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Etude du projet de loi no 77
(Seize heures quatorze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Alfred (Papineau), M. Bro-chu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Couture (Saint-Henri), M. Boucher (Rivière-du-Loup) en remplacement de
M. Lacoste (Sainte-Anne); M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Blank
(Saint-Louis) en remplacement de M. Marchand (Laurier) et M. Martel
(Richelieu).
Les intervenants sont: M. Bellemare (Johnson), M. Blank (Saint-Louis)
est remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce); M. Charron
(Saint-Jacques), M. Lessard (Saguenay), M. Mar-coux (Rimouski), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Sain-don (Argenteuil), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
Je pense que, lorsque nous avons... Oui, M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, si vous permettez, en
commençant les travaux de la commission, j'aimerais m'adresser au
ministre, suite à la résolution qui vient d'être
adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale
concernant le fameux bateau de réfugiés vietnamiens qui demeure
encore dans une situation pour le moins terrible. J'ai été
content d'apprendre que le ministre avait l'intention de passer à
l'action dans ce domaine. Il a été appuyé par
l'Assemblée nationale, lors de la présentation de cette
motion.
J'ai également insisté sur le fait qu'on devait, compte
tenu des circonstances, agir de toute urgence. On sait, par l'histoire
passée également, que, trop malheureusement, souventefois, dans
de telles circonstances, les secours sont arrivés trop tard. On sait par
ailleurs aussi qu'actuellement, sur le bateau, il y a un manque de nourriture,
un manque de lait pour les enfants. On parle même de maladie. On parle de
danger d'épidémie. On dit que les médecins n'y auraient
pas accès non plus. Compte tenu de ces circonstances, j'ai
demandé au ministre tout à l'heure, dans mon court exposé,
de passer outre aux procédures qui sont parfois trop lourdes et trop
longues dans de telles circonstances pour arriver à temps, pour donner
la réponse à ces gens-là au bon moment.
Pourrais-je demander au ministre, à ce stade-ci, pratiquement, de
quelle façon il entend s'y prendre pour être capable de passer ces
étapes et de quelle façon nous pouvons l'aider? Est-ce une
question de crédits de l'Assemblée nationale? Y a-t-il des
interventions particulières à faire au niveau
fédéral? A-t-il déjà eu une réponse
favorable dans ce sens ou est-ce que le ministre l'attend? Très
brièvement, je ne veux pas monopoliser le temps de la commission...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
d'accord.
M. Brochu: ... mais, compte tenu de l'importance du sujet, je
pense que le ministre peut peut-être nous indiquer de quoi il s'agit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
voudrais pas ouvrir un débat.
M. Brochu: Non, pas du tout. Mais vous comprenez, M. le
Président, l'importance du sujet...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends que c'est un problème extrêmement important, mais je
comprends qu'on est ici pour étudier un projet de loi.
M. Brochu: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très rapidement, M. le ministre, avec la permission de tout le monde.
Pas d'autres interventions, s'il vous plaît.
M. Couture: Je vais simplement dire ceci. Ce qui est toujours
très frustrant dans ces actes de générosité
vis-à-vis des mesures d'accueil, un effort pour soulager les
misères dans le monde. Ce n'est pas aussi simple que cela en a l'air au
niveau pratique, c'est-à-dire que le Québec ne peut pas aller
directement sur le bateau chercher des gens et les amener ici. On est
obligé nécessairement de passer par des organismes internationaux
et aussi avoir l'accord du pays, de la Malaisie, entre autres, ce dont je me
suis assuré. On a eu des contacts aujourd'hui directement avec le
représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés à Ottawa. On lui a demandé de faire le
point. Il nous a informés, nous a éclairés sur la
façon dont le Québec pourrait contribuer à recevoir un
certain nombre de ces réfugiés. Nous avons appris aujourd'hui que
le Haut-Commissariat avait été autorisé à aller sur
le bateau et à commencer à organiser certains secours.
Apparemment, on négocie aussi la possibilité que les
réfugiés se rendent dans un camp en Malaisie pour que certains
pays puissent aller les chercher et les amener chez eux pour les accueillir.
Comme le disait le député de Saint-Louis cet après-midi,
je pense que c'est tout à fait impossible à réaliser
parce qu'un bateau de cette grandeur, qui est tout petit, ne peut pas
traverser l'océan et venir... Ce serait un voyage épouvantable.
Donc, au niveau humanitaire...
M. Blank: On a des bateaux...
M. Couture: ... ce qui va se faire, c'est l'ONU, c'est le
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qui a la
responsabilité, l'expertise, les moyens de sauver ces gens, de les aider
et de les orienter vers les pays d'accueil. Il y a actuellement plusieurs pays
d'accueil qui se sont manifestés: il y a l'Australie, les Etats-Unis, la
France et le Canada. J'ai su aujourd'hui que le Canada était prêt
à en accueillir un certain nombre. J'ai propo-
se la contribution du Québec. Si aucun autre pays ne voulait les
accueillir, je suis bien prêt à dire: On va les prendre tous, si
les Québécois veulent nous soutenir. Mais il y a un effort commun
d'autres pays, et je pense que c'est normal que chacun fasse sa part. Alors, on
fait le maximum d'interventions pour que cela se déroule bien. J'ai
confiance au Haut-Commissariat des Nations Unies pour que le délai, le
transit et la façon de nous les amener se fassent humainement.
Objectifs (suite)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au
moment où nous avons ajourné hier soir, je pense que le ministre
avait la parole sur les commentaires du juge Pigeon.
M. Laplante: C'était près du vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
n'étions pas encore au vote.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez, quand
nous avons terminé, je pense que je faisais une intervention à
l'appui de la motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Peut-être. Je pensais que c'était terminé. Peut-être
que...
M. Ciaccia: Non, je peux laisser le ministre... M. le
Président, je vous laisse déterminer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le ministre veut répondre?
M. Couture: Oui, c'est sur la motion? Sur la double motion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
double motion.
M. Ciaccia: Oui.
M. Couture: Sur la double motion, M. le Président, j'ai
à proposer ici une formulation pour la première partie de cette
double motion où on nous proposait la mobilité et un amendement
qui pourrait, j'imagine, satisfaire l'Opposition. Cela pourrait être
inclus à l'article 2.3c.
C'est l'article 2.3c du projet de loi no 77 amendé. La
disposition dit ceci: "Prendre les mesures nécessaires pour informer,
recruter, sélectionner et implanter ces personnes sur le territoire en
fonction des besoins démographiques, économiques et
socioculturels du Québec". J'ai voulu reformuler cette disposition en
tenant compte aussi de ce que le député de Bourassa nous avait
suggéré.
Je propose ceci, M. le Président et je dépose l'amendement
pour être distribué: "Prendre les mesures nécessaires pour
informer, recruter, sélectionner et favoriser l'implantation de ces per-
sonnes sur le territoire, tout en respectant leur droit à la
mobilité, en fonction des besoins démographiques,
économiques et socioculturels du Québec".
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui?
M. Ciaccia: ... je vois que vous avez vraiment inclus les mots
mêmes que nous avions dans notre motion où nous voulions un
respect du droit de la mobilité. Au lieu de l'ajouter au paragraphe f),
vous l'incluez dans l'article 3c. C'est tout à fait acceptable pour
nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. L'Union Nationale?
M. Brochu: Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela va?
Bon! Donc, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Blank: Une minute! Je veux le lire, parce que j'aime les mots,
mais je ne sais pas s'ils sont dans l'ordre.
M. Couture: Si vous permettez, on pourrait adopter l'amendement
sous réserve d'une précision technique possible du comité
de législation, mais le sens de l'amendement resterait...
M. Blank: Je suis d'accord avec ce que vous voulez dire, mais je
ne suis pas certain que ça dise exactement ça. Parce que vous
dites: "... tout en respectant le droit à la mobilité", mais,
après, vous dites: "... en fonction des besoins démographiques,
économiques et socioculturels..." C'est peut-être que la question
du droit à la mobilité doit être la dernière
chose.
M. Ciaccia: A la fin.
Une Voix: A la fin.
M. Ciaccia: Je pense que le député de Saint-Louis a
raison, M. le Président. Si on prenait les mots "tout en respectant leur
droit à la mobilité" et, au lieu de les inclure où ils
sont maintenant, les inclure à la fin.
M. Couture: Oui, aucun problème. M. Blank:
D'accord?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc,
l'amendement se lit comme suit: "Prendre les mesures nécessaires pour
informer, recruter, sélectionner et favoriser l'implantation de ces
personnes sur le territoire en fonction des besoins démographiques,
économiques et socioculturels du Québec, tout en respectant leur
droit à la
mobilité." J'ai vu là les qualités de juriste du
député de Saint-Louis. L'amendement est adopté?
M. Couture: Et on profite de ses qualités.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela. Et nous retournons maintenant à l'amendement g) parce que le f)
qui était suspendu vient d'être remplacé par 2.3c.
M. Couture: Je dois dire à cette commission, après
avoir réfléchi longuement sur cette proposition et on s'en
doute fort bien après avoir consulté un certain nombre de
personnes dont des juristes et le ministère de la Justice, je dois dire
que nous sommes contre l'introduction de cet amendement parce que nous sommes
assurés, absolument assurés que l'article 52 de la Charte des
droits et libertés de la personne qui dit ceci: "Les articles 9 à
38 prévalent sur toute disposition d'une loi postérieure qui leur
serait contraire, à moins que cette loi dénonce
expressément cet écrit malgré la charte", y trouve son
application.
La loi que nous avons à adopter sera inscrite comme loi de 1978
et si cela n'était pas suffisant, j'invoquerais aussi l'article 56.3
où on dit ceci: "Dans la charte, le mot loi inclut un règlement,
un décret, une ordonnance ou un arrêté en conseil
adopté sous l'autorité d'une loi. La grille de sélection,
la réglementation qui sera préparée et adoptée en
vertu de la loi 1977 sera nécessairement une ordonnance, un
arrêté en conseil de 1978 bien inscrit en 1978, donc en aucune
façon ne sera-t-il possible dans notre réglementation, notre
grille de sélection d'introduire quoi que ce soit qui pourrait
être une clause de discrimination.
Pour toutes ces raisons, malgré l'avis de l'éminent
juriste Pigeon, je suis entièrement assuré que notre loi et nos
amendements sont protégés par la Charte et je ne vois pas
l'utilité au contraire, je vois des inconvénients
à introduire une disposition qui minimiserait les dispositions de la
charte.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'ai la parole? Merci. Les explications du ministre
ne nous satisfont pas. Premièrement, il n'a pas répondu à
l'objection essentielle que nous avons apportée hier, que la Charte des
droits de la personne ne s'applique pas à une loi antérieure et
nous amendons, par ce projet de loi, une loi de 1968 qui est antérieure
à la Charte des droits de la personne. Alors, sur ce point, un argument
pourrait être soulevé savoir que la charte des droits de la
personne ne s'applique pas.
L'autre problème. Je crois que c'est plus important encore, si on
peut, à ce stade-ci avoir des divergences d'opinions sur une opinion
juridique quant à l'application, au nom de la charte, pourquoi laisser
ce doute planer dans le projet de loi? Si vraiment vous dites que vous ne
voulez pas de discrimination, la charte des droits de la personne s'applique,
pourquoi ne pas inclure spécifiquement ce principe de non-discrimination
dans la loi?
Je suis perplexe, M. le Président, quant aux raisons que le
ministre invoque pour ne pas l'inclure. En plus, dans l'entente, qui est une
entente contractuelle entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du
Québec, pour donner effet à cette entente contractuelle, il
faudrait une loi. C'est un autre argument que j'invoque à l'appui de
l'adoption de l'amendement que j'ai proposé, vous avez un engagement
contractuel et nous voulons le voir reflété dans la loi.
Je ne demande pas de référer spécifiquement
à l'entente, mais je demande que les points principaux de cette entente
soient inclus dans le projet de loi. Je pense que c'est un point essentiel
d'une loi de l'immigration qu'il n'y ait pas de discrimination. Vous avez
jugé opportun de signer une entente avec ce paragraphe, avec cette
clause dans l'entente, vous auriez bien pu dire, à ce moment-là:
Ecoutez, je n'ai pas besoin d'une clause de non-discrimination, mais ce n'est
pas ce que vous avez fait. Vous avez signé l'entente avec cette clause
très spécifiquement incluse dans l'entente et on veut seulement
s'assurer qu'il n'y ait pas de doute, qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté, parce que les explications que vous donnez ici en
commission parlementaire, une fois que la loi sera adoptée, ces
explications ne s'appliqueront plus.
M. Couture: La charte s'applique.
M. Ciaccia: Non, la charte ne s'appliquera pas, avec tout le
respect que je vous dois, M. le ministre, la charte ne s'appliquera pas. Il y a
de graves doutes qu'elle va s'appliquer. Elle ne s'appliquera pas à
l'ensemble de la loi et, même si elle s'applique à l'ensemble de
la loi, il y a des problèmes sur la question des critères de
sélection. Je vous dis: Si vraiment ce que vous dites est vrai,
incluez-le dans la loi.
Trop souvent cela m'est arrivé dans les deux
dernières années les ministres nous ont donné
toutes sortes d'assurances je ne parle pas de vous, mais d'autres
en disant: On n'a pas besoin de l'inclure dans la loi, on va le faire; pas
besoin d'inclure telle ou telle prévision dans la loi, on a une opinion
juridique.
Je vais vous dire une chose, il y a à peu près 2500
avocats au Québec et je peux produire 3000 différentes opinions
juridiques. Pour se fier à une opinion juridique, ce n'est pas un manque
de respect pour les avocats, je pense que j'en suis un c'est une
question de modus operandi, c'est pour ça qu'ils sont des avocats... (16
h 30)
M. Blank: Déformation professionnelle.
M. Ciaccia: Ils ont des opinions différentes. Pourquoi se
soumettre à ce genre d'ambiguïté, ce genre de contestation,
ce genre d'argument qu'on peut rencontrer à l'avenir? Je suis surpris
que
vous refusiez catégoriquement d'inclure un principe de
non-discrimination dans ce projet de loi. Je n'ai pas d'autres arguments, je
vous les ai tous donnés.
M. Couture: Si vous permettez, pour répondre directement.
En disant: Si on l'avait, ce serait mieux, etc., je dis que, bien souvent, vous
avez dû remarquer vous-même que, dans bien des pays du monde, sans
les nommer, on fait l'impossible pour introduire partout, à tout bout de
champ, des clauses de non-discrimination, respect des droits de la personne,
etc., etc.; ils ont les plus belles lois du monde. Il y a des pays totalitaires
où il y a des milliers de personnes dans les prisons et ils ont les plus
belles lois du monde, écrites, de non discrimination et de respect des
droits de la personne.
Plus ils en mettent, plus ils violent les droits. La position
gouvernementale là-dessus, mon assurance totale, je n'ai aucun doute
vous, vous avez des doutes que la charte, qui est pour nous
l'éclairage magistral de notre loi, s'applique au projet de loi 77; par
l'article 56, paragraphe 3, notre réglementation ne peut, d'aucune
façon, déroger aux dispositions de la charte. Donc, je pense que
cette espèce d'obsession de marquer partout: Respect des droits de la
personne et non-discrimination, ça peut devenir suspect à la
longue, parce que ça veut dire qu'on se sent presque coupable. Je ne dis
pas ça de vous, mais je dis qu'il y a des gouvernements qui multiplient
ça partout.
M. Ciaccia: Pourquoi l'avez-vous inclus dans l'entente? Je ne
parle pas de la réglementation, je parle d'une autre chose.
M. Couture: On était deux dans l'entente et le
fédéral voulait l'inclure partout, alors on a acquiescé
à ça. Mais nous, comme gouvernement, on peut avoir des choix
différents.
M. Blank: J'ai quelques mots...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: ... je tiens pour acquis que le ministre a raison. Je
ne suis pas d'accord avec lui, mais il y a cet ancien proverbe qui dit qu'il ne
faut pas qu'il n'y ait que de la justice, on doit également y voir
l'apparence de la justice.
Il faudrait que les gens des pays étrangers sachent que le Canada
est un pays, que le Québec est une province du Canada, encore.
M. Boucher: Pour le temps qui reste.
M. Blank: On prend les deux lois et on trouve cette clause dans
la loi canadienne. Dans la loi provinciale, elle n'est pas là. C'est
peut-être vrai ce que le ministre dit, que c'est couvert par la charte
des droits de l'homme. Le gouvernement fédéral a également
une charte des droits de l'homme. Mais on en a tenu compte.
Mais il paraît y avoir quelque chose qui ne marche pas ici. Je dis
comme le proverbe: II ne suffit pas d'avoir de la justice, mais il doit y avoir
l'apparence de la justice. Quel tort cela peut-il faire au gouvernement
québécois d'inclure cette clause? Il peut y avoir des
bénéfices. Et je ne vois aucun bénéfice si elle
n'est pas là. Le bénéfice publicitaire, le
bénéfice de donner à quelqu'un la pensée que tout
va bien marcher, qu'il n'y a aucune discrimination, cela vaut quelque chose. Le
fait de l'éliminer apporte quel avantage? C'est seulement parce qu'il y
a des juristes qui ont décidé que c'était cela. Je connais
des avocats et les avis juridiques qu'on donne. On ne veut jamais y retourner
après avoir reçu l'avis. C'est difficile de faire changer la
pensée d'un avocat après qu'il a donné un avis juridique.
Je sais.
Et c'est pour cela que cela arrive dans ce cas-ci. Qu'est-ce qui est le
plus embarrassant lorsque l'on plaide des injonctions, l'embarras d'ajouter ce
paragraphe ou de l'éliminer? Je trouve que l'embarras, c'est pour
ajouter le paragraphe. Ce serait mieux pour la loi, mieux pour la province de
l'ajouter que de ne pas l'ajouter.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous êtes
prêts à voter sur l'amendement du député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Appel nominal? Appel de
noms?
M. Ciaccia: Oui, l'appel des noms.
Le Président (M. Laplante): Enregistré? M. Alfred
(Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Couture (Saint-Henri)?
M. Couture: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Boucher
(Rivière-du-Loup)?
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Marchand (Laurier)? M.
Blank (Saint-Louis)?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Martel (Richelieu)? Absent.
Contre: 4 Pour: 3 Motion rejetée.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est bien clair qu'on savait
pour quelle motion on votait, n'est-ce pas? On avait demandé la motion.
J'avais une motion pour les sous-articles f) et g). On votait pour...
Le Président (M. Laplante): D'accord. On votait pour le
dernier puisque le premier amendement a été adopté.
M. Couture: Le premier avait été adopté
unanimement.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Couture: L'amendement a été
reformulé.
Le Président (M. Laplante): Je voudrais savoir, à
ce stade-ci, si l'article 2 est adopté avec tous ses amendements et
ajouts.
M. Ciaccia: Un instant! M. le Président, j'avais quelques
autres commentaires. J'avais un commentaire à faire sur le paragraphe e)
de l'article 2 où vous dites: "Prendre les dispositions
nécessaires pour que les personnes qui s'établissent au
Québec acquièrent, dès leur arrivée...
Une Voix: Quel paragraphe? Il y a deux...
M. Ciaccia: Le nouveau. Non, l'article 2, page 2, paragraphe
e).
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ciaccia: Le nouvel article.
M. Couture: D'accord, je vous suis.
M. Ciaccia: "Prendre les dispositions nécessaires pour que
les personnes qui s'établissent au Québec acquièrent,
dès leur arrivée...
M. Couture: Excusez-moi, mais ce n'est pas un nouvel article.
M. Ciaccia:... ou même avant qu'elles ne quittent leur pays
d'origine, la connaissance de la langue française".
M. Couture: Je vous ferai remarquer que ce n'est pas un nouvel
article, c'est celui de 1974.
M. Ciaccia: Ce n'était pas inclus dans votre projet de loi
de 1977, en tout cas!
M. Couture: Ce n'est pas un nouvel article.
M. Ciaccia: Si ce n'est pas un nouvel article, pourquoi
l'incluez-vous dans vos amendements? Ah! c'est l'article total.
M. Couture: On a tout mis ensemble, on a mis "nouveau" devant un
nouvel amendement, dans le paragraphe.
M. Ciaccia: Je comprends. J'aurais quand même, M. le
Président, quelques commentaires. On est entièrement d'accord
avec cet article, je ne conteste pas l'article.
M. Couture: On vit avec depuis trois ou quatre ans.
M. Ciaccia: Mais, dans vos règlements, quand vous accordez
différents points pour la grille, pour la connaissance du
français, dix points; pour la connaissance de l'anglais, deux points, ne
trouvez-vous pas qu'il y a une contradiction entre le paragraphe e) et vos
règlements, dans le sens que la loi prévoit que toutes les
personnes qui vont venir au Québec doivent nécessairement
apprendre et savoir le français? Pourquoi avoir cette distinction dans
les critères de sélection? Pourquoi y a-t-il tellement
d'écart de points entre la langue anglaise et la langue
française? Même si une personne est de langue anglaise... Est-ce
que cela veut dire que vous voulez réduire l'immigration selon l'origine
ethnique? C'est l'impression que vous nous donnez avec ce règlement.
Vous commencez par un principe, c'est pour cela que c'est important d'inclure
la non-discrimination. Vous commencez par un principe: Je ne veux pas avoir de
discrimination. La Charte des droits et libertés de la personne
s'applique à tout, cela s'applique au règlement. Vous nous
arrivez avec un règlement qui, en soi, est discriminatoire, parce que
vous accordez dix points pour une langue et deux points pour une autre. Vous
semblez faire une discrimination au début.
Si le paragraphe e) n'était pas là, je pourrais dire:
Ecoutez, il a fallu prévoir qu'on allait donner plus de points pour la
langue française, parce qu'il n'y a pas dans la loi les mesures
nécessaires pour que tout le monde parle français. Une fois que
vous avez cela, qu'une personne parle l'anglais, le chinois, le
français, quelle différence cela fait-il? Je crois que la langue
ne doit pas être une considération prioritaire dans la
sélection, je crois vraiment à cela. Qu'une personne soit
d'origine italienne ou d'origine portugaise, ce n'est pas le critère,
parce que, dans un Québec avec une spécificité
française, un immigrant est obligé d'apprendre le
français. Il n'y a pas de querelle sur ce point.
Le seul critère linguistique serait que tout requérant
devrait être prêt à apprendre le français, et
l'accueil québécois dont vous parlez dans votre loi devrait lui
en fournir les moyens, parce qu'il est aussi possible, pour un immigrant
allophone, anglophone, qui est prêt à apprendre le français
vous pouvez vous en assurer par d'autres
moyens de contribuer et d'enrichir notre société
que n'importe quel autre immigrant francophone. Ce n'est pas le fait qu'il soit
francophone. Il y a d'autres valeurs dans notre société. Il y a
des critères de sélection, il y a des questions
économiques, il y a des questions socioculturelles, il y a tout le
restant. De plus, cela ne fait pas face vraiment à la
réalité du Québec et aux déclarations je
pense que le député de Saint-Louis va s'exprimer là-dessus
du premier ministre et même du ministre au développement
culturel, qui disent qu'ils veulent préserver les institutions
anglophones au Québec, et que ce n'est pas leur intention de porter
atteinte, pourvu que c'est entendu tout le monde accepte que la
langue de communication va être le français.
Pouvez-vous nous expliquer cette différence, cette contradiction
entre votre intention de ne pas faire de discrimination, l'inclusion dans le
projet de loi du paragraphe e) qui dit que tous les nouveaux immigrants qui
viennent au Québec doivent prendre les mesures pour apprendre le
français, et, après cela, votre critère de
sélection par lequel vous donnez dix points pour une langue, et deux
points pour l'autre?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, je pense qu'il faut
absolument enlever de son esprit le mot discrimination quand on parle d'un
certain nombre de points pour la connaissance du français, comme on en
donne un certain nombre aussi aux parents aidés, aux entrepreneurs
investisseurs, à ceux qui peuvent se trouver un emploi, à ceux
qui ont un peu d'instruction, à ceux qui ont un peu de formation
professionnelle.
Je pense que c'est un excès de langage. J'imagine que le
député de Mont-Royal dépasse un peu sa pensée en
utilisant ce mot. C'est reconnu dans toutes les sociétés
occidentales qui interviennent en matière d'immigration, que la
sélection des immigrants est un processus de choix. Il y a un certain
choix. On privilégie certainement des clientèles.
Le gouvernement du Canada, dans sa Loi de l'immigration, donne cinq
points pour l'anglais, cinq points pour le français. J'imagine que ceux
qui ne connaissent ni l'anglais, ni le français sont moins
privilégiés pour entrer. Selon votre raisonnement, ils subiraient
une discrimination; mais je pense bien que personne n'a invoqué ce fait.
Ceux qui ne parlent ni l'anglais, ni le français et qui veulent venir au
Canada, qui n'ont aucun point à ce titre, on n'a jamais entendu dire de
votre part ou de la part de gens au niveau fédéral, qu'on faisait
preuve de discrimination à leur endroit. J'aimerais que le
député de Mont-Royal révise un peu son vocabulaire
là-dessus, parce que je crois que c'est excessif. La
considération qu'on fait, finalement, c'est que...
M. Ciaccia: Non, je ne trouve pas que c'est excessif.
M. Couture: Je vous laisserai peut-être expliquer
davantage. Je pense que dans le fond, la sélection des immigrants se
fait toujours selon un type de société. Il est clair dans notre
loi et il est clair dans la plupart des lois de l'immigration que si,
éventuellement, il y a une sélection pour un certain nombre de
personnes et, au niveau humanitaire, on n'en fait pas aussi pour un certain
nombre de personnes, et heureusement, parce que ce serait odieux de fermer nos
portes pour des gens qui doivent déborder les critères. De toute
façon aussi, quand on reçoit des réfugiés, on ne
leur demande pas du tout s'ils parlent français et on ne leur demande
pas du tout s'ils ont de l'argent, etc. Je pense que c'est normal et pour les
parents immédiats, c'est aussi la même chose. Mais dès
qu'on est devant une clientèle d'indépendants,
c'est-à-dire de candidats, de ressortissants étrangers qui
cherchent, à un moment donné, une terre d'accueil, qui ne sont
pas nécessairement des victimes au niveau économique ou des gens
qui sont victimes de répression dans leur pays, un gouvernement a le
droit d'orienter sa sélection selon son type de
société.
Vous avez bien fait de reprendre l'alinéa e), parce que,
là, on a un peu... je pense même que ça justifie, ça
appuie davantage cette philosophie de privilégier des gens qui, sachant
qu'ils viennent dans un territoire donné, dans une société
donnée, dont la langue de la majorité est le français,
s'attendent aussi qu'une sélection soit faite selon ce genre de
société, pas seulement parce que c'est un pays qui a une
majorité de Français, c'est un pays qui a un certain nombre
d'emplois, c'est un pays qui a un certain climat, c'est un pays qui a un
certain nombre de réalités qui, nécessairement, peuvent
déterminer leur choix, et les critères s'additionnent:
capacité d'adaptation, qualités personnelles, etc. (16 h 45)
Donner dix points pour le français et deux points pour l'anglais,
je pense qu'on rejoint une réalité québécoise
où il y a 80% de francophones et 20%, plus ou moins, de parlants anglais
et on n'empêche pas, on ne refuse pas du tout c'est ça qui
est de la discrimination; vous auriez raison et vous devriez faire une grosse
bataille si jamais c'était vérifié on ne refuse
absolument personne qui ne parle pas français, sauf qu'on dit: Dans
l'ensemble des données d'un ressortissant étranger, d'un
immigrant, on privilégie par un certain nombre de points, qui ne sont
pas déterminants, leur arrivée dans cette société.
Ce n'est pas lié à l'origine ethnique, comme le
député de Mont-Royal semblait le suggérer; pas du tout! De
fait, il y a de braves Londoniens qui parlent un excellent français.
S'ils veulent venir au Québec, ils auront les points, autant qu'un
Parisien, au titre de la langue.
Là-dessus, je ne vois absolument pas de quelle façon on
pourrait, à la lumière même d'autres lois d'immigration, et
la plus proche est celle du gouvernement fédéral, invoquer ce
genre d'argument. Je n'insiste pas, M. le Président. Je
pense que tout le monde sait qu'on est une société en
majorité française. Mes collègues de la commission ont
redit qu'ils acceptent ce fait et ils acceptent que les immigrants apprennent
le français qu'on les aide à l'apprendre, et qu'on favorise des
immigrants qui ont fait l'effort de se préparer à cette
société, qu'ils soient de tous les pays du monde, ça me
paraît que c'est une espèce de prime à leur effort. Comme
ce n'est vraiment pas un critère déterminant, ça me
paraît aller dans l'ordre des choses, selon ce qu'on voit ailleurs.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Non...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Le ministre a parlé de la loi
fédérale, qui donne cinq points de cinq unités. J'ai
déjà eu des représentations sur tout le système de
pointage au fédéral et le fédéral a
déjà fait des changements dans le sens de ces
représentations quelque part, il n'a pas encore changé cela, mais
ça peut arriver.
Vous voyez maintenant l'affaire de l'éducation. Au
fédéral avant, c'était un maximum de 20 points.
Maintenant, c'est réduit à douze parce qu'il y avait tout un
réservoir d'immigrants, c'étaient peut-être les meilleurs
immigrants au Canada. Je parle du groupe du Sud de l'Europe qui était un
bassin d'immigration. Ces gens sont devenus... Je suis obligé d'utiliser
le mot discriminatoire vis-à-vis des autres parties du monde parce que,
dans ces pays, le système d'éducation leur donne une moyenne de
quatre, cinq ou six ans de scolarité, pas plus. En Grèce, la
moyenne était de six ans. En Italie, c'était de cinq ans. Au
Portugal, c'était de quatre ans. Ces gens, même comparativement
aux Antilles, étaient toujours... L'éducation était de la
moitié. Dans les Antilles, la moyenne d'années de
scolarité est d'environ huit ans.
Sur la question de la langue aussi, on a fait des pressions
auprès du gouvernement fédéral, mais il n'a pas
changé cela, mais le Québec a fait une autre chose. Il a fait
doubler cela.
Quand le député de Mont-Royal parle d'une
possibilité de discrimination, vous, à Québec, avez
changé l'adaptation de quinze à vingt-deux unités.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis, je ne voudrais pas que vous pensiez que je vous brime dans vos
droits, mais essayez de ne pas entrer dans les règlements, s'il vous
plaît.
M. Blank: Oui, mais cela découle de ça.
M. Couture: On n'a pas à discuter les règlements
ici.
Le Président (M. Laplante): On est dans les
règlements actuellement et je voudrais que cela soit sur le principe du
projet.
M. Blank: On parle sur le principe, la question d'apprendre la
langue parce que dans l'adaptation, il y a une question de motivation. C'est
là qu'on peut trouver si l'homme ou la femme a la motivation d'apprendre
le français. On peut lui donner plus de points sur l'adaptation. Cela
arrive maintenant que s'il veut pratiquer... Je ne dis pas qu'on va, mais on
doit, non seulement dans les apparences, voir le fait qu'on ne peut pas parce
que le ministre maintenant, avec l'entente, a le droit absolu d'admettre des
gens qui ont 30 unités ou plus.
Si vous preniez le français, dix points et 22 points
d'adaptation, qui est complètement discrétionnaire, vous avez 32
unités.
M. Couture: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement. Je pense qu'on pourra toujours, à un
certain moment, en d'autres circonstances, faire un débat sur la
pondération parce qu'on est en pleine pondération: Faut-il mettre
plus de points sur telle ou telle chose? Ce n'est pas le mandat qu'on a
reçu de l'Assemblée nationale; on doit étudier les
articles du projet de loi.
Je considère que, si on s'engageait dans l'étude de la
réglementation et de la grille, je serais obligé,
nécessairement, d'expliquer longuement beaucoup de ces points et cette
pondération et cela me paraîtrait aller à l'encontre du
règlement parce que ce n'est pas notre mandat actuellement.
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, je suis obligé de dire que le ministre a raison. Je
vous ai laissé aller, pensant que vous retourneriez à la
pertinence de l'article, M. le député de Saint-Louis. J'ai
même laissé aller un peu le député de Mont-Royal,
mais il a eu l'habileté de retourner à l'article tout de
suite.
M. le député de Saint-Louis, si vous voulez retourner
à l'article, je suis pleinement d'accord.
M. Blank: Mais quand on parle de la contradiction de i), comme le
député de Mont-Royal l'a dit, cela prend un peu d'ampleur quand
on sait qu'on va limiter le nombre des immigrants parce que le Québec va
limiter le nombre des immigrants. Cela sera un nombre X qui entrera telle
année. Nonobstant qu'on ait parlé de la proportion de 80% de
francophones et 20% d'anglophones au Québec, cela peut arriver qu'avec
votre sélection, 80% peuvent arriver au nombre et l'autre 20%, c'est
fini. Si vous n'avez pas cette norme fixe, vous n'aurez pas à avoir un
nombre fixe. Je ne sais pas ce que sera l'année prochaine, avec cette
loi. D'accord, cela donne une chance à tout le monde, mais du moment que
vous fixez une limite, la limite...
M. Couture: Remarquez que c'est imposé par le gouvernement
du Canada. Nous n'avons même pas le choix.
M. Blank: Je sais, mais je ne veux pas retour-
ner au pointage, parce que je n'ai pas le droit de dire que dix et deux,
cela change le système complètement, car, du moment que vous
fixez des normes de dix et de deux, à un moment donné, il peut y
avoir une discrimination. Je ne dis pas qu'on va en avoir, mais c'est possible.
Si vous n'avez pas cette limite, vous avez raison. A ce moment-là, cela
fait partie... Mais, du moment que vous avez une limite, la limite peut
être remplie par un groupe qui a l'avantage.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? M. le
ministre.
M. Couture: J'aimerais, M. le Président, peut-être
pour éclairer le député de Saint-Louis, dire que, quand on
dit une limite, c'est évident qu'il y a une espèce de
contingentement et c'est imposé même par le fédéral
qui nous dit: Chaque année, il faut identifier c'est dans la loi
le ministre du Québec doit identifier le nombre d'immigrants
qu'il veut recevoir l'année subséquente, sauf que, quand il y a
un nombre fixe, ce nombre fixe joue sur le volet, mais il ne joue pas sur la
qualité des immigrants. Tous les immigrants du monde, de toutes les
parties du monde, s'ils passent la grille québécoise de
l'instruction, de la formation professionnelle, des qualités
personnelles, de l'âge, etc., les chances sont égales pour tout le
monde, sauf qu'il y a des gens qui vont répondre à un ensemble de
critères québécois et ils vont passer la grille, donc ce
n'est pas tout à fait dans le sens que vous avez dit cela.
M. Blank: Oui, mais disons que votre limite est de 20 000, par
exemple, et il y a 22 000 gars qui postulent.
Le Président (M. Laplante): Là, je suis
obligé de vous arrêter.
M. Blank: Le ministre a donné un exemple. J'essaie
de...
Le Président (M. Laplante): Vous parlez tou-jous du
paragraphe e) et le paragraphe e), si vous voulez...
M. Blank: Je n'ai pas le droit de répondre au ministre?
D'accord.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez relire le
paragraphe e), il se termine par: "quittent leur pays d'origine et la
connaissance de la langue française." Il n'y a rien là-dedans sur
le contingentement ou ce que vous voudrez.
M. Blank: En effet.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Ciaccia: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Au sous-paragraphe h), je crois que c'est un nouveau
paragraphe.
M. Couture:... on a enlevé "diverses régions".
M. Ciaccia: Oui, et on accepte que vous ayez enlevé cela.
Je pense qu'on avait fait des critiques en deuxième lecture.
M. Couture: Oui, et j'en ai tenu compte.
M. Ciaccia: Oui, et on prend note de cela. Vous dites, au
paragraphe h)...
Le Président (M. Laplante): Je vais être
obligé de vous arrêter, vous aussi, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pourquoi?
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe h) a fait le
sujet d'un amendement de la part du ministre, donc, il a été
adopté.
M. Ciaccia: Non. C'est un nouvel article. Non, M. le
Président. Excusez-moi, ce sont de nouveaux paragraphes.
M. Couture: Ils ont été déposés, mais
ils n'ont pas été adoptés.
M. Ciaccia: Ils ont été déposés non
comme amendements, mais comme de nouveaux paragraphes du projet de loi.
Maintenant, nous sommes en train de discuter.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, je confonds avec
un autre qui lui ressemble beaucoup.
M. Ciaccia: Très bien. Alors, au paragraphe h), vous
stipulez que le ministre va définir des objectifs quant au nombre de
ressortissants étrangers admissibles au cours d'une période
donnée en tenant compte notamment des besoins démographiques,
économiques et socioculturels du Québec. Nous n'avons pas
d'objection à l'amendement, au changement que le ministre a
apporté à cet article. Je ne sais pas si cela va assez loin et
là encore, je me réfère à l'entente. Quand vous
dites que le ministre va définir des objectifs, quand je lis l'entente,
ce n'est pas le ministre seul qui va définir ces objectifs. Par exemple,
un des principes de cette entente qui est contenu à l'article 1, l'objet
de l'entente, le sous-paragraphe 2, on dit que les parties contractantes
participeront conjointement à la sélection des personnes qui
souhaitent s'établir au Québec à titre permanent ou
temporaire. L'article 1 dit que les parties contractantes collaboreront dans
tous les domaines touchant le flux migratoire et la démographie.
Je voudrais faire ressortir un point particulier de ce projet de loi.
Quant à l'immigration et à l'entente, ce n'est pas
unilatéralement le Québec, ni le Canada qui a juridiction.
D'après notre constitution, ce sont les deux. Vous avez signé
cette entente, vous avez l'esprit de collaboration, vous avez des
comités mixtes. Je crois que l'entente devrait refléter ça
pour être exacte. Hier, M. le ministre, vous avez parlé d'option
politique et avez dit qu'éventuellement, vous auriez tous les pouvoirs.
A ce moment-là, vous auriez tous les pouvoirs nécessaires, et
vous pourriez vraiment agir dans le domaine de l'immigration.
Je ne voudrais pas que ce projet de loi je vais être
très honnête avec vous et je ne ferai pas un long débat
reflète votre opinion politique éventuelle. Parce que
dans...
M. Couture: Je n'ai même pas le droit de le faire.
M. Ciaccia: ... le contexte actuel, nous sommes régis par
une constitution, je n'ai même pas besoin de référer
à la constitution, je réfère à l'entente que vous
avez signée.
Je voudrais proposer un amendement au sous-paragraphe h), qui se lirait
comme suit: "Que le sous-paragraphe h), du quatrième alinéa du
paragraphe 3 de l'article 2 soit modifié en ajoutant dans la
cinquième ligne, après le mot Québec, les mots: le tout en
respectant les principes de base énoncés au chapitre I de
l'entente entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec,
portant sur la collaboration en matière d'immigration et sur la
sélection des ressortissants étrangers qui souhaitent
s'établir au Québec à titre permanent ou temporaire,
signée le 20 février 1978".
Le sous-paragraphe amendé se lirait comme suit: "Définir
les objectifs quant au nombre de ressortissants étrangers admissibles au
cours d'une période donnée en tenant compte notamment des besoins
démographiques, économiques et socioculturels du Québec,
le tout en respectant les principes de base énoncés au chapitre I
de l'entente entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du
Québec, portant sur la collaboration en matière d'immigration et
sur la sélection des ressortissants étrangers qui souhaitent
s'établir au Québec à titre permanent ou temporaire,
signée le 20 février 1978".
Je crois, M. le Président, que si on acceptait cet amendement,
cela refléterait vraiment la réalité et l'esprit de
l'entente.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, j'espère qu'il ne sera
pas nécessaire de faire un long débat là-dessus. Je crois
qu'il y a des inconvénients majeurs à introduire dans la loi
toute référence directe à une entente, signée
surtout, à une date et à un jour précis. Parce que, par
définition, une loi a un caractère, on l'espère, stable,
et une entente, telle que contresignée et telle que les dispositions
générales en font état, peut être
dénoncée, modifiée. Imaginez dans quelques mois je
pense que le député de Saint-Louis est d'accord avec moi
on soit obligé de modifier des choses dans l'entente. On est pris avec
la loi qui réfère directement à l'entente.
On n'est pas pour revenir devant l'Assemblée nationale tous les
deux mois si on modifie un mot de l'entente, parce qu'on y fait
référence dans la loi. Je crois, M. le Président, qu'il y
a beaucoup d'inconvénients à introduire cet amendement. Donc,
nous serons contre.
Je dirais qu'il n'est pas nécessaire non plus, il n'ajoute rien.
Si le député de Mont-Royal croit qu'on pourrait agir comme si on
était un pays souverain, parce qu'on ne fait pas référence
à cette entente, c'est absolument impossible, par la loi C-24 qui,
d'après l'article 95 de la constitution canadienne a
préséance sur nos lois en matière d'immigration et par le
comité mixte qui nous oblige aussi à harmoniser nos
politiques.
Je ne veux pas m'étendre, M. le Président, c'est tout
à fait inacceptable.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je suggérerais que le député de
Mont-Royal... Techniquement, peut-être, le ministre a raison. Mais
l'argument de base du député de Mont-Royal lui donne raison.
Parce que notre ancienne loi nous donne le droit d'avoir des ententes avec le
gouvernement fédéral. Le ministre a dit qu'après cette
entente il en fera une autre. (17 heures)
Ce que le député de Mont-Royal veut qu'il y ait dans cette
loi, c'est qu'on respecte ces ententes. Je suggérerais au
député de Mont-Royal de changer son amendement et ne pas parler
de cette entente, mais des ententes qu'on peut avoir avec le gouvernement
fédéral, suite à l'adoption de notre loi. C'est une
protection qu'on ne passe pas des ententes.
M. Couture: Quand on signe une entente, on est obligé de
la respecter. Si on ne la respecte plus, on doit faire une autre entente ou
vivre selon une autre loi. On serait obligé de vivre sous la loi C-24.
De toute façon, on est condamné à respecter l'entente.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Papineau, sur le même sujet?
M. Alfred: Oui. J'allais dire effectivement que je ne comprends
pas l'argumentation du député de Saint-Louis, quand il pense que
nous ne respecterons pas l'entente qui a été signée entre
les deux gouvernements.
M. Blank: Si la loi va à l'encontre de l'entente, on doit
suivre la loi du Québec. On ne suivra pas l'entente. L'entente n'est pas
la loi. Et on veut être certain qu'il n'y a rien dans la loi, directement
ou indirectement, qui va à rencontra des ententes. C'est cela. Ce sont
les garanties qu'on demande ici.
M. Alfred: M. le Président, accepter une telle
argumentation, cela nous amènerait à taxer nos hôtes
d'enfantillage.
M. Blank: Vous pensez cela? On trouverait dans cette loi et ces
règlements, dont je ne peux parler, des places où on va à
l'encontre...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour répondre aux objections du ministre,
peut-être que, d'une certaine façon, le ministre a raison quand il
dit que si on se réfère spécifiquement à cette
entente demain, la semaine prochaine ou dans les mois à venir, il se
peut que l'entente soit modifiée. Il faudrait qu'il revienne à
l'Assemblée nationale pour modifier son projet de loi.
En soi, cela ne serait pas un mauvais principe que, si on fait
différentes ententes, on doive les soumettre à l'Assemblée
nationale. Je serais tout à fait d'accord avec cela, au moins qu'on
connaisse les ententes que le gouvernement du Québec a signées
avec le gouvernement fédéral, pour qu'on puisse y apporter nos
commentaires.
Mais cela peut causer certains problèmes d'ordre
administratif...
M. Couture: Des délais.
M. Ciaccia: Et certains délais. Mais mon objection de base
demeure quand même. Et peut-être que pour répondre à
l'objection du ministre "le tout en respectant les principes de base
énoncés au chapitre 1 de l'entente", je pourrais changer cela
pour que cela se lise comme suit: "le tout en respectant les principes de base
énoncés dans toute entente à être conclue entre le
gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec, portant sur la
collaboration en matière d'immigration et sur la sélection des
ressortissants étrangers qui souhaitent s'établir au
Québec, à tire permanent ou temporaire."
Je ne vois pas pourquoi le ministre aurait objection à cela. Le
ministre pourrait conclure les amendements, les changements, les
différentes ententes qu'il voudrait. Mais au moins, cela reflète
l'esprit de la réalité qui existe. On a les comités
conjoints, les comités mixtes. C'est important. La question de
l'immigration n'est pas de la juridiction exclusive du Québec ou du
Canada. Si vous avez un projet de loi qui ne reflète pas cette
réalité, M. le Président, je dis que c'est dangereux, cela
peut induire la population en erreur, cela peut induire en erreur les gens qui
sont affectés.
Ces lois, vous allez les reproduire, les envoyer dans les
différents bureaux que vous pouvez avoir dans différents pays. Je
crois que c'est important, pour ceux qui lisent ces lois, qu'ils soient au
courant, qu'ils sachent quelle est la vraie situation.
C'est pour cette raison que j'insiste pour qu'on fasse une
référence au fait que ce n'est pas du domaine exclusif... Le
ministre peut agir seulement dans certains cas. Il s'est engagé, dans
l'entente, à agir d'une certaine façon et je pense qu'on doit
inclure dans le projet de loi des dispositions qui reflètent cette
réalité.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Couture: L'article 7 de la loi du ministère, je pense,
y pourvoit suffisamment. "Le ministre peut, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, conclure tout accord avec le gouvernement du
Canada c'est directement lié à cela et tout
organisme de celui-ci, ainsi qu'avec tout autre gouvernement ou organisme,
conformément aux intérêts et aux droits du Québec
pour faciliter l'exécution de la présente loi. Cela veut dire que
toutes les dispositions que nous avons dans la loi, nécessairement,
quand il y a entente, quand il y a accord avec le gouvernement du Canada, tel
que stipulé par l'article 7, la référence est
immédiate et nous sommes liés par cela. Si on a le pouvoir de
faire des accords, on a la responsabilité aussi de les réaliser
et de les respecter.
M. le Président, je ne vois absolument aucune utilité
à cet amendement. Cela vient d'un bon naturel, mais je ne vois pas
l'utilité de l'introduire dans la loi.
M. Ciaccia: Formellement, M. le Président, je voudrais
changer mon amendement. Je ne sais pas si vous voulez que je le retire. Je vais
vous donner le...
Le Président (M. Laplante): Allez-y. Ce que vous voulez
ajouter, en changeant les mots, si on reprend l'amendement complet...
M. Ciaccia: Oui, oui.
Le Président (M. Laplante): ... il se lirait comme suit:
"Définir les objectifs quant au nombre de ressortissants
étrangers admissibles au cours d'une période donnée en
tenant compte notamment des besoins démographiques, économiques
et socioculturels du Québec, le tout en respectant les principes de base
énoncés ou dans toute..."
M. Ciaccia: Après "de base énoncés ", cela
se lirait comme suit: "dans toute entente à être conclue entre le
gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec portant sur la
collaboration en matière d'immigration et sur la sélection des
ressortissants étrangers qui souhaitent s'établir au
Québec à titre permanent ou temporaire."
M. Brochu: II faut ajouter la dimension, puisque vous voulez
rattacher à l'entente déjà conclue, indiquer "les
principes de base énoncés dans toute entente déjà
conclue ou à être conclue".
M. Ciaccia: Oui, bonne idée.
M. Brochu: Je pense qu'il faut que vous ajoutiez cette dimension,
toujours dans l'esprit que vous aviez tout à l'heure.
M. Ciaccia: "... dans toute entente déjà conclue ou
à être conclue." Très bien, oui, vous avez raison.
M. Couture: Je pense qu'on est prêt à voter sur
l'amendement?
Le Président (M. Laplante): Etes-vous prêts à
voter sur l'amendement.
M. Brochu: Simplement un mot, si vous me permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: ... sur l'amendement. Suite à l'entente qui est
intervenue entre le ministre provincial et le ministre fédéral de
l'Immigration, le Québec a pu obtenir certains pouvoirs
supplémentaires sur la sélection comme telle des immigrants. Ce
sont donc des pouvoirs nouveaux. Dans ce sens, je rappellerai l'appui que nous,
de l'Union Nationale, nous avions donné. C'était exactement la
démarche que nous avions poursuivie, depuis d'ailleurs la
création du ministère de l'Immigration comme tel. On avait
appuyé cette démarche et on continue de l'appuyer aussi, mais il
m'apparaît maintenant que si on devait devoir sentir le besoin,
maintenant, après être allé chercher cette
possibilité de travailler au niveau de notre grille de sélection,
si on sentait le besoin d'inclure une disposition telle que celle-là
dans un projet de loi, je pense que c'est un peu un geste symbolique, mais un
peu négatif pour ce qui concerne notre vision de ce que doivent
être les pouvoirs du Québec en matière d'immigration. Ce
serait sortir un peu du système fédéral tel qu'on l'a
connu en matière d'immigration où il y avait une centralisation
là-bas, tout en voulant dire: Non, on n'est pas sortis, ne soyez pas
inquiets." Je le vois plutôt comme une attitude psychologique, si vous
voulez, qui reflète une volonté de ne pas vouloir changer trop de
choses dans ce sens. Il m'apparaît que la démarche... on l'a
souhaitée ensemble, on l'a voulue ensemble, d'ailleurs, de façon
unanime à l'Assemblée nationale. Maintenant, qu'on soit logique
jusqu'au bout, qu'on reconnaisse dans la loi ce qu'on veut reconnaître
maintenant, mais on n'a pas besoin d'ajouter à la loi cette dimension
qui est déjà contenue à l'intérieur de l'entente
même et que vous allez devoir respecter d'ailleurs, M. le ministre,
à mon sens, parce que la loi découle de là et que vous
avez signé l'entente, tout simplement.
Pour ce qui me concerne, je ne peux pas appuyer l'amendement, tel que
présenté, pour ces raisons-là.
Le Président (M. Laplante): Je mets aux voix l'amendement
du député de Mont-Royal sur le paragraphe h? M. Alfred
(Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Couture (Saint-Henri)?
M. Couture: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Boucher
(Rivière-du-Loup)?
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Blank (Saint-Louis)?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Laplante): Contre: 5. Pour: 2.
L'amendement est rejeté.
M. Blank: Une question au ministre sur cet article.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le ministre, je constate dans la loi
fédérale C-24, où on parle du nombre d'immigrants qu'on
fait une obligation au ministre de rapporter au Parlement
fédéral, après consultation avec les provinces sur la
question du marché du travail et toute autre organisation, etc., le
nombre des immigrants qu'il va admettre. Ce n'est pas cela qui est important.
C'est le deuxième paragraphe: Que le ministre fédéral doit
expliquer au Parlement la manière dont les considérations
démographiques ont été utilisées pour fixer ce
nombre. Ici, à Québec, on n'avait pas seulement la question
démographique, mais on a aussi ajouté la question
socioculturelle. Ne pensez-vous pas que ce serait utile de mettre dans cette
loi "que le ministre fait rapport à la Chambre"? Comment arriver
à ces chiffres? On prend en considération les raisons
démographiques et socioculturelles, et aussi une obligation de consulter
le comité consultatif avant qu'il n'arrive à ces chiffres.
M. Couture: Je prends bonne note de votre
préoccupation.
Le Président (M. Laplante): Article 2, adopté avec
ses amendements? M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Un instant!
Le Président (M. Laplante): Adopté? Est-ce
adopté sur division ou adopté...
M. Couture: II n'y a pas de raison pour que ce soit sur
division.
M. Ciaccia: Non, adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Couture: On a tellement bien travaillé ensemble.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 3. M. le
ministre.
Admission au Québec
M. Couture: Dans votre livre, vous avez évidemment
l'article 3 initial qui reste le même, et les amendements viennent
après, à la page 4 de votre cahier. Ce qu'on a fait, pour vous
expliquer simplement ce qui s'est passé, c'est que, dans le projet 77,
il y avait une formulation, c'est-à-dire qu'il y avait
différentes dispositions. Vous aviez, dans le projet de loi 77,
l'article 3 qui commençait comme suit: Ladite loi est modifiée
par l'insertion, après l'article 3, des suivants... Il y avait une
série de dispositions. A partir de l'article 3c, nous avons refait une
série de formulations pour introduire... Je pense que c'est le principal
amendement, et vous l'avez à la page 4 au paragraphe b). L'article 3c se
lit: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements pour:
a) déterminer les catégories de ressortissants étrangers
pouvant soumettre une demande de certificat de sélection visée
dans l'article 3a... Le principal amendement de cet article, c'est 3b. Les
transformations que nous avons faites dans le projet de loi initial avec les
amendements qu'on propose à cette commission, c'est pour nous permettre
d'établir la liste des critères. Je pense que, là-dessus
aussi, on a tenu compte des préoccupations qu'on avait soumises au
débat en deuxième lecture. Pour établir cette liste, on a
reformulé un peu différemment les alinéas que vous avez
devant vous. Alors, je les lis: "a) Déterminer les catégories de
ressortissants étrangers soumettant une demande de certificat de
sélection visée dans l'article 3a"; "b) Déterminer les
conditions de sélection applicables à chacune de ces
catégories en tenant compte, notamment, de critères tels la
formation et l'expérience professionnelles du ressortissant
étranger, les besoins de la main-d'oeuvre au Québec dans sa
profession, son âge et ses qualités personnelles, son instruction
générale, ses connaissances linguistiques, l'aide qu'il peut
recevoir de parents ou d'amis résidant au Québec et
déterminer la pondération des critères de
sélection; (17 h 15) "c) Déterminer les conditions requises d'une
personne qui réside au Québec disposée à aider un
ressortissant étranger à s'y établir, notamment, les
exigences relatives à sa capacité financière et ses
obligations. ' (Evidemment, on l'avait dans le projet de loi no 77, c'est par
rapport au nouveau pouvoir du Québec pour vérifier si une
personne au Québec, qui veut aider un ressortissant étranger,
dans la catégorie des parents aidés, a la capacité
financière de le faire. Voilà un nouveau pouvoir que le
Québec a, à la suite de l'entente. Donc, ça reproduit une
disposition de l'entente) . "d) Déterminer dans quel cas et à
l'égard de quelle catégorie de ressortissants étrangers le
ministre peut délivrer un certificat de sélection visé
dans le quatrième alinéa de l'article 3a et déterminer la
procédure qui doit être suivie dans un cas où le ministre
juge que le résultat obtenu, à la suite de l'application des
critères de sélection, ne reflète pas les
possibilités du ressortissant étranger de s'établir avec
succès au Québec ". C'est là, le pouvoir
discrétionnaire positif du ministre pour, quand même, permettre
à la loi de rester humaine dans son application.
Un fonctionnaire pourrait se trouver devant certains candidats qui
n'obtiennent pas 50% des points. Une évaluation humaine de leur
candidature pourrait lui suggérer qu'ils seraient capables de
réussir au Québec. Ce qu'il fait? Il envoie une recommandation au
ministre. Le ministre n'intervient pas s'il n'y a pas de recommandation du
conseiller à l'Immigration du Québec pour dire: Tel candidat a
seulement 45 points ou 42 points et, pour toutes sortes de raisons, je
suggère que vous usiez de votre pouvoir discrétionnaire pour
l'admettre.
Et, pour les fins de l'article 3b, déterminer, en tenant compte
notamment de l'état du marché du travail au Québec, les
conditions auxquelles doit satisfaire un ressortissant étranger
désirant séjourner temporairement au Québec pour
travailler; déterminer les conditions auxquelles doit satisfaire un
ressortissant étranger désirant séjourner temporairement
au Québec pour étudier ou pour recevoir un traitement
médical; établir dans quel cas le ministre peut exempter un
ressortissant étranger de l'application des conditions visées
dans le deuxième alinéa de l'article 3b et lui délivrer un
certificat d'acceptation et déterminer les catégories de
ressortissants étrangers qui peuvent être exclues de l'application
de l'article.
Evidemment, ce sont les cas des ressortissants étrangers qui ne
viennent pas ici d'une façon permanente. Ils viennent comme
étudiants, comme travailleurs temporaires ou pour recevoir un traitement
médical. Cela donne un pouvoir au ministre d'établir ces
conditions, à savoir dans quel cadre on peut recevoir ces candidats. "f)
Déterminer la forme et la teneur d'une demande de certificat de
sélection visée dans l'article 3e ou d'une demande de certificat
d'acceptation visée dans l'article 3b et la procédure qui doit
être suivie pour l'obtention de ce certificat; "g) Etablir un ordre de
priorités pour l'examen d'une demande de certificat de sélection
visée dans l'article 3a". Evidemment, je pense qu'on répond,
à ce moment-là, à un problème pratique. Il y a des
milliers de candidats possibles, de ressortissants étrangers qui veulent
venir ici, au Québec. Est-ce qu'on doit les traiter également
tous... Ce sont les premiers qui arrivent qu'on passe. On a déjà
un ordre de priorités qui se rejoint, à ce moment-là... Je
pense que les catégories sont établies par le
fédéral; on n'a même
pas le choix de changer nos catégories. C'est un ordre de
priorités qui, d'abord, selon les principes qu'on a adoptés
à l'article 2, reconnaît le principe de la réunification
des familles, l'acceptation des réfugiés et des cas humanitaires,
les parents aidés et les indépendants, etc. "h) Déterminer
les critères pour l'obtention, le maintien et la prolongation des
services d'adaptation et de formation linguistique dispensés par le
ministère aux personnes qui s'établissent au Québec et en
feront la demande pour déterminer les critères et les
mécanismes pour l'octroi d'une assistance financière aux
personnes qui y ont accès".
Cet article est directement lié à la décision du
fédéral de couper les subventions, les primes ou les prestations
aux immigrants qui fréquentaient une certaine clientèle
d'immigrants les COFI et on est obligé, comme le gouvernement du
Québec a décidé de prendre la relève de ce
programme nous n'avions pas le pouvoir légal de le faire
d'introduire cette disposition dans la loi.
La suite: Un règlement adopté en vertu du présent
article entre en vigueur, etc.
M. le Président, ce sont des dispositions qui, je pense, sont
absolument nécessaires pour refléter et appliquer l'entente. Je
veux simplement signaler que l'amendement que nous avons apporté, comme
le reste a été adopté en deuxième lecture, et le
principal amendement est d'établir cette liste des critères.
C'était aussi à la suite de représentations qui nous
avaient été faites en commission parlementaire.
J'en demande l'adoption, M. le Président.
M. Blank: C'est une question que j'avais soulevée dans mon
discours de deuxième lecture. On parle, ici, d'un certificat de
sélection pour les ressortissants étrangers qui viennent ici
comme immigrants et on parle d'un certificat d'acceptation pour des gens qui
sont ici temporairement.
Y a-t-il une raison particulière pour laquelle il n'y a pas de
définition des mots utilisés? Par exemple, dans la loi
fédérale, on a une liste de 50 définitions
même des visas. Ici, dans notre loi, on a seulement une
définition, c'est "ressortissant étranger". Peut-être que
c'est par déformation professionnelle, mais j'aime une définition
des choses. Dans la loi fédérale, on a peut-être 50
définitions des mots, des certificats, des permis qu'on utilise dans la
loi fédérale, on a peut-être 50 définitions des
mots, des certificats, des permis qu'on utilise dans la loi. Ici, on parle des
certificats de sélection et d'acceptation, mais on ne les définit
pas. On doit lire tout l'article pour savoir de quoi il s'agit.
M. Couture: Ce n'est peut-être pas mauvais de lire tout
l'article pour savoir de quoi il s'agit. En effet, je pense que vous avez
répondu à la question. On donne la description. On dit que le
certificat de sélection se donne pour telle et telle chose. Donc, cela
décrit le document.
M. Blank: Oui, d'accord.
M. Couture: Le certificat d'acceptation, c'est la même
chose.
M. Blank: Je suis d'accord, mais comme avocat, quand on a un
papier devant nous... Si quelqu'un vient à mon bureau avec: Province de
Québec, certificat de sélection. Je ne veux pas avoir à
lire toute la loi pour savoir ce qu'est un certificat de sélection.
M. Couture: La loi est très courte.
M. Blank: Elle est courte, mais mettez cela avec l'autre. On doit
avoir les définitions au commencement de la loi, et après cela,
on les retrouve dans la loi. Le visa fédéral, c'est dans la loi
ça dit ce qu'est un visa, mais aussi au commencement, on a toute
une série de définitions.
M. Couture: Je suis d'accord là-dessus, mais je pense que
la loi fédérale est lourde aussi. Il me semble qu'un juriste se
plaît souvent à dire que la langue correcte pour les juristes,
c'est qu'elle soit précise, qu'elle ne soit pas inutile. On s'efforce
toujours de ne pas ajouter des choses inutilement à l'acception commune
des mots.
Je crois que, comme on ne définit pas le mot "déterminer",
on ne définit pas le mot "forme", on ne définit pas le mot
"teneur", on ne définit pas le mot "demande", il y a un sens commun des
mots. Certificat de sélection, cela me paraît suffisant comme
énoncé pour satisfaire, j'imagine, quiconque lit cela.
M. Blank: Je ne parle pas de cela. Je pense que vous ne comprenez
pas ce que je veux dire. Je veux dire que, lorsqu'une personne veut comprendre
ce qui est devant elle, elle va chercher dans des lois. Parfois, ici en
Chambre, on change le titre d'une loi pour ajouter quelques mots
supplémentaires parce que cela sera plus facile pour l'avocat ou la
personne intéressée de trouver cette loi, cet amendement parce
que les titres sont dans l'index.
Ici, dans la Loi de l'immigration du Québec, quand on me donne un
certificat de sélection, je veux savoir de quoi il s'agit. Je ne veux
pas, comme avocat, avoir à chercher dans la loi pour trouver de quoi il
s'agit. On ne parle pas de description des mots. Le certificat de
sélection, c'est le document. Pourquoi c'est un document? Pourquoi
n'est-ce pas défini.
Ce n'est pas absolument nécessaire, mais pour les fins...
M. Couture: Dans notre grande charte de l'immigration, vous
pouvez être certain qu'on définira beaucoup de choses. On n'a pas
voulu encombrer...
M. Blank: Une autre promesse électorale.
M. Couture: ... la loi inutilement quand cela n'était pas
tout à fait nécessaire. Enfin, je comprends bien ce que vous
voulez dire.
M. Ciaccia: Ne lui faites pas de promesse. Il ne votera pas pour
vous plus.
M. Couture: C'est encore drôle, les conversions sont
parfois surprenantes.
M. Blank: Peut-être que je reste dans son comté ou
qu'il demeure dans mon comté, je ne sais pas.
M. Couture: Pas loin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Mont-Royal.
M. Laplante: II y en a une conversion qui s'en vient qui va vous
surprendre en bébite.
M. Ciaccia: Ne commencez pas une autre chicane avec le
député de Saint-Louis. Cela va bien.
L'article 3a, quand vous dites: "Un ressortissant étranger
désirant s'établir à titre permanent au Québec doit
présenter une demande au ministre en la manière
déterminée par règlement", il doit certainement y avoir
beaucoup de pays au monde où le Québec n'a pas de
représentation spécifique et où quelqu'un peut faire sa
demande au gouvernement fédéral, au Canada, alors il me semble
que l'article 3a n'est pas exact, quand vous dites qu'un ressortissant
étranger doit présenter une demande au ministre, parce que c'est
possible, pour quelqu'un qui veut venir au Québec, de faire sa demande
au gouvernement fédéral aussi. Naturellement, le Québec va
avoir tous les droits qu'il a, d'après l'entente, un droit de veto etc.
Il me semble qu'il faudrait modifier l'article 3a pour que cela reflète,
encore une fois, la réalité. Le député de Bourassa
a mentionné le mot fédéral. Je vais le dire une fois et je
ne le dirai plus. Je prends la position qu'on est dans un système
fédéral. Est-ce correct? Et que vos lois doivent...
M. Laplante: ... fédéral... Une Voix: Soyons
pertinents.
M. Ciaccia: Non, c'est pertinent à 3a. C'est très
pertinent. La loi doit refléter que nous sommes dans ce système.
Quand vous dites qu'un ressortissant doit se présenter au Québec,
quant à moi, cela ne le reflète pas. Pas seulement cet
article-là, mais beaucoup d'autres articles ne se reflètent pas
que nous sommes dans le système fédéral. Pour moi, cela
est absolument essentiel...
M. Laplante: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
Juste une question.
M. Ciaccia: ... et c'est la façon dont je veux bonifier la
loi, c'est dans ce sens-là. Je ne veux pas vous enlever des droits, M.
le ministre. Je ne veux pas enlever de droits au Québec, mais je veux
que cela reflète notre réalité d'aujourd'hui. Ne
m'interrompez pas.
M. Laplante: Est-ce que vous me permettriez une question, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Bourassa!
M. Ciaccia: Je vais vous suggérer un amendement. Je ne
passerai pas beaucoup de temps là-dessus. Vous l'accepterez...
M. Couture: Est-ce que vous accepteriez une réponse avant
de suggérer un amendement? Tout à coup, elle vous
satisferait.
M. Ciaccia: Certainement.
M. Couture: Tout à coup je vous satisfais. Il faut savoir
une chose. Quand on dit qu'un ressortissant étranger désire
s'établir au Québec, il doit présenter une demande au
ministre, ce n'est pas au ministre directement, c'est un pouvoir
délégué, c'est un fonctionnaire à
l'étranger. Ce fonctionnaire à l'étranger n'est pas
partout, sauf que, par l'entente, il y a évidemment une espèce
d'administration commune des demandes des candidatures à
l'étranger. C'est officialisé, c'est dans les pouvoirs que l'un
et l'autre gouvernement se donnent. Chaque fois qu'il y a un candidat à
l'étranger, que le premier fonctionnaire qu'il rencontre soit du
Québec ou d'Ottawa, il est reçu au nom du Québec. C'est
tellement vrai que si un candidat rencontre d'abord un conseiller en
immigration du Québec, le conseiller en immigration du Québec a
le droit, au nom du gouvernement du Canada, de faire la
présélection de ce candidat. Pour ceux qui ne passent pas 30% des
points en partant, on ne poursuit pas la demande. Je crois qu'on fait peut
être un peu des chinoiseries dans cette histoire. Cela me paraît
fictif, la préoccupation du député de Mont-Royal. C'est
évident qu'on est obligé dans la loi d'indiquer que la demande du
ressortissant étranger doit s'appliquer au gouvernement responsable du
Québec pour recevoir cette demande et la traiter. Le gouvernement
fédéral le fait lui-même: dans sa loi, il dit qu'il faut
qu'il rencontre l'agent fédéral. Nous le faisons dans notre loi,
nous disons qu'il faut qu'il rencontre le représentant du gouvernement
du Québec.
Par l'entente et par le comité mixte, le fédéral ne
dit pas, dans sa loi, qu'il faut qu'il tienne compte du conseiller en
immigration du Québec; si quelqu'un rencontre un conseiller en
immigration du Québec, donc, on fait la même chose nous. Les deux
gouvernements établissent leurs règles du jeu et je crois que ce
n'est pas utile de préciser davantage. (17 h 30)
M. Ciaccia: M. le Président, vous ne m'avez pas satisfait
par votre réponse, M. le ministre, mais pour une autre raison. C'est
totalement inexact quant aux ressortissants qui ne sont pas des ressortissants
étrangers indépendants. Votre article 3a, même avec votre
explication, s'appliquerait seulement aux ressortissants étrangers
indépendants. Il ne s'applique pas à ceux qui sont
parrainés. D'après l'entente, il y a une exclusion.
L'article 3a tel que vous l'avez est inexact et va à l'encontre de
l'entente, parce que cela s'applique seulement aux ressortissants
étrangers et qu'il y en a plusieurs autres. Je vais présenter
quand même mon amendement parce que ce n'est pas exact.
M. Couture: Proposez votre amendement, si... M. Ciaccia:
Bon, je vais vous le proposer.
M. Couture: ... vous nous dites des choses tout à fait
nouvelles et éclairantes, on en tiendra compte.
M. Ciaccia: Est-ce que vous niez ça, que l'article 3a,
même si j'accepte votre...
M. Couture: II est exact...
M. Ciaccia: ... s'applique seulement aux ressortissants
étrangers indépendants?
M. Couture: N'importe qui... M. Ciaccia: Pas n'importe
qui.
M. Couture: ... qui fait une demande peut la faire directement
par le fonctionnaire qui est présent sur place. Il est traité
différemment, que ce soit un indépendant ou un parrainé ou
un aidé, mais il est traité par un des fonctionnaires qui sont
là.
M. Ciaccia: M. le Président, je ferais l'amendement
suivant. Que le premier alinéa du paragraphe 3a de l'article 3 soit
modifié, en remplaçant, dans la deuxième ligne, le mot
"doit", par le mot "peut".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'abord,
je dois vous dire que l'article 3, tel que nous le retrouvons dans le livre
vert, constitue un nouvel article 3, donc la motion principale. Je
déclare recevable l'amendement du député de Mont-Royal et
non pas le sous-paragraphe; c'est un amendement, d'accord? Sur
l'amendement.
M. Ciaccia: J'ai donné mes raisons en faveur de cet
amendement. Je n'ai pas autre chose à ajouter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, sur l'amendement. M. le ministre.
M. Couture: Sur l'amendement, je crois que c'est tout à
fait inutile de changer le mot "doit" pour le mot "peut", parce que, de toute
façon, en faisant cette demande... Chaque demande, que ce soit de
n'importe quel ressortissant étranger, est traitée selon nos
règlements et ça oblige quand même chaque ressortissant
à faire cette demande. De toute façon, il doit lui demander de
venir ici au
Québec; alors, c'est le ministre responsable de cette loi qui
doit l'appliquer.
On va voter contre cet amendement, parce qu'il ne m'apparaît pas
nécessaire.
M. Blank: Si une personne fait une demande en Sierra Leone, au
Haut-Commissariat canadien, on lui donne une formule OS-8
fédérale, c'est la demande pour entrer au Canada; il y a une
place, je pense que c'est le no 8, où il veut s'installer au Canada; il
marque Montréal, Québec. Il ne fait aucune demande au ministre
québécois, est-ce que te ministre québécois peut
refuser parce que c'est contre la loi?
M. Couture: Ces gens vont faire remplir un formulaire pour
n'importe quelle demande de l'étranger pour le Québec. Ce
formulaire traduit cet article. Éventuellement, n'importe qui qui doit
entrer au Québec remplira un formulaire; c'est l'exigence, la demande du
ressortissant étranger à destination du Québec.
M. Blank: Cela veut dire qu'à partir de cette loi,
personne ne peut remplir qu'une formule fédérale?
M. Couture: Évidemment, il ne peut pas remplir
seulement...
M. Blank: Votre entente dit le contraire.
M. Couture: Non, l'entente spécifie nettement, par nos
dispositions administratives, qu'il y aura le formulaire
québécois et le formulaire fédéral.
M. Blank: Oui, mais il peut remplir une formule
fédérale et il peut aussi venir à Montréal.
M. Couture: II remplit la formule fédérale dans la
présélection; le fédéral peut, au départ,
s'il n'a pas 30% des points, refuser, c'est-à-dire ne pas poursuivre
l'entrevue ou la demande. Si la demande se poursuit, on donne un formulaire
québécois.
M. Blank: Cela veut dire qu'il va remplir deux formules.
M. Couture: Oui, c'est sûr.
M. Blank: On commence à avoir de la papeterie.
M. Couture: Quelqu'un qui veut...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Blank: L'esprit de l'entente n'est pas ça. M.
Ciaccia: L'esprit de l'entente...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Couture: L'esprit de l'entente, c'est conjoint. Quand on dit
conjoint, c'est deux gouvernements.
M. Blank: L'esprit de l'entente dit seulement que, si on fait la
demande à une place ou l'autre, on peut consulter l'un et l'autre et
donner raison à cette personne. On complique l'affaire pour des
étrangers. C'est seulement ça, on complique l'affaire. On retarde
des gens qui veulent venir au Québec.
M. Couture: Évidemment, ce serait plus simple si on avait
un seul gouvernement central.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Couture: C'est évident que ce serait plus simple. Mais
nous avons deux sociétés et nous voulons que ce soit
véhiculé...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordreT
M. Ciaccia: M. le Président, à la suite de
ça, je voudrais que la loi reflète les deux
sociétés, les soi-disant deux sociétés, et elle ne
le reflète pas.
M. Couture: Oui, parce que le fédéral
lui-même a sa loi...
M. Ciaccia: M. le Président, quand on parle, vous donnez
l'impression qu'on induit en erreur les gens qui vont être
affectés. Dans votre entente, vous dites spécifiquement... Vous
l'avez signée, l'entente, vous devez la connaître mieux que nous.
Vous dites: "La sélection des immigrants à destination du
Québec sera le résultat d'un processus décisionnel
conjoint, basé sur l'évaluation de chaque requérant par
chacune des parties selon ses critères propres".
En aucun endroit, on voit cet aspect de collaboration de processus
conjoint. Et au sous-paragraphe suivant, vous dites: "Le droit
d'établissement au Québec, pour un immigrant indépendant,
requiert l'accord préalable du Québec." Ce n'est que pour une
certaine catégorie d'immigrants que l'accord préalable au
Québec est nécessaire. Je suis d'accord avec vous, c'est la
catégorie probablement la plus nombreuse. Mais quand on lit l'article
3a, il ne reflète pas ce que je viens de lire de votre entente. Cet
article donne l'impression que quelqu'un qui veut immigrer au Québec
doit faire une demande au ministre du Québec. Ce n'est pas exact.
M. Couture: Ce même quelqu'un qui va faire une
demande...
M. Ciaccia: D'après l'article 3a, vous donnez l'impression
que c'est vous qui allez donner un visa et qui allez faire tout le
nécessaire. On ne parle pas du tout du processus conditionnel. Je ne
veux pas ajouter...
M. Couture: M. le Président...
M. Ciaccia: Etant donné que vous m'avez donné des
arguments, je ne vous demande pas d'inclure tous et chacun des paragraphes de
l'entente, mais au moins, de ne pas inclure une stipulation qui va à
l'encontre de l'entente. C'est une chose de dire: Je ne veux pas inclure toutes
les prévisions de l'entente, elle est là, on l'a signée,
et on va la respecter. Mais c'est une autre chose que d'essayer d'inclure un
article qui va même à l'encontre de l'entente. D'après
nous, c'est absolument essentiel d'être plus précis, et que cela
reflète la réalité.
M. Couture: M. le Président, je pense qu'on complique
beaucoup les choses. De toute façon, c'est évident que c'est plus
compliqué. On a deux gouvernements qui font de l'immigration et on a
deux sociétés d'accueil, etc.
Le ressortissant à l'étranger, quand il va rencontrer un
représentant du gouvernement du Canada ou du gouvernement du
Québec, on va peut-être lui dire: II y a deux gouvernements et
c'est un pouvoir partagé. Il y a deux lois. La loi
fédérale ne fait pas mention non plus... on ne dit pas au
ressortissant étranger qui est en Afghanistan, lorsqu'il rencontre le
représentant fédéral et qu'il lui demande la loi
fédérale, qu'il y a un gouvernement québécois qui
va lui aussi étudier sa demande.
Je crois que cela fait peut-être partie du paysage politique
actuel de nos structures. Nous avons des raisons de croire qu'on devrait faire
autre chose. Mais c'est clair que les deux gouvernements ont leur loi et que
les ressortissants étrangers devront s'informer de ces deux types
d'approche. Cela ne contredit en rien l'entente parce que, de toute
façon, il y a un comité mixte et il y a un comité
d'application qui, conjointement, vont chercher à harmoniser ces
interventions.
M. le Président, je pense que, là-dessus, on a dit
l'essentiel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Ciaccia: Vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Couture (Saint-Henri)?
M. Couture: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Boucher (Rivière-du-Loup)?
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Blank
(Saint-Louis)?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour: 2
Contre: 6
La motion est rejetée. Nous revenons à la motion
principale. Est-ce que l'article 3 sera adopté?
M. Ciaccia: Un instant.
M. Couture: Je regrette qu'on ne m'ait pas félicité
d'avoir tenu compte du débat de deuxième lecture pour
établir ces critères.
M. Ciaccia: On n'a pas fini. Les félicitations vont venir
à la fin.
M. Couture: Vous êtes d'habitude tellement empressés
de le faire.
M. Ciaccia: On a appris par nos erreurs du passé. On vous
a offert notre collaboration au début de nos travaux, hier, et on n'a
pas eu de suite.
M. Couture: On a tenu compte de beaucoup de choses, hier.
M. Ciaccia: Nous sommes encore à l'article 3a. Ce
paragraphe du projet de loi se lit comme suit: "Le ministre délivre un
certificat de sélection au ressortissant étranger qui satisfait
aux conditions et critères de sélection déterminés
par règlement." Je crois que vous avez apporté certains
changements, que vous avez inclus dans la loi "certains critères de
sélection", suite à nos critiques de deuxième lecture. Je
crois aussi qu'il faudrait modifier cette partie du projet de loi pour se
référer aux critères de sélection.
M. Couture: A l'article 3c, b, vous les avez. "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements pour:
..."
M. Ciaccia: J'aurais une question. Est-ce que ce sont les
mêmes critères que vous avez inclus à l'article...
M. Couture: L'article 3, c et b.
M. Ciaccia: Oui, mais, à l'article 2, vous aviez
défini certains critères.
M. Couture: Ce sont des principes qu'on avait indiqués
à ce moment-là.
M. Ciaccia: Des principes.
M. Couture: Vous avez l'article 3a, b, c.
M. Ciaccia: Oui.
M. Couture: Evidemment, les critères traduisent les
principes. C'est clair, d'une certaine façon.
M. Ciaccia: On peut vous référer à certains
critères. Vous avez changé la question des critères de
sélection déterminés par règlement en stipulant les
différents critères, au paragraphe b.
M. Couture: A l'article 3c, b.
M. Ciaccia: Le paragraphe b, c'est correct. Vous avez tenu compte
de quelques-unes de nos critiques en deuxième lecture, mais je remarque
que vous n'avez pas tenu compte de toutes nos critiques. Le paragraphe se lit:
"Malgré le troisième alinéa, le ministre peut,
conformément au règlement, délivrer un certificat de
sélection à un ressortissant étranger qui est dans une
situation particulière de détresse, là, vous
continuez notamment dans le cas de réfugiés au sens de la
convention, tels que définis dans la Loi concernant l'immigration au
Canada" vous ajoutez ou dans tout autre cas où le ministre
juge que le résultat obtenu, à la suite de l'application des
critères de sélection, ne reflète pas les
possibilités de ce ressortissant étranger de s'établir
avec succès au Québec."
M. Couture: Cela peut être en cas de désastre
économique ou de catastrophe, etc. Il y a toujours, à un moment
donné, un cas qu'on ne peut pas prévoir et il faut laisser une
porte ouverte pour certains cas humanitaires.
M. Ciaccia: Est-ce que ce n'est pas déjà couvert?
La préoccupation qu'on avait, c'est que vous aviez le droit d'admettre
des réfugiés, d'après la définition dans la
convention, je présume que c'est la convention...
M. Couture: De Genève.
M. Ciaccia: Oui, de Genève, ce n'est pas la convention,
l'entente du Canada.
M. Couture: Non, ce n'est pas la convention de la baie James non
plus.
M. Ciaccia: Ce n'est la convention, l'entente avec le Canada.
Vous ne la définissez pas. Est-ce qu'elle est définie dans une
autre partie de la loi?
M. Couture: Oui, à un moment donné, on se
réfère à la...
M. Ciaccia: La critique qu'on avait, c'est que vous faisiez les
règlements et que vous aviez le droit vous mêmes de ne pas vous
conformer à vos propres règlements.
M. Couture: Pour le bien de l'immigrant, je pense que vous ne
devez pas être contre le fait qu'éventuellement, le ministre se
réserve la possibilité d'aller au-delà d'un jugement
purement automatique ou mathématique.
M. Ciaccia: Alors, est-ce que vous nous dites que c'est pour des
raisons humanitaires?
M. Couture: Oui, exactement.
M. Ciaccia: Vous ne spécifiez pas. Vous dites: Dans tout
autre cas où le ministre juge que le résultat obtenu par la suite
ne reflète pas...
M. Couture: II faut faire attention. Il y a deux choses: II faut
spécifier qu'il y a des cas... (17 h 45)
M. Ciaccia: C'est trop large, parce que vous dites: Ne
reflète pas les possibilités de ce ressortissant étranger
de s'établir avec succès au Québec. Si c'est pour des cas
humanitaires, pourquoi la loi ne reflète-t-elle pas que c'est pour ces
cas? Parce que de la façon dont elle se lit, ce n'est pas limité
aux cas humanitaires. Cela pourrait être pour toute raison que ce
soit.
M. Couture: D'accord. On a repris là ce qu'on dit
ailleurs. C'est le pouvoir discrétionnaire positif du ministre. Il y a
des cas où le candidat à l'étranger ne fait pas se 50
points et, pour des raisons que j'ai expliquées tout à l'heure,
sachant que cela ne reflète pas les possibilités de ce
ressortissant étranger de s'établir avec succès au
Québec, le ministre pourrait, dans ces cas, sur recommandation du
conseiller à l'immigration, le faire entrer quand même, pour
d'autres considérations. Quand on dit: S'établir avec
succès au Québec, c'est par rapport aux critères de
sélection, mais il peut y avoir une évaluation humaine où
le conseiller à l'immigration dit au ministre: Ecoutez, il ne fait pas
ses 50 points, mais il faudrait quand même le faire entrer. Cela peut
être le jeune Heifetz, à vingt ans, qui serait d'Israël et
qui ne ferait pas ses 50 points; on pourrait dire: Pourquoi ne pas faire entrer
ce jeune artiste?
M. Blank: Dans la loi fédérale, le ministre se
limite dans certains cas. A l'article 115-2, il dit: Pour des motifs de
politique générale ou des considérations d'ordre
humanitaire.
M. Couture: C'est dans le pouvoir de la loi. On a critiqué
cela beaucoup aussi.
M. Ciaccia: Laissez-le finir, parce que cela donne... C'est le
lieutenant-gouverneur...
M. Blank: Le gouverneur général en conseil peut
mettre de côté toute l'affaire pour des raisons de politique
générale ou des considérations d'ordre humanitaire.
M. Ciaccia: Ce n'est pas le ministre, c'est le Conseil des
ministres, parce que c'est une exception au règlement, autrement, c'est
un pouvoir qui est un peu trop large.
M. Couture: Si on veut être humanitaire dans le
fond, on est un peu plus généreux, on est plus ouvert que le
fédéral là-dessus; on se donne moins de délai et on
se met moins d'obstacles administratifs. On dit: Le ministre, pour des raisons
humanitaires, pourrait éventuellement faire passer l'individu.
M. Ciaccia: On ne fera pas un gros débat là-dessus,
mais vous ne référez même pas aux questions de raison
humanitaire dans votre projet de loi, dans cet aspect.
M. Couture: C'est toujours humanitaire, dans le sens qu'il ne
passerait pas la grille et on croit qu'une évaluation de type humain
devrait le faire passer.
M. Blank: Le fait qu'on fait une faveur à un ami, c'est
humain?
M. Couture: Oui, mais c'est une recommandation du conseiller
à l'immigration. Il y a le conseiller à l'immigration qui fait sa
recommandation, mais il y a des gens au ministère qui vont
étudier si c'est vrai ou non.
M. Ciaccia: Un instant! L'article qu'on lit ne dit pas que c'est
sur la recommandation du Conseil d'immigration, ce n'est pas cela. Le pouvoir
que vous vous donnez...
M. Couture: Le conseiller à l'immigration, je dis.
M. Ciaccia: Une minute! Le pouvoir que vous vous donnez dans cet
article est complètement arbitraire et discrétionnaire.
M. Couture: Conformément au règlement.
M. Ciaccia: Non, pas conformément au règlement.
M. Blank: ... à votre fonctionnaire.
M. Couture: Oui, c'est exact. C'est le règlement qui le
dit.
M. Blank: C'est vous!
M. Couture: De fait, on me dit que la différence avec le
fédéral, c'est que l'agent fédéral, lui, utilise
parfois son pouvoir arbitraire. On a beaucoup critiqué ça quand
ce fut passé au fédéral. On
disait à ce moment-là: Vous faites allusion justement...
On pourrait faire passer des amis, etc. Cela donne trop de latitude sur place.
Parfois, cela peut être aussi très négatif.
M. Blank: Non, mais ce doit être confirmé par un
arrêté en conseil.
M. Couture: Non, mais il y a des cas...
M. Blank: Dans la pratique, quand le conseiller décide que
la personne ne se conforme pas au règlement de la loi, il fait une
recommandation au directeur qui demande, etc., donne un permis du ministre en
attendant; ensuite, on demande l'arrêté en conseil.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Papineau.
M. Couture: Nous ne discutons pas la loi
fédérale.
M. Alfred: Je ne comprends sûrement pas les interrogations
des députés. Si on se réfère à l'histoire,
le peuple le plus humain qu'on ait pu rencontrer, c'est le peuple
Québécois. Je ne vois pas pourquoi maintenant on poserait des
questions sur la déshumanisation du peuple québécois?
M. Blank: Est-ce que je tombe dans cette catégorie?
M. Alfred: Je ne veux même pas poser cette question...
M. Blank: Est-ce que je tombe dans la catégorie des
Québécois?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Le député de Papineau a la
parole.
M. Alfred: Non, je me demande pourquoi vous posez les questions
qui sont en total désaccord avec le comportement même du peuple
québécois et de son gouvernement; même en 1974, le
gouvernement libéral était au pouvoir, et même le
gouvernement libéral n'était pas d'accord avec le gouvernement
fédéral lorsqu'il s'agissait de déporter les
Haïtiens.
Donc, poser ces questions nous fait perdre du temps pour rien, parce que
le peuple québécois, par définition, est humain, et son
gouvernement aussi.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On ne
met pas en doute le fait que le Québec a toujours été le
plus réceptif. Je crois qu'en deuxième lecture, vous l'avez
très bien dit...
Une Voix: Eloquemment.
M. Ciaccia: ...éloquemment et, moi aussi, je l'ai
affirmé. On n'adopte pas une loi pour le passé ici. On ne met pas
en doute cet aspect de notre société. Mais, on voudrait
éviter certains abus possibles par ceux qui seront en place dans
l'avenir. Ce n'est pas un manque de confiance envers le peuple du Québec
quand on met cette loi en doute. C'est plutôt une question de confiance
dans l'administration actuelle et on a le droit de se poser certaines
questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 3... Est-ce qu'il y a un amendement? Il n'y a pas
d'amendement.
Est-ce que vous avez un amendement, M. le député de
Mont-Royal, ou si vous n'en avez pas?
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas d'amendement pour ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Ciaccia: Je soulevais seulement certaines
préoccupations que j'avais à propos de cet article.
M. Couture: Est-ce que l'article 3 est adopté, M. le
Président?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
3, adopté?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président!
M. Couture: Je vous avais demandé la permission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 52
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire
élue permanente de l'immigration qui se réunit aux fins
d'étudier, article par article, après la deuxième lecture,
le projet de loi no 77, Loi modifiant la Loi du ministère de
l'Immigration.
Au moment de la suspension des travaux, à 18 heures, nous
étions à l'article 3, auquel des amendements avaient
été soumis par le ministre de l'Immigration.
Je pense que M. le député de Mont-Royal avait la parole au
moment de la suspension des travaux.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Au dernier paragraphe
de votre article 3, vous parlez de règlements adoptés en vertu du
présent article et entrant en vigueur à la date de sa publication
dans la Gazette officielle du Québec ou à toute date
ultérieure qui est fixée. Je pense que cela serait une bonne
chose, si le ministre pouvait donner avis de ces règlements dans la
Gazette officielle avant qu'ils n'entrent en vigueur, qu'ils soient
publiés pour qu'on puisse en prendre connaissance, que certaines
représentations puissent être faites auprès du ministre.
J'aurais un amendement à l'article 3, très brièvement,
pour donner effet à cette suggestion, amendement qui se lirait comme
suit: "Que le deuxième alinéa du paragraphe 3c de l'article 3
soit modifié en remplaçant dans la première ligne le mot
"un " par les mots "tout projet de", en retranchant dans la première
ligne le mot "adopté"; en remplaçant dans les première et
deuxième lignes les mots "entre en vigueur à la date de sa
publication" par les mots "est publié " et en remplaçant dans la
troisième ligne les mots "ou à toute date ultérieure qui y
est fixée" par les mots "avec avis qu'à l'expiration d'au moins
soixante jours suivant cette publication, il sera soumis pour approbation au
lieutenant-gouverneur en conseil".
Alors, l'alinéa amendé se lirait comme suit: Tout projet
de règlement en vertu du présent article est publié dans
la Gazette officielle du Québec avec avis qu'à l'expiration d'au
moins soixante jours suivant cette publication, il sera soumis pour approbation
au lieutenant-gouverneur en conseil."
Le seul but en est de permettre aux gens de prendre avis des
règlements. Quand il y a une obligation de les publier. Peut-être
fera-t-on plus attention au genre de règlements qu'on va adopter.
Généralement, c'est pour la meilleure administration de la
loi.
Le Président (M. Dussault): Je reçois l'amendement
de M. le député de Mont-Royal. M. le minstre.
M. Couture: M. le Président, sur l'amendement, je pense
que la préoccupation du député de Mont-Royal, c'est
qu'effectivement les milieux concernés puissent prendre connaissance,
pendant un certain délai avant leur adoption, de la teneur de ces
règlements pour éventuellement faire les recommandations et les
représentations nécessaires. Je crois qu'en soi l'idée est
excellente, sauf que je dirais qu'il y a déjà un avant-projet des
règlements qui circule dans les journaux et qui a été
soumis quelquefois, je pense que c'est deux fois, au comité consultatif
de l'immigration sous différentes formes. Il y a eu aussi un certain
nombre d'experts universitaires ou autres dont on a sollicité (avis sur
ces règlements. La raison principale pour laquelle, M. le
Président, je demanderais la compréhension ou du moins la
collaboration du député de Mont-Royal est la suivante, elle est
vraiment, à ce point de vue-là, très contraignante, c'est
que, si mon calendrier est bon, nous sommes au 16 novembre et l'entente
elle-même stipule qu'on doit être prêt à administrer
cette entente dès le 1er janvier 1979, sinon, elle deviendra caduque. Si
on acceptait cet amendement, on menacerait l'administration de cette entente et
on ne pourrait pas arriver à temps pour le 1er janvier 1979. Ce que je
veux faire quand même, en m'inspirant de cette suggestion que le
député de Mont-Royal a traduite par un amendement, qui ne
m'apparaît peut-être pas opportun dans l'état actuel des
choses, c'est de continuer à publiciser le tout. D'ailleurs, je viens de
faire une entrevue, on en a plusieurs qui sont en demande. La population
québécoise ou les milieux concernés dans les prochains
jours, sinon les prochaines semaines, auront toutes les possibilités de
bien connaître nos orientations en termes de réglementation.
Déjà, à la suite de nombreux commentaires que nous
avons reçus, on peut deviner que nous recevrons ces suggestions et
représentations souhaitées par le député de
Mont-Royal. Si l'intention est de donner la possibilité aux gens de
connaître notre orientation, en termes de réglementation, c'est
acquis; tout ce qui pourrait survenir à la suite de cet avant-projet de
loi, c'est une amélioration de l'avant-projet, donc ce serait une
façon de retenir certaines suggestions qui nous viennent
déjà, soit du comité consultatif ou des milieux
concernés.
Aussitôt que les délais vont nous imposer de publier la
réglementation, de mettre en branle... je pense qu'il faut aussi
comprendre qu'administrer cette loi et cette réglementation, à
l'étranger, dans nos bureaux, par nos fonctionnaires, demande des
mécanismes assez importants au niveau... Actuellement, sans que la
réglementation soit adoptée au Conseil des ministres, et
publiée dans la Gazette officielle, il nous est impossible d'organiser
la préparation technique de l'administration de cette
réglementation. Le 1er janvier, il faut être prêt.
M. le Président, je ne sais pas si le député de
Mont-Royal comprend les contraintes dans lesquelles nous sommes, je crois qu'il
les comprend, parce qu'il nous a dit plusieurs fois, il en a fait la preuve,
qu'il ne voulait, en aucune façon, retarder l'application et
l'administration de cette entente. C'est pour ces raisons que je serais
porté, non seulement je serais porté, mais je refuse
l'amendement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: J'aurais deux questions à poser. Les premiers
trente jours, la Gazette officielle est publiée deux fois, les
règlements, une fois pour recevoir des avis. C'est ce que je voudrais
savoir pour m'éclairer. C'est trente jours. Après que les trente
jours sont terminés, s'il n'y a pas eu de plaintes ou d'amendements
à l'arrêté en conseil qui est présenté, le
lieutenant-gouverneur se trouve à le sanctionner et il reste encore
trente jours pour la Gazette officielle? Est-ce que c'est ça?
M. Ciaccia: Vous parlez des avis juridiques.
M. Laplante: C'est ce que je veux savoir, la
différence.
M. Couture: Dès que l'arrêté en conseil est
adopté, il peut être en vigueur n'importe quand.
M. Laplante: Dès qu'il est adopté. M. Couture:
Oui.
M. Ciaccia: Vous parlez des avis juridiques où il y a des
délais. Mais ce n'est pas le cas ici pour les règlements,
où il n'y a pas nécessité de ces délais
additionnels. Vous pouvez adopter le règlement, le publier et il entrera
en vigueur 30 ou 60 jours après, selon la loi.
M. Laplante: Mais ordinairement, selon votre expérience,
qu'est-ce qui arrive? C'est 30 jours après qu'il entre en vigueur,
n'est-ce pas? Disons que ce règlement...
M. Couture: II peut être en vigueur
immédiatement.
M. Ciaccia: II peut être en vigueur à la date de la
publication. C'est cela que je propose.
M. Laplante: Et, à ce moment-là, il n'y a pas de
recours possible? Supposons que le règlement ne serait pas correct, il
n'y a pas de recours possible, à ce moment-là?
M. Couture: On peut toujours invoquer, devant les tribunaux,
certaines dispositions qui n'apparaîtraient pas réglementaires ou
légales. Mais le gouvernement, lorsqu'il adopte un arrêté
en conseil, prend la responsabilité de sa pertinence.
M. Laplante: Voici ce que je veux dire, M. le ministre. Je pose
la question pour tâcher de m'éclairer.
M. Couture: J'imagine que notre avocat va pouvoir nous donner
exactement, la réponse.
M. Laplante: Disons que l'article 3c, deuxième paragraphe,
reste tel quel et que vous auriez une vingtaine de règlements à
faire sanctionner par le lieutenant-gouverneur en conseil, avec avis dans la
Gazette officielle du Québec, tel que c'est inscrit là. Ce que je
veux savoir c'est, dans le cas des trente jours d'avis dans la Gazette
officielle, qu'est-ce qui arrive pour celui qui n'est pas satisfait des
règlements, qui voudrait les voir amendés, qui voudrait porter...
C'est tout cela que j'aimerais savoir.
M. Couture: C'est une contrainte que le gouvernement peut se
donner en certaines occasions. Il peut dire: Le décret de la
construction, on le publie dans la Gazette officielle et, après tant de
jours, 60 jours, il peut entrer en vigueur, à la suite de
représentations. Les gens peuvent venir se faire entendre, etc.
Dans le cas de notre réglementation, légalement, si je
comprends bien, si je ne fais pas erreur, on est contraint par certains
délais absolument importants; le gouvernement pourrait faire passer sa
réglementation par arrêté en conseil et, dès qu'elle
est publiée dans la Gazette officielle, elle peut entrer en vigueur
immédiatement.
M. Laplante: D'accord. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, ce n'est certainement pas
notre intention de retarder l'application de l'entente. Mais si cela peut
faciliter la tâche du ministre de changer les délais de 60 jours
à 30 jours... Je crois que le principe de la publication des
règlements, spécialement dans un domaine comme celui de
l'immigration, c'est important pour que les gens connaissent exactement les
intentions du gouvernement. Si cela vous accommode de changer les délais
de 60 jours à 30 jours, je pourrais faire la suggestion dans mon
amendement.
Le Président (M Dussault): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, si l'intention du
député de Mont-Royal est vraiment de publiciser la
réglementation et de faire en sorte que toute la population
québécoise et les milieux concernés surtout puissent en
prendre connaissance et, éventuellement, faire les commentaires
pertinents, là-dessus, je peux l'assurer et je peux même lui
demander de venir travailler avec nous pour le faire, il n'y a aucun
problème, sauf que je ne veux pas...
M. Ciaccia: Merci beaucoup.
M. Couture: ... d'avance paralyser la machine administrative du
ministère pour l'application de cette réglementation qui doit
entrer en vigueur le 1er janvier 1979. On est le 16 novembre. Il faut aller en
troisième lecture. Il faut retourner au Conseil des ministres pour
l'avant-projet de règlement. On a déjà quinze jours devant
nous qui vont nécessairement être écoulés. Il faut
publier la réglementation dans la Gazette officielle. Il faut
préparer la machine administrative en conséquence, les
formulaires, etc. Je suis obligé de dire, M. le Président,
même si je comprends l'intention du député de Mont-Royal,
que je l'accepte comme intention et que je m'engage à ce qu'elle soit
traduite dans les faits, mais je ne veux pas me couler dans le ciment sur ces
trente jours.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je dois dire au
député de Mont-Royal que le gouvernement n'a rien à
cacher. Toutes les préoccupations que peut avoir le député
de Mont-Royal viennent peut-être d'une façon de protéger
les Québécois contre de nouvelles choses ou les futurs
Québécois, les immigrants qui viendront au Québec. Mon
Dieu! je dois dire au député que, moi aussi,
Québécois de nouvelle souche comme lui, j'ai autant
d'intérêt à défendre les immigrants. Si je me
rendais compte que j'étais dans un gouvernement anti-immigrants,
j'aurais été le premier à dénoncer ce gouvernement.
C'est pourquoi je dois vous dire que je ne comprends pas encore un amendement
qui tiendrait plutôt compte de la méfiance face au gouvernement
dont je fais partie. Je pense que, moi, Québécois de nouvelle
souche, je suis autant intéressé que vous à ce que les
immigrants soient respectés intégralement. Je ne vois pas
pourquoi on encarcanerait le projet de loi avec des amendements qui ont pour
but de peut-être... Je risque même une hypothèse. Est-ce que
le député de Mont-Royal sait que les groupes ethniques disent que
lui aussi fait "sa " job. C'est une hypothèse.
M. Ciaccia: Ecoutez, non.
M. Alfred: A ce moment, si c'est cela, je dirai que malgré
tout le respect que j'ai pour le député de Mont-Royal, cela n'a
pas sa raison d'être, parce que moi, Québécois de nouvelle
souche, comme lui, je veux le bien-être de tous ceux qui veulent venir
vivre au Québec.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'espère que le député de
Papineau ne m'impute pas des motifs quant à mes intentions
vis-à-vis des communautés ethniques. Le rôle de
l'Opposition, c'est d'essayer de prévenir des gaffes possibles du
gouvernement. J'ai toujours reçu des affirmations du gouvernement,
comme: Ne vous inquiétez pas, nous allons bien administrer la loi, nous
n'avons pas l'intention de brimer les droits de quiconque. Malheureusement, les
lois ne peuvent pas être interprétées par les bonnes
intentions d'un ministre ou d'un député. Les lois doivent
être interprétées de la façon qu'elles sont
écrites.
Je me souviens, en deuxième lecture, quand nous avions
parlé contre le pouvoir excessif de réglementation, personne n'a
offert de nous fournir le règlement. Cela a pris une motion du
député de L'Acadie pour retarder l'adoption de la deuxième
lecture du projet de loi jusqu'à ce que les règlements soient
déposés. Suite à plusieurs interventions de l'Opposition,
à ce moment, le leader parlementaire du gouvernement, en collaboration
avec le ministre, a décidé de déposer la
réglementation. Je ne pense pas qu'on puisse tenir pour acquis que nous
allons toujours avoir les règlements en temps pour les commenter. Je ne
crois pas que ce soit un pouvoir excessif ou que ce soit un devoir
administratif excessif de dire: Ecoutez, pour prévenir des abus, pour
prévenir non seule- ment des abus, mais pour prévenir des erreurs
dans l'avenir, je ne parle pas des règlements qui nous ont
été soumis maintenant, la loi prévoit que les
règlements peuvent être changés, prévoit les
règlements dans l'avenir.
La seule chose que je demande, je pense que ce n'est pas
exagéré, ce n'est pas abusif et cela n'enlève aucun droit
au ministre, cela ne l'empêche pas d'administrer sa loi, c'est de dire:
Ecoutez, quand vous allez changer les règlements, quand vous voulez
faire de nouveau les règlements, vous allez les publier dans la Gazette
officielle. Donnez-nous trente jours d'avis. Même, pour aider le ministre
à comprendre la date à laquelle les règlements entreront
en vigueur, si le ministre avait accepté mon amendement, pour le
compléter, il aurait fallu un autre amendement libellé comme
suit: "Le règlement visé à l'alinéa
précédent entre en vigueur le jour de la publication dans la
Gazette officielle du Québec ou à toute date ultérieure
qui est fixée soit d'un avis signalant qu'il a reçu l'approbation
du lieutenant-gouverneur en conseil, soit, en cas de modification par ce
dernier, du texte définitif."
Le gouvernement a toute la marge de fixer la date à laquelle le
règlement entrera en vigueur, mais je ne pense pas que ce soit trop
demander qu'on ne fasse pas de choses en cachette, même si ce n'est pas
l'intention du ministre. Peut-être que, demain, ce sera un autre
ministre. Peut-être que, demain, quelqu'un oubliera quelque chose. La loi
sera là pour obliger la publication du règlement. Cela
n'empêche pas l'adoption de la loi, ni l'entrée en vigueur de
l'entente. Cela n'empêche aucunement l'administration; je dirais
même que ça permet une meilleure administration et le ministre
pourra dire: Ecoutez! Voyez comme nous sommes ouverts. Nous publions les
règlements et personne n'aura de reproche à faire.
Le Président (M. Oussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, je suis sensible à
l'opinion que vient de donner le député de Mont-Royal. Ce qui me
préoccupe le plus là-dedans, c'est que, de par l'entente
fédérale-provinciale, il faut que tout soit adopté avant
le 1er janvier. Pour moi, c'est sacré. On ne peut pas s'en
défaire.
M. Ciaccia: Pas les règlements.
M. Laplante: Les règlements aussi, me dit-on. Tout doit
être terminé pour le 1er janvier, mais si le député
de Mont-Royal nous disait, par exemple "pour tout règlement
ultérieur", ultérieur à la loi, s'il y avait de nouveaux
règlements à formuler, disons, en juin ou en juillet, l'an
prochain, je ne sais pas, mais ça vaudrait peut-être la peine de
trouver une formule pour ces 30 jours, à ce moment-là. Moi, je
suis sensible à ce que vous dites. C'est pour diffuser l'information et
surtout la consultation sur ces règlements. Mais, actuellement, à
cause de ça, je suis pris. (20 h 30)
M. Ciaccia: Tout règlement va être ultérieur
à la loi, même ceux que vous avez déposés
aujourd'hui. Cette formule ne répondrait pas... Je pense que la formule
qui répondrait, c'est de réduire le délai de 60 à
30 jours. Cela vous donne amplement le temps.
M. Laplante: C'est là-dessus qu'on est pris à
cause, justement, de l'entente avec le fédéral.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Couture: De toute façon, j'imagine qu'on comprend qu'on
est pris avec la date. Il n'y aurait peut-être pas d'inconvénient
à ce que le libellé de cet alinéa impose la publication du
règlement. Le règlement sera publié dans la Gazette
officielle.
M. Ciaccia: Pas la loi.
M. Couture: Non, le règlement. "Le règlement
adopté en vertu du présent article entre en vigueur à la
date de sa publication". Donc, il est publié dans la Gazette officielle
du Québec.
M. Ciaccia: Oui, mais il a force de loi à ce moment.
Pourquoi n'adoptez-vous pas la formule de la loi 101? La loi 101 nous a
donné les réglementations qui entraient...
M. Couture: Question de principe, je suis absolument...
M. Ciaccia: ... en vigueur. Celles qui nous ont été
données en commission parlementaire entraient en vigueur à la
date de l'adoption de la loi et les règlements subséquents
étaient sujets à un préavis.
M. Couture: Je suis sensible et relativement d'accord avec ce
principe. Nous sommes dans des circonstances bien particulières. On
pourra toujours, éventuellement, au printemps... Je pense que,
d'ailleurs, au ministère, c'est possible, qu'on soit obligé de
revenir à l'Assemblée nationale pour d'autres amendements
à la loi. C'est loin d'être impensable et, pour l'avenir, je
retiendrais facilement cette recommandation. Je la ferais mienne de bon
gré, mais je suis obligé de vous dire qu'on est vraiment trop
contraint par les délais et on ne peut pas...
Tout ce que je peux vous dire est que la réglementation avant
qu'elle ne soit publiée dans la Gazette officielle... Nous avons
commencé à faire le maximum d'efforts pour rendre public,
sensibiliser les gens, dire ce qu'il y avait dans cette recommandation, je
pense, depuis plusieurs mois. Quand on m'a posé des questions comme:
Qu'est-ce qui va arriver avec l'exercice des pouvoirs du ministère?
Qu'est-ce que vous allez faire? quelle sorte d'immigrants allez-vous faire
venir? j'ai multiplié les déclarations pour détailler un
peu l'orientation qu'on prendra par cette réglementation.
Je crois que l'intention visée par le député de
Mont-Royal est atteinte par ce qu'on fait maintenant et je refuserais
l'amendement tel quel à cause des contraintes de temps, mais j'en prends
bonne note et, si on revient à l'Assemblée nationale,
sûrement que je serais disposé à l'introduire.
M. Ciaccia: je crois que j'ai offert au ministre une formule qui
n'avait pas de contrainte de temps, la formule étant que les
règlements qui ont été déposés entrent en
vigueur à la date de l'adoption de la loi et que les règlements
subséquents soient sujets à ce préavis. Maintenant, s'il
ne veut pas, libre à lui. Je n'ai plus rien à dire. Qu'on demande
le vote.
M. Couture: J'aimerais avoir la formulation écrite. Je
suis disposé à regarder d'un peu plus près votre
dernière formule. Quels sont les mots de votre dernière
formule?
Cela fait trois amendements que vous nous proposez.
M. Ciaccia: J'essaie de vous aider à bonifier votre loi.
C'est pour cela que je vous en donne tellement.
M. Couture: Je voudrais mieux entendre votre dernier membre de
phrase.
M. Ciaccia: Je demanderais la suspension des travaux pour deux
minutes. Je vais essayer de l'écrire.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Nous allons
suspendre les travaux pour deux minutes.
Suspension de la séance à 20 h 34
Reprise de la séance à 20 h 38
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs! Nous
reprenons les travaux de la commission. Est-ce que l'amendement tel que soumis
par M. le député de Mont-Royal est adopté?
M. Couture: Je demande le vote, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): Le vote est demandé.
Oui, M. le député de Papineau. Nous avons repris les travaux.
M. Alfred: Est-ce qu'on va enregistrer l'amendement?
M. Couture: On prend le vote sur l'amendement.
M. Alfred: Vous le rejetez?
M. Couture: L'amendement du député de
Mont-Royal.
Le Président (M. Dussault): Nous allons prendre le vote
à main levée.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait avoir le vote nominal?
Le Président (M. Oussault): Si vous le voulez, oui, si
vous le demandez. Alors, je vais procéder au vote par appel des noms. M.
le député de Papineau?
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Henri?
M. Couture: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rivière-du-Loup?
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Viau?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Louis? Absent.
Contre: Cinq. Pour: Deux. L'amendement est donc rejeté. Nous
revenons à l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse. Est-ce que
l'article 3 tel qu'amendé est adopté?
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Ciaccia: M. le Président, l'article 3 tel
qu'amendé, c'est adopté sur division.
Le Président (M. Dussault): L'article 3 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 4. M. le
député de Mont-Royal.
Conseil consultatif
M. Couture: Je pourrais peut-être expliquer pourquoi je
propose...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, l'article 4 en soi ne modifie
pas grand-chose, mais je profite de cette petite modification pour signaler
l'importance que j'attache à l'actuel comité consultatif qui
deviendra le conseil consultatif après l'adoption de cette loi. En
effet, dans cet article, nous modifions le terme comité consultatif par
conseil consultatif et nous parlons d'indemnisation pour les présences.
Nous varions la formulation, nous modifions la formulation pour les
présences des membres et leurs émoluments à titre de
membres du comité consultatif.
Cela peut sembler assez mineur de changer le nom de comité
consultatif en conseil consultatif, mais je voudrais qu'on y voit là une
volonté de manifester dans les termes mêmes l'importance et le
prestige que doit avoir ce conseil consultatif de l'immigration. Nous avons
parmi nous ce soir le président du comité consultatif et le
secrétaire général du comité consultatif et
j'imagine qu'à travers leurs personnes, on peut rejoindre tous les
membres qui, depuis la reprise du comité consultatif parce qu'il
avait été en veilleuse pendant deux ou trois ans et, à
l'arrivée de notre gouvernement, nous attachions tellement d'importance
à la consultation dans les milieux ethniques que nous avons voulu lui
redonner vigueur. Je me réjouis, je me félicite du sérieux
et du dynamisme que les membres de ce comité ont apporté au
conseil, aux travaux du comité. Je crois que c'est inutile d'insister
sur les nombreuses interventions qu'ils ont faites, les colloques qu'ils ont
organisés et la vigilance qu'ils ont manifestée auprès du
ministre et les recommandations qui n'ont jamais manqué de
réalisme et de sagesse auprès du ministre, qui ont
été et qui continuent d'être d'un secours vraiment
exceptionnel.
En changeant le nom, on veut aussi, je crois, signifier davantage que
c'est vraiment un conseil, que ce n'est pas un comité, ce n'est pas une
assemblée de gens qui se réunissent pour se réunir, c'est
un organisme qui a ce mandat et cette responsabilité plus directe de
conseiller le ministre pour l'aider à intervenir dans les meilleurs
intérêts des immigrants et des populations ethniques du
Québec.
Je crois, M. le Président, que nous pouvons profiter, en effet,
de cette modification pour nous rappeler toute l'importance que le gouvernement
attache à la consultation des gens concernés quand il cherche
à élaborer des politiques, à réaliser ces
politiques, et à administrer ces lois.
C'est tout ce que j'avais à dire là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre attache beaucoup
d'importance au conseil consultatif, je pense qu'on va lui donner l'occasion de
montrer exactement quelle importance il attache à ce conseil, en plus de
changer le nom de comité pour celui de conseil. J'ai quelques
amendements à apporter à cet article. Les amendements traitent
généralement de l'obligation par le gouvernement de constituer le
conseil, parce qu'ici, c'est facultatif. Je voudrais voir certains pouvoirs,
certains droits que ce conseil aura. Je voudrais voir la
représentativité du conseil. Je vais vous lire l'amendement que
je propose, M. le ministre.
M. Couture: Vous auriez dû déposer tous vos
amendements, au début, comme nous t'avons fait.
M. Ciaccia: On ne pouvait pas, parce qu'on vient d'avoir vos
amendements, hier. Je ne pouvais pas déposer mes amendements avant les
vôtres. Ce n'est pas notre projet de loi, c'est le vôtre. Il
fallait que je fasse mon amendement après avoir reçu vos
amendements.
M. Alfred: Vous remplacez "peut" par "doit".
M. Ciaccia: Non. (20 h 45)
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez continuez, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je propose
l'amendement à l'article 4, "que le paragraphe 9 de l'article 4 soit
modifié en remplaçant dans la première ligne du premier
alinéa le mot "peut" par le mot "doit", en ajoutant dans la
deuxième ligne du premier alinéa, après le mot "membres",
les mots "dont un président" et, en ajoutant, après le premier
alinéa les alinéas suivants: "Le conseil peut entreprendre
l'étude de toute question qui relève du domaine de sa juridiction
et effectuer les recherches qu'il croit nécessaires. Il peut
étudier tout problème relatif à l'application des lois et
règlements relevant du ministre de l'Immigration et lui soumettre des
rapports et suggestions à ce sujet. Il peut aussi exercer toute autre
attribution d'ordre consultatif que le lieutenant-gouverneur en conseil lui
confère. "Les membres de ce conseil sont nommés pour trois ans
par le lieutenant-gouverneur en conseil, après consultation, par le
ministre, des organismes, groupes et associations représentatifs se
préoccupant des questions relatives à l'immigration. Toutefois,
cinq des membres sont nommés pour un an, cinq pour deux ans, et les cinq
autres, y compris le président, pour trois ans. "Aux fins de la
nomination des membres de ce conseil consultatif, le lieutenant-gouverneur en
conseil doit tenir compte des critères suivants: a)la
représentativité des communautés ethniques les plus
importantes du Québec. b)l'importance des groupes d'immigration
récente. c)la représentativité régionale.
d)l'expérience des membres, acquise dans le domaine des relations avec
les immigrants. "Le conseil consultatif devra être constitué par
une majorité de Québécois d'origine ethnique".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, étant donné l'ampleur et la complexité de
votre amendement, je vais suspendre quelques minutes pour pouvoir
évaluer la portée de votre amendement, si vous le permettez.
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je suspens pour quelques
minutes.
Suspension de la séance à 20 h 48
Reprise de la séance à 20 h 51
Le Président (M. Dussault): Messieurs, nous allons
reprendre les travaux de cette commission. J'ai relu l'amendement qui a
été soumis par M. le député de Mont-Royal. Je vais
demander aux membres de cette commission, c'est-à-dire à un
membre par parti, de me donner leur avis, s'ils le souhaitent, sur la
recevabilité de cet amendement, après quoi je vais statuer. M. le
ministre.
M. Couture: M. le Président, je crois que cet amendement
est irrecevable, parce qu'il change le principe du projet de loi qui a
été adopté en deuxième lecture. Par ailleurs, je ne
peux pas parler sur le fond de l'amendement, je pense que vous m'en
empêcherez, mais tout ce qui est indiqué dans l'amendement du
député de Mont-Royal peut fort bien être
réalisé à travers la réglementation que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut élaborer sur le fonctionnement du
conseil. Je soumets respectueusement, M. le Président, que le fait de
modifier substantiellement l'approche de la création du Conseil
consultatif en obligeant le gouvernement à changer le mot "peut" par
"doit", c'est-à-dire en disant que le gouvernement "doit" créer
le conseil et "doit", par obligation écrite dans la loi, fonctionner et
faire une série de choses par rapport à ce conseil,
m'apparaît une modification importante à l'article 4 du projet que
nous étudions maintenant. Je crois qu'il est irrecevable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne crois pas qu'on change
le principe de l'article, c'est une question de modalité et une question
de spécifier la structure de ce conseil. Je dois porter à votre
attention que nous avions fait un amendement à l'article 3 qui a
été jugé acceptable par la présidence. A l'article
3a, nous avions le mot "doit" et nous avons proposé un amendement pour
changer le mot "doit", qui est une obligation, par le mot "peut", alors que
c'était J'inverse. Si cet amende-
ment a été jugé recevable par la présidence,
je crois qu'ici c'est le même principe, l'amendement présent doit
aussi être jugé recevable.
Quant à la question de la structure du conseil consultatif, je
crois qu'il y a des précédents dans le projet de loi no 9
où il y a création d'une structure, concernant les alinéas
de l'amendement qui se réfère à la structure, là
où un office est créé. On stipule le genre d'organisme, la
structure de cet organisme.
Je suis un peu étonné de l'attitude du ministre de vouloir
prendre une approche légaliste pour ne pas discuter du fond de
l'article. Ou il est sérieux en voulant créer ce conseil
consultatif ou c'est un autre maquillage, une autre bonne intention qui n'est
pas traduite dans les faits. Quant à la recevabilité, je crois
qu'il ne devrait y avoir aucun doute que cela correspond à notre
règlement. Le principe de la loi n'est pas écarté. On
ajoute, on cherche des modalités pour spécifier en quoi le
conseil consultatif doit consister.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, j'enchaîne avec le
dernier point que vient d'évoquer le député de Mont-Royal
pour indiquer qu'il ne m'apparaît pas non plus que, sur le plan des
règlements, de la façon que la motion d'amendement est
libellée actuellement... Il n'y a rien là-dedans qui va à
l'en- contre, en fait, du principe même du projet de loi. On ne va pas du
tout à l'encontre de ce qui a été décidé en
deuxième lecture, bien au contraire, ici, on ajoute un
élément au principe qui a été reconnu. On demande
que le mandat du conseil consultatif, à ce moment, soit
précisé. C'est l'objet même de l'amendement. On indique une
structure qui m'apparaît plus complète au niveau du conseil, ses
obligations, ses devoirs. Dans ce sens, je pense que le débat ne se
situe pas du tout, en ce qui me concerne, au niveau du règlement,
à savoir s'il est recevable ou non. Il m'apparaît tout à
fait recevable. Ensuite, c'est au niveau du contenu qu'on aura à se
prononcer.
M. Laplante:... il me semble que vous prouvez qu'il n'est pas
recevable.
Le Président (M. Dussault): Etant donné, M. le
député de Bourassa, que j'avais dit que j'entendrais un personne
par parti, je voudrais m'en tenir à ce que j'avais dit. Cependant, si
c'est l'assentiment de la commission de vous entendre, je n'y verrai pas
d'objection.
M. Laplante: Je pense que cela vous appartient, M. le
Président, si vous vous sentez réellement assez
informé.
Le Président (M. Dussault): II semble que nous ayons le
consentement de la commission. M. le député de Bourassa, je vous
écoute.
M. Ciaccia: J'ai soupiré et cela a été pris
comme un consentement.
M. Bourassa: Pour moi, il n'est pas recevable...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Bourassa! J'ai conclu que qui ne dit mot consent, ce
qui habituellement relève du sens commun, mais il n'est pas trop tard
quand même...
M. Ciaccia: Je ne veux pas lui enlever son droit de parole.
M. Laplante: Non, je ne veux pas non plus faire de...
M. Ciaccia: Continuons. Consentement.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Mont-Royal.
M. Laplante: Je respecte beaucoup la présidence, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa, vous avez la parole.
M. Laplante: Pour moi, cela va. Toute la loi est complète
là-dessus. La loi n'obligeait pas le ministre. Il n'y a rien dans la loi
qui obligeait le ministre là-dessus, tandis que là, on oblige le
ministre dans la loi à faire cela, pas le ministre, mais le
gouvernement. C'est par l'amendement apporté. Après cela,
l'autorité du conseil peut, tel que c'est défini là, ce
qui n'est pas dans l'article, prendre n'importe quel sujet et
l'étudier.
Il y a une autre chose qui est là aussi, c'est qu'il peut
même rendre public tout ce qui est là. Il n'y a rien dans la loi
qui lui donnerait un tel pouvoir, de tout rendre public. Pour moi, c'est
absolument contraire au sens de la loi que nous avons devant nous ajourd'hui,
même si c'était seulement l'obligation de faire le conseil.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est seulement le point
qu'il a soulevé que je crois inexact quand il dit que le conseil peut
rendre public. Je suis en désaccord. C'est un mandat qu'il a du
ministre. Il n'a pas le droit, d'après mon amendement je ne sais
pas comment vous l'avez interprété de le rendre
public.
M. Laplante: II peut parce qu'il y a là tous les
pouvoirs.
M. Ciaccia: II n'a pas le droit de le rendre public, c'est un
mandat qu'il a du ministre. Je ne suis pas d'accord sur cela.
M. Laplante: II y a tous les pouvoirs, ne l'oubliez pas! Ce n'est
pas le but.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je
considère... Je vous remercie de vos avis. Je me considère
suffisamment informé sur cette question. D'abord, je voudrais rappeler
que le projet de loi no 77 modifie la Loi du ministère de l'Immigration,
c'est-à-dire qu'il apporte certains
changements à la loi. Evidemment, certains de ces changements
constituent des principes de ce projet de loi no 77. Je me reporte à
l'effet de la modification qui est apportée à l'article 4 par
rapport à la Loi du ministère de l'Immigration. Je constate que
l'effet est le suivant, c'est que l'on remplace un mot, qui est le mot
"comité", par le mot "conseil". Le changement n'est qu'un changement de
terminologie. Force m'est, je pense, de constater que le principe qui existait
dans la loi n'a pas été altéré par la
volonté de l'Assemblée nationale lorsqu'elle a voté la
deuxième lecture. (21 heures)
II me semble difficile d'accepter, à ce moment, qu'un nouveau
principe soit incorporé dans le projet de loi, principe qui ferait qu'au
lieu de permettre la création d'un conseil, on créerait
l'obligation. Je pense que, pour cette raison, je devrai déclarer
l'amendement de M. le député de Mont-Royal irrecevable.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... je ne conteste pas votre décision, quoique
je doive dire que le principe du projet de loi no 77, c'était de mettre
en application l'entente et je ne pense pas que j'y déroge, mais si la
question de "doit" ou "peut" semble tracasser le côté
ministériel, je pourrais retirer de mon amendement le mot "doit". Je
vais laisser "peut" et je laisserais le reste de l'amendement tel quel. Il ne
faudrait pas nous donner l'impression que vous ne voulez pas discuter et que
vous ne voulez pas donner un certain rôle à ce conseil
consultatif.
M. Couture: ... discuté l'article... M. Ciaccia:
Non, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le ministre et
M. le député de Mont-Royal! Est-ce que vous faites formellement
ce changement à votre amendement?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, j'enlève le
mot...
Le Président (M. Dussault): Donc, nous soustrayons de
l'amendement ce qui fait référence à un changement du mot
"peut" par le mot "doit".
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dussault): Le reste de votre amendement
demeure tel quel.
M. Ciaccia: Tel quel, M. le Président, oui.
Le Président (M. Dussault): A ce moment-là, M. le
député de Mont-Royal, je vais juger votre motion d'amendement
recevable.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le but de cet amendement est d'essayer de donner un peu une structure
à ce conseil. C'est un peu stipuler ce que ce conseil pourrait faire. Il
ne faudrait pas créer un conseil consultatif, le placer en veilleuse et
dire: Ecoutez! Vous êtes un conseil consultatif sur l'immigration et vous
n'aurez pas le droit, vous-mêmes, d'entreprendre certaines études
que vous jugerez importantes quant aux questions de l'immigration.
M. Couture:... mis en veilleuse; c'est vous qui l'avez mis en
veilleuse.
M. Ciaccia: M. le Président, si l'ancien gouvernement l'a
mis en veilleuse, ce n'est pas une raison pour vous de continuer cette
pratique.
M. Couture: On l'a remis sur pied.
M. Ciaccia: On vous donne l'occasion de concrétiser les
belles paroles qu'on entend toujours, à savoir: Vous allez faire ci,
vous allez faire ça. Voici! On vous donne l'occasion de démontrer
que vous êtes vraiment sérieux dans vos propos.
L'autre aspect du conseil consultatif, c'est la
représentativité. Même quand le ministre a annoncé
la formation de ce conseil, l'année dernière, je crois,
c'était une des préoccupations que j'ai soulevées,
à savoir comment ce conseil devait être nommé? Comment
devait-il être représentatif? Nous voulons inclure ici des mots
afin de permettre au conseil de vraiment agir comme conseil et
représenter le groupe de notre population que le ministre veut
consulter, c'est-à-dire les groupes ethniques.
Je crois qu'on ne va pas trop loin en disant qu'il doit être
représentatif des communautés ethniques du Québec, qu'il
doit y avoir, à ce conseil, des membres qui ont une expérience
dans le domaine des relations avec les immigrants et qu'il devra être
constitué par la majorité de Québécois d'origine
ethnique, parce que c'est beau de dire: On ne pratiquera pas la discrimination
et on a de bonnes intentions, mais il faudrait le démontrer. Si ces
sujets sur lesquels nous discutons affectent les groupes ethniques, les
immigrants, je ne pense pas que ce soit trop demander que de prévoir
dans la loi qu'ils soient représentés et qu'il y ait une
majorité de gens de diverses origines ethniques au conseil.
Alors, pour le moment, ce sont les remarques que j'ai à apporter
à notre amendement.
M. Laplante: Sur la recevabilité surtout. M. Ciaccia:
Non. C'est recevable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa, j'ai jugé cet amendement recevable après avoir
enlevé de l'amendement l'allusion au fait de changer le mot "peut" par
le mot "doit".
M. Laplante: Puis-je parler un peu sur l'amendement?
Le Président (M. Dussault): Sur le fond, oui.
M. Laplante: Sur le fond. On arrive à peu près dans
le même cul-de-sac qu'auparavant. Si je prends la loi de 1974, il y avait
un but du législateur et, dans la sagesse du ministre, on a voulu
apporter quelques amendements mineurs, mais qui peuvent être majeurs aux
yeux du député de Mont-Royal, qui sont, en somme, la
reconnaissance d'un comité par conseil, où ce dernier
détermine l'allocation de dépenses ou de présence à
l'intérieur de la loi amendée. Quant à nous, accepter les
amendements du député de Mont-Royal serait nier la loi de 1974,
parce que, les buts, si on avait voulu faire réellement de nouveaux
articles pour entrer votre dernier paragraphe, le conseil consultatif devrait
être constitué par une majorité de Québécois
d'origine ethnique, c'est un aspect que je ne serais pas d'accord à voir
inscrire dans un projet de loi.
Si on veut une bonne participation des groupes ethniques, je crois qu'il
faut les insérer dans ce conseil peut-être à un niveau
égal à d'autres Québécois qui voudraient y
participer, parce que les groupes ethniques ont beaucoup à montrer
souventefois aux Québécois qui sont là. Je crois que cela
serait une présence pour les Québécois avec les groupes
ethniques dans ce conseil qui leur rendraient service, mais si on fait un
encadrement de gens de groupes ethniques seulement, ensemble et dire: Vous
allez être l'élément consultatif de tout ce qui va se
passer, je ne peux être d'accord sur cela.
Où s'en va-t-on là-dedans, comme Québécois,
comme groupe majoritaire de francophones? On ne le sait pas. On ne le sait pas
où cela peut nous mener. Il faut éviter... Oui, c'est
consultatif. C'est justement. La lumière, ces gens vont nous la
transmettre dans un groupe mixte qu'il pourra y avoir, parce que ce n'est pas
le temps d'arriver et de dire: II peut y avoir trois Italiens, deux Grecs, un
Juif. Je ne crois pas que cela soit l'endroit pour mettre cela, parce qu'il
restera toujours des confrontations qui se feront sur l'hypothèse que un
est mal représenté, l'autre est surreprésenté. Cela
apportera toujours des discussions publiques et le ministère sera
embarrassé avec cela.
En plus de cette représentativité, il a enlevé le
mot "peut". Vous avez aussi "... aux fins de nomination des membres du conseil
consultatif, le lieutenant-gouverneur en conseil doit tenir compte... ", doit
tenir compte, c'est un autre ordre qu'on donne encore au lieutenant-gouverneur
en conseil. Ce n'est même pas le mot "peut" encore dessus. Tout de suite,
on sert sur le a), b), c), d) que vous avez voulu inclure avec le dernier
paragraphe.
Pour toutes ces raisons, je ne crois pas que cet amendement soit
acceptable à ce moment-ci.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, je veux relire l'article de
la loi. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut constituer un conseil
consultatif composé d'au plus quinze membres pour conseiller le ministre
sur toute question que ce dernier lui soumet relativement à
l'immigration, à l'adaptation des immigrants à leur nouveau
milieu et à la conservation des coutumes ethniques et pour communiquer
au ministre tout avis que ce conseil juge approprié quant aux
mêmes questions. "Les membres de ce conseil ne reçoivent aucun
traitement à ce titre; ils peuvent être indemnisés de ce
qu'il leur en coûte pour assister aux assemblées et recevoir une
allocation de présence fixée par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Ce conseil peut adopter pour sa régie interne des
règlements qu'il juge appropriés; ces règlements entrent
en vigueur dès leur approbation par le lieutenant-gouverneur en
conseil".
M. le Président, je veux simplement soumettre ici que l'article
actuel de la loi permet et je veux vraiment à moins que le
député de Mont-Royal mette en doute les travaux du comité
consultatif des deux dernières années soumettre que
l'article actuel a permis à ce comité de fonctionner d'une
façon assez exceptionnelle et d'apporter énormément de
matière, de lumière et de bonnes interventions dans le milieu
québécois et auprès des groupes ethniques.
Ce qui est important pour nous, c'est de savoir, avant de modifier un
article, si celui qui est devant nous fonctionne et est
opérationnel.
M. le Président, je dis qu'en ce qui me concerne je crois que
nous avons tout ce qu'il faut dans cet article pour permettre le
comité consultatif l'a prouvé un travail adéquat,
efficace et toujours souple et intéressant auprès du ministre,
avec l'article actuel.
J'ajouterais aussi sur les préoccupations qui sont
évoquées par l'amendement, c'est-à-dire de nommer les
membres un an, cinq ans, trois ans et d'assurer une continuité,
d'assurer aussi une représentativité des principales
communautés ethniques, de la dimension régionale, etc. Je dois
dire que, depuis plusieurs mois, j'ai moi-même, demandé au
comité consultatif, et c'était un de ses premiers mandats
de nous aider à préparer les prochaines nominations au
comité consultatif, même de nous inventer une structure ou une
approche pour vraiment bien couvrir tous les milieux et respecter la
représentativité ou rejoindre la représentativité
de tous ces milieux, cela a été fait d'une façon à
mon avis excellente.
Il y a eu une consultation énorme dans les milieux. Nous nous
apprêtons prochainement à modifier ou à changer certains de
ses membres. Nous en tenons compte. C'est un règlement que nous nous
sommes donné nous-mêmes en consultation avec le comité
consultatif, parce que c'est fictif de croire qu'il suffit que, dans la loi,
des choses soient écrites pour qu'elles soient faites.
On a eu la preuve avec l'ancien gouvernement où il y avait
effectivement cet article 9, et ce comité n'a pas fonctionné
pendant trois ans.
Donc, s'il n'y a pas une volonté politique derrière pour
dire: Un conseil consultatif, on en tient compte, on travaille avec lui, on lui
demande son opinion, ses suggestions pour modifier les mem-
bres, pour préparer les changements nécessaires, pour
organiser des études, etc., c'est qu'à mon avis la volonté
politique est beaucoup plus garante du travail du conseil consultatif que
d'aligner, dans un amendement, des contraintes qui ne seront peut-être
pas nécessairement vraies dans quelques mois.
Je voudrais terminer là-dessus, parce que si, dans le fond, on
laisse cela d'une façon assez générale, c'est parce
qu'effectivement, par réglementation, nous pouvons, à l'occasion,
dans la nomination des membres, comme gouvernement, nous donner des
règles de conduite; nous pouvons dire que, éventuellement, nous
allons tenir compte de telle et telle dimension dans la nomination des
prochains membres et le travail que nous pourrions leur assigner.
Ce que je trouverais peut-être dangereux, c'est que, dans la loi
on écrive, à un moment donné, qu'il faut telle
représentativité, il faut telle condition et que les membres,
pour toutes sortes de raisons, souhaitent que, dans quelques mois, on ajoute
quelque chose ou qu'on le modifie et qu'on soit bloqué ou figé
dans un texte qui est déjà dans la loi. (21 h 15)
Alors, M. le Président, à l'expérience, à la
lumière de ce qui a été fait dans les deux
dernières années, il m'apparaît que l'article actuel est
suffisamment souple, large et permet au conseil, par sa régie interne et
par les possibilités quand même grandes qui lui sont
données, de jouer le rôle qu'on attend de lui. C'est la raison
pour laquelle je propose qu'on rejette l'amendement proposé par le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Bourassa semble invoquer à l'encontre de cet amendement, des raisons que
je trouve difficile à comprendre. C'est bien beau de toujours se faire
dire qu'on est égaux, vous êtes égaux, vous êtes des
citoyens à part entière, mais dès qu'on essaie de bonifier
une loi pour prouver vos intentions, là, c'est impossible. Vous dites
que cela va embarrasser le ministère, si j'ai bien compris vos paroles.
C'est un embarras parce que j'ai dit que la majorité serait des
Québécois d'origine ethnique. Si cela peut vous tranquilliser un
peu, on peut mettre: A part égale. Ce n'est pas la majorité, mais
au moins 50%.
C'est drôle, je trouve ça très curieux qu'à
chaque fois qu'on essaie de concrétiser notre égalité, on
se fait donner toutes sortes de raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas
inclure dans la loi, qu'on est égaux. Il faut se fier à vos
bonnes intentions. Je ne me fie pas du tout à vos bonnes intentions, je
vous l'ai déjà dit, je vous le répète. Si vous avez
de bonnes intentions, la meilleure manière de me le prouver, c'est de
l'écrire dans la loi.
C'est bien beau pour le ministre de dire que c'est fictif, certaines
choses sont écrites, c'est vrai que pas tout ce qu'on écrit est
mis en application. Il y a des gouvernements qui ont abusé des lois,
même si on dit qu'on ne doit pas faire de discrimination, ça peut
se faire malgré la loi. Je préfère avoir une loi où
j'ai certains droits auxquels je peux me référer que de laisser
tout à la discrétion du gouvernement. Ce n'est pas une excuse,
parce qu'il y a eu des abus dans le passé ou il y a des abus dans
d'autres pays que je ne voudrais pas comparer au nôtre, pour dire: On va
avoir des lacunes dans la loi.
Quand vous parlez de nominations, la première fois que vous avez
annoncé ce conseil consultatif, le reproche que j'avais fait à ce
moment-là, M. le ministre, vous vous en souviendrez, c'est que vous
n'aviez pas consulté tous les groupes ethniques. Vous l'aviez admis,
mais vous aviez dit: Ecoutez, je n'ai pas eu le temps, il fallait créer
ce conseil; la prochaine fois, on va s'assurer que les consultations aient
lieu.
Ce n'est pas une réponse, je n'accepte pas cette réponse,
à savoir: On le fait, vous n'avez pas besoin de l'écrire dans la
loi. Avec une affaire comme ça, vous n'auriez même pas besoin de
projet de loi. Je n'ai pas besoin d'une loi, mais vous avez jugé bon
d'introduire la loi, et non seulement avez-vous jugé bon d'introduire la
loi, mais quand on vous a critiqué parce que la loi disait: Le ministre
peut faire tout, quand il le veut, comme il le veut et au moment où il
le veut, vous avez apporté certains amendements, parce que
c'étaient des critiques valables.
Vous avez spécifié les objectifs que vous n'aviez pas dans
la loi, vous avez inclus des critères de sélection que vous
n'aviez pas dans la loi. Je vous dis que, quant au conseil consultatif, si vous
êtes vraiment sérieux concernant la création et
l'application d'un tel conseil, je crois que ce n'est pas...
M. Couture: J'accepterai quelque chose sur la consultation, la
partie où vous demandez la consultation, pour montrer ma bonne foi, je
l'accepterais facilement, qu'après consultation, on puisse ajouter: Le
lieutenant-gouverneur en conseil... On peut travailler sur l'amendement. "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut constituer un conseil consultatif
composé d'au plus quinze membres", et votre membre de phrase qui vient
au troisième paragraphe de l'amendement, "après consultation des
organismes, groupes et associations représentatifs se préoccupant
des questions relatives à l'immigration." J'achète ça.
M. Ciaccia: Je ne comprends pas exactement.
M. Couture: Cela veut dire que, dans notre article actuel, si
vous me proposez un amendement pour introduire la consultation obligatoire par
le ministre, je l'accepte.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, est-ce que ce
que vous êtes en train de nous dire a
pour effet de revenir et de changer, à toutes fins pratiques, le
mot "peut" pour le mot "doit"?
M. Couture: Non, je n'ai pas parlé de "doit" du tout.
Le Président (M. Dussault): Je serais obligé de
vous donner ia même réponse.
M. Couture: C'est que je reprends mon article.
Le Président (M. Dussault): Pour que la commission se
comprenne bien, voudriez-vous répéter ce que vous suggérez
à M. le député de Mont-Royal.
M. Couture: S'il accepte mon sous-amendement.
M. Ciaccia: C'est un pas dans la bonne direction, M. le ministre.
Si on pouvait parler plus longtemps, on pourrait procéder une
étape à la fois. Ce n'est pas assez.
M. Couture: Est-ce que vous me permettez d'en faire un
sous-amendement ou si vous suggérez de modifier votre amendement dans le
sens suivant, il n'est pas question de "doit", on reste toujours avec le
"peut".
Reprenons l'article 4 du projet de loi 77 par les amendements
proposés. L'article 9 de ladite loi est remplacé par le suivant:
"Le lieutenant-gouverneur en conseil peut constituer un conseil consultatif
composé d'au plus quinze membres pour conseiller le ministre sur toute
question que ce dernier lui soumet..." Pour introduire la consultation,
peut...
Je reprends. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut constituer un
conseil consultatif".
M. Ciaccia: M. le Président, pour aider un peu le
ministre, sur la question de la recevabilité.
M. Couture: En reprenant après consultation. J'y arrive.
Après consultation des organismes, groupes et associations
représentatifs se préoccupant des questions relatives à
l'immigration. Ce conseil sera composé d'au plus...
M. Ciaccia: L'amendement du ministre n'est pas recevable, parce
qu'il amende sa loi, il n'amende pas mon amendement. Il faudrait si je
ne retire pas mon amendement qu'on vote contre, et ensuite, te ministre
pourra nous apporter des amendements à son projet de loi.
M. Couture: Cela va.
Le Président (M. Dussault): La suggestion n'étant
pas retenue, M. le député de Mont-Royal, vous avez la parole
à nouveau sur votre amendement. C'est votre amendement, M. le
député de Mont-Royal, et vous avez la parole.
M. Ciaccia: Je ne veux pas éterniser le débat. J'ai
fait mon amendement. Je n'ai pas d'autres arguments à ajouter pour le
moment.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Juste quelques mots, M. le Président, pour
clarifier cette situation. Je pense qu'on s'est mal compris, le
député de Mont-Royal et moi-même. Pour moi, le groupe
ethnique ne demande jamais de privilège. Il veut vivre d'une
façon égale aux Québécois. C'est ce que je pense.
Il ne voudrait pas entrer dans un ghetto et dire: Donne-moi une majorité
ici que je vive mon comité, moi tout seul. Ce n'est pas cela qu'il veut.
Il ne demande pas de privilèges. Tous ceux que j'ai recontrés
jusqu'à maintenant n'ont jamais demandé de privilèges. Ce
qu'ils veulent, c'est être dans la communauté
québécoise et vivre avec les Québécois. C'est dans
ce sens-là que je voulais vous le dire.
Par votre amendement, vous créez une catégorie
privilégiée. Et ce n'est pas cela qu'ils veulent.
M. Ciaccia: M. le Président, pour répondre au
député de Bourassa.
Le Président (M. Dussault): Oui.
M. Ciaccia: Je ne crée pas ce n'est pas mon
intention une catégorie de privilégiés avec les
groupes ethniques.
M. Laplante: Votre amendement.
M. Ciaccia: Mais quand vous formez un comité d'hommes
d'affaires, est-ce normal d'inviter les hommes d'affaires? Ce n'est pas
là privilégier les hommes d'affaires. Vous créez un
comité pour des fins spécifiques. Il faut que les gens aient
I'expertise dedans. Vous créez un comité consultatif sur
l'immigration, c'est normal que ceux qui sont affectés soient dans le
comité.
Si je demande cela aujourd'hui, c'est que dans le passé, votre
égalité n'a pas tout à fait eu lieu. Je n'accepte pas
cette interprétation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je ne serai pas trop long. Je pense que le
député de Mont-Royal, je le reconnais, a de la bonne
volonté, mais il a peut-être l'art de compliquer les choses.
Premièrement, nous avons un conseil consultatif, comme l'a dit le
ministre, qui a fonctionné depuis deux ans. Le conseil ayant
fonctionné, il n'a sûrement pas fait des représentations
auprès du ministre pour faire ce que vous demandez, que je sache.
D'autre part, il y a dans ce gouvernement-ci une volonté de faire
fonctionner les choses simplement. Quand je compare le texte de loi que nous
avons ici avec votre amendement, malgré votre bonne volonté
dans ce cas-ci, je vois que vous avez de la bonne volonté; vous
aimez tellement les Québécois de nouvelle souche que vous
êtes prêt à tout faire pour eux je m'y perds dans
votre patente, c'est compliqué. Vous arrivez avec des termes qui
sont peut-être durs à avaler. Je pense que, si j'étais
Québécois autochtone, j'aurais de la difficulté à
digérer votre texte. Peut-être est-ce une non-maîtrise de la
langue de Molière qui vous permet d'avancer des phrases qui sont
peut-être choquantes pour les Québécois autochtones. Oui,
c'est vrai.
D'une part, M. le Président, j'inviterais le député
de Mont-Royal à faire attention parce que la langue de Molière
n'est pas facile à manier et qu'on peut choquer parfois sans vouloir le
faire. En voulant même créer l'harmonie entre les
Québécois, quelles que soient leurs origines, par la formulation
même de vos phrases, vous arrivez peut-être à créer,
inconsciemment, certaines divisions. Je conçois que vous avez de la
bonne volonté, aussi, à cause même de la complexité
de votre texte, je vais voter contre, en en acceptant une partie, la
consultation des organismes, mais je pense que le ministre pourra faire cela
lui-même.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Des fois, je comprends les préoccupations du
député de Papineau qui craint qu'on puisse choquer les
autochtones, mais, si on ne s'affirme pas dans nos droits, cela peut avoir
d'autres conséquences. Ce n'était pas mon intention de choquer
personne par cet amendement. Seulement pour vous rassurer, cela a
été rédigé par un recherchiste qui connaît
très bien la langue de Molière, ce n'est pas moi qui l'ai
rédigé. Je lui ai fait part de mes intentions. Je voulais
certaines spécifications, détails concernant le Conseil
consultatif...
M. Alfred: II n'y a pas eu consonance entre les deux esprits.
M. Ciaccia: ... et c'est quelqu'un qui parle la langue de
Molière, comme vous l'avez décrite, qui m'a écrit cet
amendement. Je pense bien que ce n'était pas dans mes intentions de
choquer personne, c'était seulement, par exemple, pour vraiment affirmer
que, quand on dira qu'on fera certaines choses au niveau des groupes ethniques
au Conseil consultatif, ce soit vraiment stipulé pour que ces droits
existent.
Le Président (M. Dussault): L'amendement du
député de Mont-Royal est-il adopté?
M. Ciaccia: Vote nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): Nous procédons au vote.
M. le député de Papineau.
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Henri?
M. Couture: Contre.
Une Voix: Ce n'était pas certain.
M. Ciaccia: Dans votre coeur, vous savez que j'ai raison.
M. Couture: Je pensais au mien.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Rivière-du-Loup?
M. Boucher: Contre, tel que rédigé.
Le Président (M. Dussault): Le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Dussault): Le député de
Viau? Il y a 4 contre et 2 pour. L'amendement est donc rejeté.
M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, je voudrais proposer
l'amendement suivant à l'article 4 du projet de loi, un nouvel
amendement à l'article 4 du projet de loi 77 qui se lirait comme suit:
"L'article 9 de ladite loi, modifié par l'article 4 du chapitre 64 des
lois de 1974, est remplacé par le suivant: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut constituer un conseil consultatif, après consultation par
le ministre des principaux organismes, groupes, associations
représentatives se préoccupant des questions relatives à
l'immigration. Ce conseil est composé d'au plus quinze membres pour
conseiller le ministre sur toute question que ce dernier lui soumet
relativement à l'immigration, à l'adaptation des immigrants
à leur nouveau milieu et à la conservation des coutumes ethniques
et pour communiquer au ministre tout avis que ce conseil juge approprié
quant aux mêmes questions. (21 h 30) "Les membres de ce conseil ne
reçoivent aucun traitement à ce titre. Ils peuvent être
indemnisés de ce qu'il leur en coûte pour assister aux
assemblées et recevoir une allocation de présence fixée
par le lieutenant-gouverneur en conseil. "Ce conseil peut adopter, pour sa
régie interne, les règlements qu'il juge appropriés; ces
règlements entrent en vigueur dès leur approbation par le
lieutenant-gouverneuren conseil".
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous pourriez me
fournir le texte écrit, M. le ministre?
M. Couture: Je peux vous fournir le texte.
Le Président (M. Dussault): Si je comprends bien, M. le
ministre, votre amendement consiste à ajouter, à la
deuxième ligne, après les mots "conseil consultatif", les mots:
"après consultation par le ministre des principaux organismes, groupes,
associations représentatifs se préoccupant des questions
relatives à l'immigration." Ensuite, ajouter "Ce conseil...
M. Couture: Ce conseil est composé d'au plus...
Le Président (M. Dussault): ... on continuerait avec "est
composé d'au plus quinze membres". Je juge cet amendement recevable. Cet
amendement est-il adopté? Adopté.
M. Ciaccia: Seulement pour l'information du ministre...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Quand il nous réfère à des lois
qui n'ont pas été appliquées, pas des lois, mais que le
conseil consultatif a été mis en veilleuse, j'ai devant moi une
loi de votre gouvernement, qui a été sanctionnée le 23
juin 1978 et qui n'a pas encore été proclamée. Toute la
loi est mise en veilleuse, c'est la loi no 9, Loi assurant l'exercice des
droits...
M. Couture: II me semble que ce n'est pas pertinent au
débat.
M. Ciaccia: ... des personnes handicapées. Oui, c'est
pertinent. C'est vous qui avez soulevé la question, de le mettre en
veilleuse. Vous mettez toute une loi en veilleuse, pas seulement le
comité.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Papineau. Vous avez changé d'idée?
Allez!
M. Alfred: C'est-à-dire que le terme "comité" est
peut-être la raison pour laquelle il n'y a pas eu de suite à ce
comité dit consultatif, parce que, quand on change le mot
"comité" par le mot "conseil" cela a une tout autre consonance. Le mot
"comité" veut dire un ensemble de compagnons.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Papineau. Est-ce que l'article 4 tel qu'amendé
est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. Ciaccia: Vote nominal pour l'article 4, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Dussault): Certainement, M. le
député de Mont-Royal. Nous passons au vote nominal sur l'article
4. M. le député de Papineau?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Henri?
M. Couture: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rivière-du-Loup?
M. Boucher: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Dussault): II y a cinq votes pour, et un
vote contre. L'article 4 est donc adopté tel qu'amendé. J'appelle
l'article 5. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: A l'article 5...
M. Couture: Est-ce que je pourrais expliquer l'article 5?
Le Président (M. Dussault): M. le ministre. Pouvoir
d'enquête
M. Couture: A l'article 5, une fois de plus, nous avons voulu
prouver à quel point nous sommes un gouvernement à
l'écoute des autres et qui adore consulter tous les milieux et
même recevoir des lumières ou des suggestions de tous les membres
de l'Assemblée nationale. A l'article 5 du projet de loi 77, on nous
avait fait état de certaines formulations qui n'étaient pas tout
à fait correctes ou de notions qui pouvaient donner lieu à
certaines craintes. Dans les amendements que je propose, je vais les lire, je
crois qu'on corrige, qu'on améliore ou qu'on bonifie cette formulation.
A l'article 5, ladite loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 13, des suivants: "13a dans l'exercice des fonctions et pouvoirs qui
lui sont accordés par la présente loi ou les règlements,
le ministre peut lui-même ou par une personne qu'il désigne,
enquêter sur toute matière de sa compétence"; 13b qui est
un amendement nouveau: "II est interdit d'entraver un enquêteur dans
l'exercice de ses fonctions, de le tromper ou de tenter de le tromper par des
déclarations fausses ou mensongères ou en omettant ou en refusant
sans raison valable de répondre suffisamment à toutes les
questions qui peuvent légalement être faites ou de
refuser d'obéir à un ordre qu'il peut donner en vertu de
la présente loi ou des règlements".
Comme vous voyez, on a formulé les choses autrement plutôt
que de laisser le mot "réticences ", qui semblait causer pas mal de
problèmes à certaines personnes. A l'alinéa suivant, on a
changé un "inspecteur" pour un "enquêteur" pour avoir la
cohérence avec les autres mots. "Un enquêteur doit, s'il en est
requis, exhiber un certificat signé par le ministre attestant sa
qualité". Le 13c, c'est le même: "Quiconque contrevient aux
dispositions de la présente loi ou des règlements commet une
infraction et est passible, sur poursuite sommaire, en outre du paiement des
frais, d'une amende d'au moins $50 et d'au plus $1000".
M. le Président, je n'ai pas d'explications plus longues à
apporter là-dessus. Je pense que c'est simplement pour mieux
présenter l'énoncé de la disposition.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... est-ce que le ministre pourrait nous expliquer la
différence entre un enquêteur et un agent d'immigration?
M. Couture: Un agent d'immigration, nous identifions cette
personne comme un conseiller d'immigration. C'est un fonctionnaire du
ministère de l'Immigration. Un enquêteur...
M. Ciaccia: Pourquoi avez-vous besoin d'enquêteurs'
M. Couture: Pour, éventuellement... M. Ciaccia:
Vous avez vos agents.
M. Couture: Au sujet du mot "enquêteur", on pourrait
peut-être demander à notre conseiller juridique la distinction
exacte, mais c'est un fait que, dans l'exercice de nos pouvoirs, on doit
éventuellement vérifier les assertions et les déclarations
des personnes concernées. Il nous est permis de vérifier aussi
je pense que la loi doit nous donner ce pouvoir si,
effectivement, les assertions ou les représentations qu'on nous fait
sont exactes.
M. Ciaccia: Dans la loi existante, vous avez des agents qui font
ces travaux. Pourquoi ajouter la question des enquêteurs? C'est vrai que
vous avez apporté un certain changement. Vous avez enlevé les
mots "par des réticences", qui allaient vraiment trop loin, mais le
principe, encore, d'avoir des enquêteurs dans ces matières...
M. Couture: Toutes les lois...
M. Ciaccia: ... je ne pense pas que...
M. Couture: C'est un pouvoir que toutes les lois se donnent
éventuellement, les principales lois qui ont besoin...
M. Ciaccia: Bien non.
M. Couture: ... comme la Loi de la protection de la santé
publique, des agents de voyage, cela existe déjà dans un certain
nombre de lois et je pense que c'est nécessaire pour nous de
l'avoir.
M. Laplante: C'est le même mot, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Au gouvernement fédéral, à
Ottawa, est-ce qu'on emploie le mot "enquêteur" ou "agent"...
M. Ciaccia: Je ne sais pas... M. Laplante: ... dans la
loi?
M. Ciaccia: ... et si le fédéral emploie le mot
"enquêteur", j'aurais les mêmes critiques de la loi
fédérale que j'ai de celle-ci.
M. Laplante: Non, ce n'est pas ça. C'est que si le
fédéral emploie le mot "enquêteur" comme nous, vous avez
justement une petite participation du fédéral, à savoir
qu'il y a un mot qui correspond à sa loi, du moins.
M. Ciaccia: Oui, mais ne prenez pas en mauvaise part...
M. Laplante: C'est un gain, ça.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas voulu inclure les mots
"non-discrimination", mais vous êtes prêts à accepter le mot
"enquêteur". Je suis contre.
C'est un gain, ça. Ne l'oubliez pas.
M. Couture: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Couture: ... l'utilisation des enquêteurs, c'est la Loi
des commissions d'enquête qui nous oblige à les identifier comme
tels et ce pouvoir qu'on se donne se justifie parce qu'on doit traiter en toute
équité les demandes des requérants et ne pas laisser... Je
pense que ce serait un jeu si, éventuellement, il y avait des manoeuvres
et des déclarations frauduleuses et qu'on ne pouvait, par nos
interventions, signifier que nous voulons que chacun se conforme à cette
loi. Je me demande pourquoi on complique tellement les choses là-dessus,
parce que...
M. Ciaccia: Ecoutez! Je vais vous dire pourquoi.
M. Couture: ... c'est un pouvoir tout à fait normal dans
une loi comme celle-ci.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous avez déjà le pouvoir et vous avez
sur place des agents d'immigration. Ce à quoi je m'oppose dans votre
nouvel article 5 l'article 13b c'est que, dans le milieu des
immigrants, il faudrait éviter tout soupçon même
d'intimidation. De la façon même que vous avez
rédigé cela, ce n'est pas vous qui allez faire ça.
Ecoutez! Vous êtes assez responsable et humain pour ne pas y penser, mais
il peut y avoir un type qui va aller devant un immigrant et dire... Utiliser
ces termes, cela donne une atmosphère à cette loi qu'elle ne
devrait pas avoir. Cela ouvre la porte à des abus.
M. Couture: ...loi.
M. Ciaccia: Même dans votre loi 101 qui est assez abusive
il y a pas mal d'articles abusifs même dans cette loi, vous
n'avez pas d'enquêteurs.
M. Couture: La loi C-24...
M. Ciaccia: Vous avez des personnes désignées par
le ministre qui peuvent vérifier certaines choses. Alors, je ne vois pas
la nécessité de faire ce genre de loi. Vous parlez
d'enquêteurs qui peuvent être trompés, de
déclarations fausses. Il ne faut pas présumer.
M. Couture: Si je peux vous rassurer...
M. Ciaccia: Je vous demanderais d'enlever cet article. Cela ne
vous enlève pas de pouvoir et vous pourrez administrer votre loi aussi
bien sans le potentiel abusif d'un tel article.
M. Couture: Je pense que le député de Mont-Royal
devrait mettre davantage tous ses efforts sur les dispositions de la loi C-24
qui donne des pouvoirs arbitraires à des agents fédéraux
pour aller enquêter dans les maisons, même sortir des immigrants
des maisons, les enfermer au besoin.
M. Ciaccia: Je suis contre cela, M. le ministre.
M. Couture: Mettez donc... Cela serait peut-être
plus...
M. Ciaccia: Je ne suis pas député
fédéral. Je suis député provincial et on est en
train d'étudier votre projet de loi. Cela ne vous fait rien?
M. Couture: Ce que je veux dire, c'est que ce pouvoir
d'enquête, c'est évidemment seulement dans les matières de
la compétence du gouvernement du Québec, c'est-à-dire dans
les certificats...
M. Ciaccia: On va créer encore d'autres "policemen" pour
les immigrants.
M. Couture: ... de sélection et les certificats
d'acceptation. Je crois vraiment qu'à ce point de vue, la très
grande majorité des immigrants n'auront jamais l'occasion de subir ce
pouvoir ou de souffrir de ce pouvoir. C'est plutôt pour décourager
et, éventuellement, je pense que c'est la responsabilité d'un
gouvernement, tout en se donnant des pouvoirs, d'être assuré que
ces pouvoirs sont respectés, c'est-à-dire que les lois sont
respectées, que les dispositions qui sont exigées par les
citoyens soient aussi respectées.
Je pense que c'est tout à fait le corollaire normal de l'exercice
d'un pouvoir.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je n'éterniserai pas le débat
là-dessus, mais je vais réitérer que c'est un potentiel
abusif. Cela peut être mal utilisé. Vous êtes, et vous le
savez, dans un domaine où les communautés immigrantes sont plus
sensibles à ce genre d'intimidation possible; ce n'est pas un Etat
policier que vous voulez créer, même pas un soupçon, et ce
n'est absolument pas nécessaire d'avoir ces articles de la façon
que vous les avez rédigés.
Quand j'ai soumis un article avant, on a voté contre à
cause de la façon qu'il était rédigé, mais c'est ce
principe même. Vous parlez d'amende, de tromperie. Je trouve cela...
Connaissant les milieux ethniques, les milieux des immigrants, et vous aussi,
vous savez la réaction possible de ces gens à de telles clauses.
Ce n'est pas nécessaire pour administrer votre loi. Vous ouvrez la porte
à des abus par des gens qui veulent mal utiliser votre loi pour d'autres
fins ou qui peuvent se tromper sérieusement.
Je n'ai plus rien à ajouter. Je vous demande de le retirer. Si
vous ne le retirez pas, je demanderais qu'on vote sur l'article et qu'on passe
au prochain article.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Couture: Je vais seulement terminer en disant que le
député de Mont-Royal était député, je pense,
avant 1976, le gouvernement précédent nous avait proposé
le projet de loi 29 qui donnait un pouvoir d'enquêteur, qui avait
accès à tous les livres, registres et dossiers de toute personne
qui exerce une activité pour laquelle une autorisation est
donnée, etc.
M. Ciaccia: J'ai déjà voté contre des
projets de loi avant et j'aurais voté contre celui-là aussi. (21
h 45)
M. Couture: ... et on disait qu'on ne pouvait pas entraver le
travail de l'enquêteur. Je me demande parfois si le député
de Mont-Royal ne joue pas, à ce sujet, un rôle de vierge
offensée
inutilement. Parce qu'en fait, effectivement, ce sont des choses qu'on
trouve partout sous tous les autres gouvernements et surtout sous le
gouvernement libéral. Quant à nous, nous adoucissons les mesures
que le gouvernement libéral apportait dans ce domaine-là.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, ce n'est pas une excuse de
citer une loi du gouvernement précédent. Premièrement,
cette loi n'a pas été adoptée.
M. Couture: Heureusement, elle a été
refusée.
M. Ciaccia: Je ne la trouverais pas plus acceptable que ce soit
de la part d'un autre gouvernement, d'une administration
précédente ou d'un autre palier de gouvernement. J'ai certains
principes, M. le Président, je les ai maintenus jusqu'à
maintenant, j'ai des idées bien arrêtées là-dessus.
Je sais pertinemment quel genre de préoccupations ces gens-là
ont. Vous n'ajoutez absolument rien à votre loi en mettant ce genre
d'article, excepté un autre marteau possible. Alors, ce n'était
pas plus acceptable il y a trois ans que cela ne l'est aujourd'hui.
M. Couture: C'est un contrôle possible. Ce n'est pas un
marteau.
M. Laplante: M. le Président, juste un mot.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je comprends ce que le député de
Mont-Royal veut dire par cela, mais croyez-vous sincèrement que dans
tous les pays du monde ils ne connaissent pas la définition d'un
enquêteur, d'un policier, ou d'un agent?
M. Ciaccia: Oui, ils la connaissent trop bien, c'est pour cela
qu'ils sont ici, plusieurs de ces gens-là, spécialement les
réfugiés dont vous parlez. Ils connaissent ce que c'est que les
enquêteurs et les policiers.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laplante: On s'entend à venir jusque-là.
Croyez-vous que chaque personne qui fait une demande à un moment
donné soit pour le Canada ou pour le Québec ici puisse s'attendre
qu'il y ait une enquête qui se fasse sur sa personne avant d'immigrer
ici?
M. Ciaccia: Vous avez des...
M. Laplante: Non, je vous demande si ces personnes s'attendent
qu'il y ait une enquête qui soit faite sur elles avant d'immigrer ici.
Est-ce qu'elles s'attendent à cela?
M. Ciaccia: Cela se produit maintenant, une fois que vos
informations...
M. Laplante: Bon! Partons de ce principe-là. Laissez-moi
finir, vous allez voir.
M. Ciaccia: Si cela se fait, pourquoi avez-vous besoin de
ce...
M. Laplante: Partons de ce principe-là, M. le
député de Mont-Royal. Déjà, en s'attendant qu'il y
ait un enquêteur, parce que, employez le mot que vous voulez, c'est un
enquêteur qui va enquêter sur ces personnes avant qu'elles ne
soient admises dans un autre pays. Je ne vois pas la douleur que cela peut
faire, ni qu'elles soient effrayées que quelqu'un enquête sur
elles pour...
M. Ciaccia: Cela ne s'applique pas aux gens des autres pays; cet
article s'applique aux gens ici. Il y a une différence. Une fois que ces
gens sont ici, c'est là que cet article s'applique. Cela ne s'applique
pas au gars qui est à Rome.
M. Alfred: Une question de règlement. M. Laplante:
C'est absolument normal.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Papineau sur une question de
règlement.
M. Alfred: M. le Président, j'aimerais que les
intervenants ne se parlent pas entre eux, mais s'adressent d'abord au
président.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison. M. le
député de Bourassa avait la parole.
M. Laplante: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Vous avez terminé.
M. Laplante: On en discutera ensemble, le député de
Mont-Royal et moi.
Le Président (M. Dussault): Devant autant de
fraternité, est-ce que je peux me permettre d'appeler maintenant le vote
sur l'article 5?
M. Ciaccia: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 5, tel
qu'amendé par les modifications qu'a déposées M. le
ministre de l'Immigration. Vote nominal. M. le député de...
M. Boucher: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Je ferais remarquer qu'il ne s'agit pas d'un
amendement, il s'agit, au début, du
nouveau texte qui était présenté et qui constituait
la motion. . Le Président (M. Oussault): Oui, je rappelais que ce
n'est pas l'article 5, tel qu'il apparaît dans le projet de loi, mais
bien celui qui a été modifié et qui apparaît dans le
cahier avec lequel les membres de cette commission travaillent. M. le
député de Papineau.
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Henri.
M. Couture: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Dussault): C'est donc 5 pour et un
contre. L'article 5, tel que modifié, est adopté. Article 6.
Est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. M. le ministre.
Je m'excuse, M. le député de Mont-Royal.
Motion pour inclure un préambule
M. Ciaccia: M. le Président, au début de la
commission parlementaire, j'avais indiqué que je voulais apporter un
amendement traitant du préambule de la loi. A ce moment-là, on
avait indiqué qu'on devait suivre les règlements et
étudier le projet de loi, article par article et à la fin de
cette étude, on pourrait discuter d'un amendement pour introduire un
préambule. Je voudrais, à ce moment-ci...
M. Couture: C'est-à-dire que si vous me permettez, on
pourrait revoir le journal des Débats là-dessus, quand vous aviez
suggéré le préambule et la discussion du préambule,
j'avais été assez catégorique pour dire que nous
n'acceptions pas de préambule à cette loi. Les idées,
objectifs ou principes que vous pourriez sans doute introduire dans un
préambule, nous les avions introduits dans les amendements que j'avais
déposés au début de la commission parlementaire, à
l'article 2.
M. Ciaccia: Cela n'empêche pas que j'ai le droit,
d'après les règlements, d'introduire une motion d'amendement pour
un préambule...
M. Couture: Vous avez le droit de faire tout ce que vous
voulez.
M. Ciaccia: ... quitte à vous de ne pas l'accepter. Je
fais l'amendement suivant, la proposition de...
M. Couture: Question de règlement, M. le Président,
ou je demanderais une directive. Nous avions le mandat d'étudier le
projet de loi 77 article par article. L'étude est terminée,
j'aimerais savoir quel mandat nous est donné d'aller plus loin,
d'accepter de prolonger la discussion, une fois que le projet de loi est
étudié article par article. On n'a pas demandé
ça.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
député de Mont-Royal, pour répondre à la question
de M. le ministre, effectivement, le mandat de cette commission est
d'étudier le projet de loi 77 article par article. Il est en effet exact
que le projet de loi... Je m'excuse...
M. Laplante: M. le Président, je voudrais seulement...
Le Président (M. Dussault): J'ai une demande de directive
de la part de M. le ministre, je voudrais y répondre. Vous avez une
question de règlement, M. le député de Bourassa?
M. Laplante: Non, ce n'est pas une question de règlement,
c'est entre nous. C'est que je veux être juste avec le
député de Mont-Royal. Je suis 100% d'accord avec le ministre
lorsqu'il dit qu'il n'y a pas de préambule, qu'il ne doit pas y en
avoir. C'est une question de règlement, il n'a pas encore
déposé sa motion. Après le dépôt de sa
motion, on pourra discuter si c'est recevable ou non. Nous sommes d'accord sur
cela.
Mais il y a une chose, pour être honnête. Le premier
président de la commission, a autorisé le député de
Mont-Royal, à la fin du dernier article adopté, à discuter
du préambule. Mais il n'a jamais dit qu'il l'acceptait ou qu'il le
rejetait.
M. Couture: M. le Président, c'est la directive que je
vous demande. Je ne me souviens pas s'il l'avait autorisé, à le
faire mais la directive que je vous demande est plutôt une question de
règlement. Le mandat qui nous a été donné par
l'Assemblée nationale est d'étudier le projet de loi 77 article
par article. Le projet de loi 77 a été
étudié article par article. Je me demande à quel
titre, par quelle justification on pourrait aller au débat.
M. Ciaccia: C'est le règlement.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, M. le
député de Mont-Royal, effectivement, si on le prend à la
lettre, pour répondre à la question de M. le ministre,
l'étude du projet de loi article par article se ferait de l'article 1
jusqu'à son dernier article, et nous devrions normalement, à
moins qu'il ait un appendice, ce qui n'est pas le cas, après avoir
adopté le dernier article, adopter le projet de loi dans son ensemble.
C'est l'ordre que nous devrions suivre.
Cependant, nous devons constater que le président n'est plus la
même personne que celle qui présidait au début. Je ne peux
pas avoir la mémoire du président qui était là. Je
suis forcé de me fier aux paroles des membres de cette commission.
M. Couture: C'était le mandat de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Ciaccia: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît. M. le député de Bourassa me dit que le
président qui était ici au début avait permis à M.
le député de Mont-Royal de revenir sur cette question de
préambule à la fin de l'adoption des articles. Si la commission
en convient, je pense que cela ne créera pas de problème.
M. Laplante: Pour vous éclairer... M. Ciaccia:
Question de règlement.
M. Laplante: Un projet de loi ne s'étudie jamais en
commençant par le préambule. C'est toujours après le
dernier article de la loi que s'étudie un préambule dans une
commission parlementaire. Mais il restera votre jugement, sur la
recevabilité d'un préambule. C'est à vous, cela.
M. Ciaccia: Un instant! M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, s'il vous
plaît, j'allais terminer en disant que je vais donc permettre ce que M.
le Président, le premier qui a présidé, a permis à
M. le député de Mont-Royal, puisqu'on convient tous que c'est
cela qui a été dit.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Dussault): Je permets donc à M. le
député de Mont-Royal de revenir sur cette question de
préambule qui s'était posée. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je propose que le
projet de loi no 77 soit modifié en ajoutant, au début, le
préambule suivant: "Attendu que le Québec veut être une
terre d'accueil fraternelle et ouverte à tous ceux-là qui,
librement, choisissent de venir s'établir au Québec et apporter
ainsi leur contribution au progrès et au développement de la
société québécoise; "Attendu que le gouvernement du
Québec et le gouvernement canadien ont conclu et signé le 20
février 1978 une entente sur la collaboration en matière
d'immigration et sur la sélection des ressortissants étrangers
qui souhaitent s'établir au Québec à titre permanent ou
temporaire et que la présente loi pourvoit à la mise en oeuvre de
cette entente; "Attendu qu'il y a lieu d'affirmer la nécessité
d'une collaboration permanente et constructive du gouvernement du Québec
et du gouvernement du Canada en matière d'immigration; "Attendu qu'il y
a lieu d'affirmer, dans un domaine aussi important que celui de la
sélection des immigrants, le principe voulant qu'en élaborant ses
normes et ses critères de sélection, le gouvernement du
Québec n'établisse entre les requérants aucune
discrimination fondée sur la race, la nationalité, les origines
ethniques, la couleur, la religion ou le sexe".
M. le Président, c'est le préambule que je propose
à ce projet de loi. Seulement pour revenir au règlement, je crois
que l'ancien règlement prévoyait la façon dont les
articles devaient être étudiés et, à la fin, on
pouvait étudier le préambule et apporter une motion pour en
inclure un, s'il n'y en avait pas. C'était cela, la décision du
président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, j'allais avant de juger de la recevabilité, de porter
un jugement sur la recevabilité de votre motion consulter les
différents partis, un membre par parti pendant quelques minutes. M. le
ministre, sur la recevabilité.
M. le Président, je crois que cette motion est tout à fait
irrecevable, parce qu'elle ne répond pas au mandat de l'Assemblée
nationale, qui a demandé d'étudier le projet de loi, article par
article, projet de loi qui n'a aucun préambule. J'imagine que, quand
l'Assemblée nationale donne un mandat à une commission
parlementaire, après l'adoption en deuxième lecture d'un projet
de loi, la commission parlementaire s'en va avec le projet de loi dans sa
structure, dans son contenu. La commission parlementaire est fixée, est
contrainte de rester dans cette structure et dans ce contenu, au niveau des
principes entre autres. Ce préambule déborde le projet de loi 77,
il est avant le projet de loi 77, avant les articles qu'on a demandé
à la commission parlementaire d'étudier. Il aurait
été acceptable, éventuellement, d'introduire certaines de
ces notions. D'ailleurs, nous en avons nous-mêmes fait à propos
des amendements que j'ai proposés à l'occasion de l'étude
article par article. Si le député de Mont-Royal avait des
idées ou des intentions à formuler, il l'a fait largement.
C'était à ce moment qu'il devait les introduire. Je crois
vraiment que le fait de déborder la structure
de la loi 77 telle que demandée par l'Assemblée nationale,
cela devient complètement irrecevable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, sur la recevabilité.
M. Ciaccia: M. le Président, avant de prendre une
décision sur la recevabilité, je vous suggérerais
fortement de vous référer à la décision du
président qui occupait votre fauteuil lors de l'ouverture de cette
commission parlementaire et qui a interprété le règlement.
Je remarque qu'il est 22 heures. J'ai d'autres arguments en faveur de la
recevabilité, mais je pense que, puisque la présidence est
indivisible, je crois que ce serait souhaitable que vous consultiez quelqu'un
ou que vous regardiez la transcription du journal des Débats pour voir
la décision du président. (22 heures)
II est 22 heures, je pourrais demander l'ajournement de la commission,
mais je ne sais pas si la commission sera rappelée. Premièrement,
quant à la recevabilité, le préambule que j'ai
soulevé ne va pas du tout à l'encontre des principes du projet de
loi. Si on se réfère au règlement, à l'article 3,
au cinquième alinéa, on dit: La procédure de
l'Assemblée nationale du Québec est réglée,
cinquièmement, par les précédents établis par suite
de l'interprétation des lois et du règlement.
Si nous regardons l'ancien règlement, à l'article 564, on
dit: En comité plénier, les différentes parties d'un bill
public sont examinées dans l'ordre suivant... C'est cela qu'a
invoqué le président qui occupait votre fauteuil. Il a dit: Non,
vous ne pouvez pas introduire, à ce stade-ci, le préambule, parce
que l'ordre de l'étude du projet de loi est le suivant: les articles
imprimés, les articles imprimés qui ont été
différés, les articles nouveaux...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Mont-Royal! Je m'excuse de vous couper la parole.
Est-ce que j'ai le consentement de la commission pour continuer les travaux
après 22 heures?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez continuer, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je lisais l'ordre dans
lequel les articles peuvent être étudiés et c'est
textuellement, je crois, l'article que le président qui occupait votre
fauteuil a cité. Il y a les articles imprimés, les articles
imprimés qui ont été différés les articles
nouveaux, les annexes imprimées mais seulement s'il y a lieu de les
amender, les annexes nouvelles et, sixièmement, le préambule,
septièmement, le titre, mais seulement s'il y a lieu de l'amender.
La raison qui a été invoquée quand j'ai introduit
ma motion d'amendement pour introduire un préambule: c'était
prématuré. Je devais le faire après l'étude de tous
les articles.
M. Laplante: ... M. le Président... M. Ciaccia:
C'est pour cette raison...
M. Laplante: ... l'article 96, simplement pour rectifier...
M. Ciaccia: ... que j'introduis cette motion maintenant.
M. Laplante: L'article 96 du règlement. Je m'excuse, M. le
député de Mont-Royal...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Non, c'est pour rectifier les faits.
Le Président (M. Dussault): Si vous invoquez l'article
96...
M. Laplante: Excusez! C'est pour rectifier un fait actuellement,
qu'il vient de dire, qui engage votre présidence.
Le Président (M. Dussault): Mais ce ne sont pas sur des
paroles que vous avez dites.
M. Laplante: Non, qui engage votre présidence sur un texte
officiel.
M. Ciaccia: Ce n'est pas vous qui l'avez dit.
M. Couture: ... répéter les faits...
M. Laplante: ... pour un texte officiel. Cela, je pense, a une
très grande importance dans votre décision. "M. Ciaccia: On vous
offre notre collaboration merci pour la vôtre." "Le Président (M.
Vaillancourt, Jonquière): A partir du moment où une règle
de procédure existe, cela prend le consentement. Comme il y a
défaut présentement de ce consentement, je me dois donc d'appeler
l'article 1, tout en mentionnant au député de Mont-Royal
il le sait fort bien d'ailleurs qu'il pourra, à l'occasion,
revenir pour parler de préambule, mais lorsque les articles auront
été adoptés. Mais je vous fais remarquer que la loi n'a
pas de préambule et la décision du président était
que s'il y avait préambule... "
M. Ciaccia: Non, vous ne lisez pas tout. Ecoutez! On en avait
parlé avant.
M. Laplante: Ecoutez! C'est tout, ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa...
M. Laplante: II a appelé l'article 1 tout de suite
après.
Le Président (M. Dussault): ... j'allais effectivement
essayer de me procurer la transcription.
On me disait ici, au secrétariat des commissions, qu'à
cette heure-ci, ce n'est pas possible, mais puisque vous me la
fournissez...
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît,
messieurs! Effectivement, puisque, de toute façon, je devrai me
référer à la transcription du journal des Débats.
Je l'ai en main. Cela sera un des instruments sur lesquels je vais compter pour
pouvoir clarifier cette situation.
Puisque j'ai cet instrument, je vous demanderais, s'il vous plaît,
de continuer à éclairer le président sur la
recevabilité de cette motion, mais dans les termes suivants: Je
voudrais, comme président, savoir s'il est possible, quand il n'y a pas
de préambule d'imprimer dans le projet de loi soumis à la
commission parlementaire, qu'un membre de cette commission propose un
préambule. C'est la question à laquelle je voudrais qu'on
réponde. C'est l'éclairage dont j'ai besoin et je vous
préviens immédiatement qu'après vous avoir entendus,
puisque vous avez été d'accord, à moins que vous ne
m'enleviez ce consentement, pour continuer encore quelques minutes après
10 heures, je vais suspendre quelques minutes après avoir reçu
cet éclairage et je vais rendre ma décision en revenant.
Alors, puisque j'ai toujours le consentement, je continue à vous
entendre sur la recevabilité, mais dans les termes que je viens de
poser.
M. le ministre, vous m'aviez donné votre point de vue.
M. Couture: Je vais vous éclairer encore, si vous
permettez.
Le Président (M. Dussault): Je vais encore vous
écouter, M. le ministre.
M. Couture: Le projet de loi no 77 s'intitule de la façon
suivante: Loi j'attire votre attention, M. le Président, sur les
termes du projet de loi 77, le libellé de sa présentation
à l'Assemblée nationale modifiant la Loi du
ministère de l'Immigration. Alors, nous avions un projet de loi qui
modifiait la Loi du ministère de l'Immigration qui, elle, n'a pas de
préambule.
Le mandat de l'Assemblée nationale était clair. Nous
venions en commission parlementaire, après l'adoption en deuxième
lecture des amendements à la Loi du ministère de l'Immigration,
qui n'a pas de préambule, nous venions en commission parlementaire avec
le mandat d'étudier article par article des amendements à la Loi
du ministère de l'Immigration qui, elle, n'a pas de préambule.
C'est assez important de bien situer le mandat de l'Assemblée nationale,
et cela me paraîtrait tout à fait hors des règles normales
de prendre sur nous d'introduire un préambule à une loi qui
existe déjà, qu'on avait simplement le mandat de modifier.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, il m'apparaît aussi
évident que cela ne peut absolument pas être recevable dans le
cadre de notre discussion actuellement. Je ne me rappelle pas non plus, dans le
nombre de projets de loi que j'ai pu voir passer à l'Assemblée
nationale, que cela se soit produit dans le passé, qu'on soit venu
à la fin d'un projet pour introduire un préambule alors qu'il n'y
a même pas de préambule, parce que l'essence même d'un
amendement, c'est de changer quelque chose à une chose existante, mais
il faut que la chose existe. Si on veut amender un préambule, il faut
qu'il y ait un préambule. Or, dans le présent projet de loi, il
n'y a pas de préambule. En regardant la proposition qui nous est faite
de bonne foi par le député de Mont-Royal, on se rend compte,
à toutes fins pratiques, qu'il ne s'agit que de considérants
d'ordre général se rapportant à l'ensemble de \a loi;
donc, pas de modifications précises à l'un ou à l'autre
des articles ni à un préambule existant. A ce titre-là, M.
le Président, je vous demande de rendre votre décision le plus
tôt possible et de la déclarer tout à fait irrecevable. Ce
serait contre nos règles.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne veux pas amender un préambule. Ce n'est
pas le but de mon amendement. Je veux ajouter un préambule. En ajoutant
le préambule, je me conforme strictement à l'article 70 qui se
lit: Un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots... alors, je veux ajouter les mots du préambule
...ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale... Le but du préambule, ce n'est
pas d'écarter...
M. Couture: C'est la loi.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux finir, M. le ministre?
M. Couture: Oui.
Le Président (M. Dussault): Allez, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais que vous soyez courtois, non seulement
envers les réfugiés du Viêt-Nam, mais aussi envers les gars
qui sont ici.
M. Couture: Les réfugiés de...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, vous pouvez continuer.
M. Ciaccia: II est irrecevable si son effet est d'écarter
la question principale sur laquelle il a été proposée...
Mon amendement n'est pas d'écarter la question principale, c'est de la
renforcer; c'est
directement lié et c'est donner certains principes à ce
projet de loi. Si vous dites qu'ils sont déjà inclus, c'est un
sommaire des principes qui devraient nous guider. Pour ces raisons, je crois
que c'est tout à fait recevable.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Mont-Royal. Je vais suspendre les travaux de cette
commission pendant quelques minutes, en espérant que vous... Je pense
toujours avoir le consentement de cette commission, tel que je le
spécifiais tout à l'heure, mais, si je n'ai plus le consentement
de cette commission, je vais tout simplement prendre la décision en
délibéré. Si j'ai toujours le consentement de cette
commission, je vais suspendre les travaux pendant quelques minutes.
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Dussault): Alors, je suspends la
séance pendant quelques minutes.
Suspension de la séance à 22 h 10
Reprise de la séance à 22 h 24
Motion jugée irrecevable
Le Président (M. Dussault): Nous reprenons les travaux de
cette commission. D'abord, je voudrais clarifier une première question:
Selon la transcription des débats de cette commission, au début
des travaux je tire une conclusion de ce que je lis le
président, à ce moment-là, a laissé entendre assez
clairement à un membre de cette commission qu'il pourrait revenir,
à la fin des travaux, après avoir voté les
différents articles du projet de loi pour qu'il puisse être
question d'un préambule. Donc, de ce côté, la porte
était ouverte et elle pouvait l'être d'ailleurs.
Maintenant, sur la recevabilité telle quelle de l'amendement de
M. le député de Mont-Royal: Dans sa rédaction,
l'amendement a deux défauts, si je peux m'exprimer ainsi, M. le
député de Mont-Royal. D'abord, l'amendement s'adresse à un
projet de loi qui amende une loi. Deuxièmement, une partie du
préambule est telle qu'elle vise, à toutes fins pratiques,
à amender une autre loi que le projet de loi comme tel et que la loi de
l'immigration comme telle, c'est-à-dire la loi des droits de la personne
au Québec.
Pour ces deux raisons, je me vois forcé de juger votre
amendement, votre motion d'amendement au projet de loi 77, irrecevable. Ceci
dit, est-ce que le projet de loi 77... Oui, M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Si je comprends bien les raisons pour lesquelles vous
l'avez déclaré irrecevable, ce n'est pas parce que c'est un
préambule?
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas parce que c'est
un préambule, c'est parce qu'il n'est pas rédigé d'une
façon telle que je puisse le juger recevable.
M. Brochu: II y a une autre dimension, M. le Président, si
vous me permettez. Vous avez mentionné tout à l'heure, dans votre
explication, que ce que nous étudions, le projet de loi, est en soi un
amendement, à la grande loi de l'immigration. Et je pense que c'est
l'essentiel de votre argumentation.
Le Président (M. Dussault): C'est cela. Et c'est la
première raison que j'ai donnée.
M. Couture: En donnant cette première raison, vous...
Le Président (M. Dussault): Je peux répéter,
M. le député de Mont-Royal. Je le juge irrecevable pour deux
raisons. Premièrement, parce qu'il amende un projet de loi qui amende
une loi, alors qu'un préambule doit se trouver dans une loi et non pas
dans une loi qui amende une loi. D'accord? Pour cette raison, je dois le juger
irrecevable dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, par sa rédaction, il contient des
éléments qui se trouvent à amender non pas la loi de
l'immigration, mais une autre loi, ce qui n'est pas du tout l'objet de notre
travail; il se trouve à amender une autre loi qui est la Loi des droits
de la personne au Québec.
Pour cette raison supplémentaire, je dois aussi le juger
irrecevable.
M. Laplante: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Aux fins du journal des Débats, pour qu'il
n'y ait pas d'ambiguïté, et au cas où d'autres
présidents auraient des jugements à rendre, j'aimerais vous
entendre dire, si c'est là votre idée, que vous ne jugez pas la
question du préambule. Je voudrais que ce soit très clair,
lorsqu'un autre président aura à juger d'une question de
préambule, il pourra juger très librement cette question.
Le Président (M. Dussault): J'accepte votre
interprétation, M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Couture: Pour éclairer votre décision...
Le Président (M. Dussault): Elle est rendue, M. le
ministre.
M. Couture: Pour éclairer ma lanterne sur
l'interprétation de votre décision; la première raison que
vous donnez, son premier défaut, c'est que cet amendement propose un
préambule à des
amendements d'une loi et non à la loi générale.
J'ai l'impression que le fait de dire que vous ne touchez pas à la
question du préambule, cela y touche. Cela y touche profondément.
En stipulant, en statuant et en décidant qu'il n'est pas possible, que
le défaut majeur est de proposer un préambule à des
amendements à une loi générale, cela me paraît
déclarer en soi que c'est irrecevable pour la raison principale. C'est
cela. C'est que c'est un préambule à des amendements à une
loi générale.
Le Président (M. Dussault): C'est un préambule qui
amende un projet d'amendement à une loi générale.
M. Couture: C'est cela, cela statue.
Le Président (M. Dussault): C'est cela. Et je n'ai dit que
cela. Et, dans ce sens-là, je vais donner raison au député
de Bourassa quant à son interprétation. Oui, M. le
député de Mont-Royal. (22 h 30)
M. Ciaccia: En terminant, j'accepte votre décision
naturellement, mais je trouve malheureux que le ministre n'ait pas voulu
discuter du fond de ce préambule, de notre motion, spécialement
du fait qu'au début de la commission nous avions indiqué
clairement que nous ne voulions pas entrer dans une bataille de
procédure, mais que c'était plutôt au niveau du fond, au
niveau des idées que nous étions prêts à discuter.
Je vois que le ministre n'a pas accepté notre offre, notre suggestion
d'essayer vraiment de discuter pour une fois sur le fond des
problèmes.
M. Couture: Nous n'avons fait que cela durant la commission.
M. Ciaccia: Non, plusieurs fois, vous avez invoqué le
règlement pour essayer de donner l'impression que c'étaient des
obstacles aux discussions qu'on essayait de faire plutôt que des
discussion vraiment sur le fond des questions. Ceci étant dit, on aura
peut-être à en discuter en troisième lecture.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, vous mettez fin à votre propos, cela me rend heureux, parce
que vous seriez en train de faire indirectement ce que je ne vous ai pas permis
de faire directement.
Le projet de loi no 77, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Adopté, sur division.
M. le député qui a été nommé rapporteur de
cette commission fera rapport à l'Assemblée nationale. Je vous
remercie de la collaboration que vous m'avez apportée. La commission
ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 22 h 32