Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures seize minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'industrie, du commerce et du
tourisme reprend ses travaux aux fins d'étudier les différents
programmes des crédits du ministère.
Les membres de la commission sont: MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Biron (Lotbinière), Dussault
(Châteauguay), Fortier (Outremont), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Lavigne
(Beauharnois), Leduc (Saint-Laurent), Maciocia (Viger), Paré (Shefford),
Payne (Vachon), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Peuvent aussi intervenir: MM. Beaumier (Nicolet), Bélanger
(Mégantic-Compton), Blais (Terrebonne), Champagne (Mille-Îles),
Dubois (Huntingdon), Grégoire (Frontenac), Rocheleau (Hull), Tremblay
(Chambly), Vaillancourt (Orford).
J'imagine que vous aviez nommé un rapporteur.
M. Biron: C'était M. Paré (Shefford).
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le
député de Shefford. M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le député de Verchères
remplacerait M. le député de Frontenac, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): À titre
d'intervenant.
M. Dussault: À titre d'intervenant, oui.
Le Président (M. Rochefort): Avant d'aborder les sujets
sur lesquels il y avait eu entente pour cet après-midi, on m'indique que
nous pourrions disposer des programmes 2, 3, 4 et 5 qui ont été
étudiés en commission à l'occasion de la dernière
séance, mais pour lesquels on n'avait pas procédé à
l'adoption formelle. Est-ce bien le cas, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce?
Programmes adaptés sur division
M. Scowen: Oui, M. le Président. Quand nous avons
décidé notre programme pour l'étude de ces crédits,
on savait qu'on disposait d'une période limitée et on a
décidé, cette année, de mettre l'accent sur deux ou trois
éléments qu'on trouve d'une plus grande importance. Les membres
de notre formation et nos recherchistes ont étudié tous les
programmes et il a y a certainement des choses là-dedans avec lesquelles
on est d'accord et d'autres sur lesquelles on n'est pas d'accord. Mais parce
que le temps est limité et parce que, cet après-midi, c'est notre
intention de nous consacrer en bloc aux problèmes de la
société SIDBEC, nous sommes prêts à adopter sur
division tous les éléments des programmes 2, 3, 4 et 5. Je
répète qu'il y a des choses là-dedans sur lesquelles on
est d'accord et d'autres sur lesquelles on n'est pas d'accord, mais, parce que
nous n'avons pas un temps illimité, on va les adopter et passer aux deux
ou trois sujets qui sont les plus importants pour nous: cet après-midi,
SIDBEC et, ce soir, les programmes touristiques. Je suis prêt à
adopter sur division les quatre programmes que j'ai mentionnés, si vous
voulez.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Programme 2,
Société de développement industriel du Québec,
adopté sur division. Programme 3, Développement de l'industrie
manufacturière et commercialisation des produits, adopté...
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Rochefort): ... sur division. Programme
4, Centre de recherche industrielle du Québec, adopté sur
division.
M. Dussault: II me semble qu'on s'entend là-dessus.
M. Scowen: Oui, mais il y a des éléments
là-dedans sur lesquels on a des réserves. Comme je l'ai dit, on
n'a pas l'intention d'en discuter aujourd'hui.
Le Président (M. Rochefort):
Programme 5, Formation professionnelle, adopté...
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Rochefort): ... sur division aussi. Cela
va.
M. Scowen: Entre parenthèses, je présume qu'on va
avoir l'occasion de discuter en profondeur du programme 2, la
Société de développement industriel du Québec
lors...
M. Biron: Lors du projet de loi.
M. Scowen: ... du débat sur le projet de loi qui s'en
vient.
M. Biron: D'ailleurs, je me suis engagé à faire
comparaître le président à l'occasion de l'étude de
ce projet de loi, si vous en avez besoin.
SIDBEC
Le Président (M. Rochefort): Ces crédits
étant adoptés, on m'informe qu'il y avait entente pour aborder,
cet après-midi, la société SIDBEC. M. le ministre, pour
des commentaires d'introduction.
Remarques générales M. Rodrigue
Biron
M. Biron: M. le Président, je me suis rendu à la
demande du député de Notre-de-Grâce de répondre
à ses questions à propos de SIDBEC. Dans la mesure où je
peux répondre aux questions, il y a déjà beaucoup
d'études de décisions qui sont à prendre ou qui doivent
être prises au cours des prochaines semaines, sinon des prochains mois.
SIDBEC est une sidérurgie intégrée qui a investi
énormément d'argent en amont, c'est-à-dire dans les
activités minières au cours des sept ou huit dernières
années.
C'est une sidérurgie qui est petite de taille si on compare
SIDBEC avec les entreprises dans le même domaine d'activité au
Canada, je pense à Stelco, à Algoma, à Dofasco. Ce qui, en
partie d'ailleurs, cause de nombreux problèmes à SIDBEC, c'est
qu'on a essayé d'avoir une sidérurgie intégrée qui
produirait à peu près, dans toutes les sphères
d'activité, des produits sidérurgiques avec une entreprise de
très petite taille. En plus, il y a un problème qui est vraiment
structurel et qui date de très longtemps, c'est le problème de
financement de SIDBEC, entreprise qui a, historiquement, depuis ses
débuts, été sous-capitalisée. Cela ne date pas de
deux, trois ans, ça date véritablement des débuts de
SIDBEC. On a dû, un peu malgré nous, traîner ce boulet,
d'autant plus que lorsqu'on a décidé de faire l'investissement
dans SIDBEC-Normines vers 1973, les investissements se sont faits en 1974,
1975, 1976, là en plus SIDBEC-Normines est devenue gravement
sous-capitalisée.
Nous aurions réussi avec cette entreprise probablement à
passer à travers et, finalement, remettre cette entreprise sur une base
financière solide si la conjoncture économique ne s'était
affaissée complètement depuis un an et demi. Aujourd'hui,
à cause de la conjoncture, on doit faire des mises à pied
massives, on doit ralentir notre production à cause de certains contrats
qui ont été signés à l'époque sur
SIDBEC-Normines, en particulier, où nous sommes forcés de
produire plus que notre capacité de consommation et de vendre des
boulettes de fer, d'oxyde de fer sur les marchés internationaux avec une
perte considérable d'environ 25 $ la tonne, ce temps-ci. C'est
énorme si on a un surplus de boulettes de 2 500 000 tonnes, cela fait
au-delà de 60 000 000 $ de perdus, au départ, avec cette
activité de SIDBEC-Normines.
Il y a environ quinze mois, l'entreprise SIDBEC nous a
déposé un premier plan de redressement. Le plan a
été étudié au ministère par mon
prédécesseur et par moi à mon arrivée. Il semblait
pour nous en tout cas nous manquer des informations importantes et pertinentes
concernant des études de marché qui n'étaient pas
complétées, concernant des coûts d'investissements. On nous
laissait entendre, à l'époque, qu'il fallait investir dans le
secteur des aciers plats sans trop mentionner les sommes d'argent à
investir.
Lorsque j'ai communiqué avec le président du conseil
d'administration de SIDBEC, après avoir étudié son plan de
redressement, je lui ai demandé de nombreuses informations compte tenu
que, déjà, nous étions dans la mauvaise conjoncture
économique et le marché s'affaissant tellement rapidement, je lui
ai demandé des études de marché très serrées
afin de prouver le bien-fondé d'une décision d'investir plusieurs
dizaines sinon quelques centaines de millions de dollars additionnels dans
SIDBEC.
À date, les décisions finales n'ont pas été
prises vis-à-vis le plan de redressement tout simplement parce que nous
voulons nous assurer que si nous investissons quelque chose dans SIDBEC, le
marché puisse exister ou au moins existera au cours des prochaines
années. Ces études de marché commencent à se tenir,
à être beaucoup plus étoffées qu'elles ne
l'étaient il y a un an, et les études de coûts
d'investissements, sont beaucoup plus étoffées qu'il y a un an,
ce qui me porte à croire, maintenant, que lorsque la décision du
conseil d'administration de SIDBEC de faire une recommandation au Conseil des
ministres sera prise, ce qui ne saurait tarder, nous pourrons à partir
d'études très précises prendre une décision
définitive.
Il y a aussi le problème de la sous-capitalisation que j'ai
évoqué tout à l'heure. SIDBEC étant
sous-capitalisée et empruntant à 10%, c'est déjà
pas mal, mais c'est moins pire qu'emprunter à 15%, 16%, 17% ou 18% comme
nous sommes obligés de faire au
Canada depuis au-delà d'un an maintenant. Cela devient, à
la longue, désastreux pour une entreprise qui doit emprunter de l'argent
pour son financement lorsqu'elle est sous-capitalisée. C'est un
problème de structure avec lequel il a fallu vivre au cours des
années passées. Je pense bien qu'il va falloir continuer à
vivre ainsi encore un bout de temps. Il faut essayer de trouver d'autres
options. Parmi celles-ci, j'ai demandé à la direction de SIDBEC
de chercher des partenaires possibles, et elle l'a fait assez bien
jusqu'à maintenant malgré la conjoncture difficile. Non pas un
seul partenaire qui voudrait avec nous investir dans SIDBEC rapidement 50%, ou
quelque chose comme cela, ou même 30% ou 60%, c'est à peu
près impossible à trouver. Mais trouver différents
partenaires pour différentes usines ou différentes
opérations de SIDBEC. Ce qui, à mon point de vue, est faisable.
À l'heure actuelle, il y a des démarches qui se font par la
direction de SIDBEC avec d'autres entreprises privées, pour la plupart,
afin de les intéresser à participer avec SIDBEC au
développement de certaines formes de production.
Le problème est complexe et difficile; vu la conjoncture
économique, il est encore plus difficile qu'il ne l'était il y a
quelques années. Je pense qu'il faut l'aborder avec beaucoup de calme et
essayer de trouver les meilleures solutions afin de, passer à travers la
crise. Des meilleures solutions possible, il y en a beaucoup qui ont
été envisagées, il y en a certainement d'autres qui seront
soumises aujourd'hui par les membres de cette commission parlementaire. De
toute façon, aussitôt qu'une décision sera prise, cela veut
dire une nouvelle loi pour SIDBEC ou cela veut dire retoucher la loi de SIDBEC.
À l'automne, lorsque la loi de SIDBEC sera représentée
devant l'Assemblée nationale, bien sûr, comme on le fait
habituellement lorsqu'il y a une loi touchant une société
d'État, les dirigeants de cette société seront
appelés à comparaître après la première
lecture du projet de loi pour répondre à toutes les questions des
membres de la commission.
J'ai voulu faire un rapide tour d'horizon, M. le Président. Je
remercie le député de Notre-Dame-de-Grâce de nous permettre
de discuter un peu de ce problème de SIDBEC quoi que nous ne pourrons
aujourd'hui aller au fond de tout le problème puisqu'à l'automne,
à l'occasion d'un projet de loi sur SIDBEC, on pourra vraiment fouiller
à fond les différentes phases et les différentes
opérations de cette société.
Je remercie aussi les membres de la commission parlementaire qui,
aujourd'hui, prendront part à cette décision sur une
société d'Etat importante qui connaît des problèmes
conjoncturels et structurels.
En passant, je note avant de terminer que même si SIDBEC est
déficitaire, il y a des gens dans le secteur privé que j'ai
rencontrés depuis un an qui me disent: Une société
d'État ne doit pas être déficitaire, elle ne doit pas
exister si elle est déficitaire. Je vous dirai, même si SIDBEC est
déficitaire, qu'il y a tout de même une limite à être
déficitaire, mais si elle est un peu déficitaire, c'est
peut-être à demi pardonnable. Parce qu'il y a des entreprises
québécoises qui profitent à l'heure actuelle de la
présence de SIDBEC. Canam Manac est un exemple, et il y en a beaucoup
d'autres. Toutes les entreprises qui sont au Québec et qui emploient
beaucoup d'acier peuvent payer l'acier meilleur marché à cause de
la présence de SIDBEC sur le marché. Si ce n'était de
SIDBEC, plusieurs entreprises privées québécoises seraient
pénalisées parce que le taux au lieu d'être FAB
Montréal, serait FAB Hamilton, Ontario, plus le transport de Hamilton
à Montréal, ce qui ferait une différence énorme.
C'est dans ce sens que je dis qu'avant de prendre une décision à
l'égard de SIDBEC, il faut vraiment comptabiliser toutes les
retombées économiques pour le Québec, puisque c'est le
gouvernement, le représentant de la collectivité, qui doit
prendre les dernières décisions.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci. (15 h 30)
M. Reed
Scowen
M. le Président, je veux d'abord exprimer ma déception,
parce que M. De Coster, le président, n'est pas avec nous aujourd'hui.
J'ai demandé, il y a deux semaines, au ministre de faire inviter M. De
Coster. J'avais l'impression que la réponse était affirmative. Il
n'est pas obligé, bien sûr, mais cela a été fait par
courtoisie. La dernière fois que j'ai fait une demande semblable
à M. Parizeau c'était pour voir M. Campeau lors de l'étude
des crédits du ministère des Finances. Le ministre a
décidé de ne pas inviter M. De Coster. C'est son droit, mais cela
ne va pas m'empêcher... Je dois ajouter en passant que le ministre m'a
donné le droit d'aller visiter M. De Coster. Je lui ai parlé
pendant trois heures, il a été très poli à mon
égard, il a été aussi très discret, comme il doit
l'être. Mais l'information que j'ai recueillie est très
intéressante et très utile. Je veux remercier le ministre et M.
De Coster de m'avoir donné cette possibilité.
Ceci étant dit, M. le Président, je dois avertir le
ministre, d'une façon très claire, que nous trouvons que
l'inattention qu'il a apportée à ce dossier depuis
l'arrivée au
pouvoir du Parti québécois en 1976 est scandaleuse. Ce
n'est pas admissible et nous n'avons pas l'intention de le laisser continuer.
Le débat aujourd'hui - je dois vous le dire - est le début d'une
campagne, si vous voulez, de notre part pour obliger le gouvernement à
prendre ses responsabilités dans ce dossier. C'est un départ. Si
le ministre ne répond pas aux questions aujourd'hui, je lui promets
qu'il sera obligé d'y répondre demain. Je vais essayer, dans les
20 ou 25 minutes que j'ai au départ, de vous donner les grandes lignes
du problème comme on le voit. C'est une question qui est très
importante, d'abord pour les travailleurs et les cadres qui gagnent leur vie
dans cette compagnie. C'est une grande préoccupation également
pour tous ceux et celles qui sont obligés de payer la note. On insiste
pour que cette attention soit apportée tout de suite.
En passant, je veux au départ vous dire pourquoi nous sommes
très insatisfaits. Il n'est pas nécessaire d'aller 12 ans en
arrière et de faire l'historique de SIDBEC; cela a été
fait ad nauseam par tous les ministres, dans tous les projets de loi
depuis.
La première chose que je vais aborder, c'est qu'en 1979, on
était devant un projet de loi par lequel on était invité
par le gouvernement à investir une somme additionnelle de 150 000 000 $
dans SIDBEC, le projet de loi no 73 de décembre 1979. Le ministre
à l'époque, M. Duhaime, s'est engagé à ce moment,
parce qu'on avait écouté des promesses pour l'avenir de SIDBEC
pendant dix ans... On a dit: C'est assez, arrêtez. M. Duhaime a dit: Je
suis d'accord avec vous, je m'engage à obliger la société
à présenter un plan de redressement pas plus tard que le 30 juin
1980. Il y a deux ans. Le plan était un engagement du gouvernement, M.
le Président. On parle du respect pour les engagements publics, cela en
était un. Le plan a été déposé,
d'après nos informations, d'après une déclaration du
président, M. De Coster, en février 1981, avec un retard de sept
mois. Silence de la part du gouvernement jusqu'à l'étude des
crédits, au mois de juin 1981, quand mes collègues, M. Johnson et
M. Fortier, ont soulevé la question: Qu'est-ce que vous faites avec ce
document? Le ministre disait: Nous l'avons. Il a dit et je le cite, à la
commission parlementaire du 26 juin: Une commission parlementaire
siégera à l'automne 1981 pour étudier le plan de
redressement de SIDBEC. C'est maintenant l'été 1982. Voilà
un autre engagement formel, écrit, public du ministre de siéger
à une commission l'automne passé. Il n'a même pas
présenté ses excuses depuis. Le silence le plus total! La seule
autre information qu'on a pu recueillir, c'est un article dans le Soleil du 24
octobre 1981, quand le ministre a fait une déclaration sur la
Côte-Nord en disant que la solution était de réduire la
production de SIDBEC-Normines. Cela a été suivi d'une
intervention de M. De Coster qui est allé rencontrer les journalistes,
d'après Radio-Canada, "pour démentir le ministre Biron qui
n'avait rien compris à la complexité du dossier de SIDBEC et
à son plan de redressement." Cela a été le
résumé de la déclaration de M. De Coster à la suite
de la déclaration du ministre à peu près un an et demi
après que le plan de redressement eut été soumis au
gouvernement. C'est de l'irresponsabilité la plus claire parce que,
entre le moment où ce rapport a été promis et aujourd'hui,
SIDBEC a perdu encore à peu près une centaine de millions de
dollars.
Quand je commence à examiner ce dossier, je suis convaincu que
nous sommes devant la plus grande catastrophe financière dans l'histoire
de toutes nos sociétés d'État depuis la
Confédération. Nous avons perdu jusqu'ici à peu
près 300 000 000 $ et, d'après si les indications que j'ai - M.
De Coster si été très discret et les articles dans les
journaux sont incomplets - si je comprends bien la situation, nous sommes
devant la possibilité de pertes additionnelles pour sortir de ce marasme
où on se trouve, et surtout dans le secteur minier, qui va faire monter
les pertes subies par SIDBEC d'ici cnq ou six ans au niveau de 1 000 000 000 $
ou pas loin de cela. La population ne le sait pas encore. On commence, quand on
étudie le dossier un peu, à voir le sérieux de la
situation et les raisons qui poussent le ministère à cacher ce
dossier.
Je veux, en passant, vous dire qu'ils vont essayer très
probablement de dire: Bon! Ce problème est la responsabilité du
gouvernement libéral parce que les engagements ont été
pris par le gouvernement libéral surtout dans le cas de Normines. J'ai
fait un petit débat avec le collègue du ministre hier soir et on
s'est aperçu que l'engagement de SIDBEC-Normines a été
pris par le gouvernement libéral, mais le premier engagement formel de
garantie pour cette aventure de SIDBEC-Normines a été
signé par le ministre des Finances en décembre 1976 et le nom de
ce ministre des Finances est M. Jacques Parizeau.
En plus, même si c'est un détail, il reste quand même
que vous avez été élus en 1976 pour prendre la
responsabilité du gouvernement du Québec. SIDBEC est une filiale
à part entière du gouvernement du Québec. Vous serez
jugés sur ce que vous avez fait depuis cinq ans et demi dans ce dossier,
pus sur ce que le Parti libéral ou le gouvernement libéral a fait
il y a cinq, dix ou quinze ans, pas plus que vous ne seriez jugés par la
population sur le comportement de la Caisse de dépôt ou d'Asbestos
ou de n'importe quelle société qui va bien ou mal. Finalement: -
je pense que cinq ans et demi
c'est suffisant - vous devez prendre vos responsabilités
vous-mêmes pour la gestion des sociétés d'État et
pour son résultat.
Je ne vais pas passer à travers tout l'historique de la
société, c'est assez bien connu, comme je l'ai dit. On a
acheté la société Dofasco en 1969; c'était une
compagnie rentable à l'époque. On l'a payée 130 000 000 $.
La dernière année, Dofasco avait des profits de 4 500 000 $. On a
acheté une société rentable pour un prix imposant; onze
ans après, on a encore, comme je l'ai dit, des dettes de 300 000 000 $
et la cause principale, même exclusive de la sous-capitalisation de la
société, ce sont les pertes. La population a fait sa part, elle a
investi 560 000 000 $ dans cette société. Si c'est
sous-capitalisé, ce n'est pas à cause d'un manque de
volonté de la population, c'est presque 300 000 000 $ de ces 560 000 000
$ qui ont été investis par la population et qui sont perdus. Ce
n'est pas acceptable de dire: La société est faible parce que
c'est sous-capitalisé. La population a fait sa part. Demandez qu'on
règle le problème de la sous-capitalisation de SIDBEC avec un
autre investissement de fonds pour permettre à la société
de continuer à perdre de l'argent, le ministre a été dans
le secteur privé, et je vais citer quelques-unes de ses
déclarations à ce sujet tantôt; il comprend autant que moi
que c'est de l'irresponsabilité flagrante de dire que cette
société est sous-capitalisée aujourd'hui et que la
population ne l'a pas supportée.
Je veux simplement lire, M. le Président, la déclaration
de M. Duhaime - je crois que c'est important - concernant le plan de
redressement, parce que c'est sur le plan de redressement que je veux surtout
parler, cet après-midi. Il a dit: "En même temps que j'ai
déposé le projet de loi no 73, j'ai demandé à la
direction de SIDBEC de soumettre, d'ici au 30 juin 1981, un plan de
redressement proposant au gouvernement les orientations que la compagnie
désire prendre pour rentabiliser ses opérations. Ce plan devrait
préconiser des mesures portant sur, premièrement, la
révision de la structure corporative et financière du groupe
SIDBEC; deuxièmement, l'organisation et la structure administrative des
compagnons du groupe; troisièmement, la solution des problèmes
relatifs au engagements de SIDBEC dans SIDBEC-Normines et,
quatrièmement, la planification et les modes de gestion de SIDBEC, eu
égard aux besoins de financement à court et à long
terme."
Je veux maintenant rappeler au ministre qui vient de nous dire que si
SIDBEC est déficitaire, c'est pardonnable -je le cite textuellement -
parce qu'il y a des retombées économiques importantes. Je veux
citer le chef de l'Union nationale, lors du débat sur le projet de loi
no 73, le 17 décembre 1979, et je ne veux pas citer tout son discours
qui était très intéressant, mais il me permet,
j'espère, de lui rappeler quelques éléments, et je cite le
ministre qui était là à l'époque. "Est-ce que les
sociétés d'État vont venir constamment gruger notre
argent, nos taxes? Nous disons non. Il y a une limite. Il faut que cela finisse
quelque part. Les sociétés d'État doivent maintenant
devenir aussi rentables que les entreprises privées. Les
sociétés d'État ne paient pas de dividendes à leurs
propriétaires, à leurs actionnaires; non seulement on ne paie pas
de dividendes, mais les actionnaires sont toujours obligés de mettre de
l'argent dedans. Un jour ou l'autre, il va falloir dire: Les
sociétés d'État, il va falloir qu'elles commencent
à payer des dividendes à la population du Québec pour
qu'on fasse quelque chose avec notre argent. Je veux donner aujourd'hui un
avertissement - je cite encore le ministre - solennel à la fois aux
dirigeants de SIDBEC et aux dirigeants de toutes les autres
sociétés d'État qu'ils ne devront pas se présenter
devant nous, au cours des prochaines années, sans voir le projet de loi
bloqué de toutes les façons possibles à l'Assemblée
nationale; c'est tout simplement un vote de principe pour bien aviser les
dirigeants des sociétés d'État qu'à l'avenir ils
devront administrer leur société d'État sur une base
financière saine, solide, et être aussi effectifs, être
aussi efficaces que n'importe quelle société privée au
Québec."
C'est la même personne qui nous dit aujourd'hui: S'ils sont
déficitaires, c'est pardonnable. Je parle d'un déficit qui va
monter, je suis persuadé, à moins que des mesures soient prises
immédiatement à un niveau de près de 1 000 000 000 $ d'ici
à cinq ou six ans. C'est inacceptable. C'était inacceptable en
1979 et c'est même plus inacceptable aujourd'hui quand un grande partie
de la population, et pas les plus riches, est obligée de chercher de
l'aide sociale, de l'assurance-chômage, et de payer quand même les
taxes très importantes, indirectes parce qu'on paie des taxes indirectes
même si on est en chômage, et ceux qui sont au travail paient des
taxes directes en plus pour supporter l'État et on met les fonds de
l'État dans ce trou qui est SIDBEC, entre autres. C'est la
responsabilité élémentaire dont je parle. Je sais que je
parle un peu in extenso, mais je pense que ces éléments sont
importants et j'espère que vous me donnerez le temps de terminer; j'en
ai probablement pour cinq ou dix minutes.
Quelle est la situation actuelle? Je ne vais pas parler longuement de
l'entreprise comme telle, sauf pour vous dire, M. le ministre, qu'en 1969, on
s'est installé dans l'aciérie, parce que quelques-uns croyaient
que le secteur de la sidérurgie était un moteur pour le
développement économique. Je pense que tout le monde est
d'accord
aujourd'hui pour dire que ces espoirs, que cette théorie, si vous
voulez, n'ont pas été réalisés. SIDBEC
n'était pas et n'est pas aujourd'hui un moteur pour la stimulation des
entreprises dans ce secteur d'une façon importante. Oui, vous pouvez me
donner quelques exemples de sociétés qui achètent de
l'acier du Québec aujourd'hui et qui en ont acheté hier, mais
n'importe quelle personne objective sera obligée d'admettre que SIDBEC
n'a jamais rempli son rôle comme moteur pour la stimulation de
l'industrie secondaire, ici au Québec.
En gros - je pense que c'est connu -les produits plats sont
considérés les plus propices au développement des
industries secondaires: l'automobile, les réfrigérateurs, etc. On
n'est pas concurrentiel dans les produits plats, la machinerie est
désuète et, si les chiffres que j'ai sont bons, pour devenir
concurrentiel aujourd'hui dans les produits plats ici au Québec, on
assistera à un investissement d'à peu près 1 500 000 000 $
avec d'autres compagnies canadiennes, Stelco et Dofasco, entre autres, qui sont
bien installées dans cette industrie. Si on fait un investissement de
500 000 000 $, ou de 1 000 000 000 $, ce ne sera pas rentable, il ne faut pas
rêver. Si on veut mettre le paquet là-dedans et faire concurrence
à ces grandes compagnies qui sont encore, il faut le rappeler, au
Canada, dans notre pays, il faut ici, nous-mêmes, seuls ou avec des
partenaires, accepter un investissement d'une telle envergure, si on veut
vraiment créer quelque chose qui puisse avoir des effets secondaires
importants. Autrement, ce sont des slogans.
Je ne veux pas parler surtout de cela, mais de la situation
financière de Normines ou, si vous préférez, pour
être un peu plus précis, du secteur minier, parce que Normines,
à cause de la comptabilité qui est faite, est rentable, tandis
que le secteur minier comme tel est très déficitaire.
L'année passée, le secteur minier de SIDBEC a perdu 37 000
000 $. Je n'ai pas encore les chiffres de cette année, mais,
d'après les indications que M. De Coster m'a données, ils vont se
situer entre 50 000 000 $ et 60 000 000 $.
Pour l'avenir, M. De Coster a été très discret et
je ne le blâme pas, mais il y a quand même des
éléments qu'on connaît déjà. Il ne m'a pas
montré le contrat, mais il m'a expliqué quelques grandes lignes
du contrat, et j'ai moi-même une petite calculatrice. Il m'a parlé
des cinq scénarios qui sont envisagés. Il ne m'a pas
décrit exactement de quoi il s'agit, mais il m'a dit au moins que, dans
le plan de redressement, il y a cinq scénarios envisagés.
J'ai l'impression qu'il est très probable qu'avec plusieurs de
ces scénarios, les pertes qu'il faut prévoir dans le secteur
minier de la compagnie SIDBEC peuvent monter assez vite, à un niveau
beaucoup plus élevé que 60 000 000 $ par année, beaucoup
plus élevé que cela.
Je ne sais pas si une des possibilités envisagées, un des
cinq scénarios, c'est une fermeture partielle ou complète.
J'aimerais que le ministre m'informe. À la fin, je vais lui poser une
série de questions précises, et cela en sera une; mais c'est
clair qu'on est devant une situation où il faut prévoir des
pertes beaucoup plus importantes que celles qu'on voit aujourd'hui dans le
secteur minier. C'est un peu ironique, M. le Président, parce que je me
rappelle très bien que l'idée au départ de faire notre
propre usine de bouletage était qu'on était scandalisé
parce que, avec la compagnie Iron Ore, on vendait notre minerai de fer aux
étrangers pour la somme de 0,01 $ la tonne. On ne parlait pas des
retombées économiques secondaires. On disait: C'est scandaleux!
on est exploité, on est colonisé, à 0,01 $ la tonne!
Maintenant, on vend à perte, nos richesses naturelles non
transformées. Aujourd'hui il y a des bateaux qui partent en Allemagne,
en Europe, au Japon, avec nos richesses naturelles non transformées et
on les vend à perte. L'État vend nos richesses naturelles avec
une perte d'à peu près 10 $ la tonne, peut-être plus. C'est
beau, n'est-ce pas?
C'est la grande contradiction qu'on voit souvent entre les
théories économiques et la réalité; les illusions
de l'Opposition et la réalité de pouvoir. Il y a plus. J'ai aussi
l'impression, c'est une autre question que je vais poser au ministre, que la
situation financière de SIDBEC même n'est pas très saine.
J'ai regardé une déclaration de M. De Coster lui-même dans
laquelle il disait récemment que les prêts bancaires
étaient arrivés presque à leur limite et qu'il serait
obligé très bientôt de demander au gouvernement de donner
un support additionnel, pas à long terme, pas avec un projet de loi,
mais un prêt pour lui permettre de continuer de fonctionner parce que les
banques étaient arrivées au point où, très vite,
elles pourraient refuser d'accorder des prêts: additionnels à
court terme.
Je pense que quand M. De Coster a parlé, c'était à
peu près 140 000 000 $, et j'avais l'impression qu'on allait plus haut
à toute vitesse. Il est même possible que le ministre soit, un
jour prochain, devant une demande de M. De Coster où du conseil
d'administration de SIDBEC d'investir à court terme des fonds publics
dans cette société. Je pense qu'il y a possiblement moyen de le
faire sans avoir recours à un projet de loi. Mais j'espère que le
ministre va nous donner son engagement formel aujourd'hui qu'aucun fonds
publics additionnels, soit à court terme, soit à long terme ne
seront investis, prêtés, donnés, subventionnés
à cette société avant que le plan de redressement promis
en
1979 soit vu, étudié et approuvé par une commission
parlementaire et par l'Assemblée nationale. Parce qu'une fois que ces
sommes sont investies, que ce soit à court terme ou à long terme,
elles sont investies pour toujours.
Je veux rappeler un autre élément du projet de loi et
ensuite je vais passer aux questions. J'ai deux autres petits
éléments que je veux soulever. Le premier, c'est que dans le
projet de loi no 73, il y avait un élément principal qui
était d'investir 150 000 000 $. Il y avait un deuxième
élément, ajouté à la charte de SIDBEC, qui
était que cette société devait être rentable et,
deuxièmement, qu'elle pouvait faire des associations avec des
partenaires. Sur les partenaires, ce serait très intéressant de
savoir ce que le ministre prévoit faire. Cela est un sujet qui est
intéressant pour l'avenir. Pour le présent, j'ai l'impression que
le ministre n'a même pas le droit d'investir de sommes additionnelles
dans cette société, à court terme ou à long terme,
après que son gouvernement, fortement appuyé par le chef de
l'Union Nationale, a appuyé l'insertion dans la charte de
critères de rentabilité et a obligé la
société de soumettre un plan de redressement pour
démontrer la voie à la rentabilité, plan qui n'est pas
encore rendu public. J'ai l'impression que le ministre n'a pas le droit
légalement et n'a certainement pas le droit moralement d'investir un
autre sou dans cette société avant que ce plan de redressement
soit approuvé s'il veut rester fidèle à la charte
même qui a été changée en 1979. Le dernier point que
je veux soulever avant de poser cinq ou six questions précises est loin
d'être le moins important; c'est la question de l'emploi. Si mes chiffres
sont bons, la compagnie SIDBEC - je ne parle pas du secteur minier - emploie au
total 3400 personnes. C'est aujourd'hui descendu entre 1500 et 1000. Je n'ai
pas les chiffres précis et il semble que ça change presque tous
les jours. Si je comprends bien, ils ont signé un nouveau contrat qui
donne au personnel de SIDBEC un salaire et des bénéfices
égaux à ceux des compagnies ontariennes. Mon collègue
André Raynauld a soulevé, il y a deux ou trois ans, la question
de la productivité de SIDBEC. Il a dit qu'il y avait des chiffres
indiquant que, dans la société SIDBEC, la productivité
comme telle était à peu près la moitié de celle des
sociétés ontariennes. Le ministre à l'époque
disait: Je n'ai pas ces chiffres actuellement, mais je m'engage à les
trouver. Je sais et le ministre sait aussi que la productivité des gens
n'est pas surtout liée à leur volonté de travailler ou
à l'effort qu'ils mettent dans leur affaire. C'est lié surtout
aux outils qui leur sont donnés. J'ai été dans l'industrie
moi-même; dans la productivité des gens, oui, il y a une certaine
volonté de travailler qui est très importante, mais, finalement,
donnez aux gens de bons outils et ils seront très productifs.
Donnez-leur de mauvais outils et ils ne le seront pas. C'est la même
chose pour tout le monde.
Alors, j'aimerais savoir si le ministre est conscient de cet engagement
de son prédécesseur, s'il peut nous dire si c'est vrai que la
productivité des gens de SIDBEC est vraiment beaucoup moins
élevée et qu'en conséquence nos coûts sont beaucoup
plus élevés. Je pose la question dans le contexte du contrat
actuel parce qu'on a vu récemment un effort de la part de l'État,
de ce gouvernement, d'ouvrir unilatéralement un contrat qu'il a
signé avec des fonctionnaires. Comme cette tentative a
échoué à cause de l'opinion publique, il a
décidé de faire indirectement ce qu'il ne pouvait pas faire
directement et vous connaissez tous l'histoire de ce qui va arriver aux
fonctionnaires du secteur public dans les premiers mois de l'année
1983.
J'espère que le ministre va demander aux gens de SIDBEC, tenant
compte de la situation où toute la population du Québec se trouve
aujourd'hui, qui est assez pénible, de faire leur part et de rouvrir le
contrat. Mais j'espère que, s'il demande à M. De Coster de faire
ces négociations, il est prêt à nous donner un engagement
aujourd'hui que, si les syndicats n'acceptent pas l'ouverture de ce contrat, il
ne va pas faire ce que le premier ministre a fait ou est en train de faire avec
les fonctionnaires et faire indirectement pendant les trois mois qui vont
suivre la fin du contrat ce qu'il ne pouvait pas faire pendant le contrat.
Je termine, M. le Président, avec ces questions précises
et j'espère que le ministre va y répondre d'une façon la
plus complète possible. Je m'excuse d'avoir pris autant de notre
période d'étude ici pour situer le problème, mais je pense
que c'est quand même important. Premièrement, j'aimerais savoir
comment le ministre peut justifier le retard dans la convocation de cette
commission parlementaire qui aurait dû avoir lieu il y a un an et demi au
moins et qui a été promise par ce ministre pour l'automne
prochain. Ils n'ont pas respecté leur engagement. J'aimerais savoir
pourquoi. J'aimerais avoir un engagement de sa part qu'avant la fin de cette
session, le 23 juin, il va convoquer cette commission parlementaire. Deux ans
et demi après je pense que ce n'est pas une demande trop excessive.
La deuxième question est: Comment envisage-t-il de rendre
concurrentielle la compagnie SIDBEC dans le secteur plat, qui est le secteur
moteur pour le développement économique du Québec? Combien
cela va-t-il coûter? Quand cela sera-t-il réalisé?
La troisième question que je veux lui poser c'est: Quels sont
précisément les cinq scénarios dans le plan de
redressement? Quel
en est le coût minimum pour la population? Parmi ces cinq
scénarios, lequel semble nécessiter les coûts les moins
élevés pour la population? Quels sont les chiffres de ces
coûts? Devant quel problème dans l'ordre de grandeur sommes-nous?
Je veux savoir, en passant, si un des cinq scénarios envisage la
fermeture possible de Port-Cartier ou de la mine de Fire Lake.
Ma quatrième question: Est-ce qu'il prévoit la
nécessité de verser, à court terme, des fonds additionnels
à SIDBEC? Est-ce qu'il s'engage, aujourd'hui, à respecter le
changement de charte et la demande d'un plan de redressement qui a
été faite en 1979 par son prédécesseur avant qu'il
n'engage le secteur public pour un dollar de plus dans cette
société?
Ma cinquième question et je crois que c'est la dernière.
Est-ce que le ministre est prêt à dire publiquement, aujourd'hui,
que s'il s'embarque dans un programme ou s'il demande à M. De Coster de
s'embarquer dans un programme de réouverture du contrat avec les
syndicats de SIDBEC qu'il s'engage, aujourd'hui, à ne pas permettre
à M. De Coster ou à ne pas permettre à l'État par
la voie d'une loi comme celle qu'on a vue récemment de faire
indirectement ce que les syndicats refusent de faire directement s'ils ne
peuvent pas s'entendre? Je pense que c'est très important que cet
engagement soit pris aujourd'hui, parce que j'imagine que devant la situation
qu'on voit ici dans le secteur public et les intentions du gouvernement il y a
beaucoup de sociétés d'État qui s'inquiètent. On
peut aussi bien adopter un projet de loi semblable à celui du secteur
public pour la société SIDBEC.
Ce sont les cinq questions que je pose, M. le Président.
J'espère et je suis certain que le ministre, qui a eu maintenant
quelques années pour étudier ce dossier, peut me donner les
réponses.
Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
Est-ce que vous préférez intervenir quand même M. le
député de Verchères?
M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, le député
de Notre-Dame-de-Grâce a dit: Je voulais situer plus ou moins
brièvement le problème. Je suis d'accord pour qu'on puisse situer
le problème avant qu'on parle du dossier et du problème SIDBEC,
parce que c'est non seulement un dossier, mais c'est un problème. Je ne
suis pas d'accord cependant pour qu'on le fasse en charriant, en
déformant les faits, en camouflant ses véritables intentions.
Celui qui nous parle a non seulement été un conseiller
économique d'un ancien ministre de l'Industrie et du Commerce à
l'époque où des décisions concernant SIDBEC ont
été prises, mais c'était sans doute, aux dernières
élections, un aspirant à la candidature de ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour le gouvernement du
Québec.
Je viens de l'entendre dire un certain nombre de choses qui,
franchement... Les deux bras m'ont tombé. Je veux bien croire que les
députés de l'Opposition, après cinq ans et demi, veuillent
demander des comptes au gouvernement et veuillent dire à ce gouvernement
qu'il n'aurait pas à justifier son administration en se rabattant
continuellement sur ce qu'il y avait avant, mais il y a un sacré bout
entre cette volonté légitime, après un certain nombre
d'années, ne pas continuellement faire le procès du passé
et d'essayer de faire porter sur le gouvernement actuel des gestes qui ont
été posés par l'ancien gouvernement. Je veux bien qu'on
arrête de faire le procès du gouvernement Bourassa. Cela va, il a
été battu. On a réglé son cas. Mais qu'on dise que
c'est le gouvernement actuel qui a posé des gestes qui ont
été posés par le gouvernement Bourassa, je ne marche plus.
Qu'on laisse entendre que c'est le gouvernement actuel qui a signé le
contrat de SIDBEC-Normines et qui a engagé SIDBEC dans cette aventure,
peut-être que c'était une aventure nécessaire, compte tenu
du nombre de familles, compte tenu de l'avenir et de la situation sur la
Côte-Nord, c'était néanmoins une aventure et ce n'est
certainement pas le gouvernement actuel qui a engagé cette aventure, qui
l'a amorcée et qui y a mis les points finaux. C'est d'autant plus
inacceptable d'entendre le député de Notre-Dame-de-Grâce
parler comme il l'a fait. Je l'ai même entendu ridiculiser les objectifs
qu'on recherchait par Normines. J'ai même entendu dire - le journal des
Débats sera là pour en témoigner - les
représentants des ouvriers, les travailleurs qui sont dans la salle vont
être là pour en témoigner qu'il y a des contradictions
entre les tirades économiques et la réalité; entre
l'illusion de l'Opposition et la réalité du pouvoir. Mais c'est
vous qui étiez au pouvoir et c'est nous qui étions dans
l'Opposition au moment où ces décisions économiques, ces
thèses économiques ont été mises en
application.
Si vous n'étiez pas d'accord, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous auriez pu le dire à l'époque.
Vous étiez conseiller économique du ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Scowen: A l'époque, SIDBEC relevait du ministère
des Finances.
M. Charbonneau: J'imagine qu'il y avait de telles cloisons dans
les ministères à vocation économique sous le
gouvernement
Bourassa, que les conseillers économiques d'un ministère
ne parlaient absolument pas aux autres conseillers économiques. Est-ce
que c'est ce que vous voulez nous faire croire? Voyons donc. Vous voulez nous
faire croire que parce que vous étiez conseiller économique du
ministère de l'Industrie et du Commerce, vous n'aviez aucune
possibilité de dire au conseiller économique des autres
ministères du même gouvernement qu'ils commettaient une aberration
selon vos propres théories économiques.
J'ai l'impression que votre position n'est pas en terrain solide. Je
vous ai déjà vu meilleur que cela. Je vous estime. Vous
connaissez l'économie, probablement plus que moi, parce que j'ai appris
depuis cinq ans et demi que Dofasco, ce n'est pas la même chose que
Dosco, j'ai appris cela. Ce n'est pas Dofasco qui a été
achetée mais Dosco qui a été achetée.
J'ai appris aussi, et on pose la question de la façon suivante:
Pour devenir concurrentiel pour les produits plats, les plus
intéressants, selon le député de
Notre-Dame-de-Grâce, et je pense qu'il a raison à cet
égard, que ce sont des besoins d'au-delà de 1 000 000 000 $; des
besoins donc considérables.
Quand on parle des différents scénarios qui sont
actuellement en discussion et qui, dans tous les cas, selon lui, provoqueraient
des pertes encore plus considérables si ces scénarios
étaient mis en application que les pertes actuelles, qu'on essaie en
même temps de s'inquiéter à la fois des mises à pied
qui sont faites et de la situation de l'emploi, je pense qu'il y a une
contradiction. Tous vos arguments, votre discours, la plupart des questions que
vous posez tournent autour d'une opinion qui n'a pas été
émise clairement mais qui est en filigrane partout dans votre
façon d'aborder le dossier SIDBEC.
J'ai l'impression que vous en êtes arrivé à la
conclusion qu'il n'y a qu'une chose à faire avec SIDBEC, c'est de mettre
la clef dans la porte. Vous ne l'avez pas dit clairement, mais quand on dit
à un gouvernement que cela coûtera au-delà de 1 000 000 000
$ pour faire en sorte qu'une entreprise soit concurrentielle dans le secteur le
plus intéressant, c'est-à-dire les produits plats...
M. Scowen: Je ne veux pas interrompre le député,
mais je veux simplement rappeler qu'il y a une tradition parlementaire qui veut
qu'on ne prête pas d'intention à nos collègues.
M. Charbonneau: Non, mais il y a une réalité. Je
crois que tout le monde a entendu les propos que vous avez tenus. Ce n'est pas
compliqué. Tout le monde connaît le problème de SIDBEC. On
peut toujours dire que c'est le problème de la sous-capitalisation et
d'essayer de jouer avec l'opinion publique: la population a assez
supporté SIDBEC et si celle-ci est sous-capitalisée, ce n'est pas
de la faute de la population. Bien sûr, que le problème premier de
SIDBEC, c'est un problème d'argent. C'est un problème de
capitalisation et ce n'est pas parce qu'on a mis des fonds considérables
qu'actuellement, de la part de l'ensemble de la société, on a
réglé le problème de la capitalisation. Le
problème, c'est que SIDBEC est en concurrence avec des géants de
l'acier, canadiens et internationaux, qui pour toutes sortes de raisons ont des
entreprises beaucoup plus capitalisées, ont investi beaucoup plus que
les actionnaires de SIDBEC, c'est-à-dire l'ensemble de la
société québécoise.
On peut trouver que selon la simple réalité
économique et financière les Québécois n'ont pas
assez investi dans SIDBEC; cela ne veut pas dire qu'on doive les blâmer.
Le fait de constater qu'il n'y a pas assez d'argent qui a été mis
dans SIDBEC, ce n'est pas un blâme qu'on fait à la population.
Sauf que constater qu'on a un besoin considérable d'argent et en
même temps poser la question et laisser entendre que cela n'a pas de bon
sens d'injecter les fonds qui seraient nécessaires, parce qu'on n'est
pas capable de le faire, parce qu'on n'en a pas les moyens, parce qu'on est
assuré de perte, parce que cela coûterait trop cher, il y a
là un illogisme. Il faut choisir. On ne peut pas manger son gâteau
et le garder en même temps. On ne peut pas à la fois tenir un
discours qui vise à convaincre les gens que vous voulez préserver
les emplois des ouvriers et à convaincre les contribuables qu'ils
n'auront pas d'autre argent à débourser. Vous voulez vous porter
à la défense des contribuables québécois qui ont
assez mis d'argent dans SIDBEC et en même temps tenir le discours qu'il
faut y mettre encore de l'argent, qu'il faudrait en mettre beaucoup plus pour
sauver SIDBEC.
Il faut être cohérent dans la façon dont on aborde
le dossier. On ne peut pas tenir tous les discours en même temps. Votre
discours sur SIDBEC est le même discours que celui sur le budget: il ne
faut pas augmenter les taxes, il ne faut pas augmenter le déficit et il
ne faut pas couper les dépenses. Il ne faut rien faire, il faut laisser
la situation là.
Non, il faut choisir. Quand on gouverne, on choisit, on prend ses
responsabilités. C'est dans ce sens-là, lorsqu'on disait
tantôt qu'on ne peut pas envisager encore des mises de fonds publics, que
vous avez ironiquement, et c'est de bonne guerre, utilisé les citations
du ministre actuel du temps qu'il était chef de l'Union Nationale. Les
propos que vous avez cités rappelaient ceux que l'on se posait
à
l'époque des questions sur l'opportunité d'injecter de
nouveaux fonds publics.
Comme je l'ai indiqué, tous vos propos, finalement, tendent
à convaincre qu'on ne doit plus mettre d'argent dans SIDBEC et, en
même temps, vous n'osez pas dire que si l'on ne met plus d'argent dans
SIDBEC, la conclusion logique c'est que la compagnie va "péter au fret"
et qu'il va falloir mettre la clef dans la boîte.
Vous savez très bien qu'il n'y a pas cinquante-six choix. Ou il
faut mettre d'autre argent dans SIDBEC ou il faut trouver quelqu'un d'autre,
ou, au pluriel, des partenaires qui vont mettre eux aussi de l'argent dans
SIDBEC. Il n'y a pas de choix. On ne peux pas penser qu'on va préserver
les emplois actuels des travailleurs et des travailleuses de SIDBEC et des
familles qui vivent de SIDBEC en pensant qu'on ne mettra pas d'autres
fonds.
La question qu'on doit se poser légitimement, que vous posez
à travers vos questions par rapport à l'association avec
d'autres, c'est, bien sûr, combien il serait nécessaire et si le
gouvernement va être le seul bailleur de fonds. Est-ce que la
société québécoise doit et va être le seul
bailleur de fonds? Je pense que ce sont des questions légitimes. Il faut
faire un choix aussi. Comme député de Verchères, je l'ai
fait aux dernières élections en campagne électorale. Je
vais me battre à mort pour que jamais on n'envisage la fermeture de
SIDBEC, parce que fermer SIDBEC c'est fermer la ville de Contrecoeur et, comme
député de Verchères, je n'accepterai jamais de quelque
gouvernement que ce soit, y compris du mien, qu'on envisage la fermeture des
opérations manufacturières de SIDBEC...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Verchères vous pouvez poursuivre. (16 h 15)
M. Charbonneau: Je pense qu'il y a des décisions
économiques qui relèvent d'un gouvernement qui ne sont pas
seulement des décisions économiques. Il y a des décisions
qui sont à la fois économiques, sociales et humaines. Ce serait
peut-être facile si SIDBEC était Stelco ou Dofasco de prendre des
décisions du simple point de vue économique, mais j'ai
l'impression que tous, ici autour de cette table, y compris des gens de
l'Opposition qui ont aspiré, au cours des derniers mois, des
dernières années, et qui aspirent encore à prendre notre
place, tous ont une responsabilité face à la population de
Contrecoeur, face aux familles dont le gagne-pain dépend de SIDBEC.
C'est déjà assez dramatique de vivre une situation
où des gens se demandent combien de temps vont durer des mises à
pied? Est-ce que ces mises à pied vont être temporaires ou
permanentes? Mais de laisser se perpétuer le spectre d'une
éventuelle fermeture, je peux vous dire que c'est dur à vivre
psychologiquement pour les gens qui ont à supporter cela. Moi, c'est
peut-être ma première demande que je formule au ministre
aujourd'hui: M. le ministre, je pense qu'il est important qu'on en arrive
à faire le point rapidenrent. Je suis d'accord que le plan - je le sais
parce que j'ai eu l'occasion avec vous et avec d'autres d'évaluer le
dossier de SIDBEC - de redressement qui avait été soumis
n'était pas adéquat, qu'il était incomplet, qu'on ne
pouvait pas prendre de décision sur la base de ce plan, que, de toute
façon, les données qui étaient dans le plan de
redressement au départ sont maintenant changées.
Les gens, néanmoins, veulent qu'on travaille vite; ils veulent
que le plan de redressement, avec les données actuelles, sorte
rapidement. Ils veulent être assurés sur l'avenir de SIDBEC.
Est-ce que oui ou non on envisage une fermeture? Et sinon, quels vont
être les défis qu'on va devoir poser à la
société québécoise et peut-être à des
partenaires privés; il n'y aura pas 56 choix, on n'a pas un
éventail infini de possibilités, mais je pense qu'on est en droit
maintenant, compte tenu de la situation, compte tenu du nombre de mises
à pied qui ont été faites à Contrecoeur entre
autres - ailleurs, à Longueuil, dans d'autres endroits, dans les autres
usines de SIDBEC - on est en droit de demander des garanties sur l'avenir de
Contrecoeur. Si le député de Duplessis était ici, il
demanderait sans doute des garanties pour l'avenir de Gagnonville.
Je pense que, dans un cas comme dans l'autre, il y a beaucoup de gens
qui sont anxieux face à la situation. Les travailleurs, lorsqu'on disait
tantôt... On essayait habilement de dire: On remet en cause les
avantages; des conventions collectives qui ont été consenties aux
dernières négociations; on discute de la productivité en
prenant soin de dire que ce n'est pas la faute des employés, mais en
disant: Est-ce que la productivité, dans le fond, ce n'est pas le
problème des équipements? Bien sûr, mais si c'est le
problème des équipements, c'est donc le problème de la
capitalisation; c'est donc le problème du fait qu'on n'a pas des
équipements suffisamment adéquats, suffisamment modernes,
suffisamment concurrentiels. Et pourquoi on n'a pas des équipements
suffisamment modernes, suffisamment adéquats, suffisamment
concurrentiels? C'est parce qu'on n'a pas investi les fonds qu'il fallait
investir.
Est-ce qu'on avait le moyen de les mettre, les fonds? Je pense que le
gouvernement peut répondre. C'est cela le problème. On ne peut
pas opposer productivité et capitalisation; c'est lié, la
productivité et la capitalisation, c'est la même chose. On est
productif si on a des équipements qui sont adéquats et les
équipements adéquats coûtent de l'argent. Cela
coûte énormément d'argent, je sais que c'est en partie ce
que vous avez dit, mais, en même temps, vous avez essayé de jouer
sur l'idée que la société québécoise a mis
assez d'argent, que les contribuables ne peuvent pas être
blâmés du fait que la capitalisation ne soit pas adéquate;
il n'y a jamais eu personne de ce côté-ci de la Chambre qui a
pensé blâmer la société québécoise
parce qu'il n'y a pas assez d'argent qui a été injecté
dans SIDBEC.
Je pense que tout le monde s'entend pour dire que le problème
principal, c'est un problème d'argent et il va falloir apporter des
réponses. Finalement, M. le Président, j'aurais le goût de
demander au ministre, en terminant - et je sais qu'il a déjà
commencé à le faire, mais c'est plus difficile à vivre
dans la conjoncture actuelle - de faire peut-être encore un peu plus
d'effort pour s'assurer que les informations soient transmises. Ce que les
employés, ce que les ouvriers, les travailleurs et les travailleuses de
SIDBEC veulent, c'est connaître la situation, c'est être
informés, et c'est être partie prenante aux décisions, au
brassage d'idées; ils ne veulent pas être les seuls
pénalisés dans la conjoncture actuelle. Je le sais pour faire
souvent le relais que les travailleurs et les travailleuses ont
déjà fait des concessions, qu'ils sont peut-être
prêts à en faire d'autres, mais à l'inverse, ils ne veulent
pas être les seuls à en faire les frais. Ils veulent savoir ce qui
se passe et ils ont parfois l'impression qu'avec l'entreprise et même
avec le ministère ils ont une certaine difficulté à
être tenus au courant des données à être tenus au
courant aussi de l'évolution parce qu'on disait tantôt, et je
pense que c'est exact, que la situation évolue de jour en jour, de
semaine en semaine, et il y a souvent des informations contradictoires. Le
problème qu'il y a quant aux informations contradictoires dans une
situation difficile, c'est que ces rumeurs s'amplifient et qu'il y a encore
plus de malaises, plus d'anxiété, et cela affecte la
productivité par ailleurs non plus des équipements mais des
hommes et des femmes qui ont à utiliser des équipements.
Je pense que je vais laisser la parole au ministre pour qu'il
réponde aux questions qui lui ont été posées par le
député de Notre-Dame-de-Grâce en espérant qu'il
réponde également aux interrogations et aux questions que je lui
ai posées.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Ensuite, je reconnaîtrai le ministre.
Discussion libre
M. Scowen: Je serai très bref. Ce n'est pas la
première fois que j'essaie de parler de SIDBEC et que le
député de Verchères préfère parler de Reed
Scowen. Je veux une fois pour toutes, j'espère, rectifier quelques
faits; je serai très bref.
Premièrement, quand la décision de construire l'usine, de
s'établir dans le secteur minier a été prise, et je ne dis
pas aujourd'hui que c'était une mauvaise décision en soi,
j'étais conseiller du ministre de l'Industrie et du Commerce.
C'était un projet du ministère des Finances, parce que
c'était une société d'État du ministre des
Finances. Le ministre a été consulté mais mon rôle
dans cette affaire comme conseiller économique auprès de M. Guy
Saint-Pierre a été exactement zéro et si vous ne me croyez
pas, M. le député de Verchères, je vous conseille de
parler avec M. Robert De Coster qui était là. Il pourra vous dire
la vérité ou vous pourrez parler avec les adjoints dans le
cabinet de l'actuel ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Si
vous pouvez en trouver un qui joue aujourd'hui un rôle
déterminant, ou même important, dans le développement et la
réalisation des grands projets, j'aimerais beaucoup le rencontrer parce
que ce n'est pas le rôle du tout d'un adjoint de cabinet de ministre. Et
si vous n'êtes pas satisfait de la réponse factuelle de M. De
Coster quant à mon rôle, vous pourrez demander au conseiller de M.
Biron ce qu'est la réalité de la vie dans un cabinet.
Mais il y a plus important. Vous défendez et vous devez
défendre les gens de votre comté. Si j'étais
député de Verchères, je le ferais aussi. Mais je n'accepte
pas que vous prétendiez que j'ai intérêt à mettre
les clefs dans la porte de SIDBEC. Premièrement, la question que j'ai
posée au ministre, c'est: Est-ce qu'un des cinq scénarios
envisagés pour le secteur minier est effectivement celui de la fermeture
minière? C'est la question que j'ai posée et j'ai le droit de
poser cette question.
M. le député, j'ai travaillé 17 ans dans le secteur
privé. Je me suis lancé dans une PME québécoise et
j'ai réussi. Il y a aujourd'hui 500 ou 600 emplois productifs au
Québec qui sont là parce que j'ai fait ce travail et je comprends
autant que vous l'importance du développement économique au
Québec. Je suis probablement plus désolé que vous de voir
les compagnies québécoises qui ne réussissent pas. C'est
une des raisons pour lesquelles je suis ici, à l'Assemblée
nationale, et je n'accepte pas aujourd'hui et je n'accepterai jamais que vous
m'imputiez le désir de voir fermer la porte de n'importe quelle
société au Québec. Je n'ai pas la responsabilité du
comté de Verchères pas plus que de n'importe quel autre
comté. Je
m'intéresse à tous les travailleurs, à toutes les
travailleuses et à tous les contribuables du Québec. Quand vous
parlez des coûts sociaux et humains de la fermeture, de
l'aménagement ou des changements dans la structure de SIDBEC, je dois
vous dire qu'en plus des gens de Contrecoeur, il y a des gens du Québec
qui font les frais de cette affaire. Souvent, ce sont les parents des gens qui
sont à Contrecoeur. Nous avons des besoins pressants ici au
Québec dans tous les domaines, sociaux, éducatifs, partout, mais
aujourd'hui nous avons des contraintes budgétaires très
importantes. Nous avons perdu à peu près 100 000 $ par emploi. Si
vous prenez les 3400 emplois de Contrecoeur, chacun de ces emplois a
coûté, comme frais aux contribuables, jusqu'à aujourd'hui,
à peu près 100 000 $ par personne. Je suis certain qu'il existe
beaucoup de gens dans votre comté qui travaillent dans les autres
industries. Beaucoup de gens dans les autres compagnies et qui sont en
chômage aujourd'hui aimeraient beaucoup avoir une contribution de la part
des fonds publics de 100 000 $ pour créer un emploi dans leur
comté ou dans leur ville. Alors, je ne prétendrai pas avoir la
vérité, mais j'ai soulevé cette question aujourd'hui parce
que gouverner, c'est choisir. Le gouvernement nous a donné un engagement
solennel en 1979, il y a deux ans et demi, de nous présenter un plan de
redressement dans les plus brefs délais; nous sommes deux ans et demi
plus tard, il y a 100 000 000 $ de pertes additionnelles et le plan de
redressement n'est pas encore rendu public. J'ai dit, je le dis de nouveau et
je le redirai demain: C'est inacceptable. Ce n'est pas une question de droit
des travailleurs de Contrecoeur de continuer de travailler, c'est une question
de fonds publics qui intéresse tous les Québécois et c'est
aussi une question de mauvaise administration de la part du gouvernement. Il
gouverne, mais il ne choisit pas. Merci.
M. Charbonneau: M. le Président, juste brièvement.
Je veux bien prendre la parole du député de
Notre-Dame-de-Grâce qui nous assure, qui nous prie de croire qu'il n'a eu
aucune influence sur la décision qui a été prise à
l'époque et que, contrairement à ce que le bon sens exigerait, un
conseiller économique n'a pas passé ses messages. Ce que je
n'accepterai pas, ce que je n'accepterai jamais, c'est qu'on vienne nous faire
croire et qu'on essaie de véhiculer dans le population que des
décisions formelles prises dans un Conseil de ministres sous un
gouvernement n'ont pas été prises sous ce gouvernement-là,
mais sous un autre gouvernement. On va prendre nos responsabilités, mais
prenez vos responsabilités comme libéraux. Ce sont les
libéraux qui ont pris la décision de SIDBEC-
Normines. Je suis d'accord avec vous pour dire que ce n'était
peut-être pas une mauvaise décision, c'est une décision qui
nous coûte cher maintenant comme société, mais c'est vous
autres qui avez pris la décisicn et n'essayez pas de dire aujourd'hui
que c'est M. Parizeau ou un autre qui aurait pris la décision à
votre place. On va prendre nos responsabilités et prenez les
vôtres. Je suis d accord avec vous aussi pour dire que gouverner, c'est
choisir. Je l'ai dit tantôt: Le problème des libéraux
actuellement, c'est que vous essayez, comme Opposition, de jouer sur tous les
tableaux en même temps, en vous imaginant que vous autres, comme
Opposition, vous n'avez pas à choisir. Gouverner, c'est choisir, mais
vouloir gouverner, c'est aussi choisir avant, c'est afficher ses couleurs
avant. Branchez-vous maintenant, on va se brancher, quant à nous. Si
vous ne comprenez pas, cela veut dire clairement que vous ne pouvez pas
à la fois tenir un discours qui parle des fonds publics et laisser
entendre qu'on a mis assez d'argent dans SIDBEC et dire en même temps que
vous ne mettez pas en cause les emplois des travailleurs et des travailleuses
de SIDBEC. C'est la même chose. Pour mainterir ces emplois, pour faire en
sorte que SIDBEC soit concurrentielle, rentable, il n'y a qu'une façon,
il faudra mettre de l'argent. Le problème se pose à savoir qui va
mettre l'argent. Je pense que vous avez raison, comme vous avez le droit, comme
Opposition - c'est votre rôle - de questionner pour savoir d'où va
venir l'argent, comment le gouvernement va en mettre, sur quelle base, quel
contrôle il va y avoir. Cela, c'est votre job, vous la faites et personne
ne va vous critiquer pour cela. Finalement, tenez un discours cohérent,
par ailleurs.
Le Président (M. Paré): La parole est au
ministre.
M. Biron: M. le Président, j'ai noté avant de
répondre aux questions du député de
Notre-Dame-de-Grâce que, lorsqu'il était conseiller du ministre,
il n'avait rien à faire et il n'était pas utile.
M. Scowen: C'est vrai à part cela. Ah! Ah!
M. Biron: Alors, je devrais lui dire que les conseillers que nous
avons actuellement sont très utiles; ils collaborent avec les
fonctionnaires du ministère pour essayer de voir le mieux possible
à travers nos dossiers et de prendre les meilleures décisions
possible. Pour cela, ils sont de bonnes...
M. Scowen: C'est une nette amélioration.
M. Fortier: Est-ce qu'ils étudient les
dossiers du ministère des Finances aussi?
M. Biron: Non, les miens étudient les dossiers du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et on en a
assez.
M. Fortier: C'est correct; vous avez répondu à la
question.
M. Biron: II y a une grosse amélioration depuis quelques
années.
M. Fortier: Oui, c'est cela. (16 h 30)
Réponse du ministre
M. Biron: Maintenant, je vais répondre aux questions du
député de Notre-Dame-de-Grâce et je le remercie dans le
fond d'avoir posé ses questions d'une façon assez claire. Je vais
essayer d'y répondre le plus clairement possible, mais quand même,
compte tenu qu'il y a certains chiffres qui doivent être
étudiés ou certains scénarios, au conseil d'administration
de SIDBEC qui n'ont pas encore été étudiés au
Conseil des ministres et que je ne peux rendre publics pour des motifs de
compétition. D'ailleurs, aussi pour SIDBEC.
Ma première remarque, c'est vis-à-vis de la loi de
décembre 1979. C'est vrai que la loi disait 150 000 000 $, mais il y
avait déjà 66 000 000 $ en avance. En fait, la loi de 1979
n'était que pour 84 000 000 $ pour les années à venir et
c'était pour payer des avances de 66 000 000 $ faites par le
gouvernement. Sur ce montant de 84 000 000 $ qui a été
payé en 1979-1980, 1980-1981, 1981-1982 et maintenant 1982-1983, il y a
un dernier montant de 26 000 000 $ qui reste au budget de cette année et
qui sera payé au cours de l'année financière de 1982-1983,
puisque cela apparaît au budget comme devant être payé
à SIDBEC pour des investissements, les capitalisations que SIDBEC a
faites afin de moderniser ses installations particulièrement à
Contrecoeur.
Comment justifier le retard à tenir une commission parlementaire
et à prendre une décision sur le plan de redressement? C'est une
question qui est importante. J'aurais aimé moi aussi, comme le
député de Notre-Dame-de-Grâce, pouvoir convoquer la
commission parlementaire, prendre une décision avant. Mais, pour
convoquer la commission parlementaire, il faut vraiment s'arrêter sur un
scénario et avoir des suggestions pratiques à faire pour que le
dossier puisse avancer. J'ai dit tout à l'heure, lors de ma
première intervention, que le plan de redressement qui avait
été soumis à mon prédécesseur en
février 1981 m'avait été laissé lorsque je suis
arrivé au ministère au début de mai et j'en ai pris
connaissance passablement rapidement. J'ai d'ailleurs, à la fin de mai
écrit une lettre à M. De Coster, le président de SIDBEC,
et je voudrais citer quelques extraits de la lettre parce que je pense que cela
explique exactement la position du gouvernement du Québec et du ministre
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme depuis février 1981. "J'ai
pris connaissance de divers documents que vous avez soumis à mon
prédécesseur il y a quelques mois, et plus
particulièrement de celui intitulé: Difficultés et
conséquences du plan de redressement. J'ai lu ces textes avec d'autant
plus d'intérêt que je porte, comme vous le savez, un
intérêt très vif à la rentabilité des
sociétés d'État. - En passant, je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce d'avoir cité un
excellent extrait des discours que je faisais au cours des années
passées. - Pour l'essentiel, il me semble que l'entreprise a maintenant
bien diagnostiqué ses principales difficultés dont certaines
trouvent leur source dans des décisions prises il y a plusieurs
années. Je constate cependant que les orientations proposées ne
sont pas encore chiffrées et je suis certain que mon collègue, le
ministre des Finances, voudra comme moi avoir un tableau financier beaucoup
plus complet avant d'être en mesure de se prononcer sur la plupart des
recommandations soumises. "Le plan de redressement qui a été
soumis en février 1981 n'était pas assez précis
vis-à-vis des orientations proposées et des chiffres ou les
montants d'argent à débourser pour véritablement
rentabiliser SIDBEC. Il y avait différents scénarios, mais sans
nous faire état des chiffres exacts qu'il faudrait investir dans ce plan
de redressement. C'est d'ailleurs dans cette perspective que les équipes
des Finances, de concert avec les responsables du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ont dû retourner auprès
de votre société afin d'obtenir les informations qui sont
absolument nécessaires à l'analyse de votre recommandation visant
à restructurer financièrement SIDBEC sur la base des normes qui
ont cours dans le secteur privé. La recommandation la plus significative
a pour objet de "soulager" sans délai SIDBEC du fardeau que
représente sur son rendement, son financement et sa
crédibilité son application dans SIDBEC-Normines."
Ici, je veux dire au député que la recommandation la plus
significative qu'il y avait dans le plan de redressement, c'était:
Prenez SIDBEC-Normines, faites-en une autre société d'État
ou confiez cela à un autre ministère, et le problème va
s'arrêter. Le problème va s'arrêter pour SIDBEC, il va
peut-être s'arrêter pour Industrie et Commerce si on confie cela
à Énergie et Ressources, mais le problème ne sera pas
arrêté nécessairement pour le gouvernement
du Québec ou pour la collectivité. On ne fera que le
changer de place. Je crois que ce n'était pas assez fouillé dans
le dossier de SIDBEC-Normines. Ceux qui étaient là devaient, au
moins vis-à-vis du gouvernement, faire état de scénarios
différents pour arrêter l'hémorragie qu'est SIDBEC-Normines
depuis plusieurs années.
Je disais encore ceci dans la lettre: "Pour SIDBEC, les avantages
à se départir de son placement dans Normines sont
évidents. Pour l'actionnaire cependant, le gouvernement du
Québec, il n'est pas assuré que ce choix améliorera la
situation actuelle surtout s'il s'agit d'un simple transfert d'actions entre
deux sociétés d'État. Pour cette raison, il sera
nécessaire que SIDBEC fournisse une analyse très approfondie des
conséquences juridiques, financières et économiques d'une
semblable décision. Peut-être jugerez-vous opportun même de
tracer divers scénarios à l'attention du gouvernement. À
titre d'illustration, je vous signale qu'il faudrait notamment savoir si un
transfert d'actions impliquerait une renégociation des emprunts
réalisés à date et dans quelle mesure SIDBEC serait
prête à acheter de Normines la totalité de ses besoins en
boulettes et à quel prix."
Je pense qu'il fallait savoir, si on transférait les actions de
SIDBEC à une autre société, prenons par exemple SOQUEM,
qui se spécialise dans les mines, si on pouvait le faire facilement ou
s'il ne fallait pas renégocier tout le contrat de financement. Et,
est-ce que SIDBEC aussi, deuxièmement - je disais cela dans ma lettre -
est prête à s'engager à acheter de Normines à un
prix déterminé? Ceci n'apparaissait pas dans le premier
scénario. "Quant à la recommandation relative à la
consolidation du secteur du fil-machine et de ses dérivés, elle
me semble logique à première vue. Je souhaite être saisi
des études de rentabilité et de marché qui sous-tendent
votre proposition." À première vue, cela semblait correct, mais
il n'y avait pas d'études de marché, pas d'études de
rentabilité. Je n'étais pas pour me présenter devant vous
avec un plan incomplet. Vous m'auriez certainement questionné et
critiqué, et vous auriez eu raison. J'ai donc demandé de
compléter ce secteur. "Votre dernière proposition, enfin,
concerne les orientations à retenir dans le secteur névralgique
des produits plats. En raison de l'ampleur des investissements en cause, le
choix à faire entre un développement progressif des
installations, en association avec un partenaire et la spécialisation
des laminoirs en place commande des études qui, d'après ce que
j'en saisis, ne sont qu'embryonnaires à l'heure actuelle. Avant de vous
fournir des indications plus précises, j'aimerais donc recevoir plus de
précisions sur le coût des études envisagées, sur
leur durée ainsi que sur la disponibilité des ressources de la
société pour suivre l'évolution d'un tel dossier d'une
manière adéquate et compatible avec la mise en oeuvre prioritaire
des autres éléments du plan de redressement. Je vous saurais
aussi gré de me faire connaître les mesures qui ont
été prises pour réévaluer le personnel de la
société et pour en accroître la motivation et la
productivité. SIDBEC ne pourra reposer sur des bases solides si ses
priorités ne sont pas traduites dans les faits. C'est ma ferme
intention, après analyse des dossiers additionnels que vous m'aurez
transmis et que j'aurai discutés davantage avec la
société, de soumettre le plus tôt possible un
mémoire au Conseil des ministres pour résoudre de façon
satisfaisante et permanente le problème soulevé dans votre
document, de telle sorte que SIDBEC puisse, à notre mutuelle
satisfaction, rejoindre le groupe des sociétés d'État
rentables."
Quand on songe que le premier plan de redressement qui nous était
proposé nous parlait un particulier d'un nouveau laminoir de fil-machine
et dérivés avec un investissement qui aurait pu varier autour de
126 000 000 $ et qu'un an plus tard, les chiffres ont été refaits
et on nous parle de 80 000 000 $ à 100 000 000 $ au maximum. Cela veut
dire que déjà, il y a eu des chargements considérables
d'apportés de la part de SIDBEC. Dans le laminoir à plat, c'est
sûr, vous avez parlé de 1 500 0CI0 000 $. Moi, j'ai des chiffres
d'environ 1 200 000 000 $. Il faut se demander d'abord si on a la
possibilité financière d'investir et deuxièmement, s'il y
a un marché qui existe si on investit 1 200 000 000 $.
Troisièmement, quelle va être la réaction de nos
concurrents qui, déjà, produisent de ce
côté-là?
Déjà, on s'aperçoit que le plan de redressement, du
scénario probable qui va nous venir d'ici à quelques semaines
nous démontre qu'on a à peu près éliminé la
possibilité d'aller dans les produits plats et qu'il faudrait
plutôt aller dans la tuberie, pour produire davantage de tubes. On voit
qu'il y a des changements en cours de route, mais parce que nous avons
forcé les dirigeants de SIDBEC à nous produire un plan de
redressement avec les scénarios les plus complets possible, l'analyse du
marché, la réaction des concurrents et les investissements, de
même que la rentabilité, ce qu'on n'avait pas avant. C'est
sûr que c'est plus difficile ces temps-ci de prendre les
décisions, parce que si on regarde les statistiques concernant la
capacité de production employée à l'heure actuelle aux
États-Unis, en particulier, où les aciéries n'emploient
que 48% de leur capacité de production, si on fait des scénarios
d'investissement en tenant pour acquis que le marché américain,
la production américaine
n'augmentera pas, je crois qu'on fait fausse route. On n'emploie que 48%
des capacités américaines, alors que le Canada emploie 65% de la
capacité de production. Le Japon a 55% de capacité de production
d'employée et l'Europe en a 61%. Cela veut dire que c'est vraiment le
marché mondial qui est affaissé. Est-ce que c'est le temps
d'investir maintenant dans les produits en aval s'il n'y a pas de
possibilité dans l'avenir? C'est cela. Je pense qu'il faut
s'arrêter sérieusement à différents scénarios
et surtout à des études de marché très
précises avant de prendre une décision. Sur cela, je peux dire au
député de Notre-Dame-de-Grâce que SIDBEC va terminer
l'étude de ces différents scénarios du plan de
redressement de SIDBEC-Dosco de même que l'étude des
différents scénarios du plan de redressement de SIDBEC-Normines
au cours du mois de juin ou au plus tard au mois de juillet, j'espère.
Je ne peux dire au député de Notre-Dame-de-Grâce que nous
aurons une commission parlementaire avant la fin de juin, c'est totalement
impossible. La préparation, les présentations de SIDBEC ne seront
pas prêtes. C'est certain qu'à l'automne nous aurons une
commission parlementaire parce que là, ce sera le temps de prendre les
décisions. Il faudra nécessairement convoquer les membres de la
commission parlementaire et discuter avec eux des différents
scénarios, en prenant avec eux une décision finale concernant
SIDBEC et SIDBEC-Normines.
Comment rendre concurrentielle maintenant SIDBEC? Combien cela va
coûter? Quand cela va-t-il se faire? Quand on regarde des parts de
marché ou des capacités de production qui ne sont pas
employées, on se pose de sérieuses questions. Le scénario
le plus vraisemblable qui sera adopté par SIDBEC et qui est
envisagé avec le plus de sérieux présentement, c'est
peut-être de se dire que l'idée, pour ne pas employer le mot
"rêve", d'aller dans une aciérie complètement
intégrée n'est peut-être pas correcte. On devrait
peut-être plutôt aller dans une mini-aciérie ou se
spécialiser dans certains secteurs ou certains créneaux de
produits. C'est là qu'il semble que cela deviendra plus rentable. Il y a
des créneaux, lorsqu'on parle du fil-machine où c'est
véritablement rentable à l'heure actuelle pour SIDBEC qui a une
part très importante du marché dans ce créneau
d'activité économique, dans ce créneau de produits. Pour
nous, on se demande s'il n'y a pas possibilité d'en prendre davantage de
ce marché puisque, déjà, il semble que nos
capacités de production sont concurrentielles et qu'il reste encore un
peu de marché à prendre, peut-être en "partnership" avec
une autre mini-aciérie canadienne ou même à
l'extérieur si cela n'est pas possible d'avoir une mini-aciérie
canadienne comme partenaire. Il y a des négociations à l'heure
actuelle dans certains créneaux de produits qui se font avec des
partenaires différents. Ce qui veut dire que c'est possible que SIDBEC
soit redivisée en certains secteurs d'activités que la grande
compagnie SIDBEC devienne deux, trois, ou quatre différentes entreprises
qui seraient associées, un peu comme Donohue est associée,
Donohue, qui est seule à Clermont, est associée avec B. C. Forest
à Saint-Félicien, est associée avec le groupe
Normik-Perron à Amos. C'est une société d'État qui
est associée avec différents partenaires. C'est pour produire des
produits un peu différents. C'est peut-être la même chose
que nous voulons envisager pour SIDBEC. Sur cela, je pense qu'actuellement les
dirigeants de SIDBEC, M. De Coster, en tête font un bon travail de
chercher partout, à travers le monde, des partenaires possibles qui
pourront nous aider à aller de l'avant. Ce qu'il y a
d'intéressant du côté des partenaires possibles, c'est
qu'un partenaire qui est déjà dans le marché de l'acier
possède une partie du marché. On n'a pas besoin d'en tasser un
autre complètement. Il y a peut-être lieu de rentabiliser des
équipements. Est-ce qu'il y a lieu de s'entendre, par exemple avec
Ivaco, qui est une compagnie québécoise très importante
pour certains produits, certaines productions, quitte à nous à
vendre d'autres produits, vendre des produits qui seront moins
transformés à Ivaco, des billettes par exemple? Il y a des choses
qui peuvent se faire entre différentes entreprises que nous sommes en
train d'étudier, d'analyser avec plusieurs entreprises
déjà dans ce domaine à travers le monde.
Je crois personnellement, même si je n'ai pas la source de
vérité absolue, que la meilleure façon de rendre
concurrentielle SIDBEC, sera d'essayer de spécialiser SIDBEC dans
certains secteurs d'activité. Dans certains secteurs, on perd
véritablement de l'argent et il n'y a pas moyen d'en sortir; il faudra
peut-être les sacrifier, quitte à augmenter la production dans
d'autres. Quoi qu'il en soit, je suis d'accord avec le député de
Notre-Dame-de-Grâce qu'il y a un effort à faire
présentement et très rapidement vis-à-vis la
rentabilité ou, en tout cas, pour au moins perdre le moins d'argent
possible avec SIDBEC. (16 h 45)
L'autre question du député de Notre-Dame-de-Grâce
concerne les différents scénarios pour SIDBEC-Normines cette
fois. Je réponds donc automatiquement avant de répondre sur
SIDBEC-Normines. Je dis que, pour nous, il n'est pas question de fermer
SIDBEC-Dosco. Il est question de trouver des partenaires possibles parce qu'il
semble que le gouvernement du Québec seul ne pourra avoir assez d'argent
pour investir tout ce dont on a besoin pour rentabiliser d'un bout
à l'autre SIDBEC-Dosco. Donc, on oublie le rêve d'une
sidérurgie intégrée, mais on essaie de se trouver des
partenaires dans certains créneaux d'activité dans le domaine de
la sidérurgie, mais on garde SIDBEC-Dosco ou les différentes
fractions de SIDBEC-Dosco qui resteront ouvertes en "partnership", quitte
à garder aussi certains éléments de production à
100% la propriété de SIDBEC.
SIDBEC-Normines, c'est exact qu'il y a cinq scénarios qu'on a
demandé à la direction d'étudier, parce que c'est
là qu'est vraiment le cancer à l'heure actuelle. L'an dernier les
opérations manufacturières auraient pu à peu près
faire leurs frais, mais les opérations minières ont vraiment
été très coûteuses pour SIDBEC-Normines. Quand on
songe que, sur les coûts de fonctionnement de SIDBEC-Normines, qui
étaient de 222 000 000 $ en 1980, seulement les frais
d'intérêt étaient de 50 000 000 $, à peu près
22% à 23% des frais de fonctionnement. Les honoraires et "autres
considérations" versées à US Steel ou Quebec Cartier
Mining se sont chiffrés aussi à 48 200 000 $. À travers
ces frais, il y a la gérance, l'électricité, le
transbordement, le transport du minerai de Fire Lake à Gagnon et de
Gagnon à Port-Cartier.
Finalement, il y a un autre élément qui est un peu
caché sous le titre de "considérations additionnelles". Il semble
que c'est une redevance que SIDBEC-Normines doit payer à US Steel pour
avoir le droit d'exploiter du minerai de fer à Fire Lake. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous disait tout à
l'heure qu'à l'époque de Duplessis on se plaignait qu'on vendait
notre fer aux étrangers pour un cent la tonne; à l'époque
du Parti libéral de Bourassa, on a vendu notre fer aux étrangers,
non pas pour un cent la tonne, mais on s'est engagé à payer les
étrangers.
Cette année on paie, je crois que c'est 2,31 $ la tonne pour
avoir le droit de creuser un trou au Québec. On a sorti 4 500 000 tonnes
l'an passé et on a payé 12 000 000 $ à US Steel pour avoir
le droit de creuser un trou au Québec. Multipliez cela par 30 ans avec
indexation, vous allez voir à la fin le genre d'administration de M.
Bourassa, votre ancien patron, de M. Saint-Pierre, s'il avait quelque chose
à dire, et de M. Garneau, ministre des Finances, dont vous me dites
qu'il s'en occupait. Les grands spécialistes de la finance
économique du Parti libéral du Québec ont non pas
donné un cadeau à US Steel, non pas donné du fer pour
rien, mais ils se sont engagés à payer, chaque année
étant indexée, une compagnie américaine pour exploiter un
trou et nous laisser un trou au bout de 30 ans, pour lequel cela nous
coûtera 500 000 000 $, 600 000 000 $, 700 000 000 $, on le saura à
la fin.
Si ce sont ces gens que vous voulez nous ramener pour administrer le
gouvernement du Québec, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans
le raisonnement du Parti libéral qui se vante d'être formé
d'excellents administrateurs. Après le fiasco des Olympiques, il y a
maintenant le fiasco du trou de Fire Lake et de payer une compagnie
américaine pour avoir le droit d'exploiter le minerai de fer du
Québec. Il y a des questions sérieuses qu'on pourra se poser
là-dessus en cours de route et cela vaudra peut-être la peine de
savoir pourquoi M. Bourassa, M. Garneau -puisqu'il était responsable -
et M. Gignac ont signé cela sur le coin de la table, un bon soir, une
telle entente avec une compagnie américaine. C'est payer très
cher...
Une voix: ...
M. Biron: ... une compagnie pour exploiter la matière
première ou les richesses; naturelles du Québec. Mais, à
travers les différents scénarios de Normines, il y a un contrat
qui fait en sorte que Normines est obligée d'exploiter à 90% de
capacité. Peu importe si vous avez besoin de minerai, ce n'est pas
grave, vous exploitez. Les boulettes, faites ce que vous voulez avec, c'est ce
qui est écrit dans le contrat qui a été
négocié par MM. Bourassa et Garneau. Faites ce que vous voulez
avec les boulettes, vendez-les à perte, ce n'est pas grave, pourvu que
US Steel et British Steel puissent fonctionner, c'est parfait. SIDBEC-Normines
paiera le prix. C'est à peu près cela. L année
passée, on a été forcé d'exploiter SIDBEC-Normines
au-dessus de la capacité des besoins des partenaires. On se
réveillait avec des montagnes de boulettes qu'il fallait vendre sur le
marché mondial avec perl:e de 25 $ la tonne pour permettre de continuer
les opérations de SIDBEC-Normines. Ce sont des contrats qui ont
été négociés à l'époque de votre
ancien patron, M. Bourassa, et je suis bien heureux que vous me disiez que M.
Garneau était là-dedans aussi; on va peut-être s'en
reparler au cours des mois et des années à venir avec ces gens.
J'espère qu'un jour ou l'autre ils vont pouvoir revenir à
l'occasion d'une élection partielle à l'Assemblée
nationale. On pourra leur poser des questions sur ce qui les a amenés
à signer de tels contrats, à mettre la corde au cou à une
entreprise québécoise et aux citoyens du Québec pour
pouvoir gaspiller l'argent des citoyens québécois.
C'est cela, dans le fond, la décision de MM. Bourassa et Garneau
à l'époque. On est pris avec des contrats - qu'on est en train de
revoir d'ailleurs du côté légal; on les fait voir par des
avocats - où il faut exploiter SIDBEC-Normines à 90% de sa
capacité, peu importe si on en a besoin. Là, les boulettes nous
sortent par les oreilles et il faut vendre cela partout. Alors, j'ai
demandé d'abord à
des avocats d'examiner sérieusement le contrat pour voir s'il n'y
a pas moyen de le refaire de quelque façon. Deuxièmement, j'ai
demandé à mes gens de renégocier avec US Steel - parce que
cela n'a pas de bon sens qu'on garde un tel contrat - et British Steel pour
voir s'il y a possibilité de réduire la production pour qu'au
moins on ne produise que ce dont on a besoin.
On a demandé des scénarios différents. Les cinq
scénarios sont: un de 5 400 000 tonnes, c'est-à-dire à
90%; un scénario à 3 700 000 tonnes; un scénario à
2 000 000 tonnes; un scénario pour envisager une fermeture temporaire de
la mine en attendant qu'on puisse écouler nos boulettes, quitte à
reprendre dans quelques années; et un autre scénario qu'il
fallait honnêtement envisager, quoique je vais faire des commentaires
là-dessus un peu plus tard, la fermeture permanente de la mine.
La fermeture permanente de la mine apporte beaucoup d'autres
problèmes parce que ce n'est pas sûr que si l'on ferme la mine
Québec Cartier va continuer à fonctionner à Fermont; cela
va causer aussi d'autres préjudices ailleurs. Ce n'est pas sûr que
Port-Cartier pourrait continuer à fonctionner comme tel. Cela veut dire,
finalement, la fermeture à peu près complète de la
Côte-Nord. À mon point de vue, ce serait peut-être une
décision qui pourrait être prise par une entreprise privée
mais je ne suis pas du tout certain que c'est une décision qui doive
être envisagée sérieusement par un gouvernement qui est
responsable au point de vue social de toute une collectivité et de
nombreuses familles sur la Côte-Nord. Il faut donc essayer d'envisager
d'autres scénarios à renégocier pour, au moins, perdre le
moins d'argent possible avec Normines en attendant que la conjoncture puisse se
replacer. Le scénario de fermeture permanente a été
écarté, à moins qu'on y soit vraiment forcé, pour
analyser les quatre autres scénarios.
En plus de cela, j'ai ajouté dernièrement deux autres
scénarios à ces quatre. Il y a le scénario consistant
à trouver un partenaire qui, au lieu que nous forcions SIDBEC-Normines
à prendre 50% de la production, pourrait peut-être prendre 10%,
15%, 20% ou 25% de la production et qui soulagerait d'autant SIDBEC-Dosco, lui
permettant, au lieu de prendre 2 000 000 ou 2 500 000 tonnes de, ne prendre que
1 000 000 ou 1 500 000 tonnes, exactement la capacité de sa production
en aval. Un cherche présentement un partenaire possible dans ce domaine.
On regarde aussi, en cherchant un partenaire possible, s'il n'y aurait pas une
entreprise complètement indépendante, privée, ou l'un de
nos partenaires actuels qui dirait: Je vais acheter 100% de SIDBEC-Normines et
je vais l'exploiter moyennant certaines considérations. Cela aussi est
possible, cela reste dans les limites du possible. On n'a pas le droit de
l'éliminer du revers de la main. Ce sont, finalement, les
scénarios qu'on est en train d'examiner, soit 2 000 000, 3 700 000, 5
400 000, un partenaire possible ou une vente possible de SIDBEC-Normines. Quant
à répondre à savoir quel est le scénario qu'on va
choisir à travers tout cela, cela dépend des coûts et, pour
les scénarios qui impliquent un partenaire, cela dépend aussi de
la négociation avec nos partenaires possibles et éventuels.
L'autre question du député de Notre-Dame-de-Grâce
concerne les fonds additionnels. Il y a déjà 26 000 000 $ de
prévus à l'heure actuelle au budget 1982-1983 du ministre de
Finances. C'est sûr que ce montant devra être versé à
SIDBEC pour des améliorations...
M. Scowen: Vous suivez à la perfection les questions que
je vous pose, mais il y a juste un élément sur la dernière
question auquel vous n'avez pas répondu. Je vous avais demandé de
me donner le coût total, si vous voulez, le moins cher des cinq ou sept
scénarios. Vous avez les chiffres. Je ne demande pas de chiffres
précis, mais, en gros, parmi les cinq que vous avez
étudiés comme tels, le coût pour le meilleur des cinq monte
à quoi?
M. Biron: Je n'ai pas les derniers chiffres là-dessus
parce que j'ai demandé de revérifier tout cela, en
considérant aussi les contrats qui ont déjà
été signés, parce que SIDBEC-Normines ne perd pas d'argent
à 5 400 000 tonnes. Par contre, SIDBEC-Dosco ou SIDBEC devra assumer 1
500 000 tonnes à 25 $ la tonne, ça veut dire 40 000 000 $.
M. Scowen: Quand je pose la question, je la pose sur le secteur
minier tel que décrit, tel que défini par la compagnie
pour...
M. Biron: Je n'ai pas les chiffres.
M. Scowen: Je ne demande pas les chiffres précis,
seulement l'ordre de grandeur.
M. Biron: À première vue, le chiffre idéal
serait celui-ci. On pourrait possiblement à peu près
éliminer la perte complète si on avait un partenaire qui voulait
prendre 1 500 000 tonnes ou 2 000 000 tonnes, mais si on ne trouve pas de
partenaire pour prendre de 1 500 000 à 2 000 000 tonnes, je ne sais pas
encore quel autre scénario serait le meilleur. J'ai demandé de
compléter les chiffres au meilleur des connaissances des gens concernant
les contrats qui sont déjà signés depuis 1974-
1975.
Quant aux fonds additionnels, j'ai dit au député de
Notre-Dame-de-Grâce que nous allons injecter 26 000 000 $ en
considération d'investissements qui ont été faits l'an
dernier par SIDBEC. Je ne puis prendre d'engagement sur le court terme parce
qu'avec les taux d'intérêt actuels, c'est sûr qu'on
réalise tous que ça coûte passablement d'argent sur une
dette qui tourne autour de 500 000 000 $ pour SIDBEC. En considérant que
les actifs sont au-delà de cela, au-delà de 800 000 000 $, il y a
quand même des garanties, mais il y a un taux d'intérêt
important à assumer.
J'aimerais pouvoir donner une garantie au député de
Notre-Dame-de-Grâce, mais si la banque décide, demain matin, de
baisser la marge de crédit de 25 000 000 $, c'est sûr qu'on ne
laissera pas aller SIDBEC comme cela, il faudra que le gouvernement intervienne
de quelque façon. Mais je peux assurer le député de
Notre-Dame-de-Grâce que les sommes additionnelles versées à
SIDBEC sont scrutées à la loupe à la fois par mon
collègue, le ministre des Finances, par moi-même et tous nos
collaborateurs. Alors, il n'y a pas d'argent gaspillé dans cette
opération, vous pouvez en être certain.
La cinquième question, c'est l'ouverture possible de contrats
avec les travailleurs de SIDBEC. Je dois dire qu'à l'heure actuelle la
population - et vous l'avez noté vous-même, d'ailleurs, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce - a fait un effort
énorme pour investir des sommes d'argent, par l'entremise du
gouvernement, dans SIDBEC. Je pense qu'il faut reconnaître que les sommes
d'argent qui ont été injectées dans SIDBEC,
SIDBEC-Normines, ça représente un apport ou une participation
très importante de la population.
Il y a les partenaires de SIDBEC, aussi, qui seront mis à
contribution. Quand je dis partenaires, je pense aux partenaires dans
SIDBEC-Normines, en particulier. Il y a peut-être lieu de
renégocier une convention avec Québec Cartier pour les mettre
à contribution davantage, compte tenu de cette redevance qu'ils
perçoivent sur l'exploitation du minerai de fer. Or, il y a des
négociations en cours présentement; jusqu'où ça va
aller? Je n'ai pas encore eu le résultat complet, mais les
négociations sont en cours. Il est sûr que nous essaierons de
mettre nos partenaires à contribution. Les cadres ont déjà
été mis à contribution avec une réduction de
salaire, une réduction de salaire importante. Or, c'est
déjà une contribution de leur part.
Quant aux travailleurs syndiqués, il n'y a pas eu de
négociation jusqu'à maintenant entre la direction de l'entreprise
et le syndicat ou les représentants des travailleurs. C'est possible
qu'il y en ait, vous avez fait une ouverture possible dans ce sens-là,
c'est possible qu'il y en ait. On veut aussi compléter l'étude de
nos différents scénarios et, après cela, on va s'asseoir
avec eux parce que j'ai toujours dit qu'ils étaient des partenaires dans
l'entreprise. C'est un peu comme dans le mariage, c'est pour le meilleur et
pour le pire. En situation économique difficile, tout le monde fait un
peu son effort de ce côté-là, c'est possible qu'il y ait
des négociations et qu'on demande à nos travailleurs de voir
ensemble ce qu'on est capable de faire si on veut envisager à plus long
terme un avenir meilleur pour SIDBEC ou si l'on tient à ce que SIDBEC
continue à demeurer avec une ou peut-être même ceux
béquilles.
Or, dans ce sens-là, il n'y aura pas de décision
unilatérale; il y aura des négociations possibles avec nos
partenaires du monde du travail. Je ne peux pas prendre d'engagement à
savoir ce qui va arriver, tout ce que je peux vous dire, par exemple, c'est
qu'il y aura des discussions, il n'y aura pas de décision
unilatérale, mais il y aura des discussions avec les
représentants des travailleurs pour essayer de voir les
différentes options qui s'offrent à SIDBEC pour ur
mieux-être collectif à plus long terme. Ce sont des
décisions, bien sûr, qui seront prises à long terme. (17
heures)
Vous avez posé aussi une question sur la productivité de
SIDBEC, à comparer aux autres Entreprises. En tout cas, vous avez
noté qu'il y avait une productivité très basse à
SIDBEC. Je dois dire qu'il y a eu une amélioration appréciable au
cours des dernières années, qu'un effort a été fait
de ce côté, à la fois de la part des travailleurs et de la
direction, mais c'est sûr que la productivité de SIDBEC demeure
encore plus basse que la productivité des concurrents de SIDBEC,
particulièrement des concurrents canadiens;. Peut-être qu'on peut
sauver quelque chose en essayant d'économiser dans tous les coins, mais
c'est relié aussi à des investissements qui ne peuvent être
faits par le gouvernement à l'heure actuelle ou par SIDBEC et qui
devront, un jour ou l'autre, être faits.
On va essayer de vivre avec une productivité peut-être un
peu moindre, mais on va essayer aussi en même temps, en collaboration
avec nos travailleurs et les dirigeants, de viser le maximum
d'amélioration de productivité. Si nous voulons nous
spécialiser dans certains créneaux de produits, il y aura
peut-être lieu d'atteindre une productivité qui sera égale,
sinon meilleure que celle de nos concurrents d'ailleurs.
Avant de terminer, au sujet de Contrecoeur, j'ai aussi parlé de
spécialiser les mini-aciéries et de spécialiser, dans
certains secteurs, certains créneaux de produits. Autrement, on devra
décider
d'investir et d'investir beaucoup, et on n'est pas sûr que le
marché existe, particulièrement pour les prochaines années
surtout, et il n'est pas du tout question de fermer Contrecoeur.
En fait, il reste un seul choix logique, c'est de se spécialiser
dans certains créneaux de produits, et l'autre choix, c'est de trouver
des partenaires pour certaines entreprises ou une partie de nos
entreprises.
Le député de Verchères mentionnait, à la fin
de son intervention, un point qui me tient à coeur, qui m'est cher:
c'est la vie commune des travailleurs et de la direction, une meilleure
participation aux décisions ou, au moins, une meilleure connaissance des
problèmes de SIDBEC. SIDBEC est une entreprise malade, il faut le
reconnaître. Je pense que tout le monde le reconnaît depuis fort
longtemps et c'est important que les travailleurs puissent savoir, puissent
connaître.
J'ai demandé à plusieurs reprises à la direction de
SIDBEC de faire connaître davantage aux travailleurs les implications,
les problèmes, les décisions à venir. Il y a une
amélioration de ce côté, je dois le reconnaître,
quoique l'amélioration n'est pas encore au point où j'aimerais
qu'elle soit. Il y a eu une amélioration au cours des dernières
années, parce que, chez SIDBEC, on avait des grèves ou des
lock-out chaque fois qu'on négociait une convention collective. On a pu
s'entendre, il y a maintenant tout près d'un an, sur une nouvelle
convention collective, sans grève ou sans lock-out, mais il y a moyen
d'améliorer davantage nos relations du travail.
Dans ce sens, je demande constamment, à peu près chaque
fois que je rencontre la direction de SIDBEC, de communiquer davantage avec les
représentants des travailleurs, de leur faire connaître davantage
ses problèmes et ses préoccupations, afin que les travailleurs
puissent savoir ce qui se passe. C'est peut-être la meilleure
façon de participer, finalement, à l'avenir aux décisions
importantes qui confrontent SIDBEC présentement.
Ceci dit, avant de terminer cette intervention, M. le Président,
je veux remercier le député de Notre-Dame-de-Grâce du ton
de ses interventions, des questions qu'il a posées. Je pense que le
problème de SIDBEC préoccupe un peut tout le monde au
Québec et, en particulier, les parlementaires de l'Assemblée
nationale et tous ceux et celles qui, encore de plus près, attachent
énormément d'importance aux entreprises
québécoises.
Je sais que le député de Notre-Dame-de-Grâce a connu
des expériences personnelles dans certaines entreprises. Il sait combien
c'est difficile, à l'heure actuelle, de passer à travers la
conjoncture économique.
Les dirigeants d'entreprises, comme d'ailleurs les travailleurs,
méritent d'être compris, d'être aimés. Dans ce sens,
plus une entreprise est malade, je pense, plus il faut l'aimer, plus il faut la
comprendre. C'est un peu l'approche qu'on a présentement pour
SIDBEC.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je remercie le ministre
de sa franchise. Il a répondu à plusieurs des questions que j'ai
posées. J'ai cinq ou six questions additionnelles à poser, s'il
me le permet. Je pense que la meilleure façon, s'il est d'accord, ce
sera de les poser une à la fois. Comme cela, on pourra obtenir les
réponses à nos questions. On va essayer d'être le plus bref
possible sur chacune. On peut en régler une très vite. Si je vous
comprends, quant à la réouverture possible des contrats avec les
travailleurs, il n'est absolument pas question d'imposer une loi
spéciale du même genre que celle que vous êtes en train
d'imposer à la fonction publique, si les travailleurs n'acceptent pas de
rouvrir le contrat eux-mêmes Est-ce que vous pouvez l'affirmer?
M. Biron: Je ne voudrais pas prendre d'engagement comme cela sans
au moins consulter mes collègues. Mon point de vue, je vous l'ai dit
tout à l'heure, il y aura possiblement des discussions. J'ai
demandé à la direction de SIDBEC, une fois qu'on s'arrêtera
sur des scénarios possibles, de faire connaître à nos
travailleurs, à nos partenaires nos problèmes et d'envisager avec
eux des solutions pour l'avenir.
J'aimerais pouvoir prendre l'engagement ici en commission
parlementaire.
Malheureusement, je ne connais pas encore toutes les implications des
différents scénarios, et ce qui va arriver au marché de
l'acier les six prochains mois. Comme première étape, c'est
sûr qu'il y aura des discussions. Une fois qu'on aura arrêté
les scénarios, on regardera avec nos partenaires du monde du travail ce
qui va arriver. J'ai confiance qu'avec eux on puisse en venir aux meilleures
décisions possibles.
M. Scowen: Je pense que vous êtes aussi conscient que moi,
M. le ministre, que, si un syndicat négocie la réouverture d'un
contrat avec cette proposition du gouvernement derrière, la menace ou la
possibilité que le gouvernement vote une loi spéciale, s'il
n'accepte pas de le rouvrir, l'ambiance, l'atmosphère dans les
négociations est alors tout à fait différente que si le
ministre dit à l'avance: Si on ne peut pas s'entendre, on va respecter
le contrat. Après l'expérience qu'on est train de vivre
aujourd'hui avec les syndicats de la
fonction publique, je pense que c'est assez important que les syndicats
de Stelco sachent si cette réouverture de contrat sera faite avec, dans
le portrait, à l'arrière, la possibilité que, s'ils ne
s'entendent pas avec le gouvernement, le gouvernement va régler la chose
ici à l'Assemblée nationale.
M. Biron: Non, il ne peut pas y avoir de loi dans le fond pour
SIDBEC. C'est une entreprise privée qui appartient à
l'État québécois, c'est sûr. Le gouvernement, je
crois, a toujours respecté ses contrats et le gouvernement va continuer
à respecter ses contrats. SIDBEC va respecter ses contrats. Tout ce qui
va arriver, si SIDBEC continue à augmenter ses déficits, un jour
ou l'autre elle va fermer. Alors, ce n'est pas à l'avantage des
travailleurs parce qu'ils vont avoir eu un salaire pendant X années et
ils vont se ramasser en chômage. Et chercher des emplois dans la
région de Contrecoeur de ce temps-ci, ce n'est pas drôle non
plus.
C'est pour cela que je dis que c'est normal que nous respections notre
contrat, on en a signé un pour deux ou trois ans. C'est normal qu'on
respecte notre contrat et c'est normal qu'on discute aussi avec nos
travailleurs de nos problèmes.
M. Scowen: Oui. Je vais laisser ce point.
Je voulais simplement essayer de situer les négociations qui vont
venir pour les syndicats dans le contexte le plus clair possible. Ils pourront
poser des questions eux-mêmes. J'aurai au moins commencé la
discussion.
Je vais revenir sur la question des coûts dans les divers
scénarios. Vous avez dit qu'un des scénarios, celui de trouver un
autre partenaire, c'était d'après vous le moins dispendieux. Une
chose que je peux dire, à la suite de ma conversation avec M. De Coster,
parce qu'on a parlé brièvement de cette possibilité, c'est
que d'après lui il est très peu probable que dans le contexte
actuel on puisse trouver un partenaire qui s'intéresse à acheter
des boulettes dans un marché qui en est surchargé. À
toutes fins utiles, d'après lui, cette possibilité, si elle
existait, on l'aurait envisagée il y a longtemps.
Je mets de côté pour le moment la possibilité de la
fermeture temporaire ou permanente, qui sont les scénarios 4 et 5. Vous
en avez trois autres; les trois premiers que vous avez mentionnés, c'est
un niveau de production à 5 400 000 tonnes, si ma mémoire est
bonne, 3 700 000 tonnes et 2 000 000 tonnes. Est-ce que vous pouvez me dire,
d'après les chiffres que vous avez en ce moment, quel est l'ordre de
grandeur? Je ne demande pas les coûts précis des pertes que va
subir SIDBEC d'ici à cinq ou six ans - je ne sais pas jusqu'à
quel point vous avez projeté la chose - pour le secteur minier de
SIDBEC, pour ces trois scénarios. Prenez le moins cher, si vous voulez,
pour qu'on puisse avoir une idée de l'ordre de grandeur des trois
scénarios possibles qui impliquent la continuation des activités
du secteur minier.
M. Biron: Les premiers rapports que j'ai eus sur ces coûts
d'exploitation tenaient compte des contrats qui lient SIDBEC avec
SIDBEC-Normines et le contrat dit que si nous ne produisons pas à 90%
d'efficacité ou de capacité de production, il y aura une
pénalité assumée par les différents partenaires.
Alors, finalement, même à 2 000 000 de tonnes il n'y avait pas de
perte pour SIDBEC-Normines, il y avait une perte à l'autre bout pour
SIDBEC. Alors, j'ai demandé de refaire ces scénarios en
considérant que les contrats seraient renégociés avec nos
partenaires et qu'on essaierait d'être le plus efficace possible.
C'est sûr que si SIDBEC-Normines nous dit: Je produis 2 000 000 de
tonnes et je fais encore de l'argent, c'est peut-être vrai de la part de
SIDBEC-Normines, mais cela coûte 30 000 000 $, 35 000 000 $, 40 000 000 $
à SIDBEC-Dosco. C'est dans ce sens-là que j'ai demandé de
refaire les calculs en essayant de couper partout, tous les frais
d'exploitation, tous les équipements qui ne sont pas nécessaires.
Je n'ai pas eu encore la réponse à l'heure actuelle, c'est une
des réponses qu'on devrait avoir au cours des prochaines semaines.
M. Scowen: Alors, laissez-moi vous poser une dernière
question de ce genre-là. Si on prend le scénario qui est
effectivement de continuer de faire fonctionner SIDBEC-Normines, le secteur
minier, exactement comme il fonctionne aujourd'hui - c'est au moins ce qu'on va
faire jusqu'à l'automne prochain - si vous prenez ce scénario,
j'imagine que vous avez fait des prévisions de trois ans, cinq ans ou
six ans, je ne le sais pas; je suis certain que dans les documents qui vous ont
été soumis, vous avez un calcul des pertes que va subir le
secteur minier d'ici à cinq ou six ans, avec toutes les
améliorations, l'efficacité que vous pouvez apporter. Le chiffre,
cette année, si je comprends bien, d'après M. De Coster, ce sera
entre 50 000 000 $ et 60 000 000 $ de perte. Quelles sont les prévisions
de perte pour le secteur minier, si on ne fait rien mais si on continue... On
est obligé, par exemple, de respecter le contrat que nous avons et on
continue de le respecter.
Est-ce que le 60 monte à 70, à 80, à 100 ou, quel
est l'ordre de grandeur?
M. Biron: Tout est relié au marché des boulettes,
au marché mondial des boulettes parce que SIDBEC-Normines vend à
SIDBEC
ou à US Steel ou à British Steel, le prix des Grands Lacs.
Donc, c'est un prix artificiel. Le prix des Grands Lacs, artificiel, cela veut
dire que SIDBEC-Normines sur ses opérations ne perd pas d'argent, mais
SIDBEC, en rachetant au prix des Grands Lacs et étant forcée de
racheter 2 700 000 tonnes sur lesquelles elle a besoin seulement de 1 000 000,
est obligée de vendre 1 700 000 tonnes sur le marché mondial et
c'est là qu'est la perte. Est-ce que l'an prochain, la perte va
être 25 $ la tonne ou si elle sera 10 $ la tonne ou 35 $ la tonne? C'est
très difficile à extrapoler pour l'avenir. Je n'ai pas
reçu de SIDBEC à ce jour, les chiffres que je lui avais
demandés sur une projection à plus long terme, compte tenu
qu'elle est en train d'étudier avec d'autres aciéristes mondiaux,
des aciéristes américains et d'autres européens et
d'essayer de voir avec eux quel va être le prix mondial des boulettes
dans deux ans, dans cinq ans.
Je n'ai pas eu encore cette réponse-là, mais en assumant
que c'est la même chose que cette année, la perte sera à
peu près du même ordre de grandeur que cette année.
M. Scowen: Bon, je vais faire un dernier effort parce que c'est
une question assez importante. J'imagine que dans un plan de redressement avec
des scénarios, les experts de la société ont
été capables, ils en avaient même la responsabilité,
de faire les prévisions quant au prix probable des boulettes d'ici
à quatre ou cinq ans. Cela va de soi, c'est partie intégrale,
j'imagine, d'un plan de cinq, six ans; il faut faire des sortes de
prévisions. Alors, avec les prévisions du coût qui vous ont
été données dans le scénario et tenant compte... Je
pense que M. De Coster m'a parlé un peu du fait que depuis quelques
années, vous avez profité d'une clause du contrat qui vous permet
de prendre un peu moins que la quantité minimale et que cette marge de
manoeuvre, cette limitation va venir à terme parce que le montant global
sera réalisé dans un proche avenir. (17 h 15)
Le montant que vous êtes obligés de prendre va augmenter
au-dessus des montants que vous prenez aujourd'hui. Par contre, il va de soi
que même avec cet aspect, seulement le 60 doit augmenter. Tout ce que je
vous demande, M. le ministre, et je vous le répète, ce n'est pas
nécessaire que vous me donniez les chiffres précis: Tenant compte
des meilleures prévisions que vos spécialistes peuvent faire
quant au prix des boulettes, tenant compte des détails du contrat,
qu'est-ce que vous prévoyez? Qu'est-ce que le scénario
prévoit dans le secteur minier, comprenant Normines en pertes annuelles
comptabilisées dans le rapport annuel pour les quatre, cinq ou six
prochaines années?
M. Biron: Le scénario présenté par Normines
n'avait pas prévu cela. Le scénario de SIDBEC-Dosco, non plus,
n'avait pas prévu cela. Ce que nous avons demandé à
SIDBEC, c'est de faire la conciliation des deux et de nous dire le prix
véritable du marché mondial. On avait prévu le prix des
Grands Lacs indexé, ce qui est excellent pour SIDBEC-Normines, mais il y
avait une perte entre les deux et on a demandé aux dirigeants de SIDBEC
de faire le scénario de conciliation de tout cela. On s'attend de
l'avoir au cours des prochaines semaines.
M. Scowen: Je reviens maintenant à la question des
avances. Vous m'avez dit que vous ne pouvez pas prendre d'engagement
aujourd'hui, que d'ici à la fin de l'année, d'ici à la
date d'approbation du plan de redressement, le gouvernement n'avancera pas de
fonds additionnels à SIDBEC. Je pense que vous êtes conscient
autant que moi, M. le ministre, qu'une avance est une affaire à sens
unique. Vous avez dit vous-même au départ, que le projet de loi
73, en 1979, n'était pas totalement pour l'avenir, c'était pour
capitaliser les avances déjà faites, et que, ni
l'Assemblée nationale ni une commission parlementaire n'avait jamais
approuvé.
Vous qui étiez très sensible aux abus du gouvernement en
ce qui concerne le financement des sociétés d'État quand
vous étiez dans l'Opposition, et, entre parenthèses, je veux dire
que lorsque je vous ai cité aujourd'hui, je ne vous ai pas cité
hors contexte, c'est une espèce de discours que vous avez fait sur une
base régulière, ce n'était pas pour déformer votre
pensée, au contraire. Vous savez autant que moi que cette pratique
d'avancer des fonds sans l'approbation de l'Assemblée nationale et, par
la suite, arriver avec un projet de loi disant: On ne peut rien faire, ce sont
des sommes d'argent qu'on a avancées qu'il faut capitaliser parce
qu'elles sont sous-capitalisées, c'est un système que
vous-même vous avez reproché au gouvernement à plusieurs
reprises parce que c'est faire quelque chose indirectement sans l'approbation
de l'Assemblée nationale qu'on ne peut pas faire directement.
Cette fois, M. le ministre, je trouve que c'est même plus aberrant
parce que toutes ces questions, toutes ces critiques étaient
soulevées en 1979 et vous et moi avions reproché au gouvernement
de le faire. Le ministre de l'époque, M. Duhaime, a dit: Oui, vous avez
raison, mais, cette fois, je m'engage à faire deux choses. Je vais
mettre le critère de rentabilité dans l'achat - il a beaucoup
parlé de cela - et, en plus, avant d'aller plus loin dans cette affaire,
avant d'avancer plus de fonds, je m'engage à vous donner un plan de
redressement qui va rendre réel ce critère de
rentabilité.
Maintenant, à moins que je ne comprenne mal et je pense que je
comprends très bien, vous me dites que c'est possible, que vous allez
répéter exactement la même erreur, le même
système de financement des sociétés d'État sans
l'approbation de l'Assemblée nationale, et ce, sur une base permanente,
à toutes fins utiles, chose que vous avez justement reprochée. Je
pense que vous ne devez pas le faire. En temps normal, lorsque la situation
économique est superbe, peut-être peut-on se permettre de petites
folies, mais vous connaissez autant que moi les problèmes de M.
Bérubé et de tout le monde qui essaie de partager les fonds
très limités, les fonds publics d'une façon
équitable. Vous m'avez dit que c'est à l'automne qu'on va faire
cette commission parlementaire. Je pense que la récréation est
finie pour citer le ministre des Finances. Nous sommes devant une situation
d'urgence et vous devez prendre comme excuse, si vous pouvez, l'histoire que
vous m'avez racontée et la situation qu'on a réglée en
1979 pour dire à M. De Coster que l'Opposition est prête à
rencontrer le gouvernement et à étudier à fond la question
de SIDBEC dans les prochaines semaines. Commencez par travailler jour et nuit.
Maintenant, c'est fini. On a envoyé une lettre, une lettre est revenue
ici. On arrête. D'ici deux, trois ou quatre semaines, on veut un plan de
redressement, on va se mettre au travail, pas un cent additionnel avant que ce
soit fait. C'est la façon que cela se réglerait dans l'entreprise
privée; les gens vont travailler le soir, le samedi et le dimanche -vous
le savez autant que moi - parce qu'ils sont face à une crise
financière, parce qu'ils n'ont pas le puits sans fond qu'est le
gouvernement.
Alors, au nom de vos propres principes, au nom d'une situation
financière pour tout le Québec qui est très
sévère et difficile, je vous demande de me donner l'engagement
aujourd'hui que vous allez étudier le problème à court
terme pour obliger tout le monde qui est impliqué dans le
développement de ce plan de redressement de se réveiller, de se
mettre au travail et vous allez dire à M. De Coster: Pas un cent avant
que vous vous présentiez avec un plan de redressement avec les
détails que je vous avais demandés en 1979. Je trouve que de le
dire aujourd'hui, ce sera d'être fidèle à
vous-même.
M. Biron: M. le Président, je dis aujourd'hui exactement
ce que je disais il y a quelques années, mais je veux aussi être
responsable vis-à-vis de ce qui peut arriver. On ne connaît pas
l'avenir d'ici à trois, quatre ou cinq semaines. Qu'est-ce qu'il va
arriver d'ici à deux ou trois mois? Alors, c'est dans ce sens que j'ai
dit au député de Notre-Dame-de-Grâce qu'il y a des sommes
qui sort votées dans le budget et on va satisfaire à nos
obligations. Je ne crois pas que nous soyons forcés de faire des avances
à SIDBEC avant la commission parlementaire qui sera tenue au
début de l'automne, mais je serais complètement irresponsable si
je disais: Il n'y a absolument rien. On pourrait être dans une situation
où la banque dit: Je coupe la marge de crédit. Le temps de
chercher une autre banque, qui va faire l'avance, qu'est-ce qu'on va faire avec
SIDBEC Cela va être en l'air juste sur une patte.
C'est dans ce sens que je dis au député de
Notre-Dame-de-Grâce que l'argent, de ce temps-ci, n'est pas
gaspillé par le gouvernement du Québec. J'en sais quelque chose:
chaque fois qu'on fait une présentation au Conseil des ministres ou au
Conseil du trésor pour un nouveau programme, il faut vraiment se battre
et prouver le bien-fondé de notre nouveau programme. C'est dans ce sens
que je dis au député de Notre-Dame-de-Grâce que je l'assure
qu'il n'y aura pas d'avance non fondée et que je surveillerai, en
compagnie de mes collègues, le ministre des Finances et le
président du Conseil du trésor, de très près la
situation financière de SIDBEC. Mais, aujourd'hui, je serais
complètement irresponsable si je disais: Peu importe ce qui arrive, il
n'y aura pas d'avance à SIDBEC. Je dois dire qu'en cas de
dernière nécessité, ce que je ne prévois pas au
cours des prochains mois, mais si cela arrivait, c'est sûr que le
gouvernement devra bouger. S'il n'y a pas de dernière
nécessité, comme je crois qu'il n'y en aura pas, il n'y aura pas
d'avance d'ici à l'automne.
M. Scowen: Jusqu'ici, est-ce que M. De Coster vous avait
donné une prévision ou un avertissement que vous pouviez recevoir
une demande de financement additionnel à court terme, d'ici la fin de
l'année? Si oui, pour combien?
M. Biron: Non, je n'ai pas reçu d'avis de M. De Coster
dans ce sens-là.
M. Scowen: Est-ce que vous avez l'impression, à ce moment,
que vous serez obligé d'avancer des fonds additionnels à SIDBEC
cstte année? Si oui, de quelle ordre de grandeur?
M. Biron: Je ne crois pas, d'ici à l'automne. En fonction
de la conjoncture et de la rapidité avec laquelle on va pouvoir
régler le problème de Normines, il n'y en aura peut-être
pas d'ici à la fin de l'année. Mais je re crois pas qu'il faille
faire des avances à SIDBEC d'ici à l'automne.
M. Scowen: C'est le même automne dont vous parlez...
M. Biron: C'est l'automne 1982.
M. Scowen: ... quand vous vous engagez de tenir la commission
parlementaire.
M. Biron: Exact.
M. Scowen: Effectivement, ce que vous me dites, c'est
qu'actuellement, vous ne prévoyez pas d'avance à court terme pour
SIDBEC avant la tenue d'une commission parlementaire à son sujet.
M. Biron: Exact.
M. Scowen: Très bien. Entre parenthèses, parce que
vous avez promis qu'avant que ce soit fait, ce sera bien fondé, je veux
simplement rappeler, M. le ministre, que ce n'est pas cette question qui est en
jeu. Il y a certaines décisions d'investissements qui doivent être
fondées sur l'opinion du gouvernement et d'autres qui doivent être
fondées sur l'opinion de l'Assemblée nationale. Vous et moi avons
toujours prétendu que le bien-fondé d'un investissement dans une
société d'État doit être établi non pas par
le gouvernement, mais par l'Assemblée nationale. Vous savez autant que
moi, je le répète, qu'une avance est un investissement
permanent.
Vous avez mentionné la possibilité que Normines ou notre
part de Normines soit vendue à une autre société
d'État, peut-être SOQUJEM, que vous avez mentionnée. Cela
peut certainement soulager la condition financière de SIDBEC, sans
doute, mais quels seront les avantages à part cela? Une part de 50% de
SIDBEC dans cette société, quand vous comparez cela avec les
mêmes responsabilités ou les mêmes actifs de la part de
SOQUEM, qu'est-ce que cela donne à l'État? On sort un
problème d'une poche et on le met dans une autre poche.
M. Biron: M. le Président, je voudrais corriger le
député de Notre-Dame-de-Grâce là-dessus, ce n'est
pas "ma" suggestion. Cela a été la première suggestion des
gens de SIDBEC en disant: On va se débarrasser de Normines, envoyez-la
à une autre société d'État. C'est là que
j'ai dit: Je suis peut-être prêt à étudier cette
possibilité, mais vous, qui avez toujours vécu dans
SIDBEC-Normines, dites-nous au moins comment on va faire pour sortir du trou.
C'est cette réponse de SIDBEC que je n'ai pas encore reçue. C'est
sûr que ce ne sera pas juste pour le plaisir de transférer le
déficit à une autre société d'État. Si, par
exemple, les gens de SOQUEM sont meilleurs dans le domaine des mines, pour
l'exploitation des mines que les gens de SIDBEC, je ne sais pas,
peut-être qu'on peut sauver quelques millions de dollars, mais avant de
faire un geste dans ce sens, je voudrais, au moins, savoir d'avance les
scénarios possibles pour perdre le moins d'argent possible. Après
cela, on posera les gestes. Je ne veux pas que le député de
Notre-Dame-de-Grâce mette à mon compte cette déclaration de
transférer à SOQUEM.
M. Scowen: Quant à vous, personnellement, en ce moment,
est-ce que vous voyez des avantages ou est-ce que c'est...
M. Biron: Non, je ne vois aucun avantage à l'heure
actuelle...
M. Scowen: Pour l'État?
M. Biron: Non. Nous ferons tout simplement changer le
déficit de place.
M. Scowen: D'accord. J'aurais pu parler du contrat. La seule
partie de votre réplique qui était un peu partisane,
c'était toute l'affaire du contrat avec US Steel et British Steel, mais
je pense que parce que tous les autres aspects étaient non partisans, je
ne vais pas embarquer dans cette affaire moi-même, je vais vous laisser
le dernier mot, même si je suis très tenté de faire une
réplique.
M. Biron: Si je comprends, vous voulez protéger votre chef
actuel.
M. Scowen: Je protège mon chef, point, qu'il soit M. Ryan,
ou vous-même. Non, j'aimerais vous parler d'un dernier sujet qui...
Une voix: Donnez-nous un compte rendu de votre...
M. Scowen: Franchement, ce n'est pas aussi intéressant que
cela.
M. Lavigne: Non? On est mieux de parler...
M. Scowen: Vous seriez très déçu. M.
Lavigne: ...des crédits... M. Scowen: Plus ou moins.
M. Lavigne: ...du ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme. (17 h 30)
M. Scowen: On parle beaucoup de SIDBEC... La dernière
question que je veux vous poser, M. le ministre, touche les activités de
SIDBEC-Dosco, la recherche de possibilités de rentabiliser cette
société. Vous avez parlé de recherche pour les autres
partenaires, vous avez dit publiquement aujourd'hui que le gouvernement a
décidé d'oublier le rêve de créer une
sidérurgie intégrée, mais vous n'avez pas non plus
l'intention de fermer ce que nous avons aujourd'hui, ce que je trouve
très responsable, et vous cherchez maintenant des solutions pour
morceler l'affaire et peut-être trouver des partenaires dans les divers
domaines. Vous avez parlé de la possibilité de vous lancer dans
certains secteurs comme les tuberies, où on n'est pas
représenté pour le moment, ce qui impliquerait des
investissements additionnels.
Je vais vous faire une demande en vue de là commission
parlementaire que j'attends maintenant avec grande impatience, qui aura lieu
très probablement avant que SIDBEC soit obligée de venir nous
réclamer des investissements additionnels. Voici: si vous vous
présentez avec quatre ou cinq possibilités dans ce morcellement,
dans cette diversification, vous ajoutez à chaque proposition une
section du rapport nous expliquant, ainsi qu'à la population, les
avantages pour l'État de rester dans le secteur. Comme vous, j'ai
beaucoup confiance dans les entrepreneurs québécois, beaucoup.
Vous avez un document que, j'imagine, vous l'avez lu; il a été
rendu public récemment par votre collègue, le ministre
d'État au Développement économique. C'est effectivement un
virage vers le secteur privé, si je comprends bien le préambule.
Lui aussi semble avoir confiance de plus en plus dans le secteur privé
et c'est une évolution très positive dans son cas, il faut
l'admettre, c'est une évolution peut-être un peu coûteuse
pour le Québec, mais on le félicite de l'avoir faite quand
même.
Maintenant, je pense qu'on a le droit de poser des questions, à
savoir quels sont les avantages? Par exemple, prenons une tuberie, si on veut
trouver un partenaire pour l'usine de Montréal qui fabrique des clous et
du fil, quel avantage y a-t-il à ce que les propriétaires de ces
entreprises restent même en partie l'État? Je ne prétends
pas qu'il n'existe aucun avantage, pas du tout, il est possible que vous
puissiez démontrer que, dans tel ou tel cas, c'est important que
l'État reste partenaire à 100% ou à 50%, mais je trouve
que ce serait très intéressant pour nous tous de prendre
l'obligation d'ajouter une argumentation, un raisonnement pour justifier la
présence de l'État. Avec l'État, vous avez des
fonctionnaires, vous avez des conseillers économiques, vous avez des
gens qui font des études, vous avez des plans de redressement qu'on met
deux ans et demi à réaliser, vous avez des lettres qui sont
adressées par le ministre, qui sont écrites par le sous-ministre,
qui sont refaites par le ministre, qui finalement arrivent à leur
destination, vous avez toute cette lourdeur que vous connaissez très
bien, vous avez connu les deux côtés. Alors, peut-être y
a-t-il une raison, mais imaginez-vous une déclaration dans le plan de
redressement qui dit: Fidèle au préambule de notre Bâtir le
Québec, 2, nous avons l'intention de "privatiser" ces entreprises, pas
les fermer, pas les vendre aux étrangers qui peuvent venir ici et nous
exploiter, mais les vendre aux Québécois pour qu'elles puissent
être dirigées par les Québécois dans le secteur
privé, ça c'est notre intention. Cela pourrait être
intéressant comme démarche, très intéressant. Vous
ne trouverez pas les acheteurs devant vos portes, mais je persiste à
croire qu'il existe des entrepreneurs québécois qui peuvent faire
fonctionner ces entreprises au Québec très bien et même
avec plus d'efficacité pour en tirer plus de profits que nous.
Alors, c'est un long discours dans un sens pour vous demander de penser
à cette possibilité; je pense que ça pourrait être
sain pour tout le monde, ce raisonnement.
M. Biron: M. le Président, j'accepte la suggesticn du
député de Notre-Dame-de-Grâce, parce que, depuis que je
suis au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, la
Société générale de financement, pour prendre un
exemple, a vendu deux sociétés au complet, soit Tricot LaSalle et
SOGEFOR et 35% de ses actions de Marins Industrie.
Si on n'a pas tout vendu Marine, c'est que la société
privée qui voulait s'associer avec nous tenait à ce que le
gouvernement demeure dans l'entreprise. Or, j'ai dit à plusieurs
reprises - c'est un peu notre philosophie; mon collègue du
Développement économique et moi, d'ailleurs, là-dessus, on
a exactement la même philosophie - que l'État doit
s'ingérer dans la transformation de la matière, dans le
développement économique ou dans l'industrialisation là
où le secteur privé ne peut aller parce qu'il y a trop de risques
à courir, ou là où le secteur privé ne veut pas
aller. S'il y a des gens du secteur privé qui veulent acheter à
100% une partie de SIDBEC, on est ouvert à cela, mais je ne crois pas
que les gens du secteur privé, comme première étape,
voudront faire cela. Je pense qu'ils voudront garder l'État comme
partenaire et, à ce point de vue, l'État peut être un
excellent partenaire. Peut-être que l'avenue de l'avenir, c'est d'avoir
à la fois l'État et le privé, un mélange des deux
grandes tendances de notre société contemporaine.
Là-dessus, je m'engage ici, lorsqu'on prendra des décisions
concernant chacun des secteurs de SIDBEC, SIDBEC-Dosco, à essayer de
définir le plus clairement possible, pour les membres de la commission
parlementaire et de l'Assemblée nationale, les avantages pour
l'État et la collectivité de demeurer dans un secteur
d'activité. C'est possible qu'on dise: Très bien, nous allons
perdre X montant d'argent, mais, par contre, comme collectivité
québécoise, il y a six entreprises privées à
côté qui vont pouvoir gagner X. Il me semble que ce sont
des chiffres qu'on est capable de prouver.
S'il y a des entreprises privées qui y gagnent à cause de
la présence de l'État quelque part et qu'on dit qu'on peut
protéger 2000, 3000, 4000 emplois dans des secteurs de pointe, c'est une
décision économique qu'il faudra prendre, à la fois
économique et politique, et je pense que c'est la responsabilité
du gouvernement de le faire, mais c'est exact que nous devrions, comme
État, prouver le bien-fondé de notre action. Nous sommes
intervenus dans Domtar, parce que des rumeurs circulaient qu'il était
plus que probable que la direction de Domtar pourrait décider de
déménager son siège social, donc ses décisions
importantes, en Ontario, comme on a fait avec le sel Sifto. Dans ce sens, il y
avait une appréhension vraiment fondée, à notre point de
vue. Là on a sécurisé des investissements au Québec
et on a sécurisé surtout des emplois au Québec.
Dans le domaine de SIDBEC, je m'engage, vis-à-vis du
député, en tout cas à faire valoir, avant de prendre des
décisions dans un sens ou dans l'autre, les avantages pour l'État
et la collectivité que l'État demeure actionnaire de cette
entreprise.
M. Scowen: Je pense qu'on se comprend. Là les
fonctionnaires peuvent en prendre note. Ce que nous attendons dans le plan de
redressement pour chaque projet qui peut impliquer des fonds additionnels,
c'est un chapitre intitulé: Pourquoi l'État? Est-ce qu'on
s'entend?
M. Biron: Oui.
M. Scowen: Parfait. J'ai une dernière question ou un
dernier commentaire, M. le Président. Je dois remercier le ministre des
réponses qu'il m'a données aujourd'hui. Je trouve que c'est une
commission parlementaire plus intéressante que d'autres, mais il y a un
élément sur lequel je reste insatisfait et je pense que c'est
justifié.
Je demande au ministre d'accélérer, dès ce soir, le
dépôt de ce plan de redressement. Face aux pertes subies par cette
société, quelques millions de dollars par semaine, face à
la conjoncture économique, je pense qu'on n'a pas le droit de dire:
À l'automne, on va regarder un plan de redressement. Je ne suis pas
d'accord avec beaucoup de choses que le ministre a dites aujourd'hui, mais je
peux comprendre tout en restant en désaccord. Cependant sur cet aspect,
je trouve que c'est un peu irresponsable. Cela fait deux ans et demi que cette
étude est demandée. Je suis persuadé que si c'était
le secteur privé - c'est notre critère maintenant, le secteur
privé - ce ne serait pas acceptable. Ce que je propose, c'est que le
ministre demande à quelqu'un de son entourage de faire appel à M.
De Coster et lui dise: Vos nuits et vos fins de semaine sont annulées
jusqu'au moment où vous nous aurez envoyé ce plan de redressement
parce que l'Opposition officielle a exigé la tenue d'une commission
parlementaire au mois de juillet. J'admets que d'ici à la fin de juin il
ne reste que deux semaines mais le mois de juillet a 28, 29 et même 30
jours je pense.
Une voix: 31.
M. Scowen: 31 jours, tant mieux. Je pense que c'est un geste qui
serait fait par le président d'une compagnie privée dans ce
domaine face à ces problèmes, surtout après deux ans et
demi. Je suis prêt à vous rencontrer pendant le mois de juillet
avec mes collègues. Je vous demande de le faire. C'est le seul aspect
irresponsable de ce dossier et on peut le corriger tout de suite.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, un
commentaire en conclusion.
M. Biron: Je vais prendre la transcription de l'intervention du
député de Notre-Dame-de-Grâce et je la transmettrai
très rapidement demain au président de SIDBEC, M. De Coster, pour
lui faire part de votre voeu et de votre intervention dans ce sens.
C'est vrai que j'aurais aimé que cela se fasse avant. Je
n'étais pas totalement satisfait des études qui avaient
été entreprises. Je trouvais que les présentations du plan
de redressement qu'on a eues jusqu'à ce jour étaient valables
mais n'étaient pas assez complètes et pas assez
étoffées pour me présenter devant la commission
parlementaire et permettre à mes collègues des deux
côtés de la Chambre d'étudier à fond, avec toutes
les informations pertinentes, les décisions à prendre de la part
de SIDBEC et du gouvernement.
Je m'engage en tout cas à parler au président de SIDBEC,
à faire accélérer au maximum le dépôt final
de ce plan de redressement et à demander au conseil d'administration de
prendre les décisions et de faire les recommandations le plus rapidement
possible. Il y a une chose qui peut retarder la présentation, c'est la
négociation avec des tiers, avec des partenaires du secteur
privé. Si le fait de déposer le plan de redressement peut
retarder des négociations il y a peut-être lieu de terminer nos
négociations, rapidement mais ce n'est pas une raison tout de même
pour retarder indéfiniment le dépôt du plan.
Je suis d'accord avec le député. Il est déjà
trop tard même, mais nous allons faire l'impossible pour
accélérer au maximum le dépôt du plan de
redressement et des décisions finales à apporter devant la
commission parlementaire.
M. Scowen: Vous pourrez peut-être me donner une
réponse la semaine prochaine, quant à la possibilité de
faire quelque chose au mois de juillet, après que vous aurez
parlé avec le président.
M. Biron: II y aura une réunion du conseil
d'administration de SIDBEC, je crois, la semaine prochaine ou la semaine
d'après. D'ici une semaine ou deux, je serai en mesure, certainement
avant la fin des travaux de la session, de vous donner une réponse
à cela.
M. Scowen: Le ministre a répondu à toutes mes
questions. C'est très rare qu'une telle chose arrive. Même si je
ne suis pas satisfait de toutes les réponses, on a des réponses
et je le remercie.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela dispose de
l'étude du programme 1, Gestion interne et soutien?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Sur cela, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise de la séance à 20 h 11)
Promotion et développement de l'industrie
touristique
Le Président (M. Boucher): Alors, la commission de
l'industrie, du commerce et du tourisme reprend ses travaux. À la
suspension de 18 heures, on me dit que nous en étions au programme 6. M.
le ministre, est-ce qu'il y aurait des commentaires préliminaires? Le
programme 6: Promotion et développement de l'industrie touristique.
M. Biron: Est-ce que le député de
Louis-Hébert a été enregistré ou faut-il
l'enregistrer pour lui donner le droit de parole?
M. Maciocia: Pour qu'il puisse avoir le droit de parole.
Le Président (M. Boucher): Quel député
voulez-vous remplacer? M. Doyon (Louis-Hébert) remplace M. Leduc
(Saint-Laurent).
M. Maciocia: C'est cela. M. Biron: Un ou l'autre.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le ministre, si vous
avez des commentaires sur le programme.
M. Biron: Maintenant que le député de
Louis-Hébert est enregistré comme intervenant ou participant, je
vais lui souhaiter la bienvenue à sa première commission
parlementaire de l'industrie, du commerce et du tourisme et je souhaite que ses
interventions nous aident à mieux servir la collectivité
québécoise.
M. Doyon: C'est le but de ma présence, M. le ministre.
Remarques générales M. Rodrigue
Biron
M. Biron: Finalement, peut-être qu'ensemble notre objectif
commun, c'est que les citoyens du Québec, les hommes et les femmes du
Québec bénéficient au maximum de nos interventions, de
notre travail et, bien sûr, de nos qualités.
Or, M. le Président, le développement touristique, j'en ai
parlé lorsqu'on a fait la première journée d'étude
de nos crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme et on remarque, comme grande ligne de force cette année, que
les sommes d'argent allouées à la promotion, à la
publicité ont doublé avec des crédits additionnais qui ont
été votés par le Conseil des ministres,
décidés depuis la publication de ce document que nous avons en
main. Alors, il faudrait peut-être corriger les chiffres dans ce sens et
ajouter 3 000 000 $ à la Direction du marketing, ce qui ferait autour de
7 000 000 $ pour la publicité et un peu à l'accueil et à
l'expansion des congrès.
Or, c'est dire, M. le Président, que cette année ce sera,
à la promotion du tourisme, un montant de 14 000 000 $ comparativement
à 9 800 000 $ l'an dernier, ce qui veut dire une augmentation
d'au-delà de 40% pour la promotion et la publicité
touristique.
Le gouvernement du Québec a décidé cette
année de faire, conformément aux déclarations du premier
ministre, du développement économique sa principale
préoccupation et, bien sûr, lorsqu'on parle de
développement économique on parle aussi de développement
touristique, puisque le tourisme est une des principales industries, sinon la
principale, créatrices d'emplois au Québec. On a environ 20 000
PME québécoises qui oeuvrent dans le domaine du tourisme et il
fallait absolument augmenter sensiblement nos budgets pour répondre
davantage à la promotion ou aux besoins des gens du tourisme au
Québec et automatiquement créer plus d'emplois. (20 h 15)
Lorsqu'on songe que dans la promotion touristique, dans le tourisme,
c'est là qu'avec le moins d'argent investi, on réussit à
créer
le plus d'emplois. Avec 6500 $, on crée un emploi. C'est
extraordinaire et il y a un effort considérable à faire de ce
côté.
Je sais que cela va plaire au député de Viger. Les
chiffres que je peux avancer tout de suite indiquent qu'après un mois de
notre nouvelle promotion plus accentuée, beaucoup plus fréquente
dans les États de la Nouvelle-Angleterre, on a eu autant de demandes
d'information dans un mois que dans toute la saison, l'an dernier. On
espère que les demandes d'information vont finalement se traduire par
des retombées économiques au point de vue touristique et j'ai
l'impression que pour toutes les entreprises dans le domaine touristique et
pour tous ceux et toutes celles qui travaillent dans le domaine touristique, ce
sera une excellente saison au Québec.
On remarque aussi, M. le Président, un point tout à fait
spécial: l'administration de la Société du Palais des
congrès, cette année, est de 2 500 000 $. Plus de la
moitié de cette somme d'argent sert à la promotion, à la
publicité. Il faut d'avance faire de la publicité de
Montréal et, bien sûr, lorsqu'on envoie des gens ailleurs à
travers le monde, en particulier, aux États-Unis, en faisant de la
promotion pour le Palais des congrès pour 1985, 1986, 1988, on se trouve
automatiquement à faire de la promotion pour 1982-1983. Il y a quand
même déjà une partie des retombées
économiques.
Ce matin, je participais, à Montréal, au congrès
annuel de l'Association des agents de voyages du Canada. Je pensais y voir le
député de Viger. J'ai rencontré plusieurs de ses anciens
amis et de ses partenaires...
M. Maciocia: J'étais pris avec votre budget.
M. Biron: Moi aussi, j'étais pris avec mon budget, mais
j'étais quand même ici cet après-midi. On a souhaité
la bienvenue à ces gens et je dois dire que l'Association des agents de
voyages du Québec a fait un travail d'organisation extraordinaire au
point de vue présentation du programme de ce congrès. Nous, nous
croyons que les agents de voyages sont des agents de développement
économique plus qu'importants et qu'il faut s'en occuper.
C'est dans ce sens que le gouvernement du Québec a
participé, cet après-midi, à une réception
spéciale pour tous ces gens et on croit qu'en les attirant de plus en
plus au Québec, automatiquement, ils vont aimer ce qu'ils ont vu: la
ville de Montréal... On essaie même de les convaincre, de venir
voir la ville de Québec en fin de semaine. Lorsque ces gens pourront
organiser d'autres voyages, ils pourront nous envoyer des gens ici plutôt
que de les envoyer ailleurs à travers le monde.
C'est dire tout l'engagement et surtout la volonté du
gouvernement du Québec de se servir de l'industrie touristique pour
créer des emplois, pour développer l'économie au
Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Cosmos Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, mon exposé sera un
peu plus long que celui du ministre. Vous allez me permettre de continuer mon
exposé. Il est d'usage et de bonne guerre, lors de l'étude des
crédits, de critiquer l'action du ministre et du ministère, de
profiter de l'occasion pour pointer du doigt les erreurs commises au cours de
l'année précédente et celles qu'on voit se dessiner
à l'horizon pour l'année suivante.
Cette année, ce qui est drôle, c'est que nous faisons face
à une situation pour le moins particulière. Il n'y a rien
à critiquer. En réalité, on n'a rien à critiquer.
Probablement que le ministre va se demander pourquoi...
M. Biron: Cela m'inquiète.
M. Maciocia: ... mais jamais n'a-t-on vu une année aussi
vide d'action que l'année dernière, aussi vide de sens en ce qui
regarde le support légitime qu'attendait l'industrie du tourisme de la
part du ministre.
Nous faudrait-il, encore une fois, rappeler le fait que nous avons
présenté le 17 mars - vous vous rappelez la motion qu'on a
présentée en Chambre justement en vous disant qu'il fallait
promouvoir de façon concrète le tourisme au Québec. Vous
avez ajouté les mots "continuer la promotion touristique". Nous faut-il
nous répéter parce que le ministre ne semble pas se rendre compte
de ce qui s'est passé.
Le budget. L'Ontario, avec une population de 8 600 000 habitants, avait
un budget, l'année dernière, de 17 000 000 $ en promotion
touristique. La Colombie britanique, avec 2 700 000 habitants, dépensait
13 500 000 $ dans l'investissement touristique. L'Alberta, avec 2 150 000
personnes, dépensait 7 500 000 $. Le Nouveau-Brunswick, avec à
peine 725 000 habitants, a un budget de 5 500 000 $. Le Québec, qui non
seulement est peuplé de 6 500 000 personnes mais qui est aussi la
province la plus vaste, celle où il y a le plus de choses à
admirer pour le touriste, celle où l'Américain vient rencontrer
des gens réellement différents - comme le ministre dit souvent:
La différence québécoise - la province où il y a un
coin d'Europe en Amérique tellement différent du reste du
continent, que fait-on? Que fait-on au
Québec pour cette province qui offre aussi bien un
avant-goût de Paris à ceux qui visitent la ville de Québec
qu'un avant-goût de l'Arctique à ceux qui s'aventurent dans nos
splendides terres glacées du nord de la Baie-James et de la
Côte-Nord? Ce qu'on fait au Québec, M. le Président, c'est
de la publicité pour à peine, l'année dernière,
autour de 8 500 000 $, pour l'année financière 1981-1982, et ceci
pour une province de 6 500 000 habitants.
Tout à l'heure, je n'étais pas au courant qu'il y avait 3
000 000 $ de plus, que le ministre vient de nous annoncer. Encore là, on
se pète les bretelles en disant qu'on est satisfait de soi-même
parce qu'on a augmenté le budget de 40%. On va questionner le ministre
tout à l'heure pour savoir réellement ce qui va en promotion
touristique, ce qui s'en va dans d'autres domaines. Le ministre se
promène en disant que le budget de promotion touristique va doubler en
deux ans. Non seulement nous ne sommes pas partis pour voir une telle
performance, car il nous manque encore environ entre 60% et 70% d'augmentation
qui devraient venir l'année prochaine, mais ces promesses seront-elles
réalisées que nous accomplirons l'espoir extraordinaire de
dépenser autant qu'une province deux fois plus petite que la
nôtre. Si la situation n'était pas si tragique, il faudrait
accueillir ces promesses avec de grands éclats de rire.
M. le Président, on nous demande des crédits de promotion
touristique; c'était 11 000 000 $; là c'est rendu à 14 000
000 $. Regardons cet effort en termes de dépenses per capita. Si on
regarde le Nouveau-Brunswick, il y avait 7,59 $ per capita; la Colombie
britannique, 5 $; l'Alberta, 3,49 $; l'Ontario, 1,98 $ et le Québec,
seulement 1,29 $. Cette année, notre effort passera probablement de 1,29
$ à 1,70 $ ou 1,75 $. Évidemment, durant la même
période les autres provinces augmentent aussi leur effort.
M. le Président, que ferons-nous pour les rattraper? Quand
ferons-nous l'effort nécessaire pour prendre notre juste part du
marché? M. le Président, je serais heureux si la liste des
omissions s'arrêtait là, si la liste des efforts non accomplis
cessait ici, mais non, elle continue. Le ministre a la responsabilité et
le devoir de fournir un support aux intervenants du milieu touristique. Il a
cette responsabilité, car, s'il y a une industrie qui satisfait aux
critères de la PME, c'est bien l'industrie touristique. L'industrie
touristique, M. le Président, est l'industrie la moins
concentrée. C'est l'industrie qui se présente sous la forme la
plus fractionnée, celle qui se compose d'une multitude de petites
unités de production: restaurants, motels, terrains de camping. Combien
de ces entreprises sont-elles des entreprises familiales où une famille
québécoise entreprenante tente, malgré l'incurie du
ministère, les embûches sans nombre semés par les diverses
réglementations, et on passe sur les impôts, de prospérer
honnêtement en faisant valoir les qualités de notre
patrimoine!
Mais ces entreprises, M. le Président, sont justement trop
petites pour s'assurer elles-mêmes d'un service de prévision et de
planification à long terme. Elles doivent, pour planifier leur gestion,
obtenir des chiffres précis. Comment peut-on planifier si on ignore
l'achalandage touristique au Québec'' Comment planifier si on a
vécu dans le noir? Il suffit de regarder quelques passages dans les
journaux qu'on a eu le plaisir de lire durant la dernière année.
On lisait dans le Devoir du 4 mai 1979 - cela fait trois ans: II est plus
facile de faire le tour du monde que d'aller en Gaspésie ou même
d'obtenir des informations sur le tourisme. Dans le Soleil, le 1er août
1981 on lisait: II y aurait de quoi perdre son latin si l'on ne savait qu'aucun
des intervenants de l'industrie touristique régionale ou provinciale ne
possède d'instrument capable de mesurer précisément les
fluctuations du marché touristique.
Dans le Soleil du 12 septembre dernier, on lisait: "Rapport discordant
sur l'affluence des touristes au Québec." Le 22 décembre, dans le
Devoir: "Les statistiques sur le tourisme sont difficilement utilisables."
Encore dans le Soleil, le 17 février 1982: "Les hôteliers
contredisent la CUQ." Cela fait trois ans que cela dure. Comme on dit en bon
français, il n'existe aucun système valable de connaître
des données sur l'industrie touristique. Comment peut-on planifier,
prévoir d'administrer une entreprise sans les données
fondamentales? Voulez-vous connaître; le taux d'occupation des chambres
d'hôtel? Ne comptez pas sur le ministère parce que chaque fois
qu'on appelle au ministère, on n'a jamais ces données. Je
voudrais que le ministre le prenne en note, j'ai fait appeler ma
secrétaire pour avoir des données sur le tour du Québec,
la réponse que j'ai eue - je voulais savoir le budget -c'est que;
c'était un budget de 600 000 $ pour 1987: il y a 420 000 $
déjà dépensés et 180 000 $ qui restent pour la
campagne d'hiver. Le plus drôle de cela, c'est que les données sur
le tourisme - cela a été une réponse - interne ne peuvent
être divulgées qu'avec l'autorisatioin du sous-ministre. Je ne
sais pas pourquoi mais je me pose la question. Cela a été la
réponse qu'on a donnée à mon bureau aujourd'hui. C'est
pour cela que je dis que si vous voulez connaître le taux d'occupation
des chambres d'hôtel, c'est inutile de vous adresser au ministère,
il faudra vous adresser à un bureau de consultants privés.
Voulez-vous connaître la fréquentation des stations de ski? C'est
la même histoire; il faut s'adresser, disons, au
ministère de l'Expansion économique et régionale.
Voulez-vous connaître l'importance de la clientèle des terrains de
camping? On ne peut s'adresser nulle part parce qu'il n'y a pas de
statistiques. Personne ne tient de statistiques. À la vue de ces faits,
il n'est peut-être pas si étonnant que le ministère fasse
si peu d'efforts de publicité. Il n'arrive probablement pas à en
calculer l'efficacité.
M. le ministre, dans la motion que j'avais présentée au
mois de mars, je vous avais dit aussi que vous avez assez souvent l'habitude de
vous vanter que vous voulez doubler les budgets de publicité et de
promotion et faire porter votre action sur ce que vous appeliez les
marchés cibles, surtout l'Ontario et le Nord-Est des États-Unis.
Nous vous félicitons pour ces intentions, même si les deux lames
des ciseaux Bérubé-Parizeau se sont chargées de sabrer
dans ces bonnes intentions.
Lorsque ce touriste cible arrive ici le coeur rempli d'espérance
concernant notre traditionnelle hospitalité, que lui arrive-t-il? Lui
qui cherchait le dépaysement, il sera servi à souhait. Nul signe
compréhensible ne l'avertira des attractions à moins qu'il ne
soit couramment bilingue, car l'anglais est illégal ici dans la
province. Il est légal de rendre service et même de bien servir un
client. Quelle autre nation au monde interdit à ses commerçants
d'offrir le plus large éventail possible des services à la
clientèle? Je n'en connais pas. Non seulement notre clientèle
n'aura-t-elle pas d'indications sur les panneaux, mais elle ne pourra
même pas compter sur les kiosques d'information. Une expérience
que l'on a faite, c'est d'appeller parfois à des kiosques d'information,
spécialement en région, pour avoir des réponses, des
informations en anglais, et on a beaucoup de misère à se faire
répondre en anglais. Bien sûr, le bon coeur et le bon sens des
préposés vont pallier tant bien que mal cette anomalie.
Connaissez-vous une nation européenne où le multilinguisme n'est
pas exigé des services de renseignements touristiques? Quant à
moi, je n'en connais pas. Dans n'importe quel pays, en Europe, habituellement,
il y a toujours trois ou quatre langues que les préposés
connaissent pour répondre justement à l'information touristique,
qu'on aille en Italie, en France, en Espagne. En Italie, par exemple, on a
souvent un préposé à un kiosque d'information qui parle
couramment un minimum de trois ou quatre langues, contrairement au
Québec. Mais comme je le disais, au Québec, c'est illégal
d'exiger l'anglais pour un guide touristique. Ce n'est pas une question de
langue, du droit des minorités ou d'autres grands principes
philosophiques, c'est une question de bon sens commercial. (20 h 30)
Le ministre, dans son discours à la chambre de commerce, disait:
On s'adresse à ce bassin de 100 000 000 d'Américains ou de gens
qui s'expriment uniquement en langue anglaise. J'imagine que si on s'adresse
à ces personnes cibles il faudrait au moins qu'on donne tous les
renseignements possibles et imaginables dans la langue que ces gens
comprennent. Quelle autre nation interdit d'exiger de ses employés les
compétences nécessaires à la bonne marche d'une de ses
industries? Le ministre pourrait toujours argumenter que la question ne
relève pas de lui, qu'elle relève de l'Office de la langue
française ou encore du ministère des Transports qui a de bien
drôles d'idées sur la langue des panneaux de signalisation
routière et qui veut les faire plus français qu'à Paris.
Vous vous rappelez, même dernièrement, il a été
question de changer le mot "stop" pour "arrêt" à cause de la
différence québécoise.
M. le Président, qu'est-ce qui empêche le ministre de faire
pression pour que le bon sens revienne? Le ministre est un homme d'affaires
lui-même qui a bien réussi, il sait l'importance d'une bonne
communication avec la clientèle, pourquoi ne fait-il pas plus d'efforts?
Je vous demande vraiment de faire quelques efforts auprès de vos
ministres dans ce sens, que ce soit le ministre des Transports ou le ministre
de l'Éducation, à moins qu'il nous dise, nous déclare son
impuissance vis-à-vis de cet aspect, disons, de cette possibilité
de réussite auprès de ses collègues.
M. le Président, je pourrais continuer encore longtemps, mais
c'est un peu l'aspect que je voulais mettre de l'avant comme préambule
aux questions qu'on aura tout à l'heure à poser au ministre. S'il
a pris quelques notes sur les recommandations que j'ai faites, j'aimerais que
le ministre nous réponde sur ces aspects.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: M. le Président, un peu comme mon
collègue de Viger, j'aimerais aussi faire un petit tour d'horizon sur la
situation, puis terminer par quelques questions au ministre. Je vais commencer
par les efforts qui ont été faits par le ministère; je les
considère comme pas mal considérables au cours des
dernières années. Ce sera un peu le pendant positif de ce qu'on
vient d'entendre.
Il y a, entre autres, ce qui a été mis sur pied par le
ministère, le crédit touristique; je pense que c'est très
important, en tout cas, dans notre région, pour nous, c'est très
important. Il y a aussi le fait d'avoir mis l'accent sur des centres
prioritaires; je pense que c'est aussi important de choisir des points, de
faire une
promotion toute spéciale et, ensuite, il s'agira d'attirer les
mêmes touristes en région et de les garder le plus longtemps
possible chez nous.
Il y a la construction du Palais des congrès qui est en cours et
qui devrait être, selon ce que j'ai entendu cet après-midi,
complété tel que prévu. Il y a eu la création et
l'aide, le maintien des ATR, les associations touristiques régionales
qui sont un atout extraordinaire pour le Québec, complétant le
travail effectué au niveau du ministère en région, ce qui
est très important. Cela nous permet d'utiliser le dynamisme local, les
connaissances du milieu par les gens du milieu. Il y a eu l'abolition de la
taxe sur les chambres d'hôtel. Je pense que ce sont des points positifs,
importants qui devraient nous permettre de créer une industrie
touristique québécoise assez importante.
On a aussi - mon collègue en a aussi parlé, mais je vais
compléter ou en reprendre quelques-uns - des atouts, des avantages
exceptionnels. Il y a tout d'abord, évidemment, notre
spécificité en Amérique du Nord; je pense qu'il faut
absolument l'utiliser avec le potentiel de gens qu'on peut aller chercher pour
venir voir quelque chose de différent sans changer de continent. Je
pense que c'est l'atout principal qu'il faudra utiliser dans notre
publicité.
Il y a aussi le fait qu'on a déjà des milieux connus sur
un axe majeur du Québec, un axe privilégié qui est l'axe
Montréal-Québec, avec les deux grands pôles qui offrent
tous les avantages à nos visiteurs, en plus des cachets qui sont tout
à fait particuliers qu'on ne retrouve pas ailleurs en Amérique du
Nord.
Il y a aussi un avantage qui, je crois, devrait être
utilisé probablement davantage: on a la chance d'avoir quatre saisons.
On peut donc plaire à beaucoup plus de gens en offrant tout au cours de
l'année des divertissements différents. Pour revenir aux quatre
saisons, il en est une qui est quand même une richesse pour le
Québec, la saison d'hiver. On a énormément de centres de
ski. Cela va revenir dans une question un peu plus loin.
Un des avantages très importants aussi, c'est la proximité
de 100 000 000 de citoyens dans un rayon qui ne dépasse pas les 400 ou
500 kilomètres.
Un avantage, qui était un peu plus fort hier qu'aujourd'hui, mais
qui se maintient, c'est la valeur de notre dollar par rapport au dollar
américain. Comme notre potentiel touristique, c'est quand même les
Américains, je crois, M. le Président, qu'on a un avantage qui
mérite d'être considéré à l'approche de la
saison estivale qui s'en vient.
L'autre atout qu'on va avoir, dès le mois de mai 1983, c'est le
Palais des congrès qui sera terminé, qui, en plus d'attirer les
congressistes comme tels, donc des milliers de personnes, recevra les personnes
qui les accompagnent: celles-ci seront véritablement des touristes et
seront pour nous un potentiel énorme.
Un autre avantage, c'est le bilinguisme, le bilinguisme dans le sens du
service qu'on donne. Ce que le député de Viger disait
tantôt quant aux services, en tout cas, les tests qu'il a faits, il ne
les a certainement pas faits dans la région de l'Estrie ou des Cantons
de l'Est, parce qu'il va y avoir les services en langue française ou
anglaise. Il n'y a pas de problème en tout cas pour ce qui est de la
frontière qui longe les États-Unis. C'est là finalement
qu'est le plus grand potentiel. Il ne faudrait pas généraliser.
S'il y a quelques coins à 100% francophones où les gens ont un
peu plus de difficulté, il serait faux de prétendre qu'à
cause de la loi 101, quelque organisme gouvernemental que ce soit n'essaie pas
de donner un service bilingue aux touristes qu'on attire chez nous.
Pour ce qui est de la signalisation routière, je suis en total
désaccord. Je suis d'accord avec "arrêt" autant que je suis
d'accord pour qu'on utilise des mots français. Le premier atout, le
premier avantage qu'on a, c'est une spécificité qui nous est
propre à nous. Vous avez aussi utilisé cela dans votre discours
tantôt en disant que c'est un atout majeur pour le Québec. Un
atout majeur doit paraître. C'est une façon de le faire. Qu'on
mette "arrêt" à la place de "stop", je vous répondrai
seulement par une constatation. Allez à Porto Rico, qui est une
possession américaine, les signaux sont en espagnol. On ne voit
même pas de "stop" à Porto Rico, qui appartient aux
Américains. Je ne pense pas que le mot "arrêt" au coin de la rue
va empêcher les gens de venir. S'ils viennent pour voir une
différence, ils vont en voir une, tout simplement, et ils vont
arrêter quand il :3era temps d'arrêter.
Ce sont les avantages et les atouts qu'on a chez nous. Je trouve que
c'est amplement suffisant, si on sait bien les utiliser, pour augmenter la
venue des touristes chez nous.
Malheureusement, je dois faire, comme vous, une constatation:
malgré qu'on soit 6 500 000 de Québécois entourés
de 250 000 000 d'autres citoyens en Amérique du Nord, on est
déficitaire quant à la venue des touristes. C'est une constation.
Il en sort plus qu'il n'en rentre, et je pense qu'il y a des choses à
faire.
Je vais ouvrir une petite parenthèse pour parler
spécifiquement de ma région, parce que,, justement, elle est bien
placée au niveau touristique, autant intérieur
qu'extérieur du Québec, c'est-à-dire le sud de
Montréal, l'Estrie et les Cantons de l'Est et le long de la
frontière américaine, avec un potentel, dans une région
assez proche,
comme je disais tantôt, d'environ 500 kilomètres,
d'à peu près 100 000 000 d'individus. Je trouve cela important.
C'est une région qui possède non seulement des atouts naturels:
lacs, montagnes pour faire du ski, la baignade l'été et tous les
autres avantages durant les quatre saisons, mais elle a aussi des avantages qui
ne sont pas connus. Qu'on pense seulement au Musée de l'automobile, qui
est unique au Québec et le plus grand qui soit au Canada, au
Musée québécois de la chasse, qui est unique en
Amérique du Nord, qui est un autre atout non seulement pour notre
région, mais pour l'ensemble du territoire québécois.
Avec tout ce qu'on possède, je me dis: - je vais
réfléchir tout haut en vous posant des questions, M. le ministre
- Est-ce que, dans votre orientation pour développer le tourisme en
dehors des régions que sont Montréal, Québec, le
Mont-Tremblant et le Mont-Sainte-Anne, qui sont des points importants - je ne
veux pas non plus qu'on diminue l'importance de la publicité qu'on va
affecter dans ces coins - est-ce qu'on va penser à travailler avec les
ATR, les associations touristiques régionales, de façon à
faire sortir les gens de ces coins, de ces centres et de faire participer les
gens du milieu pour qu'ils fassent connaître davantage leurs produits et
qu'on agrandisse un peu les zones déjà connues? Je pense entre
autres, parce que cela va nous intéresser dans notre coin, l'Estrie,
à la venue du Palais des congrès; c'est évident que c'est
là un potentiel. Quand les gens sont en congrès, les
accompagnateurs devraient sortir et découvrir davantage le Québec
plutôt que découvrir seulement Montréal, qui est une
très belle ville, mais je pense qu'il est bon de faire découvrir
l'ensemble, en tout cas, une plus grande partie du territoire
québécois. Ce que je vous demande, c'est si vous avez
pensé à une coopération au niveau de la publicité
avec les ATR.
Il y a un deuxième point qui m'intéresse aussi grandement.
Il y a dans les Laurentides, dans les Cantons de l'Est et aussi à
Québec des centres de ski. Est-ce qu'il est prévu une aide
quelconque? Parce que dans mon coin - cela a été discuté
aux ATR et aux groupes de loisir, aux groupes de promotion touristique de notre
coin - on cherche un moyen pour faire en sorte que les samedi et dimanche on ne
voie pas des milliers de Québécois aller faire du ski à
Jay Peak ou à d'autres endroits juste de l'autre côté de la
frontière américaine, quand on a chez nous des montagnes; elles
ne sont pas complètement développées encore, mais on en a
énormément.
Au niveau de la publicité aussi, je suis heureux de voir qu'on
augmente les montants. Je suis certain qu'on va les utiliser pour promouvoir la
venue du tourisme de l'extérieur pour qu'il visite davantage le
Québec. On pense aux 5 000 000 de gens de l'Ontario et de certains
États du Nord-Est américain. Est-ce qu'on va penser à en
ajouter un peu au niveau des gens du Québec? Je reviens encore un peu
à cela. Je parlais du ski en hiver, là, je vais parler des autres
centres en été. Il faut gagner les Québécois et les
gens de Montréal - qui est un potentiel de 2 500 000 ou 3 000 000 de
citoyens - qui sortent les fins de semaine, et qui devraient se déplacer
de moins en moins en raison de l'augmentation des coûts et de tout cela,
il faut essayer de les garder chez nous et de les amener, les samedi et
dimanche, à visiter plutôt le jardin zoologique de Granby ou les
gorges de Coaticook, qui sont aussi belles que celles de Ausable Chasm, sauf
que la publicité n'est pas connue suffisamment à ce niveau.
Une dernière réflexion et en même temps une
question. Est-ce qu'il est prévu -je ne suis pas sûr que cela
relève de votre ministère, mais tout de même au niveau du
tourisme, c'est très important - d'améliorer l'affichage de
façon à faire connaître davantage notre produit? Si on se
promène le long des routes québécoises, malheureusement,
si on n'a pas la carte routière ou si on ne connaît pas le coin,
on découvre difficilement les belles choses à voir, alors que
dans les régions touristiques américaines sans le savoir, on
découvre ce qu'il y a à voir en se promenant le long des
routes.
Ce sont en gros les points qui m'intéressent pour essayer de
faire en sorte que le domaine du tourisme qui est très important
devienne une des premières industries au Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Je profite de la
première occasion que j'ai pour exprimer une certaine inquiétude
que j'avais avant mon entrée en politique. J'ai regardé ce qui se
passait au niveau du tourisme. Le tourisme a été
détaché du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, comme cela s'appelait à l'époque. Il m'a
donné l'impression d'être un parent pauvre, un enfant orphelin
dont personne ne voulait et que le ministre a un petit peu, d'une façon
réticente, accepté d'adopter. J'ai l'impression, non seulement
l'impression mais la certitude, les preuves sont là, que le ministre se
comporte envers cet enfant délaissé comme un père qui n'en
voulait pas justement. Il lui donne des miettes, il le nourrit des miettes et
des graines qui tombent de la table. Cela m'inquiète et cela
a des effets considérables en ce qui concerne l'industrie
touristique au Québec. (20 h 45)
C'est notre rôle à nous, de l'Opposition, de souligner
cela, de manifester au ministre qu'il y a certains coups de barre qui doivent
être donnés, et rapidement. Ce qu'il semble se passer
actuellement, c'est que le ministère du Tourisme - pour raccourcir le
nom du ministère - ne sait pas où il s'en va. On procède
avec des cataplasmes, on met des pièces là où on peut,
où cela semble couler, sans trop savoir si le bateau va réussir
à flotter et même pire que cela, M. le ministre, sans savoir
à quel port on veut mener le bateau. On nous fait des grands discours
sur la justesse de l'utilisation du mot "stop" pour nous convaincre que c'est
là un attrait touristique. Je regrette beaucoup, M. le Président,
on ne me fera pas admettre que d'avoir changé "stop" pour "arrêt"
cela va nous amener du monde. On n'est pas des outres qu'on peut emplir
à volonté comme cela, non plus. Il y a des choses où il y
a quand même des limites. Ce n'est pas un attrait touristique que les
panneaux de signalisation et qu'on mette "arrêt" au lieu de "stop", ce
n'est pas cela qui va nous faire gagner notre vie, ce n'est pas cela qui va
emplir les hôtels, ce n'est pas cela qui va emplir les centres de ski que
mon collègue d'en face reconnaît être sous-utilisés
alors que les Québécois traversent la frontière. Si on
avait un petit peu d'ouverture, au lieu de faire de la diversion sur des choses
semblables, on établirait un plan directeur, on saurait ce qu'on veut
vendre, au Québec, on cesserait de se regarder le nombril en ayant des
promotions touristiques qui sont quasiment xénophobes.
Quand on dit: Je prends le tour du Québec, cela se referme sur
nous. On ne peut pas en même temps essayer de vendre cela à la
population, M. le Président, et espérer que cette population
à qui on demande de faire un tour sur elle-même, de se regarder en
rond, va s'ouvrir en acceptant les étrangers, les touristes qui
viendraient nous voir.
Il ne faut pas avoir dans la vie, M. le Président, des discours
contradictoires; autrement, ils s'annulent et on se retrouve devant des effets
comme ceux qu'on a actuellement, avec une industrie touristique
anémique, une industrie touristique qui ne fait pas le poids, une
industrie touristique dont le ministre ne s'occupe pas, parce qu'il ne sait pas
par quel bout prendre cela.
J'en veux pour exemple, M. le Président, un certain nombre de
choses dont la question des ATR. Où en sont-elles, les ATR? Quand
j'étais à la communauté urbaine, M. le Président,
on a fait grand état de la trouvaille du siècle par le
gouvernement actuel: on avait inventé les ATR. On avait découvert
comment on pouvait mettre le tourisme au monde au Québec avec des ATR.
On impliquait le milieu, disait-on, l'entreprise privée, etc., etc.,
etc. Le gouvernement garantissait des fonds considérables à ces
associations-là. À ma connaissance personnelle, il y en a une qui
a failli monumentalement, celle de la Communauté urbaine de
Québec. Le gouvernement y est pour quelque chose. Je voudrais que le
ministre en prenne note et j'aimerais qu'il fasse état de la
santé des ATR dans la province de Québec. Combien sont venues au
monde? Où sont-elles venues au monde? Combien de temps ont-elles
duré? Combien de temps cela a-t-il coûté? J'aimerais qu'on
sache cela, j'aimerais aussi qu'on sache quels sont les objectifs que
poursuivent exactement ces ATR et une fois qu'on connaîtra ces objectifs,
j'aimerais savoir lesquels ont été atteints, lesquels n'ont pas
été atteints et quels sont les délais qu'on se donne pour
les atteindre.
J'aimerais qu'on me parle de cela, M. le Président, j'aimerais
qu'on me parle du Pavillon du Québec sur le terrain de l'Expo à
Montréal. Combien cela coûte-t-il? Combien cela rapporte-t-il?
Combien de jours est-il utilisé par année? Qui est le directeur
général de cela? Depuis combien de temps? Quelles sont ses
qualifications? Qui était là l'an dernier. Qui était
là l'année d'avant? Qui va y être l'année prochaine?
Quelles sont les qualifications de cette personne? De combien de personnes
est-il entouré? Quel est le rôle des personnes qui l'entourent?
Quel est le nombre des réceptions protocolaires qu'on donne, etc.,
à quels frais, à quels coûts? Je veux savoir cela. Qui
reçoit-on? Cela intéresse le monde parce que dans la situation
économique dans laquelle on est actuellement, M. le Président, ce
n'est pas tout de nous dire qu'on augmente les crédits pour la promotion
touristique. Cela nous fait une très belle jambe, M. le
Président, mais cela ne me suffit pas; je veux savoir quelle est
l'utilisation du dollar.
On a beau me dire qu'on fait passer cela de 9 000 000 $ à 14 000
000 $, c'est bien dommage, cela ne m'impressionne pas, tant qu'on ne me dira
pas comment mes 14 000 000 $ de taxes québécoises, alors qu'on en
a tellement besoin et qu'on taxe actuellement à outrance les gens qui
n'ont pas les nroyens de payer les taxes... Je veux savoir comment ces 14 000
000 $ sont utilisés. Qu'on me convainque, qu'on convainque la population
qu'on les utilise à bon escient. Je veux aussi qu'on me dise ce qui en
est de la politique du gouvernement actuel en ce qui concerne, quand on se
promène sur les routes du Québec, les kiosques particuliers de
l'association de ci, des hôteliers de ça, qui donnent des
renseignements de tous bords et de tous côtés, qui sont souvent
contradictoires et qui constituent: parfois, très souvent même,
parce
que j'en ai fait l'expérience personnellement, des pièges
à touristes où on envoie contre rétribution et au moyen de
ristournes des gens à tel endroit plutôt qu'à tel
autre.
Qu'est-ce que le ministère fait avec cela? Est-ce qu'il s'en
préoccupe? Est-ce qu'il sait, au moins, que cela existe? Est-ce que
c'est un problème qu'il a saisi? Que fait-il avec cela? J'ai aussi, M.
le Président, à souligner la contradiction interne qui existe
entre les supposées politiques que poursuit le gouvernement alors que le
ministre doit savoir qu'une grande partie des touristes qui se promènent
dans la province de Québec, si on veut parler des régions
périphériques autres que Québec et Montréal, les
voyages, les déplacements se font en automobile et le gouvernement nous
fixe l'essence au plus haut prix en Amérique du Nord.
Je vous demande, M. le Président, je demande au ministre, comment
il peut concilier cela. Comment peut-il concilier la recherche du profit
à court terme et à courte vue du ministre des Finances avec ses
objectifs de promouvoir le tourisme dans la province de Québec, dans les
régions aussi éloignées que l'Abitibi, la Gaspésie,
les Cantons de l'Est et le Lac-Saint-Jean. Comment peut-on concilier qu'on
doive payer l'essence à des prix hors de proportion par rapport à
ce qui se paie ailleurs et comment peut-on espérer que les gens vont se
promener à la grandeur de la province, alors qu'il se passe un
phénomène bien curieux, c'est que non seulement le ministre du
Tourisme n'atteindra pas ses objectifs de faire voyager les gens dans ces
régions à cause du prix de l'essence, mais le ministre des
Finances lui-même n'atteindra pas ses buts d'obtenir des fonds
nécessaires, parce que plus l'essence coûte cher moins on en met
dans le réservoir. À ce moment-là, tout le monde est
perdant.
Comment ce gouvernement ne s'est-il pas rendu compte que ces objectifs a
courte vue à court terme sont contradictoires et s'annulent. C'est pour
cela qu'on s'en va comme cela, on est tout "écartillé".
J'aimerais que le ministre nous explique comment il peut expliquer à la
population que ces objectifs ne sont pas contradictoires et peuvent atteindre
des buts qui sont cohérents, qui sont dans la ligne d'un
développement touristique qui va donner justice, premièrement,
parce que c'est le principal intéressé, à la personne qui
voyage, qui va aussi donner justice aux personnes qui le servent, qui lui
fournissent des services. Comment le ministre peut-il concilier tout cela?
J'aurai d'autres questions, M. le Président, tout à l'heure, en
ce qui concerne plus particulièrement certaines choses qui touchent de
plus près la région de Québec.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
Réponse du ministre
M. Biron: M. le Président, il y a quelques questions
auxquelles je voudrais répondre pour l'information du
député de Viger et, d'une façon particulière, pour
le député de Louis-Hébert qui arrive; je comprends qu'il
soit un peu ignorant de ce qui se passe à propos des actions que le
gouvernement du Québec a pu mener au cours des dernières
années, et particulièrement au cours de la dernière
année dans le domaine touristique. D'abord, comme j'ai pris beaucoup de
notes, je remercie aussi le député de Shefford de son
intervention et, particulièrement, des suggestions positives qu'il nous
fait pour employer davantage les forces régionales.
Pour moi, le développement économique, ce n'était
pas une affaire de faire de la politique - et je dis cela à l'intention
du député de Louis-Hébert - c'est de créer des
emplois, de participer avec les chefs d'entreprise, avec les travailleurs, avec
les travailleuses au mieux-être de la collectivité
québécoise. Le tourisme, pour nous, au gouvernement du
Québec, c'est un des éléments importants, c'est une
industrie importante et le fait est que la volonté du gouvernement du
Québec, avant même que j'arrive au ministère, ait
été de rallier le tourisme avec l'industrie et le commerce. Pour
nous, le tourisme est une des industries importantes, c'est la plus importante
industrie créatrice d'emplois au Québec. C'est l'industrie qui
compte le plus d'entreprises: 20 000 petites et moyennes entreprises - tout
près de 20 000 - sont des entreprises reliées directement au
domaine touristique. Ces entreprises ont besoin d'aide, ont besoin d'être
appuyées, d'être aidées, d'être aimées par le
gouvernement du Québec et c'est ce qui est important pour nous dans un
contexte économique très difficile, contexte
économique...
Une voix: Pourri?
M. Biron: ... qui fait en sorte que des petites entreprises sont
obligées, à l'heure actuelle, d'emprunter de l'argent pour se
financer à un taux usuraire qui est décidé et
déclaré par votre grand maître dont vous êtes le
valet, le gouvernement d'Ottawa, qui fait en sorte de faire mourir les petites
et les moyennes entreprises et les petites entreprises du domaine touristique
en particulier.
Regardez la liste des entreprises qui font faillite chaque mois, il y a
beaucoup de restaurants, beaucoup de petites auberges qui sont obligés
d'emprunter à 18% et 20%, taux décrété par la
Banque du Canada. Comme moi, dans votre jeune temps, vous vous en souvenez, des
gens qui prêtaient de l'argent à 14% et 15%, on disait que
c'étaient des
usuriers, on les mettait en prison. C'est la Banque du Canada,
maintenant, qui dit que 15%, ce n'est pas assez élevé. C'est
directement relié aux coûts des entreprises touristiques. Vous
parliez des coûts élevés tout à l'heure. Je vous
parle du pire coût qui en train de faire mourir beaucoup de nos
entreprises, c'est le taux élevé d'intérêt.
J'espère qu'un bon jour, si vous êtes capable de parler - parlez
à genoux si vous voulez -à votre maître d'Ottawa, dites-lui
qu'il fasse en sorte de baisser le taux d'intérêt le plus
rapidement possible pour aider nos entreprises.
Les kiosques d'information. Plusieurs ont parlé des kiosques
d'information au Québec. Les informations que j'ai, c'est que, dans tous
les kiosques d'information, sans exception, qui relèvent du gouvernement
du Québec, tous nos employés sont bilingues. Les kiosques
d'information qui relèvent des municipalités ou des ATR, on n'a
aucun contrôle sur eux. Les municipalités ou les ATR, lorsqu'elles
décident d'avoir un kiosque d'information, vont engager les gens qu'ils
veulent. Je peux assurer le député de Viger que pour nous c'est
important, parce que nos kiosques sont surtout aux postes d'entrée aux
différentes frontières, sont dans les grandes villes. C'est une
des conditions; nos gens sont bilingues dans ces kiosques, afin de
répondre le mieux possible à la clientèle qui vient. Pour
nous, c'est très important.
Les associations touristiques régionales ont beaucoup de kiosques
en région, les municipalités ont beaucoup de kiosques en
région et nous leur donnons une petite subvention pour les aider au
fonctionnement de ces kiosques, mais les kiosques sont sous la gouverne, sous
la responsabilité de l'ATR ou de la municipalité. C'est ce qui
fait que de temps en temps il peut y avoir une différence de
qualité. Vous me direz: Ce serait peut-être mieux qu'on ait une
seule qualité de service et un seul maître d'oeuvre qui serait le
gouvernement du Québec. D'un autre côté, peut-être
que le dynamisme régional n'y serait pas, peut-être que les
grandes qualités des gens des régions ou des municipalités
seraient disparues. On y gagnerait d'un côté en y perdant de
l'autre.
La volonté du gouvernement du Québec, jusqu'à
maintenant, a été de faire confiance aux associations
touristiques régionales et aux municipalités. Il se peut fort
bien, par exemple, que nous essayions de définir certaines normes sans
mettre tous les kiosques dans des camisoles de force, mais certaines normes de
qualité pour qu'on puisse le mieux possible répondre à la
clientèle. Cela fait partie de nos préoccupations, parce que
l'accueil et l'information font partie de nos préoccupations parmi les
plus importantes.
Vous avez aussi mentionné la spécificité
québécoise, la langue française. Je vaudrais bien qu'on
s'entende là-dessus. Pour moi, la langue française, la culture
québécoise, c'est synonyme de billets verts si on sait bien les
exploiter. C'est sûr que, si on s'en va mettre tout en anglais, les
touristes étrangers qui vont venir ici vont tout comprendre; la seule
chose, c'est qu'ils n'auront plus d'affaire à venir ici pour voir
quelque chose de différent. Ils auront juste à rester dans leur
pays. Lorsque vous voyez une chose, une fois, qui ne bouge pas, après
cela vous allez ailleurs.
La différence québécoise, c'est qu'ici, vous ne le
savez peut-être pas, il y a un peuple de 6 000 000 d'habitants qui vibre,
qui vit, qui aime à sa façon, qui hait à sa façon,
qui rit ou qui pleure, mais à sa façon. C'est une
personnalité propre comparée aux 250 000 000 d'anglophones du
continent nord-américain. C'est ce qu'on veut exploiter le plus
possible. Exploiter dans le sens noble du terme pour que cela profite davantage
à la collectivité québécoise, cela
créé des emplois davantage. Notre plan d'action, cette
année, aux Etats-Unis, c'est la différence
québécoise. Nous invitons les Américains de
Nouvelle-Angleterre à venir, pas voir la différence
québécoise, mais à venir vivre avec nous quelques jours.
Lorsque ces gens auront vécu avec le peuple québécois, ils
sauront ce que c'est que de vibrer d'une façon différente. Nous
avons l'impression que ces gens vont revenir encore, parce qu'ils vont aimer
leur expérience de vivre quelques jours avec nous, à condition
qu'ils ne vivent pas quelques jours avec des rouges comme vous, mais avec les
autres ils vont avoir du plaisir.
Cela tourne autour de cela notre publicité, parce que pour nous
c'est important et il faut en profiter au maximum. Les gens de l'Ontario, on a
une campagne spéciale pour les inviter à venir au Québec,
"Welcome to the good times in Québec". Je pense que c'est important pour
eux, on a beaucoup de demandes d'information depuis ce temps, des tests de
marché qu'on a fait faire. On ne fait pas des campagnes comme cela en
tirant des thèmes en l'air, on fait des test» sur les
différents marchés et finalement on décide d'y aller pour
une campagne donnée. (21 heures)
Je répète que, jusqu'à maintenant, dans un mois de
fonctionnement de notre nouvelle campagne., nous avons eu plus de demandes
d'information que dans toute l'année, l'an dernier. C'est dire que les
gens, de plus en plus, sont: intéressés au Québec. Ils
sont intéressés à venir vivre cette
spécificité québécoise, de venir vivre cette
différence québécoise avec nous. Dans ce sens, c'est
important que vous aussi vous nous aidiez à convaincre les derniers
réactionnaires qui veulent faire disparaître les affiches
uniquement en français, pour mettre cela
tout en anglais ou quelque chose comme cela ou bilingue, et leur dire:
Écoutez, c'est rentable, employez donc le fait français. Parlez
en anglais si vos clients parlent en anglais pour qu'ils vous comprennent, si
vous voulez, mais au moins exploitez, au sens noble du terme, tout le fait
français pour que cela profite davantage, parce que la campagne du
Québec est tournée vers la différence
québécoise. Si l'on fait la même chose qu'en Ontario ou
qu'aux États-Unis, on va gaspiller quelques millions de dollars, ce
qu'on ne veut pas. Nous avons l'impression que la grande majorité des
gens de chez nous comprend très bien cet état de fait et veut
participer avec le gouvernement du Québec au développement de la
spécificité québécoise. Ce n'est pas faire de la
politique cela. Au contraire, c'est faire de l'économique, c'est faire
en sorte de profiter...
M. Maciocia: Vous permettez, M. le ministre? Est-ce que vous
êtes sérieux quand vous parlez?
M. Biron: Oui, je suis sérieux. M. Maciocia: Parfait,
continuez.
M. Biron: C'est pour faire en sorte de profiter au maximum des
grandes qualités des gens de chez nous. Cette différence, c'est
cela qui est attirant: Pourquoi allez-vous en France ou décidez-vous
d'aller en Italie? Pourquoi les gens vont-ils en Terre Sainte? C'est parce que
c'est différent, il y a une spécificité différente.
Bon. Alors, ils vont venir au Québec, les gens de l'Amérique du
Nord, parce qu'il y a quelque chose de différent, parce qu'il y a un
peuple qui aime différemment ou qui vibre différemment. C'est
dans ce sens que je voudrais... Je ne veux pas essayer de vous convainvre
complètement ce soir; peut-être que vous ne voulez pas être
convaincus ou que vous ne pouvez vous ouvrir l'esprit. Mais un bon jour vous
allez peut-être comprendre, si vous n'êtes pas trop rouges.
M. Doyon: On va faire comme vous, on va passer dans l'autre
parti.
M. Biron: Un libéral finit toujours par comprendre, mais
un rouge, c'est bouché dur, il n'y a rien à faire avec.
M. Doyon: Un bleu comprend bien plus vite, est-ce que c'est cela
que vous voulez dire?
M. Biron: Vous nous parliez...
M. Doyon: ... parti, cela s'est déjà fait.
M. Biron: Vous nous parliez aussi des sommes d'argent
dépensées par les autres provinces. Savez-vous ce qu'on va
dépenser au Québec cette année si l'on compte tout le
budget qui est relié au développement touristique? Autour de 40
000 000 $, tout près de 40 000 000 $. C'est beaucoup d'argent. C'est
sûr que cela ne va pas complètement juste en publicité,
parce qu'il y a des choses qu'il faut faire aussi, une publicité
indirecte. La formation de nos restaurateurs pour mieux recevoir la
clientèle touristique, vous allez peut-être me dire que ce n'est
pas de la publicité. Je dis: Oui, c'est de la publicité, parce
que si les gens sont bien reçus dans un restaurant, ils vont avoir
tendance à revenir. On va pouvoir profiter davantage d'une
retombée. Au lieu de prendre 4 $ le repas, on pourrait prendre 5 $.
Finalement, la collectivité québécoise va s'enrichir. Cela
fait partie du développement touristique. Il y a des choses que nous
faisons, de l'aide à la gestion qu'on donne. On donne gratuitement
à des chefs de petites entreprises à travers l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie. Nous formons des gens pour travailler dans les
hôtels et les restaurants à l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec. Je pense que cela compte aussi dans le
domaine du développement touristique. La promotion touristique, l'aide
aux associations touristiques régionales, est-ce que vous avez
compté tout ce que cela apporte au Québec? C'est énorme.
Bien sûr, nous leur donnons un petit coup de pouce pour partir, mais
après cela, ces associations touristiques régionales font un bout
de chemin elles aussi. C'est cela, je pense, qu'il faut comptabiliser. Je ne
comptabilise que ce que le gouvernement du Québec, tout seul, fait:
c'est tout près de 40 000 000 $. Comptez ce que les villes, les
communautés urbaines, les associations touristiques régionales,
les municipalités font, vous aurez des sommes d'argent astronomiques.
Comptez ce qu'on fait avec le crédit touristique. Saviez-vous que depuis
trois ans que le crédit touristique existe, ou trois ans et demi...
M. Rocheleau: Question de règlement, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Rocheleau: C'est que, à moins que je fasse erreur, M.
le Président, le leader de l'Opposition et le leader du gouvernement ont
négocié la question du temps, pour chacun des crédits de
chacun des ministères, dans le but de permettre aux
députés de l'Opposition de questionner le ministre sur les
activités de son ministère. Nous sommes à écouter
depuis tantôt des discours. Je me pose la question à savoir si
l'on va nous donnez quelques heures de plus, une fois les discours
terminés, pour qu'on puisse
réellement questionner le ministre sur les activités de
son ministère et voir s'il a des solutions à apporter aux
problèmes qui existent actuellement et des réponses à
donner à des questions pertinentes à son ministère. Depuis
tantôt, on écoute des discours qui sont bien beaux...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Hull, si j'ai bien compris, nous avons fait des remarques préliminaires
autour de la table, d'un côté comme de l'autre, et il y a eu des
questions qui ont été posées au cours de ces remarques. Si
j'ai bien compris aussi les propos du ministre, c'est à ces questions
qu'il est en train de répondre. Alors, il ne m'appartient pas de juger
s'il répond bien ou mal aux questions, mais je suis conscient du fait
qu'il y a eu des questions au cours des interventions du député
de Shefford, du député de Louis-Hébert et du
député de Viger.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président CM. Boucher): Question de règlement,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Ce que vous êtes en train de dire, si
c'était le cas, je reconnais que vous auriez raison. Si on avait des
réponses aux questions qui ont été posées, vous
seriez complètement justifié de dire que le ministre
répond aux questions, mais à la condition qu'il le fasse. J'ai
personnellement posé des questions et je n'ai pas envie de reprendre
encore du temps, parce que nous sommes limités dans le temps; j'ai
posé des questions, à savoir: Combien d'ATR, combien cela a
coûté, combien cela fait? J'ai posé des questions
concernant les kiosques particuliers d'associations d'hôteliers, etc.,
j'ai explicité un peu là-dessus, je ne veux pas recommencer. J'ai
posé des questions sur le pavillon du Québec, des questions
très précises, et je n'ai pas eu une seule réponse, mais
le ministre parle depuis une vingtaine de minutes, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je comprends, M. le
député de Louis-Hébert. Or, il ne m'appartient pas de
juger de la réponse, mais de savoir qu'il y a eu des questions et que le
ministre y répond actuellement.
M. Biron: Question de règlement. Juste pour l'information
du député de Hull, qui est arrivé en retard...
M. Rocheleau: M. le ministre...
M. Biron: J'ai pris quelques minutes seulement au début
pour permettre aux députés autour de la table de poser les
questions afin que je puisse ramasser toutes les questions et y répondre
une seule fois. Pour votre information, le député de Viger est
intervenu et le député de Shefford est intervenu, le
député de Louis-Hébert est intervenu. J'ai ramassé
les questions que ces députés m'ont posées, je pense que
ce sont des questions importantes et j'essaie d'y répondre le mieux
possible. Vous allez quand même me donner le temps d'y répondre
parce qu'au début je n'ai pas pris de temps de faire un exposé,
je n'ai pris que cinq minutes pour donner une chance aux députés
de poser des questions, quitte à répondre aux questions
après. Alors, ça peut être utile pour vous d'écouter
un petit peu et de savoir ce qu'on fait au point de vue du développement
touristique au Québec.
M.. Rocheleau: J'aimerais entendre quelque chose, vous ne dites
rien depuis tantôt.
M. Biron: Vous apprendriez certainement beaucoup de choses si au
moins vous vouliez écouter.
M. Rocheleau: Vous êtes décroché de la
réalité.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, toujours sur la question de
règlement, je voudrais mettre en garde le ministre. S'il est trop long,
si les députés du côté ministériel parlent
trop longtemps, on peut aller jusqu'à minuit; il n'y a aucun engagement
qu'on arrête à 22 h 30. Que ce soit bien clair que si vous
êtes trop long, on dépassera 22 h 30, je vous le dis d'avance. Je
ne voudrais pas que vous veniez nous dire après: On a convenu de
terminer à 22 h 30.
M. Biron: M. le Président, si les députés
ont besoin de rester jusqu'à minuit pour être informés, je
vais prendre tout le temps; je pense qu'ils ont besoin d'être
informés, il me semble qu'à l'heure actuelle ils ne sont pas
assez informés, on va essayer de leur donner les informations
nécessaires et de répondre le mieux possible à leurs
questions.
M. Maciocia: Votre question...
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris la
directive de la Chambre, c'est de 20 heures à minuit.
M. Paré: La Chambre, il n'y a pas de limite.
Le Président (M. Boucher): En fin de session, les
commissions peuvent se terminer
à minuit, ou plus tard.
M. Biron: II y a eu une entente cet après-midi avec le
principal porte-parole de l'Opposition qu'on finirait à 22 heures, mais
si on a besoin de quelques minutes de plus je ne m'y opposerai pas. On va
essayer de permettre à nos collègues d'en face d'en apprendre le
plus possible.
M. Maciocia: Je vous ai dit que cela dépendait de vos
réponses.
M. Rocheleau: On n'a rien appris jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous pouvez
continuer.
M. Biron: Pour l'information des députés d'en face,
au-delà de 100 000 000 $ ont été investis dans le
développement touristique au Québec grâce à la loi
du crédit touristique qui a été adoptée par le
gouvernement du Parti québécois il y a trois ans, c'est une chose
importante. Le gouvernement a décidé d'aider les entreprises dans
le domaine touristique, ce ne sont pas des entreprises d'État, ce sont
des entreprises privées de vos régions que nous aidons
grâce à la loi du crédit touristique.
M. Rocheleau: Je vais avoir des questions à poser
là-dessus tantôt.
M. Biron: Je pense que c'est excellent de pouvoir aider ces
gens-là. Finalement, c'est tout près de 40 000 000 $ que nous
allons dépenser cette année avec tout cela.
Nous avons organisé avec les agents de voyages, avec les
associations touristiques régionales et les communautés urbaines
de la publicité Coop, nous faisons avec eux de la publicité sur
différents forfaits. On a organisé des forfaits pour toute une
série de visites, soit à l'occasion de festivals, de carnavals,
d'excursions à la baleine, toutes sortes de choses que nous pouvons
organiser au Québec. Il y a beaucoup de choses, des festivals
d'été, alors il y a beaucoup de forfaits, il y a une centaine de
forfaits différents qui ont été organisés de
concert avec les agents de voyages, avec les associations touristiques
régionales et avec les organismes de développement touristique
pour développer nos produits, les produits québécois. Nous
avons décidé d'avoir deux grandes portes d'entrée au
Québec: Québec et Montréal. Bien sûr, nous ne
pouvons pas faire de publicité à l'extérieur du
Québec pour toutes les régions ensemble. Ce serait vraiment
disséminer notre publicité et cela n'aurait pas d'impact. Notre
publicité porte donc sur Québec et Montréal, comme portes
d'entrée, mais, en collaboration avec les associations touristiques
régionales, nous essayons de tirer de ces deux grandes portes
d'entrée, de Québec et de Montréal, les gens pour les
amener en région. Nous faisons donc une publicité, en
coopération avec les ATR, soit sur Québec et Montréal,
pour les amener en région en nous servant d'événements
à l'extérieur, que ce soit la traversée du lac Saint-Jean,
que ce soient les régates de Valleyfield ou que ce soient d'autres
événements à travers le Québec. Je pense que c'est
important.
Il y a aussi du développement touristique qui est prévu,
cette année, avec le crédit touristique, vis-à-vis des
centres de ski importants pour les aider particulièrement à se
procurer des canons à neige, des remonte-pentes, etc. Je pense que c'est
important dans la région de l'Outaouais en particulier. Je sais qu'il y
a beaucoup de gens qui vont à Ottawa pour faire du ski. Est-ce qu'ils
font du ski du côté de l'Ontario? Bien non, ils viennent faire du
ski du côté québécois. C'est quand même notre
responsabilité d'aider l'Association touristique de l'Outaouais à
profiter au maximum de la présence de montagne au Québec à
développer ces montagnes, mais à profiter des gens qui vont venir
dans la région afin qu'ils puissent demeurer dans l'Outaouais au lieu de
demeurer à Ottawa. Cela profitera à la collectivité
québécoise. Je sais que le député de Hull va nous
appuyer pour que les gens demeurent dans sa région de l'Outaouais.
M. Rocheleau: J'ai hâte de vous poser des questions
là-dessus.
M. Biron: Une question aussi qui a été
posée, je ne sais pas si c'est par le député de
Louis-Hébert, par le député de Viger ou par le
député de Shefford, vis-à-vis de l'amélioration de
l'affichage, au ministère des Transports. On fait un effort de ce
côté. C'est exact qu'il y a un effort à apporter pour bien
indiquer les différents sites de terrains de camping, les
différents sites de développement touristique. Nous sommes
à préparer un plan avec le ministère des Transports, tout
en respectant quand même la Loi sur l'affichage, pour ne pas avoir, comme
on avait autrefois, toutes sortes d'affiches de toutes sortes de couleurs le
long des autoroutes. Ce sera quelque chose d'assez précis qui va
indiquer aux touristes étrangers les lieux où il y a des
hôtels, des motels pour les recevoir, des terrains de camping. On sait
que les terrains de camping deviennent de plus en plus populaires au
Québec.
Le député de Louis-Hébert avait aussi posé
une question concernant les associations touristiques régionales. Nous
avons quinze associations touristiques régionales à ce jour.
Quelques-unes fonctionnent de façon extraordinaire. C'est jeune, cela
fait trois ou
quatre ans que les associations touristiques régionales existent.
Quelques-unes fonctionnent de façon extraordinaire, probablement
à cause du dynamisme des gens du milieu.
M. Doyon: Lesquelles?
M. Biron: D'autres fonctionnent un peu moins bien, c'est
exact.
M. Doyon: Lesquelles?
M. Biron; On est en train d'en replacer une qui fonctionnait
très mal.
M. Maciocia: Lesquelles?
M. Doyon: Lesquelles? Question de règlement, M. le
Président. Une question spécifique a été
posée. Je ne laisserai pas le ministre s'en tirer avec du verbiage
totalement vide. Il ne dira pas: II y en a des bonnes et il y en a des
mauvaises, il y en a quelques-unes qui fonctionnent et il y en a quelques-unes
qui ne fonctionnent pas. Je veux savoir lesquelles fonctionnent. S'il
connaît son affaire, il va nous le dire. S'il ne connaît pas son
affaire, il va nous le dire et, nous autres, on va le savoir. Il est ici pour
répondre aux questions de l'Opposition. Il ne nous dira pas: II y en a
des bonnes et il y en des mauvaises. La question a été
posée sur les ATR. Après avoir dit qu'il y en a qui fonctionnent
et qu'il y en a qui ne fonctionnent pas, il va devoir nous dire lesquelles
fonctionnent et lesquelles ne fonctionnent pas, parce que c'est l'argent du
public qui est allé là. On a le droit de savoir dans lesquelles
l'argent a été investi à mauvais escient, puis que cela ne
fonctionne pas. On doit savoir cela, ce soir, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert, encore une fois, vous connaissez votre règlement.
Je n'ai pas à me prononcer sur la réponse que le ministre peut
donner; le règlement est absolument clair là-dessus. M. le
ministre.
M. Biron: M. le Président, je crois que c'est important
que le député de Louis-Hébert essaie de comprendre un peu
et qu'il ne s'énerve pas trop vite. On a tout le temps qu'il faut pour
répondre à ses questions.
Il y a une association touristique régionale qui fonctionnait
assez mal, il y a un petit bout de temps, et il la connaît, c'est
lorsqu'il était à la Communauté urbaine de Québec.
Là, l'ATR de Québec allait mal parce qu'il y avait des gens,
à la CUQ, qui bloquaient cela. Je ne veux pas dire que c'est vous, mais,
depuis que vous êtes parti...
M. Doyon: Question de privilège, M. le
Président.
M. Biron: ... il semble qu'on veut s'entendre maintenant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert, vous savez qu'il n'y a pas de question de privilège
en commission.
M. Doyon: C'est dommage, M. le Président, cela aurait
remis les choses en place.
M. Biron: Depuis que le député de
Louis-Hébert est parti de là, il semble qu'il y a un nouvel
esprit qui anime maintenant la Communauté urbaine de Québec, les
hôteliers de Québec, la chambre de commerce, l'association
touristique régionale. On est en train de discuter ensemble pour
reprendre une vie active et commune au niveau de tous les intervenants du
domaine touristique. C'est un exemple. (21 h 15)
Malheureusement, je ne peux pas faire une liste des ATR qui
fonctionnent, pointer toutes les autres et dire: Vous, vous fonctionnez mal et,
vous, vous fonctionnez bien. Si vous voulez des exemples d'ATR qui fonctionnent
d'une façon extraordinaire, parmi les meilleures, ce sont l'ATR de
Charlevoix et l'ATR des Laurentides. Les autres sont peut-être un peu
plus jeunes. Non, il y en a d'autres qui fonctionnent très bien. Mais
les autres sont peut-être un peu plus jeunes, un peu moins bien
structurées. Il y en a quelques-unes qu'on a besoin d'aider
davantage.
Je pense que c'est notre responsabilité d'aider davantage les ATR
et de se servir de l'exemple des ATR de Charlevoix et des Laurentides, de ces
deux-là en particulier, pour essayer de renforcer les autres. On a
tellement l'intention de le faire que, déjà, il y a eu une
rencontre qui a été tenue il y a deux ou trois semaines avec les
principaux représentants des ATR. Nous continuons dans le même
sens. Nous avons même décidé de les convoquer encore une
fois au cours des prochains mois pour passer toute une journée
d'étude avec ces représentants d'ATR, pour essayer de les
structurer davantage et de les organiser d'une façon extraordinaire pour
que ces associations touristiques régionales puissent profiter au
maximum de la volonté du gouvernement du Québec de
développer l'industrie touristique au Québec.
Vis-à-vis des questions du Pavillon du Québec à
Terre des Hommes, je dois dire que le directeur général est
choisi par l'association municipale récréative de
Montréal. On a une entente avec elle pour qu'avec les gens de
Montréal nous puissions fournir le maximum de services aux gens qui
veulent aller au Pavillon du Québec.
D'ailleurs, à Montréal, je dois dire en passant qu'on a
annoncé il y a un mois et demi à peu près une structure
unique de promotion et d'accueil du tourisme. Depuis ce temps, il semble qu'il
y a un élan nouveau à Montréal. On espère et on
ambitionne faire la même chose pour la grande région de
Québec. On veut véritablement collaborer avec la
Communauté urbaine de Montréal, avec la ville de Montréal,
et c'est dans ce sens que nous collaborons au Pavillon du Québec avec
l'AMARC, l'Association montréalaise d'action récréative et
culturelle.
Le thème cette année: Nous espérons choisir un
thème qui tournera autour du fleuve, autour de l'eau, parce qu'il
s'organise beaucoup d'autres pavillons à Montréal autour de ce
thème. D'après les gens de la Communauté urbaine de
Montréal, c'est un thème qui pourrait coller à la
réalité de Montréal.
M. le Président, je crois que j'ai répondu à la
plupart des questions qui m'ont été posées.
M. Rocheleau: ...
M. Biron: S'il y a d'autres inquiétudes ou d'autres
questions, c'est avec grand plaisir que j'essaierai d'y répondre le
mieux possible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Hull.
Développement touristique de la région
de l'Outaouais
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
Disons que la longueur des discours du ministre dénote
sûrement son incompétence dans les actions que prend son
ministère face aux problèmes que nous avons actuellement.
J'aurais quelques questions pertinentes à poser sur son
ministère, tout particulièrement au sujet de l'industrie et du
commerce. Entre autres, depuis le 30 novembre dernier, nous étudions
à l'Assemblée nationale le projet de loi no 37, fusion
forcée des municipalités de Baie-Comeau et de Hauterive. Au mois
de décembre, la compagnie Reynolds faisait parvenir un
télégramme, entre autres, au ministre de l'Industrie et du
Commerce, M. Biron, ainsi qu'au ministre de l'Énergie et des Ressources,
M. Duhaime, et au ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Pas de
réponse à ces télégrammes. La compagnie Reynolds
devait, en mars dernier, envoyer un nouveau télégramme à
la suite de ses inquiétudes quant aux coûts d'une fusion
forcée par la loi matraque du gouvernement. M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Hull. Question de règlement, M. le ministre.
M. Rocheleau: Non, non, je ne suis pas perdu, j'en viens à
quelque chose de bien important.
M. Biron: Je ne veux pas empêcher le député
de Hull de parler, mais on a convenu cet après-midi qu'on avait
réglé tous les autres volets de nos crédits et qu'on
réservait cette soirée pour parler de développement
touristique. Je sais que le député de Viger y est très
intéressé.
M. Rocheleau: J'en viens à cela.
M. Biron: Si vous voulez parler du développement
touristique, très bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Hull, je vous ferai remarquer qu'on est au programme 6. Je vous laisse aller
pour voir si la pertinence peut...
M. Rocheleau: C'est un long préambule, M. le
Président. On sait que sur la Côte-Nord actuellement on tente par
tous les moyens de créer un développement touristique aussi. Les
coûts encourus par les municipalités peuvent empêcher
justement cet essor touristique dans ce coin. Je reviens à la compagnie
Reynolds qui, à toutes fins utiles, touche de près le ministre de
l'Industrie et du Commerce et qui voulait rencontrer le ministre. J'aimerais
savoir du ministre, tout à l'heure, s'il y a eu rencontre entre le
ministre de l'Energie et des Ressources, M. Duhaime, et son ministère
pour traiter des points importants de cette fusion forcée qui peut nuire
considérablement à l'aspect touristique sur la Côte-Nord,
tenant compte des impératifs, actuellement, de cette fusion
forcée qui va créer des coûts importants à la suite
du rapport qui a été déposé par le comité
conjoint qui, à toutes fins utiles, comprend des membres de la
commission municipale. Cela, j'aimerais que le ministre le note tout à
l'heure et qu'il me dise s'il a rencontré la compagnie Reynolds. Pas
plus que cela, qu'il me dise s'il a eu une rencontre avec les dirigeants de la
compagnie Reynolds.
Dans un autre cas, vous avez dit tout à l'heure, M. le
Président, qu'on devait se raccrocher davantage au tourisme; j'aimerais
revenir au mont Sainte-Marie. Le mont Sainte-Marie, c'est effectivement,
uniquement pour le développement touristique; c'est, à toutes
fins utiles, le golf et l'hiver, le ski. Depuis au-delà d'un an, le mont
Sainte-Marie est prêt pour l'expansion qui totalise environ 70 000 000 $.
Au mont Sainte-Marie on est intervenu auprès des deux paliers de
gouvernement pour avoir une aide quelconque, une participation. C'est un
projet
de 70 000 000 $ qui peut éventuellement créer environ 700
jobs et qui a un impact très important dans l'Outaouais, parce que tout
le secteur de la Haute-Gatineau souffre actuellement d'un taux de chômage
important.
On lisait malheureusement dans les journaux, dernièrement, que si
le gouvernement du Québec ne débloquait pas des crédits
pour une participation d'environ 40% de 7 000 000 $, alors que les 60%
étaient défrayés par le fédéral, le
fédéral participerait peut-être seul pour permettre au mont
Sainte-Marie de prendre cette expansion et de créer ces jobs dans ce
coin de l'Outaouais.
Alors, j'aimerais aussi que le ministre puisse m'informer tout à
l'heure et me dire si le gouvernement a finalement débloqué les
crédits, si on prévoit que cette expansion va se réaliser
dans les prochains mois, c'est-à-dire que le début des travaux
d'expansion va commencer incessamment et qu'il nous confirme en même
temps le programme, le nombre d'emplois que cela peut créer et, aussi,
le début des travaux et la fin des travaux.
M. le Président, toujours du point de vue touristique et du
commerce, je me permets de souligner que le ministre était dans la
région de l'Outaouais il y a quelques jours, la semaine dernière,
je pense, avec son collègue du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Ils viennent faire un tour dans l'Outaouais occasionnellement pour
regarder de l'autre côté de la rivière ce qui se passe et,
en passant, lancer quelques "grenottes" quelquefois. Le ministre comme d'autres
ministres antérieurement, nous annonçait l'ouverture de la Maison
du commerce dans l'Outaouais. L'ex-ministre des Travaux publics l'a
annoncée au mois d'avril dernier, l'ex-ministre de l'Industrie et du
Commerce l'a annoncée en 1980; à toutes fins utiles, c'est le
troisième ministre qui vient nous ouvrir cela tous les ans.
J'espère que le ministre a compris le message que les
journalistes lui ont laissé dans la mise en page, à l'effet que
c'est la troisième fois qu'on nous chante la même chose et qu'il
faudrait qu'à un moment donné cela débloque. Alors,
j'aimerais savoir quand cela va débloquer et ce que compte faire le
ministre dans le contexte actuel où la Société
d'aménagement de l'Outaouais a demandé au ministère des
Affaires municipales une augmentation de ses crédits de l'ordre de 300
000 $ afin de pouvoir ouvrir en 1982-1983 ses terrains de camping, ses parcs de
récréation dans l'Outaouais, parce que tantôt, vous avez
mentionné que le gouvernement avait mis des sommes importantes pour le
développement touristique et autres, alors qu'on a du
développement, on a des équipements et on est obligé de
les fermer parce qu'on ne semble pas avoir les crédits
nécessaires.
Du même souffle, M. le ministre, j'aimerais connaître les
interventions que vous avez faites ou que vous ferez, tenant compte que la
société d'aménagement de l'Outaouais est un organisme
à vocation beaucoup plus économique, touristique et devrait
relever d'un ministère à caractère économique
plutôt que de relever du ministère des Affaires municipales.
J'aimerais savoir dans ce contexte, si vous avez fait des interventions
auprès de vos collègues ou si vous avez l'intention d'en
faire.
D'autre part, M. le Président, tantôt, on a parlé
d'attirer le touriste chez nous au Québec. On a même invité
le député de Hull à faire un effort particulier. Je pense
que le ministre devait être au courant que dans la région de
l'Outaouais, l'ex-maire de Hull a fait de nombreux efforts pour attirer les
touristes chez lui et dans l'Outaouais, mais on se pose des questions à
savoir si le gouvernement fait réellement les efforts nécessaires
pour inviter les touristes pas seulement dans l'Outaouais, mais dans tous les
coins du Québec.
D'une part, on a critiqué l'augmentation de l'essence qui,
à toutes fins utiles, n'invite pas les gens à venir au
Québec comme tel, parce qu'au point de vue de la consommation, au point
de vue du coût, c'est plus cher là comme c'est plus cher dans
autre chose. On sait qu'au Québec, on a des parcs, on a des territoires
de chasse importants, soit pour la chasse, soit pour la pêche est au
point de vue des ZEC qui touchent de près le touriste, on sait que cela
ne marche pas trop trop. Par contre, son collègue, le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche vient de permettre l'augmentation du
coût des ZEC et, en même temps, remet sur le marché les
permis de pêche qui sont un autre coût additionnel.
Remarquez qu'on avait plutôt contesté le fait que les
licenses disparaissent dans le temps, mais elles nous reviennent et les ZEC,
elles augmentent leur coût. Le ministre ne pense-t-il pas que tous ces
phénomènes qui font que - je comprends que cela augmente partout
et qu'on traverse une période difficile, que tout le monde doit se
serrer la ceinture... Le ministre à l'intérieur de son
ministère, ne devrait-il pas faire certaines recommandations pertinentes
selon lesquelles si on veut intéresser les gens à venir nous
visiter, ce n'est sûrement pas en changeanl: nos affiches "Stop", comme
le mentionnaient tantôt mes collègues, alors que lorsqu'on va en
Europe, on ne voit même pas le mot "Arrêt". Là-bas, ils ne
connaissent pas cela, c'est "Stop". Et nous, ici, allons obliger les
municipalités... Je comprends qu'on ail: prolongé le délai
de quelques années et on peut dire que les municipalités doivent
rafraîchir leurs enseignes tous les ans, mais il n'en demeure pas moins
que si
le ministre pense que le fait que nous soyons six millions de
Québécois francophones va intéresser le touriste à
venir nous visiter parce qu'ils vont voir des enseignes en français, je
n'ai pas l'impression que cela se vende tellement. Il faudrait peut-être
faire de la publicité en anglais pour inviter les anglophones à
venir voir que les panneaux "Arrêt" sont en français. Il faudrait
peut-être le faire en anglais.
J'aimerais que le ministre réponde à certaines des
questions que j'ai posées, lesquelles méritent réponse
parce que cela fait un bout de temps qu'on les attend. J'aimerais
connaître ses intentions là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: Je remarque que le député de Hull a
changé son attitude et son langage. C'est avec grand plaisir que je
répond à ses six questions.
Premièrement: Est-ce que j'ai rencontré les gens de
Reynolds, dernièrement? Oui, la semaine dernière. Nous avons
discuté, en plus, de cet investissement de 500 000 000 $ à
Baie-Comeau, d'un autre investissement possible de Reynolds au Québec.
Quant au deuxième investissement, il n'y a aucune décision de
prise. On a exploré ensemble la possibilité et l'aide du
gouvernement là-dessus et je pense qu'il y a eu une excellente
discussion entre mes fonctionnaires et moi, d'une part, et les gens de
Reynolds, d'autre part. (21 h 30)
Je peux assurer le député de Hull qu'il n'y a aucun danger
pour les investissements de 500 000 000 $ à Baie-Comeau. Ces
investissements sont très bien attachés et Reynolds entend
continuer. Un problème temporaire, c'est la quantité d'aluminium,
le besoin mondial d'aluminium, de même que le taux
d'intérêt; cela nuit à Reynolds ou retarde temporairement,
et pour une courte période de temps, je peux en assurer le
député, le début de l'investissement.
Deuxième question: Mont Sainte-Marie. C'est exact que ça
traîne depuis un an, en tout cas, que moi je suis dans le dossier.
J'aurais aimé apporter des réponses plus rapidement que cela.
Mais il semble que c'est en bonne voie d'être achevé. Je ne peux
malheureusement ce soir donner des assurances au député de Hull.
Son collègue le député de Gatineau suit le dossier de
très près puisque c'est dans son comté. J'en ai
parlé à quelques reprises avec lui en dehors des séances
de l'Assemblée nationale pour l'informer de l'évolution du
dossier. C'est exact qu'il y a une participation importante du gouvernement
fédéral dans le dossier du Mont Sainte-Marie, comme une
participation aussi importante du Québec. Nous sommes
présentement à compléter la participation des deux
gouvernements. Encore ce matin, j'ai rencontré mon collègue, le
ministre d'État aux Petites entreprises et au Tourisme du gouvernement
canadien, M. Charles Lapointe. J'en ai parlé avec lui. Je peux assurer
le député de Hull que depuis deux mois environ, le dossier est en
train d'être complété, et on espère toujours pouvoir
annoncer... Nous parlons chaque semaine avec le ministre fédéral
du Tourisme pour essayer de régler les petits points qui accrochent
encore.
L'investissement total est autour de 60 000 000 $ selon les informations
que j'ai, et non pas 70 000 000 $, mais il reste que les négociations
vont très bien. J'ai rencontré aussi la semaine dernière,
avec mon sous-ministre au Tourisme, M. Clark, du Mont Sainte-Marie. Je l'ai
rencontré lors de ma visite, quelques jours après ou une semaine
après, dans la région de l'Outaouais, et nous espérons
toujours que nos ententes vont devenir définitives. Je peux dire que le
dossier progresse, et c'est pour cette raison que je préfère
attendre que tout soit terminé avant de faire des déclarations
officielles. D'ailleurs, il y a une entente là-dessus sur certains
projets avec le gouvernement fédéral où on veut annoncer
en commun les décisions lorsque des décisions sont prises aux
deux paliers de gouvernement.
La maison régionale de l'industrie. Je dois dire au
député de Hull que je n'ai pas annoncé la Maison
régionale de l'industrie officiellement. Je suis en tournée de
consultation non pas pour en faire une spécialement dans la
région de l'Outaouais mais vraiment en faire à partir de la
suggestion qui nous est venue à la fois de l'Outaouais, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Estrie. Les gens d'affaires, les promoteurs de
développement industriel, commercial, touristique nous ont
recommandé d'avoir un véritable guichet unique, une porte
d'entrée unique pour au moins tous les services du gouvernement du
Québec qui s'adressent à l'entreprise. Cela a été
un engagement du premier ministre au sommet de Montebello et à
l'occasion du discours inaugural un an après. Cela fait
déjà au-delà de deux ans que le gouvernement s'est
engagé. Comment ça va-t-il fonctionner? Quels sont les services
qu'on va donner à l'intérieur de la maison, est-ce qu'il y aura
un représentant de la Société de développement
industriel dans chaque région, un représentant du Centre de
recherche industriel du Québec, un représentant du
développement touristique, un représentant du commerce
extérieur?
Ce sont des choses qu'il faut savoir avant de prendre la décision
finale. La tournée de consultation que je mène
présentement, qui va se terminer la semaine prochaine, c'est pour
rencontrer des gens d'affaires et discuter de leurs problèmes,
discuter du plan de la Maison régionale de l'industrie et savoir
avec eux quels sont les services que les gens d'affaires ou que les
commissaires industriels, que les gens des municipalités
régionales de comté ou des grandes municipalités veulent
avoir. C'est dans ce but que j'ai passé chez vous. La décision
finale se prendra au courant du mois de juillet ou d'août, une fois qu'on
saura exactement tout ce que les gens en région voudraient avoir. Nous
croyons pouvoir commencer à installer nos guichets uniques ou nos
Maisons de l'industrie à compter du mois de septembre, dans chacune des
régions du Québec, ou avant, là où les gens seront
prêts avant. J'assure le député de Hull que je le tiendrai
informé du développement de ce dossier parce que je sais que
ça lui tient à coeur.
La Société d'aménagement de l'Outaouais, vous savez
fort bien qu'elle ne relève pas du ministère de l'Industrie du
Commerce et du Tourisme, mais du ministère des Affaires municipales.
Quand même, nous sommes en discussion présentement sur son
devenir. C'est exact ce que vous avez dit, c'est maintenant devenu plus une
société de développement qu'une société
d'aménagement puisque l'aménagement a été fait
depuis déjà sept ou huit ans. On a à peu près
terminé l'étape de l'aménagement. C'est devenu aujourd'hui
beaucoup plus une société de développement. Nous sommes en
discussion avec mon collègue des Affaires municipales. C'est à
lui qu'il revient de prendre la décision finale quant au rattachement de
la Société d'aménagement de l'Outaouais soit à son
ministère, à d'autres ministères ou ailleurs au
gouvernement du Québec.
La décision n'est pas prise encore, en tout cas, à mon
point de vue, aux dernières nouvelles. J'invite le député
de Hull à s'enquérir auprès de mon collègue des
Affaires municipales, je sais qu'ils sont en excellente...
M. Rocheleau: Je le fais souvent.
M. Biron: Je sais qu'ils sont en excellente relation et il va
avoir une réponse rapide.
M. Rocheleau: Sûrement.
M. Biron: Quant à la chasse et à la pêche,
c'est un point important qu'a soulevé le député de Hull.
Je ne sais pas s'il a suivi mes discours un peu partout dans certaines
régions du Québec, mais en particulier dans sa région, il
y a une richesse inoul'e qu'on n'a pas exploitée au point de vue
économique encore au Québec: c'est la chasse et la pêche.
On l'a exploitée dans le sens d'une accessibilité aux citoyens,
de la plus grande accessibilité possible mais on ne s'est
peut-être pas servi assez de cette richesse pour attirer des gens de
l'extérieur.
J'ai vécu une expérience extraordinaire l'automne dernier.
Si le député de Hull a ouvert la porte, je veux lui dire que dans
sa région en particulier on pourrait profiter de cette richesse de
chasse et de pêche avec des pourvoyeurs pour attirer des gens de
l'extérieur. J'ai vécu l'an dernier quelques jours au nord de
Schefferville chez un pourvoyeur qui s'appelle le Club Tuktu qui incidemment a
gagné, il y a un mois environ, le titre de meilleur pourvoyeur au monde.
Un Québécois a gagné le titre de meilleur pourvoyeur au
monde. J'ai rencontré des gens du Texas, de New York, de la Californie
qui étaient là et qui ont dû dépenser de 5000 $
à 10 000$ pour une semaine, au Québec. C'est dire qu'il y a des
retombées économiques importantes pour une certaine classe de la
société chez des pourvoyeurs de grande qualité. Je sais
que dans la région de l'Outaouais très riche au point de vue
faunique, il y a moyen de développer davantage ce secteur
économique, ce qu'on n'a peut-être pas pensé à
faire.
M. Rocheleau: M. le Président, juste une petite
parenthèse que je voudrais ouvrir. C'est qu'il y a eu, il y a quelque
temps, un congrès des pourvoyeurs, je pense, à Montréal,
où les pourvoyeurs n'avaient pas malheureusement l'information
pertinente pour ceux qui sont venus assister à ce congrès. On a
même dénoncé le fait que le gouvernement n'avait pas fait
sa juste part dans le but de permettre la publicité nécessaire
pour faire connaître tous les coins du Québec. En tout cas, je
sais que chez nous, dans l'Outaouais, j'ai eu des plaintes de plusieurs
pourvoyeurs à savoir qu'on avait manqué du côté du
gouvernement de permettre la publicité nécessaire pour faire
connaître les pourvoyeurs, en tout cas dans toute la région. Je
pense que le ministre a eu une lettre aussi parce que j'en ai eu une copie.
M. Biron: On m'informe justement qu'on est en négociation
avec l'association des pourvoyeurs pour l'aider à se servir de notre
publicité à l'extérieur du Québec pour que cela
serve un peu aussi aux pourvoyeurs. Ce sont des gens qui apportent beaucoup de
devises, les gens qui viennent de l'extérieur.
Je remercie le député de son ouverture et je l'invite
à m'en reparler parce qu'on va essayer de suivre ce dossier de
près. C'est une richesse naturelle qu'il faut exploiter davantage au
Québec. Je crois que j'ai répondu à vos six questions, M.
le député de Hull.
M. Rocheleau: Justement, M. le Président, à
entendre le ministre dans ses dernières paroles j'aurais cru qu'il avait
déjà lu certains discours du maire de Hull de
l'époque... Il est vrai, M. le Président, qu'on a
peut-être sous-estimé la région de l'Outaouais à ce
jour, qui est une région qui peut connaître un
développement touristique fort important. Cela prend des efforts
constants du gouvernement non pas simplement au niveau de l'Industrie et du
Commerce, mais au niveau du ministère des Transports aussi. On sait que
l'autoroute 50 est revendiquée par les gens de l'Outaouais depuis 20 ans
au niveau du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je
pense qu'on a besoin là aussi d'un coup de pouce. Au niveau de
l'expansion économique aussi. Je pense que c'est une concertation de
plusieurs ministères qui va faire en sorte que l'Outaouais, qui est un
paradis touristique, sera exploité dans ce sens, ce qui n'est pas le cas
actuellement.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Le pavillon du Québec à Terre des
hommes
Mme Harel: M. le Président, à propos du pavillon du
Québec à Terre des hommes -mon collègue de
Louis-Hébert y a fait référence tantôt - il y a un
projet et j'aimerais savoir de la part du ministre s'il est à
l'étude présentement. C'est un projet de conversion du pavillon,
du 15 novembre au 15 avril, en pavillon de ski. Permettez-moi d'intervenir
rapidement, parce que représentant à l'Assemblée nationale
un comté où les gens, quand ils disent qu'ils vont dans le Sud -
j'ai entendu souvent cette expression: Je vais dans le Sud en fin de semaine -
vont à Terre des hommes, parce que c'est dans le sud du comté,
c'est dans le sud de Montréal... C'est à proximité et
c'est évidemment un endroit très fréquenté. J'ai
ici les pourcentages de fréquentation du pavillon, l'été
passé, de l'ouverture, le samedi 27 juin, jusqu'à la
clôture, le lundi 24 août. Ce qui est absolument remarquable, c'est
que le taux de fréquentation du pavillon se compare très
favorablement avec le taux de fréquentation quotidienne - à peu
près dans le même ordre de grandeur - de Disney World, qui
reçoit à peu près 40 000 visiteurs par jour. C'est, en
moyenne, à peu près le taux de fréquentation du pavillon
du Québec à Terre des hommes.
Si vous me permettez d'expliciter, parce que cela a de l'impact. Le
pavillon du Québec et Terre des hommes, évidemment, puisque c'est
l'AMARC, l'Association montréalaise d'action récréative et
culturelle, sont créateurs d'emplois. Vous me permettrez quelques
chiffres à ce propos parce que c'est important en termes d'impact
économique dans la région montréalaise. Durant la saison
d'été, cela procure directement un emploi saisonnier à
plus de 4000 personnes. En dehors de la saison d'exploitation, il y a un nombre
d'employés qui varie de 300 à 1500. C'est donc dire que, durant
la saison estivale, cela représente presque 10 000 emplois
saisonniers.
M. Doyon: M. le Président, question de règlement.
Je pense qu'on est ici pour étudier des crédits qui sont
administrés par le ministre du Tourisme qui est ici présent.
C'est très intéressant. Je m'aperçois que la
députée de Maisonneuve est plus au courant que le ministre. C'est
clair comme de l'eau de roche. Elle connaît son affaire pas mal mieux que
le ministre, mais si le ministre n'est pas capable de répondre aux
questions, je vous suggère, M. le Président, que ce n'est pas
à elle de le faire. Qu'on s'aperçoive de l'incompétence du
ministre, que cela crève les yeux et, après cela, on tirera nos
conclusions.
M. Biron: Sur cette question de règlement, je pense que
c'est le député de Louis-Hébert qui a posé la
question. S'il veut rester ignorant toute sa vie, qu'il le reste. Ce que je
savais, par exemple, c'est que la députée de Maisonneuve m'a dit
tout à l'heure: J'ai le dossier et j'aimerais répondre
très clairement à cette question parce que cela intéresse
les gens de Montréal et les gens de Maisonneuve, en particulier. Si cela
ne vous intéresse pas, en tant que député de
Louis-Hébert, au moins, laissez la députée de Maisonneuve
répondre pour ces gens.
Le Président (M. Paré): La parole est à la
députée de Maisonneuve.
M. Doyon: Je regrette, question de règlement, M. le
Président. Ce n'est pas cela qui a été dit, la
députée de Maisonneuve a dit: J'aimerais poser une question au
ministre et j'aimerais faire une espèce de mise au point, un
préambule avant ma question.
Le Président (M. Paré): Je m'excuse, M. le
député de Louis-Hébert, la députée de
Maisonneuve a le droit de parler sur un sujet qui relève directement du
ministère. À preuve, le député de
Louis-Hébert a soulevé le problème tantôt. Donc, si
le sujet l'intéresse davantage - je pense qu'on a tous parlé, en
moyenne, au moins dix minutes lorsqu'on a posé des questions - la
députée de Maisonneuve a tout à fait le droit de prendre
le temps de parler sur un sujet qui relève directement du
ministère. La parole est à la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le député de Louis-Hébert, si
vous permettez encore quelques descriptions rapides sur l'impact
économique, cela justifierait ensuite la question que je veux poser au
ministre en termes de conversion à longueur d'année de la
vocation de
Terre des hommes. II y a un impact en termes de création
d'emplois, je vous en ai parlé, mais un impact également, je
dirais, en termes de destination touristique importante. Il y a eu un certain
nombre d'études faites et de questions posées au pavillon du
Québec, qui est financé par votre ministère, M. le
ministre, et on nous disait qu'un peu plus de 24% des visiteurs viennent
d'autres pays que le Canada et un peu plus de 5% seulement d'autres provinces
canadiennes. C'est donc dire que le taux de fréquentation à l'Est
ou à l'Ouest du Québec, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick, est
quand même très faible. C'est en grande partie des États
américains. Il y aurait certainement un effort à faire du
côté des provinces canadiennes en ce qui regarde la
fréquentation de Terre des hommes et du pavillon du Québec,
évidemment. (21 h 45)
II faut se rendre compte que cela a un impact absolument extraordinaire.
Sur les 66% de personnes qui visitent le site - vous savez qu'il y en a 800 000
c'est une des destinations importantes en Amérique du Nord, il ne faut
pas l'oublier - il y en a au-delà de 40% qui se rendent dans une autre
région. Évidemment, c'est surtout la région des
Laurentides qui en bénéficie, mais il y a quand même des
gens qui, une fois venus pour Terre des hommes, se rendent dans des
régions limitrophes et évidemment cela a un impact
économique qui est assez considérable. On évalue à
peu près, pour l'ensemble du Québec, à plus de 100 000 000
$ l'impact qui en ressort; pour Montréal même c'est 50 000 000
$.
C'est donc dire que le budget qui est affecté, qui était,
je pense, il y a deux ans, de 13 500 000 $ à peu près, a des
retombées très positives. Alors, c'est saisonnier, ce n'est en
fait que les mois d'été. Il y a un projet qui m'est parvenu
-j'imagine qu'il a été présenté au ministère
-et qui consiste à convertir le pavillon du Québec en pavillon de
ski entre le 15 novembre et le 15 avril. Le problème qui est
derrière cela, c'est que la région métropolitaine -
Montréal, la ville comme telle qui comprend un Québécois
sur six, et la région métropolitaine, qui est évidemment
le tiers du Québec - est très peu équipée en
infrastructures consacrées aux sports d'hiver. Les aménagements
permettraient une utilisation hivernale. Est-ce qu'il y a eu des études,
au ministère, là-dessus?
M. Biron: D'abord je remercie la députée de
Maisonneuve de son intervention et de ses remarques à l'intention du
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: À votre intention surtout. M. Biron:
Nous, du côté du gouvernement, nous formons une
équipe...
M. Doyon: Vous en avez attribué beaucoup...
M. Biron: ... c'est toute une équipe...
M. Doyon: Oui, cela paraît, cela va bien.
M.. Biron: ... comprenez-vous? Alors il y a des
spécialistes dans différents domaines, alors que chez vous, il y
en a seulement un. D'ailleurs, je pense que le 13 avril 1981, vous avez vu ce
que valait une équipe.
M. Doyon: On s'en va dans le trou, mais ensemble.
M. Biron: D'ailleurs, c'est pour cela que vous gagnez les
élections une à une.
M. Doyon: Oui, on n'a pas besoin de changer de parti pour
cela.
M. Rocheleau: On a un projet de loi qui s'en vient
là-dessus.
M. Biron: Oui, c'est vrai, nous sommes en négociation
présentement avec l'AMARC. Incidemment, c'est le président de la
Presse, Roger Landry, qui est aussi président de l'AMARC. On est en
négociation avec eux pour étendre la saison. C'est exact, la
saison de deux mois, deux mois et demi, l'été, ce n'est vraiment
pas assez. Il y a toutes sortes de suggestions qui nous viennent, soit
d'étendre la saison d'hiver pour la période de ski.
Il y a une autre suggestion qui est venue d'un de nos collègues,
le député de Mille-Îles, de faire un temple de la
renommés, à partir de Gilles Villeneuve. L'idée lui est
venue de là. Des gens qui connaissent du succès dans
différents domaines pourraient y être, ou pourrait avoir certains
souvenirs, certaines pièces qui leur ont appartenu. Il y a beaucoup de
suggestions qui nous arrivent présentement, mais nous négocions
avec l'AMARC qui nous semble un organisme important à Montréal et
très bien structuré. Ils sont capables de nous aider dans ce sens
et de prendre la responsabilité de véhiculer le dossier.
Je vous remercie des chiffres que vous avez mentionnés. Il y a un
effort tout à fait spécial, tel que vous le demandez, qui sera
fait vis-à-vis des Canadiens anglais. C'est exact qu'il y a une
faiblesse de ce côté, mais un effort de publicité sera fait
vis-à-vis des Canadiens anglais pour les inviter à visiter Terre
des hommes.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président, je pense que c'est le moment
de passer à des questions plus concrètes, parce que le ministre,
on a eu l'occasion de le voir, fait des discours à
l'emporte-pièce, comme on dit. Je n'irais pas jusqu'à dire comme
l'a fait tout à l'heure le député de Louis-Hébert,
qu'il fait des discours comme cela parce qu'il...
M. Rocheleau: ... incompétent... Discussion libre
M. Maciocia: Je ne voudrais pas dire incompétent, mais
disons qu'il ne connaît pas à fond le dossier. Je voudrais lui
poser certaines questions. Tout à l'heure, le ministre a dit que le
gouvernement mettait des montants pour la formation professionnelle des jeunes
Québécois dans l'industrie touristique. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire combien de jeunes Québécois fréquentent
ces cours de formation professionnelle dans l'industrie touristique, et combien
de jeunes Québécois qui sortent de ces cours sont employés
par des organisations touristiques ici à Québec? Est-ce que le
ministre a bien compris mes deux questions?
Deuxièmement, je voudrais savoir du ministre si l'on pourrait
avoir des données sur le nombre de voyageurs. Je n'ai jamais pu, chaque
fois qu'on a appelé au ministère, avoir des données
précises sur le nombre de voyageurs qui sortent du Québec...
Une voix: Ah! non.
M. Maciocia: ... ou de résidents revenant au Québec
et de non-résidents qui viennent au Québec. Il serait très
important de savoir combien de gens sortent du Québec et combien de gens
entrent au Québec, qu'ils soient résidents ou
non-résidents en même temps. Est-ce que...
Une voix: La culture de l'industrie.
M. Maciocia: Je pense que tout à l'heure le ministre a
répondu qu'il y avait 15 ATR à l'intérieur de la province
de Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si c'est le nombre
exact qui a commencé? Je vais m'expliquer: est-ce que ce sont celles qui
ont commencé qui sont encore là ou s'il y en a qui ont
fermé en cours de route, premièrement. Deuxièmement...
M. Rocheleau: Ne laissez pas votre ministre tout seul trop
longtemps.
Une voix: II est capable de se défendre tout seul.
M. Rocheleau: Oui? On en doute.
M. Maciocia: Deuxièmement, le coût de ces ATR.
Troisièmement, dans les crédits de promotion touristique dont on
parlait tout à l'heure, comme le disait le ministre, de quelque 9 500
000 $ on est passé à quelque 11 000 000 $. Les 2 000 000 $ de
différence, de supplément à la promotion touristique,
est-ce que c'est de la publicité, de la promotion touristique telle
quelle ou y a-t-il une partie de ce montant qui est attachée au Palais
des congrès de Montréal? Dans une réponse que le ministre
m'a donnée, il m'a dit que tout le personnel du kiosque touristique du
Québec, d'après ses informations, parlait les deux langues,
répondait, disons, en français et en anglais. Est-il vrai que
l'Office de la langue française, justement, en 1980, a fait savoir au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qu'il ne
pouvait exiger de ses employés, même de ceux qui étaient
attachés au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, y compris ceux qui sont préposés aux renseignements
auprès des touristes, qu'ils conversent dans toute autre langue que le
français? J'aimerais que le ministre me réponde parce que j'ai eu
des répercussions et des plaintes vis-à-vis de cette situation.
C'est la raison pour laquelle je lui ai posé la question tout à
l'heure.
Après, je pense qu'on pourrait commencer les crédits,
à part...
M. Biron: On est dessus depuis le début.
M. Maciocia: Non, je veux dire article par article, la formation
professionnelle, la promotion touristique, etc.
M. Rocheleau: ...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Biron: D'accord. D'abord, 15 ATR ont été
fondées au Québec et il y en a encore 15 à l'heure
actuelle. Le montant alloué cette année - vous l'avez d'ailleurs
à votre onglet, programme 6, volet 2, je pense 1 250 000 $, programme de
soutien financier aux associations touristiques régionales. Les
étudiants à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec, il y a aussi au programme 5 un rapport complet sur la population
étudiante de 1981-1982: 4148 élèves. Là-dessus, le
directeur, qui est ici, me dit que d'après ses enquêtes et ses
statistiques il y a 85% des étudiants qui sont placés en
hôtellerie et 15% qui, pour toutes sortes de raisons, soit qu'ils
retournent aux études ou se dirigent ailleurs, ne sont pas placés
dans le domaine hôtelier.
M. Rocheleau: Le ministère paie combien de mois? Est-ce
que c'est par stage,
par année?
M. Biron: Vous avez un tableau complet au programme 5 qui vous
donne les cours réguliers à temps plein, le niveau secondaire,
les cours d'éducation des adultes, donc à temps partiel, cours
itinérants et recyclage perfectionnement. Vous avez le tableau complet
avec les chiffres exacts fournis par l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie.
La dernière question, c'était sur la publicité -
l'avant-demière, la dernière ce n'est pas cela. Le montant qu'on
vous a donné, ça n'inclut pas le Palais des congrès;
alors, ça veut dire qu'il y a 3 000 000 $ additionnels qui ont
été votés par un plan d'urgence pour la promotion du
tourisme, ce qui porte la publicité à 7 500 000 $, l'accueil et
les renseignements, à 500 000 $ et l'expansion des marchés
à 500 000 $; alors, 8 500 000 $ dans la direction du marketing, et en
plus, il y a 2 500 000 $ au Palais des congrès.
M. Maciocia: Cela veut dire qu'en réalité, il y a
seulement 500 000 $ additionnels en promotion touristique.
M. Biron: II y a 3 000 000 $ additionnels, et en plus de ces 3
000 000 $, il y a 2 500 000 $ au Palais des congrès. Ce que vous avez
dans votre livre, ce qu'il manque c'est un montant de 3 000 000 $ qui a
été voté par le Conseil des ministres après la
publication du volume. C'est pour cela que je vous ai dit au début de
mes remarques qu'il faudrait ajouter 3 000 000 $ au livre des crédits,
tandis que le Palais des congrès apparaît déjà au
livre des crédits.
Sur votre dernière question vis-à-vis du bilinguisme, on
m'informe - et je vous le dis sous toute réserve, il faudra
peut-être vérifier avec des juristes qui vont vous donner de plus
amples renseignements ou des renseignements plus exacts parce que, apparemment,
c'est une cause compliquée -que le ministère il y a deux ans, je
crois, avait refusé d'engager une jeune fille sous prétexte
qu'elle ne parlait pas l'anglais. Elle est allée à la cour et la
cour lui a donné raison.
M. Maciocia: Oui.
M. Biron: Mais, je vous le dis sous toute réserve; il y
aura peut-être lieu de vérifier cela. Je ne me prétends pas
un professionnel ou un spécialiste du droit, il y aura lieu de
vérifier cela.
M. Rocheleau: M. le Président, sur ce sujet, même si
elle a gagné à la cour, les gens du personnel qui parlent
couramment les deux langues peuvent-ils refuser d'utiliser une autre langue que
le français? Je comprends qu'on ne peut pas refuser d'engager quelqu'un
au Québec parce qu'il ne parle pas une deuxième langue, mais s'il
parle les deux langues, est-ce qu'il peut refuser de parler la deuxième
langue, uniquement parce qu'il n'y a pas de prime ou...
M. Biron: Les informations qu'on me donne, c'est que nos gens
sont tous bilingues; ces gens savent qu'ils sont dans un kiosque d'accueil et
d'information aux touristes et ils vont parler le français, l'anglais et
il y en a d'autres qui parlent même trois langues ou quatre langues. Les
informations qu'on me donne, c'est que les gens répondent dans la langue
du touriste. Â présent, est-ce qu'il a légalement le droit
de ne pas répondre? Je voudrais plutôt, M. le député
de Hull, que vous posiez votre question au ministre responsable de l'Office de
la langue française qui connaît sa loi par coeur; je
répète que je ne suis...
M. Rocheleau: Je ne suis pas convaincu qu'il la connaît par
coeur.
M.. Biron: Je vous répète que je pourrais
m'informer pour vous donner une réponse, mais les informations qu'on me
donne, c'est que nos gens répondent dans la langue de leur client.
M. Rocheleau: Je voulais simplement dire au ministre que de
petits points comme cela font en sorte qu'un touriste revient ou ne revient
plus, des fois.
M. Biron: Je suis d'accord avec le député
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Est-ce que... Non, mais j'aimerais que le ministre
me répète les chiffres qu'il m'a donnés tout à
l'heure; j'ai compris les 3 000 000 $ additionnels. Vous avez dit tantôt
qu'il y avait 2 500 000 $ pour la promotion du Palais des congrès de
Montréal.
M. Biron: C'est exact.
M. Maciocia: La différence, les 2 000 000 $ qu'on avait
déjà - de 9 800 000 $ à un peu plus de 11 000 000 $ - pour
la promotion touristique, plus un autre montant de 500 000 $, ça veut
dire qu'il y aurait à peu près 3 000 000 $ pour la promotion
touristique; c'est cela.
M. Biron: Non, M. le député; ici, vous avez 11 250
000 $ plus 3 000 000 $, ça fait 14 250 000 $.
M. Maciocia: C'est cela, mais de cela il faut enlever 2 500 000 $
pour le Palais
des congrès.
M. Biron: Non, le Palais des congrès est à la ligne
10 où c'est marqué transfert.
M. Maciocia: Vous êtes certain de cela? M. Biron:
Absolument certain.
M. Maciocia: Parfait. J'avais une autre question. Je crois que le
ministre ne m'avait pas répondu quand je lui avais demandé s'il y
avait des données précises sur les entrées des
résidents au Québec et sur les entrées des
non-résidents au Québec pour l'année 1979-1980. (22
heures)
M. Biron: Ce qu'on me dit, M. le député, c'est que
nous avons ces chiffres à partir de Statistique Canada, mais,
malheureusement, toujours avec quelques mois de retard. C'est certain qu'il
faut leur donner le temps de faire les chiffres, mais nos statistiques sont
basées sur les données qui sont fournies au Bureau de la
statistique du Québec par Statistique Canada.
M. Maciocia: Comment pouvez-vous programmer, à long terme,
spécialement la promotion touristique si le ministère n'a
même pas ces données?
M. Biron: Je pense que vous allez comprendre avec nous que, si
nous faisions ces chiffres, cela prendrait passablement de monde et cela
coûterait cher, mais c'est fait d'une façon ou d'une autre. Je
suppose que vous ne voulez pas vous opposer à ce qu'on se serve du
gouvernement fédéral pour nous donner les statistiques
nécessaires.
M. Maciocia: Au contraire.
M. Biron: Ce service existe à Statistique Canada.
M. Maciocia: Au contraire, parce que...
M. Biron: Vous dites que ce n'est pas bon?
M. Maciocia: Je dis, au contraire, que vous vous adressez au
gouvernement fédéral, au gouvernement du Canada, parce que j'ai
appris avec satisfaction que vous avez dit, tout à l'heure, que vous
aviez des communications un peu plus efficaces et fréquentes avec le
ministre du Tourisme, Charles Lapointe.
M. Rocheleau: Quant à voter...
M. Maciocia: Vous vous rappelez très bien qu'au mois de
décembre, je vous ai posé une question en Chambre dans laquelle
je vous demandais si vous alliez participer à la conférence
fédérale-provinciale des 10 et 11 décembre. Votre
réponse a été un seul mot: non. Vous vous rappelez cela,
M. le ministre. Cela mettait en cause des millions de dollars pour la province
de Québec de la part du ministère fédéral du
Tourisme. Vous vous rappelez très bien de cela.
M. Biron: M. le Président, je dois corriger le
député de Viger. Cela me mettait pas d'argent en cause. Ce qui
était en discussion à la conférence
fédérale-provinciale des ministres du Tourisme - c'est pour cela
que je n'y suis pas allé, parce que faire un tour de ville, cela ne
m'intéresse pas trop - c'était un plan de développement
touristique à travers le Canada et le plan de développement
touristique proposé, c'était le plan qui était
proposé par le Québec et qui était déjà en
marche au Québec, que les autres provinces voulaient copier. Tout ce
qu'on a fait, on a envoyé notre plan aux autres provinces et on a dit:
Si vous voulez le copier, on ne s'oppose pas à cela. C'était tout
ce qu'il y avait dans la discussion cette fois-là et aucune somme
d'argent n'était en cause. C'est pour cela que je n'y suis pas
allé, parce que faire un tour de ville à Ottawa, j'aime cela,
mais j'avais autre chose de plus important à faire qu'un tour de
ville.
M. Maciocia: Je comprends très bien votre...
M. Rocneleau: M. le Président, si mon collègue de
Viger me permet... Tantôt, la députée de Maisonneuve
faisait justement allusion à l'aspect touristique à
Montréal. Elle trouvait curieux que l'ensemble dea provinces canadiennes
aient un pourcentage très faible au Québec au point de vue
touristique. Si le ministre participait aux conférences
fédérales-provinciales, il pourrait peut-être
s'enquérir de la raison pour laquelle les visiteurs des provinces
voisines ne viennent pas ici. La députée de Maisonneuve semblait,
tantôt, poser un certain point d'interrogation, à savoir qu'on
devrait s'informer. Si le ministre y allait, il pourrait peut-être
s'informer.
M. Biron: M. le Président, d'après les statistiques
que nous avons...
M. Rocneleau: ...
M. Biron: ... Statistique Canada dit qu'il y a moins de
Québécois qui vont en
Ontario que d'Ontariens qui viennent au Québec.
M. Rocneleau: Ceux qui y vont restent là, par exemple.
M. Biron: Possiblement que c'est un échange de bons
procédés.
M. Rocheleau: Ce ne sont plus des touristes.
M. Maciocia: Le ministre a-t-il l'intention d'instituer un
système de collecte de données valables? Là, on se trouve
devant la situation où n'importe quelle institution touristique ou
association touristique, même nous en tant que parlementaires, on se fait
poser des questions dans nos comtés et même de la part des
associations touristiques à l'intérieur de la province. On nous
dit: Où allons-nous trouver des données? Sur quoi va-t-on se
baser vraiment pour faire de la promotion touristique? Le ministre a-t-il
l'intention d'instituer un système de collecte valable où
n'importe quel citoyen pourrait s'adresser?
M. Biron: Le seul système de collecte valable serait, dans
le fond, de contrôler les frontières, ce à quoi vous vous
opposez. Jusqu'à ce jour, nous avons cru bon d'employer les statistiques
qui nous étaient fournies par Statistique Canada, mais, bien sûr,
il faut les retravailler, les décortiquer, comme on dit chez nous, parce
qu'il y a des Américains qui vont rentrer par Détroit et
ressortir par le Québec ou vice versa. On essaie d'avoir les
statistiques les plus justes possible, mais en se servant comme base de
Statistique Canada; autrement, ce serait vraiment trop dispendieux et on n'a
pas l'équipe nécessaire pour le faire.
D'ailleurs, toutes les provinces canadiennes se servent exactement des
mêmes statistiques, celles de Statistique Canada, et elles les ajustent
en fonction des mouvements à l'intérieur de leur territoire.
M. Maciocia: Est-ce que le ministre pourrait nous dire,
d'après Statistique Canada, combien de voyageurs résidents et
combien de voyageurs non-résidents sont venus au Québec pour les
années 1979, 1980 et 1981?
M. Biron: On m'informe qu'on pourrait avoir ces statistiques, je
pourrais vous les faire parvenir d'ici à quelques jours, je ne les ai
pas ici malheureusement.
M. Maciocia: C'est étrange que vous ne les ayez pas. Vous
ne trouvez pas que c'est un peu étrange? C'est probablement parce qu'il
y a une grosse différence entre les entrées des résidents
au Québec et les entrées des non-résidents au
Québec.
M. Biron: Cher ami, si vous m'aviez dit que vous alliez poser
cette question, je vous aurais apporté les statistiques
nécessaires mais malheureusement...
M. Rocheleau: ... nous autres.
M. Biron: ... je n'étais pas pour apporter non plus...
M. Maciocia: ...
M. Biron: ... à peu près 50 classeurs de toutes
sortes de documents que nous avons sous prétexte que vous pourriez poser
une question dans un de ces 50 classeurs.
M. Maciocia: Quand même, vous êtes...
M. Biron: Tout ce que je fais, M. le député de
Viger...
M. Rocheleau: Vous êtes censé avoir cela dans la
tête.
M. Biron: Je m'engage à vous faire parvenir ces
chiffres-là au cours des prochains jours.
M. Maciocia: Vous savez de quoi...
M. Bordeleau: C'est l'étude des crédits, ce n'est
pas l'étude des statistiques.
M. Maciocia: Mais c'est lors de l'étude des crédits
qu'on étudie cela aussi.
M.. Bordeleau: C'est d'argent que vous êtes censé
parler.
M. Rocheleau: Le ministre est censé être au courant
de tout ce qui se passe au ministère.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger, est-ce que vous avez terminé?
M. Maciocia: Oui. Pour le moment, oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
alors que le ministre tentait de noyer le poisson touristique, il m'a fait la
preuve, quand il a mentionné mon rôle de secrétaire
à la Communauté urbaine de Québec et qu'il associait cela
à l'échec de l'ATR, qu'il ne connaissait absolument pas, ni de
près ni de loin, le rôle du secrétaire
général de la Communauté urbaine de Québec. Aucun
rapport. Cela prouve une première chose. De plus, le ministre nous a dit
que deux ATR, entre autres, marchent très bien, Charlevoix et
Laurentides; je signale au ministre que de toute façon ces
régions touristiques ont toujours été en pleine expansion,
en plein essor. Que le ministre ne vienne pas s'arroger le
bénéfice - ce n'est pas son intervention via les ATR, de
près ou de loin - des succès touristiques de Charlevoix et
Laurentides, cela n'a aucun rapport; elles ont toujours bien marché,
ces
régions.
S'il y avait des développements intéressants dans des
coins qui marchent moins bien, je pense qu'on pourrait y voir un signe de
quelque chose, mais pas avec Charlevoix et les Laurentides.
Le comité Québec 1534-1984
M. le Président, ces choses étant dites, j'aimerais poser
des questions très précises au ministre et j'espère avoir
des réponses aussi précises à ces questions.
Il existe à Québec un comité qui, je pense,
s'appelle le comité Québec 1534-1984. Ce comité est le
comité organisateur qui prévoit, d'après ce que je
comprends mais j'aimerais poser des questions là-dessus au ministre, la
mise en place de certaines infrastructures destinées à accueillir
certains grands voiliers qui ont manifesté l'intention de se rendre
à Québec. J'aimerais savoir certaines choses du ministre, plus
particulièrement les choses suivantes. Est-ce qu'il s'agit d'une
corporation, Québec 1534-1984? Si oui, comment est-elle formée,
en vertu de quelle loi, de quelle façon a-t-elle pris naissance, quels
sont ses objectifs, quelle est la nature de ses buts, si vous voulez, depuis
quand cela existe, de qui est-ce composé, est-ce que le gouvernement y
est représenté? Quel a été, si c'est une
corporation, le budget de cette corporation pour l'année 1980, pour
l'année 1981 ainsi que pour l'année 1982? Quelles sont les
prévisions budgétaires, d'ici à 1984, de cette
corporation? Il doit y avoir des prévisions étant donné
qu'on est dans un programme qui doit nous mener jusqu'en 1984; on doit savoir
ce que cela va coûter cette corporation ou ce qu'il est convenu d'appeler
Québec 1534-1984.
Sur le montant que je suppose le ministre sera en mesure de me
donner...
M. Biron: M. le Président, est-ce que je pourrais
interrompre le député de Louis-Hébert? La Corporation
Québec 1534-1984, parce qu'il y a beaucoup de questions que le
député a posées, c'est une corporation autonome qui ne
relève pas de la juridiction du ministère, mais du gouvernement,
indirectement, par le ministère des Coopératives et Institutions
financières. Donc, sur le budget de la corporation, ce que la
corporation fait, le nombre de directeurs de la corporation, je peux vous dire
que les trois requérants du début étaient M. Jean
Pelletier, maire de Québec, M. Jean-Paul Massé et M. Jean
Lambert. Onze ou douze membres du conseil d'administration, qui sont à
peu près tous des amants de la voile, veulent promouvoir la venue
à Québec en 1984, pour fêter le 450e anniversaire de
l'arrivée de Cartier des grands voiliers, ce qui, automatiquement et par
retombées secondaires, va amener aussi beaucoup de gens. C'est une
fête qui pourra s'échelonner sur plusieurs semaines. À part
cette venue à Québec des grands voiliers, il y aura une autre
course qu'on appelle Challenge Canada où les dix provinces canadiennes
sont représentées par un voilier. Les dix voiliers vont partir de
Toronto pour Halifax et il y aura aussi beaucoup de petits dériveurs
avec ces grands voiliers, ces moyens voiliers et ces coursiers qui seront
à Challenge Canada.
Je regrette pour le député, je ne peux répondre aux
questions détaillées sur la corporation parce que c'est une
corporation sans but lucratif autonome.
M. Doyon: Je comprends cela. Maintenant, même si c'est une
corporation sans but lucratif, le ministre devrait être en mesure de
m'informer si le gouvernement, le gouvernement en général ou son
ministère en particulier, a versé des fonds à cette
corporation. Première question. Combien pour chaque année? Est-ce
que le gouvernement a prêté du personnel? Je pense
particulièrement qu'il doit y avoir un directeur général
là-dedans, quelque chose comme cela. Est-ce qu'il a prêté
du personnel qui est parti récemment et qui a été
remplacé? Qui a remplacé la personne si c'est le directeur
général, d'où venait cette personne, quelles
étaient ses qualifications? C'est comptabilisé de quelle
façon, quelle est la nature de la participation? J'aurai aussi d'autres
questions là-dessus. Je pense que le ministre aimerait peut-être
répondre au fur et à mesure.
M. Biron: Le budget total décidé par le
gouvernement comme aide à cette corporation, c'est 1 500 000 $, dont 300
000 $ ont déjà été payés. Nous avons
prêté du personnel, c'est exact, dont un directeur
général, un contrôleur et une secrétaire, en plus de
leur fournir un local. Le directeur général s'est retiré
du dossier, d'ailleurs. Il avait eu une promotion pour aller ailleurs au
gouvernement. En même temps la corporation, pour votre information
personnelle, est aussi en négociation avec le gouvernement
fédéral et la Communauté urbaine de Québec. On nous
annonce que la participation du gouvernement fédéral serait d'un
montant à peu près semblable au montant du gouvernement du
Québec. Ce n'est pas à moi à l'annoncer officiellement. Je
pense que le ministre responsable, le ministre du Tourisme
fédéral pourra l'annoncer lui-même. Il y a aussi une
participation de la Communauté urbaine de Québec. Ces gens sont
à restructurer la corporation et ils n'ont pas voulu qu'on commence une
guerre politique - j'étais d'accord avec eux - en nommant le directeur
général à partir du gouvernement du Québec.
Si, par exemple, le directeur des communications avait été
nommé à partir du gouvernement fédéral,
ç'aurait pu faire une guerre de tapis. On voulait dépolitiser
l'événement et profiter au maximum de cette retombée
économique qui pourrait être fantastique pour Québec.
Nous avons retiré de bon gré notre directeur
général; il est possible aussi que le contrôleur que nous
avons prêté à la corporation soit retiré une fois
que les négociations avec la ville de Québec ou la
communauté urbaine et le fédéral seront terminées.
À ce moment, on est encore un peu dans le vague à cause des
négociations qui ne sont pas terminées, ni au niveau du
fédéral ni au niveau de la Communauté urbaine de
Québec. Mais ces gens ont encore un local qui leur est
prêté par le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme; ils ont encore aussi une secrétaire et un contrôleur qui
leur sont prêtés.
M. Doyon: Est-ce que la personne qui était directeur
général dernièrement, c'était M. Fernand
Gourdeau?
M. Biron: C'était M. Gourdeau.
M. Doyon: Si je comprends bien la réponse du ministre, il
m'affirme que M. Gourdeau est parti de lui-même et non à la suite
des difficultés qui pouvaient exister dans certaines mises en place de
politique ou d'absence de politique, je ne sais trop. (22 h 15)
M. Biron: Non, M. Gourdeau est parti de lui-même en
même temps que la négociation s'amorçait avec le
gouvernement fédéral qui voyait mal le directeur
général être un fonctionnaire du gouvernement du
Québec, alors que le fédéral se proposait d'y mettre
autant d'argent que le gouvernement du Québec.
Dans ce sens-là - je pense que j'ai la même assurance de la
part du ministre fédéral du Tourisme - on va essayer de faire le
moins de politique possible. Bien sûr, on va en faire parce qu'on est en
politique, lui et moi, mais on va essayer d'en faire le moins possible et de
faire en sorte que l'événement soit une réussite, surtout
qu'il s'en vient à grands pas, dans deux ans. On n'a pas beaucoup de
temps à perdre et on s'entend avec la Communauté urbaine de
Québec pour essayer de maximiser les retombées économiques
pour le Québec.
C'est pour cela que, possiblement, tous les fonctionnaires du
Québec vont se retirer comme le gouvernement fédéral n'y
placera pas de fonctionnaires. II y a un nouveau directeur
général qui a été engagé
dernièrement, c'est un monsieur Dragon si ma mémoire est
fidèle; il vient du secteur privé, m'a-t-on dit, et cette
décision a été prise sans intervention de la part du
gouvernement du Québec, c'est-à-dire par la corporation. On nous
a tout simplement présenté son curriculum comme, possiblement, on
a dû le faire au gouvernement fédéral. Il semble qu'il a
été accepté de part et d'autre.
M. Doyon: Pour continuer un petit peu là-dessus, M. le
Président, le ministre m'informe qu'il y a eu 300 000 $ de versés
et qu'il y aura dans les prochains mois ou les prochaines années, d'ici
à 1984 ou pour l'année en cours, je ne le sais pas...
M. Biron: 1984.
M. Doyon: ... d'ici à 1984, 1 500 000 $ de
versés.
M. Biron: 1 200 000 $, pour un total de 1 500 000 $.
M. Doyon: D'accord. En tout, cela fera 1 500 000 $, avec les 300
000 $ déjà versés. Est-ce que le ministre peut nous dire
quels sont les moyens, s'il y en a, qu'il a mis en place concernant
l'utilisation qui sera faite de cette subvention ou si c'est donné les
yeux fermés tout simplement à la corporation qui l'utilise
à son gré?
M. Biron: Nous leur demandons la même chose que nous
demandons au Carnaval de Québec, en fonction de la Loi sur
l'administration financière, c'est-à-dire de nous informer
d'avance de leur budget et de nous faire un rapport sur leurs dépenses.
Il s'agit de s'assurer que les sommes d'argent... On n'a pas tellement de
contrôle direct puisque c'est une corporation autonome. Cela fonctionne
de la même façon que le Carnaval de Québec.
M. Doyon: Est-ce que le ministre est au courant que, dans le
cadre de la promotion de cet événement québécois de
1984, à moins que je ne fasse erreur, selon les renseignements que j'ai,
il y aurait eu des délégations d'environ cinq personnes, en
moyenne, qui depuis un an ou deux auraient fait de nombreux voyages à
des coûts très élevés cui sont payés en
grande partie, compte tenu de la subvention, par le gouvernement du
Québec? Les endroits qui me viennent à l'esprit sont: Saint-Malo,
Londres, Newport, Lisbonne, Caracas, Philadelphie. Le coût de ces voyages
oscillerait., en moyenne, entre 15 000 $ et 20 000 $ et de très
nombreuses personnes, en moyenne 5 personnes, sont allées à
répétition. Est-ce que le ministre a des réflexions
à faire là-dessus ou si cela lui paraît ne pas relever de
sa compétence tout simplement?
M. Biron: Le rapport doit m'être
transmis pour le 30 juin. C'est sûr que j'ai entendu certaines
rumeurs dans le même sens, que nous allons essayer de vérifier le
mieux possible et les sommes d'argent pour l'an prochain ne seront
versées qu'après le dépôt du rapport, pour s'assurer
que tout est conforme à la Loi sur l'administration financière.
Ce que je sais, parce que j'ai été en contact avec ces gens au
tout début, avant même que nous commencions à leur verser
quelque somme d'argent que ce soit, sauf de très petits montants, c'est
que la plupart de ces gens ont dû avancer eux-mêmes de l'argent et
endosser des sommes d'argent assez importantes, je pense bien. Ce sont vraiment
des amants de la voile, que je sache, jusqu'à aujourd'hui.
Peut-être que le député a d'autres informations que je n'ai
pas, mais ces gens ont mis passablement de leur argent personnel
là-dedans.
M. Doyon: Je suggère quand même au ministre, si je
peux me permettre de le faire, M. le Président, compte tenu qu'il s'agit
en grande partie de fonds publics qui seront versés
éventuellement, de s'assurer qu'il n'y a pas d'abus de ce
côté-là.
Je voudrais demander au ministre en même temps - cela va me
permettre de poser une question là-dessus - s'il est au courant, par
exemple, qu'il y a un rendez-vous semblable qui doit avoir lieu à
Lisbonne dans le courant de l'été, que les grands voiliers de
cette nature, à peu près le même nombre que ceux qui
devraient se rendre à Québec en 1984, vont se retrouver à
Lisbonne prochainement, c'est-à-dire dans le courant de
l'été, et que l'organisation totale de tout cela, d'après
les renseignements qui m'ont été fournis - si le ministre a
d'autres renseignements, je suis prêt à les recevoir -aurait
coûté en tout et partout 300 000 $, quelque chose de semblable, et
on se retrouverait déjà avec 300 000 $ de dépensés,
avec 1 500 000 $ en tout de prévu, sans compter ce qui viendra
d'ailleurs. Je demande au ministre de garder l'oeil ouvert afin qu'il y ait une
certaine proportion. Vous savez, M. le ministre, si vous me permettez de vous
le dire, les Québécois sont peut-être des amateurs de
voile, mais il y en a beaucoup plus qui font de la voile à partir de la
terrasse Dufferin où la seule chose qu'ils peuvent faire, c'est de
regarder passer les grands voiliers; s'ils sont gentils, on leur permettra de
regarder cela. Je pense que c'est la seule consolation qu'ils auront. Il ne
faudrait pas qu'on les fasse payer trop cher pour la place qu'ils auront sur la
terrasse Dufferin ou sur le boulevard Champlain pour voir passer les grands
voiliers.
Je m'inquiète un petit peu de cela. Il faudrait vérifier
l'utilisation qui est faite des fonds publics. J'aimerais des assurances du
ministre de ce côté-là. Il faudrait aussi s'assurer qu'on
ne nous construise pas des infrastructures maritimes qui resteront
sous-utilisées ou inutilisées une fois l'événement
passé. Je pense que c'est une préoccupation qu'on doit avoir
maintenant. Qu'on ne se fasse pas dire: On a des infrastructures et il faut,
maintenant, soit s'en servir ou au moins les entretenir, et que le gouvernement
se retrouve à être obligé, par la force des choses, de
subventionner l'organisme qui devra entretenir ces choses. Alors, mieux vaut
prévenir que guérir.
M. Biron: Je remercie le député de sa mise au
point. Nous allons avoir une étude très attentive des dossiers de
la corporation avant de verser les autres sommes. Mais, pour son information,
le dernier Rendez-vous des grands voiliers a eu lieu à Newport, aux
États-Unis, en 1980. Il semble qu'il n'y en aura pas d'autre avant 1984.
Alors Lisbonne, c'est peut-être un transit entre les deux, avec
peut-être beaucoup moins. Je vais vérifier quand même pour
l'information du député...
M. Doyon: ... simplement le Joana se rend là. Les
renseignements que j'ai, c'est que le Joana va là.
M. Biron: Le Joana n'est pas parmi les grands voiliers
M. Doyon: Non, mais il se rend au Rendez-vous des grands
voiliers.
M. Biron: Je vais tout simplement vérifier pour m'assurer.
On me dit qu'à Newport on a attiré 1 600 000 personnes au
Rendez-vous des grands voiliers, ce qui fait énormément de monde
et beaucoup de sommes comme retombées économiques, si on peut
étirer la période pendant laquelle les grands voiliers vont
être ici. C'est pour cela qu'il y a plusieurs courses de prévues
dans le courant de l'été, pour que ce rendez-vous ne soit pas
seulement d'une journée ou deux, mais que cela dure deux mois,
c'est-à-dire du 24 juin jusqu'à la fin d'août, apparemment,
d'après les programmes qui sont déjà
préparés.
Donc il y aura une retombée économique très
importante. Ce ne sera pas juste les gens du Québec métropolitain
qui vont en retirer quelque profit mais les gens de tout le Québec, et
même des gens du Canada anglais, puisque le gouvernement
fédéral va y contribuer aussi un peu, vont
bénéficier de cet apport économique, la venue à
Québec de beaucoup de personnes.
Quant aux infrastructures touristiques, la question du
député est juste et exacte. Nous sommes à négocier
avec le fédéral, puisque les infrastructures nautiques sont sur
le fleuve qui est la propriété du fédéral, pour que
cela puisse servir à autre chose que tout simplement un rendez-vous qui
va durer
pendant deux mois et après cela on va oublier, donc, que cela
puisse demeurer plus longtemps. En Gaspésie, sur la Côte-Nord, on
veut en profiter pour améliorer les ports de pêche. Dans
Charlevoix, l'île aux Coudres, l'île d'Orléans, la
côte de Beaupré ou Montmagny, on va essayer de faire certains
petits havres qui pourront servir à plus long terme.
Nous sommes à négocier avec le gouvernement
fédéral pour que le coût des installations soit
défrayé par le fédéral, jusqu'à un certain
point, sinon en grande partie, et nous, nous sommes à négocier
pour les terrains, les plans d'eau et les endroits suggérés qui
pourront servir, après cela, à la collectivité
québécoise. J'ai écrit au ministre du tourisme canadien
dans ce sens. Nous sommes en négociation présentement avec lui,
compte tenu de son budget qui est quand même assez restreint, mais nous
essayons d'en venir à une entente, le plus rapidement possible, pour
qu'au courant de cet été, été 1982 et
été 1983, nous puissions finir les infrastructures
nécessaires. J'assure le député qu'on va essayer que cela
coûte le meilleur marché possible au Québec, compte tenu
d'une participation importante du gouvernement fédéral dans ce
domaine.
M. Doyon: En terminant, M. le Président, je remercie le
ministre de ses réponses et ses assurances. Je me fie à sa
parole, bien sûr, mais on n'est jamais si bien servi que par
soi-même. Je l'assure que nous aussi, du côté de
l'Opposition, nous aurons les yeux grands ouverts, et nous nous permettrons,
compte tenu des assurances que le ministre nous donne, qui sont
consignées au journal des Débats, de demander certaines
précisions au ministre si jamais on n'était pas satisfait de ce
qui se passe.
M. Biron: M. le Président, j'assure le
député aussi que je ferai parvenir une copie de son intervention
à la corporation Québec 1534-1984 afin qu'elle sache qu'elle est
surveillée de part et d'autre de la Chambre.
M. Doyon: Alors, je pense que tout le monde va être content
et, si les choses se passent normalement et que personne n'a rien à
craindre, je n'ai rien à retirer de ce que j'ai dit.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. M. le député de Viger.
Le tour du Québec
M. Maciocia: M. le Président, je veux poser une question,
mais le ministre pourra me répondre tout à l'heure. Je l'ai
posée au commencement, c'est sur le tour du Québec. Il ne m'a pas
répondu sur cet aspect. Je lui avais même dit que le budget qui
était là et les données sur le tourisme interne ne
pouvaient être divulgués sans l'autorisation du sous-ministre.
J'ai trouvé cela un peu étrange. Par conséquent, je
voudrais poser des questions au ministre. Je voudrais savoir avant tout qui est
actuellement sous-ministre adjoint., responsable du tourisme au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, quelle est son
expérience, d'où il vient, quels sont aussi ses adjoints, si on
peut les connaître, de façon qu'on puisse savoir à qui on
s'adresse. Est-ce que son bureau est ici à Québec ou à
Montréal? Quel est le statut de ses adjoints dans la fonction publique
actuellement? Et quel est le salaire total de ses acjoints, selon la
classification? Est-ce qu'on pourrait savoir cela dans la mesure du
possible?
M. Biron: Alors, le sous-ministre en titre, c'est M. Charles
Beaulieu; le sous-ministre adjoint, responsable du tourisme, c'est M. Michel
Archambault, dont le bureau est à la fois à Québec et
à Montréal, puisque les trois quarts de notre personnel au point
de vue du développement touristique est à Montréal, cette
ville étant une porte d'entrés importante. Quant à tous
les adjoints, cadres et leurs salaires, je m'engage aussi à faire
parvenir une copie de notre organigramme de même que la classification de
chacun des cadres supérieurs de la Direction du tourisme au
député d'ici à quelques jours.
L'autre question sur le tour du Québec: dans nos 3 000 000 $
additionnels, intentionnellement, nous avons décidé de les
dépenser à l'extérieur du Québec, à la fois
en Ontario et en Nouvelle-Angleterre, sans en dépenser davantage au
Québec. Nous avons cru que la promotion que les associations
touristiques régionales feraient au Québec seulement, et presque
rien à l'extérieur du Québec, pourrait profiter aux gens
des différentes régions et les faire voyager entre les
régions. De toute façon, notre cécision pour cette
année a été de mettre la totalité du budget
supplémentaire à l'extérieur du Québec pour attirer
des gens ici en comptant à la fois sur la conjoncture économique,
qui est quand même difficile, sur la dévaluation du dollar
canadien à 0,80, 0,81 $ - c'est très bas, ce qui pénalise
dans le fond les Québécois qui veulent aller aux
États-Unis - en comptant aussi sur la publicité que les
associations touristiques régionales feront dans les différentes
régions pour attirer des gens chez elles.
M. Maciocia: Je pense que vous m'avez donné seulement une
partie de la réponse. Je vous ai demandé à un certain
moment quelle était l'expérience... Prenons l'exemple de M.
Michel Archambault. D'où vient-il? Est-ce qu'il étaità un autre ministère? Qu'est-ce
qu'il fait actuellement?
M. Biron: M. Archambault est avec nous depuis un an. Il
était auparavant sous-ministre adjoint au ministère du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Maciocia: Je ne sais pas si le ministre est au courant, mais
est-ce qu'on pourrait connaître les raisons de ce changement?
M. Biron: Au bout de quelques années, habituellement, les
sous-ministres changent de ministère pour prendre de nouvelles
expériences. Je pourrai aussi faire parvenir au député le
curriculum du sous-ministre adjoint au Tourisme.
M. Maciocia: Une autre question à laquelle vous n'avez pas
répondu: Est-il vrai qu'on ne peut pas divulguer les données sur
le tourisme sans l'autorisation du sous-ministre?
M. Biron: C'est une fausse interprétation, apparemment,
d'une vieille directive qui existait au ministère. On me dit que c'est
possiblement l'erreur du fonctionnaire qui a répondu parce que ce n'est
pas le cas.
M. Maciocia: Comme cela, on peut être assuré par le
ministre que, si la prochaine fois ma secrétaire ou moi...
M. Biron: Si vous avez quelques problèmes, vous pourrez
communiquer avec moi ou avec mon cabinet et on essaiera de vous donner la
réponse le plus rapidement possible. (22 h 30)
M. Maciocia: Parce qu'on a ce problème-là,
actuellement.
Une autre question que je voudrais poser au ministre: Est-ce que M. Famy
est encore au ministère du Tourisme ou a-t-il quitté ce
ministère dernièrement?
M. Biron: M. Famy est maintenant à Los Angeles,
responsable du tourisme à la "liaison du Québec, à la
délégation du Québec, et c'est lui, en fait, qui est le
premier responsable du tourisme sur la côte sud des États-Unis,
là où on se propose de mettre en marche un programme pour attirer
une certaine clientèle. On ne pourra pas attirer la masse de la
Californie, c'est trop loin, comme on vise la masse de New York du de
Détroit ou de Boston, mais on vise une certaine clientèle
possible pour venir au Québec et M. Famy est en charge du
développement de ce bureau à Los Angeles.
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a des raisons à son
départ ou si c'est une promotion, d'après vous, qu'il a eue pour
aller à Los Angeles?
M. Biron: Je dirais que c'est une promotion, parce que le
défi est assez important, surtout lorsqu'on commence une fonction
nouvelle, un programme nouveau dans une région, le défi est
important; donc, je dirais que c'est une promotion.
M. Maciocia: D'après vous, il n'y a pas de raisons
particulières à cela.
M. Biron: Je ne voudrais pas vous dire qu'il a eu une promotion
et en même temps, le lendemain, être obligé de lui donner
une augmentation de salaire, les salaires sont gelés, mais je
considère que, comme responsabilités, c'est une promotion.
M. Maciocia: Qui le remplace actuellement à la direction
du marketing?
M. Biron: C'est M. Stanley Tremblay.
M. Maciocia: Est-ce que je pourrais connaître son...
M. Biron: Depuis le 1er juin et je peux vous faire parvenir son
curriculum vitae.
M. Maciocia: C'est important parce que j'aimerais connaître
ses années...
Si nous revenons juste un peu encore au tourisme en
général, est-ce que le ministre actuellement a un plan - j'avais
posé la question au mois de mars dernier - de développement
à long terme, disons, plutôt précis et
détaillé?
M. Biron: Oui, en fait, le programme de développement du
tourisme au Québec, c'est cela que je vous ai dit tout à l'heure,
on l'a même transmis aux autres provinces canadiennes qui
n'étaient pas aussi avancées que le Québec, au cours du
mois de décembre, à l'occasion de la conférence
fédérale-provinciale des ministres du Tourisme. On est en train
de le retoucher en fonction à la fois de la conjoncture et des
informations nouvelles que nous avons. Mais, c'est un plan qui est toujours en
pleine évolution.
M. Maciocia: Vous affirmez toujours que les crédits dans
la promotion touristique vont doubler d'ici à l'année prochaine.
Cela veut dire que vous prévoyez une augmentation de 70%,
approximativement, l'année prochaine pour le développement
touristique.
M. Biron: Cette année; je ne veux pas me prononcer sur le
budget 1983-1984.
M. Maciocia: Vous dites, dans vos discours habituellement, que
dans deux ans à partir de l'année dernière, les
crédits à la promotion touristique vont être
doublés. Est-ce que vous l'affirmez encore aujourd'hui?
M. Biron: On a doublé cette année les
crédits que nous avions l'an dernier au point de vue de la promotion
touristique. C'est énorme comme première étape, on se
donnait trois ans pour atteindre 70%, on a déjà doublé la
première année. C'est vraiment extraordinaire. Nous croyons
pouvoir continuer dans la même direction, mais je ne veux pas m'engager
d'avance pour des budgets 1983-1984 ou 1984-1985. Bien sûr, si le
député veut continuer à m'aider dans ce sens-là, on
va ensemble essayer d'obtenir le maximum pour la promotion touristique.
M. Maciocia: Vis-à-vis du plan national proposé par
Ottawa, c'est quoi la réaction du ministère du Tourisme ici, au
Québec, actuellement?
M. Biron: À ce jour, on n'a pas reçu le plan
national, c'est un plan qui a été discuté à la
conférence fédérale-provinciale des ministres du Tourisme
et on a fait parvenir notre plan de développement du Québec. La
plupart des autres provinces canadiennes sont en train de le copier et depuis
la réunion du mois de novembre, il n'y a pas eu d'autres réunions
ou conférences fédérales-provinciales des ministres du
Tourisme.
M. Maciocia: Je vous posais la question dans ce sens: Est-ce que
le gouvernement provincial va collaborer à ce plan national, avec
Ottawa? Parce que je considère qu'il est très important pour la
province d'aller chercher, s'il est possible des fonds ou quoi que ce soit en
promotion touristique, pour la province de Québec.
M. Biron: Je dirai au député que je m'engage
à collaborer avec tout plan ou toute partie de plan qui sera profitable
pour les Québécois, parce que l'ébauche du plan national,
qui est présentée par Ottawa n'est pas acceptée, à
l'heure actuelle, par l'Ontario.
Peu importe le plan qui sera présenté par le gouvernement
fédéral - d'ailleurs je vous ai fait part, ce soir, de beaucoup
de négociations qui sont en cours avec le ministre fédéral
du Tourisme - lorsqu'il y a quelque chose de bien et d'utile qu'Ottawa veut
faire, on n'est pas fou, on l'accepte, mais c'est sûr que si Ottawa ne
veut pas bouger et veut pénaliser les entreprises
québécoises, je n'ai pas à dire: Oui, c'est bon. Dans mon
rôle de représentant et de protecteur des entreprises
québécoises et des citoyens québécois, j'ai
à prendre la défense de ces gens et à critiquer certaines
attitudes du gouvernement fédéral. Mais lorsque le
fédéral fait des choses de bien, je pense que je le reconnais et,
là-dessus, vous allez reconnaître que, lorsque le
fédéral fait des choses de bien, je le dis, mais s'il fait des
choses de mal, je le dis aussi.
Dans le plan national du tourisme, ce qui sera utile pour les
Québécois sera accepté par Québec et Québec
va collaborer avec le fédéral. S'il y a des choses qui ne vont
pas dans le meilleur intérêt des Québécois, le
gouvernement du Québec ne les acceptera pas.
M. Maciocia: Je ne voudrais pas que le ministre les
défende de la même façon qu'il a défendu la
subvention pour le Palais des congrès de Montréal. Vous vous
rappelez très bien que vous vous êtes entêté pendant
un an et demi ou deux ans sur les 24 000 000 $ que le gouvernement
fédéral donnait pour la construction du Palais des
congrès. Vous vous êtes entêté pendant un an, un an
et demi, en disant: Non, sa part ne devrait pas être cela, elle devrait
être de 32 000 000 $ ou de 35 000 000 $ environ et, à la fin,
d'après votre affirmation, vous avez reçu 24 000 000 $ du
fédéral.
Si vous vous considérez comme un bon administrateur - je
considère que vous l'êtes pencant un an et demi, deux ans, 24 000
000 $ à 20% d'intérêt, comme vous êtes porté
à le dire, les taux d'intérêt représentaient
exactement la différence que vous vouliez avoir de la part du
gouvernement fédéral.
M. Biron: Pour l'information du député de Viger, je
voudrais lui dire que le gouvernement fédéral n'a pas l'habitude
de payer avant que les dépenses soient faites.
M. Maciocia: Oui, mais...
M. Biron: Enfin la négociation n'a pas retardé
l'émission du chèque, pas du tout, parce que les dépenses
devaient être faites, en premier, par le gouvernement du Québec et
on devait présenter au gouvernement fédéral des preuves
que les investissements étaient faits. Que vous me disiez que cela a
peut-être retardé d'un mois ou deux, cela va, mais je pense qu'en
temps normal, avec un gouvernement fédéral qui aurait
respecté le Québec et les Québécois, nous aurions
eu le même pourcentage d'ententes auxiliaires comme cela existe sur
d'autres ententes auxiliaires, c'est-à-dire 40% ou 32 000 000 $. Le
gouvernement du Québec ou la population québécoise a perdu
8 000 000 $ qu'Ottawa n'a pas voulu payer pour le Palais des congrès. Ma
responsabilité, c'est de dire: Nous avons perdu 8 000 000 $; nous
aurions dû avoir 32 000 000 $ et nous n'avons que 24 000 000 $. Mais je
ne crois pas que
l'émission du chèque ait tellement tardé à
cause de la négociation du gouvernement du Québec dans ce projet
du Palais des congrès de Montréal.
M. Maciocia: J'ai une autre question à poser. Quel est le
délai moyen pour l'étude d'un dossier aux crédits
touristiques?
M. Biron: On me dit que c'est environ deux mois et demi, maximum
trois mois, incluant la SDI. Je trouve, personnellement, que c'est encore trop
long. Nous essayons de faire l'impossible pour améliorer notre
performance et, compte tenu du nouveau projet de loi de la SDI - qui a
été déposé cette semaine et qui sera
étudié la semaine prochaine, par lequel nous ferons de la SDI le
guichet unique d'entrée des demandes et des sorties d'aide
financière ou de transfert d'argent aux entreprises, je pense qu'on
pourra améliorer le délai de quelques semaines.
M. Maciocia: Comment expliquez-vous une aussi forte proportion de
retrait de demandes? Sur 327 demandes d'aide au développement
touristique, il y en a 103 retirées par le demandeur. Y a-t-il des
raisons pour lesquelles un tiers de ces demandes sont retirées par le
demandeur?
M. Biron: Lorsque quelqu'un pense à réaliser un
projet, il va en faire la demande au crédit touristique. On a dit tout
à l'heure que ce sont surtout des PME, des petites ou moyennes
entreprises, très peu de grandes entreprises. Donc, les gens vont faire
la demande en disant: Nous allons voir quelle sorte de subvention on peut avoir
et après cela nous prendrons la décision si oui ou non nous
continuons d'investir. Alors, en conjoncture économique difficile, les
gens sont très hésitants. Dans le fond, je les comprends. Si la
conjoncture devient meilleure, si on peut prouver qu'on est capable d'attirer
plus de gens avec une campagne beaucoup plus présente dans le milieu,
plus intense, possiblement qu'il y a des demandes qui seraient
renouvelées par les requérants même si ces gens nous ont
avisés qu'ils refusaient. Ils vont peut-être nous refaire une
deuxième demande, en disant: On est prêts maintenant à
accepter parce que la clientèle est là.
Il reste aussi que ce que le crédit touristique donne, ce n'est
pas 100% des investissements; cela veut dire que le petit hôtelier, le
petit restaurateur est obligé d'emprunter de l'argent à un taux
d'intérêt assez considérable et cela fait en sorte qu'il
est plus hésitant que d'habitude. Mais j'ai l'impression que, lorsque la
conjoncture économique va redevenir bonne, lorsque le taux
d'intérêt va se replacer, il y a beaucoup de ces demandes qui vont
nous revenir. Les plans sont faits, les décisions étaient prises
en principe à condition que cela ne coûte pas trop cher.
M. Maciocia: Je lisais dans votre rapport qu'il y a eu pendant
l'exercice financier de cette année 128 demandes d'aide
financière, auxquelles on doit ajouter - et c'est cela que je trouve un
peu étrange -199 demandes reportées de l'année
précédente. Il y en a eu 128 cette année, puis il y en a
199 reportées de l'année précédente. C'est pour
cela que je vous ai posé la question du délai.
J'ai compris ceci de la réponse sur les 50%; cela veut dire qu'il
y a eu à peu près 400 demandes d'après votre
fonctionnaire, il n'y en a eu que 200 qui ont été
examinées et 200 autres qui ont été rejetées. Cela
veut dire 50% qui ont été remises à l'année
suivante.
M. Biron: II y a eu un rodage aussi. Il y a deux ans ou il y a
trois ans, le programme commençait. Tout le monde a fait des demandes,
les gens se croyaient admissibles, il y avait certaines zones touristiques ou
certains corridors dont ils étaient à l'extérieur de sorte
qu'ils n'étaient pas admissibles. Beaucoup de gens ont communiqué
avec nous, je l'ai su, depuis un an, en disant: On est juste à
l'extérieur de la zone, du corridor...
M. Maciocia: Juste un instant. Ce n'est pas une question
d'admissibilité, on parle de demandes qui ont été
reportées à l'année suivante.
M. Biron: Exact.
M. Maciocia: Cela veut dire qui n'étaient pas
examinées.
M. Biron: Exact.
M. Maciocia: Alors, vous ne pouvez pas parler
d'admissibilité.
M. Biron: Elles pouvaient être en voie d'examen aussi.
M. Maciocia: C'est pour cela que je vous pose la question; est-ce
que ce n'est pas justement à cause de la lenteur ou disons de la
façon dont ces demandes sont traitées à l'intérieur
du ministère qu'il y a un tiers des demandes qui sont retirées
par le requérant, justement parce qu'il n'y a pas de suite à ces
demandes qui sont présentées par les PME, par les petites
entreprises?
M. Biron: Lorsque la fin de l'année arrive, toutes les
demandes qui sont entrées depuis deux mois et demi, trois mois ne sont
à peu près pas étudiées; ce sont toutes des
demandes nouvelles et ce sont des demandes qui sont transportées
à l'année suivante. Les demandes arrivent en début
d'année parce que les gens veulent faire les travaux
l'été, surtout les petites entreprises. Je conviens que cela
prend toujours trop de temps à être étudié et c'est
d'ailleurs pour cela que la nouvelle loi de la SDI va faire beaucoup de
changements dans ce sens-là. On en a reçu 900 l'an dernier, on en
a étudié 700 et, à la fin de l'année, il en restait
encore 200 en suspens. Mais cela veut dire que c'est environ deux mois et
demi.
M. Maciocia: Vous avez entendu comme moi que votre fonctionnaire
avait dit 400. J'avais compris 400 à ce moment-là.
M. Biron: La première année on en avait reçu
400. L'an dernier on a reçu 900 demandes, on en a étudié
700.
M. Maciocia: Une autre question toujours sur l'aide au
développement touristique. Comment se fait-il qu'il y ait eu seulement
77 autorisées et transmises à la Société de
développement industriel et 87 refusées. Disons qu'il y a eu une
majorité de refusées et seulement une petite partie qui a
été acceptée. (22 h 45)
M. Biron: C'est la réponse aux critères de
qualification. C'est la preuve évidente que ce sont surtout des petites
ou des moyennes entreprises. La majorité n'est pas touristique. Celles
qui ont été refusées.
M. Maciocia: J'espère que ce ne sont pas les mêmes
critères que ceux du ministère de l'Habitation pour les
sinistrés de la MIUF, parce que vous vous rappelez très bien que
presque personne n'est éligible aux programmes d'aide.
M. Biron: Cela prend 50% de leurs revenus provenant de tourisme
d'agrément.
M. Maciocia: D'accord. Comme dernière question, est-ce
qu'il y a un fonctionnaire qui pourrait nous renseigner sur la question des 2
500 000 $ qui seront dépensés par le Palais des congrès
pour, j'imagine, de la promotion touristique? Est-ce qu'on pourrait avoir des
détails un peu plus poussés vis-à-vis de ces 2 500 000
$?
C'est quoi, de la promotion, de la publicité, des voyages?
M. Biron: II y a une grande partie qui est
transférée à la structure. Tout ce qui regarde la
promotion est transféré à la structure unique d'accueil de
Montréal, de la Communauté urbaine de Montréal, l'Office
des congrès. Il y a aussi une partie assez importante de salaires cette
année parce qu'on s'attend d'ouvrir au début de 1983.
Cela veut dire qu'il faut engager notre personnel, l'entraîner,
faire en sorte que tout soit prêt pour répondre aux demandes de la
clientèle dès l'ouverture du Palais des congrès. Il y
aussi certaines dépenses d'administration, de publicité qu'il
faut faire.
M. Maciocia: Est-ce que l'ouverture est toujours prévue
pour le printemps, le mois de mai 1983?
M. Biron: Juin 1983.
M. Maciocia: Pour juin. Dernière question. Est-ce que vous
pouvez donner un peu de détails sur le dossier de La
Petite-Rivière-Saint-François? Il y a beaucoup de gens qui sont
intéressés à ce problème mais il n'y a pas eu de
solution encore. Pourquoi ce retard actuellement?
M. Biron: Le dossier relève du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche. J'assure le député que je suis
plus que sympathique à ce dossier puisque j'ai eu le privilège
d'aller faire du ski cet hiver à La
Petite-Rivière-Saint-François et c'est vraiment extraordinaire de
faire du ski dans deux pieds de poudreuse; la vue est extraordinaire. Le
dossier relève du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Je vous invite donc à poser la question à mon
collègue.
M. Maciocia: Vous vous rappelez que c'était le ministre
Yves Duhaime qui l'avait en 1979. Il avait déjà fait une promesse
dans ce sens. Il disait qu'on commencerait par des projets reliés au
ski, aux sports d'hiver pour que ce soit prêt pour la saison prochaine.
Vous vous rappelez très bien. Cela fait trois ans de cela.
M. Biron: Mais à l'époque, mon collègue Yves
Duhaime était ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Le dossier est resté au ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche au lieu de venir à celui de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme.
Je ne sais pas si vous avez pu visiter ce centre de ski, qui a ouvert au
début de janvier. Il y a de la neige à chaque nuit, il y a
quelques centimètres de neige qui tombent à chaque nuit. II y a
toujours un deux ou trois pieds de poudreuse. Il y a un autobus qui vous
remonte en haut de la pente. Les gens sont très bien organisés,
il y a des guides qui sont fantastiques, qui vous font faire un tour en
montagne, qui vous expliquent les différentes pistes de ski. Je dois
dire aussi qu'il y a beaucoup de bénévolat qui a
été fait par l'Association des loisirs de La
Petite-Rivière-Saint-François qui s'occupe de développer
le mont.
M. Maciocia: Disons que ça ne relève
pas de votre compétence. M. Biron: Non.
M. Maciocia: Cela ne relève pas du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: Non.
M. Maciocia: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que le programme
6 est adopté?
M. Maciocia: Adopté.
Une voix: Est-ce que le programme 5 est adopté?
Le Président (M. Boucher): Le programme 5 est
adopté.
Les crédits du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme sont adoptés. Je prierais le rapporteur de la commission d'en
faire rapport à l'Assemblée nationale au nom de la commission. Je
vous remercie. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 45)