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Commission permanente
de l'Industrie et du Commerce,
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du mercredi 17 mai 1972
(Neuf heures cinauante-cina minutest
M. PHANEUF (Président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Politique générale du
ministère
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, en abordant l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce, nous avions
fait parvenir hier une série de documents qui touchaient à
l'organisation même du ministère, à certains des programmes
d'activité, en particulier un document synthèse qui se voulait
une revue générale des activités de chacune de nos
directions générales et des grands programmes d'action du
ministère tant au cours des derniers mois qu'au cours des prochains.
Brièvement, je voudrais passer à travers ce document.
Peut-être qu'avant de l'aborder point par point je pourrais
répondre aux questions générales. En dépit des
accidents de parcours et des situations incontrôlables ou
imprévisibles, substantiellement l'économie du Québec
poursuit sa croissance telle qu'on l'avait prévu au début de
l'année. Il serait d'ailleurs intéressant de jeter un bref coup
d'oeil en arrière sur la situation économique en 1971 et de voir
les perspectives de 1972.
La reprise économique amorcée au quatrième
trimestre de 1970 dans l'ensemble du Canada s'est confirmée durant
l'année 1971, tant au Canada qu'au Québec. Comme par le
passé, l'activité économique au Québec
démarre plus lentement mais suit néanmoins de près le
profil conjoncturel observé au Canada. Le produit national brut
québécois a augmenté de 8.1 p.c. en 1971 comparativement
à 9.1 pour le Canada et à 7.1 p.c. en 1970. L'écart entre
le Québec et le Canada en ce qui regarde le taux de croissance
s'explique par l'influence du commerce extérieur puisque l'augmentation
de la demande intérieure finale est presque la même pour le
Québec, 9.7 p.c, et le Canada, 9.8 p.c.
Le secteur public, dont les dépenses sont passées de $5.3
à $5.9 milliards en 70/71, et la construction domiciliaire
qu'après une baisse de 13.3 p.c. en 1970, a augmenté de 24.6 p.c.
en 1971, sont les principaux facteurs du dynamisme de la demande. En ce qui
concerne le revenu personnel, les Québécois ont
bénéficié d'un accroissement de 9.1 p.c. en 1971 et ont
augmenté leur consommation de 7.7 p.c. com- parativement à 5.8
p.c. l'année précédente. Comme dans le cas des Etats-Unis
et du Canada, la relance économique au Québec, en 1971, n'a pas
été suffisamment forte pour éponger le chômage
antérieur et absorber la nouvelle main-d'oeuvre. Le taux de croissance
de cette dernière fut en effet de 2.9 p.c. alors que celui de l'emploi
fut de 2.5 p.c, soit le même qu'au Canada.
Bien que la création nette d'emplois pour l'année 1971 fut
de 53,000 comparativement à 12,000 en 1970, le taux de chômage
moyen pour 1971 s'établit à 8.2 p.c. comparativement à 7.9
p.c. en 1970. Les salaires et les prix ont continué, comme par le
passé, à monter moins rapidement au Québec que dans
l'ensemble du Canada. L'indice des prix de la consommation à
Montréal s'est accru de 1.8 p.c. en 1971 en comparaison de 2.8 p.c. pour
l'ensemble du Canada.
Au troisième trimestre de 1971, les salaires et gages
hebdomadaires moyens au Québec étaient de 8.4 p.c. plus
élevés qu'à la même période en 1970.
L'augmentation correspondante au Canada est de 9.1 p.c. Pour les
perspectives de 1972, l'activité économique, après
s'être raffermie en 1971, continue de croître durant les premiers
mois de 1972. Les données disponibles, surtout pour l'ensemble du
Canada, indiquent un accroissement sensible des dépenses de consommation
et aucun fléchissement dans l'activité de la construction.
Les prévisions pour 1972 demeurent relativement optimistes. La
hausse prévue du produit national brut québécois est de
quelque 9.0 p.c; 5.5 p.c. en termes réels. Comme je l'ai
mentionné, c'est le taux le plus haut de tous les pays
industrialisés, sauf le Japon et le Brésil. Les investissements
totaux au Québec devraient s'accroître de quelque 12 p.c. en 1972
c'est le taux le plus élevé, alors que, dans la plupart
des autres provinces, on prévoit une diminution et les
immobilisations du secteur manufacturier de 14.2 p.c.
Je pourrais peut-être me permettre, en terminant cette perspective
économique, de donner les derniers chiffres d'hier en ce qui touche le
chômage. Nous voyons que le nombre de chômeurs, d'après les
données désaisonnalisées, au Québec,
s'établit à 183,000 pour le mois d'avril 1972; le taux de
chômage s'élève donc à 7.7 p.c. pour le mois d'avril
1972.
H est peut-être intéressant, M. le Président, de
mentionner qu'alors que le nombre de chômeurs, en avril 1971,
était de 234,000 il est tombé à 216,000 ce sont des
chiffres non désaisonnalisés soit une chute de 18,000
chômeurs de moins. Il est peut-être caractéristique de
mentionner que, depuis novembre dernier, peut-être anormalement à
comparer à des chiffres semblables pour d'autres années, on sent
tout une nette augmentation au niveau du nombre d'emplois qu'une diminution du
nombre de chômeurs, progression qui est continuel-
le depuis le mois de novembre dernier. Les chiffres qui ont
été rendus publics hier indiquaient une certaine petite reprise,
mais, comme les experts le signalent, l'enquête de la main-d'oeuvre du
gouvernement fédéral a porté sur la semaine se terminant
le 22 avril, soit celle où nous étions au milieu de la
grève. D se peut que, par suite de la situation particulière qui
a prévalu durant la période, le relevé d'avril doive
être interprété avec beaucoup de circonspection.
A la question: Etes-vous employé aujourd'hui? question habituelle
qu'on pose aux gens, plusieurs ont pu dire non vu qu'ils étaient en
grève dans le moment. Cela expliquerait les chiffres un peu anormaux que
nous avons pour la quantité de main-d'oeuvre et pour le nombre
d'emplois.
Compte tenu de l'importance du secteur des industries de fabrication
dans le développement de l'ensemble ou des autres secteurs de
l'économie, il convient de rappeler les grandes orientations du
ministère de l'Industrie et du Commerce, le cadre de ses
activités ordinaires et les priorités que nous avons retenues
pour l'année en cours. Ce sont des questions qu'on est en droit de se
poser pour comprendre les efforts du gouvernement dans le domaine des
industries manufacturières et des commerces.
Les objectifs généraux du ministère de l'Industrie
et du Commerce visent à favoriser le développement et la
consolidation de l'industrie et du commerce au Québec. Dans ces
attributions, on retrouve aussi celle d'aider au développement des
pêches maritimes, de réaliser les opérations d'achat du
gouvernement et de recueillir et d'analyser les renseignements de nature
statistique.
Il importe de voir maintenant le rôle pratique du ministère
dans ces différents domaines. La nature même de notre
système économique limite la portée des politiques de
l'Etat dans le domaine industriel et commercial. En très grande partie,
les décisions importantes dans l'industrie et le commerce
relèvent du secteur privé et sont régies, du moins, par
les mécanismes du marché. De plus, les sociétés
multinationales ont un processus de décision qui peut être
complètement indépendant des politiques industrielles et
commerciales des pays où elles sont implantées.
L'analyse du secteur secondaire montre que le Québec fait face
à un problème de structure industrielle. Celle-ci est
relativement vieille par rapport au reste du Canada et ne se transforme pas
suffisamment vite. Il y a trop d'industries axées sur des marchés
à croissance lente par rapport à celles qui ont un marché
dynamique. L'économie du Québec n'a pas entraîné,
jusqu'à maintenant, la création suffisamment rapide de nouvelles
industries qui viendraient compenser le déclin des plus anciennes.
Face à cet état de choses, la réalisation des
objectifs généraux du ministère passe par la recherche de
l'accélération de la croissance, grâce au changement de la
structure industrielle. En pratique, cela veut dire que le ministère
cherchera, d'une part, à favoriser de nouveaux investissements dans les
secteurs neufs et d'avenir et, d'autre part, à consolider les
entreprises existantes qui rencontrent une concurrence de plus en plus vive.
Les moyens d'action peuvent être regroupés selon ces deux buts. Il
s'agit de l'infrastructure d'accueil aux entreprises, de la promotion et de la
prospection d'investissements neufs et des incitations financières y
afférentes, de la consolidation des entreprises, de l'aide à la
recherche de nouveaux marchés, des conseils aux entreprises et de l'aide
à leur restructuration.
Tous ces moyens présentés schématiquement sont
regroupés au sein de la Direction générale de l'expansion
industrielle et commerciale, de la Direction générale de
l'industrie et des organismes extérieurs rattachés directement au
ministère, tels que la Société du développement
industriel, la SDI, le Conseil général de l'industrie, le Parc
industriel du centre du Québec et le Centre de recherche industrielle
qui tous participent, selon leur vocation propre, à la
réalisation de nos objectifs.
L'Etat détenant une part de responsabilité dans
l'orientation et l'évalution des industries du Québec, le
ministère est convaincu que la situation peut être changée
grâce aux résultats des travaux de recherche industrielle
appliquée, à l'amélioration des politiques d'incitation
à l'implantation et au développement d'industries neuves à
technologie moderne et au marché important ou promis à une
expansion certaine.
C'est en ne perdant pas de vue les problèmes du
développement et de la croissance de l'industrie secondaire
québécoise que le gouvernement a jugé bon de regrouper ses
moyens d'aide aux entreprises en donnant à la SDI la
responsabilité de modifier, graduellement, l'état actuel des
choses, en orientant l'investissement manufacturier, facteur clef du dynamisme
industriel, au moyen d'une aide financière qui s'inscrit dans
différents programmes disponibles.
Avec plus de 12,000 établissements manufacturiers au
Québec, l'évolution du secteur secondaire, en termes de
production, d'emplois, d'investissements, etc., dépend, dans une
très forte proportion, de la bonne marche des entreprises existantes.
Les changements rapides des techniques de production, de distribution et des
méthodes de gestion, de même que l'accroissement de la
concurrence, tant sur le plan national qu'international, exigent, de la part
des entreprises, une adaptation continuelle.
Nos deux directions générales étant axées
essentiellement vers l'action ont pour tâches respectives, d'une part, de
diffuser l'information pertinente en conseillant les secteurs industriels et
les entreprises sur les actions à entreprendre: fusion ou groupement
d'intérêts, possibilités de fabrication de tel ou tel
produit, nouvelles techniques de gestion, de commercialisation, marchés
nouveaux à identifier, etc.
D'autre part, de favoriser le développement, notamment la
prospection d'investissements par des mesures spécifiques s'appuyant sur
une analyse constante de tous les aspects de l'évolution de la
production des différentes catégories de biens.
De plus, dans le contexte du Québec, avec sa population qui se
chiffre par six millions d'habitants, la nécessité d'exporter est
impérative. Beaucoup d'entreprises québécoises ne peuvent
croître sans l'exploration de nouveaux marchés, sans un recours
à l'exportation, principalement vers les Etats-Unis qui offrent de
grandes possibilités.
L'autre volet de notre action qui est plus spécifiquement
rattaché à la Direction générale de l'expansion
industrielle et commerciale et de ses différents services vise
essentiellement à faciliter la réalisation, au Québec,
d'un certain type d'investissements. Il comporte deux aspects:
Premièrement, la prospection-information pour faire connaître la
province, et l'intervention des directeurs de projets dans des cas
spécifiques. Cette prospection-information se fait à
l'extérieur par les conseillers économiques à
l'étranger aux moyens de contacts personnels ou publics et par la
publicité du ministère. De plus, les services internationaux du
ministère de l'Industrie et du Commerce, à qui incombe cette
responsabilité, s'occupent tout aussi bien de l'organisation des
missions d'acheteurs au Québec que de la participation d'industriels
québécois à des expositions étrangères.
La recherche d'investissements demeure un des rôles principaux des
conseillers économiques et, sous cet aspect, ils précèdent
ou prolongent l'action d'autres unités administratives comme la
Direction de l'expansion de la région de Montréal, la Direction
du développement régional, les directeurs des projets
spéciaux d'investissements.
Ces derniers accueillent les investisseurs potentiels, les aident
à faire un choix d'implantation, leur facilitent la tâche au
niveau des contacts avec les organismes gouvernementaux et les informent sur
les divers modes d'aide en existence.
Sous le rapport du choix des implantations, nous devons dire qu'un
effort particulier est fait dans le but d'améliorer l'infrastructure
d'accueil aux entreprises que l'on désire attirer au Québec,
surtout celles qui s'implantent en fonction d'un marché interprovincial
et international. La Société du parc industriel du centre du
Québec de même que la Direction de l'infrastructure sont les deux
outils que le ministère de l'Industrie et du Commerce s'est
donnés pour rationaliser ce qui se fait dans ce domaine. Nous
contrôlons l'opportunité d'implantation de parcs industriels ainsi
que la vente et l'utilisation des terrains. Des conseils en matière
d'aménagement, des études de rentabilité et de prix de
revient, etc., sont fournis aux municipalités, de même que nous
voyons à l'administration de mesures d'incitation financière pour
l'implantation de commissariats industriels.
Les objectifs à atteindre, dans le secteur secondaire, seraient
en partie contrecarrés si le secteur commercial était mal
organisé et à faible productivité, entraînant par le
fait même une diminution relative des débouchés pour les
produits manufacturiers. A ce titre, le ministère a intérêt
à connaître le secteur commerce, à en suivre
l'évolution et à accorder dans certains cas une aide technique
aux commerçants et à s'intéresser aux pratiques
commerciales.
La distribution et la commercialisation tiennent une place grandissante
dans l'économie québécoise. A ce phénomène
s'ajoutent des changements de structures rapides qui bouleversent certaines
formes de commerce et qui entrafnent de nombreuses difficultés pour
certains d'entre eux.
L'Etat joue un rôle économique de plus en plus important.
Il est nécessaire d'approfondir notre connaissance des rouages de
l'économie et de déterminer les moyens d'actions que le
gouvernement doit utiliser. L'industrie secondaire ayant un rôle moteur
dans le développement de l'économie, il est normal que la
fonction connaissance assumée par le ministère dépasse le
cadre de l'industrie secondaire et se situe dans bien des cas au niveau de
l'ensemble de l'économie.
Les objectifs poursuivis par la Direction générale de la
recherche et de la planification semblent être moins directement au
service des industries et des commerces, mais n'en sont pas moins
indispensables au ministère pour qu'il puisse connaître la
situation économique du Québec, analyser de façon
approfondie certains secteurs de l'économie et étudier toutes les
implications industrielles des politiques économiques
gouvernementales.
En plus du secteur secondaire et du secteur commerce, le
ministère de l'Industrie et du Commerce a la responsabilité de
quatre autres secteurs: les statistiques, les pêches maritimes, les
normes et spécifications et les achats.
Le Bureau de la statistique du Québec recueille, compile, analyse
et publie des informations de nature statistique pour répondre aux
besoins de l'administration gouvernementale, du secteur privé et de la
recherche. Il entretient des relations très étroites avec
Statistique Canada pour l'échange d'information et pour la
réalisation d'enquêtes statistiques conjointes. Les renseignements
recueillis couvrent un très large éventail, allant de la
démographie à l'analyse des agents productifs.
En outre, par l'intermédiaire de ses nombreuses publications, le
secteur privé peut obtenir des renseignements qu'il recherche en
s'adressant au Centre d'information statistique du Bureau de la statistique du
Québec.
La Direction générale des pêches cherche à
accroître la productivité du secteur primaire des pêches
maritimes, à améliorer la situation de l'industrie de
transformation du poisson et à étendre les connaissances de la
ressource et des moyens d'exploitation par des études sur les ressources
de nos eaux, sur les méthodes les
plus efficaces de la pêche moderne, sur la transformation du
produit, sur sa commercialisation, etc.
Par l'intermédiaire de ses recherches en biologie marine, elle a
aussi la responsabilité de l'administration de l'aquarium de
Québec. Une aide est fournie au pêcheur pour trouver de nouveaux
débouchés, améliorer son équipement, financer la
construction ou la réparation de ses bateaux.
La Direction générale des pêches offre à
l'industrie des services tels que des analyses de marchés par
catégorie de poissons, des cours de perfectionnement du personnel et
même une aide à la commercialisation du produit. Ces services
techniques assurent la surveillance des zones de pêche, mettent à
la disposition des pêcheurs et de l'industrie de transformation de
poisson des entrepôts frigorifiques et des fabriques de glace.
Des efforts doivent, en fin de compte, contribuer à rendre plus
rentable l'industrie de la pêche dans son ensemble et favoriser, en
particulier, un accroissement du revenu de ceux qui vivent de cette
industrie.
Le service général des achats s'est vu confier la
responsabilité d'effectuer l'achat de matériel pour tous les
ministères et autres organismes gouvernementaux. La centralisation des
achats a permis une meilleure efficacité, l'utilisation d'une
procédure d'achat identique pour tous et l'obtention de prix plus bas
grâce à l'importance des escomptes ainsi obtenus.
Le ministère s'intéresse plus particulièrement aux
achats des secteurs public et parapublic à cause de l'importance accrue
du pouvoir de ces derniers et des possibilités d'utiliser les achats
publics, dans certains cas, à des fins de développement
industriel. Un des mécanismes dont le ministère entend se servir
est celui que lui fournit son bureau de normalisation, dont la tâche est
d'abord d'identifier les besoins réels du secteur public, de
préparer les normes conformes à ses besoins, d'aider les
organismes acheteurs à préparer des spécifications et,
ensuite de fournir des services à l'industrie.
Dans l'ensemble des directions générales du
ministère, des travaux, mémoires, études d'importance sont
en préparation ou en voie d'être terminés. Certaines
priorités ont été retenues pour le présent
exercice. Nous nous bornerons à en faire une simple
énumération qui n'indique pas nécessairement un ordre de
priorités. 1) - des projets de loi sur les parcs industriels, sur les
commissariats industriels, particulièrement au niveau des
agglomérations et non uniquement au niveau des villes, sur le bureau de
normalisation, des amendements à la Loi de la statistique et la refonte
de la Loi du crédit aux pêcheries maritimes; 2) - des
études sur un programme d'aide à l'exportation et à
l'expansion des marchés, sur la viabilité d'un parc industriel et
commercial aéroportuaire à Sainte-Scholastique, sur les
investissements étrangers; 3) - la préparation de dossiers sur
les implications de certaines politiques commerciales tant au niveau du
gouvernement canadien qu'au niveau des sociétés multinationales;
4) - l'analyse de l'utilisation possible des achats publics comme instrument de
développement économique.
A ce sujet, le ministère a reçu, il y a quelques jours, le
rapport du comité des achats, rapport qui sera rendu public d'ici
quelque temps et qui fait une série de recommandations sur les
politiques d'achat tant du gouvernement que des organismes publics et
parapublics.
Nous avons également et je ne voudrais pas avoir une liste
trop longue certaines têtes de chapitre que nous pourrons
peut-être, dans les crédits détaillés, donner en
plus grandes lignes, définir également certaines autres
priorités ou certains champs d'action.
Vous me permettrez uniquement de les énumérer très
brièvement.
Premièrement, je calcule très importante l'action du
ministère à l'intérieur du groupe ministériel des
affaires économiques, groupe qui siège depuis février
dernier et qui regroupe tous les ministères à vocation
économique. Ces réunions se situent dans un cadre qui n'est pas
encore institutionalisé, elles permettent quand même aux niveaux
les plus élevés, c'est-à-dire du cabinet, avec
l'assistance directe des plus hauts fonctionnaires, d'analyser tous les
dossiers économiques qui touchent le gouvernement.
Déjà, après quelques réunions, nous avons en
main une série de dossiers qui nous permettent peut-être
pour la première fois de très bien situer certains
problèmes, d'éviter des dédoublements entre
ministères à vocation économique et d'établir une
véritable concertation et ce qui me semble plus important
nous assurer qu'aucun des problèmes les plus importants ne tombe entre
deux chaises, c'est-à-dire qu'aucun ministère ne s'en occupe.
Il y a par exemple, une question de transport avec un grand T, une
question de l'importance de Montréal dans un contexte de transport non
seulement sur le plan canadien ou québécois, mais sur le plan
nord-américain; une question de politique énergitique; une
question de politique de subsides à l'agriculture qui devrait être
compatible avec des politiques industrielles. Enfin, une table ronde qui,
jusqu'ici nous a permis tout au moins de nous familiariser entre tous les
ministères à vocation économique, une table ronde qui nous
permet c'est une action qui est en cours actuellement de faire
l'analyse complète de toute la mission des programmes à
l'intérieur de la mission économique du gouvernement,
c'est-à-dire les programmes et sous-programmes. Ceci nous permettra
sûrement d'identifier assez rapidement, et peut-être pour la
première fois, des dédoublements qui pouvaient être dans
certains cas évidents, mais qui, dans d'autres cas, ne l'étaient
pas, et également de nous apercevoir de vides qui ne sont pas
comblés.
Le secrétariat de ce groupe, je pense, permet-
tra au plan économique au Québec d'avoir beaucoup plus de
concertation et peut-être d'avoir des dossiers beaucoup plus
étoffés. Déjà d'ailleurs, à la suite de ces
études, certaines représentations ont été faites
par lettres au gouvernement fédéral, et il y a eu des prises de
position dans les cas très particuliers qui débordaient l'action
d'un seul ministère.
Deuxième point, l'élargissement et la revision de la gamme
des programmes. J'ai indiqué préalablement certains programmes
qu'il me semble nécessaire d'accroître, particulièrement
l'aide à l'exportation, l'identification de marchés sur la
scène extérieure. Mais je pense que nous sommes actuellement
à revoir particulièrement en vue des politiques du
gouvernement fédéral l'ensemble de nos programmes. En
d'autres termes, pour répondre très clairement à la
question, si le ministère de l'Industrie et du Commerce
bénéficiait l'an prochain de $20 millions de plus dans son
budget, qu'est-ce que nous pourrions faire pour dépenser à bon
escient ces $20 millions additionnels?
Nous voyons là l'ensemble de programmes qui pourraient être
offerts au secteur public et au secteur privé de nos industries, quels
seraient les choix, les priorités à retenir. Il y a
également, dans le domaine de la division du commerce, une foule de
petits problèmes, qui, sans être pour certains d'une
certaine urgence, sont à plus long terme.
Les plus évidents seraient premièrement le problème
des boulangeries où nous espérons, à court terme,
apporter certains éléments de solution et,
deuxièmement, le problème d'une révision du bill 24,
c'est-à-dire la loi réglementant les heures d'ouverture des
commerces au niveau provincial. Nous avons également une autre
priorité, ce qui touche à la promotion et à l'incitation
au développement touristique. Des discussions sont en cours avec l'autre
ministère que je dirige tant sur l'aspect du crédit
hôtelier que sur l'infrastructure à donner, et peut-être
à étendre les programmes de la SDI au secteur touristique dans un
contexte cependant bien planifié.
On a annoncé, récemment aussi, la formation du Conseil
d'expansion économique de la communauté urbaine de
Montréal, qui fait suite à des discussions entreprises par notre
ministère depuis déjà nombre de mois. Nous espérons
que la région métropolitaine de Montréal fera preuve d'une
politique plus dynamique pour attirer de nouveaux investissements. Je pense
qu'il est nécessaire de faire également une révision de
tous nos organismes paraministériels. Pour la SDI, qui a à peine
un an d'existence, il y a peut-être lieu de faire un bilan et d'examiner
les points de faiblesse pour tenter de lui donner non une nouvelle orientation
mais tout simplement une précision dans son mandat.
Je pense qu'il est tout à fait normal qu'après un an on se
pose certaines questions, qu'on regarde le bilan. Le parc de Bécancour
se situe dans le même contexte, bien que nous espérons, dans ce
secteur, avoir certains débouchés à court terme, certaines
nouvelles industries qui s'implanteraient dans ce parc. Ce serait de même
pour la SGF; il y aura certainement un chapitre où nous pourrons
discuter plus en profondeur de la SGF. Il en sera de même pour le CRI, le
Centre de recherche industrielle, où nous pourrions tenter des
mécanismes nouveaux pour assurer une meilleure concertation entre les
politiques du ministère. D'ailleurs, c'est mon intention la chose
a déjà été discutée avec le premier ministre
et le ministre des Finances de tenter de réunir, au tout
début de l'automne, tous ceux qui siègent aux conseils
d'administration de ces organismes à caractère économique
tels la SGF, le CRI, Sidbec-Dosco, l'Hydro-Québec et autres organismes
de même que tous les sous-ministres et les hauts fonctionnaires des
ministères à vocation économique pour tenter de faire le
point sur certaines politiques, sur certains programmes d'action que le
gouvernement pourrait entreprendre. Nous pourrions avoir peut-être le
point de vue de ces gens qui, d'une part, pourraient être des aviseurs un
peu particuliers et qui, d'autre part, sont peut-être en droit d'avoir
une meilleur connaissance des intentions du gouvernement en matière
économique pour eux-mêmes, dans leur propre secteur, pouvoir mieux
comprendre le sens de certaines interventions.
Quant à nos bureaux à l'étranger, nous allons
tenter de les multiplier. Nous avons mentionné les cas de Bruxelles et
de Tokyo, et c'est peut-être dans le sens des questions qui avaient
été soulevées l'an dernier. Je pense bien qu'il demeure
évident que, face à notre désir d'accroître et
d'identifier les marchés à l'extérieur, les bureaux
à l'étranger donnent un apport mais il y aurait sûrement
quelque chose à faire pour s'assurer d'une plus grande
efficacité.
Un autre secteur sur lequel nous pourrions nous pencher est celui qu'on
a appelé le secteur de développement de stratégies
industrielles, la formation de plans au niveau économique. Plusieurs de
ces plans nous ont été remis et en particulier un par le Conseil
général de l'industrie, un autre par le Conseil de planification
et de développement. Le ministère lui-même s'était
penché sur certains de ces problèmes. Je pense qu'on conviendra
que c'est complexe mais c'est peut-être un exercice nécessaire. Je
compte poursuivre des efforts pour tenter d'identifier une certaine
stratégie de l'intervention de l'Etat, pour discerner des secteurs
où il nous semble que les chances de succès, compte tenu de nos
forces et également de nos faiblesses, semblent plus fortes que dans
d'autres secteurs.
Le développement d'un tel plan me paraît également
nécessaire pour permettre cela, c'est un autre programme
une certaine forme d'éducation économique de la population. J'ai
mentionné qu'en matière d'éducation économique je
voyais au moins quatre grandes lignes de
force. C'est également un secteur où nous aimerions
intervenir, d'une façon remarquable, au cours des prochaines mois.
Un premier secteur toucherait et ça s'étend
à mon ancien ministère l'éducation
économique aux niveaux primaire et secondaire. Je sais que des efforts
sont entrepris au niveau du ministère de l'Education pour accrof-tre
ceci. Sans nécessairement vendre le système capitaliste (avec un
grand C), il faut quand même donner des notions à des gens qui
terminent au secondaire et qui, dans le moment, peut-être, n'en ont pas
suffisamment. Deuxièmement, au niveau universitaire, le ministère
de l'Education je le dis, car ça se situe dans un contexte un peu
global, tout ceci avait accordé, l'an dernier, plus de 50 bourses
de $8,500 pour des études de maîtrise en administration des
affaires. Cette année, le nombre de ces bourses doit être accru
substantiellement pour permettre peut-être d'attirer de plus en plus de
Québécois francophones vers ce secteur et de nous donner, pour
nos secteurs privé et public, des gens qui sont peut-être mieux
préparés à relever des défis sur le plan
économique.
Troisièmement, au niveau de l'action de groupe vis-à-vis
des chefs d'entreprises l'éducation permanente prise dans ce sens
très large et non pas nécessairement ce qui se passe à
l'intérieur de l'école je pense qu'il y a
nécessité d'orienter une partie de ces sommes vers
l'efficacité de l'entreprise. En boutade, j'avais mentionné que,
si on peut trouver des sommes pour enseigner la guitare à des gens, on
doit sûrement être capable d'en trouver pour accroître
l'efficacité et la productivité de nos hommes d'affaires. Je
pense que des millions de dollars peuvent être injectés dans ce
secteur. Il s'agit de définir des programmes. Il y a déjà
quelque chose de fait; je ne voudrais pas donner l'impression qu'il n'y a rien
de fait. La chambre de commerce, certaines commissions scolaires ou CEGEP le
font. Je pense qu'il y a lieu d'accroître ceci, car, souvent, on se rend
compte que les entreprises qui sont dans des situations difficiles auraient
peut-être eu avantage, trois ou quatre ans avant, à
bénéficier d'une aide dans ce secteur.
Quatrièmement, l'éducation économique de la
population dans le sens le plus large du mot, c'est-à-dire vulgariser la
vie économique au Québec. Je pense que chaque homme d'affaires ou
même chaque député peut être un peu scandalisé
de certains concepts qui semblent émerger dans la population. Il y a
autre chose à faire que de dire qu'on ne croit pas au Père
Noël ou que deux plus deux font quatre. Je pense qu'on doit faire un
effort pour tenter de vulgariser des données économiques, la vie
économique de notre collectivité auprès d'une population.
Il faut éviter de tomber dans deux extrêmes, en disant que tout
est rose ou que tout est noir, et tenter de situer la réalité
telle qu'elle est pour qu'après, peut-être, on puisse avoir une
participation qui signifie davantage de la part de la population, une
participation de consultation, un dialogue qui s'inscrit à
l'intérieur de données qui reposent sur des faits
établis.
Egalement, au cours des derniers mois nous avons un rapport sur
ce sujet un plan de communication a été établi
conjointement par des officiers de mon ministère et ceux du
ministère des Communications. Ce plan de communication est pris dans le
sens le plus large du terme; il touche à la fois les communications
internes et externes et tout le secteur de la publicité, des outils de
travail pour nos gens dans ce secteur. Ce plan me paraît
extrêmement intéressant et, au cours des prochains mois, je pense
que nous pourrons avoir des résultats tangibles de tout ceci.
Egalement, nous avons obtenu, il y a à peine quelque temps, les
résultats d'une étude qui avait été confiée
à la firme Fantus qui est une filiale de Dunn & Bradstreet, pour
tenter d'obtenir ou de percevoir l'impression que les investisseurs
étrangers pourraient avoir du Québec comme possibilité
d'investissements. Ces études tentent d'identifier les points forts et
les points faibles du Québec ou les appréhensions, tant pour nos
marchés que pour les investisseurs américains et, ce qui est
surprenant, les différences qui pourraient subsister pour les
investisseurs tels que ceux de l'Ontario et autres. Cette étude assez
volumineuse, je pense, nous donnera quand même une trame de travail
intéressante pour modifier certains de nos programmes et pour faire un
effort accru dans certains secteurs.
Au niveau des pêches maritimes, je mentionne, en collaboration
avec l'ODEQ, le développement d'un programme de parcs industriels de
pêche.
C'est un programme qui est déjà amorcé et qui, au
cours des prochains mois, devrait quand même franchir des étapes
importantes: approbation des quatre plans, c'est-à-dire un aux
Iles-de-la-Madeleine, trois en Gaspésie, plans masses qui sont en
préparation dans le moment. Nous avons les budgets nécessaires
pour apporter, il me semble, un stimulant à l'industrie de la
pêche.
Il y a évidemment d'autres secteurs où nous tenterons
d'apporter des améliorations, mais ceux que j'ai mentionnés
m'apparaissent ceux que nous avons retenus et qui demandent le plus possible
une intervention du ministère.
En terminant, je dois dire que, dans le contexte de la semaine
dernière cela prenait beaucoup de courage pour tenter de vendre le
Québec sur le plan économique, mais ces événements
sont loin de m'avoir décourager ou d'avoir découragé mes
collègues, mes fonctionnaires. Ces événements peuvent
rendre la tâche un peu plus difficile, mais nous sommes toujours
prêts à donner le maximum de nos efforts pour atteindre ces
objectifs, d'autant plus qu'ils peuvent être différents de
certains autres pro-
blèmes qui défraient les manchettes des journaux,
problèmes de langue, problèmes constitutionnels. Nous savons, par
plus d'un sondage, que les problèmes économiques sont au coeur
même des préoccupations des Québécois; pour nous, il
y a un certain intérêt à donner le maximum de nos efforts
pour tenter de les améliorer.
Je l'ai mentionné dans certaines interventions, certaines
allocutions ou discours, la situation n'est pas aussi noire que cela. J'ai
indiqué quelques secteurs. Qu'il me suffise de mentionner le taux de
croissance de notre produit provincial brut, qui est quand même un des
plus élevés au monde, il est plus élevé que celui
de la Suède, que celui de la France, que celui de l'Allemagne; on peut
avoir au moins une certaine satisfaction dans ce secteur. Qu'il suffise de
mentionner que la production de biens éventuellement exportés per
capita est plus forte quand même au Québec et au Canada qu'elle ne
l'est au Japon. On parle souvent du miracle japonais, mais est-ce qu'on
réalise qu'il y a quand même, en valeur d'exportation, plus de
biens qui circulent dans le commerce mondial et qui sont faits au Québec
que dans le cas des Japonais?
Bien sûr, on me dira que les Japonais ont surtout des industries
de transformation alors que, dans notre cas, pour nombre de secteurs, c'est
l'expédition de richesses naturelles, bien que, dans d'autres cas
très importants comme le papier, ce soit quand même la
transformation.
J'ai mentionné l'unité de papier, c'est peut-être
une erreur; j'ai sauté dans mes notes, mais j'aime à dire que ce
secteur a fait l'object d'une attention particulière. Je compte, avec
les autres niveaux de gouvernement et avec le secteur privé, que nous
pouvons rétablir à brève échéance, d'ici une
douzaine de mois, la position concurrentielle de notre industrie des
pâtes et papier, particulièrement l'industrie du papier-journal
à l'intérieur du Québec. Il y a quand même des
programmes, qui ne sont ni de mémoire soumis par la CSN de retenir le
concept de nationaliser tout ce qui touche le papier comme panacée
à tous les problèmes, ni les suggestions de l'industrie, qui nous
demandait $27 millions par année pour transformer de l'encre rouge en de
l'encre noire. Entre les deux se situe quand même un programme
d'intervention qui me paraît fort intéressant et qui nous
permettra de réduire nos coûts de production par une marge telle
que notre papier redeviendra ce qu'il a toujours été,
concurrentiel sur les marchés mondiaux.
En terminant, M. le Président, je suis...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'en terminant, le ministre pourrait
nous présenter les fonctionnaires qui l'accompagnent, pour les fins du
journal des Débats?
M. SAINT-PIERRE: Sûrement. Je pense que tous connaissent le
sous-ministre en titre, M.
Robert De Coster, qui occupe le poste depuis déjà deux
ans. A ma gauche, M. Plante, qui est sous-ministre adjoint, responsable de tout
le secteur de l'administration. M. Descoteaux, sous-ministre adjoint,
responsable du secteur de la recherche, de la planification et également
l'administration de programmes particuliers. Il ne faudrait pas oublier mon
adjoint parlementaire, M. Gérard Cadieux.
A l'arrière, on peut passer à M. Dandois, directeur
général de la direction de l'industrie, M. Jean Vézina,
directeur général de la recherche et de la planification, qui
regroupe quatre directions, M. Jacques Fafard, directeur du personnel, et
finalement, M. Simon Rainville, directeur des finances.
Je tiens à préciser que, comme nous sommes très
intéressés par l'efficacité, j'ai aussi demandé
à d'autres directeurs généraux de venir tout au long des
débats. Nous les avons prévenus, mais pour éviter que ces
derniers soient immobilisés pendant de longues journées, d'autres
gens, comme pour le service des achats ou les pêcheries ou enfin d'autres
secteurs d'activités, viendront à tour de rôle. Il me fera
alors plaisir de vous les présenter.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux remercier le ministre de sa
présentation assez élaborée des orientations, des
objectifs que poursuit son ministère, des projets aussi, sans
nécessairement nous indiquer un ordre de priorités, qu'il entend
réaliser, soit cette année soit l'an prochain.
Nous avons l'impression, M. le Président, qu'il a
véritablement trouvé sa vocation, qu'il est dans un secteur
d'activité qui lui plait. Le ministre a généreusement
discouru non seulement sur le secteur industriel qui retient la majeure partie
du temps de ses fonctionnaires et des projets gouvernementaux, mais il semble
vouloir pousser plus loin l'action du ministère. Je pense déceler
de ce côté une note un peu nouvelle. Je ne sais pas s'il
perçoit le ministère de l'Industrie et du Commerce
différemment de son prédécesseur, qui en a
été titulaire pendant plusieurs années. Mais dans
l'exposé que nous a fait le ministre on sent qu'il veut exercer une
activité plus directe sur la vie économique de la province.
Cela m'amènera à lui poser une première question:
Jusqu'à quel point le ministre entend-il influencer la vie
économique au Québec, le développement industriel, pour ne
prendre que le secteur le plus important de l'activité du
ministère?
Il y a plusieurs façon d'influencer la vie économique. Il
y a cette façon d'encourager les entreprises par des mesures. Il y a cet
encouragement. Il y a l'aide. Il y a les programmes à d'autres niveaux
gouvernementaux, bien qu'à ce niveau je ne croie pas tellement... Je
crois bien
que c'est le gouvernement qui présente les mesures
législatives qui peuvent le plus influencer l'orientation que l'on doit
donner aux industries. Ainsi, si le ministère de l'Expansion
économique régionale, à Ottawa, consacre des sommes
importantes au développement industriel du Canada, et du Québec
en particulier, je crois bien qu'il sera en mesure d'exercer une influence
directe et importante sur le développement industriel.
Le ministre ne s'en cache pas, il dit qu'il veut agir sur la structure
industrielle du Québec. Il lui paraît que, de ce
côté, il y a un travail important, un travail peut-être
urgent à accomplir. Evidemment, cela peut se faire de différentes
façons. Il y a l'incitation. Il y a des sociétés qui ont
été créées, entre autres la Société
de développement industriel qui, par son action, peut influencer
largement les changements dans la structure industrielle. Selon que l'on
consent des prêts généreusement ou de l'aide
généreuse dans un secteur ou dans un autre, il est évident
que l'on va influencer de façon importante le développement ou la
réorientation de ce secteur.
Je voudrais demander au ministre ce n'est pas ma première
question, puisqu'il y a répondu tantôt comment il voyait
l'insertion du ministère de l'Industrie et du Commerce dans l'appareil
gouvernemental. Je pense qu'il nous a donné la réponse avec la
création de ce Comité des affaires économiques dont il est
sans doute le président, j'imagine. Ce comité prend connaissance
de tous les dossiers qui peuvent toucher de façon marquée la vie
économique au Québec. Je pense bien que par la création de
ce comité de coordination et par ce poste de président qu'il
occupe il peut certainement, dans tout l'appareil gouvernemental, se faire le
véritable coordonnateur du développement économique, comme
le ministre des Affaires sociales peut, lui, dans le domaine social,
étant donné l'importance de son budget et de ses programmes,
influencer ce secteur.
Aussi le ministre des Finances, par le Conseil du trésor, peut
coordonner le développement financier, c'est-à-dire voir si le
Québec peut assumer, du point de vue financier, les programmes qui
seront proposés par les différents ministères.
Je pense qu'il a répondu à cette question, en nous
confirmant la création de ce mécanisme de coordination au sein du
conseil des ministres.
Je voudrais que le ministre nous dise jusqu'où il perçoit
son rôle d'intervention dans le développement de
l'économie. Est-ce plutôt comme un régulateur, un
ministère de coordination qui verra, par des mesures
législatives, administratives, incitrices au développement
harmonieux de l'industrie? Le ministre nous annonce que du côté du
commerce, aussi, on ira peut-être probablement plus loin qu'on a
été dans le passé. Cela portait le nom du ministère
de l'Industrie et du Commerce mais le ministère donnait beaucoup plus
d'attention au secteur industriel. C'est normal. Du côté du
commerce, je pense bien qu'on a été assez prudent, jusqu'à
présent, et on n'a pas voulu, pour toutes sortes de raisons, exercer une
influence trop prépondérante.
Mais je voudrais que le ministre nous dise si son intervention va aller
jusqu'à exercer une influence directe sur le développement de
l'économie, si cela va aller plus loin que l'incitation, si cela va
aller même dans des mesures qu'on appelle coercitives, ou des mesures qui
sont plus que de l'incitation, mais qui sont peut-être un peu de
dirigisme. Je voudrais que le ministre réponde à cette question,
pour voir comment sa philosophie se situe dans le développement
industriel.
M. SAINT-PIERRE: Jusqu'à quel point peut-on influencer la vie
économique? C'est une question remplie de sens. Pour y répondre
pleinement, il faudrait presque faire une dissertation. Il y a bien des
facteurs qu'il faudrait considérer.
Très brièvement, juste au cas où ce serait aussi
dans les préoccupations du député de Gouin, je dirai
dès le départ que personnellement et je pense que c'est la
position du gouvernement sur le plan même de l'activité
économique d'une collectivité qui s'appelle les
Québécois nous considérons y retrouver plus de dynamisme,
plus de possibilités à long terme, avec un secteur privé
fort, un secteur privé où, finalement, des
Québécois, particulièrement francophones, peuvent
peut-être s'identifier davantage qu'ils n'ont pu le faire jusqu'ici mais
surtout par un secteur privé en comparaison avec un secteur public.
Pour moi, il ne s'agit pas d'une profession de foi au Capitalisme avec
un grand C. Je n'ai personnellement aucune hésitation. Si, dans certains
cas, l'intervention directe de l'Etat se révèle
nécessaire, que ce soit par la SGF, par Rexfor, par Soquem, cela ne me
semble pas des péchés d'occasion. Il y a bien des raisons qui
pourraient le justifier.
Jusqu'à quel point peut-on influencer? Il est évident que,
dans le secteur économique, cela ne sera jamais comme dans le secteur
social et dans le secteur de l'éducation, où, à l'avance,
l'Etat peut décider du type de système qu'on aura, à la
suite d'une commission d'enquête et dire: Très bien, on aura des
investissements de tant, à tel endroit. On aura tant de professeurs
qu'on va engager et on va offrir des cours dans telle ou telle option. On peut
le faire dans le secteur hospitalier, où l'Etat détient, somme
toute, à peu près tous les pouvoirs.
Dans le secteur économique, bien sûr, nous avons des
partenaires qu'il ne faut pas négliger, qui sont assez importants. Ce
sont des partenaires qui s'appellent, dans un cas, le secteur privé et
qui, quand même, emploient presque 100 p.c. de la main-d'oeuvre,
particulièrement dans le secteur de l'industrie secondaire, si on oublie
quelques cas peu importants. C'est donc
dire que pour une main-d'oeuvre de 2.2 millions, quand même, la
très forte majorité des Québécois se retrouvent
dans le secteur privé et où les centres de décision, dans
certains cas, sont au Québec et, dans d'autres cas, au Canada et, dans
d'autres cas, à l'extérieur du pays.
Il y a également le gouvernement fédéral, qui, par
des politiques tarifaires, des politiques monétaires, des politiques de
divers ordres, dans son champ de juridiction, peut influencer largement la vie
économique. Cela, même dans des secteurs comme la politique des
transports, la politique énergétique, où il a quand
même des décisions à rendre, qui sont de grande
conséquence pour la vie économique d'une région du
pays.
Cependant, j'ai cette ferme conviction, même si nous ne pouvons
pas dicter nos vues au secteur privé ou au gouvernement
fédéral, qu'il nous est impossible d'influencer même leurs
décisions, si, dans un premier temps, nous n'avons pas nous-mêmes
fait le tour de la question et que nous ne sommes pas convaincus exactement
où nous sommes, d'où nous venons et où nous voulons
aller.
Lorsqu'on a fait ça de la façon la plus parfaite possible,
je pense que le gouvernement du Québec, tant au plan des politiques
d'achat qu'au plan de l'incitation, a quand même beaucoup de leviers pour
exercer son influence. Plus que ça, j'oserais dire que la preuve n'est
pas manifeste que si nous voulions que tel genre d'activités se
produise, le secteur privé, délibérément et le
gouvernement fédéral voudraient contrecarrer nos vues.
Dans le passé, si des choses se sont produites qui
n'étaient pas à l'avantage économique du Québec,
c'est souvent parce que le Québec, n'avait peut-être pas
prévu d'avance, ou s'il l'avait prévu, n'est pas intervenu
à temps pour laisser voir sa position et son sens d'intervention.
Jusqu'à quel point peut-on avoir cette influence et comment? D me
paraît que c'est possible par au moins quatre grands secteurs. Il y a la
planification, qui implique d'identifier à l'avance les problèmes
et d'être prêt à intervenir au bon moment par
différents moyens. C'est déjà beaucoup et ça
implique un champ qu'on peut occuper pleinement. Il y a la concertation entre
les différents ministères à vocation économique,
qui me parait une façon et à peu près la seule
où on puisse agir, puisqu'il n'y a rien de plus frustrant que
lorsque, sur le plan économique, on s'aperçoit que deux
ministères vont en sens contraire. C'est assez difficile après de
demander au secteur privé et au secteur du gouvernement
fédéral de collaborer avec nous. Cette nécessité de
concertation me parait un deuxième moyen d'influencer réellement
la vie économique.
D y a troisièmement l'action, c'est-à-dire que, par une
foule de mesures, qu'on parle de stimuler l'investissement, qu'on parle
d'identifier le marché ou d'identifier des possibilités au
Québec, qu'on parle de prospection d'investisseurs ou de prospection
dans le sens très large, qu'on parle d'infrastructure industrielle, de
rationalisation dans ce secteur, qu'on parle de recherche industrielle, qu'on
parle de programme d'incitation. Voilà tout une série de
mécanismes qui, quand même, nous permettent de favoriser certaines
régions par rapport à d'autres ou qui nous permettraient de
favoriser certains secteurs industriels par rapport à d'autres.
Finalement, le quatrième secteur, ce sont des interventions,
interventions au sens politique du terme, qui ont souvent des effets, ou au
sens économique du terme, politique d'achat et autres. Ce sont des
interventions vis-à-vis du gouvernement fédéral,
vis-à-vis d'une façon officielle ou autre du
secteur privé. Ce sont aussi des interventions auprès des
organismes paragouvernementaux comme l'Hydro-Québec. Ce sont finalement
des interventions peut-être plus poussées dans des organismes que
nous contrôlons directement: je pense à Sidbec, à Dosco et
à la SGF, dans le contexte actuel ou dans le contexte futur.
Pour moi, il ne s'agit pas d'un dirigisme d'Etat; il ne s'agit pas, dans
le type d'économie que nous avons, d'avoir la réplique du 6e plan
français pour nous dire dans les moindres détails tout ce qui va
être fait et tout ce qui ne sera pas fait. Je pense qu'il y a quand
même, par la planification, par la concertation, par une politique
d'action, une politique d'intervention, moyen d'influencer le comportement du
secteur privé et du gouvernement fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ce qui est de la concertation, il est
peut-être plus difficile d'identifier l'action, parce qu'on pourrait
donner des exemples concrets, mais quand on parle de participation et de
concertation, c'est un peu plus difficile. Comment est-ce que ça se
concrétise? Il y a peut-être une marge d'appréciation plus
considérable.
Je fais référence aux programmes plus
particulièrement du ministère de l'Expansion économique
régionale et des zones désignées. Ce sont deux programmes
importants qui ont pour but de développer et des régions et des
secteurs. On peut corriger par une de ces mesures, par le programme des zones
désignées, les disparités régionales. On
décide d'aider beaucoup plus une région pour l'infrastructure ou
pour des industries elles-mêmes, une fois que la région est bien
équipée.
D'autre part, le ministère de l'Expansion économique
régionale exerce une action décisive pour l'implantation de
certaines industries, surtout des industries importantes. On sait
jusqu'où les sommes peuvent atteindre.
D'autre part, à Québec, vous avez aussi des outils qui
sont importants, parce que le ministère de l'Industrie et du Commerce a
délimité il y a quelques années le Québec en 10
régions et en 25 sous-régions administratives.
C'est donc une indication assez précise de la façon dont
sur le territoire du Québec, non seulement du point de vue
administratif, mais beaucoup plus loin que ça, on peut orienter le
développement. Du moins, c'est une indication. D'autre part, vous avez
un organisme important comme la Société de développement
industriel et il y a aussi des mesures fiscales.
Mais je reviens au problème de la concertation. Est-ce que les
outils qui sont actuellement entre les mains du gouvernement
fédéral et qu'il peut utiliser sans se préoccuper du tout
de la politique du ministère de l'Industrie et du Commerce
représentent une difficulté pour le ministère
québécois de l'Industrie et Commerce d'atteindre certains
objectifs? Par exemple, s'il s'agit de modifier la structure industrielle, de
renforcer certaines régions par rapport à d'autres, d'aider
certains secteurs qui sont considérés comme des secteurs
où les salaires sont moins élevés, secteurs un peu plus
faibles, tels que le textile, la chaussure, alors que la politique tarifaire
peut exercer une influence tellement considérable dans ces
secteurs-là?
Est-ce qu'il parait au ministre qu'il serait souhaitable que la
situation actuelle soit améliorée du point de vue de la
concertation entre le ministère de l'Expansion économique
régionale et le ministère de l'Industrie et Commerce dans la
poursuite de certains objectifs?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que tant avec le ministère de
l'Expansion économique régionale de M. Marchand qu'avec celui de
l'Industrie et Commerce de M. Jean-Luc Pepin, à Ottawa, il y a
énormément de rencontres tant au niveau des fonctionnaires qu'au
niveau des ministres. Il me fait plaisir de le dire parce que dans d'autres
secteurs j'aurai à dire qu'il n'y en a pas. Mais dans le secteur
économique, quand même, à ma connaissance nous avons eu
beaucoup de coopération et je ne me rappelle pas de cas où des
affrontements majeurs pourraient se préparer.
En d'autres termes, pour les dossiers les plus sensibles on pense
à des cas comme Cabano ou d'autres cas semblables il y a
effectivement une concertation où on essaie de bien comprendre le point
de vue de l'autre gouvernement, s'il y a divergence et, dans la plupart des
cas, nous avons exactement les mêmes préoccupations. J'ai à
l'esprit des lettres récentes. Je pense même qu'au niveau, par
exemple, des zones spéciales cela déborde un peu mon
ministère si le Québec décidait demain matin que la
seule zone spéciale où tous les efforts doivent être faits
sera la Beauce, le gouvernement fédéral pourrait se laisser
convaincre que c'est ça, si nous y mettions beaucoup de poids. Ce n'est
pas le cas. C'est un cas très hypothétique.
Je peux prendre des cas peut-être plus réels, comme
l'éternel débat à savoir si nous devons favoriser
Montréal ou tenter de décentraliser pour diminuer les
écarts entre les régions, décentraliser l'activité
industrielle. Je vais prendre un cas très hypothétique. On
disait: Très bien, les coûts sociaux à Montréal,
où il y a une concentration de population, sont tels qu'il y a lieu de
faire une certaine décentralisation; par contre, il est important, dans
un contexte de l'an 2000, que la zone périphérique de
Montréal soit suffisamment forte pour que l'axe Montréal ne perde
pas complètement vis-à-vis de Toronto... Si le gouvernement
provincial disait: Très bien, tant en politique de transport qu'en
politique d'incitation industrielle et autres, nous allons favoriser la
couronne qui entoure Montréal, cette série de villes c'est
un cas hypothétique de Sorel, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean,
Valleyfield, Saint-Jérôme, Joliette, où les coûts
sociaux sont moindres mais qui auraient peut-être avantage à
être dans la zone d'influence de Montréal, je suis pas mal certain
que le gouvernement fédéral serait d'accord.
Maintenant, sur les programmes spécifiques, il est évident
que certains programmes provinciaux qui avaient été mis de
l'avant se retrouvent un peu démodés par rapport à des
programmes fédéraux puisque le gouvernement fédéral
déduit de ses contributions les montants qui pourraient être
obtenus du gouvernement provincial.
Enfin, il faut admettre cependant que si le gouvernement
fédéral n'avait pas cette politique, ce seraient les provinces
les plus riches qui pourraient encore avoir l'écart. Le gouvernement
fédéral justifie sa position en ce sens que s'il ne le fait pas,
l'Ontario sera toujours capable d'offrir des incitations additionnelles qui
vont faire que tout le monde va aller en Ontario. Or, comme le
fédéral à travers le pays déduit la contribution de
la province, les provinces riches n'ont pas un intérêt particulier
à tenter d'inciter, par des mesures pécuniaires, des industries
à s'établir chez elles.
Là, le gouvernement fédéral, en désignant
certains endroits comme les provinces de l'Atlantique et la province de
Québec, est capable véritablement non pas de donner aux
industries, comme malheureusement on le rencontre trop souvent, mais de
favoriser une certaine région pour inciter l'industrie à
s'établir dans cette région au lieu d'une telle autre, que ce
soit le Saguenay, la Gaspésie ou l'ensemble du Québec, dans notre
cas.
M. LE PRESIDENT: Un instant, si vous me le permettez. J'ai omis,
dès le début des travaux de la commission, de nommer un
rapporteur pour la commission. Je suggérerais le nom de M. Cornellier,
député de Saint-Hyacinthe, comme rapporteur de la commission.
Est-ce que cette proposition vous semblerait acceptable? Tout le monde est
d'accord.
M. Cornellier, député de Saint-Hyacinthe, sera le
rapporteur de la commission. Je m'excuse auprès du député
de Montmagny, mais le député de Gouin m'a signalé aussi
qu'il avait des questions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais enchaîner sur ce que vient de
dire le ministre.
M. RUSSELL: C'est une question supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce ne sera pas long; je vais faire une remarque
et je céderai la parole au député de Gouin. Tantôt,
je parlais des programmes que le fédéral administrait et de son
influence certaine surtout dans certains secteurs. Je voudrais prendre un
exemple concret, celui du textile. Je posais la question tantôt: Est-ce
qu'il y a concertation entre le ministère de l'Expansion
économique régionale, éventuellement, le ministère
de l'Industrie et du Commerce à Ottawa et le ministère de
l'Industrie et du Commerce à Québec?
Je sais que, dans des cas précis, prenons Chemcell, à
Montmagny, il y a eu une action conjointe très étroite entre les
ministères, entre les niveaux de gouvernement, qui a abouti à des
résultats heureux, soit à l'implantation d'industries, toujours
dans le domaine du textile. D'autres entrepreneurs, d'autres industriels ont
pris la relève et, en définitive, l'opération va se solder
par plus d'emplois qu'au moment où Chemcell a annoncé sa
fermeture. Il y a donc là un succès évident du point de
vue de l'implantation d'industries. Le problème ne s'arrête pas
là; il y a aussi tout le problème du textile et le
problème des tarifs sur les importations.
Je pense bien que la province de Québec, par le ministère
de l'Industrie et du Commerce, a des représentations très
importantes à faire au niveau du gouvernement canadien sur la politique
tarifaire en matière de textile. On sait qu'actuellement plusieurs
comtés sont intéressés. Je prends cet exemple en
particulier, mais on pourrait en prendre d'autres. On sait que, dans ce
domaine-là en particulier, l'opinion du Québec doit être
écoutée à Ottawa parce que l'opinion du Québec,
dans ce domaine, est extrêmement importante.
Vous allez mentionner au gouvernement canadien que, pour
l'économie québécoise, il y a là un point de vue
extrêmement important dont il doit tenir compte. C'est au niveau de
certaines politiques où les provinces n'ont pas tellement eu à
dire jusqu'à maintenant, que, de plus en plus, elles doivent être
écoutées et entendues. Leur point de vue doit être pris en
considération, même si le gouvernement canadien va répondre
qu'il faut qu'il introduise un facteur d'équilibre entre les industries
qui sont concentrées dans une province et les industries
concentrées dans d'autres. Il y a là un équilibre à
établir entre l'importation et l'exportation.
C'est ce point de vue là que je voulais faire ressortir au
ministre. Il ne s'agit pas seulement d'un problème d'implantation et de
subvention à des industries; par la suite, il s'agit de tenir compte des
problèmes que connaît un secteur particulier.
M. SAINT-PIERRE: II y a peut-être deux points. C'est
évident que, dès qu'on touche la politique tarifaire, qui
déborde évidemment le gouvernement provincial, il y a un ensemble
de contextes où cela se situe. Je partagerais l'avis de M. Pépin,
en disant que, face à l'émergence de blocs économiques
comme le marché commun, comme le Japon, comme les Etats-Unis, le Canada
pourra atteindre un certain niveau de vie ou garder sa position relative
uniquement si, au niveau mondial, il y a une certaine ouverture des
marchés. Dès que tous ces marchés vont se replier, il est
évident que nous allons nous trouver complètement
déphasés dans ceci.
C'est donc dire qu'il n'y a pas de désaccord entre le
gouvernement du Québec et celui du Canada; à long terme, le
Canada doit viser à promouvoir dans tous les pays du monde une politique
d'ouverture des marchés à l'extérieur. Cela implique,
évidemment, qu'on est favorable à tenter, dans tous les secteurs,
de réduire les barrières tarifaires pour permettre justement au
Canada d'exporter une forte proportion de sa production dans tous les secteurs.
Une fois qu'on a accepté cette ligne de force, c'est évident
qu'on ne peut pas dire: Dans les textiles, cela nous gêne; nous
aimerions, nous, avoir des tarifs élevés.
J'y reviendrai par après, c'est une contrainte qui
s'établit pour tous les genres de produits où l'importation
pourrait modifier.
Au niveau du gouvernement fédéral et là il y
a eu beaucoup de consultations entre les deux gouvernements sur l'ensemble du
problème du textile on a quand même tenté de faire
des efforts pour établir des mécanismes pour minimiser les
difficultés de l'industrie du textile alors que nous-mêmes avons
tenté d'augmenter considérablement les possibilités de
marchés pour les gens du textile.
Dans le textile, pour avoir rencontré les gens de l'industrie
récemment, ce n'est pas nécessairement un problème de
tarif. C'est beaucoup plus un problème de quotas, c'est beaucoup plus
une question de répercussion de certaines politiques de surplus et aussi
une question de l'évolution des besoins des consommateurs. Par exemple,
sans être expert, on dit que tous ceux qui fabriquent du coton depuis
à peu près six mois sont dans une position très difficile
parce que les jeunes consommateurs préfèrent maintenant un tissu
beaucoup plus rugueux. Ceux qui étaient dans ces genres de tissus ne
sont pas capables de faire face à la demande. Je pense que je n'apprends
rien aux députés en leur disant que plusieurs manufacturiers de
textile québécois dans le moment, pour faire face à la
demande, travaillent pratiquement sept jours par semaine, trois équipes
par jour, et ils sont obligés d'importer eux-mêmes. Ce n'est pas
le marchand qui importe, c'est le fabricant, parce qu'il n'est pas capable de
faire face à toutes les demandes.
Un autre secteur où dans ce domaine il y a quand même
concertation, c'est au niveau des nouveaux investissements. Ainsi, à la
suite des missions japonaises qui ont parcouru le pays, les Japonais, c'est un
secret de polichinelle, étaient intéressés à
investir au Québec, compte tenu de notre place dans ce
secteur-là. Or, dans tous les projets d'investissement du textile ou de
secteurs chauds un peu comme cela, si je peux employer l'expression, le
gouvernement fédéral, quand même, nous consulte. S'il y
avait des oppositions très prononcées du provincial, je ne suis
pas certain que les subventions seraient données. Il faut dire que les
subventions de M. Marchand sont discrétionnaires dans un certain sens et
que si quelqu'un fait l'investissement il n'est pas automatiquement
assuré d'avoir une offre de $3,000 par emploi et d'avoir X p.c. de
l'investissement qui lui est payé. Exemple, dans le moment, ce sont des
cas très précis, dans le textile il y a une analyse approfondie.
Quel est l'effet d'avoir un nouveau type dans le textile. Est-ce qu'en donnant
des subventions pour permettre un investissement tout ce qu'on fait c'est
d'affaiblir d'autres industries québécoises?
Le député de... Je pensais que c'était le
deuxième, l'ordre protocolaire.
M. LE PRESIDENT: Nous n'avons pas toujours respecté l'ordre
protocolaire; si le député de Gouin n'y voit pas
d'inconvénient on pourrait peut-être permettre des
questions...
M. JORON: Je ne sais pas si le député d'Abitibi-Est a les
mêmes susceptibilités protocolaires que celles qui hantent le
député de Chicoutimi, par exemple, très souvent. S'il
désire prendre la parole avant moi, il le peut.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable député
de Gouin.
M. JORON: Merci, M. le Président. Je m'excuse auprès des
membres de la commission si dans un sens je vais un peu retarder le dialogue
qui doit s'engager entre nous. Puisque c'est la première fois que je
prends la parole devant la commission, il me semble qu'il s'impose au
départ de faire quelques constatations d'ordre général
avant d'engager le dialogue sous forme de questions.
Je vais vous dire d'abord, M. le Président, l'importance que nous
attachons au ministère de l'Industrie et du Commerce puisque c'est
l'instrument principal, le ministère à travers lequel
principalement la politique économique du gouvernement doit se
matérialiser, se concrétiser. Le gouvernement a eu,
d'après nous, raison, tout à fait raison de faire du
développement économique ou de la relance économique le
thème principal de son action des années courantes. Nous sommes
parfaitement d'accord avec le gouvernement sur cette priorité. Si en
posant ça, on pose une question aussi globale, aussi
générale que la politique de développe- ment
économique, il est important, au départ, je pense de s'interroger
sur la philosophie ou, si vous voulez, les notions de base ou la politique
qu'il y a en dessous de tout ça, qui va inspirer cette action. Je
voudrais mettre en confrontation la politique économique que poursuit le
gouvernement avec celle que le Parti québécois suggère.
Pour ce faire, je voudrais faire référence à une
déclaration du ministre de l'Industrie, il y a deux semaines, devant
l'Association canadienne des manufacturiers, telle que rapportée par le
Devoir du lundi 1er mai.
Le titre de l'article était : "Le Québec en tête
d'une politique économique." Je pense qu'on retrouve effectivement, dans
le texte du ministre, la clé ou le thème principal de cette
politique. Je voudrais citer la phrase suivante: "Le gouvernement
québécois demeure convaincu que l'entreprise privée,
encadrée dans une législation progressiste, demeure le meilleur
champ pour le développement du potentiel industriel du Québec.
C'est pourquoi il fait appel au secteur privé pour le
développement d'un secteur secondaire et particulièrement
manufacturier qui doit doubler au Québec durant les années qui
viennent."
Cela m'est apparu, si vous voulez, la phrase clé du discours du
ministre de l'Industrie et du Commerce. Nous ne partageons pas cette opinion,
M. le Président, et je voudrais m'expliciter davantage. Je
concéderai que l'actuel ministre de l'Industrie et du Commerce, de tous
ceux qui l'ont précédé à ce poste, est
peut-être celui qui est le mieux préparé à remplir
cette tâche. Je tiens à le souligner. C'est peut-être aussi
le ministre le plus jeune et on pourrait peut-être penser aussi on
laisse jusqu'ici le bénéfice du doute le plus efficace et
le plus dynamique que l'on ait connu à ce poste.
Cela dit pour le contenant ou pour la forme, je vais être moins
gentil par rapport au contenu. Vous vous en doutiez un peu. Quant au contenu,
à la politique, me référant à la citation d'un
discours du ministre, cela nous parait être, d'autre part, la politique
la plus traditionnelle et, peut-être, la plus ancienne de
développement économique. Cela nous parait, à nous en tout
cas, un acte de foi aveugle dans la bonne volonté des autres. En
d'autres mots, c'est un appel lancé à l'entreprise privée
et l'on sait qu'au Québec l'entreprise privée, dans le secteur
manufacturier, est à beaucoup plus de 50 p.c, sinon probablement
à 80 p.c, étrangère. Cela constitue donc un appel
lancé à des étrangers de venir nous donner le
développement économique que nous voulons.
Si le capital étranger a, dans le passé, laissé au
Québec une certaine structure industrielle il faudrait en
convenir, c'est une structure relativement développée il
reste, quand même, qu'on la trouve inadéquate à partir, si
vous voulez, du taux de chômage qui nous afflige de façon
chronique depuis des décennies et qui est toujours
systématiquement le double, par exemple, de celui de la province
voisine, à partir
de disparités régionales scandaleuses et à partir
aussi d'un manque de contrôle de cette collectivité sur les
centres de décision dans le secteur industriel. Cela n'a pas
guéri ces bobos qui sont à la source de plusieurs de nos
problèmes.
Alors, il nous semble que répéter l'acte de foi
traditionnel que tous les gouvernements précédents ont fait, en
l'initiative privée et en l'initiative étrangère, n'assure
en rien la guérison de ces malaises. Bien au contraire, c'est une
invitation à demeurer des spectateurs passifs d'un développement
économique qui reste alléatoire, parce qu'il n'y a aucune
garantie que ce développement économique va se faire, encore bien
moins, s'il doit se faire, qu'il se fasse selon nos intérêts, nos
aspirations et nos priorités.
Je veux me résumer en posant un certain nombre de questions.
Quand le ministre invite le secteur privé à doubler l'importance
du secteur manufacturier au Québec, on peut poser toute une série
de questions. Est-ce que ces gens vont, d'abord, le faire? Est-ce
nécessairement leur intérêt de doubler le secteur
manufacturier au Québec? On sait le ministre l'a, d'ailleurs,
souligné que, dans la plupart des cas, ce sont de grandes
compagnies multinationales qui sont les leaders de notre développement
économique ou qui sont les agents les plus importants du secteur
privé au Québec. Il me semble qu'on doit soupçonner que le
type de développement qu'ils vont être amenés à
faire, s'ils en font ici, va être en fonction de leurs
intérêts, à eux. Or, leurs intérêts, leurs
schèmes de développement à eux se situent à
l'échelle mondiale, à l'échelle de la planète.
Ils n'ont pas à tenir compte des priorités ou de ce que
souhaiteraient les Québécois. Ils ont à tenir compte de
leurs intérêts à eux, en tant que firmes, et c'est bien
normal. Il faut les comprendre. Le problème, pour nous, c'est de savoir
si on leur laisse l'initiative, à partir de ce moment-là.
Deuxième question que nous pouvons nous poser, quand on fait cet
appel, cet acte de foi, vont-elles s'installer? Est-ce qu'elles vont maintenir
les disparités régionales scandaleuses qui existent à
l'heure actuelle au Québec et qui font une différence de revenu,
per capita, de l'ordre de 1 à 3 entre le Bas Saint-Laurent et
Montréal ou si cela va même les accentuer? Une partie de ces
disparités scandaleuses proviennent justement de décisions
d'investissements, d'implantations industrielles prises dans le passé
justement par ce secteur privé.
H y a une troisième question que nous pouvons nous poser: Dans
quel secteur vont-elles s'installer? Est-ce leur intérêt d'aller
s'installer dans les secteurs de pointe ou par exemple dans l'industrie lourde?
Ce sont deux des sous-secteurs industriels les plus tragiquement faibles au
Québec et qui sont largement responsables du taux de croissance
insuffisant.
Finalement, dans l'optique de cette politique, quel contrôle
supplémentaire les Qué- bécois vont-ils acquérir
sur leur économie? Par voie de conséquence, un contrôle sur
l'économie est un contrôle sur des décisions
d'investissements, à un moment donné. Cela se traduit plus tard,
dans la sorte de régime économique dans lequel on vit, par des
taux de chômage ou des taux d'emploi ou, si vous voulez poser la question
autrement, cela se traduit par des taux de revenus, cela se traduit par des
disparités régionales et ainsi de suite. En d'autres mots, pour
l'avenir économique du Québec, quelles garanties un
système semblable donne-t-il aux Québécois? Ils vont
être en mesure d'orienter et de contrôler leur développement
économique.
Un point que j'aimerais signaler et qui est très important est
celui-ci: Le ministre a sans doute fait cet inventaire dans le secteur
productif de notre économie, dans les secteurs primaire et secondaire
qui occupent, ensemble, environ 37 p.c. ou 38 p.c. de la main-d'oeuvre. C'est
là qu'il est important de faire porter nos remarques parce que, comme
l'a souligné le ministre cela reste le moteur de
l'activité économique une soixantaine de très
grandes entreprises sont responsables de plus de la moitié de la
production de tout notre secteur industriel. Il y a 60 grandes entreprises dont
on calcule la grandeur, si vous voulez, à partir de l'emploi, du chiffre
d'affaires, des profits ou du montant des investissements. On s'aperçoit
qu'il n'y a qu'une soixantaine de grandes entreprises au Québec qui,
à elles seules, sont responsables de plus de la moitié de toute
notre production industrielle.
Or, parmi ces 60, il n'en est que six sous contrôle
québécois. Six sur soixante. Cela est la mesure, si vous voulez,
de notre participation aux grands centres de décision dans le monde
industriel, dans le monde productif. Ces six, je pense qu'il convient
même de les nommer. Cela aura une importance aussi de s'apercevoir de
quel type d'entreprises il s'agit. Il y en a trois qui sont des entreprises
d'Etat, l'Hydro-Québec, Sidbec-Dosco et le complexe de la SGF, si vous
voulez, dont le morceau principal, bien entendu, est Marine Industries. Trois
sont des entreprises directement ou indirectement de l'Etat.
Deux, ensuite, sont des coopératives: La Coopérative
fédérée de Québec, la Coopérative agricole
de Granby. Une seule est une entreprise privée: C'est Bombardier. C'est
un cas un peu spécial, parce qu'il n'arrive pas fréquemment
qu'à partir d'une invention nouvelle, une entreprise, en si peu de
temps, puisse atteindre la taille qu'a atteinte Bombardier. C'est d'ailleurs un
exemple à peu près unique, même en Amérique du Nord.
Je pense que la croissance dans les cinq ou dix premières années,
même de Ford, dans un marché beaucoup plus vaste, il y a une
cinquantaine d'années aux Etats-Unis, n'a pas été aussi
spectaculaire que celle de Bombardier. Donc, trois entreprises de l'Etat, deux
coopératives, une entreprise privée. Cela montre
déjà par quelle forme d'entreprises les
Québécois
ont pu atteindre, si vous voulez, les ligues majeures, dans un sens.
Il y a une cinquième question que nous pouvons nous poser. Si on
ne contrôle pas six des 60 plus grandes entreprises industrielles au
Québec, dans un système semblable, et si on a tendance à
l'encourager en favorisant l'entreprise privée, ce qui est
équivalent à l'entreprise étrangère, du moins dans
les ligues majeures au Québec, va prendre des décisions
d'investissements, à titre d'exemple, à un moment donné,
quand, dans une industrie ou dans une entreprise, en particulier, il faut
renouveler de la machinerie pour éviter que celle-ci, un jour devenue
désuète, fasse qu'on ferme l'usine et qu'on renvoie quelques
milliers de travailleurs qui s'ajouteront aux deux cent quelque mille
chômeurs qu'il y a déjà au Québec?
C'est ce que cela donne, le contrôle de centres de décision
semblables. Cela met une collectivité en position de prendre ces
décisions qui ont des conséquences, par la suite,
considérables sur le taux de croissance et sur le taux de
chômage.
Dans la philosophie que nous propose l'ancien ministre de l'Education,
je vous demande: Qui prendra ces décisions?
Une sixième question, M. le Président, que je veux poser.
Les Québécois vont-ils toujours continuer à financer ces
entreprises et à financer leur développement économique,
mais sans jamais le contrôler, sans jamais être installés
aux centres de décision? Sur la question du financement, je pense qu'on
a maintenant, enfin, des éléments importants en main qui laissent
voir bien clairement que, même quand il s'agit d'une entreprise à
100 p.c. étrangère, son expansion est principalement
financée par des Québécois. Je ne veux pas revenir trop
longuement sur les propos qu'on a pu tenir, il y a quelques semaines, à
la suite de la publication du rapport Gray et de la législation
fédérale. Le point central, dans cette étude je le
rappelle encore une fois était le fait que l'expansion du secteur
étranger au Canada et forcément au Québec
également avait été financée à 80
p.c. par des capitaux nationaux, c'est-à-dire à partir de
l'autofinancement ou des sources internes de l'entreprise. Si on ajoute
à cela les prêts que peuvent faire nos institutions
financières à ces entreprises, plus les subventions que les
gouvernements, aux divers paliers, viennent leur accorder à partir des
taxes, on peut arriver, dans des cas, à dire que la collectivité
nationale locale finance parfois l'entreprise ou son expansion à presque
100 p.c, sans jamais avoir, pour autant, 1 p.c. ou 2 p.c. de contrôle,
c'est-à-dire le droit de vote au niveau du conseil d'administration.
Cette situation, je me demande combien de temps les
Québécois vont encore la tolérer. Je signale, à ce
sujet, le dernier sondage de l'Institut Gallup qui a été fait au
Canada. Il montre que le Québec est une des régions canadiennes
où le pourcentage était le plus élevé. On avait
posé la question suivante:
Pensez-vous qu'il serait souhaitable que les Canadiens rachètent
51 p.c. du contrôle des entreprises étrangères et
principalement américaines installées sur leur territoire? La
réponse, entre ceux qui disaient oui et ceux qui disaient non,
était dans l'ordre de deux pour un, au Québec, si on exclut les
indécis, bien entendu, ceux qui n'ont pas voulu répondre. A deux
contre un, les Québécois ont jugé qu'il était
prioritaire de rapatrier ces centres de décision. Cela, il est bon de le
signaler.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question? J'aimerais répondre aux autres, mais ce point me parait
tellement fondamental.
Le député serait-il d'accord, lui qui a déjà
administré des portefeuilles, pour dire de ces mêmes personnes qui
ont été à deux contre un pour cela et qui, sur le plan
économique, ont toutes les théories, que leurs portefeuilles,
à neuf contre un, sont justement les compagnies multinationales
détenues par d'autres?
Les gens disent: Cela serait bien agréable que les
Québécois aient le contrôle des entreprises. Offrez-leur
des parts de la SGF, vous verrez ce qu'ils feront. Ils vont aller prendre les
parts de CPR. Vous en avez vous-même, et vous êtes dans le Parti
québécois. Demandez aux gens combien il y en a qui sont
actionnaires de CPR, de compagnies internationales et qui ne sont même
pas prêts à mettre un sou dans les entreprises
québécoises.
M. JORON: Vous soulevez une question qui demanderait une réponse
fort longue. Je suis bien prêt à faire une petite digression dans
l'exposé préliminaire que je voulais faire.
M. SAINT-PIERRE: Ce serait le cercle vicieux.
M. JORON: Je vous signalerai ceci: Encore faut-il qu'il y ait des
véhicules qui permettent cet investissement. Or, quels sont-ils, au
Québec? Il y avait justement la SGF, mais qu'y a-t-il à part
cela? Qu'y a-t-il d'autre comme véhicule qui permette, justement, cette
canalisation d'épargne? Il faudrait les créer, ces
véhicules.
M. SAINT-PIERRE: Oui, je le sais.
M. JORON: La SGF a été un véhicule insatisfaisant.
On va en reparler tout à l'heure.
M. SAINT-PIERRE: J'y reviendrai dans ma question. Mais on a introduit
dans l'esprit des gens que l'entreprise privée, que le capital, que la
compagnie, c'était presque un mal, c'était presque une invention
du diable. On a vu encore récemment des cas où l'on a dit: II ne
faut pas faire de compagnie. Il ne faut pas même faire de
coopérative. Il faut faire des espèces de sociétés
très floues. Comment vou-
lez-vous y investir? Y a-t-il beaucoup de Québécois qui
investissent dans les compagnies francophones qui sont publiques, où
c'est très facile d'acheter des actions, comme le député
le sait?
M. JORON: Je tiens à souligner, et vous le comprendrez
facilement, que, lorsque vous achetez une action déjà
émise, déjà en cours, que ce soit à la Bourse ou
sur un marché secondaire, comme cela, l'argent que vous dépensez,
si vous achetez, par exemple, dix actions de Bombardier, ne s'en va pas dans
les coffres de la compagnie Bombardier. Il s'en va dans les poches de celui qui
vient de vous vendre ces actions. C'est seulement un transfert de titres; ce
n'est pas un investissement.
M. SAINT-PIERRE: Mais si on parle de rachat de propriété
à 2 pour 1, il faut justement entrer dans le mécanisme de faire
ce que vous venez de dire: payer à ceux qui sont actionnaires. A moins
qu'on adopte une loi et qu'on les mette tous à la porte.
M. JORON: D'accord. Mais remarquez que le sondage auquel je faisais
allusion portait sur l'ensemble de la population, pas un sondage qui
s'adressait uniquement à ceux qui ont suffisamment de ressources
financières pour avoir un portefeuille, qu'il soit petit, moyen ou gros.
C'est un sondage général.
Ceci dit, je voudrais signaler brièvement les points principaux
de la politique que nous suggérons en remplacement de celle qui a
été énoncée par le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Au Parti québécois, l'exécutif du parti a
publié récemment un manifeste dont un des points principaux
était ce que je qualifierais une opération de rapatriement, parce
qu'il nous est apparu que le contrôle de centres de décision
était un préalable à des actions futures. On a
situé cette opération rapatriement à trois niveaux. Il y
en a deux qui ne nous intéressent pas directement ici, mais le
troisième nous intéresse. Je ferai donc seulement une
brève allusion aux deux premiers.
La première opération de rapatriement c'est, bien
sûr, au niveau politique, rapatrier le droit de légiférer
sur les matières économiques. Cela implique la
souveraineté du Québec. C'est un rapatriement d'ordre politique.
Là-dessus, je signale que tout récemment, dans une entrevue
à la Gazette, commentant la démission avortée du ministre
des Affaires sociales, le premier ministre lui-même a dit qu'il se
scandalisait de l'ingérence fédérale, qu'il n'acceptait
pas la primauté législative du gouvernement fédéral
en matière d'affaires sociales et il est allé jusqu'à dire
qu'elle avait beaucoup moins d'importance et de conséquences en
matière économique. Vous comprendrez que nous sommes loin de
partager cet avis et que ça nous a paru une monstruosité.
Il nous paraît nettement que quand nous vivons dans un
système politique où le niveau de gouvernement qui n'est pas
contrôlé directement par les Québécois a le
contrôle non seulement de la partie la plus importante de la
fiscalité, mais également le droit exclusif de
légiférer sur les banques, sur les chemins de fer, sur les ports,
les aéroports, les douanes, les tarifs, la monnaie, le crédit, il
devient un peu illusoire ensuite pour un gouvernement provincial démuni
de ces pouvoirs de venir parler de grande politique de développement
économique quand les trois quarts des outils ou des instruments se
situent dans un autre Parlement.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permettrait? Sans
tomber dans la partisanerie, je suis intéressé par la suggestion
qui est apportée. Si j'ai bien compris le chef de votre parti, à
une émission à la télévision, il admettait
lui-même que, dans le cas d'un Québec indépendant, avec
votre programme, comme sur le plan de la monnaie vous vouliez en venir à
une entente avec le Canada pour la monnaie canadienne, tous les outils devaient
être non seulement à l'intérieur de notre propre pays,
comme c'est le cas maintenant, mais remis à un pays étranger.
C'est-à-dire qu'un gouvernement qui soutient la monnaie va être
capable d'avoir le contrôle complet de la politique monétaire,
tarifaire, fiscale même pour être capable de soutenir sa
monnaie.
Est-ce que ce n'est pas la preuve qu'on est encore... Au moins
aujourd'hui il y a certains mécanismes qui permettent de dire: Nous
sommes dans le même pays et nous avons ceci, et si vous ne faites pas
cela, nous pouvons faire cela. Mais demain on dit: Pour avoir le
privilège de prendre votre monnaie, nous acceptons qu'un autre pays va
nous dicter certaines choses sur le plan tarifaire, monétaire et fiscal.
Ce n'est pas beaucoup plus grave?
M. JORON: Le ministre m'invite encore à une petite digression. Je
vais tomber encore une fois dans le panneau et m'engager brièvement dans
cette question. Il a signalé un domaine en particulier, c'est juste,
où le degré de souveraineté est moindre que dans d'autres.
C'est exact. Sauf que la proposition du Parti québécois n'est pas
tout à fait comme la décrivait le ministre de l'Industrie. Il ne
s'agit pas de remettre la souveraineté totale sur ces domaines-là
à un organisme étranger, mais il s'agit, conjointement avec un
pays qui serait étranger à ce moment-là, de créer
un organisme commun dans lequel on ne sera pas l'élément qui
occuperait... A un conseil d'administration d'une nouvelle Banque du Canada,
par exemple, on n'occuperait sans doute pas les deux tiers des sièges.
Parce que là il y a le poids des deux pays concernés à
considérer.
Il y a une perte de souveraineté proportionnelle à cet
égard-là, c'est vrai. Mais c'est quand même mieux que la
situation actuelle où c'est seulement indirectement, par l'influence ou
par
les suggestions, que les députés québécois
au Parlement fédéral peuvent agir sur un instrument qui
appartient quand même exclusivement au gouvernement
fédéral. C'est un mode d'organisation différent que de
créer un organisme conjoint de deux parties par rapport à la
situation actuelle.
Ceci dit, je ne veux pas m'éterniser trop longtemps
là-dessus, mais revenir plus directement à ce qui nous
intéresse ici. J'ai dit qu'on suggérait des opérations de
rapatriement sur trois plans.
On vient de dire quelques mots du niveau politique; il y a
également un deuxième plan où on suggère un
rapatriement également total, c'est dans le cas des institutions
financières. Mais je n'élaborerai pas là-dessus, parce
qu'on l'a fait dans une autre commission.
Le troisième plan, c'est au niveau des entreprises, du secteur
industriel, au niveau, si vous voulez, de ces quelques 60 grandes compagnies,
grandes entreprises qui dominent et qui sont les leaders du monde industriel
québécois. Là on suggère de faire une
sélection, de prendre des cas choisis pour que les
Québécois s'installent comme leaders dans un nombre choisi et
limité forcément de secteurs, de façon à pouvoir
acquérir un certain leadership sectoriel.
Comment propose-t-on de faire ça? Notre proposition globale, si
vous voulez, notre philosophie globale est l'inverse de celle du gouvernement
libéral. Il donne l'initiative ou le leadership de l'activité
économique au secteur privé, nous donnons ce leadership, cette
initiative première à l'Etat. C'est l'inverse. Mais dans les deux
cas, ça reste un secteur mixte. Nous aussi disons que ce sera une
économie où il y aura trois types d'agents.
Il y aura l'Etat, il y aura des agents privés, il y aura des
agents coopératifs, trois différents types de structure, avec le
même accent mais pas dans le même ordre que le suggère le
gouvernement actuel. Le leadership, parmi ces trois agents-là, nous le
confions à l'Etat, en pensant que l'Etat est plus en mesure de
représenter les intérêts de la collectivité. Ceci
dit, le rôle que l'on veut faire jouer à l'Etat, c'est un
élargissement du secteur public dans différents domaines. Je me
contente ici d'en citer quelques-uns: un élargissement du secteur
public, par exemple, dans le domaine, en faisant passer entièrement au
secteur public les moyens de communication, la radio, la
télévision ainsi de suite.
C'est aussi en faisant passer entièrement au secteur public
non pas entièrement je m'excuse là, je vais me reprendre
principalement au secteur public le problème du logement. Que
l'Etat devienne le principal entrepreneur, le principal agent économique
en matière de logement pas exemple. Je signale en passant que les sommes
annuellement consacrées dans l'économie québécoise
que les investissements annuels faits dans l'habitation et le logement sont
aussi importants que dans le secteur manufacturier.
Cela a donc un effet d'entraînement économique
considérable, si on veut accorder une priorité à ce
secteur-là. C'est principalement également, je le dis, de deux
façons. Le rôle de l'Etat, par l'élargissement du secteur
public et par la création par l'Etat, parfois avec des partenaires; mais
ça, je vais en dire un mot, dans quelques minutes, fort
brièvement je vous l'assure, par des créations nouvelles par
l'Etat. A ce sujet-là, nous suggérons que l'Etat emploie son
pouvoir d'achat, de façon à créer chaque fois que
son pouvoir d'achat peut lui donner l'occasion de susciter la création
sur son territoire une industrie dans un secteur où il est
souvent le principal acheteur, le plus gros client, de façon à
donner à l'Etat l'occasion en même temps de créer cette
entreprise, surtout si elle n'existe pas au Québec.
Je pense à certains exemples, par exemple les quelques $100
millions que le ministère de l'Education a dépensés depuis
quelques années au Québec, simplement en matériel
électronique, audio-visuel et tout ça. C'est une industrie qui,
dans certains secteurs, est tragiquement absente au Québec. Cela aurait
été l'occasion d'en susciter la création par l'Etat.
Peut-être pas l'Etat exclusivement à ce moment-là, parce
qu'il faut apporter de la technologie, il serait probablement nécessaire
à ce moment-là que l'Etat se trouve un associé, une
compagnie étrangère associée.
Qu'on songe seulement à ce qu'est le pouvoir d'achat de l'Etat
aujourd'hui, il a un budget de $4 milliards, dans le cadre actuel. Mais
ça devient $8 milliards dans le cadre d'un Québec souverain. Si
on y ajoute tout le secteur parapublic, l'Hydro-Québec, tout le
parapublic qui est actuellement fédéral et qui devient
québécois par voie de conséquence de
l'indépendance, on en arrive à un pouvoir d'achat assez
fantastique, donc la création d'entreprises nouvelles.
Finalement je terminerai mes propos là-dessus, M. le
Président on suggère à l'égard des
entreprises c'est à ce sujet-là qu'on rejoint plus
directement les préoccupations du ministère de l'Industrie et du
Commerce et du commerce tel qu'il fonctionne dans le moment celles qui
ne tombent pas dans le secteur public, un code d'investissement qui
définit trois types d'entreprises essentiellement: des secteurs qui
doivent être réservés exclusivement aux
Québécois, des secteurs qui peuvent être conjoints avec
l'étranger et des secteurs qui, pour l'instant, ne nous apparaissent pas
avoir des conséquences sur l'orientation du développement
économique. Ainsi, l'on peut se permettre de les laisser
complètement ouverts au capital étranger.
Il s'agit donc d'une proposition qui accomo-de différents types
d'agents économiques, si vous voulez. Dans certains secteurs, ceux qui
doivent être exclusivement québécois, cela implique une
certaine nationalisation dans certains cas, pas à partir d'une
philosophie quelconque mais à partir d'une nécessité
pratique, à partir
d'une philosophie pragmatique. Je vais en donner un exemple. Relions
cela à ce que disait le ministre de l'Industrie et du Commerce, toujours
dans la même conférence, au sujet des nationalisations. Il disait:
Pour que la nationalisation des principaux secteurs industriels soit
entreprise... cela pour des raisons de pure logique, parce que des exemples
nous ont prouvé que la nationalisation freine la croissance de
l'entreprise et la productivité des secteurs nationalisés dans la
majorité des cas.
M. le Président, je m'oppose à cette constatation.
J'aimerais que le ministre l'explicite davantage. Pour citer des exemples
locaux que l'on connaît, des exemples familiers aux
Québécois ou aux Canadiens, est-ce que la nationalisation de
l'Hydro-Québec a entraîné une baisse de productivité
dans cette industrie-là? Pourriez-vous qualifier des entreprises
nationales fédérales comme Eldorado Mining, Polymer Corporation,
Panartic Petroliums, etc. d'entreprises non rentables? Le fait qu'elles soient
des sociétés d'Etat entièrement ou partiellement dans
certains cas en fait-il des entreprises non rentables?
Dans d'autres pays aussi on a eu des exemples où la
nationalisation a été le seul moyen de débloquer un
secteur et de lui assurer une certaine efficacité. Pensons à ce
que l'Italie a fait, par exemple, avec l'IRI, l'Institut de reconstruction
industrielle. Dans un secteur particulier, l'action de l'IRI s'est faite dans
le domaine des entreprises de produits chimiques en Italie, où on a
finalement, par l'intervention de l'IRI, amené la fusion d'à peu
près toutes les entreprises italiennes de produits chimiques pour donner
naissance à un géant ou à un monopole italien, le monopole
de Montecatini.
Le même cas existe à peu près en France, où
une compagnie, dans le domaine des produits chimiques, domine à peu
près toutes les autres. On n'a pas été obligé de
procéder par des nationalisations parce que déjà cette
entreprise privée, Rhône-Poulenc, s'était installée
comme le leader incontesté du secteur. En Angleterre, vous trouverez
presque un monopole également dans le domaine des produits chimiques,
l'Impérial Chemical Industries. Si des pays qui ont des marchés
beaucoup plus vastes que le Québec ont senti le besoin, pour
rationaliser et pour rendre efficaces leurs industries de produits chimiques,
de les fusionner et de les concentrer, on peut s'apercevoir à quel point
le même raisonnement serait vrai au Québec.
Qu'est-ce que vous pouvez faire au Québec quand cette industrie
est représentée ici par un certain nombre de filiales de
compagnies-mères étrangères, américaines ou
britanniques? Dans les deux cas, les lois antitrusts des pays des compagnies-
mères leur interdisent la fusion sur le marché
québécois. On a assisté au Québec, il y a une
quinzaine d'années à peu près, au bris de CIL, Canadian
Industries Limited, qui était, pour 50 p.c, propriété de
Du Pont et, pour 50 p.c, propriété de ICI de Londres. Les lois
antitrusts américaines ont dit: Vous êtes à faire un
cartel, un monopole au Québec. Peut-être que c'était
beaucoup plus efficace dans la rationalité de l'économie
québécoise de n'avoir qu'un seul géant chimique au
Québec.
L'extra-territorialité des lois antitrusts
étrangères a obligé le franctionnement en deux
unités. On a brisé ce monopole et c'est devenu CIL, d'une part,
et Du Pont Canada d'autre part. On a même l'image physique aberrante de
la grande usine de Shawinigan, par exemple, qui appartenait à l'ancienne
compagnie qui a été coupée en deux. On a mis une
clôture en plein milieu de la bâtisse.
D'un côté, il se fait une production et de l'autre
côté il se fait... On a coupé sur toute la longueur la
ligne de production en deux, si vous voulez.
Quand on est placé dans des situations semblables, la
nationalisation n'est pas un instrument pour diminuer l'efficacité d'un
secteur, c'est au contraire, le seul instrument possible pour rendre ce secteur
efficace. La nationalisation, ensuite les fusions. Si c'est le seul moyen par
lequel vous pouvez amener ces entreprises à se fusionner, ça
reste le moyen qu'il faut prendre pour assurer cette efficacité et
assurer un de vos soucis la possibilité à ces
entreprises d'exporter et de déboucher sur les marchés
internationaux et de ne pas seulement vivoter au Québec,
protégées par des tarifs extérieurs. C'est un exemple que
j'ai voulu donner, M. le Président. Dans cet esprit on parle, dans le
manifeste du Parti québécois de nationalisation limitée et
choisie dans des cas spécifiques.
Il y a finalement une deuxième catégorie je l'ai
signalée celle où le contrôle peut être
étranger moitié, moitié, par exemple, des "joint
ventures". A cet égard, par exemple, on se demande pourquoi l'Etat
québécois qui, par la SDI, accorde des prêts ou du
financement aux entreprises, et qui, par les bills 20 et 21, accorde des
exemptions fiscales qui sont une contribution indirecte de deniers publics
à l'entreprise, pourquoi il choisit cette méthode, plutôt
que de prendre pour l'équivalent une participation directe au
capital-actions de ces entreprises. C'est donc, dans certains secteurs, la voie
que l'on suggère.
Troisièmement, il y a un secteur qui reste ouvert à
l'entreprise privée. Là on propose un support efficace de la
petite surtout et de la moyenne entreprise privée parce que c'est
là qu'on retrouve les Québécois, dans la petite et la
moyenne entreprises, ce n'est pas dans les 60 grosses dont on a parlé
tout à l'heure, c'est dans la petite et la moyenne, pour assurer que la
petite et la moyenne entreprises puissent continuer de vivre au
Québec.
Elle va continuer de vivre si elle peut être sous-traitante des
grandes entreprises. Dans la mesure où il y a un divorce entre la
nationalité de ceux qui ont les petites et les moyennes et ceux qui ont
les grandes, la survie des petites et des moyennes entreprises au Québec
devient très précaire. C'est pourquoi on a fait porter la
priorité sur le rapatriement d'un certain nombre de grandes
entreprises pour permettre justement que la jonction entre la petite et la
moyenne et les grandes s'installe assurant, soit par voie de sous-traitance ou
de contrats de fourniture, la survie de nos petites et moyennes entreprises, et
pas seulement la survie selon la politique d'achat du gouvernement; l'expansion
aussi, et au moyen d'une banque d'exportation export-import, la
possibilité de déboucher sur les marchés étrangers,
l'aide financière de l'Etat pour leur permettre d'atteindre une certaine
taille dans certains cas, et là je rejoindrais entièrement
certaines des préoccupations du ministre de l'Industrie, un effort
massif d'un ministère de l'Industrie du côté de
l'exportation pour leur permettre de déboucher sur les marchés
étrangers.
A ceci s'ajoute et je termine là-dessuus en
même temps que ces opérations de rapatriement, que ces actions de
déblocage dans certains secteurs industriels, un souci de faire entrer
l'homme, le Québécois, qu'il soit consommateur, travailleur et
ainsi de suite, dans le circuit des décisions qui se prennent dans la
grande entreprise, une implication à la vie démocratique,
à la vie économique, du principe démocratique que l'on a
accepté dans certains aspects de notre vie collective, entre autres dans
le domaine politique, bien qu'encore il faudrait peut-être faire des
réserves. La transposition de ce principe au niveau de
l'économie, ça impliquerait quoi? Cela impliquerait, par exemple,
que dans les entreprises d'Etat, ou dans les principales entreprises
privées, la législation impose, prévoie la cogestion,
jusqu'à un certain point, à titre d'exemple. Dans certains cas
d'entreprises d'Etat on peut peut-être même aller, selon les
secteurs, c'est bien évident, et selon le temps aussi, parce que tout
cela va se faire sur une assez longue période, il faut en convenir aller
même jusqu'à l'autogestion de certains types d'entreprises
d'Etat.
Egalement, par l'importance...
M. SAINT-PIERRE: Le député pourrait-il expliquer ce que
veut dire pour lui la cogestion et l'autogestion, ce que ça veut dire
dans le contexte?
M. JORON: Cela veut dire des sièges au conseil d'administration
aux employés d'une industrie et peut-être même aux
consommateurs d'une industrie. Evidemment, les consommateurs ne sont pas
organisés pour se prévaloir de ce droit si on le leur accordait
à l'heure actuelle. Cela implique évidemment bien des
organisations, peut-être le regroupement des consommateurs en une
fédération des consommateurs. Mais on commence
déjà, même à l'intérieur d'un pays que j'ai
toujours cru capitaliste comme les Etats-Unis, par exemple, à
prévoir le jour où les représentants élus des
consommateurs siégeraient, par exemple, au conseil d'administration de
General Motors, même si ça devient une entreprise
privée.
C'est à ce type d'intégration des citoyens, soit à
titre d'employés, de salariés dans une industrie, soit à
titre de consommateurs que l'on prévoit pour l'avenir, également,
cette participation des citoyens en les privilégiant nettement et le
plus souvent, chaque fois que c'est possible, et je réalise que la
formule coopérative n'est pas applicable, cependant, dans tous les
secteurs.
En résumé, je reprends, en terminant, une des
dernières phrases du discours du ministre de l'Industrie et du Commerce
toujours â l'Association canadienne des manufacturiers, il y a deux
semaines. Il disait la phrase suivante: "Si le Québec a besoin de
capitaux étrangers, il poursuivra néanmoins une prise en main
bien logique de son économie. Essentiellement, c'est du Québec
même que doit jaillir son propre renouvellement économique." C'est
ce que nous avons toujours cru, M. le Président. C'est justement parce
que nous y croyons que j'ai voulu expliciter certaines des propositions qui
donneraient suite à cela. J'ai l'impression que la philosophie et la
politique de développement économique que nous a
présenté le gouvernement, surtout par son ministre de l'Industrie
et du Commerce, ne fait que, je n'ai pas le terme français, mais on dit
"pay lips service" à un principe mais sans s'assurer du tout que dans
les faits, par les politiques et par les lois que vous avez passées ou
celles que vous passerez, vous ne donnerez pas suite du tout à cette
idée avec la philosophie que vous nous avez exprimée. Merci.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, en tentant de faire une
brève réponse, je pense que ce n'est pas le moment
approprié de faire une critique du manifeste du Parti
québécois. D'ailleurs, on ne perd rien pour attendre, parce que
je me prépare â en faire une. Peut-être que l'étude
des crédits de mon ministère n'est pas le moment
approprié.
Je remercie le député de Gouin. Il y a certaines questions
qui sont intéressantes, qui méritent qu'on y apporte un moment de
réflexion. J'aurai de brefs commentaires à la suite de ce qu'il a
dit. Si je n'ai pas répondu à des questions spécifiques,
il n'aura qu'à me le rappeler et cela me fera plaisir de le faire.
Il me semble qu'au départ, il y a quand même certaines
questions de choix et de priorités. Je m'explique. Pour ma part, il me
semble qu'il y a deux voies possible. Il y a une voie possible... comment
appelez-vous votre manifeste? Quand on sera vraiment chez nous. Il y a une voie
possible qui pourrait démontrer que c'est notre priorité que
d'être vraiment chez nous. S'il y a 6 millions de gens qui sont
prêts à être d'accord sur cela, que c'est la
priorité, je pense que tout le monde autour de la table pourrait
être d'accord à savoir comment on y viendra.
Le député nous en a mentionné un petit peu à
longue haleine, mais si c'est vraiment la priorité je pourrais, sans
beaucoup d'imagi-
nation de ma part, lui en indiquer d'autres à l'effet que, dans
très peu de temps, tout le monde va s'en aller et nous serons vraiment
chez nous. Nous pourrions simplement, au niveau de la politique des revenus de
la province, au niveau de l'impôt foncier, faire des distinctions. Il
faut favoriser certains pour en défavoriser d'autres. C'est ce que cela
implique. On peut simplement dire: Très bien, les taxes scolaires, ce
sont simplement les compagnies qui n'appartiennent pas aux
Québécois qui vont les payer. On peut jouer pleinement avec ces
pouvoirs. J'ai l'impression que dans l'espace de six mois, nous serons vraiment
chez nous.
M. JORON: Vous admettrez que ce n'est pas cela qu'on suggère.
M. SAINT-PIERRE: Non, ce n'est pas cela que vous suggérez et
c'est pour ça que cela me parait vous m'excuserez
fondamental. C'est comme autre chose. Il ne faudrait pas prendre des moyens
pour des fins. J'ai toujours dit, et je pense que le député l'a
dit lui-même pour son propre parti, que l'indépendance ou le
fédéralisme ne sont pas des fins en soi. Ce sont des moyens pour
atteindre quelque chose qui signifie l'épanouissement collectif et
individuel des Québécois.
Or, il faut être bien certain, si on se fixe comme objectif
d'être maîtres chez nous, que nous prendrons les moyens pour
être là le plus rapidement possible. Il ne faudrait pas être
trop entre les deux, sur la clôture. Car, pour moi, l'autre choix
j'y reviendrai, je l'expliquerai c'est de dire: quels sont les moyens
pour que, graduellement, on prenne en charge notre économie, pour que le
Québec, sur le plan économique, par son dynamisme
intérieur, occupe les positions qu'il devrait occuper, que la population
francophone y occupe les postes de commande et les postes qui ont une
influence. Est-ce qu'un des moyens et peut-être le seul moyen, est
véritablement d'être maître de quelque chose qui signifie
quelque chose? Parce que être maître de rien cela ne signifie pas
grand-chose. Ce n'est pas tant sur le plan de l'éducation mais sur
d'autres plans qu'il faut être graduellement en position, tant sur le
plan du niveau de vie que sur le plans des revenus personnels, que sur le plan
de pouvoir avoir une marge de manoeuvre sur l'épargne, sur la
propriété qui revient aux Québécois, sur
l'acquisition de connaissances, sur l'acquisition d'expériences
pertinentes en milieu industriel, d'être en position telle que les
Québécois, et je vais être très clair
les Québécois francophones seront capables d'avoir une
expérience plus pertinente. De telle sorte que dans quinze ans, on ne se
retrouve pas où on était il y a quinze ans ou il y a cinquante
ans.
Je pense que nous pouvons faire le tour de la table. Mon
grand-père était forgeron dans le comté du
député de Shefford. Bon, on a réussi à faire
certains progrès. Cet essor a pu être fait.
Si des gens qui occupent des postes de commande, ont pu accentuer cette
prise de position le plus possible, dans quinze ans, nous serons
peut-être encore plus en mesure d'agir dans le sens que vous avez
mentionné. En d'autres termes, votre théorie on a
déjà eu des discussions entre-temps était
peut-être excellente il y a cinquante ans et le sera peut-être dans
cinquante ans, mais, dans le moment, elle ne me parait pas réaliste.
Il y a un autre point qui me paraît fort important. Quelqu'un que
vous connaissez bien, l'a étudié. C'est le professeur
Migué de l'ENAP qui a fait des études sur l'influence de
l'entreprise multinationale. Pendant longtemps, on a pensé qu'il y avait
une relation directe entre un système d'éducation et le niveau de
vie de certaines gens. On a dit: Aux Etats-Unis s'il y a un bon niveau de vie,
c'est qu'il y a un bon système d'éducation. Nous, nous sommes en
retard. Il faut investir dans l'éducation. Or, plusieurs recherches
sérieuses on n'a qu'à lire, en particulier, un volume que
je vous recommande "Regards d'universitaires" qui touche la question
décèlent très nettement que l'influence du système
d'éducation est beaucoup moindre qu'on n'a pu le penser. Finalement,
dans les économies, particulièrement du monde occidental, dans le
moment, c'est beaucoup plus l'influence très marquante du réseau
d'entreprises multinationales réseau dans le sens
d'échanges d'informations, d'échanges d'expériences, de
réseau de mise en marché qui a permis à certaines
collectivités, à certains prix, je veux bien l'admettre, d'avoir
un certain niveau de vie que d'autres n'ont pas eu. Je m'excuse, je vais
prendre un exemple très banal. Je sais que c'est un mauvais exemple. On
n'a qu'à se promener en avion au-dessus de Haiti et de l'île
voisine, Porto Rico, pour voir ce que je veux dire. J'admets qu'il y a un prix
à payer. Je ne suis pas certain que les gens, à Porto Rico, sont
plus heureux que les autres. Ce sont des questions encore peut-être plus
fondamentales.
M. GAGNON: Envoyez donc votre livre à l'ancien ministre de
l'Education, Gérin-Lajoie.
M. SAINT-PIERRE: Oui? En tout cas, tout cela pour simplement vous dire
que l'existence, dans un milieu territorial donné, d'une partie d'un
réseau multinational, c'est ça qui apporte, dans une très
large mesure, une technologie avancée, des expériences de
gestion, une possibilité de mise en commercialisation de produits. On
peut bien produire inutile de revenir sur l'expérience de Sogefor
un très bon produit, mais, quand on n'est pas capable de le
vendre à l'intérieur d'un réseau, on se retrouve mal
pris.
Alors, pour moi, ce choix fondamental, il faut le faire. On ne peut pas
être entre les deux. Je crois comprendre que le député dit:
L'objectif, cela devrait être qu'on soit maître chez nous. Moi, je
dis: L'objectif, cela devrait être que, de plus en plus, on tente
d'accroître la
pénétration des francophones dans les postes de commande
de l'entreprise multinationale et également de stimuler les entreprises
qui nous sont propres. Je vais y revenir un peu plus tard.
Par contre, lorsqu'on tente d'aborder ce problème, il faut bien
se rendre compte des difficultés qu'on peut rencontrer chez des
Québécois. Là, je pense, que si l'on veut faire notre
progrès, il faudra être conscient, à la fois, de nos forces
et de nos faiblesses. Comme le député de Gouin a tenté
surtout de montrer nos capacités d'agir, je suis peut-être
porté à mettre un peu de noir sur sa peinture blanche. Si
quelqu'un me donnait de la peinture noire, je serais porté à
mettre de la peinture blanche, parce qu'il y a quelque chose entre les deux.
Quelles sont ces difficultés? Là, on parle bien du secteur
productif de notre économie j'ai bien aimé le terme
le primaire et le secondaire. Je veux juste prendre quatre exemples qui vont
montrer les difficultés réelles qu'on a simplement à
s'aventurer dans le champ que vous avez suggéré et les
difficultés réelles que nous allons, nous-mêmes, rencontrer
pour faire ce que nous tentons de faire sur le plan économique.
Votre parti, je suis certain, n'est pas un parti bourgeois. C'est un
parti représentatif de la population. Tentez de faire un
échantillonnage, à savoir combien de vos membres sont à
des postes de commande dans le secteur primaire. Pas les postes de commande, je
vais être généreux; la proportion de vos membres qui sont
dans le secteur primaire et dans le secteur secondaire. Vous verrez tout de
suite une certaine anomalie. Vous verrez que chez vos propres gens je ne
les blâme pas, je les encourage même à être
très actifs dans n'importe quel parti politique il y a une
carence assez fondamentale.
En d'autres termes, c'est peut-être une boutade, ceux qui se
préoccupent de l'avenir économique du Québec, souvent
je ne reprendrai pas les mots de M. Godin, dans la dernière revue
Maclean ce sont des gens qui sont prêts à rêver du
socialisme en prenant un repas chez Bardet. Ils sont prêts à
parler de socialisme en prenant un repas, à côté d'une
bonne bouteille de vin, chez Bardet, à Montréal. Il faut
être réaliste, en somme.
Je vais vous donner un autre cas. Analysons simplement le choix des
étudiants. Dieu sait qu'au niveau de l'éducation il s'est quand
même fait des efforts. Le choix des étudiants pour les options,
tant au niveau collégial qu'au niveau universitaire, je vous dis que
c'est assez décevant. Je ne vous annonce rien en vous disant qu'il y a
deux ans lorsque j'ai pris le ministère de l'Education sur
à peu près 3,400 bourses qu'on donnait au niveau
postuniversitaire, des études de maîtrise et de doctorat, il y en
avait 44 qui étaient dans le secteur de l'administration, des sciences
pures et des sciences appliquées. Il y en avait 44 sur 3,400. Ces 44, ce
sont les seuls qui, réellement, se destinaient au secteur primaire et au
secteur secondaire.
Je peux vous donner un autre exemple. Je vous ai parlé,
tantôt, il y a quelques minutes, du programme de bourses de MBA: $8,500
à ceux qui avaient au moins deux ans d'expérience dans
l'industrie. Une somme de $8,500, pour quelqu'un qui vient de sortir de
l'université, c'est quand même, pour avoir accès à
un diplôme MBA, quelque chose d'assez attrayant. Mais je ne vous apprends
rien en disant que plus de 65 p.c. de ceux du Québec il fallait
être résident du Québec qui ont fait une demande
étaient des anglophones. Il y en a 82 p.c. qui ont eu la bourse qui
étaient des francophones. Mais si on s'en était tenu seulement
à des critères de compétence, de préparation parmi
ceux qui avaient fait une demande, il y aurait eu plus d'anglophones.
Que voulez-vous faire? On fait de la publicité. A peu près
toute la publicité a été faite dans les journaux
francophones, et c'est cela qu'on a ou comme résultat.
Je prends un dernier exemple. Si on prend le champ des
ingénieurs, que je connais bien, ce n'est pas la fin du monde. Ce n'est
pas eux qui feront tout au monde. Mais c'est un champ qui est relié au
secteur que vous avez mentionné, l'industrie primaire et l'industrie
secondaire. Est-on conscient que dans le moment, au Québec, sur les
15,200 ingénieurs qui résident au Québec, les francophones
représentent à peine 50 p.c. ou 51 p.c? Cela se promène
entre 49 p.c. et 50 p.c. Il y a 50 p.c. des ingénieurs
québécois, donc, qui sont des non-francophones. Plus que cela,
lorsqu'on analyse où se retrouvent les ingénieurs francophones,
qui constituent 50 p.c, on trouve que seulement 20 p.c. d'entre eux se
retrouvent dans l'industrie primaire et dans l'industrie secondaire, que 80
p.c. sont allés à l'Hydro-Québec, à la ville de
Montréal, au gouvernement provincial et dans le
génie-conseil.
Je ne les blâme pas, mais je fais un constat. Dans le secteur qui
vous préoccupe, la productivité, non seulement on n'a pas presque
la majorité des ingénieurs mais plus que cela, dans le secteur
secondaire et primaire, on représente à peine 20 p.c. On peut,
demain matin, être maître chez nous mais il faudrait's'assurer
qu'en faisant cette expérience de maître chez nous on ne
répète pas je le dis avec beaucoup de circonspection
ce qui s'est produit en Afrique noire, en 1950, où, finalement,
dix ans après, on se retrouve dans un Etat de colonialisme, qui est
peut-être plus déguisé, moins politique, mais qui est
encore beaucoup plus réel.
Vous avez mentionné six firmes, le secteur des
coopératives. Il ne faudrait quand même pas négliger le
fait que le gouvernement accorde, je pense, beaucoup plus d'importance à
ce secteur qu'au secteur de l'entreprise multinationale. Je l'ai dit
moi-même en anglais au secteur privé québécois: Ne
vous surprenez pas si nous faisons porter le gros de nos efforts sur ce que
j'ai appelé un capitalisme québécois. Un capitalisme
québécois, pour moi, c'était, dans le sens large du terme,
également les coopératives...
M. JORON: ... coopératives.
M. SAINT-PIERRE: Les coopératives, pour moi, ne sont pas des
entreprises socialistes. Ce sont des gens qui se mettent ensemble et qui au
lieu d'utiliser une formule qui s'appelle la société...
M. JORON: Nous ne nous chicanerons pas sur des définitions.
M. SAINT-PIERRE: Nous nous comprenons.
Ce que je voulais dire, c'est que c'est un secteur privé
québécois. Qu'il s'appelle coopérative, je n'y ai
absolument aucune objection, si on pense comme vous le pensez que dans certains
secteurs c'est mieux que dans d'autres. C'est ça que nous voulons
surtout. Je pense que dans l'ensemble de nos programmes vis-à-vis de la
petite et de la moyenne entreprise, l'ensemble de nos préoccupations,
l'ensemble des situations de dépannage se fait passablement plus du
côté francophone que de celui de l'entreprise multinationale. Et
je pense que ça se justifie pleinement.
Vous avez parlé des filiales qui ne se conformeront pas à
nos plans. Je vous ferai remarquer que pour le gouvernement
fédéral comme pour le gouvernement provincial une des grandes
préoccupations vis-à-vis des filiales n'a peut-être pas
été tellement le capital-actions du moins pour le
gouvernement provincial mais la marge de manoeuvre que possède la
filiale québécoise.
C'est ainsi qu'au niveau des subventions et également surtout au
niveau des projets de recherche où les subventions sont très
fortes le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ne
les consentent pas si la filiale n'a pas la zone de manoeuvre qu'on calcule
nécessaire pour avoir une pleine expansion. C'est-à-dire que si
une filiale québécoise n'est pas capable sur des marchés
internationaux d'être en concurrence avec sa maison-mère parce que
les règlements l'en empêchent, on ne donne aucune subvention de
recherche dans ce cas.
On donne une subvention de recherche lorsque la filiale
québécoise est capable de connaître toute l'expansion
possible avec ce qui est découvert ici et que la fabrication du produit
va rester au Québec.
Dans mon discours, je pense qu'il y a un argument assez important, c'est
que dans la nationalisation massive, peu importe le degré de capitaux
qu'on a, un des effets qu'il ne faudrait pas perdre de vue et qui me parait
très important c'est qu'avec les sommes qui sont données
parce qu'à moins de faire comme Fidel Castro, je crois comprendre qu'on
procédera graduellement, vous parlez d'une opération de
récupérage on va tenter de racheter le capital- actions,
tenter de s'insérer.
Ce qu'il ne faut jamais oublier, c'est que le capital-actions de ces
entreprises a des racines dans le Québec. Demain matin, il est assez
difficile pour une raffinerie de mettre l'entreprise sur des roulettes et de
s'en aller. Ce sont des gens qui sont obligés par la force des choses de
travailler ici même au Québec. On pourrait discuter à
savoir si l'expansion est aussi grande qu'on le voudrait, mais ces entreprises
sont obligées de faire travailler leur capital dans le Québec et
de procurer des emplois à des Québécois.
Mais si on nationalise, qu'est-ce qui arrive? On donne des sommes
d'argent fort importantes à ce capital étranger qui l'a sur des
roulettes et peut le mettre au travail, non pas au Québec, mais dans
d'autres pays. Cela me paraît un effet secondaire qui est fort important,
parce qu'on se saigne à blanc pour tenter de ravoir quelque chose et
ceux à qui on a donné de l'argent partent le lendemain matin sur
des roulettes et on ne les revoie jamais.
Vous avez cité trois cas: communications, logement... Je vous dis
bien franchement que vous ne m'avez pas convaincu que c'est une priorité
que nous devenions propriétaires du logement. Je le regrette, je n'ai
pas les statistiques directement devant moi, mais je ne vois pas jusqu'à
quel point on va changer la structure industrielle du Québec si
finalement ce sont des compagnies nationalisées qui possèdent le
logement.
Vous avez parlé de créations nouvelles. Je suis d'accord
avez vous. Mais est-ce que justement on ne tente pas de le faire? Je le
mentionne très brièvement. Est-ce que tout le secteur...
M. LE PRESIDENT: On m'a demandé tantôt s'il était
possible pour nous de suspendre nos travaux à midi moins dix pour
permettre aux gens préposés au nettoyage de travailler, parce que
cette salle serait occupée apparemment à midi. Et avec la
permission de la commission...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que je peux avoir deux minutes pour finir la
question?
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Alors, il y a des créations nouvelles. Est-ce
que l'Expo-Profit, que le ministère a fait, depuis déjà
trois ans, avec l'Hydro-Québec ne tentais pas justement d'identifier les
produits ou le pouvoir d'achat québécois qui s'en va à
l'extérieur? Est-ce qu'il ne tenterait pas d'identifier avec des
manufacturiers les marchés intérieurs qui ne sont pas pris? J'ai
mentionné, dans certaines interventions, tout le champ du capital de
risque, que nous tentons d'associer à nos efforts de recherche. Le plus
souvent possible, on tente de retrouver un partenaire, un entrepreneur ou un
homme d'affaires québécois, puis un type de production
québécois. Je pense que le député va convenir avec
moi que, compte tenu justement des critères qu'on mentionnait au
début, comp-
te tenu du fait qu'il y a plus de monde dans les cafés qui
prennent du fromage et du vin qu'il n'y en a dans les usines pour les produire,
c'est assez difficile de les mettre ensemble, ces gens-là. Prenons un
très beau cas, Excel Tricot, à Mont-Joli. Est-ce qu'on refuse de
faire démarrer l'entreprise avec 400 employés parce qu'on a fait
des efforts inouïs pour tenter de trouver la finance, la production et la
mise en marché québécoise? Si on n'est pas capable de
l'avoir, c'est ça le dilemme qu'on a.
Cela revient à la question fondamentale du départ: Notre
objectif, non pas notre moyen, est-ce d'être maître chez nous ou de
tenter plutôt, à Mont-Joli, de donner, premièrement, un
niveau d'emploi, un pouvoir d'achat, un pouvoir de consommation, tout ce qui
implique que l'Etat aura de plus en plus de moyens pour intervenir dans
certains secteurs donnés?
M. JORON: M. le Président, je vous signale, si je peux le faire
à ce moment-ci, qu'à la reprise de la séance j'aimerais
avoir la parole pour répondre fort brièvement je ne veux
pas faire un autre discours à quelques-unes des questions du
ministre.
M. LE PRESIDENT: II ne faut pas oublier que nos règlements disent
bien que chaque membre a droit à vingt minutes par article qu'on
discute. Je sais qu'on est dans les généralités.
M. JORON: J'en aurais pour trois ou quatre minutes.
M. LE PRESIDENT: II ne faudrait quand même pas abuser. Alors,
dès la reprise des travaux, cet après-midi, la parole sera au
ministre et, ensuite, au député de Gouin. Le député
d'Abitibi-Est pourra aussi poser ses questions.
Alors, nous suspendons nos travaux jusqu'à quatre heures ou
après la période des questions.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
Reprise de la séance à 16 h 7
M. PHANEUF (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
Avant de remettre la parole au ministre de l'Industrie et du Commerce,
j'aimerais quand même signaler des changements. Pour la journée,
M. Perreault remplace M. Cadieux, M. Brisson remplace M. Lacroix, M. Marchand
remplace M. Simard et M. Shanks remplace M. Fortier.
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: J'avais terminé, M. le Président, juste
avant la suspension, mais je pense que le député de Gouin voulait
reprendre quelques questions.
M. JORON: Si vous me le permettez, je voudrais brièvement
reprendre quelques-unes des questions que soulevait le ministre un peu plus
tôt dans la journée.
Sur l'objectif du "maîtres chez nous" ou de la reprise graduelle
du contrôle de l'économie, visiblement, on ne s'entend pas. On ne
suggère pas les mêmes moyens, en tout cas. On est peut-être
d'accord quant à l'objectif final, mais il n'y a pas accord quant aux
movens.
Il nous apparaît, à nous, que les solutions, les
instruments de reconquête si on peut employer ce mot
économique que suggérait le ministre sont des solutions dont on a
fait dans le passé la preuve de l'inefficacité. Ce sont ce que
j'appelle des solutions traditionnelles. Tout le thème de
l'éducation, par exemple. Je suis parfaitement d'accord sur tout ce que
vous avez dit sur la nécessité de l'éducation. Tout cela
va de soi. Sauf que l'on constate que s'il y a eu de grands progrès,
surtout depuis une dizaine d'années, au Québec, en matière
d'éducation, si le nombre d'ingénieurs, de techniciens, de MBA,
comparativement, proportionnellement à la population, à ce que
cela pouvait être il y a dix ans a augmenté
considérablement, cela ne s'est quand même pas traduit,
jusqu'à maintenant, par une augmentation du pourcentage de
contrôle des Québécois francophones sur leur machine
économique.
Il n'y a pas eu, à ce jour, parallélisme entre
l'augmentation de notre degré d'éducation et l'augmentation de
notre prise en main d'une partie du contrôle de l'activité
économique.
M. SAINT-PIERRE: Quel est l'effet, cependant, qu'il y a eu? L'effet
réel? Je suis parfaitement d'accord avec vous qu'il n'y a pas eu un
progrès sensible. Ce serait dans une phase extérieure. Mais n'y
a-t-il pas eu un effet réel d'augmenter proportionnellement la richesse
des Québécois francophones, leur capacité de consommation?
L'écart des revenus, qui était aussi élevé que 40
p.c. entre le Québec et
l'Ontario il y a à peine 20 ou 25 ans, a été
maintenant réduit de 20 p.c. C'est beaucoup. On ne réalise pas
qu'il y a 20 ans l'écart était de 40 p.c. entre le revenu des
Québécois et le revenu des gens de l'Ontario.
Dans l'espace de dix, quinze ans, cet effort d'éducation nous a
donné un plus grand pouvoir de consommation et a réduit
l'écart qui permet... C'est-à-dire que pour acheter quelque chose
il faut avoir de l'argent.
M. JORON: Bien entendu. Mais tout le reste de l'Amérique a
progressé également et la grande partie des progrès, en
termes de revenus que signale le ministre, qui se sont accomplis pendant les
dernières générations proviennent aussi de l'ensemble du
contexte nord-américain, un phénomène d'industrialisation
accéléré global. On ne peut pas le relier uniquement au
facteur de l'éducation au Québec.
De toute manière, l'éducation accrue a peut-être
permis en partie une participation des francophones du Québec à
un meilleur niveau de vie jusqu'à un certain point, mais n'a pas permis
quand même leur entrée dans les grands centres de décision.
C'est ça qui est le point central. Vous avez mentionné, par
exemple, les choix que font les étudiants, à un certain point. Je
suis bien d'accord qu'il faut tenter de mieux orienter les étudiants,
à savoir ce qu'impliqueraient les recherches faites au niveau du
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour avoir une idée des
débouchés et ensuite les traduire dans le système
d'éducation pour qu'il y ait coordination entre les deux.
Comme vous êtes un ingénieur, il est assez
intéressant de penser à l'exemple suivant. On se rappelle, il y a
une dizaine d'années, des pressions étaient faites à la
Shawinigan Water and Power, afin qu'elle embauche des ingénieurs
francophones. La réponse classique de ces entreprises était
souvent : Nous serions bien prêts à en engager, mais il n'y en a
pas.
Dès l'instant où ce sont des francophones qui sont devenus
propriétaires, après que l'Hydro-Québec l'eut
acheté, c'est drôle comme en l'espace de deux ou trois ans,
rapidement, les principaux postes ont été occupés par des
ingénieurs francophones. Ces gars-là n'ont quand même pas
fait leur cours en deux ans. Ils existaient donc quelque part avant, ces
ingénieurs-là. Je ne sais pas s'ils étaient en
chômage ou quoi, mais à un moment donné ils ont
trouvé un débouché.
On dit qu'on n'a pas de gens formés et dans un tout autre
domaine, parlons par exemple des géologues ou dans le domaine minier,
à un moment donné apparaît un nouvel instrument, Soquem, et
voilà qu'il y a des Québécois dont on n'avait pas entendu
parler depuis vingt ans, parce qu'ils travaillaient dans des mines en Afrique
du Sud, en Australie et un peu partout. Les voilà tout d'un coup qui
réapparaissent au Québec.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'il est important qu'il y ait
des cadres d'accueil aussi, soit pour les étudiants, soit pour cette
main-d'oeuvre québécoise déjà formée.
Qu'est-ce qui est la charrue et qu'est-ce qui est le boeuf là-dedans?
C'est assez difficile à préciser. En même temps qu'on forme
des gens, il faut qu'on leur assure des structures d'accueil.
Pour nous, leur assurer des structures d'accueil, c'est faire qu'il y
ait dès le départ un certain nombre de grandes entreprises
puisqu'on revient encore au secteur industriel tout au moins un certain
nombre de grandes entreprises francophones capables dès le départ
d'être cette structure d'accueil pour cette main-d'oeuvre, qu'on
s'arrache le coeur à former à grands frais et qui coûte
joliment cher.
Un dernier point que je voulais faire valoir, M. le Président,
c'est que c'est à la suite de ce premier point, que nous insistons,
comme préalable, sur la prise de contrôle d'un certain nombre de
centres de décision, pas tous évidemment, mais un certain nombre
dans certains secteurs choisis, choisissant, j'imagine, les plus
intéressants et laissant pour le passé les secteurs qui croissent
moins rapidement et qui sont même en train, progressivement, de tomber en
désuétude. Il est important de se donner quelque grands centres
de décision contrôlés par des Québécois
francophones pour que cette coordination entre les gens qu'on forme à
travers notre système d'éducation trouve ces
débouchés, exclusion faite de toutes les autres
considérations que je faisais plus tôt quant aux
répercussions globales, par la suite, sur l'orientation
générale de l'économie.
Il y a un dernier point que je voulais faire valoir et qu'a
soulevé le ministre ce matin. C'est très important. Je ne peux
pas me permettre de ne pas y répondre. Au contraire, si ce matin je ne
l'ai pas évoqué, c'est que je pensais justement avoir l'occasion
de le faire un peu plus tard et, comme j'avais parlé assez longuement,
je ne voulais abuser de la patience des membres de la commission.
C'est le point du coût des nationalisations qui sont
proposées dans le manifeste économique du Parti
québécois. D'abord, je voudrais qu'on s'entende là-dessus.
Ce n'est pas une liste qui prendrait bien des pages. C'est un nombre finalement
fort restreint et limité dans les secteurs clés et visant la
plupart du temps le leader dans une industrie, pas nécessairement toute
l'industrie, mais de façon à se donner au départ la place
la plus importante.
Cela fait une liste relativement limitée. Ce n'est pas ce qu'on
pourrait appeler un programme de nationalisations. C'est un instrument
utilisé à certaines occasions. Cela implique, je suis bien
d'accord avec le ministre, que quand on nationalise, l'Etat débourse de
l'argent pour acquérir des titres tout simplement et non pas pour
créer un investissement nouveau. Et, dans la mesure où
l'industrie qui est ainsi achetée serait la propriété
d'étrangers, ce sont des fonds
québécois qu'on met dans des mains
étrangères et qui peuvent ensuite sortir.
Donc, on a perdu quelque chose. C'est pourquoi il faut être
prêt à faire des choix avec beaucoup de parcimonie quand on parle
de nationalisation, et nous en sommes conscients. Nous suggérons une
formule. Il faut penser à des nationalisations et il faudrait quasiment
inventer un mot nouveau. Je me demande même si on peut continuer à
parler de nationalisation.
M. MARCHAND: C'est la socialisation.
M. JORON: Oui, si vous voulez. Ce que nous avons à l'esprit, ce
serait la formule suivante: Une nationalisation progressive se faisant non pas
par le rachat du capital déjà émis mais par l'acquisition
de tout le capital additionnel requis dans cette entreprise-là sur un
certain nombre d'années. C'est une addition de capital nouveau qui,
progressivement, fait passer le pourcentage total du capital détenu par
l'Etat si c'est l'Etat qui agit puisqu'on parle d'une nationalisation
de zéro au départ à dix, à un moment
donné, à 20, à 30, et ainsi de suite jusqu'à 50.
Finalement, cela aboutit à une nationalisation presque complète
mais toujours sous la forme d'addition de capital nouveau de façon
à rapatrier un contrôle en même temps que ces fonds sont
utilisés pour de l'investissement nouveau.
Dans certains cas, je l'admettrai, il faut agir rapidement si un secteur
est complètement bloqué et s'il faut qu'il y ait des transferts
de titres, d'accord. C'est racheté, c'est un simple rachat, à ce
moment-là. Ce nombre de cas serait forcément très
limité et doit être échelonné sur une assez longue
période de temps. Ce n'est pas un programme qui deviendrait applicable,
par exemple, dans la semaine ou le mois qui suivrait une éventuelle
prise de pouvoir par le Parti québécois. Ce serait plus ou moins
conçu dans un programme de cinq ans, peut-être même pas cinq
ans, peut-être finalement de dix ans. De cette façon-là,
cette partie de l'épargne qui est envoyée vers ce genre
d'opération reste très minime. Je suis parfaitement conscient que
ce sont des ressources qu'il faut économiser au maximum. C'est pourquoi
nos suggérons cette formule nouvelle de nationalisation graduelle et
progressive sous forme d'addition de capital nouveau ou en d'autres mots, se
rendre propriétaires de l'expansion des entreprises existantes
plutôt que de racheter ce qui existe déjà.
M. SAINT-PIERRE: Vous devriez prendre exemple sur les travaillistes de
l'Angleterre et acheter cela en dedans de quatre ans. Sans cela, votre plan
à long terme peut être modifié considérablement.
M. JORON: Vous êtes pessimiste.
M. SAINT-PIERRE: Au contraire, je suis optimiste. On discute de
questions hypothétiques mais, enfin, c'est un point de vue
intéressant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est a une
question.
M. TETRAULT: M. le Président, pour ma part j'ai aimé
l'exposé que le ministre de l'Industrie et du Commerce a fait. Je ne
veux pas me lancer dans un débat oratoire, faire de la rhétorique
et proposer des solutions miracles. J'aimerais lui poser quelques
questions.
Premièrement, dans le domaine de l'investissement fait dans la
province de Québec, est-ce qu'il y a des statistiques ou des
données de la participation des Québécois eux-mêmes?
Y a-t-il beaucoup d'hésitation? Quelle est la participation des autres
provinces et finalement des pays étrangers.
Est-ce que le climat est favorable à ces investissements ou si
les problèmes de la province les empêchent de venir s'installer
dans notre province?
Le deuxième point que j'aimerais soulever, c'est que nous avons
présentement dans la province de Québec de graves
problèmes avec l'industrie de la pâte à papier. Dans la
région de Témiscamingue, un autre moulin de la CIP vient de
fermer. Le projet de la baie James va se développer on nous en
donne l'assurance avec la rivière La Grande et on va faire, dans
cette région, la récupération du bois propice à
faire de la pâte à papier. Le gouvernement envisage-t-il, dans
l'industrie et commerce, des possibilités de créer de nouveaux
marchés parce qu'il va y avoir un surcroît de pâte à
papier? L'avenir du marché promet-il de pouvoir consommer tout ce qui va
sortir de la baie James et qui va affecter les industries en place?
L'autre problème que j'aimerais aborder le ministre l'a
souligné assez rapidement, lorsqu'il a parlé du bill 24
c'est la fermeture des épiceries. Le gouvernement entend-il intervenir
tel qu'on en a parlé en Chambre à plusieurs reprises, au sujet de
la vente du cidre? Le petit épicier pensait que ça lui serait
plus profitable que si on donne cela aux grands magasins à succursales
pour les rendre plus rentables. Est-ce complètement hors de sa
juridiction lorsque le gouvernement parle de fermer les petites
épiceries et de les soumettre aux mêmes lois que les grands
magasins à succursales, que ce soit les associations
indépendantes ou Steinberg et compagnie?
Maintenant, on parle d'investissement du gouvernement. Est-ce qu'il
investit ou donne des subventions à l'industrie privée? On parle
de créer un intérêt à travers la province de
Québec. C'est une suggestion; ce n'est pas une position de parti que
j'expose: Le gouvernement a-t-il pensé, dans une stratégie de ce
genre, par exemple pour une compagnie a 100 employés, à investir
ou à donner en subvention $100 à répartir entre les
employés pour une
participation directe dans l'industrie? C'est juste une idée.
Maintenant, une autre chose qui m'intéresse un peu plus; en 1966,
si ma mémoire ne me trompe pas trop, le gouvernement a
créé les régions administratives. Présentement,
dans la région du Nord-Ouest québécois, on a de grands
problèmes. Je crois, après avoir parlé avec des personnes
compétentes dans le domaine, que les régions ont
été délimitées selon les fonctions sociales ou par
des gens orientés en politique sociale ou en affaires sociales et que la
partie technique, c'est-à-dire le versant des eaux dans une
région qui affecte la population, sa mentalité, son comportement
et tout, cela n'a jamais été pris en considération.
Par exemple, je donne la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, qui est une région administrative.
Chibougamau-Chapais appartiendra maintenant à la région du
Lac-Saint-Jean, où il y a une mentalité complètement
différente. C'est une mentalité du Nord-Ouest
québécois mais, vu l'encadrement qu'ils font, ils la rattachent
à une région où il y a une autre mentalité, soit
celle du Lac-Saint-Jean.
Est-ce que le versant des eaux, ou les rivières parce que
tout pays se développe selon ses rivières n'aurait pas un
rôle à jouer dans la sélection des régions
administratives? La région de Témiscamingue est un versant de la
rivière Outaouais et la région de l'Abitibi est un versant de la
baie James. Je dois dire, même si le député de
Témiscamingue est ici, que c'est une mentalité
complètement différente.
M. THEBERGE: Bien d'accord.
M. TETRAULT: Nous sommes administrés dans le même
secteur.
M. THEBERGE: Cela paraît.
M. TETRAULT: A qui le dites-vous que cela paraît? Plus d'une
manière. C'est pour ça que le comté de
Témiscamingue s'en va décroissant. Les différents secteurs
ou les différentes régions administratives dépendent plus
des versants d'une rivière que d'un aspect social. Certaines gens dans
le génie disent que le gouvernement devrait se pencher directement sur
ce problème.
Ce sont les seules questions que j'aurais à poser pour le
moment.
M. SAINT-PIERRE: Je vais tenter de répondre à ces
questions. Nous avons plusieurs données statistiques, tant au niveau des
investissements de nouvelles entreprises ou de développement
d'entreprises existantes qu'au niveau des prêts de la SDI, on pourra les
déposer plus tard dans les crédits. Mais, en
général, ces statistiques nous permettraient de regrouper ces
activités économiques par régions, sous-régions
administratives ou secteurs manufacturiers, industrie du cuir, industrie du
meuble, etc. Il n'y a pas de découpage. Il n'y a pas de statistiques
dans le moment qui nous permettent de dire: Tant de ceux-ci sont des
francophones, tant de ceux-ci sont des anglophones, tant viennent de l'Ontario.
En ce qui concerne les prêts de la SDI, nous demandons des informations
sur le capital-actions, sur les directeurs. Il y aurait peut-être un
certain moyen de les regrouper, mais ils ne font pas partie des
statistiques.
Sur le plan strictement manufacturier, comme je l'ai mentionné au
départ, nous sommes la seule province à avoir un accroissement de
12 p.c. des investissements manufacturiers. Pour présenter le tableau
tel qu'il est, je me dois de dire que le pourcentage des investissements
canadiens qui sera réalisé au Québec, même l'an
prochain, est quand même inférieur, en termes de pourcentage,
à ce qu'il pouvait être dans les années 1963-1964. C'est un
cas d'espèce.
Vous disiez: Est-ce que le climat est favorable? C'est difficile de
répondre à cela. Encore une fois, ce n'est ni du blanc, ni du
noir. Il y a des avantages mais aussi des inconvénients. C'est
approprié. Je pense que c'est un geste très bon que le
ministère a posé il y a déjà quelques mois
lorsqu'il a confié cette étude au groupe Fantus qui est une
filiale de Dun & Bradstreet, société d'experts
américains sur les problèmes de placements de nouveaux
investissements. Ces gens nous ont remis, il y a quelques semaines, une
étude d'ensemble qui donnait suite à une enquête faite tant
chez les investisseurs américains que chez les investisseurs ontariens,
que chez les investisseurs québécois. C'était une
étude assez en profondeur sur la perception du Québec, les
avantages qu'ils voyaient les inconvénients. Est-ce qu'ils seraient
portés à y aller par rapport à l'Ontario etc.?
M. JORON: Pourriez-vous nous en donner les grandes lignes? Vous ne
voulez pas déposer le document, j'imagine, pour différentes
raisons.
M. SAINT-PIERRE: J'ai l'intention, d'ici quelques mois, d'en donner les
grandes lignes par écrit, de la rendre publique. Ce qui ressort de cette
étude, c'est que le Québec, comme toute région, a des
points forts que je pourrais mentionner: productivité de la
main-d'oeuvre, un bon réservoir de main-d'oeuvre disponible. Il y a des
facteurs sur les différences de salaire moyen payé par secteur
industriel dans des industries qui emploient beaucoup de main-d'oeuvre et qui
pourraient favoriser le Québec par rapport à l'Ontario qui, elle,
sur le plan du transport, a plus d'avantages.
La plupart des investisseurs ont souligné également la
"fiabilité" et les taux des services d'utilité publique, surtout
l'Hydro-Québec et l'électricité. Maintenant, il y a aussi,
pour certains types de problèmes, des avantages de transport. Le
Québec, en général, est doté d'aéroports ou
de ports maritimes assez avantageux. Cela ne joue pas dans tous les cas, mais
pour certains marchés qui sont surtout voués à
l'exportation.
Les désavantages, si je peux m'exprimer ainsi, sur le plan des
investisseurs, se limitaient à trois facteurs que je mentionne sans plus
de commentaires. Mais il faudrait peut-être prendre le temps
nécessaire, un jour, de les commenter. L'un des facteurs était:
une inquiétude sur le militantisme des chefs syndicaux mais au plus haut
niveau.
En général, les investisseurs disent qu'au niveau de leurs
compagnies il y a des relations adultes, des relations normales avec le
syndicat mais ce qui les effraie, c'est le militantisme des chefs syndicaux au
niveau très élevé, au niveau provincial.
Un deuxième facteur qui les effraie, c'est toute la question de
la politique de la langue. Ce n'est pas tellement la politique telle qu'elle
est mais ce qu'elle pourrait donner et tout ce dont on parle à ce sujet.
Mais je pense que, dans les rapports, on sent que c'est plus une
appréhension.
M. JORON: Si vous me permettez une petite parenthèse, il y aurait
urgence, peut-être, de mettre les cartes sur la table le plus rapidement
possible...
M. SAINT-PIERRE: Nous en sommes conscients.
M. JORON: ... pour enlever cette brume.
M. SAINT-PIERRE: Le député sera d'accord avec moi que, si
on veut être honnête avec soi-même, on met les cartes sur la
table lorsqu'on a fini, au moins, pour avoir toutes les cartes dans son jeu.
Autrement, on se fait prendre.
Un troisième point qui est ressorti également, le
député le comprendra, c'est entre parenthèses,
parce qu'on sait que ce n'est pas réel l'appréhension, la
menace d'un parti séparatiste. Ce sont les trois grands points qui ont
ressorti de cette enquête.
Ce qui était intéressant, ce n'était pas tellement
pour nous de savoir ce que les gens pensaient mais comment diriger notre propre
action pour contrer ceci. Il y a des choses intéressantes qui sont
sorties. Par exemple, je pense que le Québec a peut-être un
avantage à porter plus d'attention au marché de l'Ontario.
Souvent, peut-être, l'image du Québec n'est pas aussi bonne
qu'elle devrait l'être en Ontario.
M. JORON: Elle est meilleure à New York qu'à Toronto.
M. SAINT-PIERRE: Exactement. Souvent, dans des milieux
américains, on ne se fie pas uniquement à ce qu'on a d'officiel.
On va s'informer. La compagnie américaine qui s'informe connaît
déjà quelqu'un qui est établi à Toronto et elle
demande aux gens de Toronto ce qu'on pense du Québec.
Je ne sais pas s'il y a lieu d'établir un bureau du
ministère à Toronto même, pour s'assurer qu'on contre, sur
le plan publicité, sur le plan image, sur le plan présence, cette
mauvaise perception.
Mais l'étude est fort intéressante pour nous guider dans
notre programme de publicité, nous guider dans notre programme
d'action.
On me posait d'autres questions au sujet de la baie James et des
pâtes et papier. Evidemment, les implications de la baie James,
maintenant que le plan est relativement connu c'est très
récent on peut commencer de voir dans le temps et par secteur
quelles peuvent être leur importance et influence. Déjà, on
a commencé certaines études dans des domaines particuliers.
Là, je ne sais pas si je rejoins l'idée du député
de Gouin. Je mentionnais un cas c'est un cas d'espèce qui
est un prolongement des initiatives comme Expo-Profit, dans lesquelles on tente
d'identifier des marchés où on dépend de
l'extérieur sans aucune raison valable.
Je mentionne la baie James, c'est évident. Je prends un cas qui
me vient à l'esprit. Je ne veux pas dire que c'est un cas concret qu'on
va annoncer demain matin. Mais, pour prendre un cas d'espèce, disons le
ciment. Il est évident que les quantités de ciment requises
seront assez fantastiques. On sait que les cimenteries
québécoises, dans le moment, ne fonctionnent qu'à environ
60 p.c. Il faudrait donc être prudents avant d'en établir une
autre. Mais, si les perspectives de marché étaient telles qu'une
quantité très importante de ciment pourrait justifier un
accroissement de la productivité, est-ce que l'Etat aurait un rôle
autre que passif? Ce sont les points que l'on regarde.
M. JORON: Sur ce point, si vous me le permettez, est-ce qu'on a
évalué si la pleine capacité des cimenteries
québécoises actuelles pourrait suffire, dans les années de
pointe, à faire face à la demande ou s'il y arrive un gros
décalage, sans que vous nous donniez un ordre de grandeur?
M. SAINT-PIERRE: Evidemment, la baie James, en soi, ne serait pas
suffisante pour tout cela. Mais, où l'étude doit être plus
raffiné, c'est à savoir quelles sont les perspectives des besoins
de ciment d'ici six ans, au Québec, pour des secteurs autres que la baie
James. Là, pour l'écart, on joue avec des chiffres qui sont assez
considérables.
Vous me parliez du bill 24. La vente du cidre ne touche pas le bill 24.
La vente du cidre fait suite à un permis de la régie du
ministère de la Justice.
Quant aux investissements selon les employés, je sais que
l'idée a déjà été émise. Une
façon démagogique d'en parler ce serait de dire qu'on donne $16
millions à ITT, pour prendre l'exemple que le député de
Saguenay nous donne souvent. Effectivement, qu'est-ce qu'on fait? On donne $16
millions à une région pour s'assurer que ITT n'ira pas en plein
coeur de
l'Ontario. Nous tentons de l'attirer là où nous pensons
qu'il y a des disparités régionales.
M. JORON: Pour autant qu'il y a les mêmes forêts en plein
coeur de Toronto.
M. SAINT-PIERRE: J'ai dit l'Ontario. Ou peut-être que ITT serait
allée en Colombie-Britannique, parce que les arbres sont plus gros et
que les coûts seraient moindres. On tente, par le biais des subventions,
de les attirer à un endroit où normalement c'est le sens
des subventions ils n'iraient pas. Je pense que tout programme de
subventions qui ne change rien à des plans d'investissement a quelque
chose de faux. Mais ça, c'est un long débat.
M. JORON: II y a l'article 10 sur la SDI; nous allons y revenir.
M. SAINT-PIERRE: Les régions administratives, ont
été faites au départ par le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Elles sont maintenant sous la responsabilité
de l'OPDQ. Je peux, peut-être, mentionner que c'est notre intention,
compte tenu des réformes de la Loi électorale et du fait qu'il y
a des capitales de sous-régions qui n'ont pas été
délimitées, de revoir ce dossier-là. En même temps,
si la loi électorale n'était pas votée à l'automne,
certaines entités administratives, dans le contexte des CRD, dans le
contexte de l'action du gouvernement sur le plan régional, auraient
sûrement besoin d'être modifiées.
Mais je suis certain qu'on ne s'en remettra pas uniquement aux bassins
des rivières, ni aux mentalités. En effet, si on s'en remet aux
mentalités, on va se retrouver avec à peu près 200
régions administratives. Il y a eu, quand même, des efforts. Je le
mentionne parce que les gens, souvent, ne l'admettent pas; j'en parle en
connaissance de cause. Il y a eu le bill 27 pour le regroupement des
commissions scolaires et les efforts du ministère des Affaires
municipales pour le regroupement municipal. Un comité avait tenté
d'agencer ça ensemble pour avoir des espèces d'entités,
des agglomérations qui avaient une cohérence.
M. JORON: Elles varient selon qu'il s'agit d'éducation,
d'économique, de justice, etc. Les citoyens sont tellement
mélangés qu'ils ont l'impression d'appartenir à sept ou
huit régions différentes, selon la discipline qui est
impliquée.
M. SAINT-PIERRE: Pour les régions administratives et les
sous-régions, l'idéal serait d'en arriver, sur le plan scolaire
à 120 entités qui, quand même, offrent certains
éléments de cohérence et qu'on peut regrouper.
Cela répond aux questions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Shefford.
M. RUSSELL: Je voudrais d'une façon très brève,
à l'instar de mon collègue de Montmagny, dire au ministre que je
pense qu'il a réellement trouvé sa vocation. Par sa formation,
d'ailleurs, et son expérience passée, il peut certainement jouer
le rôle qu'il a à remplir comme ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Je suis convaincu de l'effort qu'il fera, le connaissant et sachant
qu'il veut servir. Je voudrais m'assurer du même succès que
l'effort qu'il y apportera. Je suis un peu moins certain, lorsque je regarde
l'ensemble des lois qui existent et du climat qui peut exister autour de ce
ministère.
A la suite de certaines remarques qui ont été faites par
le député de Gouin, je ne suis pas comme son chef, je n'ai pas eu
la chance, l'avantage d'être administrateur de compagnie, je n'ai pas eu
le privilège de faire des études économiques, quoique,
pour avoir travaillé avec son conseiller économique, M. Parizeau,
je connais assez bien sa mentalité, sa conception des choses et je
reconnais en lui un homme qui a un excellent esprit de synthèse et une
intelligence très marquée.
De toute façon, revenons un peu à ce qu'a voulu nous
démontrer le ministre dès le début lorsqu'il nous a
parlé de chômage, et qui, à mon sens, n'est pas
réaliste. Devant les chiffres concrets qu'on peut tenter de
déposer, il faut s'arrêter et faire un pas, une interrogation et
se demander si ce sont les chiffres réels du nombre de personnes qui
veulent travailler. Il y a une différence entre celui qui veut
travailler et qui est chômeur et celui qui est chômeur mais qui ne
veut pas travailler.
Il y a deux catégories de chômeurs, peut-être trois
si on veut détailler là-dessus. Je pense qu'il y a là une
révision à faire pour tenter de trouver exactement les secteurs
les plus affectés par le chômage. Si on veut se retourner vers les
mécanismes qui sont disponibles actuellement pour tâcher d'aider
à développer l'industrie sectorielle, comme la SDI et les autres
lois qui sont à sa portée, je pourrais peut-être dire,
à l'expérience, au contact de certains de ces organismes, qu'ils
me font penser au vieux gérant de banque chez nous : c'est un parapluie
quand il fait beau.
Ce sont des gens qui regardent des chiffres absolus et qui ne se placent
nullement dans la réalité. J'ai à déplorer les
faits. Je ne sais pas s'il faudra changer les lois ou changer les
administrateurs qui sont trop placés dans l'absolu, peut-être, par
les règlements qui découlent des lois ou par les exigences du
ministère. Je ne le sais pas, mais je pense qu'il y a là une
amélioration marquée à apporter si nous voulons faire
fonctionner ces lois dans le but pour lequel elles ont été
créées.
M. SAINT-PIERRE: Dans quel sens va votre remarque? Est-ce qu'il y a trop
de rigidité pour dire que tel type d'industrie n'est pas une industrie
de pointe, qu'elle ne se qualifie pas selon 2-a. Disons, pour la SDI, que son
approche est trop comptable, c'est-à-dire qu'elle demande trop de
garanties sur le...
M. RUSSELL: Trop comptable. On va accepter de prêter à une
industrie lorsqu'on est assuré d'avance de la rentabilité. A ce
moment-là on n'a pas besoin de la SDI ni de personne d'autre.
L'entreprise privée, les banques vont prêter, les organismes qui
sont contrôlés par une autre nationalité que la
canadienne-française vont le faire avec beaucoup de plaisir. Je peux
vous dire une chose, en toute franchise. Lorsque la SDI va refuser on peut se
retourner vers les organismes qui existent dans le Québec, encore
emprunter malgré ça et mettre l'industrie en marche, ce qui
démontre que la SDI ne remplit pas son rôle.
Et je le déplore. Si mon exposé semble viser des
personnes, je ne vise personne en particulier. Je regarde seulement les faits,
je ne vise pas les hommes en place. Et si parfois je fais des remarques qui
semblent porter contre quelqu'un ce n'est nullement là mon but. Je ne
vise même pas le gouvernement. Je pense que ces discussions doivent
être plus élevées que cela. L'on doit regarder les
problèmes en face et tâcher de les discuter dans une
réalité pour faire en sorte que le ministre soit
sensibilisé à tout ce problème et en mesure d'y apporter
des correctifs qui vont améliorer le secteur économique de la
province de Québec.
Dans le domaine industriel, je disais que je déplorais les lois
qui existaient actuellement et les organismes en place qui ne servaient
nullement le but pour lequel ils ont été fondés. On pourra
en discuter en détail tout à l'heure, lorsque l'on
étudiera les articles un par un.
On a parlé de Rexfor, on a parlé d'usines à papier.
Je pense que les arguments apportés par le député
d'Abitibi-Est sont fondés. Encore là, je peux parler par
expérience, j'ai voyagé dans le Nord-Ouest
québécois, j'ai aussi visité la région du Lac
Saint-Jean et la région de la Gaspésie. Je peux vous dire qu'il y
a là de quoi faire réagir quelqu'un qui est réellement
conservateur et qui veut essayer d'utiliser au maximum les richesses que nous
avons. C'est l'utilisation au maximum des déchets qui découlent
des scieries qui existent, qui viennent de nos forêts, qui ont
déjà coûté de l'argent et qui s'envolent en
fumée ou qu'on laisse pourrir dans les bois ou autrement.
Pour faire un parallèle, il y a certaines usines à papier
je ne veux pas en inclure la totalité qui utilisent
jusqu'à 60 p.c, 65 p.c. ou 70 p.c. des déchets de scieries pour
faire leur production de papier tandis qu'il y en a d'autres qui ne
dépassent pas 10 p.c. Il y en a qui utilisent simplement des copeaux
qu'on appelle et d'autres utilisent la "rip" et le bran de scie pour faire
à peu près ou quasiment la même chose. Le gouvernement
pourrait faire un pas de ce côté-là d'abord, en se tournant
vers ces usines à papier, pour faire en sorte qu'ils modernisent leur
équipement; qu'on les oblige à utiliser au maximum les
déchets qui viennent des scieries, qui est quand même
l'utilisation au maximum des richesses naturelles que nous avons.
On pourrait même aller plus loin. Le gouvernement pourrait le
faire et c'est là que, si la SDI ne veut pas le faire, d'autres
organismes comme la SGF pourraient peut-être le faire; ce serait
peut-être un organisme rentable pour eux. Ce serait une immobilisation,
à mon sens, qui serait rentable. On pourrait en organiser trois ou
quatre dans chacune des régions. Il y aurait peut-être moyen
d'organiser dans la région du Nord-Ouest une industrie qui utiliserait
les déchets d'usines; pas trois, pas deux, mais une qui pourrait
être financée par le gouvernement, qui pourrait donner de
l'ouvrage à des travailleurs mais qui, en plus de cela, utiliserait les
déchets qui se gaspillent actuellement, ce qui pourrait aider
l'économie québécoise tout en donnant de l'ouvrage
à des chômeurs plutôt que de payer du bien-être
social.
Ces industries devraient être limitées. Je ne sais pas si
on pourrait appeler cela du socialisme, mais je pense que cela pourrait
être laissé à l'entreprise privée, même si le
gouvernement acceptait la totale responsabilité de l'immobilisation en
en louant à l'entreprise privée avec une
dépréciation selon le nombre d'années, comme on fait avec
les camions qu'on appelle souvent "lift-back". On pourrait peut-être en
organiser une dans le Nord-Ouest québécois pour un essai et faire
comme font d'autres pays. Si on n'a pas l'utilisation totale dans la province
de Québec, on pourra l'envoyer dans les pays voisins qui pourraient
l'utiliser même si ce n'est pas tellement payant pour celui qui le fait,
cela aiderait certainement à augmenter nos exportations qui, en somme,
sont un revenu pour le Québec et le Canada.
Ceci pourrait être pratiqué, à mon sens, dans trois
régions bien particulières soit: le Nord-Ouest
québécois, le Lac Saint-Jean et la Gaspésie. C'est un
domaine vers lequel le ministère de l'Industrie et du Commerce pourrait
se tourner. Lorsqu'on parle d'usines à papier, de bois et de
déchets, je pense que cela regarde le ministère de l'Industrie et
du Commerce et non pas simplement celui des Terres et Forêts. Celui-ci a
un tout autre rôle à jouer. Cela pourrait être fait
conjointement. Je pense que ceci est assez urgent parce qu'on a des gens qui
prétendent avoir des droits absolus et qui font des difficultés
à certaines scieries qui tentent de fonctionner et qui fonctionnent avec
certaines difficultés à cause de privilèges qui ont
été donnés dans le passé et pour lesquels le
ministre n'est nullement responsable, pas plus que le ministre des Terres et
Forêts, pas plus que le gouvernement actuel et les deux ou trois
gouvernements précédents.
On a parlé de Cabano; cela règlerait peut-être le
problème de Cabano.
On a dépensé actuellement une fortune en recherches
à Cabano. Ce serait drôle d'établir les montants que ces
recherches ont coûté. Nous sommes rendus à quoi? Des
recherches théoriques ont été faites par 4 ou 5
ingénieurs d'expérience qui sont assez importants. Ils ont
été payés par l'Exécutif, pour la plupart.
Je les ai vu passer à la commission des engagements financiers. J'aurais
pu apporter cela ici. Je vous le dis sincèrement, j'ai même
demandé de convoquer le ministre responsable à la commission des
engagements financiers non pas pour le plaisir de discuter ou de le chicaner,
mais pour démontrer qu'il y a là une étude
théorique qui se mène, à l'avantage je ne sais pas de qui,
mais au désavantage d'une population qui ne mérite pas qu'on
travaille de cette façon.
Je pense que cette recherche devrait être prise sous le
contrôle de l'Industrie et du Commerce pour que ça se fasse d'une
façon objective. N'envoyons pas quelqu'un qui vient avec de grandes
théories. Prenons trois ou quatre bonshommes qui connaissent le domaine.
Ils iront là et vous diront, d'une façon très sommaire,
très rapide, si c'est rentable ou si ça ne l'est pas. On sait que
ça peut être rentable, D'autres industries exploitent dans
d'autres régions les mêmes essences. Pourquoi cela ne
fonctionnerait-il pas à Cabano ou dans une place voisine, de la
même façon? Qu'on ne vienne pas nous dire que ce n'est pas
rentable. On sait que ça peut devenir rentable.
Je sais qu'on ne peut pas demander à l'entreprise privée
d'investir $5 millions, $6 millions, $7 millions et de tâcher de retirer
un revenu de 10 p.c, 15 p.c., 20 p.c. immédiatement. C'est fatalement
impossible, mais, sur le nombre d'années, il y a moyen que le
gouvernement se dirige dans ce domaine et tâche de créer là
quelque chose qui po urrait apporter de l'aide à une population qui est
désireuse de régler un problème qui est social, en
même temps.
Je pourrais élaborer dans plusieurs domaines. On a parlé,
tout à l'heure, de l'industrie intégrée; on a parlé
de socialisation. On a cité deux ou trois exemples. Je voudrais
simplement me servir de quelques exemples dont un que le ministre connaît
très bien, c'est celui de Bombardier. Un de ses parents y a
participé de près. Il a contribué au lancement de
l'affaire Bombardier. Il a connu des déboires et des difficultés.
Je suis convaincu qu'il y a quelques années, si on s'était
tourné vers la SDI pour lui demander d'aider l'usine Bombardier, elle
aurait refusé. Je me rappelle ces jours, et c'est là que je veux
démontrer que c'est réellement un organisme qui ne fonctionne
pas. Je dis SDI; pour d'autres organismes semblables, c'est exactement la
même chose. Le succès de Bombardier est dû simplement
à la persévérance d'un groupe uni ensemble qui a
travaillé dans des conditions assez difficiles, alors que le financement
n'était pas trop certain, à deux ou trois reprises
différentes. Le ministre sait à quoi je veux
référer; il pourra consulter quelqu'un qui a été
mêlé à cela de près et qui pourra l'informer des
faits. Mais, quand même, cette usine a réussi à faire un
succès avec cette persévérance et à devenir ce
qu'on peut appeler aujourd'hui la fierté des
Québécois.
C'est la même chose pour la Coopérative agricole de Granby.
On appelle ça une coopérative; moi, je trouve que ce n'est pas
une coopérative. C'est une coopérative où les
coopérateurs ont donné un blanc-seing à un homme qui
mène l'affaire et qui l'a menée à bonne fin. Cela peut se
résumer à celui qui l'a fondée, M. Bonin, qui y a
laissé sa vie. Il a été remplacé par M. Parizeau,
un homme assez réaliste, travailleur, qui a réussi à
faire, avec les cultivateurs, un succès d'une coopérative comme
celle de Granby.
Je pense qu'il y a là deux exemples dont ou pourrait se servir.
Qu'on mette de côté un peu de théorie et qu'on tâche
d'être plus réaliste si on veut réellement
développer l'industrie dans le Québec. Je pense que ce n'est pas
être socialiste de tâcher de prêter main forte à des
organismes comme ceux-là.
Il y a peut-être des questions que je pourrais poser, qui m'ont
sauté aux yeux ce matin lorsque le député de Gouin a
parlé de sondages qui se sont faits à travers le Canada. Il a dit
qu'à deux contre un les Canadiens voulaient avoir la mainmise sur leurs
industries.
M. JORON: Le pourcentage est plus fort au Québec que dans le
reste du Canada.
M. RUSSELL: II est un petit peu plus fort.
M. JORON: C'est à peu près le même dans l'Ontario,
mais plus faible dans l'Ouest et dans les Maritimes.
M. RUSSELL: Est-ce que c'est la masse de la population?
M. JORON: Ah!
M. RUSSELL: Si c'est la masse de la population, il faudrait tout de
même penser que la plupart des investissements industriels viennent de 10
p.c, 12 p.c. de la population. Il y a un autre pourcentage qui s'occupe du
commerce. C'est évident que, si vous demandez à un ouvrier s'il
veut avoir la mainmise sur l'industrie, il va dire oui. Donc, je pense que ces
statistiques sont peu réalistes. Il est facile de dire: On va produire.
Produire est un facteur. C'est peut-être le facteur le plus facile. Moi,
je trouve que produire, c'est facile. Ce que je trouve le plus difficile, c'est
la mise en marché. C'est plus compliqué. Si on se trouvait
à prendre la maîtrise de toutes nos industries ici, on pourrait
peut-être se retrouver avec des marchés qui nous seraient
coupés fatalement, comme cela est arrivé dans certains cas.
Donc, il faudrait faire attention à notre façon d'agir
dans ce sens-là. Je veux simplement prendre un exemple qui, en somme,
n'est pas un exemple. On ne peut traiter l'industrie manufacturière
comme on a traité l'Hydro-Québec. On a appelé cela
maîtres chez nous, en nationalisant l'Hydro-Québec. C'est une
affaire
complètement différente. La consommation presque totale se
fait au Québec. Ou a nationalisé la distribution presque totale
et non pas la production. La majorité de la production de
l'électricité appartenait déjà à
l'Hydro-Québec. On a nationalisé la distribution de la Shawinigan
et d'autres compagnies et aussi quelques petits barrages. Qu'est-ce qui est
arrivé? On a donné à des individus, censément
Anglo-Saxons ou autres comme on peut les avoir appelés dans certains
milieux, $350 millions ou $400 millions. Cela n'a pas été une
nationalisation. Cela a été un achat à une plus-value des
actions et on leur a donné ces millions de dollars. Ils sont
allés investir ailleurs dans d'autres industries pour nous faire de la
concurrence. C'est exactement ce qui est arrivé.
J'espère que le ministre ne s'apprête pas à tomber
dans ces excès. Je n'ai aucune objection qu'on puisse compléter,
si ce n'est déjà fait, un inventaire total d'industries qui
n'existent pas au Québec. Donc, on a l'utilisation de ces produits dans
le Québec. Qu'on puisse tâcher de régler le problème
qui existe ici. En somme, faire en sorte qu'on puisse acheter de nos produits
d'abord. Lorsqu'on parle de centraliser les achats, je pense qu'il peut y avoir
peut-être là un excès.
Qu'on ait centralisé les achats pour les fins du gouvernement,
parfait! Mais qu'on ne tente pas d'embarquer dans cette centralisation des
organismes paragouvernementaux. Je pense qu'il peut y avoir là un
problème qui pourrait se créer par lui-même et qui pourra
être fatal à ce système que nous voulons instaurer.
Si nous commencions à appliquer un petit peu de nationalisme, si
nous voulons, dans nos achats, dans l'utilisation de nos produits, nous
pourrions peut-être augmenter l'économie chez nous. Une paire de
chaussures sur lesquelles c'est marqué Japon ou quoi que ce soit, nous
ne sommes pas obligés de l'acheter. Nous l'achetons parce qu'elle est un
peu meilleur marché. Nous ne sommes pas obligés de l'acheter.
M. GAGNON: Moins bonne aussi.
M. RUSSELL: C'est exactement ce que j'allais dire, on ne se rend pas
compte de la qualité. Mais, si on commençait à faire
l'analyse de la qualité, demander à quelqu'un qui s'y
connaît, on pourrait peut-être s'apercevoir que la chaussure ou
d'autres produits qui sont importés sont meilleur marché parce
qu'ils sont d'une qualité moindre. Ceci s'applique dans plusieurs
domaines.
Je pourrais aussi faire remarquer au ministre qu'il serait
peut-être important qu'il fasse une analyse de l'utilisation de plusieurs
matériaux de construction. Il y a des provinces qui ont une certaine
habileté à faire venir le cheval dans leur province et le lapin
dans l'autre et avoir des distributeurs bien cotés qui sont très
près des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux. Là,
on fait des pressions pour avoir le gros des ventes. On a des professionnels
qui se laissent prendre à ce jeu. C'est appuyé par le
gouvernement, et c'est malheureux. Cela arrive. C'est constant. Je sais que le
ministre n'a pas le temps de surveiller toutes ces choses-là. Il
pourrait peut-être demander à ses fonctionnaires de le faire.
Il pourrait peut-être demander à ses collègues de
s'en occuper et d'avertir aussi les professionnels qui travaillent pour le
gouvernement de faire attention lorsqu'ils spécifient des produits, de
s'assurer que ce produit n'est pas manufacturé au Québec. Cela se
fait couramment. Je pourrais vous donner une liste. Je pense qu'il serait
peut-être trop long de les énumérer. Mais j'ai vécu
ce problème. Je vois que la même chose revient, graduellement. On
va revivre exactement le même problème. Je ne dis pas que nous
l'avions réglé totalement. Nous avions tenté de le
régler. Nous n'avions pas réussi à le régler. Si
l'on commence à travailler dans ce sens, on va améliorer la
situation du Québec.
M. le Président, nous pourrons discuter plus longuement de chacun
de ces problèmes au fur et à mesure que nous allons
étudier les articles un à un. Si le ministre tient à avoir
des noms lorsque nous avancerons quelque chose, je pourrai lui en donner en
exemple afin de lui démontrer que nous ne discutons pas simplement pour
faire de la démagogie mais que c'est sérieux et objectif. Nous
visons à tâcher de l'alerter pour l'aider à régler
ce problème énorme.
M. TETRAULT: M. le Président, pour faire suite à
l'exposé du député de Shefford, lorsqu'il dit que la SDI
est un autre domaine, je remarque un autre fait. Lorsqu'on envoie des missions
dans certains territoires ou dans d'autres régions pour faire des
relevés ou quelque chose du genre, on envoie des gens je n'ai
absolument rien contre les gens de Québec ou de Montréal
dans un territoire sur lequel ils n'ont aucune notion. J'ai ici un
dépliant qui s'appelle "Le Nord-Ouest québécois". Dans le
dépliant, il y a une belle photo et une carte. La région de
Chicougamau-Chapais n'est pas incluse, celle de Matagami-Joutel non plus. Je
pense que ces quatre villes font partie du Nord-Ouest québécois.
Présentement, Matagami a assez d'importance avec la baie James et elle
est exclue complètement.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez un grand territoire.
M. TETRAULT: C'est un grand territoire et c'est un territoire qui est
assez important parce que c'est le Nord-Ouest québécois, quand
même.
M. SAINT-PIERRE: Vous me permettrez, avant que nous fassions
l'étude article par article, de vous conter une petite histoire.
Comme ministre de l'Education, j'avais fait le tour de votre territoire
et dans toutes les villes j'avais été frappé parce que
chaque maire m'avait remis une lettre lorsque je passais dans sa ville. Dans la
lettre, il y avait toujours le même paragraphe: M. le Ministre, soyez
assuré que la ville de X, c'est la clef de l'avenir du Nord-Ouest
québécois. Je suis revenu à Québec avec à
peu près quatorze clefs!
M. RUSSELL: Ils avaient raison, ces maires, parce que chaque ville est
tellement éloignée des autres villes que c'est réellement
la clef d'une région.
M. SAINT-PIERRE: C'étaient Rouyn-Noranda, Amos, Matagami. Est-ce
que nous commençons l'étude article par article?
M. GAGNON: J'aurais quelques mots à dire, brièvement.
D'abord, il ne s'agit pas de présenter des félicitations au
ministre. Je crois qu'il en a eu en abondance.
UNE VOIX: II n'y a plus de gêne.
M. GAGNON: Je crois que ses fonctions actuelles lui conviennent mieux
que celles qu'il occupait autrefois, à moins qu'il ait subi une
déformation lors de son passage au ministère de l'Education, ce
qui arrive assez souvent chez les étudiants; mais ce dont je doute fort,
vu sa maturité.
Nous avons écouté le ministre, cet après-midi,
faire un survol de la situation. Cela se répète un peu tous les
ans, un beau survol, très optimiste, rempli de bonnes choses. Mais
j'aurais aimé que le ministre nous donne des choses concrètes
à l'intérieur, peut-être, comme certains projets de loi,
certaines dispositions que son ministère se propose de prendre et qu'il
donne davantage de précision à ce sujet. Lorsqu'on regarde la
réalité des faits, au Québec, on s'aperçoit que
l'avenir présente certains aspects pessimistes, économiquement,
sans pour autant que celui qui parle soit pessimiste.
Mais tout de même, je lis, entre autres, certains articles.
D'abord, je prends un article de M. Jean Bienvenue, ex-ministre d'Etat aux
Finances, qui, le 16 avril 1972, disait; "L'économie du Québec
n'est plus invitante pour les immigrants". Voici un ministre qui siège
au conseil des ministres, qui était au courant des politiques du
gouvernement et du ministère de l'Industrie et du Commerce et qui fait
une déclaration très récente. Il dit que cela ne semble
pas joli, pas beau au niveau de l'économie du Québec. Je ne sais
pas si le ministre errait. Mais, â tout événement, je sais
que le ministre de l'Industrie et du Commerce aura à le rencontrer pour
lui demander s'il pourrait expliciter davantage et nous faire peut-être
rapport.
J'ai ici, un article qui est très révélateur
concernant l'industrie secondaire au Québec.
On sait que l'industrie secondaire au Québec est un
élément extrêmement important dans l'économie.
On dit qu'en 1964, par exemple, le Québec comptait environ 26
p.c. des nouveaux investissements au Canada, soit environ 75 p.c. par rapport
à l'Ontario, au niveau secondaire. Or, ces 26 p.c. de nouveaux
investissements canadiens n'étaient pas optimaux, en 1964, avec 29 p.c.
de la population au Canada. Donc, la situation se détériore, de
sorte que, l'an dernier, en 1971, l'apport estimé du Québec dans
les investissements canadiens totaux était tombé à 19.7
p.c.
M. SAINT-PIERRE: On a repris la courbe maintenant.
M. GAGNON: Je le sais.
M. SAINT-PIERRE: L'année prochaine, comme je l'ai
mentionné, on est la seule province qui prévoit une croissance de
14 p.c. dans les investissements manufacturiers, alors que les autres provinces
prévoient des diminutions. Si cela se réalise tout indique
que cela va se réaliser cela voudra dire...
M. GAGNON: D'accord. Mais cela, c'est une projection. C'est pour cela
que je vous disais que, l'année dernière, le ministre qui
dirigeait le ministère de l'Industrie et du Commerce était
extrêmement optimiste. Mais, dans la réalité ce n'est pas
ce qu'on constate.
La chute la plus remarquable, cependant, s'est produite dans le domaine
des investissements manufacturiers où l'apport du Québec dans la
Canada est passé de 25 p.c, en 1964, à guère plus de 18
p.c., en 1971. Je doute fort qu'il y ait un bond aussi formidable, de presque
40 p.c., au niveau secondaire. C'est presque incroyable.
Enfin, il ne s'est pas créé un seul emploi, au
Québec, depuis cinq ans, dans le secteur secondaire. Il y a eu
plutôt une baisse de 200 emplois dans ce secteur. La seule raison pour
laquelle la catastrophe économique a été
évitée au Québec remarquez bien, cela est
important; on l'a répété plusieurs fois est due aux
emprunts abondants du gouvernement pour les nouveaux investissements du
Québec. C'est passé de 19.6 p.c, en 1968, à 25.8 p.c, en
1971.
Or, on sait que les investissements du gouvernement ne sont pas des
investissements de production. Ce sont des investissements qui demandent au
contribuable des taxes pour payer les intérêts sur le coût
des emprunts, qui sont formidables, pour payer les taxes de nouveaux services
qui vont s'établir ou n'importe quoi. Je crois que ces investissements,
lorsque le ministre de l'Industrie et du Commerce en fait mention, doivent
être séparés des investissements de production au niveau de
l'industrie, que le gouvernement soit ou ne soit pas présent.
M. le Président, on peut imputer à Ottawa une certaine
part du blocage à ce niveau.
J'ai ici un autre article extrêmement intéressant. Le
ministre nous parle des déblocages que son ministère fera
à ce niveau. Des articles, cependant, nous informent que 95 p.c.
à 97 p.c. du budget québécois sont engagés à
long terme. Si on dit 97 p.c., il reste donc 3 p.c. du budget
québécois. Tenant compte des autres ministères qui ont
également des engagements au niveau des services, etc., qu'est-ce qu'il
reste au ministère de l'Industrie et du Commerce, à
l'intérieur d'un budget de près de $5 milliards, pour pouvoir
promouvoir l'industrie de production au Québec?
C'est ce besoin monétaire du Québec, doublé de
l'action de plus en plus envahissante du gouvernement fédéral
dans ce secteur, qui fait naître les ententes Canada-Québec. Le
gouvernement canadien prête, dans des zones spéciales, 50 p.c. et,
après cela, il prête les autres 50 p.c, dans bien des cas.
Lorsqu'il agit de cette façon, le gouvernement est obligé de se
plier aux exigences d'un pouvoir central qui, lui, regorge d'argent. C'est
impensable, quand on voit que le pouvoir central je donne, comme
exemple, les initiatives locales pénètre dans n'importe
quel champ d'activité du gouvernement provincial.
A ce moment-là, le ministère de l'Industrie et du Commerce
reste coi, ne se défend pas ou ne fait pas des contre-propositions et le
gouvernement fédéral, à même l'argent qui
déborde, annonce n'importe quelle mesure. La semaine dernière,
les ministres ont été un peu enfantins face à la situation
qui prévalait au Québec; on aurait pu surseoir peut-être
pour un certain temps. Cela a tout de même été enfantin.
Mais on a vu la situation que ç'a créé.
Et quand il s'agit de promouvoir l'économie ou que le
gouvernement du Québec soit un moteur, à ce moment-là il
est entravé par un manque de revenu. Et Ottawa déborde d'argent
ou il a accumulé peut-être pour les années
électorales. On a l'impression que c'est une année
électorale quand on voit le chef du gouvernement du Canada qui a tant
prêché contre ça au temps où M. Duplessis
était au pouvoir, dépenser $100 millions alors que M. Duplessis
dépensait $1 million. On se demande s'il n'est pas devenu un habile
politicien.
C'est là je crois où le gouvernement du Québec est
entravé et ne peut pas réaliser les objectifs que le ministre
fixe. S'il voulait réaliser ces objectifs, il aurait dû, ce matin,
informer la commission des moyens réalistes qu'il devait prendre, soit
des projets de loi qui auraient peut-être été des projets
de pointe, soit des politiques qui auraient défini davantage l'emploi
des sommes qui font partie des crédits de son ministère, mais
j'en doute fort.
Dans un autre article, on dit : "II est temps que M. Bourassa revienne
à son bureau et dresse une politique de développement industriel
judicieuse pour les cinq années à venir. Il faut que le
gouvernement québécois agisse très vite et en concertation
avec les agents économiques du Québec." Et là, on
rencontre l'idée du chef de l'Unité-Québec, qui
prêche ça depuis sept ou huit mois, les agents économiques
que l'on doit intéresser davantage. C'est le gouvernement qui est le
meilleur moteur pour intéresser ces agents à investir davantage
au Québec, à développer davantage l'industrie puisque
ne l'oublions pas la population, quand elle est aux prises avec
des problèmes de chômage, c'est ici que se situe le
problème.
On peut s'attendre un peu à n'importe quoi. Et je dis souvent:
Chez les chômeurs, il va arriver quelqu'un à un moment
donné, il parlera n'importe quel langage, communiste, maoïste; s'il
est capable de vendre sa marchandise à des chômeurs, à ce
moment-là, ils vont voter n'importe comment, pour autant qu'ils voient
que leurs problèmes sont réglés, du moins qu'ils le
croient.
Et c'est pour ça que je crois que le ministre aurait dû
faire valoir des politiques, nous informer davantage sur ce que son
ministère pouvait faire par des projets de loi.
Au niveau des achats, dont mon collègue le député
de Shefford a parlé, c'est un sujet extrêmement important. On sait
que la province de Québec a des achats de plus de $2 milliards, soit
presque le budget de l'Hydro. Le CDE, le Centre des dirigeants d'entreprise du
Québec, dans un mémoire confidentiel présenté au
comité ad hoc chargé d'étudier les politiques d'achat du
gouvernement mémoire dont la presse a obtenu un exemplaire
demande au Québec de faire preuve de courage et de diligence. On dit,
entre autres: "Le CDE demande encore dans ce mémoire, dont la diffusion
a été limitée aux principaux administrateurs de
l'organisme patronal, que la clause de préférence commerciale de
10 p.c. accordée aux entreprises québécoises, depuis
longtemps pratiquée par l'Hydro-Québec, soit étendue
à tous les achats du secteur du gouvernement."
On n'a pas mis ça en oeuvre et je me rappelle que l'année
dernière le député d'Olier avait fait une intervention
là-dessus. Le prédécesseur du ministre actuel l'avait
assuré qu'il y aurait quelque chose de mis sur pied au cours de
l'année et qui répondrait à ses désirs.
On lit par exemple et un journaliste faisait un tour d'horizon de
ces choses-là: "Par exemple, au Café du parlement, la vaisselle
aux armoiries du Québec qui est utilisée est importée de
Newcastle en Angleterre. Dans les institutions publiques, donc
subventionnées par l'Etat, telles que les hôpitaux, les foyers
d'hébergement et les refuges, la literie est importée de Hong
Kong ou d'ailleurs." Et c'est là que je rejoins encore l'idée de
mon collègue de Shefford, c'est que la qualité est beaucoup moins
bonne.
Et c'est tellement vrai: "II est vrai qu'elle coûte moins cher que
des draps fabriqués au Québec par la compagnie Wabasso, mais il a
été
prouvé que le textile importé ne résistera
guère à plus de 16 lavages, tandis que le textile
québécois supportera plus de 60 lavages." Je crois qu'à ce
moment-là on est bien renseigné sur la réalité. Je
ne sais pas si le ministère de l'Industrie et du Commerce j'ai
l'impression que nous tenons une soirée d'information pourrait
informer le ministère des Affaires sociales dans ce sens.
Etant en contact avec tous les organismes, toutes les corporations qui
font ces achats, ne pourrait-on pas leur remettre des informations qui les
inciteraient à acheter chez nous et, par conséquent, encourager
l'investissement, garder les sommes chez nous? Je comprends que des pays,
parfois, permettent des achats dans d'autres pays à condition que
certains de leurs produits soient vendus.
Mais un fait demeure, c'est qu'on informe le citoyen, et le citoyen a
toujours la liberté d'acheter. Et je crois que quand le citoyen
québécois est bien informé sur la qualité d'une
marchandise, il sait parfaitement bien l'acheter. Voilà les informations
que je voulais donner. Je laisse la parole au ministre.
M. SAINT-PIERRE: Très brièvement pour qu'on puisse
étudier les crédits article par article, je ne pense pas, moi,
qu'on puisse assurer le dynamisme économique d'une collectivité
par des lois. Je pense même, si on me permet un aveu personnel, qu'au
Québec on fait trop de lois. On fait des lois puis on espère que
la situation va se régler. Je pense que ce matin, je ne sais pas si vous
étiez ici, je ne me rappelle pas, quand j'ai donné mon
exposé à la fin, j'ai donné toute une série de
têtes de chapitre, sur lesquelles on pourra revenir, où
j'indiquais très clairement les actions très concrètes
qu'on pouvait faire pour assurer une plus grande vigueur à
l'économie.
Vous avez dit que les investissements secondaires ont baissé. Je
le constate moi-même, malgré que je ne voudrais pas qu'à ce
chiffre on donne une valeur presque complète. C'est évident
qu'avec les années il se fait un glissement de plus en plus
prononcé de la main-d'oeuvre vers le secteur tertiaire. C'est un peu la
même chose que si on disait dans bien des pays: il y a moins de gens qui
travaillent dans l'agriculture, mais ça c'est dans un contexte beaucoup
plus général. Cela ne veut pas nécessairement dire parce
qu'il y a moins de gens qui sont dans l'agriculture, que toute
l'économie péréclite.
Un journaliste a dit : on a évité la crise parce que le
gouvernement a fait des investissements massifs. C'est vrai qu'il y a eu des
investissements dans des secteurs comme le logement, mais je pense que s'il y a
quelque chose à décrier, c'est le fait que, jusqu'à tout
récemment, le gouvernement n'en faisait pas suffisamment dans le
logement et que ça c'est un secteur, par rapport à l'Ontario,
où on était considérablement en retard.
Vous dites: finalement, tout ce qu'on a à faire c'est de payer
les intérêts. Je vois le député de Lévis qui
arrive. Au sujet de la dette, je m'excuse, mais on en fait tellement, je pense
que je n'apprends rien j'espère redorer le blason du
Québec au député en disant que la dette per capita
du Québec, qui était une des plus élevées en 1967
est maintenant une des plus faibles de toutes les provinces canadiennes. Il y a
à peine deux ou trois provinces qui ont un niveau de dette per capita
plus faible que la nôtre.
Plus que ça, dans la proportion du budget provincial
consacré au service de la dette, il n'y a à peu près aucun
changement; c'est donc dire que les dépenses que vous mentionniez au
cours...
M. RUSSELL: Je m'excuse, prend-on la dette directe et indirecte? Il y
avait deux secteurs de dette.
M. SAINT-PIERRE: Les commissions scolaires vous voulez dire...
M. RUSSELL: II y a des provinces qui ne calculent pas de la même
façon que nous.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais même ramenée sur une base
statistiquement comparable on sortira les chiffres si vous voulez
la dette per capita du Québec est plus faible que celle de plusieurs
autres provinces...
M. RUSSELL: Vous les avez dans l'annuaire du Canada.
M. SAINT-PIERRE: On pourra les ressortir, on vous donnera le tableau.
Enfin, peut-être qu'on peut finasser sur ça. Vous dites qu'on ne
crée pas suffisamment d'emplois. Je me permets encore de donner une
statistique qui illustre quand même...
M. GAGNON: Nous visons 100,000.
M. SAINT-PIERRE: Nous aussi, 150,000, oui. Ils se mettent au travail,
150,000 bras.
M. GAGNON: Tant mieux, c'est parce que nous on veut respecter une
promesse.
M. SAINT-PIERRE: Avec les 53,000 emplois créés en 1970, je
vous donne juste quelques chiffres qui peuvent...
M. GAGNON: C'est moins que 68,000 en 1968.
M. SAINT-PIERRE: Bien c'a été la seule année.
Parlez-moi donc de 1967 et 1969, on se comprendra mieux. Je m'excuse mais
parlons du Québec...
M. RUSSELL: On peut en parler...
M. SAINT-PIERRE: ... des 53,000 de l'an dernier au Québec. On a
créé au Québec quatre fois plus de nouveaux emplois,
durant la même période, qu'en Belgique, en- Hollande et au
Luxembourg qui ont deux fois notre population. Quand même, si on compare
le taux de croissance de la main-d'oeuvre du Québec par rapport à
des taux de croissance même des Etats-Unis, ç'a été
supérieur, c'est-à-dire que chaque année, en proportion de
notre main-d'oeuvre, on crée plus d'emplois que les Etats-Unis peuvent
en créer.
M. GAGNON: II y a une chose que le ministre doit considérer,
quand il parle de la Belgique, il faut savoir quelle est la
disponibilité de main-d'oeuvre. C'est possible que, lorsque toute la
main-d'oeuvre d'un pays a de l'emploi, il cherche moins les investissements
pour engager des travailleurs, mais chez nous ce n'est pas le même
problème.
M. SAINT-PIERRE: Je suis bien d'accord. Ce qui veut dire quand
même que nous avons une des économies qui réussit à
chaque année à créer le plus d'emplois par rapport
à sa population qu'à peu près toutes les économies
du monde.
M. RUSSELL: ... l'augmentation de l'automatisation; il faut tenir compte
de cela aussi. Il y a des industries qui vont augmenter de 20 p.c. à 25
p.c. leur production et réduire leur main-d'oeuvre de 5 p.c, 10 p.c, 15
p.c. et 20 p.c
M. TETRAULT: M. le Président, j'aimerais savoir, lorsque le
ministre parle de la création de 53,000 nouveaux emplois, s'il prend en
considération le secteur de l'industrie qui a fermé. Il y a 6,000
emplois qui ont été perdus et qui remplacent...
M. SAINT-PIERRE: Vous prenez les statistiques. Vous prenez le nombre de
personnes au travail en décembre 1969, pour prendre un cas
d'espèce, et vous prenez la même chose en décembre 1970. Il
y en a 53,000 de plus qui travaillent qu'il n'y en avait il y a un an. Cela
tient compte de la baisse. Cela veut peut-être dire qu'il y en a eu
75,000 de plus mais, par contre, il y en a eu 20,000 de moins.
UNE VOIX: Toujours en déduisant les gars qui ont perdu leur
position.
M. LE PRESIDENT: Article 1. Il ne faudrait pas que tous se mettent
à parler en même temps. Je suis certain que ceux qui sont
préparés à l'enregistrement vont avoir
énormément de problèmes à identifier les gens. Si
quelqu'un veut parler, je lui demanderais de le signaler au président
pour avoir la parole.
Le député de Gouin m'a signalé qu'il avait une
dernière question à poser avant qu'on procède article par
article.
M. JORON: On peut commencer tout de suite. Il y a quelques sujets que je
n'ai pas pu rattacher à des articles en particulier. Vous pouvez
peut-être m'indiquer s'ils se rattachent à des articles. On
pourrait peut-être éviter d'en parler tout de suite et
commencer.
J'en vois deux, entre autres. J'aurais aimé entendre du ministre
quelques explications supplémentaires sur l'idée qu'il a
émise récemment quant à la création d'un fonds
capital de risque, d'une part, et, d'autre part, sur la question plus vaste
encore de la SGF.
M. SAINT-PIERRE: Peut-être qu'on pourrait reprendre ces deux
sujets sous le vocable S-4 qui nous permet de toucher à l'ensemble de
nos programmes de subventions.
M. RUSSELL: Subventions industrielles.
M. JORON: Je suis d'accord pourvu qu'on puisse en discuter plus
tard.
M. LE PRESIDENT: Article 1, Administration.
Administration
M. RUSSELL: M. le Président, une simple remarque avant de
commencer à l'article 1. Si le ministre veut réaliser tout ce
qu'il a exposé ce matin, on pourrait peut-être arrêter les
travaux de la commission et faire venir le ministre des Finances pour lui
demander de quadrupler son budget afin qu'il puisse réaliser tout
cela.
M. SAINT-PIERRE: Le député s'inquiète. C'est
important, parce qu'il faut se rappeler que le budget de l'industrie et du
commerce du Québec est supérieur au budget de l'industrie et du
commerce de l'Ontario. C'est un point que le député de
Gaspé... Vous verrez dans les crédits que tout ce qu'on veut
réaliser, on peut le faire à l'intérieur du budget.
M. TETRAULT: Les investissements de l'Ontario sont plus rentables que
ceux du Québec.
M. SAINT-PIERRE: Les uns disent qu'on ne consacre pas assez à
l'industrie et au commerce, mais est-ce qu'on réalise que les $50
millions d'ici sont supérieurs à l'argent que reçoit mon
collègue de l'Ontario?
M. LE PRESIDENT: Article 1, catégorie 1.
M. RUSSELL: A la catégorie 1, est-ce que tous ceux qui s'occupent
d'administration, cela comprend les bureaux à l'extérieur du
Québec?
M SAINT-PIERRE: L'administration comprend le cabinet du ministre, le
cabinet du sous-ministre, tous les sous-ministres adjoints ainsi que le secteur
de l'administration, du
service financier, l'approvisionnement, l'équipement, le dessin,
les archives, le service du personnel, le service juridique et des choses comme
cela.
M. RUSSELL: A Québec et à Montréal?
M. SAINT-PIERRE: A Québec et à Montréal. Cela
n'inclut personne de l'extérieur.
M. RUSSELL: Personne de l'extérieur. On aura l'occasion, à
d'autres articles d'en discuter.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. TETRAULT: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est la
raison principale de l'augmentation de $400,000 à l'article
Administration?
M. SAINT-PIERRE: Les effectifs, en 71/72, étaient de 130; les
effectifs de 72/73 sont de 134.
M. TETRAULT: Les postes sont comblés?
M. SAINT-PIERRE: Non, les effectifs réels sont dans le moment de
116. Nous avons actuellement, pour l'ensemble des postes autorisés au
ministère, 85 postes vacants. La plupart vont être comblés
d'ici peu. Il y a soit des concours qui ont été annoncés,
soit des jurys où des décisions doivent être prises.
M. RUSSELL: II y en a combien de comblés actuellement sur
134?
M. SAINT-PIERRE: II y en a 116.
La grande augmentation également que je tiendrais à faire
remarquer, c'est la publicité dans les journaux, revues et autres
publications. Strictement pour le ministère lui-même, il y a un
montant de $165,000 qui, l'an dernier, était au ministère des
Communications et qui, cette année, se retrouve dans les budgets des
ministères mêmes. Cela explique le plus grand montant que l'on
retrouverait, d'ailleurs, dans la catégorie 3, services de transport et
de communication, qui passe de $370,000 à $564,000 dont, encore une
fois, $165,000 qui étaient avant aux Communications se retrouvent
maintenant au ministère.
M. RUSSELL: M. le Président, discutons-nous l'article au complet
ou si nous les prenons "sous-poste" par "sous-poste"?
M. LE PRESIDENT: Pour que nous nous comprenions bien, l'article 1, c'est
ce que vous voyez dans la marge; ensuite, on mentionne les catégories,
parce qu'on a voulu uniformiser les termes à un moment donné.
Actuellement, nous discutons l'administration, qui est l'article 1. Il y a les
catégories 1, 2, 3, 4, 5, que nous allons discuter catégorie par
catégorie, à l'intérieur de l'article 1.
M. RUSSELL: M. le Président, quant à moi, la
catégorie 1 est adoptée, à moins que d'autres n'aient des
questions là-dessus.
M. TETRAULT: Changeons-nous de titre?
M. LE PRESIDENT: Je vais appeler les catégories l'une
après l'autre, au niveau de l'article 1.
Alors, catégorie 1, adopté.
Catégorie 2, adopté.
M. RUSSELL: A la catégorie 3, le ministre a donné
l'explication. C'est l'augmentation de la publicité qui créait
cette différence de crédits. Est-ce que les crédits de
$370,000 votés l'an dernier ont été totalement
épuisés?
M. SAINT-PIERRE: C'est un peu difficile, cette année, à
cause du PPBS. On a changé les catégories de dépenses. On
pourrait peut-être vous dire globalement ce qui a été
dépensé. Globalement, pour l'ensemble de l'article 1, l'an
dernier, on avait voté $1,884,000 et on a dépensé
$1,500,000. Cela vous donne une indication. Les catégories les plus
significatives: services contractuels, on avait au budget $248,000 et on a
dépensé seulement $214,000; c'est la plus grosse
catégorie. Il y en a une autre assez importante: services contractuels,
honoraires et commissions; on avait prévu $134,000 et on a
dépensé seulement $13,400.
M. RUSSELL: C'est la catégorie 4, services professionnels.
M. SAINT-PIERRE: Mais qui, l'an dernier, était indiquée
comme honoraires et commissions et qu'on retrouvait aussi comme services
contractuels. C'étaient les deux catégories que, cette
année, l'on retrouve à services professionnels, administratifs et
autres, à la catégorie 4.
M. TETRAULT: M. le Président, à la catégorie 3,
lorsqu'on parle de services de transport, est-ce que ça inclut les frais
de transport des fonctionnaires d'un endroit d'une région ou d'un pays
à l'autre?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont les frais de déplacement des ministres,
députés, employés publics, autres personnes, les frais de
mutation et de déménagement, les congrès et conventions.
Ceci donne une somme totale de $123,400. Il y a des frais de poste, de
messagerie et autres frais de transport, $4,000. Les communications par
télégraphe, $3,500; publicité dans les journaux, $255,000;
publications des ministères, $65,400 et transactions entre les
ministères et les services gouvernementaux, $112,200. C'est ce qu'on
paie à d'autres ministères pour certains services qui nous sont
rendus, à l'Office du film, par exemple.
M. RUSSELL: Est-ce que les frais de téléphone sont
compris?
M. SAINT-PIERRE: Non, les frais de téléphone sont à
une autre catégorie, aux Travaux publics.
M. TETRAULT: Dans les frais de transport, vous m'avez donné
$123,000. Je vais vous poser une question qui peut paraître très
banale.
J'ai vu qu'avec un autre Parlement cela a été assez
considérable. Est-ce que le ministre et les fonctionnaires en place
voyagent tous en première classe ou en classe économique? Cela
peut faire une différence dans un budget à la fin de
l'année.
M. SAINT-PIERRE: En classe économique. Le ministre, en deux ans,
n'a jamais voyagé en première classe encore.
M. ROY (Lévis): II s'est rendu quand même.
M. SAINT-PIERRE: Pardon? Il s'est rendu quand même.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté? DES VOIX:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, services professionnels,
administratifs et autres, adopté?
M. JORON: M. le Président, à la catégorie 4
principalement, il s'agit, je pense, de services confiés à des
firmes privées, la plupart du temps, j'imagine, de conseillers en
administration ou autre chose du même genre. Je tiens à signaler
qu'on observe une augmentation, non seulement à l'intérieur de
l'article 1, mais à la catégorie 4. La proportion est la
même qu'à l'article 1. C'est pour ça que je le signale
immédiatement. Je vois une augmentation globale d'à peu
près 30 p.c, alors que les dépenses globales du ministère
diminuent d'environ 10 p.c. ou 11 p.c. Cela semble être une tendance de
donner de plus en plus de contrats à l'extérieur. Est-ce que cela
fait partie d'une politique voulue? Est-ce à cause d'une carence de
personnel? Est-ce parce que vous avez davantage foi aux services privés,
aux bureaux de recherche privés qu'en vos propres fonctionnaires? Est-ce
que vous visez à former des fonctionnaires dans les domaines où
vous êtes obligé peut-être, à l'heure actuelle, de
donner des contrats à l'extérieur?
M. SAINT-PIERRE: Non, d'ailleurs dans ce cas-ci les services
professionnels ne visaient pas à enlever du travail qui, normalement,
serait donné à des fonctionnaires. On le voit par nos postes
vacants et tous les efforts qu'on tente de faire pour combler nos postes,
compte tenu d'une structure de salaire. Cela me semble une priorité
à donner au niveau de mes collaborateurs, au niveau, en particulier, de
la Direction générale de l'industrie, qui a cette mission
particulière d'avoir une connaissance appropriée des secteurs
industriels pour être capable de voir ce qu'on peut faire pour chacun:
secteur du meuble, secteur de l'électricité et machinerie. La
même chose pourrait s'appliquer à la Direction
générale de la recherche économique. Alors, on a
déjà des postes vacants et on tente de recruter des gens. Mais,
en cours de route, il y a quand même, pour les industriels, une foule de
types d'études qui demandent des spécialistes. Cela semble, en
tout cas dans le moment, beaucoup plus économique et plus à la
satisfaction de l'industriel si ces études sont données sur une
base contractuelle. Je pense surtout à des études de mise en
marché, des études particulières de rentabilité,
des études de ces catégories qu'on retrouvera, comme vous l'avez
mentionné, ici et à d'autres endroits.
Il semble que c'est un article où on pouvait avoir une croissance
de 30 p.c. par année et bien dépenser l'argent. Cela fait un peu
boule de neige. Si on tente, par des programmes, d'inciter les
Québécois à rechercher les nouveaux marchés
à l'extérieur, cela implique qu'on veut aussi les aider sur le
plan des études de rentabilité pour une croissance de leur
entreprise, sur le plan de nouveaux produits qui pourraient être
lancés, etc.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adopté. Catégorie 5,
entretien et réparations, adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6, loyers, adopté?
M. RUSSELL: A la catégorie loyers...
M. SAINT-PIERRE: Ce sont les machines Xerox pour tout le
ministère. Pour les machines à polycopier...
M. GAGNON: Est-ce que Xerox parle encore? Apparemment, il livrait des
secrets. M. Johnson se plaignait souvent de cela et disait: Cela dépend
de Xerox.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas au gouvernement. A l'Hydro-Québec,
parfois, les machines parlent, mais ici, au gouvernement, ça n'arrive
pas.
M. GAGNON: Ce n'est pas la machine qui parle que je trouve heureuse,
c'est celui qui écoute.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6, adopté. Catégorie 7,
fournitures et approvisionnements, adopté?
M. RUSSELL: A la catégorie 7, il y avait un montant de $52,300.
Est-ce que cela a été totalement épuisé? On demande
des crédits additionnels cette année. Est-ce qu'il y a une raison
particulière?
M. SAINT-PIERRE: La croissance est due aux imprimés, livres et
fournitures de bureau et d'articles, il y a une croissance de $38,000 à
$50,000. C'est surtout l'article où il y a une augmentation. Laissez-moi
voir. Il y a d'autres petites augmentations mineures. Mais c'est le gros point.
Finalement, il y a $12,000 de plus.
M. RUSSELL: Environ $12,000.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est a une question
à poser.
M. TETRAULT: A la catégorie 7, vous avez fournitures et
approvisionnements. Est-ce que les fournitures en englais, c'est
"materials and supplies" sont toutes achetées au Québec ou
si cela veut dire tout autre chose dans le contexte où vous l'employez?
Est-ce que cela comprend l'équipement de bureau, les matériaux
nécessaires pour...
M. SAINT-PIERRE: Ce sont les réquisitions au Service
général des achats, suivant ses politiques. Tantôt, en
touchant le Service général des achats, nous pourrons revenir sur
ses politiques d'achat. Mais ce qu'on achète à cette
catégorie, ce sont des matières fabriquées, non
comestibles, des pièces et accessoires, du matériel
d'équipement, des pneus et des chambres à air en caoutchouc pour
les voitures. Le gros point dans cela, ce sont les imprimés, les livres,
fournitures de bureau d'artistes, la cartographie, les salles à dessin,
des choses comme cela, $50,000.
M. TETRAULT: C'est parce que la catégorie 7 revient à tous
les articles.
M. SAINT-PIERRE: Elle va revenir à d'autres directions
générales.
M. TETRAULT: Oui. Mais est-ce une politique globale, les produits
québécois prioritaires?
M. SAINT-PIERRE: Nous reprendrons cela, si vous voulez, au Service des
achats.
M. TETRAULT: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Nous pourrons voir ses politiques.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7, adoptée?
M. RUSSELL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8?
M. RUSSELL: A la catégorie 8, M. le Président, je remarque
qu'il y a une augmentation très marquée. Elle est de 300 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Alors, il y a deux points sur ça. Il y a $31,500
qui résultent d'une mécanisation. C'est parce qu'au
ministère on fait beaucoup d'expéditions à
l'étranger. Il y a des listes assez considérables de revues ou de
choses semblables. Avant, toute l'insertion dans les enveloppes et
l'expédition se faisaient manuellement. Cela demandait un temps trop
considérable. Alors, cette année, il y a $31,500 pour
mécaniser cela afin d'en faire une simple opération.
Deuxièmement, il y a $26,000 pour acheter des appareils qui nous
permettent d'accélérer ou de moderniser la mise en page de
certains documents. Avant, cela devait se faire à l'extérieur et,
maintenant, cela se fera dans nos salles propres. Enfin, ce sont de petits
appareils pour de petits travaux d'imprimerie.
M. RUSSELL: M. le Président, je fais remarquer au ministre qu'il
n'aide pas au chômage quand il mécanise!
M. SAINT-PIERRE: On aide à l'efficacité.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8, adoptée? Adopté.
M. SAINT-PIERRE: Sans cela, cela va prendre des pelles pour enlever la
neige l'hiver.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11? M. JORON: Un instant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
Conseil général de l'industrie
M. JORON: Avant que nous terminions l'article c'est pour cela que
j'interviens à ce moment-ci je voudrais demander si c'est
à l'intérieur de l'article 1 que nous pourrions poser certaines
questions au sujet du Conseil général de l'industrie.
M. SAINT-PIERRE: II y a un article séparé.
M. JORON: Séparé pour le Conseil général de
l'industrie? Sous le chapitre de la direction générale de
l'industrie, je suppose?
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Vous avez raison. C'est à
l'intérieur...
M. JORON: De l'administration?
M. SAINT-PIERRE: ... de l'administration. C'est $150,000 sur le plan
budgétaire. Posez votre question.
M. JORON: La question, c'était ça. Donc, ce sont $150,000
qui impliquent quelles sortes de dépenses? Des jetons de présence
aux membres?
M. SAINT-PIERRE: Non, pas des jetons de présence. Il y a M.
Ouimet qui travaille là. Il y a des employés à plein
temps, cinq personnes. Il y a $105,000 en traitements et le reste en menues
dépenses. Il n'y a aucun jeton de présence.
M. JORON: Dans le passé, on a fait grand état de ce
Conseil général de l'industrie. A certains égards, on
s'est demandé s'il n'allait pas remplacer tout autre organisme
consultatif à l'intérieur du gouvernement. Quand nous avons vu
aussi la déchéance qu'a subie l'Office de planification et de
développement, depuis quelques années, nous nous posions des
questions sérieuses à cet égard. Je voudrais demander
d'abord au ministre si, pour lui, le Conseil général de
l'industrie est sa principale source d'inspiration. Comment conçoit-il
le Conseil général de l'industrie? Lui donne-t-il un rôle
accessoire seulement ou s'il lui attribue en quelque sorte une grande partie de
la planification industrielle au Québec?
M. SAINT-PIERRE: Bien, il y a plusieurs organismes; je ne voudrais pas
mêler les rôles. Il y a, en particulier, le Conseil de
planification et de développement, présidé par M.
Côté. D'ailleurs, quelques-unes des personnes, qui font partie du
Conseil général de l'industrie, y siègent. Ce groupe a un
mandat.
Je pense que le Conseil général de l'industrie est un peu
un groupe privilégié auprès du ministre de l'Industrie et
du Commerce en tout ce qui touche les politiques générales du
Québec. Il aide à établir une espèce de dialogue et
d'échanges entre les chefs d'entreprises, ce qui nous permet, dans
plusieurs cas, d'avoir quand même des avantages très
marqués.
Je mentionne les échos extrêmement favorables que j'avais
eus sur une visite à New York qui avait été
organisée en collaboration avec le Conseil général de
l'industrie. Le slogan était: Invest Quebec. Cela avait eu lieu à
New York et avait été essentiellement organisé par le
Conseil général de l'industrie. A très peu de frais, cela
nous a quand même permis... J'ai eu des commentaires très
favorables de la province d'Ontario. Cela dit un peu ce qui peut en
être.
Je pense également que ces gens peuvent agir un peu comme
ambassadeurs. Cela devient, souvent, pour d'autres politiques gouvernementales,
une façon non pas d'influencer, mais de faire comprendre les politiques
du gouvernement, même en-dehors du point de vue économique. J'ai
rencontré moi-même, déjà, à deux reprises les
membres de ce groupe. A peu près à toutes les réunions,
soit environ toutes les six semaines, je tente, dans la mesure du possible, de
les rencontrer. Nous avons parfois une échange d'une heure qui permet de
répondre à des questions de tout ordre: Pourquoi ceci? Pourquoi
cela? Ne devriez-vous pas faire ceci? Pourquoi ne faites-vous pas cela? Et
à moi-même, aussi, cela permet de renvoyer la balle à
l'occasion.
Maintenant, pour ce qui est de la planification, il faut dire que ce
groupe nous a donné un document que, personnellement, j'ai trouvé
assez intéressant sur des objectifs globaux de développement
économique, document qui date déjà de deux ans et qui
avait été remis à l'ancien gouvernement. Ce sont des gens
qui se penchent sur plusieurs des problèmes. J'ai passé justement
l'heure du dfner à discuter d'un autre problème sur lequel se
penche ce groupe. Sans en dévoiler les grandes lignes, c'était le
problème du recrutement de cadres spécialisés dans les
industries québécoises. N'y a-t-il pas quelque chose à
faire pour rapatrier des Québécois qui sont à
l'extérieur, qui ont un talent particulier dans un secteur, qu'on ignore
et dont on aurait besoin ici? N'y a-t-il pas des façons de s'assurer
d'une certaine mobilité à un certain niveau? N'y a-t-il pas
quelque chose qui manque?
M. JORON: M. le Président, je remercie le ministre de sa
réponse. Elle est effectivement claire. Je tiens à souligner
notre objection au fait que le Conseil général de l'industrie
ait, justement, ce statut qu'il a qualifié vaguement lui-même de
privilégié. C'est un conseil d'entrepreneurs qui a l'oreille du
ministre. Ceci nous apparaît dangereux. Je voudrais être bien
compris. Non pas qu'il n'appartient pas à l'Etat de discuter avec les
entrepreneurs. Que l'Etat, que le ministre de l'Industrie et du Commerce soit
appelé à discuter avec les entrepreneurs, c'est parfaitement
normal. Mais ce que nous trouvons inquiétant, c'est quand cela devient
un interlocuteur privilégié, un interlocuteur favori. A ce
moment-là, sans qu'on le veuille je n'attribue de mauvaises
intentions à personne il se crée quand même une
coincidence dans les vues des interlocuteurs, de part et d'autre.
Le schème de développement vous venez de le dire
vous-même qu'ils peuvent suggérer implicitement au
ministre, peut très largement conditionner sa façon de voir les
choses et, finalement, le ministre de l'Industrie et du Commerce, sans qu'on
s'en soit rendu compte, peut devenir le porte-parole d'un groupe
privilégié dans la société. Ce n'est qu'un des
agents de la société, il faut le comprendre.
Je pense qu'il y a un danger, ici, sans vouloir faire d'imagerie
politique et de démagogie, quand on connaît les partis
traditionnels au Québec, la façon dont ils sont financés,
leur provenance sociale, et ainsi de suite. Cela crée des liens qui
feront dire à plusieurs c'est vrai à bien des
égards, parfois que finalement, les politiques de l'Etat et les
politiques du ministère de l'Industrie et du Commerce ne sont que la
béquille faite pour supporter l'entreprise privée ou les grands
entrepreneurs. C'est le danger là-dedans.
Evidemment, un Etat doit discuter avec les entrepreneurs qui sont
à l'intérieur de son économie mais tout dépend dans
quel cadre. C'est pourquoi nous raisonnons davantage, au Parti
québécois, dans le cadre d'un plan, à la
table duquel un peu comme nous sommes assis ici aujourd'hui
vous auriez les entrepreneurs d'un côté, les syndicats de
l'autre, ainsi que l'Etat et peut-être, éventuellement des
consommateurs, ainsi de suite, de façon que l'Etat, qui doit être
appelé à légiférer à un moment donné,
ne soit pas indûment influencé par un des agents de la
société.
Je me demande, par exemple, s'il n'y aurait pas lieu de concevoir tout
ce que cette table de planification, elle n'existe pas et elle ne peut
peut-être pas exister non plus dans la situation constitutionnelle dans
laquelle se trouve le Québec que ce Conseil général
de l'industrie puisse être élargi pour inclure d'autres types
d'agents sociaux.
Je pense en particulier aux syndicats. C'est facile des fois d'accuser
des chefs syndicaux d'irresponsabilité, mais, quand on les exclut des
lieux où les politiques à long terme se décident, il ne
faut peut-être pas être surpris après ça si la seule
arme qui leur reste est la contestation, en dehors des lieux où les
décisions se prennent.
Mais si, par un processus d'intégration ou de décision, on
amenait dans ces conseils les syndiqués, à titre d'exemple, il y
a de fortes chances par la suite que, certaines choses ayant été
acquises au départ, il y ait passablement moins de problèmes
ensuite dans l'application des politiques salariales, etc. C'est pour ça
que je tenais à souligner notre crainte et notre désapprobation
quant à l'existence de ce conseil et surtout quant à l'influence,
qui nous paraît démesurée, qu'il a auprès du
ministère de l'Industrie.
M. SAINT-PIERRE: Très brièvement, quand même je
reconnais que dans notre société il y a plus que les chefs
d'entreprise qui sont des agents économiques et on peut établir
un parallèle avec le système d'éducation et les syndicats
d'enseignants. Mais je pense que le député de Gouin va me
comprendre; depuis que j'ai la responsabilité du ministère de
l'Industrie et du Commerce, on a essayé de faire des réunions
avec les syndicats ouvriers. D'ailleurs, à deux reprises on a
fixé des rendez-vous.
C'est assez difficile dans le contexte actuel d'établir un
dialogue significatif lorsque vous vous faites renvoyer par la tête des
manifestes où on dit qu'on veut casser le système et qu'on veut
faire ci et ça et que l'Etat on va le détruire.
Si les centrales syndicales concevaient leur rôle comme un
rôle de participation avec d'autres agents économiques
vis-à-vis des buts de la collectivité, je pense que vous avez
parfaitement raison. D'ailleurs, même dans le moment on les retrouve
quand même très souvent, elles ont une très bonne
représentation. Si on prend le Conseil de planification et de
développement de M. Côté, il y a des gens de la CSN, de la
FTQ là-dedans. Si on prend nombre de conseils qui avisent le
gouvernement, le conseil des universités pour ne citer qu'un cas
d'espèce, il s'y retrouve des gens de la CSN.
Mais c'est le même problème pour engager un dialogue
significatif avec les syndicats d'enseignants. On vous fait envoyer un
manifeste dans lequel, à la troisième ligne, on dit qu'on va
casser le système, qu'on veut la révolution, qu'on va occuper les
écoles, tout ça c'est à terre. C'est ça qui est
plus grave. Je vais terminer là-dessus, parce que je pourrais
m'em-porter. Souvent, dans ces manifestes-là, ce n'est pas au Parti
libéral qu'on s'attaque, ce n'est pas contre le système
même qu'on a en Amérique du Nord; on s'attaque à l'Etat
comme institution. On me dit: L'Etat, vous n'avez rien à faire, vous
êtes des bureaucrates. Renvoyez-nous l'argent et nous dans des
comités de citoyens on se rappelle Multi-Media, etc. nous
savons comment dépenser ça. C'est drôle, ça me
semble lorsqu'on nie le rôle de l'Etat à ce point-là
du libéralisme pur où l'individu refuse que l'Etat, le
représentant de la collectivité ait un rôle quelconque
à jouer.
Cela, c'est de l'anarchie. Et il y a un deuxième point, vous me
permettrez de finir là-dessus. Vous avez fait des allusions aux caisses
électorales et aux partis politiques traditionnels. Je ne suis pas un
vieux politicien, mais je suis certain que cela va peut-être
arriver si le Parti québécois se rapproche du pouvoir, il
va trouver, sans faire d'efforts, ce que ça signifie. Depuis deux ans,
quand j'ai participé au conseil des ministres, aucune décision
n'a été influencée gros comme ça par une caisse
électorale dont j'ignore les souscripteurs. Je vous donne un cas
d'espèce, et je pourrais vous en donner 50 autres. A un moment
donné j'ai été convaincu que c'était
nécessaire que le cidre se vende dans des épiceries et ne se
vende pas uniquement au côté de la rue à Richmond. Je ne le
sais pas, mais j'imagine qu'il y a peut-être des importateurs de vins qui
participent à la caisse électorale de mon parti. Et ça me
semblait tellement évident et nécessaire que ça se vende
dans les épiceries que je n'ai pas hésité à leur
faire plaisir ou non.
Je pense qu'il se fait beaucoup de démagogie dans ce
sens-là. On peut dire de la même façon que le NPD est pris
avec les travailleurs et puis renoncer; on voit le Parti travailliste, en
Angleterre, et lorsqu'il a le pouvoir, même s'il a été
appuyé par les travailleurs, il n'est pas capable de dire aux
travailleurs: Demain matin vous avez tous $100,000 par année. Il y a
quand même des contraintes.
M. RUSSELL: II y a plus de démagogie qu'il y a de
contradiction.
M. JORON: Un dernier point sur ce cas-là avant qu'on le termine.
Je comprends la difficulté qu'éprouve le ministre quand, par
exemple, il entend dire, d'autre part, qu'on veut casser le système,
qu'on veut détruire les institutions. Si c'est ça que ça
veut dire, bien entendu, vous le savez, notre présence ici en
témoigne, c'est une formule que l'on rejette. On a choisi d'agir dans le
respect et dans le
maintien des institutions. Mais je me demande dans quelle mesure par
exemple il faut se poser cette question-là aussi.
Cette attaque, des fois elle n'est pas consciente d'ailleurs, contre les
institutions finalement et qui mène à l'anarchie, j'en conviens,
n'est pas finalement une attaque déguisée plus contre le
gouvernement que contre l'institution elle-même. Aurait-on un plus grand
respect des institutions si le gouvernement était autre? Je pense que
cela vient de ce qu'il n'y a certainement pas la confiance nécessaire
dans le gouvernement. Je présume qu'à ce moment-là on se
dit, l'Etat pour reprendre une formule d'un manifeste d'une des
centrales syndicales rouage de notre exploitation. L'Etat parce qu'il
est administré, géré et dirigé par tel parti
politique, entre autres, qui se sert de l'Etat à cette fin-là, a
une très grande responsabilité. Comment utilise-t-il justement
cet Etat-là et le pouvoir qui en découle s'il veut être
bien sûr que l'Etat lui-même, comme institution, par la suite, sera
respecté? Je pense qu'aujourd'hui justement, on vient de voir une preuve
de responsabilité dans la demande de retour au travail qui a
été faite par les centrales syndicales. Je pense qu'un geste
équivalent de même responsabilité ou de même respect,
si vous voulez, à l'égard des institutions pourrait
peut-être s'imposer de la part du gouvernement également.
Là sans entrer dans le conflit...
M. LE PRESIDENT: Je dois quand même signaler à la
commission une certaine prudence à s'embarquer dans un débat
d'une philosophie globale qui serait peut-être un peu en dehors de
l'étude des crédits.
M. JORON: J'ai une toute dernière question sur le conseil
général de l'industrie. Vous ont-ils communiqué leurs
opinions avant ou au moment ou après l'adoption du bill 19?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. LE PRESIDENT: Alors la catégorie 11 adopté.
M. RUSSELL: Est-ce qu'ils ont été consultés avant
l'adoption du bill 19?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11 adopté. Adopté.
Article 1, adopté. Article 2, catégorie 1.
Direction générale de la Recherche et de
la planification
M. RUSSELL: M. le Président, il y a ici quand même une
augmentation. Est-ce que le montant de $483,000 voté l'an dernier est
totalement épuisé?
M. SAINT-PIERRE: Celui-là, c'est facile de vous le donner.
La division que l'on retrouve est celle approuvée par la
Commission de la fonction publique. L'an dernier, les postes étaient
comblés avec la Direction générale de l'économie
industrielle. Peut-être que je peux donner un ordre de grandeurs. Le
budget initial était de $1,819,000 et nous avons dépensé
$1,713,000. C'étaient les $483,000 que vous voyez, plus $1,336,000 que
vous voyez, en bas, grosso modo. C'est parce que, l'an dernier, ces deux postes
étaient ensemble.
M. RUSSELL: Je vois ici qu'il y a deux postes où c'est inscrit
direction de la recherche.
M. SAINT-PIERRE: Où cela?
M. RUSSELL: Direction générale de la recherche et de la
planification et, à la page 129, vous avez la direction de la
recherche.
M. SAINT-PIERRE: C'est à l'intérieur de la Direction
générale des pêcheries. Les pêcheries ont trois
subdivisions si vous connaissez un peu le facteur historique dont
une est la recherche. C'est uniquement pour les pêcheries.
M. RUSSELL: Le ministre pourrait-il élaborer sur le travail de
recherche fait, à cet article, par le personnel?
M. SAINT-PIERRE: Le personnel se divise essentiellement en quatre
directions. La Direction de l'analyse et de la prévision
économiques, qui comporte l'ensemble des opérations de recherche
des secteurs donnés ou sur des prévisions dans le temps. La
Direction des études industrielles, qui étudie les
problèmes particuliers, sectoriels, reliés à la recherche
économique. La Direction des études régionales, qui fait,
entre autres, les dépliants que je vous ai donnés, hier, par
région donnée. La Direction de la politique industrielle, qui a
neuf personnes pour analyser des problèmes de politique industrielle,
l'effet de certains programmes d'incitation, la nature de ces
programmes-là, pour changer la structure industrielle.
M. GAGNON: Est-ce que, dans ces recherches-là...
M. SAINT-PIERRE: Je peux vous les donner plus en détail.
M. GAGNON: Ce n'est pas nécessaire. Chaque fois qu'il y a un
comité de recherche, est-ce que, chaque année, il dépose
un rapport qui traite de ce qu'il a fait au cours de l'année, de ce
qu'il a trouvé?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons des rapports d'activité; je ne sais
pas si vous voulez
qu'on en fasse tirer des copies. La Direction de l'analyse et de la
prévision économiques, qui est une des quatre directions que je
vous ai mentionnées, a soumis ici un rapport de ses activités du
1er avril au 31 mars 1972. Il y a des documents qui ont été
publiés. Vendredi prochain, on aura le petit bouquin qu'on publie et qui
indique la situation économique du Québec pour chaque
année. Il sera disponible vendredi et ce sont ces gens-là qui le
préparent. Je vous le distribuerai vendredi sous forme de
dépliant. La direction a travaillé, au cours de l'année,
à améliorer des outils d'analyse et de prévision, à
la préparation de tableaux standardisés de données
relatives à la situation économique, à
l'amélioration de la méthodologie, aux estimations des comptes
nationaux du Québec, à l'utilisation du modèle
économétrique de prévisions à court terme.
J'en vois ici une autre, de la Direction de l'analyse et de la
prévision économiques. Les principaux travaux: la situation
économique en 1970, la situation de l'emploi, la publication mensuelle,
les prévisions économiques de 71/72 (80 pages), la situation
économique de 1971, un aperçu de la situation économique
au Québec, 10 janvier 1972, un rapport distribué en janvier
à l'occasion de la conférence annuelle du ministre de l'Industrie
et du Commerce, la situation économique au Québec pour
février, le modèle économétrique de
prévisions à court terme continuelles, enquêtes
conjoncturelles dans le secteur de la fabrication, documents
préparés pour la conférence des premiers ministres les 15,
16 et 17 novembre, certains textes pour le discours du budget du ministre des
Finances et certaines prévisions économiques. Ils participent
à des comités, à des conférences, à la
préparation de divers textes.
M. RUSSELL: Est-ce là que nous allons retrouver le comité
qui était censé être formé pour aider l'industrie
privée si elle demandait à un certain moment un
spécialiste dans une matière donnée pour un conseil?
M. SAINT-PIERRE: Nous allons retrouver ça à la Direction
générale de l'industrie.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. Catégorie
3.
M. SAINT-PIERRE: C'est à peu près au même niveau que
l'année dernière. Il n'y a pas de changements majeurs. La seule
différence est dans le traitement des données; il y a un
léger accroissement dans le traitement mécanographique, dans
l'utilisation de l'ordinateur.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégories 4, 5, 6, 7, 8, 11,
adopté.
M. JORON: M. le Président, avant de changer d'article, je
voudrais poser des questions au ministre. Cette Direction
générale de la recher- che et de la planification, comment
s'insère-t-elle dans le travail que fait d'autre part ailleurs et
relevant d'un autre ministre, en l'occurence le premier ministre, l'Office de
planification, par exemple, et le Conseil général de l'industrie
dont on a parlé tout à l'heure? On a l'impression qu'on ne sait
plus qui fait de la recherche et de la planification dans le gouvernement. Sans
parler des instituts parapublics, l'Institut national...
M. SAINT-PIERRE: ... d'administration publique.
M. JORON: Ces choses-là. Y a-t-il une politique à un
moment donné qui viserait le plus possible à réunir sous
un même toit... Quels sont les mécanismes de coordination qui
existent entre ces différents organismes? Y a-t-il des tâches
spécifiques qui sont attribuées aux uns pour qu'il n'y ait pas de
dédoublement de travail, et ainsi de suite?
M. SAINT-PIERRE: Essentiellement, si on reste à
l'intérieur du gouvernement, le ministère a été
associé d'assez près, par l'entremise de son sous-ministre, M.
Vézina, aux travaux de l'OPDQ. Nous avons effectivement participé
et contribué largement à certaines des études d'analyse
économique faites par l'OPDQ sur certains problèmes particuliers.
Deuxièmement, cela reprend les propos tenus ce matin. Une des
tâches du groupe économique, c'est de faire un peu l'allocation
des responsabilités particulières entre les ressources qui sont
actuellement disponibles. On pourrait dire un peu la même chose si on
veut en ajouter à celles que j'ai mentionnées, aux titres que
vous avez mentionnés, les ressources au niveau du ministère des
Finances ou du bureau du premier ministre.
Mais je pense que, par le groupe économique, de plus en plus on
tente de cerner des mandats particuliers qui sont confiés et de savoir
ce que les autres font ou ne font pas.
M. JORON: De deux choses l'une. Je veux m'assurer d'une part, qu'il y a
des liens de communication suffisants pour qu'il n'y ait pas de
dédoublement de travail, une spécialisation des tâches qui
se fasse et, d'autre part, il reste quand même un problème. Est-ce
qu'il ne serait pas nécessaire que, par-dessus tout cela, il y ait un
ministre responsable qui fasse la synthèse de toutes ces études?
Très souvent, spécialiser les tâches pour qu'il n'y ait pas
de dédoublement, c'est une partie du travail. Mais, finalement, si cela
reste sur des tablettes parce qu'il n'y a pas un responsable de l'ensemble qui
réunirait le tout et qui aurait ordre de faire une synthèse et,
à partir de là, traduire cela dans des programmes d'action,
à toutes fins pratiques, cela aurait été largement
inefficace.
M. SAINT-PIERRE: Sur ce point précis, dans le contexte de la
réforme administrative,
sans dévoiler de secret, à assez brève
échéance, on pourra voir des changements très
précis. C'est un fait qu'actuellement, je pourrais... Disons que j'en
discutais, ce midi, avec quatre de mes collègues. On retrouve plusieurs
groupes qui sont mêlés de près ou de loin à toute la
question économique. On retrouve l'OPDQ, le ministère des
Affaires intergouvernementales, le groupe économique que je vous ai
mentionné, le secrétariat du Conseil exécutif, qui a tout
de même un rôle d'approbation et des choses comme ça, le
comité de législation, qui lui, approuve certains domaines, le
Conseil du trésor et le bureau du premier ministre.
Je pense que le Conseil exécutif, non seulement est ouvert, mais
examine très attentivement certains schèmes d'organisation qui
nous permettraient, au niveau des grandes missions économiques,
près du cabinet, d'établir certains lieux de concertation. A ce
sujet, je pense que le déroulement du groupe économique va nous
permettre de recevoir une leçon. Est-ce que l'on s'en va vers le grand
ministère qui regrouperait tout ce qui s'appelle mission
économique? Ou est-ce qu'on peut garder des entités
administratives différentes mais coiffées par une espèce
de secrétariat qui aurait des responsabilités
particulières en mission économique et qui jouerait un rôle
entre le cabinet et la prise de décision, l'exécution, le
"monitoring" et la surveillance de certains des programmes? Est-ce qu'on peut
retrouver en charge de chacun de ces groupes à mission
économique, mission culturelle, mission sociale des présidents
qui formeraient, avec le premier ministre, une espèce de comité
des priorités chargé d'établir, de dresser des listes de
priorités avec, comme pendant, un Conseil du trésor, qui lui,
vise à la réalisation d'un plan qui a été
approuvé par le comité des priorités?
Je pense quand même que les cordons se rattachent.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au ministre? Elle est peut-être hors d'ordre. Le centre de
recherche qui est en construction actuellement par le ministère des
Travaux publics est-il sous la tutelle du ministère de l'Industrie et du
Commerce?
M. SAINT-PIERRE: Le Centre de recherche industrielle est
administré suivant la loi qui l'a créé et il relève
du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. RUSSELL: II relève du ministère.
M. SAINT-PIERRE: On le retrouvera à un article
séparé, je pense. C'est l'article 9.
M. RUSSELL: L'article 9.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adoptée? Adopté.
Catégorie 3?
M. RUSSELL: Est-ce la Direction générale de
l'industrie?
M. LE PRESIDENT: Non, je m'excuse. Nous étions rendus à
l'article 3, la Direction générale de l'industrie.
M. RUSSELL: Ah bon! Le ministre pourrait peut-être expliquer
exactement le rôle de cette direction?
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 2 est adopté?
M. RUSSELL: Oui.
Direction générale de
l'industrie
M. SAINT-PIERRE: Alors, la Direction générale de
l'industrie, essentiellement, c'est l'étude sectorielle. C'est la
connaissance de l'industrie québécoise divisée en certains
secteurs. C'est surtout son rôle. A l'intérieur, on retrouve ce
qu'on appelle en anglais des "commodity officers", des gens qui sont dans des
secteurs donnés. Alors, ils sont responsables de bien connaître le
secteur industriel même, ses carences et ses difficultés. Ils
doivent maintenir des liaisons avec les gens qui sont dans ce secteur et savoir
ce qu'on peut faire pour eux. Les grandes divisions qu'on retrouve, c'est le
service des biens de consommation, le service des produits mécaniques et
électriques, le service des produits chimiques et des matériaux
de construction, la Direction de la normalisation, les services techniques aux
petites et moyennes entreprises. Je dois dire également que, dans le cas
des trois premiers services, en général, ce sont des gens qui
sont impliqués dans les nouveaux projets d'investissements. Si on a, de
la part des services internationaux ou autres, des projets d'investissements
dans un secteur donné, par exemple dans l'industrie pétrochimique
en général, on va adjoindre à l'équipe un
spécialiste qui s'y connaît à fond, qui sait de quoi il
parle, quels sont les besoins et ce qu'on peut faire pour eux.
Il y a un personnel total de 130, mais cela me paraît un secteur
fort important où, au cours des prochaines années, il faudrait
peut-être consacrer plus d'efforts qu'on a pu le faire.
M. RUSSELL: Cent trente en poste actuellement?
M. SAINT-PIERRE: Cent trente en poste sur 141 permis. Je sais que des
concours sont ouverts pour tenter de combler tous les postes.
L'assistance à la petite et à la moyenne entreprise, comme
je l'ai mentionné, cela est une direction particulière qui a 16
personnes. Elle donne suite à toutes les requêtes que nous avons.
Ce sont souvent, nos délégués régionaux, qui sont
dans les régions, qui vont identifier que telle entreprise a des
problèmes de finance, de commercialisation ou d'aide. Là, par les
canaux
prévus, le plus rapidement possible, des gens de ce groupe vont
tenter de les aider. Dans d'autres cas, ce sont plutôt des
problèmes de marchés ou autres choses.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre a la liste des responsables de chacun
des secteurs?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je l'avais. Je vais vous la donner. Le directeur
général de l'industrie est M. Dandois; le service des biens de
consommation, M. Bourgeois; le service mécanique et électrique,
c'est M. Lafrance; produits chimiques, matériaux de construction, c'est
M. Beaupré; la Direction de la normalisation, c'est
M. Lapalme; Services techniques aux petites et moyennes entreprises, M.
Dubois.
M. RUSSELL: M. le Président, je propose l'ajournement. Il est six
heures. Nous pourrions peut-être reprendre à huit heures?
M. LE PRESIDENT: Non. La catégorie 1 est adoptée, par
contre, à l'article 3.
M. JORON: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. La commission ajourne ses travaux
à demain, dix heures, dans la même salle.
(Fin de la séance à 18 h 2)
Séance du jeudi 18 mai 1972
(Dix heures dix-sept minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Ce matin, M. Lavoie (Wolfe) remplace M. Russell du comté de
Shefford.
Nous avions adopté hier avant l'ajournement la catégorie 1
de l'article 3. Nous discutons ce matin de la catégorie 3 de l'article
3.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, remplaçant M. Russell,
ce matin seulement, je n'ai pas assisté à d'autres
séances, je n'ai donc pu être au courant de ce qui a
déjà été dit. Si parfois je posais certaines
questions hors du sujet, vous voudrez bien me le rappeler, pour ne pas retarder
le débat.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le député de Wolfe de sa
compréhension.
M. GAGNON : Les services de transport et de communication, le ministre
pourrait-il nous dire très brièvement ce que ça concerne.
Il y a une augmentation de $50,000.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont surtout des dépenses de voyage des
fonctionnaires de cette direction générale de l'industrie. On se
rappelle qu'il y en avait 147. Il y a les frais dedéplacement
des employés qui s'élèvent à $145,000. Nous avons
augmenté le nombre d'employés. Comme je l'avais mentionné
au début, c'est un secteur où nous aimerions accorder plus
d'importance.
M. GAGNON: Le nombre d'employés a été
augmenté de combien?
M. SAINT-PIERRE: II était l'an dernier de $104,000 et il passe
à $145,000.
M. GAGNON: Non, je veux parler du nombre d'employés.
M. SAINT-PIERRE: II a légèrement augmenté, pas
tellement. C'est un secteur auquel nous tentons d'accorder beaucoup
d'importance, et comme la connaissance du milieu implique qu'on rencontre des
gens et qu'on ne reste pas uniquement entre quatre murs dans un bureau du
gouvernement, sur ce point-là, il nous a semblé nécessaire
d'accroître les crédits.
Il y a également des frais de mutation,
déménagement, congrès, mais pour des montants très
faibles: $7,000, congrès pour 145 personnes. Les autres sommes sont
réellement insignifiantes: $1,000, publications du ministère.
M. GAGNON: Cela concerne la direction générale de
l'industrie.
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est celle-là qui est responsable de tous
nos secteurs industriels, qui fait la liaison avec les associations
professionnelles, qui regroupe tous les marchands de meubles, etc.
M. GAGNON : J'ai une suggestion, je ne sais pas si ça pourrait
être utile. Je ne sais pas si le ministère de l'Industrie et du
Commerce a déjà pensé à nommer une personne
qu'on lui donne le titre qu'on voudra, commissaire etc. une ou deux
personnes, qui pourraient faire la liaison entre le ministère de
l'Industrie et du Commerce d'Ottawa qui est là, qui a la
correspondance avec les marchés extérieurs, puisque le
Québec doit exporter ayant accès à tous les
dossiers des compagnies qui importent au Canada quand c'est possible.
Je crois que ça vient peut-être près du double
emploi. Peut-être également que cela faciliterait la tâche
aux maisons que vous avez dans différents pays pour promouvoir
l'importation. Il reste un fait, le ministère de l'Industrie et du
Commerce du Canada existe depuis de nombreuses années, le Canada est le
pays qui a le contrôle de toutes les douanes et si le ministère de
l'Industrie et du Commerce décidait de nommer deux commissaires qui
feraient la liaison entre le ministère de l'Industrie et du Commerce
d'Ottawa et celui du Québec et après ça répondre
à ces maisons ou même aux chefs d'entreprises, ça leur
éviterait des dépenses. Dans certains cas, on sait que les
entreprises connaissent des difficultés de rentabilité. Tout
ça rendrait énormément service et permettrait, j'en suis
moralement convaincu, un pas en avant dans l'exportation de nos produits.
C'est une suggestion que je fais au ministre. Je ne sais pas s'il y a
déjà pensé ou s'il y aurait des difficultés sur le
plan de l'admissibilité par les autorités du ministère de
l'Industrie et du Commerce. D'abord, s'il y avait difficulté d'admettre
une telle chose ce serait une très mauvaise collaboration entre les deux
ministères et la province. Je crois au contraire qu'il s'y
prêterait et qu'il devrait s'y prêter, dans les meilleurs
intérêts du commerce du Québec.
J'aimerais connaître l'opinion du ministre.
M. SAINT-PIERRE: Le ministère fédéral de
l'Industrie et du Commerce est une boîte assez considérable.
Effectivement, le type de liaison que vous suggérez est fait très
fréquemment par les "commodity officers", les gens qu'on a dans un
secteur donné et qui ont une contrepartie à Ottawa dans
l'organisation de M. Pépin. Ce sont des gens qui se rencontrent assez
fréquemment pour des problèmes propres à leur secteur
particulier. C'est donc dire que ceux qui sont dans le textile à Ottawa
rencontrent ceux qui sont dans le textile chez nous. Ceux qui sont dans le
meuble à Ottawa rencontrent ceux qui sont dans le meuble chez nous.
On doit dire que nous avons neuf bureaux à l'étranger,
l'Ontario en ayant 17 et le gouvernement canadien, je risque un chiffre, une
centai-
ne. A chaque endroit où on a un bureau les gens se parlent et
l'expérience que j'en ai dans d'autres secteurs est qu'il y a
peut-être moins de problèmes de juridiction lorsqu'on est loin de
la mère patrie que lorsqu'on en est en plein milieu. Donc, il y a quand
même des efforts qui se font.
M. GAGNON: Oui, mais tout de même, vous disiez que Québec
avait ses maisons et qu'Ottawa en a peut-être une centaine. Je crois
qu'il doit y avoir une maison là où il y a une ambassade ou un
consulat...
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. GAGNON: II y a donc 93 endroits où le Québec est
absent, et dans toutes les ambassades canadiennes, règle
générale, c'est l'élément anglais qui
prédomine ou qui est seul. C'est pour cette raison que s'il y avait un
lien entre les deux ministères, non pas que le lien serait fait
par les propriétaires d'industries mais je crois que le
Québec en tirerait grand profit.
Je sais que donner, à l'intérieur d'un ministère,
accès aux dossiers aux officiers du ministère de l'Industrie et
du Commerce du gouvernement du Québec, ce ne serait peut-être pas
facile, cela demanderait des entrevues avec le ministre. Quand il y a des
cloisons dans un ministère ou que des officiers refusent, c'est tout un
problème.
Je crois que l'expérience vaut la peine d'être
tentée et j'en fais la suggestion au ministre. J'ai compris dans sa
réponse que ce n'était pas facile et qu'il n'était pas
tellement pour cela; pas pour cela en principe, mais pour cela dans la
réalité. Il ne voit peut-être pas cela très bien sur
le plan de la concorde ou de la diplomatie. Je crois qu'avec des officiers
diplomates et très compétents il pourrait réussir quelque
chose. Le rideau ne se lèvera pas simplement en mettant les pieds
à Ottawa, il faudra que ce soit de longue main. Tout de même,
c'est un départ que je suggère au ministre.
M. SAINT-PIERRE: Nous notons la suggestion.
M. TETRAULT: M. le Président, quelle est la participation du
fédéral dans la décision, au sujet d'un pays avec lequel
le Québec veut faire un échange dans le domaine de l'industrie et
du commerce?
M. SAINT-PIERRE: Dès que ça ne touche pas à des
questions qui relèvent entièrement du gouvernement
fédéral,...
M. TETRAULT: II n'y a aucune influence?
M. SAINT-PIERRE: ... comme la politique tarifaire, rien ne nous
empêche d'agir commercialement.
M. TETRAULT: II n'y a rien qui vous en empêche?
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas un statut diplomatique, en
général, c'est simplement comme un bureau d'affaires, si on veut,
qui représente un gouvernement et les intérêts d'une
collectivité. Il n'y a aucun problème.
M. TETRAULT: Je pose une question hypothétique. Disons que le
Québec est en train de conclure une entente avec un pays et que ce
pays-là négocie une entente avec l'Ontario. Est-ce que le
gouvernement fédéral peut s'ingérer dans l'affaire et
dire: Vu la demande de l'Ontario, on devrait préférer l'Ontario
au Québec? Cela pourrait être la Colombie-Britannique et
l'Alberta. Est-ce que le gouvernement fédéral peut faire
cela?
M. SAINT-PIERRE: Vous voulez dire arbitrer dans la prospection?
M. TETRAULT: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Non, il ne le ferait pas, normalement.
M. TETRAULT: Donc, vous êtes libre d'agir dans votre domaine, dans
votre juridiction?
M. SAINT-PIERRE: Oui. M. TETRAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adoptée? Adopté.
Catégorie 4?
M. GAGNON: D'abord, il y a une augmentation de $215,000. L'augmentation
concerne quoi et est attribuable à quoi?
M. SAINT-PIERRE: Essentiellement, dans les services administratifs comme
tels, je vous donne certains chiffres: Le service de génie, $5,000; le
service juridique, $37,000; le service de comptabilité, $13,000; le
service d'administration et d'informatique, $400,000.
M. GAGNON: Je remarque que le ministère paie cela au
ministère de l'Education qui possède l'équipement.
M. SAINT-PIERRE: Non. C'est strictement...
M. GAGNON: A l'extérieur.
M. SAINT-PIERRE: ...à l'extérieur, et c'est
essentiellement dans certains programmes, comme on l'a mentionné. Ce
groupe-là prenons un cas d'espèce peut travailler
avec l'industrie du meuble qui a un projet de fusion. Nous voulons, disons,
encourager les fusions pour
regrouper les entreprises pour qu'elles soient plus fortes et ainsi de
suite. Le ministère va défrayer une partie substantielle de
certaines études d'experts qui pourraient être faites à la
demande de ces entreprises pour voir quelles sont les répercussions des
fusions, comment ça devrait se faire dans le temps, ce que ça
implique comme échange de parts-actions.
Tous ces montants sont nécessaires pour les aider. Je pense bien
qu'on conçoit que, si le ministère doit tenter, par des
programmes, d'assister l'entreprise, c'est un type de demande qu'on a de faire
des études de commercialisation, de rentabilité. La Direction
générale de l'industrie est responsable de la liaison avec les
groupes sectoriels, au niveau de l'ensemble du groupe. Pour régler des
problèmes dans l'industrie de la chaussure, par exemple, on
étudie non pas le problème uniquement de telle usine, mais celui
de l'ensemble de l'industrie de la chaussure avec l'association des fabriquants
de chaussures. C'est là que le budget est utilisé.
M. GAGNON: Cela veut dire que, parfois, vous faites appel à des
maisons...
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. GAGNON: Quand vous faites appel à ces compétences, les
faites-vous par soumissions publiques ou par normes que vous établissez
et à la discrétion du ministère? De quelle façon
est-ce fait?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de soumissions publiques puisque entrent
en jeu les services professionnels rendus. Je pense que les soumissions
publiques pourraient nous jouer de mauvais tours. Nous prenons comme normes le
travail passé effectué par cette maison, la compétence des
ressources dont elle dispose, dans bien des cas également, c'est le
choix de la compagnie ou de l'industrie qu'on aide.
M. GAGNON: On vous en suggère.
M. SAINT-PIERRE: On nous fait une suggestion et, si nous la trouvons
raisonnable et que ce sont effectivement des gens compétents nous
l'acceptons. Vous aurez la compagnie X, qui est à Drummondville, qui
aimerait avoir une étude de rentabilité; elle nous suggère
la maison Y. Souvent, d'ailleurs, ils paient une part, 50 p.c. disons, des
coûts de cette étude et c'est eux qui décident.
M. GAGNON: Disons que ça ressemble un peu aux études qui
ont été faites à Cabano et dont les montants auraient
été puisés là-dedans?
M. JORON: L'étude de Monarque et Morelli est-elle incluse
là-dedans?
M. SAINT-PIERRE: C'était sur l'ODEQ; d'ailleurs, vous aviez
soulevé cela hier. Le montant total est, quand même, de $125,000
dont $40,000 pour l'étude de rentabilité; $80,000
ça semble curieux pour une étude qui visait, par des demandes
d'offres de services ou d'offres de fourniture, de soumissions de la part de
fabriquants canadiens, à établir, ou que dans ce temps-là,
il était question d'un groupe français, quelle pouvait être
la part canadienne dans le projet de Cabano.
Ce sont $125,000 au total qui ont été donnés pour
l'étude de rentabilité. C'était quand même une
étude très pratique dont on avait besoin et dont on a encore
besoin dans le moment.
M. GAGNON: Le ministère de l'Industrie et du Commerce a des
documents sur cette rentabilité?
M. SAINT-PIERRE: Oui, oui.
M. GAGNON: Qui prouvent que c'est rentable?
M. SAINT-PIERRE: Oui, nous avons d'autres documents maintenant qui sont
ajoutés à ceux-ci pour revérifier certains points. C'est
fait par l'ODEQ, donc ce n'est pas dans ces documents. Maintenant, je continue:
Administration, informatique, $400,000. Formation et enseignement, $10,000.
Services techniques, $298,000. Ce sont des études, coûts de
production, "time-study", d'analyses de gestion interne. Ce ne sont pas
nécessairement l'administration et l'informatique. C'est peut-être
plus en détail. Cotisations à des associations et abonnements,
$5,000. Ce sont certaines associations auxquelles nous pourrions faire partie
comme ministère et les abonnements qui s'y rapportent. Cela fait un
total de $769,100.
Maintenant, j'ai encore plus de détails. Je ne sais pas si c'est
assez ou si vous en voulez encore plus que cela. J'ai les détails par
secteurs. Encore une fois, on peut faire des changements au cours de
l'année. Ce sont les estimations dans la préparation du budget.
Exemple. Je donne les détails que j'ai. D'autres études sont
entreprises essentiellement pour permettre au personnel de la direction de
faire le point sur un secteur industriel existant. Le coût de chaque
étude, selon son importance, pourrait s'établir entre $5,000 et
$10,000. Par conséquent, le montant prévu de $125,000 nous
permettrait d'effectuer de treize à vingt de ces études, ce qui
est très réaliste, compte tenu de nos effectifs en place et des
postes vacants que nous comptons combler dans un avenir assez
rapproché.
Exemple: produits chimiques et matériaux de construction,
$100,000. Disons qu'on a x personnes qui ont quand même passablement de
boulot. Si quelqu'un veut voir des études, dans la conjoncture
internationale, quelle peut être la demande dans tel type de produit qui,
au
Canada, offre de bonnes perspectives? Nos gens pourraient ne pas
être spécialisés dans ce secteur et il faudrait faire appel
à quelqu'un de l'extérieur pour qu'il y ait une grande
connaissance du commerce international, de l'évolution des blocs
économiques, des politiques tarifaires, qu'est-ce que cela peut
signifier pour un type de produit donné.
Il y a encore d'autres études que j'ai vues récemment
où on va simplement tenter, pour l'ensemble de nos secteurs, de voir
quelles sont les conséquences, pour l'économie du Québec,
de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun?
Là, vous faites l'analyse détaillée des taux
préférentiels avec le Commonwealth. Qu'est-ce que cela peut
impliquer par secteur? Quels sont les changements prévisibles pour
tenter d'avoir des programmes qui vont préparer à ce
changement?
M.GAGNON: Evidemment, c'est difficile pour nous de dire si les
études ont de la valeur. Mais, les hauts fonctionnaires au
ministère, est-ce qu'ils considèrent, lorsque les documents sont
déposés, que cela valait la peine d'une dépense aussi
considérable que $50,000 ou $60,000 ou $100,000? Cela dépend des
montants. Mais j'aimerais connaître, des hauts fonctionnaires, s'il y a
de la valeur dans ces études. C'est une somme, tout de même,
importante.
M. SAINT-PIERRE: Je vais demander à M. De Coster.
Les études qui sont faites pour les entreprises elles-mêmes
sont considérées, par nous, comme essentielles pour
établir le niveau de rentabilité, que ce soit dans les
différents secteurs de production, de finance, de marketing, etc. Ces
analyses, non seulement nous apprennent que l'entreprise peut être
rentable, peut être viable, mais identifient aussi certaines faiblesses,
certaines forces sur lesquelles on met l'accent par après, surtout avec
les services du ministère, pour apporter des corrections.
Vous comprenez que certaines de ces analyses prennent une dimension
extrêmement importante dans des secteurs qui sont de grande envergure et
dont l'influence sur l'économie du Québec est grande. Si vous
prenez le textile, par exemple, ce problème est très vaste. Il ne
nous est pas toujours possible d'avoir des spécialistes disponibles,
connaissant réellement le domaine du textile. Alors, il nous fait avoir
recours, pour être capables d'évaluer l'incidence de certaines
décisions sur le secteur du textile, à des professionnels de
l'extérieur.
On a eu le cas des pâtes et papier, où il fallu avoir
recours à des spécialistes de l'extérieur et engager un
professionnel qui nous aide à développer le dossier.
Quand on tombe dans l'aérospatial, c'est la même chose. Il
est impensable d'avoir, au ministère, un spécialiste dans
l'aérospatial, dans l'aéronautique, un secteur extrêmement
complexe techniquement et qui déborde beaucoup la province aussi. Il
déborde sur une base nationale, sur une base internationale.
L'industrie du meuble, c'est la même chose. On a fait un effort
considérable cette année dans l'industrie du meuble comme on a
fait un effort considérable dans l'industrie de la chaussure. Pour cela,
il nous faut avoir des facilités en main, que nous n'avons pas et qu'il
est impossible de monter. On parlait de "commodity officers" tantôt. Au
plan national, au gouvernement du Canada, il y a 1,200 "commodity officers".
Nous pouvons penser en avoir une quarantaine. Alors, on a accès au
dossier du fédéral et à des spécialistes de
l'extérieur qui sont engagés sur une base d'honoraires. Pour
nous, c'est absolument essentiel. Les résultats sont absolument
positifs. Evidemment, il y a des erreurs qui se font.
M. GAGNON: Cela demeure dans le pourcentage normal.
M. SAINT-PIERRE: Oui. La SGF, dans une de ses entreprises, a eu le
spécialiste considéré actuellement comme le meilleur. On a
vu des fautes et des erreurs qui ont été faites. Il est
évident qu'il y a des faiblesses et des forces. Mais, en
général, la moyenne est très bonne.
M. GAGNON: A cette catégorie, je n'ai pas d'autres questions
à poser.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4, adoptée. Catégorie 5
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6 adoptée?
M.GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Catégorie 7 adoptée?
Adopté.
Catégorie 8 adoptée?
M.GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 10?
Subventions à l'investissement
M. GAGNON: Aux dépenses de transfert, il y a un écart de
près de $5 millions entre le budget 71/72 et le budget 72/73. Le
ministre pourrait-il expliquer cet écart?
M. SAINT-PIERRE: Effectivement, ces dépenses de transfert sont
essentiellement des subventions ou des primes à l'investissement et
d'autres programmes du ministère, pour des industries
québécoises. Les deux programmes majeurs touchés par ceci
sont l'arrêté en conseil
no 2526, qui tentait de favoriser le développement de l'industrie
de pointe au Québec et l'arrêté en conseil no 3197, qui
touchait les industries dans une zone périphérique de la
région de Montréal.
Nous avions prévu, l'an dernier, $12 millions, mais
effectivement, il y a eu seulement $4 millions de dépensés. Il y
a peut-être quelques explications à ceci, mais l'explication la
plus importante est le fait qu'entre la préparation du budget de l'an
dernier et les demandes des industriels le gouvernement fédéral a
mis sur pied un programme à peu près semblable. Comme la partie
du Québec, qui touchait auparavant les zones désignées, a
été changée, par la suite, pour inclure l'ensemble de la
province de Québec, incluant la région de Montréal, il ne
restait plus d'endroits, en général il y a eu des
exceptions où le Québec pouvait donner une subvention plus
intéressante que celle offerte par le gouvernement d'Ottawa, d'autant
plus que le gouvernement d'Ottawa déduisait toute contribution
provinciale.
C'est ce qui explique qu'après avoir demandé $12 millions,
effectivement, nous en avons seulement dépensé $4 millions et que
nous avons eu $8 millions de crédits périmés. Cette
année, nous demandons $7 millions. Comme je l'ai indiqué au
début de mon exposé, je pense qu'une des conséquences
qu'on doit regarder, en dehors des arrêtés en conseil nos 2526 et
3197, ce serait une revue du type de programmes qu'on pourrait offrir, compte
tenu, en particulier, de la décision du gouvernement
fédéral d'étendre, pour une certaine période, ses
programmes et d'inclure l'ensemble de la province de Québec comme zone
désignée.
On voit que pour que le ministère puisse agir dans les
programmes précis avec un peu de flexibilité il n'est pas
certain que cela prenne toujours des lois qu'on fait adopter pour exprimer une
espèce de contrainte.
C'est cette catégorie 10 qui nous permettrait, si nous voulions
avoir un nouveau type de programme comme je l'avais mentionné en
termes de développement de l'aide à l'exportation de le
retrouver sous ce vocable, si nous avions un programme précis dans
lequel on dirait: Très bien, on va défrayer des coûts
initiaux de vente à l'étranger ou on va financer la production
qui est destinée à l'étranger, l'accroissement du volume
de production à l'exportation entre le moment de la commande et le
moment de la livraison ou le paiement, puisque, dans ce secteur, le
gouvernement fédéral ne couvre qu'une partie de la transaction
avec ses programmes. Le gouvernement de l'Ontario a quelques programmes dans ce
genre. Il y a toute une gamme de programmes que nous pourrions faire qui nous
permettraient d'utiliser les $7 millions que nous demandons.
M.GAGNON: Mais le ministre n'est pas plutôt d'avis que cet
écart entre les crédits prévus pour l'année
dernière et ceux qui ont été dépensés laisse
voir une lacune au niveau de la politique du ministère en ce qui
concerne l'aide à l'industrie? Là, je rejoins la pensée du
député de Shefford qui disait hier que beaucoup de gens ont eu
à se plaindre des normes ou des critères extrêmement
sévères que le ministère de l'Industrie et du Commerce
appliquait et qui ont causé, semble-t-il, préjudice à
certaines industries qui désiraient se prévaloir de ces sommes
qui les projetaient automatiquement dans les bras d'Ottawa.
C'est une des rares fois où on voit une somme aussi
considérable de $7 millions.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que ce qui a été soulevé
par le député de Shefford et entre parenthèse il a
peut-être eu des expériences personnelles qui auraient pu modifier
sa perception de la sévérité du gouvernement dans ces
projets s'appliquait essentiellement à la Société
de développement industriel. Effectivement, est-ce que la
Société de développement industriel se comporte un peu
comme une banque, ou est-ce que ce sont des gens qui tentent de favoriser le
développement de l'industrie?
Ici, je dois bien dire que ce sont des sommes qui n'ont rien à
voir avec la Société de développement industriel. Ce sont
des programmes qui sont devenus périmés, en particulier parce que
tout à coup le gouvernement fédéral...
M. GAGNON: C'est pour ça que si le ministre pouvait nous donner
les statistiques des demandes qui ont été faites, des montants
qui ont été...
M. SAINT-PIERRE: Que la SDI...
M.GAGNON: Non, ici, en vertu des $12 millions dont $4 millions ont
été périmés.
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas eu de refus, il n'y a pas eu de
demandes.
M. GAGNON: C'est qu'il n'y a pas eu de demandes.
M. SAINT-PIERRE: II a pu y avoir quelques refus, mais ce n'est pas la
cause qui explique le surplus de $8 millions. C'est que tout à coup on
avait un programme destiné à des investissements dans des
secteurs de pointe ou des secteurs périphériques de la
région de Montréal et au même moment le gouvernement
fédéral décide, lui qui avait exclu la région de
Montréal, de l'inclure dans ses programmes pour combattre le
chômage.
Et comme, dans bien des cas, il était aussi
généreux que nous et comme il déduisait toute contribution
provinciale, nous n'avions aucun intérêt à prendre les $8
millions.
M. GAGNON: Cela prouve qu'il n'y avait pas
de consultation entre les deux gouvernements, parce qu'à un
moment donné Ottawa est intervenu dans un champ où Québec
avait déjà des crédits disponibles.
S'il y a d'autres question...
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est a une question.
Le député de Gouin ensuite.
M. TETRAULT: ... entente fédérale-provinciale,
c'était ma question. D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Je voulais demander s'il serait possible d'avoir la liste des
sommes versées par entreprise au cours du dernier exercice.
M. SAINT-PIERRE: L'arrêté en conseil 2526, qui concerne
l'industrie de pointe.
M. JORON: Est-ce qu'il est possible d'avoir des détails. Je ne
vous demande pas d'en faire faire lecture.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas tellement long. Alors, il y a huit projets
d'industrie de pointe qui ont été retenus. Il y a Union Carbide
pour une prime établie à $700,000; la compagnie RCA
Limitée, pour une prime de $750,000; et la Compagnie
générale de radiologie du Canada Limitée, pour une prime
de $690,000. Il y a la compagnie Petrofina, pour une prime de $2,619,000 dont
$654,750 ont déjà été versés.
Maintenant, dans le cas de tous ces premiers montants, la prime a
été établie, mais aucun des montants n'a été
versé, puisque les opérations n'ont pas été
complétées. Dans le cas des autres que je vais vous mentionner,
les montants ont été effectivement versés. Il y a United
Aircraft du Canada avec $1,250,000; il y a Northern Electric avec $545,000; il
y a Chemcell Limitée avec $262,000; il y a les industries ASEA avec
$1,115,000, soit un total de $3,827,218. C'est la période du 1er avril
1971 au 31 mars 1972. Cela représente des investissements de $37
millions.
M. JORON: Est-ce que vous pourriez répéter les deux
dernières, je m'excuse.
M. SAINT-PIERRE: Non, pas de problème. Chemcell Limitée,
$262,468; et ASEA industrie pour $1,115,000.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10, adoptée? M. GAGNON:
Adopté pour moi.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11, adoptée.
Article 3 adopté. On peut discuter maintenant de l'article 4,
subventions.
M. JORON: Article 4 ou 5?
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez prendre article 4, page 125 subventions
pour qu'on puisse les adopter par ordre.
M. JORON: D'accord.
Subventions
M. GAGNON: Alors l'article 4, Subventions. En ce qui concerne la loi de
l'aide au développement industriel et régional, je ne sais pas si
le ministre, ça éviterait peut-être bien des questions,
pourrait, en cinq minutes, nous brosser un tableau des sommes qui seront
versées. D'abord, nous dire les demandes qu'il a reçues qui
apparaissent dans le prochain budget, nous donner la liste des demandes qui ont
été reçues et nous expliquer brièvement
également, sa politique de développement industriel, si elle a
des implications sur le budget 72/73.
M. SAINT-PIERRE: Relativement au bill 23, j'ai un tableau ici,
peut-être qu'on pourrait en faire tirer des photocopies, ce serait plus
simple.
M. GAGNON: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Du 1er avril 1968 au 31 mars 1972, pour des
investissements retenus, dans le total des dossiers approuvés, de $243
millions, une prime a été établie à $42 millions.
Tous ces investissements font l'objet d'enquêtes afin de vérifier
le bien-fondé. Ce n'est pas parce que quelqu'un nous dit qu'il faudrait
un investissement de $15 millions qu'on calcule immédiatement et qu'on
envoie le chèque. Déjà, certains montants ont
été vérifés, soit plus de $145 millions, qui
impliquent une prime de $23 millions.
Le nombre total de dossiers est de 362. Le nombre total de dossiers,
pour l'ensemble de la période, était de 1,115; il y en a donc 362
qui ont été approuvés par le ministre et qui ont franchi
toutes les étapes. Il y en a 17 qui sont encore à l'étude
parce qu'il y avait deux étapes: une demande avant le 31 mars 1971 et le
début de construction mais, avec la modification apportée par une
petite loi qui avait été votée, cela a été
reporté au 31 décembre 1972. Pour deux ou trois projets il
n'y avait pas de mauvaise volonté des gens strictement
d'après la loi, ils n'avaient pas commencé les activités
dans les délais du bill 23. Il y a eu un petit amendement que M.
Lévesque a présenté juste avant les vacances de
Pâques.
Donc, sur 1,115 demandes, 362 ont été approuvées
par le ministre; elles sont à différentes étapes, soit
complètement payées, soit sur le point d'être
vérifiées et payées. Il y en a 17 qui sont encore à
l'étude et qui touchent soit des enquêtes pour le dossier ou soit
l'attente d'offres fédérales et de complémentarité
qui pourraient affecter le montant qu'on verse. Il y a 736 dossiers
fermés. Dans ces cas-là, de refusées par le comité
il y en avait 54; abandonnées par les entreprises, il y en avait 354.
Dès
que le projet de loi a été voté, il y en a qui sont
allés à la pêche. Us ont dit: On a un projet de tant, on
veut avoir tant. Ils ont ouvert un dossier parce que c'était dans la
loi.
Il y en a 127 qui ont eu une offre de subvention fédérale
excédant celle du bill 23. Comme il y avait nécessité de
complémentarité, cela impliquait la fermeture du dossier. La
complémentarité refusée par le fédéral, 36;
certains auraient pu excéder la prime fédérale qui a
été refusée. Fermés par l'administration, il y en a
165. Ce sont des dossiers qui, effectivement, n'ont pas été
abandonnés par les entreprises mais, après deux ou trois lettres
pour tenter de communiquer avec eux, nous n'avons pas de réponse. Nous
décidons de fermer le dossier puisqu'il semble bien que le projet est
mort. Donc, sur un total de 1,115 dossiers, nous en avons retenu 362, pour des
investissements totaux de $243 millions.
M. GAGNON: Au sujet des dossiers que le ministre a en suspens, cela
représente une somme de combien?
M. SAINT-PIERRE: En suspens dans quel sens?
M. GAGNON: Vous avez dit qu'il y avait encore des dossiers en
suspens.
M. SAINT-PIERRE: II y en a 17 en suspens. Ce sont des dossiers où
nous avons très peu de détails.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que l'argent qui a été
voté l'an passé à cette fin a été
entièrement dépensé?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons payé, d'après le bill 23, l'an
dernier, $8,375,000 sur $11 millions qui avaient été
prévus.
M. LAVOIE (Wolfe): II y a une somme de $3 millions environ qui n'a pas
été dépensée.
M. SAINT-PIERRE: II faut bien comprendre, à moins qu'on ne
veuille payer pour faire transporter de la neige d'un côté de la
rue à l'autre, qu'il est assez difficile, à ce niveau de
subvention...
M. LAVOIE (Wolfe): Nous voulons savoir si l'argent qui a
été voté a été dépensé.
M. SAINT-PIERRE: Si vous me permettez de tourner la question, je
voudrais dire que le programme qui a été approuvé et les
crédits qui ont été prévus pour ce programme ont
été bien administrés. Maintenant, quelle est la demande?
Je ne sais pas. Si, tout à coup, dans votre région, il y avait
neuf entreprises de plus qui demandaient X millions, peut-être qu'il nous
manquerait de l'argent. Effectivement, il faudrait, suivant les
procédures, soit faire des virements de crédits entre nos
articles du budget et même aller dans d'autres ministères. C'est
assez difficile, parce qu'à cette catégorie, comme à
l'autre avant, on offre un programme et on réagit à la demande.
S'il n'y a pas de demande, il reste des crédits. S'il y a trop de
demandes, il faut aller en chercher ailleurs. Je pense que ce qui est
important, c'est la nature du programme, la générosité du
programme par rapport à des investissements, mais, une fois que c'est
fixé, ce n'est pas comme d'autres articles du budget.
M. LAVOIE (Wolfe): Dans les normes pour faire ces subventions,
considérez-vous la diversification des industries et aussi les
régions? Donnez-vous préférence à certaines
régions plutôt qu'à d'autres, à des régions
défavorisées, si vous voulez?
M. SAINT-PIERRE: Le bill 23 est essentiellement sur le plan
régional. Nous avons trois zones, si on parle du bill 23. Il y a la zone
de Montréal qui n'avait pas de contribution d'après le bill 23.
Il y a une zone, qui est périphérique à Montréal,
dans laquelle, d'après le bill 23, la contribution maximum est 25 p.c.
des investissements. Finalement, une dernière zone, qui couvre
l'Abitibi, Saguenay, Lac-Saint-Jean, Gaspésie et ces régions, qui
elle reçoit 40 p.c. des investissements retenus.
M. LAVOIE (Wolfe): Des études sont-elles faites par le
ministère pour des industries existantes qui peuvent
pérécliter d'ici quelques années? Est-ce qu'on donne des
chances, par le bill 23, à d'autres industries qui viendraient prendre
la relève et donner une injection économique dans la
région?
M. SAINT-PIERRE: Cela se fait tous les jours. Au moment où nous
nous parlons, ça doit se faire. La Direction générale de
l'industrie maintient des contacts avec les secteurs industriels, soit par les
délégués régionaux, qui sont sur place, en
Gaspésie ou ailleurs; soit par des gens qui, dans un secteur industriel,
par exemple des spécialistes dans le meuble, se rencontrent, ont des
discussions, se familiarisent avec notre capacité de production et
disent: Telle ou telle industrie périclite; soit par notre direction qui
s'occupe de l'aide à la petite et la moyenne entreprises. Quelqu'un
vient frapper et dit: J'ai des problèmes financiers ou des
problèmes de direction. Par tous ces moyens, tout à coup, il y a
un cas qui est isolé auquel on s'applique à trouver une solution,
suivant la nature du problème. C'est tous les jours.
M. LAVOIE (Wolfe): Où je veux en venir, c'est que, dans la
région que je représente, le comté de Wolfe, il y a des
mines de cuivre qui prétend-on dans trois ou quatre ans, disparaf-tront.
Alors, est-ce que les employés qui travaillent là seront
prévus dans ce programme?
M. SAINT-PIERRE: C'est un point important. Peut-être que votre
question ne porte pas strictement sur le bill 23, parce que, dans un sens,
c'est la fin d'un programme, tout ce que nous faisons. Il n'y a plus de
nouveaux dossiers. Maintenant, si je comprends le sens de votre question, vous
voulez savoir ce que nous faisons pour les industries qui sont en
difficulté. C'est là que j'ai tenté de dire que,
premièrement, par tous les moyens, on tente d'obtenir que le cas soit
porté à notre attention lorsqu'il est encore temps d'agir.
Après ça, d'après nos spécialistes, suivant la
nature du problème, on peut tenter de les aider au Centre de recherche
industrielle ou par les programmes que nous avons vus tantôt. Le
problème du type, c'est peut-être qu'il n'a pas identifié
de nouveaux marchés. Nous allons payer pour une étude pour tenter
d'identifier un nouveau marché.
Ce sont peut-être des coûts de production à
l'intérieur de l'usine et là, on va payer pour des
spécialistes qui feront des recommandations. Peut-être que c'est
une aide à plus long terme et qu'on va tenter d'identifier des
marchés extérieurs. On va l'inviter à faire partie d'une
mission et on va défrayer la plupart des coûts. Si je reprends le
cas général, c'est souvent que l'industriel se refuse à
admettre qu'il y a un problème. C'est un peu comme un type qui est
malade. Lorsqu'il commence à être malade, il ne veut pas aller
voir le médecin et, par contre, lorsqu'il est à la veille de la
mort, il va voir le médecin et dit: Sauvez-moi. Souvent, on tente des
opérations à la dernière minute. La petite industrie,
souvent, ne veut pas admettre que ses cadres ne sont pas compétents,
parce que dans les cadres il y a le garçon du patron et le neveu qui y
travaillent depuis vingt-cinq ans. La petite industrie ne veut pas admettre
qu'elle se trompe.
J'ai vu des cas qui, à cause d'un entêtement
déraisonné... Sans citer de nom, je me rappelle un produit qu'une
industrie aurait pu très bien vendre, mais pour le vendre, il fallait
qu'elle le peigne aux couleurs de la Coopérative
fédérée. C'est presque une boutade. Cela illustre le type
de problème que vous soulevez. C'est une industrie qui, dans le moment,
est en faillite. Elle pouvait vendre à la Coopérative
fédérée à condition de peindre les tracteurs
qu'elle fabriquait en vert et jaune, les couleurs de la coopérative.
L'entrepreneur disait: Non, mes tracteurs sont rouges. Ceux qui ne veulent pas
avoir de tracteur rouge n'en auront pas. Ce sont des genres d'entêtements
comme ceux-là.
M. LAVOIE (Wolfe): Le message que je voulais passer au ministère
de l'Industrie et du Commerce, M. le ministre... je suis peut-être hors
d'ordre, je ne sais pas, mais je voulais dire au ministre que dans ma
région...
M. LE PRESIDENT: Je suis obligé de signaler quand même au
député de Wolfe que la discussion est hors d'ordre, parce que si
nous discutons carrément sur l'article S4, nous sommes obligés de
nous en tenir au contenu du bill 23.
M. LAVOIE (Wolfe): Si vous voulez bien me le permettre, cela va prendre
une minute.
M. LE PRESIDENT: S'il y a consentement...
M. LAVOIE (Wolfe): Je voudrais prévenir le ministère de
l'Industrie et du Commerce que dans ma région les mines de cuivre, d'ici
trois, quatre ou cinq ans peut-être, vont disparaître, n'ayant plus
de matière première. Si le ministère de l'Industrie et du
Commerce pouvait prévoir d'autres industries pour la région afin
de donner de l'ouvrage à ces gens... Etant prévenu,
peut-être que le ministère aura l'occasion de venir en aide
à ces gens.
M. TETRAULT: Avant de répondre à la question du
député de Wolfe, est-ce que le ministère pourrait penser
à la région de l'Abitibi avec ses mines d'or?
M. SAINT-PIERRE: II faut dire que les mines, évidemment, c'est
très près des richesses naturelles. C'est le secteur primaire.
Mais le délégué régional, dans votre région,
s'il fait bien son travail, se couche avec cette préoccupation.
Qu'est-ce qu'on va faire avec ces gens qui, dans trois ans, n'auront plus
d'emploi? Dans les rencontres qu'il a avec les gens de Montréal qui sont
dans la prospection, dans la vente, il tente d'attirer des investissements, il
tente de développer sa région. Dans les publications qu'on vous a
présentées sur les Cantons de l'Est, on tente de montrer que les
Cantons de l'Est sont près des Etats-Unis, près du marché
de Montréal, qu'il y a là un beau climat, qu'il y a ci et
ça. On tente le plus possible de boucler la boucle.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin a une
question.
M. TETRAULT: Quand vous parlez de la publicité que vous faites,
est-ce qu'on y montre toute la région du Nord-Ouest
québécois?
M. SAINT-PIERRE: II y a celle où on a oublié Matagami.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, à l'occasion de ce qu'on
discute à l'intérieur d'un projet de loi en particulier, soit le
projet de loi no 23, je voudrais demander si, évidemment, cela
répond aux voeux des membres de la commission s'il n'y aurait pas
lieu de faire une petite digression sur le sujet suivant... Ce que je veux
dire, c'est que pour les entrepreneurs, petits, moyens ou gros, qui veulent
l'assistance de
l'Etat sous quelque forme que ce soit... On a parfois des demandes de
petits entrepreneurs qui viennent nous voir dans nos comtés et je vous
dis que ce n'est pas un cadeau de savoir où les diriger dans toute la
gamme des possibilités qui sont offertes, que ce soit les primes, les
subventions, les prêts, les dégrèvements, les exemptions
fiscales, l'assistance technique, les organismes municipaux, provinciaux,
fédéraux, les ministères ensuite dans chacun des paliers
de gouvernement, toutes les agences publiques, SDI, SGF, Caisse de
dépôt, Banque d'expansion industrielle fédérale,
Rexfor, Soquem. C'est une salade absolument inimaginable.
Je ne sais pas si on s'en va vers une simplification. Il est difficile,
d'abord, d'orienter l'entrepreneur et, d'un autre côté, il est
très difficile pour le public de connaître ou d'évaluer
l'effort que les contribuables font, les montants que les contribuables, sous
toutes ces formes, accordent aux entreprises. Je me pose la question suivante:
Si cela répond au voeu des membres de la commission je
réalise que c'est un petit peu hors d'ordre aussi n'y aurait-il
pas lieu, à un moment donné, peut-être pas
nécessairement tout de suite, que le ministre prenne cinq minutes pour
essayer de brosser un tableau des possibilités qui s'offrent.
Cela commence là, là et là et ainsi de suite. Ou y
aurait-il moyen, à un moment donné, de déposer un document
qui ferait la synthèse, qui couvrirait l'ensemble de toutes ces
possibilités que je viens d'évoquer pour que pas seulement nous,
les députés nous y voyions un peu plus clair mais
aussi le public en général.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez mentionné le plan de communications,
avec un grand C, qui touchait les communications internes et externes, toute la
question des brochures ou enfin les techniques utilisées pour indiquer
à notre clientèle ce qu'on peut offrir et comment l'obtenir. Je
pense que cela va répondre directement à la question que vous
soulevez. Maintenant, je fais mienne votre constatation pour dire que, bien
qu'il y ait de la très bonne volonté, un peu partout, souvent les
liens se trouvent coupés. L'explication la plus plausible est
peut-être pour la région de Montréal.
C'est que, normalement, pour une région comme le Nord-Ouest
québécois, on va avoir des délégués
régionaux qui sont là et ce sont eux qui sont censés
maintenir des contacts avec ces gens et identifier le problème. Je n'ai
absolument rien contre le fait que ce soit eux qui l'identifient, même
avec un député et que ce dernier dise: Ecoute, mon ami du
ministère de l'Industrie et du Commerce, j'ai telle entreprise qui
vient. Elle trouve qu'elle aurait peut-être besoin de l'aide de l'Etat
dans tel secteur. Le député l'envoie à notre
délégué régional.
Les délégués régionaux, ont des rencontres
au niveau de la province deux fois par année. Lorsqu'on les engage, il y
a des cours assez intensifs de deux ou trois semaines où on passe en
revue tout ce que vous avez mentionné. Ou disons que Claude Prieur va
venir exposer le fonctionnement de la Caisse de dépôt et
placement; même, il peut y avoir quelqu'un du fédéral qui
va venir exposer les programmes du fédéral.
Alors, le délégué régional, en
général, va piloter dans le dédale des possibilités
industrielles. Là où il y a des difficultés, c'est
amusant, ce sera souvent dans des régions comme Montréal ou
Québec, où à cause de l'existence très proche de
toutes ces affaires, c'est à peu près impossible. Vous savez, les
gens n'ont pas tendance à prendre quelqu'un qui va les guider.
C'est-à-dire vous vous dites: Bien, j'ai un problème de finance,
je vais aller voir tel gars. Il est dans le bureau à Place Ville-Marie.
Pourquoi aller voir l'autre qui va simplement me dire où aller à
l'autre porte? Quelquefois, finalement à moins de quelqu'un qui s'y
comprenne très bien, les gens risquent de frapper à la mauvaise
porte. Il y a peut-être aussi des cas où les gens devraient faire
mea culpa.
M. LAVOIE (Wolfe): Juste pour ajouter un mot.
M. SAINT-PIERRE: Le plan de communications va aider
énormément parce que sur le plan de notre publicité, nous
allons tenter...
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que je pourrais ajouter un mot, M. le
ministre? Dans ma région, j'ai remarqué que, lorsque j'envoyais
quelqu'un au ministère de l'Industrie et du Commerce, au
délégué régional...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. LAVOIE (Wolfe): ... on le dirigeait très bien. On lui donnait
un paquet d'instructions.
M. SAINT-PIERRE: Celui de Sherbrooke?
M. LAVOIE (Wolfe): Celui de Sherbrooke. Une partie dépend de
Québec aussi. Mon comté est divisé en deux régions
administratives: Une partie à Sherbrooke et une-partie à
Québec. Mais celui de Sherbrooke et celui de Québec ont toujours
donné des renseignements très justes.
M. SAINT-PIERRE: J'ai l'impression que c'est surtout sur l'île de
Montréal. D'ailleurs, c'est la même chose sur le plan des
commissaires industriels, en fait. Strictement, il n'y a pas une place qui est,
peut-être, plus amorphe que l'île de Montréal, qui,
pourtant, a tous les avantages voulus. Je suis certain qu'il y a des villes, je
mentionne Granby et Drummondville, qui font plus pour le développement
industriel de la région que la Communauté urbaine de
Montréal. Heureusement, tout récemment, des gestes ont
été posés et nous permettent d'espérer plus de
dynamisme.
M. JORON: Si on exclut le cas de Montréal, si je comprends bien,
dans une région, normalement, c'est le délégué
régional du ministère de l'Industrie et du Commerce qui est le
pilote de toutes ces affaires.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Il n'est pas censé être un
spécialiste sur le plan sectoriel. Ce n'est pas censé être
un spécialiste sur le plan des programmes. Mais c'est lui qui, dans sa
région, maintient le contact. Enfin, vous m'en faites un
témoignage. Je dois en faire. Il y a plusieurs députés qui
m'ont rendu témoignage sur le dévouement des
délégués régionaux. Il y en a même qui se
plaignaient que les délégués régionaux leur
téléphonaient à minuit moins quart pour leur dire de venir
le lendemain matin, à neuf heures. Enfin, ce sont des gens, en
général, qui font une très bonne impression.
M. LAVOIE (Wolfe): Oui.
M. SAINT-PIERRE: Eux tentent de piloter, justement, dans tout ça.
Mais je pense que le programme de communications va aider leur travail.
Peut-être que même à l'occasion, au ministère et
ailleurs, ils trouvent...
M. TETRAULT: Dans S4, $27 millions furent donnés à la
région administrative Abitibi-Témiscamingue; est-ce qu'ils
relèvent de cet article lors de la dernière...
M. SAINT-PIERRE: Non, cela relève des ententes
Canada-Québec avec l'OPDQ. Ce sont de petits montants qui vont
être versés possiblement à l'industrie et au commerce.
C'est surtout le tourisme, les mines et enfin les montagnes.
M. TETRAULT: C'est parce que l'ancien ministre de l'Industrie et du
Commerce avait fait...
M. SAINT-PIERRE: ... l'annonce comme ministre responsable de l'Office de
planification et de développement.
M. TETRAULT: Ah, comme ministre responsable de l'OPDQ.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté?
M. SAINT-PIERRE: Je ne fais jamais de déclaration comme ancien
ministre.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5, catégorie 1?
Direction de l'expansion industrielle et
commerciale
M. GAGNON: J'avais demandé au ministre, tout à l'heure,
s'il pouvait exposer sa politique relativement à la Direction
générale de l'expansion industrielle, ce qu'il prévoit
pour 1972-1973, si le ministère a des politiques nouvelles, quelles sont
ses directions, quels en sont les effets.
Je crois que cela faisait partie, d'ailleurs, de son exposé
d'hier. Il avait parlé de certains chapitres.
M. SAINT-PIERRE: J'en avais touché un mot, au début. Je
pourrais peut-être brièvement le mentionner. Cette Direction
générale de l'expansion industrielle et commerciale, dans le
moment, a un poste, le principal, qui est vacant. Temporairement, il est
occupé par M. Jean Labonté, qui est également un
sous-ministre adjoint, mais c'est un des postes principaux disponibles dans le
moment.
M. GAGNON: M. Labonté est-il ici?
M. SAINT-PIERRE: Non. M. Labonté n'est pas ici. Il est en
Europe/en mission,actuellement.
M. GAGNON: Avec M. Bienvenue?
M. SAINT-PIERRE: Non. Il est allé vendre le Québec
à plusieurs pays.
M. GAGNON: Mais c'est M. Bienvenue qui est allé faire cela. Il
est allé le vendre au Liban, en Iran!
M. TETRAULT: Est-ce un cadeau de retraite, sa dernière mission en
Europe?
M. SAINT-PIERRE: M. Labonté? Ah non! Il est rendu à la
troisième manche seulement.
M. GAGNON: Et il y en a neuf!
M. LAVOIE (Wolfe): De 1966 à 1970, on disait que le gouvernement
du temps avait des voyageurs. Savez-vous que cela n'a pas tellement
changé!
M. GAGNON: Nous autres, cela voyageait, mais nous avions la Golden Eagle
et d'autres.
M. SAINT-PIERRE: Nous, nous envoyons les fonctionnaires et nous laissons
les hommes politiques ici. On ne parlera pas des voyages, parce que nous
pourrions en discuter longtemps.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adoptée?
M. SAINT-PIERRE: Non, je n'ai pas répondu à la
question.
La Direction générale de l'expansion industrielle comporte
donc cinq directions. Il y a la direction des services internationaux, qui
relève de M. Chatel, qui a son bureau à Montréal et de qui
relèvent tous nos délégués à
l'extérieur. Ce sont eux qui sont responsables, dans une large
mesure, de toutes les questions des missions à l'extérieur
et de faire venir des hommes d'affaires étrangers au Québec. Ils
sont responsables de tous les bureaux à l'étranger, de recevoir
d'eux des informations sur le plan des investisseurs étrangers,
d'arranger les visites, de planifier tout le travail qui touche, enfin, les
investisseurs étrangers. Ils sont responsables également des
missions d'exportation et de certaines des expositions auxquelles on peut
participer. Par exemple, les séminaires auxquels M. Labonté
participe dans le moment seraient organisés par eux. Cela va se
dérouler dans certains pays, comme la Hollande, l'Allemagne. Ce sont des
séminaires qui tentent, dans une journée, de réunir 60
hommes d'affaires pour leur parler du Québec et répondre à
toutes sortes de questions qui touchent le Québec. Tout cela est
organisé par le bureau de M. Chatel.
La deuxième division est la direction du commerce, qui est
présidée par M. Jean-Guy Rivest. C'est celle qui s'occupe de
l'ensemble du secteur du commerce, au Québec. C'est elle qui
administrerait le bill 24, qui s'occuperait du problème des
boulangeries. Enfin, tout le secteur du commerce relève d'eux. C'est
également cette direction qui a été responsable
d'organiser, dans le sens du commerce, les questions de sous-traitance,
l'Expo-Profit avec l'HydroQuébec. Ce sont eux qui ont organisé
cela.
La direction du développement régional, avec M. Ghislain
Girard. De lui relèvent tous les délégués
régionaux qui sont sur le territoire et qui sont responsables des
fonctions qu'on a décrites antérieurement.
La direction de l'infrastructure, avec M. Jacques Girard. Au
ministère de l'Education, c'étaient des Martin et, au
ministère de l'Industrie et du Commerce, ce sont les Girard que nous
avons. Nous avons aussi le secrétaire du ministère, qui est M.
Léopold Girard. Donc, M. Jacques Girard est à la direction de
l'infrastructure. Il s'occupe des parcs industriels, de l'approbation de
dépenses, de toute l'infrastructure d'accueil, de toute la question
d'infrastructure sur le plan industriel, des ports, des choses semblables.
Finalement, la direction de l'expansion de la région de
Montréal, avec M. Normand Labossiè-re. Pendant nombre
d'années, le ministère avait le conseil d'expansion
économique de Montréal. C'était un organisme uniquement de
fonctionnaires, au départ, tentant de retrouver une structure qui
était reprise par les autorités municipales. Ce type s'occupe
particulièrement de la région de Montréal. Il serait
l'équivalent, si vous voulez, du délégué
régional dans d'autres régions. Si le député de
Gouin veut prendre son nom en note: Normand Labossière est celui
à qui vous devriez confier vos problèmes.
M. JORON: Merci.
M. SAINT-PIERRE: Cela explique, donc, l'expansion industrielle. Ce sont
les types qui visent, à la fois, à amener des investisseurs au
Québec, dans des projets précis, à en faciliter la
réalisation par tous les moyens possibles. Ils visent également
à assurer la croissance des industries existantes, par différents
moyens. Certains touchent à l'infrastructure, d'autres touchent à
nos délégués régionaux, pour identifier les
marchés d'exportation, parce que, pour accroître sa production, il
faut avoir une raison.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que leur travail semble fructueux?
M. SAINT-PIERRE: Je vous ai indiqué que nous sommes la seule
province qui ait un taux de croissance d'investissement manufacturier de 14
p.c, alors que celui des autres provinces décroit. Alors, il y a
sûrement des résultats. Il n'y a pas de limites à
ça.
M. LAVOIE (Wolfe): Ce n'est pas nécessairement depuis deux ans,
parce que je voyais, en 1965, un taux de croissance de 18 p.c. au Québec
dans l'industrie, et de 2 p.c. de moins en Ontario.
M. SAINT-PIERRE: On est mieux de prendre la bonne statistique parce que
les cinq dernières années, comme votre collègue ici le
disait, ça a dégringolé de 20 pieds.
M. GAGNON: L'industrie secondaire. Lui parle de la croissance,
peut-être d'une façon générale englobée dans
le tout. Mais hier je parlais de l'industrie secondaire en particulier. Ce
n'est pas pareil. Il faut faire des distinctions. N'est-ce pas?
M. SAINT-PIERRE: Les chiffres ne mentent pas, mais on peut les utiliser
de différentes façons.
M. TETRAULT: Dans les relations commerciales, toutes les
démarches que le gouvernement fait, et les ententes, comme le
délégué qui est parti en Hollande et en Allemagne, est-ce
qu'il y a des statistiques d'établies? Quel est le pourcentage de
succès? Est-ce que ça s'accroît tous les ans? Je ne parle
pas de montants d'argent. En termes de délégation, est-ce que
c'est valable? Depuis la création des maisons du Québec, etc.
M. SAINT-PIERRE: Disons que pour 71/72...
M. JORON: En même temps, pourriez-vous nous dire combien il y a de
personnes au total qui relèvent du ministère de l'Industrie et du
Commerce en dehors des frontières de la province de Québec?
M. SAINT-PIERRE: Une vingtaine. M. JORON: Pas plus que ça?
M. SAINT-PIERRE: Non. Ce sont strictement nos fonctionnaires. Dans
certains bureaux...
M. JORON: Partis d'ici et envoyés à
l'extérieur.
M. SAINT-PIERRE: Oui. C'est évident que si nous avons un bureau
à Dallas, nous ne prendrons pas une secrétaire du Québec
pour l'envoyer à cet endroit.
M. TETRAULT: Avant de répondre à la question, vous avez
dit que vous aviez une vingtaine de délégués à
travers le monde?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons neuf bureaux.
M. TETRAULT: Comme votre type qui est parti en Hollande et en Allemagne,
est-ce que c'est une délégation du Québec qui va là
ou si c'est le bureau dans le pays qui fait toutes les démarches? Est-ce
que vous avez une équipe volante qui une journée va aller en
Allemagne, etc?
M. SAINT-PIERRE: II y a un minimum de personnes. Dans les neuf bureaux,
il y a vingt personnes qui sont en poste qui, elles, répondent, prennent
les initiatives ou suggèrent. En plus de ça, il y a la direction
des services internationaux, que dirige M. Labonté. Nous disons: Nous
avons quelque chose pour percer, nous voulons mousser le Québec à
un colloque particulier, nous faisons venir quatre fonctionnaires du
ministère qui, là-bas, tentent de remplir leur rôle. En
d'autres cas, même, ça va être des non-fonctionnaires. Je
pense que M. Labonté va en Espagne avec des commissaires industriels et
un industriel québécois pour amener des investissements possibles
de l'Espagne ici, dans un secteur donné, en collaboration, dans un
"joint venture", avec des gens d'ici.
Un autre point, un bureau dans un pays donné peut rayonner dans
plusieurs pays. Si on prend l'Angleterre, les trois ou quatre personnes qui
sont à Londres, évidemment vont aussi en Ecosse, en Scandinavie,
etc.
M. TETRAULT: En Ulster.
M. GAGNON: Comme le ministre vient de parler de l'Angleterre, est-ce
qu'il pourrait nous dire si le Québec a évalué les
conséquences de l'entrée de la maman patrie dans le Marché
commun européen? Il y a certainement des conséquences sur le plan
canadien, parce que le gouvernement fédéral en a parlé. Je
ne sais pas si le ministre pourrait nous donner les explications.
M. SAINT-PIERRE: J'ai déjà lu un document sur cela. Les
conséquences sont moins grandes que prévu, puisque et sur le plan
québécois et sur le plan canadien, plusieurs de ces exportations
étaient reliées à des goûts du consommateur. Je vais
prendre deux exemples, les fromages et les tabacs.
Je pense bien qu'on conviendra qu'un Anglais qui mange du cheddar
canadien depuis 35 ans, ce n'est pas parce que le prix du cheddar a
augmenté de 5 p.c. et que le camembert est disponible à 10 p.c.
moins cher le lendemain matin que, du jour au lendemain, il va passer au
camembert.
Un peu la même chose dans les tabacs, le type qui a toujours
fumé du tabac canadien, ce n'est pas parce que la Gitane est moins
chère que, du jour au lendemain, il va changer. Il y a des secteurs que
ça affecte...
M. JORON: Me permettez-vous de vous couper la parole, un instant? J'ai
lu quelque chose tout récemment, qui pourrait vous permettre de
compléter votre réponse. Globalement, sur l'ensemble des
exportations canadiennes vers la Grande-Bretagne, il y en a 55 p.c. qui
continuent d'entrer en franchise.
Il y a 45 p.c. de ce qu'on exportait sans tarif qui va devenir sujet
à un tarif qui va de 0 à un maximum de 10 p.c. Il y a des
secteurs qui sont complètement exclus. Parmi ceux-là, il y a les
pâtes et papier, par exemple. Comme on sait que les exportations
québécoises vers la Grande-Bretagne sont assez fortes à ce
chapitre-là, les proportions québécoises sont
peut-être un peu plus faibles que les proportions canadiennes, si bien
que l'effet global ne devrait pas être substantiel.
M. SAINT-PIERRE: Un autre point qu'on me signale, c'est que,
peut-être, le Canada et le Québec avaient plus de
difficultés couramment, avec les mesures que prenait la Grande-Bretagne,
pour rétablir l'équilibre dans sa balance des paiements. Ils nous
ont cité un cas d'espèce pour l'aluminium. Pour rétablir
l'équilibre de leur balance des paiements, ils ont construit trois
centres de production d'aluminium. Alors, sans toucher les tarifs, c'est
évident que, pour nous, c'est un marché qui disparaissait, parce
que le pays prenait des mesures très concrètes pour
rétablir son équilibre.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1 adoptée?
M. TETRAULT: Non, il faudrait qu'il réponde à la
question.
M. SAINT-PIERRE: Je vous donne le rapport 71/72, concernant les
délégués régionaux seulement. "Favoriser
l'établissement de nouvelles entreprises manufacturières dans les
régions administratives du Québec, en dehors de Montréal.
Cela ne comprend pas l'île de Montréal. Alors, les statistiques
démontrent que,
dans ce domaine, 167 nouvelles entreprises se sont implantées
dans les régions, ont créé 7,518 nouveaux emplois et
représentent un investissement total de $105 millions en dehors de
Montréal. "Deuxièmement, assurer la prospérité des
entreprises existantes". Alors, 415 entreprises ont pris de l'expansion au
cours de l'année. Ces expansions représentent un investissement
total de $240 millions et ont créé 8,927 nouveaux emplois.
L'emploi total dans ces 415 entreprises se chiffre par 70,297, toujours dans le
secteur secondaire manufacturier qui représente une faible proportion de
la main-d'oeuvre, compte tenu du tertiaire et du primaire. Durant cette
période, les délégués ont décelé 116
entreprises en difficulté, affectant 7,339 emplois. A ce jour, 52 de ces
entreprises ont fermé ou fait faillite, 14 furent fusionnées ou
vendues et 30 furent régénérées. Ces 44 entreprises
régénérées, c'est-à-dire les fusions, plus
les autres, représentent 3,500 emplois. Alors, dans quelle mesure, si le
ministère n'avait pas été là, celles-là
seraient-elles parties comme d'autres. Je ne le sais pas. Evidemment, dans
certains cas, c'est impossible. "Renseigner et assister les industriels, les
corps intermédiaires, les municipalités en matière de
développement, de promotion et de services gouvernementaux". Ce sont des
choses de tous les jours, mais également il y a des programmes
particuliers. Par exemple, à travers la province, nous avons ces cours
de promotion industrielle qui visent à familiariser tous ceux qui sont
intéressés par la promotion industrielle; des conseillers
municipaux, celui qui est responsable même dans des villages ou des
villes. Il y a de ces cours qui se donnent, qui sont essentiellement
organisés par ces groupes. "Quatrièmement, collaborer avec tous
les agents régionaux et locaux de développement industriel
à la définition d'une vocation industrielle et à
l'établissement d'un climat industriel favorable" Le tableau 3 donne des
statistiques. Voulez-vous que je dépose les tableaux? Ce sont les
investissements dans les entreprises nouvelles ou dans les entreprises
existantes, le nombre d'emplois créés selon les régions
administratives.
On a les régions, les nouvelles entreprises, l'emploi
créé, l'entreprise existante, l'accroissement d'emplois
créés, les projets en voie de réalisation et d'autres
activités dans la direction, des projets à l'étude, des
visites industrielles, des consultations, des préparations de dossiers,
des interventions auprès des municipalités, des réunions,
des congrès et divers. Juste un total, 557 projets à
l'étude, 127 visites industrielles, 422 consultations, 4
préparations de dossiers, 69 interventions auprès des
municipalités, 43 congrès ou réunions et 99 divers. C'est
juste pour tenter de tracer le bilan de l'activité de ces
gens-là, qui sont des délégués régionaux. Je
peux faire tirer des copies de cela, si vous voulez, sans le verser au journal
des Débats; c'est juste pour votre information.
M. TETRAULT: Peut-être que ma question n'a rien à faire
dans cette discussion. Le Québécois est reconnu pour être
un administrateur peu qualifié et, selon les statistiques qui circulent
on leur fait dire ce que l'on veut le plus grand nombre de
faillites se trouve dans le Québec. Est-ce que le gouvernement pense que
c'est un manque de connaissance de l'industrie ou du commerce dans lequel
l'homme se lance ou est-ce dû à la participation du gouvernement
pour arracher x nombre de dollars? Le gouvernement sait-il à quoi
attribuer la quantité de faillites qui existent?
M. SAINT-PIERRE: Les raisons sont diverses. Dans mon exposé, au
départ, j'ai mentionné que nous tenterions d'accroître les
efforts que font le Centre des dirigeants d'entreprise ou les chambres de
commerce pour donner des cours spécialisés aux chefs
d'entreprise. Il y a des facteurs historiques qui l'expliquent. Souvent les
chefs des petites et moyennes entreprises sont mal préparés pour
leur fonction. Ils ont connu une croissance telle qu'ils sont un peu
dépassés par les événements soit sur le plan
financier, de la production ou autres. Nous tentons de multiplier nos
efforts.
Là, on se repose la question. Sans entrer dans le débat
qu'on avait au sujet des socialistes, maîtres chez nous et autres, cela
repose le problème fondamental: Qui est prêt à relever les
défis dans ce secteur? Cela repose les thèmes que j'ai
déjà exposés: Où se retrouvent véritablement
les exploiteurs dans notre société? Il y a des exploiteurs parmi
les petits comme parmi les grands. Il y a des exploiteurs chez les individus
comme il y en a chez les sociétés. On peut agir contre les
sociétés, mais il faut aussi se poser des questions. La pire
forme d'exploitation, quant à moi, c'est le Québécois qui
décroche son ressort et qui ne donne pas la pleine contribution qu'il
pourrait donner.
Je sais que c'est plus facile de donner dix heures de cours par semaine
dans un CEGEP à Gaspé, être payé en temps
supplémentaire après, que ça ne l'est de se lancer dans
une entreprise pour tenter de faire travailler des gens. Je sais que c'est plus
facile pour des professeurs d'université d'aller au Japon faire une
visite de trois semaines que ça peut l'être d'aller en
Gaspésie et de lancer quelque chose là-bas. Ce sont des formes
d'exploitation. Tant qu'on ne pourra pas décrocher cela d'une
façon quelconque, on peut se poser des questions.
Un autre point peut être soulevé; dans certains cas, il
faut dire qu'on essaie presque de faire quelque chose avec rien. Il y a des
gens qui se lancent très rapidement dans des productions très
grandes et, effectivement, il n'y a pas de capital-actions. Aujourd'hui, c'est
assez difficile, même si vous avez une bonne idée, de
réaliser quelque chose, d'employer 400 personnes si vous n'avez pas un
fonds de roulement ou si vous n'avez pas un capital-actions.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est justement, je pense bien...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Par des programmes comme la SDI et autres,
on tente d'aider et on peut même participer au capital-actions, on peut
même trouver un partenaire. Souvent, lorsqu'on analyse les causes de
faillite, c'est quelqu'un qui était malade et qui refusait de le
reconnaître. C'est quelqu'un qui dit: Je n'ai pas confiance aux jeunes
universitaires, je mène cela à ma façon, il faut
être pratique, il ne faut pas être théorique; trois ans
après, il est en faillite.
M. LAVOIE (Wolfe): Je me demande si on n'essaie pas trop de se
concentrer sur la grosse industrie tout en négligeant la petite
industrie.
M. SAINT-PIERRE: Non, tout ce que je tente de dire c'est qu'il y a de la
petite industrie qui pourrait être aujourd'hui de la moyenne industrie et
de la moyenne qui pourrait être de la grande. Il y a des gens qui ont
décroché. Parlons-nous franchement. Je dis qu'un des plus grands
défauts qu'on peut reprocher à nos hommes d'affaires c'est de ne
pas avoir été suffisamment capitalistes. Ce sont des gens qui ont
bâti avec rien mais, dès qu'ils ont eu $20,000 ou $25,000 par
année, une Cadillac et quatre semaines de vacances en Floride, ils ne
veulent plus rien savoir. Le résultat est que ce sont les ouvriers qui
en subissent les conséquences.
J'étais dans des régions que je ne nommerai pas et mes
fonctionnaires me disaient: Telles entreprises qui ont aujourd'hui 200
employés pourraient, demain matin, passer à 400. Elles ont les
marchés, elles n'ont aucun problème, elles ont une
rentabilité, mais le chef de l'entreprise ne veut plus rien savoir.
Evidemment, dans les journaux on l'attaque depuis dix ans et on dit que c'est
un exploiteur, que c'est un voleur, que c'est un ci et un ça. Il ne veut
plus rien savoir. Ce sont des causes du chômage qu'on a actuellement.
M. TETRAULT: Est-ce que le fait j'ai un peu d'expérience
là-dedans que la personne qui a 200 employés, une petite
entreprise qui pourrait devenir moyenne et de moyenne devenir plus grande, est
obligée de diversifier ou d'accepter un investissement d'autre part?
L'entreprise lui appartient et il ne veut pas que d'autres actionnaires entrent
dedans et la contrôlent.
M. SAINT-PIERRE: Dans une certaine mesure. Mais le chef d'entreprise qui
a 200 employés et qui pourrait en avoir 400 doit réaliser que la
faute qu'il commet vis-à-vis de la société est la
même que le type qui est sur l'assistance sociale et qui pourrait avoir
un emploi demain matin. Ils disent aux hommes politiques: Ceux-là sont
sur l'assistance sociale et ils pourraient travailler demain matin. Souvent
et je l'ai fait on peut leur renvoyer la balle et leur dire: Vous
pourriez avoir 400 employés et vous n'en avez que 200. La faute est la
même.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'aurais une remarque
à ce sujet-là. Je rencontre beaucoup d'industriels, de
commerçants. Je pense que le malaise qui existe actuellement
dépend peut-être du climat social. Beaucoup d'industriels,
après avoir travaillé énormément pour bâtir
une industrie, s'aperçoivent une bonne journée qu'ils ne sont
plus les patrons chez eux, que ce soit à cause des syndicats ou de
certaines choses qui arrivent dans leur industrie ou leur commerce. Ils se
découragent et disent: Demain matin, j'ai envie de mettre la clef dans
la porte. On ne peut plus rien faire, on ne peut plus employer qui on veut, on
ne peut plus congédier qui on veut, non plus. Les gens commencent
à être fatigués de cela dans certains domaines.
Je pense que c'est une raison pour laquelle certains industriels ne
semblent pas vouloir grossir trop parce qu'ils ont déjà beaucoup
de problèmes actuellement.
M. SAINT-PIERRE: Sans ouvrir un autare chapitre, on pourrait dire que
les industriels qui font ça, qui disent: Nous allons mettre la clef dans
la porte, effectivement ils jouent le jeu de celui qui est de l'autre
côté. Oublions la question de l'indépendance, mais c'est
comme les gens qui disent: Nous allons déménager les
sièges sociaux à Toronto parce que nous avons peur de
l'indépendance. Effectivement, ne jouent-ils pas le jeu pour s'assurer
que nous allons l'avoir, l'indépendance? Parce que les disparités
régionales sont une cause profonde qui engendre un malaise et tant qu'on
n'est pas capable de diminuer ça, le malaise demeure et si on pose des
gestes qui contribuent à l'accentuer... je ne sais pas si le
député de Gouin souhaite la disparité des centres...
M. GAGNON: Je crois que le problème qui se présente c'est
qu'actuellement, dans la société industrielle, ça va
très vite technologiquement, à tous les points de vue. L'autre
jour, entre autres je crois que ça illustre bien le
problème je lisais un article qui disait que lorsque Henry Ford I
a commencé à bâtir sa première automobile,
c'était avec $25,000 et 50 personnes et quand il a décidé
de sortir la Mustang, il y a quelques années, ça a pris 700
à 800 personnes avec $50 millions. Malgré toutes les machines IBM
et tous les cerveaux électroniques, ça illustre bien que les
problèmes ne se posent pas comme ils se posaient il y a 50 ans et qu'on
est obligé de faire des calculs en profondeur, d'une façon
très coûteuse. L'industrie qui pourrait grossir hésite
à le faire parce qu'elle n'a peut-être pas ce que vous disiez tout
à l'heure, le fonds de roulement qui est essentiel. Il ne faut pas trop
le gruger parce que vous pouvez avoir $1 million d'actif mais si vous n'avez
plus d'argent dans la caisse, vous êtes plus près de la faillite
qu'autre chose.
Je crois que c'est une des raisons pour lesquelles la moyenne industrie
ne veut pas aller vers la grosse et la petite ne veut pas aller vers la
moyenne. C'est qu'il y a trop d'inconnues face à la
société industrielle d'aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Je pense que la question particulière qu'ont
soulevée les députés de Gaspé-Nord et de Wolfe est
importante. C'est le cas du petit entrepreneur qui arrive à un certain
seuil, qui atteint les $20,000 ou $25,000 par année, la
possibilité d'un mois de vacances avec la bonne-femme à Miami et,
à un moment donné, ça bloque là. Il y a plusieurs
raisons qui font que c'est ainsi. Il y a la peur des syndicats, le manque de
compréhension de ce que ça implique comme responsabilité
sociale de devenir, au lieu d'un petit entrepreneur avec quatre ou cinq gars
dans sa "shop" une moyenne entreprise, car on change de catégorie
à ce moment-là et il est bien entendu que ça implique des
responsabilités sociales supplémentaires. C'est quasiment un
problème d'éducation ou de formation des entrepreneurs
eux-mêmes pour leur faire comprendre ce qu'impliquent ces nouvelles
responsabilités. Quand on a une entreprise qui a 400 employés ou
4,000 on ne peut pas se comporter de la même façon que quand on a
une petite "shop" avec trois ou quatre gars qui travaillent autour de soi. Il y
a toute la partie de la formation des entrepreneurs eux-mêmes. Cette peur
qui peut exister et qui bloque souvent le développement
économique, on ne la fera jamais disparaître tant qu'on ne fera
pas cet effort de formation ou d'éducation.
Il y a aussi un deuxième facteur qui fait que ça peut
bloquer, c'est qu'à partir de ce moment-là quelqu'un
d'autre l'a mentionné aussi il y a la peur de perdre le
contrôle de sa petite affaire et d'être obligé de faire
entrer du capital nouveau, donc, de nouveaux associés, de diluer son
contrôle. C'est encore là un problème psychologique, un
problème que je relie directement ou indirectement à
l'éducation.
Il y a un troisième phénomène aussi: c'est que pour
faire le saut de la petite entreprise à la moyenne, il faut à un
point donné faire un effort généralement
supplémentaire d'équipement, renouveler la machinerie, changer de
type de machinerie. Je ne parle pas seulement d'automatisation mais de
nouvelles technologies, etc. Pour provoquer là je veux amener un
point et j'aimerais savoir ce qu'en pense le ministre ce saut, que pense
le ministre de l'effet d'une hausse du salaire minimum? En effet, très
souvent, le petit entrepreneur en question, c'est justement dans son type
d'entreprise qu'on retrouve les salaires les plus bas. Il a une peur terrible
de tout relèvement du salaire minimum parce que ça gruge sur le
voyage en Floride, ça le fait passer de quatre semaines à trois
et de trois à deux. Mais il ne réalise pas qu'en haussant le
salaire minimum, ça l'oblige à l'effort de
rééquipement technologique qui va justement lui permettre de
faire le bond.
L'instrument qui est le relèvement graduel du salaire minimum me
paraît à moi une façon indirecte de forcer, de la part des
petits entrepreneurs, ce passage d'un stade à un autre. J'aimerais
savoir ce que le ministre en pense.
M. TETRAULT: Avant que le ministre réponde, je suis d'accord en
partie sur les principes que le député de Gouin a exposés.
Mais il y a un autre point qu'il ne faudrait pas oublier non plus, quand on
fera l'éducation des petits entrepreneurs et des petits
commerçants. Il faudra faire l'éducation des chefs syndicaux qui
disent que tous les commerçants et tous les petits industriels sont des
cochons de patrons. Il faut que cela se fasse des deux côtés.
M. SAINT-PIERRE: C'est un fait, mais je pense qu'il faut être
prudent. Il peut y avoir un sophisme, je pense, à simplement augmenter
le salaire minimum.
M. JORON: Cela peut être un instrument qui pousse par en dessous
pour forcer la transition.
M. SAINT-PIERRE: Mais, si mes renseignements sont exacts, est-ce qu'il
n'est pas vrai de dire que le salaire minimum, dans les dix dernières
années, a été haussé à un taux annuel moyen
plus élevé que la croissance des salaires?
M. JORON: Cela, je le comprends. Il faut considérer qu'on partait
d'en bas, aussi. Je ne sais pas ce que vous penseriez aussi d'indexer le
salaire minimum à la hausse moyenne du revenu national chaque
année ou un genre de choses semblables, de façon que le plancher
monte au fur et à mesure que la richesse collective augmente. En
d'autres mots, qu'on ne monte pas par bond et arbitrairement à
différents moments, mais qu'automatiquement le plancher
s'élève dans la mesure, bien entendu, de l'accroissement de la
richesse nationale. C'est une des propositions qui est dans le programme de
notre parti, que je trouve assez pertinente.
M. SAINT-PIERRE: Je transmettrai votre suggestion à mon
collègue du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. LE PRESIDENT: Permettez-moi de vous signaler, en tant que
président, qu'on est peut-être un peu en dehors de la pertinence
même du débat.
M. JORON: M. le Président, si vous me le permettiez, je ne veux
pas abuser de la commission, mais j'ai un engagement qui m'oblige à
partir. Je voulais vous demander quand on avait l'intention de suspendre et de
reprendre.
M. LE PRESIDENT: L'ajournement est à 12 h 30. Nous ajournerons
sine die. Probablement que nous reprendrons demain, mais cela reste sous toute
réserve, parce que je ne sais pas quelles sont les vues du gouvernement
pour demain.
M. SAINT-PIERRE: Demain, c'est vendredi?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. JORON: Cela va aller à la semaine prochaine.
M. GAGNON: Si ce n'est pas après la période des questions,
cet après-midi, cela irait à la semaine prochaine.
M. TETRAULT: II y a seulement la commission des richesses naturelles sur
la baie James qui siège cet après-midi?
M. LE PRESIDENT: C'est ça
M. GAGNON: C'est parce qu'il y a le débat.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'ajournement sera définitivement
à 12 h 30.
M. SAINT-PIERRE: A moins qu'on ne termine, parce qu'avec le nouveau
règlement, je ne pourrai pas entreprendre les autres crédits.
M. JORON: Je vais vous dire, bien honnêtement, que dans la
question des pêcheries, qui n'est pas trop ma spécialité,
disons que ce n'est pas si grave si je suis absent. Mais, à partir du
moment où on reviendra au service général des achats,
à l'article 8, j'aimerais bien être ici. Pensez-vous que d'ici 12
h 30, même si les pêcheries sont quand même assez importantes
et longues...
M. GAGNON: Nous pourrions passer à l'article 8.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous pouvons passer les catégories de
l'article 5 dès maintenant et nous verrons comment cela ira.
M. JORON: Je remercie bien les membres de leur compréhension et
de leur collaboration.
M. LAVOIE (Wolfe): J'aurais une question à poser.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas sur la baie James? C'est plus
économique qu'hydraulique.
M. LAVOIE (Wolfe): Peut-être que je suis hors d'ordre. Vous allez
m'excuser. Vous me rappellerez à l'ordre si je suis hors d'ordre. Je
voudrais demander au ministre ce qu'il pense des initiatives locales. Qu'est-ce
qu'il pense de l'argent qui est investi par le gouvernement
fédéral dans certaines industries qui, deux ou trois mois
après, sont en faillite, quand même? Je ne sais pas s'il n'y
aurait pas de conditions à respecter ou je ne sais quoi.
M. SAINT-PIERRE: Je suis contre ça, et je vais le dire
prochainement.
M. LAVOIE (Wolfe): Oui.
M. SAINT-PIERRE: Mais il me semble que ce n'est pas le moment
approprié pour le dire.
M. GAGNON: La question du député de Wolfe a deux aspects.
D'abord, les initiatives locales qui ne touchent pas l'industrie, qui touchent
à la dépense d'argent préélectorale. Il y a
également les sommes qui sont investies, parfois, dans des industries
qui, deux ans, trois ans après, comme cela est arrivé à
Montmagny entre autres, font faillite après avoir
bénéficié de quelques $100,000.
M. LAVOIE (Wolfe): Cela arrive à plusieurs endroits.
M. SAINT-PIERRE: Le premier aspect, je le mets de côté. Le
deuxième aspect, c'est de donner des subventions et, après,
l'entreprise est en faillite.
M. GAGNON: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Ecoutez, c'est comme quelqu'un qui,
financièrement, est en difficulté et on dit: S'il avait un peu
plus d'argent, peut-être qu'il pourrait s'en sortir. Effectivement,
quatre fois sur cinq, il s'en sort, parce qu'on lui a prêté plus
d'argent et qu'on lui a permis de surnager. Mais, dans un cas sur cinq, deux
mois après, c'est la chute. Dans votre comté, si vous avez une
entreprise qui a des problèmes financiers, je suis certain que vous
allez venir au ministère et dire: Qu'est-ce que vous pourriez faire pour
sauver ces 400 emplois? Nous regardons cela.
C'est presque contradictoire, voyez-vous, avec le reproche que vous nous
faisiez avant quand vous disiez que nous sommes trop conservateurs et que nous
ne sommes pas prêts à donner assez. Effectivement, parfois, on
regarde cela et on dit: Très bien, on pourrait peut-être
prêter et on pourrait faire ceci. On va donner une subvention parce qu'il
y a un agrandissement. Cela a l'air plus ou moins rentable, mais on pense
qu'ils vont s'en sortir. On leur en donne une. Dans plusieurs cas, il faut
admettre qu'il n'y a aucun problème. Mais, dans quelques cas, deux ans
après, ils font faillite.
Ce qui voudrait dire qu'il est presque en contradiction avec ce que le
député de Shefford mentionnait. 1 disait qu'on était trop
conservateur. Même si on est conservateur, dans des cas,
voyez-vous...
M. LAVOIE (Wolfe): Lorsque le député de Shefford a
parlé d'être trop conservateur, il devait certainement parler du
ministère de l'Industrie et du Commerce lui-même, par ses
prêts, par le bill no 23, probablement.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. LAVOIE (Wolfe): II est plus sévère que les banques pour
prêter.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est plutôt cela d'après ce que je peux
voir, parce que selon mon expérience...
M. SAINT-PIERRE: Lorsqu'on donne des subventions, il y a quand
même un élément de rentabilité. Des subventions ont
été refusées parce qu'on n'était pas convaincu de
la rentabilité de la chose. Si quelqu'un, demain, dit: Je voudrais avoir
$100 millions pour fabriquer des réfrigérateurs pour vendre aux
Esquimaux, on ne lui donnerait pas les $100 millions même si cela
pourrait créer 300,000 emplois. On dit: Ce n'est pas rentable, votre
affaire.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'ai remarqué que les
industries, généralement, qui ont des prêts semblables, si
elles avaient les techniciens et les administrateurs en conséquence,
elles pourraient suffir à la tâche. Elle pourraient continuer. Ce
qu'il leur manque, souvent c'est les connaissances techniques dans leur domaine
ou en administration.
M. SAINT-PIERRE: C'est le même problème pour nous autres.
Je ne voudrais pas reprendre ce que nous disions avec le député
de Gouin. Mais, vous savez, de bons administrateurs, de bons techniciens et de
bon gérants d'usines, on n'en a pas sur les tablettes pour donner
à gauche et à droite. Nous aussi, nous avons ce même
problème. Tout ce qu'on peut faire, c'est de tenter de déceler
des gens dont le potentiel n'est pas utilisé au maximum et dire: Bien,
ce type qui occupe un poste subalterne dans telle compagnie pourrait occuper un
poste de plus grande compétence dans une autre. On tente d'être
quoi?
M. GAGNON: Je pense que la question du député de
Gouin...
M. LAVOIE (Wolfe): Ce n'est pas rendu à ce point-là
encore. Je regarde dans le journal des Débats de 1969, lorsque M.
Bourassa était à la commission, il avait un paquet de suggestions
et de solutions à tous les problèmes.
M. GAGNON: C'est parce qu'il n'a pas le temps...
M. LAVOIE (Wolfe): Nous ne sommes pas plus avancés que nous
étions dans ce sens. Pourtant, dans le temps, il y avait tous les
problèmes, selon le journal des Débats de 1969.
M. GAGNON: C'est parce qu'il n'a pas le temps de les donner. Mais je
crois que la question...
M. SAINT-PIERRE: Lisez-moi de bonnes suggestions qu'il avait.
M. LAVOIE (Wolfe): Ah, mon Dieu Seigneur! Je pourrais vous lire tout le
volume.
M. SAINT-PIERRE: II en avait plusieurs!
M. LAVOIE (Wolfe): II y en a plusieurs là-dedans.
M. SAINT-PIERRE: C'est pour cela qu'il a été
élu!
M. GAGNON: Cela va être dans la réélection.
M. TETRAULT: Est-ce que nous pourrions savoir quand vous allez les
mettre en pratique?
M. SAINT-PIERRE: II est bien certain qu'il y a bien des choses que nous
mettons en pratique. Mais nous tentons d'en faire le plus possible.
M. GAGNON: Disons que la question du député de Wolfe, je
crois, va plus profondément que le ministre ne le pense. Evidemment,
quand cela touche à Ottawa, on n'a pas beaucoup à faire. Il y a
peut-être un manque de collaboration avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce dans les versements de subventions.
Mais je crois que ce que le député de Wolfe voulait dire,
c'était que les subventions n'étaient pas accrochées
à quelque chose lorsqu'on les donne. C'est-à-dire qu'on dit:
Voici, au bout de deux ans, si l'industrie périclitait ou si elle
tombait en faillite, le gouvernement se réserve le droit de percevoir un
montant sur ses subventions, quitte à avoir une décroissance dans
le remboursement jusqu'à une période de quatre, cinq ou six ans.
C'est que la personne qui est propriétaire de l'industrie, à ce
moment-là, s'intéresse à la faire marcher. Elle ne
s'intéresse pas à dire: J'ai eu un demi-million de dollars. Cela
me permet, si je la vends ou si je fais faillite, dans un an ou dans deux ans,
d'en encaisser, peut-être, $100,000 et de remplir mes goussets. Le
ministère, que ce soit au provincial ou au fédéral,
devrait accrocher cela à certaines formalités de remboursement
dans un délai X qui serait décroissant. A ce moment-là,
vous accrochez le propriétaire d'une façon pratique;
c'est-à-dire que vous lui dites: Si vous vendez, nous pouvons arriver,
au bout de trois ans, et demander le remboursement de 60 p.c. de la subvention
que nous vous avons versée. Si vous tombez en faillite, dans deux ans,
à ce mo-
ment-là, nous pourrons exiger 100 p.c. ou 50 p.c. Mais nous
serons les premiers preneurs.
M. SAINT-PIERRE: C'est exactement quelque chose de semblable que nous
avons dans le bill no 23. Dans le bill no 23, on dit: La prime pour laquelle
nous versons une subvention, cela implique que vous allez être en
production pour un minimum de cinq ans. Si vous cessez la production, nous
avons le remboursement de la prime que nous donnons. C'est ça
l'engagement.
L'autre façon aussi, vous parlez des prêts, des choses
comme ça. Vous savez, il faut bien se rendre compte que celui qui n'est
pas honnête ou celui qui, par manque de dynamisme, faillit à la
tâche, quand bien même nous aurions toutes les signatures de sa
part, nous arrivons, au bout de deux ans, il ne vaut plus rien. Il a des dettes
avec tout le monde, incluant nous autres. En d'autres termes, pour lui, c'est
comme pour le curé qui dit, à la messe, le dimanche: Tout le
monde devrait venir à la messe. Il ne le dit pas aux bonnes personnes,
à celles qui n'y sont pas. C'est un peu la même chose.
M. GAGNON: Evidemment, vous pouvez par vos lois avoir un
privilège sur votre créance dans une faillite.
M. TETRAULT: Ce n'est pas tout à fait la même chose que
lui, mais dans le Nord-Ouest québécois je ne suis pas
sûr que le député de Témiscamingue va être
d'accord les scieries ont des subventions autant du
fédéral que du provincial.
Mais aussitôt qu'on entend dire qu'un petit moulin commence
à avoir de la difficulté, on dit: II va y avoir un bon feu et le
gouvernement va venir l'aider. Je peux vous en citer. Il y en a beaucoup.
UNE VOIX: Est-ce vrai?
M. TETRAULT: Bienvenue, cela va mal. Il y a un feu. Cossette, dans la
région de Champ-neuf, cela va mal. Il y a un feu. Richard, dans la
région de Beattyville, Lebel-sur-Quévillon, il y a un feu. Ils
partent tous l'un après l'autre et ils ont tous des feux.
M. SAINT-PIERRE: Vous n'êtes pas honnêtes dans le
Nord-Ouest!
M. TETRAULT: Je ne dis pas qu'ils ne sont pas honnêtes.
Peut-être que vos lois ne sont pas honnêtes. Le gouvernement ne
peut-il pas intervenir? Je ne veux pas dire intervenir pour que le feu ne
commence pas mais...
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, messieurs, adopté?
M. LAVOIE (Wolfe): Combien le ministère prévoit-il qu'il y
aura d'investissements en 1972, dans le domaine manufacturier?
M. SAINT-PIERRE: Je crois que c'est 16 p.c. de plus que l'an dernier,
dans ce domaine. Dans les investissements manufacturiers, ce que nous
prévoyons pour l'an prochain, nous l'avons dans un tableau. C'est $600
millions plus 16 p.c. C'est plutôt 14.5 p.c. pour les investissements
manufacturiers. Cela donnerait à peu près $700 millions.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est $700 millions.
M.GAGNON: Le total des investissements prévus au
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Dans la situation économique, on donne ces
chiffres dans les tableaux. Je pense qu'on pourrait facilement les voir. C'est
à peu près $3 milliards ou $4 milliards.
M. GAGNON: Ce serait à peu près la moitié de ce que
l'Ontario prévoit pour ses investissements manufacturiers.
M. SAINT-PIERRE: Les milliards, ce ne sont pas les investissements
manufacturiers. Ce sont les investissements totaux.
M. LAVOIE (Wolfe): M. Bourassa disait aussi, en 1969: Vous avez, en
Ontario, des investissements prévus pour 1969, dans le secteur
manufacturier, de $1,316,000,000.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Et nous autres, nous vous disons que c'est $700
millions.
M. LAVOIE (Wolfe): Ce serait la moitié, environ, de
l'Ontario.
M. SAINT-PIERRE: A peu près, oui. M. LAVOIE (Wolfe): Trois ans
après.
M. SAINT-PIERRE: L'écart, en investissement per capita, au cours
d'une période d'à peu près quatre ans, on me
corrigera si je me trompe le Québec a réussi à le
réduire. C'est de 1961 à 1966. Depuis ce temps, il y a un
écart. Cette année, on le réduira parce qu'en Ontario,
cette année, la croissance est nulle et nous, c'est 14 p.c. de plus.
Mais si on parle d'investissement per capita, on voit qu'en Ontario, avec une
population de 7 millions ou 8 millions, il y a des investissements d'à
peu près... Il y a un décalage constant depuis 1961.
Dès mardi prochain, on aura la brochure que je vous mentionnais.
Il y a divers tableaux, dans cela, qui illustrent tant la position du Canada
que de l'Ontario et du Québec.
M. LAVOIE (Wolfe): II serait bon, aussi, que le ministre relise le
journal des Débats de 1969. Il pourrait trouver de très bonnes
suggestions de son chef d'aujourd'hui, M. Bourassa. Cela l'aiderait
certainement.
M. SAINT-PIERRE: Pour savoir ce qui n'allait pas non plus, dans le
temps.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté?
M. GAGNON: Un instant. Ici, il y a un article c'est M. Desmarais
qui parle qui dit qu'en 1965...
M. SAINT-PIERRE: Quel Desmarais?
M. GAGNON: Le financier Guy Desmarais. On dit que, dans le secteur
privé, la moyenne des investissements annuels, depuis 1965, a
été de $3,500,000,000.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Pourriez-vous répéter
cela?
M. GAGNON: M. Desmarais a dit que les tâches de doubler les
investissements de capitaux, entre 1971 et 1976, deviennent plus formidables,
étant donné que ces investissements, dans le secteur
privé, étaient en moyenne de $3,500,000,000 annuellement, depuis
1965.
M. SAINT-PIERRE: On parle du Canada.
M.GAGNON: On parle du Québec. Il faut renouveler, d'ici 1976, le
total des investissements annuels au Québec.
M. SAINT-PIERRE: Au point de vue manufacturier, je suis certain que
c'est à peu près $700 millions, $685 millions ou $725 millions,
peut-être, mais jamais $3 milliards.
M. GAGNON: II dit que cela a existé jusqu'en 1971. Il parle des
investissements au Québec. Je ne sais pas s'il se trompe.
M. SAINT-PIERRE: Les investissements... M. GAGNON: Dans le secteur
privé.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais $3 milliards, c'est trop pour le secteur
privé. Vous disiez combien? Un milliard ou trois milliards?
M. GAGNON: Lui, il parle de $3.5 milliards annuellement, depuis
1965.
M. SAINT-PIERRE: C'est sûrement au Canada. C'est impossible que ce
soit au Québec. Le financier a dû se tromper ou le journaliste a
dû mal comprendre, un des deux.
M. GAGNON: Peut-être.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas le journaliste, donc la preuve est
faite.
M. GAGNON: Le financier.
M. LAVOIE (Wolfe): Nous sommes à Traitements et salaires. Parmi
les délégués régionaux, est-ce qu'il y en a
plusieurs, depuis 1970, qui ont laissé le ministère? Est-ce qu'il
y en a des nouveaux qui ont été engagés?
M. SAINT-PIERRE: Dans l'ensemble, ce sont essentiellement les
mêmes qui étaient là. Je vous donne les statistiques qui
peuvent peut-être vous intéresser. Depuis un an, il y a eu 219
personnes cadres et secrétaires nouvelles qui sont venues
au ministère et il y en a 158 qui l'ont quitté.
Pour les délégués régionaux, il y en a deux
ou trois, me dit-on. Il y en a eu cinq depuis deux ans.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce qu'ils avaient des raisons valables, avec
l'expérience qu'ils devaient avoir?
M. SAINT-PIERRE: II y en a un qui est allé comme commissaire
industriel à Rimouski. Je ne sais pas si on lui a offert un salaire plus
élevé. Mais je trouve que c'est parfaitement normal. Nous ne
tenons pas à accaparer nos employés s'il y a un profil de
carrière intéressant pour eux ailleurs. Il y a certains de nos
fonctionnaires qui nous quittent pour aller dans le secteur privé. Si
ça va créer des emplois plus tard, c'est aussi bien ainsi.
En soi, dans certaines proportions, ce n'est pas un problème.
M. LAVOIE (Wolfe): Si je vous demande ça, c'est qu'il me semblait
qu'il y avait des délégués régionaux qui
étaient à l'emploi du ministère depuis de nombreuses
années et qui avaient beaucoup d'expérience, souvent. Si c'est
seulement une question de salaire, n'est-il pas souvent
préférable de donner un meilleur salaire à un type
d'expérience qu'à un autre qui est nouveau dans le domaine? Je
demande ça tout bonnement.
M. SAINT-PIERRE: C'est l'ensemble de la politique salariale qui entre en
ligne de compte, les années d'expérience, la qualification. Nous
pouvons en reparler. Mais, en fait, on ne peut avoir quelque chose de
différent pour les délégués régionaux. Les
professionnels sont jugés suivant la qualification, le nombre
d'années d'expérience. En général ce sont les deux
facteurs. Le nombre d'années d'emploi ne compte pas tellement.
Supposons quelqu'un qui nous vient du secteur privé, de Canadair,
pour prendre un cas d'espèce, et qui y avait un poste de commande.
Même si ça fait trois mois qu'il est au ministère, il nous
apporte quand même une compétence en aéronautique que
quelqu'un qui serait au ministère depuis 14 ans ne pourrait
peut-être pas avoir. Ce n'est pas qu'une question
d'expérience.
M. GAGNON: II est reconnu que le gouvernement provincial est un
réservoir excellent pour les compagnies privées.
C'est-à-dire que,
comme vous le disiez tout à l'heure, un nouvel étudiant
qui sort fraîchement de l'université, l'entreprise privée
n'est pas prête à le prendre et lorsqu'il vient au gouvernement
provincial, où il va acquérir une expérience de 3, 4, 5 ou
6 ans, à la Voirie, par exemple, on a du mal à le garder parce
que l'entreprise privée vient le chercher avec des salaires assez
alléchants. Cela existera probablement toujours.
M. SAINT-PIERRE: Mais je trouve que c'est une caractéristique
intéressante de notre économie; c'est une certaine
mobilité de la main-d'oeuvre. Il n'y a rien de pire que quelque chose de
sclérosé où chacun s'accroche à sa position et ne
veut pas la quitter.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adoptée? M. GAGNON: Oui.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que tous les crédits de l'an
passé ont été dépensés?
M. SAINT-PIERRE: L'an dernier, vous nous aviez donné des
crédits de $1,362,400 et nous avons dépensé $1,328,000.
Cette année, nous vous demandons $1,484,800 à cause de
l'augmentation...
M. LAVOIE (Wolfe): Avec 5 emplois de plus.
M. SAINT-PIERRE: Avec 5 emplois de plus. C'est parce qu'il y a une
question d'augmentation de salaire.
M. TETRAULT: Est-ce que les postes sont comblés?
M. SAINT-PIERRE: II y a 20 postes à combler, mais les concours
sont ouverts et dans certains cas les nominations sont incessantes.
M. GAGNON: Dans sa convention collective, le gouvernement prévoit
de la rétroactivité pour un an. Est-ce que le ministre a
prévu cette rétroactivité dans le budget?
M. SAINT-PIERRE: Elle se trouve au ministère des Finances.
M. GAGNON: A ce moment-là, il y aura un versement. Cela grossira
le budget.
M. LAVOIE (Wolfe): Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie
3.
M. GAGNON: A Transport et communication, il y a une augmentation de
près de $400,000.
M. SAINT-PIERRE: II y a $250,000 comme je vous l'ai
expliqué pour autre chose pour les publications et la
publicité qui l'an dernier se retrouvaient au budget du ministère
des Communications et qui cette année ont été
reportées à chacun des postes. C'est un secteur dans le cadre du
programme des communications, comme je vous l'ai mentionné, auquel nous
voulons donner une certaine ampleur. Il y a $250,000 et c'est essentiellement
ce qui explique la différence.
M. GAGNON: C'est tout de même drôle. Cela me fait penser un
peu, au niveau de l'information, au haut-commissariat. Il se balade aux
Communications et il revient au ministère. Il y a quelques
années, on préférait tout envoyer au ministère des
Communications et maintenant il semble qu'on retourne les crédits au
ministère pour qu'il fasse lui-même sa publicité.
Le ministre dit que le montant est augmenté parce que les sommes
qu'avait le ministère des Communications l'année dernière
retournent au ministère, pour que lui-même fasse la
publicité.
M. SAINT-PIERRE: La raison fondamentale, c'est, je pense qu'il est
ridicule d'avoir un PPBS, d'avoir des missions économiques si finalement
on n'est pas capable d'identifier à des programmes précis des
dépenses de publicité. Si vous lancez un programme
régional ou un programme d'expansion industrielle, il y a un million qui
est ici en publicité, qu'on retrouve dans un autre ministère qui
n'est pas même dans la même mission économique. Si on
retrouve $1 million pour autre chose, on n'a pas réellement du PPBS.
Alors c'est ça qui nous a obligés de revenir à des
ministères.
M. GAGNON: Disons qu'à ce moment-là quand cette politique
a été prêchée de tout centraliser, c'est que
théoriquement c'était beau mais, dans l'ordre pratique des
choses, c'était mauvais. Entre autres, le ministère de
l'Industrie et du Commerce le constate.
M. SAINT-PIERRE: On m'informe que ça fait plusieurs années
que c'est aux Communications.
M. GAGNON: Oui, oui, c'est ça que j'ai dit. A ce
moment-là, ce ne sont pas des certificats de compétence qu'on
décerne au ministère des Communications, qui n'avait pas de
liaison avec le ministère de l'Industrie et du Commerce. C'est le plus
beau certificat d'incompétence qu'on puisse donner.
M. SAINT-PIERRE: Depuis 1966 que c'est commencé.
M. GAGNON: C'est ça, je sais, j'étais là, je m'en
rappelle très bien. Mais, en rapatriant vos crédits, vous ne
décernez pas un certificat de compétence au ministère des
Communications. Il n'a pas atteint son objectif.
M. SAINT-PIERRE: Non, je pense que c'est
faux. Il n'est pas question de ne pas atteindre un objectif, c'est pour
les fins budgétaires, et ça ne veut pas dire que les
Communications n'ont absolument rien à voir à la
publicité. Ce sont eux qui continuent de faire la coordination. Mais on
dit: Pour les fins du PPBS, les choix budgétaires, si on veut avoir des
chiffres qui signifient quelque chose, il faut retrouver à
l'intérieur des mêmes programmes, des sous-programmes, des
activités l'ensemble des dépenses qui s'y
réfèrent.
M. GAGNON: D'accord. Mais c'est celui qui a les crédits qui peut
agir le mieux. Alors si c'étaient les Communications autrefois, c'est
que le ministère de l'Industrie et du Commerce ne réalisait pas
ses objectifs. Mais en rapatriant les crédits à ce
moment-là il dit aux Communications: C'est comme ça de telle
façon.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas tout à fait aussi simple.
M. LAVOIE (Wolfe): En étant ministre maintenant d'un
superministère...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, ce n'est pas vrai.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous n'êtes pas ministre de l'Industrie et du
Commerce, ministre en titre...
M. SAINT-PIERRE: Comme le dit mon collègue de Bourassa, je ne
suis pas un "Jumbo Minister", je suis juste un ministre ordinaire.
M. LAVOIE (Wolfe): Ah bon! C'est parce que je voulais vous demander si,
l'an prochain, les crédits de tous les autres ministères
étaient pour être fondus dans le ministère de l'Industrie
et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. TETRAULT: M. le Président, je remarque que le ministre nous
dit que les budgets en communications sont revenus à son
ministère. En même temps, je remarque que pour les communications
seulement son budget est moins de $1,477,000. Dans les crédits
déjà à l'étude $600,000 sont
transférés. Est-ce que c'est dans tous les ministères?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais là il faudrait que vous regardiez les
crédits de l'an dernier. Evidemment, il peut y avoir des croissances de
programme. Exemple, on dit: Un des problèmes du ministère de
l'Industrie et du Commerce c'est qu'il ne fait pas assez de publicité.
On dit: Au ministère du Tourisme, il doit accroître la
publicité. Alors, si entre l'an dernier et cette année il y a une
croissance des revenus, des budgets de publicité, évidemment ce
sont des sommes qui n'étaient pas aux Communications l'an dernier.
M. TETRAULT: De toute façon cette question-là se poserait
beaucoup mieux lors de l'étude des crédits du ministère
des Communications. Mais, je suis persuadé que le ministère des
Communications dirait de me référer à l'Industrie et
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez la réponse.
M. LE PRESIDENT: Alors catégorie 3, adopté.
Catégorie 4.
M. GAGNON: Services professionnels et administratifs, il y a une
augmentation de près du double, je ne sais pas si le ministre pourrait
expliquer le problème.
M. SAINT-PIERRE: Essentiellement, c'est avec l'ODEQ qui voit une
croissance de $140,000. C'est le gros de l'accroissement. Alors, $140,000 dans
le cadre des programmes d'action de l'ODEQ. On voudrait faire autre chose que
de la voirie et de l'infrastructure alors il y a une somme de $140,000 de
prévue.
M. GAGNON: A l'intérieur de l'ODEQ.
M. SAINT-PIERRE: Non, ici, mais pour l'ODEQ.
M. GAGNON: Mais, elle sera affectée à quoi? A des
enquêtes?
M. SAINT-PIERRE: A des études de rentabilité, à des
études peut-être beaucoup plus généreuses dans le
cas de la Gaspésie qu'on le fait dans d'autres régions: de
rentabilité, de financement, de production, de mise en marché,
des études régionales, des études de prospection pour des
types d'industrie. C'est $140,000. C'est ce qui explique le gros de la
dépense.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4, adopté.
Catégorie 5, adopté. Catégorie 6.
M. SAINT-PIERRE: Ici la grande dépense, M. le Président,
ça touche, évidemment un fichier. Non, c'est une diminution de
dépense.
DES VOIX: Bien oui.
M. SAINT-PIERRE: L'an dernier, on avait prévu, au bureau de
Montréal, un fichier sur machine IBM de l'ensemble de toutes nos
entreprises. Un contrat qui avait même été envisagé
et qui nous permettait d'obtenir des données du gouvernement
fédéral et autres. Dans le cours de l'année, la
règle de la valeur savoir si ce qu'on pouvait en sortir
correspondait à ce qui pouvait entrer dedans a prouvé que
ce n'était pas une bonne formule et qu'il ne fallait pas s'y aventurer.
Cette année, on va peut-être retrouver dans d'autres fonctions
cette tâche du fichier. Sur le plan informatique, loyer
d'équipement...
M. TETRAULT: Quel montant a été dépensé l'an
passé?
M. SAINT-PIERRE: $24,000 ont été dépensés
l'an dernier. Cette année, on prévoit des besoins de $18,000.
M. GAGNON: De la manière dont a réagi le ministre
lorsqu'il a cru que c'était un accroissement de $60,000 plutôt
qu'une diminution, il a dû réagir très fortement quand il a
vu son budget diminuer de $9 millions cette année.
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas.
M. GAGNON: Aucune réaction après avoir eu une
réaction aussi forte sur une diminution de $60,000, ici?
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas.
M. GAGNON: II va nous l'expliquer en cours de route.
M. SAINT-PIERRE: II y a eu le cas des bateaux passeurs qui était
une dépense exceptionnelle. J'ai mentionné qu'on avait des
surplus de crédits de l'ordre de $14 millions, ce qui veut dire
qu'effectivement cette année on a plus d'argent qu'on n'en a
dépensé l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: Cela a été discuté aux
généralités.
M. GAGNON: C'était juste pour faire allusion à sa
réaction.
M. LE PRESIDENT: Je suis un peu inquiet si on revient continuellement
aux généralités.
M. LAVOIE (Wolfe): On a passé une catégorie où
j'aurais aimé...
M. SAINT-PIERRE: Le pire service qu'on peut rendre à un
ministère, c'est de lui donner de l'argent sans savoir si ça va
être bien dépensé.
M. GAGNON: C'est clair.
M. LAVOIE (Wolfe): ... poser une question, au début.
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement de la commission, je n'ai pas
d'objection.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est un problème qui est à l'ordre du
jour pas mal, le problème des boulangeries. Y a-t-il une étude
qui se fait sur la rentabilité des boulangeries, la concurrence qu'ils
ont, depuis quelque temps, des magasins à succursales?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mercredi prochain, au conseil des ministres, je
ferai des recommandations.
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Une étude est en cours; c'est l'étude de
M. Tessier du ministère de l'Industrie. Elle a été remise
et prise en considération. Mercredi prochain, je ferai des
recommandations au conseil des ministres.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6? Adopté. Catégorie 7?
Adopté. Catégorie 8? Adopté, catégorie 10?
M. GAGNON: Là, il y a un accroissement considérable.
M. TETRAULT: M. le Président, il y a $1 million
d'accroissement.
M. GAGNON: Je pense que le gouvernement fédéral participe
à cette catégorie d'une façon appréciable.
M. SAINT-PIERRE: C'est essentiellement des programmes avec l'ODEQ. Il y
a un montant de $450,000 supplémentaires à celui de l'an dernier,
qui est une subvention spéciale à des gouvernements municipaux.
Il y a également des paiements pour des dépenses
d'infrastructures: aqueducs, égouts, autres immobilisations, de plus de
$600,000.
M. GAGNON: Aqueducs, égouts et autres immobilisations?
M. SAINT-PIERRE: Je vais prendre un exemple à Blanc-Sablon; dans
le moment, une industrie veut s'implanter là, et on n'est pas capable
d'avoir de l'eau. L'industrie s'y établira simplement si on peut trouver
de l'eau. Dans le cadre de l'ODEQ, il y a des montants qui sont prévus
pour cela, puisqu'il y a une base foncière qui n'est pas suffisante.
M. GAGNON: C'est le ministère de l'Industrie et du Commerce qui
s'occupera des aqueducs et des égouts?
M. SAINT-PIERRE: C'est relié directement à des projets
industriels. C'est surtout de l'infrastructure reliée à des
projets industriels. Il n'est pas question de subventionner une
municipalité pour un réseau d'aqueducs; j'imagine qu'il y aura
des montants aux Affaires municipales. Les grands montants sont reliés
à l'ODEQ; d'ailleurs, on voit qu'à la catégorie 15,
imputations, les montants remboursés par l'ODEQ ont subi un
accroissement de $293,000 à $1,067,000.
M. GAGNON: Si ces crédits ont augmenté
considérablement, c'est que peut-être on a prévu les
dépenser et qu'il y avait des demandes. Je ne sais pas si le ministre
pourrait nous donner le détail des sommes qui seront engagées. Si
on a augmenté la somme de $1,100,000, c'est en fonction de demandes.
M. SAINT-PIERRE: Vous me permettrez de prendre le problème
à l'envers. Je pense que c'était justement le
député de Gaspé qui se plaignait que, dans le cadre de
l'ODEQ souvent, on avait dépensé trop d'argent pour faire de
l'animation et faire miroiter de belles choses à la population, sans
être capable, sur le plan concret et pratique de passer à
l'action.
Il y a aussi le problème inverse: on ne peut passer à
l'action si les crédits ne sont pas approuvés. Là, nous
les avons. C'est le même problème un peu que celui des subventions
que nous avions ce matin, il nous est assez difficile de dire: l'aide
égout-aqueduc c'est tant à tel ou tel endroit parce que,
couramment, on tente de trouver les industriels qui vont venir, pour l'ensemble
de la Gaspésie.
Nous avons quand même des estimations, je vous le donne par
secteur, mais ce n'est pas plus que des estimations. Aliments et boissons,
$150,000; cuir, $100,000; industrie du bois, $150,000; pâtes et papiers,
$100,000; produits minéraux, $50,000; produits métalliques,
$50,000. C'est une synthèse de cas chauds. Il y a le cas précis
de Boucher, à Kamouraska, que vous connaissez bien, il y en a d'autres
semblables.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10. Adopté. Catégorie
11. Adopté. Catégorie 15: Imputations. Adopté.
Article 5. Adopté?
M. GAGNON: Crédits non requis. L'année dernière il
y avait $172,000 de crédits, cette année il n'y en a pas. A quoi
s'appliquaient ces crédits de $172,000 l'année dernière
qui disparaissent cette année?
M. SAINT-PIERRE: C'est le coût de la participation à
l'exposition de Toronto.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous n'y allez pas cette année?
M. SAINT-PIERRE: C'est dans notre programme, nous y allons tous les deux
ans.
M. GAGNON: Quant à la participation à l'Expo de
Montréal, est-ce que le gouvernement est encore présent?
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est le ministère du Tourisme, pour une
somme de $5 millions, nous l'avons votée la semaine dernière.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6, sous-article 1,
catégorie 1.
Direction générale des Pêches
maritimes
Administration
M. SAINT-PIERRE: Sans répéter ce que j'ai mentionné
antérieurement sur la division des pêches et certains des
programmes envisagés, vous me permettrez de mentionner que M. Viateur
Bernard est le sous-ministre adjoint responsable des pêches maritimes.
Les pêches se regroupent en trois secteurs. Dans mon texte inaugural
j'avais mentionné leur activité, mais la direction de la
recherche relève de M. Nadeau, la direction de l'économique, mise
en marché, etc, relève de M. Barras, la direction des services
techniques, M. Roy, c'est-à-dire les parcs industriels de pêche et
autres.
M. GAGNON: J'ai eu l'occasion de parler plusieurs fois à M.
Bernard, mais c'est la première fois que nous nous rencontrons.
Je ne sais pas si le ministre pourrait donner une vue d'ensemble de ses
nouvelles politiques pour l'année 72/73.
M. SAINT-PIERRE: Vous pourriez peut-être lire le journal des
Débats, je l'avais mentionné dans le texte, au début; je
ne voudrais pas me répéter.
M. GAGNON: Entendu. Il n'y a rien d'autre?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, la semaine passé, pour des
raisons valables, je n'ai pu assister à la commission du tourisme, de la
chasse et de la pêche. Dans la direction générale des
pêches maritimes, parlez-vous de commerce de pêche maritime avec
ça en même temps?
M. SAINT-PIERRE: Nous parlons de tout à partir de vous
m'obligez à retourner à mon texte ...
M. TETRAULT: C'est parce que...
M. SAINT-PIERRE: ... la direction générale des
pêches vise à accroître la productivité du secteur
tertiaire des pêches maritimes, à améliorer la situation de
l'industrie de transformation du poisson et à étendre les
connaissances de la ressource et des moyens d'exploitation. Elle est donc
impliquée dans la recherche pour trouver de nouveaux bancs de
pêche, de poissons; elle est également impliquée dans la
commercialisation des produits; elle est impliquée dans l'aide aux
pêcheurs pour moderniser leur équipement de pêche, pour
améliorer leurs techniques de pêche; elle est impliquée
dans la construction et même la gestion directe d'aménagements
portuaires reliés à l'industrie de la pêche. Et c'est
là que j'ai mentionné les quatre parcs industriels de pêche
projetés, trois en Gaspésie et un aux Iles-de-la-Madeleine. Dans
le moment, c'est donc dire que nous exploitons une série
d'entrepôts frigorifiques, alors nous avons une participation qui
s'élève à près de $10 millions.
M. TETRAULT: Le développement qui va exister c'est à
Rivière-du-Loup, Rimouski?
M. SAINT-PIERRE: Non, le développement
c'est à Cap-aux-Meules; en Gaspésie, c'est
Grande-Rivière, Paspébiac et Rivière-au-Renard.
M. GAGNON: Cela va consister en quoi?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des parcs industriels de pêche qui vont
tenter de regrouper à ces endroits des installations modernes pour
recevoir la prise de pêche, pour l'emmagasinage du poisson, pour
certaines transformations.
M. GAGNON: Très bien. Je sais que le ministère a fait part
de sa nouvelle politique à des industries à caractère
privé, qui réussissent très bien.
Est-ce que le ministère prévoit une certaine aide
financière? Je sais qu'il y a des entreprises privées vu
le déplacement de toute leur machinerie, de nouvelles
constructions qui sont appelées soit à disparaître ou
à connaître des déficits qu'elles ne seront peut-être
jamais capables de les surmonter. Entre autres, dans mon comté...
M. SAINT-PIERRE: Vous parlez des coopératives.
M. GAGNON: Non, non, des industries privées. Entre autres, j'ai
à l'esprit le nom de M. Boulay, qui est à
l'Anse-à-Valleau. Il y en a un autre dont j'oublie le nom. On leur a
fait part de l'installation d'un parc industriel à
Rivière-aux-Renards. Je sais que ces gens-là sont venus
même au ministère de l'Industrie et du Commerce pour tenter de
connaître la possibilité d'aide.
M. SAINT-PIERRE: II est prévu, en somme, une prime à la
relocalisation par le biais de l'ODEQ.
M. GAGNON: Oui, c'est ça. La prime est fonction des
investissements? De quoi est-elle fonction, pour la calculer?
M. SAINT-PIERRE: Cela n'a pas encore été
déterminé de façon officielle, parce qu'il faut faire un
travail de missionnaire chez nous. C'est-à-dire que nous incitons ces
gens-là à s'en venir dans le parc industriel. Par contre, des
structures ne sont pas encore en place. Voyez-vous, cela se fait en deux temps.
Nous allons prévoir l'aménagement, par exemple, s'ils nous disent
qu'ils sont prêts à venir, etc. On leur désigne un lieu et,
à partir de là, nous pouvons faire une évaluation de ce
qu'il en coûte pour s'installer. Parce qu'en s'en venant chez nous ils
vont bénéficier de tous les services, d'une infrastructure
complète.
Alors, les modalités, nous voudrions les établir
d'après un pourcentage d'investissements. Disons que nous travaillons
à la formule, mais nous ne sommes pas encore tout à fait
prêt à accepter ces petits industriels. Seulement, nous voulons
nous assurer de leur acceptation.
M. GAGNON: Cela suppose que, pour la saison de pêche actuelle,
l'industrie pourrait fonctionner encore où elle est située.
M. SAINT-PIERRE: Absolument. M. GAGNON: Quitte, après cela...
M. SAINT-PIERRE: Cela se fait en phases. Pour nous, c'est la phase
d'aménagement. Nous avons une conception, mais nécessairement
cela sera subordonné au nombre de clients que nous aurons pour
déterminer la dimension des infrastructures.
M.GAGNON: Je sais qu'on était même intervenu au niveau de
la pollution. C'est qu'on défendait à ces industries de jeter
leurs déchets dans la mer. Evidemment, le niveau de pollution est
plutôt banal, si on considère...
M. SAINT-PIERRE: Encore là, cela va être gradué.
C'est qu'à compter de cette année la Régie des eaux, par
exemple, enlève aux producteurs la liberté et la tolérance
qu'ils avaient jusqu'ici de jeter des déchets grossiers à la mer.
Cela veut dire qu'on leur donne deux formules: Ou bien qu'ils vendent aux
petites usines de transformation où l'on fait de la farine de poisson,
ou encore qu'ils aillent porter cela à l'intérieur des terres et
qu'ils le recouvrent.
M. GAGNON: Très bien.
M. SAINT-PIERRE: C'est pour ça que cela devient essentiel, chez
nous, d'aider énormément le petit producteur. Parce qu'à
l'intérieur des parcs industriels, chez nous, il est prévu que
nous aurons des usines d'épuration. Vous voyez tout de suite ce que
signifie une usine centrale pour ces gens-là.
M.GAGNON: Les nouvelles politiques annoncées par le gouvernement
fédéral vis-à-vis de la pêche au saumon, je sais que
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche y est
mêlé parce que c'est ce ministère qui émet les
permis de tentures à saumon en bordure des côtes. Mais je ne sais
pas si, d'une façon peut-être un peu moins directe, le
ministère de l'Industrie et du Commerce est mêlé à
ces nouvelles mesures du gouvernement fédéral. On parle
évidemment de compensations. C'est un peu vague. C'est un peu flou.
M. SAINT-PIERRE: Simplement pour préciser. M. Bernard, du
ministère, a participé à plusieurs comités mixtes
provinciaux et fédéral. Avec le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche il y a eu aussi des discussions. Je tiens
à préciser cependant que les mesures annoncées par le
fédéral ne s'appliquent pas du tout à la province de
Québec, en vertu d'ententes signées en 1922. C'est la province de
Québec qui est responsable de l'application, sur son
territoire, des règlements. Or, nous, déjà depuis
un an ou deux, nous avions pris certaines mesures pour contrôler les
effets néfastes qu'on retrouve au Nouveau-Brunswick et à
Terre-Neuve. Comme je l'ai mentionné en Chambre, nous n'avons pas
l'intention d'appliquer les mêmes remèdes que le gouvernement
fédéral a appliqués, parce qu'on croit, effectivement,
qu'on a fait depuis deux ans des efforts très valables pour diminuer le
nombre de permis, afin d'avoir une surveillance beaucoup plus poussée
sur des abus qui se manifestaient au Nouveau-Brunswick et qui n'avaient pas
cours au Québec.
En particulier, je pense aux filets de pêche près des
embouchures des rivières. Dans certains cas, les filets de pêche
étaient en travers de la rivière et prenaient à peu
près tous les mouvements de poissons dans les périodes de
déplacements.
Ce qui se produit, si vous me permettez, pour éclairer la
situation... La mesure fédérale... J'ai vu très rapidement
M. Davis, la semaine dernière, avant qu'il rencontre M. Simard. Au
Nouveau-Brunswick, on prend la section de la baie des Chaleurs, depuis la
rivière Nouvelle jusqu'à l'embouchure des rivières
Matapédia et Restigouche. Du côté sud, Nouveau-Brunswick et
frontière, on retire tout simplement le permis de pêche. Comme je
vous le suggérais, ne prenons pas l'initiative, au Québec,
d'endosser ce que fait le fédéral. En somme, si on ferme la baie
des Chaleurs du côté du Nouveau-Brunswick, c'est la
frontière interprovinciale chez nous. On nous demande de faire le
même effort chez nous, de fermer le fond de la baie des Chaleurs. Cela
s'étendrait même jusqu'à Maria. Dans ces conditions, le
fédéral serait prêt, d'une part, à faire agir ce
phénomène de compensation, ce principe d'égalité
avec ce qui va se faire au Nouveau-Brunswick. Cela se discute, justement ce
matin, en Gaspésie au niveau des pêcheurs
intéressés. Il se trouve des pêcheurs qui seraient
prêts à accrocher leurs filets en échange d'une
compensation.
Ce qui arrive, du côté nord de la Gaspésie est un
problème tout différent.
M. GAGNON: Oui, mais dans les discussions avec le gouvernement
fédéral, il y aurait peut-être lieu, parce qu'il semble
être généreux, de lui proposer également que le
côté nord de la Gaspésie soit englobé pour les gens
qui seraient prêts à laisser aller leurs tentures à saumon.
Il y en a qui seraient peut-être disposés à le faire, vu
leur âge ou d'autres considérations. Alors, tous ceux qui sont
propriétaires de tentures à saumon et qui manifesteraient le
désir de bénéficier de cette aide pourraient la recevoir.
Regardez l'enveloppe, mais pas cette année. Là, j'aimerais
attirer l'attention du ministre. Il faudrait que les permis de pêche
soient émis. Cela commence dans dix jours.
M. SAINT-PIERRE: Un instant. Je ne suis pas d'accord sur votre
suggestion. Ou il est nécessaire d'intervenir pour réglementer et
être plus sévère pour la pêche, à cause des
poissons ou ce n'est pas nécessaire. C'est pire que les Initiatives
locales. Je ne pense pas qu'il faudrait dire: Très bien, on est contre
cela. Il n'est pas nécessaire d'être sévère pour la
partie nord de la Gaspésie, mais ceux qui veulent bien arrêter
parce qu'ils vont avoir X dollars du gouvernement fédéral, on va
les laisser faire. Je trouve que cela n'a aucun sens.
M. GAGNON: Non. Je prends quelqu'un, supposons, qui a 60 ou 62 ans.
M. SAINT-PIERRE: Cela n'a rien à voir avec la personne. Est-ce
que, d'après vous, sur la côte nord de la Gaspésie, il faut
enlever tous les permis de pêche?
M. GAGNON: Non, non. Je n'ai pas dit ça. J'ai dit: Ceux qui
étaient disposés à le faire.
M. SAINT-PIERRE: On ne fait pas ça pour donner de l'argent aux
gens. On le fait s'il est nécessaire d'intervenir pour la prise du
saumon. Si ce n'est pas nécessaire, si la situation actuelle est bonne,
si on dit que c'est très bien d'avoir tant de permis de pêche et
telle réglementation... Sans cela, cela devient de l'assistance sociale
déguisée. On dit aux gens: Ceux qui veulent arrêter, on va
vous donner de l'argent. Vous n'êtes pas obligés d'arrêter.
C'est quoi? Est-ce un programme d'aide?
M. GAGNON: Bien non. Je crois que le ministre saisit mal le
problème. Evidemment, ceux qui font la pêche et tirent un
revenu...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. GAGNON: Pour ceux qui seraient prêts à s'entendre, il
faut une compensation. En 1969, le ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche avait arrêté plusieurs tentures. On causait
des préjudices graves. J'étais adjoint parlementaire et je n'ai
aucune hésitation à le dire. On a rajusté la
situation.
M. SAINT-PIERRE: Mais il était nécessaire, alors, de
diminuer le nombre de permis. Ce que je vous dis, c'est que la première
étape est de décider s'il est nécessaire de réduire
le nombre de permis, cela n'a rien à voir avec...
M. GAGNON: Oui.
M. SAINT-PIERRE: ... les gens qui veulent arrêter ou qui ne le
veulent pas. C'est relié à l'équilibre écologique
pour le...
M. GAGNON: Oui.
M. SAINT-PIERRE: ... saumon. Si on en conclut qu'il est
nécessaire de réduire le nombre de permis, là, très
bien, on peut l'offrir. Et
peut-être que ceux qui sont prêts à le faire
volontairement pourraient être la première catégorie.
Mais je trouve qu'il serait malheureux d'avoir comme position de dire:
Tous ceux qui veulent arrêter de faire de la pêche, on va leur
donner de l'argent.
M. GAGNON: Je crois que le mot nécessaire est un peu flou. Le
ministère ne peut pas dire si cela va avoir des effets.
Premièrement c'est une opinion personnelle j'ai toujours
dit que le problème du saumon existait à l'embouchure du golfe
où il se prend des 100,000 saumons. Même si vous aviez des
tentures qui pourraient prendre 5,000, 7,000, 8,000 ou 9,000 saumons, si,
à ce moment-là, il s'en prend un demi-million à
l'entrée du golfe et que ce ravage se fait au niveau de la pêche
internationale, ce n'est pas la même chose. D'ailleurs, le ministre sait
qu'il y a eu des rencontres, à Londres, avec différents pays et
que les pays les plus récalcitrants étaient, entre autres, le
Danemark et la Norvège, je crois. Tout dernièrement, il semble
que le Danemark serait mieux disposé à accepter une entente,
c'est-à-dire à suspendre la période de pêche au
moment où le saumon se dirige dans le golfe pour aller frayer.
Quant à dire que les tentures de pêche font des dommages
terribles, c'est une autre chose. Il y a des années où on a pris
cinq fois plus de saumon que d'autres années. Je crois que c'est
à l'entrée du golfe que les ravages ont été plus
grands. On n'a pas permis l'entrée du saumon dans le golfe, parce que
les barrages de filets étaient trop considérables.
Mais, même si le gouvernement fédéral faisait des
transactions pour faire disparaître les tentures â saumon, c'est
toujours à l'état expérimental. C'est pour cela que je
demanderais au ministre, disons du côté nord, pour cette
année, d'intervenir pour demander l'émission de permis de
pêche, puisque la pêche va commencer le 10 juin, je crois.
M. SAINT-PIERRE: Ce qui arrive, c'est que le Conseil du saumon de
l'Atlantique a été établi au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. En somme, il faut presque se rallier aux
recommandations du Conseil du saumon. Nécessairement, c'est une
décision ministérielle entérinée. Mais il y a un
conflit sur la rive nord. De Matane jusqu'à cap Renard, Gaspé, je
sais pertinemment qu'il y a une recommandation du Conseil du saumon de
l'Atlantique, à l'effet d'enlever toutes les pêches commerciales.
Voici pourquoi. C'est que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche a aménagé la rivière Matane, à
grands frais, la rivière Sainte-Anne et la rivière Cap-Chat.
Alors, si on établit une pêche commerciale et que ce sont des
rivières aménagées pour l'incubation du saumon, voyez-vous
le conflit qui existe? En somme, c'est une recommandation très forte du
Conseil du saumon de retirer les pêches totalement.
M. GAGNON: Disons que c'est dans ma région. A la rivière
Matane, il y a eu certains aménagements au niveau des barrages, mais
à la rivière Sainte-Anne-des-Monts et à la rivière
Cap Chat, on n'a pas eu un sou noir pour des dépenses
d'aménagement.
M. SAINT-PIERRE: Le ministère n'a-t-il pas acquis ces deux
rivières?
M. GAGNON: C'est-à-dire que les locations étaient faites,
entre autres à R.S. McLaughlin, pour Cap Chat, qui était
président du bureau de direction de General Motors. Le bail s'est
terminé en 1965 et il n'a pas été renouvelé. Pour
ce qui est de la rivière Sainte-Anne, c'était une dame Walthime,
de New Youk, qui était la locataire. On l'a un peu forcée, en
1964, à la fin de son bail, à ne pas le renouveler. Mais, quand
je parle d'aménagement, je considère qu'il y a eu des travaux. Le
gouvernement a pris à sa charge ces rivières. Il n'y en a pas eu
sauf sur la rivière Matane où il y a eu des investissements
considérables.
Ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas contre le fait qu'il y ait
certaines mesures. Je me rappelle qu'en 1969 on avait, entre autres,
enlevé des tentures à saumon. Il y avait un pêcheur
c'était du grand-père, au père et à lui-même
qui avait fait des chambres froides à un coût de $20,000
à $25,000.
Subitement, on lui dit qu'on ne lui donne plus son permis. Cela cause
des préjudices. J'avais suggéré ça en 1969, qu'on
prenne des officiers, qu'on discute du problème, qu'on rencontre les
gens et qu'on leur dise qu'on veut une solution. Et l'année prochaine,
c'est possible qu'on l'applique.
Mais là on est en suspens. Les gens attendent leur permis. Est-ce
qu'on va l'avoir ou non? Les agrès de pêche sont prêts. Ils
ont fait des dépenses. Le conseil du saumon a eu des recommandations,
mais il n'a pas toujours été pratique, parce qu'il y a des
biologistes qui à travers ça ont refusé. Ils
n'étaient pas prêts à partager l'avis d'autres biologistes
que je connais et qui étaient en grandes relations avec des gens qui
aiment la pêche au saumon.
Je pourrais dialoguer davantage là-dessus, je pourrais vous
donner des choses stupéfiantes. Il reste que la pêche commerciale
du saumon permet aux gens d'en acheter. Certains n'ont pas le moyen d'aller
dans les rivières jeter une ligne à saumon; ça coûte
de $25 à $30 par jour. Ils n'ont pas le moyen de faire ça. Ils
peuvent toujours aller sur le marché local et dire: Quand je paie $6,
j'ai un saumon pour la somme de $6.
J'attire l'attention du ministre, sur surtout le côté nord
de la Gaspésie; qu'on démarre, quitte à étudier le
problème. Je n'ai pas d'objections. Le ministre m'assure que oui.
Très bien.
M. SAINT-PIERRE: C'est un grave problème.
M. GAGNON: II n'est pas grave, mais on peut le rendre grave.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je vois que le
député des Iles-de-la-Madeleine vient d'arriver.
M. GAGNON: Faut-il applaudir?
M. LAVOIE (Wolfe): Je remarque toujours au journal des
Débats qu'en 1969 le député des
Iles-de-la-Madeleine, M. Lacroix, ainsi que M. Gérard-D. Lévesque
avaient fait un travail très dynamique concernant les pêcheurs des
Iles-de-la-Madeleine et de la Gaspésie. J'aimerais, vu sa
présence, qu'il nous donne ses commentaires sur la situation des
pêcheurs actuellement. Cela s'est-il amélioré depuis
1969?
M. LACROIX: II y a eu de légères améliorations.
Cela a commencé sous votre régime, elles se sont
augmentées considérablement depuis 1970 et elles vont aller
s'accentuant. Il y a encore des problèmes que je soumets assez
régulièrement aux hautes autorités du ministère. M.
Bernard, M. Pelletier et les autres reçoivent assez
régulièrement mes représentations. J'ai laissé la
paix au ministre, jusqu'à maintenant.
M. GAGNON: II ne perd rien pour attendre.
M. LACROIX: Son sous-ministre reçoit aussi les doléances
des pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine. C'est surtout dans le domaine
expérimental que nous voudrions que des recherches soient faites sur les
possibilités de l'ensemencement d'huîtres, comme ça se fait
sur la côte des Etats-Unis, la côte de la Virginie, je crois,
où l'expérience a été valable. Il y a eu de
l'ensemencement, il y a plusieurs années, à la Grande
Entrée. J'ai écrit pour demander à un biologiste du
ministère d'aller se rendre compte si ç'avait été
une expérience valable. La réponse ne m'est pas encore parvenue,
mais je vais rafrafchir la mémoire aux autorités
compétentes à qui je m'étais adressé.
Quant aux bateaux, dans la province de Québec nous ne sommes pas
organisés, c'est effrayant, au point de vue de la recherche concernant
les pêcheries. Depuis 1932, la province de Québec a repris son
autonomie au point de vue des pêcheries. C'est la seule province du
Canada qui a la responsabilité de ses pêcheries commerciales.
Naturellement pour la recherche sur l'exploitation de nouvelles espèces,
on ne peut pas dire que le gouvernement du Québec, le ministère
de l'Industrie et du Commerce est bien équipé. Le gouvernement a
fait construire un bateau, le E.P. Québécois, qui devait servir
à l'entrafnement et aussi à la recherche.
Actuellement, il relève du ministère de l'Education du
CEGEP de Gaspé. Je m'oppose à ça du plus profond de mon
âme. L'an passé, par exemple, il y avait, aux Iles, un capitaine
compétent dont le bateau était hors d'usage et qui était
disponible. Comme on avait besoin d'une personne pour enseigner aux
élèves comment utiliser des agrès de pêche sur le
pont du bateau de l'éducation, le E.P. Québécois, j'ai
téléphoné au directeur du CEGEP de Gaspé, je lui ai
dit que M. René Turbide, le capitaine compétent, était
disponible et qu'il ferait certainement un bon professeur. J'ai eu la
réponse intelligente suivante: que, naturellement, il ne s'occupait ni
des députés ni du gouvernement, que quand il avait besoin de
personnel il s'adressait au centre de main-d'oeuvre. Alors j'ai dit: Je trouve
ça bien intelligent, pour un directeur d'institution sérieuse,
d'employer un chômeur pour enseigner à des pêcheurs comment
utiliser des agrès de pêche, surtout si vous prenez un
chômeur qui était dans l'industrie du bois, ça va bien
aller dans les pêcheries.
Alors le bateau, le E.P. Québécois, à mon point de
vue, même s'il sert à l'éducation, devrait revenir au
ministère de l'Industrie et du Commerce où il serait beaucoup
plus utile. Il pourrait servir aux expériences, il pourrait servir
à la formation des pêcheurs. Il a passé l'hiver aux
Iles-de-la-Madeleine, je pense que ç'a été une bonne
chose. De toute façon, c'est aux Iles-de-la-Madeleine que, sans
déprécier les pêcheurs de la Gaspésie, l'on trouve
les meilleurs pêcheurs de la province de Québec, même les
meilleurs au Canada.
M. LAVOIE (Wolfe): Ce n'est pas tellement gentil pour les gens de
Gaspé ça?
M. LACROIX: J'ai dit sans déprécier les pêcheurs de
la Gaspésie. J'ai été très prudent, mais...
M. LAVOIE (Wolfe): Vous avez dit la même chose en 1969 et...
M. LACROIX: II n'y a pas tellement longtemps, dans une revue, Mlle
Beaulieu a écrit que les Îles-de-la-Madeleine devraient être
considérées comme le coeur des pêcheries commerciales de la
province de Québec. C'est tout à fait vrai, autant par la valeur
des captures que par la quantité. Les Iles-de-la-Madeleine sont
situées en plein centre du golfe et quand les pêcheurs de la
Gaspésie viennent avec leurs chalutiers pêcher à 100 milles
à l'est des îles, quand ils retournent à Paspébiac,
ils font long de taxi et ils perdent deux ou trois voyages par saison, mais
ça représente la différence entre un profit et un
déficit.
M. GAGNON: Je ne sais pas si le ministre peut nous donner la même
excellente nouvelle que celle de 1969 à savoir que le comté des
Iles-de-la-Madeleine était probablement, parmi les comtés ruraux,
celui qui avait le plus haut niveau de vie? Bien ça nous fait
plaisir.
M. LACROIX: Je répète encore que la population des
Iles-de-la-Madeleine...
M. GAGNON: Cela nous fait plaisir.
M. LACROIX: ... ne vit pas du bien-être social, contrairement
à ce que des ignorants déclarent à la
télévision. J'écoutais, l'autre jour, Doris Lussier qui
disait que 90 p.c. de la population des Iles-de-la-Madeleine vivaient du
bien-être social. C'est tout à fait faux! Les artistes, je
voudrais bien les voir pêcher autour des îles, l'hiver, quand il y
a 25 ou 30 pieds de glace. La saison du homard, qui devait débuter le 10
mai, a été reportée au 19 parce qu'il y a encore de la
glace dans le golfe.
Doris Lussier peut bien faire ses niaiseries à la
télévision; il viendra pêcher. Nos pêcheurs
travaillent, quand la température est favorable, naturellement. Quand il
fait des vents de 40 ou 45 milles à l'heure, les pêcheurs ne
peuvent pas aller pêcher.
M. GAGNON: Sur le nombre des travailleurs aux
Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: Les pêcheurs paient de l'assurance-chômage;
l'hiver, ils bénéficient de prestations
d'assurance-chômage. Avec la qualification professionnelle,
naturellement, on a prolongé la saison de pêche. Autrefois, il y
en avait qui faisaient exclusivement de la pêche aux homards,
c'est-à-dire qu'ils travaillaient du 10 mai au 10 juillet. Après
cela, ils étaient sur le marché du travail, mais on n'avait pas
de travail à leur fournir.
Aujourd'hui, avec la qualification professionnelle, ils doivent
pêcher pendant quatre mois. Cela apporte plus de poisson aux usines, plus
de revenus aux pêcheurs. A cause du homard et des pétoncles, le
revenu des pêcheurs est assez élevé. Les usines travaillent
actuellement à plein rendement. Aux Iles-de-la-Madeleine, il y a des
chômeurs comme partout ailleurs, naturellement; on ne peut pas fournir du
travail à tout le monde. Il y a des chômeurs professionnels aussi,
chez nous, mais il y a au-delà de 3,200 voitures de toutes sortes,
enregistrées aux Iles-de-la-Madeleine, alors qu'il y a 2,600 familles.
C'est pas mal plus haut que la moyenne nationale. Il y a 750 motoneiges; pour
des gens qui sont pauvres, la moyenne est encore pas mal bonne.
Les gens des Iles-de-la-Madeleine aiment à travailler pour gagner
leur vie; ce sont de bons pêcheurs, ce sont de bons travailleurs. Aux
Iles-de-la-Madeleine, ceux qui ont 65 ans et plus reçoivent leurs
prestations de sécurité de la vieillesse, comme dans le
comté de Wolfe ou comme à Montréal. Ceux qui sont aveugles
reçoivent leur pension d'aveugle, comme ceux qui sont à
Québec ou ailleurs. Les invalides reçoivent leur pension
d'invalidité, comme partout ailleurs et je ne sache pas qu'il y ait des
faveurs spéciales pour les Iles-de-la-Madeleine.
La seule exception est que le ministère de l'Industrie et du
Commerce se montre généreux à notre endroit et, par des
subventions directes ou indirectes, il aide l'industrie de la pêche
à se maintenir.
M. GAGNON: Ce n'est pas de la générosité; je
croirais qu'il fait simplement son devoir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. GAGNON: Je pense que le débat a été
soulevé...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne voudrais pas qu'on prenne tout le
temps de la commission pour discuter le problème des
Iles-de-la-Madeleine, sachant cependant, que les Iles-de-la-Madeleine c'est
très important.
Le député de Laviolette m'a souligné depuis un
certain temps qu'il avait une question à poser.
M. LAVOIE: Sur le même sujet?
M. CARPENTIER: Sur le même sujet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laviolette a signalé
depuis un certain temps qu'il avait une question à poser; alors, je lui
accorde la parole.
M. CARPENTIER: Je considère que... M. LAVOIE (Wolfe): Sois
prudent.
M. CARPENTIER: ... le député des Iles-de-la-Madeleine est
très prudent et je le remercie. Mais nous sommes à l'article de
la direction générale des pêches maritimes. Je comprends
que la pêche dans certains comtés de la province de Québec
ne comprend pas précisément les pêches maritimes, mais il y
a de la pêche commerciale à un niveau très
élevé dans certains lacs comme disons le barrage Gouin dans le
comté de Laviolette.
M. LAVOIE (Wolfe): Non. Ceci est irrecevable.
M. CARPENTIER: Je ne crois pas que ce soit irrecevable, au
contraire.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, à moins que je ne me trompe,
ça pourrait être irrecevable.
M. LAVOIE (Wolfe): A la page 47.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Il y a une certaine
catégorie de pêche qui relève du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans la pêche commerciale, et
je pense que c'est en amont ou en aval, je ne suis pas très ferré
dans cela.
M. CARPENTIER: C'est précisément dans la pêche
commerciale.
M. LE PRESIDENT: Cela relève du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche.
M. SAINT-PIERRE: C'est pour le poisson en aval du pont de
Trois-Rivières.
M. LE PRESIDENT: Ces questions qui ont trait à la pêche
commerciale...
M. CARPENTIER: Considérant le rôle que doit jouer le
ministère de l'Industrie et du Commerce dans ce genre de pêche, je
pense qu'il y a lieu d'intervenir. Nous avons sept pêcheurs commerciaux
dans cette région qui nous écrivent. A qui doit-on s'adresser
pour régler ce problème?
M. GAGNON: Au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. CARPENTIER: Je crois honnêtement que ça ne relève
pas uniquement du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, que ça relève également du ministère
de l'Industrie et du Commerce et que ça s'incorpore facilement à
cette catégorie.
M. LE PRESIDENT: Cela pourrait s'y incorporer mais ce n'est pas
incorporé. Cette pêche commerciale relève
spécifiquement du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Je pense que nous pouvons être très
catégorique là-dessus.
M. CARPENTIER: Mais lorsqu'on considère que certaines demandes
sont faites par l'intermédiaire du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, à quel moment doit-on en discuter?
M. LE PRESIDENT: Vous pourriez sûrement en discuter lors de
l'étude des crédits, mais ils sont déjà
passés. Je m'excuse, mais je suis quand même obligé de
déclarer que vous êtes hors d'ordre. Je remarque aussi qu'il est
midi trente et que nous devons ajourner la discussion.
M. TETRAULT: M. le Président, j'aurais une dernière
question...
M. CARPENTIER: M. le Président, j'aimerais que le ministre de
l'Industrie et du Commerce prenne conscience de cette demande et étudie,
conjointement avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, les effets que pourraient apporter dans nos régions
respectives, tant du comté de Laviolette que du comté
d'Abitibi-Est, les effets concernant cette demande. Nous avons des lacs
immenses dans cette région qui sont capables de fournir un apport
économique considérable. Je pense que, conscients de nos
responsabilités respectives, que ce soit les députés
d'Abitibi-Est, de Laviolette ou de Saint-Maurice, nous devrions étudier
ensemble la possibilité de voir se réaliser, du côté
de l'industrie et du commerce, certaines réalités que nous vivons
présentement dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question est permise à
l'honorable député d'Abitibi-Est. Après, je vais ajourner.
Il est midi trente.
M. TETRAULT: Je voudrais éclaircir une situation en deux mots. Je
voudrais dire au député de Laviolette que cela fait un an que je
suis en correspondance avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche et qu'il n'y a encore rien de fait.
Ma deuxième question s'adresse au député des
Iles-de-la-Madeleine...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, mais les questions aux
députés...
M. TETRAULT: Je serai bien précis...
M. LE PRESIDENT: C'est que je veux signaler aux membres de la commission
que les questions doivent être adressées au ministre.
M. TETRAULT: Alors, je l'adresserai au ministre.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. TETRAULT: M. le Président, le député des
Iles-de-la-Madeleine a soulevé la question d'un bateau. Je suis
persuadé qu'il a fait des revendications auprès de l'ancien
ministre de l'Education pour qu'il soit transféré au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Est-ce que le nouveau ministre
de l'Industrie et du Commerce va prendre en considération les
revendications du député des Iles-de-la-Madeleine?
M. LACROIX: Ordinairement, on est assez généreux.
M. TETRAULT: Non, pour le transfert du bateau.
M. LACROIX: Ah! pour le transfert du bateau. Je pense que c'est une
chose à étudier. Il y a des implications avec le ministère
de l'Education.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je ne m'attends pas à
revenir à la commission, parce que je remplaçais M. Russell,
député de Shefford, pour ce matin. Avant de terminer, il y a une
question qui me vient à l'idée et que j'aimerais poser au
ministre, s'il veut bien me
répondre. Concernant le bateau S.P. Québec, qui fait le
transport dans différents coins du pays, est-ce qu'il relève du
ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. LACROIX: Nous avons un bateau qui s'appelle le S.P. Québec.
C'est pour le service de la protection autour des iles et sur la basse
Côte-Nord jusqu'à l'île d'Anticosti.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais il y a un bateau qui vient à
Québec ou à Trois-Rivières occasionnellement.
Il va dans différents pays et est subventionné par votre
ministère, n'est-ce pas? Même, il a des étudiants...
M. SAINT-PIERRE: Cela relève du ministère de
l'Education...
M. LAVOIE (Wolfe): De l'Education?
M. SAINT-PIERRE: C'est un bateau privé qui relève de
l'Institut de marine, je crois.
M. LE PRESIDENT: C'est hors d'ordre. Cela relève carrément
du ministère de l'Education. Messieurs, la commission ajourne ses
travaux jusqu'à mardi.
M. HARDY: M. le Président... M. LE PRESIDENT: C'est
ajourné. (Fin de la séance à 12 h 35)
Séance du vendredi 19 mai 1972
(Dix heures quarante-sept minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Nous étions rendus hier à l'article 6: Direction
générale des pêches maritimes; sous-article 1:
Administration; catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
Adopté?
M. LAVOIE (Wolfe): Pourriez-vous mentionner, pour le journal des
Débats, que je remplace, M. Russell?
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, d'accord.
M. Lavoie de Wolfe remplace M. Russell du comté de Shefford.
Je remercie le député de Wolfe de me l'avoir
signalé.
M. LAVOIE (Wolfe): Maintenant, M. le Président, j'aurais une
question d'ordre général à poser au ministre, s'il veut
bien me répondre. J'aimerais savoir quel est le budget total pour les
pêches maritimes et quel est le revenu des pêcheurs?
M. SAINT-PIERRE: Le budget total des pêches maritimes, tel qu'on
le retrouve à l'article 6, le budget net pour 72/73 est de $5,855,000.
Evidemment, à cela, on a enlevé les imputations de sommes
obtenues soit de l'ODEQ, soit du gouvernement fédéral. Le budget
net serait donc de $5,855,800 et le budget brut serait environ de $10 millions.
Maintenant, pour le montant perçu par les pêcheurs, il y a des
cycles, suivant les années favorables ou non favorables, mais pour
donner un ordre de grandeur, c'est à peu près également
$10 millions.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est la valeur au débarquement.
M. SAINT-PIERRE: C'est la valeur évidemment au
débarquement, sans compter la transformation par après.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Sud.
M. FORTIER: Seulement une question, M. le Président, une
information à recevoir du ministre ou du sous-ministre. A Gaspé,
nous avons une compagnie, B.C. Packers, qui pêche le hareng. Est-ce que
ce hareng est distribué aux pêcheurs pour qu'ils puissent faire la
pêche de façon convenable? Deuxièmement, est-ce que les
biologistes ont fait des études nécessaires pour s'assurer que
dans les prochaines années il y aurait suffisamment de hareng dans les
eaux de Gaspé pour pouvoir fournir les pêcheurs qui
désirent faire la pêche en eau profonde?
M. Bernard est au courant, je me demande si ces gens ont des contrats
pour cinq ans. Car, à un moment donné, ils font la pêche
sur une grande envergure. Ensuite, ils semblent déménager. Il
doit y avoir une raison à ça. Est-ce que vous croyez qu'on va
pouvoir conserver suffisamment de hareng dans les eaux de Gaspé pour
pouvoir continuer à fournir nos pêcheurs?
Je vous pose la question parce que plusieurs pêcheurs me l'ont
posée.
M. SAINT-PIERRE: II y a deux aspects à votre question. Quand vous
dites qu'il y aura suffisamment de hareng pour les besoins des pêcheurs,
vous vous référez à ce qu'on appelle la boëte?
M. FORTIER: Oui.
M. SAINT-PIERRE: De ce côté-là aucun
problème. Du côté de B.C. Packers, les gens font leur
exercice de pêche qui s'étend de la rive nord de la
Gaspésie jusqu'à la baie des Chaleurs. Ils ont pêché
pendant deux ans. L'an dernier, la pêche a été un peu moins
volumineuse. D'autre part, je les incite et les oblige à faire de plus
en plus de la transformation de poisson pour la consommation humaine.
Initialement à Gaspé, ils sont partis de la théorie que le
hareng était inépuisable. Ils en ont fait de la farine.
Maintenant, c'est un phénomène de conversion. Ils changent les
moyennes et ils s'orientent vers la transformation pour consommation
humaine.
M. FORTIER: Pour terminer, j'aimerais savoir le nombre d'emplois
donnés aux Gaspé-siens par cette compagnie? Avez-vous une
idée générale?
M. SAINT-PIERRE: En saison, puisque généralement c'est
saisonnier, c'est à peu près 155 emplois à Gaspé
même.
M. FORTIER : Très bien!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Tout à l'heure le député de Wolfe a
posé une question.
M. SAINT-PIERRE: Le revenu des pêcheurs. Je ne sais pas si on peut
le retracer à l'article 6 ou si on le verra à un autre article.
On pourra en discuter plus longuement. Les revenus des pêcheurs ne
figurent pas au budget.
M. GAGNON: Ils ne figurent pas. Mais je dis des articles, on peut en
discuter même là-dessus. C'est-à-dire qu'il y a des
subventions qui sont accordées aux pêcheurs. On peut discuter de
l'ensemble des revenus des pêcheurs. C'est dans d'autres articles, je
crois, qui suivent. C'est pour ça qu'on en discutera.
M. SAINT-PIERRE: Direction de l'économique.
M. LAVOIE (Wolfe): Commençons donc catégorie par
catégorie.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, sous-article 1 de l'article 6.
Adopté.
M. GAGNON: Un instant. Il y a une différence de $26,000. Il y a
le même nombre d'employés.
M. SAINT-PIERRE: Quant au même nombre d'employés. Voici
l'explication: Vous avez ce phénomène de 60 p.c. au budget pour
traitements, lorsque des postes sont acceptés, mais ne sont pas
occupés. Alors, il se trouve que, l'an dernier, nous avions des postes
autorisés qui n'étaient pas occupés. C'est le jeu des 60
p.c. qui valait, alors que cette année, vous avez le jeu du 100 p.c. Ce
personnel est en place, plus les ajustements de salaire et tout ça.
C'est un calcul mathématique confronté avec la fonction
publique.
UNE VOIX: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie 2:
Contributions de l'employeur; pensions.
M. GAGNON: Contributions de l'employeur aux pensions, ce sont des
pensions de quoi? Des employés?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont tous des fonctionnaires, ce sont les huit
fonctionnaires qui sont dans le service d'administration. C'est la contribution
de l'employeur à son fonds de pension, au fonds de pension des
fonctionnaires.
M. GAGNON: Ce qui me surprend, c'est qu'on ne retrouve pas ça
à d'autres...
M. SAINT-PIERRE: C'est la Loi des accidents du travail. Nous sommes
obligés de créer une caisse de réserve en cas d'accident.
C'est la pension que l'on a. Si des gens devenaient invalides à la suite
d'accidents de travail encourus alors qu'ils étaient à notre
emploi.
M. GAGNON: A ce moment-là, ça concerne tous les
employés du ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. SAINT-PIERRE: Tous. Il faut s'entendre. Non, parce que nous avons ici
des employés d'usine, nous avons des employés sur des bateaux,
c'est-à-dire des gens dont la vie... Enfin, ils s'exposent à des
accidents corporels. C'est un ordre de grandeur: l'an dernier, $12,000; cette
année, $15,000 pour une catégorie spécifique
d'employés, comme les préposés aux entrepôts
frigorifiques et ceux qui "montent" les bateaux; tout ça.
M. GAGNON: Cela veut dire parce qu'on parle toujours de
l'industrie et du commerce qu'un officier, employé du
ministère de l'Industrie et du Commerce, qui pourrait être
blessé ici, à Québec, qui deviendrait invalide, à
ce moment-là, vous n'avez pas un article au budget qui comprendrait cet
employé-là. C'est pour les employés qui ont des accidents
de la pêche.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des employés de la direction
générale des pêches.
M. GAGNON: Des pêches. Alors, vous faites une distinction avec les
autres qui sont à l'emploi directement du ministère.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça. Chez nous c'est obligatoire, du fait
que nos employés sont exposés plus immédiatement à
des accidents.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 2. Adopté. Catérogie 3.
Adopté?
M. GAGNON: Oui. Services de transport et de communication, c'est quoi
ça?
M. SAINT-PIERRE: Transport et communication, c'est de la
phraséologie; ce sont les frais de déplacement. En somme,
ça peut être...
M. GAGNON: Des officiers.
M. SAINT-PIERRE: Des officiers.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4. Adopté.
Catégorie 5. Adopté. Catégorie 6. Adopté?
M. GAGNON: Loyers. Ce sont des loyers qu'on paie à des
entrepôts qui appartiendraient à d'autres personnes?
M. SAINT-PIERRE: Non. Le loyer que nous avons ici, c'est le loyer d'un
appareil à photocopier, d'un appareil Xerox que nous avons à
l'édifice Lafayette.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 6 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 7 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 8 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 1 est adopté. Le sous-article 2,
catégorie 1.
Direction de la recherche
M. GAGNON: La direction de la recherche est importante au niveau des
pêches. Je sais que
le ministère a des officiers qui s'occupent de façon assez
active de la recherche au niveau des pêches. Quand on lit les articles
publiés dans différents pays sur les rendements que la mer peut
donner, les savants se posent des questions vu que nombreux sont les pays qui
de plus en plus font la pêche, qui se servent de moyens qui sont des
moyens de pointe à l'industrie. Entre autres, j'ai présent
à l'esprit le Japon, qui est considéré comme un des pays
les plus avancés au niveau de la pêche, si nous considérons
qu'il a même des sous-marins de poche qui trament des filets et qui
peuvent se diriger vers des bancs de poissons; on dit qu'à ce
moment-là cela représente même un danger de destruction. Je
ne sais pas si le ministre ou son sous-ministre pourrait nous
dire brièvement quelle est la recherche de pointe au ministère de
l'Industrie et du Commerce concernant les pêches, quels sont les rapports
que les biologistes déposent. Est-ce qu'à ce moment-là
nous pouvons prévoir qu'au niveau des pêches il n'y a pas
d'inquiétude pour les pêcheurs? Parce que, de plus en plus, il y
aura une bataille au niveau des pays. Nous le voyons pour le saumon et le
Canada a même décidé d'étendre sa mesure de
protection des côtes sur une distance encore plus considérable.
J'aimerais que le ministre nous donne très brièvement un
aperçu général de toutes ces choses.
M. SAINT-PIERRE: En quelques mots, disons que les intérêts
des pêches québécoises se limitent à
l'intérieur du golfe Saint-Laurent, qui est par lui-même une
grenouillère, vous l'admettrez, de bonne dimension. Depuis l'an dernier,
le ministère fédéral de l'Environnement a fermé
à toutes fins pratiques le golfe Saint-Laurent aux flottes de
pêche étrangères. Alors, douze milles, c'était une
ligne imaginaire qui ferme le golfe. Il existe encore trois ou quatre pays qui
ont des droits historiques à faire valoir et il y a un retrait qui se
fait. D'ici deux ou trois ans, la France et le Portugal, plus
particulièrement, se retireront des eaux du golfe Saint-Laurent. Il ne
restera plus alors, que les provinces maritimes qui auront un droit exclusif de
pêche à l'intérieur du golfe. Quand vous parlez de
biologie, je dois vous dire ceci...
M. GAGNON: Je voudrais tout simplement ouvrir une parenthèse.
Vous dites qu'il y aura seulement les provinces maritimes qui auront le droit
de pêche dans le golfe?
M. SAINT-PIERRE: A l'intérieur du golfe.
M. GAGNON: Je ne sais pas si c'est exact mais, l'année
dernière, les pêcheurs m'ont fait part qu'il y avait même
des chalutiers de la Colombie-Britannique qui étaient rendus
là.
Moi, j'ai l'impression que ce sont peut-être des chalutiers de
cette province qui avaient été loués.
M. SAINT-PIERRE: Non. Ce sont des chalu- tiers de la
Colombie-Britannique; c'est relié directement à la flotte de B.C.
Packers. Vous savez, British Columbia Packers, qui fait de la pêche au
hareng, vient alors avec ses bateaux, nécessairement, parce que ce sont
des bateaux seineurs, détenteurs de permis. Alors, ce sont des bateaux
de la flotte du Québec, à toutes fins pratiques, attachés
à la Gaspésie.
M. GAGNON: Très bien. Non, parce qu'il y avait d'autres
explications sur...
M. SAINT-PIERRE: Vous avez parlé du phénomène de la
recherche chez nous. La recherche nécessairement s'accentue et se
spécialise chez nous parce que enfin, je vous dis des choses que
vous savez déjà il y a le phénomène de
transition de la pêche artisanale à la pêche professionnelle
et tout ça. Alors, nos biologistes se sont saisis de la situation qui
prévaut, à savoir, d'une part, que l'effort de pêche
s'accroît d'année en année. On voit ça.
M. GAGNON: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Parallèlement et c'est très
valable les prix des marchés sont très fermes. Là,
il y a une demande, actuellement, qui dépasse l'offre. Alors, ça,
c'est très valable. C'est ce qui fait que les prix des espèces
traditionnelles, comme la morue, le sébaste, la perche, la sole et tous
ces poissons-là, ça va très bien. Nous autres, chez nous,
nous nous préoccupons d'une diversification de la pêche, parce
qu'il y a beaucoup d'espèces qui sont sous-utilisées. Par le
phénomène de diversification de la pêche, nous allons
nécessairement augmenter le revenu du pêcheur, lui permettant de
faire une pêche mixte, d'allonger sa saison de pêche et d'exploiter
des espèces qui actuellement... Je vous donne comme exemple la crevette.
Nous avons localisé énormément de crevettes en
Gaspésie, dans les eaux du golfe. Seulement, il y a de ces
phénomènes! Je vous le dis en passant, une variété
je vous en nomme une, il y en a quatre ou cinq la pendalus
borealis, par exemple, est une crevette qui naît mâle. A deux ans,
au stade adulte, elle devient femelle. Alors, vous voyez le jeu que ça
donne. Nous autres, il nous faut étudier l'âge de la crevette par
rapport à sa grosseur et éviter de pêcher toutes les
femelles, de détruire l'espèce. Alors, vous voyez qu'il se passe
des choses, même dans l'eau salée, qui sont un objet de
scandale.
M. JORON: Comment voyez-vous la différence?
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. SAINT-PIERRE: C'est une chose que le législateur ne peut
même pas faire.
M. GAGNON : Heureusement que le législateur demeure ce qu'il
est!
M. LAVOIE (Wolfe): Peut-être que c'est sur le même sujet.
J'aimerais savoir combien le ministère dépense pour le marketing
et pour la publicité, pour la vente du poisson aux consommateurs.
M. SAINT-PIERRE: Jusqu'à maintenant, le Québec a
été passablement absent de la mise en marché. La mise en
marché avait été confiée entièrement aux
producteurs.
Depuis deux ans nous portons au budget, par le biais de l'ODEQ, un
montant de $50,000 que nous utilisons pour favoriser la mise en marché
des poissons du Québec par le truchement de la Fédération
des magasins Co-op, c'est-à-dire que c'est un organisme qui nous t'ait
un travail de promotion en même temps que les Pêcheurs unis. Cette
année même, nous allons bien au-delà de cette
formule-là. Une étude commencée incessamment va
établir la possibilité de marché du poissons frais depuis
Québec, Trois-Rivières, Montréal et Toronto et même
ultérieurement, nous pensons un peu entrer aux Etats-Unis. Alors nous
centrons directement dans le coût comme appui, ce n'est pas encore
cependant une politique établie chez nous de dire que la mise en
marché nous appartient.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais, une somme de $50,000 n'est pas tellement pour
un budget...
M. SAINT-PIERRE: II fallait faire quelque chose pour cerner, faire une
approche; et on voit que c'est concluant comme résultat jusqu'à
maintenant. Alors, nous irons beaucoup plus en profondeur et plus
intensément. A partir de cette année même.
M. LAVOIE (Wolfe): Je pense bien que, si les gens connaissaient beaucoup
plus le poisson, il s'en préparerait beaucoup plus dans les cuisines
canadiennes.
M. SAINT-PIERRE: II y a une demande qui se crée heureusement. Le
producteur, c'est de l'entreprise libre, il est difficile de lui dire: Tu vas
te plier à telle ou à telle chose. Là encore, du
côté du producteur comme du consommateur, il y a une
éducation à faire et je crois que nous faisons un effort
très valable.
M. LAVOIE (Wolfe): On me dit que, pour l'entrée de notre poisson
aux Etats-Unis, vous devez l'envoyer congelé mais en vrac. On ne peut
pas l'empaqueter ici à Québec, prêt à être
livré sur le marché américain, il faut que ce soit fait
aux Etats-Unis.
M. SAINT-PIERRE: Je ne dirai pas que c'est exact. Il y a l"'individually
packed". Des producteurs le préparent en petites quantités, en
paquets d'une livre par filet. D y a le bloc de cinq livres et le bloc de dix
livres. Cela ne va pas au-delà de trente livres. Souvent, le
système de bloc, c'est pour fins d'économie du côté
du producteur.
M. LAVOIE (Wolfe): Si vous voulez faire, par exemple, du bâtonnet
congelé qu'on achète dans les magasins, il paraît que, pour
le transformer ainsi, vous ne pouvez pas le faire ici au Québec. Vous
devez l'expédier aux Etats-Unis. Il y a des frais de douane qui en
haussent le prix considérablement.
M. SAINT-PIERRE: Je ne le dirais pas, il n'y a pas d'embargo de ce
côté-là. C'est tout simplement une initiative à
prendre et je l'encourage fortement. D'ailleurs, on se trouverait au
Québec même un marché qui l'absorberait.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté.
M. SAINT-PIERRE: Avec le projet de la baie James, on va pouvoir
multiplier par seize le revenu des pêcheurs au lieu de...
M. JORON: Pardon.
M. SAINT-PIERRE: Parce qu'il y a des profits de $168 millions par
année. Or cette industrie des pêcheurs qui a seulement $10
millions, on pourrait la multiplier par seize.
M. GAGNON: Je comprends ce que vous voulez dire, avec l'argent qu'on
réussira à épargner. Je prends la parole du ministre.
M. SAINT-PIERRE: C'est la parole de l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Direction de la recherche.
Catégorie 1. Adopté. Catégorie: 3. Adopté.
M. GAGNON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté.
M. GAGNON: Services professionnels, administratifs et autres, vous
doublez, cela représente quoi? Je remarque dans les différents
articles, quand ce sont des services professionnels où il y a un peu de
tout, que le budget monte passablement.
M. SAINT-PIERRE: Cela, c'est la formule MOBEC qui est extrêmement
détaillée et qui est décevante.
Services professionnels, voici où nous retrouvons la grosse
différence avec l'an dernier. Dans la catégorie des services
scientifiques, $40,000; c'est l'engagement de techniciens
spécialisés pour la mise en valeur des programmes
arrêtés par l'ODEQ à savoir: études spéciales
sur nos crevettes, $10,000; sur les coquillages: $10,000. Ce sont les
bigorneaux et les moules. Le homard et la lompe: $10,000 et enfin de la
pêche d'exploration pour $10,000. Vous avez tout de suite un bloc de
$40,000.
M. GAGNON: Ces techniciens dont vous vous proposez de retenir les
services, font-ils
partie de l'entreprise privée? Parce que je ne vois pas tellement
de maisons d'affaires qui ont cette qualité de techniciens en
poisson.
M. SAINT-PIERRE: Ces gens-là sont engagés à
honoraires. C'est parce que nous avons des programmes et nous constatons que
cela coûte infiniment meilleur marché à la province de
recourir à des services de professionnels pour un programme
donné. La mission accomplie, ils se retirent, autrement nous porterions
un personnel qui continuerait...
M. GAGNON: Mais vous recherchez ces techniciens à quel
endroit?
M. SAINT-PIERRE: Nous les recherchons au niveau des universités,
c'est là que nous les trouvons. En somme, nous pouvons les cerner,
quoiqu'il n'en pleut pas de ces gens-là. Il ne s'agit pas de professeurs
mais de techniciens.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5. Adopté?
M. GAGNON: Entretien et réparations. Ce sont des bâtisses
qui appartiennent au ministère, j'imagine?
M. SAINT-PIERRE: II y a de cela. J'en ai le détail.
M. GAGNON: Non, c'est simplement une information.
M. SAINT-PIERRE: II y a l'aquarium en particulier: $5,700.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5. Adopté.
M. GAGNON: Les loyers.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6.
M. SAINT-PIERRE: Cela c'est le loyer de bateaux. Chaque année
nous louons un bateau ou deux pour faire des expéditions scientifiques
et de la pêche expérimentale. Plutôt que de nous construire
un bateau qui va coûter $1 million, nous louons des bateaux de
pêcheurs professionnels, on peut y mettre de l'équipement.
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous des laboratoires?
M. SAINT-PIERRE: A Grande-Rivière, nous avons un laboratoire et
il y en a un autre aménagé ici au complexe scientifique.
Incidemment tout le personnel de la recherche a emménagé en 1971
au complexe scientifique.
Nous avons un laboratoire bien organisé. A Grande-Rivière,
en saison d'été, il se fait du travail sur les lieux, mais
Grande-Rivière perd sa vocation graduellement.
M. GAGNON: Au bénéfice de la Rivière-au-Renard?
M. SAINT-PIERRE: Au bénéfice du complexe scientifique. On
ne peut pas avoir deux laboratoires complets.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 10. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 13?
M. GAGNON: A la catégorie 13, la contribution, ça touche
quoi et c'est sur quoi?
M. SAINT-PIERRE: La contribution, c'est que le ministère
fédéral des Pêches ou de l'Environnement maintenant, a
nécessairement un très gros service scientifique de biologistes,
de recherche et tout. Nous, au Québec, nous avons un service de
recherche scientifique. Alors, par entente, par délégation,
Ottawa accepte que nous réalisions des programmes qui sont
d'intérêt général et il contribue, de l'ordre de 60
p.c. à 75 p.c, à payer des programmes. C'est-à-dire que
nous, nous réalisons des programmes au service de recherche et Ottawa y
va de sa contribution sur certains programmes dont j'ai la liste.
M. GAGNON: L'année dernière, on a adopté un projet
de loi qui permettait je ne me rappelle pas trop du nom à
une compagnie canadienne de pêche, qui appartient au gouvernement
fédéral, qui fait l'achat du poisson à Terre-Neuve,
d'aller faire l'achat du poisson sur la Côte-Nord. J'avais demandé
au ministre du temps, le député de Bonaventure, si l'achat de ce
poisson serait exclusivement réservé sur la Côte-Nord, par
rapport à la compagnie qui devait l'acheter. On m'avait dit que oui.
Mais, j'apprends que cette compagnie-là irait égale-
ment faire la compétition du côté sud et que
ça crérait certains problèmes. Je ne sais pas si c'est
vrai.
D'abord, j'aimerais savoir du sous-ministre le nom de la compagnie.
M. SAINT-PIERRE: C'est l'Office canadien du poisson salé. C'est
une petite société para-gouvernementale fédérale
qui détient des droits exclusifs de commercialisation du poisson
salé à Terre-Neuve, pour l'ensemble de la province. Et chez nous,
nous avons concédé et ça s'est
révélé actuellement très concluant un
secteur de Natashquan allant jusqu'au détroit de Belle-Isle.
M. GAGNON: C'est ça. Mais, elle ne va pas en dehors de ce
territoire-là?
M. SAINT-PIERRE: Elle est intéressée à faire de la
pénétration mais, du côté des producteurs, il n'y a
pas d'intérêt. Alors, il n'y a aucun danger.
M. GAGNON: Parce que je crois que le projet de loi parle exclusivement
de la Côte-Nord.
M. SAINT-PIERRE: Oui, oui. Et les choses en demeurent là.
M. GAGNON: C'est très bien. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 13. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 15. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2. Adopté.
Le sous-article 3. Catégorie 1 ?
Direction de l'économique
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que le ministre peut nous donner une
généralité là-dessus?
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. LAVOIE (Wolfe): Pouvez-vous me donner...
M. SAINT-PIERRE: Essentiellement, il n'y a pas eu de changements
majeurs; on le voit par le personnel et par l'évolution du budget. Il y
a une petite diminution à la catégorie 10: Dépenses de
transfert.
A quelle catégorie particulière? Globalement?
M. LAVOIE (Wolfe): Globalement. Qu'est-ce qui se passe à la
direction de l'économique?
M. SAINT-PIERRE: Pour l'économique, voici ce qui existe chez
nous. Je reprends, si vous voulez, les trois directions et vous allez vous
retrouver. Il y a la recherche qui fait l'inventaire et qui quantifie des
espèces. Il faut trouver la matière première; ce n'est pas
un champ de luzerne, le golfe. Il faut aller voir ce qu'il y a là, ce
qu'on peut exploiter. Deuxièmement, l'économique intervient de
trois façons. Nous aidons à la construction des bateaux, parce
qu'il n'y a pas un pêcheur qui peut acquérir un bateau à
son compte, au coût de $300,000 ou $250,000.
M. LAVOIE (Wolfe): II y a encore un prêt maritime.
M. SAINT-PIERRE: Le prêt maritime s'insère dans la section
de l'économique. Deuxièmement, il y a l'aide technique aux
pêcheurs. L'aide technique veut dire que nous avons, à
l'intérieur de l'économique, un architecte et des techniciens qui
font l'évaluation des coûts de réparation de bateaux, qui
conçoivent des plans de bateaux, parce que c'est un milieu qui
évolue très rapidement.
Une certaine catégorie de bateaux devient par exemple inutile
alors qu'elle était bonne il y a dix ans. On revient à des
bateaux de plus petite dimension. Ce sont l'orientation générale,
l'aide technique aux pêcheurs, plus le service des prêts et plus,
enfin, l'analyse des données, parce qu'il faut étudier la
rentabilité de nos flottes. Nous avons trois économistes qui sont
exclusivement affectés à ça, voir ce que donne notre
contribution, les résultats que ça donne.
M. LAVOIE (Wolfe): Lorsqu'il s'agit d'économique et de recherche,
tout est un peu à la recherche, lorsqu'il s'agit de louer des bateaux
pour étudier la situation de la pêche, est-ce que vous prenez des
bateaux faits pour la pêche ou des bateaux que vous employez pour aider
un pêcheur qui est en difficulté financière?
M. SAINT-PIERRE: Du tout. Il faut que ce soit un bateau de pêcheur
et un bateau absolument en bon état parce qu'on risque la vie de
personnes là-dessus. Disons qu'un bateau peut se louer d'après
des normes fédérales. Cela se pratique un peu ailleurs, cela peut
varier, d'après les dimension du bateau, de $700 à $800 par jour.
Cette année, nous allons au-delà de ça. Est-ce
intéressant? Je ne veux pas m'écouter parler mais disons que nous
avons le Cryos, un navire de recherche français, qui va venir dans les
eaux du golfe. Nous allons faire une étude extrêmement valable sur
une période d'à peu près quatre semaines. C'est un fait
accidentel de louer des bateaux. Cela peut arriver une fois par année.
Cette année, notre grosse location sera celle d'un bateau
français de recherche.
M. LAVOIE (Wolfe): Cette nouvelle politi-
que de louer des bateaux spécialisés est-elle
récente? Si je me réfère au journal des Débats de
1969, à la page 1107, M.Lacroix se plaignait que les bateaux
loués n'étaient pas spécialisés pour la pêche
et même que les propriétaires de bateaux n'étaient pas
réellement de vrais pêcheurs non plus.
M. SAINT-PIERRE: II faut composer un peu. Nous avons nos exigences.
L'idéal serait que nous possédions à la direction de la
recherche un bateau de recherche qui irait chercher des millions. C'est bien la
preuve que ce n'est pas l'idéal, malgré tout, ce sont des bateaux
de pêche mais non pas des bateaux qui portent l'appareillage
scientifique. Alors, il faut un peu composer. C'est pourquoi, cette
année, je crois que l'initiative est bonne de louer un bateau de
pêche, un bateau scientifique préparé exclusivement pour
ça. Nous avons en même temps l'apport d'un équipage
français, d'un personnel scientifique qui vient compléter le
nôtre.
M. LAVOIE (Wolfe): Lorsque le ministère de l'Industrie et du
Commerce prépare ses budgets, concernant la pêche, est-ce qu'il
consulte le député des Iles-de-la-Madeleine à ce sujet?
C'était une suggestion de M. Cadieux, député de
Beauharnois, en 1969.
M. CADIEUX: Connaissant la valeur du député des
Iles-de-la-Madeleine, j'ai peut-être dit qu'on aurait certainement
intérêt à le consulter à l'occasion.
M. SAINT-PIERRE: En somme, la préparation d'un budget chez nous
tient compte de beaucoup de recommandations. Le député de
Gaspé-Nord peut nous avoir soumis des recommandations qui sont retenues.
Je ne veux pas dire que rien n'est identifié. Nous travaillons pour la
région.
M. GAGNON: Dans l'économie générale pratique des
achats de navires pour la pêche, est-ce que les pêcheurs
réalisent une économie assez bonne? Font-ils face à leurs
obligations? N'avez-vous pas trop de reprises de bateaux? Les prêts et
les intérêts sont-ils payés? Très brièvement.
Est-ce que la moyenne est assez bonne ou si elle se
détériore?
M. SAINT-PIERRE: Non. Je dirais, heureusement, que la situation
s'améliore énormément. Nous avons mis des incitations
cela remonte déjà à 1966 ou 1967, je crois
qui aident le pêcheur à se débarrasser de sa dette
rapidement.
On peut dire franchement que depuis deux ou trois ans ça va de
l'avant. Même depuis cette semaine, j'ai donné main levée
à cinq propriétaires de bateau qui ont acquitté leur
dette.
M. GAGNON: Le ministre semble s'ennuyer mais je sais que l'année
prochaine il va être à la page des pêches maritimes, il va
pouvoir répondre avec une facilité déconcertante.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie 3.
Adopté. Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté. Catégorie 6?
M. LAVOIE (Wolfe): Catégorie 5...
M. SAINT-PIERRE: On a amélioré notre technique
d'entretien.
UNE VOIX: Sensiblement.
M. LAVOIE (Wolfe): Catégorie 4: Services professionnels, $68,700.
C'est presque trois fois le budget de l'an passé.
M. GAGNON: Si vous avez remarqué, quand ça touche cet
article-là, ça augmente considérablement le budget de
l'industrie et du commerce. Le ministre est un homme d'affaires et il voit
où il y a de l'argent à dépenser qui peut porter de bons
fruits.
M. SAINT-PIERRE: Voici ce qui fait cette différence. Nous avons
ici une société québécoise, la
Société SHP qui a mis au point un système de treuil
hydraulique pour nos bateaux, je crois que c'est dans l'intérêt de
la province. Vous me demandez brièvement ceci: Le treuil hydraulique par
rapport au treuil mécanique remplace deux hommes de pont et fait un
travail énorme. Ce premier treuil a été mis à
l'essai l'an dernier et, malheureusement, ça peut dépendre de la
base du treuil même ou de la façon qu'il a été
posé sur le bateau. Il a fonctionné à merveille pendant
quinze jours et à un moment donné, sous la pression, il a
cédé. Je me suis dit que nous étions rendus trop loin. Ce
treuil est porteur de promesses, parce que nous avions déjà un
carnet de commandes des autres provinces qui voulaient l'acquérir. Ce
serait quelque chose pour le Québec. Alors, on a dit: Allons-y! Et il
vous faudra à peu près $36,000 pour reprendre et mettre au point
ce treuil. Premièrement ce sera un produit du Québec;
deuxièmement, on pourra enlever deux hommes de pont. Cela veut dire des
dépenses bien moindres sur le bateau. Troisièmement, il y a
possibilité de le vendre parce que je crois qu'il conquerrait le
marché.
M. GAGNON: La compagnie qui l'a fabriqué n'avait pas une garantie
de fonctionnement de X temps?
M. SAINT-PIERRE: C'est un prototype. On n'est pas...
M. GAGNON: Fabriqué par qui?
M. SAINT-PIERRE: La compagnie SHP. Je ne peux pas vous nommer les
propriétaires.
Nous nous sommes associés, nous avons épousé un peu
ça dans l'intérêt du pêcheur.
M. GAGNON: La Société de développement de la baie
James?
M. SAINT-PIERRE: Non, il y a beaucoup de sigles. C'est à
Montréal, je peux vous fournir le détail, ce sont des gens bien
identifiés.
M. GAGNON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté. Catégorie 6. Adopté.
M. VINCENT: Catégories 6, 7 et 8. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté. Catégorie 8.
Adopté.
M. LAVOIE (Wolfe): Catégorie 8. Il y a $25,000
d'augmentation.
M. SAINT-PIERRE: Les loyers. Nous arrivons encore ici au loyer d'un
bateau. C'est un loyer de bateau, celui-là, pour la mise à
l'épreuve du treuil lorsqu'il sera en état de fonctionner. On ne
peut pas installer un appareil comme ça sur un bateau neuf et faire
porter le risque au propriétaire.
M. GAGNON: Vous louez ça combien, par jour ou par mois?
M. SAINT-PIERRE: J'ai donné un ordre de grandeur tout à
l'heure ça peut varier de $700 à $825 par jour, selon la
dimension du bateau, son âge et tout ça. Il y a des normes.
Nous nous basons sur les normes fédérales. Cela est
très explicite. Cela fait l'objet d'un contrat qui comprend 30 ou 35
feuilles. Il y a un ensemble d'exigences, ce n'est pas fait au
pifomètre. Alors, cela ne coûte pas une fortune au locataire. On
peut louer pour une semaine, pour dix jours. Et c'est très
occasionnel.
M. GAGNON: Est-ce que cela demande certaines dépenses
d'installation?
M. SAINT-PIERRE: L'installation, c'est de l'équipement mobile que
nous avons, que nous installons sur les...
M. LE PRESIDENT: La catégorie 8 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 10 est adoptée?
M. GAGNON: Un instant. Que veut dire: Dépenses de transfert.
C'est ce dont le sous-ministre a parlé tantôt?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des subven- tions. Il y a des subventions
statutaires. Comme il y a eu une nette amélioration depuis quelques
années, nous pensons qu'il y aura moins de subventions cette
année.
M. GAGNON: Je pense comme mon collègue. Ce sont des subventions
pour les bateaux de pêche, la capture, quoi?
M. SAINT-PIERRE: II y a des subventions à l'achat des filets
maillants. En somme, ce sont des subsides qui se paient en vertu d'une loi ou
d'un arrêté en conseil. C'est autorisé. On ne s'en sort
pas. Les subventions à l'achat de filets sont de l'aide indirecte aux
pêcheurs. Vous avez également les subventions au transport du
carburant pour les pêcheurs de la basse Côte-Nord. Je crois qu'il y
a une subvention de $0.10 le gallon de carburant et de lubrifiant vu les
distances. On absorbe en somme pour leur donner une chance égale dans la
pêche. Vous avez les bateaux polyvalents. Nous avons présentement
une étude techno-économique qui se fait'sur un modèle de
bateau polyvalent. Ce sera probablement un ferro-ciment ou en fibre de verre
parce qu'il faut nécessairement changer la conception de certains
bateaux autant par leurs caractéristiques de construction que par leurs
dimensions. Cela va chercher $100,000 pour l'instant.
M. GAGNON: Vous diminuez de $500,000 les subventions accordées
aux pêcheurs. Est-ce parce que la demande de ces subventions est moins
considérable ou si le ministère a changé ses normes de
façon à exclure un certain nombre de pêcheurs ou de
bénéficiaires de ces subventions?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons "professionnalisé" les
pêcheurs. Nous avons établi des normes depuis deux ans qui
définissent ce qu'est un pêcheur professionnel ou un pêcheur
en attendant. Alors, le pêcheur professionnel est celui qui se conforme
aux normes établies, soit qu'il fasse une saison de pêche d'au
moins quatre mois par année, dont le produit brut est un minimum de
$3,000, dont la quantité est d'au moins 20,000, 25,000 ou 30,000 livres
de poissons. Cela dépend des zones. Cela le rend éligible
à des subventions comme à l'achat de filets maillants, à
des prêts, etc.
Et l'an dernier, il a fallu tout de suite un montant de $400,000 qui
soutirait presque toute la différence des subventions spéciales
à des entreprises en difficulté. Comme tout va beaucoup mieux
maintenant, c'est $150,000 que nous ne sommes pas obligés de
dépenser. L'an dernier, il y avait également des primes à
la productivité des chalutiers de 60 pieds et des cordiers, des
gaspésiennes.
C'était un programme d'après l'arrêté en
conseil 1528 qui l'an dernier nous avait coûté $225,000. Et comme
maintenant, l'industrie se porte beaucoup mieux, ce sont des montants de
subventions que nous pouvons épargner.
M. LE PRESIDENT: La catégorie est adoptée?
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que le nombre de bateaux de pêche
augmente? Demeure-t-il au même point ou baisse-t-il?
M. SAINT-PIERRE: Le nombre de bateaux se maintient au nombre
approximatif de 2,000 à 2,500. C'est tellement catégorisé.
Je pourrais vous dire que le nombre tend à diminuer mais, par contre, la
valeur du bateau augmente énormément. Parce que nous avons des
bateaux plus modernes, cela veut dire qu'au lieu d'avoir cinq petits bateaux,
un seul suffira. Je peux vous dire qu'il y a des bateaux qui ont
été mis à l'eau l'an dernier et qui ont une production,
après trois jours de pêche, qui atteindra 500,000 livres de
poisson. Alors, on commence à entrer dans les ligues majeures.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 10 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 11 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 15 est adoptée?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3 est adopté. Le sous-article 4,
catégorie 1. Adopté?
Direction des services techniques
M. GAGNON : Est-ce que les services techniques touchent
l'infrastructure...
M. SAINT-PIERRE: L'infrastructure des parcs industriels de pêche,
tous les équipements que nous pouvons avoir dans le moment,
entrepôts frigorifiques et autres, pour aider les pêcheurs.
M. GAGNON: Avez-vous décrété plusieurs parcs de
pêche? Et à quel endroit?
M. SAINT-PIERRE: Si nous avons planifié des parcs de
pêche?
M. GAGNON: Oui.
M. SAINT-PIERRE: II y en a quatre qui ont été
prévus, qui ont été mentionnés d'ailleurs.
M. GAGNON: Toute la Gaspésie et les Iles-de-la-Madeleine.
M. SAINT-PIERRE: II y en a un aux Iles-de- la-Madeleine, à
Cap-aux-Meules. H y en a quatre en Gaspésie, à
Grande-Rivière, à Rivière-au-Renard et à
Paspébiac.
M. GAGNON: L'an dernier, vous aviez une somme de $2 millions et, cette
année, vous prévoyez $1,900,000. A quoi sera appliquée
cette somme?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont les traitements et les salaires. Ce n'est pas
nécessairement...
M. GAGNON: Simplement les traitements et les salaires.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez ici un budget de fonctionnement...
M. GAGNON: Oui, simplement.
M. SAINT-PIERRE: ... parce que nous avons une immobilisation d'un
million...
On voit d'ailleurs au total que, pour l'ensemble des services
techniques, il n'y a a à peu près pas de changement, $3
millions.
M. LE PRESIDENT: Catégorie a. Adopté? UNE VOIX:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 3? UNE VOIX:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4. Adopté?
UNE VOIX: Un instant. Services professionnels, administratifs.
M. ROY (Lévis): Catégorie 5.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté.
M. SAINT-PIERRE: Accroissement de la productivité.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7.
Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catérorie 8. Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 11. Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 6 est adopté. Article
7, catégorie 1.
Bureau de la statistique du Québec
M. GAGNON: Bureau de la statistique. Avez-vous une politique nouvelle
à annoncer ou allez-vous nous donner tout de même la
réalisation de ce bureau qui est assez important?
M. SAINT-PIERRE: Pour le Bureau de la statistique, j'avais
brièvement, dans mes remarques du début, indiqué certains
des secteurs qui nous préoccupaient. Le directeur du Bureau de la
statistique est M. Raymond Gagné, son assistant est M. Maurice Turgeon.
Le bureau de la statistique se divise en quatre directions. Il y a la direction
des statistiques de la production, qui relève de M. André
Godbout, la direction des statistiques générales, assumée
par M. Jean-Paul Baillargeon, la direction des synthèses statistiques,
relevant de M. Maurice Turgeon, et finalement, le centre d'information
statistique avec ses bureaux à Québec et à
Montréal, et dirigé par M. Lionel Laberge. Plusieurs des
publications qu'on vous a fait tenir sont d'ailleurs émises par cette
direction, entre autres l'Annuaire du Québec, qui couvre l'ensemble des
opérations statistiques, certains modèles
économétriques et autres. Je l'avais d'ailleurs mentionné
dans mes notes du début. Je vais peut-être les reprendre
brièvement, pour y retrouver le champ d'action du Bureau de la
statistique.
Le bureau de la statistique, comme on le mentionnait, recueille,
compile, analyse et publie des informations de nature statistique pour
répondre aux besoins de l'administration gouvernementale, du secteur
privé et de la recherche. Exemple, plusieurs des statistiques plus
détaillées qui ne peuvent faire l'objet de publications
très intenses peuvent venir à la suite de demandes que pourrait
formuler notre direction générale de l'industrie, si on veut
savoir certaines évolutions de marché ou autre chose semblable.
Au cours de l'année 71/72, les activités de ce groupe portaient
surtout sur la comptabilité économique, les investissements et la
statistique manufacturière.
M. GAGNON: ... l'intention du ministre...
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais ce sont d'autres notes que je peux vous
donner également.
L'ensemble des travaux de la division de la recherche a porté
essentiellement sur la version 1966 du système de comptabilité
économique du Québec. Sur le plan de la conception
générale, le système est le même que celui de la
version 1961, même cadre comptable, même principe d'enregistrement
des données, le modèle conserve la même formulation
mathématique et se prête au même type d'utilisation. En
1966, un effort a été mis sur l'amélioration de la
qualité des statistiques de base assimilées sur une plus grande
décontraction de certains secteurs, de certaines catégories de
biens.
Les statistiques sur les investissements. Le bureau a entrepris une
enquête détaillée sur la formation brute de capital fixe
des secteurs productifs du Québec; cette enquête a
débuté en juillet 1971 et vise à obtenir des secteurs
primaires, à l'exception de l'agriculture secondaire et
tertiaire, un état détaillé de leurs dépenses
d'investissement au cours de l'année 1969. Les données ainsi
retenues portent sur les constructions nouvelles et les réparations
importantes ainsi que sur les dépenses en machinerie et
équipement. Des données additionnelles sur la durée de vie
utile des différents types d'équipement acheté ainsi que
les sources de financement des dépenses d'investissement ont
été compilées. A la date du 12 mars 1972, deux
publications sont déjà prêtes pour l'impression,
c'est-à-dire l'abattage du bois, mines et carrières; dix autres
sont en préparation suivant certains groupes du secteur industriel qui
pourront par après être fort utiles à nos groupes qui se
spécialisent tant sur le plan de l'expansion industrielle que sur le
plan régional.
Statistiques manufacturières. Une série
d'échéanciers visant à un effort de production de
données sur à la fois la cueillette et la publication de
données sur l'industrie manufacturière, tant sur le plan
régional que sur le plan sectoriel. Je ne sais pas s'il y a d'autres
questions particulières.
M. JORON : Vous venez de mentionner une étude sur les
investissements dans le secteur productif portant sur l'année 1969,
est-ce que j'ai bien entendu que, parmi les différents aspects inclus
dans cette étude, il y aurait les sources d'investissements?
M. SAINT-PIERRE: C'est bien cela.
M. JORON: En fait, vous êtes en train de faire une partie de
travail qui ressemble à ce que le rapport Gray a fait dans un secteur
donné. Cela pourra s'avérer très intéressant. Vers
quelle date pensez-vous que cela pourra être disponible?
M. SAINT-PIERRE: C'est-à-dire que ces données-là
sont différentes du rapport Gray et n'ont rien à voir avec la
structure du capital-action, ce sont strictement les sources de financement
dans l'expansion de certains secteurs.
M. JORON : Je comprends. Cela donnera une bonne idée. J'aurais
une autre question. Cette année, le ministère a publié des
chiffres pour la première fois, je crois, sur la balance commerciale du
Québec, et qui se sont avérés fort intéressants
puisqu'on y a vu, contrairement à des légendes que certains ont
entretenues, que les exportations du Québec couvraient les importations
dans une proportion d'environ 96 p.c, soit $5.3 milliards contre $5.1 milliards
pour l'année 1966 ou quelque chose du genre. Je voulais demander si,
d'une part, la mise à jour pour les annés subséquentes se
poursuit et
quel décalage y a-t-il entre le moment d'une publication et
l'année étudiée?
M. SAINT-PIERRE: En vertu des règlements, est-ce que je pourrais
demander au député de quoi il parle? De quelle publication
parlez-vous, il y en a tellement?
M. JORON: Je vous avoue que je ne me souviens même plus du titre.
C'est une publication issue du ministère de l'Industrie et du Commerce
pour la balance commerciale qui a été rendue publique, il y a
environ trois mois. Est-ce que c'était un communiqué?
C'était un communiqué qui faisait état de quoi, qui
se référait à quel...
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas...
M. JORON: C'est peut-être issu d'une autre source, c'est
peut-être aussi ma mémoire qui fait défaut. Je vais vous
poser la question autrement. Est-ce que le bureau de la statistique du
ministère étudie cette question?
M. SAINT-PIERRE: Nous faisons des études mais c'est plutôt
pour tenter d'identifier encore les groupes sectoriels et quelles pourraient
être, suivant une certaine codification dans des catégories de
transactions, les exportations aux provinces canadiennes et à
l'extérieur du Canada et les importations québécoises. Le
but de ceci n'a pas fait l'objet de publication.
M. JORON: C'est sorti dans tous les journaux, vous ne vous souvenez pas
de ça, il y a deux ou trois mois?
M. SAINT-PIERRE: Pas de gouvernement provincial. Je ne sais pas si le
député...
M. JORON: J'aurais dû avoir la citation exacte de la source, de
toute façon.
M. SAINT-PIERRE: Ce qui est publié dans les journaux, c'est ce
qui vient au Québec des autres provinces et qui a été
publié par le gouvernement fédéral.
M. JORON: Ce qui sort du Québec, c'est la destination de toutes
les expéditions québécoises selon les provinces
canadiennes ou les pays étrangers.
M. SAINT-PIERRE: Qu'est-ce que vous voulez? Quelle est votre
préoccupation?
M. JORON : Je voudrais savoir si le bureau de la statistique du
ministère de l'Industrie et du Commerce tient à jour, s'il ne l'a
pas fait dans le passé, est-ce qu'il a commencé à ouvrir
un dossier pour cette question-là et est-ce qu'il va, dans l'avenir,
publier au fur et à mesure pendant les différentes années
des statistiques sur cette question?
M. SAINT-PIERRE: Oui. En 1966, il y a un déficit de $141
millions.
M. JORON: Alors d'où viennent ces chiffres?
M. SAINT-PIERRE: Ils viennent d'études que nous faisons sur la
base de pouvoir mieux identifier la dépendance des productions du
Québec dans certains secteurs donnés.
M. JORON: C'est ce à quoi je faisais référence.
Alors cette étude se poursuit et est-ce que la mise à jour des
années subséquentes se fait? C'était en 1966,
ça?
M. SAINT-PIERRE: Elle s'établit sur une base sectorielle pour
aider notre direction générale de l'industrie, pour aider le
ministère de l'Agriculture. Je ne sais pas, je prends un secteur
donné. Cela semble presque impossible, mais c'est la
vérité: dans le secteur des fruits et légumes, en 1966, on
avait une balance défavorable de $105 millions. Alors, les gens de
l'agriculture peuvent identifier là des marchés à
implanter ici.
M. JORON: Le ministre pense à l'utilité de ces
statistiques-là en fonction du travail que cela peut impliquer de la
part du ministère, dans tel ou tel secteur. Globalement, l'opinion
publique québécoise, je pense, est fort intéressée
à connaître les mouvements globaux de marchandises qui, d'une
part, sortent de la province et, d'autre part, entrent dans la province. Est-ce
que vous êtes d'accord pour dire que c'est une des vocations du bureau de
la statistique de votre ministère de faire cette étude, de la
rendre publique, de tenir cela à jour?
M. SAINT-PIERRE: C'est comme d'autres études dans le même
secteur; c'est assez dangereux. Si on prend...
M. JORON: Je comprends; cela peut avoir des répercussions
politiques aussi. Je ne sais pas si cela affecte les prévisions.
M. SAINT-PIERRE: Non, absolument pas. C'est comme on va revenir
à ce qu'on disait hier soir ceux qui ont lancé les ballons
sur le coût de l'énergie nucléaire. On peut toujours aller
au fond des choses.
M. JORON: On en parlera jeudi prochain.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on va en parler sûrement. Tenant
compte strictement de la structure tarifaire et de la structure du pays, les
importations et les exportations, en fonction d'une province par rapport
à d'autres, impliquent nécessairement... Ce n'est pas une
opération comptable à la dernière goutte. Il y a des
exportations qui peuvent émaner de ports qui sont situés au
Québec et qui ne reflètent pas
nécessairement une production québécoise. Il y a
aussi les importations...
M. JORON: II y a les marchandises en transit.
M. SAINT-PIERRE: Alors, c'est très difficile.
M. JORON: Je comprends, mais je voudrais savoir si c'est un souci pour
vous, si, comme gouvernement du Québec, vous êtes
intéressé à avoir ces données-là.
M. SAINT-PIERRE: On est intéressé et on les a. Mais, dire
on se donne cela entre nous que, d'après nos estimations,
notre balance commerciale est défavorable de $141 millions sur des
importations de $5,500,000,000...
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que vous êtes au courant du montant que
le Québec paie en intérêt de dividendes en dehors du
Québec?
M. JORON: C'est la deuxième partie de la question que j'avais
posée. Mais, pour en revenir à votre question là,
on vient de parler du mouvement des marchandises, de la balance commerciale
est-ce que des études se poursuivent sur la balance des
paiements, ce qui inclurait des mouvements de capitaux, comme, par exemple, les
intérêts et les dividendes que je viens de...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. JORON: II n'y a absolument rien de ce côté-là.
Est-ce votre intention d'essayer d'ouvrir ce dossier-là et de commencer?
Indépendamment des aspects politiques qui peuvent en découler, je
pense que c'est dans l'intérêt de tous les
Québécois. Et plusieurs Québécois de tous les
secteurs et de toutes les couleurs politiques aussi, se posent cette
question-là. La question est souvent posée: Est-ce qu'on exporte
plus d'intérêts de dividendes que l'on reçoit
d'entrées nouvelles de capital étranger? Est-ce que nos
compagnies d'assurance réinvestissent au Québec la somme totale
des primes qu'elles perçoivent? C'est dans le tableau des mouvements de
capitaux que ces données-là apparaîtraient. Cela me semble
être une priorité.
M. SAINT-PIERRE: C'est surtout le ministère des Institutions
financières qui est impliqué dans cela. Jusqu'ici, nous n'avions
pas de données sur ce secteur-là.
M. JORON: Mais, dans la question des statistiques, quand cela implique
plusieurs ministères, est-ce qu'il y a une certaine coordination qui se
fait quand même? Je comprends qu'à cet égard-là le
ministère des Institutions financières est plus directement
intéressé. Mais, est-ce que le bureau de la statistique du
Québec, qui relève du ministère de l'Industrie et du
Commerce, est le bureau de statistique qui, pour tous les ministères, a
la charge, dans quelque domaine que ce soit, de...?
M. LAVOIE (Wolfe): Même pour l'éducation?
M. SAINT-PIERRE: Le bureau a publié des statistiques sur les
inscriptions d'élèves dans le secteur de l'éducation. Le
bureau a quand même une législation; ce n'est pas simplement une
direction du ministère de l'Industrie et du Commerce. Cela donne suite
à une législation qui, elle, donne une charge et une
responsabilité en matière de statistique.
M. JORON: C'est l'instrument principal et unique pour l'ensemble de
l'Etat québécois. Quelle est la collaboration, la
coopération qui se fait, les communications, avec Statistique-Canada,
pour éviter le double emploi? Parce qu'il y a des tas de choses qui se
compilent à Ottawa, mais on ne peut pas toujours les appliquer au
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Exactement, il y a beaucoup de liaisons, d'ailleurs, il
y a plusieurs enquêtes qui se font conjointement. Il y a plus de 60
programmes conjoints avec Statistique-Canada, il y a de l'échange
d'information à tous les niveaux.
M. JORON: Maintenant, est-ce que c'est ce bureau de la statistique qui
est responsable, quand le ministère des Affaires intergouvernementales a
publié une étude sur les revenus perçus au Québec
et les dépenses faites au Québec par le gouvernement
fédéral? Je me réfère au rapport Morin de
l'année 1968, qui a été publié en 1970 et
finalement rendu public en 1970? Est-ce que c'était le bureau de la
statistique de votre ministère qui était l'instrument principal
de cette compilation?
M. SAINT-PIERRE: Le bureau de la statistique a fourni une aide technique
dans la préparation de ce dossier-là mais, effectivement, ce sont
les Affaires intergouvernementales qui en avaient pris la
responsabilité.
M. JORON: Est-ce qu'au cours de la dernière année le
bureau de la statistique de votre ministère a été
appelé à fournir de l'assistance technique au ministère
des Affaires intergouvernementales sur cette question?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. JORON: Cela m'apparait assez important, parce que ça contredit
certaines déclarations du premier ministre. Le premier ministre s'est
toujours dit d'accord sur la mise à jour constante de ce dossier, lui
qui avait le souci
d'établir la rentabilité du fédéralisme.
C'en est un des aspects. Cela m'étonne qu'il n'y avait pas eu de demande
au cours de l'année.
M. SAINT-PIERRE: Un instant, je m'excuse, M. le Président. Ce que
le premier ministre a dit, c'est la nécessité d'avoir constamment
une mise à jour, dans le dossier fédéral-provincial.
M. JORON: Mais c'est un des aspects majeurs, vous en conviendrez, et
lui-même en a convenu. Je suis très étonné
d'apprendre que les études ne se poursuivent pas.
M. SAINT-PIERRE: Votre question particulière était :
Est-ce que, durant la dernière année, le bureau de la
statistique, qui avait aidé le ministère des Affaires
intergouvernementales à monter un dossier, a contribué? Ma
réponse a été non. Est-ce que ça veut dire que,
l'an prochain, et dans le budget actuel, on ne le fera pas? C'est faux de le
prétendre. Est-ce que ça veut dire qu'on a abandonné le
dossier? Le bilan fédéral-provincial, il y a à peu
près 64 dossiers différents là-dedans. C'est
évident que chaque jour ou chaque mois, on ne peut pas monter les 64. Il
y en a peut-être qui y sont, en matières d'affaires sociales, en
matière de communication, en matière de politique-jeunesse, il y
en a peut-être qui sont plus chauds que d'autres. Ce que je vous dis,
c'est que, durant la dernière année financière, il n'y a
pas eu de la part du bureau de la statistique un effort technique pour remettre
à jour. Ça ne veut pas dire que le dossier est mort.
M. JORON: Je comprends votre explication. La seule chose, c'est que
ça me semble être un mauvais indice. A la fin d'un mandat du
gouvernement, les Québécois ne pourront pas faire le bilan sur
cette question. Cela aurait été une des questions centrales, pour
juger du succès que vous avez eu à cet égard, pour voir si
ça s'est modifié dans la période où vous avez
administré la province.
M. SAINT-PIERRE: Puis, si on l'avait fait?
M. JORON: S'ils ne sont pas en train de le mettre à jour, on le
connaîtrait en 1980 ou en 1985.
M. SAINT-PIERRE: Si le gouvernement provincial l'avait fait et qu'il
avait prouvé comme vous venez de le soulever, qu'il y avait une
possibilité, qu'il y ait eu une amélioration, on nous aurait
accusés de tenter de fournir des arguments au gouvernement
fédéral dans des périodes électorales.
M. JORON : Jamais de la vie. Je regrette, M. le Président, j'ai
eu la tentation d'invoquer le règlement, parce que vous êtes en
train de me prêter de mauvaises intentions. Il n'a jamais
été dans la ligne de conduite du Parti québécois de
se conduire de cette façon. Si nous réclamons cette étude,
c'est que nous n'avons pas peur des chiffres, quels qu'ils soient. On les
jugera à leur mérite. Je pense que c'est d'intérêt
public qu'ils soient connus.
M. GAGNON: Quand on jette un coup d'oeil sur le montant affecté
aux statistiques du Québec, je pense que le ministre a certainement
essayé d'avoir une somme beaucoup plus considérable, pour les
statistiques du Québec, $2,533,000. Je crois que les statistiques, pour
un gouvernement, c'est en quelque sorte la projection de l'année future
ou des années futures. Comme exemple, je suppose qu'au niveau de
certaines industries, il y ait de la pointe ou une baisse. A ce
moment-là, immédiatement, surtout au ministère de
l'Industrie et du Commerce, on se penche avec empressement, pour savoir quelle
est la cause pour laquelle, dans tel secteur, il y a une montée de
ventes, une montée de regain de l'économie. On va dire: Est-ce
que c'est temporaire, ou si c'est parce que les produits
québécois se vendent mieux, parce qu'ils ont acquis le
marché?
Si, par ailleurs, dans un autre secteur, il y a une baisse
considérable, encore à ce moment-là le ministère de
l'Industrie et du Commerce se pose des questions. Ses officiers s'empressent de
regarder quelle est la cause de la baisse, si c'est la qualité du
produit qui a diminué ou si ce sont d'autres pays qui sont en train de
voler la place du Québec. Je crois que c'est une chose extrêmement
importante, le bureau de la statistique. C'est malheureux que, dans certains
domaines, avec Ottawa, on se piétine et qu'on soit tous les deux dans un
même champ d'action, dépensant des sommes qui proviennent des
contribuables du Québec. C'est peut-être causé par le fait
que les échanges entre les bureaux de statistiques ne sont
peut-être pas assez bien complétés et assez bien
rodés. Il ne devrait jamais y avoir un piétinement de la part des
deux gouvernements. Je crois que le ministre devra faire un effort pour essayer
d'augmenter ses crédits pour mieux pénétrer dans
différents champs d'action d'activités économiques. Je
remarque, entre autres, une chose, c'est qu'il y a certaines statistiques qui
sont dans un même champ d'action fédéral et qui
diffèrent quelque peu. Est-ce qu'à ce moment-là les moyens
d'information ne sont pas les mêmes? Je ne dirai pas que cela
diffère de 20 p.c. à 25 p.c, mais certaines statistiques, je le
remarquais, pouvaient différer de 7 p.c, 8 p.c. et 10 p.c. Etait-ce
Québec qui était dans l'erreur? Etait-ce Ottawa? Cela se
présente dans certaines statistiques lorsqu'on est tous les deux
parallèles, dans une même voie.
J'aimerais connaître l'opinion du ministre à ce sujet.
Comme je le dis, les statistiques sont les projections futures
économiquement, à tous les points de vue.
M. SAINT-PIERRE: Je vais répondre et
je pense que l'intervention du député part d'un sophisme
et c'est faux. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas un accroissement de budget
qu'on ne peut pas dire qu'on ne rentre pas...
M. GAGNON: C'est parce qu'il n'y en n'a pas assez.
M. SAINT-PIERRE: Non. Vous semblez croire que si le bureau de la
statistique avait augmenté de 40 p.c, on pourrait dire: Là, le
gouvernement s'occupe de la statistique.
Je vais vous donner trois têtes de chapitre qui prouvent au
contraire que tout ce champ de la statistique...
M. GAGNON: ... dans ces champs d'action.
M. SAINT-PIERRE: ... et de la connaissance économique de notre
structure industrielle manufacturière, que l'ensemble de ce dossier...
Qu'est-ce qui a été fait? Je vais vous donner un exemple, depuis
deux ans je le ferai sans partisanerie politique ce que vous nous
aviez laissé à cette époque, à la direction
générale... près du bureau de la statistique il y a quand
même une direction générale de la planification; on a
passé, de la recherche et de la planification qui est très
près des deux. On voit d'ailleurs simplement qu'il y a des choses qui se
recoupent. A la direction générale de la planification on
retrouve: analyse et prévisions économiques, études
industrielles, études régionales, politique industrielle. C'est
très près de beaucoup de secteurs de bureau de la statistique.
Or, en deux ans, qu'est-ce qu'on a fait avec la direction
générale de la recherche et de la planification? On a quand
même augmenté de 40 p.c. les effectifs en deux ans.
Deuxièmement, vous me dites: Les budgets n'augmentent pas, donc vous ne
vous en occupez pas. Avec les mêmes budgets, on a quand même fait
des efforts pour rationaliser les programmes, pour revoir des programmes qui,
peut-être n'étaient plus pertinents pour tenter d'augmenter
l'efficacité dans certains de ces programmes. Cela ne se traduit pas par
une augmentation de budget. Mais, dans les faits, cela se traduit par une
augmentation du résultat net et du mandat qui est confié à
ce groupe.
Troisième point. Nommez-moi une province canadienne qui fait
autant que le Québec en matière de recherche économique et
en matière de statistique. Le gouvernement de l'Ontario, qu'on se
plaît souvent à comparer, vient même au Québec pour
savoir comment on obtient des chiffres dans certains secteurs. Il nous demande
même de lui fournir certains chiffres dans des secteurs particuliers:
agriculture, industrie secondaire et autre. Il n'y a aucune province
canadienne, incluant l'Ontario, qui fait autant que le Québec dans ce
secteur.
Enfin, prenons je m'excuse, je ne parle pas pour le
député du Ralliement créditiste la théorie
que l'argent pousse dans les arbres et qu'on peut bien y mettre $3 millions
l'an prochain. On sait que ce n'est pas le cas. Il me semble qu'il y a quand
même eu un effort depuis deux ans pour vivre selon nos moyens et pour
rationaliser les dépenses gouvernementales. Ce n'est pas parce qu'aux
affaires sociales et à l'éducation on a diminué le taux de
croissance qu'on en a moins qu'on en avait avant. C'est un sophisme qui est
très dangereux pour tirer des conclusions.
M. GAGNON: Je ferai remarquer au ministre que le budget 71/72 qui
apparaît dans l'autre colonne est un budget qui a été
préparé par le gouvernement précédent et les
politiques également sont toujours préparées un an
à l'avance.
M. SAINT-PIERRE: En 71/72 c'est un budget qui a été
préparé par ce gouvernement-ci.
M.GAGNON: C'est-à-dire le budget 71/72, les élections ont
eu lieu en 1970 alors que le budget 71/72 venait.
M. SAINT-PIERRE: Bien oui! Cela a été
préparé par le gouvernement Bourassa. Plus que ça, puisque
vous avez déclenché des élections sans présenter un
budget et sans le faire voter, plus que ça, le budget 70/71 a
été préparé par le gouvernement Bourassa.
M.GAGNON: Le budget était prêt mais seulement il...
M. SAINT-PIERRE: Le budget 70/71 a été modifié.
Ecoutez, cela fait deux ans de ça, cette histoire-là. Le budget
71/72 a été préparé par le gouvernement
Bourassa.
M. GAGNON: Je comprends qu'au niveau de la statistique, l'ex-ministre
n'est pas ici, on connaît moins le problème. Il est beau à
ce moment-là de...
M. SAINT-PIERRE: Qui est l'ex-ministre?
M. GAGNON: J'ai dit l'ex-ministre à l'Industrie et Commerce, M.
Beaudry, qui était en...
M. SAINT-PIERRE: Non, vous dites...
M. GAGNON: Le ministre nous avance des choses, on est des profanes
là-dedans.
M. SAINT-PIERRE: Je demande à mes collaborateurs...
M. GAGNON: Le sous-ministre qui était en charge de ça,
est-ce qu'il est encore ici? On pourrait lui poser des questions.
M. SAINT-PIERRE: M. Plante était là dans ce
temps-là.
M. GAGNON: M. Plante, dites-vous , s'occu-
pe de l'administration; il ne s'occupe pas de toutes les affaires.
M. SAINT-PIERRE: II connaît les effectifs, c'est lui qui m'informe
qu'il y a deux ans on avait à la direction générale de la
recherche et de la planification 40 personnes et là on en a 58. On a
augmenté de 20, ça fait 50 p.c. dans deux ans.
M. GAGNON: Cela ne veut rien dire, l'augmentation du personnel ne
justifie rien.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez raison, l'augmentation du budget ne justifie
rien non plus, le même budget peut avoir...
M. GAGNON: L'augmentation du budget justifie quelque chose quand on sait
que les gouvernements demandent des budgets plus considérables pour
pouvoir faire davantage, c'est parce que ça justifie quelque chose. Mais
l'augmentation de personnel, ça dépend comment cela est
utilisé, ça dépend de la compétence du personnel.
Le personnel qui entre, on vient de le dire tout à l'heure,
nécessite un rodage de deux ans. On ne peut pas lui faire faire des
merveilles.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça que je vous ai mentionné: deux
des raisons qui me font croire qu'on est loin de se faire des reproches, c'est
justement qu'on a rationalisé des programmmes et qu'avec le même
personnel, on a tenté d'en avoir plus que les secteurs connexes au
bureau de la statistique comme...
M. GAGNON : Je suis convaincu que le ministre, dans son bureau, veut
avoir des crédits supplémentaires mais possiblement que le
ministre des Finances dit: On ne peut pas faire mieux.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. GAGNON: II n'a pas demandé plus?
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas, je n'ai pas demandé plus mais
j'ai eu l'assurance que, quand j'aurais des programmes valables qui
demanderaient des choses, j'aurais soit des crédits
supplémentaires, soit un nouveau budget l'an prochain. Je suis
très satisfait du budget que j'ai là, j'ai $5 millions de
moins... on a plus que ce qu'on a dépensé l'an dernier et il faut
se rendre compte qu'il ne faut pas faire des manchettes. Je m'excuse, je voyais
une manchette disant qu'avec $5 millions de moins que l'an dernier, on pensait
changer quelque chose. Il faut dire quand même que l'an dernier il y
avait des postes extrabudgétaires: l'achat des deux traversiers, la
question à Terre des Hommes, $5 millions, plus le fait qu'on n'a pas
dépensé...
M. GAGNON: II y a certaines sommes qui ont été
récupérées au budget.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis aurait
une question.
M. ROY (Lévis): M. le Président, j'écoute encore
religieusement les deux partis politiques du passé et je ne comprends
rien. Vous allez me dire peut-être que je n'ai jamais rien compris...
M. SAINT-PIERRE: Non, j'ai trop de...
M. GAGNON: J'aurais été surpris si vous aviez dit que vous
compreniez quelque chose.
M. ROY (Lévis): ... mais je trouve curieux que le gouvernement
actuel arrive avec des réductions dans les dépenses
passées et que le gouvernement lui reproche de faire la même chose
et peut-être un peu plus avec le même montant. On m'a
attaqué tout à l'heure en disant que le Ralliement
créditiste voyait pousser l'argent dans les arbres. L'argent, si vous
pensez comme moi, c'est un billet pour prendre le train. Je ne vous ferai pas
l'historique de l'argent mais c'est seulement pour empêcher de changer un
baril de clous pour un quartier de viande. C'est justement ce que je me demande
s'il n'y a pas trop de comparaisons qui ne sont pas tout à fait
légales en voulant toujours attaquer les gens qui préconisent que
tout le monde doit avoir, dans la province de Québec, la
sécurité et le droit de vivre.
M. SAINT-PIERRE: Je suis pour ça. M. ROY (Lévis): Vous
êtes pour ça?
M. LE PRESIDENT: Je voudrais quand même demander au
député de Lévis de...
M. ROY (Lévis): Je suis à côté de la
coche.
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'on s'éloigne pas mal de l'article 7,
actuellement.
M. ROY (Lévis): C'est ce qu'on a dit tout à l'heure, on a
fait des insinuations. Je n'ai pas le droit d'intervenir sur les insinuations
qui sont faites contre nous.
M. LE PRESIDENT: Disons que ce n'est pas directement des insinuations
faites contre vous. Je ne pense pas qu'on ait prêté d'intentions
terribles au Ralliement créditiste en tout cas, pas à ma
connaissance.
M. SAINT-PIERRE: Je voulais dire que je ne croyais pas que l'argent
poussait dans les arbres mais, comme j'avais peur peut-être que vous
pensiez que c'était une attaque contre vous, j'ai prévenu que ce
n'était pas contre ça.
M. LE PRESIDENT: Au départ, je pense qu'il serait quand
même normal de revenir strictement â la discussion de l'article 7 :
Bureau de la statistique du Québec.
M. ROY (Lévis): Justement...
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations.
M. ROY (Lévis): ... je trouve curieux, avec un gouvernement qui a
déjà existé, un autre gouvernement et c'est
toujours la même chose, du rouge au bleu, du bleu au rouge
qu'aujourd'hui on arrive dans une impasse. Je crois qu'on est assez
mêlé et qu'on devrait toujours, au moins, essayer de s'organiser
pour faire une saine administration sans critiquer.
Le gouvernement actuel, que je ne veux pas vanter, parce qu'il a ses
problèmes, est capable d'administrer avec des économies, en
donnant les mêmes résultats. Je crois que l'Opposition officielle
ne doit pas gaspiller un temps illimité pour toujours critiquer quand il
y a des avantages. Quand il y a des augmentations, je ne suis pas contre le
fait que nous ayons des explications. Mais quand il y a des économies,
je crois qu'il est inutile d'en discuter et que nous devrions les accepter.
M. LAVOIE (Wolfe): Nous sommes tous d'accord, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 1 est adoptée?
M. LAVOIE (Wolfe): Je voudrais savoir depuis quand les statistiques du
ministère de l'Education sont centralisées au ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Nous avons les statistiques du ministère de
l'Education depuis que la loi a été votée au bureau de la
statistique. Parce qu'il y a une loi qui a été votée et
parce que nous avons un bureau de la statistique, nous ne voudrions pas dire
que nous avons une juridiction complète et qu'il n'y a personne capable
d'additionner deux chiffres. Le ministère de l'Education, pour ses fins
de planification, question de clientèle étudiante, nous fournit
des chiffres qui sont publiés officiellement. En dehors de cela, il peut
faire sa planification, il peut jouer avec certains chiffres, faire certaines
projections. Mais les statistiques du ministère de l'Education sont au
bureau de la statistique depuis que la loi a été
votée.
M. LAVOIE (Wolfe): On reprochait déjà au gouvernement de
ne pas centraliser toutes les statistiques, même du ministère de
l'Education, au ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Qui vous reprochait cela?
M. LAVOIE (Wolfe): C'était M. Bourassa qui nous reprochait cela
en 1969.
M. SAINT-PIERRE: A cette époque, est-ce que ce n'était pas
centralisé?
M. LAVOIE (Wolfe): Je ne crois pas, parce que, d'après les
renseignements que j'ai ici...
M. SAINT-PIERRE: Qu'est-ce que le ministre de votre gouvernement
répondait à cette époque?
M. LAVOIE (Wolfe): J'essaie de retrouver l'endroit dans le livre. Je
voulais aller un peu plus loin pour les articles suivants. Si je me rappelle
bien, il disait que c'était en préparation et que le tout serait
transféré au ministère de l'Industrie et du Commerce. "M.
Bourassa: Le ministre va entreprendre des démarches pour qu'il y ait un
transfert du ministère de l'Education au ministère de l'Industrie
et du Commerce".
Les ministres doivent trouver que je pense à lui parce que, M. le
Président: Ici, M. Beaudry répondait: "M. Beaudry: Le
ministère s'informera auprès du ministère de l'Education
pour connaître les raisons qui le portent à conserver ces
statistiques et si ces raisons sont essentielles, nous les laisserons à
l'Education, mais je dois vous dire qu'il serait préférable
qu'elles soient transportées à notre ministère..."
M. SAINT-PIERRE: Dès qu'on met deux chiffres ensemble, on peut
commencer à avoir des statistiques. Les types de statistique qui
relèvent encore de l'Education seraient des statistiques
financières dans les budgets de fonctionnement des commissions
scolaires, pour citer un cas d'espèce. Or, un des avantages qui priment
pour les garder à l'Education, c'est le fait que CIMEQ le Centre
d'informatique du ministère de l'Education, qui regroupe
déjà environ les trois quarts des commissions scolaires et
à peu près 90 p.c. des CEGEP qui sont reliés directement
avec ce centre d'informatique à Québec est utilisé
pour la paie, le personnel et les données de gestion. Il semblait donc
plus approprié de conserver là les données de
statisti-tiques. Autrement, cela impliquait que chaque CEGEP devait
correspondre avec le bureau de la statistique. Mais les statistiques
d'inscription, les statistiques officielles sont au bureau de la
statistique.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté? M. LAVOIE (Wolfe):
Adopté.
M. JORON: M. le Président, une petite question d'ordre technique.
J'ai tenté d'obtenir de différents ministères, au Travail,
à l'Industrie et au Commerce, certaines statistiques. Peut-être
quelqu'un pourrait-il m'indiquer où les
obtenir, si vous permettez que j'abuse de la patience de la commission
durant trente secondes. Je voudrais avoir la liste des employeurs au
Québec, disons au-delà d'un certain chiffre, des principaux
employeurs au Québec, par exemple Bell Canada. Combien y a-t-il
d'employés sur le territoire du Québec? Alcan, combien? Domtar,
et ses filiales, combien? Et ainsi de suite.
Est-ce que cette liste-là existe quelque part? Je n'ai jamais
été capable de l'obtenir. J'ai dû faire une centaine
d'appels téléphoniques à différentes entreprises,
une par une? Ni le ministère du Travail, ni le ministère de
l'Industrie et du Commerce n'ont pu me la trouver.
M. SAINT-PIERRE: Pour avoir la liste des employés?
M. JORON: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Seulement la liste?
M. JORON: Est-ce que cela existe quelque part?
M. SAINT-PIERRE: Nous pouvons fournir la liste de tous les employeurs
qui ont plus de quinze employés, mais on ne peut pas indiquer le nombre
d'employés. La Commission des accidents de travail aussi a
peut-être la même chose.
M. ROY (Lévis): C'est seulement pour connaître le
pourcentage des péquistes et des libéraux.
M. JORON: Pensez-vous?
M. ROY (Lévis): Oui, pour moi c'est ça.
M. JORON: Mais ça ne vous paraît pas curieux qu'au
Québec, si pour une étude quelconque dans quelque domaine que ce
soit, il ne soit pas possible d'obtenir ces chiffres-là? C'est
extrêmement important, si on veut identifier les principaux agents
économiques, de savoir qui sont les plus importants les uns par rapport
aux autres.
M. SAINT-PIERRE: II faut quand même se rappeler que les
statistiques obtenues, soit des employeurs, soit des syndicats ou autres, par
le bureau de la statistique, ont quand même un certain caractère
confidentiel. On ne peut pas dire: Voici tout ce que la compagnie X nous a
donné. C'est un peu comme les enquêtes de salaires pour
établir des normes. Maintenant...
M. JORON: Sur ce point-là, la plupart des grands employeurs, des
grandes entreprises privées, de toute façon, les publient. Il y a
le moyen de les obtenir, mais ce que je dis, c'est qu'il faut les appeler un
par un. C'est une tâche assez onéreuse, je ne pense pas que...
M. SAINT-PIERRE: Nous les publions par classe, c'est-à-dire qu'on
peut les regrouper de 15 à 20, de 20 à 50, 50 à 100 et
ainsi de suite. Mais il est impossible de dire que Bell Téléphone
a actuellement, au 1er avril, 8,927 employés et que dans un an elle en
aura seulement 7,244.
M. JORON: Elle en a à peu près 40,000 au
Québec.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1. Adopté.
Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4. Adopté?
M. LAVOIE (Wolfe): Combien d'argent, à la catégorie 4, a
été dépensé l'an passé?
M. SAINT-PIERRE: On va vous le dire dans une seconde.
Nous avions donc l'an dernier un budget de $355,000 et la somme qui a
été dépensée pour l'ensemble de l'exercice
financier et la somme qui a été perdue en crédits
périmés s'élèvent à $86,000.
M. LAVOIE (Wolfe): Et en quoi consistent les services professionnels? Ce
sont les spécialistes en...?
M. SAINT-PIERRE: Non, on va vous le donner dans une seconde. C'est
surtout le centre de traitement électronique des données,
$98,000; transactions entre les ministères et services gouvernementaux,
c'est dans le même secteur $203,000. Personnel de soutien,
enquêteurs spéciaux, deux études à M. Matus-zewski,
concernant le système et modèle économétrique du
Québec, $8,000, et M. Dagenais pour la comptabilité.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, si le ministre me permet, je
dois m'absenter immédiatement pour quelques instants, mais au service
des achats, vous voudrez bien me garder une couple de questions parce que je
vais revenir.
M. SAINT-PIERRE: Parfait.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté. Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7.
Adopté. Catégorie 8. Adopté. Catégorie 11.
Adopté. L'article 7 est adopté. L'article 8, sous-article 1,
catégorie 1.
Service général des achats
Administration
M. JORON: M. le Président, au service des achats, je pense que le
ministre va avoir peut-être quelque chose à nous dire, mais avant
je voudrais lui poser une question. Nous attachons une importance très
considérable à ce chapitre-là parce que je pense que c'est
peut-être l'outil principal de développement et de
relance économique qui est dans les mains de l'Etat
québécois. Je signale, à titre d'exemple, que si l'on
additionne non seulement les dépenses en biens et services je ne
parle pas des salaires du gouvernement comme tel, plus
l'Hydro-Québec, et si on y incluait tout le secteur public, plus les
autres sociétés d'Etat comme Soquem, Sidbec, SGF possiblement,
etc., si on y rajoute les municipalités, les revenus autonomes des
commissions scolaires et quoi encore, enfin l'ensemble du secteur public au
sens le plus large du mot au moment où l'on se parle, c'est un pouvoir
d'achat annuel qui se situe autour d'un milliard et demi.
Entre $1 milliard et $2 milliards. C'est dans le cadre actuel,
évidemment. C'est pourquoi nous, dans notre manifeste économique,
quand nous pensons au secteur public après le rapatriement de la partie
fédérale du secteur public ce chiffre-là va presque
doubler nous disons qu'il y a un pouvoir d'achat dans les mains du
secteur public, à ce moment-là, de $2 milliards à $3
milliards. Pour l'instant, on est obligé de se contenter...
M. SAINT-PIERRE: D y a des rêves qui passent; il faut revenir
à la réalité.
M. JORON: ... d'un plus maigre milliard à un milliard et demi
environ. C'est quand même assez substantiel. Or, je lisais dans le
rapport annuel du ministère de l'Industrie et du Commerce que le service
des achats avait étudié au cours de l'exercice 70/71 quelque
45,000 dossiers d'achat impliquant des dépenses de $59 millions. Je
comprends que ce n'est pas tout à fait la même chose, que le
service des achat ne s'applique pas à l'ensemble de tout de que j'ai
décrit. Quand on pense au pouvoir d'achat du secteur public et qu'on
voit les $59 millions à côté du $1 milliard et demi, on dit
qu'il y a un joli bout de chemin à faire.
M. SAINT-PIERRE : II faut dire que ceux qui analysent de près la
situation au Québec vous reprochent, cependant, sur ce plan-là
que, pour permettre des achats centralisés de $1 milliard et demi, cela
implique une structure bureaucratique très centralisée. Il faut
réaliser que, dans votre contexte...
M. JORON: Je suis en train de démolir les institutions!
M. SAINT-PIERRE: Je ne voulais pas démolir vos rêves
mais... C'est parce que dans votre secteur de $1 milliard et demi, il faut dire
que, si une petite ville veut acheter des crayons, il faudrait passer
par...
M. JORON : Je comprends. Il ne faut pas tomber dans le ridicule.
M. SAINT-PIERRE: Peut-être que nous pouvons le demander à
M. Brissette.
M. JORON: Je disais ça au départ pour situer l'ampleur de
la question. C'est une question extrêmement importante. J'allais vous
demander par exemple... Le comité d'études qui avait
été mis sur pied d'après les journaux a soumis son
rapport; il n'est pas rendu public encore. Je ne sais pas si vous avez
l'intention de le faire aussi. A quelle action cela va donner suite? Je pense
qu'on serait intéressé de vous entendre.
M. SAINT-PIERRE: Le comité avait été formé
et mis sur pied par mon prédécesseur au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Je dois rencontrer la semaine prochaine le
comité pour la première rencontre officielle. J'ai reçu
officieusement une copie du rapport la semaine dernière et c'est mon
intention de le rendre public. Le rapport en passant, sans
dévoiler ce qui pourrait venir est quand même un rapport
minoritaire, le représentant de l'HydroQuébec, sur un certain
point, n'endossant pas les vues, je dirais, unanimes de tous les autres groupes
comme le service des achats de la ville de Montréal, d'autres groupes
paragouverne-mentaux, le secteur privé et autres. Je vais étudier
l'ensemble des recommandations qui doivent faire l'objet d'un mémoire au
conseil des ministres et au comité du groupe économique. Nous
prendrons les décisions qui s'imposent, suivant les recommandations de
ce groupe. Pour l'instant, il n'y a pas de changements; on n'a sûrement
pas fait le comité d'étude pour rien. Le gouvernement pourrait,
théoriquement, rejeter complètement le rapport.
M. JORON : Le rapport est presque prêt ; il a été
déposé. Vous avez l'intention de le rendre public très
bientôt. A ce moment-là, le gouvernement a une décision
à prendre. Je signale une autre question plus hypothétique, si
vous voulez; elle est peut-être un peu plus forte, politique. Je crois
qu'on en a parlé il y a quelques jours. J'avais mentionné un
exemple: pour les achats du ministère de l'Education dans un secteur en
particulier, le domaine de l'équipement électronique, avec un
pouvoir d'achat semblable, au-delà de $100 millions pour les trois ou
quatre dernières années quelque chose comme ça,
peut-être cinq, enfin dans une période assez brève
cela allait chercher, en équipement audio-visuel électronique
au-delà de $100 millions. Un pouvoir d'achat semblable, qui permet
à l'Etat de donner presque des commandes garanties à une usine,
par exemple, qui s'établirait au Québec est un instrument
considérable et même extraordinaire d'implantation de nouvelles
entreprises. Les partis politiques traditionnels, en raison de leurs habitudes
de financement, ont souvent et là, je ne veux pas être
inutilement méchant et parler de patronage des commandes à
donner à des foules de vendeurs à commission ou concessionnaires
de ceci et de cela. Dans le passé, c'est souvent ce qui est
arrivé.
Le pouvoir d'achat du gouvernement se fractionne parce qu'on est
obligé de remettre des faveurs non pas dans le sens de "kick back" ou de
ristournes les commandes seraient quand même données au
juste prix mais pour alimenter bien des amis politiques qui peuvent
être vendeurs ou concessionnaires de tout ce que vous voulez. C'est la
raison, peut-être principale, qui a empêché justement de
regrouper cette puissance-là et qui nous a empêchés d'avoir
un instrument de relance économique considérable. Je pense
à un autre secteur. Je vais vous poser une autre question qui se
rattache à cela en même temps. Vous pourrez y répondre en
même temps. L'Etat québécois se trouve indirectement
propriétaire d'une fabrique de montage d'automobiles, SOMA à
Saint-Bruno, filiale de la SGF. Or, le gouvernement du Québec, à
notre connaissance, vous me direz si c'est exact ou non, depuis l'existence de
SOMA qui a des difficultés on ne reviendra pas là-dessus,
tout le monde le sait a acheté trois voitures de SOMA. Ce sont
les trois que le ministère du Travail, par l'intervention personnelle du
ministre Cournoyer, a achetées. Une situation semblable ne vous
paraît pas étrange, quand l'Etat lui-même se trouve
être fabriquant ou monteur tout au moins de voitures qui, depuis que cela
existe, il y a à peu près sept ans, a acheté trois de ses
propres voitures. Cela nous parait inconcevable.
M. SAINT-PIERRE: II faut dire que, si on accepte cette proposition qui
en apparence semble intéressante, vous avez mentionné le secteur
audio-visuel, on pourrait mentionner le secteur de l'équipement de
laboratoires, on pourrait mentionner une foule de choses.
M. JORON: Les hôpitaux.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Il y aurait de grandes possibilités sur le
plan de l'achat en volume et je n'ai pas lu en détail le rapport du
comité des achats mais j'imagine qu'il doit y avoir un chapitre
réservé à cela. Il y a de grandes possibilités, sur
le plan d'achats en volume, de planifier une production, d'intéresser
les industriels et de faire beaucoup de choses, d'avoir peut-être
même un prix plus économique. Parce que c'est un fait, comme vous
le suggérez, que dans la structure même de nos organismes on n'a
pas une grande influence sur le marché. Je prends un secteur
donné, simplement les tableaux dans les écoles. Si on pouvait
placer une commande de 7,950 tableaux par année, on pourrait avoir une
influence sur le marché et être obligé de faire aiguiser le
crayon à bien des fabriquants. Comme les commandes sont placées
quinze à la fois, on n'a aucune influence et on n'est même pas
capable de faire un effort sur le plan technologique, de l'innovation avec ce
qu'il y a là, on est obligé de prendre ce qu'ils nous
offrent.
Mais, si on accepte votre suggestion, il faut voir une grande
conséquence, c'est qu'on change passablement la nature même ou le
degré d'autonomie que pourront garder alors ces structures locales qui,
dans un contexte que ce soit sur le plan municipal, sur le plan scolaire, sur
le plan hospitalier et même sur le plan universitaire, m'apparaissent
quand même avoir des avantages tels que les changer pourrait comporter
plus de désavantages.
M. JORON: ... vous avez passé à l'éducation, on
peut faire le même raisonnement dans le secteur de l'éducation, je
ne veux pas nier. Il peut y avoir des critères généraux
nationaux et l'exécution locale peut être...
M. SAINT-PIERRE: Oui, donc il y a deux voies. Une voie possible, c'est
que tous les services des achats de toutes ces institutions qui sont
subventionnées par le gouvernement provincial soient centralisés,
mais là on diminue fortement le pouvoir d'autonomie des institutions
locales. La commission scolaire de la Beauce est obligée de s'en
rapporter à un service des achats à Québec qui place des
commandes pour des fenêtres et c'est un gars du Lac-Saint-Jean qui est le
plus bas soumissionnaire et le gars de la Beauce lui... tous les conflits qui
peuvent en résulter. Alors, cette raison-là me semble suffisante.
A moins qu'on veuille changer la nature et le degré d'autonomie que
pourraient jouer les instances locales, il faut être assez prudent pour
retirer dans un secteur donné certains avantages.
L'autre voie ce serait par la normalisation et c'est ce qu'on essaie de
faire au ministère. Normaliser certains produits et inciter tous ceux
qui sont responsables de placer des achats à utiliser des devis qui
correspondent à des normes, qui correspondent à des
capacités d'un secteur au Québec. Brièvement, vous avez
évoqué l'idée de patronage, je n'ai pas perdu grand temps
pour explorer la section, mais de ce que je connais de la situation politique
au Québec, pour les deux dernières années, s'il s'en fait
du patronage, il s'en fait passablement plus au niveau de la commission
scolaire, au niveau de la municipalité qu'il peut s'en faire au niveau
du gouvernement provincial. Les $50 millions que vous avez mentionnés
par le service des achats, que je sache, on peut demander à M.
Bussières les règles du jeu mais c'est ouvert à un
très grand nombre sur le plan de la construction, ce sont des
soumissions publiques, qui sont soumises à des règles très
sévères.
Dans certains cas il peut y avoir des discrétions. Est-ce qu'il y
a eu des abus ou non? C'est évident que, quand vous achetez un
Chevrolet, ou une voiture, une camionnette, il y a 3,000 garages dans la
province de Québec...
M. JORON: C'est ça que je voulais dire. Quand je parlais de
patronage, ça n'a jamais été ma spécialité
de déterrer ces petites affaires-là, ça ne m'a jamais
intéressé beaucoup.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes d'accord avec moi cependant, mais cela
se fait plus peut-être au niveau des instances locales qu'il peut s'en
faire au niveau des...
M. JORON: Je ne le sais pas, je n'ai jamais étudié la
question, pour répondre à cela. Dans le cas des automobiles, par
exemple, le gouvernement, au sens très large, en achète un nombre
assez considérable par année. Sans qu'il les paie
nécessairement plus cher mais s'il fractionne ses commandes entre un
tel, un tel ou un tel, entre 300 concessionnaires, parce que dans un
comté, il y a quatre ou cinq municipalités, il y a deux ou trois
concessionnaires, le député veut les encourager les uns et les
autres; en faisant ça, on perd tout l'effet d'un regroupement. Je
mentionnais l'exemple de SOMA parce que ça m'apparaît être
catastrophique ce qui s'est passé dans SOMA. Je n'ai jamais compris les
gouvernements précédents de ne pas avoir acheté leur
propre voiture...
M. GAGNON: II y a un élément aussi dont le
député de Gouin parle et qui...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse de ne pas donner la parole au
député de Gaspé-Nord, le député de
Lévis m'a demandé la parole.
M. SAINT-PIERRE: Vous parliez des voitures. Vous prenez la question de
l'automobile, le nombre total de voitures, dans une très forte
proportion, va à la Sûreté du Québec. On peut
soulever la question; est-ce que demain matin la Sûreté du
Québec doit se promener en Renault SOMA? C'est essentiellement
ça, en dehors de ça, au niveau des ministres, on les garde deux
ou trois ans, puis il y en a 22, ça ne fait pas tellement de voitures.
Moi, je fais Québec-Montréal, bien des fois couché sur la
banquette arrière. Une Renault, c'est trop petit.
M. JORON: La Renault n'est pas assez rapide.
M. SAINT-PIERRE: La Renault est assez rapide, mais elle n'est pas assez
longue pour mes jambes. Je sais que cela a l'air facile, mais même si
l'Etat est propriétaire d'un secteur de production, dans ses politiques
d'achat, il faut s'assurer que ce qu'on achète correspond à des
besoins. Je m'excuse de prendre un exemple qui illustre peut-être
à l'extrême ce que je veux dire, on est propriétaire de
Marine Industries mais lorsqu'on achète des chaloupes au
ministère du Tourisme, on achète des chaloupes Verchères,
ou ailleurs, on n'est pas pour prendre des chaloupes chez Marine Industries,
parce que ce qu'on veut est plus petit...
M. JORON : Ils n'en font pas.
M. SAINT-PIERRE: ... je prends l'extrême. Pour dire qu'à la
Sûreté du Québec on peut discuter si c'est luxueux
ou pas parce que souvent les policiers se promènent avec trois
prisonniers et deux policiers, s'ils ont besoin d'une voiture qui peut asseoir
cinq ou six personnes, je ne sais pas pour quelle raison ils pourraient avoir
autre chose, si à cause de la radio ou n'importe quoi, ça prend
un peu plus d'espace, ça leur prend au minimum, une Chevrolet. Que
voulez-vous, si SOMA veut faire des Chevrolet, on va en acheter.
M. JORON : En plus de ça il y a les municipalités, les ci
les ça, en fait...
M. SAINT-PIERRE: Là on touche au degré d'autonomie des
instances locales.
M. JORON: Je comprends.
M. SAINT-PIERRE: On n'a jamais fait ça.
M. JORON: Vous y avez touché aussi dans le temps que vous avez
été ministre de l'Education. Dans d'autres secteurs, il y a des
normes qui peuvent par la loi, à un moment donné, imposer un
cadre dans lequel on doit se comporter.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je vais maintenant donner la parole au
député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Le député qui vient de parler a
entamé plusieurs questions que je voulais poser au ministre.
Je vis dans le comté de Lévis depuis plusieurs
années. Je peux vous dire que, dans le temps de l'ancien gouvernement
libéral, je vous rapporte les paroles que le dépositaire
d'automobiles m'a dites, à l'effet que ce dernier avait donné des
soumissions, en bas du prix coûtant.
M. SAINT-PIERRE: En bas du prix coûtant?
M. ROY (Lévis): II n'a pas eu la soumission. Dans le temps de
l'Union nationale, il a donné des soumissions aussi...
M. JORON : En haut du prix coûtant?
M. ROY (Lévis): II n'a pas encore eu les soumissions. Les
fonctionnaires pourront me dire si c'est justifié. Depuis le nouveau
gouvernement que je ne veux pas justifier, il a fourni des soumissions avec un
profit raisonnable et il a vendu des automobiles et des camions au
gouvernement.
Les soumissions, probablement, ont été justifiées
suivant la plus basse. Je ne veux pas non plus vous blâmer, mais cela
veut dire qu'on vient de moins en moins à faire du patronage.
Au ministère de l'Education, après enquête, on a
découvert que des machines, qui servaient
dans les laboratoires pour les élèves et qui avaient
été achetées ici, au Québec, coûtaient $130
des microscopes et pouvaient s'acheter aux Etats-Unis pour $30.
Dans ce temps-là, il y avait encore du patronage. Mais je crois que, de
plus en plus, nos gouvernements vont être obligés d'emboîter
le pas et arrêter de faire du patronage. Il s'en fait peut-être
encore, dans le parti actuel, mais je veux mettre les choses au point, il s'en
fait beaucoup moins qu'il s'en faisait auparavant, ceci pour répondre au
représentant du Parti québécois qui prétend
toujours qu'il y a du patronage.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, depuis les nombreuses
années que je suis en politique, je dois vous dire que j'ai connu des
anomalies semblables dans tous les gouvernements. Moi-même, je constate
que cela n'a pas toujours été très drôle; j'ai vu
moi-même des gens qui ont soumissionné pour des contrats de
peinture en bas du prix coûtant sans avoir le contrat. De quoi cela
dépendait-il? Je ne l'ai jamais su moi-même ni du Parti
libéral ni du parti que je représente.
M. le Président, j'ai deux ou trois petites questions à
poser. J'aimerais savoir si les critères de 10 p.c. existent encore pour
encourager les produits québécois comparativement à ceux
d'autres provinces ou d'autres pays.
M. SAINT-PIERRE: Cela existe à l'Hydro-Québec. Cela
n'existe pas au gouvernement provincial. C'était un des buts de la
commission qu'on a formée, qui regroupait des spécialistes en
politique d'achat, pour nous faire des recommandations sur ce point.
M. LAVOIE (Wolfe): Prix pour prix, vous pouvez aussi bien choisir un
produit d'une autre province que de la nôtre?
M. SAINT-PIERRE: Nous allons faire un effort sérieux. Ce qui est
peut-être plus important, c'est que jusqu'ici nos critères
étaient ceux du plus bas prix. Mais où nous allons faire un
effort sérieux, c'est dans la façon dont la commande est
placée, dans les spécifications à la grandeur de la
commande. Je pense qu'il est honnête de dire qu'on tente de favoriser le
fabricant québécois. Exemple, si le fabricant
québécois a un rythme de production de 150 par année on ne
fera pas une commande pour 400 par année en disant c'est juste le gars
de l'Ontario qui est capable de fournir ça. Nous avons cette
préoccupation. Il y a en certains cas des commandes où cela peut
être très près, 1 p.c. ou 2 p.c. Parfois il faut
évaluer d'autres questions, comme la garantie de respecter un
échéancier. Enfin, il y a d'autres questions comme ça sur
la qualité de deux produits, qui ne sont pas exactement pareils. On
n'achète pas toujours des choses comme des crayons. Parfois, il y a un
jugement â porter. Je pense bien que c'est honnête de dire qu'on
essaie de favoriser le producteur québécois.
M. LAVOIE (Wolfe): Il y a une chose que je voudrais faire remarquer au
ministre et au service des achats. Y aurait-il possibilité de
vérifier les plans et devis des architectes pour que les produits qu'ils
recommandent soient des produits fabriqués au Québec ou au Canada
à comparer avec des produits américains, si vous voulez?
M. SAINT-PIERRE: Au ministère de l'Education, il y a eu une
révision des directives envoyées aux professionnels pour les
projets d'écoles. Il y était clairement spécifié
qu'on insisterait pour avoir des produits québécois. Plus que
ça, dans les devis, chaque fois, il y a une clause
générale qui indique que tout produit québécois qui
satisfait aux exigences du devis doit être accepté. Une des
difficultés, c'est que lorsque l'architecte vous arrive avec disons une
chaise, n'importe quoi qui vient d'Europe, qui peut venir de la
Colombie-Britannique, souvent, l'entrepreneur ne fait pas l'effort de dire:
Quel produit du Québec ferait à peu près la même
chose? Il prend le numéro de catalogue et c'est de l'Atlantique au
Pacifique et dans sa commande il dit: Telle chaise vient de la
Colombie-Britannique, elle va me coûter â moi $200 et il met ses
$200. S'il a la commande, il la passe.
M. LAVOIE (Wolfe): II y a un domaine que je connais très bien, la
tuile acoustique. Souvent, les architectes vont recommander une tuile
américaine faite dans le sud des Etats-Unis tandis qu'on a des produits
québécois, canadiens, qui feraient la même chose, parfois
même avec de meilleurs décibels, une meilleure acoustique. On
spécifie des produits américains qui seraient facilement
remplaçables par des produits canadiens et même
québécois, fabriqués par Domtar, CIP, et d'autres
compagnies semblables.
M. SAINT-PIERRE: Je me reporte encore une fois à l'Education,
parce que là, les architectes, les décibels, l'épaisseur,
le poids et la résistance au feu, on peut toujours mesurer ça.
Mais il y a toujours un facteur qu'on ne peut pas mesurer, c'est la
qualité esthétique du produit. Je me rappelle qu'à
l'Education il y avait quand même et j'imagine aussi qu'au service
des achats il doit en survenir beaucoup de discussions avec les
architectes pour aider les fabricants québécois sur le plan de
l'esthétique.
La tuile, pour prendre un cas d'espèce, était aussi belle
que la tuile qui était fabriquée au Nebraska. A ma connaissance,
dans bien des cas, les architectes ont coopéré.
M. LAVOIE (Wolfe): Une affaire dont je voudrais vous parler, que je
tiens bien à coeur et je me demande comment il se fait que le
ministère de l'Industrie et du Commerce ne s'en mêle pas plus
facilement c'est la question du granit. Dans notre région, on a
des industries de granit et, si le ministère de l'Industrie et du
Commerce recommandait aux architectes de mettre du granit qui,
finalement, ne revient pas plus cher avec le temps que le ciment sur certains
édifices, ça ferait vivre plusieurs industries. Je peux vous dire
qu'il y a environ 1,000 personnes de ma région qui pourraient travailler
aux carrières de granit si le gouvernement demandait aux architectes
d'en prévoir pour la construction. Dans le moment, on emploie du ciment
qui est meilleur marché à l'achat, qui n'a pas la durée du
granit et qui empêche des industries de se développer et des gens
de travailler. Cela ne prendrait pas tellement de commandes de granit pour
faire travailler les industries qu'on a dans notre région.
M. SAINT-PIERRE: A la direction générale de l'Industrie,
vous avez une section dite matériaux de construction et produits
chimiques. Il y a un dialogue constant qui tente d'identifier pour eux des
marchés. Maintenant, je suis d'accord avec vous peut-être que le
granit coûte moins cher que le béton, il y a quand même des
frais de transport assez importants. Vous pouvez construire en béton en
Gaspésie et tout ce que vous transportez c'est un sac de ciment, vous ne
transportez pas l'eau et la pierre et le sable qui va dans le béton,
alors que le granit, ce sont quand même des charges très
lourdes.
M. LAVOIE (Wolfe): II y a le complexe G. Si on avait utilisé un
peu de granit, pas tout faire l'édifice en granit, ça aurait
peut-être coûté $1 million de plus...
M. SAINT-PIERRE: Vous ne connaissez pas la structure prévue par
l'architecte pour donner force aux lignes verticales?
M. LAVOIE (Wolfe): Non, je ne la connais pas. Mais ça aurait
donné de l'ouvrage pour deux ans à toutes les carrières de
granit de ma région et ça aurait certainement fait l'affaire. La
bâtisse aurait peut-être été encore plus jolie et
ça aurait donné du travail à beaucoup de gens des Cantons
de l'Est.
M. SAINT-PIERRE: On va suggérer ça au ministère des
Travaux publics dans les édifices...
M. LAVOIE (Wolfe): Je pensais que les plans... quand on s'informe au
ministère des Travaux publics, on nous dit: C'est sous la surveillance,
les plans et devis, du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: On n'a rien à voir avec les plans.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous pourriez au moins suggérer aux Travaux
publics ou aux architectes, dans l'avenir, d'en mettre un peu aux
fenêtres ou quelque part pour encourager cette industrie qui,
actuellement, est en perte de vitesse énormément à cause
de la concurrence du béton.
M. SAINT-PIERRE: Cela a été fait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Brièvement, d'ailleurs ce ne sera pas une critique,
ça va être tout simplement au niveau des suggestions, au niveau du
service des achats. Evidemment, comme dans tout service, même si on tente
de bien faire, il y a toujours des lacunes. Quand on fait l'achat, par
soumissions publiques, d'une certaine quantité d'unités... Je
vais illustrer ma pensée et le député de Gaspé-Sud
est là. J'ai remarqué, entre autres, un cas qui était
patent, au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Par
le service des achats on avait acheté une certaine quantité de
motoneiges. La quantité devait être assez appréciable,
peut-être dix ou quinze unités. Cela avait été
acheté dans la banlieue de Québec parce que la soumission
était la plus basse. On en a transporté un certain nombre, sinon
toutes, dans toute la Gaspésie. Lorsqu'il s'agissait de
bénéficier de la garantie, ce dont toute machine a besoin,
là on allait chez les dépositaires de motoneiges mais comme le
dépositaire ne l'avait pas vendue, il disait: Ecoutez, je ne peux pas,
il y en a d'autres ici. Alors, les gardes-chasse avaient besoin de la machine
et ça faisait une journée, ça faisait deux jours,
ça faisait trois jours. Le garde-chasse partait, allait dans un garage
et faisait réparer sa machine. La garantie n'était pas
appliquée et le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche payait pour la garantie alors que leservice des achats,
lui, avait prévu d'épargner quelques sous. C'est une de ces
lacunes. Je voudrais en mentionner une autre: quand un ministère a
besoin de 7, 8, 10 milles gallons de peinture, il est dans une
municipalité peut-être de 1,000 âmes où
l'économie n'est pas très florissante. Là, les deux ou
trois marchands qui sont là, au lieu de leur demander des soumissions,
on envoie ça au service des achats qui, lui, demande, je ne sais
où, des soumissions publiques et les marchands voient rentrer des
gallons de peinture sur le marché local alors que, eux, ont besoin aussi
bien des avantages si petits soient-ils, du service des achats que les
avantages des clients de l'endroit.
Ce sont là des lacunes et c'est peut-être difficile de les
ajuster mais j'attire votre attention.
M. SAINT-PIERRE: On m'informe que pour des choses comme cela, la
politique du service des achats serait de les acheter dans les comtés
où elles sont demandées. Alors, dans bien des cas, si on nous
demande des motoneiges en Abitibi, on les prendra à l'intérieur
de l'Abitibi. La difficulté qui survient, c'est que souvent le
ministère demandera au service des achats
d'acheter quinze motoneiges pour la région de Québec, le
parc des Laurentides, etc. Après que les motoneiges ont
été achetées après des appels d'offres dans le
comté ici et dans les comtés avoisinants de Québec, le
ministère parce qu'il y a des changements de priorités, parce que
nous décidons de faire des parcs Mascouche ou autres, pour
l'accessibilité, transfère ou déplace l'équipement
de la région de Québec à la région de la Mauricie.
Il semble que, dans le cas de la Gaspésie, c'est ce qui s'est produit.
Le ministère a demandé quinze motoneiges pour la région de
Québec. Une fois que les motoneiges eurent été
achetées, quelques-unes d'entre elles ont été
placées dans la Gaspésie.
M. GAGNON: Mais je croirais qu'à ce moment-là c'est
plutôt une façon de détourner habilement le service des
achats.
M. SAINT-PIERRE: Non, parce que c'est le service des achats qui le fait
par des appels d'offres publics.
M. GAGNON: Non, parce que le ministère vous a demandé
d'aller dans tel secteur, mais quand le ministère les a, il les envoie
là ou il veut. C'est habile.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Si nous parlons de peinture et d'achat, je pense
que je m'y connais un peu parce que j'ai une besogne assez considérable,
mais le gouvernement ne m'a jamais fait vivre. Cela me fait plaisir de le dire.
Je crois que, dans toute administration publique, on doit toujours prendre les
meilleurs appels d'offres et les meilleurs marchés, les plus plus
avantageux. Parce que nous sommes ici pour administrer les biens de la
population, nous ne sommes pas ici pour administrer le marchand du coin qui est
de la Gaspésie, de Montréal, de Lauzon. Nous sommes ici pour
administrer les biens publics, nous prenons les taxes de la population pour
payer la marchandise que nous achetons. Donc, si le gouvernement a le droit,
par ses règlements, d'acheter à meilleur marché possible,
je crois que nous ne devons pas essayer de satisfaire un tel ou un tel. Je ne
parle pas d'un gallon de peinture. Mais quand il s'agit d'acheter de la
peinture pour un pont, qu'on fasse des appels d'offres et celui qui n'est pas
capable d'offrir des bons prix n'obtient pas le contrat. Il ne peut donc pas
intervenir et dire qu'il y a du patronage si l'appel d'offres a
été donné au plus bas soumissionnaire. En ce qui concerne
les meubles, j'ai des industries chez nous qui font des meubles pour les
hôpitaux et ces gens sont venus me voir assez souvent. Je n'ai jamais
recommandé que le gouvernement achète des meubles dans mon
comté pour satisfaire mon industrie parce que je crois qu'il faut que le
gouvernement s'arrange pour avoir le meilleur marché possible.
Maintenant, pour la compétition étrangère je
l'ai demandé et je l'ai dit en Chambre déjà nous
devrions demander au gouvernement fédéral d'établir des
barèmes pour qu'une marchandise étrangère, qu'elle soit du
Japon ou de n'importe quel pays dont la main-d'oeuvre est bon marché,
soit réglementée pour ne pas venir en compétition avec nos
industries du Québec. Et l'on m'a dit que le gouvernement du
Québec ne pouvait rien faire.
M. SAINT-PIERRE: C'était le gouvernement d'Ottawa.
M. ROY (Lévis): Mais je pense bien que le gouvernement du
Québec devrait intervenir auprès du gouvernement d'Ottawa pour
qu'au moins on fasse une réglementation à l'effet que nos
industries du Québec soient avantagées, vu que les salaires sont
assez élevés et qu'on demande toujours des augmentations. Vous
savez que, si on continue, nos industries du Québec diminueront et cela
ne sera pas long. J'ai chez nous des industries et il y en a à peu
près partout. Si nous ne demandons pas au gouvernement
fédéral d'établir des barèmes, eh bien, nous serons
obligés de faire comme nous faisons en ce moment, c'est-à-dire
les faire subventionner, mettre des cataplasmes sur des jambes de bois, pour
les faire vivoter encore quelques années. Et d'une année à
l'autre, ce sera à recommencer.
Je pense que, dans les circonstances, le gouvernement du Québec
devrait prendre ses responsabilités et demander au gouvernement d'Ottawa
d'agir. Dans la province de Québec, nous ne sommes pas plus fous
qu'ailleurs, nous sommes capables de produire de la bonne marchandise mais il y
a toujours la compétition des pays étrangers qui vient nous
inonder.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté? M. GAGNON:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11. Adopté? M. GAGNON:
Adopté.
Entrepôt
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2, catégorie 7. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté?
M. GAGNON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 15. Adopté?
M. LAVOIE (Wolfe): Catégorie 7, on veut savoir ce que c'est.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont simplement les ventes qui sont faites, l'achat
pour l'entrepôt, le stock du gouvernement et les ventes de
l'entrepôt à l'extérieur; les $2,500,000 reflètent
la croissance de ces demandes.
M. LAVOIE (Wolfe): Les $2,500,000?
M. SAINT-PIERRE: C'est l'entrepôt qui fournit les
ministères et les ministères repaient. La catégorie 7,
c'est simplement l'écriture comptable pour le cycle de l'entrepôt.
Voyez-vous, il y a $1,000 de différence, je m'excuse, entre les
fournitures et les imputations. Vous vendez aux ministères $2,500,000
sur une base de comptabilité et vous leur imputez $2,499,000. En
d'autres termes, c'est $1,000.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous avez une augmentation de $900,000 sur l'an
passé?
M. SAINT-PIERRE: Oui, le chiffre déroulement est plus grand, les
services sont plus grands entre le service des achats et les ministères,
à partir du stock. L'an dernier, on me dit qu'il en a manqué. Ce
sont les demandes faites pour plusieurs ministères; prenons le cas des
crayons: au lieu d'attendre d'avoir une commande dans un ministère pour
des crayons et de les placer en commande, on dit : Nos besoins de crayons sont
de tant, le ministère de l'Industrie et du Commerce place une commande
de crayons, les garde â son entrepôt. Pour placer la commande,
ça lui prend dans l'année $2,500,000, pour les crayons pour tous
les autres ministères, pour l'huile à chauffage, etc. Lorsque le
ministère place des commandes, on peut livrer immédiatement la
marchandise. Et là on dit: On va vendre à $2,499,000. Vous avez
donc $1,000 en réserve.
M. ROY (Lévis): Autrement dit, c'est une réserve dans le
stock.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous parliez tantôt de l'huile à
chauffage. C'est drôle, dans les autres ministères, chaque
ministère avait un budget pour ça?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça qu'on voit ici. C'est vrai que chaque
ministère a un budget d'huile à chauffage. Prenons un cas
d'espèce. On n'attendra pas d'avoir pour le ministère des
Affaires municipales, disons pour Gaspé, une commande de 500 gallons et
pour un autre ministère 300 gallons. Par simple planification, on voit
que si, l'an dernier, les besoins, compte tenu de la rigueur de l'hiver, ont
été de tant, l'an prochain, les besoins seront la même
chose que l'an dernier, plus disons 10 p.c. ou 20 p.c. Ce que le service des
achats fait, pour l'huile Bunkesse et toutes les autres huiles à
chauffage, il place des commandes auprès des fabricants, publiquement,
puis on a la marchandise en stock. Pour acheter ça, ça nous prend
$2,500,000. Au cours de l'année, on revend tout cela aux
ministères, d'où les imputations. Vous voyez que, dans le
sous-article 2, finalement, il y a seulement $1,000 aux crédits. Les
ministères, pour nous payer $2,499,000, doivent avoir dans leur budget
les sommes nécessaires pour l'huile.
M. ROY (Lévis): Vous ne devez pas stocker que de l'huile à
chauffage, c'est une comparaison.
M. SAINT-PIERRE: Non, ce sont surtout des fournitures de bureau et des
choses semblables, articles de librairie.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LAVOIE (Wolfe): Je ne comprends pas. Vous dites pour les fournitures
de bureau?
M. SAINT-PIERRE: Disons le papier des machines Xerox.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais pas l'ameublement?
M. SAINT-PIERRE: Non, non, pas pour des commandes suffisamment
importantes, mais des commandes qu'on peut prévoir, qui viennent en
général en petites quantités, disons le papier pour les
machines Xerox. On sait d'avance à peu près ce dont on va avoir
besoin l'an prochain. On fait le stock; dès que le ministère nous
le demande, on est capable de le livrer immédiatement, en 24 heures.
M. ROY (Lévis): M. le Président, en achetant
en assez grosse quantité, vous avez de meilleurs prix.
M. SAINT-PIERRE: C'est évident, et on donne un meilleur service.
Je vous donne un exemple, celui du papier pour les machines Xerox, on le livre
en moins de 24 heures. Si on attendait d'avoir la commande...
M. ROY (Lévis): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 15? Adopté.
L'article 8 est adopté. On revient à la page 125, l'article 9:
Subvention...
Subvention au centre de recherche industrielle du
Québec
M. SAINT-PIERRE: C'est statutaire, ça M. le Président, je
pense qu'il n'y a rien qu'on peut...
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LAVOIE (Wolfe): Attendez un peu, là. C'est statutaire dans
quel sens?
M. SAINT-PIERRE: C'est une loi votée en 1969 par le gouvernement
précédent, qui fixe ce que, à chaque année on doit
prévoir; c'est une échelle de croissance. On doit prévoir
cette année $4,500,000 pour le Centre de recherche industrielle.
M. LAVOIE (Wolfe): Ici, à Québec.
M. SAINT-PIERRE: Ici à Québec. J'ai un rapport sur les
activités du centre. Le centre est dans sa première année,
il commence à bâtir son personnel avec des ententes
fédérales provinciales, il y a une construction qui est
commencée près du complexe scientifique, le centre des secteurs
d'activité... J'avais un dépliant intéressant. Il a
été publié par le Centre de recherche industrielle...
Peut-être qu'on pourrait l'obtenir et faire parvenir une copie aux
membres de la commission. Il indique les grandes lignes, le type
d'activité qu'on a actuellement. J'ai ici un rapport plus
détaillé. On doit dire que le centre est à sa
première année de fonctionnement.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 10: catégorie 1.
Société de développement
industriel du Québec
M. LAVOIE (Wolfe): A cet article 10, je voudrais savoir ce que cela
comprend. Si le ministre veut nous donner les grandes lignes de cet
article.
M. SAINT-PIERRE: C'est la Société de développement
industriel qui a été mise sur pied par la loi votée en
avril 1971. Essentiellement on y retrouve trois programmes, peut-être
pourriez- vous reprendre dans vos notes, je vous avais remis ceci. Si vous les
avez. Il y a trois programmes: Le programme 2 A qui vise à moderniser
l'entreprise et à augmenter sa production. Cela implique des
investissements minimaux de $150,000 en des techniques modernes pour fabriquer
un produit de conception nouvelle, un produit non encore fabriqué au
Québec ou fabriqué en quantité insuffisante pour
répondre à la demande des marchés intérieurs ou des
marchés internationaux offrant des perspectives de croissance
importantes et continues. Alors la SDI peut consentir des prêts à
un taux d'intérêt préférentiel, c'est-à-dire
plus bas que le marché; elle peut prendre en charge une partie des frais
d'emprunt; elle peut construire où acquérir, louer ou vendre
à des entreprises des bâtiments industriels; elle peut garantir
d'un remboursement total ou partiel d'un emprunt négocié chez une
banque ou chez une institution bancaire. Elle peut prendre une participation au
capital-actions. C'est le programme 2 A. Alors, dans le programme 2 A du 1er
avril 1971 au 31 mars 1972, nous avons fait 19 prêts qui se totalisent
à $8,751,000; dans la prise à charge, nous avons...
M. JORON: Est-ce que vous pourriez aller un peu plus lentement.
M. SAINT-PIERRE: Catégorie 2 A, je vous l'ai donnée.
M. JORON: Oui, nous l'avons, d'accord.
M. SAINT-PIERRE: Simplement, j'ai cinq prises à charge pour un
montant de $1,162,975. Dans l'achat de capital-actions, il y en a une fois pour
$50,100. Alors le programme A assure l'expansion de l'entreprise, si
l'entreprise ne peut pas obtenir d'assistance financière des banques et
des institutions prêteuses. Je m'excuse je fais erreur. Le programme 2 B
concerne les questions de fusion d'une entreprise avec une autre pour
accroître la part du marché et moderniser les moyens de
production; il y a toute une série de gammes qui sont possibles et qui
impliquent à peu près les mêmes choses que 2 A,
c'est-à-dire consentir un prêt à un taux
d'intérêt préférentiel, les prises à charge;
garantir le remboursement, acheter les actions d'entreprises jusqu'à
concurrence de 30 p.c. du capital-actions. Dans B, nous avons eu dans le cas de
fusion, un prêt de $300,000 et un cas de prise à charge pour
$412,500. Dans 2 C, c'est l'expansion de l'entreprise lorsque celle-ci ne peut
pas obtenir de l'argent des institutions prêteuses.
Là nous avons eu 67 demandes, totalisant $5,140,300. Au total,
donc, 87 prêts dans la période d'un an pour $14,200,000; six
prises à charge pour environ $1,600,000 et une prise de capital-actions
pour $500,100. Il faut dire que la loi de la Société de
développement a été votée mais il y a une
période de transition, le
rodage, tout cela, un peu comme le Centre de recherche industrielle. Son
plein rodage va survenir dans les prochains mois, au niveau de la
publicité, nous voulons l'accroître.
Egalement, on doit dire qu'entre le moment où la loi fut
votée et actuellement, il y a quand même eu une conjoncture sur le
plan de la disponibilité des capitaux. Il y a plusieurs entreprises qui,
il y a deux ans, ne pouvaient peut-être pas trouver des capitaux qui
maintenant peuvent plus facilement être trouvés. Compte tenu d'une
situation de rentabilité elles ne jugent pas à propos de venir
à la SDI. Honnêtement, on doit dire qu'on a eu moins de demandes
qu'on ne l'avait anticipé à l'époque.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que le parc industriel de Bécancour est
inclus là-dedans?
M. SAINT-PIERRE: Non, c'est à l'article 11, on le retrouve
à la page 133. Alors, j'ai ici la division par secteurs
d'activité, vous l'avez sur votre feuille. On y retrouve essentiellement
certains projets particuliers. On retrouve par secteurs d'activité ces
prêts-là. On les retrouve également, à la page 2 que
je vous ai remise, par régions et sous-régions économiques
du Québec. On voit que, sur le montant total, le Montréal
métropolitain a quand même eu la part du lion; peut-être pas
d'une façon aussi considérable, un peu toutes les régions
ont pu bénéficier d'une certaine aide.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, on vient de tomber dans un article que
je vous avoue ne pas aimer. Nous avons combattu avec acharnement la
création de la Société de développement industriel
parce que cela ne nous apparaît pas une façon convenable, à
défaut d'un autre mot, par laquelle l'Etat peut avoir une action dans
l'activité économique. Je veux signaler très
brièvement les raisons de cela. Il y a deux sortes de cas qui peuvent se
présenter, l'établissement d'une entreprise nouvelle, d'une part,
et la modernisation, l'expansion d'une entreprise existante. Dans la
majorité des cas, évidemment, il s'agit de la deuxième
voie. La grande partie des investissements ou de l'expansion de
l'économie provient d'agrandissements ou d'expansions de l'entreprise
déjà existante bien d'avantage que de la création
d'entreprises nouvelles. Les problèmes, évidemment, ne sont pas
les mêmes dans le cas de l'établissement d'une entreprise
complètement nouvelle par rapport à l'expansion d'une entreprise
existante. Nous, nous croyons que l'Etat fait déjà très
largement sa part en subventionnant indirectement les entreprises. Parce qu'il
ne faut pas oublier une chose, quand une entreprise s'installe, il lui faut des
égouts, c'est la collectivité qui paie cela par ses taxes; il
faut de l'eau, c'est la collectivité qui fournit cela par ses taxes
aussi. Il lui faut un système de transport; s'il y a des chemins de fer,
dans la mesure où les chemins de fer seront partiellement publics en ce
pays, c'est la collectivité qui paie cela. S'il y a un aéroport
dont on a besoin pour expédier ses produits c'est encore la
collectivité qui paie cela. S'il y a un port de mer, c'est la
collectivité qui paie cela. S'il lui faut une main-d'oeuvre
entraînée, c'est la collectivité qui l'a payée en
finançant son système d'éducation. S'il lui faut une
main-d'oeuvre qui est en santé, à défaut d'un autre terme,
ce sont encore les taxes. S'il faut des routes c'est encore une dépense
publique.
On n'a jamais essayé de calculer quel était l'apport
public à une entreprise, sous toutes ces formes indirectes. Nous pensons
que ça représente déjà un montant
considérable. Les entreprises existantes se financent, la plupart du
temps, par autodéveloppement, par des sources internes,
c'est-à-dire par des profits accumulés puis des réserves
d'amortissement qui sont essentiellement des fonds issus des consommateurs. En
plus, les entreprises empruntent dans les institutions financières
où le public a déposé son épargne. Par-dessus tout
ça, toutes ces contributions de la collectivité, soit à
travers ses épargnes que gèrent les institutions
financières, soit à travers toute l'infrastructure à la
base que l'Etat fournit à l'entreprise, on en arrive pardessus tout
ça à faire des prêts ou des subventions, même des
prêts sans intérêt.
On avait signalé à l'époque que c'était au
point où ça remettait en cause la justification même de
l'entreprise privée. A partir de quel raisonnement peut-on
prétendre que le gars qui a le capital-actions doive conserver 100 p.c.
du contrôle d'une entreprise, quand, à toutes fins pratiques, il
n'a quasiment pas mis un cent dedans? C'est pourquoi, nous, la formule de la
Société de développement industriel, nous n'y croyons pas.
Nous pensons que, si l'Etat; si les contribuables ont de l'argent à
mettre dans les entreprises, ça doit se traduire par une part de
propriété. Je signale juste en passant, et je vais avoir une
question là-dessus, que sur les 87 cas qu'a traités la SDI, au
cours de la dernière année, il y a eu une seule prise de
capital-actions sur 87. Cela nous apparaît absolument aberrant. Je disais
que la plupart du temps il s'agissait de financer l'expansion d'une entreprise
déjà existante, la moderniser, ainsi de suite. Nous, nous pensons
qu'à cet égard la façon serait de fournir de l'assistance
technique davantage que du capital à l'entreprise.
Il faut bien considérer une chose, il y a un point fondamental
d'abord. Est-ce que l'Etat a besoin de financer le développement des
entreprises? Si le gouvernement actuel croit à l'entreprise
privée, au système capitaliste, au système de concurrence
est-ce que ce n'est pas aberration dans un sens que de remplacer le jeu de la
concurrence par des prêts, par des injections de capital de l'Etat? Si
une entreprise ne se modernise pas, qu'est-ce qui arrive?
Elle va faire faillite et c'est son concurrent qui va prendre sa place.
La motivation est là de se moderniser, de se regrouper et de se
fusionner. On ne voit pas pourquoi les contribuables devraient en faire les
frais. Surtout quand il s'agit de la modernisation ou de l'expansion de
l'entreprise. Souvent quand une entreprise a besoin de prêt ou
d'asssistance, c'est peut-être qu'elle est rendue non concurrentielle,
parce qu'elle a retardé à ouvrir des nouveaux secteurs, à
renouveler sa machinerie et ainsi de suite. Je ne vois pas pourquoi des fautes
qui sont peut-être des fautes d'administration des entreprises en
question seraient payées par les contribuables. Il ne faut pas, à
ce moment-là, leur donner de l'argent, mais leur donner de l'assistance
technique qui fera qu'elles ne se mettront jamais dans cette situation d'avoir
besoin de recourir aux fonds collectifs, aux fonds de la collectivité
par la SDI.
Telle est, en quelques mots, notre objection fondamentale à des
sociétés de ce genre-là. Cela nous parait
complètement passé de mode. Quand on en arrive à des
questions plus précises du ministre je m'excuse auprès de
lui, parce que je n'ai pas eu le temps de passer à travers tous les
documents qu'il nous a remis l'autre jour je voudrais lui demander s'il
a le nom des entreprises concernées et le nom des 87 cas. Le montant et
la forme de prêts, dans chaque cas, se retrouvent dans les documents que
vous avez remis.
M. SAINT-PIERRE: II faut dire que le rapport financier de la SDI,
suivant la loi, va être déposé. Ici, j'ai une liste de
noms.
M. JORON: Est-ce que le rapport financier va contenir les noms?
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai aucune objection.
M. GAGNON: Vous n'avez pas un rapport des activités?
M. SAINT-PIERRE: C'est parce que les douze mois ne sont pas
terminés. La loi prévoit un minimum de douze mois. Le premier
rapport n'est pas publié, mais on l'indique dans des communiqués
de presse. Vous nous reprochez même d'en faire trop souvent! Ici, j'en
ai. Cela ne me fait rien de faire tirer des photocopies.
M. JORON : Vous avez les 87 cas en question?
M. GAGNON: Je ne sais pas s'il ne serait pas bon, pour une fois, que la
SDI essaie de faire coïncider son année d'activité avec
celle du ministère. Vous pourriez fonctionner cinq, six, sept ou huit
mois quitte à ajuster, après cela, au ministère, pour
avoir les rapports.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Le 31 mars.
M. GAGNON: Avant que le ministre réponde au député,
j'aurais quelques remarques à faire. J'ai écouté le
député avec beaucoup d'attention. Il a parlé,
évidemment, de la non-utilité de la SDI. Etant donné que
j'ai une expérience comme gérant de banque, je crois que, dans
l'aspect théorique des choses qu'il a dites, cela a certainement du
sens. Mais, dans l'aspect pratique, il faut voir autrement. D'abord, les
entreprises sont appelées, lorsqu'elles veulent se construire, à
payer elles-mêmes des services d'aqueduc et d'égout. En vertu de
leurs règlements, les villes et les municipalités ne
dépassent pas certaines limites de rue, ce qui impose, aux industries,
de parcourir parfois 1,000 à 5,000 pieds avec des services d'aqueduc et
d'égout. Et le coût de ces constructions de service est
entièrement à leurs frais.
Il y a également l'apport du gouvernement. On dit que parfois, il
n'y a pas de capital-actions. Cela dépend. Il peut y avoir du
capital-obligations.
M. JORON: Mais cela ne donne pas le droit de vote. Cela ne donne pas le
contrôle.
M. GAGNON: Non, cela ne donne pas le contrôle; d'accord. Il y a
des gens qui vont émettre des obligations. D'ailleurs, c'est
autorisé par les lois.
On émet des obligations, les personnes qui les achètent
sont libres de les acheter, en passant par la mesure du courtier. Dans bien des
cas, ce sont des entreprises où peut-être deux ou trois personnes
se réunissent pour partir une entreprise. Ce ne sera pas une entreprise
de $100 millions, il y a un point de départ mais, à ce
moment-là, ça prend du financement et on ne peut pas se baser sur
le capital-actions pour dire: Voici, c'est une entreprise qui n'a pas mis
d'argent. Cela ne veut rien dire. Elle est peut-être allée sur le
marché d'obligations pour $5 millions, la SDI a peut-être
contribué pour $1 million, mais elle a tout de même 80 p.c. du
financement à l'intérieur.
Alors, le capital-actions ne veut rien dire par rapport à
l'apport que l'entreprise doit mettre dans sa propre entreprise. Seulement, le
capital-actions permet une chose, il permet d'être sur le marché
de la bourse. C'est une chose sur laquelle on ne peut pas nécessairement
se baser.
En ce qui concerne une entreprise qui péréclite.
Evidemment, il y a bien des facteurs là-dedans. Je dirai que ça
ne s'applique pas toujours parce que la machinerie est trop vieille, que
technologiquement on ne répond pas. Prenons les industries de
l'automobile qui se sont établies au Québec il y a deux, trois ou
quatre ans, j'imagine qu'elles sont parfaitement bien organisées sur le
plan technique, sur le plan de l'automatisation, à tout point de vue, ce
sont des industries qui sont neuves. Cela dépend des marchés, de
la possibilité de vendre la production, mais qu'elles ne restent pas en
cours pendant quatre mois, cinq mois, six mois ou huit mois, à des taux
d'intérêt très élevés.
Lorsqu'une entreprise se présente aux institutions bancaires
ça existe toujours peu importe l'entreprise il y aura
toujours des emprunts temporaires à faire. Alors, la banque, la
première condition, ce n'est pas la technique dont on a besoin quand on
veut partir une entreprise, c'est la disponibilité financière.
Quelle est la personne qui va dire: Moi, je veux avoir tout le personnel
technique autour de moi et, après ça, je verrai si j'ai besoin
d'argent. La première condition sine qua non c'est de dire: Est-ce que
je peux disposer de crédits, d'argent qui me permettra d'avoir le
personnel technique qui va m'entourer, faire une étude et dire:
Là, je suis capable d'y aller.
Comme point de départ... primo, les sommes disponibles â
cette fin; secundo, le service technique; tertio, les disponibilités du
marché. Et c'est pour ça que, tout de même, je pense que la
société qui relève du ministère de l'Industrie et
du Commerce, la SDI, a joué un rôle jusqu'à présent
qui a démontré son utilité, qui a démontré
qu'elle a rendu service à l'industrie, qu'elle a participé
â l'organisation de nouvelles industries et que, si elle a
été créée, c'était que les industriels en
avaient besoin.
C'était que les gens qui pouvaient faire quelque chose pour
l'économie, qui pouvaient participer en bâtissant quelque chose,
en avaient besoin. Suivant ce que le ministre a dit tout à l'heure, les
résultats ont été excellents. Cela ne veut pas dire que la
loi ne pourrait pas être modifiée pour l'adapter à une
autre époque. Cela ne veut pas dire qu'un jour elle ne tombera pas en
désuétude, par des considérations économiques ou
autres. Mais cela veut dire que, dans le contexte actuel, la SDI a joué
un rôle tout à fait merveilleux et peut-être au-delà
de ce qui avait été prévu lors de sa création.
M. SAINT-PIERRE: Le but de la SDI était de changer la structure
industrielle du Québec. Je pense à la nature des prêts en
particulier, tout l'ensemble du programme 2A qui est quand même
très important. Ces prêts ont permis de fabriquer des produits qui
n'étaient pas fabriqués au Québec auparavant dans les
industries de pointe. Vous me permettrez seulement, en trois points, de
répondre aux propos du député de Gouin. Vous disiez que,
finalement, indirectement, nous apportons beaucoup à l'industrie. C'est
la société qui contribue à former la main-d'oeuvre, qui
paie les égoûts, l'aqueduc. Je ne sais pas quelle économie
le député de Gouin a à l'esprit. Qu'on parle de la France,
de la Grande-Bretagne, du Chili ou de la Russie, dans toutes ces
économies, on retrouve exactement la même chose. C'est un des
rôles de la société de préparer ces choses. C'est
beaucoup plus au régime de taxation qu'il faudrait s'en prendre
qu'à autre chose. Or, le régime de la taxation au Canada
indiquait clairement que, jusqu'à très récemment, dans le
Québec, l'impôt sur les compagnies était quand même
substantiellement plus élevé que dans d'autres pays. Nous n'avons
qu'à regarder dans d'autres pays. C'est dommage, j'avais un rapport
récemment pour l'industrie des pâtes et papier, concernant ce qui
est fait pour cette industrie dans les autres pays. C'est réellement
renversant. Des pays comme la France, la Suède, certains pays paient 100
p.c. des dépenses d'investissement. Des pays exemptent des taxes pour
dix ans. Or, les programmes du Québec ne me semblaient pas
extrêmement généreux dans ce secteur. Prenons deux
exemples, parce que le député a dit que nous faisons un mauvais
choix, parce que notre partenaire est l'entreprise privée, qu'il
faudrait contrôler le capital-action.
Je ne voudrais pas critiquer les décisions mais prenons des
faits, des exemples récents. Prenez le cas de Sogefor et prenez ce que
la SDI a fait. Qu'est-ce que nous coûte la SDI en déboursés
directs? Je ne parle pas des prêts qui nous sont remboursés. En
déboursés directs, cela nous coûte tout au plus cette
année environ $300,000. Qu'est-ce qu'elle a permis? Sûrement, ces
gens sont venus voir la SDI parce qu'ils ne pouvaient pas se financer autrement
ou n'étaient pas capables d'obtenir des prêts.
M. JORON: Vous nous dites que la SDI nous a coûté $300,000.
Je conçois que souvent elle fait des prêts mais dans la mesure
où le prêt est inférieur au taux du marché, il y a
un manque à gagner. C'est ce que vous avez évalué.
M. SAINT-PIERRE: A peu près $300,000. Mais avec ces $300,000, il
y a des entreprises qui ont créé 400 nouveaux emplois et nous
avons soutenu parce que dans certains cas la modernisation était
essentielle pour garder le niveau d'emploi à peu près un
millier d'emplois avec $300,000. Prenons l'autre cas, qui est la voie que vous
me suggérez lorsqu'on s'est lancé dans Sogefor. Inutile de dire
qu'on a, par une loi, effacé un déficit de $5.6 millions. Avec
$5.6 millions qu'on a donnés, qu'est-ce qu'on a créé?
Aucun nouvel emploi.
M. JORON: Bien oui, mais vous avouerez...
M. SAINT-PIERRE: Bien oui, mais je prends des cas.
M. JORON: Vous choisissez à votre guise un exemple que...
M. SAINT-PIERRE: Voulez-vous m'en donner un autre?
M. JORON: Qu'est-ce qu'on a créé avec
l'Hydro-Québec en fait d'entreprise d'Etat, à titre d'exemple?
Vous prenez une entreprise d'Etat qui a mal marché et vous
bâtissez tout un exemple théorique à partir...
M. SAINT-PIERRE: Je vous parle de secteur industriel.
On n'est pas capable de finir?
M. GAGNON: Non, et on en a encore pour au moins trois quarts d'heure,
une heure, sur les parcs industriels.
UNE VOIX: Ah oui! plus que trois quarts d'heure.
M. GAGNON: Je ne voudrais pas faire...
M. JORON: II y a la SGF dont on a dit qu'on parlerait à la toute
fin...
M. LE PRESIDENT: Alors, on ajourne à... UNE VOIX: Sine die.
M. JORON: Bien, sine die, il faudrait le savoir.
M. SAINT-PIERRE: Non, je m'excuse, sur la SGF, avant d'ajourner, est-ce
qu'il est possible de savoir la SGF c'est un dossier quand même
fort volumineux le type de question qui vous préoccupe pour qu'on
puisse mieux se préparer?
M. JORON: Bien, entre autres, qu'est-ce que vous avez l'intention de
faire avec elle? Ensuite le comité DeCoster, voir son rapport...
M. GAGNON: Quelles sont les lois qu'on prévoit, les
amendements?
M. JORON: C'est ça. Enfin, nous voudrions vous dire ce que nous
en pensons, nous aussi.
M. SAINT-PIERRE: Mais un point que je voulais soulever, est-ce qu'avec
la SGF vous voulez entrer dans le détail d'investissements ou de
décisions individuelles?
M. JORON: Qu'est-ce que vous voulez dire par là?
M. SAINT-PIERRE: La vente de ci, puis l'achat de telle autre compagnie,
puis Stuart et des choses comme ça.
M. JORON: Je voudrais poser des questions au sujet de Stuart, par
exemple, et des choses semblables.
M. GAGNON: II est bon d'avoir des dossiers. M. SAINT-PIERRE:
Parfait.
M. LE PRESIDENT: Alors, la commission ajourne ses travaux à
mardi, dix heures. C'est ce qu'on m'a annoncé tantôt et c'est le
consentement de la commission.
M. JORON: M. le Président, je ne le sais pas, mais avant que les
gens s'en aillent, étant donné que c'est fête lundi et que
certains vont se trouver à rentrer à Québec lundi matin,
je ne sais pas ce que le ministre en pense, mais ceux qui viennent de loin,
là...
M. LE PRESIDENT: Je ne sais pas ce qu'on a annoncé en Chambre,
actuellement, ce serait peut-être plus prudent d'ajourner sine die et de
s'en remettre carrément à la décision de la Chambre.
Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 4)
Séance du mardi 23 mai 1972
(Dix heures vingt-cinci minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Société de développement
industriel du Québec
M. LE PRESIDENT: Lorsque nous avons ajourné vendredi, nous en
étions à l'étude de l'article 10 et la parole est au
député de Gouin.
M. JORON: Je voudrais demander au ministre s'il a demandé des
avances au ministre des Finances pour remplir les coffres de la SDI? Et d'autre
part, les obligations exemptes d'impôt que permet la loi, le bill 20, il
n'y en n'a pas eu, évidemment, mais en est-il question?
M. SAINT-PIERRE: Jusqu'ici nous avons simplement utilisé les
fonds qui étaient disponibles à l'Office du crédit
industriel et qui ont été transférés. Nous n'avons
eu besoin ni du ministère des Finances ni d'émission
d'obligations industrielles. Ce n'est pas impossible qu'au cours de la
prochaine année ce soit nécessaire.
M. JORON: Une émission d'obligations ne peut se faire qu'à
compter de quel montant à peu près? Je veux dire, on va sur le
marché pour $3 millions j'imagine, pour $7 millions?
M. SAINT-PIERRE: Un minimum de $5 millions.
M. JORON: On ne peut pas prévoir qu'au cours du prochain exercice
les besoins de fonds seraient tels qu'ils inciteraient à aller sur le
marché?
M. SAINT-PIERRE: Non, à moins que la demande de prêts soit
beaucoup plus forte.
M. JORON: Suscitez-vous cette demande? C'est une question que je me suis
toujours posée: Courez-vous après des gens pour leur prêter
ou si la SDI a un rôle passif d'attendre qu'on vienne frapper à sa
porte?
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'au début il y a une période
de rodage, même sur le plan de la publicité. Sûrement qu'au
cours des douze prochains mois on va faire davantage. Mais, il y a toujours le
danger, si on fait une trop forte publicité, de ne pas avoir un
mécanisme rodé pour faire face à la demande et
créer une impression défavorable au départ.
Mais, maintenant que cette période de rodage est terminée,
au cours des prochains mois nous avons l'intention d'accroître la
publicité et peut-être de susciter, dans des situations diffici-
les, de provoquer la demande dans certains cas, si elle est
justifiée.
M. JORON: J'aurais une autre question...
M. SAINT-PIERRE: Les délégués régionaux
peuvent jouer un rôle.
M. JORON : Au moment où on avait discuté le bill 20 en
Chambre, le Parti québécois avait suggéré un
amendement qui visait à poser une condition: pour qu'une entreprise
puisse bénéficier d'un prêt, elle devra s'engager d'une
façon formelle, qui n'a jamais été définie
très précisément, à faire du français la
langue de travail. A titre d'exemple: On pourrait ajouter évidemment
d'autres conditions qui pourraient s'appliquer si le cas se présente: la
lutte contre la pollution, par exemple. On pourrait même prévoir
le pourcentage de Québécois dans les cadres intermédiaires
ou supérieurs, quand il s'agit d'une entreprise étrangère,
et ainsi de suite.
A l'époque, le ministre Lévesque n'avait pas voulu
inscrire une telle clause dans la loi mais il avait dit quand même: Quand
viendra le temps de faire les règlements, il y aura toujours moyen
d'intégrer des conditions semblables. Je voudrais demander si de tels
règlements existent, s'il a l'intention d'en faire. D'autre part, s'il
n'y en a pas, est-ce que, dans la pratique, pour ces 87 entreprises qui ont
communiqué avec la SDI au cours du dernier exercice sans que cela
en soit fait une condition expresse, si cela ne l'a pas été
ces sujets ont été discutés à chaque fois
avec les emprunteurs?
M. SAINT-PIERRE: Les règlements ont été
publiés dans la Gazette officielle. Ils touchent à la fois les
définitions, les classifications de demandes, les formes d'aide, les
mécanismes. Ils ne touchent pas le point soulevé par le
député de Gouin. Nous n'avons pas l'intention, dans le contexte
sectoriel des prêts à l'industrie, d'inclure de telles
formules.
Dans les prêts que nous avons consentis jusqu'ici, dans les
demandes qui ont été acceptées, dans la formule 2-C,
c'est-à-dire les prêts à l'entreprise, soit les $5
millions, environ 85 p.c. à 90 p.c. sont essentiellement des entreprises
dont les Québécois seraient à la fois les
propriétaires, les actionnaires et les cadres supérieurs.
Dans les entreprises 2-A, à haute technologie, c'est environ
50-50. Il y a évidemment les prédominances de certains
prêts à des compagnies multinationales.
M. JORON: M. le Président, j'aimerais entendre l'opinion du
ministre, puisque le gouvernement avait dit qu'il bâtirait sa politique
de "français, langue de travail", qui, je le rappelle, était un
de ses engagements électoraux. Il devait la bâtir sinon par une
loi générale qui devait venir plus tard après la
commission Gendron, du moins dans les faits. Il devait commencer à
travailler en la bâtissant pièce par pièce, au fur
et à mesure qu'une occasion se présentait et lui permettait de le
faire.
Je pense que l'Etat québécois, à même les
deniers des contribuables québécois, quand il fait un prêt
à quelqu'un, a l'occasion belle pour exiger une chose semblable.
J'aimerais savoir si le ministre est d'accord sur cette proposition.
M. SAINT-PIERRE: C'est une approche à un problème qui est
réel et complexe. C'est une approche à la pièce. Je
reviens sur les propos tenus par M. Lévesque. Il me semble que toute la
politique linguistique, on ne peut en avoir des bribes dans un secteur
donné sans avoir une complémentarité. C'est une approche
beaucoup plus globale qui touche l'affichage, le français dans les
conventions collectives, enfin qui touche une foule de mesures. Je
préférerais attendre la commission Gendron pour...
M. JORON: Elle ne sera donc pas bâtie pièce par
pièce, mais il faudra attendre la législation
générale.
M. SAINT-PIERRE: Elle peut être bâtie, pièce par
pièce, dans les législations pour autant, soit par un
énoncé de principe, soit par une décision au niveau des
principes retenus, qu'on sache exactement quel est l'ensemble du panorama, sur
le plan linguistique.
M. RUSSELL: M. le Président, une question très simple.
J'aimerais savoir, d'une façon plus précise, si la SDI a, depuis
un an, changé sa façon de mesurer la valeur d'un prêt ou si
elle maintient la politique rigide qu'elle avait établie au début
en vue de s'assurer que, lorsqu'elle prêtait à une compagnie,
celle-ci n'avait pas besoin d'argent.
M. SAINT-PIERRE: Les exigences pour obtenir une aide financière
n'ont pas changé. Ces exigences sont mentionnées à
l'article 206 des règlements: "Pour obtenir une aide financière,
l'entreprise manufacturière doit, notamment, établir: "a) que les
mises de fonds des actionnaires ou propriétaires sont suffisantes; "b)
que sa direction possède la compétence requise pour la
réalisation des fins de l'entreprise; "c) que ses perspectives
financières sont adéquates pour permettre le remboursement de
l'assistance financière dans un délai raisonnable; "d) que les
garanties offertes assurent une protection valable; "e) qu'elle possède
des possibilités de croissance qui puissent contribuer à l'essor
économique d'une région du Québec."
Alors, lorsqu'un prêt n'est pas accepté, c'est qu'en
général une de ces conditions n'a pas été remplie
dans l'esprit de ceux qui ont à porter un jugement humain, qui reste
susceptible d'être faux à l'occasion. Mais ces gens, à tous
les niveaux, incluant celui du ministre, ont ces critères devant
eux.
M. RUSSELL: M. le Président, je n'avais accusé personne
qui, humainement, a à porter un jugement, de mal faire son travail.
Evidemment, nous avons chacun notre spécialité, notre
mentalité et nous appliquons certainement ces règlements suivant
notre jugement, au meilleur de notre connaissance.
Actuellement, je pense bien que la personne, qui peut remplir ces
conditions, n'a pas besoin de la SDI pour obtenir un prêt ou une aide
financière pour établir une industrie dans le Québec, pas
plus qu'ailleurs. Donc, cela devient, à mon sens, un organisme
inutile.
M. SAINT-PIERRE: Pourquoi?
M. RUSSELL: Lorsqu'on remplit les conditions que nous impose la SDI, il
est facile d'obtenir un prêt par l'entreprise privée ou tout autre
organisme financier qui existe au Québec actuellement. L'argent n'est
pas rare. Il s'agit des conditions. Je croyais, au début, que la SDI
serait un organisme qui travaillerait à tâcher d'aider le
développement industriel dans des conditions qui sont un peu hors de la
normale.
Mais je vois, par la réglementation, et probablement par la
façon dont les fonctionnaires sont obligés d'appliquer cette
réglementation, qu'elle ne peut rendre service qu'à ceux qui sont
hautement qualifiés. Ainsi, l'Alcan, si elle voulait avoir un
prêt, pourrait facilement l'obtenir de la SDI. Je pense qu'elle pourrait
facilement l'obtenir ailleurs aussi.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais les 87 qui ont obtenu des prêts, en
particulier... L'Alcan n'a pas obtenu un prêt, mais un
dégrèvement fiscal en vertu de 2a.
M. RUSSELL: M. le Président, on est rendu à ce stade,
actuellement...
M. SAINT-PIERRE: Un instant, je voudrais vider l'autre question que vous
soulevez.
M. RUSSELL: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Effectivement, ceux qui ont obtenu des prêts,
soit 19 en vertu de 2 a, un en vertu de 2 b et 67 en vertu de 2 c, s'ils ont eu
quelque chose de la SDI, c'est parce que la SDI remplissait un rôle
complémentaire aux institutions financières ordinaires.
Deuxièmement, je trouve que c'est un peu dangereux. Je ne sais pas
lequel des critères vous semble trop sévère ou trop
rigide. Est-ce que c'est la rentabilité? Est-ce que la SDI doit
s'aventurer à commencer à financer des entreprises qui, au
jugement, semblent non rentables? Doit-on avancer des fonds lorsque les
actionnaires n'en avancent pas, lorsque les propriétaires n'en avancent
pas? Où s'arrête-t-on dans une telle perspective?
M. RUSSELL: Je suis bien d'accord avec le ministre lorsqu'il dit ou veut
laisser croire que la SDI ne devrait certainement pas avancer d'argent à
une industrie qui annonce d'avance qu'elle ne peut être rentable. Mais il
y a certainement des industries qui peuvent être rentables et qui ne
remplissent pas nécessairement les autres conditions, mais qui,
économiquement, peuvent réellement aider le Québec. Je
pense que la SDI pourrait peut-être, à ce moment, faire un effort
additionnel en ayant d'autres exigences qui lui donneraient une garantie, ce
qui pourrait permettre à une industrie de fonctionner, plutôt que
de faire ce qu'on a fait dans bien des cas, soit aider à financer des
entreprises qui pouvaient sembler rentables mais qui devenaient des
concurrentes directe pour une entreprise qui avait elle-même grandi petit
à petit, par ses propres moyens, de peine et de misère.
Aujourd'hui, on arriverait avec un organisme pour l'aider à se financer,
comme toute autre entreprise privée a pu le faire, parce que si on a
rempli les conditions de la SDI, on a pu avoir un prêt de n'importe quel
organisme de prêteurs. On stimule donc le développement industriel
dans un domaine qui devient très concurrentiel et elle crée quoi?
Le chaos dans la production ou un surplus de production dans la province
même. Cela arrive dans bien des cas. Ou tend à prêter des
fonds à des entreprises aussi valables que l'Alcan ou d'autres
semblables. Je pense qu'à ce moment, on ne sert pas les fins que je
croyais qu'on voulait atteindre lorsqu'on a créé cet organisme
qu'on appelle la SDI.
C'est une chose qui paraît bien et qui ferait une belle photo,
mais, au point de vue de la rentabilité en ce qui concerne le
développement industriel dans la province, elle joue un rôle
très banal, comme tout autre organisme prêteur dans la
province.
M. SAINT-PIERRE: Que recommandez-vous?
M. RUSSELL: II y a d'autres compagnies prêteuses au Québec,
actuellement, que le ministre connaît. Les banques à charte font
des prêts à des industries. Donc, si une compagnie rencontre les
conditions que vient d'énumérer le ministre, elle n'a nullement
besoin de la SDI pour obtenir des montants pour fonctionner. On peut avoir
ça de tous les organismes qui font un commerce de prêter de
l'argent. Donc, qu'est-ce qu'elle fait, la SDI? Elle joue un rôle
complètement inutile.
M. SAINT-PIERRE: Elle a sûrement joué un rôle avec
les 87 entreprises qui, dans l'espace...
M. RUSSELL: Mais ces 87 entreprises auraient pu l'obtenir ailleurs, si
elles remplissaient les conditions. S'il y a une de ces industries-là
qui ne pouvait pas l'obtenir ailleurs, j'aimerais avoir son nom.
M. SAINT-PIERRE: Nous pourrions reprendre les cas dossier par dossier,
mais je pense que, parmi les 87 entreprises qui ont obtenu des prêts, il
y en a qui, autrement, n'auraient pas pu en obtenir.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre ou ses fonctionnaires pourraient
donner un nom?
M. SAINT-PIERRE: Normalement, un peu comme pour les autres institutions
financières, sur 2A, 2B, puisque ça implique des
dégrèvements fiscaux et autres, on ne mentionne pas les noms,
mais sur 2C je vais en mentionner un. Il s'agit des entreprises qui sont dans
les régions éloignées, avec une machinerie
spécialisée qui n'a une valeur de garantie que si l'entreprise
subsiste. Je vais donner un cas, disons Tricot Excel à Mont-Joli qui a
obtenu $700,000 de prêt.
M. VINCENT: A quel taux d'intérêt.
M. SAINT-PIERRE: A peu près à 10 p.c. Mais il faut bien
voir qu'à Mont-Joli, c'est $700,000 pour achat de machinerie
spécialisée dans une entreprise qui fait des bas-culottes. Or, la
valeur réelle de $700,000 ne représente une véritable
garantie pour le prêteur que si on peut en disposer facilement. Or,
disposer facilement de la machinerie à Mont-Joli dans un tel domaine, ce
n'est pas la même chose qu'à Montréal. C'est une entreprise
qui n'aurait pas pu obtenir ce prêt-là des institutions
ordinaires.
M. VINCENT: Comme la Banque d'expansion industrielle.
M. SAINT-PIERRE: Elle ne l'aurait pas fait.
M. RUSSELL: M. le Président, on pourrait peut-être
étendre l'exemple que vient de donner le ministre à d'autres
entreprises qui font exactement la même production dans le
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais vous avez ouvert tantôt un dossier.
Vous parlez de concurrence. On est dans un régime d'entreprises
privées.
On est assez taxé d'être les complices de ces derniers pour
dire que ça prend une certaine concurrence. C'est évident que
dès qu'il y a une nouvelle entreprise, ça oblige les autres
à rechercher de nouveaux marchés. Mais dans le cas du Tricot
Excel, pour n'en citer qu'une plus de 70 p.c. de sa production va à une
compagnie d'Angleterre.
M. RUSSELL: M. le Président, quelle est l'immobilisation totale
de Tricot Excel à Mont-Joli?
M. SAINT-PIERRE: Deux millions.
M. RUSSELL: Deux millions et là-dessus on a prêté
$700,000.
M. SAINT-PIERRE: Deux millions c'est le total de l'actif incluant les
disponibilités. On a prêté, nous, $700,000 sur les
immobilisations qui peuvent être de $1,200,000.
M. RUSSELL: Et on prétend qu'on ne pouvait pas avoir ce
financement-là ailleurs?
M. SAINT-PIERRE: Non. A cause de la nature spécialisée de
l'entreprise dans une région éloignée.
M. RUSSELL: La compagnie en exploitation dans le Québec ici,
Burlington Mills, qui fait exactement le même genre de travail, aurait
peut-être ouvert une succursale à Mont-Joli si elle avait eu les
mêmes avantages, les mêmes prêts, à la demande du
gouvernement.
M. SAINT-PIERRE: Mais on va le voir si c'est vrai, parce que justement
le Tricot Excell a des difficultés dans le moment qui ne sont nullement
dues à la SDI mais plutôt à la direction même de
l'entreprise. Justement, on demande à Burlington Mills d'acheter l'actif
de Tricot Excel dans des conditions un peu exceptionnelles, parce que
l'entreprise est en difficulté, donc à pris de rabais. Là
on pourra voir si véritablement ce que vous avancez est vrai.
J'espère que c'est vrai.
M. RUSSELL: On pourrait peut-être faire faire la
négociation par le ministre. C'est justement un exemple qu'on doit
mesurer parce que Tricot Excel, malgré l'installation qu'elle a fait
là, peut-être dans des circonstances qu'on prétend
anormales, devient une concurrente directe de Burlington Mills. Burlington peut
les écraser, opérer à perte sur tous ses moulins ici
à Québec, parce qu'elle possède 110 ou 112 industries dans
le monde et elle peut facilement écraser un concurrent si elle veut le
faire. D'ailleurs, elle l'a fait à certaines reprises.
Donc, je pense qu'on aurait eu avantage peut-être à
demander à cette compagnie-là, qui avait une main-d'oeuvre
disponible, de venir s'installer dans cette région-là, pour
donner du travail, peut-être qu'on aurait réussi à
l'obtenir, plutôt que de tenter d'imposer la concurrence. Et je reviens
à ceci...
M. SAINT-PIERRE: Le député de Gouin ne prête pas
attention à votre suggestion mais, si on y donne suite, n'avons-nous
pas, nous aussi, une préoccupation de tenter dans la région de
Mont-Joli, là où on est capable d'assurer avec succès la
rentabilité de l'entreprise...
M. RUSSELL: M. le Président, je pense que le ministre pourrait
craindre certains partis politiques, certaines idéologies, certaines
personnes qui ne pensent pas comme lui, mais ce n'est pas son rôle. Son
rôle est de s'assurer qu'il y ait un développement industriel
équilibré aussi équita-blement que possible dans le
Québec, à l'avantage des Québécois,
indépendamment de ce que pensent certaines personnes,
indépendamment de ce que je peux penser moi-même.
M. SAINT-PIERRE: A chance égale de rentabilité à
long terme, je préfère favoriser les Québécois.
Là, je vais rejoindre le député de Gouin. C'est ce qu'on a
essayé de faire à Tricot Excel. Il y avait toutes les raisons au
monde pour que l'entreprise se développe.
M. RUSSELL: Qui était le contrôleur des actions de Tricot
Excel à Mont-Joli?
M. SAINT-PIERRE: Un M. Dandonneau. M. RUSSELL: Le contrôleur
Dandonneau?
M. SAINT-PIERRE: Qu'est-ce que vous voulez dire par contrôleur?
Propriétaire des actions?
M. RUSSELL: Le propriétaire des actions, celui qui a le
contrôle absolu.
M. SAINT-PIERRE: M. Dandonneau. M. RUSSELL: Dandonneau qui est...
M. SAINT-PIERRE: Qui est un homme d'affaires de Mont-Joli.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il est expérimenté dans cette
ligne?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais c'est un innovateur, c'est là que les
bas-culottes ont commencé à exister dans le monde, à
Mont-Joli. C'est vrai. C'est une entreprise qui, il y a deux ans, faisait $1
million de profit. Elle avait un chiffre d'affaires d'à peu près
$8 millions. C'était une entreprise qui avait des perspectives plus
intéressantes que Burlington Mills. Il y a eu des accidents de parcours
qui n'avaient rien à faire avec le prêt de la SDI. C'est pour cela
que je ne suis pas d'accord avec vous pour dire que le rôle de la SDI est
de rechercher Burlington Mills et dire: Venez établir une filiale
à Mont-Joli. Autant j'hésiterais à le faire...
M. RUSSELL: M. le Président, ce n'est pas le rôle de la
SDI, c'est plutôt celui du ministre. La SDI n'a pas affaires à
courir les industries.
M. SAINT-PIERRE: Ni le rôle du ministre.
M. RUSSELL: La SDI, autant que je sache, est une société
prêteuse dans le domaine industriel.
M. SAINT-PIERRE: Dans le développement industriel.
M. RUSSELL: Ce n'est pas elle qui va courir les industries et dire:
Venez, on va vous prêter de l'argent. C'est le ministre ou les
fonctionnaires du ministère qui ont ce rôle de créer un
certain stimulant pour développer l'industrie dans la province.
M. SAINT-PIERRE: Tantôt, vous avez mentionné qu'au lieu
d'établir une nouvelle forme de concurrence pour les entreprises
existantes le ministre aurait dû tenter d'attirer l'industrie Burlington
pour qu'elle établisse une filiale à Mont-Joli.
Je vous dis que, dans des conditions de rentabilité
équivalentes, j'aime mieux faire affaires avec M. Dandonneau et tenter
que le capital, le prêt que nous faisons, l'assistance que nous donnons
aille à des Québécois, dans des conditions semblables de
rentabilité.
Lorsque vous me parlez de l'Alcan, c'est malheureux, mais pour une usine
de fil-machine quand même on me présenterait un homme d'affaires
de Mont-Joli, les chances de rentabilité et de succès sont
à peu près nulles. Dans ce cas on dit: Très bien, on va
aider l'Alcan à s'établir au Québec pour y apporter une
industrie de technologie nouvelle et, justement pour un début, permettre
à la SDI de modifier la structure industrielle du Québec.
M. RUSSELL: Ce qui veut dire que ce que je proposais l'autre jour,
c'est-à-dire faire une analyse au ministère pour tâcher de
créer des industries non existantes ou qui plutôt n'existent pas
au Québec, ce rôle est plutôt voué à
l'échec. On va mettre ça de côté parce qu'il ne
semble pas possible que la SDI puisse prévoir une rentabilité. Le
ministère ne pourra certainement pas le faire et ce sera du capital de
risqué. Donc, ce sera à l'entreprise privée de venir
prendre le risque et on ne se lancera pas dans ce domaine du tout.
M. SAINT-PIERRE: Non, je ne suis pas d'accord. Il y a quand même
des cas d'entreprises qui n'existaient pas et qui ont identifié un
produit, un marché, des sources de financement et qui ont
elles-mêmes apporté une participation de capital-actions et que la
SDI aide peut-être dans des conditions que d'autres banques ne peuvent
faire. Il y a encore des cas récents qui ne sont pas terminés
d'entreprises qui n'existaient pas, on est obligé de faire un budget pro
forma et on voit que l'entreprise est rentable. Mais si quelqu'un arrive avec
quelque chose qui, à la lumière objective, ne semble pas rentable
et si, en plus, ces gens n'y mettent pas suffisamment de capital-actions ou
n'en mettent pas du tout, je ne vois pas pourquoi la SDI devrait, simplement
pour le plaisir d'établir une entreprise, verser des subventions
importantes.
M. RUSSELL: La SGF possède plusieurs succursales qui ont
certaines difficultés. Est-ce que la SDI peut aider dans ce domaine?
M. SAINT-PIERRE: En général, elle ne l'a pas fait. Il n'y
a eu aucune demande, et, en général, nous ne le ferions pas car
ce sont deux sources de financement différentes.
M. RUSSELL: On va laisser la SGF avec ses problèmes.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais si la SGF a un problème d'argent, le
gouvernement peut quand même... par la loi votée au mois de
décembre, elle a une source de financement.
Maintenant, si elle a des prêts qui sont faits exactement dans les
mêmes conditions que d'autres entreprises, il n'y a rien, en
théorie, qui nous empêche de l'aider, mais ça me semblerait
un peu drôle. Si la SGF a un projet particulier qui demande une somme de
$5 millions, j'aimerais mieux qu'elle s'adresse, suivant sa propre loi, au
gouvernement provincial pour avoir une somme additionnelle de $5 millions que
de passer par la SDI. Evidemment, il peut y avoir des cas où la SGF
participe à 50-50, dans une filiale qui n'est pas sa
propriété* entière. Là, ça peut être
différent.
M. RUSSELL: Pourrais-je tenter de connaf-tre un peu la mentalité
du ministre qui est responsable du développement industriel au
Québec? Une transaction s'est faite en 1970, avant son arrivée au
ministère, quand les industries Vachon ont vendu finalement, je
pense que c'est une société coopérative qui a
acheté, ou une organisation semblable prétendant
éviter l'envahissement de l'industrie canadienne-française par
les Anglais et les Américains. Le ministre trouve-t-il réellement
obligatoire de freiner cet envahissement du capital américain dans nos
industries?
M. SAINT-PIERRE: C'est presque m'inviter à être pour la
vertu ou pour le péché. Or, je suis pour la vertu.
C'est évident qu'en général c'est favorable.
Maintenant, dans un contexte comme l'industrie alimentaire, qui est quand
même reliée à un marché local, c'est peut-être
désirable de retrouver les Québécois, mais je trouve qu'il
ne faudrait pas que le gouvernement paie le gros prix soit à des
successions, soit à des propriétaires privés qui menacent
de se départir de leur entreprise au profit d'Américains,
simplement pour le principe de dire que cela va rester dans des mains
québécoises. Surtout dans les industries qui sont reliées
à un marché local et qui n'ont pas une formule
particulière, je ne vois pas par quel principe sacré on pourrait
dire: II faut absolument que cela ne passe pas dans des mains
américaines.
Mon attitude pourrait être différente, je ne sais pas, si
l'Université de Montréal ou l'université McGill innove
dans un secteur à très haute technologie et que cela permet de
fonder une industrie ici où il y aurait 200 ou 300 employés, avec
des perspectives d'en avoir 2,000.
Si les Américains venaient acheter l'entreprise dans l'intention
de tout déménager aux Etats-Unis, nous aurions peut-être
une responsabilité de nous en porter acquéreurs. L'entreprise
Vachon, enfin, c'était peut-être intéressant que cela reste
dans des mains québécoises, mais, pour cela, il ne fallait pas
payer un prix déraisonnablement élevé. Il y a eu d'autres
entreprises; je prends les entreprises Mailhot pour la fabrication de
bâtons de hockey. Les Américains ont acheté ça; le
niveau d'emplois et les perspectives du marché ont augmenté. En
soi, je ne vois pas de désavantage, parcitulière-ment si on est
capable, par la suite, d'intéresser l'ancien propriétaire
à investir dans un autre secteur au Québec.
M. RUSSELL: M. le Président, je suis satisfait de la
réponse du ministre. Je pense que ça répond à
certaines aspirations des gens qui se faisaient un scrupule extraordinaire de
voir les Américains venir ici acheter des entreprises. Je trouve que
c'est une vertu mal placée parce que l'argent, qu'il vienne des
Etats-Unis ou d'ailleurs, lorsqu'il est investi ici... C'est évident
qu'une entreprise comme Vachon, si on se sert d'elle comme exemple, ils
n'étaient pas intéressés à la
déménager à Chicago, à Boston ou à New York;
c'était pour l'exploiter probablement où elle était, au
moins dans le Québec, parce que son marché était ici.
C'était peut-être pour agrandir une industrie un peu semblable qui
existait aux Etats-Unis ou peut-être pour faire un placement d'argent,
comme cela se fait dans bien des cas. Il y a des industriels qui ont de
l'argent à placer et qui choisissent des industries rentables pour le
placer.
Je suis satisfait de la réponse du ministre et je souhaiterais
qu'il fréquente un peu plus la SGF pour tâcher de lui faire
comprendre qu'il y aurait peut-être intérêt à se
départir de certaines industries à des intérêts
américains pour s'assurer de leur rentabilité et pour qu'elles
demeurent au Québec, plutôt que de les voir fermer comme on le
voit actuellement pour plusieurs d'entre elles.
M. LE PRESIDENT: Avant de donner la parole au député de
Nicolet, je me dois de signaler que M. Vincent, député de
Nicolet, remplace M. Gagnon, député de Gaspé-Nord. La
parole est au député de Nicolet.
M.VINCENT: M. le Président, j'ai ici le tableau de l'analyse de
l'aide financière consentie sous les formules 2 a et 2 b. J'aurais
certaines explications à demander.
M. SAINT-PIERRE: Quel tableau? Celui qu'on a donné l'autre
jour?
M. VINCENT: Société de développement industriel du
Québec, analyse de l'aide financière consentie sous les formules
2- a et 2- b pour la période du 1er juin 1971 au 31 avril 1972. J'aurais
certaines explications à deman- der au ministre. Vous avez, à
certains endroits, des prêts. Vous avez la compagnie Cosolidated
Textiles, Mills, et la Coopérative agricole de Granby, prise en charge.
Que signifie prise en charge.
M. SAINT-PIERRE: Dans la prise en charge, on rembourse l'entreprise. Je
m'explique. Avec la formule 2- a, la loi permet de consentir des prêts
à un taux moindre que celui du marché, dans certains cas. Alors,
ces trois entreprises ont obtenu un prêt auprès d'institutions
financières ordinaires et nous avons accepté une prise en charge
pour les montants indiqués à un pourcentage du montant
emprunté.
M. VINCENT: Alors, vous remboursez à la compagnie 1.5 p.c. du
montant emprunté.
M. SAINT-PIERRE: Exactement. Cela correspond à une diminution du
taux d'intérêt entre, disons, un taux de 9.5 p.c. qui a pu
être payé et un taux qu'on aurait pu payer à la SDI.
Le montant de ces stimulants, encore une fois, c'est souvent sur 2
a)...
M. VINCENT: C'est un remboursement d'emprunt consenti par la SDI...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. VINCENT: ... sur des emprunts...
M. SAINT-PIERRE: Remboursement d'intérêt.
M. VINCENT: D'intérêt, oui. Maintenant, quand vous touchez
à la Coopérative agricole de Granby...
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. VINCENT: ... à deux endroits, vous avez $577,500 et
après cela vous avez une autre prise en charge de $412,500. Dans un cas,
vous avez 3 p.c. du montant emprunté et, dans l'autre cas, vous avez
également 3 p.c. Quel genre de travaux la Coopérative agricole de
Granby a-t-elle dû faire pour contracter ces emprunts?
M. SAINT-PIERRE: Le premier cas, sur la première page, touche un
projet d'agrandissement dans la région de Drummondville,
Notre-Dame-du-Bo n-Conseil.
M. VINCENT: Oui, c'est tout prêt de chez moi.
M. SAINT-PIERRE: Projet d'agrandissement...
M. VINCENT: Une usine laitière?
M. SAINT-PIERRE: Oui. Dans le deuxième cas, c'est lorsque la
coopérative a acquis la laiterie Leclerc. Il y a eu une consolidation
des opé-
rations financières. Alors, les $412,000 cela est du 2 b)
étaient pour acheter les actions de la laiterie Leclerc et en
même temps consolider les opérations financières de
l'ensemble.
M. VINCENT: Certainement, les hauts fonctionnaires sont au courant. Il
existe déjà trois lois dans le même sens au
ministère de l'Agriculture. Une première permet au ministre de
consentir les garanties d'emprunt à des coopératives et le
montant annuel est de $1 million. Cela est une loi statutaire qui existe au
ministère de l'Agriculture. Deuxièmement, il existe une autre
subvention pour l'aménagement d'usines laitières
régionales, pour le lait industriel, où on peut garantir
jusqu'à un maximum, globalement, de $16 millions. Je pense qu'il reste
encore $7 millions ou $8 millions, dans les fonds voté en 1968. On peut
également, à l'intérieur de cette loi, rembourser
jusqu'à concurrence de 4 p.c. d'intérêt sur la garantie
d'emprunt qu'on donne, soit â une coopérative ou à une
usine laitière. Troisièmement, il existe une autre aide qui a
été annoncée par le ministre, l'an dernier, pour les
usines comme Leclerc, les usines de pasteurisation. Là, cela rejoint ce
que le député de Shefford disait tout à l'heure. Est-ce
qu'on n'arrive pas, avec la SDI, à faire un double emploi d'avantages si
les industries peuvent les obtenir dans un autre ministère?
M. SAINT-PIERRE: Dans les deux cas, il y a eu consultation, des
concertations entre le ministère de l'Industrie et du Commerce et le
ministère de l'Agriculture. Or, dans les deux cas, il semble on
pourrait obtenir le dossier que les montants qu'aurait pu obtenir la
coopérative agricole étaient moindres au ministère de
l'Agriculture, suivant les programmes que vous avez mentionnés, que les
montants qu'elle pouvait obtenir par le ministère de l'Industrie et du
Commerce, suivant les programmes du projet de loi no 21. Comme il s'agissait
d'industrie de transformation, d'industrie secondaire qui se qualifiait
pleinement suivant la loi de la SDI, il a été convenu entre les
deux ministères, afin d'éviter un dédoublement, que ce
serait uniquement le ministère de l'Industrie et du Commerce qui
transigerait dans ces deux cas.
M. VINCENT: Là, ce sont des emprunts que la coopérative a
contractés. Donc, le ministère avait pleine autorité de
garantir l'emprunt. Deuxièmement, le ministre...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, mais il n'y avait pas de problème
pour la Coopérative agricole de Granby.
M. VINCENT: Pour obtenir un emprunt, il n'y avait pas de
problème.
M. SAINT-PIERRE: D'obtenir une garantie d'emprunt.
M. VINCENT: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. VINCENT: A ce moment-là, le ministère pouvait lui
donner la garantie d'emprunt.
M. SAINT-PIERRE: Mais c'était inutile. Elle était
superflue la garantie d'emprunt, compte tenu...
M.VINCENT: Dans un cas, le ministre de l'Agriculture nous a dit, lors de
l'étude des crédits, qu'en ce qui concerne la laiterie Leclerc
je ne me rappelle pas du montant il y avait eu une subvention de
versée lorsqu'est arrivé le fusionnement avec la
Coopérative agricole de Granby, subvention de je ne voudrais pas
avancer un chiffre mais je vais l'avancer quand même, d'une façon
approximative $89,000 pour permettre à la Coopérative de
Granby à se porter acquéreur de la laiterie Leclerc.
M. SAINT-PIERRE: Oui et non. N'ai-je pas raison de dire que l'avantage
qu'on aurait pu retirer suivant l'arrêté en conseil, qui a
d'ailleurs été adopté dans votre temps, avec lequel je
suis un peu familier pour d'autres raisons serait un arrêté
en conseil adopté pour favoriser la fusion non pas des postes de
distribution, mais...
M. VINCENT: Des usines de siège régional. Mais pour cela,
c'est un autre arrêté en conseil qui a été
adopté cette année ou l'automne dernier. C'est pour les usines de
pasteurisation, un autre palier de l'industrie laitière.
M. SAINT-PIERRE: Je viens juste d'en avoir un exemple. Les buts sont
quand même différents. Nous, ici, c'est strictement sur le plan
industriel, pour favoriser l'acquisition, par la coopération,
d'entités plus grandes, pour obtenir une plus grande
productivité, peu importe la nature des entreprises. Alors, compte tenu
des difficultés particulières en agriculture, le ministère
ajoute à cela des subventions.
En d'autres termes, prenons comme exemple la Cidrerie du Québec,
peut-être que si elle était propriétaire je l'ignore
mais si elle était propriétaire de vastes vergers, elle
pourrait, s'il y avait une mauvaise récolte, bénéficier de
sommes du ministère de l'Agriculture, qui n'ont rien à voir au
fait que nous prêtons, nous.
M. VINCENT: Que le ministre me comprenne bien, je ne m'oppose pas au
principe. La Cidrerie du Québec, c'est d'accord. Je pense que c'est le
rôle...
M. SAINT-PIERRE: Vous comprenez que la cidrerie peut obtenir un
prêt ici et, en même temps, dans la même année...
M. VINCENT: Du ministère de l'Agriculture, non.
M. SAINT-PIERRE: Mais si elle était, je m'excuse...
M. VINCENT: Coopérative, oui.
M. SAINT-PIERRE: Je le sais, mais je prends juste un cas
d'espèce, la coopérative. Si la cidrerie, qui est une compagnie,
je crois...
M. VINCENT: Une compagnie, celle-là je pense.
M. SAINT-PIERRE: Si la cidrerie avait... M. VINCENT: Statut de
coopérative.
M. SAINT-PIERRE: Non. Même avec le statut de compagnie, c'est que
les pomiculteurs, les compagnies ne sont pas...
M. VINCENT: C'est-à-dire que pour les garanties d'emprunt...
M. SAINT-PIERRE: Non, non mais vous savez, les subventions que vous avez
après les mauvaises récoltes de pommes.
M. VINCENT: Ah! C'est pour les pertes de récolte, cela.
M. SAINT-PIERRE: Les pertes de récoltes. Elles pourraient
l'obtenir, mais pas une compagnie.
M. VINCENT: Pour les subventions de perte de récolte, oui, une
compagnie peut l'obtenir.
M. SAINT-PIERRE: Bon, alors, si vous me permettez de terminer, ce serait
le même cas. Le fait qu'on ait prêté à la cidrerie ne
veut pas dire qu'elle ne peut pas bénéficier de programmes
particuliers au ministère de l'Agriculture, pour aider à ses fins
propres. Les fins de l'arrêté en conseil que vous mentionnez, ce
n'était pas pour modifier la structure industrielle du Québec.
C'était pour aider un secteur, le secteur agricole, je ne sais pas,
à développer une plus grande productivité, une plus grande
qualité dans ses produits. De la même façon que la cidrerie
peut obtenir de l'argent du ministère de l'Agriculture, de la même
façon la coopérative fédérée, je pense, sans
qu'il y ait dédoublement, peut obtenir de nous certains avantages pour
faire des transactions financières mais également du
ministère de l'Agriculture, une somme de $80,000 parce qu'une telle
transaction permet d'atteindre une double fin, c'est-à-dire
améliorer la qualité des produits laitiers, améliorer, sur
le plan régional, l'efficacité de la transformation du lait
nature en lait industriel, etc.
M. VINCENT: En ce qui concerne la cidrerie, elle n'est pas incluse dans
une loi ou dans un règlement ou dans un arrêté en conseil
au ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, sauf pour l'aider
en cas de perte de récolte, comme toutes les autres industries.
Mais, là où je voudrais faire une remarque au ministre,
c'est quand il s'agit, premièrement, des coopératives. On a
toujours essayé de suivre cette politique, tant l'ancien gouvernement
que le gouvernement qui nous a précédé. Lorsqu'il s'agit
d'une coopérative, pour une garantie d'emprunt, vu que,
déjà, le ministère de l'Agriculture possède une loi
lui permettant de garantir, chaque année, jusqu'à concurrence de
$1 million il y a même des années où l'on n'atteint
pas le million on essaie d'épuiser cette loi, quitte à
l'amender s'il y a des problèmes qui se posent, à un moment
donné, afin qu'on n'ait pas deux ministères qui travaillent dans
le même domaine.
Deuxièmement, lorsqu'il s'agit d'usines laitières, que ce
soit la coopérative de Granby ou une usine privée ou une
organisation à capital privé, lorsqu'il s'agit d'usines de
transformation, il y a une loi, administrée par le ministère de
l'Agriculture, qui touche justement ces cas.
Troisièmement, lorsqu'il s'agit, depuis l'an dernier, d'usines de
pasteurisation c'est le gouvernement actuel qui a élaboré
cette politique il y a également une autre politique du
ministère de l'Agriculture.
Donc, mon observation au ministre est la suivante: A mon avis, il
faudrait épuiser les trois lois qui sont quand même assez
complètes au ministère de l'Agriculture avant que la SDI
s'embarque dans des projets concernant les trois catégories que j'ai
mentionnées.
Les lois ont été adoptées, une en 1944 ou 1946
elle a été amendée d'ailleurs une autre en
1968, la dernière en 1971. Si pour une raison ou pour une autre, ces
trois catégories ne sont plus conformes à la
réalité présente, qu'on amende les règlements ou
les lois qui existent dans ces trois domaines.
Ce n'est pas parce que je m'oppose à ce que la SDI s'embarque,
mais, avant qu'elle puisse oeuvrer dans un champ d'activité qui est
déjà dévolu à un autre ministère, qu'on
épuise ce qu'on a ou qu'on l'amende.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, mais ça me rappelle l'an dernier
les discussions sur l'éducation, entre l'Agriculture et le
ministère de l'Education. Ici, c'est un peu la même chose. Quand
même, le projet de la Coopérative agricole de Granby était
différent on en voit ici la liste de tous les autres
projets que le ministère de l'Agriculture a pu accepter dans le cas que
vous avez mentionné. C'est-à-dire que l'aide
supplémentaire qui a été donnée l'a
été parce que ce projet de Drummondville impliquait une
technologie différente, une technologie avancée pour des produits
susceptibles d'être exportés du Québec qui avant
n'étaient pas transformés au Québec.
M. RUSSELL: Comme le yogourt.
M. SAINT-PIERRE: Comme le genre de fromage qui était vendu
à Kraft, etc. Où j'en
suis, c'est que, dans l'ensemble des programmes du ministère de
l'Agriculture, il y a eu quelque 500 ou 600 demandes cette année, pas
tant que ça. Il a pu y avoir 150 demandes, mais une seule de ces
demandes que le ministère de l'Agriculture a reçues se qualifiait
selon une loi particulière du ministère de l'Industrie et du
Commerce, qui visait à changer notre structure industrielle, à
inclure une technologie avancée, à inclure au Québec la
transformation de produits susceptibles d'être exportés.
Et qu'un de ces produits tombe dans le secteur agricole, je ne pense pas
que ça soit significatif. Encore une fois, le programme du
ministère de l'Industrie et du Commerce était plus avantageux
pour la coopérative. Nous avons eu des discussions avec les
fonctionnaires de l'Agriculture, nous nous sommes assurés qu'il n'y
avait pas de dédoublement.
M. VINCENT: Est-ce que nous pourrions avoir même si
ça prend quinze jours ou trois semaines le portrait de ces deux
interventions de la SDI, en ce qui concerne la Coopérative agricole de
Granby, faire le parallèle entre les politiques qui existaient au
ministère, pour que nous puissions vérifier dans quel cas
ça s'applique? Remarquez bien que, quand tout ça est rendu
public, d'autres industries veulent retirer les mêmes avantages.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'elles les retirent, pour autant
que c'est connu, pour quelles raisons, dans quelle mesure le ministère
de l'Industrie ou la SDI...
M. SAINT-PIERRE: Pour autant que les autres industries
également...
M. VINCENT: Satisferont aux mêmes normes.
M. SAINT-PIERRE: Les mêmes critères. Il n'y en a pas eu,
dans les poulets, pour une industrie, près de Saint-Hyacinthe, qui a
fait faillite par après?
M. VINCENT: Cela ne toucherait pas des lois.
J'aimerais ça si c'était possible avoir le portrait pour
faire le parallèle.
Deuxième question en ce qui concerne les prêts. Si la
corporation de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, qui a quand même
une certaine autonomie, s'adressait à la SDI pour obtenir les
mêmes avantages, est-ce que ce serait possible? D'ailleurs, la
corporation fait présentement des emprunts. Elle va être dans
l'obligation d'en faire d'autres pour rénover la machinerie, les
constructions.
M. SAINT-PIERRE: C'est un peu la même chose que la SGF. Cela
appartient au gouvernement, il serait un peu ridicule qu'on astreigne ces
groupes à la même chose que les groupes privés. Si le
gouvernement est convaincu de la validité du projet de la raffinerie de
Saint-Hilaire, inutile de le faire passer par les dédales de...
M. VINCENT: Oui, mais dans le bilan administratif de la corporation de
la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, si, au lieu d'être
obligée de payer 8 1/2 p.c, 9 p.c. ou 9 1/2 p.c. d'intérêt,
elle avait une subvention de 3 p.c, le déficit de la corporation
paraîtrait moins considérable à la fin de l'année.
Je pose simplement la question, parce que ça va venir à l'ordre
du jour très bientôt, un emprunt de $4, $5 ou $6 millions.
M. SAINT-PIERRE: Il semble que le bilan de la raffinerie de sucre n'a
pas beaucoup d'importance, parce que ça fait 32 ans que c'est
déficitaire, puis ça vit encore, mais... Je comprends votre
point, c'est que si un groupe privé est capable d'avoir dans son bilan
une meilleure situation parce qu'il a eu un prêt à 5 p.c, ne
devrait-on pas faire la même chose pour la raffinerie de sucre?
M. VINCENT: Le déficit paraîtrait moins
considérable.
M. SAINT-PIERRE: Moins considérable, à condition
évidemment que la raffinerie de sucre réponde aux exigences de
2-a sur le plan de la technologie.
M. VINCENT: II y a une troisième question que j'avais à
poser là-dessus. En ce qui concerne le taux d'intérêt sur
les prêts selon 2- a, il y a des taux qui varient de 4 3/4 p.c. à
8 1/2 p.c. Est-ce que le ministre pourrait nous donner les critères
généraux selon lesquels on prend une décision concernant
le taux d'intérêt, parce que d'après le tableau qu'on a,
ça varie de 4 3/4 p.c. à 8 1/2 p.c.
M. SAINT-PIERRE: C'est touché dans les règlements de la
SDI aux articles 401 et 402, dont je peux peut-être faire la lecture.
L'article 401 dit: "... le taux d'intérêt qui a cours sur le
marché, est déterminé par la société, doit
être révisé chaque fois que l'évolution des
marchés financiers le requiert. Le taux d'intérêt
exigé pour un prêt doit se rapprocher du taux qui serait retenu
par les institutions financières privées dans des circonstances
semblables." C'est le point qui vous intéresse. Article 402: "Dans les
cas visés aux paragraphes a) ou b) de l'article 2 de la loi, le taux
d'intérêt réduit auquel des prêts peuvent être
accordés ne peut être inférieur à la moitié
du taux du marché et est fixé, pour chaque entreprise
manufacturière, par le lieutenant-gouverneur en conseil, en raison de
ses besoins financiers, pour la réalisation du projet envisagé et
eu égard à la situation du chômage pour la région."
Disons qu'une entreprise qui est â Montréal et qui offre toutes
les perspectives de pouvoir réaliser très facilement
un projet n'aurait pas la même réduction de taux qu'une
entreprise du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui a beaucoup de difficultés et
à laquelle pour avoir simplement un équilibre dans la
rentablité du projet, on serait obligé d'accorder un taux
d'intérêt réduit.
M. VINCENT: J'aurais trois autres questions dans ce domaine, puis je
termine. Qui sont les administrateurs de la Société de
développement?
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous les mentionner. Le président est M.
Gérard Plourde; le directeur général, M. Jacques Clermont;
les autres administrateurs étant MM. Jean Labonté, sous-ministre
adjoint au ministère de l'Industrie et du Commerce; Claude
Descôteaux, sous-ministre adjoint au ministère de l'Industrie et
du Commerce; Pierre Goyette, sous-ministre au ministère des Finances;
Claude Prieur, président de la Caisse de dépôt; Paul
René de Cotret, un comptable agréé de
Trois-Rivières; Louis Lacroix, avocat de Rivière-du-Loup; Pierre
Côté, industriel de Québec, Lucien Arcand, industriel de
Victoriaville; Yves Hudon, industriel de Montréal; Guy Corbeil,
industriel de Montréal, et Paul MacDonald, courtier de
Montréal.
Les membres du comité exécutif sont Gérard Plourde,
Jacques Clermont, Claude Prieur et Paul René de Cotret.
M. VINCENT: Je continue. Vous avez ici un personnel des effectifs
autorisés pour l'an dernier de 47 et pour cette année de 67, ce
qui veut dire une augmentation de 20 personnes dans l'administration. Est-ce
que ceci est en vue de compléter une équipe de
spécialistes qui vont aller dans les industries, préparer les
projets, travailler avec les industries pour la préparation des projets
ou si c'est simplement l'administration?
M. SAINT-PIERRE: Non, non, ce n'est pas l'administration. D'une part
ça peut être le reflet d'une plus grande activité de la
SDI, si réellement elle va remplir son rôle. Cela reflète
le fait que 20 nouveaux postes ont été demandés pour la
SDI au ministère et ont été accordés tant par la
Commission de la fonction publique que par le Conseil du trésor. Ces
postes ne sont pas simplement pour faire brasser du papier. C'est aussi pour
avoir des gens, des analystes financiers et pour rendre plus expéditives
les procédures requises pour l'obtention des prêts.
C'est sur le plan de la publicité, sur le plan des demandes
d'information.
M. VINCENT: Au 1er avril, combien de personnes étaient en
fonction?
M. SAINT-PIERRE: 38.
M. VINCENT: II y en avait 38. Au cours de l'année, effectivement,
on doit pratiquement doubler le personnel. Si vous en avez 38
présentement, pour vous rendre à 67, vous avez 29 postes à
combler. Ma dernière question, dans ce domaine-là, porte sur les
dépenses de transfert et les subventions. Est-ce que cela consiste en
dégrèvements ou en subventions d'intérêt?
M. SAINT-PIERRE: Les dépenses de transfert, c'est
l'intérêt qui est versé...
M. VINCENT: Sur les prises en charge.
M. SAINT-PIERRE: ... sur les prises en charge.
M. VINCENT: Cela va totaliser environ $500,000 cette année?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Ce n'est pas le même sujet; moi, ça sortait un
peu de ce sujet-là.
M. RUSSELL: J'aurais seulement une question au sujet du personnel.
Est-ce qu'il y aurait possibilité qu'on obtienne l'organigramme de la
SDI, avec l'échelonnement du nouveau personnel, ses fonctions, son
rôle? Il n'est pas nécessaire de l'avoir aujourd'hui, mais il
pourrait nous être transmis plus tard.
M. SAINT-PIERRE: II faut dire que les 20 postes additionnels ont
été autorisés en principe, mais les analystes du personnel
doivent faire les descriptions de tâches et la révision. Ce n'est
pas terminé. On peut fournir sûrement l'organigramme .
M. RUSSELL: II ne faudrait pas que la SDI s'embarque dans un domaine
d'analyses et fasse double emploi avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce. E y a beaucoup d'informations qui peuvent être obtenues du
ministère de l'Industrie et du Commerce et il faudrait éviter
qu'il y ait, encore là, un dédoublement.
M. VINCENT: Juste avant, si vous me le permettez, M. le
Président. On a posé le même problème au
ministère de l'Agriculture et à d'autres ministères. Il
semble que le problème existe réellement. Avant les changements
apportés à la Loi du ministère du Revenu je ne parle
pas du Bureau provincial de la statistique ; c'est exempté, un
amendement a été apporté on permettait au ministre
du Revenu d'obtenir certains bilans financiers soit du ministre de l'Industrie
et du Commerce ou du ministre de l'Agriculture. Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de préparer je pense que le ministre de l'Agriculture est
favorable à ce que des changements soient apportés
d'autres amendements à la Loi du ministère du Revenu afin
d'éviter qu'au
ministère de l'Industrie et du Commerce ou au ministère de
l'Agriculture, surtout en ce qui concerne la Régie des marchés,
on n'ait de la difficulté à obtenir les vrais bilans financiers
des industries avant de travailler avec elles?
Le problème se pose; je l'ai entendu, on me l'a fait remarquer
à la Régie des marchés agricoles. Souvent, on est
obligé de faire l'analyse des bilans financiers des industries avant de
leur venir en aide ou avant d'émettre des ordonnances. Autrefois
c'est connu et reconnu les officiers du ministère de l'Industrie
et du Commerce, nonobstant les statistiques, et ceux du ministère de
l'Agriculture n'avaient aucune difficulté à aller voir une
industrie et à lui dire: C'est pour votre bien, nous voulons avoir votre
bilan financier aussi fidèle à la réalité que
possible, parce que cela va vous venir en aide et cela va venir en aide
à notre ministère ou à la Régie des marchés
agricoles.
Depuis un an, les industries sont inquiètes. Je ne voudrais pas
revenir sur une discussion, mais il arrive assez souvent qu'un industriel ou un
particulier ait deux façons de faire son bilan financier: un bilan pour
le ministre du Revenu et un autre pour le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Quand il va au ministère de l'Industrie et du Commerce pour
emprunter, son bilan est toujours plus beau; quand il va au ministère du
Revenu, son bilan l'est moins. Je ne veux pas faire l'analyse des deux bilans,
mais c'est dans la pratique courante. Quand on arrive pour établir des
ordonnances ou pour aider une industrie, on est toujours bloqué par son
comptable qui nous dit: Ces chiffres-là sont confidentiels, et je ne
voudrais pas, pour aucune considération, que ça se rende au
ministère du Revenu.
Depuis un an c'est le problème qui se pose. Je ne veux pas que le
ministre prenne une décision aujourd'hui, mais qu'il consulte son
collègue de l'Agriculture et il verra le bien-fondé de cette
courte intervention. C'est un problème à l'heure actuelle.
M. SAINT-PIERRE: On m'informe que ça n'a jamais été
un problème chez nous; on exige, pour ouvrir un dossier, un bilan de
l'entreprise, certifié, vérifié, il n'y a eu aucun
problème. Le ministère du Revenu, à ce jour, ne nous a
jamais demandé...
M. VINCENT: Non, il ne l'a pas encore fait, mais il peut le faire.
M. SAINT-PIERRE: Cela n'a pas été un problème.
M. VINCENT: Cela en sera un quand il le demandera.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Je veux parler d'un sujet qui se relie très directement
à la SDI, au bill 20; ça excède peut-être un peu le
cadre de la discussion, mais je demande votre tolérance. On a
présenté les bills 20 et 21 comme devant se compléter l'un
l'autre. Le bill 21 ayant été présenté par le
ministre du Revenu, à l'étude des crédits de ce
ministère, j'ai tenté d'avoir la liste des exemptions fiscales.
On m'a dit: Comme l'autorisation est donnée par l'Industrie et le
Commerce, il serait peut-être plus à propos que vous demandiez
ça à l'étude des crédits de l'Industrie et du
Commerce. Ce que je voulais demander au sujet des exemptions fiscales qui
découlent du bill 21 est: Au cours du dernier exercice, combien
d'entreprises en ont profité, lesquelles, dans quelles régions et
à combien évalue-t-on le manque à gagner par l'Etat suite
aux exemptions qui ont pu être accordées?
M. SAINT-PIERRE: On m'informe que il faut bien réaliser
que ça fait à peine quelques mois que la SDI a
démarré jusqu'ici il n'y a aucune compagnie...
M. JORON: ... qui s'est prévalue du bill...
M. SAINT-PIERRE: Oui, il y a plusieurs compagnies qui l'ont
demandé mais il n'y en a aucune qui l'a obtenu. Un des premiers cas,
c'est celui de l'Alcan, où le certificat d'éligibilité a
été accordé. Enfin, nous, tout ce que nous donnons c'est
un certificat d'éligibilité en fonction des impôts futurs
à payer. Alors là on me dit qu'il y a plusieurs cas on les
voit ici qui s'en viennent, qui sont dans le processus, mais combien en
ont obtenu aujourd'hui,...
M. JORON: Vous n'avez pas émis de certificat
d'éligibilité?
M. SAINT-PIERRE: Ils sont sur le point d'être émis;
jusqu'ici il n'y a eu que celui de l'Alcan. C'est à peu près
$500,000 d'éligibilité en fonction des profits futurs, mais il y
a plusieurs autres compagnies qui sont sur le point d'en obtenir.
M. JORON: Nous n'aurons pas de liste significative avant l'année
prochaine pour tenter de faire une évaluation du montant global, avant
qu'un exercice complet se soit écoulé.
M. SAINT-PIERRE: C'est tellement près qu'on m'informe qu'à
la réunion de juin la plupart seraient complétés. Ce que
nous pourrions peut-être faire ce serait, après cette
réunion, faire parvenir, aux membres de la commission parlementaire une
liste de compagnies qui...
M. JORON: Je me demande s'il ne serait pas à propos que le
ministre s'engage à déposer, soit mensuellement ou
trimestriellement à l'Assemblée nationale, la liste des
bénéficiaires de telles exemptions.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'était pas prévu par la loi, mais je
n'y vois pas d'objection.
M. JORON: Je pense qu'en fait ce n'est pas dévoiler les secrets
internes de l'entreprise. C'est tout à fait d'intérêt
public que quand l'Assemblée, au nom des contribuables, accorde des
vacances fiscales le public puisse savoir à qui elle donne les
congés.
Pour le reste, dans ce cas-là, nous attendrons le prochain
exercice pour discuter des effets.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie 3.
Adopté. Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté. Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7.
Adopté. Catégorie 8. Adopté. Catégorie 10.
Adopté. Catégorie 11.
M. JORON: Je m'excuse, juste avant de fermer l'article, je voudrais
demander au ministre si la SDI avait joué un rôle quelconque dans
le cas de Cabano.
M. SAINT-PIERRE: Elle est sur le point d'en jouer un
puisqu'effectivement la SDI a reçu un dossier de Cabano.
Dans le moment, il y a des études qui, comme je l'indiquais
à l'Assemblée nationale, se poursuivent.
M. RUSSELL: Ce n'est pas pour la construction de l'église, au
moins?
M. VINCENT: Même l'église a brûlé.
M. SAINT-PIERRE: La SDI a joué un rôle. Il y a eu des
rencontres, des discussions, etc. Comme je l'avais mentionné, deux
firmes analysent présentement certains aspects. H y a la firme Coloney,
Cannon, Maine et Pursel. Ce sont des consultants en administration de Londres,
en Angleterre, qui ont une expérience particulière de la
cartonnerie sur les marchés européens où la plus grande
partie de l'écoulement du produit devait se faire. Ils ont
été retenus. L'autre firme qui a été retenue est
Rust & Associates de Montréal. Cette compagnie avait la distinction
d'être la dernière qui avait réalisé une cartonnerie
en Amérique du Nord. Elle vient à peine d'en terminer une. Elle
s'attaquait plutôt à toute la phase de l'approvisionnement, au
coût de revient si on veut, alors que la firme de l'Angleterre revoyait
les perspectives de marché, la stabilité des prix etc.
M. JORON: Rust & Associates, est-ce le bureau de consultants qui est
rattaché à P.S. Rust, le bureau de comptables?
M. SAINT-PIERRE: Non, non. Rust, la firme américaine
d'ingénieurs-conseils.
M. JORON: Rust. Ah bon!
M. SAINT-PIERRE: Elle venait de terminer une cartonnerie dans le midwest
américain, il y a à peine quelques mois. Elle était plus
sensibilisée à des coûts réels de construction.
M. RUSSELL: Le ministre ne pourrait-il pas demander à ces
mêmes firmes si, dans leurs études, elles n'ont pas analysé
la possibilité d'utiliser les déchets, dont on a parlé
l'autre jour, scieries ou d'autres transformateurs de bois pour la fabrication
du carton?
M. SAINT-PIERRE: Je suis tenté de vous dire, comme à celui
qui m'offrait une imprimerie parce qu'il y avait quelqu'un qui parlait
l'espagnol: On a assez du français et de l'anglais. Je me demande si,
dans ce cas, on n'a pas assez du projet de Cabano. La suggestion que vous
faisiez l'autre jour est bonne, mais elle implique d'autres projets dans un
autre endroit pour une base de 150,000 tonnes par année. Cela prend plus
qu'une scierie. Il faudrait faire tout un regroupement de scieries. Ce sera un
autre projet.
M. RUSSELL: Je pense que l'essence principale qui sera utilisée
à Cabano sera le tremble. Je pense qu'en faisant le même produit,
le carton, on peut ramasser tous les déchets, pas simplement d'une
scierie, mais de douzaines de scieries qui entourent Cabano. Peut-être
que cela aiderait à alimenter la cartonnerie plus longtemps et à
l'approvisionner d'une façon plus économique.
M. SAINT-PIERRE: Mais est-ce que je n'ai pas raison de dire, cependant,
que les cartonne-ries â base chimique sont plus rentables actuellement
que les cartonneries à base de déchets, comme vous le
suggérez? Enfin, c'est simplement une première lettre de ces
consultants qui voient, dans l'évolution future, la diminution des
cartonneries â base de déchets et l'augmentation des cartonneries
à base chimique.
M. RUSSELL: M. le Président, je suis complètement d'accord
qu'éventuellement on en viendra à cela. La simple raison de ma
question, c'est qu'on utilise actuellement pour la cartonnerie le bois de
valeur. On n'utilise pas assez de déchets là-dedans. Là
où on utilise presque au maximum des déchets, on se dirige vers
un prix minimum raisonnable. Sans cela, on va avoir de la difficulté
à concurrencer le plastique, si vous voulez. Parce que le plastique,
aujourd'hui, dans l'enveloppage, remplace avantageusement le carton dans
plusieurs milieux, surtout où il y a beaucoup d'humidité. Mais,
si on se sert des déchets, on va pouvoir établir un prix assez
bas que le plastique ou les autres produits chimiques que mentionnait le
ministre vont avoir beaucoup de difficulté à le concurrencer.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11, adoptée?
M. RUSSELL: A la catégorie 11, je vois une augmentation assez
inacceptable. J'aurais aimé que le ministre nous explique clairement de
quoi il s'agit.
M. VINCENT: Une augmentation de 2,200 p.c.
M. SAINT-PIERRE: L'an passé, il n'y avait rien.
M. RUSSELL: Je n'utilisais pas le mot pour justifier cette augmentation
en pourcentage.
M. SAINT-PIERRE: Tout ce qu'il y a, ce sont $2,000 de frais de
perfectionnement pour les employés de la SDI qui participeront à
des cours portant sur les disciplines reliées directement aux
activités de la société.
M. RUSSELL: M. le Président, le ministre vient d'admettre qu'il y
a un moyen de se perfectionner à la SDI. Adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 10 est adopté.
Société du parc industriel du centre du
Québec
M. LE PRESIDENT: Article 11?
M. VINCENT: A l'article 11, M. le Président, nous recevions l'an
dernier, à peu près à ce temps-ci, le premier rapport
annuel de la Société du parc industriel du centre du
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Il est à l'impression dans le moment.
M. VINCENT: Est-ce qu'il y aurait possibilité, vu que cela peut
prendre un certain temps avant de l'obtenir officiellement, comme celui-ci,
d'avoir un brouillon ces jours-ci? Au cours des prochains jours?
M. SAINT-PIERRE: Ici, nous avons le brouillon, le rapport
vérifié.
M. VINCENT: C'est ce qui va paraître dans le rapport annuel...
M. SAINT-PIERRE: C'est ce qui va paraître dans le rapport
annuel.
M. VINCENT: ...pour l'année se terminant le 31 mars 1971?
M. SAINT-PIERRE: Qu'est-ce qui vous intéresse?
M. VINCENT: Je voudrais simplement en avoir une copie, s'il y avait
possibilité. D'ailleurs, il va devenir officiel.
M. SAINT-PIERRE: Oui, oui. M. VINCENT: D'accord?
M. SAINT-PIERRE: Qu'est-ce qui vous intéresse? L'actif et le
passif?
M. VINCENT: Oui.
M. SAINT-PIERRE: L'état des revenus et dépenses.
M. VINCENT: Un peu plus tard. Je voudrais avoir la liste des membres en
fonction présentement.
M. SAINT-PIERRE: II n'y a aucun changement. Ce sont les mêmes
qu'avant.
M. VINCENT: Le président?
M. SAINT-PIERRE: M. André Rousseau, Saint-Jean-Port-Joli,
président. Vice-président, M. Sullivan, de Montréal.
M. VINCENT: Le même.
M. SAINT-PIERRE: Les autres membres...
M.VINCENT: Le directeur général, M. Legasse.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. VINCENT: Les administrateurs?
M. SAINT-PIERRE: MM. André Piché, Cap-de-la-Madeleine;
Jules Pépin, Bécancour; Jean Labonté, sous-ministre
adjoint à Montréal; Via-teur Bernard, sous-ministre adjoint aux
pêcheries à Québec qui avait agi comme secrétaire
au...
M. VINCENT: Qui a remplacé Claude Descô-teaux.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M.VINCENT: Qui est le secrétaire-trésorier? Qui a
remplacé M. Bernard?
M. SAINT-PIERRE: M. Roland Leclerc... M. VINCENT: M. Roland Leclerc.
M. SAINT-PIERRE: ... qui est ici à côté de moi.
M.VINCENT: Je voulais le faire nommer!
Maintenant, à la Société du parc industriel du
centre du Québec, vous avez une première usine qui a
annoncé la construction de Glaverbel, moins d'un an après la
formation de la société. Les travaux sont arrêtés.
Est-ce qu'on a des développements?
M. SAINT-PIERRE: On tente de repartir. Il faut dire que cela n'avait
rien à voir, ni de près, ni de loin, avec les activités de
la Société du parc industriel ou le climat...
M. VINCENT: C'est un problème de technologie.
M. SAINT-PIERRE: D'une part, un problème de technologie mais
aussi, d'autre part, un problème entre la filiale canadienne et la
société mère, mais c'est surtout la technologie...
M. VINCENT: Maintenant, est-ce que la rumeur est fondée à
l'effet que les intérêts de la Glaverbel belge seraient en voie
d'être vendus à une autre firme? Cela explique également
les raisons du retard.
M. SAINT-PIERRE: Oui, il y a des rumeurs en ce sens. Mais je ne pourrais
pas dire plus que ce que j'ai vu dans les journaux.
M. VINCENT: Mais le projet n'est pas définitivement
abandonné?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. VINCENT: C'est seulement retardé pour...
M. SAINT-PIERRE: J'ai rencontré le consul de Belgique ainsi que
M. De Coster, il y a environ dix jours. Celui-ci espérait que cela
pouvait reprendre. Ce n'est pas définitivement abandonné. D y a
eu d'autres perspectives. Je sais qu'encore récemment il y avait la
possibilité de vendre les installations à une autre compagnie qui
en aurait fait un usage différent. Finalement, c'était plus ou
moins à vendre. Est-ce que cela est une indication que la compagnie
n'est pas décidée à considérer que c'est une perte
totale et qu'elle veut s'en départir, qu'elle a peut-être d'autres
projets? Elle réexamine l'évolution du marché du verre,
elle examine la technologie, et ainsi de suite.
M. VINCENT: Elle a un investissement d'environ $5 millions
jusqu'à présent.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez sûrement raison, cependant, en disant
que le réaménagement de la compagnie mère retarde
peut-être la prise de décision concernant le projet. Comme il y a
déjà plusieurs millions de dollars d'investis qui ne rapportent
absolument rien, peut-être qu'à la compagnie mère on attend
de terminer le réaménagement avant de prendre des
décisions. Là, il y aurait le risque que ceux qui prennent des
décisions soient remplacés dans leurs fonctions à
brève échéance.
M. VINCENT: C'est peut-être difficile, mais est-ce que le ministre
pourrait faire une projection sur la date...
M. SAINT-PIERRE: Je ne pourrais pas dire du tout. Je sais, pour avoir
rencontré M. Legasse, récemment, qu'il y avait quand même
de bonnes perspectives de pouvoir attirer une nouvelle industrie.
M. VINCENT: C'est-à-dire celle-là en particulier.
M. SAINT-PIERRE: Sur celle-là, il n'y a absolument rien qu'on
puisse dire. Cela pourrait être demain matin comme cela peut être
dans un an, comme cela peut être jamais.
M. VINCENT: Aussi, il y a une possibilité que ce soit jamais. En
ce qui concerne Falcon-bridge?
M. SAINT-PIERRE: Pour Falconbridge, c'est strictement la fluctuation des
marchés du nickel qui a causé ça.
Le projet n'est nullement sur les tablettes. Dès que la
conjoncture du nickel sera plus favorable, on a l'intention de reprendre.
D'ailleurs, à Falconbridge, pour avoir discuté du projet
avec les ingénieurs-conseils, tous les mois, il y a quand même
quelque chose qui se poursuit. On voit que le projet n'est pas mort. Il n'a pas
démarré à la même vitesse qu'antérieurement
mais tous les mois, il y a des gens qui travaillent, qui réexaminent
certains points. Le projet est bien vivant. Il s'agit d'un ralentissement face
à une conjoncture.
M. JORON: M. le Président, dans le cas de Falconbridge, je ne
partage pas l'optimisme du ministre. J'aimerais bien croire que le projet est
bien vivant, mais en outre de la raison qu'il a mentionnée, une
capacité de surproduction dans le nickel à travers le monde, qui
ne se résorbera pas, en fait, dans les six mois qui viennent cela
peut prendre trois, quatre, cinq ans à se résorber il y a
des projets qui sont également ralentis dans d'autres coins du monde, en
Nouvelle-Calédonie, un peu partout ailleurs. Il y a d'autre part le fait
que Falconbridge devait livrer le produit traité ici à son usine
de Norvège. Je pense qu'il y a eu une incidence de l'entrée de la
Norvège dans le marché commun qui modifie quelque chose par
rapport au tarif et qui rend peut-être la proposition moins
intéressante. En troisième lieu, il y a la condition
financière de l'entreprise, qui est drôlement boiteuse à
l'heure actuelle. Si on ne s'en tient qu'au cours des actions en bourse, par
exemple, cela a chuté des deux tiers depuis un an.
Tout cela laisse croire enfin, on en a l'impression que le
projet de Bécancour va dormir passablement longtemps. Ce qui
m'amène à dire que Glaverbel et Falconbridge, qui, dans un sens,
devaient être les deux vedettes du parc industriel, dans les deux cas,
c'est un point mort. L'année dernière, l'ancien ministre de
l'Industrie et du Commerce avait développé la malencontreuse
habitude de claironner et de trompeter tout investissement nouveau. Je
comprends qu'à l'époque, le gouvernement était
pressé d'additionner les totaux d'emplois devant être
créés. J'espère que l'actuel ministre ne tombera pas dans
le piège. Si vous faites la liste de tous les investissements
spectaculaires qui ont été annoncés depuis deux ans et
qu'on voit aujourd'hui combien sont réalisés ou même
simplement en voie d'être réalisés, la liste subit
une drôle de cure d'amaigrissement en cours de route.
Y a-t-il d'autres investissements, d'autres projets de
développement, autres que Falcom-bridge et Glaverbel, parmi les
très importants, qui sont, à l'heure actuelle, en marche à
Bécancour?
M. SAINT-PIERRE: II y a au moins cinq ou six dossiers. Il y en a un,
actuellement, qui fonctionne.
M. VINCENT: De combien est la valeur d'investissement?
M. SAINT-PIERRE: De $600,000.
M. VINCENT: Cela emploie combien de personnes présentement?
M. SAINT-PIERRE: Cela emploie 17 personnes.
M. VINCENT: II y a cinq ou six dossiers qui sont en marche?
M. SAINT-PIERRE: Oui. Il y a cinq ou six dossiers qui sont en
marche.
M. VINCENT: Qui sont en marche depuis quelques années, quelques
mois?
M. SAINT-PIERRE: Non, quelques mois.
M. VINCENT: Mais il n'y a pas d'annonces qui vont se faire dans les
prochains jours.
M. SAINT-PIERRE: Cela non plus, nous ne le savons pas.
M. VINCENT: On va prier. Peut-on faire autre chose que prier?
M. SAINT-PIERRE: On peut prier pour que les décisions soient
prises à l'automne, parce que je suis certain que les
événements des deux derniers mois ne nous aident pas.
M. VINCENT: Mais le ministre s'attend qu'il est possible qu'à
l'automne on ait des annonces pour le parc industriel.
M. SAINT-PIERRE: II y a des projets suffisamment sérieux, qui
identifient clairement les perspectives du parc industriel et qui sont
très poussés. Je préfère ne pas donner les noms des
compagnies. Alors cela peut être demain matin comme cela peut être
à l'automne, comme cela peut être jamais.
M. VINCENT: Maintenant, du côté de l'infrastructure, les
routes, le quai, les chemins de fer, aqueducs et égouts, j'ai une
question inscrite au feuilleton de l'Assemblée nationale depuis
maintenant deux mois. La région ou la zone de Bécancour est
reconnue par le gouver- nement fédéral comme étant une
zone spéciale, depuis l'entente du 1er avril 1970. On a remarqué,
au cours de l'entente, qu'il n'y a eu aucune participation du gouvernement
fédéral, je crois. Au renouvellement de l'entente,
récemment, au conseil des ministres, avec le ministre des Affaires
intergouvernementales, Bécancour était encore inclus, n'avait
aucune dépense spécifique d'argent.
Est-ce que le ministre croit que le gouvernement fédéral
va injecter des sommes d'argent pour l'infrastructure? Parce que là en
principe c'est reconnu, mais en pratique il n'y a jamais eu un sou, du moins
c'est mon impression.
M. SAINT-PIERRE: II y a plusieurs aspects. D'abord, il peut y avoir des
projets qui sont réalisés par la ville à
l'intérieur de ses limites et qui ne sont pas nécessairement
reliés à l'emplacement même de la Société du
parc industriel. Le ministère des Affaires intergouvernementales et
nous-mêmes pourrions être impliqués. En d'autres termes, il
peut y avoir quand même de la participation fédérale
à l'intérieur de la ville de Bécancour, qui a un effet
direct sur ce qui se passe dans le parc de Bécancour, bien que non
située dans le parc lui-même.
Il y a une question d'échéancier dans tout ça. On
peut dire que les projets des zones spéciales, ce ne sont pas des
engagements à l'infini pour réaliser quelque chose. Ce doit
être des projets très concrets. Il y a la difficulté,
peut-être, pour le parc industriel, d'avoir des projets très
concrets pouvant faire l'objet de négociation et surtout pouvant faire
l'objet d'une exécution réelle.
C'est un fait, comme le souligne le député, que dans la
première année de l'entente c'est surtout la zone nord qui a
reçu les sommes. Cette année, la zone sud peut en recevoir, mais
ça se peut que ce soit à l'extérieur des limites de
Bécancour.
M. VINCENT: Parce que Bécancour est quand même incluse dans
la zone spéciale.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. VINCENT: Jusqu'à maintenant, est-il vrai d'affirmer qu'il n'y
a rien eu de versé pour l'infrastructure?
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai qu'il n'y a rien eu pour l'infrastructure,
mais ce serait faux de dire que rien sur la rive sud ne fait l'objet
actuellement de négociation dans le cadre des zones spéciales. Il
y a des choses sur la rive sud qui font l'objet de négociation, mais
ça déborde l'Industrie et le Commerce.
M. VINCENT: La Société du parc industriel se portait
acquéreur le 26 juin 1969 de 7,000 acres de terrain. Je pense qu'on a
agrandi ces 7,000 acres. De combien?
M. SAINT-PIERRE: De 440 acres entre la centrale nucléaire et le
parc. C'est une section pour des fins particulières une fois
l'analyse de la planification et de l'utilisation des sols faites qui
n'est pas tellement grande, 440 acres.
M. VINCENT: En chiffres ronds, 7,500 acres appartiennent à la
Société du parc industriel. De ces 7,500 acres combien de
terrains en superficie ont été vendus? Glaverbel a pris combien
d'étendue de terrain?
M. SAINT-PIERRE: Le nombre d'acres vendues pour les trois compagnies,
c'est 843 acres. Dans la zone 1, sur le plan des services, sur le plan de la
planification, nous avons 3,267 acres. Une fois qu'on enlève la partie
remise au ministère de la Voirie pour l'autoroute 30, le centre de
services, les services publics, les terrains non aptes à la vente, les
espaces verts, les lieux de détente et de repos, il nous reste 2,410
acres. De ces 2,410, il y en a 843, soit 26 p.c, qui ont été
vendus. Il nous en reste 48 p.c. du total, puisqu'il y a aussi 26 p.c. ou 857
acres qui sont non disponibles pour fins de vente.
Dans la zone 2, nous avons 348 acres disponibles. Là aussi on en
perd 21 p.c. pour services publics, terrains non aptes à la vente,
espaces verts.
Et dans la zone 3, nous en avons également 3,224 de
disponibles.
M. VINCENT: Maintenant, il y avait un arrêté en conseil qui
stipulait que les cinq premières industries qui achetaient des terrains
avaient à payer un prix maximum de $0.03 le pied carré. Sans
avoir les noms, est-ce qu'il y a des options présentement en cours sur
des terrains?
M. SAINT-PIERRE: II y a trois options actuellement.
M. VINCENT: Trois options de prises actuellement qui couvriraient quelle
superficie de territoire? Est-ce possible de le savoir sans dévoiler les
noms?
M. SAINT-PIERRE: 350 acres.
M. VINCENT: Est-ce qu'on pourrait savoir combien de temps encore ces
options-là vont courir?
M. SAINT-PIERRE: La première qui a été
accordée va se terminer d'ici deux semaines.
M. VINCENT: Est-ce qu'il y a possibilité qu'elle soit
renouvelée?
M. SAINT-PIERRE: Oui à moins, évidemment, que, pour les
avantages que vous mentionnez, d'autres ne le prennent. La dernière a
été accordée pour six mois, il y a quelques semaines.
M. VINCENT: II y a quelques semaines. Cela confirme que les
négociations qui sont en cours sont quand même sérieuses,
s'il y a trois options de prises.
M. JORON: C'est une question d'ordre un peu général, pour
résumer dans un sens. Ne trouvez-vous pas, qu'avec $1,442,000 à
ce chapitre-là ça coûte cher au contribuable pour installer
trois compagnies dont deux ne s'installeront probablement pas d'ailleurs?
Est-ce qu'on va en sortir, à un moment donné, de ça?
M. SAINT-PIERRE: On va sortir plus facilement de ça qu'on
pourrait sortir d'autres propositions que vous avez faites. Non, le service de
la dette comprend même $1,200,000. C'est un cercle vicieux pour attirer
des entreprises, il faut avoir des terrains, il faut avoir une infrastructure
d'accueil. C'est ça que ç'a coûté; le service de la
dette prend presque on le voit rapidement, il y a dix personnes qui y
travaillent 80 p.c. du budget.
M. JORON: A quelle vitesse ça va s'éteindre, ça? Au
fur et à mesure que les terrains sont vendus, quand des entreprises
s'installent, est-ce que, d'autre part, la Société du parc a le
privilège de rembourser avant échéance ces emprunts, de
façon à faire diminuer rapidement le service de la dette? Je ne
vois pas l'utilité, en fait, de rester indéfiniment lié.
Il y a cette possibilité-là. La dette en cours est de combien,
à l'heure actuelle?
M. SAINT-PIERRE: Neuf millions de dollars.
M. VINCENT: Est-ce qu'on pourrait nous donner, en gros, le bilan que le
ministre nous a offert tout à l'heure?
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous donner ça. Je vais en faire tirer
des photocopies.
M. JORON: Pensez-vous que vous allez les revendre au prix que ç'a
coûté à l'Etat?
M. SAINT-PIERRE: C'est la conjoncture, là, mais il y a un espoir
qu'on va pouvoir récupérer ce que cela a coûté
à l'Etat. Je ne voudrais pas mentionner les prix de revient moyens que
ça nous donne dans le moment. Disons qu'avec le prix de revient pour
l'ensemble des terrains et les perspectives de vente actuelles et futures,
suivant les conditions du marché et ce que ça offre comme
avantages, on croit qu'il sera possible de boucler.
M. JORON: Je pense qu'à l'avenir cette expérience nous
indique qu'il faudra peut-être agir avec moins d'empressement et
peut-être
d'une façon plus prudente. Je comprends le besoin de procurer une
infrastructure d'accueil, au départ, mais il y a peut-être moyen,
par la législation ou par un zonage, par une homologation des terrains,
d'arriver au même résultat sans imposer à l'Etat de se
porter acquéreur. Là, 7,500 acres, c'est une jolie tranche de
terrain.
M. SAINT-PIERRE: II faut bien se rendre compte que, dans ce
cas-ci...
M. JORON: Pour l'aciérie, au départ.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça... c'est l'utilisation de terrains qui
avaient été achetés lorsque tous les rêves
étaient permis.
M. JORON: Je comprends. Il aurait été plus prudent,
à ce moment-là, de laisser Sidbec elle-même, au fur et
à mesure qu'elle en aurait senti le besoin, supporter ce
coût-là, plutôt que l'Etat s'en porte acquéreur au
départ. C'est ça que je dis.
M. SAINT-PIERRE: Sidbec n'en sentait pas un très grand
besoin.
M. VINCENT: Cela n'appartenait pas à Sidbec. Le terrain avait
été acheté par la Trust général pour et au
nom du gouvernement.
M. JORON: Oui, dans le but de l'implantation de Sidbec.
M. VINCENT: L'implantation éventuelle.
M. JORON: Pour recevoir Sidbec éventuellement; c'est là
où on a peut-être été imprudent.
M. VINCENT: Les $ 9 millions, ce n'est pas seulement pour les terrains.
C'est $3,500,000 pour les terrains et, dans les $9 millions, il y a
l'infrastructure comprenant le réseau d'egout, d'acqueduc, de
réservoir en eau.
M. SAINT-PIERRE: Au 31 mars 1971, les exigibilités étaient
de $7.5 millions. Depuis ce temps-là, à cause de l'infrastructure
il y a eu un accroissement. Les avances, au 31 mars 1972, sont de $9,942,000;
c'est sujet à confirmation.
M. JORON: Dans les actifs, quelle était la proportion de
terrains? Qu'est-ce qui était de l'équipement installé
comme les égouts, les acqueducs, etc.?
M. SAINT-PIERRE: Les terrains étaient de $3 millions. L'an
dernier, sur des actifs de $7.5 millions, les terrains représentaient
$3.3 millions. Le quai, les installations connexes, $3.3 millions; les
réservoirs d'eau, les aménagements, enfin, toute la mise en
oeuvre du plan d'aménagement est montée à $4.2 millions.
En d'autres termes, $3.3 millions pour les terrains, $4.2 millions la
plus-value ajoutée aux terrains comme infrastructure d'accueil.
M. VINCENT: Je termine là-dessus, en invitant le ministre: Quand
il aura le temps, qu'il vienne voir cela.
M. SAINT-PIERRE: Je vais sûrement y aller. M. VINCENT: II sera
très bien reçu. M. SAINT-PIERRE: J'en suis certain.
M. VINCENT: Avec des yeux grands comme cela d'espoir.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adoptée?
M. RUSSELL: M. le Président, on parle ici d'un montant assez
important d'immobilisations. Est-ce qu'il y a des montants qui sont
réduits sur l'amortissement annuellement ou si c'est une accumulation
d'emprunts qui se fait d'année en année par la corporation?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas d'amortissement jusqu'ici, on cumule les
coûts.
M. RUSSELL: Ce qui fait qu'on est rendu à tout près de $10
millions.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. RUSSELL: S'il n'y a pas de mouvement d'activité d'ici deux,
trois, quatre ou cinq ans, cela pourra monter à $12, $13 ou $14
millions.
M. SAINT-PIERRE: Si on continuait les travaux d'infrastructure, mais
c'est évident que dans ce cas-là on atteint un sommet. Ou il y a
des ventes de terrains qui vont se réaliser ou bien on va diminuer le
rythme de croissance des infrastructures.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre peut nous dire si actuellement il y a
des travaux qui se font par la corporation sur ces terrains?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais beaucoup plus en fonction de projets qui
avaient été amorcés il y a déjà quelques
années.
M. RUSSELL: Quel est le montant qui a été engagé
l'an dernier au point de vue des immobilisations?
M. SAINT-PIERRE: Engagé l'an dernier? C'est la réalisation
de la phase 1 d'un plan d'aménagement. C'est beaucoup plus. D y a eu un
plan d'aménagement que vous connaissez bien, en 1969, et là on
réalise la phase 1. Le plan d'aménagement peut indiquer que
ça prend des tuyaux d'égout ou d'acqueduc pour tel et tel
emplacement afin de permettre dans une première étape, pour 3,000
acres de terrain, d'offrir des services, c'est ce que ça coûte.
Maintenant, il n'y a pas eu d'engagement particulier l'an dernier.
M. RUSSELL: M. le Président, je pense que c'était un plan
de développement prévu en 1969 mais qui devait être
réalisé au fur et à mesure que les besoins se feraient
sentir. Actuellement, on a fait l'aménagement de la phase 1
expérant qu'on aurait telle ou telle industrie, tel ou tel besoin. Que
fera-t-on s'il arrive que les aménagements ne suffisent pas aux besoins
des industries qui s'installeront là? Ces aménagements ne
suffisant pas, on sera obligé de défaire ce qu'on a fait
là et d'en faire de nouveaux.
M. SAINT-PIERRE: Non, non. Les types d'aménagements qui sont
faits c'est de l'infrastructure d'accueil élémentaire.
M. RUSSELL: Au maximum.
M. SAINT-PIERRE: Non, c'est l'essentiel. Dans la phase 1, on retrouve
j'essaie de trouver des exemples des réservoirs, des
stations de pompage, des conduites maîtresses d'eau. Ecoutez, sans cela,
on va commencer avec des tuyaux de six pouces et, au bout de deux ans, on va
être obligé de changer cela pour huit pouces et, après
cela, pour douze pouces.
Au départ, nous faisons un plan d'aménagement qui
prévoit les conduites maîtresses pour l'ensemble du
développement. Vous savez autant que moi que ce n'est pas le tuyau qui
coûte cher, c'est de creuser et le placer à la bonne place alors
évidemment ça représente pour la première phase une
portion considérable. L'an dernier ou même l'année d'avant,
il n'y a pas eu d'autorisation pour développer ça, on a fait le
strict minimum pour la phase 1 qui avait été identifiée.
Il est évident qu'à la phase 1 : station de pompage, quais et
jetées, ou on a un parc qui a un quai ou on a un parc qui n'a pas de
quai. Le quai, il faut le construire si on dit que c'est important, parce que
Trois-Rivières permet, douze mois par année, l'arrivée et
le départ de bateaux; il faudrait compter le quai, c'est quand
même $3,400,000. Cela a été réalisé dans la
phase, mais il n'y a absolument rien de plus qui a été
envisagé dans le moment, à moins qu'il y ait un déblocage.
Comme je vous l'ai mentionné, il y a quand même quatre ou cinq
projets assez chauds, la preuve, il y a trois options qui ont
été prises ce n'est pas pour le plaisir de les...
M. RUSSELL: Sans brûler les projets, si je comprends bien, on a
fait des installations de conduites d'eau et de stations de pompage...
M. SAINT-PIERRE: Drainage de surface.
M. RUSSELL: Est-ce qu'à la fin de ces conduites d'eau il y a
déjà une installation d'usine qui commande ces besoins?
M. SAINT-PIERRE: II y en a une dans le moment. D'après les
dossiers que j'ai à l'esprit, pour la réalisation de ces
dossiers, le type dit : II y a un ou deux points en suspens: allons-nous avoir
du gaz naturel, et un des points en suspens: allons-nous prendre
Bécancour ou non? Est-ce qu'il y aura du gaz naturel ou s'il n'y en aura
pas? Pas dans cinq ans, pratiquement dans douze mois d'ici. Alors, nous devons
répondre oui ou non. Si, en plus de ça, nous n'avions pas de
réseau d'égouts et d'aqueducs, vous savez le temps que ça
prend pour construire ça.
M. RUSSELL: C'est la décision qui est longue, ce ne sont pas les
constructions. Et je pense que le ministre sait que...
M. SAINT-PIERRE: Tous les parcs industriels doivent avoir une certaine
infrastructure d'accueil. Si tout ce que nous avons c'est un champ, il n'y a
pas d'industries qui ont de sérieux projets d'investissement qui vont
dire: nous allons payer. Les gens aiment mieux payer $0.15 le pied carré
et être certains qu'ils ne seront pas retardés dans leurs projets
parce qu'il y aura l'égout, l'aqueduc, de l'eau en quantité,
plutôt que de s'engager dans un projet où ils seront les
pionniers, un peu comme dans une nouvelle municipalité.
M. RUSSELL: Je pense que le ministre va comprendre. Il essaie de
défendre quelque chose que, moralement, il ne peut pas défendre.
Il est facile, s'il n'y a personne d'installé, d'avoir un plan
définitif, des décisions. Aussitôt que le besoin se fera
sentir, l'ouvrage se fait immédiatement.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas d'accord, parce que moralement je peux
défendre ça et moralement je ne serais pas capable de
défendre les battures de Beauport où on fait simplement mettre de
la pierre et où des gens arrivent et s'installent. La preuve c'est qu'on
dit que sur les battures de Beauport, qui sont des zones spéciales, on
est obligé de faire une étude pour défaire tout ce qui a
été fait à la bonne franquette jusqu'ici. Moralement, ce
que je peux défendre c'est un plan d'aménagement et une phase
dans laquelle on tente de limiter le plus possible. Les battures de Beauport,
on n'a rien fait de tout ça. On a vendu des terrains et on a fait de
l'amortissement, mais aujourd'hui ils se rendent compte que ce sera à
peu près impossible à développer, il y a des gens qui
veulent des routes ici, des gens en veulent là, des gens n'ont pas assez
d'eau pour le terrain qu'ils ont acheté, ils veulent des conduites plus
grandes, les autres avant n'en voulaient pas.
M. RUSSELL: C'est exactement ce qui peut arriver dans le cas des
conduites actuelles.
M. SAINT-PIERRE: Au contraire, les conduites actuelles ce sont les
conduites maîtresses qui vont desservir l'ensemble du projet et qui ont
été conçues en fonction de cela. On ne vendra pas des
terrains...
M. RUSSELL: La conduite maîtresse dont parle le ministre est de
quelle grosseur?
M. SAINT-PIERRE: L'amenée de l'aqueduc est de quatorze pouces
avec la bonne pression que les gens de la rive sud de Trois-Rivières
peuvent avoir; quatorze pouces, vous pouvez donner de l'eau.
M. RUSSELL: Avec un réservoir, est-ce qu'il sera installé
au bout de ce quatorze pouces, là?
M. SAINT-PIERRE: Actuellement il y a la conduite...
M. RUSSELL: Actuellement une industrie, même très petite,
avec un investissement de $1 million, peut exiger, simplement pour les
gicleurs, un tuyau de dix pouces. Tout dépendra du genre d'usine, si
c'est dans le plastique, tout ce qu'on demande aujourd'hui.
M. SAINT-PIERRE: La conception du réservoir et la station de
pompage, alimentée directement sur le réseau d'eau,
prévoit une pression uniforme, minimum, une fois que toute l'affaire
sera aménagée, de 100 livres par pouce carré. Le tout a
été approuvé par les underwriters, enfin ceux qui sont
responsables de l'approbation des plans...
M. RUSSELL: Les underwriters; le vrai terme français, c'est le
syndicat de garantie.
M. SAINT-PIERRE: Nous savons qui ils sont.
M. RUSSELL: Je suis d'accord avec le ministre. Cela fait pour une usine.
Cela peut faire pour deux. Mais lorsqu'il y a une troisième usine sur le
parcours, on ne l'acceptera plus. On verra arriver les mêmes
"underwriters" qui vont dire: Monsieur, cela ne va pas. Trois usines peuvent
prendre feu en même temps. Que va-t-il arriver? On va manquer de
pression, on va manquer d'eau.
M. SAINT-PIERRE: Dans l'approbation des "underwriters" on ne pensait pas
à cela pour la ferronnerie Jos Leblond qui allait s'installer.
C'était pour l'aménagement complet du parc de Bécancour.
Si vous voulez, je peux bien faire déposer l'approbation des
"underwriters" . Ce n'est pas pour un ou deux projets, c'est pour l'ensemble.
C'est comme conception de système...
M. RUSSELL: Il est extrêmement important que ceci soit
conservé dans de bons dossiers et de s'assurer que celui qui a
donné l'approbation vive assez longtemps pour défendre son
projet. Il y a tellement de contradiction parmi ces gens-là que c'est
devenu presque fatigant et très coûteux pour les industriels, dans
le Québec, actuellement. Je pourrais donner une liste de cas au
ministre. Cela fait sourire beaucoup de monde mais cela en fait souffrir bien
d'autres.
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement va être encore au pouvoir pour
défendre qui avait raison...
M. RUSSELL: Ce n'est pas le gouvernement qui défend. On dit qu'il
n'a rien à dire là-dedans. Ce sont les "underwriters". Ce sont
ces gros gars-là qui, actuellement, établissent des taux par des
compagnies qui tentent de prendre le contrôle des compagnies d'assurance
et qui disent: Ce sont nos taux que nous établirons suivant telles
normes. Cela veut dire que les normes qui ont été
utilisées il y a deux, trois ou quatre ans, quand on a fait des
installations qui ont coûté des centaines de milliers de dollars
ne sont plus justifiables, ne sont plus bonnes, ne sont plus rentables et on
est obligé de payer des taux jusqu'à $4.50 les $l,p00 pour
s'assurer. C'est ce qui arrive actuellement. Je pense que celui qui a
accepté cela, était peut-être justifié de le faire.
Je suis d'accord avec le ministre là-dessus. Est-ce que cela servira
dans l'avenir? C'est là le danger. Peut-être qu'on pourrait
inviter le ministre à demander à un de ses collègues de
faire une enquête sur ce qui se passe dans ce domaine des "underwriters"
et des assurances.
M. VINCENT: M. le Président, concernant le quai à eau
profonde, il est présentement disponible pour servir? Il est prêt?
Il ne manque que les navires.
M. SAINT-PIERRE: II manque les industries...
M. VINCENT: Maintenant, est-ce que les négociations avec le
gouvernement fédéral sont terminées pour ce projet
spécifique de quai à eau profonde? Est-ce que c'est encore en
négociation? Est-ce qu'on a de bonnes chances que le
fédéral accepte d'y participer financièrement?
M. SAINT-PIERRE: Réellement, pour vous donner une réponse
honnête, il faudrait vérifier de nouveau avec mon collègue
du ministère des Affaires intergouvernementales qui est responsable des
négociations avec le fédéral.
M. VINCENT: D'ailleurs, je pense que la réponse va venir par une
petite question posée au feuilleton. Cela touche tous ces
problèmes.
M. SAINT-PIERRE: On a répondu, d'ailleurs, aux sections qui nous
intéressaient, à notre partie industrie et commerce.
M. VINCENT: Ah bon! On me fait signe, là-bas, que cela s'en vient
concernant le chemin de fer. Avec l'entente de la Société du parc
industriel, est-ce que les Chemins de fer nationaux...
M. SAINT-PIERRE: Ah oui, c'est fait.
M. VINCENT: Ils sont en train de réaliser le projet.
M. SAINT-PIERRE: Oui La construction est en cours.
M. VINCENT: Cela doit se terminer vers quelle date? Peut-être que
le secrétaire-trésorier pourrait nous...
M. SAINT-PIERRE: Toute l'infrastructure est terminée, incluant le
chemin de fer. Dans le cas du chemin de fer, tout est fait, incluant le pont
sur la rivière Bécancour. La seule chose qui reste à
faire, c'est poser les rails. Alors, dix milles de rails, on sait que c'est une
question d'au plus trois semaines. Dès que soit Falcon-bridge soit
d'autres compagnies en auront besoin, c'est une question de trois semaines pour
poser les rails.
M. VINCENT: Mais est-ce qu'il y a eu un engagement financier de la
Société du parc industriel envers les Chemins de fer
nationaux?
M. SAINT-PIERRE: Aucun.
M. VINCENT: Aucun. Les Chemins de fer nationaux ont construit sans
aucune...
M. SAINT-PIERRE: Eh bien, il y a eu des permissions d'eux pour
construire...
M. VINCENT: Oui, oui, d'accord. Mais sans aucun engagement financier de
la part de la société?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: C'est la compagnie de chemin de fer qui fait la construction
à ses propres frais.
M. SAINT-PIERRE: II y avait déjà eu une entente avec le
gouvernement et le Canadien National. Mais, lorsque Glaverbel et Falcon-bridge
se sont annoncées, l'entente a été, de part et d'autre,
résiliée. Le CN acceptait de prendre, à ses propres frais,
la construction du chemin de fer pour dix milles de long.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1, adoptée?
M. RUSSELL: M. le Président, je voudrais simplement terminer
là-dessus par une simple question, plutôt une suggestion au
ministre en ce qui concerne les malaises industriels entre les gicleurs et les
"underwriters". Je pense qu'il devrait réellement s'y intéresser.
Je n'ai pas eu la chance d'assister à l'étude des crédits
des Institutions financières. En plus, il y a une autre commission
où je voulais soulever le point. Mais je l'invite à consulter son
collègue et lui demander qu'il regarde un peu ce qui se passe dans ce
domaine.
Un malaise est à se créer actuellement, qui est assez
malheureux pour plusieurs industriels, et assez coûteux.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adoptée?
M. RUSSELL: M. le Président, à la catégorie 1, on
enlève un poste. Il y en avait onze l'an dernier. A-t-il
été comblé?
M. SAINT-PIERRE: La Société du parc industriel a neuf
postes d'occupés actuellement, un de libre, pour un total de dix, ce qui
est suffisant pour ses besoins.
M. RUSSELL: C'est suffisant pour ses besoins. Peut-on avoir
l'organigramme de ces postes?
M. SAINT-PIERRE: Enfin, c'est relativement simple. H y a le directeur
général, M. Legasse. Sous lui, on retrouve le
secrétaire-trésorier, un ingénieur, M. Leclerc, et un
comptable, M. Beaulieu; deux agents de développement industriel, MM.
Jean-Marie Viau et Lanoix, et, comme soutien administratif, un agent
d'administration, Mme Côté, et deux secrétaires, Mme
Beaudin et Mme Lapointe. Il y a un poste libre de secrétaire, soit un
total de dix. Alors, il y a fonction infrastructure, ingénieur; fonction
comptable, vente de terrains et autres choses semblables, coût de revient
et administration. Il y a deux fonctions de développement industriel ou
de promotion.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adoptée?
Adopté.
Catégorie 3, adoptée?
M. RUSSELL: A la catégorie 3, ce sont des dépenses pour
ces mêmes fonctionnaires lorsqu'ils voyagent?
M. SAINT-PIERRE: C'est exactement cela.
M. RUSSELL: II y a une augmentation assez marquée ici.
M. SAINT-PIERRE: Nous avons l'intention d'accroître la promotion
industrielle, avec les deux agents, pour attirer les industriels.
M. RUSSELL: Cette société fait-elle sa propre promotion ou
si c'est le ministère de l'Industrie et du Commerce qui fait la
promotion pour elle?
M. SAINT-PIERRE: II y a une aide mutuelle. Souvent, dans bien des cas,
eux, en assistant à des congrès ou en faisant de la prospection,
vont identifier des projets qui sont remis à Boucherville, ainsi
qu'à d'autres parcs de la
province et vice versa. Au ministère de l'Industrie et du
Commerce, on peut avoir des cas qui nous sont présentés par nos
bureaux à l'étranger, qui sont dirigés à
Bécancour, s'il semble que Bécancour soit le meilleur
endroit.
M. RUSSELL: Mais cette corporation a simplement comme rôle de
recevoir les gens qui sont dirigés à Bécancour par le
ministère de l'Industrie et du Commerce et ses agents. Elle n'a pas
à aller à l'extérieur faire de la promotion
directement.
M. SAINT-PIERRE: En général, elle ne va pas à
l'extérieur simplement pour la prospection, mais, s'il y a quelque chose
d'un peu précis où il y a un effort de vente du gouvernement du
Québec, souvent, on va lui demander de participer à la mission.
Mais, là, ce serait dans quelque chose de très précis. Ce
n'est pas simplement de la prospection en général. La prospection
en général est laissée à nos bureaux à
l'étranger ou à notre division industrielle.
M. RUSSELL: Sinon, il y aurait là dédoublement. Je pense
que ce ne serait pas recomman-dable. Nous avons assez de dédoublement
actuellement.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie
4.
M. RUSSELL: Les services professionnels, ça représente
quoi?
M. SAINT-PIERRE: J'imagine que ce sont les travaux de...
M. RUSSELL: M. Leclerc peut répondre à la place du
ministre.
M. SAINT-PIERRE: Les services de génie pour 72/7'3: $25,000; les
services juridiques: $5,000; la comptabilité: $3,000; les services
techniques, arpenteurs, commissions d'agents d'immeubles: $10,000; les
comités et commissions, jetons de présence pour le conseil
d'administration: $9,000. Pour les paiements en guise d'impôt foncier, on
avait $50,000 l'an dernier et cette année nous n'en avons pas, ce qui
représente une baisse de $50,000.
M. VINCENT: Les taxes foncières, ça va sur le service de
la dette?
M. SAINT-PIERRE: C'est payé à même le service de la
dette?
M. VINCENT: Cela demeure encore $50,000 approximativement?
M. RUSSELL: La corporation reçoit encore $50,000 et c'est
accumulé à la dette qui s'accroît d'année en
année? C'est immobilisé.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: II y a une catégorie où on a parlé
d'agents d'immeubles. Est-ce qu'on a des agents d'immeubles qui s'occupent de
faire la promotion ou la vente de terrains et à qui on paie une
commission?
M. SAINT-PIERRE: C'est une provision. Jamais un sou n'a
été déboursé, mais dans certains cas, suivant la
réglementation de la corporation des agents d'immeubles, ils ont droit
à une commission de 5 p.c. s'ils présentent un client à la
Société de Bécancour. Jamais un sous n'a été
donné.
M. RUSSELL: Je ne suis pas tout à fait d'accord.
M. SAINT-PIERRE: Je vais donner un exemple particulier. Si un industriel
confiait à un agent d'immeubles le soin de lui trouver un emplacement au
Québec avec un droit exclusif et que cet agent d'immeubles amenait
l'industriel à la Société de Bécancour...
M. RUSSELL: L'industriel paierait sa commission, non pas la
Société de Bécancour. Parce que le mandat est de
l'industriel, non pas de la Société du parc industriel.
M. VINCENT: C'est seulement une provision au cas...
M. SAINT-PIERRE: C'est seulement une provision.
M. VINCENT: Est-ce qu'il y a encore des bâtisses sur le terrain?
Des bâtisses dont on doit se départir?
M. SAINT-PIERRE: Quelques-unes.
M. VINCENT: Cela ne serait pas en fonction de ça?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. RUSSELL: Vous n'avez jamais payé? Pourquoi avoir une
provision? Sentez-vous le besoin d'engager quelqu'un pour faire la promotion ou
vendre des terrains?
M. SAINT-PIERRE: Non. Est-ce que ce n'est pas un peu la même chose
là? Votre maison peut possiblement être en vente. Vous ne l'avez
pas donnée à un agent d'immeuble et tout à coup vous
êtes pressenti par un agent qui vous dit: Bon, très bien, je peux
vendre votre maison à un gros prix et je suis intéressé
à vous amener un client. Et là on dit: Bien non, je ne veux pas
donner de commission; ou on est prêt à donner 5 p.c. si l'autre
est capable de nous arriver avec quelqu'un qui est prêt à acheter
à nos conditions.
M. RUSSELL: Ah là, ce serait différent. Ce serait un
mandat donné non suivant la provision.
M. SAINT-PIERRE: Bien oui, c'est ça qu'on dit. On dit qu'on fait
une provision, on n'en a pas donné.
M. RUSSELL: Est-ce qu'on a un mandat des agents d'immeubles? Oui, on en
a.
M. SAINT-PIERRE: On n'en a pas donné. Mais si un industriel
étranger confiait un mandat à un agent d'immeubles et que cet
agent nous amenait quelqu'un de très sérieux, là
peut-être que nous serions devant le dilemme de ne pas parler à
quelqu'un que nous ne connaissons pas ou bien d'être prêts à
donner un mandat à quelqu'un de vendre nos terrains aux conditions que
nous voulons bien le vendre. Là la provision veut simplement
refléter la transaction. Il y aurait tant pour le terrain, il y aurait
tant pour la commission que normalement on ne fait pas, qu'on n'a pas
l'intention de faire, mais c'est une provision. C'est comme si on met $9,000 de
côté parce que peut-être on va être obligé
d'aller chez le médecin. On ne tient pas à y aller, mais...
M. RUSSELL : Quel montant avait-on prévu l'an dernier?
M. SAINT-PIERRE: L'an dernier, on avait le même montant que ce
qu'on a dépensé pour 1971. Il faut dire que c'est
regroupé; le service technique, ça comprend aussi les
arpenteurs-géomètres, il faudrait les décomposer. L'an
dernier, tout ça était à honoraires et commissions. On
avait prévu $25,000, puis il y a eu $17,000 de dépensés.
Mais, honoraires et commissions, ça comptait les services de
génie peut-être. Alors, honoraires et commissions, c'était
surtout des conseillers juridiques, les frais d'arpentage. L'arpenteur est M.
Edouard Laird, de Nicolet. Vous devez le connaître.
M. VINCENT: Je le connais très bien d'ailleurs. Le
président de l'association libérale travaille pour lui. Cela n'a
aucune relation avec ça.
M. SAINT-PIERRE: Cela ne doit pas sûrement.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. Catégorie 5.
Adopté.
M. RUSSELL: Catégorie 5, entretien et réparations, le
montant l'an dernier a été totalement épuisé?
M. SAINT-PIERRE: Non.
Le parc commence à prendre forme. Vous avez simplement des
articles où on avait prévu moins de dépenses l'an dernier
et où on en a plus cette année, comme le déblayage de la
neige et autres terrains pour, en particulier, l'usine de pompage; des bureaux,
pour $2,000; du matériel de chauffage, la climatisation et la
réfrigération de plomberie; on n'avait rien l'an dernier et,
cette année, on a $1,000. Ce n'est pas beaucoup, mais cela commence
à prendre forme. Il y a les appareils électriques et
d'éclairage, l'entretien des maisons louées. On n'avait rien l'an
dernier et, cette année, on a $1,000.
M. RUSSELL: Vous louez des résidences aux employés?
M. SAINT-PIERRE: Lorsqu'on a fait l'acquisition des terrains, il y avait
des maisons. Quatre ou cinq de ces maisons sont louées à des
résidents de Bécancour. Nous devons assumer, comme
propriétaires, certains frais de réparations de ces maisons qui
nous donnent des revenus, cependant.
M. RUSSELL: Quelle a été la dépense des
réparations de ces maisons-là, l'an dernier?
M. SAINT-PIERRE: Aucun montant de réparations.
M. RUSSELL: Quel est le revenu? On ne le voit nulle part.
M. SAINT-PIERRE: $30 ou $35 par mois, chaque maison. Voulez-vous qu'on
vous en réserve une pour votre retraite? A ce prix-là, on peut y
rester longtemps.
M. RUSSELL: On a presque le moyen de la louer sans y demeurer. Surtout
s'il faut dépenser des montants pour leur entretien, ne serait-on pas
mieux de les démolir?
M. SAINT-PIERRE: II y a quatre ou cinq familles qui vivent là
dans le moment et qui y trouvent un loyer modique. C'est le même
problème qu'à Montréal.
M. RUSSELL: II faut, tout de même, être raisonnable. Je ne
veux pas critiquer, mais...
M. SAINT-PIERRE: Voulez-vous qu'on les démolisse?
M. RUSSELL: ... si cela coûte plus cher pour les entretenir que le
prix de la location...
M. SAINT-PIERRE: Cela ne coûte pas plus cher pour les
entretenir.
M. RUSSELL: Je voudrais savoir le montant que l'on prévoit pour
l'entretien.
M. SAINT-PIERRE: Pour l'entretien, c'est $1,000.
M. RUSSELL: II y en a quatre à $35 par mois.
M. SAINT-PIERRE: II y a bien des choses dans la vie qu'il faut
garder.
M. RUSSELL: Plus les taxes parce que si on les loue, on est sujet aux
impôts, on est sujet à des assurances. C'est vrai que le
gouvernement...
M. SAINT-PIERRE: Ce que vous nous dites en fait c'est que, normalement,
il faudrait peut-être hausser le loyer de ces maisons-là.
M. RUSSELL: Bien, il faudrait faire quelque chose qui semble se tenir.
Actuellement, il semble y avoir un laissez-aller qui n'est pas acceptable.
C'est la question qui revient souvent des habitations qu'on loue à des
employés du gouvernement et qui font partie de leur salaire, partie sur
laquelle ils ne paient pas d'impôt, mais il prétendent quand
même qu'ils ne gagnent pas assez.
Là, il y a des maisons qu'on loue, on prend l'argent du
contribuable, on fait l'entretien et on loue à des prix qui rapportent
moins que le coût. On ferait mieux de les démolir.
M. SAINT-PIERRE: Dans ces quatre cas, quand même on
augmenterait... Le député a sûrement raison de dire que ce
n'est pas normal de louer à $35 si finalement, même si c'est
simplement une prévision budgétaire, on prévoit $1000, si
on retire $1,200 de revenus et qu'on en dépense $1000 pour l'entretien,
sauf qu'il faut bien voir dans quel contexte quelques familles restent encore
dans la région. On pourrait, je pense, faire preuve de saine
administration ou d'efficacité et dire qu'on va hausser le loyer de ces
maisons à $60 ou $65 par mois. Mais, dans les quatre cas, cela
hausserait la contribution de bien-être social pour le loyer. Si nous
l'augmentons, il faut que le bien-être social augmente ses prestations
d'un montant équivalent. Ce serait peut-être, strictement parlant,
répartir d'une façon plus appropriée les $40 dans un
budget de $4 milliards, mais...
M. RUSSELL: Je pense que ces gens doivent être traités sur
un pied d'égalité avec les autres gens du bien-être social
qui paient des loyers plus élevés dans des logements à
prix modique.
M. SAINT-PIERRE: Mais ils le sont, dans le bien-être social. Ces
mêmes personnes, si on hausse leur loyer de $30 à $100 par mois,
vont recevoir $70 de plus du bien-être social.
M. RUSSELL: M. le Président, c'est donc du bien-être social
déguisé. Or, la corporation du parc n'a pas le droit de faire du
bien-être social. Je pense qu'il faudrait prendre des dispositions pour
s'assurer au moins que si ces gens paient seulement $35 ou $40 par mois, ils
fassent l'entretien de la propriété ou qu'ils la libèrent.
Qu'on laisse le bien-être social au ministère qui doit s'en
occuper.
M. SAINT-PIERRE: II faudra revoir les prix de location de ces maisons et
quelle est l'évolution des loyers.
On m'informe que le prix, au départ, avait été
déterminé par le Trust général du Canada. Il n'y a
pas eu de hausse depuis. On va réexaminer, selon les conditions du
marché, l'état des propriétés pour voir si une
hausse, si minime soit-elle, ne serait pas justifiée.
M. RUSSELL: La réévaluation n'a pas été le
meilleur exemple à suivre.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5, entretien et réparations,
adoptée?
M. RUSSELL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6, loyers,
adoptée?
M. RUSSELL: Loyers, qu'est-ce que cela représente? Qu'est-ce que
vous louez? Il y a une augmentation de 300 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Les stations de pompage ne fonctionnaient pas
auparavant. Maintenant, elles fonctionnent. C'est là l'accroissement le
plus prononcé. Egalement, dans le matériel de transport, on a un
accroissement de dépenses de $2,000.
M. RUSSELL: II ne s'agit pas de transport; il s'agit de loyers.
M. SAINT-PIERRE: Vous parlez de la catégorie 6?
M. RUSSELL: Oui, loyers.
M. SAINT-PIERRE: Oui, je le sais. Il y a de la location de
matériel de transport, des souffleuses, des bulldozers pour
l'enlèvement de la neige et l'entretien.
M. RUSSELL: C'est fait sur les terrains de la corporation, mais ce n'est
pas fait par la municipalité.
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est ça.
M. RUSSELL: Mais vous payez quand même des impôts à
la municipalité.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais c'est une propriété
privée.
M. RUSSELL: C'est de l'entretien que vous ne faisiez pas dans le
passé.
M. SAINT-PIERRE: L'entretien qui n'était pas nécessaire
dans le passé. On en faisait beaucoup moins, parce qu'il y a bien des
choses qui n'existaient pas il y a un an et qui existent maintenant.
M. RUSSELL: Est-ce que le montant de $1,800 a été
épuisé, l'an dernier, pour l'entretien?
M.SAINT-PIERRE: Nous avons dépensé $1,500, l'an
dernier.
M. RUSSELL: Un montant de $1,500. Cela fait une augmentation assez
marquée, cette année.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais il y a une station de pompage qui n'existait
pas l'an dernier. Il y a aussi le quai et la jetée qui n'existaient pas
l'an dernier et qui existent cette année. Sur le plan de
l'équipement, nous l'avons article par article. Alors, loyers pour
$5,400. Où va ce montant? Parc de stationnement: $1,400. L'an dernier,
nous avions $200.
M. RUSSELL: Stationnement pour qui? Il n'y a personne là.
M. SAINT-PIERRE: II y a deux stationnements à Québec, deux
stationnements à Montréal pour les employés de la
Société du parc industriel du centre du Québec, qui
travaillent à Québec ou à Montréal. Maintenant,
machines industrielles et machines-outils, il y a $1,000. Il n'y avait rien
l'an dernier. Alors, possibilités de location de machinerie; lorsque,
dans des circonstances données, on a besoin d'une machine, soit à
la station de pompage ou autres, pour une petite période de temps, on
peut en faire la location à Trois-Rivières. Alors, on a $1,000.
Ce n'est pas beaucoup. Peut-être qu'on va en dépenser $500,
peut-être $800. Peut-être que $1,000 ne seront pas suffisants. Ce
sont des prévisions. Matériel de transport, on l'a
expliqué, ce sont surtout les souffleuses à neige et les choses
semblables, $3,000. On a expliqué que l'an dernier on n'avait pas le
quai, on n'avait pas la station de pompage. Cette année, ce sont deux
articles qu'on a plus l'autre.
M. RUSSELL: Est-ce que cela va être donné à contrat?
Est-ce qu'il y a eu des estimations de faites? Est-ce que cela va être de
l'entretien fait à la journée?
M. SAINT-PIERRE: C'est à l'étude. Mais actuellement on
espère en arriver à une entente avec la ville de Bécancour
pour qu'elle le fasse à un prix raisonnable. Ce serait elle-même
qui le ferait et nous défraierions une partie de ça. C'est
à l'étude.
M. RUSSELL: ... logique de le faire.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6, adopté?
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a d'autres choses pour $5,400? Je n'ai pas
tout à fait $5,400.
M. SAINT-PIERRE: Bien, cela fait $5,400: $3,000 pour le matériel
de transport, $1,000 pour les machines industrielles...
M. RUSSELL: Ah, c'est $3,000. D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. RUSSELL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7?
M. RUSSELL: A la catégorie 7, il y a là aussi une
augmentation assez marquée. Est-ce qu'on pourrait avoir le
détail?
M. SAINT-PIERRE: Le détail de ceci, pour arriver au montant,
matériel fabriqué non comestible, $3,200; l'an dernier, on avait
$550. Produits finis non comestibles, pneus et chambres à air en
caoutchouc, $300; cela doit être des pneus pour les véhicules de
la société. Vêtements, chaussures et accessoires, $300.
M. RUSSELL: M. le Président, la société a des
véhicules?
M. SAINT-PIERRE: Un véhicule.
M. RUSSELL: Un véhicule. Est-ce un camion ou une automobile?
M. SAINT-PIERRE: Une camionnette-jeep, quatre roues, pour promener sur
le terrain les gens qui seraient intéressés à voir
ça plus en détail. Un véhicule tout usage.
M. RUSSELL: All purpose. M. SAINT-PIERRE: Pardon? M. RUSSELL: AU
purpose.
M. JORON: Quatre roues, vous voulez dire une traction sur les quatre
roues. Parce qu'habituellement la plupart des véhicules en ont
quatre.
M. SAINT-PIERRE: Vêtements, chaussures et accessoires: $300. Des
chapeaux de sécurité, des choses semblables. Articles de cuisine
et autres articles ménagers: $1,000. Alors, si jamais, dans
l'année, il y avait des déblocages pour bâtir un centre
administratif sur le port on serait obligé d'avoir certaines
installations de cuisine et autres pour les débardeurs et les douaniers,
et d'autres choses semblables. C'est $1,000.
Après cela, imprimés, livres, fournitures de bureau:
$3,200. Cela pourrait être votre publicité, je suppose, votre
petit dépliant, non? Matériel d'ingénieurs, les plans, les
dessins, la reproduction au Xérox, des choses semblables.
Electricité, gaz et chauffage. Vous voyez que, l'an dernier, on
avait $2,800 et, cette année, on prévoit $13,000.
M. RUSSELL: Le montant prévu l'an dernier a-t-il
été dépensé?
M. SAINT-PIERRE: L'an dernier, c'était
dans "mobilier et équipement de bureau". On me dit que 50 p.c. du
montant, à peu près, auraient été
dépensés.
M. RUSSELL: C'est une augmentation assez marquée cette
année.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais, là, il y a la station de pompage.
M. RUSSELL: Vous ne chauffez pas le quai!
M. SAINT-PIERRE: Non, non. Le coût de l'électricité
pour le quai, pour la station d'eau brute et les pompes d'égouts, le
coût du chauffage pour la station de pompage, le bureau, le quai, plus
deux stations de relèvement qui sont en construction: $13,000. Il manque
$1,000, qui sont pour autres fournitures et approvisionnement. Ce sont les
contigen-ces.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7, adopté?
Adopté.
Catégorie 8?
M. RUSSELL: Matériel et équipement. Il y a, encore
là, une augmentation. Je suppose que c'est un détail à peu
près de la même nature.
M. SAINT-PIERRE: C'est la même chose.
M. RUSSELL: Le montant de l'an dernier a été
épuisé.
M. SAINT-PIERRE: Matériel de bureau.
M. RUSSELL: Xérox doit revenir là aussi, je suppose.
M. SAINT-PIERRE: Probablement. Il y a $4,500 pour deux dactylographes
électriques, une machine à additionner, un photocopieur, deux
classeurs à plans.
M. RUSSELL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté. Catégorie
12.
M. SAINT-PIERRE: C'est l'évolution en fonction des états
financiers. Nous pouvons en faire tirer des photocopies.
M. RUSSELL: Vous pourriez en envoyer aux députés. Ce n'est
pas nécessaire de les déposer aujourd'hui.
M. SAINT-PIERRE: M. Leclerc en prend note.
M. RUSSELL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 11. Adopté. Article 12.
M. RUSSELL: II s'agit d'achat, construction et transformation
d'immeubles. Le ministre peut nous donner une idée
générale.
M. SAINT-PIERRE: M. Bernard est ici. Il s'agit essentiellement...
M. RUSSELL: A moins qu'on veuille ajourner et reprendre.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on peut finir. Enfin, je ne veux pas vous
l'imposer. Il s'agit essentiellement des parcs industriels de pêche. Je
pense que vous étiez là lorsque nous avons discuté de la
pêche et des quatre parcs industriels. C'est là qu'on retrouve le
montant de $1,219,000.
M. RUSSELL: L'agrandissement de l'aquarium est-il compris
là-dedans?
M. SAINT-PIERRE: II y a des réparations à l'aquarium, le
système d'électricité et le système de
climatisation. Cela va chercher $115,000 dans le budget de la présente
année.
M. RUSSELL: Donc, le premier contrat que vous avez donné est sans
soumission ici, par négociation de $26,000, c'est à partir de ce
montant-là.
M. SAINT-PIERRE: II a été réalisé certains
travaux au cours de 71/72 et nous continuons avec $115,000. C'est un projet en
somme qui va chercher $200,000.
M. RUSSELL: C'est pour quoi ces transformations-là?
M. SAINT-PIERRE: C'est le système de la climatisation de l'air.
C'était urgent. Il passait tellement de gens qu'ils étouffaient
dans les corridors.
M. RUSSELL: C'était les recherchistes qui avaient des
faiblesses.
M. SAINT-PIERRE: Le public visiteur.
M. RUSSELL: Etes-vous allé à l'aquarium?
M. SAINT-PIERRE: Plusieurs fois avec mes enfants. C'est vrai qu'il fait
chaud dans les couloirs, c'est noir.
L'installation électrique était toute à reprendre,
parce qu'officiellement c'était condamné par les Travaux publics
depuis quatre ans.
M. RUSSELL: Je m'excuse. Ce n'est pas les Travaux publics qui l'ont
condamnée, c'est le ministère du Travail. Il l'avait
condamnée et les Travaux publics étaient censés la
refaire, mais comme le ministère de l'Industrie et du Commerce s'y
opposait, et qu'il voulait la faire à sa façon, à sa
manière, il y a eu une divergence d'opinion. Je présume
qu'actuellement on va
faire ça de la même façon qu'on voulait le faire il
y a trois ans et qu'on va améliorer l'espace pour les recherchistes. On
va continuer à transporter l'eau salée du bas de la mer ici en
camion. On a encore un camion, je suppose? Et on fait la recherche ici
plutôt que de la faire en Gaspésie où ça devrait se
faire.
M. SAINT-PIERRE: Le personnel scientifique est rendu au complexe
scientifique.
M. RUSSELL: C'est déménagé.
M. SAINT-PIERRE: Vous n'aviez pas été capable de
convaincre votre collègue, M. Beau-dry?
M. RUSSELL: Oui, on avait assez bien réussi. Ce n'était
pas le ministre qui était le plus difficile à convaincre,
c'était le groupe de recherchistes qui semblait l'entourer; eux se
sentaient incapables de faire des recherches ailleurs qu'à l'Aquarium.
Et c'est là que je me demandais s'ils étaient morts par
l'étouffement avent d'installer l'air climatisé. Je
présume qu'ils ont été sauvés par le
déménagement au centre de recherche. La recherche se fait au
centre ici.
M. SAINT-PIERRE: Au complexe scientifique.
M. RUSSELL: Qu'arrive-t-il de l'espace utilisé par ces
gens-là?
M. SAINT-PIERRE: Vous entendez à l'Aquarium?
M. RUSSELL: Oui.
M. SAINT-PIERRE: C'était en somme aux étages
supérieurs. Il y avait les aquariums sur deux planchers et les planchers
supérieurs étaient utilisés par le personnel scientifique.
Ce qui reste maintenant, nous y avons aménagé la cuisine
expérimentale, qui appartenait à la Direction
générale des pêches. C'était à Place
Montcalm. Us vont emménager là incessamment. Après je vise
à y faire installer nos agents de protection de pêche il y
a 5 ou 6 agents qui forment le bureau de la division de Québec
plutôt que de les installer dans des bureaux à coût
passablement élevé, comme chez nous, à l'édifice de
la Banque royale. Alors, ce serait leur point d'attache.
M. RUSSELL: Malgré l'opposition des recherchistes, vous allez
venir à bout de trouver une utilisation rationnelle de cet espace d'une
façon rentable pour le gouvernement. Et à quel coût
d'aménagement?
M. SAINT-PIERRE: Au total, l'aménagement va chercher
$200,000.
M. RUSSELL: Est-ce compris dans le montant qui est indiqué
ici?
M. SAINT-PIERRE: Oui, parce qu'ici ç'a été
réparti sur deux ans. L'an dernier, nous avions de l'argent au budget.
L'an dernier il y avait $60,000. Nous les avons utilisés, et cette
année nous complétons.
M. RUSSELL: Vous avez parlé de coût.
M. SAINT-PIERRE: En somme le réaménagement de l'Aquarium,
il faut s'entendre; c'est le fil électrique et la climatisation.
Seulement.
M. RUSSELL: Seulement. Cela ce sont les $200,000. Donc là vous
avez un contrat pour $26,972 en cours actuellement.
M. SAINT-PIERRE: Ah bien ça c'est épuisé nous
sommes bien au-delà de ça.
M. RUSSELL: Vous êtes au-delà de ça.
UNE VOIX: Au-delà, en ce sens que vous avez d'autres contrats qui
ont été donnés?
M. RUSSELL: Est-ce que vous procédez de la même
façon avec les autres contrats que vous avez procédé avec
celui-là ou est-ce que c'est une extension de celui-là?
M. SAINT-PIERRE: C'est une extension. M. RUSSELL: De celui-là? M.
SAINT-PIERRE: Oui.
M. RUSSELL: L'entrepreneur est M. Giguè-re.
M. SAINT-PIERRE: II faut s'entendre, à Québec.
C'était la construction d'une chambre électrique, si vous voulez,
une chambre d'entrée pour ces $26,000. Un autre entrepreneur
général a la phase de réalisation de la climatisation.
C'est autre chose.
M. RUSSELL: Sous la surveillance de M. Giguère ou si c'est un
autre entrepreneur?
M. SAINT-PIERRE: C'est un autre entrepreneur. M. Giguère
était pour la chambre électrique, à
l'extérieur.
M. RUSSELL: Qui est l'architecte et qui est l'ingénieur?
M. SAINT-PIERRE: L'architecte est le même qu'il y a quelques
années. Je m'excuse que le nom ne soit pas présent à mon
esprit, mais c'est une société d'architectes de
Trois-Rivières.
M. RUSSELL: Les travaux publics n'ont pas eu le privilège de
choisir l'architecte pour
l'aquarium. C'est le ministère de l'Industrie et du Commerce,
dans le temps, qui l'avait choisi, aussi bien que l'ingénieur.
Pouvez-vous me dire qui est l'architecte?
M. SAINT-PIERRE: Je crois qu'il y a les noms Baril, Juneau, etc.
Peut-être que si le député de Trois-Rivières
était ici, il pourrait l'identifier. Je m'excuse, je ne puis vous le
fournir. D avait déjà fait un travail d'expertise
préalablement à la réalisation des travaux.
Ce travail d'expertise a été accompli il y a deux ou trois
ans. Etant donné qu'il y avait déjà eu un travail de fait,
nous avons eu recours aux services des mêmes architectes.
M. RUSSELL: Est-ce que le travail d'expertise n'avait pas
été fait en 1968 ou quelque chose comme cela?
M. SAINT-PIERRE: C'était avant mon temps; je m'en excuse, c'est
un renseignement que je pourrai vous fournir, je ne m'attendais pas à
cela.
M. RUSSELL: Ce serait bien intéressant. J'aimerais avoir des
renseignements sur le travail d'expertise; ensuite, au sujet des
réparations, est-ce que c'est suivant la recommandation qui a
été faite par ces professionnels? Est-ce qu'on continue à
donner des contrats comme celui qu'on a donné à M.
Giguère? Ce sont des renseignements que vous pourriez peut être me
donner immédiatement.
Pouvez-vous répondre à ma dernière question? Vous
venez d'accorder des contrats pour la construction ou la réparation,
l'aménagement de l'aquarium; est-ce que ces contrats sont donnés
par soumissions publiques, par soumissions en circuit fermé ou par
négociations?
M. SAINT-PIERRE: Je préférerais, si vous voulez,
répondre exactement à vos questions. Je n'ai pas
été présent à cela, c'est la suite de quelque chose
qui avait été amorcé. Cela s'est réglé au
bureau de la direction technique, aux services techniques, chez nous.
M. RUSSELL: Donc, je pourrais poser une question au ministre d'abord. Je
pense que c'est peut-être à lui de répondre. Pour quelle
raison a-t-on procédé à l'octroi du contrat à M.
Giguère, comme on l'a fait?
M. SAINT-PIERRE: Je vais être bien franc, je ne me suis pas
occupé du prix ni de rien de cela mais, si vous voulez, on peut aller au
fond des choses pour savoir comment cela a commencé, qui a choisi
quoi.
J'ai d'autres préoccupations que de savoir comment il se fait que
quelqu'un travaille pour $22,000 à l'aquarium, mais je peux aller au
fond des choses. Moi, ça ne me fait absolument rien.
Si vous le voulez, nous allons aller au fond de l'affaire; je n'y
connais absolument rien.
M. RUSSELL: C'est parce qu'il faudrait suspendre la séance.
M. SAINT-PIERRE: Nous allons le faire. UNE VOIX: J'aurais aimé
terminer.
M. RUSSELL: II y a certainement d'autres questions, parce que c'est un
montant de $1 million. Nous pouvons mettre cette question de côté
et nous entendre en dernier, s'il n'y a que ça, pour éviter le
retour.
M. SAINT-PIERRE: Je ne voudrais pas qu'il y ait d'ambiguïté,
parce que nous n'avons absolument rien à cacher.
M. RUSSELL: Remarquez bien, M. le Président, que je n'accuse pas
le ministre d'avoir quelque chose à cacher, mais je pense qu'il y a de
quoi à apprendre cependant. Cela pourrait l'aider...
M. SAINT-PIERRE: Je sais que, dans ce secteur, j'ai beaucoup de choses
à apprendre.
M. RUSSELL: ... à suivre le canal dans lequel nous voulons le
diriger.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Avant d'adopter l'article 12, je voulais demander à
quel moment on avait prévu de discuter de la SGF.
M. SAINT-PIERRE : Nous pouvons le faire immédiatement, si vous le
voulez. Il n'y a pas d'article comme tel pour la SGF, mais nous pouvons en
parler avant la fin.
M. LE PRESIDENT: Nous pourrions peut-être adopter l'article 12 et
procéder ensuite aux questions.
M. RUSSELL : M. le Président, nous pouvons en discuter sans
adopter l'article 12. Il peut venir d'autres questions sur l'immobilisation.
Nous discutons $200,000 d'immobilisations.
Achat, construction et transformations
d'immeubles
M. LE PRESIDENT: Techniquement parlant, j'aimerais mieux qu'on accepte
l'article 12 parce que discuter de la SGF à l'article 12, c'est non
conforme au règlement et je suis obligé de déclarer vos
questions hors d'ordre. J'aime mieux tomber dans les
généralités après l'adoption de l'article 12, pour
respecter les détails techniques de notre règlement.
M. RUSSELL: II y a $1 million d'immobilisations.
M. SAINT-PIERRE: Les grandes divisions de l'article 12 si vous voulez en
prendre note:
Services professionnels, administratifs et autres, pour $174,000:
matériel et équipement, $60,000; terrains, immeubles et travaux
de génie, pour $985,000. Maintenant, je dois dire qu'en 71/72 nous avons
eu des crédits non requis pour une somme de $4,188,000. Ce sont les
bateaux passeurs de Lévis qui étaient nécessaires.
Maintenant, moins les imputations, c'est, cette année, de $1,012,000, ce
qui implique donc $207,000, en 72/73.
Le détail, maintenant: $174,000, ce sont des honoraires
concernant le complexe de pêche de Rivière-au-Renard, pour $24,000
et des honoraires pour le développement du centre industriel de
pêche de l'ODEQ, programme 26, projet 503, pour $150,000.
Maintenant, matériel et équipement $60,000; on a une
machine à glace additionnelle pour l'usine de Rivière-au-renard,
$30,000. Augmentation d'énergie frigorifique à l'entrepôt
de La Tabatière, $30,000. Terrains, immeubles et travaux de
génie, premièrement, acquisition d'immeubles et de terrains.
Comme l'a mentionné M. Bernard, le réaménagement du
système électrique et de la climatisation de l'Aquarium de
Québec, pour $115,000, soit un projet total de $200,000 dont une partie
est engagée. Mais cette année, c'est $115,000. La construction de
bassins recouverts pour l'élevage de l'anguille à Québec,
projet no 504 de l'ODEQ, programme no 27, $12,000. Cela se fera tout
près de l'échangeur du pont Pierre-Laporte. Ce sont des travaux
qui sont restés là.
Maintenant, autres immeubles: construction d'un mur de protection
à la station de biologie marine de Grande-Rivière, $8,000. Il y a
le développement de complexes industriels de pêche, projet no 503
de l'ODEQ, programme no 26, plans directeurs de trois complexes qui sont
présentement en préparation par trois firmes de consultants soit:
Marc Dancause & Associés, pour le complexe de
Rivière-au-renard, Metra Consultant pour Paspébiac, Rochette,
Rochefort et Pineau pour Cap-aux-Meules. Le coût de la réalisation
de ces trois complexes ne pourra être déterminé
qu'après l'approbation des projets directeurs. Donc, cette année,
tout ce qu'on a au budget, ce sont les plans directeurs eux-mêmes qui
s'évaluent à environ $40,000 chacun à peu près.
Moins que cela, $30,000 chacun plus la préparation des plans et devis
pour la réalisation des complexes de pêche. Donc, au total
$850,000 dans les crédits.
M. RUSSELL: II y a un contrat de services professionnels qui a
été donné à une firme pour un montant de $40,000
pour faire l'étude sur la construction d'un bateau.
M. SAINT-PIERRE: C'est déjà passé au budget. Nous
avions cela dans la division de l'économique.
M. RUSSELL: C'est de l'immobilisation quand même. A quoi cela
sert?
M. SAINT-PIERRE: En somme, c'est une étude
techno-économique sur le bateau. Cela passe par le crédit
maritime. Ce n'est pas nécessairement de l'immobilisation. On ne la
montre pas comme telle. En somme, le bateau, c'est un prototype à partir
duquel seront construits les...
M. RUSSELL: C'est évident que c'est un bateau pour faire des
études.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'il y a un phénomène de
renouvellement. Cela s'use. Les bateaux prennent de l'âge. Nous voulons
de nouveaux matériaux et une nouvelle conception. En somme, nous voulons
des bateaux polyvalents qui peuvent assurer une pêche diversifiée,
que ce ne soit pas simplement des saineurs ou des palangliers. Ce sont des
bateaux qui peuvent faire concurremment deux ou trois sortes de pêche par
l'adaptation du chalut ou de toute notre pêche.
M. RUSSELL: En attendant que ces bateaux soient construits, vous faites
des locations de bateaux à tel pays étranger pour venir faire de
la recherche ici?
M. SAINT-PIERRE: II ne faudrait pas mêler tout ça. Le
bateau polyvalent que nous concevons, pour lequel est faite une étude,
cela est en vue d'inciter le pêcheur. Il y a un ancien modèle qui
a fait ses preuves. L'autre, c'est de la recherche scientifique. Les locations
de bateaux, c'est de la recherche scientifique, pour les fins de la
biologie.
M. RUSSELL: Est-ce que c'est la première année qu'on loue
des bateaux de pays étrangers pour faire de la recherche ici?
M. SAINT-PIERRE: Bien, ce serait notre première année. A
notre point de vue, ce serait très avantageux. Au départ, c'est
un navire de recherche et non pas un navire de pêcheur.
C'est la location du bateau français dont vous parlez?
M. RUSSELL: Pays étranger. On a mentionné le
français.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'on a discuté à fond il y a
deux ou trois jours...
M. RUSSELL: J'ai remarqué qu'on s'est
référé, par exemple, à un argument qu'avait
apporté le député des Iles-de-la-Madeleine. Ce
n'était pas du tout de ça qu'il parlait lorsque qu'il avait
soulevé le point en 1969, c'est-à-dire des vieux bateaux qui
étaient utilisés pour la recherche...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. RUSSELL: II voulait dire, en somme, que
c'était plutôt de l'argent gaspillé parce qu'on ne
fournissait pas l'équipement valable aux gens pour faire de la
recherche... A ce moment-là, il posait la question au ministre. La
façon dont le député a posé la question...
M. SAINT-PIERRE: Mais cette année...
M. RUSSELL: ... et la façon dont la réponse a
été donnée, ça laissait croire qu'il se faisait de
la location avant et que ce n'était pas la première année
qu'on le faisait de cette façon.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député est d'accord que
cette année, par la location de ce bateau étranger, de la France,
appellons-la par son nom, qui est quand même, sur le plan de la
recherche, ce qu'on a trouvé de plus valable pour moderniser et donner
une aide à nos pêcheurs, c'est de l'argent bien
dépensé? Il ne s'agit pas, cette année, de gaspiller notre
argent. C'est un bateau...
M. RUSSELL: On ne chicanera pas sur les principes. Je suis d'accord sur
le principe.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. RUSSELL: Mais je ne suis pas d'accord sur le choix. Mais, sur le
principe...
M. SAINT-PIERRE: Bien, je suis ouvert. Je ne sais pas si le contrat a
été signé. Avez-vous un choix autre? Ii semble...
M. RUSSELL: Je pense qu'il y a des pays qui ont fait mieux leurs
preuves...
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. RUSSELL: ... que la France et qu'on pourrait peut-être utiliser
avantageusement. De toute façon, je vais laisser le ministre prendre ses
responsabilités.
Je suis certain qu'il va le faire. Je le sais assez objectif pour se
rendre compte en temps et lieu que ce n'est peut-être pas le pays le plus
avantageux pour la recherche qu'il veut faire.
En 69/70, un montant avait été mis au budget, justement
pour les fins pour lesquelles on veut engager une firme, ici, actuellement, ce
qui veut dire que ce projet avait été abandonné.
M. SAINT-PIERRE: Vous parlez toujours de la location de bateaux pour
fins de recherches.
M. RUSSELL: En 1969, un montant de $100,000 avait été mis
au budget pour faire une étude en vue de la construction d'un bateau,
comme vous avez...
M. SAINT-PIERRE: Disons que cela n'a pas été
utilisé à l'époque. C'est parce que le contexte a
changé. En 1969, vous vous rappelez comme cela allait mal du
côté de la pêche. Je crois que c'est encore présent
à votre esprit.
M. RUSSELL: Disons que cela s'est amélioré, en 1970.
M. SAINT-PIERRE: Déjà, le contexte est
amélioré. Personne n'a de mérite là-dedans.
M. RUSSELL: Le principe demeure le même. En somme, ce que je veux
tenter de démontrer, c'est qu'on refait exactement, aujourd'hui, ce
qu'on voulait faire il y a trois ans. Tout ce qu'on a fait, c'est retarder le
projet, et on arrivera aux mêmes fins. Entre-temps, on a utilisé
des sommes là, je suis d'accord avec le député des
Iles-de-la-Madeleine sans donner de rendement.
M. le Président, je pourrais continuer à discuter sur
l'immobilisation, mais il est une heure et je pense qu'on peut faire confiance
au ministre. Je voulais simplement montrer où il y avait des points
faibles. Je suis certain qu'il s'occupera de l'aquarium d'un peu plus
près. Sans entrer dans les détails, je sais qu'à la
commission des engagements financiers on ne fait pas de discussion sur les
principes, si ce n'est d'indiquer la faiblesse du système, mais je pense
que si des soumissions sont valables ailleurs, elles devraient être
valables pour l'aquarium. La façon de procéder, à mon
sens, pourrait peut-être être corrigée.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté? Adopté.
Société générale de
financement
M. LE PRESIDENT: Cela complète tous les articles. Maintenant,
nous revenons à la discussion de la SGF. La parole est au
député de Gouin.
M. JORON: Merci, M. le Président. Au moment où on a
adopté, au mois de décembre, à la toute fin de la session,
un projet de loi donnant des fonds supplémentaires à la SGF, il
avait été convenu avec le ministre de l'Industrie et du Commerce
d'alors, étant donné qu'on était dans le coeur d'un
débat qui, d'ailleurs, allait avoir pour conséquence de changer
la vocation de l'actuel ministre de l'Industrie et du Commerce, de ne pas faire
ce que nous aurions aimé faire à l'époque, soit une
discussion d'ordre assez général sur la SGF. Le climat pressait.
On a donc retardé cette échéance de six mois. C'est au
moment de l'étude des crédits du ministère de l'Industrie
et du Commerce, je pense, qu'il convient peut-être de la faire.
Nous terminons une expérience de dix années avec la SGF.
Il y a des choses qui, dès le départ, quand on a
créé la SGF, contenaient un caractère d'imprécision
sur trois plans: quant à ceux qui allaient en être les
propriétaires, dans quelle proportion, l'Etat, les coopératives,
les individus; quant à la forme de gestion et, finalement, quant
à sa vocation. Est-ce que ça allait être un holding? Est-ce
que ça allait faire des prêts? Est-ce que ça allait
créer de nouvelles entreprises, etc?
Je pense qu'on a souffert de ces imprécisions. C'est ce qu'il
faut maintenant nettoyer. J'avais signalé, dès le mois de
décembre, en reprenant ces trois points-là, quelle était
notre position sur chacun d'entre eux.
D'abord, sur la question des propriétaires, des
différentes catégories d'actionnaires dans la SGF. Il nous
apparaissait qu'on avait là trois catégories d'actionnaires qui
poursuivaient des fins différentes. L'Etat qui pouvait penser à
long terme et ne pas se soucier d'une rentabilité immédiate, qui
pouvait peut-être se permettre de prendre plus de risques aussi;
ça faisait un type d'actionnaires.
Le mouvement coopératif, lui, doit tenir compte disons
qu'on peut situer ses intérêts à moyen terme de la
sécurité des fonds que les gens ont déposés chez
lui. Alors, ça impose des contraintes qui n'existent pas pour l'Etat.
Enfin, le petit public actionnaire, lui, a des critères de
rentabilité beaucoup plus immédiate. Essayer de confondre tous
ces gens-là a donné une partie de difficultés et du
tournage en rond de la SGF.
Notre disposition là-dessus est à l'effet que l'Etat seul
devrait être actionnaire de la SGF, si on veut faire jouer à la
SGF un rôle de développement économique à long
terme.
Un deuxième point: sa vocation. Il ne nous paraît pas que
la SGF doit être un autre organisme prêteur, surtout si on
considère qu'il existe la SDI et que la Caisse de dépôt a
été amenée aussi à financer des entreprises. Cela
devrait plutôt être un rôle de création de secteurs
nouveaux.
Je conçois qu'on ne crée pas des secteurs de toutes
pièces, mais que, souvent, il faut bâtir autour de quelque chose
qui existe déjà et, ensuite, l'agrandir. Mais je ne pense pas
qu'on puisse courir dix lièvres à la fois. Il serait bon de fixer
à la SGF un rôle majeur dans un secteur donné. Par exemple,
un secteur qui accuse une grande faiblesse dans l'industrie secondaire au
Québec, c'est celui de la machinerie et de l'équipement lourd.
Déjà les pièces maîtresses de la SGF se situent
là-dedans, Marine Industries étant le gros morceau avec ses
filiales Volcano et Forano. On pourrait lier à ce type d'industrie
également Cégelec, Soma pour la machinerie et l'équipement
lourd.
C'est ce qui nous parait être le coeur de la SGF. Il nous parait
que la SGF devrait se départir, il faut voir les cas un par un, de tout
le reste qui ne fait pas partie d'un plan à long terme d'expansion et
construction d'un secteur majeur.
La SGF a peut-être eu dans le passé l'ambition de
créer un grand secteur puissant comme ça du côté
alimentaire, Mais, dès l'instant où elle abandonne cette
vocation-là, il n'y a plus de raison qu'on conserve par exemple une
conserverie de petits pois. Même si elle est rentable, ça ne fait
pas partie d'un plan d'ensemble.
Je ne pense pas que le rôle de la SGF devrait être de
collectionner les entreprises québécoises autour desquelles il y
a des rumeurs qu'elles soient vendus à des intérêts
étrangers. Cela deviendrait une espèce de société
de dépannage ou de nationalisme économique en ce sens-là.
Cela deviendrait finalement un objet de chantage de la part des entrepreneurs
qui veulent vendre ou qui font chanter la SGF par rapport à l'offre de
l'étranger. Si on rentre dans ce jeu-là, ça va être
catastrophique; on va aboutir avec une collection d'entreprises absolument pas
coordonnées et reliées les unes aux autres.
Il nous est apparu aussi que des erreurs graves ont été
commises dans la création de secteurs nouveaux. Je pense entre autres
à Sogefor. Vous me direz après avoir vécu
l'expérience: C'a été une castastrophe. Mais je pense
qu'il y avait un défaut dès le départ, d'essayer de
créer de toutes pièces une entreprise qui n'était pas
reliée à d'autres dans le même secteur. Alors qu'en
même temps la SGF, avec la Caisse de dépôt, avait un
contrôle sur la compagnie Donohue, qui est une grande entreprise de
produits forestiers beaucoup plus solide, beaucoup plus assise, dans le cadre
du développement de cette compagnie-là. L'ouverture d'un nouveau
secteur, par exemple les panneaux-particules, a pu paraître
intéressant. Mail il faut le cadre d'une entreprise qui a
déjà une base qui peut porter pendant un grand nombre
d'années les efforts et les déficits des premières
années. Si on crée une société comme Sogefor, qui
est toute seule dans son secteur, dès l'instant c'est lui demander un
effort presque héroïque. Si, à un moment donné, elle
n'est pas capable de passer à travers cette période-là,
tout s'écroule.
Peut-être qu'on aurait dû penser la même chose de SOMA
aussi en l'intégrant à Marine Industries. Il nous a
semblée que cette coordination-là n'a jamais existé, ce
qui m'amène au troisième point sur lequel on a émis des
doutes considérables. J'en avais parlé à la fin de
décembre, c'est sur la qualité de la gestion. Je comprends qu'on
entre dans un sujet délicat, et je ne veux pas faire de
personnalité. Quand même, je tiens à mentionner que nous
avons de sérieux doutes nous ne sommes pas les seuls sur
la qualité de la gestion, aux échelons supérieurs, on
pourrait dire à. l'échelon supérieur de Marine Industries,
par exemple, qui est évidemment le gros morceau de la SGF, et sur
l'avenir de la SGF elle-même. Les conséquences financières
sur toute la SGF de ce qui se passe dans cette filiale-là, puisqu'elle
est tellement importante, ont des répercussions qui peuvent
entraîner presque la vie ou la mort de la SGF comme telle. C'est, en
gros, si vous voulez, les interrogations que nous nous posons. J'ai
essayé de donner, en même temps, ce que nous pensions être
les solutions. Puisqu'il y a un comité, le comité De Coster, qui
a été formé depuis deux ans sur ce problème et qui
est à la toute veille de déposer ses conclusions...
M. SAINT-PIERRE: C'est fait depuis longtemps.
M. JORON: Cela a été fait au ministère et je
ne sais pas si c'est l'intention du ministre de les rendre publiques et
ensuite d'agir, j'aimerais cela l'entendre. On ne peut pas rester
indéfiniment dans l'état d'imprécision dans lequel on est
dans le moment. Tout le monde, de part et d'autre, aussi bien les institutions
financières qui ont des intérêts dans la SGF que le public
en général, attend qu'une décision soit prise. Les
transactions sur les actions ont été suspendues en bourse
j'imagine jusqu'à ce qu'une décision finale soit prise. Je ne
sais pas si le moment est venu d'entendre, de la bouche du ministre, quelles
sont les principales recommandations du rapport De Coster et comment il entend
y donner suite?
M. SAINT-PIERRE: Je fais miens la plupart des propos du
député de Gouin sur son diagnostic, sur son analyse, sur
certaines des vues qu'il a exprimées. J'ai moi-même, depuis que je
suis entré en fonction, eu à reprendre ces propos-là
à plusieurs reprises. Qu'on se rappelle les contradictions à la
fois dans les objectifs des partenaires et dans les objectifs mêmes
donnés à la SGF au départ qui étaient doubles,
c'est-à-dire attirer l'épargne des Québécois, ce
qui impliquait de faire de l'argent, et en même temps participer au
développement économique du Québec qui impliquait qu'on
créait des entreprises. Souvent, pour les premières
années, on n'avait aucun investissement.
On peut donc se poser la question: n'aurait-il pas été
préférable que la SGF, au départ, soit strictement une
entreprise d'Etat à 100 p.c. de capital-actions par l'Etat?
Une fois la période de rodage terminée, une fois que les
choses commencent à tomber en place, inviter la contribution des
Québécois. Il faut cependant se rendre compte qu'on est dans une
situation donnée. Vous avez parlée d'un bilan après dix
ans. En d'autres termes, on ne peut pas faire table rase de ces dix
années. Nous avons des partenaires qui ont vécu avec nous. Donc,
si on veut faire des changements il faut réaliser que nous ne sommes pas
seuls là-dedans. Il faut même se rappeler la loi de la SGF qui
limitait le nombre d'administrateurs du gouvernement à quatre sur seize,
ce qui implique quand même un certain point.
Dans les difficultés que vous avez mentionnées, ce qui est
intéressant, évidemment, c'est que la SGF est notre
première tentative dans un secteur autre que celui de la finance
ou celui de l'Hydro-Québec dans une position de monopole.
Vous avez parlé de Sogefor. Sans revenir sur ce sujet, ce qui
nous frappe c'est que peut-être les succès les plus grands de la
SGF n'ont pas été tellement comme au groupe Marine, et pour
différentes raisons nous pourrons y revenir. Cela a été
plutôt lorsque la SGF s'est associée à des entrepreneurs
soit étrangers, soit québécois, presque dans une
proportion de 50/50 où on n'a pas acheté à 100 p.c. ou
à 75 p.c. les actions, où on n'a pas tenté de faire faire
de profits à personne, où les gens se sont mouillé les
pieds considérablement, ont apporté une certaine connaissance
technologique de l'entreprise et ont véritablement agi comme partenaires
presque égaux avec la SGF.
L'autre point qu'on doit dégager aussi c'est que, je ne suis pas
certain il y a des causes, je ne voudrais pas enlever ça
qu'on peut parler de ce complexe dans l'industrie lourde qui existe
actuellement. J'ai l'impression que même les filiales de Marine, en fait,
c'est...
M. JORON: C'est plus ou moins relié.
M. SAINT-PIERRE: C'est plus ou moins relié peut-être
même avec Marine et peut-être même encore plus avec la SGF,
de telle sorte que je ne suis pas certain exactement de ce que Forano a obtenu
de son affiliation avec SGF ou avec Marine. Bon, enfin...
Le rapport DeCoster, du nom du sous-ministre de l'Industrie et du
Commerce, regroupait différentes personnes qui se sont
prononcées, qui ont examiné la situation de la SGF.
Essentiellement, le rapport DeCoster a donné suite au projet de loi qui
a été présenté qui indiquait que, dans les
entreprises les plus déficitaires, en particulier Sogefor et autres, le
gouvernement prenait 100 p.c. des pertes de telle sorte que ceci a
contribué à bonifier le capital-actions de nos partenaires.
Le rapport faisait aussi des recommandations dans le sens un peu des
propos du député de Gouin, c'est-à-dire de se
départir de cette mosaïque de filiales qui n'étaient pas
regroupées ensemble pour tenter d'assainir la position financière
de la SGF. Enfin, une série de mesures dont la très grande
majorité a été acceptée.
Maintenant, le rapport a toujours été conçu non pas
comme un rapport public, mais comme celui d'un groupe de travail interne qui
conseillait le gouvernement sur des mesures à prendre à la SGF.
La nature même du rapport n'a jamais été envisagée.
On n'a jamais écrit que le rapport deviendrait public.
Alors, sur le plan des personnalités, sur le plan de
l'évaluation, de porter un jugement sur certaines situations
particulières, il ne me parait pas d'intérêt, ni pour la
SGF, ni pour le gouvernement, ni pour le public, que ce rapport soit rendu
public tel quel. Ce dont je peux assurer le député, c'est que la
très grande majorité, pour ne pas dire la totalité des
recommandations du rapport De Coster ont été mises à
exécution au cours des douze derniers mois.
Qu'avons-nous fait, surtout depuis trois ou quatre mois, pour corriger
les contradictions et les difficultés? Je pense que le gouvernement est
d'accord sur la nécessité de corriger le capital-actions, mais il
faut bien concevoir que, dans le contexte actuel, c'est une opération un
peu difficile. Premièrement, nos partenaires n'ont peut-être pas
la même perception des
choses. Deuxièmement, peut-être que tout le monde voudrait
bien se faire acheter à $10, mais il n'y a pas grand-monde
intéressé à se faire acheter à $4, actuellement.
Donc, quelle est la valeur réelle des actions de la SGF, puisque le
marché boursier ne reflétait pas cela?
Troisièmement, on peut se poser la question: Est-ce qu'il est
essentiel que le gouvernement y soit à 100 p.c? Si on dit oui, il
faudrait envisager les conséquences de changements législatifs
qui l'ordonneraient presque. Enfin, je vois plusieurs désavantages
à ce que, dans un premier temps, l'Etat se soit associé des
partenaires et que, dix ans après, il modifie substantiellement et
unilatéralement les règles du jeu.
M. JORON: A ce sujet, je pense que les partenaires ne seraient pas
mécontents de se retirer.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais tout dépend du prix que l'Etat est
prêt à leur donner.
M. JORON: Oui, évidemment.
M. SAINT-PIERRE: Alors, la meilleure formule, compte tenu de cet
objectif que l'Etat soit le seul propriétaire de la SGF,
premièrement, c'est d'examiner quel prix réel pourrait être
déterminé et d'examiner, par des discussions avec nos
partenaires, quelle serait la meilleure façon d'aborder cela. Est-ce une
offre qui est faite? On a déjà 57 p.c. du capital-actions de la
SGF. Nous disons: Très bien, nous allons changer la législation
de la SGF, parce qu'elle est un peu dans une position difficile, étant
à la fois sur des marchés boursiers et aussi soumise à un
acte de la Législature. On pourrait peut-être dire: Très
bien, on va vous faire une offre, mais peu importe si notre offre est
acceptée ou refusée, on va changer la législation pour que
la SGF, au niveau de son bureau de direction, pour donner un cas
d'espèce, soit une compagnie ordinaire. Si on à 57 p.c, on pourra
ainsi contrôler, dans une très large mesure, le bureau de
direction, réduire son nombre et autres choses semblables.
Je pense que, par des discussions tant avec le Mouvement Desjardins
qu'avec le groupe français et d'autres groupes, au cours des prochaines
semaines, il serait possible d'en arriver à un accord quelconque, d'en
faire part à l'Assemblée nationale et de modifier ce qui a
été une des deux causes des difficultés de la SGF,
c'est-à-dire cette incompatibilité au niveau du
capital-actions.
Deuxièmement, l'orientation de la SGF. Là, je suis
très franc, on avait commandé des études,
déjà en janvier, pour revoir le rôle à la SGF,
trouver un rôle particulier qu'on aurait aimé donner à la
SGF. J'en dévoile les grandes lignes. On aurait aimé confier
à la SGF ce qui nous a toujours semblé manquer au Québec,
le capital de risque venant du secteur public.
C'est-à-dire que souvent on a des Québécois qui
font preuve de beaucoup d'esprit d'initiative et qui ont, sur le plan de la
créativité, beaucoup à donner. Ils ont de la
difficulté à bien articuler leur projet, ils ont de la
difficulté à le vendre et à être conscient de ce qui
est disponible aux divers niveaux de gouvernement pour cela. Egalement, il faut
avoir une structure financière minimum pour assurer le succès.
Inutile de revenir sur les exemples américains de "Small Business
Investment Act" et d'autres mesures semblables. Mais il nous semblait que ceci
offrait quelque chose de fort intéressant, compte tenu du fait que la
SDI et que la Caisse de dépôt et placement auraient pu avoir un
rôle plus conventionnel dans des entreprises qui sont assez bien
structurées, compte tenu, en particulier, que la SDI peut prendre le
capital-actions d'entreprises dans certains cas.
Maintenant, l'étude que nous avons commandée, cela a
été une étude très sérieuse, est venue
à la conclusion que la SGF, compte tenu d'un contexte particulier,
n'était pas un instrument réellement valable pour se lancer dans
le capital de risque. L'échelle était complètement
différente, la SGF est dans de grandes entreprises alors que le capital
de risque implique de petites entreprises avec beaucoup de
décisions.
Enfin, il y avait toute une série de facteurs qui,
personnellement, m'ont convaincu. Donc, à la SGF, on se repose le
problème de l'orientation, si on met de côté le capital de
risque. Alors, vous n'avez donné que quelques grandes lignes qui
déjà ont été suivies cette année par le
bureau de direction, c'est-à-dire assainir la position
financière, tenter dans une conjoncture favorable de se départir
d'intérêts qui sont dans le moment assez
hétéroclites; qu'on pense aux Tricots Lasalle ou autres. On ne
veut pas les donner pour les perdre. Mais, lorsqu'on pense qu'on va en obtenir
un meilleur prix, on tente de s'en départir pour concentrer à peu
près dans le secteur que vous avez mentionné.
Maintenant, entre-temps, il faut dire que, financièrement, la SGF
a sa dose, un bon dosage de ses propres problèmes, ce qui rend difficile
cette tâche de remettre en question un autre rôle. Mais, au cours
des prochaines semaines, nous entendons examiner des possibilités pour
la SGF d'une orientation plus particulière, après avoir assaini
celle-ci.
Une des orientations qui demeureraient peut-être assez
intéressantes pour la SGF, ce serait évidemment, sur le plan
industriel, de pouvoir, à 50-50, comme Cegelec, développer une
certaine expertise dans des secteurs où au Québec il semble que
des étrangers ou d'autres pourraient rechercher des partenaires
importants. Ce serait différent du capital de risque, ce serait surtout
avec des Québécois pour des nouveaux produits dans un contexte
beaucoup plus petits.
Face à ces échanges, ces missions, ces efforts que nous
faisons vis-à-vis l'étranger, tant pour le marché
d'exportation que pour prendre des
produits de là-bas et tenter de les faire manufacturer ici, au
lieu d'avoir de l'importation simple et directe, il y a un champ
aujourd'hui, je le mentionne sans, pour autant, dire que c'est là que la
SGF va se lancer il y a un champ qui me paraît assez
intéressant. Ce serait celui de partenaire dans le "joint venture" avec
des groupes étrangers qui possèdent la technologie, qui sont
prêts à se mouiller sur le plan financier, qui pourraient trouver
comme un peu Cegelec, du côté de la SGF, une structure
industrielle et financière qui serait prête à investir mais
qui, en même temps, veut des spécialistes. C'est-à-dire
qu'on ne le ferait pas avec n'importe qui et ce serait diversifié; que
ce ne soient pas uniquement les Américains mais qu'à l'occasion,
ce soient des Suédois ou d'autres.
Dans le moment, il faut dire que nos structures actuelles ne se
prêtaient pas complètement à ce rôle. Par exemple, si
les Japonais veulent venir ici et se trouver des partenaires, quelquefois on
peut trouver des partenaires privés mais d'autres fois, peut-être
qu'on pourrait trouver un partenaire d'Etat et, là, trouver le
rôle mixte de l'entreprise à l'intérieur des filiales dans
un champ donné.
M. JORON: Dans un contexte tout à fait différent, à
ce moment-là, la SGF devenant le véhicule par lequel l'Etat
s'associe avec une firme étrangère, dans un "joint venture", ce
qui est une proposition autre, qui pourrait être une double vocation,
peut-être, que celle d'être entrepreneur et gérant d'un
secteur donné.
M. SAINT-PIERRE: Oui, d'accord.
M. JORON: Parce que dans la formule du "joint venture",
évidemment, il n'y a pas le fardeau d'apporter toute...
M. SAINT-PIERRE: La gestion et la technologie.
M. JORON: ... la gestion .et la technologie au départ.
M. SAINT-PIERRE: La commercialisation.
M. JORON: D'accord. Si cela me parait une voie...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, dans les secteurs...
M. JORON: Dans les secteurs de pointe, évidemment.
M. SAINT-PIERRE: Non seulement les secteurs de pointe mais les secteurs
où se font les efforts sur le plan de la planification, sur le plan de
la recherche industrielle, sur le plan de la recherche scientifique. On tente
d'identifier des secteurs où il semble qu'à long terme, les
perspectives du Québec sont plus favorables.
Là, on pourrait faire un certain recoupage, trouver une
compatibilité entre l'effort du gouvernement, dans les
universités, sur la recherche industrielle le Centre de recherche
industrielle et les mises de fonds qu'on pourrait faire dans des secteurs
donnés où, là, il y aurait une certaine ligne
verticale.
M. JORON: M. le Président, je ne veux pas prolonger
indûment la discussion. Je pense qu'on est à la veille de terminer
l'étude des crédits. C'est peut-être un des rares points
sur lequel il y a coincidence de vues entre le gouvernement et le Parti
québécois. Mais je pense que les propositions qui ont
été mises sur la table, ce matin, me semblent être dans la
bonne voie.
Je signale par contre l'urgence d'agir assez rapidement, quand
même. Il y a juste une dernière petite chose, que la discussion au
sujet de la SGF amène.
Je voudrais demander au ministre s'il envisagerait d'intervenir
auprès de la SGF qui a des problèmes pour décider à
qui elle va vendre Sogefor. Est-ce que, du fait que la SGF veut se
départir de Sogefor, il n'y aurait pas là une occasion de tenter
au Québec une expérience d'autogestion?
Je me réfère au Comité des travailleurs de l'usine
Dupan à Mont-Laurier, qui ont déjà assumé une
partie de l'administration de la compagnie depuis un an, ce qui a
été une expérience assez valable et qui a semblé,
en général, assez heureuse.
Est-ce que le gouvernement envisagerait d'apporter un appui financier au
comité en question qui viserait, si j'ai bien compris, à faire de
l'entreprise une coopérative de production appartenant aux gens qui y
travaillent? Le gouvernement pourrait, sous forme d'un prêt à
très long terme, à faible taux d'intérêt, comme la
SDI est habilitée, par exemple, à en faire, apporter cet
appui-là pour que ce qui a été une mauvaise
expérience puisse peut-être se traduire en une expérience
pilote pour l'avenir et ouvrir des voies nouvelles.
Est-ce que ce n'est pas la belle épingle qu'on pourrait tirer de
cette malencontreuse aventure? De toute façon, quels que soient les
termes de la vente de Sogefor par la SGF, il y aura une grande partie de
ça, sûrement, qui sera de l'argent prêté. On fera
sûrement appel à quelques-uns des organismes publics; si ce n'est
pas à la SDI, ce sera à un autre. Si ce sont des emprunts des
banques, ça sera peut-être garanti par... etc. Est-ce qu'il ne
serait pas opportun que l'Etat, à ce moment-ci, intervienne, avec un
parti je le dis en faveur des travailleurs de l'usine de
Mont-Laurier pour permettre cette première expérience
industrielle d'autogestion au Québec?
M. SAINT-PIERRE: Ma réponse: Autant je peux être favorable
à tenter, comme dans des projets de Cabano, de donner tout notre
appui,
lorsqu'il y a quand même des éléments valables de
rentabilité, autant je trouve qu'autrement on risque de tuer cette
formule-là. Si j'avais le goût de tuer la formule, ce serait assez
facile de dire: Très bien, vous l'avez pour $1 et nous allons surveiller
ce qui va arriver. Vous parlez d'expérience d'autogestion. Il faut se
rappeler que, cette année votre collègue de Saguenay ne
semble pas être au courant de cela.
Un ne peut parler d'une rentabilité, c'est-à-dire qu'on
peut dire que les échanges de caisse, c'est-à-dire les salaires
ont égalé les revenus, mais il n'y a eu aucun amortissement, il
n'y a eu aucun paiement sur la dette. La SGF a même renoncé, je
pense, à ses dividendes sur des actions privilégiées
depuis déjà quelque temps. Ce ne sont pas des conditions de
rentabilité, l'entreprise est déficitaire. On a accepté de
la garder, simplement pour maintenir le niveau d'emploi. Cela n'était
qu'une partie, d'ailleurs, des problèmes.
On a déjà perdu $9 millions et on voudrait nous en faire
perdre un autre pour dire qu'on va retirer quelque chose, puis, même dans
le moment, qu'est-ce qui survient? C'est le député de Labelle qui
me l'a mentionné je le savais d'ailleurs la gérance
véritable de l'usine, j'admets bien qu'il y a des travailleurs au
conseil d'administration, le gérant de l'usine est quelqu'un qui ne dit
pas un mot de français et qui vient de Vancouver.
Si les travailleurs, pour dire qu'ils vont faire des expériences
d'autogestion en sont, à renoncer à certains des principes, des
exigences qu'ils nous ont demandés plus tôt, ça ne me
parait pas sur la bonne voie, ça me paraît être même
plus que ça, ça me paraît être presque qu'un
libéralisme, lorsque l'Etat remet à des individus c'est
tout ce que c'est des sommes équivalant quand même à
$1 million dans des conditions où la rentabilité n'est nullement
assurée. Cela risque de jeter...
Par contre, la nouvelle société du Mouvement Desjardins,
puisque si l'expérience est rentable elle est rentable pour plusieurs
voyait là un premier projet. Je vais aller plus loin que ça. Si
la CSN était prête à se porter acquéreur pour faire
l'expérience de la cogestion, je suis certain qu'on pourrait faire
quelques concessions. Est-ce qu'on va la donner pour $1. J'en doute, mais on
serait prêt peut-être à faire quelques concessions.
Moi, je suis prêt à tenter d'intervenir pour ça,
mais tenter d'intervenir pour un groupe qui me ressemble. Je m'excuse de tirer
des parallèles. Comment s'appelait l'entreprise de Sainte-Adèle,
de Sainte-Agathe, dans le comté de Terrebonne, pour la fabrication des
voitures, les fermiers...? Si c'est encore une affaire comme Dion, ce sont des
gens remplis de bonne volonté, mais une entreprise qui emploie 300
à 400 employés, il faut un minimum d'éléments pour
assurer le succès.
A part ça, il y a tout l'aspect de la commercialisation. En
d'autres termes, ce sur quoi je vais surtout intervenir, c'est que la
décision de Sogefor se fasse dans un contexte tel qu'on assure le
maintien du nombre d'emplois, en forêt comme à l'usine.
A conditions égales, je veux favoriser un groupe
québécois, que ce soit un entrepreneur privé
québécois, que ce soit la CSN ou que ce soit le mouvement des
caisses Desjardins. Mais de là à donner pour $1, à des
gens de Mont-Laurier dans un comité, l'ensemble de
l'opération...
M. JORON: Cette proposition a été faite mais on pourrait
considérer aussi un prêt à long terme de la SDI. Nos
craintes se situent au niveau suivant: Disons que McMillan Bloedel se porte
acquéreur à pas grands frais. J'ai une copie du contrat, lequel
j'ai lu et qui est extrêmement intéressant...
M. SAINT-PIERRE: A peu de frais. Admettez-vous alors que le
comité soit prêt à prendre le même contrat et
à le signer? MacMillan Bloedel, j'ai l'impression que leur
intérêt diminue beaucoup. Ils étaient
intéressés...
M. JORON: II risque d'arriver ceci: MacMillan Bloedel se porte
acquéreur et ensuite, selon le bill 20, vient demander un prêt
à la Société de développement industriel; selon le
bill 21, va demander un congé fiscal, etc. Finalement, eux aussi vont
l'acheter pour $1 et $800,000 ou $1 million leur sera prêtés par
les fonds publics. Si ce sont les fonds publics qui, de toute façon,
vont financier tôt ou tard cet achat, je ne vois pas pourquoi ce ne
serait pas fait au bénéfice de la population concernée,
surtout qu'il y a une incidence socio-politique assez considérable.
M. SAINT-PIERRE: Avec Sogefor, on dit qu'on a perdu $9 millions; c'est
de l'argent, $9 millions. Est-ce qu'on n'a pas tenté de tout mettre en
oeuvre pour faire une réussite dans de meilleures conditions, beaucoup
meilleures que le comité de citoyens de Mont-Laurier? Vous admettez
cela?
M. JORON: Je sais l'effort qui a été fait, c'est la raison
pour laquelle on a voté une loi au mois de décembre, pour
permettre de se procurer les fonds qui allaient effacer ce déficit. A
partir de là, on est placé devant un problème bien
concret. Là ou je demande votre intervention, c'est auprès de la
SGF elle-même parce que, s'il n'y a pas de communications, s'il n'y a pas
de suggestions, s'il n'y a pas de propositions et même d'instructions de
votre part, à un moment donné ils vendront, tout simplement, et
il sera trop tard.
M. SAINT-PIERRE: Les discussions qu'on a pu avoir étaient sur un
principe; ce n'était pas faire de l'autogestion, c'était de
tenter de maintenir un niveau d'emploi et d'avoir toutes les garanties
possibles d'un maintien d'un ni-
veau d'emploi. La deuxième chose était que si quelqu'un,
un groupe québécois, privé, la CSN ou la FTQ, un groupe
syndical, ou le mouvement Desjardins voulait s'en porter acquéreur, on
leur donnerait la préférence aux mêmes conditions, si le
premier objectif était réalisé.
J'ai bien l'impression qu'avec toutes les discussions qu'on a eues, sans
vouloir jouer au pessimiste, l'emballement de MacMillan Bloedel
disparaît. C'était intéressant parce que c'est
peut-être un nouveau venu ici. Autrement, on pouvait parler de
cartel.
Mais là, c'est un nouveau venu de l'ouest canadien qui est venu
ici, à la suite de démarches, je pense de mon
prédécesseur, auprès directement du président de
MacMilan Bloedel. Ils ne venaient pas ici pour fermer l'usine trois mois
après, ils venaient ici pour bâtir quelque chose, ils avaient foi
en l'affaire. Je sais qu'il y a eu des communications récemment, que
leur intérêt diminue si, en se portant acquéreur, on va
créer une révolte parmi les ouvriers de Mont-Laurier. Ils ne
veulent pas en entendre parler et bonjour. Cela pose la difficulté de
trouver comment assurer notre premier objectif qui, je le pense, dans le fond,
est l'objectif de tous les ouvriers de Mont-Laurier.
M. JORON: Vous mentionnez, par exemple, que ce peut-être en
refilant le ballon à quelqu'un d'autre, que ce soit le mouvement
Desjardins, la CSN, s'ils veulent se porter acquéreurs etc. Mais, il y a
une responsabilité comme gouvernement d'appuyer, soit par une loi ou en
témoignant une faveur ou un penchant pour une formule quelconque et
ensuite en apportant un appui financier, il y a tellement de mécanismes
aujourd'hui qui permettent à l'Etat de financer un certain nombre de
projets.
M. SAINT-PIERRE: Voyant les $9 millions que la SGF a jusqu'ici engloutis
dans Sogefor, voyant qu'actuellement l'entreprise n'est pas rentable en ce sens
que c'est fou de dire qu'elle est rentable les douze derniers mois, elle ne
fait pas d'amortissement, elle bénéficie d'un prêt
très élevé de la SGF sans intérêt, il a fallu
changer toutes les règles du jeu, voyant qu'également le
gérant de l'usine, dans le moment, est un type de la
Colombie-Britannique qui ne dit pas un mot de français, ça ne
m'emballe pas dans ces contextes de dire que...
M. JORON: Remarquez que je ne vous demande pas de vous engager pour
subventionner tout le déficit qu'il pourrait y avoir dans l'avenir dans
cette affaire...
M. SAINT-PIERRE: Mais ne sommes-nous pas sur la même longueur
d'ondes? Vous me demandez d'assurer le niveau d'emploi.
M. JORON : Je pense que, si le comité des travailleurs de l'usine
Dupan se formaient en coopérative, avec un minimum de capital, qu'ils
aient besoin ensuite soit de $800,000 ou de $1 million, le contrat est
tellement compliqué, il y a toutes sortes de formules possibles mais, en
gros, qu'ils aient besoin à peu près jusqu'à $1 million
pour acquérir l'usine, c'est ce montant, je pense, que la SDI, par
exemple, pourrait prêter à cette nouvelle entitée juridique
qui serait la Coopérative de X, Y, Z, mais au-delà de ça,
après ça ses engagements sont terminés. Le pire qui puisse
arriver, c'est que le prêt ne soit pas remboursé dans 20 ans ou
dans 25 ans. Cela ne vous engage pas à subventionner les déficits
éventuels, ils porteront le ballon à partir de ce moment. C'est
ce que je veux dire quand on dit de tenter l'expérience. Voyons si,
à long terme, ils sont capables de porter ce ballon.
M. SAINT-PIERRE: Dans le fond, le député n'est-il pas
d'accord cependant que si nous sommes pour avoir le moindrement de
succès sur le plan industriel, c'est une formule qu'on doit tenter
d'éviter.
Je sais que dans la rue, à Mont-Laurier, cela doit être une
formule bien emballante. On peut faire un peu de démagogie, mais est-ce
que, effectivement, dans les faits, comme Québécois et comme
collectivité, tenant compte des ressources, on n'est pas mieux de
procéder à l'inverse et tenter, par la SGF, de se porter
acquéreur d'entreprises et de les mener à bonnes fins? Peu
importe la nouvelle orientation, que ce soit la SDI ou la Caisse de
dépôt. Enfin, je trouve assez curieux et un peu équivoque
que les professeurs d'université, à $18,000 et à quatre
cours par semaine, soient capables de nous dire ce qu'on doit faire avec la
SGF. Il n'y a pas grand monde là-dedans qui veut aller se mouiller les
pieds pour mettre la moitié de leur salaire dans la question de
Mont-Laurier.
M. JORON: Peut-être qu'on n'a pas connu, au Québec, un
grand nombre d'expériences coopératives dans le domaine
productif, à l'exception peut-être du secteur agricole; mais, dans
le domaine industriel, on n'a pas beaucoup connu d'exemple semblables. Par
contre, c'est une formule qui, dans certains pays, a donné des
résultats substantiels.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. JORON: Je pense à la Suède, entre autres.
M. SAINT-PIERRE: Pensons à la SGF et à Cabano. Je veux
être très enthousiaste sur le projet, mais je voudrais des
assurances, sans être plus exigeant là qu'ailleurs. Et Dieu sait
qu'on est prêt et qu'il n'y a pas un projet auquel on a donné plus
d'attention que celui de Cabano. Ce sera essentiel qu'on réussisse. Si
on a une défaite à Cabano et si à Mont-Laurier, en donnant
l'entreprise pour $1 et que six mois après tout le monde est en
chômage...
M. JORON: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: ... je vous dis que votre tâche de convaincre les
gens votre dossier économique n'est déjà pas facile
d'avance sera à peu près impossible.
M. RUSSELL: M. le Président, simplement deux mots. En ce qui
concerne la SGF, lorsque la loi a été votée il y a
déjà quelques années on a mentionné
l'anniversaire tout à l'heure tout le monde était
emballé, tout le monde était heureux. Mais je pense qu'elle s'est
dirigée dans une direction qui était peut-être dangereuse.
Elle s'est embarquée dans des domaines qu'elle ne connaissait pas. Elle
nous a garanti qu'elle ne pouvait pas assurer une rentabilité. Par
contre, j'ai assez confiance au ministre actuel et ses principaux officiers
pour en faire l'étude et apporter les correctifs qui s'imposent à
cette société, dans le sens qu'il l'a indiqué. Je pense
que cela s'impose et rapidement. Nous n'avons pas le moyen de la laisser
continuer comme elle va là. Je pense que la SDI devrait changer aussi un
petit peu sa façon d'agir. Il y aurait peut-être une solution, si
nous voulons avoir des risques, de former une corporation de la couronne qui
jouerait avec des risques limités et mesurés.
En ce qui concerne Mont-Laurier, je ne veux pas donner de détail
là-dessus. Je veux simplement terminer en disant ceci: II est
évident, même en utilisant la matière première qui
existe là, que, si on procède de la même façon que
les prédécesseurs ou la SGF, c'est une faillite qui va
arriver.
Il y a peut-être des modifications à faire en utilisant la
matière première et en la transformant d'autres façons,
suivant le marché, pour avoir une industrie qui fonctionnerait à
Mont-Laurier d'une façon rentable. Celle qui existe actuellement a
démontré qu'elle ne pouvait pas être rentable, à
moins qu'on ne change complètement sa vocation. Donc, je pense qu'on
pourrait discuter tout l'après-midi là-dessus et, d'ici, on
n'assurerait pas sa rentabilité.
Je souhaite bonne chance au ministre pour trouver une solution à
ce problème qui est important et grave. Je ne veux pas descendre dans la
rue et faire de la démagogie, mais je sais que c'est une région
assez reculée. Il y a là une population qui a besoin de travail,
comme à Saint-Michel-des-Saints et dans d'autres milieux que je pourrais
mentionner, et ceci après avoir visité les lieux. Je peux dire
qu'à Saint-Michel-des-Saints on a eu peu d'efforts de la part du
gouvernement et on a encore certaines difficultés dans des domaines, que
je n'apprécie pas. Je vais, quand même, continuer parce que j'ai
accepté le défi et je vais passer au travers. J'ai eu la
coopération du ministère des Terres et
Forêts; c'est le seul endroit où je peux dire qu'ils ont
été très coopératifs.
J'espère que le ministre va s'asseoir, regarder l'ensemble de ces
situations et essayer d'être sympathique à ceux qui tentent de
faire quelque chose. Il y a des situations qui ne sont peut-être pas
dramatiques, mais qui sont difficiles. Lorsqu'on a peu de sympathie et peu
d'encouragements ou lorsqu'on pense à des choses qui sont normales et
qu'on se sent bloqué par des intrigues, je pense que le ministre devrait
faire son devoir, y mettre le pied et s'assurer que ces gens-là ne
soient pas dérangés lorsqu'ils veulent assurer le bien-être
d'une population.
En terminant, je fais confiance au ministre et à ses officiers.
J'aurai peut-être l'occasion de le revoir dans d'autres circonstances,
certainement dans le domaine de l'industrie. On pourra en discuter bien
objectivement et on reviendra sur ce qu'on a discuté. J'ai manqué
une journée bien importante vendredi. On a passé des articles sur
lesquels j'avais beaucoup de questions. Je sais que, privément, il
pourra me donner des réponses au besoin.
Je remercie le ministre, M. le Président, et ses officiers qui
nous ont fourni les renseignements que nous avons demandés et vous, qui
avez été très tolérant pour nous endurer avec
toutes nos questions.
M. JORON: M. le Président, je termine en faisant miens les
mêmes remerciements aux mêmes personnes.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, simplement en terminant, je
voudrais remercier tous les députés qui ont participé
à la discussion. La lecture du journal des Débats nous permettra,
dans bien des cas, de peut-être nous poser d'autres questions. Il y a
toujours une difficulté de prendre un nouveau ministère à
mi-terme dans un mandat. On veut se donner suffisamment de réflexion
pour voir ce qui doit ou peut être changé et il y a, quand
même, certaines contraintes. Quant à moi, je voudrais remercier
bien sincèrement mes fonctionnaires qui m'ont assisté dans la
défense de ces crédits. Je veux remercier les
députés également et assurer tous et chacun qu'au cours
des douze prochains mois nous ferons l'impossible pour redonner au
Québec, sur le plan économique, le dynamisme dont il a tant
besoin.
M. LE PRESIDENT: Je tiens à remercier tous les membres de la
commission de leur excellente collaboration.
La commission a terminé l'étude des crédits et elle
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 30)