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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Aménagement de la rivière
Jacques-Cartier
Séance du jeudi 3 mai 1973
(Dix heures dix-neuf minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Les gens de ma gauche brûlent du désir d'entrer dans le feu
du combat. Nous commençons les travaux de notre commission de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche.
Avant de permettre les échanges entre ce côté-ci de la
table et l'autre côté, j'inviterais le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche à ouvrir le débat.
Exposé de la question
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, nous sommes
regroupés ici ce matin, je pense bien, pour entendre les gens de
l'Hydro-Québec. J'aimerais saluer le président, M. Giroux, et M.
le commissaire. Il va être question, comme tout le monde le sait, de
l'aménagement de la rivière Jacques-Cartier.
Avant de commencer le débat, j'aimerais souligner qu'à la
suite d'une prise de position du conseil des ministres, hier, il a
été décidé que tout groupe, personne ou
comité se fera entendre à partir de dix heures jeudi prochain
à condition qu'il dépose leurs documents mardi prochain avant
quatre heures de l'après-midi.
M. le Président, j'ouvre le débat comme cela, je n'ai pas
de préambule.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, je tiens d'abord c'est rare
que je félicite et remercie le gouvernement pour une fois,
à remercier le ministre du Tourisme et le conseil des ministres d'avoir
répondu d'une façon affirmative et positive aux interventions qui
avaient été faites par le chef parlementaire du Parti
québécois et moi-même pour que les parties discordantes,
dans le projet soumis par l'Hydro-Québec, puissent, au moins, se faire
entendre et critiquer de façon constructive la possibilité de ces
aménagements.
Je voudrais, M. le ministre, vous dire que le fait d'avoir
accepté de les entendre est déjà très louable, mais
je pense que jeudi prochain, pour l'audition, et, d'autre part, mardi pour le
dépôt des documents, ce serait peut-être un peu trop rapide.
Je sais qu'il y a peut-être 25 ou 30 groupes qui voudraient se faire
entendre. Je proposerais ceci: Que les 25 ou 30 groupes se trouvent deux ou
trois ou quatre interlocuteurs valables pour les représenter,
c'est-à-dire qu'ils se regroupent et qu'ils aient une personne comme
porte-parole.
Disons, sept ou huit groupes feront bloc ensemble et
délégueront une personne pour les représenter, de sorte
que nous pourrions avoir alors la version ou les perceptions de tous les
groupes, mais canalisés par trois ou quatre opinants.
Je ferais la requête suivante. Est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité que ce soit le jeudi...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le 10.
M. LOUBIER: Au lieu d'être jeudi prochain, en tout cas, l'autre
jeudi. Je pense qu'en ce cas le gouvernement manifesterait une ouverture
d'esprit et accorderait une possibilité de dialogue beaucoup plus
valable que si on bouscule ces gens et qu'on leur demande mardi à trois
heures de faire le dépôt de documents.
M. le Président, jusqu'à ce jour, en tout cas en ce qui
nous concerne, je dois l'établir, je trouvais prématuré de
donner un jugement final quant â ce projet soumis par
l'Hydro-Québec. Il est bien évident qu'au niveau du principe
d'inviolabilité ou de destination des parcs dans la province par
déformation et surtout par l'expérience que j'ai vécue, on
ne peut pas contester le principe que les parcs doivent être des
sanctuaires. On peut trouver toutes sortes de raisons pour en faire des
exploitations minières, commerciales, tout ça. Cependant, il peut
y avoir des exceptions et il semble bien que c'est dans cette perspective que
l'Hydro-Québec ait soumis ses plans d'aménagement à
coloration touristique, récréative, etc.
D'autre part, je soumettrais, M. le Président, à votre
attention que j'aimerais énormément qu'il y ait un expert,
absolument objectif, réputé pour ses capacités dans ce
domaine. Cet expert était antérieurement au gouvernement
fédéral responsable de tous les aménagements faits par
ARDA au niveau du Canada. Il a été également directeur
général de l'aménagement des parcs au ministère du
Tourisme. J'aimerais énormément que le Dr Guy Lemieux je
vous prierais de le noter, M. le Président, si le ministre n'a pas
d'objection je suis d'autant plus à l'aise de suggérer son nom
que je ne l'ai pas contacté et il ne m'a pas contacté qui
est un expert, se fasse entendre.
Nous aurions alors la version de l'Hydro-Québec, la version des
groupes contestataires et, également, la version d'une compétence
qui, à mon sens, pourrait jouer un rôle extrêmement
important pour permettre aux membres de la commission parlementaire et au grand
public de porter un jugement de valeur, lucide sur cette question. Je ne sais
pas si le ministre a objection â ce que le Dr Guy Lemieux se fasse
entendre. Il faudra lui demander s'il le veut, d'abord. Deuxièmement,
qu'il ait le temps de se préparer. Je pense que le grand public,
1'Hydro-
Québec, les contestataires, les députés pourraient
avoir un meilleur éclairage. Là on pourrait se prononcer d'une
façon définitive et éviter que soit la démagogie,
ou soit la politicaillerie, ou soit toutes sortes d'autres aspects marginaux et
pollués viennent nous obstruer la vue sur ce projet.
Alors, ce sont deux requêtes que je fais, en terminant.
Premièrement, que l'on accorde un délai plus long à ceux
qui veulent se faire entendre et que ceux qui veulent se faire entendre se
regroupent pour qu'on n'ait pas la parade de 25, 30 ou 40 groupes.
Deuxièmement, que le Dr Guy Lemieux, s'il le veut, vienne donner son
opinion sur ce projet.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avant de reconnaître le
député de Beauce, je voudrais annoncer des changements à
la commission. M. Perreault remplace M. Cadieux; M. Ostiguy remplace M.
Lacroix; M. Massé remplace M. Pépin; M. Goldbloom remplace M.
Saint-Pierre; M. Lessard remplace M. Joron; M. Loubier remplace M.
Russell;...
M. ROY (Beauce): Moi, je vais remplacer M. Tétrault. Je pense que
c'est M. Tétrault qui est membre de la commission.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Roy (Lévis).
M. ROY (Beauce): M. Roy (Lévis). Alors, je vais remplacer M. Roy
(Lévis).
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Roy (Beauce) remplace M. Roy
(Lévis).
Le rapporteur proposé est M. Michel Gratton. Est-ce que cela fait
l'unanimité?
M. LOUBIER: Oui! C'est un peu "dull".
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, à mon tour, je dois dire
que nous sommes très heureux de la décision que le gouvernement a
prise de permettre à tous les groupes intéressés de
comparaître devant la commission parlementaire et de nous faire part soit
de leurs griefs, de leurs recommandations, autrement dit, nous dire ce qu'ils
ont à nous communiquer.
On sait que depuis l'annonce de ce projet, il y eut
énormément de choses de dites. Entre autres, il y eut beaucoup de
contradictions. On se souviendra de la déclaration de l'honorable
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche lui-même. On se
rappellera également de la déclaration du député de
Chauveau qui était concerné, comme député de
comté, dans le développement de ce projet. On se rappellera
également d'autres déclarations qui ont été
faites.
En ce qui nous concerne, mes observations seront très très
courtes. Nous estimons que nos parcs doivent être préservés
dans toute leur intégrité, autrement dit qu'on ne doit pas
permettre que nos parcs servent à d'autres choses que celles pour
lesquelles ils ont été créés, à moins de
circonstances et de cas exceptionnels.
Alors j'ose espérer que ceux qui comparaîtront devant la
commission, que ce soient les représentants de l'Hydro-Québec ou
d'autres, pourront faire la lumière là-dessus et nous
démontrer si oui ou non il n'y a pas d'autre choix que celui
d'aménager la rivière Jacques-Cartier. S'il y a d'autres choix,
je dis que tout doit être mis en oeuvre de façon à
préserver nos parcs tels qu'ils sont.
M. le Président, avant de prendre une position définitive,
une position catégorique sur ce point, nous allons attendre de voir tout
ce qui s'est dit mais quand même, je tenais à faire cette
précision au tout début, pour expliquer un peu notre attitude
face à ce projet. Alors c'est dans ce sens que nous allons intervenir,
c'est dans ce sens que nous avons l'intention d'interroger les
représentants qui viendront devant la commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD : M. le Président, nous sommes particulièrement
heureux que le ministre ait enfin décidé d'accepter la
proposition que mon collègue de Gouin avait faite lors de la
dernière commission parlementaire des richesses naturelles, il reste
quend même que, pour ma part, je me suis inquiété et je
m'inquiète encore du fait que c'est un peu à reculons que nous
avons pris cette décision et que c'est parce que les pressions
populaires se sont fait sentir d'un peu partout.
Cependant, M. le Président, nous sommes au moins heureux que le
ministre, que le cabinet ait décidé d'entendre toutes les parties
parce que, depuis quelques semaines, nous avions l'impression, en tout cas, un
peu comme cela a été le cas pour la hausse des tarifs, que les
dés étaient pipés en ce qui concerne l'aménagement
de la Jacques-Cartier.
Et remarquez que, même si vous acceptez d'entendre les parties,
mon impression continue de demeurer encore.
Pour ma part, je pense que le débat qui s'engage aujourd'hui est
peut-être l'un des plus importants pour l'avenir de l'environnement au
Québec. Et je suis heureux que le ministre de l'environnement soit
présent, lui qui doit avoir comme responsabilité de
protéger l'environnement.
D'ailleurs, l'une des choses que je lui avais dites lors de la
discussion du bill 34, ça avait été de lui souhaiter bon
courage et une bonne volonté, parce que l'important dans la protection
de l'environnement ce n'est pas d'avoir des règlements, des lois
c'est aussi important
mais c'est d'avoir d'abord la volonté de protéger
l'environnement.
Je ne voudrais pas non plus contrairement à ce que disait
tout à l'heure le chef de l'Opposition officielle que ce
débat soit trop court. Comme je le disais, étant donné son
importance, nous avons la responsabilité d'entendre toutes les parties
qui sont directement ou indirectement impliquées dans ce projet. Les
conclusions de la décision que nous allons prendre, suite à ces
commissions parlementaires, auront des conséquences énormes sur
l'avenir en tout cas de l'environnement au Québec.
Et c'est la première fois qu'on a l'occasion de discuter enfin de
ce qu'est un parc au Québec, de ce que devrait être un parc au
Québec. Il y a strictement au Québec quatre parcs reconnus
légalement, qui ont été constitués par une loi,
dont la superficie est près de 6,000 milles carrés, ce qui
représente moins de 1 p.c. du territoire du Québec.
Et c'est assez curieux de constater que c'est justement dans l'un de ces
parcs qui a été reconnu à cause de ses richesses
écologiques, cynégétiques et halieutiques que
l'Hydro-Québec a décidé d'aménager une
réserve pompée.
M. le Président, pour ma part, je pense qu'il est important que
nous prenions tout le temps nécessaire à cette commission
parlementaire et que nous entendions toutes les parties. C'est important parce
que nous avons, pour la première fois, la décision à
prendre entre des avantages à court terme, c'est-à-dire
l'aménagement de ressources hydroélectriques dans un territoire
touristique formidable, et aussi des avantages à long terme qu'on a
tendance à oublier: un équilibre écologique au
Québec. Si, au moins, M. le Président, on peut faire ce
débat complètement, qu'on le fasse. Pour ma part, cela me parait
important, car, si le petit groupe populaire qui a engagé une bataille
aujourd'hui la perd, je pense que beaucoup d'autres batailles seront perdues
dans l'avenir. Pensons, par exemple, prochainement à la
possibilité de construction d'un port de mer à l'Ile Verte qui
touchera à l'écologie et à l'environnement au
Québec.
Partons de ce débat, M. le Président, pour engager tout le
débat sur la protection de notre environnement au Québec.
Merci.
M.LOUBIER: M. le Président, avant de commencer, est-ce que vous
me donnez la permission de demander au leader parlementaire et au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche s'ils acceptent les deux
propositions que j'ai faites, à savoir de reporter à deux
semaines la prochaine séance pour permettre aux groupes de se regrouper
et de préparer leurs documents et, en second lieu, de faire
comparaître également des experts qui ne sont pas engagés
dans ce débat, soit pour l'Hydro-Québec ou pour ceux qui
contestent le projet? J'avais mentionné le Dr Guy Lemieux.
M. LEVESQUE: M. le Président, je crois, après avoir
consulté mon collègue, le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, et tenant compte également d'un calendrier fort
chargé quant aux commissions parlementaires, comme vous le savez, qui
doivent se réunir, même trois â la fois, au cours du mois de
mai et cela particulièrement à cause des crédits des
ministères, qui doivent être étudiés dans la
période prévue de 45 jours, il nous semble qu'il soit possible de
concourir avec les voeux exprimés autour de cette table et que nous
pourrions consacrer la journée du jeudi 17 mai aux auditions
prévues.
Il serait souhaitable, afin que chacun puisse exprimer son point de vue,
peut-être que chacun n'aura pas l'occasion personnellement s'il y en
avait une multitude qui voulait exprimer son point de vue, mais au moins que
tous les points de vue aient été exprimés...
M. LOUBIER: Se regroupent.
M. LEVESQUE: ... et que l'on puisse se regrouper ainsi, afin que les
membres de la commission puissent être saisis, et l'opinion publique
également, des divers points de vue qui doivent se faire entendre. Jeudi
matin et jeudi après-midi.
M. LOUBIER: Quant à la deuxième suggestion, est-ce que le
ministre du Tourisme a objection à ce que...
M. S1MARD (Richelieu): M. le Président, je n'ai aucune objection.
En fait, je crois que la commission parlementaire a pour but justement
d'entendre tout le monde. Maintenant, si vous proposez d'entendre le Dr
Lemieux, je suggérerais que le Dr Corbeil du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche soit aussi entendu...
M. LOUBIER: Que les deux soient entendus.
M. SIMARD (Richelieu): Que les deux soient entendus.
M. LOUBIER: D'accord.
M. SIMARD (Richelieu): D'accord?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, si vous me permettez...
M. GIROUX: ... si je pouvais intervenir. On annonce des personnes, je
suis parfaitement d'accord, mais il y a un point. J'aimerais que ces gens
déposent un certificat, s'ils s'expriment comme experts, que ce soient
le Dr Lemieux ou le Dr X, comme quoi ils n'ont pas fait partie des
comités de contestation, parce qu'à ce moment-là, ce ne
sont plus des experts indépendants.
M. LESSARD: Comme l'Hydro-Québec. M. LOUBIER: M. le
Président, à ce... M. GIROUX: Bien nous, on est ouvert.
M. LOUBIER: A ce moment-là, M. le Président, est-ce qu'on
pourrait entendre vos experts parce qu'ils sont parties également...
M. GIROUX: Ils sont parties, c'est justement, c'est que là, il ne
faudrait pas déposer, demander... je n'ai aucune objection à ce
que les comités de contestation amènent des gens qui parlent pour
eux. Seulement là où je m'oppose...
M. LOUBIER: Bien, on ne peut pas présumer que ce sera pour ou
contre eux.
M. GIROUX: Non, non, mais là où je m'oppose, c'est que si
des gens qualifiés d'experts indépendants ont déjà
fait partie de comités de contestation, alors là, il y a une
nuance, n'est-ce pas, qui est une nuance même absolument
légale.
M.SIMARD (Richelieu): M. le Président, est-ce que le
président de l'Hydro-Québec voudrait essayer de dire qu'une des
deux personnes suggérées aurait fait partie d'un mouvement de
contestation?
M. GIROUX: Je ne sais pas, je demande un certificat. Je ne le sais pas.
Je n'ai aucune objection, je ne connais pas les individus.
M. LEVESQUE: Sinon un certificat du moins une assurance.
M. LOUBIER: Si vous me permettez, je ne veux pas être disgracieux
à l'endroit de qui que ce soit, sauf que je trouve que ce serait une
contrainte ou une exigence qui n'a jamais été établie, qui
n'a pas de précédent actuellement. Ce serait un peu
dangereux.
M. GIROUX: II y a un précédent. Quelqu'un peut être
appelé par le comité qui conteste, il peut amener tous les
experts. Où je m'oppose en principe c'est que, si on amène un
expert indépendant pour juger la question, je ne crois pas qu'il soit
indépendant s'il a déjà émis des opinions
contre.
M. LOUBIER: Mais ça n'enlève pas le mérite des
arguments qu'il présentera.
M. GIROUX: Cela n'enlève le mérite des arguments d'aucune
façon; la seule chose que je voudrais souligner, M. le Président,
c'est qu'à ce moment-là on ne le qualifie pas d'expert
indépendant.
M. LESSARD: En tant qu'expert, il a dû prendre sa
décision.
M. GIROUX : Bien oui. Je n'ai pas d'objection qu'il agisse comme expert
pour le comité mais il y a une différence entre qualifier un
expert d'indépendant et un autre d'expert qui appuie une cause. Je suis
parfaitement d'accord avec celui qui appuie une cause mais la question à
laquelle je m'oppose c'est qu'au moment où on convoque une personne ou
une autre on la convoque comme indépendante; qu'on la convoque comme
personne appartenant à des groupes, je suis parfaitement d'accord.
Où je ne peux pas être d'accord c'est qu'on la qualifie d'expert
indépendant.
M. LOUBIER: Ce sont deux fonctionnaires du gouvernement provincial.
M. GIROUX : Oui, alors on va les convoquer comme personnes et on ne les
convoquera pas comme experts indépendants.
M. LOUBIER: M. le Président, je pense...
M. GIROUX: Vous connaissez la différence des mots, M. Loubier,
entre indépendant...
M. LOUBIER : Je la connais, M. le Président, mais, d'autre part,
moi aussi je ne pourrais pas être indépendant ce matin...
M. GIROUX: Non, absolument.
M. LOUBIER: ... parce qu'en principe, à cause d'une
déformation ou de mon expérience, je défendrais jusqu'au
dernier degré une intrusion pour exploitation minière ou autre
dans quelque parc que ce soit de la province; ce n'est pas leur
destination.
M. GIROUX: Non...
M. LOUBIER : Or, si on part de ce point de vue-là, je suis
certain que le ministre du Tourisme, comme ministre du Tourisme, lui aussi ne
peut pas se détacher de ses fonctions, de ses obligations.
M. GIROUX: Je n'ai aucune objection à faire entendre qui que ce
soit. La seule chose c'est que je ne voudrais pas créer l'impression
qu'on fait entendre un individu et qu'on lui pose une restriction, comme vous
dites, en disant que c'est une personne qui s'en vient comme expert
indépendant. Les experts de l'Hydro-Québec ne sont pas des
experts indépendants et les experts du gouvernement provincial ne sont
pas des experts indépendants. C'est dans ce sens-là.
M. LEVESQUE: On peut laisser tomber le mot indépendant,
c'était tellement populaire, d'ailleurs...
M. GIROUX: Alors, laissez tomber expert indépendant.
M. LOUBIER: Disons que ce sont des experts qui viennent.
M. GIROUX: C'est très bien.
M. SIMARD (Richelieu): Alors, ce sera des experts tout court.
M. GIROUX: II faut faire venir des experts mais il ne faut pas les
qualifier d'experts indépendants parce que cela a une signification bien
différente. Vous savez ce que c'est, quand on parle
d'indépendants. Je ne veux pas faire de jeu de mots.
M. LOUBIER: Ne parlez pas de mes frères
séparés.
M. GIROUX: Séparés? Non, c'est une union...
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, étant donné que nous
aurons à siéger à nouveau pour entendre d'autres groupes,
est-ce qu'il serait possible de demander au ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche de déposer le rapport ou le soi-disant rapport du
comité interministériel qui a été formé par
le ministre responsable de la qualité de l'environnement, le ministre
des Richesses naturelles, le ministre des Terres et Forêts ainsi que tout
rapport ou toute étude qui a été faite par le
ministère ou tout autre ministère du gouvernement sur
l'aménagement de la Jacques-Cartier?
Deuxièmement, est-ce qu'il serait possible de demander à
l'Hydro-Québec de déposer le document je ne sais pas si on
va nous en parler ce matin, si on nous en parle, d'accord portant sur le
potentiel hydroélectrique de la Jacques-Cartier ainsi que tout plan
établi pour le développement de ce potentiel
hydroélectrique.
M. GIROUX: Vous poserez les questions au fur et à mesure que
ça viendra et on vous répondra. On n'a pas l'habitude de se
cacher derrière des réponses.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, M. le Président. Maintenant,
nous aurons à poser des questions certainement, mais, si nous avions ces
documents, je pense qu'on pourrait peut-être poser des questions beaucoup
plus directes à l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: On va...
M. LESSARD: Cela fait partie, je pense, du dossier de la
Jacques-Cartier. Il me semble que tout document qui nous parait utile devrait
être fourni aux parlementaires puisque c'est le gouvernement qui
aura à décider en dernier ressort pour que nous puissions
prendre une décision qui soit la plus valable possible.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, le rapport ou, enfin, ce
que nous possédons, à la suite de toutes les sessions qui ont eu
lieu du comité interministériel est pour usage interne
uniquement. Ce n'est pas un rapport qui pourrait être
déposé. Maintenant, comme j'ai fait la suggestion tout à
l'heure, à la suite de la demande du chef de l'Opposition officielle,
j'avais demandé au docteur Corbeil de se prononcer. Le docteur Corbeil
siégeait, lui, comme représentant du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche au comité
interministériel. Les commentaires que le docteur nous soumettra
compléteront probablement, enfin, ce qu'il y a dans le rapport.
M. LESSARD: Le ministère n'a pas fait de recherches sur les
conséquences écologiques, sur les conséquences sur les
ressources cynégétiques et halieutiques de l'aménagement
de la Jacques-Cartier?
M. SIMARD (Richelieu): Nous avons fait, bien sûr, des recherches.
Nous possédons un rapport, mais, comme je le disais tout à
l'heure, c'est pour usage interne uniquement. Je suis prêt à
répondre â toutes les questions, comme les gens de
l'Hydro-Québec, je pense bien, sont prêts à répondre
â toutes les questions, mais je ne crois pas qu'il soit utile de
déposer ce rapport, enfin de le rendre public.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur la même question du
rapport, cela nous intéresserait également d'avoir une copie de
ce rapport. Parce que, si j'ai bonne mémoire d'ailleurs, j'ai ici
les copies d'articles de journaux le ministre lui-même, à
un moment donné, avait ordonné à l'Hydro-Québec de
quitter les lieux. On se rappellera que le ministre n'a certainement pas fait
une déclaration spontanée. Le ministre s'était basé
sur quelque chose; il s'était basé sur des données.
Quelles étaient-elles, ces données? Lorsque le ministre, par
exemple, a semblé revenir sur sa décision, le ministre n'est pas
revenu sur sa décision simplement par caprice. Il a dû se baser
encore sur d'autres données. On veut savoir un peu et je pense
que c'est notre droit où nous nous dirigeons. On ne voudrait pas,
d'un autre côté, que le gouvernement fasse comme il a
déjà fait à d'autres occasions, nous donner une liasse de
rapports et de documents à la dernière séance de la
commission et dire: Voici, on vient de donner les rapports, posez les
questions. Cela nous prendrait, quoi, une journée, une journée et
demie pour pouvoir étudier et lire les rapports. Les décisions
antérieures du gouverne-
ment, j'estime et j'espère au moins, n'avaient pas
été prises à la légère mais qu'elles ont
été prises sur des faits. '
Alors, je pense qu'il serait dans l'intérêt des membres de
la commission, qu'il serait dans l'intérêt du public en
général, dans celui des gens de l'Hydro-Québec, de tout le
monde, de tous les Québécois, que nous ayons une copie de ces
rapports de façon que nous puissions nous faire la meilleure opinion
possible et que nous prenions la meilleure décision dans
l'intérêt de tout le monde.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le Ministre.
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, c'est bien sûr que
je n'ai pas pris, à un moment donné, une décision à
la légère, comme vient de le dire le député. Au
contraire, je me suis basé sur quelque chose de très simple
à comprendre, soit sur une loi, la Loi des parcs de la province de
Québec, plus précisément sur les articles 6 et 7, et,
deuxièmement, sur une question de principe qui veut que nous respections
les espaces verts qui sont situés près des agglomérations
urbaines. Alors, je ne vois pas pourquoi je devrais déposer un document
volumineux.
Mes décisions ont été prises, premièrement,
comme je le disais, à cause d'une loi; deuxièmement, une question
de principe, et aussi, après avoir communiqué avec mes hauts
fonctionnaires et les spécialistes dans ce domaine qui oeuvrent à
l'intérieur de mon ministère.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais quand même
rappeler au ministre une déclaration qu'il avait faite en date du 17
février 1973 dans laquelle il disait ceci: "Les données, que j'ai
obtenues là-dessus, concernant l'aménagement de la
Jacques-Cartier, notamment du comité interministériel
chargé de l'étude du projet, m'ont convaincu que la
réalisation d'une telle entreprise gâcherait, d'une façon
inadmissible, la beauté exceptionnelle de la vallée et le
potentiel considérable qu'elle constitue, non seulement du point de vue
éducatif mais aussi comme actif majeur dans le grand secteur du tourisme
et des loisirs en milieu naturel."
Je pense que le ministre parlait à ce moment-là d'autres
choses que d'un article de la loi. Je comprends qu'en principe il y a une loi
des parcs. Je pense qu'il y a autre chose. Comme nous sommes ici, en tout cas,
pas nécessairement comme membre de l'Opposition, pour prendre une
décision parce qu'il appartiendra au gouvernement de prendre la
décision, mais nous avons besoin qu'on soit membre de
l'Opposition ou du parti au pouvoir, il me semble, en tout cas de toutes
les données nécessaires. Au ministère du Tourisme, je
comprends qu'il peut y avoir des choses pour des études internes. Mais
je pense que le ministère du Tourisme doit servir pour l'ensemble de la
population du Québec. Il me paraît que les documents, qui ont
été portés à la connaissance du ministre, devraient
être fournis à tous les membres de cette commission parlementaire
afin que l'on puisse décider, de façon valable, après
avoir entendu toutes les parties.
Le ministre nous dit qu'il s'est basé sur une loi. Or, il
semble,...
M. CARPENTIER: Arrêtez de charrier.
M. LESSARD: ... d'après la déclaration, qu'il y a autre
chose, les données. Qu'est-ce qui a prouvé au ministre que
l'aménagement de la Jacques-Cartier allait détruire, d'une
façon inadmissible, comme il le cite, les ressources
cynégétiques, halieutiques et écologiques?
L'Hydro-Québec dit non et le ministre a déjà dit oui.
Bien, le ministre a dit oui sur quoi, sur quelles données. On a besoin
de cela, je pense.
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, je viens de dire
et je dois me répéter que le Dr Corbeil était mon
représentant siégeant au comité interministériel.
Il me faisait rapport. En fait, il n'y a pas de rapport comme tel.
M. LESSARD: Mais il ne s'est pas basé sur rien, le Dr Corbeil. Il
s'est basé sur quelque chose.
M. SIMARD (Richelieu): Il s'est basé sur les discussions qui ont
eu lieu lors des séances du comité. Il m'a fait rapport. Je ne
vois pas pourquoi le député insiste tellement. Et j'ai dit tout
à l'heure que le Dr Corbeil va faire une représentation, ici
à la commission parlementaire. Alors vous allez avoir toutes les
informations que vous semblez désirer avoir.
M. LOUBIER: Est-ce qu'on peut commencer, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Mon collègue de gauche me demande si
on peut commencer. Est-ce qu'il y a des gens, autour de la table, qui auraient
des questions à poser aux représentants de l'Hydro-Québec
ou si l'Hydro-Québec...
M. LOUBIER: Qu'elle fasse son exposé d'abord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Fasse son exposé, oui.
L'Hydro-Québec
M. GIROUX: M. le Président, je vous remercie.
L'Hydro-Québec et moi-même sommes heureux de répondre
aujourd'hui à l'invitation qui nous a été faite, lors de
la commission permanente des richesses naturelles, le mois dernier, de vous
exposer la façon dont a été conçu le projet
Champigny, de même que les raisons pour lesquelles nous croyons essentiel
pour l'ensemble du Québec qu'il nous soit
permis de poursuivre les études que nous avons dû
interrompre dans le parc des Laurentides.
Les détails de cet avant-projet de centrale à
réserve pompée, la première au Québec, vous seront
exposés par mon collègue, M. Yvon De-Guise, ainsi que par les
membres de la direction de l'Hydro-Québec.
Permettez-moi seulement, pour ma part, de répéter certains
points que je soulignais dans cette salle le 10 avril dernier.
Pour satisfaire à l'accroissement des besoins
d'électricité des Québécois pour 1978 et 1979,
PHydro-Québec a retenu un programme d'équipement qui permettrait
de fournir une puissance totale de 2,600 mégawatts. Une décision
quant à la deuxième tranche de ce programme ne saurait être
prise sans la poursuite et la conclusion de nos études relatives
à la construction de la centrale Champigny qui, je le rappelle, doit
produire 1,000 mégawatts. Environ 60 p.c. de ces études sur les
lieux étaient faites quand nous avons retiré nos équipes
du parc des Laurentides, le 16 février dernier.
Les études d'avant-projet pour cette centrale à
réserve pompée en prévoient l'intégration dans un
plan d'ensemble d'aménagement du territoire qui favoriserait grandement
au public de la région métropolitaine de Québec et
même de la province l'accès à cette partie du parc des
Laurentides.
Il ne s'agit pas là d'une préoccupation nouvelle à
PHydro-Québec: dans toute la mesure du possible, nous avons toujours
apporté un soin particulier à l'esthétique et à
l'accessibilité de nos installations. C'est ainsi que nous nous sommes
préoccupés de l'aménagement touristique et
récréatif des abords de plusieurs de nos centrales, par exemple
à Beauharnois, Carillon, Montmorency, Plaisance et Rivière Rouge,
ainsi qu'à Manic 5 et Manic 3 où nous avons entrepris
dernièrement des travaux de ce type.
Dans le cas du projet Champigny, les données que nous
possédons déjà nous prouvent qu'il nous est possible de
réaliser cette centrale nécessaire aux besoins d'énergie
du Québec tout en conservant la beauté naturelle du site et en le
mettant à la disposition des Québécois.
Le projet Champigny a soulevé bon nombre de commentaires, la
plupart du temps au nom de l'environnement. Cette question est d'ailleurs
évoquée de plus en plus souvent au Québec.
Dans cette nouvelle préoccupation de l'environnement et de
l'écologie, la tâche la plus ardue de tous les
Québécois sera probablement de combattre la démagogie et
la sentimentalité qui entourent les problèmes
d'environnement.
Le défi est grand. Il nous faut prouver par des solutions
intelligentes et humaines qu'on peut aménager le milieu en lui
conservant toute sa valeur.
Ce défi, PHydro-Québec a la conviction de pouvoir le
relever avec succès sur la rivière Jacques-Cartier, en accord
avec les autorités gouvernementales.
J'aimerais ajouter aussi, avant que commence le débat et que je
demande à M. DeGuise de présenter la solution de Champigny, que
je comprends très, très bien la protestation des gens qui sont
concernés. Je n'ai aucune objection à ces choses. C'est fort
simple. Il y a toujours une alternative dans quoi que ce soit.
Comme je l'expliquais ce matin à quelqu'un de mes amis, en toute
humilité, j'ai eu un problème à ma propriété
de Val-Morin où j'habite à l'année; il s'agissait de poser
deux poteaux. J'avais deux choix, les faire planter sur ma
propriété ou chez mes deux voisins. J'étais
président de PHydro-Québec, je les ai mis sur mon terrain. Mais
je vous dis que, si je n'avais pas été président de
PHydro-Québec, ce sont les deux voisins qui les auraient eus.
Une alternative, ça se crée, ça existe. Il y a
toujours une alternative. Et je vous dis que je m'opposerais terriblement si
PHydro-Québec décidait de faire un barrage sur le lac Raymond. Je
le comprends, je reste là.
Mais les besoins de la province, à mon sens, passent et doivent
passer avant ces choses. Comme président de l'Hydro-Québec, mon
seul objectif, c'est le coût qui se reflète sur la population
québécoise, les problèmes qu'on a pour le faire
refléter dans les hausses de tarifs. Je dois vous dire que les
premières objections aux hausses de tarifs sont faites chez nous. Ce
n'est pas seulement en Chambre ici, nous nous y opposons nous-mêmes.
Mais, quand il faut le faire, il faut le faire.
Tous ces problèmes, nous sommes prêts à les exposer
et l'optique dans laquelle nous voulons exposer ces problèmes, c'est que
le premier but qu'on poursuit, c'est l'intérêt des
Québécois.
Merci, M. le Président.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais une simple question
à poser au président de l'Hydro. Au cours des années 1969
et 1970, PHydro-Québec avait demandé au gouvernement provincial
aux deux gouvernements qui se sont succédé
d'acquérir des terrains qui appartenaient au gouvernement
fédéral; le gouvernement fédéral les avaient acquis
du Séminaire de Québec. En échange, le gouvernement avait
conclu un accord avec le gouvernement fédéral ça
avait été fait au départ et, par la suite, ça avait
été ratifié par le gouvernement subséquent
pour qu'il y ait un échange de terrains. Le gouvernement
fédéral nous aurait donné les terrains qu'il
possédait en bordure du fleuve Saint-Laurent, ici tout près de
Québec, et, d'autre part, nous lui aurions cédé des
terrains en Mauricie pour l'aménagement du parc
fédéral.
L'argument invoqué par PHydro-Québec, à
l'époque, était justement que ces terrains de la région de
Québec qui appartenaient au gouvernement fédéral
étaient absolument je ne dirais pas essentiels, mais
nécessaires dans sa planification, justement pour aménager une
réserve pompée, comme celle que veut aména-
ger actuellement l'Hydro-Québec dans la région de la
rivière Jacques-Cartier.
Pourquoi ce revirement de l'Hydro-Québec, ce délaissement
du premier projet qui avait été à la base de l'entente
fédérale-provinciale pour cet échange de terrains?
M. GIROUX: M. le Président, M. DeGuise, dans son exposé,
explique pourquoi nous sommes revenus; simplement pour faire un peu d'histoire,
l'Hydro-Québec avait eu la permission d'un des gouvernements du temps,
je ne sais pas si c'est avant votre temps, M. Loubier, mais après, en
tout cas, c'est nous qui avons eu le problème. Le gouvernement
fédéral, un matin, a acheté le terrain sans qu'on le
sache; nous, nous avions l'autorisation du grand séminaire de faire de
l'exploration, de faire les études préliminaires sur ce terrain.
Et on travaillait sur un projet en 1968-1969 qui était une
nécessité de dix ans; il s'est développé des
problèmes techniques dans ce projet qui nous ont empêchés
et qui nous ont forcés de prendre le second choix. Si vous vous
souvenez, à une demande d'un parti, je ne me rappelle pas si c'est le Dr
Laurin qui l'a demandé, au moment où on discutait des choix, si
on choisissait la rivière Jacques-Cartier, on a répondu oui. Je
ne me rappelle pas si c'est en 1970, quelque chose comme ça.
Les détails et les raisons seront expliqués par M. DeGuise
tantôt. Le début du terrain a été fait beaucoup
avant, mais le gouvernement fédéral s'était porté
acquéreur et on a fait un échange de terrains pour les parcs.
M. LOUBIER: Mais le gouvernement a pris sa décision à la
demande de l'Hydro-Québec qui disait...
M. GIROUX: A la demande...
M. LOUBIER: ... à l'époque où c'était
essentiel pour ce développement d'une réserve pompée.
Alors...
M. GIROUX: Oui, absolument, c'était essentiel de continuer le
travail. Au stade des négociations et vous savez que ce n'est pas
très vite les négociations entre le fédéral et le
provincial, sans faire d'humour, c'est plutôt lent, on a eu assez
de temps pour découvrir que ce n'était plus rentable â
cause de la corrosion.
M. LOUBIER: Est-ce que ce premier projet est écarté
définitivement ou s'il ne...
M. GIROUX. M. DeGuise répondra à ça...
M. LOUBIER: ... peut pas servir de deuxième option au cas
où...
M. GIROUX: ... c'est au point de vue technique.
M. LOUBIER: ... et là je ne veux pas présumer de la
décision...
M. GIROUX: Non, je crois qu'il faudra aller...
M. LOUBIER: ... du gouvernement... M. GIROUX: ... carrément
à un autre...
M. LOUBIER: Si vous me permettez, M. le Président, au cas
où la décision du gouvernement serait à l'effet qu'il n'y
aura pas de travaux effectués par l'Hydro-Québec pour cette
réserve pompée à la Jacques-Cartier, est-ce que la
première option devient encore réaliste et possible dans sa
réalisation?
M. GIROUX: On ne peut pas arriver à temps et il y a un
problème de corrosion qui est là, qui n'est pas nettoyé.
Mais c'est ce que M. DeGuise va essayer d'expliquer plus en détails.
Alors, M. DeGuise, si vous voulez exposer nos vues.
M. DEGUISE: Nous sommes aujourd'hui réunis pour examiner ensemble
les diverses implications du projet Champigny qui consisterait à
implanter une centrale de pointe de type à réserve pompée
sur la rivière Jacques-Cartier, en amont de Tewkesbury.
Nous, de l'Hydro-Québec, apprécions cette occasion qui
nous est offerte de vous expliquer les diverses facettes de notre projet. Nous
ferons tout notre possible pour que la discussion soit empreinte
d'objectivité et pour que chacun des aspects de la question soit
considéré à sa juste valeur.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez, on vous entend un peu
difficilement, approchez votre micro.
M. DEGUISE: Nous traiterons donc des besoins d'électricité
des Québécois, de notre programme d'équipement, de ce
qu'est une centrale de pointe et plus particulièrement une centrale
à réserve pompée, de l'historique du projet Champigny et
de sa nature, de la protection de l'environnement en cet emplacement, de
l'aménagement polyvalent du territoire et des effets
bénéfiques qu'il pourrait engendrer tant pour l'économie
québécoise que pour celle de la région.
Le 10 avril dernier, devant la commission permanente des richesses
naturelles, notre président, M. Roland Giroux, parlait de la
"société qui prend conscience de ses limites et qui
désire, de façon légitime, planifier son
développement dans la rationalité et surtout dans le respect de
ce qui l'entoure." C'est avec cette rationalité que nous voudrions
exposer la nature de notre projet puis en discuter, et c'est avec ce respect de
ce qui nous entoure que nous pensons pouvoir le réaliser si
l'autorisation nous en est donnée et si la conclusion de nos
études d'avant-projet s'avère positive en ce sens.
Les besoms: Toute planification de notre réseau est
dépendante des besoins d'électricité des
Québécois.
Le progrès entraîne un accroissement des besoins
d'énergie, accroissement qui est particulièrement sensible dans
le cas de l'électricité. La demande d'électricité
augmente à un rythme plus rapide encore que l'ensemble des besoins
énergétiques. La part de l'électricité dans le
total des besoins d'énergie est présentement
évaluée à 20 p.c; cette, part devrait atteindre les 25
p.c. dans une dizaine d'années.
Nos besoins de puissance électrique augmentent à un rythme
d'environ 7.8 p.c. par année; ce qui revient à dire qu'ils
doublent tous les 9 ans ou à peu près. Les prévisions que
l'on obtient par extrapolation de la courbe de nos besoins de puissance
montrent que, malgré la mise en service des projets déjà
en chantier et malgré les achats de puissance déjà
négociés, nous serions en déficit de puissance dès
1978 si un nouveau programme d'équipement n'était
envisagé. En fait, il nous faut plus que doubler notre puissance
installée si nous voulons être en mesure de répondre aux
besoins de puissance de 1985. Il est important de préciser ici que plus
de 99 p.c. de cette puissance est requise pour les seuls besoins du
Québec.
A la suite de mon exposé, M. Raymond Fournier, de notre direction
de la planification du réseau, vous entretiendra plus à fond au
sujet de l'accroissement des besoins d'électricité au
Québec et des problèmes des heures de pointe.
Le programme d'équipement. Le point suivant consiste à
décomposer les besoins de façon à pouvoir
déterminer, conformément au mandat confié à
l'Hydro-Québec, les solutions les plus appropriées pour leur
répondre.
La puissance requise peut être partagée en quatre tranches:
la puissance de base, qui est en demande constante; la puissance de pointe, qui
n'est demandée que pour de courtes durées, alors que la
consommation d'électricité atteint ses plus hauts sommets; la
puissance intermédiaire, qui représente un moyen terme entre les
deux premières et, finalement, la puissance en réserve.
Aujourd'hui, un système de production bien planifié est
diversifié en fonction de cette classification. La production de base
est assurée par des centrales dont le facteur d'utilisation est
très élevé. D'autres types de centrales conçues
pour fonctionner d'une façon plus intermittente exigent beaucoup moins
de frais d'investissement premier que les centrales de base. Elles sont
avantageuses pour engendrer la puissance intermédiaire et la puissance
de pointe. Quant à la puissance en réserve, elle est
répartie dans l'ensemble des moyens de production.
Pour répondre adéquatement aux besoins
d'électricité des Québécois durant la
période 1979-1985, il a été estimé que
l'Hydro-Québec devrait entre autres ajouter une puissance de pointe
d'environ un million de kilowatts à sa puissance installée, et
ce, avant 1979.
Les centrales de pointe. Trois types de centrales constituaient les
principales options à considérer parmi les diverses solutions qui
s'offraient pour répondre à ce besoin de 1000 MW en
énergie de pointe pour 1979. Il s'agit de centrales thermiques
légères, de turbines à gaz ou d'une centrale à
réserve pompée.
Pour plusieurs raisons, la centrale hydraulique à réserve
pompée est préférable dans le contexte
québécois. Rappelons seulement qu'elle seule fait appel à
des ressources naturelles disponibles en quantité suffisante au
Québec, qu'elle est moins préjudiciable à l'environnement,
qu'elle est plus fiable et que son contenu québécois est
supérieur.
La centrale à réserve pompée. Voici donc un bref
aperçu de ce qu'est une centrale à réserve
pompée.
L'originalité d'une telle centrale tient à certaines
modalités de son fonctionnement et à sa situation entre deux
réservoirs qualifiés de supérieur et d'inférieur
suivant leur altitude. Dans sa phase productrice, la centrale à
réserve pompée a un fonctionnement similaire à celui de
toute autre centrale hydroélectrique: des turbines sont
entrafnées par la force motrice d'une chute d'eau. Elle s'en distingue
toutefois d'une façon nette par son fonctionnement hors pointe.
Le volume d'eau utile relativement faible que contient le
réservoir supérieur d'une centrale de ce type doit être
fréquemment renouvelé. Mais, dans les emplacements où ces
centrales sont établies, il est rare qu'un remplissage naturel puisse
s'effectuer assez rapidement. Il faut donc profiter des périodes pendant
lesquelles la production de la centrale n'est plus requise et procéder
au remplissage du réservoir supérieur en y pompant de l'eau
puisée au réservoir inférieur. Ceci est possible en
inversant le sens de rotation de l'ensemble alternateur-turbine: l'alternateur
peut alors, en tirant de l'énergie du réseau, agir comme un
moteur et actionner la turbine qui sert de pompe. Une autre solution consiste
à munir les installations d'un système de pompage distinct, mais
elle est généralement jugée moins avantageuse.
En redescendant, l'eau du réservoir supérieur peut
restituer de l'électricité. Par le fait que l'énergie
employée n'a qu'une valeur relativement basse, étant
consommée alors que l'appel de la puissance est faible et que
l'énergie rendue est précieuse, l'étant au moment
où elle est en forte demande, une telle centrale permet d'augmenter
l'utilisation des unités de base et contribue à en
accroître la rentabilité. Des avantages d'ordre technique, comme
le maintien de la stabilité électrique du réseau, le
démarrage rapide, etc., figurent également à l'actif de
l'intégration de centrales à réserves pompée dans
un réseau électrique.
M. Paul-Emile Drouin, de notre direction Projets de centrales, vous
fournira tout à l'heure des détails supplémentaires au
sujet de ce type de centrale.
Saint-Joachim. Après avoir effectué un inventaire
préliminaire des sites propices à la construction de centrales
à réserve pompée, nous avions d'abord envisagé la
construction d'une telle centrale à Saint-Joachim, près de
Québec. Des études préliminaires furent amorcées
dès 1965. L'occurrence d'eau saumâtre en cette partie du fleuve a
d'abord été sous-estimée au début quant à
ses effets, mais elle est vite apparue comme un important obstacle à la
réalisation du projet; elle aurait une action corrosive marquée
sur l'équipement soumis à son contact et risquerait de polluer
les sols et les nappes d'eau souterraines en s'y infiltrant à partir du
réservoir.
Ces problèmes sont sans doute solubles mais non sans y mettre
temps et argent. Parce qu'il y avait danger de devoir retarder la mise en
service au-delà de l'échéance établie et parce que
des frais d'investissements supplémentaires, de l'ordre de $25 à
$30 millions étaient prévus, l'Hydro-Québec s'est vue dans
l'obligation d'envisager un autre projet pour répondre à l'appel
de pointe des années 1980.
Si vous permettez, étant donné qu'il y a une question
spécifique sur le sujet, je sortirai du texte pour un instant, pour
répondre à une question qui nous était posée tout
à l'heure. Les raisons qui nous ont fait mettre de côté, au
moins temporairement, le projet de Saint-Joachim étaient, comme on vient
de le mentionner, la présence d'eau salée qu'il fallait pomper du
fleuve dans le réservoir supérieur, ce qui nécessitait de
l'équipement en acier inoxydable et même à cela, pour
être absolument certain de l'alliage parfait qui répondrait aux
problèmes, on nous a exposé et il a été
vérifié qu'il fallait des expériences sur une
période de deux ou trois ans préalablement à la
construction de la centrale.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que vous croyez ou est-ce que
vous êtes au courant s'il y a d'autres pays qui font de telles
réserves pompées?
M. DEGUISE: J'y viens. C'est peut-être ce qui nous a mis sur une
mauvaise piste. Au début, lorsque nous avons considéré le
projet, nous savions que sur la Rance, par exemple, l'Electricité de
France a un projet de marée motrice qui ressemble un peu, sous certains
aspects, à une centrale à réserve pompée, mais tout
de même où il y a des turbines dans l'eau salée. Justement,
c'était les représentants de l'Electricité de France qui
nous avaient dit: Le problème n'est pas majeur, il est résolu
chez nous. Mais en poussant plus loin nos recherches, nous nous sommes
aperçus qu'à Saint-Joachim nous ne sommes pas dans un milieu
où l'eau est salée au même degré que dans
l'océan, c'est un moyen terme entre l'eau douce et l'eau salée.
Il y a une salinité de 50 p.c. à 60 p.c.
Il s'est révélé, au cours de l'expérience,
qu'une salinité partielle est plus corrosive qu'une salinité
maximum. Là, on nous dit: II faudrait faire des recherches ce que
nous avons commencé d'ailleurs soit enfoncer divers
récipients dans l'océan pour mesurer le degré d'atteinte,
si vous voulez, de l'action corrosive. C'est une expérience qui doit se
prolonger sur deux ou trois ans. Ajoutez à cela qu'il y avait le danger,
lorsque nous avons poussé plus loin l'investigation du sous-sol, le
sous-sol n'était pas aussi bon que nous l'avions espéré et
il y avait une possibilité que l'eau salée pompée
au-dessus de la montagne puisse s'infiltrer dans les sols et gaspiller les sols
au niveau supérieur.
Enfin, des sondages plus avancés nous ont
révélé que le terrain sous les digues n'était pas
aussi bon qu'escompté. Il y avait beaucoup de mort-terrain et tous ces
éléments s'ajoutaient pour faire que le projet de Saint-Joachim
devenait passablement plus dispendieux que prévu et surtout, si nous
voulions une solution idéale, il fallait y mettre un peu plus de
temps.
Pour répondre à la question qui a été
posée, le projet Saint-Joachim n'est pas écarté
définitivement; nous savons qu'il sera plus dispendieux
qu'escompté et, de toute façon, nous ne pourrions pas le faire
pour 1979.
M. LOUBIER: M. DeGuise, vous dites, premièrement, qu'il serait
plus coûteux de l'ordre de $25 à $30 millions.
Deuxièmement, vous établissez que ça pourrait prendre
peut-être deux ans ou trois ans de plus, de sorte que vous ne pourriez
arriver à l'échéance de l'année 1979 ou 1980.
D'autre part, vous nous dites que les études ont été
entreprises dès 1965, mais c'est surtout en 1969 que la pression s'est
exercée d'une façon encore plus forte par l'Hydro-Québec
pour que justement le gouvernement provincial acquière ces terrains
à Saint-Joachim, de sorte qu'il s'est écoulé quatre ans
d'études. Je saisis mal le...
M. DEGUISE: Lorsqu'on parle d'études en 1965, il s'agit du genre
d'études que nous avions faites antérieurement à
l'année dernière sur la rivière Jacques-Cartier, l'examen
des cartes, les dénivellations, mais nous n'étions pas
allés sur le terrain. Je crois que nous venions de demander la
permission au séminaire d'envoyer les équipes pour faire des
relevés sur le terrain. C'est exactement à ce moment qu'il s'est
fait une transaction et que le fédéral est devenu
propriétaire.
M. LOUBIER: Je retiens que vous n'avez pas écarté
définitivement ce projet, au cas où celui de la Jacques-Cartier
ne serait pas réalisable.
M. DEGUISE: Non, il n'est pas écarté
définitivement, mais je crois qu'il y aurait peut-être d'autres
endroits. Avec tout ce que nous connaissons de Saint-Joachim, il faudrait
peut-être aller ailleurs. On aimerait peut-être regarder ailleurs
avant.
M. LOUBIER: Est-ce que vous avez fait des
prospections? Est-ce que vous avez examiné d'autres emplacements
possibles?
M. DEGUISE: C'est à ce moment que nous nous sommes dirigés
vers la rivière Jacques-Cartier. Au moment où nous avons
été convaincus qu'à Saint-Joachim les problèmes
s'accumulaient, nous avons dit: Si nous voulons être prêts pour
1979, il faut aller chercher autre chose.
M. LOUBIER: Mais est-ce que vous avez analysé d'autres
endroits?
M. DEGUISE: II y en a probablement d'autres. Je pense bien qu'il serait
déraisonnable de dire que, sur tout le territoire de la province, il n'y
en a pas d'autres, mais, à première vue, celui de la
rivière Jacques-Cartier nous a paru éminemment favorable pour une
foule de considérations.
M. LOUBIER: D'accord.
M. DEGUISE: Aussi le problème, c'est l'échéance de
1979.
Le projet Champigny. Notre choix s'est alors porté sur la
rivière Jacques-Cartier, un endroit qui semblait de prime abord à
peu près aussi favorable que Saint-Joachim. En fait, cette
rivière avait été l'alternative à Saint-Joachim
lors de la première sélection.
Plusieurs emplacements situés le long de la rivière ou
dans ses environs immédiats ont été reconnus comme des
sites potentiels d'aménagement d'une centrale à réserve
pompée. Ces emplacements présentent de nombreux avantages dont
celui d'être à proximité de lignes de transport
déjà existantes. Avec des dénivellations se situant entre
1,200 et 1,800 pieds, ils présentent chacun un potentiel d'au moins un
million de kilowatts.
L'Hydro-Québec portait son choix sur l'un de ces emplacements
afin de l'aménager pour répondre aux besoins d'énergie de
pointe de la période 1979-1985.
Le réservoir supérieur pourrait être formé
à partir de deux petits lacs situés sur un plateau, à
l'ouest de la rivière. L'érection de deux digues au nord du lac
Polish et au sud-ouest du lac Aubert permettrait de retenir le volume d'eau
désiré.
Le réservoir inférieur serait, pour sa part,
aménagé à même la vallée de la rivière
Jacques-Cartier. Etant bien encaissée, cette rivière se
prête bien à la création d'un réservoir au moyen
d'un barrage relativement modeste. Un barrage de quelque 180 pieds de hauteur
permettrait de rehausser l'altitude de la rivière de son niveau de 760
pieds à un niveau de 928 pieds à l'emplacement du barrage. Le
rehaussement diminuant à mesure que l'on remonte la pente naturelle de
la rivière, son effet serait nul à environ 22 milles en amont du
barrage. Le territoire submergé serait d'environ 4.5 milles
carrés dont 1.4 à l'intérieur du parc des Laurentides.
Cela représente moins de 0.05 p.c. de la superficie du parc.
Ce barrage pourrait être construit en enrochement; il serait alors
relativement facile de bien l'intégrer visuellement au paysage. Il
serait même possible de le recouvrir de végétation si les
aménagistes le recommandaient.
La centrale et les galeries qui la relient aux réservoirs
seraient entièrement souterraines. Considérant les fins pour
lesquelles elle est envisagée, cette centrale ne produirait de
l'électricité qu'aux heures ou l'appel de puissance atteint son
niveau de pointe, c'est-à-dire du lundi au vendredi vers la fin de la
matinée et de l'après-midi, et surtout en hiver. La puissance
qu'elle pourrait alors engendrer serait de l'ordre de 1,000 mégawatts.
Hors cette fonction régulière, la centrale pourrait parfois
compenser la défaillance de certains éléments du
réseau et contribuer ainsi à limiter les interruptions de service
que ces défaillances auraient pu entraîner.
L'annexe A au texte de cette allocution consiste en une fiche technique
présentant, telles que déterminées
préliminairement, les principales caractéristiques de la centrale
projetée.
Le point de vue de l'environnement. Consciente de l'importance que
mérite la protection de l'environnement, l'Hydro-Québec s'est
donné les mécanismes nécessaires pour la considérer
à sa juste valeur aussi bien lors de la conception d'un
aménagement électrique qu'au cours de la construction et de son
exploitation. L'annexe B illustre les actions concrètes en ce sens qui
doivent être entreprises aux différentes étapes de
l'évolution d'un projet.
Déjà, dans le présent cas, une première
préoccupation a été d'établir une évaluation
préliminaire de l'impact du projet sur l'environnement et d'en mesurer
la portée. Pour ce faire, il faut utiliser une matrice d'impact tenant
compte de tous les aspects de l'environnement, qu'ils soient physiques,
biologiques ou humains.
L'application d'une telle méthode permet de croire à un
effet global bénéfique à la condition que l'implantation
du projet se fasse suivant un plan d'aménagement complet et bien
intégré.
Au moment où les travaux ont été suspendus, nous
devions effectuer un inventaire exhaustif des éléments physiques
et biologiques en présence dans l'emplacement et approfondir certaines
études particulières au sujet des modalités
d'aménagement et des gestion à adopter en tant que mesures de
protection de l'environnement. Une nouvelle évaluation de l'impact
écologique du projet aurait fait suite à ces études.
L'aménagement hydroélectrique de cet emplacement se ferait
dans le cadre d'un aménagement polyvalent du territoire.
Un plan préliminaire à cet effet a été
préparé par la firme Gauthier, Poulin. Thériault et
associés, Inc. Ce plan divise le territoire en trois sections:
une section aménagée, une section
semi-aména-gée et une section rustique. Il propose des
réalisations appropriées au caractère de parc du
territoire concerné: des terrains de camping, des sentiers, une route
panoramique, des belvédères, des débarcadères pour
canots et chaloupes, un centre d'interprétation de la nature, etc. Je
vous fournirai plus de détails lorsque nous examinerons les maquettes de
ce projet.
Le site était assez peu connu des Québeécois avant
que l'Hydro-Québec ne s'y intéresse: on peut même affirmer
qu'il était sous-utilisé au point de vue récréatif.
La réalisation de notre projet contribuerait certes à le rendre
plus accessible, surtout que l'Hydro-Québec est disposée à
consacrer plusieurs millions de dollars aux aménagements susceptibles de
mettre en valeur les ressources récréatives de l'emplacement.
Aspect touristique et économique. La réalisation du projet
ne serait évidemment pas sans profiter à l'économie
québécoise et régionale.
Il a été estimé que cette réalisation
entraînerait des dépenses de l'ordre de $175 millions. Environ 85
p.c. de ces dépenses seraient faites au Canada et 75 p.c. au
Québec.
La construction de cette centrale amènerait la création
d'environ 2,000 emplois dont 1,000 au chantier pour une durée de quatre
ou cinq ans. Les 1,000 autres se répartiraient dans divers secteurs de
l'industrie canadienne et 750 d'entre eux bénéficieraient aux
Québécois.
En ce qui concerne l'aspect touristique, des dépenses importantes
seraient effectuées annuellement dans cette région par les
visiteurs qu'attireraient les aménagements récréatifs
rattachés au projet.
Ces dépenses seraient fortement bénéfiques à
l'économie régionale. Plusieurs emplois devraient en
résulter. Entre autres, au cours des trois premières
années, environ 100 emplois découleraient de la
préparation du site. Par la suite, il faudra quelque 80 employés
saisonniers et un certain nombre de permanents pour assurer la bonne marche de
l'appareil touristique rattaché au projet.
Vous pourrez trouver une analyse plus approfondie de l'aspect
économique du projet en annexe C au texte de cette allocution.
Dans un parc. De prime abord, il semble peut-être illogique
d'envisager l'implantation d'une centrale hydroélectrique dans un
territoire qui a été en partie désigné pour remplir
le rôle de parc provincial. Mais nous pensons qu'il en va
différemment si l'on considère avec objectivité tous les
aspects de la question. Voici donc quelques considérations à la
lumière de ce qui se fait dans la pratique ailleurs.
Nous croyons qu'il existe une distinction entre parc et réserve
intégrale.
Une réserve intégrale est une partie de territoire
à laquelle on confère la vocation de servir à la
conservation des populations végétales et animales. Lorsqu'une
réserve réunit des conditions favorables, elle peut remplir la
fonc- tion de foyer de repeuplement vis-à-vis du territoire dans lequel
elle s'intègre: non seulement les espèces s'y reproduisent et s'y
maintiennent mais, à cause de la réduction des pressions
adverses, elles arrivent à déborder sur les espaces avoisinants.
Un rôle comme celui-là n'est habituellement compatible qu'avec un
taux de fréquentation très bas.
Un parc comprend de telles réserves mais il n'en constitue pas
une dans son ensemble. Il est doté d'un zonage définissant
clairement la vocation de chacune des parties de son territoire. Certaines
zones sont destinées à servir à des fins
récréatives appropriées à leur situation et leurs
caractéristiques: chasse, pêche, camping familial, camping
rustique, navigation, canotage, observation de la nature, alpinisme, etc. Le
nombre et l'étendue des réserves intégrales doivent
suffire à assurer le repeuplement des zones plus ou moins appauvries
à la suite de leur emploi à ces diverses fins.
Suivant la vocation de chacune des parties du parc, il est possible
d'établir une échelle définissant le degré
d'intégrité qu'on doit conserver à chaque zone.
L'aménagement de plages, de terrains de camping, de routes ne peut
habituellement se faire sans une certaine modification de la nature originelle
des lieux. Mais tous conviendront que de tels aménagements sont
nécessaires dans un territoire destiné aux activités
récréatives d'une population.
Lorsqu'un territoire situé dans un parc possède des
richesses naturelles telles un potentiel énergétique et qu'une
exploitation en est possible sans que la vocation de la zone concernée
n'en soit compromise, la population ne devrait pas être privée des
bienfaits de ces ressources. Bien sûr, une telle mise en service peut
occasionner certaines modifications de l'environnement mais celles-ci sont
examinées en fonction de la vocation de l'emplacement et non pas en
soi.
Personne ne semble vouloir faire une réserve intégrale de
tout le parc dans lequel se situe le projet. L'Hydro-Québec pense
être en mesure de mettre ce site naturel au service de la population sur
le plan énergétique tout en l'aménageant de façon
à optimaliser la vocation récréative que lui
confèrent ses caractéristiques naturelles et sa situation
à proximité d'un grand centre.
C'est évidemment aux autorités du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qu'il revient de statuer sur la
nature du plan de zonage qui devra diriger l'aménagement du parc des
Laurentides. Mais, en offrant d'aménager ce secteur de la rivière
Jacques-Cartier, l'Hydro-Québec croit n'aller que dans le sens de la
vocation naturelle de l'emplacement et, bien sûr, elle conçoit que
ses efforts en ce domaine doivent s'harmoniser avec ceux des autorités
compétentes précitées.
Conclusion.
Me voilà rendu au terme de ce tour d'horizon de notre projet
Champigny et de ses
implications. Chaque aspect a dû être abordé trop
brièvement, mais il était impossible qu'il en soit autrement dans
le cadre de cette présentation.
Nous espérons cependant que deux conclusions ressortiront de
l'ensemble de cette allocution: que ces 1,000 mégawatts seront vraiment
requis en 1979, pour répondre adéquatement aux besoins
d'électricité du Québec, et que l'Hydro-Québec a
déployé ses meilleurs efforts pour faire de ce projet quelque
chose d'acceptable aussi bien sur les plans de l'économie, du loisir et
de l'environnement que sur celui de l'électricité.
Nous sommes persuadés que ce projet et sa réalisation
éventuelle ne constituent pas une réalité "qui diminue ou
peut diminuer l'utilité du parc", pour employer les termes de l'article
6 de la Loi des parcs provinciaux, que, bien au contraire, il y aurait
amélioration du potentiel du site en ce qui concerne son utilisation
pour le loisir et l'éducation. La présence de notre
aménagement hydroélectrique n'altérerait en rien la
qualité du contact possible avec la nature en cet endroit, surtout si
l'on considère que les trois niveaux de l'aménagement
récréatif envisagé permettraient à chacun de
trouver l'emplacement pour pratiquer les activités de nature qui lui
conviennent.
En terminant, nous assurons les autorités des ministères
impliqués de toute la collaboration de l'Hydro-Québec afin que
les aménagements qui seraient réalisés soient conformes
à leurs vues au sujet du territoire concerné.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Merci.
M. DEGUISE: Comme je l'ai mentionné au cours de l'allocution, il
y avait deux sujets principaux qui pouvaient être
développés davantage. C'était la question des besoins
d'électricité de l'Hydro-Québec, que peut maintenant
présenter M. Raymond Fournier, et par la suite, M. Paul-Emile Drouin
donnera plus de détails sur la centrale à réserve
pompée, ses principales caractéristiques.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant de passer à un
autre mémoire, j'aurais une couple de questions à poser, si on me
le permet, à M. De-Guise. C'est que cela va faire pas mal de sujets,
tout en même temps. On ferait peut-être mieux de prendre un
rapport, l'allocution et les documents qui nous ont été
donnés, la copie qui nous a été donnée, et poser
des questions précises sur le sujet dont il vient de discuter, pendant
qu'on a tout cela à l'esprit, plutôt que de tout reprendre
après. J'estime qu'on devrait procéder dans l'ordre, M. le
Président.
M. PERREAULT: C'est le même sujet qui va être
précisé. Je préfère qu'on attende les autres
précisions.
M. ROY (Beauce): C'est assez difficile de savoir si les
précisions vont aller à l'encontre, parce que je n'ai pas encore
posé ma question. Je me demande pourquoi le député de
l'Assomption semble présumer. Je demande la permission de poser une
question. Est-ce que je peux, oui ou non?
LE PRESIDENT (M. Giasson): D'accord, une question du
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): On dit dans la page 15 de votre déclaration: "Un
plan préliminaire à cet effet a été
préparé par la firme Gauthier, Poulin, Thériault &
Associés Inc.".
Ce plan qui est ici a été préparé quand? Et
quand l'Hydro-Québec a-t-elle fait la demande â cette firme
relativement à la préparation de ce plan?
M. DEGUISE: Pour la date exacte, il faudrait que je réfère
au dossier. Disons que ça peut dater de... M. Cahill, avez-vous la date
devant vous? Nous pouvons la retrouver dans quelques minutes et vous la
dire.
M. ROY (Beauce): Approximativement. Quand bien même ce ne serait
pas la date exacte.
M. DEGUISE: A peu près trois mois.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire à partir du moment où le
ministre du Tourisme a fait sa déclaration. En somme, ça nous
recule vers le mois de février.
M. DEGUISE: Je crois que les premiers pourparlers ont eu lieu à
l'automne.
M. ROY (Beauce): Les pourparlers, oui, mais quant à la
préparation; quand l'Hydro-Québec a-t-elle commandé la
préparation du plan?
M. DEGUISE: Je peux peut-être ajouter un élément qui
mérite d'être mentionné. Avant d'extérioriser le
projet, ou avant de voir comment on combinait la protection de l'environnement
avec le projet lui-même, il était raisonnable que nous nous
assurions que nous n'avions pas, à la rivière Jacques-Cartier,
des problèmes semblables à ceux de Saint-Joachim.
Autrement dit, il nous fallait faire assez d'études sur le
terrain, assez de relevés au point de vue de la topographie, des plans,
etc., pour nous convaincre que c'était un site pour lequel nous
étions bien convaincus qu'il y avait un projet. Nous évitions de
répandre dans le public, ou d'aller de l'avant avec toutes sortes de
déclarations, avant que l'Hydro-Québec soit raisonnablement
moralement convaincue que nous n'étions pas, pour toutes sortes de
raisons, pour abandonner ce projet aussi. Cela peut peut-être expliquer
le délai.
M. ROY(Beauce): En somme il y avait deux
problèmes comme tels envisagés par l'Hydro-Québec.
Premièrement, l'aménagement de la centrale avec le choix du site,
et deuxièmement, le plan de l'aménagement touristique.
Quant au plan de Gauthier, Poulin, Thériault et Associés,
il s'agit du plan d'aménagement touristique.
M. DEGUISE: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Et le plan d'aménagement touristique a
été commandé par l'Hydro-Québec il y a environ
trois mois. C'était le sens de ma question, c'était ce que je
voulais savoir. Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable ministre des Affaires
municipales, responsable de la qualité de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: M. DeGuise, en annexe B de votre présentation, vous
élaborez des actions écologiques réalisées et
projetées, et je remarque que les deux premières étapes
ont été combinées en ce qui concerne l'aspect technique de
la préparation du projet.
J'aimerais comprendre un peu plus précisément ce que vous
voulez dire par aspect technique. Est-ce l'aspect technique de la
réalisation du projet Champigny ou est-ce l'aspect technique d'une
étude écologique?
M. DEGUISE: C'est plutôt l'aspect technique de la
réalisation du projet. Il fallait connaf-tre l'étendue des
réservoirs, la disposition des réservoirs, avant d'aller beaucoup
plus loin dans l'étude de l'impact sur l'environnement à tout
point de vue.
M. GOLDBLOOM: Les deux premières étapes touchent donc
l'année dernière et l'année courante. Est-ce que vous
pouvez nous indiquer jusqu'où vous êtes déjà
allés et ce qu'il y a de disponible comme documentation à
même ces deux listes qui sont énumérées ici?
M. DEGUISE: Comme vous le savez probablement, il y a eu plusieurs
discussions entre un comité d'environnement réalisé au
Québec et un comité d'environnement représentant divers
ministères impliqués. Nous avons eu une étude
préliminaire évidemment je la qualifierais de
préliminaire de notre ingénieur proposé aux
études écologiques.
M. GOLDBLOOM: Maintenant, je note, dans la première étape,
un rapport préliminaire d'environnement; dans la deuxième
étape, un inventaire écologique complet et la réalisation
des recherches spécifiques recommandées dans le rapport
préliminaire d'environnement. Est-ce que l'Hydro-Québec a
déjà entre ses mains le rapport préliminaire? A-t-elle
entre ses mains également le protocole de cet inventaire
écologique complet et la liste des recherches spécifi- ques qui
devront être accomplies? Si oui, est-ce que nous pouvons prendre
connaissance de ces documents?
M. DEGUISE: Je vais demander à M. Pierre Dumas, qui est
ingénieur spécialisé chez nous en questions
écologiques, de vous donner exactement ce qui a été fait,
ce qu'il entend faire, ce qu'il reste à faire.
M. GOLDBLOOM: Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant. Le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
M. SIMARD (Richelieu): M. DeGuise, si je comprends bien, à la
lueur de votre allocution, il n'existe aucun autre endroit dans la province de
Québec, au moment où on se parle, qui pourrait donner cette
même énergie de pointe pour 1979?
M. DEGUISE: Non, je voudrais corriger; il en existe très
certainement. Seulement, si nous devions passer à un autre endroit
nous en sommes à l'étape où nous étions, au
début de l'année dernière, sur la rivière
Jacques-Cartier à moins que nous n'y allions tête
baissée et disions: On le fait à n'importe quel prix, cela ne
pourrait pas être prêt pour 1979.
M. SIMARD (Richelieu): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je ne veux pas être désagréable envers
le ministre de l'Environnement. Je considère que le problème
qu'on a discuté, le problème de l'environnement, est
particulièrement important et qu'on doit insister
énormément là-dessus, mais l'Hydro-Québec avait
proposé, à un moment donné, un plan de discussion. Cela
rejoint un peu la question que posait le ministre: Est-ce le seul endroit
possible? On nous a dit, tout à l'heure, qu'on devrait d'abord parler
des besoins d'électricité pour 1979-1985. Je proposerais qu'on
discute étape par étape parce que, si on parle de l'environnement
et qu'on revient aux besoins d'électricité, on va se promener
d'une partie du document à l'autre partie.
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, je suggérerais
qu'on continue à entendre les gens de l'Hydro-Québec afin qu'on
ait une idée globale et, après, je pense qu'on pourra
peut-être procéder par étapes, poser des questions.
M. DEGUISE: Je vois que M. Dumas est prêt à répondre
aux questions posées par M. le ministre.
M. GOLDBLOOM: Pour ma part, je n'ai
aucune objection à quelque ordre que ce soit de la
représentation. Si j'ai posé la question, c'est parce que j'avais
devant moi le document de M. DeGuise et que Je n'avais pas entendu, dans la
représentation de ses collègues qui le suivraient, celle de M.
Dumas, je pense, qui parlerait sur cette question. Si l'on
préfère attendre un peu plus tard, je n'ai pas la moindre
objection, pour la bonne marche des travaux de la commission.
M. LESSARD : II me semble que j'aimerais mieux qu'on le fasse de cette
façon, parce qu'il est important qu'on connaisse les besoins en
électricité pour 1979-1985 pour voir si, justement, ces besoins
pourraient être limités. Là, on aura des questions à
poser. Après ça, on pourra arriver à savoir si c'est le
seul endroit possible; il peut y en avoir d'autres.
M. GOLDBLOOM : Que j'aie les réponses ce matin, cet
après-midi ou ce soir, cela n'a pas d'importance.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'inviterais le député de
Saguenay à poser des questions...
M.LESSARD: Non, M. le Président, je suggère tout
simplement qu'on passe immédiatement...
M. DEGUISE: Aux autres mémoires? M. LESSARD: ... à la
déposition de M.... M. DEGUISE: Raymond Fournier.
M.LESSARD: ...sur les besoins d'électricité...
M. DEGUISE: C'est ça.
M. LESSARD: ... et, ensuite, qu'on parle des réserves
pompées et ainsi de suite.
M. DEGUISE : Pour savoir un peu où on va, nous nous étions
proposé que M. Fournier vous parle des besoins
d'électricité plus en détail que M. Drouin vous parle de
la centrale à réserve pompée plus en détail.
Maintenant, je crois qu'avec la question qui a été posée
par M. le ministre on pourrait, à la suite, demander à M. Dumas
de nous exposer où on en est au plan écologique.
M. LESSARD: Exactement et après...
LE PRESIDENT (M. Giasson): II serait préférable de laisser
l'Hydro-Québec faire tous les exposés sur l'ensemble de la
programmation qu'elle avait projetée. Les membres de la commission
pourront revenir avec des questions s'appliquant à chacun des
thèmes exposés et définis par l'Hydro-Québec.
M. RUSSELL: On reconnaît l'impuissance de la
présidence.
UNE VOIX: La présidence est intelligente.
UNE VOIX: On voit que c'est quelqu'un qui n'est pas au courant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Très bien, est-ce que nous entendons
M. Fournier ou M. Dumas?
M. DEGUISE: M. Fournier, maintenant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Fournier, nous vous écoutons.
Centrale de pointe
M. FOURNIER: M. le Président, il est question de la
rivière Jacques-Cartier depuis assez longtemps que vous savez tous
maintenant, sans aucun doute, ce que nous entendons à
l'Hydro-Québec par le mot pointe et par l'expression centrale de
pointe.
Mais, pour être doublement certains de bien nous entendre, nous
allons commencer, si vous le permettez, par examiner les courbes que la demande
d'électricité suit d'une heure à l'autre au cours d'une
journée d'hiver et au cours d'une journée d'été
dans la province de Québec. Nous rencontrerons ainsi des pointes
quotidiennes.
Nous examinerons ensuite la courbe des pointes hebdomadaires au cours de
l'année et nous verrons apparaître ce que nous appelons la pointe
annuelle. Et nous verrons aussi pourquoi il devient nécessaire d'avoir
des centrales exclusivement affectées à la tâche de fournir
cette puissance de pointe en hiver.
Je profiterai de l'occasion pour vous expliquer brièvement de
quelle façon nous nous y prenons pour prévoir les besoins futurs
d'électricité avec le plus de précision possible, quelle
est l'évolution actuelle de la consommation et enfin, sous
réserve des révisions que nous faisons chaque année, quel
sera jusqu'en 1986 l'accroissement de la demande de pointe et de la
consommation d'énergie électrique.
Les courbes suivies par la demande au cours d'une journée d'hiver
et d'une journée d'été au Québec sont des reflets
fidèles de la vie quotidienne. Les deux courbes du graphique no 1
indiquent simplement, dans chaque cas, les pourcentages de la puissance
maximale appelée au cours de la journée, puissance qui est
beaucoup plus faible en été qu'en hiver.
Comme on le voit sur ce graphique, en hiver comme en été,
le Québec commence à s'ébranler chaque jour vers 6 heures
du matin. En hiver, l'activité électrique si on peut
l'appeler ainsi touche une première pointe vers 11 heures et demie
du matin, mais l'appel maximal ou pointe quotidienne survient à cinq
heures de l'après-midi, surtout parce que le soleil se couche
très tôt et que les lumières s'allument partout avant que
la journée de travail soit terminée.
En été, la demande maximale de la journée, ou
pointe quotidienne, survient à 11 heures 30
du matin et l'on voit apparaître une pointe secondaire vers 5
heures de l'après-midi. Je répète que ces valeurs sont
beaucoup plus faibles en été qu'en hiver, comme le montre bien le
graphique.
En 1972, par exemple, entre la pointe quotidienne du deuxième
lundi de juillet et celle du 20 décembre, on trouve une
différence d'environ 2,400,000 kilowatts. Cela est heureux, car c'est
l'époque de l'année où nos réservoirs refont leur
plein d'eau pour affronter la demande de l'hiver suivant. C'est aussi
l'époque de l'année qui nous permet d'appliquer notre programme
d'entretien préventif dans les centrales et d'effectuer les
réparations nécessaires. C'est également cette
différence qui va nous permettre de fournir une puissance de 800,000
kilowatts à la région de New York pendant les mois de
l'été de 1977 à 1981, puissance qui sera loin de
représenter toute la différence entre nos besoins d'hiver et nos
besoins d'été.
Maintenant, nous allons voir encore mieux, sur le graphique no 2,
comment les besoins d'électricité de notre clientèle
québécoise évoluent au cours de l'année. Sur ce
graphique, chaque point hebdomadaire est donnée en pourcentage de la
plus haute pointe hebdomadaire de l'année. Ce graphique est très
utile, car il nous permet, en utilisant simplement des pourcentages, de tracer
la courbe de la demande pour n'importe quelle année. Les variations qui
pourront s'introduire dans cette courbe avec le temps seront lentes et elles
proviendront, par exemple, en été, d'une augmentation du nombre
des locaux climatisés.
L'Hydro-Québec n'est pas libre de refuser de fournir les
kilowatts voulus pour satisfaire les besoins aux heures de pointe. Et nous
allons maintenant voir combien de kilowatts de pointe, qui rapportent
très peu mais qui joueront un rôle très important, il nous
faudra en 1979, pour que personne ne manque d'électricité aux
moments les plus critiques de l'année, c'est-à-dire aux heures de
pointe en hiver.
Mais avant d'aller plus loin il y a une question qui peut surgir fort
naturellement dans votre esprit et à laquelle je voudrais essayer de
répondre.
Il y a quelques années, bien peu de Québécois
avaient entendu parler de centrales de pointe ou savaient même ce qu'est
une centrale de pointe, encore moins ce qu'est une centrale à
réserve pompée. Pourquoi en est-il devenu question tout à
coup? La raison en est que dans le passé il était facile de
produire de la puissance de pointe en suréquipant les centrales
hydroélectriques situées près des centres de consommation.
Maintenant, on affronte le besoin de construire des centrales uniquement
destinées à fournir de la puissance de pointe parce que les
nouvelles centrales de base sont très éloignées des
centres de consommation.
Une centrale hydroélectrique, conçue pour adapter
constamment sa production à la deman- de, a nécessairement plus
de turbines qu'elle n'en aurait si sa production était simplement
adaptée au débit annuel moyen de la rivière. Autrement
dit, c'est une centrale suréquipée. Une grande partie des
centrales actuellement exploitées par l'Hydro-Québec sont
suréquipées sauf les centrales qui, comme celle de Beauharnois,
sont obligées de turbiner l'eau au fur et à mesure qu'elle passe.
Mais il faut bien noter que les centrales suréquipées sont toutes
raisonnablement proches des centres de consommation, même celles des
rivières Manicouagan et aux Outardes.
Jetons maintenant un coup d'oeil sur le graphique no 3 pour voir quelle
situation nous allons affronter en 1979 suivant nos meilleures
prévisions. Nous voyons, sur ce graphique, que 42 p.c. seulement des
kilowatts de la puissance maximale appelée par la clientèle
travaillent à plein temps et qu'ils produisent 60 p.c. de tous les
kilowatts-heures consommés. Dans la tranche intermédiaire nous
voyons aussi que 40 p.c. des kilowatts appelés produisent en moyenne 39
p.c. de l'énergie consommée. Dans la fine pointe, nous voyons
que, sur 100 kilowatts appelés par la clientèle lors de la pointe
annuelle, il y en a 10 qui ne travaillent pas beaucoup au cours de
l'année. Sur les 8,760 heures de l'année, les temps de travail de
ces kilowatts de pointe varient de quelques minutes à quelques centaines
d'heures et ils produisent très peu d'énergie.
Nous sommes maintenant en mesure de constater les problèmes que
les heures de pointe poseront en 1979. L'appel maximal ou la pointe annuelle
vient tout juste de dépasser, en 1972, les 10 millions de kilowatts.
Dans six ans, comme je l'ai dit, la pointe annuelle aura grimpé à
17,500,000 kilowatts et la consommation annuelle de la clientèle
québécoise sera tout proche de 100 milliards de kilowatts-heures.
Par conséquent, si nos besoins sont satisfaits, les 10 p.c.
supérieurs de notre graphique égaleront 1,750,000 kilowatts qui
seront appelés à ne travailler que quelques jours durant
l'année.
Techniquement, il aurait été possible de suréquiper
la centrale de Churchill Falls et il serait possible de suréquiper les
centrales de la Grande Rivière de façon que ces centrales
fournissent la puissance de pointe. Pour suréquiper une centrale, il
faut ajouter des groupes générateurs et ajouter aussi une ou des
lignes de transport pour transporter leur production. La centrale de Churchill
Falls est à plus de 600 milles de Montréal et la Grande
Rivière est à 650 milles de Montréal, ce qui rendrait tout
à fait prohibitif le prix de revient des kilowatts-heures de pointe
obtenus de cette façon. Que nous le voulions ou non, la centrale de
Churchill Falls et les centrales de la Grande Rivière, dont les facteurs
d'utilisation ont été fixés aux environs de 80 p.c,
s'assimilent à des centrales de base au même titre que les
centrales nucléaires.
Etant donné que les fortes puissances additionnelles dont nous
aurons besoin à l'avenir viendront de très loin si elles sont
hydrauliques ou bien seront fournies par des centrales nucléaires, nous
sommes clairement devant la nécessité de construire des centrales
de pointe à proximité des centres de consommation.
Je passe maintenant à l'accroissement prévu de nos besoins
de puissance et d'énergie. Les valeurs données en millions de
kilowatts sur le graphique no 4 sont les pointes annuelles prévues
augmentées de la réserve nécessaire pour parer aux pannes
et aux défaillances du matériel. Par conséquent, ce
graphique donne l'augmentation non pas de la pointe annuelle mais de la
puissance requise de 1973 à 1986.
La puissance requise, qui est de 14 millions de kilowatts en 1973, sera
passée à 17 millions de kilowatts en 1977; cette augmentation
sera couverte par les centrales actuellement en construction. A partir de 1977,
les augmentations annuelles deviennent très fortes et grossissent d'une
année à l'autre, passant de 1.2 million de kilowatts en 1977 et
1978 à 2.2 millions de kilowatts de 1984 à 1985.
En 1985, la puissance requise sera de 31 millions de kilowatts, soit 17
millions de plus qu'à l'heure actuelle.
En ce qui concerne la consommation, les besoins d'énergie, qui
seront de 63.6 milliards de kilowatts-heures cette année, passeront
à 100 milliards de kilowatts-heures en 1979 et à 156 milliards en
1985.
Un mot maintenant sur la façon d'établir nos
prévisions quant aux besoins futurs. Le taux général de
croissance que nous établissons pour les besoins de l'ensemble de la
clientèle québécoise est un taux que nous obtenons
à l'aide d'études détaillées et continuelles en
nous fondant sur l'expérience des 20 dernières années.
Toute prévision comporte, certes, un élément
d'incertitude. Nous le savons et nous nous efforçons de tenir compte des
déformations qu'apportent les variations de température, les
cycles d'affaires, les fluctuations économiques et, en
général, tout ce qui fait que la valeur réelle
différera de la valeur calculée. De plus, chaque année,
nous procédons à une révision qui peut entramer une
modification du taux de croissance prévu.
Cette surveillance continuelle de l'évolution des besoins nous
permet, en particulier, d'apporter â temps des modifications qui
s'imposent dans les programmes de construction de centrales, de lignes de
transport et de postes.
Les zones ou territoires dont nous étudions en détail et
constamment les besoins sont Montréal, la rive nord et la rive sud du
Saint-Laurent entre Montréal et Québec, la Gaspésie, la
Côte-Nord, l'Outaouais et I'Abitibi.
Lors de notre dernière révision, le ralentissement de
l'activité économique nous a fait modifier
légèrement notre taux de croissance annuelle. Ce taux
s'établit maintenant â 7.79 p.c, au lieu du taux de 7.85 p.c. que
nous avions auparavant. Cette réduction s'est traduite par de faibles
baisses dans les pointes annuelles prévues, baisses qui vont de 135,000
kilowatts en 1972, à 360,000 kilowatts en 1980 et à 625,000
kilowatts en 1985.
Le mouvement de reprise que nous avons vu apparaître en 1972,
surtout dans l'industrie si importante des pâtes et papiers, se dessine
de plus en plus nettement depuis le début de 1973. L'industrie des
pâtes et papiers fonctionne déjà tout près de sa
capacité.
De plus, il est à retenir qu'en 1971 et en 1972, pendant que la
grande industrie subissait un ralentissement d'activité, la consommation
d'électricité a continué d'augmenter à vive allure
dans tous les autres secteurs de notre clientèle. Par exemple, en 1972,
la consommation de la catégorie commerciale de nos abonnés, qui
englobe la petite industrie, les établissements commerciaux et les
institutions, a augmenté de 16.8 p.c. Les ventes aux abonnés
domestiques ont augmenté de 9.9 p.c. et la consommation d'énergie
électrique dans l'industrie manufacturière s'est accrue de 17.1
p.c.
Etant donné que le standard de vie est encore très loin
d'avoir touché un maximum au Québec et que l'économie est
encore loin d'avoir atteint son plein développement, il est permis de
croire que le taux de croissance des besoins de puissance et d'énergie
au Québec va se maintenir aux alentours de 7.8 p.c. par
année.
M. LESSARD: Etant donné que nous avons M. Fournier avec nous, il
me semble qu'on pourrait poser des questions sur cette partie.
UNE VOIX: Vous y reviendrez.
M. LESSARD: Mais non, M. le Président! H me parait bien plus
logique de faire cela plutôt que de faire venir un autre expert. Nous
avons un expert sur les besoins d'électricité, est-ce qu'on ne
pourrait pas lui poser des questions? Après ça, on passera
à la deuxième étape.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est qu'on avait établi un
consensus...
M. LESSARD: On avait accepté de passer par étapes, M. le
Président.
M. PERREAULT: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Non, on avait établi un
consensus...
M. PERREAULT: Que l'Hydro-Québec terminerait.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ...qui était le suivant, c'est qu'on
permettait aux représentants de l'Hydro-Québec de terminer les
commentaires...
M. LESSARD: II reviendra.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ...les dépôts ou l'information
globale qu'ils devaient apporter à la commission, quitte à
permettre à tous les membres de la commission de revenir par la suite
sur n'importe quel sujet ou thème abordé par les
représentants de l'Hydro-Québec.
M. JORON: Le problème, c'est qu'on risque d'y revenir dans le
désordre...
M. LESSARD: C'est ça, le problème.
M. JORON: ...en passant des besoins d'électricité à
l'écologie ou à...
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est un risque si on ne surveille pas, mais,
si on surveille, il s'agira de demander à tous les membres de poser des
questions sur le sujet développé par M. Fournier. Quand ce sera
vidé, on demandera aux membres de la commission de s'adresser à
un autre représentant de l'Hydro-Québec.
M. PERREAULT: C'est vrai.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si on surveille le déroulement, tout
à l'heure, quand on reviendra à la période des questions,
on peut garder encore un sain équilibre et éviter un
chevauchement.
M. JORON: Je n'ai pas d'objection, si on adopte exactement le même
ordre au moment où on posera les questions, c'est-à-dire que les
questions des députés viennent dans le même ordre que les
rapports.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II le faudrait pour une façon de
procéder qui soit logique et qui se déroule normalement.
M. JORON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui, M. Giroux.
M. GIROUX: M. le Président, si on le désire, on va faire
l'énumération et les questions se poseront selon le rythme de
l'énumération qui a été faite. Le premier, M.
DeGuise, après MM. Fournier, Drouin et Dumas.
M. JORON: D'accord.
M. GIROUX: Comme quand on discute du bilan.
M. JORON: C'est bien.
UNE VOIX: C'est parce qu'on va se répéter.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Monsieur, pour les besoins du journal des
Débats et pour les membres de la commission également,
voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. DROUIN: Mon nom est Paul-Emile Drouin de l'Hydro-Québec.
Centrale à réserve pompée
M. DROUIN : M. le Président, je serai bref. D'ailleurs, on n'aura
pas le temps d'oublier l'exposé de M. Fournier. Alors, ce ne sera pas
long. Il s'agira de patienter quelques minutes pour apporter des
précisions à ce qui a déjà été dit
par M. DeGuise, en particulier. Vous avez d'ailleurs déjà le
texte, je crois, devant vous, qui commence par: La fine pointe. Alors, comme
vous voyez, on entre dans le vif du sujet tout de suite. Ce que je vais
exposer, c'est surtout le rôle que doit jouer une centrale à
réserve pompée. Pourquoi une centrale à réserve
pompée? En fait, c'est pour la fine pointe de la demande du
réseau.
Alors, dans son exposé sur "l'accroissement des besoins
d'électricité du Québec et le problème des heures
de pointe", M. Fournier a distingué la puissance demandée de
façon continue par les consommateurs du Québec, soit
l'énergie de base, de celle demandée pour quelques heures
seulement, soit l'énergie de pointe. Revenons un instant sur le
graphique montrant la courbe des puissances classées, soit la figure 1
dans votre texte. C'est la même courbe que M. Fournier a utilisée.
On constate que pour l'année 1979 là j'attire votre
attention, il faut faire une correction parce qu'il y a eu une erreur de
copiste, c'est 1979 et non 1970 10 p.c. de la puissance utilisée
lors de la pointe annuelle, soit environ 1,750,000 kilowatts, ne seront
demandés que pour des périodes de 200 heures ou moins. Alors,
tout de suite, on peut attirer votre attention sur le fait que l'on parle d'une
durée de 200 heures dans une année. On appelle cette partie de la
puissance de pointe, la fine pointe. Cette puissance n'étant presque pas
utilisée sa contribution à la production d'énergie est
presque nulle. C'est-à-dire que si l'on produit le million de kilowatts
qu'on veut produire à Champigny pendant seulement une heure, cela ne
fait qu'un million de kilowatts-heures. Tandis que le même million de
kilowatts, s'il se produisait toute l'année, cela ferait 8,760 millions
de kilowatts-heures. C'est cela qu'on veut dire par cette phrase. Les centrales
à réserve pompée sont particulièrement
indiquées pour satisfaire à cette demande de puissance.
Fonctionnement d'une centrale à réserve pompée. M.
DeGuise vous a déjà expliqué le principe de fonctionnement
d'une centrale à réserve pompée, tel qu'illustré au
schéma no 2 que vous avez ici. On peut remarquer qu'il y a diverses
composantes, en particulier, le réservoir supérieur et le
réservoir inférieur. Le fonctionnement est assez simple. C'est
qu'on soutire Peau du réservoir supérieur en passant par une
centrale dans laquelle on a des turbines qui sont
entraînées par l'écoulement de l'eau et produisent
l'énergie. L'eau est accumulée dans le réservoir
inférieur. Maintenant, pendant les heures creuses, on renverse les
pôles de l'alternateur pour en faire un moteur qui, lui, entraîne
la turbine. Evidemment, les turbines sont d'une conception un peu
spéciale. Ce ne sont pas des turbines ordinaires. Elles tournent dans le
sens inverse et, à ce moment-là, on se trouve à repomper
l'eau du réservoir inférieur au réservoir
supérieur, pour recommencer le cycle chaque fois qu'on en a besoin.
Voyons maintenant comment fonctionnerait, de façon
concrète, une centrale à réserve pompée en
1979.
L'utilisation d'une centrale à réserve pompée sur
le réseau de l'Hydro-Québec en 1979.
On présente, sur la figure no 3, le fonctionnement d'une centrale
à réserve pompée de 1,000 mégawatts, ce qui est
l'exemple de Champigny, dans le réseau de l'Hydro-Québec, en
1979.
Alors la courbe que vous avez là représente la variation
de la demande prévue en 1979 et non celle d'aujourd'hui.
La demande totale que devra rencontrer le réseau au moment de la
pointe sera, selon nos prévisions, de 17.5 millions de kilowatts. Le
graphique montre les fluctuations de la demande durant la semaine où la
demande est la plus forte, semaine évidemment de la pointe annuelle, et
le rôle d'une centrale à réserve pompée durant cette
semaine. On peut voir les périodes de production et les périodes
de pompage.
Alors là on se rend compte, sur le graphique, que vous avez des
périodes de production pendant les heures de pointe, c'est-à-dire
vers la fin de l'avant-midi, aussi vers la fin de l'après-midi et que
vous avez les cycles de pompage durant la nuit, lorsque la demande est
très faible et qu'il y a de l'énergie disponible sur le
réseau pour faire le pompage.
Durant la fin de semaine, il n'y a aucune demande de pointe et vous avez
de l'énergie excédentaire dont on peut se servir pour remplir
complètement le réservoir, à ce moment-là. Je passe
le paragraphe suivant, c'est ce que je viens de dire avec plus de
détails.
Si on rapproche les figures 1 et 3, on constate que la centrale à
réserve pompée fournirait la majeure partie de la puissance de
fine pointe lors des périodes de production et que l'énergie
provenant des centrales opérant en base servirait lors des
périodes de pompage.
Evidemment, l'énergie dont on a besoin pour faire le pompage doit
parvenir d'autres centrales et ces autres centrales sont des centrales de base
où on a de l'énergie excédentaire aux heures creuses.
Dans son exposé, M. Fournier a mentionné que la puissance
requise était supérieure à l'appel de puissance car il est
nécessaire d'avoir une certaine capacité de réserve. Pour
vous expliquer, cette réserve on en a besoin de toute façon.
C'est basé sur des taux de pannes prévues et aussi pendant les
périodes d'été, pour faire les entretiens majeurs,
à savoir arrêter complètement une centrale pour faire des
inspections de digues ou faire des inspections de galeries d'amenée ou,
dans certains cas, arrêter seulement quelques groupes pour faire
l'entretien majeur sur les turbines.
La figure 4 illustre cette différence. Elle montre de plus la
période de l'année où une centrale à réserve
pompée de 1,000 mégawatts serait utilisée quelques heures
par semaine. Ce graphique est très important. Je vous demande de bien
l'examiner parce que c'est là qu'on peut constater quand cette centrale
à réserve pompée va réellement fonctionner, quand
on en a réellement besoin.
Cette période s'étend de la mi-novembre au début de
mars. Cela, c'est la période où l'on a absolument besoin de
l'énergie de pointe, la période d'utilisation la plus intense
allant, évidemment, de la mi-décembre à la mi-janvier. En
plus de cette fonction régulière, la centrale pourrait compenser
la défaillance de certains éléments du réseau et
contribuer ainsi à limiter les interruptions de service.
Maintenant, certains intérêts économiques et
techniques pour le réseau, certains avantages économiques. Voici
les principales caractéristiques économiques des centrales
hydro-électrique de base, des centrales de pointe et, en particulier,
celles des centrales à réserve pom-pée.
Le coût de construction par kilowatt d'une centrale de pointe est
faible, ce qui permet une disponibilité de puissance à bon
marché. Cependant, le coût d'exploitation par kilowatt-heure est
élevé. On parle des centrales de pointe d'une façon
générale, pas uniquement de la centrale à réserve
pompée. De là vient l'avantage de faire fonctionner ce type de
centrale le moins souvent possible. On a déjà constaté,
à la figure 1, que la puissance de pointe représentait environ
18p.c. de l'appel de la puissance mais ne correspondait qu'à 1 p.c. de
la production annuelle d'énergie. C'est cela, quand on dit la production
d'énergie. C'est que cela fonctionne si peu longtemps que cela ne donne
pas beaucoup de kilowatts-heures.
Les centrales hydro-électriques opérant en base
c'est différent ont généralement des coûts de
construction par kilowatt relativement élevés cela peut
aller jusqu'à trois, même quatre fois le coût d'une centrale
de pointe et des frais d'exploitation par kilowatts-heures faibles; peu
de ces frais varient cependant avec le niveau de production. Il y a donc un
avantage économique à répartir les coûts de
construction sur le plus grand nombre possible de kilowatts-heures,
c'est-à-dire un facteur d'utilisation le plus élevé
possible pour les centrales de base, c'est-à-dire les faire fonctionner
autant que possible, presque à 100 p.c. du temps.
En combinant avec soin les divers types de centrales, on obtiendra les
prix de revient les
moins élevés possibles pour tout le réseau.
Le coût d'une centrale à réserve pompée
dépend beaucoup du relief. Le terrain sera favorable si la
dénivellation est très élevée, si les
réservoirs ne demandent pas des barrages trop importants, etc.
Evidemment, si le terrain est défavorable comme on l'a
constaté dans certains cas la construction peut demander des
investissements pouvant aller jusqu'au double de ce qu'il en coûterait
pour un site favorable. Champigny est un exemple frappant d'un site où
la dénivellation du terrain se prête très bien à
l'installation d'une centrale à réserve pompée. C'est la
raison pour laquelle nous sommes intéressés à poursuivre
davantage les relevés techniques et les investigations sur le terrain,
ainsi que les études afin d'établir d'une façon plus
précise le coût de l'aménagement.
Le coût total de l'énergie c'est-à-dire le
kilowatt-heure fournie par une centrale à réserve
pompée est plus bas que celui de l'énergie fournie par d'autres
modes de production d'énergie de pointe. Ceci est dû à des
coûts de construction par kilowatt peu élevés,
combinés aux faibles frais d'exploitation des centrales
hydroélectrique de base utilisées pour fournir l'énergie
requise pour le pompage. Les frais d'exploitation des centrales à
réserve pompée sont moins élevés que ceux des
autres modes de production de pointe (centrales thermiques
légères et turbines à gaz) à cause
évidemment du combustible utilisé dans ces derniers cas. On
réserve d'ailleurs les turbines à gaz pour les très "fines
pointes" lorsqu'elles fonctionnent dans un réseau qui possède
déjà ces deux principaux types d'équipement de pointe.
Les centrales à réserve pompée, comme les centrales
hydro-électriques de base, présentent de plus l'avantage de
soustraire le coût de l'énergie qu'elles produiront à
l'effet de l'inflation à long terme. En effet, les frais d'exploitation
sujets à l'inflation ne représentent qu'une très faible
partie du coût de l'énergie.
Si on passe aux avantages techniques, en plus de tous ces avantages
qu'on vient d'énumérer, les centrales à réserve
pompée possèdent des atouts supplémentaires très
intéressants. Une centrale à réserve pompée peut
participer à ce qu'on appelle la réserve tournante. C'est une
réserve qui consiste à avoir des turbines qui sont toujours
prêtes à partir juste en quelques secondes, si par hasard il y a
une panne sur le réseau. D'ailleurs, ça nous arrive assez
fréquemment, c'est pourquoi nous avons besoin de cette réserve
tournante et c'est une des caractéristiques très
intéressantes des centrales à réserve pompée. Elle
permet aussi des déplacements d'énergie, c'est-à-dire que,
même si ce n'est pas pour production de pointe, on peut, en certains cas,
prendre l'énergie qui serait considérée comme de
l'énergie secondaire ou excédentaire qui serait de très
faible coût et l'emmagasiner dans les réservoirs de centrale, la
réserve pompée, et l'utiliser à bon escient,
c'est-à-dire à des coûts beaucoup plus
élevés.
Ceci permet de déplacer des énergies qu'il nous faut, de
toute façon, emmagasiner dans certains réservoirs, comme le
réservoir de Manie-5. Grâce à une utilisation judicieuse
des temps de pompage et de production on peut réaliser des
économies très intéressantes et subvenir à des
besoins subits.
Plus que les turbines à gaz, une centrale à réserve
pompée est un facteur de stabilité pour un réseau
électrique, à cause de la rapidité et de la
fiabilité de ses démarrages et à cause de son taux de
panne peu élevé. Même pendant les phases de pompage, la
centrale peut aider à maintenir la stabilité électrique,
car on peut, en cas de défaillance électrique, délester
rapidement les pompes et aider à rétablir l'équilibre
entre la production et la demande.
C'est-à-dire que même si c'est pendant une période
où on fait du pompage, et qu'à un moment donné on a une
panne subite, on n'a qu'à arrêter le cycle pompage et le changer
en cycle de turbinage et prendre la relève immédiatement.
Enfin, comme tous les équipements de pointe, on peut l'utiliser
comme compensateur synchrone pour maintenir la stabilité
électrique du réseau. Cela c'est peut-être moins
évident pour des profanes, mais, de toute façon, c'est pour
être capable d'empêcher les balancements d'énergie et sur
les réseaux c'est un petit peu comme des balancements de l'eau dans une
conduite d'eau forcée et on a besoin des cheminées
d'équilibre.
Dans le même cas ici, ça prend des stabilisateurs pour
être capables de maintenir la stabilité sur le réseau.
C'est ce qu'on appelle des compensateurs synchrones. Et si la centrale à
réserve pompée n'est pas là pour jouer le rôle, de
toute façon, il faudra en installer. Cette dernière
caractéristique permet de réduire nécessairement les frais
d'investissement sur de tels appareils qui sont, de toute façon,
nécessaires sur le réseau.
S'il y a des questions, ça me fera plaisir d'y répondre.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. DeGuise.
M. DEGUISE: M. le Président, si vous me le permettez, avant de
passer aux remarques de M. Dumas, qui prendra dix à quinze minutes
peut-être de sorte que nous aurons le temps de finir pour le
déjeuner, j'ai maintenant la réponse à une question qui a
été posée par le député de Beauce, je crois,
au sujet d'un engagement de la firme Gauthier, Poulin, Thériault. C'est
exactement le 20 décembre 1972 que, en tant que commissaire responsable
du génie de la construction, je proposais à la commission de
retenir les services de la firme Gauthier, Poulin, Thériault et
Associés. Il s'est engagé des pourparlers préliminaires,
évidemment, pour définir le mandat et savoir exactement
l'étendue des études. Finalement, la proposition a
été adoptée à la commission, le 5 février
1973.
Maintenant, j'aimerais vous lire les principales considérations
qui ont été présentées à la commission
à ce moment-là: "La présente recommandation fait suite
à: lo Une réunion tenue en juin 1972 à Québec entre
l'Hydro-Québec et le gouvernement représenté par les
sous-ministres des quatre ministères les plus impliqués. Tous les
participants à la réunion manifestaient déjà un
intérêt pour le plan global d'aménagement."
M. LESSARD: Quels sont les ministères les plus
impliqués?
M. DEGUISE: Environnement, Richesses naturelles, Terres et Forêts,
Tourisme, Chasse et Pêche.
M. LESSARD: D'accord.
M. DEGUISE: "2o La prise de position favorable à une campagne
d'information reliée aux études d'environnement et à un
plan d'aménagement polyvalent au cours d'une rencontre de plusieurs
commissaires et des responsables du projet de la direction génie, tenue
le 27 octobre 1972. 3o La formation par la commission, en novembre, d'un
comité ad hoc d'information. 4o Une réunion, le 14
décembre courant, à Québec, entre, d'autre part, un
comité interministériel formé pour l'étude du
projet Champigny sous les instances du ministre des Richesses naturelles et,
d'autre part, les responsables du projet, soit M. Denis, etc., à
l'intérieur de l'Hydro-Québec.
Au cours de cette session d'étude conjointe, la majeure partie
des échanges de vues a été centrée sur la
possibilité qu'offre un plan d'aménagement polyvalent de
maximaliser les effets positifs, tout en minimisant les aspects
indésirables du projet Champigny. Le comité
interministériel a considéré favorablement que
l'Hydro-Québec retienne les services de consultants extérieurs
pour la préparation des études en question".
M. ROY (Beauce): Vous avez travaillé avec la firme en question
à partir de quelle date?
M. DEGUISE: Cela a été proposé le 20
décembre et ratifié par la commission...
M. ROY (Beauce): Le 5 février, vous avez dit.
M. DEGUISE: ... le 5 février 1973.
M. ROY (Beauce): Maintenant, ils ont commencé quand leurs
travaux?
M. DEGUISE: Immédiatement. J'imagine qu'il s'est établi un
contact entre nos directions et que dès que l'approbation a
été donnée par la commission, la direction génie a
engagé des pourparlers.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire qu'à partir du 5 février
il s'est écoulé encore au moins une quinzaine de jours avant que
tout soit terminé.
M. DEGUISE: Non, c'est qu'il y a eu des discussions préliminaires
entre le 20 décembre et le 5 février. Les définitions de
mandats, la portée de l'étude et les honoraires, toutes ces
questions avaient été discutées avant l'approbation finale
de la commission.
M. ROY (Beauce): De toute façon, on peut déduire
facilement que, logiquement, ils n'ont pas pu commencer à faire les
travaux comme tels avant le 10 février; il a fallu quand même
quelques jours.
M. DEGUISE: Ah! quatre, cinq jours.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, est-ce que je peux
demander à M. DeGuise la définition du mandat qui a
été donné à la firme d'ingénieurs?
M. DEGUISE: Je vais vous le trouver dans un instant. Pour nous permettre
de finir pour le déjeuner, je vais demander à M. Dumas de
présenter son exposé et j'y répondrai tout de suite
après.
M. SIMARD (Richelieu): D'accord.
Aménagement du territoire
M. DUMAS: M. le Président, il me fait plaisir de pouvoir
répondue pour vous à la question du ministre des Affaires
municipales, responsable de la qualité de l'environnement. Je
réfère M. le ministre à l'annexe B dont il faisait mention
tout à l'heure; c'est la dernière page du texte de M. DeGuise. Le
schéma qui est présenté en annexe B présente le
cheminement normal des activités relatives à l'environnement
à l'Hydro-Québec dans l'évolution de ses projets
d'aménagement, qu'ils soient hydroélectriques ou que ce soit des
projets de lignes de transport ou autres.
Les stades énumérés dans ce schéma, soit
l'étude préliminaire de l'avant-projet, du projet, de la
construction et de l'exploitation, sont les diverses étapes techniques
d'un projet d'aménagement. Nous n'avons pas présenté ici
je le dis pour votre information l'étape de la
reconnaissance préliminaire des emplacements et de la constitution d'un
répertoire des disponibilités ou des potentiels
d'aménagement à l'échelle de la province.
Dans le cas de l'aménagement de la rivière
Jacques-Cartier, la faible portion du territoire affecté par le projet
et sa relative simplicité il faut comprendre qu'il ne s'agit pas
là d'un
projet de la complexité de la baie James ou du complexe
Manicouagan-Outardes alors cette relative simplicité, dis-je,
permet dans les étapes d'acheminement technique du projet de combiner,
comme on vous le mentionnait, le stade 1 et le stade 2.
Cela veut dire que le programme technique qui a été mis en
place pour l'exécution du projet d'aménagement de la
Jacques-Cartier a débuté à l'été 1972 avec
les inventaires sur le terrain, les inventaires géologiques et
d'arpentage qui auraient dû se terminer au printemps 1973 de
façon, après avoir fait l'évaluation des données,
à présenter un rapport technique pour l'automne 1973.
En ce qui regarde l'environnement, nous avons quand même voulu
distinguer dans notre esprit l'étape d'études
préliminaires et l'étape d'avant-projet. Alors le stade 1 a
été complété en 1972 avec les indications, les
activités qui sont mentionnées là et j'y reviendrai si
vous permettez un peu plus tard. Le stade 2, période d'exécution,
est présentement en suspens à cause des raisons que vous
connaissez.
Je voudrais vous faire remarquer ici que la décision ou
l'exécution ou la mise en application de ce processus-là pour le
projet Champi-gny a été décidée et approuvée
en juin 1972, soit avant tout signe d'opposition publique au projet tel que
défini ici, les étapes d'exécution des activités
relatives à l'environnement.
Je peux peut-être faire une autre parenthèse ici pour vous
mentionner que le plan d'aménagement intégré du territoire
qui est représenté un peu sur les maquettes est prévu
comme vous le voyez sur ce schéma-là, au stade 2, où on
voit: Préparation d'un plan directeur pour un aménagement
intégré des ressources de l'emplacement.
Donc l'échéance qui avait été fixée
pour la présentation de ce plan était octobre 1973. Nous avons
rencontré à cet effet les consultants qu'on a mentionnés
tout à l'heure en novembre 1972. Nous avons reçu leurs
propositions au début de décembre 1972 et M. DeGuise vous a
mentionné tout à l'heure les échéances,
c'est-à-dire la date où le contrat a été
accordé.
L'échéancier qui est prévu dans ce contrat ou dans
cette étude des consultants prévoit la remise du rapport final et
la remise du plan intégré d'aménagement du territoire
à la fin d'octobre 1973. Evidemment avec la tournure des
événements que vous connaissez il a paru nécessaire, il y
a quelques mois, de modifier ces plans ou l'échéancier de
façon à avoir plus d'éléments, afin de permettre de
mieux informer les intéressés de ce que pourrait être le
projet d'aménagement de la Jacques-Cartier et le projet Champigny. Je
dis bien de ce qui pourrait être, parce qu'il faut comprendre qu'il ne
s'agit pas là de plans définitifs. C'est pourquoi, au bas de
l'annexe A à l'avant-dernière page du texte de M. DeGuise, on a
pris la précaution d'indiquer que les données techniques fournies
sont des données préliminaires et qu'elles ne seront pas connues
avec exactitude avant la fin des études d'avant-projet, soit octobre
1973.
De la même façon, nous avons cru nécessaire de
demander à la firme de consultants qui a été
mentionnée de nous proposer dès maintenant une idée de ce
que pourrait être le plan directeur d'aménagement
récréatif et touristique de la région environnante de la
rivière Jacques-Cartier et du projet Champigny, tout en sachant que le
plan définitif ne viendra que plus tard, l'automne prochain.
A ce moment, les inventaires biophysiques détaillés auront
été complétés, les potentiels
récréatifs de la région auront été
évalués avec plus de précision et les projections de
besoins récréatifs, pour l'agglomération urbaine de
Québec, auront été faites.
Je reviens, M. le ministre, à la question spécifique que
vous posiez tout à l'heure, c'est-à-dire quelles sont les
conclusions, quelles sont les recommandations d'études
spécifiques qui ont été faites. Je vous fais part tout
simplement des conclusions du rapport préliminaire de l'environnement
qui a identifié de façon préliminaire je dis bien
de façon préliminaire parce que l'étape précise
vient au stade 2 les impacts négatifs et positifs sur
l'environnement résultant de l'aménagement sur la rivière
Jacques-Cartier du projet Champigny. H faut bien s'entendre; quand on parle
d'environnement ici, on parle de l'environnement physique, de l'environnement
biologique et de l'environnement humain. L'environnement physique, c'est l'eau,
l'air et le sol; l'environnement biologique, c'est la flore et la faune;
l'environnement humain, c'est l'utilisation du territoire, c'est la
récréation, c'est l'intérêt humain et les aspects
socio-culturels.
Il appert dans les grandes lignes que si le projet d'aménagement
Champigny est réalisé selon les seuls critères de la
rentabilité et de la minimisation des coûts de construction, la
qualité globale de l'environnement en sera diminuée. Par contre,
si le projet hydroélectrique est conçu et exécuté
en tenant compte des caractéristiques du milieu biologique et du paysage
et si, en plus, le projet s'insert dans un plan global d'aménagement
polyvalent de toutes les ressources du territoire ici, j'entends les
ressources hydroélectriques, récréatives, touristiques,
fauniques, forestières, etc. l'évaluation
préliminaire que nous avons faite montre que l'ensemble serait
très bénéfique à la qualité de
l'environnement compte tenu de la proximité de l'agglomération
urbaine de Québec, de ses besoins récréatifs.
Je pourrais peut-être, si nécessaire ou si vous le
demandez, discuter plus en détail des différentes
évaluations ou des différents impacts sur les points de vue
physique, biologique ou humain. Quant aux recommandations, aux études
spécifiques qui étaient en cours et qui sont maintenant en
suspens, il a été recommandé: 1) de poursuivre la
préparation d'un plan directeur d'aménagement polyvalent du
territoire et de voir à ce que ce plan-là soit accepté par
les
ministères intéressés; il a été
recommandé d'effectuer des inventaires biophysiques complets de
façon à permettre des études écologiques plus
détaillées et d'effectuer une évaluation
détaillée de l'impact sur l'environnement; il a été
recommandé aussi d'effectuer des études maintenant très
spécifiques, très précises sur des points qui ont
été soulevés lors de l'étude d'impacts qui sont: a)
d'étudier l'intérêt et la rentabilité d'une prise
d'eau à niveau variable de soutirage au barrage de façon à
optimaliser le régime de température et de qualité de
l'eau dans le réservoir inférieur et à l'aval du barrage,
une autre étude spécifique qui est de déterminer le type
d'aménagement des berges et les consignes d'exploitation à
respecter pour favoriser l'implantation d'une végétation
aquatique et de colonies de faune enthique dans le réservoir
inférieur de façon à permettre une productivité
biologique à ce milieu-là.
Une troisième étude spécifique: identifier les
espèces de poissons qui conviendraient le mieux au milieu
créé et déterminer les consignes d'exploitation à
observer de façon à permettre le meilleur rendement du frai des
poissons et particulièrement des salmonidés qui présentent
une importance sportive.
Finalement, décider de l'aménagement optimum du fond du
réservoir en fonction des objectifs d'utilisation et qui peuvent
être la qualité de l'eau, la pêche, l'habitat pour le
poisson, la faune aquatique, les frayères, la navigation, etc.
La dernière recommandation était de préparer, pour
l'automne 1973, un rapport final d'environnement selon une table des
matières qui est suggérée au rapport.
Et finalement une recommandation interne quant aux modalités
d'exécution de ce qui précède.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, est-ce que nous ajournons? Est-ce
que nous suspendons les travaux immédiatement ou si nous entrons dans la
période des questions?
M. ROY (Beauce): Avant de suspendre, M. le Président, je me
demande, étant donné les déclarations que vient de nous
faire M. Dumas, s'il n'y aurait pas lieu de demander à la firme qui a
préparé les maquettes de venir devant la commission pour que nous
puissions également la questionner. Parce qu'à ce moment-ci je me
pose énormément de questions. J'ai le droit de me poser des
questions, on est ici pour ça. Ce que M. Dumas vient de dire confirme un
peu mes appréhensions, que les études ne sont pas faites. On a
fait des études préliminaires à partir des données
de documents qu'il y avait dans les livres de différents
ministères. Le plan a été préparé à
partir du 10 février, donc en hiver. Toute cette maquette a
été préparée uniquement à partir de photos
aériennes. C'est ce que j'en conclus, parce que nous étions en
période d'hiver, le terrain était extrêmement difficile
d'accès. Je pense que nous n'avons pas grand-chose entre les mains,
autre chose que regarder des photos aériennes sur maquettes. Les
études des experts ne sont pas faites, les études sont à
venir et on nous dit que les rapports vont être prêts en octobre
seulement. Moi, j'estime que dans les circonstances il y aurait lieu d'inviter
les personnes qui ont préparé les maquettes de façon que
nous puissions les questionner pour savoir comment elles ont réussi
à faire ce magnifique travail. D'ailleurs, c'est un travail magnifique,
mais elles ont dû le faire en hiver alors que les décisions
finales ont été prises seulement le 5 février.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M.DeGuise.
M. DEGUISE: M. le Président, je demeure un peu perplexe dans ce
sens qu'il est déploré que nous n'ayons pas d'études
finales à présenter et on nous interrompt en plein milieu des
études; c'est l'un ou l'autre. Ou on finit nos études puis on
peut présenter quelque chose, ou bien on suspend les études et
nous présentons ce que nous avons.
M. ROY (Beauce): Peut-être que la décision qu'on nous
demande de prendre à la commission parlementaire est déjà
prise ou elle est prématurée. Alors on a le droit de se poser les
deux questions nous également. Remarquez bien que ce n'est pas un
reproche que je veux faire à qui que ce soit, mais nous sommes quand
même en face d'un fait.
On a une décision à prendre, à l'heure actuelle.
Les études ne sont pas complétées. On a de belles
maquettes devant nous. Ce sont des maquettes qui reproduisent des photos
aériennes. On a une décision à prendre. Alors, quelle
sorte de décision va-t-on prendre et à partir de quoi?
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Giroux.
M. GIROUX: M. le Président, je pense qu'il faut signaler un point
dans la question de M. Roy. Je conçois qu'il parle de l'étude du
programme intégré, de l'aménagement intégré.
Il ne parle pas de l'étude des possibilités hydrauliques. C'est
bien ça que vous demandez? Parce que les rapports hydrauliques, ces
choses-là, on les a depuis longtemps en main. Là, vous parlez de
l'aménagement paysager ou, enfin, de ce qui est là, qui n'est pas
l'aménagement de la partie hydroélectrique. Ces ingénieurs
n'ont pas travaillé sur la partie hydroélectrique.
M. ROY (Beauce): Je suis entièrement d'accord. Maintenant,
étant donné qu'il y a des implications dans tous les
domaines...
M. GIROUX: Oui.
M. ROY (Beauce): ... et qu'il y a une décision à
prendre...
M. GIROUX: Je veux bien que la question soit très claire,
n'est-ce pas. Si vous avez repris comme il le faut les notes de M. Dumas, il
est entré en contact avec ces gens qui nous ont fait des propositions en
novembre. Donc, ils avaient dû voir le terrain à ce
moment-là ou au préalable.
M. ROY (Beauce): Mais on doit considérer que c'est seulement
à partir du 5 février qu'on a commencé à faire une
étude plus spécifique du projet concernant l'aménagement
touristique. Je pense que l'Hydro-Québec est consciente de ses besoins
et des problèmes auxquels elle a à faire face. D'ailleurs, sur
tous ces problèmes d'énergie, des graphiques nous avaient
déjà, préalablement, été soumis lors de
l'étude du projet de la baie James. Disons qu'il y a
énormément de données qui ne sont que
répétées à ce moment-ci. Il a même
été question, à ce moment-là, de certains projets
quitte à en venir à la création ou à la
construction de centrales à réserve pompée.
Mais là on arrive au problème spécifique de la
Jacques-Cartier. On a une décision à prendre. C'est toute la
question de la faune, la question de l'environnement, la question de la flore.
Il y a énormément de questions qui se posent à ce
moment-là.
M. GIROUX: Oui, je pense qu'il y a un point là. Pour la firme qui
a été engagée, ce n'était pas sa
responsabilité, dans le mandat, l'étude de la faune. Elle avait
un certain mandat. Mais je veux bien clarifier que le mandat de cette firme
était surtout pour l'aménagement touristique. C'était la
base de son contrat.
M. ROY (Beauce): Oui, c'était la base de son contrat, mais je
dois dire qu'elle a fait un plan d'aménagement touristique à
partir uniquement de photos aériennes ou à peu près.
En quelque sorte, lorsqu'on connaît le parc national des
Laurentides, en hiver, à partir du 5 février, alors que les
maquettes ont été dévoilées au début
d'avril, il y a eu, en quelque sorte, une couple de mois seulement. A moins que
ces personnes aient visité les lieux et qu'elles avaient
déjà commencé leurs études au préalable, ce
dont je doute.
M. GIROUX: Oui mais je crois, M. Roy, que vous devez prendre en
considération le fait que lorsqu'on engage ces gens, on leur fournit
l'information que nous, nous avons. A ce moment-là, nous avions
l'information du terrain et nous avions eu des équipes, depuis le
printemps, sur ce terrain. Alors on peut leur fournir beaucoup d'informations
qu'ils n'ont pas besoin de prendre en hiver.
UNE VOIX: D'accord, M. le Président, mais...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant. L'honorable député
de Shefford.
M. GIROUX: C'est simplement pour clarifier le point, pour ne pas
demander à des gens de venir faire des rapports sur des choses pour
lesquelles on ne les a pas engagés. Je n'ai pas d'objection...
M. RUSSELL: Je suis bien sympathique aux remarques du président
de l'Hydro-Québec, mais je me demande quelle serait l'objection pour que
les gens qui ont eu un mandat viennent ici répondre aux questions qui
seront posées à l'intérieur du mandat qu'ils ont
reçu.
M. GIROUX: De leur mandat. Ah oui! Cela, je...
M. RUSSELL: Qu'ils viennent ici et qu'on dépose devant la
commission le mandat qu'ils ont reçu. Le député de Beauce
pourra les questionner sur le travail qu'ils ont fait à
l'intérieur de leur mandat...
M. GIROUX: Oui, oui.
M. RUSSELL: ... aussi bien que d'autres députés ou
d'autres membres de la commission.
M. GIROUX: Voici. Tantôt, on a parlé de dépôts
d'experts. Alors il y a un point. Ces gens-là sont partis de
données fournies par l'Hydro-Québec, par l'arpentage, par
différentes choses. Alors le point, c'est que même si on leur
donne ces données en hiver, ils ont assez l'habitude du terrain.
M. LESSARD: M. le Président, c'est peut-être
justement...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant, un instant. La présidence
va respecter l'ordre de demande de droit de parole. Le ministre des Affaires
municipales et responsable de la qualité de l'environnement m'avait
demandé un droit de parole déjà depuis quelques
minutes.
M. GOLDBLOOM: Un éclaircissement, M. le Président, que
j'aimerais obtenir. M. Giroux vient de nous dire que la firme
d'ingénieurs-conseils qui a été retenue a eu pour mandat
la préparation d'un projet d'aménagement touristique. J'aimerais
savoir assez clairement qui fait les études écologiques.
M. GIROUX: Cest M. Dumas, pour nous.
M. GOLDBLOOM: C'est fait par l'équipe de
l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: L'équipe de l'Hydro-Québec.
M. GOLDBLOOM: C'est M. Dumas qui fait ces études-là.
M. GIROUX: C'est lui qui est responsable des études.
M. GOLDBLOOM: Puisque nous y sommes, mais sans vouloir déroger
aux règles que nous avons établies, j'aimerais tout de même
souligner que je n'ai pas encore la réponse précise à ma
question. Est-ce que le protocole de l'étude écologique
complète est disponible?
Est-ce qu'on peut en prendre connaissance pour savoir exactement en quoi
consiste, selon l'Hydro-Québec, une étude complète sur le
plan écologique?
M. DUMAS: Est-ce que vous pourriez préciser votre question? Je ne
comprends pas exactement la nuance avec ce que j'ai exposé tout à
l'heure.
M. GOLDBLOOM : Quand nous entreprenons une étude de l'impact
écologique, nous définissons, non seulement en termes
généraux mais en termes très précis, la nature de
cette étude, les éléments qui composent cette
étude. J'aimerais savoir s'il y a un protocole de recherche comme on
verrait dans une université, comme des ingénieurs-conseils nous
présentent quand il s'agit de telles études, pour définir
exactement ce qu'on étudie. Quelles espèces fauniques, floriques
étudie-t-on? Qu'est-ce que l'on essaie de démontrer quant
à l'impact? Parce qu'il peut y avoir un impact sur toutes sortes
d'éléments de l'environnement.
Et c'est ça que j'aimerais savoir. J'aimerais pouvoir prendre un
tel document et l'étudier avec nos conseillers en écologie pour
savoir si nous sommes satisfaits de l'ampleur et du détail de cette
étude écologique que vous appelez complète dans votre
présentation.
M. DEGUISE : Nous allons déposer nous n'avons pas avec
nous le nombre d'exemplaires nécessaires le rapport
préliminaire fait par M. Dumas. Je pourrais vous lire Conclusions et
Recommandations, mais ça définit exactement dans un très
grand tableau ces dimensions, les étapes en ce qui concerne à peu
près tous les aspects écologiques que nous proposions d'examiner.
Je crois que ça va répondre exactement à votre question
lorsque nous pourrons le déposer.
M. GOLDBLOOM: Ce sera la réponse.
M. SIMARD (Richelieu): Est-ce qu'il y aurait aussi possibilité en
même temps d'exposer comment ces ingénieurs en sont venus à
la maquette, enfin ce qui touche uniquement le secteur touristique?
M. DEGUISE : Nous ne l'avons pas avec nous à ce moment-ci. Dans
la recommandation, je n'ai qu'un paragraphe qui est assez vague. De la
manière dont les événements se sont déroulés
c'est que le bureau en question nous a fourni un petit volume assez
détaillé de ce que pourrait comporter leur mandat. C'était
une étude répartie sur une période assez
prolongée.
Nous avons répondu un peu par étapes, nous avons dit:
Commençons d'abord, si vous voulez, les maquettes et nous allons voir.
Après les maquettes, nous passerons une série d'étapes.
Ils n'ont pas eu, actuellement, si vous voulez, un mandat. C'est plutôt
une proposition que nous avons eue d'eux et, graduellement, à travers
leur proposition, nous leur accordons une partie de...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je pense que M. DeGuise a
très bien couvert le sujet à la page 22, dans le dernier
paragraphe, quand il assure les autorités des ministères
impliqués de toute la collaboration de l'Hydro-Québec afin que
les aménagements qui seraient réalisés soient conformes
à leurs vues au sujet du territoire concerné. Je pense que
ça rejoint ce que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche vient de dire et aussi le ministre responsable de
l'Environnement.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce qu'on suspend à midi
et trente ou si on continue jusqu'à une heure? C'est la première
question que je poserais.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II semble que la plupart des membres de la
commission préféreraient une suspension des travaux, quitte
à revenir cet après-midi après les travaux.
M. LESSARD: D'accord. Maintenant, je proposerais ceci, M. le
Président, parce que là on est engagé dans une partie du
débat, soit l'environnement. Je proposerais qu'on revienne à la
proposition ou à l'entente qu'on avait faite tout à l'heure,
c'est-à-dire discuter des besoins en énergie
hydroélectrique, après ça parler de réserves
pompées si on a des questions sur cela personnellement, je n'en
ai pas et après ça arriver à un moment donné
au choix du projet de la Jacques-Cartier et ainsi de suite, tel qu'on l'avait
accepté. Là on va se perdre en considérations à un
moment donné.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La remarque du député de
Saguenay est très pertinente. Aussi, la commission suspend ses travaux
et reviendra cet après-midi après la période des questions
en Chambre.
UNE VOIX: Très bonne décision de la présidence.
M. GIROUX: Peut-on avoir une heure précise? Nous ne sommes pas
admis à la période des questions.
LE PRESIDENT: Disons vers quatre heures. (Suspension de la séance
à 12 h 37)
Reprise de la séance à 16 h 5
M. GIASSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Tel que convenu dans l'ordre des travaux, le moment est venu, je pense,
après les différents exposés faits par les
représentants de l'Hydro-Québec, d'accepter l'échange
venant des membres de la commission parlementaire avec les représentants
de l'Hydro-Québec. Sauf erreur, je crois que ce matin ce qui avait fait
le sujet des premières remarques, c'était les besoins
d'énergie au Québec. Sur ça, j'invite le ministre des
Affaires municipales, ministre de l'Environnement, à poser les questions
dont il m'avait fait part avant le début de la séance.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai trois questions qui sont
reliées l'une à l'autre et j'aimerais les poser ensemble. Je les
pose avec toute l'objectivité possible et je les pose parce que
l'opinion publique les pose. J'aimerais savoir, premièrement et
je sais que vous pouvez me donner assez facilement les chiffres quel est
le pourcentage de notre énergie électrique qui est
utilisée dans le secteur industriel, quel est le pourcentage dans le
secteur commercial et quel est le pourcentage utilisé au foyer. Ayant
posé cette question, je vise plus particulièrement le secteur
domiciliaire et je pose tout simplement la question.
Voici que nous sommes en train de discuter de nos besoins et des mesures
à prendre pour combler nos besoins aujourd'hui et à l'avenir. Si
nous connaissons des difficultés et si nous prévoyons
connaître d'autres difficultés à l'avenir à combler
ces besoins, est-ce que l'on a raison d'encourager par des campagnes
publicitaires la consommation d'électricité, notamment au foyer?
Dans le secteur industriel, c'est un peu différent ainsi que dans le
secteur commercial; mais au foyer, est-ce qu'on a raison d'encourager la
consommation? Je pose la question carrément.
Troisième partie de la question et là je couvre les
trois secteurs Est-ce que l'Hydro-Québec, et pas
nécessairement l'Hydro-Québec seule mais le réseau
international de recherches en électricité, poursuit
présentement des recherches pour développer des appareils
à consommation réduite d'énergie électrique pour
justement diminuer nos besoins à l'avenir au lieu d'accepter un taux que
l'on calcule à presque 8 p.c. par année et accepter que tel soit
le taux d'augmentation année après année?
M. DEGUISE: Je ne sais pas si j'ai les chiffres immédiatement
à ma disposition. En réponse à la première
question, les pourcentages d'énergie dans les trois secteurs
clés, industriel, commercial et résidentiel, ces chiffres sont
certainement dans le rapport annuel de l'Hydro-Québec. Il reste à
voir si quelqu'un ici l'a, c'est une des données de base dans le rapport
annuel de l'Hydro-Québec.
On m'apporte ici, pour 1972: Service domestique et agricole, 22.7 p.c;
service commercial, incluant le municipal, 17.6 p.c; service industriel, il y a
deux catégories: énergie souscrite ou primaire, 37.7 p.c. et
énergie excédentaire, 2.6 p.c. Si vous additionnez ça,
évidemment ça ne fera pas 100 p.c. Si vous voulez que je
complète le tableau: Eclairage des rues et luminaires, 0.7 p.c;
transport, 0.3 p.c; ventes en bloc, ça c'est l'énergie à
l'extérieur ou de gros contrats industriels à des
sociétés qui peuvent probablement générer une
partie elles-mêmes, 15.2 p.c. Il y a de l'excédentaire, 3.1 p.c,
etc. Les trois secteurs clés, c'est 22.7 p.c. domestique, 17.6 p.c.
commercial, soit environ 40 p.c. ou 37.7 p.c. si on ne prend que le primaire
dans l'industriel.
La deuxième question, en examinant les besoins aujourd'hui et
à l'avenir, est-ce qu'il est bon d'encourager le chauffage
électrique par la publicité? Eh bien, il faut examiner
l'alternative au Québec; les maisons sont chauffées à
l'huile ou sont chauffées au gaz, quoiqu'au gaz il y en ait assez
peu.
Certainement, sur le plan de l'environnement il ne se pose pas de
question dans notre esprit. L'huile qui se vend pour consommation dans les
brûleurs domestiques a actuellement et aura pour un certain temps un
pourcentage de soufre très appréciable. En fait c'est
peut-être une des grandes sources de pollution des centres comme
Montréal ou Québec. Quant au chauffage électrique, aussi
longtemps que nous aurons des ressources hydroélectriques où nous
n'avons pas pour produire de l'électricité à importer des
combustibles des Etats-Unis ou du Moyen-Orient ou d'ailleurs, il est
indéniable que la source est plus propre.
Elle est tellement plus propre c'est le temps de le dire
qu'il nous semble, en tout cas aussi longtemps que la population le
désire et l'apprécie, que, sur le plan de l'environnement, sur le
plan de l'économie nationale à l'échelle du pays ou
à l'échelle de la province, on n'a pas à importer des
combustibles qui deviennent extrêmement dispendieux. Je pourrais discuter
longtemps là-dessus. Je reviens d'une conférence à
Washington où j'ai entendu parler en détail de la crise de
l'énergie aux Etats-Unis. Ce que l'on prédit comme augmentation
des coûts du pétrole et des dérivés du
pétrole, je vous dis que cela inquiète. Cela doit faire
réfléchir profondément tous ceux qui auront à
acheter le pétrole ou les dérivés du pétrole dans
la prochaine décennie.
Est-ce qu'il se fait des recherches, à l'Hydro-Québec,
pour développer des moyens de réduire la consommation
d'électricité? Je pense que nous sommes intéressés
d'une manière générale à promouvoir ce qui est
économique pour la population. Il ne nous paraît pas, dans les
circonstances actuelles, que l'on puisse trouver des substituts faciles en ce
qui concerne l'usage
de l'électricité. Evidemment, je pense que ce serait un
atout important pour tous les manufacturiers. Je sais que, du côté
des manufacturiers, par exemple, il se fait des recherches, parce que c'est un
atout de vente important si on peut annoncer sur le marché un produit
quelconque laveuse, lessiveuse qui consomme moins
d'électricité. Même dans le domaine des chauffe-eau, si on
peut produire quelque chose qui consomme moins d'électricité, ce
devrait être immédiatement attrayant pour les consommateurs.
Disons qu'on a peut-être d'autres priorités qui nous
semblent plus pressantes en ce qui concerne la recherche à
l'Hydro-Québec. Je pense surtout aux lignes de transport à haute
tension, aux appareillages à haute tension, etc.
M. LESSARD: Pour faire suite à la dernière partie de la
question que posait le ministre, pensons, par exemple, peut-être pas au
niveau des produits ménagers, mais au niveau de la construction des
maisons. Vous me dites que vous avez l'avantage, vous autres, de vendre le
produit le plus propre, de vendre le produit le plus économique. Je me
demande si c'est vraiment l'une de vos priorités. Au niveau, par
exemple, de la construction des maisons il me semble que ce serait
peut-être possible, puisque vous commencez à faire de la
publicité, c'est-à-dire que vous en faites déjà
depuis un certain temps, pour faire en sorte que les maisons se chauffent
maintenant à l'électricité.
Est-ce qu'il n'y a pas des recherches qui se font à ce niveau
pour diminuer le coût?
M. DEGUISE: Je vous remercie de votre intervention. En fait, vous me
rappelez que j'ai oublié un point très important dans ma
présentation. Lorsque l'Hydro-Québec...
M. LESSARD: Je ne vous ai pas tendu une perche, toujours?
M. DEGUISE: Non, non. Lorsque l'Hydro-Québec décide ou
accepte d'aller livrer l'électricité pour fins de chauffage dans
une habitation domiciliaire, il faut que la maison soit construite selon ce
qu'on appelle les normes Novelec; ça comporte par exemple comme six
pouces d'isolant dans les plafonds, trois pouces d'isolant dans les murs.
Autrement dit, nous sommes extrêmement désireux que la maison soit
bien isolée pour qu'on ne gaspille pas d'électricité
à chauffer des murs qui sont mal construits. Je pense que sur ce plan
l'Hydro-Québec a une initiative. En fait, à la conférence
à laquelle je faisais allusion tout à l'heure, à
Washington, cela a été une des mesures mises de l'avant par tous
les gens concernés, que le gouvernement américain devrait
édicter des normes très sévères sur l'isolation des
résidences afin de ménager l'huile ou l'électricité
s'il y en a qui chauffent à l'électricité. Mais dans ce
domaine l'Hydro-Québec est en avance sur tout le monde, parce que nous
exigeons, avant de raccorder l'électricité à une maison
chauffée à l'électricité, qu'elle soit
isolée suivant des normes assez sévères.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le ministre des Richesses naturelles.
M. MASSE (Arthabaska): Suite à la question du ministre Goldbloom,
vous dites dans votre document, M. DeGuise, qu'actuellement
l'électricité représente 20 p.c. de la consommation
énergétique au Québec et que, dans les dix prochaines
années, ce pourcentage devrait atteindre 25 p.c. Est-ce que vous comptez
sur l'augmentation naturelle ou sur l'abandon, compte tenu de l'augmentation
des prix de pétrole actuellement, de l'utilisation de combustible en
faveur de l'électricité?
M. DEGUISE: Je pense que les deux éléments jouent. Si les
prix des combustibles sont ce que l'on prédit dans sept, huit ou dix
ans, au lieu de faire de la...
M. MASSE (Arthabaska): Même maintenant.
M. DEGUISE: ... propagande pour chauffer à
l'électricité, il va peut-être falloir mettre les freins.
Il y a évidemment l'usage de plus en plus grand que chaque foyer fait de
l'électricité. Il y a quinze ans, à mes débuts
à l'Hydro-Québec, on parlait d'un client résidentiel moyen
qui consommait 2,000 à 2,400 kilowatts-heures par an. Aujourd'hui la
moyenne de consommation des clients résidentiels est de 7,000 ou 7,500
kilowatts-heures par an.
Alors, il y a le fait qu'il y a une augmentation du nombre de
dispositifs ou d'équipements de chaque foyer: les petites
télévisions, les réfrigérateurs, les lessiveuses,
etc., ce qui fait que la demande de chaque foyer augmente. Evidemment, il y a
l'augmentation du nombre de foyers en plus de cela.
M. LESSARD: Est-ce que cela n'a pas un peu l'air d'une campagne
publicitaire de l'Hydro-Québec? Est-ce que vous avez déjà
fait une campagne pour demander aux gens de réduire leur consommation
d'électricité?
M. DEGUISE: Non,...
M. LESSARD: Parce que Bell Canada aussi. Il y en a plusieurs qui
commencent à avoir plusieurs téléphones.
M. DEGUISE: ... nous croyons que c'est à leur avantage pour les
raisons que je viens de donner.
M. LESSARD: Vous croyez que c'est à leur avantage?
M. DEGUISE: II n'y a certainement pas de pollution dans l'air.
M. LESSARD: D'accord, mais...
M. DEGUISE : En les chauffant à l'électricité, nous
les forçons à isoler leur logement pour éviter du
gaspillage de combustible ou d'électricité.
M. LESSARD: Ce que je veux dire: Est-ce que vous avez déjà
fait certaines études, par exemple, concernant le gaspillage possible
d'électricité au niveau de la consommation domiciliaire?
M. DEGUISE : Etant donné que chaque consommateur paie son
électricité, on a entendu, il n'y a pas longtemps, ici, qu'on
trouvait qu'il y en avait qui payaient cher. Je n'ai pas l'impression qu'ils
font exprès pour consommer de l'électricité.
M. GIROUX: M. le Président, je crois qu'au point de vue de la
publicité, je pourrais amener un point qui n'est pas encore public.
D'ailleurs, on n'a pas commencé encore exactement la campagne.
Mais la campagne, cette année, d'après les demandes de nos
services de vente et de relations publiques, est de tâcher de
sensibiliser le public à une meilleure utilisation de
l'électricité, de rendre enfin leur kilowatt plus rentable.
Maintenant, c'est assez difficile de prédire ce que peut être une
campagne de publicité à ce stade-ci.
D'un autre côté, j'aimerais apporter simplement un point.
On dit que l'Hydro-Québec fait des campagnes de publicité. Le but
de l'Hydro-Québec, c'est de rendre accessible à tous les foyers
de la province de Québec le plus grand confort possible. Cela est un
but. Si vous préférez que les gens se chauffent au bois, au
charbon ou à l'huile, c'est au gouvernement à
légiférer là-dessus et on le fera. Si vous voulez que les
Québécois aient ce qu'il y a de mieux, on essaie de le faire. Si
vous voulez que les gens se servent de l'huile, on n'a pas d'objection. La
seule chose qu'il y a, il faut que vous pensiez, à chaque fois, que
c'est un produit importé en ce qui regarde le Québec. Je ne parle
pas du fait qu'il y en a dans l'Ouest canadien mais il ne vient pas ici. Tout
ce que l'on a est importé. Je ne crois pas que les producteurs canadiens
ne suivent pas le prix du marché mondial dans les pronostics sur
l'huile. Je crois que ce serait très intéressant, si l'on doit
revenir le 17, que M. DeGuise dépose le rapport qu'il a
préparé pour les commissaires.
Le rapport était ni plus ni moins que son évaluation des
craintes au point de vue énergétique du côté
américain, avec ses hausses de l'huile, ses hausses de pollution, ses
hausses de ceci, ses hausses de cela. Et tous les gens que j'ai
rencontrés, peut-être une soixantaine de présidents, comme
je le disais dernièrement, ont simplement un point de vue chez nous. Que
vous êtes chanceux d'avoir des pouvoirs hydrau- liques ! Alors, je crois
que ces gens sont sérieux, devant les problèmes qu'ils ont avec
le thermique sous toutes ses formes, les usines à gaz sous toutes leurs
formes et les usines nucléaires sous toutes leurs formes. M. le
Président, c'est une opinion personnelle que je formule.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez, le député de
Fabre.
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, j'aimerais savoir, pour les
gens ordinaires, dans un langage fort simple, qu'est-ce qui arrive, en 1979,
s'il n'y a pas de barrage? Est-ce que c'est le retour à la chandelle,
dans la province de Québec? Est-ce que c'est la prospérité
dans ces usines qui fabriquent des chandelles, qui doivent être à
la baisse? Mais qu'est-ce qui arrive, en 1979, s'il n'y a pas de barrage, que
ce soit sur la Jacques-Cartier ou ailleurs, mais s'il n'y en a pas?
M. GIROUX: Ecoutez, l'Hydro-Québec n'a aucunement prévu de
mettre la province dans la noirceur. On croit que ce n'est pas notre devoir. Si
le gouvernement, pour une raison ou pour une autre, refuse les autorisations de
faire des usines pompées, il reste des usines à gaz, il reste des
usines thermiques, etc. Le gouvernement prendra alors ses
responsabilités économique. J'ai expliqué, par exemple,
les effets sur les tarifs à la dernière séance, c'est
très clair.
Nous présentons les programmes qui, dans l'opinion de nos
experts, sont les plus économiquement rentables. Si on nous avise de
nous servir d'autres programmes, on n'a pas d'alternative. On le fera. A ce
moment-là, on sait que les usines à gaz, cela pollue plus que
n'importe quoi, mais il faudra faire des programmes qui vont donner de
l'énergie de pointe jusqu'à concurrence de 1,000
mégawatts.
M. LESSARD : II ne s'agit pas de nier votre besoin en ressources
hydroélectriques mais on a distingué, en fait, différents
besoins, différentes sources d'électricité. Vous dites:
Nous avons besoin, pour 1985 et c'est prévu dans votre programme
d'équipement de 1,000 mégawatts.
M. GIROUX: Pour 1979?
M. LESSARD: Vous avez 800 mégawatts pour 1979 et vous en avez un
autre 1,200 pour 1984 et 800 en 1985. De toute façon, voici la question
que je vous pose : Disons que vous avez besoin, en 1979, de 1,000
mégawatts, quel est le potentiel de la rivière Jacques-Cartier,
selon les calculs que vous avez faits?
M. GIROUX: J'aimerais qualifier beaucoup cette réponse que je
vais vous donner. Le potentiel dont on fait beaucoup état un peu partout
dans les couloirs est un travail qu'on présente à un
département dans notre génie à
qui on dit: Voulez-vous établir le potentiel des rivières
de la province de Québec?
Son travail consiste alors à établir le potentiel maximum
au point de vue hydroélectrique. Aucun potentiel n'a été
étudié au point de vue économique à part celui
qu'on vous a présenté. Toutes les rivières et tous les
domaines de la province de Québec sont tenus à jour. Je ne dirais
pas que c'est fait au jour le jour, parce qu'on n'envoie pas un gars dans le
grand Mécatina, au mois de mars, pour le savoir. Si vous voulez des
explications plus élaborées sur ce sujet, le directeur
général du génie est ici et il peut vous donner le travail
qui se fait continuellement sur les évaluations des possibilités.
Mais, pour rendre ces possibilités économiques, c'est une autre
chose.
M.LESSARD: Mais est-ce que le potentiel de la Jacques-Cartier est
supérieur à 1,000 mégawatts?
M. GIROUX: Absolument.
M.LESSARD: Est-ce que dans la région puisqu'il semble
qu'on doive prendre ça pas loin des régions habitées
ça prend une grosse rivière pour avoir un potentiel de
1,000 mégawatts?
M. GIROUX: Au point de vue technique, je demanderais cela à M.
Cahill.
M. CAHILL: II faut faire une différence quand il s'agit de
l'énergie positive produite par une rivière. Le potentiel
énergétique de la rivière Jacques-Cartier elle-même,
on ne l'a pas étudié en détail comme tel. Il est
peut-être seulement de quelques centaines ou de quelques milliers de
kilowatts.
Là, on parle de centrale à réserve pompée,
c'est-à-dire qu'on prend de l'énergie qui est produite ailleurs,
soit à la rivière Manicouagan, soit à Churchill Falls,
peur la transvaser dans un lac supérieur situé à 1,350
pieds.
Lors de la demande de pointe, on turbine cette eau qu'on a
transvasée à un niveau supérieur, au lac Aubert, pour en
faire des kilowatts-heures au moment où on en a besoin à la
pointe de la demande. Alors, donc, le potentiel de la rivière en
lui-même est presque nul mais le potentiel, si on en parle en termes de
centrale à réserve pompée, peut être de plusieurs
milliers de mégawatts.
M. LESSARD: Cela veut dire quoi?
M. CAHILL: Disons si on aménage les différents sites qui
pourraient être plausibles d'aménager à la rivière
Jacques-Cartier. Mais, comme nous l'avons signifié ce matin, nous ne
parlons que d'un site de 1,000 mégawatts.
M. LESSARD: Alors, pour 1979, vous parlez d'un site de 1,000
mégawatts?
M. CAHILL: C'est bien ça.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce qu'il y a ou est-ce qu'il y a eu des
études de faites par l'Hydro-Québec, dans la région de
Québec ou dans la région de Montréal ou d'autres
régions, pour avoir un autre endroit pour produire 1,000
mégawatts? N'oublions pas une chose. Si on a un potentiel possible de
six ou sept réserves pompées dans la Jacques-Cartier et qu'on
utilise environ 4 p.c. de ce potentiel, il me parait que c'est gaspiller un
site pour le taux d'utilisation qu'on en fait. Il semble qu'il doit y avoir
d'autres sites ailleurs que sur la Jacques-Cartier, si on n'a besoin
strictement que de 1,000 mégawatts. Ou bien vous avez d'autres projets
en tête.
M. CAHILL: C'est-à-dire que sur la rivière Jacques-Cartier
le site dont on parle a un potentiel normal de 1,000
mégawatts. Mais il y a d'autres sites possibles, d'autres montagnes sur
lesquelles il y a des lacs où nous pourrions installer d'autres
emplacements qui pourraient produire quelques milliers de mégawatts
chacun, en temps opportun, dans les années ultérieures. Mais ces
emplacements n'ont pas été étudiés comme tels.
M. LESSARD : Donc, vous n'avez pas envisagé la possibilité
pour le moment d'aménager d'autres sites mais vous avez
strictement...
M. CAHILL: A la rivière Jacques-Cartier? M. LESSARD: A la
rivière Jacques-Cartier.
M. CAHILL: Nous n'avons pas fait d'études spécifiques.
M. LESSARD: Vous n'avez pas eu d'études.
M. CAHILL: Mais nous savons qu'il y a évidemment plusieurs
montagnes qui entourent la rivière Jacques-Cartier, sur lesquelles il y
a des lacs; il y a donc la possibilité de faire des sites semblables ou
des centrales semblables à celle que nous préconisons.
M. LESSARD: Si vous n'avez besoin que de 1,000 mégawatts, est-ce
que vous avez étudié d'autres choix? Comme je vous le dis, il me
semble que, si vous avez besoin strictement de 1,000 mégawatts, vous
n'avez pas besoin de prendre un endroit qui peut produire 25,000
mégawatts. Quelles sont les raisons qui font que pour produire 1,000
mégawatts vous décidez de vous diriger vers la
Jacques-Cartier?
M. CAHILL: Je ne vous...
M.LESSARD: Je n'ai pas compris, M. le Président.
M. CAHILL: J'aimerais souligner de nouveau
que le site que nous préconisons a un potentiel de 1,000
mégawatts, il n'a pas un potentiel de 25,000. Ce sera l'addition de
trois, quatre, cinq ou six autres sites possibles dans les environs de celui
que nous avons étudié qui pourra équivaloir à
plusieurs milliers de mégawatts. Nous ne gaspillons donc pas le site que
nous étudions. Celui-là même n'a qu'un potentiel de 1,000
mégawatts de la façon que nous l'étudions.
M. LESSARD: Donc, vous n'avez pas pour l'utilisation je m'excuse,
on m'arrêtera s'il y a lieu, s'il y a d'autres questions...
M. CAHILL: Cela me fait plaisir de répondre.
M. LESSARD: Donc, vous ne vous êtes pas arrêtés
strictement à l'utilisation d'un seul site, vous avez probablement en
vue l'idée d'aménager d'autres sites selon les besoins, que ce
soit en 1985, que ce soit en l'an 2000?
M. CAHILL: Avant d'étudier le site actuel... M. LESSARD: Dans la
Jacques-Cartier.
M. CAHILL:...C'est ça, avant d'étudier le site actuel que
nous appelons le site de Champigny, nous avions évalué le site
que nous appelions le site Saurtney mais qui avait un potentiel, je crois, de 4
millions de kilowatts, c'est ça?
M. LESSARD: Quel site?
M. CAHILL: Saurtney, toujours sur la rivière Jacques-Cartier,
mais le lac s'appelait Saurtney. C'est un emplacement qui est un peu
différent et pour des raisons économiques, nous n'avions pas
besoin d'un site où il y avait un potentiel aussi élevé,
c'est pourquoi nous avons choisi le site Champigny où il y a un
potentiel possible de 1 million de kilowatts.
Lorsque vous parliez d'autres emplacements que nous avons
étudiés dans la région de Québec, ce matin, nous
avons référé évidemment à l'emplacement de
Saint-Joachim et nous vous avons donné les raisons pour lesquelles nous
avons dû abandonner l'étude de cet emplacement-là, parce
que nous craignions que nous ne pourrions pas produire de puissance à
cet emplacement pour 1979, date à laquelle nous avions besoin de
puissance additionnelle.
M. LESSARD: II me semble, M. le Président, qu'on tourne autour du
pot, qu'on patine, je ne sais pas si je ne pose pas mes questions assez
précisément, mais je voudrais savoir si l'Hydro-Québec a
choisi la Jacques-Cartier parce qu'il y avait d'autres possibilités
d'aménagement de sites. Quant à moi, je vais y aller bien
clairement, parce qu'actuellement vous nous présentez un petit projet.
C'est le pied qu'on met dans la porte, pour entrer dans la Jacques-Cartier,
mais dans dix ans, dans quinze ans, est-ce qu'on ne peut pas envisager la
possibilité où l'Hydro-Québec reviendra devant la
commission parlementaire et nous dira: Maintenant, nous avons des besoins
énergétiques considérables, il faut absolument envisager
la possibilité de construction d'une deuxième réserve
pompée sur la Jacques-Cartier.
M. GIROUX: Voici c'est très clair. Je ne sais pas si vous
dites...
M.LESSARD: Il faudrait que ce soit clair.
M. GIROUX: Vous patinez. Mais ce que vous ne semblez pas
apprécier, c'est le fait que l'Hydro-Québec dit au gouvernement:
Nous demandons l'autorisation de faire une usine pompée de 1,000
mégawatts sur la Jacques-Cartier, c'est ce qui s'avère le plus
économique.
M. LESSARD: A partir de quoi vous dites cela? Est-ce qu'il y a eu
d'autres études d'autres choix actuellement? Combien va coûter le
kilowatt à la Jacques-Cartier, combien va-t-il coûter
ailleurs?
M. GIROUX: Sur les études qui avaient été
données, n'est-ce pas? Quand même je vous donnerais tout les
renseignements sur les kilowatts, et cela ne vous avancera pas plus, parce que
le calcul n'est pas final. Alors c'est là que je veux éliminer
tout patinage. Je dis qu'au point de vue de ce qu'on a en main, c'est ce qui
est le plus économique. On demande la permission de faire 1,000, ce qui
à mon sens ne nuit pas. Si le gouvernement pour des raisons quelconques
nous dit, vous faites 1,000, il n'y a pas plus qui peut être
aménagé. Le gouvernement a seulement à le mettre dans ses
restrictions et tout ce que vous avez à faire, c'est de demander au
gouvernement qu'il mette dans les restrictions qu'on ne puisse pas faire
d'étude ou quoi que ce soit qui dépasse 1,000 mégawatts
sans revenir.
M. LESSARD: Monsieur...
M. GIROUX: Bien oui, écoutez! Est-ce que vous croyez qu'on peut
outrepasser ce que le gouvernement nous demande de faire?
M. LESSARD : Mais le jour où vous avez mis le pied dans la porte
nous savons exactement ce qui va arriver par la suite.
M. GIROUX: Bien oui, mais si vous le savez, alors déclarez-le,
puis ne posez pas de question!
M. LESSARD: Allez-y, c'est...
M. GIROUX: C'est clair, je ne le sais pas, j'aimerais être
renseigné. Moi, tout ce que j'ai demandé au ministre, c'est une
autorisation pour 1,000 mégawatts. Si le ministre dit: On
vous donne ou on vous refuse l'autorisation, on fonctionne selon la
permission ou le refus. S'il nous donne une permission et dit: Vous ne pouvez
pas faire plus que ça on ne fait pas plus que ça.
M. LESSARD: S'il y avait un refus, est-ce que vous avez, comme le
soulignait tout à l'heure le député de Fabre...
M. GIROUX: On a dit carrément, que si on a un refus...
M. LESSARD: En dehors...
M. GIROUX: Si on a un refus, on pourrait arriver en 1979, que nos
recommandations qu'on a s'orientent vers des usines de turbines à gaz,
ce que l'on fera.
M. LESSARD: Ecoutez, je pense que...
M. MASSE (Arthabaska): Ce que le député de Saguenay
voudrait avoir je pense que c'est justifiable c'est que, par
rapport au projet de la Jacques-Cartier, on n'a pas de tableau qui nous dit
qu'on a trois, cinq ou huit autres sites aménageables avec la
quantité de production et aménageables à tel coût,
qu'on pourrait comparer. Vous nous dites que c'est plus économique, la
Jacques-Cartier, mais les députés ne le savent pas. Je pense
qu'on l'a dit déjà à la commission parlementaire des
richesses naturelles. On a même dit, dans le cas de la Saint-Maurice, que
cela coûterait tant du kilowatt, qu'ailleurs cela coûterait tant du
kilowatt.
M. GIROUX: Ce sont des études qui ont été faites
sur des bases préliminaires. Sur le préliminaire, on prend la
partie la plus économique à la base. Si le gouvernement nous
demande de faire des études on oublie complètement la
question de livraison en 1979 s'il y a un délai, il faut avoir
recours à des usines à gaz. On dit au gouvernement: A ce
moment-là, s'il manque d'électricité vous en
fabriquerez.
M. LESSARD : Mais pourquoi nécessairement des usines à
gaz?
M. GIROUX: Parce que c'est ce qu'il y a de plus vite.
M. LESSARD: Pourquoi vous nous donnez strictement...
M. GIROUX: Oui, mais voulez-vous laisser finir les explications?
Après cela, peut-être, vous comprendrez mieux. Je ne peux pas
toujours vous faire un dessin. Ce qui arrive dans ces choses-là, c'est
qu'on dit: On fait cela pour cette date, bon. Si le gouvernement, au point de
vue économique, nous dit: Vous allez faire des études sur
d'autres rivières pour qu'il n'y ait pas de station sans qu'on ait un
portrait des douze rivières, on va le faire, on va mettre au budget $24
millions.
Alors c'est toujours une question qui se réflète
éventuellement ou automatiquement sur les tarifs. Si vous nous demandez
demain matin: Voulez-vous étudier en profondeur le potentiel total de
toutes les rivières avec des rapports d'ingénieurs et des
coûts, on va le faire. On va arriver et on va mettre $150 millions au
budget.
M. MASSE (Arthabaska): Les propos que j'ai tenus, dans mon esprit, ce
n'était pas d'avoir tout le potentiel des rivières au
Québec. Ce que je trouve drôle c'est que déjà, dans
le cas que M. DeGuise a déjà soulevé, on a dit que tel
site de centrale à réserve pompée coûterait beaucoup
plus cher, ça coûterait X. Déjà, on a dit que tel
autre site coûterait X, c'est cela qu'on n'a pas, un tableau, par
exemple.
M. GIROUX: Ce sont des chiffres préliminaires, approximatifs.
M. MASSE (Arthabaska): D'accord.
M. GIROUX: Quand on parle de comparaison avec la Saint-Maurice ou avec
ces différents modes, sans être un technicien, je vois très
bien que quand on parle d'hydraulique ordinaire, d'hydraulique pure, ça
fait 80 et quelques années qu'il y en a; donc, les bases sont là,
les données sont faciles. Les usines de pompage, c'est tout à
fait nouveau. Il faut se servir de l'expérience de ce qu'il y en a
dehors et le rattacher d'une façon approximative. C'est la seule
réponse qu'on peut donner. On peut toujours satisfaire à toutes
les questions sans vouloir faire un désastre de cette
chose-là si on y met le budget.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que vous pouvez actuellement le faire, ce
tableau, avec des données approximatives?
M. GIROUX: Oui, mais si quelqu'un veut aller approximativement,
moi...
M. MASSE (Arthabaska): Non, mais avant de choisir le site de la
Jacques-Cartier on a dû comparer, au niveau préliminaire.
M. GIROUX: Oui, oui.
M. DEGUISE: Je ne me souviens pas si j'ai eu l'occasion de le dire
devant ce groupe-ci, mais le principe d'une centrale à réserve
pompée... Il ne faut pas mêler les choses. Tout à l'heure,
j'ai eu l'impression un peu qu'on parlait des aménagements
hydroélectriques ordinaires.
M. LESSARD: Non, non, du tout, c'était la réserve
pompée.
M. DEGUISE : Si on s'en tient à une centrale à
réserve pompée...
M. LESSARD : Oui, oui.
M. DEGUISE: ... on vous a expliqué qu'en principe il y a un
réservoir supérieur un réservoir inférieur et une
centrale.
M. LESSARD: C'est cela.
M. DEGUISE: Première chose que l'on recherche ou qui influe sur
le prix, c'est que plus la chute est haute, plus les machines sont petites et
moins l'équipement coûte cher. C'est une considération.
Sans faire les calculs détaillés, on peut dire que, les autres
choses étaient égales, plus la chute est élevée,
plus le projet est économique; c'est un des facteurs. Il reste le
coût des deux réservoirs.
Si la topographie des lieux fait qu'il y a une espèce de cuvette
dans le réservoir supérieur, ça ne coûte pas cher
pour le faire, on fait une digue sur un côté, une digue sur
l'autre et on a déjà une cuvette. Aux Etats-Unis, il y a
même des projets de centrale à réserve pompée
où le réservoir supérieur est fait entièrement de
main d'homme. On prend un terrain plat et on construit une digue. Je n'ai pas
besoin de calculer, je sais que cela est plus cher que n'importe quelle cuvette
naturelle.
Le coût des deux réservoirs, avec la topographie, on peut
voir assez vite si c'est une bonne topographie ou une mauvaise. Maintenant, il
y a un autre élément; il faut que les réservoirs du haut
et du bas ne soient pas à dix milles. Vous réalisez tout de suite
que, s'ils sont très distants l'un de l'autre, pour les conduites
forcées qui prennent l'eau du réservoir supérieur, qui
passent par la centrale et qui doivent être ramenées dans le
réservoir inférieur, ça fait des tunnels extrêmement
dispendieux. Ici, on parle du projet Champigny; c'est un tunnel de 35 pieds de
diamètre. Alors, s'il faut s'en aller des milles, en plus du coût
du tunnel, il y a des pertes de charges, etc. Il y a un certain nombre
d'éléments qui vous permettent, en mettant toutes choses
égales, de juger de la valeur relative d'un emplacement par rapport
à un autre. A Champigny, on voit une hauteur de chute de 1,400 ou de
1,450 pieds, on voit un cuvette naturelle; sur un côté, on n'a que
deux digues relativement peu importantes à ériger pour avoir un
bon réservoir. Quand on voit qu'en bas il y a une vallée
très encaissée où le barrage n'est pas tellement
dispendieux à bâtir, relativement, on dit: Tiens, voici un endroit
qui présente à peu près toutes les conditions qu'on peut
espérer.
M. LESSARD: M. le Président, je comprends ce que dit M. DeGuise.
C'est normal, l'Hydro-Québec, son objectif, c'est de produire de
l'électricité au plus bas coût possible. Au niveau du
gouvernement du Québec, depuis quelque temps, on s'occupe aussi
d'environnement. Il s'agit maintenant de savoir, dans le développement
économique du Québec, quels sont les coûts de
l'industrialisation et, en même temps, quelles sont les
conséquences de l'industrialisation sur l'écologie du
Québec. Si on veut analyser ça, il faudrait quand même
savoir, pour prendre une décision qui soit logique, quelle est la
différence entre, par exemple, l'aménagement d'une réserve
pompée dans une rivière qui a tel nom et le coût de
l'aménagement d'une réserve pompée dans la
Jacques-Cartier. Il faut savoir si ça vaut la peine de payer pour cette
différence, pour protéger un territoire qui me parait et qui
parait pour tous les spécialistes assez riche en ressources
cynégétiques, halieutiques, etc. II faut analyser aussi quelles
seront les conséquences possibles de l'ouverture de la porte à
l'Hydro-Québec, parce que les tours de transmission, vous ne les
cacherez pas sous le rocher. Il y a une différence aussi entre des tours
de transmission pour transporter, par exemple, 1,000 mégawatts et des
tours de transmission pour transporter 25,000 mégawatts. Le territoire,
le paysage devient un peu moins intéressant.
M. DEGUISE: Je vais reprendre quelques-unes des questions, en
commençant par la dernière. C'est un autre avantage que j'ai
oublié de mentionner au sujet de Champigny. Il arrive que, juste en
arrière de la rivière Jacques-Cartier, les lignes de 735,000
volts sont là.
M. LESSARD: D'accord.
M. DEGUISE: Alors, on n'a qu'un très court raccordement à
faire pour les rattraper.
M. LESSARD: Si vous me permettez, je suis d'accord avec vous. D'abord,
vous utilisez justement les lignes actuelles de transport de
l'énergie.
M. DEGUISE: II nous reste de la capacité pour absorber cela. Tout
ce que nous avons à faire, c'est un raccordement entre la centrale
projetée. Il y a une distance de quatre ou cinq milles, je crois, et une
ligne existante. C'est tout ce qu'il y a à faire comme ligne pour le
projet Champigny.
M. LESSARD: Est-ce que le transport de cette énergie, en
utilisant les lignes déjà existantes, serait à un
coût supérieur si on utilisait une rivière, par exemple,
qui serait plus éloignée de la région de Québec,
mais où on pourrait faire le raccordement à des distances pas
supérieures?
M. DEGUISE: Là, on a un facteur. Je ne vous nie pas qu'il puisse
y avoir, si on examine les cartes, des endroits qui soient également
rapprochés d'une ligne existante. Mais il faudrait que le même
endroit nous présente tous les avantages qu'on vient de décrire
au point de vue des réservoirs, au point de vue des chutes, etc.
Maintenant, le point sur lequel je veux insister aussi, qui se rattache
au début de votre
question, c'est qu'il ne faut pas se faire d'illusions sur la
précision des estimations à moins de dépenser pas mal de
temps et d'argent. Rappelons-nous qu'à Saint-Joachim il nous a fallu
dépenser $1,800,000 en études, en forages, en sondages, en toutes
sortes de travaux avant de nous rendre compte nous-mêmes, sans aucune
objection de l'extérieur, que cela coûterait plus cher qu'on le
pensait.
Avec le peu qu'on a fait, jusqu'à présent, sur la
rivière Jacques-Cartier, je crois qu'on est rendu à $1,500,000.
On parle d'aller examiner d'autres sites. Il faut se faire une idée
d'une estimation avec un peu de précision. Ne vous faites pas d'illusion
sur la précision des $175 millions; cela est établi en regardant
ce que coûtent les centrales pompées américaines dans des
conditions à peu près comparables. On dit: Cela coûte tant
le kilowatt. On multiplie par 1,000. C'est là, la précision de
l'estimation.
Mais pour arriver à quelque chose de pas mal plus
définitif, il faut tout de même aller sur le terrain,
vérifier le roc, vérifier toutes sortes de choses. Pour analyser
un site de façon satisfaisante pour produire une estimation
précise, on peut dépenser $4 millions ou $5 millions.
M. ROY (Beauce): Sur le même sujet, sur ce que vous venez de dire,
si on me permet, est-ce que ces études ont été faites,
c'est-à-dire les études du roc, du sol?
M. DEGUISE: Je pense que j'ai eu l'occasion de dire, dans mon
mémoire, qu'on a fait à peu près 60 p.c. des études
que nous aimerions faire avant de porter un jugement final sur le projet Champ
igny.
M. ROY (Beauce): Maintenant, cela va compléter un peu les
réponses que vous avez données au député de
Saguenay, est-ce que vous avez fait les mêmes études concernant le
projet dont vous avez parlé ce matin, de Saint-Joachim?
M. DEGUISE: A Saint-Joachim, nous avons...
M. ROY (Beauce): Quelles sortes d'études avez-vous faites?
M. DEGUISE: Nous étions presque, je dirais, avec les sommes
dépensées, rendus à peu près au même stade de
connaissances.
M. ROY (Beauce): Est-ce que c'est seulement la corrosion qui vous a fait
préférer le projet de la Jacques-Cartier plutôt que le
projet de Saint-Joachim?
M. DEGUISE: Non. Je pense que j'en ai mentionné d'autres. Mais
disons que la corrosion était un grand point. Deuxièmement, il y
avait les questions des réservoirs supérieurs.
L'imperméabilité du sol n'était pas celle que nous
pensions. Nous avons remarqué qu'il y avait des dangers de fuite de
l'eau salée du réservoir dans les terres avoisinantes. Il y avait
la question que le chenal navigable du Saint-Laurent passe très
près du point où l'eau sortirait des turbines dans la centrale de
Saint-Joachim. Alors, il y avait possibilité d'un courant, il y avait
des problèmes de fondation.
M. ROY (Beauce): Mais il y avait aussi un problème...
M. DEGUISE: II y avait un sanctuaire d'oiseaux aussi.
M. ROY (Beauce): ... de coût, je pense, que vous avez
mentionné...
M. DEGUISE: Quand on a parlé de corrosion, automatiquement les
spécialistes nous ont dit: Ajoutez, rien qu'en partant, 20 p.c. ou 25
p.c. au coût normal de l'équipement à cause de la
présence d'eau salée.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ce sont les deux seules études que
vous avez faites, le projet de Saint-Joachim et le projet de la
Jacques-Cartier?
M. DEGUISE: Oui. Des études plus poussées, si on parle
d'études sur le terrain, ce sont les deux seuls endroits où nous
avons fait une étude de fondation, de qualité de roc.
M. ROY (Beauce): Au point de vue des études sommaires, est-ce que
vous avez retenu d'autres endroits possibles en considérant, à
titre de supposition, que la permission ne vous est pas accordée pour la
Jacques-Cartier? On a demandé, tout à l'heure, au
président de l'Hydro-Québec ce qu'il entendait faire. Il a
parlé, à un moment donné, des centrales à gaz,
à l'huile. Est-ce la seule hypothèse que vous avez
étudiée ou si vous avez étudié d'autres
possibilités d'aménagements de réserves pompées
ailleurs?
M. DEGUISE: Nous avons, dans nos dossiers, ce que nous appelons des
sites prometteurs, c'est-à-dire...
M. ROY (Beauce): Oui.
M. DEGUISE: ... on regarde s'il y a une montagne, s'il y a un lac, s'ils
ne sont pas trop distants. Nous avons des sites alternatifs. Mais,
chacun...
M. ROY (Beauce): Mais quels sont... M. DEGUISE: ... de ces sites...
M. ROY (Beauce): Quels sont-ils ces sites? Est-ce que vous pourriez nous
en citer quelques-uns?
M. DEGUISE: Je pourrais vous en donner. Il
y en a dans le voisinage de la Gatineau, je ne sais pas si c'est le parc
ou non, mais ce n'est pas très loin. Il y en a dans le
Lac-Saint-Jean.
M. ROY (Beauce): II y en a dans le Lac-Saint-Jean.
M. DEGUISE: II y en a au mont Tremblant. Malheureusement, les grosses
montagnes sont presque toutes dans les parcs! Mais le point important que je
voulais faire valoir, c'est qu'en s'attaquant à un autre site on se
replace au début de l'année 1972 par rapport à n'importe
quel projet. Avant que nous puissions y aller avec certitude quant à la
valeur du projet, quant au coût des travaux, cela nous prend un an ou un
an et demi. Il serait peut-être utile d'énumé-rer les
différentes étapes. Lorsque l'on a commencé sur la
Jacques-Cartier, par exemple, qu'est-ce qu'on avait comme renseignements? Il
n'y avait que les cartes du gouvernement fédéral â une
échelle de un dans 50 milles. Alors, il a fallu faire un programme de
cartographie. Quand on va dans le détail, c'est moins simple que cela
parait. Il ne s'agit pas juste de se promener en avion et de prendre des
photos. Il faut établir sur le sol des points de contrôle. Il faut
établir, appelez cela un "bench-mark" ou un point de repère
très bien identifié. Et, à mesure que vous prenez les
photographies, cela vous sert à évaluer vos distances ou vos
élévations. H y a toute une technique. La prise de photos et la
restitution des photos sur un plan, c'est peut-être 15 p.c. ou 20 p.c.
des dépenses impliquées par rapport à tout le
contrôle terrestre que cela prend pour la mise en valeur de ces
photos.
Cela se rattache peut-être à un point de ce matin quand on
disait: Quand avez-vous donné le mandat au bureau d'aménagistes
Gauthier, Poulin & Thériault?
Eh bien! un des facteurs déterminants, c'est qu'il nous a fallu
attendre. Nous avons commencé à faire ce travail de
préparation de photos en septembre, les photos ont été
prises à l'automne, les photos ont dû être restituées
sur des plans et ce n'est, je crois, que le 5 février que nous avions
les contours, les distances, les plans qui permettaient à la firme
d'aménagistes de préparer ce qu'ils ont préparé
là.
M. ROY (Beauce): Maintenant, dans la région de la Gatineau,
est-ce que vous avez, à ce jour, de par les études
préliminaires que vous avez faites je prends la région de
la Gatineau, je pourrais prendre celles de La Mauricie ou du
Saguenay-Lac-Saint-Jean constaté qu'il y avait possibilité
d'ériger des centrales à réserve pompée à
des coûts aussi avantageux...
M. DEGUISE: Non.
M. ROY (Beauce): ...que celles qu'il pouvait y avoir avec
l'aménagement de la Jacques-Cartier?
M. DEGUISE: II y avait certainement possibilité d'en faire, mais
c'est là, malgré notre ignorance des conditions de roc, etc., en
se basant simplement sur des quantités et en assumant que les choses
étaient comparatives, que nous en sommes arrivés à
certains prix, vous savez, quelque chose de mieux qu'un à peu
près, "guess estimate".
M. ROY (Beauce): Maintenant, pourriez-vous nous donner des chiffres, par
exemple, de coût comparatif pour la région du Saguenay, la
région de la Mauricie, la région de la Gatineau par rapport
à la Jacques-Cartier? Est-ce que vous pourriez nous donner une
idée de grandeur?
M. DEGUISE: Cela varie du simple au double et à plus que du
simple au double.
M. LESSARD: Combien de millions, du simple au double? Cela veut dire
quoi, cela?
M. DEGUISE: Voici. Si le projet de la Jacques-Cartier est de $175
millions, cela veut dire qu'il y en avait d'autres qui étaient de $350
millions, dans les mêmes conditions.
M. LESSARD: Du simple au double...
M. ROY (Beauce): Mais est-ce que cela veut dire aussi... Je m'excuse,
c'est un peu une question supplémentaire à la question principale
que j'ai posée. Mais entre $175 millions et $350 millions, il y a quand
même des marges à l'intérieur de cela.
M. DEGUISE: II y a des marges, oui.
M. ROY (Beauce): Là vous avez pris le chiffre minimum avec le
chiffre maximum.
M. DEGUISE: Oui.
M. ROY (Beauce): Mais quels sont les chiffres intermédiaires?
M. DEGUISE: II y a un autre facteur qui intervient, si vous permettez,
c'est la puissance. On cherchait 1,000 mégawatts. Alors il y a beaucoup
de ces sites qui n'avaient pas 1,000 mégawatts, qui ne se
prêtaient pas à un aménagement de 1,000 mégawatts,
à moins de faire ce que je vous ai montré tout à l'heure,
construire nos propres réservoirs nous-mêmes, ce qui nous
mène évidemment à des coûts prohibitifs.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: M. le Président, il y a une question qui a
été effleurée d'une façon globale, disons, mais
est-ce que vous avez une étude comparative des coûts
précisément pour la rivière Saint-Maurice versus la
rivière Jacques-
Cartier? On a parlé tantôt, globalement, du Saguenay, des
rivières à différents endroits, mais
précisément, la rivière Saint-Maurice versus la
rivière Jacques-Cartier, est-ce que vous avez une étude
comparative de faite?
M. DEGUISE: Oui, je l'avais dit à la dernière commission
parlementaire. De mémoire on pourrait vérifier parce que
ce doit être dans le compte rendu de la dernière commission, il y
a quelques semaines il me semble que les sites du Saint-Maurice
variaient entre $350 et $500 du kilowatt comparativement à $175, au
meilleur de notre connaissance, à Saint-Joachim. Ce n'est
peut-être pas juste, là, ce n'est peut-être pas
honnête de se servir de ces deux chiffres, parce que dans le cas du
Saint-Maurice, il y avait une possibilité de produire à peu
près 25 p.c. de facteur d'utilisation. Il y avait des
kilowatts-heures... Autrement dit, dans le Saint-Maurice, ce n'est pas que de
la pointe qu'on obtient. On obtient un certain nombre de kilowatts-heures.
Tandis que dans le cas de Champigny, ce n'est que de la pointe. Il n'y a pas
d'énergie là-dedans. Alors disons que cela pourrait
atténuer la différence mais pas au point, étant
donné que nous recherchons de la pointe, de vouloir faire
préférer le Saint-Maurice.
M. CARPENTIER: En considération des réservoirs actuels,
sur la rivière Saint-Maurice, des immenses réservoirs actuels,
est-ce qu'avec ce potentiel, il y a eu une étude de faite? Sur la
rivière Jacques-Cartier, on commence complètement à neuf.
Il n'y a pas de barrage, tout est forêt vierge, disons, et ressource
également.
M. DEGUISE: Oui.
M. CARPENTIER: Mais sur la rivière Saint-Maurice, des
réservoirs existent déjà. Est-ce que comparativement
à cela, il y a quelque chose à faire avec cela?
M. DEGUISE: Mais vous réalisez qu'à peu près tous
les réservoirs existants du Saint-Maurice présentent une
dénivellation de l'ordre de 100 ou 150 pieds au gros maximum. On parle
ici des chutes de 1,400 pieds. Alors pour obtenir la même puissance, vous
voyez tout de suite l'encombrement des machines.
M. CARPENTIER: Plus précisément, un exemple. Vous allez
prendre le barrage Gouin. Vous avez là un immense réservoir.
L'eau qui sort de là, elle ne revient pas. Elle est utilisée dans
les autres barrages, en bas, jusque dans la région de
Trois-Rivières.
M. DEGUISE: Oui, d'accord.
M. CARPENTIER: Alors, si seulement une partie de cette eau était
récupérée pour faire une station de pompage, comme vous le
préco- nisez, même si l'entière proportion n'était
pas repompée à sa source, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
faire une économie quelconque avec cette possibilité, même
en ne repompant pas totalement l'eau écoulée, pour produire?
M. DEGUISE: Absolument.
M. CARPENTIER: Ce ne serait pas nécessaire parce qu'actuellement
vous en avez une quantité qui s'en va continuellement et qui ne fait
rien. C'est pour alimenter les barrages d'en bas.
M. DEGUISE: Je pense que le gros facteur, c'est la hauteur de chute.
Même l'eau qui sort du barrage Gouin tombe de peut-être 80 ou 90
pieds aux environs du barrage.
M. CARPENTIER: Environ 100 pieds.
M. DEGUISE: Comparativement à 1,450 ici. Deuxièmement,
l'eau que nous repomperions en haut ne passerait pas dans les centrales d'en
bas. Toute l'eau qu'on laisse sortir du réservoir Gouin passe à
La Tuque, Beaumont, Rapide-Blanc, La Gabelle. Elle produit à chaque
centrale en passant. Si, immédiatement quand elle sort du barrage Gouin,
on la repompe en haut, sa valeur potentielle, elle la garde, mais elle l'a
perdue temporairement. Je crois que la grande différence, c'est la
hauteur de chute.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: Si je pose quelques questions, ce n'est pas pour tenter de
prendre les techniciens de l'Hydro-Québec au piège; c'est
simplement pour tâcher de renseigner d'une façon aussi
adéquate que possible les membres de la commission et la population qui
semblent assoiffés de renseignements actuellement si on lit les journaux
et ce qu'on entend à travers la ville de Québec en ce qui
concerne ce bassin qu'on se propose de créer actuellement sur la
rivière Jacques-Cartier.
Mes premières questions, ce serait d'une façon très
claire pour tâcher d'établir la capacité maximum de la
rivière Jacques-Cartier. Est-ce qu'on prévoit utiliser le maximum
de capacité possible de la rivière Jacques-Cartier?
M. DEGUISE : Vous voulez que je réponde immédiatement
à celle-ci?
M. RUSSELL: C'est aussi bien.
M. DEGUISE : Nous avons toujours dit et je le
répète encore que 1,000 mégawatts de pointe que nous
obtiendrons de la rivière Jacques-Cartier, ça nous suffit
jusqu'en 1985.
M. RUSSELL: Ce n'est pas ma question. Est-ce qu'on utilise au maximum
les capacités possibles de la rivière Jacques-Cartier?
M. DEGUISE: Si nous voulions d'autres centrales de pointe et si nous
voulions les installer sur la rivière Jacques-Cartier, il y a
certainement d'autres endroits possibles.
M. RUSSELL: D'accord. Donc, c'est une installation qui est faite
actuellement. Si je dramatise un petit peu, lorsque je parle d'une centrale
pompée... C'est comme ça que vous appelez ça?
M. DEGUISE : Centrale à réserve pompée.
M. RUSSELL: C'est un peu le système de balancement de lignes, si
je comprends bien. Un peu comme le rôle que joue une batterie dans
l'automobile, qu'on recharge lorsque l'automobile marche.
M. DEGUISE: A ce point de vue là, oui.
M. RUSSELL: Ce n'est pas en vue de produire de
l'électricité. Simplement, vous la placez de la façon la
plus centralisée possible, pour obtenir un balancement de lignes. Je
crois bien qu'à l'Hydro-Québec, lorsque vous avez
étudié la possibilité de vous installer à
Saint-Joachim ou au Cap-Tourmente, c'était en vue de vous placer d'une
façon aussi centrale que possible.
A la suite de cette étude, si je comprends, il n'a pas
été possible de s'installer là à moins d'un
coût extraordinaire et même là, encore, c'était
risqué. Si vous avez décidé de vous installer à la
Jacques-Cartier, c'est que c'était l'endroit idéal.
M. DEGUISE: D'après nos relevés préliminaires,
c'était censé être l'équivalent de Saint-Joachim ou
à peu près.
M. RUSSELL: Donc, on dit qu'actuellement vous pourriez
immédiatement, lorsque vous faites l'aménagement de la
Jacques-Cartier, peut-être installer un système qui produirait
trois ou quatre fois si je dramatise, je voudrais bien qu'on me corrige
ou le double de l'aménagement actuel proposé.
M. DEGUISE: Pas au même endroit. Remarquez, si on fait abstraction
de l'économie, il n'y a pas de limites à ce qu'on peut faire. Je
vais vous donner un exemple. Ici, je ne sais pas si vous la voyez, mais c'est
une installation sur les bords du lac Michigan. Le réservoir d'en bas
est infini, ils prennent l'eau dans le lac Michigan. Ils font un
réservoir en haut. Quel est le maximum qu'on pourrait installer?
Vous n'avez qu'à monter ces digues à 300, 400, 500 pieds
de haut. Ce n'est qu'une limite économique; physiquement, il n'y a pas
de limite à ce que vous pouvez mettre là. C'est un peu le
même problème avec à peu près n'importe quelle
réserve pompée. Si vous voulez bâtir des digues, des
barrages, il n'y a pas même besoin de rivières en théorie.
On a besoin d'une rivière pour le remplir une fois, la première
fois.
Après ça, c'est un cycle fermé; l'eau d'en haut
passe en bas et l'eau d'en bas passe en haut.
M. RUSSELL: Donc, si je comprends bien, c'est un endroit naturel qui se
prête très bien à ça, qui pourrait facilement, comme
vous le dites, produire trois ou quatre fois cette capacité, si
c'était nécessaire.
M. DEGUISE: Si c'était économique.
M. RUSSELL: Eventuellement, en d'autres circonstances, dans trois,
quatre, cinq, dix ou vingt ans, vous pourrez quand même augmenter cette
capacité si le besoin se fait sentir.
M. DEGUISE: C'est physiquement possible.
M. RUSSELL: C'est physiquement possible. Donc, je pense que ceci
répond à une question du député de Saguenay.
Deuxièmement, l'autre question est celle-ci: Est-ce qu'il y a des sites
que vous avez examinés parce que c'est certain que
l'Hydro-Québec n'envisage pas simplement l'étude sur deux ou
trois sites dans la province, elle étudie d'une façon assez
objective les centres les plus logiques parce que, pour aménager ces
sites, il y a des centres où ça doit se faire.
M. DEGUISE: Oui.
M. RUSSELL: Vous n'installez pas au bout d'une ligne. Ce n'est pas
normal et de tous ces sites, ce serait celui qui s'aménagerait de
façon la plus économique.
M. DEGUISE: A notre opinion, actuellement, oui.
M. RUSSELL: A votre opinion?
M. DEGUISE: Oui.
M. RUSSELL: Dans d'autres parties de la province, pour le moment, ce ne
serait pas économique; vous n'avez pas d'études
complétées...
M. DEGUISE: Ce n'est pas aussi économique que celui-là,
à notre opinion, mais il y a d'autres sites que nous allons certainement
attaquer un jour, parce que les choses évoluent et les prix montent. Des
sites hydroélectriques qui n'étaient pas intéressants il y
a dix ans, avec l'inflation, le coût du nucléaire, le coût
de l'huile, font que nous regardons d'anciens sites qui n'avaient pas l'air
intéressants il y a quinze ans et qui deviennent intéressants
maintenant. La même chose peut se produire avec le site de la
rivière Jacques-Cartier.
M. RUSSELL: Je suis satisfait de la réponse que j'ai obtenue de
M. DeGuise. Le site est exploité à peu près à 25
p.c. ou à peine; il pourrait être triplé ou
quadruplé si...
M. DEGUISE: Si on regarde...
M. RUSSELL: ... le besoin se faisait sentir et si l'on s'apercevait,
après l'essai qu'on a fait là, que ça ne nuit pas
tellement que cela à la faune ou à d'autres valeurs
économiques qu'on peut utiliser dans ce sens. Merci de l'aide que le
président m'a donnée.
Je pense que c'est important que la population puisse savoir cela, et je
pense que le député de Saguenay était lui-même
inquiet mais voulait s'assurer d'avance que ceci se ferait de la même
façon que la première installation va se faire, et que pour les
autres qui suivront, le gouvernement aura, comme le disait le président
de l'Hydro-Québec tout à l'heure, à leur donner la
permission pour la deuxième installation...
M. DEGUISE: C'est ça.
M. RUSSELL: ... si on voit que la première ne cause pas les
dommages prévus ou présentés par certains organismes qui
s'intéressent directement aux loisirs récréatifs ou
à l'économie de la région.
M. le Président, on pourra peut-être discuter tout à
l'heure des autres rapports; au point de vue matériel et d'installation,
je pense que je suis satisfait des réponses que j'ai eues de M. DeGuise;
s'il y a d'autres questions...
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
M. SIMARD (Richelieu): M. le Président, je crois qu'il a
été établi que la Jacques-Cartier, en fait, était
le seul endroit qui serait prêt pour 1979. On sait aussi qu'il y a 60
p.c. seulement des études qui sont complétées. Est-ce
qu'il y aurait une possibilité, dans les 40 p.c. d'études qui
restent à faire, que vous trouviez quelque chose qui bloquerait le
projet?
M. DEGUISE: C'est théoriquement possible mais, pour être
franc, actuellement, ça ne paraît pas. Nous n'avons aucun indice
qui nous laisse des doutes actuellement, mais c'est théoriquement
possible qu'à un moment donné un forage au bon endroit nous
décèle une faille ou une rivière souterraine ou un
problème insoupçonné.
M. SIMARD (Richelieu): Maintenant, est-ce qu'il y aurait moyen, M. le
Président, qu'on ait un graphique et des plans accompagnés d'un
texte nous donnant les élévations, les distances, etc. des
maquettes que vous nous avez présentées?
M. DEGUISE: Sur les maquettes, j'allais dire que dans une des annexes
à ma présentation de ce matin, l'annexe A, vous avez toutes les
données-clés, si vous voulez, les hauteurs de réservoirs,
les dimensions de réservoirs, les superficies inondées; on
pourrait bien l'exami- ner un instant, si vous voulez. Je pense que c'est aussi
dans le rapport écologique qu'on doit déposer un peu plus
tard.
M. SIMARD (Richelieu): D'accord mais vous n'avez pas de plans comme
tels?
M. DEGUISE: Je pense qu'il serait possible de vous en donner; on ne les
a peut-être pas ici actuellement.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, une description technique.
M. SIMARD (Richelieu): Oui.
M. DEGUISE: A l'annexe A, si vous vous référez à la
présentation de ce matin, vous avez les caractéristiques du
réservoir inférieur, les caractéristiques du
réservoir supérieur, les caractéristiques de la centrale.
Cela vous donne les superficies totales, naturelles, submergées, volumes
utiles, niveau maximum d'opération, niveau minimum, variation de
niveaux, niveau naturel à l'emplacement du barrage, à la limite
du parc, à l'emplacement de la centrale, hauteur du barrage...
M. SIMARD (Richelieu): C'est pour avoir une idée, en fait pour
localiser tous les aménagements touristiques, comme le...
M. DEGUISE: Oui, ça, oui.
M. SIMARD (Richelieu): ... camping et tout ça pour qu'on sache
exactement, nous...
M. DEGUISE: Dans le rapport des aménagis-tes...
M. SIMARD (Richelieu): ... à quelle place c'est situé.
D'accord, merci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le ministre responsable de la qualité
de l'environnement.
M. GOLDBLOOM: M. DeGuise, tout à l'heure le député
de Shefford vous a posé une question quant au potentiel global de la
rivière Jacques-Cartier. Dans votre réponse vous avez
apporté deux éléments, la possibilité d'augmenter
la capacité du réservoir supérieur et aussi la
possibilité de développer d'autres sites sur la rivière.
Je voudrais vous demander tout simplement: Est-ce que dans les projets de
l'Hydro-Québec, présentement, figure le développement
d'autres sites sur la rivière Jacques-Cartier?
M. DEGUISE: Présentement on n'aurait aucun projet, parce que nous
n'avons pas fait de recherches ailleurs qu'au site Champigny actuellement.
M. GOLDBLOOM: Bien si c'est sur le même
élément...
M. LESSARD: Exactement sur la même chose. Est-ce que'
l'Hydro-Québec accepterait de déposer le rapport Denis qui a
été préparé en juillet 1971?
M. DEGUISE: Je le crois, d'ailleurs, il a quasiment été
publié dans les journaux.
M. LESSARD: Oui, mais est-ce que l'Hydro accepterait de le publier
officiellement? Vous dites que vous n'avez pas envisagé d'autres sites,
est-ce que vous accepteriez?
M. DEGUISE: Je crois qu'il n'y a pas de problème. Je voudrais
consulter mon président et les membres de la commission, mais
personnellement...
M. LESSARD: Vous me permettrez, mais il semble que le rapport Denis
envisage non seulement un site, mais sept sites possibles.
M. DEGUISE: Oui, je ne l'ai pas nié, je l'ai même dit dans
ma présentation. Il y a plusieurs sites. Chaque fois que vous avez une
montagne puis un lac c'est un site possible de centrale à réserve
pompée.
M. LESSARD: Vous avez donc choisi la rivière Jacques-Cartier pour
étude parce qu'elle présentait plusieurs sites possibles.
C'était probablement un argument fondamental dans votre choix de la
Jacques-Cartier.
M. DEGUISE: Pas nécessairement, parce qu'il y a une limite
à ce qu'on peut embarquer sur les lignes de transport qui passent
là. On peut embarquer 1 million de kilowatts sur la ligne en
arrière, mais je ne suis pas prêt à dire qu'on peut
embarquer 4 millions de kilowatts sur cette ligne. Alors si, à chaque
autre site de la Jacques-Cartier, il faut construire une ligne spéciale
de transport, là ça peut renverser l'économie de ce
site-là par rapport à d'autres.
M. ROY (Beauce): Oui, mais il n'y a rien qui vous empêche de
construire une ligne de transport comme c'est nécessaire d'en construire
ailleurs si vous prenez n'importe quel site. A ce moment-là ça ne
change rien.
M. DEGUISE: Un instant, nous cherchons des sites de réserve
pompée justement pour éviter les lignes de transport. On pourrait
fort bien mettre des machines additionnelles à rivière La Grande
ou bien aux chutes Churchill. Si on est prêt à faire la ligne
entre la chute Churchill et Montréal, on peut mettre toute la puissance
qu'on veut aux chutes Churchill. Ce qui nous en empêche, c'est le
coût de la ligne de transport. Une ligne de transport à 735 K.V.
c'est $200,000 le mille.
M. ROY (Beauce): M. le Président, il y a une chose qui
m'inquiète suite aux questions posées par le député
de Shefford ainsi que le ministre de l'Environnement. Je me
réfère précisément à la page 12 de votre
document de ce matin: Un barrage de quelque 180 pieds de hauteur permettrait de
rehausser l'altitude de la rivière de son niveau de 760 pieds à
un niveau de 928, ce qui fait une augmentation de 168 pieds de niveau, dans
l'encadrement naturel dans lequel se trouve le canyon que traverse la
rivière Jacques-Cartier.
Qu'arriverait-il, par exemple, si à un moment donné,
pendant les prochains mois, une fois que ce projet serait accepté, en
prétendant que ce projet serait accepté, pour des raisons
d'économie vous décidiez de hausser le niveau? Vous
souligné la possibilité d'augmenter la capacité du
réservoir supérieur. A ce moment-là on pourrait
décider de hausser le niveau de la rivière encore de 50 ou de 75
pieds. Alors, moi la question que je me pose à ce moment-là:
Est-ce que le site actuel de la rivière Jacques-Cartier,
c'est-à-dire le site que vous proposez dans le projet actuel, tel que
vous l'avez conçu et tel que présenté dans la maquette, ne
risque pas d'être modifié, d'être perturbé dans six
mois? Etant donné qu'on a déjà consenti et admis la
possibilité qu'on a déjà donné la permission
d'ériger le barrage, d'ériger la centrale, on pourrait se
retrouver devant un autre fait. A ce moment-là, on verra toute
l'écologie du milieu, tout le panorama complètement
modifié et complètement changé.
M. DEGUISE: C'est la pratique de l'Hydro-Québec, lorsqu'elle
demande l'autorisation d'effectuer des travaux sur une rivière, de
donner tout de même les grandes lignes du plan avant l'approbation par le
ministère des Richesses naturelles. Il faut tout de même qu'on
définisse le projet pour lequel on demande une approbation.
M. ROY (Beauce): Vous demandez une approbation, mais il n'y a rien qui
nous dit qu'à un moment donné, dans cinq ou six mois, ce plan ne
pourrait être modifié pour augmenter la réserve suite
à de nouvelles études que l'Hydro-Québec pourrait
faire.
M. DEGUISE: Sous ce rapport-là évidemment, le conseil des
ministres ou le Parlement peut toujours apporter des modifications à
tout ce qu'il approuve en ce qui nous concerne.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le ministre, député de
D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. DeGuise, au début de la séance de cet
après-midi, j'ai posé une question tripartite que j'ai
considérée assez fondamentale. Je voudrais vous en poser une que
je considère encore plus fondamentale. Nous sommes appelés
aujourd'hui à décider une chose, pas aujourd'hui même,
parce qu'il y aura une autre séance pour entendre d'autres sons de
cloche, mais disons aujourd'hui dans le sens littéraire, si vous
voulez. Nous sommes obligés de poser un jugement sur un projet. Nous
savons déjà, d'après les prévisions que vous avez
exposées, que ce que nous déciderons aujourd'hui ne suffira pas
aux besoins futurs de la province, il faudra faire autre chose
après.
J'aimerais avoir un exposé concis sur ce que nous serons
appelés à décider demain et après-demain. En posant
cette question, je tiens compte d'une foule de facteurs; je tiens compte de la
pollution qui est occasionnée par les usines thermiques, je tiens compte
des problèmes que l'on connaît présentement, et notamment
en Amérique du Nord, avec la transformation de l'énergie
nucléaire en énergie électrique et des oppositions
extrêmement vives, tout aussi vives que celles que nous connaissons chez
nous, à l'installation de centrales de cette nature. Je tiens compte
aussi du fait que l'on peut appeler l'électricité propre au
niveau de la consommation, mais on ne peut l'appeler propre au niveau de la
production quant aux aspects écologiques. Nous avons donc comme
gouvernement, et notamment mon collègue des Richesses naturelles,
à déterminer une politique énergétique pour le
Québec. Cette politique doit être plus qu'une politique
économique ou technologique, elle doit être également une
politique écologique et sociologique; il y a une foule de facteurs dont
il faut tenir compte.
L'Hydro-Québec est à l'avant-garde de toute cette
activité. L'opinion publique dit des fois que l'Hydro-Québec est
un peu trop à l'avant-garde et qu'elle est trop avancée quand
nous commençons à discuter certains projets de cette nature.
J'aimerais avoir une idée de votre optique, de l'optique de
l'Hydro-Québec sur ce que nous serons appelés à
décider demain et après-demain.
M. DEGUISE: Si j'ai bien compris votre question, vous aimeriez savoir ce
que nous entrevoyons comme programme d'équipement pour les années
futures, oui. Nous avons des réponses jusqu'à un certain temps;
cela a déjà été déposé, mais je peux
le rappeler brièvement. Je pense que la centrale en construction
actuellement, Manic 3, doit entrer en service dans les années 1975-1976.
Cela nous suffira probablement jusqu'à la fin de 1977, en ajoutant 1
million et quelques 100,000 kilowatts. Pour le début de 1978, nous avons
déjà exposé que nous projetons avoir la centrale Outardes
2 qui est d'à peu près 400,000 à 450,000 kilowatts.
Pour la même année, nous espérons pouvoir
négocier un achat temporaire d'énergie d'une des utilités
voisines pour combler le déficit. Il nous faut à peu près
de 1,200 à 1,300 mégawatts en l'année 1978; alors, en en
produisant 400 ou 450 à Outardes 2, le reste serait acheté
d'après un contrat à court terme. Pour l'année 1979,
l'année critique en ce qui nous concerne ici, nous projetions avoir un
million de kilowatts provenant d'une centrale à réserve pom-
pée et nous projetions avoir la centrale nucléaire de Gentilly 2,
d'une capacité de 600 mégawatts, pour la même année,
ce qui comblerait le déficit de 1,300 à 1,400 pour l'année
1979.
En 1980, nous anticipons recevoir l'énergie de la baie James. Les
premiers groupes, les premières lignes devraient être en fonction
en 1980. Le développement de la rivière La Grande, qui comporte
quatre centrales, devrait suffire à nos besoins jusqu'en 1984 ou 1985.
Il nous faudra, vers les années 1978 ou 1979, prendre une
décision pour ce qui devrait être accepté sur le
réseau de Québec, sur le réseau de l'Hydro-Québec
en 1985. Si vous voulez une idée des options qui s'ouvrent, il y a les
rivières d'en bas, les fameuses rivières Rupert, Broad-back et
Rupert où il y a encore 6 ou 7 millions de kilowatts.
Il y a une étude économique à faire pour savoir
exactement ce que c'est. Il est possible que nous demandions dans la même
période de construire d'autres centrales nucléaires, si nous
voulons poursuivre nos connaissances sur la technique nucléaire, si nous
voulons procéder à l'entraînement du personnel, ce qui
s'avère une chose extrêmement difficile pour nous, pour toutes
sortes de raisons. Le procédé canadien, par exemple, est
différent du procédé américain. Alors, ça
prend un entraînement un peu spécial. Nous fonctionnons en
français et personne d'autre en Amérique du Nord n'exige que le
personnel soit de langue française. Alors, l'entrafnement nous pose de
grands problèmes pour le personnel nucléaire et il faut s'y
prendre longtemps d'avance. Cela nous porte, si vous voulez, à quinze
ans d'ici, à 1985, 1986 ou 1987. C'est le programme d'aménagement
de l'Hydro-Québec comme nous l'entrevoyons actuellement.
M. GOLDBLOOM : Est-ce que je peux vous demander de préciser
davantage quant à la politique à long terme? Est-ce que l'on a
raison de dire, comme le disent beaucoup de gens, que l'énergie
nucléaire est l'énergie de l'avenir? Si la réponse est
affirmative, ce que nous connaissons présentement nous permet-il
d'envisager le remplacement de l'énergie hydroélectrique en
grande mesure par l'énergie nucléaire ou est-ce qu'il faudra
attendre encore que soient raffinées et développées les
techniques de transformation de l'énergie nucléaire, pour arriver
enfin à un moment, que peut-être vous pourrez fixer dans notre
histoire, dans notre postérité, où l'énergie
nucléaire sera la façon de produire l'électricité
et que nous serons en mesure de le faire sans danger pour la santé
humaine?
M. DEGUISE : Je m'excuse, il y a un lapsus. Il paraît que j'ai dit
Churchill pour 1980; c'était évidemment la baie James.
Pour répondre à votre question, dans les pays où on
peut choisir entre le pétrole ou le charbon et le nucléaire, il
n'y a aucun doute qu'on choisit le nucléaire, à cause surtout de
la
crise de l'énergie du pétrole. Pour nous, aussi longtemps
qu'il y a des ressources hydrauliques et que les ressources hydrauliques
peuvent être aménagées à un coût qui n'est pas
trop différent du coût du nucléaire et là je
suis même prêt à dire que ça vaut une prime pour
continuer d'avoir de l'hydraulique, à cause de toutes sortes
d'inconvénients du nucléaire je pense que le choix est
assez évident là aussi. Tant que nous sommes dans les mêmes
"ranges", dans la même gamme de prix, la préférence va
aller nettement à l'hydraulique.
Maintenant, peut-être que le Dr Boulet qui est avec nous ici
aurait des considérations ou des opinions à nous donner sur
l'énergie de l'avenir.
M. GOLDBLOOM: Pendant qu'il s'approche du micro, est-ce que je peux lui
demander d'élaborer un peu sur ce que vous venez de mentionner, les
inconvénients de l'énergie nucléaire?
M. BOULET: Je pense qu'un des inconvénients, ce sont les
radiations. Deuxième inconvénient, c'est, lorsque le combustible
est brûlé, comment s'en départir, dans des fosses, etc.
Troisième inconvénient, c'est que les centrales nucléaires
sont construites pour une durée de 30 ans; qu'est-ce que nous allons en
faire au bout de 30 ans? Ce sont tous des inconvénients majeurs.
Evidemment, si on a besoin d'énergie, il faut en produire par certains
moyens.
Dans la période de 1980 à 1990, probablement qu'on verra
l'apparition des réacteurs surgénérés, les "breeder
reactors". Encore là, vous avez les mêmes inconvénients. Il
semble que, dans les endroits où on fait des expériences dans ce
domaine, il y a beaucoup de difficultés. Mais, en même temps
là, je parle comme chercheur, comme rêveur, comme beaucoup
de mes confrères me le disent il y a des études qui se
font sur la thermofusion qui est le procédé inverse de la fission
nucléaire, c'est-à-dire l'utilisation du deuterium et du tritium
qui existent en quantité quasi illimitée dans l'eau de mer ou
dans l'eau. Pour vous en donner un exemple, une chaudière d'eau
ordinaire que vous prenez n'importe où peut contenir autant
d'énergie qu'une tonne de charbon, si on réussit à prouver
le principe de la thermofusion. L'avantage du principe de la thermofusion,
c'est que, premièrement, il n'y aurait aucun danger d'emballement dans
la réaction; s'il arrive quoi que ce soit, la réaction
arrête.
Evidemment, encore là, le tritium n'est pas un gaz qu'on peut
respirer librement. Il y aura peut-être un peu de radiations mais
beaucoup moins que dans le cas des centrales nucléaires ordinaires.
Evidemment, le principe de base n'est pas encore prouvé. Tous les
laboratoires du monde entier travaillent à ça. On fait aussi un
travail élémentaire à l'Institut de recherche de
l'Hydro-Québec. Mais on prévoit que, peut-être d'ici 1980,
le principe sera prouvé. Il restera, après cela, à
construire la centrale prototype. Alors, peut-être que, vers 1990, la
thermofusion sera dans le même état où était le
nucléaire vers 1965. Cela veut dire que la thermofusion est une forme
d'énergie qui sera utilisée, en supposant des réussites,
vers l'an 2,000.
Le problème principal, c'est que la réaction de
thermofusion se fait à une température de l'ordre de 100 millions
de degrés Fahrenheit. Alors, il faut maintenir un plasma par des champs
magnétiques et non plus par des contenants. Mais ce n'est pas un
problème. Pour les chercheurs, cela ne nous effraie pas.
M. GOLDBLOOM: Et est-ce que cela pose des problèmes particuliers
de refroidissement?
M. BOULET: Du tout. C'est maintenu dans le vide alors il n'y a aucun
problème de refroidissement.
M. GOLDBLOOM: Rendu à la thermofusion, est-ce que le
problème que nous connaissons aujourd'hui d'une pénurie d'eau
lourde serait réglé ou est-ce que cela ne poserait plus de
problème? Est-ce qu'on n'aurait plus besoin d'eau lourde?
M. BOULET: On n'aurait absolument pas besoin d'eau lourde. On aura
besoin d'autres choses. On aura besoin du lithium. Il y a des méthodes
qui sont déjà bien connues pour produire le lithium, qui sert
d'isolant thermique dans la réaction.
M. GOLDBLOOM: Mais l'eau lourde, étant composée de
deutérium et d'oxygène, est-ce que ce sera facile d'avoir le
deutérium dont on aura besoin?
M. BOULET: Oui, certainement. Le procédé dans l'eau
lourde, ce n'est pas l'obtention du deutérium. On peut obtenir le
deutérium simplement par électrolyse, très facilement. Par
diffusion, on peut avoir le deutérium très facilement.
L'obtention des matières premières est beaucoup plus simple que
l'obtention de l'eau lourde. Parce que dans le cas de l'eau lourde, on veut
conserver l'oxygène avec le deutérium. C'est là que la
difficulté se présente.
Maintenant, il y a beaucoup d'autres procédés ici. Par
exemple, on dit que l'énergie solaire, c'est la forme d'énergie
la plus grande. Mais, malheureusement, aujourd'hui, on ne pourrait pas avoir
beaucoup d'énergie électrique. Evidemment, cela peut se faire
dans le désert. Mais même dans ces procédés, pour
vous en donner un exemple, pour produire 100 kilowatts par énergie
solaire, cela prend une superficie de miroirs ou de lentilles d'un mille
carré. Alors, vous briseriez l'environnement là encore.
Il y a l'énergie éolienne. Evidemment, l'énergie
éolienne, il faut avoir du vent. Mais cela peut servir comme moyen
d'apport dans des
endroits éloignés. Il y a la pile à combustible. On
a même fait un essai ici, à Québec, encore pour les
régions éloignées. Elle a l'avantage de ne pas produire de
pollution en utilisant, évidemment, l'hydrogène et
l'oxygène. Est-ce que cela répond...
M. SIMARD (Richelieu): Docteur, vous disiez qu'une station
nucléaire a une vie d'environ 30 ans. Est-ce que l'on pourrait appliquer
le nombre d'années sur une station pompée, comme celle...
M. CAHILL: Pour les centrales hydrauliques, d'habitude, ont une vie de
50 ans.
M. SIMARD (Richelieu): 50 ans!
M. CAHILL: D'habitude, elles vivent plus longtemps que cela. Nous avons
des centrales qui ont 60 ans, actuellement, et elles sont encore en assez bon
état, comme la centrale des Cèdres, par exemple. Mais, du point
de vue comptable et pour les études économiques, nous prenons une
vie de 50 ans.
M. SIMARD (Richelieu): Merci.
M. GOLDBLOOM: Mais si vous fixez la durée de la vie d'une
centrale hydroélectrique à, disons, 70 ans, qu'est-ce que vous
faites après cela? Est-ce que vous enlevez l'équipement et vous
le remplacez par d'autres équipements ou est-ce que vous enlevez le
barrage, ou quoi?
M. CAHILL: M. DeGuise pourrait peut-être vous répondre.
Mais les centrales que nous avons abandonnées jusqu'à maintenant,
ce sont toutes des centrales de très petites puissances parce que dans
le temps la demande était très faible. Alors, c'étaient
des centrales qui produisaient quelques milliers de kilowatts seulement. Alors,
nous ne nous sommes pas donné la difficulté de remplacer
l'équipement. Cela n'aurait pas été économique de
le faire. Dans certains cas, nous avons conservé le plan d'eau en
conservant le barrage en bon état.
M. LESSARD: M. le Président, si vous me permettez de continuer un
peu dans le même sens que parlait le ministre des Affaires municipales et
de l'Environnement, tout à l'heure, j'aimerais plus
particulièrement revenir à la centrale à réserve
pompée.
Puisque le ministre disait, tout à l'heure, qu'il fallait pour
nous, parlementaires, savoir quelle décision nous aurons à
prendre demain, je désirerais savoir, justement, concernant strictement
ces centrales, quels sont les projets de l'Hydro-Québec?
Je m'explique, M. le Président. En 1979, nous constatons,
d'après le programme d'équipement, qu'on a besoin d'une usine de
pointe de 800 mégawatts. C'est probablement celle dont on parle.
D'accord? En 1984, nous avons besoin d'une autre usine de pointe de 1,200
mégawatts, selon le rapport, le programme de l'Hydro-Québec. En
1985, une autre usine de pointe de 800 mégawatts. Ce qui veut dire que,
d'ici 1985, nous avons besoin non pas de 1,000 mégawatts mais de 2,800
mégawatts.
Aujourd'hui, nous avons à prendre une décision à
partir de certains critères économiques, que
l'Hydro-Québec n'a pas justifiés encore, parce que nous ne savons
pas encore, nous n'avons encore aucune étude comparative entre
différents projets alternatifs. Pour ma part, je pense que nous ne
sommes pas capables, sans avoir ces études ou ces coûts
comparatifs, de prendre, de façon valable, cette décision, comme
le disait le ministre, aujourd'hui, dans quelques jours ou dans quelques
semaines.
Mais, par exemple, une chose, comme on le disait: c'est qu'en 1984, vous
aurez probablement les mêmes arguments. Et là, vous allez venir
probablement vers 1981. Les mêmes arguments nous reviendront. Vous
reviendrez devant la commission des richesses naturelles et vous nous direz:
Maintenant que nous avons fait un pas, sur la Jacques-Cartier, vous savez, ce
n'est pas si pire. On a pollué un petit peu mais on n'a pas trop
pollué. Il s'agit de polluer encore un petit peu. Cela ne sera pas
grave. Quand l'Hydro-Québec me dit qu'elle est bien consciencieuse sur
la pollution, moi je sais ce que c'est. A un moment donné, j'en ai vu
des barrages, dans mon comté, et je sais, par exemple, comment on
élimine les arbres sous les tours de transmission, avec quel produit on
le fait. Je sais que, par exemple, dans certaines régions et je
pourrais en parler longuement on n'a même pas respecté la
loi des trois chaînes le long des lacs. Alors écoutez, il n'y a
pas de pollution au point de vue hydroélectrique mais il y a d'autres
systèmes de pollution.
Je me place en 1981. Puisque nous vous avons donné le droit de
passage, le droit d'entrée sur la Jacques-Cartier pour 1979 et puisqu'on
vous l'a donné à partir du fait que c'était la seule
possibilité de produire de l'électricité de pointe au
meilleur coût possible, il me paraît normal qu'en 1984 vous allez
nous demander exactement la même décision que vous nous demandez
aujourd'hui.
M. GIROUX: M. le Président, je crois qu'on a répondu
à toutes ces questions-là tantôt mais cela me fait plaisir
de les répéter.
M. LESSARD: Je ne crois pas.
M. GIROUX: Nous sommes en 1973. Nous avons demandé la permission
de faire un barrage, une réserve pompée qui va fournir 1,000
mégawatts. Notre programme d'équipement demande, d'après
les calculs qui ont été prouvés par le
député, qu'on aura besoin d'un autre 1,000 mégawatts en
1984. Donc, il faudra revenir en 1978.
D'ici 1978, ce qui fait cinq ans, il y a
plusieurs percées qui peuvent se faire dans d'autres
développements offrant plus d'avantages que les réserves
pompées. A ce moment-là c'est ce qu'on expliquait ce matin
je ne vois pas pourquoi le gouvernement ne dit pas qu'en 1978, quand on
fera la planification des besoins pour 1984, on revienne en 1978 avec le
programme que l'on préconise.
Actuellement, ce n'est pas sage de préconiser un programme pour
1984 quand tout le monde dit: Peut-être que le nucléaire va
être plus avantageux, qu'on a fait une percée. Et on
l'espère, on travaille dessus. Il peut y avoir d'autres modes qui se
développeront et on sera peut-être bien avantagés de s'en
servir. Nous avons pris les mêmes précautions au sujet du
développement de la baie James, de s'assurer qu'on pourra arrêter
sans qu'il y ait de désastre en 1980.
S'il se fait des développements, s'il se fait quoi que ce soit,
l'Hydro-Québec est parfaitement consentante à revenir
déposer un programme sur les cas spéciaux pour les
énergies nécessaires à fournir la pointe en 1978. Mais
ça ne nous sert à rien de planifier avant, on peut sortir toutes
sortes de nouvelles choses. Il y a dix ans, on ne parlait absolument pas
d'usines à gaz.
M.LESSARD: Puisque l'Hydro-Québec ne veut pas planifier pour plus
tard que l'année 1979, et qu'elle ne veut pas...
M. GIROUX: Je vous demande pardon, M. le Président, je n'ai
jamais déclaré que nous ne voulons pas planifier pour plus loin
que ça. On émet des paroles que je n'ai jamais dites.
M. LESSARD: Vous refusez de nous dire pourtant...
M. GIROUX: Je ne refuse rien. Je dis qu'en 1978, le désir de
l'Hydro-Québec est de revenir devant la commission afin d'expliquer
clairement aux députés quels sont les modes les plus avantageux
qui s'offrent au moment où nous serons rendus en 1978. C'est ce que je
dis.
M. LESSARD: Une autre question. J'ai demandé tout à
l'heure à M. DeGuise s'il était posssible de déposer le
rapport Denis. Est-ce possible, M. le Président de l'Hydro-Québec
de déposer le rapport Denis qui a été
préparé en juillet 1971?
M. GIROUX: L'Hydro-Québec n'a pas d'objection à
déposer les rapports. La seule chose, c'est que nous ne les avons pas
dans le moment. Nous les déposerons en même temps que les autres
rapports seront déposés. J'attends la décision du
président, à savoir quand on déposera les rapports pour
être étudiés, afin que tout le monde les dépose
ensemble, qu'on ait les rapports des parties qui contestent, en même
temps qu'on dépose nos rapports.
Si c'est pour le 17 et que le président demande qu'on les
dépose le 12, on les déposera le 12.
M. LESSARD: Aujourd'hui, c'est la journée où
l'Hydro-Québec a été invitée pour témoigner
tout simplement devant la commission parlementaire, alors je ne vois pas
pourquoi l'Hydro-Québec refuserait de déposer les rapports.
M. GIROUX: Je n'ai rien vu dans la convocation qui dit qu'on devait
déposer des rapports.
M. LESSARD: Je vous demande...
M. GIROUX : On a dit qu'on devait venir ici pour donner des
explications. Ce matin, on a demandé aux groupes de déposer des
rapports. L'Hydro-Québec est parfaitement consentante à
déposer des rapports à la date où tout le monde
déposera des rapports.
M. LESSARD: Depuis le début de cette commission parlementaire, je
sens que l'Hydro-Québec est terriblement réticente à nous
donner les informations qu'on veut avoir.
M. GIROUX: Je ne vois pas la réticence.
M. LESSARD: M. le Président, il me paraît que nous sommes
ici comme parlementaires pour obtenir tous les renseignements possibles afin
qu'on puisse avoir la possibilité de nous prononcer de la façon
la plus valable possible. Or, l'Hydro-Québec vient témoigner
devant cette commission, elle nous parle de certaines études qui ont
été faites, mais ne nous présente pas de coûts
comparatifs entre différents projets. L'Hydro-Québec nous dit:
Nous avons étudié strictement pour le moment la construction d'un
barrage à réserve pompée seulement et nous n'avons pas
tenu compte d'autres possibilités.
Moi je demande à l'Hydro-Québec c'est la
journée de l'Hydro-Québec, si l'Hydro-Québec veut revenir
par la suite, ça nous fera plaisir comme parlementaire, de nous
dire si, oui ou non, aujourd'hui, elle est décidée, pour la
meilleure information des membres de cette commission, à nous donner les
rapports qu'on lui demande.
Et il ne s'agit pas de dire: On va déposer ces rapports le 17 ou
le 18 mai, c'est aujourd'hui que vous témoignez devant la commission
parlementaire. Et, quant à nous, nous avons l'intention justement
d'être mieux préparés pour pouvoir en discuter et non pas
faire comme dans certains cas, comme c'est arrivé pour la discussion du
coût de l'électricité, obtenir une série de rapports
de l'Hydro-Québec, sans avoir le temps d'en prendre connaissance. Et, en
fait, les dés sont pipés dès le début.
M. GIROUX: J'aime bien l'expression "les
dés sont pipés", je vois que vous êtes un bon
"gambler".
Seulement, il y a un point qui est très clair dans mon esprit,
c'est qu'on nous demande de déposer des rapports. Ce matin à la
commission, ils nous ont demandé de remettre les séances au 17.
On admet les autres parties.
On demande qu'on ait pour l'Hydro-Québec le même traitement
que les gens qui sont de l'extérieur. Si vous demandez que les rapports
soient déposés pour le 12 pour étude et discussion le 17,
nous les déposerons le 12, mais que tout le monde dépose les
rapports en même temps. Et que l'Hydro-Québec ait des copies de la
partie adverse en même temps qu'on dépose nos rapports. Je crois
que c'est parfaitement juste.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. le député de Saguenay, si
vous le permettez, j'ai relevé la motion qui précède le
travail de notre commission aujourd'hui et dans la motion il n'est nullement
question d'obliger ou même de demander à l'Hydro-Québec de
déposer les rapports.
M. LESSARD: M. le Président, c'est comme parlementaire.
L'Hydro-Québec n'est pas un Etat dans l'Etat, il me semble; c'est comme
parlementaire. Puisque nous avons à étudier une décision
qui me parait, pour chacun des ministres et pour le gouvernement, une
décision qui va avoir des conséquences énormes, il faut
nous, les parlementaires avoir toutes les informations
parlementaires, et probablement qu'elle n'aura pas la possibilité de
revenir, nous lui demandons de nous fournir tous les documents qui nous
paraissent nécessaires, pas qui paraissent nécessaires à
l'Hydro-Québec, mais à nous comme parlementaires pour pouvoir
prendre la décision la plus valable.
M. LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, il y a longtemps que le
député de l'Assomption me demande la parole. Je m'excuse à
son endroit...
M. PERREAULT: Cela fait trois heures.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... et lui cède la parole.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai d'autres questions; en tout
cas, on les fera revenir, on n'est pas pressé du tout.
M. PERREAULT: Moi non plus, je ne suis pas pressé mais...
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Personne n'est pressé mais je
cède la parole au député de l'Assomption.
M. PERREAULT: J'aimerais poser quelques rquestions sur le projet
lui-même. Je regarde ici la charte en arrière...
M. LESSARD: On discute strictement des besoins d'énergie et du
choix. On n'est pas encore arrivé à l'environnement et au
projet.
M. PERREAULT: Vous avez parlé tout à l'heure c'est
dans le sujet, vous en avez parlé vous-même de la pollution
des lignes de transport; on a dit que pour cette centrale il y a un peu de
lignes de transport qui seront construites. Quelle est la longueur de lignes de
transport à construire pour rejoindre nos lignes actuelles dans le
parc?
M. DEGUISE: Quatre milles, quatre milles et demi.
M. PERREAULT: II y a seulement quatre milles, quatre milles et demi de
lignes de transport à construire pour rejoindre nos lignes existantes?
Ceci, selon vos estimations, représente un avantage d'avoir une centrale
pompée près de nos lignes de transport existantes étant
donné que cette centrale pompée ne fonctionne qu'une fraction du
temps, quelques heures par jour?
M. DEGUISE: C'est exact, c'est un des avantages.
M. PERREAULT: Je reviendrai sur l'autre partie du projet.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur les rapports, je
m'étonne un peu du fait et je reviens sur la question de
l'honorable député de Saguenay qu'on ne nous
présente pas plus de rapports. L'Hydro-Québec a été
convoquée pour aujourd'hui alors qu'on a demandé aux autres de
venir le 17. On leur a donné un délai pour préparer leurs
rapports parce que c'est seulement ce matin que ces gens ont appris qu'ils
seraient convoqués par la commission parlementaire. Il faut quand
même leur donner le temps de préparer les rapports. Maintenant,
j'imagine que l'Hydro-Québec et je ne veux pas être
désagréable à l'endroit ni du président, ni des
dirigeants de l'Hydro-Québec savait depuis assez longtemps
qu'aujourd'hui elle comparaissait devant la commission parlementaire pour la
question de l'aménagement de la rivière Jacques-Cartier. C'est
aujourd'hui que la commission siège...
M. GIROUX: Je crois...
M. ROY (Beauce): ... c'est aujourd'hui que nous nous devons de vous
questionner.
M. GIROUX: Oui, je n'ai pas d'objection à
ce qu'on nous questionne, je n'ai pas d'objection et même je
prétends qu'on devrait être ici le 17. On fixe une date pour
déposer les documents, on nous demande des documents qui sont des
documents qui n'ont jamais été approuvés, qui n'ont jamais
été examinés, qui sont des documents de travail interne,
de régie interne. Je n'ai aucune objection, remarquez bien, seulement ce
document n'est jamais venu à la commission. Parmi tous les gens qui
travaillent à l'Hydro-Québec, s'il fallait qu'ils
présentent les documents à la commission, il n'y aurait plus de
problème pour les compagnies de papier, il faudrait qu'on les
possède toutes, on n'aurait pas assez de papier. Alors, il faut
comprendre que, nous n'avons aucune objection à renseigner tous les
députés sur tous les détails.
C'est remis au 17 mai; on admet la remise au 17. On admet que les gens
ne pouvaient pas être préparés. Cela fait quatre mois qu'il
y a des objections qui se font, mais les documents ne sont pas
préparés. Je suis d'accord sur ça, qu'ils ne sont pas
préparés.
On veut que nous déposions nos documents le 12 et que les autres
personnes déposent les leurs le 12. En même temps qu'on
dépose nos documents, on veut voir les documents de la partie adverse,
ce qui est absolument normal. Si vous voulez qu'on vous donne une
réponse sur ce que les gens font comme objections, il faut qu'on se
renseigne aussi. J'admets que vous avez le droit d'être
renseignés, mais je ne vois pas pourquoi vous ne voulez pas qu'on le
soit.
Je demande que les dépôts de documents officiels soient
faits à la même date et qu'on soit convoqué à la
même date.
M. ROY (Beauce): Non, pas à ce moment-ci.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Beauce me le
permet, je ne sais pas s'il était ici ce matin au début des
travaux?
M. ROY (Beauce): J'étais ici dès le début, je veux
rassurer M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'en suis heureux, parce qu'il va voir ce qui
s'est produit exactement. Le chef de l'Opposition officielle a
suggéré de reporter la prochaine séance de la commission
au 17 mai, afin de permettre à tous ceux qui voudraient déposer
des mémoires et venir devant la commission de le faire.
Quant aux groupes contestataires, il leur a demandé de se
regrouper et de trouver un porte-parole pour parler en leur nom, dans la mesure
du possible. Il a également été convenu ce matin qu'on
devait donner le plus de latitude possible, compte tenu de la séance du
17 mai, pour permettre à tous ceux qui voudraient venir devant la
commission avec un mémoire de le faire. On avait arrêté
comme date limite pour le dépôt des rapports, le 15 mai, 4 heures
de l'après-midi. On avait convenu que tous ceux qui voulaient
déposer des rapports devaient le faire, au plus tard, à 4 heures
de l'après-midi le 15 mai prochain.
Si des rapports parvenaient au secrétariat des commissions
après cette date, ils ne seraient pas reconnus. Or, ce matin, quand cela
a fait le sujet de la discussion, je n'ai pas entendu d'opposition formelle;
cela a semblé faire un consensus. S'il n'était pas total, le
consensus, il était largement majoritaire dans la salle.
M. LESSARD : Sur un point de règlement, M. le
Président.
M. ROY (Beauce): J'avais la parole.
M. LESSARD: Sur un point de règlement, il y a une
différence entre un rapport qu'on présente à une
commission parlementaire. Il est certain que, puisque les autres groupes ne
savaient pas s'ils allaient être entendus à cette commission
parlementaire, ils ne pouvaient pas déposer le rapport qu'ils devront
lire lorsqu'ils se présenteront à cette commission
parlementaire.
Cependant, en ce qui concerne l'Hydro-Québec, ça fait
déjà trois semaines ou un mois que l'Hydro-Québec sait
qu'elle doit se présenter à la commission parlementaire, et qu'en
se présentant à la commission parlementaire elle doit
présenter un rapport, ce que les représentants de
l'Hydro-Québec ont fait aujourd'hui. Ils nous disent: II faut
aménager la rivière Jacques-Cartier et, pour ça, on s'est
basé sur un certain nombre d'études. Il y a une différence
M. le Président, c'est ce que je veux faire valoir entre
le rapport que les représentants de l'Hydro-Québec viennent, de
faire aujourd'hui et j'espère qu'ils n'ont pas terminé de
le faire et les documents annexes à ce rapport. Je pense que le
document que je demande, pour l'information de la commission parlementaire, est
un document annexe au rapport de l'Hydro-Québec.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même sujet.
J'avais la parole tout à l'heure là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'avais la parole là-dessus. J'ai très
bien compris, ce matin, tout ce qui a été convenu à la
suite des demandes du chef de l'Opposition officielle pour tous les groupes,
à la suite desquelles le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a dit qu'ils seraient convoqués devant la commission
parlementaire. Si j'ai bien compris à ce moment-là, il s'agissait
de ceux qui voudraient comparaître à partir du 17 mai.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... y inclus l'Hydro-Québec.
M. ROY (Beauce): L'Hydro-Québec peut revenir, il va falloir que
l'Hydro-Québec revienne à ce moment-là. En ce qui me
concerne, j'aurai certainement des questions, qui seront peut-être
différentes, à poser à l'Hydro-Québec lorsque nous
aurons entendu les versions de tous ceux, de tous les groupes qui ont d'autres
choses à nous dire. Il va falloir voir l'autre côté de la
médaille; à ce moment-là, nous aurons d'autres questions
à poser.
Aujourd'hui, c'était la journée de l'Hydro-Québec,
c'était la journée durant laquelle il nous était possible
de questionner les représentants de l'Hydro-Québec et scruter les
rapports. C'est à ce sujet-là, tantôt, que j'ai fait
allusion en demandant pourquoi l'Hydro-Québec ne peut pas
présenter ses rapports aujourd'hui. Le président nous dit que les
rapports ne sont pas complétés, qu'ils doivent les
compléter. A ce moment-là, je n'ai aucune espèce
d'objection mais je veux bien avertir les autres membres de la commission, tous
mes collègues que, si l'Hydro-Québec nous présente des
rapports dans les jours qui vont suivre, il va falloir de toute urgence, pas de
toute urgence mais de toute nécessité que l'Hydro-Québec
comparaisse à nouveau devant la commission parlementaire.
Le député de Saguenay, j'appuie ses propos: Que les
rapports ne nous soient pas remis à la dernière minute comme cela
s'est produit lorsque nous avons étudié la question des hausses
des tarifs. Je sais, en ce qui me concerne, que j'ai eu un pouce et demi de
rapports. J'étais bien content que l'Hydro-Québec nous
présente des rapports mais je n'ai pas été capable de les
lire dans leur entier, de les lire complètement avant que la
séance ne se termine. Nous avons siégé la matinée,
l'après-midi et même en soirée et il faut quand même
être logique. Même s'il y en a parmi nous qui peuvent avoir suivi
des cours de lecture rapide, nous n'avons pas tous les dynamos pour
digérer tout cela.
J'avais quelque chose sur ce point, M. le Président. Est-ce
qu'actuellement l'Hydro-Québec continue ses études sur le projet
de l'aménagement de la Jacques-Cartier ou si tout a été
suspendu?
M. GIROUX: Tous les travaux ont été suspendus. C'est un
point, il va falloir préparer un rapport un peu préliminaire. M.
Cahill me disait tantôt que les rapports économiques et
techniques, tel qu'on les avait planifiés, devaient être
complétés en octobre ou novembre. Je vais demander à M.
Cahill de faire un genre de rapport sur ce qu'ils ont en main à ce jour
sur cette chose-là. Les travaux ont été suspendus à
partir de la date où j'ai reçu le télégramme, un
vendredi soir à cinq heures trente; on a donné instruction de
suspendre les travaux. Nous avons retiré les équipes de travail
dans la région.
Les travaux ont continué à l'Hydro-Québec sur les
choses de bureau mais tout cela pour en arriver à une chose, que le
rapport strictement économique devait être planifié tel que
M. DeGuise l'a présenté ce matin. Je crois que, si vous prenez la
documentation que M. DeGuise a présentée, tous les
énoncés sont dedans.
M. ROY (Beauce): Sur la question des études et des travaux qui
ont été faits, vous aviez eu l'autorisation du gouvernement pour
effectuer ces travaux et ces études à ce moment-là?
M. GIROUX: Bien, le gouvernement en avait une connaissance, on a
exposé divers projets ici, on a été questionné
très longuement en 1971 sur le projet de la baie James, à ce
moment-là on a été questionné à savoir si on
irait à la rivière Jacques-Cartier si Saint-Joachim ne se faisait
pas. On a des dossiers qui nous donnent des échanges de travaux. Vous
avez la liste ici, je peux demander à M. Deguise la liste, parce que
c'est lui qui faisait ce travail. Mais ces choses n'ont jamais fait l'objet
d'un ordre en conseil final nous autorisant à entreprendre les travaux,
parce que quand on demande l'autorisation définitive d'entreprendre les
travaux, il faut qu'on remette le rapport technique complet.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous aviez obtenu l'autorisation d'un
ministère quelconque du gouvernement provincial pour pouvoir faire des
études préliminaires?
M. GIROUX: Je crois que M. Deguise devrait vous expliquer et vous
jugerez si on avait l'autorisation ou non avec ce que l'on va vous
expliquer.
M. ROY (Beauce): Parfait.
M. DEGUISE: II y a une lettre du 22 septembre 1972 adressée
à quelqu'un de chez nous des propriétés
immobilières: Pour faire suite à un téléphone de M.
Gilles Labrecque c'est l'ingénieur forestier chez nous au service
des centrales je vous transmets par la présente, photocopie du
permis de coupe qui autorise votre société à effectuer des
travaux de déblaiement pour fins de recherche dans la région de
la rivière Jacques-Cartier sous concession de Dom-tar.
M. ROY (Beauce): Le permis a été signé par le
ministère des Terres et Forêts.
M. DEGUISE: Le permis est signé par M. Claude Gagnon,
ingénieur forestier, service des exploitations forestières.
M. ROY (Beauce): Du ministère des Terres et Forêts, permis
de coupe.
M. LESSARD: Est-ce que vous pouvez répéter la date?
M. DEGUISE: Le 22 septembre 1972. Main-
tenant, de l'autre côté du permis, il y a une remarque au
bas: Coupe pour déblaiement d'un emplacement de camp et construction
d'un chemin. Cela aussi est daté du 15 septembre 1972.
M. LESSARD: Du côté du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, il n'y a pas eu de demande, étant
donné que vous étiez à l'intérieur d'un parc?
M. DEGUISE: Non, rien.
M. LESSARD: Est-ce que c'est à l'intérieur du parc
à ce moment-là?
M. DEGUISE: Disons que suivant les antécédents, suivant
notre manière de procéder, généralement, le
ministère des Terres et Forêts se fait l'interprète ou le
délégué du groupe, parce que vous vous rendez compte qu'il
serait un peu fastidieux d'aller à chaque ministère
individuellement.
M. ROY (Beauce): Ni du gouvernement, du premier ministre, il n'y a pas
eu de...
M. DEGUISE: Je pense que j'ai mentionné tout à l'heure, au
début d'une allocution du 12 juin 1972, si j'ai bonne mémoire, il
y avait eu rencontre entre moi-même et quatre sous-ministres des
ministères intéressés. Au cours de cette rencontre, nous
leur avons exposé les grandes lignes du projet de la rivière
Jacques-Cartier.
M. ROY (Beauce): A quelle date?
M. DEGUISE: Je crois que c'est le 12 juin. La réunion tenue en
juin 1972 à Québec, entre l'Hydro-Québec et le
gouvernement représenté par les sous-ministres des quatre
ministères les plus impliqués.
M. ROY (Beauce): Les quatre ministères étaient...
M. DEGUISE: Environnement.
M. ROY (Beauce): Environnement.
M. DEGUISE: Terres et Forêts, Richesses naturelles, Tourisme,
Chasse et Pêche.
M. ROY (Beauce): Et le but de la réunion, c'était...
M. DEGUISE: Leur exposer ce que nous avions l'intention de faire sur la
rivière Jacques-Cartier, projet Champigny.
M. ROY (Beauce): Et à ce moment-là, vous avez eu une
permission, peut-être pas écrite, mais...
M. DEGUISE: Non, nous n'avons pas eu de permission.
M. ROY (Beauce): Vous ne l'aviez pas demandée non plus.
M. DEGUISE: On ne l'avait pas demandée non plus, nous avons dit:
S'il y a de graves objections de principe, nous aimerions le savoir dans les
prochains mois, parce que nous avons l'intention d'aller sur le terrain.
M. ROY (Beauce): Puis vous n'avez pas reçu d'objection autre que
celle que vous avez reçue de l'honorable ministre, au cours du mois de
février?
Autrement dit, toute la procédure qu'il y a eue entre
l'Hydro-Québec et le gouvernement provincial se résume à
tout ce que vous venez de nous dire concernant les permissions que vous avez
obtenues pour faire les études, faire certains travaux...
M. DEGUISE : Si vous me permettez. Ce matin cela peut être
utile, dans le contexte actuel, que je vous résume à la
commission, lorsque nous avons approuvé un mandat à la firme
Gauthier, Poulin & Thériault, les aména-gistes, je disais
ceci "La présente recommandation fait suite à : 1 ) la
réunion du 12 juin à laquelle je viens de faire allusion
avec les quatre sous-ministres en question; 2) la prise de position
favorable à une campagne d'information reliée aux études
d'environnement et un plan d'aménagement polyvalent au cours d'une
rencontre de plusieurs commissaires et des responsables c'est à
l'intérieur de l'Hydro-Québec; 3) la formation, par la
commission, en novembre, d'un comité ad hoc d'information; 4) une
réunion, le 14 décembre courant, à Québec, entre,
d'une part, un comité interministériel formé pour
l'étude du projet Champigny sur les instances du ministre des Richesses
naturelles et, d'autre part, les responsables du projet à
l'Hydro-Québec, etc. Au cours de cette session d'étude conjointe,
la majeure partie des échanges de vue a été centrée
sur la possibilité qu'offre un plan d'aménagement polyvalent, de
maximiser les effets positifs tout en minimisant les effets indésirables
du projet Champigny".
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le ministre des Richesses naturelles.
M. MASSE (Arthabaska): Les échanges, que l'Hydro-Québec a
eus, ont eu lieu au niveau des fonctionnaires. Le ministre des Richesses
naturelles, ou le gouvernement du Québec, n'avait pas, à venir
jusqu'au moment de la demande d'autorisation de construction, d'immobilisation,
à demander d'autorisation non plus.
Mais je voudrais vous poser une question. Est-ce qu'à la
réunion du 12 juin 1972, dont vous faites mention, de quatre
ministères au niveau des sous-ministres, il avait été
question de la formation d'un comité interministériel et conjoint
avec des représentants de l'Hydro-Québec?
M. DEGUISE: De mémoire, je dirais non. Nous nous étions
laissés, à cette réunion, sur la conclusion suivante: Que
le sous-ministre des Richesses naturelles devait se faire l'interprète
du groupe. Il devait recueillir les informations et les opinions ou les
objections des autres ministères et nous en faire part.
M. ROY (Beauce): J'aurais juste une petite question à vous poser
qui fait suite aux questions de l'honorable ministre des Richesses naturelles.
Est-ce que le ministre des Richesses naturelles ou encore le ministre des
Affaires municipales et de l'Environnement, comme le ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, était au courant de cette réunion
des sous-ministres, le 12?
M. MASSE (Arthabaska): Ecoutez, le 12 juin 1972, mes souvenirs...
M. DEGUISE: Je ne voudrais pas m'engager sur ça.
M. MASSE (Arthabaska): Je ne suis pas au courant de ce qu'il y a eu
là.
M. DEGUISE: Je ne voudrais pas m'engager sur la date du 12. J'ai dit
cela de mémoire.
M. ROY (Beauce): Non, mais approximativement.
M. LESSARD: Est-ce que vos sous-ministres vous ont informé qu'ils
avaient eu une réunion avec les gens de l'Hydro-Québec et des
discussions qui avaient eu lieu?
M. MASSE (Arthabaska): Disons qu'au niveau du ministre des Richesses
naturelles je pense que c'est au moment des premières discussions sur la
formation de comités interministériels que, personnellement, j'ai
été mis le plus au courant des travaux à la
Jacques-Cartier.
M. LESSARD: M. le Président, j'aurais encore, concernant, en tout
cas, les besoins d'électricité, quelques questions. De toute
façon, on va revenir à huit heures et quart. Concernant les
turbines à gaz, M. Giroux ne nous donne pas de choix. M. Giroux dit: Si
on ne va pas dans la Jacques-Cartier, il faut, à ce moment-là,
satisfaire aux besoins de l'Hydro-Québec par les turbines à
gaz.
D'abord, est-ce que le coût est comparable ou inférieur
avec une centrale par turbines à gaz? On l'a étudié,
j'espère?
M. CAHILL: Oui, nous l'avons étudié, monsieur.
D'après les comparaisons économiques que nous avons faites avec
des estimations approximatives et pour la centrale à réserve
pompée, et pour la centrale à turbines à gaz, les
coûts de production de pointe des deux métho- des sont
relativement comparables. Cependant, les coûts que nous avons pris pour
la centrale à réserve pompée, qui étaient de $175
par kilowatt, comme vous l'a mentionné M, DeGuise tout à l'heure,
eh bien, évidemment, nous vous les donnons sous toute réserve
parce que les études d'avant-projet définitif ne sont pas
complétées, puisque nous devions remettre notre rapport au mois
de septembre ou au mois d'octobre.
Quant aux coûts des turbines à gaz que nous avons
employées pour faire cette étude comparative, c'est $85 le
kilowatt. Nous croyons, actuellement, que ces coûts étaient
sous-estimés, parce que ceux qui installent des turbines à gaz,
présentement, nous mentionnent que les coûts que nous devrions
plutôt envisager devraient être de l'ordre de $110 à $125 le
kilowatt.
M. LESSARD: Alors cela veut dire que...
M. CAHILL: Disons que l'ordre de grandeur est relativement
comparable.
M. LESSARD: Maintenant, vous dites: Nous avons rejeté cette
hypothèse parce qu'il y a beaucoup plus de pollution. C'est bien
relatif, la pollution. On vit dedans.
Maintenant, il s'agit de choisir entre sacrifier certaines richesses
écologiques et certaines ressources de la Jacques-Cartier et dire: En
attendant, pour permettre à l'Hydro-Québec de rechercher un autre
site, on peut accepter une certaine pollution de l'atmosphère.
Mais ce choix, ça ne s'explique pas de façon très
précise mais ça peut s'expliquer par des comparaisons.
Cela veut dire quoi une centrale thermique, d'abord? Est-ce que
ça vous prendrait une centrale de même grandeur par kilowatts, si
c'était une centrale à gaz, qu'une centrale à
réserve pompée? Et comme pollution, parce que
l'Hydro-Québec se préoccupe bien de la pollution et j'en suis
fort heureux ça veut dire quoi comme pollution comparativement
aux automobiles, aux avions, à tout autre facteur de pollution?
M. CAHILL: II y a plusieurs facettes à votre question. Et il y a
peut-être plusieurs autres choses qu'on pourrait ajouter pour donner une
réponse complète. D'abord, si nous installions une usine de un
million de kilowatts avec des turbines à gaz, ça ne serait
probablement pas une usine unique d'un million de kilowatts, nous la
diviserions en quatre usines différentes, distribuées à
certains endroits près des centres de charge.
M. LESSARD: A peu près de 300 à 400 mégawatts.
M. CAHILL: Comme ordre de grandeur. Mais nous n'avons pas
déterminé exactement
quelle puissance exacte chacune de ces usines pourra avoir.
Dans les usines de turbine à gaz, l'élément moteur
est justement un moteur réacté d'avion. Et on accouple deux ou
trois de ces moteurs à un arbre de couche grâce à des
engrenages pour faire tourner un alternateur. Chaque groupe peut avoir une
puissance dépendant des sociétés desquelles nous pourrions
acheter ces groupes, variant entre 25,000 à 50,000 kilowatts par
groupe.
M. LESSARD: Cela veut dire trois moteurs, cela correspond à peu
près à trois moteurs d'avion.
M. CAHILL: Si nous parlons de groupes de centrales de 200
mégawatts, nous pourrions peut-être avoir quatre groupes par
centrale.
M. DEGUISE: Si vous me permettez...
M. LESSARD: Cela veut dire à peu près quatre moteurs de
réacté?
M. CAHILL: Cela voudrait dire au moins huit moteurs.
M. LESSARD: Comparativement à la flotte d'Air Canada, ce n'est
pas si pire.
M. DEGUISE: Si ça peut fixer les idées, voici ici la
photographie d'une centrale américaine de turbine à baz d'une
puissance de 25 mégawatts.
Ce n'est peut-être pas à l'échelle. On peut,
peut-être, trouver des groupes de 40 ou 50, des groupes unitaires. Mais,
si on s'en tenait à des installations de 25, il en faudrait 40 comme
ça. Dans le paysage et comme question de bruit et de pollution, il y a
peut-être un problème à considérer.
M. LESSARD: Les tours de transport aussi sont un problème
à considérer.
M. BOULET: Oui, mais elles sont silencieuses et ne sentent rien.
M. LESSARD : Oh non! Allez en dessous et vous allez voir comme elles ne
sont pas silencieuses.
M. DEGUISE : Relativement silencieuses.
M. RUSSELL: M. le Président, il est six heures et, comme on doit
revenir le 17, il y a une question que je voudrais voir préciser ou
répéter. Le président de l'Hydro-Québec a-t-il
accepté de déposer le rapport pour le 15, comme les autres vont
le faire? A ce moment-là, on aurait tous les rapports des études
qui ont été faites sur l'environnement pour cet endroit aussi
bien que les études qui auraient été faites sur le
Cap-Tourmente ou Saint-Joachim, afin qu'on puisse en prendre connaissance et se
rendre compte nous-mêmes de tous les effets, du pour et du contre du
changement d'emplacement.
M. GIROUX: Actuellement, nous n'avons pas de rapport précis sur
cette chose-là, mais nous demandons aujourd'hui même à nos
gens de préparer des rapports pour le 15.
M. RUSSELL: D'accord, M. le Président, je compte que, pour le 15,
on aura tous les rapports qui concernent ce projet.
M. GIROUX: Tous les rapports où nous sommes à jour dans
ces études. On n'a pas de rapport technique, comme on a dit, parce qu'il
va être prêt vers le mois de novembre; on n'a pas ceci parce que
ça va être prêt à telle date.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que je peux faire une
suggestion?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant, si vous le permettez. Oui, M.
DeGuise?
M. DEGUISE: M. le Président, sur la fin de la matinée ou
au début de l'après-midi, certains membres de la commission ont
manifesté le désir de pouvoir rencontrer ou de pouvoir poser des
questions aux aménagistes qui ont travaillé pour nous, le bureau
de Gauthier, Poulin.
M. ROY (Beauce): Oui, c'est moi qui ai fait la demande à
midi.
M. DEGUISE: Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour décider qui va
les convoquer? Je souligne simplement que, si on désire se rendre
à la demande exprimée, il faudrait que quelqu'un entre en contact
avec eux.
M. LESSARD: Je voudrais bien que cela soit fait en commission
parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous pourrions demander au secrétariat
des commissions de convoquer ces gens.
M. ROY (Beauce): La suggestion que j'allais faire, c'est: Est-ce qu'on
pourrait, parce qu'il y a quand même une planification à faire,
questionner tous les autres mouvements et garder l'Hydro-Québec pour la
fin, lors des prochaines séances, le 17, pour que nous puissions avoir
l'autre côté de la médaille pour pouvoir faire une
étude beaucoup plus objective et discuter de façon beaucoup plus
précise avec les gens de l'Hydro-Québec?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, encore une fois, je rappelle la
date limite pour le dépôt de rapports ou de mémoires. Pour
la séance du 17 mai, cette date limite sera le 15 mai, à 4 heures
de l'après-midi. Nous ajournons sur un ordre de la Chambre, tel que
donné par
le leader gouvernemental cet après-midi, après la
période des questions, puisque lui-même a annoncé à
la Chambre que, ce soir, la commission des institutions financières
siégeait au salon rouge.
M. LESSARD: Si l'Hydro-Québec n'avait pas terminé, si on
n'avait pas terminé avec l'Hydro-Québec.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II n'y a pas eu de conditions de
posées sur la Chambre.
M. LESSARD: On va vérifier le feuilleton.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, la commission ajourne ses travaux
au 17 mai prochain, 10 heures du matin.
(Fin de la séance à 18 h 4)