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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Lacoste): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme est
réunie pour entendre la Société générale de
financement.
Les membres, pour la séance d'aujourd'hui, sont: M. Martel
(Richelieu) qui remplace M. Biron (Lotbinière); M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Goulet (Bellechasse), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lefebvre
(Viau), M. Mailloux (Charlevoix), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Perron
(Duplessis), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Desbiens (Dubuc), M. Fortier (Outremont), M.
Grégoire (Frontenac), M. Michaud (Laprairie), M. Paquette (Rosemont), M.
Rancourt (Saint-François).
Il y aurait maintenant lieu de désigner un rapporteur pour la
commission.
M. Ouellette: Je propose M. Lavigne.
Le Président (M. Lacoste): M. Lavigne sera le rapporteur
de la commission. M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires
généraux?
M. Duhaime: Oui, M. le Président. Je voudrais d'abord
m'asssurer, comme j'en avais pris l'engagement, que mes collègues de
l'Opposition ont reçu, un plan de développement qui leur a
été acheminé. Normalement, cela devait être fait
hier. On me dit que cela a été fait dans le courant de la
matinée. M. Goulet, vous l'avez eu, ce document?
M. Goulet: Oui.
Remarques préliminaires M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Je voudrais dire au départ que nous avons
comme tâche de discuter ce soir, avant le débat de deuxième
lecture à l'Assemblée nationale, le projet de loi no 14, et d'en
discuter avec les responsables de la Société
générale de financement.
Vous allez me permettre quelques remarques préliminaires, sans
pour autant entrer dans le cadre du projet de loi. Je pense qu'on va avoir
l'occasion d'en débattre largement en deuxième lecture. Je ne
sais si vous avez l'habitude de prendre connaissance des rapports, à
chaque trimestre, des activités du groupe SGF; je me sers de celui qui
porte la date du 30 septembre pour fins du dossier de la commission. Je
voudrais vous rappeler les noms des membres du conseil d'administration de la
SGF. Je les nomme dans l'ordre où ils apparaissent sur le rapport
intérimaire du 30 septembre 1980: M. Reynald Brisson, M. Guy Coulombe,
président et chef de la direction, MM. Claude Descoteaux, Éric
Forest, Roland Giroux, Yves Graton, Robert Gratton, Jeanine Guillevin-Wood,
Alfred Hamel, Michel Latraverse, Fernand Martin, Fernand Paré et M. H.
Arnold Steinberg.
Je voudrais dire que si l'Assemblée nationale a été
amenée à nous demander ce soir de rencontrer la direction de la
Société générale de financement dans le contexte de
ce projet de loi, c'est d'abord et avant tout pour faire l'examen en commission
du plan de développement dont un document synthèse a
été donné à chacun des membres de cette commission.
Je dois dire que pour la Société générale de
financement, c'est, en quelque sorte, un précédent que nous
vivons puisque c'est le premier plan quinquennal que la SGF fournit à la
demande du gouvernement. Je laisserai M. Coulombe tout à l'heure vous
expliquer le cheminement et la façon dont ce travail a été
élaboré, tant à l'intérieur des filiales qu'au
niveau des tâches executives et du conseil d'administration de la SGF. Je
veux simplement dire que la Société générale de
financement et les autres sociétés d'État qui
relèvent de mon ministère ont déjà produit ou sont
en train de produire des plans quinquennaux.
Je voudrais aussi attirer l'attention des membres de la commission sur
le deuxième fait suivant: c'est que depuis sa création en 1962,
c'est ce que j'appellerais la première expansion majeure de la
Société générale de financement en termes
d'injection dans son capital-actions à des fins de développement
et d'expansion. Je rappelle que la loi constituant la Société
générale de financement date du 6 juillet 1962. Dans le
passé, la règle était que, lorsque le gouvernement
intervenait pour injecter des capitaux ou encore pour faire un versement ou un
prêt, c'était que la SGF était en difficultés
financières.
Cette fois-ci, c'est changé comme situation, comme vous le savez.
Durant l'année financière en cours aussi bien que durant
l'année financière 1979, nous dégageons des profits aux
comptes d'opération. La perspective est changée, je pense, et le
gouvernement est d'avis qu'il est temps maintenant que la SGF franchisse une
nouvelle étape vers l'expansion. Je rappelle simplement quelques
chiffres. Le chiffre d'affaires de la SGF a été, en 1979, de
$573,000,000; le profit a été de $9,500,000. Cette année,
en 1980, nous prévoyons qu'au 31 décembre le chiffre d'affaires
aura été environ de $800,000,000, dégageant environ
$20,000,000 de profits pour ce qui est de la partie attribuable, bien
sûr, a la SGF.
Je rappelle simplement que l'équité qu'on prévoit
à la fin de décembre sera de l'ordre de $122,000,000 ou de
$124,000,000 et, en termes de rendement - je le dis principalement pour mes
collègues, parce que je les ai écoutés avec
beaucoup d'attention durant les deux dernières journées,
ça m'apparaît être un critère d'évaluation
important - si on dégage $20,000,000 sur une équité de
$122,000,000 ou de $124,000,000, je pense que, dans le contexte actuel, c'est
un rendement avantageusement comparable à celui qu'on retrouve pour des
activités comparables dans le secteur privé. Si on compare
l'année en cours à l'année se terminant le 31
décembre 1976, le chiffre d'affaires de la SGF a doublé.
Le dernier élément qui peut intéresser les membres
de la commission, je ne sais pas si ça fait partie du
document-synthèse, mais, en tout cas, ça fait partie d'une
décision du Conseil des ministres. M. Coulombe, est-ce que les quatre
critères de rendement font partie du document? Ils sont dans le
document? Merci.
Je voudrais juste dire un mot là-dessus et, ensuite, je vais
laisser à mes collègues la chance de s'exprimer aussi. Quand on a
plusieurs sociétés d'État, il est évident qu'on ne
peut évaluer de façon uniforme la performance financière
de chacune. Pour donner un exemple un peu absurde, je dirais qu'afin
d'évaluer la performance de la Société de cartographie en
comparaison avec la Société des alcools du Québec, en
comparaison avec SIDBEC, en comparaison avec la SGF, on ne peut pas retenir les
mêmes critères de rendement. Bien souvent, des gens vont penser
que la SAQ est une vache à lait. C'est certain que la SAQ a une marge
fiscale intéressante, mais ce qu'il m'intéresse de savoir comme
ministre responsable de la SAQ, c'est la marge commerciale ou la marge
bénéficiaire de la SAQ.
Quand on parle de la SGF, il est évident que nous avons à
travailler, dans certains cas, avec des entreprises que nous contrôlons
à 100%, dans d'autres, avec des entreprises où nous avons des
participations moindres et parfois minoritaires. Nous avons retenu quatre
critères qui devraient, je pense, nous permettre d'évaluer si
cette société d'État rencontre un objectif de
rentabilité. Je vais simplement les énumérer. Le premier
de ces critères est le rendement brut, avant impôt, du capital
investi; le second, rendement net, donc après impôt, de l'avoir
moyen des actionnaires que l'on fixe à 15%, le ratio
équité sur la dette à long terme est fixé à
1%. Cela en fait trois. J'en ai perdu une en chemin; l'objectif de croissance
des bénéfices nets après impôt, de l'ordre de 15%,
soit autour de 5% à 6% supérieur à l'inflation
prévue sur la même période.
Je relisais, ces jours derniers, M. le Président, un discours
prononcé à l'Assemblée législative, à
l'époque, par l'honorable Jean Lesage, le 26 juin 1962, et pour mon
discours de deuxième lecture, j'avais quasiment l'intention de
répéter à peu près mot à mot ce qu'il
prononçait a l'époque. Je pense que plusieurs des grands
objectifs de la SGF ont été atteints. Il faut dire que cette
société d'État, depuis au-delà de 15 ans en a vu
à peu près de toutes les couleurs. Je pense qu'on peut dire
maintenant qu'il y a une consolidation qui a été faite, depuis
les deux dernières années, en tout cas, et solidement.
L'injection de capital-actions que prévoit le projet de loi no 14 dans
la Société générale de financement, soit
$102,000,000 de la part du gouvernement, est une injection nécessaire
qui répond, bien sûr, à la fois, à la volonté
du conseil d'administration de la SGF, à la volonté du ministre
responsable et à celle du gouvernement.
Alors, je m'arrête ici, M. le Président, et je voudrais
dire à mes collègues que M. Coulombe, que j'aurais
peut-être dû vous présenter tout à l'heure, qui est
président-directeur général, est accompagné de M.
Jean Houde. J'inviterai, tantôt, M. Coulombe à vous
présenter ce gue j'appellerais la batterie qui entoure M. Houde, et nous
sommes tout à fait disposés à répondre à
toutes les questions que les membres de la commission voudront bien poser.
Est-ce que je pourrais suggérer que M. Coulombe ou M. Houde
présente les gens de la SGF? Je m'en excuse, j'aurais dû le faire
tout à l'heure.
M. Coulombe (Guy): II me fait plaisir de vous présenter M.
Jacques Paquin, vice-président principal, M. Gilles Gagnon,
vice-président aux affaires juridiques, Mme Rita Dionne-Marsolais,
vice-présidente au développement de l'entreprise, M.
Léveillé, vice-président aux finances, M. Jean Houde,
secrétaire de la SGF. Ce sont les officiers supérieurs.Et M.
Gilles Lachance, vice-président aux ressources humaines. Je
m'excuse.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est-ce que vous avez des commentaires
généraux à faire auparavant?
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Premièrement, je
veux remercier le ministre d'avoir convoqué cette commission
parlementaire et souligner le plaisir que j'ai de rencontrer à nouveau
M. Coulombe.
Je dis d'abord que les commentaires que je vais faire ce soir sont
exprimés sur la base d'une reconnaissance profonde du progrès
gu'a fait la Société générale de financement,
depuis ces dernières années, une reconnaissance du travail que M.
Coulombe et son équipe ont fait, une reconnaissance du fait que,
d'après moi, la Société générale de
financement est devenue ou est en train de devenir presque un modèle
pour les autres sociétés d'État. Si je fais des critiques,
ce soir, si je pose des questions qui semblent avoir un aspect négatif,
je veux que tout le monde reconnaisse que, quant à moi, personnellement,
je le fais presque en famille, avec le désir d'aller même plus
loin dans une avance qui a été faite, non pas par moi, mais par
vous et pour laquelle je suis très soucieux. (20 h 30)
Entre parenthèses, je veux souligner qu'on vient de passer
à travers deux projets de loi pour SOQUIP et SOQUEM. Dans l'étude
de ces deux projets de loi, nous n'avions pas le bénéfice d'un
sacré morceau de papier pour définir des orientations, des
projets. C'était vraiment un exemple vivant des différences dans
la gestion de nos sociétés d'État et c'est sûrement
à votre crédit quand on les compare.
Je voulais faire trois choses dans mon intervention ou mes questions, si
vous voulez, parce que je ne sais pas si c'est une bonne idée de
s'accorder sur une façon de procéder. J'ai divisé mes
pensées en trois catégories.
Premièrement, parce que c'est la première fois, à
ma connaissance, qu'une société d'État a essayé de
développer des objectifs de rentabilité chiffrés, je
pensais que ce serait peut-être une bonne idée de prendre cinq ou
dix minutes et d'aller à travers ces critères que M. Coulombe et
son équipe ont développés. Quand j'ai essayé
d'utiliser le bilan de 1979 et les définitions de la page 15 et des
suivantes, j'avais un peu de misère parce que ce n'est pas toujours
facile. Je pensais que, pour les dossiers, simplement pour ceux qui vont venir
après, ce serait intéressant de mettre dans le journal des
Débats des définitions assez précises de ces
critères. Je pense que ce serait utile pour nous tous. Alors, ma
suggestion, M. le Président, c'était que ce serait une bonne
idée de le faire tout de suite ou un peu plus tard ce soir.
J'avais aussi quelques questions à poser sur l'orientation parce
que c'est clair qu'il y a de nouvelles orientations prévues dans ces
documents et j'ai deux ou trois questions à poser pour nous permettre de
les comprendre davantage. Finalement, j'ai quelques questions qui touchent le
projet de loi comme tel, les fonds et les projets spécifiques.
Alors, je sais que la façon traditionnelle de procéder
à ces commissions parlementaires, c'est de permettre à chaque
intervenant de parler vingt minutes avec une réponse de vingt minutes,
mais je ne sais pas, M. le Président ou M. le ministre, ce que vous en
pensez et si mes collègues pensent qu'ils ont d'autres catégories
de questions qu'ils veulent poser. Peut-être que, si vous êtes
d'accord, on peut procéder sur la base de ces trois
catégories.
Une voix: Ce serait plus facile, je pense bien.
M. Duhaime: Moi, ça me convient parfaitement. Si je
pouvais vous faire la suggestion, peut-être pour introduire le plan de
développement, M. Coulombe...
M. Fortier: Est-ce qu'on ne serait pas mieux de discuter de
l'orientation avant?
M. Scowen: Qu'est-ce que vous pensez...
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je suis d'accord avec les trois divisions quoique,
dans la logique latine - je m'excuse, mon ami Scowen - je trouverais plus
opportun de discuter de l'orientation et du plan à long terme en premier
et, ensuite, de passer à la question des critères de
rentabilité et, enfin, de passer au projet spécifique, mais cela
m'est égal, c'est votre décision.
M. Duhaime: Si vous n'aviez pas d'objection, on pourrait
peut-être demander à M. Coulombe de faire un tableau
synthétique, à moins que mon collègue de Bellechasse ne
veuille dire quelques mots avant qu'on entame ce bloc. Cela me va.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet M. Goulet: Merci, M. le Président. Je
n'ai aucune objection à la proposition faite par notre collègue
de Notre-Dame-de-Grâce, mais avant, je voudrais dire au
président-directeur général de la SGF et à ses
collègues, en quelques mots, que nous avons constaté, à la
suite du dernier rapport fourni, que les entreprises formant le groupe SGF ont
effectué, pour la plupart, un redressement majeur de leur situation
financière. M. le Président, vous vous rappellerez sans doute
que, depuis quatre ans ou quatre ans et demi dans cette Chambre ou lors des
commissions parlementaires, la formation politique que je représente ne
s'est pas gênée pour critiquer, pour dénoncer ouvertement
les sociétés d'État quand elles présentaient un
bilan négatif. Bien sûr, vous savez que notre formation politique
a toujours été objective même si, dans les résultats
concrets, au niveau électoral, cela ne se reflète pas.
Personnellement, je n'ai pas attendu la commission parlementaire pour
offrir mes félicitations au président-directeur
général et à ses collègues pour le bilan financier
qu'ils nous ont présenté pour le dernier trimestre. C'est avec
plaisir, M. le Président - je ne sais pas quand, mais il y a
peut-être un mois ou deux - et je l'ai fait vraiment du fond du coeur -
que j'ai écrit une lettre de félicitations à M. Coulombe
pour le bilan qu'il nous présentait. Bien sûr, si je voulais
être méchant, je dirais: probablement que c'est parce que notre
ancien chef est rendu de l'autre côté; c'est depuis ce temps que
ça va bien dans les sociétés d'État. Je ne sais pas
si c'est le seul critère qui a fait en sorte que ce soit une
réussite, je n'ose même pas le penser. Mais je tenais quand
même à les féliciter, M. le Président.
Quant à nous, nous n'avons aucune objection à suivre
l'ordre de procédure présenté par le député
de Notre-Dame-de-Grâce. Bien sûr, nous aurons quelques questions au
niveau du projet de loi comme tel et, si vous nous le permettez, M. le
Président, quelques questions au sujet de la seule des filiales qui - je
ne le dis pas avec gaieté, mais il faut quand même se rendre
à l'évidence - traîne la patte, Marine Industrie.
Bien sûr, il faut que les gens de la SGF nous comprennent quand
nous formulons des questions. Il y a un vieux proverbe chinois qui dit à
peu près ceci: Quand nous ne formulons pas de questions, nous passons
pour ignorants et, quand nous formulons des questions, nous prouvons que nous
le sommes. Mais le système parlementaire est ainsi fait et, en toute
objectivité, nous aurons encore ce soir quelques questions a formuler
à votre président, M. Coulombe. Je veux quand même
réitérer ce que j'ai dit tout à l'heure: Au nom de ma
formation politique, c'est avec plaisir que je dois féliciter le groupe
SGF du bilan financier qu'il nous a présenté et je l'invite
à continuer.
Vous vous rappelez, M. le Président, que lorsque j'avais
formulé un commentaire en commission parlementaire en disant que nous
devrions offrir des primes aux directeurs des sociétés
d'État lorsqu'ils présenteraient un bilan financier, certains
collègues s'étaient moqué de cette proposition. Je pense
que la solution peut être à ce niveau. On devrait y repenser
encore davantage de façon que, quand nos sociétés
d'État présentent un bilan positif, on agisse comme dans
l'entreprise privée, qu'on ne se gêne pas pour féliciter,
remercier et peut-être même
récompenser les responsables de ce "management" au niveau de
l'argent des contribuables québécois. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce dit qu'on pourrait discuter, en premier lieu, des
grandes orientations.
M. Scowen: M. le Président, mon collègue a
suggéré qu'à cause de votre esprit latin, vous seriez
heureux de commencer avec les grandes orientations et je suis heureux de me
comporter en bon latin ce soir, si c'est le désir de la
majorité.
Une voix: Cela s'en vient.
Le Président (M. Lacoste): Les grandes orientations, les
critères de rentabilité...
M. Duhaime: On va noter le progrès.
M. Scowen: Vous vous moquez. C'est lent, mais...
Le Président (M. Lacoste): Les grandes orientations, les
critères de rentabilité et, ensuite...
M. Scowen: J'ai des questions à poser, je pense que les
autres en ont aussi, sur le projet de loi. À la fin, il y a une
demi-douzaine de projets spécifiques. Une fois que les grandes
orientations seront réglées, on pourra parler des projets
spécifiques.
M. Fortier: C'est à peu près ça, en gros.
Le Président (M. Lacoste): Allons-y.
M. Scowen: Est-ce que vous voulez que je commence ou est-ce que
M. Coulombe va faire un exposé?
M. Duhaime: M. Coulombe, vous pouvez commencer par les
orientations et, après ça, on fera l'échange.
M. Fortier: C'est ça, peut-être qu'il peut
commencer.
M. Scowen: M. Coulombe, est-ce que vous voulez que je pose des
questions?
M. Martel: Ce serait bon qu'il fasse un exposé, avant, sur
ce document qu'on nous a remis et par la suite, nous pourrions lui poser des
questions.
M. Scowen: Très bien.
Le Président (M. Lacoste): M. Coulombe, président
directeur général de la société.
Représentants de la SGF
M. Coulombe (Guy): Merci, M. le Président. Je dois avouer
que la SGF jouit d'un statut un peu spécial parmi les
sociétés d'État, du moins durant les deux dernières
années et demie, puisque ce sera la cinquième fois qu'on se
présente en commission parlementaire, ce qui est, sinon une performance,
du moins une réalité assez nouvelle. Remarquez que cette
réalité, c'est-à-dire de se présenter pour la
cinquième fois devant la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale, on ne s'en plaint pas, au contraire, parce qu'on a toujours
été bien reçus. Mais je voudrais souligner, quand
même, qu'il s'agit là d'un mode de relation avec une
société d'État qui se compare avantageusement avec
n'importe guel mode de relation avec l'entreprise privée, parce que, en
deux ans, c'est rare que n'importe quelle entreprise privée a à
discuter avec ses actionnaires de façon aussi précise et aussi
complète que la SGF peut le faire depuis deux ans et demi.
Nous sommes heureux des premiers commentaires des membres de la
commission parce que, sans tomber dans le triomphalisme, on est relativement
satisfaits des résultats de la SGF. Ça va bien et c'est une des
raisons pour lesquelles on a présenté le plan de
développement que vous avez entre les mains. Je pense que ce plan est
une première à la SGF et c'est le résultat d'un effort
concerté, non seulement des membres de l'équipe de la SGF, mais
aussi de plusieurs des entreprises du groupe et des membres du conseil
d'administration.
Je pense qu'il faut dire quelques mots sur l'élaboration de ce
plan dont vous n'avez qu'un résumé entre les mains à
l'heure actuelle. Depuis deux ans et demi, en fait, dès 1978-1979, la
SGF a demandé à toutes ses entreprises de présenter un
plan de développement, ce qui a été fait entre
l'été 1978 et le moment où on se parle. Il y a une dizaine
d'entreprises qui forment la SGF. Chacune a donc préparé, de
façon interne et en collaboration, la plupart du temps, avec la SGF, son
propre plan de développement. Cela a été le
matériel premier du plan que vous avez entre les mains. C'est bien
évident que le plan de la SGF ne pouvait pas être la simple
addition ou la juxtaposition des plans des entreprises. Il fallait avoir une
orientation un peu plus globale. Cela a été l'objet des
réflexions depuis le mois de février à la
Société générale de financement où il y a eu
des comités internes formés. En collaboration avec les
entreprises et avec le conseil d'administration qui s'est penché quatre
fois sur ce plan, le plan a émergé de toutes ces
réflexions et de tout le matériel qui venait des entreprises du
groupe.
Je me permettrais, parce que je pense que tout le monde a eu le texte et
l'a parcouru, de souligner seulement deux ou trois dimensions qui nous semblent
extrêmement importantes dans ce plan. Le matériel premier
était les plans de développement des entreprises. Si vous allez
à la page 3 du document qu'on vous a déposé, vous avez, en
capsule, les éléments essentiels des entreprises du groupe
à l'heure actuelle. D'une façon générale, elles
sont dans une situation financière satisfaisante. On pourra donner des
exemples tout à l'heure démontrant qu'il y en a qui sont dans une
situation très bonne, d'autres qui sont dans une situation beaucoup
moins bonne. Mais, d'une façon générale, on peut dire que
l'ensemble des entreprises sont dans une situation financière
satisfaisante. Elles demeurent des entreprises de taille moyenne dans leur
secteur respectif. Je pense que c'est important de le souligner. Elles
opèrent dans des industries à caractère cyclique. La
plupart des entreprises
offrent des produits qui vont sur le marché avec une
caractéristique cyclique. Elles n'évoluent à peu
près pas dans des industries de pointe qui ont un fort contenu
technologique. Je pense que c'est une considération extrêmement
importante; quand on connaît l'importance et l'impact des
développements technologiques, on pense qu'il s'agit la d'une
caractéristique qui va avoir de l'influence sur les objectifs du
plan.
À la fin, quand on présente des investissements
d'innovation, c'est un peu pour répondre à cette lacune qu'on
rencontre dans nos entreprises. À l'exception de Donohue, elles ne sont
pas organisées pour avoir accès au marché public des
capitaux. Donohue est la seule compagnie publique cotée à la
Bourse. Certaines d'entre elles ont des équipements de production
vétustés. Ce n'est pas une critique pour le plaisir; c'est un
fait. L'absence de profit dans certaines des entreprises les a
empêchées d'investir dans de l'équipement nouveau et
graduellement, plusieurs de ces entreprises, s'il n'y a pas d'investissements
importants qui sont faits, vont se retrouver tout simplement en dehors du
marché, en dehors de la compétition, parce qu'il n'y a pas eu
d'investissements importants pour leurs équipements. Peu d'efforts de
recherche, évidemment - ça découle de ce que je viens de
dire - et de développement de nouveaux produits faute de fonds
suffisants, pas beaucoup d'assemblage et ainsi de suite. (20 h 45)
Donc, à partir de cette situation, la réflexion a
commencé depuis un certain nombre de mois, mais s'est intensifiée
dans les derniers mois. J'attirerais votre attention sur la page 6. Pour nous,
le plan est un instrument extrêmement important. On s'est permis de
souligner que, pour l'actionnaire qui est le gouvernement et l'Assemblée
nationale, au nom des millions d'actionnaires effectifs qui sont là, on
pense que le plan doit permettre de répondre à trois questions
fondamentales. La première: Les objectifs et les plans d'action
présentés sont-ils cohérents en regard du mandat contenu
dans la loi votée par l'Assemblée nationale? La deuxième:
En conséquence, le plan est-il conforme aux objectifs économiques
généraux du gouvernement et, la troisième: Le plan
prévoit-il un rendement suffisant dans le capital-actions? On pense que
ce plan doit servir d'instrument à ceux qui ont à juger cette
société d'État. Pour le conseil d'administration, ce sont
les mêmes questions, mais, en plus, c'est beaucoup plus précis en
ce qui concerne les plans d'exploitation annuels de la SGF et des entreprises
et, pour la direction de SGF c'est bien évident que c'est l'instrument
privilégié pour contrôler les entreprises du groupe.
Je soulignerais aussi que ce plan comme tous les plans va être
révisé chaque année, mais il y a certaines
hypothèses générales qu'il ne faudrait jamais oublier
parce que cela peut parfois inciter les gens à porter des jugements qui
peuvent être délicats. À la fin de la page 6, on donne
quelques variables qui peuvent avoir l'air générales, mais qui
sont extrêmement importantes. J'en prends seulement une au hasard. On dit
que la valeur du dollar canadien se situe en moyenne en bas de $0.90 ou $0.92
par rapport au dollar américain. On suppose que cette variable va
demeurer constante pendant cinq ans, mais on n'a pas de boule de cristal. On
n'en sait rigoureusement rien. Le dollar peut être l'équivalent
d'un dollar américain dans deux ans, mais, si cela se reproduisait, cela
aurait des effets très importants sur nos objectifs financiers. Qu'il
suffise de dire, par exemple, qu'une grande partie des bénéfices
nets de Donohue est due à la situation du dollar canadien, comme toutes
les compagnies papetières au Canada, de toute façon. Il s'agit
donc de variables qui ont une allure de généralités, mais
qui sont extrêmement importantes pour pouvoir juger de l'évolution
du plan.
De plus, on insiste beaucoup - je passe pardessus les autres pages qui
sont la mission de la SGF, cela a été longuement discuté
à une des dernières commissions parlementaires parce que c'est en
quelque sorte l'explicitation de la loi qui a été votée en
3978 - pour en arriver à des objectifs, on met beaucoup l'accent sur des
objectifs financiers, c'est-à-dire le rendement sur le capital et ainsi
de suite, mais on vous avoue qu'on attache autant d'importance à
certains objectifs qu'on appelle corporatifs et je me réfère
à la page 10 aux objectifs qui sont fixés là. Il sera
probablement plus difficile pour l'Assemblée nationale ou le
gouvernement de nous juger dans quelques années à partir de ces
objectifs, mais cela nous semble des objectifs réels et importants en ce
qui nous concerne. Il y en a sept ou huit auxquels on attache beaucoup
d'importance.
Quant aux stratégies d'investissement, je passe rapidement parce
qu'il va y avoir des questions précises là-dessus, les objectifs
financiers aussi et les plans d'action. Je pense que c'est l'un des sujets que
vous voulez toucher. Donc, je passe rapidement.
En résumé, nous sommes relativement satisfaits du plan de
développement. On admet que vous en avez une synthèse devant
vous. Il y a beaucoup d'éléments qu'on ne peut tout simplement
pas mettre sur la table de façon publique parce qu'il y a beaucoup de
plans d'action en ce qui concerne des partenaires avec lesquels on est en
communication, qui sont dans le secteur privé, qui sont partenaires avec
nous à l'heure actuelle et d'autres qui peuvent devenir des partenaires
potentiels. Il y a aussi certaines données qui concernent
carrément les compétiteurs de certaines de nos entreprises, ce
qui rend extrêmement difficile de mettre tous les matériaux qui
servent à élaborer un plan sur la table. Mais on pense que la
synthèse que vous avez donne l'esprit, l'orientation, en fait, les
fondements de l'action de la SGF dans les prochaines années. On n'a
aucune espèce d'objection à se sentir jugé à partir
de ce plan, dans la mesure où, chaque année, des révisions
viendront expliquer le pourquoi du comportement de la SGF en regard de la
réalité telle qu'elle s'est passée. On a fait des
hypothèses sur la réalité, mais c'est loin d'être
sûr que la réalité va accepter nécessairement nos
hypothèses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: M. le président de la SGF, depuis l'existence
de cette société d'État en 1962, à votre
connaissance, c'est la première fois que le gouvernement exige qu'il y
ait un plan quinquennal de développement pour chacune de ses
sociétés d'État et que vous êtes requis en
quelque sorte, à venir présenter au ministre de
l'Industrie et du Commerce, chaque année, ce plan de relance pour nos
industries d'État.
M. Coulombe: Je ne peux pas répondre au nom de mes
prédécesseurs qui ont vécu les 18 dernières
années, ou les 15 dernières années, parce que je suis
là depuis bientôt trois ans. Mais, de toute façon, le plan
qu'on présente, je pense que cela a été une
coïncidence d'intérêts non seulement à la demande du
gouvernement, mais c'était une exigence qu'on s'était
fixée nous-mêmes dans notre gestion et on pense que c'est
fondamentalement important d'avoir ce genre d'instrument.
M, Martel: Dans votre esprit, M. le Président, est-ce
qu'une société d'État doit viser uniquement une
rentabilité financière comme entreprise privée ou si elle
doit avoir également une certaine responsabilité morale?
M. Coulombe: II faudrait que vous me définissiez plus
clairement ce que veut dire responsabilité morale. C'est évident
qu'un des critères de base doit être la rentabilité
financière. Je suis aussi d'accord qu'il y a d'autres critères
qui entrent en ligne de compte. Est-ce que c'est la responsabilité
morale? Il faudrait que vous me disiez plus clairement ce que cela veut
dire.
M. Martel: Autrement dit, lorsque ce sont les contribuables
québécois qui mettent sur pied ces sociétés
d'État, est-ce qu'on ne devrait pas, à l'intérieur de ces
sociétés, essayer le plus possible de maintenir les gens au
travail, plutôt que ce soit la même société, les
mêmes contribuables, qui aient a défrayer par exemple les mesures
sociales qu'occasionnent des mises a pied et, par exemple les 1500 dans la
division navale de Marine Industrie?
M. Coulombe: Je pense que la réponse, l'Assemblée
nationale l'a donnée en 1978. Marine Industrie, en 1978, était en
faillite. Il ne faut pas se le cacher. Je pense que le rapport que la SGF et
les gens de Marine Industrie ont soumis au gouvernement a
démontré qu'une des dimensions importantes était non
seulement le fait que, financièrement, c'était un cul-de-sac
à ce moment-là, mais aussi qu'il y avait d'autres variables. Ces
variables étaient évidemment de conserver l'emploi, mais aussi en
prenant l'hypothèse de base que Marine Industrie pouvait être
éventuellement une compagnie extrêmement efficace et
extrêmement dynamique, si certaines conditions se réalisaient. Et
ces conditions, entre autres, étaient l'efficacité, la
rentabilité. Je pense que l'Assemblée nationale a
été d'accord avec la proposition de la SGF là-dessus. Cela
a été la base sur laquelle les 2000 emplois qu'il y a
actuellement à Marine Industrie ont été sauvés, par
les décisions du gouvernement et de l'Assemblée nationale, en
1978.
À moyen terme - c'était évident et c'était
présenté dans tous les documents - pour avoir les 2000 emplois
qui existent à l'heure actuelle et les quelques centaines d'autres qui
peuvent être créés dans ce milieu industriel,
c'était fondamental d'avoir une perspective d'efficacité et de
rentabilité. C'est inscrit dans les objectifs et c'est ce qui se
réalise à l'heure actuelle.
M. Martel: Si je comprends bien, n'eût été la
loi 108 en 1978, à cette période-ci, il y aurait eu
définitivement une faillite.
M. Coulombe: Marine Industrie serait fermée.
M. Martel: C'est-à-dire qu'on aurait créé
une ville fantôme à Sorel par suite de l'échec de cette
société d'État.
Maintenant que vous en êtes le président et que vous avez
vu depuis trois ans ce qui s'est passé à ce moment-là et
ce qui se passe aujourd'hui, est-ce que vous pouvez en mettre le blâme
sur les administrations antérieures de Marine Industrie?
M. Coulombe: Non. Je pense que l'erreur qu'on a essayé
d'éviter dans tout ce qu'on a fait à la SGF, c'est d'essayer de
trouver des coupables pour une situation qui était déplorable.
C'est évident qu'il y a eu des problèmes administratifs
sérieux. C'est évident qu'il y a eu des jugements qui ont
été portés, dont les conséquences se sont
avérées un peu désastreuses pour la compagnie, mais il y
avait quand même un environnement spécial et cet environnement,
spécifiquement dans le cas de Marine Industrie, était
l'effondrement du marché de la construction navale sur le plan mondial.
Il y a eu des chantiers fermés au Japon, il y a eu des chantiers
fermés dans le monde entier. Il y a eu des milliers de bateaux qui sont
restés dans les rades un peu partout. Beaucoup de chantiers, beaucoup de
compagnies, ont fait faillite.
Cela n'excuse pas nécessairement personne, mais cela explique
quand même que le contexte était extrêmement difficile.
Probablement qu'il y a eu des décisions prises à Marine
Industrie, strictement en termes de conserver l'emploi et qui ont conduit
à des situations inextricables à un moment donné, tel
qu'on l'a vécu. Il y a des contrats qui ont pu être signés
avec, comme seul critère, de garder de l'emploi, et qui ont conduit
à des situations inextricables - le mot n'est pas trop fort.
M. Martel: Je vois que vous êtes très
tolérant vis-à-vis de vos prédécesseurs. Je me
souviens de la commission parlementaire de 1978 où nous avions
déploré l'absence de M. Yvon Simard qui était à ce
moment, charqé de Marine Industrie et qui a même occupé des
postes à la SGF. Les dirigeants de Marine Industrie nous ont dit qu'ils
ont couru après lui pendant six mois pour lui faire signer des papiers,
grâce à un gouvernement qui, à ce moment, contrairement
à aujourd'hui, ne prenait pas ses responsabilités pour exiger une
présence directe dans ces sociétés d'État, comme
nous essayons de le faire par cette loi 14 et comme nous l'avons fait,
également, par ce plan de redressement en 1978 avec la loi 108. Je pense
que ce n'est pas normal, dans une société d'État, qu'on
cherche le vice-président ou le président pendant six mois pour
lui faire signer des documents. C'étaient véritablement des
lacunes du ministère de l'Industrie et du Commerce qui était
responsable de la SGF à ce moment et également de
l'administration libérale qui a mis, en 1976, le
chantier maritime dans la situation de faillite, comme vous l'avez
décrit tout à l'heure.
M. Coulombe: M. Martel, je vais juste dire un mot
là-dessus. Je ne veux surtout pas entrer dans une critique des
administrations antérieures, qu'elles soient politiques ou qu'elles
soient administratives au niveau de la 5GF. Pour M. Yvon Simard, que je ne
connais pas personnellement, je...
M. Martel: Je pense qu'on ne l'a pas retrouvé depuis
1978.
M. Coulombe: ...pense que son qrand tort a été
d'être absent de la commission parlementaire, alors que tout le monde
était présent. Je pense qu'il a subi le coup classique que les
absents ont toujours tort.
M. Martel: On ne l'a pas retrouvé depuis, d'ailleurs.
M. Coulombe: Personnellement, d'après ce que j'ai lu et ce
que je connais du dossier, je ne pense pas que M. Simard soit responsable de
choses, comme on a pu le penser à ce moment-là. Mais je veux pas
entrer dans une discussion sur ce genre de chose. En toute justice, je pense
que M. Simard, à la SGF, a fait un travail qui était
extrêmement valable. Il a été victime de la conjoncture
comme beaucoup d'autres gens qui étaient à Marine Industrie
à ce moment en ont été victimes.
M. Martel: Vous êtes très généreux, M.
le Président.
M. Coulombe: Je prévois l'avenir, quand ils vont parler de
mon cas.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce; ensuite, M. le député de Duplessis et,
ensuite, M. le député d'Outremont.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Premièrement...
M. Duhaime: Je m'excuse auprès de mon collègue. Il
y aurait peut-être un élément que j'aurais dû
apporter tout de suite tantôt. Je suis certain que mes collègues
vont vouloir en parler aussi. Je voudrais le mettre sur la table. Cela va
prendre simplement 30 secondes. Dans tout ce travail avec les
sociétés d'État, que ce soit la SGF ou une autre, il faut
toujours essayer de concilier ce que j'appellerais deux pôles: un
objectif d'autonomie sur le plan de la gestion, dans le sens qu'un conseil
d'administration d'une société d'État puisse avoir ses
coudées franches pour être capable de fonctionner; c'est un
pôle. Le deuxième, c'est quand un ministre de tutelle est
responsable d'une société d'État, quelle qu'elle soit,
devant l'Assemblée nationale, cela fait partie de son devoir de
surveillance. Il y a certains jours où ce n'est pas facile d'essayer de
concilier à la fois le devoir de surveillance sur une
société d'État, par le biais d'une "tutelle", mais
à cause d'une structure juridique, et l'autonomie de gestion ou la marge
de manoeuvre qu'on voudrait laisser à une société
d'État. Je dois dire, cependant, que la SGF, si on compare sa loi
substantive, est une des sociétés d'État qui ont une large
marge de manoeuvre et d'autonomie.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci. Je veux dire, avant de commencer, M. le
Président, qu'après les paroles du député de
Richelieu, de notre côté, nous sommes prêts et capables de
faire du "chiard" politique jusqu'à minuit. Je vais quand même
essayer, de mon côté - cela a été le cas au moins
jusqu'au deuxième intervenant de l'autre côté - de faire ce
que le ministre a suggéré, soit de poser des questions sur le
projet au président et de garder l'aspect politique pour le salon bleu.
Mais, si voulez faire un débat sur la politique libérale, je
serai prêt à le faire jusqu'au bout.
M. Martel: C'est bon de faire des mises au point au
départ. (21 heures)
M. Scowen: Je présume que le premier sujet, ce sont les
orientations et, si vous voulez, les objectifs...
M. Martel: Si le gouvernement antérieur avait
été sérieux, on ne serait pas ici ce soir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Richelieu, j'ai donné la parole au député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je crois que le député de
Notre-Dame-de-Grâce s'engage à respecter l'ordre de la Chambre et
à poser les questions à la Société
générale de financement.
M. Scowen: J'essaie, M. le Président, de me limiter aux
questions sur l'orientation et les objectifs. J'ai l'impression que mon
collègue a l'intention de poser quelques questions sur les objectifs que
vous avez mentionnés. Il y en a six, au début. Je veux vous poser
deux ou trois questions sur l'orientation.
Je pense qu'une des grandes réalisations de 1978 a
été de définir les champs d'action de la
société. On a des réussites et de grandes
déceptions dans nos sociétés d'État depuis 25 ans.
Je veux juste en rappeler quelques-unes. Nous avons les boulettes de minerai de
fer. C'était une décision du Parti libéral de
l'époque qui, aujourd'hui, est la cause d'une grande perte pour tout le
monde. On a aussi la SGF; il y eu des choses de faites à cause d'un
manque de définition et qui n'ont pas été très
heureuses. Il y avait aussi les navires dont on parlait tantôt. On a
défini le rôle spécifique de la SGF en 1978 en termes de
mandats sectoriels; on en a défini trois. Par comparaison, la SIDBEC a
une définition, la sidérurgie. La SGF a été dans ce
qu'on appelait à l'époque l'hydroélectrique ou, si vous
préférez, le terme qui était utilisé dans les
directives du gouvernement à la société,
l'électromécanique. J'ai été frappé de voir
dans ce document que cette expression électromécanique
était devenue l'énergie.
Je veux vous demander si c'est simplement une erreur dactylographique ou
s'il y a quelque chose derrière cette affaire, parce qu'il n'a jamais
été dans notre intention de donner à la
Société générale de financement un mandat aussi
large que celui de l'énergie. On a déjà d'autres
sociétés d'État qui sont très impliquées
dans l'énergie. On a défini un mandat qui était
très restreint, qui touchait surtout une partie des activités de
Marine et quelques activités des autres filiales comme Cegelec qui
était le fournisseur d'Hydro-Québec et d'autres
sociétés dans ce domaine.
Entre-temps, la Société générale de
financement est devenue propriétaire de Nouveler qui, a mon avis, n'a
rien à faire avec l'électromécanique; du moins pas
nécessairement. On peut dire que la SGF va limiter ses
intérêts dans Nouveler aux aspects
électromécaniques. Je ne sais pas si c'est clair dans votre
esprit, mais la première question à laquelle je veux que vous
répondiez est celle-là.
La deuxième est que, quand vous avez indiqué les objectifs
sectoriels, les stratégies d'investissement, vous les avez
divisés en trois catégories: les investissements de croissance
et, dans cette catégorie, qui est la principale, vous avez clairement
établi les activités à l'intérieur des trois
secteurs. Deuxièmement, vous avez pensé à quelque chose
que vous appelez les investissements stratégiques; même dans cette
partie, vous avez dit et je cite: "II sera possible d'ajouter une
présence sensible dans un nouveau secteur", mais vous avez ajouté
tout de suite après: "Dans le cas d'un nouveau secteur, cette
opération se fera dans le cadre de l'article 4a de la loi". Je
présume qu'avant de décider de vous lancer dans un nouveau
secteur, ce sera soumis à une discussion à l'Assemblée
nationale. Il n'y a pas de problème là non plus.
Je commence à devenir un peu inquiet quand vous arrivez à
ce que vous appelez les investissements d'innovation, c'est à la page
14, avec une élaboration à la page 20. Peut-être que mes
inquiétudes seront mieux expliquées si on fait
référence à la page 20. Vous parlez de trois
stratégies particulières à l'intérieur de ces
investissements d'innovation.
La première est la possibilité d'investir dans une
société de capital de risque. Ce n'est pas sectoriel, cela, c'est
une espèce d'activité qu'on associe facilement, dans notre
esprit, si vous voulez, aux objectifs de SODEQ et peut-être à une
partie des objectifs de la Société de développement
industriel qui a un programme ou même deux qui ne sont pas loin de cela.
On l'associe un peu avec les prévisions faites récemment au sujet
du mandat de la Caisse de dépôt et de placement qui commence, si
je comprends bien, à viser cette activité, du moins si on en
croit les interventions publiques du nouveau président.
Il est clair qu'à moins que cette société de
capital de risque ne soit limitée dans ses activités aux secteurs
qu'on a déjà définis, vous avez dépassé
votre mandat actuel. Si vous avez l'intention de limiter vos activités,
dans cette société de capital de risque, aux secteurs
déjà définis, dans mon esprit, vous n'avez pas besoin
d'une société de capital de risque parce que vous avez
déjà le droit de trouver quelque chose d'intéressant et de
risqué dans le domaine des pâtes et papiers ou dans le domaine de
la pétrochimie et agir seul ou avec des partenaires. Vous avez
déjà cette possibilité. Ma deuxième question est
que j'aimerais avoir des détails sur ce point.
Le deuxième aspect touche le secteur qui s'appelle Recherche et
développement. Est-ce votre intention que les investissements,
concernant la conception et l'implantation dans le domaine de la recherche,
soient faits à l'intérieur des trois secteurs déjà
définis? Si oui, à mon avis, ce serait même
intéressant que vous décidiez de sortir un peu les
investissements dans ce domaine parce que je pense que l'idée ne serait
pas mauvaise d'essayer d'isoler et d'attirer l'attention sur la recherche et le
développement. Je crois que c'est une idée intéressante.
Je voudrais savoir si votre intention est de limiter ce deuxième aspect
de la partie 3 aux secteurs déjà définis.
Troisièmement, dans cette section, vous parlez d'énergie
nouvelle et d'économie d'énergie. Encore une fois, je vois une
possibilité d'élargissement du mandat parce que votre mandat,
dans le domaine de l'énergie, est limité, comme je l'ai
déjà dit, à l'électromécanique. En effet, il
y a quatre aspects - que j'ai mentionnés - dans ce document qui peuvent,
à moins que je ne comprenne pas vos intentions, avoir l'effet de
dépasser les directives et les secteurs dans lesquels vous avez
déjà le droit d'aller. Je trouve cette question extrêmement
importante. C'était pour moi, en 1978, un pas en avant. On a plusieurs
sociétés d'État qui essaient, avec des administrateurs
dynamiques, d'élargir leur champ d'actions; la caisse de
dépôt veut diriger les entreprises vers les pâtes et
papiers, SOQUIP veut diriger les entreprises vers le raffinage du
pétrole, où vous êtes déjà, dans la
pétrochimie, la SDI a déjà commencé un nouveau
programme qui touche la recherche et le développement. C'est primordial
qu'on définisse les limites. Pour moi, jusqu'à nouvel ordre, M.
De Coster dirige une entreprise de sidérurgie et il n'est pas question
qu'il propose que SIDBEC forme une société de capital de risque.
Vous, vous dirigez une entreprise dans les domaines de la pétrochimie,
des pâtes et papiers et de l'électromécanique; par la
même définition, il n'est pas question que cette
société, agissant dans le secteur manufacturier et de la
transformation devienne une société de nature surtout
financière.
Je pense que j'ai résumé mon problème de trois ou
quatre façons. J'apprécierais beaucoup vos commentaires.
Le Président (M. Lacoste): M. le président.
M. Coulombe: En ce qui concerne le problème de
l'énergie, j'avoue qu'il peut se glisser une ambiguïté; si
on prend les tableaux de la page 24 et un peu partout dans le texte, on trouve
les mots "secteur énergie". Pour nous, c'était tellement clair et
tellement vécu qu'on n'a pas, chaque fois, apporté la
spécification suivante. Ce qu'il faut lire là-dedans - et
j'admets que ce n'est pas ça qui est écrit - c'est les
équipements reliés à l'énergie. C'est ça
spécifiquement qui est l'objectif qu'on poursuit et qui correspond
carrément à la vocation actuelle de la majorité des
entreprises qu'on a. En d'autres mots, Volcano, Forano, dans un certain sens,
Marine Industrie, BG Checo, Cegelec sont des entreprises de fabrication
d'équipement. Ce qu'on veut c'est les spécialiser ou donner une
priorité aux équipements reliés à
l'énergie.
En 1978, on a présenté surtout une
caractéristique, un type d'équipement qui était
relié à l'électromécanique, parce que,
évidemment, en termes de chiffre d'affaires, c'était le principal
chiffre d'affaires. En d'autres mots, si on additionne Cegelec, certains des
équipements d'Automatec et Marine Industrie, le gros des chiffres
d'affaires, en termes d'équipement, est relié à
l'énergie hydroélectrique.
Mais, depuis deux ans, on s'est aperçu que d'autres formes
d'énergie nécessitaient des équipements qui pouvaient
très bien être produits dans les entreprises du groupe; que ce
soient des équipements reliés, par exemple, à
l'exploration pétrolière ou au développement
pétrolier dans l'Ouest, on pense qu'il y a des types
d'équipements qui peuvent être avantageusement fabriqués
par les entreprises du groupe.
Lorsqu'on parle d'énergie, on parle d'équipement
relié à l'énergie. C'est ça qu'on veut dire, c'est
ça qu'on vit et c'est là-dessus qu'on table. J'avoue que le terme
"électromécanique" est peut-être un peu trop restreint pour
comprendre l'ensemble des équipements reliés au secteur
énergétique. Donc, pour répondre de façon claire
à votre question, on n'est pas dans l'énergie comme
Hydro-Québec, comme SOQUIP ou comme d'autres sociétés, on
n'a rien à voir avec le bilan énergétique ou la production
d'énergie, qu'elle soit électrique ou qu'elle soit d'autres
formes; on est dans le domaine des équipements reliés au secteur
énergétique.
Vous avez probablement raison de dire que, même si on restreint
ça au niveau de l'équipement - c'est ça qu'il faut faire -
peut-être que la directive no 1 du gouvernement, qui prononce le terme
"électromécanique", pourrait être modifiée. Au lieu
de dire "électromécanique", on pourrait dire "équipements
reliés à l'énergie". Ce serait plus exactement non
seulement la réalité actuelle, mais celle vers laquelle plusieurs
de nos entreprises s'orientent de plus en plus. Si cette ambiguïté
peut être levée avec une modification de cette directive, nous, on
n'a aucune espèce d'objection à la recommander au gouvernement
qui l'acceptera ou non. Mais tout ce qui concerne l'énergie
là-dedans n'a rien à voir avec la production d'énergie,
cela a à voir avec la fabrication d'équipements.
D'où notre intérêt - et je réponds à
une deuxième question - dans Nouveler. Notre intérêt dans
Nouveler est strictement basé sur la possibilité pour les
entreprises du groupe de fabriquer des équipements reliés
à de nouvelles formes d'énergie, que ce soit des
éoliennes, que ce soit des pompes à chaleur, que ce soit
n'importe quel type d'équipements. L'objectif de notre participation
à Nouveler - à 35% - c'est de faire profiter les entreprises du
groupe de la fabrication d'équipements, ce gui correspond aux
premières caractéristigues que je viens de souligner. (21 h
15)
Donc, en résumé, peut-être y a-t-il une
ambiguïté dans la directive no 1 et le mot
"électromécanique" pourrait être modifié
avantageusement - ça respecterait plus la réalité actuelle
et ce qu'on veut faire dans l'avenir -pour appeler ça de
l'équipement relié à l'énergie. La plupart de nos
compagnies, il ne faut pas se le cacher, excusez l'expression, ce sont des
"machine shops". Cela bâtit des équipements et on pense que, dans
le domaine de l'énergie, il y a une possibilité immense de
marché, que ce soit relié à
l'hydroélectricité, que ce soit relié aux nouvelles formes
d'énergie, que ce soit relié au pétrole ou que ce soit
relié au nucléaire. Il y a des équipements qui peuvent
être avantageusement, sans modifier les structures de nos entreprises,
construits, bâtis, mis en marché par elles.
M. Duhaime: Avant que vous enchaîniez sur le
deuxième point... Oui, d'accord. Je voudrais juste enchaîner
là-dessus et dire que, sur la question de la précision d'une
directive, on en a discuté tout récemment et j'ai confirmé
à M. Coulombe, je peux le dire ici ce soir en commission, que je n'ai
aucune espèce d'hésitation moi-même à recommander
une précision à la directive no 1 qui viendrait suivant la
mécanique de la loi existante et où on préciserait ce qui
est appelé pour l'instant électromécanique, afin de lui
donner son plein sens et s'en aller en retenant l'expression
d'équipement relié à l'énergie.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui. On est d'accord là-dessus jusqu'à
un certain point. Je pense que vous voyez déjà les dangers dans
ce débat, parce que l'équipement relié à
l'énerqie peut vouloir dire l'équipement pour faire les forages
du pétrole, les raffineries, cela peut dire énormément de
choses, surtout parce que nous avons plus d'une société
d'État dans l'appareil gouvernemental. Donc, les autres qui sont dans
l'énergie... C'est ma ferme opinion, M. le ministre, qu'avant de changer
la définition, on doit demander à M. Coulombe une
définition de ce qu'il veut dire dans cette affaire, parce que je suis
certain qu'il ne veut pas élargir le mandat jusqu'à englober tout
ce qui est dans l'équipement pour l'énergie.
M. Fortier: II ne faut pas retomber dans le problème qu'on
avait avant.
M. Scowen: On doit essayer d'élargir la définition.
Je n'ai rien contre cette idée, mais on doit essayer de l'élargir
par écrit, dans un document, pour en discuter dans une commission
parlementaire, pour que tout le monde puisse comprendre exactement ce qu'on
veut dire. Comme cela, nous avons au moins la possibilité
d'éviter les dédoublements, les conflits et les aventures, pas
pour vous, mais pour ceux qui vous suivront, qui peuvent causer des
problèmes pour le gouvernement péquiste de 1985 ou le
gouvernement libéral de 1985 ou le gouvernement unioniste. Je propose
qu'avant qu'on change la définition, on écrive quelque chose et
qu'on en discute.
Si vous pouvez accepter ce principe, M. le ministre, je serai
très favorable à l'idée d'élargir cette
définition à la suite d'une commission parlementaire qui nous
permettra de discuter d'une définition écrite plus
élaborée.
M. Duhaime: Mon intervention visait simplement à vous
signifier que nous étions conscients de ce genre de problème et
qu'il nous fallait le clarifier en retenant cependant qu'il
faut baliser la définition et, lorsque le temps viendra,
j'imagine que cela va être au début de l'an prochain qu'on le
fera, on aura une directive qui sera déposée à
l'Assemblée nationale, qui sera ensuite discutée en commission
parlementaire comme on le fait maintenant et je pense que, d'ici ce temps, on
aura le temps de cerner davantage le problème pour être capable de
tenir compte des dangers qui viennent d'ores et déjà à
votre esprit.
M. Scowen: Je suis satisfait de votre réponse.
Le Président (M. Lacoste): Cela va. M. le
député de Duplessis et ensuite M. le député
d'Outremont.
M. Scowen: Je présume que M. le Président va
répondre aux autres aspects de la question.
M. Coulombe: Dans les trois types d'investissements, on a
présenté cela de cette façon pour bien signifier que ces
investissements avaient des objectifs différents et, en ayant des
objectifs différents, ils pouvaient avoir des rendements qui
étaient différents. Je pense que c'est important. Lorsqu'une
certaine capitalisation est donnée à la SGF, on pense que c'est
très important de distinguer les types d'investissement qui sont
suggérés dans le plan. Les investissements de croissance, ce sont
essentiellement des investissements qui vont être faits surtout dans les
entreprises actuelles et qui, à cause des caractéristiques que
j'ai mentionnées tantôt, ont subi un manque de capital pour
investir dans de la machinerie, dans des équipements pour se maintenir
simplement à flot à travers les compétiteurs et essayer de
conserver leur part du marché et même l'augmenter.
Il y a aussi des types d'investissement, dans les investissements de
croissance, où le rendement économique sera très faible,
en partie du moins, tout simplement parce qu'il s'agit d'investissements qui
obéissent à de nouvelles lois, comme celle sur la santé et
la sécurité du travail, celle sur l'environnement. Dans nos
entreprises, dont certaines sont assez vétustes au point de vue
équipement, il y a beaucoup d'investissements à faire pour les
mettre à l'heure de ces nouvelles lois et ça demande des fonds.
C'est une partie des investissements de croissance. Mais c'est après
votre question, je pense, que vous aviez dit que vous n'aviez pas de
problème avec ce genre d'investissements.
Les investissements stratégiques concernent strictement une
nécessité absolue, à notre avis, que certaines de nos
entreprises puissent avoir l'occasion d'élargir leur base
d'activités dans le secteur dans lequel elles fonctionnent, à
l'heure actuelle, afin de leur permettre une croissance beaucoup plus
régulière que celle qu'elles ont connue dans le passé.
L'ensemble des entreprises de la SGF, sauf dans le cas de Donohue qui est un
cas spécial, chacune des autres entreprises s'est toujours
caractérisée par un développement qu'on peut appeler en
dents de scie, c'est-à-dire qu'elles étaient toujours à la
marge de l'efficacité, toujours à la marge de la
compétitivité et faute d'investissements, elles faisaient une
bonne année quand le marché était très bon, mais
aussitôt qu'il y avait un petit problème la rentabilité
tombait. Il faut avoir l'occasion de stabiliser cette croissance et de la
mettre sur un pied de compétition dans le secteur dans lequel elles
sont. C'est principalement ce qu'on appelle des investissements
stratégiques, c'est-à-dire des investissements qui vont permettre
à l'ensemble de la SGF d'avoir un taux de croissance dans ses revenus
qui est compatible avec la nécessité d'investir continuellement
et aussi d'engendrer les fonds nécessaires pour les investissements, au
lieu de revenir continuellement au gouvernement pour ce genre
d'investissements.
Quant aux investissements d'innovation, on y attache beaucoup
d'importance, parce qu'une des lacunes de base de tout le groupe est l'absence
de recherche et de développement. On n'a pas de démonstration
à faire, après tout ce qui a été dit sur ce genre
de problèmes dans l'ensemble du Canada et au Québec, sur
l'absence de recherche et de développement comme moteur non seulement de
création d'emplois, mais de création d'entreprises dynamiques et
nouvelles.
Si on va à la page 20, comme vous l'avez fait, si on prend une
par une les trois stratégies, il y a la société de capital
de risque. Dans notre esprit, la société de capital de risque, on
a engagé depuis plusieurs mois des discussions avec des partenaires
éventuels pour mettre sur pied une société qui pourrait
répondre à certains besoins qui existent au Québec, selon
nous. Il y a des entrepreneurs qui sont dans les secteurs de pointe et pour qui
la recherche du capital est un problème assez important.
Je pense que, pour la SGF, c'est fondamental, si elle veut avoir et
conserver un pied dans l'innovation, elle doit être dans le milieu dans
lequel les innovateurs ou les entrepreneurs travaillent. C'est bien ce qu'on
appelle un pied, parce que c'est une entreprise, dans notre esprit, dans
laquelle la SGF n'aurait que 25%, les trois autres partenaires du privé
ayant les autres 75% et ça permettrait à la SGF d'être
à la fine pointe de ce qui se passe dans ce milieu. C'est dans ce milieu
d'entrepreneurs qui ont des idées nouvelles, qui ont des produits
nouveaux, qui ont des associations nouvelles, c'est là que l'action se
passe et on pense que la SGF devrait avoir la possibilité de voir ce qui
se passe dans ce secteur d'innovation.
C'est l'obectif précis de cette société de capital
de risque, en plus du fait que ça nous évite, à la SGF, de
bâtir un "staff" considérable pour répondre aux demandes
qui, de plus en plus, deviennent fréquentes, de la part d'entrepreneurs
qui ont des nouveaux produits, qui viennent nous voir, qui disent: Bon, on a
une petite compagnie, on a un produit fantastique, est-ce qu'on peut faire
quelque chose? Actuellement, on n'est pas équipé à la SGF,
on n'a pas l'intention de s'équiper d'un grand "staff" pour faire face
à ce genre de problèmes, parce que c'est terriblement
compliqué, un dossier de $500,000 ou de $1,000,000 peut demander autant
de travail qu'un dossier de $10,000,000 ou de $20,000,000 et il y a beaucoup
d'entrepreneurs québécois qui sont intéressés
à se développer rapidement dans les secteurs de pointe. On
envisage notre présence dans cette société de capital de
risque comme une façon pour la SGF de connaître ce milieu, de le
comprendre et de voir s'il n'y a pas des
opportunités extrêmement intéressantes qui se
rattachent aux entreprises qu'on a actuellement dans les secteurs. On parle
d'équipement relié à l'énergie. Il y a beaucoup
d'idées nouvelles dans ce domaine actuellement. On pense que la
fréquentation de ces milieux de façon concrète,
précise, sur des projets précis, puisse être
extrêmement importante pour la SGF.
Vous parlez de trois secteurs. La loi de la SGF n'exclut pas de nouveaux
secteurs. Elle dit tout simplement que, si la SGF veut embarquer dans un
nouveau secteur, elle doit demander la permission au gouvernement qui acceptera
ou refusera, mais, s'il l'accepte, c'est discuté en commission
parlementaire. Donc, la notion de nouveaux secteurs n'est pas
écartée pour la SGF. C'est tout simplement que la loi
prévoit un mécanisme pour entrer dans un nouveau secteur. Mais,
pour entrer dans un nouveau secteur, il faut connaître ce qui se passe
dans ce secteur. Pour nous, la société de capital de risque est
une façon de connaître le milieu à un coût
relativement bas - parce qu'on va être à 25% dans une
société de capital de risque - d'être à
l'affût des opportunités et peut-être à l'affût
d'un secteur qui pourrait être extrêmement important pour le
Québec et qui suivra le cheminement qui est prévu dans la
loi.
Si à travers cette société de capital de risque on
détermine qu'il y a des opportunités qui peuvent ressembler
à un nouveau secteur, on préparera un document de base, on ira
trouver !e gouvernement et on dira: II y a un nouveau secteur qui semble
intéressant pour le développement économique du
Québec, êtes-vous d'accord, oui ou non? Le gouvernement dira oui
ou non. C'est un peu l'esprit dans lequel on conçoit cette
société de capital de risque. C'est une fenêtre ouverte sur
l'avenir, sur ce qui se passe de dynamique au Québec. On pense que la
SGF devrait être à même d'en profiter, mais toujours dans la
perspective où, s'il y a un nouveau secteur qui se détermine, la
loi sera suivie. On se présentera au gouvernement et on dira: Voici un
nouveau projet qui représente l'introduction dans un nouveau secteur,
êtes-vous d'accord, oui ou non? Le gouvernement dira oui ou non et
l'Assemblée nationale dira oui ou non.
M. Scowen: Si vous me permettez une question là-dessus, M.
Coulombe; ce n'est absolument pas pour faire un débat là-dessus,
mais simplement pour savoir si on peut être d'accord ou en
désaccord. Si je vous comprends bien, cette société de
capital de risque peut s'impliquer avec sa part de 25%, bien sûr, dans
des secteurs qui ne sont pas actuellement parmi les trois secteurs
définis.
M. Coulombe: II est possible que cela arrive.
M. Scowen: Votre idée, c'est que, si une compagnie que
vous financez par ce moyen devient, à un moment donné,
très intéressante et que vous décidez de prendre une part
plus active, vous pouvez demander que cette industrie devienne un secteur
approuvé.
M. Coulombe: C'est exact.
M. Scowen: Ma réserve quant à cette affaire, c'est
que diriger, faire partie d'une société de capital de risque,
d'après moi, cela demande une espèce d'expertise, qui n'est pas
reliée directement aux expertises et aux compétences qu'on voit
dans une société qui a comme mandat principal la transformation.
Mon impression, c'est qu'il existe aujourd'hui dans le secteur privé et
dans le secteur public - et je pense à la SDI - des organismes qui
peuvent devenir ce moteur. Vous habitez Montréal, vous avez des liens
quotidiens avec tout ce qui se passe dans l'économie du Québec.
Si vous voyez, à un moment donné, une compagnie dans un secteur
qui est très intéressant, qui a déjà
été stimulé par un investissement de la part de la SDI,
par une SODEQ ou par n'importe quel autre des organismes qui existent
déjà dans ce domaine, vous avez la possibilité de
décider de vous installer là-dedans. Mais je ne vois pas, tenant
compte du mandat de la SGF et de l'esprit -j'accepte que la loi est assez large
- dans lequel est dirigée la SGF depuis le début, la
nécessité ou même l'avantage de vous demander de devenir
actionnaires participants, dirigeant en partie une telle société,
pas plus que la Société des alcools du Québec, pas plus
que SIDBEC, pas plus que n'importe quelle autre société
d'État qui a, par sa loi et par ses directives, un mandat assez
précis. Peut-être que vous pouvez simplement aller un peu plus
loin. (21 h 30)
M. Coulombe: Je pense que, dans le mandat qu'on a dans la loi et
qui est explicité dans ce qu'on appelle, dans le texte, la mission de la
SGF, nous pensons que d'abord, dans l'entreprise manufacturière, si on
accepte que l'innovation, c'est quelque chose d'extrêmement fondamental
pour le développement de l'industrie manufacturière au
Québec, qu'il y a un problème de fond au Québec, à
ce niveau, et qu'on est carrément dans l'activité
manufacturière, on pense que c'est dans ce cadre-là, que cela
nous justifie parfaitement, pour atteindre nos objectifs, de voir les
entreprises au début même de leur croissance, au début
même de leurs idées d'innovation, de leurs nouveaux produits,
etc.
On pense qu'on a, dans la SGF, dans le centre et dans les entreprises,
toute l'expertise nécessaire pour jouer un rôle extrêmement
intéressant dans ce genre de dossier. On a actuellement, dans des
entreprises comme Cegelec, Automatec, Marine Industrie ou n'importe quelle
entreprise, des ingénieurs, des gens extrêmement compétents
pour juger n'importe quel de ces projets, aussi bien que n'importe quelle
société de capital de risque qui existe au Québec. Il en
existe très peu. Et je fais une distinction radicale avec la SDI qui
n'a, en aucune espèce de façon, le même objectif que celui
qu'on poursuit. On pense que, pour donner des aliments à nos entreprises
actuelles, pour leur permettre d'être à la fine pointe de
l'industrie manufacturière, mais dans un esprit d'innovation, c'est un
instrument qui, pour nous autres, est extrêmement important.
Et cela entre carrément dans l'objectif de la SGF, dans le
secteur manufacturier, parce que, finalement, les innovations, si on exclut les
innovations dans le domaine du service et dans le domaine financier, je parle
d'innovations de nouveaux produits, cela finit tôt ou tard par de la
production, par de la mise en marché de produits nouveaux. C'est
carrément la base même
de l'activité de la SGF, c'est-à-dire la manufacture de
produits, la mise en marché et la vente.
M. Scowen: Et si on vous demandait poliment de limiter vos
activités d'innovation qui sont très importantes, je suis
complètement d'accord, au secteur des pâtes et papiers, un secteur
très large, au secteur de la pétrochimie, également
très large, et au secteur de l'énergie, défini comme on va
le définir...
M. Coulombe: Des équipements reliés à
l'énergie.
M. Scowen: ... mais seulement à ces trois, est-ce que vous
seriez très déçu?
M. Coulombe: Je ne serais pas très déçu.
Mais on a trois partenaires et il faudrait que les trois partenaires avec
lesquels on a entrepris des discussions acceptent le même cadre de
référence, ce dont je doute.
Si c'était strictement relié à des secteurs aussi
précis, je pense qu'il faudrait changer notre conception des
sociétés de capital de risque, mais partir d'elles-mêmes,
seules. Ce qu'on pourrait faire, on pourrait créer une filiale de la
SGF, carrément, mais je pense qu'on perdrait la collaboration de trois
autres institutions du Québec qui ont chacune leur réseau de
connaissances, leur réseau de possibilités de susciter des
intérêts dans des petites entreprises précises. On perdrait
tout ce réseau et je me trouverais très mal placé d'aller
trouver les trois partenaires et de leur dire: Écoutez, on embarque
là-dedans, mais à la condition que ce soit limité à
trois secteurs. Je n'irais même pas. Je leur dirais que cela ne
fonctionne pas.
Et ce qu'on ferait, c'est que, d'abord, on réfléchirait au
problème, mais la seule solution pour atteindre les mêmes
objectifs, ce serait de créer notre propre société de
capital de risque à 100%. Je trouverais cela regrettable, parce qu'on
perdrait la collaboration de trois institutions québécoises qui
sont intéressées à fouiller un peu plus dans le domaine de
l'innovation. Ce serait ma réponse.
M. Scowen: Et ces trois sociétés n'ont pas
l'intention de s'occuper de capital de risque québécois à
moins qu'elles ne puissent le faire avec vous?
M. Coulombe: Non, je n'ai pas dit cela. Cela se peut fort bien
qu'après une discussion, elles décident de la lancer
elles-mêmes.
M. Scowen: On ne va pas nécessairement les perdre si elles
ne font pas affaires avec vous.
M. Coulombe: Non, je ne pense pas qu'elles soient
nécessairement désespérées de nous perdre. Ce que
je veux dire, c'est que nous, on perdrait des bons partenaires et je persiste
à croire qu'elles aussi perdraient un bon partenaire. Mais cela ne
serait pas tragique. Cela ne serait pas tragique, ni d'une part ni de
l'autre.
M. Duhaime: Si vous me le permettez, M. le Président, je
voudrais enchaîner et ajouter un élément de
réflexion. J'ai été très heureux d'entendre le
président de la SGF tenir les propos qu'il vient de tenir, pour la
raison suivante: il ne faudrait quand même pas qu'au Québec on
soit toujours en retard d'une révolution. À l'heure actuelle, si
on jette un coup d'oeil sur le Japon, par exemple, celui-ci a une avance
considérable dans le secteur de l'informatique et des techniques
nouvelles. La SGF est encore loin des microprocesseurs, si on veut en convenir
tout le monde, ce soir. Mais il est évident que, dans la programmation
qui est dans le plan de développement, tout ce qui est relié
à l'innovation m'apparaît être un élément
fondamental du plan de développement. Je souhaiterais que ce que nous
ferons avec la SGF dans les cinq prochaines années - à peu
près $8,000,000, en gros - dans l'innovation, cela ait un effet
d'entraînement dans le secteur privé, pour la raison très
simple, à mon point de vue, que le Québec, autant dans le secteur
public que dans le secteur privé, est condamné à innover
ou a mourir. Quand on regarde simplement les nouveaux accords qui ont
été signés à l'intérieur de l'accord
général sur les tarifs et les douanes, ce qu'on convient
d'appeler généralement le GATT, il faut bien se rendre compte
qu'au 1er janvier 1987, au nord du Mexique, on va vivre à peu
près une zone de libre échange. Pour autant que nos propres
produits sont concernés, on va pouvoir franchir la frontière
américaine jusqu'à concurrence de 80%, sans tarifs, sans
barrières, sans quotas, sans contingentement. Inversement, les
Américains vont pouvoir exporter ici 65% de leurs produits, sans aucune
restriction.
Si nos entreprises et nos hommes d'affaires ne comprennent pas
maintenant ce phénomène, je pense qu'on va se faire non seulement
sortir de nos marchés domestiques, de nos marchés traditionnels,
mais que des entreprises vont être appelées à fermer. Il y
a une réponse à cela, à mon point de vue; c'est des
budgets dans la recherche et le développement axés sur un effort
d'innovation peut-être sans précédent au Québec.
Autrement, on va passer tout simplement à côté.
Je voudrais donner un exemple, puisque mon collègue de Richelieu
l'a abordé tantôt. On voit ce qui se passe, par exemple, aux
États-Unis actuellement et par ricochet au Canada dans le secteur
manufacturier de l'automobile. Si le secteur nord-américain est en panne
aujourd'hui, c'est parce qu'il a cessé d'innover, à un certain
moment. Alors que les Européens et le Japon avaient déjà
converti leurs moteurs à six cylindres, avec des tractions avant, en
modifiant les pneus, etc., et avaient des moteurs qui consommaient moins
d'énergie, les Américains sont restés assis tranquilles
sur des marchés traditionnels en se berçant un peu sur leurs
frontières. Ils le paient aujourd'hui très cher.
On évalue, comme vous le savez, à peu près à
$100,000,000,000 les investissements que les trois grands manufacturiers
d'automobiles devront faire en Amérique du Nord d'ici dix ans.
Je vais vous donner un deuxième exemple. Une compagnie
d'État qui, en passant, est notre partenaire dans SIDBEC-Normines,
British Steel, vient de mettre à pied, en Grande-Bretagne, 50,000
travailleurs, pour la raison qu'ils ont cessé d'investir dans la
recherche et le développement. Ils ont cessé d'innover. Leurs
produits devenus non concurrentiels, ils se sont fait sortir de leurs
marchés. Le Québec n'y échappera pas. Je pense
que nous avons un devoir comme gouvernement, par le biais d'une
société d'État, qui s'appelle la SGF, qui se lance
aujourd'hui dans une phase d'expansion avec un plan solide et bien
arrêté sur cinq ans, avec un effet d'entraînement et
d'investissement de $1,200,000,000; c'est quand même énorme.
Si la SGF, en rapport avec les quatre dernières années,
double son chiffre d'affaires pendant les quatre prochaines années, on
va se retrouver avec une société d'État qui appartient
à des Québécois, qui travaille en jonction avec le secteur
privé dans des "joint ventures", où on va avoir autour de
$1,500,000,000 et davantage. Je pense que cela, c'est important. Cela va
l'être encore davantage si nous sommes stratégiquement
placés dans les secteurs manufacturiers de pointe, à haut contenu
technologique, axés sur l'innovation.
Je pense que c'est comme cela qu'on va réussir. Si la SGF, par sa
présence dans une société de capital de risque, au lieu
d'y aller seule, entraîne avec elle trois autres partenaires - mon
raisonnement est mathématique - c'est presque une puissance
exponentielle qu'on pourrait retenir. Cela va avoir un effet
d'entraînement qui va se multiplier. C'est intéressant, comme
perspective.
Maintenant, M. le député de Notre-Dame-De-Grâce, des
craintes on en aura toujours. Il y a une grosse compagnie d'assurance qui,
pendant des années a fait et encore aujourd'hui fait fortune, qui
disait: "L'avenir appartient aux audacieux, etc.". Je pense que, dans l'avenir
immédiat, quand on travaille comme aujourd'hui à l'échelle
du monde, où les continents n'ont plus d'importance, où les
communications sont devenues des questions de fraction de seconde, se font au
millionième de seconde maintenant, ce qui est important c'est de
s'assurer qu'on ne prendra pas un autre retard d'une trentaine d'années
pour rater une révolution qui est en train de se faire à nos
portes. On la sent à tous les jours. Vous êtes au courant, comme
moi, de la situation économique et de la perspective de
développement du Japon qui a modernisé ses équipements,
qui a dans ses usines aujourd'hui, au moment même où je vous en
parle, 47,000 robots qui travaillent, entre autres, sur des chaînes
complètes chez Toyota. Cela a eu comme résultat le
phénomène que - cela va peut-être répondre, en
partie, en tout cas, aux inquiétudes du député de
Richelieu - le Japon vit une révolution technologique dans le plein
emploi. Il a été très clairement établi, par tous
les économistes qui ont regardé le Japon, que l'innovation, la
technologie nouvelle et l'arrivée de nouveaux produits sur le
marché par l'automatisation, etc., non seulement ne font pas perdre
d'emplois, mais créent de nouveaux emplois beaucoup plus
rémunérateurs. Il faut qu'on tienne compte d'une donnée de
fond: on va vivre dans les prochaines années, sur notre continent, dans
un contexte de croissance économique lente, un dixième pour cent
ou même moins zéro. On va continuer de vivre dans les prochaines
années, principalement à cause du coût de l'énergie,
l'inflation. Je pense que ces deux facteurs qui peuvent, au départ,
constituer des entraves pour nous empêcher de bouger devraient au
contraire être des stimulants pour nous convaincre de bouger plus
vite.
Je pense qu'une programmation comme celle qui a été
retenue à la SGF, que le gouvernement endosse, d'y aller dans
l'innovation... Il est sûr que quand on dit croissance et potentiel de
rentabilité élevés, c'est d'autant plus
élevé que le risque est plus grand. Je pense que c'est comme cela
que l'entreprise privée fait son analyse au moment de prendre une
décision d'investir.
M. Scowen: M. le ministre, mes questions n'ont rien à
faire avec la nécessité d'innover. J'apprécie beaucoup vos
commentaires, je suis entièrement d'accord.
Les questions que je pose sont des questions sur le rôle et le
mandat de la Société générale de financement.
À priori - je ne dis même pas que je suis contre, je pose les
questions - j'ai un préjugé favorable à l'idée que
si cette société peut passer les cinq prochaines années
avec un programme de $180,000,000 d'innovation dans trois domaines qui sont
prioritaires pour le Québec, qui sont très importants pour le
Québec, si elle peut mettre l'accent sur l'objectif de devenir la plus
innovatrice, la plus efficace du monde dans les domaines de pâtes et
papiers, de la pétrochimie, de l'électromécanique, ce sera
déjà un grand défi. Je ne dis pas que cela doit être
la seule initiative qu'on doit prendre au Québec dans le domaine de
l'innovation; loin de là. Je suis d'accord avec vous. On parle ce soir,
en ce moment, de la question du mandat et du champ d'action de la
Société générale de financement en tenant compte,
entre autres, des capacités du personnel, de ce qu'il a
déjà fait et de ce qu'il a à faire et du mandat des autres
sociétés d'État qui ont aussi des champs d'action assez
grands et qui peuvent également innover dans leurs propres champs
d'action d'ici cinq ans à plein temps sans épuiser les
possibilités; loin de là.
Une voix: Est-ce qu'on peut passer à un autre sujet?
Le Président (M. Lacoste): Je vais reconnaître... La
présidence a une difficulté; le député de Duplessis
a demandé la parole depuis un bon bout de temps, ainsi que le
député d'Outremont, le député de Bellechasse et le
député de Beauharnois. (21 h 45)
M. Fortier: Une question de règlement. La
difficulté de procéder comme on procède maintenant, c'est
qu'on aimerait faire des commentaires sur ce qui est dit et on ne peut pas le
faire. On a des questions plus fondamentales sur d'autres sujets. Mais, en tout
cas, si vous voulez procéder comme cela, allons- y.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. M. Coulombe, est-ce que
vous pourriez donner à cette commission le chiffre d'affaires de la SGF
en 1974, 1976, 1978 et 1980?
M. Coulombe: Le chiffre d'affaires, dans les années que
vous avez citées, est, en 1975, $382,000,000.
M. Perron: $382,000,000?
M. Coulombe: $382,000,000. En 1976, $404,000,000: en 1977,
$347,000,000; en 1978, $316,000,000; en 1979, $573,000,000; en 1980, environ
$800,000,000.
M. Perron: $800,000,000 en 1980? M. Coulombe: Environ.
M. Perron: Les prévisions pour 1981 sont de combien, M.
Coulombe?
M. Coulombe: Les prévisions pour 1981, au moment où
on se parle - parce que le plan d'exploitation pour 1981 n'est pas encore tout
à fait terminé - indiquent que ça peut être
légèrement en bas de $800,000,000 pour une raison très
simple, c'est que Marine Industrie a eu une année exceptionnelle; elle a
eu $190,000,000 de chiffre d'affaires dans les wagons, et c'est un
marché qui entre dans son cycle de baisse.
M. Perron: II va chuter.
M. Coulombe: On prévoit qu'au lieu de construire 3500
wagons l'an prochain Marine devra se limiter dans les 1500 ou 1700 à
moins que le marché ne reprenne au mois de mars. Mais au moment
où on se parle, il y a $100,000,000 de chiffre d'affaires qu'on ne
reverra pas l'an prochain. Par contre, il faut penser qu'une partie des
activités de Pétromont seront consolidées, mais cela ne
compensera peut-être pas tout à fait. Donc, en
résumé, pour 1981, ce sera du même ordre ou peut-être
légèrement inférieur à 1980. Je parle du chiffre
d'affaires, je ne parle pas de profits.
M. Perron: Merci, M. Coulombe. Je voudrais, comme
député à l'Assemblée nationale et comme membre de
la collectivité québécoise, vous féliciter, vous et
votre groupe, pour le travail que vous avez fait depuis les trois ou quatre
dernières années en rapport avec la Société
générale de financement. C'est, d'ailleurs, la raison pour
laquelle je vous ai demandé les chiffres d'affaires, parce qu'on voit
qu'en 1980, comparativement à 1979, il y a eu une montée
vertigineuse du chiffre d'affaires. Je pense que c'est très bon; en tout
cas, cela s'est très bien enligné, en ce qui me concerne. Si les
prévisions pour 1981 sont à peu près les mêmes que
pour 1980, c'est le maintien de ce que nous avons actuellement.
J'aime bien l'idée que vous mentionnez à la page 20 en
rapport avec les investissements d'innovation. Quand on regarde l'ensemble, une
société de capital de risque, recherche et développement,
énergie nouvelle et économie d'énergie, je pense qu'on se
dirige vraiment vers quelque chose qui va apporter de l'innovation dans ces
domaines. C'est sûr et certain que je ne suis pas tout à fait
d'accord avec le député de Notre-Dame-de-Grâce qui a
certaines craintes en rapport avec une société de capital de
risque. Mon père nous a dit à plusieurs reprises: Qui ne risque
pas n'a rien. Si on n'a rien, il n'y a pas de profits.
M. Fortier: II est mort millionnaire?
M. Perron: Non, mais son affaire allait assez bien. De toute
façon, ce n'est pas une affirmation tellement pertinente au
débat. S'il était encore vivant, je vous dirais d'aller le voir
et de le lui demander.
Il y a des choses qui, pour moi, sont très importantes dans le
domaine des investissements d'innovation. Est-ce que je pourrais vous poser une
question concernant les $180,000,000 qui sont, en fait, un plan quinquennal par
lequel vous voulez faire des investissements? Sans dévoiler de dossiers
confidentiels ou sans dévoiler de chiffres confidentiels ou quoi que ce
soit, pourriez-vous nous donner la ventilation, le partage des $180,000,000
entre la société de capital de risque, recherche et
développement, énergie nouvelle et économie
d'énergie, si c'est possible?
M. Coulombe: Dans la société de capital de risque,
il faut distinguer. C'est une question qui a été posée
tantôt. Dans l'ensemble des tableaux, particulièrement dans le cas
de celui de la page 24, vous voyez qu'il s'agit d'investissements
suscités par les investissements de la SGF, mais il va y avoir des
partenaires et il va y avoir différents types de financement
là-dedans. Dans le cas des investissements d'innovation, en termes de
capital-actions, ce qu'on prévoit, c'est $12,000,000 pour la
société de capital de risque, partagés sur trois ans.
M. Perron: Sur trois ans en tout.
M. Coulombe:C'est à partager sur trois ans, parce que,
avec les partenaires, les discussions se sont rendues à une
possibilité de trois ans, pour après ça faire le point. Si
c'est un succès, on continuera et si ce n'est pas un succès...
Donc, c'est sur trois ans, mais c'est le capital- actions des quatre
partenaires.
Ces investissements vont susciter d'autres investissements dans des
sociétés précises, concrètes, dans des projets
concrets. On estime, à l'expérience de sociétés de
"venture capital" qui ont été étudiées dans ce
domaine, que ces $12,000,000 peuvent facilement susciter des investissements
d'une quarantaine de millions.
Alors, il faut distinguer entre l'équité mise par les
actionnaires et le financement, les emprunts à long terme ou les fonds
autogénérés par les entreprises dans lesquelles on va
investir.
Recherche et développement: On estime les projets qu'on a
actuellement en main à environ une quarantaine de millions de
dollars.
Je vais donner un exemple précis - et ça répond
è la question de M. Scowen tantôt sur la deuxième partie de
la page 20, tout de suite après le capital de risque - "recherche et
développement", dans notre esprit, ce sont des investissements qui vont
être nécessaires dans certaines de nos entreprises pour faire
face, non seulement à la concurrence actuelle, mais même, dans
certains cas, ça va être une question de survie. Au moment
où on se parle, vous savez que l'hydroélectrique... Pour rester
dans ce secteur, le cas des turbines qui sont construites à Marine, vous
savez qu'il y a toujours eu au Québec deux turbiniers; depuis un an, il
y en a un troisième, qui est une compagnie suisse qui s'est
affiliée avec Dominion Bridge, qui est une filiale de Canadien
Pacifique, compagnie qui est extrêment compétente, dynamique et
puissante; je parle de la compagnie suisse et aussi de la
compagnie Canadien Pacifique... Mais je parle de la compagnie
suisse.
Voici donc au Québec trois turbiniers. Regardez le marché
des turbines, c'est peu probable qu'il y ait de la place pour trois turbiniers
au Québec. Il y en a deux qui sont financés, alimentés
technologiquement par d'immenses multinationales.
Froidement, si on fait une gageure sur celui qui est le plus mal pris
dans les trois, c'est Marine Industrie.
Nous, on pense qu'il y a moyen de surmonter ce handicap, qui est un
handicap qui n'est pas nécessairement mauvais, parce que ça
fouette l'imagination et ça fouette la compétition, mais on pense
que Marine Industrie, avec des investissements dans la recherche de nouveaux
types de turbines, soit dans le cadre de laboratoires hydrauliques, de
laboratoires électriques pour les alternateurs, dans un effort beaucoup
plus systématique dans ce sens, ce qu'elle n'a pas eu les moyens de
faire avant, mais en investissant, je pense qu'on peut, avec les accords de
licenses qu'on a avec d'autres compagnies multinationales, se battre à
armes égales avec ce genre de compagnie. Parce que la technologie, on y
a accès et on la contrôle de plus en plus, même si on reste
des licenceurs de compagnies françaises; Marine Industrie
contrôle, possède cette technologie des turbines. Il y a des gens
efficaces, compétents gui travaillent dans cette compagnie et il y a
moyen, avec l'aide d'autres institutions québécoises comme
l'École polytechnique ou d'autres types d'organisations, de
préciser des éléments de recherche dans le domaine des
turbines, dans le domaine des alternateurs gui permettraient de se battre
à armes égales avec ce genre de compétition qui, de toute
façon, va être une excellente chose pour Hydro-Québec qui
va avoir des produits de plus en plus valables à des coûts de plus
en plus valables parce que la compétition va être là.
On ne critique pas, en aucune espèce de façon, la
compétition, ce qu'on dit c'est qu'on veut s'organiser pour se battre
à armes égales et, pour ce, il faut avoir de la recherche, il
faut avoir du développement. C'est un exemple que je donne et je
pourrais en donner dans plusieurs autres de nos entreprises. C'est absolument
fondamental et là, ce n'est pas seulement une question de caprice ou de
dire qu'on fait de l'innovation pour en faire, c'est une question
littéralement de survie, parce que les deux autres compagnies vont
mettre cette compagnie dehors.
Je pense qu'il y a assez d'innovations, il y a assez d'imagination, il y
a assez de compétences et on a assez d'alliés dans certains
secteurs pour bâtir quelque chose.
C'est le deuxième point...
M. Perron: Excusez-moi, M. Coulombe, mais puisque vous parlez du
deuxième point, est-ce qu'en rapport avec la recherche, les contacts
entre la SGF et l'IREQ sont assez bons?
M. Coulombe: Toujours sur le même point, on a
développé, sous la responsabilité de Mme Marsolais, qui
est vice-présidente au développement de l'entreprise, des
relations extrêmement étroites avec l'IREQ et on fait une
tournée systématique des centres de recherches universitaires,
parce qu'il en existe un peu partout, des centres qui sont d'ailleurs peu
connus du grand public, que ce soit l'Université du Québec
à Trois-Rivières dans le domaine du bois dont on parlait
tantôt ou dans d'autres domaines, on a fait une recherche
systématique de ces centres de recherche universitaires et on essaie
avec eux d'élaborer ce qu'on appelle des protocoles d'entente qui nous
permettraient a la SGF de mettre en marché certains des produits ou des
innovations qui sont développés dans ces centres. L'IREQ est un
exemple. On a actuellement de signé avec l'IREQ un genre de protocole
d'entente qui ne va pas plus loin qu'un certain accès ou une certaine
communication privilégiée quant aux produits qui seraient mis au
point par l'IREQ et qui pourraient être fabriqués, mis en
marché par les compagnies qu'on possède. On est au niveau de
l'information mutuelle, actuellement, mais on veut aller beaucoup plus loin. On
veut même collaborer avec eux dans le cadre de nos entreprises pour
mettre au point de nouveaux produits, investir dans du développement de
nouveaux produits pour que, à un moment donné, les
retombées soient plus claires dans les entreprises qu'on a ou qu'on
pourrait avoir.
On fait cela systématiquement avec beaucoup de centres de
recherche. À notre grande surprise, on s'est aperçu qu'il y avait
des noyaux au Québec extrêmement intéressants au point de
vue des idées et au point de vue du développement de nouveaux
produits. Dans la troisième dimension du capital-innovation, c'est
Nouveler. Ce sont des projets qui ont déjà été
discutés, je pense, même à l'Assemblée nationale ou
à Hydro-Québec, que ce soit l'usine de méthanol, ou ainsi
de suite, dans lesquelles on serait intéressé de participer pour
toute la question d'équipement que cela peut impliquer, soit pour des
usines expérimentales, soit pour mettre au point de nouveaux
instruments, de nouveaux produits qui pourraient après cela être
exportés ou être produits de façon plus
intéressante. Ces trois dimensions, ce sont trois stratégies dans
le domaine de l'innovation.
M. Perron: Je sais bien que si on fait la différence pour
savoir combien...
M. Coulombe: 40-40-100, dans les trois.
M. Perron: J'ai travaillé à Hydro-Québec
durant plusieurs années, durant 20 ans. J'étais très
impliqué dans le domaine mécanique et électrique et je
voudrais savoir, au niveau de la mécanique, en rapport avec les turbines
qui sont faites par Marine Industrie , dans quel sens on s'enligne
actuellement, à Marine, en rapport avec les turbines elles-mêmes.
On a toutes sortes de turbines, par exemple, il y a la Pelton, il y a la
Caplan, il y a la Francis, il y a les tubines à pales variables.
M. Coulombe: Dans le domaine des turbines? M. Perron:
Oui.
M. Coulombe: On a plus que des efforts, on a un projet
précis. C'est dans la turbine bulbe. Quand on dit: On a un projet
précis, depuis un an, on a investi dans une étude
préliminaire pour un site, pour situer une turbine bulbe. La
deuxième étude est terminée au moment où on se
parle et Hydro-Québec a en main un dossier complet pour pouvoir
placer une turbine bulbe à titre expérimental au Québec.
On est actuellement à la recherche - ce n'est pas le sujet de la
discussion, du plan. Ce n'est même pas marqué dans le plan.
Incidemment, on est à la recherche de subventions au point de vue
technologique parce que le fédéral vient d'en donner à
Dominion Bridge pour un nouveau type de turbines en Nouvelle-Écosse et
on essaie d'avoir le même type de subvention pour ce nouveau type de
turbine qui serait installé au Québec. On a à
l'idée, évidemment, tout le projet éventuel - que ce soit
dans deux ans ou dans dix ans, on n'en sait rien - le projet Archipel et toutes
les petites rivières avec turbine bulbe.
Maintenant, on pourrait peut-être demander d'autres types de...
Vous pouvez bien l'expliquer, je n'ai aucune idée de ce que c'est. C'est
parce que c'est un nouveau type de turbine. Pour répondre à votre
question, il y en a d'autres effectivement qui sont considérées
à l'heure actuelle.
Effectivement, on a déjà exporté une turbine Pelton
pour une centrale en Équateur, et les turbines Pelton sont des turbines
à petite puissance, mais pour des très hautes chutes et on ne
pense pas que le marché soit intéressant sur le continent
nord-américain parce que les très hautes chutes sont toutes
exploitées présentement.
Incidemment, c'est M. Plessis-Bélair, que je n'ai pas
présenté tantôt. Je m'en excuse. Il est
vice-président principal de Marine Industrie et, d'ailleurs, un ancien
vice-président de la SGF, ce qui met en lumière le principe de
mobilité qu'on veut établir dans nos entreprises.
M. Perron: Disons que je termine, M. le Président, en vous
remerciant pour le travail que vous avez fait, encore une fois, et aussi pour
le rapport que vous nous avez présenté. Je pense que c'est
important pour nous, qui sommes impliqués au niveau de
l'Assemblée nationale, de voir qu'il y a vraiment de grandes actions
entreprises en rapport avec plusieurs dossiers au Québec. Merci. (22
heures)
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Merci, M. le Président. J'aimerais dire au
départ, en guise de préambule, que dans l'évolution de la
SGF - c'est évident, j'ai lu le commentaire à un quelconque
endroit dans le rapport - tant et aussi longtemps que les orientations ont
été mal définies, les résultats financiers
n'étaient pas tellement bons. Depuis 1978 - je n'étais pas
là, mais mon collègue faisait allusion au fait qu'on a
défini trois orientations et il semblerait que cela aurait
amélioré l'orientation et la prise de décisions à
l'intérieur de l'organisation, donnant de bons résultats.
Nos commentaires - j'appuie mon collègue de droite à ce
sujet - se veulent dans un esprit très positif et surtout dans le sens
que s'il fallait que la SGF retombe avec le problème qu'elle avait il y
a cinq ou six ans, où elle tentait de faire tout pour tout le monde, on
reviendrait exactement au même genre de problèmes financiers qu'on
avait. Il faut faire bien attention, lorsqu'une compagnie commence à
réussir, de ne pas tomber dans la tentation de vouloir tout lui faire
faire.
Ceci étant dit, j'ai un autre préambule. Je remarque, pour
1980, que vos résultats financiers seront assez bons; cependant, vous
avez dit vous-même, M. le Président, qu'il y a dans le moment une
absence de recherche et de développement à peu près
complète et que l'équipement est vétuste. Tout le monde
sait qu'un président de compagnie peut très facilement maximiser
ses profits, justement en ne faisant pas ces deux choses qui sont
extrêmement importantes. C'est donc dire que, malgré le fait que
la situation financière ait été redressée, c'est
une situation, je dirais, pénible comparativement à celle de vos
compétiteurs que vous connaissez, que je connais et qui ont investi
beaucoup dans la recherche et le développement et dans leur propre
équipement.
Sur le plan du développement à long terme, pour tous ceux
qui ont été impliqués dans ce genre de plan, je crois
qu'on connaît ce genre de travail et, sans en avoir la preuve, j'ose
croire, comme vous l'avez dit, que cela a demandé un travail
considérable non seulement de votre part, mais de la part de tous vos
collègues. J'imagine -selon mon expérience personnelle dans ce
domaine - que lorsqu'on fait ça en équipe ça permet de
faire en sorte que l'équipe se tienne ensemble, que tout le monde pense
de la même façon et que la prise de décisions à
l'intérieur de l'équipe se fasse beaucoup plus facilement. Ceci
est extrêmement important pour le succès d'une entreprise.
J'aimerais passer un commentaire au ministre - ce n'est pas tellement
pertinent, je m'en excuse, à la discussion de ce soir - pour qu'il le
passe au ministre Bérubé: si on avait eu des rapports ou une
présentation comme celle-ci, je crois que cela aurait permis une
discussion beaucoup plus intelligente, comme celle que nous avons ce soir. Il
faut bien se rendre compte qu'un conseil d'administration ou une commission
parlementaire ne peut pas diriger les compagnies; ceux qui ont
déjà siégé à des conseils d'administration
savent qu'ils ne peuvent pas diriger ces compagnies. Tout ce qu'on peut faire,
c'est certainement influencer les politiques à long terme, engager le
président, le mettre à la porte quand il ne fait pas l'affaire,
c'est à peu près ça. Ceux qui s'imaginent qu'il y a des
parlementaires qui peuvent être responsables de la "profitabilité"
d'une entreprise se leurrent grandement. C'est un commentaire un peu naïf
de la part d'un nouveau politicien, mais je croyais qu'il fallait le dire
publiquement. C'est la raison pour laquelle j'apprécie le travail qui a
été fait, je me rends compte du travail considérable qui a
été fait. Ceci en soi est un actif auquel on ne peut pas attacher
de dollars, mais c'est un actif considérable pour l'avenir.
Un des secteurs qui m'a bien impressionné, c'est la formation,
des cadres. Sans avoir vécu les problèmes de la SGF, je crois
avoir discuté avec certaines personnes qui en étaient près
et je crois que beaucoup de problèmes vécus à la SGF
venaient justement des cadres qui étaient peut-être mal
formés ou mal choisis. J'aurais une ou deux questions là-dessus.
Ici, on parle du groupe, bien sûr, au niveau de la SGF comme telle, il
s'agit d'un holding et vous avez besoin d'une certaine expertise qui n'est pas
nécessairement la même que celle dont vous avez besoin au
niveau
de la direction de chacune des compagnies et des filiales. Comme vos
filiales sont dans des domaines très différents, j'aimerais avoir
quelques précisions à savoir de quel genre de formation des
cadres vous parlez, est-ce que vous avez fait une évaluation de tous les
cadres, non seulement du holding proprement dit, mais de chacune des filiales
et, si vous parlez d'un cours de formation des cadres, est-ce que ce cours va
être adapté aux besoins intrinsèques de chacune des
compagnies particulières?
On a parlé, bien sûr, des erreurs des politiciens dans le
passé, mais je peux parler en connaissance de cause, pas tellement dans
les négociations de contrats du type que vous avez
négocié, mais de l'erreur des fichus bateaux de Grèce. On
m'a dit que plusieurs des clauses contractuelles étaient très
mauvaises et, si vous devez former des gens dans le marketing international, si
c'est là que vous allez, il y a sûrement un grand travail à
faire de ce côté. La formation des cadres ou le choix du personnel
devient extrêmement important. Je crois que ces volets sont importants:
le plan à long terme, le choix des orientations, le fait de ne pas
tomber, comme je l'ai mentionné, dans la facilité de dire:
Maintenant qu'on fait de l'argent on va se lancer dans tout, et une formation
des cadres très pertinente à chacune des filiales proprement
dites - et j'ose espérer que vous pourrez m'en dire davantage de ce
côté.
Pour revenir aux objectifs à long terme, une des questions qui
m'intéressent - et je ne voudrais pas que ma question soit
considérée comme une limite intrinsèque au
développement de la SGF - c'est si vous accepteriez cette
définition qu'une compagnie du secteur public doit faire des choses qui,
autrement, ne seraient pas faites par le secteur privé. Compte tenu du
commentaire que vous avez fait tout à l'heure, mentionnant que la
Dominion Bridge sans mentionner les compagnies s'est associée à
Sulzer, il y a d'autres compagnies dans ce secteur et il y a d'autres
compagnies comme Bombardier, bien sûr, qui seraient peut-être
intéressées, elles aussi, à prendre avantage de certaines
trouvailles de... et je pense à la voiture électrique en
particulier, dans quelle mesure, dans votre orientation d'innovation - et cela
rejoint les commentaires de mon collègue - allez-vous laisser un champ
d'action au secteur qui tout de même paie les taxes qui nous permettent
d'investir dans la SGF? Ces trouvailles, ces innovations peuvent être
également à la disposition du secteur privé.
Finalement, j'aimerais avoir votre commentaire, M. le Président,
sur le fait que le ministre Bérubé - j'aimerais le porter
à votre attention, je ne sais pas si vous le savez - dans des
discussions que nous avons eues la semaine dernière a indiqué
publiquement - je crois que c'est la première fois que le ministre le
disait -qu'on arrive à la fin de l'ère hydroélectrique au
Québec. On parle de 1995. Cela peut paraître bien loin. On sait
que la Baie James a été commencée en 1971. On est rendu
vers la fin en 1985. Dans ce domaine, on parle de douze à quinze ans et
1995, ce n'est pas si loin que cela. Je ne veux pas entrer dans la discussion
du nucléaire. Ce n'est pas du tout mon propos aujourd'hui. Ce n'est pas
moi qui en ai parlé. C'est vous, tout à l'heure. Mais, tout de
même, si on parle d'investir considérablement des fonds
considérables pour faire de l'innovation dans un domaine qui, on le
sait, peut être périmé au Québec en 1995, je me
demande si c'est un investissement qu'on devrait faire. C'est tout simplement
la question que je vous pose, à savoir si réellement vous avez
regardé d'autres genres d'investissements. Vous pourriez adopter une
autre politique qui serait de jouir de la vie et des contrats
d'Hydro-Québec entre-temps et d'utiliser ces bénéfices
peut-être pour investir davantage dans d'autres genres de
développements énergétiques qui viendront après
1995. Autrement dit, même en innovant maintenant et en embauchant des
ingénieurs pour faire de la recherche et du développement,
êtes-vous capables de concurrencer... qui ont des recherches et des
laboratoires en plus très bien équipés à moins que
vous ne vous associiez vous-mêmes avec des laboratoires également
bien équipés dans d'autres pays.
Le Président (M. Lacoste): M. le président.
M. Coulombe: M. le Président, si vous me le permettez, je
commencerai peut-être par la fin. En ce qui concerne la question de la
recherche dans l'hydraulique ou dans l'électricité reliée
aux alternateurs et ainsi de suite, on est associé avec un groupe aussi
important que ... ou les autres groupes. Donc, la source de connaissances
technologiques, on l'a clairement. Les ententes qu'on a depuis quinze ans avec
le groupe Alsthom de France nous mettent sur un pied d'égalité en
termes de connaissances techniques. Là où on l'est moins, c'est
en essayant de se spécialiser un peu au Québec même - et
c'est le grand problème de la recherche - c'est-à-dire de faire
des ententes avec des groupes pour spécialiser un peu plus certains
genres de recherche au Québec.
M. Fortier: Je crois que, dans le moment, vous avez seulement le
permis de manufacture.
M. Coulombe: C'est exact. C'est cela que nous voulons discuter de
façon claire avec eux. Quant à la fin, l'hydraulique, je ne veux
pas embarquer dans une polémique là-dessus. D'abord, je n'en suis
pas un spécialiste, mais ce qu'on peut dire, c'est qu'avec les
connaissances fragmentaires qu'on peut avoir sur les genres d'investissements
qui vont être faits, même si en l'an 1995, en l'an 2000 ou en l'an
2010 le secteur hydroélectrique est dépassée par certaines
autres formes de technologie, on se contenterait facilement d'une bonne
vingtaine d'années de rentabilité dans ce secteur. Quant aux
autres genres de choses, c'est justement l'une des raisons pour lesguelles on
est embarqué dans nouvelle ère, c'est justement pour pouvoir
profiter des développements technologiques qu'il y aurait dans les
autres formes d'énergie. On ne joue pas seulement sur un tableau. On
joue sur les deux tableaux.
Pour revenir à l'électrique - je n'ai pas malheureusement
les chiffres ici - si on vous citait les chiffres qu'on voit dans des revues
spécialisées ou dans des rapports techniques concernant l'immense
potentiel des basses chutes et des petites rivières, tous les barrages
qui sont à refaire dans le Nord-Ouest américain, c'est
phénoménal en termes d'investissement. Même si ce sont des
rêves qu'il faut couper en deux, c'est encore fantastique et
énorme comme possibilités de développement.
Ceci est pour la question de l'énergie. Quant au problème
des profits, vous avez dit qu'il y a peu de recherche, peu de
développement. Il y a des bons profits cette année. Je voudrais
quand même signaler à la commission qu'on ne se fait aucune
espèce d'illusion sur le genre de profits qu'on présente. On est
satisfait de ces profits, mais on ne pense pas qu'on a atteint la lune et que
la vie est belle. On est parfaitement conscient qu'avec le type d'entreprises
qu'on a -et on l'a clairement défini dans le plan - s'il n'y a pas des
efforts d'investissements énormes qui sont faits, à la moindre
grippe d'une de nos grosses entreprises on retombe dans le rouge et on
recommence l'histoire de la SGF où une bonne année est suivie par
une mauvaise année et ainsi de suite. C'est justement ce cercle vicieux
qu'on veut briser avec les investissements qu'on propose. Je tiens à
signaler qu'on ne se fait aucune espèce d'illusion là-dessus et
que les prochaines années vont être capitales en termes
d'investissement pour que, à un moment donné, la stabilisation
arrive dans le groupe.
M. Fortier: Excusez-moi. Vous parlez d'investissements. Mais,
bien sûr, quand on parle de R and D ou des choses comme cela, ce sont des
dépenses courantes. Ce n'est pas un investissement de capital comme
tel.
M. Coulombe: II y a les deux en fait. Il y avait la question de
l'énergie. Vous avez posé aussi le problème du personnel.
Je voudrais quand même faire une remarque préalable à la
discussion sur le personnel. Une société d'État est
soumise à des contraintes que ne connaît pas l'entreprise
privée. Une de ces contraintes, c'est d'être obligée de
travailler sous une espèce de cage de verre. Comme je l'ai dit au
début, il y a peu d'entreprises privées qui viennent devant leurs
actionnaires cinq fois en deux ans, avec le genre de discussion qu'on a,
à moins que ce ne soit une compagnie très mal prise qui veut
absolument réchapper ses choses.
C'est évident que, pour acquérir le personnel le plus
compétent, il faut que l'organisme dégage une image
d'efficacité, une image de possibilité de carrière et une
image de possibilité de travailler dans un cadre intéressant et
dans un cadre dynamique. Traditionnellement, dans une société
d'État, c'est beaucoup plus difficile d'attirer ce genre de
personnes.
Je dois dire qu'actuellement dans la Société
générale de financement, tant au niveau central qu'au niveau de
certaines entreprises, on commence à avoir la possibilité d'avoir
ce genre de personnel dymanique, compétent, et qui veut bâtir pour
l'avenir. Ce n'est pas seulement à cause de l'élaboration d'un
plan ou à cause du fait que, dans certaines entreprises, cela bouge et
cela change, mais on pense qu'actuellement on est au niveau où on peut
atteindre ce genre d'individus et on les atteint. Je ne dirai pas le curriculum
vitae de tous ceux qui m'entourent, mais c'est diversifié, c'est
varié. Plusieurs viennent de l'entreprise privée, d'autres
viennent du gouvernement et cela forme un "mix" qui est extrêmement
intéressant et extrêmement prometteur. Dans les entreprises du
groupe on commence à avoir le même genre de demande. On
espère que cela va porter fruit, parce que, finalement, un des
investissements les plus importants, c'est dans les ressources humaines.
Les programmes spécifiques qu'on peut avoir. L'évaluation
du personnel se fait de façon beaucoup plus systématique qu'avant
au niveau des cadres supérieurs, et chaque président est
parfaitement conscient qu'il aura à présenter des plans de
carrière pour ses principaux collaborateurs. On veut aussi, en
uniformisant certains problèmes comme les fonds de retraite, etc., en
uniformisant un peu ces méthodes, pouvoir augmenter la mobilité
des cadres de la SGF vers les compagnies et entre les compagnies. Cela se fait
à l'heure actuelle. On a l'intention de l'intensifier. Mais cela prend
des mesures comme les fonds de retraite, etc., qui permettent ce genre de
mobilité. On attache énormément d'importance a cette
variable. (22 h 15)
M. Fortier: Pour la formation des cadres, juste une petite
précision. Je voudrais m'excuser auprès de Mme Rita Marsolais.
Vous mettez l'accent sur les femmes, j'en suis. Mais, dans le passé, les
erreurs humaines qui ont été commises auraient été
commises d'une façon aussi bête par des hommes ou par des femmes.
Peut-être que le problème, comme je le perçois, avec le peu
de connaissances que j'ai, ne tient pas tellement au sexe, mais plutôt
à la formation des gens. C'est pour cela que ma question se voulait,
d'une façon plus précise, dans le domaine du marketing
international et dans le domaine de négociation de contrats. Autrement
dit, est-ce que vous avez établi, au niveau de chacune des filiales, des
besoins bien spécifiques et pas non seulement dire qu'on va former des
gens dans le domaine du management en général, comme cela?
M. Coulombe: Je suis d'accord. Dans la plupart des entreprises,
je ne réponds pas que c'est fait. Ce n'est pas fait encore. C'est en
marche. Les discussions sont commencées. Évidemment, la
première année et demie, cela n'a pas été la
priorité. La première année et demie a été
d'essayer de surnager. Alors, cette étape est terminée et
l'étape que vous mentionnez, c'est-à-dire des besoins
spécifiques, en fonction de projets spécifiques ou d'une
formation spécifique, c'est en discussion à l'heure actuelle dans
la plupart des entreprises.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
de... M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais apporter plus d'information - je sais que
M. Coulombe pourrait préciser là-dessus, bien sûr -
à la question qu'a posée tantôt le député
d'Outremont, sur la durée de vie de nouveaux équipements dans le
secteur hydroélectrique en fonction qu'il est sûr qu'on va
atteindre un plafond au Québec. Il ne faut pas perdre de vue la
capacité d'exportation. Il ne faut pas perdre de vue aussi qu'il y a au
moins la Chine, en tout cas, avec laquelle on est en pourparlers depuis huit
ans, je pense. Apparemment, avec la Chine, cela prend au moins dix ans avant de
signer un contrat. Alors, il reste deux ans à courir.
Il y a aussi des pays d'Afrique et d'Amérique latine qui sont ou
bien des pays en train de réussir leur décollage
économique ou qui sont en train d'entreprendre une croissance et qui,
dans ces secteurs, vont avoir des besoins à
combler. Si la SGF est prête stratégiquement à
être présente, de façon concurrentielle, sur ces
marchés, on va avoir un débouché intéressant.
M. Fortier: Je suis bien d'accord avec vous. Je ne voulais pas
minimiser le marché international. Ma question se voulait plutôt
dans le sens de dire: Je suis d'accord avec l'évaluation que le
président a faite. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas de R and D
dans le domaine hydraulique manufacturier qui s'est fait. Vous avez une licence
avec N Yerpic et c'est eux qui font leur R and D. Ma question était
plutôt dans le sens de dire: Est-ce qu'il nous reste assez de temps pour
rattraper le temps perdu et le marché, compte tenu du fait que cela va
être un marché international et compte tenu du fait qu'au moment
où vous allez rattraper le temps perdu peut-être que les contrats
de l'Hydro-Québec vont être beaucoup moindres?
Je m'excuse si j'ai posé la question en disant qu'il n'y avait de
marché. C'était plutôt de dire: Est-ce que vous avez
regardé les autres possibilités et est-ce que cela vaut encore la
peine de le faire? Autrement dit, ce serait peut-être pénible de
dire: On le fait parce qu'on ne l'a pas fait jusqu'à maintenant. Mais
peut-être que la réponse serait de dire: On le fait pas et on fait
d'autre chose.
M. Coulombe: C'est cela. Il y a juste un petit
élément que je voudrais ajouter dans ce que j'ai dit
tantôt. Je ne voudrais pas qu'il y ait d'ambiguïté. Quand
j'ai dit qu'on avait des ententes avec des centres de recherche, ce ne sont pas
des ententes exclusives. Je ne voudrais pas laisser croire qu'avec l'IREQ on a
une entente qui exclut toute entreprise privée, au contraire. Mais on a
une entente qui nous permet au moins de voir ce qui se passe là et
d'être capable de compétionner autant que n'importe qui, pour
avoir ce genre de choses. Je ne voudrais pas qu'il y ait
d'ambiguïté, en disant que l'entreprise privée est
exclue.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Il est vrai qu'un
conseil d'administration ou, encore, une commission parlementaire n'a pas la
prétention d'avoir le contrôle ou une influence directe sur la
rentabilité d'une société d'État ou, encore, sa
politique de développement, à court ou à moyen terme. Mais
on constate que c'est probablement l'effet du hasard. Entre autres, comme
exemple, depuis que l'Assemblée nationale exige un certain droit de
regard sur l'administration des sociétés d'État, il semble
que certaines sociétés ont eu des résultats plus positifs.
Pure coïncidence, me direz-vous, conjoncture favorable. C'est possible,
mais ce qui compte, c'est que les résultats sont là et il faut
les prendre tels qu'ils sont.
M. le Président, je ne veux pas minimiser les travaux de cette
commission. Je compare cela un peu au conducteur qui se sent surveillé
par un officier de circulation. Il est bien sûr que cela n'en fait pas un
meilleur conducteur, mais il semble qu'il conduit un peu mieux quand il se sent
surveillé. Moi, je vois le rôle de la commission parlementaire un
peu dans ce sens.
Comme mon collègue disait tout à l'heure de...
M. Fortier: De droite!
M. Goulet: Un libéral de droite, c'est assez...
Une voix: D'Outremont.
M. Goulet: D'Outremont, oui.
Une voix: M. le Président...
M. Goulet: Le pire ce sont les libéraux conservateurs. Ce
ne sera pas long, M. le Président. J'ai un thème. Mais
étant donné qu'on ne peut pas formuler les questions au moment
où on aimerait les formuler, à la suite des balises qui nous sont
imposées par les règlements, au niveau des entreprises
manufacturières innovatrices, si je prends le groupe SGF, quel que soit
l'ensemble des sociétés qui font partie de la SGF, ou encore
l'une ou l'autre en particulier, au niveau de la recherche et du
développement - je n'ai pas le rapport devant moi - quel est le
pourcentage d'investissements en dépenses et en capital pour la
dernière année de fonctionnement? Les dépenses et le
capital, pour moi, cela veut dire des dépenses directement
créatrices d'emplois.
M. Coulombe: ...dans le domaine de la recherche?
M. Goulet: Je veux dire l'effet direct. On n'a pas de chiffres
là-dessus. On est pris un peu dans un dilemme lorsqu'on fait des
demandes aux sociétés d'État. On dit: Allez-y au niveau
des entreprises innovatrices, allez-y au niveau de la recherche et du
développement. Je vois une société d'État un peu
comme un moteur dans l'économie. Je n'ai rien contre le principe qu'une
société d'État pourrait faire de la recherche,
découvrir quelque chose, et que ce serait bénéfique
à l'entreprise privée. Bien sûr, on compare les
résultats de la société d'État avec les
résultats de l'entreprise privée, on fait le parallèle,
mais est-ce qu'on a des chiffres? Je ne veux pas embarquer dans une discussion
à n'en plus finir, mais est-ce qu'on a des chiffres, par exemple, pour
dire que cette année, concernant le groupe SGF, au niveau des
dépenses en capital, au niveau des dépenses créatrices
d'emplois directs, le pourcentage... Deuxièmement, pour dire, même
si on n'a pas de chiffres précis - il est sûr que c'est difficile
à contrôler - qu'on pense que dans tel et tel domaine cela s'est
répercuté dans l'entreprise privée et que cela a pu
créer x emplois, à la suite de la recherche qu'on a faite, etc.,
avec des exemples concrets.
M. Coulombe: D'accord. Ce n'est pas limité à la
recherche?
M. Goulet: Non.
M. Coulombe: Dans le domaine des dépenses
d'immobilisation, on a des chiffres très précis à chaque
année qui nous disent quelles sorte de dépenses d'immobilisation
se fait. De $10,000,000 en 1975, cela a passé à $49,000,000 en
1976, $117,000,000 en 1977, $88,000,000 en 1978,
$19,000,000 en 1979, et cette année - c'est quoi pour 1980? -
$31,000,000. Ce sont les dépenses d'immobilisation.
Dans le cas d'emplois nouveaux, par exemple, vous avez le projet des
$200,000,000 qui seront investis à Amos dans le cadre de la nouvelle
papeterie. Cela va créer entre 300 et 400 emplois directs nouveaux et va
susciter 900 emplois dans la construction pendant la période de
construction, plus quelques emplois permanents dans la forêt. Donc, 400
emplois permanents, plus 900 pendant la construction, ce sont les effets
directs de l'investissement. Il y a les effets indirects. À Amos, je ne
suis pas capable de calculer ce que cela va donner au point de vue scolaire, au
point de vue hospitalier, au point de vue des effets indirects. C'est un
exemple d'investissement créateur d'emplois.
M. Goulet: M. le Président, je ne voudrais pas aller aux
effets indirects. Il est certain que si on crée 200 emplois à
Amos, l'école va grossir et que le marchand de souliers va vendre plus
de souliers, ainsi de suite.
Ma question est celle-ci. Au niveau de la recherche, disons qu'une
société qui fait partie du groupe SGF fait de la recherche dans
tel domaine, à un moment donné, on trouve une nouvelle
idée qu'on exploite. On n'a pas depuis quelques années des
statistiques disant: À tel endroit parce que la SGF a investi pour faire
de la recherche dans tel et tel domaine, on peut dire que telle et telle
manufacture est née, etc? Même au niveau du
développement?
M. Coulombe: Au niveau de la recherche et du
développement, on n'a pas de statistiques pour une raison bien simple,
c'est qu'il n'y en a pas eu d'investissement dans le cadre de la SGF. Il n'y a
pas eu de sommes consacrées à ce qu'on appelle communément
recherche et développement. Il n'y en a pas eu. Le financement a
été orienté du côté de la survie de
l'entreprise à 95%. J'exclus Donohue pour qui ce n'était pas non
plus dans recherche et développement, mais qui a fait des
investissements majeurs. Dans les autres entreprises, cela a été
des investissements de survie et des investissements pour rester à flot.
Il n'y a pas eu de recherche et de développement. Donc, il n'y a pas eu
d'impact ni sur l'emploi, ni sur l'entreprise privée.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
Je prends un exemple concret qui a été cité tout à
l'heure, le cas de Marine. En 1978, l'Assemblée nationale ou le
gouvernement vote un montant et maintient Marine en activité. On n'a
pas, au niveau de la province, des statistiques disant que le fait d'avoir
maintenu Marine... Je ne veux pas entendre dire, bien sûr, comme je le
mentionnais tout à l'heure, que, du fait qu'on ait maintenu Marine, 1500
travailleurs ont gardé leur emploi, mais il faut dire que, du fait qu'on
ait maintenu Marine, cela a permis à tel sous-entrepreneur, par exemple,
qui a une petite "machine shop" et qui était à sous-contrat avec
Marine, de se maintenir. On n'a pas de chiffres à ce sujet. Ce serait
important.
Une société d'État qui ne ferait pas de profit et
qui présenterait un bilan ni négatif ni positif, à
zéro, mais qui, dans une région, pourrait me certifier et dire
que, parce qu'elle est située dans telle région, elle a maintenu
X entrepreneurs ou sous-entrepreneurs et qu'elle pense, en toute
objectivité, avoir maintenu 90,900 ou 9000 emplois... On n'a pas de
chiffres à cet effet? Non? Est-ce qu'au niveau du ministère, on
n'a pas de chiffres non plus? Il me semble que ce serait important. On critique
souvent les sociétés d'État; au niveau des
retombées économiques directes ou indirectes, cela
m'étonne qu'on n'ait pas de chiffres.
M. Duhaime: Ce n'est jamais facile de le préciser de
façon très claire, mais on peut toujours retenir des coefficients
multiplicateurs en termes d'investissement et d'emploi, mais, à moins
que les gens de la SGF ne nous disent qu'ils ont fait un inventaire exhaustif,
moi, en tout cas, je ne suis pas capable de vous donner cette information, je
ne l'ai pas.
M. Goulet: Vous ne l'avez pas.
M. Fortier: C'est comme je l'ai dit tout à l'heure, quand
on ne fait pas de recherche, on fait banqueroute. C'est l'inverse.
M. Coulombe: II y a des indicatifs. Au ministère de
l'Industrie et du Commerce, il y a le modèle qui donne les
résultats de tout cela. Marine Industrie, par exemple, cette
année a fait $200,000,000 d'achats. Je ne peux pas vous dire -je n'ai
pas les chiffres - exactement dans quelles régions les achats ont
été faits, on doit les avoir chez Marine, mais je ne les connais
pas.
M. Duhaime: Dans l'aluminerie, le "turnover" du dollar sur une
paie des travailleurs se multiplie par sept, mais il y a aussi le coiffeur, le
boucher et tout le monde.
M. Goulet: Je parlais d'emploi direct et je vous donne un dernier
exemple, parce que je sais que tout le monde a terminé à 5 heures
cette nuit. Je ne parle pas des gens de la SGF, ils ont dû finir à
5 h 30, eux; nous, c'est à 5 heures. Je donne un exemple
précis.
M. Duhaime: Où êtes-vous allé après,
cher collègue?
M. Goulet: Je parle d'un exemple précis qui est venu
à mes oreilles dernièrement. Canadair, c'est quoi, maintenant?
Pratt & Whitney? À Montréal, Canadair?
M. Coulombe: Canadair, oui.
M. Goulet: Le fait que Canadair ait obtenu un contrat d'avion
pour une compagnie américaine a vu naître ici, à
Québec, tout près de l'Assemblée nationale, une "machine
shop" spécialisée qui a créé peut-être 30
emplois directs et qui manufacture à très haut pourcentage,
peut-être à 75% ou 80%, directement des pièces en tant que
sous-entrepreneur pour Canadair gui, elle, est peut-être aussi
sous-entrepreneur.
M. Fortier: C'est un domaine de sous-traitance.
M. Goulet: Oui, je suis d'accord, mais il me
semble que cela peut se comptabiliser assez facilement.
M. Coulombe: Oui, oui.
M. Goulet: Mais on ne l'a pas actuellement?
M. Coulombe: C'est-à-dire que je n'ai pas le document.
Faire le tour des entreprises et leur demander le nombre de sous-traitants avec
lesquels elles font affaires, on pourrait le faire facilement.
M. Goulet: Bon, d'accord.
M. Duhaime: II y a différentes méthodes retenues.
Ce n'est peut-être pas le meilleur exemple dans le cadre de cette
conversation, mais le gouvernement fédéral, dans son chiffrier
sur les retombées économiques au Québec, sur l'achat des
avions de chasse F-1B-A, a différentes méthodes de calcul.
M. Goulet: Est-ce possible que je vous aie fait penser à
cela?
M. Duhaime: Oui, cela se peut. Ils vont prendre, par exemple, la
valeur des ventes pendant dix ans. Si c'est $30,000,000 par année, on va
multiplier par 10 et ça fait $300,000,000; dans la colonne des
retombées "potentielles", vous allez lire $300,000,000, ce qui fait que,
quand vous avez complété l'addition des retombées
attribuées dans un premier bloc et des retombées potentielles
dans un deuxième bloc, vous arrivez à des chiffres faramineux de
l'ordre de $1,600,000,000 et plus et vous allez courir après
probablement tout le temps de votre vie. C'est très aléatoire,
les modes de calcul là-dessus.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. Je voudrais poser
quelques questions à M. Coulombe et d'abord le féliciter pour ses
hautes performances au niveau du financement de la société
d'État dont on parle. Dans le document que vous nous avez fourni, on
peut lire différents titres parmi lesquels on retrouve des
investissements. Entre autres, on voit: investissements de croissance,
investissements stratégiques, investissements d'innovation. Je n'ai pas
la formation d'un grand administrateur d'une société
d'État qui manipule des millions tous les ans et ce n'est pas tellement
à ce niveau que je voudrais intervenir. Par contre, quand on regarde
votre document, il y a un chapitre qui semble vous échapper, mais
j'espère que ce n'est pas le cas et que ce n'est qu'une mauvaise
compréhension de votre document de ma part: c'est tout le chapitre sur
l'aspect humain, l'aspect humain du travailleur d'usine qui est le soudeur, le
gars qui travaille avec le tour. Je pense que c'est un chapitre sur lequel il
faudrait peut-être s'arrêter un peu plus que dans le document qu'on
voit ici. (22 h 30)
Vous avez fait allusion à la mise en pratique ou à
l'entrée en vigueur de la loi 17 sur la santé et la
sécurité du travail, qui entrera probablement en vigueur,
d'après les dires du ministre titulaire de cette loi, M. Marois, en
début d'année 1981. J'aimerais savoir ce que pourraient
représenter pour votre société d'État les
investissements, à travers vos treize usines, au niveau de
l'équipement, de l'amélioration, que ce soit au niveau de la
ventilation, de la diminution du bruit. J'ai pour principe - et je le sais,
parce que j'ai travaillé dans ce milieu, je suis soudeur de
métier - que dans un atelier de soudure beaucoup d'individus ou de
travailleurs ont des problèmes, qu'on appelle communément de
"flash", des problèmes de bruit, de surdité, de ventilation. Je
suis convaincu que le taux de bonheur - si on peut accepter ce terme ainsi;
quand on est au travail, se peut-il qu'un gars soit heureux? - plus il sera
élevé, plus il aura des répercussions directes sur
l'efficacité et la rentabilité de l'usine.
Si le gars arrive à l'ouvrage à reculons le matin, parce
que son milieu de vie à l'ouvrage est infect, je pense que ce gars ne
donne pas sa pleine mesure, ses rapports avec ses patrons immédiats ne
sont pas aussi bons et, en fin de compte, c'est toute la société
d'Etat ou l'usine en question qui est impliquée dans sa
rentabilité ou dans son efficacité.
Je crois que ça touche essentiellement un chapitre sur la
rentabilité et l'aspect humain, bien souvent, est négligé
dans les rapports de nos différentes sociétés d'Etat ou
dans les rapports des financiers ou des grands administrateurs. Ils le
considèrent peut-être, mais on n'en fait pas assez état,
à mon avis.
Je pense qu'il serait important que, comme société
d'État, on emboîte le pas, on donne l'exemple aux multinationales,
aux sociétés privées et qu'on ne soit pas obligé
d'attendre, comme société d'Etat, une loi 17 sur la santé
et la sécurité du travail, mais qu'on prenne les devants et qu'on
fasse en sorte que nos travailleurs d'usines travaillent dans des conditions
humaines. Je pense que non seulement on le ferait pour le travailleur, mais on
le ferait aussi pour la société, car je suis sûr qu'en leur
donnant un milieu de vie agréable, efficace, la rentabilité en
subirait les conséquences. Donc, j'aimerais que vous puissiez parler un
peu sur cet aspect de la condition de vie que l'on retrouve dans les usines de
la SGF.
Le Président (M. Lacoste): M. le président.
M. Coulombe: Je partage entièrement votre avis, vous avez
raison de dire que c'est un chapitre qui manque effectivement et
j'espère qu'on va être capable, dans une révision - parce
que je vous ai dit tantôt que ce plan allait être
révisé chaque année - d' en arriver à consacrer un
chapitre non seulement à la qualité de vie, mais aussi à
discuter de certains problèmes de relations de travail de façon
plus générale et essayer d'innover dans ce domaine comme
ailleurs. Mais vous avez raison de dire que ça manque, on n'a pas de
réalisations très brillantes à notre actif dans ce domaine
à l'heure actuelle.
Je l'explique de la façon suivante - je ne l'excuse pas de la
façon suivante, mais je l'explique - en disant que la priorité,
depuis deux ans et demi, a été d'essayer de faire en sorte que
l'ensemble des entreprises soit à un niveau de
rentabilité et d'efficacité en termes d'entreprise pour
permettre de s'attaquer efficacement à ce genre de problème.
Quand l'entreprise est presque en faillite, ce n'est pas non plus le climat
pour essayer non seulement d'innover, mais de régler certains
problèmes que vous mentionnez et qui sont réels. Quand je dis que
la priorité est donnée à ça, ce n'est même
pas terminé parce qu'il y a encore des entreprises, dans le groupe, qui
sont mal prises et qui, cette année, par exemple, vont perdre de
l'argent.
Donc, cette période n'est pas terminée, mais je pense que,
éventuellement et très rapidement, c'est un problème
auquel on devra s'attaquer de façon beaucoup plus systématique
que ce qu'on fait à l'heure actuelle. Je ne dis pas que c'est une
néqligence de notre part. Je dis que c'était une priorité
qui était impossible à rencontrer a cause de l'état
financier général. Quant aux investissements nécessaires
pour la qualité du travail, ainsi de suite, je suis incapable de vous
répondre. Je n'ai pas d'idée, dans l'ensemble des entreprises,
des coûts exacts qu'il faudrait envisager pour répondre à
ce problème. Je sais que, dans la plupart des qrosses entreprises, il y
a des efforts qui se font. Dernièrement, à Marine, par exemple,
il y a eu des investissements très précis qui ont
été faits justement pour les soudeurs dans un atelier, tout un
système de ventilation qui a coûté énormément
cher. Il y a des choses qui se font, mais je ne suis pas capable de chiffrer
pour l'ensemble des entreprises ce que cela veut dire exactement.
Quant a l'autre aspect que vous avez mentionné qui est
extrêmement intéressant, qui est l'aspect innovateur d'une
société d'État dans ce domaine des relations de travail ou
dans le domaine de la qualité de vie, c'est un débat
extrêmement large que vous ouvrez et qu'il serait peut-être
intéressant d'avoir un jour ou l'autre. Avant de parler d'innovation
là-dedans, je pense qu'avec le genre d'entreprises qu'on a on va avoir
une côte à remonter pour se mettre même au niveau des
entreprises privées les plus efficaces. Quant à passer au stade
d'innovateurs, on a un peu de chemin à faire, en toute humilité,
dans ce domaine. On a un bout de chemin à faire, mais on a l'intention
de le faire et je peux vous dire qu'éventuellement dans une
révision du plan le chapitre sur les ressources humaines, sous l'angle
de la qualité de vie comme sous l'angle des relations de travail, va
être beaucoup plus étoffé que ce qu'on a pu faire dans ce
premier plan.
M. Fortier: Peut-être faudrait-il le regarder sous l'angle
de la rentabilité parce que c'est l'aspect qui est à noter. Cela
peut paraître un fardeau financier, mais je sais que dans certaines
entreprises comme Volvo en Suède la qualité de la main-d'oeuvre
est telle que la qualité du produit est augmentée et que,
finalement, on améliore la rentabilité.
M. Coulombe: II y a des efforts qui se font dans certaines de nos
entreprises; j'ai cité Marine et je ne les ai pas toutes en tête.
Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas colliqé, ce n'est pas
systématisé comme vous voudriez que ce soit et comme nous
voudrions que ce soit.
M. Lavigne: C'est effectivement cela; on est souvent porté
à croire qu'investir à ce niveau ce n'est pas rentable, quand, en
fait, cela pourrait être un investissement rentable sans être le
plus rentable, si on tient compte de l'aspect humain, en plus de la
rentabilité au niveau des chiffres, les deux additionnés
ensemble, j'en suis à peu près convaincu. Il y a des preuves qui
ont été faites, comme l'exemple qu'on vient de donner; Volvo l'a
fait et effectivement le taux de rentabilité a augmenté en
proportion directe avec le climat dans lequel les travailleurs ont eu à
travailler. Il ne faudrait pas que nos administrateurs des
sociétés d'État ou même des sociétés
privées prétendent que ce genre d'investissement est un boulet
que les administrateurs ont à traîner au pied et une obligation
qui est seulement morale et sociale, mais ils devraient savoir que cela devient
aussi un facteur économique rentable.
Je pense, plus que cela, qu'il y a trop de travailleurs, finalement, qui
sont obligés de travailler dans des conditions minables et qui ont des
appareils classiques connus, des cache-oreilles, des bouche-nez et des masques
à gaz et tout ce que vous voudrez. Je suis convaincu qu'on pourrait
humaniser ces appareils, si vous voulez, parce que ce n'est pas drôle de
passer huit heures pour un travailleur avec des équipements dans
certains cas invraisemblables. Je pense qu'on pourrait alléger ces
équipements en donnant un service à l'ensemble de l'atelier. S'il
y a une bonne ventilation dans l'atelier, vous ne serez pas obligés
d'avoir des cache-nez.
Le Président (M. Lacoste): Quel nom avez-vous dit?
M. Plessis-Bélair (Michel): M. Plessis-Bélair. Je
voudrais peut-être donner le témoiqnage, donner l'exemple du
souci, certainement, que Marine a eu et continue à avoir dans ce
domaine. C'est loin d'être parfait, comme M. Coulombe le mentionnait,
mais, quand même, on sort, comme vous le savez, d'une période
très difficile. Il est à noter que chez Marine Industrie il y a
un comité conjoint syndical et patronal qui s'occupe de santé et
de sécurité et que, depuis trois ans, 950 articles ont
été codifiés et réqlés à la
satisfaction des deux parties. Souvent, les demandes sont entreprises par le
syndicat, la partie syndicale, et les correctifs ont été
apportés dans 950 de ces cas. Cette année, malgré des
ressources financières relativement serrées, on a quand
même consenti chez Marine Industrie des investissements de l'ordre de
$500,000, comme M. Coulombe le mentionnait. En prévision de
l'application de la loi 17, qui impose certaines normes au niveau de la
ventilation et au niveau du dépoussiérage de l'air ambiant, en
prévision de ces choses, on a, dans un atelier qui représente
quelque chose comme 60,000 pieds carrés, investi $500,000 pour
créer une atmosphère de travail beaucoup plus salubre et qui
permet d'atteindre des niveaux de satisfaction et par conséquent de
productivité plus intéressants pour l'entreprise. Il y a une
conscience, mais il y a encore du chemin à faire de ce
côté.
M. Lavigne: En terminant, je pense qu'une société
d'État est mal placée, comme société, quand on sait
qu'elle relève en ligne directe du
gouvernement et que ce même gouvernement adopte des lois pour
améliorer la santé et la sécurité dé ses
travailleurs. C'est dans ce sens que je vous invitais à être au
moins à un bon taux à ce niveau et j'irais même
jusqu'à dire innover dans ce secteur. J'ai l'impression que la
différence entre les investissements que vous faites à coups de
millions dans d'autres secteurs, que ce soit des investissements de croissance
ou le secteur de la forêt, le secteur de l'énergie, il y a une
disparité extrêmement grande.
M. Coulombe: Je voudrais vous souligner que j'ai dit tantôt
que, dans les investissements de croissance, une partie de ces investissements
était strictement dans cet objectif, strictement là-dedans, une
partie des investissements de croissance.
M. Lavigne: Vous n'avez pas de chiffres? En pourcentage ou en
chiffres absolus...
M. Coulombe: Je n'ai pas de chiffres exacts, sauf des... Non, je
ne peux pas vous dire, sur les $940,000,000 d'investissement de croissance, le
montant prévu exactement pour ce genre d'investissement.
M. Lavîgne: Merci. En tout cas, j'ai ouvert cette
parenthèse parce que je pense qu'autant sur le plan humain que sur celui
de la rentabilité, nos hommes d'affaires et administrateurs des
différentes compagnies privées et publiques auront à se
pencher là-dessus dans les jours et les années qui viennent.
M. Fortier: On est chanceux que ce soit un président de
compagnie publique, parce que, si cela avait été un
président de compagnie privée, cela aurait été
effrayant.
M. Lavigne: Mon intervention était pour les travailleurs;
qu'ils aient travaillé pour une compagnie publique ou privée, je
pense que ce sont les mêmes obligations.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Richelieu et ensuite, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Martel: M. le président, j'aurais deux questions, une
d'ordre général et une autre peut-être un peu plus
détaillée qui concernent la division navale de Marine. Comme on
sait, c'est l'industrie la plus importante qui est sous votre administration
parmi les 22 ou 23 sociétés d'État. La première:
Dans votre esprit, lorsque vous parlez de rentabilisation, est-ce que vous
voulez atteindre cette rentabilisation par des mises à pied des
travailleurs ou bien par le maintien au travail de ces ouvriers?
M. Coulombe: Je pense que, si la rentabilisation exige des
modifications dans le nombre total des travailleurs, ce problème doit
être envisagé le plus froidement et le plus lucidement possible,
parce que, de toute façon, il n'y a aucune compagnie, que ce soit
privée ou publique, qui a comme objectif de mettre du monde à
pied. Je pense que, dans l'ensemble de toutes ces corporations, publiques ou
privées, un des objectifs de base reste quand même d'assurer de
l'emploi stable et valable pour le maximum de personnes. Donc, on ne pose
jamais le problème en termes de dire: Est-ce qu'on met du monde à
pied ou ainsi de suite? On se dit: Quelles sont les conditions pour qu'une
rentabilité valable soit atteinte pour permettre les investissements
nécessaires pour conserver les emplois possibles dans cette compagnie,
mais des emplois stables, des emplois bien rémunérés, pas
des emplois à la merci de n'importe quelle grippe économique qui
arrive dans le secteur, ainsi de suite?
Si, pour ça, il faut passer par une étape qui implique des
mises à pied, on pense qu'il faut passer par cette étape, parce
que, si on refuse de passer par ce genre d'étape, c'est un cul-de-sac
à moyen terme, les emplois, non seulement ceux qui sont temporairement
menacés, mais les autres, l'ensemble des autres est menacé aussi.
L'exemple de Marine est un exemple parfait. Pour conserver des emplois, s'il
faut prendre des bateaux à perte, ce sont les emplois des wagons, les
emplois de l'hydroélectrique qui vont être menacés et
Marine va fermer ses portes, point. À moins que le gouvernement ne
décide, mais cela ne sera pas à notre suggestion, de garder
ça indéfiniment ouvert pour conserver des emplois. Mais cela ne
sera pas notre recommandation. Si le gouvernement veut le faire, qu'il le
fasse. (22 h 451
M. Martel: Justement, à propos de cela, dans le document
que vous avez soumis dans la stratégie d'investissements, cela me
déçoit un peu de voir que, dans le domaine des investissements de
croissance, il y a $940,000,000, dans les investissements de stratégie,
$80,000,000 et, en investissements d'innovation, $180,000,000. En ce qui
concerne Marine Industrie, elle a trois divisions importantes; celle qui
emploie le plus de travailleurs, c'est la division navale.
Malheureusement, je ne vois des investissements à Marine que dans
le secteur de l'énergie où il y a $50,000,000, dans la division
hydroélectrique, évidemment, qui est rentable
présentement. J'aimerais savoir, par exemple, en 1978 et maintenant dans
ce plan d'investissement quinquennal, où on en est dans la relance du
chantier naval, dans ce plan de redressement qu'on a demandé de faire en
1978. Est-ce que, par exemple, on a fait comme dans d'autres chantiers
où il y a le même problème de saturation au point de vue du
marché? On sait que c'est une saturation au point de vue mondial. Par
contre, il y a une revue anglaise d'économistes qui considère que
le chantier maritime de Sorel est le sixième meilleur au monde par la
qualité de sa main-d'oeuvre. On constate dans une autre publication
qu'à Lauzon, par exemple, Davie multipliera par six ses investissements
en trois ans. On constate qu'actuellement à Lauzon il se fait non pas
des navires, on répare peut-être des navires, mais il se fait
surtout des plates-formes de forage. On remarque également que dans
d'autres chantiers, particulièrement aux États-Unis, en
Suède et au Japon qui connaissent des problèmes - les mêmes
que l'on connaît chez nous à Sorel - les dirigeants ont
décidé d'investir dans la production. On a décidé
de diversifier la production, de se servir d'hommes compétents dans la
division navale pour faire ce qui est très à la mode de ce
temps-ci et très payant, des usines flottantes. On en fait actuellement
treize aux États-Unis. On en a fait une quarantaine au
Japon. On en fait en Suède également. À ce
moment-là, cela semble très intéressant parce que chaque
usine flottante représente une moyenne d'investissements de
$200,000,000. Tout le monde sait, par exemple, que Pétro-Canada a
l'intention, pour le développement de l'Arctique d'avoir recours
à ces plates-formes de forage pour en faire, par exemple, des
réservoirs. À ce moment-là, on voit des chantiers comme
Davie à Lauzon, on voit des chantiers américains et des chantiers
européens qui ont diversifié leur production. J'ai
déjà posé la question au président de Marine, lui
demandant si on était en mesure chez nous à Marine de faire des
plates-formes de forage - il m'a répondu oui - si on était en
mesure de faire des usines flottantes, ce qui est très en vogue et
très payant, je le répète - on m'a dit oui - et si on
était en mesure également de faire ce qui est très
à la mode et très en demande en Europe, des hovercrafts, des
aéroqlisseurs. On me dit que oui on était capable de faire cela
et on m'a cité le Labrador qu'ils ont déjà fait à
Marine. À ce moment-là, j'ai demandé au président
de Marine: Avons-nous soumissionné pour faire des usines flottantes,
pour faire des plates-formes de forage, pour faire des aéroglisseurs? On
m'a répondu non. Devant ces réponses, je demeure fort perplexe
comme député de ce comté où Marine est
véritablement le coeur de l'économie de notre région parce
qu'elle injecte $1,000,000 par semaine en salaires et que toute la population
en dépend. Je me demande et je vous pose la question directement en
présence du ministre et en présence du président de la
SGF: Est-ce que la SGF, est-ce que le gouvernement a l'intention de fermer la
division qui emploie le plus de travailleurs, c'est-à-dire la division
navale à Marine Industrie, premièrement, et pour quelle raison,
alors que, dans l'industrie privée, les chantiers que je vous ai
nommés tout à l'heure, se sont tournés de bord et ont
diversifié la production? Dans l'entreprise privée, on a fait de
même et je cite Bombardier qui, à un moment donné, a vu son
principal marché qui était celui du loisir, de la motoneige
saturé. Ils se sont retournés de bord et se sont lancés
dans des véhicules de transport en commun et ils sont en train de percer
le marché nord-américain. Pourquoi, dans notre
société d'État, n'est-on pas capable de se tourner de bord
aussi rapidement qu'on le fait dans ces sociétés
privées?
Le Président (M. Lacoste): M. Coulombe.
M. Coulombe: D'abord, dans le cas de la division navale, la
position de la SGF a été clairement établie en 1979, lors
du plan de redressement, et elle n'a pas changé. La condition
essentielle pour prendre des contrats de construction navale demeure la
rentabilité. Il n'a jamais été question de fermer, en
principe. Cela a été de dire: On va prendre des contrats dans la
mesure où cela va être rentable, des contrats de construction
navale. À un tel point que les cadres spécialisés dans la
construction navale de Marine Industrie sont actuellement employés,
entre autres, pour faire des plans et devis pour Davie qui n'a plus cette
capacité. Les cadres sont employés parce qu'on voulait garder une
force, une partie de la main-d'oeuvre importante, au cas où le
marché reprendrait.
Deuxièmement, dans le cas de la diversification, Marine
Industrie, avant n'importe quelle entreprise privée et avant Davie,
s'est diversifiée. Il y a actuellement un carnet de commandes
d'au-delà de $400,000,000 dans l'hydraulique. L'an passé,
après avoir dit à la commission parlementaire qu'une des
hypothèses qu'on faisait, c'était que le marché des wagons
allait reprendre, non seulement Marine Industrie s'est retournée de bord
vite, mais elle a doublé son chiffre d'affaires dans ce domaine, chose
qu'elle n'avait jamais faite dans les vingt dernières années.
M. Martel: M. le Président, quand je parle de
diversification, j'entends la division navale où il y a actuellement
1500 travailleurs qui sont mis à pied. Je ne parle pas de
l'hydroélectrique qui existe depuis x années, de la division des
wagons qui existe.
M. Coulombe: Mais cela fait partie de Marine Industrie et cela
comprend 2000 personnes qui travaillent à Sorel avec des carnets de
commandes extrêmement intéressants. C'est quand même Marine
Industrie. Il ne faut pas penser qu'il y a trois Marine Industrie, il n'y en a
qu'une.
M. Martel: Vous savez qu'on a déjà eu 12,000
personnes qui travaillaient à Marine Industrie.
M. Coulombe: Dans la mesure où il y a eu cette
année 3500 wagons de faits, grâce à l'énergie du
marketing de Marine Industrie, au lieu de 1500, ce qui était la
tradition - il faut profiter d'un boom dans le marché - cela a
donné 600 emplois de plus dont la plupart venaient du secteur naval. Si
Marine Industrie n'avait pas fait cette diversification ou cet effort
supplémentaire, il y aurait eu 600 mises à pied de plus.
Actuellement, il y a presque 2000 travailleurs horaires à Marine
Industrie à part les 300 qui sont à la Baie James. Ce sont des
emplois stables qui reposent sur un carnet de commandes qui est plus
considérable que celui de n'importe quelle des compagnies que vous avez
mentionnées, en termes des carnets de commandes. C'est Marine Industrie
qui l'a fait. Ce n'est pas l'extérieur.
Il y a une phase difficile dans le domaine naval. Vous parlez
d'investissement dans le domaine naval. Ce n'est pas un problème
d'investissement, les équipements sont là. Il y a eu $17,000,000
d'investissement dans le secteur naval depuis 1970, à Marine Industrie.
Donc, les investissements ont été faits, ils sont là, ils
sont disponibles.
Actuellement, Marine Industrie fait des efforts intenses pour aller dans
des marchés que vous avez soulignés. Il y a des "joint ventures",
il y a des associations qui sont en discussion à l'heure actuelle avec
certains groupes, dans l'est comme dans l'ouest, pour pouvoir profiter des
plates-formes submersibles, tout ce nouveau marché qui se
développe. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui que cela va fonctionner,
mais je vous dis que c'est en marche, que les discussions sont entreprises. On
a même des propositions qui vont être faites bientôt à
une gigantesque compagnie de l'Ouest qui a besoin de toute une série
d'équipement pour l'exploration pétrolière.
On est à la veille de lui faire des propositions très
concrètes qui vont être extrêmement
intéressantes.
Mais vous avez raison de le dire, on n'a pas de résultats au
moment où on se parle, sauf le fait de s'être organisé,
sauf le fait que le management de Marine Industrie s'est retourné de
bord assez vite pour profiter d'un marché qui était là. Il
l'a saisi et il a créé 600 emplois cette année. Cela n'a
pas réglé le cas des autres, je suis d'accord. Mais cela a
réglé au moins ce cas-là et a apporté des profits
qui vont être nécessaires pour investir dans des nouveaux
équipements.
Dans le cas du naval donc, dans notre esprit, il va y avoir de la
construction navale dans la mesure où c'est rentable et il va y avoir de
nouveaux équipements qui vont être bâtis si nos
démarches actuelles donnent des résultats. Certaines sont assez
avancées. On espère passer à travers cette phase et on
espère réembaucher au maximum. On ne va pas réembaucher
sous prétexte de dire qu'il faut réembaucher du monde parce que,
dans deux ans, Marine Industrie va être dans le cas où elle
était en 1978. Et nous on ne reviendra pas devant l'Assemblée
nationale demander de l'argent pour Marine Industrie dans les circonstances
qu'on a connues en 1978. D'autres viendront, mais pas nous autres.
M. Duhaime: C'est enregistré, M. Coulombe.
M. Coulombe: Oui. Je n'ai pas dit que la SGF ne reviendrait pas.
J'ai dit que nous, on ne reviendrait pas.
M. Martel: Pour ce qui est des expertises que vous faites
concernant la fabrication éventuelle chez nous, dans la division navale,
d'usines flottantes et de plates-formes de forage qu'on étudie,
êtes-vous optimistes qu'on arrive à soumissionner et à
donner de l'ouvrage aux travailleurs de chez nous?
M. Coulombe: Actuellement, on est optimiste, mais je ne peux rien
garantir. Je ne peux pas dire qu'il y aura des résultats dans trois ou
six mois. Très honnêtement, toutes les démarches se font.
Je ne sais pas si M. Plessis-Bélair veut donner plus de détails
sur certaines démarches spécifiques, mais cela ne veut pas dire
qu'on est optimiste de réembaucher tout le monde dans quelques mois.
Cela ne serait pas vrai.
M. Plessis-Bélair: Non, présentement, vous faites
référence à une conversation que vous avez eue avec M.
Brisson, à laquelle j'étais présent. Au niveau des
activités commerciales qu'on effectue présentement, vous savez
qu'on a soumissionné pour la fabrication d'une cale sèche
flottante pour Halifax, ce qui représenterait, si on obtenait le
contrat, à peu près 650 années-homme de travail. C'est un
type de fabrication qui coïncide avec les capacités des gens de la
division navale.
Vous savez également qu'on s'intéresse très
activement au programme de réfection des navires de guerre du
gouvernement fédéral. Il y en a trois qui doivent être
refaits et qui vont représenter - c'est tout à fait
préliminaire comme évaluation - quelque chose comme 900,000
heures-homme d'activité. C'est également pour la division
navale.
Pour ce qui est des plates-formes de forage, on vous a expliqué
les contraintes physiques auxquelles on avait à faire face au chantier.
Quand vous dites que, oui, on peut faire des plates-formes de forage, on vous a
dit oui, mais conditionnellement, dans la mesure où on pouvait les faire
par section, à cause des contraintes physiques auxquelles on doit faire
face dans la fabrication de ces énormes plates-formes
semi-submersibles.
Je pense que sur le plan commercial, on est très actif. M.
Coulombe a mentionné que nous étions en contact avec des
compagnies qui s'intéressent à l'exploration
pétrolière en haute mer pour connaître leurs besoins. On
est même en train de faire des soumissions ou des propositions pour
certaines de ces compagnies.
Par conséquent, je constate avec vous que, jusqu'à
maintenant, on n'a pas atteint le niveau d'emploi qu'on avait il y a un et
demi, on a dû faire des mises à pied considérables. On est
optimiste que les activités commerciales et le marketing qu'on
entreprend et qu'on a entrepris déjà depuis un an vont
certainement porter leurs fruits au cours des mois qui vont venir.
M. Martel: D'accord. Je termine en posant deux questions.
Premièrement, est-ce que le président de la SGF trouve que le
manque de politique maritime, c'est-à-dire de politique de marine
marchande au Canada, et la diminution des subventions de 20% à 9% dans
le domaine maritime nuisent énormément à cette relance
dans la construction navale chez nous? Deuxièmement, concernant la
construction, mais seulement pour 1984, de frégates pour l'armée
canadienne, on a annoncé avec grand fracas qu'il y aurait pour
$2,300,000,000 d'investis. Est-ce que le président de la SGF est
d'accord pour me dire si mes informations sont bonnes, à savoir que
seulement 17% de cette somme, c'est-à-dire environ $230,000,000, seront
investis uniquement au Canada pour la construction de bateaux? Le solde de ce
montant serait pour de l'équipement électronique qui viendra des
États-Unis.
M. Coulombe: Quant à la première question que vous
avez posée - je vais laisser la dernière pour avoir des chiffres
plus précis - c'est bien évident que, s'il n'y a pas de marine
marchande et si les subventions baissent, cela ne favorise pas la construction
navale. Je suis totalement d'accord avec cela.
Pourquoi le gouvernement ne veut-il pas faire de marine marchande? Je
n'ai aucune espèce d'idée à savoir quelles sont les
raisons profondes qui le poussent à ne pas faire de marine marchande. Je
ne le sais pas. Donc, je ne peux pas répondre. Vous avez peut-être
la réponse. Moi, je ne l'ai pas. Alors c'est évident que plus il
va y avoir des subventions, plus cela va favoriser la construction navale. Je
suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Martel: Comment expliquez-vous la diminution de 20% à
9%, alors que tous les chantiers navals canadiens connaissent des mises
à pied massives? (23 heures)
M. Coulombe: J'ai été assez longtemps haut
fonctionnaire pour me méfier des interprétations des
politiques gouvernementales. Je vais donc me restreindre là-dessus.
M. Martel: Concernant les retombées sur les chantiers -
j'ai bien dit pas québécois - canadiens de la construction de ces
frégates, selon mes informations, il n'y a que 17% qui seront
véritablement des retombées pour nos travailleurs des divisions
navales au Canada; je n'ai pas dit au Québec. Cela représente
à peu près $230,000,000 sur $2,300,000,000. Est-ce que cela
semble exact?
M. Coulombe: Les chiffres que j'ai entendus là-dessus,
c'étaient des chiffres préliminaires et, dans mes souvenirs,
c'était un programme de l'ordre de $1,300,000,000 ou $1,400,000,000 et,
pour la construction navale, le bateau, la coque, ainsi de suite, les contrats
des chantiers maritimes quels qu'ils soient représentaient à peu
près $400,000,000. Je ne sais pas si ces chiffres ont changé
dernièrement.
M. Martel: Cela doit être des retombées comme le
F-18.
M. Plessis-Bélain L'évaluation concorde avec ce que
vous dites, c'est-à-dire que ces contrats pour le ou les chantiers qui
vont pouvoir les obtenir représenteront comme activités
effectuées sur le chantier un pourcentage équivalant à 17%
du montant total du contrat. Essentiellement, l'assemblage de la coque et de
l'équipement qui devra armer ces navires représentera environ 17%
des montants totaux de ces contrats.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Avec votre permission, M. le Président, je
pense que je vais passer aux investissements précis prévus. On
pourrait peut-être faire référence à la page 24. En
effet, on nous demande d'approuver un investissement d'à peu près
$100,000,000. Je sais qu'il est gênant d'être obligé de
revenir devant les actionnaires aussi souvent, mais je suis persuadé
que, si vous étiez obligé d'aller devant les investisseurs
privés pour le même ordre d'investissement, vous seriez
obligé de préparer un prospectus assez élaboré. Je
pense que c'est un point et qu'on pourrait prendre pour l'avenir, par exemple,
le prospectus du secteur privé comme type d'information qu'on doit
exiger. Dans le cas précis, je fais référence à la
partie qui s'appelle SGF qui monte à $142,000,000. Dans les secteurs de
croissance, vous avez d'abord la forêt qui est à $22,000,000 et il
y a quatre éléments là-dedans, si je comprends bien. Il y
a celui d'Amos qui est probablement le plus grand, il y a Saint-Félicien
pour l'énergie, il y a...
M. Coulombe: Celui de Clermont.
M. Scowen: ...Clermont et une affaire de
Sogefor. Est-ce que vous pouvez me dire comment les $22,000,000 sont
divisés entre les quatre?
M. Coulombe: Les $22,000,000.
M. Scowen: Par exemple, il y a combien pour Amos?
M. Coulombe: Direct de la SGF, $5,000,000. M. Scowen:
$5,000,000. Saint-Félicien? M. Coulombe:
Saint-Félicien, zéro. M. Scowen: Zéro.
M. Coulombe: C'est autofinancé par
Saint-Félicien.
M. Scowen: Clermont?
M. Coulombe: Clermont, zéro.
Scowen: Zéro. Et Sogefor?
M. Coulombe: Sogefor, $17,000,000.
M. Scowen: $17,000,000. En effet, c'est intéressant. Le
plus grand investissement direct, c'est celui de Sogefor.
M. Coulombe: C'est exact. M. Scowen: De loin.
M. Coulombe: Parce que Donohue de Saint-Félicien est
capable de financer ses choses. Alors, on n'a pas intérêt à
lui donner notre argent. Avec ses profits et son fonds de roulement, elle est
capable de financer ses propres investissements. Encore là, il ne faut
pas exagérer. Il ne faut pas oublier qu'on est à 54% partenaire
de ces fonds, mais ce n'est pas de l'équité nouvelle qui est mise
dans Donohue pour cela.
M. Scowen: Combien au total sera investi dans l'affaire
d'Amos?
M. Coulombe: $200,000,000.
M. Scowen: $200,000,000. Équité ?
M. Coulombe: Non.
M. Scowen: Pas équité?
M. Coulombe: Équité, $41,000,000.
M. Scowen: À ma connaissance, il n'y a a eu aucun document
déposé qui nous donne les détails de la rentabilité
de ce projet d'Amos.
M. Coulombe: Déposé, non, mais il existe.
M. Scowen: Je me demande, dans tous les cas que je vais
souligner, si ce serait possible, d'ici la fin de la semaine, de nous donner un
peu plus d'information sur la rentabilité des éléments
à l'intérieur de chacun, non pas chacun, je veux mentionner trois
ou quatre cas qui sont plus importants que les autres. À titre
d'exemple, l'affaire d'Amos; c'est la première fois que les
contribuables ont l'occasion de considérer ce projet, qui est quand
même assez important, de voir quelle peut être sa
rentabilité.
M. Coulombe: Mais quand même, dans le cas d'Amos, il faut
souligner que les conseils
d'administration concernés, y compris ceux de nos partenaires,
ont examiné a fond ce projet; ils ont pris une décision en se
basant sur les études de rentabilité présentées. Ce
projet a été soumis globalement et intégralement aux deux
gouvernements, fédéral et provincial, qui l'ont jugé, qui
l'ont trituré, qui l'ont accepté. Dans la liste qu'on a, c'est un
projet qu'on considère comme réglé parce que le plan a
commencé à être mis sur pied en février 1980 et ce
projet n'était pas encore réglé, c'est pour cela qu'on l'a
inscrit sur l'année 1 du plan.
En plus, les banques l'ont examiné, le financement est fait et on
considère ce problème comme réglé, étant
intégralement dans le secteur prioritaire défini dans la loi.
Maintenant, à titre d'information personnelle, on n'a aucune
espèce d'objection à montrer les études de
rentabilité.
M. Scowen: C'est réglé, M. Coulombe, sauf
qu'aujourd'hui, on demande à l'Assemblée nationale d'approuver un
investissement de $5,000,000. Cela a été réglé par
d'autres instances. Je sais, c'est une question assez pertinente.
M. Coulombe: M. Scowen, ces $5,000,000 sont déjà
approuvés parce qu'ils font partie des $42,000,000 qui sont dans la loi
qui a déjà été votée.
M. Scowen: Est-ce qu'on a regardé en détail ce
projet de loi en 1978?
M. Coulombe: Non, pas le projet d'Amos.
Une voix: II est trop tard maintenant, c'est voté.
M. Coulombe: Pas le projet d'Amos, il n'a pas été
regardé en 1978.
M. Scowen: J'apprécierais beaucoup toute information que
vous pourriez nous donner sur le projet d'Amos, de toute façon.
M. Duhaime: Sous réserve de l'accord de nos partenaires,
bien sûr.
M. Coulombe: Oui.
M. Scowen: Je veux dire simplement... On n'en est pas encore
à la question de savoir quels sont les droits de l'Assemblée
nationale. Avec l'accord de nos partenaires. Je pense qu'on représente
ici un des partenaires à qui on demande d'investir. C'est
peut-être trop tard pour l'arrêter, mais ce n'est pas trop tard
pour avoir de l'information sur quelque chose qui a été fait en
notre nom par le gouvernement. C'est une question qui relève de la
grande question du rôle des commissions parlementaires. Tout ce que je
demande, sans faire de débat, c'est de nous donner, si vous avez plus
d'informations, une page ou deux sur la rentabilité un peu plus en
détail du projet et non pas: C'est simplement $5,000,000, point. Ce
serait grandement apprécié, surtout si on pouvait l'avoir avant
la fin de la semaine.
M. Coulombe: Est-ce que cela signifie -c'est plutôt une
question d'orientation qu'autre chose - que, pour tous les projets, il va
falloir agir de même?
M. Scowen: Non...
M. Coulombe: Si c'est le cas, les règles du jeu sont
changées. C'est une autre histoire.
M. Scowen: ... je ne veux pas exagérer, M. Coulombe. Sur
ceux qui sont intéressants. J'ai l'intention de poser des questions sur
les plus grands seulement. Il me semble qu'il faut faire attention à
Amos, peut-être à SOGEFOR aussi, certainement...
M. Coulombe: On ne peut pas la déposer, l'étude est
en train de se faire. Il faut s'entendre sur la notion de ce qu'on a
placé dans ce plan. Un plan, ce sont des prévisions de ce qui va
arriver compte tenu de telles circonstances.
M. Scowen: Oui.
M. Coulombe: Beaucoup de ces projets sont suffisamment
avancés pour qu'on puisse dire que c'est plausible qu'ils soient
réalisés, mais on n'a pas, pour tous ces projets, l'étude
de rentabilité finale.
M. Scowen: Je comprends.
M. Coulombe: Sans cela, ce n'est pas un plan de cinq ans qu'il
faudrait, c'est un plan de trois semaines.
M. Scowen: Je me place devant vous comme un actionnaire potentiel
dans un projet et vous voulez me vendre des actions. J'ai droit à un
prospectus. C'est clair que dans quelques cas les prospectus ne peuvent pas
m'assurer que, d'année en année, la rentabilité sera
exactement de tel ou tel chiffre. Par contre, je pense que je n'exagère
pas quand je demande un peu plus d'information sur les projets précis
que vous nous avez donnés à la page 24.
Je n'avais pas l'intention d'entrer dans le détail des petites
affaires, mais simplement d'en soulever quatre ou cinq que je trouvais assez
importantes pour vous demander plus d'information.
M. Coulombe: Est-ce que ce sont des documents qui vont être
déposés à la commission ou si ce sont des documents qu'on
peut regarder avec vous à titre personnel pour en discuter?
M. Fortier: Si on pouvait s'entendre, M. le ministre...
M. Coulombe: Si c'est le premier cas, là...
Le Président (M. Lacoste): Enfin, je pourrais dire, M. le
président, qu'il n'y a pas de dépôt en commission
parlementaire, en fait...
M. Duhaime: Oui, je comprends qu'on n'a pas de dépôt
en commission parlementaire, mais je pense qu'on va travailler beaucoup plus
dans l'esprit dans lequel est posée la question.
Je disais, tantôt: Sous réserve d'un accord avec nos
partenaires. Dans une hypothèse où on convenait, en dehors de ce
lieu de travail, de
vous rencontrer et dire: Voici la structure financière
projetée pour le projet avec Normick-Perron, par exemple, vous allez
avoir des chiffres précis, mais si vous me demandez une question bien
précise: Est-ce que ces documents vont devenir susceptibles d'être
déposés devant l'Assemblée nationale? Je vais être
obligé de vous répondre: Non.
Mais je n'ai aucune espèce de réserve à vous
déballer le fond de nos valises, pour vous convaincre que, dans le cas
de Donohue-Perron, le projet est en route, il est fait dans la
problématique d'analyses pour le projet SOGEFOR, c'est très bien
engagé aussi. Vous vous êtes très bien placé, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, en disant: Si j'étais
un actionnaire potentiel. Je pense que je vous dirais: Attendez encore un peu,
jusqu'à ce qu'on soit au point d'être en mesure, dans votre
hypothèse, de publier un prospectus, qui serait approuvé par la
Commission des valeurs mobilières, où vous auriez les
informations nécessaires pour porter un jugement, à savoir si
vous achetez un bloc d'actions ou pas. Mais je le dis sans aucune espèce
de réserve dans le sens que je viens d'indiquer.
M. Fortier: M. le ministre, si nous deux, au nom du Parti
libéral, avions accès à une certaine information, je crois
que ça répondrait à une grande partie de l'information qui
est demandée.
M. Coulombe: En ce qui nous concerne, on n'a pas d'objection
à avoir des conversations pour faire ça. Mais je tiens à
souligner quand même que Donohue est une compagnie publique cotée
en Bourse et il y a certains types d'informations qui sont extrêmement
délicats à manipuler dans un contexte semblable; mais, si ce
n'est pas pour être rendu public, on n'a pas d'objection à avoir
une rencontre, il n'y a aucune problème.
M. Scowen: Je comprends et j'accepte qu'il y a plusieurs sujets
que nous pouvons discuter a huis clos qui sont peut-être
intéressants, mais ce n'est pas là ma question aujourd'hui, ma
question c'est de savoir jusqu'à quel point on peut attendre que la
population soit informée avant qu'on adopte une telle loi. Je ne veux
pas exagérer, je ne demande pas de choses gui sont confidentielles dans
le sens qu'elles doivent absolument être gardées confidentielles
pour des raisons de concurrence, etc.; je suis persuadé que ces raisons
sont souvent exagérées par tout le monde, mais, quand même,
il en existe, je n'en doute pas. Je pense quand même que ça doit
être possible d'aller plus loin que vous n'êtes allés
à la page 24, pour l'élaboration, pour le public en
général.
Vous m'avez déjà donné, par exemple, quelque chose
qui n'existe pas dans le document et qui est l'investissement par projets.
Alors, c'est quelque chose et j'ai une ou deux autres questions à poser,
questions qui, je pense, ne vous donneront aucun problème.
M. Duhaime: M. le député, si ça règle
votre problème, sur un accord de confidentialité entre membres de
l'Assemblée nationale, je suis prêt -je le dis tout de suite -
même en commission, à autoriser M. Coulombe à vous
rencontrer avec tout document qu'il jugera pertinent pour votre information;
ça ne me crée aucune espèce d'embarras.
M. Scowen: Je comprends, je l'apprécie, M. le ministre, et
je pense que c'est un élément important, mais je ne parle pas de
cette question en ce moment, je parle simplement de la possibilité
d'avoir un peu plus d'information qui sera publique. Vous m'avez
déjà donné quelques éléments et je pense que
je serais plus à l'aise en recommandant au caucus libéral de
voter pour le projet si j'avais un peu plus d'information sur le rendement
général prévu, l'ampleur de l'investissement dans chaque
projet. Je cherche une espèce d'assurance qui serait recherchée
par n'importe quelle personne qui voudrait prendre au sérieux ces
documents et un investissement qui est déjà assez important. (23
h 15)
Je passe vite à travers la question des investissements dans le
secteur de l'énergie et j'arrive à la pétrochimie. On a eu
une commission parlementaire à laquelle, si ma mémoire est bonne,
nous avons donné assez de chiffres pour nous persuader que
c'était solide. Il y a une question que je veux vous poser parce que je
n'ai pas eu le temps aujourd'hui de comparer ce qui est ici avec les documents
antérieurs. Est-ce qu'il y a quelque changement dans le programme du
projet de Varennes depuis la dernière fois qu'on s'est parlé?
Est-ce qu'on peut tenir pour acquis que pour les $535,000,000 d'investissements
prévus, les investissements d'équité, les dettes, il n'y a
aucun changement?
M. Coulombe: C'est rigoureusement le même "pattern". Je
tiens à souligner que ce qui avait été dit à la
commission parlementaire en novembre 1979 s'est réalisé
intégralement. Le "closing" a eu lieu le 1er octobre. Les
investissements ont été faits tel que prévu. On vient
d'avoir les premiers résultats financiers de Pétromont qui
indiquent la rentabilité prévue, c'est-à-dire
au-delà de 20% sur l'investissement. Les premiers résultats
financiers, on vient de les avoir voilà quelques jours. Les chiffres que
vous avez là représentent rigoureusement les chiffres qu'on a
présentés en novembre 1979.
M. Scowen: Je passe aux $40,000,000 qu'on appelle
stratégiques. Est-ce qu'il est possible aujourd'hui de nous donner une
espèce de partage de ces $40,000,000 par rapport aux trois secteurs
prioritaires?
M. Coulombe: Là-dessus, honnêtement, je ne peux pas
parce qu'on a, dans plusieurs de nos entreprises, plusieurs dossiers qui sont
actuellement à l'étude. On ne prévoit pas présenter
de dossier parce qu'il s'agit là d'un investissement avec lequel il va
falloir revenir au gouvernement car cela fait partie du discrétionnaire
de la loi. Il va falloir revenir avec un dossier au gouvernement. On ne
prévoit pas revenir avant quelques mois. On est actuellement à
l'étape des hypothèses de travail, mais on n'en a aucune qui soit
mûre pour permettre de décider avant quelques mois. Lorsqu'il y
aura une recommandation, parce que cela va être une recommandation
puisque le gouvernement s'est réservé le droit de le mettre dans
la partie discrétionnaire pour faire revenir au gouvernement
avec le projet complet... Au moment où je vous parle, je ne peux
pas donner les hypothèses de travail sur lesquelles on travaille.
M. Scowen: M. Coulombe, peut-être que vous pouvez nous
donner une indication de la façon par laquelle vous êtes
arrivé à $80,000,000, total, et $40,000,000
d'équité pour ce secteur.
M. Coulombe: Au point de vue de la séparation dans la
provenance des fonds, on a tenu pour acquis qu'il s'agissait d'un
investissement intégral de la SGF, c'est-à-dire qu'on ne ferait
pas cela avec un partenaire nécessairement quoique cela pourrait se
faire avec des partenaires. On n'a pas mis l'argent des partenaires
là-dedans. On a mis cela de côté. On a mis cela strictement
comme un investissement de la SGF. On a dit: À la SGF même on est
capable de générer une dizaine de millions qu'on va pouvoir
prendre. On va avoir $40,000,000 d'équité dans la partie
discrétionnaire de la loi et on va aller chercher $30,000,000 de dettes
à long terme. La structure globale des $80,000,000, on y est
arrivé de plusieurs façons. On y est arrivé d'une part
avec notre possibilité d'emprunter dans notre non consolidé.
Cette possibilité se situe malheureusement dans notre esprit à
pas beaucoup plus d'une trentaine de millions qu'on pourra emprunter dans les
institutions financières. On est un peu limité par nos sources de
revenus directs non consolidées de la SGF. De là une
première contrainte.
Comme on voulait d'un autre côté garder notre relation
dette équité 1-1, cela nous donnait une deuxième
contrainte pour l'équité. On savait combien on avait de fonds
générés. On est arrivé à cela par le biais
de la structure financière et par un autre biais aussi, soit la nature
d'un investissement pour assurer un des objectifs riu plan qui était une
stabilité financière à la SGF. C'est-à-dire un
retour sur un investissement qui assurerait une stabilité plus grande,
plutôt que le développement en dents de scie dont j'ai
parlé tantôt, ce qui nous donnait un ordre de grandeur en termes
d'investissements, soit divisé en plusieurs ou unique. Avec les deux
méthodes, la possibilité de financer et le retour sur
l'investissement, on est arrivé à peu près à
ça. Je ne vous dis pas qu'on est arrivé à 80, on aurait pu
arriver à 72 ou à 92, mais c'est l'ordre de grandeur du type
d'investissement nécessaire pour atteindre les objectifs.
M. Scowen: Parfait. Je continue. Dans le domaine de l'innovation,
c'est $16,000,000, est-ce que vous pouvez me dire comment c'est réparti,
à peu près, entre les trois éléments?
M. Coulombe: Capital de risque?
M. Scowen: Non, innovation. Il y a le capital de risque et il y a
recherche et développement.
M. Coulombe: Entre les trois, on prend l'hypothèse que
dans le capital de risque on pourrait susciter, dans les cinq prochaines
années, $40,000,000 d'investissements, ce qui nécessiterait une
mise de fonds dans l'équité de la SGF. Comme je l'ai dit
tantôt, c'est $12,000,000 d'équité pour la
société de capital de risque, mais pour la SGF c'est $3,000,000;
étant donné que nous sommes quatre partenaires, ça fait
$12,000,000.
M. Scowen: Et la recherche et le développement?
M. Coulombe: La recherche et le développement, de
l'équité même, c'est $9,000,000, au niveau de la SGF.
M. Scowen: Énergétique, c'est $4,000,000. M.
Coulombe: Nouveler, c'est $4,000,000.
M. Scowen: $4,000,000. Est-ce que je peux vous demander, le
gouvernement a proposé de réserver $72,000,000...
M. Coulombe: De discrétionnaire.
M. Scowen: ...de discrétionnaire et $25,000,000 plus ou
moins de statutaire, il y a des éléments là-dedans, les
dépenses en équité qui sont déjà
connues...
M. Coulombe: Les deux blocs discrétionnaires, un, c'est la
pétrochimie prévue vers 1983, c'est un bloc
discrétionnaire parce que le gouvernement a dit: On veut voir le dossier
à fond avant de rentrer dans la deuxième phase, donc, c'est un
premier bloc discrétionnaire qui monte à $35,000,000. Le reste,
c'est pour les investissements stratégiques. Tous les autres
investissements sont prévus dans le statutaire, la restructuration
financière, parce qu'on n'en a pas parlé tout à l'heure,
dans les investissements de croissance. Pour ces investissements, vous avez
$50,000,000 pour l'énergie, c'est fondamentalement la restructuration
financière au niveau de Marine, de Volcano, de Ceqelec et de Forano.
M. Scowen: Sur la base de vos explications, M. Coulombe, et votre
déclaration que, dans le domaine de la pétrochimie, ça n'a
pas changé depuis la dernière fois qu'on a regardé
ça, je serais rassuré, personnellement, si j'avais un peu plus
d'information sur les deux projets les plus importants dans le domaine des
pâtes et papiers, dont Amos et Sogefor. S'il y a quelque chose...
M. Coulombe: On peut se rencontrer n'importe quand pour en
discuter.
M. Scowen: Je veux...
M. Duhaime: Si vous permettez, pour enchaîner, parce que
vous avez touché à un point qui était le projet de loi
comme tel, pendant qu'on est dans la mécanique financière,
avez-vous remarqué le premier article du projet de loi? Le fonds social
est porté à $265,000,000, il est actuellement de $200,000,000,
mais il reste une balance au trésor de la compagnie qui fait qu'en
faisant l'addition mathématique des $25,000,000 statutaires
répartis sur trois ans en $5,000,000, $10,000,000, $10,000,000 et
ensuite des montants discrétionnaires, on se trouverait, sur les cinq
ans, à épuiser le trésor de la compagnie.
Le projet de loi est court, ça va de soi, il n'y a rien comme
d'être concis et au point 3, je
ne sais pas si vous allez vouloir l'aborder tantôt, une fois le
plan de développement, le plan de cinq ans approuvé par le
gouvernement, il y a un suivi qui est fait chaque année. La loi dira,
une fois approuvée: Approuvé chaque année par le
gouvernement, son plan de développement...
M. Fortier: C'est le plan annuel ou le plan de cinq ans qui est
mis à jour?
M. Duhaime: Non, c'est le plan... peut-être que M. Coulombe
peut l'expliquer, mais c'est le plan de cinq ans qui fait son suivi.
M. Fortier: Ce n'est pas un plan de cinq ans qui est
renouvelé de cinq ans en cinq ans.
M. Duhaime: Non, c'est un suivi.
M. Scowen: Merci. M. le ministre, si vous pouviez, d'ici à
la fin de semaine, nous donner ce qui est disponible sur ces deux-là, je
l'apprécierais beaucoup.
J'aimerais...
M. Coulombe: On peut faire ça dès demain matin.
M. Duhaime: Demain matin.
M. Coulombe: Demain matin, si vous êtes disponible.
M. Duhaime: À l'aube.
M. Scowen: J'apprécierais vos réponses à
deux ou trois questions concernant vos nouveaux critères, parce que je
sais qu'il y en a d'autres qui veulent parler plutôt que d'aller aux
critères au complet. Je pense que les explications sont assez claires,
sauf pour deux ou trois éléments et si je peux poser quelques
questions concernant la page 16.
Le Président (M. Lacoste): Un instant, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Pardon.
M. Goulet: Seulement une question au niveau des pâtes et
papiers avant de terminer.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, rapidement. Au sujet des projets d'expansion au
niveau des pâtes et papiers, il y a seulement Saint-Félicien et
Amos? Il n'y en a pas d'autres?
M. Coulombe: Modernisation à Clermont.
M. Goulet: Clermont. Les rumeurs voulant que la SGF se porte
acquéreur d'un bloc d'actions d'une papeterie, par exemple, où la
Caisse de dépôt aurait déjà une certaine
présence ne sont pas fondées.
M. Coulombe: On a entendu les mêmes rumeurs que vous.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Goulet: Ce n'est pas fondé. Non, non, un instant, M. le
Président!
Le Président (M. Lacoste): M. le député.
M, Goulet: Je ne peux pas avoir de précisions. Ce n'est
pas fondé. Vous dites que vous avez entendu les mêmes rumeurs. Ce
n'est pas fondé ou vous aimez mieux ne pas répondre?
M. Coulombe: Non, effectivement, au moment où on se parle,
il n'y a pas de fondement, en ce qui nous concerne, en termes de dossier,
à cette hypothèse. C'est une hypothèse. On ne dit pas
qu'elle est ridicule. On dit que c'est une hypothèse.
M. Goulet: II n'y a aucun dossier à l'étude
à la SGF?
M. Coulombe: À la SGF actuellement, il n'y a pas de
dossier actif à ce sujet.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Page 16.
M. Goulet: Je ne sais pas si la réponse serait la
même à huis clos.
M. Coulombe: Qu'il n'y a pas de dossier actif à la SGF? Ce
serait rigoureusement la même.
M. Goulet: Oui?
Une voix: Vas-y, sinon on va coucher ici!
M. Scowen: À la page 16, M. le Président, je pense
que je comprends la définition sauf la dernière ligne quand vous
parlez d'un niveau supérieur de 3% au coût des emprunts, au taux
d'intérêt.
M. Duhaime: Cela veut dire que si on emprunte à 15%, il
faut faire 18%.
M. Scowen: Oui, mais la moyenne des taux d'intérêt
de tous les emprunts que vous avez faits depuis qu'ils sont encore dans le
livre, le taux d'intérêt de la fin de l'année, à la
fin de chaque exercice, c'est quoi?
M. Coulombe: Oui, vas-y. Jacques Paquin est vice-président
principal de la SGF.
M. Scowen: Vice-président des critères. Des
voix: Ah! Ah!
M. Paquin (Jacques): Je fais quelques autres choses de temps en
temps, aussi mais, enfin, disons que c'est un aspect. Cet objectif de
rentabilité se réfère à un rendement qu'on doit
viser à obtenir sur un projet au-delà du taux d'emprunt qu'on va
devoir utiliser pour financer le projet. En fait, si on parle d'un grand projet
donné où on aurait à négocier un emprunt à
13%
qui serait le taux d'emprunt à long terme, on viserait à
obtenir un rendement global sur le total de l'investissement de 16%.
M. Scowen: Si je comprends bien, c'est non seulement un
critère que vous avez l'intention d'utiliser pour évaluer des
projets de vos entreprises, mais que nous pouvons utiliser pour évaluer
les performances de la SGF comme telle?
M. Coulombe: Exact. M. Paquin: Oui.
M. Scowen: Dans ce cas, sur quelle base pouvons-nous comparer le
coût des emprunts au taux d'intérêt? Doit-on utiliser le
taux moyen que vous payez ou le taux d'intérêt qui est en
vigueur?
M. Coulombe: Le taux moyen de l'intérêt des capitaux
qui ont été empruntés. L'an dernier, le taux moyen
était de 10,7%.
M. Scowen: Mais vous dites que vous pouvez avoir un taux
d'intérêt qui varie, une moyenne.
M. Coulombe: Oui, c'est cela. Pas la moyenne annuelle, c'est la
moyenne des emprunts déjà faits.
M. Fortier: C'est un calcul que vous pouvez faire
vous-même.
M. Duhaime: Vous pouvez le faire très bien...
M. Fortier: À partir des résultats...
M. Duhaime: ...aussi avec les états financiers de 1979,
par exemple. Vous l'avez à la page 16 sous la rubrique 7, "dette
à long terme". Il y aurait peut-être un travail "d'actualisation"
ou d'actuarisation à faire parce qu'il y a des emprunts qui courent sur
trois, cinq ou six ans, etc. C'est le taux d'intérêt moyen.
M. Fortier: II faudrait prendre le trois.
M. Duhaime: C'est cela, plus trois. Je voudrais attirer votre
attention là-dessus...
M. Coulombe: C'est la note 7 aux états financiers.
M. Duhaime: Pardon?
M. Coulombe: Vous avez tous les taux d'intérêt des
emprunts. (23 h 30)
M. Duhaime: C'est cela. À la page 16. C'est une
espèce d'exacta, si je comprends bien. Il y a quatre critères. Ce
n'est pas l'un ou l'autre des quatre. Ce sont les quatre ensemble.
M. Fortier: C'était juste pour clarifier. C'est
exactement...
M. Duhaime: Et je puis, sans hésitation... Peut-être
que M. Coulombe pourra vous donner une copie de l'arrêté en
conseil, parce que j'ai tenu à ce que soit dans l'arrêté en
conseil.
M. Scowen: Vous l'avez déjà donné. Je vous
remercie. On l'a déjà. Le premier paragraphe, la première
partie de ce critère est claire. C'est facile, parce que vous avez
utilisé pas mal exactement les définitions qui apparaissent sur
le ... Mais, quand je suis arrivé à ce dernier critère, le
coût des emprunts, ce n'était pas aussi clair que cela. Vous
comprenez?
Et c'est la même chose dans le b). Vous parlez du rendement net
après impôt, de l'avoir moyen des actionnaires. La question qui
n'est pas claire dans mon esprit, mais pour laquelle vous pouvez me donner les
chiffres du bilan de la page 9, pour expliquer l'affaire plus clairement, c'est
une société avec des actionnaires minoritaires. En effet, la
société comme telle ne paie pas des impôts sur ses propres
bénéfices, parce que c'est une société
d'État.
M. Duhaime: Pardon, on paie des impôts à la SGF.
Des voix: Les filiales paient de l'impôt. Toutes les
sociétés paient des impôts.
M. Scowen: Les filiales, je comprends, mais pas la SGF comme
telle.
Prenez la page 10. Pouvez-vous me donner les chiffres qui correspondent
au rendement net après impôt?
M. Paquin: II est calculé à la page 16, au tableau
en bas.
M. Coulombe: À la page 16 de votre document.
M. Paquin: À la page 16 de votre document. M. Scowen:
Le résultat est calculé.
M. Fortier: On veut savoir de quelle façon vous le
calculez. On ne vous "trust" pas.
M. Scowen: Je ne veux pas avoir le résultat. Je veux
savoir comment vous l'avez calculé. Dans le a), c'est clair, parce que
les définitions, comme je l'ai dit, correspondent aux définitions
des livres. Dans le rapport annuel, on peut suivre votre raisonnement
très facilement.
Mais dans le b), rendement net après impôt, ce n'est pas
clair. Il y a des bénéfices, il y a cinq bénéfices
différents. Moi, j'ai l'impression...
M. Coulombe: Lequel cherchez-vous, M. Scowen?
M. Scowen: Le b), le rendement net après impôt.
M. Coulombe: La croissance des bénéfices nets
après impôt?
M. Scowen: Le rendement net après impôt de l'avoir
moyen des actionnaires.
M. Coulombe: Le rendement net de l'avoir moyen des
actionnaires.
M. Fortier: La question, c'est: Comment le calcule-t-on?
M. Coulombe: Le rendement moyen, c'est l'avoir des actionnaires
au début de l'année et l'avoir des actionnaires à la fin
de l'année, divisé par deux. C'est l'avoir moyen de
l'actionnaire.
Dans les bilans, vous avez l'avoir des actionnaires au début de
l'année et vous l'avez à la fin de l'année. On divise par
deux et cela fait l'avoir moyen. Comme en 1980, par exemple, l'avoir moyen va
être d'environ 120...
M. Scowen: Et l'avoir moyen correspond... M. Paquin: Le
bénéfice prévu, c'est...
M. Scowen: Est-ce qu'on peut dire que l'avoir moyen est
exactement la même chose que le capital investi, qu'on voit sur la page
15?
M. Paquin: Non. C'est le capital investi plus le surplus.
M. Scowen: Oui, mais la définition que vous avez
donnée du capital investi, à la page 15, n'est pas loin de
cela.
M. Paquin: Non, ce n'est pas la même chose. On parle de
l'avoir des actionnaires. Le capital investi, ce n'est pas la même
chose.
M. Coulombe: Dans le capital investi, il faut que vous ajoutiez
la dette à long terme.
M. Scowen: Pour raccourcir l'affaire, pouvez-vous me donner une
page avec une explication plus élaborée du b), s'il vous
plaît, exactement comment vous avez fait le calcul du b)?
M. Paquin: Avec les détails des calculs, d'accord.
M. Scowen: Vous n'aurez pas de problème à le faire.
C'est pour nous aider, afin que ce soit utile pour l'avenir. Si vous pouvez
prendre les chiffres de 1979 que vous avez présentés à la
page 16 et préparer une page pour chacun, où vous justifiez les
calculs, ce serait très utile et cela peut me permettre de terminer mon
intervention, ce qui va plaire à tout le monde, j'en suis certain.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je vais poser mes questions l'une après
l'autre. La première concerne la recherche et le développement.
Vous avez parlé d'investissement au niveau de la SGF. J'ai cru
comprendre, par votre allocution au début, ou par les interventions
qu'on a faites par la suite, que, s'il y avait un besoin de R and D chez Marine
Industrie, probablement qu'il y aurait un département de R and D chez
Marine Industrie; l'investissement se ferait chez Marine, pas à la
SGF.
M. Coulombe: D'aucune espèce de façon directement
à la SGF; ce serait via les entreprises.
M. Fortier: Non? D'accord. Ce n'est pas au niveau du holding .
C'est au niveau des...
M. Coulombe: Non.
M. Fortier: La deuxième question que j'avais - il n'y a
pas de mouvement de caisse ici et je suis sûr que vous l'avez fait pour
arriver à ces calculs - dans quelle mesure - vous parlez de
participation aux profits - cette participation pourrait-elle être
considérable ou minime? J'imagine que, quand vous parlez de
participation aux profits, vous dites: Pour intéresser les... Je pense
que c'est en parlant des cadres, je crois?
M. Coulombe: Ah oui! D'accord.
M. Fortier: J'imagine que c'est minime. Est-ce que c'est minime
ou important? Si c'est important, dans quelle mesure cela pourrait-il affecter
les profits de la compagnie?
M. Coulombe: Actuellement, il y a une participation, dans la
plupart des entreprises, des cadres supérieurs au profit: le
système de boni. Cela existe dans la plupart des entreprises de la
SGF.
M. Fortier: Cela représente combien en pourcentage moyen,
les profits?
M. Coulombe: Rarement plus de 20%. M. Fortier: 20% des
profits?
M. Coulombe: Non, du salaire de l'individu. C'est-à-dire,
l'individu ne peut pas augmenter son salaire de plus de 20%, règle
générale, avec le boni.
M. Fortier: C'est seulement pour les cadres? M. Coulombe:
Oui et une partie des cadres.
M. Fortier: Alors, en pourcentage des profits, c'est minime,
j'imagine?
M. Coulombe: Oui.
M. Fortier: Une autre question que j'avais: Est-ce que vous allez
faire des investissements assez considérables dans les prochaines
années? Je notais, avec peu de satisfaction, le fait que SOQUEM a
engagé un bureau de génie-conseil américain. Je me
demandais si vous aviez un politique sur l'embauche des ressources humaines
dont vous avez besoin qui sont à l'extérieur de votre entreprise.
Un principe que, nous, du secteur privé, alors que j'étais
là, on évaluait... C'est-à-dire: Au moins, on va engager
des ingénieurs canadiens avant d'engager des ingénieurs
américains. Je me demandais si... Comme on le sait, de grands bureaux de
génie-conseil québécois ont des filiales dans tout le
reste du Canada, maintenant. Alors, ils sont les premiers, maintenant, à
ne pas mettre de barrières interprovinciales, parce que Lavalin et SNC
ont des filiales dans toutes les provinces du Canada. Je me posais la question
si vous aviez comme politique de donner la préférence à
des bureaux canadiens ou québécois, plutôt que de la donner
aux bureaux américains.
M. Coulombe: La réponse, c'est oui. Il y a eu quelques
exceptions, dont une, en particulier,
dans le dossier de la pétrochimie, où il a fallu aller
chercher ce que le milieu considérait comme un expert mondial dans ce
domaine-là. Il était à New York. Mais, dans 99% des autres
cas, c'est exactement la règle que vous venez de dire.
M. Fortier: Est-ce qu'il s'agissait d'un programme
considérable, à ce moment?
M. Coulombe: Pour cette exception-là? M. Fortier:
Oui.
M. Coulombe: Bien, il a été conseiller dans la
phase de négociations. Alors, on l'a engagé comme conseiller dans
la phase de négociations avec les autres partenaires, parce qu'on
n'avait...
M. Fortien Oui, mais je parle surtout en termes de
réalisation des projets, par la suite.
M. Coulombe: Non, c'était comme conseiller dans les
négociations.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: Je vais demander, M. le Président, si vous avez
comme projet d'offrir aux travailleurs de la SGF la participation aux profits,
comme vous le proposez pour les cadres?
M. Coulombe: Ce n'est pas dans le plan, au moment où on se
parle, mais c'est sûrement un projet auquel on veut travailler.
M. Martel: Vous trouvez que c'est un moyen d'améliorer la
productivité?
M. Coulombe: C'est-à-dire qu'on n'a pas d'idée
préconçue. Cela va dépendre comment les discussions vont
s'engager avec les milieux syndicaux, qui ne sont pas toujours enthousiastes
pour ce genre de chose. Mais on va engager des discussions certainement
là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Je reviens, M. le Président, à partir
de l'intervention que j'ai faite au début, vu que vous êtes sur la
ventilation des montants dont vous allez avoir à disposer. Vous m'avez
avoué tout à l'heure que dans votre genre de prospectus avec
lequel nous avons eu à travailler ce soir, sur le plan de
l'aménagement des usines quant à la question de la santé
et de la sécurité du travail, il n'y a pas de chapitre. Par
contre, vous admettez qu'avec la venue de la loi 17 cela va vous forcer un peu
la main à investir un certain montant d'argent.
J'aimerais d'abord savoir dans quel bloc vous allez prendre cet
argent-là?
M. Coulombe: Dans les investissements de croissance.
M. Lavigne: Dans les investissements de croissance. Vous n'avez,
au moment où on se parle, aucune idée ou aucun ordre de grandeur
des montants ce que cela pourrait représenter pour aménager les
ateliers dans lesquels les travailleurs vont avoir à travailler pour
répondre à la loi?
M. Coulombe: Dans le cadre des chiffres qu'on vous
présente dans le plan, non, je n'ai pas d'idée, parce que
beaucoup de ces investissements vont pouvoir être faits dans des sommes
ou des investissements qui ne sont même pas prévus dans le plan.
Cela va être le fonds de roulement de l'entreprise. Le plan ne
prévoit pas chacun des gestes des entreprises. En d'autres mots, pour
Marine Industrie, par exemple, la dizaine de millions d'investissement à
faire l'année prochaine, ce n'est pas dans le plan qu'on vous a
présenté. Elle prend cela à même les fonds
autogénérés. Le plan ne s'est pas voulu l'addition de
toutes les sommes que toutes les entreprises vont dépenser pendant cing
ans. Il aurait fallu à ce moment-là travailler à peu
près pendant cinq ans pour les trouver et il y a des sommes
là-dedans qui se dépensent au fur et à mesure des besoins,
il y a un fonds de roulement qui est prévu pour cela. Dans le
train-train quotidien, il y a beaucoup de ces dépenses qui vont
être faites dans l'allure normale des dépenses de la compagnie.
C'est pour cela qu'on n'est pas capable dans ce tableau de donner la
proportion. Il est évident que si les affaires de la compagnie vont mal
et gue le fonds de roulement baisse, etc., ces investissements vont être
utilisés en plus grande partie pour ce genre de dépenses qu'on
peut appeler courantes. On suppose qu'en deçà de ces
investissements, les compagnies ont leur propre rythme de dépenses, leur
propre rythme d'immobilisation et d'investissement annuel, de la nouvelle
machinerie, de nouveaux équipements pour la santé et la
sécurité, etc. Cela fait partie du train-train quotidien des
compagnies. C'est pour cette raison gue je ne suis pas capable de vous dire la
somme exacte. Il faudrait faire un relevé dans chacune des compagnies,
examiner chacun des plans d'immobilisation qu'elles nous présentent
à chaque année pour savoir quelle est la partie exacte. On
l'aurait pour un an. Je ne peux pas répondre à cette question
dans le cadre du plan actuel.
M- Lavigne: II y a une dernière question qui est assez
générale, mais qui me permettrait de tâter vos reins et
votre coeur, M. Coulombe, comme administrateur, d'une certaine façon.
Sur le plan humain, on en a traité tout à l'heure, est-ce que
vous admettez que, sur le plan de la rentabilité de l'usine, c'est un
investissement profitable d'investir dans la santé et la
sécurité ou d'investir dans le mieux-être du travailleur?
Est-ce que vous allez, sans en faire une priorité, je ne sais pas si
vraiment vous avez un intérêt particulier, peut-être que
vous en ferez une priorité... J'aimerais vous entendre dire si vous
êtes convaincu que le fait d'investir dans ce domaine fait partie des
investissements qui profitent autant sur le plan humain aux travailleurs que
sur le plan de la rentabilité à l'usine.
M. Coulombe: Sans aucune espèce d'équivoque et
d'arrière-pensée, la réponse est oui.
M. Lavigne: Pourquoi, à ce moment-là, M. Coulombe,
ne retrouve-t-on pas un chapitre dans votre programme?
M. Coulombe: Je viens de l'expliquer. C'est que beaucoup de ces
investissements ne peuvent être regroupés sous l'appellation, par
exemple, de tel grand projet, ainsi de suite. C'est une série de
dépenses qui sont faites par les compagnies dans leur programme annuel
d'immobilisation sous le couvert d'une tête de chapitre qui est interne
à la compagnie. C'est extrêmement difficile pour nous et c'est de
peu d'intérêt en ce qui concerne le holding, non pas le
problème soulevé, mais d'aller chercher toutes ces sommes. On
pourrait le faire si on voulait dire, pour l'ensemble des compagnies, combien
il s'est dépensé de millions sur ce sujet. On pourrait le sortir,
mais, dans le cadre du plan, on tient pour acquis que le management des
entreprises est parfaitement conscient de cela; dans la majorité des cas
il l'est aussi. Les sommes nécessaires pour régler ce
problème sont prises à même les fonds
autogénérés de la compagnie et elles sont mises
annuellement à la disposition de cela. Ce que je regrette, ce n'est pas
qu'il n'y ait pas de chapitre présentant ces chiffres, parce que je
pense que cela serait de peu d'intérêt, sinon informatif. Quand je
disais tantôt que je regrettais qu'on n'ait pas de chapitre,
c'était strictement sous l'angle du principe ou de la
problématique ou d'avoir des idées nouvelles là-dessus.
Quand aux chiffres eux-mêmes, c'est à l'intérieur de
chacune des compagnies, de chacun des sous-budgets des divisions qu'on va
trouver les sommes exactes permettant de dire que la ventilation va être
améliorée pour $92,000 dans tel atelier et pour $42,000 dans
telle place. Il faudrait regarder tous les budgets de fonctionnement de chacune
des entreprises dans leurs moindres détails, ce qui n'est pas le
rôle du plan.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Une dernière question. Vous entrevoyez
l'heureuse possibilité qu'en 1985 vous payiez des dividendes aux
actionnaires...
M. Coulombe: C'est notre objectif.
M. Fortier: ...et je me demandais... Vous avez fait des
hypothèses pour développer votre plan, des hypothèses de
croissance comme vous avez de plus en plus d'associés dans certains
secteurs, comme la pétrochimie, est-ce que ces hypothèses ont
été acceptées par vos associés et est-ce que la
politique de dividendes que vous aimeriez voir se réaliser vous permet
vous-même de déclarer des dividendes, parce que vous dites dans
votre texte que même si vous faites de gros profits, ce sont des profits
sur papier et vous ne pouvez pas y toucher. D'ailleurs, ils sont
réinvestis au niveau de chacune des compagnies. (23 h 45)
Le plus important, surtout lorsque vous détenez seulement le
tiers d'une compagnie, est de s'assurer que la politique de dividendes sera
celle que vous auriez aimé voir pour vous permettre d'avoir
vous-même le mouvement de caisse qu'il vous faut.
M. Coulombe: S'il y a un sujet sur lequel on ne risque pas
d'avoir de chicane avec nos partenaires, c'est sur une politique de dividendes
des compagnies aux actionnaires. En tant qu'actionnaires nous-mêmes,
lorsque les dividendes sont rendus à la SGF, notre intention est
qu'à la fin de la période du plan, toutes choses étant
égales, on ait une politique de dividendes à l'actionnaire de la
SGF. Mais sur le problème de s'entendre sur une politique de dividendes
avec nos partenaires dans des compagnies spécifiques l'histoire prouve
qu'il n'y a jamais eu de problème là-dessus.
M. Fortier: Peut-être qu'il y en a qui pourraient avoir une
politique de croissance à tout prix; à ce moment-là, ils
veulent réinvestir, c'est pour cela que je pose la question.
M. Coulombe: Mais il n'y a pas eu de problème historique
de compagnies qui nous ont payé des dividendes. Ce n'est pas une maladie
très répandue dans nos entreprises, à l'heure
actuelle.
M. Fortier: Non, on verra le problème en 1985.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: En terminant, deux choses: un avertissement et une
suggestion. L'avertissement est sur la question des dividendes; c'est
dangereux. Vous avez vu de quelle façon la Société des
alcools du Québec est devenue prisonnière du ministre des
Finances, parce que c'est payant et qu'elle verse des dividendes.
M. Duhaime: Vous m'adressez la question, j'imagine, n'est-ce pas
?
M. Scowen: Prenez garde!
M. Coulombe: À côté des dividendes que la
Société des alcools peut verser au gouvernement, je pense qu'on
risque de passer inaperçu vis-à-vis du ministre.
M. Scowen: Je ne suis pas certain, vous pouvez développer
d'autres critères très rapidement.
M. Duhaime: Je pourrais vous rassurer, M. le
député, lorsque vous parlez de la SAQ dont j'ai la
responsabilité.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Duhaime: On ne parle pas essentiellement de la marge fiscale
à la SAQ à l'heure actuelle, on parle de la marge commerciale.
Nous travaillons sur un plan de développement, je l'ai en main et,
d'ailleurs, à peu près tous l'ont en main.
M. Scowen: On a des questions à poser.
M. Duhaime: J'espère bien qu'au début de
l'année 1981 on sera en mesure de proposer au gouvernement l'adoption
d'un plan de développement pour la SAQ, qui sera le premier
plan de développement de la SAQ depuis qu'il se prend du gin au
Québec. Je puis vous assurer que notre approche est non pas de nous
asseoir sur la marge fiscale, mais de dégager une marge
bénéficiaire. Alors, l'avertissement, je le prendrais de ce
côté-ci.
M. Scowen: Vous êtes très forts dans les plans, vous
autres. En terminant, est-ce que je peux faire une suggestion très
sérieuse?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est dans la suite du développement non
seulement des critères, mais aussi de l'information que vous avez
honnêtement essayé de donner à l'Assemblée nationale
et au public. Avec ces critères qui sont maintenant publics, à
moins que je ne me trompe, et avec le rapport annuel qui est, bien sûr,
public, il est possible, sans trop de difficultés, de préparer un
bilan pro forma pour la fin de l'exercice de chacune des cinq années
à venir.
Je présume que vous n'avez pas l'intention de réaliser
tous ces critères à la fin de la première année;
j'ai par contre l'impression que vous avez pris l'engagement, ce soir, de
réaliser l'ensemble de ces critères d'ici a 1985. Ce que je vous
propose - et je suis certain que cela ne touche pas de secret, de choses
confidentielles -c'est de prendre ces chiffres, M. le vice-président des
finances, des critères, etc. et de nous donner - ce serait très
utile pour moi et pour tout le monde si on pouvait l'avoir avant la fin de la
semaine - un bilan pro forma pour la fin des exercices de 1981, 1982, 1983 et
1985 en utilisant seulement des critères qui peuvent démontrer,
de façon beaucoup plus claire, comment vous prévoyez, d'une
façon précise, le développement financier de cette
compagnie.
Je suis persuadé que c'est une espèce d'information gui se
rapproche de mon exemple d'un prospectus d'une compagnie privée qui
chercherait l'équité pour le public; vous le retrouvez dans une
telle espèce de prospectus très souvent. Maintenant que cette
information est publique, je pense que cela pourrait être
intéressant pour tout le monde.
M. Coulombe: Dépendant de l'évolution de ces quatre
critères dans le temps.
M. Scowen: Plus précisément, vous commencez avec le
bilan de 1979 ou de 1980 -parce que vous l'aurez bientôt - vous appliquez
ces critères et vous développez votre bilan avec les mêmes
types pendant cinq ans. Ce ne sera pas difficile; ça va prendre du
temps, mais vous pouvez le faire. Il faut développer certaines
hypothèses, mais avec les quatre qui sont appliquées, c'est
possible.
M. Duhaime: M. le Président, peut-être que M.
Coulombe pourra compléter ma réponse, mais ce que vous nous
proposez là, c'est un peu comme la peinture à l'huile. Un pro
forma sur cinq ans, on pourrait en monter un tous les deux ce soir, mais avec
tous les "si", les "considérant que" et "attendu que". Il y a tellement
d'hypothèses, finalement, en fonction des critères de performance
qu'on exige sur la période que n'importe quel pro forma sur cinq ans va
être bon.
M. Scowen: J'aimerais simplement que M. Coulombe accepte de le
discuter avec ses cadres ou qu'il nous donne quelques raisons raisonnables
expliquant pourquoi ce n'est pas possible; c'est tout.
M. Fortier: Comme aurait dit Louis XVI, on en discutera à
tête reposée.
M. Duhaime: Avant de terminer, M. le Président, s'il n'y a
pas d'autres questions, pour le bénéfice de ceux qui vont nous
relire, on a beaucoup parlé de ventilation; j'espérais qu'on
installe la ventilation ici. On a parlé de productivité, de
meilleur rendement, etc. Je tiens pour acquis, M. le Président, que vous
ferez le message. Je voudrais remercier M. Coulombe et toute son équipe
de s'être prêtés à cette gymnastique parlementaire
qui a été, je l'espère, fort utile pour tous les membres
de la commission. Je voudrais remercier mes collègues et nos amis d'en
face, comme on dit; je pense qu'on a eu une soirée productive. Je
voudrais vous remercier, M. le Président, et vous rappeler tout
simplement que, normalement, ce projet de loi serait appelé sur une
motion de deuxième lecture lundi après-midi. Je dis tout de suite
à mes collègues: Vous pourrez évaluer vous-mêmes si
vous croyez que c'est utile que nous revenions en commission parlementaire pour
faire l'étude article par article, après l'adoption du projet de
loi en deuxième lecture. Moi, ça me va. Pour autant que je suis
concerné, je me sens à peu près dans la position suivante:
c'est comme si j'avais couvert le sujet. Donc, si ce n'est pas
nécessaire de revenir en commission parlementaire, je pourrai m'en
informer lundi et je pourrai informer mon collègue de Saint-Jacques et
leader du gouvernement; ça lui permettrait de réarranger les
travaux de la Chambre pour faire siéger une autre commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Quant à moi, je ne le prévois pas, mais
quand même il faut gue vous réalisiez gue nous n'avons reçu
le document que ce matin. On a maintenant quelques informations additionnelles;
on va se mettre au travail. Nous attendons les documents que vous nous avez
promis ce soir et je peux vous dire qu'on va faire tout notre possible pour
éviter que...
M. Duhaime: Vous me le direz lundi, ça va aller, il n'y a
pas de problème.
M. Scowen: En ce qui concerne vos remerciements au personnel de
la SGF, on est prêt à vous donner un vote unanime.
M. Duhaime: On les compte quand on a des votes unanimes!
Le Président (M. Lacoste): À ce moment, je
demanderai au rapporteur de la commission, le député de
Beauharnois, de faire rapport à l'Assemblée nationale.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 54)