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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre!
La commission de l'industrie, du commerce et du tourisme est
réunie pour étudier les crédits pour l'année
1982-1983 du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Les membres de la commission sont: M. Blais (Terrebonne) qui remplace M.
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), MM. Biron (Lotbinière), de
Belleval (Charlesbourg), Dussault (Châteauguay), Fortier (Outremont),
Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Lavigne (Beauharnois), Maciocia (Viger),
Paré (Shefford), Tremblay (Chambly) qui remplace M. Payne (Vachon),
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants: MM. Beaumier (Nicolet), Bélanger
(Mégantic-Compton), Champagne (Mille-Îles), Mme Harel
(Maisonneuve) qui remplace M. Dean (Prévost), MM. Dubois (Huntingdon),
Grégoire (Frontenac), Rocheleau (Hull), Rodrigue (Vimont), Vaillancourt
(Orford).
Est-ce qu'il y a un rapporteur?
Une voix: M. Paré (Shefford).
Le Président (M. Boucher): M. Paré (Shefford).
Alors, M. le ministre, vous avez des commentaires
préliminaires?
Exposés généraux M. Rodrigue
Biron
M. Biron: Oui, M. le Président. Je voudrais un peu faire
le tour de ce qu'on a fait au ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme depuis un an, et parler de nos plans d'action pour l'année
qui débute. Cela va peut-être d'avance répondre à
plusieurs questions des membres de cette commission parlementaire.
Tout d'abord, je veux remercier à la fois les
députés du côté gouvernemental et de l'Opposition de
participer à cette étude des crédits, d'une façon,
d'avance, très positive, en vue d'aider davantage le
développement économique du Québec, de rendre de plus
grands services, des services plus efficaces, plus dynamiques à nos
chefs d'entreprise et, bien sûr aussi, de continuer cette lutte au
chômage qui est la préoccupation majeure de notre ministère
par les temps qui courent.
Je remercie aussi d'une façon particulière les
sous-ministres au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
M. Beaulieu, le sous-ministre en titre, qui n'est joint à notre
équipe au début d'avril de cette année, MM. Hyndman,
Turgeon, Latortue, Archambault et Audet, qui sont maintenant depuis un an avec
nous, et même depuis beaucoup plus longtemps, pour certains, mais un an
avec moi, et le dernier arrivé, qui commence lundi prochain et qui a
été nommé au cours des dernières semaines, M.
Théberge, qui prendra la responsabilité des maisons
régionales de l'industrie et du service aux entreprises en
région.
Il me fait plaisir de présenter les crédits du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ceci malgré
une situation économique que tous reconnaissent comme
particulièrement difficile.
De 1975 à 1980, malgré une conjoncture internationale
caractérisée par l'inflation et un ralentissement de la
croissance, le Québec a tout de même connu une performance
meilleure que celle de la quasi totalité des pays de l'OCDE. Durant
cette période de 1975 à 1980, le taux de croissance réel
du produit intérieur brut s'est accru en moyenne de 2,6% annuellement,
soit un taux supérieur à celui de l'Ontario, qui était de
2%.
Malgré une bonne performance du Québec au cours de la
période 1975 à 1980, en ce qui concerne la création
d'emplois, le chômage a quand même progressé, notamment en
raison d'une augmentation très importante de la population active. De
plus, la performance québécoise au chapitre de la
productivité a fait que la hausse de l'emploi est plus faible que celle
de la production.
En fait, au cours de la dernière décennie, la croissance
de la productivité au Québec fut supérieure à celle
de tous les principaux pays membres de l'OCDE, à l'exception de la
Norvège et du Japon. C'est cette productivité accrue qui
constitue à terme l'ultime source d'augmentation du niveau de vie de la
population.
Depuis le début du second semestre de l'an dernier, la politique
fédérale de taux d'intérêt élevés a
littéralement brisé l'économie québécoise:
La construction résidentielle est en chute libre, le volume des ventes
au détail et des livraisons
manufacturières diminue, etc. Le Québec est relativement
plus affecté que d'autres régions du Canada, car son
économie est essentiellement basée sur la prédominance de
petites et moyennes entreprises qui sont tout particulièrement
touchées par les hauts niveaux d'intérêt. Depuis le milieu
de l'année dernière, les faillites au Canada et au Québec
croissent rapidement. On pourrait croire que les entreprises en
difficulté ne sont que des entreprises marginales vouées à
la disparition de toute façon. Or, tel n'est pas le cas. De nombreuses
entreprises dynamiques et en pleine expansion, obligées de supporter des
inventaires élevés ont dû fermer leurs portes, faute de
financement à des taux raisonnables.
Cette situation pénible se répercute d'une façon
très marquée au niveau de l'emploi. Ainsi, bien qu'il y ait eu
une création nette de 17 000 emplois au Québec pour l'ensemble de
l'année 1981, le secteur manufacturier a connu une perte nette de 27 500
emplois pendant cette période, annihilant de ce fait la presque
totalité des gains réalisés les deux années
précédentes.
Tous les organismes de prévisions sont d'avis qu'il faut
prévoir, pour 1982, un taux d'inflation dans les deux chiffres, des taux
d'intérêt plutôt en hausse qu'en baisse et,
conséquemment, une baisse réelle des investissements des
entreprises, un plus grand nombre de faillites, notamment dans le commerce et
la construction et un accroissement du chômage.
C'est cette conjoncture économique défavorable
dominée par des taux d'intérêt exorbitants qui commande
qu'au-delà de ses orientations générales, le MICT doive
faire de la lutte au chômage une priorité quasi absolue.
Avant d'examiner en détail ces grandes orientations, voyons
d'abord les faits saillants des crédits 1982-1983 qui augmentent par
rapport à l'an passé de 16%.
Au livre du budget 1982-1983, les crédits demandés par le
ministère totalisent la somme de 182 000 000 $ répartis entre 6
programmes et 11 éléments de programme. Comparativement aux
crédits 1981-1982 établis à 176 000 000 $ par le
secrétariat du Conseil du trésor en date du 31 décembre
1981, tenant compte des budgets supplémentaires, des transferts de
crédits du ministère des Finances afférents à
l'application des conventions collectives de travail et du transfert de
juridiction du Bureau de la statistique du Québec, le budget 1982-1983
représente une augmentation de 5 500 000 $.
À cette augmentation, il faut cependant considérer l'ajout
d'une somme totale de 22 500 000 $ qui sera incessamment mise à la
disposition du ministère. Ces additions aux crédits
déposés à l'Assemblée nationale visent avant tout
à soutenir l'effort du gouvernement au chapitre de la création et
du maintien de l'emploi. Plus particulièrement, ces crédits
additionnels ont été accordés aux fins suivantes:
Au titre du programme d'urgence de soutien de l'économie et de
création d'emplois, un montant additionnel de 15 000 000 $ sera mis
à la disposition de la Société de développement
industriel (programme 2) dont les crédits totaux pour l'exercice
1982-1983 seront portés à 79 200 000 $, soit une majoration nette
de 23 400 000 $ représentant ainsi, par rapport aux crédits de
1981-1982, une augmentation de 42%.
Au titre du programme d'intensification des campagnes de promotion et de
publicité aux États-Unis et en Ontario, un montant additionnel de
3 000 000 $ sera mis à la disposition de la Direction
générale du tourisme du ministère, portant ses
crédits 1982-1983 affectés à la promotion du tourisme
à 14 200 000 $, soit une majoration nette de 4 400 000 $
représentant ainsi, par rapport aux crédits de 1981-1982, une
augmentation de 44%.
Enfin, à la suite de l'adoption du projet de loi no 50, Loi
modifiant la Loi sur le Centre de recherche industrielle du Québec, le
ministre des Finances doit verser à cet organisme, pour l'exercice
financier 1982-1983, une somme de 13 000 000 $. Considérant qu'au livre
du budget 1982-1983 les crédits prévus au titre du Centre de
recherche industrielle du Québec sont de 8 400 000 $, il faut y ajouter
un montant de 4 500 000 $.
Pour le prochain exercice, le budget du ministère est donc
porté à un montant total de 204 938 000 $, soit une majoration de
28 000 000 $ représentant ainsi, par rapport aux crédits de
1981-1982, une augmentation de 16%.
Au-delà de cette toile de fond que constitue la lutte au
chômage, le MICT entend mettre l'accent d'une façon
particulière sur trois priorités nettement
complémentaires: l'aide à l'exportation, l'aide à la
gestion et le développement technologique.
Alors que beaucoup d'entreprises font face à d'importantes
difficultés sur leurs marchés traditionnels, l'obtention de
contrats sur les marchés extérieurs représente souvent une
nécessité, particulièrement au Québec, où
les exportations sont responsables d'une part non négligeable des
emplois. Cependant, la libéralisation des échanges et le
plafonnement de la croissance dans plusieurs pays avivent la concurrence entre
les entreprises qui sont souvent appuyées par les gouvernements des pays
où elles sont situées. Dans de telles circonstances, il est
nécessaire que le gouvernement du Québec agisse en
complémentarité avec la Société d'expansion des
exportations pour aider les
entreprises à être concurrentielles sur les marchés
étrangers. C'est dans cette optique qu'agissent les deux intervenants
québécois que sont l'Office québécois du commerce
extérieur et la Société de développement
industriel-Exportation. Cette première priorité que constitue le
développement des exportations se traduira par des crédits qui
seront presque doublés par rapport à l'an dernier.
Il s'agit donc d'un effort majeur du gouvernement dans un contexte
budgétaire particulièrement difficile. Rappelons
brièvement le mandat de ces organismes.
SDI-Exportation. C'est à partir de 1974 que la
Société de développement industriel a pu intervenir pour
aider les entreprises québécoises à augmenter leurs ventes
à l'étranger, d'abord au moyen d'une subvention appliquée
au taux d'intérêt établi en fonction de la croissance des
exportations et, depuis, son action s'est accrue de façon importante en
1979. Le champ d'action de la SDI a été élargi pour lui
permettre d'aider à la prospection de marchés, de financer des
exportations et de participer à des consortiums. En 1980, le
gouvernement décida de créer une nouvelle unité
administrative au sein de la SDI, la SDI-Exportation, afin de soutenir plus
activement les consortiums et les groupes engagés dans les grands
projets.
Notons en passant que la SDI-Exportation peut également agir
comme mandataire lorsque l'acheteur étranger désire transiger
avec une société d'État.
En ce qui concerne l'exercice 1982-1983, un projet de loi modifiant la
Loi sur l'aide au développement industriel sera présenté
incessamment et, au chapitre de l'aide à l'exportation, l'intention du
gouvernement est d'intensifier encore son action. Quatre volets majeurs seront
développés: l'ouverture de nouveaux marchés, la mise en
place de structures permanentes dans les entreprises pour la fonction
exportation, la formation de consortiums d'exportation et la participation
à des contrats majeurs. À cette fin, le gouvernement entend
élargir l'application de l'aide à la formation de consortiums
pour l'étendre au marché des services où l'expertise
québécoise est reconnue et fort en demande sur certains
marchés étrangers et où l'obtention de contrats de
services peut se traduire ensuite par d'importants achats de produits
manufacturés au Québec. Qu'on songe ici au cas du métro de
Mexico, où le Bureau de transport métropolitain international de
Montréal a obtenu un contrat de conception et où la firme
Bombardier a ensuite vendu pour 50 000 000 $ de wagons de métro à
Mexico.
Notons qu'une étude réalisée en 1981 a
établi que la demande internationale dans les domaines où
oeuvrent les firmes de génie- conseil consistait de plus en plus en des
projets "clés en main" pour lesquels la formation de consortiums devient
nécessaire. En 1982-1983, la SDI interviendra davantage pour favoriser
la formation de consortiums d'exportation. Sur approbation du Conseil des
ministres, elle pourra agir à titre de mandataire dans le cas de
consortiums formés pour réaliser des projets "clés en
main".
Le gouvernement va également modifier le volet
"crédit-prospection" pour qu'il favorise davantage la PME qui pourra
obtenir des prêts à taux réduits pour financer
jusqu'à 80% des dépenses encourues pour pénétrer un
nouveau marché étranger. Les entreprises dont le chiffre
d'affaires dépasse 25 000 000 $ pourront bénéficier d'une
aide similaire jusqu'à concurrence de 50% des dépenses
concernées. En cas d'insuccès de l'opération, la
moitié du solde des avances sera exonérée du
remboursement.
Les contrats majeurs à l'extérieur du Québec
présenteront un potentiel très important au cours de la
décennie en termes de retombées pour l'économie
québécoise. Aussi, afin de permettre à un maximum
d'entreprises d'en profiter, la SDI-Exportation offrira des garanties de
prêts aux maîtres d'oeuvre en complément au financement ou
aux garanties accordées par la SEE ou par d'autres
sociétés de financement.
Enfin, un dernier volet devrait permettre à la SDI de continuer
d'offrir du financement aux entreprises qui, pour diverses raisons, n'arrivent
pas à financer leurs exportations par des emprunts auprès
d'autres institutions financières. Ce financement pourrait prendre la
forme de garanties de prêts et ne serait disponible que pour les projets
rentables et prometteurs.
C'est l'ensemble de ces projets qui explique la demande des
crédits de 30 200 000 $, pour 1982-1983 au seul chapitre des
exportations alors que la SDI s'était impliquée pour 17 500 000
$, en 1981-1982. Permettez-moi de noter les faits suivants: - les prêts
passeront de 2 100 000 $, en 1981-1982, à 17 700 000 $, en 1982-1983; -
les garanties de prêts passeront de 500 000 $, l'an dernier, à 4
000 000 $, cette année; la participation aux consortiums
s'établira à 5 000 000 $, en 1982-1983.
On note donc au total que l'aide à l'exportation accordée
par la SDI, qui prenait la forme de subventions dans une proportion de 82,3%,
en 1981-1982, prendra la forme de prêts, de garanties de prêts et
de participation dans une proportion de plus de 80%, en 1982-1983. C'est une
nouvelle orientation des interventions qui permettra d'aider un plus grand
nombre d'entreprises et aura un impact considérable sur la vigueur des
exportations québécoises.
L'Office québécois du commerce extérieur.
Mis sur pied en 1979, pour continuer et élargir l'action de la
Direction des services internationaux du MICT, l'Office québécois
du commerce extérieur a pour mandat d'offrir aux exportateurs des
services de promotion, d'information, de formation, d'aide technique et
financière afin de promouvoir et de favoriser les ventes des PME
québécoises à l'extérieur du Québec. De
plus, nous favorisons le développement d'accords industriels entre les
PME québécoises et celle de l'étranger. Pour
l'année 1982-1983, nous intensifierons notre action et augmenterons le
nombre de nos interventions pour chacune des activités reliées
à notre mandat. Ainsi, on prévoit 33 missions commerciales, en
1982-1983. De plus, nous organiserons 7 missions d'accords industriels afin de
faire participer aux principales foires internationales, sectorielles ou
multisectorielles, des industriels québécois qui seront
sélectionnés en fonction de leur dynamisme et de leurs besoins en
nouvelle technologie.
Nous comptons aussi assumer une partie des frais de déplacement
de 150 acheteurs étrangers, en 1982-1983, comparativement à 36,
en 1981-1982, dans le cadre de notre programme d'accueil d'acheteurs
étrangers.
En ce qui concerne ses activités de sensibilisation et de
valorisation de l'exportation, le ministère organisera 33
séminaires et cours.
Le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
administre également le programme APEX dont le but est de susciter et de
développer les initiatives des sociétés
québécoises quant à l'accroissement des ventes de produits
à l'extérieur du Québec et quant au développement
des échanges technologiques avec des entreprises
étrangères. C'est ainsi que nous partageons, selon un
barème défini, les frais que les entreprises
manufacturières doivent assumer pour rechercher et développer de
nouveaux marchés, pour participer à des expositions commerciales
à l'extérieur du Québec et pour réaliser des
missions individuelles pour la promotion d'accords industriels.
L'ensemble des activités, qui ont déjà donné
des résultats fort positifs, se poursuivra en 1982-1983 alors que l'on
compte réaliser plus de 650 interventions. De nouvelles activités
seront ajoutées afin de permettre à notre ministère de
réaliser encore plus pleinement son mandat.
À cet égard, je veux indiquer que l'Office
québécois du commerce extérieur: spécialisera
graduellement les séminaires qu'il offre afin d'accroître la
compétence des ressources humaines dont dispose l'entreprise pour
appuyer ses efforts sur les marchés internationaux; - instituera des
séminaires-diagnostics sous forme d'ateliers, et ce en collaboration
avec des entreprises témoins; - offrira des séminaires sur les
aspects internationaux du financement, du transport, etc.; poursuivra ses cours
sur les techniques d'exportation qui sont dispensés en collaboration
avec des organismes d'affaires; - organisera en collaboration avec le
ministère des Affaires intergouvernementales et financera en partie des
stages de perfectionnement en commercialisation internationale auxquels
participeront des industriels québécois désireux de
parfaire leur formation à l'étranger et - poursuivra la
création d'un véritable centre d'information sur le commerce
extérieur.
Pour sa part, le programme APEX devrait voir s'ajouter un nouveau volet
en 1982-1983, volet qui consistera, sur présentation d'un plan
d'exportation identifiant les différentes étapes de mise en
place, à subventionner 50% des dépenses prévues dans le
cadre d'études et de tests de marchés, de production de
catalogues, de formation de personnel, de voyages de prospection et de
participation à des expositions. Une entreprise pourra recevoir
jusqu'à 50 000 $ en vertu de ce programme annuel qui devrait venir en
aide à une cinquantaine d'entreprises québécoises.
Sans compter le dernier élément dont je viens de faire
état, la croissance des crédits réservés à
l'Office québécois du commerce extérieur sera de 12,1% en
1982-1983 par rapport à 1981-1982.
On constate donc que l'action menée par le gouvernement du
Québec dans le domaine de la stimulation des exportations prend les
formes les plus variées et qu'elle s'inscrit en complément de la
SEE qui intervient au niveau des activités d'assurance et du financement
direct. De plus, le Québec accorde une attention particulière
à la question vitale de la formation des ressources humaines dont
dispose l'entreprise pour s'attaquer aux marchés étrangers.
Aide à la gestion et "Maisons de l'industrie".
La deuxième priorité du MICT concerne la gestion des
entreprises. J'ai fait état précédemment de la conjoncture
économique actuelle et des difficultés qu'elle entraîne
pour les entreprises québécoises.
Les causes de cet état de choses sont, bien sûr, multiples.
D'une part, les entreprises québécoises sont plus sensibles que
les autres à une conjoncture de hauts taux d'intérêt parce
qu'elles sont relativement sous-capitalisées et que le rapport
dette-équité est souvent plus élevé qu'ailleurs.
D'autre part, les statistiques montrent que les entreprises ont
été obligées de recourir quasi exclusivement aux
prêts
bancaires à taux élevés puisque les obligations,
les actions et les investissements directs leur étaient peu accessibles.
(10 h 30)
II est donc indéniable que les difficultés actuelles des
entreprises québécoises sont en grande partie attribuables
à la conjoncture actuelle, elle-même largement amplifiée
par la politique désastreuse du gouvernement fédéral en
matière de taux d'intérêt. Cela dit, au-delà des
phénomènes purement conjoncturels, on sait que la plupart des
difficultés auxquelles ont à faire face aujourd'hui nos PME
découlent souvent de problèmes de gestion: une planification
financière insuffisante, un contrôle inadéquat, une
direction mal appuyée. On note de fait que les propriétaires
dirigeants des petites et moyennes entreprises sont souvent peu
préparés pour assumer les charges complexes qu'impose la gestion
d'une entreprise. Faute d'une préparation adéquate ou de
ressources compétentes pour les entourer, ils se butent rapidement aux
premières étapes de la croissance et risquent, s'ils ne
reçoivent pas les appuis nécessaires, de mettre en péril
la survie même de leurs entreprises.
Le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est
déjà au fait de ces lacunes et intervient de façon
importante à ce niveau. Je ne signalerai ici que quelques-uns de ces
éléments d'intervention.
Par le biais de nos bureaux régionaux, le MICT est appelé
à de nombreuses interventions-conseils auprès de l'entreprise. Au
cours du seul exercice 1981-1982, la direction des bureaux régionaux a
pu traiter quelque 2300 dossiers d'entreprises, ce qui est imposant puisque
cela équivaut à environ 25% des entreprises
manufacturières québécoises. Plus de 1600 analyses
financières et diagnostics ont aussi été
réalisés, permettant ainsi de mieux circonscrire les
problèmes des entreprises et de tracer avec elles un plan d'action
beaucoup plus articulé.
La Direction des services aux entreprises manufacturières (SEM)
fournit à cet égard un appui important, surtout sous la forme
d'activités de conseil-gestion, puis de cours et de cliniques. En termes
d'activités du conseil-gestion, le service aux entreprises
manufacturières a pu, au cours de l'exercice 1981-1982, rejoindre
quelque 2000 entreprises manufacturières. Près de 40% de ces
interventions-conseils ont porté sur des problèmes de gestion
administrative et financière, 25% sur des problèmes de production
et 30% sur des problèmes de mise en marché. À cette action
conseil-gestion s'ajoutent des cours et cliniques qui rejoignent annuellement
quelque 600 hommes d'affaires. Cinquante-huit cours et cliniques ont
été tenus au cours de l'exercice 1981-1982, portant surtout sur
la gestion financière, sur le marketing, sur la production et
l'informatique.
La Direction du commerce intervient de la même façon
auprès des entreprises commerciales: quelque 875 interventions de
conseil-gestion ont ainsi été réalisées au cours de
l'exercice 1981-1982, notamment sur les problèmes administratifs divers,
de financement, de commercialisation et d'aménagement. Le
ministère a aussi commencé, par le biais de l'Institut du
tourisme et de l'hôtellerie, des activités de conseil-gestion pour
le bénéfice des entreprises touristiques.
Cette brève énumération, quoique sommaire,
démontre la volonté du MICT de contribuer activement à
l'amélioration des capacités de gestion de nos PME. Mais, devant
l'ampleur des problèmes en cause, il apparaît évident qu'il
faudra faire encore davantage. C'est pour répondre en particulier
à ce problème que le MICT entend procéder à la mise
en place de "maisons régionales de l'industrie" et à une plus
grande régionalisation de ses services à l'entreprise.
Vous me permettrez sans doute de vous entretenir brièvement de ce
concept nouveau qu'est la "maison régionale de l'industrie".
La maison de l'industrie est en premier lieu une réponse au
problème de plus en plus épineux ayant trait à la
multiplicité des programmes et pourvoyeurs d'aide à l'entreprise.
Pour ces raisons, les dirigeants d'entreprises ne peuvent avoir qu'une
connaissance imparfaite de ces programmes. De fait, soit que les industriels
ignorent en tout ou en partie l'existence des programmes et services offerts,
soit qu'ils ignorent où s'adresser pour obtenir les informations dont
ils ont besoin, le concept des maisons de l'industrie veut d'abord
répondre à ce problème en regroupant dans un premier
temps, sous un même toit, les services économiques et les
programmes d'aide offerts aux entreprises en région par le MICT, la SDI,
le CRIQ et le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avec le programme PECEQ. Le MICT sera
chargé de coordonner l'action de ces divers intervenants à
l'intérieur des maisons et d'assurer, dans la mesure du possible, la
coordination avec les autres organismes régionaux pourvoyeurs de
services à l'entreprise: on pense ici notamment aux commissariats
industriels, aux associations touristiques régionales, aux associations
d'entreprises telles que le Groupement québécois d'entreprises,
etc., les institutions financières, les banques, SODEQ, SID, etc., les
associations professionnelles, sans oublier les cégeps et les
universités, qui jouent un rôle de plus en plus actif dans le
milieu, notamment en termes d'aide à la gestion.
Le MICT assumera donc au sein de la maison régionale de
l'industrie un rôle de coordination, d'information puis de porte
d'entrée unique des demandes d'aide émanant de
l'entreprise en région. De plus, le MICT pourra fournir directement en
région une somme élargie de services d'aide à la
gestion.
Une troisième priorité concerne les changements
technologiques. À cet égard, une réforme majeure de la SDI
sera réalisée. Aussi, les crédits de la SDI pour
l'année 1982-1983 doivent être examinés dans le cadre des
nouvelles orientations de cet organisme qui constituent un des principaux
éléments du programme d'action économique du gouvernement
pour les quatre prochaines années, 1982-1986, et qui a été
rendu public la semaine dernière. J'ai parlé plus tôt de la
SDI-Exportation et du programme crédit touristique. Je ne reviendrai
donc pas sur ces volets particuliers de la SDI.
Les nouvelles orientations de la SDI: La SDI a été
créée en 1971 dans le but de favoriser le développement
économique du Québec au moyen d'incitatifs d'ordre financier. Cet
organisme a connu au cours de sa première décennie un
élargissement considérable de son mandat, une multiplication de
ses objectifs et une croissance exceptionnelle de ses engagements et de ses
déboursés. Après dix ans d'existence, il y avait donc lieu
de faire le point pour s'assurer, compte tenu de l'évolution de
l'économie et du programme d'action économique que compte mettre
en oeuvre le gouvernement, que les moyens de la SDI répondent toujours
aux besoins des clientèles, soient complémentaires à
l'action des institutions financières et ne fassent pas double emploi
avec d'autres programmes gouvernementaux.
Au cours de la dernière année, le MICT a
dégagé de nouvelles orientations que je voudrais maintenant vous
exposer brièvement.
La SDI continuera d'assumer et d'assurer ses activités
régulières de financement. C'est donc dans son râle de
gestionnaire de programmes de développement que la SDI fera l'objet
d'une réforme majeure.
L'aide à l'investissement demeurera la principale activité
de la SDI, mais à l'avenir, cette aide sera disponible non seulement
pour les secteurs manufacturier et touristique mais également pour le
tertiaire moteur. Il s'agit là d'un changement fondamental.
En outre, dans le cadre de son nouveau mandat, la SDI accordera une
attention particulière à certaines fonctions de l'entreprise,
telles que la qualité de la gestion, l'innovation et la recherche, le
marketing et l'exportation. Il s'agit là de fonctions
complémentaires à celle du financement qu'il faudra
privilégier à l'avenir.
Par ailleurs, l'aide de la SDI sera plus sélective et favorisera
les nouvelles technologies, les secteurs de pointe déterminants pour
l'avenir économique du Québec.
Enfin, le gouvernement pourra confier à la SDI l'administration
de certains programmes sectoriels tels que le crédit touristique ainsi
que certains programmes ad hoc d'une durée limitée pour
répondre à des besoins spécifiques comme le programme
d'urgence d'aide à la PME.
Il en résulte que la SDI deviendra l'instrument
privilégié du gouvernement en matière d'aide
financière aux entreprises. En effet, compte tenu de sa connaissance des
entreprises et de l'expérience accumulée depuis dix ans
maintenant, cette société apparaît comme étant la
mieux placée pour jouer le rôle de principal pourvoyeur d'aide
financière.
Ces orientations donneront lieu à de nouveaux programmes auxquels
le gouvernement, par l'intermédiaire de la SDI, consacrera des montants
fort significatifs en 1982-1983, aussi bien sur le plan budgétaire
(subventions d'intérêt) qu'extra-budgétaire (prêts,
garanties de prêt et capital de risque).
Je voudrais maintenant vous exposer la programmation de la SDI pour
1982-1983.
Dans le cadre des priorités du ministère, l'aide à
l'investissement sera accordée prioritairement aux secteurs industriels
à forte croissance et à technologie avancée; mentionnons
l'aéronautique, le transport en commun, la pétrochimie,
l'électrométallurgie, la production d'équipements
hydroélectriques lourds, l'électronique et l'industrie des
équipements de protection de l'environnement.
D'autre part, le MICT mettra sur pied, au cours des prochaines semaines,
un bureau de grands projets en vue de maximiser les retombées
industrielles des mégaprojets, principalement dans les domaines
énergétiques de transport et d'environnement. La SDI travaillera
étroitement avec ce bureau en vue de permettre à des entreprises
québécoises d'avoir leur part des contrats reliés à
ces projets.
Par ailleurs, la SDI continuera d'aider, mais de façon plus
sélective, les entreprises québécoises qui sont dynamiques
et bien gérées en vue de leur permettre de prendre de
l'expansion.
Dans cette perspective, la SDI administrera un programme d'aide à
l'investissement comportant deux volets:
A - L'aide aux entreprises à technologie moderne, dont l'objectif
est de favoriser les investissements des entreprises ayant un fort contenu
technologique, et compétitives sur les marchés extérieurs.
En 1982-1983, la SDI prévoit verser plus de 30 000 000 $ de subventions
à ce titre.
B - L'aide aux entreprises dynamiques et innovatrices dont l'objectif
est de
favoriser le développement accéléré des
entreprises québécoises qui sont innovatrices, dynamiques et bien
gérées en les encourageant à investir en vue d'une
expansion ou d'une modernisation. En 1982-1983, près de 6 000 000 $ de
subventions seront versés en vertu de ce volet.
En outre, la SDI favorisera directement les investissements par son
programme de financement des entreprises, qui comporte aussi deux volets:
A - Le crédit industriel. En vertu de ce volet, la
société peut rendre disponibles des fonds pour le meilleur
développement de l'entreprise, lorsque ces fonds ne sont pas disponibles
sur les marchés financiers à des termes et conditions
raisonnables. En 1982-1983, la SDI prévoit débourser 12 000 000 $
à ce titre.
B - Le capital de risque. Ce volet vise à procurer des fonds en
vue de permettre la réalisation d'objectifs, présenter un
intérêt particulier pour le développement de l'entreprise,
l'avance de tels fonds ne pouvant se justifier sous forme de prêt
conventionnel. À cet égard, dans le but de favoriser le
développement d'entreprises à fort contenu technologique, la SDI
fera dorénavant un effort particulier pour offrir du capital de risque
sous forme de capital-actions aux nouvelles entreprises à
caractère technologique. Il est prévu d'y consacrer 3 700 000 $
en 1982-1983. Cette action se veut complémentaire de celle des
pourvoyeurs de capital de risque déjà existant et donnera lieu
à une augmentation de la dotation de la SDI, qui est actuellement de 32
000 000 $ mais qui peut atteindre 100 000 000 $ en vertu de la loi.
De plus, tel qu'annoncé dans Le virage technologique, un nouveau
programme d'aide sera offert aux entreprises. Il visera à
accroître les activités de recherche et de développement en
réduisant le risque financier lié à la réalisation
de projets de conception et de développement de produits et de services
nouveaux ou améliorés. Il tiendra compte de l'expérience
acquise par le programme d'aide à l'entreprise innovatrice. Le
financement couvrira une partie des dépenses liées aux projets de
recherche et de développement, de fabrication de prototypes, de tests,
de brevets, de constitution de stocks et de marketing. Ce programme, qui
comprendra un volet particulier pour l'industrie de l'électronique,
permettra d'aider des projets innovateurs déjà partiellement
subventionnés mais qui demeurent financièrement trop
risqués pour pouvoir être réalisés par
l'entreprise.
Pour les trois premières années, le budget d'engagement
prévu est de 50 000 000 $. Ce programme sera administré par la
SDI en collaboration avec la Direction générale de l'industrie,
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme.
La SDI sera aussi chargée d'administrer des programmes sectoriels
et des programmes spéciaux. Elle administre déjà un
programme qui lui est confié en vertu de la Loi sur l'aide au
développement touristique et administrera d'autres programmes
spéciaux, tel que le programme d'urgence à la PME que le
gouvernement a adopté il y a quelques semaines.
Ce programme a pour objectif de préserver des emplois au
Québec en accordant une aide financière à des entreprises
manufacturières qui, bien que gérées adéquatement
et de rentablité normale, connaissent des difficultés temporaires
en raison de la conjoncture économique actuelle.
L'aide financière gouvernementale prend la forme d'une subvention
correspondant à une partie du coût des intérêts, 75%
des intérêts au-delà de 10%; en outre, le gouvernement
garantit les deux tiers d'un prêt accordé par les institutions
financières en vertu de ce programme.
Il est prévu que ce programme permettra d'injecter environ 200
000 000 $ sous forme de prêts et de garanties de prêt à
l'intention de plusieurs centaines d'entreprises.
En résumé, pour apprécier à sa juste valeur
l'apport financier du gouvernement, il faut tenir compte des retombées
économiques qui en découlent.
En effet, il faut réaliser que les subventions sont
accordées en vue de favoriser la réalisation d'investissements
industriels au Québec; à titre d'exemple, les subventions qui
seront autorisées en 1982-1983 en vertu du seul programme d'aide
à l'investissement de la SDI faciliteront la réalisation
d'investissements de l'ordre de 510 000 000 $ pouvant impliquer la
création d'environ 7 500 nouveaux emplois.
Par ailleurs, dans le but de maximiser les retombées
économiques au Québec, la SDI, par des conditions reliées
au versement de subventions, incite les entreprises clientes à
s'approvisionner en matières premières, biens d'équipement
et en services auprès de sources québécoises.
À titre indicatif, sur 571 dossiers traités par le service
d'assistance technique de la société en 1981-1982, les
entreprises clientes ont investi pour 520 000 000 $ de machinerie dont 36% ont
pu être acquis de sources québécoises. De plus, au niveau
des matières premières - allant de l'acier et du plastique aux
composantes électroniques en passant par la viande de porc, ce
même groupe d'entreprises clientes a pu effectuer 48% de ses achats ou 1
100 000 000 $ auprès de fabricants québécois.
Selon nos estimations, les interventions de la SDI dans ce domaine, en
1981-1982, sont à l'origine d'une plus-value d'achats
québécois de l'ordre de 20% au niveau de la machinerie et
de 15% au niveau des matières premières, pour un total de 450 000
000 $. En 1982-1983, cette même plus-value d'achats
québécois pourra facilement dépasser le 500 000 000 $.
Il s'agit de retombées économiques fort significatives
dans le cadre de la politique d'achat à laquelle notre gouvernement
attache beaucoup d'importance.
En terminant, nous pouvons affirmer que les sommes d'argent
injectées dans l'économie du Québec en 1982-1983 par le
biais des programmes de la SDI témoignent de façon non
équivoque de la priorité accordée par notre gouvernement
à la croissance des emplois et au développement
technologique.
À ce chapitre d'ailleurs, le Centre de recherche industrielle du
Québec, dont nous avons discuté longuement le plan quinquennal en
commission parlementaire, se verra octroyer une somme globale de 85 000 000 $
dont 13 000 000 $ seront versés au cours de la présente
année. À titre de référence, la contribution
gouvernementale pour la période 1976-1981 s'est élevée
à 30 000 000 $. La croissance de la contribution gouvernementale pour
les cinq prochaines années est donc de 55 000 000 $. (10 h 45)
Enfin, avant de terminer, j'aimerais vous faire part de certaines
activités importantes de la Direction générale de
l'industrie et de celle du tourisme. La Direction générale de
l'industrie oeuvre à deux niveaux bien distincts. D'une part, elle
accomplit un travail d'analyse et de réflexion sur la
réalité industrielle québécoise afin d'en
dégager des perspectives de développement qui tiennent compte de
façon réaliste du contexte international. Ce travail
forcément moins spectaculaire est néanmoins indispensable
puisqu'il vise à apporter un soutien continu aux interventions des
autres agents de développement industriel, notamment l'Office
québécois du commerce extérieur, la Société
de développement industriel, le Bureau d'examen des investissements
étrangers, la Commission permanente et interministérielle des
achats, etc. Je n'entrerai pas dans le détail des activités
réalisées en 1981-1982 par la DGI. Mais vous serez à
même de constater, en examinant le rapport d'activités de cette
direction générale, la grande diversité d'analyses et
d'études portant sur les divers secteurs industriels, qui ont
été préparées et diffusées aux principaux
intervenants dans le développement industriel et qui contribuent
certainement à améliorer la cohérence des interventions de
chacun dans les divers secteurs industriels.
À cet égard, certains chapitres importants du programme
d'action économique 1982-1986 (Le virage technologique) qui vient
d'être rendu public, reflètent bien les efforts consacrés
par la DGI au cours de l'année à l'identification d'avenues
prioritaires de développement économique.
D'autre part, la DGI est impliquée activement dans la promotion
et la réalisation de projets spécifiques, ainsi que dans la mise
en oeuvre de programmes touchant certains secteurs industriels et qui
comportent une incidence importante sur la situation de l'activité
manufacturière québécoise.
Je voudrais citer d'abord notre intervention au niveau du programme
PME-Innovation. Ce programme vise principalement à favoriser le
développement accéléré des entreprises innovatrices
à fort potentiel de croissance. Après plus de quatre
années d'existence, il aura donné lieu à l'acceptation de
182 demandes d'assistance financière totalisant 55 000 000 $ en
prêts autorisés. La majorité des projets est tournée
vers l'introduction de nouveaux produits sur le marché ou la
pénétration de nouveaux marchés. À ce jour, les
résultats de ce programme sont jugés très satisfaisants,
même si la conjoncture économique des derniers mois rend la vie
passablement difficile à nos PME québécoises.
Pour leur part, les programmes Innovation meuble et Innovation chaussure
aident depuis 1978 les entreprises de ces secteurs à améliorer
les caractéristiques de leurs produits et à accroître leur
effort de marketing de façon à mieux résister à la
concurrence très vive qu'elles doivent affronter. Depuis le
début, le programme Innovation meuble a accordé une assistance
financière à 123 projets pour un total de 6 300 000 $; au cours
du seul exercice 1981-1982, 52 entreprises se sont vu accorder une aide
financière totalisant 3 100 000 $. Pour sa part, le programme Innovation
chaussure a touché la plupart des entreprises du secteur (82) puisque 68
projets ont été subventionnés depuis le début, pour
un total de 4 800 000 $.
Enfin, le ministère consacre des efforts importants depuis avril
1980 pour soutenir la modernisation des industries du textile, de la bonneterie
et du vêtement. Au cours de l'exercice 1981-1982, 133 projets se sont vu
accorder des subventions totalisant 14 900 000 $, générant ainsi
des investissements privés de plus de 58 000 000 $; depuis le
début du programme, une aide financière a été
accordée à 155 projets pour des subventions totales de 17 000 000
$. Le très bon accueil reçu par ce programme indique bien qu'il
répond aux besoins réels des entreprises de ces secteurs, ce que
plusieurs d'entre elles nous ont confirmé.
Les efforts consentis pour moderniser et consolider ces secteurs
risqueraient d'être
très peu efficaces s'ils n'étaient pas appuyés de
mesures suffisantes de protection vis-à-vis des importations qui leur
livrent une concurrence étrangère en misant essentiellement sur
les très bas coûts de la main-d'oeuvre. C'est pourquoi nous avons
multiplié les interventions auprès du gouvernement
fédéral pour qu'il maintienne pendant une période
suffisante des mesures de protection adéquates permettant de
compléter cet effort de consolidation et de modernisation.
Dans le secteur de la chaussure, la décision prise par le
fédéral en novembre 1981 d'exclure les chaussures en cuir des
contingentements globaux à partir de décembre 1981 va totalement
à l'encontre des intérêts vitaux de ce secteur industriel.
Malgré la position unanime des participants au sommet d'urgence que nous
avons convoqué le 28 novembre 1981, le fédéral n'a pas
infléchi sa décision, de sorte que le diagnostic que nous posions
à l'époque est malheureusement en train de se réaliser.
Déjà, l'irresponsabilité du gouvernement
fédéral a conduit à des milliers de mises à pied et
à de nombreuses fermetures d'usines de façon
définitive.
De plus, au lieu de préconiser une approche coordonnée des
efforts avec les nôtres afin de consolider ces secteurs qui demeurent
vulnérables, le fédéral préfère agir
isolément et n'hésite pas dans certains cas à créer
un chevauchement des moyens d'intervention. C'est précisément le
cas en ce qui concerne la mise sur pied de l'Office canadien pour un renouveau
industriel, l'OCRI, en octobre 1981, dont les programmes reprennent de
façon substantielle le contenu du programme québécois. Nos
démarches répétées pour coordonner les
modalités de fonctionnement de ces différents programmes, afin de
maximiser l'impact pour les secteurs industriels et pour le Québec en
général, sont demeurées également sans effet.
Dans un autre domaine, nous avons poursuivi nos efforts dans le cadre du
programme d'aide aux associations industrielles sectorielles pour permettre aux
entreprises d'un secteur industriel de travailler en commun à la
solution de leurs problèmes. Au cours de l'année, la DGI a
contribué activement à la mise sur pied de deux nouvelles
associations industrielles, soit le Conseil de l'industrie électronique
du Québec et l'Association des sous-traitants en aéronautique,
qui ont reçu une première subvention de fonctionnement de 34 000
$ et 22 300 $ respectivement.
Parmi les principales activités de la DGI, au cours de 1981-1982,
il convient de souligner la poursuite de nos efforts de promotion des
retombées économiques reliés aux achats majeurs de
matériel de défense par le gouvernement fédéral. En
ce qui concerne les avions de chasse CF-18A, 90 entreprises
québécoises avaient reçu, en date du 30 juin 1981, des
contrats évalués à 151 000 000 $, ce qui représente
19,4% de la valeur totale des retombées canadiennes à cette date,
ce qui est nettement inférieur aux 50% avancés par certains
politiciens fédéraux. Par ailleurs, au cours de la période
du 1er janvier 1975 au 30 septembre 1981, le Québec a obtenu 35,7% des
retombées industrielles reliées au contrat d'achat des avions
patrouilleurs Aurora. Encore là, le Québec est loin d'obtenir
l'équivalent de sa part dans l'industrie de l'aéronautique,
estimée à près de 50% de l'industrie canadienne. Enfin, la
DGI a continué de participer activement aux activités de
promotion reliées au programme d'achat des frégates dans le but
d'en maximiser les retombées économiques pour le
Québec.
Le ministère multiplie également ses efforts pour que les
investissements importants reliés à la modernisation de
l'industrie des pâtes et papiers, ainsi que ceux qui sont
réalisés dans le cadre du programme d'assainissement des eaux se
traduisent le plus possible par des achats de produits fabriqués au
Québec. Outre les représentations faites auprès des
entreprises québécoises pour les inciter à profiter de ces
occasions de fabrication (exemple: soumission sur certains projets de la CUM de
60 000 000 $), des entreprises ont participé à des missions
à l'étranger dans le but de conclure des ententes de fabrication
sous licence portant sur des pièces de machines à papier ou des
composantes pour les équipements d'assainissement des eaux.
De nombreuses interventions des professionnels de la DGI sont aussi
faites auprès des manufacturiers de tous les autres secteurs pour les
inciter à offrir leurs services à de grandes
sociétés qu'on sait être à la recherche de
sous-traitants.
Enfin, parmi les dossiers spécifiques qui ont fait l'objet d'une
assistance technique ou financière au cours de l'année, citons
parmi les plus importants: - la papeterie Donohue Normick, dont le projet fait
l'objet d'une entente auxiliaire Canada-Québec et où le
ministère, en tant que maître d'oeuvre de l'entente, aura
versé 28 800 000 $ en 1981-1982; - l'assistance fournie à Great
Lakes Carbon, dans le cadre de l'implantation d'une nouvelle usine
d'électrodes de carbone à Lachute, et le soutien technique
apporté à la relance de l'usine d'appareils
électroménagers d'Admiral, à Montmagny; l'assistance
à la recherche d'un investisseur pour la réouverture de l'usine
de tapis de Celanese, à Sorel; l'assistance fournie à
l'Association canadienne du commerce de la fourrure (Québec) pour la
mobilisation de ses membres manufacturiers en vue de la réalisation
à
Montréal des galas de la fourrure de 1982 et 1983, lesquels
devraient permettre de maintenir Montréal au premier rang des capitales
mondiales de la fourrure et dont la prépondérance était
menacée par Toronto, grâce à l'approbation tacite
d'Ottawa.
Voilà autant d'exemples que je pourrais multiplier de notre
implication constante dans les dossiers majeurs de développement
industriel et qui se traduisent par des réalisations concrètes au
plus grand bénéfice des entreprises et des travailleurs du
Québec.
Sur un plan un peu différent quant à la nature des
activités, mais tout aussi important quant à son impact
économique, je voudrais maintenant aborder la question du tourisme. En
effet, il est incontestable que le tourisme constitue l'un des meilleurs moyens
de créer rapidement un grand nombre d'emplois.
Le Québec possède, vous le savez, plusieurs attraits
touristiques de premier ordre, ainsi que des infrastructures touristiques assez
bien développées. La différence culturelle et linguistique
du Québec, la façon de vivre des Québécois
démarquent nettement le Québec du reste de l'Amérique du
Nord. Cependant, ces attraits et cette différence ne sauraient produire
par eux-mêmes les résultats désirés s'ils ne sont
pas supportés par une organisation touristique véritablement
efficace.
Pour inciter les Québécois et les étrangers
à visiter le Québec, il faut donc faire en sorte que le touriste
revienne chez lui satisfait de son séjour, condition essentielle
à un éventuel retour. Cependant, encore faut-il faire en sorte
que les touristes connaissent les attraits du Québec. C'est pourquoi il
s'avère primordial de faire de la promotion touristique car, dans ce
domaine, il existe une relation certaine entre, d'une part, l'importance de
l'effort consenti en termes de ressources financières et, d'autre part,
l'importance des résultats obtenus en termes du nombre de touristes
attirés, donc en termes de nouveaux emplois créés dans le
secteur touristique.
C'est pourquoi, pour l'année financière 1982-1983, nous
avons augmenté de 50% le budget alloué à la promotion
touristique. Cette augmentation sensible du budget de promotion nous permettra
de faire beaucoup plus de publicité touristique, notamment en Ontario et
aux États-Unis, là où les provinces et États qui
nous font directement concurrence dépensaient beaucoup plus que le
Québec. Cela nous permettra aussi d'accroître substantiellement
nos activités de démarchage auprès des professionnels de
voyage, lesquelles requièrent l'organisation d'un grand nombre
d'événements promotionnels. Il nous sera également
possible de disposer de tout le matériel imprimé, brochures,
dépliants, audiovisuel, dont nous avons besoin pour soutenir nos
activités publicitaires et de démarchage.
Par ailleurs, afin de rendre le Québec encore plus attrayant
comme destination touristique, il nous faut inciter l'entreprise privée
à investir beaucoup plus dans l'amélioration et la
diversification de tous les aspects du produit touristique
québécois. Or, c'est justement ce qu'a fait et ce que continuera
à faire le programme du crédit touristique. Entre le 1er janvier
1980 et le 28 février 1982, le crédit touristique a incité
107 entreprises à investir 81 000 000 $, en garantissant des emprunts
pour une valeur de 18 000 000 $, en prêtant directement une somme de 5
000 000 $ et en octroyant 9 000 000 $ en subventions.
À la lumière de l'expérience des deux
dernières années, nous nous proposons de modifier le programme du
crédit touristique, afin qu'il puisse jouer encore plus efficacement son
rôle de bougie d'allumage en matière d'amélioration et de
diversification du produit touristique québécois. Nous
envisageons d'abord de rendre prioritaire notre aide aux projets qui
s'adressent principalement au tourisme d'agrément, par opposition aux
projets s'adressant principalement à ceux qui voyagent par affaires ou
aux projets ayant surtout une vocation récréative pour la
population environnante.
En outre, nous accorderons la priorité à des projets
s'inscrivant dans des secteurs où le Québec est
présentement déficient par rapport aux autres régions qui
nous concurrencent au plan touristique: tourisme familial, amélioration
des équipements de ski alpin, stations touristiques opérant
à la fois l'été et l'hiver; infrastructures de services
situées au pied même des pentes de ski alpin. Enfin, une
priorité sera accordée, dans le cadre de ce programme, à
la mise en place d'équipements requis pour la réalisation
d'événements touristiques importants.
Conformément à nos engagements pris lors du sommet sur
l'économie du Grand Montréal, il existe maintenant une structure
unique de concertation de tous les intervenants touristiques de la
région de Montréal, l'Office des congrès et du tourisme du
Grand Montréal. Cet office regroupe les efforts de promotion des agents
directement concernés par le développement de l'industrie
touristique. Ainsi, la Société du Palais des congrès de
Montréal, Cidem-Tourisme de la ville de Montréal et l'Office des
congrès et des visiteurs du Grand Montréal unissent depuis le 30
mars dernier leurs efforts et leurs stratégies pour vendre la
région de Montréal sur le plan touristique. Encore là,
nous pouvons dire: Mission accomplie.
Pour ce qui est plus particulièrement de la Société
du Palais des congrès de Montréal, ses efforts sont surtout
orientés vers le marketing et, déjà, plus de soixante
événements, congrès, expositions, foires,
spectacles et variétés, sont prévus pour les dix
premiers mois d'occupation du palais, qui doit ouvrir ses portes en juin 1983.
Pour 1984-1985, la tenue de plus d'une centaine d'événements est
déjà en négociation.
En terminant sur ce sujet, je voudrais dire que la concertation et la
coordination des actions de tous les intervenants sont indispensables à
l'évolution de ce secteur. Les associations touristiques
régionales et les offices de tourisme et de congrès constituent
des liens privilégiés pour engager et mener à bien une
telle mise en commun, puisqu'ils regroupent dans chacune des régions les
divers agents touristiques. À lui seul, le gouvernement ne peut
développer l'industrie touristique. Les initiatives doivent d'abord
provenir du milieu, s'articuler autour de services adéquats et mettre en
évidence les avantages spécifiques du Québec.
Voilà, M. le Président, l'essentiel des activités
du MICT pour 1982-1983. Toutes ces grandes orientations, qu'elles touchent les
exportations, la gestion des entreprises ou le développement
technologique, vont concourir au maintien et à la création
d'emplois. C'est dans cette optique en effet que, malgré les contraintes
budgétaires actuelles, le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme se voit octroyer des crédits supérieurs de 16% par
rapport à ceux de l'an passé.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. le député de Châteauguay, des commentaires
supplémentaires.
M. Fortier: On n'alterne pas, ici? M. Dussault: M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont me dit qu'il y a une entente avec l'Opposition pour que les
adjoints parlementaires puissent faire les commentaires préliminaires
à la suite de ceux du ministre. (11 heures)
M. Dussault: C'est une entente qui a déjà permis
à des adjoints parlementaires et même à des chefs
d'équipe où il n'y a pas d'adjoint parlementaire...
M. Fortier: Écoutez, si vous voulez qu'on perde notre
temps, allez-y, ça me fait plaisir.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Je reconnais là l'accueil habituel du
député d'Outremont. C'est dans le cadre d'une entente et
particulièrement dans le cadre de la réforme parlementaire sur la
valorisation des rôles parlementaires que l'on est arrivé à
cette conclusion, cette entente entre l'Opposition et le parti
ministériel. Je vais prendre seulement quelques minutes.
Au départ, il était de mon intention de parler des
compresssions budgétaires qui se sont faites dans notre ministère
particulièrement, mais on en est arrivé très rapidement
à la conclusion que, s'il y avait un ministère où il ne
fallait pas faire de compressions forcées, c'était bien au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, puisqu'il fallait
soutenir le plus fortement possible l'activité économique et,
dans ce sens, il fallait mettre le plus d'argent possible au fonctionnement. Je
suis adjoint parlementaire depuis près de huit mois maintenant, je suis
fier d'être de cette équipe du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, de travailler avec le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, M. Biron, qui, je dois le dire, est un homme
d'équipe qui sait faire confiance à ceux qui l'entourent. Je
voudrais profiter de l'occasion pour le remercier sincèrement de
l'accueil qu'il m'a fait.
Je suis chargé d'un certain nombre de dossiers. Il m'en aurait
donné beaucoup plus si je l'avais écouté, mais il faut
prendre les choses à mesure qu'elles viennent. Il y a deux dossiers dont
j'assure le suivi et sur lesquels je voudrais parler quelque peu. Il s'agit de
la sous-traitance et de la politique québécoise d'achat dans les
secteurs public et parapublic. Je serai court, je vous le promets.
La sous-traitance est un secteur, on devrait peut-être dire une
couche de l'activité des PME, dont on n'a pas - le "on" veut dire tous
les intervenants - tiré tous les bénéfices qu'on pourrait
en tirer. Très nombreux sont les sous-traitants qui ne se reconnaissent
pas encore comme tels, qui rêvent bien souvent de devenir de grosses
entreprises alors qu'ils pourraient apporter à l'économie
québécoise leur potentiel d'une façon extraordinaire par
la qualité qu'ils pourraient développer. Le sommet
économique de Montréal a fait le voeu que s'implante sur la rive
sud de Montréal une bourse de la sous-traitance sous forme de projet
pilote, c'est-à-dire la mise en place d'un mécanisme mettant en
contact les donneurs d'ordres et les preneurs d'ordres. La première
phase de cette bourse serait de faire l'inventaire de ceux qui font de la
sous-traitance.
Avant de mettre en application cette recommandation du sommet
économique au ministère, nous avons décidé d'aller
voir en Europe, en France et en Belgique plus particulièrement, puisque
c'est là qu'ont débuté les bourses de sous-traitance qui
ont existé il y a une vingtaine d'années. J'ai dirigé et
présidé une mission exploratoire sur la sous-traitance avec trois
membres de la Société pour le progrès de la rive sud,
près de Montréal, et cette mission exploratoire a
beaucoup appris sur le fonctionnement des bourses de sous-traitance. Je
pense qu'on doit surtout dire que trois choses nous ont frappés. C'est
qu'une bourse de sous-traitance doit s'appliquer là où il y a une
masse critique suffisante, sinon une telle bourse deviendrait inefficace, non
rentable et particulièrement très difficile à financer
pour ceux qui sont concernés, c'est-à-dire les sous-traitants
eux-mêmes, parce qu'il faudra qu'un jour ils se prennent en charge tout
seuls. Deuxièmement, on ne doit pas donner comme seule fonction à
une bourse de sous-traitance de mettre en rapport les preneurs d'ordres et les
donneurs d'ordres puisqu'une bourse de sous-traitance comporte en soi son germe
de destruction. C'est relativement facile à comprendre. Quand il s'est
installé une intimité profonde entre le preneur d'ordres et le
donneur d'ordres, ils s'arrangent convenablement entre eux, mais toutes les
autres fonctions que pourrait avoir une bourse de sous-traitance ne peuvent
plus par la suite être au service du preneur d'ordres. Donc,
troisième élément, c'est qu'on doit mettre une emphase sur
les fonctions d'animation et de formation en plus de celles de faire
l'inventaire et la mise en communication des preneurs d'ordres et des donneurs
d'ordres.
D'ailleurs, dans le cadre du virage technologique, je pense que cette
fonction de formation prendrait tout son sens puisqu'il arrivera sûrement
que des sous-traitants doivent se convertir en fonction des
bénéfices considérables qu'on peut trouver du
côté des développements technologiques, mais aussi en
fonction de la conjoncture qui amène très souvent des petites
entreprises à devoir se convertir puisqu'il n'y a plus de marché
du côté de ses activités. Au retour, parce qu'on croyait
fondamentalement qu'on doive mettre en place une bourse de sous-traitance, j'ai
piloté une demande de subvention. Vous serez peut-être un peu
surpris de ce que je vais dire. Nous l'avons pilotée auprès de
l'OPDQ puisqu'une bourse de sous-traitance peut engendrer un énorme
développement régional et qu'il y a aussi de l'argent là.
Nous avons donc demandé à l'OPDQ une subvention pour la mise en
place de cette bourse de sous-traitance. Nous avons obtenu...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont sur une question de règlement.
M. Fortier: On m'informe qu'il n'y a absolument pas d'entente
entre le leader du gouvernement et celui de l'Opposition. En foi de quoi, je
demande de parler immédiatement après le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Châteauguay, je n'ai pas d'information s'il y a entente ou non. Je dois
respecter tout de même la tradition.
M. Dussault: M. le Président, si vous me permettez. De
toute façon, la Loi sur la Législature... il y a entente, et
cela, tous les...
M. Fortier: II n'y a pas d'entente et je demande de parler
immédiatement après le ministre. Il n'y a aucune entente entre le
leader de l'Opposition et celui du gouvernement. On vous a leurré, on a
leurré la commission parlementaire et je crois que cette comédie
doit cesser.
M. Dussault: Une question de règlement, M. le
Président.
Tous les adjoints parlementaires et les chefs d'équipe de
commission ont été prévenus de l'entente. Nous avons
même assisté à une réunion à cet
égard, je n'ai rien inventé. J'en fais une question de
règlement. De toute façon, il est établi dans la Loi sur
la Législature qu'un ministre peut confier une tâche qu'il
définit comme il l'entend à son adjoint parlementaire. Il est
tout à fait dans l'ordre que le ministre demande à cette
commission qu'il y ait continuité dans ses propos, par le biais de son
adjoint parlementaire. Il n'y a rien ici qui aille à l'encontre de la
Loi sur la Législature, au contraire. Dans ce sens, je demande d'avoir
la permission de continuer mes propos. J'en ai encore pour quelques
minutes.
M. Fortier: M. le Président, selon l'entente intervenue
entre le leader du gouvernement et celui de l'Opposition, chaque commission
parlementaire, le porte-parole de l'Opposition accepterait ou n'accepterait
pas... J'ai considéré qu'il y avait entente et il n'y a pas
entente. Vu qu'il n'y a pas entente, je demande de parler immédiatement
après le ministre.
M. Dussault: Je le consteste.
M. Fortier: À moins que l'adjoint veuille conclure ses
propos en trente secondes.
M. Dussault: M. le Président, je vais terminer sur la
sous-traitance, j'en ai pour quelques secondes. Je reprendrai tout a l'heure;
de toute façon le temps qu'on ne voudrait pas que je prenne, je le
prendrai plus longuement après. Les gens n'y gagneront rien. On
connaît leur générosité, c'est une fois de plus
qu'on aura l'occasion de le voir. Le journal des Débats
témoignera de leur très grande
générosité.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Fortier: Qu'il termine les propos qu'il vient de
commencer.
M. Dussault: Je conclus sur la question de la sous-traitance. Je
disais donc que nous avons obtenu une subvention de 195 000 $ qui s'appliquera
sur trois ans. Elle sera donnée à condition qu'un protocole,
qu'il reste à déterminer entre la Société pour le
progrès de la rive sud et le gouvernement, soit suivi. La bourse de
sous-traitance s'implante dans un contexte qui est le nôtre, il faut se
démarquer un peu de ce que nous avons vu en Europe. L'expérience
devrait rapidement servir ailleurs au Québec, parce que
déjà les conclusions étaient suffisamment probantes pour
que l'on puisse vraiment aller un peu plus de l'avant. Il faudra attendre un
peu et voir comment cela se passe sur la rive sud. Je pense que cela devrait
permettre aux dynamismes régionaux de jouer leur rôle de plus en
plus fortement sur ce plan.
Je termine en parlant du salon de la sous-traitance qui a eu lieu au
cours des dernières semaines sur la rive sud. Il a été
subventionné par le gouvernement du Québec. En fait,
l'implication du gouvernement cette année, donc du MICT, a
été cinq fois plus grand que l'an dernier. Ce salon de la
sous-traitance a été un très grand succès et il a
eu une portée internationale, ce qui était relativement nouveau
cette année. Le MICT entend continuer à s'engager dans ce genre
de choses. Il le fait particulièrement en prêtant
présentement un fonctionnaire à COPEM pour
Expo-Produits-Énergétiques... Le ministère sera sans doute
appelé, du côté de la sous-traitance, à jouer un
rôle de soutien de plus en plus fort jusqu'à ce que les milieux se
prennent en main eux-mêmes et qu'ils soient capables de financer
eux-mêmes leur propre mécanisme de fonctionnement de la
sous-traitance.
Merci M. le Président de votre attention. Je reviendrai sur le
reste plus tard.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, nous sommes venus ici ce
matin pour étudier les crédits du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. D'ailleurs on doit reconnaître
que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est le
principal ministère à vocation économique. Son importance
déborde de beaucoup, contrairement à d'autres ministères,
les budgets qui sont mis en oeuvre au ministère même. Ceci, bien
entendu, à cause des répercussions des politiques mises de
l'avant, des politiques sectorielles et de l'activité des
différents organismes, telle la SDI, pour n'en nommer qu'un. En
conséquence, j'oserais espérer que le temps que nous allons
prendre au fur et à mesure de l'étude des crédits sera
pour faire des remarques sur chacune des politiques sectorielles. Tous les
sujets qui ont été abordés jusqu'à maintenant
auraient pu l'être au fur et à mesure de chacun des
programmes.
Comme le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est
le ministère par excellence pour traiter avec les hommes d'affaires
d'une façon générale, j'oserais penser qu'on aurait pu
aborder l'étude de nos travaux en hommes d'affaires. Sans vouloir
être méchant, j'aurais rappelé au ministre que, s'il avait
été dans un conseil d'administration, je suis sûr qu'il y
aurait eu quelqu'un pour proposer que son rapport soit adopté tel que lu
et on serait passé à autre chose.
Somme toute, c'est peut-être le moment de se poser des questions
fondamentales d'une façon très générale et je vais
être extrêmement bref, M. le Président. Les questions
fondamentales qu'on doit se poser, c'est: Quelle est la performance
économique du Québec dans son ensemble? J'admettrai avec le
ministre - et, là-dessus, il ne faudra pas être injuste - que les
conditions que nous vivons depuis 6 mois sont tout à fait
exceptionnelles. Si on veut porter un jugement sur l'activité du
gouvernement dans son aide au développement économique, il faudra
porter un jugement sur un certain nombre d'années. Quand même,
c'est le moment de se poser cette question. C'est le moment de se poser aussi
également la question: Quels sont les moyens mis en oeuvre par le
gouvernement et sont-ils adéquats? Quels sont les objectifs du
gouvernement du Québec?
Le ministre a fait des remarques préliminaires qui touchaient,
justement, ce tableau d'ensemble. D'ailleurs, il a emprunté, dans
l'introduction générale du virage technologique, certaines
statistiques qui portent sur le produit intérieur brut per capita
comparé avec celui du Canada dans son ensemble ou avec celui d'autres
pays, pour conclure que notre performance a été meilleure que
celle du Canada dans son ensemble.
Je crois qu'à moins de vouloir faire un éloge
dithyrambique de l'action gouvernementale il faut constater que la
réalité n'est pas aussi bonne que le ministre voulait le laisser
entrevoir. Si on prend en particulier le produit intérieur brut per
capita, qui a augmenté beaucoup plus vite au Québec qu'au Canada
en partie à cause de l'augmentation de la productivité, mais
aussi à cause de la baisse de natalité qui est beaucoup plus
importante ici que dans le reste du Canada - ceci a donc contribué
à diminuer relativement la partie non
productive de la population et à hausser artificiellement le
revenu per capita - il faut en voir les conséquences dans 20 ans,
lorsque des pénuries de main-d'oeuvre se feront sentir, sans parler de
l'importance démographique et politique diminuée du Québec
dans le Canada de l'an 2000.
De plus, on remarque que le taux d'accroissement du produit
intérieur brut québécois par rapport au taux
d'accroissement du produit intérieur brut canadien de 1971 à
1980, qui est de 3% et de 2,5% respectivement, soit 20% supérieur, n'est
plus que de 2,2% et de 2%, soit 10% supérieur pour la période de
1975 à 1980. C'est donc dire que notre rattrapage se ralentit. De la
même façon, on peut faire des commentaires sur le revenu personnel
per capita dont on fait état ici quand on dit: "Quant au revenu
personnel par habitant, il représente maintenant près de 94% du
revenu personnel canadien per capita."
Les commentaires que j'aimerais faire à ce sujet, M. le
Président, c'est qu'une partie de la hausse s'explique par la diminution
relative de la population et en partie par la hausse des paiements de transfert
par les gouvernements, paiements financés à même des
capitaux importés plutôt que par une augmentation des revenus
provenant des secteurs productifs. Le nationalisme économique strident
du gouvernement actuel doit s'accommoder du fait que les secteurs les plus
dynamiques, soit les industries du caoutchouc, des métaux primaires, des
pâtes et papiers et de la machinerie, sont des secteurs à forte
présence non québécoise. Seul le secteur du
matériel de transport, essentiellement Bombardier, montre une forte
participation québécoise. (11 h 15)
La bonne tenue apparente du secteur privé et surtout
l'augmentation assez spectaculaire de la proportion des investissements totaux
réalisés par le secteur privé s'expliquent en fait par la
faiblesse de l'investissement public. J'ai ici une série de
statistiques, M. le Président, et je vous fais grâce de vous les
donner, qui démontrent que les investissements publics, en pourcentage,
sont tombés de 41,5%, en 1979, à 37,5%, en 1981. C'est ce qui a
fait que, bien sûr, les augmentations proportionnelles du secteur
privé ont augmenté.
Mais si l'on regarde les taux de croissance, on voit donc facilement que
l'augmentation de la part du privé est due à la baisse de
l'investissement public en termes réels. Si on applique les indices de
déflation, c'est-à-dire qui tiennent compte du coût de la
vie, de la formation brute des capitaux, on obtient une croissance
réelle qui est de -16,1% en 1979-1980, et -3,2% en 1980-1981. Pour le
gouvernement, ces chiffres - je parle de formation brute de capital dans les
investissements - s'établissement à -16,8% en 1979-1980, et
à -14,7% en 1980-1981. On voit donc que si les investissements
privés diminuent légèrement en 1981 par rapport à
1980, les investissements publics, eux, sont dramatiquement en baisse.
Les investissements privés se font selon des
considérations de rentablité économique, mais ceux du
gouvernement n'ont pas à être dictés par les conditions du
marché. On voit donc que le dynamisme apparent du secteur privé
n'est dû qu'à l'abandon par le gouvernement de ses
responsabilités en matière d'infrastructures sociales ainsi
qu'à des priorités mal choisies telles que des investissements
inutiles, comme l'achat de la compagnie Asbestos, qui n'augmentent nullement
les moyens de production du Québec.
La croissance des salaires, quant à elle, n'est due qu'à
l'augmentation de productivité et à la croissance des
exportations; ceci est dû aussi à la croissance des salaires et du
nombre de salariés de la fonction publique, dont les salaires sont
gonflés artificiellement et payés par l'importation des capitaux;
c'est aussi dû à l'effet d'entraînement sur le secteur
privé, ce qui amène des effets néfastes sur la
concurrence. On assiste en fait à une hausse du salaire des individus
employés simultanément à une baisse du nombre d'individus
employés. Une mesure plus significative serait peut-être de
diviser la masse salariale totale par la population active; le résultat
serait moins rose.
La proportion élevée d'étudiants en administration
est due en partie au développement moindre de certains secteurs
comparativement au reste du Canada, quoiqu'on doive s'en réjouir, mais
les résultats de ce côté se feront beaucoup plus tard. On
peut s'attendre que la proportion d'étudiants dans les secteurs de
pointe soit plus élevée lorsque le taux de fréquentation
universitaire est moins faible, comme c'est le cas au Québec
comparativement au Canada.
Ce qui est tout de même curieux, c'est qu'au même moment
où paraît Le virage technologique, le Conseil des
universités rappelle au gouvernement que les coupures demandées
sont nettement exagérées eu égard aux besoins du
Québec. Ainsi, dans certaines facultés qui devront assurer
l'élite de demain dans le domaine de la gestion et dans le domaine de
l'économie, il s'agit, somme toute, d'un sabotage déjà
annoncé des objectifs que le gouvernement s'est donnés dans Le
virage technologique.
Compte tenu de ces remarques préliminaires, je me demande si le
ministre, en préparant son programme d'intervention, a consulté
les hommes d'affaires lors de rencontres avec eux dans ses différentes
tournées. Pour notre part, le groupe de mission économique, nous
sommes allés dans plusieurs régions du Québec et nous
en
sommes venus à la conclusion qu'un développement
économique ne peut se faire sans que certaines conditions soient
remplies au Québec.
Il est évident que l'incertitude politique créée
par le projet d'indépendance du Parti québécois est un
facteur très important. D'ailleurs, on peut se demander comment le
virage technologique pourra être assuré si cette incertitude
politique continue à être animée par le Parti
québécois. Deuxièmemement, l'hostilité ou mieux,
l'incohérence de la politique gouvernementale envers les compagnie et
les investisseurs non Québécois. Encore là, il faudrait
bien que le ministre ou le gouvernement nous dise ce qu'il en pense et quelle
est la politique du gouvernement quant aux investissements des compagnies
étrangères au Québec pour animer le développement
économique de notre province. Troisièmement, l'hostilité
du gouvernement envers le secteur privé et sa politique active de
nationalisation directe et indirecte des firmes du secteur privé.
Comment attirer des capitaux au Québec si la Caisse de
dépôt continue son action de nationalisation indirecte et qui
crée une incertitude criante pour ceux qui voudraient investir au
Québec et nous aider à développer notre
économie.
Quatrièmement, il y a les taux d'imposition de toute nature, en
particulier ceux de l'impôt sur le revenu, qui sont sensiblement plus
élevés qu'ailleurs au Canada. Malheureusement, je crois que le
discours sur le budget que nous fera M. le ministre Parizeau
n'améliorera pas les choses ici au Québec. Il y a fort à
parier que ce désavantage par rapport au reste du Canada va continuer
encore pendant une bonne période.
Cinquièmement, la réglementation plus sévère
et plus complexe que dans les autres provinces, plus particulièrement
les contraintes imposées par la loi 101. Les hommes d'affaires que nous
rencontrons nous en parlent continuellement. Je me pose la question: Tant que
certains de ces facteurs que je viens d'énoncer et d'autres ne sont pas
amoindris ou corrigés, comment peut-on, par des politiques sectorielles
d'animation, développer l'économie du Québec?
Sixièmement, il y a le climat des relations
patronales-ouvrières qui est plus mauvais au Québec qu'ailleurs.
C'est un problème extrêmement important pour le
développement économique.
Septièmement, les relations fédérales-provinciales.
Encore là, concernant Le virage technologique, je dois admettre qu'il
m'a fait plaisir de lire certains paragraphes, entre autres sur les nouvelles
politiques en ce qui concerne la SDI, à qui le ministre veut donner une
politique complémentaire à celle de la Société pour
l'expansion des exportations. Je crois que ces politiques vont dans la bonne
direction, mais on peut se demander si, compte tenu des expériences
récentes dans le secteur des relations
fédérales-provinciales, le gouvernement aura la volonté
politique de continuer dans la lignée des politiques mises de l'avant
pour le virage technologique.
Dans l'étude des politiques sectorielles une par une, il y a un
danger; il y a le danger de perdre de vue ces problèmes de fond que nous
avons au Québec, de perdre de vue les problèmes de fond qui vont
empêcher un développement économique réel. Il
faudrait bien que le ministre et le gouvernement s'attaquent à ces
problèmes d'ensemble; il faudrait que le ministre et le gouvernement
écoutent les hommes d'affaires puisque, dans Le virage technologique,
c'est surtout le secteur privé qui va assurer le développement
économique du Québec.
A ce sujet, entre autres, j'entendais le ministre parler des maisons
régionales où il faudra créer une bureaucratie encore plus
forte dans les régions pour essayer de disséminer de
l'information. J'aimerais bien que le ministre m'explique pour quelle raison il
n'a pas accepté la proposition des chambres de commerce du
Québec, qui étaient intéressées à constituer
ce réseau et à donner ces services. Ces gens-là
prétendent, et je crois qu'on en a vu à l'oeuvre dans certaines
régions, entre autres à Sherbrooke en particulier et dans
d'autres régions où ils ont déjà animé des
instruments de communication avec l'entreprise privée, qu'ils sont
à même d'établir un meilleur contact et de le faire d'une
façon qui soit très adéquate sans nécessairement
créer une bureaucratie encore plus lourde. Je crois que ces structures
ont déjà été étudiées et
appliquées en Europe. Je me souviens pour ma part avoir
été en Suède où tout ce qui concerne justement le
développement économique dans les régions et même le
développement de l'exportation est fait dans une organisation conjointe
où le secteur privé a une très forte présence et
où l'initiative lui est laissée dans une très grande
dimension.
On peut étudier chacun des secteurs, chacun des programmes. Nous
allons à ce sujet faire certains commentaires, mais nous sommes d'avis
que tant et aussi longtemps que ces problèmes de fond
créés par certaines attitudes et certaines politiques du
gouvernement du Québec ne seront pas réglés, il sera
extrêmement difficile d'assurer le développement économique
de la province de Québec.
En terminant, j'aimerais excuser mon collègue, le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui malheureusement a
dû s'absenter aujourd'hui. Je crois qu'il en a fait part au ministre.
J'aimerais, si cela était possible, puisque je crois qu'il y a eu
peut-être entente de principe avec le ministre sur la
façon dont nous aborderons l'étude des différents
programmes, suggérer, si le ministre était d'accord, que nous
laissions de côté aujourd'hui tout ce qui touche à la
société Sidbec pour que nous puissions entendre le
député de Notre-Dame-de-Grâce là-dessus, et
peut-être aussi le programme no 3 qui touche l'industrie. Ce que je
proposerais, si le ministre était d'accord, c'est que nous
procédions de façon régulière avec les programmes
1, 2, 4 et 5 et que, la prochaine fois, nous revenions aux programmes 1, qui
touche SIDBEC et peut-être d'autres sociétés d'État,
3 et 6.
Pour notre part, nous aimerions pouvoir entamer l'étude des
crédits le plus tôt possible. Si le ministre était
d'accord, nous pourrions commencer dès maintenant puisque, tel que nous
en avions convenu avec lui il y a quelque temps, nous aimerions aujourd'hui
aborder, entre autres, le dossier de la Société des alcools. Je
ne vois pas le président de la Société des alcools et je
ne sais pas s'il y a des représentants de cet organisme ici, mais j'ose
espérer que le ministre sera à même de répondre
à nos questions, malgré peut-être l'absence des
représentants de cette société.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. Si j'ai bien compris la façon de procéder
suggérée par le député d'Outremont, ce serait de
procéder programme par programme en excluant, pour le moment, les
programmes 3 et 5. Oui, M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, j'avais cru que, vraiment, on
viderait toutes les questions possibles autour de tous les programmes ensemble,
quitte à les mélanger un peu, comme on avait fait l'an dernier.
J'avais cru qu'on s'était entendu dans ce sens avec le
député de Notre-Dame-de-Grâce, quitte, après cela,
à prendre quinze minutes pour adopter tous les programmes que nous
serons prêts à adopter, ce qui mettrait peut-être un peu
plus de flexibilité dans notre façon de procéder.
M. Fortier: Je n'ai pas d'objection. Je ne sais pas comment cela
s'est fait l'an dernier, je dois admettre que j'étais absent, mais les
programmes nous permettent d'aborder, en ce qui touche le programme 3, par
exemple, l'industrie d'une façon générale. Je pense qu'on
peut être assez large quand même sur les différents sujets
qui pourront être abordés mais, pour avoir une certaine
discipline, on pourrait, d'une façon générale, suivre les
programmes, tout en n'appliquant pas la règle d'une façon tout
à fait stricte. Par exemple, lorsqu'on parle du programme 2, c'est la
SDI. C'est tout de même assez clair comme sujet. Lorsqu'on parle du
programme 4, cela touche le CRIQ, cela touche donc indirectement tous les
centres de recherche dont vous avez fait état dans Le virage
technologique. Le programme 5 parle de formation professionnelle. Encore
là, c'est un sujet auquel peuvent se rattacher d'autres sujets, mais, si
le ministre a d'autres propositions, je suis prêt à les
entendre.
M. Biron: M. le Président, j'avais cru comprendre qu'on
utiliserait la même formule que celle utilisée par le
député de Notre-Dame-de-Grâce, l'an dernier,
c'est-à-dire de ne pas mettre une camisole de force. L'an dernier, si on
avait fini d'étudier le programme de la SDI et qu'au programme 4 ou
même à celui des crédits touristiques on était
intéressé de revenir à la SDI, les députés
membres de la commission pouvaient intervenir ou poser des questions sur tous
les programmes et, à la fin de la commission, on s'était
gardé quinze minutes pour adopter tous les programmes en bloc ou un par
un. Cela laissait donc beaucoup de latitude aux députés, quitte
à revenir sur un programme ou sur l'autre.
M. Fortier: Je ne sais pas, autrement dit, cela voudrait dire
qu'il n'y aurait aucune discipline dans le sens que chacun serait libre
d'aborder n'importe quel sujet à n'importe quel moment. Autrement dit,
si j'abordais le sujet de la Société des alcools, je ne voudrais
pas que d'autres intervenants abordent celui de la SDI pour ensuite revenir
à celui de la Société des alcools plus tard. Je crois que
ce serait une démarche extrêmement boiteuse, pour dire le
moins.
M. Biron: Voulez-vous, on va essayer de passer à travers
nos programmes, quitte à en laisser un en suspens? On pourrait en
discuter en bloc, mais laisser en suspens le programme 3, pour l'adopter plus
tard. On gardera le temps nécessaire après cela pour
répondre à certaines questions concernant des
sociétés d'État, quoique je remarque et je fais remarquer
au député d'Outremont que la Société des alcools
n'apparaît pas au livre des crédits.
M. Fortier: Oui, mais elle apparaît sûrement parmi
les sociétés qui dépendent du ministère.
M. Biron: Exactement.
M. Fortier: D'ailleurs, dans les livrets que vous nous avez
donnés, on fait état de toutes les sociétés
d'État qui se rapportent au ministre. Je croyais donc que cela tombait
sous le programme Gestion interne et soutien. Ce programme permet justement au
ministre d'avoir les ressources humaines nécessaires pour faire la
gestion de ses responsabilités qui incluent la responsabilité des
sociétés d'État.
M. Biron: Je veux répondre au député
d'Outremont que, sur ces questions, on ne fouillera pas à fond toute
l'administration de la Société des alcools, de SIDBEC ou d'autres
sociétés d'État, sauf si on fait venir et
comparaître vraiment les dirigeants de ces sociétés. Je
suis prêt à répondre aux questions d'ordre
général du député là-dessus.
Le Président (M. Boucher): On s'entend.
M. Biron: Je suggérerais qu'on passe à travers
notre budget, nos crédits et qu'on garde le temps nécessaire
après cela pour vraiment essayer de parler des sociétés
d'État. (11 h 30)
M. Fortier: II faudrait bien s'entendre, M. le ministre. Je
croyais que nous vous avions fait part de notre désir d'interroger, si
c'était possible - vous ne nous avez pas dit le contraire - le
président de la Société des alcools du Québec et le
président de SIDBEC, plus tard. Je croyais qu'il y avait entente
là-dessus. Ce que vous nous dites maintenant, c'est que vous
n'êtes pas prêt à étudier ces sociétés
d'État lors de l'étude des crédits. Si on ne le fait pas
ce matin, je ne sais pas à quel moment on va le faire.
M. Biron: M. le Président, j'ai dit que j'étais
prêt à répondre aux questions. Concernant SIDBEC, j'ai dit
qu'on aurait une loi sur SIDBEC, qu'il fallait faire une commission
spéciale là-dessus et qu'à cette occasion le
président de SIDBEC et ses principaux dirigeants pourront
comparaître devant le commission parlementaire. À l'étude
des crédits, ce n'est pas dans les habitudes du gouvernement de faire
comparaître des présidents de sociétés
d'État. Le ministre répond et prend la responsabilité de
ses crédits.
M. Fortier: Écoutez, je pense bien que le ministre portera
la responsabilité de ses gestes, mais si on peut s'entendre quand
même sur la démarche, j'oserais espérer qu'on suive d'une
façon générale les programmes. Dans le programme no 1 se
retrouvent les sociétés d'État. À ce
moment-là, nous pourrions poser des questions sur la
Société des alcools et, en continuant par la suite, sans
être tout à fait inflexibles à ce sujet, lorsqu'on abordera
le programme no 4, s'il nous faut revenir sur la SDI, on le fera à ce
moment-là. Ceci nous permettrait quand même d'avoir une certaine
logique dans nos interventions.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, nous
procéderions programme par programme, quitte à revenir sur chacun
de ces programmes à l'occasion et quitte aussi à les adopter
à la fin. Une fois que les programmes sont adoptés, on ne peut
pas revenir dessus. Alors, il s'agirait de les étudier un par un quand
même, mais sans qu'il y ait objection à ce qu'on revienne sur
chacun des programmes.
M. Biron: M. le Président, mon collègue, le
député de Châteauguay, voudrait terminer ses remarques
préliminaires qu'il a dû couper tout à l'heure. Je crois
qu'il y a un autre de nos collègues qui voudrait faire certaines
remarques.
Le Président (M. Boucher): On alternera. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, si vous le permettez,
étant donné que mon collègue de Nicolet ne peut pas rester
très longtemps à la commission parce qu'il a d'autres engagements
- vous savez qu'il participe à une commission sur la jeunesse - je
voudrais lui permettre de faire son intervention le plus tôt possible. Je
vais donc lui laisser ma place, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet.
M. Yves Beaumier
M. Beaumier: Merci, M. le Président. Si j'ai bien compris,
étant donné que je ne pourrai pas assister à toute la
commission, malheureusement, on me permettrait de soulever mes deux ou trois
points sans qu'ils soient nécessairement aux programmes 1, 2 ou 3 en
séquence. C'est bien cela?
Le Président (M. Boucher): Une intervention d'ordre
général.
M. Beaumier: Merci bien. Alors, j'ai pris connaissance des
crédits du ministère et j'ai noté, comme tout le monde,
avec ce qu'a dit M. le ministre, qu'il y avait une augmentation valable des
budgets disponibles, surtout en ce qui concerne l'augmentation des transferts
directs aux entreprises.
J'aimerais concentrer ma représentation sur trois points qui me
tiennent plus particulièrement à coeur. Le premier point concerne
la Société du parc industriel du centre du Québec, qui est
installé à Bécancour. Je sais que le ministre porte une
attention spéciale, disons, à ce parc, puisqu'il est le seul parc
de responsabilité proprement provinciale. Il y a là, au moment
où on se parle, bon nombre d'entreprises qui sont extrêmement
dynamiques et qui sont un enrichissement non seulement pour le coin, la
région, mais aussi pour tout le Québec. On sait aussi qu'il y a
eu des événements - si on regarde l'historique - un peu
malheureux dans ce coin. Entre autres, un des derniers, c'est la
décision qu'avait prise le gouvernement fédéral
d'arrêter la
construction de l'usine La Prade, ce qui, après avoir fait
miroiter bon nombre d'espoirs, a un peu démotivé les gens du
coin. Aussi, dans la même optique, il y a un redépart du parc
industriel qui se fait présentement. Il y a des interventions pour la
consolidation, notamment au niveau du port qui est la propriété
du Québec - un des rares, d'ailleurs - et qui a un potentiel
énorme.
Je sais qu'actuellement les gens travaillent fortement en vue de la
promotion de ce parc auprès des industriels de l'intérieur et de
l'extérieur du Québec et j'aimerais beaucoup, quand ça se
présentera, que le ministre précise davantage les intentions de
son ministère en ce qui concerne la Société du parc
industriel du centre du Québec.
Il y a aussi, à l'intérieur de cette
société, le projet dont on a parlé plus
particulièrement récemment; c'est le projet de l'installation
d'une aluminerie à Bécancour. Il y a eu entente, il y a trois
semaines ou un mois, lors de la visite du premier ministre de France, M.
Maurois. Il y a eu à cette occasion entente entre Hydro-Québec et
la Société Pechiney Ugine Kuhlmann, une entente dont, je pense,
les journaux ont fait passablement d'information. C'est évident que ce
n'est pas une étape définitive en ce qui concerne l'installation,
mais c'est une étape qui était quand même essentielle et
une des conditions, au fond, de l'installation de cette aluminerie qui
apportera des retombées énormes, non seulement dans la
région, mais dans tout le Québec. On espère toujours que
l'étude de faisabilité rendra la décision positive. Alors,
il y a tout ça qui concerne le parc industriel et je sais que le
ministre est très attentif à ces dossiers.
Il y a un autre point que j'aimerais soulever ici; c'est ce qui concerne
le volet plus particulièrement touristique du ministère. On a -
je vois mes collègues ici -on a beaucoup d'attention à apporter
dans son propre coin. Il y a une chose que j'aimerais signaler; c'est qu'il y
a, depuis un an et demi, toute une volonté de la région de
développer le lac Saint-Pierre et on sait que c'est la plus grande
étendue d'eau qu'il y a entre les Grands Lacs et l'océan. C'est
à une heure et demie ou deux heures d'automobile, il y a 80% de la
population du Québec qui peut s'y rendre. Et je voudrais, une fois que
seront clarifiées les vocations proprement agricoles et les vocations
des pêcheurs commerciaux du lac Saint-Pierre, et c'est en train de se
clarifier à ce niveau... Il restera après, au niveau de la faune
et du nautisme, tout un potentiel qui aura à être
développé. Cela pourra se joindre aussi au développement
touristique du Bas-Saint-François avec, entre autres, le Village d'Antan
et les terres d'Hydro. C'est tout un concept intégré de
développement du lac Saint-Pierre que sont en train de monter les gens
du milieu. Je voudrais être assuré que le ministre - et ça
couvrira aussi d'autres ministères - sera très réceptif
aux propositions et projets que feront les gens du milieu en ce qui concerne le
développement du lac Saint-Pierre.
Troisième point. Je trouve que c'est aussi un
événement quelque peu exceptionnel. Cela concerne la
conférence au sommet économique de la région 04. Chacun
sait que le Conseil des ministres a décidé de donner suite
à ce projet de conférence au sommet de la région 04 et ce
sera le premier - à part les sommets sectoriels, les sommets
généraux - qui sera affecté plus particulièrement
à une région. Je profite peut-être de l'occasion pour dire
où en sont le dossier et les étapes. Je crois qu'à ce
moment, le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme sera
très rapidement impliqué dans le dossier. Il y a
déjà eu un comité ministériel de formé
à la suite de la décision du Conseil des ministres. Il y a
actuellement, c'est en train d'être terminé, le comité
d'orientation qui sera composé des agents élus d'organismes dont
ceux du gouvernement, bien sûr; les MRC seront mises à
contribution, les milieux d'affaires, le milieu syndical, tout le secteur
agricole, le monde coopératif ainsi que le Conseil régional de
développement de la région administrative O4. Ce comité
d'orientation est pratiquement sur pied. Dans quelques semaines, il sera
déjà à l'oeuvre et ce sommet est prévu pour janvier
1983. En se fiant beaucoup aux balises que vient de nous apporter Bâtir
le Québec, phase 2, c'est à l'intérieur de ces balises qui
offrent beaucoup de possibilités qu'auront à travailler les
différents agents économiques pour la tenue de ce sommet.
Il y aura, comme principales étapes à ce moment, une
précision en ce qui concerne l'état de la situation
économique comme telle dans la région et dans les
sous-régions aussi; ce sera articulé autour des
sous-régions. Après cet état de la situation, les agents
seront invités à différentes tables de concertation pour
réagir à cet état de la situation.
Une troisième phase consistera à établir un cahier
de propositions d'action. Alors c'est un sommet qui est lancé en
fonction de l'action et non pas de prise de connaissance seulement des
problèmes. On retrouvera, lors du sommet comme tel, les
différents interlocuteurs, les principaux interlocuteurs
économiques, qui, à tour de rôle, viendront proposer les
solutions qu'ils entendent eux-mêmes installer. Pour ce sommet
économique, ce premier en région, on a l'assurance, si je
comprends bien, qu'on aura l'appui du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. C'est aussi un
grand avantage que le développement économique soit aussi
pris en charge par les régions, quitte à ce que le gouvernement
du Québec, comme il le fait, l'appuie, l'encourage. Mais, avant tout, je
pense que c'est une occasion exceptionnelle de permettre aux agents
économiques régionaux d'apporter eux aussi leur eau au moulin et
d'apporter leur vision de la situation et leurs visées en ce qui
concerne leur action.
Ce sont plus particulièrement ces trois points qui impliquent
énormément le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme et qui sont tous dirigés vers un développement. Ce
développement, je le répète, je pense que c'est important,
impliquera directement les gens du milieu et les gens de la région.
C'est peut-être une des énergies qui, s'il y a un minimum de
concertation à ce niveau, permettront, de l'intérieur même
de nos régions, d'apporter un certain nombre de solutions à ce
développement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
Est-ce que le ministre désire répondre aux interrogations
immédiatement ou si on peut passser au programme 1?
M. Biron: Non, non. Je vais ramasser tout ensemble.
M. Fortier: Programme 1, oui.
Le Président (M. Boucher): Programme 1.
M. Biron: Le député de Vaudreuil-Soulanges veut-il
intervenir maintenant? Le député de Châteauguay a quelques
remarques, qu'il a dû abréger tout à l'heure, sur la
politique d'achat, et cela va compléter notre dossier.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, sauf qu'étant
donné la menace du député de Châteauguay de prendre
encore plus de temps que ce qu'il considérait prendre après
l'explication qu'il a donnée sur la nature véritable de l'entente
telle que nous la comprenons, je suis extrêmement hésitant, et mon
collègue d'Outremont aussi, j'en suis sûr, à laisser
poursuivre le député de Châteauguay. Je ne vois pas en quoi
on fait avancer l'étude des crédits du ministère dans une
perspective où le député de Châteauguay fait
état de ses activités à titre d'adjoint parlementaire
auprès du ministre depuis les huit mois qu'il a été
nommé. (11 h 45)
M. Roland Dussault (suite) M. Dussault: M. le Président,
je dois dire au départ que les remarques préliminaires que j'ai
faites sont un complément à l'éclairage que le ministre a
fait. D'une façon logique, cela devrait évidemment venir avant
toute autre intervention.
Je voudrais vous dire, M. le Président, qu'à la suite des
propos qu'a tenus le député d'Outremont tout à l'heure,
après vérification, il y a au moins cinq commissions où,
jusqu'à maintenant, cette politique s'est appliquée. Quand le
député d'Outremont a dit qu'il n'y avait pas d'entente, il aurait
fallu dire qu'il n'y avait pas d'entente ferme, parce qu'il y avait des
réticences, c'est un fait. D'ailleurs, on a vu à qui on songait
quand on craignait qu'il y ait des réticences. M. le
Président...
M. Fortier: Dans le cas du député de
Châteauguay, on a encore bien plus de réticences.
M. Dussault: M. le Président, le député de
Vaudreuil-Soulanges n'était pas là au cours des derniers mois du
dernier mandat. Il a été élu à la dernière
élection, mais le député d'Outremont, qui avait
été élu lors d'une élection partielle, se rappelle
très bien que je suis intervenu régulièrement pour
rappeler les 750 000 $ qui sont dans la caisse électorale du Parti
libéral. Je sais que cela leur a fait très mal...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Jean-Paul Garnier.
M. Fortier: Cela lui a coûté la
vice-présidence.
M. Dussault: ... il ne m'aime pas beaucoup depuis ce temps
là. Il trouve toujours l'occasion de me le faire payer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est pour cela que vous
n'êtes pas vice-président non plus.
M. Dussault: Rien n'empêche que l'argent est encore
là et que ce n'est pas correct.
Cela dit, je n'ai jamais eu l'occasion jusqu'à maintenant encore
de voir le député de Vaudreuil-Soulanges manquer de
gentilhommerie à l'égard des membres du parti ministériel,
et je pense bien que ce n'est pas aujourd'hui qu'il va commencer. On en a pris
l'habitude avec le député d'Outremont, mais on n'en avait pas
encore eu l'habitude avec le député de Vaudreuil-Soulanges.
Je ne serai pas très long, je vous ai dit tout à l'heure
que je serais peut-être plus long, mais en fait j'étais un peu
choqué de votre attitude et cela s'explique, M. le Président, pas
de votre attitude à vous, mais
de celle du député d'Outremont.
Voici le deuxième volet - on me le permet - que je voulais
développer, M. le Président. La sous-traitance, au sens où
ça fait partie des activités, cela va faire avancer
l'économie du Québec. Le deuxième volet aussi, il s'agit
de la politique d'achat québécoise des secteurs public et
parapublic. Depuis le supermarché public de novembre 1980, auquel j'ai
assisté, ce supermarché qui a permis de mieux connaître les
problèmes liés à l'application de la politique d'achat, le
secrétariat de la commission permanente et interministérielle des
achats, ce qu'on appelle la SCPIA - ce n'est pas facile à prononcer d'un
coup sec - dont l'expérience de cinq ans maintenant est devenu
très précieuse, ce secrétariat, dis-je a été
très actif depuis ce temps. Il a établi des objectifs concrets
pour 1982-1983, il a recommandé un ensemble de mesures visant
premièrement, à évaluer l'application de la politique et,
deuxièmement, à étendre l'application de la politique de
l'achat bien au-delà des ministères, c'est-à-dire du
côté des sociétés d'État, des commissions
scolaires, des municipalités, donc, au-delà des ministères
où cette politique s'était surtout appliquée
jusqu'à maintenant. Par exemple, les ministères, les organismes
publics et les sociétés d'État devront produire un plan
d'action pour juin 1982 et cela découle carrément des
recommandations qui ont été faites lors du supermarché
public.
La tâche est si énorme qu'il faudra adjoindre du personnel
supplémentaire au secrétariat. J'essaie de relier mes propos
évidemment à ce qui se passe à la commission,
c'est-à-dire du côté des crédits. Il faudra joindre
du nouveau personnel, cela va de soi, la tâche est devenue de plus en
plus considérable, mais cela n'aura pas un gros impact
budgétaire, puisque cela sera pris à même les effectifs que
l'on veut mettre en disponibilité, à la suite d'une politique de
croissance 0 du côté des effectifs de la fonction publique.
Si tout va comme souhaité par le ministre, l'achat
québécois devrait être un des volets importants du
programme d'urgence sur lequel se penche présentement le gouvernement et
qui devrait être connu très bientôt. Dans ce sens, pour
répondre aux propos qu'a tenus le député d'Outremont tout
à l'heure, c'est très clair que ce volet au programme d'urgence
va avoir un impact considérable sur l'économie
québécoise. Déjà depuis que nous sommes au pouvoir,
l'application de la politique d'achat dans les secteurs public et parapublic a
eu un impact considérable et cela n'a pas fini de faire des petits. Je
pense, M. le Président, que nous n'avons pas besoin d'en parler
longtemps pour que la démonstration se fasse, puisque déjà
on en connaît des résultats. Merci, M. le Président et
merci à l'Opposition et particulièrement au député
de Vaudreuil-Soulanges de sa bonne collaboration.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Châteauguay. M. le député
d'Outremont.
Gestion interne et soutien La Société
des alcools
M. Fortier: Si je comprends bien, M. le Président, on
aborde le programme 1. Dans le programme 1, nous aurions quelques questions
à poser sur la rentabilité de la Société des
alcools. J'avais demandé au ministre d'inviter ici des gens qui
pourraient nous éclairer davantage, j'ose espérer que
lui-même pourra le faire. Dans cette étude à laquelle j'ai
fait allusion dans une question que j'ai posée en Chambre - il s'agit de
SECOR, étude qui a été faite par l'Association de
l'industrie manufacturière des boissons alcooliques du Québec -
on a parlé de la performance financière de la
Société des alcools. Je crois que pour l'intérêt de
tous et chacun, puisque l'une des raisons fondamentales, semble-t-il, qui n'est
sûrement plus la même que celle qui existait en 1925 ou 1927, l'une
des raisons fondamentales de l'existence de la Société des
alcools maintenant, compte tenu des besoins financiers du Québec, c'est
sûrement d'apporter au trésor public le plus d'argent possible,
cette comparaison qui a été faite avec la Société
des alcools de l'Ontario est tout à fait défavorable par rapport
à l'administration de la Société des alcools du
Québec. Je suis sûr que le ministre va faire part de certaines
contradictions, peut-être qu'il en a fait l'analyse, mais je trouve qu'il
vaut la peine d'aborder ce dossier puisque si, comme les auteurs de
l'étude en font part, la Société des alcools pouvait
engendrer des profits ou des dividendes beaucoup plus considérables
compte tenu des besoins financiers du ministre des Finances
présentement, il nous semble que des correctifs doivent être
apportés. Lorsqu'on aura terminé l'étude de ce dossier
brièvement, aujourd'hui, peut-être que le ministre pourrait nous
dire ce qu'il entend faire pour rétablir la situation. Avant d'en
arriver aux conclusions, cela mérite quand même qu'on arrête
à certaines des études comparatives qui ont été
faites.
Ce qui est évident, c'est qu'à la page neuf - et je crois
qu'on ne peut nier ces chiffres - on compare la proportion des revenus qui ont
été remis en dividendes et l'on sait entre autres que la
totalité des profits de la Société des alcools du
Québec est remise en dividendes à chaque année. Alors, il
ne s'agit pas seulement d'une partie des profits, mais de la totalité.
On s'aperçoit que cette comparaison n'est pas à l'avantage
de la Société des alcools. De 1971 à 1981, ces
chiffres sont passés de 37%-40% -surtout depuis 1978-1979, cela tombe en
chute libre - pour arriver en 1980-1981 à 30%.
En Ontario où les gens ne se sont pas donné les
mêmes politiques de diversion et de développement que s'est
données le gouvernement du Québec, ou la Société
des alcools du Québec, ils ont une rentabilité de beaucoup
supérieure. On parle justement dans les mêmes années, par
exemple 1979-1980-1981, de 36%-38%-38%; c'est donc dire qu'il y a une
différence entre la Société des alcools de l'Ontario et
celle du Québec de 8% de profit qui peut signifier pour le gouvernement
du Québec un manque à gagner qui pourrait être de l'ordre
de 50 000 000 $. J'ai posé la question au ministre en Chambre et il m'a
répondu: Ce n'est pas tant que cela; cela ne peut être de 50 000
000 $ à 100 000 000 $, cela pourrait être uniquement quelques
millions de dollars. Je sais bien que quelques millions de dollars ne sont pas
beaucoup pour le gouvernement, mais pour nous, c'est extrêmement
important et surtout, compte tenu du fait que le ministre des Finances va
sûrement nous annoncer des taxes additionnelles ou des impôts
additionnels mardi prochain. Il faut quand même vérifier si le
ministre, le gouvernement ou les ministres qui l'ont
précédé ont établi des politiques qui feraient que
ceux qui dirigent la Société des alcools ne le fassent pas comme
si c'était leur propriété, mais le fassent en
considération du fait que toutes les actions de cette
société sont détenues par le gouvernement du Québec
et si les aventures dans lesquelles ils s'engagent devaient recevoir l'aval ou
l'autorisation du gouvernement et du ministre qui en est responsable depuis
1978, si ma mémoire est fidèle.
Là-dessus - le ministre a sûrement copie du mémoire
- si l'on passe à la page sept, on dit que ces deux monopoles
présentent suffisamment de similarité dans leur fonctionnement
pour qu'une comparaison valable puisse être établie entre leur
performance respective. Je ne crois pas qu'on puisse en douter. À la
page six, on établit les marges brutes de profit et des pourcentages des
dépenses d'exploitation par rapport aux ventes. Alors, on
s'aperçoit que l'écart entre la SAQ et la LCBO dans les profits
bruts est de 49,5% dans un cas et de 47,9% dans l'autre cas, et les profits
nets pour la SAQ s'établissent, en 1980-1981, à 30% et 37%. De
plus, on souligne une différence importante au niveau des coûts
d'exploitation qui sont 5% de plus élevés pour la SAQ.
Alors, la première question que j'aurais à poser au
ministre est la suivante - et j'en ai d'autres sûrement: Est-ce qu'il
admet, sans aller dans tous les détails, si on prend l'année
1980-1981, que la profitabilité de la SAQ n'est pas aussi bonne que
celle de la LCBO et qu'il y a là sûrement une situation qui
mérite une attention particulière et qui est au
désavantage du trésor public?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, je répète que ce
n'est pas l'habitude, à l'occasion de l'étude des crédits,
d'étudier les crédits des sociétés d'État
qui ne sont pas implicitement et directement au livre des crédits, mais
quand même je vais répondre aux questions du député
d'Outremont pour d'abord corriger certaines de ses perceptions qui sont
très mauvaises, en fait, complètement à l'opposé de
la réalité, afin que lui aussi puisse nous aider à
améliorer notre performance. Je pense que tout le monde veut
améliorer la performance du gouvernement et de ses
sociétés d'État qui sont dans le fond la
propriété des citoyens du Québec.
Premier point. Lorsqu'on parle de l'étude de SECOR qui a
été payée, commanditée par l'AIMBAQ, l'Association
de l'industrie manufacturière des boissons alcooliques du Québec,
on parle d'une étude qui a été préparée dans
un climat d'affrontement vis-à-vis de la Société des
alcools pour essayer, de la part des entrepreneurs privés - et je ne
peux pas les blâmer de le faire non plus, je pense que l'entreprise
privée est habituée de se battre dans une telle jungle -
d'enlever les profits de la SAQ et de transférer cela dans les poches
des entreprises privées. J'ai dit à plusieurs reprises qu'il
n'est pas du tout question que le gouvernement du Québec, qui est le
mandataire des citoyens québécois qui sont propriétaires
à 100% de la SAQ, que le gouvernement du Québec, dis-je, se
permette de transférer quelque parcelle que ce soit, quelque partie que
ce soit du patrimoine québécois dans les mains d'entreprises
privées qui ne géreront pas nécessairement mieux que la
société québécoise.
Alors, l'étude ayant été préparée
dans un climat d'affrontement vis-à-vis de la Société des
alcools pour essayer de prendre une partie de ce marché, qui
représente quand même plusieurs centaines de millions de dollars
par année, c'est sûr qu'il ne faut pas prendre à 100% tout
ce qu'il y a dans l'étude. Cette étude a été
payée par l'Association de l'industrie manufacturière des
boissons alcooliques du Québec pour essayer d'enlever une partie du bien
qui appartient à la collectivité québécoise.
D'autre part, il n'y a pas similarité du tout entre la
Société des alcools de l'Ontario, la LCBO, et la
Société des alcools du Québec, d'abord parce que le profil
du marché n'est pas du tout le même. Quand on
dit que c'est la même chose, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas du
tout le même marché, la consommation de boissons alcooliques, le
segment de la consommation entre la bière, le vin et les spiritueux, ce
n'est pas du tout la même chose en Ontario qu'au Québec. Or,
déjà, lorsqu'on dit que la Société des alcools du
Québec est moins profitable... c'est sûr que, si on vend moins de
spiritueux que l'Ontario, ça devient moins profitable. Si les profits de
la bière ne sont pas comptabilisés dans les revenus de la
Société des alcools du Québec, c'est sûr que cela
devient moins profitable. Si le vin est vendu dans les épiceries du
Québec et les dépanneurs dans 10 000 points de vente, qui
appartiennent à 10 000 PME, petites et moyennes entreprises
québécoises, cela découle d'une volonté politique
du gouvernement du Québec de privilégier les entreprises
québécoises et les entrepreneurs québécois.
Ce qui arrive pour la Société des alcools du
Québec, c'est qu'elle ne fait plus la marge de profit sur le vin qu'elle
faisait autrefois, et quand on songe que les ventes du vin se font à 50%
dans les magasins privés, chez les dépanneurs, chez les petits
épiciers, dans 10 000 points de vente à travers le Québec,
il y a 50% des ventes de vin qui se font là. Donc, il y a 50% des
profits qui se font là, et la Société des alcools vend le
vin avec une marge de profit très petite aux dépanneurs, aux
épiciers du Québec. Alors, encore là, ça
enlève une marge de profit à la SAQ, mais ça
transfère cette marge de profit d'abord aux entreprises et aux PME
québécoises et, deuxièmement, aux consommateurs
québécois qui, dans beaucoup de cas, paient meilleur
marché leurs vins et spiritueux au Québec qu'ils pourraient les
payer s'ils les achetaient en Ontario. Ce sont des choses qu'il va falloir
corriger. Il faudra augmenter jusqu'à un certain point le prix des vins
et des spiritueux au Québec pour qu'il soit au moins à peu
près équivalent au prix demandé en Ontario, et il y aura
une marge de profit additionnelle pour la Société des alcools
là-dessus. (12 heures)
En plus, lorsqu'on compare le financement de la Société
des alcools à celui de la LCBO, il y une différence
énorme. À cause de notre méthode - c'est historique, cela
existe depuis très longtemps - la Société des alcools du
Québec est obligée de se financer elle-même à
même des avances consenties par les banques et elle verse chaque mois une
partie de ses profits prévus au ministre des Finances, donc au
gouvernement du Québec, alors que la LCBO peut se financer à
même les montants qu'elle garde dans ses coffres. À la fin de
l'année, cela fait plusieurs millions de dollars de
différence.
Bien sûr, je reconnais, et le gouvernement du Québec l'a
reconnu, qu'il y a des choses à améliorer. D'ailleurs, c'est pour
cette raison qu'on a tenu une table de consultation de tous les gens
intéressés, les industriels, les commerçants dans le
domaine des boissons alcooliques, laquelle table a été tenue
à la toute fin de février cette année.
Nous sommes en train de préparer un projet, qui sera fini d'ici
à quelques jours ou quelques semaines au maximum, qui permettra de
répondre à certaines demandes des manufacturiers de boissons
alcooliques qui disent, en particulier, que la Société des
alcools est un peu en conflit d'intérêt, parce qu'elle fabrique ou
embouteille des vins et des spiritueux, d'une part, et, d'autre part, qu'elle
vend dans ses propres magasins ses vins et ses spiritueux qui font alors
compétition aux autres vins et spiritueux faits ou embouteillés
par les indépendants, les sociétés privées.
Dans ce sens, nous songeons sérieusement à avoir une
comptabilité séparée pour les opérations
manufacturières de la SAQ, donc pour savoir exactement les coûts
de fonctionnement. L'autre partie de la comptabilité
séparée sera pour la SAQ comme grossiste ou détaillant. On
va au moins répondre à une demande qui me semble raisonnable de
la part de l'association des manufacturiers de boissons alcooliques pour savoir
exactement les coûts de l'opération embouteillage ou manufacture
de la part de la SAQ.
On va essayer aussi de donner un peu plus d'ouverture aux
épiceries du Québec pour les vins fabriqués et
embouteillés au Québec. On sait qu'on a développé
une industrie vinicole au Québec au cours des dernières
années grâce à la décision du gouvernement du
Québec de privilégier beaucoup de points de vente: il y a 10 000
points de vente au Québec. Cette industrie vinicole, aujourd'hui, bien
sûr, fait venir du concentré et du raisin ou du vin pour faire ses
propres marques sous étiquette québécoise. On en est venu
à une entente avec les manufacturiers, l'association des manufacturiers,
qui fait leur affaire et qui fait la nôtre pour donner un peu plus de
chance aux manufacturiers québécois de prendre une part du
marché, si vraiment les clients québécois veulent les
aider dans ce sens. Il y aura une ouverture. En plus, il y a une ouverture
énorme du côté de la mise en marché de vins
embouteillés au Québec et vendus à l'étranger.
Jusqu'à aujourd'hui, la Société des alcools pouvait
empêcher un manufacturier québécois d'acheter du vin en
France, en Italie, en Espagne ou ailleurs, d'importer ce vin au Québec,
de l'embouteiller au Québec et de le vendre à 100% aux
États-Unis. La Société des alcools pouvait empêcher
l'entreprise de le faire.
Or, nous avons discuté avec ces gens et, à l'avenir, ce
sera possible pour les manufacturiers de vin québécois d'importer
du vin, de l'embouteiller ici au Québec, à condition qu'il soit
vendu à 100% à d'autres marchés, à
l'extérieur du Québec. On ne veut donc pas empêcher nos
entreprises de prendre des marchés qui sont énormes,
particulièrement en Nouvelle-Angleterre. Il y a une très grande
ouverture de ce côté de la part de la Société des
alcools et du gouvernement du Québec. Ce sont des changements qui seront
apportés pour essayer d'améliorer un peu les relations qui
existent entre les manufacturiers de boissons alcooliques du Québec et
la Société des alcools du Québec.
Vis-à-vis des dépenses d'exploitation et des
économies qu'on peut faire, quand on avance un chiffre de 50 000 000 $,
je pense qu'on charrie royalement, puisque que, pour 1980-1981, les
dépenses d'exploitation totales de la Société des alcools
ont été de 131 000 000 $. Je ne crois pas que sur 131 000 000 $,
on ait pu gaspiller 40% et qu'on aurait pu économiser 50 000 000 $. Ce
sont des chiffres tirés en l'air. Ils ne sont absolument pas
possibles.
J'ai dit qu'on pourrait peut-être par une gestion plus
serrée, plus efficace, économiser quelques millions de dollars.
Déjà, les ordres en conséquence sont donnés au
conseil d'administration de la Société des alcools pour essayer
de dégraisser la machine, comme le gouvernement du Québec l'a
fait vis-à-vis de tous ses ministères. Or, il y a une
opération qui se fait présentement à la SAQ de ce
côté-là et je pense qu'on va pouvoir améliorer la
rentabilité de quelques millions de dollars. La façon
véritable d'améliorer la rentabilité de la SAQ, ce serait
d'augmenter les prix des vins et des spiritueux. Finalement, ce sera le citoyen
qui va payer. Si l'Opposition libérale à Québec dit:
Pénalisez les citoyens et augmentez les prix, là au moins, les
citoyens sauront que l'Opposition invite le gouvernement à augmenter les
prix des boissons alcooliques, des spiritueux, des vins et de la bière
au Québec.
Or, M. le Président, je pense, et je le dis, que la
volonté du gouvernement du Québec, c'est d'améliorer le
plus possible la gestion de la Société des alcools^du
Québec comme de toute autre société d'État, de les
rendre les plus efficaces possible et de les dégraisser au maximum, mais
il y a des étapes à franchir en vue d'améliorer les
relations entre la SAQ et ses principaux partenaires qui sont les
manufacturiers de boissons alcooliques. Ces étapes ont été
franchies au cours des derniers mois, au cours de la dernière
année. Il y a une relation qui s'est améliorée
considérablement et il y a encore de la place à
l'amélioration. Nous voulons aussi mettre à la disposition de la
population du Québec, des vins, des spiritueux, sans
nécessairement que ces gens soient obligés de payer plus cher
qu'en Ontario. Il y a peut-être une révision des prix qu'on devra
faire au cours des prochains mois, au cours de l'avenir, pour faire en sorte
qu'au moins les prix des vins et des spiritueux au Québec soient
sensiblement les mêmes que ceux de l'Ontario.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. J'aimerais relever dans
les remarques du ministre certaines inexactitudes qui démontrent d'abord
que manifestement le ministre n'a pas pris connaissance du rapport de SECOR. Il
a invoqué comme premier argument expliquant la différence de
profitabilité de la LCBO ou de la SAQ, que le volume des spiritueux
vendus est différent en Ontario et au Québec.
Or, c'est précisément ce cas isolé afin de tenter
de concilier l'écart entre l'Ontario et le Québec... C'est
précisément ce poste que SECOR a isolé et a chiffré
à 154 000 000 $, le manque à gagner, l'écart qu'il y
aurait en faveur, évidemment, de l'Ontario compte tenu du mélange
de produits différents, alors que l'écart total est de 227 000
000 $. Il reste encore 73 000 000 $ qui n'étaient pas expliqués,
après les explications du ministre.
SECOR a également ajouté, en tenant compte - et c'est
également reconnu - du prix moyen plus élevé de la
régie, qu'il y avait 37 000 000 $ qu'on pouvait retrouver au
Québec qu'on ne trouvait pas en Ontario. Par ailleurs, effectivement, il
y avait à l'avantage de l'Ontario cette fois-ci, quant à la
distribution des vins en épicerie et quant au volume plus restreint de
vins vendus par l'Ontario, encore 14 000 000 $ qu'on pouvait expliquer de
façon comptable, ce qui laissait une différence non
expliquée de 96 000 000 $. Qu'on ne vienne pas dire ici devant la
commission parlementaire que c'est évident que cela tient surtout au
"mix" de produits de l'Ontario en faveur d'une vente plus grande de spiritueux
dans cette province qu'ici. C'est précisément ce chiffre, et ce
calcul dont le ministre déplore l'absence a été fait et a
été chiffré. Cela, c'est le premier
élément.
Deuxièmement, on semble, à d'autres niveaux, mettre en
doute d'une façon plus globale, le sérieux de l'étude sous
prétexte qu'elle a été commandée par une
association, évidemment, commerciale qui a à sa face même
un intérêt dans tout le dossier. Si on utilise, évidemment,
toujours cet argument chaque fois que le gouvernement du Québec
commandera des études juridiques pour construire des feuillets comme
Minute Ottawa, on mettra immédiatement en doute
le bien-fondé, tous les paramètres et toutes les
conclusions de toutes ces études, sous prétexte que c'est le
gouvernement du Québec qui a engagé les professionnels qui s'y
sont livrés. Il ne faudrait pas charrier, quand même.
Par ailleurs, je vois que le ministre concluait que nous serions ici en
train de présumer, de tenter, devrais-je dire, d'amener le gouvernement
à majorer ses prix, ce que le ministre prétend ne pas vouloir
faire. Or, c'est précisément ce qui arrivera le 24 mai, soit la
veille du budget. La Société des alcools a déjà
annoncé à l'égard des vins québécois - le
ministre ne semble pas le savoir - une majoration de sa structure de prix et
elle en a avisé les producteurs de vins québécois.
J'essaierais de voir dans ce cas, de façon plus générale,
ce qu'il y a de cohérent dans l'encouragement au produit
québécois sur nos tablettes qui entrent en concurrence avec des
vins particulièrement fortifiés venant de l'étranger.
Comment peut-on tout bêtement, en même temps qu'on prétend
avoir une politique de mise en marché qui favorise les produits
québécois, augmenter déjà la majoration à
laquelle ces vins sont sujets? Et je ne veux isoler qu'un seul cas que le
ministre connaît très bien, qui est l'essence même de ce
qu'est un vin, un produit québécois, soit le Dubleuet. Y a-t-il
quelque chose de plus québécois que ce qui est fabriqué
par Julac à Dolbeau, à même les produits, les ressources de
cette région qui engage au moment de la cueillette des gens et qui
encourt une liste de paie de 15 000 $ par semaine? On voit que, contrairement
à l'Ontario, la politique de mise en marché que la
société met de l'avant, noir sur blanc, à l'endroit de
l'industrie québécoise ne se traduit aucunement dans les
faits.
Dans les différences de majoration auxquelles sont soumis les
vins apéritifs, par exemple, italiens et français, sur les
tablettes de la Société des alcools, par opposition au plus petit
escompte dont pourrait bénéficier Dubleuet, il y a là
évidemment une incohérence à mon sens que j'inviterais le
ministre à nous expliquer. Je le réfère à cette fin
à l'énoncé de politique de mise en marché
énoncé par la Société des alcools, notamment
l'article 60, qui définit un ensemble d'éléments qui
permettent de juger ce qu'est un produit québécois. Or, dans le
cas de cette entreprise du-Lac-Saint-Jean, et j'attends encore que des
députés ministériels de ce côté
s'élèvent contre cette situation, il y a au Lac-Saint-Jean une
entreprise proprement québécoise qui répond absolument,
à tous les niveaux, à tous les critères de la politique de
mise en marché des produits québécois que la
Société des alcools a énoncée et il n'y a pas du
tout dans les faits, dans la réalité, dans la structure de prix,
dans le montant de la majoration le moindre encouragement comparé
à ce que les Ontariens font depuis des années pour les vins
ontariens. J'aimerais beaucoup que le ministre nous explique comment on peut
avoir cette situation et en même temps parler de la
pénétration sur le marché ici au Québec des
produits de chez nous alors que la promotion en matière de vente de vins
et spiritueux, de bière et de tout ce que vous voulez dépend
primordialement du volume de promotion, de publicité qu'on peut
faire.
Au sujet de la politique de majoration qui est en cours, qu'on viendra
encore une fois modifier à partir du 24 mai, étrangement à
la veille du budget, au désavantage des entreprises
québécoises, comment le ministre peut-il m'expliquer que c'est la
situation qu'on est en train de vivre alors qu'il y a des efforts de promotion
qui sont absolument nécessaires pour cette entreprise si elle veut
véritablement concurrencer par une présence très
concrète sur le marché les produits qui viennent de
l'étranger?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: M. le député de Beauharnois avait
demandé la parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. Comme le ministre le
mentionnait tout à l'heure, je pense que l'étude des
crédits du ministère ne comporte pas de façon
spécifique l'étude des crédits des sociétés
d'État, dont la Société des alcools du Québec,
mais, tenant compte que l'Opposition a ouvert cette porte, je voudrais en
profiter pour poser une question au ministre. Il y a trois ou quatre ans le
gouvernement du Parti québécois a permis aux petites PME que sont
les dépanneurs et les petites épiceries du Québec de
pouvoir offrir à leur clientèle certains spiritueux et en
particulier le vin. Par ailleurs, depuis un certain temps, on sent des
pressions qui nous viennent des plus grands magasins à succursales pour
qu'eux aussi puissent obtenir l'autorisation de vendre ces spiritueux et, par
le fait même, faire concurrence aux petits dépanneurs.
En contrepartie, nous avons eu dans nos bureaux de comté, la
plupart d'entre nous, des interventions faites par l'association des
dépanneurs et des petits épiciers du Québec à
l'effet que le ministère ou le gouvernement du Parti
québécois ne cède pas aux demandes des grands magasins
à succursales de pouvoir distribuer et vendre ces spiritueux et en venir
par le fait même en concurrence avec les 10 000 points de vente qu'ils
ont présentement. Je voudrais
profiter de l'occasion pour poser cette question au ministre, à
savoir: Quelle est l'attitude du ministre, dans les temps qui viennent? Est-ce
que la décision est prise de façon ferme ou si c'est encore
à l'étude? Est-ce que, oui ou non, on acceptera les grands
magasins à succursales comme points de vente? (12 h 15)
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: Je vais en profiter en même temps, en remerciant
le député de Beauharnois de sa question, pour relever quelques
phrases et commentaires de mon ami, le député de
Vaudreuil-Soulanges. J'ai cru qu'il parlait d'une économie possible de
96 000 000 $, tout à l'heure. C'est vrai que ses chiffres étaient
mêlés un petit peu, comparés à des dépenses
d'exploitation de 131 000 000 $. Là, si vraiment on veut
économiser 96 000 000 $ sur 131 000 000 $, on va jongler avec les
chiffres longtemps, parce que cela n'est pas possible. Il y a des frais
d'exploitation, il y a des dépenses d'exploitation comme les quelque 300
magasins de la Société des alcools à travers le
Québec; il faut payer des loyers pour cela, il y a des employés
à l'intérieur qui, au moins, vont recevoir les gens à la
caisse. Il faut les payer, ces gens; il y a des directeurs de magasin, il y a
toutes les dépenses d'exploitation. Alors il ne faudrait pas non plus
charrier toutes sortes de chiffres. J'ai dit et j'ai
répété qu'il y avait peut-être moyen de
dégraisser la machine, un peu comme le gouvernement du Québec a
vraiment dégraissé la machine du gouvernement lui-même. Il
y a peut-être moyen de sauver quelques millions de dollars. Les ordres
sont donnés en conséquence pour qu'on fasse un examen très
sévère partout à l'intérieur de la machine de la
Société des alcools du Québec. Mais, de là à
tirer toutes sortes de chiffres en l'air, il y a une limite tout de même
et je pense qu'il faudrait au moins être raisonnable et savoir compter et
considérer que si on a des dépenses d'exploitation de 131 000 000
$, on ne peut jamais économiser plus que 131 000 000 $. Les
possibilités sont peut-être une économie de quelques
millions qu'il faudrait aller chercher d'une façon ou d'une autre.
Quant à la question du député...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, une
question de règlement, je présume. Le cas au-delà du fait
que l'étude de SECOR, dont le ministre n'a manifestement pas pris
connaissance... C'est pour cela, d'ailleurs, qu'on voulait que les gens de la
Société des alcools soient ici. On avait cru comprendre il y a
deux ou trois semaines qu'ils pourraient être disponibles.
En tout état de cause, j'ai également soulevé, et
là, cela relève véritablement du ministre, son voeu de
vouloir encourager l'industrie québécoise et j'ai cité un
cas spécifique. J'aimerais savoir comment, dans un même souffle ou
à peu près, on prétend aider l'industrie
québécoise, comme cette entreprise du Lac-Saint-Jean que j'ai
décrite, procéder à des majorations de prix sur ces
produits dans les jours qui viennent et refuser après toutes les
représentations des entreprises québécoises d'appliquer au
moins le même traitement préférentiel que l'Ontario accorde
à ses vins domestiques. Cela leur permettrait de se donner, d'une part,
une partie plus grande du marché, grâce à un prix plus bas
et d'améliorer leur "profitabilité", ce qui leur permettrait de
réinvestir dans la promotion et donc, de solidifier leur part de
marché.
M. Biron: C'est exactement ce que la Société des
alcools du Québec fait constamment; elle tente l'impossible pour aider
les entreprises québécoises, mais ce n'est pas à la
Société des alcools du Québec à faire la promotion
de telle ou telle marque de vin. Cela relève véritablement de
l'entreprise elle-même de faire la promotion de son produit. La SAQ,
jusqu'à maintenant, a permis à des entreprises privées
québécoises, grâce aux décisions du gouvernement du
Québec, de naître, de grandir et de prospérer. C'est
sûr que si la demande du client pour telle ou telle marque de vin est
moins grande, c'est une question d'administration à l'autre bout du
compte pour l'entreprise elle-même. Ce sont des décisions qu'elle
doit prendre de faire sa promotion de telle ou telle façon.
Vis-à-vis des chiffres exacts avancés par le
député de Vaudreuil-Soulanges, je vais juste prendre le temps de
vérifier à l'heure du lunch et je pourrai lui apporter la
réponse précise cet après-midi. Mais je sais qu'il
relève de l'entreprise privée de faire la promotion de ses
produits, si elle veut...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Encore faut-il qu'elle en ait les moyens, M. le ministre!
M. Biron: ... convaincre la population d'acheter ses
produits.
Vis-à-vis de la question du député de Beauharnois,
en 1977, le gouvernement du Québec a pris la décision de
permettre aux épiciers indépendants du Québec de vendre
des vins dans les épiceries en plus de la bière, ce que les
épiciers faisaient déjà depuis un bon bout de temps. Au
dire même des épiciers de l'Association des épiciers du
Québec, c'est cette décision du gouvernement du Québec qui
a permis de sauver au moins 10% de ses membres. Autrement, beaucoup de ces
petits épiciers ne seraient plus en affaires aujourd'hui, parce que
c'est cette
décision du gouvernement du Québec qui les a
sauvés.
Alors, il faut rappeler que c'est le Parti québécois qui,
en 1977, a décidé d'aider ces petites et moyennes entreprises. On
a ouvert à la population du Québec, comme service, 10 000 points
de vente à travers le Québec en disant: II y aura un meilleur
service à la clientèle, plutôt que de forcer des gens,
surtout dans les milieux ruraux, à se déplacer et à faire
d'assez longues distances, souvent 25 ou 30 milles, pour se procurer des
boissons alcooliques et, en particulier, du vin. Depuis 1977, toute la
population du Québec, dans tous les villages et toutes les villes du
Québec, peut acheter du vin dans les épiceries.
Or, je crois que le service à la clientèle, à ce
point de vue, est excellent. Le prix est très abordable, puisque, comme
je l'ai dit tout à l'heure, la Société des alcools du
Québec a sacrifié, une partie du profit qu'elle faisait
normalement pour permettre aux embouteilleurs québécois de vendre
leurs vins dans les épiceries et de pouvoir prendre une grande partie de
ce marché. Comme développement économique, on a permis
aussi à des chaînes d'embouteillage, à des usines de
démarrer au Québec et de passer à travers des
années passablement difficiles au départ, lorsque vous fondez une
entreprise, et finalement d'être en situation économique
acceptable aujourd'hui. C'est sûr qu'aujourd'hui nous ne voulons plus
permettre à de nouvelles entreprises de lancer une chaîne ou une
usine d'embouteillage ou de production, parce qu'on pense qu'il y en a assez.
La capacité de production est peut-être de moins de 40% à
l'heure actuelle, il y en a assez.
Maintenant, du côté de la vente aux clients des magasins,
on étudie encore au ministère la demande qui a été
faite par certains magasins d'alimentation à succursales d'avoir
eux-aussi le permis de vente de vin dans leurs magasins. Mais on n'est pas
encore convaincus de faire ce changement ou de leur donner cette permission,
parce qu'on ne nous a pas encore prouvé que le service aux clients en
souffre. On va prendre un exemple: Steinberg a 130 magasins et Dominion,
environ 60, qui ne peuvent vendre de vin et rien ne prouve que cela nuit
véritablement à la clientèle québécoise. Il
y a toujours des dépanneurs dans les environs qui ont des permis. Alors,
on ne nous a pas encore convaincus qu'on pourrait améliorer grandement
le service à la clientèle, ni que le prix à la
clientèle va s'améliorer, puisque ce sera environ le même
prix. On ne nous a pas convaincus qu'on vendrait beaucoup plus de vin
embouteillé au Québec parce qu'on donnerait des permis à
quelque ZOO magasins nouveaux à travers le Québec. Puisqu'on
n'est pas convaincu de l'à-propos de prendre cette décision, on
décide de garder le statu quo, c'est-à-dire laisser exclusivement
aux petits épiciers le permis de vendre le vin dans leurs
épiceries, quitte à revoir le dossier au fur et à mesure
qu'il évoluera en fonction des retombées économiques
possibles qu'on pourrait avoir pour le Québec ou en fonction de preuves
qu'on peut nous faire d'un meilleur service à la clientèle. Pour
le moment, on ne nous a pas encore convaincus d'offrir ce service à la
clientèle, de même que de donner ces permis pour développer
davantage l'économie québécoise. On a l'impression qu'il y
aura des changements de ventes d'un endroit à l'autre, mais que la
totalité des ventes de vin n'augmentera à peu près pas au
Québec parce qu'on donnera de nouveaux permis. À ce point de vue,
nous préférons garder la formule actuelle, au moins tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas prouvé qu'elle mérite d'être
améliorée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président, j'ai seulement une
petite question que j'aimerais poser au ministre. Tout à l'heure, il a
affirmé en répondant au député de
Vaudreuil-Soulanges que l'Opposition voudrait qu'on augmente le prix du vin ou
des spiritueux à la Société des alcools du Québec,
si j'ai bien compris. Comment peut-il justifier une telle affirmation avec une
lettre datée du 10 mai, signée par le vice-président de la
mise en marché, dans laquelle on augmente de trente cents la bouteille,
le vin fait ici au Québec? Il faut dire entre parenthèses que de
ces 0,30 $ d'augmentation, il n'y a pas un cent qui va vraiment dans les poches
de la société québécoise, productrice de ce
vin.
M. Biron: C'est à entendre parler les
députés de l'Opposition...
M. Maciocia: Étrangement, cela tombe la journée
avant la présentation du budget.
M. Biron: C'est entendre parler les députés de
l'Opposition qui disaient qu'il fallait aller chercher 50 000 000 $ et 96 000
000 $, tirer de chiffres comme ceux-là, lorsqu'il n'est pas possible
d'aller les chercher dans les dépenses d'exploitation. En tout cas, dans
mon expérience en affaires -et vous avez la même expérience
que j'ai eue - il y a deux façons d'augmenter notre profit: c'est
diminuer nos coûts de fonctionnement ou augmenter notre prix de vente. Il
n'y a pas de miracle, tout le monde sait cela. Alors, si ce n'est pas possible
de diminuer nos coûts de fonctionnement de 96 000 000 $ comme le disait
tout à l'heure le député de Vaudreuil-Soulanges, lorsqu'on
a un coût de fonctionnement de
131 000 000 $, quelle est l'autre réponse? C'est d'augmenter le
prix de vente. Alors, j'ai tout simplement cru qu'étant donné que
c'était un peu ridicule ce que vous demandiez, c'est-à-dire de
couper tous nos magasins, de couper tout notre monde et de vendre quand
même, j'ai pensé que si, d'autre part, vous ne nous
suggéreriez pas de couper nos magasins et de mettre tout notre monde
à pied, vous nous suggériez d'augmenter les prix. J'ai
essayé de déduire, en tant qu'homme d'affaires, ce que
normalement il se passe dans le cerveau d'un homme d'affaires.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne veux pas
m'éterniser là-dessus parce que, manifestement, le ministre fait
semblant de ne pas comprendre. La majoration dont on parle s'appliquera,
s'applique aujourd'hui, le niveau de majoration, à l'égard des
vins produits ici, d'une façon fondamentalement distincte de celle de la
majoration appliquée aux vins domestiques de l'Ontario. Il y a une
politique de mise en marché à la société, il y a
une volonté exprimée par le ministre -nous allons même
oublier la société d'encourager l'entreprise
québécoise et une des façons de faire cela, c'est
d'utiliser un taux de majoration préférentiel à
l'égard du prix de vente de la caisse, c'est-à-dire que cette
majoration-là, ce "mark-up" sera conservé par la
Société des alcools, que ça donnera une marge de
flexibilité plus grande à la société vendeuse afin
de fixer un prix qui, tout en demeurant concurrentiel à l'endroit des
produits étrangers, lui réservera une profitabilité accrue
qui lui permettra, à même ses propres deniers, c'est entendu, de
faire la promotion de son produit. J'ai toujours pensé que le ministre
voulait favoriser l'entreprise québécoise et je constate que le
seul endroit, en tout cas l'endroit comparable, qu'on peut isoler où un
gouvernement a décidé de favoriser son entreprise domestique et
de façon substantielle, c'est en Ontario, alors qu'au Québec, on
continue à refuser d'aider les producteurs québécois.
M. Biron: M. le Président, je voudrais au moins que le
député de Vaudreuil-Soulanges soit honnête et reconnaisse
que les producteurs québécois dans le domaine des boissons
alcooliques, et particulièrement les petits producteurs
québécois, ont été mis au monde par le gouvernement
du Québec, le gouvernement actuel du Québec. Je pense que notre
volonté de les privilégier et de les aider, cela a toujours
existé; en fait, depuis un an, j'ai rencontré à plusieurs
reprises, les gens de mon cabinet et les gens du ministère ont
été en constante relation avec les embouteilleurs du
Québec, les gens de l'industrie vinicole du Québec pour les
écouter, les encourager de toutes les façons possibles. En fait,
si ces gens existent aujourd'hui et qu'ils ont passablement de succès,
je dois le dire, c'est grâce au gouvernement actuel du Québec,
mais cela ne veut pas dire qu'ils ne veulent pas éventuellement
remplacer et prendre une grande partie des profits de la Société
des alcools du Québec. Je trouve cela tout à fait normal, en tant
qu'entreprise privée, de vouloir déplacer un concurrent, mais le
concurrent appartient à la collectivité québécoise
et je n'ai pas le droit de le déplacer. C'est dans ce sens que je veux
travailler avec les entrepreneurs pour les aider à atteindre de nouveaux
marchés, sans nécessairement pénaliser les citoyens du
Québec pour cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'envie beaucoup la Société des alcools de se
considérer comme un concurrent alors qu'elle est en situation de
monopole. C'est évidemment une situation éminemment souhaitable
qui, à mon sens, ne favorise pas - c'est impossible à sa face
même - le développement des producteurs privés qui ont le
malheur d'agir dans les mêmes secteurs économiques qu'une
société d'État. C'est la remarque que je ferais à
l'égard des commentaires du ministre.
M. Blais: Je tiendrais, M. le Président, si vous me le
permettez, à féliciter le député de
Vaudreuil-Soulanges d'avoir cet esprit de nationalisme économique. C'est
tout à son avantage que de demander au ministre de favoriser cela.
Cependant, j'aimerais beaucoup qu'il parle à son voisin de droite
qui nous a reproché de pousser le nationalisme économique presque
au solstice de la démence. Je ne me souviens plus de l'adjectif
"dolorosique" qu'il a employé, mais il a employé un adjectif qui
voulait dire à peu près à tous azimuts. J'aimerais au
moins qu'il y ait concordance dans vos exigences. L'un reproche au ministre
tantôt de repousser les investissements étrangers à
l'extérieur par favoritisme, nationalisme économique et vous,
vous nous arrivez tout de suite après, du même souffle et du
même côté, et sur une chaise à peu près
à six pouces de l'autre, pour nous dire que notre nationalisme n'est pas
assez poussé. Alors, sur ce, je vous félicite, mais j'aimerais
beaucoup que vous soufflassiez à l'oreille de votre voisin qu'il
faudrait absolument que vous soyez tous les deux sur la même longueur
d'onde. Sur ce, M. le Président, j'espère qu'on va aller
dîner.
Le Président (M. Boucher): Sur ce, il est 12 h 30 et la
commission ajourne ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 15 h 30)
Le Président (M. Boucher): La commission de l'industrie,
du commerce et du tourisme se réunit pour étudier les
crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
pour l'année 1981-1982.
Les membres et les intervenants de la commission sont les mêmes
que ce matin. À l'ajournement du midi, M. le député de
Terrebonne avait pris la parole. M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne, vous aviez la parole à midi lors de l'ajournement. Les
membres sont les mêmes que ce matin, M. le ministre.
M. Blais: Merci beaucoup. Eh bien, afin de rétablir
quelque peu les choses, en votre absence, M. le député
d'Outremont, j'avais fait un parallèle entre les deux nationalistes
économiques qui étaient placés devant nous ce matin. L'un
nous accuse d'être particulièrement restrictifs, d'être un
tout petit peu radins dans notre nationalisme; il voudrait qu'on prenne un peu
plus d'expansion, être un peu plus nationalistes économiques. Je
l'en ai félicité parce que cela vient de ce député
qui, du côté économique, défend toujours les nobles
causes, j'avais fait une comparaison avec le nationaliste économiste
restrictif. Je ne me souviens plus du terme exact, du qualificatif exact, il
était très bien choisi d'ailleurs pour percer votre
pensée, je l'avais dit poussé au paroxisme. Je ne me souviens
plus du qualificatif, en tout cas, c'est un qualificatif que j'aimerais bien
voir dans les Débats, parce qu'on emploie très peu ce
qualificatif et vu que j'adore les qualificatifs, j'avais aimé celui que
vous aviez sorti. Vu que vous êtes revenu cet après-midi et que
vous semblez tout souriant, j'avais aussi le devoir, je vais me faire le devoir
de reprendre, pendant très peu de minutes, parce que je viens
plutôt du milieu culturel et vous savez que la chose économique,
je l'aime beaucoup, mais je ne suis pas un grand industriel du Québec
par fonction, même si dans la chose culturelle j'étais
plutôt dans la direction et l'administration plutôt...
M. Fortier: Et maintenant, quand même.
M. Blais: Pardon, monsieur? Allez-y. M. Fortier: On peut
vivre sans travailler, maintenant, quand même.
M. Blais: Ah, certainement, certainement. Cela va très
bien, cela va très bien.
M. Fortier: Les affaires culturelles paient!
M. Blais: Vous avez tout de même dit en partant que le long
discours, j'admets qu'il était long, mais il était tellement
étoffé, et tellement bien harmonisé que j'étais
resté surpris que vous vous plaigniez de sa longueur, je parle du
discours de notre ministre. J'ai trouvé cela curieux que vous
apportassiez quelques réticences dans l'intervention de M. Dussault, de
quel comté déjà? De Châteauguay. Je m'excuse, on est
habitué d'appeler nos confrères par leur nom personnel et non par
celui de leur comté dans l'intimité, cela va venir avec le temps.
Bon.
Vous avez dit que ce long discours suivi de la petite intervention, en
fait, qui était anodine en soi, qui n'était pas revendicatrice du
tout du député de Châteauguay, que ces
interventions-là n'étaient pas productives pour l'économie
du Québec et si vous voulez qu'on perde notre temps, bien allez-y, M. le
député de Châteauguay.
J'espère que vous avez fait cela sur un ton badin, vous aviez une
figure assez "dolorose" pour nous permettre de penser que vous l'avez fait avec
des sentiments internes qui vous gagnent viscéralement à mesure
que les débats se déroulent.
Vous avez dit d'abord que, dans notre gouvernement, il y avait une
baisse sensible des investissements publics et que notre gouvernement
démissionnait devant ses responsabilités d'investissements
publics et que cela aidait à créer le chômage. Il est bien
sûr que sur ce petit point, fondamentalement, il y a moins
d'investissements publics. Les gros investissements publics se sont faits de
1965 à 1975, jusqu'en 1979 disons. On avait de grands retards. La
révolution tranquille de 1960 imposait au Québec une construction
d'écoles, d'hôpitaux, de routes, etc. Cependant, on n'est pas
aujourd'hui dans les investissements publics obligé de construire des
écoles en double, des autoroutes en triple; nos investissements majeurs
sont faits au Québec. Nos infrastructures, autant du côté
social que du côté transport, sont bien en place, sont bien
là. D'ailleurs, on a un réseau routier extraordinaire au
Québec à quelques exceptions près. Nous avons un
régime social et un régime éducatif très bien
assis.
Il arrive, cependant, que pour se reprendre, pour prendre nos
responsabilités du côté gouvernemental, vu que le
gouvernement ne dépense pas ses 400 000 000 $ à
600 000 000 $ par année d'investissements comme il le faisait
dans la dernière décennie, aller jusqu'en 1979 disons, eh bien,
le gouvernement va investir plutôt dans l'épuration, dans
l'assainissement, de 400 000 000 $ à 600 000 000 $, selon les
années, dans les cinq ans qui viennent, afin que les investissements
publics - ce sont des investissements publics - représentent à
peu près 1/2% du produit intérieur brut. Alors, c'est absolument
nécessaire; on ne démissionne pas devant nos
responsabilités d'investissement, c'est que nos investissements prennent
une autre orientation à cause des besoins de la collectivité;
juste cette petite remarque. Et vous avez eu - j'ai adoré cette remarque
- cette remarque qui nous revient de temps à autre de l'autre
côté: l'incertitude du gouvernement en place, l'incertitude des
investisseurs privés, du monde "économique" devant ce
gouvernement. Ces incertitudes politiques, il ne faudrait tout de même
pas que nous nous en servions, Québécois des deux
côtés de la Chambre... On est québécois des deux
côtés de la Chambre, on l'est au moins
géographiquement.
Lorsqu'on propage de l'autre côté cette espèce de
fée Carabosse de l'incertitude, ça fait penser un peu au coup de
la Brink's de 1973, les camions vides qui s'en allaient à Toronto. Parce
que cette idée est complètement dépourvue de fondement et
le dire, pour moi, sent, à plein nez, l'irresponsabilité d'une
Opposition sérieuse parce que, supposons - mais, mon Dieu, c'est un
souhait épouvantable pour les Québécois -supposons
qu'à la prochaine élection générale, vous la
fassiez comme si c'était une grosse partielle et que vous la remportiez,
supposons; croyez-vous que nous, de notre côté - c'est nous qui
aurions une quarantaine de députés de l'Opposition - croyez-vous
sincèrement que l'incertitude tomberait parce que les libéraux
prendraient le pouvoir? Mais c'est rêver réveillé. Si
vraiment le Parti québécois est une source d'incertitude pour des
investisseurs, si nous sommes dans l'Opposition, dans trois ans, les
investisseurs vont dire: On n'investira plus jamais. Ils sont dans
l'Opposition. Tout d'un coup ils reviennent au pouvoir dans quatre ans? C'est
aussi incertain que... Si vraiment nous sommes une source d'incertitude, que
nous soyons dans l'Opposition ou que nous soyons au pouvoir, ce sera toujours
une source d'incertitude. La seule façon dont l'incertitude... Non, mais
pour vous; si vous pensez que c'est vrai, je dis que c'est faux. La seule
façon dont cette incertitude passera, c'est que cela cesse, que la
souveraineté arrive, c'est la seule façon. Cela, c'est un autre
petit point que je voulais vous dire en passant, mais je n'en ai pas pour
longtemps. CQFD, voilà, CQFD.
J'ai pris... Vous avez dit tellement de choses suaves que, juste
à regarder mes notes, ça me fait sourire. L'autre peur, la
nationalisation des industries. Il ne faut tout de même pas, il faut que
vous ayez de la constance, le Parti libéral, dans vos vues, dans vos
visées, dans vos politiques et dans votre planification. Il y a tout de
même... Écoutez, la plus belle nationalisation que le
Québec ait connue, on vous la doit. Je vous en sais gré. Je vous
en suis reconnaissant. C'est l'électricité en 1962-1963. Mais
quand même, un parti doit avoir des bases, une idéologie qu'il
poursuit. Il ne doit pas changer selon qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il
grêle, qu'il fasse beau, que le soleil nous arrive sur la peau. C'est une
chose qui se doit d'être assez constante. Nous sommes constants. Nous
sommes sociaux-démocrates et souverainistes. Vous êtes
fédéralistes, vous étiez aussi un tantinet portés
à prendre les secteurs majeurs dans un temps de révolution
tranquille et à essayer d'en faire des armes de puissance pour le
développement des citoyens du Québec. J'espère que vous
n'avez pas perdu ce petit nerf qui vous reste, qui peut intéresser parce
que, du côté idéologique même, vous avez perdu
beaucoup d'appui au sein de la population; ce petit nerf de fierté
économique et industriel que vous aviez, j'espère que vous allez
le garder, le conserver longtemps parce que les communications qui se passent
et qui se font doivent être toujours d'une saveur au moins
pro-québécoise.
Bon, taux d'inspection, règlements sévères de la
loi 101. Écoutez, l'âme d'une nation, l'âme du
développement, autant économique, industriel, culturel, social ou
politique demeure la langue qui est le moyen, le véhicule parfait de la
bonne entente. Ne partez pas tout de suite, M. le député,
j'achève. C'est la langue. La loi 101 a tout simplement rétabli
au Québec une chose extraordinaire, c'est qu'anciennement notre langue
ne servait pas notre esprit, nous obligions l'autre langue à servir
notre esprit. La langue d'un peuple c'est au service de son esprit. La loi 101
ne fait que rétablir mais de façon, même encore,
mièvre, et dans certains coins et dans certaines participations un peu
nébuleuses. Une minute, j'achève.
Les relations avec le gouvernement fédéral, Mon Dieu!
Pauvres de nous, se faire demander cela par...
M. Fortier: Vous trouvez que c'est impossible.
M. Blais: Mais pauvres de nous, ce n'est pas possible de se faire
demander cela. Je sais que vous l'avez certainement...
M. Fortier: Je sais que c'est impossible. M. Blais: ...
fait avec un tantinet
d'humour, cela ne peut pas être autrement. Nous dire à nous
d'essayer de bien s'entendre avec le gouvernement fédéral quand
vous savez pertinemment que c'est le gouvernement fédéral
lui-même qui ne veut plus rien savoir du Québec et que les neuf
autres provinces ne veulent plus rien savoir de nous! Ils nous ont
déjà séparés. Ils nous ont séparés en
signant seuls une constitution d'abord, et en nous laissant là en plan,
une patte en l'air. C'est beau de voir le Québec en tutu pour la frime
mais il demeure cependant que du côté social, du côté
du développement ce n'est pas à nous que les reproches doivent
venir. Les reproches c'est à Ottawa qu'ils doivent se faire.
Pensez-vous, nous reprocher à nous de ne pas faire de lien avec le
gouvernement fédéral? M. le député d'Outremont, la
voie qui nous conduit vers une bonne entente que nous devrions suivre vers le
gouvernement fédéral, pensez-vous que c'est le corridor de la loi
C-108 qui est la voie la plus dynamique pour une bonne entente entre les deux?
Je veux bien croire qu'au Labrador Bombardier peut servir d'alimentation si
jamais la guerre éclate, mais cela demeure tout de même que la
voie que le gouvernement fédéral nous a pavée ou celle que
le gouvernement fédéral veut nous paver et qui est le corridor de
la ligne de transport d'énergie, je m'excuse, cette ligne de transport
d'énergie, je ne voudrais pas qu'on y mette un rivet trop vite! Parce
que nous, on va en parler longtemps. On va en parler longtemps de cette
ligne.
Il me reste une demi-seconde, vous poserez une question après, si
vous voulez. Cela me fera bien plaisir.
Les relations entre patrons et ouvriers. Même là encore, je
crois que nous avons un préjugé favorable envers... Est-ce qu'il
est membre de cette commission?
M. Fortier: Pour les crédits tout le monde est membre.
M. Blais: Cela me fait plaisir de noter l'arrivée du
député - comment s'appelle-t-il déjà votre
comté? On en entend tellement peu parler. Quel est votre comté
déjà?
M. Rivest: Jean-Talon.
M. Blais: Jean-Talon, voilà. Le député de
Jean-Talon va venir nous visiter quelques minutes.
M. Fortier: Est-ce que vous pouvez m'excuser un instant?
M. Blais: Avec plaisir.
M. Fortier: Si vous le voulez entendre parler de la loi C-108, je
m'en vais faire mon discours à l'Assemblée nationale mais je
reviens dans 20 minutes. Mon collègue prend la relève mais je
vais revenir sur ce que vous avez dit.
M. Blais: Vous nous quittez, je vais arrêter mon
intervention. Je vais attendre votre retour pour continuer et je vous remercie.
Bonne chance sur la défense d'une chose où vous ne prenez aucune
position comme cela arrive souvent. Voilà.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Est-ce que c'est le ministre qui voulait
intervenir?
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question du
député de...
M. Rivest: S'il ne parle plus, je m'en vais.
Une voix: Bon, adopté.
M. Biron: Est-ce qu'il y a un boycottage de la commission?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les crédits
seront adoptés? Est-ce que le programme 1 est adopté?
M. Maciocia: Le député de Vaudreuil-Soulanges a
dû quitter à cause d'engagements antérieurs. C'est le
député d'Outremont qui est le critique officiel à la
commission de l'industrie et du commerce. Je ne dirai pas du tourisme, on a
convenu que le tourisme sera étudié durant la prochaine
journée.
Une voix: Est-ce que vous demandez l'ajournement des travaux?
M. Maciocia: Non, je ne demande pas l'ajournement des travaux, je
dis seulement que le critique officiel a dû quitter à cause du
discours en Chambre. J'aimerais...
M. Biron: Si vous voulez passer le tourisme tout de suite, on
pourrait le passer assez facilement.
M. Maciocia: On avait conclu l'entente ce matin qu'on le
passerait seulement la semaine prochaine.
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Boucher): On pourrait aller d'un
programme à l'autre de toute façon.
M. Maciocia: De toute façon j'ai quelques questions
auxquelles le ministre pourra probablement répondre. Je voulais
seulement mettre de l'avant que je n'étais
pas le critique officiel des crédits à ce moment.
M. Rivest: S'il y a consentement, le député de
Terrebonne et moi on est capables de tuer le temps. (15 h 45)
M. Maciocia: Je considère qu'il y a un problème
dans les importations privées. La semaine dernière ou le mois
dernier, la Société des alcools a refusé de donner la
permission à des importateurs privés d'importer du whisky dont la
teneur en alcool dépasse 40%. La question que je voudrais avant tout
poser au ministre: Est-ce qu'il y a une raison pour que le gouvernement refuse
de donner cette permission à des importateurs privés vu qu'on a
déjà, à l'intérieur des magasins de la
Société des alcools du Québec, du whisky qui a plus que
40%, qui a 41%, 42% et 43% d'alcool? Est-ce que le ministre pourrait nous
éclaircir un peu cette situation?
M. Biron: Je dirais au député de Viger qu'on est en
train de revoir toute cette politique, même la question qu'on ne pouvait
pas embouteiller des alcools, sauf la Société des alcools du
Québec. On est en train de revoir cette politique, c'est ce que j'ai dit
ce matin. Je crois que vous n'étiez pas ici ce matin, lorsque j'ai
répondu au député d'Outremont et au député
de Vaudreuil-Soulanges. À la suite de la rencontre que nous avons eue
à la table de consultation avec les manufacturiers de boissons
alcooliques du Québec, certaines décisions ont été
prises par le gouvernement qui sont en train d'être discutées au
comité ministériel de développement économique,
mais qui ont été discutées à fond à
plusieurs reprises avec l'association des manufacturiers de boissons
alcooliques.
Les décisions finales devraient être
concrétisées au cours des prochaines semaines, pour ensuite
être appliquées à tout le Québec, n'importe quand au
courant de l'été et de l'automne. On est venu à des
ententes avec les manufacturiers et la Société des alcools du
Québec, de part et d'autre, qui font l'affaire, enfin, de ces deux
partenaires économiques, on voudrait que cela devienne de
véritables partenaires. Les décisions sont en train de se
finaliser et ce problème est sur le point de se régler.
M. Maciocia: Est-ce que vous voulez dire par cela que le
gouvernement ou le ministère est prêt à concéder la
possibilité de cette importation?
M. Biron: Nous sommes à réviser la position
traditionnelle du gouvernement et de la Société des alcools du
Québec dans ce domaine, mais il faut comprendre quand même que,
pour toute importation de spiritueux, il faut absolument passer par la
Société des alcools du Québec. Autrement, une compagnie
pourrait importer et faire débarquer sa marchandise au quai à
Halifax et la faire entrer au Québec sans nécessairement payer de
taxe sur les boissons tant et aussi longtemps qu'elle n'a pas vendu les
boissons. Si elle ne les vend pas au Québec, il n'y aura aucune taxe au
Québec là-dessus. Alors, on est en train de voir la
procédure à prendre pour assurer aux entreprises une certaine
flexibilité, mais, en même temps, assurer au gouvernement du
Québec les revenus auxquels il a droit.
M. Maciocia: Une autre question à laquelle je ne sais pas
si vous avez répondu ce matin, parce que je n'étais pas
présent. Actuellement, les restaurateurs paient une taxe de 10% sur tout
repas qui dépasse 3,25 $. Il semblerait - est-ce vrai, c'est la question
que je vous pose - que cette taxe passerait prochainement à 20% sur les
repas qui dépassent 3,25 $.
M. Biron: Je pense que le député devrait...
M. Maciocia: II y a des rumeurs qui circulent dans ce
sens-là. Pourriez-vous les confirmer ou les infirmer?
M. Biron: Je ne veux commenter aucune rumeur, mais vous savez que
tirer des chiffres en l'air de cet ordre-là, un peu comme ce matin
lorsqu'on tirait des chiffres d'économie possible de 50 000 000 $ ou de
96 000 000 $ sur un budget de fonctionnement de 131 000 000 $, c'est
complètement ridicule.
M. Maciocia: Comme cela, vous infirmez cette rumeur qui circule
actuellement.
M. Biron: Oui.
M. Rivest: Je m'excuse, j'ai une question. Il y a eu un
débat...
M. Dussault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le
député.
M. Dussault: Est-ce que M. le député de Jean-Talon
est membre ou intervenant à cette commission?
Le Président (M. Boucher): II n'est pas membre
actuellement, mais si les membres de la commission sont d'accord...
M. Dussault: M. le Président, je vous pose la question,
parce que nous, les
membres de la commission du côté ministériel, nous
avons beaucoup de questions à poser au ministre, beaucoup
d'interventions et, puisqu'il y a un trou présentement dû à
l'absence de députés libéraux, nous pouvons couvrir le
temps largement, en tout cas avant que les membres reviennent. Je voudrais
laisser la parole à M. le député de Shefford qui a une
intervention à faire.
Le Président (M. Boucher): Je n'ai pas donné, au
début de la commission, le nom des membres. Est-ce qu'il y a objection
à ce que le député de Jean-Talon remplace le
député d'Orford?
M. Dussault: Je n'ai pas d'objection, ce que voudrais...
M. Rivest: J'ai une question.
M. Dussault: ... c'est que le député de Shefford
puisse maintenant poser une question selon l'alternance.
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit...
M. Rivest: J'ai une question, M. le député, je n'ai
pas d'objection à ce que le...
Le Président (M. Boucher): ... étant donné
que le député de Jean-Talon n'est ici que pour quelques instants,
j'aimerais peut-être qu'on lui laisse l'opportunité, comme on l'a
fait ce matin avec le député de Nicolet, de poser sa
question.
Mme Harel: J'en profite pour vérifier si je suis bien sur
la liste des membres de notre...
Le Président (M. Boucher): Oui, Mme Harel.
Les maisons du Québec et les échanges
commerciaux
M. Rivest: Ma question, M. le ministre, c'est que l'an dernier -
remarquez que c'est pour cela que je ne serai pas très long parce qu'on
va sans doute la réexaminer avec votre collègue, le ministre des
Affaires intergouvernementales - lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales, mon collègue de
Saint-Laurent, M. Claude Forget, l'ancien député de Saint-Laurent
et moi-même, au sujet des maisons du Québec à
l'étranger et de leur rôle comme point de départ pour
l'exportation des produits, avons essayé d'obtenir à plusieurs
reprises... Je vous donne cela sous toute réserve pour vous donner
l'ensemble du portrait; je ne sais pas si votre collègue, le ministre
des Affaires intergouvernementales va avoir d'autres éléments
parce qu'on est revenu à chaque année, peut-être que les
gens du ministère l'ont prévu. C'est au sujet de l'action des
maisons du Québec, en Europe, au Japon, enfin tout le réseau des
maisons du Québec. Est-ce qu'il est possible d'avoir une espèce
de comptabilité pour mesurer en quelque sorte leur efficacité
dans les endroits où elles sont installées en termes de promotion
et de diffusion des biens et des services québécois? Je ne sais
pas si cela relève de votre ministère spécifiquement ou si
ces gens sont des fonctionnaires du ministère. On nous disait: On a une
maison... pour vous donner un exemple concret, au Japon où, avant
l'installation de la maison du Québec au Japon, les échanges
entre le Québec et le Japon se situaient à X millions de dollars
et maintenant, depuis qu'on est là, on a évalué toujours
dans le cadre de... Voici la question que je voulais poser. Je vais la
reformuler également à votre collègue. Est-ce que le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme se préoccupe
de cela et non pas simplement de nommer quelqu'un? Est-ce qu'il y a une
comptabilité précise des échanges entre le Québec
et de l'efficacité de l'action sur le plan de l'exportation des biens et
des services?
Je vous pose la question, d'autant plus que, ce matin, j'ai vu une
manchette, je n'ai pas lu l'article - je crois que c'est dans l'Argus -
où on disait que la France a fait plus d'affaires avec l'Ontario qu'avec
le Québec. Je voyais cela tantôt. Je voudrais demander si le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ne pourrait pas
s'intéresser davantage à ce genre de question. M. le ministre,
regardez ici: "L'Ontario supplante le Québec comme principal fournisseur
canadien de la France." C'est quand même étonnant, nous
dépensons de l'argent... Enfin, je ne l'ai pas lu, je ne veux pas lire
tout l'article: Selon les chiffres fournis par Statistique Canada et le Bureau
de la statistique, des exportations du Québec vers la France ont atteint
266 000 000 $ l'an dernier tandis que l'Ontario exportait pour 348 000 000 $.
En tout cas, je ne veux pas lire tout l'article, cela ne m'intéresse pas
de savoir si c'est vrai ou non, il m'intéresse de savoir si le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme s'intéresse
à la rentabilité proprement économique et commerciale des
activités du Québec à l'étranger. Voilà ma
question.
M. Biron: La réponse, c'est oui. Je voudrais tout
simplement répondre au sujet de cet article de journal concernant les
échanges commerciaux entre le Québec et la France et l'Ontario et
la France. Dans le montant de quelque 300 000 000 $ de l'Ontario, il y a
au-delà de 100 000 000 $ de produits radioactifs. On sait qu'au
Québec on n'en produit pas, on aurait eu une
occasion en or de le faire à Bécancour avec l'usine La
Prade, mais malheureusement, il semble que le fédéral ait
décidé que le Québec ne devait pas aller dans ce domaine
et il nous a enlevé cela. C'est la partie qui regarde la France. Mais
pour l'information du député de Jean-Talon, je lui dirai que le
commerce entre le Québec et l'Angleterre est plus élevé
que le commerce entre l'Ontario et l'Angleterre. Il y a a au-delà de 1
100 000 000 $ de commerce entre Québec et l'Angleterre et 900 000 000 $
entre l'Ontario et l'Angleterre. Cela voudrait peut-être dire que les
échanges économiques sont plus importants avec la Grande-Bretagne
qu'avec la France, c'est certain. C'est sûr que nous avons l'intention
d'accélérer nos exportations vers tous les pays du monde incluant
la France. On pourrait faire un rapport fort détaillé des
interventions des délégués commerciaux qui relèvent
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, avec ces
différentes maisons, où ils sont situés, quoique la
responsabilité de ces maisons relève du ministère des
Affaires intergouvernementales. Nous avons la responsabilité d'un, de
deux ou de trois délégués commerciaux et, dans certaines
maisons du Québec, nous avons la responsabilité d'un
délégué ou d'un spécialiste en tourisme.
M. Rivest: Voici ce que je voudrais poser comme question
additionnelle, si vous le permettez, M. le Président: Est-ce qu'il est
possible, est-ce que des documents existent qui établissent - et est-ce
qu'on pourrait les avoir éventuellement - par exemple, la
comptabilité des échanges commerciaux entre le Québec et
la France? Vous avez cité avec le Québec et l'Angleterre,
même avec les États-Unis. Cela est la première
question.
La deuxième question: Est-ce qu'il est possible - le
marché est très aléatoire - de donner une ventilation?
Parce que la plus grande partie de ce volume d'échange - et
celui-là même qu'on avait examiné avec le Japon et
celui-là même que le ministre vient de citer avec l'Angleterre -
est dû à des accords-cadres, Canada-Grande-Bretagne,
Canada-Japon, dans lequel le Québec s'inscrit naturellement, mais
on essaie de mesurer la productivité - autant qu'on peut le faire - de
notre action propre du Québec à l'étranger par nos maisons
du Québec et par les services économiques du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. Biron: Ces statistiques existent à la fois à
Statistique Canada et au Bureau de la statistique du Québec. Je
m'engage, pour l'information du député, à lui fournir ces
statistiques. C'est sûr que l'expérience québécoise
dans le commerce extérieur est très jeune comparativement
à l'expérience de l'Ontario qui a été dans le
commerce depuis beaucoup plus longtemps que nous. Or, dans ce sens-là,
on a beaucoup à apprendre, et il faut apprendre rapidement. Mais je
m'engage, vis-à-vis du député, à lui fournir les
informations nécessaires.
M. Rivest: Une dernière question, si vous le permettez.
Très souvent, il arrive non seulement en France, mais dans d'autres pays
- en tout cas, je connais des bureaux d'ingénieurs, etc. - très
souvent les Québécois, des firmes, des entreprises
québécoises obtiennent, sur le marché étranger, des
contrats ou concluent des contrats, des ententes; très souvent, les
milieux d'affaires nous disent qu'ils ont effectivement conclu une vente sans
passer aucunement par les services des maisons du Québec; enfin, cela
vous est sans doute arrivé.
Est-ce que ce problème vous préoccupe? Est-ce que vous
avez des indications plus concrètes. Pourquoi cela se passe-t-il comme
ça? Est-ce que nos services sont inadéquats? Est-ce que la
crédibilité de nos services face au milieu d'affaires
québécois est... Il y a quelque chose.
M. Biron: Non, habituellement, la première vente passe par
la maison du Québec ou l'ambassade canadienne, s'il n'y a pas de maison
du Québec; donc, elle passe par des fonctionnaires, soient
québécois ou canadiens, mais, une fois que les contacts sont
faits entre l'entreprise et son client, il n'y a plus de raison que cela passe
par la maison du Québec ou par l'ambassade canadienne.
En fait, le rôle de l'État dans le commerce international
comme dans le commerce local ou le développement de l'industrie, c'est
de tenir la main de l'entreprise pour ses premiers pas. Une fois que
l'entreprise est capable de marcher toute seule, je pense qu'on ne doit pas
être là; si on est là, on empêche peut-être le
dynamisme du secteur privé de jouer à plein. Or, dans ce
sens-là, ça arrive fréquemment que des gens qu'on a mis en
contact réussisent à faire leur première vente et,
après cela, on en entend parler par des rapports de temps à
autre, mais on n'est pas constamment là pour les suivre.
M. Rivest: Dernière question, M. le Président.
M. Biron: La quatrième dernière.
M. Rivest: Oui, je sais. Dans les maisons du Québec, les
fonctionnaires qui s'occupent des exportations, de développer les
exportations du Québec, que ce soient les maisons du Québec ou
des Etats-Unis ou en Europe, sont des fonctionnaires des Affaires
intergouvernementales, qui appartiennent techniquement aux Affaires
intergouvernementales. Est-ce que le ministère de l'Industrie et du
Commerce est satisfait de ce type d'arrangement?
M. Biron: Les délégués commerciaux
appartiennent au ministère de l'Industrie et du Commerce, mais ils sont
sous la supervision du ministère des Affaires intergouvernementales
à l'extérieur, parce qu'il y a un ou deux ou trois
délégués commerciaux; c'est normal que ce soit le
délégué en charge qui est fonctionnaire du
ministère des Affaires intergouvernementales. Jusqu'ici, nous sommes
satisfaits de cet arrangement-là et je ne vous cache pas que le nouveau
ministre des Affaires intergouvernementales se préoccupe
énormément d'économie et d'exportation, et je pense qu'on
verra, au cours des prochaines années, que son action dans le domaine
économique, l'action qu'il a menée au cours des derniers mois, va
profiter énormément au Québec.
M. Blais: M. le Président, une question sur le même
sujet, s'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford avait demandé la parole.
M. Blais: Alors, allez-y, M. le député de Shefford.
Je suis bon prince.
M. Paré: Oui. M. le Président, moi j'aimerais
parler au niveau de l'aide aux entreprises du ministère...
M. Blais: J'aimerais poser une sous-question sur le même
sujet avant d'entreprendre celui-là, si c'est possible; elle est
très courte.
Le Président (M. Boucher): Très bien. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: L'aide à l'exportation, les maisons du
Québec à l'étranger, je sais ce que sous-tendaient les
questions venant de l'autre côté à ce sujet-là.
C'est que la question a été indirectement posée cet
après-midi, à la période des questions,
c'est-à-dire qu'on devrait couper dans les maisons du Québec
à l'extérieur. Croyez-vous, en tant que ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme, avec vos plans d'aide à l'exportation, que
ces maisons sont improductives et qu'on devrait couper dans une période
d'austérité comme celle que nous vivons?
M. Biron: Je pense qu'il ne faut absolument pas couper, parce que
les marchés potentiels du Québec sont à l'étranger,
d'autant plus qu'avec les accords du GATT on a de plus en plus tendance
à enlever les barrières tarifaires, donc à enlever la
protection pour les entreprises. Il faudra que de plus en plus nos entreprises
apprennent d'abord à combattre sur le marché intérieur,
donc sur le marché québécois, mais qu'après cela
elles ne craignent pas d'aller sur les marchés à
l'extérieur du Québec. Dans ce sens, on aura de plus en plus
besoin des maisons du Québec à l'étranger de ce
côté. Non seulement je ne couperais pas dans les maisons du
Québec, mais j'accentuerais la présence québécoise
dans toutes les régions ou tous les pays du monde pour que le
Québec soit de plus en plus représenté par ses gens, qui
avant tout ont comme priorité intérêt à
développer les entreprises québécoises.
M. Rivest: Dernière précision, compte tenu de
l'heure. Vous dites que vous avez l'intention de... Avez-vous, cette
année, dans vos crédits des budgets concrets - c'est bien beau de
donner des intentions pour l'an 2000 - des crédits additionnels pour
effectivement développer l'action du Québec à
l'étranger dans le domaine de l'aide à l'exportation ou si vos
budgets sont réduits et que ce que vous venez de dire, finalement, ce
sont de beaux voeux pieux?
M. Biron: Non, nos crédits à l'aide au commerce
extérieur sont augmentés et nous changeons surtout notre forme
d'intervention pour qu'elle soit de plus en plus efficace et dynamique. Je me
souviens qu'il y a deux ans on avait un programme qui subventionnait les
entreprises à 2% du surplus de leurs exportations, un programme qui
coûtait finalement très cher au Québec, mais qui aidait les
entreprises qui déjà étaient dans un commerce à
conserver leur commerce, mais qui n'aidait pas du tout les nouvelles
entreprises ou les PME québécoises à gagner des
marchés extérieurs. C'est dans ce sens que nous voulons de plus
en plus, cette année, d'abord montrer aux entreprises comment faire pour
aller sur les marchés extérieurs et, deuxièmement, leur
donner le goût d'y aller. Beaucoup d'entreprises
québécoises craignent de sortir du Québec. C'est dans ce
sens que nous voulons leur donner le goût d'aller à
l'extérieur et de conquérir des marchés mondiaux.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres interventions
sur ce sujet? M. le député de Shefford.
M. Rivest: La seule remarque que je voulais faire, c'est que je
n'ai pas voulu dire du tout par ma question qu'il fallait mettre la hache dans
les maisons du Québec. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
M. Biron: Est-ce que je crois comprendre que les crédits
pour le commerce extérieur répondent à toutes les
questions?
M. Rivest: Y a-t-il un ministre du commerce extérieur qui
a été nommé? On ne sait jamais.
M. Biron: Non.
M. Rivest: Pas encore. C'était dans le discours inaugural.
Va-t-il y en avoir un?
M. Biron: Vous poserez la question au premier ministre.
M. Rivest: En tout cas, cela a l'air d'être bien important!
N'aimeriez-vous pas cela? Voulez-vous que je suggère votre nom?
Une voix: C'est le prochain message, message
subséquent.
M. Biron: Est-ce que je crois comprendre qu'on adopte les
crédits sur le commerce extérieur ou s'il y d'autres questions
là-dessus?
M. Rivest: On va nommer un ministre du commerce extérieur
et on va adopter cela. Y a-t-il des...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, je regrette...
M. Rivest: Excusez-moi.
Le Président (M. Boucher): ... mais, ce matin, nous avons
convenu que nous procéderions programme par programme et que les
crédits seraient adoptés à la fin, étant
donné qu'on pouvait revenir sur les programmes.
M. Rivest: C'est pour régler la question du commerce
extérieur. J'ai une dernière affaire sur le commerce
extérieur.
M. Paré: Puis-je y aller, M. le Président?
M. Biron: Cela a été ma suggestion, mais elle n'a
pas été acceptée.
Le Président (M. Boucher): J'ai interprété
ce matin l'entente comme étant celle-ci: Nous allons d'un programme
à l'autre, en suivant...
Une voix: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Boucher): ... dans la mesure du possible
l'ordre des programmes, mais, comme nous avons convenu que nous pourrions
revenir sur des éléments de programme par la suite, nous ne
devons pas adopter les crédits immédiatement mais seulement
à la fin.
M. Rivest: Seulement sur le commerce extérieur, si vous
permettez.
Une voix: D'accord.
M. Rivest: Y a-t-il des gestes qui ont été
posés au point de vue administratif? C'est bien beau de nommer un
ministre du commerce extérieur qui va venir un jour ou l'autre. Il sera
sans doute fatigué, mais excellent. Y a-t-il des gestes concrets quant
à l'administration actuellement qui ont été posés
pour donner une assise quelconque à ce prochain ministre? Y a-t-il
déjà des mesures, des encadrements, des programmes, des effectifs
qui sont prévus, des réformes de structures ou un lieu quelconque
où cet être, qui va nous venir un jour ou l'autre, le ministre du
commerce extérieur, va pouvoir trouver un encadrement administratif? Des
gestes concrets ont-ils été pris à ce jour
là-dessus?
M. Biron: Non, cela relève de la décision du
premier ministre de procéder.
Une voix: Words, words.
Le Président (M. Boucher): Alors, enfin M. le
député de Shefford.
M. Paré: Enfin, M. le Président, merci. Juste pour
répondre à la question du député de Jean-Talon,
s'il prenait le temps de lire Le virage technologique, il s'apercevrait qu'on
parle du ministre des Affaires extérieures et de sa fonction.
M. Rivest: Ah, non, jamais, monsieur.
L'aide à l'industrie dans les
régions
M. Paré: Peut-être que les questions seraient plus
à caractère économique, moins politiques.
Je ne veux pas parler des maisons du Québec à
l'extérieur du Québec, mais des maisons régionales de
l'industrie dans nos régions à l'intérieur du
Québec pour développer nos entreprises. Contrairement à ce
que disait le député d'Outremont ce matin, je veux plutôt
vous remercier de venir en région consulter les gens du milieu, de
prendre la peine de venir voir dans chacune des régions ce qu'on a comme
capital humain et comme possibilités de développement en fonction
de nos richesses et du dynamisme local. Entre autres, demain c'est dans ma
région et je peux vous dire que je vais être là parce que
je trouve cela important que chacune des régions soit l'instigatrice de
son développement régional pour ensuite, dans tout le
Québec, être
bénéfique pour tout le monde. Donc, au niveau des maisons
régionales de l'industrie, c'est là-dessus que je vais vous
demander des précisions bientôt. Ce que j'en ai compris, c'est que
finalement cela va regrouper, contrairement à ce que disait toujours le
député d'Outremont, les commissaires industriels, puis les gens
du milieu. Ce ne sont pas seulement des fonctionnaires, si je comprends bien,
qui vont être dans les régions pour donner les services, mais on
va essayer aussi de regrouper les gens du milieu. Je ne sais pas si je me
trompe, mais vous pourrez me répondre là-dessus.
Je trouve cela important qu'on ait des commissaires industriels et qu'on
les subventionne tel qu'on le fait présentement, sauf qu'au niveau de la
maison régionale je me demande comment tout cela va être
agencé de façon à ne pas dédoubler, de façon
à ne pas aller en parallèle, mais plutôt à aller,
tous dans la même direction.
C'est évident qu'en parlant de maisons régionales de
l'industrie, je me rends compte d'une chose, c'est qu'on commence à
mettre en application, justement, Le virage technologique au niveau des maisons
régionales de l'industrie et au niveau aussi de la
régionalisation du développement comme tel. Je peux parler pour
ma région, évidemment. Dans la seule municipalité
où je demeure, il y a près de 200 petites et moyennes entreprises
de transformation, ce qui en fait un des secteurs les plus dynamiques du
Québec. De plus, dans la MRC où je demeure aussi, on a un parc
industriel qui est spécial, qui permet d'avoir seulement des grosses
entreprises.
Ce matin, un de mes confrères parlait de Bécancour; je
vais plutôt parler de Granby-Bromont qui, je pense, est plus dynamique et
devrait le demeurer. Donc, c'est pour cela qu'une maison régionale de
l'industrie, c'est important pour nous.
J'aimerais, quand même, m'attarder un peu sur le parc de grosses
entreprises seulement parce qu'on se faisait dire ce matin par l'Opposition
qu'il y a des choses, des règlements du gouvernement actuel qui nuisent
au développement, entre autres la loi 101. La loi 101 qui est effective
depuis 1977 ne nous a pas empêchés de progresser plus rapidement
que les autres provinces même si elle était là. Donc, je
pense qu'il ne faut pas profiter de la mauvaise politique monétaire
fédérale et du taux d'intérêt inacceptable pour
maintenant chercher au niveau du Québec des "bebites" et dire que ce
sont nos lois et tous les règlements qu'on a établis qui font en
sorte que c'est cela. Au niveau du parc industriel dont je parle toujours, cela
n'a pas empêché depuis l'adoption de la loi 101
Générale Électrique, IBM, Mitel, d'autres multinationales
et de très grosses entreprises de venir chez nous. Dans le parc
industriel où on a près de 200 petites et moyennes entreprises
principalement étrangères, je peux vous dire que je n'ai pas eu
beaucoup de critiques sur des difficultés d'adaptation avec la loi 101.
Donc, ce n'est pas un argument. Le problème chez nous pour
l'agrandissement des usines, c'est toujours le taux d'intérêt. Je
ne reviendrai pas là-dessus.
Ma question c'est: au niveau des maisons régionales de
l'industrie, comment cela va s'ajuster avec les commissariats industriels qu'on
a déjà et qu'est-ce qu'on va décentraliser exactement au
niveau des programmes et des responsabilités?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: En fait, l'idée des maisons de l'industrie, en
fait l'idée est venue il y a déjà plusieurs années
du premier ministre du Québec à l'occasion du sommet
économique de Montebello. Le premier ministre avait pris l'engagement de
faire en région des guichets uniques, c'est-à-dire des portes
d'entrée uniques où les chefs d'entreprises pourraient s'adresser
pour toutes les questions qu'ils veulent poser et avoir toutes les informations
qu'ils sont en droit d'avoir concernant les programmes des gouvernements et
particulièrement du gouvernement du Québec. À
Québec et à Ottawa, il y a à peu près 400
programmes différents d'aide aux entreprises. On a essayé
d'éliminer plusieurs de ces programmes en les fusionnant. Ce sont des
programmes, dans le domaine de la chaussure, du textile, du vêtement, de
l'aluminerie, du meuble, de l'innovation, de l'investissement, du prêt.
Il y a tellement de programmes, qu'un chef d'entreprise ne peut les
connaître tous. De plus, en région, il y a plusieurs portes
d'entrée à ces programmes. C'est-à-dire que le chef
d'entreprise peut se présenter au bureau régional du MICT, il
peut dans certaines régions aller à la Société de
développement industriel du Québec, ou il peut venir à
Québec ou à Montréal. Il peut se présenter au
Centre de recherche industrielle, à Québec, pour avoir de l'aide
technique pour des brevets et des connaissances technologiques ou du
développement d'équipement. Il peut se présenter à
son commissariat industriel. S'il est dans le domaine touristique, il peut se
présenter à son association touristique régionale pour de
l'information sur les programmes touristiques, ou il peut se présenter
au ministère de l'Industrie et du Commerce. Il peut se présenter
aussi à son commissaire industriel.
Il y a tellement de portes d'entrée finalement que le chef
d'entreprise, plutôt que de se casser la tête, il reste chez lui.
Et le chef d'entreprise ne peut pas profiter pleinement des programmes mis de
l'avant pour lui. La grande entreprise, la moyenne et
grosse entreprise, habituellement, engagent un permanent avec une
secrétaire et le travail du permanent consiste à examiner tous
les programmes des gouvernements, à s'y spécialiser et à
faire les demandes appropriées.
Ce qui arrive, c'est que les grandes entreprises profitent pleinement
des programmes gouvernementaux et très rapidement, tandis que le
dirigeant de PME, qui doit à la fois être directeur des ventes,
vice-président à l'administration, président du conseil
d'administration et P.-D.G. de son entreprise et connaître toute la
technologie de son entreprise, n'a pas le temps de lire tous ces programmes. Il
ne peut pas bénéficier pleinement de tous les programmes mis
à sa disposition par les différents gouvernements. C'est dans ce
sens qu'on a dit: Nous allons regrouper physiquement dans chacune des
régions du Québec, sous le même toit, tous les programmes
de services à l'entreprise qui relèvent du gouvernement du
Québec. Le chef d'entreprise pourra se présenter à la
maison régionale de l'industrie, apporter les bilans de son entreprise
et rencontrer là un généraliste, représentant du
ministère de l'Industrie et du Commerce, et expliquer, raconter son
histoire. Et là, on pourra lui dire: Oui, tu peux faire affaires, tu
peux faire une demande à la SDI pour avoir une subvention en vertu de
tel programme. Veux-tu on va aller deux bureaux à côté, le
spécialiste de la SDI est ici et on va remplir tes formulaires. Souvent
des décisions pourraient se prendre en région, comme l'aide
à la gestion des entreprises, l'aide au marketing ou des programmes
d'UNI-PME pour aider à engager des jeunes diplômés
d'université ou de cégep en administration au sein d'une PMC ou
même à l'Institut de la PME que nous avons formé pour un
premier diagnostic sur la gestion de l'entreprise. Ce sont des décisions
qui peuvent se prendre rapidement en région. D'autres décisions
devront se prendre véritablement au siège social de la SDI, soit
à Québec ou à Montréal.
Dans ce sens, les formules seront remplies en région, devant le
chef d'entreprise, par lui, et, en même temps, avec le fonctionnaire de
la Société de développement industriel. Après
ça, on pourra dire au chef d'entreprise: Veux-tu, tu vas retourner chez
toi dans ton entreprise. Tu vas t'occuper de tes ventes, de ta production, de
ton administration. Moi personnellement, comme représentant de la
Société de développement industriel du gouvernement du
Québec en région, je vais véhiculer ta demande et, d'ici
à quelques semaines, je te donne la réponse qu'on a obtenue, si
c'est oui ou non. Alors, le chef d'entreprise pourra retourner chez lui et
être tranquille et ne pas se casser la tête avec toute la
bureaucratie gouvernementale.
C'est cela être très efficace, très dynamique. Cela
suppose qu'il y aura un représentant de la Société de
développement industriel dans toutes les régions du
Québec. Actuellement, on en a seulement à Québec, à
Montréal, à Rimouski et à Sherbrooke. Là, il y en
aura dans toutes les régions du Québec. Cela suppose
également qu'il y aura un représentant du Centre de recherche
industrielle dans toutes les régions du Québec, parce que c'est
le Centre de recherche industrielle des PME québécoises. Et on a
en région des patenteux, des gens qui inventent, qui brevettent; ils ont
toutes sortes d'idées. Mais parce que leur idée ne peut pas
être testée rapidement et parce qu'il leur faut aller plus loin -
ils habitent au Saguenay - Lac Saint-Jean, en Gaspésie, dans le
Nord-Ouest québécois - il trouve l'idée excellente, mais
ça leur coûte de faire un voyage à Montréal parce
que là, c'est pas sûr, ces gens ne connaissent personne. Alors,
ils pourront facilement aller dans leur région, parler de ça avec
le spécialiste du Centre de recherche industrielle qui va regarder dans
ses livres et dire: cela a déjà été breveté
ou cela a déjà été essayé et ça n'a
pas eu de succès ou, ça a été breveté, ne
pensez pas à ça, mais par contre, il faut travailler dans tel et
tel sens, il me semble qu'il y a quelque chose de bon, ou bien, pensez donc
à autre chose. (16 h 15)
On était dans la région du Nord-Ouest
québécois, la semaine dernière, et il y a un bonhomme est
venu nous parler d'une casseuse d'oeufs automatique. Personne n'avait jamais
pensé à cela, mais apparemment, sur les grands chantiers comme
à la Baie-James, il y a des douzaines et des douzaines, c'est incroyable
la quantité d'oeufs qui est cassée chaque matin, et c'est encore
cassé à la main. Il y a une personne qui a inventé une
"patente" où on mettait la caisse et les oeufs passaient dans la
casseuse d'oeufs. Finalement, les jaunes sortaient d'un côté et
les coquilles de l'autre côté.
C'est pour dire comme nos gens, dans le fond, sont inventifs, sont
"patenteux". Mais, si on a des gens en région, on va pouvoir tout de
suite lui aider, lui dire: Oui, on va s'occuper de ton brevet, c'est cela que
tu as à faire. On va informer nos gens. Finalement, on pourra
développer plusieurs de ces brevets, de ces inventions, de ces
"patentes", sans compter qu'on pourra aussi aider à construire les
machines et l'équipement nécessaires. Cela va se faire en
région, sous le toit de la maison régionale de l'industrie. Il va
aussi y avoir un spécialiste du commerce extérieur. Dieu sait, on
a parlé tout à l'heure du commerce extérieur, c'est une
des faiblesses du Québec. On a toujours craint d'aller vers le commerce
extérieur. Les gens n'en ont pas le goût parce qu'ils ne le
connaissent pas et, en même temps, ils
craignent d'aller à l'extérieur. Ce sont toujours des
nouveaux marchés. Faire affaire avec des grandes compagnies
d'automobiles, c'est énervant, c'est inquiétant. J'ai vécu
l'expérience. Jusqu'au jour où un de mes amis m'a forcé
littéralement à aller à Détroit. Finalement,
quelques semaines après, on commençait à avoir des
commandes appréciables, à la fois de Chrysler, de Ford et de
General Motors à l'époque. C'est dire qu'il faut aller sur ces
marchés et il ne faut pas craindre d'y aller, mais il faut
littéralement forcer le chef d'entreprise québécois
à y aller et il faut lui donner le goût de le faire. Alors, dans
chacune des régions du Québec, il y aura un représentant
du commerce extérieur qui va expliquer au chef d'entreprise quoi faire,
qui va possiblement l'aider à faire partie de certaines missions ou qui
va faire en sorte que des acheteurs étrangers que nous patronnons pour
venir au Québec vont aller visiter son usine et vont l'intéresser
finalement à faire affaires avec une entreprise à Détroit,
à Toronto, à New York, à Paris, ou en Angleterre; on ne
sait où. Cela c'est important.
Il va y avoir aussi, dans chacune des régions du Québec,
des gens du service aux entreprises manufacturières qui existent
déjà à l'heure actuelle à Québec et à
Montréal. Mais c'est encore Québec et Montréal. Les gens
des régions ne peuvent pas en profiter autant que les entreprises dans
les grands centres. Il y aura certaines personnes du service aux entreprises
manufacturières qui seront là pour aider les chefs d'entreprise
à mieux gérer, pour leur donner des idées
d'aménagement, de performance économique, donc finalement pour
discuter avec eux d'une meilleure gestion et du développement de leur
entreprise.
Tout cela, ce sont des gens qui existent déjà dans notre
machine, mais qui sont centralisés à Québec et à
Montréal; on pense qu'on devra déconcentrer. Plus l'autre
étape qui est de renforcer nos gens en région. Lorsqu'on
commencera à avoir, dans chacune des régions du Québec,
ces maisons régionales, je pense qu'on aura besoin d'un peu plus de gens
pour aider nos chefs d'entreprise à mieux se gérer.
Quand on songe qu'aujourd'hui, on essaie de donner certains services aux
chefs d'entreprise dans le domaine du commerce... Il y a 90 000 entreprises de
commerce, il y en a 10 000 dans le domaine manufacturier. C'est sûr que,
jusqu'à ce jour, on a privilégié les entreprises
manufacturières. Mais, lorsque des commerces ferment ou font faillite,
cela va mal. Cela coûte de l'argent aux entreprises et aux industries
manufacturières. On va aussi essayer d'aider les commerces en leur
donnant des programmes de saine gestion. Ce seront des programmes qui vont
être décidés en région, une petite subvention pour
engager un spécialiste de la gestion, un spécialiste du
marketing. Pour vous donner un autre exemple, dans certaines régions, on
pourra avoir un spécialiste du tourisme parce qu'il y a des
régions touristiques: l'Estrie, le Bas-du-Fleuve, la Gaspésie,
les Laurentides. Je pense que, c'est important que, dans ces régions, on
ait un spécialiste du tourisme, qu'on montre à des gens comment
promouvoir leur entreprise. Vous avez visité souvent tout le
Québec. Il y a des endroits, vous allez dans des restaurants où
les menus sont écrits à la main et on essaie de ne pas faire
payer trop cher parce que c'est écrit à la main. Pourtant, ce
serait facile d'imprimer un menu convenable puisque la nourriture est
excellente; surtout si vous allez dans des régions
périphériques, vos avez une nourriture excellente, vraiment
québécoise. Mais parce que les gens ne savent pas comment faire
leur présentation, ils font payer un ou deux dollars de moins du repas.
Ils auraient autant de clients quand même. Mais, à la fin de
l'année, ce qui arrive, à l'heure actuelle, c'est qu'ils ne sont
pas profitables. Le député de Viger qui a été dans
le domaine touristique doit le savoir lui aussi. Il a dû avoir ce qenre
d'expérience. On a des petites boîtes vraiment excellentes, mais
qui ne savent pas comment faire leur présentation, leur marketing ou
leur gestion.
M. Blais: ... M. le ministre.
M. Biron: Non, je sais qu'il s'est toujours
intéressé au domaine touristique; c'est d'ailleurs un de nos
grands spécialistes au Québec dans ce domaine, en tout cas dans
le domaine des agents de voyage.
Tout cela pour dire que la présence en région des maisons
de l'industrie sera très efficace pour aider le chef d'entreprise. En
plus, ce qu'il va y avoir, parce que votre volet de la question comportait
aussi les commissaires industriels, les corporations de développement
économique, les associations touristiques régionales... À
l'heure actuelle, j'ai vu, depuis un an, certains commissaires industriels,
j'ai vu, dans un cas, cinq commissaires industriels travailler sur la
même entreprise pour essayer de l'amener dans leur parc industriel. Elle
n'ira pas dans cinq parcs, elle ira seulement dans un parc. Pourquoi y a-t-il
cinq bonshommes payés par les contribuables québécois qui
travaillent sur la même entreprise? Il y a peut-être lieu d'avoir
une petit peu plus de cohésion dans notre action. Au sein de la maison
régionale, on fera des réunions chaque semaine ou à chaque
quinzaine sous la direction du directeur de la maison régionale avec les
commissaires industriels ou au moins les corporations de développement
économique, et on va discuter de nos problèmes. On va dire:
Écoutez, toi et toi vous allez travailler sur telle entreprise.
Peut-être que deux
commissaires peuvent laisser un choix à l'entreprise, mais toi,
toi et toi on va vous donner d'autres entreprises. Parce qu'il y a des gens qui
veulent investir et souvent ne savent pas dans quoi investir.
On va essayer autant que possible de faire travailler des gens sur des
entreprises différentes. Si l'entreprise est au Québec et qu'on
fait juste la déplacer de Rimouski à Rivière-du-Loup, ce
n'est pas payant pour la population québécoise, surtout quand on
est obligé de donner une subvention en plus pour faire cela. Il y a lieu
d'attirer de nouvelles entreprises, de développer les entreprises
existantes et, quand il y a quatre ou cinq commissaires qui se paient un voyage
en Europe pour aller chercher une entreprise, je pense que c'est pas mal trop
dispendieux. Il y a lieu, peut-être, de travailler d'une façon
efficace. On veut prendre toutes les forces actives qui participent au
développement économique; je crois qu'il y en a assez de forces
actives à l'heure actuelle, sauf que ces forces ne sont pas
employées efficacement. Alors, les maisons régionales de
l'industrie existent justement pour cela.
Finalement, le dernier volet des maisons de l'industrie, ce sera pour
permettre aux chefs d'entreprises de se rencontrer, de parler ensemble,
d'apprendre à communiquer les uns avec les autres. Dieu sait
qu'aujourd'hui souvent nos chefs d'entreprises ne savent pas comment
communiquer. On a vécu une expérience que le gouvernement du
Québec a patronnée dans l'Estrie, la maison régionale de
l'Estrie. C'est peut-être la région au Québec où les
entreprises passent le mieux à travers la crise économique qu'on
connaît, et c'est possiblement à cause de la maison
régionale de l'Estrie où les chefs d'entreprises se sont
parlé, ils ont échangé des informations, ils ont
même échangé des commandes, ils sont rendus à
l'étape où ils échangent des sièges au conseil
d'administration de leur entreprise. Donc, ils apprennent à se parler et
ils profitent des grandes qualités des autres. Quelqu'un qui est
isolé, il n'a jamais trop de chance, il est mieux de parler avec les
autres. C'est dans ce sens qu'on veut permettre à nos gens de parler aux
autres chefs d'entreprises, d'apprendre à communiquer ensemble et de
profiter des grandes qualités des autres chefs d'entreprises.
La maison de l'industrie en région, c'est cela. Donc, être
très présent en région, être efficace et, surtout,
répondre aux besoins des chefs d'entreprises et leur donner le
goût à la fois de l'innovation, de la recherche, du
développement de nouveaux produits ou de nouvelles pièces
d'équipement, du commerce extérieur et d'une saine gestion
à l'intérieur de leur entreprise.
Le Président (M. Boucher): Mme la député de
Maisonneuve.
L'activité industrielle à
Montréal
Mme Harel: M. le Président, la préoccupation que
j'ai concerne le déclin de l'activité industrielle à
Montréal. Compte tenu de l'étude du budget 1982-1983 et des
priorités du ministère, j'aimerais aborder avec vous, M. le
ministre, la question de la revitalisation des zones industrielles dans la
région de Montréal. Vous savez que la réalité est
souvent masquée par l'anonymat de la grande ville, qui permet parfois
d'identifier moins rapidement le chômage; quand il y a 200 000
chômeurs dans une population 1 200 000, parfois on identifie moins le
problème que dans d'autres régions.
Il reste que, depuis 20 ans, il y a eu une perte de vitesse du secteur
manufacturier localisé dans la ville de Montréal. D'après
les chiffres que j'ai, particulièrement entre 1971 et 1976, où
pourtant on connaissait une croissance dans d'autres régions du
Québec, dans la ville même l'emploi manufacturier baissait de
12,2%, c'est-à-dire 22 000 emplois et plus perdus dans le secteur
manufacturier.
On sait très bien que tout cela est lié au problème
général du vieillissement. C'est un problème, ce
déclin de l'activité industrielle, que connaît la
majorité des grands centre-ville dans toute l'Amérique du Nord.
Il y a eu certains facteurs qui ont amené, et j'en notais quelques-uns,
les industries à se localiser dans le centre-ville. Par exemple, le
comté que je représente -j'ai eu l'occasion de le dire à
l'Assemblée déjà - il y a à peine quelques dizaines
d'années, c'était un quartier qui était promis à
être la Pittsburg du Canada. C'était vraiment une effervescence
sur le plan de l'implantation industrielle.
Alors, ce qui jouait à l'époque favorablement,
c'est-à-dire la fois à la proximité de la main-d'oeuvre,
des fournisseurs, des clients, des réseaux de transport, ne joue plus de
la même manière. On sait maintenant que, notamment, le prix des
espaces est plus élevé dans la ville de Montréal qu'en
banlieue, il y a une absence de parc industriel public dans la ville de
Montréal. On sait que la technologie industrielle moderne utilise
beaucoup plus les grandes chaînes de production sur de grandes
superficies. Il y a eu aussi tout le réseau des autoroutes suburbaines
qui n'ont pu avantager la ville sur le plan du transport.
Vous allez me permettre de vous citer quelques chiffres
là-dessus. Un relevé simplement entre le rues Iberville et Vimont
- ce qui couvre une partie du comté de Sainte-Marie et du comté
de Maisonneuve, en fait essentiellement le quartier Maisonneuve daté de
juin 1981, a dénombré 20
entreprises et industries situées du côté sud de la
rue Notre-Dame, entre les rues Iberville et Vimont. De 8 heures à 18
heures, le mardi 16 juin 1981, 1471 véhicules ont dû effectuer des
manoeuvres directement dans la rue pour entrer et sortir des sites dont 261
camions et 228 camions-remorques. On voit déjà le problème
majeur du transport routier et de la desserte de l'industrie maintenant dans le
centre-ville de Montréal. Vous me permettrez, juste pour vous en donner
un peu l'importance, de vous dire que cette enquête démontrait
que, dans cet espace que je décrivais tantôt, pour toutes les
entreprises concernées, les chiffres donnaient ceci: 753 entreprises;
chiffre d'affaires annuel: 4 000 000 000 $; 37 307 emplois avec
prévision de 49 300 dans cinq ans; 25% de tous les emplois du secteur
manufacturier à Montréal; 25 375 véhicules arrivant
à ces sites chaque jour avec prévision de 40 600 dans cinq ans,
avec une croissance, si évidemment il y a une expansion qui est
favorisée. On y dénombre 7 400 000 pieds carrés de terrain
vacant pour une expansion future si les conditions étaient
favorables.
Je reviens donc à la question du programme d'aide à la
revitalisation des zones industrielles désuètes. Ce programme, en
fait, m'apparaît actuellement soit être remis en question ou
réexaminé par le ministère. Il y a eu des engagements au
sommet économique; il y avait là le ministre d'État au
Développement économique, M. Bernard Landry, et votre
prédécesseur de l'époque, M. Yves Duhaime, qui avaient, en
fait, formulé la nécessité d'élargir l'entente
auxiliaire Canada-Québec sur les infrastructures industrielles afin de
rentabiliser les zones industrielles en déclin. On sait que cet
engagement avait obtenu l'approbation de la ville de Montréal,
évidemment, mais aussi de la communauté urbaine. Donc, l'ensemble
des intervenants sur le territoire manifestant un intérêt et,
d'une certaine façon, une certaine urgence, en fait, à ce qu'on
fasse la restructuration des zones industrielles. On sait que l'OPDQ a retenu,
en octobre dernier, le projet qu'a formulé la Société de
développement industriel de Montréal, SODIM, qui a
été créée par Montréal, comme l'un des trois
projets prioritaires de développement qui pouvaient être
insérés dans l'entente Canada-Québec pour la région
du Montréal métropolitain.
Je pense - c'est un peu ce que je veux vérifier avec vous - que
votre ministère a déposé au Conseil du trésor,
l'automne dernier, un programme d'aide à la revitalisation des zones
industrielles désuètes dans la région de Montréal,
programme qui permettait à l'OPDQ de négocier un nouveau volet de
l'entente Canada-Québec sur les infrastructures industrielles. Je veux
savoir un peu ce qu'il en arrive avec le Conseil du trésor, si le MIC
considère toujours pertinent ce projet. On sait que
l'intérêt au niveau de Montréal est toujours aussi grand
quant à la réalisation de ce projet. Quant à moi,
évidemment, je n'insisterai pas sur le fait que, compte tenu de la
vétusté et des investissements déjà faits dans le
passé, il y a certainement nécessité de revitaliser ces
zones industrielles qui sont parfois laissées en friche
présentement; c'est un peu comme si on laissait notre patrimoine
agricole en friche d'une certaine façon. (16 h 30)
M. Biron: Oui, M. le Président, pour répondre aux
questions de Mme la députée de Maisonneuve, c'est exact, je pense
que son intervention dans le sens des problèmes des entreprises dans le
centre-ville de Montréal, c'est un problème crucial, surtout
aujourd'hui à cause de la taille des véhicules, des camions. J'ai
eu personnellement un entrepôt dans votre comté, Mme la
députée, et je me souviens lorsque des immenses camions remorques
devaient aller là pour porter des matériaux ou pour en chercher,
c'était toujours un problème chaque fois, et on se demandait
comment les conducteurs de ces camions pouvaient le réussir, ça
prenait vraiment des artisans et des experts pour passer dans ces rues, dans
ces ruelles.
Alors, les chiffres que vous mentionnez sont impressionnants quand
même; ça veut dire qu'en moyenne chacune des entreprises qui fait
affaires dans le secteur que vous avez mentionné c'est 6 000 000 $ de
chiffre d'affaires, 50 employés en moyenne; alors, c'est beaucoup de
petites, beaucoup de moyennes, et certainement quelques grandes
entreprises.
Mme Harel: Me permettez-vous, M. le ministre. Vous savez les
chiffres que j'ai mentionnés concernent le bassin industriel le long du
fleuve du sud-ouest jusqu'à l'est.
M. Biron: Exact. Or, vous avez votre question précise:
Quelle est la position du ministère de l'Industrie et du Commerce
vis-à-vis de SODIM, des rénovations des zones industrielles
désuètes. D'abord, nous avons donné un avis favorable au
Conseil du trésor et au comité des priorités pour pouvoir
négocier avec le gouvernement fédéral une partie de
l'entente auxiliaire qui s'applique déjà aux parcs industriels
partout au Québec, afin de profiter de cette entente auxiliaire pour
annexer à cette entente à la fois Montréal et les villes
de banlieue.
Malheureusement, à cause des compressions budgétaires,
cette entente qui a été acceptée au Conseil du
trésor est au comité des priorités pour décision;
alors, qu'est-ce qui va nous arriver au cours des prochaines semaines
concernant la marge de manoeuvre du gouvernement du Québec? Je
pense qu'on le saura un peu mieux la semaine prochaine avec les
décisions du ministre des Finances. Mais, à notre avis, c'est
important de pouvoir y participer. Comme première mise de fonds, comme
premier projet, il est question de 10 000 000 $ qu'on pourra faire assez
rapidement, dont 6 000 000 $ viendraient du gouvernement fédéral
et 4 000 000 $ du gouvernement du Québec.
De toute façon, nous attendons la décision du
comité des priorités. De plus, nous sommes en même temps en
train de négocier avec la ville de Montréal des formules
alternatives, dont une, en tout cas, en particulier permettrait à la
ville de Montréal de profiter, de pouvoir mettre en marche son projet
quitte à étaler notre paiement sur deux ou trois budgets, pour
pouvoir réussir quand même à entreprendre tout de suite la
revitalisation de ces zones désuètes. Vous avez raison. Si on
attend du cas par cas, il n'y aura peut-être jamais d'entreprises qui
vont s'établir en disant: II n'y a pas de place. L'entreprise
habituellement n'attend pas six mois, un an lorsqu'elle est prête
à investir, surtout une entreprise de taille moyenne d'une cinquantaine
d'employés; si elle n'a pas de place là, elle va aller ailleurs
parce qu'il y a de la place ailleurs; elle va aller dans d'autres parcs
industriels ailleurs, et finalement à Montréal, tranquillement
mais sûrement, le centre-ville industriel va dépérir.
Alors, le cas par cas finalement reporte à plus tard une
décision qu'il va falloir prendre aujourd'hui, tandis que l'approche au
moins par parc industriel ne veut pas dire qu'il faut faire sept parcs
industriels de zones désuètes refaites à Montréal
demain matin, mais il faut au moins commencer par un endroit et un autre
endroit finalement, et atteindre éventuellement toutes les zones
désuètes. Alors, dans ce sens-là nous sommes en train de
négocier avec la ville de Montréal en cas qu'il y ait... S'il y a
un avis favorable du comité des priorités, il n'y a pas de
problème, je pense qu'on va procéder très rapidement; s'il
n'y a pas d'avis favorable ou si on est obligé d'attendre à cause
des compressions budgétaires, il y aura peut-être d'autres moyens
à négocier avec la ville de Montréal pour l'étendre
sur quelques budgets. Nous sommes aussi en négociation avec le
gouvernement fédéral, parce qu'il participe aussi à ces
ententes-là, pour pouvoir réussir à répondre
à un engagement du sommet de l'agglomération de Montréal.
Je pense que c'est un engagement important, c'est un besoin urgent à
Montréal à cet égard.
De plus, il y a SODIM, cette société qui nous permettra
d'agir peut-être de façon un peu plus modérée, mais
nous avons aussi un avis formel favorable que nous avons transmis à
l'OPDQ. Il semble qu'il y ait de petites sommes disponibles à l'OPDQ qui
pourraient au moins répondre par petits groupes, par étapes,
à petits pas, lentement - on appelait cela l'étapisme autrefois -
aux besoins des industriels de Montréal et aussi des citoyens de
Montréal qui veulent pouvoir travailler dans leur ville. C'est exact
qu'il faut faire un effort dans ce sens, sinon les entreprises, lentement mais
sûrement, vont se déplacer pour aller à l'extérieur
de Montréal, dans d'autres parcs industriels et, finalement, le coeur
même du Québec, qui est la grande ville de Montréal, cette
métropole, va se vider. C'est dans ce sens que nous sommes d'accord avec
vous, avec les intervenants du sommet de l'agglomération
montréalaise de l'an dernier, que nous essayons de tout mettre en oeuvre
et de libérer les marges de manoeuvre nécessaires à
l'intérieur de nos budgets, si nous ne pouvons les avoir rapidement du
comité des priorités, pour répondre à cette demande
de l'agglomération montréalaise.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Je m'excuse, M. le ministre, d'avoir eu à
quitter, mais je suis revenu pour de bon.
M. Biron: Nous vous souhaitons la bienvenue.
M. Fortier: Oui, mon collègue est parti. De toute
façon, très brièvement, quand je suis parti,
c'était le député de...
Le Président (M. Boucher): Terrebonne.
La Société des alcools (suite)
M. Fortier: ... Terrebonne qui faisait certains commentaires sur
ce que j'avais dit ce matin. Sans aller dans le détail, j'aimerais
simplement dire ceci: C'est que, d'une part, les commentaires que je faisais
étaient, je crois, les commentaires qui viennent du secteur
privé. Qu'on aime les commentaires ou qu'on ne les aime pas, ces
commentaires reflètent, je crois, l'opinion générale du
secteur privé, lorsqu'on visite la province de Québec.
D'autre part, lorsque j'ai parlé de nationalisation, il est vrai
qu'il y a eu des nationalisations de faites l'an dernier et, pour ma part,
chaque fois que le gouvernement veut faire des nationalisations visière
levée, je lève mon chapeau, parce qu'à ce
moment-là, il y a une bataille à faire, mais ce que j'ai voulu
dire - je ne sais pas si mon collègue de Terrebonne a très bien
saisi - c'est que les nationalisations qui sont faites par l'entremise de la
Caisse de dépôt sont des nationalisations indirectes
contre lesquelles les membres de l'Assemblée nationale ne peuvent
absolument rien et les membres du secteur privé non plus. À ce
moment-là, ce que j'ai dit, c'est que ceci était un facteur
d'incertitude, puisque ceux qui venaient investir au Québec ne savaient
pas quelles étaient à l'avance les politiques du gouvernement,
puisque c'étaient des politiques qui n'étaient nullement
annoncées.
Mais, pour entrer dans le vif du sujet, j'aimerais revenir, je m'en
excuse, à la Société des alcools du Québec.
J'aurais quelques questions à poser ici. Lorsque mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges a posé la question ce matin qui tournait autour du
manque à gagner de 97 000 000 $, en comparant les états
financiers de la Société des alcools du Québec et celle de
l'Ontario, je crois que le ministre avait répondu que c'est un peu
farfelu, puisqu'on ne pourrait pas prendre ce montant à même les
frais d'exploitation qui sont de l'ordre de 130 000 000 $, si ma mémoire
est fidèle, et qu'il a parfaitement raison là-dessus. Mais ce
n'est pas ce que le rapport dit. Le rapport dit qu'il y a une différence
de 5% des ventes qui sont plus élevées au Québec qu'en
Ontario en ce qui concerne les frais d'exploitation, ce qui représente
à peu près 33 700 000 $. On parle des politiques des prix pour
les vins maison. On fait beaucoup de publicité, mais on vend ces vins
meilleur marché que les autres vins, ce qui est encore un manque
à gagner de 9 000 000 $. De plus, une perte d'environ 14 000 000 $,
d'après cette étude, vient des activités d'embouteillage
de la Société des alcools du Québec. On peut retracer
à peu près 64 000 000 $ sur lesquels, je crois, le ministre
pourrait faire quelque chose. Quand on parle des frais d'exploitation en
particulier, il est assez évident de constater que l'écart dans
le nombre des employés est considérable entre l'Ontario et le
Québec, dans les deux sociétés. Dans le cas du Liquor
Control Board of Ontario, on parle de 5,99 employés par succursale,
tandis qu'à la Société des alcools du Québec, on
parle de 7,78. Ceci explique, dans une très grande mesure, les
différences de "profitabilité" des deux
sociétés.
La première question que j'aimerais poser au ministre est
celle-ci: D'une part, est-ce qu'il est d'accord, d'une façon
générale, qu'il y a des remèdes considérables
à apporter? Je crois que la comparaison entre les deux
sociétés est valable. Dans un cas, la Liquor Board of Ontario
n'est que détaillant, elle n'essaie pas d'entrer dans le domaine de
l'embouteillage, elle n'essaie pas de jouer un rôle qui n'est pas le sien
et elle fait beaucoup plus d'argent que la Société des alcools du
Québec. La Société des alcools du Québec, en
utilisant notre argent, fait des investissements qui sont peu rentables, essaie
d'entrer dans de nouveaux secteurs, comme les vins maison, qui ne rentabilisent
pas la Société des alcools. Je ne sais pas s'ils font cela pour
leur propre prestige mais, d'autre part, cela nuit considérablement au
développement au Québec d'une entreprise comme celle qui existe
en Ontario.
Bien sûr, le ministre pourra me répondre qu'il est hors de
question qu'on favorise Seagram. Mon propos, M. le Président, n'est pas
de favoriser uniquement une société comme celle-là. Le
ministre, s'il ne veut pas que les nouvelles politiques favorisent uniquement
une société aussi puissante que Seagram, a toutes sortes de
moyens en transférant, disons, les vins maison à d'autres
sociétés du Québec; il en existe. Mais je crois que le
rapport devant nous pose deux questions fondamentales. D'une part, c'est la
question de la rentabilité. Est-ce que présentement la
Société des alcools du Québec va dans la bonne direction
en tentant de jouer deux ou trois rôles? Aux États-Unis, lorsqu'on
examine l'industrie, on s'aperçoit qu'il y a des compagnies qui
fabriquent des vins, qui font l'embouteillage de vins mais ces gens ne se
préoccupent pas de faire la vente au détail. D'autre part, aux
États-Unis, il y a des commerçants qui font la vente au
détail. Si on examine la structure du commerce américan dans le
domaine des ventes des alcools, des vins particulièrement, on
s'aperçoit que chacun a sa spécialité. Vous avez des
sociétés vinicoles en Californie qui sont des grossistes qui vont
importer ou fabriquer des vins, et faire la publicité pour que certains
vins soient bien connus.
Il y a d'autres sociétés qui font la vente au
détail. La SAQ, surtout depuis deux ou trois ans, a cherché
à mêler deux ou trois fonctions. Cela a causé une baisse de
rentabilité considérable depuis qu'elle s'est lancée dans
cette nouvelle avenue.
Voici la première question que j'aimerais poser au ministre, en
constatant que les politiques de la SAQ ne semblent pas rentabiliser la
Société des alcools du Québec pour satisfaire les besoins
du ministre des Finances. Je crois, sans être méchant, qu'il est
tout à fait normal que l'Etat perçoive des revenus à
même cette source; c'est un luxe de s'acheter un vin, des boissons, et,
si on peut rentabiliser cela au maximum, on doit le faire. Ma question porte
surtout sur les moyens. Je crois que le rapport pose la vraie question: Est-ce
que les initiatives qui ont été prises par la
Société des alcools depuis trois ou quatre ans vont dans une
direction qui rentabilise la Société des alcools? Est-ce que
c'est uniquement pour des fins de prestige? Si c'est pour des fins de prestige,
il faudrait bien que le ministre mette le holà, puisque ceci est fait
avec l'argent des contribuables. Dans un deuxième temps, si la
réponse à la première question
est oui, peut-être qu'il serait préférable que la
Société des alcools fasse comme d'autres sociétés
aux États-Unis ou ailleurs dans le monde, et que la vraie mission de la
Société des alcools du Québec soit d'être un
détaillant. Si elle devait laisser le commerce de l'embouteillage
à d'autres sociétés dans le secteur privé, n'y
aurait-il pas moyen d'établir une politique pour que cette industrie se
développe au Québec? Sinon, M. le Président, c'est bien
évident que cette industrie va se développer en Ontario.
Déjà en Ontario, ils ont l'appui du gouvernement. Plusieurs me
diront qu'on ne peut, bien sûr, faire pousser des raisins au
Québec, mais d'après ce qu'on m'en a dit, ceci n'est qu'une
façon. On peut importer les raisins, on peut importer certains produits,
des liqueurs ou autres pour fabriquer des vins ici ou en importer soit et les
mélanger à d'autres vins.
Alors, il y a deux questions. Est-ce que l'orientation de la
Société des alcools doit être modifiée dans le sens
de la ramener à ce qu'elle était auparavant, c'est-à-dire
une société qui fait uniquement le commerce de détail.
Compte tenu de l'expérience du Liquor Board of Ontario, il semble que ce
serait une avenue beaucoup plus profitable pour le Québec. (16 h 45)
D'autre part, s'il fallait faire en sorte qu'on puisse développer
une industrie dans ce secteur pour l'embouteillage des vins ou pour la
fabrication des vins, pour la promotion de certaines marques de vins, est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen de créer une industrie qui se
développerait au Québec et ceci encore dans le meilleur
intérêt du développement économique du
Québec? Il ne s'agit pas d'avantager telle ou telle compagnie; il
s'agirait, à mon avis, de créer des commerces qui pourraient
éventuellement exporter vers d'autres provinces ou vers les
États-Unis. Quoique, à ce moment, on pourrait penser que le
Québec est en mauvaise posture de ce côté, je crois qu'il
faudrait quand même faire confiance au secteur privé qui pourrait
investir, s'il avait l'appui de la Société des alcools du
Québec. Si on arrêtait cette compétition qui n'est
nullement désirable entre la Société des alcools et le
secteur privé, on pourrait, je crois, faire en sorte que chacun y trouve
son mérite et sa profitabilité.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, avant de répondre aux
questions concrètes du député d'Outremont, je voudrais
dire quelques mots sur son intervention du début en réponse au
député de Terrebonne, particulièrement vis-à-vis de
ce qu'il appelle les nationalisations cachées. Il y a une
décision importante qu'on a prise l'an dernier par la Caisse de
dépôt avec la Société générale de
financement, c'est d'acheter une partie importante des actions de Domtar. La
Caisse de dépôt en avait déjà 25% ou 26% et
conjointement la caisse et la Société générale de
financement ont décidé d'augmenter leur pourcentage d'actions
jusqu'à 42%.
Cette décision n'a pas été prise à la
légère. Je rappelle au député d'Outremont qu'il y a
environ un an et demi une filiale de Domtar, la compagnie de sel Sifto, a
déménagé son siège social de Montréal vers
l'Ontario. Il y avait des rumeurs sur le marché québécois
que même l'entreprise Domtar pourrait dans un avenir plus ou moins
rapproché, éventuellement penser, elle aussi, à
déménager son siège social du Québec vers l'Ontario
et je vous rappelle que Domtar, qui était une compagnie avec
siège social à Montréal, a décidé aux cours
des dernières années de prendre de l'expansion à peu
près exclusivement à l'extérieur du Québec. Le
gouvernement du Québec ne pouvait laisser une entreprise qui fait 1 700
000 000 $ de chiffre d'affaires, qui a 17 500 travailleurs dont 4500 au
Québec et 12 500 à l'extérieur, de s'en aller et nous
laisser les vieilles usines d'East Angus ou d'ailleurs. C'est dans ce sens,
afin de consolider la position québécoise particulièrement
dans le domaine des pâtes et papiers où nous sommes des leaders
mondiaux. Je pense que c'est surtout pour protéger des acquis et bien
faire comprendre aux autres entreprises dans le domaine des pâtes et
papiers que c'est le Québec qui est la capitale mondiale, le pays des
pâtes et papiers. Les entreprises de pâtes et papiers devaient
comprendre que le gouvernement du Québec ne laissera pas ses richesses
naturelles exploitées par des entreprises qui, après ça,
s'en iraient à l'extérieur.
C'est tout simplement pour consolider des acquis québécois
et en même temps se servir de Domtar comme tête de pont, comme chef
de file pour développer d'autres entreprises québécoises.
Je ne pense pas que la population du Québec trouve que c'est une
mauvaise décision; au contraire, je pense que c'est une décision
pour consolider des actifs au Québec et bien faire comprendre à
d'autres entreprises qu'il n'était pas question que le gouvernement du
Québec laisse tout aller en débandade, en laissant les
entreprises profiter de nos richesses naturelles.
L'autre point que vous avez traité, c'est vis-à-vis de la
loi 101. Vous dites: J'ai rencontré des hommes d'affaires et ils se
plaignent de la loi 101. C'est curieux, on ne rencontre peut-être pas les
mêmes hommes d'affaires. Moi aussi, je parcours le Québec, moi
aussi, je rencontre des hommes d'affaires. Bien sûr, les hommes
d'affaires se plaignent de la bureaucratie gouvernementale,
se plaignent que certains fonctionnaires de la loi 101 sont tatillons,
comme ils se plaignent de certains fonctionnaires de l'Environnement ou de
certains fonctionnaires du Travail et peut-être, de temps à autre,
de certains fonctionnaires du ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme. Mais vis-à-vis de la loi 101, je vous rappelle que, lors
d'un souper que je pensais personnellement avec les gens de COPEM, le "Board of
Trade" de Montréal et la Chambre de commerce de Montréal, les
deux groupes, à l'unanimité autour de la table, nous ont dit:
Nous acceptons la loi 101. Nous comprenons que la loi 101 est là pour
rester et finalement...
M. Fortier: Est-ce que le ministre me permet d'intervenir?
M. Biron: Je vais terminer, vous pourrez intervenir après
cela.
M. Fortier: Oui.
M. Biron: Finalement ils m'ont dit: Nous voulons garder la loi
101 telle quelle parce qu'une fois qu'on a passé à travers nos
petits problèmes d'ajustement, nos entreprises sont maintenant
ajustées et nous entendons vivre avec la loi 101 qui devient un actif
important pour le Québec. Si c'était la Chambre de commerce de
Sainte-Croix de Lotbinière qui disait cela, je comprendrais que cela
serait peut-être une petite chambre de commerce, mais lorsque c'est la
Chambre de commerce de Montréal et en plus le "Board of Trade" de
Montréal qui disent cela avec des gens autour de la table qui sont une
moitié anglophone et l'autre moitié francophone, je peux croire
que finalement même dans le monde des affaires il y a des gens qui
acceptent la loi 101. D'autres gens, parce qu'ils sont rouges possiblement et
rouges à Ottawa c'est encore pire que rouges à Québec, ne
veulent rien comprendre et vont critiquer constamment. Ils sont venus au monde
en critiquant et on ne pourra pas les empêcher de critiquer, ils vont
toujours critiquer. C'est peut-être les mêmes gens qui ont
critiqué M. Robert Bourassa lorsqu'il a passé la loi 22,
c'étaient les mêmes qui critiquaient encore. Ils ont
critiqué MM. Daniel Johnson ou Jean-Jacques Bertrand lorsqu'ils ont
passé la loi 63, c'est encore les mêmes gens qui critiquaient et
qui vont toujours critiquer tout le temps de leur vie. Cela si ce sont des
"freedom of choice" des gens comme cela, vous les laissez critiquer, ils vont
critiquer et cela finit là.
Quant aux hommes d'affaires du Québec, j'ai l'impression que la
très grande majorité accepte la loi 101. Elle est prête
à vivre avec la loi 101, quitte à faire certains
réajustements de bureaucratie qui, à l'intérieur du
système gouvernemental, qui n'est pas nécessairement uniquement
à l'intérieur du système de la loi 101 mais, qui est
véritablement à l'intérieur de tout le système
gouvernemental et même aussi incluant la bureaucratie qu'il y a à
l'intérieur du système fédéral qui est pire que le
système québécois... Cela dit...
M. Fortier: Est-ce que je peux intervenir une seconde
là-dessus M. le ministre?
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Mon intervention, je ne sais pas si j'ai
été assez explicite, touchait justement la réglementation
excessive. Voici un exemple. D'après les commentaires qui nous sont
venus, je suis d'accord avec vous que d'une façon
générale, d'ailleurs notre parti a pris position sur cela, il est
hors de question de remettre en cause la loi 101 dans son ensemble, mais dans
la réglementation tatillonne. Ce qui m'a bien frappé, c'est
lorsque je suis allé en Beauce. Vous allez me dire qu'en Beauce, c'est
99,9% français, pour quelle raison les Beaucerons se plaindraient-ils de
la loi 101? Justement, comme vous le savez, d'ailleurs la presse en a fait un
cas flagrant, même si vous êtes une société vivant en
Beauce, vous parlez français continuellement, vous faites affaires en
français, il y a des inspecteurs du gouvernement qui vous forcent
à remplir des questionnaires, à faire des études. Il y a
une réglementation tatillonne qui fait que les Beaucerons, même
s'ils sont Canadiens français se plaignent que la réglementation
est tellement tatillonne que c'est rendu excessif. C'est dans ce sens que les
hommes d'affaires qu'on a rencontrés sont excédés par
cette bureaucratie et par le pouvoir que possèdent les bureaucrates
d'imposer des démarches inutiles dans bien des cas.
M. Biron: Je pense qu'il y a des choses qui vont encore continuer
à se corriger. Quant au nouveau président de l'Office de la
langue française, M. Aubin, le gouvernement a reçu des
félicitations de tout le monde pour l'avoir choisi. Il était
autrefois à l'Alcan. L'ex-président, M. Gosselin, avait fait
d'ailleurs un excellent travail.
Concernant les questions du député d'Outremont à
l'égard de l'administration proprement dite de la Société
des alcools, si nous avions cru qu'il n'y avait absolument aucune critique et
aucun bien-fondé aux critiques qui existaient dans le milieu de
l'industrie des boissons alcooliques, le gouvernement du Québec n'aurait
pas décidé de convoquer une table de consultation à la fin
du mois de février pour consulter ses principaux partenaires dans le
domaine des boissons alcooliques. C'est parce qu'il y avait des choses qui,
à notre point de vue,
pouvaient s'améliorer que nous avons convoqué ces gens et
c'est parce qu'il y a encore des choses à améliorer que nous
discutons avec ces gens, à peu près à chaque semaine ou au
moins quelques fois par mois. J'assure le député que les
informations qu'il a présentement datent déjà de plusieurs
mois puisque depuis quelques mois, depuis la table de consultation en
particulier, il y a eu une relation constante entre les officiers du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, les officiers du
ministère des Finances et les principaux intervenants dans le domaine
des boissons alcooliques pour trouver les meilleurs moyens possible de
répondre aux besoins du milieu, tout en protégeant la
collectivité québécoise. Ce n'est pas une question de
prestige si le gouvernement du Québec dit: La Société des
alcools du Québec va continuer de demeurer dans le secteur de
l'embouteillage et de la transformation ou fabrication des boissons
alcooliques. Je pense que c'est important pour nous d'avoir un secteur
témoin pour savoir exactement les coûts d'exploitation des autres
entreprises aussi en même temps. Je peux assurer le député
que l'opération embouteillage, l'opération manufacturière
de la Société des alcools n'est pas déficitaire, elle est
même profitable. C'est vrai que vous allez me dire qu'il y a de
très grosses lignes de production, ce que le petit embouteilleur
privé n'a pas, c'est exact, mais il y a énormément
d'argent qui a été investi au cours des années dans
l'embouteillage par la Société des alcools du Québec, donc
les citoyens québécois. Ce domaine de l'embouteillage est
rentable. Ce dont nous voulons nous assurer, c'est qu'il y ait une
comptabilité très serrée. Les chiffres que nous avons nous
disent que c'est rentable, mais nous voulons nous assurer qu'il y a une
comptabilité très serrée et vraiment séparée
entre l'opération manufacturière et l'opération gros et
détail du commerce des boissons alcooliques. Une fois que ces chiffres
très serrés seront connus de tous, je pense que tout le monde va
reconnaître que la Société des alcools du Québec est
un compétiteur normal d'autres manufacturiers ou d'autres embouteilleurs
de boissons alcooliques.
Là où nous voulons aider davantage et où nous
croyons pouvoir aider davantage... La faiblesse de la part de la SAQ et du
gouvernement du Québec a été de mettre certaines entraves,
peut-être d'une façon accidentelle, mais certaines entraves au
commerce des boissons alcooliques que nous pouvons faire avec d'autres
régions du globe ou d'autres pays. Le Québec peut vendre des
boissons alcooliques dans l'Ouest canadien, en Ontario, en Nouvelle-Angleterre,
partout à travers le monde. Il y a possibilité de le faire. Il
faut se servir de la Société des alcools du Québec pour
donner l'assurance que la qualité est respectée. Je dirai que
j'ai eu des contacts avec beaucoup de gens en Nouvelle-Angleterre. Pour eux, la
Société des alcools du Québec est synonyme de
qualité, de contrôle de la qualité. Ils sont prêts
à faire affaires avec des embouteilleurs québécois, et
même avec les plus petits de nos embouteilleurs québécois,
à condition que la Société des alcools du Québec
puisse garantir la qualité des produits. C'est signe que la SAQ est
là pour quelque chose et qu'elle est respectée dans d'autres
marchés.
Là où nous voulons agir encore plus, nous voulons agrandir
la "tarte" québécoise de 700 000 000 $ ou 800 000 000 $ incluant
les taxes à la fois au Québec et à Ottawa. En 1980-1981,
nous avons payé au gouvernement fédéral 134 000 000 $ de
taxe de vente et d'accise par le biais de la Société des alcools
du Québec. Cela fait pas mal d'argent versé au gouvernement
fédéral. Je pense que le fédéral va nous
écrire une lettre de remerciements pour percevoir autant d'argent,
autant de taxes pour ce gouvernement.
Ce que nous voulons dans le fond, c'est aider les entrepreneurs
québécois à conquérir de nouveaux marchés.
Il n'est pas question que la Société des alcools du Québec
libère un marché immense et dise aux embouteilleurs privés
québécois: Messieurs, prenez le marché et ne vous battez
pas pour d'autres marchés. La Société des alcools du
Québec et le gouvernement du Québec veulent aider par tous les
moyens possibles les embouteilleurs québécois à
conquérir de nouveaux marchés et augmenter le chiffre d'affaires
québécois. On sait que chaque fois qu'on peut augmenter le
chiffre d'affaires québécois, ce n'est pas tout simplement du vin
qui arrive ou des spiritueux qui viennent et qui repartent, le vin et les
spiritueux arrivent, mais nous y additionnons les bouteilles, les
étiquettes, les bouchons, la mise en bouteille, la boîte, le
transport, l'administration. Alors, il y a énormément d'additions
de contenu québécois. Les statistiques nous disent que, sur le
vin, il y a 50% qui est la valeur du vin, et les autres 50%, c'est la mise en
bouteille, les bouteilles, les étiquettes, les bouchons et tout cela.
Ces 50%, on est capable de le faire au Québec. Je comprends qu'on n'est
peut-être pas capable de faire le vin, mais les autres 50% on est capable
de le faire.
C'est dans ce sens que la SAQ va aider et va collaborer avec les
entreprises privées à conquérir des marchés
à l'extérieur du Québec et, finalement, au lieu d'avoir un
marché de 800 000 000 $ incluant les taxes, nous aurons peut-être
un marché de 1 500 000 000 $ si tous les entrepreneurs privés
dans ce sens veulent nous aider et veulent travailler avec le gouvernement du
Québec et la SAQ.
Alors, je répète au député d'Outremont
qu'il y a des choses à améliorer. Le gouvernement du
Québec a décidé de les améliorer, mais nous les
améliorerons après de longues consultations avec nos partenaires
du secteur privé. Ces consultations sont en cours et je pense que cela
fonctionne très bien. Il n'y a pas eu tellement de critique au cours des
derniers mois vis-à-vis de l'attitude du gouvernement ou de la SAQ,
parce qu'il y a eu des négociations constantes avec ces gens. Lorsque
toutes les décisions seront finalisées, je suis sûr que
tous les intervenants du secteur, et même l'Opposition, pourront
féliciter le gouvernement et la SAQ de ses décisions.
M. Fortier: M. le ministre, vous nous reprochez de ne pas
être au fait des derniers développements. C'est bien sûr,
parce que, à ma connaissance, aucun document public n'est provenu de
votre ministère. Ce qui plus est, l'Opposition n'a pas été
invitée au sommet dont vous parlez. Alors, c'est assez difficile pour
nous d'être au courant de ce qui se passe, à moins de tenter de
s'informer comme je le fais présentement. À un moment
donné, on va être devant des faits accomplis. (17 heures)
Vous parliez tout à l'heure... Je n'ai pas compris exactement
dans quelle direction vous allez, si ce n'est que vous avez parlé d'un
secteur témoin. D'après les informations que j'ai, c'est à
l'effet que la ligne d'embouteillage de la Société des alcools du
Québec est tellement considérable et que malheureusement, elle a
été construite à un moment où 80% de la
capacité d'embouteillage dans le secteur privé ne sont pas
utilisés. L'investissement de la Société des alcools
aurait pu ne pas se faire et nous aurions pu, il y a trois ou quatre ans,
développer cette nouvelle industrie dont vous parlez.
Dans Le virage technologique, on souligne avec beaucoup
d'à-propos, je crois, que pour pouvoir exporter, il faut avoir un
marché domestique. J'espère que le ministre sera d'accord avec
moi pour dire qu'il serait à peu près impossible pour l'industrie
des vins et spiritueux du Québec qui voudrait agir dans le domaine de
l'embouteillage et même dans la fabrication du vin, si c'est possible, ou
du moins dans le merchandising ou la fabrication de marques, soit en
mélangeant des vins ou autrement... Si on ne laisse pas ce secteur
à l'industrie privée et s'il n'est pas assez considérable,
on ne pourra pas permettre le développement de l'industrie
souhaitée.
La dernière question que j'aimerais poser au ministre est
celle-ci: Quel est son calendrier? Est-ce que ceux qui sont impliqués
dans ce secteur auront une dernière chance de s'exprimer ou, est-ce que
ces démarches se font uniquement dans le domaine privé? Et,
est-ce que les gens qui s'intéressent à ce problème auront
une chance de se manifester avant que le ministre ou le cabinet ne prenne des
décisions finales?
M. Biron: D'abord, il y a eu la consultation publique de la fin
de février 1982. En fait, c'était la première fois dans
l'histoire qu'il y avait une consultation entre le gouvernement et ses
principaux partenaires dans le domaine des boissons alcooliques et suite
à la table de consultation où chacun des représentants
nous a déposé un mémoire et fait part de ses principales
doléances, nous avons essayé de faire un point commun dans tout
cela. Je ne vous cache pas qu'il y avait des réclamations qui
étaient totalement opposées l'une à l'autre. Il fallait
essayer de faire une espèce de consensus à travers tout cela
pour, au moins, ne pas aller à l'encontre - ni trop loin non plus - de
ce que les intervenants nous proposaient ou nous demandaient. Ensuite, il y a
eu des discussions privées avec les principaux groupes, les principaux
représentants des manufacturiers de boissons alcooliques. Finalement,
certaines suggestions seront présentées au comité
ministériel des développements économiques certaines
suggestions afin de permettre aux sociétés
québécoises de profiter pleinement de ce marché tout en
laissant à la Société des alcools une liberté
d'action qui pourra lui valoir d'être traitée comme un concurrent
normal de toutes ces sociétés privées.
L'échéance est prévue au cours des prochaines semaines ou
au moins des deux prochains mois et après coup, il y aura un projet de
loi pour faire certains changements de structures à l'intérieur
de la Société des alcools, si nous voulons vraiment
démarquer les activités manufacturières des
activités des grossistes ou de vente au détail. Le projet de loi
sera présenté, bien sûr, devant l'Assemblée
nationale. À cette occasion, les membres de la commission parlementaire
pourront certainement demander que les principaux officiers de la
Société des alcools comparaissent devant eux pour pouvoir voir
plus avant.
M. Fortier: À l'automne probablement. M. Biron: Ce
sera à l'automne.
M. Fortier: J'aurais juste une dernière question au sujet
de la Société des alcools. On en a fait état dans les
journaux et tous les députés ont reçu des
communiqués venant soit des détaillants ou de la
société Steinberg à l'effet que la vente des vins chez les
commerçants dits indépendants avait aidé
considérablement ces indépendants, depuis plusieurs
années. Autrefois, ils bénéficiaient du privilège
de la vente de la
bière; s'est ajouté récemment celui de la vente du
vin. La compagnie Steinberg, de son côté, croit qu'il s'agit d'un
privilège injustifié, compte tenu du fait que les soi-disant
indépendants représentent maintenant 62% du marché et que
de plus, les indépendants sont organisés dans des structures
tellement bien établies qu'il s'agit, dans certains cas,
d'indépendants purement et simplement et, dans d'autres cas,
d'indépendants qui sont des créatures légales d'un
organisme beaucoup plus considérable. La compagnie Steinberg, je crois,
a fait des représentations et je me demandais si le ministre
s'était penché sur le dossier. La compagnie Steinberg avait fait
des représentations selon lesquelles les conditions qui pouvaient
exister en 1925 et en mille neuf cent tranquille, pour favoriser
l'indépendant du coin qui était très démuni
à ce moment-là, ces conditions n'existaient plus maintenant et le
privilège de vendre le vin devrait être aboli comme tel,
c'est-à-dire que tous les commerçants, tous ceux qui sont dans la
vente d'épicerie, les épiciers auraient tous le même
privilège et la vente du vin serait permise chez tous ceux qui
pratiquent ce commerce au Québec.
La seconde question, c'est: Est-ce qu'il a regardé les
implications économiques? Je sais bien qu'il y a des
considérations politiques, mais il y a des considérations
économiques qui pourraient permettre justement un développement
d'une industrie au Québec. Je parle de l'industrie dont on parlait tout
à l'heure, pour les vins et spiritueux. De la même façon,
je crois -corrigez-moi, M. le Président, M. le ministre, si je n'ai pas
raison - que la vente du cidre chez Steinberg a permis un
débouché considérable pour ce produit-là, de la
même façon, cela pourrait aussi rendre service aux
Québécois, d'une façon générale.
M. Biron: J'ai répondu ce matin à peu près
à la même question de la part du député de
Beauharnois qui s'en préoccupait beaucoup, mais je résume pour le
député d'Outremont. C'est que, jusqu'ici, le gouvernement n'a
pris aucune décision dans ce sens-là, parce que nous
étudions encore le dossier. Nous n'avons pas été
convaincus, jusqu'ici, d'une amélioration du service à la
clientèle, c'est-à-dire qu'il y a déjà 10 000
points de vente au Québec et il y en a 137 chez Steinberg, ou 143,
quelque chose comme cela, et une soixantaine chez Dominion, plus quelques-uns;
donc un peu plus de 200 points de vente additionnels. On n'est pas totalement
convaincu qu'il y aura une amélioration du service à la
clientèle puisque déjà il y a un excellent service, compte
tenu de la décision du gouvernement du Québec, du Parti
québécois, en 1977, de donner le permis de vente de vin dans les
épiceries, les dépanneurs, tout cela; il y a tout près de
10 000 points de vente dans ce sens-là.
Deuxièmement, le développement économique du
Québec, ça nous intéresse beaucoup. Nous avons
étudié, sous cet angle-là, la possibilité
d'élargir nos permis de vente de boissons alcooliques ou de vin à
de grandes d'épiceries à succursales. Encore là,
Il n'y a pas eu d'arguments qui nous ont convaincus qu'il y avait lieu
de décider immédiatement d'octroyer le permis de vente aux
grandes entreprises d'alimentation. Et il n'y aura pas non plus
d'économie sur le prix des produits, de même que nous ne croyons
pas qu'il y aura augmentation de vente de vin parce que ce sera tout simplement
un déplacement entre l'épicier du coin et la grande entreprise
d'alimentation.
Jusqu'ici, nous avons préféré en rester au statu
quo, ce qui ne dit pas que nous avons fermé le dossier
complètement. Nous continuons à évaluer le dossier et,
s'il y a des arguments vraiment convaincants, dans le sens d'un meilleur
service à la clientèle, du fait que le Québec pourrait
profiter de la présence du vin dans ces grands magasins d'alimentation,
pris dans le sens que le développement économique du
Québec pourrait être amélioré
considérablement ou d'une façon appréciable, bien
sûr, nous serions prêts à revoir notre position. Mais, pour
le moment, c'est le statu quo qui prévaut.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne. M. le député de Terrebonne avait demandé la
parole. Est-ce que vous...
M. Blais: Sur la régie.
Le Président (M. Boucher): II y a MM. les
députés de Beauharnois et de Chambly, sur la même
chose.
Mme Harel: Est-ce que, de toute façon, la compagnie
Steinberg, dont les entrepôts sont situés dans le comté de
Maisonneuve, est-ce que la compagnie Steinberg n'a pas, de même que ses
concurrents, l'intention prochaine d'installer un réseau de
marchés au détail, de dépanneurs sous l'appellation La
Maisonnée qui vont lui permettre également de
bénéficier de ce qu'elle reproche à ses concurrents?
M. Biron: C'est exact, Steinberg a déjà
commencé à installer un réseau de petits points de vente
appelés La Maisonnée, mais ce n'est pas tout à fait
géré de la même façon que les magasins à
grande surface. Ces petits magasins La Maisonnée sont
gérés un peu de la façon que Provigo gère ses
Provisoir ou quelque chose comme cela, c'est-à-dire que
l'équipement de même que les fournitures à
l'intérieur du magasin appartiennent aux petits propriétaires.
Dans ce sens, le propriétaire du magasin La
Maisonnée, qui est rattaché à l'entreprise
Steinberg, a le droit de détenir un permis.
En fait, si Steinberg décidait de vendre ses 130 ou 140 magasins
à ses gérants, les gérants pourraient facilement profiter,
comme les Métro-Richelieu ou les Provigo indépendants, de la loi
actuelle et détenir un permis de vente de vin et de bière dans
les magasins à grande surface. La loi dit que c'est le
propriétaire unique et que, s'il a cinq magasins ou plus, il ne peut
détenir de permis.
Dans ce sens, c'est aussi pour nous un élément important,
parce que c'est sûr qu'on ne peut pas demander au président de
Steinberg d'être partout dans tous ses magasins, alors que le
propriétaire unique, parce qu'il est présent constamment dans son
magasin, assure un certain service à sa clientèle que nous
croyons devoir rémunérer par un permis spécial de vente de
vin, parce qu'on croit que le service à la clientèle est un peu
meilleur ou plus personnalisé dans ce sens.
M. Fortier: Mais ne croyez-vous pas, M. le ministre, que, dans un
cas comme cela, Steinberg ayant décidé d'avoir une structure
corporative, et, dans d'autres cas, d'autres magasins à succursales
peuvent avoir une philosophie de fonctionnement différente, il s'agit de
fiction juridique? On dit: Monsieur X sera propriétaire sur papier. La
compagnie Steinberg ne désire pas jouer ce jeu. Enfin, je me pose des
questions sur l'équité qui dérive d'une situation comme
celle-là, alors qu'il s'agit de fiction juridique que tout bon avocat
peut régler en moins de deux pour n'importe qui. Dans certains cas, je
crois que Provigo le fait. Ce sont des fictions juridiques, dans bien des cas,
mais je pense que tout le monde autour de la table va admettre que la situation
qui prévalait en mil neuf cent tranquille, alors que l'épicier du
coin était tout seul dans son coin, était que la décision
qui avait été prise c'était d'aider justement un
épicier qui était complètement démuni face à
une nouvelle technologie qui était la technologie apportée par la
compagnie Steinberg. Mais on se retrouve maintenant, en 1982, devant une
situtation de fait complètement différente où les
indépendants se sont regroupés, où certains grands
magasins à succursales s'arrangent pour créer fictivement des
indépendants pour respecter la loi. Mais là on est devant une
hypocrisie tout à fait considérable et je crois que, tous
ensemble, nous en sommes responsables. Mais j'accepte les explications que le
ministre nous a données et j'ose espérer que son étude
plus approfondie du dossier va l'amener à reconsidérer la
situation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Pour boire la bouteille jusqu'à la lie, je vais
continuer avec la Société des alcools. Le modèle de
l'Opposition semble un peu celui de l'Ontario Liquor Board, mais il demeure
quand même que la mentalité est extrêmement
différente entre les deux populations. On le voit dans les compagnies
installées sur les mêmes territoires. Elles ont les
mentalités de la population. Je me souviens qu'à
différentes reprises, on a eu des grèves ici au Québec,
à la Société des alcools, par exemple. J'avais plusieurs
permis de la Société des alcools. Je descendais en Ontario, en
cachette, chercher de la boisson, comme tout le monde le faisait, pour vendre
dans mes commerces. C'était de notoriété publique, tout le
monde le faisait. On voyait sur les tablettes un Sangria, par exemple, en
Ontario. Pour la Régie des alcools de l'Ontario, c'est assez facile, les
produits ontariens se vendent bien, comme vous nous dites que nos produits
québécois se vendent bien, mais l'Ontario n'achète pas les
nôtres, il n'y en a pas sur les tablettes. Melchers, Marchand, par
exemple, ont fait faillite, il y a quelques années, à cause de
cela. Je crois que l'Ontario entretient envers le Québec un sorte de
xénophobie ou, permettez-moi le néologiste, de
"québécophobie" et n'achète pas tellement de produits qui
sont faits ici. Sur les tablettes, il n'y en avait pas. C'est ce modèle
que vous pensez qu'on devrait appliquer chez nous. Tous nos acheteurs de
produits qui viennent d'outre-frontière géographique qui
s'appelle l'Ontario, si vous pensez qu'ils devraient faire leur cette
mentalité, comme la Régie des alcools de l'Ontario l'a fait
sienne.
À ce moment-là, ce sera beaucoup plus facile... (17 h
15)
M. Fortier: Vous me posez une question?
M. Blais: ... d'encourager nos produits. Mais je ne crois pas
qu'il faille imiter la Sun Life, qui refuse un gros contrat à une
compagnie qui a comme seul défaut d'être québécoise,
même si sa soumission est 1 500 000 $ plus basse. Si c'est cette
xénophobie que vous voulez que nous "entretenassions" avec l'Ontario,
bien, à ce moment, il va falloir que vous nous permettiez de mettre
beaucoup d'argent dans la publicité afin que change notre
mentalité proverbialement généreuse envers les
étrangers, envers les gens qui nous entourent. Je ne crois pas que la
société québécoise y gagnerait quelque chose.
Allez-y de votre question, M. le député.
M. Fortier: Si vous avez fini, je vais juste faire un
commentaire.
M. Blais: Non, je n'ai pas fini, mais vous avez dit que vous
vouliez poser une question.
M. Fortier: La question, c'est pour savoir si nous sommes pour
une politique qui empêcherait les produits québécois
d'aller en Ontario et les produits ontariens de venir au Québec. La
réponse à cela, c'est non. D'ailleurs, cela me fait plaisir de
voir dans Le virage technologique qu'on fait allusion indirectement au
marché commun canadien. Je crois que les commentaires du
député sont un peu injustes pour l'Ontario. Pas dans le cas du
Liquor Board of Ontario, mais, d'une façon générale,
l'Ontario a toujours pratiqué une politique très
généreuse en ce qui concerne le marché commun
canadien.
M. Blais: Vous êtes aveugle.
M. Fortier: Non, je vais en donner des exemples. Dans Le virage
technologique en particulier, on fait allusion au fait que les grands bureaux
de génie-conseil seraient peut-être malmenés dans d'autres
provinces. Je vous dirai que les bureaux québécois obtiennent des
contrats en Ontario directement d'Hydro-Ontario; ils en obtiennent au Manitoba,
ils en obtiennent en Alberta, ils en obtiennent en Nouvelle-Écosse.
M. Blais: Oui, mais Lavalin, c'est un des meilleurs du monde, et
Surveyer, Nenniger et Chenevert, ses bureaux sont les meilleurs du monde.
M. Fortier: Ce n'est pas cela.
M. Blais: Les expertises de ces compagnies... Quand ils n'en ont
pas, s'il n'y a pas de Mouton-Cadet en Ontario, c'est bien sûr qu'on va
le prendre en France.
M. Fortier: Non, je pense que...
M. Blais: Mais quand les Ontariens ont deux sortes de rye, ils
vont choisir le leur et le nôtre va rester chez nous.
M. Fortier: Non, écoutez, si je peux parler de
génie-conseil, comme j'étais un des vice-présidents de
SNC, je peux vous dire que le fait qu'on était embauchés à
l'occasion n'était pas uniquement dû au fait qu'on était
compétents, c'était dû au fait que l'Ontario acceptait que
des bureaux qui n'étaient pas de l'Ontario pouvaient soumettre des
propositions, ce qui n'est pas le cas au Québec. J'essaie d'être
positif; on parle de développement de l'économie, M. le
Président. Pour être positif, si on me pose une question, je dis
que, comme Le virage technologique le souligne, je crois qu'on devrait
favoriser davantage un marché commun canadien pour permettre aux
produits québécois de se vendre ailleurs et aux produits des
autres provinces de se vendre ici. Je crois que là-dessus on va
s'accorder.
M. Blais: Je suis bien d'accord avec vous sur le principe. On
peut avoir des beaux principes, mais quand arrive le temps de les appliquer
dans le cas de Sun Life, comment voulez-vous expliquer qu'on refuse le contrat
à un entrepreneur québécois qui a une soumission de 1 500
000 $ plus basse et que le président de Sun Life dise: On ne peut pas
prendre cet entrepreneur. S'il fallait qu'en cours de route, durant les
travaux, le Québec se sépare. Il croit beaucoup plus à
notre souveraineté que vous, je crois, à ce moment.
M. Fortier: C'est l'exception qui confirme la règle.
M. Blais: II y a beaucoup d'exceptions. Il y en a qui paraissent
et d'autres qui ne paraissent pas. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. M. le député de Chambly.
Le développement industriel
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais vous dire, en
débutant, que je suis assez fier de voir la participation des
députés ministériels à cette commission qui traite
de choses économiques. Cela démontre justement
l'intérêt de notre formation politique pour le
développement économique.
Je voudrais dire aussi que j'ai été frappé par le
discours d'ouverture du ministre en ce qui concerne les nouveaux programmes de
la SDI. Il m'apparaît que la SDI a été, depuis 1974, un
organisme qui a été formé par le gouvernement
précédent et qu'on a bonifié. On ne l'a pas renié
pour la simple raison que cela avait été fait par les autres; ils
ont fait de bonnes choses et je pense qu'il faut les reconnaître. La SDI,
c'en est une. Tout à l'heure, j'ai dû m'absenter pour une couple
de minutes et j'entendais le député de Mont-Royal qui disait
qu'il ne voterait pas pour la proposition Duhaime, que, si c'était venu
d'un autre gouvernement que nous, il aurait voté pour, mais vu que c'est
ce gouvernement, il va voter contre. Bon, je pense que ce serait aussi ridicule
de ne pas utiliser une bonne structure qui est là, qui est en place et
de la bonifier que d'affirmer une telle chose.
En fait, j'ai été frappé par les nombreuses
modifications à la Société de développement
industriel, en particulier, tout le côté qui vise à aider
nos manufacturiers à faire du développement, à faire de
l'exportation. C'est ma conviction depuis déjà
un bon moment que c'est là une avenue qu'il fallait organiser; on
sait que la structure industrielle du Québec est formée de
beaucoup de PME qui n'ont pas toujours les équipements internes pour
s'occuper efficacement de leurs exportations.
Le ministre disait ce matin qu'il y aura donc des mécanismes de
prospection du marché, de financement des exportations et aussi la
possibilité pour la SDI de participer à des consortiums de vente,
j'imagine, à l'étranger. Il y a quatre volets majeurs qui seront
développés, soit l'ouverture de nouveaux marchés, la mise
en place de structures permanentes dans les entreprises pour la fonction
exportation et, à ce niveau, la SDI va donner un coup de main aussi
à ces gens en plus de les aider à structurer leur gestion
interne. Je suis très heureux de constater, encore une fois, que la SDI
va participer plus intensément au développement de
l'exportation.
Il y a une autre chose que la SDI va faire. Dans le même esprit,
elle va donner des crédits pour la prospection, pour favoriser les PME
à obtenir des prêts à taux d'intérêt et
financer jusqu'à 85% des dépenses encourues pour
pénétrer un marché étranger. On dit, en terminant,
qu'en cas d'insuccès de l'opération - ça peut être
assez dispendieux pour une PME, ces tentatives de vendre ses produits à
l'extérieur, pas seulement en France. On a tenté tout à
l'heure de nous faire accroire que le Québec essayait de vendre à
l'extérieur, mais seulement à la France. Je ne pense pas que ce
soit l'objectif. Il y a un marché de 250 000 000 de personnes à
côté de nous, les États-Unis, un marché beaucoup
plus intéressant pour nous que l'Europe, même s'il y a des efforts
pour vendre dans le monde entier. Il est bien certain que le marché
américain est le plus intéressant pour nous. Ce sont nos voisins
et ils sont à 50 milles d'ici, peut-être à 100 milles, je
ne sais pas, par la Beauce.
C'est bien sûr que le marché nord-américain - en
particulier le marché américain - c'est le marché le plus
intéressant pour nous. On a déjà des structures de
fonctionnement qui ressemblent aux siennes. On comprend déjà le
fonctionnement parce qu'on est des Nord-Américains; le
développement, l'exportation, ça va donc se faire sûrement
en très grande partie avec nos partenaires du Canada et des
États-Unis. Je me montre très satisfait de cette opération
et je voudrais demander au ministre quels crédits il prévoit dans
ces nouveaux programmes. Est-ce que ce sont des crédits importants qui
seront attribués à ces nouveaux développements?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: Je remercie le député de Chambly de son
intervention et de sa question. C'est intéressant de noter que, sur
l'augmentation du budget du ministère de l'Industrie, du Commerce et
Tourisme, sur les 16% d'augmentation, la plus grande partie ou la
totalité de l'augmentation va aux budgets de transfert,
c'est-à-dire de transfert du gouvernement ou du ministère
à des entreprises pour développer le Québec. Il est
sûr que, lorsque le gouvernement donne une subvention de 50 000 $, de 100
000 $ ou de 500 000 $, l'entreprise elle-même investit beaucoup et
ça équivaut à une importante économie. C'est dans
ce sens que les actions du gouvernement ou du ministère ont
évolué un peu au cours des années. Pour vous donner un
exemple, pour le dernier projet, le plan d'urgence d'aide à la PME,
c'est sûr que cela coûte 15 000 000 $ cette année au
gouvernement du Québec, mais nous allons injecter dans l'économie
québécoise au-delà de 200 000 000 $. Ces 200 000 000 $
vont tourner à plusieurs reprises et ils vont rapporter des taxes
à la fois au Québec et au gouvernement fédéral qui,
en passant, aurait dû collaborer avec le gouvernement du Québec
pour aider les entreprises et conserver les emplois. D'ailleurs, le rapport du
comité des fonctionnaires Québec-Ottawa, qui avait
été formé à l'occasion d'une rencontre avec les
ministres fédéraux, MM. Lalonde, Lapointe et Gray, dit à
peu près textuellement que l'analyse du gouvernement du Québec
est exacte, que le diagnostic est parfait et que le remède
apporté ou les décisions du gouvernement du Québec sont
excellentes, que le programme du Québec est excellent. C'est en plein le
programme qu'il fallait pour répondre aux besoins des entreprises
québécoises en mars et avril 1982. Même les fonctionnaires
fédéraux recommandaient au gouvernement fédéral
d'instituer exactement le même programme que celui que le gouvernement du
Québec a institué. Finalement, les fonctionnaires
fédéraux, très honnêtement, ont dit aux ministres
fédéraux: Vous êtes dans les nuages jusqu'au cou, retournez
donc à Québec et entendez-vous donc avec le gouvernement du
Québec. C'est Québec qui connaît le mieux sa structure
économique et qui connaît le mieux les besoins de ses entreprises.
Il les connaît bien mieux que nous qui sommes bien loin à Ottawa
pour voir véritablement ce que sont les besoins de l'entreprise
québécoise.
Dans ce sens, le fait d'employer 15 000 000 $ cette année va
générer énormément d'économie d'argent qui
va tourner. On va faire injecter par les entreprises et par les banques
au-delà de 200 000 000 $. Les actions du gouvernement, du
ministère, cette année sont beaucoup plus dans ce sens,
c'est-à-dire de se servir du peu que nous mettons en
circulation comme levier, parce qu'on n'a pas tellement d'argent et
qu'il faut vivre dans des situations économiques assez serrées.
Cela nous force à inventer des méthodes par lesquelles cela va
être plus profitable et plus rentable à la fois pour le
Québec et les entreprises québécoises. On n'était
pas obligé de faire cela au cours des années passées, il y
avait un peu plus de latitude les 20 dernières années, dans ce
sens. Finalement, quand on n'est pas dans le coin de l'arène, qu'on
n'est pas rendu véritablement dans les câbles, on n'est
peut-être pas obligé de décupler ses énergies et
d'inventer des façons nouvelles d'en sortir.
À cause du contexte actuel, je veux rendre hommage aux
fonctionnaires du ministère et de la Société de
développement industriel. Ces gens ont trouvé des méthodes
modernes, des moyens inédits pour faire en sorte que le peu d'argent
qu'on met en circulation profite au maximum à la fois aux entreprises
québécoises et à la collectivité
québécoise. C'est dans ce sens que notre argent servira
efficacement.
M. Tremblay: Dans ce sens, M. le ministre, vous en avez
parlé un peu, est-ce que vous prévoyez une ouverture du
gouvernement fédéral bientôt pour appuyer le gouvernement
du Québec dans la création d'emplois, compte tenu des efforts
qu'on fait présentement? Je lisais dans une brochure du ministère
des Finances, "Dynamique des finances publiques au Québec", que, chaque
fois qu'on met un dollar dans l'économie, qu'on crée un emploi,
si le bénéficiaire éventuel de l'emploi est un
bénéficiaire de l'assurance-chômage, il y a 69,5% de ce
dollar qui bénéficie au gouvernement fédéral et
seulement 6,5% qui profite au gouvernement du Québec. Si c'est un
bénéficiaire de l'aide sociale qui obtient l'emploi qui a
été créé par notre effort, le gouvernement
fédéral en retire 39,2% et le gouvernement du Québec
27,7%. Encore une fois, c'est beaucoup plus considérable, beaucoup plus
payant pour notre partenaire qu'est le gouvernement fédéral que
pour nous, si, nous, on investit l'argent. C'est un peu comme si on disait: On
va se lancer en affaires ensemble, moi, je mets l'argent et toi, tu retires les
bénéfices. Il me semble que cela n'a pas de maudit bon sens.
C'est à peu près la même situation quand on crée un
emploi pour un nouvel arrivant sur le marché du travail. On a 20,4% qui
va au gouvernement fédéral en bénéfices directs et
6,3% au gouvernement du Québec. C'est presque aberrant de regarder ces
chiffres. On se dit que le gouvernement fédéral va certainement
vouloir embarquer avec nous dans cela, premièrement parce qu'il a une
responsabilité dans le développement économique; c'est
censé être lui, selon la Confédération, qui a cette
juridiction, cette responsabilité. (17 h 30)
En plus de retirer plus de bénéfices que nous, je suis
persuadé qu'Ottawa va mettre de côté sa hargne contre le
Québec et vont embarquer éventuellement, parce qu'il me semble
que cela n'a pas d'allure. Dans ce sens, on pense que cela commence à
arriver, les députés libéraux fédéraux qui
ont fait jusqu'ici office de carpe dans un lac, il commence à sortir
quelque chose d'eux. J'imagine qu'ils vont faire des pressions sur leur
gouvernement pour qu'il en mette aussi dans le pot, pour qu'on puisse
créer plus d'emplois qu'on en crée là. Est-ce que vous
prévoyez bientôt une ouverture du gouvernement
fédéral?
M. Biron: Je dirais au député de Chambly que j'ai
été énormément déçu depuis un an, de
l'attitude du gouvernement fédéral. Lorsque je suis entré
en fonction à Québec, je me suis dit que j'essaierais de
négocier honnêtement le maximum de collaboration, au point de vue
économique, pour les entreprises et pour les travailleurs du
Québec avec le gouvernement fédéral.
Je suis allé à Ottawa à plusieurs reprises
rencontrer M. De Bané, M. Lapointe, M. Gray. Nous avons discuté
ensemble à plusieurs reprises et, chaque fois, je leur faisais des
suggestions, je pense, qui étaient valables. Ces gens ne veulent pas
collaborer avec le gouvernement du Québec; je ne dis pas que M.
Lapointe, pour prendre un exemple, ne veut pas. Je pense que M. Lapointe est
réceptif et qu'il veut collaborer, mais ce n'est pas lui qui est le
patron. Les dirigeants, M. Trudeau et son petit groupe restreint de hauts
fonctionnaires ou de conseillers, se refusent à faire quoi que ce soit
pour le Québec, parce qu'ils ont une haine morbide des
Québécois. Ces gens haïssent les Québécois;
ils se servent des Québécois pour être élus, mais
ils haïssent les Québécois et ne veulent pas aider le
gouvernement du Québec dans ce sens-là.
Je donne l'exemple du textile-vêtement. C'est peut-être un
des premiers dossiers que j'ai négociés avec Ottawa, lorsque j'ai
entendu dire qu'il y avait un programme qui se préparait à Ottawa
pour aider le textile, le vêtement et la bonneterie. Je suis allé
à Ottawa personnellement, j'ai dit à M. Gray: Vous
préparez un programme. Or, on a un programme au Québec qui marche
très bien depuis un an et demi. Les industriels du textile et du
vêtement disent: C'est le meilleur programme qui ait jamais
été institué par un gouvernement, autant provincial que
fédéral, parce que c'est un programme efficace et dynamique qui
répond rapidement et exactement à nos besoins. C'est un programme
qui est décidé à la fois par un petit groupe, un
comité restreint composé de fonctionnaires, de
représentants
des dirigeants d'entreprises et des représentants des
travailleurs des syndicats qui analysent chacune des demandes qui nous sont
faites et font des recommandations au ministre du Québec en
conséquence.
J'ai dit à M. Gray: Je suis prêt à élargir
mon programme, je suis prêt même à y retoucher si cela ne
répond pas exactement à ce que vous voulez, parce qu'on va
négocier ensemble et on va essayer - si on peut l'améliorer, tant
mieux - de nommer des fonctionnaires fédéraux au comité,
avec les fonctionnaires du Québec, avec les représentants des
dirigeants d'entreprises et les représentants des travailleurs. Une fois
que la recommandation sera faite, on émettra deux chèques, un du
Québec et un d'Ottawa, et les chefs d'entreprises enverront deux lettres
de remerciement et ils iront à la banque endosser deux chèques.
Ce sera à peu près toute la bureaucratie qu'il pourra y avoir
là-dessus, mais au moins il va y avoir un formulaire, un comité
et on va essayer d'aider rapidement les chefs d'entreprises. M. Gray m'a dit:
II me semble que votre approche a du bon sens, je vais y penser.
Quelques mois plus tard, j'ai reçu une lettre qui me disait un
bon matin: Aujourd'hui même, j'annonce la fondation de l'Office canadien
de renouveau industriel. L'Office canadien de renouveau industriel, on essaie
de dire exactement ce que cela va faire pour le textile, le vêtement et
la bonneterie, cela fait à peu près 75% de ce que le programme
québécois fait. Il ne fait pas tout ce qu'on fait, parce qu'il y
a certains secteurs d'activité ou certaines régions du
Québec qu'il n'atteint pas. Alors, je prends le téléphone,
je l'appelle et je lui dis: Cela n'a pas de bon sens ce que vous faites, vous
allez faire une bureaucratie pour rien. Ah! C'est notre décision.
Un jour, pas longtemps après, je rencontre un sous-ministre du
gouvernement fédéral, un sous-ministre qui s'occupe de
développement économique là-bas. Il me dit: Écoute,
on n'avait pas le choix, le Québec a pris tout le leadership du textile,
du vêtement et de la bonneterie et le gouvernement fédéral
a décidé de reprendre le leadership coûte que coûte,
à n'importe quel prix. J'ai dit: Même au prix de faire de la
bureaucratie, de pénaliser des entreprises et de pénaliser des
travailleurs? Il dit: Même à ce prix, au prix de pénaliser
du monde, nous allons comme gouvernement fédéral reprendre le
leadership. Depuis ce temps-là, il y a eu seulement quelques demandes de
passées; depuis un mois et demi à peu près -cela a pris
six mois à se mettre cela en marche - il n'y a pas une seule demande qui
a été acceptée par le CRI. On a dû arrêter
notre programme temporairement, parce qu'on n'est pas pour subventionner deux
fois les entreprises pour la même chose ou subventionner le gouvernement
fédéral. On a arrêté notre programme, on a dit:
Faites votre demande à Ottawa et on va combler ce qui vous manque mais
il faut passer avant par le CRI, autrement il va vous enlever ce qu'on vous
donne.
Finalement, les entreprises sont pénalisées à
l'heure actuelle. Les travailleurs du textile, du vêtement et de la
bonneterie sont pénalisés, pourquoi? Parce que le
fédéral veut absolument mettre son drapeau rouge quelque part
pour dire: Nous avons le prestige d'avoir aidé des entreprises. Pendant
ce temps, il nuit complètement aux entreprises.
C'est le genre de collaboration qu'on a du gouvernement
fédéral. Dans le domaine de la chaussure, vous le savez, on en a
assez parlé, la députée de Maisonneuve a dans son
comté de ces travailleurs qui sont en train d'être mis à
pied présentement. Pourquoi? Un entêtement du gouvernement
fédéral à pénaliser des travailleurs
québécois. On ferme le secteur de la chaussure. Cela n'aurait pas
coûté un cent de garder le contingentement sur la chaussure; pas
un cent au gouvernement fédéral! Non, on enlève cela. On
n'écoute pas le gouvernement du Québec là-dedans.
Pourtant, pour tous les intervenants, ce n'était pas une question
de politique partisane, ce n'était même pas une question de
souveraineté, d'indépendance ou même de nationalisme,
c'était juste une question économique. Allons-nous garder des
jobs pour des travailleurs et des travailleuses qui ont travaillé toute
leur vie dans la chaussure? La décision du gouvernement
fédéral a été: Non! Pénalisons les
entreprises, faisons fermer les entreprises. On va les mettre en chômage
et ensuite sous l'aide sociale.
Ce n'est pas pour rien qu'il y a un comité spécial du
caucus libéral fédéral qui disait: Ottawa devra
réviser en profondeur ses politiques fiscales et monétaires. Ce
n'est pas un ministre ni un député du Parti
québécois qui dit cela, c'est un comité spécial du
caucus fédéral: Ottawa devra réviser en profondeur ses
politiques fiscales et monétaires. Ils sont de plus en plus nombreux
parmi les libéraux à se dire déçus de l'inertie du
gouvernement fédéral devant la situation économique. "Il
faut cesser de répondre à la crise actuelle avec des cataplasmes,
a déclaré un député libéral
fédéral. Il nous faut un programme cohérent, bien
articulé de relance économique et un leadership pour assurer
cette relance.."
C'est un député libéral qui parle. Le même
député a conclu en disant que si le premier ministre Trudeau
avait l'intention de demeurer à son poste une autre année, il
devrait démontrer plus d'intérêt qu'il n'en affiche
actuellement pour les problèmes de l'économie. C'est dit par un
député libéral fédéral. Quand on parle de
collaboration avec
Ottawa, nous, du gouvernement du Québec, sommes prêts et ce
qu'on veut faire - ce n'est pas une question de politique - au point de vue
économique, c'est de conserver nos emplois et nos entreprises, nous
sommes prêts à collaborer en tout avec le gouvernement
fédéral au point de vue économique pour autant que cela ne
nuise pas au Québec, mais, à chaque fois, il nous arrive des
tuiles par la tête ou ces gens disent: Non!
Dans le domaine de Volkswagen, vous le savez, les travailleurs
étaient avec nous, les chefs d'entreprises, le Conseil du patronat et la
Chambre de commerce, tout le monde était avec nous. Le gouvernement
fédéral a décidé de donner 25 000 000 $ par
année environ de rabais de douane à Volkswagen pour qu'elle
s'établisse en Ontario. Cela aurait été facile de
décider qu'elle s'établisse au Québec. Non! C'était
au Québec et, à cause de la haine viscérale de ces gens
pour le Québec, cela a été non complètement. Je dis
au député et, je le répète, peut-être que les
gens de l'Opposition, parce qu'ils sont les cousins, les fils ou les valets des
maîtres à Ottawa, pourraient au moins passer le message de temps
en temps et dire à leurs maîtres d'Ottawa: Le gouvernement du
Québec est prêt à négocier avec vous en vue de
protéger des entreprises et de conserver des emplois. Bon Dieu! Dites
à vos maîtres qu'ils viennent ici. Quand même ils
viendraient avec leurs chapeaux emplumés et leurs valets à
côté, cela ne fait rien, on va les recevoir pareillement. S'il
faut aller à Ottawa, on va y aller négocier avec eux. Mais on
veut avoir la juste part du Québec et des travailleurs
québécois.
Quand le fédéral veut collaborer à un projet, vous
avez vu que cela réussit. On a réussi avec Bombardier, pourquoi?
Parce que le fédéral a voulu collaborer avec le Québec. On
n'a pas fait de politique avec cela. On a été jusqu'au bout et on
a gagné notre point, mais on a baissé l'intérêt
à 9,7%; baissez l'intérêt à 9,7% et vous allez voir
qu'il y a 100 000 entreprises québécoises qui vont battre des
mains et rengager des travailleurs demain matin. C'est la preuve
évidente que la politique fiscale et monétaire du gouvernement
fédéral, c'est fou raide! Aussitôt qu'on baisse le taux
d'intérêt, automatiquement, on a des jobs, on a des contrats des
entreprises québécoises, qui sont dynamiques, innovatrices et qui
savent comment faire. Aussitôt qu'on veut les pénaliser, il n'y a
rien à faire.
Dans ce sens - c'est peut-être le lieu -je ne sais pas si on peut
adopter une motion; on pourrait au moins faire un voeu pour dire au
gouvernement fédéral: Écoutez, descendez de votre tour
d'ivoire et collaborez avec le gouvernement du Québec pour conserver des
entreprises et des emplois. Je demande à mon collègue d'Outremont
de nous aider dans ce sens. Il pourra certainement parler à son grand
frère, le député libéral d'Outremont à
Ottawa, et dire: Écoute, de temps en temps, est-ce qu'il y a lieu de
collaborer avec le gouvernement du Québec comme vous l'avez fait pour
Bombardier? Finalement, on pourrait réussir.
M. Fortier: Je pensais qu'on était ici pour parler
d'économie, mais je vois qu'on est dans la politique toute pure. J'avais
une question à poser au ministre. Est-ce que le ministre peut me dire
si, dans un Québec indépendant, les taux d'intérêt
seraient plus bas?
M. Blais: Cela n'a rien à voir avec les
crédits.
M. Biron: La réponse, c'est oui, ce serait plus bas.
M. Fortier: Vous avez parfaitement raison. Je pensais qu'on
était engagé dans un débat un peu plus intelligent mais je
m'aperçois que nous sommes dans un débat partisan.
M. Blais: Si on avait un débat plus intelligent, il
faudrait changer l'Opposition, monsieur.
M. Fortier: Encore un commentaire farfelu!
M. Blais: II n'est pas farfelu. Il répond du tac au
tac.
Le Président (M. Boucher): Sur le programme no...
M. Fortier: J'avais des commentaires sur la SDI.
Le Président (M. Boucher): Vous aviez des commentaires.
Est-ce que c'était sur le même sujet que le député
de Beauharnois, qui avait demandé la parole?
M. Lavigne: Je pense qu'on a sauté d'un sujet à
l'autre depuis le commencement. Je ne sais pas - vous pourrez me rappelez
à l'ordre - si vous jugez...
Le Président (M. Boucher): II serait peut-être
préférable de terminer le programme no 2. En fait, on est au
programme no 2, il serait peut-être préférable de le
terminer, et après cela on pourrait passer à d'autre chose.
Les embouteilleurs de liqueurs douces
M. Lavigne: Moi, c'était des informations que je voulais
avoir de la part
du ministre en ce qui a trait aux embouteilleurs, aux petits
embouteilleurs de liqueurs douces par rapport à l'expansion que Reynolds
veut prendre dans la fabrication de canettes. On sait que mon intervention est
un peu semblable à celle de ce matin. Il y a un parallèle
à faire, disons; c'est que ce matin mon intervention était dans
le sens de conserver, protéger, si vous voulez, les petites et moyennes
entreprises au niveau de l'alimentation, les dépanneurs et les petits
épiciers du coin qui présentement ont la distribution du vin dans
les épiceries. On sait que la compagnie Steinberg a fait des demandes
dans ce sens, et le ministre a répondu là-dessus.
Parallèlement à cela, on sait que les embouteilleurs du
Québec - dans mon comté, j'en ai trois, Pepsi-Cola, Coca-Cola et
Seven-Up - ont manifesté auprès de leur député une
certaine inquiétude, même une grande inquiétude quant
à la possibilité de permettre à la compagnie Reynolds
d'augmenter la quantité de canettes au Québec; d'autant plus,
comme vous le savez, M. le ministre, qu'un protocole d'entente avait
été signé entre les embouteilleurs du Québec et le
ministère de l'Environnement pour que les quelques canettes qui sont
déjà en circulation, ainsi que les bouteilles, puissent
être retournées au bercail. On pourrait rompre ce
protocole-là si on permettait à Reynolds de fabriquer un plus
grand nombre de canettes, d'une part; d'autre part, les embouteilleurs se
sentaient très menacés dans le sens qu'en augmentant la
quantité de canettes, on nous disait que les canettes devaient
être distribuées par les maisons mères et non par les
embouteilleurs en région. Par le fait même ils commençaient
à penser très sérieusement à diminuer leur
production, à diminuer le nombre de leurs employés, et ainsi ils
auraient créé du chômage.
Je sais que vous avez été un des ministres qui ont eu
à débattre cette question. Je voudrais savoir où en est
rendu exactement le dossier afin qu'on puisse rassurer les embouteilleurs de
nos régions et de nos comtés.
M. Biron: II y a un protocole qui a été
signé - qui est bon jusqu'en septembre 1983 - avec les embouteilleurs et
le gouvernement du Québec concernant les canettes ou les contenants non
récupérables et non recyclables; le protocole sera
respecté jusqu'en 1983. Quant à ce que sera la décision
à la fin de 1983, je pense que, dans quelques mois, on pourra en
discuter avec les gens. À l'heure actuelle, ce que nous cherchons
à faire, c'est protéger les emplois dans les PME en
région, parce qu'il n'y a pas à Montréal de petits
embouteilleurs ou très peu, ce sont surtout de grands embouteilleurs
à Montréal, donc, protéger les emplois chez les petits
embouteilleurs en région. Il faut, deuxièmement, protéger
l'environnement, je pense que cela est important, et troisièmement, voir
aussi à un développement harmonieux et à l'avant-garde des
produits et des technologies nouvelles.
Dans ce sens-là, il faut réaliser qu'il se fabrique ou se
vend à l'heure actuelle au Québec près de 400 000 000 de
canettes en acier. L'acier vient de l'Ontario, parce que c'est un acier
spécial. Donc il y a 400 000 000 de canettes qui viennent de l'Ontario,
qui sont dans le paysage quelque part, qui ne sont ni
récupérées ni recyclées, qui nuisent
énormément à l'environnement, qui procurent des emplois
à des travailleurs à Montréal et qui font en sorte de
remplacer les bouteilles.
Ces 400 000 000, c'est pour les boissons non alcoolisées. Il y a
aussi 100 000 000 de canettes pour la bière qui se font au
Québec, qui sont distribuées à travers tout le
Québec et qui restent aussi dans le décor. Il y a à
l'heure actuelle 400 000 000 de petites bouteilles qui sont
embouteillées en région, qui seraient susceptibles, si la
décision du gouvernement du Québec était d'adopter la
canette d'aluminium, d'être remplacées un jour ou l'autre, mais
pas demain matin. Ce sont ces 400 000 000 de petites bouteilles qu'il faut
protéger en partie, surtout chez les embouteilleurs régionaux,
alors que les grands embouteilleurs, à Montréal, Coca-Cola
Pepsi-Cola ou Seven-Up, ça ne leur fait absolument rien de changer leurs
lignes de production pour des lignes de production de canettes d'aluminium. (17
h 45)
II y a petit problème d'environnement, c'est qu'il faut, si on
met de l'aluminium en circulation, récupérer ces canettes
d'aluminium, ce qui a été passablement un succès aux
États-Unis, là où il y a eu un dépôt. Partout
où il n'y avait pas de dépôt, il a été
difficile de dépasser 40% de récupération; aussitôt
qu'il y a eu un dépôt, on est monté à 80%, 85%, 90%
de récupération. Il y a donc eu un excellent taux de
récupération.
Ce qu'on essaie à l'heure actuelle - on est en négociation
à la fois avec les compagnies d'aluminium, les compagnies de canettes et
les embouteilleurs de boissons non alcoolisées en région - c'est
de concilier tous ces points, de protéger les emplois en région,
soit de laisser l'embouteillage en région, de voir si on ne pourrait pas
d'abord remplacer l'acier de l'Ontario par l'aluminium du Québec - je
pense que personne ne va s'opposer à cela - et remplacer aussi les
bouteilles qui sont quelque part dans le paysage, qui ne sont pas
récupérées ni récupérables et qui forment
véritablement des déchets sauvages et très dangereux. Une
partie de ces bouteilles, qui
sont de petites bouteilles de toutes sortes, pourrait être
facilement remplacée par des canettes d'aluminium. Dans le marché
de la bière, s'il y a 100 000 000 de canettes seulement aujourd'hui,
c'est que les brasseries n'ont pas poussé la vente de bière en
canette. Apparemment, d'après les connaisseurs, la bière en
canette d'acier n'est pas aussi bonne qu'en bouteille. Mais la saveur de la
bière en canette d'aluminium, d'après certains connaisseurs - je
ne sais pas s'il y en a autour de la table qui sont connaisseurs - est
meilleure que dans les contenants d'acier.
Le marché à aller chercher pour la canette d'aluminium, si
on peut s'assurer une récupération avec un dépôt,
serait probablement de 1 500 000 000 de bouteilles de bière qui
circulent dans le paysage, qui sont embouteillées dans les grands
centres -on ne ferait donc que changer les emplois de place - mais qu'on
pourrait fabriquer au Québec, tout en protégeant les emplois chez
les embouteilleurs régionaux.
C'est tout cela ensemble qu'on essaie de concilier en ayant une
société de récupération qui pourrait nous assurer
de récupérer les canettes. Ce qui est intéressant, c'est
que, pour reproduire de l'aluminium une deuxième fois, une fois qu'on en
a produit une première fois, on économise 95% d'énergie.
Le député d'Outremont connaît certainement ces chiffres,
lui qui est un spécialiste du domaine énergétique, mais,
apparemment, les gens nous disent qu'on peut économiser 95%
d'énergie. Et ce qui est intéressant, c'est que, pour la
première transformation, il y a une partie de l'alumine qui est
achetée à l'extérieur du Québec, qui est
transformée après cela en lingots et qui serait
retransformée en canettes au Québec. La deuxième
transformation aurait 100% de contenu québécois. Nous avons
à estimer cela.
Ce qui arrive aussi dans tout ce décor je veux répondre
complètement à la question du député de Beauharnois
- c'est que, si nous ne décidons pas, au cours des prochains mois,
d'avoir des canettes d'aluminium faites au Québec, les grandes
chaînes de production de canettes d'acier sont en train de moderniser
leurs lignes de production en Ontario et on aurait une perte de 200 à
300 emplois pour les 400 000 000 de canettes d'acier qui sont maintenant
manufacturées au Québec et qui ne le seront plus dans deux ou
trois ans d'ici. C'est donc une décision importante qu'il faut prendre.
Tout à l'heure, le député de Maisonneuve nous parlait des
emplois à Montréal et des usines de Montréal. Ces 300
emplois ou à peu près - on a dit 275, pour être exact -sont
à Montréal. On n'a pas le droit de perdre cela. La transformation
des canettes d'aluminium pourrait aussi se faire à Montréal, ce
qui pourrait aider la réactivation de l'économie à
Montréal, mais toujours à condition de protéger les
embouteilleurs en région, possiblement par quotas régionaux. On
cherche avec eux, à l'heure actuelle, la forme de protection dont ils
ont besoin pour au moins garder leurs emplois en région, en les assurant
de faire la distribution des canettes embouteillées dans de grandes
régions comme Montréal. Nous avons parlé en particulier
à des gérants de succursales d'alimentation, comme
Métro-Richelieu, qui nous assurent qu'ils sont prêts à
signer des contrats avec les embouteilleurs régionaux. Ils
n'achèteraient pas les canettes à Montréal, mais les
canettes passeraient véritablement par l'embouteilleur régional
pour être ensuite distribuées aux magasins de vente au
détail.
Il y a aussi un autre point important à noter, c'est que les
petits épiciers sont pénalisés, à l'heure actuelle,
par notre système de récupération de bouteilles. Cela
coûte, en moyenne, 0,06 $ à l'épicier pour la
récupération de bouteilles parce qu'il est obligé de
changer les bouteilles de Coca-Cola, de Seven-Up, de Pepsi-Cola alors que la
bière coûte meilleur marché et que toutes les sortes de
bouteilles sont les mêmes. C'est facile, mais la bouteille de Pepsi-Cola,
de Coca-Cola, etc. coûte 0,06 $ à l'épicier pour la
manutentionner, pour la reprendre. À l'heure actuelle, l'épicier
n'est pas payé du tout par l'embouteilleur pour faire ce travail. Il est
en train de négocier avec l'embouteilleur pour être
récompensé en partie pour le travail qu'il fait pour
l'embouteilleur. Il y a plus la dimension pollution à l'intérieur
des épiceries que représente dans le fond la
récupération de bouteilles.
Je veux assurer le député qu'avant de prendre une
décision, nous nous assurerons de la protection des emplois et des
entreprises en région. Nous nous assurerons de la protection de
l'environnement, avec un système équitable de
récupération, donc avec un dépât. Il n'est pas
question de permettre quoi que ce soit sans dépôt. C'est fort
possible que le dépôt qui sera mis sur la bouteille, sur la
canette d'aluminium, si on décidait d'y aller ainsi, soit une taxe mise
sur la canette d'acier afin, à court terme, d'essayer d'éliminer
le plus possible la canette d'acier, pour que l'aluminium et le verre
deviennent les deux produits du Québec. Tout en espérant pouvoir
faire une trouée sur les marchés étrangers, apparemment en
Nouvelle-Angleterre, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, dans
l'Ouest canadien, on serait prêt à accepter la canette d'aluminium
faite au Québec.
En Ontario, c'est spécifié que seule la canette d'acier
est acceptable parce que c'est compréhensible de sa part, elle veut
protéger son matériel, qui est l'acier.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: À quelle heure termine-t-on nos travaux?
Le Président (M. Boucher): À 18 heures.
M. Biron: Est-ce qu'on pourrait savoir sur quels points vous
voulez discuter ce soir? On pourrait peut-être libérer certains de
nos fonctionnaires qui sont ici.
M. Fortier: J'avais indiqué l'ordre ce matin.
Personnellement, ce soir je devais aborder la SDI et toute la question de
l'exportation. Un peu de ce qui a été dit sur Le virage
technologique qui revient à l'exportation, est relié à
cela, toute la question du CRIQ et des centres de recherche et de la formation
professionnelle. Si on a deux heures ce soir, je ne sais pas si mes
collègues d'en face sont également intéressés par
ce sujet, je pense qu'on pourrait certainement les consacrer à
l'exportation et aux nouveaux programmes.
M. Biron: D'accord. Donc, on peut libérer tous nos gens en
ce qui regarde le tourisme et le Palais des congrès.
M. Fortier: J'avais indiqué ce matin qu'en ce qui concerne
le tourisme, il n'était pas question qu'on en parlât.
M. Blais: Que nous en parlassions.
M. Fortier: Que nous en parlassions. Je vais apprendre avec lui.
Je m'excuse, car je vois M. Labonté, qui est là, et d'autres.
M. Biron: II y a une partie aussi sur la formation
professionnelle, avec l'Institut de tourisme, vous voulez...
M. Fortier: Non, non. La formation professionnelle et l'Institut
de tourisme, cela, c'est avec le tourisme.
M. Biron: On peut laisser cela de côté.
D'accord.
M. Fortier: Ce serait surtout toute la question de la
technologie, de la recherche, du développement et de l'exportation. Je
pense que voilà des thèmes assez importants.
M. Biron: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
commencer tout de suite, étant donné qu'il ne reste que cinq
minutes.
M. Fortier: Si on ne veut pas perdre trop de temps, on peut bien
commencer.
M. Biron: II y a deux petits problèmes, M. le
député. Au programme 1, il y a le tamisage des investissements,
les recommandations que nous faisons à F1RA. Je ne sais pas s'il y a des
questions là-dessus, si oui, on va garder nos gens.
M. Fortier: Non, c'est cela, j'avais une question
là-dessus. Oui, peut-être que...
M. Biron: Et puis les politiques d'achat.
M. Fortier: Je n'y avais pas regardé exactement,
étant donné qu'on y allait un peu...
M. Biron: Oui, mais c'est juste pour garder les gens qui sont
là-dessus, si vous avez besoin d'informations précises.
FIRA
M. Fortier: Oui. Sur la question de FIRA, peut-être qu'on
peut regarder cela.
M. Biron: On va le garder. D'accord.
Mme Harel: Sur FIRA, est-ce qu'on reprend la question ou
est-ce...
M. Biron: On va la regarder ce soir.
M. Fortier: On pourra la reprendre tout de suite en revenant, on
peut commencer maintenant.
Sur FIRA, ce qu'il m'intéressait de savoir, indépendamment
des budgets qui sont mis en place, à ce que je vois, vous avez une
équipe pour faciliter le travail des gens qui veulent venir s'implanter
ici, c'est - je ne crois pas que le ministre se soit exprimé
dernièrement là-dessus - quelle est notre expérience.
Est-ce que, de fait, on considère que FIRA - comme beaucoup
d'investisseurs étrangers le considèrent - est un organisme
négatif en ce qui concerne les investissements au Québec? Est-ce
que sa collaboration est efficace? Autrement dit, quelle est notre
expérience de ce côté et quelle conclusion doit-on en
tirer?
M. Biron: Jusqu'à maintenant, la plupart des avis que nous
avons donnés, en fait, on ne se base pas sur les retombées
économiques au Canada, dans le fond, on nous demande, lorsque cela nous
regarde en tant que Québec, si cela nous intéresse en tant que
Québec. Souvent, cela peut être au profit ou au détriment
de l'Ontario ou d'une autre province. Nous, on veut parler au nom du
Québec. La plupart des suggestions ou des recommandations qu'on a faites
à FIRA ont été suivies, sauf quelques exceptions qu'on a
trouvées vraiment malheureuses. Je sais que la députée de
Maisonneuve va certainement parler du problème de la CAMCO dans son
comté. Je vais lui laisser le soin de s'exprimer en détail
sur ce point. Cela a été une expérience malheureuse. On a
dit non à une entreprise américaine pour racheter l'autre tranche
de 50% ou 40% de la compagnie CAMCO que cette entreprise ne possédait
pas. Finalement, cela a été refusé. Cela a
empêché un investissement important et causé une rupture de
commandes de quelque 50 000 000 $, si ma mémoire est fidèle.
Règle générale, je vous le dis, nos avis sont
suivis. Nous ne nous prononçons pas sur ce qui ne regarde pas le
Québec ou ce qui ne comporte aucun changement. Donc, si l'entreprise est
dans les mains d'une entreprise ontarienne, si le siège social est en
Ontario, si c'est une firme américaine qui veut l'acheter et si cela ne
change rien aux opérations québécoises, l'avis, c'est de
laisser passer. La décision est donc prise au fédéral en
fonction de l'impact économique total. Finalement, je ne peux pas dire
que le Québec ait profité de FIRA. On a peut-être eu un ou
deux ou trois mauvais coups de FIRA, mais, comme tel, le Québec n'a pas
profité de FIRA. Si vous me demandez brutalement si c'est
nécessaire, je dirai peut-être non.
M. Fortier: Je parle de notre bureau à nous, au
Québec; est-il nécessaire d'avoir un bureau?
M. Biron: Oui. On a un petit bureau; si on ne l'avait pas,
peut-être qu'on aurait eu plus de mauvais coups. On a eu seulement
quelques mauvais coups qui ont été faits par FIRA, puis si on ne
l'avait pas, peut-être... C'est une police d'assurance qu'on doit prendre
avec FIRA. Je sais que FIRA est remise en cause à Ottawa et avec
raison.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Bien oui, en fait, là-dessus,
évidemment, la compagnie General Electric, la GE américaine, est,
je pense, retournée et attend encore une décision de FIRA pour
l'achat des actions de General Steal Wares, GSW. Depuis quelques mois, cela a
eu un impact négatif évident sur les activités de
fabrication de CAMCO, boulevard Notre-Dame, à Montréal. On sait
que GE entendait fermer son usine à Chicago, transporter
l'équipement boulevard Notre-Dame et l'usine du boulevard Notre-Dame
avait obtenu ce qui était considéré comme le plus
important contrat en électroménager au Canada, à savoir la
fabrication de 100 000 sécheuses à grande capacité avec
les retombées d'un mandat mondial dans la fabrication de lessiveuses et
de sécheuses. Déjà, des contacts avaient été
faits dans des pays du golfe arabe et en Angleterre particulièrement. On
sait qu'il était confirmé que 200 nouveaux emplois devaient
être créés à la suite de cet investissement de 50
000 000 $ sur cinq ans et de 4 000 000 $ avant Noël. Tout ça n'a
pas eu lieu parce que FIRA a refusé au mois d'août dernier.
General Electric et General Steel Wares semblent avoir des
stratégies de développement industriel non seulement
différentes, mais contradictoires. Et ça m'apparaît
être le problème de cette fusion qui a constitué la CAMCO,
General Steel Wares étant plutôt implantée en Ontario, GE
l'ayant été plus au Québec. Malgré que GE
détient 60% des actions, je pense que GE et General Steel Wares ont un
même nombre de voix à l'intérieur de la corporation qu'est
la CAMCO. Est-ce que GE s'est adressée ici au ministère du
Québec pour obtenir une participation de la SGF à un
éventuel développement de son usine sur le boulevard Notre-Dame?
C'est ma question.
M. Biron: Non. GE est capable seule d'acquérir 100% des
actions et c'est le problème. C'est FIRA qui a empêché
General Steel Wares de vendre ses 40% d'actions à GE et GE voulait les
posséder à 100% à cause de sa stratégie de
développement. FIRA a forcé, dans le fond, les deux entreprises
à demeurer ensemble lorsqu'elles ne voulaient plus demeurer ensemble,
dans le fond. On a forcé un mariage à continuer quand les gens
voulaient divorcer et ne s'aimaient pas du tout, étaient loin de
s'aimer. À tel point que CAMCO est aujourd'hui en situation
économique difficile. Je ne dis pas que ça va fermer à
cause de ça. On a empêché le développement de
l'entreprise. FIRA a nui considérablement là-dessus en voulant
soi-disant protéger une entreprise qui était à Windsor,
Ontario, ou quelque part et je pense que ç'a été une
erreur fondamentale de FIRA dans ce cas précis. Mais GE est encore
intéressée à acheter la partie de General Steel Wares et
à réinvestir, c'est-à-dire que GE veut investir pour
développer l'entreprise et GSW ne veut pas investir. Finalement, c'est
vraiment à l'opposé et il n'y a aucune entreprise qui peut
prendre de l'expansion s'il n'y a pas d'investissements. Dans ce cas, GE est
toujours en négociation avec GSW et avec FIRA. Je ne sais pas ce qui va
arriver au cours des prochains mois, mais j'espère qu'il y a des
décisions qui vont se prendre à ce niveau.
Mme Harel: M. le Président, si vous me le permettez, quand
le ministre fait référence à des
conséquences...
Le Président (M. Boucher): Rapidement. Mme Harel:
Ah! on dépasse l'heure; on
reprendra tantôt.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes en train de
dépasser l'heure. Est-ce qu'il y a consentement pour finir la
question?
M. Fortier: On peut finir la question. (18 heures)
Mme Harel: Quand le ministre fait référence
à cela, évidemment, j'en ai subi les conséquences parce
qu'il y a eu 300 mises à pied l'automne dernier. Les conséquences
sont beaucoup plus importantes parce que, finalement, c'est un mandat mondial
que GE entendait donner quant à la fabrication des grandes
sécheuses avec le renforcement que cela pouvait donner à toute la
structure industrielle de fabrication. Quel est le recours possible? C'est
actuellement devant FIRA à nouveau et nous assistons impuissants
à tout cela.
M. Biron: II n'y a pas pour nous de recours possible devant FIRA.
Nous ne faisons que donner notre avis. C'est malheureux et on constate que
c'est encore plus malheureux que ce qu'on avait prévu parce que non
seulement on a perdu cette première commande, mais on a perdu aussi
d'autres commandes qui viendraient éventuellement. On a vraiment tout
perdu. On est en train de perdre l'entreprise parce qu'il y a mésentente
entre les deux partenaires, c'est pas possiblel Je sais que les gens du
ministère fédéral de l'Industrie et du Commerce sont venus
revoir le dossier. Ils ont eux-même constaté que ce n'était
pas possible de continuer le mariage entre General Steel Wares et GE que
c'était absolument impossible. C'est à partir de là qu'ils
ont fait une recommandation à leur ministre dans ce sens. Que va-t-il
arriver? On va le voir au cours des prochaines semaines ou des prochains
mois.
Mme Harel: La recommandation des fonctionnaires du
ministère fédéral serait positive?
M. Biron: On ne connaît pas la recommandation des
fonctionnaires du ministère fédéral, mais ils sont venus
enquêter sur le dossier. À notre point de vue, ils ont
réalisé eux-mêmes que FIRA s'était fourvoyée
l'an dernier.
M. Fortier: Est-ce que je peux demander au ministre si c'est
récent, cet avis des fonctionnaires?
M. Biron: Cela date de quelques mois déjà.
M. Fortier: Est-ce que vous avez fait des représentations
par écrit pour demander au gouvernement fédéral de
reconsidérer sa décision? Il me semble qu'un appui du ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme du Québec serait bienvenu dans
un dossier comme celui-ci.
M. Biron: J'ai écrit personnellement à M. Gray dans
ce cas.
M. Fortier: Cela ne me surprend pas.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 02)
(Reprise de la séance à 21 h 10)
Société de développement
industriel
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'industrie, du commerce et du tourisme est
réunie pour étudier les crédits du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour l'année 1982-1983. À
la suspension de 18 heures, nous en étions au programme 2 sur la
SDI.
M. le député d'Outremont, vous aviez demandé la
parole.
M. Fortier: Dans la stratégie pour développer nos
exportations, je crois que Le virage technologique donne de ce
côté des embryons de politique qui sont assez pertinents.
J'aimerais quand même que le ministre ou que le président de la
SDI, si le ministre le veut bien, nous donne des explications
additionnelles.
Je ne sais pas si j'ai mal compris, on cherche à
intéresser la PME au marketing et, d'autre part, à l'exportation.
Je pense que selon l'expérience courante - et c'est d'ailleurs
mentionné dans le cas des bureaux de génie-conseil -
l'exportation est le fait, si on prend le tertiaire moteur en particulier, de
deux types différents de société. Si on prend le
génie-conseil comme exemple, il y a d'une part les très grands
bureaux qui sont expérimentés et d'autre part on peut retrouver
de petits bureaux qui ont une technologie ou un "know-how" tout à fait
particulier. Ceci, je crois, rejoindrait une analyse qu'a faite le Conseil de
développement économique récemment, qui avait
analysé d'une façon mathématique les résultats de
différentes sociétés manufacturières canadiennes.
Pour en arriver à la conclusion, pour autant que les
sociétés manufacturières font beaucoup de recherches et de
développements et qu'elles sont très développées
dans le domaine d'une technologie spécialisée, dans la même
mesure, ou même davantage, elles sont très
actives dans l'exportation.
Ma première question serait plutôt générale.
Je crois voir qu'il y a un danger, c'est d'inviter toutes les PME à se
lancer dans le marketing international. Je ne suis pas sûr que ce soit la
meilleure stratégie et je crois que les embryons de politique, en ce qui
concerne la SDI... D'ailleurs, j'ai remarqué dans l'assistance tout
à l'heure un ancien vice-président de la SEE qui est maintenant
avec la SDI, que je connaissais bien. Donc je crois que la SDI, surtout
étant complémentaire à la SEE, peut jouer un rôle
tout à fait pertinent.
Je poserai ma première question sur les stratégies. C'est
une question très générale que je pose. Dans quelle mesure
- bien sûr, elle le dit - va-t-elle être complémentaire de
la SEE? J'ai été moi même président de l'Association
des ingénieurs-conseils du Canada. Les représentations multiples
qu'on avait faites à la SEE étaient que la SEE ne voulait jamais
financer des études de faisabilité dans des pays
étrangers. Peut-être que, de ce côté-là, la
SDI va jouer un rôle en permettant le financement d'études de
faisabilité qui pourraient amener les bureaux de génie-conseil
à aller chercher des contrats dans des pays étrangers.
Peut-être que ma première question se retrouve tant du
côté des bureaux de génie-conseil que du côté
des entreprises manufacturières. Dans quelle mesure la stratégie
de la SDI s'oriente-t-elle vers la PME et dans quelle mesure cela est-il
réaliste et possible?
M. Biron: M. le Président, je crois que je vais demander
à M. François Lebrun, président de la SDI, de
répondre à la question et de donner les explications sur tout le
cheminement des programmes de la SDI vis-à-vis de l'aide à
l'exportation.
M. Fortier: J'imagine que certains des programmes sont nouveaux.
(20 h 15)
M. Biron: Merci, M. le ministre. Je pense que c'est important de
répéter ce que M. Biron a déclaré ce matin, que nos
programmes ont été conçus dans une perspective de
complémentarité, pour tenir compte à la fois des
programmes du secteur privé, des mesures et donc des fonds
déjà disponibles dans le secteur privé, mais
également des programmes et des mesures disponibles à Ottawa. Je
pense que c'est d'ailleurs mentionné de façon explicite dans un
certain nombre de documents, notamment dans le discours du ministre,
également dans le document Bâtir le Québec, phase 2. Cette
perspective de complémentarité m'apparaît importante
à mentionner dès le départ. Est-ce qu'on veut favoriser
les PME? Je pense que, pour répondre à cette question, il faut
rapidement évoquer l'ensemble de notre programmation. Comme vous l'avez
peut-être constaté, nous allons désormais avoir une
programmation nouvelle en bonne partie, qui va comprendre de façon plus
précise quatre programmes. Certains de ces programmes sont
destinés de façon particulière à la PME, d'autres
sont ouverts à l'ensemble des entreprises; donc, cela varie selon les
programmes.
Si l'on pense au premier programme, qui est le programme d'aide à
la formation de consortiums, théoriquement, ce programme s'adresse aussi
bien aux grandes entreprises qu'aux petites et moyennes entreprises. Ceux qui
ont plus d'expérience que moi en matière d'exportation pourraient
peut-être répondre avec plus d'exactitude là-dessus. J'ai
l'impression que ces grosses entreprises sont déjà
présentes au plan international et peuvent se passer plus facilement de
l'aide des gouvernements. Comme le disait M. le ministre cet après-midi,
notre rôle est un rôle complémentaire et supplétif.
Donc, il est possible qu'au départ les grandes entreprises puissent se
passer plus facilement de l'aide gouvernementale que les PME. On verra, on
commence. En fait, on a quelques projets qui sont déjà à
l'étude. Deux ont été soumis d'ailleurs au dernier conseil
d'administration. D'après ce qu'on peut voir à partir de cet
échantillonnage limité, ce sont surtout des PME, à ce
stade. Comme je vous le dis, on commence, on en est à nos premiers
balbutiements en matière d'aide à la formation de
consortiums.
J'en profite pour vous dire qu'un des changements majeurs à nos
programmes, c'est l'ouverture au tertiaire moteur et en particulier aux firmes
de génie-conseil. Jusqu'à ce jour, le tertaire ne pouvait pas
être admissible à nos programmes; il va l'être
désormais. L'ensemble de nos programmes d'aide à l'exportation va
être ouvert au tertiaire et au tertiaire moteur. Donc, il est possible
que des firmes de génie-conseil, des transitaires internationaux, des
courtiers en douane puissent se joindre à d'autres du secteur
manufacturier pour faire partie de ces consortiums dont nous serons
également actionnaires, si c'est jugé utile, toujours de
façon minoritaire et de façon temporaire. C'est une
caractéristique de notre présence: on est là pour faire
démarrer les choses, de façon minoritaire, et on se retire quand
notre présence n'est plus utile.
On a un deuxième programme qui a été
évoqué par le ministre, le programme d'aide sous forme de
crédits de prospection. Ce programme veut favoriser de façon
particulière les PME. On pourra couvrir 80% de leurs dépenses sur
les marchés et ces PME vont bénéficier de prêts
à taux d'intérêt réduits pendant deux ans. C'est la
façon que nous allons utiliser pour favoriser les PME. J'ajoute que le
programme est également disponible aux grandes entreprises.
Dans ces cas, on va couvrir seulement 50% de leurs dépenses de
prospection. Les prêts que nous allons leur accorder vont être des
prêts au taux du marché. Donc - je pense que là je
réponds de façon plus précise à votre question - on
a un programme qui est destiné en principe à la fois aux PME et
aux grosses entreprises, mais on s'organise dans les faits pour favoriser les
PME. Ce programme est réellement conçu pour permettre à
des PME de faire leurs premiers pas à l'étranger; quand je dis
l'étranger, je devrais peut-être dire l'extérieur, parce
qu'un autre des changements majeurs de notre programmation, c'est qu'à
l'avenir, nos programmes vont être ouverts non seulement au tertiaire
mais également vont être disponibles pour des entreprises qui
veulent exporter à l'extérieur du Québec, au Canada, ce
qui est nouveau. Jusqu'à tout récemment, nos programmes
étaient disponibles uniquement pour l'étranger, mais, à
l'avenir, des demandes pourront être admissibles pour des projets qui
vont se situer au Canada, hors Québec.
Le troisième programme est un programme d'aide pour permettre
à des entreprises québécoises de décrocher des
contrats majeurs. Possiblement, ce sont surtout de grosses entreprises
québécoises qui sont sur les marchés internationaux pour
décrocher des contrats majeurs. On les connaît, je pense que ce
n'est pas nécessaire de les mentionner ici. Là, on va agir
-d'ailleurs, c'est clairement dit, c'est même un prérequis - sous
forme de garantie de prêt, de façon complémentaire soit
avec la SEE ou avec des institutions privées, des banques.
Le quatrième programme, en fait, qui est en vigueur depuis
quelque temps, c'est ce qu'on appelle le programme de financement de dernier
recours où on peut financer des transactions à l'exportation pour
des projets qui nous paraissent rentables, mais qui sont trop risqués
pour les banques. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon financement de
dernier recours sous forme de prêt ou de garantie de prêt.
Voilà la gamme de nos programmes. Comme je vous le dis, il y en a pour
toutes les entreprises; certains favorisent davantage les PME.
Maintenant, avant d'accorder de l'aide, en plus d'agir de façon
complémentaire avec le gouvernement fédéral et les
institutions privées, on agit de façon complémentaire avec
un autre organisme québécois qui s'appelle l'Office
québécois du commerce extérieur et cela, il est bien
important de le savoir. Par exemple, pour le crédit de prospection, il
est possible qu'une entreprise pense qu'elle a des possibilités
d'exporter, disons, en Amérique latine. Cela va peut-être donner
lieu à un voyage préliminaire du président, voyage qui
serait assumé par l'OQCE. Si l'individu revient ici et pense qu'il y a
encore plus de chances d'exporter, on va demander, nous, des études de
marchés qui devront être fournies par l'entreprise. Sinon, je
pense qu'en vertu des nouveaux programmes de l'OQCE, il est possible
qu'à l'avenir l'OQCE finance des études de marchés.
Troisième étape, si les études de marchés sont
concluantes et que l'individu nous dit: Je suis convaincu qu'il y a des
possibilités d'exporter en Amérique latine et je suis prêt
à ouvrir un bureau ou à engager un agent, donc, à
établir une structure permanente d'exportation, c'est là que nous
on entre dans le décor et qu'on pourrait l'aider sous forme d'un
prêt au titre du crédit de prospection.
Alors, on va éviter de la sorte, je pense, que les PME ne
s'éparpillent à travers le monde peut-être de façon
prématurée, en se protégeant. Donc, aussi bien pour ce
programme, d'ailleurs, que pour l'aide à la formation de consortiums,
quand un dossier nous est soumis, on sollicite un avis de l'OQCE. Donc, on va
prendre toutes les précautions voulues pour que nos premières
expériences à la SDI au plan international soient
réussies, sachant, par ailleurs, que ces entreprises - parce qu'on le
dit depuis longtemps - ont besoin d'un coup de pouce. On a examiné
l'ensemble des programmes et il nous est apparu que les programmes
fédéraux étaient là, mais qu'il y avait des besoins
non comblés, et c'est ce qu'on a cherché à faire, combler
les besoins dans la mesure des ressources financières mises à
notre disposition.
Je ne sais pas si je réponds de façon satisfaisante
à votre question.
M. Fortier: Je ne comprends pas beaucoup la question du
prêt.
M. Biron: Juste auparavant, pour répondre à une
partie de la question que vous aviez posée parce que vous avez dit:
Exporter ce n'est pas bon pour toutes les PME et pas pour tous les
marchés; c'est exact et c'est pour cela, d'ailleurs, que les
premières démarches se font par l'Office québécois
du commerce extérieur où on donne des cliniques sur
l'exportation, sur les différents pays où exporter. Je suis
totalement d'accord avec vous qu'une moyenne entreprise ne peut pas se lancer
sur le marché arabe demain matin juste parce que ça lui tente
d'aller là. Je pense qu'il faut d'abord commencer à vendre sur le
marché local, québécois, et élargir un peu son
commerce soit au Canada anglais ou aux États-Unis avant de pouvoir
s'asseoir et avoir de l'expérience un petit peu. C'est dans ce
sens-là que les cliniques de l'OQCE sont données, justement pour
que l'entreprise, la PME québécoise, puisse faire des pas
lentement, mais sûrement. On ne lui recommande pas au tout départ
d'aller se
tirer très loin parce que c'est trop compliqué. C'est
justement dans ce but qu'on a ajouté cette année le Canada hors
Québec, ce qui n'était pas dans nos programmes autrefois. Une
entreprise voulait aller dans l'Ouest ou à Toronto pour la
première fois, elle n'avait pas d'aide du gouvernement du Québec.
On a cru qu'on devait ajouter cela pour justement permettre à
l'entreprise de franchir une première barrière psychologique
à l'extérieur du Québec et pour qu'elle apprenne sur ces
marchés ce qu'est le commerce à l'extérieur de son
patelin, ni plus ni moins. Après cela, on l'envoie aux
États-Unis. C'est tout cet entraînement qu'on veut donner,
grâce à l'Office québécois du commerce
extérieur d'abord et, après cela, lorsqu'on est prêt
à mettre en application les vraies politiques de commerce
extérieur, l'entreprise s'en va à la SDI où elle peut
cheminer un peu. Vous allez certainement nous féliciter de ne pas
être des séparatistes et d'encourager le commerce avec le Canada
anglais, je suppose.
M. Fortier: Plus que cela, M. le Président, parce que j'ai
assisté en partie à l'étude des crédits du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et, si je me
souviens bien, à la suite d'une visite que j'ai faite en Alberta avant
les élections, je crois, un des commentaires que j'avais faits,
c'était qu'au lieu d'inciter les gens à aller à
Tombouctou, ils devraient aller en Alberta. Cela me fait plaisir que vous ayez
suivi mes recommandations. Mes félicitations.
Mais, j'essaie de comprendre, c'est un prêt pour financer quoi?
Est-ce pour financer une étude ou... Vous avez dit que, s'il y a une
étude de marketing ou de la prospection à faire, il y aura un
prêt. Normalement, ceci existe à la SEE. Il y a des programmes
comme cela pour faire de la prospection, pour que quelqu'un aille faire un
voyage d'une semaine en Amérique du Sud pour voir s'il y a des
possibilités, mais, à ce moment-là, c'est un financement
pur et simple, 50% des coûts réels, mais, dans ce cas-ci, le
prêt financera quoi exactement?
M. Biron: Pour répondre à la question de la SEE, si
vous permettez, M. Daigneault pourrait répondre.
M. Fortier: J'aimerais que vous fassiez la distinction entre ce
que fait la SEE et ce que vous allez faire, vous autres.
M. Biron: Un instant! Voulez-vous vous approcher du micro pour
répondre? M. Daigneault, vice-président à l'exportation de
la Société de développement industriel du
Québec.
M. Fortier: Autrefois de la SEE.
M. Biron: C'est cela.
Il a gradué avec le temps, il est arrivé au
Québec.
La Société pour l'expansion des exportations ne fait pas
de prêts pour le développement les marchés.
M. Fortier: Non.
M. Biron: C'est le ministère de l'Industrie et du Commerce
d'Ottawa qui va donner les...
M. Fortier: Je suis d'accord avec cela.
M. Biron: Vous voulez savoir ce que le crédit de
prospection de la SDI fait. On va fournir des sommes nécessaires pour
développer les marchés. Si une société veut
démarrer, surtout une PME, elle peut avoir besoin de liquidité
pour attaquer le marché. Que ce soit pour engager un avocat ou un agent,
pour louer des locaux, cela prend de l'argent. Alors, la SDI, pour un
marché précis, va évaluer de quel montant la
société peut avoir besoin. Advenant qu'elle aurait besoin de 500
000 $, on ferait un prêt de 500 000 $ qui pourrait être
déboursé sur une période de deux ans. Le prêt sera
remboursé à la fin de la période de prospection, qui
pourra être de deux ou trois ans, et le remboursement se fera selon le
cash flow généré par le marché, c'est-à-dire
qu'on pourra demander que le remboursement se fasse au rythme de 2% ou 3% des
ventes.
M. Fortier: Je dois vous arrêter, parce que je ne comprends
pas exactement les explications. La prospection dont vous parlez n'est pas pour
aller détecter un contrat, c'est pour établir une tête de
pont...
M. Biron: Un marché.
M. Fortier: ... dans un pays d'une façon quasi permanente.
Vous me parlez d'un agent, à ma connaissance, les agents qu'on engage,
c'est toujours par des paiements conditionnels. Si on obtient un contrat, on
vous paie, si on n'obtient pas de contrat, on ne vous paie pas. Il y a
certaines dépenses et la plus grosse partie des dépenses, ce sont
bien souvent des dépenses de l'exécutif qui est responsable de
faire la prospection. Ce sont des salaires qui auraient peut-être pu
être dépensés ici au Canada, mais qui seront
dépensés à l'étranger. C'est peut-être une
dépense additionnelle.
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Je suis moins au fait des compagnies
manufacturières, mais j'essaie de comprendre quel genre de
dépenses. Vous me dites dans le fond que c'est pour établir une
tête de pont permanente, non pas une filiale,
mais quasiment dans un pays d'Amérique du Sud, mais est-ce que
l'expérience de la SDI ou de...
M. Biron: L'OQCE.
M. Fortier: ... l'OQCE va dans le sens - si on parle de PME,
j'imagine qu'on parle d'une société qui fait environ 20 000 000 $
ou 30 000 000 $ d'affaires par année, on ne parle pas de PME qui en font
500 000 $ -que ces gens vont plutôt s'intéresser à un
marché permanent dans un pays particulier. Je croyais qu'on
s'intéresserait à développer un marché,
peut-être à décrocher un contrat de vente de vingt
pièces d'équipement dans une ville donnée et ensuite aller
dans une ville à côté y vendre les mêmes
pièces d'équipement. J'imagine que votre stratégie est de
vous intéresser à un pays ou à une région d'un pays
en particulier. (20 h 30)
M. Biron: L'éventail est très vaste. Si on prend
comme exemple un consortium, celui-ci peut être formé au
départ pour décrocher un contrat. Si ce même consortium
veut aussi développer, comme vous le dites, une tête de pont,
à ce moment, le crédit de prospection sera disponible, même
au consortium. Quand vous dites développer une tête de pont, cela
peut être aussi un contrat. C'est possible que ce soit un contrat. Dans
le programme, on a quand même cette flexibilité de l'attacher au
développement d'un marché ou même à un contrat,
c'est possible.
M. Fortier: Par la nature même de ce genre de
dépenses, si on pense, disons, à une association entre un bureau
de génie-conseil et une compagnie manufacturière, il y a une
très grosse partie, bien souvent, des coûts qui sont pour des
études qui doivent être faites au Canada. La plupart du temps, ce
sont des dépenses courantes qui s'ajoutent aux frais
généraux de la compagnie et qui, par conséquent, sont
déduites des impôts que la compagnie va payer. Vous semblez parler
en termes de capitalisation de ce genre de dépenses - je rentre dans des
domaines fiscaux - mais votre prêt va être une avance de fonds
parce la société en question aurait un manque de liquidité
pour faire cela? Mais cela va quand même affecter ses profits et pertes
à la fin de l'année, j'imagine.
M. Biron: Oui, c'est possible. Si vous permettez...
M. Fortier: D'accord. Bien sûr. Je vais vous
écouter.
M. Biron: ... j'aimerais en terminer sur la façon dont le
crédit de prospection fonctionne. Revenant à l'exemple que
j'avais pris, disons qu'on prend l'Algérie, on a besoin de 500 000 $
pour développer le marché, pour y inclure différentes
dépenses que ce soient les dépenses d'engagement d'un agent, d'un
avocat ou de toute autre personne.
M. Fortier: En Algérie?
M. Biron: En Algérie, ou prenez un autre pays.
M. Fortier: II n'y a pas d'agent en Algérie.
M. Biron: Prenez-en un plus facile, prenez la Libye. À ce
moment, disons qu'on a besoin de 500 000 $. Les 500 000 $ seront
dépensés sur une période de deux ans qu'on appelle
habituellement la période de prospection.
Lorsque la période de prospection est terminée et que les
ventes commencent, on demande à la société de rembourser
selon le cash flow. Cela peut être 2%, 3% ou 4% des ventes. Le
remboursement se fait sur une période de cinq ans. Si, à la fin
de la période de cinq ans, le prêt n'est pas complètement
remboursé, à ce moment, le solde - on fait une règle, si
vous voulez, la règle d'or, c'est-à-dire qu'on va couper en deux
le solde - pour 50% sera absorbé comme perte par le gouvernement ou la
SDI et l'autre partie, par la société privée.
Vous voyez le but: c'est qu'avec les nouveaux programmes la SDI veut
diviser le risque, parce que la plus grande viscosité, si vous voulez,
des exportateurs, surtout des nouveaux et de la PME, c'est le risque. Dans tous
nos programmes, on essaie donc de prendre le risque avec les
sociétés qui veulent aller exporter.
M. Fortier: Un des groupes...
M. Biron: Je compléterais mes propos en ajoutant que notre
intervention, je pense qu'on l'avait indiqué, se situe après que
les études requises ont été faites. C'est un petit peu la
ligne de partage entre l'OQCE et notre organisme. Nous visons donc à
établir un courant continue. Cela pourrait être l'ouverture d'un
bureau en Algérie ou à Los Angeles, je pense que, l'an dernier,
on a accordé un crédit de prospection à une entreprise qui
avait fait toutes les études préliminaires et on concluait que la
meilleure façon de pénétrer ce marché aux
États-Unis, c'était l'ouverture d'un bureau à Los
Angeles.
Par le crédit de prospection, on a assumé une partie des
coûts d'ouverture de ce bureau, y compris le salaire du directeur du
bureau, de l'agent. C'est un peu notre rôle par rapport à l'OQCE.
Donc, il faut que les démarches préliminaires aient
été effectuées sous forme de voyages, d'études et
nous, quand on voit que réellement c'est
sérieux, dans le sens qu'on est prêt à
établir une structure permanente, un bureau - je pense que c'est un bon
exemple - on y va.
M. Fortier: Ces explications sont valables.
M. Biron: On en est à nos premiers balbutiements. On
commence.
M. Fortier: Oui. Les explications sont valables parce que vous
dites qu'il y a déjà un tamisage qui a été fait par
l'OQCE pour détecter si c'est sérieux ou non.
M. Biron: Aussi bien pour les...
M. Fortier: La loi, les règlements vont être ainsi
faits que vous aurez toute liberté d'accorder l'aide ou non. Je veux
dire qu'il n'y a pas d'obligation. C'est jugé au mérite, à
ce moment-là.
M. Biron: Exactement.
M. Fortier: En ce qui concerne les consortiums, oui, j'ai lu dans
Le virage technologique que vous parliez d'être actionnaire. Je ne sais
pas pourquoi vous avez amené cette dimension. Quant à moi,
ça m'intéressait peut-être de le savoir. Mais le
problème des consortiums, la difficulté, je suis sûr que
les intervenants à qui vous en avez parlé ont dû vous en
faire part, c'est qu'il y a peu de compagnies manufacturières qui sont
prêtes à s'engager dans des contrats, clé en main, et qui
exigent de grandes quantités d'ingénierie. La difficulté,
finalement, c'est de départager les risques. Alors, s'il y a deux ou
trois compagnies dont un bureau d'ingénieurs-conseils qui veulent se
mettre ensemble, j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi il y
aurait un quatrième actionnaire. Le problème fondamental, c'est
le risque qui est au-delà du risque de chacun des associés qui
font partie du consortium. Autrement dit, c'est le risque ultime, si tout
allait mal à un moment donné. Cela, d'ailleurs, a toujours
comporté des difficultés. À Ottawa, il y a eu beaucoup de
discussions là-dessus. La CCC en particulier s'est penchée sur ce
problème et ses risques; je me demandais si on avait mis des balises
pour limiter vos propres risques.
J'imagine qu'il n'est pas question de rentrer dans un projet de 1 000
000 000 $ en Russie en ce moment. Vous avez certainement défini des
balises pour limiter les risques sur lesquels vous allez vous pencher lorsque
les demandes viendront à la SDI.
M. Biron: Je pense que votre question appelle une réponse
en trois temps. Pourquoi un programme d'aide à la formation de
consortiums? C'est parce qu'il a été démontré par
plusieurs études que la seule façon de réussir à
l'extérieur et à l'étranger, pour certaines entreprises,
c'était de se regrouper. Donc, c'est assez clair pour tout le monde.
Pourquoi intervenons-nous sous forme de capital-actions? On aurait pu
imaginer d'autres formes d'aide. On a voulu tenir compte de l'existence d'un
programme fédéral d'aide à la formation de consortiums qui
présente des modalités différentes. Mais c'est
également parce qu'on veut susciter des courants continus d'exportation.
On s'est dit qu'il faudrait qu'on soit présent de façon
significative pour pouvoir assister au démarrage et être
présent pendant quelques années. La meilleure façon de
s'assurer que ça marche, c'est d'être présent comme
actionnaires, maintenant, comme actionnaire minoritaire, c'est toujours pour
une période limitée dans le temps.
Quand le consortium va démarrer, s'il réussit,
après un certain nombre d'années, on offre notre participation
à nos partenaires du secteur privé et on se retire. Il y a un
aspect aussi qui est non financier, qui est peut-être aussi important,
parce que les premiers projets qui sont dans la machine n'impliquent pas de
déboursés tellement considérables de notre part, mais on
nous a souvent dit que ce qui manquait souvent pour faire démarrer un
consortium, c'est une sorte d'arbitre. Souvent, on amène autour d'une
table des gens qui ont été en concurrence les uns par rapport aux
autres et on dit souvent qu'on n'est pas habitué à travailler en
commun, ensemble, au Québec. Ça se reflète probablement
à ce niveau. Quant aux expériences limitées - on en a
quelques-unes chez nous, je ne voudrais pas qu'on se lance des fleurs
indûment - qui vont aboutir très bientôt, c'est grâce
au rôle à la fois de l'OQCE et de la SDI, qui ont pu jouer un
rôle de rassembleur autour d'une table; qu'elles ont appelé
différentes entreprises à venir, et on n'est pas mal perçu
parce qu'on n'a pas d'intérêt dans le domaine. Cela a donc permis
de réunir du monde et de faire déboucher des consortiums. Je
pense que ce rôle d'arbitre et conseiller est aussi important
peut-être que l'aide financière. Voilà les raisons pour
lesquelles on intervient sous forme de capital-actions.
Quant à la question des risques, on l'a examinée. Je
demanderais à notre expert de répondre à cet aspect de
votre question.
On est bien conscient des risques et il est possible qu'on puisse les
assumer avec certaines balises. À titre d'actionnaire dans un
consortium, on a le risque de notre mise de fonds. Comme de raison, on
amène aussi la garantie morale du gouvernement du Québec, parce
que le fait qu'on fasse partie d'un consortium, dans les pays socialistes,
c'est une certaine garantie morale qu'on donne à ceux qui veulent faire
une
transaction de gouvernement à gouvernement.
On est conscient aussi des risques que ceci peut amener, même si,
en fait, une garantie morale n'entraîne pas nécessairement de
déboursé. Vous disiez que ce n'est pas tout le monde qui peut
faire de l'exportation. C'est pour cela que, quand on fait un consortium, on
s'assure que les membres du consortium sont capables d'apporter leurs propres
garanties. À quelqu'un qui ne pourrait pas se qualifier comme
fournisseur, à ce moment-là, on dit: Monsieur, c'est triste, mais
on n'est pas -j'ai une expression que j'utilise souvent -l'oratoire
Saint-Joseph. On fonctionne dans un environnement d'affaires. Il faut que les
gens qui font partie du consortium soient capables de produire ce qu'ils disent
qu'ils vont produire.
Maintenant, pour ce qui est du risque, dans certains cas, on va
peut-être se substituer jusqu'à un certain point à
l'exportateur principal, c'est-à-dire que nous allons, à titre de
SDI ou comme gouvernement, signer la transaction et, par la suite, on fait un
"back-to-back" avec toutes les garanties qu'on doit avoir. C'est un service
additionnel. Dans certains cas, on peut offrir ce service. Ce n'est pas un
programme; c'est un service que l'on peut considérer. Actuellement, je
crois, M. le Président, que ce n'est pas quelque chose qui est
complètement légalisé, mais vous verrez dans la nouvelle
loi de la SDI qu'on demande la permission de faire ce genre de transaction pour
permettre, justement, à un certain moment que la SDI puisse prendre le
risque, mais toujours en ayant un "back-to-back", parce qu'on n'est pas
là pour se substituer à l'entreprise privée. Il faut que
chacun prenne ses responsabilités et que chacun soit responsable de la
partie qu'il doit fournir.
M. Fortier: Le seul avantage que j'y vois, c'est dans les cas de
très très gros projets avec des pays socialistes,
peut-être, mais vous n'avez pas indiqué qu'il y avait des balises
comme celles-là. Enfin, on verra bien à l'expérience, mais
c'est un bateau qui est très risqué. Le "back-to-back", bien
sûr, cela me fait plaisir. J'espère, d'ailleurs, que cela va
être dans la loi ou qu'il va y avoir des garanties à ce sujet.
Comme vous le savez, à Ottawa, la grande crainte du secteur privé
qui était déjà actif dans l'exportation, c'était
que le gouvernement forme un bureau d'exportation qui pourrait annihiler les
efforts qui sont faits par le secteur privé.
Je n'ai pas très bien saisi la raison pour laquelle
c'était nécessaire que vous soyez actionnaire dans certains cas.
Est-ce que vous dites, dans le fond, que vous croyez que ceux qui vont
s'adresser à vous n'auraient aucune expérience dans le domaine de
l'exportation et que la part de la SDI permettrait à vos employés
de conseiller ces gens par la manière de faire de l'exportation?
J'aurais cru que ceux qui ont la garantie financière et qui sont
capables de le faire, qui ont une compétence pour vendre un produit
donné, n'ont pas tellement besoin des conseils du gouvernement pour leur
dire comment faire marcher leur boîte, même s'il s'agit de
l'exportation comme telle.
M. Biron: Dans ce programme, il y a deux prérequis. Il va
falloir que ceux qui viennent nous voir et qui nous soumettent des projets nous
démontrent qu'un regroupement est presque indispensable pour
réussir sur des marchés étrangers, parce qu'il y a
probablement certaines de ces entreprises qui sont déjà
présentes seules. Donc, une première preuve à nous donner:
qu'un regroupement est la meilleure façon, sinon indispensable, de
percer sur tel marché; deuxièmement, que la présence
financière de la SDI, si on la sollicite, est également
indispensable pour leur permettre de réussir sur ce marché. Il
est possible qu'ils n'aient pas besoin de nous au titre de notre programme
d'aide à la formation de consortiums. Ils peuvent "profiter", de nos
autres programmes.
Ce sont donc des programmes qui sont disponibles. Ils ne seront
peut-être pas utiles à toutes les entreprises qui exportent, mais
il est possible que, dans certains cas - et je pense que c'est vrai pour les
quelques cas qui sont dans la machine - qu'on avait besoin de notre aide
financière et de notre aide technique en ayant à l'esprit,
peut-être, dans certains cas, l'aval du gouvernement pour mieux
pénétrer sur certains marchés étrangers. C'est un
programme qui peut être utile à certaines entreprises. Je suis
bien d'accord avec vous qu'il y a d'autres programmes qui peuvent être
peut-être plus utiles à la PME. C'est probablement le
crédit de prospection qui va être le programme le plus utile
à la PME. (20 h 45)
M. Fortier: J'imagine que les règles qui existent à
la SEE quant à favoriser un seul organisme québécois, on
va les avoir à ce moment-là. Si vous assistez un regroupement
comme cela pour faire de l'exportation dans un pays donné, cela va
être impossible pour d'autres organismes d'avoir la même aide. Cela
va être un choix définitif en ce qui concerne la SDI. La SEE a une
politique lorsqu'il s'agit de faire de l'exportation pour un projet
donné, s'il y a plusieurs bureaux qui s'intéressent à un
projet spécifique. Je ne sais pas si c'est premier rendu, premier servi,
c'est un peu plus complexe que cela. C'est un problème et assez souvent
la SEE va dire à deux ou trois bureaux de génie-conseil:
Mettez-vous ensemble. Il y en a qui décident de laisser tomber, parce
qu'ils ne
peuvent pas compter sur l'aide de la SEE.
S'il s'agit de la formation d'un consortium, si cette aide n'est pas
pour un projet donné mais pour la prospection dans un pays donné
pour, disons, une période de cinq ans, le choix du ou des bureaux avec
lesquels vous vous êtes engagés va être assez radical. Cela
voudra dire que, pendant quatre ou cinq ans, il n'y aura pas pour le pays
d'autres organismes qui pourraient s'adresser à la SDI.
M. Biron: C'est-à-dire qu'il y aura le crédit de
prospection. Si c'est pour prospecter un marché, il n'y a habituellement
pas de formation de consortium au départ. Lorsque le consortium se
forme, c'est que le marché a été prospecté, on a pu
identifier un produit ou un projet donné. Dans ce cas-là, c'est
sûr qu'il n'y en aura pas un deuxième, mais, dans le même
pays, on peut avoir deux ou trois consortiums qui oeuvrent sur
différents projets ou différents produits.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai l'impression que les
nouveaux programmes de la SDI ont été largement inspirés
par ce qu'il est convenu d'appeler le miracle japonais. On retrouve
là-dedans quelques idées qui ressemblent à ce qui se fait
au Japon. J'ai aussi l'impression qu'un peu partout dans le monde, on est
présentement en train de regarder ce qui s'est passé au Japon et
en train d'utiliser ce qu'il y a de bon pour chacun des pays qui sont
industrialisés là-dedans.
Avec le danger qu'on risque, si cette perspective était vraie, de
se retrouver avec une concurrence, au même niveau que ce que l'on
prépare, de plusieurs pays dans le monde, rien faire serait pire, parce
qu'à ce moment-là on n'irait même pas chercher notre part
et on se ferait manger par ceux qui se préparent dans ce sens-là.
Est-ce qu'on fait présentement des recherches de façon à
dépasser ce qui s'est fait au Japon et de façon à
dépasser ce qui est en train de se faire dans le monde? Est-ce qu'on
essaie de regarder quelles sont les prochaines étapes du
développement industriel qui va se faire pour précéder ce
qui se fait partout?
M. Biron: C'est-à-dire qu'on est au tout début de
notre âge de conquête des marchés internationaux. La
première étape, c'est d'abord de le faire individuellement ou
comme entreprise, tout seul, en solitaire. La deuxième étape,
c'est de le faire en consortium, mais sur des projets ou des produits
donnés en identifiant bien à la fois le pays et le projet ou le
pays et le produit. L'autre étape sera, si possible, de copier un peu la
formule japonaise de "trading house" où peuvent se vendre aussi bien des
wagons de métro, des locomotives de chemin de fer, des aiguilles
à tricoter, des meubles que du textile.
Cette forme de "trading house", on y songe sérieusement aussi. La
Chambre de commerce de Montréal nous a fait une proposition dans ce
sens. Elle serait prête à patronner une forme de "trading house"
qui commencerait lentement mais sûrement à Montréal,
à condition que nous puissions les aider. Comme première
étape, elle veut se lancer d'abord dans les grands marchés ou les
grands contrats énergétiques. Nous avons prêté
à temps plein un fonctionnaire du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme à la Chambre de commerce de Montréal en
disant: Si vous voulez vivre l'expérience, nous allons la vivre avec
vous. Vous êtes les leaders dans ce domaine, c'est peut-être un peu
ce que nous demandait ce matin le député d'Outremont, laisser le
leadership aux chambres de commerce, de temps à autre, quand elles
veulent s'impliquer. Dans le cas de la Chambre de commerce de Montréal,
vis-à-vis des projets énergétiques, on lui laisse le
leadership, pour les projets on lui prête un fonctionnaire ou on tient,
premièrement, un salon ou une exposition de sous-traitants. Après
cela, elle va probablement essayer de mettre en marche une "trading house" qui
va se spécialiser dans à peu près tous les produits
énergétiques d'abord, quitte éventuellement à y
ajouter d'autres produits. On voit qu'il y a une étape pour atteindre
l'âge adulte, dans le commerce international, mais je ne dirais pas qu'on
est rendu à l'âge des Japonais, parce que ceux-ci sont vraiment
passés maîtres maintenant dans le commerce international alors que
nous, au Québec, ne faisons que commencer.
M. Fortier: Je pense qu'il y a une différence fondamentale
dans la dimension de nos compagnies manufacturières. Les Japonais ont
quelques grosses compagnies, nous sommes aux prises avec un
éparpillement de compagnies manufacturières qui ajoutent beaucoup
à la complexité d'exporter.
Dans Le virage technologique, on fait allusion à ces nouveaux
programmes d'exportation. Est-ce que c'est inclus dans le budget de cette
année? Est-ce que ces nouveaux programmes vont... Les budgets de la SDI
ne sont pas augmentés d'une façon considérable.
M. Biron: On retrouve les budgets de cette année...
M. Fortier: À quel poste les retrouve-ton?
M. Biron: Au programme 2.
M. Fortier: Ici, ce sont les salaires des...
M. Biron: Non, si vous voulez tourner quelques pages, vous avez
Activités 1982-1983, ce sont les autorisations... Excusez.
M. Fortier: Dans la SDI, il y a des...
M. Biron: Pour l'information du député d'Outremont,
il y a deux façons de procéder avec la SDI, c'est-à-dire
qu'il y a des déboursés qui sont dans le budget et, souvent, une
grande partie de ces déboursés, ce sont des engagements qui ont
déjà été pris depuis trois, quatre ou cinq ans, et
il y a les autorisations. À la page 3, vous allez trouver
Activités 1982-1983. On y retrouve la loi sur l'aide au
développement industriel et ses règlements. Là, vous avez
vraiment ce que, au cours de l'année, nous allons autoriser d'aide
financière sous les différents programmes.
M. Fortier: Excusez-moi, M. le ministre. J'essayais de comprendre
- j'avais rencontré le président de la SDI qui m'expliquait qu'on
retrouve des crédits - s'il y a des emprunts qui sont faits. Il y a une
capitalisation qui est faite dans la SDI à l'exception des budgets qui
sont votés ici.
M. Biron: C'est exact. Ce qu'on appelle les crédits, en
fait, ce sont les subventions qui sont approuvées...
M. Fortier: Annuellement, ici.
M. Biron: ... par l'Assemblée nationale, par votre
commission parlementaire. On a ensuite ce qu'on appelle le financement, dans
notre jargon, donc, des interventions qui donnent lieu à des
prêts, des garanties de prêt ou capital-actions...
M. Fortier: Ils ne sont pas ici, ils viennent directement...
M. Biron: ... qui ne sont pas appelés à être
votées. Si on va sur le marché maintenant pour effectuer nos
prêts et nos garanties de prêt, c'est la deuxième source de
financement. Quand on intervient sous forme de capital-actions, c'est à
même une dotation qui nous est votée, c'est
l'extrabudgétaire qui nous est accordé par le ministre des
Finances. Donc, on a trois sources de financement. À l'Assemblée
nationale...
M. Fortier: Alors les crédits.
M. Biron: ... ce sont les crédits au sens de...
M. Fortier: Après cela, vous dites que c'est la
dotation?
M. Biron: ... prêts, garanties de prêt et
dotation.
M. Fortier: Et ensuite, ce sont... M. Biron: ... les
emprunts.
M. Fortier: Non, le troisième, la dotation, c'est la
capitalisation. Et le deuxième, qu'est-ce que c'était?
M. Biron: Les emprunts.
M. Fortier: Les emprunts. Alors, ici, nous n'avons que les
crédits.
M. Biron: C'est cela. Si vous regardez dans votre livre des
crédits, vous avez à la première page les dépenses
de fonctionnement et les sommes de transfert. Vous avez à 3: Transfert,
à la ligne 10, 58 000 000 $, auxquels il faut ajouter déjà
15 000 000 $ pour le plan d'urgence qui n'était pas dedans...
M. Fortier: D'accord, oui.
M. Biron: ... et qui est arrivé après, donc, 73 000
000 $. Si vous tournez deux pages...
M. Fortier: Est-ce que les 15 000 000 $...
M. Biron: ... de déboursés, cette année.
M. Fortier: ... seront ajoutés à cela ou si cela
n'a pas encore été ajouté?
M. Biron: C'est décidé.
M. Fortier: Je sais que c'est décidé, mais
cela...
M. Biron: C'est ajouté à cela, cela va y être
ajouté.
M. Fortier: ... va être un addenda aux crédits.
M. Biron: C'est exact. Si vous tournez deux pages, vous avez
vraiment l'aide financière autorisée aux différents
programmes. Si vous voulez chercher l'aide à l'exportation, il y a des
prises en charge, c'est-à-dire des subventions qu'on va donner sous
forme directe à l'aide à l'exportation pour 3 500 000 $. Vous
allez avoir des prêts, grâce aux crédits de prospection, de
17 700 000 $. Ce sont les fameux prêts dont on parlait tout à
l'heure et dont une grande partie ne sera probablement pas remboursée.
 c, vous avez la participation au capital-actions des entreprises et
aux
consortiums à l'exportation, 5 000 000 $. À d, il y a des
garanties de prêt et de financement des exportations pour 4 000 000 $. Si
vous additionnez cela, nous allons avoir autour de 30 000 000 $
d'autorisés cette année, avec possibilité de verser 30 000
000 $ au cours des prochaines années.
M. Fortier: Comme de raison, pour que certaines de ces sommes
soient dépensées, il aurait fallu que des engagements soient pris
les dernières années. Je veux dire qu'il y a toujours une ou deux
années de décalage dans certains cas.
M. Biron: Exactement. On peut dire qu'en ce qui a trait aux
crédits de prospection, à toutes fins utiles, on commence cette
année.
M. Fortier: Oui, d'accord.
M. Biron: Les 17 000 000 $, c'est à partir d'autorisations
prises cette année.
M. Fortier: Est-ce que vous allez faire une distinction entre,
disons, les sociétés de génie-conseil ou les manufactures?
S'il y a trop de demandes qui viennent du génie-conseil, est-ce que vous
allez dire: C'est assez, on voudrait en laisser un peu aux
sociétés manufacturières?
M. Biron: L'esprit qui se dégage de nos discussions au
conseil d'administration à l'intérieur de la boîte, c'est
qu'on veut favoriser les exportations québécoises. On a à
l'esprit le secteur manufacturier et on vise un heureux dosage du tertiaire et
du manufacturier. On nous a mis en garde contre certaines formes de consortiums
où on aurait, à la limite, dix firmes de génie-conseil.
Alors, on vise un dosage et on examine cela à la pièce à
partir d'un certain nombre de critères généraux. On avait
deux approches possibles: ou on est très restrictif ou plutôt
large. On s'est dit: Les premières années, on veut donner la
chance au coureur. On va examiner les cas avec des balises assez larges et, si
on voit qu'on est inondé de demandes, on va suggérer au
gouvernement d'être plus restrictif. Mais on s'est dit: II y a tellement
de besoins, on nous dit qu'il faut faire quelque chose, donc, voyons plus
larges au départ. Notre attitude là-dessus, c'est qu'on veut un
dosage, ça peut varier selon les cas. On a quelques cas, on vise des
gens du secteur manufacturier et du tertiaire.
M. Fortier: Je veux poser deux questions. La première,
est-ce que les programmes que vous avez développés dans le
tertiaire l'ont été après consultation avec certains
grands bureaux qui pourraient être intéressés? Autrement
dit, est-ce que certains grands bureaux ont déjà
dénoté un intérêt? Quelle était l'autre
question que je voulais poser? En tout cas, c'était la première.
J'oublie l'autre.
M. Biron: Tous nos programmes, en fait, sont toujours faits, sans
avoir de grandes consultations officielles, mais après des consultations
ad hoc avec différents types d'entreprises, par exemple, avec de grands
bureaux comme SNC-Lavalin et d'autres plus petits qui font aussi du commerce
extérieur dans ce sens-là en particulier, pour pouvoir ouvrir un
programme qui serait admissible. Peut-être que Lavalin en a moins besoin
que d'autres petits bureaux qui commencent, mais qui, quand même, nous
donnent des garanties morales de succès sur le commerce
extérieur.
M. Fortier: Non, que ce soit le tertiaire ou que ce soit le
manufacturier, par le design même de votre programme, je veux dire que
vous vous adressez à une certaine clientèle ou que vous
espérez vous adresser à une certaine clientèle.
M. Biron: Exactement.
M. Fortier: C'est pour cela que je me demandais si vous savez
déjà, par le design de votre programme, que SNC-Lavalin n'est pas
intéressée, que ça ne fera pas son affaire et que ce n'est
pas à elle que vous vous adressez, mais j'en doute. La deuxième
question que j'avais, c'était vu que la SEE ne finance pas ou que l'ACDI
a commencé des programmes de financement de
préfaisabilité, pour savoir si cela veut dire que l'ouverture que
vous faites au tertiaire moteur va vous amener peut-être à
financer de telles études qui permettent de réellement
décrire aux clients toute la complexité d'un projet pour
être ceux qui, par la suite, iront chercher le contrat.
M. Biron: Ce serait à l'étude, mais s'il y a
déjà des programmes au niveau fédéral qui touchent
à cela, nous, on n'y touchera pas.
M. Fortier: II n'y en a pas.
M. Biron: Ce qu'on essaie d'avancer par programmes, c'est
là où il y a un vide pour être complémentaire avec
le fédéral; s'il y a un vide, on va y aller, mais toujours en
tenant compte de nos prévisions d'estimations budgétaires ou de
décisions d'aide financière.
M. Fortier: Vous pourrez me corriger, mais je pense qu'il n'y a
pas de programmes pour financer les études de
préfaisabilité à Ottawa. Je pense que c'est un potentiel
tellement considérable que ça pourrait coûter
très cher. Si le Québec allait dans cette direction, je
pense que ce serait un atout considérable pour le tertiaire moteur. En
tout cas, c'est seulement un commentaire que je fais au passage. C'est certain
que tous ces programmes-là sont limités dans une certaine mesure
par les budgets que vous avez.
M. Biron: Exactement. (21 heures)
M. Fortier: Oui, pour terminer - enfin, c'est assez bref comme
discussion, j'imagine qu'on aura l'occasion d'en discuter plus à fond -
est-ce que les modifications que vous allez faire au programme obligent le
gouvernement à revenir à l'Assemblée nationale pour
modifier la Loi sur la SDI? J'imagine que oui.
M. Biron: Ah oui! Il y aura des modifications profondes et le
projet de loi devrait être déposé d'ici à une
semaine ou deux au maximum, avant le 1er juin.
M. Fortier: Avant le 1er juin. Voulez-vous que ce soit
adopté avant la fin de juin?
M. Biron: Oui, il faudrait que ce soit adopté avant la fin
de juin, à cause de certains nouveaux programmes qu'on ne peut couvrir
ou à cause en particulier de programmes que nous pourrions
transférer du ministère. À l'heure actuelle, il y a des
programmes que la SDI n'a pas le droit d'administrer, le programme
PME-Innovation, le programme du textile et du vêtement, le programme
innovation meuble. Nous croyons que, pour ces déboursés d'argent,
les vrais spécialistes sont à la SDI alors qu'au ministère
nous avons des spécialistes techniques, mais non pas des
spécialistes du domaine financier. Or, finalement, avec la nouvelle loi,
cela permettra à la SDI, sur décret gouvernemental, d'administrer
ses nouveaux programmes.
M. Fortier: Je pense bien qu'on va vous assurer de notre
collaboration, mais, pour qu'on puisse vous la donner, il serait
peut-être important qu'on ait le plus tôt possible une
définition des programmes existants ou des programmes à venir
pour qu'on puisse analyser d'une façon plus facile le projet de loi que
vous allez déposer.
M. Biron: Je m'engage, en déposant le projet de loi,
à déposer en même temps les règlements pour que vous
puissiez voir exactement comment cela va fonctionner.
M. Fortier: S'il y avait des notes explicatives de la SDI pour
nous faire comprendre l'étendue des modifications, je crois que ce
serait apprécié.
M. Biron: D'accord.
M. Fortier: L'OQCE se retrouve où? C'est le même
genre de chose.
M. Biron: C'est à l'élément 2 du programme
3, prospection de l'investissement et expansion des marchés.
M. Fortier: Ah oui! Programme 3. M. Biron:
Élément 2.
M. Fortier: Élément 2, prospection de
l'investissement et expansion des marchés. D'accord.
Office québécois du commerce
extérieur
M. Biron: Là, si vous remarquez, contrairement à la
SDI, où à l'élément transfert on avait beaucoup de
transferts aux entreprises, à l'Office québécois du
commerce extérieur, vous avez très peu de transferts, parce que
c'est là qu'on donne des cours, des séminaires, qu'on discute
avec les industriels. On leur donne très peu d'argent, sauf,
peut-être, pour quelques missions, mais il n'y a véritablement pas
d'aide directement à l'entreprise, sauf pour des individus qu'on va
amener sur des marchés étrangers ou si on fait venir des
acheteurs étrangers. C'est pour cela qu'à l'élément
10, transfert, vous avez seulement 1 000 000 $. C'est surtout tout simplement
pour aider à voir ce qui se passe sur d'autres marchés et, dans
tous les cas, l'industriel est obligé d'en débourser une
partie.
M. Fortier: Les transferts, ce sont des dépenses de
missions et ces choses-là, n'est-ce pas?
M. Biron: C'est cela. Cette année, on se propose d'aider
1800 entreprises - ça va vous donner une idée du montant d'argent
-73 expositions...
M. Fortier: À quelle place lisez-vous cela, M. le
ministre?
M. Biron: Ce sont des informations que j'ai eues après et
qui ne sont pas ici.
M. Fortier: Oui, d'accord.
M. Biron: ... et missions à l'étranger avec une
participation moyenne de sept personnes et demie par mission ou exposition.
C'est très peu sur les 7 000 000 $ du programme total de l'Office
québécois du commerce extérieur.
M. Fortier: J'aurais une question à poser. On parlait tout
à l'heure de la
complémentarité de l'action de la SDI vis-à-vis de
la SEE. Je pense que cela va dans la bonne direction. Une chose qui m'a
toujours frappé, M. le ministre, lorsqu'on va à
l'étranger, c'est que le Japon et les pays de l'Amérique du Sud
reçoivent des missions et les Français n'y vont pas par province,
ils y vont en tant que mission française, les États-Unis y vont
en tant que pays des États-Unis. Ce n'est pas nécessairement
mauvais que chaque province essaie de mettre en évidence ses propres
talents; au Québec en particulier, si on prend
l'hydroélectricité ou les lignes de transport d'énergie,
on a des talents particuliers. Mais il n'en demeure pas moins que certains pays
se plaignent que les missions qui viennent de différentes provinces
entrent en compétition les unes avec les autres et cela peut jouer
finalement contre le pays qui se rend coupable d'une telle action. Il y a une
question que je voudrais poser. J'aperçois M. Girard, que je connais
depuis les temps de l'université. Malgré certaines
rivalités qui peuvent exister avec le fédéral, dans quelle
mesure cherchez-vous, M. le ministre, à définir ces missions pour
qu'elles soient complémentaires? Dans les faits, y a-t-il une
complémentarité dans l'émission par rapport à
celles du fédéral?
M. Biron: Je vais demander à M. Girard, notre directeur
général de l'Office québécois du commerce
extérieur, de répondre.
Il y a effectivement une complémentarité. Il se fait
généralement, en juillet, une consultation avec les services
fédéraux pour justement éviter des chevauchements dans le
programme des missions et des expositions. Parfois, dans certains secteurs,
où nous sommes très fortement représentés, il y
aura deux activités. L'une est faite par le gouvernement canadien et
l'autre par le gouvernement du Québec. La dimension d'une mission ou
d'une exposition est quand même limitée, en règle
générale, à dix ou douze entreprises.
Or, le gouvernement canadien doit assurer une répartition entre
les principales provinces. Il y a aussi des participations conjointes entre le
gouvernement canadien, le gouvernement de l'Ontario, le gouvernement du
Québec, et même dans certains cas, comme l'an dernier, au National
Food Show de Chicago, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Même
chose dans le domaine du meuble, en Caroline du Nord, à High Point, nous
avons partagé pendant plusieurs années un espace avec le
gouvernement du Canada et celui de l'Ontario.
M. Fortier: J'essaie de voir ici la Direction des services
d'initiation aux techniques d'exportation. En ce qui concerne les missions, en
majorité, de quelle façon les orientez-vous, vers les
États-Unis ou les pays... De quelle façon choississez-vous les
pays, les provinces, ou les États des États-Unis? Cela se fait-il
par rotation d'une année à l'autre? Est-ce fait à
l'intérieur d'une stratégie globale pour dire que l'on va se
concentrer sur tel pays ou sur tels États des États-Unis? Tout
converge-t-il en fonction d'une stratégie d'ensemble qui permette, d'une
année à l'autre, d'être toujours présent lorsqu'on
croit que cela en vaut la peine?
M. Biron: Disons que, dans certains territoires, il s'agit de
préserver les positions et, si possible, les renforcer. Maintenant, nous
participons à un grand nombre d'expositions commerciales. Ces
expositions, forcément, se tiennent dans certaines villes. Les
expositions du vêtement, par exemple, se tiennent avant tout à
New-York ou encore dans des grandes villes comme Paris ou Cologne, même
à Londres.
Par contre, il y a certaines expositions qui sont itinérantes,
qui changent de villes tous les ans et qui, aux États-Unis, vont faire
un circuit de quatre ou cinq villes au cours d'une période identique de
quatre ou cinq ans.
M. Fortier: Alors, quelles sont les priorités de
l'année qui vient, dans votre service?
M. Biron: Le territoire américain demeure le principal
objectif, ensuite l'Europe de l'Ouest, notamment les pays de la
Communauté économique européenne, plus un certain nombre
de pays de l'Amérique latine qui sont axés sur nos bureaux de
Mexico et de Caracas, soit le Mexique, le Venezuela, la Colombie,
l'Équateur, quelques Antilles, et du côté de l'Afrique,
l'Afrique du Nord, la Côte d'Ivoire, le Nigéria, Égypte, le
Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite, l'Irak, et quelques pays en Asie, le Japon
bien sûr, la Corée, et certains pays où la Banque asiatique
de développement travaille, où il y a des projets, soit en
Indonésie, aux Philippines.
M. Fortier: Est-ce que le ministère de l'Industrie et du
Commerce a des agents dans des maisons du Québec, un peu de la
même façon que, j'imagine, dans le temps, le ministère de
l'Industrie et du Commerce d'Ottawa avait des agents dans les
différentes ambassades canadiennes? À quel endroit trouve-t-on
cette information?
Une voix: C'est ici à la page 5.
M. Biron: II y aurait lieu de vous faire parvenir un organigramme
un peu plus clair que celui-ci.
M. Fortier: Je vois l'organigramme, mais quand je voyais
Amérique du Sud, je pensais que c'était quelqu'un qui
était à Montréal ou à Québec qui s'occupait
de l'Amérique du Sud.
M. Biron: On a aussi quelqu'un. Là où on a des
représentants, c'est là où il y a des maisons du
Québec ou des délégations du Québec. Où il
n'y a pas de délégation du Québec, nous n'avons pas de
représentants.
M. Fortier: Mais quelle est la proportion du personnel, parce que
vous avez, si je vois le personnel, 91 personnes?
M. Biron: 22 à l'extérieur et 65 au
Québec.
M. Fortier: Je vous remercie.
M. Biron: Oui, à l'extérieur, on a aussi certaines
personnes qui sont recrutées localement et à contrat.
M. Fortier: Maintenant, ça inclut des agents de tourisme
également. Non, c'est complètement à part.
M. Biron: Non, les agents de tourisme sont à part. Le
problème des pays étrangers, c'est la langue et les connaissances
du marché. Alors, au Japon, c'est un Japonais, nous avons un
attaché commercial japonais. En plus de ça, notre conseiller
économique parle japonais. C'est une politique d'avoir des conseillers
économiques qui parlent la langue du pays, quitte à leur faire
suivre des cours.
M. Fortier: Si vous les changez de pays tous les deux ans, ils
sont obligés d'apprendre une autre langue tous les deux ans.
Écoutez, moi, c'est tout pour le moment. Je ne sais pas s'il y en a
d'autres qui ont des questions.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le commerce extérieur? Alors, le programme 2, est
terminé, la Société de développement. Le programme
3?
M. Fortier: On saute le programme 3. On ira à 4; qu'est-ce
que c'est?
Le Centre de recherche industrielle
Le Président (M. Boucher): Le Centre de recherche
industrielle du Québec.
M. Fortier: C'est ça. Alors, les centres de recherche, on
en a parlé. Le virage technologique parle de créer plusieurs
nouveaux centres de recherche. J'aurais quelques questions à ce sujet,
M. le ministre. La première, je crois que c'est mardi matin que vous
avez rencontré les représentants des manufacturiers canadiens. Je
crois que leurs commentaires étaient qu'ils préféreraient
qu'au lieu que la recherche sectorielle se fasse dans un laboratoire
gouvernemental elle se fasse plutôt à l'intérieur de
l'industrie ou, du moins, assez près de l'industrie. Peut-être
qu'un bon exemple, c'était le centre de recherche dans le domaine des
pâtes et papiers. Là, il y a deux dimensions. Il y a la dimension
de la participation du secteur privé et je me demandais si votre plan de
développement de ce côté était assez
avancé.
L'autre dimension du problème, c'était le fait que, chaque
fois qu'il se crée un nouveau centre de recherche, on investit dans le
béton, on investit dans des administrateurs qui sont requis. Il y a un
danger qu'une bonne partie des fonds, finalement, aille dans le béton et
dans le service de comptabilité, le service de contrôle, le
service administratif, alors que l'objectif fondamental, bien sûr, c'est
de faire de la recherche et du développement.
Je me demandais si cette recommandation de créer six ou sept
centres de recherche différents dans différents domaines tient
compte d'une analyse coûts-bénéfices qui permettrait,
justement, de faire des économies sur les frais administratifs requis
pour faire marcher un laboratoire. D'autre part, s'il s'agit de laboratoires
sectoriels dans différents secteurs de l'activité
économique, est-ce qu'il y a eu des discussions avec le secteur
privé et dans quelle direction ces discussions vous engagent-elles pour
l'avenir? (21 h 15)
M. Biron: Dans Le virage technologique, on fait état de la
création de sept centres de recherche avec le temps. C'est sûr
qu'on ne créera pas ça la première année. Pour
nous, l'idéal, c'est une formule mixte. On sait que les entreprises, au
début, hésitent à lancer un centre de recherche
lorsqu'elles sont seules parce que cela coûte beaucoup d'argent à
gérer au niveau industriel. C'est difficile de mettre plusieurs
entreprises ensemble et de les convaincre toutes d'investir également
selon leur importance dans des centres de recherche.
Alors, nous cherchons une formule qui ressemblerait à celle du
Centre de recherche et de développement de l'amiante, où c'est
moitié-moitié, gouvernement et entreprise. Là, on a
vraiment l'entreprise qui est intéressée à faire produire
le plus possible efficacement. Le centre na s'oriente pas vers des recherches
dans les nuages. Il est obligé de rester dans l'évolution
pratique que l'entreprise peut exiger. C'est fort possible que, dans certains
secteurs d'activité économique, ce soit le Centre de recherche
industrielle du Québec qui représente la partie gouvernementale
puisqu'il a déjà de
l'expérience dans de nombreux domaines. Il a déjà
des recherches de faites. Il est déjà avancé
technologiquement dans certains domaines. Je pense que cela serait une erreur
que de recommencer à zéro.
Une fois que l'idée est avancée, ce que nous voulons
trouver, ce sont des manufacturiers ou une association de manufacturiers. On
peut parler du textile, pour prendre un exemple, ou du meuble, où
à la fois les manufacturiers et le gouvernement vont lancer un centre de
recherche, mais pour répondre aux besoins des entreprises et non pas
pour répondre à un voeu pieux du gouvernement ou à un
rêve de quelques fonctionnaires.
M. Fortier: Sur le plan des dépenses administratives
inhérentes à la création de différents centres
comme cela, est-ce que vous avez analysé différents modes de
gestion qui permettraient de faire des économies d'échelle,
j'imagine, si c'était centralisé au CRIQ en particulier avec la
collaboration de certaines sociétés? Dans l'idée de
plusieurs personnes, un centre de recherche veut dire automatiquement un
édifice séparé, dans un endroit quelque part. Ce qu'on
veut dire par différents centres de recherche, j'imagine, ce sont tout
simplement des programmes, avec des chefs de file, qui sont orientés
vers la découverte de nouvelles technologies ou la solution de
problèmes qui va permettre à un secteur de l'économie
d'être plus à l'avant-garde que d'autres? On parlait du Japon tout
à l'heure. S'il y a un pays qui a compris jusqu'à quel point il
était nécessaire d'innover, c'est lui.
Cela rejoint les commentaires que je faisais tout à l'heure, le
conseil de développement économique, dans son analyse, constatait
que les sociétés qui investissaient le plus dans la recherche et
le développement, c'étaient les sociétés qui
faisaient beaucoup d'exportation. Par définition, elles ont quelque
chose à vendre. Elles ont un produit qui est différent de celui
qui arrive de Hong Kong ou des États-Unis.
Je crois qu'il y a une liaison à faire. Je me demandais de quelle
façon vous allez la faire. Peut-être que votre programme n'est pas
tellement avancé, qu'à ce moment vous êtes uniquement
à la période exploratoire et que ceci va permettre aux gens du
secteur privé de s'exprimer éventuellement pour vous faire des
recommandations, le cas échéant.
M. Biron: Absolument, on veut permettre aux gens du secteur
privé de s'exprimer. J'ai un exemple en tête, c'est la compagnie
Bombardier. On en a parlé tellement depuis quelques jours, celle-ci nous
a parlé de construire avec nous une voie d'essai sur une courte distance
pour ses locomotives. C'est là un exemple au point de vue transport en
commun, où on pourrait de concert avec l'entreprise privée,
bâtir quelque chose physiquement.
M. Fortier: Cela aiderait une compagnie.
M. Biron: Bombardier, c'est un leader au Québec, le nombre
d'employés est tellement important que cela vaut la peine. Cela, c'est
un exemple où on devrait bâtir quelque chose.
Un autre exemple, c'est le domaine du textile; ce n'est pas
nécessaire qu'on ait une bâtisse, c'est fort possible que ce soit
localisé au CRIQ ou ailleurs, en se servant des expériences qui
ont déjà été menées. En parlant du textile,
je pense qu'à Drummondville Celanese a déjà bâti un
centre de recherche qui est à peu près abandonné parce
qu'elle n'a pas réussi à avoir la collaboration des autres
entreprises privées du même secteur. Si le gouvernement
s'impliquait pour une partie, il y aurait peut-être lieu
d'intéresser Dominion Textile et d'autres entreprises et finalement de
relancer ce centre de recherche dans l'industrie du textile. Mais on est encore
à l'époque où on va chercher notre voie...
M. Fortier: II n'y a pas de fonds dans les crédits?
M. Biron: II n'y a pas de fonds prévus cette
année.
M. Fortier: Rien de prévu cette année pour cela? Je
me demandais si, à long terme - je vais passer la parole à
d'autres - pour revenir au CRIQ le programme qu'on nous a proposé - je
dois avouer que je l'ai déjà oublié, mais je suis
sûr que l'on va nous le rappeler - cela veut dire qu'avec l'analyse qui
est faite dans Le virage technologique, si au lieu d'être un peu tout
horizon - je pense que, dans le moment, le CRIQ est un peu tout horizon - cela
ne voudra pas dire qu'à l'avenir, le CRIQ devra plutôt avoir une
démarche sectorielle, soit vers la robotique, soit vers tel genre ou tel
secteur qui sont définis comme prioritaires dans Le virage
technologique.
M. Biron: Voici M. Lupien qui est le secrétaire du
CRIQ.
M. Fortier, vous avez eu l'occasion de poser ces questions lors des
discussions sur le plan quinquennal. Vous êtes venu au CRIQ d'ailleurs,
je pense que M. Bertrand vous a donné toutes les précisions. Au
niveau de la recherche prioritaire, le CRIQ a quand même défini
dans son plan quinquennal des secteurs. Dans Le virage technologique, on nous a
quand même consultés partout où on nous cite
là-dedans, on nous avait consultés à
l'avance et nous étions d'accord.
Dans le domaine de ce qu'on a appelé la recherche prioritaire, au
niveau de l'analyse du plan quinquennal, il est évident qu'on ne sera
pas tous azimuts, j'emploie votre expression. Il y a des secteurs bien
particuliers qu'on a retenus, notamment en micro-électronique, certains
sous-secteurs, notamment, en biotechnologie où on va développer
une expertise plus spécialisée en fonction des priorités
définies par le gouvernement du Québec. On a un embryon
d'équipe de recherche en biotechnologie qui est mise sur pied, on a des
spécialistes en micro-électronique, on s'intéresse
beaucoup aux techniques CADCAM ou CAO-FAO. En français, c'est conception
assistée par ordinateur et fabrication assistée par
ordinateur.
Au niveau des travaux de recherche qu'on appelle habituellement internes
chez nous, cela veut dire pour se tenir à l'avant-garde de la
technologie et éventuellement en faire bénéficier les
entreprises québécoises, on a relativement bien défini les
secteurs que l'on veut privilégier. Au CRIQ, vous le savez, on travaille
en commandite, on répond aux besoins exprimés par les entreprises
selon nos capacités et là c'est en plusieurs secteurs
évidemment.
M. Fortier: II y a une dimension dont on avait discuté
lorsque j'avais fait la visite du CRIQ. Vous répondez aux demandes
justement et vous avez un autre programme qui essaie de convaincre les
différentes sociétés d'innover ou d'essayer de s'informer.
Je ne sais pas si on peut mesurer l'efficacité de ce programme, mais il
reste qu'au Québec, je pense que les statistiques sont là pour le
prouver, il y a un trop petit nombre de sociétés qui
s'intéressent à la recherche et au développement ou du
moins à l'innovation. Étant donné l'importance que cela a
pour vivre ou survivre dans ce monde de révolution industrielle et pour
nous permettre d'exporter plus tard, est-ce que vous avez fait un examen de la
façon la plus appropriée de convaincre les chefs d'entreprises
qu'ils doivent porter une attention plus directe à la recherche et au
développement? Ou êtes-vous satisfaits des progrès que vous
faites dans le moment? Peut-être que certains sont trop ambitieux, mais
j'ai l'impression que, malgré le travail qui se fait au CRIQ, on ne
touche encore qu'un tout petit nombre de sociétés
québécoises.
M. Biron: C'est vrai, je vais répondre pour le CRIQ. Je
vais laisser M. Biron répondre pour le reste. Quant à moi, cela
fait six ans que je suis au CRIQ, quand j'y suis arrivé, il y avait des
projets commandités pour une valeur d'environ 300 000 $. Cette
année, on en a pour 7 500 000 $. Tout cela juste en six ans. Le CRIQ
fait son effort de promotion et d'innovation. Si vous vous souvenez, M.
Fortier, on a mentionné que le CRIQ avait fait beaucoup de missionnariat
au départ pour convaincre les entreprises québécoises de
l'importance de l'innovation et de la recherche.
Je pense que le ministère, parce que j'ai été
associé moi-même au ministère pendant une courte
période de temps, fait aussi son effort. Il a sans doute beaucoup
à faire, mais je pense qu'en six ans, en ce qui concerne le CRIQ comme
tel, les résultats sont surprenants. Je le pense.
M. Fortier: Oui, si on le mesure par les commandes que vous
recevez, c'est significatif.
M. Biron: Par les commandes, mais, pour avoir les commandes, il a
fallu convaincre des gens que c'était important d'investir dans la
recherche et le développement. Bien sûr, vous avez raison lorsque
vous dites qu'on rejoint quand même une petite partie, ce qu'on appelle
des clients réguliers du CRIQ, c'est-à-dire des entreprises qui
reviennent au moins une seconde fois, c'est autour de 250. Au CRIQ, encore une
fois, on a répertorié environ 8000 entreprises dont 6000
manufacturières, clientes potentielles du CRIQ. Il y a beaucoup de
choses à faire, mais il me semble qu'en six ans il y a beaucoup de
chemin de fait.
C'est sûr que ce n'est pas encore assez et qu'il ne faut pas se
satisfaire de ce qu'on a fait; au contraire, il reste beaucoup à faire.
Dans ce sens, il y a eu des expériences comme PME-Innovation qui a
été une bonne expérience, je pense, pour encourager les
entreprises à faire de la recherche et de l'innovation. C'est dans ce
sens-là que, dans chacune de nos maisons de l'industrie en
région, nous voudrions avoir un représentant du CRIQ parce qu'il
se développe beaucoup de choses. Il y a des "patenteux" dans toutes les
régions du Québec. Parce qu'on n'a pas le moyen de canaliser ces
"patentes", ces développements technologiques, souvent, le bonhomme
reste avec sa "patente"; il ne sait pas si elle est bonne ou pas bonne; il
croit qu'elle est bonne, mais il reste chez lui. Alors, si, dans chaque
région, on a des gens qui sont disponibles et à la portée
de ce monde-là, il y a peut-être beaucoup de choses dans le
domaine de l'innovation qu'on va pouvoir développer et, après
cela, à travers nos maisons de l'industrie, on offrira probablement
cette "patente", cette invention à une entreprise
québécoise qui la produira. Cet après-midi, je citais
l'exemple - je ne sais pas si vous étiez ici quand j'ai parlé du
Nord-Ouest québécois - d'un bonhomme qui a
inventé une casseuse d'oeufs pour les grands chantiers comme la
Baie-James où l'on casse des milliers d'oeufs tous les matins. Il a
inventé cela. Apparemment, on met la caisse dedans et les jaunes sortent
d'un côté...
M. Fortier: C'est l'Assemblée nationale.
M. Biron: ... et de l'autre côté... C'est pour dire,
quand même, que ce bonhomme l'a inventée et il est prêt
à produire, mais ce qu'il lui manque dans le fond, ce sont les moyens
techniques et financiers de produire ce qu'il a inventé. C'est un
bonhomme du Nord-Ouest québécois et, pour lui, se déranger
pour venir jusqu'à Montréal, vous savez... Finalement, dans
chacune des régions du Québec, avec un spécialiste qui va
aider nos gens à développer leurs inventions, il y a
peut-être lieu de capitaliser davantage sur les connaissances et les
inventions des Québécois.
M. Fortier: Oui, mais, enfin, l'exemple que vous donnez, c'est
celui de quelqu'un qui "patente" quelque chose et ensuite cherche une
industrie. Je faisais allusion à des industries existantes qui, sans le
savoir, vont devenir périmées d'ici dix ans si elles ne font pas
quelque chose. C'est pour être toujours dans le même secteur
d'activités, mais aller soit vers la robotique ou autre chose qui n'est
pas nécessairement une modification substantielle de leur champ
d'activités, mais plutôt une évolution rapide et
nécessaire.
M. Biron: La structure des entreprises québécoises,
dans le fond, c'est une structure familiale. C'est parti parce que quelqu'un
connaissait une certaine technologie de production de portes et fenêtres
ou de production de pièces de fonte ou un autre genre de production. Il
a monté au maximum, il a fait sa mise en marché, il fait sa
gestion lui-même et finalement on s'aperçoit que l'entreprise fait
un cycle et redescend ensuite. C'est dans ce sens aussi qu'on veut apporter
beaucoup plus d'aide à la gestion, convaincre nos gens des PME d'ouvrir
leur conseil d'administration à d'autres industriels de
l'extérieur pour avoir, finalement, une vision un peu plus grande que
juste la vision familiale. Dans bien des cas, c'est ce qui arrive. C'est
sûr que c'est difficile de convaincre nos gens. Nos industriels
québécois sont habituellement assez conservateurs. Il faut les
convaincre d'ouvrir leurs livres à quelqu'un de l'extérieur,
cela, c'est difficile. Si on peut les convaincre tranquillement d'ouvrir leurs
livres, d'admettre d'autres gens au conseil d'administration, on va
réussir à leur mettre l'idée dans la tête à
la fois de développer et d'inventer, et aussi de conquérir de
nouveaux marchés.
C'est toute une éducation qu'on a à faire. Vous savez
comme moi, il y a 25 ou 30 ans, il n'y avait pas beaucoup de
diplômés en commerce et en administration au Québec. On est
en train d'en préparer beaucoup. Je pense qu'on aura des façons
nouvelles de gérer nos entreprises au cours des prochaines
années, qui serviront à développer des produits et des
méthodes québécoises de produire.
M. Fortier: On n'a pas de temps à perdre et je me
demandais si, de la même façon que les chambres de commerce une
fois par année vont honorer un président ou une
société qui a réussi et qui existe depuis 20 ou 25 ans,
votre ministère ne pourrait pas suggérer à ces chambres de
commerce de créer un prix ou peut-être de le faire lui-même
pour honorer, pour glorifier ou pour rendre remarquable une
société qui aurait innové à cause d'un programme
systématique de recherche et de développement. Autrement dit, il
s'agit de glorifier un peu cette avenue et de faire en sorte que les gens vont
voir que c'est l'avenue de l'avenir et qu'ils vont comprendre que c'est
nécessaire d'y attacher une importance plus grande que celle qu'on y
attache jusqu'à maintenant.
M. Biron: Je devrais faire vérifier dans mon bureau si je
n'ai pas un micro parce qu'on a parlé de cela au cours des
dernières semaines, à la fois vis-à-vis de l'innovation ou
du commerce extérieur.
M. Fortier: Ce doit être cela, c'est en lisant la
transcription que l'idée m'est venue. (21 h 30)
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Dans le même sens, avant de revenir au CRIQ,
j'ai fait l'expérience à mon bureau de recevoir des
employés de petites entreprises du textile qui venaient s'informer des
programmes de modernisation. Ils me disaient que leur patron,
propriétaire depuis des décennies, était ancré dans
la tradition de ne pas faire appel aux gouvernements, quels qu'ils soient,
à quelque niveau que ce soit. Ils venaient chercher de l'information
pour tenter d'influencer sur le propriétaire pour lui faire accepter la
modernisation de son entreprise. En fait, la question que je voulais poser,
c'est surtout sur les relations du CRIQ avec le secrétariat au
développement scientifique, particulièrement avec la venue du
sommet économique et du suivi du sommet économique de
l'agglomération de Montréal qui a eu lieu en avril. Il y a eu un
projet au Centre québécois d'innovation industrielle, vous
êtes certainement au courant de ce projet de parc scientifique ou
d'innovation.
En fait, le parc d'innovation, où est-ce que cela en est rendu?
Il y a aussi l'École polytechnique.
Une autre question que je veux vous poser, ce sont les
sociétés d'État, par exemple la société
d'énergie nouvelle, comment s'appelle-t-elle?
M. Biron: Nouveler.
Mme Harel: L'ensemble des sociétés d'État
compte pour quel pourcentage dans vos activités au CRIQ?
M. Biron: Je vais répondre à la deuxième
question pour commencer, elle est facile, parce que j'ai le texte du rapport
annuel qu'on va remettre à M. Biron d'ici quelques semaines. Cette
année, de tous nos projets commandités, parce qu'il y a une
partie de nos travaux qui sont faits gratuitement... Tous les travaux
d'information, la majorité en tout cas, sont gratuits. Des travaux
commandités, il y en a à peu près 85% qui sont
effectués pour le compte d'entreprises privées. De
celles-là, 90% et plus sont des PME; donc, cela laisse 15% pour les
sociétés d'État et les gouvernements. Si je veux
continuer, dans les 15%, c'est en très grande majorité les
gouvernements; donc, pas des sociétés d'État, ce sont des
commandes de notre ministre de tutelle, par exemple, pour des études
ponctuelles où les sociétés d'État comme telles ne
sont pas des clients du CRIQ.
Mme Harel: Je suis néophyte mais ce que vous me dites
m'inquiète.
M. Biron: Cela ne devrait pas vous inquiéter.
Mme Harel: Faut-il conclure par là que nos
sociétés d'État font leur propre recherche ou bien
qu'elles n'en font pas?
M. Biron: Celles qui ont à en faire...
Mme Harel: En excluant évidemment l'Hydro...
M. Biron: Je devrais peut-être définir; par exemple,
on travaille pour Forano ou Volcano. Je ne les considère pas comme des
sociétés d'État; ce sont des entreprises
manufacturières dont, par hasard, l'actionnaire est la SGF. Ce ne sont
pas des sociétés d'État dans la façon dont je fais
mes statistiques. Mais vous avez mentionné nommément Nouveler. Il
reste que c'est minime. On a travaillé un peu pour Forano. Nouveler, on
a des pourparlers avec elle, on travaille notamment à un programme
conjoint visant à promouvoir les économies d'énergie ou
l'utilisation d'énergies nouvelles auprès des entreprises; on
fait ça. Mais il n'y a pas de travaux commandités comme tels avec
Nouveler à ce jour. Nouveler nous passe une commande: Le CRIQ, vous
allez nous réaliser telle étude. Mais on travaille avec elle,
bien sûr.
Mme Harel: J'imagine qu'on aura l'occasion, lors de
l'étude du programme sur les sociétés d'État, de
voir comment elles génèrent leur innovation, si elles ont des
contacts aussi réduits avec le CRIQ.
M. Biron: On est en contact régulier avec elles, mais on
ne travaille pas en commandite pour elles; on élabore avec elles
différents programmes. On les rencontre régulièrement. Je
sais qu'il y a des gens de notre direction de la recherche qui ont
rencontré des gens de Nouveler.
Répondant à votre première question, on est
très impliqué dans le projet d'un parc d'innovation à
Montréal, on fait partie des tables rondes qui sont pilotées de
ce temps-là par la CIDEM, notamment avec M. Shooner. On a fait valoir
nos points de vue, mais ce n'est pas réalisé, c'est encore au
stade d'étude. Vous mentionniez l'École polytechnique.
L'École polytechnique est un des partenaires là-dedans. Je sais
bien qu'il y a une étude qui a été préparée
par quelqu'un qui travaille à l'École polytechnique. Il l'a fait
en son nom personnel comme consultant pour le CIDEM dans ce cas, mais on est
très impliqué là-dedans et on suit cela de très
près. D'ailleurs, on est déjà localisé à
Montréal, une partie de nos effectifs et de nos travaux sont
réalisés à Montréal, même si la
majorité est à Sainte-Foy. On est activement impliqué dans
le dossier. D'ailleurs, tout récemment, M. Bertrand, le directeur
général chez nous, a discuté avec M. Shooner de ce projet.
Comme je le disais tantôt, ce n'est pas réalisé, les
opinions sont très diversifiées, parce qu'il y a des partenaires
très diversifiés dans le projet, mais on est là. Est-ce
que cela va?
M. Fortier: Dans Le virage technologique ici, il y a un objectif
qui est la mise en place d'un programme de 50 000 000 $ visant à
réduire les risques financiers reliés à la
réalisation de projets de conception. Avez-vous les fonds pour cela
présentement?
M. Biron: J'en ai parlé d'ailleurs ce matin, on
espère, lorsqu'on connaîtra le budget, mardi soir, pouvoir
libérer une certaine marge de manoeuvre qui pourrait nous permettre de
mettre en marche ce programme dès cette année. De toute
façon, nous nous préparons. Ce sera prévu dans la loi de
la SDI, il y aura un volet tout à fait spécial pour le programme
innovation et développement de produits. Or, si nous pouvons trouver
quelque fonds que ce soit, le
programme sera en marche dès cette année.
M. Fortier: Pour le CRIQ, je pense que c'est à peu
près tout.
Le Président (M. Boucher): Programme 5, Formation
professionnelle.
M. Fortier: Je veux seulement me retrouver dans mes papiers.
M. Biron: C'est l'Institut du tourisme. On a décidé
de ne pas toucher à cela en attendant le député de
Viger.
M. Fortier: Ah oui! Le programme, c'est la formation
professionnelle aussi.
M. Biron: Oui, mais c'est l'Institut du tourisme.
M. Fortier: Comme tel, n'est-ce pas?
M. Biron: Oui, et le député de Viger a
demandé de l'attendre.
M. Fortier: Pour le moment, M. le Président, je ne sais
pas si le ministre est d'accord, j'aimerais mieux suggérer de reprendre
tout le débat la prochaine fois. J'aurais plus d'aide de mon
côté. On discutera de tout l'aspect industriel. Je crois que ce
sera extrêmement intéressant. On discutera de tout ce qui concerne
le programme no 3, qui est un des plus importants au ministère.
Peut-être que la meilleure façon serait de suggérer
d'arrêter nos débats maintenant.
Le Président (M. Boucher): D'ajourner.
M. Biron: A-t-on dit qu'on adopterait les programmes
terminés aujourd'hui, quitte à laisser ouverts...
M. Fortier: Je pense que le mieux serait de laisser cela tel
quel. Ils ne sont pas adoptés, mais, la prochaine fois, on pourrait
demander un ou deux mots d'explication et on les adopterait les uns
après les autres. Je pensais qu'on avait dit qu'on passerait la
totalité des programmes d'une façon non officielle, comme on le
fait présentement, et qu'à la suite, on les adopterait les uns
après les autres.
Le Président (M. Boucher): C'était l'entente que
nous avions prise ce matin.
M. Fortier: On les adoptera assez facilement à ce
moment-là.
Le Président (M. Boucher): Nous ajournons nos travaux sine
die.
M. Biron: Avons-nous terminé l'étude du programme
1?
M. Fortier: On veut laisser cela ouvert à cause des
sociétés d'État.
Le Président (M. Boucher): C'est parce qu'on peut revenir
sur les programmes à un moment donné, s'il y a des questions qui
se posent, étant donné...
M. Fortier: Je ne vois pas tellement de difficulté, mais
je pense que ce serait plus simple de procéder comme cela.
Le Président (M. Boucher): ... que des intervenants
n'étaient pas présents aujourd'hui.
M. Fortier: A-t-on fixé la date de la prochaine
séance? Je ne pense pas.
M. Biron: Le jeudi 4 juin ou le 3 juin.
M. Fortier: J'avais suggéré le 4, si c'était
possible. Je ne sais pas si on siège.
M. Biron: Est-ce un jeudi? M. Fortier: C'est un
vendredi.
M. Biron: Vendredi, c'est impossible. C'est le jeudi 3,
apparemment. On nous a dit qu'on était prêt à nous donner
une demi-journée, à cause des travaux de la Chambre.
M. Fortier: Est-ce qu'il faut que ce soit tout à fait fini
avant le 5? Ne peut-on pas remettre cela à la semaine suivante?
M. Biron: Je suis...
M. Fortier: En tout cas, c'est avec les leaders...
M. Biron: D'accord, les leaders s'occuperont de ce
problème.
M. Fortier: D'accord, les leaders s'occupent de cela. Cela
va.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 39)