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Commission permanente de l'industrie
et du commerce, du tourisme,
de la chasse et de la pêche
Etude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce
Séance du mercredi 7 mai 1975
(Dix heures quinze minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche):
A l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission, ce matin, sont les suivants: M. Bellemare
(Johnson); M. Ca-dieux (Beauharnois); M. Côté (Matane); M. Bonnier
(Taschereau) remplace M. Déom (Laporte); M. Denis (Berthier); M. Dufour
(Vanier); M. Lachance (Mille-Iles); M. Lapointe (Laurentides-Labelle); M.
Lessard (Saguenay); M. Malouin (Drummond); M. Marchand (Laurier); M. Morin
(Sauvé); M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Saint-Pierre (Chambly).
M. le ministre.
Recherche et planification
M. Saint-Pierre: M. le Président, nous en sommes au
programme 2, élément 1. On voit que le budget connaît une
faible augmentation de 10.3%. Tel qu'expliqué dans le volume, il s'agit
essentiellement d'une situation stable et d'une augmentation conforme aux
normes que le Conseil du trésor nous avait demandé de respecter
dans ces secteurs.
En plus des activités courantes de la Direction
générale de la recherche et de la planification en ce qui touche
à la situation économique, à la préparation des
documents pour la conférence de presse annuelle sur l'économie,
à la situation mensuelle de l'emploi, la DGRP entreprendra en 1975/76
les études suivantes, qui sont d'ailleurs mentionnées dans votre
volume. Il n'y a, en fait, aucun échéancier précis. Il
s'agit d'un travail constant de recherche, pour nous permettre de revoir
certaines données. C'est le cas, en particulier, de toutes les
études globales, à la fois sur les comptes économiques du
Québec et sur les prévisions à moyen terme de
l'économie québécoise dans lesquelles nous allons tenter
de développer des mécanismes plus appropriés et plus
précis de prévisions à moyen terme. Il y a
également une étude sur l'évolution de la structure
industrielle, simplement pour mesurer avec plus de précision les
améliorations qui pourraient se passer au cours des ans dans la
structure industrielle du Québec.
Il y a également des études reliées aux objectifs
de la politique industrielle et commerciale. C'est une série
d'études sectorielles qui nous servent à la fois pour mieux
comprendre ce qui se passe dans certains secteurs industriels, pour mieux
saisir des occasions qui pourraient se présenter et que nous pourrions
exploiter, pour mieux se sensibiliser aux problèmes que pourraient
connaître certains secteurs et aux mesures qui pourraient être
mises de l'avant par le gouvernement, afin d'aider ces secteurs
québécois.
Il y a aussi des points reliés à la recherche, à
l'innovation dans les exportations québécoises, le
développement régional, les investissements étrangers, les
réseaux de distribution, à cause, en particulier, de l'importance
des réseaux de distribution vis-à-vis du secteur secondaire.
Il y a également des études spécifiques
complémentaires, à la fois sur la conjoncture industrielle, le
financement des entreprises québécoises, les petites et les
moyennes entreprises, et la politique d'achat du secteur public et parapublic,
où nous allons parachever les études qui avaient
été commencées antérieurement.
Au cours de discussions récentes, nous avons également
identifié cinq têtes de chapitre, qui pourraient ne pas
nécessairement donner les résultats" concrets d'un document au
cours de la prochaine année, mais sur lesquelles les spécialistes
de la DGRP vont amorcer une recherche au cours de l'année. Le premier de
ces secteurs toucherait tout le champ de l'épargne au Québec.
Quel est le niveau de l'épargne? Le gouvernement serait-il
justifié d'avoir des mesures incitatives pour augmenter
l'épargne? Comment l'épargne pourrait-elle être mieux
canalisée en fonction de nos besoins?
Deuxièmement, nous allons tenter de regarder des programmes
particuliers, qui pourraient être destinés à une centaine
d'entreprises leaders, c'est-à-dire des entreprises dont le
capital-actions appartient majoritairement à des résidants du
Québec, mais dans lesquelles, sujet à certains engagements de la
part de ces entreprises, le gouvernement pourrait avoir des programmes
particuliers pour favoriser leur croissance. Ce pourrait être des
exigences sur le plan de leur réinvestissement complet des profits ou la
limitation de certaines dépenses.
Un troisième problème va toucher une étude plus
globale, qui, effectivement, n'a pas été faite jusqu'ici, sur la
transformation des richesses naturelles, qui est un des objectifs que nous
avions. Elle se veut une étude assez globale de nos exportations
actuelles de richesses naturelles, afin d'analyser dans quels secteurs le
Québec pourrait avoir un levier plus grand, pour exiger une plus forte
transformation et, une fois ces secteurs identifiés, mieux
connaître les mécanismes, les entreprises impliquées et
voir comment nous pourrions exiger plus de transformation.
Nous avons également un autre programme qui pourrait
démarrer et qui toucherait à la réforme de l'entreprise
privée, comme institution, qui est une des institutions, dans notre
société, qui a très peu évolué depuis une
centaine d'années.
Ses marchés se sont agrandis, la taille des entreprises a
augmenté, mais, fondamentalement, les relations qui lient le capital
humain et le capital financier dans les entreprises, les rôles respectifs
de l'actionnaire, des cadres, des ouvriers, des tra-
vailleurs dans l'entreprise n'ont pas été l'objet de
grandes révisions.
Nous démarrons un programme de recherche d'analyse dans ce
secteur. Nous avons également un autre programme au niveau de la
productivité des salaires. On sait que, dans nombre de secteurs, les
ouvriers canadiens québécois auront, à cause de la
récession américaine et des croissances de salaires plus faibles
aux Etats-Unis, les salaires les plus élevés au monde. Par
contre, dans certains de ces secteurs, la productivité n'est pas la plus
élevée au monde. Nous voudrions être bien certains que des
secteurs industriels ne se placent pas en position de n'être plus
concurrentiels sur les marchés internationaux.
Alors, nous tentons de relier ces concepts de productivité et de
salaire dans une perspective pour identifier des secteurs aux prises avec des
problèmes. Nous avons un autre programme de recherche pour tenter, au
niveau des cadres francophones dans les entreprises, de nous donner, par
secteur et par genre de compagnies en ce qui touche les propriétaires,
un instrument de mesure qui nous permettrait de prendre le portrait de
l'évolution de cette situation. Dans le passé, il y a des
commissions d'enquête qui ont pu se pencher sur le problème, mais
elles ne nous ont pas laissé un instrument scientifique, un instrument
de recherche qui nous permettrait facilement de mesurer périodiquement
les progrès qui peuvent être faits.
Finalement, un dernier programme vise l'intégration des
entreprises étrangères. Nous en avons parlé à
plusieurs reprises. Il s'agit d'articuler cet objectif d'intégration
à des choses plus concrètes. Comment une entreprise
étrangère est-elle bien intégrée au Québec?
Cela ne peut pas se mesurer avec un thermomètre, mais nous tenterions
d'identifier nombre de secteurs et pour chacun de ces secteurs, d'identifier
des façons de mesurer le degré d'intégration.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable chef de
l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, j'aimerais me pencher un
instant sur le programme 02 pour demander au ministre des détails sur
certaines des études qui ont été entreprises dans le
passé ou qui seront entreprises en 1975/76. Tout d'abord, au chapitre
des études globales, est-ce que le ministre pourrait nous dire où
en est l'étude sur les comptes économiques du Québec?
Pourquoi cette étude n'a-t-elle pas été rendue
publique?
M. Saint-Pierre: Hier soir, lorsque j'ai déposé le
document Compte rendu des problèmes et de l'état des travaux sur
la comptabilité économique provinciale, je tentais de
répondre fondamentalement à la question que pose le chef de
l'Opposition. Je ne voudrais pas prendre le temps de la commission pour lire
complètement le rapport, mais, dans ses grandes lignes, le rapport
souligne certaines des contraintes. Je les reprends... Je ne sais pas si le
chef de l'Opposition peut les reprendre.
M. Morin: Oui, j'aimerais que le ministre les reprenne
brièvement.
M. Saint-Pierre: Essentiellement, dans un premier temps, nous
avons tenté d'obtenir récemment du gouvernement
fédéral, de Statistique Canada, une comptabilité ou une
série de tableaux statistiques sur une base régionale. Mais on
comprendra qu'au départ Statistique Canada s'est, comme tous les pays au
monde, attardé plutôt à une comptabilité nationale.
On connaît les mouvements, les flux de capitaux entre provinces, les
déplacements de marchandises, biens et services, enfin les mouvements de
toute sorte qui, normalement, forment les éléments d'une
comptabilité nationale; à l'intérieur d'un pays, cela pose
donc certains problèmes de bien les mesurer.
Il y a des efforts qui sont faits actuellement. Il y a eu plusieurs
discussions et une bonne collaboration de Statistique Canada pour tenter
d'obtenir ces chiffres sur le plan régional; dans le cas du
Québec, ce serait sur un plan provincial. Le document explique
également certaines des difficultés que peuvent
représenter également les contraintes inhérentes, avant de
pouvoir tirer des conclusions sur différentes questions qu'on pourrait
se poser sur la balance des paiements, qui se compose à la fois d'un
compte courant qui dégage la balance courante des paiements et du compte
de capital qui fait ressortir les types de transactions financières
impliquant les résidants et les non-résidants d'une province.
Tous ces flux financiers entre une province sont assez complexes. On
nous explique, en page 8 du document, les travaux effectués au
Québec, depuis 1968, et ce qui a pu être publié. Je
rappelle qu'il n'y a rien eu de caché. Il y a eu les tableaux types des
comptes économiques du Québec qui ont été
publiés. Le Bureau de la statistique a déjà publié
également un compte consolidé de productions intérieures,
les tableaux interindustriels du Québec.
Tenter d'établir un indicateur global pour l'activité
économique du Québec, c'est-à-dire le produit national du
Québec, était notre premier objectif. Par la suite, on a
régionalisé la plupart des variables de la comptabilité
canadienne. Cet exercice n'est pas simple, on a assisté à
plusieurs années d'efforts.
Le document, en page 10, établit que, compte tenu des
difficultés conceptuelles et statistiques inhérentes aux comptes
économiques du Québec, deux prérequis semblent
indispensables avant toute publication qui se voudrait le moindrement
sérieuse, à moins évidemment qu'on veuille faire des
publications pour tirer des conclusions trop rapides.
Le premier a déjà été mentionné et
concerne l'estimation de diverses variables clefs par Statistique Canada, et
à ce titre il nous semble... L'autre, plus indispensable encore,
concerne la publica-
tion simultanée d'un document explicatif sur les limitations des
concepts et méthodes utilisés dans cette comptabilité.
C'est ainsi que malgré des limites conceptuelles et statistiques
relatives aux comptes économiques du Québec, la Direction
générale de la recherche et de la publication n'en demeure pas
moins convaincue qu'il est nécessaire de rendre publiques, le plus
rapidement possible, différentes données qui permettront à
tous de mieux suivre l'évolution de l'activité économique
du Québec.
Il ne s'agit pas de cacher des documents mais, lorsqu'ils seront
publics, que l'ensemble des contraintes, les limitations des concepts soient
également bien données et qu'on ne tire pas... Ce n'est pas parce
qu'on trouve un tableau à la page 27 de tel document qu'il faut
immédiatement tirer la grande conclusion qu'on recherchait.
M. Morin: II est certain qu'il y aura toujours des limitations
à ces méthodes et à ces concepts mais je ne crois pas que
ce soit de nature à empêcher la publication. Si une mise en garde
est faite sur l'utilisation des tableaux, comme ce fut le cas dans le
passé, je pense que... et ce serait utile à tout le monde, comme
d'ailleurs le document l'affirme. Mais quand prévoyez-vous que cela
puisse être publié? A quelle année en êtes-vous en ce
moment, dans vos recherches?
M. Saint-Pierre: Je vais demander à mes
spécialistes.
En fait, il y a un comité fédéral-provincial,
c'est-à-dire un comité entre Statistique Canada et les provinces
qui siège depuis maintenant deux ans. Certaines données devraient
nous être fournies sous peu. Maintenant, avant même d'utiliser ces
données, il faudrait avoir le consentement de toutes les autres
provinces sur la méthodologie.
En fait, Statistique Canada a un souci en même temps
d'uniformisation des données pour les différentes provinces. En
d'autres mots, il s'agit de s'entendre non seulement sur les données
comme telles, mais également sur les méthodes d'estimation, de
telle sorte qu'on a une contrainte globale, un standard, si on veut, qui est la
donnée nationale. Alors, tout se fait à l'intérieur, c'est
une déconsolidation des comptes nationaux, des comptes du Canada. Il
faut absolument avoir comme standards la donnée globale qui est le total
canadien.
En d'autres mots, il faut que la somme des dix provinces donne le
Canada.
M. Morin: Oui, cela, je le comprends volontiers. Mais voulez-vous
dire qu'avant de publier quoi que ce soit et avant de pousser vos propres
recherches dans le même domaine, vous devez avoir le consentement des
autres provinces sur les standards, sur les méthodes? Est-ce que c'est
ça que vous voulez dire?
M. Saint-Pierre: C'est-à-dire qu'il faut bien voir que
nous ne sommes pas un bureau de statistique à la Direction
générale de la recherche. La plupart des données nous ont
été fournies, dans le passé, d'une façon
confidentielle, par Statistique Canada, et c'étaient des données
de la comptabilité économique canadienne, la comptabilité
nationale. En d'autres mots, c'était la part du Québec dans une
certaine variable canadienne.
Maintenant, on sait que dans toute cette comptabilité nationale
canadienne, il y a encore des défauts.
Par exemple, l'univers de certaines provinces peut être
très bien défini, le secteur public québécois peut
être assez bien défini dans la comptabilité nationale
canadienne mais cela ne veut pas dire que l'univers qui est couvert
statistiquement en Nouvelle-Ecosse ou dans les provinces plus petites est
également très bien défini. Lorsque Statistique Canada
publie une donnée pour le Québec, elle s'expose à recevoir
des demandes pour les autres provinces. Etant un organisme central, il faut que
Statistique Canada soit assez prudente dans les données qu'elle nous
fournit directement, d'une façon confidentielle ou autre, parce qu'elle
s'expose à avoir énormément de demandes des autres
provinces.
On a eu le problème dans l'estimation du taux de chômage,
par exemple, pour les provinces de l'Atlantique; pour autant que Statistique
Canada publiait un taux de chômage pour le Québec, les petites
provinces voulaient avoir des taux de chômage pour leur propre province.
L'enquête sur la main-d'oeuvre était en fin de compte une
enquête qui était bonne pour faire un jugement global sur
l'économie canadienne mais l'échantillonnage n'était pas
bon pour une petite province; il n'était pas construit en fonction de
cela.
En fait, c'est le problème à chaque fois qu'on fait une
recherche dans un ensemble. On peut avoir la comptabilité nationale
s'adressant à l'ensemble du Canada et avoir suffisamment d'information
pour tirer les conclusions sur le plan national. Mais dès que vous
tentez de décomposer le chiffre national pour l'appliquer là
où l'enquête n'est pas conçue de cette façon, vous
pouvez avoir des distorsions pour, particulièrement, les plus petites
provinces.
M. Morin: Si je comprends bien, vous n'avez absolument pas les
instruments statistiques qui vous permettent de faire ces études par
vous-même?
M. Saint-Pierre: C'est-à-dire que nous essayons le moins
possible de construire ou de faire des statistiques. Nous ne faisons pas
d'enquêtes; toute cette comptabilité, ces recherches ont
été faites à partir des études de Statistique
Canada, à partir de la comptabilité nationale canadienne.
M. Morin: Ne pensez-vous pas je ne veux pas vous mettre
sur la sellette, je pose ma question au ministre qu'il serait utile de
mettre sur pied votre propre service de statistiques tôt ou tard pour
être un peu plus indépendant dans votre façon de
procéder? Je vois que vous êtes un peu à la remorque de
Statistique Canada et que cela vous impose toute une série de
contraintes.
M. Saint-Pierre: Non, M. le Président, je pense que dans
tout gouvernement fédéraliste, dans tout système politique
fédéral, ce serait la même chose en Allemagne de l'Ouest et
en d'autres pays, il y a intérêt pour chaque niveau de
gouvernement d'éviter des dédoublements inutiles d'un niveau
à l'autre. Alors, nous nous assurons que nous avons l'information que
nous voulons mais l'objectif est d'éviter des dédoublements. Dieu
sait qu'à l'occasion votre parti nous reproche même des
dédoublements entre le fédéral et le provincial. Lorsque
nous avons l'information voulue, nous tentons d'être
complémentaires, nous tentons d'utiliser nos ressources pour
complémenter ce qui est disponible sans frais et qui a
déjà été payé par des
Québécois ailleurs.
M. Morin: Quand nous dénonçons les
dédoublements, c'est pour souligner à quel point Québec
est à la remorque, dans ses politiques économiques ou autres, du
pouvoir fédéral.
M. Saint-Pierre: C'est un jugement que je ne partage pas, M. le
Président.
M. Morin: Je sais, je sais.
M. Saint-Pierre: Je pense, au contraire, que nous avons eu une
très bonne collaboration de Statistique Canada. Je pense que, pour eux,
tenter de régionaliser des données, tenter d'avoir des
statistiques sur le plan des provinces, cela représente un
intérêt marginal; pour nous, c'est important. On voit qu'au cours
des années eux, graduellement, se sont pliés à cela, ont
tenté l'impossible pour nous rendre service, mais dans les limites d'une
certaine rigueur scientifique. Ils ne veulent pas écrire n'importe quoi
pour n'importe qui mais tentent d'adapter le système national pour
servir les intérêts de chacune des régions du pays.
M. Morin: Oui mais, avec tout cela, ça traîne en
longueur et des chiffres que nous réclamons depuis longtemps,
d'année en année, ne sont pas encore rendus publics. Est-ce que
le ministre pourrait nous donner une idée du moment où l'opinion
publique aura accès à ces statistiques?
M. Saint-Pierre: II n'y a sûrement aucune politique chez
nous pour limiter l'accès au public à cela, ce sera fait lorsque
le moment opportun de le rendre public aura été atteint. C'est
simplement un travail de techniciens; si M. Baribeau est capable de donner la
date où les études à la Direction générale
de la recherche et de la planification seront complétées, je peux
dire au chef de l'Opposition que, le lendemain matin, il me fera plaisir de
rendre ces rapports publics.
M. Morin: Vous nous dites dans le document: "le plus rapidement
possible". Mais cela fait un certain nombre d'années qu'on dit le plus
rapidement possible, et je me demande si ce n'est pas justement la
conséquence du fait que vous soyez à la remorque de services qui
ne sont pas les vôtres.
Vous êtes obligés d'attendre finalement leur bon vouloir et
vous adapter...
M. Saint-Pierre: Non, M. le Président, c'est mal
présenter le problème. Ce n'est pas une question de bon vouloir.
Je pense que c'est une question pour des spécialistes dans ce secteur,
parce que c'est assez complexe cela.
M. Morin: Je sais que c'est complexe.
M. Saint-Pierre: ... Ce ne sont pas les problèmes de
Chinelle qu'on tente de résoudre. Je pense que les techniciens des deux
niveaux de gouvernement tentent d'aller le plus rapidement possible. Et comme
on le dit dans le document, lorsqu'on sera capable de concilier les
différents flux financiers qui apparaissent dans les comptes nationaux
du Québec, lorsque les limitations à la fois sur le plan
conceptuel et statistique auront été réglés, je
pense que le lendemain matin, nous publierons les données avec
plaisir.
M. Morin: Est-ce que vous avez une idée du moment
où cela pourrait se produire?
M. Saint-Pierre: Pour tout vous avouer, il est assez difficile de
mettre des dates dans ce genre de document. Premièrement, il y a, au
Québec, un manque de personnel compétent dans le domaine des
comptes nationaux. On a même dit, à un moment donné, que
dans tout le Canada, il y a environ dix personnes qui connaissent la
comptabilité nationale, premièrement.
Maintenant, on a eu une mission en France et en Angleterre, il n'y a pas
tellement longtemps, justement pour étudier ces problèmes. On a
pu constater, d'une part, qu'on était les plus avancés
probablement au monde dans ce domaine de la comptabilité
régionale. S'il y a un cadre standard pour la comptabilité
nationale, c'est-à-dire la comptabilité d'un pays, il n'y a pas
de tels standards au niveau de la comptabilité régionale.
Il devient très difficile de régionaliser, à un
moment donné, certains flux, pour des agents qui sont des agents
opérant à plusieurs endroits en même temps dans plusieurs
régions. En d'autres mots, il est simple, en comptabilité
nationale, de diviser les résidants des non résidants afin
d'avoir une comptabilité de résidants, c'est-à-dire une
comptabilité nationale. Mais en comptabilité régionale, il
n'est pas facile de dire jusqu'à quel point tel résidant est un
résidant d'une région par rapport à son degré de
résidence dans une autre région. Ce n'est pas simple.
En effet, M. Baribeau, c'est le cas. Vous avez parlé d'individus,
j'imagine que la complexité doit être encore plus grande dans le
cas de personnes morales qui peuvent avoir une certaine influence dans toutes
les activités économiques. Et le problème doit exister, je
ne sais pas, dans les institutions comme la Banque Royale, ou la Banque de
Montréal ou les grandes compagnies qui ont des opérations dans
toutes les provinces.
M. Morin: Les multinationales, notamment, doivent poser des
problèmes considérables.
M. Saint-Pierre: Peut-être les multiprovincia-les, et c'est
la même chose par exemple pour les opérations du gouvernement
fédéral dans une province. Il y a énormément de
débats entre théoriciens à savoir si on devrait
considérer le gouvernement fédéral comme un
non-résidant ou un résidant. Mais le même problème
se pose à l'heure actuelle à la Communauté
économique européenne. On essaie d'établir là-bas
une comptabilité qui va intégrer les comptabilités
nationales des différents pays. Alors ils font énormément
de recherche sur les concepts, parce que, justement, les concepts de la
comptabilité nationale ne s'appliquent pas non plus à un
organisme supranational.
Alors c'est à peu près les mêmes problèmes
que l'on rencontre à un niveau régional, là où on
essaie d'avoir une comptabilité régionale pour plusieurs
régions, et il faut que l'ensemble converge vers une comptabilité
plus globale qu'une comptabilité nationale.
M. Morin: Les chiffres qui sont venus à la connaissance du
public, dans le passé, sur les comptes économiques du
Québec, ces chiffres-là avaient été portés
à votre connaissance par Statistique Canada, si je comprends bien.
M. Saint-Pierre: Pas tous, il y a toujours certaines estimations
que l'on fait. Il faut bien se rendre compte que ces travaux ont
été effectués chez nous, dans le cadre d'analyses et de
prévisions. Lorsque l'on produit des analyses et des prévisions
économiques, il nous faut un cadre global. Maintenant, le cadre global
est un ensemble qui est cohérent, qui permet de porter un jugement sur
la situation globale, mais on ne peut le faire réellement que si on
connaît toutes les contraintes de ce cadre.
Chez nous, ce cadre nous aide énormément pour produire des
analyses et des prévisions, mais nous ne pensons pas à rendre
publiques toutes les données de ce cadre, car, à partir de
là, chacun pourrait porter des conclusions plus ou moins fausses; cela
dépend à quoi cela s'applique. Il faut absolument que les gens
qui utilisent ces données soient conscients de toutes les limites
conceptuelles, d'une part, et statistiques, d'autre part, qui sont
inhérentes à ce genre de document. C'est un peu notre peur.
M. Baribeau, jusqu'ici, dans certains documents qui ont
été rendus publics, comme la balance des paiements ou la
formation brute de capital, est-ce qu'on ne peut pas dire que, sur une base de
plusieurs années, la tendance générale des études
qui avaient pu être faites, les hauts et les bas, les cycles semblaient
montrer une certaine concordance avec d'autres études? Est-ce qu'il n'y
avait pas un problème d'échelle entre différentes
études qui avaient pu être faites? C'est-à-dire que, si on
prend la balance des paiements, autant les mouvements de 1966, 1969, 1970,
1971, 1972 se retrouvaient dans des études, est-ce qu'il n'y avait pas
cependant un certain décalage qui indiquait un problème de
concilier l'échelle dans des études différentes?
C'est cela. D'une part, il y a eu une révision en profondeur des
comptes nationaux canadiens, en 1970, sur la base du nouveau système des
Nations Unies, de sorte qu'on a essayé de concilier certaines
données avec des données qui avaient paru antérieurement,
mais basées sur des concepts différents. Alors, c'est très
difficile de faire des comparaisons après, basées sur, justement
deux documents utilisant des concepts différents.
D'autre part, ce qui nous arrête à l'heure actuelle, ce
n'est pas d'avoir toute une série de chiffres allant de 1926 à
1974. Ce dont on veut être certain au départ, c'est d'avoir, au
moins pour une années assez récente, une base, qu'on appelle en
anglais un "bench-mark", qui soit assez solide, que ce soit 1969, que ce soit
1967 pour d'autres données.
M. Morin: C'est un point d'arrimage.
M. Saint-Pierre: C'est ça, un point d'arrimage sur lequel
on pourrait se baser pour, ensuite, continuer ces variables, soit les projeter
dans le passé ou les projeter dans le futur.
M. Morin: A l'heure actuelle, je ne suis pas sûr que vous
ayez donné la réponse à cette question. Je vous demandais
où en étaient les études, année par année.
Est-ce qu'on est arrivé à 1974? Il me semble que ce qui
était parvenu à la connaissance du public portait jusqu'à
l'année 1968, si ma mémoire est bonne.
M. Saint-Pierre: Remarquez qu'on tente, chez nous... Nous avons
des données allant de 1926, pour certaines, jusqu'en 1974 inclusivement
pour d'autres. Maintenant, quelle est la validité de ces données?
Certaines données, par exemple, pour 1974, sont des estimations
basées sur des ratios, des rapports qui datent de deux ans. Par exemple,
les données fiscales sont connues deux ans en retard. Certaines
données de la comptabilité nationale canadienne sont
basées sur des chiffres qui datent de deux ans. On tente de faire des
projections, mais à partir de chiffres datant de deux ans. C'est la
même chose dans la comptabilité nationale canadienne
trimestrielle. Certaines variables sont connues mensuellement, mais d'autres
sont simplement des projections à partir de données
annuelles.
M. Morin: Compte tenu, maintenant, de toutes ces limites,
conceptuelles, méthodologiques, quelle est la dernière
année pour laquelle vous ayez déjà une image d'ensemble?
Je dis bien: Compte tenu des limites, puis de toutes les réserves que
vous avez faites.
M. Saint-Pierre: Avec certitude ou cohérence?
M. Morin: Avec un degré suffisant de cohérence.
M. Saint-Pierre: II me semble qu'on a dit qu'on ne l'a pas. On
tente justement... Je pense que c'est le sens de la réponse de M.
Baribeau.
C'est que, dans toute cette comptabilité, il y a des articles qui
sont obtenus par résidu. Que l'on songe à l'épargne, par
exemple, des personnes, c'est la différence entre les revenus courants
et les dépenses courantes des personnes.
M. Morin: C'est un peu sommaire, évidemment.
M. Saint-Pierre: C'est la même chose dans toute
comptabilité économique. Dans la comptabilité nationale
canadienne, on parle de l'épargne des personnes, mais il faut bien se
rendre compte que si c'est l'épargne plus les erreurs contenues soit du
côté des revenus, soit du côté des dépenses,
ce sont des résidus. Plus une comptabilité nationale, une
comptabilité économique a de résidus, plus grands sont les
risques à la fin d'arriver avec des erreurs très fortes.
Au Canada, il y a diverses enquêtes qui aident à produire
des vérifications sur certains totaux. Par exemple, la balance des
paiements au Canada est compilée de façon séparée,
ce n'est pas obtenu par résidus. Si, au Québec, on tente d'avoir
une balance courante, elle n'est obtenue que par une seule méthode, la
méthode des résidus. La production nationale au Canada est
obtenue par deux méthodes, la méthode des revenus et la
méthode des dépenses, alors que chez nous le produit national
brut du Québec n'est obtenu que par une seule méthode, la
méthode des revenus. Le reste, ce que l'on appelle la balance, est un
résidu et ce n'est pas une enquête séparée. Comment
vérifier, après cela, si ce résidu est bon ou non?
On ne peut pas, avec certitude, dire que tel résidu est bon.
M. Morin: II n'y a donc, à l'heure actuelle, aucune
année sur laquelle vous ayez des chiffres qui vous inspirent confiance
et sur lesquels vous puissiez vous fonder pour avoir une idée de la
situation?
M. Saint-Pierre: La comptabilité économique au
Québec n'a pas été conçue pour obtenir des chiffres
valables sur les résidus c'est pour avoir une idée je
donne des exemples très concrets des dépenses, par
exemple, du fédéral au Québec. Je pense que c'est un agent
économique important. Il est très important d'avoir une
idée des dépenses du gouvernement fédéral au
Québec, d'avoir une idée des revenus du gouvernement
fédéral. Est-ce $5 milliards ou $30 milliards? C'est important de
connaître cela, mais la la balance entre les deux, les $100 ou $200
millions, moi, je peux vous dire que l'erreur, là-dedans, peut
être plus forte que le résidu.
Ce n'est pas une comptabilité et c'est là où on
veut mettre les gens en garde. Lorsque ce sera publié, il faudra que les
gens connaissent les limites de cette comptabilité économique.
C'est fait pour avoir une idée des ordres de grandeur de
l'activité des agents économiques, mais il ne faut pas que les
gens tirent des conclusions sur les balances.
M. Morin: J'ai bien compris cela: C'est pourquoi je vous posais
ma question, compte tenu de toutes les limites et réserves que vous avez
exprimées depuis tout à l'heure. Compte tenu, justement, de tout
cela, de toutes les précautions dont vous vous entourez pour que ces
chiffres ne servent pas à des fins illégitimes et ne soient pas
interprétés abusivement, compte tenu de tout cela, est-ce qu'il y
a maintenant des années où vous avez des chiffres qui vous
donnent les ordres de grandeur dont vous parlez, qui peuvent être utiles
pour donner une sorte de tableau schématique général?
Est-ce qu'il y a des années où vous avez ces chiffres-là,
maintenant?
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Ce serait de quelle année à quelle
année, à peu près?
M. Saint-Pierre: Basé sur d'anciennes méthodes, on
a jusqu'en I926.
M. Morin: En remontant, vous voulez dire.
M. Saint-Pierre: C'est cela. Basé sur les nouvelles
méthodes, les nouveaux concepts canadiens, on a de I96I à I973
inclusivement et même I974 pour d'autres données.
M. Morin: Bon.
M. Saint-Pierre: C'est très complexe.
M. Morin: Oui, je n'en ai jamais douté. Seulement, le fait
que ce soit complexe ne doit pas empêcher que ces chiffres soient rendus
publics un jour ou l'autre pour pouvoir servir, pour pouvoir être utiles
aux Québécois, les renseigner sur leur économie.
M. Saint-Pierre: J'ai mentionné tantôt que
dès que mes spécialistes me diront que nous avons un document qui
peut, comme on le mentionne ici, être rendu public avec, en même
temps, un document qui explique les limites des conclusions qu'on pourrait
tirer du document, dans 24 heures je vais le publier. Je pense que c'est bien
la volonté du gouvernement d'essayer de ne rien cacher dans cela et, en
même temps, montrer que la complexité de la question invite
à une certaine rigueur intellectuelle lorsqu'on tire les
conclusions.
M. Morin: Oui, mais tout cela est affaire d'appréciation.
Pour ne rien cacher au ministre, ce que je crains, c'est que son
appréciation ne tende à ajourner, d'année en année,
la publication de ces chiffres, de ces données. C'est évident
qu'il y aura toujours des incertitudes, c'est très complexe, comme le
ministre l'a dit; il y aura toujours une marge de doute sur la validité
exacte de ces chiffres.
Et il est facile alors de se montrer d'une très grande rigueur et
de dire: Bon! ce n'est pas encore à 100% à l'épreuve de
toute contestation; je ne les rendrai donc publics que lorsque j'aurai toute
garantie, ce qui peut très bien nous renvoyer aux calendes
canadiennes.
M. Saint-Pierre: Je pense que ce n'est pas cela qui a
été mentionné. Ce qui a été mentionné
c'est que, lorsque la possibilité réelle d'erreur est telle que
cette marge d'erreur pourrait nous amener à des conclusions
différentes de celles qu'on veut bien lire dans les données, cela
invite à une certaine prudence. Mais je pense qu'il n'est pas question
de remettre cela aux calendes grecques à cause du principe qu'il
faudrait avoir une perfection à 100%.
M. Morin: Rien. Vous disiez tout à l'heure, M. Baribeau,
que dans l'ensemble du Canada, il n'y a qu'une dizaine de personnes qui soient
vraiment aptes à traiter de ces questions des comptes nationaux. En
avons-nous une ou deux au Québec, du moins?
M. Cadieux: Avez-vous pensé que M. Parizeau pouvait
être une de ces personnes?
M. Saint-Pierre: Je n'ai pas à porter de jugement sur
d'autres personnes. Quand je parle réellement d'experts en
comptabilité nationale, je sais que tous les professeurs
d'universités, par exemple, touchent à la comptabilité
nationale, enseignent à leurs étudiants ce qu'est le PNB, ce
qu'est la dépense nationale, etc. Lorsque je parle d'un expert, c'est
une personne qui a travaillé pendant dix ans en comptabilité
nationale.
M. Morin: Et qui...
M. Saint-Pierre: On en a combien au Québec? On n'en a
aucun.
M. Morin: C'est une lacune assez considérable. Est-ce que
vous avez je pose la question au ministre parce que je ne veux pas
embarrasser M. Baribeau l'intention de combler cette lacune? Est-ce que
son ministère a recherché des personnes compétentes dans
ce domaine ou bien s'il entend s'en remettre au fédéral? Si je
comprends bien, si nous n'avons pas d'experts, il faut entièrement nous
en remettre aux services fédéraux.
M. Saint-Pierre: C'est-à-dire que l'expert est toujours
une question relative. On devient expert en travaillant là-dedans.
Peut-être que dans une couple d'années nous serons devenus
réellement des vrais experts.
M. le Président, moi-même je peux attester de sa modestie,
mais d'autres personnes me disent que peut-être M. Baribeau est l'un de
nos experts au Canada dans cela. Mais comme il le dit lui-même, tout est
relatif là-dedans. Nous portons de l'intérêt à la
question depuis plusieurs années, il n'y a aucune indication qu'on
arrête d'y attacher un intérêt; ce serait contraire aux
politiques du gouvernement de renoncer à poursuivre nos recherches dans
cela. Je pense que nous faisons tous les efforts possibles et nous allons
continuer à aller le plus rapidement possible.
M. Morin: Bon! Est-ce que je puis, comme dernière question
sur les comptes économiques, essayer d'avoir un petit peu plus de
précisions de la part du ministre? Quand il nous dit que ce sera rendu
public le plus rapidement possible, est-ce de l'ordre d'un an, de deux ans, de
trois ans ou de cinq ans?
M. Saint-Pierre: Disons que trois ans, à mon avis, serait
un maximum. On espère sincèrement que ce ne sera pas plus d'un
an.
M. Morin: Bien! C'est déjà beaucoup plus
précis. Nous pouvons peut-être passer maintenant aux
prévisions à moyen terme de l'économie
québécoise; j'imagine que cette étude globale est une
étude courante. On nous dit dans le texte que la DGRP entreprendra, en
1975/76, les études suivantes, et j'imagine que des études ont
été entreprises dans le passé, depuis déjà
plusieurs années, sur les prévisions à moyen terme. Ce
n'est pas une nouvelle étude cela.
M. Saint-Pierre: Je vais demander à M. Bé-dard de
répondre et j'ai quelques éléments. M. Bédard est
directeur général de la recherche et de la planification.
Je pense qu'au sein du gouvernement du Québec ce ne sont
sûrement pas de nouvelles études pour savoir, à moyen
terme, quelle serait l'évolution possible des grandes variables
économiques, notamment le marché de la main-d'oeuvre, et essayer
de voir de près les tendances récentes des variables comme les
investissements ou les niveaux de croissance qu'on pourrait espérer au
cours des prochaines années, compte tenu de l'évolution de la
conjoncture et de l'évolution de la productivité des
travailleurs.
Alors, au cours de 1975/74, et cela se manifeste encore en 1975, je
pense que les prévisions faites entre les années 1970 et 1973,
à la fois au sein du gouvernement du Québec et au sein du
gouvernement fédéral, prévoyaient une évolution
assez pessimiste de l'économie du Québec jusqu'en 1980. Par
exemple, certains...
M. Morin: A compter de quelle année, je m'excuse?
M. Saint-Pierre: Habituellement ça portait sur la
période de I975 jusqu'en I980.
Les données réelles les plus récentes
étaient de 1971/72. Par exemple, si on prend l'emploi dans le secteur de
la fabrication, ces modèles prévoyaient des baisses d'emploi
totales du secteur de la fabrication, alors qu'au cours des dernières
années, il y a eu des accroissements peut-être de l'ordre de
20,000 emplois dans le secteur de la fabrication. Alors, on sent le besoin de
reprendre
une prévision à moyen terme sur l'économie du
Québec. Ces prévisions sont souvent faites par des modèles
économétriques, mathémathiques assez sophistiqués.
Nous allons regarder à la fois, en collaboration, certains
modèles utilisés au gouvernement fédéral ou dans
d'autres organismes, notamment le modèle Candide qui est maintenant
régionalisé, afin de voir s'il y a possibilité de faire
certaines prévisions et certaines simulations avec ce modèle. Et
nous allons compléter nous-mêmes par nos propres recherches ces
prévisions que nous pouvons obtenir avec des modèles.
M. Morin: Quand vous parlez du moyen terme, vous voulez dire une
période de quoi? Cinq, sept, dix ans.
M. Saint-Pierre: Non, au maximum cinq ans. M. Morin: Au
maximum cinq ans, bon! M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: Nous disions tout à l'heure que ces
études sont en cours depuis déjà plusieurs années.
Ce n'est pas nouveau ce programme, ces études globales sur les
prévisions à moyen terme. J'imagine que vous en faites tout de
même depuis quelque temps au ministère?
M. Saint-Pierre: Disons que les dernières
prévisions assez globales qui ont été faites au
ministère de l'Industrie et du Commerce ont été faites
pour le document. "Pour une politique économique
québécoise." Le document auquel vous vous êtes
référé hier soir. On retrouve là-dedans certains
objectifs de ce que devrait être la croissance économique, dans la
première partie du document. Ces données n'ont pas
été recueillies depuis ce temps. Alors, lorsqu'on fait une
prévision à moyen terme, c'est à la fois pour voir quelle
serait l'évolution de l'économie sur la base des tendances
actuelles, et c'est en même temps un exercice de simulation pour offrir
au gouvernement, je pense, des objectifs économiques qui pourraient
corriger l'évolution de l'économie si on la laissait à
elle-même.
Alors, c'est un peu dans cette perspective que nous voulons reprendre
les prévisions à moyen terme, notamment à partir de
l'évolution du marché de la main-d'oeuvre, à partir de la
population active, et ensuite prendre chacune des variables économiques
et essayer de se donner un cadre général qui va pouvoir nous
aider à replacer, à l'intérieur de l'économie du
Québec, le secteur industriel et commercial qui nous intéresse
plus spécifiquement.
M. Morin: Est-ce que je pourrais demander au ministre, sur la
base des tendances actuelles, et compte tenu de l'état d'avancement des
travaux, quelles sont les prévisions en matière d'emploi à
moyen terme pour les années qui viennent?
M. Saint-Pierre: Voilà, nous sommes en train de
compléter une étude préliminaire sur une prévision
de l'emploi de façon à ne pas avoir à attendre trop
longtemps une étude plus sophistiquée. Les premiers
résultats montrent qu'avec une variation des taux de participation
à la hausse, telle que la variation de ces taux de participation au
cours des dernières années s'est manifestée, si on ajuste
ou si on fait une prévision des taux de participation pour un groupe
d'âges, vers 1980, on arrive à une croissance de la main-d'oeuvre
possible...
M. Morin: D'emploi de la main-d'evre.
M. Saint-Pierre:... de la main-d'oeuvre de 1%.
M. Morin: De?
M. Saint-Pierre: De l'ordre de l%.
M. Morin: De l%. En quelle année, je m'excuse encore?
M. Saint-Pierre: Vers I980. M. Morin: Vers I980.
M. Saint-Pierre: J'avais des chiffres, je ne les ai plus à
la mémoire, mais depuis I970, la croissance de l'emploi, en pourcentage,
a été de l'ordre de ...
La question portait sur la population active ou sur l'emploi?
M. Morin: C'est sur l'emploi, oui, bien sûr.
M. Saint-Pierre: Peut-être que je pourrais lire une partie
du texte qui sera publié très prochainement dans la publication
annuelle sur la situation économique du Québec. La revue se fait
comme suit: La situation au Québec est, cependant, relativement bonne en
1974, avec une croissance de l'emploi de 3.1%, c'est-à-dire de 74,000
nouveaux emplois en 1974, venant s'ajouter à l'augmentation
exceptionnelle de 5.8% de l'année précédente,
c'est-à-dire plus de 128,000 emplois.
Au cours de la période 1966 à 1972, la croissance de la
population active plus rapide que l'emploi se traduit par une hausse constante
du taux de chômage de 4.7%, en 1966. Une conjoncture favorable du
marché du travail ces dernières années entraîne une
diminution du taux de chômage qui passe de 8.3%, en 1972, et 7.3%
respectivement en 1973 et en 1974. Dans la revue annuelle, il y aura des
tableaux complets accompagnant cela.
M. Morin: Cela, c'est le passé. M. Saint-Pierre:
C'est le passé.
M. Morin: C'est le passé et cela peut vous donner des
points de départ pour l'établissement de vos calculs, mais ce que
je vous demandais, c'étaient les prévisions à moyen terme.
On a cru observer que, récemment, la création d'emplois
à
connu une chute assez considérable par rapport aux années
précédentes que vous venez de mentionner. Je vous demandais:
Est-ce que, dans l'état actuel de vos travaux, vous avez
déjà une idée de la situation dans l'emploi à la
fin de 1975, par exemple en 1976, en 1978 et en 1980?
M. Saint-Pierre: Si on discutait de la situation de 1975/76, on
discuterait strictement d'une situation conjoncturelle.
M. Morin: A la limite, tout est conjoncturel.
M. Saint-Pierre: Non, mais je pense qu'en tout cas, dans la
méthode qui est utilisée par les économistes pour faire
des prévisions à moyen terme, on regarde beaucoup plus les
mouvements structurels de l'économie dans une plus longue
période. Alors, on suppose une certaine correction de la conjoncture sur
une période de cinq ans c'est-à-dire qu'il y aura à la
fois des hausses et des baisses par rapport au potentiel de l'économie.
Alors, on fait notre prévision beaucoup plus en fonction du potentiel de
croissance de l'économie, dans une perspective à moyen terme.
Que ce point de vue, nous n'avons pas encore de résultats, parce
que nous entreprenons, à l'heure actuelle, nos études sur des
modèles de prévisions à moyen terme.
M. Morin: Je comprends. Est-ce que vous en avez pour le court
terme, pour l'année 1975? Je devrais peut-être poser la question
au ministre, parce que c'est peut-être...
M. Saint-Pierre: Ma boule de cristal est à ma gauche. Je
vais la faire parler.
M. Morin: Oui, enfin.
M. Saint-Pierre: Pendant qu'on cherche ces chiffres-là, je
vais vous en donner des bons, M. le Président, qui expriment quand
même ce qui s'est passé antérieurement. M. Bédard
mentionnait les chiffres de 1966 à 1972 et j'ai toujours
mentionné qu'il y avait intérêt à décomposer
les périodes pour bien voir, peut-être, l'articulation qui a pu se
faire. De 1966 à 1970, l'emploi a augmenté globalement de 6.3%
pour la période de quatre ans, alors qu'il a augmenté de 13.2% de
1970 à 1974.
Au niveau des chômeurs, le nombre de chômeurs a
augmenté de 83% entre 1966 et 1970 et il n'a augmenté que de 2.2%
de 1970 à 1974.
M. Morin: 83%! Voulez-vous m'expliquer ce chiffre?
M. Saint-Pierre: En 1970, vous vous rappelez en 1970...
M. Morin: Oui, oui.
M. Saint-Pierre: ... il y avait 83% plus de chômeurs qu'il
n'y en avait en 1966.
M. Morin: Plus de chômeurs, oui, d'accord.
M. Saint-Pierre: A la fin de 1974, il n'y en avait que 2% de plus
qu'on 1970, alors qu'au niveau de l'emploi l'augmentation avait
été de 13.2%.
M. Morin: La question que je posais visait à savoir
quelles sont les prévisions à court terme pour l'année
1975. Au taux annuel, au cours des trois premiers mois de 1975, je crois qu'il
s'est créé environ 55,000 emplois.
Qu'est-ce que cela laisse présager? Est-ce que vous avez des
chiffres plus précis que ceux-là? Est-ce que vous êtes en
mesure de nous donner une prévision qui soit assez sûre pour
l'année 1975?
M. Saint-Pierre: Nous ne sommes pas en mesure de vous donner une
prévision sûre pour l'année 1975, parce qu'à l'heure
actuelle, évidemment, le grand facteur dans révolution
économique à très court terme est de savoir à quel
moment la reprise économique aux Etats-Unis va démarrer.
M. Morin: Si je comprends bien, la boule de cristal est
plutôt obscure.
M. Saint-Pierre: De ce point de vue, oui.
M. Morin: Comme le sont toutes les boules de cristal des
économistes, à l'heure actuelle.
M. Saint-Pierre: II y a un signe encourageant, ce qu'on appelle
le "trend indicator" de la Banque Royale remonte depuis le dernier mois.
M. Morin: Oui, j'ai vu cela.
M. Saint-Pierre: Alors, je pense que la situation notamment des
inventaires aux Etats-Unis, où maintenant on commence à
reproduire pour réinvestir dans les inventaires, en vue d'une reprise de
la demande, est déjà un premier signe un peu encourageant d'une
reprise qui, habituellement, au Canada, se répercute six mois
après.
M. Morin: Six mois après.
M. Saint-Pierre: Malgré que j'ai l'impression qu'au cours
de la récession actuelle la dépendance de l'économie
canadienne et de l'économie québécoise, par rapport
à la situation américaine, a été moins grave
qu'elle ne l'a été au cours des derniers cycles
économiques. Le fait qu'au moins en valeur réelle les
investissements se maintiennent sans diminution après une hausse assez
forte en I974 nous semble un signe qui stabilise un peu les difficultés
économiques à l'heure actuelle de l'économie
québécoise.
M. Morin: Bien.
M. Saint-Pierre: Mais nous n'avons aucune prévision
notamment sur le total possible d'emplois nouveaux en I975.
M. Morin: Avez-vous des prévisions, à court ou
à moyen terme, sur le PNB québécois?
M. Saint-Pierre: En 1975?
M. Morin: J'ai dit: A court ou à moyen terme. Pour
l'année 1975 ou pour les autres années, si vos recherches sont
suffisamment avancées.
M. Saint-Pierre: Pour 1975, je pense qu'on ne peut pas s'attendre
à une croissance réelle de beaucoup supérieure à
1%, pour l'économie du Québec. Enfin si cela se maintient entre
zéro et 1% je pense que la situation va être relativement
satisfaisante. De ce point de vue, je pense qu'on rejoint les prévisions
peut-être un peu à la baisse. En ce qui nous concerne, nous
n'avons pas changé nos prévisions, depuis l'automne 1974, parce
qu'on ne prévoyait pas de croissance réelle pour
l'économie canadienne en 1975. Relativement à peu près
à la même situation pour l'économie du Québec...
M. Morin: Vous voulez dire, sur la base des chiffres du dernier
trimestre de 1974, vous aviez déjà la puce à
l'oreille.
M. Saint-Pierre: Déjà, à l'automne 1974,
nous prévoyions une situation qui était plus pessimiste que
celle, par exemple, qui était annoncée par le gouvernement
fédéral...
M. Morin: Disons qu'à l'époque le ministre n'avait
pas lu dans sa boule de cristal, parce que ce n'est pas ce qu'il nous disait en
Chambre.
Peu importe, je m'excuse, continuez donc.
M. Cadieux: Est-ce que le budget de l'an deux parlait de cela
aussi? L'an un, l'an deux. Vous n'avez pas été influencé
par cela?
M. Morin: Je m'excuse, M. le député.
M. Saint-Pierre: Je me souviens de la conférence de
presse, à la fin de l'année, où ces questions ont
été abordées et où nous nous refusions de donner
une prévision très précise, compte tenu des très
grandes divergences qu'il y avait au sein du Canada. La prévision la
plus optimiste allait, du gouvernement fédéral, d'une croissance
réelle de 4%, à des prévisions très pessimistes qui
prévoyaient même une croissance négative pour 1975. Dans
cette situation, je pense que nous préférions ne pas ajouter plus
de confusion à la situation à la fin de 1974. Mis nous
étions, en tout cas techniquement, moins optimiste que le gouvernement
fédéral.
Je vous ferai remarquer qu'avec les chiffres révisés, en
parlant de croissance du PNB, qu'en 1974, la croissance du PNB en dollars
courants au Québec, a été plus forte qu'au Canada, alors
qu'en décembre, on avait prévu l'inverse. Est-ce qu'il y a une
explication ou si c'est simplement le type d'erreur qui peut survenir?
Enfin, la variable économique qui a été
révisée le plus depuis la conférence de presse de fin
d'an- née 1974, c'est notamment le revenu personnel disponible. On
prévoyait une croissance annuelle pour 1974 de l'ordre de 15.1% environ,
je n'ai pas les chiffres exacts; de toute façon elle est
révisée maintenant, elle est de l'ordre de 18.1% du revenu
personnel total.
Alors qu'au Canada c'était de 17%.
Cette révision nous a amenés, de façon
générale, à réviser les résultats finals de
1974 et les dernières données ont été disponibles
au cours du premier trimestre de 1975.
Là aussi, le chef de l'Opposition va être obligé de
réviser ses discours, parce qu'en décembre il faisait grand
état que le produit national québécois croissait moins que
le produit canadien.
Les chiffres officiels semblent indiquer le contraire maintenant.
C'était dans le budget.
M. Morin: Je suis très heureux. Oui, je sais que
c'était dans le budget. Si je comprends bien, vous n'avez encore rien de
précis sur le PNB de 1975. Pour ce qui est de l'inflation, à
court ou à moyen terme, vos travaux sont-ils avancés?
M. Saint-Pierre: Si vous entrez dans des questions de plus en
plus précises concernant la conjoncture économique, je vais
peut-être être obligé de redonner la parole à M.
Denis Baribeau, qui s'occupe de la conjoncture. Il vient de terminer la
rédaction de la revue annuelle de l'économie.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection. Que la compétence
parle. Celui qui quitte le fauteuil nous a éclairés sur ce qui
était de sa compétence.
M. Saint-Pierre: Je pense qu'en termes d'augmentation de prix,
nos vues sont à peu près similaires à ceux de la plupart
des conjoncturistes ou des prévisionnistes. Dans le domaine des
matières premières, il y a eu certaines baisses de prix. Nous
savons que le quadruplement du prix du pétrole, en octobre 1973, ne
s'est probablement pas encore répercuté complètement dans
tous les biens manufacturés.
D'autre part, dans le domaine de l'alimentation, tout dépendra
des récoltes à venir. C'est un autre élément
d'incertitude de ce côté. Mais, en général, on croit
sincèrement que la pression sur les prix va se ralentir, la pression
provenant de la demande, puisqu'il y a déjà des récessions
dans plusieurs pays. D'autre part, un des phénomènes
inquiétants, à l'heure actuelle, est la poussée des
salaires. Les salairiés tentent, par tous les moyens, de
reconquérir un pouvoir d'achat perdu, ou sup-posément perdu, et
tout ceci se passe sans coordination aucune, à quelque niveau que ce
soit. Chaque groupe, chaque local essaie de revendiquer le maximum et c'est la
lutte contre...
M. Morin: Le laisser-faire économique. M. Saint-Pierre:
C'est cela.
M. Morin: Les agences économiques sont libres, du haut en
bas.
M. Saint-Pierre: Voudriez-vous que le gouvernement dicte aux
syndicats les salaires à demander?
M. Morin: Ce n'est pas du tout ce à quoi je fais allusion.
Le ministre sait très bien que ce n'est pas du tout cela qui est en
cause.
M. Saint-Pierre: Qu'est-ce que c'est? C'est cela.
M. Morin: C'est le système, globalement, qui est en cause.
Ce n'est pas seulement une partie des agents. Je m'excuse de vous avoir
interrompu.
M. Saint-Pierre: II faut dire que, de ce côté, il y
a énormément d'incompréhension de part et d'autre. Les
syndicats disent: Les profits des entreprises ont augmenté
énormément. D'autre part, les entreprises disent: Les salaires
augmentent énormément... et on se jette la balle. On dit: C'est
la faute des profits. L'autre partie dit: C'est la faute des salaires. Mais, il
faut bien se rendre compte que, même s'il y a une augmentation
très forte des profits, une augmentation beaucoup plus faible des
salaires peut contribuer beaucoup plus à l'inflation, parce que la part
des salaires dans l'économie est beaucoup plus importante que la part
des profits.
Si vous regardez la situation économique que l'on publie
annuellement, justement, on tente de mesurer la contribution des salaires, la
contribution des profits et la contribution des autres revenus à
l'augmentation totale des prix. En 1974, par exemple, l'augmentation des
salaires a contribué beaucoup plus à l'augmentation totale des
prix que l'augmentation des profits.
Maintenant, dans ce domaine, je pense que le gouvernement
fédéral a pris l'initiative de convoquer divers agents
économiques. A quel point vont-ils réussir? Je ne sais pas.
M. Morin: Compte tenu de tout ce que vous venez de me dire, des
réserves qu'il convient d'exprimer sur les prévisions, même
à très court terme, avez-vous une idée de l'ordre de
grandeur des chiffres de l'inflation, au cours de 1975? Est-ce que cela variera
entre 7% et 10%, ou entre 10% et 12%. Avez-vous une idée
générale, sur la base des chiffres que vous possédez
déjà?
M. Saint-Pierre: Si nous pouvions limiter en bas de 10%, et en
baissant, ce serait une très bonne performance, compte tenu de ce qui se
passe ailleurs dans le monde, à l'heure actuelle.
En 1974 il y a plusieurs pays indépendants dans le monde
est-ce qu'il y a des pays autres que l'Allemagne de l'Ouest qui ont eu
une performance égale à celle du Canada ou à celle du
Québec en matière de lutte à l'inflation?
M. Morin: Vous voulez dire dans le monde occidental, dans les
économies de marché?
M. Saint-Pierre: Oui, on ne veut pas suggérer une seconde
qu'on va être obligé de brimer les libertés individuelles
pour dire que l'inflation va être jugulée.
M. Morin: Ne faites pas d'idéologie. M. Saint-Pierre:
Non...
M. Morin: Nous parlons statistiques, et je pense que c'est un
fait que, quoi qu'on puisse penser, par ailleurs, des idéologies qui ont
cours dans le reste du monde, il y a des pays qui sont mieux
équipés pour faire face à l'inflation que nous ne le
sommes.
M. Saint-Pierre: Mais il doivent payer le prix pour ça.
Cependant, il y a un prix à payer.
M. Morin: II y a un prix à payer. Il s'agit de savoir si
l'inflation n'est pas...
M. Saint-Pierre: Dans le monde occidental, de tous les pays
industrialisés, est-ce que les performances du Québec ou du
Canada en matière de lutte à l'inflation ont été
battues par d'autres pays que l'Allemagne de l'Ouest? C'est le sens de ma
question.
Il y a peut-être certains petits pays comme les Pays-Bas, mais en
général il y a des augmentations ailleurs dans le monde. Par
exemple, au Royaume-Uni, 17.4%...
M. Morin: Oui, là si vous faites allusion à
l'Italie et au Royaume-Uni, ce sont des pays qui sont en pleine crise.
M. Saint-Pierre: Le Japon, les Etats-Unis, la France. Prenons
l'ensemble de la CEE; 14%.
M. Morin: Oui, je sais, j'ai vu les chiffres de la CEE
justement.
Pour revenir au Québec nous parlons du Québec en ce
moment est-ce que vous pensez qu'il est possible de tenir cela en bas de
10% pour l'année, sur la base de ce que vous savez déjà,
après quatre ou cinq mois de conjoncture?
M. Saint-Pierre: Ecoutez, il faudrait voir l'incidence parce que
ce qui s'est déjà passé aura une incidence pour
l'estimation de 1975. Vous savez, lorsqu'on regarde une courbe de croissance de
prix, on sait qu'on est déjà rendu à un certain endroit et
ç'a une incidence, là où on est rendu, sur l'estimation de
l'année.
M. Morin: J'imagine.
M. Saint-Pierre: Mais on est convaincu qu'il y aura
ralentissement de la hausse des prix d'ici la fin de l'année.
Déjà, d'ailleurs, depuis quelques mois, est-ce que, pour
l'indice des prix à la consommation et je réalise que ce
n'est pas l'indice implicite il n'y a pas eu un fléchissement?
Depuis combien de mois à peu près?
Je ne pourrais pas dire.
M. Morin: Deux ou trois mois, je crois, d'après ce que
j'ai pu voir.
M. Saint-Pierre: Deux ou trois mois.
Alors, comme on avait eu un peu plus de 11%, l'an dernier, il me semble
que peut-être on peut espérer avoir légèrement moins
de 10% cette année. Vous ne croyez pas ça?
M. Morin: Bien, pour les prévisions à moyen terme,
M. le Président, je n'ai plus de question. J'aimerais peut-être
passer aux études qui sont reliées aux objectifs de la politique
industrielle et commerciale et en particulier aux études
sectorielles.
J'aurai l'occasion, bien sûr, de revenir sur chacune des
industries visées: les textiles, les pâtes et papiers, la
pétrochimie, les richesses naturelles. Mais j'aimerais poser quelques
questions sur les études qui portent sur ces domaines, ces divers
secteurs.
Pour ce qui est des textiles, est-ce que vos études vous donnent
déjà des indications sur la mauvaise posture dans laquelle se
trouve cette industrie au Québec?
M. Saint-Pierre: Avant de répondre directement à la
question, j'aimerais faire le point un peu sur l'orientation de la recherche
à la direction générale.
M. Morin: Oui, très bien.
M. Saint-Pierre: Personnellement, je suis en poste depuis quatre
mois, c'est-à-dire depuis le début de janvier. J'occupe
maintenant le poste de M. Jean-Paul Vézina. Nous sommes à revoir,
disons à relancer le programme de la recherche de la direction
générale. Pour ce faire, nous avons revu les
responsabilités et les mandats des cinq directions qui forment la
direction générale. Permettez-moi de les énumérer.
Il y a la Direction de l'analyse et de la prévision économique,
qui est dirigée par M. Denis Baribeau; la Direction des études en
relations économiques internationales, dirigée par M. Denis
Pomerleau, qui est ici; la Direction des politiques industrielles, dont,
à l'heure actuelle, le poste de directeur est vacant parce que le
directeur a été promu comme directeur général
adjoint; la Direction des études régionales, dont le poste de
directeur est aussi vacant et qui est en concours, de même que le poste
des politiques industrielles, et, finalement, la Direction des études
industrielles.
Alors, nous avons revu les responsabilités de chacune de ces
directions; en soi, il s'agissait d'ajustements pour relancer un programme de
recherche. La direction des politiques industrielles va se spécialiser
dans les problèmes reliés à l'entreprise ou va s'occuper
de sujets de recherche qui habituellement peuvent intéresser tous les
secteurs industriels comme tels.
La direction des études en relations économiques
internationales évidemment, son mandat est assez explicite par
son titre s'est occupée, au cours de la dernière
année, et va continuer encore à s'occuper pour une bonne partie
de l'année de la préparation des négociations du GATT. Par
la suite, nous allons continuer à revoir la problématique du
commerce extérieur du Québec, de même que les objectifs et
les problèmes qui se posent de façon générale pour
le commerce extérieur.
Une fois les travaux terminés pour la préparation des
négociations du GATT, nous allons poursuivre nos recherches sur le
commerce extérieur du Québec.
La direction des études industrielles avait pour mandat, avant,
d'étudier de façon très générale les
facteurs de développement industriel du Québec. Nous voulons
maintenant réviser son mandat pour nous réorienter vers des
études sectorielles, très spécifiques. Je pense que
peut-être une des faiblesses du document sur la politique
économique québécoise a été de faire une
problématique macro-économique, si on peut dire, du
problème du développement du Québec, sans identifier, je
pense, en ce qui concerne le ministère de l'Industrie et du Commerce, le
véritable potentiel du développement industriel.
M. Morin: Vous parlez du rapport qu'on appelle Descoteaux?
M. Saint-Pierre: Descoteaux, voilà. Alors, nous sentons le
besoin de faire des études sectorielles beaucoup plus précises,
afin d'identifier, de façon beaucoup plus concrète, le potentiel
du développement du Québec dans les différents secteurs.
Ces études pourront, à l'occasion, porter sur des secteurs assez
globaux, comme les industries chimiques; à d'autres occasions, le
découpage pourra être plus spécifique et aller parfois au
niveau de certains produits.
Alors, à l'intérieur du ministère de l'Industrie et
du Commerce, il y a, évidemment, la direction générale de
l'industrie qui se spécialise également dans la connaissance de
secteurs industriels, mais dans une connaissance plus pratique. Nous allons
faire nos études dans un contexte à plus long terme, en regardant
à la fois l'évolution dans le passé d'un secteur et ses
potentialités d'avenir, dans le cadre des facteurs économiques de
développement.
La direction des études régionales. La plus grande partie
de ses travaux vont avoir pour but de collaborer avec l'Office de planification
dans la préparation des schémas régionaux. Enfin, je pense
que ceci donne un peu le cadre général dans lequel on est en
train d'élaborer notre programme de recherche. Maintenant, pour revenir
peut-être à la question que vous posiez...
M. Morin: Oui, j'essaie de m'y retrouver un peu dans toutes les
directions que vous venez de me mentionner. J'imagine qu'un secteur comme le
textile peut intéresser plusieurs de vos directions; notamment les gens
qui travaillent sur le GATT, sur les importations, doivent certainement avoir
quelque chose à faire avec ce domaine du textile,
de même que d'autres directions. Alors, je vous la pose sans m'y
retrouver tout à fait dans tout le dédale des directions dont
vous m'avez parlé. Le textile est à l'étude en ce moment,
d'après ce qu'on nous dit ici, dans le livre des crédits. Est-ce
que vous avez pu identifier déjà un certain nombre de facteurs
qui expliquent le marasme qui sévit dans cette industrie?
M. Saint-Pierre: Le secteur des textiles, en ce qui concerne la
DGRP, n'a pas fait l'objet d'une étude pour tout le secteur. Il a
été analysé dans le cadre de la préparation des
dossiers du GATT, uniquement et, à ce moment-là, dans sa
perspective des tarifs et des douanes.
Nous allons entreprendre l'étude sur les problèmes plus
fondamentaux du textile. Alors, elle n'a pas encore débuté et
cela fait partie de notre programme de recherche de l'entreprendre au cours de
1975/76.
A court terme, les problèmes qui frappent l'industrie du textile,
on les retrouverait également dans le programme 03. Dans la direction
générale de l'industrie, il y a quand même une direction
des biens de consommation à l'intérieur desquels on retrouve
l'industrie du textile.
M. Morin: Oui. D'ailleurs, j'ai l'intention d'y revenir à
ce moment-là, de même que sur un ensemble d'autres industries sur
lesquelles j'aimerais obtenir des précisions.
M. Saint-Pierre: Je pense que, dans le document qui vous a
été remis, la liste des secteurs qui sont mentionnés n'est
pas exhaustive des priorités de recherche qu'on pourrait se donner.
Alors, de ce point de vue, je pense que l'étude globale que nous voulons
entreprendre sur l'évolution récente de la structure
industrielle, de façon à identifier les faiblesses de certains
secteurs et déjà commencer à circonscrire sur une base
comparative intersectorielle les problèmes de développement
industriel devrait nous aider à choisir les priorités de
recherche selon les secteurs qui auraient le plus besoin d'une enquête
plus poussée ou d'une analyse plus poussée.
M. Morin: Les secteurs qui sont indiqués ici sont donc
à titre indicatif seulement ou...
M. Saint-Pierre: Ecoutez...
M. Morin: ... textiles, pâtes et papiers,
pétrochimie, etc.?
M. Saint-Pierre:... en ce qui concerne les textiles, je pense que
cela fera partie de notre programme de recherche. En ce qui concerne la
pétrochimie, c'est un dossier qui a surtout été
utilisé à ce jour par la Direction générale de
l'industrie et nous allons collaborer à compléter le dossier
concernant la pétrochimie. Alors, nous n'entreprendrons pas une
étude aussi en profondeur sur le secteur de la pétrochimie qu'on
pourrait le faire sur le secteur des textiles.
Le secteur des pâtes et papiers est mentionné. Etant
donné l'importance de cette industrie pour le Québec et de son
évolution récente où elle a été
défavorisée entre 1970 et 1973 par des facteurs conjoncturels,
elle a eu une très bonne reprise en 1973/74...
M. Morin: Une hausse spectaculaire même.
M. Saint-Pierre: Une hausse assez spectaculaire.
M. Morin: Et, tout à coup, une chute des prix qui est
préoccupante.
M. Saint-Pierre: Pas dans les pâtes et papiers. Il n'y a
pas de baisse de prix dans les pâtes et papiers; il y a une diminution de
la demande.
M. Morin: Une diminution de la production pour éviter que
les prix ne tombent, oui.
M. Saint-Pierre: Une diminution de l'ordre de 5% ou 6%.
Concernant cette industrie, je pense que ce qui est important c'est
d'entreprendre les études pour s'assurer qu'elle continuera, en termes
de secteur de transformation important, de croître au Québec.
Alors, il faut prévenir les difficultés qu'elle pourrait avoir
à moyen terme. Nous allons essayer de l'étudier dans ce
contexte.
M. Morin: Et la pétrochimie, de même? M.
Saint-Pierre: Non...
M. Morin: Là vous m'avez dit que c'était entre les
mains d'une autre direction?
M. Saint-Pierre: De la Direction générale de
l'industrie...
M. Morin: La Direction générale de l'industrie.
M. Saint-Pierre: ... qui l'a étudiée en fonction
d'un contexte plus immédiat.
M. Morin: Puis-je demander au ministre si ces études
sectorielles entreprises en vertu du programme 02 seront rendues publiques ou
est-ce que ce sont simplement des documents de travail internes?
M. Saint-Pierre: Non, M. le Président, le plus rapidement
possible lorsque c'est dans l'intérêt public de le rendre public,
nous le faisons. Tous les mémoires, toutes les petites études,
tous les documents plus complets qui sont publiés au ministère,
si on publiait tout, ce serait des milliers et des milliers de pages. Mais,
dès qu'il y a un intérêt public, je pense qu'on le fait le
plus rapidement possible.
M. Morin: Je pourrais peut-être maintenant, rapidement,
passer aux exportations québécoises,
aux études qui sont liées aux exportations
québécoises. Si ma mémoire est bonne, il y a eu des
études sur la balance commerciale du Québec entreprises par le
BSQ et qui ont porté jusqu'à l'année 1967. Est-ce que ces
études ont été poursuivies et est-ce que...
M. Saint-Pierre: La balance des paiements. M. Morin: Oui,
la balance...
M. Saint-Pierre: Cela fait partie des comptes
économiques.
M. Morin: C'est inclus... M. Saint-Pierre:
C'était...
M. Morin: J'avais l'impression que le Bureau de la statistique du
Québec avait des chiffres à lui.
M. Saint-Pierre: Oui, évidemment on peut les prendre. Je
suggérerais au président qu'on les prenne dans le programme 9,
les services statistiques centraux, où on va voir complètement
les données du Bureau de la statistique. C'est différent...
M. Morin: Bon, alors les recherches que vous allez entreprendre
en vertu du programme 02 vont consister en quoi exactement?
M. Saint-Pierre: Je pense que, lorsque vous reprendrez la
discussion avec le Bureau de la statistique concernant les exportations ou les
importations, la balance commerciale implique les deux; ce qu'on connaît
beaucoup mieux au Québec, ce sont les exportations plutôt que les
importations. Alors, nos recherches vont porter d'abord sur les exportations en
les reliant à l'objectif qui est poursuivi par la politique
industrielle, les objectifs qui deviennent de plus en plus précis de la
politique industrielle, notamment d'accroître et de diversifier les
exportations.
Au cours des dernières années, l'évolution des
exportations au Québec, dans un contexte mondial, ont été
moins rapides compte tenu de la place que prend maintenant le Japon et la
communauté économique européenne. Nous voulons revoir,
dans le fond, le problème de l'évolution des exportations dans un
contexte très général de l'économie mondiale et de
la place du Québec par rapport aux groupes économiques.
M. Morin: Je vois. Et tout cela, j'imagine, pourra servir au BSQ
dans ses propres études sur la balance des paiements.
M. Saint-Pierre: Non, parce que nous prenons exactement les
statistiques que nous fournit le BSQ en ce qui concerne les exportations. Nous
n'entreprendrons pas d'évaluation des importations du Québec,
Notre source statistique est le BSQ.
M. Morin: Bien. Pour ce qui est des études sur les
investissements étrangers, est-ce que vous avez pu entreprendre des
études semblables à celles qui ont été faites au
niveau fédéral? Je songe au rapport Gray, je crois, qui
permettait d'obtenir des chiffres de pourcentage de la propriété
autochtone. Est-ce que vous avez entrepris des recherches de cet
ordre-là ou est-ce que vous comptez le faire? Est-ce que vous
possédez déjà des tableaux là-dessus, sur la
propriété autochtone?
M. Saint-Pierre: La question des investissements étrangers
dans notre programme de recherche, évidemment, c'est pour nous un
dossier permanent. C'est-à-dire que depuis l'intérêt qu'ont
manifesté les différents gouvernements et devant l'importance du
problème, nous voulons en faire un dossier permanent qui sera une
préoccupation constante de la direction générale de la
recherche.
M. Morin: J'imagine.
M. Saint-Pierre: La direction générale a
collaboré au comité interministériel qui a
préparé le rapport Tetley, malgré que ce n'était
pas sa responsabilité, mais elle a eu l'occasion d'y participer. La
direction générale, au cours de 1974/75, a préparé
le contenu du mémoire qui a été déposé au
conseil des ministres.
Maintenant, concernant les investissements étrangers, ce qui
serait évidemment très intéressant ce serait de
connaître beaucoup mieux le phénomène des investissements
étrangers au Québec. A l'heure actuelle, les statistiques sur le
contrôle de la propriété sont surtout au niveau canadien
sans désagrégation au niveau provincial, sauf dans les
statistiques fiscales où on a le revenu des entreprises, selon le
contrôle de la propriété, par région canadienne.
C'est, à l'heure actuelle, la seule statistique qui nous permette
d'avoir l'ordre de grandeur de l'importance de l'investissement étranger
au Québec par rapport à d'autres régions canadiennes. De
ce point de vue-là, sans mentionner de chiffres précis,
l'importance des entreprises étrangères au Québec, en
termes de revenu déclaré aux fins d'impôt, est relativement
moins importante que cela peut l'être en Ontario, par exemple.
M. Morin: Pourriez-vous nous donner des chiffres d'après
les données les plus récentes que vous possédez?
M. Saint-Pierre: L'ordre de grandeur uniquement?
M. Morin: Oui, oui, l'ordre de grandeur.
M. Saint-Pierre: Je pense qu'en Ontario c'est 45% ou 50% des
revenus déclarés par des entreprises étrangères,
alors qu'au Québec c'est plutôt de l'ordre de 35%.
M. Morin: 35%, bien, sur la base des revenus. Est-ce que vous
comptez aller plus loin que les
données que vous fournissent les chiffres fédéraux
dans ce domaine-là?
M. Saint-Pierre: Nous cherchons à examiner, avec le bureau
de la statistique, quelles seraient les possibilités qu'on aurait de
pouvoir connaître un peu mieux le phénomène des
investissements étrangers. Nous n'avons pas arrêté notre
choix sur aucune statistique particulière pour le moment. Par exemple,
une des avenues possibles, qui nous aiderait beaucoup à comprendre ce
qui se passe en termes de développement économique à
l'heure actuelle, ce serait de connaître l'importance des investissements
actuels, qui sont faits par les entreprises étrangères, par
rapport aux entreprises canadiennes ou québécoises à
l'intérieur de l'économie du Québec.
Je pense que cela nous montrerait, sans donner le total de l'importance
des investissements étrangers, au moins cela nous renseignerait sur le
dynamisme interne beaucoup plus de l'économie du Québec. Nous
examinons ces avenues possibles afin de connaître un peu mieux à
la fois les investissements étrangers tels qu'ils se font à
l'heure actuelle en plus d'avoir peut-être une statistique plus globale
sur le contrôle de toute l'économie.
M. Morin: Mais, dites-moi, pour ce qui est des nouveaux
investissements étrangers, est-ce que votre ministère, est-ce que
vos services ne sont pas équipés pour les connaître de
façon très précise? Je ne parle pas de ceux du
passé, je parle de ceux qui se font, par exemple, en 1975. Quelles sont
vos sources de renseignements sur des données comme
celles-là?
M. Saint-Pierre: Mes seules sources de renseignements, à
l'heure actuelle, sur les investissements annuels, au Canada et au
Québec, sont publiés par le bureau de la statistique du Canada,
selon l'enquête qui est préparée...
M. Morin: Vous voulez dire...
M. Saint-Pierre: ...avec le ministère
fédéral de l'Industrie. C'est une enquête conjointe dans
laquelle on fait la prévision annuelle des investissements et la
révision semestrielle de la prévision en cours
d'année.
C'est véritablement, à l'heure actuelle, la source de
renseignements globale sur les investissements au Québec.
M. Morin: Mais est-ce que vous n'avez pas aussi le moyen de
connaître tous les nouveaux investissements qui se font au Québec
et d'obtenir tous les détails pertinents sur ces investissements?
M. Saint-Pierre: II n'y a pas de système d'information
statistique en place, à l'heure actuelle, pour connaître tous les
investissements qui sont faits par toutes les entreprises, à un moment
donné.
M. le Président, je pense que ce que nous devons dire cela
se rattache à une question qui est déjà
élaborée c'est que nous sommes satisfaits des dispositifs
et de la collaboration que nous avons actuellement avec Statistique Canada, qui
nous permettent, sans dédoublement d'efforts, d'obtenir les
données que nous recherchons. Dans le sens de la question du chef de
l'Opposition, c'est un peu comme si on n'avait pas confiance au gouvernement
fédéral et qu'on n'oserait pas, au ministère de
l'Industrie et du Commerce, mettre une lettre à la poste. Par les temps
qui courent, on aurait peut-être raison, mais, enfin, nous on met les
$0.08; on n'a pas l'intention d'établir notre propre service postal pour
livrer quelque chose parce qu'on pense que cela ne se rendra pas aux industries
qu'on dessert. Dans ce domaine, le gouvernement fédéral nous
donne les informations dont nous avons besoin.
M. Morin: Je ne doute pas que vous obteniez les informations,
souvent d'ailleurs a posteriori, mais ce n'est pas le sens de la question que
je posais. Je m'étonne, tout simplement de constater que vous ayez un
réseau d'information si ténu lorsqu'il s'agit de savoir quels
sont les nouveaux investissements qui se font au Québec. Pourtant, Dieu
sait l'accent que vous mettez sur les investissements! Est-ce que vous n'avez
pas des moyens qui vous permettent de connaître, mois après mois,
l'ensemble des investissements qui se font au Québec? Je veux dire pas a
posteriori, mais au moment où ils se font. Est-ce qu'un Etat moderne ne
doit pas être doté de ce genre d'appareil de renseignement?
M. Saint-Pierre: A l'heure actuelle, l'enquête statistique
qui est faite par Statistique Canada et par le ministère
fédéral de l'Industrie est très complète pour des
renseignements, à la fois globaux sur les investissements au
Québec et pour chacun des secteurs et des sous-secteurs de
l'économie. Cette enquête, qui est annuelle, est
révisée à la mi-année pour voir si la
prévision en début d'année se réalise ou doit
être rajustée. Je ne crois pas qu'il serait
énormément utile de faire mensuellement cette enquête. Elle
n'ajouterait rien, je pense, comme connaissance du phénomène
d'investissements, à l'évolution de la conjoncture . Alors, le
phénomène des investissements, je pense qu'il est très
bien connu, excepté que, lorsqu'on le regarde en perspective des
investissements étrangers, la variable du contrôle des
investissements, à l'heure actuelle, ne fait pas partie de
l'enquête fédérale. Ce sont ces avenues possibles de
recherche que nous examinons. Le bureau de la statistique possède ou a
à sa disposition le contenu total de l'enquête qui est faite par
Statistique Canada et par le ministère fédéral de
l'Industrie.
M. le Président, il y a également un point qu'il ne
faudrait pas oublier de mentionner, juste pour que le chef de l'Opposition
n'ait pas une impression qui ne soit pas conforme aux faits c'est qu'à
l'intérieur de nos bureaux régionaux il y a quand
même des rapports mensuels qui sont transmis . D'ailleurs, je vous
ai donné, ici dans le dossier, l'addition de tous ces rapports mensuels,
par région. Chacun de nos bureaux régionaux, pour l'ensemble du
territoire québécois, fait part des agrandissements, des
investissements annoncés et des investissements
réalisés.
M. Morin: II me semblait, justement. C'est pour cela que je
posais la question.
Je me demandais jusqu'à quel point cet appareil de renseignement
est rodé et vous permet vraiment d'avoir une idée globale.
M. Saint-Pierre: Votre question précédente portait
sur le degré de possession des investissements étrangers dans tel
secteur de l'économie. Pour les fins statistiques, essentiellement,
nous...
M. Morin: Vous vous en remettez...
M. Saint-Pierre:... non, nous puisons à même
l'enquête que nous faisons conjointement avec Statistique Canada.
M. Morin: Pour revenir légèrement en arrière
quelques instants, M. le Président, dans les études sectorielles,
il y en a une sur la transformation des richesses naturelles. Il y a eu des
études fédérales sur cette question. Notamment, il y en a
une qui date de 1972, octobre 1972, plus précisément, qui est
intitulée "Report of the trade resource group: Further processing in
Canada prior to export". Où en sont les études que vous avez
entreprises au ministère et êtes-vous au fait des études
entreprises par le gouvernement fédéral aux termes desquelles il
faut pousser beaucoup plus loin la transformation des richesses naturelles ici
même au pays?
M. Saint-Pierre: Nous sommes très au fait des
études que vous avez mentionnées. Elles sont faites dans le cadre
de l'approche que le gouvernement fédéral essaie de
développer, c'est-à-dire l'approche de négociations
complémentaires sectorielles à l'intérieur des prochaines
négociations du GATT. Nous sommes au courant des études qui sont
faites par le gouvernement fédéral.
M. Morin: Avez-vous été consultés, par
exemple, sur celle de 1972 qui a été portée à notre
connaissance récemment, en particulier sur celle qui est
intitulée "Further processing in Canada prior to export"?
M. Saint-Pierre: C'est celle qui est classée
confidentielle.
M. Morin: Elle l'a été dans le passé, je ne
sais pas si elle l'est encore.
M. Saint-Pierre: Elle l'est encore.
M. Morin: Je vous demande si vous avez été
consultés sur cette étude entreprise par le gou- vernement
fédéral, si vous avez participé à cette
étude.
M. Saint-Pierre: Au niveau de l'étude même, non,
parce que c'est une étude purement fédérale. Au niveau des
résultats et du contenu de l'étude, nous sommes au courant, nous
avons ces études en main.
M. Morin: C'est une étude importante parce que l'un des
projets qui est ressorti de cette étude a été
l'aciérie dans l'Est. Le ministre mentionne aussi l'amiante.
M. Saint-Pierre: II y avait plusieurs secteurs, il y en avait 22,
je pense.
M. Morin: Oui, il y avait le zinc, le cuivre, bon... l'amiante,
je ne l'ai pas vu. C'était la question de l'aciérie dans l'Est au
sujet de laquelle, le ministre en conviendra, nous n'avons pas
été tenus au courant comme nous aurions dû
l'être.
Mais enfin, nous reviendrons là-dessus plus tard, je compte que
nous étudierons en profondeur la question de l'aciérie.
M. le Président, il me reste encore peut-être une ou deux
questions sur le programme 2. Je ne sais ce qu'il est advenu de l'étude
sur les sources d'épargne au Québec. C'était
peut-être dans le cadre des comptes nationaux, je ne suis pas sûr
du cadre dans lequel se situait cette étude. Mais je sais que le
ministre avait promis l'an dernier de la rendre publique à la fin de
1974. Je voudrais lui demander pourquoi il ne l'a pas fait et s'il compte le
faire.
M. Saint-Pierre: Pourquoi elle n'a pas été rendue
publique? Parce qu'elle n'a pas été terminée. Je pense
qu'elle était, d'une part, associée aux comptes
économiques et on a traité longuement, ce matin, les
difficultés reliées à ce secteur.
J'ai également mentionné, ce matin, qu'on tentait de
démarrer une autre étude qui ne vise pas nécessairement
les flux d'épargne, mais qui viserait à modifier la politique
fiscale du gouvernement provincial en ce qui touche l'impôt sur le revenu
des particuliers pour favoriser volontairement un plus haut niveau
d'épargne.
Avant même d'avoir des résultats à 100% certains sur
ce secteur, on voit que dans le dernier budget de M. Garneau, puisqu'il y a eu
des discussions entre le ministre des Finances et moi-même et d'autres
sur ce secteur, il y a déjà des mesures qui ont été
mises de l'avant et nous allons poursuivre cette année. Il y a deux
aspects. Il y a l'aspect où va l'épargne, les canalisations de
l'épargne et il y a l'autre aspect. Est-ce que le gouvernement serait
justifié, par des mesures fiscales incitatives, à freiner des
dépenses de consommation et à les transférer dans le
secteur de l'épargne et quel serait le bon moyen pour le faire?
Déjà cette année, vous le savez, il y a des
initiatives qui ont été prises vis-à-vis du logement, les
$1,000 sur les dividendes. Il y a d'autres initiatives qui ont
été prises, suite à des rapports d'ailleurs
que le ministère de l'Industrie et du Commerce avait
lancés, ce qui était avant les FIDEQ et qui seront
dorénavant les SODEQ, des sociétés régionales qui
vont avoir un avantage fiscal pour participer au capital de risque de moyennes
entreprises. Enfin ce sont toutes des initiatives qui sont prises dans le
secteur pour favoriser l'épargne. Mais cette année nous allons
peut-être aller encore plus loin, par rapport à d'autres pays;
est-ce que nous serions justifiés d'avoir des mesures encore plus fortes
qui, au niveau des individus, favoriseraient l'épargne et freineraient
les dépenses de consommation?
M. Morin: J'imagine que si le ministre des Finances a pu de la
sorte orienter son budget, de manière à favoriser
l'épargne, c'est parce que vous lui aivez fourni des données
assez certaines, assez sûres. C'est pour cela que je ne m'explique pas
que cette étude sur les sources d'épargne au Québec n'a
pas été rendue publique. Est-ce que vraiment les données
étaient si incertaines, est-ce que...
M. Saint-Pierre: Elle n'est pas complétée,
honnêtement. Comme il est expliqué dans le document sur la
comptabilité économique du Québec, l'épargne
apparaîtrait ou apparaîtra comme un résidu de
différents comptes économiques dans le cadre d'une
comptabilité nationale. Alors c'est dans ces analyses sur la
comptabilité nationale que la question de l'épargne, en ce qui
nous concerne, nous, est analysée.
M. Morin: C'est tout ce que vous avez comme donnée?
D'ailleurs c'est ce que nous disions tout à l'heure, vous n'avez de
données sur l'épargne qu'en tant que résidu?
M. Saint-Pierre: Dans le cadre d'une comptabilité
nationale. Je pense qu'une analyse beaucoup plus poussée de la question
de l'épargne devrait être faite, à partir de bilans des
institutions financières.
Ce que je disais, c'est que normalement une analyse poussée des
flux financiers et donc de l'épargne et de l'utilisation de
l'épargne est habituellement faite à partir d'analyses
statistiques qui portent sur les institutions financières comme
telles.
M. Morin: Oui.
M. Saint-Pierre: Et je pense que cela rentrerait beaucoup plus
dans la responsabilité du ministère des Institutions
financières en collaboration avec...
M. Morin: Le ministère des Finances aussi j'imagine. Une
dernière question, peut-être, M. le Président: De combien
est le quorum exactement?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Huit.
M. Morin: Est-ce qu'il y a moyen d'en rapailler un quelque
part?
M. Saint-Pierre: On n'en a pas eu besoin. Les études qui
avaient été faites avaient pu réviser les orientations de
la SGF; en particulier elles avaient conduit au rachat par le gouvernement des
actions détenues par le mouvement coopératif et par les
institutions financières dans la Société
générale de financement. Elles avaient mis l'accent sur la
possibilité, pour la SGF, de se retrouver partenaire avec le secteur
privé, non au niveau du holding, mais au niveau des filiales, au niveau
des secteurs engagés dans une région donnée ou avec un
secteur donné.
Pour la SGF, M. le Président, tout en voulant être bien
agréable au chef de l'Opposition, je serais un peu tenté de dire
que nous aurons une commission parlementaire vers la fin de mai et que
peut-être là ce serait le bon moment de poser toutes les questions
sur l'orientation de la SGF puisque, dans les crédits du
ministère, il n'y a aucun montant demandé pour le financement de
la Société générale de financement.
Mais, effectivement, il n'y a pas eu d'étude dans l'année.
On a mis en pratique les résultats de l'étude il y a
déjà un an et demi.
M. Morin: Je m'excuse, est-ce que l'étude qui avait
conduit à ces politiques que vous avez adoptées à
l'égard de la SGF avait été rendue publique?
M. Saint-Pierre: Non, parce que l'étude également
avait analysé ou avait tenté d'analyser les causes de certaines
difficultés de la SGF. Puisque c'est un peu le gouvernement, comme
actionnaire, qui portait jugement sur la valeur de certains de ses
gestionnaires, il nous a semblé qu'il n'y avait pas intérêt
soit à éplucher l'étude pour enlever ces parties-là
ou soit la rendre publique. Il n'était pas question de faire une
commission d'enquête sur la gestion de la SGF, rien n'était paru,
enfin il y avait des analyses dans l'étude qui ne nous semblaient pas
devoir être rendues publiques.
Nous avons corrigé la situation. Je pense que les
résultats rendus publics sur la SGF montrent que quelque chose a
été fait et...
M. Morin: Dans la mesure justement où l'étude ne
mettait pas en cause des personnes ou l'intégrité de qui que ce
soit, n'aurait-il pas tout de même été intéressant
pour l'opinion d'être saisie de ces études? Etant donné que
la SGF, on répète que ça appartient à l'ensemble
des Québécois?
M. Saint-Pierre: Oui, M. le Président, mais une fois l'an,
non pas uniquement à l'assemblée annuelle de la SGF, non pas par
les Québécois qui siègent au conseil d'administration de
la SGF et ses filiales mais ici même devant les parlementaires, une fois
l'an on a l'occasion de poser toutes les questions possibles à la
direction de la SGF.
M. Morin: Les questions seraient évidemment beaucoup plus
intelligentes si elles étaient pleinement informées. C'est pour
cela que je pose la question au ministre. N'y aurait-il pas moyen de rendre ces
études publiques, peut-être pas main-
tenant, à l'occasion des crédits, mais avant que la SGF ne
vienne devant une commission parlementaire?
M. Saint-Pierre: Je ne vois pas d'intérêt, M. le
Président, c'est de l'histoire ancienne. La plupart des cadres
impliqués dans ces études ne sont plus en fonction. Nous avons
pris les mesures pour corriger les situations. Je répète à
nouveau que je n'ai pas l'intention de rendre l'étude publique, pas
parce que je veux cacher quoi que ce soit, mais on comprendra que si nous
voulons être capables d'attirer des cadres de qualité à la
SGF, il ne faudrait pas, comme dans toute compagnie, que chaque fois que
quelqu'un se penche sur des difficultés dans un secteur donné, un
procès d'intentions soit fait aux gens, à moins qu'il y ait
évidence de malhonnêteté.
M. Morin: Non, sans aller jusqu'au procès d'intentions, il
s'agit de connaître les grandes orientations que le gouvernement veut
donner à une société d'Etat. C'est quand même du
domaine public.
M. Saint-Pierre: Les grandes orientations ont été
rendues publiques à plus d'une occasion. Je pense bien que nous avons eu
l'occasion de répéter à plusieurs reprises les conclusions
à long terme que l'étude donnait, cela a été
mentionné. C'est d'ailleurs repris dans le rapport sur la politique
québécoise dont vous avez une copie. Cela a déjà
été mis en pratique. On a vu les changements. Ce ne sont pas des
changements qui sont venus par l'inspiration du Saint-Esprit, il y a quand
même eu des propositions qui ont été retenues.
M. Morin: J'ose croire que le Saint-Esprit y avait sa part.
M. Saint-Pierre: Seulement Saint-Pierre.
M. Morin: M. le Président, je pense que cela termine les
questions que j'avais à poser sur le programme 0-2.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 2,
adopté.
M. Saint-Pierre: M. le Président, avant de passer au
programme 3, vous me permettrez de faire le dépôt, auprès
de cette commission, d'une question soulevée hier au sujet du personnel
affecté au cabinet du ministre et à celui de l'adjoint
parlementaire. Je pense que le document est très complet. Simplement
pour être plus explicite, lorsqu'on parle de date d'entrée en
fonction au cabinet, on remarquera la date du 16-3-1972.
Alors, le 16-3-72 ç'a été ma nomination comme
ministre de l'Industrie et du Commerce. Il y a des gens qui étaient avec
moi à l'Education, qui ont été mutés à cette
date-là.
Enfin l'information n'est pas fausse mais j'attire votre attention sur
le fait qu'il y a des personnes qui ont pu travailler avec moi à
l'Education et qui ont été mutées à l'Industrie et
au Commerce, c'est l'explication de la date. La date d'entrée en
fonction au gouvernement touche la première journée où ces
gens ont été embauchés par le gouvernement du
Québec.
M. Morin: Bien! Je me réserve, M. le Président, de
revenir sur cette liste lorsque j'en aurai pris connaissance plus
attentivement.
M. Saint-Pierre: Alors, programme 3, M. le Président.
Orientation et développement de l'industrie
secondaire
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 2,
adopté. Programme 3, orientation et développement de l'industrie
secondaire, élément 1.
M. Saint-Pierre: M. le Président, c'est le programme le
plus important du minisère, on y retrouve essentiellement la plus forte
partie de notre budget. Ce programme se divise en quatre
éléments, la prospection de l'investissement, l'expansion des
marchés, l'infrastructure d'accueil à l'industrie et finalement
les conseils et services donnés aux entreprises.
Sur l'élément I que nous discutons, prospection de
l'investissement, elle regroupe essentiellement nos directions des projets
spéciaux de la promotion industrielle, des services internationaux et de
l'administration de l'expansion industrielle. L'ensemble de cet
élément de programme est sous la direction du sous-ministre
adjoint, M. Jean Labonté. On y remarque, cette année, une
diminution du programme qui paraît importante. Je tiens à
l'expliquer puisqu'en fait ce n'en est pas une; nous avions, dans les
années antérieures, des programmes comme le bill 23, l'aide au
développement régional, comme des arrêtés en conseil
en 1968/69, arrêté en conseil 2526, l'aide à l'industrie de
pointe, et l'arrêté en conseil 3I97, stimulation au
développement de certaines industries. Ce sont des engagements qui ont
été pris antérieurement et qu'on retrouvera au budget du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Donc que nous avons encore des
versements à faire sur ces programmes.
D'ailleurs je pense que le document est assez complet pour donner la
liste complète par région de l'aide qui a pu être
apportée sous ces programmes. On comprendra que maintenant ces
programmes d'aide à l'industrie sont administrés exclusivement
par la Société de développement industriel, qui, comme
article extrabudgétaire, a la possibilité de faire ces
engagements. C'est essentiellement la raison principale de cette
réduction. De même, le nombre d'employés est passé
de 66 à 42, soit une diminution de 24 expliquée, dans un cas, par
dix employés qui ont fini deux programmes affectés au fonds de
développement industriel, de même que le transfert de
l'administration qu'on a vu hier d'ailleurs. Les 14 employés de
Montréal que nous avions hier qui ont été
transférés relèvent de l'administration
générale du ministère.
Dans le cahier, j'ai donné, dans les grandes lignes, des notes
explicatives sur les résultats du projet de loi 23, l'aide au
développement régional. On remarque que l'aide au
développement régional, qui excluait la région
administrative de Montréal, a quand même impliqué 354
dossiers, des investissements retenus de l'ordre de $226 millions, des primes
établies et des montants versés de l'ordre de $31.5 millions de
dollars.
Un peu plus loin on retrouve, pour le projet de loi 23, les secteurs
industriels qui ont été aidés dans ces programmes. On
remarque que les plus importants touchent les aliments et boissons, le secteur
des textiles, le bois, l'imprimerie, les produits métalliques primaires,
une prime totale de $31 millions.
L'arrêté en conseil 3197 a donné lieu à des
primes de $3.5 millions. On y retrouve la composition de ce montant-là.
Les pages suivantes donnent également d'autres détails pertinents
sur ces programmes.
Un peu plus loin, sur la Direction de la promotion industrielle on a
mis, en quelques lignes, les faits saillants de 1974/75. Plus de 200 dossiers
traités, 117 missions de prospection d'investisseurs, coordination du
développement de 18 projets. On mentionne également le rapport
Fantus.
J'ai donné, pas dans le rapport, mais dans la serviette qui vous
avait été remise, un exemplaire de ce que nous envoyons dans la
fameuse Opération Fantus. Alors, je vous donne la liste des douze ou
treize secteurs cibles qui avaient été retenus par le
ministère. J'insiste pour dire que ces secteurs ne nous ont pas
été imposés par qui que ce soit. J'ai les mains
parfaitement libres, mes fonctionnaires aussi.
Ce sont des secteurs qui ont été retenus et où le
Québec pouvait se comparer avantageusement au reste du pays.
L'Opération Fantus n'était pas, comme certains ont voulu le faire
voir, antisyndicale ou quoi que ce soit; c'était une opération
pour améliorer et rendre plus sophistiquée notre approche
à la prospection industrielle. Au lieu de répondre à tous
les appels téléphoniques et de courir plusieurs lièvres
à la fois, nous avons tenté d'identifier les secteurs où
le Québec avait des avantages par rapport à d'autres
régions du pays et ceux qu'il avait intérêt à
occuper.
Pour chacun de ces secteurs, nous avons préparé
essentiellement une étude préliminaire de rentabilité pour
une usine type. Le document que je vous ai transmis, hier, donne un exemple;
s'il y a des parlementaires qui aimeraient avoir d'autres exemples, cela me
fera plaisir de le faire. C'est ce genre de document. Ici, vous avez outils
à main, à moteur, matériel de communications
audiovisuelles. On décrit pour n'importe qui, qui pourrait être
intéressé quels sont les éléments de comparaison
entre l'implantation au Québec par rapport à l'Ontario, par
rapport au Nord-Est américain; quelle est l'ampleur du marché, sa
croissance, et on donne un exemple de sites qui pourraient être
favorables pour une telle implantation.
On remarquera que la région de Montréal est toujours une
région qui, à cause de l'importance de son marché, de son
infrastructure, présente un avantage, mais par politique en
général, dans chacune de ces études, en plus de donner
Montréal, nous avons signalé un autre site qui pouvait être
envisagé, soit les Cantons de l'Est, la Mauricie, les Bois-Francs, la
région du Saguenay. Je pense que c'est un élément
important qui favorise une certaine décentralisation. Je tiens à
mentionner en passant que nous avons donné une espèce de primeur
à notre direction générale de l'industrie pour ces
études, de telle sorte qu'elle pouvait s'en servir avec ceux qui sont
déjà établis ici, en particulier l'entreprise
autochtone.
S'il y avait un avantage dans le matériel de communication, nous
tentions d'identifier, au Québec, ceux qui pouvaient être
intéressés par l'étude et ces gens en
général avaient l'information peut-être trois ou quatre
mois avant les investisseurs étrangers. C'était une
opération assez systématisée pour ratisser
complètement le champ de ceux qui, au monde, occupent ce secteur. Par la
suite, nous tentons de poursuivre des projets.
Je pense que c'est de l'argent bien placé de faire cela, au lieu
d'avoir 42 personnes qui courent les quatre coins de la terre, sans avoir un
plan d'ensemble. Vous me demandez ce matin: Avez-vous des plans d'ensemble? En
prospection industrielle, c'est un des plans que nous avons. Bien sûr, il
y aura toujours un type qui viendra avec un projet fort intéressant qui
n'est pas dans ce plan. Nous ne sommes pas assez doctrinaires pour dire: Ce
n'est pas dans notre plan, allez voir une autre province, mais c'est
l'essentiel de nos efforts qui se retrouve dans ce secteur.
On donne le programme d'activités en 1975/76, qui est
essentiellement le parachèvement de l'Opération Fantus, les
nouveaux programmes de protection industrielle sélective au
Québec en 1975 et une emphase plus grande sur les missions à
l'étranger. La dernière page donne nos bureaux à
l'étranger en ce qui touche la direction des services internationaux.
S'il y avait des questions des parlementaires sur l'élément 1 du
programme 3, cela me ferait plaisir de leur répondre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le chef de
l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, ces programmes de subvention
sont échus, comme le ministre l'a fait observer, depuis la mise en place
de la SDI. Il reste, cependant, d'après ce que j'ai cru comprendre, des
versements à effectuer sur des subventions qui avaient été
accordées avant l'expiration des programmes.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quels montants il reste
à verser au cours des prochains mois ou des prochaines
années?
M. Saint-Pierre: En 1975/76, ils ont été
regroupés sous le titre projets spéciaux. Il y a $1.5 million en
1975/76 et, par la suite, pour le bill 23 et l'arrêté en conseil
3197, ce serait complètement terminé.
Il resterait uniquement l'arrêté en conseil 2526, l'aide
à l'industrie de pointe, pour environ $3,500,000 par la suite.
M. Morin: Dans le cas de la United Aircraft qui, elle, recevait
une subvention sous l'empire du décret 2526...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ... je vois que les montants versés, du 1er
avril 1974 au 31 mars 1975, ont été de $500,000 et, du 1er
novembre 1969 au 31 mars 1975, de $4 millions. Je voudrais demander au ministre
si ces montants ont été effectivement versés,
complètement versés.
Est-ce que...?
M. Saint-Pierre: Suivant l'arrêté en conseil 3792,
effectivement, si vous voulez en prendre note, par lequel le
lieutenant-gouverneur en conseil, le cabinet versait, consentait cette prime
suivant les dispositions générales de l'arrêté en
conseil 2526, les versements devaient être au nombre de sept: les deux
premiers touchaient 25% chacun de la subvention et, par la suite, il y avait
cinq versements de 10%, soit $500,000 chacun.
Jusqu'ici, des montants de $3 millions ont été
versés, les dates de paiement étant le 11 novembre 1970 et le 2
novembre 1971. Il y a $1 million qui a été retenu puisque les
versements impliquent une vérification sur les investissements qui ont
pu être faits en machinerie pour le développement du moteur PT6 et
la production. Or, en raison de la grève, nous avons retenu les
versements, qui n'ont pas été faits, soit deux chèques de
$500,000 pour un total de $1 million qui, normalement, aurait été
dû. Par principe, nous n'avons pas versé, cette somme simplement
parce que la vérification de la production impliquait de franchir les
lignes de piquetage, et c'est notre politique générale de ne pas
le faire dans ces cas et d'attendre. La grève traîne un peu ...
beaucoup.
M. Morin: Le ministre se souviendra qu'en Chambre, je l'ai
interrogé sur le déplacement de machinerie qui se serait
effectué vers les Etats-Unis. Je crois me souvenir que le ministre
m'avait dit, à l'époque, que M. Saulnier allait enquêter
sur la situation et nous faire rapport. Est-ce que cette enquête a eu
lieu? Est-ce que le ministre a obtenu un rapport et est-ce qu'il pourrait nous
en faire part?
M. Saint-Pierre: J'avais cru avoir déjà rendu
public ce rapport, mais cela me fera plaisir de le faire de nouveau. M.
Saulnier a fait enquête. La question du chef de l'Opposition venant d'une
déclaration d'un chef du syndicat, M. Saulnier a rencontré
personnellement le chef du syndicat. Celui-ci a nié avoir fait une telle
déclaration. Il a dit que les journalistes lui avaient imputé des
propos qu'il n'avait pas tenus et qu'il n'avait pas, quant à lui, de
preuves de ceci.
A l'époque, M. Saulnier avait même eu des discussions avec
la compagnie. Il m'avait transmis une lettre de trois ou quatre pages. Il me
fera plaisir de la rendre publique, demain, de demander à mes services
de la chercher. Je pense que le trans- fert de la machinerie enfin s'il
y en a eu, c'est une hypothèse qui n'est pas prouvée
n'était pas le problème principal, le problème principal
étant un transfert de la production.
Je ne sais pas si cela aide quelque chose au dossier de dire
qu'aujourd'hui il y a une production plus forte qu'avant la grève. Cela
n'aide peut-être pas, mais effectivement ce sont les faits aujourd'hui.
Il y a une production plus grande qu'avant la grève.
M. Morin: Oui, un transfert de production peut se faire
quelquefois sans un transfert de machinerie, mais quand on connaît
la...
M. Saint-Pierre: C'est cela.
M. Morin: ... spécialisation des machines
utilisées, notamment pour les moteurs d'avant-garde, ce n'est pas
impossible qu'il y ait eu des transferts de machinerie. J'aimerais que le
ministre rende publique la lettre, je ne me souviens pas de l'avoir vue...
M. Saint-Pierre: Je pense que je l'ai déposée en
Chambre, mais cela ne me fait rien de la rendre publique de nouveau, je vais
demander à quelqu'un de la retrouver.
M. Morin: Très bien. M. le Président,
jusqu'à quelle heure avons-nous?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Evidemment, cela
dépend de la commission, on peut siéger jusqu'à une
heure.
M. Cadieux: A midi et demi, est-ce que cela vous conviendrait?
Parce qu'il y en a plusieurs qui ont des rendez-vous.
M. Morin: A midi et demi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Si les membres de la
commission sont d'accord, à midi et demi.
M. Morin: Très bien. Je pense que nous aurons
peut-être le temps de finir encore une ou deux questions avant
l'ajournement.
Dans le cas de cette opération Fantus, le livre des
crédits nous informe que dix prospects ont été accueillis
au Québec et que trois projets d'investissement ont été
annoncés. Est-ce que cela se réfère à la liste qui
nous a été fournie par le ministre?
M. Saint-Pierre: Non, c'est simplement la nature des
études de tous les documents qui ont été publiés.
On retrouve quinze études. Nous sommes rendus à l'article 11,
c'est-à-dire que nous avons déjà envoyé les onze
premières études. En général, les études
sont envoyées au rythme d'une étude par mois, évidemment,
à des clientèles différentes. La dernière qui a
été envoyée ce mois-ci traitait de l'industrie des
aliments préparés surgelés et des
spécialités alimentaires.
Pour nos opérations Fantus qui, je le répète, sont
assez récentes, les projets d'investissement, même dans la
conjoncture actuelle, ne se décident pas du jour au lendemain. J'en
mentionne qui ont déjà été annoncés ou qui
sont en construction actuellement: L'amiante du Québec Ltée, un
investissement de $4 millions, et 250 emplois, à Sherbrooke.
M. Morin: Ce sont les prospects que vous avez retenus?
M. Saint-Pierre: Oui. A la suite de l'étude Fantus, nous
sommes arrivés à quelqu'un qui a accepté de faire un
investissement de $4 millions dans la filature d'amiante, les feuilles
d'amiante. C'est localisé à Sherbrooke, c'est annoncé.
Il y a également la London Record Decca d'Angleterre, des disques
musicaux, qui est située à Saint-Laurent: $2,500,000 et 80
emplois; Ewins Records aux Etats-Unis; les formes métalliques pour
grande construction, à Ayer's Cliff, $600,000 et 30 emplois; Lodding
Engineering des Etats-Unis, couteaux pour l'industrie des pâtes et
papiers, localisation à Pointe-Claire: $125,000 et une vingtaine
d'emplois; Harbour Industries, au Etats-Unis, des fils pyro-électrique:
$540,000 et 50 emplois, localisée à Farnham.
M. Morin: Cela n'a pas l'air de correspondre aux études
dont vous nous avez fait part il y a un instant.
M. Saint-Pierre: Exactement, mais ce que je veux dire c'est que,
si je prends la Lodding Engineering, qui fabrique des couteaux pour l'industrie
des pâtes et papiers, ce fut peut-être une compagnie qui, sur le
service international, avait été identifiée dans "outil
à main à moteur" et qui a pu être identifiée dans
"matériel de manutention de matériaux". On en a vu
l'intérêt et on a dit: Dans ce secteur, nous n'avons pas besoin de
capacité additionnelle, mais dans tel autre secteur, qui est
relativement près de cela, nous serions intéressés. Nous
voulons dire que tous ces investissements, qui ne sont pas des investissements
du Québec, sont venus à nous à cause de l'opération
Fantus. Les chances pour Lodding Engineering d'avoir été en
communication avec le gouvernement du Québec pour une implantation
à Pointe-Claire, créant des emplois, ne se seraient pas produites
si nous n'avions pas déclanché l'opération Fantus. Et plus
nous allons aller... nous récoltons aujourd'hui ce que nous avons
semé au tout début.
Je dois dire également que nous avons envoyé ce que nous
appelons des équipes volantes et nous avons recruté des
commissaires industriels ou des spécialistes de mon ministère,
pour certaines études. Notre bureau de Paris a quinze industriels qui
ont exprimé de l'intérêt pour les neuf premières
études. Nous envoyons là des spécialistes, qui tentent de
pousser le développement de l'affaire.
M. Morin: M. le Président, sur ces prospects, comme il les
appelle, et ces projets qui ont été an- noncés,
pourrais-je demander au ministre combien sont québécois et
combien sont étrangers?
M. Saint-Pierre: Pour ces projets reliés directement
à Fantus, on comprend que nous avons donné une certaine
priorité à nos entreprises québécoises. Il y a
12,000 entreprises manufacturières. Il y a peut-être des gens, au
Québec, qui ont fait des investissements après que nous ayons
sensibilisé ces personnes à des marchés
intéressants qui demandaient à être exploités.
Maintenant, ces gens, bien sûr, ne vont pas écrire au
ministre une belle grande lettre et lui dire: Merci beaucoup pour
l'opération Fantus, vous m'avez ouvert les yeux. Ce sont des gens qui
travaillent leurs dossiers, qui le font souvent sans même nous en
parler.
Toutes les compagnies que j'ai mentionnées sont, bien sûr,
des compagnies étrangères. A l'occasion, il y a une participation
québécoise en cours de route. Amiante du Québec, il y a
50% à la SDI, il peut y en avoir d'autres. Mais, bien sûr, ce sont
toutes des compagnies étrangères puisque les lettres que nous
faisions parvenir pour attirer l'attention de quelqu'un sur la province de
Québec et les possibilités que nous offrions, ce sont surtout des
étrangers qui méritaient de les recevoir. On se sentirait assez
coupable d'envoyer des lettres à 12,000 entreprises pour leur parler de
la Beauce, du Saguenay ou du Lac-Saint-Jean, 12,000 entreprises du
Québec.
M. Morin: Oui, mais le ministre nous a dit qu'une certaine
priorité avait été accordée aux entreprises
québécoises dans la distribution...
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: ... de ces manuels.
M. Saint-Pierre: Oui.
M. Morin: II n'a donc aucune idée des répercussions
que cela a pu avoir au niveau de l'investissement.
M. Saint-Pierre: II n'y a pas intérêt à
essayer de comptabiliser cela. Pour autant qu'on donnait l'avantage à
nos entreprises existantes d'en profiter par rapport à des
étrangers, là, je pense que c'est évident à
moins d'avoir un dirigisme ou une planification tellement centralisatrice
qu'elle pourrait étouffer toutes les initiatives que nous ne
sommes pas constamment pour demander aux gens: Allez-vous tourner à
gauche? Allez-vous tourner à droite? Nous avons donné de
l'information, nous avons assisté lorsqu'il y a eu des demandes. Nos
fonctionnaires, à la Direction générale de l'industrie,
qui sont constamment en contact avec les gens dans un secteur donné, ont
tenté d'attirer et de développer des secteurs.
Le résultat de ce que je vous donne, ce sont des gens qui
ignoraient le Québec ou qui n'en étaient pas conscients et qui
vont venir ici, dans la
région. Vous connaissez les difficultés de la
région de Sherbrooke sur le plan industriel. Vous savez que c'est
très récent le fait qu'elle commence à avoir une
croissance dans l'ernploi manufacturier après avoir connu une
décennie complète de réduction nette d'emplois
manufacturiers. Je pense qu'Amiante du Québec Limitée, dont 50%
du capital-actions appartiennent à Garlock International des Etats-Unis,
a un excellent projet de $4 millions. C'est la transformation des richesses
naturelles. Je pense qu'hier soir il se dégageait un consensus, que nous
devions travailler pour la transformation des richesses naturelles.
Vous me demandez: Dites-nous les moyens que vous prenez pour faire cela.
Je vous en donne un moyen. Dans l'amiante, il y aura un investissement de $4
millions, il y aura 250 emplois à Sherbrooke dans la transformation de
l'amiante. Ce n'est pas tout, ce n'est pas la panacée à tous nos
problèmes.
M. Morin: Mais lorsque je regarde la liste des études
entreprises sous l'empire du rapport Fan-tus, je voudrais demander au ministre
lesquelles portent sur les richesses naturelles. Je les cherche du regard:
Télécommunications, minitracteurs, appareils d'enregistrement et
de mesure, matériel chirurgical jetable...
M. Saint-Pierre: C'est une très bonne question, mais
l'explication fondamentale de cela c'est qu'il faut se rappeler les objectifs.
On peut parler, bien sûr, de tenter de diminuer le chômage et de
créer de l'emploi. Je pense que tout le monde est d'accord sur cela. Le
deuxième objectif dont on parle au Québec comme objectif
industriel et économique, c'est de modifier notre structure
industrielle.
Si vous regardez dans le rapport Fantus, on ne modifie pas
nécessairement notre structure industrielle en faisant des boulettes
d'acier ou en faisant la transformation du zinc. On modifie notre structure
industrielle quand on met l'accent...
M. Morin: Même par la première fusion d'aluminium.
Enfin, on en reparlera plus tard.
M. Saint-Pierre: On en reparlera, de cela, sûrement. On
transforme cette structure industrielle en tentant, et c'est bien connu,
d'amener ici des investissements. Je vais répéter tout le projet
de la SDI: Productivité élevée, marché
d'exportation possible, salaire au-dessus de la moyenne, en fait, tous ces
secteurs. Lorsque, avec l'étude Fantus nous avons mis dans la
programmation de l'ordinateur toutes les caractéristiques du
Québec, il est, bien sûr, sorti peut-être 33 secteurs
où le Québec avait un avantage sur d'autres provinces. Nous, pas
les étrangers, avons rejeté des secteurs que l'on connaissait,
comme le textile, comme le bois, tous les secteurs qui ne contribuaient pas
à changer notre structure industrielle. On a retenu les secteurs
où on n'était pas présent, où la croissance de la
demande était très forte, les salaires étaient au-dessus
de la moyenne, où les possibili- tés d'exportation étaient
extrêmement intéressantes: les appareils d'enregistrement et de
mesure, l'industrie des minitracteurs et accessoires.
Chacune des quinze études que nous avons ici je pense que
le chef de l'Opposition va en convenir nous aide à transformer
notre structure industrielle, un objectif que tous les partis politiques
partagent au Québec, du moins ceux qui comprennent quelque chose sur le
plan économique.
M. Morin: Ce n'est pas gentil de faire allusion aux absents. M.
le Président, est-ce que, parmi les études qui vont
découler du rapport Fantus... elles ne sont pas terminées, si
j'ai bien compris, il va y en avoir d'autres?
M. Saint-Pierre: Non, là, c'est une première phase.
Notre contrat avec Fantus, nous en sommes satisfaits, très satisfaits.
Je pense que cela a été\jn excellent investissement. Avec ces
gens, et je le dis bien, nous avons adapté une situation du
Québec, une approche peut-être beaucoup plus sophistiquée,
je pense, qui se compare très avantageusement avec ce qui se fait dans
le monde entier.
J'ai eu des discussions encore récemment avec le gouverneur de
l'Etat du Maine et avec des personnes dans le secteur du développement
industriel, et je pense qu'on a adapté à notre situation une
approche très sophistiquée et marquée au coin de
l'efficacité. Maintenant, après les quinze premières
études, nous avons suffisamment appris dans la phase 1. Les autres
études, vous les retrouvez dans le livre lorsqu'on parle du nouveau
programme de prospection industrielle sélective au Québec, ce
seront des choses que nous allons faire nous-mêmes. Là je pense
que nous n'avons plus besoin de Fantus pour continuer. Mais nous avons eu je
pense la sagesse de reconnaître qu'à l'occasion, dans la vie, il
ne faut pas hésiter à demander à des étrangers de
nous conseiller dans un secteur donné. On a tous à apprendre.
M. Morin: M. le Président, combien aura
coûté, dans l'ensemble, l'Opération Fantus?
M. Saint-Pierre: $200,000 en tout, si on considère la
première partie de l'étude qui était l'enquête.
C'est très modeste, sur un budget de $70 millions.
M. Morin: En tout et partout?
M. Saint-Pierre: Entendons-nous bien, $200,000 c'est le montant
qui a été versé à Fantus, pour nous aider dans tout
cela. Evidemment, on ne compte pas le travail des fonctionnaires qui,
actuellement...
M. Morin: Non, non, le travail dans lequel vous avez
été associé, c'est une autre affaire. Cela fait partie du
train-train quotidien du ministère.
M. Saint-Pierre: C'est cela, $200,000.
M. Morin: Bien. M. le Président, je pense avoir d'autres
questions sur le programme no 3, naturellement, mais je ne sais pas si...
M. Saint-Pierre: Opportun.
M. Morin: Oui, alors nous allons aborder, dans ce cas, mais
seulement aborder, la question de l'aluminerie. Le ministre conviendra que cela
peut relever du programme 3, élément 1, comme cela pourrait
relever d'autres programmes et d'autres éléments. J'aimerais que
le ministre peut-être commence par faire le point sur l'état de ce
projet. Je vais réserver mes questions plus spécifiques pour cet
après-midi.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je ne pensais pas que la
question qu'on voulait aborder était celle de l'aluminerie. Pour la
cohérence de la discussion, je recommanderais qu'on suspende à
cet après-midi, parce que je ne pense pas que dans trois minutes...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Non, ce n'est pas cet
après-midi, j'ai eu l'instruction d'ajourner sine die.
M. Saint-Pierre: Alors on va ajourner sine die.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 24)