nous donne des droits, la reconnaissance de certains
droits qui nous sont acquis, particulièrement en ce qui concerne les
Québécois en particulier.
D'ailleurs, je pense que, depuis 1956, on a admis, dans la province de
Québec, plus de 20 000 réfugiés, ce qui représente
à peu près 27% des réfugiés politiques. Je pense
que c'est une annotation qui mérite d'être soulignée. En
étant dans un pays comme le nôtre, le Canada, on participe en
même temps à beaucoup de services qui nous sont fournis par
l'autre gouvernement, le gouvernement central, mais à cause de sa longue
expérience dans la matière, cela fait qu'aujourd'hui, à
cause de vos précédesseurs et à cause du travail que vos
officiers ont accompli, sous votre juridiction, on en est venu, le 20
février 1978, à une entente remarquable, qui va passer à
l'histoire et qui va servir au prochain débat
référendaire, pour prouver la nécessité qu'il y a
de demeurer dans un pays comme le nôtre.
Une chose est certaine, auparavant, on parlait de Canada, dans
l'immigration. Maintenant, on parle de Québec. C'est grâce
à ce document. C'est un document qui va demeurer historique, parce que
je pense que si c'est possible, dans un domaine comme celui-là,
où la juridiction fédérale, en vertu de l'acte
constitutionnel, était partagée, qui n'avait jamais
été occupée par la province précédemment,
maintenant que c'est fait, on voit que la conciliation, que la bonne entente
peut régner, sans casser de vitres nulle part et surtout en en
bénéficiant largement, au point de vue sélection, au point
de vue participation.
M. le Président, je voudrais simplement attirer l'attention du
ministre sur deux choses: Le comité consultatif, d'abord. Est-ce que
c'est encore M. Bonhomme qui en est le président?
M. Couture: Oui.
M. Bellemare: II y avait quinze membres. Je pense que le ministre
nous a fait une déclaration
ministérielle le 16 mars 1977, pour nous déclarer que: Le
conseil consultatif de l'immigration a donné lieu à des
interprétations que je me dois de rectifier.
Rappelons que selon la Loi de l'immigration, à l'article 9, un
comité consultatif peut conseiller le ministre, sur toute question que
ce dernier lui soumet, relativement à l'immigration, à l'adoption
d'immigrants en nouveaux milieux et a la conservation des coutumes
ethniques.
La nomination de ce comité, disait-il, a été
préparée avec beaucoup de soin.
Je voudrais savoir du ministre ce matin, si c'est possible, ceux qui
vont être changés, dans le comité consultatif, pendant
l'année en cours. Je vais nommer les noms et vous me direz, oui ou non,
si ces gens doivent demeurer ou non, ou s'ils sont encore là.
M. Couture: Est-ce que c'est votre déclaration
préliminaire?
M. Bellemare: Préliminaire, oui, parce que...
M. Couture: Je vais vous dire immédiatement qu'il n'y a
rien d'arrêté sur le choix de l'un ou l'autre qui pourrait rester
au comité. De fait, c'est mon intention d'en garder le tiers pour
assurer la continuité avec les travaux précédents, mais je
n'ai pas fait de choix encore.
Si vous avez des suggestions ou des recommandations, vous pourrez
toujours m'écrire.
M. Bellemare: Non, c'est que j'ai eu, de la part d'un de ces
membres, certaines remarques qui m'ont été faites. Je voudrais,
ce matin...
M. Alfred: Un espion. M. Bellemare: Comment? M. Alfred:
Un espion.
M. Bellemare: Un espion. Peut-être que cela existait
ailleurs qu'ici dans notre province. Vous pouvez peut-être en parler avec
connaissance de cause.
Je pense, M. le Président, qu'il reste que, de par l'information
que j'ai eue, il ne semblait pas y avoir une certaine unanimité sur
certaines questions primordiales. Il y avait de la dissension parmi certains
membres qui semblaient ne pas trop se côtoyer.
M. Couture: Cela vous inquiète quand les gens ne pensent
pas toujours la même chose? Ici, on ne pense pas tous la même
chose.
M. Bellemare: Dans mon parti d'ailleurs, on l'a prouvé
à maintes circonstances, par trois grands congrès qui nous ont
divisés, c'est possible ailleurs que chez vous.
Mais je voudrais savoir si ce comité consultatif qui sera refait
cette année va changer beaucoup de choses, pas seulement chez les
membres, mais dans la pensée qu'ils ont de collaborer afin
d'établir véritablement ce dont le ministre a besoin, cette
information unifiée pour en faire véritablement une
législation qui s'adapte aux besoins. Votre loi constitutive, il va
falloir que vous la refassiez cette année. Impossible de penser d'y
aller autrement, parce que votre loi constitutive n'est pas faite selon les
règlements. Je pense que le ministre est bien au courant qu'il
s'apprête probablement à présenter à
l'Assemblée nationale, avant longtemps, une nouvelle Loi de
l'immigration où. particulièrement, toute la
réglementation sera contenue. Cela n'est pas dans la loi constitutive.
Je pense qu'il y a là un lapsus extraordinaire. Mais, pour revenir au
conseil consultatif, j'aimerais savoir si le ministre a été mis
au courant de certaines dissensions qui sont apparues à certaines
réunions. C'est une question à laquelle pourra me répondre
le ministre en temps et lieu.
M. Couture: Pas tout de suite, tout à l'heure.
M. Bellemare: Non, pas tout de suite, d'ailleurs, j'ai d'autres
questions.
Il existe un certain pouvoir dans la loi constitutive du
ministère qui permet en vertu de la loi à 7000 étudiants
étrangers de venir chez nous et de se parfaire au point de vue
éducationnel. Cela leur coûte entre $400 et $700 de contribution.
Le gouvernement, le ministère affecte $50 millions à ces
étudiants. Le ministre pourrait-il me donner un certain
aperçu...
M. Couture: Le ministère ou le gouvernement? Le
gouvernement.
M. Bellemare: Le gouvernement. M. Couture: Pas le
ministère.
M. Bellemare: Le gouvernement reçoit ici 7000 immigrants
dans les différentes institutions. Cela leur coûte entre $400 et
$700 et cela coûte à la province $50 millions. Ce sont des gens
qui viennent chez nous se parfaire, à McGill, à Laval, à
Montréal, à Concordia ou ailleurs, et qui retournent chez eux par
après sans nous laisser grand-chose, parce que, de ces 7000
étudiants, d'après les statistiques des recherchistes, il n'y en
a pas 1% qui restent.
M. Blank: Ils n'en ont pas le droit.
M. Bellemare: Ils n'en ont pas le droit. Ils peuvent
s'intégrer, par exemple. Ils ont le droit de s'intégrer, en
vertu...
M. Couture: Ils ont un visa d'étudiant, ils n'ont pas de
visa d'immigrant.
M. Bellemare: Ils ont un visa d'étudiant, mais, selon la
procédure canadienne...
M. Couture: Plus maintenant, d'aucune façon.
M. Blank: Tout le monde en arrière!
M. Bellemare: Le gouvernement va-t-il maintenir ces $50 millions
de dépenses encore cette année quand même?
M. Couture: Voulez-vous la réponse tout de suite?
M. Bellemare: Non, ne me répondez pas, parce que j'en ai
trop.
Il reste une chose que je voudrais bien savoir. Dans le rapport du
Vérificateur de la province... Il y a deux annotations qui me chicotent
énormément. Le rapport annuel du Vérificateur
général, à la page 1-85, par exemple, il parle des frais
partagés. Les comptes à recevoir proviennent de la
réclamation faite au gouvernement du Canada, dans le cas du programme
à frais partagés et ils sont enregistrés aux livres
lorsque la réclamation est envoyée au gouvernement
fédéral seulement.
Nous sommes d'opinion, dit le vérificateur que, tant pour
l'exactitude que pour l'exercice d'un meilleur contrôle de ces comptes
à recevoir, le revenu devrait être inscrit aux livres en
même temps que l'on comptabilise la dépense et le compte à
payer. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si cette recommandation...
Est-ce que le ministre a apporté son attention à ce
contrôle comptable, oui ou non? Est-ce que c'est resté dans le
même état ou est-ce qu'on a fait des efforts pour que ces frais
partagés qui sont une réclamation au gouvernement
fédéral soient véritablement inscrits aux livres
lorsqu'ils sont des comptes à recevoir?
La deuxième chose, c'est que le vérificateur condamne le
ministre très vertement sur l'absentéisme de ses employés.
Il dit même: "Nous avons constaté de fortes faiblesses au niveau
de l'assiduité. À notre avis, tous les employés du
ministère de l'Immigration, tant à Montréal qu'à
l'extérieur, devraient remplir une fiche de présence au travail
ou signer un registre ".
Si le vérificateur s'est rendu compte qu'il y a un manque
d'assiduité, soit à Montréal ou soit dans le
ministère ici à Québec, c'est parce que cela doit
être grave. Le ministre doit sûrement être mis au courant.
Ses fonctionnaires, particulièrement, doivent apporter un remède
adéquat à cette réglementation le plus tôt possible.
Si c'est fait, tant mieux; qu'on nous le dise.
L'autre chose, c'est parce qu'il y a des dépenses imputées
dans le budget du ministère qui devraient faire l'objet d'une
vérification par la direction du personnel et de la comptabilité.
Une personne en autorité devrait contresigner ce document. Le Conseil du
trésor a autorisé le directeur général du
système du ministère de la Fonction publique à signer les
demandes de paiements relativement aux traitements et aux autres allocations
afférentes. Ces dépenses imputées dans le budget du
ministère devraient faire l'objet d'une autre vérification par la
direction du personnel et de la comptabilité. Une personne en
autorité devrait contresigner ce document. C'est une autre question
à laquelle le ministre pourrit peut-être répondre en
disant: Oui, nous avons lu cette remarque dans le rapport du
vérificateur concernant le service de l'immigration. Nous sommes
prêts à vous dire, M. le député, que dans ces trois
remarques il y a eu véritablement un apport tout à fait
particulier.
M. le Président, pour revenir à l'entente Couture-Cullen,
je pense qu'après avoir relu la constitution canadienne d'une
manière très particulière on a constaté que
l'article touchant l'immigration est un domaine de compétences
partagées. C'est à partir de là, je pense, que s'est faite
l'évolution. Cette évolution est réellement remarquable
aujourd'hui, puisque nous avons un document d'une grande valeur pour nous, les
Québécois, qui maintenant allons participer d'une manière
plus directe à ce partage de responsabilités en
déléguant, dans tous les cas, des personnes autorisées
pour faire la sélection.
M. le Président, je ne voudrais pas terminer sans vous dire qu'en
ce qui regarde notre parti, nous n'avons presque pas d'autres questions. Je
voudrais, si c'était possible, qu'on puisse terminer pour 13 heures,
parce que cet après-midi, comme leader parlementaire en Chambre, je
serai obligé de faire adopter certains projets de loi en
troisième lecture et même en deuxième lecture, comme le dit
notre programme de la semaine. (11 h 15)
Quant à moi, les questions seront très peu nombreuses. Si
on donne réponse à cette intervention que j'ai voulu faire dans
un esprit de collaboration. Nous ne sommes plus au temps où on avait
peur des immigrants; même si on a 359 000 chômeurs, on continue
quand même la politique de l'immigration, mais je pense que, comme le
disait si bien mon collègue de Saint-Louis, il y a des cas particuliers
qui mériteraient peut-être une sélection au point de vue de
leurs antécédents qui devraient être plus
détaillés. Je n'ai pas besoin de vous citer les noms de certaines
personnes qui ont fait la manchette des journaux. Mon aimable collègue
de Saint-Louis, lui-même, s'est porté à la défense
personnelle d'un personnage illustre. Il est allé lui-même sur les
lieux pour défendre et surtout pour régler ce problème. Il
a prouvé qu'il était véritablement un homme qui pouvait
véritablement servir et son pays et sa province.
Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau.
Commentaires de M. Jean Alfred
M. Alfred: M. le Président, je n'ai pas grand chose
à dire. Cependant, je tiens à remercier le ministre de
l'Immigration québécoise et les fonctionnaires aussi de ce
ministère de l'Immigration qui travaillent très fort en vue de
favoriser l'intégration des immigrants à la collectivité
québécoise.
Ce qui a été fait depuis au moins deux ans, et ce qui a
été fait également par le Parti libéral, me
permet de croire que ces fonctionnaires ont fait un bon travail.
D'après ce que je vois, d'après mes rencontres avec les
travailleurs de COFI aussi, je me rends compte que moi, je ne suis plus un
immigrant, je suis un Québécois. Les autres qui vont venir seront
de plus en plus accueillis dans cette terre clémente où nous
faisons tout ce qui est bien pour que ceux qui viennent ici se sentent
réellement chez eux dans une terre vraiment française.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. Blank:
... avec...
Réponse du ministre
M. Couture: M. le Président, je crois sentir chez mes
collègues ce désir d'aller assez rapidement. J'y vois, moi, un
aspect très positif et je m'en félicite, dans un certain sens.
J'imagine que c'est une façon de nous dire que, dans les grandes lignes,
les orientations que nous prenons au ministère de l'Immigration sont
aussi assumées par l'Opposition je dis bien dans ses grandes
lignes et qu'elle soutient l'effort du gouvernement dans ce sens. Je
l'apprécie beaucoup et je l'en remercie.
M. le Président, je voudrais simplement répondre à
certaines questions, commenter certains points qui ont été
soulevés par mes collègues des oppositions. D'abord, on a fait
état, et chez le député de Saint-Louis et chez le
député de Johnson, d'une part des limites de l'entente, et
d'autre part aussi, du fait que l'entente est un bon signe que le
fédéralisme marche bien et qu'on doit s'en réjouir.
Permettez-moi, M. le Président, d'une part, de voir...
M. Bellemare: C'est une admission qui va être
remarquable.
M. Couture: ... une contradiction dans ces deux
énoncés, parce que le député de Saint-Louis a
quasiment tourné le fer dans la plaie en disant: Finalement, vous savez,
la sélection des immigrants n'est pas complète. Je ne sais
même pas si le fédéral n'aura pas le dernier mot sur tout.
Il a semblé minimiser pas mal la portée de l'entente et, à
certains égards, il a raison. C'est-à-dire que s'il arrivait que
le gouvernement du Canada soit de mauvaise foi... Je dis bien si, parce que je
dois quand même, pour être juste pour mon interlocuteur actuel au
gouvernement du Canada, mon homologue, auquel je rends hommage pour sa bonne
foi et sa bonne volonté, mais s'il arrivait que le gouvernement du
Canada... Vous savez, le député de Johnson connaît
très bien les imprévus et les méandres de la vie politique
qui peuvent arriver, à un moment donné, à un gouvernement
qui applique cette entente d'une façon tout à fait
détournée de ses objectifs, et pour pouvoir brimer
peut-être les aspects positifs de cette entente, il n'aurait qu'à
jouer sur l'admission, sur le mécanisme d'admission et bloquer, à
bien des points de vue, les possibilités réelles du gouvernement
du Québec d'assumer...
M. Bellemare: Avec cette entente-là, vous avez tous les
moyens de le prévenir.
M. Couture: Oui, mais là je réponds au
député de Saint-Louis, M. le Président. Il pourrait
à ce moment-là, bloquer les efforts réels du Québec
dans une véritable politique d'immigration. Donc, il y a des limites...
M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
M. Bellemare: Oui, vous l'avez, mais j'ai le droit de me parler.
Je dis que ce n'est pas possible.
M. Couture: En effet, M. le Président, lentente comporte
ses limites, c'est la raison pour laquelle j'ai déclaré, à
cette occasion, que pour nous, c'est satisfaisant dans le cadre actuel et c'est
notre devoir et notre responsabilité de jouer à plein les
règles du jeu, parce qu'étant élus dans ce
cadre-là, nous devions, je pense, comme gouvernement responsable,
chercher à revendiquer tout ce qui était possible dans le
système fédéral actuel. Mais j'ai toujours souligné
le fait suivant qui est extrêmement important: c'est que cela demeure une
étape. Le député de Johnson parlait de cette
continuité. Il y a eu une motion, à un moment donné, en
1956, il y a eu un ministère, il y a eu des ententes, etc., et il dit:
Là on arrive à une autre étape et pour nous, c'est
vraiment une autre étape, c'est-à-dire que pour exercer nos
véritables pouvoirs, pour élaborer une politique d'immigration
complète et satisfaisante, il faudra, évidemment, le
contrôle des frontières, il faudra la souveraineté, il
faudra nous-même, non seulement sélectionner les immigrants, mais
pouvoir émettre les visas. C'est notre position comme gouvernement et
vous la connaissez bien. Donc, les limites, pour nous, c'est un appel à
plus de pouvoirs et plus de pouvoirs, c'est la souveraineté politique du
Québec.
Par ailleurs, pour en finir sur cet aspect, le député de
Johnson disait que c'est un excellent instrument pour prouver le bon
côté du fédéralisme. J'ajouterais ceci.
Évidemment, dans le cadre actuel, on peut se réjouir qu'on
puisse, par la constitution que nous connaissons et sous laquelle nous vivons,
utiliser ces pouvoirs au regard même de cette constitution, mais si
vraiment ce fédéralisme-là était possible et
rencontrait tous les objectifs et toutes les aspirations des
Québécois, on n'aurait pas, depuis 100 ans, ces batailles
constitutionnelles à n'en plus finir et ces frustrations nombreuses des
Québécois et du gouvernement québécois en
matière sociale, en matière de main-d'oeuvre, etc. J'annonce tout
de suite au député de Johnson, s'il veut bien me...
M. Bellemare: ... de la main-d'oeuvre du ministère du
Travail, je suppose.
M. Couture: II y a la main-d'oeuvre, justement, qui est
l'instrument du marché du travail, qui est entre les mains du
fédéral; si le fédéral est de bonne foi et s'il
veut vraiment prouver que ce fédéralisme et bon pour les
Québécois, que demain matin il nous donne tout le réseau
de main-d'oeuvre. C'est l'instrument essentiel d'une politique
d'immigration.
M. le Président, on pourrait débattre longtemps, mais je
pense qu'on aura d'autres occasions de discuter de ces aspects
extrêmement importants du débat constitutionnel. Le
député de Saint-Louis parlait surtout en référence
au livre blanc et évidemment, sachant que je l'assumais totalement, il
se plaignait que le fait anglais était complètement ignoré
dans cette énonciation des principes et des objectifs. Je crois que le
député de Saint-Louis est injuste à ce point de
vue-là, parce qu'il y a un chapitre, précédant les
remarques que j'ai faites sur les minorités ethniques, extrêmement
bien articulé sur le rôle de la communauté anglophone.
M. Blank: M. le ministre m'a peut-être mal compris.
M. Couture: Faites-en une question de privilège.
M. Blank: II n'y a pas de question de privilège ici en
commission. Je n'ai pas parlé des anglophones, des groupes minoritaires
qui sont ici. Je parle de votre oeuvre, de sélectionner des immigrants,
les instructions, la propagande normale, je ne parle pas de propagande
politique, la propagande dans ces sommets, dans tout cela, c'est là que
je dis qu'il y a une absence totale du fait anglais. Je ne parle pas des gens
qui sont ici, je pense qu'avec les immigrants, on tient pour acquis qu'il
n'existe pas des gens anglais et que l'anglais est peut-être
nécessaire pour vivre, même à Québec.
M. Couture: J'ai des réponses bien précises
là-dessus. D'une part, je dois rappeler au député de
Saint-Louis que sur le comité consultatif dont j'ai nommé les
membres l'année dernière, il y a un M. John O'Brien, qui est
recteur de l'Université Concordia. Alors tous les...
M. Blank: C'est un de mes électeurs, à part
cela.
M. Couture: Si ce n'est pas un signe que le ministère de
l'Immigration et son ministre et le gouvernement reconnaissent le rôle de
la communauté anglophone, même par rapport à
l'élaboration des politiques d'immigration, par rapport aussi à
la réflexion qu'on doit faire en matière de sélection des
immigrants, d'accueil, etc, on a identifié ce rôle en nommant M.
O'Brien qui est recteur à Concordia.
Je voudrais aussi lui souligner que dans la grille
québécoise que nous préparons, effectivement, dans les
points attribués au titre de la langue, il y aura reconnaissance du fait
québécois, du fait que l'Amérique du Nord; quand on vient
en Amérique du Nord, s'établir au Québec, on arrive dans
un bassin à majorité francophone, mais aussi dans cet immense
bassin anglophone. Je pense qu'à ce point de vue, il pourra être
rassuré. S'il veut davantage un engagement de ma part, je peux l'assurer
d'une façon précise et ferme que pour moi, la politique
d'immigration, nos interventions, j'attends de la communauté anglophone
du Québec quelle y joue un rôle actif. Je pense qu'actuellement,
elle est bien située, elle est bien placée pour convaincre
beaucoup de communautés ethniques qui, malheureusement, dans le
passé, s'identifiaient à la minorité anglophone.
Je dois dire aussi qu'on doit porter un certain fardeau d'une faute,
d'une erreur de notre part, de manque de communication ou de manque
d'intervention vigoureuse pour attirer les immigrants et les communautés
ethniques à la majorité francophone.
Mais de fait, il y a beaucoup d'immigrants récents ou de
communautés ethniques qui se sont identifiés à la
minorité anglophone et si la communauté anglophone veut jouer un
rôle actif dans nos politiques d'intervention et d'accueil, elle devra
faire cet effort, qui devra être vigoureux, pour convaincre tous ces
ressortissants étrangers qui se sont identifiés à cette
communauté anglophone, et les aider aussi, à accepter la
réalité québécoise telle qu'elle est.
Je poursuis, M. le Président. Je ne reviendrai pas trop aux
réfugiés, où on faisait une espèce de procès
d'intention au ministre en disant que le ministre s'occupait seulement des
réfugiés politiques de gauche, semble-t-il. Je pense que j'ai
prouvé, par des chiffres et par des faits que, pour moi, le choix des
réfugiés est lié davantage c'est un principe
fondamental à la situation tragique de ces
réfugiés, non pas à leurs idées politiques.
On a parlé des COFI, le député de Saint-Louis
s'inquiétait que les COFI puissent jouer un rôle de "brainwashing"
auprès des immigrants pour les attirer ou qu'ils soient des instruments
pour passer un message politique aux immigrants. M. le Président, je
veux rappeler que quand on parle des COFI, quand on énumère
simplement les services qu'on prévoit donner dans les prochains COFI,
c'est-à-dire des services polyvalents couvrant des domaines aussi
variés que l'accueil, l'enseignement du français, le service
social, l'emploi, les activités socio-culturelles, ce sont purement et
simplement des interventions que tout le réseau actuel public donne et
développe auprès de tous les Québécois.
Vous aviez peut-être raison d'associer un peu ces COFI de
l'avenir, mais si peu, aux CLSC, dans le sens suivant, c'est que dans les
premiers mois, sinon les premières années de l'arrivée des
immigrants, ils connaissent mal les ressources communautaires, ils connaissent
mal les réseaux publics; donc le COFI est une espèce
d'introduction des immigrants à l'utilisation du réseau
public.
Alors, c'est la raison pour laquelle nous donnons comme condition
essentielle que les COFI
soient reliés de très près aux CLSC et aux Centres
de main-d'oeuvre et à toutes les institutions qui devront, pour
l'avenir, desservir tous les Québécois et les immigrants. C'est
une préparation à l'utilisation de ce réseau public. (11 h
30)
II n'y aura d'aucune façon de propagande politique, dans ces
institutions, comme il n'y en a pas dans le réseau public. Quand il y en
a, on nous le signale et on corrige vite la situation. Vous avez vu, hier,
à l'Assemblée nationale, que le premier ministre a apporté
une correction rapide à un fait qu'on lui a signalé, qui pouvait
prêter à critique, par rapport à ce qu'on pourrait appeler
de la propagande politique.
Je prends bonne note de la préoccupation de M. le
député de Saint-Louis, mais je l'assure dès maintenant que
ce sont des services polyvalents pour tous les immigrants, sans aucune
intention de progagande politique.
J'en arrive aux questions du député de Johnson. Avant que
je l'oublie, M. le Président, je voudrais signaler la présence
très modeste, au fond de la salle, du nouveau sous-ministre de
l'Immigration, M. Florian Rompré, qui entre en fonction le 12 juin
prochain. Vous le connaissez sans doute, je lui souhaite la plus cordiale
bienvenue chez nous.
Je continue sur les interrogations du député de Johnson.
Il parlait du comité consultatif et de la nomination des membres. Il
disait: Est-ce que vous pouvez nous assurer que les travaux du prochain
comité consultatif seront marqués d'une certaine unanimité
ou d'une harmonie de débat, etc.?
Je suis un peu surpris de ses remarques parce que, vraiment, je n'ai
jamais eu d'échos des dissensions graves à ce comité
consultatif.
M. Bellemare: Tant mieux que je vous le dise. Discussion
générale
M. Couture: J'en prends bonne note. Au contraire, je pense que la
meilleure façon de juger les travaux de ce comité, c'est par ses
travaux et par ses interventions. Au contraire je crois que, dans le milieu
ethnique, même dans le milieu québécois, simplement en
énumérant ses interventions et ses travaux, la consultation qu'il
a faite, les colloques qu'il a organisés, le succès de ces
colloques, j'ai tout lieu de croire que ce ne serait pas le fruit d'un
comité qui serait divisé ou qui fonctionnerait mal.
M. Bellemare: Ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai dit qu'il y a
certaines dissensions entre les membres du comité. Rien que cela.
M. Couture: S'il y a des dissensions, cela me paraît
plutôt positif. On n'a qu'à regarder les noms de ceux qui sont
nommés au comité consultatif. Chacun, par une personnalité
différente, par un milieu ethnique différent, par
définition, apporte un éclairage qui n'est pas le même, qui
n'est pas identique. Cela me paraît un enrichissement pour tout le monde.
Non, je ne vois pas de problème et je ne veux pas insister
là-dessus.
M. Bellemare: Le ministre nous a dit qu'il y en aurait un tiers
qui demeureraient...
M. Couture: Oui, il y en aura un tiers qui resteront,
effectivement.
M. Bellemare: Sur les quinze?
M. Couture: Effectivement. Un tiers, pour assurer la
continuité des travaux du comité.
M. Bellemare: Est-ce en vertu de la constitution même du
comité consultatif?
M. Couture: Non, c'est simplement une espèce de...
M. Bellemare: Une rotation se fait partout, dans tous les
comités consultatifs, un an, deux ans, trois ans et cela tourne
naturellement.
M. Couture: C'est un règlement que nous nous donnons pour
assurer la bonne marche de ce comité.
M. Bellemare: Oui, mais si vous en changez dix en même
temps?
M. Couture: Non, j'en garde le tiers.
M. Bellemare: Vous en gardez cinq. Donc, il va en partir dix.
M. Couture: II va en partir dix, oui. Cela me paraît
suffisant.
M. Bellemare: Moi, cela me paraît trop.
M. Couture: Je reçois vos remarques. Mais j'ai eu d'autres
remarques aussi des membres du comité et des milieux ethniques. Je pense
que les gens s'attendent qu'on garde un noyau. Ce noyau, est-ce qu'il sera
formé de cinq, quatre, six ou trois personnes? On pourra en
discuter.
M. Bellemare: C'est là que va être le
problème. C'est qui et qui?
M. Couture: Vous le verrez.
M. Bellemare: Cela peut être un sujet de dissension.
M. Couture: S'ils vivent dans la dissension, ils s'entendent
très bien pour les rapports et les travaux qu'ils mènent.
Vraiment, je ne peux entrer dans les détails. C'est aussi une
façon, pour le ministre, de respecter l'autonomie de gestion et de
fonctionnement de ce comité.
M. le Président, on avait parlé des étudiants
étrangers. On faisait état qu'il y avait 7000 étu-
diants étrangers qui coûtaient $50 millions au
Québec. Depuis quelques semaines déjà, le ministre de
l'Éducation a annoncé la nouvelle politique du gouvernement
à cet effet. Dorénavant, les étudiants étrangers
auront à défrayer leurs études dans les universités
québécoises.
M. Bellemare: À 100%?
M. Couture: Oui, oui. Sous réserve d'ententes possibles
avec certains pays et, aussi, avec l'octroi d'un certain nombre de
prêts-bourses aux étudiants étrangers.
M. Bellemare: Merci.
M. Couture: Vous me permettrez, M. le Président, de ne pas
donner le détail de cette politique, parce qu'elle relève du
ministère de l'Éducation mais, au besoin, si le
député de Johnson veut qu'on lui fasse parvenir le détail
de toute cette politique, il nous fera plaisir de le faire. C'est vraiment
changé à partir de septembre prochain, les étudiants
étrangers au Québec auront à défrayer leurs frais
de scolarité, mais on aura quand même un certain nombre de
prêts-bourses.
M. Bellemare: Dans quelle proportion les 7000 étudiants
sont-ils d'ascendance française?
M. Couture: Je n'ai pas les chiffres, M. le Président. Je
sais que la majorité sont des étudiants américains...
M. Bellemare: Ce sont des sujets américains?
M. Couture: Des étudiants américains. D'ailleurs,
moi-même, comme ministre de l'Immigration, je me préoccupais de la
retombée de cette politique. Je me suis assuré auprès de
mon collègue de l'Éducation que le gouvernement préparait,
en parallèle et peut-être aussi par correction, une politique
d'aide à certains types d'étudiants étrangers, surtout
ceux qui viennent des pays du tiers monde et aussi une possibilité de
préparer des accords avec certains pays du tiers monde pour ne pas
pénaliser des étudiants étrangers qui ont besoin des
universités occidentales.
M. Bellemare: Le ministère de l'Immigration n'a aucun
contact avec ces 7000 étudiants?
M. Couture: On a des contacts par certaines activités,
mais on n'a pas de juridiction sur eux.
M. Bellemare: Vous n'avez aucun contact avec eux?
M. Couture: On a des contacts quand il y a des fêtes de
groupes ethniques à Montréal et que je suis invité ou que
des membres du ministère sont invités, des fonctionnaires. Bien
souvent les étudiants étrangers qui appartiennent à cette
ethnie sont présents. Ils viennent nous voir aussi. D'ailleurs, je peux
même dire que j'ai une rencon- tre dans deux jours avec un médecin
immigrant qui se plaint de certaines politiques québécoises.
C'est le rôle que je me donne à certains points de vue, de
recevoir leurs représentations, d'écouter leurs griefs et de
faire, vis-à-vis de mon collègue, des recommandations à
cet égard, si c'est utile ou non.
Le député de Johnson a fait état du rapport du
Vérificateur général, à propos des frais
partagés et de comptes à recevoir dont on n'aurait pas un
contrôle comptable. J'avoue que c'est une question pas mal technique.
Tout ce qu'on peut vous dire là-dessus, c'est que l'inscription des
sommes reçues du fédéral se fait trois fois par
année; elle n'est pas faite par les fonctionnaires de l'Immigration mais
par le service comptable qui relève du ministère des Finances. On
m'informe que ce service a pris note des remarques du vérificateur sur
la situation et que celle-ci devrait être corrigée cette
année. On remercie le député de Johnson de nous en avoir
fait part; cela nous permettra peut-être de vérifier justement si
on en tiendra compte cette année.
Une autre question. Dans le même rapport, le député
de Johnson faisait état de l'absentéisme des employés
et...
M. Bellemare: C'est le rapport, ce n'est pas moi qui ai dit
cela.
M. Couture: Vous faisiez état du rapport qui nous
informait là-dessus. Semble-t-il qu'il y aurait un manque
d'assiduité, qu'on ne remplissait pas la fiche de présence. C'est
corrigé.
M. Bellemare: Bon, cela va, bonne nouvelle.
M. Couture: Maintenant, on remplit les formules; sauf que, dans
les COFI, paraît-il, ce n'est pas nécessaire de les remplir parce
que, quand le professeur n'est pas là, cela paraît tout de suite.
Quand il est là, cela paraît encore plus.
M. Bellemare: M. de La Palice.
M. Couture: En effet. Dans la dernière question le
député de Johnson parlait de...
M. Bellemare: Les dépenses imputées.
M. Couture: Et des documents qui n'étaient pas
contresignés, n'est-ce pas?
M. Bellemare: Oui, certaines dépenses imputées au
budget du ministère devaient faire l'objet d'une vérification par
la direction du personnel. Il devrait y avoir une autorité pour
contresigner tous les documents.
M. Couture: Avec l'aide du ministère des Finances et du
Conseil du trésor, le ministère possède les signatures
nécessaires qui amènent les personnes responsables à
contresigner, de façon officielle, les engagements à incidence
financière. C'est une situation qui n'est pas, paraît-
il, propre au ministère de l'Immigration et j'imagine que vous
avez dû avoir ces remarques pour d'autres ministères.
M. Bellemare: On n'est pas ici pour juger les autres, ce sont vos
crédits.
M. Couture: On retrouve cette situation dans plusieurs
ministères et on m'informe vous voyez si on prévient, on
accepte vite et on corrige vite les situations que tout est
corrigé maintenant.
M. Bellemare: Vous avez nommé une personne en
autorité?
M. Couture: Oui, c'est corrigé, il y a quelqu'un en
autorité qui...
M. Bellemare: II y avait quelqu'un pour répondre
à...
M. Couture: C'est le directeur de l'administration du
personnel.
M. Bellemare: Qui est-ce?
M. Couture: Ce sont MM. Veilleux et Fournier qui
contresignent.
M. Bellemare: Veilleux...
M. Couture: Ils sont d'ailleurs tous deux ici.
M. Bellemare: Je suis bien content de savoir que le
Vérificateur général n'aura pas à écrire
cela à nouveau dans les projets.
Une voix: Cela va faire moins de lecture! M. Couture: M.
le Président...
M. Bellemare: Cela fera moins de lecture! Je suis très
attentif à ce que le Vérificateur dit, parce que, quand j'ai
été ministre et qu'il touchait à mon ministère,
soit de l'Industrie et du Commerce, soit du Travail, on appliquait
immédiatement les réformes que nous soulignait le
Vérificateur. Je pense que ces gens, qui ont la mission de
vérifier sur place tout le processus administratif, nous rendent
d'immenses services. C'est là qu'on peut véritablement
améliorer l'administration d'un ministère.
M. Couture: Cela vous honore, M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Cela me décore!
Le Président (M. Jolivet): On peut maintenant appeler le
programme 1.
M. Bellemare: M. le Président, je ne sais pas si vous avez
beaucoup de remarques, mais, maintenant que la discussion
générale est faite, il est inutile de vouloir prolonger pour rien
les discussions sur les éléments. Je serais prêt à
accepter les éléments 1, 2 et 3.
M. Blank: M. le Président, j'aurais quelques
questions.
M. Bellemare: D'accord, faites votre devoir, je n'ai aucune
objection.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis, est-ce que vous voulez, pour l'entendement, aller dans l'ensemble
du programme?
M. Blank: Dans l'ensemble, parce qu'il n'y a pas tellement...
C'est un programme.
M. Couture: Est-ce qu'on adoptera, à la fin, les trois
éléments?
M. Blank: Oui, ensemble. M. Couture: D'accord.
M. Blank: Je voudrais donner la chance au ministre de nous
commenter son voyage en Europe. Est-ce que le ministre...
M. Bellemare: II n'a pas été longtemps, seulement
17 jours!
M. Blank: Seulement 17 jours!
M. Couture: Mais on fait beaucoup de choses en 17 jours, vous
savez, quand on veut.
M. Bellemare: Oui, surtout pendant une nuit! M. Couture:
Non. je ne suis pas allé à Pigalle!
M. Bellemare: Vous n'êtes pas allé a Pigalle. mais
vous êtes allé à Montmartre, par exemple!
M. Couture: J'ai lu les revues et les journaux!
M. Bellemare: On m'a aussi dit que vous étiez allé
à Montmartre.
M. Couture: M. le Président, question de privilège,
c'est une fausse information!
M. Bellemare: Non...
M. Blank: À Rome, le "party" de la dolce vita.
M. Couture: II y a des aspects intéressants de la vie
romaine!
M. Blank: Le ministre a-t-il voyagé seul ou si une partie
des fonctionnaires de son cabinet l'accompagnait?
M. Couture: Nous étions une délégation de
quatre personnes. Il y avait M. Martin, il y avait mon chef de cabinet, M.
Miron, M. Larivière, qui est membre du cabinet et qui a
été deux ou trois ans agent d'immigration à Rome. Il
connaît bien l'italien et, comme je devais rester une semaine en Italie,
je l'ai amené avec moi.
M. Blank: Est-ce que toutes les dépenses étaient
défrayées par le gouvernement ou est-ce que des groupements
italiens comme Congretta ou d'autres participaient aux dépenses?
M. Couture: C'est-à-dire qu'à toutes les places
où nous étions reçus par d'autres, ce n'est pas nous qui
défrayions les dépenses.
M. Blank: Non, je parle des frais de voyage, les hôtels,
etc.
M. Couture: Tout a été payé par le
gouvernement, sauf notre séjour à Grenoble. La ville de Grenoble,
par grande délicatesse et à cause de l'amitié qui me lie
à elle, a voulu assumer les frais de cette fin de semaine, ces deux
jours à Grenoble.
M. Blank: En parlant des réfugiés, je constate, par
des rapports de journaux et à cause de ce que le ministre dit
aujourd'hui, que vous avez eu un très bon accueil au Portugal.
M. Couture: Oui, en effet.
M. Bellemare: II a signé une entente avec le Portugal!
M. Couture: On n'a rien signé encore, ce sont des accords
de principe.
M. Bellemare: Oui, mais...
M. Couture: II y a des fonctionnaires qui vont aller
préparer la signature du contrat. (11 h 45)
M. Bellemare: C'est ce qu'on a appris quand vous êtes
revenu, que vous en aviez fait une avec le Portugal et une avec l'Italie.
M. Couture: C'est exact.
M. Bellemare: Si ce n'est pas vrai, il n'y en a pas.
M. Couture: Ce sont des accords de principe, ce ne sont pas
encore des signatures.
M. Bellemare: Des accords de principe qui ont été
ratifiés par les ministères...
M. Couture: J'ai vraiment, à ce point de vue, si
l'information n'est pas complète ou si vous avez été mal
informé... un accord de principe, c'est un accord de principe; c'est
assez important. On s'est entendu sur certaines choses, en Italie, en France et
au Portugal. La suite à donner à ces accords de principe, c'est
un haut fonctionnaire du ministère ou des Affaires intergouvemementales
qui ira faire préparer, de façon concrète, la
réalisation de cet accord de principe et, éventuellement, il y
aura en bonne et due forme une signature des deux gouvernements.
M. Bellemare: Est-ce que vous avez une personne en permanence
dans chacun de ces pays, attachée à la province de
Québec?
M. Couture: Oui. En Italie, il y a la délégation
générale du Québec à Milan, nous avons un agent
d'immigration du ministère à Milan et nous en avons deux à
Rome. Au Portugal, il n'y avait rien, il y avait seulement l'ambassade du
Canada. Nous allons bientôt ouvrir un bureau d'immigration au Portugal
avec deux agents d'immigration du Québec.
M. Blank: Au Portugal, il y a un problème particulier. Je
suis certain que la colonie portugaise de Montréal a déjà
fait des représentations au ministre; j'aimerais savoir si elle fait
partie de la discussion au Portugal ou même avec M. Cullen à
Ottawa, la question des gens qui sont des réfugiés, mais qui ne
sont pas des réfugiés. Je parle des gens du Mozambique et
d'Angola qui sont vraiment des réfugiés selon la
définition de Genève, sauf qu'ils ont un passeport portugais et
leur droit d'être réfugiés a été
refusé. Ces gens ont des problèmes, comme des
réfugiés chiliens et argentins ainsi que vietnamiens, ils sont
tous chassés de leur maison, ils perdent tout pour des raisons
politiques. C'est une classe particulière. Il y a ici, à
Montréal, dans la colonie portugaise, beaucoup de gens qui oni des
membres de leur famille à qui on n'a donné aucune
préférence, nonobstant le fait qu'à un moment
donné, ils ont donné des droits spéciaux à des
Libanais à cause d'une guerre civile pendant laquelle ils
déportaient tout le monde. Tous les Libanais avaient des chances de se
prévaloir de ces privilèges spéciaux. Je ne m'oppose pas
à cela, parce que notre politique de l'immigration, notre politique pour
les réfugiés va dans ce sens.
Ici, on a un groupe particulier et je dois dire que ces gens pourraient
s'intégrer facilement à la communauté francophone de
Québec. Les Portugais sont ceux qui peuvent le mieux s'intégrer
parmi les étrangers. C'est peut-être parce qu'étant un
peuple latin, la langue n'est pas tellement différente. Je voudrais
savoir si le ministre a discuté de ce problème avec des ministres
et des autorités du Portugal et avec M. Cullen, ici au Canada.
M. Couture: M. le Président, je partage entièrement
le point de vue du député de Saint-Louis sur la grande
facilité et l'excellente adaptation des Portugais au Québec; je
pense que vous avez une colonie importante dans votre comté.
C'était une des raisons qui m'ont incité à vouloir
rencontrer les autorités du gouvernement du Portugal, surtout par
l'importance de cette communauté, ici au Québec, leur
facilité d'adaptation et cette bonne immigration éventuelle que
nous aurions du Portugal.
J'ai appris des choses assez étonnantes là-bas. D'abord,
il y a 80 000 Portugais qui veulent immigrer cela ne veut pas dire
qu'ils veulent venir ici et qui font la demande dans les servi-
ces gouvernementaux du Portugal pour immigrer, surtout des gens d'Angola
et du Mozambique; il y en a aussi du continent, il y en a des Açores; on
m'a dit qu'il y en avait... Ceux qui sont à Hull, d'où
viennent-ils? Des Açores... c'est parce qu'ils ont des parents, ici.
M. Blank: Si vous passez par là, vous verrez des maisons
peintes en bleu; vous saurez que ce sont des gens de là-bas.
M. Couture: En effet, parce que c'est une bonne immigration,
parce que la demande est forte au Portugal et comme nous étions absents
sur place, j'ai fait comprendre et j'ai convaincu assez facilement les
autorités du gouvernement du Portugal que nous pourrions nous installer
là et essayer de développer davantage cette immigration vers le
Québec. Je pense que le processus est en marche, c'est
déclanché, et nous allons même préparer, sur place
cela va commencer par un projet pilote les futurs candidats du
Portugal au Québec, en les informant et en leur donnant les rudiments de
la langue française.
Je vois, par les chiffres de l'année 1977, l'entrée des
Angolais et des gens de la Mozambique je ne sais pas comment on les
appelle je vous apporte ces chiffres, parce que ce que vous avez dit
n'est pas tout à fait exact. Il y a eu, en 1977, 751 entrées au
Canada, des gens de l'Angola et du Mozambique; le Québec en a
reçu 158, soit 21%. Donc, il y a quand même eu, à un
certain point de vue, entrée de tels ressortissants.
M. Blank: M. le ministre, ces gens sont entrés selon les
critères actuels; il n'y avait aucune préférence
spéciale. Je ne parle pas par expérience personnelle. La question
est: Est-ce que le ministre fera ou a déjà fait des
représentations pour donner une priorité, peut-être des
points de plus, ou mettre de côté les critères de
l'approbation du bureau de la main-d'oeuvre, quelque chose comme cela. C'est
là le blocage.
M. Couture: En effet, cela bloque. L'application de la grille
canadienne au Portugal donne comme résultat qu'il y a peu de personnes
qui entrent, qui passent. On m'a signalé souvent, ici, des Portugais sur
place, et là-bas, que, parfois, il y a beaucoup de gens qui veulent
venir, mais se sont découragés de fait, il y a moins
d'inscriptions à l'ambassade canadienne parce que, il y a deux
ans, entre autres, on bloquait presque systématiquement l'entrée
de Portugais au Canada, ne serait-ce que par l'application de la grille
canadienne.
Avec une grille québécoise et avec cette priorité
que nous donnons pour certaines clientèles d'immigrants, je peux vous
assurer je ne peux pas préjuger du résultat au bout de la
ligne que nous allons faire un effort spécial pour cette forte
demande de Portugais au Canada. S'il le faut c'est pour cela que c'est
tellement important de bien connaître le marché du travail,
d'avoir les instruments d'une politique de main-d'oeuvre à l'immigration
je crois qu'avec une collaboration directe du gouvernement du Portugal,
beaucoup de gens sont plus ou moins préparés à notre
marché du travail; on pourrait même, à plus long terme,
préparer les gens sur place à venir au Québec. Je vous
donne la réponse telle quelle, mais je pense qu'on partage, vous et moi,
cette préoccupation de faire entrer beaucoup plus de Portugais, de
favoriser cette immigration.
M. Blank: D'accord, merci. Comme politique
générale, en décembre 1976, le ministre de l'Immigration,
à l'époque, a annoncé que le projet de loi du
ministère de l'Immigration serait mis de côté. Un an
après, dans le Vieux-Québec, au mois de novembre 1977, le
ministre a affirmé qu'il y a pas mal de gens qui souhaitent un
ministère des Ressources humaines. On ne peut pas faire une politique de
l'immigration sans une connaissance du marché du travail. Est-ce que
c'est un changement de pensée depuis 1976? Si oui, quand mettrez-vous
à l'oeuvre cette initiative qui a été prise par le
gouvernement Bourassa?
M. Couture: Ce n'est pas un changement de politique. Il y avait
ces projets de loi qui avaient été déposés sous le
gouvernement Bourassa, sur la population. Nous ne les avons pas retenus; je ne
les ai pas retenus, en arrivant au ministère, parce que nous voulions
reprendre l'ensemble de ces questions. Les critiques qu'on faisait sur ces
projets de loi, je les partageais, on les trouvait pas mal trop globalisants;
on voulait refaire le monde à travers ces projets de loi. On trouvait
cela un peu trop vaste. On a voulu, dans un premier temps, travailler sur la
possibilité vous connaissez les circonstances de mon
départ du ministère du Travail, où la Main-d'oeuvre devait
venir à l'Immigration mais le pouvoir nous ayant appris que le
changement de structures ne se fait pas aussi vite que I'on pense et que l'on
voudrait, cela nous donne un peu plus de temps mais ce n'est pas pour autant
exclu. C'est-à-dire que je crois qu'au gouvernement au sein du
Parti québécois ce sont même des propositions qui
ont été débattues à des congrès. L'avenir
est du côté d'une restructuration d'un ministère qui
regrouperait, évidemment, l'immigration et la main-d'oeuvre et qu'on
pourrait identifier comme ressources humaines.
À ce stade-ci et ce n'est pas une décision,
évidemment, qui relève de moi, cela relève du gouvernement
et en premier lieu, des intentions du premier ministre je dois vous dire
que les études se poursuivent. Étant donné la
complexité de ces réaménagements, il faut y mettre plus de
temps que prévu, mais je pense que le dossier avance, peut-être
moins vite que, personnellement, je ne le souhaiterais, mais il avance, c'est
le principal.
M. Bellemare: À petits pas.
M. Blank: Le ministre a parlé de sa nouvelle loi de
l'immigration ou Loi modifiant la Loi du ministère, ou d'une loi d'un
futur Conseil consultatif
de l'immigration. Est-ce que ces lois sont en préparation et
quand va-t-il les déposer en Chambre?
M. Couture: En ce qui concerne la loi du Conseil consultatif de
l'immigration, de fait, on a préparé un projet de loi et il est
encore là, on est encore en discussion, surtout sur l'avis des juristes
selon lequel semble-t-il, cela ne sera pas nécessaire de faire une loi
type là-dessus. L'article 9 de la Loi du ministère nous donne les
pouvoirs, évidemment, d'avoir un comité consultatif, mais
même pour les objectifs selon lesquels on voulait élargir
davantage les responsabilités et les orientations du comité
consultatif. On pensait que la Loi était nécessaire à cet
égard. Les juristes nous indiquent que cela ne sera pas
nécessaire. Alors, c'est en discussion. Pour la loi de...
M. Bellemare: ... du ministère lui-même...
M. Couture: ... l'immigration du Québec, pour appliquer
l'entente actuelle que nous avons signée il faut, de toute façon,
soit amender la Loi du ministère de l'Immigration pour nous donner le
pouvoir de réglementation, soit créer une loi ad hoc je
dis bien une loi ad hoc, parce que vous comprenez qu'on ne peut pas faire, sur
le plan québécois, en peu de temps, dans quelques mois, la grande
loi de l'immigration du Québec, qui serait le pendant du bill C-24. Cela
n'est pas possible de le faire rapidement. D'autre part, l'entente stipule
qu'elle doit entrer en vigueur au plus tard le premier janvier 1979. Donc, nous
sommes en train de préparer un instrument législatif pour nous
donner le pouvoir d'appliquer l'entente.
M. Bellemare: Pour la Loi constitutive, mon cher monsieur, on
prévoit une réglementation. Ce n'est pas tout refaire le
ministère...
M. Couture: Non, c'est pour cela qu'à ce point de
vue-là, la loi ad hoc ou les amendements à la loi du
ministère ne sont pas sorciers. Ce qui est complexe et vous allez
me comprendre immédiatement quand je vais vous dire de quoi il s'agit
ce sont les règlements, c'est la grille québécoise.
Faire une grille québécoise, c'est quand même
véhiculer des objectifs, une philosophie et une politique; alors je
pense qu'on doit quand même y mettre un peu plus de temps. Parce que si
c'était seulement de dire: II nous faut une loi pour faire des
règlements ou il nous faut amender la loi, cela serait assez simple.
Alors on peut mettre un peu plus de temps pour raffiner cette grille
québécoise, mais j'espère je pensais le faire
avant... Évidemment on ne peut pas passer cette loi avant juin, avant le
départ pour les vacances, parce qu'il aurait fallu la déposer
avant le 1er juin. Je pensais pouvoir déposer cette loi ou ces
amendements à la Loi du ministère avant le 23 juin. On n'est pas
sûr, mais si ce n'est pas avant le départ pour les vacances, cela
sera, très rapidement, à la rentrée.
M. Bellemare: À cause du 1er janvier 1979, l'entente
Couture-Cullen.
M. Couture: II faut absolument légiférer avant le
1er janvier, mais j'imagine qu'avec la collaboration de l'Opposition qui est
bien connue, cela devrait aller assez rapidement.
M. Blank: Pas de problème pour cela. J'ai constaté
un état de fait. Je ne sais pas si cela vient de cette entente ou d'une
autre entente. Quand vient le choix des entrepreneurs qui viennent au
Québec il me semble, avec mon expérience personnelle
que le droit de veto serait du domaine du Québec, c'est-à-dire
que les autorités fédérales n'acceptent, à ce
moment-ci, aucun entrepreneur, à moins que son projet n'ait
été approuvé par le ministre de l'Immigration du
Québec. Est-ce que c'est une entente spéciale ou est-ce
une...
M. Bellemare: ... non seulement, c'est en pourparler.
M. Couture: Actuellement, l'entrepreneur investisseur qui
vient... C'est-à-dire que dans la loi actuelle, il est obligé,
quand même... Vous avez raison, si on peut dire; tant qu'on n'a pas ce
pouvoir, nous-mêmes, de sélectionner... Si c'est un
indépendant, on va avoir ce pouvoir avec l'entente, mais au moment
où l'on se parle, c'est le fédéral qui donne son dernier
mot sur l'entrée de cet entrepreneur investisseur, pas en tant
qu'entrepreneur investisseur, mais tout simplement en tant que candidat
d'immigration au Canada. (12 heures)
M. Blank: Je vous dirai franchement, avec mon expérience
à l'immigration fédérale, qu'ils n'accepteront pas un
entrepreneur à moins d'avoir l'accord du Québec. Je voudrais
savoir comment...
M. Couture: C'est une entente bona fide, et le Québec est
consulté.
M. Blank: D'accord. Je veux savoir ce qui est fait
là-dedans ou si cela vient de... Je ne m'y objecte pas, parce qu'ils ont
raison. J'ai toujours pensé que l'État fédéral
n'avait jamais pris assez de précautions pour savoir si c'est un
entrepreneur ou non. Au moins les gens de Québec font faire une petite
enquête au moins pour savoir si c'est vraiment un entrepreneur ou
quelqu'un qui essaie de passer à côté des
règlements.
M. Couture: Si vous me permettez, à l'occasion de cette
question, j'aimerais simplement dire un mot sur ce service des entrepreneurs
investisseurs qui est extrêmement important dans la conjoncture
économique actuelle. Vous savez tous a quel point il a des
préjugés. Quand il y a beaucoup de chômage, les gens
disent: Les immigrants viennent nous voler nos jobs et cela nuit au
développement économique. Ce service, au ministère, on
pense qu'il est important et à ce point de vue, cela peut
équilibrer une immigration qui ne répond pas toujours à
des besoins de main-d'oeuvre ou à des offres d'emploi. Je peux
simplement vous rappeler un chiffre... Le service des entrepreneurs
investisseurs, au cours des années 1976 et 1977, avait recruté
des immigrants qui ont investi $44 millions au Québec...
M. Bellemare: Des Italiens ou des Français...
M. Couture: II y a de tout: des agriculteurs français, des
agriculteurs suisses, il y a des Italiens...
M. Bellemare: Des gars du Bangladesh.
M. Couture: Si vous voulez le détail, on va vous
rapporter; il y en a d'Asie aussi, il y en a un certain nombre de Hong Kong.
Dans un an, on est rendu à $69 millions investis au Québec par le
biais de l'entrée d'immigrants entrepreneurs investisseurs. Je pense que
c'est quand même intéressant à signaler; c'est une
augmentation de $25 millions.
On peut dire, aussi, qu'il y a eu 194 entreprises créées
en 1977/78, contre 141 l'année précédente. Cela progresse.
Dans la conjoncture économique actuelle, je pense qu'on ne peut que s'en
réjouir. Le nombre d'emplois créés par ces investissements
a été de 1116, contre 820 en 1976. L'année
dernière, on a créé, par l'entrée de ces
entrepreneurs investisseurs immigrants, 1116 emplois. Je pense que la
contribution du ministère de l'Immigration, à ce point de vue,
est assez intéressante.
Les principaux secteurs où les capitaux ont été
investis sont les suivants: l'agriculture, S15 millions; l'industrie
manufacturière, S16 millions; le commerce et les services, $38
millions.
M. Blank: D'accord. Sur un autre sujet, le ministre a
manifesté l'intention de créer un poste de secrétaire
délégué auprès des travailleurs immigrants, dont le
rôle serait de défendre les droits des travailleurs. Est-ce qu'il
est encore du même avis?
M. Couture: II est créé. Le poste de
secrétaire délégué auprès des travailleurs
immigrants a été créé justement pour être un
peu la conscience si je peux m'exprimer ainsi du
ministère, pour la défense des travailleurs immigrants pouvant
être exploités, comme chacun le sait, et le poste de
secrétaire délégué aux réfugiés. Ce
sont deux postes qui ont été acceptés par le Conseil du
trésor: ils sont inscrits dans le budget de l'année prochaine,
ils ont été finalisés au ministère, ils sont
à l'étude a la Commission de la fonction publique. Ils sont dans
la filière de la Commission de la fonction publique avant d'être
annoncés publiquement. C'est dans la machine.
M. Blank: C'est dans la machine... Vous ne pouvez pas nommer ces
gens...
M. Couture: Ils devraient être publiquement offerts d'ici
quelques semaines.
Postes à l'étranger
M. Blank: D'accord. Combien de postes ajou-terez-vous a
l'étranger, cette année, dans ce projet?
M. Couture: Douze postes.
M. Blank: Douze nouveaux postes?
M. Couture: Oui, douze postes avec le soutien technique; en fait,
c'est huit postes nouveaux d'agents d'immigration à l'étranger.
Si vous voulez, je peux vous donner les pays et les endroits où ils vont
travailler. Ce qui va s'ajouter, c'est: Lisbonne, deux postes; on va ouvrir
deux postes à Buenos Aires; trois postes à Hong Kong on
est rendu à sept et on ajoute deux postes en Amérique
centrale.
M. Blank: Ces deux postes vont coûter combien? Quel est le
montant que cela va coûter en salaires?
M. Couture: Je n'ai aucune idée, je vais m'informer. C'est
une moyenne de $20 000 par poste; ce sont des conseillers à
l'immigration.
M. Blank: Est-ce qu'ils vont occuper des locaux
fédéraux?
M. Couture: C'est une bonne question. Normalement, ces
conseillers à l'immigration sont dans les ambassades canadiennes. Nous
en avons déjà un certain nombre qui exercent leurs fonctions dans
l'ambassade canadienne. Il y a une entente spéciale là-dessus; il
faut que le bureau Immigration-Québec soit clairement identifié,
et il y a des locaux réservés à
l'Immigration-Québec. C'est vraiment identifié comme tel.
M. Bellemare: Comme Toronto l'a.
M. Couture: Oui. Je ne sais pas si Toronto l'a.
M. Bellemare: L'Ontario, c'est l'Ontario.
M. Couture: C'est mon intention c'est lié à
une négociation avec le fédéral d'ouvrir des
bureaux d'Immigration-Québec en dehors des ambassades canadiennes. Je
dois dire que je veux être assez prudent là-dessus, parce que,
dans ce domaine, il y a parfois des avantages à être dans
l'ambassade canadienne. Il y a tous les services, les dossiers sont là,
c'est plus vite pour le candidat d'aller d'un étage à l'autre.
J'en tiens compte, mais, dans certains cas, nous allons ouvrir des locaux
à l'extérieur de l'ambassade canadienne, entre autres, à
Lisbonne, très probablement, parce qu'il n'y a plus de place à
l'ambassade canadienne, et, aussi, pour nous, c'est manifester peut-être
un intérêt plus particulier pour ces pays. Il n'y a pas de
politique arrêtée à cet égard. Je ne peux pas dire
que, dorénavant, on va toujours être en dehors de l'ambassade
canadienne. Cela dépend des pays en question et aussi des
possibilités offertes au Québec.
M. Blank: Dans ces pays où on vous loge aux ambassades
canadiennes, est-ce que vous payez un loyer ou si c'est gratuit?
M. Couture: On paie un loyer. Le détail de cela...
M. Blank: Seulement en général.
M. Marchand: Les frais de secrétariat.
M. Couture: ... je veux laisser... On paie un loyer, mais il y a
des services communs qui sont offerts par l'ambassade canadienne. Nous payons
les dépenses courantes. C'est le ministère des Affaires
intergouvernementales qui paie à l'étranger, pas nous, c'est le
gouvernement du Québec.
Fédération des minorités
M. Blank: Le 11 mars 1978, le Montreal Star a publié un
article intitulé: "Minorities are planning their own federation". On
veut créer une fédération permanente des minorités
pour donner certains services aux immigrants, pour promouvoir le rapprochement
entre les communautés, promouvoir la question de la langue, etc. Est-ce
que le ministre est d'accord avec les objectifs de cette
fédération? Est-ce qu'il y a eu une communication avec ces
gens?
M. Couture: Je suis porté à respecter les
initiatives des groupes ethniques. Je ne veux vraiment pas m'en mêler. Si
les groupes ethniques veulent s'organiser en fédération
remarquez que cela existe, il y a des fédérations de groupes
ethniques, plus d'une même je ne veux pas intervenir
là-dedans. Ce que je souhaite, c'est que l'organisation d'une
fédération de minorités ou de groupes ethniques se fasse
dans une perspective positive, dans un effort de rassembler des gens qui
voudront mieux s'intégrer à la réalité dans
laquelle ils vivent et non pas je ne veux pas faire de procès
d'intention ni porter un jugement s'organiser simplement pour s'opposer
à une réalité, à la société
québécoise.
Je dois dire que j'ai eu beaucoup de contacts avec les milieux
ethniques, depuis plusieurs mois, c'est une des priorités que je me
donne de les rencontrer souvent. Je sens actuellement, dans plusieurs de ces
milieux, une ouverture nouvelle; je pense qu'ils cherchent des moyens de
s'associer à ce qu'on fait. Quand je dis "ce qu'on fait", c'est ce que
la société québécoise leur offre, etc.
M. Blank: Est-ce que cette fédération est en
communication avec le ministre?
M. Couture: Pas jusqu'à maintenant.
M. Blank: C'est-à-dire qu'il n'est pas question de
subvention, si ce n'est pas demandé.
M. Couture: II est possible que cela arrive, parce que,
souvent...
M. Blank: Au mois de mars cette année, vous êtes
certainement au courant de l'affaire de "Ici Québec", avec l'article sur
le sionisme qui a provoqué beaucoup de tension entre des Canadiens
français et des Juifs. Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y
a eu des commentaires personnels de la part de la communauté juive sur
cette question?
M. Couture: J'ai eu des commentaires personnels, une rencontre,
pas directement à l'occasion de cet article, mais comme je suis
disponible et que j'ouvre ma porte à n'importe quel groupe, des
représentants de la communauté séfarade de Montréal
sont venus me rencontrer quelques jours après la parution de cet
article; ils m'ont fait état de leurs représentations et,
à ce point-de vue, j'ai manifesté ma position ferme
là-dessus, sans porter jugement d'aucune façon sur ce qui a
été écrit, ce n'est pas mon rôle et, en ce qui me
concerne, j'ai dit que jamais je n'adopterais d'attitude qui pourrait
être qualifiée de raciste ou antisémite.
M. Blank: Vous n'avez pas jugé à propos de faire
vos remarques en public, vos déclarations...
M. Couture: C'est-à-dire que... M. Blank: Les
représentants....
M. Couture: Si on avait sollicité cette
déclaration, je l'aurais faite, mais comme le ministre d'État au
développement culturel avait fait la mise au point, ainsi que le
ministre de l'Éducation et le premier ministre, cela me paraissait
suffisant comme image de la position du gouvernement.
M. Bellemare: Le plus important, c'était que cela vienne
du ministre de l'Immigration.
M. Couture: II est encore temps... Je la fais, elle devient
publique.
M. Blank: En parlant de la question, il prend l'initiative. En
parlant de la fonction publique... est-ce que le ministre prend des
procédures spéciales pour essayer d'ouvrir la fonction publique
aux immigrants?
M. Couture: C'est une bonne question.
M. Bellemare: Combien y en a-t-il? Il n'y en a pas un.
M. Couture: II y en a.
M. Blank: II y en avait un hier, le ministre de l'Industrie et du
Commerce était ici...
M. Couture: Au ministère de l'Immigration, nous avons un
bon nombre de fonctionnaires, surtout dans les COFI. Je n'ai pas le nombre
exact, mais je pense que c'est le ministère qui fait le plus d'efforts
pour... on a 40% des fonctionnaires qui sont des immigrants, nouveaux ou moins
nouveaux. Je pense que ce ministère donne l'exemple.
M. Bellemare: 40% sur?
M. Couture: 40% sur 100%.
M. Bellemare: 40% sur le nombre d'employés...
M. Couture: On va vous donner des chiffres. On a 466...
M. Bellemare: 40% sur 10?
M. Couture: Non, sur 466... 40% c'est 85, à peu
près, 85 fonctionnaires qui sont d'origine ethnique
étrangère.
M. Blank: Est-ce que vous avez un programme spécial pour
essayer de convaincre le ministre de la Fonction publique de faire de
même dans d'autres ministères?
M. Couture: Oui, on me rappelle que j'ai écrit une lettre,
il y a quelques mois, à la fonction publique pour continuer à
faire mes représentations. D'ailleurs, le ministre a donné
réponse à cette lettre. Je pense qu'on essaie, actuellement... Je
peux vous assurer qu'il y aura des corrections prochainement.
M. Bellemare: C'est-à-dire une augmentation du
pourcentage.
M. Couture: Oui, il y a un effort. Il y a même des
directives dans certains ministères où on demande qu'il y ait une
meilleure proportion, surtout, je pense, à l'Éducation.
M. Blank: Concernant les subventions, je constate qu'il y a des
subventions aux garderies. De quelle façon le ministère s'y
prend-il pour choisir ces garderies? Est-ce qu'il y a des critères?
M. Couture: II y avait des subventions aux garderies; on a aboli
le programme de subventions aux garderies. La raison précise, c'est que,
d'abord, je crois que la responsabilité des garderies au Québec,
c'est le ministère des Affaires sociales qui doit l'assumer. Ce n'est
pas au ministère de l'Immigration à entretenir ou à
subventionner des garderies. C'est toujours dans la même cohérence
philosophique. Si on veut que les immigrants, les groupes ethniques se sentent
des québécois à part entière, je pense qu'ils
doivent utiliser les ministères et les services qui sont offerts
à tous les Québécois. La garderie, au Québec,
relève du ministère des Affaires sociales.
Il y a une autre raison aussi, c'est qu'avec la loi 101, nous croyons
que le rôle qui nous était assigné auparavant de les
séduire, de préparer les immigrants, leur faire prendre
conscience de la nécessité d'aller dans le réseau
francophone à l'école, commençait par la garderie. C'est
un peu cela qui était à l'origine des subventions aux garderies
pour les groupes ethniques. On disait: Comme ils ont la liberté de choix
pour l'école, pour les attirer à l'école francophone, on y
va, par la garderie, par les parents qui viennent y conduire leurs enfants, ils
chantent en français, ils parlent un peu français, ils balbutient
en français, cela peut les inciter à envoyer leurs enfants
à l'école francophone.
M. Bellemare: C'est mieux que de les séduire, parce que,
dans le petit Larousse, les séduire...
M. Couture: Les séduire, au sens profond du mot... (12 h
15)
M. Bellemare: Oui, mais...
M. Blank: Avec le changement à votre loi 101. vous allez
de "incitation" à "collusion".
M. Couture: Avec la loi 101, on ne sent plus la même
responsabilité à l'immigration.
M. Blank: Oui. c'est parce que les gens sont forcés.
M. Couture: Ils ne sont pas forcés, ils sont
prévenus et ils sont obligés. C'est le ministère des
Affaires sociales, à mon avis, qui doit assumer cette
responsabilité.
Subventions
M. Blank: Vous donnez tellement de subventions, à qui en
donnez-vous? Qui fait le choix, quels sont les critères pour ces
subventions? Quel est le montant global?
M. Couture: Pour ne pas m'étendre là-dessus, on
peut déposer un document qui me paraît important: c'est la
nouvelle politique de subvention du ministère de l'Immigration. C'est ce
qu'on appelle la politique d'action concertée. Cela vous
intéresse sans doute d'avoir ces documents.
C'est une politique qui a quatre volets: l'aide au fonctionnement des
organismes, les activités d'adaptation: ce sont les comités
québécois immigrants que j'ai mis sur pied. Une politique d'aide
contractuelle sur des projets précis et le programme des langues
ethniques. Nous allons vous laisser les documents sur cette politique, avec les
critères généraux d'admissibilité et les marches
à suivre pour recevoir la subvention. C'est le service de l'adaptation,
ce sont les fonctionnaires qui administrent cela. Si cela peut vous rassurer
de toute façon, cela me fait plaisir de le dire j'ai voulu
dépolitiser les subventions du ministère.
Auparavant et sans vouloir porter de jugement, je pense que
chacun fait ses choix je crois que c'était malsain que ce
fût le ministre qui fût un peu l'interlocuteur, qui fût
l'instrument de l'attribution des subventions.
M. Bellemare: Ce n'est pas le ministre qui émet les
chèques.
M. Couture: Pas du tout. Ce n'est pas le ministre qui va donner
le chèque non plus.
M. Bellemare: Ni le député de Vanier.
M. Couture: Ce sont les fonctionnaires. Nous avons établi
notre politique. Les critères sont là. Nous l'avons
élaborée. Nous en avons discuté avec l'exécutif.
Nous l'avons acceptée. La politique est là, les fonctionnaires
l'appliquent. Au lieu de venir voir le ministre, de faire toutes sortes de
lobbying, les organismes savent à quoi s'en tenir. Ils vont voir les
fonctionnaires et le programme est administré en conséquence.
C'est public.
M. Blank: Allons-nous en avoir des copies? M. Couture:
Oui.
M. Blank: Avez-vous une liste des subventions de l'année
passée?
M. Couture: Oui, nous avons cette liste: les montants qu'ils ont
reçus, le nombre d'organismes. Je pense que vous l'avez dans votre
cahier.
M. Blank: Non.
M. Couture: Nous allons vous la donner.
L'an passé, il y avait moins de subventions que cette
année. Cette année, les subventions sont augmentées de
$500 000.
M. Blank: Avec les nouveaux critères? M. Couture:
Avec les nouveaux critères. M. Blank: D'accord.
M. Couture: Vous avez les détails sur ceux qui ont
reçu les montants, etc.
M. Blank: Avant que je continue avec mes autres questions, je
pense que le député de Laurier a une question.
M. Marchand: M. le Président, je voudrais demander au
ministre si, après la rencontre que vous avez eue avec les
communautés grecques, le 30 septembre dernier, le ministère a
établi des contacts nouveaux avec cette communauté qui semble un
peu mécontente de l'approche du gouvernement vis-à-vis de la
communauté grecque? Avez-vous l'intention d'améliorer les
relations?
M. Couture: Je suis heureux de vous dire que, dimanche prochain,
je vais au vélodrome. J'ai été invité à la
grande manifestation annuelle des élèves qui donnent un
spectacle.
M. Marchand: Oui, ce sont les olympiades pour la jeunesse.
M. Couture: Je suis l'invité d'honneur, le dimanche soir,
au Reine Elisabeth, de la communauté grecque. Ce n'est pas que nos
relations soient mauvaises. Loin de là. J'ai rencontré
quelquefois certaines communautés, mais nous allons faire des efforts
pour intensifier nos relations avec la communauté grecque.
M. Marchand: D'autres groupes ethniques vous ont-ils fait des
revendications dans le même sens que celles des communautés
grecques?
M. Couture: Non. À un moment donné, il y a eu la
Fédération des groupes ethniques du Québec qui se
plaignait que les relations n'étaient pas assez étroites avec le
gouvernement. J'ai saisi l'occasion pour lui dire: Je n'ai pas eu d'invitation
formelle. Je suis prêt à vous rencontrer en tout temps. J'ai
rencontré le président deux fois. La fédération m'a
invité à une conférence et à une discussion, c'est
ce que j'ai fait dernièrement. Pour répondre à vos
questions, il n'y avait que ce groupe qui avait apporté certains griefs.
Pour les autres, on n'en a pas d'écho; au contraire, je pense que les
gens sont satisfaits.
M. Bellemare: Est-ce que cela vient de Papa-christidis?
M. Marchand: Est-ce que... M. Couture: Pardon?
M. Bellemare: Est-ce que cela vient de Papa-christidis?
M. Marchand: Est-ce que le ministre a l'intention d'y aller par
contact personnel plutôt que par le conseil consultatif?
M. Bellemare: II vient de nous le dire.
M. Couture: Le comité consultatif, c'est l'instrument au
niveau des recommandations sur les objectifs du ministère. Je fais
beaucoup de contacts personnels, en effet.
M. Blank: ... votre photo dans les journaux, chaque jour, chaque
danse...
M. Couture: Là, ils sont en train de...
M. Blank: Vous prenez des cours de danse?
M. Couture: ... j'allais donner quelques anecdotes, mais je pense
que ce n'est pas le lieu. Avec certains ministres fédéraux, on
est en train de se rencontrer un peu trop souvent, cela devient compromettant,
les ministres fédéraux féminins.
Immigrants et migrants
M. Blank: On a ici un ministre de l'Immigration, on aura de
l'immigration au Québec, mais, sur l'autre côté de la
médaille, l'émigration, les journaux parlent beaucoup de l'exode
des Québécois. Le ministre pourrait-il nous dire s'il fait faire
des études par son ministère en vue de connaître les causes
de cet exode, ceux qui laissent le Québec? Est-ce que ce sont des
Québécois ou des immigrants? Est-ce qu'il y a des études
qui ont été faites9
M. Couture: II y a une étude qui a été
commandée l'année dernière, à l'Université
de Montréal. On aura le rapport final bientôt. L'étude
portait sur les motivations des immigrants internationaux et les motivations
des migrants canadiens. Cette recherche a été confiée au
centre de sondage de l'Université de Montréal. L'enquête a
été faite et les données préliminaires sont
présentement disponibles.
Je vous donne les données préliminaires: Les
résultats de l'enquête démontrent que, pour les immigrants
internationaux, les motivations économiques sont importantes, mais non
les plus importantes, et beaucoup d'autres motivations entrent en ligne; on a
29% pour les facteurs économiques; 9% pour les facteurs familiaux; 9%
pour les facteurs juridiques et politiques; 2% pour les facteurs culturels;
0,9% pour les facteurs écologiques; goût de l'aventure et du
voyage, 18%; étude pour étude, 10%; divers, 10%. Pour les
migrants interprovinciaux, c'est-à-dire ceux qui partiraient du
Québec pour aller ailleurs, les facteurs économiques comptent
pour 53%. Je pense que cela nous permet de conclure ou d'arriver à une
conclusion provisoire. C'est que c'est extrêmement important que la
sélection des immigrants coïncide avec une bonne insertion dans la
société québécoise, aux niveaux économique,
culturel, etc.
Dès que l'immigrant ne reçoit pas ici ce a quoi il
s'attendait ou ce qu'on lui a proposé, il ne reste pas.
M. Blank: Pensez-vous faire une étude ou des
démarches spéciales pour que de vrais Québécois ne
deviennent pas des immigrants en Ontario?
M. Couture: Je pense que le député de Saint-Louis
aimerait qu'on oblige les gens à rester sur place; ce serait
peut-être une façon un peu totalitaire d'intervenir.
M. Blank: C'est fait par les actes.
M. Couture: Ah! oui. À ce point de vue, je pense que notre
préoccupation, c'est de donner le goût du Québec à
tous les Québécois et le goût d'y rester. C'est dans ce
sens qu'on travaille.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre confirme les 76 000 qui sont
disparus durant l'année?
M. Couture: Ce n'est pas 76 000, c'est 72 000 et c'est moins
qu'en 1970, sous un gouvernement libéral.
M. Blank: II y avait des événements particuliers et
on ne veut pas que cela se répète.
M. Couture: Bien, il y a toujours des événements
particuliers.
M. Blank: Oui, il y en a eu le 15 novembre.
M. Couture: C'est un événement qui peut
stimuler.
M. Blank: L'autre jour, à une question en Chambre, vous
avez dit que vous feriez des démarches pour avoir une réponse;
peut-être avez-vous la réponse aujourd'hui, cela concerne les
médecins immigrants.
M. Couture: La réponse viendra, je peux demander a mon
collègue des Affaires sociales de donner une réponse en Chambre
là-dessus. Il y a un contingentement des résidents
étrangers dans les hôpitaux du Québec, pas seulement pour
les étrangers, pour les Québécois aussi. Alors, le
ministère des Affaires sociales c'est un constat
s'aperçoit qu'on en arrive à une saturation des médecins
au Québec. Donc, on ne peut pas, d'une part, ouvrir les portes
très larges aux médecins étrangers et leur assurer un
poste ici et, en même temps, quand on arrive sur place, s'apercevoir
qu'il y a trop de médecins.
Ce que nous allons faire, au ministère de l'Immigration
c'est déjà commencé
délibérément, c'est que nous décourageons toute
entrée de médecins étrangers au Québec. S'ils
veulent venir au Québec, nous les informons qu'ils peuvent venir au
Québec on ne peut pas empêcher quelqu'un de venir s'il
passe la grille qu'ils n'ont aucune assurance de pouvoir pratiquer au
Québec.
M. Bellemare: Je vous encourage à les diriger vers la
CAT.
M. Couture: Peut-être.
M. Bellemare: On en manque énormément.
M. Couture: J'en prends note.
M. Marchand: M. le ministre, au sujet...
M. Couture: Je voulais seulement finir ma réponse
là-dessus. C'est qu'ici, il y a des cas plus tragiques de
médecins qui sont au Québec et qui ont des difficultés
à se placer, qui ont des difficultés a obtenir leur certificat,
qui ne peuvent pas aller dans les hôpitaux. J'ai eu l'assurance du
docteur Lazure, mon collègue, que les cas seraient étudiés
un par un et, au niveau humanitaire, le ministère des Affaires sociales
ne tiendra pas compte de son seuil de contingentement quand on peut trouver que
certains cas devraient être acceptés dans les hôpitaux.
M. Marchand: En les dirigeant vers des centres
éloignés, des grands centres, par exemple, vers les
municipalités, est-ce qu'il n'y aurait pas une solution...
M. Couture: C'est cela qui...
M. Marchand: ... qui permettrait d'en accepter, parce qu'il ne
faut quand même pas oublier que, pour les médecins
résidents dans les hôpitaux, si vous calculez la proportion de nos
médecins qui s'en vont étudier à l'extérieur, je
pense qu'on peut calculer un pourcentage très fort au-
dessus de 70% et 80% de nos médecins spécialistes qui sont
allés faire leur spécialité à l'extérieur du
Québec et qui sont acceptés aux États-Unis, à
Philadelphie, partout, à Londres, dans les grandes villes; il faut aussi
faire attention que nos médecins soient aussi acceptés à
l'extérieur pour aller...
M. Couture: Je pense que cela entre dans les bons échanges
qu'on doit avoir entre pays, parce qu'on a beaucoup de Québécois
qui s'en vont aux États-Unis comme résidents. Remarquez que c'est
une responsabilité...
M. Marchand: Quand on met une clôture autour d'une
province, on a des chances que les autres nous empêchent de traverser
cette clôture pour aller là-bas.
M. Couture: Je suis tout à fait d'accord là-dessus.
Il faut organiser les échanges.
M. Marchand: Ce qui est le danger, d'ailleurs, de la
séparation du Québec.
M. Couture: Oui, mais l'association...
M. Marchand: Faire un ghetto québécois des
Canadiens français dans un milieu de 250 millions.
M. Couture: Ce qui est l'avantage de l'association...
M. Marchand: L'association, vous avez de la misère
à la faire seulement sur la taxe de vente.
M. Couture: On l'a faite sur l'entente en immigration, en tout
cas.
M. Marchand: On verra ce que cela donnera. M. Couture:
C'est déjà un bon départ.
M. Blank: M. le ministre, je voudrais vous poser une question sur
le budget actuel. C'est une de mes dernières questions, parce qu'on doit
terminer à 12 h 30, vous avez un caucus et je ne veux pas
déranger vos affaires.
M. Couture: Je ne suis d'ailleurs pas certain qu'ils
accepteraient.
Crédits
M. Blank: Vous avez parlé, au colloque sur l'immigration
le 5 juin 1977, et vous l'avez affirmé en septembre 1977 dans le vieux
Québec-Monde, même en octobre, le Droit a annoncé que le
ministre était obligé de doubler le budget de son
ministère consacré à l'information, et vous avez fait cela
partout.
Après les nombreuses déclarations du ministre, il est
apparu qu'il fallait donner de meilleures informations aux immigrants; le
ministre pourrait-il nous expliquer pourquoi il y a une diminution de la
catégorie communications dans tous les élé- ments, sauf
l'élément 3, qui ne connaît qu'une faible augmentation de
$50 000?
M. Couture: J'aime bien cela, M. le Président, quand les
gens se plaignent qu'on n'a pas assez de budget. Continuez à parler dans
ce sens, cela nous aide. On est tout à fait d'accord.
En ce qui concerne cette question précise, je dois vous dire
qu'aux communications, nous avons deux nouveaux postes et nous avons dû
augmenter le budget à cet effet. C'est cela qui est important, pour
nous, comme priorité, c'est de se donner des instruments un peu plus
étendus pour sensibiliser les Québécois à cette
responsabilité par rapport à l'accueil aux immigrants.
Dans les autres éléments, il y a une diminution, et les
raisons principales sont les compressions budgétaires en termes
d'équipement et de fournitures. Par exemple, dans les COFI, nous avons
à peu près les équipements nécessaires, on n'a plus
besoin de faire des achats comme on en a fait il y a deux ou trois ans, donc
cela a diminué le budget. Le budget n'est pas diminué pour des
fins de communications, il est diminué au titre et au poste des
équipements et des fournitures. Si vous voulez d'autres détails,
on pourrait vous les faire parvenir.
M. Blank: Non, c'est correct. À Québec-Canada, en
juin 1978, vous avez parlé de créer un mouvement populaire
d'ouverture envers les nouveaux Québécois. Comment feriez-vous
cela?
M. Couture: II y a un plan de communications qui a
été fait au service des communications, lequel peut
s'échelonner sur deux ou trois années à venir, où
on voudrait, j'espère, à l'automne, commencer une campagne de
publicité dans les grands media électroniques, entre autres, pour
sensibiliser le Québécois à sa responsabilité
vis-à-vis de l'immigrant et l'accueil qu'il doit développer face
à l'arrivée des immigrants. Ce plan, je pourrais aussi vous le
transmettre, si cela vous intéresse, éventuellement, mais nous
planifions en conséquence, nous allons le faire. Nous avons cela dans
le... (12 h 30)
M. Blank: Une dernière question.
M. Bellemare: C'est vous qui l'avez.
M. Blank: On voit beaucoup d'actions populaires ici.
J'espère que vous changerez...
M. Couture: Êtes-vous contre les actions populaires?
M. Blank: Non, mais je veux qu'il y ait un équilibre, des
deux côtés de la médaille.
M. Couture: C'est quoi, l'équilibre, par rapport à
populaire? Est-ce impopulaire?
M. Blank: Pas impopulaire, mais des gens qui professent une
idéologie un peu différente.
M. Bellemare: Différente, oui.
M. Couture: Mais là, vous portez des jugements sur ces
groupes populaires.
M. Blank: Ils sont tous dans mon comté. Je les connais
tous. D'accord. De mon siège, ici, je garantis que les subventions sont
plus de 50% vers le côté gauche et au centre et rien à
droite.
M. Couture: C'est peut-être parce que c'est à la
gauche qu'il y a le plus de militantisme.
M. Blank: Je ne dis pas qu'ils ont raison, mais nous, on leur
donne de l'argent.
M. Couture: M. le Président, je n'aimerais pas qu'on porte
des jugements sur les groupes comme tels. Si on respecte l'autonomie des
groupes, s'ils sont des partenaires pour le ministère de l'Immigration,
qu'ils remplissent les critères de notre politique de subventions, nous
n'avons pas à faire des...
M. Blank: Quels étaient vos critères à ce
moment-là?
M. Couture: L'année dernière, les critères
ressemblaient passablement à ceux que nous avons cette année,
sauf que nous n'avions pas un budget de fonctionnement comme tel pour les
groupes de Néo-québécois. C'était seulement pour
les groupes québécois.
M. Marchand: Est-ce que le ministre pourrait déposer les
critères de cette année et de l'an passé?
M. Couture: Nous l'avons fait tout à l'heure.
M. Blank: Seulement une dernière question. M. Vigneault
est ici. Il a parlé d'un vieux Québec Monde, disant que les COFI
ont une clientèle potentielle de 40%. Sur quoi cette estimation est-
elle basée? Il peut répondre, s'il veut. Je n'ai pas
d'objection.
M. Couture: M. Vigneault, prenez donc la parole.
C'est basé sur une étude que nous avons faite. La
clientèle potentielle pour nous, c'est sur l'ensemble des immigrants qui
ont entre 18 et 60 ans et qui sont considérés comme la population
active, c'est-à-dire de la population qui se dirige vers le
marché du travail. Or, nous avons compté combien il en arrivait
au Québec chaque année et, de ceux-là, nous avons fait une
proportion par rapport au nombre de ceux qui, officiellement, étaient
acceptés par les CMC pour se diriger vers les COFI. C'est dans ce sens
que nous sommes arrivés à ce chiffre.
M. Blank: D'accord. Merci pour moi et mon collègue.
Le Président (M. Jolivet): Élément 1,
adopté. M. Blank: Adopté.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 2.
adopté.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Elément 3.
adopté. Programme 1, adopté. Je clos les débats de cette
commission et je remercie les membres de cette assemblée.
M. Blank: À l'année prochaine.
M. Couture: Merci, chers collègues. À
l'année prochaine.
Le Président (M. Jolivet): Le programme est donc
adopté au complet. Les travaux de cette commission sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 33)