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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Crédits du ministère de l'Industrie et
du Commerce
Séance du jeudi 10 mai 1973
(Seize heures dix-sept minutes)
M. KENNEDY (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs!
Nous reprenons l'étude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce, au programme no 4, Centre de recherches
industrielles du Québec.
Centre de recherches industrielles
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le montant de $5 millions est
une subvention annuelle statutaire, conformément au chapitre 62 des Lois
du Québec, 1969. Vous me permettrez peut-être juste de dire
quelques mots sur le Centre de recherches industrielles qui est
administré par un conseil d'administration. Le centre a des
établissements à la fois à Québec
l'établissement principal est dans le complexe scientifique
à Sherbrooke et à Montréal, dans la région de
Dorval. Le centre a un personnel d'environ 200 personnes dans le moment. Il est
dans une période de croissance. A toutes fins pratiques, il n'a pas
encore atteint sa vitesse de croisière; c'est la phase du
recrutement.
Selon le mandat donné par la loi, le centre a eu jusqu'ici trois
types d'activité. Il a servi, dans un premier temps, de centre
d'information technique et scientifique pour l'ensemble des entreprises
québécoises. A cette fin, il a maintenu, il me semble, des
communications intéressantes avec le Centre national de recherche,
à Ottawa. Il y a un téléscripteur et une personne qui est
en poste à temps complet à Ottawa à la Bibliothèque
nationale. Cela permet d'obtenir directement des établissements du
centre des résultats ou des photocopies de documents.
Le centre répond également à des demandes
d'industriels québécois, qui sont multiples. On demande, par
exemple, quels matériaux pourraient servir de contenants à des
chocolats que j'ai vus récemment, qui peuvent subir une chaleur de 400
à 500 degrés, des choses semblables. Alors, c'est tout le domaine
scientifique. Le centre également a des projets de recherche, comme son
nom l'indique, dans trois grands secteurs: le secteur de la mécanique et
du matériel de transport, le secteur électrique et le secteur des
matériaux de construction. Les types d'activité du centre
touchent en général une collaboration avec le secteur
privé québécois. Ce sont des programmes de recherche
conjoints qui visent, dans une large mesure, la petite et la moyenne
entreprise. On définit un programme de recherche.
En général, le centre accepte une partie des risques. Si
le projet ne réussit pas, il encaisse la perte. Si le projet
réussit, il se fait rembourser complètement l'ensemble des frais
que lui a occasionné sa participation à la recherche, soit sous
forme de capital-actions ou sous forme de redevances qui lui sont payées
à même les ventes de l'entreprise. Chacune de ces implications
majeures est assujettie à un arrêté en conseil, donc
à une permission directe du gouvernement.
Le centre, récemment, a suscité quelques projets
d'implantation industrielle; je pense en particulier, dans la région de
Bromont, à la compagnie Sealtex on a obtenu un brevet qui a donne lieu
à une implantation industrielle de fabrication dans le domaine
électronique.
Encore une fois, pour le centre, honnêtement, l'année 73/74
sera importante puisque nous aurons parachevé bientôt la
période de croissance. Il y aura lieu, avec les dirigeants du centre,
dont M. Michel Normandin, de faire un peu le bilan des premières
années. Je pense qu'après un an c'est difficile, dans ce secteur,
d'être trop critique. Il faut donner au moins le temps aux gens de
ramasser, de recruter un personnel très spécialisé, de
monter des laboratoires et autres. Nous aurons sûrement atteint cette
année ce stade de vitesse de croisière et il nous faudra faire un
peu le bilan de l'activité du centre et réorienter, si
nécessaire, certaines des fonctions.
M. JORON: J'aurais deux questions à poser à ce
sujet-là. D'abord, est-ce qu'on pourrait avoir une idée du nombre
de projets de recherche conjointe en cours avec différentes petites et
moyennes entreprises? Est-ce que c'est exclusivement de petites et moyennes
entreprises ou s'il peut arriver que ce soit de grandes entreprises?
M. SAINT-PIERRE: Ce pourrait être avec les grandes entreprises
mais, en général, les grandes entreprises ont leur propre
personnel de recherche. Pour le nombre, il faudrait faire un peu de recherche.
Disons que c'est un nombre qui augmente constamment. Je pense qu'encore hier je
signais deux ou trois arrêtés en conseil. Je ne le sais pas, je
donne un nombre approximatif, ça peut être une vingtaine de
projets particuliers.
M. JORON: En cours à l'heure actuelle.
M. SAINT-PIERRE: En cours. J'en mentionne quelques-uns qui sont plus
intéressants que d'autres. Depuis quelque temps, avec la compagnie
Mitchell, Robert Mitchell, le centre a un projet d'équipement de
manutention dans les aéroports modernes pour le cargo, le fret
aérien, les conteneurs et les choses semblables. Il y a d'autres projets
assez intéressants également
dans l'électronique, un nouveau procédé, que j'ai
vu moi-même, pour les dispositifs sur les voitures de police.
Actuellement, c'est une lumière rotative et le centre a mis sur pied un
procédé qui implique une décharge électrique et qui
aurait une certaine application sur le plan mondial, avec des avantages.
M. JORON: En collaboration avec Central Dynamics, je pense.
M. SAINT-PIERRE: Peut-être. Je mentionnerai également les
lasers, récemment, avec le groupe Gen-Tec à Québec.
Le centre a conclu un accord d'une certaine importance.
M. JORON: Si on se rappelle les débats ou les opinions qui ont
entouré la création du centre, il y a déjà quelques
années vous rappeliez indirectement tout à l'heure que les
grandes entreprises et les firmes multinationales, la plupart du temps, font
leurs propres recherches, souvent malheureusement en dehors du Québec
on avait, si ma mémoire est fidèle, fondé ce centre
précisément pour susciter la recherche dans les petites et
moyennes entreprises québécoises, ce qui faisait et fait encore
drôlement défaut. C'était une des missions du centre de
recherche dans un certain sens. Il ne faudrait pas que le centre devienne
finalement une forme déguisée de subvention à la grande
entreprise qui a les moyens de le faire, de toute façon, mais qu'il
tende véritablement à susciter cette croissance technologique
dont ont besoin les petites et moyennes entreprises québécoises.
C'est peut-être difficile à définir dans un projet de loi
ou dans des règlements, mais si je pose la question, c'est qu'on veut
être bien en mesure de s'assurer que dans la pratique c'est ça qui
se fait. Même si on n'a peut-être pas besoin de mettre ça
dans un règlement.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'honnêtement, je ne peux pas penser
à des projets le moindrement important avec la très grande
entreprise ou enfin l'entreprise multinationale. Dans une large mesure, et la
publicité et les demandes d'information et l'accueil qui est
donné visent surtout la petite et la moyenne entreprise. Souvent
cependant, dans la petite, il y a une certaine hésitation à
réellement s'engager dans les projets de recherche. Je pense que dans
plusieurs cas également, le centre a surtout aidé la petite et la
moyenne entreprise à présenter des dossiers plus
étoffés pour bénéficier de certaines des
subventions du gouvernement fédéral qui échappaient
complètement à la petite entreprise, parce que le dossier n'avait
pas cet aspect professionnel, cet aspect bien articulé, les buts de la
recherche et l'échéancier, ainsi de suite.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne vois pas la timidité
que nous devrions avoir pour tenter de déterminer la grosseur de
l'entreprise qui devra utiliser les services que nous mettons à sa
disposition, parce que le centre de recherche a été
créé pour les industriels du Québec et
indépendamment de la grosseur. Si, indirectement, il y a quelqu'un qui
est favorisé, c'est bien la population du Québec. A la grosse
entreprise, ça peut paraître une subvention
déguisée, si vous voulez, mais je crois qu'elle paie largement
ses impôts.
Elle paie sa large part parce que le meilleur associé de la
grosse entreprise, c'est quand même les gouvernements, tant
fédéral que provincial. Dans ces profits, on y va à fond
de train. Cela ne prend pas une entreprise qui fait tellement de profits pour
que l'on puisse prendre 50 p.c.
Je pense que si l'on aide à faire des recherches et tant
mieux si c'est de la grande entreprise on peut aboutir à quelque
chose. Si, en invitant la grande entreprise à utiliser ce centre, l'on
peut développer quelque chose qui va aider le Québec, bien, tant
mieux. Cette timidité, de la part de certaines gens, de vouloir toujours
parler contre la grande entreprise, je ne sais d'où cela vient et je ne
vois pas sur quels critères l'on peut se baser pour déterminer
que la grande entreprise n'a pas le droit de se servir des mêmes
avantages que la petite entreprise dans le Québec.
De toute façon, je voudrais m'inscrire en faux contre ce
principe. Quant à moi, lorsque j'ai donné mon approbation au
projet de loi, c'était bien pour que ce centre puisse servir à
tous les industriels du Québec, indépendamment de leur
nationalité, de leur langue, à condition qu'ils produisent dans
le Québec, que la main-d'oeuvre utilisée soit surtout
québécoise et qu'ils paient leurs impôts au gouvernement du
Québec.
M. JORON: Pour répondre à votre question: D'où cela
vient-il? Cela vient du fait, c'est bien simple, qu'une économie, c'est
mené par les grandes entreprises et non pas par les petites. Elles sont
de moins en moins nombreuses, à part ça. Elles ont le
désavantage, au Québec, quant à la possibilité pour
les Québécois d'orienter leur développement
économique, d'être toutes des entreprises, à cinq ou six
exceptions près... Si on parle de compagnies qui font un chiffre
d'affaires de plus de $50 millions ou de $75 millions, si vous utilisez cela
comme critère pour séparer la grande entreprise de la moyenne
entreprise, il n'y a pas plus de cinq entreprises qui sont
contrôlées par les Québécois.
C'était justement pour permettre... On a toujours dit qu'une des
choses qui avaient empêché, dans le passé, des petites et
moyennes entreprises québécoises d'entrer dans les ligues
majeures, si vous voulez, c'était, entre autres, ces déficiences
au niveau de la recherche, au niveau scientifique, au niveau technologique.
Précisément, cela devrait servir à permettre la
pénétration, si vous voulez, si je peux appeler cela comme
ça, des petites et moyennes entreprises québécoises dans
les ligues majeures. C'est de là que l'idée venait, me
semble-t-il. Elle venait aussi du fait qu'on disait qu'il n'y avait pas
beaucoup de diplômés francophones dans nos universités qui
étaient axés du côté des choses techniques et
scientifiques et qu'il fallait accélérer cela.
En même temps qu'on poussait, dans notre système
d'éducation, le développement de ces disciplines, il fallait
aussi s'assurer qu'ils n'auraient des débouchés, que lorsqu'ils
sortiraient du système d'enseignement, ils trouveraient des entreprises
où ils pourraient travailler dans leur milieu et dans leur langue aussi,
entre autres choses.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme no 4, adopté?
M. RUSSELL: Non, M. le Président. Je voudrais que le ministre
puisse me dire sur quels critères il va se baser pour faire la
sélection de la grande ou de la petite entreprises, de ceux qui ont
droit de recourir au Centre de recherche. Si on se fie aux recommandations,
c'est une mentalité qui semble vouloir s'imposer dans le Québec.
Je veux savoir à qui on peut dire: Référez-vous au Centre
de recherche du Québec. Parce que j'ai moi-même fait l'invitation
à des entreprises qui sont dans les bois, les scieries, de s'adresser au
Centre de recherche pour certaines recherches qui devraient être faites
dans le Québec. Je pensais être capable de faire l'invitation
à de grandes entreprises, même si on prétendait que
c'étaient des capitaux de l'extérieur, pour qu'elles puissent
utiliser les services que la province avait mis à leur disposition pour
faire des recherches visant à faire évoluer l'entreprise ou
l'industrie dans le Québec.
Donc, si le ministre a des critères particuliers, j'aimerais les
connaître pour être certain que je n'induis personne en erreur,
pour que la Commission soit bien informée, pour que la Chambre et tous
les députés soient bien informés par la lecture du journal
des Débats.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que, comme le
député de Shefford vient de le mentionner, toutes les entreprises
québécoises sont éligibles aux subventions ou, enfin,
à des accords de collaboration avec le Centre de recherche industrielle.
Cependant, je fais miennes les déclarations qui avaient
été mentionnées, à l'époque, par le
gouvernement qui a fait voter la loi, à l'effet que le problème
particulier se posait au niveau de la petite et la moyenne entreprises. Bien
qu'il n'y eût aucune discrimination, ce qu'on tentait surtout d'aider,
c'est la petite et la moyenne entreprises qui n'avaient pas ces
capacités de recherche.
Alors, si des projets d'une certaine valeur étaient
présentés par la grande entreprise, ils ne seraient pas
refusés. Il n'y a pas de discrimination en soi, mais, encore une fois,
je fais miennes les déclarations du gouvernement qui avait fait adopter
la loi, en 1969, à l'effet que c'est la petite et la moyenne entreprises
qui ont surtout besoin de l'aide du gouvernement en matière de recherche
technologique. Le conseil d'administration, je pense, le considérait
comme un des critères dans son acceptation de projets.
M. RUSSELL: Oui, M. le Président, je comprends le ministre, mais
il faut quand même comprendre que la petite et la moyenne entreprises
n'avaient pas les moyens de se payer ce luxe; la grande entreprise, elle, les
avait. C'était passé comme une dépense déductible
de ses impôts. C'est évident. C'était une dépense de
production et c'est déductible des impôts. La petite entreprise
qui ne pouvait pas se payer ce luxe, allait chercher les patentes à
l'extérieur et elle payait une redevance directement aux pays
étrangers. C'est ce qui arrivait et c'est ce qui arrive dans bien des
grandes entreprises qui ne se préoccupent pas de faire de la recherche
ici. La recherche étant faite en France, en Allemagne ou aux
Etats-Unis.
On amène la patente ici et on produit de façon boiteuse.
Sur la production, on paie des droits assez intéressants souvent
à la grande entreprise ou à des entreprises qui ont des grands
centres de recherche, et c'est le Québec qui en est privé.
Si on peut avoir ce service ici, la grande entreprise qui est
installée dans le Québec peut le faire dans la province.
Plutôt que de payer des droits en Allemagne, en France ou dans d'autres
pays, elle en paiera ici au Centre de recherche du Québec. C'est une
position qui est défendable, et je ne vois pas pourquoi on devrait
limiter la grosseur ou la largeur ou la dimension de l'industrie qui ferait
l'utilisation de ce Centre de recherche.
M. JORON: C'est parce qu'il s'agit de savoir à quelles fins ces
fonds publics doivent être utilisés. Et si c'est pour être
un nième mécanisme supplémentaire de subvention à
la grande entreprise étrangère pour l'aider à même
nos ressources à accroître encore sa domination sur
l'économie du Québec, moi j'aurais objection.
Mais pour répondre à votre préoccupation
spécifique sur le cas des droits, ce que vous avez dit reste vrai, c'est
bien évident. Il y a peut-être d'autres moyens de répondre
à ça. Il y a peut-être une loi ça existe dans
certains pays d'ailleurs qui pourrait exiger d'entreprises qui
réalisent un chiffre d'affaires minimum de tant dans le territoire du
Québec qu'elles produisent une proportion relative, une proportion
d'activités de recherches en relation avec le volume d'affaires qu'elles
font ici.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme no 4, adopté.
M. RUSSELL: Non, M. le Président, il faut plus d'informations,
parce que, plus ça va, plus ça semble embrouillé. Est-ce
que le ministre peut dire si réellement il y a une discrimination qui se
fait?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de discrimination.
M. RUSSELL: Aucune? Toutes les entreprises ont droit aux services qui
sont installés actuellement?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. RUSSELL: Le ministre a parlé tout à l'heure d'une
vingtaine de projets. Sur une vingtaine il semble y en avoir un qui a
réussi.
M. SAINT-PIERRE: Non, il y en a plus. Comme je l'ai mentionné, il
y a le centre au niveau de la recherche. Lorsqu'on ne parle pas de la
période de recrutement des cadres et des chercheurs, on a à peine
12 ou 15 mois derrière soi. Il y a une vingtaine de projets.
Je ne peux pas dire qu'il y en a un là-dedans qui a
échoué complètement. D y a des projets qui sont
menés de l'avant, par exemple Sealtex, qui a mené à une
implantation industrielle. Il y en a d'autres qui continuent, qui semblent fort
prometteurs.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il est possible d'avoir la liste des entreprises
ou du genre d'entreprises qui ont fait appel au Centre de recherche?
M. SAINT-PIERRE: Sûrement, je vais vous faire préparer la
liste des entreprises et la remettre à chacun des membres de la
commission, avec le montant de la participation du CRIQ dans ces
recherches.
M. RUSSELL: Et le genre d'ententes qui sont faites pour la
participation.
M. SAINT-PIERRE: Comme je le mentionnais, à peu près
toutes les ententes que j'ai vues et qui ont été ratifiées
présupposent, dans le cas d'une réussite, que le montant entier
de la recherche est remboursé au centre sous forme de redevances en
fonction des ventes ou des profits de l'entreprise.
M. JORON: Une dernière question, peut-être, d'ordre plus
général sur l'ensemble du sujet de la recherche. Etant
responsable de la recherche, étant responsable de l'industrie et du
commerce au sens plus large et étant aussi responsable des statistiques
qui sont faites par le gouvernement du Québec, est-ce que vous pouvez
nous dire si vous n'avez pas le chiffre précis quel
pourcentage du produit national brut au Québec est destiné
à la recherche et comment ça se compare avec des pays indus-
triels avancés, comme les Etats-Unis, la Suède ou l'Allemagne,
ainsi de suite?
M. SAINT-PIERRE: Etant président d'un comité
interministériel de recherche scientifique, on s'est penché sur
la question de la recherche dans un sens plus général. Alors, si,
dans le secteur du gouvernement fédéral et je n'ai pas
à reprendre mes interventions on est moins que bien servi depuis
toujours au niveau de la recherche, au niveau du secteur privé, les
statistiques que je possède sont à l'effet qu'environ 36 p.c. ou
37 p.c. du personnel technique, des chercheurs dans le secteur privé,
dans la recherche appliquée au Canada, résident au Québec
et travaillent dans des laboratoires québécois. On pourrait alors
dire que le secteur privé représente environ 33 p.c. de la
recherche qui est faite; les universités 33 p.c. les gouvernements 33
p.c. Alors, au niveau des universités, on a à peu près 28
p.c, notre part nationale; au niveau du gouvernement fédéral, on
a moins que notre part, à peine 7 p.c. ou 10 p.c, mais, au nivau du
secteur privé, on a plus que notre part, soit environ 36 p.c, parce
qu'il y a dans la région de Montréal certains grands laboratoires
de recherche.
Alors, tout compte fait, j'imagine qu'au Québec la part du
produit national brut consacrée à la recherche doit être
à peu près la même que la part canadienne.
M. JORON: Mais, en elle-même, on l'a déjà
jugée inadéquate.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. JORON: Je voudrais demander ce que le gouvernement est en mesure de
faire je comprends que sa marge de manoeuvre fiscale est relativement
restreinte; tout ça sans entrer dans un grand débat sur le
partage fiscal pour accroître cette part du produit national brut
qui va à la recherche.
M. SAINT-PIERRE: Ce qu'on remarque, c'est que, dans une large mesure,
les sommes dépensées pour la recherche ne sont pas reliées
tellement à des politiques fiscales. Elles me semblent beaucoup plus
reliées à des cycles économiques, c'est-à-dire que
lorsqu'on regarde la proportion du PNB dépensée pour la recherche
jusqu'aux années 1966, de 1960 à 1966 ce pourcentage croissait
constamment dans la plupart des industries canadiennes.
Après 1966, lorsqu'il y a eu le ralentissement économique,
c'est là que des coupures assez importantes ont été
faites. Or, il semble que dans les filiales canadiennes d'entreprises
multinationales, même dans nos entreprises nationales, lorsqu'on est dans
des cycles économiques difficiles, la recherche est un des premiers
postes budgétaires qui subit une forte réduction des
effectifs.
Qu'est-ce que le gouvernement peut faire?
Je pense qu'il y a eu honnêtement de la part du gouvernement du
Québec un intérêt assez poussé pour la recherche
depuis déjà deux ou trois ans, par la formation de ce
comité ministériel de la recherche scientifique, ce conseil
consultatif. Nous avons eu plusieurs dialogues avec le gouvernement
fédéral sur ce plan. Nous sommes sûrement
éveillés à l'importance de tout ceci.
Au niveau du gouvernement fédéral, nous sommes dans une
période de mutation, compte tenu du rapport Lamontagne. Le comité
du Sénat qui s'est penché sur les problèmes de la
recherche scientifique a déjà publié deux rapports et doit
en publier un prochainement. Il y a également, au niveau du gouvernement
fédéral, la formation du ministère de la Science et de la
technologie et une réévaluation du rôle du Conseil
nationale des recherces.
Dans ces perspectives, c'est un secteur dans lequel on tenterait
d'accroître les ressources et c'est un secteur dans lequel il y a eu de
plus en plus d'échanges avec le gouvernement fédéral et
ceux des autres provinces. Honnêtement, je pourrais citer des lettres que
nous avons reçues, mais de l'avis de plusieurs, de tous les
gouvernements provinciaux c'est celui du Québec qui est le plus
avancé en matière de recherche, non seulement au niveau des
structures mais au niveau de la pensée.
On a déjà publié, je pense, des documents qui ont
été remis aux membres de cette commission, aux membres de la
Chambre il y a déjà dix-huit mois sur les objectifs d'une
politique scientifique de recherche. Le travail se poursuit. Le
secrétariat, qui était autrefois au ministère de
l'Education, a maintenant été déplacé au Conseil
exécutif. Un petit groupe de travail sera nommé au cours des
prochaines semaines pour s'occuper exclusivement de ces questions de recherche
scientifique.
M. JORON: Une précision. Quand je reliais cela plus
spécifiquement à la fiscalité, c'est du fait de ce que
vous venez de dire que les deux tiers des sommes consacrées à la
recherche l'étaient soit par les universités, soit par les
gouvernements. Les deux trouvant leur financement à même les
deniers publics, cela dépend des ressources fiscales, soit du
gouvernement du Québec ou du gouvernement d'Ottawa, pour établir
combien on peut consacrer à ces fins.
Evidemment, le gouvernement fédéral a pas mal plus de
marge de manoeuvre à l'heure actuelle au point de vue fiscale que le
gouvernement du Québec. On est un peu désavantagé à
cet égard, mais j'ai une dernière question bien
spécifique. L'année dernière je ne me souviens plus
exactement de la source, mais le ministre peut-être s'en rappellera
à ma place dans l'attribution des subventions
fédérales aux universités pour fins de recherche, on avait
vu, par exemple, que la seule Université de Toronto avait reçu
plus de subventions que l'ensemble des universités francophones du
Québec additionnées ensemble.
Je ne sais pas si le gouvernement de Québec a pu protester, faire
pression ou enfin voir à la correction de cette situation, parce que ce
n'était certainement pas un domaine où le
fédéralisme était bien rentable.
M. SAINT-PIERRE : Non, et je pense qu'on doit reconnaître que
depuis deux ans, à plusieurs reprises et à différentes
personnes, au niveau des premiers ministres également, ce
point-là a été très bien souligné. Je pense
que le gouvernement fédéral est très conscient et
particulièrement le ministère de la Science et de la Technologie
qui remplit un rôle d'aviseur, une fonction "staff" à
l'intérieur du gouvernement fédéral de la
disproportion flagrante des laboratoires, du personnel scientifique, des sommes
de recherche qui sont données.
Qu'est-ce qu'il y a eu? Je ne voudrais pas faire un plaidoyer en leur
nom mais je pense, en particulier, au Conseil national des recherches qui a mis
sur pied les programmes particuliers, qu'on appelle d'aide à la
formation de chercheurs, qui ne sont pas strictement des programmes de
recherche mais simplement pour former du personnel scientifique pour,
après, pouvoir mettre sur pied des équipes de recherche. Il y a
eu récemment, au cours des deux dernières années, quand
même un changement au Conseil national des recherches quant aux sommes
qui sont données aux universités francophones du Québec
comparativement à la proportion de ce que les universités
pouvaient avoir avant.
Il ne faut pas mettre le blâme uniquement d'un côté,
il y a peut-être eu, de la part de nos universités, pendant
longtemps, un certain désintéressement envers la recherche. Si on
prend l'Ecole polytechnique que je connais assez bien, je dois dire que
ça date à peine de 18 mois, depuis qu'on a nommé un
directeur de la recherche, responsable de la recherche à l'Ecole
polytechnique. Il faut bien voir qu'il y a dix ans, à l'Ecole
polytechnique, on était peut-être mal placé; c'est
plutôt chaque professeur, individuellement, qui essayait d'obtenir ses
petits $5,000, alors qu'à l'Université de Toronto on était
peut-être beaucoup mieux structuré avec un vice-doyen responsable
de la recherche qui avait son équipe de secrétariat pour pousser
des projets précis.
Enfin, je peux dire qu'il y a eu de multiples rencontres. Je pense que
le gouvernement fédéral est très éveillé.
Une chose ne nous aide pas, c'est qu'au moment même où le
gouvernement fédéral est très sensibilisé à
cela, il semble également convaincu qu'il doit donner une plus large
part des sommes de recherche au secteur privé, au lieu de le faire faire
dans ces gouvernements, le secteur privé étant plus près
de la fonction "marketing", de la fonction de besoins de la population,
présumément, étant capable, peut-être, de faire des
recherchesqui sont plus en fonction des besoins des gens. Cela ne nous aide pas
puisque au même moment où le fédéral est conscient
qu'il devrait y avoir plus de laboratoi-
res fédéraux au Québec, on décide de donner
surtout dorénavant de l'argent au secteur privé, bien que
là, honnêtement, il faut dire que le Québec est mieux
placé que la plupart des autres régions, sauf l'Ontario, ayant,
comme je l'ai mentionné, 36 p.c. et 37 p.c. des chercheurs canadiens
dans des établissements québécois.
M. RUSSELL: M. le Président, je crois que les informations dont
il a été question existent dans les dossiers au ministère.
Je me rappelle les avoir vus, ils commencent peut-être à avoir de
la barbe un peu aujourd'hui mais ces informations-là existent. Je suis
d'accord avec ce que dit le ministre, mais il y a quand même des points
à surveiller lorsqu'on veut remettre toute la recherche à
l'entreprise privée. Un rapport démontrait qu'il y avait un
dédoublement assez marqué dans bien des domaines, de la recherche
qui était faite par différentes entreprises privées qui,
en soi, privaient indirectement le gouvernement de certains revenus. De
là l'idée de tâcher de centraliser beaucoup de recherches
plutôt secondaires pour que l'entreprise privée puisse
référer au centre pour obtenir certaines informations.
C'était le but de la centralisation en invitant l'entreprise
privée à travailler de concert avec le centre de recherche
provincial.
Je crois que c'est peut-être très récent, ce n'est
pas dans un an ou deux ans qu'on va bâtir un centre de recherche, mais
j'espère qu'on va continuer à accélérer les
efforts, et je me demande si, actuellement, ce centre est assez connu de
l'entreprise privée. Lorsqu'on en parle, dans bien des milieux, cela
semble surprendre bien du monde de savoir que cela existe à
Québec. Les gens sont toujours tournés vers Ottawa, pensant que
les seuls centres de recherche existent à Ottawa.
M. SAINT-PIERRE: Là, je tiens à préciser que c'est
une philosophie de départ de M. Normand in de ne pas faire trop de
publicité sur le centre avant d'être capable de répondre
à la demande. Lui, il a préféré former, dans un
premier temps, l'équipe de chercheurs, de bien roder cela;
effectivement, en publicité, il y a eu un effort, il y a cinq ou six
mois, qui était destiné à nos industriels, et c'est la
première fois qu'il en faisait. Cet effort de publicité a
donné une avalanche de demandes de toutes sortes et lui, il voulait
être certain d'être capable de donner un bon service, et c'est pour
cela qu'actuellement c'est moins bien connu.
M. RUSSELL: Maintenant, je voudrais conclure mes remarques dans ce
domaine-là. Le ministre a dit tout à l'heure que de la recherche
se faisait à Sherbrooke, à laquelle je ne suis pas opposé,
et à Montréal aussi sous la même tutelle. Il y a là
un danger de s'étendre trop dans la recherche et de priver le centre de
chercheurs importants. On n'a peut-être pas une équipe assez
grande de chercheurs pour pouvoir les étendre à travers la
province; donc...
M. SAINT-PIERRE: C'est parce que le centre, de par sa philosophie,
tentant de faire des projets conjoints avec le secteur privé sur le plan
manufacturier, on comprend que la région de Québec n'offre pas
tellement de perspectives là-dedans. Personnellement, je me pose des
questions sur l'à-propos d'avoir choisi la ville de Québec pour
établir le centre, il me semble qu'une région comme Sherbrooke
aurait peut-être été plus favorable, en particulier, qu'une
région comme celle de Montréal. Que voulez-vous? Je pense que le
député de Gouin, qui vient de la région de
Montréal, a les statistiques autant que moi. Lorsque 65 p.c. ou 66 p.c.
de l'activité manufacturière est dans la région no 6, on
ne peut pas s'attendre qu'une région comme Québec, qui est
surtout axée, dans son secteur économique, sur le tourisme, sur
la vie universitaire et sur le gouvernement comme tel, va créer beaucoup
de projets communs.
C'est assez difficile d'avoir des équipes conjointes, parce qu'il
faut bien voir que le centre des équipes conjointes implique des gens du
secteur privé qui viennent travailler dans le laboratoire du centre,
comme des gens du centre vont travailler dans les laboratoires privés.
Ce serait assez difficile d'avoir des projets conjoints avec des entreprises
montréalaises si le centre était uniquement à
Québec. Mais le gros du centre est toujours à Québec dans
le moment.
M. RUSSELL: Je suis bien d'accord avec le ministre lorsqu'il parle de
l'à-propos d'implanter le centre à Québec. Je pense que,
si cela avait été juste la question d'un centre pour faire de la
recherche avec l'entreprise privée, il y aurait peut-être eu lieu
de l'installer à Montréal pour centraliser encore plus toute
l'industrie à Montréal. Mais dans ce temps-là le centre a
été bâti...
M. SAINT-PIERRE: Moi qui pensais que Sherbrooke était une
région presque parfaite pour ça.
M. RUSSELL: Oui, Sherbrooke peut-être.
M. JORON: C'est pour faire plaisir au député de Shefford
qu'il dit ça?
M. SAINT-PIERRE: Si l'ex-collègue... M. JORON: Ah! oui...
M. RUSSELL: Je connais la valeur industrielle de la région de
Sherbrooke aussi bien que la valeur industrielle de Québec...
M. JORON: Est-ce un concours entre vous deux ça?
M. RUSSELL: ... mais je ne suis pas contre le fait que la région
de Québec se développe.
M. SAINT-PIERRE: Si l'ancien collègue du député de
Shefford, qui était député de Montcalm et ministre
responsable du centre à l'époque, a des bons dossiers, il va
retrouver une lettre d'un citoyen qui n'était pas mêlé
à la politique et qui recommandait que Sherbrooke soit plutôt
choisie que Québec pour un centre de recherche industrielle.
M. RUSSELL: Oui, bien à propos, c'était une chose certaine
que Sherbrooke pouvait bénéficier d'un centre, est-ce que
c'était immédiat? Je pense bien qu'il s'agira peut-être
d'en avoir un bien rodé, bien complété et ensuite de
procéder au deuxième. Je ne vois pas pourquoi Sherbrooke n'aurait
pas son centre industriel, aussi bien que Montréal. Mais, à
Montréal, plusieurs laboratoires existaient et les universités
faisaient de la recherche pour l'entreprise privée. Le centre actuel a
été créé pour trois vocations particulières,
dont une était simplement exclusivement avec l'entreprise privée,
celle qu'on discute actuellement. Je voudrais savoir du ministre combien il y a
d'employés à Sherbrooke comparativement à
Québec.
M. SAINT-PIERRE: Je vous donne ça de mémoire pour les
avoir vus il y a deux ou trois semaines. A Sherbrooke, il n'y en a pas
tellement, il y a à peu près 20 ou 25 personnes; à
Québec il pourrait y en avoir 140 et, à Montréal, il y a
à peu près 60 personnes. Tout cela fait à peu près
220 personnes, bien que la croissance dans le moment c'est surtout à
Montréal.
M. RUSSELL: Est-ce que le travail à Sherbrooke se fait à
l'université?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je pense qu'il y a eu une location de certains
bâtiments de l'université pour les fins du centre. Il y avait
quelques projets conjoints avec des entreprises de la région de
Sherbrooke.
M. RUSSELL: Et à Montréal?
M. SAINT-PIERRE: A Montréal, c'est à Dorval. J'y suis
déjà allé une fois, ce sont des bâtiments
loués, bien qu'à Montréal on examine la possibilité
dans le moment de construire. On regarde quelques sites.
M. JORON: Sur cette question de localisation on semblait avoir des
doutes sur l'opportunité d'avoir installé le siège social
à Québec. Par contre, ce n'est pas nécessairement par le
fait que les deux tiers de l'activité manufacturière au
Québec se situent dans la région de Montréal que
nécessairement la concentration doit s'accélérer
davantage. Je pense par exemple au cas de Boston, aux Etats-Unis, qui
était loin d'être le centre de l'activité
manufacturière, qui était une région, comme l'ensemble de
la Nouvelle-Angleterre, pas en décrépitude, mais en
décrois- sance par rapport à d'autres centres des Etats-Unis. On
a pu regénérer considérablement toute cette région
de Boston en y concentrant énormément d'activités de
recherche, tout ce qui s'est greffé autour du MIT, puis le
développement de l'industrie électronique. Si on met tout
ça dans le cadre d'un plan d'ensemble de développement
régional au Québec, c'est peut-être la vocation de la
région de Québec. Il y a déjà une base
universitaire assez considérable, l'université Laval est riche en
ressources. On a installé le centre de recherche ici.
Vous avez mentionné, tout à l'heure, parmi les sujets
principaux, des projets de recherche sur tout ce qui concerne
l'électrique et l'électronique et ainsi de suite. On avait
même entendu parler que Control Data devait s'installer... C'était
une des annonces du premier ministre en 1970. Je ne sais pas si vous l'avez
soustrait des totaux d'investissements que vous publiez, dans la
publicité que le Parti libéral fait. Il faudrait le soustraire,
celui-là, parce qu'il n'y a rien de fait encore, depuis trois ans, dans
le cas de Control Data.
M. RUSSELL: C'est le Centre de recherche qui tient cela.
M. JORON: Oui, il additionne, mais il ne soustrait jamais. Si on remet
cela dans le cadre d'un programme global de développement
économique, bien, cela pourrait être justement la vocation
particulière de la région de Québec. Je ne sais pas si le
ministre serait d'accord avec moi. Est-ce que vous êtes assez
avancés je sais que cela fait partie d'un programme qui a
déjà été discuté pour avoir pu
déterminer les vocations particulières des différentes
régions du Québec?
M. SAINT-PIERRE: Non. Des documents ont été
publiés. Je viens d'en recevoir un, ce matin, voyez-vous. Evidemment, il
y a des vocations particulières. Il y a bien des études qui se
font. On tente, avec l'OPDQ et avec tous ceux, au gouvernement, qui se
préoccupent de développement économique, justement, de
mieux concerter notre action dans cela. Il serait prématuré de
dire que, pour la région de Québec, il y a telle et telle chose.
Je fais un constat simplement pour expliquer, sur le plan d'une divergence pour
l'implantation du centre, que l'ensemble de la région de Québec
une activité dans le secteur secondaire, je pense, qui touche à
peine 9 p.c. de la main-d'oeuvre totale. C'est une des régions les plus
faibles au Québec sur le plan du secteur manufacturier. Quand je parle
de 9 p.c, cela inclut une région qui est assez fortement
industrialisée, comme la Beau-ce. Si on prenait simplement la
région de Québec, c'est très très faible.
M. JORON: Quant à moi, M. le Président, cela va pour le
programme no 4.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme no 4 est adopté.
M. RUSSELL: J'avais quelques autres remarques, mais je pourrai en
parler, en privé, au ministre.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): On s'en va au programme no 6, le programme no
5 étant déjà adopté. Administration de la
Société du parc industriel du centre du Québec.
Société du parc industriel du centre du
Québec
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, on retrouve, sous ce programme,
une série d'éléments qui touchent essentiellement au
fonctionnement de la Société du parc industriel du centre du
Québec. Cette société administre, suivant une loi
provinciale, le parc de Bécan-cour. Elle est régie par un conseil
d'administration de cinq ou six membres, parmi lesquels on retrouve à la
fois des fonctionnaires et des gens de l'extérieur. Le président
de cette société est, en fait, un ancien ministre de l'Industrie
et du Commerce, M. Rousseau, un industriel chevronné de la région
du Bas-du-Fleuve, un homme très compétent. Le directeur
général du centre est M. Edouard Lagasse qui était,
autrefois, un fonctionnaire au ministère de l'Industrie et du Commerce.
Je ne sais pas s'il y a des questions particulières.
M. JORON: Est-ce que le ministre pourrait nous dire qu'est-ce qui
arrive? Il y avait trois ou quatre gros investissements qui devaient se faire
là. Où en sont rendus Glaverbel et Falcon-bridge?
M. SAINT-PIERRE: Je ne pourrais pas donner des informations de
dernière heure. Je pourrais simplement...
M. JORON: Je suis passé récemment. M. SAINT-PIERRE:
Oui.
M. JORON: II y a une structure et les travaux sont arrêtés.
On voit le squelette du building et c'est arrêté là.
M. SAINT-PIERRE: Dans le cas de Falcon-bridge, c'est sûrement des
fluctuations dans le prix du nickel et des fluctuations dans le marché
qui avaient causé l'arrêt. "Off the record", il y a des rencontres
prévues dans les prochaines semaines, mais je ne voudrais pas dire que
nécessairement cela signifie que Falconbridge va commencer. Mais, en
tout cas, il y a un intérêt poussé de leur part.
Deuxièmement, dans le cas de Glaverbel, c'était un double
problème, je l'ai déjà mentionné. D'abord, le
développement technologique qui a fait que l'entreprise s'est
retrouvée, je pense, avec une technologie de deuxième plan par
rapport au procédé de "flottation" qui avait été
développé par un concurrent. Deuxièmement, un projet
réalisé de fusion d'entreprises européennes, qui touchait
à la fois des Belges, des Français, et des Allemands. Lorsque
j'ai rencontré le président de l'entreprise à Bruxelles,
en octobre dernier, il m'avait dit que, dès le début de l'an
prochain, il tenterait de trouver une solution à cet investissement qui
est actuellemen un trou.
Maintenant, j'ignore exactement quel doit être le sort de cette
compagnie. Les problèmes sont assez complexes dans les deux cas. Comment
se situe ce projet nord-américain de la nouvelle entreprise, qui a
maintenant quand même des composantes allemandes, françaises et
belges? Deuxièmement, le problème technologique, qui est entier,
à mon sens, n'est pas réglé.
Les autres entreprises mentionnées, il y a le cas de CIL, qui
doit établir une usine. Alors là, les discussions se
poursuivent.
M. JORON: Sur le sujet de CIL, justement, j'avais deux questions
précises. Evidemment, cela cause une commotion à Shawinigan parce
que cela implique certaines mises à pied à Shawinigan,
peut-être des réouvertures, de nouveaux emplois à
Bécancour. Il reste que c'est peut-être dans la même
région mais ce n'est pas bien bien pratique pour les gens
déplacés. D'une part, est-ce que le ministre pourrait nous
apporter des précisions là-dessus? La deuxième question,
plus importante à mon avis, la société CIL, pour les fins
de cet investissement, a, si ma mémoire est fidèle, obtenu une
subvention quelconque, un prêt quelconque ou un congé
d'intérêts de la Société de développement
industriel du Québec. Dans le processus normal, j'imagine que les
sociétés sont appelées à déposer leurs
états financiers pour accompagner une demande.
Est-ce que le ministre peut nous dire si les états financiers qui
ont été présentés pour accompagner la demande
à la SDI étaient ceux de CIL, la filiale, ou ceux de Imperial
Chemical Industries de Londres, qui est la compagnie mère?
M. SAINT-PIERRE: Pour répondre à la première
question, j'ai trouvé à chaque fois que je quitte le pays,
il arrive de mauvaises choses dommageable cette bataille dans La
Mauricie puisqu'effectivement, dans le cas de CIL, ce n'était pas
Shawinigan ou Bécancour, c'était CIL à Bécancour ou
une autre entreprise à Sarnia. C'est ça que les gens de La
Mauricie n'ont pas semblé réaliser.
Compte tenu de la reprise pour l'ensemble de ce secteur, je demeure
assuré moi-même que les emplois créés à
Bécancour seront additionnels au nombre total d'emplois qu'il y avait
déjà à Shawinigan. Je ne nie pas que pour un petit nombre
d'emplois il puisse y avoir une mutation mais la centaine d'emplois
annoncés, j'ai la ferme impression qu'en 1974, fin de 1974, dans
la région de La Mauricie, CIL aura une centaine d'emplois de plus
dans les deux endroits et que l'emploi à Shawinigan n'aura pas
baissé. Il n'est pas question de fermer l'usine et tout cela.
Je dois dire également qu'il n'y a eu aucune pression de notre
part pour favoriser Bécancour au lieu de Shawinigan. Si ça avait
été plus rentable à Shawinigan, l'entreprise serait
allée à Shawinigan. Pardon?
M. ROY (Lévis): Cela me fait rire un peu.
M. SAINT-PIERRE: Pourquoi ça vous fait rire?
M. ROY (Lévis): Non, non, continuez. Je parlerai
après.
M. SAINT-PIERRE: Bien non. C'est parce qu'il faut se rappeler de la
nature du produit, qui implique quand même l'approvisionnement de quelque
chose comme 225,000 tonnes de sel par année. Lorsque vous êtes
à Shawinigan, pour apporter ce sel, il faut le décharger d'un
navire, il faut le mettre dans quelque chose d'autre et il faut le
déplacer environ 20 milles pour le rapporter à Shawinigan. Cela
touchait beaaucoup la rentabilité de l'entreprise.
Deuxièmement, à Shawinigan, cela aurait peut-être pu
être intéressant si on avait eu un site adjacent à
l'entreprise actuelle, l'implantation actuelle, mais ce n'est pas possible,
à moins de faire des expropriations et ainsi de suite.
Alors il n'y a eu aucune pression je tiens à l'assurer
bien qu'on soit propriétaire du parc industriel de
Bécancour. Ce qui nous préoccupe le plus, c'est d'avoir toutes
les garanties de notre côté que le projet va se réaliser au
Québec. Si c'est plus favorable à Shawinigan, cela va à
Shawinigan. Cela ne nous fait absolument rien. Il y aurait eu la même
aide du gouvernement provincial.
Mais je maintiens que la chose fondamentale, c'était CIL à
Bécancour, pour l'usine de chlore-alcali ou une autre compagnie que je
ne nommerai pas, mais qui est bien connue, à Sarnia. C'était un
ou l'autre et le marché ne pouvait pas deux types d'entreprises.
A votre deuxième question... Pardon?
M. RUSSELL: Dow Chemical?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça. A la deuxième question, on n'a
jamais eu affaire, nous, de Imperial Chemical dans la demande à la SDI.
Les états financiers que nous avons eues, les demandes d'information,
les contacts ont été exclusivement avec la compagnies canadienne,
Canadian Industries Limited. Lors de la visite de M. Bourassa à Londres,
il y a eu des rencontres avec Imperial Chemical simplement peut-être pour
rassurer enfin rassurer, c'est un grand mot mais créer un climat
de confiance vis-à-vis de l'actionnaire principal de CIL.
Mais il n'y a pas eu de bilan.
M. RUSSELL: Pour s'assurer que le gouvernement parlait anglais.
M. SAINT-PIERRE: Non, c'était pour s'assurer que ce
gouvernement-ci avait pris en main l'économie de la province et que les
statistiques allaient continuer de montrer un progrès constant, tant au
niveau de l'investissement que de l'emploi, que de la structure...
M. JORON: Vous venez de nous annoncer que vous avez pris en main
l'économie de la province?
M. SAINT-PIERRE: Qu'on a pris en main la création d'un climat de
confiance dans le secteur privé chez les Québécois. Vous
ne trouvez pas que les statistiques le prouvent?
M. RUSSELL: De créer un climat "débattable".
M. ROY (Lévis): M. le Président, si vous permettez...
M. FRASER: I will ask it to you in English. Do you think that it is a
bad thing to be able to speak English?
M. RUSSELL: Not al all. I speak English, I can answer your question in
English and I hope that we will spread our knowledge more to let the people
know that we can speak English. We are not Indians.
M. FRASER: I grasp from your question that you were inferring that Mr.
Bourassa would have to speak to the gentlemen in English. Possibly they are
bilingual too, seing them doing affairs with companies all over the world.
M.RUSSELL: I used to travel a bit a few years back and when I expressed
myself in English, they were all surprised because, as I was coming from
Quebec, they thought they were going to meet an Indian, when I arrived in
England. That is why I was referring to a past experience.
M. JORON: With a name like Russell? M. RUSSELL: Ah bon !
M. ROY (Lévis): C'est beau des Anglais qui se comprennent dans la
province de Québec!
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Messieurs, revenons à l'administration
de la Société du parc industriel du centre du Québec. Le
député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Tout à l'heure le ministre a parlé
de l'industrie belge qui devait s'établir à Bécancour, et
je pense qu'elle a décidé de ne pas s'y établir.
M. SAINT-PIERRE: Elle s'y est établie, mais elle a
arrêté l'investissement. Honnêtement, ce n'est pas à
cause du gouvernement.
M. ROY (Lévis): Vous nous disiez que vous n'étiez pas
ministre de l'Industrie et du Commerce dans ce temps-là. Moi, j'ai
été le gars qui a rencontré le premier cette industrie,
parce que j'étais commissaire industriel de la ville de Lauzon. On est
venu chez nous, on a fait des recherches et on a présenté tout ce
qu'on avait à présenter pour cette industrie. Je pense qu'on
avait à peu près tout ce qu'il lui fallait. A un moment
donné j'ai été obligé de remettre le tout au
gouvernement.
M. SAINT-PIERRE: C'était le gouvernement précédent.
Glaverbel s'est établie avant 1970.
M. ROY (Lévis): Non, le gouvernement actuel.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Glaverbel, c'est avant avril 1970. J'en
suis convaincu. C'est en 1969, me dit-on.
M. ROY (Lévis): C'était l'Union Nationale dans le
temps?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. ROY (Lévis): Mais l'Union Nationale avait des parts dans le
parc de Bécancour et le gouvernement actuel a continué. Est-ce
que vous avez continué, oui ou non? On vous le demande.
M. SAINT-PIERRE: Bien, le gouvernement...
M. ROY (Lévis): Pour l'unité, parce que ce qu'un
gouvernement précédent fait, le gouvernement qui le...
M. SAINT-PIERRE: Non,..
M. ROY (Lévis): D'accord, il est obligé d'accepter ce que
l'autre gouvernement a fait de mal. C'est à vous de le dire.
M. RUSSELL: Est-ce que le député veut insinuer que les
membres de l'Union Nationale avaient des parts là-dedans ou si c'est le
gouvernement de l'Union Nationale?
M. ROY (Lévis): Non, on a fait de l'investissement pour le parc
de Bécancour et on nous a enlevé nos prêts pour les
cités et villes, nos fonds industriels, parce qu'il y avait eu des
lacunes.
M. SAINT-PIERRE: Des abus.
M. ROY (Lévis): Des abus, si vous voulez. On nous a enlevé
ça, parce qu'on pensait que les gars qui étaient les
représentants des municipalités n'étaient pas assez
intelligents pour administrer des fonds industriels. Je pense que c'est votre
gouvernement qui était responsable de ça, mais je ne veux pas
insinuer, faire de la politique. En tout cas, je ne suis pas un politicien, je
suis un administrateur. Quand cette compagnie est venue chez nous, j'ai fait
toutes les démarches nécessaires. J'ai dépensé mon
temps gratuitement. Je ne vous enverrai pas de compte. Mais pour les recevoir
chez nous, on avait un quai d'à peu près 300 pieds à
faire, où on aurait pu accoster et amener tout ce qu'il fallait.
Avec la nouvelle loi, j'ai été obligé de tout
remettre au gouvernement. C'est justement là que j'ai perdu l'industrie
et que je n'en ai jamais entendu parler. Vous en avez parlé
tantôt, ça me fait plaisir. Leur gouvernement a commencé,
et vous avez continué.
M. SAINT-PIERRE: Mais pas dans ce cas-là. Quand vous l'avez remis
au gouvernement, vous...
M. ROY (Lévis): Je l'ai remis parce qu'on n'était plus
capable de faire quoi que ce soit, nous autres; on n'avait plus de fonds
industriel. Il faut passer par le fonds industriel du gouvernement provincial.
Quand une industrie vient nous voir et qu'elle est intéressée
à venir chez nous, on n'est plus capable de faire quoi que ce soit. On
remet ça au gouvernement et le gouvernement, lui, s'en empare et
l'envoie où il veut. Est-ce vrai ou faux, M. le ministre, si vous
êtes franc? Je sais que vous êtes franc; est-ce vrai ou faux? Quand
on a des intérêts...
M. SAINT-PIERRE: C'est faux.
M. ROY (Lévis): ... quelque part, on envoie le gars où
ça nous intéresse.
M. SAINT-PIERRE: Un instant, c'est très grave, ce que vous
dites.
M. ROY (Lévis): Ce n'est pas grave.
M. SAINT-PIERRE: H n'y a aucune pression exercée par les
autorités gouvernementales pour amener des gens au parc de
Bécancour, parce que nous sommes propriétaires du parc de
Bécancour. Pour chaque investisseur intéressé à
venir au Québec, il faut dire, premièrement, que le gouvernement
donne la moitié des frais d'exploitation, des dépenses des
commissariats industriels, ce qui n'était pas le cas dans le temps
où vous étiez là. Donc, c'est pour avoir des gens
compétents qui vont être nos interlocuteurs. En
général, partant des facteurs de localisation que l'investisseur
nous demande, nous lui offrons cinq ou six endroits suivant le coût des
terrains, les services, les moyens de transport, selon qu'il y a du gaz naturel
ou qu'il n'y en a pas. Partant de ça, l'investisseur fait
son choix. Notre seule préoccupation au ministère, c'est
que ça vienne dans la province de Québec. Dans tous les cas, on
ne leur dit pas: D faut que vous alliez là, on leur offre plusieurs
choses.
Maintenant, dans le cas de CIL, ce que je peux honnêtement dire,
c'est que, pour eux, c'était plus rentable, c'était mieux
d'être à Bécancour qu'à Shawinigan. Je vous ai
expliqué surtout pourquoi; le transport de 225,000 livres de sel par
année entre le Saint-Laurent et l'usine; à Bécancour, ils
le déchargent du bateau et l'entrent dans l'usine exactement; ils sont
collés sur le Saint-Laurent.
M. ROY (Lévis): Disons que...
M. SAINT-PIERRE: Cela vous convainc?
M. ROY (Lévis): Non, je ne suis pas convaincu. Je ne suis pas
convaincu parce qu'on a enlevé l'autorité à toutes les
municipalités. On a enlevé l'enthousiasme, si vous voulez, en
enlevant les fonds industriels aux municipalités. Je l'avais
souligné déjà en commission parlementaire...
M. SAINT-PIERRE: On a trois fois plus de...
M. ROY (Lévis): ... et l'Union Nationale m'avait répondu
qu'il y avait trop de lacunes...
M. SAINT-PIERRE: D'abus.
M. ROY (Lévis): ... qu'il y avait trop d'abus et qu'on ne pouvait
pas continuer. Mais c'est le rôle du gouvernement de contrôler les
abus; ce n'est pas le rôle du gouvernement de tout mener seul.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas seul. Je vous donne un exemple. Au niveau
des municipalités, actuellement, il y a trois fois plus de commissaires
industriels qu'il n'y en avait il y a à peine trois ans. Ce n'est pas
qu'on essaie de tout faire seul, ça.
M. ROY (Lévis): Cela ne donne rien, les commissaires industriels,
s'ils n'ont pas d'industries. On a ouvert des parcs industriels à partir
de Lévis jusque dans le Bas-du-Fleuve.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça, les abus.
M. ROY (Lévis): C'est vrai!
M. SAINT-PIERRE: C'est ça, les abus.
M. ROY (Lévis): Ce sont des abus du temps.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. ROY (Lévis): C'est ça parce que chaque
municipalité voulait avoir un parc industriel et, dans le temps,
c'était l'Union Nationale; eux autres, ils en donnaient à tout le
monde. Je ne veux pas...
M. RUSSELL: Est-ce que le député de Lévis voudrait
que je me défende ou que je défende l'Union Nationale? Je
pourrais peut-être parler de l'abus de la plupart des
municipalités. J'en connais plusieurs que je pourrais nommer, en
incluant des municipalités pas trop éloignées du
Parlement, mais je pense bien que ce serait un débat hors d'ordre
qui...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Oui.
M. RUSSELL: ... relèverait des insinuations et peut-être
qu'on pourrait tâcher de faire de la politique, comme veut le faire le
député de Lévis. Je regrette qu'il n'ait pas réussi
avec cette industrie. Je sais qu'il y en a bien d'autres qui ont réussi
dans le contexte actuel, de la façon dont c'est organisé depuis
quelques années. D'ailleurs, les questions de fonds industriels
étaient commencées bien avant le gouvernement de l'Union
Nationale; cela a commencé depuis assez longtemps. Il y a eu des
municipalités qui ont je ne dirai pas par manque de
compétence ou par abus de pouvoir certainement fait des abus qui
ont coûté des milliers de dollars aux contribuables du
Québec, sans apporter des résultats. Je crois, sans vouloir
défendre le système actuel que, s'il n'est pas plus valable, le
gouvernement est en meilleure position de le contrôler. Donc, s'il y a
des abus, le gouvernement pourra directement être accusé. Avant,
le gouvernement avait les accusations et il n'avait pas le contrôle sur
les abus. C'est la différence.
M. ROY (Lévis): M. le Président, si vous le permettez, vu
que le député de Shefford peut-être...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Je voudrais qu'on revienne au programme no
6.
M. ROY (Lévis): Oui, il faudrait revenir au programme no 6, mais,
si j'ai laissé l'Union Nationale, c'est parce qu'il y avait trop d'abus.
Je suis bien placé pour en parler.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme no 6, adopté?
M. RUSSELL: Non, M. le Président. Le ministre a dit que l'usine
de Glaverbel était abandonnée. Est-ce que ce projet est
définitivement mis de côté?
M. SAINT-PIERRE: Honnêtement, je ne pourrais pas le dire.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a eu des subventions qui ont
été données de la part du gouvernement ou des
dépenses qui ont été faites? Oui? Celles du
fédéral?
M.SAINT-PIERRE: Le gouvernement fédéral mais les
subventions, comme ce n'est pas en production, ont été
coupées dès le départ.
M. RUSSELL: C'est-à-dire qu'elles ont été promises
mais pas versées.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: II n'y a pas de subventions qui ont été
versées.
M. SAINT-PIERRE: Non. Du gouvernement fédéral. Il n'y a
rien eu du gouvernement provincial. Ils ont payé pour le terrain.
M. RUSSELL: Donc, M. le Président, je pense que les autres
questions ont eu une réponse là-dessus. Mais combien y a-t-il de
projets actuellement qui sont réellement réalisés dans ce
parc de Bécancour? Est-ce que ça vaut la peine de le continuer ou
si on serait mieux de le fermer?
M. SAINT-PIERRE: Non, on va persévérer. CIL, je pense, va
peut-être apporter un déblocage important. Cela va être
sûrement la première industrie. L'amélioration dans le
cuivre pourrait nous apporter une. certaine reprise avec Falcon-bridge, qui est
un investissement important. Le quai qu'on finit de construire pourrait aider
également. Je pense que l'infrastructure est complète, qu'il y a
lieu de persévérer, puis je pense que ça devrait avoir un
déblocage.
M. RUSSELL: II n'y a pas tellement de dépenses additionnelles
d'immobilisation...
M. SAINT-PIERRE: Non, non, du tout!
M. RUSSELL: ... pour inviter beaucoup d'autres industries à venir
s'installer?
M. SAINT-PIERRE: Ils ont parachevé le plan directeur qui avait
été amorcé au départ, puis l'épuration de
l'eau, etc. Mais il n'y a rien de majeur qui est envisagé tant qu'il n'y
a pas quelques industries qui commencent à entrer.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Alors programme no 6, adopté.
Programme no 7, Services aux établissements commerciaux.
Services aux établissements commerciaux
M. JORON : Est-ce que c'est sous ce programme que se trouvent par
exemple les bureaux du Québec à l'étranger?
M. SAINT-PIERRE: Non. Les bureaux du Québec sont dans les
services internationaux. Services rendus aux établissements commerciaux,
vous voyez que le montant est relativement minime.
M. JORON: Minime. C'est quoi ce programme?
M. SAINT-PIERRE: C'est la Direction du commerce du ministère.
C'est également ceux qui sont responsables de choses comme
l'Expo-profits qui annuellement vise à stimuler la sous-traitance entre
les entreprises québécoises. Egalement, ceux qui sont
responsables de l'application de la loi des heures d'affaires. Egalement, ceux
qui sont responsables des cours de clinique vis-à-vis des
établissements commerciaux comme tels.
M. JORON: On lit: Ce programme vise à contribuer à la
promotion de la vente des produits québécois, à diffuser
des conseils auprès des associations de commerçants, etc. Dans la
première partie de la phrase, est-ce qu'il est question d'exportation?
Est-ce qu'on parle d'exportation à ce moment-là?
M. SAINT-PIERRE: Au ministère c'est assez précis, dans ma
tête aussi, puis dans la tête de bien des gens qui oeuvrent
à l'intérieur. Quelles sont les responsabilités? Vous
savez que ce qui est au départ de la recherche théorique devient
de la recherche sectorielle. Après, cela amène une implantation
puis ce sont des gens différents qui le font. Alors la promotion de la
vente de produits québécois à l'étranger, ça
se retrouve strictement sous les services internationaux. On pourrait
engager...
M. JORON: Où est-ce qu'on prend ça, est-ce que c'est un
programme, un élément à l'intérieur d'un
programme?
M. SAINT-PIERRE: Oui, on l'a passé d'ailleurs, je pense, le
programme 1 ou 2.
M. JORON: II est passé.
M. SAINT-PIERRE: Le programme 3.
M. JORON: Le programme 3.
M. SAINT-PIERRE: Programme 3, élément 1.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Orientation du développement de
l'industrie secondaire.
M. JORON: Je regrette, mais j'étais absent. J'avais parlé,
dans mes remarques d'ouverture, de l'effort à faire de ce
côté-là. Je ne sais pas si à l'occasion du programme
3, au moment où...
M. RUSSELL: En votre absence.
M. JORON: Oui, le ministre a adopté toutes mes suggestions
pendant que je n'étais pas là.
M. RUSSELL: II a tout adopté. M. SAINT-PIERRE: C'est retenu. M.
JORON: C'est merveilleux.
M. RUSSELL: La différence...
M. JORON: II vaut mieux que je ne vienne pas, dans ce temps-là
ça accélère les décisions.
M. RUSSELL: A condition que tu nous envoies le député de
Lévis.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce qu'il a d'autres questions au sujet du
programme 7?
M. RUSSELL: M. le Président, je pense qu'il y a eu beaucoup de
pressions qui ont été faites de la part des gros magasins pour
les heures d'ouverture. Est-ce qu'il y a un changement dans la politique,
est-ce qu'il a beaucoup de difficultés? Est-ce que le ministre...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. RUSSELL: ... se sent satisfait de la loi qui est adoptée
actuellement?
M. SAINT-PIERRE: On est près de la grande finance, mais on n'a
pas cédé aux demandes des grands établissements, pas qu'on
n'a pas cédé. On reconnaît nous que la loi des heures
d'affaires a sûrement apporté beaucoup de bien dans la province de
Québec parce que c'était avant, enfin la jungle complète.
Maintenant, on trouve que, lorsqu'on amendera cette loi-là, il ne faudra
pas simplement déplacer l'heure de fermeture du jeudi soir, puis ajouter
une petite affaire ici qui peut faire plaisir à un centre commercial ou
qui peut faire plaisir à un grand magasin à succursales de
Montréal.
Alors on se dit que peut-être après un certain temps, et
déjà on a commencé à faire l'évaluation, il
faudra envisager une espèce de refonte de cette loi, des
modifications.
Il n'est pas impossible que, le jeudi soir, les parlementaires trouvent
normal on écoutera tous les partis d'ajouter une
demi-heure ou une heure de plus et des choses semblables, sans peut-être
changer le nombre total d'heures d'ouverture des magasins, mais les
déplacer un peu parce que les consommateurs, cela pourrait...
Enfin, je ne suis pas opposé à ce type de
suggestions-là, sauf que je ne voudrais pas faire seulement ça.
C'est-à-dire lorsqu'on va regarder les heures d'ouverture, il faudra se
pencher sur toutes les questions qui sont un peu en suspens. Ceux qui sont dans
des zones grises en ce moment, qui ouvrent et qui enfreignent presque la loi.
C'est cela. Si on n'est pas prêt à faire cela
immédiatement, peut-être que dans un an ou deux ans le moment sera
opportun de faire une refonte de la loi, d'entendre tous les groupes
concernés, les petits commerçants, d'entendre les consommateurs,
d'entendre les grands et s'il se dégage une espèce de consensus,
on ira de l'avant.
M. ROY (Lévis): M. le Président, l'ouverture et la
fermeture des magasins n'est pas un problème pour nous. Vous m'avez
visé tout à l'heure, vous me regardiez. Je ne sais pas si vous me
visiez mais vous me regardiez. Peut-être que vous me trouviez tellement
sympathique que vous me regardiez.
M. SAINT-PIERRE: Je vous trouvais sympathique, si vous voulez que je
l'avoue.
M. ROY (Lévis): Ce qui nous désorganise, c'est la rotation
des employés. Si je peux vous rendre service, je vais vous le dire.
C'est la rotation des employés qu'on ne peut pas faire parce que,
passé tel moment, il faut payer temps et demi, temps double et on ne
peut pas faire travailler les employés. Bon. La fermeture et l'ouverture
des magasins, je pense que ce n'est pas un problème, on n'a pas de
trouble avec cela. Chez nous, on n'en a pas. On ferme à neuf heures, on
ouvre le matin, mais on ne peut pas faire faire plus d'heures aux
employés qu'ils ont le droit de faire, c'est cela qui nous "magane", ce
n'est pas tellement la fermeture.
M. SAINT-PIERRE: Dans le moment, la loi permet 62 heures...
M. ROY (Lévis): Ah! non.
M. SAINT-PIERRE: ... au total dans la semaine.
M. ROY (Lévis): Oui, à faire.
M. SAINT-PIERRE: Oui, à faire. Mais là, il faut bien
s'entendre; ici, on parle de commerce, de règles commerciales, on parle
de l'ouverture, on ne parle pas de relations de travail.
M. ROY (Lévis): C'est pas cela qui nous "magane", nous, les
heures d'ouverture et de fermeture, c'est la rotation des employés qu'on
ne peut pas faire, c'est cela qui nous "magane".
M. SAINT-PIERRE: Je pense quand même qu'il y a un
problème.
A ce que j'ai cru voir, les petits commerçants et l'association
qui les représente s'opposent à certains déplacements qui
seraient préférés par les centres commerciaux. Les centres
commerciaux, pour parler bien franchement, préféreraient que le
jeudi soir ce soit ouvert jusqu'à dix heures, dix heures et quart,
quitte à ce que le matin ça ouvre une heure et demie plus tard.
Leur argument, le motif qu'ils invoquent c'est le fait que le jeune couple
marié part d'une place donnée et fait 25 milles pour aller au
magasin, et par le temps qu'ils prennent pour acheter un
réfrigérateur, les magasins ferment et il faut qu'ils reviennent
une semaine plus tard pour, acheter une cuisinière. C'est à ces
choses qu'on s'oppose.
M. ROY (Lévis): Ce sont des choses qui vont
rester à discuter. Je pense bien qu'il faudrait avoir une
commission parlementaire...
M. SAINT-PIERRE: C'est le sens de ma réponse, ce n'est pas de
dire oui.
M. ROY (Lévis): Puis je serai là pour essayer de
défendre des points s'il y a lieu.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme no 7, adopté?
M. RUSSELL: Oui, M. le Président, à la condition, comme
dit le député de Lévis, qu'il y ait une commission qui se
forme là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le ministre l'a assuré. Le programme
no 8: Développement des pêches maritimes; élément 1:
Inventaire, recherche et gestion interne du secteur.
Développement des pêches
maritimes
M. RUSSELL: Peut-être que le ministre pourrait nous donner un
inventaire des mouvements de ce domaine bien particulier, simplement informer
la commission pour la justification de la dépense.
M. SAINT-PIERRE: La direction des pêches a actuellement trois
services particuliers. Dans un premier temps, il y a un service technique qui,
lui-même, se subdivise en trois. Le service de gestion des
équipements chargé des entrepôts frigorifiques; la province
est propriétaire de plusieurs entrepôts frigorifiques, de
fabriques à glace, de cales de halage. Ce service est également
responsable de l'administration des services d'entreposage, de
congélation, de glace, de boîtes, mis à la disposition de
l'industrie de la pêche. Le service de la protection dont le rôle
consiste à veiller à l'application des lois et règlements
concernant la pêche commerciale et d'assurer une exploitation rationnelle
de la faune aquatique. Finalement, un service de construction et d'entretien
responsable de la réalisation du programme d'immobilisation, de
l'entretien des propriétés et installations de la direction
générale des pêches maritimes. A l'intérieur de ce
service en particulier, il y a un programme assez important cette année,
c'est la réalisation de quatre parcs industriels de pêche dont un
est situé aux Iles-de-la-Madeleine, deux en Gaspésie et un sur la
Côte-Nord, Paspébiac, Rivière-au-Renard, Cap-aux-Meules,
puis possiblement Grande-Rivière. Pour chacun de ces endroits,
Cap-aux-Meules, Paspébiac, Rivière-au-Renard et
Grande-Rivière.
Dans ces cas, des plans directeurs ont été
réalisés, c'est dans le cadre de l'entente de l'ODEQ. Les plans
directeurs, étant terminés, ont été ratifiés
par un comité et là nous sommes à la phase de la
préparation des plans et devis pour réaliser l'infrastructure de
parcs industriels de pêche. A chaque endroit ce sont à la fois des
entrepôts, ce peuvent être des quais, des services de halage,
entrepôts frigorifiques. C'est pour doter ces centres importants de
pêche, pour permettre un plus grand rendement dans la pêche
maritime. Cela se fait, il y a des déductions avec les pêcheurs
unis, avec les autres gens qui sont concernés par ce service. Ce
seraient les services techniques.
Maintenant le service de la recherche, au complexe industriel, est
responsable de toute une série de recherches qui sont faites tant sur
les crustacés que sur les mollusques et que sur les autres poissons qui
touchent la pêche maritime. En dehors de cette division, la biologie, il
y a également la division de la pêche expérimentale, et
là il y a des expériences intéressantes qui sont faites
sur la pêche de prospection, la pêche expérimentale. Il y a
eu des ententes avec la France, l'an dernier, pour la venue d'un nouveau bateau
océanographique enfin un bateau qui est supposé être
très moderne.
Finalement, à l'intérieur du service de la recherche, il y
a également une division de la technologie industrielle qui touche les
lignes de production, la biochimie, les niveaux de radioactivité, la
bactériologie, enfin toutes les différentes méthodes.
Troisième service, c'est le service de l'économique qui
tente de voir les prêts qui sont consentis pour la construction de
bateaux de pêche hauturière, soit des prêts à la
construction, des subventions.
Il y a une loi, d'ailleurs, qui doit être déposée
prochainement pour augmenter Tes montants versés aux crédits
maritimes.
Au 31 mars 1973, il y avait quatorze bateaux en construction avec un
financement partiel par des prêts du ministère.
M. RUSSELL: Combien?
M. SAINT-PIERRE: Quatorze.
M. RUSSELL: Quatorze, mais de quelle grosseur?
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous les donner. A Gaspé, pour une
filiale des Pêcheurs unis du Québec, il y avait deux chalutiers
pélagiques de bois de 87 pieds, un chalutier pélagique de bois de
65 pieds et cinq cordiers polyvalents de 60 pieds. A Lévis, à la
Davie Brothers, il y avait deux cordiers polyvalents de 60 pieds. A Lauzon,
à la Davie Shipbuilding, vous voyez que le député de
Lévis..., quatre chalutiers d'acier de 130 pieds. Des
arrêtés en conseil ont permis certaines subventions au transport
du poisson de fond, des subventions aux équipes de terre, des
subventions à l'achat d'engins de pêche, diverses subventions pour
le transport du carburant, les remboursements d'intérêt, enfin
d'autres activités. C'est assez détaillé.
M. RUSSELL: M. le Président,...
M. SAINT-PIERRE: En plus de cela,...
M. RUSSELL: ... simplement quelques remarques. Excusez-moi.
M. SAINT-PIERRE: ... évidemment, on est responsable de la
réglementation de la pêche commerciale dans la province de
Québec. On me fait signer, assez régulièrement, des
interdits de pêcher entre telle rivière et telle rivière
pour protéger la faune, l'équilibre.
M. RUSSELL: D'une façon très sommaire, j'ai simplement
quelques remarques à faire dans ce domaine bien particulier de la
pêche industrielle au Québec. Je sais qu'il y a quelques
années, le ministère avait entrepris de faire discontinuer la
pêche côturière, comme on appelait cela,...
M. SAINT-PIERRE: Côtière.
M. RUSSELL: ... côtière et de subventionner des bateaux de
plus grande dimension. Je sais qu'une couple de bateaux ont été
achetés par les Pêcheurs unis et ont été revendus
par la suite. Ils ont fait l'objet d'étude. Je crois bien qu'au moment
où les Pêcheurs unis ont acheté ces gros bateaux pour faire
la pêche en eau plus profonde, ils ont frappé de mauvaises
années, ce qui les a peut-être forcés à vendre ces
bateaux à des entreprises étrangères, chose qui a
été faite. Mais selon les informations que nous recevons
aujourd'hui, ces bateaux, qui avaient été construits pour
pêcher environ six millions de livres annuellement, en pêchent
à peu près neuf millions. Si ces prises avaient été
faites par les Pêcheurs unis, cela aurait justifié, avec beaucoup
d'intérêt, l'achat de ces bateaux.
Est-ce qu'il y a un effort qui se fait, actuellement, pour retourner
à cette politique de pêche en eau profonde pour augmenter les
prises et faire en sorte que la pêche devienne une industrie qui marche
à l'année dans la région de Gaspé et la
région des Iles-de-la-Madeleine? Je sais, il va sans dire, que cela va
prendre plus d'argent qu'on nous en donne actuellement. Je suis
complètement d'accord. Je crois que nous devrions cesser de
subventionner la pêche côtière ou la pêche qui est
faite avec de petits bateaux de 60 pieds et qui s'est démontrée
non rentable mais plutôt artisanale.
Je crois que le gouvernement aurait avantage à subventionner
beaucoup plus les gros bateaux et peut-être aider certaines
coopératives. Le ministre prétend que c'est devenu artisanal, ces
coopératives...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. RUSSELL: Mais pour être dans ce domaine,...
M. SAINT-PIERRE: Qui a dit ça?
M. RUSSELL: Ce sont les journaux qui ont rapporté ça. Je
lis simplement les déclarations du ministre. C'est là que je
prends ces choses.
M. SAINT-PIERRE: Que les coopératives étaient
artisanales?
M. RUSSELL: Oui. Que c'était une chose du passé, que cela
avait eu sa valeur dans le passé mais qu'aujourd'hui c'était
moins justifiable.
M. SAINT-PIERRE: Récemment? En tout cas, votre voeu est
exaucé puisqu'on voit, par exemple, quatre chalutiers pélagiques
d'acier de 130 pieds, à Lévis, coûta $1,600,000 chacun.
D'ailleurs, on avait, suivant la Loi du crédit aux pêcheries
maritimes, chapitré 210 des statuts de 1964, des prêts annuels de
$3 millions qui étaient permis. Il nous faudra augmenter ce montant.
M. RUSSELL: M. le Président, je m'excuse. Ce n'est pas artisanal,
c'est du folklore.
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai jamais dit ça.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre veut que je le lui lise ou s'il veut
le lire lui-même?
M. SAINT-PIERRE: Je vais le lire.
M. RUSSELL: Tout ceci, M. le Président, pour dire que je suis
complètement d'accord, si on a amorcé un changement de politique
pour faire en sorte que les frigos qui avaient commencé à
être fermés le soient graduellement, au fur et à mesure que
les pêcheurs pouvaient s'en dispenser. Cette politique a
été continuée. Eventuellement, cela va se terminer et on
va avoir réellement une pêche industrielle plutôt qu'une
pêche artisanale, comme le dirait le ministre.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme 8 est adopté?
Programme 9 : Services statistiques centraux. Elément 1 :
Production statistique.
Services statistiques centraux
M. JORON: M. le Président, je ne pense pas que c'est un programme
qui implique, évidemment, de remettre en question les politiques du
gouvernement. C'est plutôt une question de soutien technique. Mais ce que
je voudrais savoir et ce qu'il faut savoir, je pense, c'est si le service des
statistiques fait bien sa "job". Est-ce qu'il compile toutes les statistiques
pertinentes qu'il nous est utile de connaître, d'une part? D'autre part,
est-ce qu'elles sont bien rendues publiques? Il y a deux questions
particulières que je veux adresser au ministre. L'étude à
laquelle lui-même a fait allusion à quelques reprises, dans des
interventions, une conférence ou un discours, sur les sources de
l'épargne, au Québec, est-ce une étude conduite par les
services statistiques de votre ministère?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais je dois dire que cela reflétait plus
des préoccupations du ministre des Finances et de moi-même, mais
c'est assez complexe. Je ne peux pas dire qu'il y a une étude en...
Disons que le problème est examiné, mais ce n'est pas facile de
contrôler les flux d'épargne dans les temps qu'on vit. Mes gens me
disent que, professionnellement, ce n'est pas facile d'avoir quelque chose qui
peut se défendre. C'est assez récent, d'ailleurs, comme
intérêt de notre part. On voulait simplement trouver des arguments
fondés pour voir si le niveau de consommation au Québec
était élevé au point qu'il serait approprié pour le
gouvernement de freiner la consommation des particuliers pour augmenter
l'épargne. Alors, on tentait d'établir le niveau de
l'épargne au Québec ou les formes d'investissements des
Québécois, du personnel, par rapport aux formes de
dépenses des biens de consommation et de voir s'il n'y avait pas
possibilité de faire certains transferts.
Maintenant, sur le plan strictement statistique et économique, il
semble que c'est très difficile, dans le moment, de le faire
parfaitement.
M. JORON: II y a deux choses, le niveau de l'épargne et les
sources de l'épargne. C'est peut-être une préoccupation
récente du gouvernement, mais, enfin, heureusement que c'en est devenu
une, parce que c'est quand même vital et capital. D'abord, comme vous le
dites, il serait peut-être impossible d'arriver à avoir ces
chiffres-là étant donné que le gouvernement du
Québec ne possède pas un certain nombre de mécanismes,
comme, par exemple, les contrôles que peut exercer la Banque du Canada
sur les entrées et les sorties de capitaux. Cela n'existe pas ici, mais,
enfin, vous pouvez vous servir de leurs données, à eux, pour
essayer d'en faire une compilation. Entre Québec et les autres
provinces, c'est peut-être beaucoup plus difficile de le faire, mais
enfin. Quand même, j'imagine, même si ça ne constitue pas un
tableau complet et global, qu'il y a un certain nombre de données qu'il
serait sûrement très intéressant de savoir. C'est
peut-être ce qui mettrait fin au prétendu débat que vous
avez avec M. Paul Desrochers, à savoir s'il y a suffisamment
d'épargne au Québec ou bien si lui doit continuer à
quêter à travers le monde.
M. ROY (Lévis): II n'y a pas de politique là-dedans?
M. JORON: Ah non! Il n'y a pas de politique là-dedans, bien
sûr. pour rassurer le député de Lévis.
M. SAINT-PIERRE: La conclusion qui se dégageait et que j'avais
citée dans une intervention, c'est que, sur une longue période de
temps, il semble que, lorsque nous sommes dans des périodes de faible
croissance économique, l'épargne générée par
les Québécois est suffisan- te pour assurer cette expansion
faible, sauf que l'épargne des Québécois, souvent, se
retrouve au niveau des obligations et des placements sûrs. Même
dans des périodes de faible croissance, la participation des
Québécois n'est pas suffisante au niveau, en fait, du
capital-actions, de l'équité des entreprises.
Il y a d'autre chose qui se dégageait. Si on prend la
période de 1962 à 1966 et la période de fin 1970
jusqu'à aujourd'hui, c'est-à-dire des périodes de forte
croissance du PNB ou des investissements tant privés que
gouvernementaux, là l'épargne des Québécois n'est
pas suffisante pour générer les capitaux requis et un apport de
l'étranger est nécessaire.
M. JORON: C'est juste. On en avait des indices, d'ailleurs, par les
travaux de la commission Porter il y a déjà dix ans et plus
récemment le rapport Gray. Sur le premier point, en période de
croissance normale, vous dites qu'il y aurait suffisamment d'épargne,
sauf que le problème c'est que ça va davantage dans des
placements de forme obligatoire que de capital de risque.
C'est la raison pour laquelle je posais une question cet
après-midi au ministre des Finances. Je m'inquiétais du fait que
la Caisse de dépôt qui pourrait avoir de plus gros
instruments, qui pourrait orienter de l'épargne vers le capital de
risque où notre participation est faible ne semble pas vouloir
assumer directement ce rôle au nom du gouvernement du Québec, ce
sont des fonds publics, mais prenne plutôt une participation minoritaire
dans une société qui est contrôlée par un organisme
du gouvernement fédéral finalement.
Alors, les priorités d'investissement, encore une fois, ce n'est
pas nous qui allons les déterminer.
M. SAINT-PIERRE: Etant familier avec ce dossier, je dois dire
qu'honnêtement la CDC du gouvernement fédéral, en tout
temps dans ça, était prête à contribuer pour un
tiers du capital-actions et de se satisfaire de quelque chose comme 1/9 ou 1/20
des directeurs de la compagnie. Elle le faisait simplement pour apporter dans
trois régions du pays une véritable compagnie impliquée
dans du "venture capital" strictement.
Je dois dire, d'ailleurs, dans ce dossier j'ai les mêmes
attitudes que M. Garneau vis-à-vis de la SGF et vis-à-vis
d'autres mouvements que j'avais eu des rencontres avec le secteur
privé qui avait soumis ce projet au gouvernement fédéral,
assuré d'avoir la participation et du gouvernement fédéral
et de gens qui contrôlaient le portefeuille de fonds de pension du
Canadien National et autres, ceux qui ont été mentionnés
cette semaine. On a essayé d'intéresser dans ça, en plus
de la Caisse de dépôt, et avec le plein accord et du gouvernement
fédéral et du groupe privé, la SGF et le mouvement
Desjardins.
Personnellement, il me semble avoir donné des recommandations
positives au président de la SGF, disant, sans investir $100 millions,
tout au moins d'investir pour avoir une présence pour se familiariser
avec ce type un peu particulier d'institution. J'avais fait les mêmes
recommandations au mouvement Desjardins. Chacun a décidé de ne
pas y aller.
M. JORON: Ils ont leur propre société qu'ils sont en voie
d'organiser. Je ne sais pas à quel point ils sont rendus, la
Société d'investissement Desjardins.
M. SAINT-PIERRE: Je trouve qu'il ne faut pas mêler du
capital-actions dans une entreprise et du capital de risque.
M. JORON: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Parce que si c'est le groupe qui a été
formé, c'est véritablement du capital de risque et au
départ on s'attend que, sur cinq entreprises qui vont être
formées, quatre vont faire faillite, mais on espère que l'autre
réussira. C'est un peu comme aux courses.
M. JORON: C'est d'une nature très particulière. C'est
juste. Pour en revenir au sujet global sur cette affaire des sources de
l'épargne, ça me paraît un élément vital de
toutes les discussions qu'on a dans le domaine économique en
général au Québec. Il est important que le plus de
lumière possible soit jetée sur cette question, à l'aide
des données que vous avez pu déjà compiler. Je vous incite
évidemment à poursuivre.
D ne faudrait pas qu'il arrive dans ce domaine, sur un sujet aussi
important, la même chose qui est arrivée dans l'étude de
l'apport du Québec dans les revenus et dépenses du gouvernement
fédéral, étude qui a été
arrêtée selon ce que nous a déclaré en
Chambre il y a à peu près un mois le ministre des Finances
ce qui nous a paru fort curieux, je le rappelle, pour un gouvernement qui
faisait de la rentabilité du fédéralisme un de ses points
majeurs. Il a cessé d'être préoccupé de pouvoir
mesurer cette rentabilité.
M. SAINT-PIERRE: Cela nous a semblé tellement évident
qu'on a voulu mettre des ressources...
M. JORON: C'est curieux que ça vous semble évident parce
que les derniers chiffres disponibles, qui étaient ceux qui portaient
sur l'année 1968, disaient justement le contraire. Alors, on serait bien
intéressé de savoir ce qui est arrivé en 1969, 1970 et
1971. On trouve curieux que le gouvernement a jugé que ce n'était
pas une de ses priorités et que cette étude se soit
arrêtée.
Mais, enfin, ce n'est pas tout à fait le même sujet. Les
sources de l'épargne, pour revenir à notre affaire, est-ce qu'on
va avoir des données qui vont être bientôt...
M. SAINT-PIERRE: On tente de le continuer mais suivant, encore une fois
et là ce n'est pas moi qui vous parle, je vous relate ce que les
économistes au gouvernement nous ont dit il y a des
difficultés réelles polir avoir une étude qui peut se
défendre devant des gens sérieux en ce qui touche ces mouvements
d'épargne. Le problème que vous soulevez est très
réel cependant et on en est fort conscient mais je me demande si,
finalement, ce n'est pas beaucoup plus à long terme qu'on va pouvoir le
corriger. Est-ce que ça ne repose pas même au départ
presque sur l'accent qu'on devrait mettre encore davantage sur
l'éducation économique dans les écoles? Il y a combien de
gens aujourd'hui qui associent les parts en Bourse avec les aventures que leurs
grancs-pères ont eues dans les rangs avec les compagnies minières
dans les années vingt-cinq? Tant qu'on n'aura pas corrigé cette
impression, ça va être assez difficile de dire: Ne placez pas
vo>s épargnes dans les obligations du Québec ou du Canada,
placez-les dans les entreprises régionales qui tentent de percer.
M. RUSSELL: Est-ce que ce sont des opinions folkloriques?
M. SAINT-PIERRE: Non, j'ai été très mal
interprété dans cela, par exemple. Il faut citer quelque chose
dans un texte; c'est effectivement vrai que j'ai dit cela mais on l'a sorti
hors du contexte.
M. RUSSELL: On l'a sorti du contexte? M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. RUSSELL: Donc le ministre admet avoir dit cela?
M. SAINT-PIERRE: Je vais écrire à cette personne. J'admets
que... je n'ai pas dit que c'était folklorique, le titre n'est pas de
moi.
M. RUSSELL: D'ailleurs...
M. SAINT-PIERRE: J'ai dit que pendant longtemps on s'était
agrippé à la religion, on s'était agrippé à
la coopérative pour assurer sa survie mais que dans le monde de 1973 il
fallait s'agripper à d'autres choses également, mais je n'ai pas
exclu la religion.
M. RUSSELL: Je m'apprêtais à demander au ministre
dans...
M. SAINT-PIERRE: II va falloir que je lise le journal de mon ami.
M. JORON: Allez-vous être à la messe du Saint-Esprit demain
matin?
M. RUSSELL: Le déjeuner de la prière, j'espère que
le député de Gouin va être là.
M. ROY (Lévis): ... en arrière pas mal longtemps.
M. RUSSELL: M. le Président, à l'élément 1,
on indique qu'il y a 153 postes; combien de postes y avait-il en 72/73?
L'augmentation du personnel, une vingtaine d'employés, je voudrais
savoir si réellement c'est situé dans l'étude des
statistiques.
M. SAINT-PIERRE: Compte tenu de ce qui a déjà
été mentionné dans les journaux, je vous dirais qu'au 31
mars, dans l'ensemble du ministère, incluant les secrétaires, les
fonctionnaires, les ouvriers, n'importe qui, on avait seulement 40 postes
vacants, le plus bas nombre qu'on ait eu au ministère depuis plusieurs
années. D'habitude il y avait beaucoup plus de postes vacants qu'on
n'était pas capable de combler.
M. RUSSELL: Plus bas dans le sens qu'il y a plus d'employés qu'il
n'y en a jamais eus au ministère?
M. SAINT-PIERRE: Dans le sens qu'on avait attiré les cadres
nécessaires pour nous permettre de poursuivre notre travail.
M. RUSSELL: Ils avaient réussi à remplir les postes
exigés et pour lesquels ils avaient peut-être fait un virement de
fonds pour dépenser l'argent ailleurs.
M. SAINT-PIERRE: Les effecifs en 72/73, au programme 9,
élément 1, on avait 143; élément 2, 35;
élément 3, 18. Maintenant, les nouvelles activités ou les
initiatives additionnelles, plus les postes vacants qui ont été
comblés, nous donnent en fait cette année un total
autorisé de 153, 47 et 19, ce qui veut donc dire qu'à
l'élément 1 nous avons 10 postes additionnels, à
l'élément 2, 12 postes additionnels à
l'élément 3, 1 poste additionnel.
M. RUSSELL: Cela ne comprend pas le poste de M. Michaud.
M. SAINT-PIERRE: M. Michaud, quel Mi-chaud?
M. RUSSELL: M. Yves Michaud.
M. SAINT-PIERRE: II n'est pas au bureau de la statistique.
M. RUSSELL: Ah bien, c'est pour savoir.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le programme 9 est adopté?
Programme 9, adopté. Le programme 10, je pense qu'on devrait le
déférer au ministre responsable actuellement qui est le ministre
des Travaux publics. C'est le service des achats.
M. RUSSELL: Les crédits, c'est pour...
M. SAINT-PIERRE: Depuis le 1er avril, c'est dans l'Industrie et le
commerce, évidemment, pour la préparation, mais comme la loi a
été votée depuis le 1er avril, le Service
général des achats est passé complètement, le
personnel, les budgets, tout, au ministère des Travaux publics.
M. RUSSELL: Alors les crédits qu'on va voter sont pour le
ministère des Travaux publics et l'approvisionnement. C'est logique,
oui.
M. JORON: Oui, cela va nous permettre de terminer. Brièvement,
puisque vous avez été responsable du service des achats pendant
que se faisait le rapport, qu'est-ce que c'était, le comité? De
Coster?
M. SAINT-PIERRE: Non, c'était le rapport...
M. JORON: II n'y avait pas de nom pour la politique d'achat.
Pouvez-vous...
M. SAINT-PIERRE: Paquin.
M. JORON; Est-ce que c'est terminé, puis quand est-ce qu'on
va...
M. SAINT-PIERRE: Le rapport est terminé, je l'ai
déjà mentionné, d'ailleurs. Je compte le déposer en
Chambre d'ici je vais risquer une date trois semaines. Il est
terminé depuis déjà un certain temps. Il m'a
été remis de main à main il y a six mois à peu
près.
Cependant, le rapport nous a un peu déçus. Il y avait
beaucoup de données intéressantes. Les recommandations, compte
tenu peut-être de la composition du comité ou il y avait des gens
du gouvernement, des gens de l'extérieur, en ce qui touchait de
nouvelles structures, comme un nouveau ministère de l'approvisionnement,
puis des choses comme ça, étaient très précises,
mais les autres recommandations, on a eu un peu peur qu'elles ne puissent pas
changer beaucoup le statu quo.
On a donc formé un comité ministériel de quatre
ministres qui étaient directement touchés par la politique
d'achat et on a décidé, avec l'aide de quelques fonctionnaires,
trois ou quatre, de poursuivre les études pendant les six derniers mois,
avec le service de recherche du ministère. En particulier, on a fait une
analyse détaillée des budgets d'immobilisation et des budgets de
fonctionnement de trois institutions choisies au hasard, une dans le secteur
des hôpitaux, une dans le secteur des CEGEP et l'autre dans le
ministère de la Voirie, pour trouver quelle était la part des
équipements qui
venaient de l'extérieur du Québec, qui étaient
fabriqués à l'extérieur du Québec, quelle
était la cause de cela, etc.
Ce travail vient d'être terminé, il y a à peine
quelques jours, et la semaine prochaine, on a une nouvelle rencontre des quatre
ministres concernés, M. Castonguay, M. Cloutier, moi-même et M.
Tessier, et on va soumettre nos recommandations au conseil des ministres pour
une prise de décision.
Dès que cette recommandation aura été
acceptée par le conseil des ministres, je déposerai à la
Chambre le rapport Paquin tel quel, mais également une
déclaration ministérielle, une prise de position du gouvernement.
Là où on s'oriente, ce n'est pas nécessairement vers un
achat préférentiel comme vers une utilisation plus
sophistiquée de la normalisation et du choix, c'est-à-dire des
commandes en volume, mais reliées à des choix intéressants
sur le plan industriel.
En d'autres termes, si, de notre étude, il se dégage que,
dans le secteur des instruments scientifiques, disons, on a un volume d'achats
suffisamment puissant pour influencer l'ensemble du secteur parapublic
parce que le secteur public du gouvernement, c'est insignifiant, sauf pour
l'achat du sel qui est la seule chose qui serait importante; là,
ça prendrait sûrement une loi dans certains cas par une
déclaration officielle, on dirait: Dans la politique d'achat du
gouvernement, sur une base centralisée, contrôlée par le
service général des achats il pourrait y avoir je donne
toujours des exemples théoriques disons des lits d'hôpitaux.
Là, je pense que la loi 65 qui a été votée permet
au ministre des Affaires sociales de le faire. Fort probablement, on ne le
ferait pas avec le gouvernement; il se peut que l'Association des
hôpitaux du Québec ou par la Fédération des
commissions scolaires, on force l'ensemble des institutions à
procéder à un achat de groupe. Là, notre implantation
industrielle serait plutôt recueillie par des normes.
J'ai donné des exemples montrant qu'avec des normes on peut avoir
très bonne figure à l'étranger pour dire qu'on ne favorise
pas indûment nos entreprises. En même temps, on peut faire comme
les Américains font dans bien des cas, en ayant des normes de pollution,
c'est très difficile pour les voitures importées de
pénétrer sur le marché local. L'exemple qui me vient
à l'esprit, ce sont les draps je vais terminer par cela
d'hôpitaux. Si vous demandez des soumissions ouvertes pour des draps
d'hôpitaux sans des normes bien pensées, invariablement ce sont
les draps japonais qui vont entrer sur le marché, sauf qu'on se rend
compte qu'après neuf lavages le drap japonais est fini, alors que, pour
le drap canadien, ça en prend 24. On pourrait faire un type de norme,
pour vous donner un exemple, qui dit: Nous recherchons un drap qui sera bon
pour faire quinze lavages. Là, vous allez éliminer des gens.
M. JORON: II y a quelque chose de bien intéressant. Evidemment,
je n'ai pas vu le rapport Paquin, mais...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. JORON: ... on sait, sans l'avoir vu probablement que le
rapport le confirmera que c'est très important dans des secteurs
de haute technologie, des secteurs très avancés, à
croissance rapide. Vous avez mentionné les instruments scientifiques;
c'est presque vrai aussi pour le matériel électronique ou le
matériel audio-visuel tout au moins, où le secteur public et le
secteur parapublic sont responsables de plus de la moitié de toutes les
ventes qui se font au Québec. Ce sont des cas où, si le pouvoir
d'achat est regroupé, ça peut donner naissance à une
entreprise nouvelle dans des secteurs, justement, de croissance très
rapide et de technologie avancée.
M. SAINT-PIERRE: Si les partis d'Opposition sont convaincus de cette
philosophie, je pense qu'on aura besoin éventuellement de leur appui. Il
faut bien voir, quand on va tenter, dans certains secteurs, de regrouper les
achats, qu'on va s'attaquer, dans bien des endroits, localement, à
peut-être des centres de patronage mieux organisés qu'au
gouvernement.
M. JORON: II n'y aura certainement pas d'opposition du Parti
québécois, à ce moment-là. Je ne peux pas parler
pour les autres.
M. SAINT-PIERRE: Mais vous comprenez l'affaire, c'est qu'on s'attaque
à des chapelles assez bien organisées quand on va dire...
M. JORON: Oui, je sais ce que vous voulez dire.
M. ROY (Lévis): Vous avez nommé quatre ministres tout
à l'heure et il y en a un qui m'a frappé, c'est justement, je me
demande si vous allez pouvoir passer à côté du
patronage.
M. JORON: M. le Président, cela veut dire que, s'il y a une
législation qui découle de cette étude, elle viendra donc
du ministère des Travaux publics?
M. SAINT-PIERRE: Non, je pense qu'elle viendrait du ministère de
l'Industrie et du Commerce, parce que la responsabilité de la politique
d'achat est la responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce,
c'est-à-dire que cela a été modifié, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui est responsable de ça.
C'est-à-dire que le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement exécute la politique d'achat du gouvernement, en
tout cas...
En passant, est-ce qu'il y a des cas de patronage à signaler dans
le Service général des achats au cours de la dernière
année, car j'en étais responsable.
M. JORON: Je ne suis pas spécialiste de ces questions, je ne peux
pas vous répondre.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme no 11.
M. RUSSELL: Non, je remarque, pour répondre à la question
du ministre, que ce n'est pas tellement dans les achats que le patronage se
fait, c'est dans les normes. Lorsque quelqu'un connaît bien ceux qui sont
responsables de la confection des normes, ils font des normes de façon a
s'assurer que les achats peuvent être faits par le service à
certaines places, un certain produit, comme l'a indiqué le ministre tout
à l'heure. C'est vrai pour bloquer les produits de l'extérieur
qui entrent ici, mais c'est aussi vrai lorsqu'il y a deux ou trois industries
qui se font concurrence à l'intérieur de la province pour en
bloquer une contre l'autre.
M. SAINT-PIERRE: Si vous avez des cas particuliers, faites-les ici.
Pardon? Plutôt les devis et les spécifications que les
normes.
M. RUSSELL: On peut parler de spécifications dans le domaine de
la construction, mais là on parle de l'achat de meubles et ces
choses-là; ça devient des normes je pense bien à ce
moment-là, des normes établies ou qui étaient anciennement
établies par le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Au bureau de la normalisation? Enfin si vous avez des
cas qui vous semblent malhonnêtes, signalez-les-moi, je ne suis pas au
courant.
M. ROY (Lévis): Chez nous, j'avais un cas, puis j'ai fait mon
enquête et je veux être honnête. C'est le plus bas
soumissionnaire, puis heureusement, il était de mon comté, il a
eu le contrat.
M. JORON: Dans ce cas-là ce n'est plus du patronage.
M. ROY (Lévis): Non, il n'y a pas de patronage, mais je me suis
informé, je l'avais demandé au ministre, puis le ministre m'a
dit, non pas le ministre actuel, mais le ministre du temps qui était le
ministre de la Santé: C'est toujours dans notre habitude de donner au
plus bas soumissionnaire. J'ai fait mon enquête et je suis obligé
de le dire, qu'est-ce que vous voulez, honnêtement! Quand on est
député on est honnête, j'espère. En tout cas, si je
suis le seul, je voudrais bien le proclamer. La politique du gouvernement a
changé depuis cinq ou six ans.
Normalisation et spécifications
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme no 11: Normalisation et
spécifications, je pense que...
M. SAINT-PIERRE: On l'a touché un peu dans ça.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Vous l'avez touché là.
Alors, M. le ministre, MM. les membres de la commission, à
l'exception du programme no 10, je déclare les crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce adoptés.
M. SAINT-PIERRE: Je veux remercier les membres de l'Opposition, en fait,
de leurs questions fort pertinentes et des commentaires qu'on a eus ainsi que
mes fonctionnaires qui m'ont assisté dans ce travail. En parlant des
membres de l'Opposition, je pense, également, aux membres du parti
ministériel qui ont toujours un intérêt pour les choses
économiques.
M. JORON: Est-ce qu'il y a une opposition à l'intérieur du
parti ministériel?
M. SAINT-PIERRE: Absolument pas.
M. ROY (Lévis): Cela dépend de ce que le ministre a voulu
entendre. Mais il y en a une.
M. JORON: M. le Président, permettez-moi, également, de
remercier les fonctionnaires du ministère et les membres de la
commission de leur participation à l'étude des
crédits.
M. RUSSELL: Je fais miennes les paroles du député de Gouin
et je conclus là-dessus en vous disant : Bonsoir, M. le ministre.
M. ROY (Lévis): Moi pareillement et puis...
M. JORON: On va être bon pour regarder la partie de hockey.
M. ROY (Lévis): ... si je n'ai pas pu assister à toutes
les séances...
(Fin de la séance à 17 h 56)