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Commission permanente
de l'industrie et du commerce,
du tourisme, de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
Séance du mardi 21 mai 1974
M. CARPENTIER (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A
l'ordre, messieurs!
Nous commençons à étudier les crédits du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je demanderais
au ministre de nous donner ses explications concernant le programme 1.
Exposé-général
M. SIMARD: Si vous voulez, M. le Président, j'aimerais avant tout
souhaiter la bienvenue à tous les membres de cette commission, qui
auront à juger et à étudier les crédits du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pour
l'exercice financier 1974/75.
En préambule, j'aimerais ajouter que, lors de l'étude du
budget de mon ministère pour l'exercice 1973/74, je
répétais l'engagement que j'avais souventefois formulé
depuis mon asser-mentation, celui de m'employer à assurer le plus grand
essor possible à l'industrie du tourisme, à l'aide des outils mis
à ma disposition.
Or, même si le gouvernement du Québec doit s'efforcer de
vivre selon ses moyens, il m'a été fort agréable de
constater que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche est celui qui a connu le plus haut indice d'accroissement de son
budget pour l'exercice par rapport au précédent, soit de 21.54
p.c.
Cette incontestable démonstration d'intérêt à
l'égard du tourisme s'explique facilement si l'on tient compte du
rôle que joue cette industrie dans l'économie du Québec et,
par conséquent, dans le mieux-être de chacun de ses citoyens. Il
est peut-être utile de rappeler que, comme je le soulignais
l'année dernière, le Canada est parvenu, en 1971, à
évaluer les revenus du tourisme pour chacun des Etats qui constituent la
confédération, et ce grâce à une étude de
grande envergure ayant trait au tourisme intracanadien. Une telle recherche,
à cause de son coût, ne peut être poursuivie qu'à
tous les cinq ou six ans, de sorte que nous devons procéder dans
l'intervalle par la méthode bien connue de l'extrapolation.
Or, si nous appliquons aux revenus de 1971 $871 millions
l'indice de croissance du tourisme dans les pays de l'Organisation de
coopération et de développement économique, nous avons
très probablement dépassé le seuil du milliard de dollars
en 1973.
L'année dernière, M. le Président, j'ai
mentionné que les membres de cette commission parlementaire
s'étonneraient peut-être que je ne formule pas les objectifs que
nous poursuivions. J'ajoutais que la nouvelle procédure administrative
de budgétisation par programmes ne permettait pas d'établir des
comparaisons à des niveaux inférieurs aux éléments
de programme.
Par ailleurs, le document que j'ai déposé alors touchait
à toutes les interventions de mon ministère, de sorte que nos
objectifs s'en dégageaient implicitement, de même que les moyens
que nous mettions en oeuvre pour les atteindre. La nouvelle structure
supérieure du ministère est maintenant en place depuis plus d'un
an et il en est résulté une cohésion accrue des
efforts.
Il y a quelques semaines, le Conseil de planification et de
développement du Québec remettait à mon collègue,
responsable de l'Office de planification et de développement du
Québec son volumineux mémoire, intitulé Vers une industrie
touristique au Québec, éléments d'une stratégie de
développement. Je ne saurais commenter ici chacun des chapitres de ce
document, ni chacune des recommandations qu'il formule. Je dois vous avouer,
cependant, que j'ai pris connaissance de son contenu avec la plus grande
satisfaction, car j'y ai trouvé la confirmation que mon ministère
est dans la bonne voie. Deux de mes hauts fonctionnaires ont rencontré
les membres du comité de liaison du CPDQ le 25 octobre 1972 afin de leur
exposer ce qui constituait alors nos principaux modes d'intervention.
Au cours des mois qui suivirent, d'autres actions furent mises en route
et sans doute le directeur du service de la recherche de mon ministère,
qui a collaboré intimement avec le CPDQ, l'en a-t-il constamment tenu au
courant. C'est ainsi que chacune de nos politiques a été
examinée de près. J'ai éprouvé beaucoup de joie en
constatant que la presque totalité des moyens recommandés dans le
mémoire étaient déjà en route.
Permettez-moi de citer quelques exemples démontrant à quel
point mon ministère en est arrivé aux mêmes conclusions que
le CPDQ : 1) En 1972/73, mon ministère a entrepris, pour la
première fois, la mise en valeur du tourisme
intraquébécois, en tenant compte du fait que les
Québécois effectuent environ 50 p.c. des déplacements
touristiques dans nos différentes régions. Cette année,
nous consacrons à cette fin des crédits de l'ordre de $165,000,
à part les messages publicitaires qui paraîtront dans les journaux
du Québec dans le cadre de la campagne dont mon ministère est le
maître d'oeuvre et qui vise à accroître le tourisme dans
l'Est du Québec. 2) Parce que l'Ontario constitue de loin notre plus
important potentiel au Canada, c'est là que mon ministère
investit la très grande proportion de ses efforts promotionnels pour la
mise en valeur du tourisme intracanadien.
3) La Nouvelle-Angleterre et l'Atlantique-Moyen nous fournissant environ
80 p.c. des touristes qui nous viennent des Etats-Unis en automobile, nous y
investissons la majeure partie de notre budget destiné à la
république voisine.
Nous y avons recours à des publications s'adressant à la
masse des consommateurs. Nous avions entrepris une action semblable dans les
régions de l'Atlantique-Sud et du Centre-Nord-Est mais nous n'avons pas
voulu mettre un accent spécial sur ces régions en 1974, car nous
ne pouvons prévoir les retombées de la crise de l'énergie.
4) Depuis deux ou trois ans, mon ministère a entrepris de mettre en
valeur les potentiels situés en des secteurs géographiques des
Etats-Unis qui sont trop loin de nous pour intéresser massivement la
clientèle des automobilistes. Nous recourons donc pour cela à des
intermédiaires, notamment à des agences de voyages, et nous nous
y employons souvent au moyen de programmes conjoints, nos autres partenaires
étant le gouvernement fédéral, l'Ontario et Air Canada. 5)
Notre Service de la recherche s'efforce de recueillir et d'analyser le plus
possible de données socio-économiques au sujet de nos clients, de
façon à accroître la rentabilité de nos initiatives
de promotion. Toute notre campagne d'annonces aux Etats-Unis est basée
sur le principe de la segmentation de la clientèle. 6) Nous ne
négligeons pas la nécessité de sensibiliser nos citoyens
à l'importance du tourisme. Par exemple, il a assumé en 1973 les
frais d'une centaine de cliniques données dans ce but à travers
toutes nos régions par la Chambre de commerce de la province de
Québec sous l'égide de notre Institut de tourisme et
d'hôtellerie. 7) Parce que nous devons répondre chaque
année à 300,000 et plus de demandes de renseignements par la
poste et accueillir plus de 700,000 visiteurs à nos comptoirs
d'information, mon ministère diffuse une quarantaine d'imprimés
dont le contenu répond aux désirs de la clientèle. 8) Avec
la construction en 1973 de trois nouvelles salles permanentes d'accueil aux
frontières de l'Ontario, des Etats-Unis et dans le voisinage de
Rivière-du-Loup, la mise en chantier d'une quatrième à
l'entrée sud du parc de la Vérendrye et l'érection
éventuelle d'une cinquième à l'entrée sud du parc
des Laurentides, mon ministère continue de procéder à la
mise en place d'un système d'information facilement accessible. 9) Le
Québec est doté d'un grand éventail de circuits
touristiques qu'identifient nos guides régionaux. Jusqu'à
maintenant, les gouvernements d'Ottawa et du Québec ont entrepris
conjointement d'équiper l'un d'eux, celui de l'Est du Québec,
d'un réseau intégré d'attraits et de services.
Déjà, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Nord-Ouest du
Québec font l'objet d'une semblable attention.
Les nouvelles politiques du gouvernement fédéral
permettront d'étendre cette préoccupation à l'ensemble de
notre territoire. 10)La classification des hôtels est chose faite depuis
quelques années et elle a été complétée par
celle des salles à manger d'hôtels. Le service de la recherche de
mon ministère vient de terminer une fort intéressante
étude pour la conception d'une formule de classification des
restaurants. L'évaluation des services offerts en d'autres domaines,
notamment par les terrains de camping et les pourvoyeurs en chasse et
pêche, a également été inscrite à notre
programme. 11)Le MTCP s'efforce de multiplier les manifestations susceptibles
d'attirer les touristes de l'extérieur, d'allonger leur séjour et
de retenir au Québec la plus forte proportion possible de ses citoyens.
Il y arrive non seulement en les faisant connaître, mais aussi en
secondant financièrement les organisateurs. C'est ainsi que le poste des
subventions a été porté de $400,000 à $700,000 pour
l'exercice 1974/75. 12)Cependant, nous ne nous limitons pas à la mise en
valeur des potentiels les plus économiquement rentables. Nous n'oublions
pas la famille québécoise comme un témoignage de la
nouvelle orientation de nos parcs. Autrefois, on n'y pratiquait que la
pêche sportive, et encore fallait-il être fort à l'aise pour
en bénéficier. Nos parcs sont devenus polyvalents et de nouveaux
ont été ouverts, au cours des récentes années, dans
un rayon raisonnable des grands bassins de population. C'est ainsi que leur
fréquentation a augmenté de 1650 p.c. en l'espace de treize ans
pour atteindre près de trois millions de visiteurs/jours l'année
dernière. 13)Ce souci de tenir compte de l'urbanisation du Québec
s'est également traduit par l'attention que mon ministère apporte
de façon particulière au triangle
Montréal-Québec-Sherbrooke en ce qui a trait à
l'aménagement du territoire et à son équipement. 14)On ne
saurait faire complètement échec à la surexploitation
commerciale. En démocratie, comment pourrions-nous recourir à la
fixation permanente des prix? Mon ministère rend obligatoire l'affichage
des tarifs de chaque unité d'hébergement, publie un
répertoire du gîte avec classification et tarifs et exige que les
menus soient visibles de l'extérieur des salles à manger et des
restaurants. Si nous ne contrôlons pas les prix au moins le touriste sait
à quoi s'attendre avant de donner sa clientèle à un
établissement. 15)La promotion du Québec vise à mieux
faire connaître notre histoire, nos coutumes, notre culture et nos
institutions; elle présente le Québec comme un produit
particulier, une destination différente et une promesse de
dépaysement dans l'ensemble anglo-saxon du continent
nord-américain. 16)Depuis 1967, le Québec et l'Ontario
poursuivent une campagne annuelle afin de mieux faire connaître la Route
des Pionniers,
qui longe le Saint-Laurent depuis l'extrémité de la
péninsule gaspésienne jusqu'aux chutes Niagara. Tout en
maintenant cette collaboration, ils participent à des actions conjointes
avec le gouvernement fédéral et des transporteurs. Le
Québec entend bénéficier aussi de l'appui d'autres
gouvernements, notamment de celui de l'Etat de New York pour la mise en valeur
commune des potentiels européens. 17)Par sa loi-cadre des parcs, le
Québec entend mettre en oeuvre la meilleure utilisation possible du sol
et minimiser toute exploitation économique des parcs qui risquerait de
mettre en échec les objectifs de la récréation en milieu
naturel. De plus, mon ministère s'est doté, il y a un peu plus
d'un an, d'un Service général de la recherche et du
développement, dont l'un des rôles est de concevoir des plans
d'aménagement. 18)Nous étudions présentement les
modalités d'un éventuel crédit touristique, notamment pour
venir en aide à la petite hôtellerie et aux entreprises
saisonnières, afin qu'elles aient accès au crédit, mais
selon des intérêts et des termes qui soient compatibles avec leurs
opérations. Cette mesure contribuera à accroître les
revenus de l'industrie du tourisme dans les régions par rapport à
celles de Montréal et de Québec et à mieux équiper
nos différents itinéraires. 19)Par son étude sur les flux
touristiques, qui entre cette année dans sa deuxième phase, le
Québec sera en mesure de déterminer l'impact du tourisme non
seulement sur l'économie de l'ensemble du territoire mais de chacune de
ses régions administratives. 20)Par ses actions conjointes de
commercialisation, mon ministère collabore avec le secteur privé,
et c'est pour en arriver à une meilleure coordination des
activités qu'il a secondé la Chambre de commerce de la province
de Québec dans la tenue de la Confédération du tourisme
qui a eu lieu peu avant la fin d'avril à Québec. 21) Par son
nouveau programme de sollicitation des congrès, par l'accroissement
constant de la proportion de son budget de promotion qu'il consacre au tourisme
d'hiver, par ses campagnes à l'intention des chasseurs et des
pêcheurs et d'autres clientèles particulières, le MTCP
s'emploie à accroître la demande de septembre à juin. 22)
Le MTCP favorise la vente de voyages et de séjours à prix
forfaitaires, notamment dans les domaines du ski et du golf, par le truchement
de quelque dix milles agents de voyages du continent nord-américain, et
il vient de publier son premier manuel, intitulé Manuel pour agents de
voyage. 23) Avec l'ouverture de nouveaux parcs, mon ministère a accru
l'accessibilité des Québécois à la pleine nature.
Il a non seulement mis le produit "pêche sportive" à la
portée des citoyens, en gardant 4,000 chaloupes à leur
disponibilité, mais il a conçu de nouveaux produits,
c'est-à-dire le canot-camping, interprétation de la nature,
sentiers pédestres, pistes de ski de fond, de raquette et de motoneige,
pêche à travers la glace, etc. 24) Mon ministère s'emploie
à doter le réseau fluvial du Québec de marinas qui
attireront les plaisanciers de l'extérieur et retiendront les
nôtres; il a aménagé une trentaine d'accès aux plans
d'eau avec rampes de lancement pour embarcations légères. 25) Le
ministère des Transports a entrepris de doter les autoroutes et les
circuits touristiques d'aires de repos où le voyageur peut faire halte,
casser la croûte ou trouver des facilités sanitaires. 26) Le
dernier, M. le Président. Mon ministère étend chaque
année le réseau routier de ses parcs tant pour accroître le
nombre des clients qui les visitent que pour permettre l'exploitation de la
récolte optimum de la faune.
Comme vous le constatez, M. le Président, nous appliquons
déjà la presque totalité des recommandations
formulées par le Conseil de planification et de développement du
Québec et nous en somme ravis. Même si les objectifs de mon
ministère demeurent implicites, il n'est peut-être pas superflu de
les énumérer, en terminant : 1) Garantir la conservation des
ressources fauniques par une protection accrue, une meilleure
réglementation, l'acquisition de connaissances toujours plus
étendues sur la faune, un programme intensif d'aménagement de
l'habitat et une information plus abondante à l'endroit du public. 2)
Améliorer l'accessibilité du territoire en favorisant le
développement d'un réseau intégré de pourvoyeurs de
chasse et de pêche sur les terres libres du Québec par diverses
mesures incitatrices afin d'optimaliser l'exploitation de la faune et les
retombées économiques de l'industrie touristique. 3)Aussi
intensifier l'aménagement faunique en assurant la présence des
équipes de biologistes sur tout le territoire du Québec, en
formant des équipes spécialisées sur les animaux à
fourrure et le petit gibier, encourageant la construction d'étangs de
pêche, de fermes cynégétiques et d'établissements
piscicoles. 4)Accroître le nombre des touristes qui nous viennent de
l'extérieur, et retenir au Québec de plus en plus de nos
citoyens. 5)Accueillir et informer le mieux possible notre clientèle
venant de l'extérieur, qui est essentiellement anglophone et qui
séjourne dans un Etat francophone à la recherche de
dépaysement. Notre loi des agents de voyages vise ce but, en même
temps que celui de protéger nos propres citoyens. 6)Fournir une
assistance technique et financière susceptible d'améliorer les
équipements de façon qualitative et d'encourager le secteur
privé à investir dans les équipements. 7 ) Procéder
à la mise en place, dans un rayon raisonnable de bassins de population,
d'un réseau de parcs régionaux visant particulièrement les
besoins de récréation "à la journée"
des citadins; c'est l'objectif qu'envisageait pour 1974/75 le
développement prioritaire du triangle
Montréal-Québec-Sherbrooke. Ce programme ne peut se traduire que
par une augmentation du nombre des touristes. 8)Accroître
l'éventail des activités offertes dans les parcs existant
déjà, même au détriment de celles qui sont
traditionnelles, ce qui contribuera à prolonger le séjour de la
clientèle touristique. Notre loi-cadre des parcs sera un outil fort
précieux dans la poursuite de ces deux objectifs. 9) Enfin,
développer des aménagements le long des principaux
itinéraires touristiques du Québec, de façon qu'ils
offrent un éventail d'équipements, d'attraits et de services
susceptibles de retenir la clientèle. Le crédit touristique
constituera un important instrument dans ce but.
Voilà, M. le Président, neuf objectifs qui, sans se
chevaucher, s'articulent parfaitement dans un objectif supérieur,
c'est-à-dire amener l'industrie touristique à jouer un rôle
optimum dans l'économie du Québec, faire en sorte que les
citoyens de la province puissent profiter du plus grand éventail
possible d'activités de récréation en milieu naturel et
s'employer à la conservation des ressources essentielles à ce
double mandat.
Les actions visant ces objectifs, M. le Président, vous les
trouverez dans les éléments de nos sept programmes
budgétaires. Je suis prêt, avec l'acceptation de la
majorité, à commencer l'étude programme par programme,
laissant la discussion à tous les membres de cette commission, à
la suite de chaque programme.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Voici simplement pour rétablir
l'ordre des choses au point de vue de la procédure, je voudrais nommer
les membres de la commission. M. Cadieux (Beauharnois), M. Côté
(Matane), M. Déom (Laporte), M. Houde (Fabre), M. Lachance (Mille-Iles),
M. Lessard (Saguenay), M. Marchand (Laurier), M. Morin (Sauvé), M.
Carpentier (Laviolette), remplaçant M. Saint-Pierre (Chambly), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Simard (Richelieu), M. Tardif (Anjou), M. Tremblay
(Iberville). Sans plus de commentaires, messieurs, programme 1.
Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je suis très heureux,
d'abord, du fait que le ministre nous ait non seulement proposé cette
année un résumé de l'activité de son
ministère depuis la dernière année où nous avons eu
à étudier les crédits, mais nous ait aussi
présenté un certain nombre d'objectifs pour lesquels il
désirait travailler au cours de l'année qui vient.
M. le Président, ceci nous permet justement de vérifier le
travail qui a pu se faire au ministère, depuis un an, et nous permettra
aussi de vérifier si les objectifs que s'était fixés le
ministère auront été atteints. M. le Président, je
n'ai pas besoin de vous dire que chacun d'entre nous, je pense, autour de cette
table, sommes fortement intéressés au développement de ce
ministère qui, à mon sens, devrait devenir l'une des
priorités du gouvernement québécois au cours des
prochaines années.
Le ministre en effet, dès le début de son intervention, a
fait part d'un certain nombre de chiffres qui prouvent que le tourisme est en
train de devenir, au Québec, la première industrie
québécoise. M. le Président, je n'ai pas besoin
d'insister, nous sommes quand même dans une situation fort
privilégiée par rapport à d'autres territoires, tant au
Canada qu'aux Etats-Unis ou ailleurs. Nous avons d'abord des
caractéristiques fort différentes par le fait que nous partageons
une culture différente du contexte nord-américain mais nous
sommes aussi dotés d'un territoire qui est considérable et qui,
malgré que certains nous disent que c'est un handicap, peut ne pas
l'être lorsque nous pensons à son immensité et lorsque nous
pensons au développement du plein air qui va se faire de plus en plus
d'ici quelques années.
M. le Président, je pense que cet immense territoire faiblement
humanisé et encore presque intact est justement un attrait majeur sur
lequel nous devons nous baser pour développer ce secteur qui est fort
important. Les chiffres actuellement, M. le Président, manquent
probablement pour en estimer l'importance économique, malgré le
fait que le ministre nous parle d'un milliard de dollars, mais je pense qu'il
va être important pour le Québec d'estimer d'ici quelques
années l'impact économique et sociologique que présentent
les loisirs de plein air, notamment la chasse et la pêche sportives.
Cependant, tous les experts sont d'accord le ministre
lui-même et probablement ses fonctionnaires pour reconnaître
qu'il s'agit là d'un secteur qui apporte des millions de dollars au
Québec et qui est aussi un attrait pour l'ensemble du tourisme.
Le ministre estime que ce secteur a apporté plus de $1 milliard
en devises, en investissements ou en dépenses au cours de l'année
1973/74. J'en suis fort heureux. Je pense que, si nous développons une
véritable politique du tourisme, si nous développons l'offre du
tourisme, nous sommes certainement capables d'en arriver à l'objectif
que se sont fixé, d'ici 1980, les responsables de l'OPDQ qui ont
présenté une étude intitulée, Vers une industrie
touristique au Québec, éléments d'une
stratégie.
Si nous voulons que cela se fasse, il va falloir aménager
beaucoup plus notre territoire. Il va falloir établir des politiques
concernant cet immense territoire. Je sais que le tourisme, ce n'est pas
seulement la chasse et la pêche. Le tourisme, comme le disait justement
le député de Fabre il y a quelque temps à
l'Assemblée nationale, c'est aussi autre chose que la chasse et la
pêche. Cela peut être le tourisme religieux, comme ça peut
être le tourisme social. Nous avons quand même un
élément fort important
ici au Québec qui est le domaine de la chasse et de la
pêche qu'il faut absolument développer. Nous avons un territoire
intact, comme je le disais, et c'est sur ce territoire-là qu'il va
falloir développer ce secteur.
Je sais qu'au cours des années précédentes on a
fait un effort particulier au ministère du Tourisme sur la promotion. Il
est difficile de blâmer le ministère sur les politiques de
promotion qui ont été faites, en particulier, à
l'étranger. Je pense que cela s'est concrétisé par des
résultats assez intéressants. Mais, comme le souligne justement
encore l'étude de l'Office de planification et de développement
économique du Québec, très peu de promotion s'est faite
dans le passé auprès des Québécois, de telle
façon que nombre de Québécois vont à
l'extérieur. Au cours des prochaines années, un accent fort
particulier, comme l'annonce le ministre, devra être mis sur la promotion
auprès des Québécois, mais un accent aussi particulier
doit être mis sur les modes d'exploitation du territoire du
Québec.
Actuellement, on peut distinguer quatre modes d'exploitation du
territoire. Il y a, d'abord, le secteur public, soit tout le secteur des parcs.
Je pense que, dans ce secteur-là, le ministère a une
responsabilité fort importante d'arriver à une politique de
planification de l'aménagement des parcs régionaux.
Je comprends les préoccupations du ministère lorsqu'il
dit, qu'il doit développer autant que possible des parcs
régionaux près des régions habitées. Mais cette
préoccupation ne doit pas être la seule. Je comprends, M. le
Président, que des régions comme Montréal ont besoin, plus
que les régions trop lointaines, d'aménagements de parcs. M. le
Président, un effort aussi particulier devra probablement être
fait sur l'utilisation de nos parcs. Actuellement, on ne se le cache pas,
malgré le fait que le ministre parle d'une forte augmentation de
l'occupation ou des visites qui se sont faites au niveau de nos parcs,
comparativement à l'Ontario on constate qu'on a une assez faible
utilisation de nos parcs.
M. le Président, la politique des parcs au Québec doit
appartenir au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Le gouvernement fédéral est en train de planifier l'instauration
de parcs nationaux au Québec. Je pense que cette responsabilité
doit appartenir au gouvernement, au ministère. L'initiative doit
appartenir au ministère du Tourisme de la Chasse et de la Pêche.
Jusqu'ici, je me demande si le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche a eu une véritable politique dans ce secteur ou s'il n'a
pas abandonné complètement ses responsabilités entre les
mains du gouvernement fédéral. Je parle des parcs nationaux. Les
parcs nationaux sont actuellement l'initiative du gouvernement
fédéral et il devient important que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche se penche sur ce problème de
telle façon que les parcs nationaux s'intègrent à la
politique des parcs provinciaux du Québec, comme à celle des
parcs régionaux.
Il y a un autre mode d'exploitation et j'aurai l'occasion d'en
discuter lors de l'étude des programmes c'est le secteur
privé commercial. Actuellement, y a-t-il une politique au
ministère sur les pourvoyeurs de chasse et de pêche? Je pense que
le gouvernement ne peut pas tout faire. Le gouvernement doit laisser une
certaine place à l'entreprise privée. Le gouvernement doit
laisser une certaine place à des pourvoyeurs, ce que j'appelle des
hôteliers en forêt. Actuellement, le ministre nous annonce la
possibilité de l'instauration d'un crédit pour le
développement touristique. Je pense qu'il devient urgent d'instaurer le
plus tôt possible ce crédit, afin d'aider nos hôteliers en
forêt, d'aider ces pourvoyeurs de chasse et de pêche qui sont
souvent en concurrence avec des clubs privés de chasse et de
pêche. On remarque même actuellement qu'il y a une diminution des
pourvoyeurs de chasse et de pêche comparativement aux années
précédentes parce qu'il ne semble pas qu'ils puissent obtenir de
l'aide du gouvernement.
Il y a un troisième secteur, c'est le secteur privé non
commercial, ce que j'appelle les clubs privés.
Je remarque ceci dans le rapport du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
Vous vous rappelez qu'en 1970, le premier ministre du Québec
avait déclaré qu'il mettrait fin, dans le plus bref délai
possible, à ce système moyenâgeux que constituent les clubs
privés de chasse et de pêche. Je ne veux pas revenir sur le fait
que c'est la seule province où nous trouvons un tel système; le
système des clubs privés, de la façon dont on les utilise
ici, au Québec, n'existe nulle part ailleurs. Il importe, je pense,
devant cette demande de plus en plus forte de la population du Québec
d'avoir accès aux territoires de chasse et de pêche, dans le plus
bref délai possible, que l'on puisse abolir ce système. Or, en
1971/72, d'après les chiffres mêmes du ministère, je
constate que nous avions 20,854 milles carrés de territoire en clubs
privés. En 1972/73, selon le rapport même du ministère, je
constate que nous avons encore au Québec 21,557 milles carrés de
territoire soumis à des clubs privés.
Où est-elle cette politique? Le ministre semble réagir.
J'invite le ministre à prendre connaissance et je me suis
fié...
M. SIMARD: Est-ce que le député de Saguenay veut me
permettre une intervention?
M. LESSARD: Bien, si vous permettez...
M. SIMARD: C'est que les 1,000 milles carrés additionnels n'ont
pas été donnés aux clubs privés mais bien à
des pourvoyeurs.
M. LESSARD: Moi, je voudrais dire...
M. SIMARD: C'est une façon d'interpréter le rapport
annuel.
M. LESSARD: Non, M. le Président, je regrette...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pendant que vous cherchez ça, je
vais profiter de l'occasion pour aviser la commission, avant qu'on soit en
désaccord, que le député d'Anjou est le rapporteur de
cette commission.
M. LESSARD: M. le Président, aux services de location des droits
de chasse et de pêche, diverses statistiques tirées des rapports
annuels transmis au ministère par les locataires de droits de chasse et
de pêche, exercice financier 1971/72, superficie de territoire
loué, en milles carrés, concernant les clubs privés,
20,854; exercice financier 1972/73, 21,557; augmentation, en pourcentage, 3.3
p.c.
Qu'il y ait eu augmentation ou qu'il n'y ait pas eu augmentation, je
constate qu'il n'y a pas eu diminution. Je me demande où est cette
politique du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ou
du gouvernement du Québec qui, justement, prônait, en 1970/71,
l'abolition des clubs privés. J'aurai l'occasion de revenir sur
ça parce qu'il me paraît que c'est là un sujet absolument
important de ce temps-ci.
Si le ministre a d'autres informations, je serai très heureux de
savoir quelles sont ses intentions pour abolir ces clubs privés qui sont
absolument inadéquats et dépassés dans le système
actuel.
Le ministre va me dire: On ne peut pas, actuellement, abolir l'ensemble
des clubs privés. Il y a une quatrième façon, une
quatrième méthode d'exploitation des territoires de chasse et de
pêche. Il y a les secteurs communautaires que je décrirais comme
suit: il s'agit d'associations sportives régionales accessibles à
tous les résidents qui obtiennent des droits de chasse et de pêche
sur un territoire donné, avec mandat d'en gérer l'exploitation
touristique pour le profit de leurs membres et du public en
général. Plusieurs réserves de chasse et de pêche du
Québec sont maintenant ainsi administrées par des associations
régionales qui groupent quelques centaines à des milliers de
membres.
M. COTE: Vous avez cité quelqu'un?
M. LESSARD: Non, je donne tout simplement une définition.
M. 'le Président, je pense que c'est là une porte
j'ai insisté à plusieurs reprises sur cela, depuis 1970
c'est là un moyen pour le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche d'associer la population au développement touristique.
M. Gaston Moisan, le sous-ministre adjoint, est venu dernièrement
dans la région de Forestville. Je ne dis pas que toutes les associations
de chasse et de pêche ont eu des résultats positifs dans le
passé. Mais je dis que ces associations de chasse et de pêche ont
dû travailler seules, n'ont jamais obtenu l'aide du gouvernement. C'est
le cas, par exemple, de l'Association de chasse et de pêche de
Baie-Comeau-Hauterive, qui a dû laisser tomber ses activités de
pourvoyeur de chasse et de pêche, l'an dernier, suite à une
décision du ministère, qui l'avait amputée de toute la
partie sud de son territoire au profit de quelques individus qui avaient des
chalets de villégiature dans cette région.
C'est le cas aussi de l'Association de chasse et de pêche de
Forestville qui, dans le système actuel, ne peut absolument pas compter
sur l'aide du gouvernement. Moi, je suis d'accord sur la création de
parcs et de réserves administrés par le gouvernement du
Québec. Je n'ai pas l'intention de m'opposer à la création
de ces réserves. Au contraire, M. le Président, c'est là,
je pense, un moyen de prendre en main ces territoires qui sont actuellement
sous bail privé.
Mais, dans toute cette politique, il faudra, je crois tenter de
s'associer les populations régionales et les populations locales. Il
faudra tenter de conserver l'initiative de ces populations et d'utiliser leur
dynamisme.
Je dis, pour prendre un exemple bien spécifique, que si
l'Association chasse et pêche de Forestville n'entretenait pas les
territoires qui sont actuellement sous son administration, le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche devrait être obligé
de prendre en main ces territoires, ce qui coûterait passablement cher au
ministère.
Si ce n'avait été de l'Association chasse et pêche
de Forestville je donne simplement un exemple régional que je
connais plus particulièrement les routes en forêt dans
cette région n'existeraient à peu près plus.
Actuellement nous sommes j'ai écrit, à ce sujet au
ministre en train de constater que, dans la région de
Baie-Comeau-Hauterive, la route qui était autrefois entretenue par
l'Association chasse et pêche de Baie-Comeau-Hauterive est en train
d'être complètement détruite. Il faudra, en relation avec
le ministère de la Voirie, si on veut que ce territoire continue
d'être accessible, ou un autre ministère, soit le ministère
des Terres et Forêts, que le gouvernement du Québec ait une
politique concernant l'entretien de ces routes. Mais si on avait donné,
à l'Association chasse et pêche de Baie-Comeau-Hauterive, les
moyens de vivre et de s'administrer, elle aurait pu continuer à
fonctionner. Cela coûterait pas mal moins cher au gouvernement et on
aurait pu utiliser le dynanisme de la population de la région.
Dès le jour où le gouvernement prend tout en main, la
population se désintéresse et, à ce moment-là, on
perd une énergie considérable. Le ministère je sais
qu'une loi des parcs sera prochainement soumise devrait envisager la
possibilité à la fois d'aider le pourvoyeur qui fait actuellement
un travail efficace et utile en forêt mais aussi de s'associer avec les
populations régionales et locales pour permettre la multiplication des
associations de chasse et pêche et permettre qu'elles puissent vivre.
Il est important non seulement qu'on puisse
améliorer les hôtels et l'infrastructure routière
pour le développement touristique mais il importe aussi qu'on puisse
améliorer le territoire de chasse et pêche qui est un attrait
assez considérable pour le développement touristique.
Un autre problème que je voudrais aussi soulever, c'est le fait
et c'est pour ça que le ministère devra être un
ministère qui démontrera du leadership et de l'esprit
d'initiative qu'on se demande...
Est-ce que le député de Matane a quelque chose à
dire?
M. COTE: ...
M. LESSARD: On verra votre loi du français langue officielle qui
concrétise le bill 63...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: Oui, vous regarderez les articles 49 et 50.
M. le Président, on a bien souvent affirmé qu'on manquait
de main-d'oeuvre dans le secteur touristique au Québec. Une chose est en
train d'arriver et elle est très dangereuse. On manque de biologistes
actuellement au niveau du ministère. Dans ma région, on n'a
même pas un biologiste à plein temps. Or, le Dr Claude Delisle,
président de l'Association des biologistes du Québec, nous a
révélé que pour les quelque 300 finissants en biologie
pour l'information du député de Matane je cite M.
André-Yves Croteau, journaliste au journal Le Jour, le mercredi 1er mai
1974: "Le docteur Claude Delisle, président de l'Association des
biologistes du Québec, nous a révélé que pour les
quelque 300 finissants en biologie dans les universités du Québec
cette année, au plus 50 emplois sont disponibles.
Je sais bien que ce n'est pas seulement le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche qui doit employer des biologistes, mais je
pense qu'on manque de biologistes au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche. Un effort particulier devra être fait pour se
donner des spécialistes dans ce secteur et il ne faudrait pas en arriver
à ce que des gens qui sont qualifiés, qui sont compétents
dans leur domaine, ne trouvent pas d'emploi.
Par le développement du secteur de la chasse et de la pêche
au ministère du Tourisme, je pense qu'on peut avoir un réservoir
de ressources humaines qui peuvent être extrêmement bien
utilisées.
Je voyais l'autre jour dans un article de journal je l'ai ici
que 40 agents de conservation formés à Mont-Laurier ne
trouveraient pas d'emploi cette année. J'espère que le ministre,
lorsqu'on sera à la conservation, nous parlera de la
nécessité d'augmenter grâce à l'accroissement
de son budget le nombre de personnes pour avoir un meilleur
contrôle de la conservation au Québec. Dans ma région, par
exemple, qui représente quasiment 40 p.c. du territoire
québécois, je pense qu'on a au maximum huit agents de
conservation. Je sais qu'on nous a annoncé qu'on a acheté le
premier hélicoptère. Tant mieux, M. le Président.
Il y a aussi les techniciens qui ont été formés
on en parlera à la formation du personnel dans ma
région, au CEGEP de Hauterive. M. le Président, quand je parle de
techniciens, ce sont surtout des gestionnaires de parcs. Ce sont des gens qui
pourraient être des gars compétents comme pourvoyeurs de chasse et
de pêche. Encore là, M. le Président, il faudrait, je
pense, puisqu'on l'a accepté, en collaboration avec le ministère
de l'Education, que le ministère du Tourisme qui a besoin d'une
main-d'oeuvre compétente et qualifiée fasse un effort particulier
pour trouver des emplois à ces étudiants. Il serait
extrêmement regrettable d'avoir formé des compétences dans
le secteur touristique, des compétences dans le secteur de la chasse et
de la pêche et de ne pouvoir les utiliser.
Etant donné notre territoire si grand, si vaste, territoire qu'il
est important de conserver, je pense que nous avons besoin de toutes ces
personnes qualifiées, M. le Président, et je suis assuré
qu'avec l'augmentation du budget du ministère il y a possibilité
de trouver des places à ces gens.
M. le Président, il y a, je pense, comme je le disais, un certain
dynamisme qui s'est développé au ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche depuis quelques années. Il faudra
l'accélérer; je pense qu'il faudra aller encore plus loin
c'est normal pour l'Opposition de l'exiger qu'il faudra démontrer
beaucoup plus d'initiative, surtout dans les modes d'exploitation du territoire
québécois le ministère est extrêmement conservateur,
extrêmement retardataire et même rétrograde. Dans ce
domaine, je pense qu'il y a un effort considérable à faire. Il
est possible de trouver des politiques de remplacement aux clubs privés
de chasse et de pêche, de les remplacer par des organismes où la
population sera représentée et où on pourra utiliser le
dynamisme de ces populations.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programmes 5 et 6, adoptés?
M. LESSARD: 5 et 6?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, c'est de cela que nous parlons
depuis tout à l'heure.
M. SIMARD: Formation professionnelle. M. LESSARD: M. le
Président...
M. SIMARD: M. le Président, on peut adopter le programme 7, si
vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, je demande ça...
M. LESSARD: M. le Président, j'ai...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... parce qu'on a parlé de
formation professionnelle...
M. LESSARD: Oui, M. le Président, nous avons parlé de
26...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... on est passé au
réseau des parcs et des réserves et des...
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je demande ça...
M. LESSARD: M. le Président, on va commencer
immédiatement. L'autre jour, il a fallu, à la fin de la
commission, mettre des points sur les i concernant la façon dont vous
allez agir comme président en commission parlementaire. M. le
Président, à ce moment-là...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre! J'ai
demandé si les programmes 5 et 6 étaient adoptés.
Programme 1.
M. LESSARD: M. le Président, une question de règlement. Il
y a 26 choses. Si vous lisez...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 1.
M. LESSARD: ... la déclaration du ministre, M. le
Président, le ministre a parlé de 26 points. J'aurais pu parler
de chacun des 26 points...
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'avais pensé que vous en aviez
parlé.
M. LESSARD: ... qui étaient, chacun, des points sur lesquels nous
aurons à discuter.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous savez, je vous écoute et
j'avais pensé que vous aviez parlé de 26 points, justement.
M. LESSARD: M. le Président, je vous dis une chose: Quelle que
soit...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 1.
M. LESSARD: ... votre interprétation du règlement, j'ai
l'intention de discuter de chacun des programmes et de les discuter comme je
l'entendrai.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sans répétition.
M. TARDIF: Selon les règlements.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Evidemment.
M. LESSARD: Selon les règlements.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'était pour vous donner une
chance de ne pas vous répéter.
Je pensais qu'on pourrait adopter les programmes 5 et 6
immédiatement. Alors, programme 1, commençons.
M. SIMARD: M. le Président, disons que j'ai retenu les
différentes questions que le député a posées dans
son allocution. Maintenant, si le député veut me le permettre, je
pense que, programme par programme, nous arriverons à répondre
à ses différentes questions. Mais je dois vous dire
immédiatement, M. le Président, que le député de
Saguenay, ainsi que moi-même, nous avons quasiment créé un
consensus, dans le sens que nous sommes bien d'accord sur la majorité
des politiques. Par ses nombreux discours à l'Assemblée
nationale, on sait très bien que le député de Saguenay a
un attrait très particulier pour la chasse et la pêche. Il est
d'accord sur les politiques du ministère, sauf sur celle des clubs
privés...
M. LESSARD: Non, M. le Président.
M. SIMARD: ... Maintenant, moi aussi, j'aurais une question à
poser au député de Saguenay: Quelle solution d'échange
apporterait-il au fameux problème? Enfin, qu'est-ce que le Parti
québécois suggère comme politique vis-à-vis des
clubs privés? Alors, nous en discuterons tout à l'heure, si vous
voulez, programme par programme. J'aimerais bien connaître ce que le
Parti québécois a en tête à ce sujet. Alors, si vous
êtes d'accord, M. le Président, nous allons commencer
immédiatement au programme 1, élément 1.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Maintien et amélioration de la
faune. Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, concernant...
M. SIMARD: Si vous le permettez, on va distribuer des textes, à
chacun des programmes. Je crois que tous les membres de cette assemblée
possèdent les textes. A la fin de chaque programme, il y aura des
commentaires. Est-ce que tous les membres de cette commission s'entendent sur
le principe? D'accord.
M. MARCHAND: Pas de problème.
Maintien et amélioration de la faune
M. SIMARD: Alors, comme le disait si bien tout à l'heure le
député, une des richesses du patrimoine national est la faune du
Québec. Malheureusement, les transformations du milieu naturel menacent
d'extinction certaines espèces. D'autres espèces sont
particulièrement recherchées par les sportifs. Certaines sont la
source de dommages. Le Service de la faune a pour mandat de poursuivre les
inventaires cons-
tants du cheptel, ainsi que des recherches qui orientent les mesures
nécessaires à la conservation et à l'amélioration
des ressources.
Au point de vue des districts, en 1973/74, les limites de certains
districts ont été modifiées afin qu'elles coincident avec
celles des régions administratives établies par le conseil des
ministres en 1968. En 1972/73 et en 1973/74, des équipes permanentes ont
travaillé dans les régions du Nord-Ouest québécois
et du Lac-Saint-Jean grâce aux fonds obtenus dans le cadre du programme
ARDA. Ces fonds n'étant plus disponibles en 1974/75, les dépenses
de ces deux districts devront être prises à même le budget
régulier du ministère.
Accès aux grands plans d'eau. En 1973/74, le réseau
d'accès aux grands plans d'eau a été
complété par l'aménagement d'un site public au lac des
Trente et un Milles et à la Chute à Michel près de
Saint-Félicien. La fréquentation assidue de ces accès par
un très grand nombre de sportifs et d'amateurs de vie au grand air a
prouvé hors de tout doute qu'ils répondent à un grand
besoin. Ces sites ont fait l'objet d'amélioration et d'entretien
réguliers.
Pour ce qui est de la chasse contrôlée, la chasse à
l'orignal a été organisée dans le parc Mastigouche, en
plus des parcs des Laurentides, Portneuf, La Vérendrye, Matane,
Saint-Maurice, Mont-Tremblant et de la réserve Dunière où
elle existait depuis plusieurs années.
Une chasse contrôlée à l'oie blanche au cap
Tourmente a de nouveau été réalisée cette
année conjointement avec le gouvernement fédéral et se
poursuivra en 1974/75.
Avec la collaboration de la Société de
développement de la baie James et dans le cadre d'un projet mené
conjointement avec Terre-Neuve et le gouvernement fédéral, il a
été fait, pour la première fois en 1973/74, un inventaire
aérien des terrains de vêlage du caribou sur le territoire du
Nouveau-Québec. Dans les régions administratives du sud, la
localisation par des inventaires aériens des principaux ravages de
chevreuil s'est continuée.
En ce qui a trait aux études sur le caribou, conjointement avec
le ministère fédéral et celui de Terre-Neuve, le Service
de la faune du Québec a poursuivi le projet de recherche sur le caribou.
En 1973/74, 41 colliers porteurs de radios émetteurs ont
été posés sur des caribous du Nouveau-Québec. Des
inventaires aériens seront exécutés en 1974/75 pour
repérer les animaux marqués et connaître leurs migrations.
Les résultats anticipés, à partir de ces caribous
marqués, serviront à préciser les situations
saisonnières des troupeaux. La connaissance de ces situations permettra
de préparer un plan d'aménagement qui fixera des quotas
d'exploitation des troupeaux communs aux deux provinces.
Pour la préservation du chevreuil, le programme de contrôle
des prédateurs, mis sur pied avec l'aide des agents de la conservation
dans le voisinage des principaux ravages de chevreuil de l'Outaouais, du Nord
de Montréal et de l'Estrie, s'est poursuivi en 1973/74. D'après
les observations faites par les biologistes, 23 ravages importants de
chevreuils étaient particulièrement menacés par les
prédateurs et nécessitaient une protection spéciale. Les
agents de la conservation ont utilisé 118 pièges et 300 collets
durant la période allant du début de décembre
jusqu'à la fin d'avril et ont capturé 133 loups, coyotes et
chiens errants afin de favoriser la survie des populations de chevreuils dans
ces endroits.
Cependant, les conditions de neige n'ont pas permis de réaliser
tout le contrôle prévu et il sera intensifié en 1974/75
pour diminuer le nombre des prédateurs qui s'attaquent aux chevreuils
dans leurs quartiers d'hiver. Une collaboration a été
établie avec le ministère de l'Agriculture pour exercer un
contrôle des prédateurs des animaux de la ferme.
Pour ce qui est de 1974/75, une étude d'une durée de deux
ans sera entreprise par l'université Laval, en collaboration avec le
service de la recherche biologique du tourisme, de la chasse et de la
pêche, sur le mode d'action des principaux prédateurs du
chevreuil, ce qui veut dire les loups, les coyotes, les chiens errants, en
relations avec les conditions de neige au sol.
Les zones de pêche. Les inventaires réguliers
exécutés dans les différents plans d'eau des districts ont
permis de compléter les connaissances sur l'abondance et la biologie des
espèces de poissons sportifs du Québec. Le service de la faune a
procédé à une révision complète non
seulement des limites des zones de pêche mais également des
règlements concernant les saisons et les limites de capture des
différentes espèces à l'intérieur de chacune de ces
zones. Ces changements assureront une exploitation plus rationnelle des
poissons sportifs et une meilleure protection des espèces au temps de la
fraye.
Le comptage du saumon. La barrière de comptage du saumon, qui
devait être construite sur la rivière Saint-Jean en 1973/74, sera
réalisée en 1974/75. Elle servira de laboratoire pour
déterminer, entre autres, la production d'une rivière en relation
avec le nombre de géniteurs sur les frayères, l'influence des
ensemencements sur la production naturelle, le temps et l'endroit optimum pour
déposer les saumoneaux, la taille des poissons à utiliser pour
obtenir un meilleur résultat.
Le Service de la faune a publié quatre autres brochures portant
sur nos perdrix, les brochets, l'omble de fontaine et le canard noir. Les huit
numéros parus jusqu'à maintenant ont reçu un très
bon accueil du public en général mais particulièrement des
écoliers. Une première édition a été
rapidement épuisée et une deuxième impression a dû
être réalisée. En réponse aux demandes qui lui sont
parvenus, le Service de la faune a distribué, en 1973/74, plus de
120,000 copies de ces huit brochures sur la faune.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté?
M. LESSARD: M. le Président, il est certain que dans le programme
1...
M. SIMARD: M. le Président, nous sommes encore sur le programme
1.
M. LESSARD: C'est cela, l'élément 1.
M. SIMARD: Alors, vous voulez discuter élément par
élément ou par programme?
M. LESSARD: II y a une forte intégration entre
l'élément 1 et l'élément 2.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Prenez-les donc tous ensemble. Le
programme 1, maintien et amélioration de la faune. On entendra les
commentaires là-dessus. Si cela va avec l'idée des
députés membres de la commission.
M. HOUDE (Fabre): Est-ce qu'on s'entend, au départ, pour que
lorsqu'un programme est adopté, on n'y revienne pas?
M. LESSARD: Non, on va les adopter.
M. HOUDE (Fabre): On n'attendra pas les absents.
M. LESSARD: ... Je constate qu'un moment donné les recherches sur
le chevreuil se sont concrétisées par certaines décisions
du ministère. Alors, si on parle de recherches, bien moi, si je pose des
questions sur les recherches, je vais être obligé d'en arriver
à dire: A la suite de cette recherche, est-ce que le ministre peut nous
dire quelles mesures ont été prises pour corriger la
situation?
M. SIMARD: Je comprends bien le député, M. le
Président, excepté qu'à l'intérieur de chaque
programme je crois que les éléments se suivent et se ressemblent
énormément. Alors il s'agit de s'entendre pour savoir s'il y aura
discussion après chaque élément ou après chaque
programme.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est à la commission de
décider la façon dont elle veut procéder pour
l'étude de ces crédits.
M. SIMARD: Moi, je préférerais...
M. LESSARD: M. le Président, je n'ai aucune objection à ce
qu'on procède en discutant sur les programmes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le programme en entier?
M. LESSARD: Pour le moment. Il peut arriver que dans d'autres secteurs,
par exemple quand on va arriver à la Direction générale
des parcs, cela se divise beaucoup plus.
M. SIMARD: Enfin, je pense qu'il faut s'entendre
immédiatement.
M. LESSARD: D'accord.
M. SIMARD: M. le Président, est-ce qu'on discute par programme ou
par élément?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Maintien et amélioration de la
faune. Il ne s'agira pas ici d'établissement d'hôtellerie ou
d'autre chose du genre.
M. SIMARD: D'ailleurs, le député de Saguenay va se rendre
compte, à mesure que va se dérouler, l'information que je
donne aux membres de cette commission que tout se tient.
M. LESSARD: Au programme 1 tout se tient mais cette politique qu'on va
appliquer au programme 1, on ne peut pas nécessairement l'appliquer au
programme 2, parce qu'au programme 2 les élélements et les
catégories sont bien plus caractéristiques que c'est le cas, par
exemple, au programme 1. Je ne pense pas qu'on puisse discuter, par exemple, la
réglementation et la délivrance des permis avec la surveillance
des chasseurs et des pêcheurs, ainsi de suite. Au programme 1, je n'ai
aucune objection à ce qu'on discute globalement du programme.
M. SIMARD: Pour ce qui est du programme 2, M. le Président, qu'en
pense le député de Saguenay? Je pense qu'on devrait y aller par
programme ou enfin s'entendre immédiatement, savoir si on y va par
programme ou par élément.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Entendons-nous à ce sujet, M. le
ministre, entre les membres de la commission. Entendons-nous, pour le programme
1, par exemple, on va discuter Maintien et amélioration de la faune. Au
programme 2, on prendra une décision dès le début du
programme, pour savoir si on veut le diviser. De cette façon on pourra
peut-être progresser avec un peu de logique.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, quant à moi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je constate aussi que peut-être
cela peut aider au député de l'Opposition de suivre l'ordre de
ses notes pour la discussion des...
M. LESSARD: Pas nécessairement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je comprends cela, ce n'est pas une
critique que je fais. Alors le premier programme on va l'étudier dans
son entier et puis, au deuxième, on en discutera...
M. LESSARD: ... besoin d'un député libéral pour
venir préparer...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ecoutez, si vous voulez, on va revenir,
ça allait bien.
M. LESSARD: M. le Président, ça va très bien. En
commission parlementaire, j'ai eu l'occasion de discuter les crédits du
ministère des Terres et Forêts, cela a bien été. On
a discuté les crédits du ministère de l'Agriculture et
cela a bien été. Je pense bien qu'on est capable de discuter ici
des crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche; ça va bien aller. Cependant, M. le Président, je ne
suis pas venu ici pour faire des compliments au ministre, je suis venu ici pour
dire certaines choses qui me paraissent importantes et ce ne sont certainement
pas les députés libéraux qui vont intervenir dans ma
discussion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est dans le programme de gestion.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, demandez simplement au
député des Mille-Iles de suivre la discussion.
M. LACHANCE: II parle pour rien, il charrie, continue donc.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Allons-y. Un peu de sérieux.
M. SIMARD: Elément 2, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bien là, élément 1
ou élément 2 dans le premier programme?
M. SIMARD: Cet élément constitue...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre va donner les explications
de l'élément 2 et puis on procédera, c'est ça.
M. SIMARD: C'est ça. On se comprend?
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui.
M. SIMARD: Cet élément constitue l'aboutissement logique
du premier. La tenue à jour des inventaires du cheptel et les fruits de
la recherche ne peuvent donner des résultats concrets qu'au moyen
d'actions favorisant la multiplication des espèces et
l'amélioration de leur habitat naturel.
Pour ce qui est de l'habitai du chevreuil, les relations établies
en 1972/73 avec le ministère des Terres et Forêts dans le but
d'assurer la préservation de l'habitat du chevreuil se sont
soldées en 1973/74 par la réalisation de traitements sylvicoles
à l'intérieur des ravages situés sur les terrains de la
couronne.
Les ravages traités sont localisés dans les régions
du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Cantons de l'Est et de
l'Outaouais.
En 1974/75, les travaux sylvicoles à l'intérieur des
cédrières seront poursuivis conjointement avec le
ministère des Terres et Forêts. Puisque 50 p.c. des ravages de
chevreuils sont situés sur la propriété privée,
nous avons entrepris des études visant à regrouper les
propriétaires de boisés dans le but de protéger l'habitat
du cerf. Nous avons retenu les services d'une firme
d'ingénieurs-conseils qui a pour mandat d'étudier les
modalités et les implications de ces regroupements. Des regroupements de
ce genre existent pour la préservation des massifs forestiers en milieu
rural.
Un projet de marquage de chevreuils a été entrepris en
1973/74 dans le but: 1) de mesurer les déplacements du cerf en fonction
des saisons; 2) de déterminer sur quelle étendue de territoire
nos aménagements forestiers peuvent affecter les populations de
chevreuils.
Les résultats des recherches faites sur le chevreuil permettent
de conclure que dans la plupart des régions l'habitat peut nourrir un
plus grand nombre de bêtes; cependant, cette espèce étant
à la limite nord de son aire de distribution, elle devient très
vulnérable lorsque les conditions climatiques sont défavorables.
Il faut donc apporter une protection particulière aux quartiers d'hiver
du chevreuil et favoriser sa reproduction. C'est pourquoi le MTCP, en plus de
faire le contrôle des prédateurs dans les ravages, a
décrété pour 1974 l'application de la loi du mâle.
Les chasseurs ne pourront donc abattre que les chevreuils portant un
panache.
Pour ce qui est des stations piscicoles, en 1973, celles de Baldwin
Mills, de Saint-Faustin, de Tadoussac, de Gaspé et du lac des Ecorces
ont produit plus de 3.2 millions de poissons de toutes tailles pour un poids
global de 99,144 livres, soit une augmentation de 44,460 livres sur
l'année précédente. A elle seule, la nouvelle station du
lac des Ecorces a produit plus de 450,000 truites d'un an qui ont servi
à des fins d'aménagement.
La nouvelle station piscicole de l'Anse Pleureuse,
spécialisée dans la production du saumon de l'Atlantique, a
présentement en incubation plus de 500,000 oeufs de cette espèce,
qui donneront d'ici deux ans plus de 300,000 saumoneaux prêts à
être déposés dans nos rivières.
Ayant réalisé une augmentation marquée du nombre de
poissons élèves dans ses stations piscicoles, le service de
pisciculture apporte maintenant une attention particulière à la
mise au point d'un contrôle sanitaire qui assurera une qualité
supérieure des poissons destinés à l'ensemencement de nos
eaux.
Passes migratoires et frayères. Une passe migratoire a
été construite sur la rivière Mata-mec afin de permettre
aux saumons de pénétrer plus facilement dans la partie
supérieure de cette rivière où sont localisées les
frayères.
Cette structure, qui est considérée comme la contribution
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche aux travaux
de recherche qui poursuit à cet endroit la Woods Hole
Océanographie Institution, assurera un décompte précis du
nombre de géniteurs qui monteront vers les frayères et du nombre
de jeunes qui descendront vers la mer. On pourra donc évaluer par la
suite l'effet des modifications qui seront apportées
expérimentalement pour tenter d'augmenter la productivité de ce
cours d'eau.
Au moulin à Poirier, sur la rivière Aux Saumons, une passe
migratoire assure aux ouananiches une montée plus facile vers leurs
frayères.
Sur la rivière Moisie, des corrections majeures ont
été apportées à la passe-migratoire du rapide
Kachapahun...
Au lac McGregor, un aménagement majeur de la frayère
à brochet du ruisseau Pélissier a été
réalisé pour augmenter sa surface et corriger ainsi les dommages
qui ont été faits par des développements de
villégiature.
En Abitibi, l'étang Destor a été restauré
afin qu'il serve de bassin de repos et de rétention pour les poissons
qui seront utilisés pour des ensemencements dans ces régions
éloignées des stations piscicoles.
Sous le titre Aménagement de marécages, le service de la
faune a largement contribué à l'élaboration des plans qui
ont servi à l'aménagement d'un important marécage à
Thurso, sur la rivière des Outaouais, par l'organisation
Ducks-Unlimited.
Un plan d'aménagement global des marécages de la
rivière des Outaouais et du lac Saint-Pierre est en voie de
préparation et sera mis à exécution au cours des
prochaines années.
M. LESSARD: M. le Président, je vais essayer d'y aller de
façon aussi ordonnée en suivant les indications que nous a
données le ministre.
D'abord en ce qui concerne les districts, en 1973/74, le ministre nous
dit que certains districts ont été modifiés, afin qu'ils
s'ajustent aux divisions administratives établies en 1968 par le Conseil
d'orientation économique du Québec, en tout cas par le cabinet.
Est-ce qu'actuellement toutes les régions du Québec, les dix
régions administratives du Québec sont couvertes par un
district?
M. SIMARD: Sous réserve, je dois vous dire, M. le
Président, que nous avons déjà neuf régions sur dix
de couvertes.
M. LESSARD: Neuf régions sur dix. M. SIMARD: Oui.
M. LESSARD: Quelle est la région qui n'est pas couverte
actuellement?
M. SIMARD: C'est la région de la Côte-Nord, en fait.
M. LESSARD: C'est ce que je voulais savoir!
M. SIMARD: C'est une très bonne question de la part du
député !
M. LESSARD: M. le Président, je savais que c'était la
région de la Côte-Nord, mais je veux insister très
particulièrement. Dans chacun de ces districts, vous avez au moins un
biologiste permanent?
M. SIMARD: Oui, enfin, M. le Président... M. LESSARD: Dans les
neuf districts.
M. SIMARD: ... cela rejoint peut-être ce que le
député de Saguenay disait tout à l'heure, lors de son
intervention. Bien sûr, nous dirigeons nos politiques dans un autre sens.
Quand je disais tout à l'heure que nous voulons arriver avec une
loi-cadre, nous voulons développer des parcs près des
agglomérations urbaines, là où il y a des concentrations
de population importantes. Maintenant, cela ne veut pas dire que, par le fait
même, nous devrons délaisser les secteurs qui sont un peu plus
éloignés ou plus difficiles d'accès pour le consommateur,
le touriste, le pêcheur ou le chasseur.
Je dois vous dire avec toute sincérité, M. le
Président, que la région du député de Saguenay
n'est pas soustraite à nos mesures et à ce que nous avons
l'intention de faire dans l'avenir. Bien sûr qu'il y a certaines carences
qu'il nous faut combler. Comme je le disais tout à l'heure, c'est une
question tout simplement de budget. Je suis d'accord avec vous que le budget
que nous vous présentons n'est pas assez élargi, si vous voulez,
quand on pense que le ministère que je dirige est responsable
peut-être de la première industrie du Québec.
Je ne voudrais pas que le député se sente
lésé parce qu'il n'y a pas de biologiste ou, enfin, que la
structure et la dixième région du Québec soit
peut-être un peu négligée. Je crois que lors de la visite
de mon sous-ministre adjoint, la semaine dernière, il a eu une
conversation avec le député de Saguenay et je pense que mon
sous-ministre adjoint a très bien traduit l'idée du
ministère, à savoir que nous allons, dans le plus bref
délai possible, doter la région de la Côte-Nord des
mêmes effectifs que les neuf autres régions que le Québec
possèdent.
M. LESSARD: M. le Président, j'insiste sur ce fait parce qu'il
faut prendre conscience que cette région est une région
extrêmement riche en ressources fauniques, et c'est une région, je
pense, qui doit être couverte par le service de la conservation, d'autant
plus qu'elle est extrêmement vaste.
Alors j'insiste de façon particulière le ministre
dit dans le plus bref délai possible car il me semble que c'est
urgent. Comment cela peut coûter, l'aménagement d'un district,
dans une région?
M. SIMARD: Dans les environs de $100,000, un peu plus ou moins, 10 p.c,
si vous voulez. Le député de Saguenay souligne le problème
que nous connaissons tous: l'immensité du territoire
québécois. C'est bien sûr que nous manquons d'agents de
conservation, c'est bien sûr que nous manquons d'un tas de choses.
Pour reprendre les paroles du député, tout à
l'heure, même s'il y a un certain dynamisme qui se fait sentir à
l'intérieur du ministère, depuis quelques années, nous ne
pouvons pas...
M. LESSARD: N'insistez pas trop!
M. SIMARD: Quand même, c'est vous qui l'avez souligné.
M. LESSARD: Dans le tourisme, dans la promotion touristique.
M. SIMARD: Oui, oui, mais la chasse et la pêche, c'est devenu, si
vous voulez, une partie de la promotion touristique.
M. LESSARD: Mais je ne suis pas d'accord pour dire le dynamisme en ce
qui concerne les façons d'exploiter...
M. SIMARD: M. le Président, je viens de dire au
député que, dans un bref délai, nous étions pour
combler sa région de tous les services que les autres régions
possèdent. Je veux croire que c'est du dynamisme, quand même.
M. LESSARD: Ecoutez, c'est une mesure dans le développement du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Si je reviens
sur ça c'est que je sais que des pressions sont faites auprès du
ministère et je pense que c'est devenu une urgence dans notre
région d'obtenir...
M. SIMARD: ... que je reconnais très bien que votre région
au point de vue du millage...
M. LESSARD: Je demanderais la même chose si c'était une
autre région du Québec. Je pense que d'avoir dans chacune des
régions du Québec un district du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche en ce qui concerne la conservation c'est une
nécessité.
M. SIMARD: Disons que nous sommes d'accord.
M. LESSARD: Alors, est-ce que je peux espérer que le ministre
prendra une décision très très bientôt concernant ce
point?
M. SIMARD: Nous allons en discuter tout à l'heure, c'est dans le
programme de 1975/76, nous en avons justement parlé ce matin au
ministère. C'est bien sûr qu'il y a une carence, comme je le
disais tout à l'heure. Etant donné l'étendue du territoire
que représente la région, il faut absolument s'en occuper.
Maintenant, c'est toujours une question pécuniaire, une question de
budget. C'est inscrit au programme. Enfin, c'est...
M. LESSARD: Vous me dites qu'il est inscrit dans le budget de 1975/76 ou
dans celui de 1974/75?
M. SIMARD: Pour 1975/76. M. LESSARD: C'est 1975/76.
M. SIMARD: Ce qui ne veut pas dire, par exemple, que nous ne pourrions
pas oeuvrer d'une façon différente. Avant de nous installer et
d'arriver avec toutes nos expertises et tout, y aurait moyen d'offrir certains
services qui ne seront peut-être pas complets pour l'année qui
vient mais qui pourront combler ce qui manque dans le secteur.
M. LESSARD: Accès aux grands plans d'eau. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire si cette opération d'accessibilité dans les
réserves créées par l'ex-ministre du Tourisme de la Chasse
et de la Pêche, Mme Claire Kirkland-Casgrain, est maintenant
terminée dans ses trois phases? Quelle est l'ampleur du programme cette
année?
M. SIMARD: M. le Président, est-ce que le député
veut mentionner uniquement l'accès aux grands plans d'eau ou le
programme total d'accessibilité?
M. LESSARD: Le programme d'accessibilité. Est-ce que je peux en
discuter à ce programme-là?
M, SIMARD: Non, nous allons y revenir un peu plus tard.
M. LESSARD: Où?
M. SIMARD: M. le Président, est-ce que vous permettez que
j'utilise les services...
M. LESSARD: Oui, certainement.
LE PRESIDENT (M. Tardif): Je n'ai pas d'objection.
M. LESSARD: M. le Président, pour autant qu'on accepte la coutume
qui fait que, lorsque le sous-ministre parle, il parle au nom du ministre.
M. SIMARD: D'accord.
Le programme d'accessibilité se continue
d'abord par la construction de certains accès à des grands
plans d'eau. On a vu dans les objectifs tout à l'heure, dans
l'introduction, que le ministère se promet d'étudier la
possibilité d'établir un réseau intégré de
pourvoyeurs au Québec.
C'est une forme d'accessibilité qui n'est pas satisfaisante
à l'heure actuelle. Le système de pourvoyeurs s'est
développé un peu au hasard jusqu'à maintenant. Nous avons
l'intention d'étudier la distribution actuelle, la localisation des
services offerts par les pourvoyeurs et encourager, par différentes
mesures incitatives, comme on l'a dit cela inclut le crédit
hôtelier l'établissement d'un plus grand nombre de
pourvoyeurs dans des régions qui aujourd'hui ne sont pas
accessibles.
M. LESSARD: Outre le projet que vous annoncez pour la création
d'un réseau d'accès aux grands plans d'eau qui a
été complété par l'aménagement d'un site
public au lac des Trente et un Milles et à la chute à Michel
près de Saint-Félicien, pour 1974/75 si on parle ici de
1973/74, un rapport du ministère quelles sont les politiques
qu'entend établir le ministère pour développer cette
accessibilité?
M. SIMARD: En fait, nous allons compléter le programme mis de
l'avant...
M. LESSARD: Cela veut dire quoi?
M. SIMARD: ... par mon prédécesseur. Je crois que toutes
les négociations, par exemple, pour ce qui est des chalets, des
territoires, sont complétées. Ce qu'il nous reste à faire,
c'est par les budgets que nous allons voter, d'augmenter le nombre de chalets
pour le public. Il nous reste beaucoup de chalets que nous avons acquis il y a
quelques années il y a deux ans, un an qui ne sont pas, si
vous voulez, en condition pour recevoir le public. Alors, peu importe à
quelle phase on se réfère, le programme d'accessibilité
prévu par mon prédécesseur, on peut dire qu'il est
complété.
M. LESSARD: Maintenant, quel est le bilan de cette opération?
Est-ce que le ministre pourrait nous dire, à un moment donné,
quel a été le nombre de journées/pêcheurs...
M. SIMARD: Ce sera discuté, dans le programme 6, des parcs.
M. LESSARD: Les parcs et les réserves, d'accord, M. le
Président. Est-ce que, outre ce programme, le ministère, pour
l'année 1974/75, a des projets futurs?
M. SIMARD: Dans le cadre du programme d'accessibilité?
M. LESSARD: Oui, ou dans le cadre d'autres programmes. Vous avez aboli,
à un moment donné, dans cette région un certain nombre de
clubs privés. Est-ce que vous avez l'intention, de le faire ailleurs,
dans d'autres régions du Québec?
M. SIMARD: Si je comprends bien, M. le Président, le
député me demande si le ministre ou le ministère a
l'intention d'abolir de nouveaux clubs privés. Est-ce la question?
M. LESSARD: Bien, je demande si vous avez d'autres programmes concernant
l'augmentation ou la possibilité d'avoir un meilleur accès aux
grands plans d'eau et si, en collaboration, par exemple, avec d'autres
ministères, vous avez d'autres projets à ce sujet.
M. SIMARD: M. le Président, lorsque j'aurai l'honneur de
déposer en première lecture la loi-cadre sur les parcs, je pense
que ça va répondre presque en totalité aux questions du
député. Bien sûr, il faut penser et repenser quels genres
de services on doit rendre à la population, quels sont les besoins de
notre population. Il y a une vingtaine d'années à peine,
l'ère de la motoneige n'existait pas, le ski de fond n'existait à
peu près pas, la raquette absolument pas. Maintenant, nous avons une
banque de données de loisirs que nous ne connaissions pas, il y a
à peine quelques années. Je pense qu'il faut faire une
réorientation pour l'utilisation de nos parcs, de nos réserves et
de nos espaces verts, que ce soit en milieu urbain ou en milieu
éloigné. C'est justement pour ça que nous avons
pensé à amener une nouvelle structure, une nouvelle forme
d'utilisation du territoire du Québec par la présentation d'une
loi-cadre qui va justement définir les besoins des
Québécois par rapport à ce que nous avons à leur
offrir.
M. LESSARD: Je ne voudrais pas, M. le Président, qu'on s'embarque
dans un autre élément parce que, lorsque nous aurons à
parler des parcs, on parlera justement de cette nouvelle politique. Je vais
poser une question au ministre maintenant, concernant l'accès aux grands
plans d'eau. Est-ce que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a des relations avec l'Hydro-Québec, de telle façon
que, lorsqu'on fait un barrage, par exemple, qui crée justement un
réservoir d'eau assez important, on puisse en même temps, sous la
supervision du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
établir un programme concret permettant à la population de jouir
de ces immenses plans d'eau qui sont créés par
l'Hydro-Québec?
M. SIMARD: Au point de vue de l'accessibilité je voudrais
revenir à votre question antérieure il semble bien, si
l'on examine les chiffres de fréquentation, en général,
l'an dernier et il y a deux ans...
M. LESSARD: On pourra en discuter à la direction des parcs.
M. SIMARD: ... que l'offre répond actuellement à la
demande, dans ce sens que pendant toutes les semaines de l'été la
fréquentation a été en général de 30 p.c.
à 40 p.c, et même 20 p.c. de ce qu'on offre. Cela veut dire que
tous ceux qui veulent aller à la pêche peuvent y aller. Là
où il y a des problèmes, c'est en fin de semaine où on a,
à un moment donné, 17,000 appels à la fois sur le
réseau téléphonique; il est sûr que jamais personne
ne pourra répondre à cette demande.
Pour répondre à votre dernière question, nous avons
d'excellentes relations, en particulier, avec l'Hydro-Québec et le
ministère de la Voirie. Le ministère de la Voirie, lorsqu'il
planifie maintenant de nouvelles routes, nous tient au courant et nous permet
de créer de nouveaux accès aux territoires de chasse et de
pêche. Cela s'est produit en particulier à La Grande Baie d'Oka;
cela s'est produit sur une distance de onze milles sur la rive nord du lac
Saint-Pierre l'an dernier.
Un comité ministériel suit ces grandes opérations
et en profite chaque fois pour assurer l'accès des plans d'eau aux
pêcheurs.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais parler un peu de la
préservation du chevreuil. Le ministre nous informe qu'au cours de cette
année il y a eu un travail assez considérable de recherche dans
ce secteur. D'ailleurs, il y a eu le rapport Stevenson qui a été
présenté au ministre. D'abord, pour la protection du chevreuil
la même chose pour l'orignal il y a la question de savoir
si les compagnies forestières, en particulier dans leurs plans de coupe,
vont conserver le bois qui existe dans les ravages. Est-ce que les plans de
coupe qui sont soumis au ministère des Terres et Forêts sont
approuvés par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche?
M. SIMARD: II y a, depuis deux ans maintenant, une collaboration de tous
les jours entre le ministère des Terres et Forêts et le Service de
la faune du ministère dans le cas de ces plans de coupe. Le
ministère a fourni au ministère des Terres et Forêts, un
répertoire de cartes dans lequel les principaux ravages de chevreuil,
c'est-à-dire d'un mille carré et plus, sont indiqués.
Lorsqu'une demande de coupe est faite, ce répertoire est examiné,
et aussitôt qu'il y a un problème, il y a communication avec le
ministère. Conjointement, on décide si le permis de coupe
peut-être accordé ou non et, s'il est accordé, de quelle
façon les coupes devraient être faites sans nuire au
chevreuil.
Les relations avec les compagnies forestières ont
été aussi excellentes, mais là où le
problème se pose, ce n'est pas avec les compagnies ni avec le
ministère des Terres et Forêts, c'est sur les terrains
privés. Il arrive que plus de 50 p.c. dans les Cantons de l'Est,
c'est 80 p.c. ou 85 p.c. de ces ravages sont sur des terrains
privés. Et, sur des terrains privés, théorique- ment les
propriétaires peuvent faire ce qu'ils veulent. Ces là qu'il nous
faut trouver des méthodes incitatives nouvelles, qui vont nous permettre
de grouper ces propriétaires et d'arriver à un système
d'achat, de servitude ou autre chose, où ces propriétaires vont
accepter un plan d'aménagement conjoint pour le groupe. Ce n'est pas
fait, c'est le travail qui est en train de se faire actuellement.
M. LESSARD: Actuellement, vous avez une carte qui vous est fournie par
le ministère des Terres et Forêts vous montrant les principaux
ravages de chevreuil à l'intérieur des concessions
forestières.
M. SIMARD: C'est le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui donne la carte à celui des Terres et Forêts.
M. LESSARD: C'est le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui l'a soumis au ministère des Terres et Forêts.
M. SIMARD: Lorsque le ministère des Terres et Forêts
reçoit une demande de coupe, il vérifie s'il y a un ravage dans
la superficie qui est demandée. S'il y a une demande, là il y a
consultation et décision.
M. LESSARD: Est-ce que le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche doit approuver le programme du plan de coupe?
M. SIMARD: Non.
M. LESSARD: C'est le ministère des Terres et Forêts qui le
fait?
M. SIMARD: C'est cela.
M. LESSARD: Cependant, est-ce que vous avez eu l'occasion, depuis deux
ans, comme vous le dites, d'approuver ces plans de coupe? Est-ce que vous avez
vérifié, auprès du ministère des Terres et
Forêts, si, dans l'ensemble, vos recommandations étaient
respectées?
M. SIMARD: Nous avons eu cette occasion à plusieurs reprises et
nous avons même eu la satisfaction de voir le ministère des Terres
et Forêts émettre une directive à tous ses districts sur la
façon, par exemple, de couper dans une cédrière. Cette
directive avait été préparée au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche; elle a été
adoptée par le ministère des Terres et Forêts qui l'a
donnée, comme directive, à tous ses districts.
M. LESSARD: Je vais revenir sur le chevreuil. Comme nous sommes sur les
ravages, est-ce que vous avez fourni au ministère des Terres et
Forêts la même carte concernant les ravages d'orignaux?
M. SIMARD: Ce n'est pas possible de faire la
même chose pour les ravages d'orignaux parce que les ravages
d'orignaux, d'abord, sont beaucoup plus petits. Ordinairement, il n'y a que
deux, trois ou quatre orignaux. Les ravages d'orignaux se déplacent
aussi très facilement. S'il y a un ravage à un endroit et qu'il y
a une coupe, les orignaux se retrouvent à deux ou trois milles plus loin
l'année suivante, ce qui n'est pas le cas pour le chevreuil qui, lui, a
des ravages traditionnels. Dans les ravages du Québec, les travaux,
jusqu'à maintenant, nous montrent qu'on a en moyenne de 25 à 30
chevreuils au mille carré, ce qui est très différent; pour
l'orignal, c'est impossible de le faire.
M. LESSARD: C'est impossible de le faire? M. SIMARD: Oui.
M. LESSARD: Je comprends ce que dit le ministre, l'orignal peut se
déplacer mais il ne se déplace pas indéfiniment,
c'est-à-dire que dans une zone de huit à neuf milles, il y a
déplacement de l'orignal, mais quand vous avez une coupe à blanc,
par exemple, cela a certainement des conséquences énormes sur les
ravages d'orignaux.
M. SIMARD: Oui, sauf que les coupes à blanc ont rarement ces
dimensions. Elles ont rarement des dimensions aussi grandes que celles que vous
mentionnez.
M. LESSARD: Actuellement, d'après vos informations, est-ce que
les compagnies forestières protègent ces ravages? Je parle
toujours de ravages d'orignaux.
M. SIMARD: Pour les ravages d'orignaux il nous est impossible, encore
une fois...
M. LESSARD: C'est impossible?
M. SIMARD: ... de les avertir à l'avance. Les compagnies
forestières, évidemment, ne sont pas là pour
protéger l'orignal mais il faut dire, par ailleurs, que dans le cas de
l'orignal, étant donné que les ravages sont tellement petits et
se déplacent facilement, à moins de cas exceptionnels de
très grandes coupes à blanc, les exploitations forestières
sont favorables à l'orignal. C'est la raison pour laquelle l'orignal est
rendu sur la Côte-Nord et si bas sur la Côte-Nord, où il n'y
en avait pas auparavant.
M. LESSARD: Vous avez, dans le but de protéger le chevreuil,
cette année retenu la loi du mâle. Est-ce que je pourrais savoir
après quelles études vous avez pris cette décision? On
sait qu'actuellement il y a de nombreuses protestations. Est-ce qu'il n'y
aurait pas eu lieu, dans les circonstances actuelles, tout simplement de ne pas
émettre de permis de chasse au chevreuil pendant une période
déterminée dans certaines régions, comme on l'a
déjà fait pour l'orignal?
M. SIMARD: Dans le cas du chevreuil, on sait qu'il y a eu une baisse
continuelle et inquiétante depuis 1964/65. La solution de la loi du
mâle a été suggérée à plusieurs
reprises, elle n'a jamais été appliquée parce que nous
l'avons toujours considérée comme une mesure de dernière
instance. On est arrivé aujourd'hui au moment où il faut prendre
des mesures draconiennes. En même temps que nous
accélérions le contrôle des prédateurs dans
certaines régions, en même temps que nous nous attardions sur
l'aménagement de l'habitat en protégeant les ravages, il nous
fallait réduire considérablement la récolte. Il n'y a pas
beaucoup de façons de le faire. On était rendu au point où
il fallait la loi du mâle, qui, partout où elle a
été appliquée, a donné une augmentation de
population, parce qu'on ne tue, à ce moment, que les animaux non
producteurs. Ou bien il fallait fermer la chasse complètement. La
philosophie du ministère est que nous ne vendons pas de la viande, nous
vendons de la récréation. Le meilleur exemple de ce que les
chasseurs veulent, dans la réserve de Rimouski, où, depuis cinq
ans, il se tue à peu près 20 chevreuils par année, il y a
700 chasseurs qui veulent y aller et qui y vont. A chacun d'eux, on distribue
une feuille leur expliquant que leurs chances sont absolument nulle de tuer.
Ils veulent y aller quand même, parce que c'est le voyage de chasse qui
les intéresse. S'ils ne tuent pas, ce n'est pas grave.
Alors, nous avons actuellement 60,000 chasseurs de chevreuil au
Québec, et nous avons pensé que nous ne pouvions pas priver ces
60,000 chasseurs du plaisir d'aller à la chasse au chevreuil, de
l'anticipation du voyage et du voyage lui-même pour épargner
quelques chevreuils, si nous pouvions arriver à peu près aux
mêmes résultats en permettant la chasse au mâle seulement.
Il y a aussi évidemment les retombées économiques de la
chasse dans les région où elle se produit. Si on a vu
l'activité trépidante pendant la semaine de la chasse au
chevreuil dans le nord de Montréal, par exemple, on peut s'imaginer la
différence que cela peut faire dans ces endroits assez
éloignés de la ville si on arrête cette activité
complètement. Pour ces raisons, la loi du mâle a été
adoptée. Elle n'est pas considérée par le ministère
comme une solution idéale, elle est considérée comme une
solution temporaire, qui sera très temporaire et qui devrait être
remplacée très bientôt aussitôt qu'on aura les
données nécessaires par une chasse où le nombre de
permis sera limité par zones et le nombre d'animaux abattus
limité par zones.
Nous n'avons pas actuellement les données pour arriver tout de
suite à cette mesure, mais nous pensons pouvoir y arriver d'ici deux ou
trois ans.
M. LESSARD: Vous m'affirmez que, partout où la loi du mâle
a été adoptée, il y a eu augmentation du cheptel du
chevreuil. Pourriez-vous m'expliquer comment il se fait qu'on
revient à la loi du mâle pour le chevreuil, alors qu'on l'a
délaissée depuis assez longtemps en ce qui concerne
l'orignal?
M. SIMARD: J'aurais dû ajouter que cette loi du mâle
favorise une augmentation de la population dans tous les cas où les
populations sont basses ou faibles. Je dois corriger aussi une affirmation.
Actuellement, il y a encore 25 Etats américains, sur une quarantaine qui
ont du chevreuil, où existe la loi du mâle. Dans leur cas, la loi
du mâle n'est pas là parce qu'il n'y a pas assez de chevreuil,
mais les biologistes le déplorent parce qu'il y a trop de chevreuils ou
qu'il y a beaucoup de chevreuils. Mais la loi du mâle persiste parce que,
dans les Etats américains, ils ont énormément de
problèmes à changer la réglementation, la
réglementation détaillée devant être adoptée
par la Législature dans tous les cas.
Nous n'avons pas ce régime de sorte que, dès que nous
aurons les données nécessaires, nous pourrons changer de
régime. Ce n'est pas avant deux ou trois ans que le
déséquilibre dans la répartition des sexes peut se
produire, même si on ne tue que les mâles.
M. LESSARD: Justement, d'après certains biologistes, le principe
de tuer le mâle en laissant vivre de vieilles femelles permet à la
population bien plus de dépérir que de s'améliorer.
M. SIMARD: Si la mesure est en vigueur pour deux ou trois ans, on n'aura
pas de vieilles femelles, parce que la moyenne d'âge de nos chevreuils
est de deux ans et demi.
M. LESSARD: Justement, vous avez cette mesure. En fait, c'est une mesure
temporaire.
M. SIMARD: Oui. C'est une mesure temporaire qui a été
prise sur la recommandation des spécialistes des biologistes qui
travaillent sur le chevreuil au ministère.
M. LESSARD: Des biologistes qui ont étudié le
problème et qui vous ont recommandé cette mesure?
M. SIMARD: Oui.
En fait, si vous me permettez d'ajouter ceci, je pense que la loi du
mâle, comme le disait M. le sous-ministre adjoint tout à l'heure,
ce n'est pas une solution à long terme. Je pense qu'il faut en
même temps appliquer l'aménagement de l'habitat et aussi voir
à pallier le problème de la prédation. Ce sont ces trois
choses qu'il faut appliquer simultanément. Si on y va contre les
prédateurs uniquement, je pense que nous manquons le bateau. Si on y va
uniquement avec la loi du mâle, on manque encore le bateau. C'est
l'application des trois systèmes qu'il faut absolument mettre en oeuvre
immédiatement.
M. LESSARD: Mais il n'était pas possible, pour l'année
1974, d'appliquer une politique de limitation des permis?
M. SIMARD: Je pense qu'on a répondu à la question tout
à l'heure. Cela aurait été, très néfaste
pour la population du Québec, quand on voit des régions où
la population du chevreuil est très basse et qu'il y a des milliers et
des milliers de chasseurs qui se déplacent pour prendre une chance,
peut-être une chance sur 1,000, enfin peu importe la possibilité
qu'ils auront de rapporter du gibier à la maison. Quand même, il
faut arrêter de penser strictement au gibier. Il faut penser aux loisirs,
il faut penser au plein air, il faut penser à la
récréation, il faut penser à tout ça.
Le chasseur, aujourd'hui, qui se déplace, je pense bien que c'est
le dernier de ses soucis de tuer, enfin; le vrai sportif. Tant mieux s'il tue;
il peut prouver à sa femme que, vraiment, il est allé à la
chasse. Mais, d'un autre côté, je pense que ce n'est pas seulement
le gibier qui entre en ligne de compte.
M. LESSARD: Oui, il est certain qu'il y a un attrait.
On parlait, tout à l'heure, du contrôle des plans de coupe.
Est-ce qu'en collaboration avec le ministère des Transports et avec le
ministère des Terres et Forêts vous avez un contrôle sur les
tracés de motoneige? C'est encore une autre cause de la disparition du
chevreuil. Est-ce que vous avez le contrôle et est-ce que les plans
concernant les tracés de motoneige vous sont soumis? Est-ce que vos
recommandations sont appliquées?
M. SIMARD: D'après l'arrêté en conseil du
ministère des Transports sur les motoneiges, le ministère doit
approuver les tracés, les pistes qui sont aménagées par
les clubs de motoneige subventionnés par le ministère des
Transports. Cela se fait dans la très grande majorité des cas. Il
y a eu deux ou trois cas où les demandes nous ont été
soumises lorsque les sentiers étaient prêts. Dans ces cas, nous
avons protesté et nous avons pris les mesures pour que, l'an prochain,
les sentiers soient changés de place.
M. LESSARD: M. le Président, en ce qui concerne le projet de
marquage de chevreuil, qui a été entrepris pour 1973/74,
où en est rendu ce projet et dans quelle région l'avez-vous
surtout appliqué?
M. SIMARD: Ce projet, c'est évidemment un projet de recherche qui
doit être appliqué à un endroit donné. L'endroit, en
particulier, c'est au lac Pohénégamook, dans le
Témiscouata, où un projet de recherche beaucoup plus complet est
en marche, pour tenter d'identifier en particulier les causes de
mortalité du chevreuil. C'est un endroit où il est possible de
rencontrer tous les chasseurs qui entrent et qui sortent, ce
qui nous permet des enquêtes sur la valeur économique de la
chasse, en même temps sur ce qu'ils ont vu. Il y a une base de plein air
qui nous permet de contacter tous les chasseurs facilement.
M. LESSARD: Maintenant, après la rencontre de tous les pays
où il y avait pêche au saumon, et à cause de disparition
graduelle de ce poisson, est-ce que vous avez pensé en arriver à
l'interdiction de tout commerce du saumon, tel qu'on le fait actuellement dans
certaines régions du Québec?
Dans l'Est du Québec, dans la région de la
Gaspésie, vous avez interdit la pêche commerciale du saumon. Ce
qui arrive, c'est qu'en interdisant strictement la pêche commerciale vous
permettez indirectement le braconnage sur ces rivières, en laissant
libres d'autres régions comme la Côte-Nord.
Est-ce que vous avez fait des études des différentes
rivières du Québec et d'après vos enquêtes est-ce
qu'on ne devrait pas, parce qu'il y a vraiment une situation d'urgence qui se
pose concernant le saumon, en arriver à une interdiction complète
de la pêche au saumon?
M. SIMARD: Je ne crois pas, en fait, qu'on ait envisagé
jusqu'à maintenant l'interdiction de la pêche commerciale du
saumon sur la Côte-Nord.
M. LESSARD: Non, pas sur la Côte-Nord, en Gaspésie.
M. SIMARD: C'est le seul endroit où elle est permise
actuellement, la pêche commerciale.
M. LESSARD: En Gaspésie?
M. SIMARD: Non, sur la Côte-Nord.
M. LESSARD: Oui, sur la Côte-Nord, mais là je vous parle
d'une région comme la Gaspésie, où il y a interdiction de
la pêche commerciale.
Si nous allons dans la région de la Gaspésie, on peut
avoir la possibilité, dans les hôtels, de manger du saumon frais,
et on vous dit que le saumon vient de la Côte-Nord. Les inspecteurs du
ministère sont obligés de croire que c'est du saumon qui vient de
la Côte-Nord mais bien souvent c'est du saumon qui a été
braconné. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche n'a aucun moyen ou, en tout cas, les moyens sont difficiles
de vérifier si ce saumon provient véritablement de la
Côte-Nord ou s'il est braconné. C'est le problème
actuellement. En permettant à la région de la Côte-Nord de
pouvoir parce qu'il s'agit d'une situation d'urgence dans plusieurs
rivières du Québec faire de la pêche commerciale,
vous vous trouvez indirectement à permettre le braconnage du saumon dans
les rivières de la Gaspésie.
M. SIMARD: M. le Président, si vous me le permettez, je crois que
c'est au programme 2, la protection de la faune. Maintenant, si je peux
brièvement essayer de répondre à la question du
député, quitte à y revenir tout à l'heure, disons
que bien sûr on a connu énormément de problèmes
l'été dernier étant donné qu'il y a 3,900,000 de
livres de saumon qui ne sont plus prises par la pêche commerciale et que
près de 4,000,000 de livres de saumon de plus entrent dans nos
rivières, c'est bien sûr qu'il y a bien des gens qui sont
conscients de cette situation.
Nous avons fait des efforts assez particuliers, nous avons même
collaboré avec le ministère de la Justice afin que la
Sûreté du Québec se rende sur certaines rivières;
nous avons enfin employé tous les moyens que nous possédions afin
d'aider à la conservation; nous avons engagé des gens pour
surveiller ce genre de prédation qui se faisait dans nos rivières
et j'ai même déclaré, il y a quelque temps, que nous
étions pour intensifier notre travail encore une fois, cette
année. Je pense que l'achat de l'hélicoptère, qui a
été accepté par le Conseil du trésor et le ministre
des Finances, et peut-être des heures supplémentaires, si vous
voulez, d'envolées, on pourra peut-être en arriver à une
meilleure préservation en ce qui a trait au saumon.
Maintenant, il est six heures, M. le Président. Est-ce qu'il y a
moyen d'adopter le programme 1?
M. LESSARD: Non.
LE PRESIDENT (M. Tardif): La commission suspend ses travaux à
vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 23
M. SEGUIN (président de la commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche): A l'ordre,
messieurs !
C'est le député de Saguenay qui avait la parole, je
pense.
M. LESSARD: M. le Président, en ce qui concerne la protection du
saumon, nous aurons l'occasion, semble-t-il, d'en discuter lorsque nous
parlerons de la conservation. Cependant, M. le Président, je voudrais
revenir un peu sur la loi du mâle. J'ai lu, au cours du souper, certaines
interventions de chroniqueurs sportifs ou de chroniqueurs de plein air à
ce sujet, puis je constate que ce n'est pas particulièrement une loi
populaire. En effet, ça pose le problème suivant, semble-t-il:
d'abord, la création d'un certain déséquilibre dans la
nature.
Par exemple, Henri Poupart du journal La Presse dit ceci au sujet de la
loi du mâle. "1) On doit considérer la chasse comme étant
un moyen de sélection naturelle chez les populations. Le fait de ne
s'attaquer qu'au mâle seulement, si cette réglementation est
respectée, crée généralement un
déséquilibre, c'est-à-dire qu'on finit par avoir une trop
grande population de femelles pour le nombre de mâles.
Ceci semble confirmé, M. le Président, par un biologiste
du ministère, M. Jean Huot, qui écrivait justement dans une
brochure publiée par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche du Québec, en 1973, sur le cerf de Virginie. On y lisait
ce qui suit: "L'application intégrale de la loi du mâle seulement,
sur des longues périodes, s'est avérée un mauvais outil
dans l'aménagement des populations de cerfs et occasionne des pertes de
gibier. Cependant, une récolte moindre des femelles par un
système comme le permis de groupe peut avoir un effet
bénéfique sur le cheptel et réduire les pertes".
Il est vrai, semble-t-il, qu'on s'accorde sur le fait que, quand il
s'agit de périodes courtes, ça peut avoir des avantages positifs.
Cependant, le problème fondamental qui se pose, c'est surtout dans
l'application. Je vous avoue, que, si je suis un chasseur d'orignal, je ne suis
pas un chasseur de chevreuil. Mais, d'après l'expérience de
chasseurs de chevreuil, on dit qu'il est très difficile
même je sais que, pour l'orignal, c'est quelquefois assez difficile,
lorsque c'est un jeune orignal, lorsque les cornes ne sont pas vraiment
développées de distinguer entre la femelle et le
mâle.
Or, il semble justement que c'est très difficile en ce qui
concerne le chevreuil; d'abord, à cause de la vitesse du chevreuil;
deuxièmement, à cause du fait qu'on ne chasse pas le chevreuil en
prairie mais qu'on le chasse là où il y a du bois.
Comme le chasseur, bien souvent, est pris dans une situation assez
difficile, il prend un risque. Moi, je puis dire que même si l'orignal
est une bête beaucoup plus grosse, il est quelquefois difficile, à
250 ou 300 pieds, de distinguer s'il s'agit d'une femelle ou s'il s'agit d'un
mâle. Il arrive qu'à certains animaux les cornes sont
cassées, un mâle, par exemple, d'un an et demi, etc. Le truc du
chameau.
M. HOUDE (Fabre): II y a un moyen bien simple, les biologistes viennent
de le découvrir.
M. LESSARD: Oui, alors, on me le dira tout à l'heure.
M. HOUDE (Fabre): Si elle "fly", c'est une femelle; s'il "fly", c'est un
mâle.
M. LESSARD: D'accord, oui, c'est assez difficile. Est-ce que cette loi
ne créera pas un certain nombre de problèmes? Par exemple, si je
prends un risque, en autant que je ne prends pas un risque pour mettre en
danger, par exemple, la vie d'autres chasseurs il arrive bien souvent
qu'on ne voit, semble-t-il, qu'une partie du chevreuil est-ce que cela
ne contribuera pas à obliger le chasseur à laisser une femelle
sur le terrain et à aller chercher un autre gibier qui serait un
mâle, une fois qu'il s'aperçoit qu'il a tué cette
femelle?
Les chroniqueurs sportifs ne disent pas que, sur une courte
période, cela crée vraiment un déséquilibre, mais
il semble que, dans l'application, cela favorise justement le
non-contrôle de la viande, cela favorise le fait qu'on laisse certaines
carcasses en forêt qui servent à nourrir d'autres animaux. Le
problème de l'application semble très sérieux et on l'a
vécu lorsqu'on avait la loi du mâle concernant l'orignal. Bien
souvent, d'un chasseur on faisait un braconnier, c'est-à-dire que le
chasseur, s'apercevant qu'il avait tué une femelle, ne le
déclarait pas et s'il se faisait prendre, il n'avait plus le choix. Soit
qu'il laisse sa viande sur le terrain, ou soit qu'il tente de la transporter,
quitte à payer une amende s'il se fait prendre; s'il ne se fait pas
prendre, le ministère n'a aucun contrôle sur cette viande.
M. SIMARD: Pour répondre à la première question du
député de Saguenay même si elle a été longue,
je vais être très franc envers le député et envers
vous, M. le Président, en disant: Est-ce qu'on doit vraiment se fier aux
journalistes? Est-ce qu'on doit prendre tous les articles de journaux au
même diapason que la bible? Il y a certains chroniqueurs sportifs et
certains journalistes qui s'y connaissent très bien en faune, en
conservation, en protection et tout. Maintenant, est-ce qu'on doit se fier
à tous ces journalistes? Parce que je pense que le député
de Saguenay se fie uniquement, dans la première partie...
M. LESSARD: Je me fie à mon expérience personnelle
aussi.
M. SIMARD: Comme chasseur d'orignaux,
vous l'avez bien spécifié, et on parle de chevreuils.
M. LESSARD: Oui.
M. SIMARD: Est-ce qu'il faut se fier? Je pense que j'ai une
équipe de biologistes très compétents et, si j'en suis
arrivé, à un moment donné, à accepter le "Buck
Law", la loi du mâle, c'est que j'ai été avisé par
une compétence en laquelle je crois. Maintenant, pour ce qui est de voir
si c'est un mâle ou une femelle, je crois que c'est une norme de
sécurité de bien identifier sa cible avant de tirer.
M. LESSARD: Oui, mais, M. le Président... M. SIMARD: Je crois que
c'est classique.
M. LESSARD: Je suis complètement d'accord avec le ministre, mais
vous conviendrez, M. le Président, que, s'il est difficile quelquefois
de distinguer le sexe chez des animaux qu'on voit, alors que la cible est bien
identifiée chez des orignaux, je pense que ça devient d'autant
plus difficile de le distinguer chez le chevreuil. Vous admettrez que les
cornes ne sont pas de la même longueur quelquefois. Je vous avoue, bien
souvent, quant à moi, avoir pensé tuer un orignal et, tout
à coup, je constatais qu'il avait des petites cornes ou que les cornes
étaient cassées. Si cette identification est difficile pour
l'orignal tout chasseur aura certainement eu cette expérience
ça devient d'autant plus difficile pour le chevreuil.
M. SIMARD: Je suis d'accord, M. le Président, et je crois que le
Dr Moisan va continuer sur cette tangente. On a aussi des expériences
d'autres Etats américains où cela a pris peut-être un an ou
deux avant de vraiment faire comprendre et faire connaître aux chasseurs
de chevreuil cette différence que le député de Saguenay
souligne.
D'abord, pour la question du déséquilibre,
évidemment, je pense que vous avez donné la réponse avec
votre deuxième citation de M. Huot. Sur de longues périodes,
c'est sûr que ce déséquilibre serait produit, mais on
espère que ce ne sera pas une longue période.
Quant à la perte de gibier occasionnée par la
difficulté d'identifier les femelles et les faons des mâles, c'est
un problème et c'est probablement le seul désavantage de cette
méthode. Il va falloir, en même temps qu'on se prépare pour
la chasse, faire une campagne d'éducation pour tenter de convaincre les
gens d'attendre de voir la cible avant de tirer.
M. LESSARD: Pourriez-vous, Dr Moisan, nous expliquer la façon
dont parlait l'adjoint parlementaire au ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, le député de Fabre, pour justement
faire la distinction?
M. SIMARD: Je ne suis pas au courant de cette méthode. Mais il y
a une chose certaine. C'est que normalement, si on ne voit pas un panache, avec
cette loi-là on ne doit pas tirer avant de savoir s'il y en a un ou s'il
n'y en a pas.
Mais ce qu'on doit dire au point de vue biologique c'est que, même
s'il a été constaté que dans tous les cas où il y a
la loi du mâle il y a une perte de gibier, même avec la perte de
gibier la population augmente. Des travaux du Wisconsin et de l'Etat de
New-York sont très nets là-dessus, il n'y a aucun doute que cela
va provoquer un effet positif. Malheureusement, il y aura, dans certains cas,
des pertes. C'est évident.
M. LESSARD: Mais est-ce que le ministre ou le sous-ministre adjoint et
ex-directeur du service de la faune croit que c'est la meilleure solution dans
les circonstances?
M. SIMARD: Dans les circonstances, oui. Mais ce n'est pas...
M. LESSARD:.Pourquoi?
M. SIMARD: ... la solution idéale. La solution idéale,
à laquelle nous visons le plus tôt possible, d'ici deux ans, c'est
de limiter le nombre de permis par zones de chasse. Notre système actuel
de permis doit être changé pour ça. Il faut aussi qu'on ait
des données assez précises sur le nombre de chasseurs que l'on va
laisser entrer dans chacune des zones. C'est pour en arriver à cette
mesure que nous n'étions pas prêts. Nous admettons que la solution
idéale serait celle-là et c'est celle vers laquelle nous tendons
pour nous éloigner du "Buck Law" le plus tôt possible.
M. LESSARD: Autrement dit, vous avez pris cette décision parce
que vous n'étiez pas préparés, à ce
moment-là, à appliquer la solution dont vous parlez,
c'est-à-dire la division des régions où il y a du
chevreuil par zones et, ensuite, la limitation des permis.
M. SIMARD: Les zones que nous avons actuellement sont très
grandes. Il va falloir les revoir et, en même temps, on prend toutes les
méthodes qu'on peut pour essayer de mesurer la distribution des
chasseurs, ce qu'on n'a pas actuellement.
M. LESSARD: M. le Président, lorsque nous avons discuté
des crédits du ministère des Terres et Forêts, nous avons
discuté des conséquences de l'action du fénitrothion sur
la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Ne vous inquiétez pas,
je n'ai pas l'intention de parler ni des angiospermes, ni des gymnospermes!
M. le Président, cela concerne particulièrement le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, puisque
certains chroniqueurs
sportifs affirment même que suite à l'opération
tordeuse des bourgeons de l'épinette, il est prouvé que
l'insecticide a tué des oiseaux et des poissons. Je ne me fie pas
exclusivement aux journalistes, mais je voudrais quand même avoir des
informations. "Insecticides et herbicides détruiront notre faune", "II
faut que les arrosages destructeurs prennent fin", voilà autant de
titres que nous lisons dans les journaux, ces temps-ci. Jean Pagé: "Le
fénitrothion détruit la faune" ... Je commence à m'y
habituer, M. le Président !
J'ai reçu des réponses assez sérieuses de la part
du ministère des Terres et Forêts et des spécialistes,
parce qu'on a expliqué qu'on étendait à peu près
deux onces de fénitrothion par acre, mêlé à quatorze
onces d'huile végétale, mais, outre le fénitrothion, il y
a des produits qui sont utilisés par l'Hydro-Québec et par le
ministère de la Voirie, en particulier l'Hydro-Québec.
On sait que l'Hydro-Québec, il y a quelque temps, demandait des
soumissions pour arroser sous ses lignes de transmission afin d'empêcher
la repousse des arbres. Ce que je voudrais savoir de la part du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, c'est si, au
niveau de la recherche, des études ont été ou seront
entreprises par les biologistes du ministère afin de savoir s'il est
vrai que le fénitrothion a des conséquences néfastes sur
la faune, au Québec, de même que d'autres produits aussi qui ont
été utilisés par le ministère de la Voirie et par
l'Hydro-Québec.
Contrairement au fénitrothion, les produits utilisés par
l'Hydro-Québec créent, en tout cas, la mort, pendant une
période déterminée, de tous les arbres sous les lignes de
transmission, ce qui veut dire que c'est probablement considérablement
fort. J'aimerais savoir si le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche a entrepris des études dans ce secteur.
M. SIMARD: Dans le cas du fénitrothion, nous avons fait des
observations il y a deux ans lorsque le ministère des Terres et
Forêts a arrosé l'île d'Anticosti. Nous avions, une
équipe qui étudiait les effets sur les oiseaux et une autre sur
le saumon. Dans les deux cas, les résultats ont été
absolument négatifs c'est-à-dire qu'il n'y a eu aucune
espèce d'effet mesurable.
L'an dernier, quand les arrosages ont commencé sur une grande
échelle, en nous basant sur les résultats de l'île
d'Anticosti, nous avons décidé de laisser tomber. Par la suite,
au cours de l'été, il y a eu deux ou trois cas où des
oiseaux sont morts, dans un autre cas, des truites sont mortes dans un
étang. Dans les deux cas il s'agissait d'accidents, c'est-à-dire
de cas où l'avion était passé deux ou trois fois au
même endroit. Mais, étant donné que le ministère a
reçu autant de plaintes que le ministère des Terres et
Forêts et que nous étions absents, nous avons fait des pressions
auprès du ministère des Terres et Forêts pendant l'hiver,
d'abord pour qu'un comité interministériel soit formé
il a été formé et il fonctionne ensuite, pour
qu'une partie des millions qui sont accordés pour les arrosages nous
soit versée pour une surveillance des arrosages sur la faune.
Nous avons au budget cette année, un montant de $60,000 qui nous
a été transmis par le ministère des Terres et
Forêts, et nous avons actuellement sur le terrain neuf étudiants,
deux biologistes et trois ou quatre techniciens, en trois équipes, qui
font des observations sur les petits mammifères, sur les poissons et sur
les oiseaux.
Jusqu'à maintenant, il ne s'est pas produit d'accident et pour
une bonne raison: on nous assure qu'il n'y en aura pas parce qu'il y a un
nouveau système de navigation sur les avions cette année qui est
censé éviter ces accidents.
Dans le cas du 2-4-D ou du "jus" qui est employé par
l'Hydro-Québec, je ne voudrais pas vous relancer mais, dans ce
cas-là, ce "jus"-là ne s'attaque qu'aux angiospermes et non pas
aux gymnospermes, c'est-à-dire que les conifères ne sont pas
attaqués du tout; seuls les arbres à feuilles le sont.
Celui-là, nous n'en sommes pas très heureux; nous n'avons pas
d'indication selon laquelle la faune serait affectée mais il est fort
possible qu'elle le soit. Dans plusieurs cas, dans les ravages en particulier,
l'Hydro-Québec est assez ouverte pour nous assurer que, dans les cas
où nous le demandons, les herbicides ne sont pas employés. On
contrôle la végétation sous les lignes, comme on le fait
à la pisciculture de Saint-Faustin; on contrôle par des moyens
mécaniques tout simplement, en coupant les branches à la hache.
Nous n'avons pas de preuve que c'est mauvais mais on peut douter, il est fort
possible que ça le soit.
M. LESSARD: Est-ce qu'il y a eu enquête suite à l'arrosage
par le ministère de la Voirie du Québec, à l'aide du
2-4-D, dans la région du Bas-du-Fleuve, près de Petite-Matane? On
dit je trouve le chiffre passablement fort, M. le Président, mais
en tout cas je me fie à la chronique de M. Jean Pagé que
près de 40 millions de truites auraient été tuées
dans le Bas-du-Fleuve. "Ce n'était pas, dit-il, le fénitrothion
mais bien le 2-4-D qui devenait l'agent destructeur. M. Olivier Philibert, de
Petite-Matane, élevait des truites; ces dernières seraient
maintenant inertes et ventre à l'air parce que la voirie décidait
d'éliminer la végétation d'un secteur voisin des
étangs d'élevage". J'ai eu envie d'enlever trois zéros,
pensant qu'il y a pu avoir erreur de typographie. Mais dans l'article de M.
Jean Pagé, du 16 avril 1974, on parle de 40 millions.
M. SIMARD: Si on le prend comptant..
M. LESSARD: Je ne le prends pas comptant, je le prends avec un...
M. SIMARD: M. Pagé a parlé aussi des
millions de poissons qui étaient morts dans le nord de
Montréal par suite des arrosages. Or, on en a trouvé 37 en
fouillant avec des plongeurs qui sont allés sous l'eau. Ils ont fini par
en trouver 37. Il parle aussi d'orignaux qui sont devenus aveugles. Nous, on
n'en a pas vu. On a vu des orignaux aveugles mais pas pour ça, à
cause d'un parasite.
Le cas de Petite-Matane est un cas bien particulier. Il s'agit d'un
étang de pisciculture de truites arc-en-ciel qui a été
subventionné par le ministère de l'Agriculture, et le
ministère des Transports ayant mis du 2-4-D ou d'autres herbicides
autour, les truites sont mortes. On a, je pense, donné une subvention
à l'agriculteur en question pour qu'il recommence. Il a remis 40,000
autres truites, il n'y a pas eu d'arrosage d'herbicide puis les 40,000 autres
truites sont mortes.
C'est, je le répète, un projet du ministère de
l'Agriculture et non du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, il est possible que ce
soit l'eau, le manque d'oxygène. Je ne veux pas traiter ce sujet
à la légère et je suis conscient que le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ne le traite pas non plus
à la légère. En tout cas, en ce qui concerne le
fénitrothion, j'ai eu quand même des informations assez
sérieuses selon lesquelles ce ne serait pas véritablement
néfaste pour la faune. Mais je pense que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche devrait étudier le cas du
produit qui est utilisé par l'Hydro-Québec, parce que suite
à des pluies bien souvent, qu'on le veuille ou pas, ce produit
étant distribué par la voie des airs sous les lignes de
transmission, comme il y a des lignes de transmission qui traversent des cours
d'eau même si elles ne traversent pas le cours d'eau le
produit est transporté par les pluies et touche certainement des
territoires.
D'autant plus, et c'est pour ça que je demande au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
d'étudier le problème qu'il y a déjà eu des
études, en tout cas dans ma région, qui exposaient à
l'Hydro-Québec la possibilité de faire faire ces travaux par
contrat, par des hommes, de façon manuelle, ce qui ne coûterait
peut-être pas plus cher, semble-t-il, que l'arrosage de produits par
l'Hydro-Québec, cela couvre des régions immenses, comme vous le
savez. Dans ma région, il y a passablement de tours de transmission et
cela couvre des régions immenses.
Je pense que ce problème est très sérieux.
Actuellement, vous dites que vous n'avez pu constater des conséquences
néfastes. Mais constatant la force de ce produit chimique, moi, sans
être biologiste, sans être spécialiste j'aurais tendance
à penser que cela a des conséquences sur les ressources
fauniques.
M. SIMARD: Nous avons déjà fait des représentations
à l'Hydro pour l'usage du 2-4-D et on nous dit que le contrôle
mécanique est absolument impossible étant donné
l'étendue, la longueur et le nombre de lignes qui existent. L'autre
point que je voulais souligner est que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche n'est pas un organisme de recherche.
Il existe au Canada et aux Etats-Unis des laboratoires regroupant des
centaines de scientifiques, avec tout l'équipement imaginable. Nous
devons nous fier aux découvertes et aux mesures de ces gens qui
établissent des doses minimales. Ils disent: Si vous utilisez telle
dose, pas de problème. Nous voulons nous en tenir, pour l'instant,
à la surveillance, pour voir s'il y a des effets ou non.
Dans le cas du fénitrothion, comme je l'ai dit, on n'a pas
trouvé d'effets. Dans le cas du 2-4-D, on devrait probablement essayer
de surveiller, de la même façon qu'on le fait pour le
fénitrothion, pour voir si réellement il y a ou non des effets.
Evidemment, la réponse classique de ceux qui utilisent ces produits,
c'est que, contrairement au DDT et à tous ces organochlo-rés, ces
produits-ci se dégradent très rapidement, c'est-à-dire
que, 48 heures après l'épanda-ge, il n'y a plus rien. L'effet ne
persiste pas.
M. LESSARD: M. le Président, moi, je pense aux cris des
grenouilles du député de Fabre et je veux bien les
protéger. Le député de Matane ne comprend pas l'allusion,
étant donné qu'à ce moment-là je pense qu'il
n'était pas député.
M. COTE: Je vous ferai remarquer que ce n'est pas le
député de Matane qui a fait un commentaire.
M. LESSARD: Ah, je m'excuse. En relation avec l'Hydro-Québec qui,
semble-t-il, a un service d'études biologiques, est-ce qu'il s'est fait
des études au ministère sur les effets de
l'élévation de l'eau dans la région de la baie James en
relation avec les frayères à saumon? Il semble que certains
biologistes affirment que cela peut avoir des conséquences
néfastes pour les frayères. Est-ce que des études se font
qui touchent la région de la baie James et les conséquences
écologiques que le développement de la baie James peut avoir?
M. SIMARD: Dans le cas de la baie James, il y a évidemment toute
une série d'études sur l'impact écologique du projet, qui
se font actuellement. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, étant au Québec le seul possédant une
compétence sur le gros gibier actuellement, ces travaux leur ont
été confiés. C'est la Société de
développement de la baie James qui défraie le coût des
travaux sur l'orignal, en particulier, et sur le caribou. Le
fédéral s'occupe des oiseaux migrateurs et la
Société d'énergie de la baie James a monté une
grosse équipe de l'environnement, maintenant; il y a une direction de
l'environnement. L'été
dernier, il n'y avait pas moins de 35 ou 40 biologistes dans le coin,
avec des techniciens, des laboratoires ambulants. Les travaux, d'ailleurs, ont
commencé à être publiés, on en connaît
probablement plus sur la baie James depuis un an qu'on n'en avait connu depuis
cent ans, à cause de ces études qui se font très
rapidement, maintenant.
M. LESSARD: Est-ce que ces études, justement, sont sous le
contrôle du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche?
M. SIMARD : Non, elles sont sous le contrôle d'une entente
fédérale-provinciale, Société de la baie James, le
fédéral défrayant une partie des coûts. C'est un
système assez compliqué qui consiste à examiner le projet
et à savoir si c'est un projet d'intérêt national ou
d'intérêt régional. Quand c'est national, le
fédéral paie tout. Quand c'est régional, les coûts
sont partagés. Alors il y a un comité qui examine les projets,
qui approuve les projets et qui, ensuite, reçoit les rapports. C'est la
société d'énergie qui reçoit les rapports. Ils nous
sont envoyés pour information.
M. LESSARD: Est-ce qu'actuellement, par exemple, le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche peut confirmer ou nier le fait que
l'élévation de l'eau dans cette région peut avoir des
conséquences sur les frayères à saumons? Est-ce que,
aussi, vous pouvez nier ou confirmer le fait que ça peut mettre en
danger la survie du caribou dans cette région?
M. SIMARD: Dans le cas du caribou, les travaux actuels nous permettent
de penser que les résultats ne seront pas graves, dans le sens qu'il y a
des terrains d'hivernage; il y a une migration et il y a des terrains qu'on
appelle les terrains de vêlage, les terrains où les femelles vont
avoir leurs petits au printemps, en groupe. Les migrations du caribou de
même que l'habitat hivernal varient d'une année à l'autre.
On ne sait jamais où les animaux vont aller exactement. Ils peuvent
changer d'endroit facilement, de sorte que...
M. LESSARD: C'est en fonction aussi de la nourriture.
M. SIMARD: ... fonction de la nourriture évidemment. Tandis que
dans le cas des terrains de vêlage, ces terrains sont traditionnels. Si
ces terrains sont inondés, l'organisation sociale de la population est
complètement déséquilibrée. Nous avons
trouvé, l'hiver dernier, pour la première fois, le terrain de
vêlage qui semble utilisé par tous les caribous du nord du
Nouveau-Québec et il est bien à l'est de l'endroit qui sera
développé, c'est-à-dire qu'il n'est pas du tout dans le
territoire du bill 50. De sorte que dans le cas du caribou, nous ne pensons pas
qu'il y ait de problème.
Evidemment, dans le cas des poissons, les Indiens et les Esquimaux se
préoccupent beaucoup plus du poisson blanc que du saumon. Actuellement,
la Société de développement et le gouvernement et les
Indiens et les Esquimaux sont en négociation, comme vous le savez pour
les droits de chasse et de pêche, mais aussi pour les modifications au
projet qui feraient que les effets seraient beaucoup moins dommageables. Il
semble bien qu'il y aura des modifications au projet qui feront que le projet
sera beaucoup moins dommageable que prévu. De plus, il faut bien se
rappeler qu'il y aura des changements. C'est sûr qu'il y aura des
changements, mais il y a moyen de corriger par la suite avec de
l'aménagement. Il y a moyen d'aménager des réservoirs pour
qu'ils produisent du poisson plus qu'avant, pas nécessairement
l'espèce qui était là avant, mais une autre. Alors on peut
contrebalancer, contrecarrer ces effets par de l'aménagement
intensif.
M. LESSARD: Alors, je souhaite, M. le Président, que l'optimisme
du sous-ministre soit valable et se concrétise.
Le ministère a entrepris, en novembre 1973, une enquête
auprès des amateurs de chasse dans le but de déterminer les zones
de la province qui attirent le plus de chasseurs mais aussi pour estimer la
valeur économique de cette ressource que représentent les
déplacements de chasseurs.
Est-ce que cette enquête est maintenant en marche? Est-ce que la
compilation des résultats a eu lieu? Sinon, quand s'attend-on à
obtenir un résultat de cette enquête qui me paraît
très importante, encore une fois?
M. SIMARD: Les questionnaires viennent d'être envoyés, il y
a une semaine ou deux.
M. LESSARD: Je connaissais la réponse, M. le Président,
parce que j'ai justement reçu un questionnaire.
Concernant le trappage, dans notre région, de plus en plus, il y
a une demande très forte pour les terrains de trappe. Or, actuellement,
en vertu de la loi, les terrains de trappe sont subdivisés en superficie
de 50 milles carrés. Je constate, de plus en plus, que les trappeurs ne
sont plus des professionnels mais vont chercher dans la trappe un revenu
d'appoint. C'est devenu, de plus en plus un sport, je pense, parce que l'on ne
peut plus parler de professionnels du trappage.
Je constate aussi que dans la plupart des cas, suite à des
discussions que j'ai eues, il est difficile pour un trappeur non professionnel,
qui fait cela bien souvent durant les fins de semaine, de pouvoir superviser un
territoire de 50 milles carrés. Dans cette optique, est-ce que le
ministère a étudié la possibilité de subdiviser les
terrains de trappe en superficie moins vaste, de telle façon que cela
puisse permettre à beaucoup plus de gens qui sont
intéressés à ce secteur de pouvoir en profiter? Par
exemple, je
penserais à des territoires de 25 ou de 20 milles carrés,
ce qui représente déjà une superficie très
forte.
Est-ce que le ministère a étudié cette
possibilité ou a l'intention de l'étudier?
M. SIMARD: Le ministère n'a pas étudié cette
possibilité. Il n'est pas dit qu'il ne devrait pas le faire ou ne
pourrait pas le faire. C'est la première fois que nous entendons cette
remarque. D'habitude, les blancs, qui ont tous des territoires de 50 milles
carrés, prétendent que ces territoires ne sont pas assez grands.
Pour ceux qui veulent vivre du trappage ou en tout cas en faire une occupation
importante pendant l'hiver, c'est à peine suffisant.
On n'a pas considéré la possibilité de couper les
terrains davantage mais on pourrait le faire.
M. LESSARD: Remarquez, je prends l'expérience de ma
région. Dans l'émission des permis, je dois dire que j'ai
même dû intervenir une fois auprès du chef de district
à Sept-Iles. Suite à de mauvaises informations qu'il avait
reçues, un enfant de treize ans, qui était le petit-fils du
grand-père qui était mort, avait obtenu un territoire de trappe.
Il y a une politique, il me semble, qui doit être analysée, c'est
la transmission des terrains de trappe de père en fils et de
grand-père à petit-fils, cela commence à créer des
problèmes dans plusieurs régions.
On s'aperçoit, bien souvent, que des familles complètes
contrôlent des territoires très vastes. Cela m'inquiète
drôlement. Il y a eu en particulier, par exemple, ce cas où je
suis intervenu, non pas pour faire donner le terrain de trappe à telle
personne mais pour au moins empêcher qu'un garçon de treize ans
ait ce terrain, alors que son père était déjà
propriétaire d'un territoire de trappe.
Je pense que le ministère devrait demander au chef de district
j'espère qu'on en aura un bientôt chez nous
d'étudier une nouvelle politique d'émission des permis de trappe,
afin qu'il y ait un bien meilleur contrôle.
J'en ai discuté pas mal, en tout cas, avec plusieurs trappeurs.
Il s'agit, dans la plupart des cas que j'ai pu constater, bien souvent de
non-professionnels du trappage, qui font cela bien souvent pour un revenu
d'appoint. Bien souvent aussi il s'agit d'assistés sociaux à qui
on veut accorder un revenu d'appoint. Alors, je pense qu'il y aurait
certainement possibilité, dans toute une politique d'éducation du
citoyen, de subdiviser ces territoires. Parce qu'un territoire de 50 milles
carrés en forêt, c'est un vaste territoire.
M. SIMARD: La division des fourrures, au ministère, est
peut-être l'une de celles qui ont besoin d'un coup de pouce. Nous avons
appliqué presque complètement nos efforts, depuis 1935, dans les
réserves à castor du nord du Québec, en négligeant,
il faut bien l'admettre, nos trappeurs du sud. Dans les objectifs qu'on a lus
cet après-midi, on a, pour le service de la faune en particulier, dit
qu'il faudrait avoir des biologistes qui seraient chargés des animaux
à fourrure et du petit gibier. Nous voudrions nous occuper bien
davantage des trappeurs du sud, des trappeurs de rat musqué du lac
Saint-Pierre, par exemple, et des trappeurs blancs de la Côte-Nord et de
la Gaspésie. Mais, jusqu'ici, la division des fourrures s'est
contentée d'émettre des permis et de contrôler ce qui se
faisait dans les réserves à castor du Nouveau-Québec.
Il est possible qu'avec les négociations actuelles avec les
Indiens, par exemple, les Indiens prennent leurs affaires en main davantage, de
sorte que nous pourrons nous consacrer bien davantage au sud du Québec.
J'avoue que c'est un besoin.
M. LESSARD: Je dois dire, M. le Président, que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, depuis
quelques années, avant que le ministre actuel soit titulaire de ce
ministère, a appliqué une politique très à
l'avant-garde concernant le castor. Si on peut aujourd'hui parler encore de la
survie du castor au Québec, c'est grâce à ces
politiques.
M. SIMARD: Je pourrais peut-être ajouter quelque chose, si le
député de Saguenay me le permet. C'est que la mode a
influencé énormément. Cela a peut-être l'air
drôle d'en parler. Mais le prix de la fourrure a augmenté et a
presque triplé depuis un an et demi ou deux ans, ce qui fait que les
professionnels qui, à un moment donné, avaient
délaissé cette pratique y reviennent de plus en plus. On a
beaucoup plus de chasseurs et de trappeurs que nous en avions il y a quelques
années, où le prix de la fourrure était presque
dérisoire.
Alors vous avez une augmentation en flèche, depuis à peu
près deux ans, ce qui fait que beaucoup de trappeurs reviennent.
Maintenant, je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député de Saguenay, qui dit qu'il y a une augmentation assez
forte de sportifs ou de non-professionnels dans ce secteur. Je crois que ce
sont plutôt les anciens trappeurs qui reviennent à cette pratique,
à cause de la hausse du prix de la fourrure que nous connaissons.
M. LESSARD: II faudrait peut-être, M. le Président, avoir
une certaine souplesse. Il y a certaines régions, peut-être,
où le trappeur est un professionnel mais je dois vous dire qu'à
chaque fois que je suis intervenu ce n'était pas le cas. Moi je me
refuse d'intervenir pour faire accorder un permis à un tel plutôt
qu'à tel autre.
Mais chaque fois qu'un permis est annulé soit à cause de
délits en vertu de la Loi de la conservation de la faune ou soit
à cause du décès du titulaire, je constate qu'il y a de
nombreuses demandes. En particulier, par exemple, en ce qui concerne le terrain
de trappe
auquel je pense et sur lequel j'étais intervenu pour
empêcher que le petit gars de treize ans n'ait son permis, il y avait,
une dizaine de demandes et c'étaient des gens très
sérieux.
M. le Président, je soumets ces commentaires pour qu'on puisse en
prendre considération au ministère du Tourisme, surtout à
la division de la fourrure. Je voudrais savoir maintenant, puisqu'on a
parlé d'études du caribou, d'études sur le chevreuil, si
actuellement il y a des études sur notre cheptel d'orignaux et sur la
possibilité de production de ce cheptel. On estime, je pense, à
environ 125,000 têtes le cheptel d'orignaux au Québec, ce qui peut
apporter une production ou une augmentation du troupeau annuellement de 40,000
veaux. Si on estime que peut-être 10,000 de ces nouveaux-nés vont
disparaître par suite...
M. TARDIF: Des prédateurs.
M. LESSARD: ... des prédateurs ou de la maladie, etc., il en
reste 30,000. Si on estime que 10,000 autres têtes parmi les orignaux
plus vieux, plus âgés vont disparaître, nous arrivons
à une augmentation nette d'environ 20,000 têtes d'orignaux. Par
contre, je constate que les chiffres du ministère nous disent qu'environ
8,000 têtes sont tuées annuellement, pendant la période de
chasse. Je constate aussi, selon des rapports de l'Ontario, qu'en Ontario
à peu près avec la même quantité de têtes, on
réussit à récupérer ou à récolter,
parce que c'est une récolte, plus de 13,000 têtes. Suite à
cette sorte de déséquilibre qui existe entre la récolte
actuelle et les possibilités de récolte, je me demande si quelque
chose ne pourrait pas être fait. En effet, on estime à environ
$400 les dépenses d'un chasseur qui va à la chasse à
l'orignal. Normalement, il tue environ une fois par cinq ou six ans, ce qui
veut dire que chaque orignal rapporte au Québec environ $2,400. Si on
pouvait tuer 5,000 têtes de plus, je pense que ce serait plus de $12
millions de plus qu'on pourrait récolter sous forme de dépenses
indirectes.
Je me demande si le ministère s'est penché sur ce
problème. En tout cas, il y a certainement possibilité
d'augmenter cette récolte.
M. SIMARD: La seule réponse que nous avons à cette
question, c'est l'accessibilité. Le meilleur exemple qu'on puisse
donner, c'est le parc des Laurentides où on fait une chasse
contrôlée. On fait un inventaire intensif. On se rend compte qu'il
y a 0.7 orignal au mille carré. Cela veut dire qu'il y a 2,800 orignaux
dans le parc des Laurentides. Mais, lorsqu'on tient compte du fait que les
chasseurs et cela toutes les études l'ont démontré
ne s'éloignent pas de plus d'un demi-mille ou de trois quarts de
mille des routes, parce qu'ils ont peur de se perdre, nous devons, lorsqu'on
établit la récolte possible, réduire la quantité
d'orignaux qu'on pense récolter à la quantité d'orignaux
qui sont accessibles par la route. C'est à ce moment-là que nous
sommes obligés de descendre notre récolte à 250,
c'est-à-dire un dixième de ce qu'il y a, en fait. Même si
on pense qu'on pourrait aller en chercher 20 p.c, soit 560, il y en a moins de
la moitié qui sont accessibles; le reste, il est trop loin.
S'il y avait plus de routes, plus d'accès, on pourrait aller en
chercher davantage. Cela ne s'explique que par l'accessibilité, la
grandeur du territoire québécois et le peu d'accès.
M. LESSARD: Ce qui prouverait que le fait de créer des
infrastructures pour le développement du tourisme, pour le
développement de la chasse et de la pêche apporte des profits
assez considérables au Québec.
M. SIMARD: C'est dans ce sens que le développement
intégré d'un réseau de pourvoyeurs rendrait le territoire
beaucoup plus accessible. Je pense que personne ne pourrait argumenter que des
régions où est chassé actuellement intensivement l'orignal
sont sous-exploitées. On a même des doutes sur la surexploitation
dans des endroits comme l'Abitibi. Il y a des endroits où on va
sûrement chercher tout ce qu'on peut aller chercher.
M. LESSARD: Par rapport à d'autres qui sont
sous-exploitées mais qui sont difficilement accessibles.
M. SIMARD: Parce qu'elles sont difficilement accessibles.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, en ce qui concerne les
questions générales, je ne sais pas si je devrais poser ma
question ici, mais concernant la subvention à la
Fédération québécoise de la faune, est-ce qu'il y a
un autre programme où je devrais la poser?
M. SIMARD: C'est un autre programme, oui. M. LESSARD: Un autre
programme? M. SIMARD: Oui.
M. LESSARD: Où? La Fédération
québécoise de la faune.
M. SIMARD: Programme 8.
M. LESSARD: M. le Président, 0.4. Alors, je suis prêt
à adopter...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Programme 1, élément 1 :
Inventaire et recherche. Est-ce que ce programme est adopté?
M. LESSARD: Programme 1.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui. Programme 2?
M. LESSARD: Non, M. le Président, une minute. Pouur ne pas me
faire jouer...
M. SIMARD: Le député de Saguenay est mêlé
dans ses papiers, on va lui laisser le temps de...
M. LESSARD: Non, M. le Président, pour ne pas me faire jouer par
le ministre, je veux classer.
M. SIMARD: Le ministre n'a aucune espèce d'intention de jouer le
député.
M. LESSARD: Le ministre m'a dit: Au programme 8.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Donc, le programme 2: Protection de la faune,
adopté?
M. LESSARD: Non, M. le Président. Il faut prouver que ce
ministère est très sérieux; il faut être capable
d'en discuter au moins douze heures.
M. SIMARD: M. le Président, la présence du
député de Saguenay prouve le sérieux de notre
ministère.
M. LESSARD: Ouais, là vous me gênez. M. SIMARD: Bien,
disons...
M. LESSARD: M. le Président, d'accord, le programme 2; est-ce que
le ministre pourrait nous donner des explications?
Conservation
M. SIMARD: M. le Président, au programme 2, élément
1: Réglementation et délivrance de permis. Service de la
conservation. On trouve à l'intérieur de cet
élément deux actions qui se juxtaposent et se complètent.
Il ne suffit pas d'émettre des permis de chasse et de pêche; bien
plus, il est très important de placer à la portée de ceux
qui le sollicitent des moyens de s'assurer leur propre sécurité
et celle des autres, particulièrement en ce qui a trait à la
chasse.
En 1973/74, la vente des permis de chasse et de pêche s'est faite
par l'intermédiaire de plus de 3,000 vendeurs répartis sur tout
le territoire du Québec. Les recettes provenant de la vente de permis
s'élèvent à $5,112,500, soit une augmentation de plus de
un demi-million de dollars sur l'année précédente. Ceci
représente une vente accrue de près de 75,000 permis de
pêche, et de plus de 20,000 permis de chasse.
Le travail de prévention des accidents, au domaine de la chasse
et de la pêche, amorcé par le ministère il y a quelques
années, s'est poursuivi et les résultats obtenus sont très
encourageants. En 1973/74, 57,814 personnes ont obtenu leur certificat de
chasseur à la faveur de 651 cours d'entrafnement à la
sécurité dans le maniement des armes à feu. Ceci porte de
plus à 432,000 le nombre de ceux qui ont suivi ce cours depuis qu'il a
été institué. Le nombre moyen annuel des accidents mortels
de chasse qui s'était maintenu à quinze durant près de dix
ans est passé à huit au cours des deux dernières
années. En ce qui concerne la pêche, le nombre d'accidents qui
était de 125, en 1971, est baissé à 107, en 1972, et
à 83, en 1973.
Les instructeurs de la division de l'éducation et de la
sécurité, dont l'une des fonctions principales est de promouvoir
la sécurité de la chasse, ont été appelés
à participer à diverses activités se rapportant à
l'utilisation d'armes à feu, à des séances d'information
au niveau des écoles, des groupes sociaux, sportifs, à la radio
ou à la télévision.
En 1974/75, ces rencontres seront accrues, et principalement dans les
écoles, afin de sensibiliser les jeunes au problème de la
sécurité dans la pratique des activités de plein air.
En 1973/74, 95 localités ont été visitées
par 8 unités mobiles de tir. De nombreux chasseurs ont su profiter de ce
service offert gratuitement par le ministère, puisque 7,762 carabines
ont été vérifiées et ajustées. Fait
important à signaler, 242 de ces carabines ont été
trouvées en mauvais état.
Il va sans dire que les cours de sécurité ont fourni
l'occasion aux chasseurs de développer de bonnes relations avec l'agent
de conservation de la faune, tout en leur apprenant à connaître et
à respecter davantage le travail très ingrat et difficile que ce
dernier accomplit.
En plus de leur contribution au cours de sécurité, les
agents de conservation ont participé en 1973/74 à 325
réunions de différentes associations de chasse et de pêche,
afin de renseigner le public sur les règlements relatifs à la
chasse et à la pêche sportives, leur interprétation et les
motifs qui ont amené leur adoption. Cet effort de vulgarisation se
continuera en 1974/75 car l'un des objectifs du service de la conservation est
bien d'informer les chasseurs et les pêcheurs sportifs tout en faisant
respecter les règlements de la chasse et de la pêche.
Après avoir fait connaître les lois et les
règlements de la chasse et de la pêche, dispensé des cours
de sécurité dans le maniement des armes à feu et
qualifié les chasseurs, le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche a le devoir de traduire devant les tribunaux ceux qui
transgressent ces lois et les règlements qui en découlent. Le
ministère s'acquitte de cette tâche dans le cadre de cet
élément de programme. Le service de la conservation compte 511
personnes dont 434 agents de conservation.
Même si l'effectif des agents de conservation ne s'est pas accru
en 1973/74, son rendement a continué de s'améliorer grâce
à la mise en service d'un équipement et de matériel de
patrouille plus efficaces. Ainsi, le service a fait l'acquisition de 23
nouveaux véhicules automo-
biles, ce qui porte leur nombre total à 227, de 8 motoneiges,
pour un total de 242, de 2 bateaux patrouilleurs, de 8 embarcations, 5 moteurs
hors-bord et 2 motocyclettes. Le MTCP a de plus fait l'acquisition d'un
aéroglisseur, appareil reconnu pour son efficacité, avec lequel
il peut voyager dans les eaux peu profondes et dans les régions
marécageuses. Ce véhicule sera efficace pour la protection des
oiseaux migrateurs et la surveillance des pêcheries commerciales
d'intérieur, ainsi que pour la protection de tous les animaux sauvages
vivant dans les marais.
En 1974/75, le service fera l'acquisition de 13 nouveaux
véhicules automobiles et d'un hélicoptère. Cet appareil
sera surtout utile dans les régions éloignées ou
difficiles d'accès. Le nombre de radios sera porté à 167
par l'addition de 85 nouveaux appareils.
Pour ce qui est de la protection du caribou, M. le Président,
comme l'année précédente, des détachements d'agents
de conservation ont été désignés pour
protéger un troupeau de caribous d'environ 5,000 têtes à un
endroit appelé Waco, situé environ à 125 milles au
nord-est de Sept-Iles, à proximité de la ligne de chemin de fer
de Quebec North Shore Labrador Railways. Cette période de protection
s'étend du 1er décembre d'une année au 31 mars de
l'année suivante. De plus, au cours de l'automne 1973, un
détachement a été envoyé au lac de la Hutte Sauvage
sur la rivière George. Ces agents sont demeurés à cet
endroit durant toute la période de la chasse au caribou, soit du 1er au
30 septembre.
Comme par les années passées, les agents de la
conservation ont collaboré étroitement avec les biologistes dans
leurs travaux sur le caribou. Les agents de conservation, durant cette
expédition, ont également aidé certains chasseurs en
difficulté.
Les rivières à saumons. En 1972, la pêche
commerciale au saumon fut abolie dans la baie des Chaleurs et sur le littoral
nord de la Gaspésie. Il a fallu que le service de la conservation de la
faune fasse des efforts particuliers en vue d'assurer que cette politique soit
efficace.
Malheureusement, le nombre de braconniers, à cause de
l'organisation d'un marché noir très lucratif, a augmenté.
Pour contrecarrer les méfaits de ce braconnage, le service a dû,
au cours des deux dernières années, déléguer des
détachements d'agents recrutés dans d'autres districts pour
patrouiller plus particulièrement les rivières à saumon
créées en réserve.
Au cours de l'été 1974, le personnel saisonnier
utilisé pour surveiller les rivières à saumon, sera
recruté selon les mêmes normes que le personnel permanent. De
plus, ces agents devront se spécialiser dans le domaine de la protection
du saumon. Le personnel permanent sera aussi augmenté de six agents pour
les rivières Matapédia et Matane. Un système de
communication par radio sera installé sur la rivière Matane de
façon que les patrouilleurs et les agents désignés pour
garder les fosses puissent être en communication constante.
Durant l'année fiscale 1973/74, 5,688 infractions ont
été rapportées comparativement à 7,968 pour
l'année fiscale 1970/71, année où le chapitre 58 de la Loi
de la conservation de la faune entrait en vigueur. Ceci représente une
diminution de 2,280 infractions ou d'environ 25 p.c. sur le nombre
rapporté pour l'année 1970/71.
M. LESSARD: Je comprends, M. le Président, avec la
surprise...
M. SIMARD: Vous allez voir. Que le député de Saguenay soit
patient.
M. LESSARD: Avec la surprise qu'on a créée.
M. SIMARD: Cette nette régression semble due aux deux facteurs
suivants: 1) La sévérité de la Loi de la conservation de
la faune et plus particulièrement la disposition de l'article 49 qui
prévoit qu'un chasseur condamné perd son permis de chasse pour
une durée de quinze mois; 2) Les cours de sécurité sur les
armes à feu. Il est certain que ces cours ont eu pour effet de faire
comprendre à de nombreux chasseurs...
M. LESSARD: II fait de la publicité, M. le Président.
M. SIMARD: ... qu'il est nécessaire d'observer les lois et les
règlements de la chasse et de la pêche.
M. LESSARD: II faut dire que le député de Saguenay avait
fait de la publicité sur la loi.
M. SIMARD: Enormément.
M. LESSARD: Sur la modification à la loi.
M. SIMARD: M. le Président, je dois remercier le
député de Saguenay. Franchement, il a servi d'exemple.
M. LESSARD: Au prix de $307.50.
M. SIMARD: C'est bon marché, quand même.
UNE VOIX: Vous avait-on enlevé votre permis?
M. LESSARD: II n'y avait pas de possibilité, à ce
moment-là.
M. SIMARD: Tout à l'heure, le député de Saguenay a
évalué l'orignal à $2,000 et quelques centaines de
dollars.
M. LESSARD: $2,400.
M. SIMARD: On va le surévaluer de $300 environ pour la
région du Saguenay. Conti-
nuons, toujours au programme 2, élément 3. Le service des
locations de droits de chasse et de pêche est responsable de l'octroi de
baux de location de droits de chasse et de pêche sur les territoires de
la province en faveur de clubs privés et de pourvoyeurs. Il voit
à ce que les locataires respectent la loi et les règlements de la
chasse et de la pêche, de même que les conditions des baux,
principalement celle qui a trait à la protection de la faune,
contribuant ainsi à une saine utilisation des territoires.
En 1973/74, 1,237 clubs privés détenaient par bail des
droits exclusifs de chasse et de pêche sur des territoires d'une
superficie totale de 16,655 milles carrés. D'autre part, 219 pourvoyeurs
détiennent des baux de droits exclusifs de chasse et de pêche sur
des territoires d'une étendue globale de 4,573 milles carrés. En
plus de ces 219 pourvoyeurs locataires, le service des locations a émis
471 permis à des pourvoyeurs qui exercent leurs activités sur les
territoires libres du domaine public. C'est une augmentation totale de 55
permis. Dans le but d'apprécier la qualité des services offerts
au public et de recueillir les renseignements nécessaires à la
tenue à jour du répertoire des pourvoyeurs, publié par la
direction générale du tourisme, le service a
procédé à l'inspection des quelque 550
établissements de pourvoyeurs.
En 1973/74, le service des locations de droits de chasse et de
pêche a publié 28 cartes sur lesquelles apparaît la
situation géographique des territoires sous bail et des parcs et
réserves du Québec; 3,035 exemplaires de ces cartes furent
vendus.
En ce qui a trait à la politique de 1974/75, au cours de la
présente année, le ministère maintiendra sa politique
déjà établie depuis plusieurs années, laquelle
consiste à ne consentir aucune nouvelle location de droits de chasse et
de pêche en faveur de clubs privés. Il se propose également
de continuer à exiger des locataires l'observance stricte des conditions
inscrites aux baux, particulièrement la clause relative à la
protection des territoires.
Les nouvelles locations de droits exclusifs de chasse et de pêche
à des pourvoyeurs ne seront consenties qu'à la condition expresse
qu'elles favorisent une exploitation rationnelle des territoires et leur
accessibilité à tous les sportifs.
Le ministère a de plus entrepris une révision
complète de sa politique concernant les pourvoyeurs de chasse et de
pêche.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté? M. SIMARD: Adopté.
M. LESSARD: Non, M. le Président. C'est du chantage.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'ai bien compris que c'était
adopté.
UNE VOIX: C'est une suggestion.
M. LESSARD: Aucunement, M. le Président.
D'abord, les règlements de pêche disponibles au public, il
y a eu du retard pour les règlements cette année; il y a eu un
certain retard pour la brochure. Le résumé des règlements,
est-il sorti?
M. SIMARD: Dans les prochains jours.
M. LESSARD: II va sortir dans les prochains jours?
M. SIMARD: Vendredi, il va être distribué.
M. LESSARD: Comment expliquer ce retard? La pêche est ouverte
depuis la fin d'avril.
M. SIMARD: Selon les informations que nous possédons,
l'imprimerie qui avait le contrat d'impression de ces permis de pêche a
passé au feu. Elle a donné ça à l'une de ses
subsidiaires qui est, je crois, dans le bout d'Halifax. Subséquemment,
la subsidiaire en question, ses employés ont tombé en
grève. C'est ce qui explique le retard qui était absolument
incontrôlable de la part du ministère.
M. LESSARD: M. le Président, concernant les certificats aux
chasseurs, l'an dernier il y a eu des faux certificats qui auraient
été vendus, particulièrement dans une région du
Québec, au prix de $10. Est-ce qu'il y a eu enquête? Il y aurait
eu un marché noir de faux certificats de chasseurs pour $10, dans la
région de Lon-gueuil. Est-ce qu'il y a eu vérification?
M. HOUDE (Fabre): Est-ce que ce sont les certificats...
M. LESSARD: Les certificats, un moment donné...
M. SIMARD: Qui ont été imprimés et qui...
M. LESSARD: C'est-à-dire le certificat de chasseur qu'on obtient
après examen. Le certificat émis par le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. M. Pagé soulignait qu'il y
avait eu un genre de marché noir de ces certificats. Est-ce qu'il y a
eu...
M. SIMARD: M. le Président, je pense que le député
aurait dû nous informer avant ce soir. Je viens de consulter...
M. LESSARD: Ecoutez, M. le Président...
M. SIMARD: ... mes fonctionnaires et c'est la première fois qu'on
entend parler de cette histoire. Je ne sais pas...
M. LESSARD: M. le Président, c'est...
M. SIMARD: Est-ce que je pourrais demander au député
à quelle date...
M. LESSARD: En date du 4 octobre 1973, M. Pagé écrivait
ceci; "Quelques lecteurs communiquaient avec moi ces jours derniers
m'in-formant qu'il existait un marché noir de cartes de
compétence dans la région de Longueuil pour la somme de $10. Ces
informateurs, préférant conserver l'anonymat c'est ce qui
arrive me disaient qu'il était impossible d'obtenir des
certificats de chasseurs". Est-ce que vous avez eu des plaintes?
M. SIMARD:: Absolument pas, M. le Président.
M. LESSARD: Absolument pas.
Maintenant, autre chose, M. le Président, je ne veux pas diminuer
ces cours qui sont actuellement donnés pour obtenir ce certificat. Je
pense qu'il y a là-dedans des choses valables, le principe même me
paraît valable. Cependant je pense que ce cours pourrait être
passablement amélioré. En particulier, par exemple, concernant la
survie en forêt, concernant l'orientation en forêt. Connaître
le chien de son fusil, comment cela s'appelle et les différents
vocabulaires qu'il peut y avoir sur la carabine, je ne pense pas que ce soit
l'objectif de ce cours.
M le Président, comme tous les chasseurs j'ai suivi ce cours, j'y
ai appris certaines choses. J'ai appris surtout le principe de la prudence, je
pense. Juste le fait qu'on doive se déplacer pour suivre un cours,
déjà ça crée un genre d'attention sur ce cours.
Mais je pense que, pour le chasseur qui s'y connaît un peu, le cours est
vraiment enfantin.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de l'améliorer. Je suis
convaincu que les gens, parmi nous, qui ont suivi ce cours et qui avaient une
certaine expérience de la chasse, ont trouvé qu'il y avait
certainement d'autres choses à apprendre que ce qu'on y donnait.
Alors, je ne sais pas si le ministère a l'intention, non pas de
réviser sa politique, parce que le principe est bon, mais de
réviser le cours. Si on veut intéresser le chasseur à ce
cours, il faut quand même que ce soit sérieux. Le fait que ce soit
obligatoire nous a obligés à suivre des cours. Mais je vous avoue
que certains chasseurs je pense que vous avez reçu des plaintes
ont été vraiment déçus du contenu du
cours.
M. SIMARD: II faut tenir compte des circonstances où le cours a
été institué. Il y a eu une pression énorme sur
ceux qui donnaient le cours et sur ceux qui l'ont préparé
à cause de la masse de chasseurs qu'il a fallu passer pendant les
premières années.
Maintenant que cette masse est passée, le cours va être
amélioré. Il a commencé à être
amélioré. Il va être amélioré. On veut y
introduire des notions de conservation, des notions d'aménagement de la
faune, des notions de biologie. Tout cela va être fait, surtout que
maintenant une grande partie des cours vont se donner aux jeunes dans les CEGEP
et dans les écoles. Maintenant que la grosse masse des chasseurs est
passée et que la pression est moins forte, le cours a besoin
d'être amélioré et sera amélioré
grandement.
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, si vous me permettez...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Fabre.
M. HOUDE (Fabre): ... juste un petit témoignage, parce que j'ai
eu un groupe de jeunes, dont mon fils s'occupe, qui, dimanche dernier, a suivi
ce cours qui se donnait au parc Marquette, je pense, à Montréal.
Je ne me souviens plus du nom des moniteurs. Mais ce que vient de dire le
sous-ministre est exact et je pense que la suggestion ne tombe pas dans des
oreilles de sourds, puisqu'on a répondu qu'effectivement il y aurait des
cours spécialisés pour les chasseurs.
Personnellement, je suis extrêmement heureux en tout cas, de
savoir que le ministère va multiplier ses efforts pour ce genre de cours
donné à des chasseurs débutants et aussi à des
jeunes. Je sais que, dimanche, presque 50 p.c. de l'auditoire, composé
peut-être d'une soixantaine de personnes, était formé de
jeunes garçons de treize, quatorze et quinze ans. Aussi, ce qui m'a plu
énormément, c'est qu'il y avait, je pense, quelques jeunes
filles, très jeunes, qui veulent s'adonner à ce sport merveilleux
de la chasse. Alors, je pense que la suggestion est très bonne et que le
ministère devrait continuer dans ce sens et propager ce cours.
En ce qui me concerne, le témoignage que j'ai reçu au
retour à la maison, c'est que le cours a été non seulement
intéressant, mais j'ai été surpris du nombre de
renseignements qu'on m'a appris, de la documentation et du nombre d'adresses
qu'on a données à ceux qui ont suivi le cours dimanche dernier.
En tout cas, j'espère que c'est comme ça partout. J'ai
été vraiment édifié de voir qu'un garçon de
treize ans pouvait me donner six ou sept adresses différentes. Il avait
des horaires, savait où passerait l'unité mobile de
sécurité et tout ça.
En tout cas, c'est nettement quelque chose de positif. Bien sûr,
il y a place à amélioration.
M. LESSARD: M. le Président...
M. SIMARD: Je ferais peut-être mieux de signaler que ce cours
s'adressait à la masse. La preuve, c'est que, jusqu'à
présent, plus de 432,000 chasseurs l'ont suivi dans des conditions pas
toujours faciles.
Le deuxième point, c'est que le cours était le
résultat d'une consultation entre les provinces. C'est un cours qui
était accepté par l'ensemble des provinces canadiennes, de
même que par le National Rifle Association aux Etats-Unis.
Alors, la première tentative devait être un cours assez
sommaire, assez simple qui puisse intéresser la masse.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Verdun.
M. CARON: Je voudrais bien, M. le Président, mentionner qu'il y a
quinze jours ils sont venus dans le comté de Verdun où il y avait
de 60 à 70 personnes. Déjà, j'ai reçu des lettres
de félicitations d'avoir fait organiser cela dans le comté de
Verdun. Les gens ont été bien satisfaits. Je pense que
l'expérience devrait se répéter dans tous les
comtés de la province.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Matane.
M. COTE: Je lisais tout à l'heure avec attention un article de M.
Bellemare, journaliste du Soleil. On mentionne ici que 11,000 chasseurs n'ont
pas retourné leur permis.
Est-ce que vous pourriez me dire dans quel but, chaque année, les
gens sont-ils obligés de retourner la formule? Est-ce que c'est tout
simplement un changement d'adresse? On dit, ici, que, jusqu'à
maintenant, 11,000 chasseurs qualifiés ont oublié de retourner
leur formule de renouvellement, de sorte qu'à l'automne, ils n'auront
pas leur permis.
Deuxièmement, je voudrais faire un souhait. C'est que moi,
personnellement, j'ai suivi le cours de maniement d'armes à feu. On l'a
suivi sous pression, au lieu de le suivre dans une semaine complète. Je
pense que cela n'a pas la même valeur, cela n'a pas la même saveur.
Il s'agirait peut-être d'essayer d'éliminer que ce soit fait sous
pression au début de la chasse. C'est très mauvais. Je pense
qu'il faut que le cours s'étale sur plusieurs périodes pour qu'on
soit capable de tout absorber.
M. SIMARD: M. le Président, j'aimerais ajouter ceci, si vous me
le permettez. Au tout début, lorsque nous avons organisé ces
cours, lorsque nous avons pris la décision, nous croyions avoir un
bassin de chasseurs d'à peu près 150,000 à 175,000. A
notre grande surprise, nous en sommes rendus avec une armée de tout
près d'un demi-million. Nous n'avions pas prévu cela.
C'est la raison pour laquelle nous avons dû, le long de la route,
peut-être changer notre méthode et donner des cours sous pression.
Il y a aussi énormément de chasseurs qui ont attendu à la
dernière minute pour suivre les cours.
Pour reprendre les paroles du député de Saguenay, tout
à l'heure, j'aimerais ajouter que dans 25 p.c. des cas de
mortalité dans les accidents de chasse, ce sont des chasseurs qui ont 45
ans et plus, ce qui veut dire que ce sont, si vous voulez, de vieux chasseurs,
des chasseurs qui s'y connaissent, censément. C'est bien "plat" pour
eux, autant que pour moi et que le député de Saguenay, que de
suivre ces cours, mais c'est justement chez ces gens, qui se disent bons
chasseurs, qu'on retrouve le plus haut pourcentage de mortalité par
accidents de chasse.
M. LESSARD: M. le Président. Mon but, lorsque je demandais une
amélioration de ces cours, ce n'était pas pour dire que le
principe n'avait pas été bon. Je pense que le principe a
été excellent. Quand on parle du nombre de personnes qui suivent
le cours, on n'a pas le choix. Il faut le suivre, le cours. Donc, il y a un
nombre de personnes à chaque réunion, en fait, à chaque
session, qui suivent ces cours.
Je comprends aussi, M. le Président, qu'il y a eu une pression
très forte au moment des premières années d'application.
Mais lorsque le ministre me dit, par exemple, qu'il y a 25 p.c. d'accidents
mortels chez les personnes âgées, probablement que ces chiffres
sont vrais. Mais moi, ce que je veux dire aussi et c'est là ma
suggestion lorsque je propose l'amélioration des cours c'est
qu'il y a quantité d'accidents mortels qui sont dus au fait que des gens
ne savent pas comment s'orienter en forêt, qui sont dus au fait que les
gens ne connaissent pas les méthodes de survie en forêt.
Je lisais dernièrement le volume de M. Provencher. Je pense que
ces cours auraient avantage à prendre quelques chapitres du volume de M.
Provencher. Cela créerait certainement un intérêt beaucoup
plus poussé.
Je pense même que ces cours devraient être
complétés en utilisant les associations de chasse et de
pêche ou autres organismes gouvernementaux. Je comprends qu'on va finir
la première période, mais je ne pense pas qu'on doive laisser ce
principe de côté. Je pense que si on organisait, par exemple, au
niveau des CEGEP chez nous, ou à d'autres niveaux, des cours de survie
en forêt, des cours de canotage, des cours d'orientation, je pense que le
jeune chasseur, comme le vieux chasseur, irait continuer son
perfectionnement.
J'ai un autre problème aussi. A la base même du cours, le
premier cours, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de rédiger une
brochure, comme on l'a fait, pour les gens qui suivent un cours de conduite
automobile. La personne se présenterait et passerait son examen
théorique. Par la suite, comme on le fait pour les permis de conduire,
elle aurait la possibilité de passer son examen pratique, avec une arme
à la main, afin de vérifier si la personne est capable
d'appliquer ce qu'elle a appris dans sa brochure.
Cela permettrait, je pense bien, d'avoir moins de pression. Je parle du
cours élémentaire, tel qu'on nous l'a soumis. Je crois au
principe du cours. C'est simplement une suggestion. Je pense qu'il doit
être continué avec des notions plus élaborées
concernant la survie en forêt, l'orientation en forêt, etc. Il ne
s'agit pas de dire que le cours n'a pas été efficace. Je sais
qu'on a été pressé de l'appliquer, on a été
obligé de choisir les moniteurs qu'on avait sous la main; ce ne sont pas
tous des spécialistes. Alors, j'accepte les remarques du ministre, mais,
étant
donné que ce cours a produit certains résultats, dont la
diminution du nombre d'accidents, je pense qu'il y aurait lieu de faire un
genre d'étude pour voir s'il n'y aurait pas possibilité
d'élaborer et de compléter ce cours.
M. SIMARD: La moyenne d'accidents de chasse au Canada par 100,000 permis
de chasse vendus est de 14.8. Au Québec, elle est de 11.5 dans le
moment.
M. LESSARD: Est-ce que ce cours a été donné dans
toutes les autres provinces canadiennes?
M. SIMARD: II est donné dans certaines autres provinces
canadiennes. Il n'est pas obligatoire dans toutes les provinces, mais il a
été accepté. Le cours que nous donnons au Québec
est le résultat, comme je l'expliquais tout à l'heure, d'une
rencontre au niveau des provinces où les experts en
sécurité de chacune des provinces ont approuvé le cours en
question.
M. LESSARD: Au niveau de la réglementation, nous avons
actuellement, comme le soulignait le ministre, une réglementation
très sévère concernant la chasse. Je ne m'oppose
aucunement à cette réglementation, quoique je trouve très
forte la pénalité enfin j'y ai goûté
concernant une erreur technique. Mais, maintenant, après un certain
nombre d'années, je pense que les chasseurs connaissent l'article 25 de
la Loi de la conservation de la faune, quoique j'aurais aimé, comme je
l'ai souligné au ministre, que, lorsqu'on l'a appliquée la
première année, il y ait quand même eu un avertissement
avant de passer directement à l'acte.
De toute façon, il reste qu'en ce qui concerne la
réglementation de la chasse nous avons des sanctions très
sévères, quelquefois sur des erreurs techniques trop
sévères, mais je pense qu'il est normal maintenant qu'un chasseur
sache...
M. LACHAPELLE: Sache chasser.
M. LESSARD: Sache chasser oui, mais sache aussi que, lorsqu'il a une
balle dans sa carabine, il est passible de $300 d'amende.
Mais ce n'est pas le même cas en ce qui concerne la pêche.
En ce qui concerne la pêche, si un maximum est déterminé
pour les sanctions, il n'y a pas de minimum. Je pense que les juges sont
très doux envers les braconniers qui touchent aux différentes
espèces de poissons.
Avez-vous l'intention de modifier aussi la réglementation
concernant la pêche afin qu'il y ait des sanctions beaucoup plus
sévères qu'actuellement?
M. SIMARD: M. le Président, je suis bien d'accord avec le
député de Saguenay pour dire qu'un écart existe entre
certaines lois du ministère.
Maintenant, en ce qui concerne la pêche, le député
de Saguenay sait très bien que c'est de juridiction
fédérale. J'ai personnellement envoyé plusieurs lettres
à mon collègue fédéral afin qu'il y ait certains
changements. Malheureusement, le député sait très bien que
nos collègues fédéraux sont en période
électorale et ils ont vidé la boutique. Alors j'attends
incessamment une réponse du futur ministre ou du ministre existant
à savoir s'il y a une nouvelle réglementation qui va se faire
pour nous donner la permission d'ajouter des dents en ce qui a trait à
notre législation concernant la pêche. J'espère, je le
souhaite.
M. LESSARD: Je pense que le problème est très
sérieux et que nous avons, je pense...
M. SIMARD: Supposons qu'il y aurait un écart du fait qui...
M. LESSARD: Non seulement il va falloir avoir de l'éducation
on en parlera tout à l'heure mais il est temps que les
gens arrêtent de se vanter d'avoir tué un orignal ou d'avoir
braconné la truite, etc. On ne voit personne se vanter d'avoir
volé $10,000 à une banque mais quand, par exemple, quelqu'un tue
un orignal, il vole $10,000 au Québec ou $12,000. En tout cas, si on
calcule le coût que ça comporte au point de vue du service
biologique, plus ce que ça peut rapporter, c'est $10,000. Cela va se
faire par l'éducation, mais il y a des gens qui sont
irrécupérables, et la seule façon de les faire comprendre,
c'est d'appliquer une réglementation très sévère.
Les juges semblent très doux, justement, en ce qui concerne les
pénalités qu'on accorde quand il s'agit d'un braconnier.
J'espère que le ministre va revenir auprès du gouvernement
fédéral, non seulement pour obtenir des pénalités
beaucoup plus fortes mais aussi pour régler le fameux problème
qui a été soulevé lors du procès intenté
à six hommes d'affaires américains dont l'avion avait
été saisi et qui, après des poursuites judiciaires, eh!
bien, ont pu s'en tirer. Est-ce que le ministre a fait des revendications
auprès du gouvernement fédéral afin qu'il puisse avoir
juridiction à l'intérieur de son territoire pour contrôler
la quantité de prises? Actuellement, ce règlement peut être
très large, nos règlements de chasse et pêche actuels sont
inapplicables si c'est le cas actuellement.
M. SIMARD: Disons, M. le Président, que ce n'est pas comme
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche que j'ai le droit de
commenter un jugement, en fait.
M. LESSARD: Non, je ne vous demande pas...
M. SIMARD: Enfin, les juges de la province de Québec, mais je
dois vous dire que nous avons fait des efforts, nous avons utilisé, en
fait,
tout ce qui était dans nos moyens: nous avons saisi les avions,
nous avons tout fait; maintenant, il y a un jugement qui a renversé, si
vous voulez, les efforts que nous avons faits. Nous avons pris tout ce que nous
avions comme moyen à l'intérieur de la loi que nous
possédons et que nous essayons de faire respecter par tout le monde;
malheureusement, que voulez-vous, je respecte le jugement et j'espère
que ça servira d'exemple pour les années à venir.
Maintenant, c'est bien sûr qu'on a des braconniers qui se servent
d'avion, qui se servent d'hélicoptère, qui se servent de toutes
sortes de choses; c'est la raison pour laquelle j'insiste, j'ai insisté,
et je vais continuer d'insister d'une façon très rigide
auprès du Conseil du trésor et du ministre des Finances afin que
nous soyons dotés, nous aussi, d'armes équivalentes à
celles des braconniers. Aujourd'hui, le braconnier de 1974 est beaucoup plus
sophistiqué, si vous voulez, que le braconnier de 1952. J'aime bien
combattre mitraillette contre mitraillette, mais non tire-pois contre
mitraillette.
M. LESSARD: Mais le problème soulevé par la
décision du juge Guérin, que je ne commente pas, vient du fait
que cette réglementation de la pêche de la truite
mouchetée, relèverait du gouvernement fédéral.
En effet, l'avocat des accusés, Me Morris Fish, a fait remarquer
c'était le cas, Fish, il connaît ça que les
règlements québécois pour la pêche interdisaient
à quiconque d'avoir en sa possession plus d'un certain nombre de
poissons d'une espèce. Mais il a souligné que cette
réglementation s'appliquait seulement aux poissons dont la vente est
permise, soit saumon, truite arc-en-ciel, etc. Et le juge Guérin a
reconnu qu'il n'existait aucun règlement provincial permettant la vente
de la truite mouchetée et que le gouvernement québécois
n'était donc pas autorisé à imposer de limite de
possession pour les truites mouchetées pêchées par les six
Américains de la baie James ou ailleurs.
Cela veut dire qu'actuellement notre réglementation, si on se
base sur la décision du juge, est ultra vires.
M. SIMARD: Dans le cas dont parle le député de Saguenay,
il s'agit d'une erreur de parcours entre le provincial et le
fédéral. Cette situation a maintenant été
corrigée. Nous avons pris des dispositions auprès des officiers
du ministère fédéral de l'Environnement pour que,
dès que la réglementation que nous leur transmettons est soumise
au ministère de la Justice pour l'adoption d'un arrêté en
conseil, ils nous la transmettent ici à Québec, et on s'assure
que des erreurs semblables ne se produisent pas.
La situation a de plus été corrigée depuis l'an
dernier.
M. LACHANCE: Je voudrais poser une question au ministre. En ce qui
concerne les accidents, avec quel calibre de carabine ou de fusil y a-t-il le
plus d'accidents?
M. SIMARD: La 22...
M. LACHANCE: La 22 ou la 30/30?
M. SIMARD: Apparemment, c'est la 22. La longueur de tir est courte.
M. LACHANCE: Pas mortel de toute façon, mais plus souvent
qu'autrement.
M. SIMARD: Un grand nombre d'accidents survient lors de la chasse au
petit gibier. Evidemment, il est question de fusil et non pas de carabine
à ce moment-là. Si on constate qu'on a à peu près
50 accidents par année, le nombre d'accidents pour la chasse au petit
gibier est ordinairement de 33 à 36 accidents. C'est comme ça
qu'on a beaucoup d'accidents non mortels, des accidents mineurs, si vous
voulez. Il y a seulement quelques accidents mortels avec des carabines à
la grosse chasse, mais c'est la chasse au petit gibier, la chasse aux oiseaux
migrateurs qui est le facteur premier.
En somme c'est peut-être aussi à cause du fait qu'avec la
carabine vous avez un projectile unique, alors qu'avec le fusil vous avez une
multitude de plombs qui sont dispersés un peu partout.
M. LACHANCE: Les accidents de chasse ou ces choses-là, est-ce que
vous avez des rapports au ministère? Est-ce que vous recevez des
rapports chaque fois qu'il y a un accident de chasse?
M. SIMARD: Chaque fois qu'il y a un accident de chasse il y a une
enquête qui est faite par la Sûreté du Québec et nous
recevons le rapport au ministère.
M. LESSARD: Simplement un cas qui s'est posé et qui se pose,
lorsque arrivent des accidents d'automobiles qui ont le malheur d'impliquer un
gibier.
On ne peut pas faire de réclamation au ministère, M. le
Président, mais j'ai déjà brisé mon auto pour $300
en frappant un loup et c'est moi qui ai payé. Non seulement j'ai
payé pour des amendes, mais je paie parce qu'il y a des animaux du
ministère qui se promènent dans le chemin. Il me coûte
cher, ce ministère-là.
M. SIMARD: M. le Président, les animaux n'appartiennent pas au
ministère.
M. LESSARD: Non, d'accord. Simplement un exemple, simplement un cas qui
demande, je pense bien, une révision de la loi. On sait que la loi est
formelle; en dehors de la saison de la chasse, quiconque abat un gibier,
gravement blessé dans un accident routier, paiera une amende de $300.
Si, par exemple, le loup que j'ai frappé n'avait été que
blessé, je n'aurais pas pu, en vertu de la loi actuelle, tuer cet
animal. Il y a un jugement. Un dénommé Guimond
Nadeau a dû payer la somme de $300 justement à la suite
d'un accident. C'est là, quand je parle des erreurs techniques. Un
chevreuil avait été frappé et l'agent de conservation
s'est rendu. L'agent de conservation, connaissant la loi, très stricte,
a communiqué avec ses supérieurs, mais on lui a donné une
certaine autonomie, on lui a dit: Jugez comme vous l'entendez. Mais, il n'a pas
pris de risque, parce que, comme il l'a dit, la loi est stricte.
M. SIMARD: Excusez-moi, M. le Président, est-ce qu'on parle de
cours de conduite ou de cours de maniement des armes à feu?
M. LESSARD: II s'agit de savoir si on doit laisser, par exemple, un
animal souffrir pendant deux ou trois heures du matin, pendant deux ou trois
heures de temps...
M. LACHANCE: II était tard. Qu'est-ce que tu faisais là,
à cette heure-là?
M. LESSARD: ... parce que la loi ne prévoit pas ce
problème-là.
UNE VOIX: C'est au fanal.
M. LESSARD: Non, c'était sur la rue, il y avait des gens. Je ne
sais pas, le jugement n'est pas rendu encore, mais, si le juge, comme il doit
le faire normalement, ne se prévaut que de la loi stricte, cet individu
devra donner $300 pour avoir été un peu humain vis-à-vis
d'un animal qui souffrait. C'est comme martyriser un chat. Il y a une loi de la
protection des animaux qui nous empêche de martyriser des animaux. Je
pense que, dans ce cas-là, la loi devrait prévoir que, s'il y a,
à un moment donné, un accident, l'agent de conservation, au moins
aurait le droit de mettre fin aux jours de l'animal.
M. SIMARD: Dans le cas de votre loup, vous étiez
autorisé...
M. LESSARD: II est mort raide.
M. SIMARD: ... à le tuer n'importe quand de toute façon
parce qu'il n'est pas protégé.
M. LESSARD: II n'y a plus de prime de toute façon, on ne sauve
même pas la peau.
M. SIMARD: Dans le cas des espèces qui ont une saison de chasse,
c'est laissé au jugement de l'agent de conservation. Comme vous dites,
il y a une loi de la Société protectrice des animaux qui dit
qu'il ne faut pas laisser souffrir un animal. A ce moment, l'agent de
conservation doit user de son jugement et, si l'animal est blessé, il
devrait le tuer. Il n'y a personne qui va l'accuser d'avoir commis une
infraction au ministère, dans ce cas.
M. LACHANCE: Même si ce n'est pas un agent de la conservation?
M. SIMARD: Si ce n'est pas un agent de la conservation, je ne sais pas
ce qui se produirait mais, de toute façon, il doit rapporter l'animal
aussitôt après à un agent de la conservation.
De toute façon, M. le Président, le député
de Saguenay a dit tout à l'heure que le jugement n'était pas
rendu à ce jour; est-ce que c'est devant les tribunaux?
M. LESSARD: De toute façon, dans ce cas l'agent de conservation
n'a pas pris de risque. Je pense qu'il y aurait quand même des directives
de nécessaires.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le programme 2.
M. LESSARD: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce qu'on peut considérer le
programme 2 comme étant adopté avec les éléments 1,
2 et 3?
M. LESSARD: Non, M. le Président.
Concernant les agents de conservation, actuellement, de plus en plus on
tente de former des agents de conservation compétents et qui se rendent
même jusqu'au niveau du CEGEP. Or, la fonction publique empêche de
reconnaître un individu de moins de 20 ans comme un agent de
conservation. Est-ce qu'il a été possible de modifier ça?
Cet individu devient un aspirant, mais il arrive que bien souvent ce jeune qui
sort du CEGEP est plus compétent qu'un autre; il est payé
à des salaires moindres.
M. SIMARD: Le règlement de la fonction publique disait auparavant
que, pour être agent de conservation, il fallait avoir 5 pieds 7 pouces,
21 ans, une onzième année, ainsi de suite. Le règlement
est changé maintenant. On peut recruter les gradués de deux
écoles qui forment actuellement des agents de conservation, Chauveau et
Henri-Bourassa.
UNE VOIX: Dans la foresterie?
M. SIMARD: Non, ce sont des techniciens de la faune. La Commission de la
fonction publique a changé les règlements. C'est maintenant
permis de recruter à partir de 18 ans. Tous les finissants de Chauveau
et d'Henri-Bourassa, cette année, ont été
interviewés. Ceux qui ont fini l'an dernier ont été aussi
interviewés. Ils auront, à l'avenir, dans le recrutement, la
préférence pour l'engagement, aussitôt qu'il y aura des
postes ouverts.
Un certain nombre ont déjà été
engagés pour cet été pour le programme de surveillance des
rivières à saumon pour la saison d'été.
M. LESSARD: Concernant justement la formation des agents de
conservation, je pense que je devrais en parler au programme sur la formation
professionnelle.
M. SIMARD: II n'y a pas de programme là-dessus.
M. LESSARD: Bien, je pense que c'est à l'intérieur du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, formation
professionnelle.
M. SIMARD: Non, c'est maintenant...
M. LESSARD: Alors, vous avez sans doute, comme j'en parlais cet
après-midi, entendu parler du fait qu'une quarantaine d'agents de
conservation formés à Mont-Laurier semblaient ne pas être
capables de se trouver de l'emploi actuellement. Il s'agit d'un cours, je
pense, qui a été accepté, en collaboration avec le
ministère de l'Education, par le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche; en tout cas, j'espère qu'il y a eu
consultation. Parce que cela crée un problème. En effet, si l'on
forme des jeunes dans ce secteur où on en a particulièrement
besoin étant donné l'immensité de notre territoire, il
faudrait aussi être capable d'employer ces gens. C'est la même
chose pour nos techniciens en biologie.
Le président, M. Pierre Guay, a lancé l'Opération
réveil pour tenter de placer ces étudiants. Je comprends que le
gouvernement fédéral doit aussi probablement en engager. Mais
est-ce que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
prévu un programme d'engagement pour ces jeunes qi sortent justement
qualifiés?
M. SIMARD: Ce sont les deux écoles dont je viens de vous
parler.
M. LESSARD: L'école de Mont-Laurier et... M. SIMARD: Et de
Chauveau. M. LESSARD: ... de Chauveau.
M. SIMARD: Elle s'appelle Henri-Bourassa à Mont-Laurier, et
Chauveau, à Loretteville.
D'abord, les étudiants ont été avertis, comme les
étudiants des universités sont maintenant avertis, qu'un
diplôme ne comprend pas une garantie d'emploi, mais les finissants de
1973 et de 1974 ont tous été interviewés. De plus, les
finissants de 1972 de Mont-Laurier ont été interviewés. Il
y a 48 candidats qui se sont qualifiés aux examens de la fonction
publique et qui doivent maintenant se présenter à un examen
médical. Ceux qui vont passer l'examen médical vont être
engagés prochainement, à titre de saisonniers, sur les
rivières à saumon, comme je le disais tout à l'heure.
De plus, le service de la conservation a actuellement 17 postes vacants
et ces candidats qualifiés auront la priorité pour
l'engagement.
M. COTE: En ce qui concerne Sainte-Anne-de-la-Pocatière et les
techniciens de la faune, est-ce qu'il y a des possibilités, au
ministère, pour ces gens?
M. SIMARD: Un concours était annoncé, encore, samedi
dernier, dans le journal, pour des techniciens de la faune. On n'a jamais
trouvé le nombre dont on avait besoin dans le cas des techniciens de la
faune, du moins jusqu'à maintenant.
M. COTE: J'ai personnellement rencontré des finissants de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Il semble qu'ils avaient certaines
difficultés à se trouver des emplois.
M. SIMARD: A Sainte-Anne-de-la-Pocatière, il faut faire
attention, parce qu'il y a plusieurs spécialités. Il y a des gens
qui sont spécialisés en garde d'animaux, par exemple, qu'on
engage dans les jardins zoologiques et d'autres qui sont
spécialisés en technique agricole. Il y en a qui sont
spécialisés en technique des sciences naturelles et nous en avons
engagé, chaque année, de Sainte-Anne.
M. LESSARD: Sur le programme 2, oui, j'ai encore des questions à
l'élément 3, ainsi qu'à l'élément 2.
Si le ministre est d'accord, on peut recommencer demain, à dix
heures.
M. SIMARD: D'accord. Je propose l'ajournement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission est d'accord. La commission
ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 3)