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Commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme,
de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du mardi 14 mai 1974
(Dix heures quarante minutes)
M. BRISSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
On a quorum et je voudrais souligner que M. Lacroix,
député des Iles-de-la-Madeleine remplace M. Cadieux et que M.
Léger, député de Lafontaine remplace M. Lessard.
La parole est à l'honorable ministre.
M. SAINT-PIERRE: Merci, M. le Président.
J'ai tenté hier de distribuer aux membres de la commission ainsi
qu'aux représentants des partis de l'Opposition qui sont
également membres de la commission le texte d'une revue d'ensemble des
différents points au programme budgétaire du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
Je vais le lire rapidement pour avoir l'opinion générale
des participants de la commission et pour commencer l'étude, article par
article, par la suite.
M. MORIN: Avant de procéder, est-ce que le ministre voudrait bien
nous présenter...
M. SAINT-PIERRE: Sûrement.
M. MORIN: ... le personnel de son ministère?
Remarques préliminaires
M. SAINT-PIERRE: Je vous fais distribuer ici un organigramme du
ministère. Il me fait plaisir de présenter les gens du
ministère qui m'accompagnent ce matin. A ma droite, M. Robert De Coster,
sous-ministre en titre au ministère depuis 1970; à ma gauche, M.
Marcel Bergeron, sous-ministre adjoint responsable de l'administration et de la
direction générale de la recherche ainsi que du bureau de la
statistique. Je vais leur demander de se lever. Derrière nous, il y a M.
Christian Latortue, de la direction générale de l'administration
qui était autrefois à la direction générale de la
recherche et de la planification; M. Jean Vézina, qui est directeur
général de la recherche et de la planification. A droite,
derrière moi, M. Jean Labonté, sous-ministre adjoint qui est
responsable du secteur de la promotion industrielle et de la direction des
communications; M. John Dinsmore, qui est sous-ministre adjoint responsable des
secteurs industriels et qui est retenu à Montréal aujourd'hui
il sera présent dans les prochains jours. Finalement, M. Viateur
Bernard, sous-ministre adjoint responsable du secteur des pêches
maritimes. Il y a également M. Jean-Guy Gilbert de mon cabinet, de
même que M. François Rober-ge qui sont ici ce matin.
M. le Président, l'exercice que nous entreprenons aujourd'hui,
soit l'étude des crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce revêt pour nous une importance qui, selon moi, n'est pas
nécessairement en fonction de celle du budget lui-même, $46
millions ou du nombre de fonctionnaires qui sont en poste au ministère
de l'Industrie et du Commerce, 1,300.
Pour moi, ce ministère, avec ses crédits et ses effectifs,
se trouve investi d'une triple mission de développement
économique, industriel et commercial. Par le fait même, il agit
profondément dans le tissu social du Québec où il veut
être le champion de la création de richesses collectives et
individuelles.
C'est à cette enseigne que l'on reconnaît
régulièrement son action qui me semble de mieux en mieux
perceptible.
Je vais donc tenter de structurer mon exposé inaugural en faisant
d'abord une rétrospective des travaux du ministère de l'Industrie
et du Commerce, et des organismes rattachés au ministre, l'an dernier,
pour en venir ensuite à esquisser un aperçu de la situation
présente et de nos orientations traduites en termes budgétaires
par des crédits nouveaux. Par souci d'objectivité, je soulignerai
au passage des accidents de parcours et les initiatives qui, pour
différentes raisons, n'ont pu être menées à
terme.
Activités de 1973/74, les prévisions 1974/75:
Premièrement: l'administration et les services auxiliaires. Bien que
n'étant pas au premier plan de l'actualité, ces services ont
épaulé les efforts généraux du ministère et
subi certaines transformations majeures. Nous accordons une importance capitale
à ces secteurs sur lesquels repose à l'intérieur de
contraintes budgétaires, physiques et humaines, le fonctionnement
efficace et dynamique du ministère.
J'ai toujours été partisan du recyclage des cadres et de
la mobilité du personnel. Dans cette optique, nous avons
procédé au cours des dernières années à des
mutations tant à l'intérieur de la fonction publique, qu'à
l'intérieur de nos propres structures. C'est ainsi que M. John Dinsmore,
qui était sous-ministre adjoint à l'Education, est passé
au ministère de l'Industrie et du Commerce, et a les
responsabilités depuis environ un an, des secteurs industriels. C'est
également ainsi que M. Marcel Bergeron, qui oeuvrait comme chef de la
Délégation du Québec à Milan, est revenu au pays en
qualité de sous-ministre adjoint, responsable de l'administration, de la
recherche économique et du Bureau de la statistique du
Québec.
Certains de nos professionnels, après avoir aidé à
remettre des industries sur pied ou en
installer de nouvelles, se sont constamment vu offrir des postes dans
ces entreprises. C'est de bonne guerre. Je crois qu'à la fin cela est
profitable pour la collectivité. En dépit des avantages offerts
au chapitre de la rémunération par certains autres gouvernements
et par le secteur privé, nous avons pu retenir des services de
professionnels expérimentés qui se joignent aux cadres du
ministère et qui représentent un actif appréciable tant au
niveau de notre structure d'encadrement que des services à rendre
particulièrement à la petite et à la moyenne
entreprise.
Sur le plan des effectifs, nous avons surtout cherché à
rationaliser et à consolider nos opérations avant de songer
à les étendre.
Notre personnel était, en 1973/74 de 1,222 personnes et atteindra
1,266 en 1974/75. Il existe, bien entendu, dans ce personnel un roulement
évalué environ à 10 p.c, ce qui est habituellement retenu
par les spécialistes du Conseil du trésor à ses
projections de la masse salariale. En regardant le nombre de projets qui ont
mobilisé l'énergie des spécialistes du ministère et
le niveau élevé d'activités que nous avons connu au cours
de l'année dernière, en comparant le budget initial aux
crédits périmés, je crois pouvoir afficher ma satisfaction
face au style de gestion que nous avons au ministère aujourd'hui. De
plus le système PPB mis en place depuis trois ans, a construit pour nous
un outil précieux dans la conduite de notre mission.
Les activités spécifiques du ministère peuvent
s'illustrer par les réalisations des directions générales
qui ont, dans une large mesure, la responsabilité de gérer un ou
plusieurs programmes, d'une part, et, de l'autre, en exposant nos projets pour
l'année qui vient.
En recherche et en planification. En sus des travaux qu'il assume
régulièrement, c'est-à-dire prévision et analyse de
la situation économique, situation de l'emploi, comptes
économiques, inventaires socio-économiques des
agglomérations et régions du Québec et analyses
économiques des projets d'investissement, ce service a mis au point
certaines études importantes. Dans la plupart des cas, il s'agit de
documents de travail que le ministère et d'autres instances
gouvernementales sont à étudier et qui nous permettent d'axer et
d'orienter notre action. Je mentionne en particulier la politique
économique québécoise, les retombées
économiques d'un superport sur le Saint-Laurent, le fardeau fiscal des
entreprises industrielles, le dossier sur les négociations du GATT et
d'autres types de rapports spécialisés. En ce qui a trait au
GATT, nous avons envoyé trois de nos spécialistes des relations
économiques internationales rencontrer, il y a une dizaine de jours, les
spécialistes du ministère français de l'industrie afin
d'approfondir leurs connaissances sur le sujet.
Voici également un résumé des activités de
la direction générale de la recherche et de la planification.
Premièrement, une mise au point de dossiers socio-économiques
supplémentaires touchant les agglomérations de
Rivière-du-Loup, Victoriaville, Montréal métropolitain,
rive nord et Haut-Saguenay. Deuxièmement, une poursuite de
l'étude sur l'impact économique de l'aéroport sur la
région de Québec et son potentiel de développement.
Troisièmement, étude des réseaux de distribution
déterminant dans quelle mesure ces canaux de distribution favorisent ou
défavorisent les manufacturiers québécois dans deux
secteurs pilotes, le secteur des aliments et boissons et le secteur de la
quincaillerie. Quatrièmement, des travaux de recherche sur les relations
économiques internationales comme les tarifs et barrières
douanières effectives, la définition de la position du
Québec dans les négociations du GATT, les positions
concurrentielles de l'industrie québécoise sur les marchés
mondiaux, une étude sur nos avantages comparatifs qu'offre le
Québec, une étude préliminaire sur les barrières
non tarifaires, nos relations commerciales du Québec avec les Etats de
la Nouvelle-Angleterre et d'autres études semblables. Les
dépenses prévues pour l'année en cours sont de $851,400
pour 66 employés.
Orientation et développement de l'industrie secondaire. C'est le
titre du programme sur lequel est centrée l'action du ministère.
Comme l'an dernier, j'utiliserai ce programme et ses éléments
pour identifier projets et réalisations complétés ou en
cours. Premièrement, prospection de l'investissement et expansion des
marchés.
En matière de prospection, signalons la poursuite de
l'opération Fantus par la publication et la diffusion de nos quatre
premières études sur, premièrement, les
télécommunications et ordinateurs; deuxièmement, les
minitracteurs et accessoires; troisièmement, les appareils
d'enregistrement et de mesure; quatrièmement, le matériel jetable
de chirurgie et opérations hospitalières. Dans chacune de ces
études, il s'est agi, dans un premier temps, après les avoir
complétées, et établi la position concurrentielle du
Québec, de les distribuer à nos entreprises locales qui pouvaient
être intéressées à prendre de l'expansion dans ces
secteurs. Après un certain laps de temps, nous nous sommes
adressés, avec les mêmes études, à des entreprises
américaines, des entreprises japonaises et à certains groupes
européens, en particulier de l'Angleterre, de la France, de la Belgique,
de l'Allemagne et de l'Italie.
Nous avons également entrepris une opération de marketing,
à partir des premiers résultats auprès d'une
clientèle choisie. Nous avons inauguré, récemment et avec
éclat, une mission québécoise à Tokyo. Je signale
que plusieurs entreprises se sont implantées au Québec cette
année, particulièrement plusieurs entreprises italiennes. Nous
sommes cependant plus sélectifs dans le choix des investissements
étrangers et recherchons, quand cela est possible et désirable,
des investissements conjoints avec des
entreprises autochtones comme partenaires. Dans le développement
des exportations, nous avons maintenu nos efforts par le biais de nos services
internationaux. En 1970, pour vous donner une référence, nous
avions tenu quatre expositions de groupes à l'étranger avec 26
exposants, en 1973/74, nous avons tenu 14 expositions de groupes avec 124
exposants industriels québécois. Pour ce qui est des
participations individuelles à des expositions d'encouragement technique
ou financier, à la création de consortiums d'exportation, aux
projets clés en main à l'étranger, nous avons surtout
visé à aider les industriels du Québec à profiter
des programmes élaborés par le gouvernement
fédéral.
Nos missions commerciales ont été très profitables,
selon nos évaluations. Il en existe deux types: les visites
d'industriels québécois à l'étranger pour offrir
leurs produits et des visites d'acheteurs étrangers au Québec
pour évaluer les sources d'approvisionnement et se procurer des produits
québécois. En 1970, encore comme exemple, nous comptions 20
missions dans ces deux champs. En 1973/74, nous en avons produit 280. Ces
expositions ont permis des ventes de $26.5 millions comparativement à $6
millions en 1970/71. Je pense que le bond subit de 20 missions en 1970 à
plus de 280 en 1973/74 illustre jusqu'à quel point l'attrait ou nos
démarches pour attirer les investissements étrangers ne sont pas
notre seule préoccupation. Ce sont peut-être celles qui
défraient les manchettes dans les journaux, mais je pense qu'on voit,
par ces chiffres, que nos efforts pour vendre nos produits
québécois à l'étranger, pour percer des
marchés nouveaux, commencent non seulement à donner des fruits,
mais les efforts que nous y mettons doivent être compensés, non
pas par une diminution de nos efforts de prospection de l'investissement
étranger, mais au moins par une diminution de la priorité
qu'occupent ces investissements étrangers dans nos démarches.
D'autre part, nous avons accentué le développement et la
mise au point d'accords industriels. Une demi-douzaine de missions ont permis
à des groupes d'industriels de se rendre à des salons
spécialisés ou de rencontrer des industriels étrangers en
vue de perfectionner leurs techniques et de signer des accords industriels.
En 1974/75, nous mettrons l'accent sur le développement de
l'industrie existante et principalement le développement des petites et
moyennes entreprises. En valeur absolue, nous maintiendrons les mêmes
efforts face à la prospection d'investissements étrangers, mais
dans le secteur des exportations dont l'accroissement a entraîné
la création, l'an dernier, d'au moins 1,400 emplois et dans celui des
échanges technologiques, échanges de technologies ou
échanges de brevets, nous aurons une croissance budgétaire
beaucoup plus rapide.
Les deux secteurs de l'exportation et du développement de
l'entreprise se complètent naturellement, car souvent l'exportation
demande à la fois un élargissement de la gamme des produits
offerts et une plus grande vigueur à pénétrer les
marchés étrangers.
Nous mettrons aussi l'accent sur les initiatives susceptibles de
contribuer à la transformation de la structure industrielle du
Québec, une tâche que nous avons tenté de mener à
bonne fin depuis déjà plusieurs années et
également, à une meilleure intégration entre l'entreprise
autochtone et les entreprises étrangères nouvelles et anciennes,
une deuxième tâche qui reflète des préoccupations de
plus en plus constantes du ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous
aiderons finalement à la création d'associations techniques
favorisant l'entreprise autochtone et tenterons d'orienter plus fortement la
sous-traitance.
En annexe, certains tableaux vous démontrent les résultats
de nos activités et indiquent notre programme d'action pour 1974/75. Je
crois que les sommes requises à ce chapitre son pleinement
justifiées par les résultats obtenus jusqu'à
maintenant.
Nous poursuivrons enfin l'opération Fantus, utilisant au mieux
cet outil majeur de prospection industrielle.
Infrastructure d'accueil à l'industrie. L'examen du bilan des
activités de la direction de l'infrastructure industrielle pour 1973/74
et la comparaison avec 1972/73 indiquent une croissance rapide de nos
opérations dans ce secteur. Je crois que là aussi la croissance
des effectifs qui est passée de 12 à 20 et du budget a
trouvé sa justification.
Notre action a pris diverses formes dans ce secteur: a) La Loi des fonds
industriels où notre expertise a joué concurremment avec celle du
ministère des Affaires municipales, au moment de l'achat ou de la vente
de terrains industriels régis par la Loi des fonds industriels. b)
L'aide au développement de parcs industriels où, notre
rôle, ici a été de prendre en charge une partie des
études menant à l'aménagement rationnel de parcs, notre
part étant de 50 p.c. à 70 p.c. tant pour la
présélection industrielle que pour les plans
d'aménagement, les sondages de terrains et divers types d'études
d'expertises requises pour mener à bien ce développement de nos
parcs industriels québécois.
Indépendamment d'une subvention de $1 million accordée
à la région de Sherbrooke, nous avons dépensé
$202,000 sur des études de mise en train, soit pour des
agglomérations comme Chicoutimi, Drummondville, Saint-Georges-de-Beauce,
Victoriaville, soit pour des zones ou régions, rive sud de
Montréal, Nord-Ouest, ou sur des études particulières
étude sur le design et le coût des édifices
industriels, Guide de développement des parcs industriels, etc. .
c) Projet PICA. PICA désigne parc industriel
aéroportuaire de l'aéroport de Mirabel. Nous avons
respecté le calendrier; la phase est terminée, soit les
études sur le plan d'aménagement, les structures de gestion et de
promotion du parc aéroportuaire.
La phase III, travail sur le terrain, a été
amorcée, particulièrement la montée Verdon, le raccord
à la route 8 pour un parc qui comprendra de 2,000 à 3,000 acres.
d) Aide aux commissariats industriels. Ce programme a touché 277
municipalités en 1972/73 contre 123 en 1972, pour une subvention totale
de $850,000, soit 0.34 p.c. des budgets municipaux.
Conseils et aide aux secteurs industriels et aux entreprises. Deux
directions générales, celle de l'industrie et celle des services
aux entreprises, travaillent à cet élément de programme. A
cette dernière se rattache le fonds de développement industriel
qui parachève l'administration de nos anciens programmes de subventions
du bill 23 et des arrêtés en conseil 3197 et 2526 qui
étaient en vigueur avant 1970.
Cette unité administrative dont nous poursuivons graduellement le
démantèlement terminera au cours de cet exercice financier le
versement de primes et rendra compte, dans un rapport final de ses
opérations. Ce service cessera ses activités le 31 mars 1975 et
nous retrouvons en annexe des tableaux qui illustrent la gamme des implications
de ce service.
La direction générale de l'industrie regroupe plusieurs
directions sectorielles dont voici en bref les activités pour 1973/74.
On les voit d'ailleurs dans l'organigramme et cette direction est sous la
responsabilité de M. Paul Brissette. a) Les industries chimiques. C'est
un secteur prioritaire et dans le cadre d'une opération de
rationalisation et de consolidation du secteur pétrochimique, nous
pouvons noter l'implantation de Goodyear, (pneu radial) dans la région
de Valleyfield et de Du Pont Canada (fibres de dacron et de polyester).
Plusieurs projets n'ont pu se concrétiser en raison, d'une part,
de diverses circonstances, notamment celui de Firestone, ajourné en
raison d'une grève à l'usine de Joliette. Dans d'autres cas, des
incertitudes au sujet de l'approvisionnement en pétrole, tant sur le
plan de l'approvisionnement que sur le plan de prix, ont obligé les
compagnies à remettre à un peu plus tard, un réexamen des
projets qui avaient été menés à bon terme.
Certaines sociétés, par exemple, approchées pour
fabriquer au Québec du noir de fumée ont retardé leur
décision devant les incertitudes du marché. Il en va de
même de la société Sumikomo et de son projet de fabrication
d'insecticides.
Dans le secteur pétrochimique, la crise énergétique
a mené à une pénurie des matières premières
pour l'industrie des plastiques. Nos fonctionnaires, à plus d'une
reprise, sont venus en aide à nombre de petites et moyennes entreprises
québécoises aux prises avec des problèmes aigus
d'approvisionnement qui les a empêchées de remplir les
commandes.
Dans le domaine des produits pharmaceutiques, deux complexes ont
été formés, soit Omnimedix et Sabex. Nous poursuivons les
efforts de rationalisation de ce secteur en collaboration avec l'Association
des fabricants québécois de produits pharmaceutiques et
l'Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal.
Signalons, dans le secteur des produits chimiques, l'implantation,
à Contrecoeur, de la compagnie Air Carbonique Liquide. b)
Matériaux métalliques. Une priorité dans ce secteur a
été accordée aux problèmes de la sidérurgie.
Cette division a travaillé de près aux pourparlers
précédant l'entente Québec-Ottawa, et à
l'étude de la transformation d'un complexe sidérurgique
québécois orienté vers les marchés mondiaux. Elle a
collaboré essentiellement aux travaux d'étude pour l'expansion de
SIDBEC-
DOSCO. Cette division a aussi contribué à l'essor des
fonderies québécoises, notamment, les fonderies Poitras,
Sainte-Croix et Magog. A la suite d'une conférence
fédérale-provinciale sur l'industrie des fonderies de fer, une
étude approfondie du secteur est en voie d'élaboration.
Des efforts ont également été consacrés au
développement de projets d'implantation dans la région de
Bécancour, touchant les ferro-alliages. c) Secteur de la construction.
La pénurie de matériaux ne nous a pas laissés insensibles,
et le ministère a souvent servi, en quelque sorte, de médiateur
entre le fabricant et l'utilisateur de produits qui, au cours de
l'année, ont été extrêmement rares, comme
papiers-toitures, bois et matériaux métalliques.
Nous avons également favorisé la recherche de
marchés pour des secteurs comme celui des maisons mobiles et roulottes.
On note un débloquage considérable des exportations vers le
marché de l'est américain, et plus généralement
vers le marché américain. Le ministère a
préparé divers dossiers sur la construction, et la division de la
construction a fourni ses dossiers aux associations de constructeurs et aux
fabricants de matériaux.
Pour 1974/75, nous continuerons à mettre l'accent sur l'industrie
pétrochimique. Nous tenterons d'aider cette industrie à
stabiliser ses approvisionnements. En particulier, nous accordons, dans les
temps qui courent, une attention toute particulière au problème
très aigu d'approvisionnement en gaz naturel pour l'industrie secondaire
québécoise.
Des développements récents, tant sur le plan national que
sur le plan du partage de cette ressource entre les provinces, nous incitent
à beaucoup de vigilance et nous collaborons avec le ministère des
Richesses naturelles pour prévoir des politiques qui favoriseraient,
compte tenu de son importance, une part beaucoup
plus grande que le Québec pourrait occuper dans le secteur du gaz
naturel pour fins industrielles.
Dans le secteur de la sidérurgie, nous possédons au
Québec des ressources immenses. Nous songeons à augmenter la
transformation sur place des ressources. Une étude en cours au
ministère vise à déterminer les chances de réussite
d'une sidérurgie québécoise orientée presque
exclusivement vers des marchés mondiaux d'exportation.
Nos spécialistes travailleront dans un autre secteur, à la
phase II de l'expansion SIDBEC-DOSCO, pour laquelle un financement substantiel
est déjà acquis. L'entente signée avec le
fédéral, en mars dernier, permettra d'atteindre les objectifs
suivants: accroître la capacité de production, rationaliser les
moyens de production, diversifier les produits, recevoir des contributions
substantielles du Québec et d'Ottawa pour la mise en oeuvre de son plan
d'expansion et, nous l'espérons, une amélioration de la
rentabilité de l'entreprise.
Aide à la petite et moyenne entreprise.
Voici l'autre élément du programme Conseils et aide
à l'entreprise est celui de l'aide technique aux petites et moyennes
entreprises. Nous orientons, désormais, notre action sur le thème
connu: Mieux vaut prévenir que guérir.
Nos équipes de prévention et l'ensemble de la direction de
l'aide aux petites et moyennes entreprises sont intervenus dans a) la gestion
financière d'entreprises incluant la planification financière,
les mouvements de trésorerie, le "cash-flow" et autres choses; b)
l'établissement de bonnes relations avec les institutions
financières; c) la gestion administrative; d) tout le secteur du
marketing et, finalement, e) la mise en place de cours de marketing.
Cette direction, en 1973/74, a reçu plus de 563 demandes de la
part d'entreprises québécoises et a effectué 1873
interventions diverses auprès de ces entreprises. Elle a ramené
à la rentabilité plusieurs entreprises qui, depuis quelques
années, fonctionnaient à perte.
Le service, qui accentuera son action préventive au cours du
présent exercice, se compose de généralistes
chargés de poser un diagnostic sur la situation de l'entreprise et
recourt à l'aide de spécialistes, de conseillers en
administration, en finance, en marketing, en génie industriel, en
innovation, recherche et développement.
Voici quelques données statistiques qui illustrent le
fonctionnement de ce service d'aide aux petites et aux moyennes
entreprises.
En 1973/74, 563 dossiers ont été ouverts et 378 ont pu
être fermés. Les conseillers travaillent, en moyenne, sur 153
dossiers par mois, soit six à sept interventions pour chacun d'eux.
Les interventions se répartissent comme suit: 50 p.c. sont du
domaine de la gestion et des finances; 31.8 p.c. en génie industriel; 10
p.c. en marketing et 8.2 p.c. dans diverses activités.
On remarque une nette augmentation des interventions en génie
industriel qui passent de 25 p.c. en avril 1973 à 38 p.c. en
février 1974, et une réduction des activités de gestion
qui se stabilisent à 42 p.c,-45 p.c. depuis quatre mois, de 65 p.c.
qu'elles étaient au début de l'année.
Les répartitions par région administrative pour
l'année 1973/74 indiquent que cette division du ministère apporte
de l'aide dans plus de régions.
Nous remarquons en particulier, dans le tableau qu'on donne, que la
région no 3, celle de Québec, reçoit plus de 220 des cas
mentionnés, que la région no 6, celle de Montréal,
reçoit 116 cas. Nous avons des spécialistes qui sont en poste,
à la fois à Québec et à Montréal, dans ces
deux secteurs.
Nos objectifs, pour l'année à venir, sont axés sur
la consolidation et la revalorisation des entreprises type P.M.E.; le
renflouage d'entreprises en difficultés; l'implantation d'entreprises
industrielles; le développement de l'entrepreneurship; la
sensibilisation des dirigeants de P.M.E. envers les jeunes
diplômés universitaires et tenter d'intéresser ces derniers
vers les P.M.E. la propagation de l'information nécessaire aux cadres
pour la bonne administration de leur entreprise. Pour ce faire, nous
préconisons:
Premièrement, l'établissement d'équipes de
conseillers industriels avec représentation régionale pour aider
les délégués régionaux dans leur travail.
Deuxièmement, le regroupement des entreprises quand cela est
possible pour des fins spécifiques.
Troisièmement, une coordination plus étroite entre les
organismes du gouvernement fédéral (les programmes
spéciaux) et les organismes du gouvernement du Québec.
Quatrièmement, la formation des cadres dirigeants des
entreprises.
Nous croyons que ce programme répond à un besoin essentiel
de développement des P.M.E., pour les maintenir à un niveau leur
permettant, non pas de concurrencer les entreprises multinationales, mais
d'être ou complémentaires à ces dernières ou encore
des innovatrices dans leur domaine respectif.
Le développement régional. La direction des bureaux
régionaux assure la représentation du ministère de
l'Industrie et du Commerce dans 14 régions et sous-régions du
Québec. La somme des travaux accomplis ne peut cependant pas se mesurer
uniquement aux investissements résultant de l'action des
délégués régionaux.
Les représentants régionaux ont participé en
1973/74 à des investissements de $240 millions pour l'implantation de
182 nouvelles entreprises et de $293 millions pour l'expansion de 517
entreprises. Cela ne représente que les seuls investissements où
ces délégués ont joué un rôle actif et
souvent indispensable.
Pour l'année en cours, ces bureaux travaillent actuellement
à 251 projets en voie de réalisation et représentant des
investissements de plus de $583 millions.
Nos délégués accomplissent également un
effort de sensibilisation et de rapprochement des entrepreneurs. Leur
travail a largement contribué, par exemple, à la création
par les responsables régionaux et provinciaux de nombreux parcs et
commissariats industriels.
Nous avons mis sur pied, en 1973, une équipe de soutien, connue
sous le nom de Services professionnels en promotion industrielle. C'est elle
qui a la responsabilité du fichier central, des grilles de
sélection des sites, des dossiers économiques, des inventaires
industriels municipaux, du répertoire des édifices industriels
disponibles et des cours et séminaires en développement
industriel.
En 1973/74, 106 inventaires industriels ont été
publiés et l'objectif de 1974/75 est fixé à 221. Ainsi
toutes les villes et agglomérations du Québec pourront avoir
accès à un outil de développement industriel
important.
Pour l'année qui commence, notre objectif sera d'organiser au
moins sept cours dans les régions où des problèmes
réels doivent être résolus.
En tout, pour des séminaires où nous relevons constamment
nos exigences quant à la qualité des documents et au degré
de préparation et de spécialisation des conférences, nous
prévoyons sur neuf mois, 26 interventions.
Cela m'amène à souligner que nous avons maintenu et
accentué nos efforts de diffusion et d'éducation
économique auprès de toutes les clientèles.
Notre direction des communications a contribué à la
réalisation de nombreux documents de vulgarisation visant à
diffuser dans le grand public certaines données de base de
l'économie québécoise. De plus, la direction des
communications a entrepris le recrutement du personnel compétent en vue
de lancer un important programme d'éducation économique.
Déjà cette direction a effectué un inventaire des
principaux moyens d'éducation économique utilisés dans le
monde.
Des travaux ont été entrepris par cette direction afin
d'analyser l'image du ministère dans le milieu québécois
et de connaître l'image du Québec à l'étranger. Ces
diverses opérations nous mènent à définir des
orientations en termes de communications dans le but de modifier les
perceptions et de sensibiliser l'auditoire-cible choisi. D'où les deux
activités suivantes: a)mise en oeuvre d'un programme publicitaire
axé sur la promotion des avantages industriels du Québec.
b)soutien à des opérations des media susceptibles de modifier les
attitudes ou les perceptions erronées du Québec.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'au cours des douze derniers
mois, au moins deux publications de prestige qui ont analysé
l'évolution de l'économie québécoise venant de deux
groupes spécialisés qui ne sont pas du milieu
québécois, en particulier un supplément du Financial Times
et un supplément du Financial
Post et je pense que l'ensemble des membres de cette commission
reconnaîtra l'impression très favorable qui se dégagait de
ces études spécialisées et qui ont contribué
à créer une image très favorable au Québec dans le
milieu financier.
Je pense qu'on ne saurait sous-estimer l'importance très grande
qu'occupe la confiance que peut susciter la confiance dans ces milieux. Je
pense que cette confiance nous l'avons obtenue en 1973 et qu'elle nous
permettra de donner des fruits au cours des prochaines années.
Les pêches maritimes. La nature de nos interventions a peu
changé dans ce secteur au cours de la dernière année. Nous
avons cherché à orienter le développement des
pêcheries maritimes, à fournir une aide technique aux entreprises
et aux travailleurs, à offrir une aide financière et technique,
des services et des équipements de nature à améliorer le
rendement de ces secteurs.
En 1973, nous avons contribué à la relance de la
construction des bateaux de pêche hautu-rière et neuf contrats de
construction ont été signés pour un total de $9 millions.
Nous avons de ce total financé des prêts de plus de $2,500,000 et
des subventions de $650,000. Nous avons également poursuivi des
recherches sur les espèces sédentaires afin de rationaliser
l'exploitation de ces ressources. Des missions de recherche sont poursuivies
dans le détroit de Jacques-Cartier, dans la région d'Anticosti et
de la moyenne Côte-Nord. Nous avons également poursuivi des
recherches sur la mécanisation de la préparation de certaines
espèces et sélectionné des procédés
d'épuration des eaux.
Pour le prochain exercice, peut de changement d'orientation sinon de
poursuivre le regroupement des activités dans des parcs industriels de
pêche. Nos parcs sont situés à Cap-aux-Meules,
Rivière-au-Renard, Paspébiac et Grande-Rivière et à
ces quatre endroits, des investissements importants seront
réalisés au cours des années pour améliorer et
accroître la productivité et rationaliser la production dans le
secteur des pêches maritimes.
Les crédits demandés pour le prochain exercice
représentent une augmentation de 13 p.c. sur ceux de l'année
précédente, soit $6,700,000 comparativement à
$5,900,000.
Services aux établissements commerciaux. La direction du Commerce
a surtout fourni l'aide technique à ceux qui la sollicitent. Ainsi, en
1973/74 les dossiers suivants ont été traités; 208
implantations commerciales, 53 expansions commerciales, 56 financements et
investissements, 42 promotions commerciales, 75 commercialisations, 7 fusions,
23 plaintes de manufacturiers et 156 cas d'aide technique.
En particulier, notre direction a collaboré avec diverses
associations qui regroupent, dans des secteurs importants, un secteur
autochtone qui est dispersé, qui peut-être a des besoins d'appui
et auquel le gouvernement a tenté d'apporter toute sa collaboration, en
particu-
lier, l'Association des marchands d'huile à chauffage du
Québec, l'Association des détaillants en alimentation du
Québec et finalement l'Association des services automobiles du
Québec.
La direction a également entrepris un certain nombre
d'études dont une première étude sur la commercialisation
de la truite arc-en-ciel, une deuxième publication d'un
résumé des exposés faits lors du colloque sur le commerce
de détail du 25 mars 1973 et finalement quatre études sur la
situation commerciale à Drummondville, Nicolet, Val-d'Or et La
Tuque.
La direction a participé intensément à
différentes activités ayant pour objet la commercialisation de
produits québécois et qui visaient également une meilleure
intégration d'entreprises multinationales avec nos institutions
québécoises, en particulier, pour la quatrième
année consécutive, elle a mené à bien son
expo-profits avec, cette fois-ci, la Société Imperial Oil.
L'expo-profits a eu lieu en mars 1974. Deuxièmement, il y a eu des
concours de qualité des produits de la biscuiterie en octobre 1973 et
finalement, la participation à une promotion commerciale dans le magasin
Pollack Ltée dans la ville de Québec en octobre 1973. La
direction avait également le mandat d'appliquer la Loi concernant le
commerce du pain et la Loi concernant les heures d'affaires des
établissements commerciaux.
Les activités de l'année précédente seront
accrues et c'est ce qui justifie l'accroissement de 47 p.c. qu'on peut noter
aux livres des crédits de 1974/75. En effet, la direction du commerce se
voit confier la responsabilité de l'application de la Loi sur le
rembourrage et les matériaux rembourrés qui était
auparavant la responsabilité du bureau de normalisation. Nous comptons
entreprendre un certain nombre d'études dont celle sur les pratiques
commerciales et leur répercussion sur l'évolution de
l'économie.
En collaboration avec les autres directions du ministère, la
direction du commerce verra à définir un programme ou un ensemble
d'activités qui permettra au ministère de participer plus
activement au développement des entreprises de commerce et de service
et, par le fait même, facilitera la mise en marché des produits
manufacturés du Québec tant sur les marchés nationaux
qu'étrangers.
Le Bureau de la statistique du Québec, le BSQ a poursuivi la
restructuration de ses services visant à offrir plus
d'accessibilité à l'utilisateur. Dans son prochain mémoire
de programme PPB, le bureau précisera ses orientations en fonction d'une
planification plus serrée. Il est possible que le bureau devienne un
service consultatif à l'usage de tous les ministères
québécois, ce qui signifie décentralisation et utilisation
accrue des données disponibles de Statistique Canada
particulièrement par un effort de régionalisation de ces
données recueillies par Statistique Canada.
En plus des travaux généraux de statistique le BSQ
prépare un modèle de prévision démo- graphique qui
sera disponible en 1975. Afin d'actualiser notre vision de l'économie
québécoise, le BSQ procédera également à une
nouvelle version de la comptabilité économique du
Québec.
L'année 1971 nous semble une bonne année pour travailler
à des schémas de référence en statistique
comparative. Les statistiques nous sont connues, y compris de plus en plus les
détails du recensement de 1971.
Un projet majeur consiste, sous le vocable d'Edinex, à
enregistrer sur ordinateur tous les intrants et les extrants du secteur
manufacturier, découpés en 180 sous-secteurs. Ce projet a une
double importance pour nous. Il permettra de suivre l'évolution
temporelle de la structure industrielle du Québec depuis 1961 sur une
base détaillée et, deuxièmement, on pourra comparer
l'évolution des structures d'un secteur par rapport à un autre
pour un ensemble de périodes.
D'autres travaux très pertinents aux activités du
ministère seront entrepris ou raffinés au cours de
l'année, soit la destination des produits manufacturés au
Québec pour 1972/73, l'estimation des importations de certains produits
importants pour nous, l'exploitation des données sur les exportations du
secteur manufacturier.
En plus de fournir des données très
détaillées sur les dépenses d'investissements au
Québec, le BSQ tentera cette année de mettre l'accent sur
l'interprétation de ces données pour dégager l'action des
grandes entreprises au Québec ainsi que le rôle de
l'investissement public par rapport à l'investissement privé.
Normalisation. Le Bureau de normalisation du Québec a
changé de vocation depuis 1966.
De la rédaction de spécifications et normes, il est
passé à l'élaboration véritable de normes
industrielles. Il a également participé à nombre
d'activités diverses. Il a préparé plus de 600 normes pour
les besoins des gouvernements et administrations et des secteurs
industriels.
Il deviendra prochainement un organisme rédacteur
agréé par le Conseil canadien des normes avec lequel le Bureau de
normalisation du Québec agit déjà comme membre.
Le BNQ a été désigné l'an dernier par le
gouvernement comme secrétariat du comité interministériel
pour l'implantation du système international d'unités, à
savoir le système métrique. A cette tâche s'est
greffée celle de fournir des renseignements non seulement sur les
activités du comité mais surtout sur les problèmes que
soulève l'introduction au système métrique, tant pour les
individus que pour les compagnies.
Le bureau entreprendra cette année une vaste opération de
normalisation industrielle. Il s'agit de la normalisation d'entreprise qui
consiste à rationaliser des produits des techniques jusqu'aux
approvisionnements et aux stocks.
Après un budget de $486,000, nous sommes en mesure de mener
à terme les principales activités du Bureau de normalisation du
Qué-
bec, à savoir la normalisation industrielle, la conversion au
système métrique, la participation à la normalisation
nationale et internationale et la codification.
La Société de développement industriel. La SDI a
accru ses activités dans tous les secteurs en 1973/74. Elle a
accordé une aide directe à 90 entreprises contre 61 pour
l'année précédente en vertu de son programme 2a, soit
celui qui s'adresse plus directement à l'entreprise de technologie
avancée ou production de pointe, à l'entreprise qui nous aide
à transformer la structure industrielle du Québec.
A ce chapitre, elle a consenti des taux d'intérêt
réduits pour des prêts totalisant $20 millions et des prises en
charge d'intérêt pour des prêts obtenus sur les
marchés extérieurs pour $27 millions.
Les prises en charge d'intérêt portent sur une partie
seulement de l'intérêt encouru suivant les décisions du
conseil d'administration de la SDI. Au total, les entreprises aidées ont
investi $253 millions au Québec et créé directement 7,540
emplois, plus environ, 5,900 emplois indirects ajoutés à
l'ensemble de l'économie selon nos estimations. Je demanderais d'ouvrir
une parenthèse pour dire que ces programmes 2 a ne sont pas, pour ceux
qui pourraient être peu familiers avec ceux-ci, des programmes
discrétionnaires où l'argent est simplement donné à
l'entreprise suivant les régions, suivant tout autre facteur qui ne
serait pas relié à la définition même de ces
programmes.
Il faut se rappeler que le pouvoir législatif a adopté une
loi, que le pouvoir exécutif a confié l'administration de cette
loi à un conseil d'administration, celui de la Société de
développement industriel, lequel conseil est assisté dans ses
fonctions de cadres supérieurs de la SDI.
Toutes les entreprises, et je répète, toutes les
entreprises qui ont pu bénéficier de l'aide de la SDI on
dû, bien sûr, mettre de l'avant des programmes d'implantation qui
visaient les objectifs définis par le pouvoir législatif et avant
que soit le lieutenant gouverneur en conseil, soit le ministre accorde une
aide, il faut bien se rappeler que plusieurs échelons ont
été gravis, tant au niveau des cadres de la SDI qu'au niveau du
conseil d'administration de la SDI, qu'au niveau même des effectifs du
ministère qui auraient pu donner un éclairage
spécialisé sur la signification des cas qui auraient pu
être visés. Ce sera le cas, en particulier, pour Beloeil Steel et
d'autres compagnies dont on aime à faire les manchettes dans les
journaux.
Au total des entreprises aidées, 72 p.c. des projets et 69 p.c.
des investissements ont été réalisés dans les
groupes industriels du caoutchouc, des produits métalliques, de la
machinerie, des appareils de transport, des appareils et du matériel
électrique et des produits chimiques. Ces groupes sont ceux qui ouvrent
le plus de voies aux diplômés des collèges et
universités du Québec.
Quant au programme 2b), qui vise les regrou- pements ou fusions
d'entreprises, la SDI a contribué à 11 projets
représentant 7 p.c. du total des entreprises aidées par la
société.
Des prêts à taux d'intérêt réduit ont
été consentis à quatre entreprises, dont deux ont eu droit
à une exemption partielle de remboursement d'intérêt.
Sept entreprises ont vu une partie des intérêts de leurs
emprunts pris à charge par la SDI pour un total de $1,265,000,000.
Pour ce qui est du programme 2c, visant les petites et moyennes
entreprises, la SDI a agi comme prêteur dans le cas de 49 entreprises,
contre 31 pour l'exercice précédent.
Elle a prêté à ce titre $10.9 millions, soit un
accroissement de 16.4 p.c. par rapport à l'exercice
précédent.
Dans deux cas, la SDI a souscrit au capital-actions tout en accordant un
prêt et enfin, dans un cas, la SDI a simplement participé au
capital-actions.
Les investissements globaux de ces entreprises se situent à $12
millions.
On estime à près de 2,000 le nombre de nouveaux emplois
créés à partir des activités de la SDI par son
programme 2c soit 1,150 emplois directs et plus de 800 emplois indirects. 59
p.c. des entreprises aidées en vertu du programme 2c sont situées
en dehors des agglomérations de Montréal et de Québec.
Fait à remarquer, les investissements totaux
réalisés par les entreprises aidées par la SDI
représentent environ 21 p.c. de l'ensemble des investissements
manufacturés au Québec, en 1973/74.
En particulier, au cours de la journée, dans l'exercice, dans
l'analyse détaillée des besoins budgétaires de la SDI,
j'ai fait préparer une liste contenant le nom de toutes les compagnies
qui ont été aidées par la SDI, de même que le
montant de l'aide, de même que le président de la compagnie. Je
pense que le député de Sauvé reconnaîtra là
des noms très français et qu'il y verra des raisons pour modifier
son attitude à penser que le ministère aide uniquement des
entreprises multinationales.
Il faudra se rappeler également que dans certains secteurs, notre
but premier, qui ne m'a pas été contredit l'an dernier par
l'Opposition, qui comptait trois partis à l'époque, est de
changer la structure industrielle du Québec dans des entreprises
à technologie nouvelle. Dans certains cas, il faut bien l'avouer les
demandes de subventions, les demandes de projets intéressants mis de
l'avant demandent des ressources financières considérables, une
technologie très poussée et des résaux de distribution sur
le plan mondial.
C'est que bien des fois, on aurait le choix de refuser de transformer
notre structure industrielle au risque de donner notre aide exclusivement
à l'entreprise autochtone. Nous tentons, comme je l'ai mentionné,
d'accroître l'importance et la force des entreprises autochtones, comme
nous tentons également, et nous y
consacrons autant d'efforts, d'assurer une meilleure intégration
de l'entreprise multinationale, qui nous permet, pour l'ensemble de
l'économie québécoise, de s'arc-bouter sur des
marchés importants, avec une technologie moderne; nous visons, dans ces
cas, à une intégration avec les institutions proprement
québécoises, tant sur le plan économique que sur le plan
des institutions politiques et culturelles.
Le tableau que vous retrouvez à la page 29 du texte qui vous a
été remis, montre l'accroissement substantiel des
activités de la SDI, dont le président est M. Lucien
Saulnier.
On verra en particulier, au niveau des prises en charge, un
accroissement de 90 p.c; des prêts à taux réduit, un
accroissement de 58 p.c; au niveau des programmes 2b), une prise en charge, un
accroissement de 74 p.c, et en particulier, au niveau du programme 2c),
c'est-à-dire des entreprises qui ne peuvent obtenir des emprunts des
institutions financières normales, un accroissement de plus de 164 p.c.
Dans l'ensemble du programme 2c), il s'agit à 95 p.c. d'entreprises
autochtones, d'entreprises appartenant à des Qebécois
francophones.
Je donnerai également, cet après-midi, dans les
discussions du programme de la SDI, l'accroissement marqué des
investissements de la SDI au niveau du capital-actions des entreprises et je
donnerai la participation de la SDI dans ces entreprises où elle
détient un capital-actions.
La Société générale de financement. Les
faits marquants en 1973 furent les suivants: premièrement, une offre de
la part du gouvernement d'acheter toutes les actions qui n'étaient pas
déjà en sa possession. Deuxièmement, l'achat des actions
complété en faveur du gouvernement. Troisièmement, une
réduction du nombre d'administrateurs de la Société
générale de financement qui passe de seize à sept, de
même que la nomination des administrateurs, le président de la
Société générale de financement étant
maintenant M. Yvon Simard. Quatrièmement, l'adoption du bill 20
autorisant, en décembre dernier, par le pouvoir législatif, une
souscription additionnelle de $2 5 millions. Cinquièmement
peut-être que c'est là qu'on retrouve la grande partie de nos
efforts un effort de consolidation et d'assainissement des filiales.
Je vais tenter d'obtenir un rapport préliminaire du bilan
consolidé de la Société générale de
financement. Son rapport annuel sera déposé d'ici quelque temps.
Il est actuellement chez l'imprimeur, mais compte tenu de la période de
temps pendant laquelle nous étudions les crédits du
ministère, je pense qu'il est possible d'obtenir enfin une version
miméographiée d'un état financier consolidé.
Je tiens à souligner que c'est la première année
que nous aurons un état consolidé des opérations de la
SDI. Dans le passé, puisque c'était une société de
"holding", nous avions un bilan non consolidé, ce qui a souvent eu la
malheureuse tendance à cacher des déficits enregistrés au
niveau des filiales. Ainsi, dans le passé, pour certaines années,
la Société générale déclarait un profit
intéressant alors que la somme des profits et des pertes de ses filiales
aurait été négative.
D'autres sociétés ont déclaré des dividendes
alors qu'elles avaient enregistré des déficits.
Cette année, en ayant recours à une formule d'un bilan
consolidé, suivant les pratiques comptables, pour les filiales
détenues à plus de 50 p.c. et les placements dans des filiales
détenues à moins de 50 p.c, on a un portrait global.
En particulier, je tiens à souligner les remontées
financières fort intéressantes de groupes tels que Volcano,
Forano, la compagnie des papiers Donohue de même que le groupe SOGEFOR,
les Industries Valcartier, nombre de filiales où on a vu, dans l'espace
de douze mois, un revirement complet de la situation financière de
celles-ci.
D'ailleurs, si c'est possible, il me fera plaisir également de
donner l'état des profits et pertes des filiales pour le premier
trimestre de l'année 1974. Je pense qu'on reverra une
amélioration sensible des opérations de la SGF.
M. LEGER: ... les compagnies de pétrole, par exemple. Pas au
même degré d'intensité que les compagnies de
pétrole?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que, dans certains cas, les pourcentages
si on veut simplement éclabousser sont plus importants que
ceux des compagnies de pétrole, mais là n'est pas la question. Je
pense qu'il s'agit, dans ces cas, d'être capable d'atteindre les
objectifs fixés, c'est-à-dire, dans certaines régions,
d'accroître l'activité économique, de soutenir un emploi
et, en particulier, de permettre à des initiatives complètement
autochtones de continuer de percer dans des secteurs intéressants.
Au niveau du parc industriel du centre du Québec, les principales
réalisations se résument comme suit: a) une modification du quai
pour procurer une aire de stockage pour le sel et pour d'autres marchandises
générales et particulièrement l'installation d'une rampe
de "roll on"/"roll off", b) Un entrepôt maritime de 40,000 pieds
carrés a été loué à un arrimeur. c) Nous
avons terminé les travaux relatifs à une prise d'eau industrielle
et la mise en place d'une usine de pompage d'une capacité de 50 millions
de gallons par jour. Ceci a permis de construire le réseau de
distribution et le raccordement à l'usine future de la compagnie CIL. d)
Un parachèvement du système de routes, d'aqueducs et
d'égouts. e) Enfin, la mise en marche effective de l'usine de pompage
d'eau potable et aussi du réseau d'égouts sanitaires et de
l'usine d'épuration.
Les crédits demandés pour 1974/75 sont de l'ordre de
près de $2 millions, ce qui constitue une augmentation de 31 p.c. sur
l'an dernier.
Cette somme devra servir à parfaire certains travaux
d'infrastructure, à terminer les installations mécaniques
à l'usine d'eau industrielle et à achever l'extension et la
fermeture de la bouche du réseau. Au niveau de l'aménagement
portuaire, on visera à développer un dépôt de vrac
pour les produits chimiques industriels. Au programme pour l'année en
cours, nous verrons à la mise en place d'un centre administratif ou de
service.
Centre de recherche industrielle du Québec. Le Centre de
recherche industrielle du Québec a pour objectif d'aider à la
transformation de l'industrie québécoise, liée trop
longuement à des secteurs assez traditionnels. Elle vise, en
particulier, à offrir un soutien technologique à la petite et
à la moyenne entreprise qui n'auraient pas les moyens de maintenir des
équipes de recherche à long terme. Le CRIQ est actuellement en
voie de réorientation. Son budget annuel de $5.5 millions devra faire
l'objet d'une nouvelle législation pour 1975. Le CRIQ est établi
à Québec, à Montréal et à Sherbrooke. Il
dispose d'importants ateliers de recherche appliquée, et offre des
services d'essai à l'entreprise. Il a misé sur trois secteurs de
base, soit la mécanique industrielle, les matériaux et
l'électronique.
L'année 1973/74 a été marquée de recherches
des produits divers; par exemple: l'amélioration de la
maniabilité des motoneiges; la mise au point d'une table
d'opération québécoise; la conception d'une
tronçonneuse; le traitement des résineux, etc.
Le centre est placé depuis février 1974, sous la direction
de M. Claude Descôteaux, autrefois sous-ministre adjoint au
ministère de l'Industrie et du Commerce, et par la suite,
secrétaire général du groupe ministériel des
affaires économiques.
Le centre travaillera, de plus, en étroite collaboration avec les
ministères à vocation économique, et mettra ses ressources
au service des impératifs du développement économique
planifié du Québec.
Situation économique et conclusion: Au début de 1974 et
à tout le moins au milieu de l'année, il était difficile
de prévoir la situation globale de notre économie pour l'ensemble
de 1974. Néanmoins, il est important pour nous, de tenter de cerner les
différentes facettes du progrès ou de la récession de
l'économie. 1973 a été une très bonne année
pour le Québec. Il ne faut pas s'attendre, naturellement, à
répéter les mêmes statistiques constamment. Il en va de
même de l'économie comme des vins. Il y a des grands crus et des
années de moins bonne récolte.
La situation globale au Québec est affectée par des
changements démographiques qui marquent sa population. Le taux de
natalité est toujours très bas, quoique depuis deux ans, il est
en lente remontée. La population jeune et non active,
c'est-à-dire non inscrite sur le marché du travail, selon les
termes statistiques, est de moins en moins importante, et on assiste à
un vieillissement de la population globale. Cette situation, pour un certain
temps, domine le paysage économique. Les groupes majeurs de citoyens se
situent au centre de la courbe démographique. Il s'ensuit donc un taux
de participation de 56 p.c, puisque ces gens se marient, consomment, et leur
activité a une influence déterminante sur des facteurs comme
l'offre, la demande et même, l'inflation.
Le fort taux de participation enregistré au Québec, (de
1963 à 1973, une croissance moyenne de 63,000 nouveaux venus par
année sur le marché du travail) influe directement, aussi, sur
nos problèmes de chômage. On assisterait, n'eût
été ce fort taux de croissance de la participation, à une
baisse très rapide de chômage en raison de la vigueur de notre
économie. 1974 voit au Québec des conditions économiques
très bonnes encore permettant de prévoir un taux d'accroissement
réel du produit national brut de 4 p.c. à 5 p.c, contre un taux
de plus de 7 p.c. en 1973. Cependant, la spirale inflationniste est forte. Les
importations québécoises, équivalant à 20 p.c. du
PNB, favorisent l'accélération de cette spirale, puisqu'elle
donne à notre problème d'inflation une connotation
internationale.
On observe déjà un accroissement de l'indice des prix
à la consommation de 10.4 p.c. à Montréal, de mars 1973
à mars 1974. Dans l'ensemble, l'année sera bonne, mais on peut
prévoir déjà des contrecoups pour 1975. La politique du
ministère de l'Industrie et du Commerce doit tenir compte des deux
facteurs essentiels dans sa définition. Le premier est un facteur
social, soit celui de l'équilibre social et de la stabilité.
C'est ce facteur qui détermine plusieurs des éléments
d'orientation inscrits dans nos programmes et perceptibles à travers nos
demandes budgétaires.
Le second est un facteur conjoncturel. C'est la situation de
l'économie mondiale, la valeur que prennent les ressources et les
matières premières, l'inflation galopante. Pour le premier
facteur, nous devons agir, quelles que soient les conditions de
l'économie. Il s'agit là de regarder la société
québécoise et de tenter de rendre justice à chaque
citoyen. Or, à l'heure actuelle, cette justice sociale nous indique la
nécessité d'une action orientée vers la consolidation des
institutions francophones. C'est pourquoi nous retrouvons ici et là des
mesures visant: a) Un développement régional plus accentué
et plus précis; b) Des mesures favorisant nettement le
développement de l'entreprise autochtone; c) Une aide
praticulière aux entreprises coopératives; d) des conditions
favorisant une place accrue pour les francophones dans l'ensemble de notre vie
économique, que ce soit à l'intérieur des entreprises
autochtones ou des entreprises internationales.
Pour le second, nous devons mettre en oeuvre des politiques
prévoyantes. C'est dès
cette année et dès l'année dernière que nous
devions amorcer une recherche sélective de nouveaux investissements et
lancer des secteurs industriels où nous devrons peut-être ralentir
nos activités nouvelles en 1975.
C'est également dès maintenant que nous devons tenter de
régler des problèmes de base, affermir les approvisionnements en
matières premières et préserver nos ressourrces, d'une
part, et de l'autre, profiter des avantages de l'inflation mondiale par une
exportation accrue de produits fabriqués afin de contrebalancer les
effets inflationnistes de l'importation québécoise.
Dans l'exposé assez détaillé que je termine
maintenant, vous avez pu voir, il me semble, défiler des orientations
qui traduisent la volonté du ministère de l'Industrie et du
Commerce de travailler sur tous les plans au développement
économique de l'ensemble du Québec.
Nos programmes ne sont peut-être pas complets, notre action n'est
pas sans faille, mais je crois qu'elle s'inscrit dans le coeur du principal
mouvement qui anime le Québec actuel, un mouvement de présence et
de participation à l'économie qui renouvellera
complètement la position du Québec dans le Canada et dans le
monde.
Avec une croissance budgétaire ordonnée, je crois que nous
pouvons parvenir à faire du ministère de l'Industrie et du
Commerce un élément central et absolument indispensable dans la
prise en main et le développement de l'économie
québécoise à un moment de notre histoire où ce
développement revêt, selon moi, une importance cruciale.
Je vous invite donc à me poser toutes les questions qui peuvent
vous sembler pertinentes sur un sujet qui me semble important pour l'ensemble
des Québécois que nous représentons ici.
Sans en faire la lecture complète, il me semble peut-être
que, pour la bonne intelligence des dossiers, nous devrions inscrire au journal
des Débats, les tableaux qui ont été consignés
à la fin de mon texte et qui reproduisent, dans l'ensemble, des
données fort intéressantes sur l'action du ministère et
des organismes affiliés au cours des douze derniers mois. Merci, M. le
Président. (Voir annexe)
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, l'Opposition attendait, sans grand
espoir il est vrai, le dévoilement promis et sans cesse remis d'une
véritable stratégie de développement industriel pour le
Québec.
Cela fait maintenant une bonne vingtaine d'années qu'on parle des
faiblesses structurelles, du vieillissement de l'industrie
québécoise et le ministre, lui-même, nous entretient,
depuis le début de 1972, de la nécessité de doter le
Québec d'une véritable stratégie de développement
industriel.
Or, le ministre se trouve à la croisée des chemins. Il a,
pour simplifier peut-être un peu les choix qui s'offrent à lui,
à choisir entre la stratégie que lui propose depuis quelque temps
l'OPDQ et la stratégie que lui propose le rapport Fantus.
Je ne crois pas qu'il ait encore opté pour l'une ou l'autre. Son
rapport qu'il vient de nous lire contient certainement beaucoup de belles
choses et des paroles pieuses au niveau du vocabulaire, mais il n'indique pas
les choix que le ministre aurait dû faire en matière de
stratégie industrielle.
Je pourrai peut-être me référer, en
commençant, à un rapport de l'OPDQ qui a fait l'objet d'une
publication dans Le Soleil, en février 1974, rapport selon lequel
l'économie du Québec est en perte de vitesse, malgré les
résultats de l'année 1973 et cette économie est en perte
de vitesse, en particulier, par rapport aux autres économies, notamment
celle du nord-est américain, ceci en raison d'une capacité
d'adaptation insuffisante et en raison de sa structure industrielle
dépassée par les événements.
L'OPDQ suggérait une stratégie industrielle expansionniste
entraînant, nous disait-on, une modification radicale des structures
industrielles. On recommandait, dis-je, de donner la priorité à
la création d'activités manufacturières
interreliées, à haute productivité ou à haute
valeur ajoutée, c'est-à-dire génératrice
d'innovations, à partir du dynamisme interne du Québec,
c'est-à-dire en misant moins sur les investissements étrangers.
Cette stratégie, pour peu que le ministre veuille s'en inspirer, me
semble aller à l'encontre du rapport Fantus, lequel propose davantage
l'investissement étranger, et échappe de la sorte à notre
orientation, à l'orientation que pourrait lui donner le Québec,
puisqu'il faut attendre que ces entreprises étrangères acceptent
de venir ici et de s'insérer dans l'entreprise de modernisation de
l'économie québécoise dont nous parle l'OPDQ.
Je pense à certains passages du rapport Fantus. Le Québec
devrait cesser de chercher à attirer les industries les plus
technologiquement avancées. Il ne devrait pas négliger les
industries à bas salaire, à technologie dépassée.
Tout cela ne doit pas être négligé, parce que la
main-d'oeuvre n'est pas très spécialisée et que
l'important, c'est que les gens travaillent, point de vue typiquement
étranger et faisant appel essentiellement à ce qu'on pourrait
appeler une politique de "cheap labour".
Entre ces deux modèles de développement, l'un
inspiré par l'OPDQ et l'autre par l'organisation Fantus, est-ce que le
ministre a opté? Il ne me semble pas, il ne semble pas à
l'Opposition que le ministre ait fait son choix. Il nous avait annoncé
l'année dernière aux crédits, je me réfère
à la page B-73, un document de stratégie. J'imagine que ce
document aurait fait état d'une option du ministre, dans un sens ou dans
l'autre. Mais quand l'aurons-nous, ce document? Quels sont les choix
fondamentaux du ministre? Je ne les ai pas trouvés dans ce
recueil de voeux pieux et d'actions pieuses de ce matin, certes utile,
je ne le conteste pas. Le ministère fait certainement des efforts, c'est
visible, mais il n'a pas encore opté pour une stratégie
fondamentale, et son action, de la sorte, devient dispersée, en raison
de ce manque d'option. Il semble bien, en tout cas, si on s'en tient à
ce qu'il nous a dit, qu'il pencherait plutôt du côté de la
politique Fantus que de celle de l'OPDQ, mais même cela n'est pas
clair.
Au niveau des moyens d'action, en particulier, aussi bien les anciens
que les nouveaux, l'Opposition devient de plus en plus perplexe. Est-ce qu'on a
mis en place de nouveaux moyens d'action? Il y a la SDI, et encore là,
faut-il se rendre compte qu'après une période de démarrage
qui a été très lente et qui s'est étendue sur les
années 1972 et 1973, cette société, du moins, pour une
bonne partie de ses activités, ne fait que se substituer à la
défunte Société de crédit industriel.
Je me permettrai de comparer cette léthargie des moyens d'action
avec ce que l'Opposition préconisait en vue d'une véritable
stratégie de développement industriel, c'est-à-dire, par
exemple, la création d'une société de
réorganisation industrielle dotée d'un capital de $130 millions
sur deux ans, l'aide à l'investissement industriel pour lequel le budget
du Parti québécois avait prévu une somme de $88 millions,
l'aide à la petite entreprise à laquelle nous destinions $12
millions, la Banque export-import pour laquelle était prévu $40
millions, la création d'un office de crédit industriel avec $30
millions et enfin un office du plan digne de ce nom avec un budget de $156
millions.
Je voudrais également souligner l'émiettement de nos
ressources et le peu d'utilité et là-dessus je pense que
le ministre va en convenir des instruments fédéraux..
Pourtant, le ministre a souligné la nécessité
d'intégrer les entreprises. Je me réfère à son
discours devant la Chambre de commerce. Les chevauchements sont très
coûteux, chevauchement entre la SDI et la BEI, chevauchement entre la SDI
et le ministère de l'Expansion économique régionale. Tant
sur le plan de la modernisation de la structure industrielle que sur celui de
l'équilibre régional, il faut en convenir, les instruments
fédéraux servent mal les intérêts du Québec
et le résultat, c'est qu'il est difficile sinon impossible pour le
Québec d'établir sa propre stratégie quand c'est
véritablement le pouvoir fédéral qui agit comme principal
maître d'oeuvre. La preuve, est-elle encore nécessaire, c'est que
pour les dix programmes du MIC en 1973/74, qui totalisaient $40 millions de
crédits nets, les dépenses fédérales au
Québec dans ces mêmes domaines totalisaient $138 millions. Quand
on compare ces montants, M. le ministre, on n'a pas d'hésitation
à dire qui est le véritable maître d'oeuvre en
matière de stratégie industrielle. Et il ne s'agit que de
l'action d'un seul ministère, le vôtre, M. le ministre. Parce que
l'action du gouvernement fédéral est encore plus décisive
dans le domaine du développement si l'on considère des
instruments qui ne sont pas quantifiables, qu'il est difficile de quantifier,
comme les tarifs douaniers, la recherche pure, la recherche appliquée,
la politique fiscale, la politique monétaire, tout ce qui vous
échappe, M. le ministre, sans lesquels pouvoirs vous pouvez, à
vrai dire, fort mal définir une stratégie de développement
industriel et économique pour le Québec.
En somme, vous n'avez pas pu opter entre les diverses stratégies
qui vous sont proposées pour l'avenir et il semble qu'en fin de compte
vous vous soyez rabattu, peut-être sans le vouloir, peut-être en
espérant faire mieux, car il est visible que votre rapport est cousu de
bonnes intentions... Vous vous êtes rabattu sur la politique Fantus avec
l'aménagement d'une place pour les francophones dans l'administration
des entreprises. Vous avez en effet, il n'y a pas si longtemps,
préconisé la présence et la promotion des francophones
dans l'économie, l'intégration des francophones au monde
économique. C'est votre propre vocabulaire. Vous avez proposé des
mécanismes de promotion des administrateurs francophones, par exemple,
la SDI donnerait une aide préférentielle aux entreprises
favorisant la présence de Québécois, assurant la place de
premier plan à la langue française ou encore qui avaient à
s'approvisionner au Québec.
Mais tout ça demeure très flou. Quel est le sens exact de
cette aide préférentielle, quels sont les critères,
combien, quel montant est en cause, quand aurons-nous le projet de loi?
Jusqu'ici, il n'y a pas eu de législation là-dessus que je sache.
Vous avez proposé, dans la vocabulaire du moins, la
régionalisation du MIC, mais sans nous dire exactement comment cela se
ferait. Vous avez proposé une liste des administrateurs francophones,
une banque d'information pour les entreprises, un bureau de placement des
cadres, un groupe de travail permanent pour étudier la
représentativité des Québécois dans
l'administration des entreprises, et des moyens plus généraux
d'éducation économique dont vous nous aviez déjà
parlé l'année dernière, en nous disant que vous alliez
annoncer, dans quelques mois, un programme d'éducation
économique, et vous venez encore de nous dire que vous allez favoriser
cela au cours de l'année qui vient sans que nous nous trouvions devant
un programme précis.
Tout cela est très beau, très louable. Mais je vous ferai
remarquer que tout cela est axé sur l'entreprise privée.
Qu'advient-il dans tout cela de la place des francophones dans l'ensemble de
l'économie, par le truchement de moyens qui sont beaucoup plus à
notre portée et par lesquels on pourrait vraiment aménager une
place aux Québécois dans leur économie? Je pense, en
particulier, aux entreprises publiques et aux coopératives. Le ministre
risque de s'enfermer dans un dilemne à vouloir insérer
constamment des Québécois dans l'industrie
privée alors qu'il sait fort bien que beaucoup de
Québécois ont de la difficulté et ont toujours
éprouvé de la difficulté dans leur cheminement, dans leur
montée quasi impossible à l'intérieur de ces entreprises,
à moins qu'on ne parle évidemment et à moins que le
ministre n'ait à l'esprit des postes de vice-président aux
relations publiques. Alors ça, il en pleut et ça ne signifie
rien, et il le sait bien. Si c'est ça que le ministre veut, s'il accorde
de l'aide préférentielle aux entreprises qui donnent à des
Québécois des postes de vice-président aux relations
publiques, aux relations du travail, comme cela se voit, je pense qu'il n'aura
pas fait beaucoup pour insérer les Québécois dans
l'économie. Cette année, il y a dans son rapport quelques vagues
remarques sur la nécessité de favoriser nettement le
développement de l'entreprise autochtone et d'apporter une aide
particulière aux entreprises coopératives. Mais on reste au
niveau des slogans. Quand vient le moment de parler de mesures
concrètes, de moyens financiers, d'instruments pour atteindre ces
objectifs, eh bien, on peut fouiller le rapport tant qu'on voudra, c'est le
vide.
D'ailleurs, on a vu récemment, à l'occasion d'un certain
nombre de prises de position, quel est le véritable rôle de l'Etat
à l'égard des coopératives au Québec. Je
rappellerai au ministre la critique polie mais très sévère
du président de la Fédération des caisses populaires du
Québec, M. Alfred Rouleau. Je le cite, d'ailleurs: "Le ministère
de l'Industrie et du Commerce favorise, privilégie
régulièrement l'entreprise capitaliste et ignore totalement le
mouvement coopératif". Ce n'est pas moi qui le dis. Et monsieur Rouleau
ajoutait: "II faut un changement de mentalité plus qu'un changement de
structures au sein du ministère". Il s'agirait d'aider les gens
ordinaires à participer à leur économie. Voilà, M.
le ministre, de l'éducation économique concrète. Non pas
tenter de placer un ou deux Québécois dans des entreprises
multinationales, quoique je ne sois pas contre cet objectif, mais aider les
Québécois ordinaires qui ont quand même de la
compétence et qui veulent quand même se mêler d'affaires
économiques, qui veulent s'insérer dans le monde
économique. Voilà un moyen concret de le faire.
Mais de cela, trois mots dans un discours de 40 pages. Il s'agit d'aider
les coopératives de toutes sortes de façons. D'abord par des
conseils d'économistes, de comptables et d'experts en marketing. Les
coopérateurs sont capables d'apprendre aussi bien que les entreprises
privées que vous aidez, de façon privilégiée. Il
faudrait aussi mettre à la disposition des coopératives du
capital de risque, dans bien des cas. A notre avis, ce serait là l'un
des instruments privilégiés de l'insertion des
Québécois dans la vie économique, dont vous dites que
c'est l'un de vos principaux objectifs. Parce que quand les gens sont
impliqués, comme le disait M. Rouleau, ils se reconnaissent dans la
société. Puis- que vous faites allusion à la paix sociale
dans votre rapport, je vous dirai que l'une des meilleures façons de
favoriser la paix sociale, c'est encore d'insérer les gens dans la vie
économique, de leur donner une participation réelle; mais vous
n'y arriverez pas en favorisant seulement les entreprises privées.
Il faudrait que vous donniez au moins autant d'aide aux
coopératives, aux mouvements coopératifs, que vous ne le faites
dans le cas des grands consortiums internationaux. Et ce n'est pas peu dire,
quand on songe à ce qu'a pu être l'ITT, à la façon
dont nous l'avons installée chez nous et à la façon dont
nous lui avons donné une partie de notre territoire à planifier
et à développer, comme si l'ITT constituait désormais sur
la Côte-Nord un véritable Etat dans l'Etat.
A notre avis, M. le Président, il faut avantager
l'économie coopérative et pas seulement dans les mots. Il faut le
faire dans les faits pour permettre à la population de s'intégrer
dans le processus de développement et de décision
économique. Il n'y a pas de raison que vous ne mettiez autant d'efforts
sur le mouvement coopératif que vous n'en avez mis pour favoriser
l'entreprise privée. Il n'y a aucune raison que vous ne suiviez le
conseil extrêmement sage que vous donnait le président de la
Fédération de Québec des caisses populaires, quand il vous
engageait à faire jouer l'Etat à bloc, dans la diffusion de
l'économie coopérative. Quand donc allez-vous faire cela? Je n'ai
pas trouvé quoi que ce soit dans ce sens dans ce rapport.
Pour ce qui nous concerne, nous, de l'Opposition officielle, pensons
qu'il faut favoriser l'extension de la formule coopérative dans toutes
les industries où les Québécois font preuve de
connaissances techniques, de "know how". Comme par exemple, les pâtes et
papiers on ne pourra pas dire que nous n'avons pas les connaissances et
la compétence requises dans ce domaine les institutions
d'épargne, banques, commerces et le domaine agroalimentaire, dont le
ministre ne nous a guère parlé cette année, alors qu'il
avait préconisé des développements beaucoup plus
importants l'année dernière.
M. le Président, on parle beaucoup depuis quelque temps, dans
cette Assemblée, de social-démocratie. Mais là encore, il
semble bien que ce ne soit que du vocabulaire. Ce n'est que de la poudre aux
yeux, semble-t-il. Parce qu'un gouvernement social-démocrate, un
authentique gouvernement de cette tendance, se serait employé à
assurer une place prépondérante des critères de
rentabilité sociale dans le processus de développement
économique. Il se serait employé à faire du
développement des entreprises publiques et des coopératives les
pierres angulaires de ces politiques de développement.
Ce n'est pas ce que vous avez fait, M. le ministre, durant les
années écoulées, et ce n'est pas ce que vous nous annoncez
pour les années qui viennent.
A l'égard des entreprises publiques, le gouvernement maintient
une attitude qui me paraît, à quelques exceptions près,
axée sur la méfiance. L'affectation des ressources de l'Etat au
développement des entreprises publiques se fait au compte-gouttes,
saupoudrage de quelques millions par ci et par là. Les placements et les
investissements de l'Etat dans ses propres entreprises totalisaient, en
1973/74, $37 millions et seule SIDBEC bénéficie, à nos
yeux, d'un traitement convenable.
En ce qui nous concerne, nous du Parti québécois, nous
pensons que ces investissements publics devraient totaliser $200 millions, dont
$90 millions pour la Société de réorganisation
industrielle, $45 millions pour la démocratisation des institutions
financières, $32 millions pour la mise sur pied d'un secteur public
pétrolier. Vous ne nous avez pas beaucoup parlé, M. le ministre,
du secteur public pétrolier, dans ce beau discours et pourtant,
c'était bien l'un des objectifs primordiaux du livre blanc, paru en
1972.
Vous-même, l'année dernière, vous esquissiez une
politique en ce sens. Vous nous parlez seulement aujourd'hui de la
pénurie. Il est vrai qu'elle existe dans le domaine des produits
pétroliers. Vous nous parlez de stabiliser les approvisionnements, mais
quand nous parlerez-vous du secteur public? Vous ne pourrez pas stabiliser les
approvisionnements d'une façon permanente et vous ne pourrez surtout pas
obtenir une transparence des prix, comme l'exige la situation actuelle du
Québec en matière d'énergie, vous ne pourrez pas le faire
sans un secteur public. Qu'attendez-vous pour mettre sur pied, pour mettre en
oeuvre, dis-je, le mandat b) de SOQUIP?
M. SAINT-PIERRE: Cela va prendre le fédéralisme pour faire
cela.
M. MORIN: Le fédéralisme, en l'occurrence, est en train de
vous châtrer avec sa Société de développement
pétrolier et vous allez être, une fois de plus, à la
remorque des fédéraux dans ce domaine comme dans les autres.
Quant au développement du secteur coopératif par l'Etat,
eh bien! j'ai cité le président de la Fédération
des caisses populaires, il correspond tout à fait à l'attitude
d'un parti qui veut que l'économie appartienne d'abord et avant tout
à l'ensemble des Québécois, c'est-à-dire à
une majorité de gens ordinaires.
En conclusion, M. le Président et en mettant de
côté, pour l'instant, les nombreuses questions que j'aurai
à poser au ministre, dès le départ, sur l'ensemble de sa
politique je dirai que l'Opposition est, pour dire les choses,
"euphémistiquement", sceptique devant les propos du ministre, les propos
qu'il a tenus ce matin.
Le budget de la mission économique, j'entends de l'ensemble des
ministères à vocation économique, comporte une baisse de
crédits nets en pourcentage du total. Les crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce, de façon plus
précise, comportent une hausse de 13 p.c, mais il y a une baisse de 7
p.c. des crédits affectés au programme le plus important qui est
celui du développement de l'industrie secondaire.
M. le Président, notre scepticisme profond à l'endroit des
initiatives du ministre est renforcé par le rapport dont il vient de
nous faire part. Je ne doute pas que, quand nous aurons fini d'examiner les
crédits de son ministère point par point, ce scepticisme se
trouvera probablement encore renforcé. Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je serai très bref dans
les répliques à ce qui vient d'être donné par le
parti d'Opposition. J'aurais compris qu'une idéologie différente,
au départ, aurait pu faire qu'entre le député de
Sauvé et moi-même, en particulier entre le Parti
québécois et le Parti libéral, on y retrouve
matière à beaucoup de discussions.
Cependant, placer le développement du Québec dans la
perspective très étroite d'une opposition entre le rapport de
l'OPDQ et le rapport Fantus, me semble faire preuve d'ignorance des
défis réels qui se posent à l'économie
québécoise, à un point tel qu'il nous serait permis d'une
part, de mettre en doute la capacité du député de
Sauvé d'être un interlocuteur qualifié lorsqu'on parle du
développement économique au Québec, et peut-être
d'autre part, de regretter, pour la première fois, le départ de
l'ancien député de Gouin qui nous donnait, quand même, des
vues intéressantes sur le développement économique.
M. MORIN: II avait tenu un langage tout à fait semblable, M. le
ministre; il vous avait dit la même chose.
M. SAINT-PIERRE: II y a plus que cela, M. le Président, parce que
poser le développement économique entre le rapport Fantus et le
rapport de l'OPDQ, je persiste à dire que c'est poser la mauvaise
question. C'est n'être même pas capable de se centrer sur de vrais
problèmes. Il y a plus que cela. Dans l'exposé qu'on nous a
donné, on fait preuve de tellement d'erreurs grossières lorsqu'on
dit que la SDI n'est que, finalement, l'office de crédit industriel.
C'est faire preuve d'une erreur grossière. C'est ni comprendre l'un, ni
comprendre l'autre. Je pourrais reprendre nombre de points qui ont
été donnés par le député de Gouin, et qui
font preuve quand même d'une certaine méconnaissance des
véritables problèmes.
Je ne voudrais pas m'enfermer dans des discussions d'idéologie.
Je dis sans ambages que nous, du parti ministériel, nous misons sur le
fait que l'entreprise privée l'entreprise privée,
je le répète est le meilleur agent de formation de
la richesses dans notre milieu. Nous ne croyons pas, pour avoir lu à
plusieurs reprises le programme du Parti québécois, que les $40
millions ici, les $30 millions là, les $50 millions là pour des
sociétés qui finalement ne sont qu'un ouvrage de structure,
apporteront véritablement, au type de problèmes
économiques que nous avons... Je le dis avec d'autant plus de conviction
que c'est la première fois qu'on se rencontre depuis la discussion que
nous avions eue l'an dernier, et que l'on sait que, depuis ce temps, le peuple
aussi s'est prononcé essentiellement sur une stratégie de
développement économique. Face à une stratégie que
vous avez élaborée, face à une stratégie que nous
avons élaborée, je pense que le mandat du peuple a
été donné d'une façon très concluante.
Je suis toujours disponible à recevoir des suggestions, mais je
demeure, moi aussi, d'un scepticisme profond sur la capacité d'une
société de réorganisation industrielle de $130 millions
d'emballer les Québécois et de les bouleverser.
Je sais que vous avez des difficultés à percevoir ceci,
à cause de la faiblesse des hommes d'affaires dans votre propre parti
politique, mais je pense que, fondamentalement, tous ceux qui sont prêts
à bâtir au Québec, ne sont pas prêts à
bâtir dans des sociétés d'Etat. Il y a un rôle pour
les sociétés d'Etat. Comme je l'ai dit, on n'a pas, ce matin,
l'avantage d'avoir des députés créditistes; il y a des
exceptions à la loi. Il y en aura peut-être, de plus en plus, des
exceptions à la loi, mais fondamentalement, l'encadrement des
Québécois peut se faire par l'entreprise privée. La
coopérative est une forme d'association, mais je ne voudrais pas qu'on y
retrouve dans la coopérative une espèce de
panacée qui permette de dire que tous les problèmes seront
réglés dès que les gens dans le secteur des papiers, dans
le secteur ici et là, feront...
J'aurais beaucoup à dire, M. le Président. Vous avez
évoqué que, dans le rapport de l'OPDQ, on dit qu'il y a un
glissement de la situation économique. Je pense qu'on ne l'a jamais
caché. On a dit que, sur une période de dix ans, et on pense
à la période de 1963 à 1974, effectivement, le
Québec perd du terrain par rapport à cela. Sauf que, si l'on
scrute plus en détail les statistiques, on se rend compte qu'à
peu près à tous les niveaux, investissements, dynamisme du
secteur manufacturier, transformation industrielle, création d'emplois,
qu'à presque tous les niveaux ce glissement terrible est survenu dans
les quatre années où le Parti libéral n'a pas eu la
direction de l'Etat, soit les années 1966 à 1970. Coincidence,
vous me direz, mais on n'a qu'à regarder les statistiques pour voir
comment, dans nombre de cas, de 1966 à 1970, on a eu une stagnation. Je
parle de l'emploi manufacturier qui n'a à peu près pas crû
de 1966 à 1970, alors que l'emploi manufacturier... Je ne vous l'ai pas
dit, mais vous seriez peut-être intéressés de savoir que
dans le taux annuel de création d'emplois que nous avons dans le moment
il était, le mois dernier, de 96,000 pour le début de 1974
il y a plus de 50,000 emplois qui sont dans le secteur manufacturier,
alors que pendant quatre ans, il n'y avait eu aucune croissance. C'est donc
dire, M. le Président, et je pense que le député de
Sauvé va l'admettre avec moi, qu'il y a quelque chose qui s'est
passé. Maintenant, pour savoir ce qui s'est passé de 1966
à 1970, peut-être que le député de Sauvé,
dans ses lectures pour mieux comprendre la situation économique,
pourrait se référer à une autre étude très
intéressante, celle-là faite par l'OCDE.
Celle-ci a examiné l'évolution de la situation au Canada
et s'est posé, elle aussi, cette question: Pourquoi, au Québec, y
a-t-il eu une stagnation de 1966 à 1970? Comment se fait-il que le
Québec, avec tellement de ressources, n'a pas pu réellement
croître?
Et sans tomber dans une partisanerie de bas aloi, je lèverai le
voile pour lui donner un soupçon de réponse en lui disant que
c'est la menace du séparatisme qui, d'après les
spécialistes de l'OCDE, pouvait expliquer, dans une large mesure, cette
stagnation que nous avons connue. Heureusement, depuis trois ans, je pense que
les statistiques et j'en donnerai tout au long de l'exposé
montrent que nous ne sommes pas exactement dans la même situation et que
les choses ont changé énormément.
Au niveau des coopératives, j'ai eu des discussions avec M.
Rouleau. Je pense inutile d'en dévoiler le contenu bien que, pour moi,
il n'y a absolument aucun secret là-dedans. Ce que je tiens à
faire remarquer, c'est que l'ensemble de nos programmes et l'ensemble de nos
préoccupations s'adressent à toutes les entreprises qui sont au
Québec, que nous portons sûrement une importance beaucoup plus
grande à l'entreprise autochtone, à l'extérieur de la
grande entreprise, que celle que nous portons aux autres, mais lorsque les
coopératives, dans le moment, sont complètement absentes du
secteur manufacturier, on comprendra que nos programmes, bien sûr, ne
peuvent pas leur plaire, ne peuvent pas s'adresser à elles.
S'il y a plus que cela, je dirai que parfois j'ai transgressé la
loi, j'ai péché dans l'illégalité peut-être,
bien que, d'après moi, j'étais dans l'esprit de la loi. Mais
c'étaient toujours des cas qui impliquaient des coopératives.
Il nous en coûtera $1 million pour oublier la première
démarche de Cabano et prendre un nouveau départ. C'est $1 million
qu'on n'aurait jamais, jamais donné à d'autres entreprises
multinationales. Je pourrai mentionner des cas dans le Saguenay, dans le
Nord-Ouest québécois où des coopératives
j'ai appuyé des avis juridiques de mes fonctionnaires et des conseillers
juridiques qui ont parfaitement raison d'après les affidavits
donnés, n'avaient pas droit aux subventions. De mon autorité, je
ne m'en cache pas, j'ai accepté de donner ces subven-
tions uniquement, justement, parce que c'étaient des
coopératives et que ces gens, souvent, n'avaient pas toute cette
armée de spécialistes pour leur dire qu'on pouvait manquer d'une
journée, qu'on pouvait faire des achats un peu avant qu'on ait obtenu la
permission de le faire. Mais il me semblait que l'esprit de la loi et que
l'esprit du législateur étaient respectés par la
subvention qu'on donnait.
Mais on a fait ces exceptions uniquement dans le secteur des
coopératives. Vous avez évoqué le rôle du
gouvernement fédéral. J'aimerais croire que, dans nombre de
secteurs, nous avons bénéficié de l'action du gouvernement
fédéral. Plus que cela, étant pleinement dans le
fédéralisme, notre action tend à augmenter la part que
nous pourrions ravoir du gouvernement fédéral dans nombre de
secteurs.
D'ailleurs, dans le secteur des politiques fiscales, des politiques
monétaires, des politiques tarifaires, des politiques
énergétiques, je pense, et j'en ai la conviction profonde, que
les démarches entreprises par le gouvernement québécois,
depuis deux ou trois ans, ont modifié les points de vue qui avaient
été retenus au départ par le gouvernement
fédéral. Dans les discussions du GATT, on retiendra que,
strictement sur le plan constitutionnel, le gouvernement fédéral
pourrait oublier toutes les provinces. Je pense que, de plus en plus, et
particulièrement par les débats qu'il anime dans le moment, le
gouvernement fédéral réalise que la fusion des
intérêts régionaux ne peut se faire au secret, à
l'intérieur du cabinet fédéral, entre un ministre qui
représente le Québec et un ministre qui représente une
autre région, mais qu'elle doit se faire dans l'intérêt de
la Confédération canadienne, au grand jour, avec des
gouvernements provinciaux qui expriment des points de vue qui reflètent
les points de vue exprimés par la population. Il est alors possible, non
pas d'opposer ces intérêts, mais de tenter de les unir dans des
intérêts communs.
M. le Président, très brièvement, et je le fais
sans agressivité, nous vivons dans le monde tel qu'il est. Nous voulons
le bâtir tel qu'il est et nous ne croyons pas pouvoir perdre notre temps
dans des situations hypothétiques, dans un monde de demain et, en
particulier, nous ne devrions pas penser que les problèmes sont tels
qu'on puisse les réduire à l'éternel dilemme que trop de
gens au Québec nous présentent, le blanc d'un côté
et le noir... le bien et le mal, les bons et les méchants, nous autres,
les autres. Ce n'est pas cela, le monde, et je pense que l'ensemble de notre
programme vise, comme je viens de le souligner, sur plus d'un plan, à la
participation des francophones à l'activité économique.
C'est une activité réelle.
Je vous donnerai tantôt les compagnies aidées par la SDI et
vous verrez qu'il y a bien des Joseph Laframboise, des Arthur Latulippe, qui
n'ont rien de la compagnie ITT et qui, au point de vue des dossiers, ont
reçu une aide, je pense, proportionnelle à l'investissement fait,
qui était substantiellement plus importante.
M. LEGER: M. le Président, je pense qu'on ne peut pas laisser
passer des affirmations aussi partisanes du ministre, au départ, quand
il parle du mandat que le peuple a donné en faisant, dans cette
élection, une réponse du peuple au style de développement
économique que le Parti libéral a présenté au
peuple en regard du style de développement économique que le
Parti québécois voulait présenter.
Je pense que c'est un peu charrier que de présenter une
élection comme le résultat, sachant fort bien que le style de
publicité, qui accompagnait le Parti politique libéral,
était très peu axé sur ce style de développement
économique, mais beaucoup plus sur une image de la peur que peut
apporter un changement par un style de développement économique
du Parti québécois. Je pense que le ministre va un peu loin quand
il dénote que, d'un côté, il n'y a que la
société d'Etat à l'encontre de l'aspect, je dirais, de
l'anarchie capitaliste qui pourrait exister dans un pays où il y a deux
extrêmes qu'il faut nécessairement éviter.
C'est sûr que l'autoritarisme, la didacture de l'Etat, n'est pas
une solution en ce qui nous concerne en Amérique. D'un autre
côté, ce n'est pas non plus aux entreprises de décider de
l'orientation du développement économique du Québec, et
que "in medio stat virtus", c'est dans le milieu qu'on peut trouver une
solution et que la régularisation de l'économie relève du
gouvernement et que l'orientation économique de l'Etat devrait tenir
compte ensemble de l'entreprise privée et des coopératives ainsi
que des secteurs témoins dans lesquels le gouvernement lui-même
peut prendre une place importante. Tout cela, pour dire, M. le
Président, qu'il faut trouver une solution entre les deux et de
qualifier de société d'Etat le style de développement
économique du Parti québécois, c'est aller pas mal loin,
très loin de la vérité.
Une des argumentations de base que je pourrais apporter, c'est quand le
ministre pourra déposer son réel document de stratégie
industrielle, permettant de voir à quelle place et quelle est
l'importance qu'il accorde, justement, à ce développement
économique permettant à l'Etat d'utiliser les ressources qu'il y
a. L'entreprise privée a sa place, mais elle a sa place et pas plus que
sa place. L'Etat a un rôle de régulateur de l'économie et
ne doit pas dépendre des industries, surtout multinationales, pour
s'attendre à un développement économique selon les besoins
du peuple.
M. le Président, c'étaient certains points que je voulais
relever. Je le félicite quand même de remarquer la
compétence du critique que nous avions dans le dernier Parlement, le
député de Gouin. Cela ne veut pas dire que, parce que le
député de Gouin n'a pas été élu, puisque
lui-même reconnaît sa compétence, c'est sur des
critères économiques que les citoyens ont voté
à la dernière élection. Et ramener
régulièrement ces 102 députés élus comme une
preuve de l'acceptation par la population du style de développement
économique du Parti libéral c'est faire un peu un exemple de
manque de connaissance des citoyens. Je pense que le ministre devrait revenir
sur l'aspect très technique de son ministère pour nous prouver
jusqu'à quel point il va relever l'aspect économique en utilisant
les outils qu'il a en main, soit le domaine coopératif, l'entreprise
privée et la présence importante des entreprises d'Etat qui
peuvent servir de secteurs témoins aux autres organismes
privés.
M. SAINT-PIERRE: Programme 1.
M. LEGER: M. le Président, je pense que le député
de Sauvé a encore des remarques générales à
faire.
LE PRESIDENT: (M. Brisson): D'autres remarques?
M. MORIN : Nous aurions des questions d'ordre général
à poser au ministre, avant d'aborder le programme no 1. Je crois que
c'est la coutume...
M. SAINT-PIERRE: Cela va.
M. MORIN: ... dans ces commissions de procéder de la sorte.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Question générales.
M. MORIN: La première, le ministre vient de mentionner justement
la SDI, Société de développement industriel du
Québec. Dans son rapport, il nous a dit qu'il y avait eu un
accroissement des activités de cette société dans tous les
secteurs, dont l'aide directe à 90 entreprises au cours de
l'année écoulée et des prêts de $20 millions
à taux réduit. Est-ce que cela ne serait pas utile pour la suite
de nos débats, au cours des heures qui viennent, que le ministre nous
donne un tableau des entreprises aidées de la sorte. Je pense que cela
pourrait être...
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai mentionné ce matin. Le tableau s'en
vient. Il devrait être ici dans à peu près une
demi-heure.
Normalement, j'ai demandé à M. Saulnier, cette
année, que dans le rapport annuel, comme dans le programme 2a), on
retrouve indirectement une subvention de l'Etat puisqu'on absorbe une partie
des coûts d'intérêt c'est peut-être là
que je reviendrai comme on retrouve indirectement un versement d'argent
de la part de l'Etat par un organisme paragou-vernemental et une
entreprise.
Le rapport annuel de la SDI cette année va donner la liste
complète c'est un rapport public de tous ceux qui ont
bénéficié de ce programme. Il en sera de même des
compagnies qui ont eu des dégrèvements fiscaux par le bill 21.
Là aussi, c'est quand même l'argent des contribuables qui est
dépensé. Les seuls cas où il n'y aurait pas divulgation
des demandes acceptées seraient les cas du programme 2c) qui impliquent
un financement à taux courant, le taux du marché, et dans lequel
les besoins d'emprunt de l'entreprise, à mon avis, sont un peu
assimilés au caractère confidentiel des plans d'une entreprise
qui va recourir à une institution prêteuse. Mais dans les cas des
programmes 2a) et 2b) les noms seront donnés, et d'ici quelque 20
minutes, nous obtiendrons la liste complète des entreprises qui en ont
eu au cours de 1973.
M. MORIN: Alors, nous attendrons le document avant de la commenter plus
longuement. M. le Président, dans son rapport de l'année
dernière, soumis à cette commission en avril 1973, le ministre
avait longuement décrit les activités du groupe économique
dont il était et dont il est peut-être encore le président.
Il avait expliqué que ce groupe faisait de la concertation entre
ministères et qu'il s'était attaqué à un certain
nombre de grands dossiers. Est-ce qu'il pourrait nous dire un peu quels ont
été les travaux de ce groupe économique au cours de
l'année écoulée? Est-ce qu'ils se sont attaqués aux
mêmes secteurs de l'énergie, des ports pétroliers, des
pâtes et papiers, des investissements étrangers, des transports en
commun et au domaine agro-alimentaire?
M. SAINT-PIERRE: Oui, M. le Président. En général,
le groupe se réunissait toutes les deux semaines jusqu'à peu
près au début de février cette année. Depuis lors,
il a été convenu d'en élargir la composition et lui donner
des responsabilités accrues en particulier pour reconcilier l'aspect du
développement régional et l'aspect politique sectoriel,
politique, économique. Je ne l'ai pas mentionné cette
année parce qu'au cours de l'année, le secrétariat de ce
groupe relevait du Conseil exécutif sous la direction de M. Chouinard;
M. Descoteaux en a assumé jusqu'en février la
responsabilité. Je pense qu'au cours des prochaines semaines une annonce
devrait être faite de la part du gouvernement définissant la
composition d'un nouveau groupe élargi de même que son
secrétariat et son président.
M. MORIN: Est-ce que nous pourrions, M. le Président, interroger
le ministre sur un certain nombre d'efforts sectoriels qui avaient
été entrepris en 1972/73 et voir un peu ce qu'il en est advenu au
cours de l'année écoulée? Prenons d'abord, si vous le
voulez bien, le secteur de la pétrochimie. Le ministre avait
souligné l'année dernière les difficultés de
l'industrie montréalaise et il nous avait laissé entendre que le
projet SOAP à Sarnia semblait abandonné. Ce
projet, nous avait-il dit textuellement, signe la mort de l'industrie
pétrolière à Montréal. C'est textuel. Il nous avait
également annoncé un projet d'usine de polypropylène du
groupe Hercule, un investissement de $70 millions à Montréal; les
travaux avaient débuté à ce moment-là. Pourrait-il
nous dire où en est le projet SOAP, ce qu'il en sait par rapport aux
intérêts du Québec, et ensuite qu'en est-il de ce projet
d'une usine de polypropylène?
M. SAINT-PIERRE: Je vais peut-être inverser vos questions. Ce
serait plus logique pour moi. L'effort de rationalisation de l'industrie
pétrochimique montréalaise qui visait à une utilisation
accrue, une augmentation de la capacité en éthylène et une
utilisation accrue de ses dérivés est allé bon train.
C'est-à-dire que, pour la société Hercule, j'ai eu des
rencontres encore récemment, les travaux vont bon train à
Varennes, il n'y a aucun retard, on ne remet pas du tout en cause le dossier.
Il en est de même des investissements de Gulf Oil et de Union Carbide
à Beauharnois et à Montréal-Est.
D'ailleurs, dans le secteur de la pétrochimie, comme vous l'aviez
mentionné, et dans les secteurs connexes, il y a de nouveaux dossiers
qui sont venus s'intégrer depuis ce temps-là, en particulier les
deux usines à Coteau-du-Lac de la société Du Pont qui sont
également dans le secteur, pas tellement loin. Du côté
montréalais, la mort n'est pas survenue et tout continue tel que
prévu.
Je l'avait dit, dans le temps, puisqu'il y avait danger dans la
montée draconienne, spectaculaire des prix du pétrole brut sur le
plan international que ces usines doivent s'approvisionner à un prix
nettement supérieur à celui des régions situées
à l'ouest de la ligne Borden qui auraient bénéficié
du prix du pétrole canadien. Le député de Sauvé est
au courant que, depuis ce temps, des accords ont été conclus,
permettant à la zone de Montréal de se retrouver dans une zone
d'uniprix avec, en particulier, le sud de Montréal.
Plus que ça, on a même pu penser, à un moment, que
les coûts de transport entre Sarnia et Montréal seraient
imputés à Montréal et, selon les dernières
indications que nous en avons, ces coûts de transport ne seront pas
comptés, les coûts de transport étant comptés
seulement entre les puits d'huile de l'Ouest et les marchés de l'Est, de
sorte que Montréal aura les mêmes prix que Sarnia.
Du côté de SOAP, il faut comprendre que dans ces secteurs,
dans douze mois, il peut survenir bien des choses; il y a douze mois, je pense
que c'était ou SOAP ou Montréal. Effectivement, ce fut
Montréal et SOAP a été retardé.
Depuis ce temps, la position extrêmement avantageuse dans laquelle
le Canada se retrouve, face à son approvisionnement brut qui est le plus
bas de tous les marchés industrialisés, rend possible
peut-être plus d'un projet qui aurait été impossible dans
le passé. Les gens de SOAP, c'est de bonne guerre, ont tenté de
faire démarrer de nouveau leur projet. Une lettre récente rendue
publique, de la part du premier ministre Lougheed de l'Alberta aux dirigeants
de SOAP, dans des termes non voilés, a catégoriquement
rejeté la possibilité que l'huile brute de l'Alberta soit
utilisée pour le projet de SOAP. On sait que l'Alberta fait des efforts
de grande envergure pour faire démarrer non pas un, mais deux projets
pétrochimiques assez importants dans la province de l'Alberta. Il faut
dire que SOAP aurait demandé 10 p.c. des approvisionnements d'huile
brute de l'Alberta et que l'Alberta préfère avoir son projet chez
elle. La chose est possible bien qu'il y ait toute une série de produits
qui auraient pu être faits à Sarnia, particulièrement des
produits reliés au caoutchouc synthétique et qui ne pourront pas
être faits économiquement dans l'Alberta. Le projet SOAP n'a pas
encore démarré, la lettre du premier ministre Lougheed a
jeté une douche d'eau froide sur le projet, et à Montréal,
nous continuons.
M. MORIN: Quelles sont les perspectives de l'industrie
pétrochimique pour l'année qui vient? Vous nous avez dit tout
à l'heure que vous continuerez à mettre l'accent sur cette
industrie en 1974/75, particulièrement pour ce qui concerne la
stabilisation des approvisionnements. Mais au point de vue de l'expansion de
cette industrie, est-ce que vous pourriez nous décrire les
perspectives?
M. SAINT-PIERRE: Oui. En amont et en aval d'une usine
pétrochimique d'éthylène, nous avons des contacts et des
discussions avec nombre de compagnies qui auraient pu faire des investissements
qui auraient presque dépassé le milliard. Mais la clé de
tout ça, c'était d'avoir des sécurités
d'approvisionnements à un prix évidemment compétitif. Les
ententes fédérales-provinciales nous permettent d'avoir le prix.
Quant à la sécurité des approvisionnements, c'est surtout
une responsabilité du ministère des Richesses naturelles, on peut
y atteindre avec, à la fois, le pipeline venant de Sarnia et
également des importations à plus long terme de pétrole.
Ce sont les discussions que nous avons avec les Richesses naturelles, soit
tenter de concrétiser cet aspect du problème. Entre-temps, nos
efforts vont peut-être se porter davantage sur des industries
pétrochimiques alimentées de gaz naturel. On sait que, quant au
gaz naturel, la part per capita qui revient au Québec est très
faible et je pense qu'au cours des prochaines semaines, des prochains mois, on
pourra avoir non pas des batailles d'envergure, mais de dures luttes que nous
allons livrer pour obtenir une part plus importante des approvisionnements de
gaz naturel venant de l'Ouest canadien. Là, nous avons des projets
concrets dans le secteur de la pétrochimie qui utilisent au
départ le gaz naturel. On sait que dans le même secteur, nous
regardons de près l'évolution du projet Polar Gas. Nous
avons eu des rencontres dernièrement.
Le député de Sauvé serait peut-être heureux
d'apprendre que le gouvernement examine la possibilité de participer au
capital-actions du développement Polar Gas qui va amener du gaz naturel
des îles de l'Artique.
M. MORIN: M. le Président, dans son discours de l'année
dernière, le ministre exprimait une volonté de présence du
gouvernement québécois dans la distribution et le raffinage,
laquelle volonté de présence devait se traduire en 1973/74. Quel
est l'état actuel de ce dossier? Est-ce que ça signifie que le
mandat B de SOQUIP est maintenant pris au sérieux, est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il a l'intention de pousser, de contribuer
à pousser SOQUIP sur la pente de la distribution et du raffinage et
où en sont les projets de port pétrolier du Saint-Laurent?
L'année dernière, on nous avait parlé de projet de
raffinerie, s'inspirant d'une philosophie différente c'est une
citation d'une philosophie différente de celle du budget
précédent.
Qu'est-ce que cela signifiait exactement et qu'entend faire le ministre
au cours de l'année qui vient, à l'égard de SOQUIP?
M. SAINT-PIERRE: Alors, je serais mal à l'aise de parler de
SOQUIP puisque c'est une société qui relève du ministre
des Richesses naturelles. J'ai participé à plusieurs
réunions avec le groupe. Je crois savoir, je sais pertinemment que des
montants et le député de Sauvé le sait aussi
additionnels ont été votés pour permettre un effort plus
grand et plus important au niveau de l'exploration, au niveau des forages et
des choses semblables. L'an dernier, nous avions toujours retenu ce concept
d'un secteur témoin dans le secteur pétrolier, nous avions
également parlé du port pétrolier. Il faut se rappeler que
le port de superpétroliers ne peut pas être une fin en soi, c'est
simplement un élément logistique dans un objectif qui est plus
profond, approvisionnement, coût au consommateur et autres choses
semblables. Et les perturbations sur le plan international n'ont pas permis de
poursuivre plus loin ou ont obligé de retarder l'évolution de ce
dossier-là. Dans le moment, je dois dire que l'essence de ce
dossier-là, l'essentiel de ce dossier-là se trouve au
ministère des Richesses naturelles. Nous tentons de le suivre le plus
près possible, mais puisque c'est d'eux que relève SOQUIP,
puisque c'est eux qui sont responsables de l'approvision- nement d'huile brute,
c'est essentiellement à ce ministère qu'il faudrait soulever les
questions sur l'évolution de ce dossier.
M. MORIN: Oui, mais en ce qui concerne votre ministère, M. le
ministre, et dans la perspective où vous vous situez vous parlez
d'encourager les autochtones et tout ça est-ce que vous ne croyez
pas que votre ministère devrait favoriser ce secteur témoin,
comme on l'appelle pudiquement?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais j'ai indiqué qu'avant d'atteindre cet
objectif-là, encore faudrait-il être certain, au niveau des
approvisionnements, que nous les avons. Cette incertitude au niveau des
approvisionnements... Mais, nul doute qu'un secteur témoin avec SOQUIP
correspond à des objectifs que nous allons donner sur la présence
des francophones, de la même façon qu'une présence plus
grande d'individus francophones dans les compagnies pétrolières
nous permettrait également d'atteindre les objectifs que j'ai
mentionnés.
M. MORIN: Est-ce que le ministre peut nous donner une indication quant
à cette présence? Est-ce qu'elle progresse dans les compagnies
pétrolières privées?
M. SAINT-PIERRE: Elle progresse, j'ai indiqué des moyens par
lesquels nous tentons de l'intensifier. Nous les avons soulevés
périodiquement avec ces compagnies-là. D'ailleurs, les accords
prévus contractuellement avec les compagnies, les subventions
accordées par la SDI prévoient contractuellement des obligations
de favoriser l'intégration des francophones.
M. MORIN: Peut-être, M. le Président, conviendrait-il que
nous reprenions cet entretien plus tard cet après-midi?
M. SAINT-PIERRE: Après la période des questions.
M. MORIN: Après la période des questions, j'imagine,
oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, avant la suspension des travaux,
j'aimerais signaler que M. André Marchand a été
nommé rapporteur de la commission. L'Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 4 heures, soit 16 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
Reprise de la séance à 16 h 25
M. BRISSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
Nous avons quorum et je tiens à souligner que M. Ostiguy,
député de Verchères, remplace M. Simard,
député de Richelieu. Tel que ce matin, M. Léger,
député de Lafontaine, remplace M. Lessard, député
de Saguenay. La parole est à M. Morin, député de
Sauvé.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Nous en étions à
faire le tour des efforts sectoriels que le ministre avait commentés
dans son discours de l'année dernière.
M. CADIEUX: Question de privilège, M. le Président. Vous
avez dit que M. Léger remplaçait M. Lessard?
LE PRESIDENT (M. Brisson): J'ai dit que, ce matin et que cela
continuait M. Léger était mandaté pour
remplacer...
M. CADIEUX: Je tiens à souligner que M. Léger n'est pas
là.
M. MORIN: II ne devrait pas tarder à venir se joindre à
nous. Le ministre a aussi tardé à venir. Nous l'avons attendu
avec toute la patience requise. Je ne vois pas pourquoi on prend la peine de
soulever ce point.
M. MARCHAND: Le ministre a été retardé par vos
votes insignifiants.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. MORIN: C'est sûr que le ministre a répondu très
intelligemment aux questions très pertinentes des journalistes.
J'espère qu'il en fera autant pour ce qui concerne mes questions.
Nous en étions à parler du secteur pétrochimique et
j'aimerais demander au ministre, pour ce qui est des projets de port
pétrolier du Saint-Laurent, dont il a fait état l'année
dernière et sur lesquels il est revenu ce matin en disant que ces
projets font l'objet d'une étude par le service de recherche et de
planification...
M. SAINT-PIERRE: II y a déjà eu une étude qu'on
pourrait rendre publique, qui date déjà de quelques mois, par le
service de recherche et de planification sur l'impact d'un port
pétrolier sur l'économie québécoise. Mais, dans le
moment, la maîtrise d'oeuvre de ce dossier est aux mains du
ministère des Richesses naturelles qui a un projet assez d'envergure
pour étudier tous les aspects de ce projet, à la fois sur le plan
écologique, économique et technique que sur le plan du choix de
l'emplacement et de ses retombées sur la région de la
Gaspésie et du bas du fleuve, de même que sur l'ensemble de la
province.
M. MORIN: Est-ce que le ministre veut parler du projet de Gros Cacouna,
en particulier?
M. SAINT-PIERRE: Enfin non, je ne voudrais pas préciser. Gros
Cacouna est peut-être... Au départ, l'objet des études est
justement de voir si nous devons absolument combiner le concept d'un port pour
marchandises en vrac avec l'aspect pétrolier. S'il était possible
d'établir un divorce entre ces deux concepts, possiblement, le port en
vrac serait donc à Gros Cacouna et, pour le port pétrolier, il y
a plusieurs emplacements qui sont examinés dans le moment.
Encore une fois, l'ensemble de ce dossier est actuellement sous la
responsabilité des Richesses naturelles. Nous le suivons parce qu'il y a
des incidences sur l'industrie secondaire, mais ce sont eux qui en ont la
maîtrise d'oeuvre.
M. MORIN: M. le Président, le ministre nous dit qu'il pourrait
rendre cette étude publique. Est-ce que c'est du domaine des
possibilités immédiates?
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai pas d'objection sur le plan... On va en faire
tirer des copies. C'est un document interne, encore une fois. On hésite
toujours à faire imprimer des belles choses comme cela. Il n'y a pas de
secret dans cela. On va vous le donner.
M. MORIN: Bon! Je remercie le ministre parce que je crois que cela va
intéresser beaucoup de gens. Puisque le rapport va être
déposé, je n'interrogerai pas le ministre plus longuement sur la
rentabilité prévue du projet et tout cela. Nous y reviendrons
quand on aura...
M. SAINT-PIERRE: C'est quand même une étude très
préliminaire, je tiens à le préciser. C'est une
étude, au niveau d'avant-projet, que nos gens avaient simplement
esquissée. Y a-t-il réellement un mérite d'aller plus loin
dans cela? Je ne voudrais pas qu'on donne l'impression que c'était
l'étude finale de rentabilité. C'est très
préliminaire.
M. MORIN: Nous le prendrons comme tel.
Dans le secteur des pâtes et papiers, des efforts sectoriels
avaient été faits en 1972/73, et le ministre nous avait
parlé, à cette époque, d'un document interne de recherche
qui avait été communiqué au président des
compagnies de pâtes et papiers. Est-ce que ce document a
été publié depuis? Pas à ma connaissance.
J'aimerais demander au ministre s'il a l'intention de le publier?
M. SAINT-PIERRE: Je resitue le problème. Ce rapport avait
donné suite au résultat des réflexions d'un groupe de
travail qui touchait le gouvernement de l'Ontario, le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, dans lequel rapport,
au niveau des compagnies de
pâtes et papiers, on mettait de l'avant des suggestions fort
importantes sur l'ensemble de l'organisation du secteur des pâtes et
papiers au Canada, particulièrement dans l'est du Canada, qui
était alors aux prises avec de graves problèmes. Il fut entendu,
au départ et c'est une règle que le rapport ne
serait pas rendu public, du moins dans sa forme originale, et je pourrais
revérifier avec le gouvernement de l'Ontario et avec le gouvernement
fédéral si on est disposé à le rendre public.
C'était réellement un rapport interne, dans lequel on pouvait
déceler l'opposition de certaines compagnies à certaines mesures
qui avaient été envisagées. Au départ, comme dans
une large mesure, il nous a fallu faire appel au personnel de planification
dés compagnies pour avoir certaines données jugées
confidentielles, je pense que l'esprit de l'entente au départ
était de ne pas rendre ce rapport public.
Il faut dire que le changement de la conjoncture dans les pâtes et
papiers a fait que les compagnies ont moins d'empressement à examiner le
problème des pâtes et papiers, puisque les profits sont de
beaucoup améliorés avec la hausse du papier journal. Mais, au
niveau des gouvernements, nous sommes encore convaincus que certaines mesures
devraient être prises pour rationaliser l'ensemble de l'industrie et
déjà, d'ailleurs, des rencontres sont prévues pour le 23
mai aux niveaux du gouvernement de l'Ontario, du gouvernement
fédéral et du gouvernement du Québec pour poursuivre le
travail touché. Je dois dire que, dans les recommandations de ce
rapport, on abordait des thèmes comme la mise en commun des
réseaux de distribution et des réseaux de transport et la mise en
commun des réseaux de mise en marché. Enfin, il y a d'autres
contextes...
M. MORIN: Je vois. J'ai cru comprendre alors que c'est ce même
document dont vous aviez fait état, au sujet duquel il y avait eu des
consultations avec d'autres provinces.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: C'est toujours le même document?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Mais, il a été communiqué aux
présidents des compagnies de pâtes et papiers; est-ce qu'on peut
considérer que c'est un rapport interne à ce moment?
M. SAINT-PIERRE: Non. Comme je l'ai expliqué, dans une large
mesure, le rapport donnait suite à des propositions des niveaux de
gouvernement qui étaient discutées avec les présidents des
compagnies de pâtes et papiers et on tentait de développer
peut-être un certain consensus sur des modifications quand même
très substantielles dans l'organisation de l'indus- trie des pâtes
et papiers au Québec comme en Ontario. L'essentiel des données
qui nous avaient été fournies venait des compagnies
elles-mêmes et dans l'esprit du rapport, dans l'esprit des entrevues qui
avaient eu lieu avec les présidents de compagnies pour voir les
cheminements possibles, il avait été convenu qu'on ne rendrait
pas le rapport public.
M. MORIN: Vous aviez dit l'année dernière, cependant, que
le document serait publié après que les provinces en auraient
été saisies. C'est ce que vous aviez dit.
M. SAINT-PIERRE: Ce qu'on peut faire à la réunion du 26,
M. le Président, comme c'était quand même un rapport qui
n'était pas uniquement... Nous n'avions qu'un membre au comité.
Personnellement, je n'aurais pas d'objection d'ailleurs, peut-être
les compagnies en auraient-elles moins à soulever la question
avec le gouvernement fédéral et avec le gouvernement de
l'Ontario. Si, ces deux niveaux de gouvernement sont prêts à
rendre le rapport public, je n'ai pas d'objection à cela, d'autant plus,
il faut bien l'avouer, que l'évolution très profonde dans
l'industrie des pâtes et papiers fait que les usines, qui
n'étaient pas rentables il y a à peine quinze mois, sont de
petites mines d'or aujourd'hui.
Ceci fait qu'il y a moins d'empressement à dire que le rapport
était nécessaire aujourd'hui, bien que nous, au gouvernement,
nous restions convaincus que le problème demeure encore réel, et
que, par une mise en marché commune des produits, par des réseaux
de transport commun, par une rationalisation de la production, il est possible
de faire des gains supplémentaires dans l'industrie des pâtes et
papiers.
M. MORIN: Autrement dit, les propositions que vous qualifiiez à
cette époque d'assez osées pourraient paraître aujourd'hui
moins osées?
M. SAINT-PIERRE: Non, elles seraient toujours aussi osées, mais
aujourd'hui il y a moins de problèmes, tant au niveau de l'emploi qu'au
niveau des profits des compagnies, et les gens sont moins empressés de
dire que ce sont réellement les seules solutions possibles.
M. MORIN: En ce qui concerne les industries traditionnelles et, en
particulier, le meuble et le vêtement, vous aviez, l'année
dernière, annoncé un certain nombre de programmes, à
l'exportation notamment. Est-ce que vous seriez en mesure, M. le ministre, de
nous dire si, dans le domaine du vêtement notamment, les commandes ont
continué d'augmenter? Je sais que vous aviez accordé beaucoup
d'attention à ce phénomène l'année dernière,
l'augmentation très rapide dans la production et l'exportation des
vêtements.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, cela
s'est poursuivi. On a continué d'avoir, et d'ailleurs nous
l'aurons au début de juin, ce qu'on appelle la semaine
Montréal-Mode, où nous invitons des représentants des
journaux américains. H y a eu une publicité excellente,
d'ailleurs, qui a été obtenue pour l'industrie du meuble et pour
l'industrie du vêtement québécois. Je peux tenter de
rechercher pour vous quel est le niveau de la production dans ce secteur, mais
je pense que nos exportations continuent de bien aller. Effectivement, s'il y a
un problème dans ce secteur, on en a fait état dans les journaux,
c'est la difficulté de trouver la main-d'oeuvre. Encore une fois, je
peux croire que ce n'est pas de la main-d'oeuvre au niveau du salaire minimum.
C'est une main-d'oeuvre, je pense, que les journaux qui en faisaient
état situaient à $4.50, à $4.75 l'heure. On n'est pas
capable de trouver la main-d'oeuvre. C'est un secteur de l'industrie
traditionnelle où des programmes à la fois axés sur le
design et sur l'exportation ont donné de très bons
résultats.
M. MORIN: M. le Président, au sujet des activités du
groupe économique qui était présidé l'année
dernière par le ministre, l'un des cinq grands dossiers qui avaient
été étudiés à l'époque portait sur
les investissements étrangers. C'est une question sur laquelle on aura
sans doute l'occasion de revenir à plusieurs reprises au cours de
l'étude des crédits de son ministère. J'aimerais lui poser
une question au sujet du rapport plus complet qui devait être
déposé prochainement cette déclaration date donc du
4 avril 1973 rapport qui aurait été plus complet que les
lettres de M. Tetley. Est-ce que ce rapport a été
déposé?
M. SAINT-PIERRE: A l'époque, l'an dernier, face au projet de loi
du gouvernement fédéral, M. Tetley avait transmis, comme vous le
soulignez, des lettres au gouvernement fédéral. A
l'époque, il y avait eu passablement de travail. Il y a eu une
cinquantaine de réunions de différents groupes qui se sont
penchés sur le problème.
M. Marier était responsable de la rédaction d'un rapport,
dans une large mesure, qui, avec les mois, a pris de plus en plus d'importance
et doit au moins être aussi important que des versions que j'ai vues du
rapport que vous avez devant vous sur le comité d'assurance-automobile.
On me dit que la rédaction du rapport est terminée et que le
rapport devrait être soumis selon ce qu'il a été
considéré par le comité au conseil des ministres
sous peu. J'imagine que le rapport sera rendu public dans les prochains
mois.
M. MORIN: Avant l'ajournement?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que si vous posiez la question... Je ne veux
pas faire porter la faute par M. Marier, je sais qu'il a bien du boulot
à faire; mais effectivement, à cause de tous ceux qui y ont
collaboré, nous avions l'impression que le rapport serait prêt
beaucoup plus tôt que cela. Peut-être aussi que, graduellement, le
rapport a pris beaucoup d'ampleur parce qu'il a débordé non pas
strictement sur le contexte de la propriété
étrangère, mais il a abordé des aspects de politique
économique, de présence de Québécois, de relations
culturelles et autres.
M. MORIN: Enfin, nous pouvons compter voir paraître ce rapport
dans les mois qui viennent.
Ce matin, M. le ministre, vous avez dit, pour ce qui concerne les
investissements étrangers, que votre ministère se montre plus
sélectif dans le choix de ces investissements. Il recherche, quand cela
est possible, des investissements conjoints avec les entreprises autochtones.
Outre le cas de Mann dont on a parlé à l'Assemblée cet
après-midi, est-ce que vous pourriez nous donner d'autres exemples
d'investissements conjoints et d'autres exemples où vous vous êtes
montré, justement, plus sélectif? Qu'est-ce que vous entendez par
cela exactement?
M. SAINT-PIERRE : II faut replacer le problème que le
Québec avait au niveau de ces investissements. Je n'ai pas à
mentionner au député de Sauvé la stagnation réelle
que nous avions au niveau des investissements. C'est un fait qu'en 1970,
lorsqu'il fallait nous contenter je ne connais pas les statistiques
de 18.2 p.c. des immobilisations manufacturières au Canada, on
était dans une situation très difficile. A l'époque, en
1970, je pense que les investissements étrangers ont été
recherchés. Maintenant que, pour la quatrième année
consécutive, les immobilisations manufacturières augmentent plus
rapidement au Québec que dans les autres régions du pays et que
notre part du tout canadien devient plus raisonnable, étant rendu
presque à 23 p.c, nous commençons depuis déjà
quelques mois, à être... Le chômage ayant
régressé pour la première fois depuis sept ans, la
création d'emplois, autant de facteurs qui font qu'aujourd'hui il y a
des investissements qui sont examinés et à leur face même,
après étude, ils ne semblent pas avoir un intérêt
marqué pour le Québec.
Je me sens mal à l'aise de vous dire mais, enfin, je pense qu'il
y en a quelques-uns qu'on a un peu connus. Je ne vous cache pas qu'au moment
où vous prépariez votre stratégie pour la campagne
électorale, il y avait des compagnies qui voulaient investir $100
millions ici dans le secteur de l'aluminerie et, à regarder le dossier,
cela ne nous intéressait pas. Les gens étaient un peu surpris;
alors, on leur disait: Si vous étiez venus en 1970, c'est vrai qu'on
aurait peut-être sorti un tapis rouge mais là, dans le fond, on
vous dit ça, on regarde votre projet, on regarde ses retombées
économiques, ses effets d'entraînement et finalement, on aime
autant
vous le dire, on ne vous donnera pas de subventions, on ne vous donnera
pas un rabais d'électricité. Pour être très franc
avec vous...
M. MORIN: Peut-être au niveau des "hot lines", pas au niveau des
produits finis?
M. SAINT-PIERRE: Cest quand même un investissement, si on parle du
grand projet d'une centaine de millions; c'est important quand on sait que dans
l'immobilisation... C'est un secteur manufacturier, ce n'est pas un secteur
primaire, ce n'est pas une mine, c'est dans le secteur manufacturier. Nous,
nous trouvions que ce n'était pas assez intéressant. On a dit: Si
vous êtes prêts à prendre des engagements sur le plan de la
fabrication plus poussée de l'aluminium, peut-être qu'on va
regarder ça. Maintenant, on a eu, vous me dites, d'autres types de
projets; j'en ai à l'esprit dans le moment, je pense qu'il faudrait
accorder au gouvernement le mérite de faire des efforts assez difficiles
dans la mise en valeur de la forêt de Saint-Félicien. Je pense que
nous allons y parvenir, le ministère des Terres et Forêts et
nous-mêmes, avec un plan qui prévoira un rôle assez
important à la Société Donohue qui nous appartient
à 46 p.c. et dont les autres intérêts sont essentiellement
à des résidents du Québec, de même qu'en
collaboration avec les scieries établies localement là-bas. Je
pense qu'on aurait un complexe qui dépasserait sûrement $200
millions et qui va être essentiellement un capital autochtone dans un
secteur auquel on a confiance. Mais ce n'est pas facile, je veux dire on
dépense... j'aimerais bien que le projet soit fait. Mais je pense que
dans le moment, concernant le partage entre les scieries et les compagnies de
papiers, le partage entre tout le monde, ça prendrait presque une loi du
Parlement pour dire qui va tout avoir. On essaie, par consensus, de mettre tout
le monde ensemble, mais je pense qu'on va réussir. Ce sont d'autres
exemples de "partnership". Je rencontrais récemment les conseillers
économiques et une des choses qu'ils déplorent, c'est souvent,
dans notre cas, la difficulté de trouver des partenaires
québécois. Nous sommes à dresser une liste de compagnies
autochtones qui sont dynamiques et qui pourraient être des partenaires.
Je pense que M. Bergeron, qui est allé à Milan, pourrait vous
dire que dans nombre de cas, il a mis ensemble des entreprises italiennes avec
des groupes chez nous et ça n'a pas donné de résultats,
soit que l'entreprise familiale trouvait qu'elle avait déjà assez
de problèmes, soit qu'elle n'était pas intéressée
à une croissance très rapide. Il y a d'autres cas. Je pense qu'on
recherche constamment, comme les Japonais en particulier le font aussi souvent,
un partenaire local.
Nous sommes à dresser une liste, avec les conseillers
économiques, à la suite de cette rencontre, d'entreprises
autochtones bien établies chez nous qui pourraient être des parte-
naires possible de compagnies étrangères dans certains secteurs
donnés.
M. MORIN: Est-ce que vous pourriez me nommer quelques entreprises qui
sont passés à travers votre grillage sélectif et qui ont
investi au cours de l'année écoulée?
M. SAINT-PIERRE: Un grillage sélectif, dans ce sens que le projet
est intéressant et que nous l'avons accepté?
M. MORIN: Oui, c'est ça.
M. SAINT-PIERRE: II m'en vient à l'esprit. Je pense à
l'investissement de Dupont à Coteau-du-Lac qui, au total, va faire quand
même $75 millions. Cela, on trouvait que c'était
intéressant. Je pourrais sortir la liste. J'ai sorti la liste
complète des projets, par année, depuis 1967/68, de la
Société de développement industriel. Je demanderais aux
membres de l'Opposition et peut-être aux journalistes... Il me semble
personnellement qu'il ne faudrait pas crier sur tous les toits les prêts
faits par 2-C; 2-C, ce sont des entreprises autochtones qui ont eu des
prêts à des taux du marché. Il n'y a pas de transfert de
fonds publics. Cela aurait peut-être été trop complexe de
les sortir. Je vous donne toute la liste de cela et si on prend, dans les
derniers cas qui ont été donnés, des projets
intéressants...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Beauharnois...
M. CADIEUX: Dans le même ordre d'idées...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, est-ce que je pourrais juste... Pour la
SDI. je ne les ai pas complètement à l'esprit, mais je
vais...
M. MORIN: Est-ce que vous voulez terminer, M. le ministre?
M. SAINT-PIERRE: Ici, je peux vous donner une liste, que je soumets sous
toutes réserves, des nouvelles implantations au Québec en 1973
je ne sais pas si cela peut vous intéresser par
régions, par groupes industriels. Ce ne sont pas les projets
réalisés dans un an, c'est un peu difficile, parce qu'on fait
l'annonce le 2 janvier, on fait l'annonce le 28 décembre... Alors, je ne
dis pas que c'est une liste complète, mais c'est une liste des
principaux projets. Si on pouvait en tirer des copies, en donner à
chacun des membres de l'Opposition, cela donne une idée de
l'ampleur.
M. MORIN: Bien.
M. CADIEUX: M. le Président, tantôt le ministre a
parlé de compagnies qui n'ont pas retenu, peut-être, l'attention
du ministère ou de la SDI pour être subventionnées. Il
reste que,
tout de même, il faudrait peut-être ajouter que le
ministère, sur le plan technique, a fourni beaucoup d'aide et je pense
qu'on parle d'un sujet qui nous intéresse et qui m'intéresse,
moi, personnellement. Il reste que, même s'il n'y a pas eu de subvention,
même si on a dit, dans ce cas-là: On croit que l'on ne peut pas y
aller par subvention, il reste qu'il y a eu de l'aide technique, il y a eu des
rencontres, au niveau technique, il y a eu de l'aide du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
Je voulais faire cette mise au point.
Deuxièmement, M. le ministre, je ne le sais pas, et je me pose
une question, est-ce qu'on doit réellement rendre publics ces documents?
Est-ce qu'on peut divulguer exactement l'aide, à moins qu'on n'en fasse
un usage très restreint? Je me demande si c'est de bon aloi de rendre
ces documents publics.
M. MORIN: Ecoutez, M. le Président, quelle objection y a-t-il?
Quelle objection pourrait-on faire valoir à l'encontre de la publication
de ces documents?
M. CADIEUX: Je me pose la question et je la pose au ministre aussi. Je
ne sais pas quel usage on peut faire de ces documents. Mais je trouve qu'il
faut tout de même se pencher sur la question. Il y a peut-être des
industriels qui auraient objection à ce que ce soit divulgué,
parce qu'on peut parler de financement d'une compagnie, on peut parler des
problèmes qu'elle a eus, des problèmes qu'elle a eu à
envisager qui ont pu être réglés par l'aide technique du
ministère, qui ont pu être aussi réglés par
endossement ou rabais d'intérêt. Je ne le sais pas.
Si j'étais un industriel qui fait appel à la SDI et au
ministère de l'Industrie et du Commerce, je me demande si je serais
content que cela soit divulgué.
M. SAINT-PIERRE: Selon la ligne que je me suis tracée, lorsque
les fonds publics sont impliqués, sont versés à des
entreprises, je pense que la nature du programme et les montants effectivement
versés à chaque compagnie sont du domaine public et devraient
être connus. J'ai donné des instructions à M. Saulnier pour
que soient publiés dans le rapport de cette année, tous les
programmes de 2a) et 2b) qui impliquent... Je sais que la SDI on l'a
vérifié à l'heure du midi n'a pas d'objection au
programme 2c). Personnellement, encore une fois, je penserais qu'à 2c),
il faut être un peu plus prudent, parce qu'effectivement à 2c), il
n'y a pas de fonds publics qui sont versés, c'est du financement
d'entreprises qui étaient en difficultés et où la SDI a
prêté à 11 p.c. ou 12 p.c. d'intérêt.
Peut-être que...
M. MORIN: Ce sont encore des fonds publics.
M. SAINT-PIERRE: Je pensais à 2c).
M. MORIN: Techniquement, ce sont encore des fonds publics qui sont
prêtés aux conditions normales du marché, mais ce sont des
fonds publics.
M. SAINT-PIERRE: D'accord, mais ce que je veux dire, c'est que l'Etat
joue le rôle de banquier ou de prêteur, et il y a toujours un
certain élément de confidentialité. L'Etat pense, non
seulement pense, mais a la garantie que son prêt est bien
protégé et qu'il peut recouvrer l'argent du public.
M. CADIEUX: M. le Président, c'est à 2c) que je pensais
quand j'ai posé la question. Il me semble qu'il devrait y avoir un peu
plus de restrictions à 2c), parce que, en fait, le gouvernement ne
débourse pas dans le cas de 2c), on prête au taux normal. Il y a
un remboursement qui se fait.
M. MORIN: Vous supposez que les remboursements se font
intégralement?
M. CADIEUX: Ah oui! On peut toujours demander cela, mais tout de
même...
M. MORIN: C'est une hypothèse.
M. CADIEUX: Je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Il me
semble qu'on devrait être assez prudent dans le cas de 2c).
M. MORIN: M. le Président, dans le cas d'une banque privée
qui fait un prêt, je pense que le conseil d'administration est
éventuellement intéressé à savoir à qui la
banque a prêté et à quelles conditions et même
à aller beaucoup plus loin que cela dans les détails.
Quand le gouvernement prête à même les fonds publics,
ce sont un peu tous les citoyens qui sont actionnaires de cette banque en
quelque sorte publique que vous constituez. Je pense que tous les citoyens ont
le droit de savoir ce qui se passe.
Une compagnie qui emprunte aux fonds publics, en quelque sorte, ne doit
pas s'attendre de jouir d'un secret quelconque. Je pense que c'est du domaine
public.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député de Sauvé
n'oublie pas la distinction entre être actionnaire d'une banque et
être administrateur de la banque? Tous les administrateurs de la SDI et
le gouvernement sont au courant des prêts qui sont faits, mais si le
député de Sauvé me dit que lui-même fait affaires
à la Banque Canadienne Nationale, et que je suis un actionnaire de la
Banque Canadienne Nationale, je ne pense pas que le fait d'être
actionnaire de la Banque Canadienne Nationale m'autorise à savoir quel
est l'état du dossier entre le député de Sauvé et
la banque.
M. MORIN: D'accord, mais la différence quand même, c'est
que la banque serait
d'abord, j'imagine, responsable éventuellement devant ses
actionnaires, tout de même, s'il y avait un cas important de
non-remboursement, une faillite monumentale. De même, je pense que le
gouvernement est ultimement responsable aux contribuables.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais si jamais il y avait des non-paiements, je
pense que lorsqu'on va arriver spécifiquement à la question de la
SDI, vous pouvez bien me demander dans combien de cas la SDI a eu défaut
de paiement, dans combien de cas il a fallu prendre possession de l'actif, dans
combien de cas il y a eu des pertes réelles. Vous allez voir que le
portrait que présente la SDI sur ce rapport se compare avantageusement
avec les institutions financières.
M. MORIN: Je n'en doute pas, et on viendra à cette question en
temps et lieu. Je ne pense pas qu'il nous intéresse de savoir quelle
compagnie en particulier a été en défaut, mais d'avoir une
idée générale de l'état des finances de la SDI.
C'est notre responsabilité, non pas seulement en tant qu'Opposition,
mais aussi en tant que parlementaires.
Dans le secteur agro-alimentaire, M. le Président, le ministre,
l'année dernière, avait présidé le groupe
économique qui s'était penché sur ce dossier. Quels ont
été les résultats de l'action entreprise par le groupe
économique?
M. SAINT-PIERRE: C'est un groupe mixte dont le rapport, essentiellement,
avait recommandé la mise sur pied d'une société, SOPIA,
une société d'initiatives dans le secteur agro-alimentaire. Le
rôle de la société ne voulait pas dédoubler ce qui
se faisait à la SDI, c'est-à-dire que la société
n'en serait pas une de subventions ni de financement. De même que la SDI,
elle prendrait une part beaucoup plus active que les 30 p.c. qu'on limite
à la SDI par la loi. Alors, c'était plutôt un partenaire du
secteur privé, quelquefois dans le secteur industriel, mais les cas les
plus frappants qu'on m'a donnés sont plutôt sur le plan
commercial, particulièrement au niveau des exportations. On sait les
difficultés que peut présenter le fait de regrouper plusieurs
producteurs pour vendre, par exemple, des poulets de gril à
l'étranger, et que là, une société gouvernementale
pourrait aider. Selon les informations que j'ai, ce rapport a été
entériné par le groupe économique. Le rapport
prévoyait une loi avec une nouvelle société ayant un
capital de $25 millions. Le groupe ministériel n'a pas retenu cette
suggestion. Il a recommandé plutôt un démarrage plus
modeste pour tirer des expériences, puisqu'on avait, dans le rapport,
des cas très précis d'initiatives qui pouvaient être prises
immédiatement dans le secteur agro-alimentaire et qui ne demandaient pas
les $25 millions qui sont pratiquement une carte blanche. Je pense que la
société est à mettre au point son programme. Des budgets
ont été prévus, peut-être au ministère de
l'Agri- culture, prévoyant un capital initial d'environ $5 millions pour
permettre de démarrer, et possiblement...
M. MORIN: Pour SOPIA?
M. SAINT-PIERRE: Pour SOPIA, si l'expérience est concluante,
quitte à avoir par la suite une loi qui permettrait des initiatives
beaucoup plus grandes.
M. MORIN: Bien! Dans le domaine de la sidérurgie, ce matin, le
ministre nous a parlé d'un projet qui était à
l'étude, projet qui serait orienté vers les marchés
mondiaux. D'abord, combien de projets y a-t-il, et est-ce que STELCO constitue
l'un de ces projets?
M. SAINT-PIERRE: II y a deux projets qu'on doit mentionner dans la
sidérurgie, enfin, il y en a plusieurs, mais il y en a deux qui
retiennent notre attention. Le premier est centré sur une
sidérurgie intégrée et serait centré
essentiellement sur la compagnie SIDBEC-DOSCO, et au niveau du conseil des
ministres, nous y examinons des projets d'immobilisation d'une façon
assez substantielle, le financement de cela, la nature de la gamme des produits
devant être faits, le plan de marketing.
On sait que le gouvernement fédéral, dans le cadre de
l'entente Québec-Canada, a accepté de participer, sous forme de
prêt et sous forme de subvention, à ce projet du
développement de la compagnie SIDBEC. Parallèlement à
cela, le gouvernement canadien et nous avons suivi de près ce
dossier et avons été mis au courant de ces études
examine la possibilité d'établir, dans la région est du
Canada, une aciérie qui ne viserait absolument pas le marché
canadien, mais qui se spécialiserait dans les marchés
extérieurs. Alors, immédiatement, on voit que son site serait
réservé soit aux provinces atlantiques ou soit à la
province de Québec, en particulier, en aval de
Trois-Rivières.
Le gouvernement fédéral a confié la
préparation de l'étude de rentabilité de ceci à une
compagnie qui est associée avec la compagnie STELCO, qui agit un peu
comme ingénieur-conseil pour le dossier, mais aucun engagement n'a
été pris pour que le groupe STELCO soit la compagnie qui ferait
cette aciérie. Il y a d'autres projets d'aciérie de plus petite
envergure que ces deux grands projets qui sont dans l'air.
M. MORIN: Bien sûr, dans le cas SIDBEC-DOSCO, le gouvernement du
Québec est certainement consulté, tenu au courant de toute
planification qui pourrait être faite dans le secteur de l'acier, mais je
m'étonne un peu que, pour ce qui est de l'aciérie axée sur
les marchés extérieurs, ce soit le MEER, si j'ai bien compris le
ministre, qui soit en train de planifier ce développement. Est-ce que
cela ne relève pas au premier chef du Québec, du ministère
des Richesses naturelles du Québec?
M. SAINT-PIERRE: Je ne voudrais pas donner l'impression que c'est
seulement le gouvernement fédéral. Nos services font une
étude sur le même dossier pour simplement être un
interlocuteur plus préparé, plus critique face aux conclusions
que le gouvernement fédéral pourrait avoir,
particulièrement si le site recommandé était à
l'extérieur de la province de Québec.
M. MORIN: Oui. On a parlé de sites dans les Maritimes qui sont en
concurrence avec Gros Cacouna. Dans les journaux, ces jours-ci, il était
question justement de Gros Cacouna à nouveau pour cet investissement.
Est-ce que le ministre est au courant?
M. SAINT-PIERRE: Les sites retenus au Québec sont Gros Cacouna et
Sept-Iles qui ont été examinés sur la Côte-Nord. Il
y en a trois dans les Maritimes. C'est simplement une aciérie qui vise
les marchés d'exportation, donc qui se procure son minerai possiblement
au Canada, mais possiblement à l'extérieur. Il faut se rappeler
que le minerai de SIDBEC, dans le moment, à cause des problèmes
d'intégration du minerai avec le procédé Midrex, ne vient
pas du Québec. SIDBEC est obligée d'importer son minerai.
M. MORIN: Si vous l'installez à Sept-Iles, j'imagine que le
minerai viendrait tout de même du Québec.
M. SAINT-PIERRE: Pas s'il n'y a pas de modifications apportées au
système qui a été retenu, Midrex. C'est un problème
technique que le minerai du Québec ne se prête pas à des
aciéries qui n'utilisent pas le procédé des hauts
fourneaux, question de contenu et d'alliage, etc.
M. MORIN: Qu'est-ce que le ministre penserait de la possibilité
d'une entreprise conjointe SIDBEC-STELCO, justement dans la perspective d'une
aciérie axée sur les marchés extérieurs? Est-ce que
cela n'est pas une belle occasion de favoriser une entreprise conjointe?
M. SAINT-PIERRE: Oui. Dans votre question, finalement, il y a deux
étapes. La première étape touche la conviction que nous
pourrions avoir qu'une aciérie axée vers les marchés
extérieurs pourrait se réaliser au Québec et là,
nous pourrions nous-mêmes être divergents du gouvernement
fédéral et décider d'aller de l'avant. Une fois qu'on a
décidé cela, on peut se dire: Quels seront les partenaires? Et la
question qui se pose logiquement dans le moment est la suivante: Y a-t-il lieu,
pour nous, de modifier le capital-actions de SIDBEC pour lui permettre une plus
grande expansion? Si on parle de l'ampleur des projets qu'on envisage dans
l'aciérie, on atteint vite des sommes assez astronomiques de $1 milliard
ou de $2 mil- liards. Cela ressemble à la baie James. Est-ce qu'il y a
lieu peut-être de garder SIDBEC majoritairement entre les mains du
gouvernement, mais d'avoir un partenaire? Si c'est le cas, quel est le
partenaire qui peut nous apporter le plus? Est-ce que c'est une compagnie
canadienne comme STELCO-ALGOMA? Est-ce que cela pourrait être une
compagnie américaine qui détient déjà certains
droits au Québec et dans laquelle on voudrait faire une union de force,
tant au niveau minier qu'au niveau de la transformation? Est-ce que cela
pourrait être un groupe japonais qui pourrait amener ici une technologie
différente, des marchés différents? Ce sont des questions
qui sont étudiées dans le moment.
M. MORIN: Supposons que le ministre fédéral, qui n'est
plus M. Marchand, décide que cet investissement, finalement,
étant donné qu'il peut utiliser les richesses naturelles de
l'extérieur, serait peut-être mieux venu à Terre-Neuve
qu'au Québec. C'est une hypothèse de travail valable. Est-ce que
le Québec continuerait d'étudier la possibilité d'une
telle aciérie axée sur l'extérieur ou bien si, à ce
moment, le projet tomberait à l'eau?
M. SAINT-PIERRE: Non, je pense que le but de faire des études
parallèlement à celles entreprises par STELCO, c'est à la
fin, s'il y a une divergence, de venir à la conclusion que c'est
possible d'en avoir une axée vers les marchés extérieurs
établis au Québec. On pourrait aller de l'avant quand même.
On n'est pas lié du tout à la décision que le gouvernement
fédéral pourrait prendre.
M. MORIN: Vous dites que la matière première pourrait
venir de l'extérieur. En l'occurrence, d'où viendrait-elle?
M. SAINT-PIERRE: Des mêmes sources que dans le moment. Ce qui est
envisagé, c'est que le minerai vienne de Fire Lake, puisque après
les opérations de bouletage et de superconcentration, le minerai de Fire
Lake va bien s'adapter aux procédés qu'a retenus sur le plan
technique SIDBEC. Dans le moment, le minerai vient du Brésil et de la
Scandinavie. En fait, tout ce que je veux dire, c'est que l'on pourrait avoir
une aciérie dans les Maritimes. Ce sur quoi j'insiste, c'est que les
mines de fer du Québec ne sont pas un atout à 100 p.c. qui nous
oblige à envisager qu'il pourrait effectivement s'établir une
aciérie en Nouvelle-Ecosse, qui s'approvisionne comme SIDBEC le fait
dans le moment, de minerai de fer qui vienne du Brésil ou de la
Scandinavie.
M. MORIN: Oui. Est-ce qu'il n'y avait pas un projet au lac Albanel, au
Lac-Saint-Jean, auquel auraient pu être associés des Japonais?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: C'était aussi un projet d'aciérie, si ma
mémoire est bonne.
M. SAINT-PIERRE: L'étape envisagée est plutôt au
niveau de la mine et au niveau d'une opération de bouletage. Oui, ce
sont des projets qui sont en cours actuellement. Je sais qu'il y a eu des
discussions avec des groupes japonais. Les discussions ne touchent pas
tellement les partenaires possibles. Elles touchent beaucoup plus l'ampleur du
projet face à des marchés qui pourraient être plus
assurés et face à des commandes qui pourraient permettre de mieux
assurer le financement du projet.
M. MORIN: Bien. Peut-être pourrait-on passer maintenant à
la réforme des institutions paragouvernementales dont le ministre nous a
entretenus l'année dernière. Il avait souligné à ce
moment que la SGP pouvait, comme il le disait, aller à Cabano, donc sans
doute aider aux investissements de Cabano, bien que les risques fussent plus
grands qu'ailleurs, peut-être. Qu'est-ce qui est arrivé de ce
projet de la SGF à l'égard de Cabano?
M. SAINT-PIERRE: Dans une période où ses ressources
humaines ne lui permettaient pas d'examiner tous les projets qui pouvaient
venir, il a été jugé préférable de ne pas
impliquer la SGF dans le projet de Cabano. D'autant plus qu'à
l'époque les promoteurs de la Société populaire avaient
eux-mêmes trouvé d'autres partenaires possibles, le groupe
SIBETRA, le groupe Bruck Containers, et que finalement la SDI, qui avait
été mêlée au dossier avec le gouvernement
fédéral, de par sa charte, pouvait aller jusqu'à 30 p.c.
du capital-actions, de même que REXFOR. On avait donc déjà
suffisamment de partenaires gouvernementaux dans le projet de Cabano.
Depuis ce temps, on sait que ce projet a un peu avorté et que,
face à un mandat qui lui a été donné en août
dernier, le gouvernement a repris l'ensemble du dossier. Nous le continuons
dans le moment, mais nous prévoyons plutôt une participation de
nouveau de REXFOR et de SDI comme les deux organismes gouvernementaux dans ce
projet.
M. MORIN: Peut-être pourrons-nous revenir d'une façon plus
détaillée quand on étudiera les programmes sur Cabano. Je
voulais simplement poser cette question préliminaire. Relativement au
CRIQ, à l'époque, le ministre nous avait dit que la
période de rodage était terminée et qu'il faudrait
peut-être attendre une douzaine de mois pour réévaluer son
travail. Est-ce qu'aujourd'hui le ministre est en mesure de faire cette
réévaluation?
M. SAINT-PIERRE: Les événements se sont un peu
bousculés au CRIQ et effectivement, puisque le CRIQ était dans sa
période de formation, j'avais dit au directeur général de
l'époque, M. Michel Normandin, que finalement après deux ans
d'activité, il y avait peut-être lieu de s'arrêter et de
réexaminer exactement où on allait dans l'ensemble des choses. M.
Normandin est tombé malade en septembre dernier et le CRIQ a eu des
difficultés assez sérieuses au niveau administratif et au niveau
de la direction supérieure. En février dernier, il nous a fallu
nommer un nouveau directeur général, M. Claude Descoteaux. J'ai
tenu avec lui un langage semblable, à savoir la nécessité,
le plus rapidement possible, de bien savoir où on s'en va dans
l'ensemble des activités du CRIQ. Il est impliqué dans une
opération pompier, un peu, dans le moment, pour ne pas perdre les
ressources humaines qui avaient été recrutées au CRIQ et
pour ne pas perdre sa crédibilité vis-à-vis des
partenaires privés qui ont retenu les services du CRIQ. Mais nous nous
sommes entendus sur la nécessité de présenter au Conseil
du trésor et aux autorités du ministère un programme avec
ses priorités, ses objectifs, compte tenu, en particulier que la loi
constitutive du CRIQ prévoit quand même que c'est cette
année la dernière année où le versement des $5
millions sera fait. Alors, si le gouvernement doit verser annuellement des
sommes, je pense que c'est à la suite d'une étude en profondeur
du dossier du CRIQ qui sera soumis au cours de l'année budgétaire
actuelle, de telle sorte que le gouvernement pourrait prendre une
décision après.
M. MORIN: Alors, vous attendez, en somme, de vous faire une idée
sur la viabilité...
M. SAINT-PIERRE: Vu le changement du directeur général...
Pas tellement sur la viabilité comme sur l'orientation. Quel rôle
lui donne-ton? Comment assure-t-on le financement? Au début on avait
prévu qu'avec cinq versements de $5 millions, le CRIQ était pour
voler de ses propres ailes. Est-ce qu'il y a lieu de réviser cela?
Particulièrement si on examine des organismes semblables, l'Ontario
Research Foundation, pour prendre un cas d'espèce, a quand même un
appui du gouvernement de l'Ontario depuis 1928, si ma mémoire est
précise, et continue à avoir besoin d'un appui
gouvernemental.
M. MORIN: Le ministre, j'imagine, est toujours persuadé de
l'utilité de cet organisme.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: Je m'étonne un peu du peu de solidité de ces
structures après quatre ou cinq ans, maintenant.
M. SAINT-PIERRE: II faut se rappeler quand même que faire des
structures... On sait que c'est assez facile de voter des lois et des
structures, mais avant qu'on ne commence à recruter le personnel de
cadre, avant qu'on puisse établir la philosophie du groupe, qu'on
puisse faire démarrer des projets, surtout dans un organisme de
recherche, quatre ou cinq ans, ce n'est pas tellement long. Il y a
actuellement, quand même, un personnel de 200 personnes environ, il y a
des gens très spécialisés là-dedans; on est
impliqué dans la recherche. Ce n'est pas une activité de soutien
ou une activité de service, c'est beaucoup plus à long terme que
cela.
M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Les problèmes de changement de la direction ont
sûrement retardé l'examen qu'on voulait faire.
M. MORIN: Le ministre si ce n'est pas trop osé de lui
demander de prévoir l'avenir prévoit que si les choses se
déroulent normalement, le mandat va être reconduit?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que oui. Il peut y avoir peut-être des
changements dans la façon dont le gouvernement verse son argent.
Personnellement, j'ai trouvé intéressante l'approche qu'on a
retenue du gouvernement de l'Ontario après une expérience d'une
vingtaine d'années. En Ontario, les subventions gouvernementales
à l'organisme équivalent du CRIQ sont simplement un montant
égal à ce que le CRIQ peut obtenir de commandes du secteur
privé.
Je pense qu'il y a quelque chose d'intéressant. Autrement,
à donner $5 millions par année, c'est un peu ce qu'on constate
dans le moment, on peut presque faire comme de la recherche universitaire,
c'est-à-dire on va vivre indéfiniment sans se préoccuper
de l'objet de notre recherche. Lorsqu'on est obligé d'aller chercher des
commandes, est-ce qu'il n'y a pas une incitation intéressante sur le
calibre du travail qu'on fait, sur le dynamisme qu'on fait dans le secteur
privé? En fait, dans le moment, en Ontario, c'est un peu ça. On
donne, à l'Ontario Research Foundation, un montant égal aux
commandes que ceux-ci obtiennent du secteur privé.
M. MORIN: Jusqu'ici, dans le cas du CRIQ, il n'y a pas eu de commandite
de l'extérieur?
M. SAINT-PIERRE: II y en a eu quelques-unes, mais ce serait
réellement marginal. C'est parce que le CRIQ était entré
dans un programme là, aussi il faut se poser des questions
qui impliquait une participation aux redevances et qui impliquait certaines
redevances. Cela donnait des documents juridiques assez complexes, mais je ne
suis pas certain si c'était réellement une bonne formule à
retenir. Il y a toujours l'hésitation d'un inventeur d'avoir
l'impression de perdre tout son profit en faveur d'un organisme gouvernemental
qui serait bien assis pour recevoir... C'était quand même une
formule assez complexe parce qu'on pouvait avoir devant soi une invention qui
n'avait aucun mérite comme on pouvait avoir devant soi
l'équivalent de Xerox. Alors, c'est assez complexe de prévoir un
système de redevances.
M. MORIN: M. le Président, en ce qui concerne l'éducation
économique, le ministre avait, avec raison, mis l'accent
là-dessus l'année dernière. Il y avait un grand projet
pour sensibiliser la population aux indicateurs économiques, pour
vulgariser l'économie. Le ministre ajoutait ce à quoi je
me sentais tout à fait sympathique : "Pour que ce ne soit pas un
monde qui appartienne aux autres". Est-ce que le ministre pourrait nous dire
quels ont été les divers aspects du projet qui a
été mis en marche? Est-ce qu'il y a eu des résultats?
Est-ce que c'est probant?
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'il y a eu un effort du ministère sur
le plan de digérer des textes, de vulgariser des données
économiques. Je vous mentionne que ce sont des efforts modestes, mais ce
sont des efforts qui ont porté à la conférence de
décembre qui se veut un examen de la situation du Québec. On a
tenté de rendre ça plus à la portée des gens. En
particulier, on a distribué un million de copies vous vous
rappelez en décembre, dans les journaux de fin de semaine.
C'était vulgariser des données économiques. Entre-temps,
à la direction des communications, on a bâti un groupe qui se
spécialise en éducation économique, qui a tenté des
efforts avec le ministère de l'Education au niveau de ce qui peut se
faire à l'école, qui a fait une revue je pourrai le
distribuer aux députés membres de la commission, c'est un
document qui vient d'être produit, il y a quelques jours
d'ensemble de tout ce qui se fait au monde comme activités
économiques et comme initiatives des gouvernements pour sensibiliser les
populations. Dans le moment, nous sommes à préparer, pour le
Conseil du trésor c'est une des priorités de notre
ministère pour le budget de 1975/76, un élément de
programme sur l'éducation économique avec les objectifs, les
moyens d'action d'une certaine envergure, qui pourrait peut-être nous
coûter $1 million par année.
M. MORIN: Dans le cadre scolaire, cette fois?
M. SAINT-PIERRE: Non, dans le cadre très général,
scolaire, recyclage, information à la population en
général, organismes paragouver-nementaux qu'on pourrait doter
d'un certain montant d'argent et qui pourraient faire le travail
eux-mêmes par après.
M. MORIN: Bien. M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: En passant, je pense que ceux qui ont vu l'Annuaire du
Québec de cette année ont constaté qu'il y a une nette
amélioration par rapport à ce qui se faisait
antérieurement. On tente de rendre ça plus
intéressant pour les gens. Ce sont toujours des statistiques, mais je
pense qu'on tente de voir, par des cartes, par des illustrations, par des
graphiques, des tendances qui peut-être échappaient aux gens
auparavant.
M. MORIN: Abordant la rétrospective que nous traçait ce
matin le ministre de l'Industrie et du Commerce, il soulignait qu'en ce qui
concerne l'administration et les services auxiliaires, certains membres
je pense que ce sont des professionnels, si j'ai bien saisi le ministre
ont accepté des postes dans des entreprises qu'ils étaient
appelés à conseiller. Est-ce que c'est un phénomène
fréquent, assez, en tout cas, pour que le ministre le mentionne dans son
rapport?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que le ministère de l'Industrie et du
Commerce est plus exposé que les autres ministères du
gouvernement à perdre souvent des fonctionnaires; la
Société de développement industriel, l'Office de
crédit industriel, et le ministère lui-même l'ont
été aussi antérieurement. Il faut bien comprendre que nous
avons un nombre assez impressionnant de jeunes MBA, qui sont, disons, dans
notre secteur de l'aide à la petite et la moyenne entreprise. Lorsque
nous apportons une aide à une entreprise, je vais prendre des cas
d'espèce qui peuvent être situés à Sherbrooke
où il y a des problèmes financiers très grands, et que
notre type qui est à peine dans la trentaine apporte une aide valable
à l'entreprise et que finalement, la sort du pétrin,
établit un système de revient, souvent c'est la première
réaction de l'employeur. Comment le gouvernement te donne-t-il? On
ajoute $4,000 ou $5,000, on ajoute une voiture, puis on dit: Viens travailler
pour moi. Ce que je veux dire, c'est que l'on est peut-être plus
exposé que d'autres ministères nos gens étant
constamment en contact avec le secteur privé d'en perdre, comme
ça.
D'ailleurs, je suis certain qu'on retient des fonctionnaires non pas par
la rémunération, mais parce que je prends le secteur
sectoriel, le secteur de la recherche les gens ont l'impression, avec
moins d'argent, d'étudier peut-être des problèmes à
un niveau que, dans le secteur privé, on ne leur confierait pas.
M. MORIN: D'avoir une vision plus large des choses.
M. SAINT-PIERRE: Plus large des choses, oui.
M. MORIN: Je vois que vous servez un peu de bureau de placement. Je ne
proteste pas d'ailleurs, mais j'aimerais savoir combien de fonctionnaires
ç'a pu toucher, par exemple, au cours de l'année
dernière?
M. SAINT-PIERRE: On pourrait peut-être faire, je ne l'ai pas, le
total, mais je vais le faire sortir au niveau des professionnels, combien de
professionnels auraient quitté le ministère depuis les douze
derniers mois.
M. MORIN: Bien.
M. SAINT-PIERRE: Une dizaine dans les postes de commande.
M. MORIN: Ah bon!
M. SAINT-PIERRE: Mais on veut faire retenir le chiffre pour tous ceux
qui sont classés professionnels en montant.
M. MORIN: C'est un effectif de...
M. SAINT-PIERRE: De 1,200 et quelque...
M. MORIN: De 1,266 cette année. J'ai entendu le ministre nous
dire, dans sa rétrospective, qu'en ce qui concerne la recherche et la
planification, on avait abordé l'étude du fardeau fiscal des
entreprises, mais il n'a pas spécifié, du moins je ne l'ai pas en
mémoire, de quelles entreprises il s'agit en particulier.
M. SAINT-PIERRE: Alors, c'est une étude qui peut-être tout
simplement pour fournir des armes, tentait de faire une comparaison entre le
fardeau fiscal d'une entreprise manufacturière, à sa
première année d'activité et pour les cinq années
subséquentes, entre une implantation au Québec dans les
principales régions, une implantation chez nos principaux concurrents,
l'Ontario, le nord-est américain et des choses semblables.
L'étude devrait être complétée d'ici quatre
semaines. L'idée, c'est simplement que parfois, on voit des articles de
journaux ou des gens nous dire: Les taxes sont plus lourdes au Québec.
C'était pour faire une étude en profondeur et voir jusqu'à
quel point c'est vrai, en prenant non pas uniquement le taux d'imposition de la
taxe des compagnies, qui est de 12 p.c. au Québec comme en Ontario, mais
en prenant l'ensemble du fardeau fiscal.
M. MORIN: Oui. Est-ce que cela a porté sur certains types
d'entreprises?
M. SAINT-PIERRE: Non, l'entreprise manufacturière. En plus de
cela, il y a eu une étude, qui a démarré depuis quelque
temps et qui d'ailleurs avait eu son point de départ au groupe
économique, sur les entreprises minières et les entreprises
pétrolières. Elle touchait dans une large mesure un examen de ce
qui se passait dans d'autres pays, un examen de ce que cela donnait, afin de
savoir où étaient réellement les échappatoires.
Est-ce que c'était sur les frais d'exploration qui n'étaient pas
en proportion avec les ventes réalisées ici? Il y a eu une
étude qui a été mise en marche également dans cela
et
qui implique le ministère du Revenu et, le ministère des
Institutions financières...
M. MORIN: Les Finances aussi, j'imagine. M. SAINT-PIERRE: Les Finances.
M. MORIN: Et le vôtre. Bon.
M. SAINT-PIERRE: Et les Richesses naturelles.
M. MORIN: C'est sans doute l'étude dont nous avons parlé
aux crédits du ministère du Revenu...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: ... étude portant sur le fardeau fiscal
québécois des entreprises pétrolières?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela. M. MORIN: Bien.
M. SAINT-PIERRE: L'autre, celle dont on parle jusqu'ici, c'est
plutôt pour alimenter notre fusil dans les efforts de promotion
industrielle.
M. MORIN: Ah oui! J'ai compris.
En ce qui concerne le fardeau fiscal des entreprises
pétrolières établies au Québec, est-ce que le
ministre a pu personnellement se pencher sur ce dossier?
M. SAINT-PIERRE: J'ai simplement plutôt posé des questions.
Par un arrêté en conseil, on a modifié récemment
tout cela. Apparemment, on perdait des revenus, on était obligé
de le faire. C'est d'ailleurs à la suite de cette réunion que le
comité en question a démarré. Il semblait que,
d'après les gens du Revenu, il fallait passer un arrêté en
conseil, sans cela on risquait de perdre des taxes, parce qu'il y avait un
certain vide dans la réglementation suite à la législation
fiscale. On a posé quelques questions et c'est à la suite de ces
questions que le comité a démarré.
M. MORIN: Vous ne savez pas quand il doit faire rapport?
M. SAINT-PIERRE: Le comité va le plus vite possible. Le groupe
économique va le reprendre en main. Un groupe économique
élargi va sûrement demander un programme de travail.
M. MORIN: Le ministre est au courant du fait que ces compagnies, au
cours des derniers exercices financiers, n'avaient même pas payé
$4 millions de taxes sur des revenus excédant largement $400
millions?
M. SAINT-PIERRE: Oui, je suis au courant.
M. MORIN: Enfin, le problème est à l'étude.
En 1974/75, le ministre nous dit que l'accent va être mis sur les
petites et moyennes entreprises, surtout en ce qui concerne leurs exportations,
mais est-ce qu'il pourrait nous donner plus de détails sur les
instruments qu'il compte mettre en oeuvre pour arriver à cet
objectif?
M. SAINT-PIERRE: On pourrait peut-être le voir dans les
détails, lorsqu'on discutera deux directions, en particulier la
direction des petites et moyennes entreprises et également tous les
services internationaux. Je l'ai dit dans mon texte ce matin. Lorsque dans
l'espace de quatre ans, par des expositions où on tente de
pénétrer des marchés étrangers, on est passé
je l'avais dans le texte ce matin de 20 à 200. Dans une
large mesure, celles qu'on a invitées, ce sont les petites et moyennes
entreprises.
J'envoyais encore aujourd'hui des lettres pour inviter des petites et
moyennes entreprises ici même à Québec, à une
réunion, à la fin de mai, dans laquelle on va tenter de faire des
groupements d'intérêts au niveau des petites entreprises pour
stimuler leurs exportations. Je pense que cela a été un effort
soutenu dans ceci. Je l'avais dit ce matin. En 1970, on avait tenu quatre
expositions, à l'étranger, de groupes et en 1973, l'an dernier,
nous en avons eu 26. Je m'excuse, en 1970, nous avions 26 exposants et, l'an
dernier, nous avions 124 exposants et industriels québécois. Nous
continuons de l'augmenter et, dans une large mesure, c'est la petite entreprise
qui est invitée dans ces cas.
M. MORIN: Est-ce que le ministre a songé à utiliser un
système de crédits import-export pour favoriser justement les
exportations de ces entreprises?
M. SAINT-PIERRE: II y a déjà un programme du gouvernement
fédéral qui aide énormément les entreprises
québécoises, même les petites entreprises. Dès qu'il
s'agit d'exportations qui ne touchent pas l'Amérique du Nord et
dès qu'il s'agit de ventes impliquant plus de $1 million, on garantit le
paiement ou on fait certaines avances de financement. Nous-mêmes, nous
tentons de mettre au point des programmes complémentaires, soit des
programmes qui toucheraient des exportations aux Etats-Unis, qui ne sont pas
couvertes par la loi fédérale ou soit des programmes qui
devanceraient ce qui est fait par le gouvernement fédéral. Je
donne un exemple.
Je sais que le gouvernement fédéral ne commence le
financement qu'au moment de la livraison du produit. Il y aurait
peut-être pour nous un terrain intéressant à exploiter. Il
y aurait lieu de donner le financement dès que la commande est
placée jusqu'au moment où le produit est livré.
Une petite entreprise, qui, tout à coup, a un carnet de commandes
très grand, pourrait, grâce
à cela, financer l'achat d'inventaires, l'achat de fonds de
roulement pour lui permettre de démarrer.
Essentiellement, dans le moment donc, pour la question que vous
soulevez, nos délégués régionaux, nos programmes
d'exportation, les programmes de sous-traitance, les programmes de la SDI, nos
cours et cliniques, les consortiums que nous tentons de former à
l'exportation sont autant de mesures qui visent les objectifs que vous avez
mentionnés.
M. MORIN: M. le Président, dans le discours inaugural, on nous a
dit que l'Assemblée aurait l'occasion de prendre connaissance de mesures
administratives je cite "qui viseront à répondre
à certaines priorités en matière de développement
économique, tel un programme d'aide à l'exportation". Est-ce que
c'est bien de cela qu'il s'agit?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN : Mais le ministre en parle comme si c'était quelque
chose qui était très lointain, très brumeux encore. Ce
n'est pas un projet précis, alors?
M. SAINT-PIERRE: Au contraire. Je me reprends encore une fois, je
m'excuse, quand je vous dis qu'en 1970 on avait 26 exposants et que l'an
dernier on en avait 125, ce que je veux vous dire, c'est que cette
année, on continue d'augmenter. On attache de plus en plus d'importance
à cela. La récente rencontre avec nos conseillers industriels
nous a permis de clarifier l'importance qu'on accordait à attirer de
nouveaux investissements en vue de pénétrer de nouveaux
marchés pour nos entreprises. C'est une question d'intensification.
M. MORIN: Je comprends le ministre; quand il dit: aide à
l'exportation, il ne pense pas spécifiquement à un crédit
import-export...
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: ... il pense aussi bien aux expositions industrielles à
l'étranger...
M. SAINT-PIERRE: Aux missions...
M. MORIN: ... tout ce qui peut faire connaître...
M. SAINT-PIERRE: ... tout ce qui peut faire... Je pense bien que je
réalise que le crédit import-export je l'avais
déjà lu ailleurs vous savez, ce n'est pas essentiellement,
il faut bien voir cela, la panacée à toute la
pénétration de notre exportation. Je ne pense pas, d'ailleurs,
que ce soit le principal problème dans le moment. C'est beaucoup plus de
sensibiliser nos gens à ce qu'on a à offrir à un prix
concurrentiel. C'est de sensibiliser nos hommes d'affaires, ici, au potentiel
qu'offrent des marchés nouveaux qui ne sont pas nécessairement
l'Amérique du Nord. C'est d'être capable de leur donner un support
technique et un support financier pour exposer leurs produits à des
expositions.
M. MORIN: Oui, mais le ministre reconnaît lui-même que, dans
le cas de petites entreprises qui peuvent avoir des difficultés
d'emprunt, par exemple, l'idée d'un crédit à l'exportation
entre le moment où la commande est donnée et le moment où
la marchandise est livrée, peut être la différence entre le
succès ou l'échec.
Est-ce que le ministre en parle comme d'une chose qu'il serait bon de
réaliser éventuellement, ou bien d'un projet spécifique
précis?
M. SAINT-PIERRE: La SDI, en fait, examine l'ensemble de cette question,
un genre de crédit rotatif, un crédit bancaire rotatif garanti
par des stocks et des comptes à recevoir étrangers ou des
commandes qui ont été fermes, qui ont été
placées par des clients étrangers, un crédit qui viendrait
s'ajouter à la marche normale des crédits, et qui ne
dérangerait pas ce que reçoivent les entreprises. Cela se ferait
par la SDI. Encore une fois, cela ne m'apparaft pas l'élément
clef pour accroître l'exportation de nos petites entreprises, et de
loin.
M. MORIN: Je ne voudrais pas anticiper sur le programme 3,
élément 2, M. le Président, mais puisque nous parlons de
ce sujet, en ce qui concerne le programme existant qui s'occupe de promouvoir,
de favoriser les exportations, celui qu'on appelle expansion des
marchés, j'ai cru remarquer qu'on diminue de 12 p.c. les crédits
bruts; ceux-ci passent donc de plus de $1 million en 1973/74 à $894,000
en 1974/75.
M. SAINT-PIERRE: C'est peut-être une question de détails
qu'on pourrait reprendre plus tard. C'est une question de transfert. On le
reprendra, si vous voulez.
M. MORIN: Bon, d'accord!
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas une diminution d'emphase, au contraire,
c'est une question de dépenses de transfert.
M. MORIN: De transfert?
M. SAINT-PIERRE: Dépenses de transfert.
M. MORIN: Nous y reviendrons.
Pour ce qui est de l'infrastructure d'accueil, M. le Président,
est-ce que le ministre pourrait nous donner plus de détails sur le
projet PICA? En particulier, je ne crois pas qu'il nous ait dit, ce matin, qui
va administrer ce projet. Est-ce que c'est Québec ou est-ce que c'est
Ottawa?
M. SAINT-PIERRE: Dans tout ce qui touche
les effets d'entraînement de l'aéroport Mirabel, il y a
deux concepts qui avaient été étudiés, un par le
ministère, qu'on appelle PICA et un d'un concept plus global qu'on
appelle le TDM qui impliquerait des activités de fabrication, des
activités de distribution et des activités de transfert entre le
fret aérien, une zone franc de douane et autres semblables.
Dans le moment, ceci a été retenu comme un dossier moteur
dans le cas de l'entente Canada-Québec et le dossier TDM aurait
impliqué un parc aéroportuaire avec une société
à créer qui aurait eu la responsabilité d'unifier ces
concepts d'administration du parc, de manutention du fret aérien, de
distribution et d'interaction avec d'autres modes de transport.
Les exemples à travers le monde de pareilles
sociétés impliquent quand même des types de
sociétés mixtes et, bien qu'il n'y ait aucun scheme qui ait
été retenu, on avait prévu une participation des
compagnies aériennes impliquées dans le fret aérien et du
gouvernement du Québec et du gouvernement d'Ottawa.
Dans le moment, les discussions portent également sur le
transfert des terrains puisque nous avons eu, du gouvernement
fédéral, la permission de planifier des travaux d'infrastructure.
Un des sujets de discussion dans le moment est à la fois la
société de gestion qui pourrait administrer l'ensemble, non
seulement l'administration d'un parc industriel, mais sa promotion à
l'étranger et également l'administration de la manutention du
fret aérien dans l'ensemble des lignes avec les compagnies qui seraient
établies dans le parc, pour, par la suite, être acheminé
comme produit fini ailleurs et, également, le transfert à
d'autres zones de transport, d'autres mécanismes de transport
vis-à-vis de la région de Montréal.
Dans le moment, ceci est en discussion. Quel type de
société allons-nous avoir, privée ou publique? Comment se
retrouve la participation du gouvernement dans tout ceci? Mais nous ne pouvions
pas attendre de risquer de manquer le bateau. Nous avons entrepris des travaux
de planification et d'infrastructure de l'aspect du parc industriel
lui-même et nous poursuivons des discussions avec le gouvernement
fédéral pour le transfert des terrains à la nouvelle
société à être formée, puisque dans le moment
le gouvernement fédéral est propriétaire des terrains.
M. MORIN: Et la nouvelle société serait formée au
Québec...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: ... ou au niveau fédéral?
M. SAINT-PIERRE: Cela serait une société mixte avec une
charte québécoise; fort probablement une société
mixte où le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial se retrouveraient actionnaires avec possiblement quel- qu'un du
secteur privé. En particulier, à cause de l'importance du fret
aérien, on pourrait retrouver des sociétés, non seulement
Air Canada, mais toutes les sociétés qui sont impliquées
dans le fret aérien à Montréal.
M. MORIN: Mais, ultimement, cette société
relèverait de la compétence du Québec ou de celle
d'Ottawa? Je parle d'une société d'aviation civile. Si j'ai bien
compris, il s'agit d'une société qui exploiterait un parc
industriel aéroportuaire.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Donc, à première vue, cela semble relever de la
compétence québécoise.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que oui. En fait, les terrains appartiennent
au gouvernement fédéral dans le moment, mais si on règle
le problème des terrains et l'aspect du fret aérien cela a
quand même des fonctions industrielles je pense que cela pourrait
relever du gouvernement du Québec. Cela peut même relever de deux
juridictions, à savoir que si l'actionnaire québécois a 30
p.c. des parts, l'actionnaire du gouvernement fédéral a 30 p.c.
et le secteur privé a 40 p.c., chaque ministre responsable... Je pense
qu'il est possible d'avoir des efforts conjoints.
M. MORIN: Je vous suggère que cela permettrait peut-être
à l'occasion, advenant des difficultés aux compagnies, de jouer
un gouvernement contre l'autre. Je ne sais pas si cela serait la meilleure
solution en l'occurence. Est-ce que le ministre est sensibilisé à
cet aspect de compétence...
M. SAINT-PIERRE: Très.
M. MORIN: ... parce qu'il a l'air de le prendre comme étant un
point tout à fait secondaire. Je n'ai pas l'impression que cela le
préoccupe outre mesure.
M. SAINT-PIERRE: Je vise à assurer le maximum de retombées
pour l'aéroport de Mirabel. Je ne voudrais pas, entre-temps, comme dit
l'expression, "tomber par terre à cause des fleurs dans le tapis". Je
réalise qu'il y a des problèmes de constitution dans cela.
M. MORIN: Quelques-uns, oui. J'en ai l'impression. Il y a aussi des
problèmes de pouvoir.
M. SAINT-PIERRE: Rapatrier du terrain d'Ottawa, il me semble qu'on ne
peut pas...
M. MORIN: II vous en a pris tellement que ce que vous pourriez
rapatrier, j'ai l'impression que ce serait marginal, en l'occurrence, si on
compare à Pickering. Pour ce qui est de...
M. SAINT-PIERRE: C'est un des avantages uniques en Amérique du
Nord. Le principal point" de promotion, c'est que l'aéroport de Mirabel
dispose d'espaces de terrain les plus grands de tous les aéroports
internationaux.
M. MORIN: Je ne connais pas beaucoup de pays qui se seraient
laissé amputer comme cela. Mais, c'est une autre affaire. C'est un autre
débat qu'on pourra reprendre dans d'autres endroits. M. le
Président, pour ce qui est, maintenant, des conseils et de l'aide au
secteur industriel comme la construction, le ministre nous a dit que son
ministère n'était pas insensible à la pénurie des
matériaux. Je le veux bien. Dans quelle mesure n'est-il pas insensible?
Qu'est-ce qu'il a fait? Qu'est-ce qu'il entend faire dans ce domaine?
M. SAINT-PIERRE: Dans un premier temps, il y a eu quand même de
grandes études qui ont pu être faites pour déterminer les
déséquilibres les plus flagrants entre l'offre et la demande face
à une reprise économique qui a son côté, qui veut
dire qu'on étire un peu les lignes d'approvisionnement habituel.
Deuxièmement, dans une large mesure, au cours de l'année qui
s'est écoulée, je pense que les fonctionnaires de ce service ont
eu à répondre à des cas d'espèce, à des
appels, c'est-à-dire à des fabricants dans le secteur des
plastiques, à plusieurs pénuries. Nos fonctionnaires ont
tenté de trouver des sources d'approvisionnement, alors que les sources
courantes ou les sources connues de ces gens ne semblaient pas être
capables de faire face à la demande. Je pense que mon sous-ministre est
intervenu à plusieurs reprises pour le secteur des imprimeries. Nous
sommes venus dans le secteur de la construction. Je suis intervenu
moi-même pour une société bien canadienne-française,
la Société Lord et Fils, qui à cause d'une grève et
à cause de quotas, ne se retrouvait pas avec des approvisionnements. On
exerce des pressions morales et autres pour trouver des approvisionnements
à des entreprises. Mais ce sont des cas d'espèce où
souvent ce sont les fonctionnaires ou, d'autres fois, c'est nous-mêmes
qui intervenons.
Il y a eu des problèmes, évidemment, des situations
mondiales dans le secteur de l'acier, dans le secteur du ciment qui...
M. MORIN: J'allais vous parler justement du secteur de l'acier. Est-ce
que votre ministère est intervenu dans celui-là?
M. SAINT-PIERRE: On est intervenu, particulièrement auprès
de SIDBEC, lorsqu'il y a eu des cas qui nous semblaient particulièrement
épineux. On a eu l'exemple de nouveaux investissements qui avaient
besoin de petites quantités d'acier, mais qui n'avaient aucun quota,
puisque ce n'étaient pas des investissements qui existaient avant. On
est intervenu auprès de SIDBEC pour lui faire comprendre d'essayer, pour
telle compagnie qui était établie à Granby dans un secteur
intéressant, qui avait besoin de petites quantités d'acier, mais
qui n'avait pas de quota, de lui en donner. Nos interventions ont
été dans des cas d'exception quand même, bien que le
malaise ait été assez généralisé, non
seulement au Québec, mais partout ailleurs.
M. MORIN: Oui. M. le Président, en ce qui concerne l'aide
à la petite et à la moyenne entreprise, permettez-moi de revenir
un moment là-dessus, sur un point de détail. Parmi le grand
nombre d'interventions qui ont été faites par le ministère
en 1973/74, il y en a eu cinq qui étaient des cas d'intervention pour
favoriser les fusions. Est-ce que le ministre pourrait nous dire de quelles
sociétés il s'agissait en l'occurrence?
M. SAINT-PIERRE: En général, c'est surtout dans les
secteurs traditionnels où les problèmes de productivité
sont les plus aigus, les problèmes d'économie d'échelle.
Nous sommes intervenus dans cinq grands secteurs, vous les avez nommés.
Il y a le secteur de la boulangerie, le secteur du meuble, le secteur de la
chaussure, le secteur pharmaceutique il en manque un le lait
également. On y avait participé avec le ministère de
l'Agriculture dans la formation de Québec-Lait, au départ. Il y a
eu l'aide de la SDI qui a été apportée à
Québec-Lait dans le regroupement des entreprises de transformation en
alimentation.
M. MORIN: Pour ce qui est des boulangeries, chacun sait qu'elles ont eu
passablement de difficultés depuis quelque temps. Est-ce qu'il y a eu de
nombreux regroupements, de nombreuses fusions?
M. SAINT-PIERRE: II y en a eu quelques-unes, mais comme ce sont toujours
des entreprises familiales avec des structures très divergentes, avec
des personnalités assez fortes, la formule qu'on suit dans le moment et
qui semble donner le plus de résultats est de tenter des regroupements
sur le plan régional, sur le plan de la rationalité de leur
production. C'est-à-dire qu'au lieu que chaque boulanger dans le
Saguenay soit obligé, une fois par semaine, de faire des petits pains
à "hot-dog", des pains à "hamburger", on s'est entendu, on leur a
montré les économies qui pourraient en résulter si un seul
d'entre eux faisait cela pour tout le monde. La même chose au niveau des
achats, on tente de faire des regroupements d'achats. Encore une fois, la
rencontre que nous avons à la fin du mois tente d'amplifier ces types de
regroupements, de groupements d'entreprises sur le plan du financement de
l'approvisionnement, du réseau de distribution,
M. MORIN: Je vois. Parmi les 1,873 interventions que vous avez
effectuées en 1973/74,
est-ce que celles-ci ont été effectuées par des
fonctionnaires uniquement ou si vous avez eu des sous-traitants?
M. SAINT-PIERRE: En général, elles sont effectuées
par des fonctionnaires pour le premier contact. Mais si le problème,
dans une entreprise donnée c'est un problème de
génie industriel ou un problème de marketing demande des
services plus spécialisés, et on pourrait sortir des chiffres, je
les ignore de mémoire, à l'occasion on va passer des commandes
auprès de firmes spécialisées dans ce secteur-là.
S'il y a un problème de personnel, s'il y a un problème dans un
secteur donné, on invite trois ou quatre firmes à nous
préparer une offre de service et une de ces firmes est retenue et fait
le travail. En général, on donne une large part dans le choix de
la firme à l'entreprise qui est aidée. A l'occasion, l'entreprise
va contribuer à une partie des dépenses que ceci a
occasionné, notre contribution s'échelonnant entre 50 p.c. et 75
p.c.
M. MORIN: Je serais très intéressé à avoir
la liste de ces sous-traitants, si le ministre voulait bien nous la
communiquer?
M. SAINT-PIERRE: Je ne l'ai jamais vue moi-même. Si vous voulez,
on peut essayer de la faire dresser, pour la petite et la moyenne entreprises
dans le secteur de...
M. MORIN: Oui. Seulement dans le secteur de la petite et de la moyenne
entreprises et seulement les sous-traitants, bien sûr. Je ne veux pas la
liste entière de toutes vos interventions, mais là où il y
a eu des sous-traitants.
M. SAINT-PIERRE: Je ne l'ai jamais vue, mais on peut essayer de le
faire.
M. MORIN: Peut-être que cela intéressera aussi le ministre.
M. le Président, si on abordait maintenant, rapidement, les
pêcheries maritimes. En 1973, il y a eu, nous a dit le ministre, relance
de la construction grâce à un certain nombre de subventions.
Est-ce que le ministre peut nous dire quel genre de navires de pêche a
été subventionné de la sorte?
M. SAINT-PIERRE: Dans les pêcheries, j'ai besoin de mon expert. Un
instant.
M. MORIN: Nous allons lui donner tout le temps de venir.
M. SAINT-PIERRE: Plus haut qu'une truite de douze pouces, je m'y perds.
Vous vouliez savoir quelle sorte de navires nous avons
subventionnés?
M. MORIN: Oui. M. le Président, si le fonctionnaire veut parler,
je suis tout à fait prêt à ce que ça passe sous le
nom du ministre dans les Débats.
M. SAINT-PIERRE: Voulez-vous parler, M. Morin, de l'année 1973/74
ou du programme qui est au budget de la présente année?
M. MORIN: Ma question portait sur 1973/74, mais sentez-vous bien libre,
si vous voulez répondre pleinement à la question, si vous voulez
remonter en arrière, faites-le.
M. SAINT-PIERRE: Pour 1973/74, la construction a été assez
limitée en raison d'un gel fédéral des subventions qui a
duré trois mois, 93 jours effectivement, l'an dernier. Puisqu'on
voulait, à ce moment-là, faire une réflexion sur les
stocks, premièrement, puis sur l'effort de pêche, essayer de faire
une coordination au niveau général, plus particulièrement
dans le golfe Saint-Laurent, ou le Québec et les provinces Maritimes,
c'est une ressource commune, alors, on s'est rendu compte à un moment
donné que, par la baisse des stocks, il y avait les causes
réelles de ça et, deuxièmement, l'effort de pêche
était devenu trop intense. En conclusion, après 93 jours, on a
levé ce gel des subventions, autorisé la construction de navires
de pêche, mais avec des restrictions. Il ne faut pas que la flotte de
pêche grossisse, qu'il y ait un gain net, c'est-à-dire qu'on
autorise le remplacement des unités désuètes. Toutefois,
il y a une exception, les bateaux de 60 pieds et moins de longueur; pour
ceux-là, on estime qu'ils ne sont pas très dommageables à
l'espèce, ce sont à peu près les moins dommageables parce
que leur capacité de capture est limitée, les engins de
pêche étant plus petits et tout ça. De ce
côté-là, il y a plus qu'une tolérance, en somme on
s'est ouvert largement.
M. MORIN: Est-ce qu'il y a eu des bateaux, de très gros navires,
du style usine flottante? Je sais qu'il y a eu une expérience dans le
passé de ce style. Est-ce que vous pourriez me donner des détails
là-dessus?
M. SAINT-PIERRE: C'est-à-dire des usines flottantes, jamais au
Québec, non. Nous n'en avons jamais eu au Québec. Il en est
question peut-être dans l'avenir, je vous l'annonce comme projet, c'est
très préliminaire, pour les besoins du détroit de
Belle-Isle et les possibilités d'aller pêcher à
l'extérieur du détroit de Belle-Isle, dans les zones. Enfin tout
ça est relié en somme à la conférence sur les
droits de la mer.
M. MORIN: Les zones de pêche...
M. SAINT-PIERRE: Oui, les zones de pêche régie par l'ICNAF,
du côté est de l'Atlantique, mais pour nous, nos bateaux de
pêche ne sortent pas encore du golfe.
M. MORIN: C'est-à-dire qu'ils ne sortent pas de la région
4?
M. SAINT-PIERRE: La région 4. A la sortie, c'est la région
2-J, la région de l'ICNAF, et nous
tombons de 2 jusqu'à 7 à l'extérieur du
côté terre-neuvien. L'an dernier, comme précision, nous
avons fait compléter la construction de deux navires. Les plus grosses
unités chez nous sont de 132 pieds. Ce sont des bateaux d'acier de 132
pieds de quille. Nous en avons présentement deux de 132 pieds en
construction. Nous en avons un en acier de 65 pieds en construction et nous
avons cinq autres bateaux de bois de 65 pieds et 60 pieds.
M. MORIN: Est-ce que ça répond aux demandes qui vous sont
faites par les pêcheurs intéressés?
M. SAINT-PIERRE: Présentement, nous répondons à la
demande. Encore là, nous subissons l'effet du gel des subventions de
l'été dernier, du fédéral. Il y a un gros
déblocage, présentement, et nous avons un carnet de commandes qui
dépasse notre capacité de les satisfaire, même la
capacité financière de répondre aux besoins des
demandeurs.
Parce que, sans prendre d'expansion à la flotte, tout de
même, il y a une tolérance dans les endroits où c'est
sous-exploité, il y a une tolérance. Nous avons fait quelques
gains au Québec et, par contre, le nombre de chantiers maritimes
étant assez limité... Présentement, il y a sept bateaux en
construction dans l'immédiat, avec une relève d'autant dès
qu'on pourra les lancer.
M. MORIN: Si je vous ai bien compris, le financement des subventions est
toujours fédéral.
M. SAINT-PIERRE: Pardon, il y a une subvention fédérale
qui se tient au niveau de 35 p.c. actuellement du coût brut. Le
Québec, dans son programme d'entente Canada-Québec, ajoute une
subvention de l'ordre de 10 p.c.
M. MORIN: Je vois. En sorte que le gel des subventions
fédérales entraîne automatiquement le gel des subventions
québécoises. Pour ce qui est des bateaux de pêche, M. le
Président, je pense que je ne veux pas aller plus loin, à moins
que le ministre veuille ajouter quelque chose. Je voulais simplement ajouter
quelques détails sur les subventions. Peut-être pourrons-nous y
revenir à l'occasion d'un crédit particulier. Pour ce qui est
maintenant de la sélection de procédé d'épuration
des eaux, je pense que c'est encore à vous que s'adresse cette question.
Est-ce qu'est envisagée une intervention pour la reconstruction de
l'usine de Gaspé?
M. SAINT-PIERRE: L'usine de Gaspé, c'est une usine de
Pêcheurs unis, une usine privée, Pêcheurs unis qui
exploitaient une usine à Sandy Beach et une autre à
Rivière-au-Renard. Alors, il faut presque les opposer pour
dégager un raisonnement. Rivière-au-Renard est immense et
très moderne. A Gaspé, actuellement, plus
précisément à Sandy Beach, on faisait une exploitation
qui, de plus en plus, s'amenuisait, c'est-à-dire qu'on ne voulait pas
chevaucher la nature de la production. Exemple, Sandy Beach ne faisait à
peu près plus le traitement, si vous voulez, de la morue, du
sébaste et des espèces de fond. On prenait des poissons
pélagiques tels le hareng et le maquereau. On se spécialisait de
ce côté-là. Parce que, d'une part, l'usine de
Rivière-au-Renard était sous-alimentée et nous autres,
dans les projets du ministère, étant donné que nous
faisons de la centralisation, Rivière-au-Renard et Sandy Beach
appartenant désormais à une même ville et n'étant
qu'à une distance de 18 milles, on n'a pas vu l'à-propos de mener
deux installations, c'est-à-dire traitement des eaux... En somme, des
infrastructures élaborées. Nous faisons porter l'effort financier
du côté de Rivière-au-Renard. Les Pêcheurs unis sont
bien au courant de cela. D'ailleurs, depuis l'incendie de la fin de la semaine
dernière, j'ai déjà communiqué avec le directeur
général à quelques reprises. Ils veulent reconstruire,
mais une usine qui soit mieux appropriée à leurs besoins, soit le
traitement du hareng et du maquereau, ce qui ne suppose pas des besoins de
traitement d'eau très élaborés.
M. MORIN: C'est parfait, merci beaucoup. Il y aurait peut-être une
dernière question. Cela touche effectivement d'assez près les
pêcheries maritimes et ce n'est pas sans intérêt pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Il y a quelques années, les eaux territoriales étaient de
trois milles, ensuite il y a une zone de pêche de neuf milles
additionnels, ensuite on est passé à des eaux territoriales de
douze milles. Il est maintenant question d'une zone économique, elle a
divers noms. Quelquefois on l'appelle aussi la mer patrimoniale, dans les pays
latino-américains. Ailleurs, on l'a appelée la zone nationale.
Enfin, peu importe le nom, il est question d'une zone qui s'étendrait
au-dessus du plateau continental, quelquefois jusqu'à 200 milles, voire
même au-delà dans le cas des grands bancs. Quelle est l'attitude
du gouvernement québécois? Est-ce que vous avez eu des contacts
avec le gouvernement fédéral au sujet de l'étendue des
zones de pêche réservées aux nationaux?
M. SAINT-PIERRE: C'est encore un phénomène de gestation.
D'abord, tout ce projet est piloté par le ministère
fédéral de l'Environnement. Il va se dérouler une
troisième conférence sur les droits de la mer, au mois de juin.
Elle commencera à Caracas, au Vénézuéla et elle va
durer six bons mois.
L'attitude canadienne est celle-ci: c'est la gestion, si on veut, des
ressources halieutiques, autant du côté du Pacifique que de
l'Atlantique. Chez nous, au Québec, il y a eu un déplacement des
gens du fédéral. C'est une cause que nous épousons,
puisqu'elle nous favorise nécessairement par extension. Si le
Canada peut administrer son plateau continental, nécessairement,
les provinces productrices de poisson seront les premières servies. S'il
y a des stocks excédentaires, des permis seront délivrés
à certaines nations.
M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Ils seront contingentés.
M. MORIN: Oui, évidemment, l'espace qui nous intéresse le
plus au Québec, c'est le golfe Saint-Laurent. C'est dans l'estuaire du
fleuve et dans le golfe Saint-Laurent, j'imagine, que nos pêcheurs sont
les plus actifs quoique, tout à l'heure, vous m'aviez dit qu'ils
sortaient sur le banc Bradelle.
M. SAINT-PIERRE: Le banc Bradelle est à l'intérieur du
golfe.
M. MORIN: II est à l'intérieur du golfe comme le banc de
l'Orphelin. Nos pêcheurs vont-ils à l'occasion sur les grands
bancs?
M. SAINT-PIERRE: Je dirais que les grands bancs ne sont pas
fréquentés.
M. MORIN: Autrement dit, en gros, nos pêcheurs se tiennent
à l'intérieur du golfe?
M. SAINT-PIERRE: Oui, à l'intérieur du golfe, parce que,
jusqu'à maintenant, il faut retenir ceci: Le golfe produit,
jusqu'à maintenant, 60 p.c. du volume des captures de toutes les
pêches de l'Atlantique. C'est un incubateur de poissons...
M.MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: ... quoiqu'il tend à se détériorer
par les barrages. Je regrette de dire cela. C'est extraordinaire. On a 142
milliards de mètres cubes d'eau douce qui sont retenus dans le barrage
Manicouagan et cela influence drôlement la vie du fretin dans le golfe.
C'est un phénomène. C'est la rançon du progrès.
M. MORIN: Cela, et la pollution emmenée par le fleuve, la
pollution chimique, la pollution...
M. SAINT-PIERRE: On n'en souffre pas dans le golfe actuellement.
M. MORIN: La masse d'eau est suffisamment considérable.
Vous savez que le golfe Saint-Laurent a été
transformé, depuis un an ou deux, en une zone de pêche adjacente
qui est réservée exclusivement aux pêcheurs canadiens.
Comment est-ce que la répartition de l'espace se fait entre les
pêcheurs québécois et les pêcheurs des autres
provinces? Je sais que, pour le plateau continental, mais cela ne relève
pas de votre minis- tère, M. le ministre, cela pose de graves
problèmes pour la répartition du sous-sol marin. Est-ce que, dans
les pêcheries, il a été plus facile de s'entendre avec les
autres provinces? Je sais que c'est de compétence
fédérale. Cela ne doit pas aider.
M. SAINT-PIERRE: C'est comme on dit au fédéral: II y a des
eaux canadiennes et des pêcheurs canadiens. Je crois que l'accommodement
s'est fait à partir de la capacité de pêche des bateaux. En
somme, c'est un pâturage commun où chaque province est
limitée, si vous voulez, par la dimension de ses bateaux. Il y a un
seuil de rentabilité qu'on atteint seulement si on peut pêcher
à une certaine distance des rives de la province limitrophe.
Jusqu'à maintenant, on s'est assez bien accomodé de ce
phénomène. Après, on a établi des zones de
pêche. Par exemple, il y a eu de ces zones de pêche, on peut dire
le homard, qui sont zonées. Le Québec a dégagé ce
qu'il voulait avoir, ce qui l'intéressait, le Nouveau-Brunswick et
chaque province de même et personne ne piétine les bandes des
autres. Nous avons la pêche du pétoncle qui est sous ce
régime, le régime de zones établies. Nous essayons
actuellement de faire déterminer des zones territoriales pour la
pêche de la crevette, à mesure que les besoins se posent sur la
pêche d'espèces nouvelles.
Il n'est pas faux de dire que, jusqu'à présent, il n'y a
pas eu de problèmes sur ce plan. On ne peut pas dire non plus qu'il n'y
a pas eu d'accrochage majeur, ni absolument rien. Il arrivera ceci: Un
chalutier de 65 pieds de quille et plus est censé, aux termes des lois,
pêcher à douze milles des rives, c'est-à-dire à
l'extérieur. Il y a une tolérance réciproque au niveau des
provinces. Par contre, on ne tolérera pas qu'un chalutier d'une autre
province pénètre à l'intérieur d'une zone de douze
milles. Terre-Neuve, je dirais, est très sensible à cela.
M. MORIN: Vous savez que les pêcheurs américains ont,
depuis un traité de 1818, le droit de la liberté de pêche
dans le golfe Saint-Laurent, au moins sur certaines côtes, et autour des
Iles-de-la-Madeleine. Est-ce que cela pose un problème pour les
pêcheurs québécois?
M. SAINT-PIERRE: Non, cela n'a pas de signification. D'ailleurs, c'est
en vertu d'un droit historique, un peu comme la France, le Portugal et
l'Espagne. C'est un "phasing-out". On en sort graduellement.
M. MORIN: Je ne voudrais pas vous contredire. Dans le cas de la France,
elle a accepté le "phasing-out" mais les Américains ne l'ont pas
accepté.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais les Américains n'y trouvent plus leur
intérêt. C'est assez peu de chose. C'est négligeable.
M. MORIN: En sorte que les chalutiers américains qu'on voyait
racler les fonds de pêche il y a quelques années, on ne les voit
plus. Mais, c'était un problème assez considérable surtout
au Nouveau-Brunswick, à cette époque, il y a quelques
années.
J'en ai fini des pêcheries maritimes. On pourrait peut-être
passer...
LE PRESIDENT (M. Brisson): On constate qu'il est six heures et la
commission suspend ses travaux à huit heures.
M. MORIN: A huit heures ou à 8 h 15? 8 h 15 est plus
coutumier...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Disons 20 h 15.
M. MORIN: ... histoire de favoriser la digestion.
M. CADIEUX: M. le Président, tantôt j'ai mentionné
que le député Léger remplaçait le
député Lessard et nous n'avons pas vu ni le député
Léger, ni le député Lessard.
M. MORIN: Oui, mais je voudrais bien qu'il soit compris que ces
changements ont lieu pour le cas où M. Léger pourrait se
libérer et venir...
M. CADIEUX: Tout de même, je ne voudrais pas qu'au journal des
Débats on pense que M. Léger était ici alors qu'il n'y
était pas.
M. MORIN: Par vos bons soins, cela sera...
M. CADIEUX: C'est parce que nous savons qu'il surveille nos
présences.
M. MORIN: Oui, surtout à l'Assemblée nationale.
M. CADIEUX: C'est votre statisticien.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission suspend ses travaux à 20
h 15.
(Suspension de la séance à 18 h)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. BRISSON (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
Nous avons quorum et la parole est au député de
Sauvé, M. Morin.
M. MORIN: M. le Président, pouvons-nous aborder maintenant les
négociations de l'accord général sur les tarifs et le
commerce, mieux connu sous le nom de GATT? Le ministre pourrait-il nous dire,
pour commencer, quels sont les principaux secteurs industriels auxquels le
Québec s'intéresse à l'heure actuelle dans ses
préparatifs pour les négociations?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense qu'autant il est
difficile de s'entendre à l'occasion avec le gouvernement
fédéral, autant, lorsqu'on implique tous les gouvernements des
pays industrialisés, on ne peut pas dicter soi-même la ligne de
conduite qu'on va suivre. Alors, le Québec a fait, je pense, une analyse
détaillée des positions prises à la fois par le bloc
européen, par le Japon, par les Etats-Unis. Nous avons tenté de
déduire de ceci l'évolution normale, je devrais dire, des
négociations du GATT, c'est-à-dire quelle pourrait être la
tendance des conclusions auxquelles on arriverait. Essentiellement, non
seulement on a parlé de baisser les barrières tarifaires, on a
également parlé d'abolir des barrières non tarifaires.
Le Québec voit dans les négociations du GATT une chance
unique de permettre une évolution dans nos secteurs plus traditionnels,
qui seront assurément encore plus touchés par les
négociations par une baisse de tarif, alors que les protections
actuelles sont quand même assez minimes, et en même temps, un
élargissement pour un pays qui a un marché quand même
très restreint au point de vue de la population nous n'avons
qu'un marché de 20 millions d'habitants une possibilité de
pénétrer des marchés nouveaux.
Nous avons préparé certains textes. Nous sommes
constamment avec le gouvernement fédéral. Essentiellement notre
philosophie est de tenter de prévoir les coûts, de ménager
les programmes qui pourraient nous assurer que des changements abrupts de tarif
pourraient être compensés par des programmes particuliers du
gouvernement fédéral visant à venir en aide à ces
secteurs particulièrement affectés. Nous sommes également
en accord avec une philosophie intéressante du gouvernement
fédéral qui relie le traitement qui est fait par des pays
étrangers à nos richesses naturelles, par rapport aux
barrières tarifaires qu'on pourrait avoir dans les produits
manufacturés.
C'est-à-dire que le gouvernement fédéral y voit des
accords bilatéraux entre marchés économiques selon
lesquels autant les gens ont besoin de nos richesses naturelles, autant nos
produits manufacturés pourraient pénétrer leurs
marchés et vice versa. C'est une conception par niveau
d'intégration qui nous plaît. Les secteurs qu'il nous faut
surveiller de près, c'est tout ce qui touche l'agriculture, les
textiles, les dérivés du bois, le secteur des mines, encore
là, dans le contexte d'une revalorisation des richesses naturelles. Il
est peut-être prématuré, M. le Président, de donner
une politique claire et précise. Le grand avantage que nous avons par
rapport aux dernières négociations du Kennedy Round, c'est
qu'à chacune des étapes, nous avons été
associés d'assez près à l'élaboration des
politiques canadiennes. Nous avons pu poser des questions, nous avons pu voir
ce qui s'en venait dans certains secteurs et, en particulier, les secteurs qui,
d'après nous, seront les plus affectés, qu'il sera possible
et c'est l'intention du gouvernement fédéral de
mettre sur pied des programmes particuliers qui vont viser à faire des
périodes de transition qui vont permettre à ces secteurs un
certain recyclage.
M. MORIN: Dans le passé, on ne peut pas dire que le pouvoir
fédéral ait porté beaucoup d'attention aux
intérêts du Québec lorsqu'il s'agissait de lever des
barrières tarifaires ou des contingentements.
M. SAINT-PIERRE: De toute façon, on pourrait dire aussi que, dans
le passé, le gouvernement de la province ne s'est pas suffisamment
intéressé, indépendamment du Parti libéral ou de
l'Union Nationale, à ces questions fort importantes.
M. MORIN: C'est lié aussi à l'effort d'exportation du
Québec. C'est évident qu'à une époque où le
Québec exportait peu, il était mal placé pour juger de ces
questions. Il se rendait compte plus tard qu'en fait, cela l'affectait sur le
plan de ses importations. Sous quelle forme et à quel rythme se font les
négociations entre Québec et Ottawa au cours des derniers
mois?
M. SAINT-PIERRE: Le principe que nous avons fait admettre, c'est le fait
que les provinces ne pouvaient pas être une forme quelconque de
"lobbying", comme c'était le cas de certains groupes sectoriels ou
certains groupes de pression.
Il y a un comité qui regroupe le gouvernement
fédéral et les gouvernements de chacune des provinces.
Maintenant, la question est assez complexe; donc, il y a une foule de
sous-comités par secteur qui ont des réunions de plus en plus
fréquentes. Et, comme le soulignait le sous-ministre, ce qui est
peut-être encore plus important, ce sont des contacts personnels qui se
font presque d'une façon hebdomadaire sur certains points particuliers
qui semblent mériter une attention spéciale de la part de notre
gouvernement.
M. MORIN: J'imagine qu'il doit arriver que les intérêts du
Québec sont à l'occasion en conflit avec ceux d'autres
régions du Canada. Qu'êtes-vous en mesure de faire dans ces
cas?
M. SAINT-PIERRE: Pas nécessairement, puisqu'il faut bien admettre
que la puissance industrialisée, dans le sens d'une industrie secondaire
du Canada je ne voudrais pas être cité à
à peu près 80 p.c, 85 p.c, se retrouve dans l'Ontario et dans le
Québec. A l'intérieur de ces deux provinces, on serait, toutes
mesures prises, assez affecté. Le problème est peut-être
beaucoup plus global que ça. Je pense que c'est beaucoup plus, de la
part de chacun des niveaux de gouvernement, une perspicacité à
deviner les répercussions possibles et à prévoir quelle
pourrait être l'orientation des mesures prises. Il n'y a pas que des
conflits réels; de dire que le fédéral veut vendre du
blé au détriment du textile, ce n'est pas aussi simple que
ça, ou ce n'est pas aussi simpliste que ça.
M. MORIN: Est-ce que vous avez des contacts directs avec le
secrétariat du GATT? Autrement dit, vous passez toujours...
M. SAINT-PIERRE: Non. Il faut s'entendre, nous n'en avons pas
directement, il faut passer par le gouvernement fédéral.
Cependant, nos délégués à l'étranger, il y
en a quelques-uns dans les endroits stratégiques comme Bruxelles, nous
donnent quand même une espèce d'espionnage industriel, si je peux
employer l'expression, concernant des points de vue exprimés par
d'autres blocs économiques et nous disent quelles sont les
stratégies, ce qui oppose l'Europe aux Etats-Unis, quelles sont les
chances de succès de l'un vis-à-vis de l'autre. Et ça, on
l'obtient indépendamment du gouvernement fédéral.
M. MORIN: II n'y a pas si longtemps, il y a quelques années
à peine, si ma mémoire est bonne, c'était sous le
gouvernement Diefen-baker, le ministre fédéral de l'Industrie et
du Commerce ne savait même pas que le GATT existait, encore moins le
marché commun à l'époque.
Il y a eu un certain progrès de fait depuis cette
époque-là, à ce que je puis juger. Est-ce que vous aurez
un représentant direct à la délégation
canadienne?
M. SAINT-PIERRE: Encore une fois, ce n'est pas ce qui nous
préoccupe le plus parce que ces négociations-là se font
d'une façon quand même assez ouverte. Et, pour autant qu'on puisse
anticiper les prises de position, qu'on puisse les influencer, la participation
directe ne nous paraît pas d'un avantage stratégique tellement
grand, d'autant plus qu'entre les provinces cela pourrait constamment causer
des problèmes, à savoir les provinces plus petites
réclamant... C'est impossible de penser qu'à Tokyo, dans les
négociations du GATT, on
va retrouver une délégation canadienne de 45 ou 50
personnes. Dans le secteur de l'éducation, on fait cela, mais...
M. MORIN: Vous n'avez même pas songé à demander
d'avoir un représentant à...
M. SAINT-PIERRE: Cela ne nous a pas semblé un point important;
cela pourrait l'être pour le ministère des Affaires
intergouvernementales, mais pour nous, c'était plus important de
participer aux études de base et suivre l'évolution de ce
dossier-là.
M. MORIN: Pourtant, l'expérience du passé aurait pu vous
amener à être peut-être un peu plus méfiant.
M. SAINT-PIERRE: Dans quel sens?
M. MORIN: En ce sens que dans le Kennedy Round et dans le Dulles Round
auparavant, les intérêts du Québec ne sont pas
passés particulièrement au premier plan des préoccupations
fédérales.
M. SAINT-PIERRE: Mais, est-ce que c'est parce qu'à cause de
l'absence de ressources, le Québec n'appréciait pas l'importance
de ce qui se passait? Je ne pense pas que ce soit la présence physique
qui soit terriblement importante. Il ne faudrait jamais confondre contenant et
contenu. On en a eu l'exemple dans d'autres secteurs. La ligne Borden, on l'a
relevée et ce n'est pas parce que le Québec n'a pas eu l'occasion
de faire valoir son point de vue, parce que personne ne l'a fait, ni les
éditorialistes, ni le pouvoir politique, ni les fonctionnaires,
personne.
M. MORIN: La ligne Borden aujourd'hui inclut le Québec et tout
l'est du pays; c'est simplement cela que je...
M. SAINT-PIERRE: C'est que lorsqu'on l'a établie, il n'y a
personne au Québec qui a semblé voir, incluant le ministre du
temps, l'importance de cette mesure-là sur le plan
économique.
M. MORIN : Je crois que la ville de Montréal était
intervenue pour protester mais le gouvernement était effectivement
resté silencieux. Mais, M. le ministre, là-dessus je ne sais pas,
je me permets une observation, vous la prendrez comme vous voudrez. J'ai
l'impression que vous pourriez peut-être insister pour avoir au moins un
observateur lors des négociations; autrement, vous aurez peut-être
des surprises désagréables au bout du compte. Enfin, une simple
suggestion dont vous ferez ce que vous voudrez. Le ministre n'est pas inquiet
des pressions exercées par le gouvernement américain pour
réviser l'entente sur l'automobile.
M. SAINT-PIERRE : II n'y a pas de pression dans le moment. Les pressions
étaient plus fortes il y a un an et demi, deux ans.
Pour être très direct à votre question, je pense que
le gouvernement de l'Ontario et le gouvernement du Canada auraient
peut-être plus d'inquiétude à avoir. Nous-mêmes, cela
ne nous affecte pas tellement. Le seul point que nous avons surveillé
dans les révisions de l'accord de l'automobile, c'est ce qui touche les
pièces de rechange et le marché d'après-vente où,
là, le Québec pourrait être affecté.
M. MORIN: Du fait que la motoneige a quelque peu agacé les
Américains, à l'époque de la grande production, vous ne
prévoyez pas de pression?
M. SAINT-PIERRE: II n'y en a aucune dans le moment.
M. MORIN: Si j'ai insisté là-dessus, M. le ministre, c'est
parce que toute cette question me parait extrêmement importante pour le
Québec. Nous avons et vous le savez une des
économies les plus ouvertes au monde et la GATT peut avoir sur elle un
effet tout à fait percutant. Pour peu qu'on fasse une erreur de
stratégie dans ce domaine, cela peut avoir des conséquences
difficiles à calculer.
M. SAINT-PIERRE: Pour l'intérêt des membres de la
commission, nous avons préparé un document préliminaire.
J'insiste sur les négociations du GATT. Si cela vous intéresse,
il a une vingtaine de pages, on peut le déposer demain.
M. MORIN: Et de l'attitude du Québec?
M. SAINT-PIERRE: C'est un document préliminaire qui
débroussaille un peu les points importants et ceux qui le sont moins. Je
le déposerai demain. On le fera venir.
M. MORIN: Bon, peut-être pourrons-nous y revenir par la suite au
programme 1, justement, si vous le voulez bien?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Parfait. Est-ce qu'on pourrait peut-être, toujours dans
le contexte d'un débat très général, parler du
programme DISC. C'est un programme américain qui, vous le savez,
lève les taxes sur les exportations. Je ne sais pas si le ministre est
de mon avis, mais ce programme, à mon avis, va à l'encontre des
obligations des Etats-Unis en vertu des accords du GATT. C'est un pratique
discriminatoire. J'aimerais bien entendre ce que le ministre a à dire
là-dessus. Cela fausse le jeu de la concurrence internationale. Je
voudrais savoir dans quelle mesure le Québec vous paraît
touché par ces mesures et quelle est l'attitude du gouvernement.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que, dans les négociations du GATT, ce
sera sûrement un des
éléments soulevés, ce sera la même chose que
les variations de la politique financière américaine, d'une
façon unilatérale, du 15 août 1971. Ce seront des exemples
concrets par lesquels on dira aux Etats-Unis: Etant les plus forts dans le jeu,
vous en avez modifié les règles quand cela vous a semblé
bon. En dehors de cela, peut-être faudrait-il dire qu'autant le programme
visait à freiner les investissements américains dans des pays
étrangers, de concentrer cela pour un emploi aux Etats-Unis, autant,
finalement, il y a d'autres facteurs qui sont plus importants dans le moment,
et qui jouent d'une façon peut-être plus importante... Un
problème intérieur aux Etats-Unis, une crise de
l'énergie... De plus en plus, on se rend compte que l'exemple des
Japonais en est la preuve ce ne sont pas des barrières tarifaires
de 15 p.c. ou de 10 p.c. ou ce ne sont pas des exemptions fiscales qui,
nécessairement, modifient la distribution des centres de production.
Sur le plan DISC, il y a des études qui ont été
faites pour montrer ce que cela a pu donner, mais quand même les
investissements américains ont continué de se faire. On a eu,
à la suite d'une amélioration de notre création d'emplois
et autres facteurs, non pas une certaine crise de nationalisme, mais des
visées propres à freiner l'investissement américain.
Encore une fois, il y a d'autres facteurs qui sont survenus entre-temps.
M. MORIN: Ce que je voudrais demander de façon plus
particulière au ministre, c'était le sens de ma question: Est-ce
que son ministère a étudié les effets du programme DISC
sur les exportations américaines au Québec? Parce que ce sont des
pratiques qui sont assez voisines du dumping, cela.
M. SAINT-PIERRE: A ma connaissance, pas spécifiquement, mais je
vais vérifier. Il n'y a pas eu d'étude spécifique, mais
encore une fois, l'évaluation des fluctuations dans les exportations
américaines au Canada n'indique pas de raisons de craindre une certaine
anomalie. En d'autres termes, il n'y a aucun feu rouge qui s'est allumé
pour dire: Voici un problème inquiétant.
M. MORIN: J'imagine que, s'il y avait certaines industries
québécoises qui étaient touchées, le
ministère n'hésiterait pas à intervenir, au besoin,
auprès du tribunal antidumping. Est-ce que le gouvernement est
déjà intervenu auprès de ce tribunal pour faire valoir les
droits de certaines industries ou les intérêts de certaines
industries?
M. SAINT-PIERRE: Non...
M. MORIN: Jamais? Vous laissez cela aux industries
elles-mêmes?
On ne me fera pas croire qu'il n'y a pas des cas de dumping au
Québec quand même. Il doit y en avoir au détriment des
industries québécoises.
M. SAINT-PIERRE: Les seuls cas que nous avons à l'esprit sont
dans le textile où il y avait quand même plusieurs comités
conjoints avec le gouvernement fédéral et où les cas de
dumping ont quand même été modifiés par une
réglementation différente au niveau du gouvernement
fédéral. Il y a un certain quota d'importations qui en fixait les
quantités permises.
M. MORIN: Avec l'accord du pays exportateur?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. MORIN: Ce sont des accords de restriction...
M. SAINT-PIERRE: Avec l'accord des provinces et de l'industrie comme
étant une des façons de permettre aux consommateurs de
bénéficier d'importations étrangères à bas
prix sans affecter, de façon dangereuse, la production locale dans le
secteur des textiles.
M. MORIN: C'était peut-être sur décision du tribunal
antidumping ou par mesure unilatérale?
M. SAINT-PIERRE: C'est par mesure unilatérale.
M. MORIN: Par décret?
M. SAINT-PIERRE: Nous ne sommes pas intervenus et, dans le cas du
gouvernement fédéral, je pense que cela a été une
décision unilatérale. Il y avait quand même une
réaction face à une croissance très grande des
importations des textiles au Canada, particulièrement des pays
asiatiques et où le fédéral a établi des quotas
d'importation qui fixaient la quantité maximale d'importation, laissant
ainsi, par rapport à la demande, une part au marché local.
M. MORIN: Et dans le domaine de la chaussure, particulièrement en
provenance d'Italie ou d'Espagne? Je pense à la chaussure italienne,
à la chaussure espagnole.
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas eu d'intervention à ce niveau.
M. MORIN: Mais est-ce que c'est un problème que votre
ministère suit?
M. SAINT-PIERRE: La chaussure, oui. Avec le gouvernement
fédéral, c'est un des secteurs qu'on suit de plus près
à cause de la situation dans laquelle l'industrie de la chaussure se
trouvait. Mais les problèmes de l'industrie de la chaussure ne se
situaient pas au niveau du dumping. Il y avait des causes plus fondamenta-
les sur lesquelles nous nous sommes attaqués pour corriger la
situation. Mais, il ne s'agissait pas fondamentalement de problèmes de
dumping. Il y avait beaucoup plus de problèmes de design, de
qualité, de coût, etc. qu'il n'y avait des problèmes de
dumping.
M. MORIN: Est-ce que vous laissez cette question du dumping
entièrement au gouvernement fédéral ou si vous avez des
fonctionnaires qui suivent ces questions de près?
M. SAINT-PIERRE: Non, dans l'ensemble du groupe sectoriel, c'est la
mission même de ces gens que de suivre constamment les industries qui
sont dans un secteur donné et dès qu'il y a un problème
apparent, il est acheminé à la direction du ministère.
Dans les rencontres quand même assez fréquentes que nous avons
avec le gouvernement fédéral, ce sont des points qui sont
soulevés.
M. MORIN: II n'y a jamais eu de cas de dumping au Québec?
M. SAINT-PIERRE: Je ne dis pas qu'il n'y a jamais eu de cas de dumping.
Il n'y en a pas eu en dehors des cas mentionnés, notamment celui du
textile; il n'y a pas eu de griefs formulés par les entreprises
québécoises.
M. CADIEUX: M. le Président, je pourrais peut-être ajouter
que j'ai déjà eu de la correspondance dans les cas de dumping,
et, à titre personnel, ou à titre de représentant
provincial, j'ai dirigé ces demandes au gouvernement
fédéral. Les réponses ont été tout de
même en général assez satisfaisantes. Mais c'était
à titre personnel, comme représentant provincial d'un
comté qui a des problèmes avec le textile ou des questions de
dumping aussi.
M. MORIN: Est-ce que le député a eu à aller devant
le tribunal antidumping ou bien cela s'est-il réglé
autrement?
M. CADIEUX: Cela s'est réglé autrement. Je n'ai pas
comparu devant le tribunal.
M. MORIN: Bon. M. le Président, quant à moi, je suis
prêt à examiner le programme 1.
Gestion interne et soutien
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, pas d'autres questions sur les
généralités? Programme 1: Gestion interne et soutien.
Elément 1: Direction et soutien administratif du ministère.
M. CADIEUX: Adopté. M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. Elément 2 : Soutien
technique du ministère.
M. CADIEUX: Adopté. M. MORIN: Adopté.
Recherche économique
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 2, crédit à voter:
$851,400.
M. MORIN: Au sujet du programme 2...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Recherche économique.
M. MORIN: ... qui porte sur la recherche économique, je
désirerais demander au ministre ce qui suit; L'an dernier, M.
Saint-Pierre parlait d'une étude en cours sur les investissements
étrangers. Est-ce que cette étude est terminée? Quelles
sont les principales constatations qui ont été faites à la
suite de cette étude?
M. SAINT-PIERRE: Les fonctionnaires, relativement au programme 2, ont
été impliqués d'une façon substantielle dans la
préparation de plusieurs des chapitres de l'étude que nous avons
mentionnée cette après-midi, c'est-à-dire une étude
dont la rédaction finale revenait à M. Marier, du Conseil
exécutif, et qui était faite sous l'égide du groupe
économique. Les chapitres préparés par les fonctionnaires
ont été effectivement terminés.
M. MORIN: Elle est terminée maintenant.
M. SAINT-PIERRE: Mais elle fait partie d'une étude. Il y aurait
certains aspects particuliers à l'industrie manufacturière, par
certaines des données que nous avions, que nos gens avaient
préparés.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si cette
étude sera publiée éventuellement?
M. SAINT-PIERRE: Je suis certain qu'elle sera publiée.
M. MORIN: Est-ce qu'il a une idée de l'époque? Non?
M. SAINT-PIERRE: J'imagine, enfin si je suis optimiste, d'ici un mois,
deux mois au plus.
M. MORIN: Deux mois au plus? De même, vous annonciez une
étude sur l'utilisation possible des achats publics comme instrument de
politique économique. Cette étude, si je ne m'abuse, est promise
depuis 1971. Où est-ce que cela en est?
M. SAINT-PIERRE: On a complété une étude assez
détaillée de certaines caractéristiques des achats
publics; nous avons pris trois cas d'espèce: une commission scolaire, un
hôpi-
tal et le gouvernement, à la fois dans des dépenses
d'immobilisation comme dans des dépenses de fonctionnement.
Les résultats de ces études nous ont donné
certaines conclusions. Je dois dire un petit peut à regret qu'on n'a pas
pu articler ça dans une politique complète, bien qu'on ait
déjà commencé à l'utiliser, par exemple, ce qu'on
discutait à l'Assemblée nationale cet après-midi pour les
autobus Mann.
M. MORIN: Le dossier Mann.
M. SAINT-PIERRE: C'est un dossier parfait pour ça, on l'examine
dans le moment dans d'autres cas pour les camions, mais effectivement ce qui
s'est dégagé de cela, c'est que c'est peut-être la
meilleure formule à utiliser pour que les achats du secteur public
provoquent une activité économique accrue, c'est par le biais de
normes et ce qu'on n'a pas réussi... Je dois dire que
parallèlement à ça, il y a des choses qui sont faites.
L'Association des hôpitaux de la province de Québec, à
l'incitation du ministre des Affaires sociales, a examiné les achats en
volume, car ça c'était une des conclusions qui ressortaient de
l'étude. Pour avoir une certaine influence et une certaine importance,
il fallait absolument passer par un mécanisme d'achat en volume, soit au
niveau des commissions scolaires, soit au niveau des hôpitaux.
Et on sait qu'au niveau des hôpitaux, on a déjà
commencé à le prendre. Ce qu'il faudrait c'est un dossier
qui est un peu en retard chez nous c'est de revoir dans le secteur
hospitalier quelles sont les pièces d'équipement qui sautent le
plus aux yeux, où nous pourrions utiliser un achat en volume pour
provoquer l'implantation industrielle.
Je dois dire quand même que depuis les résultats de cette
étude, au service général des achats, on attache une
importance un peu particulière au volume des achats du gouvernement
vis-à-vis des implantations industrielles. A Hydro-Québec, de la
même façon, nous avons eu plusieurs discussions au cours des douze
derniers mois, par exemple, récemment dans le cas des isolateurs,
après discussion HydroQuébec a devancé ses commandes pour
permettre de maintenir un niveau d'emploi chez CEGELEC, etc.
Au cours de la prochaine année, nous allons sûrement rendre
public le rapport qui nous avait été préparé sur la
politique d'achat, de même qu'un rapport plus poussé de
fonctionnaires sous certains aspects.
M. MORIN: Le rapport lui-même sera-t-il publié ou cette
étude?
M. SAINT-PIERRE: Oui. M. MORIN: Le moment? M. SAINT-PIERRE: D'ici deux
mois.
M. MORIN: D'ici deux mois également. Bon. Où en est rendue
maintenant l'étude sur les sources d'épargne au Québec?
C'est-à-dire l'étude sur les comptes nationaux dont il a
été question au cours de la dernière campagne
électorale.
Je crois que vous en avez parlé dans votre discours ce matin.
Vous en aviez parlé l'an dernier pour dire que l'étude avait
été amorcée et, ce matin, vous nous avez dit qu'on
préparait, je crois, un nouveau rapport, si ma mémoire est
bonne.
M. SAINT-PIERRE: Oui, il existe depuis mai 1973 un comité entre,
d'une part, Statistique Canada et, d'autre part, les différentes
provinces. Ce comité, qu'on appelle jusqu'ici comité sur les
comptes économiques provinciaux, vise à nous donner des
statistiques régionales de certaines des données statistiques
qu'on retrouve produites par Statistique Canada, ce qui permettrait aux
gouvernements provinciaux d'obtenir beaucoup plus d'informations valables sur,
à la fois le modèle économétrique, et sur certaines
des statistiques fondamentales dans les provinces.
Le comité a pour but de développer des données
comparables c'est bien important pour toutes les provinces et
nous ne pourrons publier le document avant, bien sûr, que le
comité ait complété son mandat. Nous prévoyons que
ceci sera fait vers la fin de 1974, ou au tout début de 1975. En
d'autres termes, il s'agit de concilier des données, être bien
certain qu'on additionne des carottes avec des carottes et des pommes avec des
pommes.
En particulier, ce qui est peut-être le plus intéressant,
pour la première fois, à la demande des provinces, c'est
d'obtenir de Statistique Canada, dans plusieurs de ses publications, des
données régionales de certains phénomènes que,
jusqu'ici, on avait uniquement sur le plan national. Je mentionne d'ailleurs,
et je suis certain que le député de Sauvé est au courant,
que même des données aussi simples que l'inflation dans le moment,
nous ne les avons pas sur une base provinciale. Elles sont pour certaines
villes...
M. MORIN: Ou régionales.
M. SAINT-PIERRE: ... ou même régionales. Nous les avons
pour la région de Montréal, nous ignorons le
phénomène pour l'ensemble de la province.
M. MORIN: Puis-je poser la même question pour ce qui est de
l'étude sur la balance des paiements du Québec?
M. SAINT-PIERRE: Dans le cas de la balance des paiements, nous avions
complété une étude interne, mais encore une fois, pour la
nécessité de la compatibilité, l'étude, à la
fois de l'épargne et à la fois de la balance des
paiements, se retrouve dans le mandat de ce même comité des
comptes nationaux.
M. MORIN: Est-ce que les conclusions sur la balance des paiements vont
accompagner les autres conclusions du comité?
M. SAINT-PIERRE: Oui. C'est cela.
M. MORIN: Donc, on peut compter avoir cela avant l'étude des
prochains crédits.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: On peut vraiment compter dessus.
M. SAINT-PIERRE: Oui, vraiment.
M. MORIN: Le ministre se doute que cela nous intéresse au plus
haut point.
M. SAINT-PIERRE: J'en suis convaincu.
M. MORIN: Nous avons déjà d'ailleurs quelques chiffres et
nous aimerions pouvoir les examiner plus tranquillement avec le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Si j'ai un conseil à vous donner, à la
prochaine campagne électorale, je ne prendrais pas un thème
économique. Il me semble que vous êtes mieux dans d'autres
secteurs.
M. MORIN: M. le Président, nous jugerons selon les
circonstances.
M. MARCHAND: La population a jugé.
M. MORIN: Je m'étonne, chez des députés
intelligents, puisqu'ils font partie de cette commission, de trouver des points
de vue, des attitudes à si courte vue. Quand il ne s'agit pas de faire
des démonstrations difficiles pour convaincre les gens d'eux-mêmes
et pour les persuader à long terme, pour faire de l'éducation
économique à long terme, je suis sûr que le
député...
M. MARCHAND: On comprend très bien que, pour vous, ce soit
très difficile.
M. MORIN: Oui. Je ne sais pas s'il avait compris la nature du
débat.
M. DEOM: Vous avez essayé, pendant la dernière campagne,
avec votre budget...
M. CADIEUX: Je vous mets au défi d'essayer de poser toutes ces
questions sans les documents que vous avez devant vous; vous ne comprenez rien
en économie.
M. MARCHAND: ... d'ailleurs depuis le début de la commission.
M. MORIN: Je pense que les interventions de certains
députés sont tout à fait déplacées, M. le
Président, et il est évident...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Tout allait bien, alors finissons bien.
M. MORIN: ... que le ministre, sans ses fonctionnaires et sans ses
papiers, est tout aussi impuissant que je pourrais l'être sans les miens.
Il est évident que c'est le genre de métier où il faut
s'embarrasser de papiers. Je crois que le député n'en ferait pas
autant. Il en serait probablement incapable.
M. CADIEUX: On est assez embarrassé par vous.
M. MORIN: C'est un compliment qu'on me fait, M. le Président.
C'est un véritable compliment.
M. CADIEUX: Vous aimez qu'on vous dise que vous êtes
embarrassant?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 2, accepté?
M. MORIN: Attendez un instant.
M. CADIEUX: C'est assez dans la recherche, d'accord?
M. MORIN: Oui, je pense qu'on peut peut-être passer à
l'adoption du programme 2.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Programme 3: Orientation et
développement de l'industrie secondaire. Elément 1: Prospection
de l'investissement.
Orientation et développement de l'industrie
secondaire
M. MORIN: Est-ce qu'on peut peut-être procéder en vrac pour
les différentes questions du programme 3, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Prendre cela globalement?
M. MORIN: Oui, globalement. Ce sera peut-être plus simple.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'accord.
M. MORIN: Merci.
Parlons d'abord, si vous le voulez bien, des missions commerciales
à l'étranger. Le ministre nous a appris ce matin que le bureau de
Tokyo avait été ouvert, nous le savions. Est-ce qu'il est
possible de savoir si le Québec compte avoir un bureau commercial au
Brésil? Est-ce que ce projet a abouti? Est-ce que le bureau est
ouvert?
M. SAINT-PIERRE: Durant la présente année
budgétaire, il n'y a pas de nouveau bureau prévu. Mais il est
vrai que les deux endroits qui retiendraient notre attention dans le moment
seraient, d'une part, l'Amérique latine et, d'autre part, le
Moyen-Orient.
Il n'y en a pas de prévu dans l'exercice budgétaire, mais
il n'est pas impossible que des démarches préliminaires soient
entreprises pour mieux cerner les avantages que pourrait offrir un bureau, soit
au Brésil, soit dans d'autres pays.
M. MORIN: Bien. En ce qui concerne la recherche des investissements
étrangers, j'essayais d'expliquer ce matin au ministre qu'il se trouvait
devant le dilemme d'avoir à quêter ses investissements ou
favoriser l'expansion des entreprises québécoises. Nous
déployons d'énormes ressources, littéralement, à
courir des concurrents pour les emmener ici quelquefois créer des
difficultés à nos propres entreprises. L'Opposition pense qu'il
faudrait plutôt, au contraire, faire tout ce qu'il est possible de faire
pour que les entreprises québécoises débouchent sur les
marchés internationaux. Je voudrais poser quelques questions, dans ce
cadre, sur le rapport Fantus. Tout d'abord, M. le ministre, est-ce que vous
pourriez nous dire combien cette étude a coûté
jusqu'à maintenant?
M. SAINT-PIERRE: L'étude Fantus s'est faite en plusieurs phases,
la première phase nous a coûté $50,000. Pour les deux
premières phases, à ce jour, nous avons à peu près
$100,000 de dépensés; lorsque ce sera complètement
terminé, ça nous coûtera environ $150,000. Mais je le dis
sans agressivité au député de Sauvé, c'est
réellement mal comprendre le but de l'étude Fantus que d'opposer
Fantus et un document de l'OPDQ. C'est mal comprendre l'opération Fantus
que de penser que c'est un effort massif pour aller chercher l'investissement
étranger. Il s'agit simplement pour nous d'améliorer, de rendre
plus sophistiquées nos démarches de promotion industrielle. Il
faut se rappeler que chacune des études Fantus dans les secteurs... Je
m'excuse, mais j'aurais aimé qu'on me donne le texte, ce que vous avez
cité ce matin, précisant que l'étude Fantus nous disait:
Prenez des secteurs traditionnels à bas salaire. Ce n'est pas une
citation. On nous a simplement mis en garde qu'autant on désire
améliorer notre structure industrielle, autant on veut faire des efforts
louables de ce côté, il y a peut-être d'autres secteurs qui
offrent, sur le plan de l'emploi, sur le plan de l'activité
économique, des avantages intéressants. Vous allez me citer le
Soleil ou quelque chose comme ça?
M. MORIN: C'est de là qu'est sortie une partie, mais
c'étaient des citations au texte, pour autant que j'ai pu voir.
M. SAINT-PIERRE: Ce que je veux dire, c'est que l'opération
Fantus, les secteurs qui ont été retenus, ce ne sont pas eux qui
les ont déterminés, je veux dire qu'ils nous ont indiqué
certains secteurs où le Québec semblait offrir des avantages par
rapport à d'autres régions. Il y a certains types de secteurs
qu'on a rejetés parce que, justement, on trouvait qu'on en avait trop,
que ce n'était pas intéressant. Les 18 secteurs qu'on a retenus,
dont on peut vous donner la liste, ce sont des secteurs où on trouve un
certain avantage, pour le Québec, d'avoir une plus grande
activité. Qu'on prenne les premiers secteurs qu'on a
débouchés et on ne peut sûrement pas parler de "cheap
labor", on parle de la télécommunication, on parle des
minitracteurs et des accessoires. Ce que j'aimerais souligner, c'est que nos
industriels québécois ont eu un avantage de plusieurs mois,
c'est-à-dire que, dès que nous avons l'étude, nous la
transmettons à nos fonctionnaires qui tentent d'intéresser nos
industriels québécois à ces secteurs. Ce sont simplement
des secteurs où, d'après Fantus, une implantation au
Québec représente une épargne, compte tenu des facteurs de
localisation, des coûts de production et compte tenu des marchés
de matières premières. Après un décalage de deux
mois, ces études sont portées à l'attention de
l'étranger. Qu'est-ce que ça veut dire?
C'est simplement une meilleure prospection d'investissements possibles
à l'étranger; on ne court pas après des lièvres
où il semble qu'à la fin, tous les deux, on en viendra à
la conclusion que ce n'est pas intéressant de venir au Québec,
parce que c'est trop loin des marchés et que les coûts de
transport sont trop élevés ou autre chose semblable.
M. MORIN: II y avait tout de même, dans le rapport
préliminaire, il y a eu un premier rapport...
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: ... Fantus, n'est-ce pas? Il y avait tout de même des
passages qui ont été analysés dans un certain nombre de
dossiers comme celui-là que le ministre connaît
peut-être.
M. SAINT-PIERRE: Je connais la CEQ et sur le plan économique,
là je n'ai pas...
M. MORIN: Et il y a là-dedans un certain nombre d'opinions qui
reflètent, disons, des préjugés, carrément des
préjugés auxquels on pourrait s'attendre peut-être de la
part d'un investisseur américain quelconque, mal renseigné, mais
qui surprennent dans la bouche d'une compagnie qui a cette réputation,
qui a une réputation telle que vous ayez trouvé bon de vous
adresser à elle.
M. SAINT-PIERRE: Ce ne sont pas les opinions de la firme Fantus. Une
grande partie de cette première phase était un effort de
synthèse d'opinions sur le Québec que pouvaient avoir des
industriels qui étaient établis ici, des industriels de
l'Ontario, des industriels des Etats-Unis. Fantus, très clairement, nous
disait: On est d'accord même, dans certains cas, que c'est
complètement faux, mais c'est ce que ces gens-là pensent; donc,
vous, vous avez une responsabilité de leur dire la vérité.
Exemple: Un industriel peut dire, en matière de relations de travail:
C'est terrible le Québec; alors que Fantus nous dit: Les statistiques
nous montrent que ce n'est pas terrible du tout. Cela se compare
avantageusement avec l'Ontario. Donc, au niveau de votre publicité
à l'étranger, vous avez une responsabilité de corriger une
fausse impression qui est malheureusement répandue chez des
industriels.
M. MORIN: On note qu'il s'était adressé à peu
près exclusivement à des représentants de la
communauté des affaires anglo-montréalaises, en Ontario, aux
Etats-Unis et cela a donné évidemment des images du Québec
qui n'ont peut-être pas été, j'espère, prises au
sérieux, parce que s'il fallait juger le Québec à travers
ces points de vue-là, ils sont souvent à très courte vue.
Je pense à des extraits comme ceux-ci: "The language issue is presently
one of the most serious obstacles to industrial expansion in Quebec. The
decision to expand in Quebec is to a large extent predicated on the attitude
the Provincial Government takes towards the language problem". Des attitudes
comme celles-là, si elles étaient prises à la lettre, je
pense, vous empêcheraient de faire quoi que ce soit.
M. SAINT-PIERRE: II y a eu 300 entrevues. De ce nombre, exactement un
tiers étaient en Ontario pour nous donner ce que pensait le milieu de
l'Ontario de l'implantation au Québec; une centaine, exactement le tiers
donc, aux Etats-Unis également et une centaine, encore une fois le
tiers, dans la province de Québec. Et dans la province de Québec,
on a tenté de déborder Montréal. Il y a eu des
francophones qui ont fait l'objet d'entrevues, comme il y a eu des
anglophones.
M. MORIN: Est-ce que...
M. SAINT-PIERRE: M. le député de Sauvé, je vous le
dis avec beaucoup de respect, réellement, on ne peut pas dire que nos
choix sont le rapport de l'OPDQ et le rapport Fantus; effectivement, je
regrette les deux choix et mon problème est ailleurs.
M. MORIN: Mais alors, comment les conciliez-vous?
M. SAINT-PIERRE: D'abord, le rapport de l'OPDQ nous dit bien des
objectifs valables, mais ne dit pas comment on s'y rend. Nous, notre
tâche, c'est de savoir comment on va s'y rendre à ces
objectifs-là. C'est vrai de dire qu'on devrait transformer les richesses
naturelles, c'est vrai de dire que la région de Sept-Iles devrait
progresser, que le port de Québec est un atout important, mais comment
tout mettre en oeuvre sans tenter de faire plaisir à tout le monde et
à son père? C'est le défi qu'on tente de résoudre,
et strictement pour identifier des secteurs où le Québec, au
niveau des investissements, semble présenter des avantages
économiques pour un investisseur. Elle a simplement, je pense,
amélioré substantiellement l'efficacité de nos services de
promotion industrielle.
M. CADIEUX: Le mandat confié à Fantus, c'était
cela.
M. MORIN: Est-ce qu'il n'y aurait pas intérêt, M. le
ministre, à publier ces études au fur et à mesure
qu'elles...
M. SAINT-PIERRE: Elles sont publiées. Je pourrais vous les donner
avec plaisir. Tous les mois, elles sont publiées.
M. MORIN: Je n'en ai eu qu'une ou deux sous la main.
M. SAINT-PIERRE: Les deux premières sont celles qui ont
été publiées. Il y en a une maintenant qui sera
publiée tous les deux mois. Il y en a 18 au total et nous en faisons
l'étude c'est un peu un engrenage et là, elle
démarre, elle accélère. Il y en a combien actuellement qui
sont publiées? Il y en a quatre. On a, la première:
télécommunications, informatique; deuxième : minitracteurs
et accessoires; troisième: constructions métalliques
préfabriquées et pièces; quatrième: fournitures
chirurgicales et hospitalières à usage unique, ce sont les choses
que l'on renvoie.
M. MORIN: Est-ce qu'au fur et à mesure qu'elles sont
publiées, elles pourraient être portées à la
connaissance de l'Opposition?
M. SAINT-PIERRE: Avec plaisir. Je pourrais l'envoyer à tous les
membres de la commision. D'ailleurs, je pense qu'on l'a fait.
M. MORIN: Je n'ai pas vu les deux dernières, en tout cas, sur
quatre.
Vous avez donc 18 secteurs d'activités qui ont été
sélectionnés.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. MORIN: Outre ceux que vous avez mentionnés à l'instant,
quels sont ceux qu'il reste à analyser?
M. SAINT-PIERRE: Je peux donner la liste. Le cinquième, c'est:
véhicules de loisirs et véhicules légers. Le
sixième serait: machineries pour l'industrie de transformation. Le
secteur
des machineries est extrêmement important. Nous en sommes
déficients au Québec. Septièmement: instruments
scientifiques d'enregistrement et de mesure. Huitièmement: pièces
d'équipement de manutention; produits d'entretien ménager et
automobiles conditionnées; accessoires pour le matériel de
construction; moteurs et instruments de commande; matériel pour
l'enseignement audio-visuel; outils manuels assistés; le secteur de
bonneterie et tricot; secteur des petites machines et équipement de
bureau; plats cuisinés congelés et spécialités
alimentaires; pièces détachées et accessoires de rechange;
matériel de transport et d'énergie et, le dernier, mobilier
métallique à usage domestique.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
ministre quelles ont été les suites concrètes des rapports
qui lui sont déjà parvenus?
M. SAINT-PIERRE: Essentiellement, après avoir tenté de
provoquer des implantations, des agrandissements au Québec avec des
industries établies ici, deux mois après, on frappe le
marché américain, le marché japonais et le marché
européen. On envoie des lettres qui partent du premier ministre,
après cela, de moi-même, qui donnent le sommaire du rapport
à tous ceux qui ont des ventes qui dépassent un seuil de $3
millions par année.
M. MORIN: $3 millions au Québec?
M. SAINT-PIERRE: Non, $3 millions au total.
M. MORIN: Volume total?
M. SAINT-PIERRE: Volume d'affaires.
M. MORIN: Je vois.
M. SAINT-PIERRE: Enfin, jusqu'ici, nous avons eu 7 p.c. de
réponses, c'est-à-dire de gens qui, après avoir
reçu cette lettre, nous ont dit: Oui, nous serions
intéressés à avoir votre rapport plus
détaillé qui indique ceci. Non pas ceux qui se font prendre au
piège, mais ceux qui demandent le rapport détaillé, ce
sont nos conseillers commerciaux et industriels à l'étranger qui
les poursuivent constamment pour tenter de les approcher.
M. MORIN: J'espère que ce ne sont pas des ventes pyramidales.
M. le ministre, est-ce qu'il y a eu des résultats concrets des
impôts? Pas d'implantation?
M. SAINT-PIERRE: Pas encore d'implantation, puisque cela a
démarré il y a quelques mois, mais on a 63 dossiers actifs
résultant de Fantus.
M. MORIN: 63 dossiers actifs en ce moment. Une chose qui m'a un peu
étonné, en prenant connaissance de ce dossier Fantus a
été de voir que l'Europe n'a pas été incluse parmi
les pays où l'enquête pourrait être faite.
M. SAINT-PIERRE: Non, parce que, même aux Etats-Unis, finalement,
qu'est-ce que l'enquête a révélé? Il faut dire que
c'est quand même une enquête scientifique. On s'adresse à
une centaine d'industriels. Ce que cela a révélé dans une
grande mesure, c'est l'ignorance du Québec. Ce ne sont pas tellement des
préjugés, ce n'est pas tellement une impression
défavorable, mais si vous prenez une centaine de tous les industriels
américains, il y en a 35 ou 40 qui n'ont jamais entendu parler du
Québec comme possibilité d'implantation industrielle.
M. MORIN: Comme question de fait...
M. SAINT-PIERRE: Vous allez en Europe...
M. MORIN: ...leur attitude à l'égard de l'ensemble du
Canada, quelquefois, c'est "out in the sticks".
M. SAINT-PIERRE: Peut-être. M. MORIN: C'est très loin.
M. SAINT-PIERRE: En Europe, en fait, l'ignorance est encore beaucoup
plus grande. Tout ce qu'on a tenté de faire, c'est, dans le choix des
firmes qui étaient utilisées comme cibles en Europe, compte tenu
de la nature des rapports que nous avions de Fantus, de prendre des firmes qui
étaient susceptibles d'être portées à faire des
implantations à l'étranger et, en même temps, qui pouvaient
nous apporter une technologie intéressante dans ces secteurs.
M. MORIN: Est-ce que vous envoyez le rapport à des industries
européennes?
M. SAINT-PIERRE: Oui. Japonaises, européennes.
M. MORIN: Vous prospectez des marchés autres que le marché
américain.
M. SAINT-PIERRE: En Europe, en fait, c'est surtout, je dirais, en
Allemagne de l'Ouest, en Angleterre, en France, en Italie et certains pays
Scandinaves.
M. MORIN: Cela peut représenter combien d'envois, par exemple,
pour nous faire une idée, en Europe?
M. SAINT-PIERRE: Pour le premier, il y a 1,100 rapports.
M. MORIN: 1,100 en tout et partout?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: Et de ceux-là, combien en Europe?
M. SAINT-PIERRE: 250 en Europe. M. MORIN: Et au Japon?
M. SAINT-PIERRE: Au Japon, à cause de la structure des
compagnies, il s'agit de les envoyer aux sept grandes compagnies de "trade in"
qui, elles, les passent...
M. MORIN: Qui détiennent tout le... Oui, bien sûr.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions sur Fantus?
L'honorable député d'Anjou.
M. TARDIF: Non, ce n'est pas sur Fantus.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Ce n'est pas sur Fantus.
M. TARDIF: Au programme no 3...
M. LACHANCE: Je voudrais profiter de l'occasion pour féliciter le
ministre, ainsi que les membres de son ministère pour le travail
formidable qu'ils ont accompli depuis que M. le ministre a pris en main ce
ministère.
Voici ma question. Vous parliez dans votre présentation de ce
matin, d'opération marketing, auprès d'une clientèle
choisie. Cette clientèle, est-elle au Québec ou dans des pays
étrangers? C'est suite au rapport Fantus. "Nous avons également
entrepris une opération marketing à partir des premiers
résultats auprès d'une clientère choisie". C'est quoi?
C'est au Québec, au Canada?
M. SAINT-PIERRE: Non. La clientèle choisie dans les cas que l'on
a mentionnés, sur le plan américain c'étaient tous ceux
qui avaient un volume de $3 millions et plus de ventes par année. Si je
prends le secteur des télécommunications: Toutes les compagnies
qui ont moins que $3 millions de ventes, peut-être est-il impossible pour
elles de penser à une implantation au Québec, mais à plus
de $3 millions, peut-être qu'elles songent à avoir un
deuxième plan de production. C'est également en Europe, pour
répondre à la question qui était posée tout
à l'heure, et au Japon. Mais, ce que je tiens à préciser,
c'est qu'en un premier temps, le rapport est rendu disponible à nos
groupes sectoriels qui travaillent avec les industries
québécoises. Prenons n'importe quel groupe, si on parle de
matériel pour l'enseignement audio-visuel, dès qu'on va avoir le
rapport, les entreprises québécoises ont au moins deux mois
d'avance sur les autres. On va leur dire: Ecoutez, d'après Fantus, il y
a un marché de tant; vous avez des avantages au Québec. Est-ce
que vous ne devriez pas les prendre?
M. CADIEUX: Justement. Il faut dire à nos industriels
québécois qu'il y a des possibilités pour eux d'investir
dans un nouveau domaine peut-être connexe à celui où ils
sont déjà.
M. SAINT-PIERRE: L'avantage de Fantus, c'est que lorsqu'on envoie la
lettre, cela n'a pas l'air, réellement, d'une lettre de propagande ou de
publicité poussée. Fantus est une filiale de Dun &
Bradstreet. Cela donne une espèce d'air, comme si on disait: Voici un
rapport d'un professeur d'université qui dit qu'en implantant au
Québec, vous allez épargner $600,000 par année, par
rapport à une implantation en Ontario, ou par rapport à une
implantation... Cela a l'air d'être une information gratuite, sauf que
là, le rapport va en détail sur l'évolution du
marché, les possibilités de croissance, les coûts de
matières premières, les coûts de transport et les
coûts de taxes. On arrive à la fin avec une étude
très détaillée de trois types d'après des gens
qu'on voit... La terminologie utilisée est pour des gens qui sont
près du métier. On dit à la fin: Vous épargnez
$600,000 par année. Qu'est-ce qu'on espère avec cela? C'est
d'attraper l'homme d'affaires qui dit: Ecoutez, quand j'épargne $600,000
par année dans une affaire, cela m'intéresse. Et là,
quitte à discuter davantage.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député d'Anjou.
M. TARDIF: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre relativement aux montants des crédits à voter. Si on
additionne les éléments de 1 à 4, on a une somme totale de
$23,406,200. On voit des déductions au montant de $7,100,000, et des
crédits statutaires, en vertu de la Loi de l'aide au
développement régional, au montant de $2 millions. Est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer en quoi consistent ces montants qui sont des
déductions et des crédits statutaires pour une somme totale de
$9,100,000?
M. SAINT-PIERRE: $7,100,000, c'est la combinaison des crédits
statutaires, qu'on retrouvera sur le CRIQ et sur le bill 23; le CRIQ qui est de
$5,500,000 et l'autre. Ce sont des programmes qui visent l'orientation et le
développement de l'industrie secondaire et qu'il nous faut retrancher
ici, puisqu'on les retrouvera d'une façon statutaire un peu plus
loin.
M. TARDIF: Quant au montant de $2 millions?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont les montants qui ont déjà
été engagés suivant la Loi de l'aide au
développement industriel et qui doivent être versés en
1974/75. C'est une loi qui précédait la
SDI, par laquelle on s'était engagé à verser des
montants sur une certaine période de temps, et en 1974/75, on aura
besoin de $2 millions pour donner suite à des engagements
antérieurs et qui s'appliquent à l'industrie secondaire.
M. CADIEUX: Cela va en régression, je pense bien.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Il y a une régression d'année en
année, mais c'est un programme qui existait en 1968/69 et dans lequel,
supposons pour une entreprise, on disait: On va vous donner un montant de $1
million réparti en sept ans. Alors, il faut prévoir pour la
quatrième année les quelque $100,000 et, si on additionne tous
nos engagements à payer cette année, c'est à peu
près $2 millions. L'an dernier, c'était un montant de $4,300,000.
C'est ce qui est important lorsqu'on fait l'analyse de l'évolution du
budget du ministère de l'Industrie et du Commerce. C'est qu'autrefois
les subventions à l'entreprise étaient complètement
à l'intérieur des crédits du ministère alors
qu'aujourd'hui, les subventions apparaissent comme des montants
extra-budgétaires à l'intérieur de la
Société de développement industriel. Ils n'apparaissent
pas au montant du ministère de l'Industrie et du Commerce.
En d'autres termes, même avec les mêmes montants d'argent,
on a eu un accroissement substantiel des effectifs et des programmes parce
qu'on a transféré des millions qui étaient donnés
auparavant dans des subventions à l'entreprise en des montants
extra-budgétaires de la SDI, qui recevait des montants du
ministère des Finances et les donnait sous forme de subventions alors
qu'ici, dans les crédits du ministère, tout ce qui
apparaîtra, ce sont les coûts de l'administration de la SDI.
M. TARDIF: C'est-à-dire le programme 5 à ce moment...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. TARDIF: ... qui est l'administration de la Société de
développement industriel.
M. SAINT-PIERRE: ... mais qui ne comprend pas les subventions...
M. TARDIF: Non.
M. SAINT-PIERRE: ... qui, elles, entrent comme un
extra-budgétaire.
M. TARDIF: Je comprends cela.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a d'autres questions au
programme 3?
M. MORIN: Oui. Il y en a quelques-unes. Je ne sais si le ministre est
d'accord sur certaines conclusions d'une étude qui viendrait de son
ministère, plus particulièrement du service de la politique
industrielle, et qui est intitulée: Impact économique de la Loi
sur les subventions au développement économique régional
au Québec. Ce document doit vous être connu. Est-ce que le
ministre est d'accord, en particulier, sur un certain nombre de conclusions,
comme la suivante, par exemple: "Les indices calculés à partir
des données normalisées du tableau 12, qui élimine l'effet
statistique sur les autres régions dû à la
sous-représentation temporaire de la région de Montréal,
montrent, en effet, que les avantages retirés par les régions
varient très peu dans l'ensemble par rapport à la place que
chacune détient dans l'activité manufacturière
québécoise."
Est-ce que le ministre a pu vérifier l'exactitude de cette
conclusion au sujet des programmes fédéraux?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais cela prouverait simplement que les programmes
fédéraux ont été fonction de ce qui existait
antérieurement au niveau du développement industriel dans chacune
des régions du Québec. C'est ce qu'on veut dire. Et ce qui est
peut-être plus important, et c'est une critique principale des programmes
fédéraux, c'est que cela ne nous a pas aidés à
changer la structure industrielle du Québec. Cela a eu un effet positif
de créer des emplois, indéniablement, même dans la
région de Montréal, mais souvent, puisque le programme
fédéral réagissait à des demandes de l'industrie,
là où on avait trop de monde, on a eu trop de demandes et,
là où on n'avait pas assez de monde, on n'a pas eu assez de
demandes et le fédéral a réagi à cela.
Donc, dans l'industrie du textile et dans l'industrie du bois où
on avait déjà trop de personnes, il y a eu trop de demandes et le
fédéral a donné trop de oui à ces gens de telle
sorte qu'alors, à la SDI, au Québec, on disait: II faut changer
notre structure industrielle, il faut avoir plus de prépondérance
pour l'industrie de pointe, des choses comme cela, comme on n'avait pas de ces
choses, ils n'ont pas formulé de demande et l'aide du
fédéral n'est pas allée à ces secteurs.
M. MORIN: Autrement dit, ce n'est pas une aide qui s'est faite en
fonction d'une planification. Cela s'est fait un peu au hasard des
demandes.
M. SAINT-PIERRE: Cela s'est fait avec le seul objectif de créer
des emplois, alors que, nous, on dit qu'il faut aller plus loin que cela. Il ne
faut pas créer n'importe quelle sorte d'emploi. Il faut créer des
emplois qui changent notre structure industrielle.
M. MORIN: Et créer des emplois à long terme.
M. SAINT-PIERRE: Pas seulement des em-
plois à long terme, mais des emplois dans des secteurs de haute
productivité, marché d'exportation, technologie.
M. MORIN: Des emplois plus intéressants, bien sûr.
M. SAINT-PIERRE: C'est le sens de la SDI. J'ai été surpris
ce matin quand vous m'avez dit: Votre action est caractérisée par
une absence de plan. Cela ne nous prend pas la Bible, ni l'encyclopédie
Britannica pour savoir dans quel sens on doit aller. Je pense qu'on doit
admettre que la SDI vise quelque chose. Elle ne vise pas n'importe quelle sorte
d'investissement. Elle ne vise pas n'importe quelle sorte de région.
M. MORIN: Cela veut dire, en somme, quand même, qu'il n'y a aucun
programme pour redistribuer l'activité économique entre les
régions.
M. SAINT-PIERRE: En fait, ce n'est pas tout à fait vrai,
puisqu'il faut se rappeler qu'il y a eu un problème à
Montréal et que le fédéral a décidé
d'ajouter la région de Montréal. Comme déjà une
forte proportion de l'activité manufacturière était dans
la région de Montréal, cela a donné suite à nombre
de demandes venant de la région de Montréal, mais, actuellement,
les programmes du ministère fédéral de l'Expansion
économique régionale excluent l'ensemble de la région no
6, à toutes fins pratiques, et favorisent des régions à
l'extérieur de Montréal.
M. MORIN: On peut dire que ces programmes du MEER n'ont pas eu d'effets
significatifs sur la redistribution régionale. Ils n'ont pas eu non plus
ou ont eu peu d'effet dans le sens de la modernisation des entreprises.
Finalement, du point de vue de la structure industrielle, l'effet a
été quasiment nul.
M. SAINT-PIERRE: II faudrait également ajouter qu'ils ont eu des
effets positifs au niveau de la création d'emplois.
M. MORIN: Création d'emplois, c'est tout.
M. SAINT-PIERRE: Mais c'est important pour le gars qui est en
chômage.
M. MORIN: C'est une perspective à court terme,
essentiellement.
Est-ce que tout cela ne vient pas du fait que, tant du côté
fédéral que du côté québécois, on
manque d'instruments de planification?
M. SAINT-PIERRE: Je ne pense pas, M. le Président. Le simple
fait, d'ailleurs, que le programme et l'approche du gouvernement
fédéral aient été substantiellement changés
dans la dernière entente de Canada-Québec, montre que si on n'a
pas d'instrument de planification, on a sûrement des instruments de
mesure et on est capable dans l'action de modifier les programmes pour se
conformer et pour avoir des objectifs à plus long terme.
M. MORIN: Bien. Nous reparlerons peut-être de cette nouvelle
entente Canada-Québec. Je ne suis pas sûr que cela modifie
foncièrement la situation préexistante. Est-ce qu'on pourrait
jeter un coup d'oeil sur les commissariats industriels? Combien de nouveaux
commissaires ont été nommés, M. le Président? Et
dans quelles régions?
M. SAINT-PIERRE: Nous en avions 16 l'an dernier, nous en avons
maintenant 43, à peu près un peu partout dans le Québec.
On tente d'avoir les formules les plus flexibles. Quelquefois, ce sont des
regroupements de comités régionaux, d'autres fois, ce sont deux
villes ensemble, d'autres fois, une ville est capable d'en assumer le
coût. Notre objectif, c'est d'en avoir 55. Il devrait être atteint
dans l'année en cours.
M. MORIN: Vous en auriez à ce moment dans toutes les
régions.
M. SAINT-PIERRE: Mais même aujourd'hui, même avec 43, on en
a dans toutes les régions. Je pense qu'on doit dire que
l'opération s'est très bien déroulée. On n'a pas eu
une approche dogmatique, dans certains cas on a varié les formules, on a
tenté de s'adapter aux conditions locales.
M. MORIN: Qui sont ces commissaires en général? Où
les recrutez-vous? Quelle expérience ont-ils?
M. SAINT-PIERRE: En général, c'est très
varié. En fait, dans le choix des commissaires, il y a un comité
de sélection qui implique les instances locales, le ministère et
l'Association des commissaires industriels du Québec. En
général, ce sont des gens qui vont avoir une expérience
industrielle, une expérience de vente, de marketing, et qui sont
motivés par le type de travail qu'implique un commissariat industriel,
de bâtir des dossiers, de bien connaître sa région, d'avoir
des déplacements à l'extérieur. Je pense que cela a
été très varié comme...
M. MORIN: ... des industries locales en général?
M. SAINT-PIERRE: Pas toujours. Parfois, ce sont par des instances
municipales, d'autres fois...
Il y a un certain nombre d'anciens fonctionnaires du ministère,
mais des gens qui ont le sens du marketing, autant que possible, qui ont eu un
bon entraînement dans des grandes sociétés, ça va
bien. Nous prenons en considération, bien entendu, la participation
locale en ce sens que si, à qualité égale, nous avons
quel-
qu'un de la région qui peut remplir le poste, en fait, c'est une
considération valable chez nous.
M. CADIEUX: II y a certainement une grande autonomie de la part des
municipalités qui voient au choix du commissaire industriel, et j'ai eu
l'occasion de visiter plusieurs villes qui ont formé des commissariats
industriels, et déjà j'ai eu des lettres à mon bureau
disant que ç'avait porté fruit et, dans certains cas, seulement
quelques mois après.
M. SAINT-PIERRE: Les jurys sont composés de deux
représentants de l'agglomération urbaine, d'un
représentant de l'Association des commissaires industriels du
Québec, du délégué régional et d'un
fonctionnaire de la direction de l'infrastructure industrielle.
M. MORIN: Avez-vous eu de la difficulté à recruter des
commissaires?
M. SAINT-PIERRE: Pas tellement. Dans certaines régions,
ç'a été plus difficile qu'ailleurs évidemment.
C'est plus difficile en fait de déplacer quelqu'un vers Sept-Iles ou
Baie-Comeau que ça l'est vers Sherbrooke ou Drummondville.
M. CADIEUX: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre? Dans
le cas d'une ville qui veut absolument mettre sur pied un commissariat
industriel et à qui vous n'imposez pas, mais à qui vous demandez
fortement de se fusionner avec des municipalités environnantes, si les
municipalités environnantes directement intéressées
refusent de participer au programme, je ne vois pas pourquoi on
pénaliserait la ville qui fait la demande. Et je peux bien le dire,
ça peut être le cas de Salaberry ou de Valleyfield; si Grande-Ile,
qui est à côté et qui a 1,000 à 1,200 de population,
dit: Nous autres, nous ne sommes pas prêts à contribuer, ou si
Saint-Timothée, à côté, dit: Nous ne sommes pas
prêts à nous intégrer.
Si vous dites au maire de Salaberry ou au maire de Valleyfield, ou au
gérant de Val-leyfield: Nous refusons votre programme parce que les
autres ne sont pas directement intéressés...
M. SAINT-PIERRE: Nous ne refuserions peut-être pas, mais nous
essayons de faire, dans le fond, un peu l'éducation économique,
en ce sens que s'il y a un commissariat industriel bien formé dans une
agglomération, les villes autour que je peux appeler dortoirs, ont
toutes les retombées économiques dans le fond et on leur demande
de participer jusqu'à un certain point per capita.
M. CADIEUX: Si une municipalité c'est le cas précis
dit: Non, moi, je ne veux pas contribuer au budget de ce commissariat
industriel, on ne peut pas dire non et tout bloquer le dossier.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas draconien, on ne l'a pas refusé,
mais disons que...
M. CADIEUX: Vous insistez fortement.
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est entendu, on espère en fait
réussir, mais on pourrait citer des cas qui sont publics maintenant, par
exemple le Cap-de-la-Madeleine, qui ne veut pas participer à
Trois-Rivières, mais on a quand même subventionné
Trois-Rivières, ou Saint-Jean et Iberville, où on a
subventionné le commissariat industriel de Saint-Jean à venir
jusqu'à maintenant, et on attend que celui d'Iberville vienne y
participer.
M. MORIN: Pour ce qui est des parcs industriels, est-ce que le ministre
pourrait nous dire quelle est la politique du ministère quant à
l'allocation de ces parcs sur une base géographique?
M. SAINT-PIERRE: C'est assez simple en fait, nous faisons une
enquête sur les besoins de l'agglomération en terrain industriel,
et, à partir de ça, nous extrapolons, avec l'historique que nous
avons dans la région, pour savoir combien de millions de pieds
carrés sont nécessaires à l'agglomération pour
avoir une infrastructure valable en parc industriel.
A partir de cela, nous limitons à certains moments l'achat de
terrains par la municipalité, selon nos données et selon
l'expérience vécue dans les dix dernières années,
non seulement au Québec, mais en Ontario et en Amérique du Nord.
Vous avez des exemples de ça, l'exemple patent est peut-être celui
de Saint-Augustin, à Québec, où on nous demandait 200
millions de pieds carrés et où on s'est limité à 50
millions et où il y en a pour quelques années quand
même.
Dans certaines agglomérations, nous permettons même
maintenant aux villes de remettre du terrain industriel qu'ils ont en trop et
de l'employer à d'autres usages pour fins de parcs, pour fins
résidentielles, pour fins commerciales.
Il s'agit d'une enquête qui est faite selon des données
empiriques jusqu'à un certain point, par lesquelles nous pouvons quand
même extrapoler sur les besoins de la municipalité à savoir
combien, en fait, il est nécessaire qu'elle acquière de
terrain.
M. MORIN: Voulez-vous m'éclairer sur le processus? Est-ce que la
demande vient de la municipalité ou si c'est vous qui prenez
l'initiative de distribuer...
M. SAINT-PIERRE: Non. La demande vient ordinairement de la
municipalité. Nous avons quand même 189 municipalités au
Québec qui possèdent des terrains industriels dans le moment et
quand leur parc est à 70 p.c. rempli, la ville nous fait une demande
pour avoir du terrain additionnel. A partir de ce moment-là,
conjointement avec le ministère des Affaires municipales, nous
étudions le dossier et nous permettons certaines acquisitions quand il
nous semble nécessaire d'en avoir plus.
Alors, la demande vient toujours de la municipalité. A
l'exception de grands parcs, si je peux parler de l'agglomération de
Sherbrooke, la Société de l'aménagement de l'Outaouais,
où nous travaillons conjointement à l'étude de la
possibilité d'un parc régional, ordinairement la demande nous
vient de la municipalité. Mais nous avons un inventaire total de tous
les parcs et de tous les terrains industriels possédés par les
municipalités au Québec et, à partir de cela, nous sommes
assez conscients des besoins de chaque agglomération.
M. MORIN: II arrive certainement, puisque j'ai été
témoin de quelques cas, que vous ayez des batailles rangées entre
municipalités voisines, en particulier pour savoir laquelle aura le parc
industriel. Est-ce que ces chicanes puisqu'il faut les appeler par leur
nom sont moins fréquentes aujourd'hui qu'elles ne
l'étaient il y a quelques années?
M. SAINT-PIERRE: C'est moins fréquent. Nous travaillons
conjointement alors avec l'OPDQ dans son plus grand plan d'aménagement
du territoire à connaître les besoins de la région, les
besoins d'un parc régional. Car il peut arriver que trois villes qui ont
des frontières contiguës nous demandent trois parcs industriels.
Nous tentons alors de les convaincre qu'un grand parc aux confins des trois
villes, ou au meilleur endroit dans la région, serait beaucoup plus
rentable à toutes fins pratiques pour amoindrir les dépenses
d'infrastructure, pour permettre un meilleur aménagement du parc.
M. MORIN: Dans le cas des communautés urbaines, par exemple, je
sais qu'il y a eu passablement de frictions à l'intérieur de
certaines communautés pour savoir où le parc serait situé.
Est-ce que vous avez une politique d'encouragement ou d'incitation pour
favoriser la création en commun de pars industriels?
M. SAINT-PIERRE: Dans les trois communautés urbaines,
actuellement...
M. MORIN: Je pense à la ville de Québec en
particulier.
M. SAINT-PIERRE: Vous pensez à Québec. En fait, nous
dépendons de la Loi de la communauté urbaine. Je ne voudrais pas
parler de façon constitutionnelle parce que je m'y connais moins. Nous
épuisons d'abord l'inventaire existant et celui de Québec
est un problème mais nous ne pouvons pas nous immiscer entre la
communauté urbaine de Québec, la ville de Québec et les
différentes villes de banlieue qui ont chacune leur terrain industriel
ou leur parc industriel ou leur zone industrielle homologuée. A partir
de ce moment-là, nous nous limitons à l'acquisition de nouveaux
terrains industriels, de nouveaux parcs industriels; c'est ce qui est
arrivé à
Québec. Nous avons permis l'acquisition, conjointement avec le
ministère de l'Expansion écnomique régionale, du parc de
Saint-Augustin. C'est bien connu, nous savons pertinemment qu'il y a un certain
nombre de frictions dans le moment entre les villes de la communauté
urbaine et le parc de Saint-Augustin. Je le comprends, c'est de la bonne
concurrence, quant à moi.
M. MORIN : Quels sont les grands projets, M. le ministre, à
l'heure actuelle dans le domaine des parcs industriels?
M. SAINT-PIERRE: En dehors de certains, comme Mirabel, avec le TDM, le
développement de celui de Bécancour et celui de Sherbrooke, dans
les autres cas il s'agit, ni plus ni moins, de consolider l'ensemble de notre
infrastructure d'accueil à l'industrie.
Nous avons quand même parlé ce matin, dans le texte du
ministre, d'un programme d'aide à la planification de parcs industriels
et c'est là notre programme dans le moment.
M. MORIN: Dans le cas du parc industriel de Sherbrooke en particulier,
est-ce qu'on pourrait examiner ce cas d'un peu plus près? Où en
est rendu ce projet actuellement?
M. SAINT-PIERRE: Déjà le montant de $3 millions
prévu par le ministre des Finances a permis un déblocage au
niveau des infrastructures...
M. MORIN: C'est en 1973/74.
M. SAINT-PIERRE: C'est $1 million par année.
Les services sont rendus, l'aménagement du parc, la planification
générale du parc, c'est un peu...
Le 31 mars, il y avait $2,900,000 de dépensés en
infrastructures au parc industriel de Sherbrooke. Mais la ville de Sherbrooke y
mettait $2 pour le $1 de la province.
Nous croyons que, dans la région de l'Estrie, un parc
régional bien équipé va enlever l'obstacle majeur que peut
tenter d'expliquer l'absence de progrès sur le plan manufacturier de la
région de l'Estrie. Il n'y a aucune raison...
M. MORIN: C'est un vieux problème. M. SAINT-PIERRE: Qui est
réglé.
M. MORIN: Quelles sont les entreprises d'importance qui sont
déjà installées dans le parc de Sherbrooke?
M. SAINT-PIERRE: II y en a quatre ou cinq.
M. MORIN: Qui sont en voie d'installation ou déjà
installées?
M. SAINT-PIERRE: Qui sont déjà installées
dans la plus vieille partie du parc. Il y en a quand même sept ou
huit, mais les dernières ventes d'industriels de Sherbrooke... En fait,
il y a 12 dossiers à l'étude à ma connaissance, dans le
moment, dans le parc industriel de Sherbrooke. Il y a cinq terrains qui ont
été achetés depuis le 1er avril 1973. Je ne voudrais pas
dévoiler les noms, parce qu'on travaille encore dans ces dossiers. Je
pourrais vous en donner deux.
Encore tout récemment, on a perdu des dossiers qui auraient
dû aller à la région de Sherbrooke. Lorsqu'on amène
un industriel et qu'il voit des grues mécaniques ou des bulldozers qui
travaillent, il est plus intéressé par un parc comme celui de
Drummondville ou le parc Viau. On a l'impression que, dans un an ou deux, ce
sera possible d'amener des industries dans la région de l'Estrie.
M. MORIN: Dans le cas du projet PICA dont on a déjà
parlé, un ou deux points additionnels, des points de détail,
à vrai dire. Est-ce qu'on a examiné la possibilité de
créer une zone franche comme, par exemple, il en existe une tout
le monde y a fait escale à Shannon, en Irlande?
M. SAINT-PIERRE: Dans le concept TDM que je vous ai mentionné ce
matin, c'est un élément de concept.
M. MORIN: Est-ce que c'est décidé, ce projet, ou...
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas décidé, mais c'est un peu
dans sa phase terminale, pour soumettre, aux deux niveaux de gouvernement, un
projet complet, compléter des études de rentabilité pour
l'ensemble du concept TDM et être capable de retrouver, tant chez les
compagnies aériennes que chez les deux gouvernements, l'accord
nécessaire et les fonds nécessaires, puisque cela amène
quand même des déboursés au niveau des infrastructures, des
déboursés assez substantiels, pour relier les pistes
d'atterissage au parc industriel, de construction d'infrastructures, de
construction de bâtiments. Mais nous sommes dans une phase terminale.
D'ici deux ou trois mois, on devrait être en mesure de présenter
à chacun des gouvernements des décisions, des
recommandations.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député d'Abitibi-Ouest, sur
les parcs industriels.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Je voudrais demander si, dans votre
système de contribution aux parcs industriels dans les
municipalités, vous contribuez aussi à la fabrication des plans
d'aménagement particuliers de ces zones ainsi que les plans particuliers
d'égout. d'aqueduc, d'infrastructure, en même temps. Et ensuite,
est-ce que vous contribuez aux infrastructures, même si vous ne voyez
pas, dans l'organisation du parc industriel, toujours en tenant compte des
possibilités éventuelles d'établissement d'industrie...
Est-ce que ces montants sont disponibles, même s'il n'y a pas de
possibilité immédiate d'industries?
M. SAINT-PIERRE: Jusqu'à maintenant, nous avons un programme qui
nous permet de défrayer de 50 p.c. à 75 p.c. des plans
d'ingénierie des plans d'aménagement, des plans d'urbanisme, des
plans d'aménagement paysager même, en fait, d'un parc industriel,
conjointement avec la municipalité ou l'agglomération urbaine.
Nous n'avons pas jusqu'ici à l'exception du parc de Sherbrooke, de
programme qui nous permet de défrayer le coût des infrastructures.
Mais il est possible, dans le cadre de l'entente Canada-Québec, dans le
cadre d'une entente auxiliaire à être signée, de pouvoir
obtenir du ministère de l'Expansion économique régionale
certaines subventions pour des infrastructures dans des parcs industriels ou
dans des parcs touristiques ou des choses comme ça.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Est-ce que je pourrais savoir, dans ce cas,
d'où viennent les montants qui ont déjà été
versés à des municipalités, justement pour
l'aménagement de leurs parcs industriels?
M. SAINT-PIERRE: Du ministère des Affaires municipales.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Ah! du ministère des Affaires
municipales.
M. SAINT-PIERRE: Sauf dans le cas de Sherbrooke qui était un cas
spécifique dans le budget.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Je parle de Val d'Or.
M. SAINT-PIERRE: Ce seraient les Affaires municipales, en fait, sous
forme d'entrées, jusqu'à maintenant, on garantit que le
ministère des Affaires municipales...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, si nous pouvions maintenant revenir
à quelques secteurs de l'industrie secondaire pour jeter un coup d'oeil,
l'an dernier, lors de l'étude des crédits je me
réfère à la page B-66 le ministre était
à élaborer une stratégie dans le domaine de l'industrie
des pâtes et papiers et, selon le ministre, à cette époque,
il devait ressortir une série de consultations, avec le gouvernement
fédéral et aussi avec certaines provinces,
particulièrement l'Ontario, la Colombie-Britannique, je crois, une
série de recommandations osées dont on a déjà
parlé, mais essentielles à la survie
de l'industrie. Ces recommandations du comité étaient
déjà rédigées à l'époque et il ne
restait qu'à consulter les entreprises. Les interventions visaient
à rationaliser la production, le transport, la mise en marché,
etc.
Cette approche du ministère faisait suite à une sorte de
guerre avec le ministère des Terres et Forêts pour conserver la
juridiction, la compétence en matière d'industrie
forestière et également à une série de demandes du
Conseil des pâtes et papiers qui proposait, comme seule solution à
la relance de l'industrie, des diminutions, en disant qu'elles ne constituaient
qu'une panacée ou un cataplasme, sans enrayer le mal. Or depuis, tout le
débat de 1972 sur la réforme de la politique forestière a
abouti à une fin plutôt désastreuse, cette réforme
est morte de sa belle mort.
Comme mesure concrète, le gouvernement a passé...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, M. le Président, j'hésitais
à vous interrompre, déjà dans votre préambule, il y
a deux ou trois choses que vous avez dites...
M. MORIN: Je veux arriver à des questions, et j'imagine que le
ministre pourra me répondre longuement. Le ministre a passé deux
arrêtés en conseil, deux décrets, le premier pour permettre
le report des droits de coupe, et le second pour exempter de la taxe de vente
l'achat d'équipement industriel. Est-ce que le ministre pourrait
éclairer ma lanterne et me dire quelles ont été les
recommandations du comité?
M. SAINT-PIERRE: Avant de répondre, je vais corriger les
faussetés, enfin les erreurs qui se sont glissées.
Premièrement, il n'y a pas eu de guerre avec les Terres et Forêts,
c'est bien acquis que le ministère des Terres et Forêts a une
responsabilité directe vis-à-vis de la gestion de cette richesse
naturelle qu'est la forêt et que le ministère de l'Industrie et
Commerce est responsable de l'industrie secondaire et un des secteurs de
l'industrie secondaire, ce sont les pâtes et papiers.
M. MORIN: Est-ce que le ministre admettrait que j'utilise le mot
"conflit" ou "tension" plutôt que "guerre"?
M. SAINT-PIERRE: Non, il n'y a pas de tension. Encore là, mon
collègue du gouvernement fédéral me demandait de
déléguer deux personnes pour siéger sur un comité
qui va donner suite à ces recommandations et il m'a semblé, sans
être obligé de me faire forcer la main, d'inviter un des
représentants des Terres et Forêts à siéger avec
nous là-dedans puisqu'il y a une relation directe entre la gestion de la
forêt et l'industrie des pâtes et papiers. Tout ce que je veux
dire, c'est qu'il n'y a pas de blanc ni de noir, il y a plusieurs dossiers qui
sont entre deux ministères et notre défi, c'est d'être
capable de travailler ensemble pour résoudre ces problèmes.
Deuxième point, nous avons effectivement refusé l'invitation du
conseil des pâtes et papiers qui nous demandait des diminutions
d'impôt en disant que ce n'est pas cela qui réglait le
problème. Troisième point, nous demeurons convaincus et c'est le
sens nous en avons discuté cet après-midi des
discussions qui vont avoir lieu à Ottawa à la fin de mai pour
examiner certaines des recommandations qui avaient été mises de
l'avant par le comité et, comme je l'ai dit cet après-midi,
lorsque le prix du papier journal a passé, dans l'espace de douze mois,
de $115 la tonne à $230 la tonne, les problèmes des compagnies,
les problèmes de l'industrie, les problèmes d'emploi, les
problèmes de tout ce que voulez sont disparus d'eux-mêmes.
C'était le sens, je vous l'avais indiqué l'an dernier; c'est
facile à concevoir ce que cela pourrait être au niveau de la mise
en marché, au niveau du transport, au niveau de la rationalisation de la
production. Il y a des gestes osés qui peuvent être posés.
Maintenant, face à une augmentation substantielle des prix de vente, les
compagnies ne sont pas prêtes à partager entre elles, ne sont pas
prêtes à s'aider l'une et l'autre.
M. MARCHAND: Le député devrait donner la
réponse.
M. SAINT-PIERRE: On l'avait donnée cet après-midi. Alors,
cela se poursuit à Ottawa.
Lorsque l'emploi est menacé, lorsque les négociations des
relations de travail sont difficiles, parce que les profits de l'entreprise
sont trop faibles, le gouvernement se sent en mesure d'intervenir. Mais lorsque
les profits sont très hauts, lorsque les syndicats obtiennent des gains
substantiels de salaire, lorsque tout semble bien aller dans le secteur, nos
gestes sont plus difficiles à imposer.
M. MORIN: Justement, étant donné cette excellente
situation qui prévaut dans le secteur, est-ce que le ministre ne pense
pas que le temps serait bien choisi pour négocier des changements
structurels avec les entreprises en question?
M. SAINT-PIERRE: C'est le sens des discussions que nous avons avec le
gouvernement fédéral, mais encore une fois, à moins de
vouloir nationaliser les entreprises, il faudra simplement tenter de les
convaincre que ces changements, à long terme, sont désirables
pour le secteur industriel. La liberté d'entreprise, M. le
Président, doit signifier quelque chose. Il y a des gens qui, avec
raison, invoquent la liberté de parole, la liberté d'association,
mais, pour moi, la liberté d'entreprise, c'est aussi fondamental et cela
signifie que...
M. MORIN: ... est toujours sujette aux limites qu'impose la discipline
collective, pour le cas où la liberté conduit à des
abus.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que, dans le moment, on ne peut pas parler que
le fait de ne pas donner suite à des recommandations d'un groupe de
travail des deux niveaux du gouvernement a des conséquences
vis-à-vis du bien commun. Je veux dire que la preuve est très
difficile à faire, mais je n'ai pas renoncé à des actions
et, comme je vous l'ai dit, le 24 ou le 26 mai, nous avons des rencontres
à Ottawa pour voir dans quel sens.
M. CADIEUX: Je trouve drôle la question du député de
Sauvé. Il dit: Maintenant que tout va bien, vous ne penserez pas
à changer des structures. Je ne comprends pas. C'est difficile à
comprendre. Maintenant que tout va bien, vous voulez qu'on change.
M. MORIN: Je pense que le député ne doit pas être
maître dans l'art du paradoxe...
M. CADIEUX: Maintenant que tout va bien, vous ne voudriez pas changer
des structures. C'est la question que vous avez posée.
M. MORIN: Mais non, pas du tout.
M. MARCHAND: Changer à tout prix...
M. MORIN: Le député interprète, c'est qu'il y a des
moments qui sont favorables pour changer certaines structures et des moments
qui sont défavorables.
M. CADIEUX: Quand cela va bien, vous voulez les changer.
M. MORIN: Oui, parce qu'on peut faire le calcul qu'en période de
prospérité relative, cela peut très bien, l'année
suivante, dégénérer...
M. MARCHAND: Voulez-vous...
M. MORIN: ... cela peut très bien, l'année suivante,
retourner à une situation beaucoup plus difficile et, à ce
moment-là, on se retrouve devant l'impossibilité de faire des
changements structurels.
M. CADIEUX: Si cela va bien dans le moment, M. le Président, ce
n'est pas parce qu'on a trouvé la solution? Il me semble que cela...
M. MORIN: C'est une des industries les plus vieilles du Québec,
l'une de celles qui requièrent le plus de restructuration, M. le
Président.
M. CADIEUX: Absolument.
M. MORIN: Enfin, je ne sais pas pourquoi le député se
mêle constamment de conversation sérieuse pour l'interrompre.
M. MARCHAND: Vous manquez de sérieux. M. MORIN: Je voudrais
maintenant, M. le Président, avec votre permission, demander au ministre
s'il y a eu des pressions pour retarder l'application des réformes
contenues dans le livre blanc des Terres et Forêts sur la politique
forestière.
M. SAINT-PIERRE: Je n'en ai eu aucune. Il y a des critiques qui ont pu
être formulées. D'ailleurs, c'est un autre point que vous avez
donné au début. Je pense que c'est faux de dire que la
réforme forestière est laissée en plan. Si on voit les
négociations actuellement en cours par le ministère des Terres et
Forêts cela ne touche pas directement mon ministère
avec la compagnie Quebec North Shore, c'est sûrement un changement par
rapport à une situation passée.
M. MORIN: C'est cela. Quelle a été l'attitude du ministre
en ce qui constitue le coeur même de la politique forestière,
c'est-à-dire l'abolition des concessions?
M. SAINT-PIERRE: Favorable à la position prise par le
ministère des Terres et Forêts.
M. MORIN: Bien. Maintenant, pour revenir à un point que nous
avons déjà touché ce soir, suite aux accords du Kennedy
Round, il semble que plusieurs secteurs de l'industrie des pâtes et
papiers et particulièrement ceux du papier fin et des cartons
se soient plaints de concessions tarifaires tout à fait
draconiennes qui ont été faites évidemment par le
gouvernement fédéral et ce, au dire de certaines industries
québécoises, sur leur dos. Est-ce que le ministère a
l'intention d'agir pour que ne se répètent pas des
événements comme ceux-là?
M. SAINT-PIERRE: Encore là, je pense qu'il faut nuancer
l'affirmation que vous avez faite.
M. MORIN: Je vous ai posé une question.
M. SAINT-PIERRE: C'est que la preuve n'a pas été faite
qu'effectivement des changements de tarifs ont nui directement à
l'industrie canadienne. Même dans les périodes où le papier
fin était le plus durement touché au Québec, en valeur
absolue, si ma mémoire est fidèle, nos exportations
vis-à-vis des Etats-Unis étaient plus fortes que nos
importations. C'est le même problème qu'on a eu récemment
vis-à-vis des imprimeries. Les imprimeurs étaient bien contents
de pouvoir acheter du papier fin de groupes américains, parce qu'on
payait moins cher, mais lorsqu'il y a eu des problèmes
d'approvisionnement, on aurait voulu que, tout à coup, les groupes
canadiens abandonnent des clients de longue date pour satisfaire à leur
demande. Ce n'est pas facile, ces choses-là.
M. MORIN: Mais l'industrie s'était quand même plainte,
à l'époque, surtout dans le cas des papiers fins.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que j'ai raison de
dire que nous avons spécifiquement demandé au secteur
industriel des papiers fins si on devait, avec le gouvernement d'Ottawa, tenter
d'avoir des compensations? Or, il n'y avait pas unanimité, parce qu'il y
en a qui trouvaient qu'effectivement la diminution de barrières
tarifaires qui s'était produite des deux côtés leur
était aussi favorable que défavorable.
M. MORIN: En tout cas, vous avez été sensibles au
problème.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: Pour ce qui est maintenant de l'industrie du vêtement,
si nous parlions du rôle du Québec dans son développement
économique, en particulier dans ce secteur. Dans le cas des chemises,
où le Québec produit 66 p.c. des chemises fabriquées au
Canada, il semble que l'industrie se soit trouvée à affronter une
concurrence extrêmement sévère, massive, de la part de
Taiwan, de Formose. Est-ce que le gouvernement a été saisi de ce
problème?
M. LACHANCE: Est-ce que le fortrel a été inventé
par Formose?
M. SAINT-PIERRE: On m'informe, M. le Président, qu'il y a eu,
avec mon ancien collègue du gouvernement fédéral, M.
Jean-Luc Pépin, des discussions à ce sujet, qu'il y a des quotas
volontaires qui avaient été agréés par les
importateurs canadiens pour diminuer l'effet néfaste de ces
importations. C'étaient des discussions avec l'Institut canadien des
textiles.
M. MORIN: Alors, il faut dire que le gouvernement...
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, lorsqu'on regarde ceux qui importent le
textile cela m'a toujours frappé ce sont les mêmes
gens qui se plaignent des importations qui sont les premiers à en abuser
le plus, dans un sens.
Il y a des compagnies canadiennes de textiles qui n'ont pas fait
d'expansion et qui se sont appuyées sur des importations massives de
textiles.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je pourrais demander, en ce
qui concerne les éléments 2 et 3 du programme, ce qui est
arrivé des trois programmes annoncés lors de l'étude des
crédits en 1973/74?
M. SAINT-PIERRE: A savoir?
M. MORIN: C'était le premier programme, l'encouragement à
la formation de consortiums à l'exportation, et, deuxièmement,
l'infrastructure du parc industriel et commercial aéroportuaire de
Mirabel. On a déjà parlé de celui-là.
En ce qui concerne l'encouragement à la formation des consortiums
à l'exportation?
M. SAINT-PIERRE: En fait, nous en avons fait quelques-uns. Il y en a un
en opération dans le moment qui touche l'ameublement de bureau. Nous
tentons d'en faire dans un sens non seulement relié à
l'exportation, mais aux problèmes, comme j'ai mentionné plus
tôt aujourd'hui, de l'ensemble des opérations des petites et
moyennes entreprises.
Parallèlement à cela, il faut dire que le ministère
fédéral a mis sur pied, a peut-être même
copié, plagié, nos deux programmes, c'est-à-dire APEX et
aide à la formation de consortiums.
Nous incitons donc nos entreprises et les aidons à faire une
demande au gouvernement fédéral pour se prévaloir des
programmes qui existent là-bas.
M. MORIN: M. le Président, je serais prêt à passer
à l'étude du programme 3, élément par
élément, parce que j'ai des questions à poser au ministre
sur chaque élément.
LE PRESIDENT (M. Brisson): N'avait-on pas convenu qu'on discutait
globalement et qu'il serait discuté...
M. MORIN: Je peux poser mes questions... M. MARCHAND: Etes-vous
perdu?
M. MORIN: ... sur chaque élément maintenant.
M. MARCHAND: Vous êtes dans la brume.
M. MORIN: Est-ce que le député voudrait nous laisser
travailler, s'il vous plaît, M. le Président?
M. MARCHAND: On vous laisse travailler.
M. MORIN: Si nous prenons, par exemple, l'élément no 2 du
programme 3, est-ce que le ministre pourrait nous expliquer la réduction
de ce programme? Pourquoi réduire de $1,014,600 à $894,000 alors
qu'on parle de développer justement les exportations?
M. SAINT-PIERRE: C'est exactement ce que je viens d'expliquer. L'an
dernier, dans la formation de consortiums à l'exportation, nous avions
$150,000 et dans l'assistance à la promotion des services professionnels
et des produits industriels québécois, le programme APEX, nous
avions $100,000.
Je pense que si on regarde ce qui a été effectivement
dépensé en 1973/74, on s'apercevra qu'il y a beaucoup de
crédits de périmés dans ce secteur à cause de
l'apparition du programme fédéral et le fait que nous avons
été obligés de nous rajuster en cours de route. Alors, les
nouveaux crédits reflètent sûrement une augmentation par
rapport à ce qui s'est effectivement dépensé.
Nous avons effectivement dépensé $712,000 l'an
dernier.
M. MORIN: Augmentation qui était prévue. Donc, en
réalité, il y aurait une augmentation cette année par
rapport aux dépenses réelles.
Est-ce que vous pourriez fournir l'explication pour la diminution qu'on
enregistre à l'élément 1 qui passe de quelque $10,800,000
à $7,415,000?
M. SAINT-PIERRE: C'est dans les dépenses de transfert à
l'élément 3. Essentiellement, c'est l'administration du fonds de
développement industriel, le bill 23 et l'arrêté en conseil
2197, que j'avais donné tantôt, qui a diminué
substantiellement.
M. MORIN: Le "phasing out".
M. SAINT-PIERRE: Nous avions $9,200,000 l'an dernier. Nous en avons
$5,800,000 cette année. Les arrêtés en conseil 2526 et
3197, plus la Loi de l'aide au développement industriel expliquent la
diminution.
M. MORIN: Combien est-ce qu'il y a de fonds d'engagés
jusqu'à l'épuisement...
M. SAINT-PIERRE: Un instant, je vais vous donner cela. Vous l'avez dans
les annexes qui ont été distribuées cette année.
Dans les annexes qui ont été distribuées ce matin, M. le
Président, on retrouve en détail la situation. Sur la loi 23, les
primes maximales à verser sont de $36 millions, on l'a par
région. Au 31 mars 1974, nous avons déjà versé
$29,951,000, ce qui évidemment, inclut ce que nous avions prévu,
soit $4,300,000 en 1973/74. Donc, il nous reste grosso modo $7 millions
à verser. Maintenant, à cela, il faudrait ajouter
l'arrêté en conseil 3197. Les primes maximales à verser
sont de $3.5 millions. Déjà, $3,200,000 ont été
versés. Donc, ce sont des montants assez insignifiants qu'il nous
resterait à verser. Finalement, dans l'arrêté en conseil
2526, les primes maximales sont de $15 millions. Nous avons déjà
versé $9 millions. Donc, il nous reste $6 millions. Grosso modo, il nous
resterait environ $13,300,000 à verser à partir de cette
année pour l'ensemble de ces trois programmes qui datent,
évidemment, d'avant 1970.
M. MORIN: Bien, cela va pour cela. Maintenant, dans le cadre de
l'élément 3, j'aurais une dernière question avant de
passer à l'adoption de ses crédits. Un projet de loi
créant la société Interport avait été
déposé. Il semble que le sous-ministre ait déclaré
que ce projet n'a pas été retiré ou, en tout cas, qu'il ne
le serait pas à moins d'un pépin, d'après ce qui a
été rapporté dans la presse. Est-ce que le ministre
pourrait faire le point là-dessus? Est-ce que cela a été
oublié?
M. SAINT-PIERRE: Non, au contraire, avec le gouvernement
fédéral, nous en sommes là aussi à la phase
terminale qui nous permettrait de mener une entente avec le gouvernement
fédéral. Au niveau local, il y a eu certaines difficultés
avec la Communauté urbaine de Québec, la ville de Québec
et la chambre de commerce. Nous avons, je pense, fait l'accord entre les
parties sur la composition du conseil d'administration, les gens qui pourraient
être représentés dans ce conseil d'administration. Le
projet n'est pas retiré. Dès que l'entente sera signée,
parce que j'ai pensé que le pouvoir législatif
n'apprécierait pas de se faire voter en blanc un projet de loi sans
connaître les détails de l'entente, nous la déposerons
à la Chambre.
M. MORIN: La déposer de nouveau.
M. SAINT-PIERRE: Non, l'entente n'a pas été
déposée. Le projet de loi a déjà été
déposé, l'entente n'ayant pas été signée,
n'a pas été déposée.
M. MORIN: Très bien. Je suis prêt à l'adoption des
crédits du programme 3.
LE PRESIDENT (M. Brisson): D'autres questions? Le programme 3 est
adopté.
M. MORIN: M. le Président, étant donné que nous
avons bien progressé ce soir, je pense qu'il y a trois programmes de
votés maintenant. Peut-être pourrions-nous ajourner à
demain matin. Cela permettrait à tout le monde d'être frais et
dispos pour l'étude des crédits suivants.
LE PRESIDENT (M. Brisson): La commission est d'accord? La commission
ajourne ses travaux à 10 heures demain matin.
M. MORIN: Disons 10 h 30. M. SAINT-PIERRE: 10 h 30. (Fin de la
séance à 22 h 10)
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