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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Crédits du ministère de l'Industrie et
du Commerce
Séance du ieudi 12 avril 1973
(Onze heures vingt-cinq minutes)
M. KENNEDY (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Société de développement
industriel (suite)
M. RUSSELL: M. le Président, hier, j'ai parlé je ne
sais pas si je dois me référer à des informations que j'ai
eues hors la séance au président de la SDI pour
connaître les critères qu'il utilisait pour le choix ou
l'engagement des spécialistes; heureusement, la réponse m'a
semblé assez exacte. La formule qui est utilisée m'a peu
satisfait et on m'informe que de ceux qui sont engagés comme
spécialistes on n'exige pas qu'ils aient une expérience pratique
dans le domaine particulier où on les envoie travailler.
M. SAINT-PIERRE: C'est des cadres permanents de la SDI que vous parlez,
des employés?
M. RUSSELL: Je parle des employés de la SDI qui sont
engagés comme spécialistes pour renseigner ou faire les
enquêtes qui s'imposent dans le cas de recommandations de rapports pour
l'action à prendre par la SDI. Je déplore et certains l'ont
déploré le fait qu'on n'exige pas d'un spécialiste,
pas nécessairement un MBA mais au moins une expérience pratique
dans la matière.
Avec tout le respect que je dois aux ingénieurs, aux avocats, aux
comptables, aux spécialistes en administration qui sortent des
études, je pense que la personne ne peut être complète
à moins je pense que le ministre est d'accord là-dessus
parce qu'il est lui-même spécialisé et je sais qu'il en a
appris beaucoup depuis qu'il fait de la pratique d'exiger de lui qu'il
ait déjà de l'expérience pratique.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que c'est le même problème que
pour la Fonction publique, c'est-à-dire que, compte tenu du
régime de salaire et compte tenu de ce que l'on offre, on tente d'avoir
les gens qui ont le plus d'expérience possible. Il y en a quelques-uns
qui ont beaucoup d'expérience, d'autres, malheureusement, doivent en
acquérir en cours de route. Je pense que M. Saulnier vous a
déjà fait des représentations. Pour tenter de sortir les
gens de la SDI, cela prendrait un amendement à la Loi de la Fonction
publique pour avoir une échelle de salaires plus élevée et
pour pouvoir être plus exigeant.
M. RUSSELL: Est-ce qu il n est pas possible que le ministère
prenne des dispositions pour apporter un correctif assez rapidement à
cette situation, soit qu'on permette à la SDI de les engager comme
spécialistes pour faire des études et qu'ils ne soient pas
assujettis à la Loi de la fonction publique, afin de permettre les
salaires qui s'imposent? Le salaire est toujours la partie la plus minime d'un
spécialiste, si la personne est réellement compétente.
Dans les circonstances, étant donné l'importance de la SDI, les
fonctions qu'elle doit remplir, on ne peut pas permettre de ne pas entourer ce
bureau de direction des meilleurs éléments dans chacun des
domaines qui, en somme, sont partiellement responsables de l'essor
économique que prendra le Québec.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on pourrait parler longtemps sur ce
point-là, je déplore comme vous qu'on ne puisse attirer des gens
avec plus d'expérience. Ce serait sûrement plus valable, compte
tenu que ces gens-là doivent juger des compagnies, examiner des bilans,
il y a une expérience pratique nécessaire. Il faut dire cependant
que, pour certaines classifications c'est la plupart
professionnels classe 1, en particulier, cela prend en général
dix ans d'expérience. Encore là, dix ans d'expérience
après le diplôme, il y en a pour qui c'est très valable et
pour d'autres, c'est moins valable.
Enfin, je note votre observation. Ce sont des efforts qui s'appliquent
également au ministère. C'est évident que, pour avoir une
certaine crédibilité dans nos groupes sectoriels, plus on a des
gens qui ont de l'expérience je pense qu'on a réussi
à en avoir quelques-uns dans certains domaines plus cela facilite
notre tâche par après. Lorsqu'on a seulement des gens qui ont des
diplômes sans expérience valable, ce n'est pas facile de gagner la
crédibilité des groupes.
M. RUSSELL: M. le Président, j'ai deux observations
particulières sur ce qui a été discuté hier et sur
lesquelles je voulais revenir, mais malheureusement, la séance s'est
ajournée trop rapidement. Hier, le ministre, aussi bien que ceux qui
sont responsables de la SDI, ont semblé être très
favorables à l'achat accéléré d'actions, d'avoir un
pourcentage augmenté de la possibilité d'achat d'actions de
certaines compagnies qu'elle va financer. Quelle est la raison qui peut motiver
cette philosophie de la part du ministre ou de ceux qui y sont favorables?
M. SAINT-PIERRE: II y a deux points qu'il faut se rappeler et qu'on a
discutés hier. Dans la loi, la SDI ne peut pas acquérir plus que
30 p.c. du capital-actions d'une entreprise; deuxièmement, elle ne peut
pas détenir plus que 10 p.c. de son actif dans le capital-actions. Dans
certains cas, des entreprises petites et moyennes qui ont été
surtout le fruit d'un seul homme hésitent un peu ou ne trouvent pas des
partenai-
res tels qu'elles voudraient en trouver et hésitent un peu
à diluer le capital-actions.
Cela limite la croissance de l'entreprise. Les spécialistes de la
SDI, les gens du conseil d'administration de la SDI peuvent constituer une aide
intéressante au niveau du capital-actions. C'est une façon
temporaire de permettre à l'entreprise d'être peut-être
mieux guidée, d'être mieux suivie, étant donné que
le capital-actions donne droit à certains accès, à des
informations. Ce n'est pas uniquement un prêt qu'on fait pour "ramasser"
l'entreprise après qu'elle aura eu des difficultés.
On peut s'insérer encore plus dans l'entreprise, sans la
contrôler, puisqu'on avait à peine 30 p.c.. Puis, si jamais,
après ça, l'entreprise va très bien et que ceux qui ont le
capital trouvent d'autres partenaires... Je pense bien que la SDI, une fois que
tout va très bien, ne veut pas l'envisager comme placement. Il est
facile pour elle de se retirer sans demander des profits exagérés
dans l'entreprise.
Puis, deuxièmement on sait que le capital-actions est
relié quand même à la présence
d'intérêts québécois dans des entreprises. Il y a
des entreprises multinationales qui cherchent des partenaires, et parfois,
elles ne peuvent pas en trouver. C'est alors que la SDI, en faisant des
prêts, est capable également de supporter le capital-actions.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, c'est simplement exceptionnel. Ce
n'est pas une théorie ou une pratique...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. RUSSELL: ... qui va devenir presque courante ou une exigence de la
part de la SDI, et dire: A demain, qu'on aille trouver ça dans des
actions; il n'y a pas de prêt.
M. SAINT-PIERRE: C'est comme dans toute autre chose, une compagnie qui,
même avec des subventions importantes, n'est pas
intéressée. On a le cas de Domtar à Trois-Rivières.
Si la compagnie n'est pas intéressée à la production, on
ne peut pas emmener le cheval à boire de force, à l'eau du
ruisseau, si le cheval ne veut pas boire. C'est bien sûr, si les gens ne
sont pas favorables à ça... Il faut dire, d'ailleurs, qu'il y a
à peine 6 1/2 p.c. de l'actif de la SDI, 6 1/2 p.c. actuellement, qui
sont du capital-actions à l'entreprise. C'est quand même assez
faible.
M. RUSSELL: M. le Président, en ce qui concerne la SDI, quant
à moi, il y a une autre question. J'ai remarqué qu'hier on a
parlé du montant d'un crédit qui était disponible, de $35
millions. Je remarque que les prêts dépassent actuellement $48
millions ou, environ $48 millions.
M. SAINT-PIERRE: On a distribué hier le bilan, ce qu'on a dit en
somme des prêts. Je pense qu'il faudrait dire que la SDI a fait des
prêts totalisant $48 millions. En fait, ce n'est pas uniquement la SDI,
c'est également l'Office du crédit industriel. Comme on l'a
expliqué hier, il y a déjà eu des entrées de fonds
qui ont été effectuées, depuis deux ans, de sorte
qu'actuellement son actif total est de $27 millions. Elle a consenti des
prêts pour plus de $48 millions, depuis le début, parce qu'il y a
certains prêts, des engagements, qui ont été pris et qui
n'ont pas encore été déboursés, puis, par contre,
il y a eu des prêts qui ont été accordés au
départ par l'Office du crédit industriel, qui donnent des
entrées de fonds d'à peu près $600,000 par mois
actuellement. Alors, si l'actif demeure $37 millions, le total des prêts,
depuis le début, est de $48 millions. Il y a eu des entrées de
fonds, ce qui permet de...
M. RUSSELL: Les "outstandings" dans le moment sont de $37 millions.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: Disons que des prêts additionnels, à l'avenir,
se feront suivant des montants qui seront garantis par le ministère des
Finances ou prêtés par le ministère des Finances.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça. $33 millions l'an dernier, c'est $37
ou $38 millions cette année.
M. RUSSELL : $37 millions, suivant le rapport ici.
M. SAINT-PIERRE: C'est $37 millions.
M. LATULIPPE: Est-ce que la SDI a eu des recours sur le marché
pour augmenter son potentiel?
M. SAINT-PIERRE: On a discuté longuement de cette question hier.
On a indiqué qu'il n'y avait pas eu de problème, que la SDI n'a
pas eu besoin de fonds, qu'effectivement, les entrées de fonds des
prêts antécédents ont excédé les sorties de
fonds de près de $3 millions cette année, qu'il n'y a pas eu de
problème de financement. Le ministère des Finances est encore
disponible.
M. LATULIPPE: C'est parce que je voudrais m'enquérir d'une
expérience dont peut sembler vouloir se prévaloir la SDI, face au
nouveau projet de loi qui avait été adopté l'an dernier,
qui permettait à certains individus d'avoir certains avantages fiscaux,
s'ils prennent...
M. SAINT-PIERRE: M. Saulnier a suggéré hier qu'on examine
cette possibilité d'obligations industrielles qui ne sont pas imposables
au niveau des particuliers. Mais, il existe des difficultés, c'est que,
spécifiquement dans la loi,
on mentionne que ces obligations ne sont pas garanties par le
gouvernement.
Il semble que le fait de cette mention pourrait augmenter le coût
d'emprunt de l'argent pour un montant à peu près
équivalent à la baisse normale qu'on aurait eue, à cause
de l'avantage fiscal qui est consenti. Alors, M. Saulnier suggérait que
peut-être... Premièrement, on n'a pas eu besoin de fonds, c'est
pour ça qu'on ne s'en est pas prévalu.
A l'examen, il serait peut-être avantageux de modifier la loi pour
enlever cette mention spécifique. Il faut dire que, pour un courtier qui
recommande cette forme de placements, cela invite à une certaine
prudence une compagnie qui a pour mission de faire des prêts à
faible taux d'intérêt, de faire des fusions d'entreprises
traditionnelles et autres choses semblables et qui, dans sa propre charte, a la
mention que ce n'est pas garanti par le gouvernement.
M. LATULIPPE: Cela constitue, à mon point de vue
également, une pratique dangereuse, surtout au niveau des politiques du
ministère du Revenu, actuellement.
M. SAINT-PIERRE: Voiler une façon de canaliser l'épargne,
dans un certains sens, du fait que ce n'est pas sujet à l'impôt
sur le revenu. Il y a des gens qui pourraient être
intéressés par cette forme d'épargne possible. Dans
certains pays...
M. LATULIPPE: Est-ce que cela ne met pas en danger l'entreprise aussi,
à un certain moment?
M. SAINT-PIERRE: C'est réservé aux individus
seulement.
M. LATULIPPE: Aux individus seulement. Mais même pour un individu,
qui possède une entreprise, est-ce qu'il n'y a pas moyen pour lui
de...
M. SAINT-PIERRE: Non. D'après la loi, pour éviter que ce
soient des compagnies qui se prévalent d'un avantage fiscal important,
c'était réservé aux individus.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre. Tantôt, le ministre disait, concernant l'aide sélective,
que le budget qu'il nous a remis était peu élevé parce
qu'il y a eu plus d'entrées de fonds que de sommes qu'il avait
données comme crédits. A ce moment-là, pour les
prévisions globales de l'année, quelles sont les sommes que le
ministre entend distribuer dans un plan global d'année
prévisible, en incluant les entrées de fonds? Autrement dit, vous
avez ces $2 millions, et si vous en avez $7 millions qui entrent, cela veut
dire que vous avez $9 millions à distribuer cette année, sachant
que vous allez avoir tant d'argent qui va entrer. Quel est le plan global de
l'année?
M. SAINT-PIERRE: Le plan global, dans une large mesure, comme on l'a
également mentionné hier, c'est un organisme qui réagit
à des demandes du secteur privé et qui réagit...
M. LEGER: II faut le planifier.
M. SAINT-PIERRE: Alors, c'est assez difficile de le savoir. Un autre
point qu'il faudrait mentionner, c'est qu'à la fin de l'année il
y a eu des engagements substantiels qui n'ont pas nécessité
encore de sorties de fonds et qui, l'an prochain, vont faire quand même
un programme d'activités assez élevé. Ils sont
réflétés simplement dans le bilan de cette année
comme des engagements. Quand on pense au cas de Goodyear, disons, à
Valleyfield, il y a eu un engagement de donner tant. Mais il n'y a eu aucune
sortie de fonds encore, parce que les arrêtés en conseil n'ont pas
été réglés dans les moindres détails.
M. LEGER: Je sais que le député devrait aller à
Valleyfield pour surveiller cela. De toute façon, la question que je
vous posais...
M. SAINT-PIERRE: Alors, tel que mentionné hier par M. Saulnier,
dans chacun des programmes, le programme 2-C, c'est-à-dire soit des
garanties de prêts soit des prêts dans des petites entreprises qui
n'ont pas pu en trouver dans d'autres marchés financiers, c'est à
peu près impossible. On va tenter, comme l'a mentionné M.
Saulnier, de rendre la présence de la SDI plus tangible dans les milieux
industriels. Est-ce qu'avec la reprise économique cela va susciter
beaucoup plus de prêts? C'est assez difficile de le prévoir. Cela
pourrait dépasser de beaucoup les prévisions. Ce que l'on sait,
c'est qu'il n'y aurait pas de problème de fonds, le ministère des
Finances étant prêt à nous avancer toutes les sommes
disponibles, comme il l'a fait cette année.
Pour le programme 2-B sur les fusions, M. Saulnier nous a indiqué
que, là aussi, comme les périodes de rodage commencent à
se terminer, que son personnel a augmenté et qu'il y en a qui sont plus
entraînés, au niveau des fusions, on va tenter d'en faire plus
cette année que l'on en a fait l'an dernier. L'an dernier, cela a
été limité au secteur des boulangeries, au secteur des
laiteries, à la production de lait.
Le programme 2-A, à l'industrie de pointe, cela dépendra
de la nature des projets. Avec la reprise, on s'attend à en avoir plus
que cette année.
M. LEGER: Mais quelles sommes globales, totales sont disponibles pour
les projets qui s'en viennent, étant donné que vous connaissez,
je pense bien,...
M. SAINT-PIERRE: Aucune idée.
M. LEGER: ... les sommes qui doivent en-
trer? Vos entrées de fonds, vous les prévoyez. Cela ne se
fait pas tout seul.
M. SAINT-PIERRE: Comme je l'ai mentionné, l'entrée de
fonds est à peu près de $600,000 par mois. Alors, cela fait $7
millions par année. Mais si on a besoin de $22 millions, il n'y a aucun
problème. Finalement, par le programme 2-C, on prête à des
entreprises qui ne sont pas capables de trouver des prêts dans des
institutions bancaires au taux d'intérêt courant. Alors, il n'y a
aucun problème. Le ministère des Finances avancera les sommes
voulues.
M. LEGER: Quelles sommes le ministère des Finances est-il
appelé à avancer?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de limite. Avant, dans la loi,...
M. LEGER: Vous empiétez dans les autres programmes?
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. LEGER: Si vous prenez beaucoup d'argent au ministre des Finances,
vous enlevez cela à un autre programme, n'est-ce pas? Il y a quand
même une limite quelque part.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'il y a des limites pratiques. On sait
que cela ne peut pas être 100 fois ce que cela a été cette
année. Cela peut être trois fois et demie, quatre fois, cinq fois
et, même à cela, cela pourrait être un maximum de $15
millions ou de $16 millions.
M. LEGER: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Pour les $15 millions ou $16 millions, compte tenu du
programme d'emprunt du gouvernement, cela voudrait dire que le gouvernement
devrait, de lui-même, prendre une émission d'obligations à
7.9 p.c. et la repasser à des entreprises à 9 p.c. ou 10 p.c.
Pour lui, dans son programme financier, cela n'augmente pas, si on veut,
son passif, c'est-à-dire qu'on va indiquer un programme d'emprunt plus
élevé mais on va indiquer des comptes à recevoir qui
seront plus élevés aussi.
M. RUSSELL: M. le Président, sur la question des fonds et le taux
d'intérêt j'en ai fait part hier brièvement
est-ce qu'il y a une étude qui se fait, actuellement, à savoir
s'il n'y aurait pas avantage à charger le taux d'intérêt
que paie la SDI, plus un coût d'administration qui ne dépasserait
certainement pas 10 p.c. d'intérêt, plutôt que de
tâcher d'arriver avec un intérêt minimum de 6 p.c, qui
coûte des frais à la SDI mais, en somme, qui pourrait être
comblé par les prêts qui sont faits à l'industrie?
Parce que l'industrie qui est financièrement rentable devrait
faire des profits. Si elle fait des profits, cela veut dire que, si elle paie
plus cher d'intérêt, elle paie moins d'impôt.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais ce qu'on veut dire, c'est là. Pour les
industries de pointe, et je l'expliquais hier quand même à
quelqu'un, il y a eu seulement 8 p.c. des 200 compagnies qui ont reçu
des prêts, qui étaient des entreprises multinationales et non
canadiennes. Les autres étaient des compagnies canadiennes. Le
prêt à faible taux d'intérêt, c'est cela l'incitation
pour l'industrie de pointe. Si on enlève cela et si on charge ce que
cela coûte à la SDI, plus des frais d'administration, il faudrait
dire en général que les grandes compagnies, dans l'industrie de
haute technologie, vont payer à peu près la même chose en
prêts que la SDI ou très près. Ce sont des gens qui sont
très près du "prime rate" ou avec une classification 3-A ou 2-A.
Alors, il n'y aurait plus d'incitation.
Pour nous, c'est une façon indirecte de créer une
incitation sans que le montant soit perdu immédiatement soit au
gouvernement fédéral soit... Cela, c'est strictement le programme
2-A. Cela ne s'applique pas à tous les prêts que nous faisons.
C'est pour attirer l'industrie de pointe. C'est cela l'attrait du programme
d'aide à l'investissement de pointe. C'est cela qui tente d'attirer des
gens à venir au Québec plutôt que d'aller ailleurs.
Et là, encore une fois, sans retomber à fond dans ce
sujet, ce sont des programmes de même nature qui sont offerts par la
province de la Nouvelle-Ecosse et par la province de l'Ontario et avec lesquels
nous devons être dans un espèce de concurrence
nous-mêmes.
M. RUSSELL: Cela veut dire que, si vous donnez des prêts de 6 p.c.
à l'industrie de pointe, vous êtes presque obligés de
respecter le même taux pour d'autres prêts que vous faites à
d'autres genres d'industries.
M. SAINT-PIERRE: Le sens de la loi, ce n'est pas d'aider n'importe
quelle entreprise. Le sens de la loi, un des objectifs de la Loi de la SDI,
c'est de changer la structure industrielle, c'est-à-dire d'attirer des
industries dans des secteurs de pointe à haut taux de croissance.
Il est évident, quand vous dites... Prenons des cas très
concrets récemment. Imperial Industries, de Londres, lorsqu'elle va
s'établir à Bécancour, selon un plan qui correspond
à ceci. C'est évident qu'en lui prêtant à 6 p.c, on
dit: Bon, cela a l'air d'être un cadeau. Nous, ce qu'on calcule, c'est
que le fait qu'elle vient s'établir à Bécancour, avec une
industrie qui a un taux de croissance de 20 p.c. à 25 p.c. par
année, avec les salaires payés et les impôts payés
par la compagnie, on va récupérer notre argent très
rapidement. Mais peut-être que, si on n'avait pas eu ce programme,
effectivement, c'est le cas dans celui-ci, le compagnie dit: Compte tenu de
l'évolution du marché, nous cherchons un retour sur
l'investissement de 13 p.c. Si on n'a pas le prêt, c'est 12 p.c.
seulement. Nous allons remettre notre décision ou aller en
Nouvelle-Ecosse, qui nous offre quelque chose de plus intéressant.
M. RUSSELL : Je comprends le principe que le ministre veut invoquer
mais, lorsqu'il dit que c'est de l'industrie de pointe particulièrement,
je voudrais qu'il nous donne un exempte quand on parle de l'affaire
Héroux, qui a été aidée par la SDI. Est-ce que
c'est comparable?
M. SAINT-PIERRE: C'est la même chose. Héroux et la SDI,
c'est quoi? C'est que 85 p.c. de la production de Héroux va à
l'extérieur du Québec, impliquant de la haute technologie, dans
de la machinerie, les leviers, les pattes du LEM ont été
construits par Héroux. On a aidé Bombardier de la même
façon. On a non seulement étiré un peu les limites
normales de crédit en lui consentant un prêt de $2 millions mais
on lui a également fait un prêt à faible taux
d'intérêt.
M. RUSSELL: Et on a fait la même chose dans l'industrie du lait.
C'est une industrie de pointe.
M. SAINT-PIERRE: Non. L'industrie du lait, ce n'est pas une industrie de
pointe. Mais on l'a fait à cause des programmes de fusion. Parce que le
2-A permet des taux d'intérêt réduits pour l'industrie de
pointe, le programme 2-B permet également une incitation pour la fusion
d'entreprises et le 2-C, c'est au taux normal du marché.
M. RUSSELL : On le fera aussi dans la fusion des boulangeries.
M. SAINT-PIERRE: Oui. On l'a déjà fait dans la fusion des
boulangeries.
M. RUSSELL: On l'a déjà fait et on va continuer à
le faire pour compléter toutes les fusions des boulangeries
actuellement.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. RUSSELL: Cela va être traité sur le même taux, de
la même façon que l'industrie de pointe.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. RUSSELL: M. le Président, cela veut dire que cela va
répondre pas mal à toutes les demandes qui sont faites. On
trouvera une façon de justifier de les traiter de la même
façon que l'industrie de pointe. Cela revient à ça.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas d'accord. Parce que quand
même...
M. RUSSELL: La boulangerie n'est certainement pas une industrie de
pointe.
M. SAINT-PIERRE: Non, je le sais, je n'ai pas...
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a une théorie... M. SAINT-PIERRE: J'ai
dit que...
M. RUSSELL: ... qui force les boulangers à se fusionner?
M. SAINT-PIERRE: Oui, il y a une théorie. Je pense...
M. RUSSELL: Est-ce que le gouvernement a intérêt à
fusionner ces boulangeries?
M. SAINT-PIERRE: Absolument, parce que les boulangers eux-mêmes,
l'Association des boulangers, lorsqu'on a discuté du projet de loi,
établissait très clairement qu'une boulangerie qui n'a pas un
volume minimal de 25,000 pains par semaine, dans le moment, c'était
impossible, elle ne pouvait pas être rentable. Ils ont des coûts
fixes trop élevés, ils n'ont pas d'économie
d'échelle. Alors, 40 p.c. des boulangeries existantes dans la province
ont moins de 25,000 pains. Elles-mêmes veulent se fusionner. Mais
fusionner des entreprises, ce n'est pas facile. Alors, nous avons un programme
pour aider nos petites entreprises à se fusionner. On ne dit pas que ce
sont des industries de pointe, on dit que c'est le programme 2-B qui vise
à la fusion des entreprises et à l'incitation, parce qu'il y a
soit une prise en charge du coût de l'intérêt, soit des taux
d'intérêt réduits. Le programme 2-A, c'est l'industrie de
pointe; au programme 2-C, il y a eu 80 compagnies qui, elles, n'ont pas eu de
taux d'intérêt réduits, elles l'ont eu exactement au
coût du marché.
M. RUSSELL: M. le Président est-ce que je ne pourrais pas
appliquer le même raisonnement à un bagage d'autres industries qui
sont prises avec le même problème? Elles ne luttent pas entre
elles, mais elles luttent contre la grosse industrie venant de
l'extérieur, les capitaux étrangers qui viennent s'imposer ici.
Est-ce que je ne pourrais pas appliquer le même raisonnement? Est-ce que
le gouvernement du Québec n'aurait pas intérêt à
ramasser quatre ou cinq de ces petites industries et à les fusionner en
leur donnant un prêt préférentiel pour qu'elles puissent
lutter contre les géants qui viennent de l'extérieur? Parce qu'on
ne le fait pas actuellement.
M. SAINT-PIERRE: Mais oui, mais c'est parce que...
M. RUSSELL: On les traite sur un pied différent.
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas. Il faut qu'il y ait des demandes. On ne
peut pas faire cela de force. M. Saulnier a expliqué hier que, compte
tenu des problèmes de rodage, c'est un fait que, pour le programme 2-B,
au cours de la prochaine année, il va peut-être falloir
activer
les efforts. S'il y a des industries dans n'importe quel secteur qui
veulent se fusionner, elles vont avoir droit aux mêmes choses qu'on peut
retrouver pour la boulangerie et le lait.
M. RUSSELL: Je comprends qu'actuellement ce n'est pas le gouvernement
qui veut fusionner les boulangeries, ce sont les boulangeries qui veulent se
fusionner.
M. SAINT-PIERRE: Oui. C'est la même chose dans d'autres secteurs.
Prenons les secteurs comme celui du meuble. Il y a eu de l'aide apportée
dans l'industrie...
M. RUSSELL: Alors il faudrait l'indiquer dans la loi que, s'il y a une
fusion, il y a des avantages.
M. SAINT-PIERRE: C'est marqué, c'est marqué dans la
loi.
M. RUSSELL: Pour des catégories.
M. SAINT-PIERRE: Non, pour toutes les catégories. Dans la loi,
c'est le programme 2-B, l'article 2-B de la loi. C'est exactement ça. On
dit: Pour aider à des fusions d'entreprises. Ce n'est pas
compliqué, c'est le rapport annuel.
M. CADIEUX: Dans l'industrie du meuble, le ministre l'a souligné
hier, Victoriaville Furniture, Victoriaville specialties et un autre, ce fut
une fusion qui a été aidée par la Société de
développement industriel.
M. SAINT-PIERRE: L'article 2-B, textuellement: "Consolident leurs moyens
de production tout en les adaptant aux techniques modernes de façon
à accroître leur part du marché et à devenir plus
compétitives et, à ces fins, se fusionnent entre elles,
acquièrent des moyens de production d'autres entreprises, mettent en
commun leurs moyens de production avec ceux d'autres entreprises ou se
regroupent de toute autre manière prévue par les
règlements." Il n'y a pas de distinction de pointe ou non de pointe.
M. RUSSELL: Ce n'est pas la totalité des industries. Ce
pourraient être deux ou trois industries qui décident de se
fusionner et qui vont être respectées comme telles.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: Quant à moi, on pourrait peut-être regarder la
gestion du personnel qui est embauché par la SDI, l'augmentation du
personnel. Je remarque qu'à l'occasion des crédits 72/73, si je
me base sur les chiffres que le budget nous démontre, il y avait 67
personnes et, à l'occasion des crédits qui sont demandés
cette année, il y en a simplement 52. Est-ce qu'il s'agit de personnel
en poste ou si c'est simplement des postes autorisés?
M. SAINT-PIERRE: Le 1er octobre 1972, nous avions 36 postes
occupés; actuellement, nous sommes montés à 52. Donc, il y
a eu un recrutement de 16 personnes, 50 p.c. quand même de ce qu'il y
avait le 1er octobre 1972. Cette année, les postes, comme vous l'avez
soulevé... les 52 correspondent au personnel en place dans le moment.
Maintenant, dans le programme 1, pour l'ensemble du ministère et de ses
organismes paragouvernementaux, on verra que le nombre de personnes a
augmenté de 158 à 181, à la page 14-4. Nous nous sommes
gardés une réserve d'une trentaine de postes, et si la SDI en
avait besoin, il y aurait des réserves. C'est la réserve du
ministère et de la SDI.
M. RUSSELL: Du ministère, et non pas de la SDI.
M. SAINT-PIERRE: Les deux. M. RUSSELL: Les deux.
M. SAINT-PIERRE: Avec l'analyse du Conseil du trésor et de la
Fonction publique, c'est l'ensemble des programmes du ministère. On a
justifié les 32 postes et ceux-ci sont affectés suivant les
besoins. Dans le moment, lorsque la SDI demande des postes, il n'y a pas de
problème.
M. RUSSELL: Est-ce que je comprends bien que les fonctionnaires qui
travaillent pour la SDI sont attribués au ministère de
l'Industrie et du Commerce?
M. SAINT-PIERRE: Non mais dans les effectifs, oui.
M. RUSSELL: Dans les effectifs.
M. SAINT-PIERRE: Dans les effectifs, ils tombent dans les programmes du
ministère de l'Industrie et du Commerce et sont soumis aux lois de la
Fonction publique.
M. RUSSELL: Les crédits additionnels nécessaires
viendraient d'où?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons, dans le programme 1, à la demande du
Conseil du trésor, gardé cette réserve de postes et de
crédits qui, au cours de l'année, seront affectés suivant
les besoins, les situations.
M. RUSSELL: A la catégorie "traitements et salaires", à
l'occasion des crédits 72/73, il y avait une demande pour $592,000;
cette année, on demande $567,000. Il y avait à ce
moment-là 67 postes en 72/73 et je présume que les 52, cette
année, sont des gens en poste?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: Tandis que l'an dernier, il y en avait sans doute moins en
poste; il y a eu des crédits périmés.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça. M. RUSSELL: De combien?
M. SAINT-PIERRE: En fait, disons que la SDI avait un programme de
recrutement assez considérable l'an dernier, compte tenu des
spécialistes que nous tentons de recruter; ce n'est pas facile de les
trouver nécessairement. Elle n'a pas été capable de se
rendre au nombre de fonctionnaires prévu, qui était 67. On avait
les crédits pour 67 et, à la fin, il y en avait 52; les
crédits périmés sont de $169,000.
M. RUSSELL: En parlant de spécialistes, je reviens sur cette
question, est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité que le
ministère ait une école d'entraînement et envoie ces gens
dans l'entreprise privée pour les spécialiser?
M. SAINT-PIERRE: Nous abordons là un autre sujet; on a
déjà examiné la possibilité d'avoir des programmes
d'échanges avec l'entreprise privée, ce serait une politique
à l'ensemble du gouvernement. Dans les faits, cela semble toujours poser
certaines difficultés parce qu'on ne veut pas que les gens aillent dans
l'entreprise privée juste pour se tourner les pouces; on veut avoir de
vrais programmes qui vont les aider à se former. Ensuite, vous avez des
problèmes de fonds de pension, de frais additionnels. Mais disons qu'au
gouvernement du Québec, dans le moment, on regarde la
possibilité, surtout dans les ministères comme le nôtre qui
ont beaucoup de relations avec le secteur privé, d'avoir des
échanges avec le secteur privé.
M. RUSSELL: Sans avoir des échanges, il y a possibilité
qu'on prenne quelqu'un qui a une bonne formation de base et qu'on l'envoie pour
un an dans l'entreprise privée; il va certainement prendre de
l'expérience pratique.
M. SAINT-PIERRE: Souvent chez nous c'est l'inverse. On a des
professionnels qu'on entraine pendant cinq ou six ans et on les envoie aider
une petite entreprise. Et, après cinq ou six semaines, le
propriétaire de la petite entreprise offre $5,000 de plus et une
voiture, et nous perdons un professionnel.
M. RUSSELL: Tant mieux. Espérons qu'on pourra en former plus. M.
le Président, je n'ai pas d'autres questions dans ce domaine.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'on pourrait suggérer de...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Adopté.
M. SAINT-PIERRE: ... revenir pour le dernier programme?
Gestion interne et soutien
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme 1, élément 1:
Direction et soutien administratif du ministère.
M. RUSSELL: Est-ce qu'on va discuter des éléments 1 et 2
en même temps? Ce serait peut-être moins compliqué.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Un à la fois, vous pouvez prendre les
catégories, les supercatégories, si vous voulez.
M. RUSSELL: On pourrait prendre les catégories, une après
l'autre, qui affectent les deux éléments. Ce serait
peut-être plus facile de répondre aux questions.
M. SAINT-PIERRE: Votre livre n'est pas fait comme le mien mais ça
ne fait rien,d'accord.
M. RUSSELL: Elles se marient ensemble de toute façon.
M. SAINT-PIERRE: Elles sont séparées ici.
M. RUSSELL: Je n'ai pas d'objection, si on s'oppose.
M. SAINT-PIERRE: Non, d'accord.
M. RUSSELL: II s'agit premièrement, je pense, de traitements, de
salaires et de postes. Les effectifs du ministère en 72/73, les postes
demandés étaient de 158, ceci est augmenté à 181
postes. Est-ce que ce sont des postes occupés ou simplement
demandés?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des postes demandés. J'ai
distribué hier à chacun des partis les nouveaux programmes qu'on
avait.
Au 1er avril, nous avions 35 postes vacants au ministère, dont la
réserve qu'on retrouve dans ce programme 1.
M. RUSSELL: 35 postes que je déduis de 181.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela, il y avait 181 moins 35.
M. RUSSELL: C'est cela.
M. SAINT-PIERRE: Dans l'administration, il n'y a aucun poste
nouveau.
M. RUSSELL: Aucun poste nouveau?
M. SAINT-PIERRE: Comme je l'ai mentionné, la réserve est
de 32 postes. Avec le Conseil du trésor, nous nous étions
entendus sur nombre d'endroits où nous pourrions en retrouver; nous les
avions regroupés pour nous donner une certaine flexibilité dans
le cours de l'année. Cela pouvait être autant la
nécessité de prévoir
qu'au cours de l'année nous allions être obligés
d'augmenter le nombre de gens que nous avions comme
délégués régionaux; il y en avait trois ou quatre.
Cela pouvait être pour renforcer nos groupes sectoriels dans la Direction
générale de l'industrie où l'on pouvait avoir plus de
professionnels dans le secteur de la pétrochimie, parce que ça
prenait plus d'importance, et plus de professionnels dans un autre secteur
où on n'en avait pas avant. Au total, dans le ministère, c'est 35
postes et ce sont ceux-là qui sont au programme 1, mais, au programme 1
comme tel, à l'administration du ministère, il n'y a aucun poste
additionnel.
M. RUSSELL: Aucun poste additionnel? M. SAINT-PIERRE: Non.
M. RUSSELL: Le ministre a mentionné les inspecteurs
régionaux.
M. SAINT-PIERRE: Les délégués régionaux.
M. RUSSELL: Les délégués régionaux. Est-ce
qu'il y a une nouvelle politique qui s'établit dans ce domaine? Est-ce
qu'on veut avoir des gens plus qualifiés pour occuper ces postes ou si
on va continuer à utiliser le même personnel, de la même
manière que ces gens ont travaillé dans le passé?
M. SAINT-PIERRE: En fait, il y aura une augmentation du nombre dans
certaines régions qui sont un peu débordées. Il y a des
mutations qui ont été prévues pour renforcer nos
équipes, alors qu'on a pris des gens du côté sectoriel ou
du côté de la promotion industrielle pour les envoyer dans les
régions. Il y a des efforts qui sont faits pour améliorer le
rendement de ces gens en général. Dans votre région, celle
de Sherbrooke, c'est M. Derick qui est là; il y a son assistant
un nouvel assistant d'ailleurs, qui vient le renforcer là-bas.
M. RUSSELL: La plupart de ces gens, tout en étant de bons
travailleurs, des hommes de relations publiques excellents dans ce domaine,
sont des gens qui n'ont pas tellement de formation dans le domaine
industriel.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas d'accord. Je pense qu'en
général je peux ressortir des curriculum vitae les
gens qu'on a pris,au contraire, ont travaillé cinq, six, sept, huit,
neuf, dix et quinze ans dans l'entreprise privée. Prenez
l'expérience de M. Derick, ce n'est pas...
M. RUSSELL : II travaillait pour la Southern Canada Power dans le
domaine où il travaille actuellement. Ce n'est pas quelqu'un qui a
déjà travaillé dans l'entreprise privée pour
connaître l'entreprise privée, à moins qu'on reconnaisse
que d'avoir travaillé pour la Southern Canada Power devienne une
expérience d'entreprise privée, oui.
M. SAINT-PIERRE: C'était une entreprise privée dans le
temps.
M. RUSSELL: C'était une entreprise privée, mais le poste
qu'il occupait était simplement un poste de relations publiques. Il
continue à faire des relations publiques.
M. SAINT-PIERRE: On pourrait tous les prendre un par un, même
celui qui est délégué régional à Sherbrooke.
Compte tenu de la diversité des entreprises que vous avez dans votre
territoire, même le meilleur type dans l'entreprise privée ne
pourra pas connaître tous les problèmes de chacune de ces
entreprises. Cela demande quand même des généralistes, des
gens qui ont du jugement, qui ont de l'initiative. M. Derick, si je ne me
trompe pas, vous dites qu'il était dans les relations publiques, mais il
était plus dans la promotion industrielle, avec Southern Canada Power
qui faisait de la promotion industrielle. Cela consiste justement à
faire des contacts avec des entreprises, à tenter de susciter des
implantations, à répondre à des questions, à
être familier avec des facteurs de localisation. Si on prend le cas de M.
Derick, il possède cela. Si on prend le cas de M. Fortin, sur la rive
sud, c'était un gérant d'un chantier maritime à Sorel
où, autrefois, il y avait 3,000 hommes; c'est certainement un type qui a
l'expérience de l'entreprise privée et, même à cela,
ça ne peut pas être un type qui possède tous les secteurs
industriels sur le bout de ses doigts. Ce sont des généralistes,
ces gens.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne veux pas critiquer. Je connais
assez bien M. Derick; j'ai, d'ailleurs, travaillé avec lui quand j'ai eu
l'avantage d'occuper des postes municipaux où nous faisions la promotion
de l'industrie.
M. Dérick était celui qui allait chercher un industriel
à Montréal et qui l'emmenait dans la ville de Granby ou dans la
ville de Waterloo. C'était fait localement. Nous avions quelqu'un sur
place qui faisait la démonstration de ce qu'on avait à offrir
afin de bien analyser la question, le genre d'industrie qui s'en venait
là, pour voir si c'était justifiable. Mais ce n'était pas
le rôle de M. Derick de le faire. C'est pour ça que je dis qu'il
était un agent de relations publiques. C'est un gars qui était
gentil avec l'industriel qui arrivait et qui avait le contact avec la
municipalité. Alors, il l'emmenait dans la municipalité.
Est-ce que le ministère c'est là ma question
a l'intention de continuer dans ce sens? Est-ce que la plupart de vos
représentants seront de ce calibre d'agent? C'est excellent en soi.
Est-ce qu'on n'a pas tendance à tâcher d'obtenir ou d'envoyer des
gens dans ces régions beaucoup plus proches de la réalité
industrielle et qui connaissent le fonctionnement des industries afin de savoir
où il est avantageux de développer des industries dans certains
domaines et se prêter à ce jeu que de faire simplement des
relations publiques.
M. SAINT-PIERRE: Dans n'importe quel projet d'implantation, il ne
faudrait pas sous-estimer l'apport que les gens peuvent offrir. Ce que nous
disons, pour répondre spécifiquement à votre question,
c'est qu'il n'y a rien comme les gens, localement pour vendre leur endroit,
leur ville sur le plan industriel et dire quels avantages elle peut offrir.
Nous pensons que ce n'est pas au ministère de tenter de le faire.
Lorsque quelqu'un exprime un intérêt pour Granby, on
l'amène rencontrer des gens de Granby.
Mais ce qu'il ne faudrait pas oublier, c'est qu'on a pu le prendre
à Montréal et l'emmener à Granby, mais après, au
niveau des rapports, des liaisons avec cet industriel, il peut y avoir une
foule de questions techniques auxquelles on a répondu. Exemple:
l'industriel peut nous envoyer une lettre de treize pages dans laquelle il va
demander les niveaux de salaires, les unités de négociation
affiliées à quel syndicat? Quel est le taux de
l'électricité? Qu'arrive-t-il pour le gaz naturel? On peut avoir
beaucoup de questions techniques auxquelles, dans l'ombre, ont répondu
les délégués régionaux. Eux-mêmes n'ont
peut-être pas toutes les informations, mais ils tentent de les obtenir
par le ministère.
Ce sont des généralistes qui tentent de faire le pont
entre quelqu'un qui exprime un intérêt pour un endroit
donné et les gens localement. C'est pour ça que nous avons mis
sur pied notre programme de commissariat industriel. C'est pour que les gens,
localement, puissent vendre les facteurs qui touchent à leur propre
agglomération, que ce soit eux qui en soient directement
responsables.
M. LATULIPPE: ... société industrielle surtout au niveau
régional...
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. LATULIPPE: J'aimerais poser une question sur les commissariats
industriels, surtout au niveau régional.
M. SAINT-PIERRE: Parlez plus fort. Peut-être que les commissariats
industriels viendront un peu plus tard dans le budget.
M. LATULIPPE: Ah bon! D'accord. J'y reviendrai plus tard.
M. RUSSELL: Je voudrais simplement ajouter à ce que j'ai dit tout
à l'heure et à ce qu'a répondu le ministre. Dans
différents secteurs, j'ai eu l'expérience où les
commissaires industriels ou les officiers du ministère voulaient tenter
de diriger l'industrie vers d'autres municipalités. Peut-être que,
globalement, ils avaient certaines informations, et qu'ils étaient en
faveur, pour une raison ou pour une autre, qu'une industrie s'en aille dans une
municipalité plutôt que dans une autre. Je m'y suis
déjà opposé vigoureusement. J'ai eu une lutte assez
féroce dans ce cas bien particulier. Donc, je ne vais pas revenir sur le
cas, mais je me demande si, de quelque façon, le ministre pourrait
contrôler ces ingérences de la part de certains fonctionnaires qui
tentent de faire du dirigisme sur certains industriels intéressés
à s'établir au Québec.
M. SAINT-PIERRE: Justement pour la raison que vous soulevez, c'est
là que nous ne nous sentons pas responsables de défendre une
région en particulier. C'est-à-dire qu'on se sent responsable de
défendre l'ensemble du Québec, et partant des facteurs de
localisation que l'industriel nous donne, que ce soit un étranger ou un
type de la place, on va lui proposer quatre ou cinq emplacements. Souvent,
intentionnellement, on ne lui proposera pas uniquement je ne sais pas
moi Boucherville ou Longueuil. Mais si le type dit que ses facteurs de
localisation sont l'électricité, le coût du terrain, les
taxes, une communauté bien équilibrée. Dans un rayon de
tant de milles de Montréal ou des choses semblables, alors, partant de
tout ceci, on va lui offrir quatre ou cinq emplacements et on va lui donner
sommairement ce que chacun des emplacements représente. Souvent le type
va dire qu'il aimerait voir la ville de Laval ou de Granby. On l'emmène
aux deux endroits. On tente d'avoir le moins de dirigisme possible et
même de ne pas en avoir.
S'il y a des gens qui l'ont fait, si vous voulez bien me le signaler, je
peux bien enquêter. Mais on ne se sent pas une responsabilité
d'attirer quelqu'un spécifiquement dans un endroit donné,
à moins que cet endroit n'ait des problèmes particuliers qu'il
n'y a pas dans les autres. Récemment, on a eu le cas d'une grande
entreprise qui nous a dit: Dans une région, on a examiné 17
sites, et c'est marginal qu'on aille s'établir dans une place ou dans
une autre. Est-ce que le ministère aurait des préférences?
On a tenté de le faire objectivement et nous avons analysé en
particulier trois emplacements qui étaient retenus dans des
régions que vous connaissez très bien. Mais nous l'avons fait sur
des critères très objectifs: quelle a été
l'évolution de l'indice d'emplois? Quel était le taux de
chômage? Quelle était la disponibilité de
main-d'oeuvre?
Quelles étaient pour nous les difficultés d'attirer
d'autres industries que celles-là dans les régions
données? Ensuite on a fait une recommandation.
M. RUSSELL: Est-ce dans ce cas particulier que le ministère de
l'Industrie et du Commerce va recommander au ministère des Transports de
compléter la route pour que le personnel puisse voyager?
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas de quel cas vous parlez. Mais dans le
cas particulier...
M. RUSSELL: Dans le cas que vous men-
tionnez, un cas particulier que je connais... De toute façon, je
pense que ce ne serait pas d'intérêt public qu'on dévoile
le nom actuellement. Pour compléter l'idée du ministre, pour la
justifier, est-ce que la province de Québec a été
divisée en zones indiquant la rentabilité de chaque zone, les
richesses naturelles de chaque zone dans lesquelles on pourrait diriger des
industries pour des raisons très précises? Si on l'a fait, est-ce
qu'on a informé les municipalités qu'un tel type d'industrie
serait recommandable pour leur région plutôt qu'un autre?
M. SAINT-PIERRE: On retombe dans les plans d'aménagement de
l'OPDQ, les CRD, les consultations, plus les plans pour l'ensemble du
Québec, la stratégie de développement. Ce sont de grandes
questions. Ce qui a été fait au niveau de nos études
régionales, c'est que constamment on tente je ne les ai pas
à la main mais les députés les ont reçues
dans l'ensemble des régions de donner les caractéristiques de
chacune des régions, ce qui, souvent, est un facteur assez important.
Quelqu'un va dire: Moi, c'est telle région parce qu'elle présente
tel et tel avantage: population, marché et richesses naturelles. Et
là, on la mousse. Plus loin que ça, c'est évident que tous
ceux qui se sont penchés sur des problèmes de commissariat
industriel, que ce soit au niveau de l'ensemble du Québec ou au niveau
d'une agglomération, réalisent qu'on a certaines
difficultés dans des régions données pour tel type
d'industries.
M. LAURIN: J'aurais une directive à vous demander, M. le
Président. Est-ce que c'est à l'article 1 qu'on doit parler de
tous les problèmes d'ordre un peu général qui recoupent
différents programmes ou est-ce que c'est à un autre programme
qu'on pourra poser des questions précises touchant certains secteurs,
par exemple?
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vu que les budgets sont
présentés d'une façon différente cette
année, lorsque nous avons tenu notre première séance jeudi
dernier, tous les partis ont eu le droit de parole pour discuter d'une
façon globale...
M. LAURIN: Les questions auxquelles je pense sont
générales mais quand même beaucoup plus spéciales
que celles qu'on a abordées jusqu'ici, comme celle de la
stratégie industrielle, la planification et tout cela. Cela touche, par
exemple, certains secteurs comme la marine marchande, le cabotage, l'industrie
mécanique, l'industrie automobile. A quel endroit...
M. SAINT-PIERRE: C'est dans le programme 3: Orientation et
développement de l'industrie secondaire.
M. LAURIN: Parfait, c'était le sens de ma question.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le
programme 1? Adopté.
M. SAINT-PIERRE: J'ai d'autres copies ici, pour les nouveaux membres qui
sont venus se joindre à nous, sur les activités nouvelles qui
représentent surtout les changements. Vous les avez par programme et par
élément d'activités nouvelles qui sont
reflétées dans le budget.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme 2: Recherche économique.
Recherche économique
M. LAURIN: Le ministre pourrait peut-être commencer par faire un
inventaire des travaux en cours, de la façon dont ils sont menés,
de leurs résultats préliminaires ou complets.
M. SAINT-PIERRE: Vous me posez une question... Il y a bien des travaux
en cours. On voit qu'il y a trois grands secteurs là: les aspects
sectoriels, régionaux et conjoncturels, afin de mieux dégager les
possibilités d'action du gouvernement dans ces domaines.
Alors, l'an passé brièvement nos effectifs
sont passés de 58 à 64 et cette direction a insisté sur
les problèmes de politique commerciale et tarifaire: toutes les
études préparatoires au GATT et aux problèmes tarifaires;
deuxièmement, l'étude sur la politique d'achat que j'ai
mentionnée également la dernière fois, l'évaluation
systématique dans certaines régions; troisièmement, la
mise en place à l'intérieur, chez nous, du programme PPB, la
réévaluation des programmes d'aide à l'industrie, en
particulier les programmes fédéraux pour amorcer la discussion
que nous allons avoir avec le gouvernement fédéral
prochainement.
La direction également a poursuivi les recherches
déjà amorcées notamment du côté de la
comptabilité nationale, des facteurs de localisation industrielle
on revient un peu à ce qu'on suggérait de certaines
études sectorielles, sur des plans plus globaux, plus loin que la
direction générale de l'industrie, et des programmes d'aide
à l'exportation.
Cette direction a publié au cours de l'année toute une
série de brochures aux industriels, au monde universitaire, aux
chercheurs, au gouvernement et à la population en général.
A titre d'exemples notons: la situation économique du Québec, le
volume assez épais qui doit être publié prochainement mais
qui avait été préparé pour l'an dernier; les
documents qui ont été distribués au moment de ma
conférence de presse de décembre dernier sur la situation, sur
les politiques, la fluctuation de la main-d'oeuvre, sur les orientations
économiques et sur la situation économique du Québec,
puisque le ministère est responsable pour l'ensemble du gouvernement du
Québec de l'équipe de recherche; la situation de l'emploi, qui
est publiée
mensuellement et, enfin, qui est assez en détail; les achats des
secteurs public et parapublic, je les ai également mentionnés, et
aussi une série de dossiers économiques pour des
agglomérations. Alors huit en anglais et en français pour
Rouyn-Noranda, Rimouski-Mont-Joli, Saint-Jean, Saint-Hyacinthe, Sorel,
Châteauguay, Drummondville et Sherbrooke, et cinq
rééditions qui ont touché Québec,
Trois-Rivières, Baie-Comeau, Hauterive, Sept-Iles, Port-Cartier,
Thetford Mines et Shawinigan.
Enfin, il y a eu des études de l'industrie manufacturière
au Lac-Saint-Jean et une réédition des structures industrielles
des sous-régions au nord de Montréal. Pour Drummondville, des
études de facteurs de localisation industrielle. Les études sur
les descriptions du Québec en dix régions et 25
sous-régions administratives. Une étude sur l'industrie
manufacturière de la région administrative de Québec et
des traits généraux des régions administratives de
Montréal et Côte Nord.
Pour l'année qui s'en vient, donc ce programme se poursuit.
L'évolution et les changements de l'économie sont de plus en plus
complexes. La place que tiennent les gouvernements y est sans cesse croissante.
Ceux-ci ne se limitent plus à rechercher une certaine stabilité
de la croissance, mais interviennent souvent d'une façon directe pour
l'orienter. Devant cette responsabilité accrue, il importe donc pour
tout organisme gouvernemental d'approfondir ses connaissances des rouages de
son économie et d'améliorer sans cesse ses décisions dans
ce domaine.
Au niveau des effectifs, cette année, il faut se rendre compte
que cette direction générale est rentée dans une phase de
stabilisation et ne prévoit qu'une addition de deux membres à son
personnel en place. Il faut se rappeler que cette direction avait un total de
58 personnes en 71/72 et que ce nombre s'est accru, à l'exercice
suivant, à 66. Dans ce domaine particulier de la recherche, le temps de
formation pour qu'un professionnel soit vraiment rodé et assimilé
est assez long. L'expérience dans un domaine aussi
spécialisé ne peut s'acquérir que dans un cadre
adéquat, bien structuré.
Alors, les priorités retenues. A court terme, la vie
économique. Les différents agents économiques doivent
connaître des tendances à court terme pour prendre des
décisions importantes. Alors, le service d'analyse et de
prévisions économiques cherchera à améliorer les
outils économiques dont ils disposent en mettant l'accent sur l'analyse
des relations fonctionnelles en divers agrégats de la
comptabilité nationale. Etant donné le cadre plus
élaboré des travaux réalisés au chapitre de la
comptabilité nationale, les travaux viseront à découvrir
les relations statistiques qui auront pour effet d'améliorer nos
prévisions en général.
Deuxièmement, l'orientation à long terme de
l'économie nécessite l'étude du secteur secondaire dans
son ensemble ou dans ses composantes régionales. Il est
nécessaire pour le gouverne- ment d'approfondir sa connaissance
économique du secteur manufacturier et sa place dans l'ensemble de
l'économie par des études générales sur son
évolution et sur les facteurs de développement industriel.
De plus, pour certaines industries en difficulté ou, au
contraire, soumises à une croissance rapide, l'action gouvernementale
semble souhaitable et nécessite d'entreprendre certaines recherches
spécialisées sur les causes de leur situation difficile ou sur la
place que pourraient avoir ces industries au Québec. Le service des
études industrielles portera donc le gros de ses efforts sur ces
secteurs où l'action du ministère devra se faire sentir pour leur
procurer l'aide dont elles ont besoin. Sur le plan international, je l'ai
mentionné, tout l'impact des structures tarifaires canadiennes sur le
développement industriel du Québec, une préparation pour
les négociations multilatérales dans le cadre des ententes du
GATT.
Quatrièmement, la connaissance des facteurs de
développement industriel régional est importante. Entre autres,
notre service des études régionales poursuivra la mise au point
des dossiers économiques sur les principales agglomérations du
Québec, entre autres, la région métropolitaine de
Montréal, Saint-Jérôme, La Malbaie, Châteauguay,
etc., en vue de l'information et de la promotion industrielle.
Une carte géographique version 1973 illustrant les principaux
phénomènes économiques du Québec sera
éditée et constituera un outil appréciable pour les
promoteurs. Enfin des études spécifiques de facteurs de
localisation industrielle seront entreprises sur le même schéma
que celles qui ont déjà été faites pour
Saint-Hyacinthe et Drummondville.
Cinquièmement, le gouvernement a plusieurs possibilités
d'agir sur l'évolution du secteur industriel et commercial. De plus, il
est important que l'on tienne compte de l'influence des mesures d'autres
gouvernements sur le comportement de son propre secteur manufacturier.
Ceci démontre la nécessité de réaliser des
inventaires, de faire l'analyse de programmes québécois,
également ceux du gouvernement fédéral et parfois ceux des
autres provinces, des autres pays étrangers, afin d'éclaircir les
multiples implications des moyens d'action mis de l'avant et permettre de
répondre aux objectifs choisis en faisant le meilleur choix
possible.
Le service de la politique industrielle aura comme priorité
également d'étudier les possibilités de mise en place d'un
programme structuré pour venir en aide aux petites ou moyennes
entreprises, en vue d'améliorer l'ensemble des services offerts
actuellement par le ministère à ces dernières. De
même, conjointement aux efforts du ministère, pour venir en aide
aux exportateurs, une suite sera donnée aux travaux déjà
entrepris sur l'expansion des marchés dans le but de renforcer la
position de nos petites ou moyennes entreprises dans le domaine du commerce
extérieur.
Enfin, un travail assez substantiel avait été
réalisé par le service de la politique industrielle sur
l'impact des achats des secteurs public et parapublic. Un des aspects
importants de cette étude sera réalisé au cours de
l'année, à savoir la détermination de l'origine de
diverses catégories de biens.
Sommairement, c'est... Il faut resituer l'ensemble de ces
gens-là, n'être pas relié à des projets
précis, à des régions précises, mais tenter
constamment d'être sensibilisé sur le plan sectoriel, sur le plan
régional et sur le plan conjoncturel sur ce qui se passe dans
l'économie québécoise, particulièrement au niveau
secondaire.
M. LAURIN: Est-ce que des études se font d'une façon
coordonnée avec celles que mène l'Office de planification et de
développement? Est-ce qu'il y a des échanges, des études
conjointes, des synthèses?
M. SAINT-PIERRE: Oui, on tente le plus possible... Je sais que l'Office
de planification doit publier prochainement certains documents. Il faut dire
que chez eux, il y a une préoccupation majeure pour l'aménagement
du territoire, l'organisation spatiale de l'activité. Chez nous, c'est
plus une approche sectorielle, à savoir quels sont les secteurs
industriels dans lesquels le Québec a le plus de chances de
réussir. Mais enfin, on tente de multiplier, par le groupe
économique auquel participent des représentants de l'OPDQ et par
le fait que nous, nous pourrions participer à leur groupe
ministériel, tenter d'être sensibilisés aux approches...
J'ai dans ma serviette...
M. RUSSELL: Est-ce que ces études sont faites par des
fonctionnaires ou par des spécialistes dans le domaine?
M. SAINT-PIERRE: En général, par des fonctionnaires. Mais
je n'aime pas le sens de votre question. Elles sont faites par des
fonctionnaires qui sont spécialisés dans leur secteur.
D'ailleurs, à l'occasion, il y a des gens des universités ou
d'autres secteurs qui sont appelés à contribuer. Mais
globalement, je pense qu'elles sont faites par des fonctionnaires.
M. RUSSELL: Dans certains cas, il y a des études qui sont
confiées à des entreprises.
M. SAINT-PIERRE: Oui, il y en a, mais moins dans ce secteur, parce que
c'est quand même une vue d'ensemble très grande. C'est surtout
avec les milieux universitaires. Les firmes spécialisées, en
général, ont un intérêt lorsqu'on va passer dans les
programmes subséquents, un intérêt je ne sais pas
une étude, celui-là... Il y en a plusieurs, il y en a pour
à peu près $1 million par année, des études
très précises, l'industrie de la chaussure, l'industrie du
meuble, des choses comme cela. Mais lorsque vous parlez de plus grandes
politiques je ne sais pas politiques du Québec
vis-à-vis du gouvernement fédéral dans les accords du
GATT, on conçoit mal de confier cela à P.S. Ross et
Associés, qui peut aussi être impliquée, qui pourrait se
trouver, d'ailleurs, dans des situations de conflit d'intérêts,
parce qu'elle a des clients dans le secteur privé.
M. RUSSELL: II y a une chose que j'ai remarquée hier, c'est que
la SDI semble avoir comme ambition, elle aussi, de faire des études dans
le domaine industriel pour connaître à fond tous les avantages et
les désavantages et pousser plus loin sa politique. Je me demande si le
ministère est équipé, est spécialiste dans tous les
domaines. N'y aurait-il pas avantage à ce que le ministère fasse
des études et donne l'information à la SDI, pour éviter
les dédoublements?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que le sens des paroles de M. Saulnier hier ne
portait pas sur le dédoublement, mais il s'agissait de savoir qu'en
bâtissant la SDI il doit y avoir des éléments de
cohérence, qu'il est nécessaire de ne pas être constamment,
pour tous les points mineurs, dépendant de quelqu'un de
l'extérieur. Mais jusqu'ici et cette année, je le
mentionne en particulier il me semble qu'il y a eu un soin
prononcé à éviter des dédoublements.
Je vous donne un exemple, l'article 2-A dont nous discutions
tantôt: classifier si une industrie est réellement une industrie
de pointe, si le projet répond à l'article 2-A. Actuellement,
c'est fait par un comité majoritairement constitué au sein du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Nos propres fonctionnaires
collaborent avec eux dans ces analyses.
M. RUSSELL: Parce que j'ai peur du dédoublement et c'est
là le problème; dans le passé... cela peut devenir un
problème présent et peut-être futur qu'on ait un
organisme qui est totalement équipé, avec tout le personnel
nécessaire, avec un bagage d'études, et que le ministère
ne soit plus dans le même domaine.
Je me demande si ce ne serait pas aussi simple, lorsque la SDI veut
avoir une information,qu'elle donne une commande au ministère de
l'Industrie et du Commerce et qu'il y ait des délais à respecter
pour donner l'information, aussi rapidement que possible, à la SDI.
M. SAINT-PIERRE: Hier, je pense qu'on a parlé assez longtemps du
fait qu'on avait, au cours des douze derniers mois, mis en place bien des
mécanismes, pour s'assurer qu'il y ait une bonne communication entre la
SDI et le ministère. J'ai mentionné qu'à toutes les
semaines M. Saulnier participe aux réunions de notre groupe de direction
du ministère. J'ai mentionné que, lorsque l'on a des
périodes de réflexion comme celle que nous avons eue il y
a quelques jours assez intensives, d'une journée ou de deux
journées, sur des problèmes précis, qu'on invite
constamment les gens de la SDI et du CRIQ.
M. LAURIN: Est-ce que c'est ce service qui a pour mission
d'élaborer la stratégie industrielle du ministère?
M. SAINT-PIERRE: Dans une large mesure, oui.
M. LAURIN: Par les études qu'il mène à terme.
M. SAINT-PIERRE: Actuellement, j'ai mentionné qu'il y a une
revue. On a reçu bien des documents de groupes privés. Il y a un
brassage d'idées dans tout cela, on l'a mentionné
également hier, avec les ministères à vocation
économique, dans un premier temps; dans un deuxième temps, avec
les organismes reliés à cela, comme la Caisse de
dépôt et placement et d'autres, et éventuellement, avec la
population directement. Un des objectifs est d'impliquer tous les
Québécois dans la chose économique. Il s'agit d'avoir un
document qui tente de faire le point sur tout cela. Il faut dire que,
jusqu'ici, plusieurs des documents reçus sont assez décevants,
même ceux du milieu universitaire. Souvent, je ne sais pas si c'est une
caractéristique de notre milieu, on fait un diagnostic qui,
intellectuellement, est très intéressant, mais lorsque l'on tente
de toucher du doigt les mesures qui corrigeraient la situation, des mesures
très concrètes, il faut au moins admettre qu'il y a une absence
de consensus généralisé sur ce qu'il faut faire.
M. LAURIN: Est-ce que c'est ce service qui, également,
étudie les documents produits par votre homologue, c'est-à-dire
le ministère de l'Industrie et du Commerce à Ottawa, en
particulier, en ce qui concerne les conséquences ou la
répercussion que peuvent avoir pour le Québec les documents ou
les études menées par le ministère
fédéral?
M. SAINT-PIERRE: Lorsque l'on parle de macro-économie, si je peux
employer l'expression, c'est ce groupe. Si, cependant, on parle, dans un
secteur donné, comme celui de la chaussure ou du meuble, des programmes
du fédéral ou autres, cela va être à un niveau qui
est plus bas, non pas plus bas, mais qui est l'autre étape après
celle-là. Ce sera la direction générale de l'industrie. Si
on parle d'un projet précis, comme Tembec au Témiscamingue, c'est
à une phase plus loin, c'est-à-dire, au développement
industriel. Il y a trois phases très distinctes de recherches, de
connaissance des secteurs, de liaison avec les secteurs, de programmes
sectoriels qui touchent l'ensemble de l'industrie. Au niveau de l'implantation
industrielle, on est aux phases d'un projet donné, dans une
région donnée, avec une industrie donnée.
M. LAURIN: Dans les divers éléments que vous avez
mentionnés, je n'en ai pas vu beaucoup qui traitent directement du
problème de la transformation, au Québec, des ressources
naturelles. Je pense, par exemple, à l'étude que M. Kierans a
préparée pour le gouvernement du Manitoba. Est-ce qu'il y a des
études analogues qui ont été faites par votre groupe de
recherches, là-dessus, et jusqu'à quel point ont-elles abouti,
sinon à des recommandations du moins, à des prises de
position?
M. SAINT-PIERRE: Cela se ferait surtout au niveau de la direction
générale de l'industrie, en collaboration avec les
ministères qui seraient impliqués dans le secteur primaire. Il y
a eu des études, comme pour les cas les plus classiques, l'amiante ou
des choses semblables. Mais ici, encore une fois, c'est un niveau qui
déborde. J'espère que l'on voit bien la classification. Ce sont
des gens qui, par des études de macro-économie, vont sentir qu'il
y a quelque chose d'intéressant dans tel cas. Là, la direction
générale de l'industrie va l'explorer plus à fond. Elle
peut arriver avec des conclusions. Là, c'est un autre groupe qui va
tenter de convaincre telle compagnie de s'établir à tel endroit
pour faire tel produit. Dya comme trois phases.
M. RUSSELL: Quel était le mandat qu'avait la firme Fantus ou
Fantôme? Quel était son mandat?
M. SAINT-PIERRE: Je peux faire sortir le document. Enfin, le mandat
était de donner un côté professionnel à nos efforts
de promotion industrielle. C'était sûrement le groupe reconnu
mondialement comme expert en promotion industrielle. Alors, on voulait faire
une revue de nos efforts de promotion industrielle. Alors, il s'agissait de
donner une analyse impartiale des problèmes courants de
développement industriel au Québec et de recommander des moyens,
des façons d'améliorer l'efficacité ou enfin le rendement
de nos efforts en matière de promotion industrielle.
Dans un premier temps, nous devions identifier le groupe devait
identifier des obstacles à l'expansion industrielle au
Québec, faire une enquête des comportements, non pas des
conceptions, mais...
M. LAURIN : Est-ce que c'est écrit en anglais ce que vous lisez
là?
M. SAINT-PIERRE: Celui que j'ai devant moi est écrit en
anglais.
M. LAURIN: Vous traduisez au fur et à mesure.
M. SAINT-PIERRE: Oui. ... l'attitude des manufacturiers, des fabricants
qui travaillaient à l'intérieur comme à l'extérieur
de la province de Québec, soit en Ontario, soit aux Etats-Unis, en ce
qui touche le climat du monde des affaires au Québec. Plus de 1,000
questionnaires devaient être envoyés à des
représentants d'em-
ployeurs au Québec, en Ontario et aux Etats-Unis. Par la suite,
une série de rencontres personnelles et d'entrevues ont eu lieu
localement. C'était une première phase. On a donc
évalué les avantages et les désavantages que le
Québec représentait comme site de location industrielle. On a
ensuite examiné l'aspect très pratique de nos programmes de
développement industriel. On a fait des recommandations en ce qui touche
les méthodes administratives, les techniques de promotion, la
compilation des données, la publicité et l'effort de promotion,
ce qui était utilisé, et le choix des annonces. Il y a eu des
rapports particuliers sur certains secteurs, en particulier la taxation et le
champ de l'éducation, que j'ai d'ailleurs transmis à mes
collègues sur ceci.
Dans une deuxième phase, ayant décelé les avantages
et les désavantages, le groupe devait nous identifier nous avons
eu des rencontres avec lui au début de mai quinze ou seize
secteurs, pas des grands secteurs, mais pas non plus des produits, certaines
gammes de secteurs où le Québec semblait, d'après eux,
avoir des avantages plus considérables que d'autres groupes, et
où nous n'avions pas actuellement un niveau d'activités
comparable aux avantages que nous avions. Nous devons tenter d'élaborer
pour chacun de ces secteurs une stratégie directe, qui est dans le
secteur dans le moment, quelle est la possibilité de bâtir avec
des gens qui sont établis localement et comment développer ces
secteurs.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il n'y a eu qu'un rapport?
M. SAINT-PIERRE: Le premier rapport, c'est celui qu'on voit
là.
M. RUSSELL : Mais il y en a un deuxième?
M. SAINT-PIERRE: II y a un deuxième rapport qui s'en vient.
M. RUSSELL: II n'est pas déposé encore. M. SAINT-PIERRE:
Non.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y en aura un troisième?
M. SAINT-PIERRE: Cela peut continuer par la suite, si on juge, si on est
satisfait des résultats. Il n'y a aucun engagement de notre part, on
peut mettre fin à ça.
M. RUSSELL : Est-ce que le ministre est satisfait des résultats
du premier rapport?
M. SAINT-PIERRE: Très satisfait. Je pense que tous les
fonctionnaires qui ont vu le rapport ou des parties du rapport conviennent que,
pour le prix payé c'est $50,000 ce qu'on a là il y
a eu une mine de recommandations et de renseignements très pertinents.
D'ailleurs, je tiens à dire que plusieurs des recommandations de ce
rapport ont déjà été mises en pratique. En passant,
je dois dire qu'elles n'ont rien à voir avec l'attitude du gouvernement
en matière de relations de travail vis-à-vis du front commun,
puisqu'à l'époque je pense que j'étais le seul ministre
à en avoir une copie. Le rapport Fantus n'est jamais entré en
ligne de compte dans nos discussions en mai dernier lors de la grève du
front commun. C'est simplement pour contredire les propos qu'on a tenus d'une
façon...
M. RUSSELL: Le ministre est convaincu que le rapport actuel se rapproche
assez de la réalité et est fait suivant sa conception des
choses?
M. SAINT-PIERRE: Vous voulez dire dans l'image que projetait le
Québec?
M. RUSSELL: L'image que projetait le rapport vis-à-vis du
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Oui et non. Il faut dire que le questionnaire a
été fait en novembre 1971 et qu'il y a quand même
près de deux ans qui se sont écoulés depuis. D'ailleurs,
eux-mêmes, dans des discussions récentes, verbalement, nous
indiquent que le climat industriel s'améliore et qu'il y a des points
signalés là-dedans qui n'apparaîtraient pas aujourd'hui.
D'ailleurs eux-mêmes le signalent d'une façon assez
éloquente. Ils ne prétendent pas que les résultats du
questionnaire sont véritablement conformes à la
réalité. Ils nous disent qu'en Ontario des hommes d'affaires
considèrent que nous sommes vingt ans en arrière dans le
système d'éducation, que nous n'avons pas l'équivalent de
leurs CAATS. Effectivement, chez nous, il y a eu des discussions avec le
ministère de l'Education et avec les CEGEP tant francophones
qu'anglophones. Nous, on considère que les programmes dans le secteur
professionnel, au niveau collégial, se comparent avantageusement avec
ceux de l'Ontario. Mais on vous dit que ce n'est pas la perception qu'en ont
les gens. Donc, vous avez peut-être un effort de vente à faire en
Ontario. Vous avez un effort d'expliquer davantage votre programme
professionnel au niveau collégial aux hommes d'affaires ici et à
d'autres.
M. LAURIN: Quand les études ont-elles été
commandées?
M. SAINT-PIERRE: Par M. Lévesque à la fin de 1970, et le
travail a commencé au début de 1971.
M. LAURIN: Donc, quand vous êtes arrivé au
ministère, déjà le mandat avait été
donné.
M. SAINT-PIERRE: C'était déjà commencé.
M. LAURIN: Quand le deuxième rapport sera-t-il publié
d'après ce que... En d'autres mots, quand sera-t-il remis?
M. SAINT-PIERRE: Cela ne prendra peut-être pas la forme d'un
rapport comme tel, il s'agit plutôt de constituer le dossier
d'implantation dans des choses. On a des rencontres de discussion. C'est
plutôt là une analyse de réflexion de leur part. Cela va
sûrement prendre la forme de quelques pages écrites, mais ce n'est
peut-être pas un rapport, comme tel. On constitue 17 ou 18 dossiers.
Alors, on a des rencontres au début de mai.
M. LAURIN: Ce sont des dossiers d'implantation.
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous donner un exemple, on va dire dans
l'alimentation, tel secteur. Je ne le sais pas, moi, je vous donne des
chiffres, disons les aliments congelés, plus tel autre secteur, plus tel
autre secteur. Ici, au Québec, vous avez plus d'avantages que toutes les
autres régions. Là, on va faire la tactique de l'implantation, on
va dire: Dans le domaine des aliments congelés ou de l'alimentation, il
y a telle et telle industrie. Mais, d'après nos analyses, General Foods,
parce que dans son bilan elle dit qu'elle a un problème de financement,
ne sera pas intéressée, mais peut-être qu'en Europe Nestle,
qui cherche à faire une implantation en Amérique du Nord sera
intéressée. Maintenant, pour Nestle voici les facteurs qui
comptent. C'est quelque chose de très précis, qui n'est pas
relié nécessairement à un projet. On va nous dire: Cela
est un lièvre que vous devriez courir, voici la preuve qu'il faut faire,
voici les compagnies qui sont impliquées, voici les gens importants dans
ces compagnies et voici ce que vous devriez surtout leur faire valoir.
M. RUSSELL: Est-ce que c'est une firme canadienne?
M. SAINT-PIERRE: Non, effectivement, c'est une firme américaine.
Je dois dire d'ailleurs, je ne m'en cache pas, je ne connais aucune firme
québécoise qui aurait pu faire le genre de travail que ces gens
ont fait. Il y a eu aussi, de notre part, peut-être, on peut le dire, un
autre intérêt, c'est que cette firme est celle sûrement qui
est le plus souvent retenue par des entreprises multinationales et autres,
lorsqu'une entreprise veut se faire conseiller sur des possibilités
d'emplacements d'implantation. Il y avait également l'avantage qu'en la
retenant, elle devenait plus familière avec le Québec, plus
consciente du potentiel du Québec, possiblement que le Québec
pouvait être plus facilement dans... Comme M. De Coster le suggère
également, il faut se rappeler que 70 p.c. de notre marché
extérieur se fait avec les Etats-Unis, une forte quantité de nos
implantations industrielles étrangères se font par les
Américains. D y a peut-être des avantages d'avoir ces gens.
M. LAURIN: Plusieurs demandes vous ont été faites, vous
vous le rappelez bien, pour la publication de ce premier rapport Fantus. Vous
avez déjà répondu à ces questions que ce
n'était peut-être pas d'intérêt public de le faire,
parce que, dans ce rapport, il y a des noms de firmes qui sont
identifiés. Cela pourrait peut-être aller à l'encontre des
buts poursuivis par le rapport, ce que je comprends très bien.
M. SAINT-PIERRE: Il y avait plus que ça aussi. C'est un peu comme
si vous me demandiez: Publiez donc... Je ne dis pas qu'on emploie un sophisme,
mais on dit: Puisque vous prenez l'argent des citoyens, pourquoi ne rendez-vous
pas public le rapport très intéressant de 53 pages que vous avez
sur les négociations du GATT?
Par le mot même "négociations", j'estime personnellement,
et on n'essaie pas de faire de cachettes, qu'il y a des rapports internes, qui
sont destinés à améliorer notre rendement, qui ne veulent
rien cacher, mais qu'à les rendre publics finalement on se nuit à
soi même. C'est évident que si ce rapport, tel quel, devait
être publié, il y a également d'autres gens qui auraient
puisé à même ce rapport pour dire: N'allez pas au
Québec, regardez ce que Fantus a dit. Il y a peut-être des
avantages, mais le climat y est épouvantable et ci et ça. Par
contre, ce que je dois dire, c'est que d'abord les recommandations ont
été distribuées, je pense, aux membres de la presse, mais
dans le temps, cela a passé presque inaperçu parce qu'il y avait
une autre nouvelle. Mais on avait donné des recommandations,
mentionné l'existence du rapport. Après cela, le rapport a
été quand même un an... il n'a jamais été
rendu public. Mais, entre-temps, moi, je l'ai donné à mes
collègues et je n'ai pas cherché j'ai donné
aux communautés urbaines et à mes fonctionnaires les sections du
rapport qui pouvaient les concerner directement. Le rapport en entier, comme
tel, il y en a eu trois copies et on n'en a donné à personne,
sauf les fuites qui ont pu exister.
M. LAURIN: Etant donné que, de votre témoignage
même, ce rapport comporte des éléments
généraux extrêmement valables et qu'il serait
intéressant de le faire connaître aux personnes
intéressées, est-ce qu'il y aurait moyen pour le ministère
de tirer du rapport ces aperçus ou ces analyses d'ordre
général et d'en publier une sorte d'abrégé ou de
résumé afin d'aider tous ceux qui pourraient être
aidés par la connaissance qu'ils en tireraient?
LE PRESIDENT (M. Pépin): Messieurs de la commission, nous
suspendons les travaux de la commission jusqu'à deux heures trente.
M. LAURIN: Vous pouvez y penser durant l'heure du dîner.
M. SAINT-PIERRE: Je vais y penser. Ce n'est pas facile à faire.
Moi, je n'aurais pas de...
M. LAURIN: On laisse donc la question pendante.
(Suspension de la séance à 12 h 35 )
Reprise de la séance à 14 h 42
M. KENNEDY (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre
messieurs!
Messieurs les membres, même si nous n'avons pas quorum, est-ce que
vous consentez à ce que nous commencions immédiatement?
UNE VOIX: D'accord.
M. RUSSELL: M. le Président, je vois que des fonctionnaires qui
entouraient le ministre ce matin sont absents actuellement. Est-ce que le
ministre a l'intention d'attendre ses fonctionnaires, pour ne pas manquer de
renseignements?
M. SAINT-PIERRE: Non. Nous avons une excellente communication à
l'intérieur du ministère. C'est M. Descoteaux, qui était
d'ailleurs sous-ministre adjoint au ministère de l'Industrie et du
Commerce, qui a été muté récemment
secrétaire général adjoint du Conseil exécutif.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il fait partie du groupe qui devait se rattacher
au ministère des Finances? Le ministre des Finances avait annoncé
qu'il y avait un groupe de l'Industrie et du Commerce qui serait
transféré.
M. SAINT-PIERRE: II ne fait pas partie de ce groupe. Ce
déplacement ne s'est pas produit. Je pense qu'on s'est bien entendu avec
le ministère des Finances. Nous avons continué de lui donner le
bon service qui a toujours prévalu dans le passé.
M. RUSSELL: Le chaos qui existait entre les deux semble se
résorber, actuellement?
M. SAINT-PIERRE: II n'y avait pas de chaos.
M. RUSSELL: II n'y avait pas de chaos. Quelle était la raison qui
motivait le ministre des Finances à vouloir muter une fraction du
ministère de l'Industrie et du Commerce au ministère des
Finances?
M. SAINT-PIERRE: II faudrait la lui demander. Je. ne le sais pas.
M. RUSSELL: Dans la déclaration qu'il avait faite, il ne l'avait
pas qualifiée. Nous avions pensé qu'il ne voulait pas laisser
paraître au grand public le chaos qui existait entre lui et son
collègue.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Les questions du député de
Shefford auraient place peut-être à la recherche, mais je me
demande si elle est économique !
M. RUSSELL: Elle est peut-être rentable pour le ministère
des Finances.
M. LAURIN: M. le Président, avant l'ajournement j'avais
posé une question au ministre sur la publication d'extraits du rapport
Fantus. Le ministre devait y réfléchir durant la période
prairial et devrait me donner sa réponse.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): La parole est au ministre.
M. SAINT-PIERRE: J'avais fait préparer la distribution actuelle.
Vous reposez votre question. Est-ce que, essentiellement, vous trouvez que les
partis de l'Opposition devraient avoir une partie du rapport disponible, ce que
j'ai ici?
M. LAURIN: Cela nous aiderait beaucoup.
M. LATULIPPE: Nous l'apprécierions certainement.
M. LAURIN: Cela nous aiderait beaucoup à remplir notre devoir.
Par ce biais aussi, d'autres secteurs d'opinions pourraient en profiter.
M. SAINT-PIERRE: Je vais prendre l'engagement d'en donner le plus
possible aux partis de l'Opposition, c'est assez difficile de le sectionner, il
est tellement long. Je revois la distribution que nous avons faite. Je vais
essayer d'en donner le plus possible aux partis de l'Opposition, sauf
peut-être les sections qui rapportent in extenso les opinions des
manufacturiers interviewés, mais toutes les autres qui touchent soit les
recommandations, soit les analyses, je les ferai parvenir aux partis de
l'Opposition. Vous voudrez peut-être avoir à l'esprit mes propres
paroles en disant qu'il faut être prudent dans la façon qu'on les
utilise parce que, sans cela, ceux qui ne recherchent pas le bien-être du
Québec pourraient, eux, utiliser ce que vous citez. Je vais le faire et
on va tenter de vous le distribuer le plus rapidement possible.
M. LAURIN: Je vous remercie beaucoup, M. le ministre. J'aurais une autre
question aussi. Dans la liste des recherches en cours du ministère, dont
vous nous avez fait part, ce matin, je n'ai pas vu peut-être que
je me trompe une étude dont on a parlé ces derniers temps,
qui était une étude des sources d'épargne du
Québec. Est-ce que c'est inclus dans les titres que vous nous avez
mentionnés ou est-ce que c'est un oubli? Dans tous les cas, dans toutes
les éventualités, est-ce que le ministre pourrait nous parler un
peu des principales conclusions de cette étude? Aussi je lui ferais la
même demande: Quelle est la portion de cette étude qu'il pourrait
nous transmettre comme il vient de le faire pour le rapport?
M. SAINT-PIERRE: Là, on parle de sources d'épargne?
M. LAURIN: Oui, les sources d'épargne. Je vais demander à
M. Descoteaux de répondre.
M. SAINT-PIERRE: D'accord. C'est un sujet qui a été
maintes fois abordé et nous avons eu effectivement une demande de M. le
ministre d'examiner la chose. Les responsables de la recherche et de la
planification au ministère sont à étudier ce domaine, en
liaison avec les responsables du modèle économique qui est au
Bureau de la statistique du Québec, de façon à utiliser,
d'une part, des renseignements concrets et pragmatiques et à
compléter, d'autre part, par des hypothèses qu'on peut
dégager en faisant jouer le modèle, pour obtenir à peu
près ce qu'on peut avoir de mieux sur le sujet. Je ne suis pas certain
qu'on puisse avoir une étude aussi extensive et aussi complète
que certains le souhaiteraient, mais il y aurait certainement des
éléments utiles qui pourraient être fournis à M.
Saint-Pierre qui en fera l'usage qu'il jugera bon.
M. LAURIN : Je sais que le ministre a déjà fait
état des résultats préliminaires ou fragmentaires de cette
étude dans certaines allocutions publiques qu'il a faites. Est-ce que
ça se basait précisément sur l'état des travaux en
cours ou s'il y ajoutait des conclusions de son propre cru?
M. SAINT-PIERRE: On peut dire que, dans ces interventions, il y avait
des points d'interrogation qui étaient mis; c'étaient moins des
affirmations. Il y avait des choses connues de nos gens qui se
dégageaient de cette étude, à savoir que, dans les
périodes de croissance modérée, il fut des années
où le Québec n'avait pas besoin strictement d'un apport de
capitaux étrangers. Pendant les périodes de très forte
croissance, on en a besoin et il y a eu un influx de capitaux étrangers
pour le Québec. Mes déclarations étaient plutôt des
points d'interrogation: Est-ce qu'on ne peut pas trouver des moyens de
canaliser l'épargne? Est-ce qu'on ne doit pas transformer
l'épargne québécoise, lui faire quitter davantage le champ
privilégié qu'elle semble avoir occupé au niveau du
prêt hypothécaire ou des émissions d'obligation, pour aller
plus dans le capital-actions des entreprises reliées à des
centres de décision? C'étaient plus des points d'interrogation
que des affirmations.
M. LAURIN: Est-ce que l'étude en est rendue au point, par
exemple, où le ministre pourrait, premièrement, l'incorporer dans
son élaboration de stratégie industrielle? Deuxièmement,
est-ce que l'étude est assez avancée pour permettre au ministre
l'étude des moyens qu'il y aurait à prendre pour canaliser cette
épargne, qui semble très abondante, vers les nouvelles avenues
dont il nous parlait dans son exposé général?
M. SAINT-PIERRE: Strictement dans la stratégie, je ne le
penserais pas, parce qu'on tente plutôt d'identifier des secteurs sans
pour autant... bien que, dans la stratégie aussi, on se pose la question
sur l'évolution de nos propres entreprises par rapport à celles
des étrangers et qu'on se demande quelle pourrait être la
contribution des étrangers et qu'elle doit être la nôtre.
Cela peut toucher à ça, mais ce sont des choses qui
évoluent un peu constamment. On a des données dans le moment qui
nous permettent peut-être de tirer certaines conclusions.
M. LAURIN: Est-ce que ça vous permet, déjà, de
penser au choix des moyens qui pourraient être utilisés pour
canaliser cette épargne vers les avenues que vous traciez dans votre
exposé inaugural?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je sais que j'ai eu plusieurs discussions avec le
ministre des Finances sur ces points. Mais, encore là, il nous manquait
certaines données qu'on espère que l'étude nous donnera,
à savoir comment se compare le niveau d'épargne qu'on enregistre
chez les Québécois par rapport à d'autres
collectivités; jusqu'à quel point il y a réellement un
surplus d'épargne qui mériterait d'être canalisé. Je
sais qu'avec le ministre des Finances, sur le plan peut-être strictement
personnel, on a analysé ce qui peut se faire, par exemple, en Angleterre
en particulier où vous avez des déductions à la source qui
sont composées sur une certaine banque nationale d'épargne et,
lorsque vous avez atteint les quatre ou cinq ans d'obligation, on vous donner
un crédit d'impôt. L'Etat ajoute un montant qui est comme
l'impôt négatif, si on veut. C'était plus strictement sur
le plan spéculatif. Disons qu'on va attendre les résultats de
l'étude.
M. RUSSELL: II n'y a aucune mesure qui a été prise?
M. SAINT-PIERRE: Non, parce qu'il n'y avait pas concrètement une
certitude. Je pense que M. Descoteaux l'a indiqué: Le champ est assez
complexe qu'il faut être bien certain que les gestes posés
correspondent à la réalité. Il faut être certain,
premièrement, qu'il en reste une épargne disponible, que des
incitations ne pourraient pas servir des fins autres que celles qu'on veut
servir. Compte tenu des niveaux de salaires, de la croissance du coût de
la vie, le niveau d'épargne déjà existant sous forme de
polices d'assurance ou sous forme d'investissements dans le secteur immobilier,
tout ça absorbe à 95 p.c. cette épargne. Inutile de mettre
un programme qui pourrait peut-être s'adresser à une
minorité au Québec, qui en bénéficierait largement.
Ce sont ces choses-là qu'on veut étudier.
M. RUSSELL: Est-ce que les caisses d'entraide économique ne font
pas partie de la stratégie du ministre pour tâcher d'encourager
l'épargne par l'entremise de ces gens-là?
M. SAINT-PIERRE: Les caisses d'entraide
économique, c'est un jalon important du secteur privé. On
n'est pas assez socialiste pour les détruire et on est assez capitaliste
pour tenter de les aider.
M. RUSSELL : Est-ce que le ministre a eu plusieurs contacts avec ces
groupements? Est-ce qu'il a tenté de les aider directement? De quelle
façon?
M. SAINT-PIERRE: II y a eu des discussions, mais c'est un groupe auquel
je dois et je leur ai reconnu... Il y a eu des rencontres. Leur dernier
congrès, je pense, a eu lieu pendant mon voyage en Europe et il m'a
été absolument impossible d'y assister, mais je serais
intéressé à appuyer de plus près le mouvement, au
cours des prochains mois.
M. RUSSELL: II n'y a eu aucune mesure concrète pour tâcher
d'encourager les caisses d'entraide à s'agrandir ou...
M. SAINT-PIERRE: II faut dire qu'au départ les caisses d'entraide
ont eu surtout des relations avec le ministère des Institutions
financières. Récemment, moi, j'ai eu des discussions assez
longues avec des représentants de ces caisses pour tenter de
déboucher sur le secteur industriel. Lorsqu'on a eu des demandes des
caisses pour des études de mise en marché, des études de
rentabilité, je pense sûrement qu'il ne serait pas
exagéré de dire qu'on va leur donner peut-être un accueil
plus favorable qu'on pourrait donner à un groupe anonyme qui frappe
à notre porte de la même façon. Les caisses d'entraide sont
quand même des créations assez récentes.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre connaît bien la structure des
caisses d'entraide économique?
M. SAINT-PIERRE: Je ne dirais pas que je la connais bien, mais je la
connais quelque peu.
M. LATULIPPE: M. le Président, vous avez dit tout à
l'heure que vos efforts tendaient à canaliser l'épargne vers le
capital-actions...
M. SAINT-PIERRE: Dans le capital-actions?
M. LATULIPPE: Du moins c'est ce que j'ai cru comprendre. Est-ce que vous
avez étudié, par exemple, les modalités qui ont
été adoptées je pense que c'est en Suède,
dernièrement où on essaie de favoriser la
copropriété en utilisant des sources... Par des méthodes
législatives, on permet l'accès de certaines caisses
d'épargne qui sont réinvesties au nom des employés, et
également l'employeur peut contribuer, à même le
trésor du capital-actions, à émettre directement des
actions aux employés, par le truchement des syndicats...
M. SAINT-PIERRE: Je crois qu'il y a des études...
M. LATULIPPE: ... ce qui serait de nature à créer cette
mentalité de patron dont vous avez déjà parlé.
M. SAINT-PIERRE: Je sais que le ministre des Finances et moi-même,
sur le plan strictement professionnel et personnel, nous nous
intéressons à la question. Nous examinons ça, nos gens
regardent ça, nos spécialistes regardent ça. Lorsqu'on
aura défini les paramètres, on se demandera: Est-ce qu'il y en a,
des possibilités, et quel type d'interventions peut-on faire? Il faut se
rappeler qu'il y a bien des initiatives qui sont prises, mais il ne faudrait
pas noyer les possibilités d'action par une prolifération de
gestes posés. On pense au geste des caisses populaires Desjardins qui
font une société sur le plan industriel, on pense aux efforts des
caisses d'entraide économique, on pense à la SGF et à la
SDI qui, par l'Etat même, font quelque chose. Avec la SGF, contrairement
à ce que peut laisser entendre votre chef, on se cherche des partenaires
dans le secteur privé. Alors il ne faut pas multiplier, faire une
prolifération d'actions, mais disons que tout le phénomène
de l'épargne nous intéresse, on le regarde de près.
M. LAURIN: Donc, pour vous, ce n'est pas une fourberie socialiste?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. LAURIN: Quand le rapport sur les sources d'épargne sera-t-il
complété? Est-ce que vous avez, à ce moment-là,
l'intention d'en rendre publique une partie ou le tout pour notre gouverne?
M. SAINT-PIERRE: D n'y a pas eu d'échéance comme telle
fixée à ces gens. Honnêtement, il faut s'établir des
priorités, et quand on prend toute la question de la politique d'achat,
qu'on voudrait passer à l'action rapidement, quand on prend les accords
du GATT, la politique industrielle, la stratégie industrielle,
c'étaient quand même les premières priorités. Le
plus rapidement possible, compte tenu des ressources, on va s'y attaquer,
après, mais il n'y a pas eu d'échéance ou de "dead line"
donné à ces gens.
M. LAURIN : A ce moment-là on peut compter, quand ce sera
complété, que vous adopterez...
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, toute la question des publications du
ministère, je sais qu'à l'intérieur de la direction des
communications on a demandé de regarder ça. Il y a des
études qui sont publiées et peut-être qu'il y aurait lieu
d'en faire une plus large diffusion.
M. LAURIN: Vous avez souvent dit, dans vos allocutions, que la
population devrait être mieux informée des études
économiques produites par le gouvernement. Cela fait partie de
l'éducation, de la sensibilisation, de la "responsabilisation"
également.
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, on le voit dans le premier programme:
$100,000. Je parle des discussions qu'on a eues avec M. Cloutier, on voulait
apporter quelque chose à vulgariser sur le plan de l'éducation
économique de la population. C'était une façon, il y en a
d'autres, mais on...
M. LAURIN: Dans le document que vous avez déposé lors de
l'étude des crédits, vous annonciez un certain nombre
d'études, également, dont l'une sur les investissements
étrangers et une autre sur la balance des paiements. Est-ce que ces
études sont très avancées?
M. SAINT-PIERRE: Quant à celle qui porte sur les investissements
étrangers, notre partie technique est complètement
terminée. Il y a un comité du groupe économique,
communément appelé le comité Tetley à cause de son
président, qui s'est réuni à maintes reprises. On compte
publier ce rapport. On a déjà fait tenir l'essentiel de notre
position au gouvernement fédéral. On compte publier le rapport,
qui va être quand même assez volumineux, d'ici un mois ou un mois
et demi à peu près.
L'autre était sur la balance des paiements. On a terminé
ceci, mais... M. Descoteaux.
Je ne sais pas si on peut parler d'une étude en ce qui concerne
la balance des paiements. Nous avons toujours, dans nos renseignements, des
chiffres concernant l'évolution de nos relations commerciales. Je fais
une distinction fondamentale entre balance des paiements et balance
commerciale. Pour la même raison qu'on connaît mal les flux
financiers, on ne peut pas avoir une balance des paiements précise du
Québec avec l'extérieur. Mais on peut avoir des indications dont
la qualité varie selon les périodes parce que des études
ad hoc sont parfois conduites auprès des entreprises, que ce soit fait
par le gouvernement du Québec ou par le gouvernement
fédéral. Elles nous permettent, de temps en temps, de mieux
mesurer l'origine et la nature des produits qu'elles importent de même
que les expéditions qui sont faites par des entreprises
québécoises.
Alors, je conçois mal qu'on ait une étude
là-dessus. Mais on a constamment des renseignements, que le
ministère publie dans sa revue "Statistiques".
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a d'autres études qui sont
menées sur une base forfaitaire, c'est-à-dire que le
ministère n'accomplit pas lui-même mais qu'il donne en commandite?
Si oui, combien?
M. SAINT-PIERRE: Nous avons, je parle toujours de "nous" comme si
j'étais au ministère, une vieille habitude, je m'en excuse...
M. RUSSELL: M. le Président, je voudrais faire remarquer que,
chaque fois qu'un fonctionnaire prend la parole, c'est le ministre qui parle.
On demanderait au journal des Débats de ne même pas identifier de
fonctionnaire.
UNE VOIX: Les techniciens sont au courant.
M. SAINT-PIERRE: Alors, si vous me permettez, M. le ministre, je vais
continuer à parler à votre place. Il y a, à ma
connaissance, un contrat qui dure depuis quelques années,
peut-être quatre ou cinq ans, avec le professeur Matuszewski de
l'université Laval. Il est un économètre reconnu. Il nous
a aidés à monter les études de comptabilité
nationale.
Il y avait aussi un contrat, auparavant, qui était
accordé, je crois, au professeur Dagenais de l'Ecole des hautes
études commerciales de Montréal pour des études de
même nature.
En dehors de ça, il y a très peu d'études, sinon
aucune, qui ont été commanditées par cette direction de la
recherche et de la planification à l'extérieur. On pourrait dire,
avec un peu de malice, que c'est plutôt le contraire, c'est-à-dire
que les gens qui font à l'extérieur des études viennent
abondamment puiser dans les documents préparés par le
ministère.
Je peux peut-être, je ne sais pas si ça peut vous aider,
compléter. Le contrat du professeur est aux environs de $10,000 pour
l'année. Des cotisations versées à des associations
donnent $6,900. L'autre, le CTD, le centre de traitement des données du
gouvernement, reçoit $28,000. Pour un total de $45,000 qu'on retrouve
à la catégorie 4.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme 2, adopté?
M. RUSSELL: M. le Président, je suis prêt à adopter
les catégories 1, 3. 4, 5, 6 et 7. A la catégorie 11, je remarque
qu'il y a eu une dépense autorisée en 72/73. Je remarque qu'en
73/74 il y a eu augmentation de 250 p.c. J'aimerais que le ministre puisse nous
donner la justification de cette augmentation qui est marquée.
M. SAINT-PIERRE: C'est $2,600.
M. RUSSELL: Je remarque qu'il y a une augmentation de 250 p.c.
M. LAURIN: En pourcentage, cela parait bien.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): C'est toujours plus frappant.
M. LAURIN: M. le Président, faites attention à vos
commentaires.
M. SAINT-PIERRE: Le budget total de la province a freiné cela,
les pourcentages sont plus faibles, mais dans des catégories
particulières, cela peut avoir une importance.
M. RUSSELL: M. le Président, je voudrais le savoir.
M. SAINT-PIERRE: On va vous donner ça.
Ce sont des indemnités diverses qui sont données au
personnel qui pourrait être aux études. Alors, ce sont des cours
d'informatique, des cours d'anglais, des cours de différentes natures
auxquels on pourrait demander aux fonctionnaires d'aller. L'an passé, il
semble qu'on n'avait pas de budget pour cela. Effectivement, il ne s'en est pas
fait dans cette direction. Cette année, on prévoyait certains
besoins. On avait mis au budget une somme de $2,500.
Cela est pour mettre en application on me dit un article
de la convention collective signée avec les fonctionnaires et les
professionnels, qui prévoit certains montants pour les fins de
perfectionnement.
M. RUSSELL: M. le Président, je crois qu'à la
catégorie 11, il n'y a pas cette prévision. Les sommes pour
"autres dépenses" peuvent couvrir les oeuvres d'art ou les cours
itinérants, des dépenses électorales. Est-ce que le
ministre n'aurait pas l'intention de faire des dépenses
électorales?
M. SAINT-PIERRE: Non, non.
M. RUSSELL: Les repas, temps supplémentaire, intérêt
pour un paiement en retard, intérêt pour remboursement,
intérêt sur propriété achetée, charges et
divers points.
Mais je me demande si vraiment c'est là-dedans.
M. SAINT-PIERRE: Bien, ce sont les cours itinérants.
M. RUSSELL: Cours itinérants?
M. SAINT-PIERRE: Catégorie 11-20.
M. RUSSELL: 11-20. Le montant total est prévu?
M. SAINT-PIERRE: C'est $2,500.
M. RUSSELL: Prévus uniquement pour cela?
M. SAINT-PIERRE: Bien, quand vous envoyez quelqu'un suivre un cours
d'informatique, le moindrement, si c'est un cours qui est autre chose qu'une
exploitation des consomma- teurs, cela vous coûte $300 pour quelques
jours.
M. RUSSELL: Je vais accepter la parole du ministre. Je n'ai pas le droit
de mettre sa parole en doute.
M. SAINT-PIERRE: L'Institut Laënnec, c'est la même chose
également. On a certains cours particuliers. C'est à peu
près le même salaire qu'un député, lorsqu'elles
suivent ces cours.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme 2, adopté.
Orientation et développement de l'industrie
secondaire
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme no 3: Orientation et
développement de l'industrie secondaire. Elément 1, prospection
de l'investissement. Montant à voter, $10,833,400.
M. LAURIN: II y a une diminution de près de $9 millions par
rapport à l'an dernier.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Alors, essentiellement, c'est qu'on se rappelle
que, par les années passées, le ministère avait souvent
des budgets assez ronflants pour prévoir des primes à
l'industrie. Or, dans une large mesure, ceci se retrouve comme
extrabudgétaire à la SDI. C'est ce que j'ai tenté
d'expliquer hier. Mais il reste que, dans certains cas, en particulier avec la
Loi de l'aide au développement régional et certains
arrêtés en conseil, il y a eu des engagements dans le passé
qui étaient pris à l'effet de verser des primes. Alors, la
réduction de $9 millions fait état d'un transfert de
prévisions qui se retrouveraient maintenant à la SDI où,
enfin, comme on l'a dit tantôt, tout dépend du nombre de projets
qu'on reçoit.
M. RUSSELL: Est-ce que j'ai compris le ministre quand il a dit qu'il a
tenté de l'expliquer hier? Il n'aurait pas réussi ou quoi?
M. SAINT-PIERRE: Non, non. C'est parce que je vois qu'il y a de
nouvelles figures par rapport à hier. Alors, c'est par
délicatesse que je disais cela.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Elément 1, adopté?
M. LAURIN: Non, M. le Président. Je pense que ce matin, quand je
vous ai demandé une directive, vous m'avez dit que c'est à cet
élément que je pouvais parler de...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vous n'aviez pas parlé. Alors, je
pensais que vous étiez pleinement satisfait.
M. LAURIN: Le problème que je voudrais
soumettre à l'attention du ministre est un problème dont
on a parlé assez souvent en Chambre depuis deux ans. C'est le
problème de l'industrie de l'automobile. Tout le monde connaît,
évidemment, les difficultés qu'a connues la compagnie Soma, qui
est une filiale de la SGF: la fermeture de l'usine en novembre 1972, les
multiples tentatives qu'a faites le ministre pour trouver des formules qui
permettraient à Renault de continuer à assembler des automobiles
au Québec et lorsque la chose est devenue impossible, trouver de
nouvelles compagnies qui auraient pu prendre la place de Renault.
J'aimerais beaucoup que le ministre profite de cette occasion pour faire
le point tout en se soumettant aux restrictions dont il a fait part à
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire qu'il ne faut pas mettre en
danger des négociations, évidemment. Mais j'aimerais bien que le
ministre nous dise tout ce qu'il peut nous dire là-dessus.
M. SAINT-PIERRE: Effectivement, je vais tenter d'être le plus bref
possible. Si on remonte avant le 15 août 1971, ou avait toutes les
raisons de croire, et chez Renault et à la SGF, que l'entreprise
était rentable, que tout irait pour le mieux. Le problème
fondamental de Soma ou de toute autre entreprise au Québec est d'avoir
un volume de ventes suffisant pour amortir les frais fixes et suffisant pour
avoir des économies d'échelle minimum. Ce volume de ventes,
d'après tous ceux qui s'étaient penchés sur la question,
était, dans le cas du type de véhicules que fabriquait Renault,
d'environ 12,000, 13,000, 14,000 voitures. Dès qu'on était en bas
ce ça, on avait des difficultés; dès qu'on était en
haut, tout allait bien.
Il faut dire qu'avant août 1971 les gens de Renault, dans leurs
prévisions de ventes, pensaient atteindre ce seuil. Et le renouvellement
du contrat qui permettait aux deux parties d'annuler l'entente, compte tenu de
toutes les fluctuations qui pouvaient survenir sur le plan mondial, se faisait
dans les perspectives que l'entreprise était rentable. D'ailleurs, ce
contrat était beaucoup plus avantageux pour la SGF que le premier
contrat qui avait été fait. Le 15 août, deux choses sont
intervenues. C'est la déclaration du président Nixon,
évidemment, et une taxe d'importation pour la Renault du Canada aux
Etats-Unis; deuxièmement, des mesures officielles en ce qui touche la
sécurité des véhicules et en ce qui touche les dispositifs
antipollution. Ceux qui sont dans le métier savent bien que
c'était une façon élégante du gouvernement
américain de protéger son industrie face aux importations qui
avaient des normes techniques différentes. Et comme l'industrie
était prête à s'adapter à ces normes assez
sévères, on rendait presque impossible les coûts
additionnels que ça pouvait représenter pour ceux qui
étaient dans l'importation aux Etats-Unis et qui pouvaient plus
difficilement pénétrer le marché américain.
Sans faire de blâme à personne ce n'est pas ma
tâche il reste que les prévisions de ventes de Renault ne
se sont pas réalisées et ce qui avait été jusque
là une ascension dans les ventes vers le haut, tout à coup s'est
brisé. A cause, d'une part, des difficultés de
pénétrer le marché américain à cause de la
surtaxe et, d'autre part, des mesures qui obligeaient à des changements
fondamentaux en ce qui touche la sécurité et la pollution, les
chiffres de ventes, au lieu de se hausser de 10,000 à 14,000 tel que
prévu, ont passé de 10,000 on se rappelle les journaux
très rapidement, à 8,000 et 6,000. Les pertes que le
gouvernement du Québec aurait... Renault était prête
à continuer, évidemment, à condition que nous-mêmes
acceptions d'encaisser ces pertes. Il faut bien comprendre qu'il n'y avait pas
une différence de $200 par voiture, comme on l'a mentionné dans
les journaux. Il y avait cette différence lorsqu'on n'avait pas atteint
ce seuil minimum, mais dès qu'on avait ce minimum, il n'y avait pas
cette différence, le niveau de productivité et les salaires
étant suffisants pour compenser, ainsi que la douane. Il y avait quand
même des avantages marqués du fait que Soma
bénéficiait du pacte de l'automobile et pouvait importer
c'est très complexe trois voitures qui n'étaient pas des
Renault au Canada pour chaque quatre voitures qui étaient
exportées aux Etats-Unis. Effectivement, cela permettrait à Soma
d'avoir des rentrées de fonds intéressantes.
Comme on n'avait pas les 15,000, on était voué à un
échec certain et il n'y avait aucun moyen d'en sortir. D'autant plus
qu'on l'a déjà calculé la SGF à notre
demande avait fait le calcul cela aurait été pire que de
l'assistance sociale ou du bien-être social. Il aurait fallu encaisser
des pertes avec 500 employés, ça va très rapidement
qui se seraient élevées à $2 millions, $2.5
millions par année. Si on voulait avoir une certaine fierté avec
la SGF, on ne pouvait pas la laisser continuer dans cette exploitation.
Dès qu'on a senti ces difficultés, on a cherché par
tous les moyens possibles de trouver des compléments de production qui
auraient peut-être permis d'avoir 6,000 Renault qui auraient
absorbé la moitié des frais fixes et un autre complément,
soit dans des roulottes, soit dans de l'équipement un peu
complémentaire, qui aurait utilisé une partie de l'usine et
aurait absorbé l'autre partie des frais fixes. Pour différentes
raisons, nous ne l'avons pas trouvé. Par la suite, on a analysé
une foule de dossiers. Il y a des fois...
M. LAURIN: Je vous arrête pour le moment. Est-ce qu'il y aurait eu
moyen de faire bénéficier Renault d'une exemption de la taxe de
vente?
M. SAINT-PIERRE: On l'a...
M. LAURIN: Le ministre des Finances l'a
fait en exemptant de la taxe sur l'achat de machinerie certaines
usines.
M. SAINT-PIERRE: On a examiné la question. D'abord, cela
créait un précédent dangereux en ce sens que je pense
qu'on aurait été presque obligé de faire un peu la
même chose pour General Motors à Sainte-Thérèse.
Cela aurait pu être une nouvelle politique d'incitation. Dans les
faits, c'est notre opinion que ça n'aurait rien changé dans la
situation difficile de Soma; tout ce que ça aurait fait, c'est d'envoyer
un chèque inattendu à la General Motors à
Sainte-Thérèse qui fabriquait elle aussi des voitures. Il faut se
rappeler que le problème de l'automobile en Amérique du Nord,
c'est qu'on assiste actuellement à une intégration
géographique des moyens de production d'automobiles. Lorsqu'on regarde
aux Etats-Unis l'établissement des usines de voitures, on se rend compte
qu'on n'entend jamais parler d'implantation en Californie et en Floride,
pourtant deux Etats qui, sur le plan industriel, sont très dynamiques,
très à l'avant-garde. C'est qu'il y a une intégration
à partir de Détroit, du Midwest américain, c'est
différent de ce qu'on pouvait faire avant. On ne fabrique pas
complètement toute une voiture avec toutes ses pièces dans une
usine mais il y a toute une série d'usines d'assemblage avec alentour
des usines satellites qui fournissent des pièces à plusieurs des
usines d'assemblage. Souvent plusieurs modèles, plusieurs compagnies
emploient les mêmes pièces.
Or, tout ceci, cette intégration verticale de la production
implique qu'il doit y avoir une certaine proximité géographique
entre les différentes usines. C'est ainsi que le pacte
canado-américain, comme j'ai dit à Ottawa la semaine
dernière, à 94 p.c. ses bénéfices ont rejailli sur
l'Ontario, qui était la province voisine. Si Détroit avait
été située dans le nord de New Hampshire, ce serait venu
au Québec. Ce n'est pas parce qu'on était Québécois
ou francophone qu'on l'aurait pas eu; on l'aurait eu. Alors, ceci dit,
là où on pouvait espérer, on a examiné. J'en ai
discuté avec M. Pépin à quelques reprises. Compte tenu de
l'industrie de l'automobile à long terme, c'est un peu inquiétant
de dire qu'on sera toujours absent de ça. Il y a toujours une tentation
de se replier et de dire: On est 28 p.c. du marché canadien, on
était responsable de 28 p.c. des ventes de nouvelles voitures l'an
dernier, on va se replier et on va s'assurer au moins 28 p.c. de la production.
Mais ce n'est pas facile parce qu'il faut trouver un minimum. Tous les gens
qu'on a vus le confirment, que ce soit Volkswagen ou d'autres gens qu'on a pu
rencontrer, c'est un minimum d'environ 15,000 voitures.
Il y a des compagnies européennes, je pourrais mentionner les
noms, qui sont intéressées c'est facile à savoir
qui avaient moins de 15,000 voitures. Elles ont vite fait les calculs et
elles se plaçaient dans les mêmes difficultés que
Renault. Et celles qui vendaient plus de 15,000 on a à
l'esprit Volkswagen pour des raisons qui n'avaient rien à voir
avec une question économique, je pense, ont décidé de ne
pas donner suite à notre offre.
M. LAURIN: Est-ce qu'il n'y aurait pas eu moyen d'utiliser le pouvoir
d'achat du Québec, des secteurs public et parapublic, pour augmenter le
marché que Renault aurait pu...?
M. SAINT-PIERRE: Je sais qu'on en a fait état mais,
honnêtement, il faut voir que le gouvernement lui-même
achète quelque chose comme 85 voitures par année; la
Sûreté du Québec, nous aurions pu l'influencer, mais
là il se pose tout un problème historique chez nous. Est-ce qu'on
met les policiers de la Sûreté du Québec dans des petites
Renault 16 ou dans des Renault 8, quelque chose comme ça, des Renault
10? On dit: C'est inacceptable. Il y a eu d'ailleurs un effort qu'on a fait
avec l'Hydro-Québec et avec d'autres sociétés pour tenter
d'augmenter mais il faut bien se rendre compte que c'était plus un geste
symbolique qu'autre chose.
M. RUSSELL: Quel a été le nombre d'autos produites dans la
meilleure année de production à Soma?
M. SAINT-PIERRE: La meilleure année, ça a dû
être 12,000 à peu près. C'est assez récent. Encore
une fois, avant que le président Nixon annonce ses mesures, tout
indiquait que la Renault pénétrerait sur le marché
américain, sur le marché canadien et franchirait dans cette
année-là 71/72, le cap des 15,000, qui était notre cap de
rentabilité. D'ailleurs , c'était tout l'esprit du contrat fait
entre les deux parties, les 15,000. C'est presque tout le marché
américain qui a été coupé à la Renault et il
y a eu les difficultés de pénétrer le marché
canadien. Enfin, le marché canadien n'était pas capable
d'absorber ce nombre. Evidemment, il y avait d'autres problèmes que
j'aime autant ne pas mentionner.
M. LAURIN: Est-ce que le Québec possède...
M. CADIEUX: Depuis le système de points, je ne haïrais pas
cela si la Sûreté du Québec était
équipée de Renault, elle ne pourrait pas me suivre.
M. LAURIN: Est-ce que le Québec possède à
l'intérieur de sa juridiction actuelle les pouvoirs qui lui
permettraient d'exiger qu'on assemble sur son territoire un nombre de voitures
qui correspond à sa consommation, à ses achats de voitures?
M. SAINT-PIERRE: Vis-à-vis de qui, du secteur privé?
M. LAURIN: Présumément, oui.
M. SAINT-PIERRE: Présumément, on pourrait passer une loi
pour dire ou faire comme les Américains aussi...
M. LAURIN: Quand j'emploie le terme "exiger", je veux dire insister ou
exiger...
M. SAINT-PIERRE: II y a une différence.
M. LAURIN: ... la prise des moyens en somme qui favoriseraient...
M. SAINT-PIERRE: Je sais que vis-à-vis des grands constructeurs
Américains, si on prend ce secteur, je demeure...
M. LAURIN: Parce qu'ils y trouvent quand même leur profit.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. LAURIN: D'une certaine façon.
M. SAINT-PIERRE: Non, pas les trois grands américains. Les trois
grands américains vous diront j'en ai déjà
discuté au niveau des présidents de compagnie et vous
prouveront, en noir sur blanc, que cette intégration géographique
dont je parlais, qui fait que les pièces viennent et tout cela, implique
que, même dans le nord de l'Ontario, ce ne serait pas possible.
D'ailleurs, en Nouvelle-Ecosse, le nombre de productions est de beaucoup
inférieur à ce qu'était Soma, et je ne suis pas certain si
ce n'est pas plus symbolique qu'autre chose dans le cas de Volvo. C'est quoi?
1,500 par année, c'est très faible. Je pense que c'est plus pour
dire...
Les grands, pour reprendre cela, pour eux, ce n'est pas
économique; ce serait une perte nette très considérable.
Présumément, on pourrait adopter une loi pour dire, un peu comme
les Américains, que les seules voitures qui répondent à
nos exigences de sécurité sur les routes du Québec sont
les Astre et les Véga, de Sainte-Thérèse, et d'autres, de
Saint-Bruno. Là, cela revient presque à ce que je donnais hier
comme exemple; notre seule voie sur le plan économique est de
conquérir des marchés extérieurs. Lorsque l'on veut
conquérir des marchés extérieurs, il faut accepter que, de
l'extérieur, on va venir conquérir nos marchés propres,
à nous, lorsque ce ne sera pas économique pour nous de le faire.
Sinon, on tombe dans les théories: on va essayer de fabriquer des
bananes au Québec.
M. LAURIN: Donc, selon vous, il n'y a aucun moyen, soit incitatif...
M. SAINT-PIERRE: Entendons-nous, il n'y a aucun moyen chez les grands
américains, il n'y a pas d'avantage. Là où cela peut
être le plus intéressant, par des mesures incitatrices on
pourrait regarder encore la taxe de vente comme façon d'attirer les
gens, mais il faut être bien convaincu qu'on va attirer des gens et qu'on
ne donnera pas un chèque en blanc à General Motors, je pense que
vous seriez les premiers à nous le reprocher là où
il y aurait quand même des possibilités, ce serait chez des gens,
dans l'Est du Canada, qui pourraient être dans le pacte de l'automobile,
et qui ont au moins 15,000 unités à peu près. Si
Volkswagen n'avait pas des plans d'une production de 300,000 voitures au
Brésil et une production de 150,000 voitures en Australie, possiblement
qu'elle serait intéressée à venir en faire 50,000 au
Canada qui est actuellement leur marché. Là, ce serait
très rentable pour eux.
M. LAURIN : Est-ce que votre ministère a pris une position, par
rapport à la renégociation du pacte de l'automobile, qui pourrait
orienter davantage vers le Québec ce genre de production?
M. SAINT-PIERRE: Cela ne pourrait pas le réorienter vers le
Québec. Ce que nous pourrions dire, c'est un peu le message qu'on a
donné à l'Ontario. Il va falloir que l'Ontario et le
fédéral réalisent que les retombées
économiques de toutes sortes de ces politiques-là ne peuvent pas
toujours être concentrées en Ontario.
Exemple: si les retombées, sur le plan des investissements et des
emplois, sont à 94 p.c. en Ontario, dans le moment, on pourrait dire que
le Québec, égoistement, devrait épouser la thèse
des Américains. Les Américains veulent que le marché
commun ne s'établisse pas uniquement au niveau des manufacturiers mais
au niveau des consommateurs, ce qui permettrait à des réseaux de
distribution américains de pénétrer ici, ce qui
permettrait à des Canadiens d'acheter aux Etats-Unis. C'est l'une des
thèses américaines dans le moment, "qu'on leur veut". Pour nous,
ce serait quoi? Dans le moment, on a un cartel qui nous est imposé de
l'Ontario, alors qu'autrement on pourrait avoir un choix et une
compétition qui s'établiraient entre une production
américaine et une production ontarienne. Il demeure peut-être
qu'on réalise que, sur le plan canadien, ça pourrait
drôlement changer iiotre balance des paiements, nous causer, sur le plan
interne, plus de problèmes que de bien, mais égoistement, c'est
cela qu'on va retrouver. C'est là qu'on disait, dans d'autres secteurs,
qu'on va tenter de retrouver des retombées.
M. LAURIN : Est-ce que vous avez discuté avec le
fédéral la possibilité qu'il diminue la taxe de vente, en
exempte à certaines compagnies qui assembleraient des voitures dont le
contenu canadien serait 40 p.c, 50 p.c?
M. SAINT-PIERRE: Dans le but de les inciter à s'établir en
dehors de l'Ontario? Le fédéral va nous dire que son programme
particulier dans cela ce sont, premièrement, les
programmes du développement régional de M. Jamieson, ou
qu'il y a une aide directe à l'investissement et à la
création d'emplois.
Deuxièmement, il va vous dire que, financièrement, lorsque
le marché se trouve, il y a actuellement toutes les incitations
possibles pour l'établir dans des provinces autres que l'Ontario.
Lorsqu'on est capable de dire: On a un marché de 15,000. C'est
très complexe, c'est assez technique mais dans le cadre du pacte de
l'automobile, j'insiste pour dire qu'à chaque fois qu'on exporte trois
voitures ou quatre voitures aux Etats-Unis, on peut en importer, en valeur
équivalente, trois qui ne sont pas obligées d'être les
mêmes que vous avez, de telle sorte que c'est l'équivalent de
donner à quelqu'un le droit d'importer, franc de douane, des
Mercédès ou n'importe quelle autre voiture. Là, ce sont
des montants appréciables que vous avez. Il y a toutes les incitations
voulues, sauf qu'il faut se trouver quelqu'un qui a un marché de 15,000.
Les Japonais sont hésitants et...
M. LAURIN: Est-ce à dire que le Québec, en particulier
votre ministère, se résigne à avoir la portion moins que
congrue de cette industrie?
M. SAINT-PIERRE: Non, on fait des efforts dans d'autres secteurs
où peut-être les économies d'échelle ne jouent pas
autrement. On pense à tout le champ des voitures
spécialisées, des camions; souvent, je pense qu'on ne le
réalise pas. Chez Sicard, à Sainte-Thérèse, il se
fait une production de neuf immenses camions par jour qui sont exportés
à 80 p.c. aux Etats-Unis. Alors, c'est dans ce sens-là qu'on va
faire des tentatives. Les autobus, c'est un autre champ qui pourrait être
mentionné et où on n'a pas besoin de l'économie
d'échelle et le marché semble exister.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a non pas des études mais des projets
assez concrets?
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, mais il y a autre chose qu'on pourrait
tenter de retrouver. Ce sont des implantations au Québec où on
aurait des facteurs de localisation avantageux qui nous permettraient presque,
au niveau du monde, d'avoir des percées très
spécialisées. Je vous donne un exemple: Volkswagen. Toutes les
voitures Volkswagen sont équipées de phares qui sont
fabriqués au Canada. Toutes les voitures qui sortent d'Allemagne en sont
équipées. Est-ce qu'il serait à envisager de tenter de
définir des champs d'action qui pourraient être des usines
établies au Québec dont la grandeur serait telle qu'elles
desserviraient économiquement, à cause des économies
d'échelle, et l'Ontario, et l'Europe et le Nord-Est
américain?
M. LAURIN: Une dernière question. Est-ce qu'il y a des projets
qui sont à l'étude actuellement pour l'implantation à
Saint-Bruno d'entreprises qui se spécialiseraient soit dans la fabrica-
tion de pièces, du genre de celles que vous venez de décrire, ou
dans la fabrication de matériel de transport lourd, que ce soient des
machines aratoires, que ce soient des autobus, que ce soient des camions, que
ce soit le matériel qu'utilisent les constructeurs de route, etc.?
Est-ce qu'il y a quelques projets?
M. SAINT-PIERRE: II y a quelques projets.
M. LAURIN: Avec des entreprises américaines ou
européennes?
M. SAINT-PIERRE: Les deux.
M. LAURIN : Pour les deux. Est-ce que vous êtes optimiste?
M. SAINT-PIERRE: Optimiste, oui, raisonnablement. Il y a des projets
sérieux. Jusqu'ici, chaque étape a été franchie et
on a pris le temps de les franchir. Je vais annoncer la compagnie, le projet et
la production le jour où...
M. LAURIN : On ne demande pas de nom.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais je dis le jour où tout sera
signé et qu'on saura exactement...
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut s'attendre à des nouvelles
optimistes dans un avenir raisonnablement rapproché?
M. SAINT-PIERRE: Oui. M. LAURIN : Quelques mois? M. SAINT-PIERRE:
Oui.
M. LAURIN: Quelques mois. Cela impliquerait un rythme à peu
près semblable à celui qui existait et un nombre de travailleurs
à peu près égal?
M. SAINT-PIERRE: A peu près, oui.
M. LAURIN: A peu près.
M. SAINT-PIERRE: Assez rapidement dans les deux cas.
M. LAURIN: Dans les deux cas.
M. RUSSELL: Je voudrais simplement revenir sur la déclaration du
ministre en ce qui concerne Sicard. Ce sont des camions Ken-worth, je pense,
qui sont manufacturés.
M. SAINT-PIERRE: II y en a deux types: Kenworth et un autre type dans
les plus gros. Kenworth, ce sont ceux qui sont sur les roues mais il y en a
qu'on appelle des "off-highway vehicles", je ne me rappelle pas le nom, des
98...
M. RU SELL: Mais il ne faut pas non plus se
tromper; les différentiels, les transmissions, les moteurs sont
presque tous allemands, fabriqués aux Etats-Unis.
M. SAINT-PIERRE: C'est un fait, mais...
M. RUSSELL: Donc, ce qui arrive, c'est simplement l'assemblage qui se
fait à Montréal, la fabrication de la carosserie.
M. SAINT-PIERRE: Non, en valeur je l'ai déjà su
c'est plus de 50 p.c. québécois, il me semble. Je
m'excuse. Je parle en valeur totale du véhicule. Il y a tout
l'assemblage à Sainte-Thérèse.
M. RUSSELL: ...plus de détails, peut-être.
M. SAINT-PIERRE: Je vous dis, en valeur totale du véhicule: la
main-d'uvre pour l'assemblage, la peinture, la carrosserie qui est faite
au Québec, maintenant, l'intérieur de ces cabines, qui sont
presque des chambres d'hôtel, c'est fait au Québec, le lit du
type.
M. RUSSELL: Quand il y a un lit; il n'y en a pas dans tous.
M. SAINT-PIERRE: Dans les Kenworth, ils ont toujours...
M. RUSSELL: Bien, il y en a, c'est-à-dire que dans les Kenworth
il y en a un sur cinq qui peut avoir un lit.
M. SAINT-PIERRE: Celui qui est fabriquée
Sainte-Thérèse. Un seul modèle fabriqué à
Sainte-Thérèse a un lit en arrière.
M. RUSSELL: De toute façon, je dis ceci simplement...
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai visité il y a deux semaines...
M. RUSSELL : C'est à espérer qu'il y ait une
amélioration et qu'on pourra produire plus de ces morceaux-là au
moins au Canada, si ce n'est pas fait au Québec.
M. LAURIN: Croyez-vous possible, M. le ministre, d'ici une dizaine
d'années, par exemple, à la suite des études que vous
entreprenez actuellement, la création d'une société d'Etat
ou d'un "joint venture" qui pourrait fabriquer ici du matériel de
transport et de construction de véhicules?
M. SAINT-PIERRE: La réponse n'est pas au gouvernement, elle est
beaucoup plus à l'ensemble des Québécois.
Je pourrais vous donner, en citant des études, les noms de trente
ou de quarante compagnies qui ont un chiffre d'affaires actuellement de plus
d'un milliard de dollars par année, qui n'existaient pas il y a vingt
ans et qui sont nées d'une idée. Enfin, une idée qui,
à la fois sur l'innovation technologique, sur la gestion de l'entreprise
et sur le dynamisme de conquérir des marchés extérieurs, a
été bien menée.
On pourrait se poser la question. Est-ce qu'en 1980 on aura des
idées qui n'existent pas aujourd'hui et qui vont être
appliquées? La réponse n'est pas au gouvernement mais aux
Québécois eux-mêmes.
M. LAURIN: Dans votre réponse, on peut deviner que, pour vous,
l'initiative devrait venir du secteur privé beaucoup plus que de votre
ministère?
M. SAINT-PIERRE: Non, je pense qu'au gouvernement on a des ressources,
à l'occasion, peut-être pour identifier plus, devant le secteur
privé, les possibilités. Je disais que je considère que
l'entreprise privée, je considère fermement que l'entreprise
privée est le meilleur véhicule pour la création de
richesses, quitte à ce que le gouvernement en assure par la suite la
redistribution équitable par des mesures fiscales et autres, mais,
à l'occasion, lorsque le bien commun est en cause, je n'ai aucune
hésitation lorsque l'Etat se lance dans un secteur donné.
Je pense qu'à long terme il faut qu'il y ait des succès
pour continuer dans cette route. Je suis convaincu qu'il est possible d'avoir
à l'intérieur de l'entreprise d'Etat, autant de compétence
et de dynamisme que dans les entreprises privées. Ayant dit ça,
foncièrement, je crois que, pour l'ensemble des 2,200,000 travailleurs,
on a une plus grande création d'emplois avec l'entreprise
privée.
Deuxièmement, je relie cela à quelque chose. C'est que,
pour moi, à chaque fois que l'Etat va dans le secteur économique,
souvent il se place dans une position de monopole. Souvent il rend à peu
près impossible une concurrence réelle du secteur privé.
Cela brime une des libertés que nous avons et qui,'je pense, est
chère dans nos démocraties: la liberté d'entreprise.
M. LAURIN: Est-ce que cela reste quand même un des secteurs ou une
des avenues que vous inventoriez ou que vous analysez actuellement grâce
au travail qui se poursuit à la direction de la recherche?
M. SAINT-PIERRE: Sûrement et dans notre travail, sur le plan de la
recherche économique et sur le plan de la recherche de secteurs, il est
évident que, si on identifie des possibilités, je suis là
pour épauler la SGF, et lorsque la SGF aura besoin de fonds additionnels
parce qu'elle , a devant elle des projets précis, je pense qu'on pourra
l'épauler. Pour la SDI, dans la prise du capital-actions, c'était
la même chose. Soquem, Soquip, il y en a d'autres. On peut penser
à d'autres. Je ne voudrais pas faire de structures pour le plaisir d'en
faire. A l'occasion, ici
même, on a eu des progrès assez remarquables qui n'ont
jamais été au niveau de l'exportation, je le déplore.
L'Hydro-Québec a réalisé une première mondiale avec
sa ligne de haute tension de 735,000 volts. Mais ce n'est pas une innovation
technologique qui a été exportée et elle n'a eu aucune
retombée ici. Est-ce qu'on ne devrait pas considérer de tenter
d'en avoir? Est-ce que cela n'implique pas des nouvelles formes d'associations
entre l'Etat et le secteur privé? Ce sont des choses qu'on est
prêt à examiner constamment.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre possède des statistiques
à savoir quel est le nombre d'industries qui ont fermé au
Québec depuis deux ans? Dans quels domaines en particulier? Quel est le
nombre d'industries qui ont été ouvertes dans le Québec
depuis un an ou deux ans? Dans quels domaines?
M. SAINT-PIERRE: Non, on les a surtout au niveau total de l'emploi, que
ce soit l'emploi manufacturier ou autre. Le nombre des entreprises, c'est assez
difficile de garder le compte de tout cela. Parfois, il y a des fusions.
Parfois, il y en a qui ferment leurs portes et qui rouvrent deux mois
après. S'il y a des entreprises qui augmentent le nombre de leurs
employés, souvent c'est inconnu du public et inconnu du
ministère. Il y a des entreprises qui ont connu un taux
phénoménal d'accroissement de main-d'oeuvre et on ne les
connaît pas.
En fait, je ne sais pas si je puis reculer de deux ans. J'ai certaines
statistiques que vous avez autant...
M. RUSSELL: Si le ministre remontait à douze mois, cela
répondrait à ma question.
M. SAINT-PIERRE: Je vais reculer de plus que cela. Il faut le prendre
avec prudence, mais dans les données désaisonnalisées, on
avait, il y a quatre ans, 2,926,000 employés. Je m'excuse, 2,115,000
employés... Je m'excuse, 2,117,000 employés en février
1969, données désaisonnalisées. Nous en avons aujourd'hui
2,294,000. Lorsqu'on soustrait, cela fait 177,000 emplois de plus, dans les
données pour le mois de février. On ne reprendra pas le calcul
pour les douze mois, mais...
M. RUSSELL: M. le Président, c'est simplement le nombre
d'employés, non pas le nombre d'industries.
M. SAINT-PIERRE: C'est le nombre d'emplois. Le nombre
d'industries...
M. RUSSELL: Mais est-ce qu'on ne peut pas répondre par
l'augmentation de la production? On n'a pas l'augmentation de la production
depuis...
M. SAINT-PIERRE: C'est parce que le nom- bre d'industries, en fait, cela
ne veut pas dire nécessairement quelque chose. On peut ajouter une
industrie qui emploie 100,000 personnes et on peut fermer 100 qui employaient
seulement cinq personnes chacune. Il y a des cas de fusions d'entreprises qui
sont bien pour la productivité, bien que, sur le nombre d'industries,
cela en est une de moins.
M. RUSSELL: II y a aussi la mécanisation dans plusieurs
industries, qui baisse la main-d'oeuvre...
M. SAINT-PIERRE: Exactement.
M. RUSSELL: ... et qui augmente leur production.
M. SAINT-PIERRE: Largement responsable des 4 p.c. et un peu plus de
productivité qu'on a eue l'an dernier: 4.2 p.c. en 1972, le double de ce
qu'on avait normalement.
La valeur des expéditions dans les industries
manufacturières: en 1968, nous étions à $11 milliards et,
en 1972, nous sommes à $14.5 milliards.
M. RUSSELL: Dans quatre ans. M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. RUSSELL: Dans quatre ans, cela représente à peu
près $3 milliards, soit un peu plus qu'un milliard par année.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: Un peu moins qu'un milliard.
M. SAINT-PIERRE: Un peu moins qu'un milliard d'augmentation par
année.
M. RUSSELL: $900 millions par année. M. le Président, il y
a eu des accusations qui ont été faites du fait que les
sièges sociaux des compagnies s'expatriaient de Montréal. Il y en
a eu combien qui se sont sauvés depuis douze mois? Y en a-t-il qui sont
venus s'établir depuis ce temps-là pour compenser le
déficit?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que l'exode a pu être plus
prononcé à une certaine période. H y avait plus
d'inquiétude. Depuis douze mois, on parle dans les journaux de Texaco.
Je n'ai pas eu le temps de vérifier dans les moindres détails
moi-même. Vous savez, c'est assez symbolique. C'est assez difficile
à cerner comme phénomène. Le siège social
lui-même n'est pas nécessairement ce qui est le plus important, si
on prend juste l'endroit; c'est tout ce que cela implique d'emplois ou de
qualité d'activités industrielles et économiques au niveau
du secteur des finances, au niveau du secteur du marketing, au niveau du
secteur du groupe de direction.
Alors, dans certains cas, est-ce qu'il y a eu des déplacements?
C'est possible. Peut-être que cela n'a rien à voir avec les
problèmes au Québec. C'est simplement une concentration de
certaines activités économiques en Ontario. Il y a là une
concentration des mouvements financiers, qui s'explique par le rapport des
transactions boursières entre la Bourse de Toronto et la Bourse de
Montréal. Le gouvernement du Québec a tenté de poser des
mesures pour assainir la situation à Montréal.
Mais je ne pense pas que, depuis les douze dernier mois, on puisse
parler effectivement... D me semble que ce n'est pas un problème comme
cela a pu déjà l'être dans l'esprit des gens et qu'il n'y a
pas des gens qui songent, demain matin, à quitter le siège...
Dans le cas de Texaco, on me dit que ce sont beaucoup plus les
difficultés d'adaptation pour des cadres anglophones qui, en fait, dans
le contexte du Québec de 1973, se sentent mal à l'aise. Ils se
sentent plus à l'aise à Toronto et, un peu en bloc, ils ont
décidé que c'était plus facile de vivre là-bas.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il n'y aurait pas une certaine école dans
les délégations canadiennes à l'étranger...
M. SAINT-PIERRE: Des délégations canadiennes ou
québécoises?
M. RUSSELL: ... canadiennes à l'étranger qui laisserait
sous-entendre que Toronto est plutôt la place d'affaires que
Montréal? Je donne ceci gratuitement au ministre, mais je me suis
laissé dire cela en fin de semaine. Ce qui m'a surpris le plus, c'est en
France que j'ai entendu dire cela, par des Français. Qu'on m'ait dit
ça dans un pays comme l'Angleterre, j'aurais été moins
surpris. Mais qu'un Français me dise que c'est la
délégation canadienne qui nous a informés que la meilleure
place pour s'établir, au point de vue du commerce au Canada,
était Toronto !
M. SAINT-PIERRE: Je ne pourrais pas dire.
M. RUSSELL: Peut-être que le ministre pourrait prendre des
renseignements sur cette affaire-là. Je vous donne cela sous toutes
réserves. Je n'accuse personne. Je n'ai pas fait d'enquête. Je
n'ai pas l'intention d'en faire, non plus. Il peut s'agir d'un domaine bien
particulier.
M. SAINT-PIERRE: Surtout dans le domaine des institutions
financières, on faisait valoir que le mouvement des Bourses et que les
centres de décisions pour les portefeuilles importants gravitaient
surtout autour de Toronto. Mais je peux vérifier; j'ai d'excellentes
relations avec l'ambassadeur du Canada à Paris.
M. RUSSELL: II faudrait quand même véri- fier;
peut-être que cela vient gratuitement, que ces expressions deviennent une
coutume, une habitude, c'est fait sans malice.
Mais, sans être malicieux, ça ne fait pas de bien à
Montréal ou au Québec.
Donc on n'a pas les chiffres de ceux qui se sont sauvés de
Montréal pour répondre aux accusations qui ont été
faites et on n'a pas d'enquêtes pour savoir combien sont installés
à Montréal depuis douze mois. Je crois que le premier ministre
avait promis qu'il ferait enquête, et on ne possède pas le
résultat de l'enquête. Ou est-ce qu'il a fait enquête ou a
demandé au ministre de l'Industrie et Commerce d'en faire une?
M. SAINT-PIERRE: Il n'a pas demandé au ministre de l'Industrie et
Commerce d'en faire une, il m'a demandé d'améliorer les relations
entre le gouvernement et le secteur privé. On a tenté par
différents moyens de s'assurer en -tout cas que, si les gens partaient,
c'était en connaissance de cause, basé sur des faits et non pas
sur des oui-dire ou des impressions ou des peurs qui n'étaient pas
justifiées.
M. RUSSELL: Donc il n'y a pas eu enquête.
M. SAINT-PIERRE: Pas de la part du ministère de l'Industrie et
Commerce.
M. RUSSELL: D'accord.
M. GUAY: M. le Président, concernant Soma, le ministre semble
assez optimiste, du moins c'est la réponse qu'il nous fait. Est-ce que
le ministre a donné des indications assez précises, par exemple,
aux travailleurs qui sont non reclassés actuellement? On a eu des
questions qui ont été posées à l'Assemblée
nationale très récemment et...
M. LAURIN: ... vos études, parce que je sais qu'il y en a 129 qui
ne sont pas...
M. GUAY: Qui ne sont pas reclassés. M. SAINT-PIERRE: Sur les 500.
M. GUAY: Sur les 500. M. SAINT-PIERRE: Sur les 500.
M. GUAY: J'avais les chiffres également, M. le
député. Est-ce que très bientôt ces travailleurs
seront reclassés ailleurs? Les employés qui ont travaillé
à Soma ont consenti des efforts; je pense qu'ils avaient accepté
de travailler même à un revenu moindre dans bien des cas.
C'était discutable. Je sais qu'il y a des cas bien précis qui ont
été portés à mon attention, ça s'est
produit. Je pense que ces travailleurs qui sont actuellement non
reclassés désirent obtenir des indications ou désirent
être rassurés concernant leur emploi. Le ministre a donné
certaines
indications. On ne demande pas de préciser, de mettre en cause
l'état des négociations si réellement il y a
négociations. Mais, ces travailleurs, je pense que ce serait
nécessaire que le ministre leur donne un peu d'assurance.
M. SAINT-PIERRE: L'assurance que je peux leur donner puis je les ai
déjà rencontrés à deux reprises, je suis prêt
à les rencontrer en n'importe quel temps aussi, si ça peut faire
l'affaire. On fait tout ce qui est humainement possible de faire pour tenter de
recréer le travail à Saint-Bruno dans le même genre
d'entreprises pour utiliser leur talent.
On tente aussi possiblement, à cause des difficultés
à Soma, ce que cela a pu représenter comme vide, d'emmener
d'autres types d'entreprises, en dehors de nos efforts à Soma. Elles
pourraient, dans des secteurs un peu analogues, utiliser les talents des gens
qui étaient dans la soudure ou dans l'électricité ou
autres choses semblables. Mais ce serait malhonnête de ma part de dire:
Ecoutez, moi je suis le ministre de l'Industrie et Commerce, puis je vais vous
le régler votre problème. Je ne suis pas près d'avoir la
malhonnêteté de dire, parce que j'ai un problème dans la
ville où je réside où je vais résider et que je
représente à l'Assemblée nationale: Je vais prendre $2
millions de l'argent du peuple pour défrayer des déficits
d'exploitation. Je ne suis pas capable de faire ça.
M. GUAY: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas capable également de promettre
quels vont être les résultats. Tout ce que je sais, c'est que dans
le moment on suit très bien le dossier, au moins deux des dossiers,
l'évolution intéressante qui se fait. On sait aussi qu'on peut
vendre demain matin l'usine de Soma. On ne l'a pas fait jusqu'ici, bien que la
SGF ait encouru des pertes, parce que justement on escomptait
sérieusement pouvoir relancer l'affaire.
M . GUAY: Est-ce qu'il n'y a pas un danger que l'usine elle-même
se détériore étant donné que...
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, il y a des activités dans le moment.
Disons qu'il y a quelques groupes. Il y a des activités il se fait une
certaine location qu'on peut révoquer à très brève
échéance. Il y a certaines activités à
l'intérieur de l'usine, il n'y a aucun danger que l'usine se
détériore.
M. GUAY: Considérant que cette usine avait épousé,
peut-être obligatoirement, le système métrique, est-ce que
le ministre songe quand il nous parle d'autres possibilités...
M. SAINT-PIERRE: Qu'est-ce que c'est, le système métrique?
Je n'ai pas compris.
M. GUAY: Le système métrique. Je pense que cette usine
avait déjà épousé le système
métrique, c'est peut-être être d'avant-garde, de toute
façon ça s'en vient. Cela va devenir obligatoire d'ici quelques
années. Est-ce que ça pose certains problèmes pour une
autre industrie qui viendra s'établir?
M. SAINT-PIERRE: C'est évident que, peu importe le type
d'entreprise qu'on aurait là-bas, il y aurait au départ des
dépenses d'immobilisation en machinerie, en "tooling", en outillage. Que
ce soit métrique ou non, il va y avoir des changements.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Elément 1, adopté.
M. RUSSELL: M. le Président, en Colombie-Britannique on a
décidé de verser 50 p.c. du salaire aux industries qui
emploieraient des assistés sociaux. Est-ce que le ministre a
étudié cette possibilité pour tâcher de
réduire les risques?
M. SAINT-PIERRE: II y a un programme aux Affaires sociales dans ce sens,
aux Affaires sociales et au Travail. Il y a l'opération Placement qui
touche les assistés sociaux. Le ministre Castonguay examine aussi
d'autres programmes dans le moment.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Cela ne se rapporte pas tellement à la
prospection de l'investissement.
M. SAINT-PIERRE: Nous on ne l'a pas fait, non.
M. LAURIN: Mon collègue, le député de Gouin, a
déjà soulevé un certain aspect de la conjoncture lorsqu'il
a dit qu'à cause de la dépréciation du dollar canadien,
qui suit celle du dollar américain, nous pouvions nous trouver en
situation assez favorable en ce qui concerne l'exportation de nos produits dans
la zone européenne. Je remarque par ailleurs que, dans le programme
d'expositions et de missions pour 1973/1974 qu'a déjà
présenté le ministre, l'accent a été plutôt
mis sur la prospection du marché américain. Est-ce que le
ministre serait prêt à rajuster son tir, à la suite de cet
élément conjoncturel, et est-ce qu'il serait prêt à
commenter la suggestion que lui faisait mon collègue de Gouin de
plutôt faire un effort, à la suite justement de ce qui vient de se
passer, pour la prospection des marchés européens, même si
je sais que la prospection des marchés européens n'est pas
étrangère aux préoccupations du ministre et que nous
possédons un certain nombre de délégations commerciales
à l'étranger?
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelles mesures il entend
prendre pour maximaliser, au profit du Québec, ces
éléments con-
joncturels actuels? Par exemple, est-ce qu'il songe à un
programme d'aide à l'exportation?
M. SAINT-PIERRE: De prime abord, on ne peut pas être en
désaccord sur la suggestion du député de Gouin.
D'ailleurs, les efforts que nous faisons dans le moment vis-à-vis de
l'Europe le traduisent déjà. Il y a un deuxième point
également que je voudrais mentionner. C'est qu'il y a un certain niveau
de croissance des services qu'on ne peut pas dépasser sans risque de
dilapider les fonds publics, c'est-à-dire que lorsqu'on reprend,
à l'intérieur du ministère de l'Industrie et Commerce, qui
a eu une forte croissance, ce qui a été fait en matière
d'exportation, le nombre de missions, l'importance du personnel, le nombre de
participations à des salons internationaux et des choses semblables,
c'est assez phénoménal.
Je n'ai pas les chiffres, mais ce sont presque des taux de
croissance...
M. LAURIN: ... le programme 1973/1974, d'ailleurs. C'est presque
exclusivement...
M. SAINT-PIERRE: On avait, en 1969, à peine $100,000. Nous avons
cette année $1 million: Vous voyez que dans l'espace de deux ans il y a
une très, très forte croissance. Maintenant, un autre point qu'il
faut rappeler ici...
M. LAURIN: Mais c'est rentable.
M. SAINT-PIERRE: Oui, oui, c'est très rentable. On en est bien
convaincu. Une autre chose qu'il faut se rappeler, c'est que souvent notre
petite et notre moyenne entreprise, au départ, c'est déjà
un grand succès d'être capable de les amener à envisager un
marché américain qui est plus près et qui est
peut-être plus facile parce que les transactions d'affaires n'impliquent
pas des systèmes juridiques différents puis des
précautions qu'elles doivent être obligées de prendre.
Enfin, c'est peut-être la chèvre et le chou. On tente donc
d'augmenter la participation sur le marché américain. On pense
aux industries traditionnelles, le meuble, le vêtement et d'autres.
En même temps, on les sensibilise aux possibilités
qu'offrent ces marchés. Maintenant, il faut également, voir que
nos délégations commerciales dans les pays européens, je
pense particulièrement à l'Allemagne et l'Italie, sont
très actives dans le moment. Elles ont beaucoup de demandes, tant pour
les marchés que pour l'implantation d'industries. Cela se reflète
également, bien que ce ne soit pas identifié
géogra-phiquement, dans le travail de notre direction
générale de l'industrie, dans le travail de nos
délégués régionaux.
H est évident que si, à Trois-Rivières, on a deux
types d'entreprises qui viennent d'Allemagne, ça ne se reflète
pas. Cela a toujours l'air d'être du travail à
Trois-Rivières, mais c'est axé plutôt sur le marché
américain que sur le marché européen.
Je pense que la suggestion du député de Gouin, c'est
difficile d'être contre ça. Je pense d'ailleurs que le
marché européen va être le bloc commercial le plus
important au monde. Pour nous comme pour les Etats-Unis le défi sera
d'être capables de trouver des types de produits qui vont
pénétrer ces marchés et puis...
M. LAURIN: Est-ce que le ministre a, par exemple, l'intention, au cours
de la présente année, d'intensifier son programme d'expositions
et de missions en Europe?
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le ministre a, par exemple, l'intention, au
cours de la présente année, d'intensifier son programme
d'expositions et de missions en Europe?
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est un fait, dans les plans actuellement.
Après être passé de $100,000 il y a deux ans à
$1,500,000 aujourd'hui, on va tenter d'avoir le même taux de croissance.
C'est juste pour dire qu'il y a deux ou trois ans, des missions, il n'y en
avait pas beaucoup. Maintenant qu'il y en a, il ne faut pas juste dire qu'on se
rend là avec 25 industriels. Il faut que ça donne des
résultats, que ce soit bien planifié. On ne peut pas y aller
à moitié. Alors là, on fait le maximum possible sur
cela.
M. LAURIN: Mais il reste, cependant, qu'on n'est jamais si bien servi
que par soi-même. On est mieux d'aller prospecter soi-même. Est-ce
que le ministre envisage aussi des mesures spéciales, pour la
période ou la conjoncture d'urgence, d'aide à l'exportation dans
ce coin du monde?
M. SAINT-PIERRE: On a un programme particulier d'aide à
l'exportation. L'encouragement on le voit, d'ailleurs, dans les nouveaux
programmes que je vous ai donnés dans la liste porte tant sur la
publicité pour l'expansion des marchés que sur l'engagement
à la formation de consortiums à l'exportation, $162,000, et sur
les missions, expositions, marketing et fabrication sous licence, $73,000.
J'insiste pour dire que ce sont les nouveaux types de programmes. Ce n'est pas
de l'expansion des programmes qu'on avait l'an dernier. Ce sont de nouvelles
tentatives.
Il y a également l'ouverture d'un bureau commercial au Japon,
prévue pour l'automne. On est dans la période du recrutement des
cadres, location des bureaux et choses semblables. Mais, là aussi, c'est
un autre marché qu'on voudrait exploiter.
M. RUSSELL: De quelle façon procède-t-on pour aviser
l'industrie, dans différents domaines, qu'il y a une foire et qu'elle
est invitée à participer? Est-ce simplement par annonces
publiques ou s'il y a des avis qui sont envoyés à
l'industrie directement?
M. SAINT-PIERRE: La forme varie souvent selon le secteur dans lequel il
s'agit d'organiser une exposition. Il y a des secteurs dans lesquels il y a
fort peu d'entreprises. On pense, par exemple, à l'aéronautique.
Il est assez facile de contacter chacune des sociétés et de les
inviter directement à participer à telle ou telle exposition ou
mission. Dans d'autres secteurs, notamment les secteurs traditionnels, il y a
des bulletins qui sont envoyés. Là, il faut se fier un peu plus
à la réponse des industriels eux-mêmes qu'à une
initiative personnalisée de la part des officiers du ministère,
qui parleraient directement à chacune des entreprises.
Il y a aussi la qualité des produits qui peut inviter, à
un moment donné, tel ou tel fonctionnaire à insister plus
particulièrement auprès d'une entreprise pour laquelle il peut
paraître plus avantageux d'être présente à telle ou
telle exposition.
M. RUSSELL: Est-ce qu'on possède actuellement l'enquête sur
le nombre d'industries et sur leur capacité de production dans chaque
domaine en particulier?
M. SAINT-PIERRE: Vous voulez dire pour les inviter à une
mission?
M. RUSSELL: Non. Est-ce qu'on possède l'inventaire du nombre
d'industries et de leur capacité de production dans chacun des
domaines?
M. SAINT-PIERRE: Oui, oui. Cela vient d'être publié
récemment. C'est le catalogue des entreprises
manufacturières.
M. LATULIPPE: Dans le même ordre d'idées, M. le
Président, est-ce qu'actuellement le Québec envisage la
possibilité de faire quelque chose dans certains domaines où on
ne fait pratiquement que commencer à s'organiser au niveau commercial?
Je pense, par exemple, à la Thaïlande ou à d'autres pays du
sud de l'Afrique qui connaissent, actuellement, une augmentation de leur niveau
de vie assez considérable. J'ai par exemple, à l'idée une
transaction que le ministre connaît certainement en ce qui concerne les
wagons de chemin de fer, que le Québec a réussi à
décrocher, mais ce n'est pas grâce, si j'ose dire, à un
apport québécois. Je pense qu'on aurait peut-être
intérêt à être présent au moment où
s'organisent, justement, les marchés des divers pays du monde avant
qu'il se crée des habitudes d'où on sera absent.
J'ai l'impression qu'effectivement on n'a pas encore, peut-être,
eu suffisamment de ressources pour y aller. Je sais que c'est dispendieux,
c'est loin, mais je suis persuadé qu'il y a une rentabilité
certaine.
M. SAINT-PIERRE: Nous en sommes bien convaincus nous-mêmes.
D'ailleurs, souvent les annonces de nouvelles industries sont plus
spectaculaires que la croissance des marchés pour nos industries
existantes. Mais il ne faudrait pas négliger l'importance de plus en
plus grande que nous accordons, même dans nos délégations
à l'étranger, au fait d'accroître nos marchés et de
faciliter la pénétration de marchés nouveaux pour nos
entreprises existantes. Nos gens qui sont à Milan, à Dusseldorf
ou à Paris n'ont pas uniquement le désir d'emmener des
étrangers ici. Il y a beaucoup de leurs efforts qui sont axés de
plus en plus vers la pénétration de nouveaux marchés pour
nos entreprises existantes.
M. RUSSELL: Combien a-t-on d'employés à Milan?
M. SAINT-PIERRE: A Milan, quatre. On a M. Bergeron et il y a un
assistant. M. Bergeron appartient à l'Affinter. On a un M. Lupo, qui est
un Italien de là-bas, qui a une réceptionniste et un
secrétaire.
M. RUSSELL: Est-ce que ces gens s'occupent exclusivement du domaine
industriel ou s'ils ont un éventail d'occupations autres que
l'industrie?
M. SAINT-PIERRE: Dans une large mesure, le domaine industriel, bien
qu'à l'occasion, ils vont faciliter, lorsque la chose se
présente, le travail dans d'autres secteurs, mais, à 95 p.c, leur
activité est industrielle et commerciale.
M. RUSSELL: Je parle de Milan seulement parce que...
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. RUSSELL: Je parle de Milan simplement parce que j'ai des remarques
ailleurs, lorsqu'on arrivera à cette question précise.
M. LAURIN: En ce qui concerne celui que vous annoncez pour
l'Amérique du Sud, ce sera bien au Brésil qu'il sera
situé?
M. SAINT-PIERRE: Moi, je n'ai jamais annoncé cela.
M. LAURIN: Non, je sais bien, mais les journalistes vous ont fait dire
que ce serait probablement au Brésil.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas au courant.
M. LAURIN: Ce serait en Amérique du Sud, mais est-ce que le
ministre peut nous dire où?
M. SAINT-PIERRE: Nous, ce qu'on avait prévu, c'est Toronto et le
Japon. Dans le budget, dans le moment, il n'y a absolument rien pour autre
chose. Maintenant, ce n'est pas
impossible qu'on en ouvre en Amérique du Sud, mais c'est plus
l'objet de rumeurs, dans le moment.
UNE VOIX: Ah bon!
M. SAINT-PIERRE: A ma connaissance, il n'y a eu aucune décision
au conseil des ministres, il n'y a eu aucune décision au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. LAURIN: J'aurais une question aussi. Lorsque le ministre a fait son
voyage à Paris, au mois d'octobre 1972, un des reporters de la presse
qui a suivi sa visite lui a fait dire qu'il annoncerait d'ici quelques mois, ou
quelques semaines même, huit importants projets d'investissement
industriel italiens au Québec. Depuis ce temps-là, le ministre
n'a guère été loquace pour donner suite à cette
annonce qu'il avait faite dans le temps. Est-ce qu'il pourrait nous donner plus
de renseignements sur ces importants projets?
M. SAINT-PIERRE: II y en a déjà qui ont été
annoncés, que le député de Shefford con-nait bien. Je
pense que c'est lui-même, d'ailleurs, qui l'a annoncé dans la
région: Atro à Granby.
M. RUSSELL: Non, non. C'est quelqu'un qui les annonce à ma place,
moi. C'est quoi son nom, là? Le député de Rouville, c'est
lui qui fait les annonces, en ligne directe avec la Voie de l'Est.
M. SAINT-PIERRE: II y en déjà une ou deux qui sont
annoncées. Sur les huit, disons qu'il y en a sept dont je suis convaincu
de l'implantation. Il y en a deux qui sont annoncées; il y en a au moins
trois ou quatre, dans le moment, qui doivent répondre incessamment,
d'une journée à l'autre, qui sont décidées mais qui
doivent et qui sont très intéressantes attendre de
recevoir la lettre du ministère de l'Expansion économique
régionale. On sait que, si l'annonce est faite de l'industrie avant que
la lettre soit reçue, cela annule, d'après la loi
fédérale, la contribution fédérale. Alors il y en a
quatre ou cinq qui sont rendues à cette étape. Les sites sont
choisis, tout est décidé. Nous en sommes...
M. LAURIN: II y en a deux d'annoncées, quatre ou cinq...
M. SAINT-PIERRE: Deux d'annoncées, quatre ou cinq là-bas.
En tout cas, sur les sept, j'en connais un seul qui m'a fait un peu de... Je
pense qu'on l'a honnêtement, perdu et qu'on va être obligé
de remonter la côte, dans le secteur de la bicyclette. Il n'est pas
allé dans une autre province, enfin, il va falloir recommencer...
M. LAURIN: Quand vous dites des projets importants, c'est de quel ordre
à peu près. Combien d'emplois?
M. SAINT-PIERRE: Des projets... Je pense que chacun de ces projets
impliquait au moins 75 à une centaine d'emplois. Atro, c'était
quand même $7 millions à peu près. Ce qui est
sûrement intéressant, c'est que le type d'industrie ne vient pas
faire une concurrence à des entreprises d'ici. Cela implique beaucoup de
nouvelles technologies, cela vise des marchés non
québécois mais des marchés américains. Je pense
à Atro. C'est un procédé révolutionnaire
d'agrafeuses à l'emballage, des choses comme cela. Apparemment, il y a
une demande folle aux Etats-Unis. C'est révolutionnaire comme
technologie.
Je pense à un autre projet, ce qu'on appelle les machines NCR,
les "numerical controlled machines", qui sont greffées à un
ordinateur, qui l'adapte dans l'industrie du textile où là, il
semble qu'il y a une demande folle. C'est un ordinateur qui décide les
patrons de la machine industrielle.
Alors ce sont toutes les industries avec une technologie bien
intéressante d'ailleurs, les Italiens ont une certaine
réputation dans cela et qui sont dans des secteurs où nous
étions particulièrement faibles, les machineries, les choses
semblables.
M. LAURIN: Donc, il y en aura seulement un qui...
M. SAINT-PIERRE: Sur les sept, dans le moment. Il y en eu d'autres,
d'ailleurs, qui sont venus s'ajouter depuis ce temps-là. Je pense
qu'honnêtement on doit dire pour des facteurs qui sont
peut-être plus reliés à des facteurs politiques dans leur
pays d'origine, je ne sais pas, je ne devrais pas dire cela que
sûrement, dans le moment, de tous les pays, là où on sent
le plus d'activité ou d'intérêt pour le Québec,
c'est l'Allemagne et l'Italie.
M. LAURIN: Est-ce que ces usines vont toutes s'implanter dans des
régions autres que Montréal?
M. SAINT-PIERRE: Jusqu'ici aucune, je pense, ne vise l'île de
Montréal. C'est dans des régions périphériques
à Montréal. Maintenant, ce ne sont pas des types d'entreprises
que l'on peut mettre en plein coeur de la Gaspésie. Je sais que dans un
endroit, c'est Trois-Rivières, il y en a quelques-uns sur la rive
sud.
M. LAURIN: Et de même le premier ministre, lorsqu'il a
été à Londres au mois de novembre, a annoncé pour
bientôt un important investissement britannique. Nous n'en avons pas
entendu parler depuis. Est-ce que les démarches sont en cours...
M. SAINT-PIERRE: Non, c'est l'investisse-
ment d'environ $30 millions de CIL à Bécan-cour.
M. LAURIN: Ah! cela c'en était un. Ah bon!
M. SAINT-PIERRE: II y en a eu d'autres aussi, britanniques, de moindre
importance. Mais c'était celui que le premier ministre avait à
l'esprit, qui n'était pas décidé dans ce
temps-là.
M. RUSSELL: Simplement une question au ministre de l'Industrie et du
Commerce en ce qui concerne l'aide qui peut-être apportée à
la petite industrie. Nos voisins, aux Etats-Unis, ont une politique qui fait en
sorte qu'ils utilisent les administrateurs à leur retraite, qui prennent
un emploi dans la petite industrie et on va payer peut-être 50 p.c. de
leur salaire. Est-ce que cette politique a été envisagée
comme possibilité au Québec?
M. SAINT-PIERRE: Non, il faut dire que le gouvernement
fédéral a un programme récent qu'on aurait
peut-être pu faire nous-mêmes qu'on appelle la CASE, en
anglais le Counselling Assistance for Small Enterprises; en français, je
ne sais pas comment on appelle ça.
M. RUSSELL: Je vais en parler à Jean-Noël.
M. SAINT-PIERRE: D'accord. Nous ici, on a quand même une section
de petites et moyennes entreprises où, en général, on
tente d'avoir des gens d'expérience et d'offrir tous les
différents programmes des petite et moyenne entreprises. Il y a des
séminaires, des techniques de stimulation de décisions
industrielles; il y a des études de mise en marché, de
production, de coût de revient. Ce sont sûrement les trois secteurs
les plus importants au ministère cette année, soit les petites et
moyenne entreprises, l'aide à l'exportation et la connaissance de nos
secteurs industriels, particulièrement des secteurs les plus modernes.
C'est sûrement là-dessus qu'on a insisté.
Ce qui est important dans les budgets du ministère de l'Industrie
et du Commerce, c'est finalement, sans s'en rendre compte, qu'on a pris ce qui
était avant des primes qu'on donnait aux compagnies, on a converti
ça, dans une période relativement courte, en personnel, en
ressources humaines, en sommes disponibles pour les études de mise en
marché et autres.
Lorsqu'on regarde au niveau du nombre d'employés le
député de Shefford s'en souvent peut-être il y a
quand même une croissance. Je pourrais peut-être demander à
monsieur quelle était la croissance de tout ça.
En 1968, on était moins de 70 et on est 1,350. Chaque
année, le budget semble presque stable. D'ailleurs, je pense que, cette
année, c'est le seul qui officiellement baisse, mais, en fait, la SDI
est créée. Elle a, par des façons extrabudgétaires,
des sommes qui sont données indirectement à l'entreprise sous
forme de prêts à taux réduits. Au ministère de
l'Industrie et du Commerce, chaque année, on convertissait les primes
à l'entreprise en ressources humaines. Comme je vous l'avais dit au
commencement, le per capita qu'on dépense au Québec au
ministère de l'Industrie et du Commerce est un des plus
élevés au Canada, sauf en Nouvelle-Ecosse. Cela dépasse
toutes les autres provinces. C'est presque trois fois ce qu'on dépense
en Ontario.
M. RUSSELL: C'est ma crainte quand je vois la SDI. Je suis bien heureux
de la voir grandir, mais je ne voudrais pas qu'elle en vienne à
dépasser le ministère de l'Industrie et du Commerce. Je voudrais
bien que le ministère conserve, au moins, le prestige qu'il a toujours
eu dans le développement économique du Québec.
Le ministre a fait une déclaration au Salon de l'agriculture, qui
ferait en sorte qu'il surveillerait plus étroitement l'industrie
alimentaire de façon que les intérêts de tous les
Québécois soient moins lésés. Quels sont les
Québécois qui ont été lésés dans ce
domaine en particulier et quelles sont les mesures que le ministre aurait
prises depuis ce temps-là pour éviter que la même chose ne
se répète?
M. SAINT-PIERRE: L'industrie alimentaire en est une par excellence qui
est reliée à un marché de consommation, qui est
reliée à des habitudes de vie des gens, qui est souvent
liée de près à l'agriculture. On sait que, pour toutes
sortes de facteurs, il semblait plus facile en Californie de faire une pomme de
laitue et de la vendre ici aux Québécois que de la faire
nous-mêmes. On a sûrement un climat pour la faire.
On a tenté de maximaliser, tant sur le plan de l'agriculture que
sur le plan de l'industrie secondaire, la transformation et la croissance de
cette industrie qui est très importante. Lorsqu'on regarde dans
l'industrie manufacturière, on emploie plus de 100,000 personnes,
aliments et boissons. Je ne sais pas si c'est au Québec ou au Canada,
enfin!
Ce qu'on tentait de dire, c'est qu'il faut qu'il y ait plus de
retombées économiques de ce pouvoir d'achat que les
Québécois ont. On se rappelle qu'en 1970 nous étions
déficients dans tous les produits de l'agriculture, sauf pour les
poulets "barbecue" et le lait. Le ministère de l'Agriculture a
tenté de nous donner un plus grand degré d'autoproduction pour
nos biens de consommation et nous, nous avons fait des efforts au niveau de la
transformation.
Qu'est-ce qu'on a fait depuis ce temps? Premièrement, dans ses
deux première années vous l'avez vu par les chiffres que
je vous ai donnés hier ça a été un des
secteurs où la SDI est le plus intervenue non seulement pour le prix,
mais strictement pour l'industrie alimentaire comme telle.
Deuxièmement, il y a eu un comité conjoint de
l'Agriculture et de l'Industrie et du Gommer-
ce qui tente d'étudier différents types de programmes qui
pourraient être mis de l'avant soit par l'Agriculture soit par
nous-mêmes vis-à-vis de l'agro-alimentaire en
général.
M. RUSSELL: Je croyais que le ministre allait nous faire une
démonstration du fait qu'il avait un plan d'implantation d'écoles
dans la région de la Gaspésie, plutôt que d'évacuer
la Gaspésie comme on tente de le faire actuellement.
M. SAINT-PIERRE: On dépense $411,000,000 dans la
Gaspésie.
M. RUSSELL: Pour faire quoi, M. le Président, est-ce que le
ministre...
M. SAINT-PIERRE: Ce que les gens, là-bas, réclament: ils
ne veulent plus d'études, ils veulent des routes, ils veulent des ponts.
On demandera cela à l'ODEQ. Ils ne veulent pas... Je m'excuse mais...
Ils ne veulent pas ce qui s'est fait pendant un bout de temps. Ils ne veulent
plus d'études, ils ne veulent plus d'experts de Montréal pour
leur dire comment vivre. Enfin, ce sont les programmes de l'ODEQ. Ce n'est pas
le nôtre.
Vous touchez au point de l'agriculture. Je pense que l'agriculture a
fait un effort sérieux depuis deux ans pour identifier...
M. RUSSELL: M. le Président, ce n'est pas moi qui ai
touché au point de l'agriculture, c'est le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Non, non. Je sais. Mais moi, je parle de l'industrie
agro-alimentaire. Ce n'est pas l'utilisation... Je vous ai dit ce que l'on a
fait.
M. LAURIN: M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: C'est le comité des affaires économiques,
c'est un de nos principaux comités: l'agro-alimentaire.
M. LAURIN: Dans une entrevue qu'il accordait le 11 juillet dernier
à M. Réal Berthier de la Presse, le ministre nous promettait la
création d'une société d'investissement qui viendrait
s'ajouter à la SDI, que nous avons déjà. Est-ce que le
ministre a toujours les mêmes intentions de créer une
société d'investissement qui, disait-il...
M. SAINT-PIERRE: Du capital de risque.
M. LAURIN: Oui, qui serait destinée à fournir du capital
de risque dans des projets ou perspectives de grande rentabilité et qui
exercerait un attrait plus grand que la SDI?
M. SAINT-PIERRE: C'est un long cheminement de ma part mais, disons que,
pour le moment, on concentre tous nos efforts et sur la SGF et sur la SDI. Je
ne nie pas que l'on n'aurait pas besoin éventuellement d'une
espèce de société à capital de risque, clairement
identifiée, parce que cela m'apparaît non salutaire de mêler
le capital de risque et le capital ordinaire dans cela. Le capital de risque,
pour moi, ce n'est pas seulement du capital-actions, c'est lorsqu'on tente de
créer des entreprises où, en moyenne, sur sept tentatives, il y
en a six qui se révèlent des échecs, mais l'autre est un
succès phénoménal. Alors... Mais quand la SDI et la SGF,
des choses comme cela, seront assez bien lancées, je ne nie pas
l'utilité de trouver un petit groupe qui va s'en occuper.
On pourrait dire, dans le moment, que, par la Caisse de
dépôt, on participe à une expérience avec la CDC du
gouvernement fédéral, qui a mis trois portefeuilles, un à
Vancouver, un à Montréal et un à Toronto, dans du capital
de risque.
M. LAURIN : La Corporation du développement du Canada?
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est-à-dire que la CDC à
acheté 30 p.c. ou 40 p.c. d'une compagnie à être
formée à Montréal, dans le capital de risque. La Caisse de
dépôt y est allée. Je pense que les mouvements Desjardins
ont été invités et on a tenté de faire cela
à Montréal pour se familiariser sur les techniques, parce que
c'est surtout une technique d'analyse de projets, de prises de décisions
rapides sur des projets petits mais qui peuvent grossir. D'autant plus qu'il y
a peut-être un autre point. C'est que l'on n'a pas eu la conviction qu'il
manquait du capital dans ce sens. Ce qui nous a semblé plus frappant,
c'est qu'il manque d'idées. Lorsque l'on demande à des gens,
comme ceux du Centre de recherches industrielles, qui pourrait recevoir ces
types de projets-là, au départ, même si ce n'est pas la
vocation du centre, ces gens-là sont assez déçus.
Finalement, il n'y a pas eu tellement de ces idées qui ont
été présentées, peut-être la moitié
des projets qu'on leur soumet. Ce sont des gens qui prétendent avoir
inventé le mouvement perpétuel avec des graphiques à
l'appui et des devis.
M. LAURIN: Donc, pour le moment, vous avez renoncé...
M. SAINT-PIERRE: Pour le moment, oui.
M. LAURIN: ... à votre idée, quitte à la reprendre
peut-être un peu plus tard?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LAURIN : Là, vous êtes plutôt
intéressé à la prospection des idées?
M. SAINT-PIERRE: Bien, intéressé à solidifier la
SGF et la SDI dans l'effort que l'on a fait
depuis un an dans ce sens et à identifier, sur le plan que je
vous ai mentionné, non pas notre stratégie, mais notre
philosophie, notre approche sur le plan de l'industrie secondaire, à
mettre cela entre deux couvertures, notre aide à l'exportation, quitte
après cela, à reprendre ces points et à les lancer.
M. LAURIN: Pour ne pas quitter le domaine de l'agro-alimentaire, dont
parlait le député de Russell... le député de
Shefford...
M. RUSSELL: On est sur la carte électorale.
M. LAURIN: ... Il semble quand même que ce que la SDI a
donné, même si c'est appréciable, demeure minime en raison
du retard que nous avons pris par rapport à nos voisins dans ce domaine.
Est-ce que le ministère entend faire davantage, aussi bien pour la
prospection des idées que pour l'investissement, dans ce domaine de
l'agro-alimentaire, particulièrement en ce qui concerne le domaine de la
conservation, de la cryogénie, c'est-à-dire la...
M. SAINT-PIERRE: La conserverie?
M. LAURIN: ...les conserveries, sur une base régionale?
M. SAINT-PIERRE: Le ministre de l'Agriculture a apporté au
comité interministériel des affaires économiques un
certain nombre de projets qui font actuellement l'objet de l'étude d'un
sous-comité des affaires économiques groupant des
représentants des finances, du conseil exécutif, de l'OPDQ, bien
sûr, de l'Agriculture et de la Colonisation et de l'Industrie et du
Commerce. Les travaux sont passablement avancés pour identifier les
secteurs dans lesquels des interventions devraient être faites. Il s'agit
donc de préciser quelles interventions on veut et pour obtenir quels
objectifs, quels résultats.
Le comité des affaires économiques fera, lorsque le
rapport sera déposé, la révision de ces propositions et il
s'agira, ensuite, pour les autorités politiques, de déterminer
quel ministère prendra quelle partie d'un programme d'ensemble touchant
l'agro-alimentaire.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a des régions et est-ce qu'il y a des
produits qui ont été identifiés comme "primary targets",
comme sigle initial?
M. SAINT-PIERRE: Si on pense au programme général, ce sont
plutôt les secteurs qui ont fait l'objet des premières
préoccupations du comité, autrement dit, on examine l'agriculture
dans ses principales dimensions, l'industrie laitière ou la conserverie,
fruits et légumes, volailles et le reste, pour voir quels sont les
problèmes et quelles sont les interventions qui seraient requises par
les autorités gouvernementales.
Certains de ces programmes ont une incidence régionale plus forte
que d'autres. Mais l'angle sous lequel ils ont été
examinés au départ n'est pas régional. On examine d'abord
le problème comportant une dimension régionale, et parmi ces
problèmes, toute la question des aliments surgelés ou
congelés fait l'objet de préoccupations très vives de la
part du ministère de l'Agriculture, du ministère de l'Industrie
et du Commerce dans tout ce que l'on appelle, dans cette formule anglaise
commode: les "convenience foods".
M. RUSSELL: Est-ce que c'est à l'occasion de sa
représentation auprès du comité que le ministre a
parlé de la vente du boeuf de l'Ouest qui passait aux Etats-Unis et qui
revenait ici, vendu au Québec par des Américains?
M. SAINT-PIERRE: J'ai donné des exemples. C'est parce que, quand
on examine le réseau de distribution de ces choses-là, il y a des
affaires assez aberrantes qui se passent. J'ai donné des exemples: le
boeuf de l'Ouest traverse les Etats-Unis, revient sur les frontières,
retraverse les Etats-Unis et aboutit à New York et après cela il
est vendu ici.
M. RUSSELL: Le pourcentage...
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai pas de chiffre. Je sais que c'est une route
connue dans le milieu... Je le donnais plus comme illustration de choses qui
n'ont pas de sens.
M. RUSSELL: Comme le bacon canadien se vend aux Etats-Unis et le bacon
américain se vend au Québec.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela. Je ne sais pas... Non, ce n'est pas tout
à fait cela. Cela me semble aberrant que le boeuf de l'Ouest, on soit
obligé de l'acheter à New York, comme il me semble aberrant que
les grains de provende de l'Ouest canadien nous coûtent moins cher
lorsqu'on les achète souvent d'un tiers pays comme la France que si on
les achète directement.
M. LATULIPPE: M. le Président, dans le même ordre
d'idées...
M. SAINT-PIERRE: Mais on est pas mal avancé sur ce programme. On
va le réaliser avant que les créditistes prennent le pouvoir.
M. GUAY: Vous avez besoin d'agir vite.
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. GUAY: Vous avez besoin d'agir vite.
M. SAINT-PIERRE: Dans une quinzaine d'années, à peu
près.
M. LATULIPPE: Vous n'êtes pas pressé,
réellement.
M. le Président, dans le même ordre d'idées,
justement dans le but de faire une stimulation, tant au niveau de l'agriculture
que dans d'autres domaines, est-ce que le ministère a déjà
envisagé la possibilité de mettre sur pied une bourse de
sous-traitance, justement, ou est-ce qu'il y a déjà eu des
études de faites là-dessus?
M. SAINT-PIERRE: Oui, il y a eu de longues études. Il y en a une
bourse de sous-traitance qui existe dans le moment dans la région du
Québec mais, en fait, nous, on a l'impression que cela ne marche pas
tellement. Je pense bien qu'il y a des efforts louables que je ne voudrais pas
défendre mais j'ai l'impression que seule la région de
Montréal se prête réellement à un type de bourse de
sous-traitance. Enfin, ce n'est pas...
M. LATULIPPE: Pour quelle raison cela est-il arrivé? Parce qu'il
n'y a pas de participation? D y a une espèce de fiasco, il n'y a pas de
participation?
M. SAINT-PIERRE: J'ai l'impression que Québec n'a pas, sur le
plan manufacturier, cette base suffisante, la sous-traitance implique que les
efforts de l'un servent à la production de l'autre et cela prend une
base relativement vaste pour que les réseaux puissent s'établir.
S'il y avait seulement deux ou trois types d'industries qui sont très
spécialisées... vous n'avez pas cet appui. Alors, je pense qu'il
faut rendre hommage à la Chambre de commerce du district de
Québec qui a été responsable de l'initiative, ici. A
Montréal, il n'y a pas eu de groupes qui ont été aussi
intéressés, mais nous, on pense que c'est dans la région
de Montréal que l'on pourrait retrouver cela.
Egalement, une autre chose que l'on aimerait souligner, ce sont les
efforts du ministère. Nous sommes presque seuls d'ailleurs, dans le
secteur des expo-profits. Chaque année, on fait ce que l'on appelle une
expo-profits.
On a pris une entreprise et on a tenté de montrer les produits
dont elle avait besoin et qu'elle achetait à l'extérieur du
Québec, on a tenté de susciter chez les gens qui sont dans le
secteur un intérêt pour la sous-traitance... Je prends celle faite
avec l'Hydro-Québec. Vous avez quand même 250 dossiers.
L'Hydro-Québec me le mentionnait et j'ai déjà
mentionné dans des discours des chiffres, je pense, que
l'Hydro-Québec a acheté pour $40 millions de plus dans la
province de Québec à partir de cette chose-là. L'an
dernier, on l'a fait avec le Centre de recherche industrielle, le groupe
Innovation-Québec. L'année prochaine, on va le faire encore avec
d'autres groupes et on va tenter d'augmenter. On l'a fait avec Northern
Electric, Bell Canada, Stanley Works.
M. LATULIPPE: II y aurait également possi- bilité de
l'envisager pour un groupe d'industries, par exemple, si ce n'est pas
suffisant, ou si les industries du meuble sont trop petites au Québec
pour inviter une seule usine, on pourrait le faire par groupes et, à ce
moment-là, il y aurait peut-être des échanges de services
qui pourraient se faire.
Dans le même ordre d'idées, vous avez parlé de
recherche, est-ce que vous avez déjà pensé à
l'implantation possible parce que ce sont tous des moyens qui pourraient
dans une certaine mesure épauler les efforts des commissariats
industriels qui sont déjà financés par le gouvernement
de centres industriels régionaux ou l'Etat pourrait mettre
à la disposition, non pas gratuitement, d'un groupe d'industriels qui
n'ont pas de possibilité d'avoir de centre de recherche, d'aller faire
faire à cet endroit certaines expériences, à taux
forfaitaires, lorsque cela demanderait certains équipements
spécialisés?
M. SAINT-PIERRE: Ce serait un peu la vocation du Centre de recherche
industrielle, qui se décentralise de plus en plus. Il y a une
bâtisse qui est impressionnante ici à Québec. Il y a
également des activités qui ont lieu dans le moment à
Sherbrooke. Il y en a à Montréal. Il est possible qu'il y ait des
constructions éventuellement à Montréal. Le voeu du centre
est essentiellement que les petite et moyenne entreprises tentent d'avoir
à long terme des programmes communs de recherche. Mais il faut garder
aussi la perspective du Centre de recherche. Cela fait à peine un an
à un an et demi que cela existe réellement pour dire que cela
commence à fonctionner. Le projet de loi a pu être voté en
1969. Avant d'engager un directeur, il a fallu monter une équipe et,
pour que cela commence à tourner, ce qui prend un certain temps.
M. RUSSELL: D'ailleurs, la construction n'était pas finie en
1970.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LATULIPPE: J'ai l'impression également que c'est très
méconnu, un service comme cela.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce que je pourrais demander au
député de retenir des questions sur la recherche. Au programme 4,
nous avons le Centre de recherche industrielle du Québec. Ces questions
devraient se poser là.
M. LATULIPPE: Je le faisais, M. le Président, dans le contexte du
programme 3 parce qu'on avait abordé justement...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Oui. On va revenir au programme 3.
M. SAINT-PIERRE: Programme 3, élément 3, on voit qu'on
insiste grandement sur l'infrastructure d'accueil à l'industrie. Je vous
ai donné
dans la feuille des nouveaux programmes, activités nouvelles, les
grandes lignes de cela. Il y a la stimulation aux commissariats industriels,
où il y a eu $800,000 d'augmentation, ce qui veut donc dire qu'on aura
à peu près, tel que prévu, de 40 à 45
agglomérations régionales qui vont bénéficier d'une
aide de l'Etat pour les assister dans ces commissariats industriels. Vous avez
la planification du développement de parcs industriels, $650,000; le
développement et la mise en marché de produits dans le cadre de
l'ODEQ surtout pour le poisson et sa commercialisation, $300,000; les
infrastructures du parc industriel et commercial aéroportuaire de
Mirabel, $1 million; l'infrasctructure industrielle pour l'Est du
Québec, Cabano, $3,500,000. Dans le discours du ministère des
Finances qu'on ne retrouve pas ici, il faudrait retrouver pour le parc de
Sherbrooke...
M. RUSSELL: Le parc de Sherbrooke, vous allez y revenir tout à
l'heure, on n'est pas rendu là.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Pour les parcs industriels, c'est plus
loin.
M. RUSSELL: Le parc de Cabano, le parc industriel...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
UNE VOIX: II y a le parc de Bécancour.
M. SAINT-PIERRE: II y a le parc de Bécancour, qui est plus loin
et qui est à part. Si vous parlez de Cabano, dans l'infrastructure
d'accueil, il y a $3,500,000 pour Cabano.
M. RUSSELL: La question de Cabano, c'est qu'on a dit l'autre jour que la
SDI avait placé un montant et Rexfor. Je vois ici que le
ministère de l'Industrie et du Commerce place un montant de $3,550,000.
Est-ce que c'est une...?
M. SAINT-PIERRE: Cela, c'est indirectement. C'est la contribution
fédérale qui... Dans le cadre de l'entente de l'ODEQ, il y avait
des sommes qui avaient été prévues pour l'infrastructure
d'accueil aux industries. Avec le consentement de l'ODEQ, avec le consentement
du CRD là-bas, on avait convenu dans la contribution de M. Marchand l'an
dernier, dans l'annonce du gouvernement fédéral, en plus de
sommes maximales que pouvait justifier le projet sur la création
d'emplois et le pourcentage d'investissements je ne me rappelle pas si
cela donnait $5,500,000 ou $6 millions qu'il y avait un montant
additionnel de $3,500,000 qui viendrait sur le plan de l'infrastructure pour le
relier au projet lui-même. Alors, sous-station électrique,
acquisition de terrain, égouts et aqueducs, routes, etc.
C'est ce qu'on retrouve sous le montant de $3,500,000. Cela n'a rien
à voir avec l'affaire de la SDI, c'est à part. Mais disons que ce
montant de $3,500,000 nous vient indirectement de l'ODEQ.
M. RUSSELL: Quel est le montant total en subventions que le projet de
Cabano va obtenir du provincial et du fédéral?
M. SAINT-PIERRE: Comme capital en subventions, absolument rien.
Capital-actions, jusqu'ici, $2,500,000. Par les programmes de l'ODEQ,
$3,500,000. Par les programmes du gouvernement fédéral, du
ministère régional, c'est autour de $8 millions. C'était
30 p.c. du capital investi.
M. RUSSELL: $8 millions du fédéral, $3,500,000 du
provincial ou du fédéral par l'ODEQ, cela revient à
$11,500,000.
M. SAINT-PIERRE: Sur $47 millions. Ajoutez à cela $2,500,000 de
capital-actions, ce ne sont pas des prix...
M. RUSSELL: C'est la SDI. M. SAINT-PIERRE: Le capital-actions? M.
RUSSELL: Le capital-actions. M. SAINT-PIERRE: II n'y a rien de...
M. RUSSELL: La SDI aurait $2,500,000 de capital-actions.
M. SAINT-PIERRE: Oui. C'est du capital-actions.
M. RUSSELL: D'accord. Maintenant, Rexfor va compenser le déficit
en capital ou en argent que les gens de la région n'ont pas. S'ils ont
ramassé $800,000, Rexfor pourra investir $1,500,000. Il sera
remboursé par une déduction qu'ils feront sur les achats du bois
de papier auprès des cultivateurs.
M. SAINT-PIERRE: D'accord.
M. RUSSELL: Et les intérêts qui vont... l'autre partie qui
vient mettra autant d'argent et la différence des $47 millions sera
financée de quelle façon?
M. SAINT-PIERRE: Les intérêts belges, si c'est avec eux
qu'on signe le contrat, se sont engagés à faire le financement
conventionnel, le financement de la dette à long terme à un taux
d'intérêt relativement bas.
M. RUSSELL: Oui, il faudrait $3 millions.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LAURIN: Et est-ce que la SPDT va
acheter son équipement technique cette fois chez Beloit?
M. SAINT-PIERRE: Pas nécessairement chez Beloit mais dans la
province de Québec. Dans l'esprit des négociations actuellement,
le gros de l'équipement sera acheté dans la province de
Québec.
M. LAURIN: Donc, il y a des chances que ce soit Beloit.
M. SAINT-PIERRE: Si Beloit est capable de soumissionner des prix qui
seront meilleurs que ceux de Forano, de Dominion Engineering ou d'autres qui se
spécialisent également dans ce secteur.
M. LAURIN: J'aurais une question, M. le Président, sur
l'infrastructure du parc de Mirabel. Est-ce que cet investissement va
dépendre du résultat des négociations que mène le
Québec avec Ottawa en ce qui concerne les transporteurs aériens,
le projet dont Manalytics nous parlait, ou si de toute façon vous allez
dépenser ce million pour l'infrastructure du parc industriel et
commercial?
M. SAINT-PIERRE: De toute façon, on va le dépenser.
M. LAURIN: Parce que vous prévoyez que, quelle que soit l'issue
des négociations au sujet du taux de fret, on aura besoin de ce parc
industriel. Est-ce qu'il est commencé déjà ou si cela va
commencer bientôt?
M. SAINT-PIERRE: Au printemps.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez des autorisations à obtenir du
fédéral pour créer ce parc industriel?
M. SAINT-PIERRE: Non. A l'intérieur des discussions avec le
fédéral, c'est déjà accepté. Dans le cadre
du partage des responsabilités sur l'emplacement, entre la CDRM, la
SATRA, la PAREM...
M. LAURIN: Donc, vous avez tous les feux verts possibles et vous pouvez
commencer...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LAURIN: ... à implanter ce parc et son infrastructure
immédiatement. Quel est le coût total de l'investissement pour
l'implantation de l'infrastructure du parc de Mirabel?
M. RUSSELL: Quel est l'espace de terrains en vente?
M. SAINT-PIERRE: On me dit 300 acres mais là, je suis
réellement... On peut le retrouver.
M. LAURIN: Pendant qu'on cherche, M. le ministre, est-ce que vous
pourriez nous dire si les négociations au sujet des suggestions
contenues dans le rapport Manalytics sont commencées?
M. SAINT-PIERRE: Non, je ne le pense pas. Le rapport qui a d'ailleurs
défrayé la manchette des journaux, je ne l'ai ni lu ni vu encore.
Heureusement que je lis le journal à l'occasion, mais le rapport vient
d'être déposé. La même chose d'ailleurs pour le
rapport du groupe REDMA, à peine il y a quelques semaines. Alors, entre
l'OPDQ et nous-mêmes qui serions maîtres d'oeuvre dans ce secteur,
le rapport fait l'objet d'études dans le moment. Il y a sûrement
des comités qui ont été mis en place qui vont continuer
à fonctionner pour nous fixer là-dessus mais il n'y a eu aucune
décision.
M. RUSSELL: Quelle est la nature des travaux que nous allons faire pour
dépenser le montant de $1 million?
M. SAINT-PIERRE: L'infrastructure normale qu'on retrouverait dans un
parc; égouts, aqueduc, lotissement, choses semblables.
M. RUSSELL: Le terrain est fourni?
M. SAINT-PIERRE: Le terrain faisait partie des expropriations que le
fédéral avait prises pour l'ensemble.
M. RUSSELL: Est-ce que la province achète des terrains ou s'ils
sont concédés gratuitement par le fédéral?
M. SAINT-PIERRE: C'est ce qu'on appelle le projet PICA. En septembre
1971, le projet fut élargi et intégré sur des parcs
industriels existants du territoire de l'annexe B de la Loi concernant
l'aménagement du territoire environnant le nouvel aéroport
international de Montréal, soit les villes de Lachute, Saint-Eustache,
Saint-Jérôme, Sainte-Thérèse,
Sainte-Thérèse-Ouest, Terrebonne. Tous ces travaux sont
financés dans le cadre de l'entente Canada-Québec sur les zones
spéciales. Le projet est divisé en plusieurs phases. La
première phase consiste en des travaux de nature exploratoire et est
pratiquement complété; nous n'attendons que certaines
décisions avant de passer à la réalisation de la
deuxième phase qui comporte trois tâches regroupées dans un
seul mandat de travail. Ces trois tâches sont un plan
d'aménagement de PICA, deux programmes de développement de PICA,
trois cadres organisationnels de PICA, la structure qui va faire le
fonctionnement du parc.
Certaines décisions concernant le réseau routier et le
système de transport en commun n'influenceront que la forme du mandat
mais les décisions relatives au projet TDM peuvent en modifier le
contenu. Une fois cette deuxième
phase complétée d'ici la fin de l'été 1973,
il faut considérer que le mandat confié à la direction de
l'infrastructure industrielle dans le projet PICA se termine, à moins
qu'il ne soit prolongé par les autorités du ministère. En
effet, la phase 3 concerne la préingénierie et la phase 4, la
mise en place des services de la construction et à travers cela doit
aussi s'effectuer la mise en place de la gestion et de la promotion.
M. RUSSELL: Mais $1 million comprend les phases d'aqueduc et
d'égouts sur une étendue de 300 acres.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais ce qui est nécessaire au
départ. Il va sûrement y avoir dans l'administration de ce parc,
comme dans l'administration de tout parc, un système équivalent
de taxes foncières pour les services reçus. Alors, le million est
ce qui est requis au départ pour commencer les installations de base.
Après cela, dès qu'il y a des terrains vendus, cela vous permet
d'escompter sur des revenus.
M. RUSSELL: Est-ce que les terrains vont être vendus par le
fédéral?
M. SAINT-PIERRE: Je ne pourrais honnêtement pas vous le dire.
M. RUSSELL: A quel prix?
M. SAINT-PIERRE: Je ne pourrais pas vous dire, il faudrait
vérifier. Je pourrais peut-être vous le donner privément.
Je ne sais pas si les autres sont intéressés. C'est pas mal
compliqué, l'entente Canada-Québec.
M. RUSELL: C'est intéressant. Parfois il y a des gens qui nous
questionnent là-dessus. On pourrait peut-être en faire la
publicité.
M. SAINT-PIERRE: J'en prends note, je vais obtenir le détail, je
le transmettrai aux quatre membres qui sont ici.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre pourrait nous faire part de sa
politique en ce qui concerne l'aide qu'il peut apporter au développement
du parc industriel dans différentes régions de la province?
M. SAINT-PIERRE: On le fait par la division de l'infrastructure
industrielle dans le moment. Tout notre programme de Commissariat est une
incitation pour un regroupement des forces en matière de commissariat
industriel et en matière de gestion de taxes. On voit que, de plus en
plus, on a des formules qui sont très flexibles et qui tentent de
répondre aux aspirations du milieu et qui ne sont pas
stéréotypées. Dans le Lac-Saint-Jean on a une formule
différente de celle de Trois-Rivières. En général,
la municipalité la plus importante peut être le
propriétaire du parc lui-même et c'est une société
différente qui en assure l'élément de promotion,
l'élément de gestion. A Trois-Rivières, on a une formule
un peu particulière dans ça. Alors, par les commissariats
industriels, on a tenté de développer ce concept de
régionalisation de parc industriel. On ne l'a pas
stéréotypé dans des normes rigides. On a tenté de
l'adapter aux circonstances. Dans certains cas, ç'a bien
été. Il y a des cas qui ont accroché, dans votre
région, je pense, entre Bromont et Granby, la paix n'est pas revenue
complètement mais ailleurs, je ne le sais pas. C'est exact, en tout cas,
qu'entre Bromont et Granby, il me semblait qu'il y avait...
M. RUSSELL: Cela va exister entre toutes les villes. Pourquoi est-ce
qu'on dépenserait plus dans un parc industriel à Bromont qu'on
dépenserait à Granby, ou plus pour Waterloo?
M. SAINT-PIERRE: Entre Bromont et Granby, je crois qu'il y a six milles.
C'est parce qu'on a réussi en certains endroits à faire une
régionalisation et, au lieu d'avoir quatre conseillers industriels
à temps partiel, on en a deux à temps plein. On a réussi,
au niveau de la promotion, à tenter d'unifier des départs et au
lieu que Jonquière se batte avec Chicoutimi, on a réussi à
mettre les gens ensemble.
Ce que je veux dire, c'est qu'à Bromont et à Granby, je ne
me mêle pas de leurs affaires, mais je constate simplement que cela n'a
pas été possible. Chacun prétend qu'il est plus dynamique
que l'autre, chacun prétend qu'il doit exister. Mais en dehors de cela,
disons que cet effort de régionalisation nous a permis de nous attaquer,
d'une part, aux commissariats industriels et, d'autre part, aux parcs
industriels, à la régionalisation de ceux-ci lorsque
c'était nécessaire. Evidemment, on continue d'administrer la Loi
des fonds industriels et la Loi des parcs industriels, en collaboration avec le
ministère des Affaires municipales, dans la vente des terrains, en
exerçant un rôle de surveillance dans la vente de terrains et les
prix qui sont demandés.
M. RUSSELL: La différence qui existe, si je me sers de Bromont et
de Granby comme exemple de discussion, c'est que Granby a un parc industriel
qui est collé sur la ville de Granby et qui, ayant tous les services, a
la main-d'oeuvre. Bromont a un parc qui est presque dans la campagne, qui
appartient à la corporation de la ville de Bromont et qui a quelques
services, même quelques routes qui sont commencées et ne sont pas
toutes terminées, et la main-d'oeuvre arrive de Granby et de la
région. C'est là qu'est l'argument et cela va être
difficile d'unir les villes, d'uniformiser les villes, à moins qu'on
arrive et qu'on dise: Si, dans le contexte actuel, on reconnaît les deux
comme un, on peut vous donner une subvention concernant certaines
modalités. Mais ac-
tuellement, si on dit: Entendez-vous, et on va vous donner la
subvention, c'est évident qu'il n'y aura jamais d'entente. C'est la
raison pour laquelle j'aimerais savoir sur quelle formule on peut se baser ou
une municipalité peut se baser pour demander de l'aide au
ministère de l'Industrie et du Commerce pour développer son parc
industriel.
M. SAINT-PIERRE: Nous, lorsque l'agglomération est suffisamment
importante pour justifier, il nous semble, des bases solides en matière
de promotion industrielle, c'est là qu'on tente de l'aider. Ce que je
veux dire, c'est qu'on n'a pas été dogmatique. Dans des
régions où il y a trois ou quatre villes qui ont établi un
comité intermunicipal, on a accepté cela. Dans d'autres
régions, c'est une plus grande ville qui agit presque en tuteur
vis-à-vis d'autres petites villes autour. Les formules ont
été très variées à partir de populations,
à partir de revenus, à partir de taxes municipales, à
partir d'industries qui, dans l'année, étaient pour
s'établir dans chacune des régions.
M. RUSSELL: Par exemple, la ville de Sherbrooke a obtenu une subvention
pour le développement de son parc industriel. Sur quelles normes
s'est-on basé pour donner une subvention de $2 millions à la
ville de Sherbrooke, $3 millions?
M. SAINT-PIERRE: $3 millions.
M. RUSSELL: Est-ce que Sherbrooke, plus que Magog... Est-que la raison
est que Magog n'a pas demandé d'aide, je suppose?
M. SAINT-PIERRE: Non. C'est parce qu'on avait fait des analyses. Il y a
bien des endroits qu'on pourrait aider au Québec, mais on se rendait
compte d'une certaine stagnation au niveau de l'indice de l'emploi à
Sherbrooke. On se rendait compte que, bien sûr, il y a eu des efforts
faits du côté hospitalier, du côté du système
d'éducation, mais dans le secteur manufacturier, la ville était
assurément en perte de vitesse. On se rendait compte que c'était
une ville, plus que Magog et plus que d'autres villes, qui devait être un
appoint à Montréal. On se rendait compte que c'était une
ville qui n'avait pas bénéficié, dans le passé, de
l'aide gouvernementale, que ce soit dans les programmes de développement
régional ou autres. C'est une ville qui n'est pas près, qui n'a
pas cet effet d'entrainement direct de Montréal, mais qui n'est pas dans
la Gaspésie, donc qui est exclue, qui n'avait pas été dans
les zones spéciales. Alors, au lieu de faire un long débat pour
inclure Sherbrooke dans la zone spéciale, compte tenu que, cette
année, peut-être pour la première fois, nous avions,
à l'intérieur du budget, une certaine zone de manoeuvre, et
compte tenu que cette zone de manoeuvre, on a voulu, autant que possible, la
faire refléter sur le plan économique, il nous a semblé
que c'était un projet où, nous au ministère de l'Industrie
et du Commerce, à l'OPDQ ou enfin à d'autres groupes, nous
étions convaincus que c'était un des projets prioritaires au
Québec. Il fallait aider cette région-là. On l'a fait.
M. RUSSELL: Quel a été le coût total du
développement du parc de Sherbrooke?
M. SAINT-PIERRE: On doit avoir des rencontres la semaine prochaine ou
dans les prochaines semaines avec les autorités de la ville de
Sherbrooke, mais il y a un rapport assez complet qui avait été
préparé. Le député de Sherbrooke est ici, M.
Pépin. Il me semble que c'était quelque chose comme...
M. PEPIN: $9 millions, environ.
M. SAINT-PIERRE: $9 millions. Alors, on donne $3 millions, en fait, qui
vont faire partir l'affaire et, dans les $9 millions, il y a des frais qui vont
être récupérés, après, des industries vont
s'implanter là. C'est un parc qui est très bien situé
à l'intersection de la Transquébécoise et de l'autoroute
des Cantons de l'Est.
M. RUSSELL: Je présume que les $3 millions font partie d'un
développement très précis, pour des fins très
précises, et que cela représente...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela que nous allons déterminer.
M. RUSSELL: ...simplement un pourcentage des dépenses
totales.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. RUSSELL : Donc, si $3 millions représentent le tiers...
M. SAINT-PIERRE: Cela peut-être les dépenses totales pour
la première phase, pour faire commencer le parc. On va se rencontrer la
semaine prochaine. Nous, on ne veut pas renflouer les finances municipales de
la ville de Sherbrooke avec $3 millions, c'est $3 millions axés sur un
plan, non pas sur Sherbrooke, sur la régionale, parce que la limite de
ce parc-là déborde la ville de Sherbrooke. Alors, on va
s'assurer...
M. RUSSELL: Les $3 millions seront versés au fur et à
mesure que les dépenses seront faites.
M. SAINT-PIERRE: Oui et nous allons nous entendre sur une certaine
planification des dépenses. Nous n'avons pas de regret s'il faut
dépenser 100 p.c. dans la première phase, sachant que, une fois
cette première phase démarrée, la ville serait capable de
suivre par après.
M. RUSSELL: C'est-à-dire que le ministre espérerait que la
ville soit capable de continuer à se développer localement comme
ça devrait être fait.
M. SAINT-PIERRE: Je suis confiant que la ville va être capable de
relever ce défi. J'ai visité la région de Sherbrooke ainsi
que les autorités municipales et les gens du monde industriel m'ont
assuré qu'il devrait y avoir suffisamment de dynamisme localement pour
prendre la relève.
M. RUSSELL: II ne faut pas se méprendre non plus, parce que des
conseils municipaux, c'est comme des gouvernements, cela change de temps en
temps et la philosophie change en même temps.
M. SAINT-PIERRE: Là, ce n'est pas une question de philosophie.
Foncièrement, il y a un consensus à Sherbrooke. Les gens se
rendent compte, comme à Québec, qu'on ne peut pas laisser aux
étrangers le soin de développer leur ville et qu'il faut se
mettre d'accord.
M. RUSSELL: Je crois que cette philosophie est propre à
Sherbrooke parce qu'elle a toujours eu un commissaire industriel et elle a
toujours travaillé assez ardemment.
M. SAINT-PIERRE: On explique mal comment il se fait alors qu'il n'y ait
pas eu de...
M. RUSSELL: Comme dans d'autres municipalités actuellement. Les
gens ont tâché d'avancer dans ce domaine, mais toujours à
court de finance et on n'a pas poussé trop loin. Pourquoi le parc de
Bromont n'est-il pas plus avancé qu'il est là? Pourquoi le parc
de Granby n'est-il pas plus avancé qu'il est là? Pourquoi le
parc... C'est toujours la finance. Si vous garrochez $500,000 à Waterloo
et $1.5 million ou $2 millions à Bromont et $1.5 million à
Granby, vous allez voir que ça va avancer plus rapidement que ça
avance actuellement. C'est toujours le même malaise qui existe.
M. SAINT-PIERRE: A nous d'établir les priorités. Il nous a
semblé que la reine de l'Estrie méritait un cadeau.
M. LATULIPPE: M. le Président, ce projet de parc constitue la
principale recommandation du livre blanc sur la région de l'Estrie qui a
paru récemment. Est-ce que vous attendez à donner suite à
d'autres recommandations de ce rapport?
M. SAINT-PIERRE: On étudie, avec l'OPDQ, les livres blancs. Il y
en a qui sont de qualité, d'autres le sont moins.
M. RUSSELL: ... qui ont moins de qualité que les autres.
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. LATULIPPE: Est-ce que les critères de qualité sont les
recommandations concrètes qui visent à un développement
immédiat? Je pense que oui.
M. SAINT-PIERRE: Ceux qui sont de qualité sont ceux qui
s'appuient sur des faits et qui font preuve d'une certaine rigueur
intellectuelle dans l'analyse des problèmes et qu'ils ne sont pas
simplement l'oeuvre d'un poète littéraire qui, un soir, voudrait
voir toutes sortes de choses arriver dans sa région. Celui de l'Estrie
était raisonnablement bien. Il y a des choses intéressantes.
La preuve, on a donné suite à la première
recommandation en moins de trois semaines de la publication du rapport.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Adopté?
M. RUSSELL: M. le Président, j'aurais simplement une petite
question à poser au ministre en ce qui concerne un effort qui peut
être fait pour aider à rétablir l'industrie de la pierre de
granit, la pierre de chaux. La totalité des industries ferment leurs
portes. Quel est l'effort qui a été fait pour les faire revivre?
Est-il nécessaire qu'elles revivent? Est-ce qu'on va les laisser
mourir?
M. SAINT-PIERRE: II y a un comité mixte avec le ministère
des Richesses naturelles. On a rencontré les gens dans ce groupe, on a
tenté d'identifier... Il faut dire qu'il y a des problèmes
d'entreprise mêlés avec des problèmes d'industrie. Ce n'est
pas facile à démêler. Il y a des cas précis
ponctuels comme celui de Saint-Marc-des-Carrières où on a
tenté de retrouver des chefs d'entreprise qui voulaient reprendre le
problème.
Il y a eu des modifications de programme et la pierre de granit... Je
vais vous reposer la question. C'est évident que si pour le complexe G,
quand vous étiez ministre des Travaux publics, vous aviez opté
pour la pierre de granit au lieu du béton précontraint, cela leur
aurait sûrement donné quelques années de plus d'existence,
mais peut-être que, vous-même, étant dans ces hautes
responsabilités, vous avez jugé que, compte tenu des
économies et compte tenu de l'évolution des matériaux de
construction, c'était préférable de faire ça.
M. RUSSELL: Est-ce que le gouvernement actuel applique ses normes pour
utiliser du granit plutôt que du béton comme...
M. SAINT-PIERRE: On tente, encore récemment, une intervention
pour la polyvalente de Saint-Marc-de-Carrières, d'utiliser le granit
mais...
M. RUSSELL: Quel pourcentage?
M. SAINT-PIERRE: Je ne pourrais pas dire mais on avait choisi, comme
ici, du béton précontraint, et on a tenté de le changer
pour du granit, tout le granit possible mais on ne pouvait pas faire ainsi les
murs de la cafétéria en granit. On a fait toute la façade
et des choses semblables.
Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas aller contre le
courant...
M. RUSSELL: En utilisant rationnellement et économiquement le
granit, lorsque c'est possible de le faire.
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est ce que nous essayons. Même, ça
coûtait un peu plus cher et on a dit: Comme, dans la place, il y a une
industrie... Pardon?
M. RUSSELL: Dans certains cas, le gouvernement précédent,
a préféré continuer une construction déjà
amorcée et sans chambarder tout le coût de la construction parce
que le granit... ce n'est pas toujours facile.
M. SAINT-PIERRE: Je ne vous blâme pas pour le complexe G.
M. RUSSELL: Non. Je vous le donnais comme exemple. Je voudrais savoir si
le gouvernement actuel fait mieux.
M. SAINT-PIERRE: Nous l'avons fait quatre ans après, cinq ans
après, peut-être dans des situations plus difficiles à
Saint-Marc-des-Carrières. Vous demandez cela; je vous donne cela comme
exemple. Mais, c'est évident qu'on ne sauvera pas les forgerons en
imposant l'utilisation du cheval au lieu de la voiture en 1973. C'est un peu la
même chose pour le granit. H y a une évolution dans les
matériaux de construction. C'est cela que nous avons surtout fait dans
le comité mixte des richesses naturelles. Est-ce qu'il n'y a pas des
possibilités pour le granit sur le marché américain?
Quelle était la raison du coût élevé de sa
production par rapport à d'autres entreprises qui, elles, semblaient
florissantes en Ontario? C'est ce travail qui se poursuit.
M. RUSSELL: Donc, il n'y a rien de contraire actuellement dans...
M. SAINT-PIERRE: II y a beaucoup de conflits...
M. RUSSELL: ... que le ministre pourrait nous donner. M. le
Président, nous en sommes encore avec un comité d'étude.
C'est toujours remis en comité d'étude.
M. SAINT-PIERRE: Vous ne voulez pas qu'on improvise?
M. RUSSELL: A quoi aboutissent les études?
M. SAINT-PIERRE: Je vous ai dit qu'avec les gens qui sont dans le milieu
travaillent les gens du ministère des Richesses naturelles pour
identifier de nouveaux marchés et tenter de voir si on peut les aider au
niveau de la gestion des entreprises. Il se fait des gestes très
concrets...
M. RUSSELL: L'association a soumis un rapport.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. RUSSELL: Elle n'a pas soumis de rapport?
M. SAINT-PIERRE: Elle nous a soumis un rapport... Le secrétaire
du ministère, M. Girard, a suivi cela chaque jour. Je ne sais pas
pendant combien de temps on l'a détaché complètement
auprès de ces gens pour tenter de les aider. H y a quelqu'un de
Saint-Marc-des-Carrières qui nous a soumis un rapport, quelque chose
comme: Passez une loi et dorénavant tout le monde va se faire construire
une maison au Québec, on va être obligé d'avoir...
J'exagère un peu. C'est un peu dans ce sens. Tout le monde est
obligé de prendre la pierre de granit. Cela peut régler leurs
problèmes à eux. Cela peut augmenter le coût de
construction de tous les consommateurs de 25 p.c. ou 30 p.c. Cela n'a pas de
sens.
M. RUSSELL: Mais cela pourrait se faire comme on va le faire pour le
pain. D'ailleurs, augmenter les coûts, ce n'est pas grave mais à
la condition de sauver l'industrie.
M. SAINT-PIERRE: On est hors d'ordre. On va en parler pour le pain. Vous
êtes contre ce projet?
M. RUSSELL: On va en parler tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
M. SAINT-PIERRE: Vous ne voulez pas sauver les petites boulangeries?
M. RUSSELL: II y a peut-être d'autres questions. Adopter
globalement le programme 3, c'est beaucoup. On a parlé de
l'expansion...
LE PRESIDENT (M. Kennedy); Cela fait longtemps qu'on en parle.
M. RUSSELL: Est-ce vrai? Cela ne fait pas longtemps qu'on en parle.
Est-ce qu'on ne trouvait pas cela intéressant? On trouvait le temps
long. C'est cela qui est le...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): ... intéressant.
M. RUSSELL: Si c'est intéressant, cela ne doit pas être
long. On va l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme 3. Adopté. Programme 4:
Centre de recherche industrielle du Québec.
Centre de recherche industrielle du
Québec
M. LAURIN: Le ministre a commencé à parler tout à
l'heure du centre de recherche industrielle et, peut-être pour
prévenir nos critiques ou nos questions, il a dit qu'il ne
s'était pas encore fait beaucoup de travail dans ce centre de recherche
industrielle, ou encore, en d'autres termes, que le centre de recherche
industrielle n'avait pas encore connu une bien forte expansion. Est-ce qu'il
pourrait nous dire le personnel qui oeuvre actuellement au Centre de recherche
industrielle par catégorie?
M. SAINT-PIERRE: Oui. On cherche le dossier. C'est environ 176. Je
l'avais. Je m'excuse. On cherche.
M. LAURIN: Pendant qu'on cherche, je pourrais peut-être rappeler
au ministre quelques passages d'un article écrit le 29 janvier 1971.
Cela fait déjà un bon bout de temps sur les premiers pas du
Centre de recherche qui, par la bouche de son directeur, disait qu'on voulait
démarrer très lentement, progressivement, graduellement, ne pas
faire d'embardée, d'aventure. Est-ce que la même philosophie
continue de présider aux destinées du centre?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont quand même des montants
appréciables. On va dépenser dans ce secteur $5 millions cette
année et, il y a à peine trois ans, on ne dépensait
absolument rien. C'est assez considérable. On va obtenir les dossiers...
mais à peu près quelque chose comme 176 ou 180 personnes... D
faut se rappeler que c'est quand même du personnel scientifique. Comme le
mentionnait le député de Shefford, on tente de rechercher des
gens qui ont une expérience pertinente et valable en matière de
recherche scientifique. Ce n'est pas facile à trouver. Le centre a
à son crédit des initiatives fort intéressantes. Je pense,
en particulier, au secteur de l'information scientifique. Le centre est
relié avec le Centre national des recherches à Ottawa avec un
homme en poste dans la bibliothèque là-bas, relié par
ordinateur et par télex directement ici, il reçoit mille et une
demandes des industriels québécois pour toutes sortes de choses
sur le plan technologique.
Existe-t-il un type de plastique pour envelopper des chocolats qui va
résister à tel degré de température dans mes fours?
Quel genre de brevet a déjà été détenu?
C'est très vaste.
M. LAURIN: Après cela, on a fait le design pour l'annonce de
Caramilk ou...
M. SAINT-PIERRE: Ensuite, le centre s'est divisé en trois grands
secteurs. Je ne sais pas si je peux me les rappeler de mémoire. H y a un
secteur de la mécanique qui a été impliqué dans des
projets conjoints avec l'entreprise privée, Mitchell entre autres, pour
des transporteurs aériens pour la nouvelle aérogare, les types de
machinerie hydraulique nécessaires dans ces cas-là. Il y a eu
également un groupe électrique et électronique qui a des
projets précis de recherche, encore une fois, avec le secteur
privé qui peu donner lieu d'ailleurs à la naissance d'une
entreprise à Bromont. Quel est le nom de cela?
UNE VOIX: Sealtex.
M. SAINT-PIERRE: Sealtex, dans je ne sais pas quel genre de composante
du secteur électronique. Je ne m'y connais pas tellement, je suis
seulement un vulgaire ingénieur civil. Troisièmement, dans
l'autre secteur, c'étaient les produits chimiques, je pense. Non. Les
matériaux de construction. Dans les matériaux de construction, on
est tenté par certains projets d'innovation... La philosophie
générale, c'est qu'on est rendu au point, avec M. Normand
où il faut s'asseoir et dire: Où est-ce qu'on s'en va avec cela?
Lui, il bâtit l'équipe, tant sur le plan administratif que sur le
plan technique. Les cadres se remplissent de plus en plus, le groupe de
Montréal, le groupe de Sherbrooke, le groupe de Québec.
C'était dans cet esprit que j'en avais discuté avec lui il y a
déjà quelques mois, pensant qu'après un an ou deux
d'activité il fallait s'asseoir, prendre un peu de recul et
décider de certaines orientations.
Je pense qu'il va falloir également réanalyser les
mécanismes d'aide du centre pour que cela ne soit pas trop complexe.
Dans le moment, je me pose parfois des questions, savoir si finalement les
contrats qu'on fait avec le secteur privé sont tellement complexes
qu'ils peuvent effrayer les gens du secteur privé. Nous ne voudrions
pas, nous, prendre les $5 millions et en faire un cadeau direct à des
entreprises. Le centre tente donc de récupérer des
débouchés commerciaux à des inventions qui auraient pu
être le fruit de la recherche, de retrouver une partie des redevances et
des brevets, mais cela devient assez complexe comme formule.
M. LAURIN: Vous avez mentionné trois secteurs: la
mécanique, l'électronique et les transports. Dans le projet de
loi constitutif on disait que le centre devait s'intéresser aux
difficultés de notre industrie et on sait que le directeur avait
mentionné un certain nombre de produits dans le temps: l'industrie du
meuble, par exemple, ou la machinerie, les denrées alimentaires,
l'électronique. Mais, à la suite des difficultés qu'a
connues notre industrie des pâtes et papiers et celle du textile dans les
quelques années qui viennent de s'écouler et même
actuellement, est-ce que le Centre de recherche industrielle a
été saisi de ces problè-
mes et est-ce que son aide a été requise en ce qui
concerne le développement de nouvelles techniques ou de nouveaux
produits en vue de trouver de nouveaux débouchés? Est-ce que ce
n'est pas là un de ses rôles aussi?
M. SAINT-PIERRE: Oui. J'étais au courant, on m'a informé
du fait que le centre avait eu un projet conjoint avec l'Institut de recherche
des pâtes et papiers du Dr Gendron de Montréal, un projet dont on
me dit qu'il a plus ou moins bien tourné. Enfin, il y a eu un effort
conjoint. Je sais que le centre a fait un travail avec l'artisanat, cela peut
sembler... Quelques personnes se sont penchées, avec les gens de la
Gaspésie, M. Cyrille Simard, avec la Centrale des artisans, sur le
problème de l'artisanat, se demandant comment organiser la production
parce que c'est un des problèmes qu'on a dans la production. Si on est
incapable de suffire à la demande, comment pouvez-vous motiver les gens
pour produire suivant ce que le marché demande? Honnêtement, je
peux dire aussi, pour avoir visité le centre, que le centre nous a
également servi d'une espèce d'expertise en matière
technique et de recherche. Lorsque la SDI a des projets qui ont un contenu
technique à évaluer, des gens nous soumettent des projets et il
faut évaluer la conception technique. Le centre s'est également
servi d'une expertise dans ce secteur, mais honnêtement, une fois tout
ceci dit, compte tenu que la période de rodage se termine, je pense
qu'il y a lieu de faire le point. Le personnel: 100 à Québec, 50
à Montréal et une vingtaine à Sherbrooke, comme je vous
l'avais mentionné.
M. RUSSELL: Recherche.
M. SAINT-PIERRE: Ma mémoire est bonne: électronique,
mécanique industrielle et matériaux. Il y a 20 projets majeurs
dans ces trois groupes qui démarrent dans le moment. J'en ai vu... Pour
vous renseigner...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): M. le ministre, si vous permettez, on vient
de m'informer que le débat sur le budget est terminé et, que la
commission doit ajourner ses travaux sine die.
M. SAINT-PIERRE: On n'est pas capable, je demande ça aux partis
d'Opposition... Il reste tellement peu de choses, est-ce que ça vous
inquiète?
M. LAURIN: Nous en aurions, je pense, pour un quart d'heure. Ce serait
un petit peu long.
M. SAINT-PIERRE: Nous ne pouvons pas avoir le consentement de
siéger de la Chambre. Non.
UNE VOIX: La Chambre n'a pas donné son consentement.
M. SAINT-PIERRE: Alors, la Chambre est souveraine.
(Fin de la séance à 16 h 48)