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Projet de loi no 73 Etude après la
deuxième lecture
(Dix-sept heures cinq minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'industrie, du commerce et du tourisme entreprend ses
travaux concernant le projet de loi no 73, Loi modifiant la Loi sur
l'établissement par SIDBEC d'un complexe sidérurgique
intégré.
Les membres de cette commission aujourd'hui sont: M. Goulet
(Bellechasse), M. Gosselin (Sherbrooke) remplacé par M. Godin (Mercier);
M. Grégoire (Frontenac), Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine)
remplacée par M. Michaud (Laprairie); M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Raynauld (Outremont), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Shaw (Pointe-Claire), M.
Tremblay (Gouin) remplacé par M. Duhaime (Saint-Maurice.
Peuvent intervenir à cette commission: M. Gagnon (Champlain), M.
Landry (Fabre), M. Marchand (Laurier), M. Perron (Duplessis), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Est-ce que quelqu'un voudrait suggérer un rapporteur pour cette
commission?
Une Voix: Je proposerais le député de Viau, M. le
Président.
Une Voix: M. Goulet, de Bellechasse. Un riche propriétaire
de Bellechasse.
Le Président (M. Laberge): M. Lefebvre, de Viau, sera le
rapporteur de la commission. Nous pouvons entreprendre nos travaux concernant
le projet de loi no 73. Avant d'appeler l'article premier de ce projet de loi,
M. le ministre, avez-vous des commentaires spéciaux à faire?
M. Duhaime: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Cela va. J'appelle l'article
1.
Modification au titre
M. Duhaime: A l'article 1, il s'agit de biffer du titre de la loi
constitutive le mot "intégré", de sorte que, désormais, le
titre de la loi pourrait se lire: Loi sur l'établissement par SIDBEC
d'un complexe sidérurgique. Pourquoi cet amendement?
Le Président (M.. Laberge): Est-ce au titre du projet de
loi ou à l'article 1 ?
M. Duhaime: C'est l'article 1 de la loi qui modifie le titre.
Le Président (M. Laberge): D'accord.
M. Duhaime: Pourquoi on biffe le mot "intégré"?
Tout simplement pour que la compagnie SIDBEC ne soit pas condamnée
à mettre sur pied et à bâtir un complexe
sidérurgique intégré. Elle a comme tâche et comme
objet désormais défini dans sa loi constitutive de s'occuper d'un
complexe sidérurgique qui pourrait être, le cas
échéant, intégré ou non intégré. J'en
proposerais l'adoption, M. le Président.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que le ministre est
un peu avare cet après-midi de discours, puisque enlever le mot
"intégré" du projet de loi est l'abandon d'un rêve
grandiose et qui ne doit pas passer inaperçu. C'est un revirement
très important et j'aimerais que le ministre prenne la peine de nous
donner des explications supplémentaires sur les intentions du
gouvernement. Quand il enlève tout simplement un mot comme ceci d'un
titre, il peut paraître fort modeste, mais il me semble qu'on ne fait pas
une chose comme celle-là sans avoir des intentions beaucoup plus
précises à l'esprit. J'aimerais que le ministre saisisse cette
occasion pour en informer les membres de la commission. Il y a eu des allusions
déjà à plusieurs reprises à la possibilité
que la désintégration du complexe se rapporte au sort de
SIDBEC-Normines. Je voudrais donc lui demander de façon plus
précise si ces allusions ont quelque fondement.
Est-ce que le gouvernement a l'intention de se départir de la
filiale SIDBEC-Normines ou est-ce que ce défaut d'intégration se
rapporterait aux échecs assez retentissants, jusqu'à maintenant,
se rapportant aux activités en aval, c'est-à-dire aux
activités de transformation secondaire de l'acier primaire.
Il me semble que ces orientations ont déjà fait l'objet de
longs débats. Je rappellerai seulement le débat de 1974, ici
à l'Assemblée nationale, où un plan avait
été présenté, et qu'alors le gouvernement
précédent avait jugé nécessaire de limiter les
engagements du gouvernement à $273 millions. Vu cette limitation de ces
engagements globaux, SIDBEC avait proposé au gouvernement de se limiter
à mettre en chantier l'extraction du minerai de fer avec la
collaboration de deux partenaires. Donc, un investissement considérable
en amont qui devait, suivant les indications que nous avons obtenues depuis,
rentabiliser SIDBEC, selon les mots mêmes de l'ancien président de
SIDBEC dans le rapport annuel de 1978.
A l'expérience, il semble que SIDBEC-Normines ne doive pas
rentabiliser SIDBEC du tout, puisque, maintenant, on a d'abord
enregistré un premier déficit important en ce qui concerne
l'exploitation de cette mine, non pas sur le plan de l'extraction du minerai
proprement dite, mais sur le plan des ventes d'excédents de boulettes
d'oxyde de fer, ventes qui se font beaucoup plus difficilement que
prévu. On annonce que cet excédent
de boulettes d'oxyde de fer aura une certaine permanence, à moins
de trouver tout à coup des clients qu'on n'a pas encore trouvés.
Comme on sait, on vend à l'heure actuelle ces boulettes en encourant un
déficit d'environ $10 la tonne, de sorte qu'on a pu dire que nous
vendions le minerai de fer, cette richesse du Québec, en bas du prix
coûtant à des étrangers, alors que, bien sûr,
l'intention première était non seulement de vendre cette
ressource sans qu'on perde de l'argent, en faisant un bénéfice,
mais qu'on devait aussi transformer cette ressource. A l'heure actuelle, SIDBEC
ne peut transformer que 1 200 000 tonnes, à peu près, de ses
boulettes de fer, alors qu'on doit en produire 3 millions pour respecter les
engagements que SIDBEC a pris vis-à-vis ses deux partenaires.
Donc, il me semble que le fait d'enlever du titre le mot
"intégré", non seulement va donner une certaine souplesse, une
certaine possibilité d'adaptation au gouvernement, mais pourra
peut-être impliquer des réorientations très importantes de
SIDBEC, et il me semble qu'il conviendrait que le ministre nous informe plus
avant des intentions du gouvernement à ce moment-ci.
M. Duhaime: Très brièvement, et avec plaisir, M. le
Président. La première chose que je voudrais dire, c'est
rejoindre, bien sûr, une constatation que tout le monde peut faire. J'ai
dit, dans mon discours de deuxième lecture, que j'avais demandé
au conseil d'administration de SIDBEC de soumettre, d'ici le 30 juin 1980, un
plan de redressement nous proposant les orientations que la compagnie
désire prendre pour rentabiliser ses opérations. (17 h 15)
Je dis, en passant, que pour la première fois de son existence,
la compagnie SIDBEC retrouve le mot "rentabilité" dans sa loi
constitutive. J'ai dit également en deuxième lecture qu'entre
autres mesures, ce plan devrait préconiser la solution des
problèmes relatifs aux engagements de SIDBEC dans SIDBEC-Normines. Je
vous renvoie au rapport annuel de SIDBEC de 1978 pour que nous rappelions
simplement certaines choses. Au 31 décembre 1978, au bilan de
SIDBEC-Normines Inc., qui est en résumé, bien sûr, on voit
un montant d'immobilisation de l'ordre de $548 millions, en chiffres arrondis
et un actif total de $650 millions, presque $651 millions.
Je dois dire également, comme cela a été largement
évoqué, tant en commission parlementaire, avant le débat
de deuxième lecture, qu'à l'Assemblée nationale lors du
débat de deuxième lecture, que le problème que nous avons
à SIDBEC, aux opérations minières, n'est pas relié
au fonctionnement comme tel de la compagnie SIDBEC-Normines Inc. Mais le
problème de SIDBEC est relié directement à son engagement
de se porter acquéreur d'au moins 3 millions de tonnes de boulettes
produites à Port-Cartier. Je rappelle essentiellement que SIDBEC
détient 50,1% des intérêts de SIDBEC-Normines avec deux
partenaires, 8,2% des actions à Québec
Cartier, qui est une filiale, je ne saurais dire à part
entière, mais en tout cas, majoritaire de U.S. Steel et 41,7% des
actions sont détenues par British Steel qui est notre deuxième
partenaire.
Il est évident que nous voulons donner, par cet amendement
à l'article 1 de la loi, une marge de manoeuvre non seulement au conseil
d'administration, mais au gouvernement aussi, pour le cas où une
solution pourrait se présenter et j'évoque ici essentiellement
des hypothèses de travail pour ce qui est de la partie en amont. Pour en
arriver à disposer de nos boulettes, qui cette année vont
être en chiffres arrondis d'à peu près 1 800 000 tonnes,
dont nous devons disposer, en sachant très bien que nous vendons
à perte pour le cours mondial, en supposant même qu'il y ait
preneur, j'évoque ici deux hypothèses et je mets la
réserve en disant que ce sont des hypothèses de travail et je
laisserai le conseil d'administration et le PDG de SIDBEC faire les
propositions. Ce pourrait être que nous décidions de nous
départir d'une partie de nos actions, c'est-à-dire céder
une partie de 50,1% des intérêts de SIDBEC-Normines. Vous allez me
répliquer: Ce serait une perte de contrôle. C'est exact que ce
pourrait aller jusqu'à une perte de contrôle dans cette compagnie,
mais je pense que nous pourrions, par ailleurs, prévoir, dans des
ententes entre actionnaires, la sécurité des approvisionnements
pour nos aciéries.
Deuxième hypothèse, ce pourrait être la vente
complète de nos intérêts dans SIDBEC-Normines et nous
aurions, bien sûr, la précaution de nous assurer à long
terme de nos contrats d'approvisionnement. Je les évoque comme
étant des hypothèses que nous empêcherait d'envisager la
loi actuelle sans l'amendement que je propose. Il y a, bien sûr, d'autres
hypothèses où on pourrait régler le surplus de boulettes
en amont, en décidant, par exemple, d'augmenter notre capacité de
production en aciérie, seuls ou avec des partenaires. C'est plutôt
du côté de l'amont que nous envisageons et que nous avons
proposé à l'Assemblée nationale de biffer le mot
"intégré" et je pense que je peux dire très fermement
qu'il n'est pas dans l'intention et qu'il est hors de question que nous
envisagions de céder ou encore de réduire nos activités
à Laval.
Je pense avoir répondu à l'interrogation du
député d'Outremont. S'il y a d'autres éclaircissements que
je peux apporter, je vais le faire avec plaisir.
Le Président (M. Laberge): L'article 1 sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: M. le Président, est-ce qu'il est, en fait,
juridiquement et physiquement possible de distinguer le cas de la vente des
boulettes et l'exploitation minière proprement dite? Je comprends,
à l'heure actuelle, que, pour que nos partenaires, somme toute, et
SIDBEC aussi, évidemment, puissent obtenir ces approvisionnements
à un prix compétitif, il a fallu avoir une taille d'exploitation
de 6 millions de tonnes de boulettes On en avait trop. Donc, on dit: SIDBEC
prend
l'engagement d'en acheter 50%. De ce fait, les partenaires et SIDBEC
aussi, en ce qui concerne les exploitations minières en tant que telles,
obtiennent du minerai de fer ou des boulettes qu'ils consomment, à un
prix compétitif. Mais ce prix compétitif n'est compétitif
que parce qu'on extrait plus de minerai de fer avec une taille beaucoup plus
grande que ce n'aurait été le cas si SIDBEC avait simplement
ajusté la capacité d'extraction à sa capacité
d'absorption des boulettes.
Je me demande s'il est possible, par conséquent, de distinguer
les deux exploitations ou si elles ne sont pas, en fait, inséparables
des exploitations minières proprement dites. Est-ce que ce n'est pas un
peu artificiel de dire d'un côté: Les exploitations
minières sont rentables, mais de l'autre, évidemment, on a des
stocks épouvantables de boulettes. Je me rappelle l'ancien
président, qui disait que les boulettes lui sortaient par les oreilles.
Lui, il disait que c'était censé être très rentable,
mais, à un moment donné, il s'est aperçu qu'il y avait
beaucoup de boulettes. Même s'il a continué à dire, dans
son rapport annuel, comme je le disais tout à l'heure, que cette
opération devait rentabiliser SIDBEC, il ne semble pas que c'est comme
cela que ça va se présenter du tout.
Je reviens à ma question essentielle, c'est seulement une
question d'information proprement dite, est-ce qu'il est possible de distinguer
ces opérations ou si ce n'est pas un tout? C'est SIDBEC-Normines...
C'est cela.
M. Duhaime: En fait, cela se distingue. Ce sont deux choses
complètement séparées. C'est ce qui a fait dire
d'ailleurs, à M. Laferrière, qui est vice-président
à la production, lorsque nous avons eu notre commission parlementaire
avant le débat de deuxième lecture, que, quant à lui,
SIDBEC-Normines, comme compagnie, ferait ses frais l'an prochain. Avec nos
partenaires, nous avons bien sûr, des intérêts en commun
dans la compagnie et des ententes qui font que nous sommes partenaires à
partir de Fire Lake, également aux concentrateurs du Lac Janine et
ensuite dans l'usine de bouletage de Port-Cartier.
Il est bien évident que, pour la compagnie SIDBEC-Normines comme
telle, les ententes entre les partenaires sont que la compagnie doit produire 6
millions de tonnes, à cause de l'ampleur des investissements. Une fois
que SIDBEC-Normines Inc. a livré ses 6 millions de tonnes, ce sont les
partenaires, comme corporation distincte de SIDBEC-Normines, qui prennent en
charge leur quote-part, suivant leur prorata dans le capital-actions. C'est
pour cela qu'on dit que les opérations minières, ce n'est pas un
problème relié à SIDBEC-Normines comme tel, c'est un
problème relié à SIDBEC, parce que c'est SIDBEC, comme
maison mère, qui a pris l'engagement de prendre à sa charge la
moitié de la production.
Il est bien certain qu'on aurait pu, mais on ne peut pas refaire
l'histoire, investir plus modestement dans SIDBEC-Normines et viser une usine
de bouletage d'une capacité de production de 4 millions de tonnes.
Il faut dire qu'à l'époque, on avait aussi tablé,
je pense, que le cours ou le prix mondial de ces boulettes se maintiendrait.
Or, il est tombé, de sorte que le prix mondial est à peu
près $10 plus bas que le prix payé par les partenaires à
SIDBEC-Normines.
Il y a une hypothèse de travail qu'a évoquée
également avec réserve le PDG de SIDBEC, c'était
l'espérance que le cours mondial aille vers la hausse. A ce moment, bien
sûr, non seulement on n'aurait pas de difficulté à les
vendre, mais on n'effectuerait pas de perte au moment de la disposition des
surplus.
Je pense aussi qu'il faut ajouter que, chez SIDBEC, au moment même
où on s'engageait dans la phase II, ou plutôt dans la phase des
investissements massifs en amont, on espérait peut-être convaincre
le gouvernement, en cours de route, que quelques centaines de millions de
dollars seraient dégagés et que les 3 millions de tonnes de
boulettes produites à Port-Cartier seraient complètement
absorbées dans les aciéries à l'époque, il y
avait seulement l'usine de Montréal avec deux fours; il n'en existe
qu'un seul maintenant; Quésteel n'était pas dans le portrait,
mais il y avait les quatre fours installés à Contrecoeur
et on espérait sans aucun doute voir le gouvernement augmenter sa mise
en aval.
Ce serait aussi, techniquement et mathématiquement parlant, une
façon de disposer des surplus. C'est ce qu'on verra dans les mois qui
viennent, si cette hypothèse de travail doit être retenue à
la lumière des études que nous ferons sur les marchés, sur
les coûts de rentabilité, etc.
Mais, pour revenir à votre question, ma réponse est
très claire, on ne peut pas confondre ces deux choses, ce sont des
opérations complètement distinctes. Apartir du moment où
SIDBEC-Normines a produit ces 6 millions de tonnes de boulettes, il est
évident que la responsabilité de SIDBEC est, au bout de la ligne
de production, de prendre à sa charge ces trois millions de tonnes.
Il y a aussi une autre hypothèse que je pourrais avancer,
hypothèse que nous avons chiffrée, en tout cas sommairement, pour
l'instant, c'est une renégociation possible du volume de production
à Port-Cartier. Mais les ententes, les informations que j'ai eues de la
direction de SIDBEC sont qu'il y a des pénalités à cause
des frais fixes et de l'ampleur des investissements. Il faut qu'il y ait un
rendement sur les capitaux qui sont investis là-dedans. Alors, il
s'agirait de voir ce qui nous coûte le meilleur marché: vendre
à perte nos surplus ou encore compenser nos partenaires, si on
réduisait la capacité de production de l'usine parce que
là, nécessairement, SIDBEC-Normines, comme compagnie, encourait
des pertes d'exploitation?
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Laberge): L'article 1 sera-t-il
adopté?
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très brièvement, M. le Président.
Dans l'article 1, on supprime le mot "intégré". Quant à
moi, ça va beaucoup plus loin, c'est qu'on consent à changer
complètement le principe ou l'orientation de SIDBEC en enlevant le mot
"intégré", ça veut dire qu'on n'ira pas
nécessairement de l'extraction du minerai jusqu'à la
transformation finale. En enlevant ce mot de l'article 1, ne doit-on pas
conclure que le gouvernement ou les nouveaux dirigeants de SIDBEC ont fait leur
lit, ont fait leur choix et qu'on s'oriente dans le sens que SIDBEC devra
être rentable et que si, pour ce faire, il faut vendre la mine, on se
départira de la mine, point final? On donne le feu vert à la
direction de SIDBEC quant à la modification, au but visé par
SIDBEC ou à la nouvelle orientation de SIDBEC, en disant: Ecoutez, si
vous jugez que, pour être rentable parce qu'on a introduit, dans
ce nouveau projet de loi, la notion de rentabilité pour la
première fois il faut vendre la mine, on vous donne le feu vert,
vendez la mine, tout ce qu'on veut, c'est que ce soit rentable; même si
ce n'est pas un complexe intégré, on a fait notre choix, on est
consentant à modifier et à aller plutôt en aval pour la
transformation du produit fini, pour autant que ce soit rentable.
Est-ce que le gouvernement n'a pas fait son choix en décidant
d'enlever ce mot?
M. Duhaime: Le gouvernement a fait un choix qui a
été d'analyser l'hypothèse; on va voir ce que l'examen des
hypothèses que j'ai évoquées tout à l'heure va
donner, on prendra ensuite une décision. (17 h 30)
Si je pouvais utiliser l'expression suivante, ce ne sera pas
nécessairement une non-intégration du complexe
sidérurgique, mais ce sera une non-intégration si
nécessaire, dans le but de viser la rentabilité. Ce que je disais
tout à l'heure, en nous départissant, par exemple, on n'est pas
tenu de nous départir de tout le bloc d'actions dans SIDBEC-Normines. On
pourrait se départir de la moitié, par exemple, ce qui
diminuerait d'autant nos engagements quant à la production, mais il faut
être conscient, également, que ce faisant, si nos décisions
futures étaient d'augmenter la capacité de nos aciéries,
il faudrait nous assurer des approvisionnements. C'est pour cela que j'ai
indiqué très clairement dans ma réponse que:
Premièrement, c'étaient des hypothèses que
permettrait l'amendement; et que deuxièmement, la garantie des
approvisionnements est importante et cela va être la première
considération, c'est certain, en autant que nous allons garder le cap
sur une rentabilité espérée, dans SIDBEC.
M. Goulet: M. le Président, tenant compte de la
modification de cet article d'enlever le mot "intégré", on doit
conclure que si les dirigeants de SIDBEC décidaient de se
départir de SIDBEC-Normines, soit en totalité, soit en partie,
ils n'auraient pas besoin de revenir devant l'Assemblée nationale. Ils
ont tout simplement le feu vert, ils peuvent vendre SIDBEC-Normines demain
matin, s'ils le désirent. Est-ce bien ce qu'on doit comprendre? Ils
pourraient le faire, sans revenir devant l'Assemblée nationale.
M. Duhaime: Vous allez retrouver plus loin dans le projet de loi,
je crois que c'est à l'article 6, du projet de loi, on pourra y revenir
tout à l'heure ou devrais-je dire plus prudemment demain, mais dans
l'hypothèse que vous évoquez, ce serait, bien sûr, une
recommandation qui serait contenue dans le plan de redressement et, avant de ce
faire, le gouvernement, le ministre responsable, va donner une directive
à SIDBEC et, à ce moment-là, cela va être le
mécanisme prévu à l'article 6, portant sur l'article 9.3,
je vous le lis: "Le ministre désigné conformément à
l'article 11 peut émettre des directives portant sur les objectifs et
l'orientation de la compagnie dans l'exécution des fonctions qui lui
sont confiées par la loi. Ces directives doivent être soumises au
gouvernement pour approbation. Si elles sont ainsi approuvées, elles
lient la compagnie qui est tenue de s'y conformer. Une directive émise
en vertu du présent article doit être déposée devant
l'Assemblée nationale, dans les quinze jours de son approbation par le
gouvernement etc".
Cela veut dire que cela va être porté à la
connaissance du Parlement.
M. Goulet: Donc la direction de SIDBEC ne pourra pas se
départir de SIDBEC-Normines sans que vous-même n'émettiez
une directive à cette fin. Ils n'ont pas le feu vert à cause de
cela?
M. Duhaime: Je pense que je peux répondre affirmativement
à votre question, dans le sens qu'il n'y aurait pas de feu vert.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Très brièvement, M. le Président,
si j'ai bien compris, lorsque le ministre a indiqué que SIDBEC avait un
délai jusqu'à la fin de juin prochain pour en arriver à
ses propres conclusions et pour formuler des recommandations au gouvernement,
j'aimerais que le ministre nous précise bien qu'on comprend
l'échéancier qui est envisagé: d'ici la fin de juin, une
recommandation, évidemment appuyée sur des analyses et des
études de marché, de rentabilité etc, de la part de SIDBEC
sera présentée au gouvernement. Et, subséquemment à
cela, vraisemblablement durant l'été ou à l'automne, une
décision gouvernementale, relativement à une vente, soit totale
ou partielle, de SIDBEC-Normines ou à une expansion en aval, etc, toutes
les possibilités qui sont actuellement considérées, se
prendraient à l'été ou à l'automne.
M. Duhaime: J'ai eu l'occasion d'indiquer je ne me
souviens plus maintenant si c'est lors du
débat de deuxième lecture ou encore en commission, ou
encore lors d'apartés lors de la visite dans les aciéries
qu'il est bien évident qu'il y a une contrainte qui existe, c'est que le
plan de redressement devra nous être soumis avant le 30 juin 1980 et dans
les mois qui suivront, j'imagine, tenant compte des hypothèses qui
seront évoquées dans le plan de redressement mais je ne
m'engagerais pas à dire que le problème va être
solutionné au cours de 1980. Je dirai que nous allons faire le plus
rapidement possible pour éviter d'accumuler des pertes à cause
des engagements de SIDBEC pour ce qui est du surplus de boulettes produites
à Port-Cartier.
M. Goulet: M. le Président, si vous le permettez, je
reviendrais très brièvement parce que le ministre a
répondu quelque chose comme je pense que je peux répondre par
l'affirmative et il a fait référence à l'article 6 et,
très rapidement, M. le Président, on dit: "La compagnie doit
faire approuver par le gouvernement son plan de développement". Donc, ce
qui a été présenté la semaine dernière en
commission parlementaire, c'est le plan de développement de SIDBEC pour
les deux prochaines années. On a cru comprendre cela. Les $84 millions
en surplus, c'est-à-dire $102 millions pour payer les dettes, $48
millions tout de suite et environ $40 millions pour 1982. Alors, est-ce que,
selon le ministre, le plan de développement a été
déposé? Est-ce que c'est le plan de développement pour les
deux prochaines années? Si on va plus loin, on dit: "Le ministre
désigné peut émettre des directives". Peut mais ne doit
pas émettre. Alors, si SIDBEC décide demain matin de vendre
SIDBEC-Normines, étant donné que, dans le plan de redressement
qu'ils nous ont présenté cette semaine, on enlève le terme
intégré, donc, on lui permet de modifier les orientations de
SIDBEC parce qu'on lui dit qu'il faut que ce soit rentable et le ministre peut
émettre une directive s'il le juge opportun mais n'est pas obligé
de le faire. A ce moment, le ministre peut intervenir n'importe quand, mais
s'il n'intervient pas, demain matin, le président de SIDBEC peut
décider, en tout cas, la direction, de vendre SIDBEC-Normines ou de se
départir d'une partie des actions de SIDBEC-Normines. C'est cela que je
veux dire. C'est parce que c'est vous qui avez fait référence
à l'article 6, je ne veux pas devancer les articles, M. le
Président, mais si à l'article 6 on retrouvait au paragraphe 9.3
"le ministre doit émettre des directives portant sur les objectifs et
orientations de la compagnie" ce n'est rien mais "le ministre peut" cela veut
dire s'il le juge opportun. Quand le ministre décidera-t-il d'imposer
des balises à SIDBEC s'il le juge opportun peut et non pas doit
et c'est pourquoi je lui demandais: Est-ce que le plan de redressement
qu'on nous a déposé pour les deux prochaines années,
est-ce que c'est le plan de redressement ou si on devra nous en
présenter un autre sous peu?
M. Forget: M. le Président, avant que le ministre ne
réponde, je ne veux pas être pointil- leux sur le
règlement, mais il reste qu'il n'est peut-être pas
approprié à ce moment-ci de débattre l'article 6 du projet
de loi parce qu'on est à l'article 1. Quant au fond, je partage un
certain nombre des mêmes inquiétudes que le député
de Nicolet-Yamaska, mais...
M. Goulet: Question de privilège, M. le
Président...
M. Forget: Excusez-moi.
M. Goulet: C'est M. Fontaine qui ne sera pas content.
M. Duhaime: C'est un comté plus dur que l'autre, c'est bon
de faire la distinction.
M. Forget: Je me demande s'il ne serait pas plus opportun de
tenir compte que le ministre prenne note de cette interrogation et on va
sûrement revenir beaucoup plus longuement sur cette question.
M. Goulet: Parce que si je posais la question, M. le
Président, je sais que le député de Saint-Laurent a raison
quant à cela c'est parce que le ministre dit, pour se justifier de ma
question sur l'article 1, on va vous donner la réponse à
l'article 6, mais l'article 1, à ce moment, sera déjà
adopté et je ne serais pas pour l'adoption si on n'était pas
assurés qu'avant de vendre ou pouvoir vendre SIDBEC-Normines, que la
compagnie SIDBEC ne serait pas obligée de revenir devant le ministre ou
devant l'Assemblée nationale; c'est de cela que je voulais
m'assurer.
M. Duhaime: D'abord, je devrais vous dire que je n'ai pas
tenté de justifier une réponse à votre question, j'ai
essayé d'y répondre et, deuxièmement, je voudrais
peut-être clarifier les expressions qu'on a utilisées depuis que
ce débat est commencé.
Le programme d'investissement pour deux ans, c'est, évidemment,
ce qu'on a appelé un plan de consolidation, et je pense avoir eu
l'occasion d'expliciter ce qu'on entendait par là. Quand nous parlons
d'un plan de redressement qui a été demandé à la
compagnie, c'est une tout autre chose et je vous rappelle essentiellement que
le plan de redressement que j'ai demandé au conseil d'administration de
SIDBEC porte sur quatre points: 1) La révision de la structure
corporative et financière du groupe SIDBEC; 2) L'organisation et la
structure administrative des compagnies du groupe; 3) La solution des
problèmes relatifs aux engagements de SIDBEC dans SIDBEC-Normines; 4) La
planification et les modes de gestion de SIDBEC eu égard aux besoins de
financement à court et à long terme. Ce sont les quatre points
essentiels en résumé du plan de redressement qui a
été demandé à la compagnie qui devra être
produit d'ici le 30 juin 1980.
Troisième chose. Lorsque nous parlons d'un plan de
développement tel qu'il y est référé à
l'article 6 du projet de loi nous y reviendrons en
son temps il s'agit d'une problématique de
développement du complexe sidérurgique qui entraînera des
investissements qui pourraient s'étendre sur cinq ans, mais de
façon plus réaliste très certainement un plan triennal qui
viendra en 1980, on verra.
M. Goulet: Si je comprends bien, dans le plan de
développement qu'on a commandé pour juin 1980, si on n'avait pas
enlevé ce terme, cela veut dire que dans le redressement, on n'aurait
pas pu proposer des choses comme vendre la mine, tandis que là, on
pourra le proposer.
M. Duhaime: C'est exact.
M. Goulet: Parfait.
M. Duhaime: C'est exact.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Non, cela va.
Le Président (M. Laberge): L'article 1 sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
Capital-actions autorisé
M. Duhaime: L'article 2, M. le Président, c'est un peu
mécanique. Et pour pouvoir nous éviter le mot à mot qui
peut paraître affolant à la lecture, je vous renvoie simplement au
bilan consolidé au 31 décembre 1978 et j'ajoute ceci: II s'agit
de rediviser en quelque sorte le capital-actions autorisé de SIDBEC en
56 500 000 actions ordinaires d'une valeur nominale de $10 et en un nombre
équivalent d'actions à dividende différé de la
même valeur nominale.
Si vous jetez un coup d'oeil au bilan consolidé, vous allez voir
au capital-actions autorisé 41 500 000 actions à dividende
différé, 41 500 000 actions ordinaires d'une valeur nominale de
$10. En fait, au trésor de SIDBEC, nous devons toujours avoir inscrit le
nombre d'actions ordinaires correspondant au nombre d'actions à
dividende différé pour le cas éventuel où une
conversion serait faite. C'est essentiellement le sens de l'article 2 qui
traduit également, qui nous permet en fait, qui va permettre au ministre
des Finances de se porter acquéreur de 15 000 000 d'actions à
dividende différé à $10 chacune. Cela veut dire que le
capital-actions autorisé augmente de $300 millions et l'investissement
ou la prise d'actions à dividende différé à $10 par
le ministre des Finances est également de $150 millions.
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je vous remercie, M. le Président. Cet
article 2, en fait, pose l'essentiel du problème relatif à
SIDBEC. C'est également le premier pas de ce qui est l'essentiel du
projet de loi lui-même qui consiste, comme le ministre vient de le dire,
à augmenter le nombre d'actions ordinaires et d'actions à
dividende différé de façon que le gouvernement puisse
injecter $150 millions additionnels dans SIDBEC, sous forme d'actions à
dividende différé.
Je voudrais rappeler ici la position que nous avons adoptée comme
parti sur le projet de loi lui-même puisqu'on touche ici à
l'essentiel, encore une fois, et la position du parti a été que
nous refusions d'endosser cette injection supplémentaire de $150
millions dans SIDBEC à ce stade-ci. Nous avons donné un bon
nombre de raisons. (17 h 45)
Je ne veux pas répéter nos discours de deuxième
lecture, ni le mien ni celui de mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce qui, malheureusement a dû s'absenter mais nous
disons que SIDBEC n'a pas encore pu démontrer, sûrement pas
à la satisfaction des contribuables et même pas, à l'heure
actuelle, je pense, à la satisfaction du gouvernement, qu'elle
était capable de rentabiliser cette entreprise, ou rentabiliser ses
opérations, et que, en conséquence, le gouvernement a
refusé un plan de développement beaucoup plus vaste qui avait
été proposé au cours de l'année dernière, si
nos informations sont bonnes. Au lieu d'aller au bout de cette logique, le
gouvernement a proposé une espèce de voie mitoyenne, un compromis
entre ce qu'il aurait été souhaitable de faire dans
l'hypothèse où on avait confiance que SIDBEC pouvait se
développer sur une base de rentabilité. Cette voie mitoyenne
consiste, somme toute, à autoriser le remboursement d'avances qui ont
déjà été faites pour environ $102 millions et
d'entreprendre un certain nombre d'investissements supplémentaires pour
une somme de $48 millions, investissements qui sont sujets à
interprétation. Les uns disent qu'il s'agit d'un plan de consolidation,
d'autres, des investissements courants qui sont nécessaires de toute
façon, d'autres vont appeler cela des investissements majeurs puisque,
dans la liste qui nous est donnée, c'est ainsi qu'on appelle ces
investissements, projet-majeurs.
Quoi qu'il en soit, cette demande est une demande qui représente
vraiment, à mes yeux, en tout cas, une espèce de compromis entre
ne rien donner du tout à SIDBEC, cette année, et donner la
totalité des sommes qui avaient été proposées au
départ par SIDBEC.
Je voudrais relever une première anomalie dans cette demande,
c'est celle qui consiste à autoriser à verser $48 millions
à SIDBEC alors que les investissements dont il est question font partie
d'un plan qui implique des sommes supérieures à ce qui serait
autorisé, à peu près le double, $92 780 000. Cela me
paraît curieux parce que ces investissements semblent être dans une
espèce de processus continu, un peu comme le processus de
réduction continue dont on parle toujours à SIDBEC, et on en
autorise seulement une partie...
M. Duhaime: ... de la réduction.
M. Raynauld: Non, c'est de l'augmentation continue.
M. Duhaime: C'est le coulage continu.
M. Raynauld: C'est le coulage continu, oui, c'est encore mieux.
On autorise une partie, $48 millions, mais ces investissements devront
continuer, et cela me paraît curieux qu'on n'ose pas autoriser la
totalité des dépenses qui sont proposées et qu'on
s'arrête en plein milieu.
Ceci dit, nous avons également dit que, dans les circonstances
actuelles, il y avait des raisons très sérieuses, sinon
péremptoires pour suspendre, si je puis dire, pour un certain nombre de
mois, les versements de fonds additionnels à SIDBEC. Nous avons
fondé cette position essentiellement sur les considérations que
le ministre lui-même nous a données et qui font partie de la
conjoncture courante relative à SIDBEC, c'est-à-dire que le
ministre nous assure qu'il a demandé à SIDBEC un plan de
redressement pour l'année 1980, pour le mois de juin 1980. Il a
procédé à la nomination d'un nouveau
président-directeur général, il y a quelques mois
seulement. Il envisage des hypothèses qui vont de l'absence d'actifs
très importants jusqu'à des hypothèses relatives à
des investissements additionnels sur la transformation de l'acier primaire.
On se retrouve donc dans une situation, à l'heure actuelle,
où les décisions ne sont pas prises quant à l'orientation
de SIDBEC. On se retrouve dans une situation d'attente, dans une situation
où, aux yeux du gouvernement lui-même, il n'est pas du tout
assuré que les investissements, par exemple, qui sont proposés
pour l'année prochaine, et pour celle qui vient ensuite, vont vraiment
faire partie intégrante de l'orientation qu'on donnera, en cours de
route, au cours de 1980 ou 1981, lorsque les études auront
été complétées.
Le ministre nous informe également que, non seulement, sur les
projets d'investissements, mais même sur le plan de la structure
corporative de l'administration des plans de financement, de l'utilisation
éventuelle de la filiale SIDBEC-Normines car sur tous ces plans, le
ministre nous dit qu'il a demandé un avis, une réflexion en
profondeur de la part des dirigeants de SIDBEC. Il me semble illogique qu'au
moment même où on se pose toutes ces questions sur l'orientation
de SIDBEC, où on est convaincu qu'il faut revoir ces orientations, qu'on
demande à la direction de proposer des aménagements et de
proposer un avenir si je peux dire à SIDBEC, je trouve
illogique que le gouvernement s'engage dès maintenant à injecter
$150 millions supplémentaires dans SIDBEC telle qu'elle est à
l'heure actuelle.
On me répondra, bien sûr, que sur ces $150 millions, il y a
$102 millions qui serviront à rembourser des avances, endosser ou
financer des choses qui ont déjà été faites et que,
par conséquent, c'est plutôt une ratification du passé que
des engagements à venir. J'accepte cet argument. Cependant, je
rétorque aussi, étant donné qu'on vit sous un
régime qui est déjà gouvernemental à SIDBEC, il y a
peu de différence entre le financement de ces avances par le
gouvernement ou le financement de ces avances par SIDBEC. Il y a peu de
différence. On pourrait même dire qu'il est probable que cela ne
coûte pas moins cher au gouvernement de se financer que cela peut en
coûter à SIDBEC pour faire des emprunts bancaires, à
l'heure actuelle.
A ce moment, je dis: Ce n'est pas indispensable de régulariser
cette situation dès maintenant. En ce qui concerne des investissements
additionnels, $48 millions, on nous a dit que ce sont des investissements
importants, qu'en ce qui concernait les investissements nécessaires sur
une base courante, on nous a informé je pense que le ministre
s'en souviendra qu'il s'agissait d'une douzaine de millions par
année, en ce qui concerne les investissements qui tournent, de toute
façon, et qui sont nécessaires pour faire de l'entretien, pour
maintenir les équipements existants en bonne condition, pour faire de
petits ajustements ici et là sans mettre en cause l'orientation de
SIDBEC. On nous a dit: c'est environ $12 millions que cela coûte par
année.
En résumé, voilà les raisons pour lesquelles nous
avons dit, en deuxième lecture, que nous ne voulions pas souscrire
à l'adoption de ce projet de loi. Nous serions disposés à
envisager une mesure qui soit un peu moins extrême que celle de refuser
carrément dans la mesure où on peut évidemment
l'adoption, par exemple, de cet article 2 et dire simplement: Nous
votons contre cet article, nous ne voulons rien savoir, on n'accepte aucune
augmentation. Nous serions disposés à envisager une mesure qui
comporterait, sur le plan formel, un amendement à l'article 2, mais qui
aurait pour effet de fournir à SIDBEC environ $60 millions. Pourquoi $60
millions? Pour deux choses, pour deux raisons essentiellement. La
première, c'est pour reconnaître l'obligation dans laquelle le
gouvernement se trouve, je pense, sur le plan juridique, de financer l'achat de
Quésteel; je pense que cela devait se faire à l'intérieur
de deux ans.
Quésteel, c'est $27 millions. On nous a dit également
qu'il y avait à peu près $5 millions ou $6 millions
d'intérêts; donc ça représente $32 ou $33 millions.
Nous sommes également disposés à reconnaître le
besoin, pour maintenir les équipements en bon état, de financer
environ $12 millions par année. Comme ceci s'appliquerait sur deux ans,
ça ferait à peu près $24 millions. On additionne ça
et ça fait à peu près $57 millions ou $58 millions et,
pour faire un bon compte et rester bons amis, nous proposerions $60
millions.
M. le Président, telle est, somme toute, la position de fond que
nous avons sur ce projet de loi. Nous disons et nous l'avons dit en
deuxième lecture: Nous sommes opposés au principe de ce projet de
loi pour les raisons que j'ai essayé de donner, en arriver à une
étude article par article... Nous serions disposés à
proposer un amendement qui irait dans ce sens, mais évidemment je ne
suis
pas sans supposer que le gouvernement pourrait avoir des raisons de
s'opposer même à injecter $60 millions. Quant à nous, on
présente ça comme une attitude raisonnable, plus raisonnable que
simplement une question de principe à l'étape d'une étude
article par article. Nous pensons également que cette injection de $60
millions serait suffisante à l'heure actuelle et permettrait d'attendre
que les études qui sont proposées et qui ont été
exigées par le gouvernement soient produites. Ça permettrait
également au gouvernement de se faire une idée, parce qu'à
l'heure actuelle il ne sait pas ce qu'il veut faire avec SIDBEC. C'est clair,
c'est net, les hypothèses existent et je pense que ce serait fort
imprudent d'aller au-delà de ce qui est strictement nécessaire
pour le fonctionnement de l'entreprise, et ce qui est strictement
nécessaire est évalué par nous à l'heure actuelle
à $60 millions.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je suggérerais de suspendre et même
d'ajourner nos travaux.
M. Duhaime: Jusqu'à dix heures demain? Réponse
demain là-dessus?
M. Raynauld: Vous êtes chanceux, vous allez avoir toute la
nuit pour y penser.
Le Président (M. Laberge): Conformément à
l'ordre qu'a donné le leader, sous réserve qu'une autre
commission termine ses travaux, cette commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain matin dix heures.
Fin de la séance à 17 h 58