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(Onze heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'industrie, du commerce et du tourisme se
réunit pour étudier les crédits du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour l'année 1981-1982.
Les membres de la commission sont: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Biron (Lotbinière), M. Dean
(Prévost), M. Marquis (Matapédia) remplace M. de Belleval
(Charlesbourg), M. Fortier (Outremont), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Maciocia (Viger), M. Paré (Shefford), M. Payne
(Vachon), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: M. Beaumier (Nicolet), M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Champagne (Mille-Îles), M. Dubois
(Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Grégoire (Frontenac), M.
Rocheleau (Hull), M. Rodrigue (Vimont), M. Vaillancourt (Orford).
Est-ce qu'il y a un rapporteur? M. Payne.
M. le ministre, pour les remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Rodrigue
Biron
M. Biron: M. le Président, je voudrais d'abord dire
combien je suis heureux aujourd'hui de procéder à l'étude
des crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme. Avant de faire quelques remarques sur l'orientation que nous
entendons donner au ministère au cours des prochains mois, des
prochaines années, je voudrais saluer d'une façon toute
particulière mes collègues, les représentants des gens du
Québec qui siègent d'abord à ma droite, les
députés du Parti québécois. Je les remercie de leur
collaboration, je les remercie d'avoir travaillé avec moi au cours des
dernières semaines afin de présenter, de la façon la plus
claire possible, les crédits de notre ministère.
Je salue aussi d'une façon particulière les
députés de la loyale Opposition de Sa Majesté, en
particulier le député de Vaudreuil-Soulanges. Je crois
qu'ensemble, nous allons essayer de donner le maximum de nos énergies,
de nos connaissances à bien servir la collectivité
québécoise. C'est une invitation que je fais à
l'Opposition afin qu'au cours des prochains mois, nous puissions discuter de
beaucoup de choses, au point de vue du développement économique,
commercial et touristique afin que les gens du Québec profitent au
maximum de la présence ou du passage à l'Assemblée
nationale du Québec de gens tels que mes collègues de
l'Opposition officielle ou du gouvernement.
Je salue aussi d'une façon particulière, et je veux les
remercier, les gens du ministère, en particulier le sous-ministre en
titre, M. Claude Descôteaux, qui m'accompagne aujourd'hui, et les
sous-ministres adjoints, MM. Maurice Turgeon, Christian Latortue, de même
que le sous-ministre associé, M. Michel Audet, et tous ceux et celles
qui, à l'intérieur du ministère, ont depuis tant
d'années donné le meilleur de leurs énergies à
servir le monde économique, bien sûr, mais aussi le monde
ordinaire du Québec en participant par leurs connaissances, leurs
capacités, et leur dynamisme au développement des industries et
des commerces du Québec.
M. le Président, nous vivons une ère de compression
budgétaire. Tous les ministères sont appelés à
participer eux aussi à ces compressions budgétaires, et
même le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
donc, à innover dans leur façon d'administrer les actions qu'ils
entreprennent de développement économique, d'aide aux
entreprises. Nous devons donc, avec les montants mis à notre
disposition, trouver des méthodes nouvelles de gestion de nos ressources
matérielles, bien sûr, mais surtout de gestion de nos ressources
humaines.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce voit ses
crédits cette année passer de 151 000 000 $ à 178 000 000
$, c'est-à-dire une augmentation de 18%, donc mieux que la moyenne
générale des autres ministères du gouvernement du
Québec, parce que la volonté de ce gouvernement, c'est de
promouvoir le développement économique partout sur le territoire
québécois. La volonté du gouvernement, c'est d'aider les
entreprises, les PME d'une façon tout à fait particulière
à mieux se gérer, à mieux investir et à chercher
aussi dans le
commerce extérieur les ventes nécessaires à leur
progression et à leur dynamisme. L'essentiel de l'augmentation des
crédits du ministère est réservé au
développement de l'industrie ou directement par le ministère, ou
indirectement par la Société de développement industriel
du Québec. Parmi le personnel que nous avons à notre disposition,
tout près de la moitié de ce personnel sont des professionnels,
donc des gens spécialisés dans l'économie qui à la
fois étudient ce qui se passe ou ce qui se passera au cours des
prochaines années pour informer nos chefs d'entreprises ou les
professionnels qui sont dans le champ, qui rencontrent des chefs d'entreprises,
pour leur faire part des suqqestions du gouvernement du Québec afin
d'aider ces chefs d'entreprises à mieux gérer leurs entreprises.
La plupart des programmes, des activités du ministère sont la
continuation des innovations des années passées, comme les PME
innovatrices, la modernisation des industries du textile, de la bonneterie, du
vêtement, l'innovation dans le meuble, l'innovation dans la chaussure,
Apex. Nous continuons aussi les programmes d'aide à l'aménagement
des infrastructures industrielles - Haut-Commissariat industriel -aux
associations touristiques régionales.
De ce côté-là, ni les associations touristiques
régionales ni les commissaires industriels n'ont vu leur budget diminuer
de quoi que ce soit. Au contraire, nous continuons d'essayer de maximiser notre
aide, parce que nous croyons que c'est par les régions du Québec,
en impliquant le plus de gens possible au niveau régional, que nous
réussirons à bien faire notre devoir de gestionnaires du
Québec. Mais nous ferons notre devoir de gestionnaires du Québec
si nous inventons des moyens nouveaux, des moyens d'action, des orientations
tout en étant fidèles aux orientations générales
données au Québec au cours des dernières années,
orientations générales qui ont répondu aux besoins du
Québec, puisque, le 13 avril dernier, les citoyens ont fait confiance
à ce gouvernement qui avait voulu donner au Québec une direction
à partir d'un document très bien fouillé qui s'appelait
"Bâtir le Québec". On trouvera, à travers les actions du
ministère, au cours de la prochaine année une mise en application
des pricipales orientations ou des principaux moyens d'action
préconisés dans "Bâtir le Québec", que ce soit en
faveur d'une coordination encore plus grande de l'action des agents
économiques, que ce soit un appui au secteur privé comme agent
économique de premier plan. C'est intéressant de noter qu'il y a
plus de deux ans, le gouvernement du Québec a voulu affirmer sa
volonté et sa foi en disant que c'est d'abord sur le secteur
privé et sur le dynamisme de ses agents que repose la
responsabilité d'assurer un développement suffisant et soutenu.
On retrouve ces paroles dans "Bâtir le Québec".
Nous continuerons aussi de participer activement avec nos
sociétés d'État au développement économique
du Québec. Les sociétés d'État ont comme mission
d'agir là où le secteur privé n'a pu agir jusqu'à
maintenant ou n'a pu agir avec succès vis-à-vis du
développement économique. Nous continuerons de voir d'une
façon précise à l'amélioration de la gestion de nos
entreprises, à l'amélioration de la mise en marché de nos
produits, à favoriser la croissance des capacités innovatrices de
nos entreprises et à susciter l'émergence de grandes entreprises
technologiques au Québec. Nous favoriserons d'une façon
particulière au cours de l'année, et nous essaierons avec une
plus grande efficacité de les introduire, des méthodes nouvelles
de financement des PME québécoises, méthodes qui
malheureusement n'existent pas encore aujourd'hui. Nous verrons aussi à
continuer cette relance du tourisme qui s'est concrétisée au
cours des dernières années et qui est une volonté du
gouvernement du Québec exprimée dans le volume "Bâtir le
Québec".
M. le Président, à travers ces orientations et ces actions
- j'ai dit tout à l'heure qu'il fallait innover, inventer - nous voulons
aussi de temps à autre sortir des sentiers battus et trouver des
façons nouvelles d'employer les crédits alloués par le
gouvernement du Québec au ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme. À travers nos moyens d'action, nos priorités pour
sortir des sentiers battus, il y a d'abord le commerce extérieur, il y a
l'amélioration de la gestion, l'utilisation plus grande du cerveau des
Québécois, le financement de nos entreprises à même
des capitaux de risque, entreprises, il va sans dire, qui sont nos PME
québécoises. (11 h 45)
Commerce extérieur. Il est intéressant de noter que 40% de
notre production est vendue à l'extérieur du Québec. C'est
beaucoup. Mais ce n'est pas encore assez, considérant le potentiel
énorme et extraordinaire des richesses naturelles et de la population
québécoise. Nous avons malheureusement 10% de chômage et
nous devons ouvrir davantage le Québec vers l'étranger. Nous
devons être fiers de nos produits, être conscients de la
capacité des travailleurs et des travailleuses du Québec de
fabriquer des produits de qualité, avec des prix compétitifs et
de faire de la mise en marché extérieure, du marketing
extérieur, du commerce extérieur, d'une façon comparable
à celle de pays comme l'Allemagne, le Japon, Israël, la
Tchécoslovaquie, car nous avons confiance dans la capacité des
hommes et des femmes du Québec de faire du commerce.
Dans ce sens-là, nous voulons revoir les actions du gouvernement
du Québec en tant
qu'aide à apporter aux entreprises québécoises.
Notre philosophie, notre orientation, c'est d'aider ces entreprises à
trouver de nouveaux marchés, d'aider à chercher de nouveaux
produits. Ce n'est pas nécessairement de les subventionner constamment
pendant plusieurs années.
La collectivité québécoise a la
responsabilité de prendre des risques là où les
entreprises privées ne peuvent le faire, mais une fois que les
marchés sont trouvés, nous ne croyons pas avoir les moyens
financiers nécessaires pour financer ou donner des subventions d'une
façon continue aux entreprises qui, déjà, ont
trouvé un marché grâce à l'aide du gouvernement du
Québec.
Dans ce sens-là, nous ferons de la recherche de nouveaux
marchés, nous aiderons, par tous les moyens possibles, la formation de
consortiums de vente à l'étranger, nous participerons à
toutes les expositions et à tous les événements possibles
à l'extérieur et nous susciterons chez nous, parmi nos dirigeants
de PME, un nombre accru de commerçants, d'industriels qui ne craindront
pas de chercher à l'extérieur du Québec des marchés
intéressants pour la production de produits québécois.
Nous nous baserons aussi sur des produits qui comprennent une grande
partie de richesses naturelles en particulier de l'électricité,
de l'amiante, du bois; ces choses peuvent être transformées au
Québec et vendues à l'extérieur. Donc, première
priorité pour l'année en cours, le commerce extérieur.
Deuxième, la qualité de la gestion. Là aussi,
compte tenu des sommes à notre disposition, même si elles sont
augmentées sur les années passées, nous voulons faire un
effort plus grand du côté de la subvention à la
matière grise, au cerveau. Au lieu de subventionner des entreprises pour
qu'elles achètent des matériaux, de l'équipement, nous
allons comme nous faisions autrefois avec la SDI, mettre certaines conditions
par exemple l'assurance de 75% de compagnies québécoises ou ainsi
de suite. Nous mettrons aussi des conditions afin que les cerveaux du
Québec, au point de vue économie, au point de vue génie,
puissent s'intégrer au niveau de nos PME et puissent participer à
court terme, à moyen terme, et à long terme au
développement des PME québécoises. Deuxième
priorité donc, qualité de la gestion, innovation et aide au
cerveau québécois afin qu'il participe davantage au
développement économique.
Troisième priorité, M. le Président, c'est le
financement des entreprises québécoises avec des capitaux de
risque; cela fait d'ailleurs partie d'un engagement électoral du parti
Québécois pris au cours de la dernière campagne
électorale. Faire en sorte que la bourse devienne accessible à
beaucoup plus d'entreprises québécoises à certaines
conditions avec des garanties de succès de ces entreprises, et la plus
grande garantie de succès de ces entreprises, c'est la participation de
ses travailleurs. Je crois qu'autrefois, il y avait beaucoup de "cheap labor"
au Québec, on pouvait engager des gens à très bas taux
horaire ou hebdomadaire. Aujourd'hui, il n'y en a plus de "cheap labor", puis
il n'y en aura plus jamais au Québec. Il faut faire appel davantage
donc, non pas seulement aux muscles des travailleurs, mais à leur
participation, à leurs idées, à leur intelligence. Le
gouvernement du Québec, le ministère de l'Industrie et du
Commerce au cours de la prochaine année entend faire une de ses
priorités, la participation des travailleurs et des citoyens au
financement de leurs entreprises sur une base régionale d'abord. Le
gouvernement entend surtout trouver les moyens nécessaires afin que la
Bourse devienne plus disponible et vienne beaucoup plus près des PME
québécoises. Là-dessus, je rejoins des gens aussi
compétents que Robert Gendron qui est un consultant en administration ou
Robert Demers qui est l'ancien président de la Bourse de
Montréal. Tous deux, tout dernièrement, dans la revue Les
Affaires, disaient qu'il fallait que la Bourse se rapproche davantage des PME
ou les PME de la Bourse. Il faut que les PME obtiennent, pour porter fruits,
que leurs titres soient inscrits à une Bourse, ce qui, aujourd'hui, ne
leur est guère accessible. Nous entendons axer notre action dans le sens
du financement des PME afin de trouver les moyens nécessaires pour que
les entreprises québécoises PME puissent être inscrites
à une Bourse spéciale pour elles.
M. le Président, donc, nos trois priotités d'action au
cours de la présente année: commerce extérieur,
qualité de la gestion, participation des travailleurs et des citoyens
à un financement public pour les PME québécoises. Mais,
toujours, ces actions seront dans l'orientation donnée au Québec
depuis tellement d'années par tous ceux et toutes celles qui ont
passé ici, à cette Assemblée nationale, en particulier,
par un ancien premier ministre du Québec qui, dans ses actions en faveur
du Québec, disait comme slogan: Québec d'abord. Toutes les
actions du ministère de l'Industrie et du Commerce seront d'abord pour
servir la collectivité québécoise. Toutes les actions du
ministère seront d'abord pour promouvoir le développement
économique, non pas pour le simple plaisir du développement
économique, mais toujours dans le meilleur intérêt des
hommes et des femmes du Québec.
Avant de terminer, M. le Président, je dois dire que ma vision
des responsabilités d'une entreprise c'est, bien sûr, chaque
année faire un bilan économique, mais c'est aussi
souverainement important, dans les années quatre-vingt et au
début du XXIe siècle dans quelques années, de se
préoccuper d'actions sociales. Le bilan social d'une entreprise
deviendra aussi important que son bilan économique. C'est là
qu'on fera davantage augmenter la productivité, la profitabilité,
la responsabilité des travailleurs et des travailleuses du
Québec, en ayant confiance dans leur capacité, dans leur
qualité, en ayant confiance dans l'avenir.
Il faut aussi que les entreprises québécoises, peu importe
leur taille, réalisent que le nationalisme québécois est
rentable économiquement. Il faut que les entreprises soient conscientes
que la fierté québécoise rapporte des dividendes
économiques. Là-dessus, je rejoins tout simplement le discours
inaugural prononcé par le premier ministre il y a à peine
quelques semaines; M. Lévesque disait: "Au Québec, nous nous
devons de relever le défi de l'excellence. Ce sont d'abord les
performances économiques qui seront déterminantes au cours de
cette décennie ou qui seront le succès ou l'échec de
toutes les sociétés." Un peu plus loin, il disait:
"Désormais, l'avenir est à ceux qui travaillent avec le plus
d'ardeur et d'imagination, à ceux qui produisent avec le plus
d'efficience en employant toutes les ressources sans les gaspiller, à
ceux qui connaissent bien les marchés et s'arrangent pour y occuper
toute leur place. Le développement économique est avant tout
l'affaire des entreprises et des hommes et des femmes qui y travaillent."
C'est dans ce sens, M. le Président, le développement
économique qui est l'affaire des entreprises, des hommes et des femmes
qui y travaillent, que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme interviendra. Si nous réussissons à relever le
défi de l'excellence, M. le Président, le Québec pourra,
sans crainte, marcher vers la plénitude de sa souveraineté.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
J'aimerais simplement, dans ma réplique ou dans l'exercice de mon droit
de parole à ce moment-ci, faire ressortir la façon dont nous
entrevoyons notre participation à l'action du ministère. On peut
se rejoindre très facilement sur un tas de voeux qui ont
été exprimés par le ministre, mais chose certaine, pour
faire oeuvre constructive, il faudra creuser, lors de l'examen en détail
des crédits, la traduction dans l'action des objectifs qui ont
été énoncés.
Tout d'abord, on reconnaît aussi que nous sommes en face de
circonstances où c'est la gestion de ressources limitées qui doit
être extrêmement préoccupante et que toute l'action doit
porter sur l'efficacité, dans le fond, des outils que des moyens
limités mettent à la disposition du gouvernement dans ses
interventions. Une fois qu'on reconnaît ça, cela appelle
automatiquement la définition des priorités extrêmement
spécifiques dans l'action. Je veux bien qu'il faille maintenant, dans
ces circonstances économiques plus difficiles que nous vivons, accepter
qu'il nous faut innover, imaginer, faire preuve d'originalité, mais
qu'est-ce que ça veut dire dans l'action des différents
programmes qu'on voit apparaître aux crédits, qu'est-ce que
ça veut dire dans l'action, qu'est-ce que le ministre entrevoit
lui-même comme sa participation au développement économique
du Québec?
D'une part, dans le cas particulier du ministre qui arrive à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental, suite à une
expérience de gestionnaire dans le secteur privé, qu'entend-il,
là où il peut agir, à mon sens le plus directement,
c'est-à-dire sur l'administration même du ministère?
Comment traduira-t-il dans son action de tous les jours la gestion même
du ministère? Je ne parle pas de l'administration des programmes qui
sont confiés, je ne parle pas de l'aide aux entreprises, de la
définition des objectifs des sociétés d'État. Je
parle simplement de la gestion des ressources qui sont celles que
représentent finalement les collaborateurs du ministre à travers
tout l'organisme du ministère. Par ailleurs, c'est en débordant
ce premier problème que j'ai demandé au ministre d'approfondir un
peu le problème avec nous tout à l'heure.
Au niveau des priorités de développement, encore une fois,
on parle de certains éléments, on parle de commerce
extérieur. Il n'y a aucun doute que l'avenir d'une
société, l'avenir de n'importe quelle unité de production
sur un territoire donné, l'ensemble des unités de production, je
devrais plutôt dire, réside dans sa capacité de produire
des biens de qualité qui seront en demande ailleurs, de telle sorte
qu'au point de vue pratique, financier, les devises viendront d'ailleurs, les
gens achèteront chez nous, ils achèteront de partout, les gens de
partout achèteront chez nous.
Qu'est-ce que cela signifie dans le concret? D'une part, nous nous
pencherons, j'en donne avis tout de suite au ministre, sur les performances,
l'activité, l'efficacité des services d'aide à
l'exportation qu'on retrouve un peu partout dans la structure du
ministère, dans différents organismes. D'autre part, quels sont
véritablement les axes de développement du commerce
extérieur, que ce soit sectoriel, que ce soit géographique, par
produit, que le ministère entrevoit pour l'année à
venir?
Le ministre a également allégué que c'est la
qualité de gestion, encore une fois j'en suis, qui doit
préoccuper évidemment toute l'action du ministère. Nous
sommes restés un peu sur notre appétit, mais j'espère que
cela ne durera pas longtemps, sur la façon dont, encore une fois,
concrètement et dans l'action, nos entreprises
québécoises, qu'elles soient petites, moyennes ou grandes,
verront la qualité de leur gestion améliorée par
l'influence de l'activité même du ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme. (12 heures)
Troisièmement, quant à la priorité de financement
des PME que le ministre a fait valoir, c'est là le problème
peut-être le plus immédiat à certains égards dans
certaines régions, mais on voit mal comment cela se traduira dans
l'action. Quels sont les véritables éléments sur lesquels
le ministère a un contrôle qui permet de prétendre que
c'est à travers le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme que le financement qui serait disponible dans l'avenir à nos
petites et moyennes entreprises surtout serait rendu plus facile?
Ceci dit, il faut ajouter à ces préoccupations du
ministère, telles qu'elles rejoignent à certains égards
les affirmations qui étaient contenues dans le document Bâtir le
Québec, que, dans l'esprit de ce gouvernement, les
sociétés d'État ont un rôle extrêmement
important à jouer à la suite d'une prise de position ou d'un
préjugé favorable et idéologique, finalement autant par le
mécanisme de la recherche de secteurs témoins dans lesquels
l'État devrait s'impliquer que par l'approche collectiviste, si on veut,
qui sous-tend un tas d'actions du gouvernement actuel. On pourrait conclure que
les sociétés d'État auront un rôle grandissant
à jouer. Je veux bien en accepter l'idée et je souscris
entièrement, quant à moi, à la thèse que notre
développement économique devra s'asseoir d'abord et avant tout,
comme le disait le document du ministre d'État au Développement
économique à l'époque, sur la somme des initiatives du
secteur privé, mais je comprends mal comment cela peut être, dans
l'action unifiée d'un ministère, compatible avec le
développement toujours plus grand des sociétés
d'État. Nous y reviendrons.
En terminant, je demanderais au ministre de voir s'il conçoit
l'action du ministère comme celle d'un prospecteur peut-être pour
l'économie québécoise. Il a évoqué, par
exemple, que le ministère pourrait aider les entreprises à se
chercher des marchés, à découvrir certaines formes
d'innovation, à favoriser du développement dans les choses
nouvelles. C'est de la prospection. Il y a, par ailleurs, un rôle de
promoteur que le ministère peut également exercer,
c'est-à-dire faire connaître à ce moment-là ce qui
se passe au Québec pour qu'à l'étranger et dans les autres
provinces, on le sache, pour qu'on appuie les efforts d'exportation, en
l'occurrence, dans certains cas, de nos entreprises. Troisièmement, le
ministère et le gouvernement sont carrément des acteurs sur la
scène économique et c'est un rôle à ce
moment-là qui dépasse largement celui de la prospection et de la
promotion, ces deux premiers rôles étant évidemment des
rôles d'appui, de suppléance, de complémentarité que
le gouvernement doit exercer dans certains cas, afin de suppléer au
manque de moyens de certains secteurs de notre vie économique. C'est
dans cet esprit, ayant laissé à la réflexion du ministre
ces quelques questions, que je lui demanderais maintenant de peut-être
compléter - cela peut être long - son exposé
préliminaire.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Biron: M. le Président, je remercie le
député de Vaudreuil-Soulanges de son intervention et de ses
questions positives. Je vais répondre rapidement à certaines des
questions ou des interrogations qu'il se pose sur l'action du ministre
concernant la gestion des ressources du ministère. Le ministre n'a pas
l'intention de remplacer personnellement tout le monde ou tous les dirigeants
à l'intérieur du ministère. J'ai bien l'intention de faire
confiance à ceux et à celles qui sont en place, qui ont des
responsabilités immenses et qui se sont bien acquittés de ces
responsabilités au cours des dernières années, mais de
stimuler par une forme de leadership communicatif, en ayant des idées
nouvelles, d'innover dans la façon de résoudre certains
problèmes. Ma façon de vivre depuis passablement longtemps
était de dire que le progrès consiste en ce que quelqu'un
consente à rompre avec le style du passé - pas
nécessairement à rompre, mais consentir à rompre s'il le
faut - et c'est un peu de cette façon, en nous posant des questions
constamment sur l'opportunité de notre action, qui hier était
bonne, mais qui aujourd'hui peut être dépassée, compte tenu
des besoins nouveaux de la population québécoise. Donc gestion
des ressources humaines en faisant immensément confiance à ceux
et celles qui sont là, qui sont compétents ou compétentes
dans leur domaine respectif, mais en faisant montre d'un leadership personnel
au niveau des idées pour apporter des solutions aux problèmes qui
nous confrontent quotidiennement. En ce faisant, nous encourageons et nous
aidons, nous donnons une certaine direction aux gens du ministère.
Déjà, je dois vous dire que cette direction porte des fruits
parce qu'on a des suggestions, des idées nouvelles qui nous
arrivent presque quotidiennement de l'intérieur du
ministère.
Les axes de développement concernant nos richesses naturelles ou
nos produits pour exportation à l'extérieur. Les régions
visées en priorité seront d'abord et surtout les régions
accessibles, tout près du Québec; donc, 80 000 000 de citoyens
qui sont à une journée d'automobile ou de camion du
Québec: Nouvelle-Angleterre, Ontario,
Maritimes. Rien ne sert à des entreprises de se tirer en l'air
sur tous les marchés mondiaux si d'abord elles ne contrôlent pas
leur marché local, régional, national et, pour nous, le
marché local, régional, c'est 500 milles, 800 kilomètres
autour d'une entreprise; donc, une journée d'accessibilité. Or,
l'effort énorme, bien sûr, sera fait partout à travers le
monde, mais surtout et d'abord pour les entreprises et les citoyens. Ce sont 80
000 000 de citoyens qui demeurent à une journée d'auto ou de
camion des entreprises québécoises et, après ou en
même temps, mais après pour l'effort intensif ce sera plus
loin.
Le genre de produits que nous voulons mettre en marché sur le
commerce extérieur, ce sont d'abord des produits
québécois, mais surtout ceux dans lesquels il y aura un contenu
important de ressources naturelles. C'est plus naturel pour une entreprise
québécoise de produire des pièces et de
l'équipement à partir des richesses du Québec, donc
l'électricité, l'amiante, le fer, le cuivre, le bois,
l'agriculture. C'est dans ce genre de produits que nous ferons nos premiers pas
ou que nous continuerons nos pas dans le commerce extérieur, tout en
nous préoccupant en même temps des entreprises de pointe, des
entreprises qui, à moyen terme ou à long terme, peuvent nous
créer beaucoup d'emplois, des emplois de toute sécurité;
exemple: les produits de la télématique, l'informatique. IBM
Canada annonçait, il n'y a pas tellement longtemps, un investissement de
60 000 000 $ à son usine de Bromont, en nous disant: Si nous avons
décidé d'investir à Bromont, au Québec, c'est que
cette usine est toujours parmi les trois premières au monde au point de
vue de la productivité. À la question de savoir pourquoi, on
répondait: C'est à cause de l'efficacité et du
génie des travailleuses et des travailleurs québécois. Or,
on sait que GM Sainte-Thérèse a à peu près les
mêmes résultats, c'est une des usines où la
productivité est la plus élevée; on a beaucoup d'autres
usines du même genre au Québec. On fait confiance, dans ce
sens-là, au cerveau de nos citoyens. Là aussi, c'est une richesse
naturelle extraordinaire. Il faut l'employer à bon escient.
Tous ces produits, donc, sont des objectifs très valables pour le
développement de nos marchés extérieurs. Et en plus, le
gouvernement du Québec, au lieu de subventionner directement les
entreprises, entend d'abord chercher de nouveaux produits, et aussi intervenir
d'une façon nouvelle - ce qui n'existait pas dans le passé - en
donnant des lettres de garantie, partout où il le faut, pour des
entreprises québécoises qui voudront se lancer dans de nouveaux
marchés.
J'ai en tête une action que nous avons accomplie il y a une
dizaine de jours environ concernant cinq entreprises québécoises:
Bombardier, le Bureau de transport métropolitain de Montréal, BG
Checo, CAE, et une autre entreprise qui ont soumissionné ensemble sur un
métro complet à Valencia, au Venezuela. Ils ont pu obtenir des
garanties de la SEE fédérale. Mais pour pouvoir compléter
la soumission, il manquait une garantie d'au-delà de 30 000 000 $ qu'ils
ne pouvaient obtenir des banques régulières, par les canaux
réguliers.
Le gouvernement du Québec est intervenu dans ce sens-là.
Cela ne nous coûte rien parce qu'on a confiance aux entreprises
québécoises; mais ainsi on permet à des entreprises de
soumissionner et espérer obtenir de gros contrats à
l'extérieur. Je ne vous cache pas que cela nous ouvre la porte sur
beaucoup d'autres produits québécois que nous pourrions exporter,
dans le même style.
Vis-à-vis la gestion des PME, je voyais dernièrement un
rapport de deux professeurs en économie de l'Université du
Québec à Montréal: M. Daneault et M. Paul Dell'Aniello. On
disait que sur 20 PME, il y en a 19 qui fermaient dans les dix premières
années, la cause étant un manque de gestion efficace. C'est dans
ce sens-là que les actions du ministère seront plus intensives au
cours de l'année: essayer, par tous les moyens possibles, d'aider nos
dirigeants de PME à apprendre comment gérer leurs entreprises.
Pas nécessairement directement par le ministère, mais en
favorisant la concertation entre des dirigeants d'entreprise.
J'ai encore en mémoire ce que nous venons d'accepter au
gouvernement du Québec, il y a une semaine, la Maison régionale
de l'industrie de l'Estrie, qui donnera l'occasion à quelques dizaines
ou quelques centaines de dirigeants de PME d'échanger leurs
informations, de parler entre eux, de voir ce qu'ils peuvent faire, ensemble,
pour améliorer la gestion de leurs entreprises.
Il a fallu l'intervention du gouvernement du Québec, du
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour finaliser et pour aider le
départ de cette maison régionale de l'industrie. Cela a pour
conséquence de permettre aux dirigeants d'entreprises PME, entreprises
privées, de se rencontrer et de voir à leur développement
économique, par eux et pour eux. Donc, c'est une action qui n'est pas
complète et constante, ce n'est pas une présence du
gouvernement avec des grosses bottes. Mais c'est une présence
efficace, un soutien moral et financier, parce qu'il le faut.
Le financement du capital de risques de nos PME ne se fera pas par le
ministère de l'Industrie et du Commerce, pas du tout. Mais le
ministère entend être le chef de file dans la réalisation
d'un programme qui permettra éventuellement la création d'une
bourse québécoise ou d'une section spéciale de la Bourse
de Montréal, sur laquelle pourraient être cotées les PME
québécoises, dans lesquelles PME il y aura participation des
travailleurs au capital-action. On pourra ouvrir ces PME au grand public, le
faire bénéficier du régime d'épargne-actions. Cela
nous est demandé depuis déjà deux ans par la Chambre de
commerce, par le Conseil du patronat, par les associations de chefs
d'entreprises, d'élargir le régime d'épargne-actions aux
PME.
C'est un engagement du Parti québécois; mais nous ne
pouvons ouvrir le régime d'épargne-actions aux PME à
l'heure actuelle, parce que dans deux ans, dans trois ans, il y aura des
conséquences graves vis-à-vis la confiance des investisseurs
envers les dirigeants de PME, puisqu'il n'y aura pas de marché
secondaire. (12 h 15)
C'est facile de dire à un médecin: Investis dans mon
entreprise, tu vas avoir 35% de rabais d'impôt, cela va te coûter
6500 $ si tu investis 10 000 $; mais après un an ou deux, lorsque le
médecin va s'apercevoir qu'il ne peut pas vendre ses 6500 $ nulle part,
il ne sera pas tellement heureux à l'endroit du dirigeant de cette
entreprise. La même chose pour les travailleurs. Donc, en
élargissant les régimes d'épargne-actions au PME, il faut
aussi prévoir un marché secondaire, un marché public sur
lequel les acheteurs pourraient éventuellement vendre leurs actions
à l'entreprise.
Dans ce sens-là, le ministère ne financera pas les PME,
mais verra à la mise en place d'une structure d'accueil qui permettra
aux PME de se financer auprès du grand public.
Finalement, la dernière question du député de
Vaudreuil-Soulanges, à savoir si le ministère entend être
un prospecteur, un promoteur et un acteur. Nous serons certainement
prospecteur, c'est-à-dire que nous aiderons à trouver de nouveaux
marchés, de nouvelles idées; nous serons promoteur pour faire
connaître davantage les actifs incommensurables du Québec au point
de vue du développement économique. Mais nous ne serons pas un
acteur, dans le sens d'interventionniste et constamment dans la vie d'une
entreprise. Notre action dans ce sens consistera à fournir les
idées nécessaires lorsque les entreprises en auront besoin, mais
nous n'entendons pas aller dans la gestion quotidienne des entreprises
québécoises.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
Discussion générale
M. Fortier: Premièrement, je dirai qu'il me fait plaisir
de participer à cette commission. Je note qu'il y a des
représentants qui étaient avec les syndicats aux études du
secteur privé, et certains d'entre nous également. Pour ma part,
j'ai eu le plaisir de travailler dans une société où l'on
faisait beaucoup d'exportation, alors c'est un sujet que j'aimerais
traiter.
Vous avez mentionné que l'intervention du ministère
pourrait être de deux façons pour faciliter l'exportation:
recherche de marchés, et subventions. Je me demande si, dans certains
cas, ou dans plusieurs cas, ce n'est pas une formule un peu
périmée. Je veux faire allusion à plusieurs PME
québécoises, peut-être plus du côté des
services, mais même du côté des fabricants. J'ai fait partie
d'une PME qui, en 1945 - je n'étais pas là à ce
moment-là - ne comptait que 30 et qui a maintenant de 3000 à 4000
employés dans le domaine des services. Quand on étudie
l'évolution de ces sociétés, elles se sont
développées de deux façons. Premièrement, par une
politique d'impartition, c'est-à-dire, par une politique voulue de
sous-traitance des travaux de l'État ou de sociétés
d'État. Deuxièmement, par des conditions d'opération, soit
sur le plan des règlements ou de la fiscalité, qui étaient
au moins semblables à ce qui se faisait dans d'autres provinces ou
à l'étranger. L'action même de l'exportation était
l'effet de leur propre initiative et de la volonté, parce que dans le
domaine de l'exportation, il faut que cela soit une volonté même
du chef de l'exécutif de vouloir faire de l'exportation. Je n'ai pas
confiance, quant à moi à des systèmes de subventions qui
viendraient aider des sociétés dont le chef exécutif, le
président de la compagnie penserait toujours à être chez
lui le vendredi soir, surtout dans le domaine de l'exportation; quand c'est
à l'étranger, il faut passer plusieurs week-ends loin de sa
famille.
À ce sujet, si l'on accepte ces propositions, du moins dans
plusieurs cas, et si on acceptait le fait justement d'une politique
d'impartition, de sous-traitance de l'Etat, cela pourrait permettre à
plusieurs PME de se développer davantage.
Est-ce que le ministre pourrait commenter la dernière proposition
de la Chambre de commerce provinciale voulant que plusieurs grands bureaux de
génie-conseil se sont développés - je faisais allusion
à l'un d'entre eux auquel j'appartenais moi-même -non pas avec des
subventions, non pas avec une recherche de contrats qui venaient même
du gouvernement, mais par une politique de sous-traitance qui favorisait
le développement technologique, qui favorisait une masse de travail qui
leur permettait de se développer?
À ce égard, j'imagine que la proposition de la Chambre de
commerce est un peu globale, mais il me semblerait que le ministère
pourrait peut-être se pencher sur cette proposition pour voir, si le
ministre croyait que c'était une proposition recevable, dans quel
secteur l'Etat pourrait commencer à étudier certains secteurs
spécifiques où on pourrait voir des possibilités
d'exportation, et relier à ceci, une aide à l'exportation, comme
je l'ai dit. La deuxième condition, c'est au moins d'avoir des
conditions de fonctionnement semblables à ce qui existe dans les autres
provinces, au moins égales à ce qui se fait à
l'étranger. Et encore là, il semblerait que les dernières
décisions du ministère des Finances, concernant les travailleurs
à l'étranger, ne vont pas dans le sens, justement, de faciliter
l'exportation. Alors, sur ces deux sujets, est-ce que le ministre pourrait nous
dire quel est son point de vue et en ce qui concerne, en particulier, la
proposition de la Chambre de commerce, s'il avait l'intention d'y attacher une
certaine importance?
M. Biron: M. le Président, nous avons reçu cette
semaine la Chambre de commerce de Québec qui nous a fait plusieurs
propositions auxquelles nous avons pu répondre immédiatement dans
quelques cas. D'autres devront faire l'objet d'études plus
poussées. Le député a raison lorsqu'il mentionne que, pour
faire de l'exportation, il faut avoir de la volonté. Le
député d'Outremont disait aussi qu'il faut être prêt
souvent à passer plusieurs week-ends, plusieurs semaines à
l'extérieur. Donc, il faut avoir le goût de l'exportation. Les
actions du ministère dans ce sens ne sont pas de remplacer les chefs
d'entreprises, mais ce sera de susciter justement le goût de
l'exportation. Le député d'Outremont est chanceux, dans le fond,
d'avoir pu, au début de sa carrière, travailler au sein d'une
entreprise dynamique qui lui a donné le goût d'aller plus haut, de
voir autre chose, de chercher de nouveaux marchés. On a, malheureusement
au Québec, trop de nos entreprises qui craignent de dépasser les
frontières du Québec pour toutes sortes de raisons: langue,
culture, économie. Mais de plus en plus nos chefs d'entreprises se
décident maintenant. Alors, les actions du gouvernement, dans ce sens,
sont tout simplement d'intervenir à ce niveau et d'essayer d'en donner
le goût à nos chefs d'entreprises, quitte à les aider pour
les premiers pas et à leur montrer comment se traîner et à
faire les premiers pas. Après cela, lorsqu'ils seront capables de
marcher, on ne s'inquiète pas. Nous avons l'impression que ces
entreprises pourront apprendre à courir seules. Or, ce premier objectif
dans ce sens, c'est de susciter la volonté d'exporter et le goût
de l'exportation.
Vis-à-vis du mémoire de la Chambre de commerce concernant
la fiscalité, c'est vrai que le député d'Outremont avait
raison lorsqu'il a dit tout à l'heure que souvent la sous-traitance
vient de firmes d'ingénieurs-conseils qui n'ont pas craint, elles,
d'aller sur des marchés étrangers, d'aller vendre les grandes
qualités qu'elles possèdent.
M. Fortier: ... aux sociétés d'État ou du
gouvernement vers les bureaux d'ingénieurs-conseils, mais la proposition
de la Chambre de commerce était de faire un parallèle avec la
petite entreprise.
M. Biron: Je voulais finir l'exportation puis revenir
après cela. Mais l'exportation, dans le fond, on a vu beaucoup de firmes
d'ingénieurs-conseils qui ont été les instigatrices
d'exportation de produits québécois. Donc, cela est important,
pour moi, l'ouverture que le député d'Outremont a faite
vis-à-vis la fiscalité de ces gens qui exportent, dans le fond,
des idées, du génie et qui permettent ensuite à des
entreprises d'exporter leurs produits.
Le ministre du Revenu a décidé... Hier ou avant-hier, il a
fait l'annonce officielle qu'il entendait présenter un projet de loi
à l'automne qui serait rétroactif au 1er janvier concernant la
fiscalité des non-résidents ou des Québécois qui
travaillent à l'étranger afin d'harmoniser les lois fiscales
exactement à la loi fiscale fédérale concernant les
non-résidents. Donc, non-imposition de 50% des revenus ou un minimum de
50 000 $. À ce niveau, je crois que nous serons au moins comparables
à la loi fiscale du gouvernement fédéral. Le gouvernement
du Québec entend se garder à cette échelle.
L'autre suggestion de la Chambre de commerce vis-à-vis la
privatisation des actions du gouvernement serait étudiée avec
beaucoup de sérieux au ministère de l'Industrie et du Commerce,
en particulier. Mais il faut comprendre qu'à cause des compressions
budgétaires, nous devons vivre avec une diminution, nous devons
atteindre une diminution de 2% du personnel de nos ministères. 2%,
ça veut dire qu'il y a beaucoup de gens qui s'en vont, qu'on ne peut pas
remplacer, parce qu'on ne peut pas congédier personne. Il ne reste pas
tellement d'ouverture, à moins de créer de nouveaux budgets.
À prime abord, cela peut paraître intéressant, mais d'un
autre côté, il faut aussi considérer que s'il y a de
grandes firmes qui ont pu naître au Québec, c'est à cause
de l'action du gouvernement qui, dans certains domaines, a entrepris de grandes
actions et a fait confiance, dans la sous-
traitance, à des entreprises québécoises.
Si le gouvernement se retire complètement de l'image, si on
pousse le raisonnement jusqu'au fond, je ne suis pas sûr qu'on pourra
remplacer les actions du gouvernement par des firmes privées dans ce
sens. Je ne dis pas oui ou non, je pense que ça mérite une
étude approfondie et il y aura peut-être des actions, dans
certains secteurs, qu'on pourrait faire dans ce sens. Je songe en particulier
à l'action de la Société des alcools. Le gouvernement du
Québec, il y a trois ans, a été le premier gouvernement
dans le fond, à briser le monopole de la Société des
alcools en disant: il y aura 9000 points de vente additionnels pour le vin,
dans les épiceries. C'est vraiment faire confiance au secteur
privé, à la petite entreprise. C'est un exemple. Est-ce qu'on
peut continuer plus loin, est-ce qu'on peut faire des actions plus rapides?
Nous n'avons pas dit non. Nous voulons étudier très
sérieusement les actions que nous serons appelés à poser
au cours des prochains mois, des prochaines années.
M. Fortier: Si le ministre me permet, en ce qui concerne cette
sous-traitance de l'État, je la voyais surtout dans une
possibilité d'exportation future. Il y aurait peut-être
possibilité de regarder parmi tout ce qui peut être
sous-traité, parce qu'il y a des milliards de dollars qui se font en
régie et comme vous dites, il n'est pas question d'impartir ou de
sous-traiter la totalité de ces services. Il me semblerait qu'au
ministère de l'Industrie et du Commerce, il serait peut-être
intéressant de regarder la recommandation de la Chambre de commerce sous
l'angle de la possibilité de favoriser des secteurs où on
pourrait développer une certaine technologie et qui servirait à
l'exportation.
Ce qui m'a intéressé dans vos propos initiaux,
c'était le fait que dorénavant, le ministère et avec
raison je pense bien, incitera la petite et la moyenne entreprise à
exporter dans un rayon autour du Québec. À ce sujet-là,
j'aimerais communiquer une impression. Aux mois de février et mars
derniers, je suis allé rencontrer plusieurs intervenants dans les
projets énergétiques de l'Alberta, y inclus des
représentants des différents ministères albertains et j'ai
même visité le bureau qui relève de votre ministère,
car vous avez des représentants à Edmonton, et il m'a
semblé qu'il y avait un marché considérable qui
était tout à fait négligé par le Québec,
même par le ministère de l'Industrie et du Commerce. C'est une
chose que d'encourager la petite et la moyenne entreprise, d'aller à
Tombouctou ou en Corée, j'y suis allé moi-même, je l'ai
fait.
Compte tenu des difficultés d'exportation pour la petite et
moyenne entreprise, il me semblerait que selon vos propos, qui allaient dans le
sens de mon intervention, ce serait peut-être d'inciter les gens à
exporter dans une région près du Québec et dans un second
temps, de prendre avantage de toute la dimension canadienne. De ce
côté-là, il me semblerait, M. le ministre, c'est une
recommandation, et je vous demande vos commentaires, est-ce que justement le
ministère ne devrait pas favoriser davantage cette possibilité de
tirer avantage du marché albertain?
J'ai rencontré des gens de l'Alberta dernièrement et il
semblerait que le différend qui existe entre le gouvernement
fédéral et l'Alberta en ce qui concerne les projets
énergétiques devrait se régler bientôt. Ce qui veut
dire que ces projets qui vont se monter à des milliards de dollars...
D'ailleurs, c'est en fonction de ces grands projets que Dome a acheté
Davie Shipbuilding ici, à Québec même, mais il va y avoir
des contrats considérables qui vont être donnés par
l'industrie albertaine en fonction de ces grands projets
énergétiques. (12 h 30)
Je note qu'il va y avoir deux missions à Edmonton, mais je me
demande sérieusement si les possibilités du marché
albertain n'ont pas été minimisées. Bien sûr, quand
on demande à des gens d'aller en mission, c'est toujours plus
agréable d'aller à Paris que d'aller à Edmonton, j'en
conviens. Quand on regarde les résultats de l'exportation que les
sociétés québécoises ont faite en France, on peut
se poser sérieusement la question à savoir si réellement
on n'a pas exagéré ce genre de mission à
l'étranger, surtout en Europe. Il me semble que la petite et la moyenne
entreprise auraient grand avantage, guidées en cela par le
ministère de l'Industrie et Commerce, à faire une analyse
systématigue du marché albertain et profiter du fait que les
conditions de financement, les conditions d'exploitation sont très
semblables en Alberta à ce qu'elles sont ici. J'aimerais avoir des
commentaires là-dessus.
Dans un deuxième temps, pendant que je suis sur l'exportation,
mon expérience à l'étranger - je parle de missions qui
iraient dans des pays beaucoup plus éloignés, que ce soit en
Amérique du Sud ou en Corée, je sais qu'à un moment
donné, j'avais été invité à y aller - est
que ceux qui sont très actifs sur les marchés extérieurs
et qui bien souvent - je parle des qrandes sociétés -exploitent
des commerces dans différents pays se rendent compte qu'il y a une
concurrence effrénée entre les différentes provinces pour
atteindre certains marchés, si on parle du Japon ou de la Corée.
À ce moment, les étrangers nous font la remarque qu'ils ont de la
difficulté à comprendre que lorsque la France va en Corée
ou au Japon, il n'y a que la France qui va en Corée ou
au Japon mais que lorsqu'il s'agit du Canada, il va y avoir une mission
commerciale de la Colombie britannique, une mission commerciale de l'Alberta,
une mission commerciale de l'Ontario, une mission commerciale du Québec,
et ensuite une mission commerciale du Canada en tant que pays comme tel. Je
dois vous avouer qu'en Corée, où j'étais très actif
moi-même, plusieurs des personnes en ont fait la remarque. Je sais que
tous ceux qui sont dans le domaine de l'exportation aimeraient bien qu'il y ait
une certaine coordination. Quand je dis coordination, cela ne veut pas dire
qu'on limiterait nos interventions; cela voudrait dire qu'on pourrait
s'entendre avec les principaux intervenants pour faire en sorte que les clients
éventuels ne soient pas embrouillés par ces missions canadiennes,
provinciales et fédérales qui viennent plutôt gêner
que favoriser l'exportation. J'aimerais avoir des commentaires sur ces deux
points.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: Je remercie le député d'Outremont de ses
questions. Cela me permet de détailler un peu plus, parce que j'ai
parlé d'abord et surtout d'un marché de 800 kilomètres,
à une journée d'auto ou de camion des entreprises. J'ai bien
voulu expliciter que j'entendais que les entreprises aillent ailleurs aussi,
mais pas de gaspiller nos énergies et de les éparpiller à
gauche et à droite; un petit saut en France, un petit saut en
Algérie, un petit saut aux États-Unis, un petit saut au Venezuela
et un peu partout. Je crois qu'il faut d'abord intervenir massivement dans une
réqion donnée et avoir le maximum de potentiel là-dedans.
C'est sûr qu'une réqion comme l'Alberta, est une réqion
cible. Il y a peut-être aussi d'autres régions qui peuvent devenir
des régions cibles, le Venezuela ou le Mexique, où il y a
énormément d'argent qui circule à cause du pétrole.
L'Alberta est une réqion cible pour nous. C'est le gouvernement du Parti
québécois qui a établi la maison du Québec, la
déléqation du Québec à Edmonton parce que le
qouvernement croyait qu'il y avait beaucoup à faire là. J'ai
personnellement, avant ma venue en politique, été partenaire dans
des entreprises en Alberta où le développement économique
est extraordinaire, j'en conviens avec le député d'Outremont.
M. Fortier: Cela va aller en se développant.
M. Biron: Je dois dire que nous procédons constamment
à des analyses du marché albertain. Nous travaillons à un
comité qu'on appelle le comité des mégaprojets, des
projets immenses, 100 000 000 % et plus, avec le gouvernement
fédéral, le gouvernement albertain, celui de la Colombie
britannique, celui de l'Ontario. J'ai rencontré ces gens cette semaine
à Québec et nous avons formé un sous-comité qui va
disséquer les renseignements que nous obtenons du comité des
mégaprojets pour voir ce que nous pouvons faire rapidement comme
suggestions aux entreprises québécoises afin qu'elles puissent
s'inscrire dans ces retombées économiques immenses.
Pour nous, l'action dans la province de l'Alberta, c'est important et la
venue de Dome, ce n'est pas un accident de parcours; la volonté du
gouvernement du Québec a été de travailler avec ces
entreprises afin de profiter, nous aussi, de cette richesse du pétrole
ou du gaz qui circule.
Vis-à-vis des missions commerciales de différentes
provinces, je craignais que le député me dise: Seul le
Québec fait une mission commerciale et toutes les autres provinces sont
unies sous l'égide du gouvernement fédéral, mais, si
toutes les autres provinces n'ont pas confiance au gouvernement
fédéral, je ne sais pas pourquoi elles ont des missions
particulières. Cela mérite quand même de voir avec les
autres provinces, dans certaines actions, ce qu'on pourrait faire. Il y a aura
peut-être une mission qui ne sera pas commerciale, parmi les
premières missions de toutes les provinces canadiennes, ce sera celle
qui ira à Londres prochainement, mais je prends note de la sugqestion du
député d'Outremont concernant les actions des missions
commerciales. C'est possible que, dans certaines circonstances, sur certains
projets particuliers, nous puissions nous associer avec les missions d'autres
provinces canadiennes dans ce sens.
M. Fortier: Si vous permettez, M. le Président, pour
terminer, dans l'encouragement à l'exportation, il y a un facteur
considérable. D'ailleurs, parmi ceux qui sont très actifs dans le
domaine de l'exportation, on cite toujours l'exemple de la France. Autrement
dit, la France considère beaucoup la politique, avec un grand P ou un
petit p, comme un appui aux agents économiques qui font de
l'exportation. À cet égard, quand je suis allé en Alberta,
ce que les gens de votre bureau m'ont dit, c'est qu'il n'y avait pas eu
beaucoup de visites de ministres québécois. La question que je
vous pose est celle-ci: Dans quelle mesure les actions du ministère ou
de ceux qui sont exportateurs seraient-elles supportées dans les
régions cibles, comme vous le disiez, non seulement par une visite du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme mais d'autres
ministres? La France joue cette carte considérablement. Autrement dit,
c'est un appui politique qui, à l'occasion, peut être très
déterminant. Ma
visite en Alberta m'a montré une chose dans les relations du
Québec avec l'Alberta. Compte tenu de la position de l'Ontario, qui
était plutôt contraire aux intérêts de l'Alberta, la
position du Québec est extrêmement bienvenue et il y aurait
avantaqe à supporter notre marché par des visites
régulières de ministres en Alberta. Je me demandais, d'une part,
en ce qui concerne l'Alberta, d'autre part, en ce qui concerne d'autres
marchés cibles, si c'était votre intention d'appuyer les
démarches des agents exportateurs.
M. Biron: Oui, c'est mon intention d'appuyer les démarches
des aqents exportateurs. Hier soir, en rencontrant les gens de Dome Petroleum,
j'ai rencontré aussi M. Papineau, qui est le
délégué du Québec à Edmonton. Je l'ai
avisé que, dans le courant du mois d'août, je me proposais d'aller
personnellement en Alberta rencontrer certaines personnes qui pourraient nous
aider à promouvoir le développement du Québec ou du
commerce du Québec là-bas.
Je dois noter en passant que mon prédécesseur, le
député de Saint-Maurice, qui est aujourd'hui le ministre de
l'Énergie et des Ressources, s'est rendu en Alberta, l'an dernier,
accompagné du ministre de l'Énergie et des Ressources de
l'époque, qui est aujourd'hui président du Conseil du
trésor. Il y a eu plusieurs délégations de ministres
québécois en Alberta, particulièrement des ministres
à vocation économique. J'assure le député
d'Outremont de la volonté du ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme de participer aussi activement que possible à ces missions,
lorsque nous jugerons que cela pourra servir les intérêts des
entreprises québécoises.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Si vous permettez, dans un autre ordre
d'idées, dans Bâtir le Québec, on fait état que
l'électricité à bon marché au Québec est un
facteur déterminant et je crois que cela a été une des
raisons pour lesquelles Reynolds a été invitée à
s'établir à Baie-Comeau, mais le ministre des Finances nous a
annoncé une nouvelle politique énergétique qui ferait en
sorte que les tarifs d'électricité croîtraient dans
l'avenir d'une façon plus accélérée, de
façon à décourager les usagers à utiliser
l'électricité aux dépens du gaz naturel. Il semblerait que
cette nouvelle politique modifierait considérablement la
stratégie industrielle qu'avait développpée le
gouvernement dans Bâtir le Québec.
La question que j'aimerais poser au ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, c'est dans quelle mesure votre ministère a-t-il
étudié l'impact considérable que peut avoir cette nouvelle
politique énergétique, d'une part, sur les compagnies qui
exploitent au Québec dans le moment et, d'autre part, sur les
sociétés qui, dans l'avenir, auraient pu être
intéressées - je pensais entre autres aux sociétés
françaises qui croyaient s'établir à Bécancour - et
qui, devant une politique énerqétique, vont s'aligner sur les
coûts des autres provinces et ne verront pas les avantages de
s'établir au Québec, puisque cette différence qui
était marquée jusqu'à maintenant va disparaître dans
l'avenir.
M. Biron: Je ne suis pas prêt à dire avec le
député d'Outremont que la différence va disparaître
dans l'avenir. Il reste que nous sommes en rapport constant avec certaines
entreprises grandes consommatrices d'électricité. Je dois dire
que Pechiney, de France, avait pris une option sur un terrain dans le parc
industriel de Bécancour il y a six mois pour une somme de 100 000 $,
pour obtenir l'option pour six mois. Elle a renouvelé pour six autres
mois il y a quelques jours aux mêmes conditions. Elle procède
à l'heure actuelle, consciente des tarifs d'électricité,
à des études de rentabilité, de faisabilité pour
l'installation d'une aluminerie dans le parc industriel de Bécancour qui
pourrait susciter des investissements de plusieurs centaines de millions de
dollars.
Je n'ai malheureusement pas d'étude d'impact à très
long terme sur ce que seront les taux d'électricité, et personne
ne le sait aujourd'hui, sauf pour les prochaines années, mais je peux
assurer le député qu'il y a une prévision dans la loi qui
permet des taux spéciaux à certaines entreprises,
c'est-à-dire qu'il faut se servir de l'électricité, de
cette richesse naturelle pour attirer chez nous de grands investisseurs. Je
suis conscient qu'on devra le faire au cours des prochaines années. Si
on laisse passer les cinq prochaines années, il n'y aura peut-être
pas autant de qrands consommateurs d'énerqie disponibles alors
qu'à l'heure actuelle il y en a encore quelques-uns. Alors, j'ai
demandé au ministère de faire des efforts immenses au cours des
prochains mois pour essayer de finaliser ou de faire aboutir des discussions
qui durent déjà depuis passablement de temps - c'est vrai que ce
sont des investissements importants - concernant des installations de grandes
entreprises au Québec dans le type de Reynolds ou d'autres.
M. Fortier: Vous donniez comme exemple du fait que la nouvelle
politique n'aura pas d'impact, le fait que Pechiney continue à vouloir
rechercher une possibilité de s'établir. J'imagine que dans son
cas, compte tenu de cette disposition de la loi, le gouvernement lui a fait les
conditions qu'elle recherchait, des conditions à meilleur
marché, des conditions lui donnant l'assurance de bloc
énergétique, des conditions avantageuses. Est-ce que ces
conditions sont publiques et est-ce que le ministre peut nous en faire
part?
M. Biron: Non. Les conditions ne sont pas finalisées. Nous
sommes encore en discussion avec les gens de Pechiney. Il n'y a rien de
finalisé dans ce sens-là.
M. Fortier: Mais une fois des négociations comme
celles-là conclues, est-ce que les conditions qui sont faites deviennent
publiques?
M. Biron: Oui. Les conditions deviennent publiques, comme celles
de Reynolds sont devenues publiques.
M. Fortier: Dans un autre ordre d'idées, l'an dernier, M.
Coulombe, le président de la SGF, avec l'autorisation du ministre, je
crois, nous avait fait part du fait qu'il avait développé un plan
stratégique à long terme. L'Opposition avait eu une copie d'un
sommaire de ce plan. D'ailleurs, cela nous a été très
utile pour examiner les raisons qui motivaient les investissements ou les
crédits en immobilisations que la SGF demandait par l'entremise du
ministre.
À ce moment-là, M. Coulombe nous avait indiqué que
ce plan stratégique serait élaboré plus avant pour avoir
des plans stratégiques au niveau de chacune des filiales de la SGF.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si ces plans stratégiques de
chacune des filiales sont terminés et est-ce que l'Opposition pourrait
avoir des sommaires ou des copies de ces plans stratégiques pour chacune
des filiales de la SGF?
M. Biron: Sur la question des filiales de la SGF, on en est rendu
à établir des stratégies commerciales. Je songe en
particulier à Donohue dans laquelle la SGF est fortement
intéressée. Nous sommes en association avec d'autres partenaires
et publier ces stratégies nuirait à l'évolution de
l'entreprise, considérant qu'il y a des compétiteurs dans le
décor, dans le paysage.
Il reste quand même que je me souviens gu'il y a deux ans nous
avions accepté une motion, ici à l'Assemblée nationale, au
sujet d'une sous-commission de la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale qui pourrait éventuellement étudier
tout le problème des sociétés d'État. Où
cela a achoppé dans le temps, c'est sur la confidentialité des
documents. Je ne m'oppose pas personnellement à informer les
députés de certaines choses, mais par contre des
sociétés qui sont en concurrence avec d'autres
sociétés s'opposeraient à voir leurs plans, leurs
stratégies dévoilés en public.
Je peux vous dire que le plan de développement de la SGF a quand
même été assez bien suivi et, à travers ce plan de
développement, nous avions décidé de nous départir
d'une filiale en particulier, qui était Tricots Lasalle. Cela n'entrait
pas du tout dans le plan à long terme de la SGF. C'était dans le
textile. SGF avait racheté cette entreprise, l'avait relancée.
C'est devenu par la suite une entreprise profitable et elle a été
vendue il y a deux semaines à une moyenne entreprise
québécoise de
Daveluyville, dans le comté de Nicolet; cette entreprise a
acheté Tricots Lasalle pour 2 000 000 $ comptant.
Dans ce sens, la SGF entend continuer son développement, mais au
niveau de la grande entreprise seulement afin de ne pas intervenir au niveau de
la petite et de la moyenne entreprise, pour laisser au privé
véritablement tout le secteur.
Je garde la demande du député concernant la publication de
plan de développement, mais pour le moment je ne puis le rendre
public.
M. Fortier: J'aimerais préciser que je ne demanderais
jamais de publication d'une stratégie commerciale. Ce que j'entends par
un plan stratégique à long terme - puis le ministre qui a de
l'expérience dans le secteur privé me comprendra - c'est
plutôt une définition assez exacte de la mission et des balises
pour chacune des sociétés. Si on veut prendre l'exemple de Marine
la question se pose - il y a un député de la région
où se trouve Marine qui devrait poser la question - est-ce que dans
l'avenir, la section navale de Marine doit être fermée? C'est ce
genre de stratégie qui définit des missions pour chacune des
filiales de la SGF qui a une certaine importance, c'est cela qui nous permet de
comprendre les activités à long terme de la
société. D'autre part, je crois que c'est en accord avec la
politique du gouvernement, du ministère, à l'effet de s'assurer
que les sociétés d'Etat ont un champ d'action bien particulier et
qu'à moins d'autorisation expresse, elles ne devraient pas sortir de ces
champs d'activité. Je crois que le plan stratégique pourrait nous
dire certaines choses sur les efforts qui sont faits pour développer la
technologie à l'intérieur de certaines filiales, et je sais qu'en
particulier à Marine, il y a eu des études de faites.
Peut-être que le ministre pourrait nous en parler. Elles sont faites pour
établir un département de recherche et de développement.
Quand on compare nos entreprises manufacturières
québécoises avec des entreprises européennes - et pour ma
part quand j'étais dans le secteur privé, j'étais
associé la firme Alsthom de France -il est bien certain que ces grandes
sociétés manufacturières ont des bureaux
d'ingénierie, des bureaux de recherche et développement qui leur
permettent d'innover. Le problème
auquel fait face Marine, c'est que jusqu'à maintenant ils ont
construit des turbines sous licence de Nierpic et je crois qu'il n'est
même pas certain si les licences permettent de fabriquer, d'exporter ces
turbines à l'étranger. Mais ce qui est encore plus grave, c'est
que la technologie elle-même est toujours entre les mains de Nierpic et
Marine n'est pas plus avancée maintenant qu'elle l'était
autrefois. C'est dans ce sens que je dis, est-ce qu'on pourrait avoir
éventuellement une meilleure compréhension des missions
spécifiques? Peut-être que le ministre pourrait nous indiquer en
ce qui concerne Marine les efforts qui sont faits pour créer un
département de recherche et de développement, justement pour
développer une technologie propre à Marine afin qu'elle ne soit
pas toujours à la rescousse d'une société française
qui peut l'empêcher d'exporter ses produits.
M. Biron: Je réponds au député d'Outremont
que je suis d'accord pour que nous puissions fournir à l'Opposition un
plan qui va fixer la mission de certaines balises afin que les
différentes sociétés d'Etat, et particulièrement
celles qui sont détenues en totalité par l'État
québécois, ne sortent pas du cadre économique qui leur est
fixé par le gouvernement. Je prends note de sa suggestion dans ce sens,
et nous ferons parvenir les documents nécessaires au
député au cours des prochains jours.
Quant aux actions de Marine vis-à-vis la recherche et le
développement, le député d'Outremont a totalement
raison.
Malheureusement, au cours des années passées, à
cause de la situation très difficile - la situation financière
difficile de Marine - nous n'avons pas pu faire de recherche et de
développement. Marine, commence seulement, depuis maintenant deux ans,
à faire de la recherche. On en faisait un peu, mais tellement peu! Elle
va en faire sur une plus large échelle.
Il y a quelques semaines, je rencontrais le président de la
Société générale de financement qui me disait qu'il
était convaincu, quant à lui, que c'était la seule voie,
la seule issue possible pour Marine, dans le fond, de chercher des technologies
nouvelles, de faire énormément de recherche et de
développement. Compte tenu, quand même, de la rentabilité
de l'entreprise, on ne peut pas se tirer en l'air, mais il faut en faire afin
de trouver des méthodes, des technologies du développement
nouveau. Je dois noter là-dessus que, du côté des wagons,
c'est vrai que nous sommes en compétition avec d'autres entreprises et
on n'a pas inventé tellement de choses nouvelles dans la fabrication des
wagons au cours des dernières années et il y a de la recherche
à faire dans ce domaine, quoique dans le domaine des turbines, nous
avons développé de nouveaux produits, des nouvelles turbines
à Marine, une nouvelle méthode de production aussi, qui nous
laisse présager qu'il y aura un avenir plus facile pour Marine, dans ce
sens, au cours des prochaines années.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut nous dire - parce que je
sais que ce n'est pas clair - si les titres nous permettant, justement,
d'exporter des turbines basées sur un "design" original de Nierpic
permettrait à Marine, même si elle a fait des innovations, de les
exporter. Ou en sont rendues les négociations, avec Nierpic et est-ce
qu'il n'y aurait pas danqer? Et même si cela était le cas, ce que
vous venez de dire, si Marine pourrait être empêchée par une
action juridique de Nierpic de procéder à une exportation dans
des pays étranqers?
M. Biron: II y a une négociation entreprise, à
l'heure actuelle, et une revue générale de toutes les licences de
façon à augmenter l'autonomie de Marine, mais dans le moment, je
ne suis pas en position de donner plus d'information au député
sur cette question.
M. Fortier: Est-ce qu'il y a des délais? J'imagine que
cela fait partie du plan à long terme de Marine de déterminer,
à un moment donné, quels vont être ses moyens d'action?
M. Biron: Je vais m'informer auprès de la
société afin de donner la réponse exacte au
député.
M. Fortier: En ce qui concerne Forano, est-ce qu'il y a un plan
d'action précis? Dans la Presse du 5 juin, je crois, on dit: Ou Forano
s'améliore ou bien elle ferme. Il semblerait qu'il y a une situation qui
est déplorable dans cette société. Est-ce que, d'une part,
il y a des actions immédiates qui vont être prises pour faire en
sorte que les mises à pied s'arrêtent et est-ce que, d'autre part,
à plus long terme, il y a une mission spéciale qui a
été déterminée pour Forano ou si cette filiale est
destinée à fermer, parce que, justement, on n'a pas encore
établi une position stratégique dans l'échiquier
québécois?
M. Biron: C'est exact que la direction de Forano a changé
dernièrement; en tout cas au moins le président. On a un nouveau
président, M. Lachance, qui est arrivé à Forano il y a
quelques semaines. Quant à la découpure de presse dont a
parlé le député d'Outremont, le titre, en fait, vient du
syndicat. C'est intéressant de voir que le syndicat des travailleurs dit
finalement: II faut s'améliorer ou il faut fermer, un des deux.
M. Fortier: On est tous d'accord.
M. Biron: La volonté de la Société
générale de financement est de développer Forano et de
faire en sorte qu'elle devienne une entreprise très rentable. Il faut,
pour ca, investir dans certains domaines et il faudra peut-être
éventuellement aussi se retirer d'autres domaines. Il semble que le
problème de Forano est que...
M. Fortier: Dans quel domaine est-elle?
M. Biron: C'est dans le domaine de la machinerie pour les
forêts, la fonderie, la vente aussi un peu de machinerie agricole. Il
semble que c'est un peu trop diversifié, à l'heure actuelle, et
que ça complique la gestion, alors qu'il y aurait de la place pour se
spécialiser et chercher de nouveaux marchés si on se
spécialisait dans le domaine de la machinerie à bois, en
particulier la grosse machinerie, les débusqueuses, etc.
M. Fortier: À quel moment y aura-t-il un plan d'action
arrêté spécifiquement? Pour répondre à la
question du syndicat, est-ce qu'il y a des délais précis?
M. Biron: Non, il n'y a pas de délais, de fixés
jusqu'à maintenant. On a d'abord voulu permettre au nouveau
président de s'installer dans ses meubles avant qu'il puisse nous dire
dans quelle direction il entendait tirer.
M. Fortier: Finalement, j'aimerais poser une dernière
question au ministre. Lorsque le ministre était dans l'Opposition - avec
raison, je crois - il a souhaité la convocation d'une commission
parlementaire qui nous permettrait de faire une revue annuelle des
différentes sociétés d'État, en termes de revue de
leur plan stratégique, de leurs opérations, de l'étude des
résultats financiers, des difficultés. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il recommanderait au leader du gouvernement la
possibilité d'avoir à l'automne une commission parlementaire qui
nous permettrait de faire une revue des sociétés d'État
qui sont sous son autorité.
M. Biron: C'est exact. Cela a été voté par
l'Assemblée nationale sur proposition de votre serviteur. Je crois qu'il
faut permettre aux députés autant du gouvernement que de
l'Opposition de participer aux grandes orientations, aux décisions
prises par les sociétés d'État, parce que, finalement, les
sociétés d'État appartiennent à la
collectivité québécoise et nous, comme élus du
peuple, nous sommes les représentants de cette collectivité. Je
répète un peu ce que j'ai dit tout à l'heure au
député. Là où cela a achoppé, parce que
peut-être que la commission se serait mise en marche auparavant, c'est
sur l'ouverture au public ou non de ce qui se passe à la commission
parlementaire. Je ne vois pas d'objection à la tenue d'une telle
commission parlementaire avec l'Opposition, mais je voudrais qu'avant, on
puisse s'entendre du côté du leader du gouvernement et du
côté du leader de l'Opposition sur la confidentialité ou
non d'une telle réunion.
M. Fortier: Je pense qu'on serait ouvert à cette
proposition.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Juste une petite question et un
commentaire avant de suspendre. D'une part, en ce qui a trait à une
demande que j'ai faite en Chambre à propos de la transaction qui
implique Dome Petroleum et Davie, le ministre a répondu qu'on pourrait
prendre connaissance de la correspondance et du dossier d'intervention et
d'action du ministère qui a amené Dome Petroleum à faire
l'acquisition qu'on connaît. Je me demandais si, après l'heure du
déjeuner, on pourrait avoir le privilège de prendre connaissance
de ce dossier. (13 heures)
M. Biron: Je donnerai la réponse tout de suite
après le lunch.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Simplement une remarque, dans la mesure où le
député d'Outremont doit s'absenter, il ne sera pas des
nôtres cet après-midi. Il a profité de sa présence
pour poser quelques questions sur les sociétés d'État. Je
vous donne avis tout de suite, mes collèques aussi, qu'au risque d'avoir
l'air de nous promener partout dans les crédits et dans le portrait, on
va revenir avec un autre genre de questions au début de
l'après-midi, de façon générale, sur les
orientations du ministère, pour entreprendre ensuite l'étude plus
détaillée des différentes actions du ministère.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, est-ce que normalement on
devrait suspendre à 13 heures pour se retrouver à 15 heures?
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Biron: Afin d'accélérer nos travaux, pourrait-on
se revoir vers 14 heures, 14 h 30?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): 14 h 30, cela me va.
M. Biron: Cela nous permettrait de quitter un peu plus tôt
ce soir.
Le Président (M. Boucher): Les membres sont-ils d'accord
pour revenir...
M. Biron: 14 h 15.
Le Président (M. Boucher): ... à 14 h 15 ou 14 h
30?
M. Biron: 14 h 30.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 14 h 42)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
À la suspension de 13 heures, nous en étions aux remarques
préliminaires, et M. le député de Vaudreuil-Soulanges
avait demandé la parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
J'aimerais reprendre tout de suite là où on a laissé
à 13 heures, quant à savoir si le ministre ou ses collaborateurs
ont à mettre à la disposition de la commission et,
éventuellement, de la Chambre, des documents se rapportant à
l'acquisition des chantiers maritimes de Davie par Dome Petroleum.
M. Biron: M. le Président, je demanderai à mon
sous-ministre de répondre en mon nom à cette question puisqu'il
participe depuis quelques années aux discussions.
M. le Président, nous avons des relations de longue date avec les
sociétés pétrolières canadiennes établies
dans l'Ouest, qu'il s'agisse de Petrocan ou, bien sûr, de Dome. Notre
objectif est relativement simple, il s'agit de faire valoir auprès de
ces sociétés les avantages importants que le Québec est en
mesure de leur offrir et, en particulier, l'utilisation de l'artère
fluviale que constitue le Saint-Laurent comme point d'arrivée, de
traitement et de redistribution du gaz et du pétrole en provenance de
l'Arctique. C'est dans ce contexte que déjà, il y a environ trois
ans, nous avons écrit à Dome pour l'inciter à examiner de
très près la situation québécoise à cet
égard et à fouiller davantage les possibilités de
coopération avec le Québec. Nous sommes aussi intervenus lors de
la présentation de Dome à Ottawa pour l'éventuel immense
chantier maritime qu'elle veut construire afin de pouvoir évacuer du
nord les ressources naturelles qu'elle y a trouvées.
C'est dans la foulée de ces conversations et de ces discussions,
qui ont eu lieu autant à Edmonton, avec notre bureau économique
là-bas, qu'à Québec, que nous avons pu pousser davantage
ce dossier. Si bien qu'il y a environ deux mois, si ma mémoire est
fidèle, j'ai rencontré à Québec, en compagnie de
mon sous-ministre adjoint, M. Hyndman, le président du conseil et chef
de la direction de Dome, M. Jack Gallagher, qui voulait examiner
lui-même, avec ses conseillers seniors, la possibilité de faire
quelque chose au Québec, sans que nous sachions exactement
jusqu'à quel point, cependant, il était prêt à
aller. C'est à cette occasion que nous avons organisé, à
sa demande, une visite sur le Saint-Laurent et, en particulier, dans la
région de Lauzon pour voir si une installation à proximité
du chantier maritime Davie ou, pensions-nous même, en association avec
Davie, serait possible. C'est à partir de l'intérêt
très réel qui a été évoqué à
ce moment-là que les deux partenaires, mais sur un plan très
privé cette fois, ont engagé une négociation qui a conduit
aux décisions qui ont été annoncées
aujourd'hui.
M. Jonhson (Vaudreuil-Soulanges):
Autrement dit, dans le fond, il y a deux mois que vous avez eu
connaissance d'un intérêt particulier de Dome Petroleum de
s'installer ici, de considérer un chantier maritime dont effectivement
la compagnie s'est portée acquéreur.
M. Biron: Non, je disais tout à l'heure que nous avons
commencé à discuter avec elle il y a plusieurs années et,
au fur et à mesure que les projets de la société ont
évolué, nous avons continué à faire nos
représentations, notre lobbyinq, pour que toujours le Québec soit
bien représenté et qu'elle sache bien les possibilités qui
existaient ici sans que nous sachions, cependant, comme je le disais tout
à l'heure, jusqu'à quel point et avec quelle rapidité la
société était prête à bouqer. Parce que son
projet initial était de faire un très grand chantier dans l'Ouest
canadien. Il n'est pas exclu d'ailleurs qu'elle le fasse, mais nous pensons
avoir marqué des points en invitant une société comme Dome
à s'installer ici sur le territoire québécois de telle
sorte que ça nous donne des avantages importants, pensons-nous, pour
obtenir, par exemple, le terminal méthanier et tout ce que ca peut
amener comme retombées économiques, à commencer par le
trafic maritime, l'entretien et la réparation des navires et même
la construction, tout ça étant fort lié ensemble, comme
les gens de Dome l'ont expligué aujourd'hui.
M. Jonhson (Vaudreuil-Soulanges): Par
ailleurs, ce matin en Chambre, encore une fois, on faisait état
possiblement, de la part du ministre en tout cas, des retombées qu'il
pourrait y avoir pour d'autres chantiers maritimes, nommément Marine, et
je me demandais si, dans le cours de vos conversations avec les gens de Dome
Petroleum, vous avez pu constater des engagements ou des intentions de confier,
par sous-traitance ou autrement, certains travaux à Marine dans le
programme de construction navale. Évidemment, ils l'anticipent.
M. Biron: C'est une hypothèse qui, effectivement, M. le
Président, a été soulevée pas plus tard qu'hier par
les gens de la compagnie Dome, vu le nombre et la variété non
seulement des navires mais des structures flottantes qui devront être
construites pour cette grande exploitation de l'Arctique canadien. Je sais
qu'ils se proposent d'avoir des contacts avec Marine Industrie, en particulier,
de façon à voir les possibilités de sous-traitance pour
des pièces variées qui pourraient être orchestrées
avec Marine.
M. Jonhson (Vaudreuil-Soulanges): C'est bien satisfaisant. Mais
je note et je retiendrais, je suppose, qu'il n'existe pas de document,
finalement, de rapport d'étapes de certaines directions du
ministère à ce sujet.
M. Biron: Nous avons évidemment, M. le Président,
la lettre d'il y a trois ans, ou à peu près, alors que nous avons
en quelque sorte commencé notre association, si je puis utiliser le
terme, avec la compagnie Dome. On a fait des interventions auprès
d'Ottawa aussi. Mais l'essentiel, en ce qui touche le chantier Davie, a
été fait verbalement, principalement au cours des derniers
mois.
Développement économique
M. Jonhson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, si on
pouvait maintenant retourner au général en quittant le
particulier qu'on avait abordé vers la fin de la séance de ce
matin. Dans le cours des réponses et de sa présentation, le
ministre a fait part de sa préoccupation, finalement d'asseoir, en
grande partie, si je comprends bien, le développement économique
du Québec sur les régions, autant parce que c'est là qu'on
retrouve les PME que simplement pour le motif de faire participer un plus grand
nombre de gens, un plus grand nombre d'endroits, si on veut, au
développement économique du Québec. Dans cette
foulée, je présume qu'à ce moment-là ça
suggère que les structures mêmes du ministère, au cours des
années à venir et sous l'impulsion du ministre, si d'aventure il
était à ce même poste, verraient beaucoup de changements,
finalement. On verrait que l'on privilégie, je présume, dans la
structure, dans l'organisation du ministère, dans l'investissement des
ressources humaines et financières énormément
d'activités dans les régions. D'abord, est-ce le cas?
Deuxièmement, est-ce qu'on décentralisera les centres de
décision? Autant au point de vue des programmes d'appui aux PME que des
ressources financières qui peuvent être mises à leur
disposition, est-ce qu'on donnera aux régions le pouvoir de
décider des allocations à faire, de la façon que les
deniers publics seront distribués, etc.? Cela m'apparaît central
à tout l'exercice.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, d'abord il faut bien
s'entendre. À travers nos régions, il y en a une qui est
très importante, c'est Montréal. Il n'est pas question que nous
disions que nous allons prévilégier toutes les autres
régions du Québec en oubliant Montréal. Pour nous,
Montréal, c'est important, c'est le coeur même de
l'économie québécoise et il y aura
énormément d'énergie, d'efforts et de présence
même à Montréal au cours des prochains mois, des prochaines
années. C'est notre volonté de faire de Montréal le
pôle le plus important du développement économique au
Québec. Pour nous, la région de Montréal est donc
très importante.
Dans ce sens-là, toutes les régions du Québec
bénéficieront d'une possibilité d'en venir à une
participation intense de la part des industriels, des commerçants des
régions, c'est-à-dire que nous ne voulons pas imposer le
développement économique ou nos idées à partir de
Québec ou du ministère; nous voulons être un peu comme le
levain dans la pâte, faire en sorte que les gens des régions
participent, se prennent en main, soient stimulés par le
ministère, mais, finalement, que ce soit eux qui nous suggèrent
les actions à prendre pour leur région respective.
Voilà pour les actions. Vis-à-vis des engagements
financiers, le député de Vaudreuil-Soulanges comprendra que nous
ne pouvons laisser à chacune des régions le soin de
décider des sommes d'argent à dépenser au nom du
gouvernement du Québec. Or, nous prévilégions une action,
une participation à partir de la base, des régions,
vis-à-vis des engagements financiers; à moins que nous ne
trouvions une méthode efficace de participation à partir des
régions ou de décision à partir des régions, les
engagements financiers seront décidés par le
ministère.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Par le ministère, par
l'entremise des gens ici à Québec ou...
M. Biron: Centralisé à Québec ou à
Montréal, parce que la Société de développement
industriel est majoritairement à Montréal, l'Office
québécois de commerce extérieur est majoritairement
à Montréal.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Là où je veux en
venir, c'est que, si on veut être plus près des qens dans les
régions, quand on veut susciter chez eux l'esprit d'entreprise et les
actions concrètes qui y donnent effet, à ce moment-là, si
on veut être près, il faut qu'on ait des gens, du personnel du
ministère dans les régions. Un des secrets de
l'efficacité, vous le savez, M. le ministre, lorsque vous étiez
dans l'entreprise, c'est la rapidité de décision aussi, c'est le
niveau d'autorité de la personne qui est la plus proche du dossier;
c'est extrêmement important.
Je crois comprendre qu'on pourrait envoyer beaucoup de gens dans les
régions qui vont faire de l'animation, mais qui vont finalement faire
peut-être simplement des recommandations sur les actions à
entreprendre et qu'éventuellement, c'est tout ramené au niveau du
ministère, aux directions qui sont situées soit à
Montréal, soit à Québec; pour que les décisions
soient prises, ils essaient de voir si c'est vrai dans chaque dossier. Dans un
système bancaire, par exemple, les gérants locaux ont une ligne
d'autorité de crédit de tant, ensuite, on monte au directeur
régional, ainsi de suite, jusqu'au conseil d'administration, finalement,
où on approuve les gros prêts.
J'essaie de voir comment vous croyez faire en sorte que le
ministère soit efficace dans son action, parce qu'il y a beaucoup de
choses ponctuelles qui doivent être faites; c'est beau de planifier, mais
il faut saisir les occasions, il ne faut pas les laisser, ça va de soi,
s'envoler. Il faut que les gens qui sont proches, à mon sens, de
l'action, puissent décider de l'action à entreprendre. J'essaie
de voir comment cela affecte la structure du ministère.
M. Biron: C'est exact, mais, compte tenu des intentions du
ministère de subventionner la matière grise plutôt que la
matière inerte, d'aider une stimulation économique à
partir des idées, des gens, de la participation des travailleurs, de la
participation des gens du milieu, les sommes d'argent dépensées
en subvention seront probablement moins importantes. Quant à ces
subventions, je ne crois pas que nous ayons, à l'heure actuelle, les
gens nécessaires au niveau de chacune des régions du
Québec pour prendre les décisions. Ce ne serait pas efficace non
plus. Il faudrait avoir des structures différentes dans toutes nos
régions. Finalement, il faudrait peut-être doubler notre
personnel, compte tenu des précautions à prendre avec l'argent du
gouvernement. Ce qui se fera au niveau des régions, peut-être que
jusqu'à un certain niveau, ce serait possible de permettre... un peu
comme le programme OSE l'a fait au niveau des régions où on
permettait aux gens dans les régions de décider jusqu'à
certains niveaux de subventions, et au-delà de ce niveau, il fallait
absolument que ce soit Québec ou Montréal qui décide. Il y
aura peut-être une ouverture dans ce sens.
L'action première à faire, c'est d'innover, dans le sens
de donner le goût de méthodes nouvelles de qestion aux chefs
d'entreprises dans chacune des régions du Québc, à partir
de préoccupations réqionales.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous semblez distinguer entre
l'action que des gens du ministère peuvent entreprendre, selon qu'on
investit dans la matière grise ou la matière inerte, comme vous
dites, quoique j'ai déjà vu des cas de matière grise
inerte. Finalement, on ne parle pas nécessairement de doubler le
personnel. On ne pense pas de doubler des structures dans différents
endroits, l'une centralisée et l'autre, dans les régions. Une
action à entreprendre, c'est de déplacer le personnel dans les
régions, finalement. Si on veut voir comment on peut agir rapidement sur
le terrain, ce n'est pas en doublant les effectifs, mais c'est en mettant les
effectifs là où ils doivent être, à mon sens. Je
comprends fort bien les limites qui vous empêchent - je le souhaite
ardemment - de doubler les effectifs du ministère dans cet esprit. Quels
sont les changements, vous dites que vous les anticipez, vous les envisagez,
mais entendez-vous prendre des mesures qui feront qu'il y aura du personnel
dans les régions, si c'est véritablement vers cela qu'on s'en
va?
M. Biron: Nous avons déjà du personnel dans chacune
des régions. Je pourrais peut-être donner un exemple que j'ai
vécu tout dernièrement, lors d'une discussion avec M. Shooner de
la ville de Montréal à propos de CIDEM-Tourisme justement, alors
que les ressources humaines disponibles dans la grande région de
Montréal pour faire la promotion du tourisme, qui sont sous la
juridiction de CIDEM ou de l'Office des congrès et visiteurs du grand
Montréal, ou du gouvernement québécois... Avec toutes ces
ressources humaines et nos ressources financières, on a convenu que
c'est suffisant pour faire un excellent travail de promotion du tourisme dans
la région de Montréal. Parce que ces ressources humaines et
financières étaient dans trois organismes différents, il
semble qu'on faisait plus que doubler le cheminement, parfois on le triplait.
Il y a des discussions depuis ce temps qui se sont amorcées, à la
fois avec les gens du ministère de l'Industrie et Commerce,
CIDFM-Tourisme et l'Office des
congrès et visiteurs de l'agglomération de Montréal
afin d'unifier notre action pour la recherche de congrès d'importance
à Montréal. Il semble que déjà, les gens sont
très heureux de cette action. Si nous sommes capables de faire dans ce
domaine une action unifiée, il y a possibilité dans toutes les
autres régions du Québec où il y a des commissaires
industriels qui voient au développement économique, où il
y a des représentants de l'OPDQ qui voient au développement
économique, des représentants du ministère de l'Industrie
et Commerce, au niveau de chacune des régions du Québec, et
d'autres promoteurs industriels, certaines sociétés
d'État.
Ce qu'on veut, c'est essayer d'unifier l'action de ces gens pour que
chacun puisse vraiment occuper, mais totalement, la place qui lui est
assignée, sans marcher sur les pieds des autres.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'évocation de CIDEM-Tourisme me permet maintenant de passer la
parole à mon collègue de Viger qui a quelques questions à
vous poser.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Shefford avait demandé la parole.
M. le député de Shefford. (15 heures)
M. Paré: M. le Président, j'aimerais poser des
questions au ministre, dans le même sens que le député de
Vaudreuil-Soulanges à propos de la décentralisation; les
questions ont été posées et que les réponses ont
été données aussi, mais c'est seulement pour
compléter. Est-ce que les services que vous voulez donner au niveau
régional s'insèrent et répondent à ce dont on avait
déjà parlé, le guichet unique, ou si le guichet unique,
c'est plus complet que l'information que vous avez donnée. Qu'est-ce que
cela comprend, au point de vue des personnes et des services? La
décentralisation, est-ce seulement dans les grands centres ou est-ce que
cela peut même se faire dans les centres importants pour
l'économie, où la population est moins nombreuse?
M. Biron: Oui, l'objectif que nous recherchons, le cliché,
on a dit guichet unique justement pour que les chefs d'entreprises
arrêtent de se promener à gauche et à droite pour se
renseigner, à cause du manque d'information à l'heure actuelle,
sur tous les programmes disponibles à la fois à Québec,
à Ottawa et même dans les régions.
Les services, c'est la même chose. L'objectif que nous
recherchons, la caricature, c'est un guichet unique, mais nous recherchons
justement cet objectif où tout va converger vers à peu
près les mêmes endroits, en région, mais on pourra donner
un service vraiment efficace aux entreprises concernées.
Déjà, on a beaucoup de gens en région. Comme je l'ai dit,
on a mentionné Montréal pour le tourisme, mais cela peut se
répercuter dans toutes les régions du Québec. Il a
déjà, à l'heure actuelle, 74 personnes au service aux
entreprises du ministère en région, dont 47 professionnels qui
conseillent les chefs d'entreprises lorsqu'ils ont des problèmes et les
informent des différents programmes du gouvernement du Québec ou
du gouvernement d'Ottawa. Lorsqu'on sonqe qu'il y a 400 programmes
différents, il y a un tas de chefs d'entreprises qui ne les connaissent
pas. Ce n'est pas possible de connaître tous les programmes. Finalement,
beaucoup d'entreprises passent à côté et ne
bénéficient pas des programmes existants. Il ne s'agit pas de
créer de nouveaux programmes, mais de les mettre à la disposition
des chefs d'entreprises ou de les informer des programmes existant à la
fois à Québec et à Ottawa.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
Le tourisme
M. Maciocia: M. le ministre, toujours sur la question du
tourisme, je pense que tout le monde est d'accord actuellement pour dire qu'il
faudrait développer le domaine touristique, parce que c'est une
ressource économique vraiment très grande. Étant
donné qu'ici, au Québec, quasiment 50% des revenus touristiques
viennent seulement du peuple québécois, si on peut dire, du
peuple qui reste à l'intérieur du Québec, et qu'à
peu près 30% viennent de l'extérieur du Québec - quand je
dis l'extérieur du Québec, ce sont les autres provinces
canadiennes et sur cela, 70% viennent de l'Ontario - ne pensez-vous pas que ce
domaine a été négligé considérablement
à l'extérieur du Québec? Quand je dis à
l'extérieur du Québec, je parle du marché européen,
du marché américain et du marché sud-américain.
Dans ma position, je vois probablement que vous êtes au courant
que je suis propriétaire d'une agence de voyages - qu'il y a un
marché vraiment très fort, spécialement d'Europe, qui
vient vers l'Amérique actuellement, mais ces gens ne connaissent pas le
Québec, ils connaissent plutôt l'Ontario, la Colombie britannique,
les États-Unis, tandis que le Québec n'est pas tellement connu. Y
aurait-il, d'après vous, des efforts à faire de ce
côté au point de vue touristique?
M. Biron: Je remercie le député de Viger de son
intervention, parce que je sais que c'est une de ses préoccupations. Il
a
vécu tellement longtemps dans l'industrie touristique qu'il
réalise le potentiel immense qu'on n'a jamais exploité. Cela a
peut-être été malheureux, mais la section tourisme a
été un peu chambardée au ministère. Elle a
été un peu traitée comme le parent pauvre, d'abord, du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et, après
cela, lorsqu'elle est arrivée au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, le nouveau ministre a dû s'adapter d'abord
à l'industrie et au commerce qui prend historiquement la grosse part du
ministère. Je veux rassurer le député: non seulement je
désire, mais j'ai la ferme intention que la section tourisme devienne
très efficace, très active à l'intérieur du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme puisque,
grâce aux montants recueillis par le tourisme, nous pouvons créer
très facilement et à bas prix beaucoup d'emplois. C'est
peut-être ce qui crée le plus d'emplois avec peu d'argent
investi.
Dans ce sens, vous allez certainement être heureux de voir
qu'à travers les augmentations du budget en publicité, en
particulier, le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme va
surtout bénéficier d'une augmentation dans le domaine du
tourisme. Dans la section tourisme intra Québec, nous croyons devoir
porter les crédits de 600 000 $ à 850 000 $. Extra Québec,
pour rejoindre cette fameuse clientèle dont vous parliez tout à
l'heure, nous porterons les crédits de 1 100 000 $ à 1 985 000 $.
Cela veut dire qu'il y aura un effort immense fait de ce
côté-là en même temps que nous interviendrons par les
associations touristiques régionales pour nous assurer de structures
d'accueil gui vont faire en sorte que les touristes gui viendront un fois au
Québec seront désireux d'y revenir.
Ce gue nous désirons faire n'est pas d'attirer les gens pour une
fois. Alors, nous voulons leur dire plus gue: Venez voir le Québec. Nous
voulons leur dire: Venez vivre au Québec avec nous et vous reviendrez y
vivre constamment, une semaine, deux semaines par année. Cela prend de
l'accueil et déjà j'ai rencontré les représentants
des associations touristiques régionales qui se proposent de participer
à plein à l'action du ministère afin de créer cet
accueil favorable et très fraternel que nous voulons pour les touristes
qui viendront de l'extérieur du Québec.
M. Maciocia: Comme vous l'avez dit, vous avez fait sûrement
des études de marketing pour augmenter votre montant de 1 500 000 $
à 1 985 000 $ de publicité. Si j'ai bien compris, c'est dans la
publicité. Est-ce gu'on pourrait savoir de quelle façon vous
allez employer ces 2 000 000 $ presque en publicité extra
Québec?
M. Biron: D'abord, cela a été augmenté
surtout vers les États du nord-est des États-Unis, vers la
Nouvelle-Angleterre. L'augmentation est de 600 000 $ dans ces États,
parce gue nous croyons que ce bassin de population, 70 000 000 de personnes
environ, peut facilement atteindre le Québec. Alors, la façon,
c'est par des imprimés, des dépliants et les journaux. Les
imprimés et les dépliants sont distribués chez les agents
touristiques. Les journaux essaient d'atteindre le plus grand nombre possible
de citoyens, mais c'est très dispendieux chague fois que vous passez une
annonce dans les journaux là-bas.
M. Maciocia: Ce que je comprends, c'est qu'il y aura une
augmentation de 150 000 $ à 200 000 $ de publicité, de marketing
pour le marché européen ou sud-américain.
M. Biron: Oui, il y a une partie de l'augmentation qui ira
à l'Ontario et dans l'Ouest canadien, mais une partie. J'aurais voulu
augmenter plus, mais, à cause des compressions budgétaires, il
faut se compter chanceux d'avoir pu augmenter nos budgets de tout près
de 75%.
M. Maciocia: J'ai lu dans le rapport gue l'année
passée, vous avez fait autour de 75 voyages de familiarisation, plus 150
séminaires et foires spécialisées et gue vous avez
accueilli 75 groupes dans le cadre de la sollicitation de congrès et des
voyages de motivation. J'ai aussi lu quelque part que vous avez l'intention de
couper cela. Est-ce qu'on pourrait connaître les raisons pour lesquelles
vous voulez couper ces voyages de familiarisation, ces séminaires,
etc.?
M. Biron: On m'informe gue le sous-ministre responsable du
tourisme doit arriver d'ici peut-être 30 minutes ou une heure. Nous
l'avions mis vers la fin de l'étude des crédits, parce que nous
croyions procéder par programmes. Si vous voulez tout simplement retenir
votre question, aussitôt qu'il sera arrivé on pourra
répondre à votre question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vachon.
Vocation de l'OPDQ
M. Payne: M. le Président, la plupart de mes
préoccupations touchant la décentralisation ont été
abordées par mon collègue. Je reviendrai peut-être
là-dessus dans quelques minutes.
J'ai une question sur la vocation de l'OPDQ, la vocation et le lien
envisaqé par vous, à titre de ministre de l'Industrie et
Commerce. Quelles sont les missions que vous envisagez dans l'avenir, en
fonction de
votre philosophie telle qu'exposée ce matin? Nous savons
maintenant que cela ne relève plus, si je ne m'abuse, de
l'aménagement, mais plutôt de l'exécutif directement, ce
qui, à mon avis, correspond davantage à sa vraie vocation, donc
au service du ministre d'État. Mais je vois aussi, au niveau du
personnel, un lien particulier avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
La deuxième question est la suivante: Est-ce qu'on pourrait avoir
un bref résumé des discussions préalables avec le
gouvernement fédéral, s'il y en a eu, visant le renouvellement ou
les "on going discussions" au sujet des ententes fédérales et des
ententes auxiliaires? Comment vont les discussions? Je pose ma question a la
lumière des déclarations de M. MacEachen et du ministre Fox, au
gouvernement fédéral, disant que nous envisageons des
compressions budgétaires d'envergure.
M. Biron: Je pourrai répondre à votre question
concernant les relations entre les gens de l'OPDQ des régions,
lorsqu'ils s'occupent de développement économique. Quant au
reste, déjà, le premier ministre a annoncé que l'OPDQ
était sous examen, dans sa forme actuelle. Quant aux ententes
auxiliaires, cela relève de la juridiction du ministre d'État
à l'Aménagement.
Comment vont les négociations avec le gouvernement
fédéral? II faudrait que, la semaine prochaine, lors de
l'étude des crédits du Conseil exécutif, vous soyez
là. Nous, nous ne faisons gue faire les recommandations
nécessaires. Nous faisons les études en région et lorsque
les recommandations sont prêtes, nous faisons les recommandations au
ministre responsable de l'OPDQ gui véhicule les recommandations au
Conseil du trésor pour acceptation définitive.
Nos relations avec les gens de l'OPDQ, jusqu'à maintenant, ont a
été excellentes. Il y a des gens qui sont voués au
développement économique aussi à l'OPDQ et
particulièrement au développement économique
régional. Or, en période de compressions budgétaires,
chacun est obligé d'occuper le maximum de sa place, mais pas la place
des autres. Dans ce sens-là, nous sommes en discussion
présentement pour voir jusqu'où vont les attributions des gens de
l'OPDQ et jusgu'où vont les attributions des gens de l'Industrie et du
Commerce en région. Il semble qu'après encore guelques semaines
de discussion, nous finirons par nous entendre, d'une façon très
claire, afin d'assurer aux gens d'affaires en particulier que nous
représentons le maximum de collaboration des différents
organismes du gouvernement du Québec.
M. Payne: Je termine avec une brève question
supplémentaire, M. le Président. La question n'est pas sans
intérêt pour les électeurs de ma circonscription. On se
trouve à la limite du zonage agricole, à Saint-Hubert, comme vous
le savez.
On a eu de longues discussions, pour ne pas dire des opinions
divergentes, sur le développement de Saint-Hubert, lors des
dernières élections et depuis quelques années. Selon le
meilleur modèle à suivre pour un bon développement
industriel, nous avons, par exemple, deux parcs industriels. Je prétends
que nous avons les espaces blancs susceptibles d'avoir un bon
développement industriel, commercial et résidentiel pendant
encore 20 ans. Nous sommes zonés à peu près à 40%.
(15 h 15)
La municipalité se plaint d'un grand manque à gagner. Je
conteste cela personnellement à titre de député, parce que
nous avons un problème de drainage de l'eau de surface dans les terres
WX qui sont zonées, les meilleures terres au Québec,
éminemment exploitables à des fins agricoles. Les discussions
sont bien amorcées avec le ministère de l'Agriculture. Vous avez
eu l'occasion, ce midi, de rencontrer un de nos promoteurs qui a
été enchanté de faire votre connaissance et qui a
témoigné de votre intérêt marqué dans le
développement industriel et commercial de Saint-Hubert. Ma question se
résume un peu à celle de mon collèque d'à
côté. J'aimerais que les services de consultation du
ministère soient augmentés, améliorés
peut-être, et je parle à titre de député. On a
besoin d'avoir un bon service de consultation. Le manque de connaissance des
structures et des services de consultation et d'expertise, c'est assez
marqué, à mon avis. Dans Saint-Hubert, avec les questions qui se
posent concernant le zonage agricole, je vois un rôle formidable pour
l'OPDQ. Justement, on cherche la meilleure planification de
développement. Je vois aussi un rôle pour les services de
consultation de la part de votre ministère également.
Peut-être que vous pouvez nous apporter quelques commentaires
là-dessus au niveau de la consultation et des services de consultation
offerts par le ministère, dans votre philosophie de
décentralisation.
M. Biron: M. le député de Vachon, je dois vous
avouer que le ministère, jusqu'à présent, a offert des
services de consultation, mais surtout aux industriels, donc aux 10 000 PME
industrielles. Il reste quand même, quelque part dans le paysage, 50 000
PME commerciales. On a très peu offert de services de consultation ou
d'aide à ces entreprises commerciales. Les budgets ne nous le
permettaient pas et les préoccupations étaient d'abord et surtout
dans le domaine industriel. Nous avons entrepris, depuis quelques semaines, des
études concernant les actions que nous pourrions mener pour aider les
chefs
d'entreprises commerciales, parce qu'on constate qu'un commerce peut, en
fonction de ses achats ou de son action, aider ou non au développement
économique du Québec. Un commerce qui achète la
majorité de ses produits de l'extérieur n'aide pas le
développement économique de l'industrie chez lui et,
automatiquement, si l'industrie n'existe pas, le commerce fonctionne un peu
plus mal. Dans ce sens-là, nous voulons encourager autant que possible
les commerçants québécois à se préoccuper un
peu plus des retombées économiques de leurs achats pour qu'eux
aussi, les commerçants québécois, se préoccupent de
l'achat chez nous. C'est une façon, en tout cas, d'aider davantage au
développement économique, en encourageant aussi les dirigeants de
ces commerces à bien gérer leur commerce. Lorsqu'un commerce est
mal géré, si cela va tellement mal que, finalement, il est
poussé à la faillite, souvent plusieurs entreprises, plusieurs
industries de transformation passent dans la vague avec le commerce. Dans ce
sens-là, on a une action à faire si on veut faire le tour complet
du développement économique: c'est de participer ou d'aider
à une plus saine gestion des commerces. Il y a une action ou une
volonté du ministère dans ce sens-là.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Les investissements étrangers
M. Scowen: Je suis content que le ministre ait terminé le
tour de ses dossiers et qu'il soit maintenant prêt à prendre
position sur les divers sujets, les diverses préoccupations de son
ministère.
J'aimerais obtenir, si possible, une élaboration brève,
bien sûr, de sa conception d'une politique de l'investissement
étranger. J'ai écouté hier le député de
Vachon qui a commencé son discours avec une espèce d'attaque
contre le comportement des multinationales et la déclaration qu'au
Québec l'économie ne nous appartient pas. À la fin, il a,
je pense, un peu contredit la première partie. Il a fait la louange de
General Motors, Firestone, Pratt & Whitney, qui étaient tous en
pleine expansion ici et il a fait le résumé normal et même
peut-être un peu superficiel qu'on fait tous. Tous sont bienvenus pourvu
qu'ils respectent nos priorités et notre spécificité. Ce
qui, en fin de compte, n'est pas très utile quand on arrive devant les
investissements étrangers.
Votre sous-ministre a beaucoup d'expérience dans ce domaine et
c'est lui, je pense, qui a écrit le premier d'une multitude de documents
qui sont sortis depuis plusieurs années à ce sujet. J'aimerais
savoir précisément du ministre si le document qui a
été rendu public au début de 1976, je pense, par le
ministère de l'Industrie et du Commerce sur la politique
d'investissements étrangers - ducument de 5 ou 6 pages - qui a
été repris par la suite, plus ou moins intégralement, par
le premier ministre en 1977, si ma mémoire est bonne, représente
encore la politique des investissements étrangers? Je parle non
seulement des investisseurs du Canada, mais aussi des investisseurs de
l'extérieur du Canada. C'est quoi le message qu'il veut passer
aujourd'hui à ceux qui veulent investir au Québec les fonds et
les compétences qui viennent de l'extérieur?
M. Payne: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vachon, sur une question de règlement.
M. Payne: Je ne partage pas du tout l'analyse faite par le
député de Notre-Dame-de-Grâce sur les propos d'un
député, hier, touchant les multinationales. D'abord, il ne
s'agissait pas du député de Vachon, il s'agissait peut-être
du député de Prévost, ce qui m'amène à
croire peut-être d'autant plus que le député de
Notre-Dame-de-Grâce faisait très peu attention à son
discours.
M. Scowen: Ce n'est pas la première fois que je fais une
erreur à l'Assemblée nationale, M. le Président, et je
demande le pardon inconditionnel de mon collèque de Vachon.
C'était certainement, bien sûr, le député de
Prévost. En ce qui concerne le reste de ma question...
M. Payne: Je réitère ma dissidence à
l'égard de son interprétation des propos de mon collègue
de Prévost hier...
M. Scowen: Alors que tout le monde regarde le débat
de...
M. Payne: ...qui voulait - et j'achève -simplement
signaler avec vigueur ses inquiétudes, et peut-être les
inquiétudes du gouvernement, face à cette mesure, ce comportement
des multinationales ici au Québec.
M. Scowen: Je trouve l'interprétation du
député de Vachon très intéressante mais vous
comprendrez, M. le Président, qu'il est plus intéressant d'avoir
l'opinion de ceux qui sont responsables de l'attitude officielle du
gouvernement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce de cet intérêt
qu'il manifeste pour le développement
économique. Je sais qu'il a été très
préoccupé, au cours de la dernière décennie, en
tout cas, et même très actif au sein d'un gouvernement
précédent ici, à Québec, dans le
développement économique du Québec.
Vous savez, le développement économique du Québec
ne se fera pas uniquement par les petites et les moyennes entreprises. Il ne se
fera pas exclusivement par de grandes entreprises. Il ne se fera pas
exclusivement par des entreprises privées ou des entreprises
d'État, dans les régions ou à Montréal. Je crois en
un mélange harmonieux de PME, de grandes entreprises, d'entreprises
autochtones et d'entreprises étrangères, en réqion et dans
les grandes métropoles, relevant de l'État et du secteur
privé. Je dis que les investisseurs étranqers sont bienvenus au
Québec. Cela a toujours été l'attitude, d'ailleurs, du
gouvernement du Parti québécois. Mais nous demandons à ces
gens de se comporter en bons citoyens corporatifs et c'est peut-être plus
exigeant vis-à-vis d'une grande entreprise que d'une petite ou d'une
moyenne entreprise. La très grande entreprise a des possibilités,
a toutes sortes de services que la PME n'a pas. Dans ce sens, il y a de grandes
entreprises au Québec qui sont des modèles corporatifs. J'ai
cité ce matin IRM Canada, et je pense qu'on peut dire que c'est un
modèle corporatif. C'est une entreprise qui est
préoccupée, à la fin de l'année, de se faire un
bilan social, en plus de son bilan économique; elle est
préoccupée du bien-être de ses travailleurs, bien
sûr, mais aussi de toute la collectivité autour de
l'entreprise.
Dans ce sens, avec tous les chefs et les entreprises qui voudront venir
au Québec et se comporter en excellents citoyens corporatifs, je
voudrais continuer la politique qui existait autrefois au cours des
dernières années, sous le gouvernement du Parti
québécois et qui a même existé auparavant sous
d'autres gouvernements, mais toujours en visant un maximum de retombées
économiques. En fait, je me serais peut-être opposé
à ce que Dome achète le chantier de Lauzon, si on n'avait pas eu
certaines garanties morales, bien sûr, certaines indications que ce sera
plus que ce qui existe à l'heure actuelle, c'est-à-dire qu'il y
aura de nouveaux investissements, qu'il y aura possibilité pour d'autres
travailleurs québécois de se faire valoir. Il y aura aussi
possibilité pour les qestionnaires de ce chantier maritime
québécois de connaître de nouvelles technologies à
la fine pointe du progrès qui existent dans d'autres pays et qui
n'existent malheureusement pas encore ici au Québec.
Dans ce sens, il y a de la place pour de grandes entreprises, des
multinationales comme aussi il y a beaucoup de place pour nos PME
québécoises afin de les faire prospérer et qu'elles
puissent profiter de la sous-traitance de ces entreprises. Je dirais qu'une des
plus grandes entreprises multinationales au Québec, c'est l'Alcan, la
Cie d'aluminium du Canada. J'ai rencontré le président d'Alcan,
lors d'une de mes premières visites, sinon ma première visite
à Montréal, après mon assermentation comme ministre, parce
que je jugeais que c'était important de passer le message à ces
entreprises leur dire que nous voulions travailler avec elles, mais que nous
avions des objectifs ou une vision de la société
québécoise, un projet de société que nous voulions
mener à bonne fin.
Dans ce sens, je dis au député de
Notre-Dame-de-Grâce que toutes les entreprises de tout genre qui veulent
respecter la collectivité québécoise sont bienvenues au
Québec.
M. Scowen: Je voudrais avoir deux ou trois précisions sur
cette affaire. Premièrement, je n'ai pas parlé des grandes et des
petites entreprises, parce que, comme vous le savez, c'est souvent les PME
étrangères qui veulent s'installer ici. Or, nous avons chez nous
de grandes entreprises québécoises et des PME aussi. Est-ce que
je peux dire que, dans votre esprit, vous avez repris un peu la
déclaration que tout le monde est bienvenu, pourvu qu'on respecte les
lois et les conditions qui sont applicables à tout le monde. Est-ce que
je peux comprendre, par cette déclaration, que, premièrement,
c'est l'intention de votre gouvernement de traiter toutes les compagnies qui
sont ici, peu importe leur appartenance, exactement sur le même pied et
que, par conséquent... non, je ne vais pas dire par
conséquent...
Deuxième question, est-ce que vous pouvez dire effectivement que,
dans votre esprit, la politique face à l'investissement étranqer
au Québec est à peu près semblable à celle qui
existe aujourd'hui à Ottawa, si je comprends la loi de FIRA. Je ne parle
pas des cas spécifiques, mais, en général, la loi de FIRA
dit que tout le monde peut rester ici pourvu qu'on respecte les lois d'ici et
qu'on essaie de maximiser les retombées économiques.
Effectivement, l'attitude du Québec et l'attitude d'Ottawa ne sont-elles
pas à toutes fins utiles, sauf dans les cas spécifiques,
identiques? (15 h 30)
Ma troisième question est celle-ci: Est-ce que vous
considérez un investissement canadien comme Petroleum, si vous voulez,
comme un investissement étranger ou non?
M. Biron: D'abord, je dirais au député que je
désire continuer à faire ce que mes prédécesseurs
à l'Industrie et au Commerce ont fait face aux investissements
étrangers, dans le sens qu'il n'y a eu à peu près pas
d'investissements de bloqués par le
gouvernement du Québec. Nous avons à faire des
recommandations au gouvernement fédéral, à FIRA, en
particulier, lorsque des investisseurs étrangers se proposent de venir
au Québec. Jusqu'à maintenant, je crois que le Québec a
été plus vite, plus rapide, plus dynamique que FIRA. Je voyais
encore cette semaine un dossier où l'entreprise veut déplacer 200
emplois de Chicago vers Montréal, c'est la compagnie General Electric.
Nous attendons toujours le consentement de FIRA avant de créer ces 200
emplois à Montréal, même si la recommandation a
été faite par le gouvernement du Québec. Le Québec
est assez rapide dans ses décisions. Je veux continuer la même
politique que mes prédécesseurs, à savoir que nous faisons
des recommandations à FIRA qui, la plupart du temps, sont
acceptées.
La deuxième question...
M. Scowen: Si vous permettez, avant de passer à cette
question, est-ce que je peux comprendre par cela que le gouvernement du
Québec est d'accord et avec l'existence de FIRA et avec ses orientations
générales?
M. Biron: Je peux vous dire que les suggestions faites par le
gouvernement du Québec sont très majoritairement acceptées
par FIRA. On aurait tout simplement, au niveau fédéral, comme
cela existe dans beaucoup d'autres endroits, une multiplication de services
payés par les citoyens québécois ou canadiens. Le
régime constitutionnel fait en sorte qu'on ait deux services et on en a
deux.
Quant à votre autre question, c'est sûr que l'organisme que
nous avons au gouvernement du Québec regarde la participation
d'entreprises québécoises. Dans ce sens, lorsqu'on parle
"d'investissements étranqers", tout ce qui vient de l'extérieur
du Québec est inclus dans la gamme d'investissements étrangers.
Dome Petroleum à son siège social à l'extérieur du
Québec et, pour être conforme à nos directives, nos
règlements, il faut nécessairement que Dome Petroleum soit
acceptée par le ministère de l'Industrie et du Commerce, un peu
comme General Motors qui veut investir au Canada est considéré
comme investisseur étranger par le gouvernement canadien, parce que cela
vient d'en dehors du Canada.
M. Scowen: Est-ce que vous faites une espèce de tamisage
auprès des compagnies canadiennes qui veulent s'installer ici, un peu
comme celle qui est faite par FIRA concernant les compagnies qui viennent de
l'extérieur du pays? Est-ce que je peux comprendre par cela que vous
avez votre propre système de tamisage pour les compagnies comme Dome et,
si oui, quelles sont les modalités de ce tamisage?
M. Biron: Non, il n'y a pas de tamisage dans ce sens, sauf que si
l'entreprise a besoin de l'aide du gouvernement du Québec pour
s'établir ou pour s'agrandir, de quelque façon que ce soit, cela
nous permet de nous assurer que le Québec bénéficie du
maximum de retombées économiques.
M. Scowen: Mais vous n'avez pas de système sur place qui
oblige une compagnie comme Dome à passer à travers un
système de tamisage avant qu'elle puisse faire une acquisition au
Québec? Cela n'existe pas, actuellement, n'est-ce pas?
M. Biron: Non, sauf qu'une entreprise comme Dome a besoin
éventuellement du qouvernement du Quéhec, parce qu'elle est
intéressée à faire plus que ce qui existe à l'heure
actuelle au chantier maritime.
M. Scowen: Je comprends bien.
M. Biron: Lorsque l'étape sera franchie, dans un an, dans
six mois ou dans deux ans, elle aura besoin nécessairement du
gouvernement du Québec pour franchir cette étape. Une entreprise
totalement responsable, qui est consciente de ce qui va arriver dans les
prochaines années, s'assure d'abord et surtout qu'elle est bien
acceptée et qu'elle aura la possibilité de franchir les
étapes nécessaires lorsqu'elles viendront.
M. Scowen: Un dernier point, après on va passer à
autre chose. Dois-je comprendre par cela que vous exigez certaines conditions
normalement des compagnies canadiennes qui s'installent ici? Si j'ai compris,
la réponse est oui. Est-ce que c'est fait sur une base constante?
Avez-vous une série de règles, de conditions, de comportements
constants pour les diverses compaqnies qui viennent ou est-ce que cette
espèce de tamisage des compagnies canadiennes est fait sur une base
ponctuelle?
M. Biron: Ce n'est pas nécessairement parce que ces
entreprises sont étrangères ou canadiennes, mais si elles ont
besoin du gouvernement du Québec, nous voulons nous assurer que les
Québécois et les Québécoises en profiteront au
maximum. C'est dans ce sens que le gouvernement du Québec
intervient.
M. Scowen: Ma dernière question ou la première,
c'était: Est-ce que, à toutes fins utiles, vous avez l'impression
de passer un message aux investisseurs possibles ici, au Québec, que
vous désirez que les compaqnies respectent les lois et les conditions au
Québec? Pensez-vous que c'est différent, dans l'essentiel, des
exiqences des autres provinces du Canada?
M. Biron: J'ai l'impression que depuis quelques...
M. Scowen: Est-ce plus difficile d'après vous? Le message
que vous voulez passer, est-ce que c'est plus difficile, plus compliqué
de s'installer ici ou, à toutes fins utiles, que ce sont les mêmes
règles et comportements, dans un sens positif, sur le plan social, que
ceux qui sont exigés par les autres provinces?
M. Biron: J'ai l'impression que les mêmes rèqles
sont exigées par les autres provinces. J'ai aussi l'impression bien
nette que depuis quelques années, depuis quelques mois surtout, les
entreprises sont prêtes à respecter l'identité
québécoise et à faire en sorte que le projet de
société du Québec puisse progresser lentement mais
sûrement.
M. Scowen: Depuis quelques mois? Ah! depuis le 13 avril?
M. Biron: Oui, parce qu'avant cela, il y avait toujours la
crainte de voir un gouvernement libéral accéder au pouvoir, mais
maintenant que les compagnies sont assurées que c'est le Parti
québécois qui est là, on pourra au moins voir l'avenir
beaucoup plus en rose.
Une voix: Elles sont rassurées.
Une voix: Rassurées ou assurées?
M. Scowen: Mais cela ne veut pas dire que les règles du
jeu sont changées depuis le 13 avril?
M. Biron: Les règles du jeu, depuis le 13 avril, assurent
les entreprises qu'il y aura un gouvernement responsable au Québec.
M. Scowen: C'est ce qu'elles n'avaient pas avant le 1.3
avril?
M. Biron: Non, avant, elles avaient la crainte de voir le Parti
libéral gagner.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
Le tourisme (suite)
M. Lavigne: M. le Président, je voudrais poser une couple
de questions au ministre en ce qui a trait au chapitre du tourisme. Je sais
qu'on en a parlé un peu tout à l'heure. D'après les
réponses faites par le ministre, j'ai cru comprendre que le ministre
voulait s'adonner, au chapitre du tourisme, surtout à des
investissements qui donneraient plus d'information, par de la promotion, de la
publicité, incitant les étrangers à venir chez nous et
à profiter de tout ce qu'il y a de beau à voir au Québec.
Ma question serait celle-ci: Vous concentrez-vous surtout sur cette information
pour négliger une aide au niveau des infrastructures que certaines
régions du Québec pourraient se donner en tant qu'hôtels,
plages, terrains de camping ou aménagements divers qui pourraient
favoriser la venue du tourisme d'une part et favoriser aussi de plus longs
séjours pour le touriste qui viendrait ici. Si je me reporte à
mon comté, on sait que sur le plan naturel, le comté de
Beauharnois offre des plans d'eau fantastiques, des sites extraordinaires, mais
malheureusement, il manque d'aménagements sur ces sites pour inciter le
touriste à y venir et à y demeurer ou à y
séjourner.
Je voudrais entendre le ministre ventiler les investissements, à
partir des crédits que nous étudions aujourd'hui, à savoir
quel ordre ou quelle proportion de l'ensemble des crédits sera
affecté à ces infrastructures dans les régions.
M. Biron: Je peux dire au député de Beauharnois que
le gouvernement du Québec a établi, il y a quelques
années, deux ans environ, le crédit touristique, qui vise
à aider à se doter d'infrastructures nécessaires afin de
bien accueillir les touristes.
Malheureusement, nous n'avons pu faire en sorte que le crédit
touristique s'applique dans tout le Québec à cause des budgets.
Donc, il a fallu choisir certains corridors et dire que dans ces régions
données, dans ces corridors donnés, nous dépenserions le
maximum dans beaucoup d'endroits, mais dans une ou des régions
données, afin que les touristes gui viennent puissent choisir parmi
plusieurs établissements différents.
Éventuellement, nous voudrions pouvoir l'étendre à
d'autres régions du Québec, mais ce seront les
disponibilités financières qui vont décider de la date
d'extension du crédit touristique.
Dans ce sens-là, il y a eu beaucoup de fait au cours des
dernières années et nous voulons continuer dans le même
sens cette année, particulièrement avec la Société
de développement industriel. Nous avons prévu, aux
crédits, une somme de 30 000 000 $ de prise en charge pour le
crédit touristique, et 27 000 000 $ de prêt pour le crédit
touristigue. Ceci veut dire que dans certains endroits, dans certains cas en
particulier, nous pouvons y aller par une prise en charqe, c'est-à-dire
une subvention établie, payable sur cinq ans. Dans d'autres cas, en
particulier, nous pouvons faire des prêts réguliers, moyennant
garanties par hypothèque ou autrement, qui aident les entreprises des
régions à prendre de l'expansion ou à se moderniser.
Cette année, des sommes de 57 000 000 $ au total sont disponibles
pour le crédit touristique.
M. Lavigne: Si vous me permettez juste une addition...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois, vous me permettrez une remarque. On a dépassé le
stade des remarques préliminaires et on s'aventure dans
différents programmes. Si on voulait procéder un peu plus
systématiquement, je pense qu'on serait prêt à passer
à l'étude des crédits programme par programme, sinon, on
va pouvoir charrier d'un côté et de l'autre.
M. Biron: M. le Président, nous nous étions
entendus ce matin, avec l'Opposition, sur le fait que nous poserions des
questions qui paraîtraient mêlées au départ, mais qui
pourraient faire en sorte que finalement, nous puissions adopter tous les
programmes beaucoup plus rapidement, à la fin.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Si c'est la
volonté des membres de la commission, on va continuer ainsi et, à
la fin, on approuvera les programmes.
M. Biron: Je voudrais répondre à une question
posée par le député de Viger tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Beauharnois avait demandé la parole.
M. Lavigne: Allez-y. Je reviendrai. Si vous voulez
compléter, cela va être très court. Vous n'avez
répondu qu'à une partie de ma question. Vous vous êtes
arrêté au crédit touristique pour l'aide à la
construction et à l'expansion de l'hôtellerie.
En ce qui a trait à d'autres services nécessaires à
la venue et au séjour du touriste, comme les plages, les terrains de
camping, etc., est-ce que vous le faites en collaboration avec l'OPDQ ou si
vous avez des proqrammes propres à l'intérieur du
ministère pour aider les régions? Qu'on pense par exemple
à l'aménagement. Je suis en bordure du comté de
Vaudreuil-Soulanges. Mon collègue de Vaudreuil-Soulanges pourra
peut-être prendre la relève sur un dossier gui était cher
à Mme Guerrier, soit celui du réaménagement du canal
Soulanges, gui aurait pu être un attrait touristigue, et de
l'aménagement des îles du pont Mgr-Langlois, qui chevauche un peu
les deux comtés de Beauharnois et de Vaudreuil-Soulanges. Ce sont
là des guestions que je me pose parce gue ce sont des sites
fantastigues, mais gui demanderaient des investissements en aménagement
pour que le touriste puisse y séjourner. (15 h 45)
M. Biron: C'est exact. Il y a des gens dans certaines
régions qui vont faire des investissements dans le cadre des ententes
auxiliaires Québec-Canada qui, bien sûr, vont servir au domaine
touristique, mais ces investissements-là ne sont pas reconnus
directement comme étant susceptibles de recevoir des subventions ou de
l'aide du crédit touristique.
M. Paré: M. le Président, est-ce que je peux
apporter une information là-dessus?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que tous les membres
sont d'accord?
Une voix: Attends ton tour.
Une voix: Un complément de réponse?
Le Président (M. Boucher): Un complément de
réponse. M. le député de Viqer, je pense que vous aviez
une réponse.
M. Maciocia: M. le ministre, j'aurais une autre question à
votre réponse. Est-ce que les endroits dont vous avez parlé tout
à l'heure, que vous avez choisis, correspondent aux régions
choisies ou identifiées par le gouvernement fédéral?
M. Biron: Pour le crédit touristique? M. Maciocia:
Oui.
M. Biron: Est-ce que le gouvernement fédéral a
choisi des corridors touristiques?
M. Maciocia: Je sais qu'il y a des régions gui ont
été choisies ou identifiées dans le cadre du programme
touristigue du gouvernement fédéral.
M. Biron: Aux fins de la promotion du tourisme?
M. Maciocia: C'est cela. De toute façon, vous pourrez me
donner une réponse plus tard, si vous voulez.
M. Biron: Je vais vérifier cela. Je vais vous donner cette
réponse-là, en tout cas...
M. Maciocia: J'ai une deuxième question toujours sur le
même sujet. Est-ce que vous allez coordonner vos activités avec
celles du fédéral? En même temps, après que vous
aurez...
M. Biron: Ou si le fédéral va coordonner ses
activités avec celles du Québec.
M. Maciocia: C'est cela.
M. Biron: Je ne le sais vraiment pas. D'abord, on va regarder ce
qu'il y a comme... Nous participons régulièrement à des
réunions de concertation avec le gouvernement fédéral dans
ce sens-là. Il y a
même une conférence fédérale-provinciale des
ministres responsables du tourisme qui se prépare dans l'Ouest canadien
pour la fin du mois d'août.
M. Maciocia: Justement, quand vous aurez les réponses,
j'aimerais les connaître.
M. Biron: D'accord. Pour répondre à votre question
de tout à l'heure concernant les tournées d'agents de voyages, de
promotion, l'an dernier, il y a eu 75 programmes différents pour 1300
personnes qui en ont bénéficié. Cette année, nous
prévoyons ces mêmes tournées d'agents de voyages, des
programmes de promotion pour 143 programmes, donc tout près du double de
l'an dernier.
M. Maciocia: Toujours sur cette question, pourriez-vous nous dire
exactement, si c'est possible, ou approximativement, combien de ces voyages
sont organisés, je dis organisés dans le sens qu'il y a des
représentants de l'extérieur du Québec?
M. Biron: C'est essentiellement des gens de l'extérieur du
Québec qui viennent au Québec, sauf quelques exceptions.
M. Maciocia: C'est seulement de l'extérieur du
Québec? Quand vous dites de l'extérieur du Québec, est-ce
qu'on pourrait savoir d'où exactement? Est-ce qu'on parle du Canada, des
États-Unis ou même de l'Europe?
M. Biron: La plupart des tournées de familiarisation
viennent de nos marchés cibles.
M. Maciocia: Des?
M. Biron: Des marchés cibles, c'est-à-dire des
marchés qu'on vise pour la promotion du tourisme. Pour ce qui est du
marché canadien, c'est essentiellement des agents de voyages qui
viennent de l'Ontario et, particulièrement, de la région de
Toronto, en fait, de la région qui va d'Oshawa à Hamilton
où se concentrent près de 60% de la population ontarienne. Le
reste vient de la Nouvelle-Angleterre, de l'État de New York,
quelques-uns de la Californie et des États de ce qu'on appelle
l'Atlantique sud, c'est-à-dire la Floride en montant.
M. Maciocia: II n'y en a pas de l'Europe.
M. Biron: De l'Europe, on a très peu de
tournées.
M. Maciocia: J'ai posé tout à l'heure une question
au ministre, si vous pouvez me répondre. Si j'ai bien compris tout
à l'heure, il y a une augmentation de 800 000 $ pour la publicité
ou la promotion à l'extérieur du Québec. De ce
montant-là, il y a 600 000 $, comme le ministre a dit, qui va à
la publicité pour les États-Unis. Il y a un autre montant qui
concerne l'Ontario et des autres provinces canadiennes. Si je comprends bien,
il n'y a pas ou presque pas de montants alloués pour la publicité
ou pour le marketinq en dehors des autres provinces canadiennes et des
États-Unis. Est-ce que c'est bien ça?
M. Biron: C'est exact, mais il faudrait aussi tenir compte des
sommes qu'on dépense au titre du marketing et de la publicité au
Québec même.
M. Maciocia: Oui, je le sais, 850 000 $. Je pense que le ministre
nous a déjà dit cela. La question que je pose - vous venez de me
confirmer qu'il n'y a pas de marketinq ou de publicité de faite à
l'extérieur de cela - est celle-ci: Est-ce parce que vous ne croyez pas
à ce marché ou si c'est parce que vous ne voulez pas que ce
marché vienne ici, au Québec? Avez-vous fait des études
pour voir s'il y a des possibilités qu'on puisse avoir ce
marché?
M. Biron: II y a effectivement des études qui ont
été faites. Cependant, 1 $ dépensé aux
États-Unis ou en Ontario rapporte beaucoup plus que 1 $
dépensé en publicité dans les pays européens
à cause de la distance, entre autres, et à cause des coûts
très élevés de la publicité sur les marchés
européens. C'est beaucoup moins cher, c'est beaucoup plus rentable de
dépenser 1 $ en publicité aux États-Unis, au Canada et au
Québec, qu'en Europe.
M. Maciocia: Je dois comprendre que vous n'avez aucune intention
pour les prochaines cinq années - vous avez déjà fait des
projections de 250 000 000 $, au ministère du Tourisme, pour les cinq
prochaines années - de toucher ce marché-là.
M. Biron: J'aimerais ajouter, pour l'information du
député de Viqer, que nous avons en permanence, dans la plupart
des déléqations du Québec à l'étranqer, des
agents de promotion touristique qui, constamment, font des approches
vis-à-vis dos agences de voyages là-bas et des organismes.
M. Maciocia: Ils ne font pas grand-chose.
M. Biron: Je le sais, M. le député, mais avec les
budgets dont nous disposons...
M. Maciocia: Je vous ai dit cela parce que je sais qu'il y a une
grande possibilité
d'avoir ces gens-là. De plus en plus, chaque année, il y a
une grande quantité, des milliers de gens qui se déplacent de
l'Europe vers l'Amérique du Nord. Vraiment, c'est incroyable. Même
du côté de la pêche et de la chasse, c'est incroyable. C'est
nous qui, honnêtement, organisons parfois, en collaboration avec
là-bas, des voyages d'excursion dans ce sens-là parce qu'il y a
un marché incroyable, mais les gens ne sont pas au courant.
M. Biron: Merci des suggestions que vous nous faites. Si nous
pouvons avoir des budgets supplémentaires à dépenser
à la promotion du tourisme en Europe ou ailleurs, je sais que le
député de Viger pourra nous appuyer.
M. Maciocia: Étant donné que nous sommes sur le
plan touristique, pourriez-vous nous donner les réponses, M. le
ministre, aux questions qu'on vous a posées en commission parlementaire
sur le projet de loi no 2?
M. Biron: Je vais tout simplement déposer le rapport, pour
l'information du député de Viger, rapport qui fait état
des événements définitifs ou provisoires sur lesquels des
gens du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ont
travaillé, comme le Palais des congrès, et sur tout ce qui doit
se passer au cours des cinq prochaines années, de même que
d'où sont venus les 44 000 000 $ de retombées économiques
directes, le déficit d'exploitation du Palais des congrès pour
les cinq prochaines années et les retombées fiscales directes
pour le Québec. Les retombées fiscales directes sont les
dépenses des congressistes seulement; il n'y a aucun impôt sur le
revenu de compté là-dessus, ce sont simplement les taxes directes
sur les repas, les chambres d'hôtel, les souvenirs et tout ce que ces
gens vont acheter chez nous.
M. Maciocia: II n'y a pas de taxe, certain... Vous le
déposez, d'accord. Je vais le lire et s'il y a des questions à
poser, je les poserai après.
M. Biron: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vachon.
Basse-Côte-Nord
M. Payne: Ma question concerne la Basse-Côte-Nord.
J'aimerais exprimer une certaine préoccupation concernant cette partie
du Québec. En termes de préambule, il s'agit là d'une
communauté essentiellement anglophone, de 14 villages s'identifiant
directement et catégoriquement comme Québécois à
part entière. J'y ai un certain intérêt particulier, comme
vous savez, parce que j'ai été l'auteur d'un rapport pour le
compte du gouvernement il y a un an et demi, je pense. Cela m'inquiète
parce que c'est un coin de pays qui depuis des années s'est vu l'objet
d'une négligence exagérée de la part du gouvernement du
Québec qui est toujours évidemment iqnoré par le
gouvernement fédéral et oublié par la communauté
anglophone de Montréal, où, par exemple, il est peu connu. C'est
une communauté essentiellement riche dans une culture
guébécoise, mais déprimée. D'abord, la plupart
d'entre eux vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Ils dépendent
des pêcheries. Ces quatorze villages qui longent la côte de
Natashquan, la Romaine, Harrington Harbour, Mutton Bay jusqu'à
Blanc-Sablon, jusqu'aux frontières du Labrador, sont terriblement
négligés. Je déplore aussi qu'au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le crédit touristique,
jusqu'à maintenant, cela n'existe pas.
Pourtant il y a un potentiel extraordinaire, spécialement
à Harrinqton Harbour, Tête-à-la-Baleine et Mutton Ray.
Selon tous les écoloqistes québécois, il s'agit d'un
potentiel remarquable. Mes inquiétudes sont d'autant plus
confirmées quand je regarde la carte, le plan de développement
touristique du Québec et que je vois qu'à toutes fins utiles la
Basse-Côte-Nord n'existe pas; elle n'est même pas sur la carte. La
carte se termine à Havre-Saint-Pierre. Pour un gouvernement fier et fort
pour lequel le principe de l'intégrité territoriale est si
important, je pense que nous avons quelques revendications traditionnelles
concernant le Labrador... J'aimerais recommander que vous incluiez la
Basse-Côte-Nord sur votre carte, dans un premier temps;
deuxièmement, implorer, suggérer que vous puissiez
reconsidérer dans les plus brefs délais la possibilité
d'amender le règlement pour comprendre la Basse-Côte-Nord pour les
fins des crédits touristiques et explorer, finalement, toutes les
avenues de développement régional pour ce coin du pays.
Je suis certain que mon collègue anglophone de
Notre-Dame-de-Grâce se rallie à moi pour dire que c'est un coin du
Québec très important et terriblement négligé
jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: M. le député Vachon, je vous remercie de
la suggestion que vous me faites. Je vous dirai que j'ai eu l'immense avantage
de visiter la Basse-Côte-Nord il y a deux ans. Vous avez raison, les gens
là-bas sont extraordinaires. J'ai fait tous les villages jusqu'à
Blanc-Sablon, j'ai vu une atmosphère de fraternité comme jamais
je
n'en avais vue dans ma vie. Je prends bonne note de votre demande.
Considérant les crédits qui seront disponibles, je verrai si je
peux suggérer d'ajouter une réqion aux réqions
désignées pour les crédits touristiques.
M. Payne: Si on commençait par les mettre sur la
carte?
M. Biron: Pour votre information, M. le député,
vous seriez heureux de savoir que dans le cadre de l'entente auxiliaire sur les
infrastructures industrielles, dans les parcs de pêche, le
ministère...
M. Payne: Pour les cartes, je pense, de l'année
passée.
M. Biron: ... a mis, l'an dernier, 46 000 $ à
Rivière-au-Tonnerre et 550 000 $ à Natashquan.
M. Payne: Je suis au courant de cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, c'est
peut-être devenu une nouvelle convention durant les deux dernières
semaines. Les membres des commissions parlementaires qui font partie du groupe
de l'Opposition doivent s'interroger sur le principe d'alternance qui semble
s'être instauré entre les deux côtés de la
présidence à l'occasion des questions qu'on a à poser au
ministre. (16 heures)
II m'apparaît, d'une part, en principe, que c'est encore une fois
en commission parlementaire l'occasion privilégiée pour
l'Opposition d'essayer d'approfondir les dossiers que les membres du cabinet
présentent et que, par ailleurs, en dépassant cette question de
principe pour bien se documenter, j'ai relu les interventions qui ont
été faites à la commission parlementaire de l'industrie et
du commerce l'an dernier. J'ai constater que, pour une fois depuis longtemps,
il y avait un membre du gouvernement de l'époque, le
député de Frontenac, M. Grégoire, qui a eu de longues
discussions avec le prédécesseur du ministre actuel, mais que,
par ailleurs, on n'avait jamais vu autant de participation de la part des
membres du gouvernement pour questionner leurs collègues du parti
ministériel. Il me semblait, sans exagérer, qu'on limitait
à ce moment-là pour nous de l'Opposition, l'occasion quand
même d'interroger le ministre sur les éléments de
programme, les orientations et les priorités du gouvernement pour
l'année à venir. Il est possible que mon collèque de
Notre-Dame-de-Grâce, qui est ici depuis plus longtemps que moi, ait la
même impression. Je ne veux pas présumer, mais...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, dans les commissions parlementaires, à
l'étude des crédits, tous les députés ont droit de
parole et on doit procéder par alternance, évidemment. Au moment
où je les reconnais, la coutume veut qu'on alterne des deux
côtés. C'est tellement vrai que, dans une commission parlementaire
ordinaire, où on étudie un projet de loi article par article, un
député qui n'est pas membre de la commission, qui n'est pas
intervenant, doit avoir l'autorisation des autres membres de la commission pour
pouvoir parler, mais cette obligation, dans notre règlement, n'existe
pas au niveau des crédits. Un député, quel qu'il soit,
peut venir à la table de la commission et poser les questions qui
l'intéressent. Dans le cas des commissions parlementaires sur
l'étude des crédits, il n'y a pas de tradition pour donner la
prépondérance à un côté ou à l'autre.
Tous les députés ont le droit de le faire. Évidemment, la
tâche du président est de répartir les interventions d'une
façon la plus éqale possible.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux d'abord protester de la façon la plus
rigoureuse possible contre cette décision, M. le Président.
Depuis trois ans, j'ai assisté à plusieurs commissions
parlementaires sur les crédits. Il est reconnu que c'est la seule
occasion pour l'Opposition officielle et les membres des autres partis, dont il
ne reste personne, malheureusement...
Des voix: Ah! Ah!
M. Scowen: ... Ils sont tous passés d'un côté
ou de l'autre, de poser des questions sur les dépenses du gouvernement.
C'est vrai, en principe, que cette question d'alternance existe, mais le
fonctionnement de toutes les commissions parlementaires sur les crédits
jusqu'ici, depuis au moins trois ans, était organisé pour
permettre aux membres de l'Opposition de poser des questions quant au budget du
gouvernement. Je sais très bien gue cette question a été
soulevée cette semaine et la semaine dernière avec d'autres
présidents, parce qu'il semble ici qu'il existe cette année un
plan systématique de la part du gouvernement de monopoliser au moins la
moitié du temps de l'étude des crédits. On a
protesté à ce sujet dans les autres commissions parlementaires et
les autres présidents ont accepté, à ma connaissance, de
retourner au principe que les députés de l'Opposition doivent
avoir le droit de parler, de poser des questions d'une façon
privilégiée. Les membres du gouvernement ont l'occasion, lors de
leurs caucus ou à d'autres occasions, de poser des questions. Le
temps disponible est très limité et je vous demande, avec
beaucoup de respect, d'observer les traditions et le comportement qui est
établi ici depuis longtemps.
Le Président (M. Boucher): Si l'on parle de traditions, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, je suis un des plus
anciens présidents de commission, étant donné que je
préside des commissions depuis 1976. On ne m'a jamais indiqué, en
aucun temps, qu'il y avait une tradition qui privilégiait un
côté de la table ou l'autre. On a toujours laissé
indifféremment les députés s'exprimer en commission
parlementaire sur les crédits qu'ils soient des partis d'Opposition ou
du parti ministériel. Là-dessus, j'essaierai de vous apporter
quand même une certaine jurisprudence ou certaines décisions qui
confirment ce que je viens de dire.
M. Lavigne: M. le Président, si vous me le permettez,
brièvement, les remarques que fait l'Opposition actuellement ne
m'apparaissent pas si pertinentes que ca, tout en tenant compte des remarques
que vous avez faites, vous, à partir des articles du règlement
que vous avez mentionnés, parce que depuis le début de la
commission, pour ma part, je n'ai posé qu'une seule question, mon copain
de gauche a posé, lui aussi, une question et mon deuxième copain
de gauche en a posé deux. Je ne pense qu'il y ait eu là, de notre
part, vraiment un abus. Je comprends que les gens de l'Opposition veuillent
avoir un certain privilège d'information. Je suis prêt à
coopérer dans ce sens et à faire en sorte qu'ils aient
peut-être plus de temps que nous. Je suis d'accord avec cela en
dépit du règlement. Je suis de bonne foi là-dessus, mais,
quand les gens de l'Opposition prétendent qu'on y est allé par
alternance, qu'ils laissent presque entendre que ç'a été
comme ça depuis le début et que nous avons posé autant de
questions et d'aussi lonques questions qu'eux, je pense que c'est un peu
exaqéré de dire ça.
Le Président (M. Boucher): Ce qui forçait, dans les
années passées, le parti ministériel à poser moins
de questions, c'est qu'il y avait deux partis d'Opposition. Quand on
procédait par alternance, il fallait donner une question au Parti
libéral et une question à l'Union Nationale et, par la suite,
revenir au parti ministériel. Cette année, un des partis
d'Opposition n'existe plus. Alors, ca va par alternance d'un côté
à l'autre.
M. Scowen: À cause du fait qu'il n'existe que deux partis,
c'est votre intention d'alterner entre les deux.
Le Président (M. Boucher): Ce n'est pas mon intention,
mais on le faisait dans le passé entre trois partis et, cette
année, on le fait entre deux partis.
M. Scowen: L'an passé, il n'y a eu qu'une seule
intervention du côté du qouvernement pendant toute l'étude
des crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme.
Le Président (M. Boucher): S'il n'y avait pas
d'interventions, c'est parce qu'il n'y avait pas d'intéressés.
À partir du moment où il n'y a pas de questions qui
intéressent un des partis... On n'a pas à déterminer s'il
y avait ou s'il n'y avait pas de questions à poser, mais au moment
où il y a des questions à poser, le président est
obligé de donner la parole à celui qui la demande.
M. Payne: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vachon.
M. Payne: J'aimerais pour ma part, à titre de leader du
groupe de ce côté-ci, protester vigoureusement contre les
remarques du député de Notre-Dame-de-Grâce et du
député de Vaudreuil-Soulanges. C'est vraiment dans le meilleur
intérêt démocratique qu'on veut participer au débat.
Si on est ici, ce n'est pas seulement pour voter, mais pour participer. C'est
bien dans l'esprit de l'équipe ministérielle, depuis quatre ans,
déjà, que nous participions tous et chacun à notre
façon.
M. Scowen: L'année passée, il y a eu un seul
intervenant.
M. Payne: Je peux invoquer le règlement pour toutes les
traditions dans le passé. Nous avons vu, au cours des trois
dernières semaines, les frustrations du parti d'Opposition qui se voit
vraiment mal pris du fait qu'il y a des députés du parti
ministériel qui posent des questions en Chambre. Nous avons, à
titre de députés de nos circonscriptions respectives, des
préoccupations importantes qui touchent l'adoption des
crédits.
M. Scowen: Ils ont découvert ces responsabilités
depuis le 13 avril.
M. Payne: Je termine, M. le Président.
M. Scowen: C'est un changement de comportement important.
M. Payne: Je m'excuse, j'aimerais terminer mon intervention.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de Vachon, vous avez la parole.
M. Payne: Comme leader de notre groupe, je proteste
vigoureusement. Cependant, si le parti d'Opposition voit que c'est dans le
meilleur intérêt de la démocratie qu'on se taise, pour les
fins de cette discussion, on est prêt à se taire. Pour notre part,
je pense que nous n'avons posé que cinq questions durant toute la
journée.
M. Maciocia: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viqer.
M. Maciocia: ... ce n'est pas notre faute si les
députés ministériels ne se parlent pas entre eux et que la
seule occasion qu'ils aient de poser des questions, ce soit ici à la
commission parlementaire.
Le Président (M. Boucher): En principe, le
président doit observer la règle que tous les
députés ont le droit de parole et donner la parole à celui
que la demande. Il n'y a pas de discrimination possible à cette
table.
Les personnes en poste à
l'extérieur
M. Scowen: J'ai deux ou trois questions à poser au
ministre. L'année passée, une certaine fraude a été
commise, semble-t-il, par un membre du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme à Milan, ce qui a eu pour résultat qu'une
poursuite a été intentée contre lui. Également, une
personne du ministère, à Montréal, qui était proche
de la personne poursuivie, a démissionné de son poste tout de
suite après. M. le ministre, est-ce qu'à cause de cet
événement, vous avez mis en vigueur des systèmes plus
rigides, mieux contrôlés pour vous assurer que les personnes qui
sont en poste à l'extérieur du pays, au nom de votre
ministère, soient surveillées d'une façon
différente? Est-ce que vous vous êtes assuré que la
démission de votre ministère de cette personne, qui était
très près je pense de personnes qui étaient poursuivies en
justice, n'avait rien à voir avec l'événement qui est
survenu à Milan? Est-ce que des changements ont été faits
depuis cet événement pour vous assurer qu'il ne pourra pas se
répéter?
M. Biron: Étant donné que ce
problème-là s'est présenté avant mon arrivée
au ministère et que je voudrais que le député ait la
réponse la plus juste possible, je demanderai au sous-ministre M.
Descôteaux de répondre.
M. le Président, dans le cas qui concerne l'employé du
ministère qui était en poste à l'étranger,
c'est-à-dire à Milan, nous avons agi de manière assez
ferme puisque je voudrais confirmer au député de
Notre-Dame-de-Grâce que ce n'est pas une démission qui a suivi ces
actes-là mais bien plutôt une expulsion de la fonction publique
par le ministère. C'est-à-dire que nous l'avons démis de
ses fonctions.
M. Scowen: Y avait-il une deuxième personne qui
était indirectement impliquée avec cette personne, qui a
démissionné du ministère même très tôt
après?
M. Biron: Effectivement, il y a une deuxième personne dont
nous n'avons pu mesurer exactement les agissements qui a cru bon, voyant la
célérité et la dureté de la réaction du
ministère, de démissionner et qui est à Montréal,
me dit-on, présentement.
M. Scowen: Est-ce que, à votre connaissance, il est
question d'entreprendre une poursuite contre cette deuxième
personne?
M. Biron: II s'agit là d'un dossier qui pourrait
être de nature criminelle de telle sorte que ça ne relève
pas de la compétence du ministère. Nous avons alerté la
Sûreté du Québec dès que les faits entourant ce
dossiers ont été portés à notre connaissance. Il se
trouvait par hasard que le conseiller du ministère, qui était le
principal impliqué dans ce dossier, se trouvait au Canada à ce
moment-là. Nous avons pris les mesures appropriées de concert
avec les Affaires intergouvernementales pour prolonger son séjour d'une
semaine de façon que la sûreté puisse très
rapidement compléter son analyse de la situation qui a conduit à
l'inculpation de la personne en question.
M. Scowen: Est-ce que vous avez fait une enquête pour
vérifier à votre satisfaction que d'autres cas n'existent pas
dans d'autres postes ou même dans ce poste-là? Est-ce que vous
avez pris des précautions additionnelles pour vous assurer qu'à
l'avenir ce genre d'incident ne pourra pas se répéter?
M. Biron: II est clair que quiconque agit dans le domaine
commercial ou économique peut être, à un moment ou l'autre,
vulnérable, mais il n'est pas évident que nous ayons à
notre disposition des mesures préventives qui soient absolument sans
faille. La meilleure discipline que nous pouvons imposer à nos
fonctionnaires, c'est de bien leur faire comprendre que s'ils dévient du
droit chemin il y aura des sanctions qui peuvent aller jusqu'à
l'expulsion, ce qui d'ailleurs a été le cas.
M. Scowen: Mais normalement, quand on trouve un trou on essaie
non seulement de le combler mais de prendre les mesures correctives pour
s'assurer que ca ne pourra
pas se répéter. C'est la question que je vous pose.
M. Biron: Oui, mais il faut nuancer, si vous me le permettez, M.
le député, votre question, dans ce sens qu'il ne s'agit pas d'un
trou qui s'est trouvé au sein du ministère et où il y
aurait eu des fonds confiés à la garde d'un fonctionnaire qui
seraient disparus en totalité ou en partie. À ce
moment-là, nous aurions pu faire notre enquête et voir quelles
sont les mesures à prendre pour que de tels événements ne
se répètent pas. Dans ce cas-ci il s'agit, si j'ai bien compris,
d'un trafic d'influence de sorte que le trou est assez... (16 h 15)
M. Scowen: II s'agit de la surveillance de vos personnes,
à l'extérieur surtout. Est-ce que le système de
surveillance est changé depuis?
M. Biron: Le système de surveillance n'est pas
changé, c'est toujours le délégué
général, s'il s'agit d'une délégation
générale, ou le délégué tout court, ce qui
est le cas, par exemple, à Milan, qui assure la surveillance des
personnes dans l'exercice de leurs fonctions. Mais il est évident que ce
n'est pas une surveillance qui va s'étendre à 24 heures par jour,
sept jours par semaine et 12 mois par année. Vous comprendrez comme moi
qu'il faut se fier à l'intégrité des personnes, jusqu'au
moment où nous avons des indications que nous devons soupçonner
la qualité de cette intégrité et sa totalité, de
telle sorte que nous prenons les mesures disciplinaires appropriées.
M. Scowen: Je peux simplement suggérer au ministre, qu'il
regarde cet événement et s'assure lui-même que le
système de surveillance des personnes à l'étranger, sur
une base régulière, est tel que ça ne peut pas se
répéter. Parce que cela a coûté quelques centaines
de milliers de dollars...
M. Biron: Est-ce que je pourrais savoir ce que le
député entend par système de surveillance, dans un cas
comme celui-là? Je ne comprends pas très bien.
M. Scowen: Je suis prêt à embarquer dans les
détails de cet événement, si vous voulez, je pense que
vous les connaissez autant que moi, mais tout ce que je peux vous dire, c'est
clair dans mon esprit, que ce bonhomme qui était à Milan, au nom
du gouvernement du Québec, avait la possibilité de faire tout ce
qu'il a fait, sans surveillance d'un supérieur pour le prévenir.
Si vous n'avez pas changé le système en vigueur à
l'extérieur du pays, c'est possible que ça puisse se
répéter. Je suis prêt à embarquer pendant trente
minutes sur les détails et les noms, si vous voulez. Mais je pense que
c'est mieux de simplement proposer au ministre qu'il s'occupe de cette
affaire.
M. Biron: M. le Président, je note l'intervention du
député de Notre-Dame-de-Grâce et je l'informerai, au cours
des prochaines semaines, de l'action du ministère dans ce sens.
M. Scowen: Avant que je laisse la parole à une autre
personne, je voulais poser une question au ministre quant au cas des carottes,
du pâté de foie gras et des vins qui, semble-t-il, sont en train
de disparaître de l'Institut du tourisme et d'hôtellerie, pour un
montant d'au-delà de 1 000 000 $ par année. C'est aux pages 82 et
83 du rapport du Vérificateur général. Ce dernier
écrit que "Les contrôles des entrées et sorties de
fourniture et du matériel nous sont apparus insuffisants,
inadéquats et/ou mal exercés. De fait, il n'existe pas de
registre d'inventaires permanents des fournitures et ceux du matériel et
des boissons..." En d'autres mots, semble-t-il, si je comprends bien l'affaire,
l'institut achète l'alimentation et les boissons pour les fins de
l'enseignement ou pour les réceptions et il y a une certaine
quantité, d'après le Vérificateur général,
qui n'est pas utilisée aux fins pour lesquelles c'est acheté,
mais pour permettre à quelques-uns de consommer, chez eux, le
pâté de foie gras, les carottes, les spiritueux, aux frais du
public.
Je ne sais pas si vous avez l'intention d'arrêter cette pratique.
Je sais bien que souvent, le coût pour corriger est plus grand que celui
des pertes, mais dans ce cas-ci, c'est un peu flagrant, c'est en effet du vol
de denrées alimentaires. Je me demande si c'est quelque chose qui vous
préoccupe. Qu'est-ce que vous allez faire?
M. Biron: M. le Président, j'assure le
député que j'ai été préoccupé,
dès la lecture du rapport du Vérificateur qénéral,
concernant en particulier l'Institut du tourisme et d'hôtellerie de
Montréal. J'ai demandé au direteur général de cet
institut de me faire un rapport concernant le rapport du Vérificateur
général. Je dois dire que l'institut est plus qu'un hôtel,
c'est ce qui complique un peu l'état des opérations; c'est
à la fois un petit hôtel et une école. Est-ce que nous
sommes capables d'avoir un système de contrôle qui nous
permettrait de contrôler, jusqu'à une carotte près, les
dépenses de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie de
Montréal? Dans le passé, nous avons étudié la
possibilité au ministère d'avoir un système
informatisé qui nous permettrait un meilleur contrôle, mais le
coût de ce système, compte tenu des compressions
budgétaires, ne nous laissait pas
prévoir des économies importantes.
Lorsque nous préparons un panier de provisions pour un cours le
matin, il est fort possible qu'il en reste le tiers ou le quart dans le panier.
C'est un peu plus difficile à contrôler dans ce sens, d'autant
plus que ce n'est pas un hôtel ou un restaurant ordinaire où le
propriétaire se sert de ses résidus comestibles pour
préparer d'autres mets. J'ai demandé quand même un rapport
pour voir si nous pouvions instituer un meilleur contrôle sur les
dépenses de l'institut afin de répondre du mieux possible
à la critique du Vérificateur général.
Le Vérificateur général avait aussi une
deuxième critique concernant les réceptions de certains
ministères à la Maison du Québec à Terre des
hommes. Même avant le rapport du Vérificateur
qénéral, je dois dire que nous en avions discuté avec lui.
Déjà, un nouveau système est en place qui permet à
l'institut de contrôler exactement ses coûts et qui empêche
de faire des réceptions par des organismes gouvernementaux, à la
Maison du Québec ou à l'institut, en laissant traîner le
compte, qui est payé finalement par l'institut. Si un ministère
ou un organisme du gouvernement décide de faire une réception,
cela lui est facturé immédiatement et les revenus sont
comptabilisés dans les revenus de l'institut.
M. Scowen: Je suis content que vous ayez pris l'affaire au
sérieux et que vous ayez demandé un rapport. Est-ce que dans le
rapport vous allez demander des renseignements pour savoir qui était le
bénéficiaire, ce qui était volé exactement, ainsi
que les quantités impliquées?
M. Biron: Voler, c'est un gros mot. Ce n'est pas cela que le
vérificateur a dit. Le vérificateur a dit qu'il y avait eu un
manque de contrôle, mais il n 'a jamais affirmé qu'il y avait eu
vol dans ce sens, parce que s'il avait affirmé qu'il y avait eu vol,
nous aurions demandé à la Sûreté du Québec
d'intervenir et de faire l'enquête nécessaire. Cela a
été tout simplement une faiblesse du contrôle des
entrées et des sorties de fournitures et de matériel. Dans ce
sens, j'ai demandé au responsable de l'institut de faire en sorte de
resserrer les contrôles, compte tenu que nous ne pouvions, à
l'heure actuelle, avoir un système informatisé, qui nous
coûterait plus cher que la différence que nous avons à
payer pour ces faiblesses de contrôle et de coût. J'assure quand
même le député que je suis conscient, après le
rapport du Vérificateur général, de cette faiblesse dans
nos contrôles là-bas et que nous nous proposons de les corriger le
mieux possible.
M. Scowen: Vous n'avez aucune objection à nous donner une
copie du rapport qui va finalement sortir à ce sujet?
M. Biron: Je n'ai aucune objection à informer le
député du résultat.
M. Scowen: Est-ce qu'on peut voir le rapport? Est-ce un secret
d'État, le mouvement des carottes? Vraiment!
M. Biron: Je vais informer le député, et si les
renseignements que je donne au député ne sont pas satisfaisants,
le député pourra toujours revenir là-dessus à
l'Assemblée nationale par une guestion.
M. Scowen: J'ai d'autres questions. Je ne sais pas comment vous
voulez procéder.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Viger avait demandé la parole, ainsi que le député de
Shefford.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Pour commencer, je voudrais apporter juste un
renseignement supplémentaire à mon collègue de Beauharnois
qui s'interroqeait tout à l'heure sur le développement des
équipements et des infrastructures touristiques. Je le dis parce que
justement, hier, j'étais en commission parlementaire dans un autre
ministère où j'avais facilement le droit de parole. Il a
justement été question du développement des zones
fauniques des parcs municipaux, provinciaux ou des parcs de camping. Cela se
fait, cela se développe. Il y a des budgets, mais ils ne relèvent
pas du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ils
relèvent du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Il va y avoir des développements mais ils relèvent
d'un autre ministère. Je tiens à apporter cette présicion
parce que j'étais membre de cette commission hier soir.
Ma question, c'est dans un autre domaine, c'est à propos de la
politique d'achat du gouvernement. On sait que le gouvernement, par ses
ministères, le ministère de l'Éducation, le
ministère des Affaires sociales, et par ses institutions publiques et
parapubliques, est certainement le plus gros client du Québec; il est,
en tout cas, un potentiel très important pour les entreprises du
Québec. Voici ma question, M. le ministre: Depuis que le programme est
établi, la politique d'achat a-t-elle répondu à nos
attentes à 100% ou, du moins, dans quelle proportion? Sinon, y a-t-il
des mesures ou d'autres attentes qu'on puisse fixer dans des délais
assez rapprochés?
M. Biron: M. le Président, je dois dire que la politique
d'achat a répondu aux attentes du gouvernement, lorsque nous l'avons
instituée. C'est intéressant, et j'en ai justement discuté
hier avec le ministre des
Travaux publics et de l'Approvisionnement qui est responsable de
l'application, lorsque nous définissons la politique. Nous avons
décidé de former un groupe de travail qui verrait à
disséquer en détail tout ce qu'achètent le gouvernement du
Québec et ses organismes - les hôpitaux, les écoles, les
commissions scolaires - afin d'aller un peu plus loin, c'est-à-dire
trouver les entreprises nécessaires à la production des produits
que le gouvernement ou ses organismes achètent et qui ne sont pas
fabriqués au Québec. Nous nous proposons donc, une fois que les
familles de produits seront concentrés, de chercher des manufacturiers
québécois et de les encourager à produire ces choses.
C'est dans ce sens, je crois, qu'un qouvernement doit intervenir. Comme je le
disais ce matin, il doit donner des idées et des suggestions à
nos entreprises. Voilà un gouvernement ou des organismes qui sont
prêts à acheter des entreprises québécoises à
condition qu'on fabrique, qu'on manufacture chez nous ces produits
donnés. Mais les industriels, la plupart du temps, ne savent pas
exactement ce que nous importons de l'extérieur. Nous allons faire une
étape de plus dans la politique d'achat dans le sens de fournir
davantage d'information aux entreprises québécoises.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viqer.
M. Maciocia: M. le ministre, une question seulement. Si j'en ai
d'autres, j'aurai l'occasion de vous les poser. Le déficit
d'exploitation, pour cinq années, à partir de 1981 jusqu'en 1987
ou 1988, sera d'un total de 15 200 000 $. Est-ce que cela comprend aussi la
taxe foncière? C'est ma seule question, je n'en ai pas d'autres. Je
pense que non, mais...
M. Biron: Non, M. le député. C'est inscrit
d'ailleurs au bas du tableau, il n'y a aucune disposition pour taxe
foncière, le loyer et le service de la dette.
M. Maciocia: D'accord. C'est juste pour faire une rectification,
parce qu'on avait dit que, pour les cinq premières années, il y
aurait un déficit prévisible de 15 000 000 $. Mais à cela,
si vous vous rappelez, on avait ajouté 7 500 000 $ de taxe
foncière. Vous rappelez-vous? Cela veut dire qu'il y a 15 200 000 $ plus
la taxe foncière qui peut faire encore 7 000 000 $ ou 8 000 000 $ de
plus.
M. Biron: C'est exact, M. le député, parce que dans
le tableau que nous avions, c'étaient des dollars de 1977. Si vous
remarquez les retombées fiscales pour le Québec...
M. Maciocia: Oui.
M. Biron: ... nous avions parlé de 30 000 000 $ de
retombées fiscales et nous avons maintenant 58 000 000 $.
M. Maciocia: Oui.
M. Biron: C'est l'extrapolation de l'inflation.
M. Maciocia: Cela revient au même. Disons qu'en
réalité, le déficit sera autour de 22 000 000 $ ou 23 000
000 $ pour les cinq premières années. Est-ce bien cela?
M. Biron: Avec des retombées fiscales directes de 58 000
000 $.
M. Maciocia: Oui. C'est cela?
M. Biron: Oui.
M. Maciocia: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanqes. (16 h 30)
Encouragement à l'exportation
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanqes): Merci, M. le Président.
On vient de parler de politique d'achat, j'aurais comme commentaire que si on
encourage non seulement le gouvernement, ce qui est normal, mais les
entreprises à faire l'achat chez nous, si tout le monde fait cela, il
n'y aura pas grand monde pour exporter. Ce qui m'amène à parler
un peu de la politique de favoriser l'exportation par nos entreprises, que le
ministre a fait valoir un peu plus tôt.
Je remarque, à cet éqard, qu'un des secteurs du
ministère qui est le plus actif, c'est la SDI. Il y a plusieurs
programmes et en principe, cela entre maintenant dans son mandat, si je
comprends bien, de favoriser les exportations. Il y a eu la formation de la
division de l'exportation à la SOI, en juillet dernier, et il y a l'OQCE
qui est actif dans le portrait, il y a la DSI, Direction des services
internationaux - je ne suis pas certain, cela a chanqé de nom. Il y
avait deux références dans notre documentation.
À tout événement, j'aimerais voir où on en
est depuis douze mois dans l'aide à l'exportation, autant à
l'intérieur des programmes de la SDI, de l'OQCE que dans d'autres
services du ministère, s'il y a des relations dans ce sens. Pour
commencer, si on pouvait bénéficier d'un exposé, d'une
tournée générale, un petit tour de jardin, de ce qui se
fait depuis un an ou à peu près dans ce secteur-là et, par
ailleurs, quels sont les projets, d'une façon concrète, du
ministère en matière d'aide à l'exportation,
d'encouragement vers le commerce extérieur
des entreprises québécoises?
M. Biron: Je dois dire, sur le préambule du
député de Vaudreuil-Soulanges, que là où nous
voulons en arriver avec la politique d'achat, ce n'est pas
nécessairement d'empêcher d'autres entreprises de vendre au
Québec, mais c'est de donner des idées, de susciter plus de
manufacturiers québécois à produire des produits qui
seraient très facilement vendables au Québec. C'est donc juste
une politique incitatrice dans ce sens-là.
Les politiques de l'OQCE, de même que celle de la SDI, division
exportation sont complémentaires. L'Office québécois du
commerce extérieur aide les entreprises à chercher de nouveaux
marchés, aide les gens d'affaires à aller à
l'extérieur, organise des voyages pour ces gens, des groupes de
promotion à l'extérieur du Québec. L'OQCE organise aussi
au Québec des voyages d'acheteurs étrangers, afin gu'ils viennent
au Québec rencontrer les chefs d'entreprises, visiter les entreprises
québécoises, tandis que la SDI, division exportation, donne des
subventions directes aux entreprises dans le genre subvention sur le montant
des ventes à l'étranger.
Je ne vous cache pas que les subventions du montant des ventes à
l'étranger ont été tellement populaires que nos budgets
ont été défoncés très, très
rapidement. Nous sommes donc à revoir aujourd'hui ce programme, puisque
cela nous prendrait peut-être quelques centaines de millions de dollars
pour suffire à la tâche. Dans ce sens-là, nous voulons,
comme je l'ai dit ce matin, aider les entreprises à faire leurs premiers
pas à l'étranger, leur montrer à marcher, mais
aussitôt que ces entreprises sauront comment fonctionner à
l'étranger, je ne vois pas pourquoi le gouvernement du Québec
continuerait à donner des subventions, parce que nous n'avons pas les
moyens de le faire. Nous allons remplacer ces subventions à
l'exportation de produits par des garanties, lorsque nécessaire, tel que
je le citais ce matin dans le cas de Bombardier, BTM et B.G. Checo, etc. Nous
allons continuer dans ce domaine, particulièrement dans le sens des
garanties de prêts ou des qaranties de montants à soumissionner
à des acheteurs étrangers.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je posais
précisément la question à l'égard des changements
qui, si je comprends bien, sont intervenus entre les prises en charge
d'intérêts, par opposition à la subvention de 2% sur le
montant des produits qui sont exportés par une entreprise, dans la
mesure où c'est très d'actualité, car pour avoir
vérifié personnellement auprès d'entreprises qui
bénéficiaient de ce programme d'une part, qui
bénéficiaient également d'assurances de la SDI que les
montants représentant à un certain moment la prise en charge,
soit depuis que ces changements sont intervenus, la subvention de 2%, ces
entreprises en sont encore à demander, de façon
répétée, à la SDI de donner suite à ses
engagements. Et je m'explique.
Sur la foi d'assurances passées il y a quelque mois, ces
gens-là ont budgétisé dans leurs opérations
d'exportation des montants à recevoir. Ils traînent, logiguement,
à mon sens, des montants à recevoir de la SDI qu'ils sont
incapables de percevoir depuis des semaines et des mois. À ma
connaissance, il y a au moins trois gros cas. Il n'y a rien qui ne nous laisse
soupçonner qu'il n'y en aurait pas beaucoup plus. On parle d'une
centaine de dossiers possiblement qui seraient affectés, pour des
dizaines, des douzaines et peut-être des centaines de millions de
dollars.
J'aimerais savoir exactement quelle est l'activité
précise, à ce moment-ci, de la SDI-Exportation, qui peut
permettre à ces gens de savoir quand les 50 000 $, les 70 000 $, les 100
000 $ qu'on leur avait promis - ce qui est important pour des PME - leur seront
versés.
M. Biron: Tous les engagements qui ont été pris par
la SDI en vertu de l'aide à l'exportation seront respectés, je
parle des engagements fermes. Quant aux autres, le cas des entreprises qui
n'ont pas fait l'objet d'engagements fermes de la part de la SDI, nous sommes
à revoir, dossier par dossier, ce que nous pouvons faire pour ces
entreprises. Il n'y aura pas beaucoup ou très peu de PME
pénalisées dans cette opération, compte tenu des budqets
qui nous sont alloués. Il y aura possiblement de grandes entreprises gui
ont profité de l'inflation, puisque le montant était d'une
augmentation de 20% par année sur leurs exportations, alors que
l'inflation est de 12%. C'est assez facile d'augmenter nos ventes de 8%.
Il y aura probablement quelques grandes entreprises qui s'attendaient
d'avoir des montants très substantiels et auxquelles nous ne pourrons
pas payer la totalité de leurs attentes. Mais nous ne voyons pas
beaucoup de PME qui pourraient être pénalisées. Je crois
que les dossiers sont fermés déjà depuis quelques semaines
afin qu'on puisse revoir le programme et faire en sorte que le programme puisse
s'appliguer d'une façon qui tiendra compte des crédits
disponibles à la SDI.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous dites que les dossiers
sont fermés. Tout est sur le métier. On réévalue,
à ce moment-ci, si je comprends bien, toute l'action d'aide à
l'exportation du MIC et de ses tentacules?
M. Biron: Je demanderais au président
de la SDI de vous donner la réponse exacte.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. On se connaît bien d'ailleurs.
M. Biron: Je suis nouveau à la SDI, comme vous le savez
peut-être. On est engagé dans un processus de réflexion
effectivement, en ce qui a trait à nos programmes d'aide à
l'exportation, à la demande du gouvernement. Compte tenu des contraintes
d'ordre budgétaire, on a jugé bon de suspendre un volet de nos
programmes, qui est le programme des subventions. Tous nos clients ont
été prévenus par lettre. J'en ai déjà
rencontré quelques-uns et le ministre également, pour leur
expliquer la situation. Je pense en particulier aux plus "gros" d'entre eux. On
examine donc l'ensemble de ces dossiers en suspens en vue de soumettre
bientôt une proposition au gouvernement. Dans l'intervalle, on poursuit
notre réflexion sur l'ensemble des programmes d'aide et on s'est
fixé comme objectif le 1er septembre pour soumettre des recommandations
au gouvernement sur l'ensemble des programmes d'aide à l'exportation.
Les autres volets sont toujours en vigueur. Il y a un nouveau programme, par
exemple, gui existe depuis quelque temps, le crédit de prospection. On a
eu une dizaine de dossiers à ce jour. On est en train, en quelque sorte,
de le roder parce que c'est un nouveau proqramme. On avait prévu
également, l'an dernier, participer à la mise en place de
consortiums d'exportation. Il y a quatre ou cinq projets qui sont actuellement
à l'étude. On a déjà participé à des
missions exploratoires, en Afrique particulièrement, et on attend des
recommandations au cours des prochaines semaines sur ces projets.
Je dois vous dire qu'il y a une étape importante gu'on est en
train de franchir. La SDI exportation est de création assez
récente et il y a beaucoup de postes qui restent à combler. Donc,
on est en train d'amorcer les démarches pour les combler. Il manque, en
fait, près de la moitié de l'équipe, compte tenu des
délais normaux de la fonction publique, cela prend un peu de temps.
Donc, essentiellement, à l'heure actuelle, on cherche à combler
ces postes le plus rapidement possible au plan interne. On a une
réflexion en profondeur sur l'ensemble de nos programmes d'aide et on
examine les demandes qui nous sont soumises au titre des volets autres que les
subventions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous mentionnez ici une date
d'arrêt de ce proqramme pour fins de réexamen. Est-ce qu'on peut
avoir une idée précise du moment où la directive a
émané du ministère vers la SDI pour dire: Là, on
regarde cela?
M. Biron: Cela a été suspendu chez nous. La date de
suspension est le 25 ou le 26 mai. Je pourrais vérifier exactement la
date de suspension.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. C'est une question...
M. Biron: C'est à compter de cette date qu'on n'acceptait
plus de nouvelles demandes de subventions, au titre des subventions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour donner suite,
présumément, à celles qui sont pendantes et en cours.
M. Biron: Oui. Il y a un certain nombre de demandes gui sont en
suspens. Comme l'a laissé entendre le ministre, probablement que les PME
vont recevoir le montant auquel elles s'attendaient. Ce sont plutôt les
qrosses entreprises qui vont peut-être voir leurs attentes un peu
déçues.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'aurais maintenant une question d'intérêt plus
qénéral qui nous fait remonter un peu dans le temps. En voyant la
popularité de ce proqramme qui, à mon sens, était
probablement prévisible - dans la mesure où il s'agit de
subventions sur du volume purement et simplement, c'est certainement toujours
très populaire - n'y avait-il pas dans la façon de gérer
ce programme des crans d'arrêt ou des seuils qu'on aurait pu
prévoir pour cesser, en pratique, de prendre à l'égard des
gens des engagements auxquels on ne pourra pas donner suite? Est-ce que
c'était un budget ouvert ou est-ce qu'on a enqaqé tant de
millions, finalement, dans ces programmes?
M. Biron: Non. Le budqet était fermé, mais, dans
l'application du programme, il n'y avait malheureusement pas de crans
d'arrêt vis-à-vis de chacune des entreprises. Le cran
d'arrêt était le budqet total. Comme on arrivait au bout du
budget, il a fallu aqir rapidement parce que le budqet aurait pu être
défoncé facilement dans un mois ou deux d'opération.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sauf que c'est simplement une
fois qu'il est défoncé que des gens gui ont
complété des formulaires et se sont fait dire: II n'y a pas de
problème, se font dire: Cela va retarder ou vous n'en aurez pas.
M. Biron: Malheureusement, on n'a pas le choix. On a le choix
entre continuer le programme ou l'arrêter. C'est pour cela que nous avons
demandé aux qens de la...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je parle de retard dans les
engagements. Je
parle du retard à rencontrer les engagements, d'une part, et,
d'autre part, du changement de décision. Vous dites, à
l'égard de certaines entreprises, qu'elles n'auront pas le montant
auquel elles étaient "en droit" de s'attendre, et à
l'égard d'autres, que cela va être retardé. Si on parle de
retard, on peut parler d'une petite entreprise qui emprunte au taux
préférentiel, plus 1/2% ou 1%. Pour un mois, ça
coûte très cher. (16 h 45)
M. Biron: Oui, mais je crois qu'on est allé le plus
rapidement possible dans des décisions à prendre, compte tenu des
demandes qui ont afflué au cours des derniers mois. Lorsque la
constatation a été faite que les budgets étaient pour
être défoncés, et grandement défoncés, il a
fallu agir pour respecter les budgets qui nous étaient alloués
par le ministre des Finances.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est un cas où la
machine a changé d'idée entre deux moments dans le temps, je
suppose. Partiellement?
M. Biron: C'est un peu toujours la même chose pour la
machine.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On évoquait tout
à l'heure l'encouragement de la formation d'un consortium d'exportation.
Est-ce qu'on pourrait m'expliquer ce que la SDI exportation, la SDI en
général a à l'esprit lorsqu'elle parle de cela?
M. Biron: Ce qui avait été envisagé au
départ, c'était qu'on participe comme actionnaire à la
formation d'un consortium, en collaboration avec des représentants du
secteur privé. D'après les discussions, c'est la forme qui est
envisagée et qui ferait qu'on serait impliqué, avec trois ou
quatre partenaires, comme actionnaire et chacun irait d'une mise de fonds
initiale. On viserait essentiellement à servir, en quelque sorte, de
courroie de transmission entre des fournisseurs canadiens et des acheteurs
étrangers.
Comme on n'a pas de cas concret gui fonctionne, je ne peux pas aller
beaucoup plus loin parce que ce sont réellement les premières
expériences gui sont en discussion, gui sont encore sur papier. Je
discutais de cette formule la semaine dernière avec un de nos principaux
partenaires éventuels et on est encore à discuter avec eux de la
meilleure façon de s'impliquer, nous, comme SDI, dans ces consortiums.
Il n'y a pas encore de première, on est encore au stade des discussions,
mais disons que c'est ce qui avait été envisagé par
rapport à d'autres formules que j'ai mentionnées. On serait
actionnaire minoritaire dans cette perspective, avec d'autres.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous parlez de consortium, de
courroie de transmission; j'ai cru, au début, qu'on verrait des
consortiums de producteurs-exportateurs, mais ce n'est pas ca, ce sont des gens
dont l'activité professionnelle est d'être des
intermédiaires, auxquels vous joindriez vos efforts?
M. Biron: Ce pourraient être des qens du secteur des
services, des grandes firmes d'ingénieurs-conseils, par exemple, des
gens qui fabriquent des produits au Québec dans tel ou tel secteur. Le
consortium qui serait créé serait une entité au plan
juridique qui n'aurait pas d'activités comme telles, mais qui servirait
de lien entre les fournisseurs québécois et les acheteurs
étrangers.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que cela remplacerait la
formation de consortiums de producteurs, des entreprises qui fabriqueraient
elles-mêmes des choses qu'elles exporteraient? Est-ce que cela remplace
l'aide par le conseil de gestion ou la subvention de prise en charge
d'engagements qu'une entreprise pourrait prendre pour faciliter ses propres
exportations sans se joindre à d'autres? Est-ce que cela remplace aussi
- probablement -l'activité à laquelle se livrent nos qens, nos
déléqués commerciaux à l'étranger? Est-ce
que cela s'ajoute?
M. Biron: Non, je crois que ce serait supplémentaire. On
pourrait avoir, dans le consortium, une qrande firme de génie-conseil
gui se spécialise à l'étranger, on pourrait avoir un
manufacturier de maisons, un grossiste en quincaillerie et en ferronnerie et la
SOI dans un pays. Dans un autre pays, ce serait un consortium formé
d'autres entités juridiques. Dans chacune des régions du globe
où nous voulons exporter, le choix se ferait à partir de la
spécificité propre de la région. Dans certaines
régions, il faut véritablement faire affaires avec des
grossistes, dans d'autres régions, il faut absolument passer par le
gouvernement et ainsi de suite.
Ce que nous voulons, c'est nous ajuster au marché et non pas
forcer le marché à s'ajuster au Québec. Je crois
qu'à ce niveau le gouvernement fédéral a parlé
dernièrement d'encourager la formation de consortiums à peu
près dans le même genre que ce que nous préconisons
à partir d'une banque de firmes d'ingénieurs-conseils et de
certains manufacturiers. C'est à peu près le même style de
consortium.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous pourriez peut-être
m'instruire, M. le ministre, sur le rôle, s'il y a un rôle de
suppléance tel que vous venez de le décrire, de nos gens, de nos
délégués commerciaux
dans nos maisons du Québec, un peu partout dans le monde. Ne
s'inscrivent-ils pas dans le fond dans le même... Ce n'est pas cela qui
est le plus important?
M. Biron: On a quelques maisons à travers le monde, mais
dans de nombreux pays, comme l'Algérie, on n'a pas de
déléqué du Québec, en Arabie Saoudite, ainsi de
suite. Les consortiums vont agir dans beaucoup de ces pays un peu partout.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'ils vont agir en
France ou en Angleterre quand même?
M. Biron: De manière qénérale, je crois
qu'on pourrait dire que le rôle des conseillers commerciaux
économiques à l'étranger consiste principalement à
définir ou à repérer des débouchés pour le
bénéfice des producteurs ou des commerçants
québécois tandis qu'à la SDI, direction Exportation, il
s'agit plutôt, à ce moment, de trouver des moyens financiers
d'assister l'opération elle-même de vente à
l'intérieur des créneaux qu'on aura pu identifier à
l'étranger. Pour le ministère et avec l'Office
québécois du commerce extérieur, ce n'est pas du
financement d'exportation. C'est l'identification des débouchés.
Tandis que la SDI s'associe avec des individus, des sociétés ou
des groupes pour exporter concrètement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Programme OSE
M. Scowen: J'ai une question à poser au président
de la SDI. D'abord, je veux le féliciter pour sa nomination et lui
souhaiter bonne chance. C'est un poste très important pour tout le
monde. C'est une société très importante qui s'est bien
développée pendant des années. J'aimerais lui poser juste
une question sur cet aspect des deux programmes qui ont été
ajoutés dans le cadre du programme OSE. On a toujours prétendu
que OSE, c'était un peu gonflé, un système de
publicité gonflé et nous avons des informations assez
précises quant à ces deux programmes que nous avons rendues
publiques, qui ont été effectivement contredites, je pense, par
M. Landry. Je veux avoir certaines précisions.
Premièrement, dans la brique, le rapport régulier du
programme OSE, pour démontrer combien c'est bon, ils ont même
présenté une liste des 423 compagnies qui avaient profité
des deux programmes pour un total d'à peu près 40 000 000 $.
D'après nos informations, le rapport d'OSE était
exagéré et effectivement il y avait à peu près 317
compagnies, pas 423, et la somme versée n'était pas 40 000 000 $,
mais plus près de 20 000 000 $, la moitié. En effet, ils ont
doublé effectivement le montant qui a été versé et
le montant qu'ils avaient mis dans le bouquin OSE pour les fins de la
publicité était, si vous voulez, le montant qui était
autorisé ou demandé. La première question que je veux
poser au président: Est-ce qu'effectivement la publicité OSE est
correcte et que c'était 400 compagnies pour 40 000 000 $? Ou est-ce que
nos informations sont exactes et qu'il s'agissait seulement, pour les vrais
prêts, de 300 compagnies pour un total de 20 000 000 $? Est-ce que nous
avons raison ou est-ce que cette publicité OSE était correcte?
Parce que l'un est la moitié de l'autre.
M. Biron: M. le député, il y a eu - et je vais vous
déposer une copie du rapport et vous allez le constater vous-même
- 423 autorisations, pour le programme OSE, à la Société
de développement industriel. Il y a eu 64 prêts annulés ou
réduits pour des raisons techniques ou autres, qui ne se conformaient
probablement pas au rèqlement, et il y a eu 15 radiations pour
finalement atteindre, au 31 mars 1981, 323 dossiers en vigueur pour des
prêts sur lesquels nous avions autorisé 39 000 000 $ et sur
lesquels nous avons déboursé environ 32 000 000 $. Pour votre
information, M. le député, je vais déposer le rapport de
la Société de développement industriel concernant les
statistiques pour le proqramme OSE au 31 mars 1981, petites entreprises
manufacturières et secteurs traditionnels.
M Scowen: Oui, mais, pour répondre à ma question,
le document OSE qui est sorti et qui disait qu'il y avait 423 dossiers, pour un
total de 40 000 000 $, était trompeur.
M. Biron: Le programme OSE a annoncé les autorisations. Ce
qui a été autorisé par OSE est transmis après
à la SDI pour paiement. C'est sûr que si l'entreprise ne se
conforme pas aux règlements de la SDI, on ne peut pas subventionner
là-dessus. OSE vous a donné le rapport des autorisations qu'elle
a transmises à la SDI. Donc...
M. Scowen: Effectivement...
M. Biron: ...dans le rapport que je vous remets, vous avez vos
423 autorisations pour 39 000 000 $.
M. Scowen: Quand on reqarde les sommes dans les rapports, il ne
faut pas croire que ce sont les sommes qui sont effectivement versées
à l'économie, mais ce sont celles qui ont peut-être
été autorisées ou demandées. C'est
intéressant. Je pense que la population n'est peut-être pas
consciente que lorsqu'elle lit tous ces grands chiffres d'OSE, il y a une
partie importante
qui n'est jamais versée. C'est intéressant.
M. Biron: M. le député, je voudrais seulement vous
dire là-dessus que, lorsque vous aurez le document en main, vous allez
constater vous-même qu'en cours de route, si OSE a accepté
certains prêts entre le dépôt de la demande à OSE
jusqu'au paiement par la SDI du prêt suggéré par OSE, il y
a certaines entreprises - et vous savez que ce sont des entreprises en mauvaise
situation financière qui vont à OSE - qui ont fait faillite.
M. Scowen: Oui.
M. Biron: II y en a 49 sur les 423 qui ont eu une offre du
programme OSE. Lorsque l'entreprise est en faillite, la SDI n'accorde pas un
prêt à une entreprise en faillite. OSE était logique de
donner son rapport de recommandations à la SDI, mais la SDI n'a pas
l'obligation, dans le fond, de dilapider les fonds des citoyens
québécois.
M. Scowen: Je comprends. Je pense qu'il est simplement
nécessaire d'avertir la population que quand ils regardent la
publicité de OSE, ce n'est pas nécessairement les sommes
versées, les emplois créés, mais ce sont les
recommandations qui ont été faites qui seront peut-être
acceptées et mises en vigueur ou peut-être pas.
J'ai une deuxième question.
M. Biron: Là-dessus, je voudrais simplement dire...
M. Scowen: Oui, oui.
M. Biron: ...pour l'information du député, que
lorsque le programme OSE fait ses suggestions, ses recommandations...
M. Scowen: Oui.
M. Biron: ...il n'a pas la possibilité de savoir deux ou
trois mois plus tard ce qui va arriver à l'entreprise, tant et aussi
longtemps que la SDI n'aura pas versé les montants. OSE fait son rapport
de recommandations. (17 heures)
M. Scowen: Oui, mais il a le droit d'attendre la
réalisation des projets avant d'en faire la publicité. C'est un
autre choix qu'il peut faire, je pense.
La deuxième question que je voulais poser sur le même
sujet, c'est qu'on a aussi été informé, par M. le
président de la SDI, que les pertes encourures dans ces deux programmes,
les pertes déjà réalisées et les pertes
prévues pour les prêts qui ont été accordés
dans les deux programmes OSE, vont probablement atteindre un niveau de
près de 40%. J'aimerais savoir, premièrement, si c'est vrai, quel
est le montant des pertes prévu, final, pour les prêts qui ont
été accordés pour ces deux programmes OSE; quel
pourcentage on prévoit comme perte dans ces deux programmes; quelles
sont les pertes normales pour les programmes autres que les programmes OSE, et
si ces deux programmes OSE, au sein de la SDI, vont être poursuivis cette
année et l'an prochain, sinon, pourquoi.
M. Biron: M. le député, encore une fois, dans le
rapport qu'on vous a remis, vous avez "provision pour pertes au 31 mars 1981".
C'est ce que la SDI prévoit perdre sur les programmes OSE,
c'est-à-dire 3 400 000 $ sur des déboursés de 32 000 000
$, c'est-à-dire un peu plus de 11%. La SDI a une expérience de
perte de 5%, que nous jugeons un peu élevée, mais compte tenu que
la SDI est une société prêteuse qui a le dernier recours,
une fois que les autres banques ont refusé de prêter, ce chiffre
est acceptable. Cela veut dire que les prêts sur les programmes OSE ont
été, et de beaucoup, plus risqués que les prêts
réquliers. Encore une fois, je dois vous dire que c'a été
la volonté du gouvernement de promouvoir des entreprises qui
étaient plus risquées que d'autres, mais, d'un autre
côté, si le qouvernement n'avait pas décidé
d'intervenir, ce sont des gens qui seraient restés sur l'assistance
sociale pour la plupart.
Dans ce sens, il y a une récupération vraiment valable
d'entreprises qui ont réussi à passer à travers des
situations très difficiles et qui sont encore sur le marché de la
production. Je dois dire que je trouve le taux de récupération
satisfaisant.
M. Scowen: Alors, vous avez l'intention de continuer cette
expérience valable et intéressante dans l'avenir.
M. Biron: Lorsque le gouvernement a institué ce programme,
il avait prévu gue c'était un programme pour une durée
limitée au 31 mars 1981.
M. Scowen: Pourquoi le terminer?
M. Biron: II n'a pas été renouvelé.
C'était dans les prévisions de l'an dernier et, cette
année, lorsqu'on nous a demandé de présenter nos
prévisions budgétaires, le programme n'a pas été
reconduit.
M. Scowen: Vous venez de faire les louanges de ce programme et de
parler de sa nécessité pour ces compagnies qui, autrement,
seraient en faillite, avec des conséquences sérieuses pour la
population. Pourquoi ne pas l'avoir renouvelé?
M. Biron: À cause des compressions budgétaires,
parce qu'il faut véritablement
vivre selon nos moyens. Certains autres programmes, qui étaient
pourtant excellents, ont dû aussi être terminés.
M. Scowen: Est-ce que je puis vous poser une dernière
question sur les prêts parce que vous m'avez donné la fiche et je
veux comprendre parfaitement? Je prends, par exemple, le premier programme: les
petites entreprises manufacturières. Aux trois dernières lignes,
vous avez des déboursés cumulatifs de 15 000 000 $, une provision
pour pertes de 1 777 000 $, un déficit accumulé de 1 830 000 $.
Je présume qu'effectivement vous avez déjà rayé des
livres 1 830 000 $ et que vous prévoyez des pertes additionnelles du
montant de la différence, soit 40 000 $ et que les pertes totales pour
le programme des petites entreprises manufacturières, d'après vos
informations, vos prévisions, à l'heure actuelle, sera de l'ordre
de 1 877 000 $. Est-ce vrai?
M. Biron: Oui, c'est vrai.
M. Scowen: C'est vrai? Et 13 400 000 $ seront payés comme
promis.
M. Biron: C'est ça.
M. Scowen: Et c'est à peu près trois fois plus
élevé que les pertes normales.
M. Biron: C'est six fois. Je m'excuse, M. le
député, tout à l'heure j'avais compté simplement
les provisions pour pertes. Après réflexion, les pertes normales
de prêts de la SDI sont à 5%.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, si vous voulez,
nous allons revenir un peu en arrière. La première information
que je vous avais donnée était exacte. C'est-à-dire que
les prévisions pour pertes au 31 mars 1981: 1 877 665 $ c'est ce qu'on
prévoit perdre incluant ce qui est déjà perdu, alors que
le déficit accumulé, c'est la différence entre les pertes,
les prévisions pour pertes et un peu de revenu d'intérêt
qui va survenir. Alors, le maximum que nous prévoyons perdre,
vérifié par le Vérificateur général, c'est 1
877 000 $, donc environ 12% des prêts; alors que, en règle
générale, on a entre 3% et 4% selon le domaine d'activité
dans lequel la SDI prête de pertes sur les prêts
réguliers.
M. Scowen: Est-ce que le gouvernement va rembourser la SDI pour
l'écart entre les pertes normales et les pertes dans ce programme
imposé pour des raisons d'État?
M. Biron: D'une façon ou d'une autre, c'est le
gouvernement qui finance la SDI.
M. Scowen: Oui, mais c'est une société
d'État quand même.
M. Biron: Oui, à 100% gouvernementale.
M. Scowen: Alors, la réponse est non, je
présume?
M. Biron: La réponse est oui, c'est le gouvernement, d'une
façon ou d'une autre, qui finance la SDI.
M. Scowen: Vous n'allez pas rembourser...
M. Biron: C'est le gouvernement qui rembourse les pertes.
M. Scowen: Est-ce que le gouvernement a l'intention de payer une
somme directe à la SDI, pour compenser les pertes additionnelles
encourues en acceptant de fonctionner avec ces deux programmes?
M. Biron: C'est implicite, M. le député, parce que
c'est le gouvernement qui paie les frais d'opération de la SDI, alors
que, pour une banque régulière, ce n'est pas le gouvernement qui
paie ses frais d'opération. Automatiquement, c'est inclus dans les frais
d'opération de la SDI.
M. Scowen: Je ne parlais par d'impliciter, mais d'expliciter.
M. Biron: C'est ça que je vous dis, d'une façon ou
d'une autre, si la SDI fait des profits, c'est le gouvernement gui va en
profiter, si la SDI fait des pertes, c'est le gouvernement qui va les
combler.
M. Scowen: Oui, mais le rapport annuel de cette
société est une réflexion de la qualité des
gestionnaires et des cadres qui travaillent là-dedans. Si le
gouvernement impose des programmes, normalement, il y a un astérisgue,
une compensation pour permettre à la population d'évaluer la
qualité du travail qui est fait par une société
d'État et ses gestionnaires. C'est le point, vous comprenez?
M. Biron: Je vous remercie, je prends note de votre suggestion,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est un principe qui, je pense, était
déjà bien établi et, je pense, à la suite d'une
suggestion du député de Lotbinière, lors de la
dernière session.
M. Biron: Je vous remercie de faire des suggestions qui ont
déjà été faites par le député de
Lotbinière. Elles doivent être des bonnes suggestions.
M. Scowen: Toujours.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, nous
prenons la défense des cadres des sociétés d'État.
Il y a évidemment d'autres acteurs à l'intérieur des
sociétés d'État du gouvernement du Québec, il y a
ceux qu'on retrouve au niveau des conseils d'administration et je serais
porté à vous demander, M. le ministre, quel rôle vous
croyez que des administrateurs, d'où qu'ils viennent, du secteur
privé, que ce soient des sous-ministres, que ce soient des gens d'autres
entreprises du gouvernement du Québec, quel rôle ces gens,
à un conseil d'administration, qu'il s'agisse de la SGF, de la SDI, de
la SAQ, de SIDBEC, ou peu importe, ils doivent jouer, selon vous.
M. Biron: Ils doivent respecter les objectifs fixés par le
gouvernement, donc les actionnaires, pour chacune de ces
sociétés. Je m'explique. Si nous parlons de la SDI en
particulier, le rôle, les objectifs de la SDI, c'est d'être un
prêteur de dernier recours, d'intervenir là où d'autres
sociétés privées ne veulent pas ou ne peuvent pas
intervenir. Dans ce sens, les administrateurs de la SDI ne peuvent pas agir
comme s'ils étaient administrateurs de la Banque nationale. Ils doivent
donc respecter la direction, les objectifs à atteindre, donnés
par la loi, lorsqu'on a fondé une telle société, toujours
en se souvenant que les véritables propriétaires des
sociétés d'État sont les hommes et les femmes du
Québec, représentés par leurs élus à
l'Assemblée nationale. (17 h 15)
Un autre exemple, c'est SIDBEC, dont, dans la première loi ou les
premières lois de SIDBEC, on voulait faire un complexe
intégré. Des objectifs de rentabilité n'avaient pas
été fixés dans la loi, la même chose pour la SGF.
Après des études sur ces sociétés, des rapports que
le gouvernement a demandés ou des plans de développement ou de
redressement, on a voté une nouvelle loi et on a fixé des
objectifs de rentabilité. On a donc changé un peu par les
actionnaires la direction donnée à l'entreprise. Les
administrateurs doivent donc respecter la direction donnée par les
actionnaires à leur entreprise.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela ne ressemble pas
tellement, évidemment, comme vous le savez, M. le ministre, à ce
qui se déroule dans le secteur privé. L'actionnaire, oui,
élit éventuellement les membres du conseil d'administration, mais
il n'en reste pas moins que c'est au conseil d'administration de
déterminer les grandes politiques de l'entreprise. Je peux comprendre
ici qu'il y a confusion dans les personnes dans certains cas, mais, par
ailleurs, la responsabilité de contrôle des dirigeants repose sur
le conseil d'administration. J'aimerais que vous nous indiquiez ce que vous
favorisez comme rapports d'autorité entre les dirigeants, la haute
direction d'une société d'État, son conseil
d'administration et le ministère finalement, le cabinet.
M. Biron: Le ministère n'est pas là pour intervenir
dans la vie quotidienne, dans l'administration quotidienne des
sociétés d'État. Nous n'intervenons pas. Mais, en tant que
représentants des actionnaires, nous demandons à voir par des
rapports, par des états financiers, l'évolution constante de nos
sociétés d'État. Je note, en passant, qu'une seule, l'an
dernier, n'a pas rapporté des profits, c'est SIDBEC. Les
députés, à l'automne, seront convoqués à une
commission parlementaire pour étudier le plan de redressement de SIDBEC
et prendre les décisions les plus appropriées possible pour
corriger une situation de déficit à SIDBEC pour en faire, si
possible, une société d'État rentable. Nous travaillons,
à l'heure actuelle, sur cette présentation à faire en
commission parlementaire, alors que nous serons appelés, avant de
prendre des décisions importantes, à consulter les
députés, les représentants des actionnaires.
Dans ce sens, le ministère ne fait que suivre l'évolution
de ces sociétés; de plus près, bien sûr, si la
société est malade; de plus loin, si la société est
en excellente situation financière.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous indiquiez plus tôt
que l'actionnaire de ces sociétés est finalement l'ensemble de la
population du Québec, représentée par les membres de
l'Assemblée nationale. Dans ce cas, en toute logique, il m'aurait
semblé que, dans certains cas, des nominations de membres du conseil
d'administration auraient dû passer par l'Assemblée nationale. Je
ne pense pas que ce soit la pratique. Je demanderais donc au ministre comment
il interprète le mandat général, que représentent,
avec toute leur variété, les membres de l'Assemblée
nationale, lorsqu'il se propose de faire des nominations aux
sociétés d'État.
M. Biron: Les membres de l'Assemblée nationale ont
délégué, par une loi, au ministre des Finances ou de
l'Industrie et du Commerce ou de l'Énergie et des Ressources, la
responsabilité de les représenter comme actionnaires de
l'entreprise. Il relève donc du ministre de faire les suggestions
nécessaires. C'est même prévu dans la loi que les
nominations sont faites par le Conseil des ministres. Nous ne faisons que
respecter les lois constitutives en cette matière.
M. Scowen: Mais vous pouvez les changer. Vous avez souvent
proposé des changements à ces lois. Je me demande si maintenant
que vous avez tout le pouvoir nécessaire pour les réaliser...
M. Biron: Ce serait peut-être une suggestion que vous
pourriez faire s'il y avait une commission parlementaire sur les
sociétés d'État.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela aurait beaucoup plus de
poids si cela venait de vous, M. le ministre, probablement.
M. Scowen: C'est vous, le porte-parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... en vertu de la loi
actuelle, telle que rédigée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
SIDBEC
M. Scowen: On a touché très brièvement
SIDBEC dans ce contexte général. Il serait peut-être
important de parler pendant un moment de SIDBEC. Je veux demander au ministre
de s'abstenir d'une élaboration générale sur SIDBEC. Je
vais m'en abstenir moi-même. Les faits sont connus. C'est clair qu'il y a
des changements importants qui s'imposent et que vous allez étudier ce
dossier en profondeur. J'accepte que vous me disiez que vous n'avez pas encore
eu le temps de décider quoi faire. Je vais vous poser une question
très précise à l'extérieur de la conjoncture
économique. Êtes-vous satisfait aujourd'hui de la situation
administrative à l'intérieur de cette société, le
moral et la qualité de l'administration? Le gouvernement
précédent a fait des changements importants. Le président
a été changé. Êtes-vous satisfait maintenant de
l'administration? Est-elle saine, bien organisée et les changements qui
s'imposaient sur cet aspect du problème sont-ils maintenants faits?
J'ai entendu des échos sur le fait que ce n'est pas le cas et
qu'il existe un malaise aujourd'hui à l'intérieur de SIDBEC qui
est peut-être une cause assez importante de ses problèmes. Je
répète que je ne veux pas soulever toutes les questions
structurelles ni de l'industrie, ni de la compagnie. Mais sur ce point
précis, le ministre peut-il me donner son opinion?
M. Biron: Sur ce point précis, M. le Président,
même si nous n'étudions pas les crédits de SIDBEC
aujourd'hui, je répondrai quand même au député de
Notre-Dame-de-Grâce qui veut avoir une information précise. J'ai
dit tout à l'heure que je me proposais à l'automne de demander
aux membres de la commission de venir avec nous étudier en profondeur le
plan de redressement de SIDBEC et les actions que nous devrions accomplir
ensemble. Je ne vous cache pas que, lorsqu'une société perd 50
000 000 $ dans une année, le moral à l'intérieur de
l'entreprise ne peut pas être excellent. S'il fallait que le moral
à l'intérieur de l'entreprise soit excellent, il y aurait quelque
chose qui ne fonctionnerait pas avec les gens qui vivent avec SIDBEC et de
SIDBEC.
Nous étudions à l'heure actuelle avec la direction de
SIDBEC des moyens très rapides pour essayer de corriger beaucoup de
choses en vue d'abord que tout le personnel de SIDBEC, du président aux
gardiens, que ces gens se sentent beaucoup plus fiers de leur appartenance
à SIDBEC, ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui à
cause des déficits accumulés et particulièrement celui de
l'an dernier. De là à dire que les qens ne sont pas
compétents, ce n'est pas cela du tout. Il y a des qens très
compétents à l'intérieur de SIDBEC. Il y a une conjoncture
qui a nui. Il y a la question de SIDBEC-Normines qui a nui
énormément dans ce cas, les contrats que SIDBEC avait et que
SIDBEC a dû respecter en perdant énormément d'argent sur
chaque tonne de boulettes de fer que SIDBEC-Normines vendait.
Pour répondre clairement, M. le député, vous avez
raison. Le moral à l'intérieur de SIDBEC n'est pas excellent.
C'est l'effet, en grande partie, du déficit. Je suis convaincu que le
jour où on pourra trouver ensemble les formules appropriées pour
changer le déficit de SIDBEC en un surplus, vous verrez le moral revenir
à son meilleur et vous verrez tous les travailleurs de SIDBEC participer
beaucoup plus intensément à la vie et au développement de
SIDBEC.
M. Scowen: Effectivement, vous êtes convaincu que le
problème du moral est à cause du déficit et pas le
contraire, ce n'est pas un déficit qu'il y a eu à cause du moral
ou de la compétence. Vous êtes satisfait en général
des compétences de l'équipe qui dirige SIDBEC. Est-ce
l'impression que je dois dégager de vos commentaires?
M. Biron: Ma première réponse, surtout avant
d'avoir fouillé à fond dans toute la hiérarchie de
l'entreprise est que c'est mon habitude de faire confiance aux gens en place
avant de dire: Celui-là, il n'est pas bon.
Jusqu'à maintenant, je dois vous dire que je fais confiance aux
gens en place à SIDBEC. S'il s'avérait en cours de route que nous
devrions changer des gens, pas nécessairement à cause de leur
incompétence, mais parce qu'ils manqueraient du dynamisme
nécessaire et de la vision d'avenir, nous poserons les gestes en
temps
et lieu. Mais pour le moment je fais confiance aux administrateurs de
SIDBEC tant et aussi longtemps qu'autour d'une table de commission
parlementaire nous n'aurons pas eu assez le temps de fouiller en profondeur
dans le plan de redressement et dans les actions à prendre concernant
cette entreprise.
M. Scowen: Avez-vous l'impression que l'enquête de la
Sûreté du Québec auprès de certains membres de
l'administration de SIDBEC a eu pour effet de causer des problèmes de
moral? Est-ce qu'il y a des résultats concrets et importants qui sont
survenus à cause de cette enquête?
M. Biron: Je ne peux pas vous donner une réponse
précise, il faudrait que je vérifie.
M. Scowen: II y a des choses à vérifier à
l'intérieur de SIDBEC, je pense. Vous avez dit, il y a deux, trois
semaines, que le ministère de l'Industrie et du Commerce, ce n'est pas
le ministère des Affaires sociales. Cela s'applique bien à
l'entreprise privée. Est-ce que c'est une règle qui s'applique
également aux sociétés d'État? Il faut les
rentabiliser vite?
M. Biron: Oui, M. le député, c'est une règle
qui s'applique aussi aux sociétés d'État, ce qui est
très exigeant pour le ministère et le ministre en particulier
parce que nous avons comme objectif de rentabiliser le plus rapidement possible
et vite l'entreprise SIDBEC.
Taux d'impôt
M. Scowen: J'ai une autre question d'ordre général.
C'est cette pénible question de l'impôt des cadres. Vous vous
souvenez qu'en 1978 le ministre des Finances a créé un nouveau
système de revenu sur les particuliers dans lequel l'impôt
personnel payé par les administrateurs, les personnes qui gagnent
au-dessus de 25 000 $ est plus élevé au Québec d'une
façon importante. Vous êtes conscient que tout le monde de cette
catégorie de salaire a fait des protestations
répétées auprès du ministre et du gouvernement.
Vous êtes aussi au courant qu'il y a ceux qui prétendent que de
pénaliser les entrepreneurs, les créateurs d'emplois, les
personnes les mieux instruites et ceux qui sont vraiment capables de
bâtir le Québec a pour effet même de créer des
problèmes dans la création d'emplois et d'investissements. Vous
êtes maintenant ministre de l'Industrie et du Commerce à
l'intérieur d'un gouvernement qui a refusé dans trois budgets
consécutifs de donner suite aux recommandations de ces personnes.
Le ministre des Finances a dit, si je comprends bien: En
général on aimerait réduire tous les impôts si
possible mais ce n'est pas possible, et nous avons d'autres priorités.
On va baisser les impôts en baissant la taxe de vente sur certains
articles, c'est plus important, on va baisser davantage l'impôt des
personnes à faible revenu. Est-ce que vous, comme ministre de
l'Industrie et du Commerce, êtes d'accord avec le ministre des Finances,
que la correction de cette situation n'est pas une priorité importante
pour le gouvernement et que les hommes d'affaires ont tendance à
charrier un peu, à exagérer l'importance du problème? Ou
croyez-vous plutôt que c'est un problème réel sur lequel
vous devez agir à l'intérieur du Conseil des ministres et
à l'intérieur de votre gouvernement pour faire suite aux demandes
qui sont continuellement faites par les dirigeants d'à peu près
toutes les entreprises québécoises? Où êtes-vous
la-dedans? (17 h 30)
M. Biron: M. le Président, je crois que tout le
problème de la fiscalité des individus ne doit pas être
pris par pièce détachée. Il y a au Québec des
possibilités qui n'existent pas ailleurs. Je songe à ceux et
celles gui peuvent investir dans une SODEQ en particulier. Avec 10 000 $
d'investissement, ce que les cadres peuvent investir assez facilement chague
année dans une SODEQ, vous avez un crédit d'impôt de 25%
d'abord sur votre investissement et vous déduisez vos 10 000 % de votre
revenu imposable, ce qui peut vous apporter jusqu'à 38%. Donc, environ
60% de déduction d'impôt d'un coup sec, pour un investissement de
10 000 $ qui peut vous rapporter un peu plus tard beaucoup plus.
Or, déjà c'est une déduction d'impôt fort
impressionnante, déduction d'impôt dont les travailleurs de la
base ne peuvent profiter, parce qu'ils n'ont pas de revenus aussi importants.
Il faut tenir compte de cela lorsqu'on calcule le revenu net d'un individu. Il
faut aussi calculer le coût de la vie. Je voyais un rapport, il n'y a pas
tellement longtemps, dans un journal, La Presse, je crois, qui disait qu'une
maison à Québec, c'est à peu près 50% meilleur
marché qu'une maison à Toronto. Donc, le coût de la vie,
à Québec même, ou à Montréal, est plus bas.
Pour le même "take home pay", vous avez une vie qui est meilleure, ou
avec plus de luxe, ou plus de choses.
C'est pour cela que je vous dis que je ne peux pas répondre
à votre question directement, parce qu'elle ne comporte qu'une
pièce, détachée d'un ensemble. Il faudrait revoir
l'ensemble de la fiscalité des Québécois, comparer le
revenu net et le coût de la vie avec le revenu net et le coût de la
vie dans les autres provinces canadiennes.
Dans ce sens-là, cela revient beaucoup
plus à la commission parlementaire sur les finances de
répondre à cette question qu'à la commission parlementaire
de l'industrie, du commerce et du tourisme. Mais je dois dire au
député que, comme le travailleur, comme le professeur, comme un
peu tout le monde, nous nous plaignons toujours de payer trop d'impôt. Et
un peu tout le monde a raison de se plaindre de payer trop d'impôt. Mais,
tant et aussi longtemps que nous voudrons nous donner comme gouvernement des
services, nous devrons continuer à payer de l'impôt.
M. Scowen: Si je comprends bien, ce que vous avez dit
effectivement, c'est que vous êtes d'avis, quant à ce taux
d'impôt qui est si souvent contesté par les hommes d'affaires,
qu'ils exagèrent un peu, parce qu'il y a d'autres conditions dont ils ne
tiennent pas compte. Deuxièmement, quant à vous, ce n'est pas un
problème qui nuit au développement économique du
Québec et qui est assez sérieux pour vous inciter, à titre
de ministre de l'Industrie et du Commerce, à faire des revendications
auprès du ministre des Finances pour corriger cela. Effectivement, ils
exagèrent. Ce n'est pas un problème réel quant à
vous.
M. Biron: Je vous laisserai en venir à vos propres
conclusions pour ce que vous, vous pensez. Quant à moi, je vous ai dit
très honnêtement ma perception de la chose. Je vous
réfère, en plus, au dernier mémoire que la Chambre de
commerce du Québec, nous a présenté cette semaine, en nous
faisant certaines demandes, bien sûr. Et je ne me souviens pas d'avoir vu
dans ce mémoire une demande concernant l'impôt des cadres. En tout
cas, cela n'a pas été mentionné, certainement pas, comme
une des priorités de la Chambre de commerce, dans la rencontre que nous
avons eue avec elle. Et j'ai rencontré beaucoup d'associations d'hommes
d'affaires de toutes sortes, au cours des dernières semaines.
Et je vous rappelle, pour votre information, je vous le dis, que le
président de la Chambre de commerce du Québec, M. Pierre
Tremblay, qui n'est pas reconnu comme un membre du Parti
québécois, ni même comme un ancien unioniste, qui est
reconnu comme un partisan - son fils a été candidat
libéral quelque part - du Parti libéral qui a dit avant de
quitter, après la réunion avec le Conseil des ministres, au
premier ministre: Jamais, dans l'histoire de la Chambre de commerce - il faut
remonter dans le temps avec les gouvernements libéral, unioniste et
péquiste - la Chambre de commerce n'a été aussi bien
reçue et a-t-on reçu autant de réponses positives à
nos demandes. Je vous réfère tout simplement à la Chambre
de commerce du Québec qui doit savoir comment bien représenter
les chefs d'entreprises québécois.
M. Scowen: Si vous me le permettez. C'était
mentionné dans le mémoire. C'était mentionné d'une
façon même plus vigoureuse dans le mémoire du COPEM qui a
été rendu public deux semaines avant. C'est mentionné dans
presque tous les documents qui sont soumis par les chambres de commerce depuis
quatre ans. Si vous me dites que ce n'est plus une préoccupation des
hommes d'affaires, ainsi soit-il.
M. Biron: Je vous invite, en tout cas, à faire les
demandes nécessaires à la commission parlementaire sur les
finances et à vous informer de la totalité de la fiscalité
québécoise.
M. Scowen: D'accord, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À moins qu'il y ait une
autre question...
Le Président (M. Boucher): Une question de ce
côté-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...de nos collègues de
l'autre côté. Je pense bien qu'une fois qu'on a fait le tour, M.
le ministre, avec vous et certains de vos collaborateurs, des programmes de
façon générale qui sont regroupés à
l'intérieur du ministère, il resterait, en pratique, à
adopter les crédits. On peut procéder de deux façons. Il y
aurait, évidemment, page par page, élément de programme
par élément de programme, à regarder certaines choses que
nous, de notre côté, avons regardées et à
l'égard desquelles on a des notes, des questions, etc. Je ne vois pas si
ce serait nécessairement le but de l'exercice, en substance, auquel on
pourrait se livrer aujourd'hui. On pourrait remettre cela. Il y aura d'autres
occasions nombreuses.
J'aurais un, peut-être deux commentaires de nature assez
générale sur la présentation financière de l'an
dernier et de cette année. Habitué que j'étais, comme vous
d'ailleurs, dans une existence antérieure, à consulter des
colonnes de chiffres où apparaissaient le budget réel de l'an
dernier et le budget de cette année, variations et explication des
variations, je trouve personnellement que les cahiers explicatifs qui nous sont
remis ne servent pas vraiment à évaluer la performance et
l'efficacité de l'opération des ministères. Il y a des
raisons sûrement techniques massives pour cela, aussi des raisons de
calendriers, c'est-à-dire que les époques pour lesquelles on doit
vérifier ou approuver certaines choses sont trop prochaines par rapport
aux dates où on
disposerait des résultats financiers de l'année
précédente pour pouvoir comparer. Il y a quand même, dans
la préparation du budget, quelque chose qui se dégaqe de ce
cahier comme ceux des autres ministères probablement. Dans bien des cas,
on a simplement, pour illustrer, je présume, les compressions auxquelles
les ministères sont soumis, répété, je dirais
servilement, les chiffres du budget de l'an dernier comme étant
maintenant les sommes de crédits à voter dans certains postes,
dans certaines catéqories. Je prends comme exemple - cela se retrouve
dans absolument tout le cachier - ce qui concerne en général
l'entretien, les loyers, les fournitures et autres dépenses. Très
souvent, dans presque tous les éléments de presque tous les
programmes, on retrouve une constante croissance zéro, pas de
diminution, pas d'augmentation, même dans des cas où cela
m'apparaît un peu illogique. À moins que j'isole là un cas
spécifique que vos collaborateurs pourront expliquer brièvement.
Je regarde l'élément 1 du programme 3, loyer quintuplé,
à toutes fins utiles, de 15 000 % à 76 000 $. J'ose
espérer que vous n'avez pas un propriétaire qui a
quintuplé votre loyer sans que vous soyez allé à la
Régie du logement, même si cela fait théorique. J'ose
penser que ce sont des espaces plus grands dont la direction ou peu importe
s'est dotée, même si on y remarque une diminution de personnel
dans ce cas-là, alors que le budget d'entretien est absolument le
même, à toutes fins utiles. J'essaie de comprendre certaines des
variations à l'intérieur d'un élément qui
illustrent peut-être un manque de rigueur, je ne sais pas. Il y a une
explication très simple?
M. Biron: Vous me permettrez de sourire et vous allez
certainement sourire aussi. Les conventions comptables, au gouvernement, nous
forcent à entrer dans la catéqorie des loyers la location de
photocopieuses ou équipement de ce genre. Cette année, nous nous
proposons de louer de l'équipement tout à fait nouveau pour le
développement de l'industrie manufacturière, la commercialisation
des produits et c'est ce qui explique la hausse du coût du loyer à
cet élément.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie de
l'explication, c'est un cas d'espèce dont il s'agit et j'aimerais avoir
vos commentaires, par ailleurs, sur le gel, à toutes fins utiles. Je
comprends qu'une compression peut se faire par gel et par diminution de
croissance, mais le gel pur et simple de postes comme ceux de la fourniture et
de l'entretien à peu près partout dans le ministère fait
que je me pose de sérieuses questions à ce sujet. Est-ce qu'on
peut prétendre que le papier qu'on utilise, les crayons et les effaces
vont diminuer de prix, qu'on va effacer avec les deux bouts du crayon, qu'on va
faire moins d'erreurs en écrivant?
M. Biron: Non...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un exemple un peu
caricatural.
M. Biron: ... on ne pourrait pas arriver à compresser
pendant cinq ans de suite de la même façon, mais habituellement,
dans ces choses-là, il y a possibilité, pendant un an ou deux, de
voir à baisser les stocks, à faire un peu plus attention à
l'équipement que nous avons ou au matériel que nous avons. Nous
prétendons qu'il y aura possibilité d'y arriver à
l'intérieur des budgets que nous demandons de voter cette
année.
M. Scowen: Je ne sais pas si vous avez terminé votre
analyse administrative, mais il y a un autre élément que j'ai
souligné l'année passée, c'est la comparaison entre les
cahiers d'une année à l'autre. Je regarde le programme 1,
élément 1, et je vois que l'année passée on a
approuvé l'effectif suivant: 81 permanents, 6 occasionnels pour un total
de 87.
Je regarde le document de cette année, où vous avez repris
le budget de 1980-1981 et, semble-t-il, tout ce qu'on a approuvé
l'année passée, c'est 54 permanents, 6 occasionnels pour un total
de 60. Je suis certain que ce n'est pas le seul, c'est quelque chose qui est
arrivé l'année passée et il n'y a aucune indication des
changements qui sont survenus. Normalement, si les chiffres de l'année
précédente ne sont pas répétés de
façon intégrale dans le cahier pour l'année courante, vous
devez indiquer pourquoi.
Quel effectif avez-vous pour le programme 1, élément 1,
pour l'année 1980-1981? 60 ou 87?
M. Biron: Pour 1980-1981, il y a beaucoup de postes provisoires
qui, à cause d'un changement de cabinet, ont été
supprimés par la suite, ce gui fait gu'on est passé de 81 postes
autorisés au départ, si vous voulez - je n'ai pas votre livre -
à 54 qui ont été autorisés effectivement et qui
étaient au livre des crédits 1980-1981.
M. Scowen: Mais le total des traitements est le même: les
54 ont ensemble le même traitement que les 81. Vous avez réduit le
nombre des personnes mais le total des traitements versés n'a pas
changé. C'est très compliqué pour les profanes. (17 h
45)
M. Biron: Consultez les experts! Vous avez raison. Vu la
réconciliation de tous les
postes, je pourrais vous les lire, il y avait 18 postes au cabinet du
ministre: 5 postes provisoires ont été abolis, il y a eu des
transferts, etc. Ceci laissait effectivement 50 postes autorisés au
livre des crédits 1980-1981. Il y a eu encore un autre ajustement pour
arriver avec les postes qui sont autorisés cette année. La
plupart sont des transferts à l'intérieur du ministère.
J'ai tous les noms et les postes qui ont été changés.
Si vous voulez, je peux vous déposer la conciliation. Vous
pourrez en juger vous-même.
M. Scowen: Ce n'est pas le fait de déposer ces documents.
Ces documents nous sont envoyés pour nous aider à comprendre ce
qui se passe. Je pense qu'on a le droit de présumer que s'ils ne sont
pas clairs, il est fort probable que ce que vous envoyez aux industriels et
à vos clients n'est pas clair non plus. C'est la même "gang". Tout
ce que je vous dis, c'est que vous avez du pain sur la planche, M. le ministre,
ce n'est pas clair.
M. Biron: Cela se passe en cours d'année
évidemment. On fait un portrait à un moment précis, mais,
pendant l'année, les choses changent.
M. Scowen: Mettez une note explicative, il y a de la place. Je ne
veux pas charrier, mais je pense que c'est la deuxième année de
suite que je soulève la question. C'est très difficile pour ceux
qui veulent faire une étude sérieuse de vos crédits de le
faire d'une façon cohérente.
M. Biron: Merci de votre suggestion, M. le député.
Je prends note. On se reverra l'an prochain.
M. Scowen: J'espère qu'avec le nouveau ministre on aura
des améliorations.
Adoption des programmes
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à adopter programme par programme? J'appelle le programme 1. Gestion
interne et soutien, élément 1.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 2.
Recherche économique et services statistiques.
M. Scowen: Sur division pour le premier. Je ne le comprends
pas.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Adopté.
Programme 3. Développement de l'industrie manufacturière et
commercialisation des produits. Adopté?
M. Scowen: Vous allez de programme en programme?
Le Président (M. Boucher): Oui. M. Biron: On est au
programme 3?
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 4?
Centre de recherche industrielle du Québec. Adopté. Programme
5?
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Société de
développement industriel du Québec. Adopté?
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Programme 6. Promotion et
développement de l'industrie touristique.
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Scowen: II faut régler l'affaire de votre
hôtellerie.
M. Biron: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Programme 7?
M. Scowen: M. le Président, est-ce que vous me permettez
de faire un court commentaire? On a adopté l'élément 6 du
programme 3, qui porte effectivement sur l'Institut national de
productivité. Je veux simplement souligner au ministre que le rapport du
Vérificateur général a aussi noté des faiblesses
importantes dans le système de comptabilité de cette entreprise.
Si l'Institut de productivité n'est pas capable d'administrer ses
propres affaires, j'espère que vous allez apporter une attention
à cette faiblesse importante...
M. Biron: J'avais déjà noté, M. le
député.
M. Scowen: ... dans une organisation qui doit être un
modèle de compétence administrative et de
productivité.
M. Biron: J'avais déjà noté le rapport du
Vérificateur général à l'Institut de
productivité.
Le Président (M. Boucher): Programme 7, adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Les crédits
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme sont donc
adoptés. Je prierais le rapporteur d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission. M. le
ministre.
M. Biron: Je voudrais, avant qu'on ajourne nos travaux, remercier
de façon particulière le député de
Vaudreuil-Soulanges, principal porte-parole de son parti en la matière,
de même que ses collègues de l'Opposition officielle ainsi que mes
collèques du gouvernement pour leur grande collaboration à
l'occasion de l'étude des crédits du ministère.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je joins ma voix cette fois-ci
au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour le remercier de sa
collaboration, de la documentation qu'il nous a fait parvenir et de la
très grande disponibilité manifestement de tous les gens qui
l'encadrent si bien.
Le Président (M. Boucher): Alors, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 51)